Nature et Faune REVUE INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE EN AFRIQUE Gestion de la Faune, Amenagement d'aires protegees, Conservation des ressources naturelles Volume 3, n° 2, avril - juin 1987 • m r t^>( ** .M_-£ .*!8i^ «C_ Jh' Organisation des Nations Unies y. ^^ ^ Programme des Nations Unies \y^J pour {'Alimentation et {'Agriculture, ^k^^zi? pour I'Environnement. Bureau Regional de la F.A.O. pour TAtrique - Accra ((ihana). Nature et Faune avril-juinl987 ^i^zJ La revue Nature et Faune est une publication inter- nalionale irimeslrielle deslinde k permeltre un echange d'informations et de connaissances scienli- fiques concernant la gestion de la faune, ram6nage- ment des aires protegees et la conservation des res- sources naturelles sur le continent africain. Editeur : A. lokem Ass. Editeur : P. Happee Conseillers : J. D. Keita et G. S. Child Pour la publication d'articles ou tout renseignemenl complementaire, ecrire a Tune des adresses sui- vantes : REVUE NATURE ET FAUNE r.A.O. Regional Office for Africa P.O. Box 1628 Accra. (Ghana). coG.S. Child div. FORW F.A.O. L.N via delle ternie di Caracalla I-OOIOO Rome (Italic). L.e contenu aes aTicles ae certe revue expnme les opinions de leurs auteurs e; -^e re- flete Das necessairement celles de la FAO, du PNUE ou de la redaction. II n'exprime done oas une prise de position officiolle, ni de i'Organisation des Nations Unies pour I'Ammertation et I'Agriculture, ni du Programme des Nations Unies pour I'Envi'onne- '^en; Ei particu:ier les appellations employees dans cette publication et la presen- tatior ces donnees qui y figurent n'impliquent de la part de ces organisations au- cj-^e D' se de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ol^ de eurs autorites, ni quant aux traces de leurs frontieres ou limites. S o m m a i r e Editorial i Strategic d' Action pour les aires du domaine afro-lropical 2 Afnque : vers une redefinition du role de la faune bau\age 6 Role de la faune sauvage dans I'epizootiologie de certaines infections virales du chepiel domestique en Afrique "• 11 L aulacode au Ghana 28 bau\er les forets tropicales de la terre 33 Elhologie 39 Conservation 45 VTED IN GHANA B¥ WELMAX GRAPHIC ARTS LIMITED P O. BOX 32 76 ACCRA EDITORIAL L'^levage extensif - et meme iotensif - du gibier pr^sente un in- t^r#t croissant. Les animaux sauvages convertissent mieux la maigre v^g^tation des parcours semi-arides que le b^tail do- mestique et ils resistent mieux aux maladies. Apr^s des d^cennies de reelles tentatives d'^limination de la faune sauvage au proflt du betail domestique envers lequel elle ^tait consid^r^e comme comptetive et source d'epid^mies, I'^le- vage du gibier commence desormais a etre r^guiierement pr^ sent^ comme la solution aux problemes de ressources alimen- taires et de protection de I'environnement en Afrique. Bien que la faune sauvage ait de reels et nombreux avantages k faire valoir, ce serait aller un pen trop loin et trop simplifler que de croire pouvoir mettre fin au d^flcit alimentaire du continent uniquement grace h elle ! II faut en fait reconnaitre qu'on manque singuli^rement de bases scientifiques d'evaluation du potentiel disponible. Long- temps ignor^e et parfois meme vilipendee, la faune sauvage n*a malheureusement pratiquement pas fait I'objet de recherches intensives comme ce fut le cas pour les esp^ces domestiques et nos connaissances sur la physiologie et la pathologie de ces ani- maux presente encore d'^normes iacunes. Par exemple, alors qu'elle a longtemps ^te consid^r6e reservoir et source de la plu- part des maladies affectant le betail, il semblerait h present que la faune sauvage doive plutdt etre prot^g^e du contact des animaux domestiques. Si I'on veut r^ellement que la faune puisse dtre exploit^e pleine- ment mais rationnellement, il faudrait rapidement disposer des ^l^ments scientifiques qui puissent permettre de d^montrer et de faire reconnaitre la valeur r^elle de cette faune et faire admettre la n^cessit^ d'ins^rer son exploitation dans tdute pla- nification du d^veloppement rural. STRATEGIE D'ACTION POUR LES AIRES PROTEGEES DU DOMAINE AFRO-TROPICAL Niamey (Niger), mars 1967 Du 18 au 22 mars 1967, s'est tenue a Niamey (Niger) ei au Fare National du "W\ la r^nion de la Commission des Pares Nationaux et Aires ProUgies (C.P.N^.P.) de I'UICN. Les principaux points a I'ordre du jour etaient les suivants : -surveillance continue : examen de la realite de la cuverture des aires protegees, -capaciie de gestion : fonnation, planification -Sahel et Strategic Nationale de Conserx'ation : introduction d'aspects concemant les aires protigees, -Cooperation r^gionale et Internationale (reser\>es de la Biosphere, convention du patrimoine mondial, ...) -Preparation d'une strategie d' action pour les aires protegees du domaine afro-tropical •problemes particuliers .protection des population d'elephants, suites du seminaire de Nouakchott, ranches de gjibier ... L 'n des principaux resultais de cette reunion a ete I 'adoption par les participants de la Strategie d'action pour les aires protegees du domaine afro-tropical. Un avant-projei de ce plan avail deja eti examini une pre- miere fois, en decembre 1986, au colloque international sur la faune sauvage africaine, riunie en Ouganda. INTRODUCTION La liste des Nations Unies des Pares Nationaux et des Aires Protegees de l^S.'S note qu'il y a, dans ie domaine afro-tropical, 426 aires protegees comptant plus de ^^ millions d'hectarcb. Ccla correspond a 4,4% de la su- perficie du domaine. Aeluellemenl, .on envi- sage d'inclure 20 millions d'hectares supple- mentaires a ce reseau. L.a presenie strategic traite de la neces- i>iie d ciureprendre une action concrete el d a- dopter une altitude unifiee. Elle chercbe ^ donner une vue d'ensemble r6gionale des ac- tions indispensables a la planification efficace et a la gestion des aires protegees du domaine afro-tropical dans les quelques ann6es h. venir. Elle s'appuie sur le programme rdgio- nal pour un soutien de I'UICN aux aires prote- gees, commence lors de la 22e s6ance de tra- vail de la CPNAP au Zimbabwe, en mai 1983. Ceiie strategic complete el renforce le Plan d'Action de Bali el le Plan d'Aclion pour les Reserves de la Biosphere; elle contribue ^ kur nii.-^c en ocuvrc par dcs acliyiies con(,uch en lonciion des conditions parliculiere du do- mainc alro-lropical. LA DEMARCHE lions ci problemes specifiques qui doivent etre resolus. La seconde fournil unc lisle d'aclions concernant des sites precis, idenlifiees en tant que priorites pour chaque pays. Nous nous li- niitcrons dans cet article a developper les buts el object ifs de la strategic, c'esl-a-dire, la pre- miere partie. I action en faveur des aires protegees doii cHl lancee et menee a bien par les pays difLt iciiK ni conccrncs. C'csi pourc|Uni Ic pre- mier iiroupe d'actions recommandees sous chaque objectil de cette strategic s'adresse aux gouNcrnemenis et aux organisations non gi>u- NcrnciUciUales du domaiae de la con^ervalion, dans chaque pays du domaine afro-tropical. C'es actions, ajoulees les unes aux aulres. visent a ameliorei la gestion des aires protegees dans n'importe quel pays. .Apres a\oir determine les aclixites que chaque pays doit entreprendre. des priorites incombant aux organisations internalionales qui souiienneni cette action ont ete definies; elles concernent notammenl 1 UlCN, le WWF, le PNUE, rUNESCO, la FAQ, le CEE, rOl'A, la Banquc Mondiale, de meme que les organismes bilateraux d'assistance, etc... Le plan sadresse egalemeni aux autoriles respon- sables des pares nationaux de pays situes hors de la region el qui apporient un soulien deter- mine a leurs coUegues du domaine afro-tropi- cal. La strategic donne Torientalion el les lignes generales de Taction. Celle-ci sera en- suile adapiee aux besoins specifiques des pro- cessus de planification du developpement par- liculiers a chaque pays. LA STRATEGIE La slraiegie adoptee comprend deux parlies essenlielles. La premiere parlie, panic principalc du Plan d'Acli*.)n, Irailc des ques- Premiere partie But 1 : niise en place d'un reseau representa- tit d'aires protegees dans le domaine atro-tropical Objcctif 1.1.: utiliser les concepts biogeogra- phiques modernes pour preparer des etudes des biolopes nalurels et des communautes ecologiques pour cha- que pays et pour determiner I'adequa- tion dc la couverturc des aires prote- gees. Objcctif 1.2. : garantir un slatut de conserva- tion aux communautes biologiques sous-represeniees. Objeclif L3. : faire en sorte que les categories appropriees d'aires protegees benefi- cienl d'une protection juridique au ni- veau legislaiif voulu. But 2 : amelioration de la capacite de gestion des aires protegees Objeclif 2.L : faire en sorte que, dans chaque pays, des structure administratives so- lides et efficaces assurent la conserva- tion de la faune et de la flore sauvages, aux niveaux national et provincial, afin que le reseau d'aires protegees soil g6- rc de fa^on appropridc. Objeclif 2.2. : developper suffisamment les possibililes pratiques de formation pour salisfaire aux besoins de person- nel. Provinces biogeographiques du afru-tropicul (D'apres Idvardy. 1975) domaine 1. Forei humide guineenne 2. Forei humide congolaise 3. horei humide malgache 4. bavanc'hv)iscmenl d'Atrique occidentale 5 Savanc boisement d'Afrique orientate 6. Savane boisement congolais 7. Savanc, l)v.)isemenl de Miombo 8. Savane bdisement d'Afrique australe 9. Savanc boisement malgache 10. I'orci U cpincux malgache 11. Schlerophyiles du C'ap 12. Sahel occidental 13. Suhci iHioniul 14. Somalic 15. Namib 16. Kalahvin 17. Karroi- 18. ilauis-piaicaux ethiopicns 19 Hauis-pliticaux guineens 20. Ilauis-pluicaux dWIrique ccnirale 21. llauib-plaieaux U'Alriquc oricntale 22 Hauts-plaieaux d'Afrique australe 23. lies dc I Ascension et de Sainie-Helene 24. C omorcs ei Aldabra 25 lis Mascareignes 26. I ac kodolphc 27. Lac L kcrcwc (\'icioriaj 28. 1 ac I an^^anyika 29. lac Malawi (.Nyasa) Ohjcciii 2.3. : elaborer des poliliques de ges- UDii ci dcs objcclilt> a\ii>Cb poui Icb aires protegees el veiller a ce que des plan.s de geslion appropries soieni prepares pour chaque aire. Ohjccui 1.4. : donner a chaque unite de ges- lion asse/ de ressourees pour mcttre en oeuvre les activites de gestion de- vani la menace croissanie qui pese sur ees aires. Objcciil 2.5. : ameliorer la eapaciie a niener la recherche et surveiller les activites dans les aires protegees et appliquer les resuliats en vue d'ameliorer la ges- lion. But 3 :elaboration de politiques nationales concernant les aires protegees, qui soient acceptables sur le plan social et integrees au developpement national dans son ensemble. Objeciif 3.1. : promouvoir la conservation des espaces sauvages dans le cadre de la gestion de touies les ressourees natu- relles (sol, air, eau et facteurs biologi- ques) aux niveaux national et local et promouvoir le lien entre conservation cl developpement tel qu'il est enonce par la Slrategie Mondiale de la Conservation. Objectil 3.2. : reconnaitre que la croissance demographique el les pression ac- crues sur les terres sont des facteurs essentiels affectant les aires protegees et soutenir les politiques nationales qui visent a controler ces facteurs. Objeciif 3.3. : faciliter I'acces du public aux sites appropries du r6seau d'aires pro- tegees pour les activitds de tourisme, de loisirs et d'6ducation. Objcciii 3.4. : preparer des slraiegies en vue dc resoudre les confliis aux points de coniacl enire les aciiviles de rhomme el les aires protegees. But 4 : renforcement de la cooperation regio- iiale pour la raise au point des activites de conservation. Objectil 4. 1. : promouvoir la cooperation en- irc les pays du di)maine ulrD-lropical pour garantir une gestion et une pro- lection plus efficaces des ressourccs nalurelles. Objeciil 4.2. : elaborer et renforcer des ac- cords bilaleraux mullilaieraux pour conserver les ressources de taune el de flore parlagces par plusicurs pays. But 5 : surveillance continue de la mise en ueuvre de la strategie d*actlon. Objcciil ^.1. : examiner les progres accomplis dans la misc en oeuvrc de la strategic d'aclion par la surveillance continue dcb activiles. acti\ites de conservation. Les mesures de conservation inacceptables pour une majorit6 de la population risquent de se solder par un echec. II est done urgent de metlre I'accent sur les programmes d'education et de vulgari- sation, en particulier la ou Ton peut anliciper des confliis. Les impacts negatifs doivent etre attenues et il convient de promouvoir les avan- lages de la conservation. C'est peut-etre dans eel aspect de la planificalion de la conserva- tion - la dimension humaine - que les plus grands efforts doivent etre deployes dans les annces qui \ienneni, en particulier dans le do- maine afro-tropical ou les populations des zones des forets soni encore tributaires de nombreuses ressources naturelles sauvages et vivantes. Ccs ressources naturelles vivantes font partie du palrimoine commun de I'humanite - cllcs soni importanies tant au niveau local que national ou international. Le processus de d6- veloppenieni economique, beneficient souvenl de I'aide financiere internationale, entraine une exploitation forlement accel6ree de ces ressources. II importe done que la coopera- tion Internationale portc aussi sur la realisa- tion des objeciifs de la conservation. Cette co- operation sera d'aulant plus efficace que les projets seroni bien congus el meiironi claire- mcnt I'accent sur ramclioratlon des conditions de vie des etre humains, dans le cadre de la gestion des aires protegees. CONCLUSION Cclte strategic a ete elaboree par "la base ' - sa preparation a incombe aux adminis- trate urs. memes des aires protegees africaines. Elle esi congu par el pour les pays de la re- gion; clic enonce a la fois des direciivcis gene- rales el des conditions precises pour chaque pay^. II incombe a present aux memes admi- nistraieurs de meltre en oeuvre ce plan d'ac- lion cl dc faire eomprendre a leur compa- triotes lanl du monde politique que rural, I'im- poriancc qui ^'attache a sa realisation. En fin de compie, il appariient aux peuples de cha- que pay:^ de decider de I'ampleur a donner uux ( Source : Strategie d' Action pour les Aires Protegees du Domainc Afro-Tropical, publica- tion UICN, 19ti7.} 1) Pour plus de renseignemenls concernant les documents de sythese de la reu- nion dc Niamey, s'adrcsscr soil a : Mr J. THORSELL, Secretaire Executif de la C.P.N.A.P.? U.I.C.N., CH-1196 GLAND (Suisse). 2) Le texte integral de la strat6giepeut s'eire procure aupres de I'UICN, service des publications, avenue du Mont-Blanc ^ CH- 1 190, GLAND, Suisse (public en fran^ais ei en anglais). AFRIQUE : VERS UNE REDEFINITION DU ROLE DE LA FAUNE SAUVAGE. de Yves THONNERIEUX \.c conlincnl noir ligurc en lele des re- gions Ics plus demunics du globe. L'Alrique a laini el elic en meuri. On aceuse la lalalile ; un si>l ingral, un climal hostile, Tirresiblible avancee d'un processus nalurel debouchani sur la lerre inculle el le deseri ... On sail bien que, la demographie aidant, I'Atrique de Tan 2(H)() M)uririra davaniage encore de la denuin- lion chronique si rien n'evolue d iei la. Face a cc ricaii c\ a Pechec de:^ moyeni) ju^qu'iei mih en oeu\re qui n'etail souvenl que des lechni- que^ iKcidenlales inadapiees aux conditions locales, mi assiste a un recentrage des objec- lils: lAlrique ne doil plus viser un mode de vie calquL sur le noue. Son bul a atteindre doil elrc en pieniicr lieu raulo-buflisanee alimcn- laire par la double maitrise de I'eau el de pra- lic|ue^ agrict^les simples parce qua la portee du pa\^an autochtone le moins expert. De la reussUe de ce pari decoulera li>ui le resle : des uieilLuies conditions de \ie. en pariiculier sui le [ilaii -.anilaire el medical. I'n pcuple bien noiirri csl loujours un peuple mieux poriant el par la-meme enlreprenani el batisseur. Beau- coup do projets recents d'aide au developpe mem \oni dans ce sens : a petite echelle. qui par lu cv)n.struciion d un lorage villageois, qui par Icncadremeni rural dun coin perdu dt. broussc. im aide I'.Atrique a se lirer de ce mau- vais pas en responsabilisant ses acieurs. Len- voi de sacs de tarine par bateaux speciaux nc consliiue dans eel esprit qu'une mesure d'ur- gence destinee a parer au plus presse, a\anl de passer a la necessaire eiape suivante qui est la negation de lasbistance ay ant prevalu jus- quici. Oue vient done laire la grande faune dans ce contexte? La question est legitime et noire tiire bien enigmatique au terme de ce long preambule... CHOISIR ENTRE LA GAZELLE ET LE CAFE Pour beaucoup d'europeens. la grande lauuL africaine esl pluiol perj^ue comme un bien : par I'intermediairc d'un Frederic Rossif ou autre Zuber, on aime renouer avec la vie sauvage authenlique qui fait assez cruelle- menl detaut chez nous. Qui done songerait a coniesier la raison d'etre de ce troupeau de ze- bras delilani en pyjama rave sur I'ecran? Le point de \ue des atricains est quelque pcu di- vergent sur un continent oil I'homme est en proie a tant de difficulies pour, ne serail-ce que sur\ivre, il parait deraisonnable de sacri- lier de \astes espace au seul profit d'animaux doni on nc lire aucun avaniage tangible (le sa- lari photo cianl cxidemment la satisfaction in- lelleciuiille d'une minoriie de naniis. generale- mdnl cxicricure a TAlriquc). Danb ccs condi- tions, la protection de cetle grande faune a des relents de colonialisme. El beaucoup d'afri- cainb considerent les pares el les reserve^ comme une survivance du passe : bien que par- ti, le Blanc se reserve encore certaines por- tions icrriloriales dcsquelles> il chassc I'au- tochtonc pour satisfairc scs fuiiles bcsoins d'occidenlal. De ce fail. TAlrique prend du retard dans la course au modernisme; des mil- liers d'hectares de bonne terre ne serveni a rien, alor^ que leur mise en culture (exporta- tion auianl que possible) pariiciperait a Pcl- tori economique du pays. Cetle opinion, peul- etre un lanl soil peu caricalurale est couranie el d'ailleurs inspiree d'une cerlaine logique. II est vrai en effet que dans pas mal de pays atri- cains (Kenya excepie peui-eirc). lappori en devices iiecb a la iaune (tourisme de viii(.)n et/ou c'\negeiique) reste modesle. Les sanc- luai^e^ de cette vie sauvage apparaissent done aux yeux de I'africain moyen un luxe inutile. D'autant que, faute de moyens financiers sutfi- sants, cuiie iaune, dans la majorite des eials. ne bencticic pub d'une proieciion \raimeni cf ficace. En Afrique occidentale, tout particu- lieremeni (hormis au Senegal), on peui raison- nablemcni estimer qu'a delaut d'un radical changemeni (bien peu credible helasi ), le.s raammileres des pares auronl a peu pres com- plelcmcni disparu a I'aubc du bietle prochain. UNE "FAIM DE VIANDE" laux tureni livres a Tabandon :effectit des gardens diminue, absence de vehicules en etat de marche ou simplement de carburant pour les lournees de surveillance. Sans parler des detournements de fonds a fins personnelles qui sont. si Ton pent dire, "monnaie courante" el inconirolables si loin de la structure admi- niblralive cenlrale. Le resultal est effaranl : a chacun de mes deplacements dans ces savanes arbuslives, protegees sur le papier, j'ai observe des animaux boileux, mutiles ou lues (certains apres des journees d'agonie) et des resles de carnages sous forme d'ossements pres des feux de camp. L'elephani, bien sur, est particulie- rement recherche; mais tout ce qui porle poils ou plumes d'une taille superieure ou egale au lievre et au francolin est bon a prendre. On louche d'ailleurs la le fond du probleme : le braconnagc, ci on 1 ignore bien souvent en pensani surioui au commerce de lisoire, est aussi d'ordre alimentaire : la "faim de viande" des populations qui en sont privees est une realiie en Afrique. La "bourgeoisie" locale (qiii regroupe les commer^anis el les fonction- naires de la capiialc) coniribue par son pou- \oii d'achal supcricui a la moyenne a encoura- ger les actes dc bracimnage dans la totalite du pays. Les restaurants sont regulieremenl ap- pro\isionnes par cetle filiere illegale et il est courani qu'on \ous y propose de la viande de broubse dans le creux de loreille. En fail, ce mabsacre nc profile meme pas aux populations rurales qui en auraienl le plus besiun car les braconniers onl bien compris que le debouche urbain etail largement plus rentable pour ecouler les cuissots de phacocheres nu danii- lopes. Dans un pays qu'il ne ser\irait a rien de ciler (parce que les fails soni ideniiques chc/ ses voisins), mais que je connais personnelle- ment assez bien, la situation frise la ca- tastrophe : diverses peripeiies poliliques oni amene les dirigeants successifs (coups d'etat el contrecoups d'etat obligent) a \ inlerrompre la chasse pendant une assez longue periode (elle vienl de rouvrir recemment). Pendant tout ce temps, prives d'argent trais en provenance de rexterieur (taxes douanieres ei d'abattage, etc..) Ls lerriloires de chasse gouvernemen- LA DILAPIDATION DUN CAPITAL BIOLOGIQUE IR- REMPLACABLE II existerail pourianl une solution au double probleme de la faim des populations alricaines el de la protection de cetle faune ex- ceplionnelle. II y a fori lougtemps deja que Tun bL.>.i rendu compie que les grunds mamniifcres. ^auvages etaicni mcrveilleusement adaptes a leur milieu, tui-il d'apparence aus- lere. Dixns une savane alricaine, y comp^i^ uux confins du Sahcl, Ics communautes animales herbivores saveiu admirablemenl se reparlir rcxploiialiun des ressources aii- meniaircs dcmt elles disposent : chaquc ^lralc de la vegeialion esl ulilihcc d\cc en quelquc sorle ses "specialisies". De plus ces animaux, fa(;onneb par I'evululion, oni deve- loppe des aptitudes poussees a I'ex- treme : les ga/elles sleppiques peu- veni i>e passer d'eau pendant des mois el I'addax vit dans des regions desertiques ou la pluie peut ne pas tomber avant plusieurs annees! Ces ongules sonl d'incroyables ma- chineh physiologiques qui onl le pouvoir de lirer de leau a partir de vegeiaux desseche^ qui n'en conliennenl que ]()'-}. L'elan du Cap transforme 100 kg de fourrage en 4 litres de liquide. L'oryx peut economiser i'eau qu il lixe dans son organisme en adaptani i»a temperature interne a eelle qui regne a I'ex- terieur. cc qui le dispense de sudation inutile et depensiere. En outre, sous des latitudes in- tertropieales soumises a de longues saisons seehes, les troupeaux ont pris I'habitude de se deplacer regulierement a la recherche de nou- veaux herbages, le long de voies de migrations bicn c»>nnues che/ le gnou el le damalisque d'Afriqiie t^rientale. L'ensemble de ces pheno- menes adaplatilb se traduit par un haut rende- meni da^^ I'utilisation de Tespace par la laune sauNagL Les mammileres alricaine sont des tran.sioj mateurs d'^incrgie pariiculierement ef- ticaccs. convertissanl sans gaspillage la ma- liere vciieiale en proteines animales. En Ou- ganda. eeriaines savanes supportent sans dom- mage jusqu'a 35 000 kg de grands mammiferes au knr Au-dela le milieu monire des signes de degradation lies au surpaturage. Ainsi, peut-on logiquenient conclurc que la faune sauvage est six fois et demie mieux adaptee a / Rcbuliai Ju surpaiuragc ; icchercbsc ci pcric danimaux inadapicb au milieu atncain. ( Phcio FAO ) exploiter le milieu sauvage. Or, c'esl precise- ment le betail domestique que Ton privilegie en Afrique en repoussant toujours davantagc les limites concedees a la faune sauvage donl on conteste jusqu'au droit d'exister comme nous I'axons vu plus haut. Cel elat de fait re- leve de I'absurdiie : ne serait-il pas en effel plus rationnel d'exploiter eette faune naturelle plutot que de la decimer au profit d'animaux importes parfaitement inadaptes au milieu africain. UN PARADOXE Les animaux domesiiques se comptent par millions en Afrique. Pour beaucoup d'- ethnieb (peuls, ma^ais...), les letes de belail (surlout bovin) representent la supreme ri- che.sse et pariicipent au posiiionnement social 8 do I inUividu qui lc^ posscdc. Malgre plusicur^ epidemics dc pcblc ho\inc. Ic chcplcl esl en re- gulJeiL augmenlalion. C 'ei)l un des drumes de I'Atrique el du liers-mondc en general. Les animaux domesliques bri)uient loujours dune manierc selective un ni)mhre limiie de planles (au premier rang desquelies eerlaines grami- nes). A I'inverse, les ongules sauvages d'unc savane resiee inlacie se repariissenl. ainsi que nous I'avons deja dil, lexploilalion horizonlale el veriieale du milieu en se specialisanl large- meni pour la pluparl. Depuis des millenaires. leurs cDmmunauies peuplenl les grands es- paces alricains sans jamais en avoir allere le capilal (c'esi parce que les reserves el les pares soni d une superficie Irop reslreinie que les elephanis qui s'y soni relranches degradeni ac- tuellemeni leurs lerriioires). Le beiail quani a lui brouie le couveri vegelal jusqu'a son epui- semenl lolal : le bovin lond la louffe de pani- eec. Ic mouion derricri. lui la rase, la chevic vieni enlin a boui du peu qui resie el le pieii- nemeni de lous coniribue au lassemeni dclini- tif du sol. Le processus de la deserlificalii>n ebl en marche. Sachdrnani sur un sol qui nc parvient plus a le nourrir con\ enablement, le beiail domesiique samaigrii el prumenc scs carcasses decharnees sur des milliers d'hec- lares dc savane iranslormes en steppe impro- ducti\e. L'ne moindre resistance aux maladies parathcve I'eiendue du desasiie. A quelques kilometres de la, les buttles sauvages et les ga- zelles qui consiiluenl un capital biolugiquc hors du commun perissent sous le feu nourri des braconniers. El 1 Alriquc sombre un peu plus dans sa miscrc... UNE ALTERNATIVE? Pourlaui, depuis plusieurs dcccnuies, des initiatives gouvernementales ou privees (presque loujours fiuancces par rexlerieur) sc soni developpees pour apporier un remede a telle siiualion paradoxals.. Ces projels purlenl du Tail que la fauue sauvage esl non seulement mieux adaptee que ic beiail a exploiter la \egeialion, mais aussi moins c\igeanie en eau. plus resisianle aux conditions locales (done aux epizootics), sou- mise aux bienfails de la selection naturelle et ires souvenl aple a la reproduction au bout dun an. Lidee de son expK)iiation ralionnelle remonie a I'apres-guerre. Elle a fait son che- min depuis mais se heurie a de plus nom- breuses reticences. D'abord en Afrique aus- trale el orienlale, plus recemment dans la par- lie occidentale du continent, des programmes ont ete conduits avec plus ou moins de bon- heur. Le principe consisie a utiliser avec me- nagemeni les poieniialiies importanies de la laune sauvage pour nourrir les populations humaines privees de proieines animales. Le procede peul prendre diverses formes, depuis la substitution locale du beiail domesiique par des antilopes parquees comme lui dont on lire le lail et la viande, jusqu'a Tabattage selectif des excedenis prele\es sur une population na- turelle sous controle dune aulorile scienlifi- que eompetente. Malgre les douies des econo- mistes, il a ete montre au Zimbabwe que les eouLs dexploitalion peuvenl eire dans certains cas deux fois moins eleves qu'avec du betail do- mesiique. Un probleme de laille reside dans la conservation et Ic transport de la viande ob- lenue sur des iroupeaux en liberie. Dans le cas ou I'abattage se fail par balle, il faut debi- ler les betes sur place et eeouler les quarliers de viande sans larder car la temperature ne se preie guere a de longs delais. Une solution plus axantageuscs mais moins aisce consisie a repousser les animaux en direction d un corral ou ils scront tries puis \chiculcs sur pied vers un abattoir centralise, selon le processus cprou\c du ranching a Pamcricainc. Comme dans bien des domaines. il n \ a pas de solution unique mais un c\cniail de cas particuliers. Les dillerenies forniules enumerees ont fail leurs preuNCs et meriteni dctre poursuivies. Car les ongules alricains represenieni une for- midable ressource cnergeiique renouvclable qui risque helasi de disparailre avanl qu'une prise de conscience collective se soil mise en place. Celle opporiunile sera'-l-elle saisie a temps? SI oui, c'csi ineontestablement un pas de lail pour enrayer le lleau de la faim qui se- \it sur la plus grandc parlie du continent. C esl au-ssi a n'en poini douier 1 occasion de 1 icvagc d orw ; cxploiidiiun raiionncllc Oc la launc sauxagc. i Pluuob 1 A() i cuiii^ilii^i clTicaccniLUl kb iiilciClb dc la piolcc- lion dc la taune el ceiix de la rentahiliie econo- niiejUL dci zonci) conccdccs uux aiiimaux au dc- trimanl de raericiilture : par la suppression du maichc ilicual dc la \iaiidc cjui icpond aclucl- lemenl a un besoin evident el par un gardien- nagL acciu rendu pobbiblc liiacc aux rcnliccb d'argeni. le braconnage sera largement mis en cchcc. pal aillcuii, la viaiidc i^^suc dc ccllc gcs- tion raiionnelle de la taune constiiuera un ap- porl noil iicgligcablc daiii la balance uuiriliun- nelle locale. Autant de raisons pour souhailer un laigc dcvcloppcmcni dc cc:5 cniicpribcs en- core Irop isolees qui oni toutes le meriie ducuMci avcc lobjcclil dliarmouibci la vie des beies et celles des gens. INTEGRER LA CHASSE DANS CES PROJETS Le lourismc a ba place dans cci ambi- ticux programme : cclui dc \ision. sans aucun douic, niali aubbi k louiisiiic cynegeliquc qui peul parfaiiemeni v inscrire dans le cadre de cellc gesliou oil il ^agil de piclever lalioniicl- lement les surplus N esi-ce pas la I'essence lucme dc la chasse ? D ailleuib, dcja acluellc- menl, dans beauciuip de domaines de chasse alricaiub, il Cbl dc regie puur le lircur dc ccdcr a la communaute villageoise locale le produit dc bon aclc de lir aprcb avoir rclirc le Lrophcc ou la peau qu'il souhaite ramener che? lui. Ne pcui-on pab cnvibager la rcplique a vablc echelle? Cela implique evidemmeni la creation dc biruclurc danb Icbqucllcb la population autochtone. I'economiste, le biologisie. le vete- rinairc ei lorganibatcur dc salarib en toub genres se seroni associes pour parvenir a ce compromib d cquilibrc. L avcnir dc 1 Alriquc, n'en doutons pas, depend pour une part de ce vablc paii. (uniclc dejii publie pani duns la revue fran^ai'H' "Connaissance de la Chasse", No. 124, aoi'U 19601 10 ROLE DE LA FAUNE SAUVAGE DANS L'EPIZOOTIOLOGIE DE CERTAINES INFECTIONS VIRALES DU CHEPTEL DOMESTIQUES EN AFRIQUE* J. T. SALIKI et P.P. PASTORET** RESUME L.e n'fiiincnt ajncum possciU' la fuiinc la plus abondante el la plus diversifiee de tons les continents, sitr- loui en ( < (//// lonccmc tcs anunaiLX appanenani a rordre dcs Anu)dactyles. Pendant plusieurs decennies, les unirnuu.x \uu\uy,e:^ dhi eic considered n>innic rvM/roir.s de:;, inuludics virales affcciani le chepiel domestique et its i'fait'ni systcmatujucmcnt incrinunes lorsiju'une cpizootie se dccUmiit. II est aujourd'hui reconmi que les lueries a\eu}iles d'animaiLX sau\ai>es el nienie lelinunation complete de cenaines especes ne sont pas des moxens ruiionneh pour lulier conire les maladies affectant les especes domestiques. Toutefois, le role joue par les animaiLX sauvages dans I'epizoonologie de plusieurs maladies virales reste a preciser. Cette informa- tion eu indispensable a le reussiie des programme:^ de controle el ou d'eradication de cenaines maladies eco- nontiiiiunum ires i/iiporiante.s, lelle.s que : lu pe.stc porcine africaine, la pcste bovine, la fievre aphteuse, la fie- vre caianhale nialigne. la rhinotracheile injeciieuse bovine et la maladie des muqueuses. II dcvteni d'auire pan de plus en plus evident que ruiilisaiion d'ecosysiemes naturels est possible, si Von envisage i exploitation rationnelle d'une faune sauvage adaptee aiLX conditions climatiques locales. Dans ce cadre, il esi egalenieni necessaire de bien connaiire les maladies uffeciani les mammiferes sauvages ainsi que leur>, i/Ui rjerences possibles avec les /)ialadies dii cheptel di>nieslique. 1. INTRODUCTION '■''- ' ^^^^"^n^c lui-meme, il y a deux a Irois mil- lii>u^ d diinecs. I c coniincni alricain po^scdc la launc K ndani plusieurs decennies, les ani- la piu.^ al)cuidanic ci la plu.. diversifiee de lous "^''"-^ sauvages ont eie consideres comme re- les coniinems. surioui en ce qui concerne les servoirs des maladies affeclant, le cheptel do- animaux apparienani a lordre des Arliodac- meMiqu. et chaque tois qu'une nouvelle epi- lyle.. 1 homme exploiie la laune sauvaue alri- '^'^^"^' '^^ declarail. on les incriminau syslema- caine. par la chasse. depuis les lemps les plus uquemeni. Ainsi. les efforis deployes pour anciens: celle exploilalion remonle a rormine '"^'^■'" ^'^'"^'^' '^'^ maladies des ruminants do- mesiic|Ui> ()ni eniraine I'eliminalion de plu- u sicur^ milliers dc ruminants sauvages, donl Ic role dans I'epizooliologie de ces maladies n'e- lail pas c'lairemeni eiabli. Par exemple, pour luiler conlre la pesle bovine, on a abailu pres de lO.UOO ruminants sauvages le long de la Irontiere separant la Tan/anic et la Zambie, enire I'M! et 1951. Aujourd'hui, il est reeonnu que les tue- rie.s aveugles d'animaux sauvages, et meme le- liminaiion complete dc certaines especes, ne soni pas des moyens raiionnels pour lutier contre les maladies alTectani nos animaux do- mestic] ues. Toutefois, le role joue par les ani- maux sauvages dans Tepizomiologie de plu- sieurs maladies virales reste a preeiser. Cette information est indispensable a la reussite des programmes de conirole ei/ou d'eradicaiion de certaines maladies economiquemenl ires importantes. lelles que : la peste porcine alri- «.aiiic. I.: |)i..sl(j hoxiuL. la lic\rc a[)hlcusc. la lie- vrc eatarrhale maligne (cory/a gangreneux), la rhinoiracheite inleciieuse bovine el la maladie des mui|ueuses. O autre paru il devient de plus en plus c\ideni que, dans les regions del'avorisees pour lelevagc des especes domesiiques, luiilisation d'eco.sysiemes naturels est possible, si Ton en- visage Icxploilalion ralionnelle d"une laune sauvauc .idaptee aux conditions climaiiques lo- cales. Parmi les personnes qui se senlent conceriiecs par le probleme de sous-alimenla- lion proieique en Alrique, aucune ne peut se permeiiiL dignorer les possibiliies olTeries par b faune sauvagc (Rl'WET. 1074. De plus, il est generalement admis que Texploiia- lion raiii)nnelle de la laune sauvagc avec reia- blissemeni des populations el de leurs habitats coninbueraii d une maniere impi)rianie a lui- lei cvtiuie lu deseriiricaiion en /one sahe- lienne. Dans ce cadre, il est necessaire de connauie les maladies alleclani les mammi- leres sauvages ainsi que leur inlerlcrence avec les maladies du cheplel domestique. L'idce d'exploiier la faune sauvage comme source de proteines pour I'homme se heurie «,ouvent a lopposition farouche de ceux qui. se bouvenant de la destruction calasiro- phique de plusieurs mammiferes africains pendant des decennies, preconisenl la "protec- lion de la faune sauvagc". Cetle idee a cepen- dani de lories chances d'etre appliquee dans plusieurs pays africains, si Ion ameliore d'a- bord I'etal de nos connaissances sur la physio- logic, I'ecologie el la pathologic des especes sauvages. Cette revue bibliogiaphique lenle d'exa- miner le role des grands mammiferes apparle- nani a lordre des Artiodactyles, dans lepizoo- liologie de quelques maladies virales sevissant chez les animaux de rente en Alrique. prises a litre dexemple. L'esprit du texte sinscrit dans Ic cadre du devcloppemenl des rcs.sources de la laune el rexploitalitin des ruminants sau- vages alin d'augmenter la quantite de pro- teines disponibles pour I'homme en Alrique. 2. LES ARTIODACTYLES SAU- VAGE D'AFRIQUE Les ariiodact\les ou paridigitcs consti- tuent un des ordre^ les plus imporianls de la classe des mammilercs. Les especes apparle- nani a eel ordre simt particulieremeni abon- danies en Alrique. ou on denombre au moins 7() especes apparicnuni a deux seules families, a savoir les suides et les bovides. Elanl donne leur grande laille el Timporlance des popula- tions, les artiodactyles constituent une bio- masse beaucoup plus imporianle que le nom- bre absolu d'especes le laisserail supposer (McDonald, 1984; DORST el DANDE- LOT, 1972). A. Classification Lordre des artiodactyles contienl neuf families, dont sept sont ires representees en Afrique. Ces sepl families soni classees comme suil : 12 Ordre Sous-Ordres Families Arliodacivlcb Ruminanls Tylopodcs Suiformes 1. Ccrvides 2. Bovides 3. Tragulides 4. Giraffidcs 5. Camel ides 6. Hippopolamides 7. Suides Clusbitlcution des especes les plus impurtantes en Afriques Familje 1. Cervides 2. Bo\ides Sous-t'amille C er\ines Ncolraginch Acpyccroiines Anlilopines Especes Ceniis elaphus Oreo tragi IS oreoXmgiiS Ouregbia ourebi Aepyceros melampus Lithocraniiia walleri Noni(s) commun(s) C erf rouge, cerf d'Europe oreolraque ourebi impala Gazelle girafe Cephalophines Rcduncinei) Hippolragines Alcelaphines Tragelaphines Aniidorcus marsupial is Gazella dorcas Gazella grant i Gazella leptoceros Syh'icapra grimmia Ceplialophus monticola Kobus ellipsyprimnus Kobus vardoni Kobus kob Kobus leche Redunca anindinum Hippotragus niger Hippouugus cquinus Oryx gazella Damaliscus korrigum Damaliscus dorcas Alcelaphus busselaphus Damaliscus hunteri Connochucics giu ni Connachaetes taurimis Tragelaphus strepsiceros Tragelaphus imberbis Tragelaphus scriptus Springbok Gazelle dorcas Cia/elle de (iranl Gazelle leplocere Cephalophe couronne C ephalophe bleu Cobe a croissant Puku C obe de Button Cobe lechwe Cobe des roseaux Hippoirague noir Aniilopc rouanne Cjcmsbok Damalisque Bonlebok, blesbok Bubale Damalisque de hunter Gnou a queue blanche Gnou a queue noire Grand koudou Pelil koudou Guib harnache 13 Bo\incs Truiiclaphiis angasi Tauroiruf^us orym. Tuiirolrugiis derbianiis Boocerciis ciiryccros Synccnts caffcr Nyala Eland du Cap Eland de Derby Bongo But He atricain Trai2uii».lv - Hyftiiosciuis uqiialicus Chc\ rolainaqualique (jiialliJ^ (jiralTincs C iiraffu cut}U'U>pardis Okapiii johiisoni Cjiralc Okapi C amclidi> C anic lines ( unicliis itromciiurius C unuiiis hucirianiis Dronnadai C hamcau Hippi)|)l.iulldi.^ 1 li|)|)o|)oUillllia C hoeropsis liberiensis HippopDiamc commun Hippopoiame pygmee buidt. ^uinc:5 PliaciKliociu:^ at'i/iiopicu:^ Phacochcrc PoiamochiH'nts porcu v Potamochere Hxlodioenis niainenzliageiii Hylochere maincrtzhagcni ^in scrofa tanglier B. Kepariition geographique sum- ma ire La diblribuiiou dci animaux ^auvagcs varic cxidcmment selon le type d'habilat. La repariiuon cl labondance deb diHeicnic:> ca- pece<- vivant d'line region a I'autre dans iin mcmc iiabiial. ^clon Icb modes d elcvage dcs animanx domesliques et les interferences entre Ic chcpicl domchliquc el Ic chcpicl :>duvagc. Lc.s plus grander conccniralions dcs ar- liodactyles sauvages se trou\'ent seulement dans quclques zones oil lis oni etc f)rolcgcs par : - la lv)pographic; la presence de itkhicHln ise tse: - unc letiisialion clicLii\c. Ainsi, c'est surtout dans les parties Est el Sud de I'Afrique que la densile de la faune sauvage est la plus elevee. La repartition geographique des artio- daeiyles sauvages, en Afrique, selon les habi- tats, pent etre resumee sommairemenl comma suit : - Forets humides denses: hylochere. hippopo- iame p)gmee, okapi, buffle. leehwc, nyala, bongo.... - (ours d'eau et marais: potamochere, hippo- poiame. bulTle, eobes,... - >)a\anc; gazelles, bubales, ourebis, gnous,... - Zones de iransilion el sieppes sub-deseriique girate. phacochere. gazelles, koudous. impala, hippoiiaguc. elands,... 14 Deseris: gazelles, addax, springbok, oryx,... Monlagncs: nyalu, ccphalophcs,... 3. RELATIONS ENTRE FAUNE SAUVAGE-ANIMAUX DOMES- TIQUES-MILIEU La faune sauvage peui inlerferer avec I'elevagc et la sante des animaux domestiques en modiliant leur ecologie ou en rendant la geslion des troupeaux plus difficile. Le type de relations existanl entre les animaux domes- tiques el la faune sauvage varie selon le regime d'exploiialion des lerres (RINEY, 1964). La terra peut etre exploitee soil sous forme de pa- turages (exploitation des animaux domesti- ques) soit sous forme de reserves a gibier ou pares nationaux (exploitation de la faune sau- vage). tiani donne la predominance de I'ele- vagc pur iranshumancc en Afrique, il est evi- dent que les contacts entre le cheptel domesti- que el la faune sauvage sont frequents. Les interrelations faune sauvage-ani- maux dome^liques-milicu peuveni se resumcr commc huil (RINEY, 1964) : a) Sur les paturages : - competition pour les aliments entre le chepiels domestique el la faune sau- vage; - predation du cheptel domestique par les carnivore sauvages; - erosion provoquee par la faune sau- vage seule ou en association avec les animaux domestiques; - mammiferes sauvages servant de re- servoirs de maladies affectant le chcpiel domestique; b) Dans les reserves : - les animaux domestiques modifient le milieu au detriment de la faune, - erosion provoquee par le cheptel do- mestique seul ou en association avec la faune, au detriment de I'habitat sau- vage; - les animaux domestiques entrent en competition avec la faune sauvage pour I'eau el d'autres besoins. A ce tableau de relations d6favorables, il faui ajouter que la cohabitation du b6tail dans une meme zone avec la faune sauvage n'est pas necessairement h craindre. Elle peut etre benefique, pour autant que Ton dose soi- gneusement les proportions des differents groupes d'animaux de sorte qu'il y ait compl6- mentariie en ce qui concerne les especes v6g6- tales consommdes. 4. ROLE DES MAMMIFERES SAUVAGES DANS L'HISTOI- RE NATURELLE DES MALA- DIES VIRALES DU CHEPTEL DOMESTIQUE. A. Catalogue des infections virales des animaux domestiques et sauvages en Afrique. II nous scmble opportun de dresser une liste des infections virales que I'on p^ut ren- conirer en Afrique, chez les animaux domesti- ques et sauvages. Cette liste n'a pas la preten- tion d'etre exhaustive. Les maladies sont classics en cinq grands groupes, selon la principale espece do- mestique affectee, dans I'ordre suivant : bo- 15 Maladie l.Diurrhee a roLiMrus 2 h ic\rc aphlt;u5)e 3.F«c\rc calarrhalc nialmnc 4.Ficvrc cphcmerc 5.Fievre hemorragiquc du C ongo ().L.cucosc bovine 7. Maladie dc I'Ouesl NllL ?<. Maladie de W'cbicUbron ^.Maladie de<; muqULUbCb (B\'D) 10. Maladie nodulairc cuianee (lumpy skin di^euae i i.Mamiliile bovine (pseudolumpy skin disease) 12 Rage 13.Peiie bovine 14.Rhinotracheile iuJcclieUbe bovine l:?.biomaiile papuleuse bovine 16.Variole du chameau 17 V'ariole du buffle Agent pathogene Rotavirus Picornaviruij Alcelaphine herpesvirus 1 Rhabdovirus Bunyavirus Retrovirus Togavirus (llavivirus) Togavirus (flavivirus) Togavirus (pcslivirui) Poxvirua (virua de Neethling) Bovine herpes virus 2- (virusd'Allertoi)) Rhabdovirus Paramyxovirus (morbillivirus) Bovine herpes- virus 1 Parapoxvirus Poxvirus Poxvirus Principales esp^ces receptives Mammiferes domestiques el sauvages, oiseaux Bovins, pores, ovin, caprins artiodactyies sauvages, hdrisson Bovins, buffle, cerfs, gnous, damaiisque et autres d'alc61aphines Bovins, buffle, gnous, cerfs Bovins, chameau, ovins, caprins, pore, lievre, homme, herisson Bovins Bovins, homme, primates, equins, ehauve-souris, oiseaux Bovins, ovins, caprins, homme, cheval, pore, rongeurs et oiseaux sauvages Bovins, ovins, caprins, caribou, cerf, pore Bovin, buffle Bovins, buffle, girafe Pratiquement tons les animaux ^ sang chaud Tous Ics ariiodaciyics Bovins, ruminants sauvages Chameau, homme Chameau, homme,... Buffle. homme 16 IH.Adenomalose pulmonaire ovine I^^.Oavelee (variolc) du nioulon 20. Ecthyma coniagicux 2 1 Fievrc caiarrhalc maligne du mi>uu>n 22. Fievrc dc la vallce du Rill 23..Maladiede Macdi-Visna 24.Mttladie ovine dc r Nairobi (Nairobi bhccp disease) 25.Peiie deb pelilb ruminanis 2h. I remblanie du moulon (i.crapie ) 27.\'ariole caprine 2S. Influenza du pore 2^.Maladie d'Aujes/k\ 3J) Maladie de Tahyna ^ I . Farvovirose porcine 32 Peste porcine 33.Peblc porcine atricaine Herpesvirus ? PoxN'irus Para poxvirus Reovirus Bunyavirus Relrmirus Bun\a\irus Parani\xo\ii u--> (morbillivirus) Inconnu Po.wiru.-) Orihom)'Xu\ii Ub Siiid herpes- \irub 1 Bunyavirus Parvovirus pc^rcin Togavirus (pesiivirus) Irido virus a DNA Mouion Mouton Mouion, chevre, alpaca, chamois, chien, chameau, renne, homme .Moulon. ehe\re. bovins, chameau. aniilopes, cerfs Moulon. chevre, bovins. chameau rongeurs, homme Moulon. chevre Moulon. chevre C he\re, inouU)n Mouhm. chevre Clie\re, nK)UU)U. homme Pore, homuK, che\al, dindon Praliquemeni tousHes mammiferes u rexeepllon de I'homme. el des primales Pore, homme. liexre Pores Pores Pore, phueocheie. poiamo- cheres, hylocheres sanglier 17 34.Rhiuilc a indubious 35.\ ariole porcine 3().Ancmid inteclicuse equine 37.Arierile viraie du eheval 38.Pchle equine Suid iierpes- virus 2 (Cytomegalo- virus porcin) Poxvirus Relroviru^ Togavirus Reovirus Pores Pores Equin.s Cheval Equins domesliques, /cbre, elephant, ehien 3y.Rhino-pneumonie equine 4l).\ ariole equine Equid herpes- virus 1 Poxvirus Che\al C heval. bovins, homme 41.Bronchiie in feci ie use aviaiic 42.En».e phulomyclile aviaire 43.Hepaiile a virus du canard 44.Laryngo-lracheiie inleciieuse aviaire 4S.I eucose aviaire 46.MaIadic dc Ciumboro 47.Maladic dc Marck 4S.Maladie de Newc 49.Peste aviaire DO.Variok aviaire Coronavirub Picorna\iius (enterovirus) Picornavirus (eniero\irusj CJallid herpes virus I Retrovirus Birnavirus Gallid herpes- virus 7 Param^otovirus Myxovirus Poxvirub Poule Poulc, faisan, diudon ( anard. oie Poule, faisan, paon Poule. canari. laisan, canard, dindou, pigeon Poulc, dlndon, canard Poulc Poule, dindon, paon, faison, pigeon, canard, oic, oiscaux sauvages Poule, canard, dindon faisan, oiscaux sauvages To us Ics oiseaux 18 vin!>. pciiih ruminanib, p pur les piedaleufs. Lelude de^ inteclions \irales dc la faune sauvage el de leur iransmissibilite even- luelle au cheplel domesliquc est absolumcnt necessaire pour concevoir el realiser un pro- gramme elVxploilalit-in ralionncl cl inlcgre dc la laune sauvage. (Juelques infections virales bicn Ci)nnucs \i)ni che decritcs a litre d'cxcm- ple, en raison de leur importance economique. A\ani d eniamcr celle partie plus des- cripii\e. il esl v)pporlun dc prcciscr ccrlaincs deliniiions. I eriaines especes peuveni elre sensibles (rcccpti\cs) a Tinfection vlralc sans necessairemeni en elre affeciees cliniquement, dv)ne sans presenter dc maladie (infection asvmpUMnaii(|ue). Si une espece est totale- mcm insensible a 1 'infection (impossibllitc dc muliipluaiion virale), elle est dite r^fractaire. En ouiie, ccrlaincs especes pcuvcni elre dra- maiuinemeni alfeciees par une maladie et as- 19 surer sa irunsmission suns pour uulanl en eirc le reservoir. Le terme de reservoir implique que I'espece sensible consideree joue un role aclif el souveni indispensable au mainlien du virus ei done a la perenniie de I'inteciion. Ce^laiu^ animaux qui subisseni une infeclion peu\eni devenir des "porieurs asymplomali- ques . c esl-a-dire des animaux qui ne se soni pas debarrassees du virus el coniinueni a le muliiplier el a I'excreter, aidant ainsi a sa dis- semination. 5. LA PESTE PORCINE AFRI- CAINE meni ires imporianie. Acluellemeni, la pesic porcine africaine sevii a Petal enzootique dans plusieurs pays au sud du Sahara, et son aire de dislribulion nece§^e de s'etendre. Le pore {Sus scrofa domesticus) et le sanglier d'Europe {Sus scrofa) sonl parmi les especes sensibles au virus de la PPA, les seuls a t'aire une maladie ouverle. Les suides sau- vages (Phacochoenis aethiopicus, potamochoe- ms porciis el Hylochoents meinertshageni) et I'hippopoiame {Hippopotamus amphibius) sont egalement receptifs, mais ils sont uniquement des porteurs asymptomatiques du virus (HEUSCHELLE el al., 1%5; PLOWRIGHT ei al., 1969; COX, ciie par WARDLEY et al., 1983). Les tiques molles du genre Omithodo- ros sonl egalement receptives au virus et en consliiucnl le reservoir el le vecieur biologi- que. Ld pesie poreine africaine (PPA) est une maladie Ires contagicusc, causce par un vi- rus du |zrt)upe ties Iridoviridae. afleciani uni- quemcni les suides domesliques el sauvages. tile se caracierise. chez les pores do- mesliques, par de la fievre suivie d'une sepli- ciemie toriement hemorragique, enlrainant le plus so'jvenl la morl des sujets alleinls. La morbidiie el la morialiie sonl ires elevees, pouvani alleindre lOO'r lors de primo-infec- lion; par .exemplc, le dernier pay^ alri- cain allee- le, le Ca- meroun. a perdu en 19S2 plus de 80' r de son cheplel p o r c I n (cslime a -f.'- ' 1,4 million de pores). II s'agil done dune ma- ladie eco- nomiq uc- L'aire de distribution des suides sau- vages, surtout les phacocheres, est tres eten- due en Afrique au sud du Sahara et on a trou- ve des individus porteurs du virus de la PPA dans au moins dix pays africains (WILKIN- SON, 1984). Le mode d'elevage de pore en li- berie, Ires repandu en Afrique intertropicale, lavorise les contacts entre le pore et les r6ser-^ voirs nalurels du virus. II existe dans diverses regions de I'Afri- que une relation entre la presence de la mala- africains. (Photo FAO) 20 ilic a cclle des suides sauvages, mais elle n'esi pas loujours conslanie. Par exemple, en Afri- que du Sud, un rapporl exisie entre la reparii- lion dcs suidesi ^auNagcs possedanl dc5> ami- corps specifiques envers le virus el les regions conienani des liques porleuscs (PINl el HUN- TER, 1975), mais en Afrique de I'Est, ceci n'esl pas loujours vrai (PLOWRIGHT, 1976). Sculs Ics jcuncs buidcs suuvagcs (jusqu'a Page de irois mois) som receptifs au virus. Les phacochcrcs infecies pendant le jeune age semblent resler des porieurs de virus pendant de longues periodes, probablemeni a vie, mais seulb Ics jeunes presenienl une viremie el e\- creieni le virus (WILKINSON, 1984). On n'a pas encore reussi a demontrer clairement que le virus se iransmel entre les phacochcrcs porieurs el les pores sensibles par contact (PLOWRKJHT, 1976). Le virus eiani ires resistant dans le milieu exierieur, il est permis de penser que les pores peuvent s'in- fecier en frequentani les bauges des phaco- cheres, surioui pendant la saison des mises-bas (jeunes phacocheres viremiques excreiani du virus). Certains auieurs (THOMSON el al., 1980) suggerenl que le pore peul egalement s'infecler en ingerani les lissus de phacocheres conieniani de grandes quaniiies de virus, dans la nature, cctle evenlualittf est cependant fort peu probable. Si Ton n'a pas encore reussi a transmel- ire le virus de la PPA des suides sauvages por- ieurs au pore par contact enire les deux es- peccs dans des conditions experimentales, il esl par contre bien elabli que les liques peu- veni iransmeltre la PPA au pore par piqure, ce qui a tail penser que, dans la plupart des cas, la piqure des liques semble eire a lorigiile des primo-infections en Afrique (PLOWRIGHT et al.. 1969). Touiefois, il esl indeniable que les suides sauvages constituent un reservoir important du virus, compie tenu de leur nom- brc ei leur distribution en Afrique. En effei, il exisie un cycle de transmission du virus entre les liques moUes (reservoir et vecteur) et les phacocheres (reservoir) pendant la periode des mises-bas de ceux-ci (voir le schema). L'exisience d'un tel mode de conservation du virus, independani de la principale espece af- feciee (le pore), permet de comprendre com- ment la PPA peul reapparaitre chez les pores dpres plusieurs annecs de silence dans une re- gion. 6. LA PESTE BOVINE (RIN- PER PEST) La peste bovine (PB) esl sans doute la maladie infectieuse la plus letale et la plus dangereuse (poleniiellement) qui affecte les ariiodaciylcs. Causce par un paramyxovirus du groupe des morbillivirus, elle se caraclerise essenliellemenl par la fievre, une stomatite erosive el une gastroentrerite severe. Hisioriquemenl, la maladie a devaste plusieurs millions d*animaux domestiques et sauvages en Asie, en Europe et en Afrique et les nombreuses panzootics de peste bovine ont eie a I'origine de Tetablissement d'une com- munaute d'interets emre les veterinaires et les conservateurs de la faune en Afrique; toute- fois, il exisie parfois des conflits apparents dans les attitudes de ces deux groupes en ce qui concerne les reservoirs et/ou vecteurs de la peste bovine (PLOWRIGHT, 1982). Aciuel- lement, la PB sevit a I'etat enzootique en Afri- que intertropicale, au Proche et Moyen- Orient et dans le Sub-continent Indien. La PB reste, en Afrique, une des maladies les plus re- doutables, tant chez les animaux domestiques que chez les animaux sauvages, du fail de sa le- lalite (PASTORET et SALIKI, 1985). Toutes les especes appartenant k I'ordre des artiodactyles soni probablement receptives au virus de la peste bovine; les especes les plus scnsiblcs appartiennent aux sous-ordres des ruminants et des suides (PLOWRIGHT, 1968). Les especes sauvages receptives peu- vent etre classees comme suit (PLOWRIGHT, 1982) : 21 Especes fortement sensibles : Sensibilite tres elevee : Buffle Phacocherc Elands Koudous Syncenis caffer Phacochoenis aethiopiciis Taiirotragits oryix ei T. derbianus Tragelaphus strepsiceros ft T.imberbis Sensibilite elevee Ciirafe Guib hui liachc Potamochere Silatunga Cobc de bulion Hylochcri. Bongo Gnoub Giraffa camelopardis Tragelaphus sciipiii:^ Potamoclioems porcus Tragelaphus spekei Kobus kob Hylochoenis mcincnzhagcni Boocercus eunceros Connocliaeies spp. Especes faiblement sensibles Sensibiiiie nioderee : Redunca- Damalisquc Blesbok Boniebok Gcmbok Hippotrague Anlilope rouanne Ourebi Impala Springbok Sensibilite faible : Cobes Cephalophes Oryxbciba Gazelle de Grant Dik-dik de Kirk Bubales Sensibilite tres t'aible : Ciazelle de Thomson Hippopoiame Gazelle-girafe Redunca spp. Damaliscus korrigum Damaliscua donas albifrons Damaliscus dorcas pygargus Oryx gazcllu Hippotragus nigcr Hippotragus eqiiimis Ourebia ourebi Aepyceros melampus Aniidorcas marsupialis Kobus ellipsiprymnus et K. defassa Cephalophus spp. Oryx beisu Gazella grand Rhynchotragus kirki Alcelaphus spp. Gazella thomsoni Hippopotamus amphibius Litocranius walleri 22 4' ** La faune sauvage : vecteur possible de la peste bovine. (Photo FAO) C online Ic munirc. cclic lisle, ccriainch cspcccs sauvagcs soni ires scnsibles a la pcbtc bovine el leur inteciion peui meme consliluer la premiere indicalion de la presence de la ma- ladie dans une region. Par le passe, il eiail ge- neralemeni admis que les grandes concenira- lion:> d'animaux sauvages, lelles que dans la re- gion de Screngeli en Atrique de I'Esl, peuveni jouer le role de reservoir a long lerme du vi- rus, en Tabsence de la maladie chez les bovins (PRC)\()ST, 1979). Cede idee, qui persisle encore aujourd hui dans I'esprii de ceriains, ;>e base ebbcnliellemnl bUr la decouverle d'anii- corps specifiques che/ les animaux sauvages (ROSSITER el al., 1983). Ceci nc consiilue pas necessairemeni une preuve en faveur de I'hypoihese de 'reservoirs de la peste bovine dani> la laune sauvage; en effei, une hauie fre- quence d'anlicorps che^ cerlaincs cspeces pourraii signifier simplemenl que ces animaux s'immunisenl bien conlre I'infeciion (on sail que les bovins qui surmonleni la maladie ac- quiereni une immuniie solide el durable). La question dc la specificite des reactions se po:>c 6galement puisque des anticorps antibovipesli- ques oni tit irouves chez le b6lail de Nouvelle- Laledonie oir la maladie n'existe pas (PRO- \ OST, communication personnelle). Dauire pari, il exisie au moins un argu- ment solide pour demontrer que la faune sau- vage ne consiilue pas un reservoir de la peste bovine ; Telimination de la maladie, chez les bovins en Afrique du Sud apres la panzootic de 1888-1901 el en Tanzanie (region de Seren- geli) entre 1968 el 1970 a ete suivie, dans les deiLX cas, par une diminution de Pincidenee des anticorps neuiralisanis dans les popula- lioni, de la faune sauvage, pourtant tres dense dans ces deux regions (PLOWRIGHT, 1985). Ceci indique que dans une region donnee, la maladie n'existe chez les animaux sauvages que lorsqu'elle sevil egalemeni chez les animaux domesiiques. Les animaux sauvages ne constituent done pas un reser\'oir de la peste bovine. Leur role se limite a une contribution dans la disse- mination de la maladie, par des contacts i&po- radiques avec les animaux domestiques dans une situation enzootique ou epizootique. Au coniraire, la peste bovine est une magnifiqile et tragique illustration de ce que les anin^aux 23 domc.^ii«^ucb peuveni joucr comme role ne- fasic \l^-a-\is dc la taune sauvage. En effei, la pesiL ho\ine csl dapparilion rclalivemenl re- cenic en Alriquc : cWc csl apparuc a la fin du sieclc dernier par les mDUvcmcnis de beiail en- lrainc^ par les guerres d'invasion (PASTO- RET Li ^ALIKI, 1985). Son inlroduclion a eu des consequences dramaliques pour les ani- maux domesliques (iroupcaux des Masais) mais egalemenl pour les especes sauvages (burilc. eland de Derby). En oulre, acluelle- meni. ce sonl les animaux domesliques qui si^ni ii I iingjne des nouvelles llambees de pesie bovine parmiles especes sauvages. L'assainis- semeni de la silualion au niveau des bovins (PLOWRIGHT, 1985) a commc consequence la dispariiion de la maladie chez les especes sauvages. Vouloir comballre la pesle bovine par leliminalion des e<;peces sauvages esl non seuleuitni une heresie hisiorique mais egale- menl un conlre-sens epi/oolioligique. 7. LA FIEVRE APHTEUSE (FOOT-AND-MOUTH DISEA- SE} La tievre aphieuse esl une maladie ai- gue el febrile, Ires contagieuse, des ruminants el suili>rmes, caraclerises par un exanlheme \esiculeiL\ (aphies) suivi d'erosions au niveau des legumenis, surioul de la bouche et des pieds. (esl une des maladies les plus facile- meni iransmissibles car I'agenl pathogene, un picornavirus, presenle une resistance extraor- dinaire dans le milieu exterieur. Malgre une letalile relalivement peu imporlanie (morlaliie d'environ 5% chez les dLluli< f»i)S che/ les jeunes), la tievre aphieusL conslilue un grave probleme interna- lional. du fail de sa grande aire d'extension dans Ic mondc (sculs I'Ameriquc du Nord, I'A- merique Cenirale, les lies Briiannique, le Ja- pon, TAusiralie, la Nouvelle Zelande, Mada- gascar el quelques pelites iles en sonl in- demnes) el de sa Ires grande contagiosilc. Ac- luellemeni. la maladie persiste en Europe, en Abie el en Afriquc. La libie des especes recepiives au virus de la tievre aphieuse est tres longue (liste sui- vanle); la pluparl des animaux receplifs appar- lienneni a I'ordre des artiodaciyles. Chez les animaux domeslique, les especes les plus senbi- bles sonl, par ordre d'importance decrois- sanie, le bo\in, le pore, le moulon el la chdvre. Chez les animaux sauvages, le buffle africain (Syncerus caffer) esl I'espcce la plus sensible. Ordre et famille .4rtiodactyiea Bovidae Num commuD Eland Guib harnachc (irand koudou Bufne Cephalophe couronne Cobe a crt.)lssanl Cobe des ro.seaux Antilopc rouannc Hippoirague noir Gcmsbok Damalisque Bubale Gnouaqucue noir Nom sicientitique Taiirotrag^s spp. Tragclaphus scriptus Tra^elaplms strepsiceros Syncerus caffer Sylvicapra grimmia Kohus elUpsiprymniis Redunca arundium Hippotragiis equiniis Hippotragus niger Oryvc gazella Damaliscus komgum Alcelaphus hiiselaphus Connochaties tauhnus 24 Cirysbok Gazelle dc Thomson Impala Ccrvidac Daini (iiraffidae (iiraie Suidae Poiamochere Phacochcrc Camelidae Dromadaire Insectivora Erinuccidac Hv3riiji>un Rodent ia Muridac Ral africain Rhizomyidac Taupes-rals Hyslricidae Pore-epic Proboscidea Elcphanlidac Elephani air. Raphicenis melantis Gazella thomsoni Aepyceros melampiis Dama dania Girajfa camelopardis Potamochoenis parens Phacochocrus aethiopiciis Camelus dromedariiis Aielerix albiveniris An'icaiuhis abyssinicus Tachyoryctes spp. Hysirix galeata Loxodonta africana Principales especes africaines receptives au viru d^ la fievre aphteuse (d'apres R.S.HEDGER. 1981) Pour eiablir le role que peul joucr la laune sauvage dans la persistance et la disse- minalii>n de la lievre aphteuse, il laudrail cherthcr a repondre aux questions suivanies (ANDERSON, l')81): a) Ouelles especes sont receptives au virus? I») Ces animaux tombem-ils clinique- ment mulades el excretent-ils, par consequent, de grandes quantiies de virus? c ) Les animaux sauvages porteurs de vi- rus som-ils capables de iranbmeitre le virub aux auircs animaux et, surtoui, aux animaux domesiiques? La reponse a la premiere question vient d'etre donnee : pres de 7l) especes de mammi- fercis apparicnanl a plus dc 20 families diffc- rentes sont receptives a I'infcction naturelle ou experimenlale par le virus aphteux (HED- CiER et al., 1980). Le degre de sensibilite des difterentes especes est tres variable. Alors que le buffle africain (qui est sans doute I'espece !iauvage la plus receptive au virus) et les gnous ne font que rarement la maladie clinique, le koudou. rimpala, le phacochere el le poiamo- chere peuvent presenter une maladie clinique grave suite a I'infection par le virus aphteux (HEDGERetal., 1972). Lc portage asymptomatique du virus aphteux a ete mis en evidence chez le buffle el L' grand koudou. Le buffle peut rester porteur pendant IS mois (CONDY et HEDGER, l*)74) ct le koudou pendant au moins 140 jours ( HEDCJER cl al., 1972). Les bovins gueris de la maladie peuvent parfois rester des porteurs de virus pendant de longues periodes. Mais, cn-dehors de ces trois especes, la litterature ne ^lg^ale pas d auires especes capables de porter L \irus sans presenter de symptome de la ma- ladie. 25 En ce qui concerne la coniaminalion des bovins par les animaux sauvages porieurs de virus, elle semble el re un evenemeni rare, si on en juge par les resultats oblenus par CONDY ei HEDCiER (1974). Ces deux au- teurs oni garde en conlacl eiroii des bovins re- ceplils (depourvus de loul aniicorps conlre le virus) el des buffles porieurs pendant 2,5 ans; au boui de celle periode, aucun des bovins n'a eie coniamine. I c bullle joue done un role dans la per- sislancc du virus aphleux en Afrique el repre- senic un reservoir d'infection dans les condi- lions naiurelles. Mais le Iransferl du virus aux animaux domesliques ne semble se produire quen d^ rares oceasions. Touietois, le buttle (el probablemenl d'auires animaux sauvages commc le koudou) conslitue une source ine- puisabk du virus, compte lenu de leur grand nomliTL ci de ieur mode de vie gregaire. Les donncc^. di)ni nous disposons aciuellemenl ne nous pcrmelleni pas encore d'elablir avec cer- tiludc Ic role que jouent les animaux sauvages dans la dissemination de ia tievre aptiieuse en Afrique. surtout complc icnu dc la variabilitc des souches du virus (BROOKSBY. 1%8). (/u ^ccoiidc panic de eel ariiele sera public' dans It imuhain niimero, vol.3, no.il * fcxirails d'un memoire de tin d'etudes (annc acadcmiquc 1984-85) prescnie a I'lns- tilui de Medecine iropicale. Prince Leopold, Ansci.^. en vue dc I'oblenlion du diplome dc Medecine Veierinaire el Zooiechnic iropi- Hild animals and the epizootiology of foot-and-mouth disease. In : Disease of free-living wild animals (A. McDIARMID, Editor), 3-11. Academic Press. COND^ ..I.e.; R.S. HEDGER, 1974 Vie sun'ival of FMD in African buffalo with non-transference of infection to do- mestic cattle. Res. Vel.Sci., 16: 182-185. DORST..!.; DANDELOT, P., 1972 (iuide des grands mammifdres d' Afrique. Delachaux el Niestle, Neuchalel, Suisse. HAMMOND, J.A.; D.BRANACiAN, 197.^ The disease factor in plans for the dome- stication of wild mminants in Africa. Vel.Rec.,92(14):367-.369. HEDCjLR. R.b.; J.B. CONDY; S.M. CiOL- DlN(i. 1972 Infection of some species of African Ull- dlife with foot-and-mouth disease virus. J. Comp. Path., 82 (4) : 455-461. HEDGER, R.S.; J.B. CONDY; D.V. DRAD- WELL. 19«IJ 77it' response of some African wildlife spe- cies to foot-and-mouth disease vaccina- tion. .1. Wildlife Dis., 16 (3) : 431-438. McDonald, d.w., i984 Vie Encyclopaedia of mammals (D.W. McDonald, editor i I. 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Dans la zone foresliere qu'ii a envahij.. 11 sc iiou\L dans les foreu sccondaires ou k^ zone*) cullivees. I u periurbalion de no^ t'oreis humides par la culture et I'exploi- lalion a tavofise I'aula- code qui a su lirer profit de lou^ ces cbangemenii> survenus. Cela a eu pour resullai que I'on irouve I'aulacode dans touies les r6gioni5 du Ghana. Nor- malemenl, il ne fre- quenie pas les foreis hu- mides non periurbees. C'csl un animal qui ap- paraii dans les donn^es relaii\es a la viande de broussc dans tout le pays. Par viande de broussc. il est signifie viande d'animaux sau- vagc^ quelque soit t'animal. L. aulacode est un rongeur comme.le rat, la Si>uris et le porc-6pic. Comme d'auires rongeurs d'Afrique, il se reproduit tout au long de lannee. Grace a cela et les nombreux jeunes eleves chaque annee, c'esl le seul gibier donl la chasse ne fail I'objel d'aucune periode de fermeiure et qui est, par cons6queni, chass^ louie 1 annee. II pese jusqu'a 9 kg. Sa viande est tr6s bonne el sa valeur nutritive (min^raux et pro- leines) est aussi elevee sinon plus que la meil- leure viande de boeuf, mouton ou pore dispo- nible sur le marche. Un autre avantage est qu'elle contient moins de graisse que la viande des animaux domesti- ques. Sa graisse sc situe autour des intestins et ires peu dans les mus- cles. Vu la grande de- mande de viande d'aula- code, durant la periode 1971-1973, je tentai et r6ussis r^levage d'aula- codes en cages et dans des enclos au sol. Du- rant cette periode, cer- taines personnes appri- reni a elever eel animal en capiivite. Depuis lors, de nombreuses personnes se sont mis a r^levage de I'aulacode en captivity tout comme on eleve le lapin. 28 ALIMENTATION L'aulacudc sc nuurril principalemenl d'hcrbcb - son nom en anglais "grasscuUer" si- gnifie lilteralement "coupeur d'herbe" -. La cannc a ^ucre est un element tres important de son alimentation. II mange egalement beau- coup d autres plantes succulentes : manioc, ra- cines ci ccorces d'arbrcs. II n'est en rien com- petilcur dc rhomrae pour son alimentation. ELEVAGE C e vegetarien est sain el facile a elever en captivite. II est ires promelteur comme animal domcstique ct unc source importantc de protcines animales bon march^. Bon mar- che dans le sens que ce n'est pas tres couteux de I'heberger et I'exploiter. II ne creuse pas dc trous bien qu'il vive dans des irous creuses par d'auires animaux. Bien qu'il boive de I'eau, on ne doit nor- raalemcnt pas se tracasser si on ne lui en four- nit pas. La plupart des dleveurs d'aulacodes ne lui donnent pas d'eau. L'eau presente dans les alimcnib qu'il ingere tels que canne a sucrc, manioc ci herbe a elephant, est suffisante ffour couvrir les besoins de I'animal pour sa survie et sa reproduction. L aulacode met bas deux fois par an. En mcnant bien ^ou elevage, il peui se repro- duire jusque 5 fois en deux ans. Le nombre de peiiis par portee varie de 1 a 10, mais il est commun d'avoir 4 a 6 petits a chaque portee. On peui done assurer que dans le fuiur les au- lacodcb eleves en captivite produironi suffi- sammciu de jcuncs a chuque naissance. Cesl grace a sa grande prolificiie que beaucoup de viande d'aulacode est deja dispo- nible partout dans le pays alors que les autres types dc viande de brou^sc bonl tres rares. L'aulacode peut devenir tres nuisiblc pour I'a- griculture noiamment pour le palmier a huile, le cacao, la canne a sucre et le mais. L'animal detruit egalement le manioc et les plantes d'aubergines dans les jardins. COMPORTEMENT Dans la brousse, les aulacodes vivent en famille el mangent en groupe. Souveni le pere conduit le groupe lors de ses deplacements sur les pistes. De ce fait, il y a beaucoup plus de males pieges vendus sur le marche. Dans les fermes, de nombreux aula- codes pcuvent vivre ensemble specialement si ils sont maintenus dans de grands enclos au sol ou dans de grandes cages. Si les cages sonl pe- tiies, il vaut mieux en reiirer le male quand la femelle met bas. II est en effel recommande d'agir ainsi pour eviter les problemes. C est un fait connu que le pere lue les jeunes males. II faut eviter de garder deux males el une femelle dans la meme cage. Les males se baltroni el cela peut se terminer par la mort de I'un d'entre eux. Normalement, on met un male avec 4 ou 5 femelles pour la re- production. MARCHE Elever l'aulacode en captivite peut eire irci rentable. Jusqu'a present, les eleveurs ele- Nunl Taulacode en association avec d'autres ac- iivite«,. La plupart des ghaneens mangeraienl de l'aulacode s'il etait disponible. Comme daulres viandes de brousse^ la viande d'aula- code est plus chere que la viande d'animaux domesliques tels que le boeuf, le moulon, Ic pore, la chevre ou le poulct. 29 1980 - 1986 Ann^e Nen au consommateur par kilo Au!a».()de Aulacode AuiicN viaiido dc biou>>c Bocuf I PERIODE 1971 - 1986 PERIODE 1980- 1986 31 a Accra csi le marche Kaniamanlo. Pour la periodc^ 1980-1986, il s'y esl vendu, en moyennc el par an, 8848 carcasses d'aulacodc. Cela correspond a un poids moyen de 41. 815 kg, pour une valeur loiale de 4.038.903 cedis (soil -*■ $81,000). Ces valeurs sonl minimales car unt grosse pariie de ce commerce n'esl pas enregisire. De plus, les prix indicalifs n'e- laienl pas lous reieves (lableau 1). La consonimation de viande d'aulacode au Ghana repre.senie done des millions de cedis. I indicc dc prix au const)mmaieur pour la viande dans le pays (lableaux 2 el 3) don- neni levt^lution des prix de la viande de brou.sbt (doni la \landc d'aulacodc) par rap- pori au\ auires viandes. Cela ne fail pas de doulc qu'll y a un marche reel prct el unc reellc opporiuniie a saisir pour celui qui sou- halieraii sc lancer dans Televage de I'aulacode. MALADIES PROBLEMES TION D'EXPLOITA- Le probleme d'exploilalion le plus se- rieux avec I'aulacode esl I'enirelien des cages. Lorsqu'il esl mainienu dans des cages de bois, 1 aulacode ronge le bois. Par ailleurs, il peul couper la plupari des grillages a I'aide de ses denis puissanles. Sa manipulation peui poser ceriains problemes mais si il esl manipule ainsi ciaiu |cunc, raulaci>de peul eire soule\e par la queue. II t'aul commencer ires lot duranl sun developpement sinon la queue peul se bfiser ^t cii^ullc 11 mordra K)rb des manipulations. Normalcmenl un sac esl ulilis(5 pour I aiuapcr. Une fois dans le sac. la leic esl im- mobilisce en le relenant par Ic cou. Les puis- sanles panes posierieures soni alors lenues en- semble et I'animal est si>ulevc. II n'esl de toule la(,'on gencralemeftl pas neccssaire de c^piurcr Tanimal. II ii'cxi^le aucuuc donnee ^ur dcb mala- dies grMxes doni souttrirail laulacode en capii- viie. Lu fail, la plupari des elcveurs laisac- raient entendre qu'il en esl exempt. Ceci est pcui-eiic exccssif du fail que personnc n'e^l a I'abri de toule maladie. II n'y a toutefois pas dc sciicux problemes de morialile ^i ce n'e:>l le male adulie qui tue les jeunes males; les lulles dues a une surpopulalion peuvenl ^galcmenl etre faiales pour certains animaux. l/aulacode esl rcellemcul plus robuslc que Ic lapin. Cer- tains eleveurs ont abandonne I'elevage de la- pins en laveur de I'aulacode qui par ailleurs rapporle plus. il n'y a aucune raison de considerer I'un comme aiiernalivc dc I'aulre. Tous deux sonl des sources de viande valables. Le fait esl sim- plemcni que I'aulacode neccb^ilc moin^ d'al- tention que le lapin. De plus il esl ires propre cl sc:» cnclob oni lendancc a eire plus propre's el plus sees UTILISATION AULACODES DES En plus de la viande, prcsque loutes les parlies du corps de ranimal sonl mangees a l'cxccpli*>n des griffcs ct des cxcrdmcnls. Les poils sonl utilises pour donner un goui a la nourriiure de meme que le cunienu dc I'estomac et des intcslins. Le pancrdas de I'aulacode est egalement ires inieressani. II esl suppose conienir de fortes quantites d'insuHne et est utilis6 pour la produciioD dc medicamenis pour les diabeii- ques. 32 SAUVER LES FORETS TROPICALES DE LA TERRE. par Diana De Marco (FAO - Rome). Quoi qii 'il sunienne a la terre sument aux fils de la terre. L 'Homme n 'a pas tisse la loilc Jc la vie; il n 'est tout an plus qu 'un fil dc cette toile. Quoi qu 'ilfasse a cette toile, c'est a iui-meme qu 'il lefait. Chef Seattle, a TAssemblee Tribale de Chinook, 1854. En 1493, Chrislophe Colomb fit I'eloge du paysage tropical des I'lles Espanola : "... il s'y irouvc de nombreuses sierras el de ires hautcs monlagnes. Toules sent tres belles, de mille formes, et toutes sonl accessibles et rem- plies dc raille sortes d'arbres de grande taille qui semblent toucher le ciel. On me dit qu'ils ne perdent jamais leur feuillage, ce que je peux comprendre, car je les ai vu aussi veris et aussi beaux qu'ils le sont en Espagne durant le mois de mail quelques-uns etaieni fleuris, d'autres porlaieni des fruits et d'autres encore se trou- vaieni a d'autres stades, selon leur nature." Qu"esl-ce qui rend ce paysage tropical si luxuriant ? Les forets, qui couvrent quelque 40% de la superficie sous les tropiques, sonl de deux types principaux : la foret ombrophile oil les arbres et la broussaille dissimule le sol au soleil, telles les forets denses et humides du Bassin de I'Amazone et des iles de I'Asie du Sud-Est; et les formations de forets ouvertes avec une slrale inferieure herbacee continue, telle les savanes boisees situees principalemenl en Afrique. Ces forets sont essentielles pour le bien- etre economique et social de milliers de fa- milies rurales. Les forets tropicales sont aussi I'habitat de probablement la moitid des es- peces animales el vegeiales du monde. Les fo- rets humides de la Malaisie, a elles seules, peu- vent se vanter d'abriter plus de 20000 esp^ces de plantes a fleurs. Sans doule de nombreuses especes tropicales doivent encore etre d6crites et leur potentiel pour la pharmacologic et I'a- griculture doit encore etre explor6. Pourtant les forets tropicales du monde sonl menacees. Chaque annee, n.5 millions d'hectares - soil une superficie de forets plus grande que le Benin - sont d6truits. Si la Vi- tesse actuelle de destruction se maintieni, loutc foret primairc et non derangee aura dis- paru dans les trente annees a venir, et toute fo- ret humide de quelque genre que ce soit au- raient disparu dans quelque 80 ans. La destruction generalisee des forets dans le Tiers-Monde contribue a I'dtat critique de sa population dont le quart vit dans la pau- vrete, souffrant de malnutrition et de priva- tions chroniques. Le manque de bois de feu a lui seul in- fluence la vie de plus d'un milliard de per- 33 sonnes. principalement les pauvres des milieux ruraux ct urbains. Pour satisfaire leurs besoins e'emeniaires, les populations rurales dont le nombre augmente rapidement, sonl contraintes de devaster les precieuses res- sources forestieres, simplement pour survivre. A moins qu'une action urgente ne soil entreprise, I'avenir des forets iropicales et des populations qui en dependent sera effective- ment tres sombre. Et pourtant nos connais- sances sont suffisantes pour stopper la dispari- lion conlinucllc deb torels iropicales el iorgcr un lien plus fort et plus durable entre les fo- rets, Tagriculture, I'industrie et les popula- tions. Tel est le message encourageant du Plan d'Action Forestier Tropical qui fait suite a des initiatives de la FAO, du Programme des Na- tions Unies pour le Developpement (PNUD). de la Banque Mondiale et du World Resources Institute (WRI). Les causes La cause majeure de la deforestation dans Icb tropiques est la pauvrete. Pres de deux milliards de personnes vivent dans la zone tropicale el leur nombre augmente cha- que annee d'un taux moyen de 2.6%. Cette augmentation rapide de la population exerce une pression croissante sur les terres fores- tieres qui sont defrichees dans des buts d'agri- culture de base. A ceci doit etre ajoutee la dis- tribution inequitable des terres, de mauvaises lois d'utilisation des terres et des faiblesses dans les institutions nationales. Les populations rurales sans terres ont toujours beneficie de ce qui est faussement ap- pele les produits forestiers mineurs lels que les gommes, les huiles et resines, les epices et pro- duits medicaux; d'aliments a potentiel d'expor- tation tels que les pousses de bambous, les champignons; des peaux lannees, des lein- tures, des fibres et des herbes et roseaux avec lesquels sont fails les meubles, les paniers, le papier et beaucoup d'autres produits artisa- naux rentables. Mais ce sont ces memes agriculteurs iti- nerants depourvus de terres qui sonl responsa- bles de la destruction de pres de la moitie des forets abatlues chaque annee. Avec I'accroisse- ment de la culture de subsistance et la diminu- tion des terres cullivables, de plus en plus dc forets el de terres boisees sonl dclruites. II csi ironique que ces gens, parmi les plus pauvres du monde, dependent le plus directement des forets el souffreni le plus de leur disparilion. Les forets fournissent aussi de Tenergic pour la moilic dc la population mondiak . Cette dependance accablante des pauvres ru- raux par rapport au bois en tant que source principale - el souvenl unique - denergie est une cause majeure dc deforestation dans Ic^ parties les plus arides des tropiques. Des milliers de gens passenl une grandc partie de leur vie a la recherche de combusti- ble. II incombe sou\cnt aux enfanis el aux femmes dc marcher des kilomelrcs chaque jour alors que le bois de feu el la nourrilure pour leurs animaux devicnnenl de plus en plus rares el ne peuvenl se irouver qu"a des di- stances de plus en plus grandes. Tandis que la disparilion des ccosys- temes iropicaux a un effel devaslaleur sur I'en- vironnement humain dans la proximiie imme- diate, elle affecte egalement severement la vie de beaucoup de communaules rurales ires eloignees. Les agriculteurs des plaines el des val- ines dependent des hauls plateaux boises pour I'eau. Ces regions de basse altitude souffreni souvenl d'inondations et de secheresses quand r'eponge" nalurelle fournie par les forets dal- titude est delruile. Ouelque 160 millions d'hectares de bassins versants d'altilude dans les tropiques ont ete serieusement degrades ci la vie de plus d'un milliard de personnes en a ete affecte. Au pire, la destruction des forets peut produire une erosion tellement severe qu'elle conduit a son tour a la desertification totale. Quelque 1,3 milliard d'hectares de terres semi- arides en Afrique, en Asie et en Amerique La- 34 tine soni devenus moyennement ou complele- ment desertiques, mena^ant I'avenir de plus de 300 millions de personnes. Les couts giobaux A moins qu'une action urgente ne soit entreprise pour resoudre la crise de la fores- tidre tropicale pour I'an 2000, plus de 2,4 mil- liards de personnes seront entrainees dans un cycle destructeur croissant de d6forestation, de manque de bois de feu, de pauvrete et de malnutrition. Pour la meme periode, le nombre de pays en voie de developpement exportateurs nets de produits forestiers devrait tomber de 33 a U) et leurs exportations totales de pro- duits forestiers chutera de 7 milliards a moins de 2 milliards de dollars americains. De plus, il est estime que 10 a 20^ de la vie vegetale et animale terrestre disparailra, depouillant la planete de ressources geneti- ques ineslimables. En depil de ces faits alar- mants, les fonds nationaux et internationaux pour les programmes forestiers tropica ux se sont vu<; progressivement diminues au cours des dernieres annees. savoir-faire pour produire un plan directeur pour une action Internationale. Finalement, en cooperation avec le PNUD, la Banque Mondiale et le WRI (World Resources Insti- tute), la FAO a elabore un Plan d' Action Fo- restier Tropical (PAFT) qui couvre tous les types de forets tropicales, des for6ts denses hu- mides a la savane seche bois6e et aux steppes semi-arides. Le PAFT fournit un cadre logique et coherent pour la sauvegarde des forets tropi- cales mondiales et la realisation de leur poten- tiel global. II insisle sur le lien 6troit entre une bonne gestion des forets et les problemes plus larges du developpement rural. Base sur I'experience pass6e et sur des solutions eprouvees, le Plan a ete elabore en tant que point de depart d'une etude de ce qui peut eire reeilemeni realise dans les cinq an- nees a venir; en tant que base approximative d'evaluation des investissements necessaires; et en tant que plan directeur pour un accrols- semeni et une meilleure coordination des fonds publics et prives et d'utilisation des res- sources humaines. PAFT - un plan d'action Sauver les forets En octobre 1983, la Comlte FAO de la mise en valeur des Forets dans les Tropiques reconnut la gravite de la situation et recom- manda que la FAO developpe de toute ur- gence une serie de programmes d'action pour la conservation et le developpement des forets tropicales. En rcponsc a ccla, les organisations fo- resiieres naiionales et Internationales, les agences des Nations Unies, les experts fores- tiers et les organisations non-gouvernemen- tales oni rassemble leurs connaissanccs et Icur Le PAFT sappuie sur les cinq do- maines d'action prioritaires (voir encadre). Ceux-ci sont consideres comme des compo- sants essentiells et interdependants d'une bonne strategic internalionale pour sauver les forets tropicales. lis demontrent que bien que la relation entre la pauvrete et la deforestation soit claire, elle n'est pas ineluctable. Le pre- mier domainc prioritaire - la foresterie dans I'utilisation des terres - traite de la contribu- tion ires imporianic des forets a la securiie aiimentaire et propose de resserrer le lien en- ire les forets et Tagriculture. Dans la vallee de Majjia au Niger, par exemple, plus de 300 kilometres d'arbres ont ete plantes comme brise-vents pour protegcr les terres agricoles. Chaque kilometre de 35 Cin(( (lomaines prioritaires d'action La foresterie dans {'utilisation des terres. - role ucs foreis dans lagriculiure et la production ani- malc - planiiication de lutilisation des terres - beneiiccs economiques directs pour les communautes locales issus des ressources et des produits forestiers - creation demplois et de revenus Developpement des industries forestieres - meiUcure gesiion ei developpement des ressources lo- restieres - methodes adequates d'exploitation forestieres - etablisscment d'industries forestieres dans les com- munauics ruralcs - reduction du gaspiiiage - amelioration de la capacite de commercialisation Boijj de feu et energle - promotion des priorites relatives a lenergie du boib dans les programmes naiionaux torestiers et d energic rurale - restaiiration des ressources en hois de feu dans les pays les plus affectes - assistance globale au developpement du bois dc icu ci de lenergie du bois - participation active des communautes rurales dans la planifiration et I'execution desprojets. Distribution des benefices - rcnloiccmcnt des initiatives pcrsonncllcs - iniensiticaiion de la recherche Conservation des ecosystemes forestiers tro- picaux - prevention de la destruction ou de la degradation des ressources forestieres tropicales - promotion d'une utilisation durable des ecosjstemes forestiers tropicaux par une meiUcure gestion - recherche du minimum de perturbation pour la faune sauvage et les productions non ligneuses -promotion de reservoirs naturels d'especes vegetales ct unimales importantes Renforcement des Institutions - developpement des ressources humaines par la forma- tion uni\ersitaire. technique et professionnelle - renforcement des structures instiiutionncllcs en tani que stimulants pour la planiticaiion politique, legisla- tive ei des ressources humaines - stimulation du soutien institutionnel au secteur prive et au\ organisations locales brise-vents protege au moins 10 hectares de terres agricoles, el les recolles de millet ont augmente de 23 ^c. De plus, les brise-venis onl augmente la fourniiure de bois pour la consiruclion et le bois de feu, fournissant une source supplementaire de revenus et dimi- nuant la pression sur les ressources forestieres locales. Mais la mobilisation des communautes rurales pour entreprendre la reforestation et la conservation des sols pour leur benefice fu- lur - quelquelois bien lointain - n'est pas chose aisee. Lagriculteur itinerant ne comprend pas facilement que les arbres qu'il detruit mainiicnncnl la fcrtllltc du sol qui supporlc ses cultures. De plus, les aspirations du pau- vrc rural tcndcnt a sc focaliscr sur ses besoins immediats: nourriiure. combustible pour la cuisine, abri leger et fourrage pour les ani- maux. II doit etre convaincu que cela vaut la peine de renoncer au profit immediat et de- dier une partie de son energie pour assurer son avenir. Un bon exemple de cette fa9on de faire peut etre observe dans les hauts plateaux d'E- thiopic ou sc deroulc Ic plus grand pro- gramme de conservation des sols en Afrique. Plus d'un million dc pcrsonnes ont ete moblli- sees a iravers huit mille associations de pay- sans pour tcrrasscr des pcntcs raidcs et pour y planter des arbres. Pour chaque jour de ira- vuil, lis rc9oivcnt une ration dc nourriturc pour la famille et les buis du projet leur soni cxpllqucs par les chefs des associations dc pay- sans. Le resullal donne une force de travail cfficacc et motivee. Les activitcs industriclles forestieres peuveni apporter une contribution imporianie au developpement ct peuvcnt fournir des reve- nus tant aux gouvernements nationaux quaux populations rurales. Mais actuellement,la plu- pari des industries forestieres profitenl peu aiLX communautes les plus pauvres; les impor- tations de produits forestiers par les pays en voic de developpement ont augmente de plus ou moins b milliards de dollars americains au debut des annees 1970 a presque 10 milliards aujourdhui. 36 En plus de I'mtroduction de technolo- gies ameliorees, les villageois ont besoin d'etre mieux organises el d'etre proteges contre des profits cxcessifs de revendcurs. Aux Philippines, la combinaison des as- sistances technique et financiere de la Corpo- ration des Industries du Papier et de la Ban- que de Developpement a conduit a la partici- pation dc plus dc 3800 fcrmicrs a la plantation d'arbres a croissance rapide Albizzia falcataria pour la production de bois pour une usine de pate a papier sur Tile de Mindanao. Un total de 2301)0 hectares de "fermes forestieres" ont etc elablies en 1984. La FAO croit qu'aucune source d'ener- gie alternative ne fournira un substitut valable au bois de feu dans les deux prochaines decen- nies. Pour celte raison, le programme de bois de feu ci d'energie du PAFT s'efforcera de fairc face aux demandes en energie de toule ces populations rurales qui dependent du bois pour ieur combustible, leur lumiere et leur chauffage. La souffrance humaine due au manque de bois de feu est souvent cach6e derridre de froides statistiques. La realite est que la majo- rite des habitations ou abris ruraux dans les pays en voie de developpement n'ont ni gaz ni electricite. L'huile est impossible a obtenir et le kerosene est seulement a la port6e d'une mi- nority riche. Au Zaire, les families de Kinzono sur le Plateau Bateke ont besoin d'un a deux sacs de charbon par mois pour satisfaire leurs besoins essentiels. Le charbon coute presque le tiers du salaire mensuel d'un ouvrier. Dans les par- ties les plus pauvres de la Sierra andine et du Sahel, plus de 25% des revenus d'une famille doivent etre depenses pour le bois de feu et le charbon. Ce chiffre peut alteindre 40% pour certains menages de I'Afrique de I'Est. Pour ces menages, le niveau d'alimenta- tion est menace. Dans les regions ou il n'y a pas assez de bois de feu, les families pauvres ne peuvent pas faire bouillir I'eau et sent sou- vent contraintes a manger de la nourriture moins nutritive ou meme non cuite. L'eau non bouillie propage egalement les maladies v6hi- culees par l'eau et la mortalitd infantile y est e levee. Les effets economiques dus au manque de bois de feu se font aussi sentir en-dehors du cercle familial. Dans beaucoup de pays en voie de developpement, des industries telles que celles du fumage du poisson, du s6chage du the et du tabac, les brasseries, les fours a briques et les poteries dependent fortement du bois de feu. La manque de combustible affecte directement la productivite de ces petites in- dustries et les niveaux d'emploi et de revenus qu'elles generent. La conservation des 6cosyst^mes fores- tieres tropicaux est une partie les plus impor- tantes du Plan d'Action Forestier Tropical. Ce programme essayera de s'assurer que les especes, et les mutations inh6rentes ^ ces es- peces, soient preserv6s a perp6tuit6. Au Rwanda, un des pa/s les plus pau- vres et les plus peupl6s des tropiques, le Pare National des volcans abritent un des princi- paux bassins versants du pays. Les rendements en eau sont plus eleves que dans les r6gions 37 avoisinantes parce que les forets sont prot6- gees dans le Pare National. Les fermiers lo- caux peuvent obtenir plusieurs recolies, meme pendant la saison seche d'ete. Le pare est aus- si I'habitat du gorille de montagne menaee de disparition. Enfin, renforcer les institutions signifie metlre en application des plans et des lois. Qu'elles soient des instituts judieiaires, d'ad- ministration publique des terres et des forets, de programmes de formation, ou de recherche et de vulgarisation, les institutions sont neces- saires pour le succes des strategies de develop- pemeni des forets. Trop souvent la mise en place d'institu- tions n'est pas consideree prioritaire et les uti- lisations existantes n'ont pcis les fonds pour continuer leur travail. Beaucoup sont nou- velles et petites et rencontrent des problemes tres serieux. D'autres s'agrandissent rapide- ment. En 22 ans, le Departement pour I'Ame- nagement des Ressources Forestieres de I'Uni- versile d'Ibadan au Nigeria est passe de trois peliles chambres a une unite bien equipee de- livrant une formation forestiere de troisieme cycle. Au Nepal, I'education est devenue une partie importante du programme forestier de la communa.ute. Ulilisant les mater iels audio- visuels modernes tels que les diapositives et les cassettes video, le personnel du terrain fournil un soulien technique aux villageois. Entre 1980 et 1984, les agents de vulgarisation au Nepal ont aide a etablir et a gerer plus de 400 pepinieres, ont plante 7500 hectares d'arbres et ont installe quelques 6000 fourneaux. Mettre le Plan a I'essai Le Plan d'Aclion Forestier Tropical aide deja certains pays en voie de developpe- ment a evaluer leurs problemes forestiers tro- picaux dans un conlexte gen6ral de developpe- ment. II leur offre aussi I'oceasion de soumet- tre des programmes pour un 6ventuel soutien multi-donateurs. La reussite ne sera pas bon march6. La Banque Mondiale a estime que plus de 8 mil- liards de dollars americains devront etre inves- tis pendant les seules cinq premieres ann6es. Cela represente le double des d6penses ac- tuelles. La sauvegarde et la restauration des forets et des bassins versants qui ont d6ja 6te serieusement endommag6s demandera au moins 150 milliards de dollars americains. La FAO a un role cle k jouer. Son Co- mite de mise en valeur des Forets dans les Tro- piques est le seul corps inlergouvernemental s'occupant de problemes forestiers tropicaux. Actuellement I'Organisation a 6t6 appe- lee pour aider a eclaircir les idees qui sont a la base du PAFT, pour promulguer des efforts de coordination pour entreprendre ces idees, pour superviser les progrds obtenus et entre- prendre des programmes specifiques et des projets sur le terrain. La manque de ressources et la degrada- tion ecologique conslitue une grave menace pour I'avenir du bien-etre des pauvres ruraux de par le monde. Le choix ultime se situe en- tre la conservation et le conflil, car la sante de I'environnement a un effet profond sur la san- te et la stabilite de la societe el I'economie d'un pays. L'urgence est refletee dans les pa- roles du Directeur-General ."L'avenir de I'hu- manite depend de l'avenir des forets. II n'y a pas un moment a perdre. " La FAO a insiste sur le fait que la crise forestiere tropicale ne peut etre resolue par les seuls forestiers. Elle ne.cessite un travail de collaboration entre les forestiers, les planifica- teurs du developpement, les chefs politiques et beaucoup d'autres groupes concernds tant na- tionaux qu'internationaux. Cest cet appel a une action urgente mais harmonis6e qui se trouve au coeur du Plan d'Action Forestier Tropical. 38 Ethologie CROCODILES MALES ? BIEN CUITS. Chez I'homme, le sexe est d6finitive- meni fix6 des la conception par la presence ou I'absencc du chromosome Y - operations ex- ceptees bien dvidemraent. A I'inverse, certains vertebres. dont les crocodiliens, n'ont pas de chromosome diffdrenciant les sexes et il a 6t6 d6montr6 il y a quelques ann6es deja que le sexe des alligators du Mississipi et des croco- diles australiens est ddtermin6 par la tempera- ture ^ laquelle les oeufs sont incubus dans le nid. Actuellement, I'influence de la tempe- rature sur la determination du sexe (TDS) a aussi etc demontre chez les crocodiles du Nil Crocodylus niloticus. Tout n'est pourtant pas si simple. moins tandis qu'une temperature de 34°C et plus ne produit que des males, Ndanmoins dans la nature, la temperature fluctue de plus de 10°C et on ne peut pas dire si il y a un mo- ment sp6cifique ou le sexe est determine et si oui, quand apparait-il? Les temperatures moyennes dans les nids naturels furent regulierement inferieures a 31°C, ce qui favorise les femelles, mais la po- sition de chaque oeuf dans le nid est egale- ment importante. Ceux de la surface etaient plus chauds et allaient parfois jusqu'a 35°C ce qui est superieur a la temperature favorisant les males. II est bien connu chez les tortues ma- rines, que quelques pics intermittents de tem- peratures adequates sont suffisantes pour "produire" un embryon femelle malgre les 20 heures journalieres plus fraiches ^ des tempe- ratures "productrices" de males. Le m6me principe peut s'appliquer en sens inverse en ce qui concerne les crocodiles. La difference de temperature entre les oeufs du dessus et ceux du fond du nid affec- tent aussi le temps d'edosion. Le nid est creu- Au cours d'une etude sur une population de crocodiles du lac Nge- zi, J.M. HUTTON de rUniversite du Zimbabwe releva un fort biais en fa- veur des femelles dans le sex-ratio de toutes les ca- tegories des crocodiles. L'influence de la temperature dans ce sex- ratio fut confirmee par des mesures de tempera- ture dans 9 nids naturels et ensuite par sexage des embryons dans 4 d'entre eux. Une incuba- tion artificielle de 300 oeufs originaires de 9 nids fut entreprise. Les resultats montrent que seuls des fe- melles naissent d'oeufs incubes k 31°C ou se par la femelle crocodile dans le sable aux abords de I'eau et j usque 80 oeufs y sont depo- ses. Les oeufs du dessus incubes h. 34°C edo-. reront aprds seulement 85 jours alors que ceux du fond 110 jours ^ 28°C (ces temps ont ete determines en incubateur artificiel k tempera- 39 ture constante ce qui est 6videmmeiit loin des conditions naturelles). D,es variations entre les diffdrentes cou- v6es furent egalement observ6es quant k la temperature minimum, au-dessus et au-des- sous de laquelle le sexe change, ce qui pr6juge que le sex- ratio dans une r6gion ne ddpend pas uniquement des conditions extdrieures mais Egalement d'autres facteurs jusqu'a pr6sent in- connus. La comprehension de Tinlluence de la temperature sur la determination du sexe en est encore a ses debuts, mais d6ja des applica- tions pratiques apparaissent a ce stade. De nombreuses fermes de crocodiles se d6velop- pent dans plusieurs pays qui cherchent k pre- server leurs populations sauvages et si les ele- veurs reussissent k faire se reproduire leurs jeunes animaux, il sera ais6 de produire la juste proportion de males et de femelles d6si- r6s. {Journal of Zoology, Vol.21, pp. 143-155) REMETTONS NOS PENDU- LES A UHEURE... MOLECU- LAIRE! Les biologistes de revolution etudient de plus en plus les sequences d'ADN des ani- maux vivants pour connaitre leurs liens de pa- renie. En eialonnant ces differences par rap- port au temps, il devrait etre possible de pro- duire unc "horloge moleculairc permettani de connaitre les ancetres communs des animaux actuelb ci le moment ou les descendances t\o- luent separ6ment. Par exemple, les sequences ADN de rhomme et des chimpanzds sont tres similaires, r6veiant des liens de parent^ tr^s dtroits ci une diff6renciation entre I'homme el les singes n'apparaissant qu'il y a quelques millions d'annees. La pr6cision de cette horloge mol6cu- laire depend d'hypoth^ses quant a la chronolo- gic de certains 6v6nements dans rhistoire g6o- logique. Un de ces ev6nements les plus impor- tants a et6 I'dvolution des oiseaux coureurs, ou ratites. Les ancltres de I'autruche et du nan- dou etaient suppos6s communs jusqu'^ la s6- paration de I'Afrique et de TAmdrique du Sud lors de la "cassure" du supercontinent Gond- wana. Les ratites actuels etaient supposes ne pouvoir provenir que d'un anc^tre commun avant cet 6v6nement. Rdcemmeht, Peter HOUDE de la Smithsonian Institution" de Washington D.C. a contest^ cette hypoth6se de revolution des ratites et ses resultats pourraient avoir des consequences tres importantes pour la chro- nologic de notre horloge mol6culaire. Les ratites et autres oiseaux k capacitd de vol limitde ont une disposition primitive des OS de leur palais comparable k tous les autres oiseaux. La comparaison des 6volutions de structure des palais tant des oiseaux fossiles que vivants a pu montrer que les ancetres des ratites habitaient probablement THdmisph^re Nord. De ses 6tudes, HOUDE d6duit qu'un groupe d'oiseaux fossiles, les Lithomis, - d6- couverts tant en Am6rique du Nord qu'en Eu- 40 rope - serait Tancdtre de tous les ratites. Une de ces espdces fossiles est I'autruche alle- mande Paleotis, dont les descendants auraient seulement envahi I'Afrique k I'Eocene, soit queique 10 millions d'ann6es aprds I'dvolution ant6rieurement suppos6e des ratites lors de la cassure du continent Gondwana. Si HOUDE a raison, I'horloge mol6cu- laire serait d6cal6e de 10 millions d'annees de la cassure du Gondwana a I'apparition de la premiere diUtTuche Paleotis. Cette decouverte est d'importance et va oblige r les biologistes de revolution a reeta- lonner I'horloge mol6culaire et voir en quoi cela affccie leur comprehension de revolution des animaux. (Nature, vol.342, pp. 563-565) L'INDE BANNIT SON PROPRE (VOIRE Tant en Afrique qu'en Asie, les 6U- phanis sont braconnes pour leur ivoire et le manque de personnel de gardiennage dans les reserves de faune sauvage transforment celles- ci en pieges mortels pour ces animaux a I'i- voire lam convoit6. Apres plusieurs ann6es d'une augmen- tation sans pr6c6dent tant de la demande en ivoire que du braconnage des elephants, le Gouvernement indien a d6cid6 d'interdire tout commerce d'ivoire et produits en ivoire indien. Selon certains journaux citant des "sources dignes de foi", jusque 200 616phants seraient abattus tous les ans pour leur ivoire dans et autour des reserves de faune sauvage du Sud de I'lnde et plusieurs sites montagneux qui, selon des estimations de 1978, soit deux ans avant qu'une nouvelle vague de bracon- nage ne recommence, abritaient queique 4500 elephants. Une des causes de cette r6surgence est la disparition g6n6ralis6e - par surexploitation - d'arbres de santal exploitables. Les bois de santal, comme I'ivoire, est utilis6 comme ma- tidre premiere pour sculpter des statues et au- tres objets-cadeaux - une Industrie principale en Inde - et les personnes ayant v6cu de I'abat- tage illegal du bois de santal se tournent tr^s faciiement vers I'abattage tout aussi illegal des 616phants. Du fait que les braconniers ne peuvent que ires rarement se procurer des armes puis- santes, les methodes d'abattage peuvent etre tres cruelles. Une arme courante est le fusil de chasse. D'abord blesses, les 616phants sont ensuiie acheves leniement a la chevrotine. Certains officiels du departement des forets ont 6te accuses de complicity avec les braconniers et en 1985, 11 d'entre eux ont 6t6 suspendus pour ce motif. Des officiels admet- tent que dans 3 des principaux sanctuaires du Sud de rinde le braconnage n'est plus contrd- lable. Les Elephants sont mieux prot6g6s hors des r6serves oil des propri6taires terriens leur offrent au moins un certain degr6 de protec- tion. Les conservationnisles n'ont toutefpis pas ete trts enthousiastes lors de la promulga- tion de cette interdiction du commerce de I'i- voire qui, font-ils remarquer, ne couvre que i'i- voire importe. L' ivoire illdgal sorti clandesti- nement du pays pent en effet 6tre rdimportd legalement. Dans le mfime temps, les mar- 41 chands d'ivoire pressent le Gouvernement de les autoriser a n6gocier les defenses des ele- phants mort de morts naturelle: ce qui suppo- serail un controle total mais impossible en pratique. La seule vraie solution est probable- ment d'augmenter la surveillance dans les re- serves. Le magazine indien de Conservation "Sanctuary" sugg^re la creation d'une Police sp6ciale des Pares telle qu'il en existe en Tan- zanie et au K6nya. (BBC Wildlife, mars 1987) Devant I'incrddulitd g6n6rale, MOL- LER, accompagnd du gardien en chef et d'au- tres personnes, retourna le jour suivant sur le meme site et apres quelques minutes d'obser- vation, un crocodile apparut. La question qui se pose est de savoir comment ce crocodile est arrive 1^. En Ou- ganda, k I'heure actuelle, il semble inimagina- ble que quelqu'un I'ait captur6, transport^ sur plus de 100 km et ensuite relach6 sans raison aucune. Et si il y arriva par ses propres moyens comment a-t-il pu travers6 les chutes "anticrocodiles" et vint-il seul? LES CROCOS DU NIL ENVA- HISSENT LE LAC EDOUARD. Malgr6 son nom, le crocodile du Nil se retrouve dans les lacs et des rividres de pres- que toute I'Afrique, souvent dans des aires a grandes populations d'hippopotames qui, par leurs excr6ments, apportent de grandes quan- titds d'elements nutritifs dans I'eau, nourris- sant les poissons dont se nourrissent les cro- cos. Pourtant le Lac Edouard en Ouganda, connu pour avoir une population d'hippopo- tame plus grande que partout ailleurs, n'abrite pas de crocodiles. Quelle ne fut done pas la surprise de Wilhelm MOLLER quand I'annee derniere, en filmant dans I'eau du Lac Edouard il vit un corcodile de deux metres de long emerger de I'eau pr^s de la p6ninsule Mweya. Les crocodiles semblaient avoir deserte le Lac Edouard, oii ils n'y sent connus que par des dents et os fossiles, depuis 8000 a 10000 ann6es. Bien qu'il y ait effectivement des croco- diles dans le Lac Albert, plus au Nord, les chutes de la rivieres Nord-Semliki joignant les deux lacs ont toujours i\.€ consid6r6es comme une barridre insurmontable pour la migration des crocodiles. Depuis lors, d'autres observations sem- blables ont deja et6 rapport6es au Dr Eric Edroma, Directeur de la Recherche k I'Institut Ougandais d'Ecologie. (East Afr. Natural History Soc. Bull., vol. 16,pp.42-43) 42 LEMURIENS SOUS-ESPECE ? NOUVELLE En 1985, 1'Hapalemur a nez camus (Ha- pal^mur simus GRAY) fui "reddcouvert" dans la forel humide de Madagascar a I'Est de Fia- narantsoa par la biologiste fran^aise Corinne DAGUE. En 1986, ces observations furent poursuivies par Patricia WRIGHT et une equipe de I'Universile Duke de la Caroline du Nord cl Bcrnhard MEIER dc 1 Universile dc la Ruhr en R.F.A. Cette 6quipe pense egale- ment qu'il s'agit de Thapaldmur mangeur de bambous. Pourtant, I'animal "redecouvert" est si pariiculier avec ses bandes laterales jaunes que certains pensent qu'il s'agit au moins d'une sous-espece. Vivant en pelits groupes dans la foret tropicale humide orientale de Madagascar, ce nouveau Hapalemur se nourrit quasi exclusive- ment de bambou geant, mangeant les parois interieures des vieux troncs de bambous et bu- vant le jus a l'int6rieur des pedicelles des feuilles mais en 6vitant les feuilles elles- memes. II est done meme plus sp6cialise que le panda g6ant. Selon Bernard MEIER, ce nouveau le- murien, plus rare encore que son cousin bien connu le Aye-Aye, n'apparail dans aucune re- serve et que sa survie depend uniquement de la decision de proteger ou non les superficies r6siduelles de bambous g6ants dans lesquelles il vit. Si de nouveaux plans de protection de ces aires ne sont pas rapidement promulgu6s, certaines de ces superficies seront abandon- nees a Sexploitation foresti6re prochainement. (BBC Wildlife, mai-1987) SECHERESSE AU SAHEL : DANGER POUR LES MIGRA- TEURS. En Europe, les pratiques modernes de I'agriculture et la m6canisation sont souvent accuses de la disparition des oiseaux migra- teurs. Si tel est partiellement le cas pour le rale des genets Crex crex, les travaux de Bob SWANN, qui observa une aggravation de ce declin sans raison apparente nouvelle depuis 1983, laissent entendre que ce ne serait pas I'u- nique raison. Les rales effectuent une migration ex- traordinaire de pres de 10000 km pour hiver- ner en Afrique du Sud en passant droit au-des- sus du desert du Sahara. SWANN remarqua que les populations de rales chuterenl de fa^n significative d6s le d6but de la secheresse au Sahel en 1982 et continua de ddcliner avec la secheresse persi- stante de 1983 et 1984. Selon SWANN, un stress trop impor- tant lors de la travers6 du Sahara devenu plus hostile durant cette p6riode est la cause prin- cipale de mortalit6 chez le rSle. Les memes observations avaient d6j^ tit faites pour les martinets des sables. (Bird Study, vol. 33, pp.201S) 43 COMMERCE DES OISEAUX ALERTE DANGER! Selon Tagence de recherche environne- mentale (EIA), le commerce des oiseaux en Afrique de TOuest atteindrait actuellement des proportions alarmantes et beaucoup plus graves que crues pr6c6demment. Les donndes r^unies par les chercheurs de cette agence, rentr6s rdcemment du S6n6- gal, indiquent que pr6s de 10 millions d'oi- seaux sont export6s annuellement vers I'Eu- rope, les Etats Unis, le Japon et d'autres par- ties du monde. Apparemment, plus de la moiti6 des oi- seaux meurent avant exportation et 17% des survivants meurent durant le voyage, ce qui si- gnifie que pr6s de 20 millions d'oiseaux sont captures annuellement. Les oiseaux export6s sont principale- ment des petits fringillid6s exotiques et des perroquets. commerce de gorilles est en effet strictement limit6. Si Taiwan n'est pas partie contractante de la CITES, le Cameroun Test et Texporta- tion de gorilles est interdite. Actuellement la police camerounaise essaye de savoir comment cela a 6t6 possible. Une id6e de la fili^re utilisde pent tou- tefois etre imagin6e au vu de la correspon- dance, r6cemment acquise par la Ligue Inter- nationale pour la protection des Primates, en- tre deux vendeurs arrangeant Timportation au Japon de deux gorilles du Cameroun - d6j^ - en 1984. (ditails dans BBC Wildlife, juin 1987). Pour plus d'informations ,contacter EIA, Unit 32, 40 Building Green Lane, London ECIR ONE (United Kingdom). (BBC Wildlife) CAMEROUN CONNECTION' En Janvier dernier, 4 gorilles ont 6t6 ex- portds du Cameroun vers un nouveau zoo de Taiwan.. Un seul arriva, trds jeune et d'un poids trds faiblp. Comment cela a-t-il pu arri- vcr? Selon la CITES (Convention InternDeitio- nalie sur le commerce des espices menac6es),le 44 Conservation ZAIRE : P.N, de la Salonga Compte-rendu du ler seminaire inter- national sur i'amenagement du P.N. de la Sa- longa Celle annee le Zaire commdmorait le quinzieme anniversaire de la creation du Pare National de la Salonga. C'est le deuxieme pare national en etendue du monde et le premier pare national de foret equatoriale. Son role est important pour I'avenir de I'humanite en tant que reserve de foret, r6serve d'eau, r^gu- lateur du climat et reservoir de genes, Le Zaire, responsable de ce Pare de 3.600.000 hectares, entend le g6rer de maniere k ce qu'il puisse b6n6ficier aux g6n6rations presentes et futures. II importe pour cela de fixer, dans un plan de gestion, les principes et les modalit6s permettant d'assurer la conserva- tion optimale de ce vaste territoire et de ses ressources. II y a lieu aussi de formuler des projets d'avenir r6alisles. Tels elaient les objectifs du Seminaire international sur I'avenir et la gestion du Pare National de la Salonga qui s'est tenu k Mban- daka du 9 au 15 fevrier 1987. Cette reunion entrait dans le cadre du plan d'action quiquennal pour la protection des forets tropicales humides (1986-1991) d€- crete par les Nations Unies. Les trois thdmes principaux abord^s iors de ce seminaire ont 6t6 les suivants : - foret equatoriale : 6cosyst6me k pre- server - probl6matique de la gestion du Pare National de la Salonga - 616ments du plan de gestion du Pare National de la Salonga. PARC NATIONAL DE LA SALONGA - ZAIRE Les participants au Se- minaire ont reconnu avec consternation la vitesse k la- quelle disparaissent les fordts tropicales humides dans le Monde et en Afrique en parti- culier. Les causes majeures de cette d6gradation sont I'a- griculture extensive, la r6colte de combustibles ligneux et I'exploitation foresti^re. Le Zaire, qui possdde le plus grand massif de fordts tropicales humides d' Afrique, est pleinement conscient de I'importance biologique et dp la richesse potentielle que re- pr6sente ces dcosyst^mes. II est egalement conscient des difficultds qu'il y a ^ les g6rer ralionnellement en vue d^une utilisation durable. G^rer les 45 principaux massifs forestiers des zones tropi- cales humides d'Afrique est une responsabilile imporianle de port6e mondiale k assumer. C'est dans ce conlexte que s'inscrit le Pare National de la Salonga, le plus grand pare national forestier tropical de la planete. Ce pare est d'une importance excep- tionnelle, non seulement pour le Zaire mais en lant qu'ecosyst^me d'importance biospheri- que, ce qui a d'ailleurs 6t6 reconnu par in- scription du Pare National de la Salonga sur la liste des biens naturels du Patrimoine mondial. Ce territoire renferme des 6cosyst6mes representatifs des diff6rents types de forets ombrophiles de terre ferme et mardcageuses de basse altitude. II abrite une multitude d'es- peces vegetales et animales - et en particulier Ic Chimpanze nain (pan paniscus) -, especes donl un irts grand nombre est pr6sume igno- rees par la science. Ce pare est un lieu de concentration de genes primilifs qui repre- senie une richesse de valeur exceptionelle pour la survie de I'humanitd, et possede une grande diversitd biologique. Les facteurs qui justifient I'existence de eel immense Pare sonl multiples et relevent de considerations 6cologiques, climatiques, g€o- morphologiques, botaniques, zoologiques, 6ducalives et esthetiques. La protection du Pare National de la Salonga, qui s'etend sur 3.600.000 hectares, est une tache immense et d'une grande complexite 6tant donn6 la situation g6ographique de ce territoire et les conditions climatiques qui y r6gneni. II faut ajouler en outre I'existence de nombre uses pressions qui s'exercent sur le Pare donl la plus pr6occupante et la plus dan- gereuse pour I'intdgrit^ du Pare est sans conteste le braconnage. L'existence mdme de ce Pare est un rempari, tant mat6riel que moral, contre la poursuite d'une utilisation anarchique des fo- rets tropicales humides et il devrait devenir un symbole universel de la protection de ce type de for6ts. Afin de permettre au Pare de remplir cette mission de port6e mondiale, une s6rie de 16 recommendations, a 6t6 61abor6e dont une recommandation sp6ciale portant sur la cr6a- tion de la "Fondation Internationale pour la sauvegarde du Pare National de la Salonga". (source : declaration de Mbandaka). NDLR : II est opportun de souliffter d nouveau ici I 'extreme importance des forets tropicales hu- mides non seulement aux niveaux national et re- gional, mais au niveau mondial pour le bien de Vhumanite. II est done du devoir de toute la Communauti Internationale d'aider des pays tels que le Zaire qui abritent des itendues considera- bles de ce type de forets et qui prennent des inUia- tivespour sauvegarder ce patrimoine mondial. L 'etat de ces forets est en effet des plus alarmants et elles sont attaquees de toutes parts sans discemement entre autres par une surexploi- tation et des defrichements abusifs aux conse- quences disastreuses et irriversibles pour les sols tresfragiles de ces regions; ces sols qui n 'existent et ne sontfertiles que parce qu 'ils supportent cette foret exuberante et non Vinverse comme on I'a cru trop souvent. Si I'Afrique, de meme que VAmirique la- tine, et certains pays d'Asie, doit en prendre conscience, la Communauti Internationale toute entiere est tout aussi concemie et ne peut certai- nement pas s'en laver les mains arguant du fait que cela se passe ailleurs et surtout tris loin. Pour plus de renseignements sur le simi- naire de Mbandaka et sur les Pares Nationaux du Zaire, icnre a I.Z.C.N. (Institut Zairois pour la Conservation de la Nature), B.P. 868, KINSHA- SA I, Ripublique Populaire du Zaire. 46 COELACANTHES : Les plus vieux vertebres trouves aux Comores. Le plus ancien vertebre vivant au monde, le coelacanthe, a ete observe pour la premiere fois dans son habitat naturel aux cotes de I'Afrique par une equipe de scientifi- ques travaillant a bord d'un sous-marin biplace dans les profondeurs de I'Ocean Tndien. Ce poisson prehistorique osseux est ap- paru il y a 350 millions d'annees el a a peine 6volue depuis lors. II etait suppose disparu depuis au moins 60 millions d'annees lorsqu'en 1938 un specimen vivant fut capture au but de la lignc dun pecheur. Mais ce pobson, mort tres rapidement et autres specimens captures depuis lors fini- reni louts empailles. Quelque 50 ans plus iard,une expedi- tion menee par un membre de I'Institut Max Planck du Comporiemenl Animal pris de Mu- nich en Republique Federale d'Allemagne, vient de reussir a eludier el fdmer I'esp^ce a quelque 180 metres de profondeur aux lies Co- moreb. Le chef d'expedition,Hans Fricke, spe- cialiste en biologie marine, decrit leurs obser- valionb comme raccomplissemeni d'un defi "sous-marin" comparable a la decouverte de I'epave du Titanic. Selon Fricke, ces animaux sont extremement rares et ils durent sillonn6s des kilometres et des kilometres pour seule- ment en trouver deux. Selon lui, les expedi- tions anterieures echouerent vu les profon- deurs auxquelles vit ce poisson. Le poisson est un fossile vivant, disait-il. II a unc importance enorme pour la biologie de revolution et voir ce poisson vivre et se d6- placcr dans son habitat naturel etait unc chaine manquante. Toutes etudes precedentes ont ete sur des fossllcs et des poissons morts, altraper sur les lignes de p6che. Le coelacanthe, gris-vert avec des laches blanches, mesure jusqu'^ deux metres de longueur et pdse jusqu'a 100 kg. II a des yeux florescents ressemblant a ceux d'un chat et se deplace si lentement qu'on risque de s'endormir en le surveillant. Ses nageoires ant6rieures ont une struc- ture ressemblant a un membre, ceci appuye les theories que les mammifdres a quatres pattes, et eventuellement I'homme, ont pu 6volu6 d'un embranchement actuellement 6teint de cette espece. Mr Fricke essaie de r6colter $25,000 pour retourner aux Comores pour unc deuxieme expedition afin d'essayer d'6valuer la grandeur de la colonie de coelacanthe. II a peur que ce poisson, le plus grand survivant de la nature, pourrail 6tre en voies de disparition et il voudrait que ce soit officiel- lement declare une espdce menacee. GORILLES "CONGOLAIS" EN GRANDE-BRETAGNE Le gouvernement anglais a d6cid6 d'au- toriser John Aspinall du zoo Howletts k im- porter irois gorilles des plaines (Gorilla g. go- rilla) captures dans la nature en R6publique Fopulaire du Congo. Le gouvernement avail precedemment rej^t^ la requite. La nouvelle decision prise personellement par le Ministre d'Etat William WALDEGRAVE, va k ren- contre des avis donn6 enire autres parle Conseil Scientifique de Grande-Bretagne, Ic Secretariat CITES, le groupe de Conseil sur les singes anthropoides et le Dr Alexander HARCOURT, un zoologiste de Cambridge qui a passe de nombreuses ann^es k 6tudier les gorilles dans leur habitat naturel. Les animaux parvienneni d'un groupe dc gorilles orphelins detenus par Mme LE- ROY au Congo dont les parents ont 6l6 lues par des chasseurs pour la viande. 47 L opposition k leur importation en Grande-Bretagne est largement motivee parle fait que, tant qu'une forme quelconque de marche existera pour de tels animaux, ceux-ci coniinueroni a etre propos6s. En monirant une volenti r6p6t6e k accepter des gorilles sauvages, les pays importateurs stimulent le commerce et contribuent dds lors a epuiser les populations sauvages. Le gouvernement justi- fie I'importation arguant que c'est un cas d'ex- ception mais c'est ignorer compldtement les realiles de la situation en Afrique. Mme. LEROY ne devrait pas recevoir de contribution financidre mais il semble peu probable qu'aucun argent n'ait 6te verser pour ces gorilles a quelque moment de leur voyage de la foret congolaise au zoo anglais prive. Se- lon le Daily Mail (2 mars 1987), un des gorilles aurait ei6 propos6 a Mme LEROY pour 450 US$ ei acquis pour 3U Ub$ par I'inierme- diaire. Tant que le moindre argument sera of- feri - ou Toffre suposee exislante - et en se rap- pelant que 30 US$ pent reprdsenter une somme enorme pour un chasseur congolais, il sera impossible de supprimer I'appat financier comme motif de livraison de bebes gorilles. Que les adultes aient et^ tu6s pour la viande n'est de tute faQon pas une justification. Mr ASPINALL rdpondit que s'il n'eiail pas autoris6 k importer ces gorilles, ils mour- raient ou seraient vendus k des institutions inexp6riment6s. De fait, comme les facilitds au zoo Hawlell sont tr^s bonne, une autre so- lution avail 6X.6 sugg^rde. En juillet 1986, 1'As- sociaiion Am6ricaine des Pares Zoologiques et Aquariums (AAPZA) soumit au gouverne- ment congolais une proposition intdressante pour les gorilles sauvages. La proposition, •budgeiisee k 167.000 US$, offrail de irouver des logements ad^quats dans des zoos am6ri- cains pour les orph61ins qui auraient 6t6 sous contrdle du Plans de Suivie des Esp^ces de I'AAPZA, mais seraient rest6s la propri6i6 du gouvernement congolais. Elle comprenait 6galement des 6tude des for^ts de montagne au Congo et la formation de personnel congo- lais pour la Conservation. Cette offre reprd- sentait un compromis, r6pondant au soucis de bien-etre des orphelins tout en s'assurant que la protection des gorilles en aurait b6n6fici6, Etrangement, cette offre a et6 rejetde. L'opposition k I'importation n'a pas seulement insit6 sur la stimulation du com- merce d'especes appartenant a I'Annexe 1 de la CITES mais aussi sur le fait qu'il y a suffi- samment de gorilles en Grande-Bretagne pour maintenir les populations captives 6tant donne que les zoos coop6rent en 6changeant des ani- maux et en repartissant les jeunes. Lors de sa reunion annuelle en fevrier 1987, une majorit6 du groupe anglais du Coseil pour les singes an- ihropoides reconnut que ces gorilles n'6taient pas necessaires et cet avis fut transmis au Co- mit6 National de la CITES par le Pr6sident du Conseil. Le Conseil recommandait que, si I'importation dtait autoris6e, des conditions precises soient imposee selon iesquelles les go- rilles demeuraient la propri6t6 du gouverne- ment congolais et 6taient soumis aux accords nationaux et internationaux des zoosd 6tablis pour promouvoir le d6veloppement de pro- grammes de cooperation de reproduction en captivite. Bien que le Comit6 de gestion CITES ait stipule que les gorilles sont detenus conjointement parle gouvernement congolais et la fondation Hawletts et Port Lymphe, au- cune autre condition n'a 6t6 impos6e concer- nant la participation de ces animaux k des pro- grammes de reproduction en captivitd et Haw- letts ne coopdre pas k de tels programmes. (extraitdu bulletin TRAFFIC, Vol.VIII, nU) "SAVE THE BIRDS" En preparation depuis 5 ans, la cam- pagne mondiale a 6ti lancee dans le courrant de la premiere moiti6 de 1987. "Save the Birds" (Sauvez les Oiseaux) est un livre mais aussi une campagne de Conservation. C'est le produit d'une collaboration unique entre 1& CIPO (Conseil International pour la Protec- 48 tion des Oiseaux) el Pro Natur, une compa- gnie allemande d'edition. Le livre en lui-meme contienl une ri- chesse dinformaiion sur les probleme acluels de la conservation des oiseaux dans le monde. La majeure partie de cetle information est ba- see sur Ics resullals des projets de terrain et de recherche du CIPO concernant I'etat des es- peces mcnacees. Le texte suit les liens com- plexes entre d'une part la haute technologic et la richesse de certains pays, et d'autre part le chemin suivant lequel tous deux peuvent conduire a des effets devastateurs sur I'habitat et la faune sauvage. Le livre est une production luxeuse. avec pres d'un millier d'illustrations en cou- leur doni des portraits originaux des oiseaux les plus menaces dans le monde. Ces especes sont specialement mis en exergue afin de rendre compte de ce que rhommu est en train de faire au detriment des fragiles ecosytemes terreslres. lelles que les fo- rets trciplcales, les zones humides et les iles. La partie principale du livre irailant des pro- blemcs internationaux de conservation est I'oeuvre du Dr A.W. DIAMOND. I ne des particularites originales de ce llvrc Cbl que chaquc edition nationale com- prend un chapitre special sur le pays redige par une pcrsonnalltc nationale ct un ornitho- logiste renomme. Parmi les sommites qui par- ticipcrcni au projet, citons Horst STERN cl Gerharu THIELCKE en Allemagne, le Prince Claus Cl Ic Professeur Karel Voous aux Pavs- Bas, David ATTENBOROUGH et Ian PRESTT en Grande-Bretagne, et Walter CRONKITE et Roger Tory PETERSON aux Etats-Unis. L'origine du projet remonte a 1982 lors d'un meeting entre le Directeur du CIPO Christophe IMBODEN et Rudolph SCHREI- BER. En 1987, SCHREIBER avait publie un livre sur la Conservation des oiseaux en Alle- magne, "Rettet die Vogel" (Sauvez les Oi- seaux); 280.000 copies furent vendues. "Pour- quoi ne pas faire de meme pour la conserva- tion des oiseaux au niveau mondial?", demanda le Directeur de CIPO. C'est ainsi que "Sauvez les Oiseaux" est nee ou plutot fut con^ue. Les 5 dernieres annees ont ete une lutte conti- nuelle, surtout pour Rudi SCHREIBER, afin d'obtenir le soutien financier necessaire a cette ambitieuse entreprise. Le livre "Sauvez les Oiseaux" se veut le fer de lance d'une campagne de recolle de fonds pour la conservation Internationale des oiseaux. Des royalties sur chaque livres vendu vont dlrectement vers les trois projets porte- drapeau de la campagne : projet "Zones Hu- mides" pour sauver le delta de I'Okavango au Botswana; projet forets" pour sauver ce qu'il reste de la foret Atlantique au Bresil et le pro- jet "lies" pour sauver le Kagu Rhynochetus juba- tus en Nouvellc-Caledonic. Ces projets rcprc- senient les priorites de la Conservation Mon- dialc et le CIPO va dcvelopper d'autrcs projets autour d'eux en collaboration 6troite avec les groupcs locaux. (source : World Birdwatch, Vol. 9, n2) 49