Nature et Faune REVUE INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE EN AFRIQUE Gestion de la Faune, Am^nagement d'aires prot^^s, Conservation des ressources naturelies Volume 5, n'' 3, juillet - septembre 1989 ^^^^ -A, A Organisation des Nations Unies x£^ Ij Programme des Nations Unies :^J pour I'Alimentation et TAgriculture V^^V^j^pour TEnvironnement ^TT^y Bureau Regional de la F.A.O. pour TAfrique - Accra (Ghana) Nature et Faune juiilet - septembre 1 989 iM0j La revue Nature et Faune est une publication interna- tionale trimestrielle destinde a permettre un echange d'informations et de connaissances scientifiques concernant la gestion de la faune, I'amdnagement des aires prot6g6es et la conservation des ressources na- turelles sur le continent africain. Editeur : A. lokem Ass. Editeur : P. Happ6e Conseillers : J. D. Keita et G. S. Child Pour la publication d'articles ou tout renseignement complementaire, 6crire k I'une des adresses suivantes: REVUE NATURE ET FAUNE F.A.O. Regional Office for Africa P.O. Box 1628 Accra (Ghana). c/o G.S. Child div. FORW F.A.O./U.N via delle terme di Caracalla I-OOIOO Rome (Italic). Le contenu des articles de cette revue exprime les opinions de leurs auteurs et ne re- ftMe pas necessairement celles de la FAO, du PNUE ou de la rMaction. II n'exprime done pas une prise de position officielle, ni de I'Organisation des Nations Unies pour rAmimentation et I'Agriculture, ni du Programme des Nations Unies pour I'Environne- ment. En particulier les appellations employes dans cette publication et la presentat- tion des donnies qui y figurent n'Impllquent de la part de ces organisations aucune prise de F>osition quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou 'ones ou de leurs autoritte, ni quant aux trac^ de leurs frontt^res ou limites. Sommaire Editorial 3 9^me Session du Groupe de Travail de Tamdnagement de la faune et des Pares Nationaux de la Commission des forets et de la faune sauvage en Afrique 4 Principes d'amenagement de la faune sauvage dans les habitats des forets denses d'Afrique , 9 L'dlevage du gibier et la protection de I'environnement 17 L'Afrique rong6e par ses criquets 25 La vaccination orale des espdces animales sauvages vectrices de rage : perspectives d'application en Afrique 32 Conservation 47 Rdunions '. 52 Livres 56 PRINTED IN GHANA BY WELMAX GRAPHIC ARTS LIMITED. Editorial La grande faune africaine est en danger de disparitlon. Feux de brousse, defrichements, deforestations abusives, implantations de plan- tations, de fermes et de troupeaux domestiques jusqu'^ I'interieur des aires prot6g6es, massacres k I'arme automatique, ... font disparaitre cette faune. Pourtant si ces causes ont toutes un impact direct ou indirect non n6gligeable sur la faune sauvage, c'est certainement la disparition de son habitat qui la menace le plus surement et le plus irr§m§dlablement. Une d^mographie galopante, une utilisation peu judicieuse des ressources naturelles par I'homme et des int6rets imm6diats parfois diffi- cilement conciliaWes avec ceux de la Conservation font que celle-ci est souvent rel^gu^e au tout dernier plan des politiques gouvernementales. Bien que toute strategie d'action doit venir des autorites, il ne faut cepen- dant pas croire que les populations rurales ne se rendent pas compte de I'ampleur du desastre qui les guette. Au contraire, elles en sont parfaite- ment conscientes, mais elles sont pl6g6s. Les imp^ratifs de la sun/ie quotidienne forcent les families pauvres k ne r§fl6chir - et vivre - qu'a court terme - ci surpaturer les herbages, k surexploiter les sols pour maximiser les rendements immddiats, ci abattre ou d^fricher les forets pour obtenir du bois de feu ou des terres de culture. Et le circle vicieux est boucl^ ! La disparition des forets tropicales, de la faune sauvage et de son habitat, ne peuvent done etre separes des autres pressions exercees sur I'environnement. k savoir pauvret6 et croissance demographique. La conservation de ces habitats passe done in^vitablement par I'application d'une strategie globale de developpement rural. C'est dans ce cadre que se pose k nouveau le probl§me de la reconnaissance effec- tive par les decideurs politiques de la haute valeur socio-economique de la faune sauvage pour les populations rurales et la participation des po- pulations locales aux benefices tir6s de la conservation de la faune. C'est k cette tache que les conservationnistes devraient s'attacher plutot qu'^ des actions ponctuelles plus mediatiques que fructueuses. 9eme Session du Groupe de Travail de Famenagement de la faune et des Pares Nationaux de la Commission des forets et de la faune sauvage pour FAfrique. Blantyre (Malawi) 26-28avril1989. Tous les deux ans se r6unit le Groupe de Travail de ramenagement de la faune sau- vage et des pares nationaux de la Commis- sion FAO des forets et de la faune sauvage pour I'Afrique afin de faire le point sur les po- litiques, les realisations et les problemes ren- contres par les pays membres en matiere de protection et de gestion de leurs ressources fauniques et de r^flechir sur les solutions a apporter k ces problemes. Cette ann^e, la 9eme Session du Groupe de Travail s'est tenue k Blantyre au Malawi du 26 au 28 avril 1989. 19 Etats Membres 6taient representes ci cette Session de m§me que diverses organisations pr6- sentes en tant qu'observateurs (PAM, CITES, CIC. IGF. CBLT, GTZ, OAB, SADCC. ...); au total, quelque 80 personnes participerent aux travaux. Dans son discours d'ouverture, Mr. J.D. Keita, Secretaire de la Commission, a in- forme les participants qu'^ la suite des re- commendations formul6es par le Groupe de Travail k ses deux dernidres sessions, le Conseil de la FAO avait approuve le change- ment de nom de la Commission des Forets pour I'Afrique, en celui de Commission des Forets et de la Faune sauvage pour I'Afrique. I! a souligne que I'amenagement de la faune sauvage devait etre envisage dans le cadre de I'amenagement global des ecosystemes; c'est pourquoi le Plan d 'Action Forestier Tro- pical (PAFT) a fait de la conservation des ecosystemes forestiers une de ses priorites essentielles. L'ordre du jour comportait de nom- breux points importants, notamment I'exa- men des politiques, realisations et problemes des Etats Membres, le suivi des recomman- dations de la session precedente tenue a Ba- mako (Mali) en 1986, la formation dans le do- maine de la faune et des pares nationaux et les suites donnees aux recommandations du symposium international sur la gestion de la faune en Afrique subsaharienne tenu a Ha- rare (Zimbabwe) en 1987. De plus, en cours de session, s'est te- nu un s6minaire sur la probl^matique de I'ha- bitat de la faune sauvage, probldme primor- dial s'il en est pour la conservation de la faune africaine. Situation dans les pays 19 delegues ont present^ les politi- ques. realisations et problemes de leurs pays. A la lecture de ces rapports, il ressort que Ife probleme majeur auquel sont confron- t^s les responsables de la gestion de la faune reste le braconnage intensif pratique sur une base commerciale par des bandes superieu- rement equipes. Neanmoins si toute la grande faune a a en souffrir, trois especes en particulier payent un lourd tribut a ce fleau, a savoir les rhinoceros blanc {Ceratotherium si mum) et noir {Diceros bicornis) pour les- quels la situation est desesperee et I'elephant d'Afrique {Loxodonta africana) pour lequel la situation est tres alarmante dans certains pays mais sans atteindre, tout au moins en tant qu'espece, un seuil comparable a celui des rhinoceros. Parmi les bonnes nouvelles concer- nant les especes, notons le cas du gorille de montagne {Gorilla gorilla beringei) dont la survie a pu etre provisoirement assuree grace a une mise en valeur touristique de cette ressource naturelle au Rwanda. Ceci est par allleurs devenu une ressource impor- tante de devises pour I'Etat nA^ndais. Le Zaire, de meme que I'Ouganda, envisage d'i- miter I'exemple donne par leur voisin. Nean- moins le probleme aigu de la disparition pro- gressive de I'habitat de cette espece reste pos6. Parmi les autres problemes importants cit^s par les delegues. notons la necessite de faire participer les populations locales k I'a- m6nagement de la faune sauvage et des zones prot6g6es. Des exemples d'approche pragmatique au niveau des communautes ru- rales ont 6X6 cit6s, notamment le lancement de programmes de chasse controlee au ni- veau des villages et la gestion communau- taire de I'utilisation k usages multiples des ressources fauniques. 11 fut rappel6 qu'il 6tait necessaire d'evaluer avec soin les facteurs socio-economiques et que des programmes appropries de vulgarisation dtaient essen- tiels. Le manque de personnel qualifie et le probleme tres important de la formation du personnel technique et superieur - I'un de- coulant de I'autre - furent egalement large- ment evoques. Ce probleme etait par ailleurs repris a I'agenda de la Session. Activltes de la FAO Mr. G.S. Child, Secretaire du Groupe de Travail, pr^senta les diverses activites me- nees par la FAO au cours de la periode 1986- 89 dans le domaine de I'amenagement de la faune sauvage et des pares nationaux. Au cours de la discussion qui suivit, il fut notam- ment rappele aux delegations nationales que les programmes d'aide approuves pour des activites dans ce domaine au niveau des pays dependent essentiellement de la priorite que ceux-ci attribuent k la faune sauvage et aux pares nationaux. C'est done aux respon- sables des services charges de I'amenage- ment de ces ressources qu'incombe la tache de convaincre les planlficateurs nationaux de la grande valeur 6conomique de ces res- sources. Ceci est un prealable ineluctable a tout projet. II fut egalement rappeler que c'est aux gouvernements qu'appartlent rinitiative de demander une assistance technique, ce qui doit se faire selon les procedures et filieres 6tablies et reconnues - procedures qui furent k nouveau explicitees par le Secretariat - sous peine d'etre rejetee ou du moins non of- ficiellement prise en consideration. Formation Comme 11 est blen apparu au cours des exposes des rapports natlonaux, la for- mation dans le domalne de la faune et des pares nationaux reste un des problemes les plus fondamentaux auxquels se heurtent les responsables. Une 6tude tres complete des besoins et des potentialites dans ce domaine a 6t6 men^e par la SADCC au niveau de la sous-r6gion. Les conclusions de I'etude fu- rent pr6sent6es a I'assembl^e. Un des principaux besoins qui fut re- connu est d'identlfier et corriger les carences des programmes actuels et de refondre les cours de faQon k repondre aux besoins des employeurs. L'6tude a Egalement identifie le besoin de s6mlnaires de formation pour les dirigeants de haut niveau, d'une formation universitaire appropriee, d'une amelioration de la formation de niveau intermediaire et de formation d'instructeurs pour la formation professionnelle. De I'avis de plusieurs delegations, les approches de la formation esquissees dans l'6tude de la SADCC sont apparues interes- santes pour I'ensemble de la region. La ne- cessity de cours specialises et de brefs stages de formation dans le domaine de I'a- menagement de la faune sauvage et des pares nationaux fut egalement reconnue. Le Groupe de Travail a k nouveau In- siste sur I'importance d'un soutien continu aux ecoles de formation de Mweka et de Ga- roua et d'une cooperation dans le domaine de la formation. L'absence de programmes de formation en portuguais et les problemes consequents dans les pays lusophones fu- rent egalement evoques. Si les progres realises dans le secteur de la formation dans le domaine de la faune et des pares nationaux au cours des 30 der- nieres annees ont depasse de beaucoup les previsions, il semble que cet eian soit aujour- d'hui perdu. II faudrait redoubler d'efforts et surtout reorienter I'approche afin de tenir compte des nouvelles realites socio-econo- miques. Harare (1987) A la suite du deiegue du Zimbabwe, en tant que representant du pays bote du Sym- posium, et du representant de I'lGF, co-orga- nisateur, plusieurs delegations ont fourni des informations concernant le suivi des recom- mandations du Symposium international sur la gestion de la faune en Afrique sub-saha- rienne qui s'etait tenu k Harare (Zimbabwe) en 1987 (voir Nature et Faune vol.3, n°4). II fut particulierement insiste sur im- portance de celles qui cdncernent revalua- tion economique des ressources de la faune et les mecanismes propres k promouvoir des programmes communautaires d'amenage- ment. A ce propos, II fut souligne qu'il im- porte que les populations participent pleine- ment k la gestion des ressources en faune sauvage et surtout a la distribution des be^e- fices qui en decoulent. Divers Plusieurs reunions ulterieures furent annonc6es k I'Assembl^e parmi lesquelles la tr6s importante 7^me Session de la Confe- rence des Parties de la CITES qui se tiendra k Lausanne(Suisse) du 9 au 20 octobre 1989. Le Secretariat informa egalement le Groupe de travail qu'un Symposium interna- tional sur les effets des populations hu- maines sur les epdces menacees d'extinc- tion en Afrique sera organist par I'lnstitut Ou- gandais d'Ecologie k Kampala du 3 au 6 de- cembre 1990. II va sans dire que le theme re- tenu est un souci primordial des amenagistes car sans nul doute la disparition de I'habitat due aux activites humaines quelies qu'elies soient est la menace la plus importante qui pese sur I'avenir de la faune africaine. Seminaire de Session Un seminaire sur I'habitat de la faune sauvage a Egalement eu lieu au cours de la Session. En plus des deux articles que nous re- prenons int6gralement ci-apres, la problema- tlque des feux de brousse fut largement evo- qu6e au cours de ce seminaire. Les feux de brousse sont en effet un perpetuel sujet de controverse : sont-ils opportuns ou non ? Sont-ils indispensables ei la gestion des aires protegees ou simplement fails par habitude ? Doivent-ils etre precoces ou tardifs ? II res- sort en fait des discussions qu'il n'y pas de r^ponse unique ei toutes ces questions et que les feux sont un mal n^cessaire mais que la technique employee doit etre adaptee se- lon les regions et les types d'ecosystemes. La place de la faune sauvage dans le coritexte du d6veloppement des bassins ver- sants en Afriqu9 et notamment des projets gi- gantesques de construction de barrages fut ensuite discutee. Un expos6 original fut 6galement don- n6 sur les nouvelles techniques veterinaires pour la protection de la faune sauvage, ces techniques s'avdrant nettement moins vulne- rantes pour I'environnement et I'habitat de la faune sauvage. Conclusion S'il faut tirer une conclusion des dis- cussions qui se sont tenues tout au long des travaux de cette Session, il faut retenir que les anciennes conceptions de protection inte- grale et des attitudes strictement conserva- tionnistes ont vecu. Une Evolution et une ap- proche plus pragmatlque s'imposent afin de tenir compte des profonds changements po- litiques et socio-6conomlques survenus en Afrique. La conservation de la faune sauvage africaine ne peut plus se concevoir sans I'a- dhesion et la participation effective des popu- lations locales directement concernees. La sauvegarde du capital faune passe inelucta- blement par un prel^vement des interets au benefice de ces populations. Des preleve- ments sur la faune et son exploitation sous forme de ranchs ou fermes k gibier doivent etre acceptes et promus. De meme il est ne- cessaire qu'au niveau des planificateurs na- tionaux soit reconnue la valeur enorme de cette faune et du desastre socio-economique que creerait sa disparition. Si Timportance primordiale de la faune sauvage en tant que patrimoine naturel des pays africains est una- nimement reconnue, seule la reconnais- sance de sa valeur socio-6conomique irrem- plagable permet d'envisager sa sauvegarde. RECOMMANDATIONS A. Adress6es aux Gouvemements membres Le Groupe de Travail : 1. a recommand^ qu'un soutien accru soit accorde a la participation et k la mobilisa- tion des populations locales dans les programmes relatifs a la fauna sauvage et aux zones protegees; 2. a recommand^ de s'employer k sensibiliser les donateurs ci la necessite de fournir un appui accru sous forme de bourses de formation en matiere d'am^nagement de la faune sauvage et des pares nationaux; 3. a recommand6 de punir severement le braconnage a I'elephant et la contrebande de I'ivoire et, de plus, de redoubler d'efforts pour combattre le commerce illegal de I'ivoire. B. Adressee a la FAO Le Groupe de Travail : a invito le Secretariat a distribuer un questionnaire aux Etats Membres pour rassem- bler les informations sur les suites donnees, au niveau national, aux recommandations du Symposium international sur la gestion de la faune en Afrique sub-saharienne (Harare - octo- bre1987). C. Adressees aux Goij^erMfMIMW^mbres, a la FAO et aux donateurs Le Groupe de Travail : 1 . a recommandd que les programmes et cycles d'etude des institutions de formation pour I'amenagment de la faune sauvage et des zones protegees soient renforces et congus de fagon k repondre aux besoins des employeurs et, en outre, d'appuyer la creation d'unites mobiles sous-regionales de formation au niveau technique; 2. a recommand^ que I'organisation d'ateliers et de seminaires de niveaux technique et superieur soit envisagee. Principes d'amenagement de la faune sauvage dans les habitats des forets denses d'Afrique par W.A. Rodgers * Introduction Tout ce qu'il y a eu d'6crlt sur la faune sauvage africaine consiste essentiellement en etudes sur la biologie des especes et de I'habitat concernant les regions de savane, encore qu'il y ait eu relativement peu de choses sur la gestion pratique de ces res- sources (Bell et McShane-Caluzi, 1985, en est une notable exception). Toutefois, s'agis- sant de la faune sauvage des forets, k I'ex- ception de ce qui a 6t6 ecrit sur les primates, meme les etudes biologiques sont rares. Mais ce sont les especes et populations fo- restieres qui sont fr6quemment designees comme espdces menacees d'extinction aux niveaux hational et continental. La demande et la surexploitation des forets sont plus fortes que pour d'autres biomes. Or, on dis- pose de moins d'exp6rience et de m^thodes 6prouvees pour gerer ou surveiller leurs res- sources fauniques que celles d'autres 6co- systemes. Cette lacune est en partie d'ordre g6o- graphique - la plupart des informations sur la faune sauvage provlennent de I'Afrlque de I'Est et de I'Afrlque australe, alors que les fo- rets et la faune forestidres y sont moins im- portantes. Mais le fait de prendre conscience de cette lacune n'est pas d'un grand secours pour les gestionnaires char- ges, en Afrique de I'Ouest et en Afrique cen- trale, de la conservation des especes des fo- rets denses. La presente 6tude succlncte contient une presentation de certains principes biolo- giques qui r^gissent les questions d'am6na- gement de la faune sauvage et I'habitat des forets et une analyse des diverses solutions qui s'offrent en matiere d'amenagement. La bibliographie citee devrait k elle seule inciter k aller plus loin sur le plan de la recherche et des etudes sur I'am^nagement. Ressources fauniques des forets De plus en plus, sur le plan th6orique, les sp6cialistes de la conservation prennent la faune dans son acceptation la plus large, y incluant tous les v^g^taux et animaux vi- vants. Mais en pratique, I'usage est encore de mettre essentiellement sous ce terme les grands mammiferes. Cependant, dans les habitats forestiers, il se peut que Ton remar- que moins les mammlfdres que les oiseaux ou les especes vegetales. On distingue trois groupes differents de grands mammifdres dans les forets : les primates, les petites anti- lopes (en particulier les c^phalophes) et, dans une moindre mesure, les petits carni- vores. Bien entendu, il y a egalement des es- pies encore plus grandes teiles que les 616- phants, les Okapis et les bongos. La fauna forestidre est bien plus riche en Afrique de rOuest qu'en Afrique de I'Est, tout k I'oppos^ de la faune des prairies et des forets claires. Les forets offrent k rhomme une grande gamme de ressources dont la faune sauvage n'est qu'un Element. Du point de vue 6conomique, d'autres ressources teiles que les t)assins hydrographiques, les effets climatiques ou I'approvisionnement en bols peuvent compter davantage. Cette grande variete de ressources complique le travail des services d'amenagement forestier, dont la faune sauvage est rarement la preoccupa- tion majeure. Les primatologues ont 6t6 les premiers k d6montrer I'interet de la faune sauvage fo- restiere et k lui accorder une priority en ma- ti6re de conservation et leurs plans d 'action en faveur des primates font ressortir les grands besoins en la matiere pour I'Afrique de rOuest, I'Afrique centrale et I'Afrique de I'Est (Oates, 1985). Les sp^cialistes des c6- phalophes ont soulign6 la necessite d'accrot- tre consid^rablement les mesures de conser- vation dans les forets de I'Afrique de I'Ouest et de I'Afrique centrale et les forets Isoldes des montagnes et du littoral de I'Afrique de I'Est, oCi au moins deux espdces entidres sont insuffisamment connues et prot6g6es (Rodgers, 1988 et East, en cours de prepara- tion). La conservation ornithdogique est etu- diee dans le detail par Collar et Stuart (1985) et Diamond (1985). De nombreux sp6cialistes de la conservation ont attir6 I'attention sur le role majeur que jouent les animaux sauvages des forets comme source de proteines comple- mentaire dans I 'alimentation des populations rurales, telle la viande de brousse en Afrique de I'Ouest (Asibey, 1985; Afolayan, 1980). il est de plus en plus Evident qu'une politique de conservation ^ long terme ne peut reussir par le cloisonnement : la faune sauvage et I'homme vivant souvent en 6troite osmose (Bell et McShane-Caluzl, 1987), force est d'admettre une certaine mise en commun des ressources. Objectifs d'amenagement et plans d'amenagement L'am^nagement ne peut ni ne doit se d^rouler dans I'abstrart. II lui faut etre guid6 par des plans, inspire par des objectifs qui assurent la perpetuation des richesses. Ces objectifs peuvent §tre trds divers, allant de la protection totale d'une seule espece en vole d'extinction par la preservation de la commu- naute et de la diversity des espdces k la conservation des populations d 'animaux sau- vages comme source durable de viande de brousse. lis peuvent §tre independants ou §tre lies k des objectifs d'amenagement d'au- tres ressources tels que la protection des sources d'eau. I 'exploitation du bois ou la production de plantes medicinales. En cas d'objectif unique ou de compa- tibilite totale entre plusieurs objectifs. la plani- fication devrait en principe etre simple. Lors- que les objectifs sent incompatibles, de 10 Les c6phalophes jouent un r6le extr§mement important dans ralimentation des populations locales en milieu forestier. lei, un c6phalophe commun (Sylvicapra grimmia) (Ptioto V.Wilson) graves problemes surgissent. la solution consiste a affecter un certain niveau de prio- rity k chacun d'eux ou k etablir une jonction pour separer spatialement I'utilisation des terres. Ces problemes sont analyses dans MacKinnon et al. (1986), et McNeely et al (1987). En Afrique de I 'Est et en Afrique cen- trale, les ressources en foret dense sont si modestes et le couvert forestier si fragment^ (moins de 2% de la surface des terres en Tanzanie : Rodgers et al, 1985) que la pro- tection des aires d 'alimentation en eau doit etre de loin I'objectif dominant, d'autant que la plupart des forets se trouvent sur les ver- sants humides abrupts des collines. I'entre- tien des bassins d'alimentation en eau est compatible avec la conservation des res- sources g^n^tiques. notamment la fauna sauvage (FAO, 1985; Roche et Daurojeanni, 1985). Cependant, les forets denses demeu- rent d'importantes sources de bois d'oeuvre, et il convient de maintenir soigneusement \'6- quilibre entre I 'exploitation et la conservation. La question de la responsabiiit^ de I'a- menagement de la faune forestidre n'a F)as encore 6t6 totalement r6solue. Actuellement, nous nous trouvons devant un regime dans iequel toutes les forSts sont traditionnelle- ment amenagees par des forestiers pour les ressources en bois et en bassins hydrogra- phiques. lA ou la faune et le panorama reve- tent une importance particulidre. tels que les Volcans des Virunga, le Mont Kenya ou le Mont Kilimandjaro, I'am^nagement ressortit k la competence d'un Service des Pares Natio- naux qui, en Afrique de I'Est, emploie pres- que uniquement des gestionnaires de la 11 faune sauvage. Les competences en matidre de connaissances et d'am^nagement de I'ha- bitat sont alors reduites, les populations anl- males fussent-elles mieux controlees. Toutefois, en-dehors des regimes de pares nationaux, I'am^nagement de la faune sauvage n'entre pas dans le champ des poli- tiques forestieres traditionnelles et toute la conservation des ressources genetiques n'a elle-meme qu'une faible priority. Les dota- tions en matiere d'am^nagement varient 6ga- lement selon les services. En Tanzanie, cette tradition affectait quatre gardes k la protec- tion de la foret dense la plus riche et la plus vaste du pays (Luhomero a Sanje sur les Monts Uzungwa). Non loin de Ici, un pare na- tional de savane d'importance relativement secondaire disposait de 40 agents de protec- tion. Les forets et la bio-conservation Deux ph6nom6nes majeurs de bio- conservation int6ressent la conservation de la faune sauvage forestidre d'Afrique : la no- tion de refuge et le concept de biog6ogra- phie Insuiaire. La premiere est bien expos^e dans ses grandes lignes par Hamilton (1981) et Grubb (1982) et les nombreux articles de Prance (1982). On suppose que certaines aires forestidres auraient ^chapp^ aux bouie- versements qui ont touch^ le climat et done les formations v^g^tales au cours du pleisto- cene. Ces troupes forestidres persistantes auraient ^vite I'extinction de la flore et de la faune des forets et favoris^ une sp^ciation croissante. L' existence de ces refuges s'ex- pliquerait par la repartition de forets abritant une plus grande variete d'especes et ^ end^- misme bien plus marque. On distingue six refuges forestiers principaux en Afrique : 1 . Sierra Leone - Liberia 2. Cote d'lvoire - Ghana 3. Cameroun - Gabon 4. Est du Zaire - Ouganda 5. Est de la Tanzanie - Kenya 6. Nord de I'Angola. Du fait que ces sites sont particuliere- ment riches en especes, et serviront vraisem- blablement de refuges en cas de catas- trophes naturelles ou provoquees par I'homme, il conviendrait d'y renforcer consi- derablement les mesures de conservation. De meme, sur le plan de la rentabilite, le taux d'especes protegees y est plus eieve, que ce soit en termes de superficie conservee ou de depenses effectuees. Le concept de biogeographie insuiaire interesse la taille des aires forestieres prote- gees et leur localisation les unes par rapport aux autres comme par rapport ^ I'environne- ment . Les forets sont pergues comme des lies dans une mer de cultures. Ces idees ont ete analysees dans le cadre de la conserva- tion africaine au quatrieme Colloque sur la faune sauvage en Afrique de I'Est qui s'est te- nu en 1978 (Rodgers et Homewood, 1981). Pour simplifier, disons que ces aires devraient etre aussi vastes et aussi nom- breuses que possible. Totue reduction de la taille actuelle des forets conduit dans une certaine mesure k I'extinction des especes. En revanche, en implantant judicieusement les aires protegees et en assurant une cer- taine continuite k I'aide de couloirs et de zones tampons d'habitat semi-naturel, on peut sensiblement reduire ces disparitions. Des analyses plus recentes de ces questions sont faites, par exempie par Souie (1986). 12 Degradation et faune sauvage forestiere Si i'on vise k une stricte conservation des ressources g^ndtiques et k I'dtablisse- ment de centres de rdf^rence dcologiques, dds lors toute degradation r^duit les valeurs de conservation. Hall (1983) analyse les pro- blames d'am^nagement de telles reserves naturelles strictes en Afrique. Si les buts poursuivis sont moins stricts. una degradation plus forte nnais contrdlde est tolerable, sous reserve que cela ne comprom^e pas les objectifs specifi- ques. PoiA' la conservation des gorilles au Rwarxla, la d^radation due au tourisme est acceptable si on laisse en paix certains groupes. II y^ eu peu de controle rigoureux des degr^s de degradation et des reactions de la faune sauvage dans les forets africaines. mais on peut tirer des enseignements des r6- sultats obtenus en Asie et en Amerique latine. Marsch et al (1987) les r^sument comme suit: 1. Le d^gagement et le remplacement des buissons sont un obstacle k la reg6n6ra- tion des for^ et k long terme menacent les richesses forestidres; 2. La culture itin^rante crde une mosal- que de laches de forets secondaires et pri- maires qui modifient consid^rablement la density relative des essences et en r^uisent par cons^uent le caractdre naturel et les va- leurs collectives, t)ien que certaines espies puisseni b^n^ficier d'une telle situation; 3. L'exploitation forestiere, m§nne se- lective, peut gravement affecter les espdces locales de primates ou autres animaux sau- vages qui sont moins capables de s'enfuir. Ceux qui se nourrissent de plantes bien d^- termin6es en pStissent plus que les especes ayant une alimentation nrwins speclfique; 4. Une mosaTque de grandes taches de for§ts primaires Intactes (d'au moins plu- sieurs kilometres carr6s) dans un ensemble de foret expioitee qui conserve un couvert et des strates de regeneration offre la meilleure solution de conservation k long terme. Pourtant, comme le fait observer McNeely ef al (1987). la taille des trou6es de- gradees ou intactes depend de la biologie des especes visees. Les especes k faible densite et ayant un vaste habitat ont besoin de trouees de bien plus grande dimension, de I'ordre d'une centaine de kilometres car- res. De nombreuses especes sont conside- rees comme richesses forestieres. Les ele- phants, les buffles, les guibs, les bongos et certains cephalophes peuvent atteindre une densite d'occupation superieure dans les fo- rets secondaires ou dans les forets ayant une mosaTque de couvert et de terrains degages. Pour les elephants des forets denses de la Republique centrafricaine, elle est la plus forte dans les zones ayant des terrains dega- ges (Can-oll, 1988). De plus, la presence d'e- lephants dans une for§t dense risque de de- truire la continuite en creant des vkJes dus aux chutes d'arbres et en y etablissant des formations secondaires - 'Teffet de bulldo- zer". Ces formatkxis secorxJaires peuvent. localement. contenir de fortes densites de guilds et autres tx>vides et contribuer k la multiplication des espdces d'olseaux et de vegetaux. II est toutefois evkient qu'il y a une limite au degre de degradatkxi acceptable si les ressources des forSts primaires forment un objectif majeur de conservation. La taille et la densite des petites dairieres dues au sciage en long et ^ la coupe de poteaux dans les grandes for§ts de I'Est de la Tanzanie ont 13 suffi pour susciter de profondes preoccupa- tions quant k la continuity du couvert (Hall et Rodgers, 1986). Options d'amenagement de la faune sauvage dans les forets denses Le travail d'amenagement est n^ces- saire k trois niveaux distincts : 1. La planlfication du r^seau lorsqu'il s'agit de politique d' utilisation des terres k grande dchelle et de preservation d'une cer- taine continuity entre les troupes de forSts avoisinantes. Line politique de conservation genetiqued long terme peut mdme envisager des translocations isoiees; 2. L'offre de strategies de remplace- ment en matidre de ressources et de moyens d'existence aux populations vivant dans la peripherie des zones de conservation fores- tiere. Ces mesures pourraient comprendre la fourniture de bois de feu et de poteaux et un accroissement de la productivite agricole, as- sorti de programmes d'education en matiere de conservation; 3. L'amenagement poursuivant des objectifs specifiques k chaque zone protegee prise separement. II s'agjra surtout de pa- trouilles de protection et, lorsque cela est possible, de reglementation de I'exploitation. II conviendra de delimiter clairement la zona- tion necessaire pour tenir compte des di- verses pratiques d'utilisation des terres. II n'y a pas de bon amenagement sans plans realistes dotes d 'objectifs bien definis. Cela est vrai au niveau national comme pour chaque region protegee prise separement. La planiOcation de la diversite des habitats La valeur de conservation d'une zone protegee depend pour beaucoup de sa ri- chesse en especes et de la rarete ou de I'im- portance de celles-cl. On peut accroftre la ri- chesse en espdces en portant au maximum la diversite de I 'habitat dans la zone prote- gee. Cette diversite peut tenir k I'altitude, k la topographie (les valiees et les elements rive- rains revetant une importance particuliere) et aux changements k long terme - la mosaique secondaire. La faune sauvage forestiere et le tourisme Les gorilles des Virunga au Rwanda of- frent un interet touristique potentiel tant sur le 14 plan financier local que comme appui non n6gligeable k I'accroissement des efforts de conservation. II s'agit 1^ de cas rares, mais les possibilit^s de d^veloppement existent pour les sites d'acc^s facile. Le tourisme s'est rapidement d^velopp^ dans les pares natinaux forestiers de montagne en Afrique de I'Est. Certes, on est tr^s loin de I'effet pro- duit par la dense circulation que Ton connait dans les reserves traditionnelles. Pour au- tant, les probldmes sont loin d'etre inexis- tants - incendie, detritus, perte de regenera- tion et accoutumance excessive des animaux sauvages. Les touristes circulant k pied ont peut- §tre besoin d'un controle plus 6troit et de ser- vices d' interpretation accrus pour pouvoir apprecier davantage les caracteristiques d'un pare national forestier. Tid^e des terrasses d'observation ('Tree-tops"), des hotes se ren- dant sur les points d'eau enrichis et les blocs k I6cher pr^s d'un poste d'obsrvation touristi- que peut etre rentable, sur le plan financier comme du point de vue de I'interet touristi- que. Surveillance et recherche On ne dispose pas encore des rensel- gnements ndcessaires pour entreprendre un amenagement scientifique des ressources fauniques de nos for§ts. Faute de pouvoir contrdler ou mdme inventorier ces res- sources, on ne peut en determiner les inci- dences sur I'amenagement nl definir les be- solns dans ce domaine. Trop souvent, on ne conr^ft mdme pas au juste les buts precis de I'amenagement. Certes, cela n'a pas une im- portarK)e immediate, mais k long terme, Ta- menagement ou la restauration ou la mise en commun des ressources ne sont possibles que si les objectifs et les directives d'amena- gement sont clairement definis. A I'evidence, il faut, dans I'lmmediat, renforcer le travail de recfierche, de descrip- tion ou de compte-rendu des mesures d'a- menagement, en en consignant succds et echecs. Plusieurs idees de suivi sont propo- sees dans Marsch (1987). Les responsables de I'amenagement omettent souvent de com- muniquer et de confronter leurs experiences et leurs conr^issances. Ce n'est qu'^ la condition qu'une telle communication s'ame- liore que la conservation peut avoir un im- pact durable. Bibliographic AFOLAYAN, T.A., 1980. A synopsis of Wild- life Conservation in Nigeria. Env. Conserv. 7(3), 207-212. ASIBEY, E.OA., 1974. Wildlife as a Source of Protein in Africa South of Sahara. 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En effet, une pression continue est exercee sur la vegetation au profit de Tagrlculture, de I'elevage, de I'urbanisation et autre et ceci en vue de permettre ei I'homme de satisfaire ses besoins les plus extravagants. Cette pres- sion amenuise conslderablement le couvert vegetal jusqu'a le faire disparaitre par en- droits. Or, la destruction des formations v6- getales d'un ecosystdme implique inevitat)le- ment Textinction de certaines espdces sau- vages dont les habitats ont 6t6 degrades. La chasse reste la seule activite hu- maine qui influence directement la dynami- que des populations de la faune sauvage. Depuis des mill^naires, I'homme consomme la viande de chasse. II cai^urait pour se nourrir une grande vari^t^ d'animaux. Les habitudes alimentaires 6taient fonction de ce que les hommes trouvaient k manger encore qu'iis aient eu des tabous, des interdits et des preferences comme nous en avons au- jourd'hui. La chasse etait done une activity de subsistance. les methodes de preleve- ment utilisees ne perturt>aient guere la faune sauvage. L'homme etait done en equilibre avec son milieu. Or de nos jours. I'utilisation des armes k feu et autres mdthodes plus effi- caces de recolte d'animaux, de concert avec le deveioppement du transport et des sys- tdmes de communication, ont corxJuit k la commercialisation de la viande de brousse, des peaux, des trophies, des comes et k I'exportation d'animaux vivants. Le r^alisme des uns. Taction dynami- que des autres et en particulier de certains 17 organismes internationaux (WWF, UICN, FAO, PNUE), la prise de conscience des Gouvernements et du public de plus en plus inform^ ont permis gk et 1^ de ralentir cette fougue destructrice. Mais les diverses ac- tions de sensibilisation du public, de surveil- lance et de controle des reserves naturelles de faune ne permettront pas a elles seules de sauvegarder le patrimoine faunistique. II faut y adjoindre d'autres formes de protection tel que I'elevage du gibier notamment. LA NECESSITE DE RATION- NALISER L'UTILISATION DE LA FAUNE SAUVAGE Malgre quelques timides essais d'ex- ploitation ratlonnelle, il suffit de parcourir I'A- frique de I'Ouest pour se rendre compte que la faune sauvage est tout simplement sou- mise a une politique purement conservatrice. Pourtant elle joue un role de tout premier plan dans certains pays notamment ceux de I'Afrique de I'Est ou elle a obtenu d'inconte- stables succes economiques par le biais du tourisme et des pares nationaux. Lors de I'elaboration des principes d'u- tilisation des terres, la faune sauvage est sou- vent releguee au dernier plan. II existe ce- pendant en Afrique de I'Ouest des milliers d'hectares de terre ou toute exploitation de betail domestique comporte des risques in- calculables. Cette situation a entraine une marginalisation des animaux sauvages qui font I'objet de braconnage, de prelevement anarchique malgre les mesures d'interdiction de I'usage des armes a feu. Cette destruc- tion des animaux qui depuis des millenaires se trouvent en harmonie avec leur milieu na- ture! peut entrafner dans un proche avenir un cataclysme ecologique irreversible et prejudi- ciable k notre survie. Les pditiques de I'eco- d^veloppement rural dolvent done envisager une meilleure gestion par un amenagement de la faune sauvage en tenant compte des facteurs socio-culturels. Le d6veloppement des reserves de faune pourra generer des emplois pour les populations riveraines qui sont actuellement soumises k un fort exode rural en direction des villes et des pays limi- trophes. A travers le d6veloppement des ac- tivites touristiques, il est possible d 'envisager la creation de structures annexes, ce qui ren- forcera la mise en place des infrastructures de communication (liaison aeriennes, bitu- mage des routes, Installations de reseaux t6- l6phoniques, etc..) et hotelldres. L'6conomie des pays s'en trouvera ainsi amelioree, ce qui contribuera au bien-etre des populations. L'homog6neit6 relative de I'environne- ment ouest-africain et la densite elevee des populations sont des raisons qui doivent jus- tlfier une conservation raisonn6e des ecosys- temes par une meilleure exploitation de la faune sauvage, une utilisation rationnelle des terres vierges et le d6veloppement d'une co- operation regionale tenant compte des speci- ficites de chaque pays. LES NOUVELLES APPRO- CHES DE LA CONSERVATION AU BENIN Pour les b^ninols, la faune sauvage a toujours constitu6 une source privilegiee de proteines. Or les terres qui abritent ces ani- maux font de plus en plus I'objet d' utilisations diverses ou de degradation, ce qui amenuise I'habitat des animaux, llmitant ainsi leur pro- duction. Les grands mammiferes se trouvent confines dans la partie septentrionale du pays ou la density de la population affecte 18 L'§volution parall^re des herbes et des herbivores sauvages depuis des slides a contribu6 au maintien de '^quilibre biologique jusqu'ii des p^riodes r6centes sans aucune d6gradation des pSturages. Cet ^quilibre est aujurd'hui rompu sous la pression du b^tail domestique. et de rhomme. Damalisques (Damaliscus korriqum) (photo Heymans). moins la survie des animaux. Neanmoins cette faune n'est pas pour autant en securite dans cette region car le braconnage y est pratique par des groupes bien equipes ope- rant k une echelle commerciale. L'augmentation, ces dernieres annees, des prix des peaux ont amen6 certains chas- seurs amateurs k se convertir en profession- nels, veritables dangers permanents pour la faune sauvage dont certaines especes comme le Guepard i/^cinonyx jubatus) et le l6opard {Panthers pardus) sont aujourd'hui menaces de disparition au Benin. II est de nos jours notoire que la notion de conservation intdgrale est depassee et il convient d'envisager en priorite dans les poli- tiques de developpement une utilisation opti- male du capital animal. Cette utilisation rai- sonnee constitue une mesure de protection des especes en voie d'extiaction. Parmi ces mesures, citons les recoltes et I'elevage du gibier sans pour autant domestiquer les ani- maux car la domestication d'une espece sau- vage donnee n'est pas justifi^e et peut entraf- ner un declin de I'espdce sous les pressions du milieu. Le cadre de cet expose ne nous per- met pas de presenter tous les avantages de la presence des espdces sauvages dans les divers ecosystdmes. On peut cependant si- gnaler certains caractdres preferentiels qui nous amenent aujourd'hui a opter pour I'ele- vage du gibier. 19 Ecologiquement le tiers-Nord du Benin peut etre classe parmi les zones nevralgiques et ceci k cause des activit^s anthropiques qui ne cessent de s'etendre. Les 6cosystemes se degradent de plus en plus sous les pres- sions constantes du betail domestique. Les formations vegetales resistent difficilement au pietinement occasionne par le passage rep6- t6 des bovins et les traumatismes entrafnes par le broutage contribuent ^ I'appauvrisse- ment des paturages et par consequent a re- volution des savanes en zones pr6-deserti- ques. Pourtant ces zones ont longtemps abrit6 une gamme assez variee d'animaux sauvages et, si n'eut et6 Taction devastatrice de I'homme, on n'assisterait pas aujourd'hui k la rupture de I'equilibre naturel biologique. En effet, I'evolution parallele des herbes et des herbivores depuis des siecles a contri- bu6 au maintien de I'equilibre biologique jus- qu'a des periodes recentes. Le betail domestique n'est pas genetl- quement prepare pour affronter les grands probiemes actuels auxqueis le Benin se trouve corrfronte : i^ s'agit de la desertifica- tion, de J'lnstabilit6 cfimatique, du manque d'eau,... L'6levage d'animaux sauvages dans les syst^mes "game" (game farming, game ranching) est done une m§thode de produc- tion susceptible de sauvegarder I'environne- ment et par consequent notre survie. C'est done fort de cela que des projets sont actuel- lement mis en route en vue de I'utilisation des zones marginales par I 'installation des pares k gibier et la creation de cooperatives villa- geoises d'^leveurs de petits animaux sau- vages. La resistance aux maladies, I'absti- nence prolong^e de certaines espdces vis-^- vls de I'eau, la rapidite de croissance, les fa- cllites de reproduction (maturite sexuelle pr^- coce, prolificite, facilite de sevrage, ...) et le rendement de la carcasse sont autant de fac- teurs favorables k la production d'animaux sauvages. L'ELEVAGE DES PETITS ANIMAUX SAUVAGES Les petits animaux sauvages, notam- ment les rongeurs, les gasteropodes, les oi- seaux et autres echappent entierement aux legislations forestieres et font I'objet de mas- sacres. A I 'oppose des grands mammiferes, aucun effort n'a ete fait pour I'amenagement des populations ou des habitats de ces es- peces alors qu'elles ont, au meme titre que les autres, un grand role k jouer dans la chafne trophique. Les probiemes demogra- phiques lies a ceux du manque de terres cul- tivates (partie Sud du Benin) et I'augmenta- tion des prix du petit gibier ont amene les po- pulations beninoises k prendre conscience de la necessite d'une prise en charge des pe- tits animaux sauvages en vue de la resolution de leur problenr>e de manque de proteines mais egalement celui de la protection de leur environnement . II faut en effet signaler que la chasse aux rongeurs se fait generalement par I'utilisation des feux de brousse. La plu- part du temps, ces feux echappent aux chas- seurs et s'etendent sur des milliers d'hec- tares detruisant champs, cultures, planta- tions, paturages, etc... Ueievage en captivite des grands ron- geurs et de certaines especes de petite taille (game farming) constltue non seulement des sources de proteines animales fort appre- ciees par les populations locales mais en- core, des mesures de protection des habitats et d'animaux menaces de disparition. C'est cela qui justifie I'eievage au Benin de I'aula- code {Thryonomys swinderianus), des crice- 20 tomes {Cricetomys gambianus et C. emini), des escargots geants (Achatina sp.), etc... L'aulacodiculture L'aulacode {Thryonomys swinderia- nus) est un rongeur v^getarien pesant de 4 ^ 6 kg. II est specifiquement africain et impro- prement appeie agouti {Dasyprocta aguti) qui est un rongeur sud-americain. II existe deux genres d'aulacodes : le genre Thryonomys localise en Afrique, au Sud du Sahara et le genre Choeromys en Afrique Centrale. L'au- lacode est de moeurs nocturnes mais partiel- lement diurnes. La duree de la gestation est de 1 53 jours en moyenne et on peut observer des portees de 4 a 6 jeunes. Ce rongeur a fait I'objet il y a plusieurs annees d'etudes dans quelques centres de recherche afri- cains. Au B6nin, j'aulacodiculture expdrimen- tale a tr^s vite connu un int^ret general is^ puis ci benefici^ de dons et de subventions de la part d' institutions financieres. II faut en effet reconnaitre que la viande d'aulacode est de quality organoleptique sup6rieure et est par consequent tres pris6e sur les marches. Une chasse sans precedent est livree k cet animal qui vit surtout dans les savanes et tous les moyens sont utilises en vue de son abattage. La demande d'aulacode reste trds elevee, ce qui peut k moyen terme se tra- duire par une rarefaction de I'espece. Le Be- nin est singulier en matiere d'aulacodiculture et il a servi de centre pilote pour le demar- rage effectif d'essais aulacodicoles dans d'autres pays africains. Les resultats lies a I'elevage de ce rongeur en milieu paysan peuvent etre deja mesures par la diminution des feux de brousse occasionnes par la chasse coutumiere. Ces feux detruisent cha- mmmunuinniniiniggiHiiiiiiiiiii ]| ■MBsriri il. T # Kt nicvages d'aulacodes en captivite (Photo Ilcymans). 21 que annee des milliers de tonnes de matieres organiques. La Cricetomiculture Le rat de Gamble ou Cricetome est lar- gement distribue en Afrique tropicale et sub- tropicale. Le seul genre decrit est le genre Cricetomys qui comporte deux especes : Cri- cetomys gambianus et Cricetomys emini. La duree de la gestation est de 28 jours avec 1 a 5 jeunes par portee et plus generalement 4. Le Cricetome fait I'objet d'etudes dans certains pays africains dont le Benin ou des chercheurs nationaux ont compris tout I'int^- ret que pourrait presenter un animal autoch- tone, dont la consommation est fort prisee. Le merite a ete de voir que Ton pouvait pas- ser de la phase de cueillette constitute par la chasse ci une technique plus elaboree repre- sentee par I'elevage controle. Des difficultes subsistent, mais il faut commencer si Ton veut maitriser un jour les ressources natu- relles renouvelables dont I'homme dispose. Consommant surtout des produits ve- getaux, ce rongeur pdse environ 1 kg ^ 20 semaines, ce qui lui a valu le nom de rat g6ant. Le Cricetome est anthropophile et survit meme autour des agglomerations. Cri- cetomys gambianus est une espece de sa- vane tandis que Cricetomys emini est confine dans les zones de forets. On le capture soit avec des pieges, en creusant son terrier ou en I'enfumant. La derniere methode de cap- ture constitue un danger pour I'^cosystdme car elle est souvent k I'origine des feux de brousse. Le Rat de Gamble est 6galement trds pris6 par les populations d'Afrique de I'Ouest. (photo Heymans). 22 L'elevage des escargots Si Ion veut bien placer les possibilit6s offertes par l'elevage des escargots dans le contexte des besoins en produits alimen- taires dans les pays en developpement, on doit reconnaftre encore un fois qu'une res- source meconnue est ^ la disposition de I'homme. Les potentialit6s des diverses es- peces tropicales ne sont pas encore connues, mais I'escargot geant (/[chatina fu- licula) ne manque pas d'interet puisqu'il peut depasser 30 cm de long et peser en moyenne 350 g. II est bien connu des popu- lations locales qui en sont friandes. On eva- lue a 300 T par an la consommation annuelle d'escargots frais au B6nin. II est bon de sa- voir que les escargots sont d'interessants agents de depollution des dechets. Leur ra- massage sans controle n'est done pas favo- rable pour la protection de I'environnement. L'6levage des crocodiles Le crocodile a <§t6 r6ellement abon- dant aux 6poques historlques. II y a encore quelques annees, on naviguait sur tous les fleuves beninois entre des groupes de croco- diles paresseusement echoues sur les rives. Aujourd'hui, nos rives en sont entierement depeupl^es. Les armes k feu ont jou6 un role particulierement d6vastateur. Tandis que des millions d'ann^es de perturbations climatiques, g6ologiques et 6cologiques n'a- vaient pas reussi k entamer I'integrit^ d'une espece, quelques d^cennies de persecution implacable, conduite par des imperatifs du commerce du cuir, sont en train d'y parvenlr de fagon acceleree et sans doute irr6versible. A I'exception des rares sanctuaires ou Ton trouve quelques populations vigoureuses, les crocodiles peuvent etre consideres au Benin comme 6tant au bord de I'extinction. II convient de signaler qu'il existe irois espdces de crocodiles au B6nln (Crocodylus niloti- cus, Crocodylus cataphractus, Osteolaemus tetrapis). Ces sauriens sont consommateurs de cadavres et de dechets, mais pourraient k la limlte etre aliment6s k partir de petits ani- maux herbivores sp^cialement Aleves pour la circonstance. La viande de crocodile est preferable k beaucoup d'autres viandes do- mestiques et la vente des peaux et des sous- produits repr^sente une part appreciable de revenu global. Quelques tentatives d'essais d'elevage de crocodiles existent au Benin mais k une echelle tr6s r6duite. C'est un ele- vage qui merite d'etre encourage si Ton ne veut pas voir dans un proche avenir, cette es- pece releguee parmi les especes fossiles. LA PROBLEMATIQUE LIEE A LA RECHERCHE SUR UELEVAGE DU GIBIER Nous nous devons de sauvegarder le patrimoine esth6tique de I'humanite. Une at- tention particuli^re dolt §tre done port6e sur la conservation et la gestion rationnelle des reserves de la biosphere. C'est pour cette raison que les recherches sur les animaux sauvages pouvant se preter k l'elevage est un imp6ratif. Pourtant les Gouvernements des pays en d6veloppement se refusent sou- vent k allouer des credits n6cessaires k la re- cherche dans ce domaine. II faut en effet re- connaitre que les investigations sur la faune sauvage sont d'une lenteur d^sesp^rante, ce qui ne r^pond pas k le preoccupation des Gouvernements africains qui est celle de trouver des solutions imm^diates ci leurs pro- blames. Or pour mener k bien une entreprise aussi nouvelle que ceile de l'elevage du gi- 23 bier, il nous taut suffisamment de renseigne- ments en vue de juger des conditions de fai- sabilit§ d'un tel projet. II est done ndcessaire de resoudre ces problemes de conscience avant de mettre au point une strategie de la recherche dans le donnaine de I'elevage du gibier. Au Benin, beaucoup d'espoirs sont ac- tuellement places sur le centre experimental d'elevage d'animaux sauvages install^ sur le terrain de I'universit^. Ce centre contribuera aux c6t6s des autres institutions africaines k promouvoir le developpement du potentiel faunique. Les objectifs du centre sont les suivants : - Inventorier les esp^ces sauvages dont les viandes sont apprecies par les po- pulations et qui font I'objet d'impor- tants prelevements; - Developper I'elevage de ces especes tout en proc6dant k des etudes ecolo- giques, physiologiques et zootechnl- ques; - Degager les methodes d'elevages 6co- nomiquement rentables; - Faire du centre experimental une zone d'interet scientifique, touristique et commercial; - Vulgariser I'elevage des especes rete- nues k partir de micro-projets d'ele- vage inities dans des centres pilotes installes sur I'ensemble du territoire national; - Promouvoir un d6veloppement regio- nal de ces elevages tout en insistant sur les aptitudes propres k chaque pays; - Lutter contre les feux de brousse et la destruction des §cosystemes naturels. En ce qui concerne la vulgarisation de ces 6levages, les r6sultats 6^k obtenus sur ie comportement des animaux tant dans leur milieu nature! qu'en captivit6 peuvent d6j^ permettre de saisir un certain nombre de pre- cautions n6cessaires k la survie des 6levages villageois. Les paysans sont actuellement tr^s motives et sont tr6s favorables k la constitution de cooperatives d'6leveurs mais le facteur qui limite la multiplication de ces cooperatives est le manque de support finan- cier. CONCLUSION Certaines regions d'Afrique notam- ment celle de I'Afrique de I'Ouest ont connu I'extinction de plusieurs especes animales sauvages et principalement les grands mam- mlfdres. Ces derniers ne pouvant plus b6n6- ficier d'habitats convenables pouvant leur procurer toute la quietude. Les especes ac- tuellement chass^es surtout dans les zones k densite humaine tr^s 6lev6e sont le resultat de la degradation du milieu. Les cultures do- minent la vegetation naturelle et les petites especes devlennent de v6ritables profiteurs des activites agricdes. C'est aussi I'une des raisons qui justifie leur massacre sans prece- dent. Les Instruments actuellement utilises tuent les animaux en masse et la chasse de subsistance a fait place k la chasse commer- ciale. On abat les animaux sans distinction d'age, de sexe et des etats physiologiques et tant qu'il y a des animaux dans la brousse et des espaces verts, il y aura toujours conflit entre chasseurs urbanistes, economistes, etc... et les services gouvernementaux de protection. II faut en effet reconnaitre que lorsque I'interet fondamental de I'homme en- tre en conflit avec celui de I'animal, la societe se range toujours du premier cote. C'est pourquoi il convient de donner k la faune sauvage une place de choix dans la planifica- 24 tion des Economies au meme titre que les autres ressources naturelles et de lui redon- ner la place qu'elle occupalt pour les popula- tions au cours des millenaires 6coules : une source de protelnes. L'elevage du gibier tombe done k point nomme et m6rite d'etre encourag6 par les Gouvernements qui doivent reconnaitre que notre Evolution est en 6troite correlation avec notre environnement. Non seulement l'elevage du gibier procure de la viande et de I'argent, mais il constitue §galement une me- sure de protection des esp^ces en voie d'ex- tinction et de lutte contre la desertification. II est vrai que dans les systdmes d'^levage pro- poses, le game-ranching est couteux et s'a- dresse plutot aux institutions. Mais le game- farming est une forme d'exploitation assez modeste qui peut jouer un grand role dans les regions ou le manque et la degradation des terres ne permettent plus d'envisager une exploitation de grande envergure. A nous done de jouer notre role de ga- rant des vies futures en couplant le double objectif : Production et Conservation de la nature. BIBLIOGRAPHIE ASIBEY E.O.A. (1979) The present status of wildlife conservation in Ghana. lUCN - Publication - n** 22, 15-21. CHILD G.S. (1979) Wildlife utilisation and its relevance in West Africa in Wildlife conservation in West Africa. lUCN - Publication n" 22, 40-45. CODJIA J.T.C. (1979) L'ilevage du gibier ou les ilevages non conventionnels. Communication pr6sent6e au Seminaire de formation continue destinee aux agents des Eaux-Forets et Chasse. FSA/UNB/MEMS - R.P.B. In6dit. HARDOUIN J. (1984) ''Production Animale". Rapport technique sur les programmes de recherche (production fourrag6re, production animate, sant6 animale) pour I'institut de recherches agronomiques et zootechniques I.R.A.Z. GITEPA - BURUNDI HEYMANS J.C. et CODJIA J.T.C. (1988) L'elevage des rongeurs : Une possibiliti pour resoudre le problime alimentaire en Afrique. RISED - Bulletin, n* 7, 9-12. MENSAH G.A. (1985) Rapport final des itudes priliminaires sur l'elevage des aulacodes (Thryonomys swinderianus) au Binin. Notes techniques sur r61evage. N 0-2-3 DEP/MDRAC/R.P.B. In6dit. Adresses utiles: SEAPA/FSA. Univ. Nat. B6nin B.P. 526 COTONOU (B6nin) Projet CTU/Benin Chef du Projet Prof. Dr Heymans B.P. 1910 COTONOU (B6nln) * Dr. Sc. Professeur, Chef Section Ecologie Appliquie, FSAIUNB, B.P.526, Cotonou (Binin). ** Ir.Agro. Assistant FSAIUNB, B.P.526, Cotonou (Binin). 25 racterisee par une maturite sexuelle tardive, une fecondite assez basse (peu de petits a la fois et selon des cycles prolonges, parfois entrecoupes de longues periodes de repos). Cette categorie d'animaux, dont la longevite est par allleurs Importante, mise sur I'endu- rance d'un petit nombre de representants ca- pables de supporter les severes conditions d'un milieu local les maintenant a la limite de la survie. Grandeur et decadence D'autres groupes a I'inverse fondent leur prosperity sur des explosions demogra- phiques plus ou moins regulieres, intervenant lorsque la pression habituellement exercee par leur habitat se relache un peu (nourriture exceptionnellement abondante, meteorologie favorable, baisse des effectifs des preda- teurs, pour ne citer que les principaux fac- teurs motivants). Ces animaux se recrutent en majorite parmi des especes de petite ou moyenne taille. Leur haut potentiel reproduc- teur et la brievete de leur cycle vital se pre- tent k I'expioitation de toutes les opportunit^s qui se presentent. En temps normal, les po- pulations animales de cette categorie se trouvent considerablement limitees par Tin- gratitude de leur milieu de vie; mais qu'une amelioration brutale intervienne et ces popu- lations se multiplient, deviennent prosperes pour un temps, puis s'eteignent en ne lais- sant derri^re elles qu'un faible 6chantillon de survivants : le creuset g^netlque de I'invasion suivante. On salt, avec le cas des lemmings de la toundra arctique, que I'explosion d6mo- graphique d'une population donnee s'ac- compagne de mouvements d'exode collec- tifs, autrefois assimiles a des suicides. S'il est vrai que la multiplication d'une espece se traduit tot ou tard par une penurie alimentaire qui determine la fuite des individus, il convient aussi de prendre en compte une composante comportementale qui apparait lorsque les animaux se voient soumis k une forte promiscuite intraspecifique. En des termes plus simples, le nombre influe sur les reactions des populations animales sujettes a des cycles d'abondance. Les naturalistes scandinaves decrivent I'etrange comporte- ment des rongeurs qui, lors des poussees numeriques, se montrent agressifs envers le moindre objet en mouvement : les chaus- sures d'un marcheur par exemple. Ainsi la pression du groupe peut-elle modifier les comportements individuels et conduire a une sorte de frenesie collective (les lemmings en migrations se noient parce que leurs armees en mouvement, comme frappees de folie contagieuse, ne prennent meme plus la peine de contourner les obstacles naturels se presentant sur leur chemin). De I'individu au groupe L'homme lui-meme se comporte diff§- remment selon qu'il 6volue seul ou en asso- ciation avec ses semblables. Une psycholo- gie de groupe existe en nous, k n'en point douter, et peut donner lieu k des actes d'une violence guere concevable k I'echelle de I'in- dividu isol6 ou d'un groupuscule (penser k cet 6gard aux hallucinantes sequences fil- m6es II y a deux ans dans un stade beige en furie; ou encore ci ces immenses foules gal- vanis6es par les harangues d'un certain dlc- tateur, k la fin des anndes 30 en Allemagne). 28 De I'individu au groupe! (photo FAO) Pour revenir au cas des criquets mi- grateurs, I'influence du groupe sur I'ensem- ble des individus le constituant atteint un ni- veau de raffinement tout a fait inegale. Non seulement la promiscuite influe sur leurs gestes, mais elle determine aussi des trans- formations anatomiques et physiologiques profondes, provoquees par une rupture de I'equilibre hormonal habituel. C'est vers 1920 que le Docteur Uvarov, chercheur a I'Anti-Locust Research Center de Londres, eut la revelation d'un tel prodige. Ayant enferme dans des vivariums distincts trois sortes de criquets (des exemplaires verts, des bruns et des sujets intermediaires) qu'il attribuait initialement a des especes dif- ferentes, cet entomologiste eut la surprise de retrouver au terme d'une absence de quel- ques jours des sujets panaches dans I'es- pace clos ou les criquets verts s'etaient vus regroupes. S'etant assure qu'un tel resultat n'etait pas k mettre a I'actif d'une negligence de ses assistants, le Docteur Uvarov decou- vrit que les trois formes colorees ne faisaient qu'une seule et meme espece, a differentes etapes de leur evolution. Alors que les sujets clairs bougeaient peu et faisaient des repas frugaux, les individus sombres s'agitaient en tous sens et devoraient en un din d'oeil toute la nourriture qu'on leur offrait. L'equipe de cet institut put rapidement prouver que le passage de I'un a I'autre des deux stades se trouvait stimule si on renforgait I'effectif des insectes emprisonnes ou si leur espace vital se voyait diminue. A I'inverse, des sujets sombres que Ton isolait intentionnellement regressaient vers la forme primitive. 29 Des cycles capricieux Ces phases qui se succedent appa- raissent aujourd'hui sous deux vocables dans la nomenclature scientifique internatio- nale. La phase "solitaria" mdne une exis- tence discrete pendant la plus grande partie de son cycle. Elle peut, pendant des annees, se comporter k I'egal de toutes les especes de criquets; ne se montrant ni plus ni moins "nuisible" que ses cousines. II faut en prin- cipe trois generations successives pour que les ferments biologiques dont ces insectes sont porteurs aboutissent a la phase "migra- toria". A cette echeance, le plus fugace fac- teur favorisant est en mesure de declencher le processus demographique d6crit au d6but de ces quelques pages. Le stade "migratoria" peut couvrir une vingtaine de generations jusqu'^ ce que les effectifs se trouvent massivement declmds. Des parasites internes, un retour du milieu k des conditions moins favorables ou encore I'arsenal mal maftris§ des produits chimiques utilises par I'homme depuis cinquante ans (voir plus loin) constituant les principales bar- rieres a la proliferation des criquets migra- teurs. Les Invasions de ces orthopt^res, compte tenu de ce qui a 6te d^veloppd pr6- c6demment, ne peuvent en aucun cas se re- peter selon une frequence r^guliere. Quel- ques grands mill^simes jalonnent ga et 1^ no- tre siecle : 1928-1929, 1951-1952, 1974 et 1986. L'ann6e 1989 promet encore bien des tourments. Le grand fl6au de 1951 eut pour ber- ceau la corne de I'Afrique. Ce foyer gr6gari- gene progressa ensuite vers le Nord jusqu'^ rinde et au Pakistan. Dans tout le Moyen- Orient, la lutte s'organisa avec des moyens civils et militaires tres importants. En d6pit Principale parade aux invasions : cl6vers©ment de tonnes de produits chimiques aux effets hautement pernicieux le long des chaTnes alimentaires tropicales (photo FAO). 30 des efforts mis en oeuvre, des milliards de criquets destructeurs de r6coltes firent la na- vette douze mois durant entre I'Afrique et I'A- sie, profitant meme de la moussson pour se reproduire en Inde. Attendus en un point, ils apparaissaient ailleurs, au gr6 des vents. A la fin de I'annee 52, ils avaient regagnd leur centre initial de dispersion d'ou ils disparu- rent peu apr^s sans laisser de trace, an^antis par les propres lois biologiques qui r^gis- saient leurs grouillantes communautes. Plus recemment, on estime que I'inva- sion de 1974 s'est soldee par une perte de 400.000 tonnes de cereales au Sahel. Un animal cote en bourse La lutte anti-acridiens est incon- testablement contrari6e par I'irr^gularite de ce processus naturel. Neanmoins, il existe quelques solides realit^s sur lesquelles il est possible de s'appuyer. On cerne mieux k present les princi- paux foyers d'eclosions des trois plus dange- reuses espdces de criquets que compte I'A- frique (voir encart). L'un de ces centres en- globe une large ceinture de basses pressions qui se deplace saisonni^rement des confins septentrlonaux du Maroc jusqu'^ la limite Sud du Sahara et vice-versa, entratnant les criquets ei sa suite. Malgr6 quelques pertur- bations ponctuelles apportees par des cou- rants voisins, tel celui de Mediterranee, le schema est fidelement reproduit tous les ans. Les criquets calquent leurs mouvements sur le front des basses pressions parce que celles-ci s'accompagnent de precipitations : lesquelles d^clenchent leur reproduction, rappelons-le. Sur la base de cette certitude, il deviant possible de prdvoir, §vldemment grossidrement. les axes de d^placement des acrid lens. L'a^rospatiale, avec ses moyens de detection k rayons infra-rouges, permet en outre de local iser avec davantage de pr6ci- sion les regions ou la v6g6tation se trouve temporairement stimulee par un degr6 d'hu- midit6 optimal propice k I'explosion d^mo- graphique des populations de criquets. Le trio infernal du continent noir Les invasions d 'acrid iens touchent diff6rentes regions de steppes et de sa- vanes k travers le monde, y compris I'Aus- tralie. mais c'est en Afrique et au Moyen- Orient contigu que le ph6nom6ne prend le plus d'ampleur. Avec trois principales espdces de criquets envahisseurs, le continent africain est la cible privildgide de ce fi^au. Deux d'entre elles (le criquet migrateur, Locusta migratoria migratorio'i'des et le criquet no- made, Nomadacris septemfasciata) ont des foyers gr6garigdnes bien delimites dans I'espace (Ethiopie et Soudan pour le premier; Ouganda, Tanzanie et Mozambi- que pour I'autre). La troisidme k I'inverse {Chistocerca gregaria), connue sous le nom vernaculaire de "criquet du desert" ou "criquet pelerin", a une aire de distribu- tion s'6tendant de I'Espagne au Pakistan et k I'lnde, en passant par les pays du Ma- ghreb, I'Asie Mineure et I'Afrique noire (soit une bonne soixantaine de pays!). C'est le criquet biblique, celui des grandes famines; I'espdce dont la surveillance et la limitation posent le plus grand nombre de probldmes. Ses principaux centres de re- production sont la Mauritanle, le delta int6- rieur du Niger, le Tchad et le pourtour de la Mer Rouge. 31 On peut des lors s'etonner que la lutte centre ce fleau tire si mal parti des enseigne- ments apportes par toutes les technologies de oointe; se montrer surpris de meme qu'un r^seau efflcace d'obsen/ateurs au sol ne soit pas enfin mis en place pour intervenir dans le cadre de la prevention. Des mesures pro- phylactiques tres simples impliquant les com- munautes villageoises pourraient ainsi s'atta- quer ^ la source du mal avant qu'il ne gan- grene toute une region. On reste enfin r§- veurs devant I'insuffisance des budgets attri- bues k la recherche scientifique dans ce do- maine. Trop souvent desormais, les labora- toires universitaires ou les instituts speciali- ses se demobilisent (voire, se demantelent) faute de moyens. N'a-t-on pas vu se dissou- dre pour les memes raisons, il y a trois ans, ia tres officielle O.I.C.M.A. (Organisation In- ternationale contre le Criquet Migrateur Afri- cain) qui regroupait 1 7 etats membres ? A I'heure qu'il est, au lieu de concen- trer les efforts sur I'instauration d'un "bou- clier" de protection, la principale parade qui est retenue consiste, lorsque les invasions sont deja bien declarees, k deverser par avion des produits chimiques dont les effets sont souvent hautement pernicieux le long des chafnes alimentaires tropicales. Car, en p6riode de proliferation massive des criquets, cette manne providentielle profite k un large 6ventail de consommateurs. les insectivores patent6s (gu§piers, rolliers, petits faucons, ...) sont 6vldemment les premiers servis mais Ton voit aussi un nombre non n^gligeable d'animaux moins specialises (les mouettes par exemple, d'apres de recentes observa- tons personnelles) se tourner provisoirement vers les recentes hordes de criquets dont les deplacements trds d6monstratifs s'averent particulidrement stimulants. Sans pour autant minimiser les difficul- tes Inherentes k la lutte millenaire de I'homme contre ce fl6au(1), 11 convient quand meme d'admettre que sur un plan stricte- ment 6conomique, nos societes occidentals trouvent ie plus grand avantage k ecouler vers le Tiers-Monde des produits chimiques, dont Tutilisation est souvent prohibee chez nous (voir Nature et Faune Vol.4 n° 2). L'indigence des moyens consacres ei la prevention et le pietinement des re- cherches (en particulier en matiere de lutte integree) ne sont-ils pas intentionnellement entretenus par un systeme plus sensible au tintement des tiroirs-caisses qu'aux pleurs des enfants affames ? (2). (1) Le principal obstacle etant Vexistence de conflits politiques ou ethniques locaux (Sahara occidental, Ethiopie, Sud-Soudan, ...) dans les zones a risques ou les equipes de scientifiques de- vraient pouvoir circuler librement. (2) Information de demiere minute : pour la pre- miere fois, un essaim de criquets migrateurs sem- ble avoir traverse I'Atlantique avec succes. Ayant pris pied a la Guadeloupe, on s'interroge sur leur aptitude a envahir le Nouveau Monde depuis cette base strategique qui leur ouvre la porte des prairies herbeuses et des plaines cerealieres des deux Ameriques. Parions que VOccident va re- examiner sa politique face a la menace ! Cet article a dejd ete publie dans la revue Con- naissance de la Chasse n°155 et est reproduit avec Vaimable autorisation de Vediteur que nous remercions vivement. 32 LA VACCINATION ORALE DES ESPECES ANIMALES SAUVAGES VECTRICES DE RAGE : PERSPECTIVES D'APPLICATION EN AFRIQUE B. Brochier * et P.P. Pastoret * INTRODUCTION : LA RAGE EN AFRIQUE La rage sevit a I'etat endemique sur rensemble du continent africain et constitue un probleme de sante publique de premiere importance. Chaque annee, de nombreuses mortalites humaines et animales dues a la rage sont recensees par les centres de dia- gnostic de chaque pays. De plus, il est una- nimement reconnu que ces bilans 6pid6mio- logiques annuels ne repr§sentent probable- ment qu'un reflet discret de la r6alit6. II est en effet difficile de mesurer avec precision I'impact de^cette zoonose et ce, principale- ment pour des raisons d'ordre geographique (distances, terrain, voles de communication, ...) et socio-economiques. L'incidence de la maladie est done largement sous-estimee. Le chien tient la premiere place dans I'epidemiologie de I'infection puisqu'il joue le role de r6sen/oire-vecteur-victime et est k I'o- rigine de la plupart des contaminations hu- maines et des autres animaux domestiques. L'6valuation du nombre de victimes au sein de la faune sauvage est actuellement im- possible et le role epidemiologique jou6 par les especes sauvages n'est pas encore bien defini. Certains animaux mordeurs (canides, felides, viverrides, ...) interviennent comme vecteurs-victimes et peuvent constituer une source importante de contamination des es- peces domestiques. Cependant, leur role de reservoir de I'infection n'est pas prouve, meme s'il est quelquefois suspect^. II existerait en effet de reelles ende- mies de rage sylvatiques, nctamment en Afri- que du Sud, en Namibie et au Zimbabwe. Depuis les annees 50, le chacal represente 25 % des cas de rage au Zimbabwe et constitue une importante source de contami- nation humaine et bovine. 33 En comparant la repartition g6ographi- que des foyers endemiques de rage chez le chien et chez le chacal, II apparait que la rage du chacal est apparue k la suite d'^pi- sodes de rage canine. Malgr6 que I 'infection ait souvent ete introduite dans la population de chacals par les chiens, depuis 1965, un certain nombre d'episodes de rage chez le chacal sont apparus en I 'absence apparente de rage canine. Cette espece pourrait done constituer localement un reservoir de I 'infec- tion. Cela indique la possibilite soit d'un cy- cle enzootique de rage chez le chacal, inde- pendent de rage canine, soit d'un cycle de rage chez une autre espece sauvage (ex: mangouste). Dans ce cas, les chacals se- raient sporadiquement impliques dans ce cy- cle. Le tableau 1 rapporte les principals es- peces animales sauvages chez lesquelles ia rage a ete diagnostiquee et qui sont recon- nues comme vecteurs potentiels de la mala- die (Pastoret et al., 1988 a ; Bengis et Eras- mus, 1988; Bruckner, 1989; revu dans "rabies in the Tropics", 1983). Une epizootie de rage a lourdement frap- pe les populations de grands Koudous {Tra- gelaphus strepsicros) en Namibie (Schneider, 1985). Une forte densi- ty de population suivie de mouvements migra- toires a pu expliquer I 'incidence ^levee de la maladie chez cette es- pece. D'un point de vue 6pidemiologique, cette epizootie a un ca- ract6re trds particulier puisque la maladie se transmet de Koudou ^ Koudou en I'absence de morsure. L'infection se contracte en effet par simple contact trans-muqueux. Ce mode de transmission horizontale est fortement facility par certains traits du comportement social de cet animal. Par la suite, on a egalement pu montrer que le grand Koudou est extremement sensible k l'infection et qu'il excrete le virus en grandes quantites dans la salive. LA LUTTE CONTRE LA RAGE Diff6rentes mdthodes de lutte preven- tive contre la rage ont ete proposees. Pour proteger I'homme, la lutte contre la maladie chez les animaux domestiques par la vacci- nation peut etre men6e de deux nnanidres; soit en prot6geant directement les animaux domestiques par la vaccination soit en es- sayant de r6duire Tincidence de la rage chez Chacal a flancs rayes (Canis adustus) 34 ESPECE PAYS CANIDES Chacal 4 flancs ray6s Chacal it chabraque Chacaf dor6 Otocyon Lycaon Renards sp. Fenec Car>fs adustus Cans mesomelas Cants aureus Otocyon megalotis Lycaon pictus VUp^sp. >AjlpesZerda Zambie, Ethiopia Afrique du Sud, Botswana, Kinya, Namitoie, Tanzanie AJg^te, Maroc, Tuntsie MTi€^c du Sud, Kiftnya. Hmvbie Bhiopie Aig^ie MUSTEUDES Ratel MeUvora capensts Zambia. Kfenya, Nannibie VIVERRIDES Genettes sp. Civette d'Afrique Mangoustes sp. |, Mangouste fauve f Mangouste ichneumon '/ Suricate Genetta sp. Viverra civetta Herpestes sp. Cynictis penictllata Herpestes ichneumon Suricata suricata Zvnbie, Nn6fia, Namibie. Afrique du Sud Kftnya, Nioeria Zambie, K6nya, Ethiopie Afrique du Sud Afrique du Sud HYAENIDES Hy6ne tachet6e Crocidura crocidura Zambie, Ethiopie, Nigeria, Tanzania, Zaire FEUDES Caracal Chats sp. Chat h pieds noirs Caracal caracal Felis sp. Fells nigripes Nigeria, Namibie Afrique du Sud, Zimbabwe, Namibie Afrique du Sud CERCOPITHECIDES Vervet Singe sp. Cercopithecus aethiops Ghana Alg6rie, Ethiopie, Nigeria, Zaire, Maroc PONGIDES Chimpanz6 Pan troglodytes Nigeria, Cdte d'lvoire BOVIDES Grand Koudou Eland du Cap Tragelaphus strepsiceros Tragelaphus oryx Namibie Namibie SCIURIDES Ecureuil fouisseur Xerus erythropus Nigeria, Lesotho? MURIDES Ratsp. Rattus sp. Nigeria, Maroc, Alg^rie I CHIROPTERES '"' Chauve-souris sp. Zaire Tableau 1 : Principales espdces animales sauvages vectrices ou victimes de la rage en Afrique 35 I'espece animale vectrice, c'est-^-dire en s'at- taquant ^ la racine. Pour reduire I'incidence de la rage Chez I'espdce vectrice, on a le choix entre deux attitudes : soit celle de la prevention sa- nitaire qui consiste ci r^uire la density des populations, soit celle de prevention m^di- cale qui vise a prot6ger Tespdce par la vacci- nation. Ces m6thodes de prophylaxle sem- blent alternatives mais s'averent de plus en plus compiementaires. Afin de juger de (ou de pr6voir) I'efflca- cite de chacune d'elles, il est indispensable de consid^rer les caract^ristiques ^pidemio- logiques de la rage et les caractehstiques 6co-ethologiques de I'espdce animale vec- trice. II convient aussi de tenir compte des relations mathematiques qui determinent les variations de densite des animaux enrages. En Europe, Anderson (1982) a appliqud aux populations de renards (le renard etant le vecteur de la rage sylvatique qui s^vit sur le continent) la courbe de croissance logistique (figure 1). Cette courbe est la simple expres- sion mathematique de la croissance poten- tielle d'une population vulpine (Evolution de la density de population dans le temps). Ce moddle montre: - que la croissance d'une population animale est limitee par la capacity d'acceuil du milieu (constante K); - que la Vitesse de croissance de la po- pulation diminue (pente faible) lorsque la density s'approche de la density limite (aug- mentation de la mortality et/ou diminution de la natality); - que, lorsque la densite est faible, 1'^- loignement des individus est tel que la crois- sance de la population est faible (pente fai- ble). - qu'entre ces deux densit^s extr§mes, la crossance de la population est rapide (pente forte). Enfin, sur un point de cette courbe th^orique de croissance, se situe le seuil en- zootique. Celui-ci repr^sente la density de population au-dessus de laquelle les contacts entre renards sont suffisamment fre- quents pour qu'un renard enrage puisse transmettre ia rage k au moins 1 renard re- ceptrf (taux de contact infectieux > 1). La prophylaxie sanitaire Traditionnellement, les objectifs de la prophylaxie sanitaire ou hygienique sont de iimiter artificiellement le nombre d'animaux qui pourraient dtre contamines. En Europe, I'experience de plusieurs annees de prophylaxie sanitaire et I'acquisi- tion r6cente de certaines connaissances sur la biologie du renard ont montr6 que le seuil de densite de population vulpine k atteindre se situe tres bas et les efforts de reduction des populations pour atteirxJre ce seuil de- vraient etre Intensifies, egalement repartis dans I'espace et suffisamment soutenus dans le temps. Ce qui semtde matehellement. ethiquement et economiquement impossible. Les mesures de prophylaxie hygieni- que appliquees dans les pays europeens, n'ont pas permis ci elles seules d'enrayer I'ex- tension de la maladie. En s'appuyant sur la courbe logistique ou modeie de base de la croissance potentielle d'une population de renards (Anderson, 1982) (fig.1) et certaines donnees eco-ethologiques de I'espdce, on peut expliquer I'echec de ces mesures de prophylaxie sanitaire : - le seuil enzootique de ia densite de population est tres bas; atteindre ce seuil ne- cessite un effort considerable de reduction des populations vulpines; 36 K -. c Q Densite maximum = capaciie d'accueil du milieu Vitesse de croissance lente (mortaliie forte - natality faible) Vitesse de croissance maximum 0 Vitesse de croissance faible (natalite faible due a I'eloignement des sexes) Rgure 1 : Courbe logistique = module de base de la croissance potentielle d'une population de renards selon Anderson (1982). La pente de la courbe est rinrtage de la vitesse de croissance potentielle de la population. - si ce seuil n'est pas atteint par les ef- forts de reduction (insuffisamment mainte- nus), la density de population est amende au contraire k un niveau ou la vitesse de recons- titution de la population est trds rapide; les renards reconstituent leurs effectifs en peu de temps et la rage subsiste; - si ce seuil est atteint localement par les efforts de r^uction, il y a creation d'un vide territorial rapidement compens6 par les naissances ou le d^oublement des groupes voisins chez lesquels le seuil n'a pas ^16 at- teint; - enfin, si ce seuil est atteint globale- ment, la diminution de la density de popula- tion sur un territoire donn^ ne fait pas varier la frequence des contacts (n6cessaires) en- tre renards. En effet, un taux 6lev6 de morta- lity dans une population vulpine (provoqu6 par la rage elle-meme ou par les mesures de reduction) a pour effet de d6stabiliser I'orga- nisation spatiale de la soci6td vulpine et d'ac- croitre le taux de contacts sociaux. Certaines techniques de r6duction de population, comme le gazage des terriers, se sont 6galement heurt6es k des difficult6s d'ordre ^pid^miologique, ^thique et 6cologi- que. 37 La prophylaxie m6dicale : la vaccination antirabique de I'es- pece animale vectrice Fondements ^piddmiologiques et objec- tifs de la vaccination d'une esp^ce sau- vage (ou errante) En synthetisant les connaissances de la bJologie du renard, la pathogenie et I'^pi- zootiologie de la rage vulpine, des modeles mathematiques ont tent6 d'orlenter les deci- sions en mati^re de technique de prevention de la rage. Un premier modele de simulation spa- tiale tut propose par Preston (1973). Celui-ci a permis d'^tablir que la probability de trans- mission de la rage est decisive pour la propa- gation de la maladie. Les travaux de cet au- teur mdnent k la conclusion que dimlnuer de 75% I'efficaclte de la transmission (en vacci- nant 75% des renards d'une population) fe- rait disparaitre la rage. D'autres modules de simulation plus 6labor6s ont tenu compte de la donnee §co-ethologique suivante : le nom- bre de contacts interindh/iduels (territoriality) augmente k la suite d'une destabilisation so- ciale et spatiale de la population, elle-meme consecutive k une brusque augmentation de mortalite. A I'inverse des mesures de reduc- tion de population, la vaccination presente done I'avantage de ne pas destabiliser I'orga- nisation d'une population vulpine. En appiiquant la courbe de croissance logistique aux populations vulpines, la vacci- nation retablit la densite de population k un niveau ou la pression du milieu entretient par eile-mSme une mortalite. De plus, eile aug- mente le seuil enzootique et la place dans une zone de la courbe ou la vltesse de crois- sance de la population est faibie. Un effort de reduction artificiel des populations devient alors realisat)le et joue m§me un role com- piementaire k la vaccination s'll vise preferen- tiellement les individus non vaccines (renar- deauxdel'annee). Cette theorie, appliquee au renard en Europe, pourrait tres bien etre adaptee au chien errant ou k un carnivore sauvage en Afrique. Probldmes souleves par la vaccination d'une espece sauvage Ce type particulier de vaccination, considere d'abord comme utopique, souleve avant tout un probldme pratique : la vole d'administration du vaccin. II fut rapldement etabli que la vole orale est la seule vole d'ad- ministration applicable k la population ani- male cible. Des lors, les recherches devaient etre axees sur I'objectif suivant : obtenir un vaccin suffisamment thermostable, qui confdre une immunite solide et durable (mini- mum 1 an) k I'espdce-cible donnee et ce, par la voie orale (auto-administration). De plus, ce vaccin devrait §tre inoffensif pour I'espece cit>le et les espdces non-cibles. Decouverte en Amerique du Nord (Baer et al, 1975), la methode de vaccination antirabique du renard par voie orale (distribu- tion d'appats vaccinaux) fut largement deve- loppee en Europe et appliquee pour la pre- miere fois sur le terrain au mois d'octobre 1978 en Suisse (Steck et al, 1982). Recon- nue comme efficace, elle fut etendue k d'au- tres regions de telle sorte qu'en 1988, pas moins de 1 1 pays europeens ont mene une ou plusieurs campagnes de vaccination sur une partie ou la total ite de leur territoire. Ce- pendant, les recherches visant k ameiiorer la nature du vaccin et de I'appat ont ete pour- suivies et le sont encore k I'heure actuelle. De nombreux travaux ont permis d'une part de d6velopper des app^ts-vaccins plus effl- 38 caces et plus sOrs et d'autre part d'affiner ies strategies k suivre lors des campagnes de vaccination. Choix d'un systdme appdt-vaccin lmmunog6nicit6 du virus vaccinal L'efficacite par vole orale des candl- dats-vaccins a 6t6 test6e chez diff^rentes es- pdces-cibles en station exp6rimentale, I'im- munit6 et la protection conf6r6e par ces vac- cins sont ^valu^es par deux m^thodes fiables et concordantes : la determination du taux d'anticorps neutralisants prodults par I'lndivi- du vaccine et sa resistance k une inoculation d'epreuve exp6rimentale. Ces etudes en station permettent ega- lement de determiner la dose efficace mini- male d'un vaccin ainsi que la duree de pro- tection qu'il confere. Enfin, elles jugent des effets lies k la presentation du vaccin (sup- port, forme physique,...). L'efficacite des essais realises sur le terrain est jugee par le pourcentage d'ani- maux recoltes presentant une seroconver- sion et possedant le marqueur biologique uti- lise. A plus long terme, elle est egalement ju- gee par retablissement de bilans epidemiolo- giques (evolution du nombre de cas de rage). Les experiences pratiquees en Europe et en Amerique du Nord ont essentiellement porte sur la vaccination orale des vecteurs sauvages (renard roux en Europe, renard roux, raton laveur et mouffette rayee en Ame- rique du Nord) k I'aide de vaccins attenues dejci utilises chez les espdces domestiques. II s'agit notamment de la souche "SAD" standard (Schneider et Cox, 1983) et ERA (E. Gaynor, Rokitniki, Abelseth). Depuis quel- ques annees, la vaccination orale k I'aide de vaccins issus des techniques de I'lngenierie genetique a connu un developement specta- culaire. Des mutants apathogdnes du virus rabique ont ete obtenus par mutagenese diri- gee k I'aide d'anticorps monoclonaux (ex : souche SAG). Un virus recombinant vac- cine-rage (WTGgRAB) a egalement 6te pro- duit (Kieny et al., 1984). II s'agit du virus de la vaccine dans lequel a ete insere le gene codant pour la glycoproteine d'une souche ERA du virus rabique. Ces deux vaccins de nouvelle generation offrent I'avantage d'etre parfaitement apathogenes tant pour les es- peces cibles que pour les especes non-ci- bles. L'immunogenicite par vole orale de tous les vaccins precites a ete demontree chez le renard, qu'il soit adulte ou juvenile (Blancou et al., 1986). Par contre I'activite des vaccins attenues constitues de virus rabi- que (conventionnels ou non) est faible ou nulle chez la moufette rayee et le raton la- veur. En regie generale, l'efficacite de ces vaccins, administres par instillation directe dans la gueule, est unanimement reconnue. Par la suite, il est rapidement apparu que la nature de I'appat (support du liquide vaccinal 4- substance appetente) pouvait considera- blement modifier l'efficacite de la souche vaccinale utilisee. Un bon systeme appat- vaccin doit en effet permettre un contact suf- fisant entre le liquide vaccinal et la voie d'en- tr6e. Les taux de prise d'appats par I'es- pece cible ont pu etre evalues par des controles realises sur le terrain et par la re- cherche d'un marqueur biologique (ex : la te- tracycline) dans certains tissus des animaux recoltes dans les zones traitees. Ces me- thodes ont permis de demontrer I'appetence des appSts pour I'espece cible mais aussi d'i- dentifier les espdces non-cibles competi- trices et d'estimer la concurrence exercee par certaines espdces. En realite, celle-ci est 39 Systdme appSt-vaccin (WTGgRAB) choisi pour les operations de vaccination orale du renard en Belgique. loin d'etre n^giigeable et pourrait iocalement compromettre une prise suffisante par I'es- pdce-cible. Actuellement, le controle s^rdogique s'av^re insuffisant pour juger de I'efflcacit^ d'une campagne de vaccination. Lorsque les tests s^rdogiques utilises impliquent une neutralisation virale, la mauvaise quality des s6rums pr6lev6s sur animaux morts est trop souvent responsable de I'apparition de reac- tions non speclfiques interdisant toute inter- pretation correcte. Les tests ELISA semblent plus appropri^s et mieux adapt^s k des pr^- idvements sanguins effectu^s sur des ani- maux morts. Neanmoins, ces tests ELISA devraient 6tre standardises et davantage vali- des. Stability du systdme appSt-vaccin En laboratoire comme sur le terrain, la thermostability du WTGgRAB est nettement sup^rieure k celle des souches att^nu^es du virus rabique. Lors des essais pratiques sur le terrain k I'aide du \A/TGgRAB, le titre viral est reste parfaitement stable tant que I'appat n'etait pas degrade. La dur^e de stability du WTGgRAB et du pouvoir app^tent de I'appat correspondent en fait aux deiais de consom- mation par les animaux et n'entratne done presque pas de gaspillage de vaccin (Bro- chier et al., 1989c). L'activite durable du WTGgRAB dans la nature lul procure un avantage de premiere importance. En outre, la stability de I'association appat-WTGgRAB offre les avantages sul- vants : 40 - conservation sans congelation; - manipulation ais^e vu la resistance de I'appat ^ certains agents physiques (pas de fonte k la chaleur) et mecaniques (possi- bilite de distribution aerienne); - distribution manuelle plus ais^e (^ta- lement du travail sans crainte d'une chute ra- pidedutitre viral); - choix de vacciner k n'importe quelle periode de I'annee quelles que soient les conditions climatiques (resistance aux cycles naturels de congelation-decongdlation ainsi qu'aux temperatures elevees). Innocuite L'innocuite d'une vaccination doit etre envisagee tant sur le plan individuel que sur celui de la collectivite animale. Les essais menes en station exp6rimentale permettent tout d'abord de juger de la pathogenicity eventuelle d'une souche vaccinale pour I'es- p^ce cible et pour les espdces non-cibles. Les risques eplzootidogiques encourus suite k la vaccination doivent 6galement etre lva- lues et, si possible, ^cartes. Ainsi, il faut in- terdire d'une part I'apparition de porteurs asymptomatiques du virus rabique sauvage et d'autre part I'apparition d'un nouveau cy- cle de multiplication virale chez une espece cible ou non-cible. II a 6t6 demontr6 que les souches att§nuees conventionnelles du virus rabique, SAD et derivees, administrees par vole orale, demeurent pathogenes pour cer- taines especes, notamment les micromammi- feres sauvages. Bien que I'installation d'un cycle de rage vaccinale chez les micromam- mif^res est peu probable et qu'actuellement presqu'aucun cas de rage vaccinale n'a 6t6 diagnostiqu6 a la suite des campagnes de vaccination men6e en Europe, le probldme de l'innocuite des souches vaccinales att6- nu6es conventionnelles du virus rabique reste pos^. Ce probldme peut actuellement etre r^sotu par {'utilisation d'un vaccin de nouvelle generation (mutant apathogdne du virus rabi- que ou WTGgRAB). En station exp^rimen- tale, I'absence de pathogenicity du WTGgRAB a pu etre d^montrde tant chez les espdces cibles que chez les espdces non- cibles (Brochier et al., 1988, 1989b; Blancou et al., 1989). Durant 1, 6, 12 et 18 mois apres inoculation, aucun signe clinique n'a et6 ob- serve chez les renards adultes et juveniles inocuies. L'absence de pathogenicite dans cette espece a pu etre certifiee quelle que soit la dose (10^10^° DICT 50) et la vole d'l- noculation (orale, intramusculaire, Intraduo- denale, sous-cutanee, intradermique (scarifi- cation), oculaire et intranasale). L'innocuite du WTGgRAB administre par vole orale a egalement ete demontree chez la souris de laboratoire, le lapin, le furet {Mustela furo), le bovin, le chat, le chien, le pore et le mouton. De plus, en Europe, l'absence de pathogeni- cite du WTGgRAB a ete testee chez 14 es- peces animales sauvages susceptibles ou non d'entrer en competition avec le renard dans la consommation d'appats vaccinaux. Aucune excretion accompagnee de transmis- sion de titres immunisants de WTGgRAB n'a pu etre detectee chez le renard (en-dehors d'un individu mordu par un animal frafche- ment inocuie), le chien, le chat, le bovin, le sanglier {Sus scrofa), le blaireau {Meles meles) et le furet. Enfin, la stabilite genetique du WTGgRAB, verifiee par passages en serie in vitro (lignees cellulaires) et in vivo (renard, souris), constitue une garantie supplemen- taire de securite. Les risques epidemiologiques lies k I'apparition de porteurs asymptomatiques du virus rabiques semblent egalement etre ecar- 41 t§s. Le portage asymptomatique pourrait survenir dans la nature a la suite de la vacci- nation d'animaux se trouvant en phase d'in- cubation de la maladie. Une 6tude experi- mentale a montre I'existence chez le renard de "ph^nomenes de mort pr6coce" ou "retar- dee", consequences d'une interaction entre vaccination orale et infection naturelle (Bro- chieretal., 1989a) Dans les conditions experimentales decrites, ces deux "phenomenes de mort" empechent I'apparition d'animaux survivant a une infection naturelle et done de porteurs asymptomatiques du virus rabique. Des campagnes de vaccination me- nees sur le terrain k I'aide du WTGgRAB ont confirme les resultats obtenus au cours des essais pratiques en station experimentale (Pastoret et al., 1988t>; Brochier m a!., ^989c). En effet, durant les 7 mois d'obser- vation qui ont suivi la distribution de 6000 doses de WTGgRAB dans un territoire de 450 km^, les veterinaires, les agriculteurs, les agents techniques des Eaux et Forets et les Distribution des appSts par voie a^rienne en France chasseurs de la region n'ont observe aucune morbidity anormale ou mortalite suspecte dans les populations d'animaux sauvages et domestiques qui peuplent la zone d'essai. De plus, I'autopsie de 226 animaux (apparte- nant k 1 8 espdces) r§coltes dans cette meme zone n'a r6vele aucune lesion suspecte et, en matidre de sant6 publique, aucun incident n'a ete signal^ par les medecins locaux. Du fait de son efficacit§, de son excel- lente stabilite et de son innocuite, le virus re- combinant vaccine-rage constitue une excel- lente alternative k I'emploi d'une souche att6- nu^e du virus rabique. De plus, la stabilite de I'appat contenant le WTGgRAB off re des fa- cility d'ordre pratique et strategique pour la realisation des campagnes de vaccination. Choix d'une strat^gie de distribution Apres avoir choisi un systeme appat- vaccin, il convient d'adopter une strategie de distribution d'appats sur le terrain. En Eu- rope, pour r6ussir une couverture vaccinale de 75% de la population vul- pine, cette strat6gie de distribution doit etre defi- nie sur 3 plans : - le plan spatial im- pose par I'etendue du ter- ritoire ci couvrir, le nom- bre d'appats k distribuer par unite de surface et I'emplacement des ap- pats sur le terrain; - le plan temporel d^fini par la p^riode de I'ann^e requise pour me- ner les operations de vac- cination et la frequence 42 annuelle et/ou pluriannuelle de celles-ci; - le plan methodologique defini par la technique de distribution (manuelle ou a^- rlenne). La prise en consideration d'une s6rie de facteurs permet d'6tablir un protocole adapte aux conditions locales (tableau 2). LA LUTTE CONTRE LA RAGE EN AFRIQUE Des programmes nationaux de lutte contre la rage sont entrepris dans la majority des pays africains. Vu que le chien est k I'ori- gine de la plupart des cas de contamination humaine, ces programmes consistent k limi- ter les populations de chiens errants et k vac- ciner les chiens "domestiques" accessibles. Ces mesures de prophylaxie sont bien sur compl6ment6es par des campagnes d'infor- mation des populations humaines locales. L'effi- cacit6 de cette strat6gie classique de lutte est fort variable. Les tehees s'expliquent surtout par le fait qu'une part tr^s Im- portante des effectifs ca- nins est constitute d'indi- vidus errants ou semi-er- rants, cibles inaccessi- bles pour la vaccination par vole parent^rale. De plus, la mise en applica- tion des mesures de re- duction des populations se heurte bien souvent k des obstacles pratiques, poiitiques. socio-culturels et economiques. La perspective de la vaccination orale du chien (errant ou non) semble done toute indiqu^e et s'av6rerait rapldement compl6mentaire des mesures actuelles de prophylaxie. Cette perspective devient envisageabie grace au d6veloppement du syst^me d'appat conte- nant le virus recombinant vaccine-rage. De par sa grande thermostability, ce vaccin semble etre le seul k pouvoir etre utilise dans de telles conditions climatiques. Son faible cout de production et sa conservation en I'absence de congelation representent egale- ment des avantages indiscutables. Perspective de vaccination des chiens errants ou semi-errants Chez le chien, I'administration orale du NATTGgRAB conf^re une protection chez 100% des sujets, uniquement lorsque la dose de vaccin contient une titre viral 6lev6 (10^ U.F.P./dose). L'activite par vote orale du Hyinc tachet^e : cspecc-ciblc d'unc future vaccination 43 tes. Le portage asymptomatique pourrait survenir dans la nature a la suite de la vacci- nation d'animaux se trouvant en phase d'in- cubation de la maladie. Line 6tude experi- mentale a montre I 'existence chez le renard de "phenomenes de mort pr^coce" ou "retar- dee", consequences d'une interaction entre vaccination orale et infection naturelle (Bro- chieretal., 1989a) Dans les conditions experimentales decrites, ces deux "phenomenes de mort" empechent I'apparition d'animaux survivant a una infection naturelle et done de porteurs asymptomatiques du virus rabique. Des campagnes de vaccination me- nees sur le terrain a I'aide du WTGgRAB ont confirme les resultats obtenus au cours des essais pratiques en station experimentale (Pastoret et al., 19886; Brochier et al., 1989cj. En effet, durant les 7 mois d'obser- vation qui ont suivi la distribution de 6000 doses de WTGgRAB dans un territoire de 450 km^, les veterinaires, les agriculteurs, les agents techniques des Eaux et Forets et les Distribution des appSts par voie a^rienne en France chasseurs de la region n'ont observe aucune morbidity anormale ou mortalite suspecte dans les populations d'animaux sauvages et domestiques qui peuplent la zone d'essai. De plus, I'autopsie de 226 animaux (apparte- nant k 1 8 espdces) r§coltes dans cette meme zone n'a r6vele aucune lesion suspecte et, en mati^re de sant6 publique, aucun incident n'a et6 signal^ par les medecins locaux. Du fait de son efficacit6, de son excel- lente stabilite et de son innocuite, le virus re- combinant vaccine-rage constitue une excel- lente alternative k I'emploi d'une souche att6- nu^e du virus rabique. De plus, la stability de I'appat contenant le WTGgRAB offre des fa- cility d'ordre pratique et strategique pour la realisation des campagnes de vaccination. Choix d'une strategic de distribution Apres avoir choisi un systeme appat- vaccin, il convient d 'adopter une strategie de distribution d'appats sur le terrain. En Eu- rope, pour r6ussir une couverture vaccinale de 75% de la population vul- pine, cette strategie de distribution doit etre defi- nie sur 3 plans : - le plan spatial im- post par I'etendue du ter- ritoire k couvrir, le nom- bre d'appats k distribuer par unite de surface et I'emplacement des ap- pats sur le terrain; - le plan temporel d^fini par la p6rJode de I'annee requise pour me- ner les operations de vac- cination et la frequence 42 annuelle et/ou pluriannuelle de celles-ci; - le plan m^thodologique defini par la technique de distribution (manuelle ou a6- rlenne). La prise en consideration d'une s6rie de facteurs permet d'6tabllr un protocole adapte aux conditions locales (tat>leau 2). LA LUTTE CONTRE LA RAGE EN AFRIQUE Des programmes natlonaux de lutte contre la rage sont entrepris dans la majority des pays africains. Vu que le chien est k I'orl- gine de la plupart des cas de contamination humaine, ces programmes consistent k limi- ter les populations de chiens errants et k vac- clner les chiens "domestiques" accessibles. Ces mesures de prophylaxie sont bien sur complement6es par des campagnes d'lnfor- mation des populations humaines locales. L'effl- caclte de cette strat^gie classique de lutte est fort variable. Les 6checs s'expllquent surtout par le fait qu'une part trds Im- portante des effectifs ca- nins est constitute d'lndl- vidus errants ou semi-er- rants, cibles inaccessl- bles pour la vaccination par vole parent^rale. De plus, la mise en applica- tion des mesures de re- duction des populations se heurte bien souvent k des obstacles pratiques, pdltiques, socio-culturels et economiques. La perspective de la vaccination orale du chien (errant ou non) semble done toute indiqu6e et s'avdreralt rapldement compl6mentaire des mesures actuelles de prophylaxie. Cette perspective devient envisageable grace au ddveloppement du syst^me d'appat conte- nant le virus recombinant vaccine-rage. De par sa grande thermostability, ce vaccin semble etre le seul k pouvoir etre utilise dans de telles conditions climatiques. Son faible cout de production et sa conservation en I'absence de congelation represented egale- ment des avantages indiscutables. Perspective de vaccination des chiens errants ou semi-errants Chez le chien, I'administration orale du \A/TGgRAB conf^re une protection chez 1 00% des sujets, unlquement lorsque la dose de vaccin contient une titre viral 6lev6 (10^ U.F.P./dose). L'activite par vole orale du Hyinc tachetdc : cspdcc-ciblc d'une future vaccination 43 UJ g o o S3 o o o X H u z UJ a: O Q. UJ H Z 9 o e t u u < > D z o 3 O" O u .£3 v4) Q H 00 U U 2 (i: PLH 9 n S ^ H o CO <: u (2 2i Pi D H Hi H C/3 c/3 w > < o 2 9 > =3 O c u u T3 §• •3 2 9 I c e = --3 3 o ex ^ ^ ^ o a '>«» ^ S? C/5 ^ X =3 (0 c o o Q. (0 c o '♦-■ < Q. (0 9 e 1 9 ^ w :« >« « 1 9 a £ 9 OB I 8 a .S 1 60 a 9 c/j g* Q 2 o 3 *5 44 De m§me que les trois espdces de chacals et I'hydne tachet6e, I'otocyon poufrait k I'avenir figurer parmi les esp^ces-cibles d'une vaccination antirabique en Afrique. vecteurs de rage. A I'avenir, les 3 es- pdces de chacals, la hydne tachet6e et I'otocyon, par exemple, pour- raient tres bien figu- rer parmi les es- peces cibles de la vaccination. Nean- moins, cette pers- pective ne pourrait s'envisager qu'a la suite de recherches prealables. Celles- ci doivent permet- tre de determiner pour I'espece consideree : \A/TGgRAB n'est done pas satisfaisante k la dose generalement utilisee cliez le renard (10® U.F.P.) (Blancou et al., 1989). Cette va- riation d'activite du \An"GgRAB selon I'es- pece est egalement observ^e avec des vac- cins conventionnels et il semble unanime- ment accepte que le renard est I'espece dont I'immunisation par voie orale est la plus ai- s6e. Quoi qu'il en solt, la production indus- trielle de doses vaccinates efficaces chez le chien est 6conomiquement realisable. Line premiere campagne de vaccination des chiens du WTGgRAB contenu en appats a eu lieu dans la Province du Natal en Republi- que d'Afrique du Sud. Perspective de vaccination des es- peces sauvages vectrices de rage Malgr^ qu'en Afrique, le chien soit la cible prioritaire de la vaccination antirabique par voie orale, on peut envisager d'appliquer la m^thode k certains carnivores sauvages - son role exact jou6 dans r6pid6mio- logie de la maladie (reservoir-vecteur ou sim- plementvecteur); - certaines caracteristiques 6co-etholo- giques (regime alimentaire, organisations so- ciale et spatiale, d6mographie, mouvements, density de population, position dans la niche 6cologique); - la capacity de reponse immune aux vaccins proposes. Le pouvoir immunogene et rinnocuit6 du WTGgRAB ainsi que I'appd- tence de I'appat associ^ n'ont pas encore ^t^ test§es Chez les espdces africaines sauvages vectrices de rage. Des essais realises sur animaux captifs devront done ot>ligatoire- ment pr6ceder tout projet de vaccination sur le terrain. Ensuite lorsque le choix d'un sys- tdme appSt-vaccin aura 6te effectu^, il reste- ra k d^finir une strategic de distribution d'ap- pats sur le terrain (zone k traiter, density et localisation des appats, periode de I'annde, nombre et frequence des campagnes de vac- cination, technique de distribution). Comme 45 decrit pr^cedemment, la prise en considera- tion de facteurs 6co-6thologiques, climati- ques. geographiques, cynegetiques et epid6- midogiques est indispensable k I'elaboration d'un plan de distribution. BIBLIOGRAPHIE ANDERSON R.M. 1982 Fox rabies. In the population dynamics of infectious diseases : theory and appli- cations. Anderson R.M. (Ed) Chapman and HaU, London, 241-261. AUBERT M.FA., ARTOIS M. 1988 Etudes prospectives de I'influence de la vaccination sur Vepidemiologie de la rage et les populations vulpines. CEC Symposium on : vaccination to control rabies in foxes, Brussels, Novem- ber 1987. Pastoret P.P., Brochier B., Thomas I^ Blancou J. (Eds). 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Ein Feldversuch zur oralen immunisie- rung von FUchsen gegen die Tollwut in der Bundesrepublik Deutschland. I. Unscha- dlichkeit, Wirksamkeit und Stabilitdt der Vakzine SAD B19. Tierarztl. Umschau, 38, 315-324. STECK F., WANDELER A.I., BICHSEL P., CAPT S., SCHNEIDER L.G., 1982. Oral immunization of foxes against ra- bies. Laboratory and field studies. Comp. Immun. Microbiol. Infect. Dis., 5, 165-171. * Service de Virologie - Immunologie Faculte de Medecine Vitirinaire University de Lidge .45, rue des veterinaires B-1070 BRUXELLES Belgique 47 CONSERVATION Conservation de la region de Mara L'an dernier, le Gouvernement k6nyan a demands ii la Communaut6 europ6enne de financer un projet pour conserver et ren- forcer I'dcosystdme Mara-Serengeti. II fut demands au Dr lain Douglas-Hamilton d'etu- dier la zone de Mara - qui consiste en la Re- serve de MasaT-Mara et les groupes de ranchs adjacents - et d'identifier un plan d'action. La zone de Mara fut retenue du fait qu'elle abrite la plus grande diversity d'ani- maux sauvages du K4nya en meme temps qu'une population et des troupeaux de bStail nombreux. De plus c'est egalement it I'heure actuelle I'une des regions du Kenya qui genere le plus de devises etrangeres. Cettte etude est maintenant disponible et nous en faisons un resume ci-apres. L'^tude rappelle tout d'abord que la zone de Mara dont une partie fut d^lar^ re- serve de gibier a ia fin des ann6es 40 etait sous-peuplee jusqu'en 1960. epoque a la- quelle les MasaT se sont installes d'une nria- niere permanente dans les zones avoisi- nantes de la reserve. Depuis cette date, les populations humaines, de faune sauvage et de bovlns ont augment^ rapldement de meme que les aires mises sous culture. De plus, le nombre de touristes a augment^ si- multan^ment avec les populations d'animaux sauvages. L'6tude fait remarquer qu'un exc^s de touristes dans cette zone interferera avec un comportement normal de la faune sauvage, en particulier avec celui de chasseurs diurnes comme le gu^pard. D'un autre c6t6. la presence de touristes fournit une protec- tion k la faune contre le braconnage. L'augmentation de la production de bid dans la zone de Mara est un signe de changement dans le mode de vie des MasaT. Leurs populations s'accroissent si raplde- ment qu'Hs sont obliges de trouver d'autres sources suppldmentaires de revenus que le seul bdtail. Les proprietaires des ranchs ven- dent done ou louent leurs terres k des fer- miers etrangers k la region pour lesquels la production de bid est le principal Intdret. Ces cultures k grande echelle ont un impact di- rect sur la faune sauvage et, comme ces terres vendues sont des zones forestidres qui doivent §tre defrichees. cela cause dgale- ment une perte d'arbres. Les utiisateurs de la zone de Mara ont done des interets confllctuels. Si I'dcosys- tdme et la beaute naturelle de la region dle. De plus, cette expedition ne pour- ra se faire que si le pays importateur dispose des moyens necessaires pour s'en debaras- ser de fagon ecdogiquement acceptable. La Convention emet egalement le voeu que la production de dechets soit reduite, que ceux- ci soient evacues aussi prds que possible de leur source et qu'une cooperation Intematlo- nale s'Instaure en vue de la formation des techniclens, I'echange d 'Informations et le transfert des technologies. (PNUE, Unite pour le droit et les procedures envlronne- mentales, B.P. 30552, Nairobi, Kenya). (Naturopa. Faits nouveaux n^SQ- 718). Reintroduction de FOryx d'Arabie Le 30 novembre 1988, neuf oryx d'Ara- bie {Oryx leucory)^ ont ete envoyes du San Diego Wild Animal Park (U.S.A.) en Arable Saoudite, ou lis vont dtre reintoduits dans les 270.000 hectares cidtures de la reserve de Mahazet Asset, situee 150 kilometres k I'Est de Taff. lis furent rejoints par six oryx prove- nant de la reserve de Shaumarl en Jordanie, le 20 mars 1989. Quatre jeunes congus en captivite sont dej^ nes k Mahazet Assed. L'oryx d'Arabie s'est eteint durant les annees 70 k cause de la degradation de son habitat et d'une chasse excessive. Heureu- sement l'oryx d'Arabie fut sauve de I'extinc- tion totale par i'operation oryx menee en 1962 qui captura des indivkJus sauvages et rassembia differents specimens pris dans dif- ferentes collections zodogiques, afin de creer une population captive viak>le. Neuf individus sont les fondateurs de ce qui fut appeie le troupeau mondial, quatre d'entre eux provenant des collections de feu le Roi Saud Bin Abdul Aziz k Riyadh. Ces animaux ont ete transportes aux U.S.A. ou ils se sont tres bien reproduits. Les oryx regus en Arable sont les descendants de ces neuf animaux. Apres leur arrivee, les animaux ont ete places dans un enclos de pre-relScher de 49 250 ha OLi Us vont rester quelques mois. C'est le temps n^cessaire aux animaux pour s'adapter k leur nouvei environnement. lis seront relSch^ k la fin de i'ann^e 1989 dans la reserve qui est patrouiii^e par ies gardes de la National Commission for Wildlife Conservation and Developement. La r6introduction de I'oryx d'Arabie, ce symboie de beauts et de force est la pre- miere r6introduction d'une espdce 6teinte dans le royaume. Le retour de I'oryx d'Ara- bie dans la nature en Arable Saoudite est le r^sultat des efforts constants de la N.C.W.C.D. pour restaurer la faune et la flore sauvages d'Arabie. (Courrier de la Nature n° 120). Corne de rhinos : flambee des prix a Taiwan Alors que Ies populations de rtiinocd- ros afiicains continuernt k diminuer - 1 reste- rait queique 3.800 rtiinos noirs (Diceros bi- comis) et 4.600 rhinos blancs {Ceratatiierium simum) dans la nature - 11 semble que Ies marchands talwanais de cornes de rhinoce- ros sont occup^s k faire des stocks en provi- sion d'une augmentation importante des prix. Seion Edmond Bradley Martin, qui me- na une enquete dans Ies pharmacies orien- tales de taiwan durant I'^te 1988, de nom- breux marchands hOsitent k vendre leurs stocks actuels de cornes africaines ou bien "investissent" en achetant encore plus de cornes. La corne des rhinos d'Asie reste I'in- gr^ient le plus prisO k Taiwan, se vendant k jprks de 40.000 dollars EU ($) le kilo - le prix le plus ^ev6 au monde. La corne d'origine africaine quant k elle se vend environ 2.486 $ le kilo k Taipei, soit pr§s du double du prix au Nord-Y6men, aux Emirats Arabes Unis ou k Macao. Par comparaison, en 1985 la corne asiatique se vendait 23.929 $ le kilo et I'afri- caine 1.532 $ k Taipei, ce qui signifie une augmentation de 60% en trois ans. Du fait de la demande et des prix ele- vOs de la corne africaine k Taiwan, Martin af- firme que ce pays pourrait devenir le plus im- portant entrepdt du monde pour la corne de rhinoceros. Et 11 pense que la majeure partie de la corne africaine braconn6e quitte actuel- lement I'Afrique ill^galement via I'Afrique du Sud vers Taiwan. Ces deux pays sont deve- nus d'importants partenaires commerciaux ces dernieres ann6es et de nombreux talwa- nais investissent ou resident en Afrique du Sud. Taiwan, ineligible comme Partie k la CITES, a cependant pris des mesures admi- nistratives qui rOglementent strictement le commerce des espdces reprises en Annexe I de la QTES. Mais Martin dit que t)eaucoup de douaniers taTwanais "ne savent pas que la come de rhinoceros est iiiegale" ou, comme i iui fut dit, "un pot-de-vin de 70 $ assurera qu'un envoi de comes pourra entrer dans le pays". Cargaison d'ivoire stoppee en Belgique Une cargaison etiquette "bijoux de fantaisie", en transit de Dubai k Singapour, fut stoppee par Ies douanes beiges le 15 juin 1989 k I'aeroport national de Zaventem. La cargaison, constituOe de 14 colls, contenait 558 kilos d'ivoire semi-travailie dont des bracelets non polls et des cylindres d'i- voire prets k §tre transformes en sceaux. A la decouverte de cette cargaison, Ies autorites ont controie Ies enregistrements 50 pr6c6dents Impliquant les memes transpor- teurs et les memes rtin^raires et d^termina qu'au moins 10 cargaisons similaires, pour un total de 143 colls, transit^rent par la Belgl- que entre le 2 mars et le 9 juin. Le polds total de ces cargaisons suspect6es attelgnalt 5.122 kilos. Les cargaisons 6taient apparem- ment exp^i^es par Al Rais Cargo k Dubai vers la Belgique ou elles ^talent malntenues dans les entrepots des douanes pendant que les documents d'expddition ^talent falsifies faisant apparaitre un nouvel exp6diteur fran- gais - la Society Civile Immobilidre (S.C.I.) - et une nouvelle origine et ensuite exp^ies ci Sun May Art Industrial ^ SIngapour. II sem- ble que la S.C.I, est dirig^e par Mme Poon Wa Tai, 6pouse du c6ldbre commergant d'i- voire George Poon. Les autorit6s beiges, de meme que les frangaises, menent des enquetes suppl^- mentairessur cette affaire. La Communaut6 Economique Europ6enne avalt interdit de manidre effective toute Importation d'ivoire d'^lephant d'Afrique k partir du 14 juin 1989. (Traffic vol.9, n"" 2 ). Gabon : demantelement d'un vaste trafic d'ivoire Le journal L'Union, quotidien gabo- nais, dans son Edition du 31 mars 1989, a d6- nonc6 un vaste trafic international d'ivoire sous le titre : 800 6l6phants massacres, 2 tonnes d'ivoire saisies. Le jeudi 10 courant, la Direction G6n6- rale de la Contre-lng6rence et la s6curit6 mili- taire (DGCISM). encore appel6e B2, a, aprds une minutleuse et longue enquete, interpell6 un citoyen frangais, Dao van Than, juste au moment ou H s'apprStait ^ exporter du pays 1 .300 kg d'ivoire en pointes. Les r^sultats de I'lnterrogatoire ont r6- v6l6 que le sus-nomm6 est en fart le patron d'un r^seau bien organist de trafiquants de defenses d'6.#'phants tu6s au Gabon. La marchandise partait pour Tokyo au Japon via Anvers en Belgique. Selon les informations recueiliies au B2, il ressort que Dao van Than, 31 ans, Di- recteur de la society d'informatique Micro World ci Libreville, avalt recrut6 k travers le pays des hommes de main qui I'aidaient k se procurer des defenses d'6l6phants qu'il achetait tres bon march6. Sa fourchette de prix variait entre 6 et 10.000 FCFA. Ainsi, Sail Iba et Sail Gumar, commergants senegalais, Thian Samba II et Alhadji Ado, commergants camerounais, se sont portes volontaires pour assurer le ravltaillement en pointes d'ivoire. Ces courtiers, qui avaient mis en place un r^seau d'abattage syst^matique d'^16- phants, op^raient dans les zones forestidres de Makokou, Oyem et Tchibanga. Tous les mois, lis livraient k Dao un certain nombre de pointes d'ivoire que ce dernier se chargealt k son tour d'exp6dier au Japon, avec la com- plicit6 de Nziengui Alfred, agent administratif k la Direction de la Faune et de la Chasse et de son Directeur, M.Dipouma. A chaque ope- ration, Dao van Than s'arrangeait, pour chan- ger d'klentit6 afin de brouiller les pistes. Hor- mis I'autorisation delivrde par la Direction de la Faune et de la Chasse qu'il poss6dait, I'ab- sence dans son dossier du certificat d'ori- gine, pidce maitresse dans ce type de trans- action, a incite les enqueteurs k clarifier cette affaire, ce qui les mena k devouvrir le pot aux roses. Des 1900 kg saisis, 1500 ont 6t6 re- trouv6s k Libreville meme, tandis que le reste provlent de Makokou ou la mati6re premidre avalt 6t6 enfouie dans le sol. Pour ce qui 51 concerne les prix, Dao achetait I'ivoire k 10.000 FCFA le kg au Gabon pour le reven- dre dix fois plus cher au Japon (100.000 FCFA le kg). (Connaissance de la Chasse n° 157). USA : plus d'ivoire ! Selon la decision annonc6e par le Pre- sident Bush le 5 juin dans son Message pour la Journ^e Mondiale de TEnvlronnement, un moratoire imm6diat sur I'lmportation d'ivoire d'6l6phant d'Afrique {Loxodonta africana) aux Etats-Unis est appliqu6 par le US Fish and Wildlife Sen/ice depuis le 9 juin 1989. L'interdiction s'applique aux importations d'i- voire brut et travaill6 en provenance de tout pays et s'applique tant aux souvenirs indivi- duels achet^s par les touristes k i'^tranger qu'aux grosses Importations commerciales. II restera en application au moins jusqu'au mo- ment ou les niveaux ad^quats de r^colte sou- tenable seront determines et que des controles efficaces du commerce internatio- nal de I'ivoire seront etablis. Cetta action fut prise dans un effort pour diminuer le d^clin dramatique de I'Eie- phant d'Afrique, qui est d^j^ repris par les Etats-Unis comme une espdce en danger. Suite au dedin continu des popula- tions d'eiephants et devant I'impuissance du systdme des quotas CITES pour controler le commerce international de I'ivoire, les Etats Unis ont soumis le 12 mai 1989, une proposi- tion ferme visant k transferer I'Eiephant d'Afri- que en Annexe I de la CITES lors de la reu- nion generale de la CITES en octobre pro- chain. Cecl devrait stopper tout commerce legal d'ivoire entre les nations Parties k la CITES. L'interdicition fut Imposee sous cou- vert du African Elephant Conservation Act de 1988. Sous le couvert de cet Acte. le Service avait dej^ interdit toute importation d'ivoire en provenance de pays non membres de la CITES et de Somalie, qui etait accusee de vider I'Acte. Jusqu'^ l'interdiction recente d'importation, les Etats-Unis importaient 10% des exportations annuelles en provenance d'Afrique pour la confection de touches de piano, de bijoux et de bibelots. Prds de 65% des importations americalnes provenaient de Hong-Kong qui est le principal pays commer- gant et sculpteur dans le monde. Toutefois, le moratoire sur I'ivoire n'in- terdit pas I'lmportation des trophees d'6l6- phants legalement acquis lors d'une chasse sportive dans le pays d'origine, pour autant que ce pays ait un quota CITES d 'exportation et ait emis les permis d 'exportation adequats. Le 15 juin 1989, le Gouvernement du Japon Interdisait egalement I'lmportation d'i- voire travailie et semi-travailie et une interdic- tion de toute expedition d'ivoire brut ne pro- venant pas directement d'un pays produc- teur sous les auspices du systeme de quotas de la CITES. II s'agit d'une mesure Int6ri- maire qui prenait effet le 19 juin et restera d'application jusqu'^ la Conference de la CITES en octobre 1989. (Endangered species, vol. 14, n ** 6). 52 REUNIONS Ouagadougou : protection des elephants A I'initiative de ia France et k I'invita- tion du gouvernement du Burkina Faso, les experts des services administratifs du Burlal du commerce d'ivoire officiel semble chuter consid6rablement au cours des dernidres an- nees, cela pourrait s'expliquer par le fait que plus d'ivoire est transport^ ill6galement ou du fait de la constitution de stocks en Afrique meme. Les 6tudes de cas du commerce de I'i- voire dans cerains pays consommateurs indi- quent une forte diminution de ce commerce de meme que pour les entreprises de sculp- ture. Une analyse 6conomique laisse cepen- dant apparaitre que seul un faible pourcen- tage des revenus de I'ivoire sont distribu6s en Afrique. Sur base de ces r^sultats le groupe d'6tude du commerce de I'ivoire recom- mande le transfert de I'el^phant d'Afrique de I'Annexe II k I'Annexe I de la CITES en com- binaison avec un financement accru de pro- grammes de conservation en Afrique. SI certaines delegations f6licit6rent ie Groupe pour son travail et ses conclusions, d'autres par contre le critiqudrent ouverte- ment lul reprochant de ne pas avoir consult6 les pays producteurs, notamment en Afrique australe, et d'avoir trop concentr6 leur travail sur I'Afrique de I'Est. L'extrapolation des donn^es d'Afrique de I'Est ^ d'autres sous-re- gions dissemblables fut critiqu6e, notamment le fait que le potentiel touristique comme source alternative de revenus n'est pas com- parable dans d'autres regions d'Afrique. Le Secretariat presenta ensuite diff6- rents documents pr6par6s pour la reunion. Differentes options pour la conservation de reiephant dans le cadre de la CITES furent presentees, allant du classement en Annexe II avec un systeme de controle renforce k un classement pur et simple en Annexe I. II n'y a pas eu de consensus quant k savoir si un commerce legal d'ivoire devait etre poursuivi ou non, certains pays produc- teurs et consommateurs reprochant I'ineffica- cite du systeme de controle du commerce de I'ivoire pour arreter le massacre des ele- phants. Ce k quoi les opposants repondaient qu'un classement des elephants en Annexe I ne s'attaquait pas k la racine du prot>ieme, k savoir le fait que les ressources consacrees k la Conservation dans tous les pays d'Afrique sont largement inferieures k ce qui est neces- saire k la conservation des elephants. D'au- tre part, il fut remarque que, si le systeme ac- tuel de controle n'a pas reussi, il fallalt incri- miner les pays eux-memes pour ne pas I'a- voir applique integralement. L'importance du concept d'utilisatlon de la faune sauvage dans la planification de I'utilisation des terres et qu'une interdiction totale reduirait la motivation k conserver les elephants et encouragerait la fraude. 55 Deux positions de base dmergeaient done des discussions. D'un cdt^, les pays d'Afrique australe deciardrent avoir d6j^ 6ta- bli les bases d'une cooperation au sein d'un syst^me de controle et de commercialisation de I'ivoire dans la region, soit sous une clas- sification de reiephant en Annexe II sort par I'entremise de reserves k une classification en Annexe \. De Tautre c6t6, les pays d'Afri- que de I'Est maintenaient leur proposition de transfert de I'elephant d'Afrique en Annexe I de la CITES. Une possibility de compromis fut avanc^e selon laquelle la proposition de transfert en Annexe I serait poursuivie mais seratt amendee afin d'en exdure certaines populations d'Afrique australe. Dar^ I'imm^- diat, un moratoire sur le commerce de I'ivoire serait accepte pour une p6riode limit§e jus- qu'^ ce qui'im syst^me ajppropn^ de controle soit mis en place. Inverses propositiofis de renforcement des ccM*r^es du commerce de I'ivoire furait ensuite presentees et discut6es. Le Secreta- riat insista k nouveau sur rknportance de r6- soudre la question controvers^e du traite- ment de I'ivcNre confisque aux braconniers mais ne put que regretter Tabsence cie ddd- sion aux temries des discussions. Un sys- teme de compensations pour les pertes de revenus dues k la non-commercialisation de I'ivoire provenant de mort naturelle, de pro- grammes de controle et de confiscations fut §galement 6voque et discut6. A nouveau, les discussions furent teint^es de scepticisme notamment quant a la volont6 reelle des do- nateurs de financer un tel systeme. D'autres points furent encore discut6s avant de cloturer la reunion, notamment Ta- bus de privileges diplomatiques et le cas du Burundi. (CITES) Leiden : participation des populations a I'amenagement des zones humides Du 4 au 8 juin 1989, s'est tenue k Lei- den (Pays-Bas) une conference Internatio- nale sur la participation des populations k i'a- menagement des zones humides. Quelque 200 participants provenant de 38 pays parti- ciperent aux activites. Des ateliers themati- ques, avec un nombre timite de participants, constituaient I'activite principale de la Confe- rence. Deux sets de recommandations furent formuies, ies premieres, d'ordre plus general, etant destinees k la prochaif>e reunions des Parties de la Convention de Ramsar en juin 1990, les secondes, plus specifiques, deri- vant des presentations et des discussions des ateliers. Parmi les principaux probiemes discu- tes au cours de la Conferer>ce, certaines conclusions peuvent etre retenues : De nombreux participants etaient d'a- vis que les formes nvjigenes d'utillsation des zones }u£Tudes pounaient former une base d'l^isation judicieuse des ressources natu- reUes. Leur variete a dans de nombreux cas d^ prouve leur interet pour reiaboratlon de programmes d'utilisaticxi des zones humides. Souvent, les objectifs de la conservation se sont traduits par la creation de pares aux- quels les habitants traditionnels n'ont pas ac- ces, ouvrant done la vole k des int6rets etran- gers pour mal utiliser la zone. En impliquant les populations indigenes dans la gestion des zones humides, la nature serait mieux prote- gee que par des cidtures en fer. Bien sOr. toute utilisation indigene n'est pas judicieuse; la pression des popula- tions et I'lnfluence de la societe moderne ont leur influence sur la balance ecologique de 56 ces syst6mes. Les probldmes que les popu- lations locales rencontrent dans la gestlon de leur environnement nature! ne devralt pas seulement §tre regard^ d'un point de vue technique ou analyst pour n6cessiter des so- lutions technologiques. Les circonstances sociales, 6conomiques et pditiques peuvent pousser les populations locales vers des formes insoutenables d'utillsation des zones humides. II est done n6cessaire dans les ap- proches participatoires, tant pour les popula- tions locales que pour les acteurs nationaux, d'avoir des responsabilit6s distinctes. Grace k des campagnes de prise de conscience et d'6ducation, les utilisateurs locaux peuvent se rendre compte de I'impact environnemen- tal de leurs activites et, ou c'est n6cessaire, peuvent §tre stimulus ei formuler des id^es d'utilisations plus durables. Pour leur realisa- tion, les responsabilites seules ne doivent pas §tre clairement d^vdues au niveau local, mais 6galement les b6n6fices d'une gestion correcte des zones humides. Pour r6aliser ce qui precede, 11 vaut mieux privil6gier une approche par pro- gramme plutot que par projets. Le d6velop- pement est une perspective h long terme et pour que la participation devienne un r§el processus interactif, la flexibility et une ap- proche dynamique parmi les priorit^s et les possibilit^s des populations locales est n^- cessaire. Ceci est difficile ci r^liser dans une strat^gie de projets avec des objectifs k court terme predetermines, ce qui est sou- vent le cas de I'approche occidentale du d6- veloppement. (EDWIN Newsletter Vol.3, n"!). LIVRES Vie et Mort d'un geant, Felephant d'Afrique de Pierre Pfeffer 6d. Flammarion, Pans coll. "L'odyss^e", 192pp. Au cours des derniers mois, Pierre Pfeffer aura beaucoup fait parler de cet ani- mal qui lui est cher par I'entremise de la cam- pagne "Amnistie pour les 6l6phants" qu'il m6ne pour sauver cette esp6ce qu'il estime menac6e k court terme si des mesures 6ner- giques ne sont pas prises. Dans ce livre, I'auteur nous entrafne ci la suite de ce colosse rescap^ de la phr^his- toire. II nous montre que, par sa biologie, son comportement, sa vie sociale, les soins qu'il prodigue k sa prog^niture et surtout les stu- p6fiantes capacitds d 'adaptation aux circon- stances et aux habitats les plus divers, cet animal fabuleux est une espdce 6tonnam- ment dynamique et qui ne serait aucunement menac6e si, dans son impr6voyante fantaisie, la nature ne I'avait dot6 de ces monstrueuses incisives qui, depuis des sidcles, suscitent la convoitise des hommes. Suit, dans ses deux derniers chapitres, un violent requisitoire - reprenant les argu- ments qu'il a si souvent clam6 au cours de ces 4 dernidres ann6es - centre ceux qui ris- quent de faire disparaitre I'el^phant ou de le laisser s'6teindre sans r6agir. Ce livre se pr6- sente ^galement comme un magnifique re- cueil de photos sur cet animal attachant. 57 La longue marche des elephants de Cynthia Moss ed. Robert Laffont II s'agit de la version frangaise du re- marquable ouvrage de Cynthia Moss "Ele- phant Memories" que nous avions present^ dans Nature et Faune, vol.4, n° 4 et qui vient d'etre 6dit6 chez R. Laffont. La chasse oubliee de Jean-Luc Temporal 6d. Gerfaut Club, Paris. Pr6sent6 sous un format luxueux, re- liure pleine toile, magnifiquement illustr6 - 52 gouaches et lavis, 37 photos inedites -, ce li- vre se veut un t6moignage sur une pratique cyn6g6tique s6culaire, mais 6 combien meurtridre, telle que la pratiquent encore quelques populations soudanaises, celle de la chasse k I'elephant k la lance et k cheval. Au cours de cette chasse, les grands pachy- dermes de la savane arbor^e sont inlassable- ment poursuivis par des hommes k cheval qui les harcelent k grands coups de sagaie jusqu'^ ce que mort s'ensuive. Un spectacle k la hauteur du d6cor fait de violence, de ris- que et de cruaut6 dans un melange de sang, de poussidre et de barissements affoles. Ce llvre est avant tout un fantastique t6moignage sur une chasse que I'auteur qua- lifie de traditionnelle et sur la souffrance et la menace qui pese ei I'heure actuelle sur les 6l6phants d'Afrique d6cim6s par le bracon- nage industriel. Vient ensuite un veritable plaidoyer en faveur du plus gros des mammi- f^res sauvages terrestres que I'auteur connait blen pour avoir parcouru en tous sens pen- dant de nombreuses ann6es le Nord de la R6publlque Centrafricaine ou il lui fut donne des dizaines de fois d'assister k cette chasse impitoyable et meurtri^re responsable de la destruction de trop d'6l6phants et ou il eut si souvent k lutter contre ces braconniers sou- danais qui descendent en caravanfes puis- samment armees ne laissant derriere elles que charniers et carnages. The birds of Africa (Les oiseaux d'Afrique) Volume III. de Urban, E.K., Fry, C.H. et Keith, S. (editeurs) Academic Press, Londres, 1988. Faisant suite au Volume II paru en 1986, ce volume vient completer une serie de deux magnifiques ouvrages fort appreci6s des special istes et continue la revue exhaus- tive de toute I'avifaune du continent, domaine palearctique compris, k I'exclusion de Mada- gascar, des Mascarignes et des Seychelles. Ce volume traitent des Psittaciformes aux Pl- ciformes, completant ainsi les non-passe- reaux. A cela, sont prevus quatre autres vo- lumes pour couvrir les Passerlformes. Cette revue pan-africaine de I'avifaune est I'oeuvre d'une pl6iade de spdclalistes In- ternationaux. Les espdces residentes ou visiteuses sont recensees et decrites en synthetisant I'information biologique k leur sujet. Chaque esp6ce est representee en couleurs sur des planches de haute quality dues k Martin Woodcock. Par leur quality, il s'agit sans aucun doute d'ouvrages que tout adepte de I'orni- 58 thdogie africaine souhaiterait avoir dans sa bilioth^que, n'^taient le prix et ie format ! A Primate Radiation : Evolutionnary Biology of the African Guenons. de Gautier-Hion A., Bourlidre F., Gautier J. P. et Kingdom J. (6diteurs).. Cambridge University Press, Cambridge., 1988. Trente auteurs aux horizons les plus divers (pal6ontologie, biog6ograpliie, syst6- matique Evolutive, g6n6tique, morphologie, 6cologie, 6tliologie,...) ont collabor6 k l'6la- boration de cet ouvrage s'int6ressant aux Cercopithdques, primates tr6s ricliement co- lor^s, diversifies et occupant une vaste gamme de biotopes de plaines et de forSts k travers I'Afrique entidre. L'ouvrage se compose de trois parties. La premiere (6 chapitres) s'int^resse au pas- se, aux paieo-environnements et aux habitats actuels : pal^ontoiogie du groupe, distribu- tions actuelles, relations entre distributions et physiographie du grand bloc frorestier afro- tropical . La second e partie (8 chapitres) re- constrult la phylog^nie du groupe en se ba- sant sur des etudes eiectrophoretiques, cyto- genetiques, morphometriques, morphologi- ques, ainsi que des informations d'ordre ges- tuel, vocal et olfactif. La troisidme partie (10 chapitres) quant k elle aborde I'^cologie et le comporte- ment social de ces singes. Sont tour k tour examines le regime alimentaire et le compor- tement de recherche de nourriture, la biolo- gle de la reproduction en rapport avec les parametres de I'envlronnement et les nom- breux aspects de la vie sexuelle et sociale de ces aninnaux (systemes d'appariement, struc- ture et dynamique spatio-temporelle des groupes sociaux, cycles de vie, associations polyspecifiques, hybridation). L'ouvrage se termine par une conclu- sion sur les acquis scientifiques mais aussi sur les carences et les recherches suppie- mentaires qui s'imposent, notamment dans le domaine de la dynamique des populations. Le livre se termine par une abondante bibli- ographie de 40 pages et trois index. Si ce livre s'adresse tout specialement aux primatdogues, il reste abordable et pourra certainement interesser tous ceux qui s'interessent h ce groupe mais aussi ceux qui sont attires par la probiematique de revolu- tion. photo de couverture : des dizaines d'hectares de foret perdus pour quelques rongeurs : feu de foret organis6 par les chasseurs en R.C.A. afin de faire fuir les rongeurs qui seront ainsi captur6s pour la consonunation (photo FAO). Dos de la couverture : Thabitat de la faune sauvage disparait sous la pression de la culture itin6rante (photo FAO). 59 rv'' e/ m^ ^ t'ji \ ' ■' ' v.- ■*;--'.M> r^**l r.-^_ tl^ t-^ev ejsr'A. .- ^'^ ■--^"i*'. *"^-^ ^J- ,-f^. Mi