Nature et Faune REVUE INTERNATIONALE POUR LA CONSERVATION DE LA NATURE EN AFRIQUE Gestlon de la Faune, Am^nagement d' aires prot^g^es, Conservation des ressources naturelles. INTERNATIONAL JOURNAL ON NATURE CONSERVATION IN AFRICA Wildlife and Protected Areas Management and Natural Resources Conservation. Volume 6 , n° 3 , Juillet - Septembre 1990. July - September 1990. #^^1*11 *^ 4m *^%<, 'm-'^^mm kt i - Organisation des Nations Unies pour TAlimentatlon et I'AgricuIture Food and Agriculture Organization of the United Nations /^^-^ ^A. Programme y MPHlk. V l^Environner des Nations Unies pour ^ ^ ^ .'Environnement Yi || ^ ffj United Nations Environment Niy_^^i^ Programme FAO Regional Office for Africa Bureau Regional de la F.A.O. pour I'Afrique - Accra (Ghana) ^ Nature et Faune Juillet-Septembrel990. July-Septemberl990. La revue Nature et Faune est une publication intemationale trimestrielle destinde k permettre un 6change d'informa- tions et de connaissances scientifiques concemant la gestion de la faune, Tamdnagement des aires prot6g6es et la conser- vation des ressources naturelles sur le continent africain. "Nature et Faune" is a quarterly international publication de- dicated to the exchange of iniformation and scientific data on wildlife and protected areas management and conserva- tion of natural resources on the African continent. Editeur - Editor : J J. Leroy Ass. Editeur - Ass. Editor : J. Aikins Conseillers - Advisers : J.D. Keita - G.S. Child Nature et Faune depend de vos contributions b6n6voles et volontaires sous la forme d'articles ou d'annonces dans le domaine de la conservation de la nature et de la faune sau- vage dans la Region. Pour la publication d'articles ou tout renseignement compl6mentaire, 6crire k I'adresse suivante : Nature et Faune is dependent upon your free and voluntary contributions in the form of articles and announcements in the field of wildlife and nature conservation in the Region. For publication of articles or any further information, please contact : Revue NATURE ET FAUNE FA.O. Regional Office for Africa P.O. Box 1628 Accra (Ghana) Sommaire - Contents Editorial 3 Le Pare National de la Pendjari: les acquis d'un projet 4 La R^rve de Faune de Nazinga: im module, une source d'espoir. . 12 Le Projet Air T^n^r^ ou la demonstration que milieu d6sertique, miheu d6grad6 et protection de la nature ne sont pas antinomiques 16 A summary rei3ort on the behaviour, ecology and conservation of the okapi (Okapia johnstoni) in Zaire 21 Dossier Elephants. Etude de cas: le Tchad 29 La probl6matique des populations d'el6phants et de leur habitat au Tchad 31 TRANSLATIONS - TRADUCTIONS 39 L« contenu dt articles d* c«tt« ravLM •xprim* les opinions de leurs auteurs et ne reflete pas necessairement cedes de la FAO, du PNUE ou de la redaction. U n'exprime done pas une prise de posHion officielle, ni de rOrganisation des Nations Unies pour I'Alimentation et I'Agriculfure, ni du Programme des Nations Unies pour TEnviron- nement. En particulier les appellaliorw employees dans cette publication el la presentation des donnees qui y figurent n'impliquent de la part de ces Organisations au- cune prise de position quartt au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones ou de leurs autoritte, ni quant aux traces de leurs frontiires ou limKes. The opinions expressed by contributing authors are r>ot necessarily those of FAO, UNEP or the editorial board. Thus, they do not express the official position of the Food and Agriculture Organization of the United Nations, nor that of the United Natiorw Environment Programme. The designations employed and the presentation of mate- rial in this publication do not Imply the position of these organisations cor>ceming the legal status of any country, territory, city or area or of its authorities, or concerning the delimHation of Its frontiers or bourniaries. Printed by The Advent Press EDITORIAL At a time when words such as environ- ment, consers/ation, wildlife management... are on all lips and when the majority of donors have t>egun to intensify their operations in this area, this third bilingual edition of our maga- zine should not be found lacking in its voca- tion as an international magazine for the ex- change of information on this current burning issue. The international nature of the magazine has not been overlooked for, turn by turn, the reader is taken from Benin to Burkina Faso, Ni- ger to Zaire, and then Chad. In the first article we are taken to the Pendjari National Park in Benin where huge in- vestments have been made on the rehabilita- tion of the area. As the authors rightly point out, the success of the first phase does not ne- cessarily mean all has been accomplished though. The next two articles are the follow up to an article published in the previous issue on conservation areas in West Africa. One covers the Nazinga Game Reserve in southern Burki- na Faso and the other the immense resen/e of ATr-Tenere in Niger as well as actions being undertaken to ensure its future survival. From arid desert regions, we move to the Zairian forest with the article on okapi, this big mammal which is not well known and was discovered only at the start of the century. Finally, before leaving the original texts to go on to the green pages reserved for translations, we have the last article which deals with elephant populations and their habi- tat in Chad. A more general article on ele- phants covering the entire African continent will be published in the next edition. A i'heure oCj les mots environnement, conservation, gestlon de la nature... sont dans toutes les bouches et olj la plupart des bailleurs de fonds commencent k intensifier leurs inten/entions dans ce sens, ce troisidme num^ro bilingue de notre revue ne peut faillir k sa vocation de magazine international d'^- change d'informations sur ce th^me crucial d'actualitd. Le caractdre International n'est pas ou- blid puisque, tour k tour, le lecteur passe du B^nin au Burkina Faso, du Niger au Zaire ou encore au Tchad. Le premier article nous emmdne au Pare National de la Pendjari au B6nln oil d'importants investissements ont 6t6 consen- tis pour la rehabilitation de la zone. Comme le signalent tr^s justement les auteurs, la pre- miere phase r^ussie ne signifie pas que tout soit fini, au contraire... Les deux exemples sulvants font suite k un article presents dans notre num^ro pre- cedent sur les aires de conservation en Afri- que de I'OuesL L'un traite du Ranch de Na- zinga dans ie Sud du Burkina Faso, I'autre de rimmense reserve de ATr-Tener6 au Niger et des actions entreprises pour son avenir. Des regions arides du desert, nous re- joignons ensuite la foret zaVroise avec I'artlcle sur I'okapi, ce grand mammifere meconnu decouvert seulement au debut du siecie. Enfin, avant de quitter les versions ori- ginales pour passer aux pages vertes reser- vees aux traductions, le dernier article aborde la situation des populations d'eiephants et de leur habitat au Tchad. Un dossier elephant plus general, couvrant toute I'Afrlque, sera presente dans le prochain numero. Le Pare National de la Pendjari: les acquis d'un projet. par E. Mah6 et A. Moussa Toure I See translation page 39 ) La oil le B6nin rencontre la montagne: la grande falaise de I'Atacora qui telle une dorsale sectionne en deux le nord du pays, s'6tend sur plus de 450 000 ha a la frontiere du Burkina-Faso, le territoire de la grande faune d'Afrique. Adoss6 a la falaise, parcourant toute la plaine d'inondation meridionale de la ri- viere Pendjari, le Pare national du meme nom est une vaste zone de savane ou s'6- chelonnent galeries forestieres, savanes boi- s6es, arbustives et herbeuses en une suc- cession de paysages diversifies et at- trayants. Cr66 en 1961, pendant longtemps il of- frit le spectacle enviable d'une nature afri- caine riche de sa faune nombreuse et variee. Seulement, k I'instar de blen d'autres pares africains, il ne put resister a la pression crois- sante des "inten/entions" humaines de toute nature qui aboutirent vers les annees 80 a une diminution severe du cheptel faunique, aggrav^e par les effets devastateurs des feux et de I'assechement progressif du climat (de- ficit pluviometrique de 300 a 350 mm/an.) En 1983, conscient de I'ampleur de la degrada- tion, ie Benin ne rouvrait pas la chasse sur les reserves cynegetiques limitrophes du pare, et demandait a la CCE de mettre rapi- dement en place un projet capable de reha- biliter I'ensemble des perimetres proteges. C'est ainsi que naquit le projet d'amenage- ment des pares nationaux et de protection de I'environnement au Benin, premier projet du genre en Afrique pour un grand bailleur de fonds comme la CCE, et qui faisait suite aux 6tudes r^alisees par la FAO durant cinq an- n6es. Installe des 1985, ce projet concernait plus de 1 200 000 ha sur toute la partie sep- tentrionale du pays, car il englobait aussi le Pare du "W". La taille et la problematique plutot regionale de celui-ci deciderent les re- sponsables ci privilegier les actions sur la zone Pendjari de maniere a assurer un mini- mum de resultats dans les trois ann^es im- parties. Cette sage decision s'est revelee tres efficace et demontre I'absolue necessite de proceder en matiere d'environnement par etapes coherentes et intensives. Cette reha- bilitation paraissait pour beaucoup une ga- geure compte tenu de la complexite des si- tuations (dont I 'aspect humain n'etait pas le moindre) et du cote plutot novateur de ce type d 'intervention dans le cadre des rela- tions Nord-Sud ACP-CEE. Obtenir et assurer le controle d'une si vaste zone relativement "perdue", arreter la disparition rapide des ani- maux et meme relancer une dynamique d'ac- croissement progressif, lutter contre les feux, maintenir un suivi logistique technique et scientifique efficace, enfin arriver a creer un mode de gestion rationnelle, tout cela parais- sait en 1985 peu realiste et bien utopique. II faut done souligner tout le m^rite de ceux qui, aussi bien du c6t6 de la CCE que de I'administration locale, ont su s'engager dans cette vole et faire aboutir le dossier. II nous faut aussi souligner I'attribution de la di- rection de projet a un tandem benino-euro- peen, expert en foresterie et ecologie. Sur un financement global de 1,5 milliards de CFA et avec un personnel fluctuant entre 150 et 250 agents (dont 3 assistants techniques fournis par le bureau AGRER), confier la ges- tion d'un tel ensemble a des "ecologistes" constituait sans nul doute un parti pris haute- ment meritoire quand on connait les reflexes administratifs k ce sujet, surtout 11 y a cinq ans. Pare National de la Pandjari Pare National du W secteur du Benin Cotonou ^'^jrg^ Des aspects novateurs. Tous ces engagements ne furent pas pris en vain car aujourd'hul le bilan est posi- tif, les resultats allant meme bien au-dela de ce qu'en attendaient les ecologistes eux- memes. En effet apres quatre annees effec- tives de projet, la zone Pendjari est rehabili- tee, au point d'etre devenue la premiere re- gion faunique d'Afrique de I'Ouest et sans nul doute parmi les premieres si Ton englobe I'A- frique Centrale. Cela ne veut pas dire pour autant que la partie est gagnee, loin s'en faut, car I'etat actuel de la problematique liee a la conserva- tion des dernieres zones naturelles africaines et qu'illustre parfaitement I'experience ac- quise avec le projet Pendjari, nous oblige k sortir r6solument d'une vision classique des choses pour aborder des aspects totalement novateurs mais incontournables pour qui veut assurer: -le developpement harmonieux des re- gions naturelles d'Afrique; -la preservation de la grande faune africaine. Nous analyserons plus loin les diffe- rents determinants generateurs de cette si- tuation et ce k la lumiere des acquis obtenus par le projet Pendjari. Comment le proces- sus de rehabilitation fut-il engage? De ma- niere a concretiser la preservation d'une zone en vue de sa valorisation, il est neces- salre d'effectuer un certain nombre d'opera- tlons dont la disposition temporelle a son im- portance. Differentes phases d'activit§s, soit concomitantes, soit successives furent eia- bordes de mani^re k conferer une assise fonctionnelle durable k I'ensemble. II est evi- dent que de construire des pistes sans dispo- ser des moyens humains pour les surveiller est tout aussi irrationnel que de s'^quiper en materiel scientifique onereux si on ne pos- sdde pas un reseau de pistes adequat pour faciliter I'acces et le suivi de la zone. Les differentes phases d'action se re- groupent en: -un contole strategique indispensable pour qui veut reellement proteger et assurer une relative perennite des acquis; -un contole scientifique sans lequel toute forme de gestion est Impossible faute d'indicateurs biologiques k meme d'orienter les strategies; -la realisation d'une dynamique locale grgice k laquelle, par I'approche systemique des composantes actives du systeme local de production et d'exploitation, 11 devient possible d'engager un reel developpement de la region. La mise en protection Pour assurer I'indispensable protec- tion du patrimoine naturel que Ton cherche k rehabiliter, un dispositif fut mis sur pied qui s'appuya sur la creation de brigade, compre- nant plusieurs hommes chacune (5^10), en- tierement equipees et disposees strategique- ment au sein du perimetre protege. Le dispositif se resume k: -une infrastructure avec des batiments en brousse pour le logement des agents et un reseau de circulation en peripherie et k I'interieur de la zone (pistes et ouvrages d'art); -un equipement complet pour rendre operationnelles les brigades et qui va de la tenue de brousse, aux armes, materiel de camping, d'observation et de transmission, jusqu'aux vehicules et engins a deux roues; -une planification des activites basee sur des programmes de patrouilles et d'em- buscades mensuels et organises de maniere structuree sans entraver I'initiative. Les resultats obtenus k partir du dispo- sitif mis en place sur 1 1 brigades s'illustrent par: -I'interpellation depuis le debut du pro- jet de plus de 800 braconniers, avec 200 sai- sies d 'armes perfectionnees et de traite (avec 1/5 de recidivistes); -le recouvrement de 15 millions CFA d'amendes; -un total de 73 hommes/mois de peine de prison ferme (la plus forte peine infligee fut de 2 ans d'emprisonnement pour bracon- nage k reiephant). Outre la construction des locaux des 1 1 brigades, I'amenagement de 250 kms de piste avec plus de 80 ouvrages d'art fut effec- tue. Le suivi scientifique La gestion Une fois r6alis6e la mise en protection il devint n6cessaire de pouvoir apprecier les diff^rents parametres ecologiques pour sui- vre revolution des milieux et finaliser les ame- nagements en consequence. Car il apparut rapidement que face k la degradation constante des ecosystemes, il fallait reclier- cher des modes d' intervention capable d'en- rayer les dynamiques regressives en place. A partir d'un certain seuil les desequilibres fonctlonnels, qu'ils soient generes par des causes anthropiques ou naturelles, induisent des processus alteragenes de type dissipatif qui ne peuvent qu'augmenter de fagon expo- nentielle I'entropie generate du milieu. II de- vient done obligatoire "d'amenager" la na- ture. Pour cela des etudes furent program- mees pour etablir les parametres indiciels ci meme d'identifier correctement les niveaux d'interaction specifique sur lesquels il faudra intervenir. Un personnel qualifie a ete recrute (collaboration universitaire), du materiel spe- cialise achete, une logistique mise en place avec vehicule et station en brousse et un dis- positif de suivi defini. Avec une dizaine de programmes d'e- tude en cours dont certains ont deja donne de bons resultats: cartographie, dynamique spatiale de la faune, impact des feux, eco- ehologie d'especes menacees..., la redaction de memoires universitaires, la realisation d'herbiers de reference, de recensements fauniques, etc., le projet a dej^ acquis des elements d 'appreciation tout k fait determi- nants. Cependant retude du monde vivant requiert toujours des echelles de temps rela- tivement longues et bien des etudes restent k finaliser. En s'appuyant sur les donnees eiabo- rees par le volet precedent un certain nom- bre d'actions purent etre engagees qui reie vent d'une gestion rationnelle de la zone: -gestion des feux (zonation, mise k feu precoce...) -gestion des points d'eau (rehabilita- tion des mares) -amenagement des activites touristi- ques (orientation des parcours, construc- tions legeres d'observation...). Si avec le remarquable amenagement de la mare Bali qui a ainsi retrouve tout son potentiel attractif et ecologique au centre du pare, le projet a demontre I'efficacite de la methode, il n'en reste pas moins que la ges- tion doit aussi englober la dimension hu- maine avec I'amenagement des zones perl- pheriques. La conservation et la valorisation de toute zone naturelle dependent tout au- tant de I'effort consenti pour la proteger effi- cacement, que de celui destine k rallier les populations locales (puis nationales) a I'inte- ret de celles-ci. Dans ce dornaine le projet ci cherche k sensibiliser les riverains et a libere pres de 20 000 ha pour la production agri- cole a la demande des villageois en limite de la reserve. Seulement, cette phase d'actions reste la plus deficitaire, essentiellement parce que la chronologie des activites du projet et les moyens dont il dispose ne la rendent ope- rationnelle que pour la periode actuelle. Grace a la synergie de toutes ces ac- tions la faune vit ses effectifs s'accroitre rapi- dement, ce qui permit au troupeau general de retrouver des valeurs d'il y a une quin- zaine d'annees, lorsque les reserves de la Pendjarl etaient encore florissantes. Le ta- bleau ci-apres ou figurent les dernidres esti- mations obtenues par recensement, donne ia mesure de la rehabilitation quand on salt qu'il y a seulement huit ans les chiffres ^talent moitid moindres et parfois encore plus faible! Avec une biomasse de 2,6 T/km^ le Pare Na- tional de la Pendjari devient le premier pare ouest-afrieain (Como6 = 1,4; Kainji = 1,2; Ar- ly=1,8). 'arc National de la Pendjari 'endjari National Park Estimation des populations/ Population estimates ilephant 400* Hippopotame/Hippopotamus 250* 'hacoch^re/Wart nog 2500 3uffle/Buffalo 5000 -lippotrague/Roan Antelope Juoale/Hartebeest 5000 7000 Damalisque/Hunter's Hartebeest Cobe deiassaAVaterbuck 250? 5000 :obe de Buffon/Kob 11000 ^edunca/Reetbuck 500? Durebi/ Oribi 1000 Cephalophe/Duiker 1000 * Superficie zone d'inventaire/ Area of survey zone =1740km^ ? Estimation provisoire/ Provisional estimates Le touriste ne s'y est d'aiileurs pas trompd qui a su rapid^ment apprdeier le nombre mais aussi la quality des animaux (robe et corpulence) et ieur tr6s faible di- stance de fuite (entre 20 et 100 m). On est ainsi pass6 de 1000 touristes en 1986 k 3200 en 1989 et le mouvement continue! Tout ceia est trds eneourageant et concretise le travail de toute une §quipe dont la motivation n'a pas faibli. Seulement cette experience a eertes d^montre la fiabilite de certaines methodes, mais elie a aussi g^n^re des contradictions qui nous am^nent k poser un probieme tout k fait fondamental. Le Pare National de la Pendjari voit sa faune s'accrof- tre, I'impact destructeur des feux incontr6l6s disparaitre et la dynamique regressive de ses points d'eau etre de plus en plus enrayee. II redevient petit k petit un Hot de nature, cartes bien sympathique, mais en fait 6 combien isoie du flux general d'evolution de I'ensem- ble du monde rural qui I'enserre! Car k quel- ques kilometres de la limite de I'aire protegee I'eeologiste passe d'une planete k une autre. Inutile d'insister ici sur retat dramatique de degradation envoronnementale (environne- ment biologique comme social et economi- que) de cette autre planete. Ses bilans eata- strophiques sont aujourd'hui (enfin!) sur les bureaux des decideurs... Alors maintenir a un cout de toute fagon eieve une oasis de nature protegee au milieu d'un ensemble k la deterioration aussi implacable que continue... a-t-il un sens? A court terme peut-etre, mais ce type de raisonnement n'est pas de notre propos. L'avenir de la grande faune africaine et celui des populations rurales est condition- ne par une probiematique dont I'urgence in- terpelle sans doute le court terme, mais dont la nature et la dimension relevent du long terme. Le conflit parc-population Car dans bien des pays d'Afrique noire le monde rural apparait de plus en plus comme le seul echappatoire possible k la ter- rible crise conjoncturelle et structurelle qui secoue le continent. Un mouvement de re- tour k la terre (seule solution k la crise du chomage) se dessine et s'amplifie actuelle- ment, que tout gestionnaire de I'environne- ment et done de I'espaee doit observer avec beaucoup d'attention. Dans sa premiere phase le projet a us6 de ses droits repressifs pour endiguer une si- tuation hautement prejudiciable k la richesse et a la perennite des milieux concernes. Pas- sage oblig6, le systeme repressif a done de- montr6 son efficacit^, mais une efficacite conditionnelle. Pour les populations locales la perception actuelle du Pare ne peut etre que fortement negative: une suite d'interdits et un immense territoire apparemment riche soustrait k leur espace vital! Le conflit parc- population est un grand classique (et pas seulement en zone tropicale!) qui a nourri une abondante litterature et produit bien des modeles theoriques. Nous arrivons aujour- d'hui a une ech^ance cruciale pour la grande faune africaine qui va devoir resister dans les trente ann6es qui viennent a la plus formida- ble poussee demographique connue, et ce sur une terre tres pauvre par nature et bien peu productive. Si des a present on persiste a se contenter de theories (toujours bien in- tentionndes mais combien "fumeuses") sans resolument s'engager a appliquer des me- sures concretes, il est inutile de jouer la faune sauvage contre les populations rurales, on salt ce qu'il adviendra de la premiere. Mais se doute-t-on de ce qui attend les se- condes une fois detruit leur propre environ- nement, comme on peut I'obsen/er ici dans certaines contrees africaines? Car quand on dit que les reserves em- pechent les honnetes gens de consommer de la viande de brousse, n'est-ce pas un de- faut d'optique qui oublie tout simplement que sans la presence des reserves les vides fau- niques grandissants qui les s^parent fini- raient rapidement par recouvrir tout le terri- toire... et priveraient ainsi definitivement la population de toute possibilite d'approvision- nement en proteine animale sauvage? De meme que lorsque Ton cede 20 000 ha aux agriculteurs sur une zone de pro- tection comme k la Pendjari, et cela dans un souci "d'integration", on commet par defaut un acte prejudiciable tant que Ton ne sera pas capable de modifier les pratiques cultu- rales hautement alt6rag6nes d'une paysan- nerie trop d6pendante des lobbies qui ont si mal fagonne I'agronomie africaine. Aprds trois annees, les 20 000 ha sont mis k nu et suffisamment Erodes pour devenir improduc- tifs au point que les villageois reclament k nouveau des terres de la reserve, les esti- mant k juste titre fertiles, mais se refusant ap- paremment k lier cette fertilite k la protection dont elles beneficient. Avec une mentality qui relive plus d'un systeme de cueillette que de production peut-on raisonnablement envi- sager "I'integration" d'une politique patrimo- niale et environnementale dans le tissu rural africain? Les demarches conceptuelles en cause sont si eloignees des pratiques villa- geoises qu'il nous semble necessaire de re- penser totalement la question. Le paysan africain: un sursitaire? Des exemples existent comme ceux du Senegal (association Peuls-gazelle Dama dans le Ferlo), du Zimbabwe (soci6t6 de ges- tion de faune dans le district de Nyaminya- mi), du Burkina Faso (association villageoise de chasse) qui illustrent cette recherche ac- tuelle tendant k limiter sinon transformer completement cet antagonisme originel qui semble prevaloir dans les relations faune sauvage-populations rurales. Des approches specifiques comme celles sous-tendues f5ar les reserves de la biosphere (le pare de la Pendjari en est une) apportent des nfKXl6les de recherche d'int6gration qui ouvrent un champ de reflexion b^n^fique. Seulement k I'heure actuelle les ^h^nces sont si prcx^hes que des deci- sions doivent §tre prises. Int^resser les po- pulations k la protection et k la gestion des derniers ^osystdmes naturels d'Afrique, ce n'est pas m6diter sur les capacit^s des unes k comprende (sinon "assimiler") la n^cessit^ de I'autre. 1-a position actuelle de I'Afrique noire sur I'^chiquier ^conomique mondial, {'emballement incontr&i^ de la ddmographie, obligent k d'autres repdres qui font du pay- san africain et de son environnement un sur- sitaire. On ne sensibilise pas un sursitaire, surtout sur la necessity de protdger ce qu'il a toujours congu comme in^puisable! La question reste: r^habiliter une zone naturelle est possible, i'exemple de la Pend- jari le ddmontre, mais est-ce viable si Ton ne rdhabilite pas de mdme les zones environ- nantes? Et rdhabiliter les zones environ- nantes exige d'Stre capable de faire rapide- ment appliquer et des mesures conserva- toires et des mesures productives pour les sols, tout en apportant les elements de ges- tion k mSme d'influencer suffisamment les pratiques en cours. II est certain que les te- chniques de I'agrobioiogie et de Tagro^colo- gie (actueilement test^es prds du projet) tout comme la mise en place de gestion de terroir et de groupements villageois paysans auto- nomes sont des r^ponses k privil^gier (Cer- tains exempies de groupements paysans en zone sah^lienne, teis I'ONG 6S represented aujourd'hui un grand espoir). Mais I'effi- cience de teiles applications reste condition- r\6e k la capacity de former en consequence de jeunes generations d'agriculteurs. On s'achemine done vers une vision plus globale de la probiematique de gestion des demiers sanctuaires fauniques africains qui pour etre defendable devrait considerer les zones de protection et le monde rural comme un tout indissociable. II s'agira done de faire evoluer I'ensemble et non une partie de I'ensemble. Cela sera-t-il possible? II se- rait presomptueux de repondre ici k une question qui requiert plus de volonte politi- que que de moyens. Les d6cldeurs doivent etre rapidement conscients de leur responsa- bilite face k revolution historique du formida- ble capital "nature" de cette planete. On pourra alors envlsager de passer d'un sys- teme repressif qui a fait ses preuves a la Pendjari, k un systdme coop6ratif qui reste k inventer et ou seront sollicltes tous les inter- venants regionaux et locaux de developpe- ment. Tout en maintenant le dispositif "pare" comme illustre plus haut, le projet devra etre capable de s'appuyer sur les ONG, finaneer des programmes d'aecompagnement (hy- draulique villageoise, gestion des terroirs, stabilisation de I'agrieulture,...), intervenir ponetuellement par des rapports eooperatifs mais eontraetuels avee les communautes ru- rales. Par la suite il lui deviendra utile de re- chercher k "integrer" et "sensibiliser" les po- pulations k la probiematique environnemen- tale. Mais ce type d'aetlon implique des schemas coneeptuels qui d'une part restent pour beaueoup k definir, et qui d'autre part exigent des evolutions du monde rural afri- cain qui ne sont guere pereeptibles aujour- d'hui! Que deviendraient les 7000 bubales de la Pendjari si demain le projet s'arretalt...? Face k un monde rural d6structure, desequili- bre et totalement incapable de preserver ses propres ressources naturelles... peu de chose, heias! 10 Le tandem de I'avenir II est pr6vu de poursuivre ce projet Pendjarl en cr6ant un vaste projet regional sur le Bdnin, le Burkina et le Niger sur une su- perficie de trois millions d'hectares. Un tel changement de dimension, tout k fait exem- plaire, ne peut etre compris que s'il s'accom- pagne d'un changement de conception. Le sol et la faune d'Afrique (noire) constituent peut-etre pour le continent le tandem de I'a- venir dont I'un est naturellement pauvre et I'autre naturellement riche, s'il salt condition- ner son developpement a la preservation des deux. Car les deux sont exploitables et re- presentent les valeurs les plus sures pour autoriser un developpement fonctionnel, ra- tionnel et "adapte" au contexte africain ac- tuei. Le d6fi est 1^ et 11 nous taut y repondre avec application et m^thode car la gravite de la situation ne laisse guere de latitude. D'une part il faut gagner des territoires pour assurer la fiabilit6 du systeme de protection sur le long terme (la faune exige de grands es- paces), d 'autre part il faut rapid ement con- vertir le monde rural aux necessites de la gestion et de la preservation de son terroir, Sinon il est clair que I'aube du XXIe siecle se levera sur un paysage africain devast6, d'ou les pares, reserves, faune et forets auront dis- paru! Et par vole de consequence on aura ainsi d6finitivement hypotheque un formida- ble patrimoine de ressources biologiques, g6n6tiques et culturelles - inegale actuelle- ment sur les autres continents! (Pourquoi continuer k privilegier ostensiblement une politique d'accroissement d'un cheptel do- mestique bien peu productif car k seuil d'a- daptabilitd faible, peu resistant aux trauma- tismes 6cologiques et, de plus, d'Impact for- tement alteragene sur les milieux, quand existe d6ja une faune si parfaitement "int6- gr6e" et dont la gestion est possible et renta- ble (voir les ranchs de Nazinga/Burkina, Buf- falo/Zimbabwe, Galana/Kenya...)? Nous pouvons raisonnablement douter que le de- veloppement de I'Afrique s'en trouve amelio- r6. II va done falloir r6agir rapidement; I'aide d'un bailleur de fonds comme la CCE est precieuse et indispensable, I'encourage- ment certain, mais il reste aux hommes de terrain k traduire cet engagement en un sys- teme coherent, novateur et porteur d'espoir sur le long terme. L'etat actuel du Pare Na- tional de la Pendjarl aprds quatre annees de projet est certes une indeniable reussite, mais dont il va falloir transmuter les effets si Ton veut eviter un avenir de type oasien, ma- th6matiquement promis a une rapide dispari- tion par rupture synergique avec le monde rural qui I'encerclera progressivement avant de I'effacer irresistiblement. (*)Respectivement docteur en 6colo- gie et ingenieur forestier assurant la direc- tion actuelle du projet. D'apres LE COURRIER ACP-CEE n° 122. 11 LA RESERVE DE FAUNE DE NAZINGA Un modele, une source d'espoir ( See translation page 44 ) Gerard Sournia * Dans le Centre-Sud du Burkina, aux confins de la fronti^re avec le Ghana, a envi- ron 120 km au Sud de Ouagadougou la capi- tale, la reserve de faune de Nazinga erigee en "Ranch de gibier", t^moigne, sur plus de 1.000 km^, de la possible reconquete du mi- lieu naturel et de la faune en Afrique de I'Ouest. Entreprise en 1979 par le Gouverne- ment burkinab^ avec I'appui d'une ONG ca- nado-am6ricaine, support§e entre autres par I'Agence Canadienne de D6veloppement In- ternational (ACDI), ce projet pr^sente au terme d'une dizaine d'annees d'operation un succ6s Incontestable sous plusieurs aspects. A partir de I'observation de la grande resistance de la faune sauvage aux condi- tions de secheresse des ann^es 70 et des possibilitds d'am^nagement d'un vaste terri- toire. k I'^poque degrade et abandonnd par les populations, I'idee est n6e de consacrer une zone k la reconstitution de la faune ci des fins 6conomiques. L'id6e n'etalt pas nouvelle en sol, compte tenu de I'existence de telles initia- tives en Afrique orientale depuis plusieurs de- cennies. La particularite du projet de Nazin- ga emanait de son unicite en Afrique occi- dentale mais surtout de la volont6 d'associer etroitement les populations locales en res- pectant quelques regies elementaires : - recours permanent a la population lo- cale pour la realisation des travaux de prefe- rence h la machinerie lourde (ex. : ouverture de 600 km de pistes perimetrales et inte- rieures, construction d'une dizaine de petits barrages de retenue d'eau, etc.); - remise en vigueur effective des droits d'usage et des droits coutumiers des villages environnants concernant la peche artisanale, la chasse villageoise, la recolte de bois mort, de plantes mddicinales et de miel; - investissements modestes bases sur une utilisation rationnelle des competences et des materiaux locaux; 12 - developpement d'un vaste pro- gramme de recherche. Aujourd'hui, les falts demontrent le bien-fonde de la demarche pr^conisee : - la faune est revenue en abondance et, pour certaines esp^ces, les densites ob- servees sont les plus 6levees de toute I'Afri- que de I'Ouest. Les recents recensements de 1988 et de 1989 font apparailre la presence a I'lnt^- rieur des limites du ranch d'environ 12.000 grands herbivores dont 4.000 phacocheres et 450 elephants; en 1989, le troupeau d'ele- phants aurait diminue : 370 pachydermes ont ete recenses; cette diminution est due au fait que deux groupes auraient migre et se se- raient installes dans le Pare national Kabore Tambi (ex-Parc National de P6) voisin de Na- zinga. Line dizaine de cobs de Buffon avaient 6te introduits en 1983; lis sont aujourd'hui une quarantaine. - le tourisme se ddveloppe grace a I'at- trait que constitue I'importante population d'6lephants de la reserve et grace aux am6- nagements qui permettent de les observer avec une relative facility; la proximity de la capitale (moins de 4h de route) est 6gale- ment un atout non n^gligeable en faveur de la diffusion des activit^s toutistiques. Au cours de la saison touristique 1988/89, 2.000 visiteurs se sont rendus a ^ u^inga, dont 16% de nationaux (principalement des scolaires); les Frangais constituant la grande majority des non-nationaux. La duree moyenne du s6jour est de 48 h. (correspondant au conge de fin de semaine). Les tarifs de visites sont modules selon la nature du touriste : natio- nal, expatri^ resident, touriste. - des plans d'eau poissonneux permet- tent aux femmes des villages d'avoir acc^s k une activity remun6ratrice et k de nouvelles sources de proteines. (figure 1). - les observations scientlfiques accu- mul6es sont uniques en Afrique occidentale; Espece/Species Folds Moyen Av. weight kg (1) Population Ranch Density Density km2 Biomasse Biomass kg/km2 Population Ranch Density Biomasse Density Bloinass km2 kg/kni2 Buf fle/Buffalo bUO Hippotrague/ Roan Antelope 250 Waterbuck 200 Bubale/Hartebeest 163 Redunca/ReeCbuck AO Cuib Harnach^/ Bushbuck 40 Cephalophe de Grimm/ Common Duiker 10 Biomasse total/ Total blomass 137 1405 151 307 370 905 1691 0.17 1.74 0.19 0.38 0.A6 1.29 2.10 85 434 38 63 18 32 21 187 1986 264 1191 371 938 1934 1607 Estimation de la biomasse du Ranch de Nazinga (1985) Blomass Estimates Cor Nazinga Ranch (1985) 0.23 2.46 0.33 1.48 0.46 1.16 2.40 115 613 66 244 18 46 24 Totaux/Total 11275 1121 13089 1533 EKphant/Elephant 1800 216 0.27 486 325 0.4O 720 Nombre total/ Total number 11491 13411 2253 13 Rgure 1 : Activity trimestrielle de pSche (en homme-jour) Quaterly fishing activities (in man-day) - les salaires distribu^s ont notable- ment amelior^ les conditions sociales des populations; - les aspects sociaux n'ont pas 6t6 ne- gliges : cr^tion de pistes, de puits, d'ecoles, actions sanitaires, - le braconnage a 6t§ en grand partie endigud. L'expioitation du gibier a commence en 1988 et de la viande de brousse est dispo- nible sur le march§ urbain de la capitale. Les safaris de chasse sportive constituent, d'ores et d^j^, une source importante de revenus. Pour la saison 1988-1989, les recettes issues de la vente de viande se sont ^lev^es k prds de 20 millions de FCFA, les ventes d'a- nimaux captures ou vendus k destination de zoos ont rapport6 500.000 FCFA. Une somme de 1.200.000 FCFA correspondant k une partie des recettes des safaris-chasse a elle permis de r6cup6rer prds d'un million de FCFA. Les coOts de fonctionnement du ranch pour la m§me saison ont 6t6 inf^rieurs k 16 millions de FCFA. Les tarifs de vente de viande de gibier sont etablis suivant les baremes suivants : - dans les villages environnants : 300 FCFA le kg. - ^ P6 : 400 FCFA, - ci Ouagadougou : 800 FCFA le kg de quartier avant et 1 .200 FCFA le kg de quartier arriere (pour la viande de buffle et d'antilope) et respectivement 600 et 750 FCFA pour la viande de phacochere. Les taux d'exploitation variant en fonc- tion des especes : - 3% pour le redunca (cob des ro- seaux), le guib harnache, le cob defassa (wa- terbuck), le bubale et le buffle; - 4% pour I'hippotrague (antilope che- val); - 5% pour le cephalophe k flancs roux; - 9,5% pour le cephalophe de Grimm et I'ourebi; - 13% pour le phacochere. Nazinga c'est avant tout I'histoire d'un pari gagne, la demonstration reussie de la re- habilitation d'un milieu degrade au moindre coOt, une legon pour tous ceux qui, soucieux 14 I J »— . — ' = Zonedu •yx'i-T )c-».rv GHANA Situation du Projet / Project site de d^veloppement et de bien-§tre social, peuvent y puiser de riches enseignements pratiques et concrets. Nazinga serait-il le modele tant attend u vers lequel devrait tendre une nouvelle politi- que de conservation de la diversity biologl- que en Afrique de I'Ouest ? A defaut d'etre "le modele", c'est k n'en pas douter, I'un des modeles porteur de solutions et de reponses. C'est en effet la premiere experience du genre r6ussie en Afrique francophone et, a notre connaissance, le seul exemple actuel d'une bonne cohabitation entre les popula- tions locales, la faune sauvage et un milieu rehabilite ou ces memes populations trou- vent enfin leur interet. Avec le depart de I'equipe canadienne, il y a quelques mois, Nazinga sera desormais gere k part entiere par le Gouvernement bur- kinabe et devrait s'orienter vers I'autofinance- ment sans affecter ses quaiites fondamen- tales; un autre defi. II est Evident, malgrd tous les m6rites que nous reconnaissons k ce projet, que cer- taines faiblesses et/ou d^fauts subsistent; II faudra les corriger. II n'en demeure pas moins que Nazinga a apporte la preuve : - que la restauration de I'habitat naturel est possible sans necessiter obligatoirement d'6normes investissements; - que la Nature possdde une forte ca- pacity de r6g§n6ration pour peu qu'on lui ac- corde les repits necessaires pour qu'elle se reconstitue; - que le succes d'un projet ne repose pas non seulement sur {'importance des fonds investis mais depend avant tout de I'u- tilisation des potentialit6s locales (physiques et humaines); de I'implication et de la partici- pation effectives des populations locales; - que le temps de realisation d'un pro- jet d'am6nagement du territoire ou du milieu naturel necessite un Investlssement financer et humain qui depasse la durde habituelle des engagements de I'aide International clas- sique. 15 LE PRO JET AIR TENERE (Niger) ou la demonstration que milieu desertique, milieu degrade et protection de la nature ne sont pas antinomiques. Le projet de conservation et de ges- tion des ressources naturelles dans I'ATr et le T6n6r6 a 6t6 initio dans les ann6es 70, k un- moment ou les pays saheliens et organismes internationaux ont pris conscience de la si- tuation d6sastreuse de la conservation de la grande faune sahelo-saharienne. Apres des ann6es de surexploitation, de degradation du milieu, de competition in^gale et de seche- resse, la faune du Sahara et du Sahel etait sur le point de disparailre. R6unis en 1976, des experts de rUICN, du WWF et du PNUE ont congu un pro- gramme de rehabilitation pour cette faune. Parmi les recommendations, la conservation de populations existantes et de milieux pro- pices etait prioritaire. Parmi les zones recon- nues comme les plus aptes k accueillir des actions de conservation figuraient les eten- dues arldes et peu peupiees de I'ATr et du T6- n^re. uetude ecologique exhaustive de la zone et ies donn^es recueillies ont conduit k reiaboration d'un projet de protection de la nature. Ce projet a vu le jour en septembre 1982 et grSce k divers bailleurs de fonds, a pu se derouler jusqu'en mars 1987. Au cours de cette p^riode, de nom- breuses interventions ont eu lieu: creation d'une infrastructure technique et administra- tive, etudes scientifiques, activites de protec- tion et de vulgarisation, petite interventions de developpement rural, etc. Mais encore plus important, ,ces quel- ques annees ont permis de faire evoluer la philosophie du projet et la nature de ses in- terventions. En effet, bien que I'objectif origi- nal ait ete la conservation d'especes en voie de disparition, les initiateurs ont vite compris que la survie de la faune etait inextricable- ment liee a la sante du milieu. Or ce dernier etait loin d'etre en bon etat. II etait imperatif de penser a sa rehabilitation. Une approche moins sectorielle a ete concretisee par le developpement d'activites qui touchaient directement la population de I'Air, notamment dans les domaines de la construction sans bois, I'amenagement de bassins versants, la protection des jardins, la formation de secouristes, I'education envi- ronnementale... Cette nouvelle approche a ete consoli- dee par I'elaboration d'un projet de conser- vation et de gestion des ressources natu- relles beaucoup plus "integre". Cette phase d'activites a debute en avril 1987. Le projet en cours touche la plupart des grandes lignes de conservation (protec- 16 tion, Education, restauration, legislation.ren- forcement des structures). Le projet se compose, k I'heure ac- tuelle, de 3 grands programmes ou Elements, plus ou moins bien developp6s. Ces ele- ments sont des lignes d'approche, au sein desquelles existe un certains nombre d'ob- jectifs k court ou a moyen terme. La realisa- tion de ces objectifs se fait par le biais d'acti- vites bien definies qui correspondent, en gros, aux divers volets du projet. Les 3 ele- ments du projet doivent etre consideres non seulement comme essentiels pour atteindre le but final, mais aussi complementaires. Element I Element I Objectif Objective Sous-objecti fs : Secondary objectives Activites / Activities Element II Element II Objectif Objective Sous-Objectif s : Secondary Objectives Protection de la Nature Nature Protection La protection des ressources naturelles existantes dans I'Air et le Tenere. Protection of natural resources existing in Air and Tenere. inventaire des diverses ressources / inventory of the various resources creation d'aires protegees / creation of protected areas information et sensibilisation des populations / organization of public awareness campaigns contrdle des activites illegales / control of illegal activities recherche / research promulgation d'une legislation adaptee / promulga- tion of adaptable legislation campagnes de sensibilisation / public awareness campaigns decentralisation des responsbi lites de surveillance/ decentralisation of surveillance responsibilities renforceraent des structures et moyens d ' intervention reinforcement of structures and means of interven- tion Rehabilitation des reesources et de milieux degrades Rehabilitation of resources and degraded areas La rehabilitation des ressources naturelles (sols, flore, faune, etc.) degrades par les contraintes naturelles ou anthropiques . ^ Rehabilitation of natural resources (land, flora, fauna, etc.) destroyed by natural or human causes. mise en place d'une unite de suivi ecoiogique / Setting up of an ecological monitoring unit reboisement de zones d^gradees / replanting of degraded areas sensibilisation de la population locale / education of the local population encourager le processus de regeneration de paturages degrades / encouraging the regeneration process for degraded pasture analyse des causes de la degradation du milieu / analysing the causes of the degradation of these areas analyse des pratiques traditionnelles d ' exploitation des ressources naturelles / analysing traditional practices of exploitation of natural resources 17 Element III Element III Objecclf Activit^s / - recherche / research Activities - reboisemenc/ensemencement / replating/direct sowing am^nagement de bassins versants / development of watersheds mise en defens / complete protection r^introduction de la faune / reintroduction of wildlife sensibilisation des populations / education of populations vulgarisation de methodes de rehabilitation / extension work on methods of rehabilitation Utilisation rationnelle des ressources naturelles Rational utilisation of natural resources L' introduction et le developpement de techniques d ' exploitation des ressources naturelles compatibles h la fois avec les besoins de la population et avec les objectifs de conservation. Ce volet comprend la recherche d 'alternatives viables aux methodes traditionnelles quand celles-ci mettent en cause la per^nnite des ressources utilisees. Objective : Introduction and development of techniques on exploitation of natural resources that are compati- ble both with the needs of the people and the objec- tives of the conservation project. This aspect includes searching for viable alternatives to the traditional methods which do not ensure longevity of the resources used. mettre en place des systemes appropri^s d'utilisa- tion du bois / setting up appropriate systems for timber use developpement d'un tourisme rationnel / development of rational tourism amelioration des conditions des jardiniers / improvement of the conditions of gardeners une population formee h des methodes de gestion pratiques et utiles / training population in practical and useful management methods. Activit^s / - programme de construction sans bois / program on Activities construction without timber foyers amel lores / improved cooking stoves protection des jardins / protection of the gardens stages de formation (puisatier, f orgerons , magons , mecaniciens) / training courses (well builders, blacksmiths, masons, mechanics) . Sous-objectifs : Secondary objectives 10 ann6es de recherche, de tatonne- ments, d'interrogation, de changements d'o- rientation, d'approche et de philosophie per- mettent aujourd'hui de dresser un bilan fort encourageant et riche d'enseignements: -Depuis Janvier 1988, la reserve natu- relle Rationale de TAVr et du T6n6r§ a §t6 cr66e sur une superficie de 77.360 km^ (4§me du monde par I'^tendue); elle englobe une Reserve Naturelle Int^graie de 12.805 km^. - La faune a effectue un retour specta- culaire: il est aujourd'hui tres facile de pou- voir observer des gazelles dorcas et dama ainsi que des autruches (I'ATr-Tenere est de- venu la zone d'Afrique francophone ou les autruches sont les plus nombreuses); les mouflons, qui n'ont jamais ete reellement me- naces compte tenu de leur aptitude au ca- mouflage et k la fuite au milieu des chaos ro- cheux qui leur servent de refuge, ont aussi accru leurs effectifs. Meme constat pour les 18 pr6dateurs, le plus spectaculaire 6tant le gu6- pard, si difficile a voir, mais dont les traces paraissent de plus en plus frequentes. -Des guides-secouristes formes dans le cadre du projet effectuent certains soins primaires aupres des populations a I'occa- sion des tournees d'inspection et de surveil- lance; dans une zone a population nomade, dispersee, ou les moyens de communication vers des agglomerations disposant de cen- tres medicaux sont difficiles, longs et cou- teux, la presence de secouriste nomades ou semi-sedentaires apporte confort et s6curit6 aux populations. 23 secouristes sont actuel- lement operationnels. -Dans les jardins de I'ATr (r§put6s entre autres pour leurs champs de ble) des essais de diversification des cultures et d'ameliora- tion de leur conservation sont en cours; ainsi que la diffusion de techniques ameliorees de sechage des legumes. Des arbres fruitiers sont plantes et des reboisements de protec- tion sont effectues. -Des actions sont egalement menees pour consolider les puits dont I'effondrement et I'ensablement sont frequents et dont les methodes de creusement et de soutenement sont exagerement utilisatrices de troncs d'ar- bres; une demande similaire existe pour les puits pastoraux. -Dans le meme ordre d'idees, les champs de cultures et les puits sont proteges de la destruction par la "domestication" des cours d'eau affluant des grands appareils hydrographiques qui devalent des mon- tagnes comme de veritables torrents lorsque les rares mais violentes pluies de juillet et d'aout se deversent sur les reliefs dont cer- tains culminent k 2000m. Des mini-barrages ont et6 eriges le long de ces affluents avec la participation active des populations qui, en quelques saisons, ont pu constater le bien- fond^ de I'adoption d'une telle technique qui met leurs champs k I'abri des frequentes des- tructions. L'accumulation de terre en amont de ces retenues permet saisonnidrement d'effectuer quelques plantations d'autant plus appr^cides que, dans ces milieux si difficiles, la surface cultivable et la terre arable sont des denrees rares; I'infiltration est ainsi favo- ris§e aussi. Cette activity a d6but6 en 1987. Prds de 700 barrages ont 6t6 construits, re- presentant une longueur de pr^s de 5km. Le cout de revient de chaque minl-retenue est de 5.443 F.CFA (-h/- 1 10 FF); le cout par m6- tre lineaire §tant de 790 F.CFA ( + /- 16 FF). -Des techniques de construction en adobe non utilisatrice de materiaux v6g6taux (bois en particulier) basees sur la realisation de toitures en domes et en voutes offrant un meilleur confort thermique, ont 6t6 intro- duites et sont en train de se r^pandre ; des artisans-magons ont ete formes k ces techni- ques. L'ensemble des infrastructures du pro- jet (tant a Iferouane, ou est implante le siege du projet , qu'^ Tin Telloust) ont et6 erigees selon cette methode pour laquelle la popula- tion locale commence ci montrer un vif inte- ret; et ce d'autant plus que ces nouvelles constructions se revel ent etre beaucoup moins onereuses que les traditionnelles et moins destructrices du milieu, dans la me- sure ou la recherche de piece de bois neces- saires a la realisation des toits en terrasses n'est plus requise. Des notabilites locales ont adopts ce style de construction dans le- quel vont Egalement etre Edifies des infrastru- cures a caractere social et communautaire. -Le reboisement et ram6lioration des paturages constituent aussi une priorite du projet. Dans des secteurs mis en ddfens, des observations sont effectu6es sur la crols- sance et la regeneration naturelle des arbres, sur leur protection centre les animaux sau- vages. Les reboisements se font suivant la technique des demi-lunes; les essences utili- 19 s6es sont Acacia ehrenbergiana, Acacia rad- diana, Maema crassifolia. Les paturages quant a eux sont ameliores avec Panicum laetum et Panicum turgidum sur des zone- tests. -L' edification d'une r^glementation doit permettre de faire cesser, ou tout au moins de contribuer k faire notablement diminuer, les abus observes jusqu'alors dans ce do- maine. Les enfants des 6coles de I'ATr consti- tueront la prochaine cible des actions du pro- jet et un programme de sensibilisation congu selon le principe du projet d'education envi- ronnementale Walia (au Mali) fonctionne de- puis1989. Certes, tout est loin d'etre regie et beaucoup de chemin reste encore a parcou- rir avant qu'un tel projet soit totalement et de- finitivement operationnel: la sensibilisation des populations doit non seulement se pour- suivre, mais etre renforcee afin que I'ensem- ble du processus en cours soit parfaitement compris et assimile par leur majorite; le bra- connage.par exemple, bien qu'en tres nette regression, existe encore a I'interieur de la Reserve; I'equilibre entre les populations et I'utilisation qu'elles font de leur espace et de ces ressources n'est pas encore atteint... mais tous les parametres indiquent qu'un tel projet est sur la voie qui mene au succes et est en mesure de faire la demonstration que meme dans un milieu aussi austere et repute hostile que I'ATr-Tenere, la nature ne perd pas ses droits et peut faire bon menage avec les hommes, pour peu que ces derniers s'effor- cent d'en comprendre le fonctionnement et en respectent les mecanismes. Nazinga, I'Air-Tenere, deux approches, deux cas, deux demonstrations dont on peut esp6rer qu'ils puissent sers/ir d'exemples, de modules et etre reproduits ailleurs dans des conditions et des milieux similaires, pour peu que la volonte politique existe et permette de passer du "dire" au "faire". Seules les conditions pr6sent6es ci- dessus nous paraissent en mesure de sauve- garder les espaces proteges et pourront as- surer qu'a I'horizon du prochain millenaire ces memes espaces soient consideres autre- ment que comme des espaces a partaaer. Article a paraftre dans une publication collective in Les Cahiers d'Outre-Mer. CEGET. Bordeaux. Delegue Regional UICN pour I'Afrique de I'Ouest. B.P. 3215 Dakar (Senegal) 20 A SUMMARY REPORT ON THE BEHAVIOUR, ECOLOGY AND CONSERVATION OF THE OKAPI (Okapia johnstoni) IN ZAIRE ( Voir traduction page 48 ) by John A. Hart and Terese B. Hart Ever since its discovery at the begin- ning of tliis century, the okapi, {Okapia johnstoni) has remained one of the most eni- gmatic and mysterious of large African mam- mals. While the literature on captive animals is voluminous (see summary by GIJZEN & SMETS, 1974), the status, behaviour and ecology of okapi in the wild remains little known. In 1986, Wildlife Conservation Interna- tional (W.C.I.), in collaboration with the Insti- tut Zairois pour la Conservation de la Nature (I.Z.C.N.), began a five-year study of the oka- pi in Zaire. The objectives of this project were to determine the current status and re- lative density of okapi populations in eastern Zaire and to undertake the first detailed study of the behaviour and ecology of the species in the wild. In this paper we summarize results of the first three years of this project. This includes the study of a free-ran- ging population by radio telemetry in the Ituri Forest and preliminary surveys of popula- tions in several other areas of the species' range. Finally, we report on an important new effort to conserve the okapi in the wild. This is a continuing project. Presenta- tion and analysis of field data can be found in HART & HART (in press). Further reports are also in preparation. FIELD WORK IN THE ITURI FOREST Study area and methods The W.C.I. Okapi Project is based at the I.Z.C.N. Station de Capture et Elevage d'Okapi at Epulu (Station d'Epulu) in the cen- tral Ituri Forest (figure 1). Radio telemetry 21 studies of free-ranging okapi are conducted on the Edoro Study area (Terrain d'Etude d'Edoro), an area of 30 km2 located 25 km nortliwest of the Station and accessible by a small foot path. The Edoro Study Area contains a centrally located field camp and is covered by a grid network path system total- ling over 200 km. The Edoro Study area Is covered by a mosaic of upland and lowland primary fo- rests with scattered patches of old secondary forests more than fifty years old. The upland forest canopy trees are diverse. Major spe- cies include Cynometra alexandri, Fagara macrophylla, Erythropleum suaveolens, Als- tonia boonei and various Irvingiaceae. Swamp forests are dominated by Mitragyna stipulosa. The understorey of both up and and swamp forests is dominated by ever- green shrubs and tree seedlings. Members of the Rubiaceae, Euphorbiaceae, Sterculia- ceae and Sapindaceae are the most abun- dant elements. Dense stands of herbaceous Figure Marantaceae and ZIngiberaceae occur in swamps and in overgrown openings. Rainfall in the central Ituri averages be- tween 1 700 mm and 1 800 mm annually, with the driest month being January (BULTOT, 1971). New leaf growth in the understorey occurs in every month and peaks at the on- set of rains from February through April. Okapi are captured in concealed pits, then equipped with radio-collars and relea- sed. Two free-ranging animals that were col- lared in 1986 were subsequently darted, im- mobilized and their collars replaced in 1988. Descriptions of immobilization procedures and blood data of Epulu okapi will be presen- ted separately (DOLENSEK. ET AL, pers. comm.). Radio collars used on okapi have included Telonics models 500 and 600. Collared animals were either located remotely through triangulation or observed directly by approaching and following. Ob- servations of collared okapi have been made for two to three weeks each month since June, 1986. A total of over 700 hours of di- rect observation has been accumulated to date, with observation periods covering the entire 24 hour period. In addition to the research on the Edoro Study Area, we have begun surveys of okapi populations in other forest areas in eastern and north- ern Zaire. Assess- ments of relative oka- pi densities are made using browse and track indices calibra- ted against the known 22 population density on the Edoro Study Area. Field data for the study have been col- lected by present authors and B. BANANGA- NA. R. PETERSON, and K. SIKUBWABO. Behaviour Contrary to some earlier assertions (KINGDOM, 1979) we have not found okapi to be nocturnal. Collared animals have been recorded moving and feeding at all daylight hours. Most animals have exhibited a similar pattern with peaks of feeding activity during midmorning and later afternoon and a period of resting toward midday (SIKUBWABO, pers. comm.). Animals spent from 30 % to over half of each daylight period resting. A lactating female increased her feeding time and spent less time resting (HART & HART, in press). There was a tendency for animals to move during the first few hours of darkness. They then moved very little during the re- mainder of the night and did not become ac- tive again until after dawn. Nocturnal move- ments were more frequent on moon-lit nights. The collared okapl remained solitary most of the time. Observations of two ani- mals together accounted for about ten per- cent of our observations. Animals with adjoi- ning home ranges tended to avoid each other. Observations of two okapi in close proximity included mothers with their calves, and adult males with adult females. A mother and calf attended by an adult male were re- corded on two occasions. Groups of more than three animals together were never seen. Home range and use of space Since 1986, 13 okapi have been caught and collared on the Edoro Study Area. We have been able to accumulate dai- ly location and movement data over a period of at least three months for nine months (Ta- ble 1). We have inadequate data for four ani- mals : two emigrated from the study area shortly after capture and two have been col- lared for less than three months. Over the course of the study, the den- sity of collared and resident uncollared okapi has varied from 0.3 to 0.6 animals per km^ over in the study area. Sex/Sexe Age Number/Nombre Distance* (km) Area/Superf Icie (km2) Male Male Adult Adulte 3 4.0 1.6 to 10.5 Subadult Subadulte 1 0.8 2.2 Female Femelle Adult Adulte 3 2.5 2.9 to 5.1 Subadult Subadulte 2 1.2 1.9 to 2.7 Table 1 Tableau : Home range areas and daily ranging distances for radio- collared okapi on the Edoro Study Area, Epulu, Zaire 1; Domaines vitaux et distance de d^placement journaliere de I'okapi marqu6 de collier sur le Terrain d'Etude d'Edoro, , Epulu, Zaire. * Maximum stright-line /Distance maximum en de 1' okapi pendant distance separatin ligne droite entre une p^riode de 24 h g 24-hour locations. deux points de localisation eures . 23 Home range areas varied from 1 .9 km to 10.5 km^ for adult and subadult okapl. Adult males had the largest home ranges (over 10 km^) and were the most wide ran- ging, with 24 hour movements (straight line distance between consecutive 24-hour loca- tions) of up to 4 km. One very old adult male, in contrast, had one of the smallest home ranges (1 .9 km^) and the most restric- ted movements (greatest 24-hour movement less than 1 km). Adult, breeding, females had home ranges varying from 3 km^ to 5 km^, with greatest 24-hour movements of up to 2.5 km. Adult females had the most stable home ranges of any animals. Two breeding fe- males have used the same home ranges, wi- thout leaving, for over two years. Subadults of both sexes had smaller home ranges (from 2 km^ to 3 km^) and ge- nerally more restricted movements than adults; however, both young males and young females had a tendency to shift their home ranges. One young female emigrated from the area that she had used consistently for 9 months after capture and was never re- located, despite far-ranging searches. Two animals which were collared and shortly later left the study area were also young females. One was relocated after an aerial search, over 6 kilometers from where she was captu- red. A young male exhibited a different pat- tern than the females. (Beginning with a very small home range (1.3 km^) and restricted movements, he gradually increased his ran- ging area over the next two months to in- clude adjacent areas of forest covering 3.3 km^. We have limited observations on two calves less than a year old. Both remained within small areas inside their mothers' home ranges during the first two to six months after birth. Habitat and feeding Okapi were found in both upland fo- rests and lowland swamp forests on the stu- dy area. We found no evidence of consistent preference for or avoidance of either forest type by any collared okapi (HART &HART, in press). We have never found okapi in open areas removed from cover, such as large agricultural fields or wallows used by ele- phant and buffalo. Small treefall openings (50 m^ to 650 m^) and the edges of larger blowdowns had a higher percentage of available stems brow- sed than did the subcanopy understorey. Both the diversity and density of available browse is higher in gaps than in understorey; however, browse use in all habitats was pat- chy and, overall, very light. Even in gaps, an average of less than 1 5 % of available stems are browsed (HART & HART, in press). We have recorded over 100 species of understorey plants browsed by okapi. We have never seen fruit of fungi eaten, although this has been observed for captives held at the Station d'Epulu. Favored browse include a number of fast growing, heliophilic species such as Macaranga spp, Ricinodendron heudelotii, Trema orientalis and Musanga cecropioides. A number of subcanopy spe- cies are also browsed including several ebo- nies {Diospyros spp), Rinorea spp and Aidia micrantha. The most common understorey species, notably Sacaphopetalum dewevrei, Pancovia harmsiana and the seedlings of the dominant canopy species Brachystegia lau- renti. Cynometra alexandri and Gilbertioden- dron dewevrei, are avoided (HART & HART, in press). Monocots, with only a few excep- tions, are also not browsed. Thus the dense stands of Marantaceae and Zingiberaceae that occur in some swampy areas and in old 24 openings do not provide tiie okapi with a source of food. Tliere are several genera, notably Ma- caranga and Drypetes, in wliich there are marl