21 A QUES 2 08 » + - .. N nn © Publication / de l’Etat Indépendant du Congo 1903 NOTICES SUR DES PLANTES UTILES OÙ INTÉRESSANTES DÉMPATELORE. DEP CONGO PAR ÉMILE DE WILDEMAN, CONSERVATEUR AU JARDIN BOHANIOUE DETL'ÉTAT À BRUXELLES. I \® ge? Bruxelles DO G En vente chez Spineux et Cie 62, Montagne de la Cour. NOTICES SUR DES PLANTES UTILES OÙ INTÉRESSANTES DE LA FLORE DU CONGO Ÿ BOTANIQUE De Ca Re ARE ON Da AE PR AE PA À D Publication de l’État Indépendant du Congo. NOTFICES SUR DES PLANTES UTILES OÙ INTÉRESSANTES DE LA FLORE DU CONGO PAR É. DE WILDEMAN DOCTEUR EN SCIENCES NATURELLES, CONSERVATEUR AU JARDIN BOTANIQUE DE L'ÉTAT A BRUXELLES PROFESSEUR AU COURS COLONIAL DE L'ÉCOLE D'HORTICULTURE DE VILVORDE MEMBRE DE LA COMMISSION PERMANENTE D'ÉTUDE DU MUSÉE COLONIAL DE L'ÉTAT INDÉPENDANT DU CONGO BRUXELLES ! # IMPRIMERIE VEUVE MONNOM SERVSIURE 32, rue de l'Industrie PA C C U a "ne Y BOTA NT 1903 LE Te Lot : NA rer r A À ee - A7 ” MAT 8 107 SEKEGNA ou SACCAGNA (Bosqueia angolensis [Welw.] Ficalho). Les bois de teinture et ceux qui peuvent être em- ployés en ébénisterie, ont une grande valeur; il en existe plusieurs dans les forêts de l'État Indépendant du Congo, mais on ne connait malheureusement que très imparfaitement leur dispersion, leur degré de fréquence ou de rareté et pas du tout leur nom scientifique; aussi ne sont-ils guère exploités. M. le gouverneur Fuchs à, dans une notice sur le Mayumbe publiée en 1893 (1), signalé certaines essences dont le bois peut servir pour la teinture, la construction et l’ébénisterie, mais la nomenclature assez longue des noms indigènes et des usages, bien que renvoyant par- fois à des échantillons de bois déposés actuellement au Musée de Tervueren, n’était pas accompagnée de maté- riaux d’herbier permettant seuls une détermination scientifique. Parmi les bois de teinture M. Fuchs signale : Tahkula (amarante), Sekegna (Saccagna) (violet lie de vin) et Gulu (rouge-brunâtre). (4) Fucns, Le Mayumbe. Publication de l’État Indépendant du Congo, n° 10. Bruxelles, 1893. LIBRARY NEW YORK BOTANICAL GARDEN Rp = Par hasard, nous sommes arrivé à connaître l’espèce appelée Sekegna par les indigènes. Ce Sekegna sert non seulement comme bois de teinture, mais donne encore un bon et beau bois d’ébénisterie et, en outre, l'écorce laisse écouler un suc à pouvoir tinctorial très puissant. Voici d’ailleurs les notes fournies à ce sujet par M. Fuchs « Cette essence, qui donne un bois de toute beauté et de couleur lie de vin, est assez rare et n'est guère agglo- mérée. Les arbres très âgés seuls donnent un bois pareil à l'échantillon qui a été envoyé poli par le gouvernement central et qui provenait de la Lemba (oc. cit., p. 13).» « Cet arbre, dont l’écorce fournit un suc d'une vertu tincioriale puissante dont les indigènes se servent pour colorer leurs pagnes, leurs paniers et d’autres objets, donne un bois d’ébénisterie précieux d’une belle couleur lie de vin et produit également un fruit comestible dont les indigènes sont très friands. Ce fruit s'appelle Mon- genia. On le récolte à la saison des pluies (loc. cit., p.190= Ce « Sekegna, Sekena, Sekenia ou Saccagna - est le Bosqueia angolensis (Welw.) Ficalho (1), de la famille des Moracées (2). Avant de donner quelques renseigne- (4) Ficalho Plantas uteis de Africa Portugueza (1884), p. 271. (2) Bosquera ANGoLENSIS (Welw.) Ficalho (B. Welvitschii Engl.). — Arbre rameux, à rameaux extrêmes courts; stipules lancéolées, pétioles de 7-9 mm de long, lame foliaire de 9-10 cm. de long et 4-5 em. de large, oblongue, rétrécie à la base, à acumen triangulaire, obtus, nervures latérales primaires au nombre de 4 à 5 de chaque côté de la nervure médiane. Inflorescences solitaires à l’aisselle des de DR f ge nie ments sur les caractères et la dispersion de cet arbre, il nous faut signaler les divergences des botanistes sur le nom à donner à l'espèce. Le « Sekegna » ou « Muguenga ja muxito » de l’An- gola à été signalé dans le « Genera plantarum + de Ben- tham et Hooker (1880-1883, p. 370) comme Centro- gyne angolensis Welw., nom sous lequel Welwitsch avait distribué cette plante récoltée par lui pour la pre- mière fois en 1856 dans la Sierra de Alto Queta (An- gola). Le nom générique Centrogyne ne pouvant être admis par suite de double emploi avec Bosqueia Thou., trouvé à l’état de manuscrit par Baillon, mais publié par ce dernier déjà en 1863, M. Ficalho a, en 1884, créé le nom de Bosqueia angolensis. En 1898, M. le pro- fesseur Engler, n'ayant pas eu connaissance des données du travail de M. Ficalho, a décrit à son tour cette même plante sous le nom de Bosqueia Weliwilschii Engl. dans sa remarquable monographie des Moracées afri- caines (3). Ce dernier nom doit donc être relégué dans la synonymie, comme l’a fait M. Hiern (4); c’est bien sur le même numéro de l'herbier de Welwitsch que les deux déterminations sont basées. feuilles, réceptacle entouré de 5 bractées extérieures de 1 mm. environ de long, les intérieures atteignant 5 mm. Fleurs mâles à étamines filiformes. Ovaire immergé dans le réceptacle, à style dépassant les étamines, divisé en deux stigmates. Distrib. — Angola, Bas-Congo. (3) Enczer, Monog. Afrik. Pflanzenfam. und Gatt. I. Moraceae (1898), p. 36. (4) HierN, Catalogue Welw. Afr. plants Part. IV (1900) p. 1020. D 2 Le « Sekegna » est un arbre dont la hauteur varie, d'après les renseignements des voyageurs, de 7 à 20 mè- tres, à tronc droit, dépourvu de branches dans sa moi- tié inférieure ‘ou parfois rabougri, tordu, à couronne plus ou moins pyramidale, à branches étalées. D'après Welwitsch, un suc résineux, amer, un peu caustique et aromatique, exsude des parties âgées du tronc; primitivement blanc, ce suc se change assez rapidement en une résine rouge pourpre, mais Wel- witsch ne décrit pas les usages de cette résine. Notre regretté confrère Alf. Dewèvre, chargé par l'État du Congo d'une mission botanique, à aussi récolté cette plante, il a vu la résine, mais ne fait pas mention de ses usages. M. Luja, un autre chef de mission scientifique, a également rencontré cette plante dans le district des cataractes et a vu son latex blanc, mais ne parle pas de sa coagulation ni de son emploi. M. Fuchs est le seul qui, dans le passage rappelé plus haut #7 extenso, dit avoir vu les indigènes utiliser cette masse comme matière tinetoriale. Le fruit est drupacé, d’un jaune doré ou rougeûtre, un peu plus gros que le fruit de nos rosiers sauvages qu'il rappelle plus ou moins; il ne contient qu'une seule graine et est mangé par les noirs, mais tandis que M. Fuchs le signale comme très recherché, Welwitseh dit qu'il n’est pas très prisé et notre correspondant J. Gillet nous le décrit comme mangé par les indigènes seulement en temps de famine. Au Mayombe, c’est donc sous le nom de « Sekegna, Saccagna où Sekenia + que le Bosqueia angolensis est HS connu; dans l’Angola son nom est « Munguenga 10 muzito ou Muguengo io muchito »; dans l’État du Congo le fruit seul porterait lenom de « Mongenia ». Mais « Mon- genia » et « Munguenga » ne sont que deux facons dif- férentes d’orthographier le même nom. Si dans l’Angola on ajoute « io muxito +, qui signifie des bois, c’est pour distinguer le Bosqueia du Spondias Mombin L. qui est, lui, désigné par les mots : « Muguenga où Muguen- gue » ; nous ne connaissons pas les noms indigènes con- golais de cette dernière espèce. Si cet arbre n'est pas très abondant, nous ne con- naissons pas sa dispersion détaillée, il existe néanmoins dans diverses parties du Bas-Congo et même jusqu'à l'Équateur. Nous possédons, en effet, dans l’herbier du Jardin botanique de Bruxelles des échantillons de cette espèce provenant des localités suivantes : Mayumbe (bois rose), septembre 1893 (Ém. Lau- rent) ; Forêts du Mayumbe (bois rouge) août 1893 (lieut. P. Dupuis); Coquilhatville, 31 janvier 1896 (Alfr. Dewèvre'; District des Cataractes (forêts), 20 janvier 1899 . (Éd. Luja): Kisantu, 1900 (TJ. Gillet). En dehors de l’État, il n’est connu que dans l’Angola, dans la Sierra de Alto Queta et dans les environs de Sange. Cette dispersion fait supposer que la plante est plus 2-10 = répandue ; c’est pourquoi nous avons tenu à signaler la valeur de son bois, si elle existe au sud et au nord du fleuve Congo, elle se retrouvera sans doute dans le Congo français. Ce Bosqueia vaut donc la peine d’être recherché, outre le bois d’ébénisterie de valeur qu'il fournit on pourra tirer parti de l'écorce comme matière tinctoriale; celle-ci devrait, il est vrai, être étudiée, afin de savoir si ses vertus se conservent et si l'écorce séchée, séparée du tronc, peut encore fournir la subs- tance colorante. IT MUSANGA SMITHIL À. Br. où PARASOLIER Le « parasolier + est une des plantes les plus répan- dues de l'Afrique tropicale occidentale, où il existe de Sierra-Leone au Congo et jusque dans la région des erands lacs et partout constitue une des essences les plus caractéristiques de la forêt. Le Musanga est un arbre atteignant 15 mètres, dont les feuilles sont longuement pétiolées et divisées en 11-15 folioles disposées autour d’un point central. Son tronc, à écorce grisätre, à couronne épaisse, est sou- tenu par tout un échafaudage de racines aériennes (1). (4) Musaxca Suivant R. Br. — Arbre simple ou ramifié, atteignant 15 mètres de haut, à tronc de 40-60 cm. de haut. Racines aériennes atteignant parfois 2,5 de long. Pétioles atteignant 55-60 cm. de long. Les divisions du limbe disposées en rayons autour du sommet du pétiole, atteignant 40 cm. de long et 7-9 cm. de large, rétrécies vers la base et triangulaires aiguës au sommet. Inflorescences mâles longuement pédicellées, ramifiées, les fleurs mäles sont constituées par une enveloppe florale renfermant une étamine. Inflorescences femelles géminées à l'aisselle des feuilles, à pédicelle de 5-12 cm. de long, formant une masse ovalaire aplatie, les fleurs femelles sont serrées les unes contre les autres, l'ovaire est terminé par un pinceau de poils disposés radiairement. Distrib. — Mombuttus, Région des lacs, Sierra-Leone, Guinée supérieure, Sar-Thomé, Cameroun, Gabon, État du Congo. LE D LE ui Les fruits du parasolier sont comestibles et son bois est extrèmement léger; aussi les Européens de Sierra- Leone emploient-ils ce bois en lieu et place du liège et les Anglais ont-ils dénommé cette plante « Corkwood ». Les indigènes de certaines régions de l'Afrique font de ce bois des boucliers et des planches pour légères cons- tructions; la grande légèreté et la résistance assez considérable pourraient permettre l'emploi de cette plante pour la fabrication d’ustensiles de ménage. L'année dernière l'attention à été attirée de divers côtés sur cette plante. M J. Bernard l’a préconisée comme arbre d'ombrage dans les plantations de cacaoyvers. La rapide croissance de cette plante, qui peut être semée directement en place, permettra d’'obte- nir un ombrage suffisant pendant les 3 ou 4 premières années. Quand les autres arbres d'ombrage que l’on aura disposés entre les plantes seront suffisamment dévelop- pés, on devra supprimer le Musanga où Kombo-Kombo; celui-ci pourrait devenir nuisible par la forte quantité d’eau qu’absorbent les nombreuses racines aériennes qui se ramifient et portent la couronne. Ce grand déve- loppement de racines adventives est de première néces- sité pour la vie de la plante, elle possède en effet un système radiculaire souterrain très précaire et serait vite renversée si on venait à supprimer ces racines sup- plémentaires. M. É. Laurent, dans une intéressante notice intitulée « Plantes pour la soif » publiée par la Revue géné- rale des Sciences, a insisté sur la quantité de liquide qui traverse cette plante et qui peut en être extraite. Déjà 9 — on avait indiqué que les jeunes rameaux renferment beaucoup d’eau et sont arrachés par les singes qui les sucent; les noirs ont également su tirer parti de cette propriété. M. H. Lecomte, lors de son voyage au Congo français, a noté la grande quantité d’eau qu’un tronc coupé à une certaine distance du sol laisse exsuder : en treize heures il a pu réunir plus de 9 litres. Les nègres du Haut-Congo utilisent ce liquide dans les régions où l’eau est rare, sur les crêtes qui séparent les bassins des rivières, par exemple dans le pays des Bajandes, au nord du cours inférieur de l’Aruwimi. Des indigènes de cette région, enrôlés dans l’armée de l'État Indépendant, contèrent le fait à M. Laurent, lors de son passage à Basoko, en février 1896. L'’expé- rience suivante fut alors faite avec leur collaboration sur un pied de Musanga mesurant environ 30 cm. de diamètre. « Le 5 février, à 7 heures du matin, deux racines de grosseur moyenne furent sectionnées. Pendant une demi-heure l’eau a coulé des plaies, le phénomène a complètement cessé dès que la radiation solaire fut assez vive, par suite de la transpiration. « Le soir à 6 heures, au moment du coucher du soleil, on a placé des récipients sous les deux racines coupées le matin et sous une troisième racine plus grosse qui venait d’être coupée. Le lendemain matin, à 6 heures, celle-ci avait fourni 2,5 litres d’eau et chacune des deux autres environ 1 litre. « Le même jour, à 6 heures du soir, on replace les récipients sous les trois racines mises en observation ; mes EU ee collaborateurs renouvellent. les sections de la grosse racine et de l’une des deux autres, puis en frappent avec force les tronçons restés adhérents au tronc à l’aide d'un morceau de bois. L'observation leur a appris l'utilité de ces deux opérations : La première met à nu les vaisseaux non desséchés, la seconde à sans doute pour effet de détruire les bouchons gommeux qui se forment dans les vaisseaux et qui en déterminent la fer- meture. « Le 7 février, à 6 heures du matin, des deux racines dont les plaies avaient été rafraichies, la plus grosse avait donné 4 litres d’eau et l’autre 2,5 litres. Mais les deux bocaux qui avaient servi à recueillir l’eau avaient débordé, les chiffres indiqués sont donc inférieurs aux volumes d’eau exsudée. Quant à la troisième racine, qui n'avait pas été coupée à nouveau et n'avait pas reçu de coups, elle n'avait émis que quelques centimètres d’eau. « À 6 h. 1/2, la grosse racine donnait 140 grosses gouttes par minute, et cependant le soleil montait à l'horizon et ses rayons devenaient ardents. Au soir, les sections des trois racines furent ravi- vées. Le lendemain matin, la grosse racine avait rejeté 9 litres d’eau et chacune des deux autres 500 cm. cubes. Le 13 février au soir, M. É. Laurent renouvela les sec- tions des racines coupées huit jours auparavant, mais elles étaient taries. Les nègres Bajandes qui se fixent loin des rivières et des sources se procurent l’eau de boisson et celle nécessitée pour la préparation des aliments en entail- < 2-4 HE) «LM Si en ACTES : .n re: je É À k ! , OS Ca ré ET PURE acines aériennes des Musanga de la forêt. mille possède un certain nombre de ces fournissant chacun de l’eau pendant 5 ou æ Ve III UNE PLANTE OLÉAGINEUSE DE L'AFRIQUE TROPICALE M. Milliau a attiré l’attention, dans une étude publiée dans le premier numéro du Bulletin du Jardin colo- nial de Nogent-sur-Marne, sur l'huile de « Téné-Fi ». De nombreux échantillons de la plante productrice de cette huile provenant du Fouta-Djalon avaient été expo- sés au pavillon de la Guinée française, à l'Exposition universelle de 1900. C’est l'Æyptis spicigera Lam., qui existe non seulement en Afrique, mais encore dans l'Amérique tropicale (1). D’après M. Noirot, les indigènes du Fouta utilisent les graines de cette plante pour Ja matière grasse qu'elles renferment. Le nom indigène signifie, en langue sousou, sésame noir. La plante n’a cependant rien de commun avec le Sesamum. (1) Hypris spiciGera Lam, — Plante herbacée, à tige dressée, rameuse, glabre, à angles plus ou moins accrochants. Feuilles pétio- lées, ovales-acuminées, dentelées sur les bords, glabres sur les deux faces ou légèrement pubescentes; inflorescences spiciformes termi- nant les tiges et les rameaux, épis cylindriques de 2 à 5 cm. de long et 6 à 12 mm. de large. Corolle petite, blanche, à peine plus longue que le calice, celui-ci plus ou moins épineux, à dents plus courtes que le tube et mesurant à l’état fructifère 4 à 5 mm. de long. Distrib. — Afrique tropicale, Madagascar, Brésil, Antilles. HR Déjà Émin Pacha, lors de son passage dans le nord de l’enclave de Lado, dans les environs de Dufile et dans le pays des Djur, avait remarqué cette plante que les indigènes cultivaient abondamment et qui leur fournis- sait une très bonne huile; elle est cultivée souvent en même temps que le sésame. Dans la région des lacs, au nord du lac Victoria, l'expédition de Speke et Grant a rencontré également cette plante dénommée « Neeno >; elle y est cultivée pour les graines qui sont mangées rôties et dont on extrait une huile comestible. Dans le pays des Bongos cette espèce dénommée « Kindi », est également cultivée, d’après les indications de M. le professeur G. Schwein- furth. L'Hyplis Spicigera existant dans plusieurs régions de l'État Indépendant du Congo, on l’a signalé en effet : dans le pays des Mombuttus (G. Schweinfurth), dans la Lulonga (A. Dewèvre), à Towa (capt. Des- camps), à Kisantu (J. Gillet), mérite d'attirer l’atten- tion. On n'a cependant pas indiqué de propriétés oléagi- neuses chez cette plante au Congo. Dewèvre, dans les notes jointes à son herbier, rap- porte que cette Labiée, à forte odeur de menthe, est bouillie dans l’eau et que les indigènes se lavent avec le décocté pour guérir les maux de tête. L'A. spicigera est une plante annuelle atteignant 60 à 80 cm. et même 1 m. de hauteur; ses tiges qua- drangulaires sont parfois munies de petits aiguillons crochus et ses petites fleurs sont disposées en inflores- 8 OR |: 1 cences terminales compactes. Les indigènes se bornemit souvent à récolter les graines des pieds qu'ils rencon- trent spontanés. On a essayé dans les colonies fran- çaises de l'Afrique occidentale la culture de cette plante; à Detin, d'après les renseignements fournis par M. Teis- sonnicr, on à obtenu un rendement de 145 kilogs à l'hectare et au Jardin d'essai 125 kilogs seulement. Les plantes que l’on rencontre dans les environs des habita- tions des indigènes sont peu ramifiées, de telles plantes fournissent un rendement plus considérable. La culture de cette plante pourrait ètre de quelque intérêt; aussi, faut-il corseiller de faire un semis en ligne ou à la volée, comme le préconise M. Dybowski. D’après tous les renseignements obtenus, les plantes croitront plus serréces après semis direct qu'après repiquage. Les soins à donner sont des soins de propreté. Le semis fait en juin, en terrain léger, argileux-siliceux, non raviné à la saison des pluies, pourra être récolté en novembre- octobre. Cette récolte devra être faite avec soin, car les grain®s tombent facilement, il faudra couper à la fau- cille et étendre les plantes sur des toiles afin de ne pas trop perdre de graines. Comme les premières inflores- cences sont les plus belles, il faudra faire la récolte avant maturité complète. Les graines de cet Hyptis, épuisées par le sulfure de carbone, ont fourni 37.32 p. c. d'huile. Cette huile était d’un jaune ambré, de fluidité moyenne, complètement soluble dans l’éther, la benzine, le chloroforme, le sulfure de carbone; son odeur rappelle beaucoup celle de l'huile de lin. EC nee M. Milliau a déterminé comme suit les constantes chimiques de l'huile de Téné-Fi : Indice d’iode des acides gras insolubles (nombre de grammes d’iode absorbés par 100 grammes d'acides gras). . Saturation des acides gras insolubles (nom- bre de centimètres cubes de liqueur nor- male de soude absorbés par 50 grammes Hctesoras) ns 0. Indice de Kættsitorfer (nombre de milli- mètres de KOH absorbés par 1 gramme d'acide gras insoluble en présence d’un excès de KOH et après ébullition de cinq LU OO RE UP Chiffre d'acide des acides gras insolubles (nombre de millimètres de KOH néces- saires pour saturer 1 gramme d'acides ES neolibles) Toni se VUE Lo re 17,3 203 193 L'huile de Téné-Fi a une densité considérable, 943.6: elle suit immédiatement l'huile de ricin dont le poids spécifique est de 965. L'huile de bois (æcood oil) a une densité de 9419, celle de lhuile de bancoulier est de 939.7. Si l’on met en regard les constantes physiques et chimiques de l'huile de Téné-Fi et celles de lhuile de lin, on trouve entre les deux de grandes analogies. Il ne sera peut-être pas sans intérêt de reproduire ici le tableau de ces constantes, donné par Milliau : 2 op = Huile de Téné-Fi, Huile de lin. Densité 070. 2 CORRE 982.5 SALUTATIONT 20.0 AE 11e 17.9 Indice d'iode - . 2 A 153 à 162 » de Kœættstorfer . . 203 188 à 195 Poids moléculaire des acides GTAS CET NN Ne Se NC 280.5 Chiffre d'acide des acides PAS APS De TA ER 200 BSICCALIVILÉS KES PR RROMIEee 15 L'indice d’iode de l'huile de Téné-Fi est le plus élevé que l’on connaisse; cet indice permettait de prévoir pour l'huile une très forte siccativité, ce que l’expé- rience a prouvé. Il résulte des expériences faites par M. Milliau que cette huile ne peut pas être utilisée avec avantage dans la stéarinerie, par suite de la trop forte proportion d'acides gras liquides qu’elle contient et de sa grande siccativité. Elle ne pourrait guère être employée en savonnerie, Car ses propriétés siccatives lui font donner un savon se gardant mal et qui après huit jours d'exposition à l'air et à la lumière se décompose, devient jaune et répand une odeur forte rappelant celle de l'huile de lin. Mais il est probable que l'industrie des vernis gras pour la peinture pourrait tirer parti de la forte siccativité de cette huile, si elle peut être fournie à bon compte et amenée en quantités suflisantes sur lé marché. D'autres espèces du même genre existent également PE er au Congo ; on y rencontre par exemple l'Ayplis capi- lala Jacq., une espèce également répandue dans les au- tres régions tropicales et qui était employée à la Marti- nique comme tonique et excitant; l'Hyplis brevipes, qui se rencontre aussi au Congo, jouirait des mêmes propriétés et serait employé pour les mêmes usages à la Martinique et à la Réunion. IV UN PANDANUS DU BAS-CONGO PANDANUS BUTAYEI De Wald. (1). Dans sa remarquable étude sur les Pandanacées (2), M. le prof. O. Warburg cite sept espèces de ce genre appartenant à la flore de l'Afrique occidentale. Ce sont : P.thomensis de Saô-Thomé, ?. Heudelotianus du Sénégal, P. Welwilschii de l'Angola, P. candela- brum du Niger, P. kamerunensis du Kameroun, P. Bartlerianus de Fernando-Po, P. Teuszii du Ga- bon ; et ce qu’il est curieux de faire remarquer, c’est que, sur ces sept espèces, six appartiennent à un seul sous-cenre Sussea. Jusqu'à ce jour aucune espèce de ce genre n'avait été indiquée avec certitude au Congo bien que, au dire de certains voyageurs, il en existe plusieurs espèces différentes. Ce genre, fort mal étudié encore, mérite de fixer l’attention des collecteurs. Tout récemment, nous en avons recu une forme très cu- rieuse, dont, à défaut de matériaux en quantité suffi- sante, il ne nous est pas possible d'établir une dia- gnose complète. Ces échantillons, qui se composaient d'un capitule, qui s’est malheureusement pourri pen- (1) Voyez Revue des cultures coloniales, n. 92 (1902) p. 15. (2) Pandanaceae in Engler Das Pflanzenreich, IV, 9, 1900. dant le voyage, et de feuilles, avaient été récoltés à N’Lemfu par le R. P. Butaye, S. J., et font partie de la collection J. Gillet sous le n° 2250. Is étaient accom- pagnés d’une notice dans laquelle le zélé collecteur donnait les renseignements que nous avons réunis ci- dessous. Les troncs de ce Pandanus peuvent atteindre 10 em. de diamètre et mesurer 10 mètres de long. Ce ne sont guère que les vieux arbres qui donnent des fruits. Les feuilles peuvent atteindre une longueur de 4 mètres. Les indigènes les emploient à faire des nattes. Pour cet usage, la feuille est d’abord séchée au soleil ; on enlève ensuite la bordure épineuse et on découpe le limbe en lanières que l’on tresse. Les noirs en tres- sant disposent les lanières à angle droit, formant ainsi des carrés. Les indigènes font une véritable culture du Pandanus qu'ils multiplient et par semis et par bou- tures. Ces dernières se font facilement, il suftit de cou- per des extrémités de tiges aériennes et de les plan- ter dans des endroits marécageux, la bouture reprend très vite. - Quant aux racines aériennes qui se développent abon- damment dans cette espèce, comme dans les autres: du même genre, le R. P. Butaye en a observé de 5 à 6 cm. de diamètre, à extrémité obtuse, et mesurant. jusqu'à 7 mètres de long. La feuille serait non seulement utile pour la fabrication de nattes, mais pourrait servir de nourriture pour le bétail, après dessicca- tion. Il n’est pas sans intérêt de mettre en regard des ren- ER seignements que nous donne le R. P. Butaye ceux fournis par l'expédition de Loango. Au Congo, Pechuel-Loesche a observé, à la limite de la forêt de mangroves, deux espèces de Pandanus caractérisés par la largeur de leurs feuilles. Sur les bords du Kuilu, il a trouvé deux espèces à feuilles larges, qui atteignaient jusqu’à 6 mètres de hauteur. Il figure l’une de ces formes à la page 89 du premier volume (3) et décrit son fruit. L'autre espèce, plus rare, fut également observée en fruits. Pechuel-Loesche eut d’ailleurs l’occasion de voir, dans différentes régions, des formes diverses de ce genre; mais celle qui l’a le plus frappé est le + Riesenpandanus + qui se trouve figuré dans le volume 1, page 112. Ce Pandanus peut atteindre 6 à 8 mètres de haut et porte des feuilles atteignant 4 mètres de long; il a été trouvé dans les vallées d’érosion du plateau de Buala. Nulle part ce voyageur n'avait observé des Pandanus d'aussi grand développement et de telle beauté. Cette espèce serait très estimée par les indigènes, c’est avec ses feuilles qu'ils fabriquent leurs nattes. D'après cette courte description, on peut se deman- der si le Pandanus géant dont parle M. Pechuel- Loesche n’est pas le Pandanus sur lequel l'attention du R. P. Butaye a été fixée. La planche de l’Zxpédi- lion du Loango montre une plante rameuse, à racines aériennes fortement développées. Il est regrettable que (3) Die Loango ExpeïXition, ausgesandt von der Deutlschen Ge- sellschaft zur Erforschung Aequatorial Africas, 1873-76, III, p. 185. Es DER T- l’auteur ne nous ait pas donné plus de détails sur les mensurations. On a fort peu de données sur l’utilisation de ces plantes et c’est pour cette raison que nous attirons l'attention sur ce Pandanus. Dans le Loango, comme nous l’avons vu plus haut, les indigènes confectionnent avec les feuilles des nattes plus où moins fines; dans le Niger, ils en fabriquent des sacs et à San-Thomé, ces plantes servent aux mêmes usages, c’est même sur des nattes tressées en lanières de feuilles de Pandanus que l’on sèche le cacao. La facilité de culture de la plante du Congo mérite d’être prise en considération, et il ne serait pas impos- sible qu’elle puisse être faite en grand, dans les régions marécageuses. La même remarque a été faite par Wel- witsch pour la plante qu'il avait rapportée avec doute au Pandanus candelabrum et qui a été décrite posté- rieurement par M. Rendle sous le nom de ?. Welioit- schii (in The Journal of Botany, 1894, p. 324, pl. 347). La rapidité avec laquelle les fortes pousses prennent racine dans les places inondées est mise à pro- fit à Cabinda et ailleurs, dit Welwitsch, pour séparer du lit du fleuve, au moyen de pousses de Pandanus, de petites baies, dans lesquelles le poisson est retenu, lorsque le flot se retire. Mais il ne peut être question de rapporter la plante trouvée au Congo, au type découvert par Welwitsch dans l’Angola, car la plante de Welwitsch ne possé- derait pas de racines adventives et aurait d’ailleurs un tronc fort peu ramifié, ce qui n’est pas le cas CPR dans notre plante qui, au dire du R. P. Butaye, « se divise capricieusement en ramifications irrégulières et tordues, belles et semblables à de jeunes palmiers. Les drupes qui nous sont arrivées privées de leur enveloppe charnue, mesuraient, à cet état, de 4,5 à 5 cm. de long et rappelaient, par leur forme, les espèces de la section Sussea.Mais des six espèces de l'Afrique occidentale qui appartiennent à cette section Sussea, aucune ne parait cadrer, pour la longueur des drupes, avec les données que nous venons d'indiquer plus haut. Cinq ont des drupes qui ne mesurent pas plus de 3 cm.; seul le P. Heudelolianus posséderait des drupes de plus de 6 cm. de long, si l’on en juge d’après les figures publiées par Gaudichaud. M. Rendle a figuré (loc. cit.) la drupe d'une plante, qu'il rapporte avec doute au P. Heude- lolianus, et qui ne mesure qu'un peu plus de 5 cm. Jusqu'à ce jour ce P. Heudelotianus n’est connu qu’en Sénégambie et est fort mal représenté dans les herbiers, comme d’ailleurs la plupart des espèces de ce genre. Les feuilles de la plante qui nous occupe paraissent présenter des caractères assez spéciaux. Elles mesurent jusqu'à 8 cm. de large, ce qui n’est pas fréquent chez les Pandanus, et présentent vers la base et sur le dos une panachure assez curieuse formée de petites stries noires horizontales, mais ce caractère n’est pas con- stant et pourrait être dû à la présence de parasites; il ne parait pas avoir été signalé dans les autres espèces du genre. De nouveaux échantillons de Pandanus ont : été demandés en Afrique; mais, en attendant une solu- tion définitive, nous pensons qu’il peut être néanmoins OT = intéressant de signaler cette plante sous un nom nou- veau et nous l'avons appelée Pandanus Butayei, les caractères tirés de la grandeur des drupes et de celle des feuilles sont très suftisants pour lui donner un nou- veau nom. AVE QUELQUES TEXTILES INDIGÈNES DE L'ÉTAT INDÉPENDANT DU CONGO CELOSIA ARGENTEA ZL. (1). La première plante que nous signalons ici est com- mune dans toute l'Afrique tropicale; nous en avons vu des échantillons de presque tous les districts de l'État Indépendant ; elle est souvent cultivée comme légume. On la rencontre dans la brousse où ses épis parfois très allongés,d’'un blanc légèrement jaunàtre etargentélafont facilement apercevoir, aussi la plupart des voyageurs rapportent un échantillon d'herbier de ce Celosia. Jamais cependant nous n'avions trouvé signalée la valeur des fibres dans la famille des Amarantacées à laquelle cette plante appartient. D'après l’herbier et les notes qui l’accompagnent, reçus au département des Finances et du Domaine de l'État du Congo, et com- muniqués au Jardin botanique de Bruxelles, M. le capi- (1) CELosra ARGENTEA L. — Plante annuelle à tiges dressées, sim- ple cu rameuse, atteignant 50 cm. de haut, Feuilles alternes, lan- céolées, sessiles ou courtement pétiolées. rétrécies à la base, aiguës au sommet. Fleurs blanches en épis terminaux, de 6-10 cm. de long, garnis de bractées argentées. Distrib., — Régions tropicales des deux hémisphères. DO Le taine Duvivier a remarqué qu'à Nouvelle-Anvers, dans le district de Bangala, cette plante sert à faire des cordes solides. Cette espèce étant très répandue, de cul- ture facile, il y aurait lieu de soumettre ses fibres à l'expérience, peut-être pourrait-on les extraire facile- ment et les employer industriellement. CEPHALONEMA POLYANDRUM À. Schuim. En 1893, M. le professeur Ém. Laurent, lors de son premier voyage au Congo, découvrit dans le Bas-Congo une Tiliacée qui fut soumise à M. le professeur K. Schu- mann, du Jardin botanique de Berlin, et dans laquelle il reconnu le représentant d’un genre nouveau qu'il appela Ceplhalonema. Cette plante parait assez répandue dans l'Afrique occidentale, car elle a également été trouvée au Kameroun (Yaunde) par Zenker et figure dans la col- lection de ce botaniste sous le n° 1485. Depuis elle nous a été rapportée de l'État Indépendant du Congo par M. L. Gentil (district du lac Léopold IT), par M. le capi- taine Duvivier (Nouvelle-Anvers), par le frère J. Gillet (région de Kisantu, Bas-Congo). M. R. Schlechter, dans son dernier voyage en Afrique tropicale, l’a trouvée près du Stanley-Pool et notre regretté confrère Alf. De- wèvre avait rencontré la même plante à Coquilhatville, cn janvier 1896. Mais, bien que cette espèce soit répan- due, son usage comme plante à fibres n'avait point attiré l'attention des Européens. Le Cephalonema polyandruim K. Schum. est un arbuste qui peut atteindre 4 mètres de haut, à fleurs 130% « jaunes à quatre sépales et quatre pétales, à étamines en faisceaux ramifiés, à fruits à environ cinq côtes échinulées. D’après Dewèvre, il porterait à Coquilhat- ville le nom de Djicota et ses feuilles servent d’essuie- mains. M. le capitaine Duvivier aëcompagne l'échantillon qu'il à transmis à l'État de ces mots : Nom indigène Mokongi. De l'écorce les Bangalas font leurs pagnes. C'est de M. Gentil que nous tenons les renseignements les plus complets. Le nom indigène des environs du lac Léopold IT cadre avec celui de Nouvellé-Anvers. Voici, d’ailleurs, ce que M. L. Gentil a bien voulu ous communiquer : « Le Bokonge où Bekonge (1) est une plante textile dont les indigènes fabriquent des cordes très solides et très résistantes. C’est un arbris- seau que l'on distingue facilement à cause de la teinte rougeñtre que prennent les feuilles soumises à l'action intense des rayons solaires. De loin, on croirait voir un Acalypha. On la rencontre partout dans les plaines et les sous-bois non inondés du dis- trict de l'Équateur. Elle foisonne aux environs des vil- lages. Seul le liber est utilisé par les indigènes; ils vont couper des branches qu’ils fondent en deux et dont ils enlèvent l'écorce, l'épiderme est rejeté, le liber est ràâclé et séché au soleil. » La simplicité de l'extraction et le rendement considé- rable de cette plante pourraient peut-être faire utiliser en grand les fibres libériennes. (1) Mokongi, Bokongo, Behkonge ont probablement la même valeur. SE TA MANNIOPHYTON Mull.-Arg. Le genre Manniophylon, de la famille des Euphor- biacées, est exclusivement africain; les deux espèces qui le composent, M. africanuim Müll.-Arg. et M. ful- vum Muüll.-Arg., sont toutes les deux localisées dans l’Afrique tropicale occidentale ; elles sont très voisines l’une de l’autre et il ne serait pas impossible que l’étude de nombreux matériaux ne fasse fondre ces deux formes en une espèce. Quoi qu'il en soit, il semble que les indi- gènes confondent les deux plantes et leur donnent le même nom. Les plantes qui ont servi de base à ces observations ont été soumises à M. le professeur F. Pax, directeur du Jardin botanique de Breslau, bien connu par ses tra- vaux spéciaux sur la famille des Euphorbiacées. Sans entrer dans la différenciation des deux plantes, nous exposerons ici les renseignements que nous possédons sur elles. MANNIOPHYTON AFRICANUM Müll.-Arq. Un échantillon de cette espèce, récolté au mois de mai 1891 par M. F. Demeuse, dans le pays des Bangalas, est accompagné de cette note : « Écorce utilisée par les indigènes pour la confection de filets de pêche, fibre très résistante. » Plus récemment, M. L. Gentil rapporta la même plante du distriet du lac Léopold IT (Iboko) et nous com- muniqua les renseignements suivants : « Le N’Kossa (nom indigène de celte espèce) est une plante textile = agir que l'on rencontre partout dans le district de l’Équas teur. C’est un arbrisseau sarmenteux, rampant, dont les longues tiges parfois de 10 mètres de longueur, sont d'une grande résistance. Les feuilles trilobées ou cordiformes sont épaisses et rugueuses, pubescentes. L'écorce est travaillée comme celle du Bokonge. Par rapport l’une à l’autre, le Bokonge serait le lin et le N'Kossa le chanvre. » MANNIOPHYTON FULVUM Müll.-Arg. (1). C’est sous ce nom que sont déterminés, dans l’herbier du Jardin botanique de l'État de Bruxelles, deux échan- tillons recueillis par Alf. Dewèvre. Le premier est accompagné de cette mention : « Nom indigène Zaco- cha, Lacossa où N'Xossa. Latex blanc; l'écorce sert à faire des cordes. + Quand au second échantillon, les renseignements obtenus par Dewèvre sont relatifs à un (1) Les Manniophyton sont des plantes grimpantes, à feuilles alternes, pétiolées, stipulées, subcoriaces, entières ou lobées, à fleurs dioiques réunies en panicules axillaires, garnies de poils étoilés bruns ou roussälres-fauves. Le fruit est capsulaire, triloculaire. Les deux espèces africaines citées ci-dessus se ressemblent beaucoup, le M. fulvum se différencie surtout par son indument plus développé, à poils plus longs et par la forme de l'ovaire et du style; ceux-ci se carac- térisent : M. africanum : Ovaire hirsute, trigone-ovoïde; style profon- dément bipartite. M. fuleum : Ovaire strigilleux, trigone-globuleux ; style bipar- lite jusque vers le milieu. Les deux espèces sont spéciales à l'Afrique tropicale occidentale. CAPE Te emploi médicinal, mais il se pourrait que les noics ne puissent être rapportées aux échantillons. Ces deux plantes paraissent répandues et il semble que l’on pourrait essayer quelques expériences avec leurs fibres. L * Nous pouvons encore ajouter que les graines du Celo- sia argenlea ont été renseignées comme très efficaces contre la diarrhée. 11 semble que l’on ait pu en extraire une huile médicinale. Cette plante est aussi employée comme légume principalement en temps de disette, et constitue un bon fourrage pour les animaux domes- tiques. VI N’'GULU-MAZA BOIS D'ÉBÉNISTERIE ET DE CONSTRUCTION DU BAS-CONGO En 1896, M. Masui, secrétaire général de la section congolaise à l'Exposition internationale de Bruxelles- Tervueren, 1897, nous remit des fragments (accompa- gnés de croquis et de notes) d'un arbre, le N'Gulu- Maza, récolté dans le Mayombe par M. Diderrich. L'examen de ces divers matériaux nous amena rapi-. dement à la conviction que cet arbre, dont le bois est de très belle qualité, devait appartenir au genre Sarcocephalus et constituer une espèce nouvelle que nous avons dédiée au collecteur. Cette espèce était caractérisée en tout premier lieu par son calice et sa corolle tétramère. Le nom Sarcocephalus Diderrichir apparut ainsi pour la première fois dans le guide de la section de l’État Indépendant à l'Exposition de Bruxelles-Tervueren, 1897 (p. 4359). Depuis lors, occupé par d’autres travaux nous avons différé la publication de la description de cette espèce; ce n’est qu'à la suite de la réception d’un morceau de bois, très semblable à celui du N'Gulu-Maza, venant du Gabon et offert au Jardin botanique de Bruxelles par M. L. Pierre, que nous avons songé à reprendre cette description. Lu, GRR Nous donnons ci-dessous les caractères de ce Sarco- cephalus, en les détaillant autant que le permettent les matériaux que nous possédons. SARCOCEPHALUS DIDERRICHI De Wild. et Th. Dur. (1;. Arbre à racines peu étalées, très profondes, à tronc cylindrique, élevé, très droit, pouvant atteindre 50 et même 60 m. de haut, ramifié seulement vers son sommet, à écorce grenue, d’un gris brunâtre, à bois de couleur jaune, à aubier plus pâle que le bois. Feuilles simples, opposées, oblongues, entières, ne dépassant guère 7 em. de longueur, cunéiformes à la base et subaiguës au sommet, assez longuement pétiolées, à nervure médiane très proéminente sur la face inférieure. Inflorescence terminale formée de nombreuses fleurs sessiles réunies en un capitule sphérique, soudées par l'ovaire; calicerégulier formé de 4 lobes verts, petits, s’épaississant avec l'âge et soudés dans la plus grande partie de leur longueur, for- mant à la surface un cloisonnement polygonal irrégu- lier, persistant et devenant ligneux après la chute de Ja corolle; corolle tubuleuse, dépassant longuement le calice, à 4 lobes elliptiques, subaigus, verdâtres ; éta- mines au nombre de 4, sessiles, alternes avec les pièces de la corolle, verdàtres; ovaire infère terminé par un style allongé, assez longuement exsert, d’un blanc cireux, renflé en massue à son extrémité, visqueux. (4) in Th Musui « L'Etat Indépendant du Congo à l'Exposition de Bruxelles-Tervueren », 1897, p. 439; De Wild, in Rev. cult. col. n. 80 (1901), p. 7. et, Fruit globuleux composé, de 15 à 20 mm. environ de diamètre, brun, à péricarpe épais, vert intérieurement ; graines assez nombreuses, petites. Hab. — Forêt du Mayombe. OBs. — Nous n'avons malheureusement eu à notre disposition, pour l'étude de cette espèce, que des maté- riaux incomplets, des notes et les renseignements, assez nombreux il est vrai, fournis par M. Diderrich et con- servés au Département des finances de l’État Indépen- dant du Congo, service de l'Agriculture. Nous nous empressons de remercier M. le directeur Arnold de l'amabilité qu'il a eue de mettre ces documents à notre disposition. C'est d'après ces renseignements que nous pouvons donner sur cet arbre les indications suivantes : Le bois du N'Gulu-Maza, nom sous lequel il est connu au Mayombe, est employé par les indigènes pour la cons- truction de leurs canots. C’est lui qui a fourni le beau bois jaune dont sont faits les meubles et les boiseries du Musée du Congo à Tervueren (Bruxelles); il est d'un beau jaune clair quand l’arbre est jeune, il devient plus foncé avec l’âge. D'après les observations de M. Diderrich, le Sarco- cephalus qui lui a été dédié fleurit au commencement du mois de juin ;.il est très répandu dans toute la forêt du Mayombe et se rencontre en général dans les vallées; il constitue un des arbres les plus développés des forêts des bords du Chiloango, où les troncs de 2 mètres de dia- mètre ne sont pas rares; il atteint ce diamètre à l’âge de dix à treize ans. L'origine du nom indigène est assez AO RES bizarre : N’Gulu-Maza signifie « cochon d’eau » ; il tire- rait son origine du fait que l'écorce rappelle la peau du porc et de ce que l’arbre préfère les terrains bas et maré- Cageux. Nous avons eu, comme nous le rappellions plus haut, l'attention attirée à nouveau sur cette espèce, par les renseignements que nous communiquait M. L. Pierre; le fragment de bois qu'il avait envoyé à Bruxelles est connu au Gabon sous le nom de N'Bilinga, et il l'avait rap- porté au genre Sarcocephalus, sous le nom de Sarco- cephalus Trillesii, en l'honneur du R. P. Trilles qui l'avait récolte en novembre 1899; l'arbre mesurait 85 em. de diamètre et 25 mètres de hauteur. Ce bois est jaune et rappelle tout à fait celui du N’Gulu-Maza ; il est très usité au Gabon dans les constructions. Il est reconnu incorruptible et n’est pas attaqué par les insectes. Autre renseignement, qui à son intérêt : « On recueille de son écorce, nous dit M. Pierre, une liqueur rosée jugée sou- veraine contre la fièvre des bois. » Nous n'oserions certifier que notre S. Diderrichii est identique à la plante découverte par le R. P. Trilles, mais il y a cependant de grandes probabilités pour faire croire à cette identité, d'autant plus que M. Pierre a vu un échantillon de Sarcocephalus, provenant de Brazza- ville, paraissant devoir se rapporter à sa nouvelle espèce. Néanmoins, avant de nous prononcer, nous attendrons de nouveaux matériaux d'étude que nous espérons recevoir bientôt. Mais ce n’est pas la seule espèce de Sarcocephalus que nous ayons à signaler ; de l’avis de M. Pierre, qui possède sur la flore du Gabon-Congo des matériaux pré- cieux, il existe dans l'Afrique occidentale plusieurs espèces de ce genre; nous décrivons ci-dessous l’une d’entre elles, qui nous à été envoyée par le F. J. Gillet, de la Mission de Bergeyck-Saint-Ignace à Kisantu. SARCOCEPHALUS GILLETI De Wild. (1). Arbre à rameaux à écorce brunâtre, profondément sillonnée à l’état sec. Feuilles simples opposées, oblon- gues-elliptiques, entières, atteignant 26 cm. de long et 14 cm. de large, obtuses et subarrondies à la base, subobtuses ou arrondies au sommet, assez longuement pétiolées, à pétiole épais, de 3,5 cm. de long et de 4 mm. d'épaisseur, canaliculé supérieurement; nervure mé- diane creusée sur la face supérieure, nettement proémi- nente sur la face inférieure; nervures latérales au nombre de 9 environ de chaque côté de la nervure mé- diane, proéminentes en dessous, légèrement concaves au-dessus. Inflorescence solitaire, terminale, à pédon- cule de 2 em. environ de long, formée de fleurs nom- breuses sessiles, réunies en un capitule sphérique de 4,5 à 5 cm. de diamètre, soudées par les ovaires et les calices ; calice régulier à 4 lobes petits, épais, ces der- niers n’atteignant pas 1 mm. de long (parfois, mais rarement, 5 lobes), persistants, légèrement velus au sommet, devenant ligneux; corolle tubuleuse dépassant longuement le calice, à tube de 8 mm. environ de long, infondibuliforme, ne s’élargissant pas fortement à la’ (1) in Rev. des cult. col., n. 80 (1901), p. 8. gorge, à 4 lobes (rarement 5), de 2,5 mm. environ de long et de 1 mm environ de large, munis sur la partie médiane de la face supérieure de quelques poils appri- més, glabres extérieurement, de même que le tube ; éta- mines sessiles, alternes avec les pièces de la corolle, de 1,5 mm. de long, biloculaires ; ovaire infère terminé par un style filiforme de 14 mm. environ de long et muni à son sommet d'un stigmate ovoide-allongé ren- flé, villeux, de 2 mm. environ de long. Hab. — Bas-Congo: Kisantu, 1900 (J. Gillet, n. 1069). OBS. — Comme on pourra en juger en comparant la description ci-dessus avec celle que nous avons donnée plus haut, il y a entre le S. Diderrichii ct le S, Gilletii une différence notable dans la grandeur des feuilles ; il faut surtout tenir compte de la grardeur des inflorescences et des fruits; d’après les données ce M. Diderrich, ces derniers n’atteindraient guère plus Ge 2 cm. de diamètre, tandis que dans le S. Gillelai la partie centrale de l’inflorescence formée par les ovaires et calices soudés a, en plein stade de floraison, environ 2,5 em. de diamètre. L’inflorescence complète mesure jusqu'à 5 cm. de diamètre dans le S. Gilletu, tandis que chez le S. Trallesi Pierre elle atteint 3 cm. environ. Nous ne savons malheureusement pas exactement ce qu'est le diamètre de l’intlorescence du S. Diderrichri, mais d’après les données graphiques de M. Diderrich elle ne mesure certainement pas 3 cm. de diamètre, elle serait même beaucoup plus petite. 40 = Nous ne savons pas non plus si le bois de S. Gilletii est comparable à celui de M'Bilinga et de N'Gulu-Maza, ni si l'écorce est employée par les indigènes. *% M. le Prof. D' K. Schumann, du Jardin botanique de Berlin, a divisé dans son étude monographique des Rubiacées (in Engl. et Prantl, Natürl. Pflanzenfam., IV, 4, p. 59), le genre Sarcocephalus en deux sections : Eusarcocephalus K. Schum. et /latanocarpus K. Schum. La différenciation de ces deux sections est basée sur le calice’, dans la première, les lobes sont munis d’appendices filiformes, épaissis au sommet; dans la seconde, les lobes du calice ne sont pas appendiculés. Nous admettons volontiers ces deux sections, mais nous comprenons plus difficilement comment l’auteur fait passer dans la section Platanocarpus le S. cordatus (Roxb.) Miq. dont il figure le calice, entier et en coupe longitudinale, présentant des lobes très allongés, fili- formes, libres sur une assez grande longueur. Dans les trois plantes dont nous venons de parler : S. Trillesii Pierre, S. Diderrichii De Wild. et Th. Dur. et S. Gilletii De Wild., rien de pareil : les lobes sont à peines proéminents au-dessus des portions sou- dées, jamais filiformes, et n’ont jamais possédé d’ap- pendice terminal ; rien ne peut faire supposer que des appéndices soient tombés. Nous avons pu comparer à ces dernières espèces des échantillons nombreux du S. sam- bucinus (Winterb.) K. Schum. au même stade de développement et jamais nous n'avons observé dans 7e l'inflorescence de cette dernière espèce l'absence com- plète ni la chute rapide des appendices, qui nous ont paru persisier assez longtemps pour ne pas permettre de confusion ; d’ailleurs, le nombre de lobes du calice et de la corolle différencie semble-t-il assez nettement les trois espèces citées en premier lieu du S. sambu- cinus toujours pentamère, d’ailleurs très répandu au Congo. Quant au S. Russegeri Kotschy, dont on peut trouver un dessin dans les Reliquiæ Kotschyanaæ publiées par Schweïinfurth (pl. XXXIII), c'est peut-être une forme de la section lPlatanocarpus, bien que M. K. Schumann n’y puisse voir qu'un S. sambucinus dont les prolongements caliculaires seraient tombés. Il faudrait pour trancher la question pouvoir étudier les échantillons originaux. VII MELIA AZEDARACH Z. ou LILAS DES FALLS Le Melia Aredarach (À) n'est certes pas indigène au Congo comme on l'a parfois cru, mais il y a été intro- duit par la culture comme d’ailleurs dans la plupart des régions tropicales C'est un arbre pouvant atteindre 40 pieds de haut, à tronc assez court, dressé, à cou- ronne large, recouvert de bouquets de fleurs d’un blanc violacé, qui lui ont fait donner dans certaines parties du Congo Indépendant le nom de « Lilas des Falls ». Ce Melia parait originaire de l'Himalaya, où on le rencontrerait à l’état sauvage entre 2,000 et 3,000 pieds d'altitude. Il aurait été, croit on, introduit dans les régions méridionales des Indes par les mahométans; mais d'autres auteurs assez nombreux lui assignent comme patrie le nord des Indes, la Perse et la Chine. De l'Europe méridionale, où il à élé sans nul doute importé, le Melia Azedarach a été transporté aux États-Unis, après la colonisation de la Caroline et de (4) MerraA Azeparac L — Arbre pouvant alteindre 12 mètres de haut, à feuilles réunies au sommet des ramificalions, bipennées, à folioles ovales, aiguës, plus ou moins profoudément dentées ou lohées, glabres sur les deux faces, Fleurs disposées en panicules axillaires, dressées, rosées ou violacées, à odeur assez douce et agréable. Fruit drupacé de la grosseur d’une cerise. HI la Géorgie, régions dans lesquelles il s'est fortement répandu. Cette vaste dispersion, en grande partie artificielle, fait que cette plante, fréquemment employée comme arbre d'ornement, a été décrite sous toute une série de noms différents et l’on à essayé son emploi en phar- macie. Le Melia Azedarach croit rapidement, même dans des sols peu riches; cependant un terrain à sous-sol très humide nelui convient guère, car ses racines pourrissent assez rapidement. À l’âge de quatre à cinq ans, les plantes atteignent G à 7 m. de haut et parfois 50 em. de circonférence, portant pendant toute l’année des fleurs et des fruits. On ne connait guère encore la constitution chimique de ce végétal et c'est pour essayer d’élucider cette ques- tion que M. J. Oudenampsen a consacré une intéressante étude à la chimie du Melia Azcedarach, le « Xoan > des Indo-Chinois, « Mindi + des Indes Néerlandaises et de Chine, ou « Lilas des Indes, de la Chine, du Japon, de Perse et des Barbades +, comme il a été dénommé par les colons de ces divers pays. L'écorce desséchée du Melia Asedarach arrive dans le commerce, principalement en Amérique, en gout- tières; elle a environ 1 cm. d'épaisseur et possède une odeur légèrement aromatique, un goût amer et nau- séeux. Dans la pharmacopée des États-Unis de l'Amé:- rique du Nord, l'écorce est décrite avec soin et on la considère comme un anthelmintique assez éner- gique. M 2 M. Oudenampsen à, dans le travail auquel nous axons fait allusion (1), résumé en grande partie les propriétés qui ont été attribuées un peu partout à cette plante. Dymock, dans le /’harmacographia Indica, rap- porte que l'arbre exsude une gomme qui a beaucoup de rapports avec celle du Melia Azedarachta, une espèce du même genre qui n’a pas une dispersion aussi vaste. On peut extraire des fruits du Melia Azedarach, par expression, 50 à 60 p. ©. d’une sorte de graisse d'un jaune sale, devenant assez rapidement rance et se liqué- fiant vers 32 degrés. Cette huile, qui porte le nom d'« huile de margosa +, peut être employée dans la savonnerie; elle parait excellente comme huile d’éclai- rage et pour la peinture; elle jouirait même de pro- priétés antirhumatismales. Les fruits verts entrent, au Texas, dans la fabrication du cirage et, pendant la dernière guerre, les fruits furent employés en Géorgie pour l'obtention par fermen- tation et distillation d’une sorte de whisky qui fut même préféré à l'alcool obtenu au moyen du blé et du Ze On prétend aussi que les feuilles et les fruits de ce Melia préserveraient les fruits secs des attaques des insectes et éloigneraient les mites du linge ; une décoc- tion des fruits pulvérisée sur les plantes est, dit-on en Amérique, un excellent insecticide. Le fruit serait vénéneux, mais pourrait être employé (1) Bijdrage tot de kennis van Melia Azedarach L. Utrecht, 1902. — 45 — en usage externe ct interne, comme d'ailleurs l’écorce et les feuilles, contre la lèpre et la scrofulose. Les indi- gènes ont foi en cette plante et fabriquent, à l’aide des fruits, des colliers pour se préserver des maladies con- tagieuses. On cite des cas où l’ingestion de fruits de cette plante a amené la mort, en particulier celui d'une jeune fille européenne chez laquelle s’est manifestéc d'abord une perte de sensibilité suivie rapidement de mort. Les Chinois, qui se servent de ces fruits comme vermifuge, les font cuire dans du vin et boivent cette décoction sans en être, semble-t-il, incommodés ; eux- mêmes cependant considèrent les graines comme amères et les feuilles comme toxiques. Descourtilz, Gans sa célèbre « Flore médicale des An- ülles », considère que l’ingestion de 6 à 8 graines suffit pour provoquer des crampes et des symptômes cholé- riques, souvent suivis de mort. * Mais s’il parait prouvé que les fruits constituent un poison pour l’homme, les chèvres et les moutons les consomment impunément et avec plaisir. On prétend queles fleurs et les feuilles appliquées sous forme de cataplasme guérissent les névralgies; le suc des feuilles, administré intérieurement, est réputé an- thelmintique, antilithique, diurétique et emménagogue; il réduirait les humeurs froides. Ces mêmes feuilles pour- raient aussi débarrasser les animaux des insectes para- sites et fréquemment elles sont employées à cet usage à la Réunion. Un cataplasme de feuilles jouirait aussi de la pro- priété de guérir les éruptions du cuir chevelu; les Chinois set 12 d’ailleurs emploient ces feuilles dans beaucoup de mala- dies de peau. Là ne s’arrètent pas encore les propriétés de cette plante; on attribue, en effet, à la décoction de ses feuilles des propriétés stomachiques et astringentes et elles peuvent aussi servir à préparer une teinture, comme cela se voit aux Indes. Quant à l'écorce, elle est non seulement un anthel- mintique énergique, mais aussi cathartique, vomitive et, grâce à ses propriétés toniques, elle équivaudrait dans bien des cas à l'écorce de quinquina et pourrait rendre des services pour combattre, par exemple, le choléra morbus et d'autres affections de l'intestin. C'est la partie interne de l'écorce qui renfermerait surtout les principes actifs. Mais cette écorce, et en particulier celle de la racine, doit être employée fraiche, car sinon elle perd la plus grande partie de ses propriétés vermi- fuges. La décoction de l'écorce récoltée en mars et en avril produirait la stupeur et une dilatation de la pu- pille, mais ces effets disparaissent, semble-t-il, rapide- ment. Ce serait dans la couche interne de l'écorce de la racine que résiderait surtout le principe actif que l’on a isolé sous forme d'une résine jaunâtre. Préparé en extrait fluide, à base d'alcool fort, le Melia Azeda- rach parait un des meilleurs vermifuges, surtout quand on l’associe à un purgatif mercuriel. Ce Melia où Mindi est employé en Chine pour la pêche. , Outre les emplois médicinaux, cette plante possèd encore une certaine valeur par son bois d’un jaune blan- DS Ps châtre ou rose, dur et résistant; les cercles annuels apparaissent en brun foncé, ce qui donne de très belles veines. Le grain du bois de Melia est fin, serré, et cette particularité permet l'obtention d’un beau poli et de reflets d’un bel aspect. Ce bois peut être employé pour la menuiserie, l’ébénisterie, car il ne se fend guère; on peut également l’usager dans la fabrication des instru- ments de musique : il parait très recherché dans ce but en Chine et au Japon. Nous devons cependant ajouter que certains auteurs out considéré ce bois comme de peu de valeur : c'est ainsi, par exemple, que l’on rapporte qu'à la Martinique et à la Guadeloupe ce bois est réputé comme mou et cas- sant et bon seulement pour le chauffage. On peut se demander s’il s’agit bien de la même espèce ou si une différence de conditions de végétation amène pour le bois un tel changement dans ses propriétés. Eu Indo-Chine on rencontre deux variétés différant par leur bois : le Xoan-ITa à bois rougeâtre et Xoan- Trang à bois blanchâtre, tous deux très estimés, car ils résistent aux attaques des termites, grâce à leur amertume, On a préconisé cette essence pour le reboisement des terres impropres à la culture, en moins de dix ans on pourrait obtenir des troncs de 25 à 30 cm. de dia- mètre; sous l'abri de ces arbres, dont le bois pourrait êlre employé à divers usages, il est possible d'introduire des plantes délicates. Aussi a-t-on, dans ces dernières années, conseillé le Melia Azedarach comme ombrage pour le caféier, à la condition de le tailler convenable- parte ment dans le jeune âge. Des essais de ce genre ont été faits surtout dans la Régence de Preanger, où l'on trouve, parait-il, actuellement des caféiers de Libéria croissant admirablement sous cet abri. Les graines de Melia, semées en pépinières, germent facilement et les germinations sont transplantées très aisément quand les plantules ont atteint 30 à 45 cm. de hauteur à une distance de 4 mètres; si, dans l'avenir, l'ombrage fourni par ces pieds est trop considérable, il sera facile d'en enlever quelques-unes. Cette plante, répandue à cause de la beauté de ses fleurs, mérite donc d'attirer l'attention du planteur à plus d'un titre; il faut cependant faire remarquer que les ren- seignements obtenus de planteurs de l'Afrique orien- tale allemande sont peu favorables, ils ont observé que le Melia souffre beaucoup lui-même du vent et que fré- quemment il est attaqué par les Zoranthus. Les recherches chimiques effectuées par M. Oude- nampsen ont donné les principaux résultats suivants : L’écorce du Melia renferme une substance stupé- fiante pour le poisson; cette substance est soluble dans l’eau mais perd ses qualités par la cuisson. L’écorce renferme une résine difticilement saponifiable, de la phytostérine, de l'acide azedarachique, un tanin qui donne un précipité vert par le perchlorure de fer, de la saponine, d'où la plante tire son action stupéfante, et une substance amère. Malgré toutes les indications fournies par les auteurs, M. Oudenampsen croit pouvoir conclure que l’action anthelmintique du Melia Azedarach est douteuse. Il = 1040 2% A serait donc vivement à souhaiter que de nouvelles recherches soient entreprises sur cette plante, afin de vérifier les données contradictoires qui ont été publiées à son sujet. Le Melia Azedarach est, en tous cas, une plante qui peut être utile au planteur. VIII LALO ou BALANITES AEGYPTIACA Del. M. Chaltin, inspecteur d’État, ancien commandant du district de Lado (État Indépendant du Congo), a décou- vert dans cette région le Balanites, qui y est connu sous le nom de « Lalo ». Il est intéressant de faire remar- quer tout d’abord que le même nom indigène est em- ployé au Sénégal, pour désigner un aliment préparé par les nègres avec les feuilles desséchées du baobab. Cet aliment serait en même temps un remède qui provoque- rait la transpiration et garantirait des affections des reins et de la vessie. La découverte de cette plante, dans l’enclave de Lado, n’est pas très extraordinaire, car la plante paraît assez répandue dans les plaines arides de l’Abyssinie, de la Nubie, du Darfur, du Kordofan, du Sennaar, du Ka- sai, de la région des Lacs, de la Sénégambie méridio- nale, de la région du Tchad et de celle du Niger. La plante existerait même dans l’Angola, mais sous forme d’une variété angolensis qui serait très répandue dans l’Ambriz, le Barra do Bengo, le Loanda, l’Icolo e Bengo et le Mossamedes. Mais dans aucune de ces régions Welwitsch ne semble avoir obtenu de renseignements sur les usages de la plante, ni sur la production d’une huile. No La même plante existe également aux Indes où elle est connue sous le nom de Balanites Roxburghii Planch., mais la plante des Indes n'est pas comme on l’a cru longtemps une espèce particulière ; tout au plus pourrait-on en faire une variété. Le Balanitles aegypliaca se présente sous différents aspects. Au Sénégal c’est un arbre qui atteint au maximum 5 à 6 mètres de haut; en général il forme un buisson à rameaux verts, couverts de longues épines, vertes également. Il porte dans cette région les noms indigènes : Soumpa, odel, lol. Dans l’enclave de Lado il forme tantôt un buisson épineux, tantôt un arbre qui, au dire de M. le comman- dant Chaltin, peut atteindre plus de 15 mètres de haut. Sous cette forme, le Balaniles aegypliaca (1) est des plus caractéristiques; son tronc est généralement assez droit, à écorce grisâtre, sillonnée, crevassée plus ou moins profondément, les crevasses pouvant mesurer 2 em. de profondeur. A 1 mêtre du sol, l’arbre peut atteindre, dans des sujets bien développés, une circonférence de 3 mètres. Un Balanites ayant acquis tout son développement se ramifie généralement vers une hauteur de 3 mètres et (1) BALANITES AEGYPTIACA Del. — Arbre ou arbrisseau des steppes sèches pouvant atteindre 6 m. de haut, à rameaux épineux, à feuilles bifoliolées, à folioles d’un vert grisätre, coriaces, entières, Fleurs d’un jaune verdâtre, odorantes, formant de petites inflorescences dressées à l’aisselle des feuilles. Fruit drupacé, jaunâtre, à enveloppe externe charnue, huileuse, renfermant une seule graine à tégument externe fibreux. (Syn. : Agialid aegyptiaca O. K.) Distrib. — Nord de l’Afrique tropicale, Indes orientales. Le {RO forme une couronne arrondie, dont le diamètre atteint souvent 15 mètres. Malgré ce grand développement, l'arbre ne donne guère d'ombre, ce qui se conçoit faci- lement lorsqu'on examine ses feuilles; celles-ci sont constituées par deux folioles relativement petites, por- tées au sommet d’un pétiole commun, et comme elles sont assez espacées, la lumière peut facilement filtrer entre elles. Les branches de l’arbre sont munies d’épines plus ou moins nombreuses et plus ou moins dévelop- pées, qui peuvent atteindre 2 cm. et même davantage. A l’état jeune ces branches sont très estimées par le bétail, qui broute les massifs de Batanites. Les fleurs se développent à l’aisselle des feuilles pen- dant la saison des pluies; les fruits apparaissent en novembre, décembre et janvier, pendant la période sèche. Ils sont drupacés, ellipsoides, atteignent 4 em. environ de long, sont recouverts d'un épicarpe lisse, jaunâtre à l’état sec, très fragile; le mésocarpe est charnu, brunâtre, huileux, parcouru de nombreux fais- ceaux fibrovasculaires ; à l’intérieur on trouve un noyau à cinq côtes inégalement espacées, aigu aux deux extrémités, osseux et monosperme. Ces fruits, qui rap- pellent un peu la datte, sont mangés ou plutôt sucés à maturité, par les indigènes de l’Afrique et des Indes, mais les Européens ne semblent pas les estimer. Cependant, quand les fruits sont arrivés à maturité complète, ils ont une saveur assez sucrée et l’on peut en extraire par fermentation une sorte de liqueur alcoolique. Avant la maturité, ils ont un goût assez âcre et amer, qu’ils con- servent même à maturité; ils seraient purgatifs, anthel- Sr mintiques, surtout avant maturité et pourraient même occasionner des diarrhées ; Baillon les dénomme à cet état « Myrobalans égyptiens +. Par fermentation les fruits mürs, dénommés parfois « dattes du désert », peuvent donner une liqueur alcoolique. Le noyau du fruit est très dur, on l’a parfois employé aux Indes dans les fêtes pyrotechniques ; à cet effet on y fore un trou, on enlève l’amande et on remplit la coque de poudre, on met ensuite le feu à ce noyau qui éclate avec bruit. La racine, l’écorce et les feuilles sont également pur- gatives et vermifuges à doses modérées. Les racines et l'écorce de cette plante dont le suc est employé parfois pour la pêche, renferment, semble-t-il, de la saponine et peuvent même être utilisées pour le nettoyage et le dégraissage des étoftes. D’après l'explorateur Barth, dans le Baghirmi on fa- briquerait avec les fruits une sorte de pain et Kotschy rapporte que, dans le Kordofan, des caravanes d'esclaves se sont nourries parfois pendant plusieurs jours des fruits de cette plante. Mais le principal produit que peut donner cette plante est l'huile que l’on extrait des graines. Cette huile très estimée par les indigènes et que les soldats de l’État Indépendant du Congo, accom- pagnant le commandant Chaltin, appréciaient fort, est parfois dénommée « Zachun » par les noirs africains. Cette huile, qui peut s’obtenir par ébullition ou par rôtissage, est d'un beau jaune, assez limpide et laisse déposer des flocons blancs à une température supé- rieure à O°. Dans la région de Madi, le colonel Grant a observé que les indigènes employaient cette huile pour s’enduire le corps; dans la région du Latuka, Emin Pacha et: Stuhlmann ont également remarqué que cette huile était employée comme comestible. D’après M. Barth, que nous avons déjà cité plus haut, les feuilles de la plante seraient employées dans le Bornu comme légume. On cite également, comme le fait remarquer M. Warburg (l’flanzenwell Ost-Afri- Ras, B p. 195), l'emploi des graines comme succédané du savon; c’est probablement le péricarpe qui est employé à cet effet. Ce n’est pas seulement la graine qui peut fournir un produit utile, sur la valeur marchande duquel on n’est pas encore fixé, mais le bois semble également être bon; il est dur, serré, à grain fin. D’après M. Schimper, ce bois est employé en Abyssinie pour la construction des charrues, et d’après M. Schweinfurth, qui a eu l’occa- sion de rencontrer le Balanites dans ses nombreux voyages en Abyssinie, on fait avec ce bois très dur des massues et des bâtons. La teinte fondamentale du bois est un beau brun jaunâtre, les rayons médullaires colo- rés en jaune brillant et les couches concentriques assez mal marquées en font un bois d’ébénisterie de valeur. | Le Balaniles ægyptiaca mérite donc d'attirer l’at- tention tout particulièrement dans les régions orien- tales de l'Afrique et du Sénégal, où il peut être exploité le plus facilement. Il serait désirable que des recherches approfondies fussent faites sur le rendement et la valeur commerciale et industrielle de son huile. IX UN FÉBRIFUGE DU CONGO M. le professeur Éd. Heckel, l’'éminent directeur de l’Institut colonial de Marseille, a, il y a déjà quelque temps, attiré l'attention sur les produits fournis par le Carapa Touloucouna Guill, et Perr., un arbre de l'Afrique tropicale, qui avait été indiqué vaguement dans l’État Indépendant du Congo. Dans diverses études, il à fait ressortir les divergences qui existent entre plu- sieurs auteurs sur les espèces du genre Carapa, dont une seule, le Carapa procera D C. (— Carapa Tou- loucoun«a Guill. et Perr.) existerait en Afrique. Dans un envoi récent, arrivé au jardin botanique de Bruxelles, par l'intermédiaire de M. H. Droogmans, secrétaire du département des finances de l’État Indé- pendant du Congo, se trouvait une plante du genre Carapa, trouvée à Luluabourg par M. L. Gentil, et accompagnée de ces notes : « L’écorce est découpée en tronçons et mélangée au malafu ou vin de palme et employée comme succédané de la quinine. » Les notes de M. Gentil ne signalent pas d'usage de l'huile extraite des graines. Grâce à l’amabilité de M. le professeur J. Briquet, directeur du jardin botanique dé Genève, nous avons RSR pu étudier les échantillons authentiques récoltés au Sénégal par Leprieur et sur lesquels les études systé- matiques de M. C. de Candolle ont porté. Dans la description originale du Carapa Toulou- couna parue dans le « Florae Senegambiae Tentamen », Guillemin et Perrotet décrivent cette plante comme un grand arbre, atteignant 24 mètres de haut, à folioles de 20 à 30 cm. de long, disposées en 6 à 12 paires le long d’un rachis. Les fleurs rosées-blanchâtres sont dis- posées en longues panicules, leur calice est décrit comme pubéruleux, M. C. de Candolle, dans les Monographiae Phane- rogamarum, en reprenant la description de cette espèce, donne comme caractères à comparer à ceux que nous venons de signaler, des folioles de 21 em. de long, disposées par 6 à 9 paires. Des fleurs à calice glabre. L'examen des échantillons authentiques conservés à Genève dans l’Herbier Delessert, montrent que l’indica- tion de glabréité du calice, fournie par la description de M. C. de Candolle, est très exacte, les sépales ne pré- sentent pas trace de villosité sur le dos, mais ils sont munis de quelques poils sur le bord et par suite plus ou moins ciliés. Les matériaux de Carapa provenant de la région du Kasai, et dont les graines mises en culture au Jardin colonial de Laeken ont germé et donné naissance à plu- sieurs plantes, ne possèdent pas ce caractère. Les lobes calycinaux, de même que les pédicelles et le rachis, sont courtement mais nettement velus-pubéruleux, la villo- sité brunâtre qui les recouvre donne une teinte rouille he aux diverses parties de l’inflorescence de cette plante, dont les fleurs seraient rouges. Malheureusement tous les caractères morphologiques des fleurs de la plante du Congo et de celles du Sénégal sont très semblables; on ne pourrait se baser donc uni- quement sur cette présence de villosité pour décrire une espèce nouvelle, mais on peut cependant distinguer aisément les deux formes glabres et pubéruleuses. Les C. procera de l'Afrique occidentale (Sénégal), dont nous avons pu examiner des échantillons sont glabres; par contre, ceux du Kameroun (Bipinde,Zenker, n.2, 354; Johann-Albrechtshôühe, Staudtn. 933), comme ceux du Congo présentent un indument nettement caractérisé sur le rachis et le calice, peut-être plus accen- tué dans le n. 933 de Staudt que dans les échantillons du Congo. Nous ne savons si le C. procera du Kameroun peut être employé aux mêmes usages que la plante du Congo, mais ce qu'il est utile de faire remarquer, c’est que le C. Touloucouna possède, d’après Guillemin et Perrotet, des propriétés fébrifuges marquées. L'huile qui a été extraite des graines de (Carapa est très amère et d’après M. Boullay cette amertume serait due à un principe alcaloïdique analogue à ceux des écorces de quinquina ; deux autres chimistes, MM. Pétroz et Robinet, ont publié dans le tome VII du Journal de Pharmacie de l'aris une étude sur la présence du même alcaloide dans les écorces de cet arbre, qui seraient fébrifuges. Depuis cette époque on n’a plus jamais attiré l'atten- tion sur cette propriété, mais bien sur la valeur des AS graines au point de vue de la production de l'huile; celle extraite des graines du Carapa Touloucouna serait toujours solide même en été, tandis que celle extraite des graines du C. quyanensis serait toujours liquide. Le Carapa Touloucouna ou C. procera DC. est très abondant au Sénégal, où il forme un grand et bel arbre, et ses graines donnent dans toute la région une huile dont on se sert surtout comme cosmétique, mais qui est parfois aussi employée dans la médecine indigène, pour guérir les douleurs, les plaies, dartres et autres affections de la peau et du cuir chevelu. Cette huile est même considérée comme purgative et vermi- fuge et peut être employée pour l'éclairage et le grais- sage des machines. Elle à été amenée pendant un certain temps sur le marché de Marseille et a servi à la fabri- cation de savons pour laquelle elle convient très bien; depuis quelques années les importations ont notable- ment diminué et pratiquement cette huile ne se trouve plus dans le commerce à Marseille. On serait parvenu à enlever de cette huile son amertume et à la rendre presque comestible en la faisant bouillir avec de l’eau légèrement acidulée par l'acide sulfurique. On donne pour cette graine une proportion de 60 p. c. d'huile. Pendant ses deux voyages en Afrique, M. le profes- seur É. Laurent avait remarqué dans le Mayombe, en 1893, et entre Lusambo et le Lomami, à Balubo, des arbres qui lui rappelèrent les Carapa; dans son cahier de notes il inscrivit pendant son second voyage, à la date du 9 décembre 1895, quelques mots qu’il nous a =P50 = permis de reproduire et qui sembleraient prouver que la plante est assez répandue en Afrique centrale, mais, comme M. Laurent n’a point rapporté d'échantillons botaniques, il ne nous est pas possible de spécifier s’il peut rapporter les plantes qu’il a observées au Carapa procera DC. ou à la variété, observée par M. Gentil. M. Laurent disait : « Vu dans la forêt, de grosses graines grises, comprimées, en abondance, contenues dans un péricarpe volumineux, aplati aux deux pôles. Les graines sont fort huileuses au toucher. Serait-ce le Carapa Touloucouna? Les jeunes pieds qui ont levé en grande quantité ont les six premières feuilles en- tières, luisantes comme celles de l’arbre trouvé dans le Mayombe, en 1893, et le Carapa cultivé à Gem- bloux (1). » L'étude des Carapa africains mérite d’être reprise car l’huile qui pourrait être extraite sur place par expression, laisse un tourteau qui, s’il n’est pas équi- valent au tourteau de ricin, peut cependant être de orande utilité pour la fumure. Il pourrait donc y avoir là, pour les planteurs du Kasai, une source de revenus accessoires. Comme la plante du Congo présente certaines}parti- cularités remarquables, nous croyons bien faire en la décrivant comme suit : (1) Cette plante de culture provient des serres du Muséum d'Histoire naturelle de Paris et est probablement le Carapa Touloucouna type. CARAPA PROCERA DC. var. GENTIL De Wäild. (1). Arbre de 25 mètres de haut, croissant dans les en- droits secs, brousses ou forêts, au soleil et à l'ombre, à tronc serré atteignant 2 mètres de diamètre, isolés, mais assez nombreux Bois dur, rouge; écorce rugueuse. Feuilles à sept folioles; folioles obovales-allongées, opposées, brusquement et assez courtement acuminées au sommet, à pétiole épaissi, à limbe glabre sur les faces, de 11.5-51 cm. de long et 4-16 cm. de large. Inflores- cence en longues pauicules, lâches, de 30 cm. environ de long, à rameaux divariqués. pubéruleux comme le rachis principal, ferrugineux, lenticellés. Calice pubéruleux, pétales pubéruleux sur le dos, sauf sur les parties recouvertes dans le bouton. Luluabourg, bassin de la Lulua, district du Lualaba- Kasai (L. Gentil, 30 mars 1902, n. 73). Kameroun (Bipinde-Zenker, n. 2354 et Johann-Al- brechtshôhe, Staudt n. 933). OBs. — Nom indigène au Kasai « Monangu ». L * L L K ‘*k Nous n'avons pas insisté sur le caractère du fruit, car tel qu'il est donné par M. Gentil, il prête à confu- sion; M. Gentil dit, en effet : « Fruits bruns, carrés- arrondis, de la dimension d’une noix de cola. » Il s’agit probablement, dans le cas présent, de la graine. (4) Bulletin de la Société d'études coloniales (1903) p. 198. y «OR La dimension des folioles est des plus caractéris- tiques; jamais on n'avait signalé chez des Carapa des folioles de 50 em. de longueur et de 16 cm de large. Nous avons observé des folioles de près de 40 em. de long dans les formes du Carapa procera var. du Ka- meroun, mais ces folioles étaient relativement très étroites, leur diamètre ne dépassait guère 8,5 cm. La couleur des fleurs pourrait peut-être donner une note distinctive. Il faut encore faire remarquer que les premières feuilles qui apparaissent sur la plante après la germi- nation, sont très différentes de celles des plantes adultes, elles sont simples ou bilobées. * + *X Postérieurement à l’envoi que nous avons relaté nous avons reçu, par l'intermédiaire du Département des 1 2 3 CaraPA PROCERA DC, Fig, 1 et 3. — Fruits entiers au moment de leur déhiscence. Fig 2. — Deux valves du fruit, avec les graines, vues par la face interne (fortement réduites). po Finances de l'État du Congo, des fruits, des graines*et des écorces d’une plante dont nous ne pouvons donner qu’approximativement la détermination, n’en ayant vu ni feuilles ni fleurs. Fruits et graines cadrent bien avec ceux du Carapa procera. L'arbre qui les a fournis est appelé « Bokalaka +» par les indigènes du district de l'Équateur, où il eroît dans les forêts peu épaisses et at- teint de 8 à 12 mètres. A l’Équateur on ne paraît pas connaitre les propriétés médicinales de l'écorce de cette plante, qui n’est pas employée par l’indigène. X L'HERBE DE GUINÉE ou PANICUM MAXIMUM Jacq. Le Panicum maximum Jacq. existe dans l'État Indépendant du Congo, où il a été à diverses reprises signalé, tant dans le Haut que dans le Bas-Congo; il ne peut être question pour le moment d'en donner une distribution complète pour le centre africain, car nous possédons encore trop peu de données précises ; un cer- tain nombre des échantillons congolais sont trop incom- plets pour permettre une détermination rigoureuse, Le P. maximum Jacq. est d’ailleurs très variable ; il a été décrit sous plusieurs noms (P. polygamum Sw., P. laeve Lam., P. poiforme Wild., P. gongylodes Kunth, P. pubiglumis K. Schum., etc.) et se ren- contre non seulement dans la plupart des régions tro- picales, mais même en Europe, au Monte Pellegrino, en Sicile, où la plante, peut-être introduite dans le temps, se rencontre assez fréquemment; cette forme a été décrite sous le nom de P. compressum Biv. Le P. maximum et ses nombreuses variétés possè- dent souvent une base épaissie en tubercule, mais ce caractère ne parait pas être constant. La hauteur des tiges peut varier de 60 cm. à 2 mètres et même plus et elles acquièrent alors une très grande résistance; dans FAT de telles formes les feuilles peuvent atteindre 2 cmsde diamètre, les tiges sont parfois densément velues au niveau des bourrelets, parfois totalement glabres, et il en est de même des graines. Il existe au point de vue de la villosité tous les intermédiaires entre les for- mes très velues et les formes totalement glabres. La grandeur des inflorescences varie naturellement d’après le développement de la plante; on en trouve mesurant 8 cm. seulement de long et d’autres ayant jusque 50 cm. de longueur. Cette panicule peut être très ramifiée et on rencontre parfois 7 rameaux verti- cillés autour du rachis, qui est plus ou moins canaliculé ; les ramuscules sont scabres sur les côtes formées par les canalicules. Le meilleur caractère distinctif du P. maximum réside dans la grandeur relative des glumes. La glume externe atteint ordinairement environ le tiers de la longueur de l'épillet. La seconde glume externe et la première glumelle sont environ de même longueur. elles sont parfois colorées en violet. La première glume recouvre généralement une fleur mâle, la seconde recouvre ordinairement une fleur hermaphrodite; cette glume est nettement sculptée, sculpture qui peut se voir déjà à l'œil nu. M. le professeur K. Schumann, de Berlin (1), a pro- posé de classer comme suit les variétés de cette espèce polymorphe : (1) Æ. Schumann in Engler Pflanzenw. Ost-Afrikas B, pp. 78-85. EL ee A. Glume et glumelle externe glabres. a. Pédicelle de l’épillet glabre. 1. Gaine glabre. I. Plante très développée, à tiges fortes, à feuil- les atteignant 2 cm. et plus de large, panicu- les très développées . II. Plante grêle, feuilles étroites, de 1 cm. ma- ximum de diamètre, panicules courtes . 2. Gaine rugueuse légèrement velue, plante très dévelop- pée, feuilles larges, pani- cules très grandes 3. Gaine très fortement velue, plante grêle, feuilles étroi- tes, panicules courtes . b. Pédicelle de l’épillet muni de poils épars c. Pédicelle de l’épillet et axe de l'in- florescence densémentvelusainsi que les gaines . B. Glume et glumelle externe velues . var. laevis Nees. var, minor K. Schum. var, communis Nees. var. hirsutissima Nees var. brasiliensis K. Sch. var. lasiocolea K. Sch. var. pubiglumis K. Sch. Cette plante qui a été l’objet dans ces dernières années de nombreux essais de culture, peut être des plus-utiles pour les colons. Elle est plutôt une plante de fourrage qu'une herbe de pâture, mais elle peut être utilisée en mélange dans Des pâturages permanents, avec de très bons résultats les essais faits, entre autres, dans la Nouvelle-Galles, GG du Sud ont démontré qu’elle supporte très bien la pature, et le bétail la broute aussi ras que les autres herbes. Sa rapidité de croissance est considérable; en quatre ou cinq mois elle atteint 5 pieds de haut et les tiges à graines alteignant 8 pieds, croissent par un temps favorable de 2 à 3 pouces par jour. Ce Panicum produit de la nour- riture en grande quantité et peut être coupé trois ou quatre fois pendant une saison propice. Cette croissance est parfois tellement considérable que la coupe d’une seule plante dépasse la charge d’un homme. Le P. maximum se développe le mieux dans un sol sec perméable; on ne peut guère espérer tirer grand profit de cette plante dans un sol marécageux, car la plante s’y développe très faiblement. Dans de telles conditions, il vaudrait mieux cultiver d’autres espèces, par exemple l’Herbe de Para ou Panicum numi- dianuim Lam. Le P. maximum supporte très bien la sécheresse. Les agriculteurs coloniaux qui ont fait des essais avec cette graminée recommandent de mettre le feu une fois l’an à la prairie, si faire se peut, ou au moins tous les deux ans. Après cet incendie la plante est tota- lement rajeunie et peu de jours après développe de nouvelles feuilles qui, par leur grandeur, prouvent la vigueur des pieds. Ce Panicum ou herbe de Guinée constitue une récolte permanente; elle peut rester de nombreuses années sur le même terrain sans perdre de valeur. La verdure de cette graminée hachée et mélangée avec un peu de grain concassé formerait pour les che- SE vaux la nourriture la meilleure et la plus facile à obtenir; elle serait de beaucoup supérieure à la nourri- ture formée de foin sec haché et de blé. Mais il faut éviter de laisser pâturer les chevaux dans une prairie d'Herbe de Guinée, parce qu'ils broutent la plante trop près de la racine. Un des grands avantages de cette graminée, sur d’autres plantes de fourrage, est de ne pas se détériorer si on la laisse pousser pendant plusieurs mois sans la couper ; si d’autres plantes fourragères : telles que So7-- ghum, mais ou millet, ne sont pas coupées quand elles arrivent à maturité, elles se détériorent rapidement. On recommande de placer les plants de cette graminée à 3 pieds de distance en lignes, laissant entre les lignes un espace de 5 pieds; malgré cette grande distance les plantes auront bien vite rempli les vides ; fréquemment même il n’est pas nécessaire de préparer le terrain, car par sa vigueur, le Panicum prendra rapidement le dessus et étouffera toutes les autres herbes. Dans la ferme du Gouvernement (Nouvelle-Galles du Sud) à Wollongbar, M. Mc Keown a obtenu d'une coupe plus de 40,000 kilogs de fourrage vert par hec- tare. L'analyse de l'herbe fauchée en fleurs avec des graines commençant à muürir à donné 29 p. c. de foin après dessiccation au soleil. Ce foin était constitué comme suit : ER JE SI PR ER TL Bet 13.39 Matières grasses : . . . 0.70 Matières protéiques . . . 4.11 Hydrates de carbone . RATE 38.05 Cellulose Ste A PERAITEEE 34.07 Genres. NANERE ES 9.58 100.00 La plante fraiche renfermerait donc les mêmes élé- ments dans les proportions suivantes : Hanuer al SCIE Are 74.91 Matières grasses . | 0.20 Matières protéiques . : … . 1.20 Hydrates de carbone . ES 11.03 CeliloSertee He MERE NT 9.88 CeNUrES PF SA PAAIE Ge 2.88 100.00 XI A PROPOS DE BANANIERS Les espèces de Musa sont probablement assez nom- breuses dans la région congolaise, comme sans doute dans toute l'Afrique tropicale, mais elles sont malheu- reusement encore fort mal connues au point de vue bo- tanique. Leur étude est d’ailleurs assez difficile, car on possède rarement des matériaux complets et en bon état, permettant une détermination scientifique rigou- reuse. Ce sont des plantes que les collecteurs n’aiment pas à préparer et les matériaux botaniques des espèces le plus communément cultivées manquent encore dans la plupart des herbiers. Lors de son voyage autour du Congo, M. le profes- seur Ém. Laurent avait cru reconnaître dans des Musa du Haut-Congo, le Musa ÆEnsete, et avait rencontré dans le Bas-Congo un autre bananier, qu'il avait pris pour une forme naine du bananier d’Abyssinie. Jusqu'à ce jour nous n’avons reçu aucun échantillon botanique nous permettant d'affirmer la présence au Congo de la plante d’Abyssinie et il semble assez probable que cette espèce, dont la valeur ornementale est universellement reconnue, n'existe pas dans le centre africain. Par contre, nous connaissons actuellement, de provenance congolaise, deux bananiers fétiches ou « Makondo- NE Nkissi », constituant deux espèces nouvelles voisines du M. Ensetle, mais très différentes par des caractères vé- cétatifs et floraux. On ne peut supposer que ces Musa ont été introduits; il existe bien sûrement dans l’État du Congo des bana- niers indigènes, et même au Katanga, où l’on a nié leur existence, l'indigène cultivant fort peu cette plante, la « Mission scientifique » dirigée par le capitaine Ch. Lemaire en a rencontré quelques pieds dans des conditions fort probables d’indigénat. Malheureusement, les dessins que contient l’album de la « Mission » ne nous ont pas permis de préciser même la section à laquelle ces plantes appartiennent; il est à supposer, d’après les documents rapportés, qu’il s’agit là aussi d’une espèce nouvelle, non comestible, peut-être de certaine valeur ornementale. On à dit aussi que le bananier n'existait pas dans le nord de l'État; cependant dans la région des Bangalas, dans la Dua, M. Fr.Thonner a rencontré presque partout des bananiers cultivés. En outre M. le D' G. Schwein- furth a eu l’occasion de voir des représentants de ce cenre dans le pays des Niams-Niams; une espèce récol- tée par lui dans ces régions appartient également au eroupe du M. Ensete et a été dédiée à l'explorateur africain, par MM. K. Schumann et Warburg, sous le nom de M. Schoeinfurthii. M. le professeur K. Schumann à publié dans « Das Pflanzenreich + une monographie de la famille des Mu- sacées et y admet 42 espèces de Musa réparties en trois sous-genres. Parmi ces 42 espèces, 8 ont été indiquées PTE en Afrique tropicale, 3 dans des régions avoisinant le Congo, mais aucune de ces espèces n’a été signalée d'une façon certaine dans l'État Indépendant du Congo. Les espèces indiquées en Afrique par M. Schumann sont : Musa ventricosa Welw. — Angola. Musa Schceinfurthii K. Schum. et Warb. — Niam-Niam. Musa elephantorum K. Schum. et Warb. — Kameroun. Musa Ensete Gmel. — Abyssinie. Musa Buchanant Baker. — Nyassa. Musa proboscidea Oliver. — Afrique orientale allemande. Musa Livingsloniana Kirk. — Afrique tro- picale orientale. Musa paradisiaca L. — subsp. sapientum (L.) O. K. — — var. sanguinea Welw. — Angola. Notre correspondant J. Gillet a eu l’occasion de ré- colter, dans la petite région qu’il explore avec tant de soins, divers bananiers, dont deux nous sont parvenus en échantillons assez complets pour être déterminés et se sont trouvés être des espèces nouvelles que nous avons décrites, la première sous le nom de M. Gilletii, la seconde sous le nom de M. Arnoldiana. Ces deux espèces sont donc à ajouter à la liste qui précède et nous aurons à examiner plus loin certaines particularités de leur développement. Outre les espèces énumérées ci- Les DE dessus, il faudrait, pour avoir un tableau complet des Musa que l’on rencontre sur la terre africaine, tenir compte de ceux introduits par la culture; ils sont certai- nement nombreux et J. Gillet en a lui-même introduit un certain nombre dans les plantations de la mission de Bergeyck-Saint-Ignace, où tous paraissent bien se développer. Nous insisterons ultérieurement sur l’une d’entre elles, qui a été obtenue de graines fournies par la maison Haage et Schmidt, d'Erfurt, d’où elle était arrivée sous le nom de M. sumatrana. Cette plante appartient sûrement à un groupe différent du genre Musa et doit être rapprochée du M. lextilis, comme nous le verrons plus loin. Nous serions très heureux de pouvoir étudier des fleurs et des fruits des diverses formes cultivées au Congo, et de recevoir sur la culture elle-même des renseignements, car il se pourrait qu'à côté de plantes introduites, l’indigène cultive des espèces endémiques dont le port rappelle celui des bananiers cultivés ordi- nairement. On ne peut assez attirer l’attention de tous ceux qui sont à même de récolter au Congo des échantillons de ces plantes, car leur étude botanique et industrielle est à peine ébauchée. Comme on l’a démontré depuis peu, les fibres de la plupart des bananiers peuvent être utilisées industriellement pour la préparation de cordes ou de tissus; nous reviendrons plus loin sur les usages de ces plantes. Il y à là une série de questions qui méritent de tenter les agents de l'État et des Compagnies, et nous PT RS ER serons heureux de pouvoir les aider dans leurs recher- ches en déterminant spécifiquement les bananiers qu'ils pourraient rencontrer. MusA GILLETI De Wild. (Planches V-VI, VII fig. 1-2.) M. J. Gillet, S. J., avait envoyé en 1900 à Bruxelles un régime de fruits mûrs de cette espèce sans en envoyer les fleurs ; les graines ont été semées au Jardin botanique de l'État à Bruxelles et ont donné un certain nombre de plantes qui ont passé l’été en plein air. En 1901 nous avons reçu un nouvel envoi de graines accompagné cette fois d'éléments botaniques; ceux-ci permirent la détermination spécifique. Lorsque l’on déterre un de ces jeunes bananiers de moins d’un an, conservés en pot, on trouve à la base du stipe un tubercule d'environ 25 mm. de diamètre et de 13 à 15 mm. d'épaisseur. Ce tubercule souterrain est irrégulièrement bosselé, brunâtre extérieurement, blane à l’intérieur; à son sommet prennent naissance, tout autour de la base de la tige, de nombreuses racines qui s'étendent plus ou moins horizontalement dans le sol. La structure de la base de ce bananier rappelle done fortement celle observée par M.J. Dybowski, et figurée par M. Legros (1), chez le M. religiosa Dyb. La présence d’un bulbe est donc un caractère com- mun aux Musa religiosa et Gilletlii et il peut servir (1) Revue horticole, 1901,n 7. DT pe à séparer spécifiquement ces deux espèces des autres plantes du genre. Il faudra, jusqu’à ce que l’on ait étudié les fleurs du M. religiosa, considérer ces deux plantes comme distinctes. Le Musa, introduit dans les cultures européennes par le directeur du Jardin colonial de Nogent-sur-Marne, tire son nom de l’emploi des graines comme fétiche, chez les indigènes du Congo français ; les graines de notre Musa Gilletir jouissent également parmi les Congolais de propriétés surnaturelles. Il nous faut insister ici sur le bulbe de ces deux bana- niers et nous arrêter sur l’article de M. Legros, cité plus haut, paru en 1901 dans la Revue horticole de Paris. En décrivant son M. religiosa, M. J. Dybowski faisait remarquer que malgré tous les soins qu'il avait pris en vue de conserver à ces plantes leur feuillage pendant l’hiver, il ne restait à la fin de l’automne que des débris de feuilles décomposées ; en fouillant la terre, il retrouva à la base de chaque plante un tubercule de la grosseur d’une forte noisette. Deux figures, accompagnant la notice de M. Legros, montrent l’une un bulbe de Musa religiosa d'un an cultivé en pleine terre et mesurant environ 5 cm. de diamètre, l'autre la coupe d’une jeune plante d'un an en végétation et cultivée en pot, le bulbe ne mesure qu’un peu plus de 2 em. de largeur. La différence de grosseur de ces deux bulbes se comprend facilement par suite du mode de culture auquel les deux plantes ont été sou- mises. Nous avons aussi observé d'assez grandes variations dans la grosseur des bulbes du M. Gillelii; nous TS — donnons ci-contre une figure qui représente la base d'un Musa ayant été conservé pendant près d’un an en pot. Le M. Gilletii, cultivé avec soin en serre chaude, ne nous à pas montré à la fin de l’année cette disparition de feuilles signalée par M. Dybowski. Seules des plantes remisées après l’été en orangerie ont montré une sorte de désagrégation de leurs feuilles, mais remises à temps en serre plus chaude, la végétation à continué sans interruption. Il y a entre la base du M. Gilletii et celle du M. reli- giosa certaines différences à mettre en évidence. D’après les figures publiées par la Revue horticole et en particulier d’après celle nous montrant la coupe lon- gitudinale du bulbe d’un an d’un M. religiosa cultivé en pot, les racines naissent sur toute lasurface du bulbe; chez le M. Gilletii par contre les racines naissent uni- quement au sommet du bulbe, celui-ci restant toujours bien isolé à l’intérieur de la zone des radicelles. Nous n'avons pas étudié des échantillons de M. religiosa, et ne pouvons par aflirmer que le caractère figuré par M. Legros est constant; nous connaissons cette plante par sa description et son port, ayant vu quelques pieds au Jardin colonial de Nogent, mais dans tous les échan- tillons de M. Gilletii du Congo nous avons toujours observé l'absence de racines sur le bulbe même (PI. VIE, fig:1 et 2). On pourrait peut-être citer comme caractère dis- tinctif la couleur des graines; celles-ci sont grises et mates chez le M. religiosa, d'après les échantillons be Base d’un stipe de Musa Gizierir semé en mai 1900 eb relevé en 1901. Cultivé en pot. LR IT = que M. Dybowski a bien voulu nous transmettre, tandis qu’elles sont d’un beau noir et assez brillantes chez le M. Gilletii ; mais ce caractère est-il constant? Quant aux mensurations, elles sont à peu près les mêmes dans les deux espèces. Cette plante fera son apparition dans le commerce, car J. Gillet en a envoyé des graines à MM. Dam- man de San Giovanni, à Teduccio (Italie). Le Jardin botanique de l’État à Bruxelles et le Jardin colonial de Laeken en possèdent des pieds à plusieurs stades de déve- loppement. Nous pourrions donner comme suit la description de cette espèce : Musa Gizzeri De Wild. (1). — Plante de 1,50 à 2,50 mètres de haut. non stolonifère, plus ou moins renflée à la base, parcourant son cycle a évolution en trois ans ; la première année la plante reste basse et a peu de feuilles, la seconde année elle commence à s'élever tout en restant feuillue depuis la base, la troisième année il se forme à l’extré- mité de la tige qui serecourbe une paniculeflorale. A la base de la tige se forme un tubercule beaucoup plus volumineux dans les plantes cul- tivées en pleine terre que dans celles tenues en pot; ce tubercule s’aper- çoit déjà dans les plantules de quelques mois; dans des pieds d'un an il peut atteindre 30 mm. de large sur 20 mm. de haut, Les feuilles inférieures sont elliptiques-lancéolées, à pétiole engainant et à nervure médiane très large et prononcée, elles mesurent 1",50 de long et pos- sèdent un limbe translucide; les supérieures mesurent de 50 à 40 cm. de long, celles les plus rapprochées de l’inflorescence n'atteignant que 20 cm. environ et passant insensiblement aux bractées, celles-ci étant presque réduites au pétiole et à la nervure médiane; feuilles et (1) in Revue des Cultures coloniales, 20 février 1901, n. 74. Te — bractées sont terminées par ur prolongement fin se contournant irré- gulièrement. L’épi florifère assez courtement pédonculé, recourbé, mesurant 48 cm. de long, pédoncule non compris, est formé de nombreuses bractées persistantes dont les 10 à 12 inférieures seules entourent des fleurs fertiles; les fleurs situées à l’aisselle des bractées supérieures sont mâles. Les bractées sont ovales-lancéolées, plus ou moins allongées, mesurent de 4,5 à 9 cm. de large et de 17 à 25 cm. de long, plus ou moins aiguës au sommet. Les fleurs sont disposées sur deux rangs, au nombre de dix à onze, six ou cinq sur le rang interne, cinq sur le rang externe. Périgone à deux lèvres, la plus petite entourée à la base par la plus grande; cette première tridentée au sommet et longuement mucronée, de 1 cm. de long environ, non compris le prolongement, la plus longue canaliculée, trilobée an sommet, de 2 à 3 cm. de long, à lobes atteignant parfois 4 mm. de long, suboblus ou subaigus au sommet. Étamines au nombre de 6, aussi longues que le lobe externe du périgone, uue d'entre elles souvent plus ou moins avortée, à filets srèles, à anthères biloculaires de 12 mm. environ de long, obtuses au sommet, fixées au sommet du filet, soudées sur toute leur longueur avec le connectif; grains de pollen globuleux ou subglobuleux, à paroi externe épaisse, présentant de distance en distance des glo- bules. Ovaire infère, triloculaire, à ovules nombreux, bisériés, à style allongé, aussi long que les étamines ou les dépassant légèrement, ter- miné en un stigmate claviforme, irrégulièrement lobulé. Fruit oblong, anguleux, subpyriforme, rétréci à la base en une sorte de pédicelle, glabre, grisätre extérieurement, irrégulièrement mamelonné par suite de la proéminence des graines, couronné par la base persistante, des lobes du périgone renfermant environ 23 graines, et mesurant 5,5 em. de long sur 2,5 cm. de large vers le sommet. Graines logées dans une pulpe devenant pulvérulente, blanche à l’état sec, ovoïdes anguleuses par pression mutuelle, de 8 mm. environ de haut et de Y-10 mm. environ de large, cicatrice d’attache de 3 mm. environ de diamètre, d’un beau noir brillant, lisses, munies au sommet d’une petite dépression ponctiforme entourée d'un rebord légèrement sail- lant. ZUNE Cuers HAB. — Bords des ravins dans la région de Kisantu à Luvituku, les deux points extrêmes du Bas-Congo où il a été jusqu'à présent observé (J. Gillet, 1900). De cette description il ressort clairement que cette espèce appartient au groupe M. Ensete Gmel., donc au sous-genre ?hysocaulis Baker et qu’elle se diffé- rencie de toutes les espèces connues, sauf du M. reli- giosa, par la présence d’un bulbe. MUSA ARNOLDIANA De Wild. (Planches I-IV, pl. VII tig. 3) C’est au commencement de 1902 que nous avons recu les éléments d’herbier et les graines de cette espèce. Ces dernières, mises en culture, ont donné assez rapidement de jeunes plantules dont un certain nombre se développent bien au Jardin botanique de Bruxelles. La comparaison des bases de plantes du même âge des M. Gilletii et Arnoldiana fait voir une différence très nette dans la partie souterraine; dans les plantes jeunes, on trouve chez le M. Gilletii un tubercule nota- blement plus gros que la tige ; dans le M.Arnoldiana, par contre, la base arrondie de la tige ne s’épate pas en bulbe et les racines naissent sur toute sa surface. Le croquis (PI. VII, fig. 3) fera, si on le compare aux figures 1 et 2 de la même planche, nettement voir les différences. Lorsque nous avons publié la première description de ce Musa, nous n’en connaissions ni les graines ni so l’infloréscence; depuis nous avons pu compléter notre description princeps. Nous donnons ci-dessous une des- cription complète. Musa ArNoLDIANA De Wild. (1). — Plante de 4,50 de hauteur en moyenne, non stolonifère, plus ou moins renflée à la base, à tronc de plus de { mètre de diamètre à la base. Feuilles grandes, de 22,40 de long, de 70 cm. environ de large, coriaces, à côte rouge, à l'mbe vert, nervures parallèles très serrées, toutes les vingt nervures environ une nervure plus forte, à pétiole vert lacheté de brun-noir, à gaines d’un brun noirâtre à l’état sec; pendant la saison sèche la plante perd la plus grande partie de ses feuilles. Inflorescences d'au moins 40 cm. de long, à bractées vertes et persistantes, ovales-allongées, celles de la base de 40 cm. environ de long, d'au moins 10 cm. de large; fleurs disposées sur deux rangs au nombre de 8 à 14, de 3 à 7 sur le rang interne et de 5 à 7 sur le rang externe; périgone à deux lèvres, la plus petite entourée à la base par la plus grande; cette première tridentée et lon- guement mucronée,d’environ 15 mm. de long, non compris le prolon- gement, la plus large canaliculée, trilobée au sommet, de 4 cm. de long, plus ou moins fortement lobée suivant l’âge, lobes souvent très allongés, divisions atteignant parfois presque l'ovaire et s'enroulant par la dessiccation, Étamines au nombre de 5 environ, aussi longues que le lobe externe du périgone, à filets grêles de 17 mm. environ de long, à anthères biloculaires de 20 mm. de long, obtuses au sommet, fixées à l’extrémité du filet et soudées sur toute leur longueur avec le connectif; grains de pollen gros, brunâtres, globuleux ou subglobuleux, à paroi externe épaisse, munie de distance en distance de globules réfringents. Ovaire infère de 3,5 cm. environ de long, triloculaire, à ovules nombreux, à style aussi long que les étamines ou les dépassant légèrement, de 4,5 cm de long, terminé en un stigmate claviforme, généralement trilobé, à lobes subglobuleux, peu différenciés. Fruit obovoïdal, anguleux et bosselé, strié longitudinalement, rétréci vers (4) in Bulletin de la Société d'Études coloniales, 1901, p. 339. ou la base en une sorte de pédicelle, mesurant 9 cm. de long sur 3,5 cm. de large (non mür); graines non mûres de plus de 10 mm. de haut et 15 mm. de large, d'un blanc jaunâtre, lisses. Hab, — Région de Dembo, décembre 1900 (JT. Gillet). Rappelons ci-dessous les caractères des deux espèces, qui d’après Jeur description semblenttrès voisines, mais qui par leur portsont très différentes en culture. En effet, le M.Gilletii a un port bien plus grêle, ses feuilles sont d'un vert plus clair que celles du M. Arnoldianade port plus trapu, et dont les feuilles plus foncées possèdent la côte colorée en rouge. MUSA GILLETII MUSA ARNOLDIANA Hauteur totale. . . 1.50 à 2.80 m. 4à 5 m. Feuilles de la base . 1.50 m. 2.40 m. BARS MAR C1 à Dix à onze. Huit à quatorze. Lèvre interne, . . 1 cm. de long. 15 de long. — externe. . . 2 à 3 cm. de long. 4 cm. env. de long. Étamines : filet. . » 17 mm. _ — anthères 12 mm. de long. 20 — — Fruit : longueur. . 5.5 cm 9 cm. — — diamètre. . 2.5 cm 3.2 CM. — Graines . . . . 9 à 10 mm. de diam. 12-16 mm. de diam. M. J. Gillet, qui a semé au Congo les M. superba et ÆEnsete et cultivé à côté d'eux les M. Arnoldiana et Gilletii, nous écrit que sans être botaniste il est facile de remarquer que tout en possédant des caractères com- muns, ces plantes possèdent des aspects différents per- mettant une distinction facile. Des graines de ce beau Musa ont été envoyées par J. Gillet à MM. Vilmorin et C°, cette firme en a présenté — 89 — à la Société nationale d'Horticulture de France (séance du 10 octobre 1901) des exemplaires auxquels a été décerné un certificat de première classe. Il n’est pas sans intérêt, pensons-nous, de donner i ici les appréciations flatteuses du comité de floriculture de cette Société : « Sans avoir la rapide croissance du M. Ensele,le M. Ayrnoldiana pousse vigoureusement et supporte facilement les grands vents. Dans la même plantation il a été impossible de trouver un seul M. Ensele ayant résisté aux vents de ces jours der- niers, tandis que la plante présentée a ses feuilles encore intactes. Le M. Aynoldiana ne craint ni le soleil ni l'ombre ; ce serait, d’après MM. Vilmorin-Andrieux et C°, une plante très résistante, d'une remarquable élégance, et qui serait appelée à un grand et légitime succès. Le Jardin colonial de Laeken possède également des pieds de cette espèce, actuellement fort demandée par les amateurs. On pourrait pour les espèces africaines de ce groupe, dresser le tableau analytique suivant, en se basant en grande partie sur les données de M. le professeur K. Schumann et sur celles de la Flora of tropical Africa : PHYSOCAULIS Baker. A Sépale libre entier. a Sépale libre non apiculé et cuspidé; inflo- rescence pendante. 1 Graines grosses, renflées, anguleuses. M. ventricosa. go 2 Graines 2-3 fois plus petiles, subglo- buleuses M M SC hiDetniunrtirir. b Sépale libre apiculé ou cuspidé; inflores- cence dressée, graines petites, subglo- RUICUS ES RE NON 2 T CU N-MTcleplantorum. B Sépale libre trilobé, a Graines lisses, 1 Inflorescences relativement courtes I Plus de 20 fleurs par série . . M. Ensete. II De3 à 15 fleurs par série. 1. 10 fleurs par série . . M. Buchananii. 2. 3-7 fleurs par série. A Sépale libre de 2-3 cm. de long; graines de 9-10 sur 8 mm. . M. Gilleti. B Sépale libre de 4 em. de long ; graines de 12-16 sur 12 mm. . M. Arnoldiana. 2 Inflorescences très allongées . . . M. proboscideu. b Graines tuberculeuses . . . . . . . M.Livingsloniana. Musa TEXTILIS Née (1). (Planches VIII et IX.) En mai 1900 J. Gillet nous envoya des fragments d'un bananier, qui portait dans sa collection le n° 1018. Dans une lettre annonçant cet envoi il nous signalait ce n° 1018 comme un bananier introduit par lui, les graines avaient été reçues de MM. Haage et Schmidt, (1) Syn. : M. mindanensis Rumph., M. silvestris Colla, M. tro- glodytarum var. textoria Bl., M. abaca Perr. Le M. amboinensis Rumph. doit êlre rapporté comme variété de cette espèce. Epices d'Erfurt, sous le nom de Musa sumatlrana. La plante fructifie abondamment au Congo, elle se reproduit de rejets et de graines et sera bientôt répandue dans les ravins de la région de Kisantu. Elle peut atteindre une hauteur de 5 mètres. Les feuilles sont allongées et macu- lées de grandes taches brunes. La plante vient en touffes du plus bel effet, comme le montre la photographie que nous à fait parvenir, dans le courant de cette année, notre zélé collaborateur. Ce Musa ne peut être rapporté au Musa sumatrana, ce dernier atteint en général 2,50 de haut et possède des mains de quatre fruits; par contre, la plante qui nous occupe atteint jusque 5 mètres de haut et possède des mains de plus de dix fruits. D'ailleurs, le Musa suma- {ana appartient au sous-genre Rhodochlamys, carac- térisé par des fleurs peu nombreuses à l’aisselle des brac- tées, disposées en général en une série, à sépales libres, linéaires, tandis que le Musa semé au Congo par J.Gil- let a des fleurs nombreuses (dix-neuf environ) disposées sur deux rangs, à sépale libre, ovale, caractères qui sont ceux du sous-genre Zumus«. Parmi les 20 espèces comprises par M. le professeur Schumann dans ce sous-genre, 3 se différencient par leur petite taille, dépassant rarement 2 mètres, et leurs feuilles courtement pétiolées. Parmi les 17 autres espèces, qui toutes ont des feuilles longuement pétiolées, deux, qui appartiennent à la flore australienne (Queens- land, Nouvelle Calédonie, Daak, Taiti), ont des inflores- cences dressées, ce qui n’est pas le cas chez la plante que nous envisageons, dont l’inflorescence est longue RD — et pendante. Parmi les espèces possédant une telle inflorescence, trois, les M. lanceolata Warb., M. lex- -Lilis Née et M. Bakeri Hook. f., sont caractérisées par les lobes extérieurs du périgone nettement cucullés et corniculés, ce qui est le cas pour la plante que nous étudions ici, comme le font voir les figures ci-contre. Mais nous ne pouvons songer à rapprocher le Musa in- troduit au Congo du Musa lanceolata, par suite de la forme du sépale, étroitement lancéolé chez cette der-- nière, tandis qu'il est elliptique dans la plante en ques- tion. Nous nous trouvons dès lors en présence de deux espèces, les Musa tlextilis et Bakeri; M. Karl Schumann les différencie comme suit : 1. Bractées d’un violet foncé, ieuiles dures... . : .. + M tlextilis. 2. Bractées écarlates, feuilles Moins dures. /: 2... M. PBakerti. Ayant eu à notre disposition uniquement des échan- tillons conservés dans l'alcool et n'ayant pu obtenir jusqu'à ce jour de renseignements sur la couleur des bractées à l’état frais, il n’est pas possible de spécifier notre plante d’après ces caractères. L'ensemble des caractères fait cependant rapprocher davantage notre plante du M. teætilis, créé par Née en 1801. M. Baker, dans son étude sur les Musa publiée en 1894 dans le Bulletin of Miscellaneous information de Kew, décrit (p. 248) avec assez de soin le fruit du Musa tlextilis : il dit : « Fruit vert, oblong, trigone, courbé, de 5 à 7,5 cm. de long, de HO IQG 25 mm. environ de large, non rétréci au sommet, mais rétréci vers le stipe court et épais, non comestible, mais rempli de graines. Graines noires, turbinées, de 4 mm. environ de diamètre, anguleuses par pression latérale. » Caractères qui ne concordent pas totalement avec ceux des fruits de notre plante (Cf. PI. IX). Quant au Musa Bakeri, dont nous trouvons une description détaillée et des figures dans le Bot. Mag. (1898, pl. 7627), nous trouvons la description suivante du fruit : « Fruit non mur, oblong, trigone, vert, à angles aigus, rétréci graduellement vers la base, non distinctement pédicellé à l’état jeune. + Comme on le voit, ces deux espèces ont des fruits non brusquement rétrécis vers le sommet, Comme ceux qui se sont déve- loppés au Congo. Nous donnons ci-dessous une description complète de ce Musa, très variable d’ailleurs, d’après les matériaux que nous en avons étudiés et d’après les données an- ciennes. Musa rexTiLis Née. — Plante atteignant 4 à 7 mètres de haut, donnant d’assez nombreux rejets latéraux. Feuilles grandes, vertes, allongées, longuement pétiolées, maculées de grandes taches brunes, à gaines noirâtres. Inflorescences allongées, pendantes, à rachis velu, à bractées ovales-aiguës, rapidement caduques, celles du sommet de l’inflorescence ovales. Fleurs au nombre de 16-19, disposées sur deux rangs, le rang extérieur à 10 fleurs, le rang interne à 9 fleurs. Péri- gone à deux lobes, le plus petit interne entouré par le plus grand, lobe externe de 4 em. environ de long à cinq lobes, le médian plus long que les latéraux, et cucullé, obtus, les deux latéraux cucullés et munis sur le dos, en dessous du sommet, d’une sorte de corne filiforme ôndu- lée, Lobe interne oblong, de la moitié environ de la longueur du lobe externe, Étamines au nombre de 5, un peu plus courtes que le lobe externe, à filet aplati. Slyle allongé, dépassant un peu les étamines, à stigmate subglobuleux. Fruit vert, obscurément trigone, recourbé, atteignant 5 cm. de long, rétréci à la base en un pédoncule assez épais, assez brusquement rétréci au sommet et terminé en un prolongement de 9 mm. environ de long, et de 4 mm. environ de large, s’élargissant au sommet en une sorte de plateau. Graines petites, nombreuses, enfoncées dans une masse blanchâtre et pulvérulente à l’état sec, irrégulières par pression réciproque, de 5 mm. environ de large et de 2,5 mm. environ d'épaisseur, à membrane plus ou moins ru- gueuse, d’un brun noirâtre. TRE” On connait l'importance industrielle du Musa textli- lis dont les fibres constituent le chanvre de Manille ; son introduction au Congo et son acclimatation peuvent donc avoir une importance commerciale considérable. La récolte et l'exportation de ce chanvre constituent une des industries principales des Philippines et des Cé- lèbes et depuis quelques années cette plante a été intro- duite dans beaucoup de colonies, où contrairement aux anciennes opinions elle peut se développer facilement. « Chanvre de Manille » est le nom généralement employé par les négociants Anglais et Américains pour désigner ce produit et le distinguer des autres fibres; dans les Philippines, cependant, on ne le considère pas comme un produit de Manille et des environs, il est prin- cipalement préparé dans les iles du Sud et est appelé « abaca ». | Ce bananier croit le mieux sur les côtes des îles de l'océan Pacifique. Luzon fournit, parait-il, la meilleure er qualité et la plus grande quantité de fibres. Le A7. textilis ne peut vivre en sol constamment humide ; un sol sec à humidité superficielle considérable est des plus propices pour sa culture. Trop d'humidité comme d’ailleurs une trop forte sécheresse sont néfastes pour cette plante. Il en est de même d’un sol trop riche, qui pousse à la formation de feuilles au détriment de la quantité de fibres et de leur résistance. Il existe de nombreuses variétés de culture reconnues par les indigènes et diffé- rant entre elles par des caractères secondaires. L'’abaca demande peu de soins; dans les Philippines, une fois par semaine, l’ouvrier chargé de l'entretien et de la récolte passe par la plantation et fait le sarclage utile, taille, coupe et enlève ce qui est nécessaire. Les plants sont obtenus de rejets, on les choisira de 1 à 12,50 de hauteur; ils seront plantés dans un terrain défriché par le feu et placés à 1,80 à 3 mètres de dis- stance dans des trous de 40 cm. dans les trois sens, suivant la fertilité du sol; en sol pauvre on plantera plus serré. Les rejets atteignent rapidement 3 mètres environ de haut et de 12 à 18 cm. de diamètre; si on les laissait croitre, ils produiraient des fruits qui, d’après certains auteurs, seraient vénéneux. Le semis peut également être employé pour la propa- gation de cette espèce intéressante, il a réussi au Congo où il a été essayé par J. Gillet. Ce mode de reproduc- tion est naturellement plus lent que la multiplication par rejets. Les graines de Musa textilis demandent dans les bonnes conditions, de 20 à 25 jours pour germer. Si on veut faire la culture en grand on choisira na- SET turellement les meilleures graines, celles qui ne nagent pas à la surface de l’eau, et on les sèmera en pépinière, pour transplanter les jeunes pieds ultérieurement, quand ils auront 1 mêtre. On coupe généralement l’abaca à trois ans quand il est issu de rejets, à 4 ans quand on l’a élevé de graines. La séparation de la fibre est la phase importante et dificile de la production du chanvre; elle exige une grande expérience. L’indigène chargé de la récolte coupe le pied arrivé à maturité au niveau des racines et plante aussitôt un rejet à proximité de l’endroit où le Musa abattu croissait, de sorte qu’en tous tempsil y a des plants à différents stades de développement, dans une même plantation. Il enlève ensuite les feuilles et commence immédiatement le travail des pétioles mesurant environ 2,50 de long ; l'écorce externe est enlevée, puis les fais- ceaux de fibres qui alternent avec des couches de tissus mous; les fibres atteignant parfois 2 mètres de long, doivent être soigneusement enlevées de la tige en une fois, de crainte qu’elles ne pourrissent. Dans les Phi- lippines les abacas sont défibrés sur place et les déchets laissés sur le sol forment une couverture améliorante, tant par les éléments nutritifs qu’elle apporte que par l'obstacle qu’elle met à l’'évaporation et au développe- ment des mauvaises herbes. Le travail de séparation, tel qu'il est fait aux Philippines, est très dur; des indi- gènes accoutumés à ce genre de travail ne peuvent guère préparer plus de 50 livres par semaine. Les appareils sont très primitifs et constitués par une sorte de couteau sous lequel sont passées les bandes à défibrer. CL" ES Un plant entier contient environ 250 grammes de fibre, dont la longueur varie de 1,80 à 2,40. Le résidu de cette préparation peut ètre utilisé avec grand succès, dans la préparation des pâtes à papier La qualité dépend en grande partie du collecteur indi- gène, de l’état de maturité et du temps au moment de la coupe du stipe; coupé avant maturité ou trop tard il donne des fibres de moins bonne qualité. Le collecteur doit soigner l'extraction et faire sécher la fibre en une fois, car si la fibre repose un certain temps avant d’être séchée, elle perd sa belle couleur et un peu de sa résis- tance. Le chanvre des Philippines est classé d’après sa finesse, sa couleur, sa longueur et sa résistance. Cette dernière dépend en grande partie de l'âge. Les fibres les plus fines proviennent de la zone inté- rieure des tiges de Musa bien murs, et si elles sont soigneusement nettoyées et séchées on les emploie pour faire des étoffes et on les mélange à de la soie pour en fabriquer une sorte de mousseline indienne. Très sou- vent on fabrique avec les fibres plus épaisses des tissus vrossiers pour vêtements, des filets de pêche, etc., pour lesquels elles conviennent particulièrement. La valeur de ce chanvre est variable. On à connu des prix de 60 livres sterling par tonne, qui sont tombés à 14 livres sterling. Dans ces derniers temps, le prix a fluctué constamment par suite de la guerre et de la situa- tion politique des Philippines Le taux normal par tonne est de 25 à 30 livres. à Il y a environ 800,000 à 1,000,000 de balles de ce chanvre produites et expédiées annuellement de l'ile. Les PT États-Unis fonctionnent comme centre de ce commerce pour l'Amérique du Sud, Cuba et le Canada, et l'Angle- terre comme centre pour l’Europe et l'Asie occidentale, l'Angleterre prenant environ le double de la part prise par les États-Unis. Les fibres sont réunies en balles faites à la main ou à la presse à vapeur; elles pèsent environ 28 livres. D'après certaines statistiques l'exportation du chan- vre de Manille s’est chiffré à : 205256 kilos, en... … :.1897 151952,712 ” Pnau lo) 187,547,976 ” MR en LS O0) .72.380,560 s Man Cite TOUL 102,030,171 ” a VE Re A ET OO 75,800,228 » Da AUOUZ Mème dans les années de plus forte production Ma- nille ne pouvait satisfaire la demande, on peut donc juger de quelle importance peuvent être la culture et l'exploitation de ce produit. Aussi le chanvre de Manille est-il fréquemment mé- langé de « chanvre sisal +, produit de l'Agave sisalan«. On peut déceler la présence de cette dernière fibre par l'examen microscopique, par des essais de résistance; la fibre de sisal supporte seulement la moitié de la charge de celle du vrai Musa lextilis et la résistance à la pourriture est bien moins grande chez le sisal que chez l’abaca. En outre la combustion de l’abaca laisse une cendre d'un gris noiratre, cel e du sisal une cendre d’un gris blanchâtre. 21199 = Mais le Musa lextlilis n'est pas la seule des espèces du genre dont les fibres ont de la valeur. On signale encore comme source de fibres, le AZ. basjoo Sieb. et Zucc., de l'archipel de Lin-Kin et cultivé dans le sud du Japon. M. le professeur Warburg a signalé récemment des fibres originaires des Carolines (district de Ponape) et provenant d’un Musa nouveau, M. Tikap Warb, dont les fruits ne sont pas comestibles. Des expériences installées à Cologne sur la résistance de cette fibre ont prouvé qu'elle est d'environ un cin- quième moins résistante que celle du chanvre de Manille et un peu moins résistante que celle du chanvre de Zélande. Le bananier est très voisin du Musa lexlilis, mais non identique. Nous en donnons ci-dessous la description : Musa Tikap Warb. (1). La feuille très jeune ressemble beaucoup à celle du bananier comestible à l’état adulte, elle mesure environ 1 mètre de long et 30 cm. de large, le pétiole mesure environ 1 cm. de diamètre, les nervures latérales sont distantes les unes des autres de 1 cm. environ. Inflorescence constituée comme celle des autres bananiers; mains à deux rangées de fleurs et garanties par des bractées coriaces, aiguës. atteignant 12 cm. de long et peut-être plus, caduques avant maturité. Fleurs de la base du régime femelles, contenant des staminodes réduits; fleurs de ia partie supérieure mâles, renfer- mant un style avec sligmate, mais pas d'ovaire. Fleurs mâles déve- loppées mesurant environ 5 cm. de long et 6 mm. de large et portées sur un pédicelle de 1 cm. environ. Enveloppe florale formée par une sorte de tube extérieur fendu antérieurement et mesurant (1) in Tropenpflanser, 1903, p. 34 c. fig. 0 — 5 em. de long, tube élalé, de 1 cm. de long et terminé en 5 lobes de 1 à 2 mm. de long; à pointe terminale plus ou moins contournée ; les deuxième et quatrième lobes plus réduits que les autres, parfois même très réduits, à acumen contourné très petit. Étamines au nom- bre de 5, linéaires, de 1,5 mm. de large, à filet de 5 mm. et à anthère biloculaire de 3 cm. de long. Style de 3,5 cm. de long et envi- ron { mm. de large, terminé par un sligmate de 3 mm. de long sur 2 mm. de large. Fleurs femelles plus robustes, à ovaire triloculaire, à côtes obtuses, de 4,5 à 5 cm. de long et de 7 à 8 mm. de large; loge à deux rangées longitudinales de graines attachées au centre de l'ovaire ; enveloppe florale un peu plus courte que dans la fleur mäle, de 4,5 cm. de long et étalée, de 1,5 cm. de large, à lobes terminaux un peu plus allongés, atteignant 4 mm. de long ; pélale interne mesu- rant 2,5 à 3 cm. et 12-13 mm. de large, émarginé légèrementau som- met et parfois aussi muni dans l’émarginure d’un acumen aigu. Style de 4 cm. de long, 2 mm. de large, à stigmate de 5 sur 5 mm. Slami- nodes au nombre de 5, ? un peu plus grands, de 6 mm. de long, et 8 plus petits de 5 mm., aplatis, de 1 mm. de large et terminés en pointe courte. Fruits mürs plus petits que les plus petites bananes comestibles, mesurant de 7 à 8 cm. de long, sur 2 cm. de large sans pédicelle, à angles peu marqués et se rétrécissant à la base en un pédicelle de 14,5 em. de long et 8 mm. de large et possédant au sommet une sorte de bec court de 7 mm. de long, trace de la corvlle tombée. Ils contiennent une moëlle grisâtre et des graines anguleuses, de 5 à 6 mm. de diamètre et d'un brun noirâtre, à hile arrondi, angu- leux, de 2? mm. de diamètre. Le Musa lextilis des Philippines se distingue de cette nouvelle espèce par l'enveloppe florale interne de la fleur mâle aiguë et comparativement beaucoup plus longue, par le fruit plus petit et fortement recourbé, à pétiole nettement marqué et différencié brusquement, par une moëlle peu abondante et par ses graines plus petites. De qi Dans ces dernières années l'attention a encorewété vivement attirée sur l'extraction de la fibre des plan- tains ordinaires : Musa sapientum, paradisiaca et Cavendishii, qui se rencontrent dans toutes les régions tropicales, cultivés sous d'innombrables variétés pour leurs fruits comestibles. La valeur de la fibre du plantain avait déjà été signalée, car les indigènes des Indes l'employent depuis fort longtemps pour fabriquer des cordages, des nattes et du papier. Mais à la suite de recherches effectuées sur la résistance de cette fibre, cette extraction très simple avait été abandonnée; la valeur de cette fibre étant indis- cutablement moindre. Une corde de fibres de Musa saprientum de 8 cm. de diamètre a supporté à Madras, en 1850, à l’état sec, 2,330 livres; par contre le chanvre de Manille a sup- porté 4,669 livres et le chanvre ordinaire 3,885 livres. Malgré cette moindre résistance, la fibre du plantain vaut l'extraction, il y a là une industrie à développer, car cette fibre peut obtenir une bonne valeur commer- ciale. Si elle ne peut être employée pour le tissage, elle pourra servir, avec le plus grand profit, pour la fabri- cation du papier, une industrie pour laquelle les matières premières diminuent fortement. Au Bengale seul, le commerce de cette fibre pourrait ètre développé très fortement, car dans l'Himalaya oriental, à des altitudes de 2,000 à 4,009 pieds, on ren- contre un plantain où Musa indigène qui est capable de fournir une très belle qualité de fibre. Mais sans parler de Musa spéciaux, les tiges des Musa à fruits comes- tibles rejetées après fructification pourraient faire l’objet d’une industrie rémunératrice par l'extraction de leurs fibres. Les Musa ne fructifient, comme on sait, qu’une seule fois, après fructification la tige coupée est rejetée; des milliers de tiges perdues de cette facon pourraient chaque année être rassemblées et servir pour l'obtention de fibres. La séparation des fibres à été essayée par fermentation dans des bacs cimentés, mais sans grand résultat ; pour obtenir de belles fibres il faut employer une machine. Des machines, proposées par M. Proudlock, un expérimentateur des Indes anglaises, sont, parait-il, peu compliquées et peu coûteuses. Il en existe deux modèles très simples (1). Toutes deux dérivent de l’appareil employé par les Philippins ; l’un de ceux préconisés par M. Proudlock, directeur du Jardin d'Ootocamund est figuré ci-des- sous (2). Machine à défibrer les pétioles de bananier, (Machine de M. Proudlock employée à Gubat). (1) Bull. n. 47 du Department of Land Records and Agriculture, Madras, 1902. (2) Nous devons ce dessin à l’obligeance de M. Vilbouchevilch, qui l’a publié dans le n. 28 du Journal d'Agriculture tropicale. ne Le Cette machine est constituée par un couteau mousse en fer, pesant environ 4 kilogs, reposant sur une plaque de fer de 40 cm. X 5 cm. et de 12 mm. d'épaisseur fixée sur la traverse D. Celle-ci a 2 mètres de long, 1,5 cm. de diamètre et repose sur deux montants & à 80 cm. au- dessus du sol. Le couteau est prolongé en arrière de son articulation et relié par une chaine g à une perche de bambou f de 4,50 cm. environ de long, attachée à l'extrémité d’un montant d de 1,50 mm. de haut et à un piquet e enfoncé plus loin en terre. Le manche du couteau est également relié à une pédale ? qui permet de relever le couteau pour passer sous lui les gaines à défibrer. L'opérateur doit déployer une certaine force pour tirer à deux mains la masse de tissus sous le couteau. Il est certain qu’une machine moins primitive donne- rait de bien meilleurs résultats encore, en épargnant une grande main-d'œuvre. Les fibres de Musa à fruits comestibles, types et variétés, montrent une très grande différence dans leur valeur et leur résistance. Dans certains cas en effet, on n’a pas pu distinguer des échantillons de fibre de Manilla- hemp obtenues aux Indes, des fibres obtenues de variétés de Musa comestibles ordinaires. La fibre obtenue de diverses tiges d'une même variété montre également une grande variation dans la résistance, variation due à l’âge des tiges et aux conditions de culture. Des tiges jeunes, coupées avant maturité, produisent en général une fibre faible, comme du reste les tiges mûres s'étant développées dans l'ombre ou dans un ombrage partiel. ie)? RS On doit en conclure que la tige produit la meilleure fibre : 1° vers le moment où l'inflorescence apparait ; 2° quand elle à été cultivée en plein soleil. Mais cette question demande à être réétudiée avec soin. De la fibre de Musa envoyée de l’Arcot, à MM. Ide et Christie, les filateurs bien connus de Londres, a été évaluée à 25-35 livres la tonne; cette fibre provenait de tiges jetées après récolte des fruits. Des estimations faites à Londres dans le temps avaient été moins belles. Parfois même des fibres de plantain de la Jamaique avaient été estimées 12 livres la tonne seulement. Une tige de grandeur moyenne, coupée après fructification, pourrait donner environ 1 3/4 livre de fibres longues, lustrées, prêtes à la vente. On a même prétendu qu’une tige de M. paradisiaca de 1,20 à 1,50 de haut pouvait donner 2 à 3 livres de fibres. Un adulte peut, après huit jours d'apprentissage, travailler huit tiges par jour, avec la machine primitive décrite plus haut, si on lui donne un aide pour diviser les gaines en bandes de 6 mm, environ de diamètre et sécher les fibres brutes. A la Jamaique, où dans le temps de nombreux essais d'extraction ont été tentés, après séparation de la fibre brute on conseillait de la faire bouillir dans un mélange de carbonate de soude et de chaux vive afin de séparer les matières étrangères. M.Vencataraman Anjar, qui s’est beaucoup occupé de cette question aux Indes, a conclu, de ses essais, qu'il y a lieu de planter les bananiers sur un grand espace et d'établir des factoreries capables de produire de la fibre en grande quantité. Il est imprudent de réunir des maté- UE riaux de provenances différentes, car le produit résul- tant peut être considérablement diminué de valeur, tandis que dans le cas de plantations spéciales on con- nait la variété cultivée et on peut par suite garantir les fibres obtenues. La culture du bananier pour l’extrac- tion des fibres peut donc être faite avec avantage, car il y aura d'ici plusieurs années encore une forte demande en fibres, celles-ci ne pouvant pas encore être fournies en quantités par les autres cultures. Les fibres de bana- nier possèdent aussi cet avantage qu'elles peuvent être converties, comme nous l'avons rappelé plus haut, en excellente pâte à papier. Des’ essais d'extraction des fibres de Musa comesti- bles de Java ont également été faits, avec plein succes, par M. van der Ploeg, de la Haye ; il paraît done bien prouvé qu’il y a pour le planteur une source de revenus sur laquelle on n’a pas encore suftisamment attiré l'attention. A l’École des Arts de Trevandrum (Indes anglaises) on a esssayé 29 variétés de plantains indigènes dans le pays; 12 d’entre elles ont produit la meilleure fibre pour le tissage de tissus fins et les autres des fibres pour la confection de tissus grossiers ou de cordes ; les fibres étaient soyeuses et luisantes. La plupart des teintures indigènes teignent rapidement la fibre; le lavage avec de la soude et du savon, comme on le pratique souvent, donne une plus grande flexibilité au tissu et augmente- rait même sa force. Cette fibre possède, d’après les auteurs de ces essais, de grands avantages sur d’autres fibres textiles; elle ressemble beaucoup à la soie, grâce 99 au luisant du fil, qui se conserve même après teinture, cuisson ou lavage; en outre, elle ne doit pas être filée, car elle est prête à être employée dès son extraction. La fibre, légèrement battue avant le tissage, avec un maillet de bois poli, acquiert encore plus de luisant et de flexibilité; elle s’aplatit au lieu de rester ronde et acquiert ainsi une plus grande valeur. Le tissu fait avec ce fil est plus fin et plus serré. Les premiers essais de tissage furent faits en mélan- geant le fil de trame de coton; le tissu obtenu était bon. Il avait conservé son éclat soyeux, sa finesse et sa soli- dité. Le prix de ce tissu n'excède pas celui des tissus de coton, car la moitié environ de la matière du tissu est représentée par de la fibre de plantain qui était perdue. Il y a bénéfice tangible pour les acheteurs comme pour les tisserands en introduisant cette fibre dans le tissage ; les premiers ont un plus beau tissu pour le même prix et les seconds obtiennent la fibre à meilleur compte que le coton. Cette fibre est environ trois fois plus légère que le coton et elle coûte trois fois moins. Si l’on emploie la fibre comme trame et comme chaîne, le tissu a un tout autre aspect et les Hindous le considèrent suffisamment beau pour remplacer la soie. La grosse fibre pourra être employée dans la manu- facture de grosses étoffes, de rideaux, de tapis, etc. ; toutes les variétés de fibres de plantain pourront, parait- il, remplacer avantageusement le coton pour les den- telles et les broderies. Il est à noter que des essais faits avec les fibres du Musa Ensete d'Abyssinie, qui se rapproche, comme — 100 — nous l'avons dit, des M, Arnoldiana et Gillelii, ont donné des résultats moins favorables au point de vue de la valeur et de la qualité des fibres, que ceux faits avec le M. sapientum et ses variétés; mais il faut ajouter que ces essais n’ont pas été faits en Afrique, mais à la Jamaïque, où la plante avait été importée et ne se trou- vait peut-être pas dans des conditions normales (1). Ces expériences mériteraient d’être reprises au Congo. M. Morris a obtenu à la Jamaïque avec le M. ÆEnsete les résultats suivants : il renferme en fibres environ 1.16 p. c. du poids brut de la tige ; cette fibre, parfois faible et colorée, ne possède pas le lustre de la fibre du plantain ; aussi a-t-elle atteint à Londres une valeur de 12 à 14 livres la tonne seulement. Néanmoins, c’est là un revenu qui peut être parfois de certaine importance, surtout quand il est fourni par une plante indigène qui n’exige aucun soin de culture. La culture de la banane, Musa sapientum ou pisang, et ses nombreuses variétés, doit fixer l'attention du colon. En effet, la banane, qu’elle soit banane de dessert ou banane à cuire, est un aliment de grande utilité tant pour le blanc que pour l’indigène. La banane est, quand elle est arrivée à maturité, un excellent aliment pour l’homme, et elle constitue une des meilleures nourritures pour les animaux de la (1) Pendant l'impression de ces notes, nous avons trouvé dans Bolletino agricola della Colonia Eritrea, un articulet sur la valeur de la fibre du M. Ensete. Un échantillon de cette fibre exposé à Flo- rence présentait tous les caractères d’une bonne fibre d’abaca de Manille. — AOL — ferme, surtout si elle est donnée en assez grande quan- tité. Les bœufs, les chevaux, la volaille la mangent très volontiers, mais pour le pore on fera bien d’y ajouter du mais. La direction du laboratoire du Musée colonial de Haarlem à publié l'analyse d’un certain nombre de ba- nanes d’origine indo-néerlandaise dans lesquelles les principaux principes se trouvent dans des proportions variant entre les chiffres ci-dessous : Matières azotées. . . . 0.16-0.32 p.c. Matières grasses. . . . 0.21-0.54 » Hydrates de carbone . . 13.98-29.28 > Cellulose brute . . . . 0.19-0.49 » RME ln 0 :: 0.48-1.36 » ÉCr ". ., 66:11-83.37%1> CMIMMÉQUTEITIL . -. . 21-40 # Ce fruit peut être la base de plusieurs industries pou- vant devenir rémunératrices. Il peut servir à fabriquer une farine dont on a essayé l'exportation, mais qui jusqu'à ce jour n'a pas encore pu être préparée assez régulièrement pour être considérée comme produit d'exportation; elle parait surtout recommandable pour les enfants en bas âge et pourrait être employée en quantité notable dans la biscuiterie. D’après les notes de M. Leuscher (1) la figue-banane ou banana des Anglais conviendrait particulièrement pour la préparation de la farine, le plantain ou banane (1) Journal d'Agriculture tropicale, n. 28, p. 304. — 102 — à cuire fournit un rendement bien plus faible. On peut employer pour la préparation de la farine de banane, des fruits verts trop petits et brisés qui, par ces défauts, sont impropres à la consommation ordinaire et peuvent être obtenus à très bon compte. On estime que 13,800 grammes de bananes, non compris les pédon- cules, peuvent fournir 4,968 grammes de farine, il faut donc en moyenne dix régimes de sept mains et de quatre- vingt-douze bananes pour fournir 50 kilogs de farine; si on employait le plantain il faudrait vingt régimes. La constitution chimique de cette farine de bananes varie; la moyenne de certaines analyses a donné les chiffres suivants, mais on trouve fréquemment des échantillons plus riches en matières azotées : LE ONDES COM 14.80 p. c. Matières azotées . . . 2.90 » Matières grasses eS 5.50 » AIO rue 4 ES L'ARUES 11.90% Celhiose. Me SA 1.60 » CERTES, CR M UEANE RE 2.20 D’autres analystes ont trouvé : HAE oO SCENE OMIS COR Amidon etidexirine : -. … 73.94% Matières grasses . . . . 1.14 » AdDnimEne LEE ANSE 3.210000 Cellulose, matière colorante, eninA0lC..r «NCA 4.70 » Cendres (25 p. c. d'acide phosphorique) . . . . 1.96% — 103 — Cette composition ne parait guère varier suivant l’origine de la variété; que ce soit un plantain ou une banane, la farine a une composition très semblable. La préparation de cette farine est assez simple. Les bananes vertes sont pelées, à ceteffet on estparfois obligé de les plonger dans l’eau chaude à 80 degrés c., où elles restent 4 à 5 minutes. Les bananes sont ensuite séchées au soleil où mieux dans un séchoir à vacuum chauffé. Les bananes sont ensuite réduites en poudre. Sous cette forme la banane porte le nom d’arrow-root de Guyane ou conquin-lay des Anglais. Mais dans les séchoirs perfectionnés les bananes remuées constamment par un système de pelles et de couteaux, sont déjà presque réduites en poudre; elles sont passées ensuite par un tamis. La farine de banane est jaunâtre, elle a le goût de la banane fraiche. (1) Dans ces derniers temps on a beaucoup parlé du sucre de bananes. Une compagnie américaine aurait, paraît-il, fondé à Cuba une fabrique capable de pro- duire mille barils de sucre de bananes par jour. Ce sucre, de couleur brune, à une saveur agréable rappelant , celle du fruit ; le sucre doit être préparé dans des con- ditions très particulières, car il revient quarante à soixante fois moins cher que la cassonade ordinaire D'après les analyses, la teneur en sucre varie nota- blementsuivantles bananes ; on aurait pu même extraire (1) Dans le pays des Gallas, on extrairait du pédoncule du régime du M. Ensete un amidon, qui, préparé avec soin, pourrait peut-être faire la concurrence au sagou. — 104 — de bananes séchées : 50 p. ec. de matières sucrées, mais sur ce total il parait n’y avoir guère plus de 15 p.e. de saccharose. On peut également extraire des bananes un excellent alcool et en particulier du sous-produit résultant de la préparation du sucre; on a même pu préparer des vins de bananes et une sorte de cognac. De l’eau-de-vie de bananes se prépare couramment au Gabon, et M. Chalot, ancien directeur du Jardin d'essai de Libreville (Congo français), préconise le procédé de fabrication suivant : On prend de préférence les régimes de la banane plantain (M. paradisiaca) où « banane cochon + du Gabon, plus riche en sucre, paraît-il, que les autres bananes cultivées dans la région. Une soixan- taine de ces fruits sont placés dans une jarre de 50 litres environ que l’on remplit d’eau. On laisse la fermen- tation se faire pendant trois jours en remuant tous les matins la masse. Quand la pulpe sera tombée au fond, on couvrira le récipient pour empêcher l’éva- poration et on distillera deux fois de suite si l’on veut obtenir un produit très pur, à moins que l’on ne pos- sède des rectificateurs. Les soixante bananes employéés donneraient un peu plus de 2 litres d’eau-de-vie. Cette fermentation ne peut se faire naturellément que si l’on trouve des levures indigènes capables d'amener une fermentation normale. Pour faire la préparation industrielle, il y aura avantage à se servir de levures sélectionnées. A Victoria (Cameroun), M. Schulte im Hofe opérait un peu différemment pour obtenir un alcool de bananes. — 105 — Des bananes, bien müres, dépouillées de leur écorce, broyées, et le moût glaireux additionné d’un peu d’acide sulfurique, sont mises à fermenter par l'addition de la levure de la pulpe fermentée de cabosses de cacao. Au bout d’un jour, la bouillie glaireuse devient claire et il se dépose une sorte de marc. Le liquide clair décanté est ensuite distillé, mais malheureusement la distillation est difficile, car ce moût fermenté, comme celui de la pulpe de cacao, mousse fortement. Vingt litres de moût donnent un peu plus de 3 litres d’alcoo]l à 719,5, c’est-à-dire 11.44 p. c. du mout, pro- portion beaucoup plus considérable que celle donnée par les autres fruits tropicaux. La pulpe de cacao ne donne, en effet, que 8 p. c. d'alcool, celle d'ananas 5.33 p. c. et celle de la papaie 4.65 p. c. Mais c’est surtout comme fruit que la banane à de l'importance commerciale. Ces fruits sont devenus la base d’un grand trafic dans l'Amérique centrale et à la Jamaïque; des flottes entières sont consacrées au transport des bananes vers l’Angleterre et vers l’Amé- rique du Nord, où l’on consomme surtout des quan- tités formidables de bananes grâce au bas prix de vente. La banane peut non seulement se consommer fraiche ou en farine, mais encore en conserve; au Pérou on mange des bananes conservées de forme allongée, apla- ties et pressées en masse. Cette pulpe séchée-trempée dans un sirop de sucre à un goût très agréable. A Tahiti on dessèche les fruits bien mürs au soleil jusqu’à ce qu’ils soient devenus d’un beau rouge. On peut d’ailleurs — 106 — sécher les bananes, d'après les méthodes en usage pour la préparation des autres fruits secs. En France les bananes de la Jamaïque n’ont pas eu grand succès ; ce sont surtout les bananes des Canaries qui sont estimées sur le marché parisien, où elles arri- vent de Londres. On estime qu’à la Jamaïque les plantations de bana- niers couvrent plus de 25,000 acres, produisant 8 à 9,000,000 de bananes. C’est surtout grâce à l'« United Fruit Company >» de Boston que le commerce et la culture de cette plante doivent leur développement. On ne se rend guère compte en Europe de l'importance de ce trafic sur lequel il n’est pas toujours aisé de trouver des documents complets. C’est surtout depuis une quinzaine d'années que la cul- ture de la banane d'exportation a acquis de l’impor- tance dans l'Amérique centrale. Dans un ouvrage admirablement illustré, The Golden Caribbean, dù à la plume de M. H.-R. Blaney, et qui relate une visite hivernale aux républiques de Colombie et de Costa- Rica et aux possessions espagnoles américaines, nous trouvons un certain nombre de données intéressantes à ce sujet. D’après des statistiques du gouvernement de la répu- blique de Costa Rica, l'exportation de bananes vertes, passant par Port-Limon, vers les États-Unis, serait évaluée à environ 10 millions de régimes pour les années 1886 à 1895. En 1896 on expédia 1,692,102 régi- mes, soit 56,000 tonnes. Actuellement (1900) on exporte chaque année par Port-Limon seul, vers la Nouvelle- — 107 — Orléans et New-York, plus de 3 millions de régimes de bananes, pour « l'United Fruit Company *. En 1893-1894, les prédécesseurs de la même com- pagnie,actuellementassociés, exportèrentdelaJamaique 5,162,000 régimes de bananes. Tout le commerce d’ex- portation des bananes, des côtes de l'Amérique centrale et de l'Amérique méridionale (Cuba, Saint-Domingue, Haiti et la Jamaique)est contrôlé par l’United Fruit Company, qui possède la plus grande partie des plantations de ces régions. Soixante-cinq steamers spéciaux dans lesquels les fruits enlevés verts peuvent murir doucement con- duisent les régimes aux États-Unis. La culture du bananier fut commencée en 1879 sur les côtes atlantiques du Costa-Rica. En février 1880 les 360 premiers régimes?de bananes furent expédiés, par le steamer ÆZarnholm, de Port-Limon à New-York, et le gouvernement, voyant que cette culture devait devenir une irès grande source de richesses pour le pays, alloua à ceux qui étaient disposés à s’y consacrer de grands espaces de terrains. En 1888 il y avait soixante et une grandes plantations de bananiers et un grand nombre de petites planta- tions. Le bananier plantain est la vraie nourriture popu- laire." Son fruit peut servir à l'élevage des volailles et posséderait même la propriété de faire pondre des œufs. Le plantain ressemble plus ou moins à la banane par sa couleur et par sa forme, mais il est plus grand; il n’est jamais mangé cru comme la banane, on le mange tou- jours cuit. — 108 — Les plantations dépendant de l’« United Fruit Com- pany » sont situées le long de rivières, de canaux ou de chemins de fer à Costa-Rica; elles suivent les lignes de chemin de fer de Guapiles, la rivière Banana et la rivière Zent. cela pour épargner du travail, des frais de transport et éviter la trop forte manipulation des fruits. Les terrains choisis pour la production des bananes sont les terrains d’alluvion, riches en matières végétales décomposées. Les meilleurs terrains sont toujours ceux situés sur les bords des rivières. Les plantations sont inondées deux ou trois fois par an et les eaux déposent à la surface du sol 5 à 6 pouces d’alluvion ; le sous-sol de ces terrains est graveleux et peut ainsi être facile- ment drainé. On y plante les bananiers à une distance de 20 à 30 pieds, en rangées distantes de 15 pieds. Géné- ralement au bout de neuf mois la plante porte des fruits; à partir de cette époque la fructification est régulière. Dans les plantations de la « Banana River » on à vu des régimes pesant jusque 100 livres ; la moyenne est de 55 livres. Les bateaux de la « United Fruit Company » de Boston chargent tous les ans à Puerto-Cortez environ 920,000 régimes de bananes. Un siteamer ordinaire de 1,000 tonnes de capacité peut transporter de 13,000 à 19,000 régimes de bananes; ceux-ci sont triés en trois classes. Le no 1 compte 9 mains, chaque main comprenant de 15 à 20 doigts ou fruits séparés, de sorte que le régime n° 1 compte de 175 à 300 bananes. Les rêgimes sont chargés généra- lement la nuit sur les steamers spéciaux, au moyen d'un Lt — 109 — chargeur à vapeur muni d’une large bande de canevas sur laquelle les fruits sont placés et déchargés sans manipulation. Un surveillant du quai compte les régimes par groupes de dix. La vapeur nécessaire pour actionner ces chargeurs (au nombre de deux) est fournie par la chaudière du navire. Dans tous les pays on s'occupe actuellement de l'extension à donner à cette culture. D'après certains auteurs l'Afrique continentale pour-- rait peut-être lutter contre l'Amérique pour l'exporta- tion des bananes. Malheureusement, on possède encore bien peu de données sur la valeur des bananiers cultivés par les indigènes. Des rapports récents envoyés au Comité allemand d'agriculture coloniale ont fait voir qu'il existe dans les possessions africaines allemandes un nombre assez notable de variétés, loin d’être équiva- leutes entre elles. Dans le West-Usambara, le plus cultivé des bana- niers, « Boho », possède des régimes à 8 mains de 12 bananes; le « Æuti », 10 mains à 12 bananes, dont les plus grosses sont employées comme bananes à cuire, tandis que les petites, très douces et aroma- tiques, sont surtout mangées crues à maturité. A Dar- es-Salam, la variété fruitière la plus cultivée est dénom- mée « Sukari », les régimes possèdent en moyenne 8 mains de 17 à 20 fruits; la variété à cuire ordinaire- ment cultivée est le « Mzuzu », 5 régimes de 8 mains de 12 fruits. Dans la région de Kwai, on cite 8 variétés principales : ©t = — 110 — . Kibangula. — Régime de 6 à 8 mains de 12 à 14 fruits. Estimé pour le séchage et la préparation de farine. Mrono ja Tembo. — Régime de 6 à 15 mains et jusqu'à 20 fruits par main, donnant une très bonne farine. . Msuso. — Régime de 6 à 14 mains de 10 à 12 fruits, bonne banane à cuire. . Bawalla. — Régime de 20 à 30 mains de 10 à . Kipohussa. — Régime de 8 à 10 mains de 12 . Kishuhkari. — Régime de 5 à 20 mains de 10 12 fruits; banane de valeur secondaire, bonne pour la préparation de la farine et s’employant de préférence cuite. 2 15 fruits; banane fruitière et banane à farine. ©» 12 fruits; banane fruitière très douce. . Kideroma. — Régime de 8 à 15 mains de 8 à RE 12 fruits; banane fruitière de très bon gout. Hala-Hala. — Régime pesant parfois 60 kilogs, de 1,25 de long, à fruits très rapprochés; cette plante serait d’origine arabe. Dans la région de Kilwa, on cultive : Kuime, à 2 ou 3 mains de 12 fruits. Mhoge, à 6 ou 7 mains de 12 fruits. Kisukari, à 8 ou 9 mains de 12 à 13 fruits. Malindi, à 10 ou 11 mains de 11 à 12 fruits. Bungara, à T ou 8 mains de 11 à 12 fruits. Kizungu, à 5 où 6 mains de 12 à 13 fruits. Mboko, à 11 ou 12 mains de 18 à 19 fruits. ey — A1 — 8. Libroi. 9. Mhampa, à 8 où 10 mains de 12 à 13 fruits 10. Xrzlombo, rare. 11. Xipienzi, à 8 ou 9 mains de 11 à 12 fruits. Comme on le voit, le nombre de fruits produits par un seul régime varie considérablement ; il y a donc grand intérêt pour le planteur à étudier en détail la valeur des plantes, tant au point de vue du mérite de leurs fruits que de leur force productrice, avant de se décider dans le choix de la variété à cultiver. Notons aussi, sansinsister longuement, quele bananier est une plante très épuisante ; un sol même très riche sera toujours assez rapidement épuisé; aussi est-il néces- saire de donner à cette plante non seulement un engrais potassique, l'élément potasse étant un de ceux dont elle a le plus besoin, mais bien un engrais complet dont la formule variera naturellement d’après la richesse du sol. Il devra renfermer comme éléments principaux : azote, potasse, acide phosphorique, chaux. Comme on l'a fait remarquer à la Jamaïque, l'emploi des engrais chimiques seuls ne peut être de grand effet, il faut aussi que le sol de la bananerie renferme beaucoup d’humus ; celui-ci sera apporté par le fumier de ferme et des détri- tus végétaux (1). Des enquêtes comme celles instituées par le « Kolo- nial Wirtschaftlichen Komitee + de Berlin, pourraient être entreprises avec grand bénéfice dans toutes les (1) On peut donner à titre de mémoire et pour faire voir la quan- tité notable de sels que le bananier erlève au sol, les données sui- — 112 — colonies africaines ; elles feraient ressortir, en effet, la valeur de certaines variétés indigènes et mettraient sur la voie du sélectionnement. Parmi les nombreux usages du Musa, on cite encore l'emploi des inflorescences et de la portion interne des tiges comme légumes bouillis: celle des cendres de feuilles et de l'écorce du fruit comme assaisonnement ; aux Indes ces cendres sont aussi souvent employées en teinture. Les écorces du fruit peuvent également servir pour le tanage, elles renferment une forte pro- portion de tanin qui communique au Cuir Où aux tissus une coloration noire presque indélébile. * * Sans nous appesantir davantage sur les différentes sortes de bananiers à fruits comestibles, ni sur la cul- ture et la récolte, nous tenons à signaler la très inté- ressante notice publiée par M. le D' F. W. T. Hunger, vantes fournies par l’analyse des cendres de fruits et publiées par Corenwinder : Sulfate.de pORHSSIU NS). EL ONE 3 61 Chlorüre:de: potassium. © Le OR 14.34 Phosphate de magnésie . . en 8.24 — de /PotAsSI NEE RS 142 Carbonate de potassium . . . . . . . 41.66 — dermagnésies Fe CET CURE 1.54 — de CHAUSSEE CLS 2.96 Oxyde defense MEUNIER Er Re SET Bilicesr ds let ns Vu. Ste Et ARE 100.00 — 113 — dans le Teysmannia (1903, p. 35), sur un bananier de Java qui est dénommé « Pisang Sariboe »; il ne sera peut-être pas sans utilité d'attirer l’attention sur cette espèce curieuse. M. Hunger à observé ce Pisang Sariboe dans un jardin indigène à Tjiledoek et fut frappé de l'étrange inflorescence de cette plante. Ayant à quitter Garoet au mois de novembre, il acheta deux rejets de cette plante destinés à être plantés à Buiten- zorg en vue d'un essai de propagation. Ces deux plantes furent installées dans son jardin particulier à Pedja- galan, où elles se développèrent rapidement. Il restait à savoir si les rejets transportés auraient fourni, comme la plante mère, des fructifications curieuses. M. Hunger put observer en juin 1902, sur une des plantes de son jardin que l’inflorescence se développait exactement de la même façon que celle de la plante mère à Garoet. Ce bananier parait être très rare, il était complètement inconnu. La chose la plus remarquable de ce bananier est son inflorescence à laquelle il doit son nom de « Pisang Sariboe + (en malais) ou « Pisang Sewoe - (en javanais), noms bien appropriés et qui tous deux signifient « mil- liers ». Le régime est très long et contient un très grand nombre de fruits disposés les uns contre les autres, sans interruption. Le régime coupé avant son entier développement, mesurait, chose presque incroyable, 1,96 de long, soit plus 2 mètres après développement. Les fruits présents sur le rachis furent enlevés un à un et comptés : il y en avait 3,137. Le bourgeon terminal fermé contenait — 114 — encore 179 fleurs. Les mains (sisirs ou sikats) sur Mes- quelles naissent les fruits étaient au nombre de 151; les fleurs étaient réunies dans neuf bractées, d'où il résulte qu'une bractéc renferme de 19 à 20 fleurs qui, comme le montre le nombre de fruits, se trans- forment presque toutes en fruits. La banane isolée mesure environ 75 mm. de long, elle possède un goût assez fade, mais non désagréable. Ce Pisang Sariboe se reproduit par des rejets; chaque pied original est souvent entouré par 5 ou 6 rejets. L'auteur n’a pu déterminer la distribution de ce Pisang Sariboe, ni l'usage qu’en font les indigènes. Un Chinois de Semarang lui a rapporté que cette variété se rencontre parfois dans les environs de Semarang. M. Hunger ajoute qu’il serait très désireux de rece- voir des renseignements supplémentaires sur cette espèce. La lecture de cet article nous a rappelé le Musa que nous avons reçu à diverses reprises du Bas-Congo, d'où il nous à été envoyé par M. J. Gillet, S. J., de la mis- sion de Bergeyck-Saint-Ignace (Kisantu). Dans tous les bananiers, même dans celui que M. Hun- ger a décrit, les fleurs se trouvent disposées à l’aisselle de bractées plus ou moins grandes et parfois colorées, et les fruits auxquels elles donnent naissance sont disposés par groupe plus ou moins distants, mais toujours dififé- renciés. Dans les divers régimes que nous avons reçus de ce Musa du Bas-Congo, rien de semblable, les fleurs se trouvent disposées le long de l’axe, en forme de tire- bouchon, serrées les unes contre les autres, sans la — 15 — moindre interruption, depuis la base du régime jusqu’au sommet. Ces fleurs sont situées sur deux rangs, d'une facon alternante. Cette inflorescence en forme de tire- bouchon, d’un aspect si curieux, se trouve garantie par une bractée qui, elle aussi, est continue de la base au som- met du régime. Cette bractée, plusieurs fois plus longue que les fleurs, se détruit par fragments au fur et à mesure de la maturation des fruits qui se trouvent ainsi mis à nu. Ces fruits sont du type de la banane comesti- ble, trigones, et mesurent une vingtaine de centimètres de long et 43 millimètres de diamètre. Ils sont donc notablement plus grands que ceux du type décrit par M. Hunger et peuvent être classés parmi les plus gros fruits observés dans l'Afrique occidentale ; d’après les renseignements qui nous ont été communiqués, ils seraient très bons à manger. Cette variété se reproduit très régulièrement, semble- t-il, par rejets. Par son port le bananier dont nous venons de décrire la disposition bizarre des fleurs et des fruits est à comparer au bananier comestible ordinaire. Si on considérait seulement les caractères de l’inflo- rescence, on pourrait être amené à créer un genre nou- veau dont les caractères bouleverseraient même toutes les données acquises sur la morphologie de la famille des Musacéès. Malheureusement, quand on étudie les fleurs de plus près, on reconnait qu'elles sont anormales, toutes sont irrégulières et la plante que nous venons de décrire doit être considérée comme un cas pathologique ; uné anomalie plus ou moins analogue se présente dans d'autres groupes végétaux, mais nous ne COnnaissOns — 116 — aucune plante qui présente cette modification avec une telle régularité. La preuve bien évidente que la plante est anormale, c’est que les fleurs ont fréquemment une ou plusieurs étamines transformées en fleurs plus ou moins complètes, et dans celles-ci les étamines à leur tour sont encore parfois prolifères. Les fleurs ont un périanthe divisé en quatre à cinq lanières, libres entre elles jusqu’à l'ovaire, et les étamines très irrégulièrement développées, parfois deux à trois encore normales, d’autres plus ou moins avortées, et une ou deux toujours transformées en fleurs plus ou moins réduites et pédicellées, aussi longues environ que le périanthe de la fleur mère. Nous n'avons pu compter tous les fruits d’une de ces infrutescences, ils sont certainement nombreux; dans une partie de l’inflorescence dont la bractée était déjà détachée, qui ne représente certes pas la moitié de la longueur définitive du régime, nous avons compté sep- tante-deux fruits jeunes. Nous ne connaissons pas l’origine de cette curieuse variété qui se reproduit très facilement, semble-t-il, dans les cultures de la mission de Bergeyck-Saint- Ignace, et existe peut-être dans d’autres parties de l'Afrique où elle aurait interêt à être recherchée. Il nous à paru utile de signaler cette forme curieuse, qui, si elle est constante, mérite d’être notée avec soin par les botanistes et pourrait peut-être être propagée par la culture, pour ses fruits très gros et très nombreux. Nous recevrions avec plaisir de plus amples rensei- onements, A 1388 Parmi les bananiers africains, un bananier à feuilles rouges à encore fixé depuis quelque temps l’attention des amateurs d'horticulture. Welwitsch, qui a si bien exploré la région de l’Angola, a le premier signalé cette plante sous le nom de Musa sapientum var.sanguinea Welw. La plante a été récol- iée pour la première fois en 1855, mais le nom donné par Welwitsch en manuscrit n’a vu le jour qu'en 1887, dans le Journal of Botany, où Ridley le fit paraitre. Cette espèce, qui présente des qualités toutes particu- lières au point de vue ornemental, n’est peut-être pas indigène en Afrique, où on ne l’a pas trouvée à l’état incontestablement sauvage; les échantillons rencontrés par Welwitsch dans le Golungo Alto en 1856 prove- aient de Cazengo, où la plante était cultivée par les indigènes. Ce bananier à feuilles rouges a été rapporté au Musa sapientum, bien que l’on n'ait pas encore pu en étudier les fleurs ; les fruits seraient également colorés en rouge. Dans une étude accompagnée d’une planche coloriée publiée dans « Le Jardin, août 1901 >, par M. R. Ray- mond, nous apprenons que l’on doit à M. Dybowski, directeur du Jardin colonial de Nogent-sur-Marne, l'introduction de cette espèce en Europe, où elle figura à l'exposition de Paris, en septembre 1900, sous le nom de Musa paradisiaca var. rubra. Lors de son voyage au Congo, M. Dybowski avait vu cette plante — 118 — cultivée à la mission catholique de Brazzavilleret avait appris que les échantillons provenaient de M'Pila, où il put s’en procurer trois exemplaires, dont un seul arriva en France en 1893. Mais en 1899 des pieds plus nombreux furent expédiés d'Afrique et ce sont les drageons de ces souches qui fournirent les plantes exposées en 1900. Le Jardin botanique de Bruxelles a reçu depuis assez longtemps un beau pied de ce bananier. Cet envoi est également dû à J. Gillet, S. J., le zélé botaniste de la mission de Bergeyck-Saint-Ignace (Ki- santu). Dans une lettre que notre collaborateur nous a adressée, nous trouvons les quelques indications sui- vantes relatives à cette belle plante : « Le Musa à feuilles rouges ne donne pas de graines, ses fruits sont comestibles, fades et mucilagineux. Le régime est peu fourni. La banane se rapproche de la banane plantain. » D'après M. R. Raymond, les bananes de cette plante entreraient dans la catégorie des bananes à cuire, c'est- à-dire des bananes sèches. Comme on le voit, les appréciations sur le fruit sont très différentes. Le bananier rouge, ou bananeira roxa des Portu- gais, rappelle, comme on le voit, le Musa paradi- siaca et c’est à cette sous-espèce que M. K. Schumann rapporte la plante de Welwitsch. Comme elle, il parait assez rustique et drageonne en hiver sous l'influence d’une forte chaleur, si surtout on prend soin de supprimer l'extrémité de la tige; sa multi- plication est donc assez facile. Il serait à souhaiter, R re maintenant que la plante est introduite dans le com- merce français, mais encore peu répandue, que nos hor- ticulteurs belges la fissent venir de l’État Indépendant et nous la montrent bientôt dans les cultures estivales, car elle ferait, grace à son superbe coloris, un effet magnifi- que dans.les massifs, à côté du Musa Ensele et des Musa Gilletii et Arnoldian«. A noter aussi que l’on a signalé encore deux autres variétés de Musa paradisiaca à feuilles rouges : var. rubra (Firminger) Baker où Ram-Kela des Indiens, et var. violacea Baker. Cet intéressant groupe de végétaux mérite de fixer l'attention des résidants et voyageurs en Afrique, car son étude à la plus grande importance, non seulement au point de vue scientifique pur, mais encore au point de vue pratique. XI ORCHIDÉES NOUVELLES POUR LA FLORE DU CONGO La famille des Orchidacées est bien représentée dans la Flore du Congo. L'étude des différentes espèces de ce groupe n’a pas encore puêtre faite dans tous ses détails, car fréquemment les collecteurs envoyent en Europe des échantillons peu complets; d’un autre côté la détermi- nation rigoureuse de ces plantes n’est pas aisée, car fréquemment les espèces sont décrites soit d’après des échantillons observés vivants dans les cultures, soit d'après des échantillons récoltés une fois dans leur pays d'origine. On n’a donc pu encore définir la variabilité de plusieurs caractères. Lors de son dernier voyage en Afrique tropicale occidentale, M. R. Schlechter a eu l’occasion de signaler au Congo un grand nombre d'espèces nouvelles, mais il n’en a malheureusement pas publié de descriptions ni de diagnoses, de sorte que nous n’avons pu tenir compte dans ces notes des indi- cations relevées par M. Schlechter. Si les Orchidacées sont nombreuses au Congo, il ne semble pas s’y trouver un très grand nombre d'espèces de valeur horticole; néanmoins, il y a là certaines formes qui par une culture soignée pourraient acquérir une certaine valeur. Nous possédons en effet au Congo — 191 — certains Angraecum et certains Listroslachys, qui, par la longueur de leurs hampes florales et la multipli- cité de leurs fleurs, rachètent jusqu'à un certain point la pauvreté de leur coloris; tous ou presque tous sont à fleurs d’un blanc jaunâtre ou verdâtre. Deux collecteurs se sont particulièrement occupés de la recherche des Orchidacées, ce sont : M. L. Gentil, inspecteur forestier de l’État du Congo, chef de culture au Jardin botanique de l'État à Bruxelles, et M. Marcel Laurent, ingénieur agricole, chef de culture au Jardin botanique d'Eala (Congo); ces deux zélés collecteurs nese sont naturellement pas atta- chés uniquement à collecter des espèces horticoles, mais ils ont également dirigé leurs recherches vers les types de valeur scientifique; aussi ont-ils eu l’oc- casion de trouver un grand nombre de nouveautés. C’est en grande partie à leur collaboration que le Jardin colo- nial de Laeken doit sa richesse en plantes congolaises, et en particulier en Orchidées. BULBOPHYLLUM ThOu. Bulbophyllum flavidum Zndl. var. elongatum 2e Wild. nov. var. Feuilles de 10-14 cm. de long et de 12-15 mm. de large. Scape dressée de 27-30 cm. de long, multiflore, lâche, bractées florales atteignant 5 mm. de long, gaines de la base de la scape scarieuses, plus allongées. Fleurs blanchâtres, sépales de 5 mm. environ de long, aigus et glabres, pétales très réduits. Labelle recourbé à la base — 122 — et vers le sommet, glabre, de 2-5 mm. de long, très étroitement ailé sur le bord, colonne très courte, à bords latéraux ailés et munis d’une dent falciforme subulée. Environs d'Eala, 1903 (M. Laurent, n. 124). Ogs. — Nous rapportons cette plante au B. flavidum Lindl. dont nous n'avons pas vu d'échantillon authentique. La plante diffère du type par ses scapes dressées, très allongées, celles-ci atteignent une dou- zaine de cm. seulement de long dans la plante décrite par Lindley; en oulre, les pétales qui mesurent de 1,5-2 mm. de long dans la plante type, sont très fortement réduits dans la plante du Congo, ne mesurant pas 1 mm. de long. La plante du Congo pourrait être un type spécifique différent, d'autant plus que le B. flavidum n'a jamais été rencontré qu'à Sierra-Leone et est connu seulement d’après des échantillons cultivés. Bulbophyllum nanum De Wild. nov. sp. Plante épiphyte, à pseudo-bulbes de 9 mm. environ de long, irrégulièrement distancés sur le rhizome ram- pant, comprimés, portant une seule feuille oblongue, obtuse au sommet, assez longuement atténuée à la base, de 4 cm. environ de long et 10 mm. de large. Scapes crèles, dressées, de 9 cm. environ de long, à racème de 5 cm. environ de long, à bractées florales lancéolées, aiguës, de 3,5 mm. de long; fleurs roses, courtement pédicellées, à pédicelle de 2 mm. environ de long; sépales subégaux, de 5 mm. environ de long; pétales oblongs, très courts, d'environ 1,5 mm. de long, subobtus, Labelle recourbé, oblong, charnu, de 1 mm. environ de long, cilié sur les bords. Bokelé (Ruki), 1903 (M. Laurent, n. 178). — 1935 — Ogs. — Cette espèce se classe dans le voisinage du B. recurvum Lindl. (Cf. Rolfe in This.-Dyer Flor. Trop. Africa VII p. 31 and Bot, regist., tabl. 963), mais ses inflorescences ne sont ni refléchies ni horizontales, mais bien dressées. Les fleurs sont, au dire du collec- teur, d’un beau rose, les sépales sont un peu plus longs que dans le B. recurvum qui a été trouvé jusqu'à ce jour dans le Sierra-Leone, à Lagos et à Saint-Thomas. Bulbophyllum Calamarium Z nl. Kinumbi (Haut-Lomami), 28 janvier 1903 (L. Gentil); environs d’'Eala, 1903 (M. Laurent, n. 232). Bulbophyllum Schinzianum X7änzl. nov. sp. in Herb. Brux. Pseudo-bulbes distants d'environ 25 mm., à quatre angles de 25-50 mm. de long, à une seule feuille oblon- gue, obtuse, de 13 à 25 cm. de long et 3,5-5 cm, de large. Pédoncule de 25 à 30 em. de long, à bractées engai- nantes atteignant 3 em. de long ; racème de 13 à 17 cm. de long, multiflore, à bractées scarieuses, glabres, nom- breuses et imbriquées, oblongues-lancéolées, subaiguës, de 23 à 33 mm. de long et de 9-10 mm. de large. Sépales de 10 mm. environ de long, les latéraux d’en- viron 1 mm. de large, le postérieur deux fois aussi large. Pétales linéaires, de 4 mm. de long, aigus, glabres; labelle ligulé plus court que les sépales, velu sur les bords; colonne centrale de 2 mm. environ de long, munie de dents aiguës de 1 mm. environ de long. Ubangi, 20 mars 1892 (F. Demeuse); Luebo, 20 no- vembre 1896 (Ém. Laurent); environs d'Eala 1903 (M. Laurent, n. 32). — 194 — Ogs.— M. le Dr Kränzlin a, dans notre herbier, étiqueté cette plante sur des échantillons de M. Laurent : Bulbophyllum Schinzianum, en mai 1897, mais il n’a pas publié la description de cette plante. Cette espèce se différencie cependant très facilement à première vue des B. Calamarium Lindl. et B.rupincola Rchb. f. Chez le B. Cala- marium les bractées oblongues-lancéolées, aiguës, mesurent 12 à 20 mm. de long seulement et au maximum, si on se rapporte à la planche 4088 du Bot. Mag. , 5 mm. de large; chez le B. rupincola les bractées oblongues subaiguës mesurent 10 mm. seulement de long. La plante que nous venons de décrire se différencie donc par la grandeur de ses bractées qui donne à ses racèmes un aspect très différent de celui du B. Calamarium. MEGACLINIUM Lindl. Megaclinium djumaensis De Wild. nov. sp. Rhizome assez grêle, de 3 mm. environ d'épaisseur, à pseudo-bulbes trigones ou quadrangulaires, d'environ 5 cm. de long, à ? feuilles. Feuilles de 10 em. environ de long et 15-18 mm. de large; scape de 10-12 em. de long, à gaines tubuleuses obliques atteignant 7 mm. de long ; rachis aplati, coriace, cunéiforme à la base, sub- arrondi et brusquement apiculé au sommet, ondulé sur les bords, de 5,5-7 cm. de long et 13 mm environ de large. Bractées de 4 mm. environ de long, aiguës, réflé- chies après l’anthèse, distantes de 3,5-5 mm. les nnes des autres ; pédicelle de 2 mm. environ de long. Fleurs à sépale dorsal lancéolé, de 5-6 mm. de long, concave, aigu ; sépales latéraux triangulaires-ovales, de 4 mm. de long et 2 mm. environ de large à la base, aigus au som- met, réfléchis au delà du milieu; pétales linéaires, sub- aigus, plus courts que les sépales, de 2,5 mm. environ — 195 — de long; labelle de 2,5 mm. environ de long, denticulé à la base. Colonne de près de 2 mm. de long, largement ailée. Vallée de la Djuma, juillet 1902 (J. Gillet, n. 2900). OBs. — Le M. djumaensis est très affine du M. maximum Lindl. (= M. purpuratum Lindl., Cf. Bot. Mag. t. 5936), mais ses pseudo- bulbes et ses rachis sont plus réduits. Les feuilles sont aussi plus étroiles; peut-être cette plante du Congo constitue-t-elle une variété seulement du M. maximum trouvé jusqu’à ce jour au Sierra-Leone, dans le delta du Niger et dans l'île de Saint-Thomas. L'allénuation brusque du rachis, qui est constante sur plusieurs échantillons, donne à la plante du Congo un aspect très différent de celui que nous pré- sente la planche n. 5936 du Bot. Mag. déjà citée plus haut. Megaclinium minor Le Wild. nov. sp. Rhizomes grèles, rampants, à pseudo-bulbes ovoides- oblongs, distants de 10-30 mm., à trois angles saillants, de 20 à 30 mm. de long et 12 mm. environ de diamètre, à 2 feuilles. Feuilles linéaires-oblongues, de 4 à 8,5 cm. de long, de 6-11 mm. de diamètre, légèrement bilobces au sommet, un des lobes plus développé que l’autre, scape dressée de 6 cm. environ de long, à gaines mem- braneuses. Rachis de 8 cm. environ de long, aplati, de 3 mm. environ de diamètre et d’un peu plus de 1 mm. d'épaisseur, arrondi, non ailé sur les bords. Bractées ovales, subaiguës, de 4-6 mm. de long, réfléchies après l’anthèse. Fleurs distantes de 5-6 mm., alternes. Fleurs à ovaire atteignant 8-10 mm. de long; sépale dorsal lancéolé-linéaire, aigu, de 7 mm, environ de long; sépales latéraux ovales-oblongs, plus courts que le — 1926 — dorsal, falciformes, de 6 mm. environ de long et de 3-4 mm. de large à la base, légèrement villeux vers l'extrémité. Pétales filiformes, glabres, plus courts que les sépales. Sépales de 3 mm. environ de long; labelle .; colonne de 3 mm. environ de long. Kinumbi (Haut-Lomami), 28 janvier 1903 (L. Gentil, She ; | R Ozs. — Cette espèce doit se classer dans la première série des Megaclinium, lelle que l'entend M. Rolfe (cf. in This.-Dyer Flora of Trop. Afr. VII p. 36), par ses bractées ovales subaiguës et ses pélales linéaires. Le M. minor se classe dans le voisinage du M. leucorachis Rolfe et imbricatum (Lindl.) Rolfe, mais se diffé- rencie aisément de Ja première par ses pseudo-bulbes à trois angles possédant seulement deux feuilles, ces dernières étant beaucoup moins développées que dans le M. leucorachis ; cette espèce n’a été trouvée jusqu'à ce jour qu'au Lagos. Quand au M. imbricatum, connu uniquement d'après un spécimen cultivé, originaire de Sierra-Leone, et dont il n’existe en herbier qu'une scape et un croquis de la fleur conservés dans l'herbier de Lindley, il possède des scapes beaucoup plus développées et des pétales qui seraient velus et plus longs que les sépales latéraux. Megaclinium purpureorachis De Wild. nov. sp. Rhizome épais, ligneux, à pseudo-bulbes distants de 7-8 cm., aplatis, à deux angles assez aigus, de 6-8 cm. de long et 2,5-3,5 cm. de large, parfois 3 ou 4 angu- laires, portant au sommet deux feuilles oblongues, obtuses, coriaces, de 20-25 cm. de long et 4-5,5 cm. de large. Scapelatérale au bulbe, de 20 cm. environ delonfg, entourée à la base de grandes bractées scarieuses, dont les internes sont aussi longues que le bulbe, à gaines — 197 — tubuleuses ou fendues unilatéralement, atteignant 1 cm. delong, cunéiformes ausommet.Rachis ensiforme,aplati, coriace, à bords entiers non ondulés, de 20-25 cm. de long et 22-40 mm. de large à l’état frais, se rétrécissant fortement à l’état sec, couvert de poils épais, écailleux, courts et assez rigides, très colorés en brun pourpre à l’état sec. Bractées florales larges, subobtuses, plus ou moins conchiformes. Fleurs distantes de 9-11 mm., sessiles. Fruits de 23 mm. environ de long, à grains jaunes, surmontés des restes marcescents de la corolle ; sépale dorsal recourbé, de 6 mm. environ de long, aigu, velu sur le dos; sépales latéraux triangulaires, velus sur le dos, de 5,5 mm. de long, aigus au sommet ; pétales linéaires, aigus, plus courts ‘que les sépales, de 3 mm. environ de long; labelle. . . . Kinumbi (Haut-Lomami), 28 janvier 1903 (L. Gentil, sms): + Ogs. — Cette espèce parait devoir se classer dans le voisinage du M. maximum Lindl. (= M. purpuratum Lindl. in Bot. Mag. tab. 5.936, cf. Rolfe in This.-Dyer F1. trop. Afr. VIT p. 38), mais notre plante diffère de la plante de Lindley (Sierra-Leone, Niger- Delta et ile de Saint-Thomas). par le développement de ses feuilles et du rachis, et par la présence sur ce dernier de poils épais, écailleux, colorés à l’état sec. Megaclinium congolensis De Wild. Études FI, Bas- ct Moyen-Congo I (1903) p. 21. Environs d'Eala, 1903 (M. Laurent, n. 136). Os. — Les échantillons qui nous ont élé envoyés par M. M. Lau- rent sont accompagnés de cette note : « Orchidée épiphyle. Fleurs brunes ». Les feuilles, que nous ne connaissions pas, mesurent de — 198 — 22-25 cm. de long et 2,5-4 em. de large, elles sont obtuses au sommet, légèrement émarginées. Cette espèce se différencie nettement de la suivante par l'épaisseur de son rachis qui est plus large après floraison que les bractées, tandis que dans le M. Laurentianum le rachis ne devient pas plus large que les bractées. Megaclinium Laurentianum (Ayänzl.) De Wild. Études F1. Bas- et Moyen-Congo I (1903) p. 22 in obs. Kinumbi, 28 janvier 1903 (L. Gentil, s. n.); environs d'Eala, 1903 (M. Laurent, n. 135). Ous. — M. Marcel Laurent décrit cette plante : « Orchidée épi- phytle, à fleurs petites, jaunâtres. » ANCISTROCHILUS Aolfe. Ancistrochilus Thomsonianus (Reichb. f.) Rolfe var. Gentilii Je Wild. nov. var. Plante épiphyte à pseudo-bulbes disposés sur un rhi- zome assez grêle, muni de radicelles nombreuses sous l'insertion des pseudo-bulbes; ceux-ci de 2 em. environ de diamètre, entourés de braciées membraneuses et sur- montés de une ou deux feuilles lancéolées, longuement rétrécies à la base, aiguës au sommet, de 18-27 cm. de long (pétiole compris) et de 2,5-6 cm. de large, à ner- vures nettement parallèles, un certain nombre d’entre elles plus fortement proéminentes. Pédoncules floraux solitaires naissant à la base du bulbe, grèles, pubes- cents, formant des grappes làches de 3-6 fleurs, at- teignant 30 em. de long. Bractées ovales ou ovales-lan- rl Extrémité d’une inflorescence d'Ancistrochilus Thomsonianus Rolfe var. Gentilii De Wild (grandeur naturelle). — 199 — céolées, aiguës, embrassantes à la base, de 10-15 mm. de long, assez densément velues. Fleurs violacées, très odorantes; sépales oblongs-lancéolés, aigus, de 90-33 mm. environ de long et 11-13 mm. de large, éparsement velus sur le dos, glabres intérieurement, Pétales plus étroits que les sépales, de 25-32 mm. de long et 6 mm. de large, aigus, velus extérieurement comme les sépales. Labelle profondément trilobé, à lobes latéraux obtus, de 8 mm. environ de long et 3,» mm. de large, lobe central linéaire, de 14 mm de long. Colonne de 16 mm. de long. Kinumbi, 26 janvier 1903 (Haut-Lomami) (L. Gen- til,'S.n.}. Ogs. — Celte plante, dont il existe plusieurs pieds vivants dans les serres du Jardin colonial de Laeken, est très voisine de |A. T'homso- nianus (Reichb. f.) Rolfe (cf. This.-Dyer F1. trop. Afr. VII p. 44), plante très intéressante et très ornementale introduite dans la culture par Kalbreyer et provenant jusqu’à ce jour du Calabar et du Came- roun, où elle a élé récoltée assez récemment par M. J. Braun. La plante du Congo diffère des échantillons du Calabar et du Cameroun, d'abord par la couleur de ses fleurs qui sont violacées et non blanches (cf. Bot. Mag. tab. 6471) et par la grandeur des sépales, qui, de même que les autres parties de la fleur, sont plus réduits en longueur que ceux de l’A, Thomsonianus type. C’est une des belles orchidées africaines, dont l'introduction dans les cultures mérite d’être tentée. EuLopxia À. Br. Eulophia lurida Z#r4l. var. latifolia De Wild. nov. var. Épiphyte à pseudo-bulbes allongés atteignant au moins 10 em. de long, à environ 5 feuilles lancéolées, — 1930 — aiguës au sommet, rétrécies en un pétiole allongé, engainant à la base, de 40 à 60 cm. de long, pétiole com- pris, et de 4,5 à 8 cm. de large, à 3 nervures très poémi- nentes en dessous et très visibles au-dessus, nervures intermédiaires de différents grades. Inflorescence de 50 cm. environ de long, naissant à la base du pseudo- bulbe, munie inférieurement de bractées ovales, aiguës, atteignant 4,5 em. de long et munie le long du pédoncule de gaines obliques, de 2,5 cm. de long; rameaux de la panicule munis à leur base d’une bractée linéaire- lancéolée, aiguë, de 10 à 15 mm. de long. Fleurs làäches assez distantes, à pédicelle de 16-18 mm. de long, sépales oblongs, subobtus, de 5 mm. environ de long et de 1,3 mm. de Jarge; pétales oblongs, obtus, de 5 mm. environ de long et 2,5 mm. de large; labelle de 5,5 mm. de long et 4,5 mm. de large, trilobé, à lobes latéraux arrondis, à lobe terminal émarginé, arrondi sur les bords; éperon de 4 mm. environ de long, plus où moins bilobé au sommet; colonne de os mm. de long, légèrement pubescente à la base, Fruit ovoide, pédicellé, rétréci au sommet en un col légè- rement dilaté à l'extrémité. Vallée de la Djuma, juillet 1902 (J. Gillet, n. 2806 et L. Genül, s. n.); environs d’Eala, septembre 1902 (M. Laurent, n. 45). Ogs, — D'après tous ses caractères floraux cette plante se rapproche de l'E, lurida type, tel qu’il a été décrit et figuré dans le Botanical Register pl. 1821, mais la longueur des pseudo-bulbes et la largeur des feuilles lui donne un facies très spécial. = 131 — LISSOCHILUS À. Br. Lissochilus seleensis De Wild. nov. sp. Plante à base légèrement bulbeuse, atteignant 60 cm. de long, munie à la base de quelques bractées scarieuses ; feuilles courtes, d’une dizaine de em. de long et au maximum de 1 em. de large, à nervures parallèles dont quelques-unes sont plus proéminentes sur la face infé- rieure. Tige florifère portant des fleurs dans les deux tiers supérieurs, munie dans sa partie inférieure de 2-3 bractées engainantes ; bractées lancéolées, acumi- nées, de 6-7 mm. de long; pédicelle, y compris l'ovaire, de 2,5 em. de long, accrescent après l’anthèse ; sépales oblongs-lancéolés, subspatulés, aigus, de 2,5 mm. de diamètre à la partie supérieure ; pétales ovales, arrondis à la base, cunéiformes au sommet, de 10 mm. environ de long, de 3,5 mm. de large; labelle trilobé, de 13 mm. de long, lobes latéraux arrondis au sommet, lobe ter- minal oblong, obtus, ondulé sur les bords, à disque muni de nervures proéminentes et garni de nombreuses excroissances verruqueuses; éperon de 4,5 mm. environ de long, allongé, rétréci à la base, obtus au sommet et de 1,5 mm. environ d'épaisseur. Ovaire glabre de 2,5 cm. environ de long, porté à maturité sur un pédicelle de même longueur environ. Bassin de la Sele (Stanley-Pool), octobre 1900 (R. P. Butaye, coll. J. Gillet, n. 1449). Ogs. — Ce Lissochilus, par la longueur de ses pélales de 10 mm. environ, se classe entre les deux groupes proposés par M. Rolle (in This-Dyer Flora of Trop. Afr. VIIp. 70); par son éperon étroit, SN oblong, son labelle trilobé à nervure verruqueuse, il parait devoir se classer dans le voisinage du ZL. pulchellus, dont il diffère par les mensurations. POLYSTACHYA Æ00k. Polystachya Laurentii De Wild. nov. sp. Plante de 25-35 cm. de long, épiphyte, à tige renflée à la base en pseudo-bulbe allongé, étroit, atteignant au maximum 15 mm. de diamètre, munie à son sommet de 3 à 4 feuilles développées et à la base de quelques feuilles bractéiformes. Feuilles lancéolées, oblongues, de 15 à 25 cm. de long et 2 à 2,5 cm. de large, subobtuses au sommet ousubémarginées-apiculées. Paniculerameuse à pédoncule atteignant 10 cm. de long, à bractées basi- laires plus où moins engainantes, les supérieures trian- gulaires acuminées, de 1,5 cm. de long; inflorescence proprement dite mesurant 20 cm. de long; pédicelles floraux de 8 mm. environ de long, munis à leur base de bractées allongées, très aiguës, de 10 à 22 mm. de long et au maximum de 3 mm. de large à la base. Fleurs courtement tomenteuses, velues comme le rachis, d'un blanc verdàtre, à sépale dorsal concave, de 8-9 mm. environ de long et 3 mm. environ de large; sépales latéraux triangulaires-ovales, aigus au sommet, de 10-12 mm. de long, courtement velus et de 5 mm. environ de large ; pétales lancéolés, arrondis au som- met, non épaissis vers l'extrémité, plus courts que les sépales. Lèvre largement onguiculée, trilobée, munie d'une strie jaune dans la partie inférieure, de 6-7 mm, de long, à lobes latéraux blancs, ovales, obtus, redres- drre n — 133 — sés ; lobe médian triangulaire, fortement épaissi, jaune, à extrémité blanchätre, apiculée; colonne de 4 mm. environ de long, à capuchon terminal recouvrant les anthères ; distance de 4 mm. environ entre le sommet du pédoneule et la base de la lèvre; fruit de 15 mm. environ de long, courtement velu. et courtement stipité, à côtes saillantes. Environs d'Eala, 1903 (M. Laurent, n. 33). Ogs. — Cette espèce existe à l’état vivant dans les serres du Jardin colonial à Läeken; l’inflorescence qui s’est développée à Laeken est beaucoup plus réduite que celle récoltée au Congo par M. Marcel Lau- rent. Dans la plante cultivée on remarque très facilement les pseudo- bulbes qui sont visibles seulement dans les parties de la plante qui ont donné déjà des hampes florales. Le P. Laurentii, dont les fleurs d'un blane verdâtre, à labelle taché de jaune, dégagent une odeur cilronnée, paraît devoir se rapprocher du P. laæiflora Lindi. que nous ne connaissons, il est vrai, que par la description (Cf. Rolfe in This. Dyer Flor. trop. Afr. VII p. 110), mais il s’en différencie très nelte- ment par la dimension des feuilles et surtout par celle des bractées. Polystachya mystacioides Je Wild. nov. sp. Plante épiphyte à tiges longues, gréles, plus où moins ramifiées, pendantes, atteignant 1 mètre de long, à feuilles équitantes, coriaces, sans nervures, finement ponctuées en vert à l’état frais, aiguës, limbe séparé obliquement de la gaine, de 3,5 à 4,5 cm. de long sur 6-10 mm. de large, assez rapidement caduque, laissant une tige aplatie, formée par les gaines persistantes cles feuilles. Fleurs terminant le rameau principal où un des rameaux secondaires, à pédicelle court, entouré de brac- iées scarieuses, sépale postérieur courtement velu — 134 — sur le dos, de 8 mm. environ de long et de 4,5-5 mm. de large, obtus, apiculé; sépales latéraux obliques-trian- oculaires, de 11 mm. environ de long du plus long côté, de 7,5 mm. de large à la base, arrondis-apiculés, d’un blanc-rosé, finement tachetés, courtement velus comme le sépale dorsal; pétales ovales-lancéolés, plus courts que les sépales, de 7-8 mm. environ de long, subarrondis au sommet. Labelle pourpré, à extrémité jaunâtre, trilobé, à lobes latéraux redressés, à lobe antérieur émarginé, légèrement recourbé, subapiculé. Colonne de 4 mm. environ de long, distance de 5 mm. environ de la base de la colonne à la base du labelle. Ovaire de 5 mm. environ de long, courtement velu-duveteux. Losenge (Momboyo), juillet 1900 (L. Gentil, s. n.). Ous. — Gette espèce possède un port tout à fait caractéristique qui rappelle certains Mystacidium à feuilles équitantes, tel le M. distichum Benth., mais la forme des feuilles est totalement différente, tandis que chez le M. distichum elles sont arrondies au sommet, chez notre plante, que nous avons reçue d’abord non fleurie de M. Gentil, elles sont aiguës. L'examen des matériaux non fleuris nous avait amené à rapprocher cette plante du genre Mystacidium, mais des spécimens vivants recus du Congo au Jardin colonial de Laeken et ayant fleuri nous ont permis de rapporter cette plante, au genre Polystachya. Aucune des espèces connues jusqu’à ce jour ne possède de telles feuilles. Les fleurs sont relativement assez grandes. Cette espèce a également certaine analogie avec les espèces du genre Aporum BI. Polystachya mayombensis Je Wild. nov. sp. Plante en touffe, à tige florifère de 20 cm. environ de long, peu renflée à la base, à 2-3 feuilles rigides de A9 — 7-8 cm. de long, épaisses, coriaces, non planes, cana- liculées, de 9 mm. environ de large, inéquilatérales au sommet, à lobes arrondis. Scape garnie de bractées scarieuses et engainantes, légèrement pubéruleuse, rami- fiée, à fleurs densément rapprochées le long des ra- meaux; bractées largement triangulaires, aiguës, de moins de 1 mm. de long, pédicelle court, de 1 mm. envi- ron delong. Sépale dorsal ovale, subaigu, d'un peu plus de 1mm. de long ; sépales latéraux largement triangulaires, de 2 mm. de haut. Pétale linéaire de 1 mm. environ de long. Labelle trilobé, à lobes latéraux se séparant vers le milieu du labelle et redressés, oblongs, obtus, plus courts que le lobe médian, celui-ci suborbiculaire, ondulé sur les bords, émarginé, terminé dans l’émar- cinure par un apicule recourbé; labelle muni à la base d'une crête assez proéminente n’atteignant pas le point de libération des lobes latéraux, labelle de 2,5 mm. environ de long; distance de près de 2 mm. de long entre le sommet du pédicelle et l'extrémité antérieure des sépales latéraux soudés. Fruits de 4 mm. de long. Région de Tschela, 1902. Ogs. — Nous avons reçu cette plante par l'intermédiaire de M. le secrétaire général du département des finances de l'État Indépendant du Congo. Cette plante est indiscutablement voisine du P. golungensis Reichb. f., dont nous n’avons point vu d’échantillon authentique et qui est très commun, d'après Welwitsch, dans le Golungo Alto, mais n'aurait plus été retrouvé depuis dans la région. M. Rolfe rapporte, avec doute, à cette espèce une plante recueillie dans le pays des Mombuttu par Schweinfurth La plante du Mayombe paraît plus déli- cate que celle de l’Angola, ses fleurs sont plus courtement pédicellées, ses fruits moins développés. — 136 — Les trois espèces suivantes appartiennent au groupe du P. tessel- lata Lindl., qui lui-même paraît devoir se rapprocher du P. luteola Wight, Nous avons cependant cru pouvoir différencier ces formes, de même que le P. Kindtiana dont nous avons donné la description anté- ricurement, Si on compare en effet ces plantes entre elles on reconnaît à première vue un aspect de parenté indéniable, mais quand on examine leurs caractères de plus près on trouve des modificalions qui semblent de nature à les séparer spécifiquement. Les labelles paraissent surtout différer, malheureusement la description originale du P. tessellata, de même que celle de la Flora of tropical Africa, ne donne pas suff- samment de détails sur celte partie de la fleur, d'autant plus que ce Polystachya n'a jamais été figuré. Nous accompagnons les descriptions ci-dessous de trois croquis représentant le labelle des espèces que nous présentons comme nou- velles. Polystachya gracilis Je Wild. nov. sp. Tiges courtes à feuilles peu nombreuses, environ 5 dans les plantules jeunes; système radical très développé. Feuilles adultes lancéolées-oblongues, subaiguës au sommet, rétrécies en pétiole à la base, atteignant 12 em. de long et 2 em. de large. Scape de 15 cm. environ de long, non ramifiée, pauciflore, à bractées scarieuses, lon- cguement engainantes, à limbe libre de 8 à 10 mm. de long, très aiguës; inflorescence de 1,5 cm. de long, à bractées lancéolées-subulées, à base élargie, de 3-4 mm. de long, pédicelle de 4 mm. environ de long. Fleurs jau- nes à sépale dorsal ovale-oblong, de 2-2,5 mm. de long, aigu, sépales latéraux triangulaires, apiculés, apicule légèrement recourbé; pétales linéaires, de 2 mm. envi- — 137 — ron de long; labelle trilobé, de 4 mm. environ de long, à lobes latéraux oblongs obtus, redressés, lobe médian suborbiculaire, crénelé sur les bords, plus où moins concave; disque cireux, pu- bescent, muni d’une crête linéaire partant de la base du labelle et atteignant le niveau de la séparation des lobes latéraux; distance de 3 mm. environ entre la base de la colonne et la base du labelle ; extrémité souvent plus où moins renflée en forme de Labelle du P. gracilis. sabot. , . Mukanda-Monene, Lubue, 26 janvier 1902 (L. Gen- til, n. 45 Dis). OBs.— Ce Polystachya appartient au groupe du P, tessellata Lindl. Il se distingue du P. tessellata tel que Lindley l’a décrit dans le jour- nal de la Linnean Society et tel que le décrit M. Rolfe dans la Flora Of trop. Afr. VII p. 114, par ses scapes non ramifiées, pauciflores, par son labelle plus long et paraissant différemment constitué, Il semble d'ailleurs que plusieurs espèces fréquemment rapportées au P. tessellata en diffèrent assez nettement, surtout par la forme du labelle; malheureusement pour unifier les différences il faudrait pou- voir étudier en détail l'échantillon authentique sur lequel Lindley à fondé son espèce. Celle-ci a été récollée par Mann dans le delta du Niger, et aurait été vue par lui dans le Cameroun, mais Lindley recon- nait lui-même n'avoir pas vu d'espèce de cette localité. Depuis, l'on a signalé le P. tessellata à Saint-Thomas et dans l’Angola. — 138 — Polystachya latifolia De Wild. nov. sp. Tige légèrement renflée à la base, feuilles elliptiques, obovales, subobtuses, de 15 à 19 cm. de long et de 4 à 6 cm. de large, inégales au sommet, rétrécies à la base. Scapes de 48 à 70 cm. de long, à branches latérales nombreuses. Pédoncule garni de bractées scarieuses, longuement engainantes et privé de fleurs, atteignant 15 cm. de long. Rameaux latéraux courtement et éparsement velus. Brac- tées subulées, élargies à la base, réfléchies, de 3 mm. environ de long. Pédicelle grêle, de 5 mm. environ de long. Fleurs roses, odorantes, gla- bres; sépale dorsal de Labelle du P. latifolia. 2,5 mm. environ de long, sépales latéraux triangulaires-ovales, apiculés, de 3 mm. environ de haut. Pétales linéaires de 2 mm. environ de long’; labelle trilobé, de 4,5 à 5 mm. de long, à lobes latéraux étroits, aigus, plus courts que le lobe médian, celui-ci suborbiculaire, ondulé sur les bords, légèrement émarginé au sommet, muni d’une crète médiane partant d’un peu au-dessus de la base et atteignant la partie du labelle d'où naissent les bords latéraux. Colonne courte, de 1 mm. environ de long. Distance de 3,5 mm. entre le sommet du pétiole et l'extrémité de l’éperon. — 139 — Basenga-Lukenie, 24 décembre 1901 (L. Gentil, n. 30 £er); Kinumbi (Haut-Lomami), 28 janvier 1903 (L. Gentil, s. n.); Kimuenza, mars 1901 (JT. Gillet, n. 2087). OBs. — Ce Polystachya appartient encore au groupe du P. tessel- lata. I] se différencie par des feuilles plus larges, par la forme de son labelle dont les lobes latéraux aigus, redressés, sont plus courts que les lobes terminaux et par la crète de l'onglet du limbe. Polystachya mukandaensis /Je Wild. nov. sp. Plante épiphyte, tiges rapprochées en touffes, lége- rement renflées à la base, à 2-3 feuilles développées et munies à la base de 2 à 3 feuilles courtes, engainantes. Feuilles lancéolées, subaiguës, inéquilatérales au som- met, planes, de 12-20 cm. de long et 9-20 mm. de large. Scapes simples ou à ramifica- tions rombreuses unilatérales, de 14-40 cm. de long. Pédon- cule privé de fleurs atteignant 18 em. de long et garni de bractées scarieuses, très lon- guement engainantes; brac- tées florales lancéolées, à base ; : / A Labelle du P. muhandaensis. élargie, subulées, aiguës, plus ou moins réfléchies, de 5 mm. environ de long. Pédi- celle grêle, de 6 mm. environ de long. Fleurs à sépale dorsal aigu, de 4 mm. environ de long, à pointe géné- ralement recourbée extérieurement, sépales latéraux largement iriangulaires ovales, de 4 mm. environ de Le pus long depuis le sommet du pédicelle jusqu'à la pointe recourbée extérieurement; pétales linéaires, grêles, de 3,9 mm, environ de long et de moins de 0,5 mm. de large. Labelle trilobé de 6 mm. environ de long, à lobes latéraux, obtus, oblongs ct irrégulièrement cré- nelés-plissés sur les bords, lobe médian suborbiculaire, denticulé-plissé irrégulièrement sur les bords, à disque muni d'une crête proéminente se continuant jusqu'à la base du labelle, mais interrompue un peu au-dessus du niveau de la séparation des lobes latéraux. Colonne de 2 mm. environ de long. Distance de 4,5 mm. entre le sommet du pédicelle et l'extrémité de l’éperon formé par la soudure des 2 sépales latéraux; extrémité de cette sorte d'éperon de 1,5 mm. d'épaisseur. Fruit subsessile de 17 mm. environ de long. Village de Mukanda-Monene (rivière Lubue), 26 jan- vier 1902 (L. Gentil, n. 45). O8Bs. — Cette ‘espèce appartient indiscutablement au groupe du P. tessellat ; elle s'en différencie par la grandeur de ses fleurs et par d’autres caractères que l’on saisira en comparant la description que nous venons de donner avec celle publiée par M. Rolfe dans le Flora of Tropical Africa VII page 114. ANGRAECUM To. Angraecum Gentilii Je Wz2ld. nov. sp. Tiges allongées, assez épaisses, atteignant parfois 4 et 5 mètres de long; à racines assez épaisses appli- quées contre le support, mesurant parfois plus de 30 cm. de long. Feuilles linéaires atteignant 22 cm. de long et — AA — 12 mm. de large, inégalement bilobées au sommet, à lobes arrondis parfois distants de 8 mm.; gaine persis- tante de 2,5-4 cm. de long. Épis florifères latéraux, soli- taires ou au nombre de 2 à 3 naissant à la base de la gaine et perçant celle-ci du côté dorsal, pluriflores, de 8 à 12 em. de long; bractées amplexicaules, les infé- rieures atteignant d'un côté presque 7 mm. de long, plus grandes que les supérieures. Pédicelle de 6-8 mm. de long. Fleurs jaunes, odorantes, à sépale dorsal ovale- lancéolé, cuspidé, de 8 mm. environ de long et de 3 mm. de large; sépales latéraux ovales, à 5 nervures bien marquées, de 8 mm. de long et 4 mm. environ de large; pétales linéaires de 1 mm. environ de large et de 7 mm. de long. Labelle profondément trilobé, de 7-8 mm. de long, de la base à l'extrémité du lobe médian plus ou moins renflé et gianduleux; lobes latéraux de 7-8 mm. de long, divisés, à partir du tiers antérieur, en fibrilles irrégutièrement disposées ; base du labelle munie d'au- ricules en crête. Éperon grèle, obtus, mais non renflé à l'extrémité, de 4,5 mm. environ de long. Kinumbi (Haut-Lomami), 28 janvier 1903 (L. Gen- lis: n?). Ogs. — Cette espèce forme sur les troncs d'arbres au bord du Lomami de grosses touffes de branches pendantes recouvertes de grappes de belles fleurs cdorantes. Elle se rapproche de l'A. fmbriatum Rendle (in Journ. Linn Soc. XXX, p. 387, t. 32, fig. 11-13); mais comme on peut le voir en comparant la descriplion que nous venons de donner et celle qui a été publiée ‘par l’auteur, ainsi que la diagnose reproduite par M. Rolfe dans la Flora of Tropical Africa VII, p. 148. les mensurations des différents organes de la plante que nous décrivons — 149 — ici sont très différentes de celle de l'espèce créée par M. Rolfe et trouvée uniquement dans la région nilienne près de Mombasa et dans les montagnes de Lusagara (Afrique orientale allemande). Angraecum Lujaei De Wild. nov. sp. Plante épiphyte à tige courte, non renflée en pseudo- bulbe, à racines longues, feuilles peu nombreuses, dis- tiques, coriaces à l'état sec, à gaines persistantes, courtes, à limbe lancéolé de 12-15 cm. de long et de 18-25 mm. de large, bilobé au sommet, à lobes obtus, distants de 10 à 15 mm. Racèmes naissant à la base de la plante, à 10 fleurs environ, d’un rose chair, munies à la base d’une bractée engainante, obtuse, de 6-7 mm. de long et portées sur un pédicelle grêle de 10 mm. de lon- gueur, sépale postérieur lancéolé, aigu, de 15 mm. environ de long et de 4 mm. de large; sépales fatéraux légèrement falciformes, arrondis à la base, soudés avec le pédicelle, subobtus au sommet, de 18 mm. de long dans leur plus grande longueur, de 5 mm. environ de large ; pétales environ de même forme que les sépales, subaigus, de 14 mm. environ de long et 4 mm. environ de large. Labelle de 2,5 cm. de long, depuis l'extrémité jusqu’au niveau de la soudure avec la colonne, ondulé sur les bords, ovale. Éperon très élargi vers la base où il atteint au niveau de la colonne environ 12 mm. de large, se rétrécissant en entonnoir et se recourbant à une distance d'environ 15 mm. de la colonne en une extrémité de 8 mm. environ de long, plus ou moius renflée, parallèle à l’entonnoir. Nervation très particulière, pennée le long de la ligne médiane de l'épe- SET — 143 — ron et se prolongeant dans le labelle où elle se termine en nervures subparallèles. Colonne de 6 mm. environ de long, ailée latéralement, atteignant 4 mm. environ de large. Bumbaye (Sankuru), 6 avril 1899 (E. Luja, n. 272). Ogs. — Cette espèce, que nous rapportons avec un cerlain doute au genre Angraecum, se caraclérise par ses feuilles relativement réduites et ses fleurs assez fortement développées à labelle en entounoir, dont le bout forme un éperon plus étroit, recourbé, parallèle au labelle. Angraecum zigzag De Wäild. nov. sp. Tige caulescente de 6-8 mm. d'épaisseur ; racines acriennes très allongées perçant la gaine des feuilles laté- ralement. Feuilles distantes de 12-15 mm., à gaine de 15 mm. environ de long, à limbe oblong ou ovale oblong, arrondi à la base, inégalement bilobé au sommet, à lobes distants de 5 mm. environ, de 6-7 em. de long ct de 16-20 mm. de large, Racème naissant à la base de Ja gaine qu'il perce par le dos, muni à la base de quel- ques bractécs scarieuses; racème de 15-20 mm. de long, muni d'environ huit braciées étalées, concaves, rigides, iriangulaires, ovales, subaiguës ou obtuses de 3,5 mm. de long et 5,5-4 mm. de large. Rachis fortement en zigzag ; fleur solitaire, à l'aisselle de chaque bractée, à pédicelle de 7-3 mm. de long, sépale postérieur ovale, lancéolé aigu, de 5-6 mm. de long; sépales latéraux de même forme et de même longueur; pétales un peu plus courts que les sépales, nettement trinerviés, arrondis au som- met, brusquement apiculés. Labelle trilobé de 6 mm, — 144 — environ de long, à lobes latéraux arrondis, à lobemer- minal ovale-oblong, ondulé, émarginé. Éperon de 5 mm. environ de long dans sa partie droite, conique, muni, un peu au-dessus de la base de ce cône, d’un appendice latéral ovoide de 3-5,5 mm. de long. Basenga (Lukenie) (L. Gentil, décembre 1901, n. 304). Ogs.— Cette espèce appartient au groupe de l'Angraecum imbrica- tum, mais par la longueur des bractées florales elle se rapproche davan- tage des À. Moloneyi Rolfe, mombasense Rolfe et lagosense Rolfe. Cette dernière espèce se caractérise par ses feuilles linéaires-oblongues, tandis que les deux autres ont des feuilles ovales-oblongues, comme la plante du Congo. L’A. Moloneyi (Sierra-Leone, Liberia et Lagos) diffère du À, mombisense, de Mombasa (Afrique orientale anglaise), par la longueur de l'éperon ; dans cette dernière espèce il est plus court que le labelle. Nous ne connaissons l'A. Moloneyi que par la description qu'en a donnée M. Rolfe dans la Flora of tropical Africa 7, p. 445; la plante du Congo paraît différer en toule première ligne Dar le rachis en zigzag de ses iuflorescences. Ï 8 Angraecum biloboides Je Wild. nov. sp. Tige courte à racines longues, gréles et nombreuses. Feuilles au nombre de 4, obovales ou oblongues, de 8 à 12 cm. de long et de 2,5 à 3,5 cm. de large, coriaces, atténuées à la base, inégalement bilobées au sommet, à lobes subobtus, cunéiformes. Racèmes allongés, de 25 à 30 cm. de long, à 6-7 fleurs, la moitié inférieure du rachis munie de 3-5 bractées engainantes, obtuses ; fleurs munies à la base d’une bractée largement ovale, obtuse, de 5 mm. environ de long. Pédicelle grêle de 4 em. de long. Sépales et pétales oblongs-lancéolés, aigus, de 20 mm. environ de long et de 3 mm. environ de — 145 — large, plus ou moins réfléchis. Éperon gréle, recourhé dans son tiers supérieur, de 7 à 7,5 em. de long. Colonne de 7 mm. environ de long. Bas-Congo, 1902 (J. Gillet, s. n.). Ogs. — Cette espèce est voisine de l'A. bilobum et de l'A. Batesi Rolle, tous deux trouvés jusqu’à ce jour uniquement dans la Guinée supérieure, c'est-à-dire dans la région du Cameroun, le Sierra-Leone, la Côte d'Or et le Togo. Les caractères rappelés dans la description ci- dessus permettent de différencier l’espèce nouvelle des deux espèces anciennes (cf. Rolfe in T'his.-Dyer Flor. of trop. Afr. VII, pp. 138 et 139). L'A. bilobum et l'A. Batesi ont des éperons plus courts que notre espèce, la longueur de l’éperon donne un facies particulier à la plante du Congo. LISTROSTACHYS Reichb. f. Listrostachys Dewevrei Je Wild. nov. sp. Tiges assez épaisses, à feuilles distantes de 3 cm. environ, oblongues-linéaires, légèrement falciformes, de 20 à 26 em. de long et 2-3 cm. de large, à gaine de 2-5 cm. environ de long ; les deux moitiés de la feuille inégales, distantes au sommet de 6 mm. environ, subobtuses ; épis allongés au nombre de? à3, atteignant 40 em. de long, grèles, naissant sur un pédoncule com- mun court, entouré de bractées, qui perce la gaine un peu au-dessus de la base et du côté dorsal. Fleurs blan- ches, verticillées par trois à l’aisselle de bractées courtes soudées en godet de 1,5 mm. de long; pédicelle atiei- gnant environ 9 mm. de long; sépale postérieur arrondi, de 1,5 mm. de long; sépales latéraux triangulaires, subaigus, de près de 2 mm. de long et de 1,5 mm. de 10 — 146 — large à la base; pétales ovales, plus courts que les sépales. Labelle de 1,5 mm. de long, ovale-cunéiforme, à bords entiers; éperon de 6 mm. de long, renflé dans son tiers inférieur en forme de massue, obtus, mais non renfié à l'extrémité. Environs de Coquilhatville, janvier 1896 (Alfr. De- wèvre). OBs. — Cette orchidée forme, d'après Dewèvre, de longs feslons, les feuilles sont coriaces et d’un vert foncé; les fleurs disposées en longues grappes pendantes sont blanches. Ce Listrostachys que l'on avait cru pouvoir rapporter antérieurement à une forme voisine du L. ichneumonea, ne peut être comparé à cette espèce par suite de la disposition verticillée de ses bractées et de ses fleurs; d’après M. Rolfe il n'existe dans ce groupe qu’une seule espèce possédant ce caractère, c’est le L. urostachya Kränzl. découvert dans l'Usambara par Holst. Mais la dimension des feuilles et les caractères de la fleur différencient très nettement ces deux espèces. Listrostachys falcata De Wild. nov. sp. Tige assez épaisse, à feuilles coriaces, distantes de 2-3 cm, environ, linéaires, falciformes, de 30-50 em. de long et de 3-4,5 cm. de large, à gaine de 2,5- 3 cm. de long, les deux moitiés de la feuille inc- gales, distantes au sommet de 3 à 3,5 Cm. envirou, subaiguës ; épi solitaire, allongé, atteignant 45 em. de long, muni de quelques bractées engainantes à la base, perçant la gaine de la feuille un peu au-dessus de la base et du côté dorsal. Fleurs verticillées par trois à l’aisselle de bractées ovales-aiguës, soudées à la base en une sorte de godet à trois lobes, de 5 mm, environ de — A4T — long vers la base du rachis, un peu plus court vers le sommet. Fleurs sessiles à ovaires renflés, atteignant 15-16 mm. de long, sépale postérieur linéaire-aigu, de 17 mm. de long, sépales latéraux plus développés, de 20-22 mm. de long, et 3-4 mm. de large à la base. Pétales de même forme, plus courts que les sépales, de 16 mm. environ de long et de 3 mm. de large. Labelle ovale, oblong, émarginé, de 10 mm. environ de long, et de 6 mm. environ de large, crispé sur les bords, longuement apiculé. Éperon de 11-12 mm. de long, renflé fortement vers le milieu, atteignant 4 mm. de large, sur 1 mm. d'épaisseur, subobtus au sommet. Née dé la Djuma, 1902 (J. Gillet, n. 2753 et De Ccuul,s. n.). Ogs. — Par la disposition de ses fleurs, le L. falcatus se rapproche du Z. wrostachya et du L. Dewevrei que nous venons de décrire, mais la forme et la grandeur des feuilles, la grandeur des inflores- cences, la constitution très particulière de la fleur et surtout celle de l’éperon sont des caractères qui permettent la différenciation très nette. C’est la troisième espèce à fleurs verticillées que l’on rencontre dans ce genre. Listrostachys Gentil De Wild. nov. sp. Plante épiphyte à tiges courtes. Feuilles linéaires- oblongues, de 20-35 cm. de long et 15-29 mm. de large, inégalement bilobées au sommet, à lobes dentés, à dents assez profondes, aiguës. Racèmes sessiles en glomérule basilaire, de 25-30 mm. de long et de large, entouré de bractées scarieuses, obtuses, plus ou moins coneaves, de longueur variable, Fleurs à pédicelle de 10-12 mm. de — 148 — long, à sépale postérieur oblong de 5-5,5 mm. environ de long et 2 mm. de large, sépales latéraux un peu plus larges. Pétales environ aussi longs et aussi larges que les sépales, subobtus. Labelle de 5 mm. environ: de long et 4,5 mm. environ de large dans la partie antérieure, obscurément trilobé ou simplement ondulé sur les bords, terminé par un éperon de 8-9 mm. de long, légé- rement recourbé avant l'extrémité renflée, subclavi- forme. Colonne assez épaisse de 3 mm environ de long. Fruit de 10 mm. environ de long. Bombe (Momboyo), juin 1900 (L. Gentil s. n.) O8s. — Cette espèce, dont nous avons pu voir un échantillon en fleur provenant des serres du jardin colonial de Laeken, appartient au mêe groupe que le L. capitata Rchb. et le L. cephalotes Rchp. Elle se différencie par ses feuilles beaucoup plus développées et ter- minées au sommet par des lobes à dents aiguës eb profondes, tandis que chez le L. capitata les feuilles sont à lobes arrondis, courte- ment denticulés. Listrostachys Kindtiana De Wild. nov. sp. Plante épiphyte à tiges formées par les gaines des feuilles tombées. Feuilles linéaires-oblongues, glabres, de 10-13 cm. de long et 11-13 mm. de large, très inéga- lement bilobées au sommet, échancrure terminale en général très nette, parfois nulle, lobes arrondis au som- met où l’un deux oblique, à bord très obsceurément crénelé Racèmes assez grèles, de 4-7 cm. de long, pen- dants, à 11-16 fleurs alternes. Bractées petites, em- brassantes, caduques. Pédicelle de 2-3 mm de long. Fleurs d'un blanc verdaätre ou saumoné, charnues. — 149 — Sépale dorsal oblong, de 2,5 em. de long et 1 mm. de large, subaigu, sépales latéraux environ aussi longs que le terminal et un peu plus larges. Labelle de 2 mm. environ de long, trilobé, muni à la base, de chaque côté, d’une sorte de col; lobes atteignant le milieu du labelle, le médian triangulaire, aigu, les latéraux fili- formes, glabres. Éperon non recourbé, grêle, de 5-9 mm. de long, non renflé à l'extrémité. Colonne épaisse, munie d’une sorte d’aile latérale, de 1,5 mm. de haut. Stipes des pollinies libres dans leur partie supérieure, soudés vers la base et attachés à un disque unique. Loliva, 1903 (M. Laurent). O8Bs. — Cette plante a fleuri dans les serres du Jardin colonial de Laeken Par ses feuilles planes relativemeut assez larges, ses fleurs alternes relativement espacées, son éperon plus de deux fois aussi long que le labelle, la plante du Congo parait devoir se classer dans le voisinage des Listrostachys vagans Rolfe et thomensis Rolfe; elle dif- fère de ces deux espèces par la grandeur des inflorescences, par la forme du labelle, par celle de l’éperon droit et par la forme et la gran- deur des feuilles, Eistrostachys linearifolia De Wild. nov. sp. Tiges grèles, rameuses, à rameaux de 2-3 mm. d'épais- seur; feuilles distantes, linéaires, subulées-aiguës, de 3-13 em. de long et de 1 mm. environ d'épaisseur, à gaine rugueuse, de 10 mm. environ de long, à 7-10 mm. les unes des autres. Fleurs en inflorescences courtes, solitaires ou par 2-3, naissant à la base de la gaine du côté dorsal ; chaque rameau portant 2 à 5 fleurs blanches ; pédicelle de 3 mm. environ de long ; sépales lancéolés-oblongs, subaigus, de 2,5 mm. de long, pétales de même longueur environ que les sépales et de méme forme. Labelle elliptique, de 2 mm. environ de long, tri- lobé à l'extrémité, à lobes aigus, les latéraux de moitié plus courts que les terminaux ; labelle muni à la base et de chaque côté d’une aile ovale atteignant environ 1 mm. de long; éperon droit ou légèrement recourhé vers son extrémité, aigu, de 7-8 mm. de long. Colonne atteignant à peine 1 mm. de haut, à bords latéraux aplatis, ailés. Bords du Lomami, 18 décembre 1895 (Ém. Laurent) ; environs d’'Eala, 1903 (M. Laurent, n. 25. O8s. — A première vue cette espèce rappelle le L. subulata Rchb. f. (= Angraecum subulatum Lindl.), dont nous possédons un échan- tillon sans fleur provenant du Lomami et déterminé par M. le D'F. Kränzlin; mais dans la forme authentiquée par M. Kränzlin les entrenœuds sont beaucoup plus longs que dans l'espèce que nous venons de décrire et les inflorescences, dont il ne reste que des rachis, sont plus allongées. Le L. linearifolia se différencie d’ailleurs très neltement du Z. subulata; le labelle de la fleur est en effet lrilobé et non obtus et apiculé comme chez le L. subulata et l'éperon est grêle, aigu, de 7-8 mm. de long, alors qu’il est falciforme, incurvé, subclavi- forme et de 4 mm. environ de long chez le L. subulata. Listrostachys Margaritae De Wild. nov. sp. Plante épiphyte, à tige feuillue assez allongée et munie de racines longues et ramifiées, feuilles à gaine de 10-15 mm. de long, à limbe de 4,5 à 12 cm. de long et 1-17 mm. de large, inéquilatéral au sommet, un des lobes oblique ou arrondi, l’autre lobe plus proéminent, arrondi. Inflorescence solitaire où géminée naissant à — Ho! là base de la gaine et du côté dorsal, de 8 à 13 cm. de long, pendante, à fleurs très nombreuses, au moins 49, alternes. Bractées cupuliformes, engainantes, d'envi- ron | mm. de haut, pédicelle de 1-1,5 mm. de long, sépales triangulaires-lancéolés, de 1,5 mm. de long, deux fois aussi longs que larges, subaigus, pétales aussi longs que les sépales, obtus, et aussi larges que longs. Labelle obovale, plus large à la base qu'au sommet, de 1,5 mm. de long et d’un peu plus de 1 mm. de large au sommet, celui-ci trilohé, à lobes peu accusés, arrondis, le médian parfois émarginé. Éperon falciforme, obtus, de 5 mm. environ de long et de 0,6 mm. de diamètre à l'état frais. Basenga (Lukenie), 23 décembre 1901 (L. Gentil. n 80). O8s. — Cette espèce parait devoir se classer dans le voisinage des L. Bakeri (Kränz.) Th. Dur. et Schinz, L.acuta Rolfe, L. subclavata Rolfe et ZL. bidens Rolfe. Par la forme élargie et trilobée de son labelle elle semble se rapprocher surtout du ZL. bidens, mais chez cette espèce, labelle et éperon sont environ de même longueur, ce qui n’est pas le cas dans notre plante, où l'éperon est plus de deux fois aussi long que le labelle. MYSTACIDIUM ZAndl. Mystacidium congolensis De W2ld. nov. sp. Plante à tiges assez courtes, épiphyte, à racines ver- ruqueuses assez développée”. Feuilles à gaine de 1,5-2cm. de long, à limbe légèrement falciforme de 20-22 cm. de long et 3-3,5 cm. de large, inégalement et obtu- sément bilobé au sommet et à lobes distants de 8 mm. ee. environ. Inflorescences solitaires de 10-20 em. de long, naissant à la base de la gaine du côté pluriflore dorsal ct munies à leur base de bractées scarieuses; fleurs dis- posées alternativement à droite et à gauche du rachis, munies d'une bractée ochréacée, triangulaire, apiculée, de 2-3 mm. de long; pédicelle grêle, de 3 mm. environ de long; sépales lancéolés de 6 mm. environ de long et 1 mm. de large; pétales de même longueur, mais de 1,7 mm. de large. Labelle obovale de 6 mm. de long et de 4 mm. de large, émarginé au sommet, apiculé ; éperon de 5 mm. environ de long, subelaviforme, rétréci à la base, obtus au sommet. Basenga (Lukenie), 1931 (L. Gentil, n. 30b4s). OBs. — Ce Mystacidium doit se classer dans le voisinage des M. Xanthopollinium (Rchb. f.) Th. Dur. et Schinz, et M. rutilum (Rchb. f.) Th Dur. et Schinz. Il se différencie très nettement du M. Xanthopollinium par ses feuilles beaucoup plus développées et par la forme très caractéristique de son labelle: il parait avoir plus d’ava- logie avec le M. rutilum qui nous est connu uniquement par la description (cf. Rolfe in This.-Dyer Klor. of Trop. Afr. VII p. 173). Mystacidium Laurentii Je Wild. nov. sp. Tiges pendantes, à racines nombreuses. Feuilles pliées en deux et plus ou moins équitantes, charnues, distantes d'environ 3-4 mm.,oblongues, elliptiques, lége- rement falciformes, inéquilatérales au sommet, à extré- mités arrondies, distantes de 1,5 mm., de 16-19 mm. de long, repliées, de 2,5 mm. de large dans chacune de leur moitié. Fleurs axillaires, solitaires, à pédicelle de 3-1 mm. de long; sépales ovales-oblongs, aigus, de — 153 — 4 mm. environ de long et 1,5 mm. de large; pétales environ aussi longs, mais plus étroits. Labelle plus court que les sépales, trilobé, d'environ 2 mm. de long, à lobes latéraux redressés, arrondis ; lobe terminal sub- aigu. Éperon légèrement claviforme, de 6-7 mm. envi- ron de long, obtus au sommet. . Environs d’'Eala, 1903 (M. Laurent, n. 28). OBs, — Cette espèce se classe par la forme de ses feuilles dans le voisinage du M. distichum Benth. (cf. Rolfe in This.-Dyer Flor. ot trop. Afr. VII p. 175), mais les feuilles sont moins équitantes que dans le M. distichum et sont aussi plus élroites, ces deux plantes présentent, en outre, à première vue un facies tout à fait différent. a . MANNIELLA Reichb. f Manniella Gustavi 2chb. f. var. picta De Wild. nov. var. Feuilles fortement panachées, à macules blanchatres sur un fond d’un rouge verdàtre. Kondue (Sankuru), 12 novembre 1901 (L. Gentil, ni 1). Ogs. — Nous rapportons à ce genre monotype la plante récoltée au Congo par M. Gentil, bien que nous n’en ayons point vu de fleur. La panachure des feuilles constitue un caractère qu’on n'a pas observé dans le type. Celui-ci d’ailleurs est connu uniquement du Cameroun, de l'ile de Saint-Thomas, à San-Pedro, et dans l’Angolares. SATYRIUM #0. Satyrium Gilletii Je Wild. nov. sp. . Plante à tige florifère dressée de35-40cm de long, à épi de 9 cm. environ de long, et munie depuis la base jusque — 154 — sous l’inflorescence de feuilles engainantes, rapprochées, au nombre de dix, dont les inférieures forment un godet coupé en biseau, aigu d’un côté et atteignant 3 cm. de long, mesurant de 1 à 1,5 cm. de l’autre côté. Pédicelle ou ovaire assez court, de 5 mm. environ de long, muni à la base de bractées ovales-aiguës, réfléchies, dont les inférieures atteignent 17 mm. de long et 6 mm. de large. Fleurs à sépales de 3,5 mm. de long dans leur partie libre, les latéraux environ 2 fois aussi larges que le médian, plus ou moins falciformes, aigus; pétales envi- ron aussi longs que le sépale médian, soudés à leur base avec les sépales latéraux et médian, labelle en forme de capuchon, à bords révolutés, non terminé en pointe, soudé à la base avec les sépales et les pétales ; oùverture du capuchon de 3,5 mm. de long, sur environ 3 mm. de large et 4 mm. de profondeur à la base. Épe- rons au nombre de deux, linéaires, recourbés légère- ment à partir du sommet, parallèles, de 11-12 mm. de long, obtus, mais non renflés ; colonne stipitée, élargie au sommet, arrondie, émarginée. ; Kisantu, 1900 (J. Gillet, n. 1822). OBs. — Si l'on compare les données de cette diagnose avec la clef analytique des Satyrium de l'Afrique tropicale publiée par M. Rolfe dans Flora of trop. Afr. VII pp. 263-264, on verra que le S. Gilletii vient se classer dans le voisinage des S. brachypetalum Rich. et S. Schimperi Hochst., deux espèces figurées dans le Teut. FL Abyss. t. 90 et 91 et qui paraissent assez spéciales à l'Afrique orientale. Mais différents caractères, tels que la longueur des éperons, la forme du labelle dont la partie antérieure est plus ou moins aigué, la disposition des gaines très nombreuses dans notre plante permet- tent de faire une différenciation. — 195 — Le S. Jvantalae, trouvé dans l’Angola par Welwitsch et Newton et qui aurait été retrouvé dans l'Afrique orientale allemande par Fis- cher, se différencie entre autres par des éperons beaucoup plus courts: ils ne mesurent que 8 mm. Les caractères sur lesquels M. Rolfe se base pour différencier les espèces du groupe du S. Ivantalae, de celui constitué par les S. trachypetalum et Schim- peri, nous paraissent de valeur secondaire, et sont difficiles à appré- cier. D’après M. Kränzlin (Orch. gen. sp. p. 655 et suiv.) notre plante se rapprocherait davantage du S. Jvantalae que des deux autres espèces qui appartiennent à un tout autre groupe. Il appar tiendrait donc à la section Macrophylla des Eusatyrium. Parmi les espèces de celte sous-section Macrophylla il n'existe pas une seule espèce de l'Afrique tropicale possédant des éperons environ deux fois aussi longs que l'ovaire; les seules espèces de cette région sont les S. Schinzii Kränzl. de l’Angola et de l'Uluguru, dont l’éperon est plus court que l'ovaire, S. mystacinum Kränzl. S. Ivantalae Reïichb. f, et S. niloticum Rendl. dont les éperons ont la même longueur que l'ovaire. Nous possédons en herbier un échantillon étiqueté S. riparium Reichb. f. provenant du Katanga qui rappelle beaucoup notre plante et pourrait lui être identique, mais cette plante est en tous cas très différente du S.. riparium type de l’Angola tel qu'il est décrit par les auteurs. XITI BAOBAB ou ADANSONIA DIGITATA Z. (Planche XII). Le baobab ou Monkey bread (pain de singe) est uu des arbres les plus caractéristiques de l'Afrique tropicale occidentale. Ce géant de l'Afrique tropicale peut attein- dre 18 mètres de hauteur; son tronc à écorce d’un vert brunâtre, conique ou irrégulièrement tuméfié, se ter- mine par une couronne de branches étaléés pouvant s'étendre souvent très loin. Ses feuilles, rapidement caduques, composées-digitées, à 3-9 folioles, laissent pendant une grande partie de l’année un squelette très nu. Ses fleurs sont pendantes, blanches ou légèrement teintées de rouge, elles sont remplacées par un fruit allongé, elliptique ou ovoïde atteignant 40 em. et même plus de long et parfois plus de 10 cm. de diamètre; il est duveteux à écorce dure, et pend à l'extrémité d’un long pédoncule. Le baobab ne se rencontre pas à l’état spontané en dehors de l'Afrique continentale et cette espèce si caractéristique est remplacée à Madagascar par d'autres espèces du même genre, que l’on n’a pas trouvées jusqu’à ce jour dans l'Afrique continentale. Dans le Sud-West Afrika allemand, le baobab paraît atteindre sa limite méridionale ct, d'après M. Schinz, a Le. MEN — ce géant des steppes africaines serait destiné à dispa- raitre à bref délai dans le sud de son aire de dispersion, car on en trouve très rarement de jeunes pieds; les indigènes de cette région n’employant aucune des par- ties de cet arbre ne le ménagent pas et ne soignent pas sa reproduction. On le rencontre ordinairement isolé dans la steppe et il ne parait pas exister dans la grande forêt tropicale du Congo, ni dans les forêts de l'Usambara ; mais dans certaines régions de l'Afrique, par exemple dans le district de Tanga, le D' Holst a vu des centaines de pieds de baobabs de toutes grandeurs, variant de 5 à 13 mètres de haut. Le baobab, Adansonia digilala L., fétiche africain, a été dédié au naturaliste français Adanson; il existe abondamment dans le Congo Indépendant, où il se voit en spécimens gigantesques. Le baobab a aussi été indiqué dans l’Angola, dans le Congo français, la Sénégambie. Il a été introduit par la culture à la Réunion, dans les Indes occidentales et dans l'Amérique du Sud et s’y développe assez facilement. Adanson avait calculé qu’un arbre de 30 pieds, c’est-à-dire de plus de 9 mûtres de diamètre, comme on en rencontre encore assez fréquemment, aurait plus de six mille ans d’exis- tence. 11 a vu deux arbres de 5 à G pieds de diamètre, sur l'écorce desquels se trouvaient gravés des noms européens, l'un d'eux datant du xvi siècle et l’autre du xv° siècle. Humboldt, en: parlant du baobab, l'appelle l’« arbre d’un millier d'années, » Lorsque l'écorce est incisée, il s'en écoule une forte — MS quantité de gomme semi-fluide, sans goût ni odeur et de réaction acide. Par solidification il se forme une sorte de gomme solide, insoluble dans l’eau et qui, par certaines de ses propriétés, rappelle la gomme adra- ganthe. Le bois du baobab posséderait, au dire de certains voyageurs, des propriétés antiseptiques ; il est mou. poreux et léger, Aussi les indigènes de l’Afrique tropi- cale l’'employent-ils pour la confection de pirogues, qui même très grandes sont encore très légères. Malheu- reusement, ce bois est facilement attaqué par les cham- pignons et ne peut résister longtemps. Le travail de ce bois est si facile que fréquemment l'indigène y creuse sa demeure, et Livingstone à vu de ces troncs excavés dans lesquels pouvaient se tenir trente hommes. C’est dans de telles excavations que l’on a parfois, en Afrique, suspendu les corps d’indigènes auxquels on ne voulait pas accorder l'honneur de la sépulture; la sécheresse est si grande dans un tel milieu que ces corps se transforment en momies sans qu’il soit nécessaire de les embaumer. Dans les Indes, le bois, par sa légèreté, est même employé en guise deliége pour fabriquer lesflotteurs des filets de pêche. L'écorce du baobab, épaisse d'environ un pouce, renferme un principe azoté appelé « adansonine » qui à été isolé par le chimiste Walz; l'adansonine cris- tallise en prismes ou en aiguilles. La racine du baobab renferme une matière colorante rouge soluble dans l’eau et dans l'alcool, et qui se dépose en poudre. L'écorce renferme aussi une fibre très estimée, assez forte, pou- — 159 — vant servir à la fabrication de cordages et pouvant même être tissée. Dans certaines régions les indigènes préfèrent écorcer des arbres jeunes de 8 à 10 mêtres de haut plutôt que des arbres àgés dont la fibre aurait moins de valeur. Les avis sont très partagés quant à l'effet de l’écorçage sur la durée de la vie de l'arbre; l'enlèvement d'écorce fait avec soin à la base de l'arbre ne lui ferait pas grand tort, semble-t-il. Le R. P. Merlon, lors de son voyage en Afrique cen- trale, a vu les indigènes séparer des lanières d’écorce du tronc et en préparer des cordages ; ces morceaux d’écorce battus constituent aussi une sorte d’étofle dont les noirs font des pagnes. Dans le Golungo Alto, les indigènes écorcent aussi le baobab; ils enlèvent au tronc des bandes variant de 90 em. à 1,50 de long ct 60 à 90 cm. de large; ils les soumettent à une courte macération, puis les font sécher au soleil; après ce séchage, ils battent les écorces afin d'enlever les résidus cellulaires et d'obtenir une séparation des couches de fibres. L'écorce, transformée en une sorte de tissu, sert d'emballage pour le charbon, les fruits, le coton, ete, ou bien elle est filée et fabriquée en cordes, filets, sacs. Tout le coton expédié de l’intérieur des terres arrive sur le marché de Loanda dans des sacs faits de fibres de baobab, et c'était dans ce tissu qu'arrivait souvent sur le marché le copal de l'Angola. Dans certaines régions de la Sénégambie on fabrique mème, avec les fibres de baobab, des bonnets imperméables à l'eau qui servent de coiffure et de vase à boire. Dans l’Inde, les fibres du baobab servent à fabri- — 160 — quer les selles d'éléphant particulièrement renommées. Les fibres du baobab sont d’un blanc roussâtre, d’une souplesse et d’une tenacité médiocres; elles sont assez courtes et lignifiées. Elles se colorent en jaune d’or par le chlorure de calcium iodé, en jaune verdâtre par le chlorure de zinc iodé, en jaune par l’iode et l'acide sul- furique, en vert intense par l'iode acétique, en rouge pale par la fuchsine ammoniacale et en bleu pâle par l’oxyde de cuivre ammoniacal. Ces fibres pourraient avoir une importance indus- trielle, car au dire de certains auteurs elles peuvent être employées dans la fabrication de papier résistant, par exemple celui destiné à l'impression des billets de ban- que. Malheureusement la croissance lente de cet arbre et les soins qu'il demande pendant le jeune âge le font considérer comme une source très précaire de fibres à papier. De nouvelles expériences pour la fabrication de Ja pâte à papier n'ont pas été tentées, car les fibres ne peu- vent être obtenues qu’en quantités très limitées. D'après les renseignements communiqués par MM. Ide et Christie de Londres et M. Ch. Richards Dodge, les fibres d'Adansonia ne sont jamais arrivées du Sénégal et de l’Abyssinie sur le marché de Londres; elles n’ont jamais fait l’objet d’un bien grand commerce et ont tou- jours été exportées de Saint-Paul-de-Loanda et peut- être de quelques ports voisins de l’Afrique occidentale portugaise et présentées soit à Liverpool, soit à Hull. Cette fibre a été parfois employée pour la fabrication de papiers d'emballage forts et légèrement colorés, appe- — 161 — lés small hands; elle à été cotée 8 à 10 livres sterling et aurait même atteint 15 livres par tonne. Depuis 1892 aucun chargement important n’est plus arrivé en Angle- terre et les importations sont tombées de 190 tonnes en 1887, à 2 tonnes en 1896. Des essais faits assez récemment en France ont prouvé que les fibres brutes du baobab, soumises à un peignage énergique, après court rouissage à l’eau et sans rouissage chimique, peuvent servir dans la grande fila- ture pour fabriquer des cordages et des tissus grossiers. Le fruit si caractéristique du baobah renferme une pulpe mucilagineuse rafraichissante, possédant un goût agréable, et pouvant être usagée avec succès, parait-il, contre les fièvres et la dysenterie. Voici comment un explorateur allemand décrit le procédé de préparation de la limonade fébrifuge : On brise un morceau de l’écorce du fruit, on verse de l’eau dans le fruit en remuant la masse jusqu'à ce qu'elle soit bien mélangée, puis on fait cuire le tout; la limo- nade est bue froide. La pulpe du fruit contient outre le mucilage, du sucre et du tartrate de potassium en assez notable quantité. Cette pulpe, séchée et réduite en poudre après dessie- cation est de couleur rose, elle à une saveur acidu- lée; elle sert parfois, mélangée à de la crème, pour combattreles diarrhées et la dysenterie,en Afrique; dans certaines parties des Indes anglaises on reconnait écale- ment aux graines des propriétés fébrifuges. Ce remède porte chez les noirs le nom de bowi. Cette poudre était, dans le temps, importée en Europe 11 — 162 — par l'Égypte où elle arrivait du Darfour et de la Nubie; elle était désignée sous le nom de Terra Lemnia ou Terra Lemnnia sigullata, et employée surtout comme remède contre la fièvre et la dysenterie. D'après MM. Heckel et Schlagdenhaufen, la pulpe contiendrait environ: 33,60 p. c. de mucilage ou de gomme, 11,78 p. c. de crême de tartre, 1,97 p. c. d'acide tartrique et 14,4 p. ec. de glucose ainsi qu'un peu de tanin. Le principe actif, appelé « Adansonine >», extrait par M. Lascelles Scott, jouirait de la propriété de com- battre l’action de la « Strophanthine », la substance active des graines de Strophanthus, un des poisons de flèches de l'Afrique occidentale. D’après le voyageur allemand Baumann, cette poudre est souvent employée pour remplir les matelas et les coussins. Cette même poudre brülée écarterait les mous- tiques, mais la fumée résultant de la combustion serait très désagréable, Les graines d'un brun noirâtre renferment encore 98 p. c. de matières grasses et une forte proportion de matières gommeuses et mucilagineuses ; leur goût rap- pelle un peu celui de la noix; elles sont fréquemment utilisées comme aliment. Le voyageur anglais Pedley, lors de son expédition à la recherche de Mungo Park, vécut pendant douze jours exclusivement des fruits de cet arbre, On pourrait peut-être extraire des graines une huile comestible. En Nubie, c’est à l'infusion des graines torréfiées que l’on reconnait des propriétés antidysentériques. — 163 — Au Sénégal les indigènes emploient l'écorce et les feuilles pulvérisées comme condiment. Dans certaines régions de l’Afrique occidentale les écorces sont usagées comme matières tannantes daus la préparation des peaux. L'infusion des feuilles et des fleurs est considérée dans presque toute l'Afrique comme émolliente et adoucissante dans les maladies affectant les voies res- piratoires et digestives; elle s'emploie aussi contre certains maux d'yeux. L’aliment connu dans certaines régions africaines sous le nom de Zalo où A/00 ren- ferme assez fréquemment des feuilles desséchées du baobab ; en même temps qu'un aliment, le /alo constitue un remède provoquant la transpiration et auquel on accorde la propriété de garantir contre les affections des reins et de la vessie. Les Mahométans emploient également les jeunes feuilles en guise de légume, comme le font d’ailleurs beaucoup de peuplades africaines. | Les cendres des fruits et de toutes les autres parties de la plante, de même que beaucoup de cendres végé- tales, servent à saponifier l'huile de palme rancie. Le baobab est done, comme on le voit, un arbre qui possède de nombreuses propriétés, elles seraient peut- être dignes d’être réexaminées de: près. XIV. LES « CASSIA » DU CONGO Le genre Cassia renferme un grand nombre d'espèces dont la plupart ont été employées par les indigènes des diverses régions tropicales, soit en guise de médicament, soit dans l'alimentation. Ce grand genre de la famille des Léguminosacées- Papilionacées est représenté actuellement dans la flore de l'État du Congo par dix espèces seulement ; ce sont : Cassia absus L. — alata L. — Droogmansiana De Wild. — Kirkii Oliv. — Mannii Ole. var, Vanhouttei De Wild. — mimosoides Z. — mututu De Wild. — occidentalis L. —"tora LL. — Verdickii De Wild. Outre ces espèces indigènes, M. L. Gentil a introduit en 1897, à Coquilhatville, le Cussia Jistula L. prove- nant de graines reçues des Jardins royaux de Kew. Ce Cassia devient un grand arbre à feuillés à 4-8 paires de folioles, à fleurs disposées en grandes pani- cules. Les fruits pendants, non déhiscents, mesurent de — 165 — 30 à 50 cm. de long et environ ? em. de large ; ils sont cylindriques et contiennent des graines séparées les unes des autres par des cloisons et entourées d'une pulpe à gout douceàtre et agréable, mais purgative. Cette plante est surtout répandue en Asie. On la signalée en Afrique, à Sierra-Leone, en Sénégambie, dans le Mozambique, à Zanzibar et dans l'Usambara ; il ne parait pas certain que cette espèce soit vraiment indigène dans ces régions. Les espèces indigènes ayant quelque utilité sont examinées dans les paragraphes suivants. Cassia absus Z. (1. Ce Cassia, « Tschischiva ou Tscheschun >, est une plante annuelle qui atteint environ 1 mètre de hauteur, à feuilles à folioles paripennées, à graines amères, apla- ties et noires. Elle est répandue en Afrique, aux Indes orientales, en Chine. Déjà les anciens Égyptiens utili- saient les semences amères et aromatiques de cette plante dans le traitement de l’ophtalmie; d’après cer- tains auteurs les graines provenant du Soudan seraient les meilleures et aussi les plus grandes. Au point de vue ophtalmologique cette plante semble avoir une certaine valeur, des expériences faites en 1822 à Bruxelles par le D'Harbauer, sur l’ophtalmie purulente, (4) Cassia absus L. — Plante plus ou moins glanduleuse, dressée, rameuse, de 30 cm. à plus de { mètre de haut. Feuilles à 2 paires de folioles. Fleurs jaunes ou rougeàtres réunies en racèmes pubescents, terminaux ou opposés aux feuilles. Fruits de 3 à 5 cm. de long et cr 6 à 8 mm. de large, à 6-9 graines comprimées, obliques. — 166 — ont donné parait-il des résultats très satisfaisants. Mais dans d'autres cas son application sur les yeux peut causer des accidents. La graine est employée en poudre. L'extrait des graines serait un dépuratif du sang; ces graines agiraient comme anthelmintiqueet seraient sur- tout efticaces contre le ver solitaire ; elles sont, paraît-il, de bon usage dans les constipations habituelles et dans celles occasionnées par la grossesse. Aux Indes cette plante entre dans la confection d’une poudre compo- sée employée dans la dyspepsie, les coliques flatulentes, les céphalalgies bilieuses, la gonorrhée, le diabète. Ces graines renfermeraient une toxalbumineanalogue à l’abrine. Cassia alata Z,. (1). Cette espèce forme un buisson à rameaux épais et lévèrement pubescents, à feuilles composées de 8 à 14 paires de folioles, et à gousse remarquable par ses ailes latérales et longitudinales, elle est très répandue dans toutes les régions tropicales du globe. Ses diffé- rents organes ont été préconisés contre beaucoup de maladies. Elle porte à la Côté d'Ivoire le nom indigène « Noa-Hire +, c'est-à-dire herbe contre les dartres; les Anglais lui ont octroyé le nom de + Ringworm Shrub >. (4) Cassia alata L.— Plante dressée de 75 cm. à 2m,5 de haut, glabre ou pubéruleuse. A feuilles de 30 cm. à 1 mètre de long, à 8-14 paires de larges folioles obovales-elliptiques, arrondies au sommet, glabres, de 7 à 16 cm. de long, sessiles ou très courtement pétiolulées. Fleurs jaunes en racèmes pédonculés, terminaux. Fruits de 12 à 15 em. de long et de 12 à 18 mm. de large, à graines rhomboïdales, comprimées. — 167 — Les chimistes autrichiens Porte et Helbing y ont décelé la présence d'acide chrysophanique. Les écorces de ce Cassia paraissent excellentes pour le tannage; elles ont été très recommandées pour cet usage par certains tanneurs des Indes anglaises. Les feuilles fraiches ont été préconisées en Afrique, comme en Extrème-Orient (Indes, Annam et Tonkin), contre certaines maladies de la peau et en particulier contre l'Aerpes circinatus, — l'impétigo, — il sufli- rait de frictionner les parties malades au moyen des feuilles fraiches réduites en pâte et mélangées avec un peu de jus de citron ou avec un onguent, ou de les bas- siner avec une décoction d'écorce, de feuilles et de fleurs. C’est mème en raison de cette propriété que cette plante à été dénommée « dartrier + à la Martinique. Une infusion de feuilles et de fleurs a été parfois pres- crite avec succès dans l’asthme et la bronchite. La teinture à base de feuilles sèches aurait une action analogue à celle du séné et un extrait obtenu des feuilles fraiches pourrait être employé en lieu et place de l’ex- trait de coloquinte. A la Jamaïque un cataplasme fait avec les feuilles sert également à combattre les maladies de la peau. Les racines jouissent, parait-il, des mêmes propriétés que les feuilles, mais leur étude chimique n’a guère été faite. De nouveaux essais mériteraient d’être faits avec les divers organes de cette plante. — 168 — Cassia Mannii (iv. Kimuenza, 1901 (J. Gillet, n. 2106). Os. — Nous rapportons à cette espèce des échantillons recueillis par J. Gillet, ils diffèrent du type tel qu'il est décrit dans la Flora of tropical Africal (11, p. 272) par la longueur du pétale qui atteint 21 mm., et par une légère pubescence du rachis de l’inflorescence, décrile comme glabre; de même le pétiolule des folioles est nettement mais courtement velu, les bords des feuilles sont ciliés et des poils épars se rencontrent sur le limbe. Cassia Mannü Oliv. var. Vanhouttei Je Wäild. nov. var. Inflorescence courte, à rachis de 3-5 em. de long, à tomentum court, jaunàätre, très apparent. Fleurs à pétales obovales, onguiculés, de 22-28 mm. environ de long. Fruit subcylindrique, légèrement aplati, de 2 cm. environ de large et 16 mm. env. d'épaisseur, subobtus ou aigu au sommet, de plus de 20 em. de long, à graines nombreuses, obliquement ovoides, d’un brun plus ou moins foncé, luisant, de 10 em. environ de long sur 5 mm. environ de large (vers le sommet). Feuilles inconnues. Sanda, 1902 (leg. Van Houtte, coll. J. Gillet s. n.). Os. — Cette forme, dont nous ne connaissons malheureusement pas les feuilles, ne peut être classée que dans le voisinage du C. Manniü Oliv., mais elle diffère nettement du type par :a brièveté des inflorescences et leur villosité remarquable. Il existe dans l’Herbier du Jardin botanique de Berlin certaines formes, recueillies dans l’Angola par Buchner, qui pourraient avoir avec cette variété une certaine analogie. Quand on compare entre elles les deux plantes que nous rapportons l’une au type, l’autre comme variété, on saisit très nettement la différence. — 169 — Cassia occidentalis Z. (1) Le C. occidentalis est une plante buissonnante attei- gnant plus de 1 mètre de haut, à fleurs jaunes en grap- pes axillaires et terminales, à gousse comprimée de 7 à 12,5 cm. de long. Ce Cassia, café nègre où « bantamare + des Sénéga- lais, appelé parfois aussi « onamé +, c’est-à-dire « bois puant » ou « herbe puante », à cause de la mauvaise odeur qu'il dégage, est une plante très utilisée par les indigènes de l'Afrique tropicale. Dans l’Ambriz, ce Cassia est dénommé par les Por- tugais « Fedegoso »; dans le Loanda, les indigènes le désignent sous le nom de « Munhanoca » et dans le Go- lungo-Alto c’est le « Caffé +. Les graines de ce Cassia sont employées comme fébrifuge, spécialement en teinture vineuse, elles sont également considérées comme efficaces contre les gas- tralgies ; toute la plante jouit de propriétés purgatives. La iorréfaction des graines détruit le principe purgatif et leur donne le gout du café; aussi sont-elles fréquem- ment employées en infusion et en lieu et place du café et parfois même sous le nom de « Mogdad-Kaffee ». Dans les Indes la racine en décoction est considérée comme diurétique; elle serait efficace dans certaines maladies de (1) Cassia occidentalis L. — Plante herbacée ou ligneuse, dressée, formant buisson atteignant parfois plusieurs pieds de hauteur. Feuille à 4-5 paires de folioles de 3-10 cm. de long. Fleurs disposées en racèmes ou fascicules axillaires. Légume linéaire-comprimé, droit ou falciforme, à sutures aplaties, de 8 à 10 em. de long et 6-8 mm. da large, graines plus ou moins aplaties. — 170 — l'estomac et dans l'hydropisie; pour d’autres elle serait un purgatif violent. Les feuilles sont employées dans les maladies de la peau en usage interne et en applications extérieures, à l’état frais, et jouiraient également de propriétés diurétiques. M. le prof. Ed. Heckel, directeur du Musée colonial de Marseille, se basant sur ces recherches et sur les rapports de médecins coloniaux, considère l’infusion des feuilles, à la dose de 16 grammes de feuilles pour 100 grammes d’eau, comme un adjuvent précieux dans le traitement des fièvres bilieuses mélanuriques et de la fièvre jaune. Le professeur Clouet {Year-Book of Pharm. 1876 p. 179) à analysé les graines et leur a trouvé la compo- sition suivante : Matières grasses . . . Acide lanique : 17.164010) CEOMRANONNRIRS SUCRES NII DELLE 0 PS TUNER Gomme! [A 220 ONE SONNERIES AMD 2: 000,080 NN Cellulose ©".! 122 79 427 004 QONNRNESSS Jau! l, PAPER ET SE NEO Sulfate et phosphate de calcium, acide chrysophanique . . . . 0,9 Acide malique, chlorure de sodium, sulfate de manganèse, fer, silice. 5, Achrosine !. ©: 41.114 04,001 1 RNCS 8 Ot Cette dernière substance contient: C, H, O, AzetS, mais Sa Composition exacte n’est pas déterminée; elle — {T1 — semble être un mélange de plusieurs corps ; elle est soluble dans l'alcool faible, dans les acides et les alea- lis. Elle est de couleur brun rouge et à cassure rési- neuse, mais cette coloration ne peut être fixée sur des tissus. Certains auteurs ont également extrait de l'émo- dine des graines de ce Cassia. Livingstone rapporte que les graines sous le nom de « Fedegoso +, étaient utilisées au Zambèze comme succédané du café, d’où le nom de Cassia Fedegosa appliqué à cette plante. D'autre part, Monteiro prétend que ces graines sont utilisées par les nègres pour remplacer la quinine; à cet effet, les graines rôties sont mélangées au café, ou leur infusion est parfois prise seule. Ce serait, d’après certains auteurs, le meil- leur succédané du café; mélangé à 2 ou 3 fois son poids de café il donnerait une boisson très aromatique. Cette infusion serait également fortifiante. Les graines de ce Cassia furent fréquemment em- ployées par le personnel de l'expédition au Loango comme succédané du café ; elles serventd’ailleurs au même usage en Amérique centrale et dans les Indes occidentales. A Saint-Domingue, ce Cassia connu sous le nom de « café sauvage, café marron », sert fréquemment comme succédané du café, mais le nom « café marron », qui à été donné à un vrai Coffea, peut avoir induit certains observateurs en erreur. Il est cependant prouvé qu'on à amené en Europe et dans les États-Unis de l'Amérique du Nord des chargements considérables de graines de ce Cassia destinées à être substituées aux graines du caféier. En 1897 l’Europe en a recu près de 100 tonnes, et le Costa-Rica et le Mexique en expédient de fortes ire quantités vers les États-Unis. Actuellement, Bordeaux et Marseille recoivent encore tous les ans une certaine quantité de ces graines, de provenance sénégalienne. Le « bantamare + a encore été préconisé dans l'asthme nerveux, dans les fièvres paludéennes; dans ces cas, Ia racine serait particulièrement active. La décoction des feuilles agirait très rapidement contre les fièvres, et serait d’un usage courant dans les établissements hospitaliers de certaines régions tropicales. Un chimiste américain serait même arrivé à extraire des graines de ce Cassia un principe actif qu'il a iden- tifié avec la caféine. Les racines de la plante posséderaient également des propriétés fébrifuges ; la décoction est très employée en Angola dans les cas de fièvre intermittente, et Wel- witsch à pu juger sur lui-même de l'efficacité de ce breuvage. L'analyse chimique de ces racines ne parait pas avoir été effectuée. Malheureusement, toutes ces propriétés ont été con- testées, et malgré la réclame qui a été faite pendant un certain temps autour de ce produit, son emploi est encore toujours très restreint. Son étude chimique mériterait cependant d’être faite à nouveau. Cassia mimosoides Z. (1). Cette plante est extrêmement répandue en Afrique tropicale, où elle existe non seulement comme mauvaise (4) Cassia mimosoides L. (C. gracillima Welw.). — Plante an- nuelle ou vivace, assez élégante, dressée ou étalée, plus ou moins = Am — herbe dans les cultures, mais se rencontre en abondance dans la brousse et même dans la montagne. On la retrouve aussi en Asie tropicale et en Austra- lie; elle existerait même, semble-t-il, sous des formes particulières en Amérique centrale. Les racines sont parfois employées contre les spasmes de l'estomac. Cassia tora Z,. (1) Le C. Lora est une plante herbacée ou suffrutescente, rameuse, à fleurs jaunes, que l’on rencontre dans les Indes orientales, dans les îles de la Sonde, au Japon et dans les Moluques ; elle estemployée à l'état jeune comme légume, principalement en temps de famine, malgré la mauvaise odeur dégagée par ses feuilles ; toute la plante adulte, mais particulièrement la racine, jouit de pro- priétés purgatives et anthelmintiques; aussi est-elle fréquemment employée dans certaines régions pour combattre les affections du ventre chez les enfants. Les graines pulvérisées avec du jus de citron et du lait battu sont employées contre la gale; elles sont également parfois mangées en cas de famine. De même que pour plusieurs autres espèces du même velue, atteignant parfois plus de 1 mètre de hauleur, à feuilles de 0,6-10 em. de long, à 10-80 paires de folioles linéaires ou oblongues- falciformes, mucronées. Fleurs jaunes, solitaires ou par 2-3 à l’ais- selle des feuilles. Fruits linéaires, aplatis, de 1,2-7,5 cm. de long et 3-7 mm. de large, à graines obliques-rhomboïdales, comprimées. (1) C. tora L. (syn. C. foetida Salisb., C. obtusifolia I, Galli- narix rotundifolix Rumph.). — 174 — senre, les feuilles et les racines sont employées, fraiches ou en décoction, contre les maladies de la peau. Dans ces dernières années on à employé beaucoup de ces graines comme succédané du café. Les graines sont, pour cet usage, rôties et terrées comme celles du café nègre; elles améliorent, dit-on, l'arome du café augmentent sa digestibilité, et ne seraient pas exci- tantes. Sous le nom de Cassophy on à vendu sur le marché de Londres un mélange renfermant une partie de café pour cinq parties de Cassia. On à attribué aux graines de cette plante des pro- priétés tinctoriales ; elles donneraient d'après certains auteurs un indigo, mais il semble qu'il y ait erreur et que ce soit une couleur jaune qu’elles fournissent, car mélangée à un indigo cette matière colorante donnerait une-teinture verte; ces deux teintures sont fréquemment employées aux Indes. D'après le chimiste anglais Elborne, on a extrait des graines de ce Cassiæ un produit qui rappelle l’'émo- dine. Les feuilles ont parfois été trouvées dans le séné, qu'elles servent à frauder, le vrai séné étant fourni par divers autres Cassia, tels les C. obovata Coll., C. acut- lifolia Del. et C, angustifolia Vah]. Il est facile de distinguer le C. {ora, grace à ses folioles peu nombreuses, trois paires seulement, cunéiformes, ciliées sur les bords, à rachis muni de glandes entre les folioles inférieures, et grâce à ses fruits allongés, qua- drangulaires et légèrement contractés entre les graines. XV LES EUCALYPTUS ET LEURS USAGES Les Æucalyplus sont, parmi les arbres exotiques introduits dans la plupart des régions tropicales et tem- pérées, les plus utiles et les plus susceptibles d'être em- ployés à un grand nombre d'usages. Le genre Æ£ucua- lyplus est très répandu en Océanie, particulièrement dans l'Australie et la Nouvelle-Zélande; aussi, malgré l'exploitation intensive à laquelle donne lieu la distilla- tion des essences, il n’y a pas à craindre de sitôt la diminution du rendement. Les Zucalyptus ont été introduits dans toutes les” régions du globe et la dissémination de ces espèces est due en grande partie aux nombreuses recherches ct études du baron von Mueller, de Melbourne. Les pre- miers Zucalyptlus introduits en Europe furent plantés au Jardin botanique de Naples au début du xIX° siècle, mais ce fut vers 1870 seulement que la valeur de ces Eucalyplus, comme arbres forestiers, fut reconnue en Italie. Déjà en 1854 on avait introduit les Zucalyplus en France, où petit à petit la culture de cette essence s’est développée dans la région méditerranéenne, d’où elle est passée dans les pays limitrophes. Vers la même époque les ÆZucalyplus, et spécialement lZ. glo- bulus, furent transportés par les Français dans leurs — 176 — possessions de l'Afrique du Nord, où actuellement il en existe de très grandes plantations. Depuis 1870, on a planté en quantité l’Z. globulus, puis on a intro- duit l’Z. rostrata, dont la plantation a été faite d'une façon assez intensive. D’autres espèces existent encore, mais elles sont plutôt localisées dans les jardins privés et n’ont pas fait l’objet de grandes cultures. Les plantations d'£Zucalyplus furent faites aux Indes anglaises surtout vers 1863; les plus grands succès ont été obtenus au Nilghiris. Actuellement, l'Australie, les Indes et l'Algérie, avec certaines régions méditerranéennes, se trouvent être les plus grands producteurs d'essence. L'Amérique du Nord en fournit également une certaine quantité, les Zucalyp- lus ayant été introduits dans les États-Unis peu de temps après l'introduction en France et la culture de ces plantes ayant été poussée vivement; elle est encore l’objet de la plus grande attention de la part du Bureau forestier. Ultérieurement, les colonies anglaises et les répu- bliques libres du sud de l'Afrique ont introduit des LZucalyptlus dans le sud africain, et depuis, les colonies tropicales de l’Afrique, les colonies anglaises et alle- mandes, l'État Indépendant du Congo ont fait essayer avec succès la culture des espèces de ce genre. Dans le Bas-Congo et dans le Katanga, c'est l’Z. glo- bulus qui à été choisi; dans l'Afrique austro-occidentale allemande, et dans l'Afrique orientale allemande les essais ont été tentés avec les quatre espèces d'Zucalyp- — 177 — lus citées ci-dessous, et dont les graines provenaient de l’Australie occidentale. Ce sont : Eucalyptus loxophleba Benth. ; — redunca Schau. ; — salmonophloia F.v. Muell.; — salubris F.v. Muell. Les Zucalyptlus ont plus d'usages que la plupart des autres arbres du globe, sauf peut-être les palmiers, dont les usages sont également très divers. Pendant leur développement, les Zucalyplus servent comme arbres d’ombrage, comme abri contre le vent dans les plantations; ils fournissent üe la gomme, des résines et sont très utiles pour la production du miel. Après aba- tage, ils fournissent de bons bois industriels et de chauffage et des huiles essentielles très utiles. En outre, plusieurs d’entre eux sont ornemeutaux et ont la répu- tation d'améliorer le climat des régions dans lesquelles on les cultive. Grâce à leur rapide croissance, il est pos- sible d'obtenir de ces plantes, en peu de temps, de nom- breux produits utiles. Dans ces derniers temps on a même signalé dans certaines espèces du genre, par exemple dans le C. corymbosa et dans les espèces voisines dumême groupe, la présence de caoutchouc, même dans les feuilles. C’est comme arbres forestiers que les Zucalyplus sont particulièrement utiles, car comme arbres d’orne- ment ou d'ombrage ils ont parfois donné des mécomptes; 12 — 1178 — les planteurs qui ont constitué des forêts d’Zucalyptus en ont retiré de grands bénéfices. Dans beaucoup de régions semitropicales du globe les Zucalyplus sont les arbres les plus aptes à recons- tituer la forêt; la plupart des régions de l'Amérique semitropicale privées de forêts peuvent être recouvertes par des massifs denses de ces essences, et actuellement des reboisements nombreux ont été effectués dans ces régions avec des arbres de ce genre. Les con- ditions de développement des Zucalyplus d'Australie étant très différentes, si les arbres sont bien choisis on pourra en cultiver dans presque toutes les situa- tions. Ce boisement non seulement donnera de l'ombre, sera une source de miel, pourra fournir du bois d'œuvre et du bois de chauffage, mais il préviendra l'écoulement trop rapide de l’eau et l'enlèvement de la terre dans les régions plus ou moins accidentées ou arrosées par de violentes averses. Les Æucalyplus peuvent être utilisés pour le boise- ment des montagnes, pour celui des penchants de col- lines et pour la plaine. Les espèces à croissance rapide, moins résistantes à la gelée, seront plantées dans la partie inférieure, tandis que les Zucalyplus à crois- sauce lente, mais plus résistants, seront cultivés à une plus grande hauteur; ceux des régions alpines pourront être cultivés jusqu'à 6,000 pieds d'altitude. Certaines espèces d'Australie, qui croissent naturelle- ment dans les marais, pourront être utilisées dans les terrains bas et humides des autresr égions du globe, — 179 — réduisant la quantité des eaux stagnantes et rendant ces localités plus salubres. D’après M. A.-J. Mac Clatchie (1), les régions les plus sèches de l’Arizona méridional ont pu être converties en forêts, certaines d'entre elles n'ayant pas été irriguées depuis plusieurs années. C’est ainsi que le « Red gum » (Zucalyptus rostrala Schlecht.), le « Sugar gum >» (E. corymbosa Sm.) et l’£. {ereticornis Sm. croissent en sol aride dans des conditions désertiques, où l’eau se trouve à environ 100 pieds en dessous de la surface du sol, et se conservent très bien pendant l'été. Il est naturel que les plantes de ces espèces issues de graines devront être cultivées d’abord dans un sol où l’eau se trouve beaucoup plus rapprochée de la surface. Parmi les ÆZucalyplus qui conviennent le mieux pour la constitution de réserves forestières on peut citer : E. corynocalix F.. v. Muell. (2), £. crebra F. v. M. (3), Z. diversicolor F. v. Muell. (4), £. sideroæylon Cunn. (5), Z. globulus Labill.et Æ. {ereticornis Sm. (6). (4) Eucalypts cultivated in the United States. Washinglon, 1992. (2) Sugar gum. — Alteignant 90 mètres de haut, croissant rapi- dement et bien que préférant un cerlain degré d'humidité, il se développe bien par la sécheresse. Son bois est très utile et se con- serve longtemps dans le sol (3) Zronbark à feuilles étroites. — Pouvant alteindre également 90 mètres de haut, il est peu exigeant quant aux conditions eli- matériques et à celles du sol. Son bois est de très bonne qualité, de couleur rougeatre et très durable. (4) Karri gum. — Cet Eucalyptus se développe le mieux dans des situations relativement humides, près des côtes; il croit rapidement, il est plus où moins susceptible à l'état jeune 4 une — 180 — Les Æucalyplus ont été souvent employés avec succès comme brise-vents; leur rapidité de croissance et leurs formes diverses les rendent très appropriés pour cet usage. On pourra employer les arbres ramas- sés, à feuillage dense, pour abriter des plantes réduites et ceux plus élancés pourront abriter des plantes de plus grand développement. Ils ont particulièrement été employés en Amérique pour abriter des Citrus. Il sècheresse prolongée, mais résiste assez bien à la gelée. Son bois de première valeur est d’un beau rouge, très dur; il est actuelle- lement très employé en Europe dans la menuiserie, l'ébénisterie et la charpenterie. Les rues de plusieurs villes australiennes et cer- taines rues de Londres sont pavées en Karri. Le Karri est le géant des forêts de l'Australie occidentale, il n’est pas rare de voir des spécimens de 90 mètres de haut et de 9 mètres de circonférence à la base. Un des plus beaux exemplaires est le « King-Karri », mesurant 1020 de circonférence, 48 mètres de haut jusqu'aux premières branches, 4m,20 de circonférence aux premières feuilles et plus de 60 mètres de hauteur totale; on signale même des pieds de cette espèce de 120 mètres de haut. Le Karri possède une dispersion assez limitée, on le trouve uni- quement dans les parties sud-occidentales, entre les caps Hamelin à l’ouest et Alban à l'est. (Voyez également: Diels in Tropenpflan- zer, 1903 n. 3). (5 de la page 179) Red [ronbark. — Arbre de taille assez grande, assez résistant à de grands écarts de température ; il supporte assez la sécheresse, mais il se développe moins rapidement que beaucoup d'autres espèces du même genre. (6 de la page 179) Forest Red qum. — Arbre de taille assez élevée, se développant assez rapidement dans des conditions très diverses. Son bois est de grande valeur, rouge, dur et très durable; on considère dans la colonie de Victoria, cet Eucalyptus comme fournissant du bois de la plus grande valeur commerciale. — 181 — résulte de notes communiquées à M. Mac Clatchie par M. N.-W. Blanchard, de Santa-Paula, un des plus grands cultivateurs de Californie, que le « Blue Gum » est préférable à tous les autres arbres-abris; s’il reçoit suffisamment d’eau, il n’aura aucune influence néfaste sur les autres arbres. M. Cooper signale également la valeur des Æuca- lyplus comme abri pour la culture des graminées. Au bord de la mer, où les arbres ont été employés pour abriter des céréales, celles-ci ont donné certainement plus de deux fois autant de graines et de paille que dans les terrains non abrités. | Certains planteurs d'arbres fruitiers de Californie prétendent que les Zucalyplus protègent leurs arbres contre les gelées; les expériences auraient prouvé, que la température est plus élevée à l’intérieur de la ligne des arbres qu’à l'extérieur. Les espèces les plus recommandables pour la forma- tion de haies, destinées à abriter les plantations contre le vent, sont: Æ. diversicolor F.v.Muell., Z. globulus Labill., ÆZ. sideroxylon Cunn. et Æ. lerelicornis Sm. Bien que la plupart des Zucalyplus ne soient pas des arbres d'ombrage très recommandables, le fait qu'ils croissent rapidement dans les régions où la plupart des autres arbres ne végètent guère, leur donne une cer- taine valeur. Ils sont spécialement adaptés pour le bord des chemins et pour l’ombrage des prairies, ils pour- raient aussi être employés pour lombrage dans certaines cultures tropicales de rapport et leur bois pourrait fournir la matière des caisses d'emballage du produit. — 182 — Les Æucalyplus constituent pour l'Australie etsles iles avoisinantes une des sources les plus importantes de bois d’ébénisterie. Les usages du bois des ÆZuca- lyptlus sont très variés. M. Maiden signale vingt-cinq usages spéciaux pour lesquels on emploie ce bois en Australie. Ces bois sont non seulement de grande con- sommation en Australie, mais ils sont encore exportés en grande quantité. M. Dalyrimple-Hay, dans un volume intitulé : The timber trade of New South Wales, signale trente espèces qui fournissent du bois d’expor- tation. Les bois des Zucalyptus diffèrent beaucoup les uns des autres; tous sont durs, mais la dureté, la résistance, la conservation, la flexibilité, la couleur varient forte- ment. Il a été également prouvé qu’une même espèce donne un bois différent suivant le sol et le climat dans lesquels elle s'est développée; c’est là un fait dont il faut tenir compte dans une plantation; des expériences seront à faire avant de certifier la valeur du bois des plantes mises en culture. On a démontré que des piliers de bois d’Zucalyptus employés dans le pier de divers ports se sont conservés deux fois plus longtemps que ceux en bois de Sequoia sempervirens Endl. et Pseudotsuga taæifolia. La demande de piliers pour les ports maritimes est actuel- lement plus grande que la production. La culture des Eucalyptus peut done donner lieu à une exploitation profitable. Les Æucalyptus convenant le mieux pour l'ombrage sont : Z. corynocalix F. v. Muell., £. diversicolor — 183 — F.v. Muell. et Z. globulus Labill. A cet effet les arbres seront placés à une distance de 10 à 20 pieds dans les rangées. *k *k *# En Australie les Zucalyplus sont encore une impor- tante source de bois de chauffage; en Amérique, où ces plantes ont été introduites, on à dû employer pour cet usage des arbres à croissance rapide; le « Blue gum + ou ÆE. globulus convient particulièrement. Le « Manna gum » où Æ. corynocalix F.v. Mueil., qui se rapproche beaucoup du Blue gum par son rapide développement, a souvent été cultivé dans ce but, mais d’autres espèces à croissance plus lente donnent du bois plus dur et meil- leur comme conbustible. M. Cooper a coupé pour le marché de Santa Barbara les Red gum (Z. rostrata Schlecht.) et Red Ironbark {Æ. sideroxylon Cunn.) et les a trouvés supérieurs, pour la combustion, au Blue cum. Il parait certain que d’autres espèces du même genre sont préférables au Blue gum; mais, ce dernier est le plus usité pour l'obtention de combustible dans toute la Californie, où la culture des Zucalyptus s'est particulièrement répandue. Quand on cultive ces arbres pour le bois de chauffage, on les plante d'habitude à 8 X 8 ou 6 X 10 pieds de distance. Les rangées distantes de 10 pieds, avec des arbres distants de G pieds dans la rangée, donnent un plus grand nombre d'arbres par acre + permettent une circulation plus aisée dans les rangées. Plantés de cette façon, ils s’eftilent davantage donnent plus — 184 — de bois et permettent donc une meilleure exploitation. En Californie, on emploie des sols assez riches pour faire des plantations de 10 à 40 acres de Blue gum, et dans des terrains non utilisables pour les autres cul- tures, ces plantations peuvent encore être faites avec succés. Les Blue gum et les Manna gum peuvent être cou- pés jusqu’au sol vers l’âge de cinq à sept ans, et posté- rieurement tous les six ou huit ans. Le rendement est de 60 à 75 cords de 4 pieds cubes par acre. Les Æuca- lyptus sont, d’après les forestiers américains, destinés à remplacer tous les autres bois de chauffage em- ployés aux États-Unis, tel le Prosopis juliflora DC. ou Nasquite, une des seules espèces usagées dans le temps et qui disparait rapidement. Le bois des Æucalyplus n'est pas la seule partie utilisée comme combustible, les feuilles sont encore employées dans le même but en Californie. A Los Angeles, on fabrique pour le marché des briquettes constituées par des feuilles et des rameaux de Blue gum pilés avec de l'huile brute; ce mélange parait être un excellent combustible pour les usages domestiques. De cette facon toutes les parties de la plante peuvent être utilisées et la culture extensive de ces plantes mérite d'être tentée. Les Æucalyplus fournissant les meilleurs bois de chauffage sont : Z. corynocalix F. v. Muell., £. diver- sicolor F. v. Muell., £. globulus Labill. et Z. tereli- cornis SM. — 185 — Tandis que la tige, les branches, les feuilles et les jeunesrameaux des Zucalyptlus fournissent du boisd'œu- vre et du combustible, les feuilles et les jeunes rameaux peuvent donner de l'huile en assez grande quantité. En Australie plusieurs espèces fournissent de l'huile en quantité suflisante pour être exploitées, mais l'huile essentiellement commerciale est obtenue de quatre espèces principales; cette production est devenue la source d’une industrie importante pour ce pays. La constitution de ces huiles volatiles est très com- plexe, comme l’ont démontré particulièrement les re- cherches de M. R.-T. Baker et H. G. Smith (1); ces auteurs ont déterminé dans ces essences les consti- tuants suivants qui ne se trouvent pas toujours réunis dans une même essence : CADDIE 0) : EndEsmolLs. : PAUSE Géraniol. ET PR NOTE Alcool méthylique . . . | É — éthylique . Alcools — _isobutylique . \ — amylique . ) Aromadendral . Citral LANLMEN Ve Binonellal,:;. 2 noise Aldéhydes Bldéhyde., |: 2 20. | Veléraldéhyde . (1) À research on the Eucalyptus especially in regard 10 their essential oils. Sydney, 1902. — 186 — PADÉTTONE. à 27 PPT Kétone Acétate de Géranile . Eudesmate d'amyle ÉtRÈES Ether valérique Éther acétique. Aromadendréene- #07. Sesquiterpènes AL MM ET PAM NE états Phellandrène N'E CRITOTEEMR ETES SUP EE Benzène Les diverses essences ont donc des caractères diffé- rents ; il y a par suite grand avantage, tant au point de vue médical qu'au point de vue industriel, à produire une essence à caractères constants. Le rendement en essence varie notablement d’une espèce à l’autre; certaines espèces donnent4,215 p. c. du poids des feuilles, d’autres donnent seulement 0,008 p. c. D'après les recherches de MM. Baker et Smith, l'E. ru- bida Deane et Maiden, une espèce des Nouvelles-Galles du Sud, renfermerait le moins d'essence, c’est-à-dire 0,0084 p. c., et l’Z. amygdalina ou Peppermint des Nouvelles-Galles, de la Tasmanie, de Victoria et du sud de l'Australie en renfermerait le plus, soit 4,215 p. c. Cette dernière espèce est une des plus employées; son bois de couleur pâle est très aisé à travailler. Les caractères chimiques des huiles ont même permis à ces deux auteurs de diviser le genre en un certain nombre de groupes dont les caractères botaniques con- cordent assez bien avec les Caractères chimiques; rien que par la nervation des feuilles on peut indiquer la cons- titution approximative des huiles qu’elles renferment. — 187 — Voici la classification que MM. Baker et Smith ont adoptée : 1: 1 Eucalyptus à huile constituée en majeure partie de pinène, sans phellandrène, et dans laquelle l'eucalyptol est presque ou totalement absent. . Eucalyptus à huile constituée en majeure partie de pinène et d’eucalyptol, ce dernier ne dépassant pas 40 p. © ; pas de phellandrène. . Eucalyptus à huile renfermant principalement : pinène et eucalyptol, ce dernier à plus de 40 p. c.; pas de phellan- drène. Ce groupe est divisé en trois classes ; dans la seconde, le pinène est en moins grande quantité mais remplacé par l'aromadendral ; dans la troisième on trouve du phellan- drène. . Eucalyptus à huile constituée par : eucalyptol, pinène, aro- madendral; moins de 30 p. c. d’eucalyptol ; pas de phel- landrène, . Eucalyptus à huile constituée par : pinène, eucalyptol, phel- landrène ; eucalyptol moins de 30 p. c. . Eucalyptus à huile constituée par phellandrène, eucalyptol, ketone : . Eucalyptus renfermant une huile difficile à classer dans les autres groupes. Un certain nombre d'espèces du genre n’ont pu être obtenues en matériaux suflisants pour être étudiées au point de vue de la nature chimique et ne peuvent être introduites dans cette classification. Un des premiers fabricants d'essence fut Bosisto, de Melbourne. Le baron F. von Mueller rapporte dans son Eucalyplographia qu'en 1880, Bosisto aurait pro- duit 6 tonnes d'huile. Depuis, cette huile est de plus en plus demandée et la production devient de plus en plus — 188 — considérable. Pendant le courant de ces dix dernières années une notable proportion de l’huile amenée dans le commerce a été produite par les plantations de « Blue gum >», d'Algérie; il a été prouvé, en effet, qu'il y avait avantage à préparer l’essence avec des plantes d’une même espèce au lieu de l'obtenir d'espèces sau- vages souvent mélangées. En Californie la production devient considérable; un des principaux producteurs est un docteur de Los Angeles qui à acquis la réputation de préparer une huile pure de la meilleure qualité. Durant l'hiver 1900-1901 il a préparé 9 tonnes d'huile. Les résidus de la distillation de l’huile épurée sont employés dans la fabrication d’onguents. On prépare avec l’es- sence un savon et des bonbons contre la toux. Le Peppermint tree (Zucalyplus amygdalina La- bill.) renferme comme nous l’avons dit la plus forte proportion d'huile, mais actuellement cette espèce n’est guère cultivée sur une grande échelle en Amérique, où l’on emploie pour l'extraction de l'huile le Blue gum, qui renferme de 1 à 1,6 p. c. d'huile brute. M. le D' Henon a pu extraire de 700 tonnes de feuilles et jeunes bran- ches 9 tonnes d'huile douce, soit 1,28 p. c. Les huiles fournies par divers Eucalyptus sont des mélanges dont le principal constituant est: « eucalyp- tol > ou « cinéol > pour le Blue gum; « phellandrène » chez l'E. amygdalina Labill. et « citronellal » mélangé à du « geraniol + chez l’Z°. cilriodora Hook. Le mieux connu de ces constituants est l’eucalyptol qui forme les 60 p. c. de l'huile du Blue gum. Très employées dans l’usage médical, ces huiles — 189 — diffèrent de propriété ssuivant leur origine. La plus usa- gée est celle fournie par le Blue gum, elle est mise dans Je commerce par la Californie et l'Algérie. Depuis une dizaine d'années seulement l'usage de cette huile est devenu assez général en médecine; de jour en jour son emploi devient plus fréquent et on apprend à en mieux connaitre les propriétés. C’est un désinfectant énergique qui n’est ni vénéneux niirritant pour l'homme, et peut par suite être employé en usage interne et en usage externe. L'huile est également un remède bien connu contre la malaria et autres fièvres ; elle est employée dans les maladies de la peau, de l'estomac, des reins et de la vessie et dans les affections de la gorge, des bronches et des poumons. Malheureusement cette huile est souvent falsifiée. Grâce à leurs propriétés, les feuilles de ces Zucalyp- tus sont fréquemment employées en Australie, comme en Californie, sous forme de thés et de cataplasmes dans le traitement de diverses maladies; dans certains cas on emploie même les feuilles comme succédané du thé noir. *k * * Grâce à leur floraison hâtive et considérable, les Eucalyplus sont une source importante de nectar pour les abeilles; certaines espèces peuvent être trouvées en fleurs pendant presque toute l’année et mème pendant les plus grandes sécheresses, ce qui les rend très utiles pour l'élevage des abeilles. Cette particularité mérite de fixer l'attention du planteur au Congo, car l'élevage des abeilles est peut- — 190 — être appelé à un certain avenir en Afrique tropiâle. Le miel eucalypté d'Australie est produit par une abeille spéciale, l'Apis nigra. Il contient 61 p. c. de sucre constitué en grande partie de lévulose, 0,18 de cire, 21,5 d’eau, le reste formé par les principes essen- tiels. des matières colorantes et des résines. Ce miel est sirupeux, clair et homogène. Il jouirait d’une grande efficacité dans le traitement des affections pulmonaires, bronchiques et scrofuleuses et pourrait avantageuse - ment remplacer l'huile de foie de morue. Il aurait aussi été employé avec succès dans le-traitement des fièvres paludéenne et typhoide, dans la coqueluche et dans les affections des reins. Parmi les espèces à conseiller pour le nectar, on cite : Eucalyptus corynocalyx F. v. Muell. ou Sugar gum, E. rostrata Schlecht. ou Red gum, Z. sideroxæylon Cunn. ou Red Ironbark, ÆZ. hemiphloia F. v. Muell. et polyanthemos Schau. Les Eucalyplus ont la réputation d’assainir le celi- mat des régions où ils sont plantés. La grande quantité d’eau qu'ils absorbent et évaporent amène la dessicca- tion des marais dans lesquels ils sont cultivés, rendent ces terrains propres à la culture et font disparaitre les causes de fièvres intermittentes et la malaria. Cette assertion à parfois été combattue, et il est assez pro- bable que les bons effets observés dans certains cas à la suite d’une plantation d'Zucalyptus, étaient dus à diverses causes. — 191 — Les Zucalyptus sont assez difficiles à propager. Ce fait est dû à la petitesse des graines, à la faible conser- vation du pouvoir germinatif de beaucoup d’entre elles, et à ce que certaines espèces exigent ou prefè- rent une certaine protection contre le froid et le soleil, pendant les premiers stades de leur développement. La plupart des espèces se développent lentement au début, mais, une fois bien établies, elles croissent très rapi- dement. Le semis s'opère le mieux dans des couches dont la terre est constituée par une partie de sable fin pour deux parties de terreau de feuilles. Les caisses ont > em. de profondeur, les graines sont semées à la surface et recouvertes d’une légère couche de sable. La germination se fait en général au bout d’une à deux semaines, le sol doit être maintenu légèrement humide ; si l’on donnait trop d’eau, les plantules seraient rapidement attaquées par des champignons et périraient. Il est nécessaire d’arroser les semis dans la matinée afin qu'une légère dessiccation puisse se pro- duire avant la nuit; une légère pluie est préférable à l’arrosage artificiel. Avant d'opérer la transplantation, il y aura lieu d’habituer les jeunes plants à la sécheresse en ne leur donnant que la quantité d’eau nécessaire pour éviter le ratatinement. Quand les jeunes semis auront atteint 5-8 em. de haut, on les transportera dans un sol neuf, en les pla- çant à 5 Cm. environ les uns des autres. Ce nouveau sol doit renfermer plus de terreau et moins de sable que la première terre. On aura soin de mélanger à cette terre — 192 — une certaine quantité du soldans lequel les arbres seront plantés définitivement. Si on possède peu de plantes, on pourra les transplanter en pots, cette façon d'opérer donnera moins de perte; pendant les premiers temps il faudra soigner l’arrosage afin d'éviter la dessic- cation. Quand les plantules auront atteint 10 à 20 centimè- tres de hauteur, elles seront prêtes à être mises en place définitive; elles acquièrent généralement cette grandeur vers l’âge de quatre à six mois, mais la crois- sance varie naturellement suivant les espèces. Elles se développent mieux quand elles sont transplantées à cet âge. Suivant les régions, on pourra faire la transplan- tation en toute saison ou on devra la faire spéciale- ment de février à mai; il faudra éviter de faire les plan- tations par des temps de gelée, car si ces arbres sont résistants à l’état adulte, ils souffrent du froid pendant le jeune âge. Lors de la transplantation, les jeunes plants seront arrosés et cet arrosage sera continué pendant un cer- tain temps; l’arrosage dépendra naturellement du cli- mat et des conditions atmosphériques. Une fois le sys- tème radiculaire bien développé, il suffira de faire quelques irrigations pendant l'hiver, quand l’eau est abondante. Les EZucalyplus étant très délicats pendant le jeune âge, il faudra les soigner durant la première saison ; on supprimera toutes les mauvaises herbes qui se trou- veront dans la plantation pendant un à trois ans, sui- vant les espèces et la nature de sol ; on protégera aussi — 193 — les jeunes plants contre les animaux, car certains d’entre eux, les rongeurs, par exemple, en sont très friands. L'Eucalyplus globulus Labill., « Blue gum » des colons australiens, ou « Bollook » des indigénes, est l'espèce la mieux connue du genre et la plus répandue dans les régions tropicales, subtropicales et même tem- _pérées ; c’est lui qui a été planté sur une grande échelle dans la campagne de Rome pour lutter contre la mala- ria. L’Z. globulus est originaire de l'Australie et de la Tasmanie où il à été découvert en 1792 par le voyageur français La Billardière ; il peut atteindre en Australie, dans les conditions normales de développement, 60 à 90 môtres de hauteur. On signale même dans la forêt de Fernshaw, entre Melbourne et Sydney un Eucalyplus globulus appelé + Oncle Sam » qui mesure 122 mètres de haut et 12m,50 de circonférence, un autre dit « Big- Ben : mesure 128 mètres de haut et 17 mètres de circon- férence. En dehors de son pays d’origine, l'Z. globulus peut atteindre, en une trentaine d'années, 40 mètres de haut, et de 90 em. à 1",80 de diamètre. Son tronc est dressé, à écorce demeurant verdàtre ou grisàätre par suite de l’exfoliation constante de la couche externe; il est assez rare d'en trouver qui présentent à leur base une partie d'écorce persistante, elle est alors plus où moins fortement crevassée. Les feuilles de cet Zucalyplus varient avec l’âge; à l’état jeune elles sont larges, ses- siles, presque embrassantes, recouvertes d’une pruine 13 — 194 — bleuâtre, et opposées sur des tiges quadrangulaires; sur les rameaux adultes apparaissent des feuilles alternes, pétiolées, vertes, glabres, lisses, falciformes. Les fleurs blanches, assez grandes, sont solitaires, ou réunies par 2 ou 3; les fruits sont hémisphériques, tuberculeux, striés. L'Æ. globulus s'adapte très facilement aux diverses conditions climatériques ; il passe même très facilement l'été en plein air dans l'Europe centrale. C’est une des meilleures plantes à employer pour assécher les ma- rais, car elle évapore une notable quantité d’eau; elle peut aussi très facilement résister à une forte séche- r'esse. Le bois de cette espèce est de couleur assez pâle, dur, lourd, assez résistant et se conserve très longtemps. Son poids spécifique est de 0,698 à 1,153. En Australie on s’en sert dans la construction des navires, dans celle des voitures, des chariots et dans la fabrication d'instruments agricoles; il est des mieux conditionnés pour la construction des ponts, pour les poteaux télégraphiques et la préparation de traverses pour voies de chemin de fer. Il est cependant moins durable encore qne celui d’autres espèces telles : le Karri ou Z. diversicolor F. v. Muell. de l'Australie, occidentale et le Jarrah ou Æ. marginatla (1). (1) LeJarrah est localisé dans la région sud-occidentale de l'Austra- lie, où il vient dans les terrains ferrugineux et souvent privés de végétation. La valeur de ce bois est d’être très difficilement attaqué par les insectes ; on a plusieurs exemples d’une résistance d’un siècle, Cet arhre atteint souvent 36 mètres de hauteur et 4m,50 de diamètre. — 195 — Comme nous l'avons dit, lZ. globulus est planté en grandes quantités en Algérie et l'essence de cette pro- venance fait la concurrence au produit obtenu en Australie. Les feuilles contiennent 0,918 p. c. d'essence; celle-ci est légèrement colorée en jaune à l’état brut, elle a une densité de 0,912-0,920 à 15 degrés C. et bout entre 149 et 177 degrés. Cette essence se résinifie par exposition à l'air, elle est riche en eucalyptol, ren- ferme un peu de pinène et de l’eudesmol, mais pas de phellandrène ; son indice de saponification est 2,1. L’'Æ. globulus et certaines espèces du genre fournis- sent un kino, c’est-à-dire une substance tannifère, con- tenant de la catéchine. Ce n’est certes pas des Zucalyplus que proviennent les kinos les plus estimés; ceux-ci sont produits surtout par certaines plantes de la famille des Léguminosacées, en particulier par le Plerocarpus Marsupium de la côte de Malabar et par certaines espèces africaines du même genre, mais Ce produit accessoire peut être de quelque utilité. Le kino de l’Z. globulus est d’un rouge brun, très facilement soluble dans l’eau ; la solution est d’un jaune rougeûtre et l'acide sulfurique précipite des flo- cons; par le chlorure de fer il se forme dans le liquide un précipité d'un vert sale. Le kino de cette plante, contrairement à celui de beaucoup de ses congénères, nerenferme ni gomme ni résine. La richesse en kino, et par suite en tanin, a fait estimer les écorces de cet Zu- calyptus et particulièrement celles d'Algérie pour le tannage, ce produit communiquerait au cuir une odeur — 196 — particulière, Ce kino peut également être empl@yé en teinture. Les feuilles pulvérisées donnent également, par suite du kino qu’elles renferment, une bonne teinture noire. L'écorce renferme jusque 4,84 p. c. d'acide kino-tanique et est considérée également comme une bonne matière première pour la fabrication du papier. Le suc des fouilles est encore employé comme tonique antipério- dique, comme fébrifuge et dans les maladies des voies respiratoires, mais C’est surtout par l'huile essentielle antiseptique que les Zucalyptus ont fixé l'attention. Outre son emploi en médecine, l'huile est employée industriellement en savonnerie et en parfumerie. La distillation de l'essence peut se faire très simple- ment, à l’aide de la vapeur d'eau bouillante formée dans un générateur séparé du récipient dans lequel les feuilles, dont il faut enlever l'essence, se trouvent mises en tas; l’essence est décantée de l’eau après refroidissement et expédiée dans des fabriques, où cette huile brute est redistillée. Les espèces introduites en Afrique allemande sont, comme nous l'avons dit, ouire l'Z. globulus : E. toxophleba Benth., redunca Sch., salmonophloia F. v. Mucller et salubris K. v, Mueller. Ces quatre espèces jouissent de la propriété de se contenter d’une très légère chute d’eau, pendant la période humide, tandis que la plupart des autres Zuca- lyplus exigent au moins pendant cette période de très fortes chutes d’eau. Elles ne peuvent cependant sup- SANTE porter une très longue sécheresse sans être fortement endommagées. 1°Zucalyplus loxophleba dénommé « Yandee + par ies indigènes et « york gum » par les colons, est un arbre qui atteint de 10 à 25 mètres de hauteur ; il pos- sède un bois dur, violacé, très résistant et renferme de l'huile essentielle dans ses feuilles; il demande un sol argileux, riche, et une chute d’eau de 25 à 50 cm.; il craint la gelée. 2° Eucalyptus redunca, « Wandoo +, ou « White gum » peut atteindre 25 mètres de hauteur; son bois est très dur, très résistant, pèse 70 livres par pied cube et peut être employé avec grand succès dans la construction. Les feuilles renferment également de l'huile. Il se développe dans un sol argileux, pauvre, et même dans un sol pierreux, la moyenne de la chute d'eau étant de 50 à 25 cm. Les écarts de température peuvent être de + 40 à —4. 30 Fucalyptus salmonophloia où « Salmon gum » peut atteindre 30 mètres de haut. Il possède également un bois très dur, résistant, et beaucoup d'huile dans les feuilles. Il lui faut un sol limoneux ou argileux et une chute d’eau de 40 à 15 cm.; la température pouvant varier de — 46 à -- 3. 4 Eucalyptus salubris, « Fluted ou Gimlet gum », est un arbre encore plus élevé que les précédents, il peut atteindre 40 mètres de haut; son bois est tendre et résistant, il se travaille facilement. Les feuilles renfer- ment de l’essence en quantité. Il se développe dans ru sol argileux et même dans des terrains très pierreux. La — 198 — chute d'eau exigée varie de 40 à 15 cm., la température PE A0. 5: 3 Le nombre d'espèces introduites aux États-Unis par le Département de l'Agriculture est beaucoup plus con- sidérable; on compte quarante et une espèces prinei- pales, dont l’énumération serait trop longue à faire ici. Les essais d'introduction d’£Zucalyplus à Java ont donné de moins bons résultats; l’ÆZ. globulus parait une des moins bonnes espèces pour le climat des Indes Néerlandaises; parmi les autres espèces essayées on peut citer comme réussissant assez bien : Z. pipe- rila Sm., E. viminalis Lab., Æ. amygdalinum Lab., ÆE. botryoides Sm., Æ. saligna Sm. Ce dernier a sur- tout bien réussi à Tjibodas, et l’Z. alba, planté dans le temps par Teysmann à Tandjonk Priok, S'y est très bien développé; cette espèce était il est vrai originaire de Flores et Timor. Cette constatation montre une fois de plus qu'avant d'introduire dans une région la culture en grand d’es- pèces utiles, il sera nécessaire de faire des essais préli- minaires. XVI JUTE ou GUNNY Le jute est fourni, comme on sait, par les fibres de plusieurs espèces du genre Corchorus, de la famille des Liliacées. Le nom de jute, appliqué à cette fibre, pro- viendrait du sanscrit « vyuta + qui signifie tissu. Cette fibre est parfois désignée aussi sous le nom de « Goeni ou Gunny > et porte de nombreux noms indigènes, mais le nom de jute a prévalu sur tous les autres, qui lui ont été rapportés. On signale, rien que dans les Indes anglaises, plus de soixante-quatre noms indigènes désignant ce même produit. Le jute a été, certes, employé aux Indes depuis les temps les plus reculés, pour la fabrication de cordages et de tissus grossiers, mais les premiers essais sérieux de tissage, faits en 1820, n'obtinrent pas le succès que l'on en attendait et eurent comme conséquence la défense de mélanger les fibres de jute à celles d’autres fibres textiles. Mais en 1832, un manufacturier de Dundee reprit les expériences et parvint à démontrer que le jute pouvait être employé facilement comme sucecédané du chanvre. Dès lors, l'emploi de cette fibre devint plus ou moins considérable en Europe; Dundee se trouva à la tête du mouvement et possède, actuellement encore. les plus grandes filatures de jute. — 200 — La consommation annuelle mondiale étant d'environ 5.700.000 balles de 400 livres anglaises, les filatures de Dundee prennent à elles seules environ 1.200.000 balles, les Indes anglaises 2.550.000 balles, l’Europe conti- nentale 1.550.000 balles, l'Amérique 400.000 balles. La valeur de cette industrie est estimée à plus de 5 millions de livres sterling. L'Allemagne a introduit postérieurement, vers 1861, cette industrie chez elle et, actuellement, on travaille dans quelques filatures une assez notable quantité de fibres de jute d’origine coloniale. Depuis, de nombreuses filatures de jute se sont établies dans les autres pays d'Europe. En France, les manufactures de MM. Saint frères comptent parmi les plus importantes; déjà, en 1898, l’industrie française utilisait 82.056.420 kilogs de jute, un peu plus de 83.098.170 kilogs étaient importés. Les Corchorus fournissant le jute sont cultivés sur- tout en Asie, au Bengale, en Chine, au Japon, au Ton- kin, en Indo-Chine et, récemment, ils ont été cultivés en grand dans l'Amérique du Nord, particulièrement dans le sud, dans le Mississipi et dans la Caroline, où cette culture importée vers 1870 se fait sur les rizières, après une première récolte de paddy. Dans certains cas, ces essais n’ont pas donné de bons résultats financiers par suite de la cherté de la main-d'œuvre, ce qui em- pêche la concurrence avec les produits très bon marché des Indes. 4 Le Bengale est le pays qui fournit actuellement la plus grande quantité de jute. En Chine le jute est ESS :7 tt a — 901 — cultivé aux environs de Canton et de Hankow, mais la fibre produite ne l’est même pas en quantité suffisante pour la consommation indigène, bien qu’en 1902 la pro- duction ait atteint 40,000 ewts alors qu’en 1901 elle était de 20.000 ewts seulement (1). Les jutes chinois, parfois moins estimés, se rencontrent rarement sur les marchés étrangers et la Chine est acheteur en Asie méridionale d’une assez notable proportion de fibres. Les colonies francaises d'Asie ne produisent pas le jute suffisant à la consommation de la France; en 1899, première année où les statistiques officielles ont séparé, pour le Tonkin, le jute des autres fibres textiles, l’ex- portation se montait à 1.500 kilogs seulement, ayant atteint une valeur de 300 francs. Vu l'importance toujours croissante des fibres, vu la demande ferme de matière à tisser, on à essayé, dans divers districts de la région tropicale de l'Afrique, la culture de ces plantes, qui pourraient fort bien y pros- pérer. Ces espèces se rencontrent d’ailleurs dans la plu- part de ces régions, et même au Congo, à l’état subs- pontané. Les essais de culture de jute tentés en Égypte, ont donné il y a quelques années des résultats très encoura- geants. On a pu récolter par acre 1.600 livres de fibres, tandis qu’au Bengale la production moyenne par acre est d'environ 1.200 livres. Malgré ces résultats la culture de cette plante ne parait pas avoir fait de grands progrès (A) Cwt = 501,8. __ 902 — dans cette région, dont certains terrains paraissaiemt cependant convenir particulièrement à cette plante. Le gouvernement colonial allemand a fait faire des essais de culture en Afrique orientale; ceux-ci ont donné déjà des résultats; du jute produit dans ces régions a été évalué à 11 liv. st. 25 sh. la tonne sur le marché de Hambourg. A Londres la valeur du jute à atteint ces mois derniers jusque 18 liv. st. 15 sh. la tonne; les prix moyens étant de 13 à 14 livres. Les espèces du genre Corchorus,ceréé par Linné, sont des plantes herbacées ou des sous-arbrisseaux. Le Corchorus olilorius, dénommé parfois « mauve des Juifs + ou « corète potagère +, à cause de lemploi de ses feuilles, en Égypte et en Italie, comme légume, est une des espèces le plus communément cultivées pour l'obtentionde fibres; c’est une plante annuelle, herbacée, suffrutescente, de 1 à 5 mètres de haut, à tige droite, peu ramifiée, à feuilles alternes, glabres, ovales, lancéo- lées, dentées sur les bords et munies à la base du limbe de prolongements filiformes divergents. Les fleurs jaunes sont solitaires ou par paires à l’aisselle des feuilles, les fruits sont des capsules cylindriques, de 5 cm. environ de long, à côtes longitudinales et termi- nées par un bec. Cette plante parait originaire de l'Asie méridionale où elle est surtout cultivée, de là elle a probablement été transportée depuis fort longtemps en Afrique et dans les autres régions tropicales, Où sa culture est appelée, : certes, à un grand avenir. Le Corchorus capsularis est la seconde espèce du — 903 — genre qui a acquis une grande importance au point de vue de la fibre. Ces deux espèces se ressemblent fortement au point de vue végétatif; elles ne peuvent guère se différencier que par leur fruit; celui-ci est une capsule globuleuse, aplatie au sommet dans le Corchorus capsularis, tandis qu’elle est cylindrique chez le Corchorus oli- lorius. La meilleure fibre paraît être fournie par le Corcho- rus Ccapsularis, dont certaines variétés de culture pro- duisent des fibres particulièrement estimées. Au Bengale, les indigènes connaissent fort bien Îles deux espèces et, sous le nom de « jute +, ils désignent les fibres du Corchorus capsularis, sous le nom de « Nalta-jute + celles du Corchorus olilorius. Les autres espèces du genre contiennent également des fibres très fortes, mais elles ne sont pas employées; des essais mériteraient d’être tentés avec ces espèces. Au Congo nous connaissons actuellement, outre les deux espèces communément cultivées, le C. tridens L. Il y à encore en Afrique d’autres espèces plus ou moins répandues, existant parfois dans les autres régions tropicales; on peut citer le Corchorus aculan- gulus Lam., {rilocularis 1., longipedunculatus Mast., fascicularis DC., tridens L.; leur culture pourrait se faire sans doute avec un certain succès. La plus grande quantité de fibres de jute amenée sur le marché provient de Calcutta, et c’est une des rai- sons pour lesquelles ce produit a parfois été dénommé «“ chanvre de Calcutta +». En 1895, les Indes anglaises — 904 — exportaient déjà pour 10.475.477 livres sterling de jut®s La surface dévolue à cette culture est devenue plus: considérable, mais la production semble diminuer. D après les statistiques fournies par le Gouvernement des Indes la récolte de 1902-1903 ne dépassera pas beau- coup 6.000.000 balles, ce qui constitue seulement 95 p. c. d’une récolte normale. Comme les récoltes précédentes ont été faibles et qu'il n’y a guère de stock, on peut s'at- téndre à voir la valeur de ce produit augmenter notable- blement, d'autant plus que le coton a lui-même augmenté de prix et n’est plus fourni en quantité suftisante pour satisfaire la demande toujours croissante. Au Bengale le jute est cultivé actuellement dans quarante-sept districts. On évalue la surface normale ensemencée en jute à 2.250.000 acres et le rendement à 6.350.000 balles. La récolte de 1903 sera problable- ment un peu plus élevée que celle de 1902. Les exportations de 1899 à 1902 se chiffrent comme suit : Quintaux. Roupies (l!. 1899-1900. . 9.725.000 d'une valeur de 80.716.000 1900-1901. . 12.415.000 > ” 108.678.000 1901-1902. . 14.755.000 ” » 117.973.000 Le jute est sans contredit, après 1e coton, une des plus importantes fibres textiles. Il est cependant à certains points de vue, inférieur comme qualité, au chanvre, au lin et à la ramie, mais il a sur ces textiles certains . avantages, parmi lesquels son développement facile. (1) Roupie = 2,38 fr. Ua > — 205 — Un des principaux produits manufacturés à l’aide de ces fibres est le sac à café, dénommé « goeni » aux Indes Néerlandaises, qui est exporté annuellement de Cal- cutta par formidables quantités ; on estime que ce seul port exporte par an 100.000.000 de ces sacs. Environ 15 p. c. de la récolte vont aux États-Unis et 60 p. €. cn Angleterre, sous forme de sacs. Le Brésil emploie actuellement environ 4.000.000 de sacs en jute, et dernièrement ce pays a importé de Dundee pour environ 400.000 livres sterling de fils de jute destinés à être tressés. Le développement de cette industrie a même fait rechercher au Brésil une plante utilisable dans la fabrication de ces sacs. L’« aramina », fibre fournie par l'Urena lobata, une malvacée com- mune dans la plupart des régions tropicales et même au Congo pourrait, dit-on, remplacer le jute. Une im- portante fabrique a été fondée au Brésil; elle peut produire 6.000 sacs par jour. Parmi les qualités de Ja fibre d’Aramina on cite en tout premier lieu son peu d'action sur l’arome du café. Pour se faire une idée des progrès constants de l'industrie du jute aux Indes, il suftit de citer les chiffres suivants : En 1892 il y avait aux Indes anglai- ses 29 filatures employant 65.585 personnes; en 1902- 1903, Le nombre à presque doublé et le personnel com- porte 118.000 ouvriers. Les filatures belges consomment une assez notable quantité de jute, en 1902 les importations, consomma- tion et valeur de ces fibres se sont élevées à : — 906 — 89 GAL'TI 89L'OT 6 088'&G GO IF GST'OGC'T GOG'8I &e6 8606 TIS'LP *Soutaiy Wo HOTJEUUOS (100 CI OP NOV A 689 GSC'TI 8GL'OT 968°6€ O8" EG GLr Gr 86G-GOG'T GG6 GG FOL'ESL'CI IIS 2 “SOUCIT 1 *“218)0; Uonv)10d -LUI [ 9D ANOIUA SIS'O6L'P& 90)°GE 08 OGF'LGT OF&'GS GPS’ LISE 60068 LFO' TF0" à LSO'TOI CÔ *S$OTTA “‘UONUWUHOSUO;) 818"0S9 F& OGOLGE GEF'OGI OGF' LOT Gr& GOT IOF'GEC'E Ge CG 6£8°889 08 LSO'TOI *S30[UX ‘UONC)IOluT *XNVJOI, -:‘ + sfed sozmy * SUH-SÂVA ‘ SOSIPISUY SOpUI . . . . . “O8 110,p SÂCa : &0GE 2ouu» 3 jubpuod onbilyag ua opnl np ao4aurwu0) SINOqUEH * * QOUCIX OUI) 9II9)O[ SUV ‘QUBLUOI[Y — 907 — La Belgique à en outre pendant la même année ex- porté 2.226.821 kilogs de jute d’une valeur de 1.046.606 francs, et 459,585 kilos de ce textile valant 216.005 francs sont passés en transit par notre pays. Le jute est non seulement une fibre utile pour la pré- paration d’étoffes, depuis le tissu le plus fin, analogue à la soie, jusqu'aux tissus grossiers formant les balles de café, mais il peut servir à faire des cordages résis- tants quand on emploie pour cet usage les fibres fortes : enfin, c’est une excellente matière pour la fabrication de pâtes à papier. 12 En Europe, les fibres de jute sont généralement employées non blanchies pour la fabrication de sacs, mais à Dundee on prépare avec les fibres blanchies des tissus très fins. Teint, le jute sert à tisser des tapis, des tentures, des couvertures et dans ces dernières années on a souvent employé des mélanges de jute et coton. Certains velours et peluches sont faits avec le jute et le coton, ce dernier formant la trame. Actuellement les jutes phéniqués et salycilés rempla- cent souvent le coton dans la chirurgie. Les principaux marchés de ce textile sont : Calcutta, Londres et Dundee, où de très nombreux filateurs occu- pent plusieurs milliers d'ouvriers. Les bonnes fibres de jute sont d’un blanc grisätre ou jaunâtre, possèdent le brillant de la soie, mais ces qua- lités sont souvent altérées par suite d'un manque de soins dans le procédé de rouissage. Un fait cependant s'oppose à l'accroissement de cette culture, particulièrement en Amérique, où elle se — 208 — développerait admirablement et serait appelée à an très grand! avenir, c'est l'absence de machinerie pratique pouvant remplacer la préparation à la main, trop onéreuse dans ce pays. Le jute du Bengale est le plus estimé ; le jute chinois des environs de Hankow lui-est équivalent, et celui pré- paré aux environs de Canton, d'aspect un peu différent, -est connu sous le nom de « jute ou chanvre vert ».. Pour obtenir de bonnes fibres de jute, pouvant être utilisées dans la fabrication de tous genres de tissus, il faut à la plante un terrain assez meuble, privé de pierres; le jute peut croitre partout ou presque partout dans un climat assez chaud et humide, mais il donne de meilleures fibres dans les endroits élevés et dans les régions plus ou moins accidentées. Dans les sols secs la fibre devient dure et rigide. La culture du jute peut encore être rémunératrice dans une région basse, à la condition que la terre soit toujours légèrement humide; la sécheresse est des plus pernicieuses à ces plantes très sensibles au manque d'eau, mais un trop grand excès d'humidité est tout aussi nuisible, surtout si la période humide est de longue durée et si la situation du terrain ne permet pas l'écoulement des eaux ou si le sous-sol empêche l’eau de s'écouler, et si la surface est transformée en marais; dans ces conditions les racines privées d’air pourrissent facilement. La température convenant le mieux pour la culture du jute est en moyenne d'environ 26 degrès; elle ne doit guère descendre en dessous de 18 degrés. Suivant les conditions dans lesquelles la culture aura — 209 — été faite, suivant le terrain et le climat, le rendement sera très différent non seulement en quantité, mais aussi en qualité. On cite comme chiffres extrêmes de production à l’hectare : pour le minimum 500 kilogs de filasse, pour le maximum 4.000 à 5.000 kilogs. Si le planteur désire obtenir des fibres fines et très longues, il devra semer et laisser, comme dans toutes les cultures analogues, les plantes très serrées; s’il veut obtenir des fibres plus grosses, plus résistantes et plus durables, il fera bien d’espacer un peu les plantes. Le sol doit être préparé soigneusement; plus il aura été débarrassé des mauvaises herbes et des racines, plus il aura été hersé et labouré, et par suite rendu meuble, mieux les plantes que l’on sèmera se développeront. Dans certains pays on laboure à diverses reprises le sol qui doit recevoir la graine. Si l’on veut obte- nir une bonne récolte, on amènera sur le champ des engrais ou de la terre non encore épuisée. L'’engrais est absolument nécessaire parce que la plante, pour donner une bonne récolte, doit pousser rapidement et atteindre une grande longueur. Par suite même de l'épuisement du sol par cette culture, il n’est pas à conseiller de la reprendre plusieurs fois de suite sur le même terrain. Des expériences récentes installées dans le Burdwan (Indes anglaises) sur l’engrais à appliquer à cette cul- ture ont donné les résultats suivants. Cinq terrains ont été traités comme suit : L — Sans engrais. IL. — Engrais formé de tourteau de ricin. =" IL. — Cendres d’os. IV. — Fumier de ferme. V. — Salpêtre et superphosphates. C’est la quatrième de ces fumures qui a donné les meilleurs résultats ; 150 maunds de cet engrais avaient été employés par acre. Les rendements étaient : I — 558 livresde fibres pour 10.560 plants verts. II. — 1.600 n » ‘27.441 ne III. — 1.821 » *. | 182201 ” IV. — 2.054 » » ‘»#, 40,281 ” V. — 1.848 » ».. "#20 ” L’engrais de ferme est moins dispendieux que les autres engrais. Dans de bonnes conditions, un semis fait en avril ou en mai, après une pluie ayant bien mouillé le sol, sera levé au bout de deux à trois jours. Pour le semis, on aura soin de choisir les beaux fruits, on laissera les plus beaux plants comme porte-graines et on n’enlè- vera les fruits qu'à complète maturité. Les capsules de beaux porte-graines sont mises à sécher au soleil pen- dant plusieurs jours; les graines séparées sont conser- vées à sec, dans des pots ou dans des sacs. Les graines de Corchorus sont très fines; on fera donc bien pour le semis de les mélanger à deux ou trois fois leur volume de terre bien pulvérisée ou de cendres de bois, de manière à pouvoir mieux les disperser à la main, car c'est à la volée que se fait le mieux l’ense- — JA — mencement; on estime qu'il faut de 5 à 10 kilogs de graines à l’hectare, Si la chose est possible, on pourra semer le jute en pépinière et planter les jeunes plants à leur place défini- tive à une dizaine de centimètres les uns des autres: on sera assuré dans ces conditions d’une plantation régu- lière. Après le semis, on hersera légèrement le sol afin d’enterrer la graine, puis on passera le rouleau pour l’entasser; de cette façon la graine germée pourra mieux supporter les pluies et ne se dessèchera pas aussi facile- ment. On peut laisser, après semis, le champ à lui-même, il n’est pas nécessaire d’écarter les mauvaises herbes. Le jute se développe assez rapidement et pour obtenir une bonne récolteilfaudra, quand les plantes mesureront de 20 à 30 em. éclaircir les rangs afin d’avoir entre les plants définitifs un écartement de 8 à 15 cm., suivant les conditions ambiantes. Si la culture du jute est faite sur un terrain exposé à de fortes pluies, il faudra commencer les semis environ deux mois avant les pluies, afin que la plante ait atteint un certain développement lors des grandes chutes d’eau; très sensible à la pluie dans le jeune âge, le jute n'en souffre plus guère quand il à atteint environ 60 em. de haut, bien entendu si l'écoulement de l’eau est pos- sible. Si les conditions climatériques sont favorables, au bout de deux à quatre mois le jute peut atteindre 3 mé- tres environ de haut; on à même observé des tiges qui, dans des conditions très favorables, mesuraient au bout — 919 — de trois mois, 4,50 de haut. La récolte se fait généra- lement au bout de trois à quatre mois; elle doit, en tous cas, être faite au moment de la floraison et avant la fructification, car si, à ce dernier stade, la plante donne plus de fibres, ces dernières perdent en finesse et surtout en brillant, et valent par suite beaucoup moins sur les marchés. Les fibres obtenues d’une plante non fleurie sont faibles et de qualité inférieure. Si l’on veut faire la culture du jute, on devra tàcher de se procurer des graines de la variété asiatique « Atta- rija +; elle se distingue par ses tiges blanches, et donne, par les méthodes actuelles de récolte, les fibres les plus estimées dans le commerce. A maturité, les tiges sont coupées à 10 em. environ au dessus du sol et liées en bottes de cinquante à soixante tiges, les tiges classées suivant leur longueur. La ré- colte se fait à la main, mais elle se ferait avec avantage à l’aide d'une moissonneuse. Les bottes sont, en général, laissées en tas sur le champ, exposées à l'humidité et au soleil, jusqu'à ce que les feuilles soient tombées. Cette exposition à l'air blanchirait les fibres; dans cer- taines régions on préfère cependant opérer le trempage immédiatement après la coupe. Le rouissage se fait par simple immersion dans l’eau, soit stagnante, soit courante; cette dernière donne naturellement des résultats bien meilleurs. Le trempage dans l’eau stagnante et surtout dans une eau très char- gée de matières en décomposition, enlève le lustre, la finesse et la couleur de la fibre, tout en accélérant le r'ouissage. eo Le rouissage se fait en couchant les bottes à plat dans l'eau ou en les plaçant droites, les parties basilaires, qui sont plus difficiles à séparer, dans le fond, les par- ties supérieures hors de l'eau; vers la fin de la prépara- tion on incline les bottes pour que leur partie supé- rieure soit immergée. Pendant cette opération il faut vérifier avec soin l’état du jute, car la durée de l'immersion et la fermentation qui se produit, dépendent de la nature de l’eau, elle peuvent varier de trois à trente jours. Dès que la fibre se détache facilement, il est temps de cesser l'immersion. En général, une plante fleurie est plus vite prête à être décortiquée qu’une plante coupée en graine. Une trop longue immersion dans l’eau fait perdre à la fibre force et flexibilité et lui donne une teinte grisâtre qui la dépré- cie vivement. Après le rouissage vient le décorticage des tiges. Gé- néralement, dansles Indes Anglaises et Néerlandaises,le travailleur chargé de cette opération entre dans l’eau jusqu’à la ceinture; dans sa main droite, il saisit une botte de tiges qu'il secoue dans l’eau en la tenant par le côté des racines. Il bat l’eau avec sa botte et continue son lavage jusqu’à ce qu'il ne reste plus dans sa main qu'un faisceau de fibres. On peut aussi décortiquer à la main, ce qui donne une fibre plus forte et surtout moins emméêlée. A la suite d'expériences entreprises dans les environs mêmes deCalcuta, M. le D' A. Schulte im Hofe,de Berlin, est arrivé à préconiser le procédé de rouissage suivant. Les tiges de jute fraiches portant encore leurs feuilles, — 214 — sont empaquetées dans un réservoir dont le fond est muni d’une planche percée de trous; elles sont arrosées d’eau jusqu'à ce qu'elles soient toutes uniformément humectées, puis elles sont recouvertes par des feuilles de bananier, Le second jour la fermentation com- mence déjà et la température s'élève, mais la pré- sence d’air entre les feuilles empêche ou retarde un peu la fermentation putride, une des causes de la mauvaise qualité des fibres du jute; il faut cependant veiller à ce que la température de la masse ne s'élève pas trop. Par ce procédé les tiges sont prêtes au bout de quelques jours de fermentation, et après rinçage dans l’eau les fibres obtenues sont aussi belles que par les autres procédés; elles n’ont rien perdu de leur force ni de leur finesse. Cette méthode parait la plus pratique pour exé- cuter le rouissage en grand. D’après M. Schulte im Hofe, au bout de quelques essais on pourrait se ren- dre facilement compte des meilleures conditions de la préparation : hauteur des tas et nombre d’arrosages nécessaires pour obtenir et conserver une bonne tem- pérature. Ce procédé est certes plus rapide que la méthode ordi- naire, il empêche la putréfaction qui donne aux fibres une mauvaise couleur et fait perdre surtout de la soli- dité et de la finesse. La décortication, l'opération capitale dans la prépara- tion du jute, demande une dextérité qui s'acquiert par l'habitude seulement; au Bengale un ouvrier habile peut décortiquer au maximum 40 kilogs de jute par jour. 0 — Quel que soit le mode employé pour l'obtention de la fibre brute, il faut, après un lavage à l’eau pure, la faire sécher à l’air et au soleil. Plus le lavage est soigné et plus le séchage est complet, plus la fibre sera souple et blanche. Les frais de production de ce textile sont donc mi- nimes, si l’indigène peut être amené à travailler le jute lui-même ; mais on déconseille vivement de faire exécu- ter ce travail par des ouvriers salariés, car la culture devient alors peu rémunératrice. Cette culture a cependant une certaine importance dansles rizières et on aurait grand avantage, semble-t-il, à semer un riz de région sèche après le jute, sur le même terrain, si celui-ci est suffisamment irrigué pour per- mettre cette culture, car le jute aurait la propriété d’empécher la germination des mauvaises herbes crois- sant entre le riz. Les fibres de jute ont de 1,5 à 2,5 mètres de long et on a même parfois reçu en Europe des fibres de 4,5 mètres de longueur; c’est le Corchorus capsularis qui fournit en général les plus longues fibres. C’est lui aussi qui fournit la fibre la plus résistante ; une corde fabriquée en fibres de cette plante s’est brisée sous un poids de 164 livres, tandis qu'une corde de même poids faite à l’aide de fibres de Corchorus olitorius s’est déjà déchirée sous un poids de 113 à 125 livres suivant son état de sécheresse. Quand elles doivent être conservées sous l’eau, ces cordes passées à la poix ont une grande résis- tance; elles résistent dans ces conditions à peu près — 916 — à la même tension -que les fibres. conservées: à. sec. La fibre fraiche est peu colorée, celle de belle qualité est blanchâtre et même argentée; vers la base des tiges les fibres sont plus colorées, et avec l’âge, sous l’action oxydante de l'air et surtout sous l’action de l'humidité, Ja fibre se colore et peut même devenir brune. En géné- ral, les belles fibres blanches se colorant peu avec l’âge, proviennent de plantes jeunes récoltées avant ouau commencement de la maturation des fruits, La valeur de la fibre de jute est donnée surtout par sa couleur; plus la fibre est blanche plus elle :est estimée. | Le jute est très brillant et soyeux et, grâce à .ce caractère, il peut être assez facilement distingué du lin et du chanvre qui le sont moins. On a parfois -prétendu que le jute possédait une odeur forte et désa- gréable.Si, dans certains cas, les objets fabriqués à l’aide de cette fibre ont une mauvaise odeur, celle-ci est due à l'huile de graissage employée pour faciliter le tissage, car les fibres elles-mêmes ont moins d’odeur que celles du chanvre; elles peuvent donc être employées sans inconvénients pour la fabrication de sacs à farine, I n'est pas très aisé de différencier les fibres des Corchorus capsularis et olilorius quand elles se trouvent mélangées; l'examen microscopique appro- fondi peut seul donner des indications ; il faudra exa- miner les extrémités des cellules peu épaissies chez le Corchorus capsularis, en général fortement épaissies chez le Corchorus olilorius. Cette recherche n’a d’ailleurs pas très grande importance, les deux fibres AT — -étant bônrés. Par la: culture les variétés ou races de moindre valeur s’élimineront d’elles-mêmes. Les fibres de jute ont un poids spécifique de 1,48-et sont constituées par la combinaison de cellulose’et de Jignine ou d’unesubstance très voisine appelée «bastine». La combinaison de la bastine avec la cellulose est dé- nommée dans le cas présent « corchorobastose », cette dernière étant facilement décomposée par les acides. Séchées à l'air, les fibres de jute renferment environ 6 à ‘7 p. 6. d’eau et peuvent-en contenir à saturation jusque 24 p. c.; elles donnent par incinération de 0,9 à 1,74 de cendres. lé 3 Les éléments isolés des fibres sont lisses et sans stries: Jes parois cellulaires sont irrégulièrement épaissies 6t la cavité centrale est parfois presque oblitérée. L'obli- tération presque totale se rémarque fréquemment dans les jutes des Indes Anglaises, tandis que dans les jutes chinois la lumière des cellules est beaucoup plus régu- lière. Ces cellules possèdent un contour plus ou moins polygonal par suite de pression réciproque et mesurent de 0,016 à 0,032 mm. de diamètre. | * Les fibres de jute sont fortemént lignifiées ; elles sont quatorze fois environ plus courtes que celles du chanvre et dix fois environ plus courtes que celles du lin; elles sont donc, grâce à ces caractères et surtout par la ligni- fication, de qualité inférieure à ces deux textiles, mais elles peuvent être obtenues à très bon marché, ce qui est un avantage considérable. Elles se colorent fortement en jaune ou jaune orangé par l’aniline sulfurique, par l'acide sulfurique et l’iode — 9218 — elles se colorent en brun, par l'acide sulfurique con- centré elles se colorent en brun rouge. Les fibres de jute se laissent colorer facilement par la plupart des matières colorantes. Les filaments se désagrègent en fibres au bout de quelque temps quand ils sont en contact avec l’eau, et surtout quand ils sont mis dans une lessive alcaline qui dissocie très vite les éléments de la filasse. Il existe un grand nombre de variétés commerciales de jute, parmi lesquelles on peut citer onze classes indiennes, mais d’autres variétés de moindre importance existent encore dans le commerce. Ce sont principa: lementles variétés : Serajganjt, Narainganji, Desi et Deora, qui se rencontrent sur le marché subdivisées chacune en trois sous-classes : fine, medium et common. Des onze variétés énumérées ci-dessous : les variétés Deora, Desi, Deswal, Narainganji, Serajganji, Utlariya sont les plus estimées. 1. Bakrabadi. — Une belle fibre souple, une des plus belles quali- tés, provenant de la région de Dacco. 2. Bhatial. — Une fibre grossière, résistante, exportée surtout en Europe pour la fabrication de cordes. Elle provient du sud du Naraingan)j. 3. Deora où Dourah. — Une fibre très résistante, employée presque uniquement dans la corderie. Ce nom est tiré du nom d’un vil- lage des environs de Faredpur qui a été dans le temps un grand centre pour le commerce de ce produit. 4. Desi où Daissee. — Fibre de bonne qualité _ ordinairement employée pour la fabrication des gunnies; elle est longue, fine, souple, mais de mauvaise couleur ; elle provient des districts voisins de Calcutta (Hugli, Burdwan, Fessore et Par- ganas). ER TC ES 5. Deswal. — C'est une des variétés de la plus grande importance commerciale; ses fibres sont colorées et résistantes. Elle provient des environs de Serajganj et est consliluée par deux sous-variétés : Bilan Deswal. — Fibres récoltées dans des marais. Charna Deswal. — Fibres récoltées le long des eaux. 6. Jangipuri. — Une fibre de peu de valeur, courte, fragile et meil- leure pour la papeterie que pour le tissage; elle proviendrait du district de Pubna. 7. Karinganji. — Belle fibre, longue et de bonne couleur, origi- paire du district de Mymensingh. S. Mirganji. — Fibre ordinairement inférieure, du district de Rung- pore. 9. Narainganji ou Naraingange. — Excellente fibre pour le tissage, car elle est longue et souple. Elle est originaire du district de Dacca. 40. Serajganji ou Serajgange. — Fournie par les districts de Pubna et Mymensingh. 11. Uttariya. — C'est la plus belle des variétés; la fibre est longue, brillante, résistante el facile à tisser, mais un peu moins sou- ple que les Desi et Dewul., On l’obtient dans le Rugpore, Goal- para, Bogra, Mymensingh, Kuch Behar et Julpaiguri. . La fibre arrive généralement sur le marché en ballots de 180 kilogs et c’est ordinairement par Calcutta que se fait l’exportation. Lors du triage, les parties basilaires sont enlevées et elles servent alors comme matière première pour les pâtes à papier. Les feuilles et les extrémités feuillées des Corchorus sont employées dans presque toutes les régions tropi- cales comme légume, soit seules, soit en mélange avec le riz ou le couscous. Dans certaines régions de l’Inde les indigènes posséderaient même, semble-t-il, une va- riété particulière destinée surtout à l'usage culinaire. ni PAIE .Au Bengale on utilise toutes les parties de la plante, les feuilles et les tiges servent comme engrais, le tissu liogneux des tiges et des racines comme combustible, et les déchets de filature permettent de fabriquer des chapeaux. Les racines sont recherchées comme matière première dans des, fabriques de papier. La graine, produite en très grandes quantités,peut donner de l'huile d'éclairage et un tourteau que l’on peut employer, soit comme en- grais, soit dans l'alimentation du bétail. On à également proposé de fabriquer à l'aide des extrémités de jute une sorte d'alcool, la fibre serait con- vertie en sucre par de l’acide sulfurique et le produit obtenu fermenté et distillé. Le Corchorus olilorius etle Corchorus capsularis sont tous deux employés dans la médecine indigène, dans tous les pays où ils se rencontrent. Dans les Indes les feuilles mélangées au riz servent à combattre la dy- senterie, de même que l’infusion froide, aussi adminis- trée comme tonique contre la fièvre et la dyspepsie. Les feuilles sèches sont parfois vendues sur les marchés indigènes. M. le D' M. Treub, directeur du Jardin bota- nique de Buitenzorg, disait naguère dans un de ses rapports : « Si la culture du jute est encouragée elle peut devenir une nouvelle source de revenus, tant pour l’agriculture et l’industrie des Européens que pour celles de la population indigène. A cet effet, on pourrait suivre diverses méthodes ; on pourrait cultiver la plante et préparer grossièrement la fibre qui serait achetée — 991 — brute par les industriels européens, ou bien la culture pourrait être faite par les indigènes qui vendraient la récolte non préparée à des fabriques dirigées par des Européens. » Récemment M. Duchemin, planteur à Phu-Doan (Tonkin), et agent de la maison Saint Frères du dépar- tement de la Somme, qui achète annuellement au Ben- gale, 35 millions de kilogs de jute, ce qui représente la production de 18,000 hectares environ, s’est en- gagé à acheter à des prix fixés d’avance toute la récolte faite par les colons qui voudront essayer cette culture. En présence de telles propositions on se demande pour- quoi on ne pousserait pas, dans les colonies tropicales, la culture des Corchorus olitorius et capsularis, qui demandent très peu de soins et se rencontrent déjà dans beaucoup d’entre elles soit à l’état subspontané, soit dans les cultures indigènes plus où moins soignées. LMRRRS OT RUN LP TE RER RTE RL HQE e Fr C2 . f 1 : PROPIET #80 : 4 1544 ! : £ PARSÉE TT et : LE 4 US 248: 4 n : ? * o : ; " dir , . LOMALHEAJIIL SES 2 . : FS ; à d , ) Ë 4 : 1: ; 1 . « Notes PI, utiles et intéressantes Congo. PTVAIE Musa ARNOLDIANA De Wäild. dans la brousse. (Dembo, décembre 1900). Notes PI. utiles et intéressantes Congo. PL. Musa ARNOLDIANaA De Wild. lransplanté à la Mission de Bergeyck Saint-Ignace. Notes PI. utiles et intéressantes Congo. Iuflorescence du Musa ARNOLDIANA De Wild. ayant fleuri à Kisanlu (Bergeyck Saint-Ignace) (1900). MU Notes. PI. utiles et intéressantes Congo. PrAINe Musa ARNOLDIANA De Wüild. Divers stades de développement. Germinalion des graines el coupe longitudinale du stipe. Li : ' ÿ 5 Div” — RL # 90. 0 $ Fa F- A é d- d = n Pt 3 ne . “ : i 1 . p A ‘ - Lee Po … ns | 7 = 4 < : u Fr Ÿ à "1 rl . : ; 0 ? » Û .» A F : ' . 0 \ + Le _ ‘ : “ U il \ # 1. 4 : — h _ û i + . U ‘ = F 4 1 : Î e ? “ À , ‘ ä L n ’ \ NS + , n ; E À $ 4 si - ï ” & + 4 + . i , . Notes Pl. utites et intéressantes Congo. Musa Cirerit De Wild. Plante fleurie à Kisantu (1900). Notes Pl. utiles et intéressantes Congo. Musa Gizceru De Wild Plante fleurie cultivée à Kisantu (1900). 4 = ‘GOGF IUU U9 QUDCAIE 9 FOGYE U9 2US ‘PJLM 24 VNVIT'IONUY VSOJY an,p odts np oseq e] ep epeurpn}ISuo odncn — £ E ‘y ‘U of SuOS ain81j oq{nq np auurpnyi8uor odnon —- Ex "&OGF TU U9 EUHEIIE 70 JOGT U2 AUS ‘P/1M 24 NIATTIO VSAY ep eds un p oseq — :F Notes PI. utiles et intéressantes Congo. IR Notes PI. utiles ei intéressantes Congo. Era AAAUY ET #) Groupe de Musa rexTIrIS Née dans les jardins de la Mission de Berseyck Saint-Ignace (19)0). Notes PI. utiles et intéressantes Congo. Musa TrEexriLts Née. Fig. 1. — Fleur vu de dos, 1/1. Fig. 2 — Fleur vu de profil. Fig. 3. — Extrémité du sépale postérieur grossi. Fig. 4. — Extrémité du même sépale étalée. Fig. 5 — Fruit grandeur nattrelle. Fig. 6. — Coupe longitudinale du fruit. Fig. 1-9, — Graines de face et en coupe longitudinale grossies. DUT! Notes PI. utiles et intéressantes Congo. ‘(are urojd ue opAtino ue un, ajuej4) ‘eumeriequr ovins es 97n0} Ans seutoea sop oJ10od neojexd e7 ‘opeurpniisuor ednos er ‘oj1oap e fodgrque ose re] ‘oyomt ‘PILA 24 YNVIT'IONUY YSAJU np 2y9n0s [ra ANT = NEA H = E 20 Notes PL. utiles et intéressantes Congo. ao arbres d’ombr (Brésil) employés comme ation shibles jeune plant come fruils dans une Bananiers à rs de caféie XII live Notes PL utiles et intéressantes Congo ‘(oSu0n-seg) symay ue qeqorg un ee 40 mi med DL, FU PR) a DEN » | AP d . L : si Publ'cations de l'État Indépendant du Congo. Annales du Musée du Congo. Les Poissons du bassin du Congo, par G.-A. Boulenger, 532 p.in-8’, 1 carte, 21 gr. et 25 pl. hors texte. 1901. Les Caféiers, par Ém. De Wildeman, fascicule I. 1901. Observations sur les Apocynacées à latex, recueillies par M. L. Gentil dans l'État Indépendant du Congo en 4900, par Ém.' De Wilde- man. Le Télégraphe et le Téléphone au Congo, par A. Mahieu, broch. 64 p., nombreuses gravures. 1900. Vocabulaire à l'usage des fonctionnaires se rendant dans les territoires du district de l’Uele et de l’enclave de Lado, par G.-F. Witter- wulghe. 1899. Rapport sur l’état sanitaire de Léopoldville de 1885 à mars 1887, par le Dr Mense. Léopoldville, par le lieutenant Ch. Liebrechts. Le District d'Upoto et la fondation du camp de l'Aruwimi, par le lieutenant Dhanis. Organisation politique, civile et pénale de la tribu des Mousseronghes, par À. Baerts. Le District de Stéphanieville et le district minier de M’Boko-Songho, par E. Destrain. Le Climat de Banana en 4890, par le Dr E. Étienne. 1892. Observations météorologiques faites à la station d'Équateurville du 4er mai 1891 au 31 décembre 1892, par le lieutenant Ch. Lemaire. Guide pratique, hygiénique et médical, par le Dr G. Dryepondt. Le Mayombe, par Fuchs. 1893, Rapport sur un voyage agronomique autour du Congo, par Ém. Lau- rent. 1896. Plantæ Laurentianæ, ou Énumération des plantes récoltées au Congo par Émile Laurent en 1893 et 1895-1896, publiée par Émile De Wildeman. Notes sur quelques Apocynacées laticifères ‘de la flore du Congo, I, par Ém. De Wildeman. Bruxelles. — Imp. V*° Monnom, 32, rue de l'Industrie. A le y 1 hé diietifé bte nm Si 2 20 LL '- “14 te nr New York Botanical Sa es LL TUE ñ LS TA : i&" 4 . n ENTRE L # + < de x vs , y ; 1% , À \ LS à 4 4 TR L t Ce . Die + 3 ù L: 4 LE ÿ hrs WA: 4 sÿ" 7 ce » MO,»