NOTICE son LE MUSÉE BOTANIQUE DE L'UNIVERSITÉ LAVAL DISCOURS PRONONCÉ EN SÉANCE SOLENNELLE LE 8 JUILLET 1867 PAB L'ABBE OVIDE BRUNET PROFESSEUR ORDINAIRE A LA FACULTÉ DES ARTS 12 .867 *895 QUÉBEC Typographie d'Augustin Côté et Cle /"/'. EDI III, ///] i I ( riON / CANADIANA IMNIh\x v«v//j C rniversit\ ai Kingston et ses principaux usages, enfin le maximum de d'amèire de l'arbre, ainsi que sa plus grande hauteur. Le prix du pied cube sur le marché de Québec, est marqué sur chaque échan- tillon. Cette collection est très-utile aux industriels ; elle leur fait voir le parti avantageux que l'on peut tirer de nos bois indi- gènes. Elle offre encore un immense avantage aux marchands étrangers qui visitent chaque année le port de Québec <*t qui désirent faire la connaissance de nos bois de corn ère . Au reste, l'utilité d'une collection de ce genre a été suffisamment démontrée par le succès qu'elle a eu en Europe à l'exposition de Dublin, mais surtout à la dernière exhibition universelle de Paris. SECONDE GALERIE. collections de bois pour l'étude. — Cette galerie renferme toutes les collections de bois pour l'étude. La plus importante de ces collections est sans contredit celle de nos bois indi- gènes. Elle se trouve renfermée dans l'armoire de droite, et se compose de tous les végétaux ligneux, de ceux surtout qui peuvent offrir quelque intérêt : tels sont nos bois de charpente, d'ébénisterie, nos plantes tinctoriales, nos arbustes à fruits, nos plantes médicinales, etc. Les échantillons ont six à huit pouces de diamètre, et sont façonnés de manière à faire voir, non-seulement l'écorce dont ils sont revêtus, mais jusqu'à la partie la plus intérieure du tronc, chaque spécimen présentant une coupe longitudinale et une section transversale.. Cette col- lection, qui date de la fondation du musée, est une des plus complètes que possède l'Université. Chaque échantillon est accompagné des noms français, anglais et latins. bois exotiques. — L'armoire à gauche renferme tous les bois étrangers au Canada. Là se trouvent 1° une collection bien nommée de bois européens, donnée à l'Université par M. Alphonse Lavallée, botaniste de Paris; 2° une collection de tiges nécessaire aux démonstrations botaniques, tels que palmiers, fougères arborescentes, chêne-liége, etc., etc. ; 3° une collection très-remarquable des bois de commerce qui se vendent sur le marché de Liverpool (Angleterre). Elle se compose des bois des Etats-Unis, du Mexique, de Cuba, du Brésil, de l'Afrique, de la Circassie, de l'Australie, etc. Les échantillons, au nombre de plus de soixante, sont étiquetés avec les noms qu'ils portent dans le commerce. Dans une vitrine, au milieu de la salle, se trouve une collec- tion des bois de commerce qui s'exportent annuellement des ports de Québec. collection de fruits plastiques. — En face de l'armoire qui contient les bois exotiques, se trouve la collection des fruits plastiques, reproduits avec la plus grande fidélité. 11 ne sera pas sans intérêt de dire un mot sur l'origine et la provenance de cette collection. Le but de cette collection a été de contri- buer à faire connaître les véritables types auxquels l'on peut rapporter les nombreuses variétés de fruits, et à réformer le catalogue pomologique, si plein d'obscurité. En effet, la no- menclature des arbres fruitiers, et plus particulièrement des pommiers et des poiriers, est devenue un véritable labyrinthe. Les variétés se comptent par centaines ; plusieurs dé ces va- riétés portent quelquefois des noms différents, car on a pu constater que chaque poire a, enmoyenne, sept noms différents. Cependant, l'on sait qu'en histoire naturelle, la désignation précise des objets est de première nécessité. -7~ M. Decaisne, professeur de culture au Jardin des Plantes de Paris, et membre de l'Institut, a résolu de débrouiller ce chaos. Secondé par un peintre d'élite, M. Riocreux, il a fait peindre sous ses yeux plus de huit cents dessins, tous relatifs au seul genre poirier. De plus, il a cru devoir recourir à l'ex- périence. Il a semé une grande quantité de pépins recueillis sur quelques-unes des variétés les mieux; caractérisées, soit par leurs formes, soit par leur coloration. Cette jeune pépi- nière jointe aux vastes collections d'arbres fruitiers que pos- sède le Jardin des Plantes, collections peut-être les plus riches et les mieux entretenues qui existent, lui ont permis d'entre- prendre un ouvrage appelé à rendre de grands services à la Pomologie. Cet ouvrage a pour titre le Jardin fruitier du Muséum ou Iconographie de toutes les espèces et variétés d'arbres fruitiers cultivés dans cet établissement. Ce même savant, prenant un intérêt tout particulier à notre jeune Université, a bien voulu choisir lui-même les échan- tillons de fruits artificiels qui devaient composer une partie de notre musée botanique. Ces échantillons, tous étiquetés avec certitude, sont donc comme autant de types véritables aux- quels l'on peut rapporter ou rattacher ces mille formes diverses produites par la culture séculaire ou par la diversité des cli- mats. L'on y a ajouté certaines formes intermédiaires depuis les fruits les plus gros jusqu'aux plus petits. Pour éviter ici une énumération fastidieuse, nous nous con- tenterons de dire que cette collection se compose de pommes, poires, coings, prunes, cerises, abricots, grenade, pêches, groseilles, fraises, figues, etc. À côté de cette dernière col- lection, et comme complément, se trouve une collection de racines alimentaires modelées. Elle se compose des meilleures variétés cultivées dans les diverses parties de l'Europe. Tous ces spécimens sont faits d'une matière qui durcit avec le — 8 — temps ; ils représentent de plus le poids de leurs modèles naturels. collection de champignons. — Les champignons constituent une partie importante de la Flore de chaque pays. Ces végé- taux offrent à l'homme des substances utiles aux arts, un aliment des plus sains et des plus agréables, mais aussi des poisons les plus violents. Ces plantes sont en général trop charnues pour pouvoir êlre placées dans les herbiers. D'un autre côté, leur dessiccation offre beaucoup de difficulté; cependant leur étude est très-nécessaire. Une collection de champignons devient donc d'une absolue nécessité dans un musée botanique. La collection que nous possédons a été faite en Allemagne ; elle se compose de 112 spécimens modelés en carton-pierre et peints d'après nature. Elle se divise en trois groupes : les champignons comestibles, les champignons suspects, et enfin les vénéneux. collection de fruits naturels. — Dans la même galerie se trouve une collection de fruits naturels et de graines. Parmi ces fruits, les uns sont nécessaires aux démonstrations bota- niques ; les autres sont renommés par leur emploi et leur usage. Ainsi se distinguent entre tous les autres : Le fruit du Phytelephas, surnommé Ivoire végétal, à cause de sa blancheur et de sa dureté. On le fait servir assez com- munément aujourd'hui à la fabrication de différents petits ustensiles. Un échantillon d'une espèce de lycopode (Lycopodium lepidophyllum) souvent mentionnée pour la propriété hygromé- trique qu'elle possède. L 'Anastatica Hierochuntica connu sous le nom de Rose de Jéricho, qui croît dans les déserts arides de l'Egypte et de la Syrie, etc. Ces deux plantes sont très-intéressantes. Leurs branches et leurs tiges se resserrent et s'enroulent à l'état sec — 9-- et forment une espèce de balle arrondie que les vents en- traînent au loin. Lorsque la plante est plongée dans l'eau ou exposée à une atmosphère humide, ses rameaux s'ouvrent et s'étendent, mais elle se contracte de nouveau par l'effet de la sécheresse. Des cônes de différentes espèces de Pins, de Sapins des diverses contrées du globe, des fruits de palmiers, etc. Le fruit du Nelumbo (Nelumbium speciosum), plante autrefois sacrée en Egypte, et qu'on trouve représentée sur presque tous les monuments antiques de ce pays. Plusieurs espèces de Cotonniers (Gossypium), qui servent à la fabrication de cette étoffe. Un échantillon de Bois-dentelle (Layetta lintearia), arbrisseau qui croît communément à Saint-Domingue et à la Jamaïque. Les couches corticales de cet arbrisseau présentent, lorsqu'on les sépare, un réseau qui simule assez bien une dentelle grossière. Des fruits du Cirier (Myrica cerifera), qui fournissent une cire analogue à celle formée par les abeilles, etc., etc. TROISIÈME GALERIE. Cette galerie est consacrée aux herbiers et disposée en même temps pour l'étude. On y trouve une bibliothèque de plus de quatre cents volumes, renfermant les ouvrages généraux descriplifs, des flores locales et des monographies. La collection des plantes desséchées se divise en deux parties bien distinctes : l'herbier américain, composé des plantes des Etats-Unis et du Canada, et l'herbier général, renfermant des plantes d'Europe, d'Asie, etc. Ces herbiers contiennent environ dix mille plantes. Ce qui fait la valeur d'un herbier, c'est de connaître l'ori- gine et la provenance des différentes collections qui le com- posent, et les noms des naturalistes qui en ont nommé les -10- plàntes ; eii conséquence nous parlerons des principales collections de ces deux herbiers. HERBIER AMÉRICAIN. COLLECTIONS DE C C PARRY ET DE E. HALL ET J. B. HARBOUR.— En 1861, le Dr Parry fit une excursion botanique dans les Montagnes -Rocheuses. Son succès fut tel que l'année suivante, il se décida a faire une exploration plus en grand. Dans cette vue, il s'adjoignit deux autres botanistes zélés, Hall etHarbour. Ces deux collections classiques, nommées par MM. Asa Gray et G. Engelmann, outre un grand nombre de plantes nouvelles, renferment la plupart des plantes de Nuttall, plantes qui ne se trouvent que dans les herbiers de l'Académie des Sciences naturelles de Philadelphie de M. Durand et de M. William Hooker. Les échantillons de ces deux collections des Mon- tagnes-Rocheuses sont beaux et très-bien préparés. collection de chs. s. geyer. — Cette collection se compose de plantes du Missouri et des Illinois. Cette collection est fort recommandable. Yoici ce que disent Torrey et Gray sur la valeur de cette collection. « Les collections faites par Geyer, botaniste allemand, sont composées d'échantillons complets et bien préparées ; les localités sont indiquées avec précision. Elles ont été faites pendant l'été et l'automne ; celles du printemps ont été perdues. » collection de n. rield. — Les plantes de cette collection ont été cueillies dans là même localité que la précédente ; les échantillons ont été déterminés parSteudel, auteur du Nomen- clator botanicus plantes de leidenberg.— Ce sont des plantes de l'état de New- York, récoltées aux environs de Rochester. Elles ont été nommées parW. Sonder, botaniste distingué de Hambourg. -11- collection de m. Vincent.— Cette collection renferme un grand nombre de plantes bien préparées et récoltées dans le Texas et les lieux voisins. L'herbier américain renferme en outre un grand nombre de plantes de la Pennsylvanie, qui ont été fournies par Moser, Smith et Durand. Ce dernier botaniste qui possède un des herbiers des Etats-Unis les plus riches en plantes de Nuttall comme nous l'avons déjà dit, nous a fait cadeau d'un bon nombre de plantes types ou originaux décrits dans les ouvrages de Nuttall et de Rafinesque ; ces plantes sont accompagnées d'étiquettes autographes de ces auteurs. plantes du canada — Cette collection est le fruit de dix ans d'herborisations dans les différentes parties du pays. Les plantes critiques de cette collection ont été comparées avec les originaux qui se trouvent dans d'herbier de Michaux à Paris et dans celui de Sir \V. Hooker, à Kew. Les collections nommées ci-dessus nous ont fourni de nombreux moyens de vérification. Les plantes douteuses ou nouvelles ont été soumises à l'examen de botanistes distingués, tels que MM. Asa Gray, Dr Engelmann et autres. cryptogamie. — Mmci Boreali-Americani, sive specimina essic- cata Muscorum in Americœ Rebuspublicis fœderatis delec- torum ; conjunctis studiis W. S. Sullivant tt L. Lesquereux. Editio secunda, 1866. La première édition de cette importante collection parut en 1856; les exemplaires furent immédiatement épuisés. Cepen- dant les auteurs entreprirent de suite une seconde édition qui fut augmentée de plus de cent espèces nouvelles. C'est la collectiQn la plus considérable de mousses d'Amérique nom- mées par les deux personnes les plus compétentes dans cette partie de la cryptogamie. — 12 — HERBIER GÉNÉRAL. Comme il serait fastidieux d'entrer dans de grands détails sur cet herbier, nous nous contenterons d'en signaler les principales collections avec les noms des personnes qui les ont faites. Ces noms, au ivste, sont connus de lous les botanistes. europe. — Flores locales de France et flores européennes. — MM Puel et Maille. Collection des plantes des Pyrénées. — M. Borderey. Plantes des environs de Paris. — M. Verlot, naturaliste du jardin des Plantes. Plantes d'Espagne et du Portugal. — M. E. Bourgeau. Provence et Alpes maritimes. — Idem. Plantes d'Italie (Toscane). — J. Carruel, naturaliste des musées de Florence. Plantes d'Allemagne et d'Autriche. — Divers botanistes. Plantes des Alpes, du Mont-Blanc, du Montanverd, etc. Afrique. — Plantes d'Algérie. — MM. E. Bourgeau et B. Balansa. Plantes des Isles Canaries. — M. E. Bourgeau. asïe — Plantes de Lycie. — M. E Bourgeau. cryptogamie. Mougeot et Nestler. Stirpes Cryptogamiœ. Algues marines de Cherbourg. — M. Le Jolis. Plusieurs autres collections d'Algues. collection d 'autographes. — Pour savoir quelle foi il doit avoir dans la détermination d'une espèce ou dans une note manuscrite qui n'est pas signée, le botaniste, au milieu de ses recherches, attache une grande importance à l'écriture de l'étiquette qui peut lui apprendre le nom de l'auteur. Une col- ection d'autographes devient d'une extrême importance, pour -13 — ôter toute indécision à cet égard. Depuis plusieurs années, le directeur du musée botanique s'est occupé de réunir des letires manuscrites et des étiquettes autographes de tous ceux qui se sont fait un nom dans la botanique. Indépendamment des notes que l'on trouve éparses dans l'herbier, Ton peut encore consulter deux gros cahiers d'autographes de botanistes distingués. L'énumération complète de ces diverses personnes serait ici sans intérêt, mais nous donnerons une idée suffisante de cette collection en disant qu'on y voit figurer surtout les noms de la plupart des auteurs qui ont écrit sur les plantes de l'Amérique septentrionale. Mais il est temps de terminer ; car ce serait abuser de votre patience que de vous entretenir plus longtemps de ce sujet. Au reste, je pense que le musée botanique de l'Université Laval vous est maintenant connu. En terminant, il ne me reste plus qu'un souhait à faire, c'est que ce musée devienne de plus en plus utile ; nous vous convions donc à ce musée. Sans doute que ces galeries renferment beaucoup de choses qui ne frappent aucunement les regards, et qui ne peuvent intéresser que ceux qui s'occupent d'histoire naturelle : tels sont, par exemple, les herbiers et certaines collections de bois. Mais que de choses pratiques à apprendre dans un musée d'histoire naturelle ! A Kew, près de Londres, village que l'on pourrait regarder comme un faubourg de cette grande métropole, se trouvent de vastes jardins botaniques, autrefois réservées au plaisir du roi et maintenant rendus publics. Au milieu du plus beau jardin de l'Europe, s'est élevé un musée sous la direction de Sir William Hooker. On l'appelle Musée de Botanique appliquée. A certains jours, les nombreuses salles de ce musée peuvent à peine contenir les milliers de personnes qui le visitent. C'est là que le citoyen de Londres, fatigué du bruit et de la poussière d^s rues, vient acquérir en quelques instants plus de connais- sances sur les usages du monde végétal qu'il ne pourrait en acquérir par plusieurs heures consacrées à la lecture. Le musée devient pour, lui un, livre ouvert où il puise une foule de connaissances sur les objets d'un usage journalier et dont il ignorait l'origine ou la provenance. Les musées de l'Univer- sité Laval sont loin d'être aussi riches que ces établissements plus anciens ; mais ils ne laissent pas de contenir une foule d'objets propres à instruire et en même temps à faire connaître les ressources et les richesses du pays.