LIBRARY OF 1885- IQ56 W^^WJ-f^. ï-*-, 'ii^t' \''- %^i' V-* 5»r.-:"t NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE, APPLIQUÉE AUX ARTS, A l'Agriculture , à l'Économie rurale et domestique , h la Me'decine , etc. PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES ET D'AGRICULTEURS. Nouvelle Édition presqn'entièrement refondue et considé- rablement augmentée ; AVEC DES FIGURES TIRÉL'S DES TROIS RÈGNES DE LA NATURE, TOME I. r»F. I. IMPRIMERIE D AEEL LANOE , RUE DE LA HARPE. A PARIS, Chez DETERVILLE, libraire, rue hautefeuille n» 8. M DccG xvr. AVIS DE L'EDITEUR, V^UELQUES mois soûl à peine é« oulcs depuis l'annonce de !a seconde Kdition du Noih'eau Dictionnaire (riliàtoiic r.at u relie ^ et déjà le nombre des personnes qui ont souscrit pour cet important ouvrage; surpasse mes espérances, et garantit le succès de son exécution. Plusieurs de mes confrères , tant de Paris que des départemens , m'ont , par leur empressement, donné un nouveau témoignage d'intérêt dont je suis infini- ment touché. Toujours sensible à la confiance dont le pu- blic a souvent honoré mes entreprises littéraires; toujours jaloux d'y répondre en redoublant de zèle , je lui présente , avec le langage simple de la vérité , un aperçu des travaux entrepris pour l'amélioi-ation d'un livre qui a déjà mérité l'estime générale. J'invite les personnes auxquelles des pré- ventions , malheureusement autorisées par un 1rop grand nombre d'exemples ou de rapports infidèles , pourroient ins- pirer quelques craintes au sujet de cette nouvelle Édition , à comparer les volumes avec ceux de la première. Le but des auteurs a toujours été le même ; celui de ras- sembler en un seul corps d'ouvrage , ayant des bornes raison- nables , et sous une forme alphabétique , les matériaux épars. de l'histoire de la nature ; de rejeter tout ce qui paroît in- certain, pour se renfermer strictement dans un cercle de faits authentiques ; de décrire les productions naturelles avec concision et clarté ; de les considérer surtout dans les rapports, qu'elles ont avec nous , ou dans ce que leur histoire nous offre d'utile ou de piquant; de graduer, sur cette échelle d'intérêt, l'étendue des articles ; de ne donner qu'une idée succincte des objets de pure nomenclature; de lier toutes ces connoissances parle moyen d'articles généraux, qui conduisent successive- ment aux classes , aux ordres , aux familles où les genres sont indiques; enfin , de coordonner ces faits à la méthode la plus naturelle, la plus parfaite et la plus instructive. Le savant verra dans ce Dictionnaire un répertoire indis- pensable , propre à soulager sa mémoire, à l'aider souvent dans ses recherches , à lui ménager un temps précieux ; et si les observations des auteurs ajoutent à ses lumières , ce sera toujours avec cette précision , cette réserve sage que com- mande un tel ouvrage , qui n'est ni un syslema naturœ^ ni une çolleciion académique, La classe moins instruite et la plus liOnin ( o bf euse Je la société se familiarisera avec les premiers éleinens de la science de la nature ; secouant peu à peu le joue des erreurs populaires , elle profitera des fruits de l'expérience , ne négligera point les applications utiles et d'une pratique journalière, qui lui sont présentées dans ce livre. Il deviendra pour elle une espèce de Manuel , une vraie Bibliothèque usuelle , tenant lieu d'une foule d'ouvrages dispendieux. Il eût été facile aux auteurs de ce Dictionnaire de lui donner plus d'étendue , en citant une quantité considérable d'espèces de peu d'intérêt , en les décrivant longuement , en se livrant à un examen spécial de la partie systématique ; mais ils ont dû consulter les besoins et les intentions de la grande majorité des souscripteurs , qui attendent de leur part , non un livre immense et interminable , mais un ouvrage raisonné , clair , précis , renfermant tous les faits importans , toutes les décou- vertes utiles , toutes les connoissances positives et capables d'intéresser tout le monde , comme se rattachant constam- iTicnl aux besoins les plus ordinaires de la vie. Depuis douze ans que ce livre a été terminé , les auteurs , encouragés par l'accueil favorable qu'il a reçu , stimulés par l'honneur , et pressés encore par mes sollicitations , ont revu et mûri tranquillement leur premier essai. Ils ont profité avec reconnoissance des réflexions critiques que des hommes éclai- rés el judicieux leur ont communiquées ; ils ont mis tous leurs soins à comparer les articles corrélatifs , afin d'éviter les re- dites , à resserrer d'une manière convenable ceux qui avoient trop d'étendue , à développer ceux qui péchoient par un excès contraire , à châtier, à épurer le style , à corriger et perfec- tionner, en un mot, tout ce qui avoit été fait. Mais ils avoient, de concert avec de nouveaux collaborateurs , une autre tâche à remplir ; celle de s'élever au niveau actuel des connois- sances , de rajeunir leur ouvrage par un exposé fidèle des découvertes qui ont enrichi le domaine des sciences natu- relles , dans l'intervalle d'une édition à l'autre ; de coordon- ner une quantité considérable d'articles à des méthodes plus naturelles , à celles surtout qui sont fondées sur l'organisation «comparée , tant intérieure qu'extérieure , des êtres vivans qu'elles embrassent. Au milieu de cet incendie général dont l'Europe étoit embrasée , de ce déluge de maux qu'entraînoieni avec elles les guerres atroces dcmt elle étoit le sanglant théâtre , les amis de la nature cherchoient, dans les charmes de son étude , un sujet consolant de distraction. Les uns , fuyant ces scènes de carnage , bravoient les fureurs des élémens moins redouta- bles pour eux , abordoient des terres lointaines , recueilloient sur un sol vierge , une moisson aussi précieuse qu'abondante , (3) d'animaux, de végétaux et de minéraux de toute espèce, et enrichissoient nos musées de ces heureuses conquêtes. Les autres, sans s'exposer à tant de dangers, payoient aussi leurs tributs à la science. Ils observoient avec une attention scru- f)uleuse les productions étrangères, ou exploitoient celles de eur pays natal, nous faisoient connoître des espèces inédites, complettoient nos catalogues, en éclaircissoient la syno- nymie, rectifioient nos classifications ou leur en substituoient de meilleures. Les auteurs de ce Dictionnaire ont soigneuse- ment analysé les ouvrages généraux ou particuliers qu'on a publiés, dans ces derniers temps, sur la zoologie , la bota- nique , la minéralogie , la chimie et la physique générale. Aidés de tant de secours, observateurs eux-mêmes, et ayant contribué , par leurs propres recherches , à cet élan rapide de lumières, ces Savans, chargés de cette seconde Edition» lui donneront un nouvel intérêt, et acquerront de nouveaux droits à l'estime publique, qui fut et qui est encore leur unique ambition. Jamais circonstances ne furent plus favorables à leur projet; car les naturalistes les plus célèbres de nos jours ont publié , depuis l'impression de ce Dictionnaire , des ou- vrages généraux sur les parties qui font le sujet habituel de leurs méditations , et nous avons eu soin d'en profiter, pour l'avantage de la science et l'amélioration de notre livre. La mort nous a enlevé quelques-uns des collaborateurs de la première Edition ; j'ai tâché de réparer cette perte, en ad- joignant aux autres, des savans non moins recommandables. Les changemens qui en ont été la suite contribueront même à la perfection de l'ouvrage. Des parties, auparavant morce- lées, sont soumises à la rédaction d'un seul auteur, et sont traitées d'une manière plus régulière, ainsi qu'on peut le voir dans l'Ave rtissement qui se trouve à la tête de ce premier volume. Indication des Pages où. doivent être placées les Planches du Tome premier, avec la note de ce qu'elles représentent. A o. Insectes Pg„ 3 Abeille sociale. — Acànthie de la zoostère. —Achète subulé. — Aglosse He la graisse. — Aeshne à te- nailles. — Alunie fémorate. —Anthrax morîo. — Araignée des caves. — Attelabe du coudrier. — Ascalaphe de Barbarie. A I. Plantes 55 Abrus réglisse. —Acacia sensitive. — Acacîe du Sé- négal. — Aquilaire bois d'Aigle. A 3. OiseauK . \ ^^S Grand Aigle. —Grand Ani. — Avocette. A 3o. Aimant , ^qq Aiguille aimantée.' A 2. Animaux quadrupèdes ; . 280 Akouchi. — Aï. — Adive. A 5. Plantes 33^ houai des Antilles. — Aloé's vulgaire. —Amaryllis "^ doré. — Ammome gingembre. Ah( A 6. Coquilles ^^^ Ararde crustulairè. —Ammonite lisse. —Ammonite bifurquée. —Anatif pousse pied. — Anodonte ana- tme. — Avicule perlière. —Argonaute Argo. — Arche glyciméride. —Arche barbue. A 8. Plantes ^^^ Anacardier acajou. —Ananas cultivé. — Angrec Yamlle. —Arachide pistache. AVERTISSEMENT. Distribution des travaux de chaque Auteur , d'après l'ordre alphabétique. MM. BIOT {Jean- Baptiste), membre de l'Institut de France, de rAcadéraie des sciences , des Sociétés royales de Londres , d'Edimbourg , etc. , est connu pai' un grand nombre de travaux , qui se trouvent dans les Mémoires de l'Institut et dans les autres collections académiques. Il a publié, depuis quelques années, beaucoup de décou- vertes sur la polarisation de la lumière, qu'il a réunies, dans son Traité de Physique , avec ses autres travaux sur les diverses parties d'e cette science. Chargé des articles de physique, il ne s'est point proposé d'exposer minutieusement les détails de cette science , qui seroient déplacés dans un ouvrage tel que le nôtre ; mais il s'est borné aux points principaux , dont la connoissance peut être utile pour l'intelligence des résultats que l'histoire naturelle em- brasse : c'est ce que l'on peut voir, par exemple, aux articles aimant , couleurs , électricité, lumière, etc., qui sont uniquement appropriés aux applications qui peuvent inté- resser les naturalistes sédentaires, ou dans leurs voyages. BOSC (Louis-Augustin'Guillaume), membre de l'Ins- titut et de l'Académie des sciences, de celles de Berlin, d'Upsal, de Munich, de la Société Linnéenne de Lon- dres, etc., l'un des plus laborieux naturalistes et agricul- teurs de notre temps, a revu, complété ou refondu avec soin les articles nombreux qu'il avoit composés dans la première édition de ce Dictionnaire. Il a cédé, pour cet effet, plusieurs sujets, tels que les crustacés, les principaux articles des coquillages ou des mollusques, de la physio- 'I AVERTISSEMCWT. logie végétale et des plantes cryptogames, à d'autres colla- Loralears. Ses voyages dans l'Amérique septentrionale ; ses recherches savantes sur les reptiles , sur les poissons et leur pêche, sur les vers, les zoophytes et d'autres pro- ductions de la mer; ses nombreuses collections sur lesou- vi-ages qu'il a publiés sur ces diverses classes d'animaux , l'ont mis à portée d'en présenter avec exactitude les espè- ces rangées sous leurs genres , leurs familles, leurs ordres naturels , et d'après les classifications les plus modernes et les plus estimées. Il a compulsé avec une ardeur infati- gable tous les travaux récens des naturalistes et des voya- geurs , pour n'oublier aucun des faits importans observés depuis la première édition. La description d'une grande partie des plantes, qu'il avoit partagée avec M. Du Tour, est encore une des parties les plus considérables et les plus importantes, à laquelle il a du consacrer toute son atten- tion. La synonymie des genres et des espèces, travail in- grat et rebutant , éieit cependant indispensable ; et cet au- teur s en est acquitté avec un intérêt spécial. Toutes les plantes ont été rapportées aux familles naturelles de Jussieu; et l'on a cité soigneusement leurs usages^ soit économiques, soit médicaux, soit relatifs aux arts , à la nourritiue de l'homme et des animaux, etc. On a figuré , de préférence, les végétaux étrangers les plus utiles, ouïes plus célèbres par leurs divers emplois ou leur singularité. Les dénominations diverses des plantes et des animaux ont été rapportées au nom le plus connu, par des renvois ana- logues. Un style précis et descriptif étoit le plus conve- nable pour les diverses branches de l'Histoire naturelle ^ et c'est celui qu'il a adopté. CHAPTAL ( Jean-ylnioine ), membre de l'Institut, de TAcadémic des sciences et de plusieurs autres sociétés françaises et étrangères, s'est illustré depuis long-temps par les ingénieuses applications qu'il a faites de la chimie aux iirts et aux manufactures. Il en a communiqué les résultats dans son impoxnant ouvrage sur la Chimie des Arts, On se rappelle en outre l'impulsion qu'il a donnée à diverses branches de notre industrie, et notamment à la fabrication des vins , à celle des eaux-de-vie , du sucre de bette- rave» etc. Des notions exactes et claires sur la chimie et sur SCS rapports avec les diiférentes parties de l'histoire na- AVERTISSEMENT. l'J tiirelle et des arts économiques , étoient indispensables dans ce Dictionnaire , et ce savant académicien les y a ex- posées avec ce talent émiiient qui le dislini^iie. DESMAREST ( Anselme- Gaëtau ) , fils d'un acadé- micien recommandable , professeur dé zoologie à l'é- cole vétérinaire d'Alfort , membre de la Société philoma- thique et de plusieurs autres, s'est chargé de la classe des animaux les plus remarquables , les quadrupèdes vivipares et les cétacés. Il y réunit aussi le détail des recherches curieuses faites depuis quelques années par de célèbres na- turalistes , sur les espèces d'animaux perdus , dont les dé- bris se retrouvent encore dans la terre. Tous les usages économiques des quadrupèdes , leurs mœurs , leurs ha- bitudes variées , leur chasse , objets en partie traités dans la première édition, par feu Sonnini, de concert avec M. Desmarest, ont été revus ou refondus par ce der- nier , d'après un plan uniforme et régulier. Le soin , la fidélité, une rare exactitude, héritage paternel, distin- guent les productions de cet auteur , bien connu du pu- blic par plusieurs travaux estimés en zoologie. DUTOUR {Marc). Nous avons eu le malheur de perdre ce collaborateur , membre de la Société d'agricul- ture , ancien colon de Saint-Domingue , homme laborieux et savant , dont les travaux se recommandent par un fini exact et précieux. Toutes les espèces de végétaux les plus importantes en agriculture , soit ordinaires , soit pour les productions coloniales et étrangères dont il s'étoit occupé lui-même , tenoient une place honorable dans le Diction- naire. On en a conservé tout ce qui étoit excellent, et l'on a du faire les augmentations nécessaires pour mettre ces articles au niveau des connoissances actuelles dans cette édition. La culture , les variétés des végétaux usuels , les fleurs les plus brillantes de nos parterres , les fruits , les épiceries des deux Indes , les arbres ou herbes remarqua- bles par leurs propriétés, ont été autant d'objets spéciaux des recherches de Dutour. Modeste dans sa vie et dans son sort , il a vécu et il est mort sans chercher l'éclat. Il soutint avec dignité la perte de sa fortune dans les désas- tres de nos colonies, et n'a laissé que des travaux utiles et recommandables pour sa mémoire. HUZAUD {Jean- Baptiste) y membre de l'Institut, de iv AVERTISSEMENT. l'Académie des sciences , inspecteur des écoles vétéri- naires de France , membre de la Société d'agriculture de Paris , etc. , etc. Il est peu de personnes , aujour- d'hui , que l'on puisse mettre en parallèle , pour l'art vété- rinaire , avec ce savant ; les étrangers mêmes en convien- nent, La profondeur de son savoir et l'habileté qu'il a dé- ployée en plusieurs occasions, nous dispenseront de tout détail à cet égard. Ses travaux sont également célèbres , ils ont été traduits en plusieurs langues ; on ne se plaint que de leur trop petit nombre. Aucun auteur ne paroît plus capable que lui de traiter à fond toutes les branches de l'art vétérinaire. On lui devra , dans ce Dictionnaire , divers articles imporlans , surtout pour l'hippiatrique. L AMARCK ( Jeaji -Baptiste - Pierre - Antoine De- monet De), membre de l'Institut, de l'ancienne et de la nouvelle Académie des sciences, professeur et ad- ministrateur au Muséum d'Histoire naturelle de Pa- ris , et de la plupart des sociétés savantes de l'Europe. Sai Flore française j son Dictionnaire de Botanique, ont répandu dans presque toutes les classes de la société le goût de cette science , ont singulièrement facilité son étude, et ont amené les Naturalistes à l'emploi de la mé- thode analytique et comparative. Il a divisé les animaux sans vertèbres, distribués jusqu'alors d'une manièretrès-confuse, en plusieurs classes naturelles qui ont été généralement adoptées. N'ayant pour guides que son expérience et sa sa- gacité , il a souvent deviné, par l'étude des rapports, l'or- ganisation intérieure des animaux de plusieurs de ces classes. Ses travaux sur les polypes , les radiaires , les co- quilles , etc. , ne laissent rien à désirer. Remontant aux bases fondamentales de la zoologie , il les a considérées sous des vues nouvelles , philosophiques , et en a écarté l'arbitraire. LATREILLE { Pierre- André) y membre de l'Ins- titut , de l'Académie des sciences , de celles d'Upsal , de Munich , de Berlin , de la Société Linnéenne de Lon- dres , etc. On sait que l'entomologie est redevable à ce sa- vant des grands progrès qu'elle a faits depuis un certain nombre d'années; que celte science est maintenant rame- née par lui , à des principes solides ; et que ses ouvrages , présentent une masse inépuisable d'observations et de AVERTISSEMENT. V faits positifs qui en ont déjà entièrement changé la face , et qu'il sera toujours utile de consulter. Ce naturaliste a introduit , dans les distinctions d'ordres et de genres , une précision et une vérité de caractères jusque-là incon- nues à l'égard des insectes , et comparables à celles qu'on doit à Linnœus , relativement aux plantes. Il a fait plus : il a établi parmi les insectes , les arachnides et les crustacés , des familles très-naturelles j en sorte qii'actuellement pres- que tous les zoologistes adoptent et suivent ses principes. Ainsi , la célébrité bien méritée dont M. Latreille jouit dans toute l'Europe ^ fait concevoir d'avance l'intérêt qu'inspireront les articles dont il voudra enrichir ce Dic- tionnaire. LUCAS {Jean-André-Henrj) , professeur de minéia- logie à l'Athénée de Paris , garde-adjoint du Muséum d'Histoire naturelle , de la Société philomatique et de plu- sieurs autres sociétés savantes, françaises et étrangères, etc. ; élève estimé du célèbre Haûy , s'est chargé de revoir et de compléter les articles minéralogiques de feu Patrin. Peu de personnes sont plus familiarisées que ne l'est ce nouveau collaborateur du Dictionnaire , avec la savante méthode cristallographique du professeur du Muséum. Il devenoit nécessaire d'en exposer les principes auprès de ceux du professeur Werner , dont Patrin avoit adopté la méthode. Une grande exactitude , la clarté , le soin , distinguent les les articles de M. Lucas , qui a déjà manifesté ces quali- tés dans son Tableau des espèces minérales , et qui a de plus l'avantage d'être placé à la source des connoissances minéralogiques. Il s'est attaché eu outre à faire connoître plus particulièrement les substances minérales employées dans les arts. OLWIY^K { Guillaume' Antoine) j membre de l'Ins- titut , de la Société d'agriculture et d'autres Sociétés sa- vantes, nous a été ravi par une mort prématurée. On con- noît son Voyage en Perse et dans l'Empire Ottoman, avec Bruguières. Ils avoient recueilli l'un et l'autre des matériaux immenses d'histoire naturelle , et le premier avoit enrichi ce Dictionnaire de l'histoire des insectes coléoptères, dont il s'étoit spécialement occupé , comme le prouve son grand ouvrage sur l'Entomologie , en 6 vol. in-4.°. Cette belle branche d'histoire naturelle est tombée en des \j AVERTISSEMENT, mains qui ne lui feront rien perdre et qui sont même capables d'en augmenter le mérite. Nous devons toutefois reconnoître le grand savoir qui dislinguoit Olivier , et ren- dre hommage à sa mémoire de tous les progrès qu'il a fait faire aux parties de l'histoire naturelle dont il a traité. PALISOT DE BEAU VOIS {Ambroise-Marie-Fran- çois-Joseph ) , membre de l'insiitut , de l'Académie des sciences , etc. , s'est chargé de plusieurs parties difliciles de la botanique. Ainsi Ihistoire des plantes cryptogames ou éthéogames , comme cet académicien les appelle , étoit restée très - obscure , malgré les travaux d'Hedwig et d'autres profonds botanistes. La connoissance des algues, des champignons , des mousses, des fougères , des pal- miers , etc. , forme donc l'un des domaines les plus se- crets de l'histoire de la nature, et demande les recherches les plus délicates, l'habileté la plus consommée dans ces sortes d'études. Le public connoît déjà les nombreux tra- vaux de M. de Beativois sur les mousses , snr l'agrostogra- phie ou les graminées. On attend de lui l'histoire de ses voyages en Afrique et en An»érique. PARMENTIER (Antoine- Augustin) étoit membre de l'Institut , de la Société d'agriculture et de plusieurs autres , soit nationales, soit étrangères. Peu d'hommes re- curent à un degré plus éminent autant d'ardeur pour les sciences utiles et économiques, pour tout ce qui contribue au bonheur public et particulier. A ce titre, il ne poùvoit pas prendre une médiocre part a ce Dictionnaire et à l'histoire natiu'elle. Cet illustre philantrope avoit rédigé une foule d'articles intéressans , dans lesquels il décri- voit , avec beaucoup de détails , tout ce qu'il jugeoit propre à propager les usages domestiques et ruraux d'une multitude de végétaux et d'animaux. Si l'on en a resserré quelques parties , on a respecté tout ce qu'il avoit si bien et si utilement traité. Jamais perte n'a été plus profondément ressentie que la sienne par ses nom- breux amis , par les amis de l'agriculture , et par les mal- heureux dont sa grande âme embrassoit toujours les souf- frances avec tant de courage et de générosité. Aussi la mé- moire de cet homme vénérable restera éternellement gravée dans le coeur de tous les gens de hiçiu AVERTISSEMENT. Vlj PATRIN ( Eugene-Melchior-Louis ) , étoit correspon- dant de l'Institut de France et de l'Académie des sciences de Saint-Pétersbourg. Il avoit voyagé pendant dix années dans la Sibérie et la Daourie , les monts de l'Altaï et de l'Oural , s'étoit avancé jusqu'au fleuve Amur ; et , chargé des précieux trésors minéralogiques recueillis dans cette longue et savante expédition , il étoit venu en offrir l'hom- mage à sa patrie. Satisfait d'un modeste héritage , penseur ingénieux et libre , il jetoit les fondemens d'un grand édifice géologique , dont ses articles ne présentent que des parties détachées. Nous ne nous permettrons point d'en juger le mérite : il faudroit en saisir l'ensemble et la con- nexion que l'auteur ne leur avoit pas encore entièrement données ; on y trouve toujours dô l'esprit , du savoir et un grand intérêt. Il a fallu , néanmoins , ajouter beaucoup à ses travaux, et en écarter diverses portions qui n'auroient point été en harmonie , soit avec des faits plus récens , soit avec d'autres observations. Mais cet auteur conservera tou- jours en propre des recherches profondes et importantes, qui le distingueront parmi les géologues et les orycto- graphes. RICHARD {Louis-Claude), membre de l'Institut, de l'Académie des sciences, professeur de botanique à la Fa- culté de médecine de Paris, etc., est connu généralement comme l'un des plus profonds botanistes de notre siècle. Quoiqu'il n'ait publié qu'un petit nombre d'ouvrages , on sait qu'il a réuni des matériaux immenses , fruits d'un travail non interrompu de toute sa vie , qui portent l'em- preinte d'une habileté extraordinaire et des connoissances les plus philosophiques sur l'organisation végétale. Ainsi, dans la connoissance des caractères fondamentaux de la fructification et de la floraison , les grandes bases de tout le système de ce règne, M. Richard a prouvé qu'il ne le cédoit à nul savant de notre temps. L'on ne peut donc espérer d'une telle plume que des morceaux choisis et achevés , dignes de faire époque dans l'histoire de la bo- tanique. Ses voyages, ses observations .continuelles , les cours qu'il fait à une célèbre école, suffisent pour rappe- ler au public ce qu'on doit en attendre. SONNINI {Charles-Sigisbert), membre de la Société d'agriculture de Paris et d'autres associations savantes , fut VU] AVERTISSEMENT. connu d'aborJ de Buffon , et participa même à quelques travaux de ce grand homme. Il voyagea en Egypte , en Grèce , et passa en Amérique. A son retour, il publia les relations des deux premiers voyages et beaucoup d'ou- vrages instructifs sur l'agriculture , l'économie rurale et l'histoire naturelle. On lui doit ici des observations recom- mandables sur les quadrupèdes, les oiseaux, leurs chasses, la fauconnerie et les autres usages de ces animaux. Il s'oc- cupa de vastes entreprises littéraires, comme de la grande édition des OEuvres de Buffon , et de l'arrangement de ce Dictionnaire à la première édition. Un esprit brillant , un style élégant et choisi , de grandes connoissances, distin- guoient ce savant que nous avons perdu , et ne purent lui procurer le bonheur. Mais il a rendu d'importans services aux sciences; les objets dont il avoit traité ont été répartis entre MM. Desmarest et Vieillot. THOUIN {André) ^ membre de l'Institut, de l'Aca- démie des sciences, professeur et administrateur au Muséum d'histoire naturelle , est l'un de ces hommes vénérés dans les sciences qu'ils professent , et dont il suffit de citer le nom. Toute l'Europe savante connoît les travaux de ce patriarche actuel de la culture et de la naturalisation des végétaux sur le sol français : le jardinage, les arbres à fruit et leurs greffes , mille autres sujets de douces jouissances et de précieuses conquêtes pour l'homme de goûts simples et paisibles, forment la part de cet auteur, qui donne à la fois le précepte et l'exemple. La profondeur des connoissances, ré- sultat d'ime pratique immense et continuelle , met hors de pair dans sa partie ce célèbre professeur d'agriculture. TOLLARD {Claude) y membre de plusieurs Sociétés savantes , etc. , s'est occupé de culture et de recherches sur les végétaux utiles. On connoît plusieurs de ses obser- vations publiées dans la Bibliothèque physico-économique. Collaborateur de la première édition de ce Dictionnaire , il a revu avec soin ses articles pour les rendre de plus en plus dignes de l'estime générale , surtout relativement à diverses parties de la physiologie végétale, qui méritent l'attention et l'intérêt du public. VIEILLOT {Louis- Pierre) y auteur de plusieurs ou- vrages d'ornithologie, est l'un des hommes les plus recom- mandables par le zèle et la persévérance qu'il met à ses AVERTISSEMENT. IX iétucles. Peu <3e personnes s'occupent aussi spécialement de la grande et belle classe des oiseaux , que M. Vieillot ; aussi l'on peut dire qu'il lient actuellement l'un des premiers rangs parmi les ornithologistes. Il suit l'une des mé- thodes les plus naturelles que l'on ait présentées, et qui est son ouvrage. Comme il a déterminé par lui-même un grand nombre d'espèces, les plus difficiles à distinguer à cause de la variété du plumage , et qu'il a observé les mœurs et les habitudes de presque toutes celles qui se trouvent en France , dans l'Amérique septentrionale et aux îles An- tilles , on peut s'attendre à trouver l'histoire des oiseaux très-exacte et très-perfectionnée dans ce Dictionnaire. Ainsi, tous les articles de cette classe d'animaux, traités par feu Sonnini, ont été retravaillés par M. Vieillot. VIREY {Julien-Joseph), docteur en médecine, mem- bre de plusieurs Sociétés savantes, professeur d'histoire ■naturelle à l'Athénée de Paris , etc. ; collaborateur remai^ quable de la première édition , a perfectionné tous ses ar- ticles, avec d'autant plus de soin qu'ils traitent des parties fondamentales de l'histoire de la nature , de l'homme, des animaux , de leur structure , de leur physiologie et de leurs facultés. Des vues neuves, grandes et ingénieuses distinguent les articles intéressans et bien écrits de ce savant profond. YVART { Jean- Augustin- Victor) , membre de l'Ins- titut, de l'Académie des sciences, de celle de Milan, de la Société royale d'agriculture et de plusieurs autres so- ciétés, soit nationales, soit étrangères, professeur d'éco- nomie rurale à l'Ecole vétérinaire d'Alfort, etc., s'est rendu célèbre par ses travaux agricoles, auxquels il doit aussi sa fortune; et ce genre de preuve n'est pas le moindre garant de leur utilité réelle. On sait avec quelle industrie cet au- teur, éclairé par ses voyages et ses réflexions, amis en pra- tique les assolemens et la rotation si productive des cultures. Il s'occupe , avec non moins de talens , des autres parties de l'économie rurale et domestique , dans cette seconde édition du Dictionnaire, et surtout des races d'animaux les plus employés. Leur amélioration, leur multiplication , les divers usages qu'il est possible d'en tirer pour nos besoins ou nos agrémens, ne sont pas des parties à négliger ; elles doivent être traitées par ce savant avec l'habileté qu'on lui connoît. X Avertissement. Tel est le précis des objets importans que renferme cet ouvrage, qui met, pour ainsi dire, la nature entre les mains de riiomme, et l'approprie à ses besoins. L'agriculteur et le commerçant, l'homme du monde, le physicien , l'arti- san, le voyageur, le philosophe, le médecin et le savant; toute personne enfin trouvera , dans ce Dictionnaire, une foule d'objets d'utilité , d'instruction et d'amusement. Noms j par ordre alphabétique , des Auteiu^s qui ont composé les articles de ce Dictionnaire j et leur signa- ture. MM. BlOT. — BlOT. Bosc. — B. CllAPTAL. — C. ou Chap. Desmarest. — Desm. DUTOUR. — D. HUZAUD. — H. Lamarck. — Lk. Latreille. — L. LtJCAS. — Luc. Olivier. — O. Palisot de Beauvois. — P.B. Parmentier. — Parm. Patrin. — Pat. Richard. — R. SOWNIIVI. — S. Thouin. — Th. TOLLARD. — TOLL. Vieillot. — V. Virey. — Viret. YVART. — YvART. Nota. Chacun des Auteurs répond seulement des articles qu'il a signés. DETERVILLE. DISCOURS PRÉLIMINAIRE. L'Histoire de la Nature , ou la physique ge'nérale con- sidérée dans toutes ses branches , se compose d'objets vastes et sans nombre. Tout ce que nous pouvons connoître dans ce monde , n'est que la superficie des choses qui se rap- portent h nous-mêmes ; et les plus grands efforts de l'intel- ligence ne sont guère que la mesure de sa foiblesse auprès de l'univers. Lorsque nous contemplons cette voûte céleste peuplée d'astres, ces champs de l'air où se promènent les tempêtes , ces campagnes revêtues de verdure et couvertes d'animaux , ces plaines mouvantes des mers , et ces monts qui élèvent sur la terre leurs fronts couronnés de forêts , nous n'avons encore qu'une foible idée de la Nature. L'in- térieur de notre sol , les profondeurs de l'océan , le voile des cieux, nous dérobent leurs plus magnifiques trésors; les secrets ressorts qui animent les êtres surpassent toute counoissance humaine ; des puissances invisibles dirigent tous les mouvemens du monde, et président a ses constantes révolutions ; mais, du sein de ces changemens éternels , la Nature subsiste inaltérable. Cependant , elle n'est elle-même que le bras du Tout- Puissant , et le ministre de ses volontés immortelles ; c'est de la Divinité la partie qui se manifeste pour perpétuer l'existence de toutes les créatures. Saisi de respect dans la contemplation de ses ouvrages , l'homme s'élève à I'Etre Créateur ; il admire en silence ces lois immuables qui maintiennent dans les mondes l'harmonie , l'équilibre et la durée. Infatigable dans ses œuvres , la Nature vit de sa propre inconstance ; contemporaine de tous les âges , elle répand la vie et l'abondance ; c'est sa main puissante qui moissonne tous les êtres , qui les plonge dans la mort et qui les en retire pour briller de nouveau sur la scène du monde. Dieu seul , du haut de sa gloire souveraine , étend sur elle une main modératrice j et contemple l'exécution de ses ordres irré- vocables. ïlj DISCOURS Le nom de Nature est pris sous beaucoup d'acceptions différentes. S'il exprime la puissance générale , productrice de tout ce qui est , qui dirige et entretient les révolutions des astres et de la terre , qui crée et engendre sans cesse , ou change et transforme les élémens ; la Nature ne peut être , en ce sens , que la volonté divine elle-même. Sous le nom de la Nature , on comprend encore notre monde physique ou l'universalité des substances maté- rielles, tandis que ce terme signifie seulement , en d'autres circonstances , la progression de toutes choses , l'ordre et le cours dans lequel les êtres naissent et se succèdent. Enfin l'on a souvent désigné par le mot de Nature , tan- tôt le principe interne du mouvement qui fait subsister et vivre l'individu animal ou végétal ; tantôt l'essence particu- lière d'une chose ou les propriétés d'un minéral , par exem- ple ; tantôt la structure spéciale, le mécanisme d'un être , ou l'impulsion qu'il a reçue dès sa naissance , et qui résulte, soit de la vigueur de sa constitution originelle , soit de la révolution nécessaire de l'âge et du temps. Mais, quels que soient ces divers emplois du même nom , ils rattachent par cela même toutes choses au principe dont elles émanent , c'est-à-dire, a cette Nature productrice , loi fondamentale établie par la suprême sagesse pour la per- pétuité de l'univers. On la distingue ainsi du travail de l'homme , œuvre factice , souvent imparfaite , toujours pé- rissable, et qui , ne pouvant jamais se reproduire d'elle- même, soumet éternellement la créature à son créateur. Ainsi l'univers est animé, par la puissance divine , d'un esprit de vie qui le soutient , ou plutôt qui l'engendre sans cesse ; car le moment futur étant indépendant du moment actuel , si la même cause qui a créé ce monde et donné l'impulsion à toute chose cessoit , tout retomberoit néces- sairement dans le repos. Il faut donc que le monde soit tou- jours soutenu par la même puissance qui l'a formé , puis- que nous observons dans ses lois une régularité constante. Cette cause première agit perpétuellement dans les cieux comme sur ce globe. Notre existence et toutes les révolu- tions qu'elle éprouve sont la conséquence et le résultat de ces merveilleuses lois de la Nature. Ces peuples innombra- bles d'animaux et de plantes qui se partagent le domaine de la terre , puisent tous l'existence dans cette céleste source j PRELIMINAIRE. Xllj une ame générale circule dans leurs diverses espèces, et, comme un feu intérieur , les remplit de vigueur et de fé- condité ; elle crée sans cesse de nouveaux germes , et rem- place successivement les êlres organisés par le développe- ment de leurs semences. Au sein même de la terre , mille attractions diverses agitent la matière ; impatiente du repos, elle s'abandonne à toutes les affinités qui la fécondent ; semblable au Protée de la fable , elle revêt toutes les for- mes et nous dérobe sa nature sous d'éternelles métamor- phoses. C'est au milieu de cette scène toujours mouvante , que notre espèce a été placée pour sentir , admirer et con- noltre , pour élever ses regards vers la voûte céleste , et marcher sans égale et sans maître sur la face de la terre. L'homme est ainsi devenu le centre auquel tout conspire, le miroir où se réfléchit l'image de l'univers. Le bœuf regarde le ciel sans le comprendre ; la fourmi rassemble les maté- riaux de sa ville républicaine , et meurt sur ce globe sans le connoître ; il fut réservé à l'homme seul de contempler le monde , d'ouvrir le sanctuaire des sciences et de la vérité. Voilà ce qui le distingue éminemment de la brute , puisque rien ne lui attribueroit l'empire , ne le sépareroit du rang abject des animaux, sans le noble usage de son intelligence. Ses découvertes dans la nature sont d'innocentes et glorieu- ses conquêtes qui , ne coûtant ni larmes ni sang au genre hu- main , l'enrichissent , au contraire , de tous les présens de la terre. Si l'homme usoit toujours de sa raison, combien ne placeroit-il pas les précieux dons de l'étude, qui le ren- dent heureux et policé, au-dessus de la fatale gloire des con- quérans, de ces incendiaires furieux qui, après avoirécrasê des générations pour assouvir leur détestable ambition , meurent tout entiers en horreur à la race humaine dont ils ont causé le désespoir et consommé la ruine ? Combien l'homme ne devroit-il pas estimer une science qui, élevant, son âme aux plus sublimes contemplations , épure le culte et les hommages qu'il rend au grand Etre ? Nulle autre n'eu prouve , en effet, plus magnifiquement l'existence (i). (i) C'est de là que Linnaeus et les vrais naturalistes se sont niontréi? si religieux, ainsi que Newton et les plus grands philosophes. La théo- logie naturelle trouve son ])Ius ferme appui dans l'observation de la na- ture, comme le prouvent Nieuwentyt, Ray, Derham , Boyle , Svvam- merdam , Grew , Lesser, Konnet, etc. Les raisons en senjnt exposées aux articles Créature , Nature , et d'autres de ce Dictionnairt:. XIV DISCOURS Cette science nous montrant encore notre honorable des- tinée, nous fait aimer la sagesse, la justice, l'humauité et toutes les vertus , comme la voie du bonheur et le vœu sacré de la Nature. Quand ï Histoire naturelle Jleurit , les su- perstitions défleurissent , disoit Linnœus , et les crimes s'é- loignent delà terre. Salomon et les plus sages des princes firent leurs délices de celte étude , qui dissipe les erreurs , les passions cruelles. Elle accroît l'industrie et la splendeur des nations ; les petits états mêmes de l'Europe sont de- venus plus puissans, plus heureux et plus libres, par la cul- ture des sciences naturelles , que ces vastes empires de l'Asie étendant leur joug de fer sur des troupeaux de stu- pides esclaves , et amassant les trésors d'un vain luxe qui les énerve. Quoique la Nature ne nous dévoile pas toutes ses oeuvres , le speciacle du monde n'en est pas moins merveilleux. Son histoire embrasse le champ le plus vaste qu'il soit donné à l'intelligence humaine de parcourir. L'astronomie nous ins- truit de la position, des mouvemens réels ou apparens des astres , depuis les étoiles fixes , ces grands diamans de la Nature, qui étincellent dans les profondeurs de l'empyrée ; depuis -cette voie lactée où les soleils sont accumulés en lé- gions tellement incalculables qu'ils effraient la j)ensée , jus- qu'à notre système planétaire. Ici , le soleil suspendu comme une lampe éternelle h la voûte des cieux , roulant sur lui-même , voilant quelquefois sa face éblouissante de macules fugaces , lance perpétuel- lenilent les ondes vives et brûlantes de sa lumière à des dis- tances prodigieuses. Tel qu'un géant superbe environné de ses enfans , il s'avance dans sa carrière , entraînant autour de lui le brillant cortège des planètes , dont les plus éloi- gnées et les plus volumineuses sont accompagnées de satel- lites. Ceux-ci tournent autour de leur sphère principale , à peu près dans le même plan et le même sens , d'occident en orient, que suivent ces globes planétaires; tous décrivent une orbite ellipsoïde autour du centre fixe et enflammé de cet immense tourbillon , en présentant successivement aux rayons solaires leur surface dans leur révolution journalière. Le soleil retient, par l'attraction dans son système, tous ces as- tres errans auxquels il dispense la seule lumière dont ils res- plendissent. Tantôt ces orbes se rapprochent de l'astre central PRELIMINAIRE. XV dans leur périhélie , tantôt ils s'en éloignent dans l'aphélie , en balançant leur axe d'une inclinaison déterminée pendant le cours de leur année. Cette révolution annuelle est d'au- tant plus prolongée que les planètes décrivent de plus spa- cieuses orbites. Ainsi s'établit, par l'obliquité de leurs axes , la succession périodique des saisons qui réchauffent ou re- froidissent tour à tour les diverses contrées de ces sphères : mais leurs pôles, effleurés seulenaent par les rayons obliques du soleil, restent toujours plus froids que leur équateur qui reçoit plus directement des flots de sa lumière. La ro- tation plus ou moins rapide de ces diverses planètes les a plus ou moins renflées vers leur équateur, autant qu elle les a déprimées vers leurs pôles. Enfin des comètes s'avançant d'une course inégale , et quelquefois dans un autre plan que celui de l'écliptique , sortent avec de longs sillons de lumière des ténèbres de l'es- pace. Elles viennent se réchauffer aux rayons du soleil, près duquel elles passent. Enflammées alors , et déployant leur crinière flamboyante , ces messagers séculaires portent l'é- pouvante aux nations et le trouble dans les sphères qu'elles abordent ; puis, poursuivant leur immense parabole, elles vont de nouveau s'ensevelir dans les abîmes des cieux. Cependant l'harmonie règne entre toutes ces sphères de- puis l'origine des temps ; elles célèbrent , dans leur marche silencieuse , la puissance du Créateur. Qu'il est incompré- hensiblecelui qui lança les mondes dans les profondeurs de l'infini ! Qu'est-ce que le foible entendement des hommes , en comparaison de cette masse de l'Univers qu'un clin d'œil de Dieu peut écraser en poussière ! Mais en se bornant a la terre qu'il nous est donné de mieux connoître , nous y trouverons toujours d'autres sujets dignes de nos études. L'air qui enveloppe le globe , la foudre et les orages qui s'y élèvent , les eaux qui comblent les profon- deurs , les volcans qui exhaussent leurs tètes hardies et en- flammées a la surface des continens qu'ils ébranlent de leurs secousses , ces vastes mers qui mugissent sous l'effort des tempêtes , ces fleuves voyageurs qui fertilisent et arrosent nos campagnes , mille terrains qui diversifient les sites et les climats , ces riches minéraux qui se forment dans les en- trailles de la terre , comme l'or du Potose et les diamans de Golconde } ces spectacles seroient-ils indignes de la eu- aVJ DISCOURS riosité humaine? Il est cependant encore des objets plus pré- cieux et plus utiles à notre vie. Tel est cet opulent règne vé- gétal , couvrant la terre de moissons et de fleurs , ou l'or- nant de forêts ; le règne animal , plus merveilleux sans doute , vivifiant la scène du monde de ses jeux et de ses amours -, peuplant l'air d'hôtes chanteurs, la terre de vigoureux qua- drupèdes , auxiliaires de nos travaux , ou servant à notre nourriture ; remplissant les eaux de mille légions fécondes de poissons: quel magnifique et inépuisable patrimoine pour l'homme , roi de la terre , s'il savoit jouir en paix de son bonheur ! Toutefois, au milieu de ses villes, ignorant la plupart des beautés de la Nature , n'ayant peut-être jamais su voir ses grâces enchanteresses , ne connoissant , n'admirant que les minces travaux de l'industrie humaine , le citadin rabaisse trop souvent la grandeur de toutes choses au niveau de notre commune impuissance : cependant nous ne sommes que des atomes au prix de la Nature ; nos sens et notre intelligence ne mesurent point ses dimensions. Sans limites dans sa gran- deur et son pouvoir , elle parle aux temps , aux cieux , à la terre comme à un point ; elle ébranle dans sa marche les colonnes de l'univers. Il n'est pour elle ni passé ni^venir ; car les âges ne sont relatifs qu'à notre durée éphémère ; et comme elle est toujours la même , son existence n'est qu'une con- tinuité du présent et un cercle sans fin. La Nature est la reine des cieux et de la terre. Cette éma- nation du premier des êtres gouverne toutes choses avec une sagesse incompréhensible , sans être instruite que par elle-même. Elle se donne ses propres lois pour la perpé- tuité de ses ouvrages. Travaillant sans relâche , faisant tout ce qui est nécessaire , et ne produisant rien d'inutile , la Na- tiue aspire toujours à la perfection , en choisissant les voies les plus courtes, et ne se détournant jamais du but qu'elle se propose d'atteindre. Conservatrice éternelle de l'univers, elle veille sans relâche à la vie , à la guérison même des créatures , à leur reproduction , afin que rien ne soit perdu et sans usage dans le monde. Tout est mis en oeuvre par son industrie ; elle commence toujours par des germes imper- ceptibles , ou des éiémens d'une subtilité infinie , en em- ployant deux principes contraires ; elle s'avance avec ordre et gradation par des voies inconnues et internes , sàns se PRÉLIMINAIRE. XVlj hâter , si ce n'est pour détruire lés individus morts , afiu de les faire repasser a l'existence sous d'autres formes. Elle ne change point sa marche , et ne se laisse dévier que par la douce persuasion de l'hahitude ; mais elle aspire toujours à reprendre sa route antique et primitive. Elle confère di- vers emplois sur la terre a ses ministres , dont elle récom- pense les soins par le plaisir , ou châtie les fiiutes par la douleur. Tout ce qui n'est pas son ouvrage périt ou dispa- roît à la longue. Ainsi la Nature change et altère tout sur notre globe. Ces superbes portiques, ces arcs de triomphe, monumens des arts et de la magnificence des peuples, s'écrouleront un jour. Babylone et Palmyre ne sont plus ; les ronces et les serpens rampent dans la demeuré des rois ; le berger monte sur leurs décombres et les contemple en sifflant. C'est ainsi que la Nature ressaisit ses domaines usurpés. Les em- pires s'élèvent successivement sur les débris de leurs devan- ciers, et succombent à leur tour sous de nouveaux vainqueurs; chaque nation a ses âges d'agrandissement et de mort ; les époques sont marquées dans la Providence pour la chute et l'élévation des états ; et au milieu de ces bouleversemens , la main de Dieu s'élève inébranlable dans la hauteur des cieux. Cette puissance de la Nature a parlé à mon coeur un lan- gage plus magnifique que celle des hommes. J'ai considéré ces trônes, ces richesses et tout l'orgueil des grandeurs si enviées des humains : j'ai attendu un moment; je les ai vues terrassées , et les rois jetés sans vie sur la poussière comme les derniers des hommes. Comment se sont évanouis ces flo- rissans empires? ainsi que les rêves de la nuit. Que sont devenus Sésostris , conquérant du monde , et sa Thèbes aux cent portes ? Interrogez cette momie de quatre mille ans , et apprenez-moi ce qu'est un homme jeté au milieu de l'é- ternité ? Nous avons vu de nos jours la fragilité des choses humaines. Chaque siècle présente aux peuples et à leurs maîtres des retours inouïs de splendeur ou d'infortune. Quel spectacle instructif si les hommes pouvoient comprendre leurs destinées sur ce globe ! Comme la mort et les misères de la vie viennent anéantir tous les triomphes , ou corrompre toutes les prospérités! Tout doit donc périr à son tour ; et si Jes plus illustres têtes ne peuvent s'y soustraire , pourquoi XVllJ DISCOURS donner tant de prix à la vie ? ce n'est qu'une goutte d'eau dans l'Océan. Instruit de ces communes destinées, je me résigne sous cette main qui régit le monde ; j'étudie ses hautes et irré- vocables lois. Comme un voyageur altéré soupire après la fraîcheur des fontaines ; ainsi l'âme, fatiguée des traverse^ de la vie , vient se reposer dans le sein paisible de la Nature. Que le spectacle de nos sociétés est chétif auprès d'elle ! comme la pompe des rois est effacée par l'éclat d'une simple fleur! La poussière elle-même nous révèle, aussi bien que les astres de la nuit , la grandeur de la Nature. Que d'at- traits mystérieux dans son étude ! Qui tracera sous nos yeux ce merveilleux tableau des mondes , des plantes de toute espèce , des animaux dans les airs , les eaux et sur la terre , des minéraux qui s'agitent au sein du globe ? Qui nous dé- voilera ces secrets ressorts de vie , ces phénomènes perpé- tuels de génération , de renouvellement et de destruction sur la terre ? Quel est le but de tant de mouvemens ? Ces objets, dignes d'une éternelle méditation, reportent l'âme dans le champ de l'infini , à la source de la suprême vérité. Au milieu de ce torrent inévitable qui précipite les siècles dans un abîme sans limites , nous naissons , nous croissons et nous mourons sans notre participation. Pourrions-nous sortir de la vie sans avoir étudié quelques-uns de ces mys- tères , sans chercher à connoître les êtres qui nous entou- rent j et quels sont nos devoirs , notre état et notre fin ? PREMIÈRE PARTIE. Considérations générales sur le globe terrestre , le règne minéral ^ les plantes et les animaux. Vues sur la génération et sur l'organisation des corps vivans. Si l'on monte au sommet de quelque montagne, un vaste horizon se déroule de toutes parts et va se confondre dans l'azur descieux ; des forêts ténébreuses , repaires des bêtes sauvages , des campagnes , des prés verdoyans tapissent le globe terrestre. On découvre dans le lointain les.habifa- tions éparses des laboureurs , les champs du pauvre et du riche, et la fumée des villes ; là, s'étendent des plaines ar- rosées de rivières aux eaux argentées ; ici , des vallées si- nueuses suivent des chaînes de monts groupés comme les PRELIMINAIRE. Xlî nuages du ciel ; des brouillards grisâtres gravissent lente- ment sur la croupe de ces montagnes couronnées de neiges. Tel est le vieil Adas y dont les épaules couvertes de che- veux blancs supportent la voûte céleste. Tout paroît silen- cieux au loin , la lumière , les airs et la terre. A l'aspect de ces creux, de ces bosses et de ces grandes inégalités du globe, l'âme remonte vers ces anciens jours, où les continens étoient ensevelis au fond de l'Océan ; où des courans, des alluvions , des atterrissemens ; où l'enfonce- ment des cavités souterraines , les renflemens occasionés par des volcans , des tremblemens de terre, ou quelque autre force inconnue , ont bosselé et excavé sa surface. Des bancs prodigieux de coquillages , des terrains déposés par couches , des schistes , des terres calcaires , des marnes, annoncent un déluge antique et la submersion de notre monde. Sous celte croûte limoneuse, dépôt du vieil Océan , nous retrouvons les débris d'un autre monde; des forêts ensevelies , des ossemens de grands quadrupèdes , des empreintes d'animaux et de plantes de toute espèce , sont les monumens contemporains de ces anciennes catas- trophes. Les tourbes , les houilles , les bitumes , restes décomposés et transformés des substances organisées qui vivoient dans ce monde antérieur , alimentent aujourd'hui les feux des volcans. Les décombres de notre sol attestent ces révolutions ; leur trace ne sera pas encore effacée , que d'autres leur succéderont. Les coquillages qui vivifioient jadis la vase des mers sont jetés pêle-mêle dans les couches de la terre; les générations présentes y reconnoissent les dépouilles de leurs ancêtres. Déposées par une longue suite de siècles , recouvertes de limon , laissées ensuite à sec , ces couches , ces coquilles agglutinées , durcies , ont formé des terres nouvelles. Les pyramides égyptiennes , élevées depuis quarante siècles , sont déjà formées de ces coquillages , ainsi que les murs de nos palais. Toute la terre que nous habitons est composée de couches succes- sives , dépôts stratifiés de plusieurs alluvions dans une durée indéfinie de générations , avant tous les monumens histori- ques du genre humain. L'Océan change successivement son litdans le cours des âges; il corrode les continens, submerge leurs habitans avec leurs enfans et leurs moissons , entraîne les forêts sous des torrens de fange avec les animaux qui IX DISCOURS les penploient , et les fleurs qui les embellissoient j les tètes clienues des montagnes deviennent des îles, et lamei* enveloppe le globe. Plus loin, des régions sortent, comnxe de jeunes naïades , du sein des ondes ; leur terrain fangeux se dessèche au soleil ; le limon qui les couvre se change en un terreau fertile ; des colonies de végétaux , des hordes d'animaux viennent prendre possession de cette terre vierge , étonnée de sa fécondité. Quelque jour elle doit rentrer à son tour dans les profondeurs de l'Océan ; les monstres marins visiteront avec étonnement ses villes au- jourd'hui si florissantes; elles seront effacées delà terre, et l'histoire de ses habitans disparoîtra de la mémoire du genre humain comme celle de l'Atlantide. La Nature est la mère du temps ; les productions vi- vantes en mesurent la durée ; les siècles ne sont qu'un ins- tant pour elle , les étendues que des atomes , les générations successives qu'une continuité. Elle ne considère que les espèces eUnon pas les individus , représentations passagères , empreintes fugitives d'un moule permanent. Des hommes , des peuples ne sont que peu de chose aux yeux de la Na- ture ; le genre humain est tout : il subsiste, il passe comme un fleuve au travers des siècles ; tandis que les particuliers s'écoulent chaque jour dans la tombe , ainsi que les indi- vidus végétaux et animaux. Dans ce cours perpétuel des âges , les espèces subissent-elles des variations ? ont-elles aussi , comme leurs individus , des époques d'feccroisse- ment , de puberté , de dépérissement et de mort ? Leur type a-t-il varié et composé ces multitudes innombrables de races voisines par leurs caractères et leurs rapports naturels? Nous manquons^^e lumières sur les âges anté- rieurs : a peine connoissons-nous le présent. Cependant le temps , qui n'est relatif qu'aux êtres mor- tels , qui ne se mesure que par leur vie , n'est rien pour les masses brutes dont la terre est composée. Celles-ci n'ont aucune période déterminée d'existence ; les roches du commencement du monde subsistent encore aujour- d'hui ; la pierre , le minéral , contemporains des siècles , ne connoissent aucun âge. Ne pouvant pas vivre , comment pourroient-ils mourir ? leur nature est indépendante de tout ce qui les entoure ; chacune de leurs parties existe par elle-même , et demeurerait dans un état uniforme jusqu'à la PRÉLIMINAIRE. XXJ fin du monde , si nulle force extérieure n'en sollicitoit le changement. Dans l'animal et le végétal , au contraire , les diverses parties composent un ensemble individuel qui porte eu lui-même le germe de sa mort , qui naît , se nour- rit , s'accroît , engendre et dépérit. Il est ainsi deux principaux règnes sur notre terre : les corps bruts, régis par les seules forces mécaniques et chimiques, telles que l'attraction ou les affinités , la répulsion ; et les créatures organisées , vivantes , formées par génération j tels sont les végétaux doués d'un mouvement organique , et quelquefois d'irritabilité manifeste , les animaux possé- dant de plus la faculté de sentir et de se mouvoir. Ainsi, les lois mécaniques et chimiques , ou la physique générale , expliquent la formation des matières brutes ; l'étude des forces vitales , ou la physiologie aidée de l'anatomie, sont nécessaires pour la connoissance des animaux et des plantes. Le corps organisé dépend de tout ce qui l'environne ; cha- cun de ses organes influe sur tous les autres , et y corres- pond ; son existence tient à toutes choses ; il a besoin d'a- îiniens , d'air , d'eau , d'une chaleur douce pour vivre ; un rien peut le faire périr. Le moindre dérangement du globe est capable d'anéantir le genre humain avec les ani- maux et les plantes. Qui peut assurer qu'ils dureront tou- jours ? Eu effet , les corps organisés peuvent ne pas exister ; il fut sans doute une époque où la terre dépeuplée , rouloit tristement dans le champ des cieux. Sa surface , dépouillée de verdure , étoit stérile et sauvage ; un silence effravant dcsoloit ses solitudes. Ce n'éloient point ces campagnes de fleurs , ces ombreuses forêts qui la vêtent aujourd'hui ; la fontaine caillouteuse ne voyoit point croître la violette et Tamaranthe sur ses rives -, la colline ne retentissoit ni du bêlement des troupeaux, ni des concerts des oiseaux ; nulle moisson, nul bocage, n'ondoyoient sous l'haleine dés vents avec des murmures plus doux que la flûte des bergers ; tout étoit muet , désert , inanimé. La chaleur n'avoit pas ses frais ombrages ; l'œil se seroit égaré sur des monts dé- charnés , sur des plaines de sable , sur une terre vide et immense où régnoient la tristesse et la mort. L'Océan étoit un empire stérile ; la monstrueuse baleine ne faisoit point gémir l'onde sous le poids de sa masse ; mille tribus écla- tantes de poissons, de coquillages, ne peuploient pas les XXlj DISCOURS solitudes des mers. Telles doivent être les planètes , si , contre la vraisemblance , la nature vivante n'a pu y établir ses lois. Mais puisque nous voyons qu'elle a proportionné les facultés des êtres vivans aux inégalités de chaleur , de froidure, de sécheresse et d'humidité de notre globe, nous devons croire qu'elle n'a point été arrêtée par de sembla- bles difficultés dans les autres mondes. Si nous pénétrons dans les entrailles de la terre , nous verrons les métaux se combiner , les pierres s'agglutiner , les sels , les gemmes se cristalliser suivant des lois géomé- triques : nous observerons les veines métalliques dans leurs gangues, se ramifier au sein des montagnes ; le cristal de roche , l'émeraude ou la topaze s'élever en colonnes trans- parentes ; les schistes , les marbres se déposer par couches ; les spaths se grouper en brillans cristaux ; les eaux charriant des terres , se filtrer en sources vives ; les roches se fendre en cavernes ténébreuses ; les sucs pierreux se concréter en Stalactites ; les effluves, les gaz détoner avec fracas, et les mofettes concourir à la formation des minéraux. Plus loin , des soufres , des pyrites allument les volcans ; les eaux bouillonnantes se décomposent dans leurs foyers ; leurs cratères vomissent des laves ardentes , lancent aux cieux des torrens de cendres , de pierres-ponces et de fumée ; les détonations électriques se mêlent à ces éruptions , la terre s'ébranle au loin , et semble s'entr'ouvrir jusqu'aux abîmes ; l'Océan mugit , et des îles élèvent leurs têtes fu- mantes au-dessus des ondes. Peut-être une jeune épouse, assise sur quelque roche , contemple de loin ces grandes convulsions, et, écoutant leur fracas horrible, serre son enfant contre son sein. Les règnes organisés des animaux et des végétaux pré- sentent toutefois des phénomènes bien différens. Quand on examine dans le moindre insecte des yeux disposés pour apercevoir la lumière , un estomac pour digérer , des in- testins pour extraire le chyle nourricier , des membres avec des jointures , des muscles, des nerfs pour se mouvoir , des parties delà génération mâles ou femelles pour engen- drer, une trompe ou des mâchoires appropriées à chaque genre de nourritui'e, un instinct, des mœurs, une petite dose d'entendement comme dans tous les autres animaux ; comment supposer que cette organisation si ingénieuse est PRÉLIMINAIRE. XXUJ l'effet dn hasard ? Si nous apercevions au travers de notre peau les ressorts merveilleux dont notre corps est composé, nous tomberions dans l'éponvanle , craignant de nous briser au moindre mouvement. Tant d'os , de vaisseaux , de fibres , et de membranes; tant d'humeurs et de tendons, de viscères, deglandes; tant de communications, de diverses contextures, de canaux , de pores , d'articulations et de ramifications ; une mécanique aussi savante et aussi incompréhensible , nous raviroient en admiration. La plus petite mousse comme le pins grand arbre, le moucheron comme la baleine, n'ont- ils pas des organes disposés avec un art et une prévoyance extraordinaires ? Toutes leurs parties n'ont-elles pas entre elles des rapports et des actions réciproques ? N'ont-elles pas des relations de figure et de mouvement avec les subs- tances qui les entourent ? Des racines ont été formées pour s'imbiber des sucs de la terre ; des feuilles pour exhaler la transpiration et aspirer l'air , en s'y tournant , s'y dé- ployant , s'y fermant h leur gré ; des pistils pour recevoir telle poussière fécondante ; des étamines pour la produire et la lancer , etc. Dans les animaux , la bouche , les dents , les yeux , les oreilles , les membres , l'estomac , les organes sexuels , mâles ou femelles , ne sont-ils pas tous en rapport si exact et si nécessaire avec les besoins de chaque être , qu'ils ne peuvent convenir à nul autre sans bouleverser toute sa constitution ? Tout se lie à chaque partie ; chacune d'elles nécessite ou exclut telle autre. Si le hasard eût construit les insectes et les plantes , comment les sexes mâles se seroient-ils si exactement rapportés dans chaque espèce aux sexes femelles , pour engendrer des individus toujours semblables? Comment le fourmi-lion auroit-il appris seul à creuser sa trémie dans le sable pour y faire tomber sa proie ? Pourquoi la perdrix eût-elle contrefait la boiteuse et exposé sa vie pour éloigner le chasseur de ses petits ? Qui eût enseigné aux crocodiles nés dans l'aban- don , à épier leur proie , immobiles dans l'eau et couverts de fange comme de vieux arbres pouris ? La manœuvre du moindre insecte , aussi habile dès sa naissance que ses parens , la struclurç et le développement d'une mousse , suffisent pour confondre l'homme le plus savant , et le con- vaincre de l'existence d'une force infiniment puissante et sage. Que l'entendement humain estfoible , s'il est accablé XXIV DISCOURS d'un vermisseau ! Mais ce n'est rien encore qne âe comp- ter tous les muscles et les nerfs d'un animal;. nous ne voyons que des objets morts, tandis que la Nature pénètre la matière au vif en tous^sens. Qui nous dévoilera les mys- tères de la vie d'une seule fibre ? Comment la matière peut-elle sentir de la douleur ? Comment ma volonté fait- elle mouvoir mon bras? Commentée pain va-t-il se chan- ger dans mon sein en chair vivante et sensible ? Quelle puissance, dans l'animal, veut, agit, se détermine? Pour- quoi ce sentiment aveugle , cet impétueux instinct d'amour qui s'allume de lui-même dans tout ce qui respire ? Qu'est- ce que ce mystère inconcevable de la génération ? Toutes ces merveilles se renouvellent pourtant chaque jour sous nos yeux ; la seule habitude nous les rend indifférentes. Lorsque les astronomes dévoilent à nos regards , dans le télescope, les soleils lointains de l'empyrée et l'immen- silé des cieux , nous tombons stupéfaits et épouvantés , comme a l'aspect de Dieu même , par la magnificence de ses oeuvres. Mais si le naluialiste , à l'aide du microscope, nous fait descendre dans un autre univers , non moins in- concevable par son exiguité que le premier par son éten- due , nous nous trouvons comme suspendus entre ces deux abîmes d'infinie grandeur et de petitesse presque imper- ceptible. Il n'y a peut-être pas moins de difficulté dans la construction de l'œil d'un ciron ou de ses viscères , avec ses diverses membranes et toutes ses parties , que pour la formation d'un globe céleste. Newton et Huyghens prou- vent Dieu par des soleils et des mondes; Swammerdam ou Réaumur le démontrent par des moucherons et des vermis- seaux. Que ceux qui veulent prendre quelque idée de la Nature , descendent dans ses profondeurs , s'ils nient nue prévoyance éternelle dans cet univers ; qu'ils considè- rent cependant qu'elle veille à la production , à la vie du moindre insecte , non moins qu'à la course des astres. Quelle foible idée avoient donc de la souveraine puis- sance, ces philosophes qui ne vouloient pas qu'elle s'oc- cupât de déployer les pétales d'une fleur , ou l'aile d'un papillon , comme si ces soins étoient au-dessous de sa grandeur ? N'est-ce pas se représenter la Divinité telle qu'un roi confiné dans les impénétrables appartemens de ses palais , distribuant ses ordres à ses ministres , et aban- PRELIMINAIRE. XXV dor-nant les détails inlinis de son empire a des subalternes, faute de pouvoir les embrasser tous par lui-même , ou pour se réserver des loisirs exempts de toute importunité? Mais telle est l'immensilé de la puissance divine , qu elle remplit nécessairement tout l'univers , qu'elle agit aussi bien dans le moindre grain de poussière que dans un soleil. Par rapport à l'Etre universel , il n'est ni grandeur ni pe- titesse absolue , et l'esprit de vie comble également tous les espaces comme tous les temps. Quelque admirables que soient ces différens objets , la Nature nous offre cependant bien d'autres spectacles. Ne voyons-nous pas comme tous les âges marchent à la suite les uns des autres en se tendant mutuellement la main? L'enfance, accompagnée des folâtres jeux , des innocens plaisirs, pré- cède la jeunesse ; celle-ci ardente, présomptueuse, parée de toutes les pompes de la beauté et de l'amour , se préci- pite au sein des voluptés. L'âge mûr lui succède, entouré de sagesse , de prudence et de soins inquiets ; la vieillesse, courbée sous le faix des ans , se traîne obsédée de tris- tesse et de regrets ; elle vient , en tremblant , heurter à la porte de la mort, et lui demande un asi!e éternel. C'est là que se termine cette grande procession de la vie , de- puis l'aurore de la naissance jusqu'au soir de nos jours. Nous tournons en vain nos regards vers cette douce saison de l'enfance , pour les écarter de la triste perspective de l'existence , qui ne nous montre à son extrémité qu'un tom- beau. Nous sommes tous voyageurs sur celte terre, avec les fleurs des prés et les animaux des bois ; encore quelques jours , et il sera temps de nous reposer. Nous nous endor- mirons d'un sommeil éternel en rendant notre corps aux élémens , comme un vêtement inutile et usé , et en repor- tant notre âme à la Divinité dont elle est une émanation. Cependant la mort semble n'être qu'une vie sourde et cachée , une pause de la Nature fatiguée , un sommeil ap- parent de la matière, dont la génération est le réveil. La reproduction et la destruction sont les deux fleuves par lesquels s'écoule et reparoît successivement la matière or- ganisée. Il n'est point de mort complète dans la Nature , mais un état perpétuel" d'exaltation et d'abaissement dans les forces de la vie. La Nature animée est un tourbillon immense dans lequel la matière organisée circule sans XXVJ DISCOURS relâche, et ne monie au faîte de la vie que pour descendre dans les profondeurs delà mort ; car l'une est le résultat nécessaire de l'autre , et aucune ne peut exister indépen- dante. En effet , les corps oiganisés , soit animaux , soit végé- taux , possèdent des attributs qui les isolent des masses brutes et minérales. Prenez la pierre la mieux cristallisée , la substance brute la plus analogue au plus imparfait des végétaux : quelle distance ne mettent pas entre eux la vie organisante, la génération, la nutrition et la propriété de se détruire spontanément ? Quand la structure seroit la même, ne se trouve-t-il pas des distances infinies entre leurs ma- nières d'être ? Le corps vivant est alimentaire , organisé , corruptible ; il obtient seul la vie , la nutrition par intus- susception ; il se reproduit , il jouit d'un instinct , d'une mobilité particulière ; la masse brute ne peut ni engen- drer, ni alimenter et se corrompre, ni sentir, vivre et mourir. Son existence ne sort point de sa sphère; elle se maintient par sa propre inertie \ elle est réfractaire à toute excitabilité , a toute génération , h toute vie ; tandis que le plus simple des animaux et même des végétaux jouit de toutes ces facultés. En effet , comment le fer deviendroit- il sensible , et la roche pourroit-elle ressentir l'amour ? Comment deviendra mortel cet or incorruptible? Quelles fibres contractiles naîtront jamais dans le caillou? La mort même ne confond point les corps organisés avec la ma- tière inanimée. La destruction d'un animal , d'une plante , ne les range point éternellement dans le règne des miné- raux ; ils appartiennent toujours au domaine de l'organi- sation ; ils peuvent repasser à la lumière de la vie en ser- vant de pâture aux créatures animées. La pierre, le métal, le sable , la terre pure , les sels minéraux , toutes les subs- tances non organisées , ne pouvant pas nourrir les corps vivans , sont incapables d'en recevoir la vie. Celles qu'on rencontre dans les animaux et les plantes n'y deviennent pas contractiles , sensibles et vivantes comme les autres parties; leur nature ne s'y transforme point, elle y conserve son type inaltérable ; tandis que les matières nutritives , les débris des corps qui ont vécu , reprennent l'organisation et la vie , s'incorporent aux animaux et aux plantes , et re- construisent des organes qui tendent à se détruire. Les corps PRÉLIMINAIRE. XXVI j vîvans se nourrissent donc de corps qui ont déjà vécu. Il faut être composé de molécules alimentaires pour fournir nn aliment ; il faut avoir été organisé pour être capable de s'organiser de nouveau. Les i estes des animaux et des végé- taux servent à la nourriture des corps vivans. La plante ne peut pas fleurir et fructifier dans le sable pur, exempt de tous les matériaux quelconques des corps organisés ; il lui faut du terreau , des débris de végétaux ou d'animaux , une eau cliargée de leur extrait : le ver de terre ne se nourrit pas de sabie , de craie , d'argile pures , mais des molé- cules végétales et animales qui y sont mêlées ; il rejette tout le reste. Il suit de la qile les corps animés recberchent l'ali- ment et la vie dans les substances organisées ou qui ont vécu. Non-seulement la vie émane de la génération , mais elle se conserve, elle se fortifie en ramassant dans toutes les matières organiques les étincelles éjjarses , pour ainsi dire , de la vie , qui s'y rencontrent encore. Cette vitalité est, pour les substances qui ont existé, une sorte de levain , un ferment capable de les ressusciter. Les machines orga- nisées ne se peuvent réparer qu'avec des débris d'organes; elles retournent sans cesse de la destruction au renouvelle- ment. Les animaux que nous tuons pour les dévorer , se transforment en notre propre chair; lorsque nous mou- rons , notre corps sert à son tour de nourriture aux autres êtres. Nous sommes immolés , en quelque sorte , aux gé- nérations futures ; de même que les générations passées nous ont été sacrifiées , puisque nous sommes composés de leurs débris. L'herbe peut ainsi se transformer en chair, commela chair peut redevenir herbe ; l'une et l'autre sont des modifica- tions d'une même substance qui merche sans cesse de mé- tamorphoses en métamorphoses: aujourd'hui fleur brillante, demain cadavreinfect; ici, monstrueux éléphant ;là, insecte imperceptible. Tout circule et se change, rien ne se perd pour toujours. Inaltérable dans son essence , la matière vivante est assujettie à de perpétuelles modifications. La vi- talité n'est point personnelle aux individus ; appartenant en général à la matière organisée, elle se dépose momen- tanément dans chaque être pour passer dans de nouveaux individus; elle voyage de corps en corps par la nutrition et la génération , communs réservoirs de toutes les subs- XXVllJ 1) ISCOURS lances altérées de cette boisson de vie ; c'est là que toutes viennent la recevoir et la rendre. La mort sert à la vie ; et comme pour vivre il faut détruire , plus il y a de des- tructions, plus il peut se produire de nouvelles générations. C'est la mort qui prépare des alimens à l'existence , des matériaux pour la reconstruction de nouveaux êtres ; elle est le berceau de la vie, et c'est du monde invisible que sort notre monde visible. La matière est mue par deux ressorts contraires : la an'e qui la réunit en corps , et la 7nort qui la divise et la brise. L'une est la loi de nutrition et de géné- ration, l'autre est celle de décroissement et de destruction. Ce sont les deux pôles autour desquels roulent sans cesse tous les êtres. Il falloit que la multiplication des êtres, en effet, con- tre-balancât leur destruction ; et l'un comme l'autre de ces p;rands résultats étoit pareillement nécessaire. Si rien n'eût limité le débordement inouï de la fécondité dans le pois- son ou l'insecte qui pullule par milliers chaque année ou dans l'arbre et l'iierbe qui prodiguent leurs semences , l'univers seroit bientôl encombré de créatures qui ne pour- roient pas vivre , parce qu'elles ne pourroient pas s'entre- détruire pour leur nourriture. La mort est donc la consé- tjuence nécessaire de la génération ; l'une soutient l'autre. Kugendrer, c'est mourir à soi-même; et périr est retourner en de nouvelles existences. Plus un être est foible et péris- sable dans la nature , plus il est fécond , comme l'insecte chétif ou la plante foulée aux pieds, comme toute créature dévouée à la pâture journalière des plus puissantes espèces. Ainsi s'est établie une hiérarchie naturelle dans le sys- tème des êtres organisés. La terre ou le sol est la matrice commune de laquelle cuit germé toutes les productions vi- vantes ou végétantes. Les créatures primitives , les algues , les lichens et les mousses sont comme les peuplades originel- les, les colons qui d'abord pré|)arent le terrain ; les plantes céréales, comparables aux laboureurs, vinrent ensuite ensemencer les campagnes , que des herbes à fleurs bril- lantes , des liliacées,des labiées , des jasmiaées, peuplèrent l)ientôt comme d'heureux citadins. Alors s'élevèrent les arbres , noblesse orgueilleuse, éclatans dignitaires du règne végétal, et au milieu d'eux eniin s'élancèrent les hautes têtes des palmiers couronnes de feuilles et de régimes de PRÉLIMINAIRE. XXIX fruits , comme les princes et les rois de ces nations in- nombrables des plantes et des fleurs. Mais ensuite il a fallu que plusieurs animaux herbivores aient été créés pour re- trancher l'exubérance et le luxe du règne végétal; les uns ont déterré les racines, d'autres se sont repus du feuillage ; d'autres plus délicats , tels que des oiseaux et de brillans insectes, ont préféré les fruits savoureux ou les semences. Toutefois ce règne de^s fleurs, muet et sans défense, eut été dévasté par d'innombrables déprédateurs , si la Nature n'eût pas maintenu un sage équilibre en créant les animaux car- nassiers qui compriment à leur tour la surabondance des herbivores. Enfin ces hôtes paisibles des campagnes eussent été sans doute exterminés un jour par des races sangui- naires, si l'homme, maître et souverain , n'eût paru le der- nier pour établir l'ordre et un équilibre général de pon- dération , en attaquant tour a tour chacune des espèces surabondantes et nuisibles. En effet, nous vivons également de substances végétales et animales ; nous détruisons les car- nivores malfaisans par rivalité , nous faisons peser la dépo- pulation sur les végétaux et les animaux herbivores , et le sceptre de notre puissance soumet à peu près uniformé- ment tous les règnes. La prévoyance de la Nature eût-elle été trompée en confiant à l'homme l'empire sur toutes les créatures ? n'au- roit-elle pas eu à se repentir de son indulgence en laissant accroître sans mesure notre suprématie à leur détriment ? Je ne sais si les famines et les pestes ne rétablissent pas suffisamment l'équilibre en diminuant le poids de notre despotisme sur la terre ; mais l'homme encore a pris soin de détruire l'homme dans ses horribles guerres , et de venger ainsi par ses propres fureurs ses attentats envers la Nature; il féconde de son sang ces campagnes qu'il a dé- vastées , comme il livre ses cadavres aux bêtes féroces avec lesquelles il a rivalisé de cruauté. Toutefois, cette hiérarchie générale n'est - elle donc qu'une guerre éternelle de tous les êtres contre tous les êtres, depuis l'araignée qui dévore la mouche, jusqu'au lion qui enfonce ses griffes dans le flanc du quadrupède , jus- qu'à l'aigle qui déchire la colombe , et au requin s en- graissant , dans les ondes , des timides poissons qu'il pour- suit ? Tout est lutte et querelle ; chaque être ne subsiste XXi DISCOURS que de déprédations , et souvent de crimes. Le droit ter- rible de la force est la plus antique des lois et le ministre de la nécessité par laquelle toutes choses marchent et s'opèrent dans l'univers. Quoi! cette Nature si bienfaisante, cette mère tendre de tous les êtres, qui les allaite et les nourrit avec un soin si gé'îcreux , avec une prévoyance si affectueuse, c'est donc pour les immoler un jour à d'autres êtres qu'elle a doués d'un instinct atroce de sang et de carnage ? Elle a dit au tigre : Va dévorer l'innocent agneau ; je te donne des dents et des griffes pour le déchirer vivant ; tu te délecteras avec une affreuse joie en broyant ses chairs palpitantes, en lui arrachant le coeur ! La Nature ne formoit - elle ces douces créatures que pour leur faire subir la mort la plus douloureuse ? Quel exemple pour l'homme, et com- bien il a su depuis long-temps en profiter, même à l'égard de ses semblables ! Sans doute ces lois rigoureuses, inévitables , étoient né- cessaires, puisque nt\l être ne pouvoit subsister sans en détruire d'autres pour sa nourriture, ni engendrer sans devenir en même temps sujet à la mort. Et puisque tout ce qui vit doit également subir cette destinée , le temps que chacun passe a son tour sur le globe est de peu d'im- portance , par rapport à la Nature. On donne la mort et on la reçoit , comme l'on donne et l'on reçoit la vie ; l'une est le prix r.éccssaire de l'autre. Ainsi tout circule et s'en- chaîne ; rien ne reste inutile dans le monde. Si le tigre dé- vore l'agneau , il périra lui-même à son tour , victime de la rage d'autres animaux, ou malheureux dans sa vieillesse. L'-être qui soufx"re étant aussi le seul qui puisse jouir ; la sensibilité étant également confiée pour le plaisir comme pour la douleur aux animaux, la rétribution de ces sen- timens qui nous paroît si horriblement inégale parmi nous, est, par nécessité, équitable dans l'irnivers. Nous accusons trop souvent la Nature , des maux que nous nous imposons nous-mêmes par tant d'institutions insensées ou par une vie de désordre et d'excès. Non , sans doute, la Nature pro- ductrice , et la bonté suprême dont elle émane , n'avoient pas intérêt à créer le mal sur la terre ; mais l'homme qui se fait centre , et qui veut que tout conspire à son bonheur par la ruine même des autres créatures ; l'homme regarde PRELIMINAIRE. XX\J comme injustice, comme un mal réel, tout ce qui con- trarie les intérêts de son égoïsme. Cependant la Nature ne l'avoit couronné roi du monde que pour exécuter des lois justes, et à condition qu'il y seroit subordonné lui-même. A quels titres, en effet, les autres créatures devoient-elles s'immoler à ses caprices et même à ses in- térêts? Toutes ont obtenu des droits égaux à la vie , puisque leur existence a été jugée nécessaire. Toutes concourent à l'économie du monde , et celles qui sont immolées sont: vengées par la loi réciproque du talion, de la part d'autres êtres. Il est une multitude de végétaux et d'animaux qui semblent destinés à préparer seulement des nourritures à des créatures plus nobles et plus accomplies ; ces êtres éla- borateurs, ces utiles intermédiaires nous expliquent les voies de la Nature ; ainsi le chardon, qui nous paroît superflu alimente le quadrupède patient et laborieux qui supplée au clieva^ ainsi le vermisseau, l'insecte aquatique , sont la pâture dupoisson qui doit servir ensuite à nos festins. Si tout ne nous est pas immédiatement utile, tout le peut devenir en pas- sant par ces filières progressives d'organisation et d'éla- boration. C'est ainsi que dans la nature , rien n'est à négliger ; les plus petites choses se rattachent aux plus grandes par des nœuds si intimes et si multipliés, que le système général ne forme qu'une trame immense; admirajjle contexture qui montre la sagesse de son sublime auteur. Il en sera die même si nous contemplons la produc- tion successive des créatures organisées. Une telle re- cherche n'est pas indigne des regards du naturaliste. Ne voyons - nous pas que chaque être s'élève par gra- dation des ténèbres du néant à la lumière de l'existence - que l'embryon commence sa vie par une espèce de vé- gétation dans le sein maternel ; qu'il s'anime et s'épanouit chaque jour davantage ; que dans l'enfance , 1 homme n'a guère que les facultés de l'animal ; mais qu'il se développe et se perfectionne ensuite ? De même, les corps organisés nous découvrent une gradation successive de conformation et dévie. Quelle merveilleuse harmonie enchaîne l'ani- malcule microscopique à l'homme, et la mousse imper- ceptible au vaste cèdre ? Qui nous dévoilera ces sublimes XXXlj DISCOURS concordances qui réunissent les plantes aux animaux ? Comment tous les êtres vivans se rapprochent-ils entre eux par tant de liens et de ressemblances fraternelles ? Rien n'est isolé dans le monde organisé. La Nature ne fait point de saut brusque , ne brise point sa chaîne par une inler- ruption complète ; elle passe graduellement d'une foible vie à une vie plus complète et plus agrandie , soit dans le règne animal , soit dans le règne végétal ; mais elle a sé- paré ceux-ci des masses inanimées. C'est donc parmi ces brillantes tril)us de végétaux et ces légions d'animaux de mille variétés , qu'il faut contempler cette admirable échelle de vie. Ces deux règnes viennent confondre leurs limites dans une source indécise et com- mune, dont on trace à peine la ligne de séparation. Il sem- ble qu^il existe des plantes à moitié animales, comme des animaux à moitié végétaux. C'est par leurs bases que ces êtres viennent se rattacher j et comme la Nature marche toujours du simple au composé, les premiers corps or- ganisés sont aussi les moins compliqués. (Considérez, en effet, que les plantes ne se rapprochent pas des animaux, ni les animaux des plantes, par leurs espèces les plus composées, mais par les plus simples. Les premiers anneaux de la chaîne végétale sont formés des algues, des champignons, des mousses, comme le premier échelon delà vie animale est formé par les animalcules infusoires , les polypes et les zoophyles. Si les deux règnes viennent se réunir par Feui's ôlres les moins parfaits , ils s'éloignent entre eux par leurs races les plus nobles et les mieux caractérisées. Un qua- drupède est plus différent d'un arbre , qu'un polype ne l'est d'une algue. A. mesure que les plantes se perfection- nent, elles s'éloignent du règne animal; et h mesure que les animaux sont plus accomplis, plus parfaits, ils s'écar- tent davantage de la nature des plantes. Le règne végétal se perfectionne en passant graduellement des algues aux champignons, aux mousses, aux fougères, ensuite aux cypéroïdes , aux graminées , aux liliacées , et de celles-ci à toutes les autres familles de plantes, telles que les labiées, les fleurs composées, les ombellifères , les crucifères, les Hialvacées, etc., enfin , de ces dernières aux rosacées, aux papilionacées et aux grands arbres qui terminent la fttjrie végétale. Il en est de môme des animaux , dont les PRÉLIMINAIRE. Xxxiij ïrioins compliqués ou les plus naturels (i) sont les zoo- phytes, qui semblent n'être qu'une sinij^le gelée vivante ; ils sont suivis des vers, des innombrables insectes, des co- quillages et des autres mollusques. De ceux-ci l'on remonte aux poissons, ensuite aux reptiles , puis aux oiseaux, à la classe des quadrupèdes, et enfin à l'homme qui est la dernière assise de celte grande pyramide de vie. C'est donc à leurs bases que se réunissent les deux règnes or- ganisés ; et ils poussent , chacun de leur côté , une longue lige de productions , compliquées de plus en plus à mesure qu'elles s'élèvent davantage. Ainsi la Nature, ayant pris pour fondement une substance vivante très-simple , Ta modifiée graduellement, l'a revêtue de nouveaux organes , enrichie de qualités plus relevées , l'a perfectionnée , l'a compliquée > en a formé enfin les plus nobles espèces. Ce- pendant toutes ses oeuvres sont également parfaites relati- vement à leur propre constitution. Le ciron et la moussé sont pourvus de toutes les parties nécessaires à leur existence; rien ne leur maiique ; ils ne sont pas plus disgraciés dans leur espèce que nous-mêmes. Comme nous sommes placés à l'extrémité du règne animal, nous regardons de notre point de vue tous les autres êtres : mais ce n'est pas le plan de la Nature ; elle ne connoît ni premier ni dernier ; elle voit chaque être à une égale dislance ; et chacun d'eux plus ou moins organisé, jouit de toute la plénitude de sa vie. Si la Nature marche progressivement du simple au composé, ses premières ébauches de vie purent être ces productions ambiguës ou végéto-animales ^ telles que les animalcules microscopiques , les polypes , les algues , les madrépores , les champignons et mille autres substances foiblement organisées. Ils marquent , pour ainsi dire, ses tâtonnemens , ses essais d'organisation j car il y a beaucoup d'apparence qu'ils ont été produits les premiers à l'origine des siècles , et lorsque la terre , fécondée par la main de son (i) De même que l'homme le plus naturel es,t le moins perfectionné^ les animaux les plus impartaits semblent être les plus naturels j il entre moins d'influence étrang("^re dans leur existence que che» ceux qui jouissent de facultés acquises et de déterminations volon- taires. Celles-ci peuvent, en effet, contrarier l'instinct naturel, ou l'impulsion innée , surtout dans l'état de société et de domesticité, ou par des habitudes étrangères aux lois primitives de cLaque espèc» d'animal ou de végétal. XXXIV DISCOURS Créateur, commença à développer ses germes cle vie au sein de riinmidité et de la chaleur. Ils sont donc les plus anciens habilans de notre planète , comme l'alteste l'im- mensité des débris des madrépores et des coraiix qui en- combrent le fond des mers , qui s'entassent en bancs , qui se groupent en rochers , en îles calcaires, et qui paroissent avoir amassé , dans une longue suite d'âges, la plus grande partie de la terre calcaire de notre globe. Sur les confins des eaux et des terres, dans la fange inabordable et le limon antique de l'Océan , naquirent en même temps des générations innombrables d'algues, do champignons et d'autres productions informes , qu'un seul iour voyoit éclorect décomposer tour h tour, pour se refor- . mer de nouveau. Telle fut la première époque de la nature vivante , lorsque la terre, presque toute noyée d'eaux , n'eut pas encore vu naître les races plus parfaites ou mieux or- ganisées, qui se développèrent dans la succession des temps. La seconde période dut être marquée par la formation d'animaux et de plantes d'un ordre supérieur h ces élémens primitifs de l'organisation végéto-animalc ; c'est alors que sortirent de la vase fécondée ces innombrables coquil- lages , dont les débris et les ruines couvrent les continens et attestent encore aujourd'hui la prodigieuse miilliplication ; des lichens , des mousses, des plantes aquaticjues s'engen- droient successivement dans ce même âge de la Nature. Nous rapporterons à une troisième époque la production des animaux ot des plantes d'une organisation encore plus composée; la terre dut commencer, en ce temps, à se couvrir d'herbes et se parer de verdure pour la première fois : les stxes se séparèrent dans les animaux , les organes se multiplièrent, se prononcèrent davantage; quelques lueurs admirables de l'instinct commencèrent à poindre , à mesure qu'une main divine enricliissoil de nouvelles fa- cultés la matière animée. De giands arbres élancèrent, pour la première fois , leurs cimes orgueilleuses et leurs bras vigoureux dans les airs. Des changemens bien supérieurs encore durent se re- marquer à une époque plus rapprochée de nous ; les grandes espèces d'animaux et de végétaux furent successi- vement créées. La terre opulente et féconde s'enorgueil- lissoit déjà des habilans que la suprême Providence aroit PRELIMINAIRE. \\\\ parsemés à sa surface. L'écho étoit étonné alors de s'en- lendre interroger pour la première fois par la voix du quadrupède , et de s'attendrir aux accens de l'oiseau. Enfin , la dernière époque est celle du monde actuel et de la création du genre humain , après ces multitudes d'a- nimaux, d'arhres et de plantes qui peuplent toutes les con- trées de la terre, et qui préparoient d'avance le magnifique liéritage de notre race. Ces diverses péi'iodes de la matière organisée sont marquées par les divisions naturelles des classes d'animaux et de plantes , dans lesquelles on observe une gradation successive d'organisation. Chaque classe an- nonce l'époque où elle a été créée, et représente l'âge de la nature vivante. De même que le développement des di- verses parties du corps humain est toujours proportionnel à ses progrès dans la carrière de la vie , ainsi les zoophytes et les polypes représentent l'enfance de la nature vivante ; mais la création de l'homme annonce l'époque de sa pu- berté. Peut-être ne devons-nous pas borner la puissance divine à cette cinquième époque et à la production de l'es- pèce humaine. Pourquoi ne pourroit-elle pas créer quelque jour des races plus nobles et plus dignes que nous de con- noître et d'admirer ses ouvrages? Pourquoi ne sorliroit-il pas de nos propres entrailles des génies plus élevés, des êtres plus magnanimes , dans un lointain avenir? Alors nous descendrions au second rang , et le sceptre du monde se- roit ôté de nos mains pour passer en d'autres plus capables de le tenir. Chacune des espèces d'animaux le reçut à son tour , à mesure que la Nature s'élevoit progressivement au rang qui leur étoit réservé. Si la Nature vivante se détruisoit par les mêmes nuances qui l'ont accrue, nous verrions d'abord s'éteindre la race humaine blanche , puis la race nègre , ensuite les singes et les autres quadrupèdes , enfin , les oiseaux . les reptiles , les poissons , etc. Le règne végétal s'éteindroit dans la même progression, et le monde re- tourneroit à sa première enfance. Dans plusieurs milliers d'années (et ce n'est rien auprès de l'éternité de Dieu) , la terre verra succéder sans doute des changemens ultérieurs à ceux qui se préparent, dans les destinées futures de notre planète. Quels êtres bizarres , quelles formes inouïes d'ani- maux et de végétaux sortent déjà de ce continent , encore ignoré , de la Nouvelle-Hollande ! Quels prodiges sont ré- X\X\j DISCOURS serves aux regards de nos descendans, aux autres siècles d» la race Luinaine ! Nous he devons point juger de la force entière de la Nature par la portion que nos foibles moyens nous per- mettent d'entrevoir ; nous ne l'étudions que depuis quelques jours dans ce monde. Combien d'âges sont ensevelis tout entiers dans une nuit élernelle ! Enfans du temps qui nous dévore , les instans présens paroissent tout ; mais le passé et l'avenir qui décroissent comme les distances , se dérobent à la courte vue des hommes. La Nalure est une sphère in- finie dont nous n'apercevons qu'une petite surface h la fois, et jamais l'intérieur. Elle prodigue les masses et les temps dans son immortelle durée ; rien ne l'arrête , puisqu'elle dispose de toutes les puissances du grand Etre dont elle est le ministre ; tandis que la mort nous presse , nous poursuit sans cesse dans la carrière de la vie , jusqu'à ce qu'elle nous ait atteints et immolés. Mais les faits subsisteront : transmis d'âge en âge , nos travaux deviendront à leur tour d'an- tiques assises sur lesquelles s'élèvera le haut édifice des êciences et de la civilisation. Dans la chaîne de vie qui rassemble tous les corps orga- nisés il est une loi première et fondamentale de laquelle dépendent toutes les autres , loi permanente , inaltérable , dont les qualités accessoires peuvent seules varier sans en interrompre le cours. Cette loi de vie consiste dans la 7iu- trition intérieure ^ la génération et la destruction; fonc- tions universelles et uniformes dans tous les êtres. Le mode particulier de ces fonctions, la conformation des organes qui les exécutent , la manière d'être de chaque individu et de chaque espèce , l'état spécial de chaque partie, peuvent éprouver des modifications et des altérations sans nombre , eurlout dans les parties extérieures toujours plus exposées que l'intérieur aux chocs et aux froissemens ; mais le plan primitif n'est point changé , parce que la vie est attachée h son intégrité. On peut ainsi distinguer deux ordres de fa- cultés dans les corps animés ; les unes , essentielles et générales , constituent le fond de la matière organisée , et les autres sont particulières à chaque espèce et même à chaque individu. Pareillement, la pesanteur est unepropiiété miiverselie des corps \ mais l' attraction chimique est ua« PRELIMINAIRE. XXVXlj propriëté spéciale, modificatrice de chaque genre de ma- tières inanimées. La même loi qui a présidé à la formation , à la nutri- tion , à la reproduction et à la mort d'un polype , d'un champignon , concourt à celles d'un quadrujîèdo et d'un arbre. En remontant du polype jusqu'à l'homme , de la mousse jusqu'au cèdre , on retrouve partout ce plan ori- ginel de la Nature ; toute la série de ses productions vi- vantes n'en est que l'admirable développement. Gomme les êtres les plus simples sont aussi les premiers formés , les plus naturels , les plus vivaces et les plus féconds , ils doi- vent être considérés comme les élémens , les radicaux de tous les autres. Le polype ou le zoophyte constitue en quel- que sorte l'essence du principe animal, comme la plante la plus simple est le germe élémentaire , la racine primitive de tout corps végétal. Toutes les complications d'organes , toutes les perfections postérieures à cet élément de vie ^ sont des constructions externes , des enveloppes surajoutées qui n'altèrent point le type primordial. Lorsque la Nature a multiplié ses combinaisons vivantes, elle a entouré cette base centrale d'organes moins importans , comme d'une écorce plus ou moins modifiée et perfectionnée. Ainsi l'on peut ramener l'être le plus composé à l'état le plus simple , en le dégradant successivement , eu le décomposant couche par couche. Par exemple , en modifiant par nuance le corps de l'homme, on en tirera la figure du singe, puis celle du quadrupède , de l'oiseau ; ensuite du reptile , du poisson , du ver , et on le ramènera enfin au type originel. On re- construira de même , par la pensée , un corps d'homme eu ajoutant, suivant leur ordre , toutes les pièces , tous les or* ganes qu'on aura supprimés , et en leur rendant graduelle- noient leur première forme. Ce phénomène s'exécute dans la génération , qui est en petit ce que la création des corps vivans est en grand. Les facultés morales des êtres éprou- vent même des dégradations et des perfectionnemens qui coïncident avec ceux de leurs corps. En effet , les mouve- mens , les habitudes , les combats , les amours , les prin- cipes de conduite de chaque animal , dans le cours de sa vie , ne sont point le produit de sa volonté, mais le résultat nécessaire de sa structure. Ainsi, la taupe doit vivre sou» terre , le héron entre les roseaux des marécages , la cou^ XXXviij DISCOURS leuvre sous les pierres des buissons , et la lamproie contre les rochers de la mer. C'est la conformation qui fait courir le quadrupède , voler l'oiseau , ramper le serpent , nager le poisson. C'est la sensibilité trop vive des yeux des chauve- souris , des chouettes, des papillons-phalènes qui, les offus- quant pendant le jour , les force à devenir nocturnes. Ce sont la structure et les facultés de l'estomac, des intestins^ des dents, des griffes , qui obhgent le lion et l'aigle a vivre de rapine et de chair j c'est une conformation différente qui fait paître innocemment l'agneau et le bœuf dans la prairie ; c'est la forme et le degré d'activité des organes sexuels qui déterminent le mode de génération et les amours de tous les êtres. Et parmi les plantes , pourquoi la prèle ne quitte-t-elle jamais ses ruisseaux , l'origan ses rochers arides , la bruyère ses collines , le muguet ses bois , et la molène ses rocailles stériles ? Pourquoi le colchique fleurit-il en automne , l'hyacinthe au printemps, et l'œillet en été? L'animal et la plante suivent donc par néces- sité , par besoin , les lois que leur propre constitution leur impose. Bien plus, chaque créature vivante est ordonnée en rap- port avec les climats, les élémens, les saisons; chacune d'elles est modifiée avec une sagesse incompréhensible selon les diverses qualités des milieux qu'elle fréquente. Ce chameau est approprié aux arides déserts de sable que la Nature lui assigna pour demeure. Il est sobre, et son gosier calleux est façonné pour les herbes salées et épineuses qui y croissent. Outre ses quatre estomacs comme les autres ruminans , il conserve dans une cinquième poche , de l'eau qui le désaltère au milieu du brûlant Sahara. Ses pieds larges et spongieux appuient sur le sable sans douleur et presque sans fatigue ; et des callosités aux genoux , a la poitrine , garantissent comme des coussins cet animal lors- qu'il se repose à terre. Pourquoi les animaux du Nord se couvrent-ils en hiver d'une épaisse toison , et les plantes mêmes des hautes montagnes savent-elles se ramasser en buisson et se vêtir de duvet comme pour se garantir de la froidure ? Comment naît-il des plumes jusqu'au bout des doigts du lagopède et d'autres oiseaux qui courent sur la neige? Qui a su disposer ainsi chaque espèce pour tel lieu^ la défendre contre la froidure ou la chaleur avec une si PRELIMINAIRE. XXXIX merveilleuse industrie, enseigner des instincts non luoins étranges aux plus foibles insectes, leur faire subir des mé- tamorphoses ; ne laisser éclore qu'à point nornmé le ver à soie, quand la feuille qui le doit nourrir est égate.merit dé- veloppée ; apprendre à tel oiseau d'Europe qu'il faut émi- grer en Afrique , et à la marmotte qu'elle doit creuser le soi h l'approche des frimas? Ainsi la Nature a su parl.'^ger le globe à toutes ses créatures : elle a dispensé généreusement au quadrupède la terre , à l'oiseau les airs, au poisson les eaux. Chacun d'eux a reçu son héritage et son patrimoine. Les rennes et les sapins ont phoi^i leur deineure près des glaces polaires; le lion et le palmier sous la Torride, la ba- leine et les algues dans le grand.Océan, la taupe et la truffe sous terre ; la gentiane aux fleurs d'or , l'aigle brun , le léger bouquetin se sont élevés sur les montagnes; le tendre nar- cisse, le buffle pesant, ont préféré les humides vallées ; la bruyère et la chèvre n'ont point quitté les arides collines, ni le roseau et le héron les eaux stagnantes. Ainsi s'est peuplée notre terre. Maintenant , décorée de ce pompeux cortège d'habitans, témoignage de sa fécondité, elle semble rouler avec plus d'orgueil et de joie /lUX regards du soleil dans les cieux. SECONDE PARTIE. De V ordonnance et des beautés de la Nature ^ des charmes de son étude. Quoique nous ayons essayé de tracer quelques-unes des lois de cet univers, nous sommeslpin encore d'avoir approfondi toutes, les facultés des êtres; nous ne connoissons pas même tous les corps vivans dont la Nature orna la terre dans un jour de magnificence. Si nous rencontrons quelques lacunes entre les anneaux de la chaîne des êtres, nous ne devons point l'accuser d'avoir interrompu son plan. Nous a-t-elle montré tousses trésors? avons-nous demandé aux déserts leurs fleurs et leurs animaux? sommes-nous descendus dans les gouîFces de l'Océan ? Conibien d'espèces vivent igno- rées, comme les laboureurs et les bergers, dansles solitudes des deux Amériques, au fond de l'Asie, au coeur de la brûlante Afrique et dans les terres encore inexplorées de- la Nouvelle-Hollande? Combien de races presque invi- sibles peuplent nos propres campagnes sans que aons xl DISCOURS daignions les étudier ? Si le moindre champ peut fournie de l'occupation pendant la vie entière au plus infatigable observateur, comment pourrons-nous conuoîlre toute la terre? Qui suivra le monstre des mers au milieu des ro- chers et des glaces ? Qui parcourra la région des tempêtes pour observer l'oiseau ? Le plus chétif puceron est un inonde pour quiconque veut l'examiner dans toutes ses parties , dans toutes ses époques de vie , dans le détail de son instinct j pour qui veut contempler ses mœurs, ses nourritures, sa génération, ses besoins, ses liaisons aveo tous les êtres, son organisation intérieure, ses métamor- phoses^ son utilité par rapport au général et au pariiculier, enfin tout ce qui embrasse son histoire naturelle complète. 11 n'est pas un seul être sur la terre que nous connoissions entièrement , pas même l'homme , que nous avons tant d'intérêt à étudier. La Nature est une vierge mystérieuse et sacrée ,• dont nous n'apercevons les traits qu'au travers de cent voiles. C'est une grande marque de la foiblesse hu- maine de ne savoir pas reconnoître toute son insuffisance dans la recherche des premières vérités, et de vouloir bor- ner la Toute-Puissance qui régit te monde. * Est-il bien sûr , d'ailleurs , que le domaine de la vie n'ait pas éprouvé' quelques dommages ou plusieurs altérations dans les grandes révolutions que notre planète a subies? Tant de conlinens submergés et desséchés tour à tour ; tant de catastrophes soudaines, de régions dévastées, de terres jonchées de coquillages et d'ossemens, la plupart inconnus ; tant de forêts entièrement ensevelies, nous parlent assez des désastres de la nature animée. La submersion d'une seule île peut faire disparoître de la terre mille espèces d'animaux et de plantes. Des races sans défense ont dû être exterminées par des races plus puissantes. La Nature n'a pas toujours été, sans doute, ce qu'elle est aujourd'hui; elle déguise en vain sous des fleurs les désordres et les ruines de sa vie passée ; elle n'est plus dans sa première jeunesse. Un temps viendra, peut-être, où l'homme la verra fatiguée de produire les générations , et ne se mouvant plus qu'avec peine. Les forêts dépouillées de leur robe verdoyante , se. courberont sous le poids des années et du givre des hivers; les saisons seront dérangées ; le printemps restera sans om- brages et l'été $ans moissons j \e j^uue enfant, à peine PRÉLIMINAIRE. xlj matin de sa vie , se fanera dans son berceau comme le bouton de rose dans son enveloppe. Toutes les produc- tions languissantes dès leur naissance se traîneront vers la mort. Le soleil, égaré dans la nuit des cîeux , ne jettera plus que de pâles i^ayons; les astres, mourans comme des lam- pes sans huile, s'éteindront peu à peu , et l'univers tombera en lambeaux comme un grand cadavre, si la main du su- prême architecte ne ranime pas cette défaillance de la na- ture et des mondes. Qu'elle est sublime et majestueuse cette Nature vivante ! comme elle brille, au printemps, de grâce et de fécondité l Qu'elle est pompeuse dans ses jours de gloire, lorsque, s'éveillant aux regards de son époux, les ombres du matin s'enfuient, elles premiers feux de l'aurore étincellent dans l'Orient ! Les arbres des forêts , soulevant leurs branches avec joie vers le père de la lumière , semblent vouloir em- brasser les cieux, et les moissons roulent en murmurant leurs flots d'or sous la chaude haleine du midi. Dans le creux d'une roche solitaire , la colombe soupire sur son lit nup- tial ; la fauvette harmonieuse , perchée sur la fleur des buis- sons, chante l'hymne du matin; et le choucas, semblable au berger de la montagne, élève de temps en temps sa voix rustique. On voit des loutres, sortant des joncs d'un lac, ap- porter du poisson à leur jeune famille, et le chamois léger, suçant à son gré la fraise des Alpes et le fruit de la ronce. Dans la prairie , des narcisses se penchent près des sources d'eaux vives ; des renoncules et des roseaux , enfans des nymphes de la fontaine , marient leurs tiges fraternelles. Une eau limpide tombe en gémissant du sommet d'un ro- cher, se brise en gros bouillons pleins d'écume , et , s' en- fuyant au travers de la plaine, vient s'endormir à l'ombre mélancolique des saules. Des nénuphars élèvent pendant le jour leurs roses d'or au-dessus de ses eaux pour se féconder, et les y plongent pendant les nuits ; des moucherons éphé- mères sortent de ses bords, et, déployant leurs ailes de gaze irisée , s'envolent vers leurs femelles. Sur le flanc brunâtre des collines , des touffes d'anémones et d'œiJlets sauvages se balancent aux vents ; des pervenches aux jolies fleurs bleues tapissent la côte rocailleuse ; et la vigne , fatiguée sous le raisin pourpré , cherche un appui sur l'arbuste voisin , comme une épouse enceinte sur le sein de son jpune XÎIJ DISCOURS époux. Vers la montagne escarpée, le chêne séculaire^ patriarche des forèis , le cèdre orgueilleux au feuillage étage , l'humble mousse , le sorbier aux grappes rouges , les arbres et les plantes de mille variétés offrent aux ani- ïTiaux des retraites ténébreuses et des asiles de paix. On y rencontre le chevreuil au léger corsage , le sanglier aux soies hérissées, aux yeux étincelans ;. le faon nouveau-né,, suspendu à la mamelle de sa mère; on voit des piverts grimpant sur les vieux troncs des arbres, des grives eni- vrées de raisins, ,des éperviers à voix aigre circulant dans les airs, et jusquà de petits insectes biillans qui se jouent dans le sable ou se querellent sous les herbes pour uû fétu, ainsi que les rois du monde pour des empires. Ailleurs la main de la Nature a éley^é le front sublime des Alpes, creusé le bassin des mers, sondé leurs guuffr^s ténébreux, déchaîné les tempêtes à leur surface, et balancé .régulièrement leurs ondes i)ar le flux et le reflux. Elle a dit à rOcéan irrité : Tu l'avanceras jusqu'ici , et là tu bri- seras tes fiuts écumans. C'est elle qui a détaché les roches antiques du somn^t des monts, et précipité les avalanches de la cime dç^s glaciers; elle vers,e les pluies fécondes dans les plaines, fait gronder la foudre dans les airs, allume les météores étinceians de la nuit , et suspend comme de vastes parasols, les nuages amoncelés dans l'atmosphère. Elle a 'répandu dans le monde ces fluides invisibles qui entre- tiennent peut-être le mouvement et la vie de la matière , le feu électrique, la chaleur, le magnétisme et plusieurs autres que nous ignorons sans doute. Sa main libérale a couronné le printemps de ses fleurs comme le jei^ne époijx de la terre ; elle a couvert l'été de jpjoissans dorées , l'au- tomne de ses fruits et de ses raisins, et revêtu l'hiver de ses neiges et de ses frimas. Chaque espèce d'animal et de plante a une patrie origi- naire convenable à sa propre organisation. Les végétaux eux-mêmes forment des républiques qui s'établissent dans les climats les plus favorables, et se partagent ]a terre aussi bien que les rois. Chacun des citoyens de ces empires ne s'expatrie qu'avec regret. Voyez ces arbres étrangers exilés dans nos jardins : chaque année semble renouveler leurs souffrances loin de leur terre natale, Comme périt un jeune homme atteint d'une douleur mortelle , ainsi leurs fleurs se PRÉLIMINAIRE. xlirj fanent au printemps sans produire de fruits ; l'amour d'une patrie absente les fait languir : semblables à ces malheureux Africains qui , sur les rives de l'Amérique , mesurent d'un triste regard l'étendue des mers qui les séparent de leur fa- mille et de leur pays; le flot qui murmure a leurs pieds a peut-être entendu les derniers soupirs des vieux pères ou des jeunes épouses qu'ils ne reverrout plus, et qui meurent de regret loin d'eux. Mais si l'on ne peut accorder le sentiment aux végétaux, si les dryades n'habitent plus dans le tronc des chênes, et fi Daphné ne se couvre plus de l'écorce du laurier, du moins le naturaliste observe , en plusieurs plantes, quelque image de cette antique douleur ou de ces amours innocens que la niylliologie se plaisoit à trouver dans ces muets enfans de la terre. La pudique sensitive évite toujours la main qui veut la saisir , ou ferme son feuillage poiu' sommeiller dans la nuit. Le sainfoin oscillant se rafraîchit sur les brùlans rivages du Gange, en agitant ses folioles comme un éventail; les gouets de l'Inde , à l'époque de leurs amours , dévelop- pent la plus vive chaleur dans leurs sexes ; et mille autres fleurs manifestent, par des mouvemens spontanés, la pas- sion qui les anime, pour accomplir a la face des cieux mêmes les devoirs sacrés de la perpétuité des êtres. Ainsi , la vie de ces innombrables créalui^es émane de cette source mystérieuse d'amour d'où découlent toutes les existences , et qui remonte originairement au premier mo'- bile de l'univers. Comme l'héritage paternel qiie nous transmettons à nos descendans, ou comme le feu que nous communiquons de l'un à l'autre ; ainsi la vie est le patri- moine commun de tous les êtres sans devenir la propriété personnelle d'aucun d'eux. Elle descend par uae filiation successive depuis la première génération qui organisa le monde, jusqu'aux générations présentes et à celles qui doi- vent leur succéder. Il n'y a point de reproduction spon- tanée ; la vie ne peut sortir que de la vie , et la mort ne produit que la mort; aucun corps ne peut naître sans être organisé; la corruption qui détruit les organes est inca- pable de les coordonner elle-même. Le hasard ne peut être sagesse , le désordre ne peut créer l'ordre. La vie est donc une transmission de cette primitive étincelle d'a- mour qui jaillit du seiu de Dieu sur la terre. Elle n'est xliv DISCOURS que V amour Çi)j le principe qui organise les animaux et les plantes dans le sein de leurs pareus, et qui se perpétue dans leurs descendans. Les airs et les eaux sont remplis de cette flamme de vie; la terre en est émue de joie ; les fleurs déploient toute leur magnificence aux jours de leurs ma- riages ; le pavot et la rose, le lis et l'œillet se couvrent de vêtemensplus pompeux que la pourpre des rois , et s'élèvent sur leurs tiges avec l'orgueil des princes sur leurs trônes; le palmier, dans les déserts, soupire après son amante éloignée. A la voix du printemps, lorsque les feux du soleil fécondent la terre, les forèis semblent s'animer, les qua- drupèdes mugissent, les oiseaux, décorés dps plus vives cou- leurs , apprennent aux échos leurs douces chansons ; le petit couturier et la mésange remiz préparent leurs nids les plus industrieux; pour leur jeune famille; les reptiles en- gourdis se réveillent ; les poissons, couverts de cuirasses argentées, bondissent dans l'onde; lès plantes développent leurs tendres boutons , et les fleurs entr'ouvrent leur sein timide; tout se pare à l'envi de ses plus riches atours pour celte fête de la ]Nature. La force, la santé, la fécondité, l'allégresse éclatent dans tous les êtres. Con ,/,■ /„ :, J/„rn AËE 3 sectes de M. Dumérîl , qui embrasse celles que nous avons nommées : diplolépaires , c^nipsères et proctotrupiens. V. ces mots, (l.) ABDOMEN. {^Entomologie.) Partie postérieure du corps d'un insecte , unie au corselet par un filet plus ou moins long et étroit , ou intimement jointe avec lui. Uabdomen est recouvert des ailes et des étuis dans les in- sectes qui en sont pourvus. Il est divisé en plusieurs segmens ou anneaux , sur les côtés desquels se trouvent de petites ou- vertures nommées stigmates , par où Tinsecte respire. ( F. Stigmate. ) 11 contient les intestins et les parties de la gé- nération. On divise Vabdomen en partie supérieure , ou dos , et en partie inférieure , ou ventre. Il offre souvent de très-bons ca- ractères spécifiques. On considère ses anneaux ou segmens , sa fonne., sa connexion , sâ proportion , sa surface , ses bords et son èxirémiié., où se trouve ordinairement Vanus. V. Anus. Les crustacés n'ont point d'abdomen apparent. L'esto- mac , les parties de la génération et tous les autres viscères se trouvent placés dans le corps même de ces animaux, dans la partie qui répond à la poitrine des arachnides et des in- sectes, (o. et L.) ABDOMINAUX , nom d'une division de la classe des poissons. Elle renferme ceux qui ont des arêtes, et dont les nageoires ventrales sont placées plus près de l'aWs que des pectorales. V. Poisson et Ichtyologie, (b.) ABÉADAIRE. C'est le Spilante acmelle. (b.) ABECEDARE. l'Agave d'Amérique porte ce nom aux environs de Perpignan , où il est employé aux clôtures, (b.) ABEILLE, Jpis^ Lin. Genre d'insectes, de l'ordre des hyménoptères , famille des apiaires , et dont les caractères es- sentiels sont : languette filiforme , composant avec les mâ- choires une sorte de trompe, coudée et fléchie en dessous; premier article des tarses postérieurs grand, très-comprimé en palette carrée ; point d'épines à l'extrémité des deux der- nières jambes. On ne désigna primitivement sous le nom d'abeille , que l'insecte précieux qui nous fournit le miel et la cire. L'ap- plication de ce nom est devenue ensuite plus générale, et s'étend , dans la plupart des ouvrages d'histoire naturelle , aux insectes du même ordre , soit solitaires , soit vivant en so- ciété , qui recueillent la poussière fécondante des fleurs ou leur pollen. Quoique Scopoli , Degéer et Fabricius eussent déjà res- treint le genre abeille de Linnseus , il présentoit encore néan- moins un groupe très- disparate , quant à l'organisation e$ 4 ABE aux haLltudes des espèces qu'on y avoit conservées , et de celles qu'on y avoit rapportées depuis. Son épuration a été l'objet des recherches d'un des plus profonds naturalistes de l'Angleterre, M. Rirby, et des miennes. Les coupes principales que nous avions faites dans le genre des abeilles ont été transformées , ainsi qu'il arrive souvent , en autant de genres particuliers ; de sorte que celui que l'on désigne maintenant sous cette dénomination , est resserré dans ses anciennes limites. On n'y comprend, en un mot, que notre abeille do- mestique , la mouche h miel^ et quelques espèces qui lui sont parfaitement analogues. Les généralités historiques de cet ar- ticle auront ainsi moins d'étendue que dans la première édi- tion de cet ouvrage , où elles embrassoient une famille en- tière , celle des aplaires. ( V. ce mot. ) Les abeilles sont des hyménoptères , dont le corps est pe- tit et de taille moyenne , oblong et pubescent. Leur tête est triangulaire , comprimée , verticale , à peu près de la lar- geur du corselet , et porte deux antennes filiformes , coudées , courtes , de douze à treize articles ; deux yeux grands , ovaleset entiers , etlrois petltsyeux lisses , disposés en triangle sur le vertex. La bouche est composée d'un labre transversal; de deux fortes mandibules, resserrées vers leur milieu, s'élar- gissanl ensuite triangulairement ; de deux mâchoires et d'une lèvre , longues , grêles et coudées ; de quatre palpes dont les maxillaires très-petits , presque cylindriques et pointus ; les labiaux sont longs , en forme de soie écailleuse , com- primée , allant en pointe , et de quatre articles ; les deux pre- miers sont beaucoup plus grands , surtout l'inférieur; et les s. V. Bourdon. Abeilles chaipentières , V. Xylocope. Abeilles fouisseuses ou (fui creusent la terre. V. AndretnÈtes et Apiaires. A B I /[g ABntLE&maço fines. V. OSMIE , MÉGACHILE etANTHOPHORE- Abeilles menulsières et perce-lois. V. Xylocope. Abeilles solitaires. V. Api aires. Abeilles tapissières. V. Osmie. (l.) ABELICEE, Ahelicea. Genre de plante qui ne paroît pas différer du Planère. (b.) ABEL-MOSC. Ketmie ou Ambrette. (s.) ABELMOLUCH. On appelle ainsi une espèce de Ricin- . (B.) ABERDEEN. Nom anglais de I'Anguis erix. (b.) ABER. Nom donné par Adanson à une Moule , le Myli- lus puniceus de hinnseus. (b.) ABILDGAARDIE. Abildgaardia. Genre de plante établi par Valh aux dépens des Souchets. ( V. ce mot.) (b.) ABIME. On donne ce nom à des enfoncemens très-con- sidérables qui se sont formés dans la terre , et dont on ne con - noît pas la profondeur. Ces abîmes ont été produits par la même cause qui a donné naissance aux lacs. Les eaux qui descendoient du sommet des montagnes , en s'infiltrant entre les couches des roches feuilletées , s'y son| frayé des passages. Souvent elles se sont fait jour sur le flanc ou au pied des montagnes , et ont formé les sources qu'on y voit : d'autres fois , elles ont continué leur cours souterrain jusqu'à de grandes distances , et même jusqu'à la mer. En coulant entre les coudies pierreuses , les eaux en ont continuellement détaché quelques parties , de manière qu'à la longue , les vides qu'elles agrandissoient sans c<'sse , sont devenus trop considérables pour que les bancs de rochers pussent se soutenir ; ils se sont donc affaissés et brisés, et sont tombés au fond de l'excavation. Quand ils ont obstrué le pas- sage par où les eaux continuoient leur cours , elles ont peu à peu rempli l'excavation , et ont formé un lac. Mais quand les rochers éboulés ont laissé à travers leurs dé- bris quelque passage aux eaux , elles ont suivi leur route , et ont continué à creuser l'excavation qu'elles avoient formée , et qui , en demeurant vide , offre aux yeux un aspect effrayant par sa profondeur. On connoît dans la province de Stafford en Angleterre , un abîme dont on n'a pu trouver le fond avec une corde de 2600 pieds. {Jouni. des Sa^}. ann. 1680. ) Cette profonde excavation est une suite naturelle de la situa- tion de cette province , qui se trouve à l'extrémité méridio- nale d'une grande chaîne de montagnes , qui se prolonge du âp ABL sud au nord jusqu'en Ecosse : c'est presque toujours au pied des montagnes que se trouvent les lacs et les abîmes. Tant que les eaux ne coulent qu'entre leç couches presque verticales des montagnes , les érosions qu'elles forment peu- vent avoir beaucoup de profondeur, mais elles n'ont que peu de largeur; de sorte que les couches de rocherqui sont en appui les unes contre les autres, peuvent se soutenir mutuellement; mais dès que les eaux parviennent au-dessous de la plaine où ces couches prennent une situation plus horizontale , l'éro-^ sion gagne en largeur , et enfin elle détermine la rupture et la chute des couches qui couvroient le vide formé par les eaux ; et alors paroît l'abîme, qu'on s'imagine avoir été form^ su- bitement. On a donné aussi le nom Xabîme à des cratères de volcans éteints, quand ils sont d'une grande profondeur, tel que celui du mont Ararat en Arménie, décrit par Tournefort; mai» ces abîmes ont été formés d'une ma^iière qui est l'inverse de la précédente. Ici , c'est une montagne qui a été entièrement élevée et formée par les matières sorties des soupiraux d'un volcan , et il est resté au milieu de cet amas de cendres et de laves , un vide en forme d'entonnoir, que l'imagination .effrayée a décoré du nom d'abîme , en se peignant au-dessous de ce cratère , des cavernes épouvantables qui n'existent point. Le fond de ces abîmes descend rarement aussi bas que le pi- veau des plaines environn*^iles. V. Lacs , Volcaîss , Monta- gnes PRiMiTiVEç. (pat.) Ce même nom d'abîme pu de gouffre a ét^ donné quel- quefois à de» cnfoncemcns qui existent dans des terrains de sable , et au fond desquels il y a de l'eau ; mais ce sontpjiutôt des fondrières qnc des abîmes. V. FONDRIÈRE. (LUC.) ABG. C'est l'AsPUODELE. (b.) ABLANIER , Ahlania. Genre de plantes établi par Au- blet , et depuis réuni aux ïriçhocarpes. (b.) ABLAQUE. Dans le commerce, c'est l'espèce de soie brune pu Mssus de la Pinne-Marine. (s.) ABLE, Leucisciis. Espèce du genre Cyprin, que Cuvier re- carde comme le type d'un sous-genre , lequel auroit pour ca- ractère les nageoires dorsales et anales courtes, et qui ren- fermeroit le meiinier , la rosse , la vatidoisc, V ablette ti le oéron. On trouve abondamment ce poisson , dans les lacs et les ri- vières d'Europe, il excède rarement six pouces de long. Ses écaillas sont minces, peu adhérentes, argentées surle ventre, et d'un bleu verdâtre foncé sur le dos. Sa chair est molle, peu sa- voureuse; mais s'il est dédaigné sous ce rapport par le luxe, il en est très-recherché sous un autre ; car c'est principalement avec la matière nacrée qui entoure la base de ses éca,i,lles , matière A B L Si connçç §qu? le popi $ essence 4^ Orient, qu'on fabn<|ue les fausses perles. Pour obtenir l'essence d'Orient , il suffit d'écailler les , ailes avec un couteau peu tranchant, au-dessus d'un baquet plein d'eau bienpure.On Jette la première eau, qui ordinairement est salie par le sang et les liqueurs muqueuses qui sortent du corps du poisson ; ensuite on lave les écailles à grande eau dans un tamis très-claif, au-dessus dumême baquet ; l'essence d'Orient passe seule , et se précipite au fond de l'eau. On frotte une se- conde , et même une troisième fois, les écailles pour en retirer toute l'essence. Le résidu présente une masse boueuse , d'un blanc bleuâtre très-brillant, parfaitement en rapport avec celui des perles les plus fines , ou la nacre la plus pure. ^ Cette matière , sur laquelle la physiologie et la chimie mo- derne n'ont pas encore porté leurs regards , existe dans un grand nombre de poissons ; mais c'est Table qui , panni les communs , en fournit le plus abondamment. Non-seulement elle se trouve sur la base de ses écailles , mais encore dans la capacité de sa poitrine et de son ventre ; son estomac et ses intestins en sorit intérieurement couverts. Elle est susceptible de passer très-rapidement à la fennentation putride , sur- tout pendant les chaleurs , et alors elle commence par deve- nir phosphorique, et finit par se résoudre en une liqueur noire. C'est dans l'ammoniaque oualkali volatil qu'on la conserve. Le fond du travail du fabricant de perles copsiste , lorsque l'essçnce d'Orient est purifiée par les diverses lotions dont il a été parlé , de la suspendre dans une dissolution bien clarifiée de colle de poisson , d'en metire une goutte dans la bulle de verre qui doit lui servir de moule , et de l'y étendre en l'agi- tant dans tous le§ sens. On la fait ensuite sécher rapide- ment au-dessus d'un poêle , et lorsqu'elle est bien sèche , on remplit en tout ou en partie la bulle avec de la cire fondue qui consolide le yerre et fixe l'essence contre sa paroi inté- rieure. La pêche de Valle se fai^ \on\e l'anpée , soit à l'hameçon , soit au filet ; mais c'est principalement au printemps , lors- qu'elle fraye , qu'on en prend une grande quantité. Ce poisson préfère toujours les endroits où le courant est le plus fort , où l'eau est la plus agitée. En conséquence , dans les lieux où il n'existe pasde courant, lespêcheursen forment un artificielle- ment, pgr le moyen de pieux enfoncés dans la boue et liés en- tr'euîjipar des traverses, et attachent, déplus, àun des piquets, un panier où sont enfermées des tripes et autres matières ani- males , des parcelles desquelles les ables sont ayides. Ces poissons se rassemblent en grand nombre autour de ces pieux, Si A B O et on les prend , soit à Tëpervier , soit à l'échiquier , soit par d'autres moyens. -t'aZ»/e multiplie beaucoup. Lorsqu'elle est petite, elle sert <îe nourriture journalière aux poissons voraces et aux oiseaux d'eau. C'est un des meilleurs appâts qu'on puisse employer pour prendre, à la ligne, les brochets, les truites et autres pois- sons, (b.) ABLE. On appelle aussi de ce nom , un poisson du genre Salmone. (b.) ABLET. C'est, dans Belon , le Cyprin Albule. (b.) ABLETTE DE MER. On a donné ce nom à la Perche Ablette , perça albumus , Lin. , qu'on trouve sur les côtes jli' Amérique, (b.) ABOC. C'est l'HoLACANTHE ANNEAU, (b.) ABOIEMENT. Cri du chien , dont l'inflexion varie sui- vant que l'animal est diversement affecté. Il aboie d'inquié- tude , de colère ou de joie ; à la chasse , les diverses inflexions de l'aboiement annoncent la nature et la marche du gibier, (s.) ABOLBODE , Abolboda. Genre de plantes établi dans la triandrie monogynie et dans la famille des restiacées , pour placer deux plantes vivaces observées dans l'Amérique méridionale, par de Humboldtet Bonpland. Ses caractères sont : fleurs en tête et hermaphrodites , balles imbriquées ; les inférieures , vides ; les supérieures , recouvrant une fleur composée d'un calice à tube mince , à limbe à trois divisions ouvertes , barbues ; un ovaire surmonté d'un stigmate à trois divisions bifides ; une capsule trivalve , uniloculaire et po- lysperme. (b.) ABOLE , AboIa.Gcnrc déplantes. C'est le môme que celui appelé depuis Cinna, (b,) ABOM\. II y a lieu de croire que c'est le Boa géant, (b.) ABOMASUS. C'est le dernier estomac des ruminans , ou la caillette. F. Ruminans. (desm.) ABOMGATERIN. C'est la Sciene gaterine. (b). ABORCE. C'est, en Suède , la Perçue fluviatile. (b.) ABOU-HANNÈS. Nom de I'Ibis sacré, en /Vbyssinie. ABOU-HAOUAM. Nom égyptien de la Soubuse. ABOU-LAHIG. Nom que les Arabes de la Syrie don- nent à l'AuTOUR. (v.) ABOULAZA. Arbre de Madagascar , employé contre les maladies du cœur. On ignore à quel genre il doit être rap- porté, (b.) ABOUMRAS. V. Sterne aboumras. (v.) ABOU-SARAAAH. Nom égyptien de la Crenerelle.(v.) A B R 53 ABOYEUPi , oiseau. V. Chevalier aboyeur et barge ABOYEUSE. (V.) ABRACA.-PALO. Nom espagnol de TAngrecnoueux. (b.) ABRANCHES. Ordre établi par Cuvier parmi les A>- NELiDES : il répond à celui appelé CENDOBRANCHESparDu- méril. (b.) ABRAUPE. C'est le Gaj)E lotte, (b.) ABRASIN. r. aumot Dryaîsdre. (d.) ABREUVOIR. Endroits, où les oiseaux vont scbaigner et se désaltérer ; quand ils sont peu ou point fréquentés par les bestiaux : c'est là qu'on leur tend des pièges pour les prendre , soit au filet , soit aux gluaux. (v.) ABRICOT. Fruit de I'Abricotier. (b.) ABRICOT DE SAINT-DOMINGUE. C'est laMAM- MÉL (b.) ABRICOTIER , Armeniaca. Toutes lesvariétés d'abrico- tiers cultivées dans les jardins font partie du genre Prunier de Linnseus , et se rapportent à son pnmus amicniaca. On a beaucoup critiqué ce naturaliste , pour avoir réuni les abri- cots avec les prunes et les cerises ; mais il n'en est pas moins vrai qu'il n'y a pas de caractères suffisans pour les distinguer; car ceux tirés de la forme des fruits et de la scssililé des fleurs ne sont pas d'une importance assez majeure pour donner lieu à un établissement de genre. L'abricotier a un calice monopbylle divisé en cinq parties ; cinq pétales arrondis ; environ vingt-cinq étamines insérées sur le calice ; un ovaire spbérique , velu , portant un long style à stigmate orbiculaire. Le fruit est arrondi ou ovoïde , couvert d'un duvet court plus ou moins abondant , et marqué dans sa longueur par une rainure ou une espèce de gouttière. 11 est formé par une pulpe communément charnue et succu- lente , qui enveloppe un noyau osseux , comprimé , dans le- quel est une amande de même forme. Outre l'espèce cultivée des variétés de laquelle il va cire question, il en est une espèce naine de Sibérie que l'on voit dans les jardins des curieux , et dont les fruits ne sont point mangeables, (b.) L'Abricotier cultivé a été apporté d'Arménie en Grèce , et de là en Italie et dans le reste de l'Europe. Il aime les pays chauds , et il y produit des fruits d'un parfum et d'un goût plus exquis , que dans les climats tempérés et froids. Les variétés de ce fruit qu'on a obtenues par la culture sont nom- breuses. Voici les principales dans l'ordre de leur maturité. L'abricot précoce ou hâtif musqué. Fruit petit, aplati à ses deux extrémités , ayant une rainure bien caractérisée , et une amaudç aiuèrc. U mûrit au toiuiiieccement dt* juillet. 5;; A B R L'abricot blatià. Sa charr est délicate , et d'un goût qui ap- proche de celui de la pêche. Cette variété se charge de bé^iti-^ coup de fruits. L'abricot commun. C'est le plus gros dé tOuâ , après V abricot- pêche ; mais sa forme varie singulièrement, lorsque l'arbre est soumis aux entraves de l'espalier. Son mérite est de i'apf- porter beaucoup. Il mûrit en juillet. L'abricot angoumois. Il est plus petit et plu^S allonge ^ue les deux premiers. Cet abricot est eicéllènt : sa chair est fon- dante , son goût agréable , vineux: , légèrement acide. Il mûrît en juillet : son amande à un petit goût d'avélirte nouvelle. L'abricot de Proi'ence. Sa chair est pliis sèche (JUc celle de Y angoumois ; mais il est plus doux que lui , éçalentierit vineux et très-aromatisé. Son amande est douce. 11 niûrit dans le même temps que le dernier. L'abricot de Holîaûde oii amande aveline. Il est petit comme V angoumois , et mûrit aussi aii milieu de juillet. Son aihdride a un goût d'aveliiie et un arrière-gox^t d'amande dottcè. L'abricot oiolei. Ce fruit est petit et d'uhe médroçré bonté. Sa chair est rougeâtre et son amande douce. Il mûrît en août. L'abricot alhergc. Celui-ci n'aimie que le plein vent , se mul- tiplie par noyau , et réussit parfaitement dans lès envirdii^ de Tours , ou on ne le greffe point. Sort fruit riiûrit à la fin* de l'été. Il est petit , sa chair est fondante j son hOyalù graWtf et plat , ?,(ixt amande grosse et amère. L'abricot de Porii{gal. Rotid et petit, cirài*- délicate, un peu adhérente au noyau. Il passe pour un des iheilleurs. L'ahricot-pêche , autrement dit deNdnci, ou de Wirtemberg ou de Nuremberg. C'est le plus gro^ de tous léS albri'cots , et aucun ne varie autant pjir sa forrhe et ^a^ sa grosseur. Il a une amande amère , et if mûrit à la fin d'août. Sa Chàir eét fondante ; elle a un goût relevé , très-agréable et ti-ès-pdi-- fumé. Cet abricot a l'avantage de veriir de rioysîu , et n'a pas besoin d'être greffé. L'abricotier est cultivé dans les jardins et dans lés vergers , soit en espalier , soit en plem vent. Cet afbfe est un de ceux dont la sève se met en mouvement des premières. Sa fleur , très-hâtive , paroît avant les feuilles ; on doit la garantir des gelées du printemps. C'est en aiitomne du à la fin de l'éJé qu'on met les noyaux en terre pour les voir germer au retour de la belle saison. Si on les plointe après l'Hiver, leur germi- nation est retardée d'un an. L'abricotier se greffe éilr les ][oùir ({./it//c . A BR 5S îTrërislés. il ïéûi* faut nhé terre bbnrfe , mais légère. On Ui faille sur la fin de février. L'abricot vert est confit avant que son noyau ait durci ; en riiaturilé ôti le tnâhgé cru , cuit , en coitipote , en marme- lade ; on eti fait des confitures , des pàteâ sécheS qui se con- ^ervéïit long -temps ; on le confit aussi â l'eau-de-vie. Le noyau entier, 6u casée, érltre dans le ratafia dé noyau. Sott âïttânde peut donner de l'huile, (d.) ABRICOT SAUVAGE. C'est à Cayenne le fruitdù Côu- ROUPITE. (b.) ABROME , Abroma. Genre de plantes qui avoitété con- fondu par Lirinseus , avec le Cacaoyer, parce qu'il n'en con- noissoit pas le fruit. Il est de la myadelphie dodécandrie et de lafamille des butnériacées. Son caractère est d'avoir uù calice de cinq folioles lancéolées, ouvertes ; cinq pétales deux foisplus longs que le calice, et bordés de cils glanduleux ; quinze étami- nes en cinq faisceaux fort courts, et dont les filamens sont réunis à leur base ; un ovaire supérieur chargé de cinq styles courts. Le fruit estune capsule otale , à cinq angles tranchans, divisée en cinq loges et contenant plusieurs semences arrondies. Ce genre renferme deux espèces : l'une , appelée Abrome FASTUEUSE, a SIX piects de haut ; ses feuilles sont cordiformes et anguleuses : elle vient des Indes orientales ; l'autre , ap- pelée Abrome a feuilles allongées , a les feuilles ovales , allongées, pointues, non anguleuses : elle vient probablement du même pays. ( B. ) ABRONE ou Abronie, Tricralus. Genre de plantes dont le caractère est d'avoir ttne corolle longuement tubuleusé , à liinbe à cinq découpures échancrées ; cinq étamities à fila- îtièns réunis à leur base , adnées dans leur partie moyenne au tttbe calicinal ; liri ôvàîré éûpérieûf- ëbldrig, àstj'lé fibfofme et à stigmate sinlpïe. Le fiiiit est une isénîéiicé tiiiîiiàe , iréïoUVèt-te par la hi&e du calice. Ce genre rie contient qu'une plâiite afanttèlle , à tige cou- chée , à feuilles opposées, ovales , sirtiplès , longuement pé- tioléés, à Heurs en ombelles aiitlaires, munies d'un înVo- lucre polvphille qui vieht hatùt-ell4itieilt dans là Californie. On la cultive Aaxxè nos écoles de botanique. ( B, ) ABROTAÏ^OÏDE. Quelques auteurs ont donné ce liom à un Madrépore, gris jaunâtre en dehot-s, et blanchâtre en dedans, (b.) ABROTONE MALE ; c'est l'At^àdiî*. L'AfiROtoSE fe- melle; c'est la SÂNtoLrNE. (b.) ABRUS , Abnis. Genre de platites dé là diadelphie et mo- nogynie, et de la famille des léguniiûéUsés, dont on ne coimoît 56 , A B S encore qu'une espèce, qui est un sous-arbrisseau à tige grim- pante , à feuilles ailées sans impaire , à fleurs rouges et en grappes. Ses caractères sont d'avoir un calice quadrilobé , à lobe supérieur plus large ; neuf étamiues, connées seule- ment à leur base ; un légume court , légèrement comprimé. Les semences sont d'un rouge vif, avec une tache d'un beau* noir à leur ombilic. V. pi. A. i. où elle est figurée Ses feuilles infusées dans Teau font une boisson pectorale appelée Vatti dans l'Inde. /JEn Amérique, on emploie celte infusion qui est très-sucrée aux mômes usages que la réglisse en France ; et partout on se sert de ses graines percées et enfilées dans un fil pour orne- ment , soit du cou, soit de la tête. ( B. ) ABSINTHE , Ahsinthium. Genre de plantes à fleurs com- posées , de la svngénésie polygamie superflue , et de la fa- mille des corymbifères , qui offre pour caractère : un calice presque globuleux , dont les écailles sont obtuses ; un récep- tacle velu supportant des fleurons peu nombreux , mâles sté- riles au centre , femelles fertiles à la circonférence. Le fruit est composé de semences non aigrettées. Ce genre renferme des plantes à feuilles alternes , ordi- nairement blanchâtres , profondément divisées , et à fleurs disposées en panicules terminales, qui faisoient partie du genre des Armoises de Linnœus , mais qui en ont été séparées par Lamarck , Jussieu et autres. Les plus connues de ses espèces sont : L'Absinthe vulgaire , qui a les feuilles composées, multi- fides , et les fleurs pendantes. LUe est vivâce , et se trouve dans toute l'Europe tempérée : elle s'élève à trois ou quatre pieds; elle est amère , odorante , et s'emploie généralement en médecine comme antiseptique , vermifuge , fébrifuge et .«îtomachique. Son usage réveille les forces vitales ; mais il a besoin d'être réglé, car il échauffe beaucoup. On fait, dans la pharmacie, un vin, un sirop , une conserve , un extrait, une huile par infusion , une huile essentielle et un sel d'ab- sinthe. Plusieurs brasseurs en substituent les feuilles et les fleurs au houblon dans la fabrication de la bière. L'Absinthe GLACIALE, qui a les feuilles palmées multifides, .soyeuses, les fleurs terminales et le calice arrondi, ainsi que I'Absinthe MUTELLINE , qui a les feuilles palmées multifides, les fleurs terminales et axillaires , le calice anguleux , sont toutes deux célèbres sous le nom de génépi , sur les monta- gnes de la Suisse , où elles croissent. Elles entrent indiffé- remment dans la composition du falstranck ou thé de Suisse. £.lles sont amères , toniques, stoujachiques et sudorifiques; ABU S; on les estime surtout comme un spécifique dans la pleurésie rhumatismale. Les habitans des Alpes les regardent comme une panacée universelle. , '■ L'Absinthe de Judée et T Absinthe contra , sont encore des plantes très-rapprochces , qui viennent de Syrie , ou con- trées voisines. Elles ont des tiges frutescentes , des feuilles plus ou moins palmées , petites et blanches ; des fleurs en pannicules , soit pédicellées , soit sessiles. Ce sont elles qui fournissent au commerce la drogue que l'on vend dans les pharmacies sous le nom de semen contra , et qui est employée avec succès contre les vers intestins des enfans. Cette drogue , qui n'est que la sommité fleurie de ces plantes , a un goût amer , une odeur aromatique nauséabonde; elle excite l'appétit en fortifiant l'estomac, et chasse les vents. L'Absinthe citronnelle est un sous-arbrisseau originaire des parties méridionales de l'Europe , et qui reste vert pen- dant l'hiver. 11 a les feuilles pétiolées, très-finement divisées , sétacées , et le calice velu. On le cultive très-fréquemment dans les jardins et sur les fenêtres , sous le nom de citronneUe , à^aurone des jardins et de garde-rohe, à raison de l'odeur aro- matique , approchant de celle du camphre et du citron , qu'exhalent ses feuilles. C'est à tort qu'on croit que ses bran- ches , mises dans une armoire remplie d'habits de laine , en écartent les teignes et autres insectes. L'Absinthe aurone diffère fort peu de la précédente ; mais elle s'en dislingue par ses tiges en faisceaux , ses feuilles moins ramifiées , ses fleurs plus nombreuses et ses calices non velus. On la trouve dans l'Europe méridionale , et on la cul- tive dans presque tous les jardins. Ses feuilles ont une odeur moins suave que celle de la précédente , mais des propriétés plus actives : elles sont incisives , apéritives, hystériques , ver- mifuges , résolutives et répercussives. L'Absintheestragon, ou Y estragon, estgénéralement connu par Tusage qu'on en fait dans les cuisines et dans la médecine rurale. Elle est facile à distinguer par ses feuilles linéaires', unies , entières ; caractère rare dans ce genre. Elle croît na- turellement dans le nord de l'Asie ; mais il est peu de jar- dins où on ne la cultive. On la multiplie de graine ou de drageons. Toute cette plante a une grande acrimonie : elle est un puis- sant incisif-apéritif; elle donne de l'appétit , dissipe les vents, excite les règles et la salive. On en met les feuilles dans les salades , pour les rendre plus digestibles et en relever le gOïkt. On les confi*^au vinaigre , pour assaisonner les mets et pour l'usage de la médecine. Enfin , elles sont regardées , par quel- s« ABU qués peri^oiméJ , tôitaûe uii remède daflt l'tiéage jôurnalié^ éil tiécessàire à la conservation de leor existence. L'Absinthe de la Chine, dont les feuilles sontsimpks, lati- céolées , obtuses , velues , les inférieures cunéiforme^ et tri- lobées. Elle se trouvé à la Chine et en Sibérie : c'est elle qui est figurée , pi. i."^^ du 2.« vol. de la Flore de Sibérie, par Gmelin. C'est le véritable àibxa des Chinois ; c'est-à-dire (|iië c'est avec ses feuilles , desséthéés et btîsées ; qu'où établit lé cautère actuel de ce nom. (b.) Absinthe bâtarde. On appelle ainsi la Parthêniè ûYSfE- hOPHORE. (b.) AÈStJS. Espèce de casse cl'Ègypté. ÀBUCATtJXÏA. C'est, aii Brésil, le ZéegaL (b.) ABUDAt'IER. Selon Forskâl , c'est le hotn du LtJt:tAîi ARAUNA. (b.) ABÙFÀrADI. Nom arabe d'une Motacille ou â'iiiie taur- vette , dont parle Forskâl , d'une manière à rie pouvoir la déterminer. , (v.) ABtJGAB^.. Nom arabe d'un Pipi, (v.) ABUGUDDA. C'est la Donzelle , en Egypte, (b.) ABUGRYMPI. Nom arabe du Cyprin vandoise. (b.) ABUHAMRUR. Variété de la Sciène bouhose. (b,), ABULFALI. Genre établi sur la Thymbra en épi. (b.) ABULI. C'est le Squale marteau, (b.) ABUMECHAJAT. V. le mot Diodone orbe, (b.) ABU M ON. V. Agapanthe. (b.) ABUMNER. Nom égyptien ou Arabe de 1' Hippopotame. C») ABUTA , Abuia. Arbuste du genre des Ménispermes , dont on ne connoît encore que les fruits , qui sont composés de troîsbales réunies, à noyau sillonné. Il est connu àCayenne, sous le nom de Pareira - Hai>a Sa racine est regardée , en Europe , comme spécifique dans les coliques néphré- tiques , la suppression d'urine et les calculs des reins ou de la vessie. C'est le Menispermum ahiitua de AVilldenow^. (b.) ABUTILON , Sida. Genre de plantes de la monadelphie et de la famille des malvacées , dont le caractère est : calice shnple , à cinq[ découpures ; citiq pétales , quelquefois obli- ques ; beaucoup d'étamines réunies par la base en un faisceau ttibulé , au travers duquel {)asse un style semi-multifide et court ; fcapsules monospermes à deux valves , en nombre é^al à celui des divisions du stylé , et disposées orbiculai- iremeiit. Ce geiifè , malgré que Cavanilles ait fait à âes dépeiis lés gëiires Anode et Palava , comprend plus de cent espèces , AC A Sg lotrtfes âèé Jjahîèâ chaudes de l'Asie , de l^ Afrique et de rAmé- rique ; la plupart herbacées , d'autres frutescentes , et qùèl- qùes-uries rflêmé arborescentes. Leurs fleurs sont axiilaîrèîj ou terminales , et Quelquefois d'une grandeur remarquable. La couleur de ces fleurs est généralementViaune ; mais il en est quelques espèces où elle est rouge. Leurs feuilles se rapprochent , pliis on moins , de la forme d'un cœur , sont toujours longuement pédonculées ^ larges , velues , et d'un rert blanchâtre. \jç.& abutilons , à une espèce ptès , que l'on cultive dans les jardins et I'Abutilon ordinaire , lie sont guère connus que des botanistes. C'est en automne iqu€ la plus grande partie des abutilons fleurissent dans nos jardins; mais il en est quelques espèces qUi portent des fleurs toute l'année. Les espètes annuelles , qui ^ comme on vient de le dire , sont les plus nombreuses , de- mandent à être semées sur couche au printemps , et trans- plantées en été. L'abutilon ordinaire sert en médecine pour amollir et faire uriner: qualités qu'il partage avec presque toutes les înalvacées. (b.) ABUTUA , Abutua. Genre de plantes établi par LoUreijd, dans la dioécie dodëcandrie , qui offre pour caractère des fleurs disposées en chatons latéraux et ramassés , chacune composée , dans les pieds mâles , d'un calice hémisphérique tronqué , engainant et nu ; d'une vingtaine d'étamines courtes ^ à anthères bifides ; et , dans les pieds femelles , d'un calice semblable à celui des fleurs mâles , et de six ou huit ovaires oblongs , à stigmates solitaires , aigus et polyfides. , Le fruit est formé par six ou huit baies ovales , oblongûes , coriaces , Sessiles , contenant chacune une noix striée. Ce genre se rapproche beaucoup des Gnets et dffe Parei- RES. Il renferme deux arbustes grimpans, dont l'un a les feuilles simples , et l'autre les feuilles ternées. Le premier se trouve dans l'Inde et ia Cochinchine , et le second sur les côtes d'Afrique. Leurs racines passent pour être propres à guérir les inflammations internes et externes , les fièvres intermittentes et les obstructions des viscères, (b.) ACAJB IRAS. Nom qui signifie tête rasée ou tête chauve , et que les naturels du Paraguay ont imposé auGALLiNAZE aura. Voyez ce mot. ( v. ) ACACALIS. Arbrisseau d'Egypte , de la famille des lé- gumineuses , mais dont on ne connoît pas le genre. Il est pos- sible que ce soit xvçie altération d'AcACiE. (b.) ACACALOTE. Voyez hckhOi. (s.) ACACIA, FAUX ACACIA ou ACACIA DES JAR- 6o AC A DINIERS , ACACIA BLANC , ACACIA COMMUN. On a donné mal à propos ce nom à quelques espèces du genre Robiniers , qui n'ont de commun avec le genre suivant que des feuilles ailées , et des fruits en gousse. La plus commune de ces espèces est I'AcaCia faux , ro- hinia pseudo acacia , LiN. , arbre de cinquante pieds , à ra- meaux armés d'aiguillons recourbés , à feuilles composées de quinze ou dix-sept folioles ovales , à fleurs blanches. Les semences de Vacacia ont été apportées du Canada à Paris , au commencement du dix-septième siècle , par le bo- taniste Robin , dont le nom a été donné au genre ; ensuite elles ont été envoyées de la Virginie en Angleterre. Cet arbre croît avec une rapidité incroyable ; il pousse quelquefois dans un été des jets de six à huit pieds de longueur. Son feuillage est agréable , son ombre légère ; et ses fleurs , qui paroissent au printemps , pendent en longues grappes et ont une odeur qui approche de celle de la fleur d'orange. Aussi , dans la nouveauté, étoit-il recherché de tout le monde ; on en faisoit des allées , des bosquets; mais depuis on s'en est im peu dégoûté , parce que son bois , très-cassant , est sujet à être brisé par le vent : d'ailleurs , ses branches se prêtent difficilement aux caprices du jardinier ; et ses feuilles , qui sont petites , poussent tard et tombent de bonne heure , in- convéniens graves dans un jardin. Il n'en tient pas moins un rang distingué parmi les arbres dont l'Amérique nous a enri- chis. Nos forêts devroient en être remplies. Les Américains estiment beaucoup le bois de l'acacia , sur- ioutà cause de sa durée. Ils en construisent leurs maisons, etil est préféré par eux à tout autre pour les étambots et les courbes de l'arrière des vaisseaux. Ce bois ne pourit ni sous l'eau , ni à l'air^il n'est point sujet à être attaqué par les insectes ; il est dur,T5ien veiné, se fend aisément, mais il est lourd; on en fait des échalas , des perches à houblon», des arcs , d'excellens cercles , de très-bonnes chevilles , des pièces de construction pour les moulins et autres machines. Les tour- neurs en font des chaises. Les feuilles d'acacia, fraîches ou sè- ches , ainsi que les jeunes pousses , sont un excellent four- rage pour tous les bestiaux. Des expériences constatent ce- pendant que son écorce est un poison pour les cheraux qui la rongent. Uacacia croît dans presque tous les sols ; mais il réussit mieux dans une terre légère et sablonneuse. Il vient aisément de semences ; dès qu'elles sont mûres , on les mêle avec un peu de terre , et on les conserve dans un pot jusqu'au prin- temps. Comme elles sont fines , il ne faut pas Iqs recouvrir A C A 6t beaucoup. Le jeune plant craint le grand soleil. Après être resté deux ou trois ans en pépinière , il peut être transplanté à demeure. On le multiplie aussi de drageons , ou même en coupant quelques racines ; mais ceux qu'on élève ainsi ne de- viennent jamais beaux, et durent moins long-temps. Cet acacia a donné une variété sans épines, qu'on a appelée spectuhilis , à raison de la vigueur de sa végétation. En effet , greffé en terre et en fente sur des sujets de deux ou trois ans , il pousse , dans la première année , des jets de douze à quinze pieds , jets dont les folioles sont trois fois plus larges que celles de l'acacia ordinaire. Sous tous les rapports , cette variété mérite d'être cultivée de préférence , mais elle ne se reproduit pas de graines , ou du moins rarement. L'Acacia visqueux , Acacia viscosa , Vent. , a ses jeunes pousses enduites d'une humeur visqueuse , armées de foibles aigiiillons , ses feuilles composées de dix-neuf ou vingt-une folioles , jses fleurs rougeâtres disposées en grappes serrées et pendantes. 11 s'élève à moitié de la hauteur du précédent, dont il diffère beaucoup par l'aspect. On le multiplie en cemo" ment le plus possible dans les jardins, qu'il orne d'autant plus qu'il fleurit deux fois l'année, et que sa floraison du printemps dure long-temps. Rarement ses fruits nouent dans notre cli- mat ; en conséquence , c'est par la greffe sur l'espèce précé- denle qu'on le reproduit ; greffe qui se fait en terre et en fente , et dont les produits donnent des fleurs dès la seconde année. Quelques personnes prétendent que des graines de cette espèce ont rendu les précédentes. L'Acacia inerme , RoMnia mitis , Lin. , n'a point d'épines. Ses feuilles sont composées de vingt-trois ou vingt-cinq fo- lioles ovales allongées. Il ne donne point de fleurs ; cepen- dant on en a vu une ; elle étoit blanche et solitaire dans l'aisselle d'une feuille. Peut - être est - il une variété du premier; mais il a un aspect totalement différent, ses ra- meaux étant nombreux , grêles etses feuilles pendantes. Greffé à cinq à six pieds de haut sur lui , il forme en peu d'an- nées une tête impénétrable aux rayons du soleil et à la pluie , d'un aspect très-pittoresque. Ou ne peut tiop le mul- tiplier dans les jardins d'agrément. Il y auroit un avantage immense à en faire des plantations pour la nourriture des bestiaux ; car il n'est pas de plantes qui donnent autant de feuilles , et des feuilles plus sucrées. Là greffe à œil poussant réussit mieux que toute autre , pour cette espèce. L'Acacia rose , Rohinîa hispida , Lin. , vient de la Caro- line , où il parvient quelquefois jusqu'à vingt pieds. Dans nos climats , il s'élève moins , et y donne des fleurs dès sa jeu- 6a A C A nesse; elles paroissent au printemps, sont nombreuses, et d'une belle couleur rose. On le multiplie en le greffant e^ fente ou en écusson sur le faux acacia, (b.) ACACIE , Mimosa. Genre de plantes de la polygamie ' monoécic, et de la famille des légumineuses, qui offre pour ca- ractère un calice lubuleux à trois ou cinq dents : une corolle ou infundibuliforme à cinq divisions , ou à cinq pétales , ou nulle ; quatre à dix étamines , ou un plus grand nombre , quel- quefois monadelphes , presque toujovprs très-longues ; un ovaire supérieur oblong , souvent pédîcellé , surmonté fi'un style à stigmate tronqué. Les fleurs mâles ne diffèrent ordinairement ^es her^paphro- dites , que par la privation de l'ovaire. Le fruit est un légume allongé , muni de cloisons transver- sales , qui contient plusieurs semences arrondies , ou ovoïdes , ou anguleuses , et plus ou moins comprimées ; fruit qui varie beaucoup dans sa forme , étant tantôt articulé , tan- tôt cylindrique , tantôt charnu , tantôt ailé , et tantôt sim- plement membraneux. D'après cet exposé, on peut bien penser que ce genre étoit susceptible d'en îbnner plusieurs ; aussi Willdenow l'a-t-il divisé en cinq autres, savoir : Acacie, Inga, Mimeuse, Des- MANTUE et SchRANKie ; cependant , après ces séparations , il reste encore composé dp près de deux cent cinquante espèces. V. les mots précités. Ce ganre renferme des plantes arborescentes ou frutescen- tes , quelquefois munies d'aiguillons épars ou situés à la base des pétioles , à feuilles une ou deux fois ailées , rare- mept simples , à pétioles glanduleux dans quelques espèces , à Heurs ramassées en tête ou disposées en épis , axillaires ou terminales. Toutes les acacies sont originaires des pays chauds. Deux seules peuvent être cultivées en pleine terre dans le midi de la f rance : les plus utiles et les plus impo)rlaptes à cpnnoître , §ont : L' Acacie a fruits sucrés , Mimosa inga , dont les feuilles ont cinq paires de folioles , et dont le pétiole est marginé et articulé ; elle se trouve dans les îles de l'Amérique , çt autres contrées situées entre les tropiques. On l'appelle à Saint- Domingue , pois sucrin. C'est un grand arbre dont le bois est dur , les fleurs blanches, grandes , disposées en bouquets, et les fruits longs , cannelés. Ces fruits renferjnent une pulpe spongieuse, blanche, sucrée, qi^'onfluan^e ayçç plaisir , et dent on fait un fréquent usage. LA'CACIÇ ;rii^^LEUSE , Acacia meîifera , Vahi , a les épines A C A 63 stipulaires çecourbdes , les fquIUes tiJ^éipiçi^es , à foliolçs à aeifli pvalçjs \t en gousse en Tprmç de §al>:e : c'est yiï^ artre des moptagnes de rArabie ; ses fleurs sont ci ai)p:çi.- ^àntès en miel , eue trempées Ai^ns Fç^u , elles la rend.çpt sucrée. '^^t,''Ac4i.c^E A FEU.1LÎ.ES Djç hètrç a deu,? paJjTe? de folioles à chaque feuille, et le pétiole marginé. Elle se trouyç k C^yÇHiPLe f t aux Antilles , où on maii^e la pulpe de ses fruits. ■ ■ L'^^CACÏE A CRAJ^DES GOÙçSES , )^Iimosq, ^Çffïldett^ , a IcS feuilles deux fois pinnées , terminées par v^pç ynïle , et la tige trîinpante. On la trouve dans les parties c)îai^^e^ de Tlnde et _e l'Amérique, où elle étend ses rameaux sur de vî^stes es,-r pâces. Ses fruits ont ju^qu''à trois pieds de long. Ses semences sont bordées d'un cordon ligneux , rpnd,es , aplaties , brunps, fàrges de deux pouces et plus. Elles ont le goût de la châtaigne. Quoiqu'un peu amères , on les mange cuites sous la cendre ou dans l'eau ; mais leur principal usage , c'est d'en ^^purrir les bçevifs^ qui en sont très-fri«^nd;?. On l'^ppeUç vulgairemept févè de Saint - Ignace. L'AcACiE FÉROCE , Mimosa fera , a les feuilles pinnées , les épines rameuses , très-grande? , et les fleurs ^u épis. Elle se trouve à la Chine et à la Cochinçhipe , où on l'emploie à faire des haies , qui sont impénétrables aux animaux. Ses gousses sont atténuantes , stimulantes et purgatives. On leç ordon]:^e en décoctipn pour faire couler la' pituite et les hu- meurs épaisses. En steruutatoire et en suppositoire , elle* sont utiles dans l'apoplexie et la paralysie. L' ÀCACIE EN 4RBRE a les feuilles deux fois piniiçes , les fo- lioles pointues très-serrées , et les fleurs disposées en tête. Elle se trouva dans les parties chaudes de l'Amérique. Ç'ççt un grand et très-bel arbre lorsqu'il est en fleur. On le cultivç pour l'ofnernent , dans le$ partie? méridionales ^e l'Eurppe , spus le pom de linlihrizin. L^AcACiE PENNÉE a les feuilles bipinnées , à folioles trèSj-r serrées , linéaires , les rameaux épineujç et les fleurs entête. Elle se trouvç à la Cpchinchine. On emploie sçn ^corce , après l'avoir battue, pour faire desçprdç?, qui sont employée? dans la navigation et aux usages économiques. L'AcACiE SAPONAIRE a les feuilles bigémmées , pinnées, ejt les panicules terminales. Elle se trouve à la Coçhinchine. C'est un arbre médiocre , dont l'écorce froissée daps l'eau \^ tui mousser comme le savon. Les habitant l'emploient pour nettpyer leur linge et leur corps. L'AcAQE PUDIQUE, qui est épin^usç , çtdpn^ Ie:ç feuille? sont presque digitées ; I'Âcacie sensitive, qui e^t épineuse, et dont les feuilles sont pinnées , avec une des folioles de la pairç inférieure plus petite, sont confondues, dans les jardins des eu- 64 A C A rieux sous le nom commun et célèbre de sensiihe. Toutes deux jouissent éminemment de l'étonnante faculté de fermer les folioles de leurs feuilles par l'attouchement. On verra au mot Sensitive , le résumé des opinions qui ont été émises sur ce phénomène , ainsi que l'indication de la culture qu'exigent ces plantes dans le climat de Paris. V. pi. A. i , où elle est figurée. L'AcAC.iE FARNÈSE , qui cst épineuse , dont les épines ont la forme de stipules , dont les feuilles sont deux fois ailées et très-garnies de folioles , se trouve en Asie et en Amérique- C'estun arbre médiocre , agréable par la finesse de ses feuilles et par l'odeur suave de ses fleurs , qui sont jaunes et disposées en boules. On le cultive en pleine terre dans les parties mé- ridionales de l'Europe. Son bois coupé a une odeur repous- sante , surtout dans les pays chauds. L'AcACiE d'Egypte , qui est épineuse , dont les épines sont stipuliformes, écartées de la tige , les feuilles deux fois ailées , avec une glande à la base des folioles , et les fleurs en tête pédonculée. L'AcACiE DU SÉNÉGAL , qui est épineuse , dont les épines isont ternées , l'intermédiaire recourbée , les feuilles deux fois ailées , sans glandes , et les fleurs en épis pédoncules. Ce sont deux arbres originaires d'Afrique et qui fournissent les gommes arabique et du Sénégal au commerce. Ils croissent dans les terreins les plus secs. La gomme transsude naturelle- ment de leur écorce en larmes plus ou moins grosses , plus ou moins transparentes. On la ramasse pendant toute l'année , mais principalement pendant les chaleurs. Celle du Sénégal est plus blanche et plus estimée que l'autre. On fait cepen- dant indifféremment usage de toutes deax dans les arts et dans la médecine. On croit que Vacacie d'Egypte îoxxvmi aussi , par l'expres- sion de ses gousses , le suc gommeux qu'on apporte de ce pays sous le nom de vrai acacia, et dont on fait quelquefois usage en médecine. Ses graines donnentune couleur à la tein- ture , et son écorce est employée au tannage des cuirs. V. pi. A. I. où elle est figurée. L'ACACIE DU CACHOU , Mimosa calhecu , est épineuse, a les épines stipuliformes , les feuilles deux fois ailées, composées de vingt à trente couples de pinnules , soutenant chacune qua- rante à cinquante paires de folioles étroites , qui ont une glande à leur base ; et ses fleurs disposées en épis axil- laires. Cest un arbuste de l'Inde, qui fournit la substance qu'on appelle cachou. Ce suc gommo-résineux , d'un brun noirâtre , se fond entièrement dans l'eau , et brûle dans le feu. Il est sans odeur ^ axais il aune saveur agréable d'iris ou de violette. A C A 65 Il est astringent , et devroit le paroître bien davantage , puis- qu'il contient , d'après de nouvelles expériences , plus des deux tiers de tanin. On le retire en frottant dans l'eau les gousses de l'acacie , après les avoir concassées. Le cachou donne à Thaleine une odeur agréable ; il rrête les vomissemens , les diarrhées ; il facilite la digestion. On en fait un grand usage dans la médecine , en Europe e dans l'Inde. L'ACACIE BALSAMIQUE a les feuilles blpinnées , les plnnules h six folioles légèrement denticulées , et les fieurs octandres. Il croît au Chili , où il est connu sous le nom de janlla. Il suinte de ses branches et de ses feuilles un baume d'une odeur fort agréable , qu'on emploie à la guérlson des plaies. L'ACACIE SAPONAIRE de Roxburg fournit des graines qui , pilées , se substituent au savon pour le blanchissage du linge. L'ACACIE CAVEN a pour stipules des épines divergentes ; ses feuilles sont bipinnées , ses épis globuleux , verticiliés et presque sesslles. Il croît au Clilll. Ses fleurs répandent une odeur très-agréable. Ses semences sont enveloppées d'un mu- cilage astringent, avec lequel on fait de l'encre en le mê- lant avec de l'oxlde de fer. Son bois est très-dur. En général , les acaries ont le bois dur ; mais il est ra- rement droit : ainsi On en tire peu de parti pour les arts. Les es- pèces que Ton peut cultiver' en France sont en petit nombre. Il en est venu depuis peu quelques espèces de la Nouvelle- Hollande , qui ont des caractères fort remarquables , et qu'on peut espérer d'acclimater facilement , telles que Vucacie à feuilles de lin , Yacacie vertidllée , Vacarie oblique , etc. Quelques acac/es ont des racines qui sentent l'ail, (b.) ACiSENE. V. Ancistre. (b.) ACjŒ^NITE, Acanitus, Lat. Genre d'insectes, de l'ordre des hyménoptères , famille des ichneumonides , très-voisin de celui à' ichneumon , et mitoyen entre lui et les hracum. 11 diffère du premier par la forme presque égale , ou ne chan- geant que graduellement des articles des palpes maxillaires , et par la tarrière recouverte à sa base d'une lame carénée , en fonne de soc de charrue. La bouche n'avance point en manière de bec , comme dans les bracons. D'ailleurs, la cel- lule radiale des ailes supérieures est grande , et ses deux cel- lulles discoïdales sont situées longltudlnalement, et non trans- versalement ainsi que dans les bracons. Plusieurs n'ont aue deux cellules cubitales , comme les anomalons de M. Jurine. Je rapporte à ce genre le cr^ytiis dubitator de Fabrlclus, représenté parPanzer, Faiin. insect germ. fasc. ySytab. i4; et ï ichneumon arator de Rossi. (l.) G6 A C A ACAHÉ. Nom que M, Azara donne à un Geai du Pa- raguay. F. Geai. ( v. ) ACAIA. C'est au Brésil le Monbin, et à Cayenne le Mo- ZAMBÉ. (b.) ACAJOU BATARD. C'est à la Martinique la Cura- telle, (b.) ACAJOU A PLANCHES. C'est le Mahogoni. ACAJOU A POMMES , ou POMMIER d'ACAJOU, Anacardium , Lin. Cassimum , Juss. Acajube^ Gsertner. Arbre de la troisième grandeur , qui croît dans les parties chaudes de l'Asie et de l'Amérique , et qui porte un fruit dont on mange le réceptacle. Il ne faut pas le confondre avec l'acajou à planches ou bois d'acajou , qui est le Mahogoni. Celui dont il s'agit ici est de la pentandrie monogynie de Linnceus, ainsi que de la famille desTÉRÉBiNTACÉEsde Jussieu, etfaitpartie du genre des Anacardes. Sa fleur a un calice divisé en cinq parties , une corolle de cinq pétales deux fois plus longs que le calice ; dix étamines ; un style à stigmate simple. Le fruit est une noix réniforme , lisse et grisâtre extérieure- ment , attachée par son plus gros bout au sommet d'un ré- ceptacle charnu , qu'on appelle pomme d'acajou. Cette pomme rouge ou blanche , plus ou moins ronde , et de la grosseur d'une petite orange , renferme une substance spon- gieuse , aqueuse , pleine de fibres déliées , d'un goût acide et assez acre. Elle se mange crue ou en compote ; elle est astringente. La noix d'acajou contient une amande blanche très-bonne , et qui a un goût approchant de celui de l'aveline , mais beaucoup plus fin et plus relevé. On la sert sur les tables en guise de cerneaux : on peut aussi la manger grillée ; mais il faut se garder , en la préparant , de trop manier , et sur- tout de porter à la bouche la coque qui l'enveloppe , parce qu'elle est remplie d'une huile caustique , qui fait naître des ampoules sur la peau. Cette huile tache le linge d'une ma- nière indélébile , et sert aussi à consumer les vernies et les cors des pieds. Y,' acajou ne peut être élevé en France qu'en serre chaude. Son bois est blanc , et employé dans les ouvrages de menui- serie ou de charpente. 11 découle , par incision , de cet arbre , une espèce de gomme transparente et roussâtre , qui , fondue dans un peu d'eau , tient lieu de colle ; mais elle est bien in- férieure à celle appellée arabique, (desm.) ACALALOTE des Mexicains. V. Acalot. (s.) ACALANTHE, ACALANTHIS et ACANTHALES. Noms latins du Tarin et du Chardonneret, (v.) ACALOT. Nom abrégé de celui ù'acacalotl^ que Fcrnan- A C A 6; dès a donné à une espèce d'ÎBis (F. ce mot.) indigène au Mexique , et qu'il appelle aussi corbeau aquatique. Cepen- dant , il n'a du corbeau que les traits sombres de son plu- mage ; du reste c'est un véritable Ibis , si on le juge d'après la description que Fernandès en a faite , et particulièrement à la forme du bec , qui , dit il , est courbé en arc , long de deux palmes, et médiocrement grêle, ainsi qu'à sa face dénuée de plumes, (s.) ACALYPHE. V. Ricinelle. (b.J AC AMACA. Mot brasilicn , que Séba a faussement appli- qué pour dénomination au Moucuerolle Huppé a tête COULEUR d'acier POLI. (S.) ACAMACU. Nom d'un Movcherolle Huppé du cap de Bonne - Espérance et du Sénégal, (v.) h.C^MFJ. Aramas. Genre de Coquilles établi par Denys Montfort. Ses caractères sont : coquille libre , univalve , cloi- sonnée , droite et conique ; ouverture ronde , horizontale -, si- phon central ; sommet percé de huit mamelons ou tubercules disposés autour d'un sphincter étoile ; cloisons coniques , plissées à leur extrémité ; bords unis. La seule espèce qui constitue ce genre se troute fossile dans le canton de Bâle. Sa grandeur est de deux à trois pouces. Elle se rapproche beaucoup du Cétocine , et un peu des Bélemnites. Knorr l'a figurée, tome 2, p. i, n.° i, 2 et3. (b.) AC AMEÏL. C'est une espèce du genre Agave, (b.) ACANE , Acana. Genre de plantes dont le caractère con- siste en un calice persistant , divisé en sept parties ovales et concaves ;• en une corolle de sept grands pétales oblongs ; en quatorze étamines velues à leur base et alternativement gran- des et petites ; en un ovaire supérieur , orbiculaire , plane , à sept sillons, surmonté d'un style persistant à stigmate en tête et à sept stries; enfin en une capsule orbiculaire , aplatie , om- biliquée , à sept angles , à sept valves , contenant plusieurs semences comprimées et ovales. Ce genre renferme deux arbrisseaux du Pérou , et se rap- proche si fort des Béjars , qu'il ne mérite pas d'en être dis- tingué. Ventenat est même convaincu que les deux espèces qu'il contient sont les Bejaria œsluans et resinosa de Linn. (b.) ACANGA ouACANQUE. Lapeintade est connue sous ce nom à Madagascar. F. Peintade. (s.) ACANTHE , Acanihus. (^Didynamie angiospermie. ) Genre de plantes qui appartient à la famille des acanthoïdes de Jus- sieu , et dont le caractère est d'avoir un calice à quatre divi- sions , deux intérieures courtes , deux extérieures très-longues et opposées ; une corolle monopétale, tubulée , labiée , la lèvre supérieure nulle , l'inférieure très - grande , plane , à 68 A CÀ trois lobes obtus ; des anthères conniventes*, un stigmate bifide; une capsule ovale , à deux loges qui renferment chacune une ou deux semences. Les acanthes sont des herbes remarquables par la grandeur de leurs feuilles. On en compte une vingtaine d'espèces qui croissent dans les parties méridionales de l'Europe , en Asie et en Afrique. Une seule se cultive pour ses propriétés médi- cinales. C'est Vacanihus mollis dehin.^ qu'on appelle aussi irawc- Ursîne. Elle se plaît à l'ombre dans des terres sabloneuses et légèrement humides. On la multiplie de graines ou de dra- geons. C'est sa feuille (ou celle de V acanthe épineuse) que tous les architectes de la Grèce et de l'Italie , à l'exemple de Cal- limaque , ont prise pour modèle pour former les chapiteaux des colonnes de l'ordre corinthien. Cette plante étoit donc connue des anciens , qui s'en servoient d'ailleurs pour teindre en jaune ; mais il n'est pas prouvé qu'elle soit V acanthe dont Virgile a parlé. Ij' acanthe comestible est originaire de l'Arabie. Au rapport de Forskal , on mange ses feuilles en salade. On fait a deux nouveaux genres aux dépens de celui-ci ; sa- voir : DiLiVARiE et Blepharis ; mais il ne paroît pas qu'on doive les adopter, (b.) ACANTHIAS. Nom spécifique d'unCENTRONOTE, etnona vulgaire du Squale aiguillât, (b.) ACANTHIE, Acanthia. Genre d'insectes de l'ordre des hémiptères et de la famille des cimieides. Fabricius le com- posa d'abord de diverses espèces de punaises à corps aplati et membraneux, mais dont plusieurs différoient essen- tiellement des autres par les antennes , la forme du bec et les habitudes. Je réduisis ce genre aux seules espèces qui ont pour caractères communs : bec de trois articles ; le premier des tarses fort court , et les deux suivans allongés , presque de la même longueur ; le labre dégagé , saillant ; yeux très-» grands; des pieds propres pour le saut; antennes filiformes ; bec droit. Dans le système des rhyngotes de cet auteur , le genre acan--* thie ne comprend que la punaise des lits et une autre espèce de l'Amérique méridionale ( V. punaise ) ; et nos acanthies composent celui qu'il nomme Salde, saMa, et qui est encore mal assorti. Ce sont des hémiptères à corps ovale , dont les an- tennes sont de quatre articles , qui ont des yeux gros et sail-^ lans , deux petits yeux lisses et l'écusson assez grand. Ils se tiennent sur les rivages , sautent et courent très-vite ; ils s'y nourrissent probablement des petits insectes qu'ils sui"pren- nent ou qu'ils attrapent à la course. Je rapporte aux acanthies le» saldes :• losierœ^ strigta et lit- AC A 69 ioralîs de Fabricius. Il faut y joindre son lygée sauteur ( salta- ioriiis') Wolf. cim.fasc. 2 ^tah. 8 ^fig. 74- C'est l'espèce la plus commune aux environs de Paris : elle avolt été décrite et figu- rée dans la première édition de cet ouvrage sous la dénomi- nation spécifique de la zostère {zosterœ). U'acanthie sauteuse ( A. saliatoria) , pi. A. 9 , 2 , est ovale noire , pubescente; les antennes sont noires, avec l'extrémité dû premier article et le second blancs. Le corselet est fort rétréci antérieurement , et paroît comme partagé en deux segmens. L'écusson est assez grand et triangulaire. Les ély- tres dépassent un peu l'abdomen; leur bord extérieur et la partie membraneuse des bouts sont jaunâtres : on voit aussi quelques petites taches de cette couleur , et même un ou deux points blanchâtres sur la partie coriace ; l'extrémité de î'élytre a quatre nervures noirâtres. Les pattes sont jau- nâtres. (L.) ACANTHINION , Acanthînîon. Genre de poissons éta- bli par Lacépède, aux dépens des Chétodons de Linnœus. Son caractère consiste à avoir des dents petites, flexibles et mo- biles ; le corps très-comprimé ; sa hauteur égale ou supé- rieure à sa longueur ; l'ouverture de la bouche petite ; le museau plus ou moins avancé ; une seule nageoire dorsale ; plus de deux aiguillons dénués ou presque dénués de mem- branes au-devant de la nageoire du dos. Ce genre renferme trois espèces ; savoir : les ChÉthODONS RHOMBOïDAL et BLEU , qui se trouvent dans les mers d'Amé- rique , et le Chétodon orbiculaire , découvert par Forskal dans la mer rouge. V. pi. A. 7 , où le premier est figuré, (b.) ACANTHION. Klein donne ce nom aux mammifères du genre des Hérissons. ( desm. ) ACANTHOCÉPHALE , Acanthocephalus. Genre de vers intestins, établi par Koelreuter, mais dont les espèces ont été réparties par Rudolphi dans les genres Echinorinque et Tentaculaire. (b.) AcANTHOcÉPHALES. Ordre de vers intestins établi par Rudolphi. V. leur article, (b.) ACANTHODION , Acanthodium. Genre de plante , fort voisin des Acanthes , établi par Delisle dans la didynamie angyospermie. Sa capsule est bivalve. La seule espèce qui le compose est figurée pi. 33 du bel ouvrage sur l'Egypte , publié par l'Institut de cette contrée. ( b. ) ACANTHOÏDES ou ACANTHACEES, AcantU, Jus- sieu. On appelte de ce nom , une famille ou un groupe de plantes dont le caractère est d'avoir un calice divisé , persis- tant , muni souvent de bractées ; une corolle ordinairement r^Q A C A irrégulière ; deux ou quatre étamines didynames ; un ovaîrê simple à style unique , à stigmate bilobé ; une capsule bilocu- laire , s'ouvrant élastiquement en deux valves , dont la cloisoft intermédiaire , opposée et adnée au milieu des valves , porte les semences , et se fend en deux parties qui sont munies de filamens crochuâ dans les aisselles , sur lesquels résident les semences ; un périsperme nul ; des cotylédons foliacés. Dans ce groupe , qui est le quatrième de la huitième classe du tableau du Règne végétal de Venlenat, on trouve des plantes qui ontlatige herbacée ou frutescente, ordinairement simple, quelquefois garnie d'épines. Les feuilles presque toujours op- posées f rarement verticillées , plus rarement alternes , sont simples et communément entières. Les fleurs naissent dans les aisselles des feuilles ou au sommet des tiges et des ra- meaux , et sont tantôt solitaires , tantôt disposées en épis. Acanthdides à quatre étamines didynames : ACATSTHE, DiLIVARIE , BlEPHARIÉ , ThUNBERGIE, BaRRE- LIÈRE et BUELLIE. Acanthoïdes à deux étamines: CARMANTlNEsetDlANTHÈRE.(B.) ACAISÏHOPE , Acanthopus. Genre d'insectes de la fa- mille des apiaires , que nous réunissons à celui i'epicharis. V, ce mot. (l.) ACANTHOPHÏS , Aranthophis. Serpent dont la patrie est inconnue et qui a servi à Daudin pour établir un nouveau genre qui ne diffère du Boa que par un ergot à l'extrémité de la queue. Il est d'un gris pâle avec des bandes noires trans- versales sur le dos , et offre deux rangées de points noirs en dessous. Il a cent douze grandes plaques sous le ventre, trente- huit sous la base de la queue , et treize doubles sous sa pointe. Son premier nom était Acanthure. V. Hur[AH. Depuis , Leach a fait connoître une seconde espèce de ce genre, pi. 3 de ses mélanges de Zoologie. C'est I'Acanthophis DE Brown. Il est noirâtre , avec la lèvre inférieure blanche ; un sillon transversal se remarque en avant de ses narines ; sa queue est courte , beaucoup moins grosse que le corps et latéralement aplatie. Il est naturel à la Nouvelle-Hollande , et n'atteint pas plus de huit à dix pouces de longueur, (b.) ACANTHOPODE , Arantopodus. C'est le nom d'un genre de poissons établi par Lacépède , aux dépens des ChÉtodons de Linnspus. Il présente pour caractères un corps très-com- primé , dont la hauteur est supérieure, ou au moins égale à la longueur ; l'ouverture de la bouche petite ; le museau plus ou moins avancé ; une nageoire dorsale couverte de très-pe- tites écailles ; un ou deux piquaps à la place de chacune des nageoires ventrales. AG A 7ï Ce genre renferme deux espèces , savoir le Chétodon ar- genté , qui vient de la mer des Indes , et le Chétodon bod- DAERT. (B.) ACAKTHOPOMES. Famille de poissons dtabUe par Duméril dans la division des osseux thpraciques à branchies complettes. Ses caractères sont : corps épais comprimé ; oper- cules dentelées ou épineuses. Les genres Holocentre , Taenianote , Persèque , Bo- BIAN , MiCROPTÈRE , SciÈNE , LUTJAN et CeNTROPOME , SOnt ceux qui constituent cette famille, (b.) ACANTHOPHORE, Acanthovhora. Genre de plante établi par Lamoùreux , annales du Muséum , aux dépens des Varecs de Linnseus ; ses caractères sont : tubercules arrondis et épineux. Il renferme cinq espèces toutes étrangères aux mers de l'Europe , et dont une, TAcanthophore militaire , originaire des Antilles , est figurée pi. lo du mémoire pré- cité. (B.) AGANTHOPTÉRYGIENS. Ordre de poissons, dont les nageoires osseuses , ou seulement quelques-unes d'en- tre elles , ont des aiguillons. V. Ichthyologie. (s.) ACANTHURE, Acanthurus. Genre de vers intestins établi par Acharius , sur l'Echimorinque de Léperlan. Il n'a été adopté ni par Rudolphi , ni par Lamarck. (b.) ACANTHURE , Acanthurus. Lacépède a appelé de ce nom un genre de poissons qu'il a établi aux dépens des Ché- todons de Linnseus. Us offrent pour caractères un coi-ps très- comprimé , et plus large que long; l'ouverture de la bouche petite ; le museau plus ou moins avancé ; une nageoire dorsale garnie de très - petites écailles ; un ou plusieurs piquans de chaque côte de la queue. Les six espèces qu'il contient sont le Chétodon chirur- gien , qu'on trouve dans la mer des Antilles ; le Chétodon ZÈBRE , qui se pêche dans la mer du Sud ; le Chétodon noiraud , qu'on trouve dans les mers des Indes et d'Améri- que ; le Chétodon voilier ; le Chétodon rayé , figurés dans Séba, vol. 3, lab. 33, n.» 3 ; et deux autres qui for- moient le genre Theuthis de Linnseus , supprimé par Lacé- pède V. pi. A. 7 , où il esl figuré, (b.) ACAPATLI. Nom de pays de l'IvA frutescent, (b.) ACARA. Poisson du Brésil. On le trouve dans les rivières ; son genre n'est pas connu, (b.) ACARA MUCU. Animal marin des côtes du Brésil. Selon Playcard-Roi (Dict. Hist. Nat.) , c'est le Narwhal ( mono-, don monocéros ) Linn. M. Lacépède le rapporte au Baliste Monocéros. Wil- .., A C A lughby qui en parle d'après Marcgrave, le rapproche des Bau- droies. (Desm.) A GARA PEBA. Poisson de mer du Brésil qui paroît être une espèce de Rasoir. V. Coryphène. (b.) ACARA PINIMA. Marcgrave donne ce nom à un pois- son de la mer du Brésil , qui paroît être le Spare rayé de Bloch. (B.) ACARA PITAMB A. C'est un poisson de la mer du Bré- sil , qu'on rapporte au genre Dorade , sur la figure qu'en a donné Marcgrave. (b.) ACARA PUEN paroît fort peu différer du précédent, (b.) ACARA TINGA. Synonyme d'AcARA Peba. (b.) ACAR AUNA , poisson du genre des chétodons , chœtodon bicolor, Lin. 11 fait partie des Holacanthes de Lacépède. (b.) AC ARAUNA , Acarauna. Genre de poisson de la classe des Thoraciques , établi dans le treizième volume des mé- moires de l'Académie de Pétersbourg , où la seule espèce qui le compose est figurée. Ce genre m'a paru bien fondé; mais comme l'individu étoit altéré, je me bornerai à dire qu'il a un museau très-allongé , une bouche très-fendue et un seul rang de dents à chaque mâchoire , dont les deux antérieures plus grandes, (b.) ACARDE , Acarâo. Genre de coquillage , dont le carac- tère est : une coquille composée de deux valves applaties, presque égales , n'ayant ni charnière , ni ligament , et ne pré- sentant qu'une impression musculaire au milieu des valves. Ce genre a été établi par le célèbre botaniste Commerson, II n'est encore composé que de deux ou trois espèces extrê- mement rares dans les cabinets , et qui toutes viennent de la c6te orientale d'Afrique. On ne connoît point les animaux qui les habitent, animaux qui doivent avoir une organisation différente de celle de ceux des autres bivalves. ( V. pi. A. 6 où l'une d'elle est figurée. ) Bruguière avoit réuni à ce genre des coquilles fossiles qui s'en rapprochent beaucoup , puisqu'elles n'ont pas non plus de charnière ; mais Lamarck , fondé sur l'inégalité des vaiws de ces fossiles , et sur leur convexité , en a fait un genre nou- veau sous le nom de Radiolite. (b.) ACARIA. Poisson du Brésil , dont le genre n'est pas connu, (b.) ACARICABA. C'est I'Hydrocotile en ombelle de Lin. (B.) ACARIDES ou ACARIDIES, Acaiides, vulgairement pûtes, tiques , Seconde tribu de ma famille des holètres , ordre des arachnides trachéennes , et composée du genre acams de Linnseus. Ainsi que dans tous les holètres , le tronc çl l'ab- A C 73 flomen sont réunis en une masse , sous un épiderme commun ; cette première partie du corps est tout au plus divisée en deux , par un étranglement , et la seconde est continue ou n'a que des apparences d'anneaux. Les acarides diffèrent des phalangiens ou de la première tribu de cette famille par leur bouche. Tantôt elle offre des mandibules , mais entièrement cachées ou peu saillantes et composées d'une seule pièce , soit en pince , soit en griffe ; tantôt elle consiste en un simple suçoir , ou n'est même dis- tinguée que par une simple ouverture. Ma famille des acari- dles, ar.aridict, ne comprend , dans mon gênera crust. etùisecl. , que les acarus terrestres de Linnseus, qui ont des mandibules. Leur corps est ovale ou globuleux , le plus souvent d'une consistance très-molle , et si petit , que ces animaux ne pa- roissent , à la vue simple , que comme un point mobile. La plupart ont deux palpes avancés , filiformes ou pointus , et de quatre à cinq articles. Les yeux sont très-petits ; on n'en découvre point dans quelques espèces. Leurs pieds , dont^ le nombre est généralement de huit , sont ordinairement hérissés de poils et terminés par deux ou trois crochets , fixés dans plusieurs , sur une espèce de pelotte ou de vésicule pédoncu-. lée et mobile. J'ai observé , ce que d'autres avaient vu aussi , que plusieurs petits n'ont que six pieds à leur sortie de l'œuf; mais les deux autres ne tardent pas à se développer. Quoique ces auimaux échappent à nos regards par leur ex- trême petitesse , leur étude n'en est pas moins curieuse et des plus utiles. Ils méritent surtout , d'après les faits que je vais exposer , l'attention du médecin philosophe. Les uns sont errans , et se trouvent tantôt sur les provi- sions de bouche , comme la farine , les viandes desséchées , le vieux fromage sec , tantôt sur des substances animales pu- tréfiées ; souvent aussi sur les feuilles , sous les écorces des arbres , les pierres , dans l'eau ; les autres sont fixes , et vi- vent en parasites , sur la peau ou dans la chair de divers ani- maux , et les alïoiblissent beaucoup , ou les font même périr à la longue , par leur excessive multiplication. On attribue à quelques espèces , l'origine de certaines maladies , comme la dysscnterie , et plus particulièrement la gale. Il est cer- tain , ainsi que l'a constaté le docteur Gallée , auquel nous devons upe dissertation très-intéressante sur ce sujet , que l'acarus de la gale humaine se trouve presque toujours dans les ulcères des personnes infectées de cette maladie , et que cet acarus , placé sur le corps d'un homme sain , lui en ino- cule le virus. La gale du cheval et celle de quelques autres animaux do- inestiquoo , nous offrent d'autres espèces d'acaridcs. Les 7i A C A tiques ( F. IxoDE. ) tourmentent les bœufs , le chien et d'autres animaux , en suçant leur sang. Les oiseaux en nour- rissent de différentes sortes. On a découvert des acarides dans les yeux et jusques dans le cerveau de l'homme. On en trouve aussi sur plusieurs in- sectes. Quelques coléoptères, vivant de cadavres ou d'excré- mens , tels que les boucliers , les escarbots , les géotrupes , les aphodies , en sont quelquefois tout couverts. Les acarides sont ovipares, et pullulent d'une manière pro- digieuse. Degeer a partagé les mîtes eu sept familles , d'après leurs différentes habitudes. ISotre distribution sera fondée sur leurs divers modes d'organisation. i.° Huil pieds simplement ambulatoires et des mandibules '. Les genres : Trombidion , Erythrée , Gamase , Chey- lÈTE , OriBATE , UrOPODE , MlTE ( OU acams ). 2.*» Huit pieds f simplement ambulatoires et un suçoir: Les genres : Bdelle , Smaris , Ixode , Argas. 3." Huit pieds nageurs. Les genres Eylaïs , Hydrachne , Limnochare. 4-° Six pieds. Les genres : Caris , Lepte , Atome , Ocypète. F. ces mots, (l.) ACARIMA. D'après Barrère (France équînoxiale). C'est le nom que porte à la Guyane française l'Ouistiti mari- K1NA ( Hapale Rosalia. ) lUig. Foyez le mot Ouistiti, (desm.) ACARNE. On donne ce nom au Spare Pagel. (b.) ACARJNE , Acama. Genre de plantes établi par Allioni, pour placer I'Atractylide prisonnière. 11 lui donne pour caractères : un calice entouré de bractées foliacées ; des fleu- rons hermaphrodites à cinq divisions ; un réceptacle garni de paillettes et portant des semences couronnées par une ai- grette plumeuse. Ce genre a aussi été établi par Gœrtner , sous le nom de Cirsèle. (p.) ACARUMUCU. F. Acara mucu. (desm.) KQKli'EuÇJWlA ^{^Fringillamexicana, Lath. ). Oiseau du genre Fringille et de l'ordre des Sylvains. F. ces mots. Cet oiseau du Mexique , est simplement indiqué par Femandez. Sonnini en fait un tarin dans la première édition de ce dic- tionnaire : c'est plutôt un chardonneret; car son plumage a de grands rapports avec celui du mâle chardonneret jaune d'A- mérique, dans son jeune âge, et avec la femelle. Sagrosseur, A C C 75 son chant et ses alîmens sont les mêmes qttc ceux àe cet oiseau. Il a , suivant Fernandez , l habitude de se frotter contre les roseaux. Du reste , son plumage est en dessus d'un brun ver- dâtre , elen dessous, d'un blanc nuancé de jaunâtre. F. Char- DONiSERET JAUNE. (V.) ACATSJA VALLI. C'est le Cassyte. (b.) ACCAVIAC ou ASCAVIAS YAKE. Selon d'anciens voyageurs , c'est un oiseau de la Nigritie , de la grosseur du paon ou de la cicogne^ et ayant une huppe rouge sur la tête , avec deux rangs de plumes blanches de chaque côté, (s.) ACAWERIA. C'est I'Ophyoxyle à Ceylan. (b.) ACCENTEUR, {Accentor, Bechst).Nom d'un nouveau genre , qui ne renferme qu'une seule espèce , la fauvette des Alpes ^ ou le Pégot, V. ce mot. (v.) ACCIOCA. Plante que l'on substitue au Thé du Para- guay. (B). ACCIPITRES, Accipitres. i.*"^ ordre des oiseaux. Carac- tères : Pieds courts ou médiocres , robustes et musculeux ; jambes charnues, entièrement couvertes de plumes jusqu'au talon ( vulgairement le genou ) ; tarses nus et réticulés , ou vêtus en tout ou en partie ; trois doigts devant , fen- dus , très - flexibles , verruceux sous les jointures , totale- ment séparés , ou les deux extérieurs unis à la base par une membrane ; l'externe , quelquefois versatile ; le postérieur articulé au bas du tarse sur le même plan que les antérieurs , embrassant le juchoir avec son ongle , et portant à terre sur toute sa longueur ; ongles mobiles , rétractiles , allongés , épais à la base , comprimés latéralement, crochus , aigus ou un peu obtus ; l'intermédiaire , le plus souvent avec une tranche saillante et comme pectinée ; bec robuste , cou- vert à la base d'une cire , crochu à la pointe. — Rectrices , quatorze au plus , douze au moins. Cet ordre est divisé eu deux tribus, quatre familles , et vingt-trois genres dans ma nouvelle ornithologie élémentaire , d'après laquelle les oiseaux sont classés dans cette édition. F. Ornithologie. Tous les accipitres sont carnivores ; les uns préfèrent les charognes , les autres la chair palpitante , quelques - uns vivent principalement de poissons. Les petits, dès leur nais- sance , prennent eux - mêmes la nourriture donnés par les père et mère , et ne quittent le nid qu'en état de voler. ACCIPITRES DIURNES, Accipitres diumi. Pre- mière tribu de l'ordre des accipitres. Caractères : Yeux 76 A C G dirigés de côté. Celte tribu renferme trois familles, les .Vautourins , les Gypaètes , les Accipitrins. F. ces mots. Peu d'oiseaux offrent dans leur plumage autant de diffé- rences sur le même type que ces accipitres , depuis leur nais- sance jusqu'à l'âge avancé ; aussi est-il très-difficile de dé- terminer les espèces avec précision , et même de distinguer les sexes pendant les deux premières années , si ce n'est par la taille chez un certain nombre , tant les livrées des mâles et des femelles ont alors d'analogie. Il n'en est pas tout-à-fait de même pour les jeunes ; car chez eux les couleurs sont ordinairement plus chargées et moins pures , les taches plus saillantes et plus nombreuses avant la première mue et sou- vent avant la seconde , époque à laquelle les teintes com- mencent à s'épurer , les taches et les raies à s'altérer , et tou- jours de plus en plus , à mesure que l'oiseau vieillit. Ces taches et ces raies subissent graduellement un tel changement dans certaines espèces , qu'il n'en reste presqu' aucun vestige chez des vieux mâles ; ce qui a donné lieu de les signaler comme des espèces différentes. C'est ainsi que le vautour de Malte , en passant du brun au blanc , se trouve être celui de Norwège et le petit vautour de Buffon ; que le vautour moine finit par être le vautour noir , en quittant un plumage gris et brun , pour en prendre un d'un brun noir ; que le vautour fauve , qui dans sa jeunesse est roussâtre , après cette couleur est gris , ensuite cendré , prend dans l'âge avancé un vêtement d'un gris -blanc uni- forme. Si nous parcourons une autre série , nous voyons l'orfraie devenir lepygargue à tête grise, et dans sa vieillesse, celui à tête blanche. Ce dernier fait a été contredit ; et l'on a avancé que le pygargue à tête blanche étoit une race dis- tincte du pygargue à tête grise , laquelle ne se trouyoit que dans l'Amérique septentrionale et dans les parties les plus boréales de l'Europe. Cependant j'ai vu dans les Etats-Unis l'orfraie , le pygargue à tête grise et celui à tête blanche , qui tous les trois appartenoient , comme en Europe , à la même espèce. J'ajouterai à ce fait que le pygargue à tête blanche , qu'on a vu à la ménagerie du Jardin du Roi, a été pris en France , et y est arrivé ressemblant beaucoup à une orfraie. Néanmoins , je crois que le plumage du pygargue passe plus promptement au blanc sur la tête , dans les contrées boréales des deux continens. En effet , Othon Fabricius , qui a ob- servé ces oiseaux au Groenland , ainsi que je l'ai fait sur le fleuve d'Hudson en Amérique , nous donne une description exacte du pygargue dans ses premières années , description qui convient en tous points à l'orfraie ; il nous dit ensuite que les vieux pygargucs diffèrent eu ce qu'ils eut la queue , A C G 77 la tête et le cou Lianes ï et qu'ils blanchissent déplus en plus à mesure qu'ils vieillissent. Le plumage des aigles propre- ment dits , varie moins que celui des pygargues ; ils passent seulement du brun au noirâtre, et, dans leurs premières an- nées , il est mélangé de brun et de roussâtre. Si nous examinons la soubuse d'Europe, nous voyons le mâle d'abord totalement pareil à la femelle , et prendre, après trois ou quatre ans , les couleurs de l'oiseau saintmarliu , long-temps regardé , et peut-être encore, comme une espèce distincte ; mais ce n'est point un doute pour celui qui l'a étu- dié sous ses diverses livrées. L'émérillon à culottes rousses {/alco rxifipes ou vespertlnus') y est dans le même cas que Toi- seauSaint-martin; car, ne différant nullement de sa femelle pendant ses deux premières années , il prend ensuite un vê- tement qui n'a aucune marque analogue au premier ; c'est au point qu'on s'est cru fondé à les séparer spécifiquement. Quoique l'émérillon mâle ne subisse pas une métamorphose aussi completle , on ne l'a pas moins décrit une seconde fois sous le nom de rochier, parce que, dans l'âge avancé, il a moins de taches sur le devant du corps , et que la couleur des parties supérieures a passé du brun au bleuâtre ; c'est encore après plusieurs mues que , chez les éperviers , les autours et lés faucons proprement dits , les taches changent de formes ; que, chez les deux premiers, elles deviennent transversales de longitudinales qu'elles étoient d'abord ; que , chez les mâles, le brun des parties supérieures est remplacé par du bleuâtre ; que, chez les faucons mâles , les taches disparoissent entière»' ment sur le devant du corps. Enfin , il nous reste une buse d'Europe , que l'on a toujours confondue avec la buse com- mune , en disant que celle-ci portoit une livrée qui varioit au point de devenir totalement blanche. Cet accipitre , que j'ai appelé buse changeante , à^ns un mémoire que j'ai présenté dernièrement à l'Académie de Turin , est une espèce très- distincte , qui, d'abord brune en-dessus , blanche en-dessous, avec uu grand nombre de taches longitudinales , se présente dans le cours de sa vie sous un plumage tellement varié , qu'on trouve rarement deux individus totalement pareils , si ce n'est dans les deux premières années. Au contraire , le vêtement de la buse commune , que je nomme dans le même mémoire buse à poitrine barrée, ne varie point, si ce n'est sur la poitrine et sur le ventre , dont les bandes transversales sont seulement moins nombreuses. Je renvoie aux articles, qui concernent ces oiseaux , pour les détails qui sont à l'appui de ce que je viens d'avancer. ACCIPITRES NOCTURNES, {Accipitres noctumi). Deu.xième tribu de l'ordre des accipitres. Caractère : 78 A ce Yeax dirigés en devant. Cette tribu n'est composée que d'une seule famille et d'un seul genre , lequel est suscepti-- ble de plusieurs divisions , comme l'a prouvé M. Savigny dans la partie systématique des oiseaux de l'Egypte et de la Syrie. Mais , ne pouvant m'y conformer avec certitude pour tous les oiseaux de proie nocturnes , puisqu'il me faudroit pouvoir les examiner tous en nature , je les ai classés dans un seul groupe , à l'exemple de Linnaeus et de tous les autres ornithologistes. On reconnoît aisément les accipitres nocturnes à la gros- seur de leur tête , à leurs grands yeux , aux cercles de plumes effilées et écailleuses qui les entourent , et qui d'un côté re- couvrent les narines et de l'autre les oreilles. Ces cercles sont , chez les uns, médiocres et peu réguliers ; chez d'autres , grands , cchancrés sur les côtés , ou grands et réguliers. Les oreilles externes présentent aussi des disparités chez quel- ques-uns : elles sont rondes et dénuées d'opercules, chez la chevêche et le petit duc ; excessivement grandes , arquées de manière à suivre le contour de la face , et couvertes cha- cune d'une valve membraneuse emplumée qui s'ouvre par son bord postérieur , chez le moyen duc ; grandes et oper- culées , chez le chat-huant et chez la hulotte. Ces accipitres se distinguent tous entre eux par des tarses nus ou vêtus ; les uns les ont totalement empîumés , d'autres glabres ; mais ceux-ci ne se trouvent point en Europe. Quelques-uns de cette partie du monde ont les tarses et les doigts totalement laineux , tandis que d'autres ont seulement le tarse laineux et les doigts en partie velus. J'engage ceux qui désireront des détails plus étendus sur ces oiseaux , à consulter l'ex- cellent ouvrage de M. Savigny. Linnaeus a divisé ce genre en deux sections : dans l'une se trouvent les espèces qui ont deux aigrettes , et dans l'autre celles qui en sont privées. ACCIPITRINS , {Accipitrini ). Troisième famille de l'ordre des accipitres. Caractères : Pieds nus ou empîumés jusqu'aux doigts ; tarses de la longueur du doigt intermé- diaire, ou un peu plus longs ; doigts extérieurs ou to- talement séparés , ou unis à la base par une membrane ; l'extenne versatile chez plusieurs ; ongles très - crochus , aigus ; bec couvert à l'origine d'une cire nue ou velue , crochu à la pointe ; narines glabres , quelquefois garnies de soies roldes et rares ; yeux renfoncés; jabot emplumé ou laineux ; tête et cou parfaitement empîumés. Tous les oiseaux de cette famille ont été classés dans le genre /a/co, par Llnn.fus , Gmelin et Latham. M. Meyer en a isolé les aigles , et a fait cinq divisions A G C ng de tous les aulres , sous les noms de milan , buse , sou- buse , autour et faucons nobles. Ces groupes , que l'on voit aussi dans les ouvrages de quelques ornithologistes fran- çais , me semblent plus naturels , vu que ces oiseaux ont plusieurs caractères particuliers et constans , d'après lesquels on les distingue parlaitement les uns des autres , et dont la réunion offre un faisceau qui ne permet pas de les confondre. D'autres auteurs ne s'éloignent de la classification de Lin- naeus, qu'en isolant les aigles auxquels ils joignent les balbu- zards, les milans et le jean-le -blanc, qui tous me parolssent déplacés : en effet, j'ai cherché en vain ce qui pouvoll les rap- procher et je ne leur ai trouvé aucun rapport avec les aigles pro- prement dits. Comme ils diffèrent entre eux , non-seulement par leurs attributs génériques , mais encore par leurs mœurs, leur instinct et leurs habitudes, et qu'on ne peut en outre le» classer parmi les faucons, parce qu'ils en diffèrent autant que àes aigles , je me suis décidé a en faire des genres particu- liers sous les noms de Balbuzard, Milan et Circaète. ( V. ces mots. ) Le pygarque même , doit selon mol, être encore séparé des aigles , puisqu'il présente des caractères qui lui sont propres et qui ne se trouvent point chez les aigles pro- prement dits. Il en est de même pour plusieurs oiseaux de proie de l'Amérique , qu'on appelle aussi aigles, et qui, dans mon ornithologie élémentaire, sont sous les noms de Harpie et de Spizaete. V. ces mots. Quant aux autres espèces réunies par les auteurs dans leur genre faucon , je ne vois que les hobreaux , les cresse- relles et les émérlllons auxquels ce nom générique puisse convenir ; vu qu'ils ont tous les attributs qui distinguent le faucon proprement dit ; savoir : le bec denté vers le bout de sa partie supérieure et échancré vers la pointe de l'infé- rieure ; les narines orbiculalres avec un tubercule isolé dans le milieu ; la deuxième rémige la plus longue de toutes ; réu- nion de caractères qui ne se rencontre que chez ces oiseaux. En effet , si nous examinons les acclpltres qu'on a qualifiés du même nom, nous voyons , i.° Que les buses ont le bec édenté et sans échancrure ; les narines oblongues et sans tu- bercule ; la deuxième rémige plus courte que les troisième et quatrième. 2.° Que les busards et les soubuses diffèrent de tous les oiseaux précédens par leur cire velue , leurs tarses allongés à peu près grêles, et par les proportions relatives des rémiges. 3." Qu'ils se rapprochent des éperviers par la lon- gueur du tarse, et qu'Us s'en éloignent d'ailleurs ; ceux cl ayant- les ailes courtes, les narines glabres et presque ovales, la cire nue , et une autre disposition relative des premières rémiges. On a encore classé, sous le nom de faucon, tous les oiseaux 8o A C G de proie diurnes exotiques ( les vautours exceptés) ; néanmoins on ne doit pas en conclure que tous y soient mieux placés que ceux d'Europe, dont il vient d'être question; car, à l'ex- ception de lo à 12 auxquels cette dénomination convient sous tous les rapports , on trouve parmi les autres , des bal- buzards , des buses , des busards , des soubuses , des milans, des éperviers , des autours , quelques véritables aigles , et de plus , un certain nombre d'espèces qui m'ont paru suscep- tibles d'être le type de nouveaux genres. Consultez les mots "Harpie, Spizaète,Phisète, Macaduga,Ictinie,Caracara, Rancamca , CouHYEH et Iribin. (v.) ACCOLA. Poisson qu'on mange à Malte et qui est men- tionné dans le voyage de Sonnini en Egypte. Il ne devient pas aussi gros que le thon , mais sa chair est plus blanche et plus délicate. Sonnini pense que c'est le scomber aîalunga de Linnaeus , c'est-à-dire , le Thon blatsc des Français, (b.) ACCORTE. Nom donné par Goedart ( tom. 2 exp. i. ) à une chenille qui se nourrit de feuilles de rosier d'hiver, (l.) ACCOUCHEUR. Espèce du genre Crapaud, (b.) ACCOUPLEMENT (EcoRom/grara/^). Considérations gé- nérales sur l'accouplement des animaux domestiques. — On entend souvent par le mot accouplement, appliqué aux animaux do- mestiques , la réunion de deux animaux destinés à travailler ensemble , lesquels sont ordinairement du même sexe , du même âge , de la même taille , de la même race , et fréquem- ment aussi de la même couleur. Le plus souvent ce mot indique l'union du mâle et de la femelle pour la génération. Cette union a lieu généralement entre des individus de la même espèce ; elle se pratique quelquefois entre des animaux de races différentes dans une espèce ; quelquefois encore elle se fait entre des espèces distinctes, du^nême genre , ce qui forme un quatrième mode d'accouplement ; et quelques per- sonnes ont pen«é qu'elle pouvolt réussir pour la génération , entre des animaux de genres différens , ce qui formeroit un cinquième mode. Après avoir indiqué les principales précautions qu'exige le premier mode , dont l'objet est bien différent des autres , nous essaierons de faire connoître ici les considérations majeures applicables aux quatre derniers. Premier Mode. — Accouplement d'animaux domestiques , pour le travail. — Ce premier mode , ou cet assemblage de deux animaux , comme de deux bœufs , par exemple , atta- chés sous le même joug , se pratique fréquemment pour les opérations aratoires et les charrois. Il exige , pour donner A G G 8i tous les résultats utiles qu'on en attend, la ressemblance la plus étendue possible , sous tous les rapports essentiels , entre les animaux réunis pour ces importans objets. Toute dissemblance prononcée , dans ce cas , a ordinairement des résultats fâcheux , qu'il est facile de prévoir et de prévenir. Ainsi, la différencie de sexe peut fatiguer inutilement les ani- maux, et les distraire, d'ailleurs , de l'objet qu'on a ici en vue , indépendamment de l'inconvénient résultant de la différence qui existe dans les forces , le caractère et les autres disposi- tions. La différence d'âge a des inconvéniens non moins gra- ves, en fatiguant un animal plus qu'un autre , et en nuisant nécessairement aux travaux , parce que les forces et les ef- forts ne peuvent être , non plus , généralement les mêmes. La différence de taille a souvent encore de semblables désa- vantages , à cause du défaut d'ensemble dans l'action. La différence de race peut également donner des résultats dé- favorables, par les mêmes causes; et quoique la différence dans la couleur de la robe soit souvent réputée indifférente ,' comme elle plaît , au moins , davantage à l'œil , lorsqu'elle est la même dans les deux animaux, que lorsqu'elle diffère,' si , toutefois , elle n'a pas d'autre mérite , ce que nous examinerons ailleurs, il est bon de la réunir, lorsqu'on le peut , aux autres qualités essentielles pour ce mode d'accou^ plement. Deuxième Mode. — Accouplement d'un mule et d'une fe- melle , de la même espèce et de la même race , pour la génération. — Ce mode d'accouplement est le plus ordinaire parmi les ani- maux domestiques, comme il l'est pour ceux qui sont encore abandonnés à l'état de nature. Les principales précautions qu'il exige , étant communes à tous les autres modes prati- cables dont nous avons à parler, nous devons les exposer ici avec quelques détails. Avant de travailler à la perpétuité de l'espèce , tous les animaux doivent d'abord s'occuper de leur propre existence, se développer et se fortifier suffisamment ; car, pour pouvoir communiquer la puissance vitale, il faut en posséder surabon- damment, puisqu'il en faut, non-seulement pour soi-même, mais encore en supei'flu. Il convient donc d'attendre , pour essayer d'obtenir , par la génération , des animaux qui aient toute la vigueur dési- rable , que ceux qui doivent concourir à leur existence aient acquis le maximum du développement fixé par la nature à chaque espèce , afin qu'ils puissent founiir les germes néces- saires à leur formation. Ce complément de forces vitales et cette surabondance de yie qui le suit immédiatement , en annonçant la puberté, se I. 0 82 A C C manifestent ordinairemeni par des signes extérieurs de vigueur et de beauté, qui ne permettent pas de s'y méprendre : c'est alors qu'on voit les animaux se parer d'une couverture écla- tante ; leur marche est plus assurée, leur attitude plus impo- sante ; leurs traits se dessinent avec plus d'énergie ; leur taille est mieux proportionnée ; leurs formes deviennent arrondies et bien prononcées ; leur figure est plus expressive ; ils sentent toute leur force. Ceux qui sont armés de cornes semblent les aiguiser pour se préparer aux combats avec leurs rivaux, tan- dis que les oiseaux , couverts des plus riches parures que puisse leur fournir leur plumage, essaient de même à se servir des diverses armes dont la nature les a munis. Chez tous, la voix, qui a de si grands rapports avec les organes de la géné- ration, éprouve une modification frappante, et acquiert son plus grand développement. Les oiseaux, surtout, sont plus bruyans ; ils chantent plus souvent, plus long-temps et mieux qu'à toute autre époque. Ordinairement encore, des couleurs plus vives , et , dans plusieurs espèces , des défenses parti- culières , qui ne commencent à bien se prononcer qu'à cette époque , comme les cornes , les bois , les ergots , lesquels ne poussent pas généralement aux animaux, privés de bonne heure des organes de la génération , viennent distinguer le mâle de la femelle. Dans les espèces polygames surtout, comme chez les ruminans , le mâle devant suffire à un grand nombre de femelles, devient d'une complexion plus robuste, et se dis- tingue aisément d'elles par des caractères plus frappans que dans les espèces monogames , où les sexes sont plus égaux et les différences moins sensibles. Dès que la nature a indiqué son vœu par la manifestation de ces signes infaillibles, les forces vitales devenant surabondantes et tendant sans cesse à l'organisation , elles doivent nécessairement être dirigées vers la reproduction. On remarque, en effet ,* que lorsque l'accomplissement de ce vœu se trouve retardé ou contrarié par une cause quel- conque , il en résulte souvent les accidens les plus graves, tels que des convulsions, l'épilepsie, la stérilité, et même la mort. C'est dans les oiseaux principalement, dont tous les organes de la vie ont une très-grande activité , et dont les maladies sont, par conséquent, généralement aiguës, inflammatoires el nerveuses , que ces accidens sont très-fréquens , lorsque leur ardeur ne peut être satisfaite. On voit par-là que, s'il est très-dangereux de devancer, sous cet important rapport , l'époque fixée par la nature , et de l'outre-passer lorsque la vieillesse vient ôter aux animaux la vigueur nécessaire à la génération , il peut le devenir beau- coup aussi de la trop reculer. A C C 83 On remarque encore qu'en général , les femelles parviennent plus promptement que les mâles à l'époque de la puberté , qui est celle de la génération , parce qu'elles sont d'une con- texture plus molle , qu'elles sont ordinairement plus petiîes , et qu'il faut, en outre , aux mules plus de force et de per- fection qu'aux femelles. Il s'ensuit également qu'on peut, sans inconvénient, em- ployer plus tôt à la génération les femelles que les mâles , lorsque les deux sexes se sont trouvés dans des circonstances pareilles, sous tous les autres rapports; et le retard devient surtout nécessaire aux mâles dans les espèces polygames , où ils sont exposés à se fatiguer ; car c'est principalement à l'égard de ces derniers qu'il devient ordinairement très-nuisible de devancer l'époque fixée par la nature. On observe aussi que l'abondance de la nourriture accélère l'accroissement, et par conséquent la puberté , qui en est le résultat , et qui conduit immédiatement à la génération. La nutrition peut , en effet , être regardée comme une sorte de génération continuelle pour chaque individu , comme la gé- nération est, pour ainsi dire , l'aliment de l'espèce. Ces deux fonctions coïncident toujours entre elles, de sorte que l'abon- dance de nourriture augmente partout la population des animaux comme celle des hommes ; c'est pourquoi les zones chaudes de la terre , qui fournissent beaucoup d'alimens, sont bien plus peuplées , de toutes les manières, que les zones froides , qui en produisent peu. Il résulte nécessairement de cette observation que , toutes choses égales d'ailleurs, les animaux abondamment nourris sont plus tôt propres à la reproduction que ceux qui ont été moins bien entretenus. Nous observerons cependant que l'état d'obésité, qui anéantit les forces , est évidemment contraire à la génération, et qu'on doit l'éviter dans les animaux des- tinés à cet acte , en nourrissant modérément ceux qui parois- sent disposés à prendre un excès d'embonpoint. Un repos convenable favorise puissamment encore les dis- positions à la reproduction , comme un exercice outré en retarde l'époque ; et c'est un nouveau motif pour ne pas excéder de fatigue , surcharger de fardeaux et accablende tra- vaux, comme on le fait souvent , les animaux spécialement destinés à la multiplication de leur espèce. Une faut pas croire cependant, comme on le fait encore fréquemment , qu'un re- pos absolu soit nécessaire dans ce cas ; car plusieurs exemples ont démontré qu'il devenoit aussi contraire à la fécondation, qu'un exercice modéré lui étoit favorable. La chaleur exerce également une très-grande influence sur la précocité de la puberté , parce qu'en augmentant rucuvitc 84 A G G de la puissance vitale dans tous les corps organises , et en rendant l'accroissement plus rapide , elle rapproche ainsi lépoque de la puberté de celle de la naissance. Il faut de même en conclure que , plus les animaux auront été soumis à cette influence, dans les premiers momens de leur existence , plus on pourra, sans inconvénient, avancer l'époque de leur reproduction par l'accouplement. Les oiseaux étant , en général , d'un tempérament chaud et actif, et étant très-ardens , par la môme raison, ils sont ordinairement propres à engendrer de très-bonne heure, La conformation des animaux destinés à la régénération , mérite aussi quelque attention. Dans l'état de nature, les unions sexuelles ne sont pas toujours , comme on le pense , vagues et sans choix. Le mâle préfère ordinairement , lors- qu'il est libre , la femelle la plus vigoureuse ; et la femelle recherche aussi , de son côté , le mâle le plus robuste. C'est cette propension naturelle , laquelle porte l'un vers l'autre les individus qui se ressemblent le plus par la vigueur et la beauté de la conformation , qui soutient les espèces à leur hauteur primitive et prévient leur dégradation successive. C'est cette même propension qui rend souvent les animaux féroces et indomptables , lorsqu'ils sont en rut ; c'est elle qui devient la cause des combats que se livrent fréquemment entre eux les mâles, et même les femelles, et à la suite desquels la jouissance appartient aux vainqueurs. « Cette récompense, « qui devient l'apanage des plus robustes , et qui écarte de « la génération les plus foibles , nous montre , dit Virey , « le but de la nature cherchant la perfection des espèces « aux dépens des individus , et opposant une barrière éter— » nelle aux causes qui tendent pei'pétuellemcnt , dans le cours « de l'existence , à détériorer ces espèces et à abâtardir les « races. » 11 convient donc d'imiter cet état de choses dans l'accouplement des animaux domestiques ; et c'est aussi une des précautions qu'on néglige trop souvent. Il est encore quelques autres considérations , relatives à la conformation , fondées sur le mode particulier de destination , à laquelle les animaux sont spécialement affectés : comme le port, le trait et la course, pour les animaux de travail; l'engraissement , et tout ce qui y a rapport , pour ceux qui sont destinés à la boucherie ; la chasse , pour ceux qui se trouvent consacrés à la vénerie ; et d'autres destinations que nous examinerons plus loin , sous le titre particulier d' Ani- maux DOMESTIQUES. Nous observerons seulement ici, d'une manière générale, relativement à la taille , qu'il est, dans chaque espèce, un point d'accroissement asse» fîie , qu'il est rare de voir outre- A C C 85 passer. Cependant, cette loi n'est pas tellement invariable qu'elle ne puisse éprouver des modifications plus ou moins, considérables , soit en-deçà , soit par-delà les limites natu- relles ordinaires. Ce sont les extrêmes de ces modifications , dues le plus souvent à des causes particulières , mais quel- quefois générales, qui forment ce qu'on appelle les Géans et les Nains , lesquels sont , ordinairement , également impropres à la reproduction , pour le perfectionnement des espèces , parce qu'ils sont difformes , pour la plupart , et souvent impuissans. Les premiers sont, le plus souvent , mous , lâches et foibles , à cause de la stature extraordinaire qui provient de leur excès de développement ; et les seconfls le sont également quelquefois , à cause de l'exiguilé des par- ties résultant d^ leur défaut de développement. Nous dirons aussi qu'il est très-important , pour l'amélioration des es- pèces, d'écarter rigoureusement de la génération tous les animaux domestiques dont les organes sexuels sont remar- quables par quelque vice de conformation très-prononcé , même ceux qui pèchent par excès de volume , et , surtout , ceux qu'on désigne communément sous la dénomination im- propre di' hermaphrodites. L'hermaphrodisme , ou la réunion des deux sexes dans un seul individu, disposition très-commune dans le règne vé- gétal , dont elle est , en quelque sorte , un des attributs , est beaucoup plus rare parmi les animaux. On ne la rencontre guère , chez ceux-ci , que dans les espèces qui , se rappro- chant de la nature végétale , ne paroissent douées que d'une sorte de vie végétative et d'une existence fort imparfaite et presque insensible , comme les zoophytes , les polypes et autres semblables ; on l'observe aussi dans les mollusques. Dans les animaux les plus parfaits , après l'homme , comme les quadrupèdes et les oiseaux , on n'a pas reconnu , jusqu'à présent , de véritable hermaphrodisme , quoi qu'on en ait dit ; c'est-à-dire , la présence des deux sexes avec la faculté d'en user ; et tous les exemples qu'on en rapporte sont plus ou moins suspects, et ne nous paroissent mériter aucune con- fiance. Mais , comme tous les prétendus hermaphrodites sont presque toujours foibles , et incapables de l'une et de l'autre fonction générative , et que ce sont , d'ailleurs , des êtres imparfaits et mal conformés , il convient , comme nous l'avons dit , de ne pas leur confier l'opération importante de l'amé- lioration des espèces, par la génération. Il convient également d'écarter tous ceux qui se trouvent affectés d'une monstruosité quelconque , par excès ou par défaut , parce qu'elle peut aussi se reproduire , et surtout certaines femelles qui contractent l'habitude de créer de* 86 AC G monstres ; ce qui paroît tenir à une constitution maladive àe l'utérus. Nous observerons encore , que les espèces domestiques qu'on a long-temps déformées ou mutilées, comme les chiens dont on a coupé , pendant un grand nombre de générations , la queue et les oreilles, engendrent quelquefois des petits à queue et à oreilles courtes , comme on en a vu plusieurs exemples bien constatés -, mais ces déformations , désavouées par la nature , disparoissent ordinairement après quelques générations , lorsque la main de Thomme cesse de les en- tretenir par les mêmes moyens : et c'est ainsi que toutes les races ou variétés , introduites artificiellement dans les pro- ductions organisées , ne se conservent que par de perpétuels efforts pour les maintenir , la nature tendant sans cesse à reprendre sa forme originelle. S'il est essentiel , comme nous venons de le voir, d'écarter de la génération, pour le perfectionnement des espèces , tous les individus , mâles ou flanelles , affectés de tares et d'un vice de conformation quelconque , il n'en est pas de même à l'égard des défauts accidentels qui laissent toute l'aptitude nécessaire à l'accouplement , et ^ui ne se reproduisent pas ordinaire- ment, comme la cécité et la claudication dues à des accidens , lesquelles ne doivent pas faire rejeter les animaux qui en sont atteints. Nous verrons plus loin , en traitant de Yappareîllement , qu'on peut corriger, jusqu'à un certain point , dans les pro- ductions , les vices de conformation de l'un des ascendans , en opposant, dans l'autre, les beautés aux défectuosités , les qualités aux vices, et les excès aux défauts contraires. L'état de santé des sujets destinés à la propagation de l'es- pèce , exige surtout la plus sérieuse attention ; car l'on doit ranger au nombre des causes les plus propres à l'altérer , la transmission des maladies et de toutes les infirmités qui se communiquent par voie de génération. Cette voie , à laquelle on ne fait pas généralement assez d'attention , est incontestablement une des plus actives pour propager la plupart des maux auxquels les animaux sont sujets. Quoique, dans l'état actuel de la science , on n'ait pas en- core acquis de connoissances bien positives sur la totalité des maladies héréditaires dans les animaux domestiques, parce que cet objet n'a pas encore été étudié assez philosophi- quement , on sait cependant qu'il en existe un très-grand nombre -, et cette connoissance suffit pour prendre , lors de l'accouplement, afin de les éviter, des précautions qu'on né- glige ordinairement. A ce 87 Les claudications de naissance , la cécité qui a la même origine , la fluxion périodique , les tics, et le cornage , dans les chevaux; la pommelière et toutes les affections de poitrine, dans les vaches ; l'affection connue sous le nom de maladie des chiens, dans cette espèce ; la ladrerie, dans le porc ; les maladies vennineuses, et une foule d'autres affections mala- dives , se perpétuent souvent par ce moyen. Nous avons déjà reconnu l'influence des parens sur la qua- lité des produits de la génération ; nous savons que la force vitale , la durée de l'existence, les tempéramens et les carac- tères se transmettent ; il en est de même des affections du corps, générales et anciennes, et non des maladies locales , ordinairement ; car nous voyons , dans l'espèce humaine , qu'un sourd, un aveugle, un boiteux, un bossu, un man- chot , transmettent rarement leurs vices corporels à leurs descendans ; mais que les épileptiques , les goutteux, les cal- culeux, les hypocondriaques, lespulmoniques , sont sujets à perpétuer leurs maladies dans leurs familles ; et les mêmes causes devant produire les mêmes effets ou des effets équiva- lens dans toutes les espèces, on peut dire que plus les mala- dies des animaux sont anciennes et plus elles attaquent le physique et le moral , plus elles ont de disposition à se repro- duire par la voie de la génération. On ne sauroit donc faire trop d'attention à toutes les affections générales et anciennes , lorsqu'elles se rencontrent dans les animaux destinés à améliorer l'espèce en la multi- pliant , puisqu'il est bien avéré que toutes les maladies chro- niques peuvent se communiquer de la mère aux fœtus , dans toutes les espèces , et que quelques autres , moins géné- rales et moins anciennes , se communiquent aussi quelque- fois par cette voie. De toutes les considérations que nous venons d'exposer, il nous paroît résulter évidemment , que l'âge auquel on sou- met un animal domestique à la reproduction, exerçantlaplus grande influence sur les qualités physiques et morales des produits de l'accouplement, si l'accouplement a lieu, comme cela arrive fréquemment , avant que cet animal soit adulte , c'est-à-dire , avant qu'il ait atteint ce développement com- plet de toutes ses facultés, qui lui donne le maximum de la force générative,, il doit en provenir une détérioration plus ou moins grande dans les produits de cette procréation pré- maturée, parce qu'avant cette époque, l'animal n'étant pas encore entièrement formé , et n'ayant pas encore acquis cet excédant de vitalité, ce supplément de vie, que la nature ac- corde seulement à cet âge , avec le désir et le besoin de I2 88 A C G dispenser, il n'en peut fournir la quantité suffisante au com- plément des êtres auxquels il doit donner l'existence. Ce résultat peut s'observer journellement dans les pro- duits des accouplemens anticipés, lesquels accouplemens de- viennent aussi très-nuisibles aux animaux qui y ont concouru. Cependant, l'apparence de ces produits étant quelquefois séduisante et trompeuse , surtout dans les premiers momens de leur développement, elle induit fréquemment en erreur les personnes qui se bornent à juger d'après les apparences ; et c'est ce que justifie complètement l'observation suivante faite par un des hommes qui se sont occupés avec le plus de zèle et de connoissances du perfectionnement de nos Haras. « L'expérience a prouvé , dit -il, que des étalons et des ju- « mens trop jeunes, pouvoient donner de belles productions, « mais qu'elles étoient foibles et ne duroient pas long-temps : « c'est principalement, poursuit-il, par cette cause , que nos ff races se sont promptement abâtardies. D'un autre côté , « ces étalons et ces jumens durent eux-mêmes moins long- « temps. » ( Huzard , Instruction sur les Haras. ) 11 est encore évident que le même inconvénient doit avoir lieu toutes les fois que l'animal employé à la génération est parvenu à l'état de décadence et de vieillesse , comme cela arrive quelquefois aussi , parce que ses facultés vitales étant alors plus ou moins affoiblies , il se trouve dans le même cas qu'avant l'âge adulte, et ne peut donner l'existence à des êtres bien vigoureux , ne l'étant pas lui-même. Aussi , observe-t-on que les individus provenant d'ascôn- dans âgés deviennent foibles , vieux et languissans de bonne heure , parce qu'ils n'ont reçu qu'une vie, pour ainsi dire, usée et défaillante. Au reste , les ressemblances des produits aux ascendans se transmettent de même que les tempéramens et les caractères héréditaires; mais ces ressemblances sont d'autant plus prononcées , que la force de la puissance géné- ratice est plus considérable ; et, d'ailleurs , comme les ani- maux domestiques sont moins éloignés de l'état naturel que les hommes, leurs productions leur ressemblent aussi beau- coup plus. Il n'est pas moins évident que les plus graves inconvéniens peuvent résulter des obstacles opposés à l'accomplissement du vœu de la nature , aussitôt qu'elle l'a manifesté par des signes certains ; que , toutes choses égales d'ailleurs , il peut s'accomplir plus tôt dans les femelles que dans les mâles ; que la chaleur doit aussi le faire prononcer plus tôt ; que la quantité et la qualité des alimens doivent encore l'avancer; que l'obésité l'anéantit; qu'unexercice modéré peut le développer, comme un travail outré- peut le reculer; et que dan* tous ks cas A C C 8g que nous venons de résumer , la conformation et la santé des sujets se joignent toujours à ces diverses causes puissantes, pour exercer rinfluence la plus prononcée sur la qualité des produits de la génération. Il est donc d'une haute importance , pour le maintien des espèces les plus utiles de nos animaux domestiques dans l'état le plus convenable à l'exercice de leurs fonctions, d'écarter soigneusement de Taccouplement, tous les animaux, mâles ou femelles , trop ou trop peu âgés, trop maigres ou trop gras, mal conformés, de naissance surtout, tarés ou en- tachés d'un vice héréditaire quelconque ; il est donc essentiel de les réformer tous , sans exception , si l'on veut arriver sû- rement au but désiré ; et nous ne saurions trop nous élever contre l'abus , très-répandu presque partout , d'employer à la reproduction des animaux défectueux , trop vieux , et , le plus souvent , trop jeunes ; ce qui nuitbeaucoup à ces ani- maux eux-mêmes , et dégrade considérablement les races les plus précieuses. Il est encore quelques précautions moins Importantes qu'il est bon d'ajouter aux précédentes. Les mâles trop ardens, qui mordent et qui ruent, ou qui bles- sent dangereusement les femelles de toute autre manière , doi- vent aussi être exclus , lorsqu'on ne peut parer à cel inconvé- nient; les mauvaises nourrices, celles qui sont chatouilleuses, et qui repoussent obstinément leurs petits, sont encore dans ce cas : nous observerons cependant que ce dernier défaut , qui se manifeste ordinairement à la première portée , peut se corri- ger par l'habitude , par la doTiceur du traitement , par le ma- niement fréquent , par la contrainte , par quelque châtiment , et par quelques autres précautions que nous indiquerons en traitant , dans un autre article , des soins qu'exigent les ani- maux à leur naissance. Il importe encore de soustraire à l'ac- couplement toutes les femelles, tandis qu'elles allaitent encore leurs petits ; ce que nous examinerons aussi plus particulière- ment , en traitant ailleurs de V allaitement. Enfin , il faut qu'il y ait des proportions convenables dans le rapport de la con- formation , de la taille et de l'âge des deux sexes , comme dans le nombre des femelles affectées aux mâles dans les espèces polygames. Ce dernier rapport variant, pour ainsi dire , dans chaque espèce , nous l'examinerons particulièrement en trai- tant de chacune d'elles ; mais nous devons nous occuper ici du premier , sous le litre Ôl appareillement On doit entendre ici , par ce mot , la réunion pour la géné- ration , d'un mâle et d'une femelle pareils en tout, autant qu'il est possible , à la seule différence des sexes , et spécialement sous le rapport del'âge , de la conformation , duten?péranicnt, go A C C du caractère , el àe toutes les autres qualités essentielles pour obtenir des produits remarquables par leur ensemble et leur bonne conformarion. On l'applique quelquefois aussi aux animaux de travail, choisis pour le premier mode d'accouplement. L'appareillement dont nous nous occupons en ce moment est indispensable toutes les fois qu'on désire conserver l'espèce dans sa pureté originelle ; et c'est le manque d'attention à cet égard qui devient une des causes les plus puissantes des grandes irrégularités qu'on y observe quelquefois dans la domesticité. Non-seulement il peut résulter de ce manque d'attention des disproportions frappantes dans la progéniture, des pro- ductions monstrueuses , décousues , pour ainsi dire , dans leurs parties essentielles ; mais il en résulte encore fréquem- ment un inconvénient très-grave pour le part, qui devient laborieux, et quelquefois même mortel, lorsqu'il existe, dans la taille et le volume du mâle , une supériorité très-prononcée sur ceux de la femelle. Il peut cependant devenir avantageux , pour l'amélioration des animaux domestiques, de déroger, dans certain casque nous aurons à considérer plus loin , au premier principe de l'appareiUement , indépendamment de la supériorité des di- mensions que la nature a généralement accordée aux mâles sur les femelles , et qui sert beaucoup , dans plusieurs espèces , à les faire distinguer les uns des autres ; et c'est cette déroga- tion qui fait ordinairement la base du croisement dont nous parlerons ci-après. Nous devons maintenant considérer ce moyen comme propre à corriger les vices de conformation ou de caractère qu'on remarque dans les animaux accouplés , en les faisant disparoitre dans leurs descendans. C'est ainsi , dit lîourgeiat, que dans l'union de deux animaux de régions différentes , les défauts se compensent en quelque sorte , surtout si Ton oppose les climats. Le mâle du pays chaud compense et corrige les défauts ordinaires à la femelle du pays froid , et vice versa , et le composé le plus parfait est le résultat de celui où les excès el les défauts de l'habitude du père sont opposés aux excès ou aux défauts del'habitude de la mère. 11 est encore généralement fort utile de contraster , dans raccouplemcnt, le mode de conformation , de manière à corriger, par les beautés de l'un des animaux accouplés, les principales difformités opposées , qui peuvent exister dans l'autre ; ou de suppléer par l'excès de proportion d'une partie dans l'un , au défaut contraire qui se remarque sur la même partie dans l'autre. On peut obtenir par ce moven , comme rexpcricncenous l'a démontré, des productions dans 'k C G 91 fesquelîes les bonnes et les mauvaises qualités qui distin- guent le père et la mère, se trouvent fondues, pour ainsi dire , par leur compensation , en un tout régulier et bien proportionné. Nous devons remarquer ici qu'il arrive quelquefois que , de l'accouplement de deux animaux de même espèce , choisis et appareillés avec tout le soin possible , il résulte de jeunes sujets moins parfaits qu'eux ; mais l'expérience a encore démontré que lors même que l'âge ne corrige pas les défauts apparens à la naissance , comme cela a lieu fréquemment , on peut, sans inconvénient, consacrer ces animaux à la régénération , quand ils ne se font pas remarquer par des défauts accidentels, et leur progéniture ressemble ordi- nairement à ses ascendans pour les qualités. Par la même raison, les vices héréditaires , qui ne se manifestent pas tou- jours aux premières générations, reparoissent généralement aux suivantes. Nous terminerons cet article en observant que les pré- cautions qu'on apporte , ou plutôt qu'on doit apporter ( car on y manque souvent ) dans le choix des animaux unique- ment destinés au travail, à l'engraissement, ou à quelque autre objet équivalent, ne suffisent pas à l'égard de ceux qu'on veut consacrer à la reproduction et à l'amélioration de l'espèce : les premiers peuvent souvent remplir très-bien l'objet qu'on a en vue , nonobstant certains défauts de con- formation et d'autres vices héréditaires , tandis qu'il est ordinairement dangereux de les souffrir dans les derniers , parce que non-seulement ils se perpétuent ainsi , mais ils s'aggravent encore très-souvent , et dégénèrent en vérita- tables monstruosités. Il faut donc ici que le choix soit fait de la manière la plus scrupuleuse , afin d'obtenir les résultats lesplussatisfaisans sous tous les rapports ; et il faut, pour ré- générer promptement et sûrement les espèces et les races abâ- tardies , choisir d'abord les mâles et les femelles les mieux conformés et les plus vigoureux , puis exécuter , à l'égard de leur progéniture , cette loi de Sparte qui livroit à la mort les individus foibles et délicats, et prenoit le plus grand soin de tous ceux qui étoient robustes. Maintenant que nous avons essayé de déterminer les ba- ses les plus solides sur lesquelles l'important édifice de la ré- génération des espèces d'animaux domestiques doit être élevé, approchons de cet acte mystérieux, pour envisager les prin- cipales précautions qu'exige , à leur égard, le prélude qui porte le nom de chaleur. Cette disposition à La reproduction , qu'on appelle com- munément rAa/rar dans les animaux domestiques, et qu'on ga A C G désigne plus particulièrement par le mot rut^ dans '^.mx qui sont sauvages, dans les betes fauves surtout, change presque totalement le caractère des mâles : on remarque que ceux même qui sont les plus timides naturellement, acquièrent, dès qu'ils sont tourmentés par les désirs que cet état excite en eux , un courage extraordinaire , une indifférence pour le danger, et une sorte de férocité, semblables aux disposi- tions qui caractérisent les animaux habituellement les plus féroces. On voit des oiseaux ordinairement très-farouches, comme le tétras ou coq de bruyère, tellement enivrés d'a- mour , que pendant l'espèce d'extase qui l'accompagne , la vue des chasseurs, ni les coups répétés des armes à feu, ne peuvent les déterminer à fuir ; et souvent aussi les animaux que l'homme a privés de leur liberté , et qu'il est parvenu à apprivoiser , à adoucir et à rendre dociles, n'écoutent plus la voix de leur maître , et ne connoissent plus que l'impérieux besoin de la nature. Aussi l'époque de celte disposition irrésistible est-elle , dans tous les animaux , celle de leurs combats les plus achar- nés et les plus opiniâtres; et il est prudent de prendre alors toutes les précautions nécessaires pour ne pas les irriter en les contrariant , et pour se soustraire soi-même , ainsi que les .autres animaux, aux attaques dangereuses auxquelles ils se livrent quelquefois : car on a vu , dans ce cas , des mâles tuer leurs conducteurs , des baudets étrangler des étalons , et d'autres animaux se battre jusqu'à extinction de vie , ou de forces , au moins. Cette disposition à la reproduction, lorsqu'elle est nne fois développée , dure plus ou moins long-temps , selon qu'elle est plus tôt ou plus tard satisfaite , ou selon que les animaux sont plus ou moins soumis aux fatigues et aux pri- vations; et elle a des époques de retour fixes, des périodes de fonctions, et des intermittences déterminées par la plus ou moins grande irritabilité dans la plupart des animaux. La chaleur de l'atmosphère étant en général , comme nous l'avons vu , un des stimulans les plus actifs de la force vitale et de la puissance génératrice , le temps du rut de la plupart des animaux , comme celui de la floraison de presque tous les végétaux, est l'époque de cette chaleur, qui doit être plus ou moins vive , suivant le degré qu'exige la nature particu- lière de chaque espèce ; et il commence ordinairement à se manifester, dans le plus grand nombre, au retour du prin- temps. On remarque , néanmoins , que les espèces qui trouvent , dans l'état de nature , ou auxquelles nous procurons , lors- .quellcs nous sont soumises , une nourriture abondante et A C G 95 choisie , peuvent s'accoupler presque en tout temps , quoi- qu'il y ait cependant un temps particulier du rut marqué pour elles comme pour les autres animaux. Ainsi, l'homme peut encore , sous ce rapport, ajouter par l'art aux moyens que la nature lui fournit pour la multipli- cation des espèces les plus précieuses. On remarque aussi que les femelles âgées des quadru- pèdes entrent ordinairement plus tôt en chaleur que les jeunes , lors du retour des saisons qui y sont le plus propres , sans doute à cause des accouplcmens antérieurs ; et elles pré- fèrent généralement encore les mâles âges aux jeunes. On peut , dans quelques cas , tirer un parti utile de cette indication naturelle à l'égard des animaux qu'on veut mul- tiplier ; mais nous avons observé qu'elle présentoil quelques exceptions. On remarque encore que dans certaines espèces de quadru- pèdes , comme dans celles du genre chat , qui sont très-ner- veuses et très-irritables , le retour de la chaleur se mani- feste habituellement dans ks femelles deux fois par an , au commencement et vers la fin de chaque année ; tandis que dans, les ruminans elle n'a lieu ordinairement qu'une fols l'an , et elle ne reparoît quelquefois qu'après plusieurs an- nées dans les solipèdes. Le rapprochement ou l'éloi^ne- ment de ce retour est souvent aussi déterminé par la durée plus ou moins longue de la gestation et de l'allaitement, comme par l'effet de la nourriture , du climat , des tra- vaux , etc. Dans la plupart des espèces , les premières provocations à l'accouplement procèdent du mâle , qui recherche la femelle et emploie tous les moyens que la nature lui suggère pour l'y déterminer. Cette même nature paroît avoir inspiré aux fe- melles une sorte d'opposition ; car on remarque que souvent elles se font désirer des mâles , et ne s'abandonnent pas à leurs premiers désirs : peut-être aussi , la résistance qu'elles lui opposent généralement d'abord, est-elle encore un moyen de la nature pour déterminer vers les organes l'afflux de la liqueur qu'elle destine à la fécondation. Il n'y a que le genre chat chez lequel , dans les animaux domestiques, la femelle recherche et provoque le mâle , pour le contraindre à la jouissance. La plupart des femelles , aussi , ne reçoivent plus le mâle lorsqu'elles ont conçu : on remarque cependant que plu- sieurs d'entre elles qui sont sujettes à la superfétation, comme les jumens , les brebis , les truies, les chiennes , les la- pins, etc., l'admettent encore après la conception. Nous verrons plus loin les inconvéniens qui peuvent en résulter. 94 A C G Dans les espèces monogames , comme les pigeons , les ra- miers et les tourterelles , le choix fait par le mâle et la fe- melle , qui manifestent un véritable attachement l'un pour l'autre , et qui préludent à l'accouplement par des caresses très-prononcées , est pour la vie ; tandis que dans les poly- games , il est très-variable et inconstant ; et souvent le mâle , après avoir poursuivi avec fureur la femelle qu'il a choisie , après l'avoir saisie avec emportement , et en avoir joui avec impétuosité, l'abandonne avec indifférence, pour en pour- suivre et traiter de môme une autre. 11 paroît que les sécrétions odorantes qui ont lieu vers les parties sexuelles, à l'époque du rut, sécrétions qui sont si prononcées dans les animaux qui fournissent le musc*, la civette et le castoréum , et qui ont une odeur si insup- portable dans le bouc , deviennent une des causes puis- santes qui déterminent l'excitation dans les deux sexes , et surtout dans le mâle. Il est aussi plusieurs substances qui agissent sur les ani- maux comme de puissans aphrodisiaques. Toutes les orchi- dées paroissent être de ce nombre ; et Linnseus a observé que les racines de Torchis bifoliérendoient les taureaux de la Dalécarlie plus ardens et plus propres à la copulation. On attribue à la graine du fenugrec la même vertu sur les soli- pèdes ; le chènevis rend aussi les oiseaux plus lubriques , comme les graines huileuses , toutes celles qui sont toni- ques , très-odorantes , et plusieurs autres , ainsi que les con- dimens , comme le sel , l'ail , l'oignon , etc. Beaucoup d'auteurs ont indiqué des recettes plus ou moins compliquées pour exciter la chaleur dans les animaux: on doit proscrire , pour cet objet comme pour tant d'autres, tout moyen contre nature , et se défier de tous ceux qui sor- tent des règles ordinaires ; car les meilleurs de tous les moyens et les plus naturels existent , sans doute , dans le choix et l'abondance de la nourriture. Le pansement de la main, ou le bouchonnement, au moins dans quelques espèces, et de simples frictions, légères, dans d'autres, sont aussi des opérations prédisposantes, qu'il est souvent utile d'emplover , et qui ne peuvent , dans tous les cas, produire que de bons effets. Dans l'état de nature , les retours périodiques du rut dans les animaux sont disposés de manière que les petits viennent le plus souvent au monde pendant le plus beau temps de l'année , afin que la chaleur puisse favoriser leur accroissement et le développement de leurs forces. D'ail- leurs , les espèces herbivores trouvant alors abondamment des plantes nouvelles pour se nourrir, elles fournissent plus A C G 95 de lait et se réparent plus promptement qu'à toute autre époque. Dans l'état de domesticité, cet ordre se trouve souvent in- terverti par l'effet des soins extraordinaires, d'une nourriture abondante surtout; et il est généralement essentiel de faire coïncider l'époque du part avec celle de la plus grande abon- dance des nourritures convenables , en avançant ou retar- dant celle de l'accouplement par toutes les précautions possibles, soit en rapprochant et en nourrissant mieux les animaux , et en cherchant à les exciter , dans le premier cas ; soit en les séparant et en leur retranchant une partie de leurs alimens , dans le second. Il est encore essentiel d'éviter , au- tant que possible , dans l'accouplement , que l'époque du part se trouve au milieu des plus grands froids , ou des plus grandes chaleurs ordinaires, qui sont également contraires aux jeunes sujets. A l'époque de la chaleur ou du rut , les organes sexuels des animaux sont dans un état de développement remar- quable ; ils se gonflent , deviennent rouges et comme en- ilammés : toutes les femelles sont pourvues d'un clitoris qui grossit alors ; leur vulve s'entr'ouvre et laisse suinter et cou- ler , par intervalles , une humeur épaisse et gluante ; elles urinent fréquemment ; elles deviennent inquiètes , remuantes et sans appétit ; elles font entendre des sons particuliers et répétés ; elles cherchent souvent à se rapprocher du mâle , et quelquefois même à monter dessus ou sur d'autres fe- melles ; enfin , elles expriment énergiquement le besoin de la nature , qu'il convient de satisfaire le plus tôt possible. Après ces préliminaires , qu'il étoit nécessaire de prendre en considération avant d'arriver à l'acte même de la géné- ration , il nous reste à envisager cet acte sous ses rapports les plus importans , en commençant par la monte. On appelle fréquemment et assez improprement , à l'é- gard des quadrupèdes, monte gX quelquefois saillie, l'action par laquelle le mâle se dresse sur ses extrémités postérieures , en couvrant de son corps la femelle , afin d'effectuer la co- pulation. La monte n'a réellement lieu, dans l'acception rigou- reuse de ce mot , que dans les oiseaux , chez lesquels le mâle ntonte toujours effectivement sur la femelle , qn'il saisit or- dinairement avec le bec , sur le sommet de la tête , en ap- puyant ses pattes sur le dos de celle qu'il couvre ainsi ; et dans les oies , les canards et les gallinacées , la femelle , au lieu de se tenir debout , comme dans les autres animaux , et dans les oiseaux où il n'y a qu'un simple attouchement , une fiorle d'affriction, et non une véritable intromission, fléchit les gG A C G pattes et pose le corps contre terre. Nous suivrons cependant ici l'usage , en appliquant ce mot aux quadrupèdes comme aux oiseaux , auxquels il convient plus particulièrement. Les époques de l'année les plus propres à la monte, va- riant nécessairement , dans la plupart des espèces domes- tiques , d'après les principes que nous avons reconnus , et d'après les circonstances locales et accidentelles , elles doi- vent être indiquées en traitant isolément de chacune de ces espèces ; et nous devons nous en tenir ici aux généralités que nous avons déjà établies. • Pendant qu'elle dure, et même quelque temps aupara- vant , il convient ordinairement d'augmenter la quantité , ou plutôt de modifier avantageusement la qualité de l'aliment habituel des mâles , et quelquefois aussi de celui des fe- melles. Le temps de la Journée le plus convenable , généralement, pour cette opération , dans toutes les espèces , est celui qui est le plus, frais , comme le matin, avant le premier repas , afin que la digestion ne puisse pas en être troublée ; et c'est celui pendant lequel elle nous paroît s'observer le plus fré- quemment dans les animaux en liberté, et où l'épuisement des forces étant réparé par le repos de la nuit, ils jouissent de toute l'énergie nécessaire. Quq^que temps après , on peut donner avec avantage aux mâles, et même aux femelles, quelque aliment très-nour- rissant , comme du grain en petite quantité. On peut égale- ment les faire boire, lorsqu'ils ne paroissent pas très-échauf- fés ; mais il faut s'en abstenir avant. A l'égard de plusieurs espèces , ou races précieuses , la monte ne doit pas être réitérée le jour même où elle a déjà eu lieu , afin de ménager les mâles ; quelquefois encore il convient de laisser un jour d'intervalle , surtout pour les ani- maux jeunes et foibles. En général , plus il existe d'inter- valle entre une saillie et une autre , plus il y a de chances favorables pour la conception, pour la vigueur des sujets qui en proviennent, et pour la conservation des étalons. C'est une vérité à laquelle on ne fait pas ordinairement assez d'at- tention , eu soumettant à de trop rudes et de trop fréquentes épreuves la vigueur des mâles. Cette règle néanmoins admet quelques exceptions; nous avons vu des étalons que les mé- nagemens à cet égard rendoient moins prolifiques, et la sa- lacité extraordinaire des baudets fournit aussi plusieurs traits fort curieux de ce genre. Il convient encore quelquefois de ne pas profiter de la cha- leur des femelles pour les faire couvrir, et de différer la monte plus ou moins long-temps , surtout à l'égard de celle.s A C G 07 qui allaitent ou qui travaillent. Nous devons observer cepen- dant que ce délai , qui tourne ordinairement à l'avantage des femelles , doit toujours être soumis au calcul , sous le rapport de l'intérêt pécuniaire ; et nous ajouterons qu'il arrive quelquefois aussi que les femelles , dont les désirs ont été ainsi contrariés j en deviennent stériles , ou conçoivent plus difficilement ; ce qu'il faut encore prendre en considération. La monte se fait le plus souvent en liberté , dans la plu- part des animaux domestiques , et quelquefois elle est aidée etdirigée par l'homme ; c'est ce qu'on appelle vulgairement la monte à la main ou à l'attache , dont nous nous occuperons en traitant des animaux qui l'exigent dans certains cas. Dans la monte à la main , ou à l'attache , le terrain sur le- quel elle se fait doit être uni , sec et solide , afni d'éviter les efforts inutiles et les enfoncemens dangereux. Une partie doit encore en être inégale , afin de faciliter la monte. Lorsque la femelle est plus haute que le mâle , on le place sur le point le plus élevé ; et dans le cas contraire , on donne la hauteur à la femelle. Quelquefois aussi, dans les grands quadrupèdes, on attache, on entrave et on garrotte la femelle , de manière qu'elle puisse recevoir le mâle qu'on lui destine , en quelque sorte mal- gré elle ; mais nous observerons ici que les femelles qui ne sont pas préparées naturellement par l'orgasme des par- ties génitales , conçoivent rarement malgré toutes ces pré- cautions, que nous aurons occasion d'examiner ailleurs. Quelquefois encore , afin de ne pas fatiguer inutilement le mâle , lorsqu'il est précieux , on s'assure de l'existence réelle de la chaleur , dans la femelle , en approchant d'elle un autre mâle , moins précieux , qu'on désigne fréquemment sous la dénomination de houte-cn-train , et qu'on retire dès qu'elle paroît disposée à le recevoir, pour lui substituer le mâle destiné à l'accouplement. Dans quelques espèces d'animaux domestiques, comme les chiens , l'union subsiste après l'éjaculation , tandis qu'elle cesse dans la plupart , et qu'elle est instantanée , même dans un grand nombre d'oiseaux , comme les gallinacées. Dans le premier cas , il est dangereux de précipiter la sé- paration , comme on essaye quelquefois à tort de le faire , malgré l'organisation particulière qui s'y oppose , la na- ture ayant eu en vue l'accomplissement de la conception , dans le prolongement de cette conjonction extraordinaire. L'étroite conjonction paroît destinée , dans le principe , à produire l'irritation nécessaire à l'émission delà semence ; et le plaisir qui en résulte est le ressort qui détermine le plus puissamment les animaux à la propagation , quoiqu'elle pa- gS A ce roisse douloureuse d'abord dans quelques espèces , comme dans le genre diat, dont les femelles poussent souvent alors des cris aigus. Dans quelques oiseaux polygames aussi , comme les faisans , l'accouplement paroît être un acte plus violent que voluptueux ; car on voit les femelles redouter Tapproche du mâle , qui fait usage de sa force pour les y contraindre. Dans les quadrupèdes , l'accouplement n'a d'influence que sur la portée qui le suit immédiatement. On remarque que dans les oiseaux , au contraire , il influe sur plusieurs généra- tions successives, de sorte qu'une poule une fois couverte par un coq oeutpondre, à des époques quelquefois assez éloignées, un grand nombre d'œufs féconds ; circonstance dont la pra- tique peut tirer quelque avantage , et de laquelle il résulte , comme on Ta calculé , qu'un jeune coq vigoureux et bien nourri pouvant suffire à quinze poules , et pouvant féconder, par un seul acte , tous les œufs que chacune d'elles pond en vingt jours , il peut communiquer ainsi, en un jour, la vie à trois cents poussins. L'expérience a démontré que les femelles des herbivores retiennent plus facilement lorsqu'elles sont nourries au vert , que lorsqu'elles sont réduites au sec; qu'elles ont aussi plus de lait , et que leurs produits deviennent plus forts. L'expérience prouve encore qu'un grand nombre d'ani- maux domestiques sont distraits et troublés dans l'acte de la génération , par l'affluence des témoins , comme si la na- ture leur eût inspiré une sorte de pudeur ; et ceux qui sont en pleine liberté se cachent souvent pour s'y livrer. Il con- vient donc d'éviter soigneusement cette aftluence , dont on ne soupçonne pas ordinairement l'effet ; et il convient éga- lement d'employer , pour le premier essai des mâles , des femelles douces et déjà éprouvées. 11 nous paroît absurde, et même dangereux quelquefois , de saigner , dans tous les cas , les mâles et les femelles, après la monte , comme nous l'avons vu pratiquer ; et l'on ne doit le faire que lorsque quelque cas particulier exige cette opé- ration affoiblissante , qu'on admet trop facilement et in- considérément pour les animaux, dans les campagnes. On doit chercher à les fortifier, au contraire, par tous les moyens possibles. Il est aussi quelques espèces d'animaux domestiques dans lesquelles, immédiatement après la monte , on a l'habitude de frictionner, de bouchonner les femelles, et trop souvent de leur frotter le dos avec un bâton, de les faire trotter ou cou- rir fortement , de leur donner des coups de fouet , de leur jeter de l'eau fraîche sur le dos et sur le vagin. Toutes ces pratiques, et quelques aulrçs sçinLlâHes , aussi ridicules les A C G gtj unes que les autre-s, au lieu de faire, mieux retenir les femelles, comme on se le propose, ne font souvent que déterminer une très -prompte évacuation de la liqueur séminale, par le resserrement causé à la matrice ; et Ton doit entièrement s'en abstenir. La seule précaution qu'il nous paroisse convenable de pren- dre après la monte , lorsqu'on présume que le vœu de la nature est accompli, consiste dans l'observation de l'indica- tion qu'elle prescrit elle-même dans les animaux qui vivent encore sous ses lois. On observe qu'alors la plupart des fe- melles s'éloignent du mâle , et se retirent dans un lieu sombre et tranquille pour s'y reposer, afin de favoriser l'acte impor- tant de la conception, sur lequel nous devons aussi entrer dans quelques détails. On désigne sous le nom de conception l'opération expliquée d'une manière incomplète jusqu'à présent , par laquelle les œufs ou germes préexistans dont toutes les femelles d'ani- maux paroissent pourvues , se trouvent doués de la fécondité qu'ils n'avoient pas avant l'imprégnation que leur commu- nique l'approche du mâle et l'émission de sa semence , ou de son esprit générateur. Nous ne chercherons pas ici à expliquer ce mystère de la génération , couvert d'un voile que les forces de l'intelligence humaine ne nous paroissent pas encore avoir entièrement soulevé , quoiqu'il ait occupé , depuis la plus haute antiquité , les plus grands philosophes de chaque siècle , et qu'il ait donné lieu à des découvertes précieuses et à des théories plus ou moins ingénieuses. Il nous suffira , pour l'objet principal que nous avons en vue , de considérer quelques-uns de ses effets chez les principaax animaux dont nous nous occupons. En général , la promptitude et l'aisance du mâle , dans la monte , jointes à la tranquillité de la femelle après , sont un heureux présage de l'accomplissement du vœu de la nature par la conception , et l'on remarque que les deux sexes s'évi- tent alors ordinairement autant qu'ils se recherchoient aupa- ravant. Dans les cas douteux , on réitère quelquefois l'acte de la monte i après un court intervalle , ou le lendemain ; quelque- fois aussi la femelle est ramenée au mâle après un laps de dix , douze ou quinze jours ; et le refus qu'elle fait alors de l'admettre est un signe très-probable de son état d'imprégna- tion. Il arrive cependant , comme nous l'avons déjà vu , que certaines femelles pleines admettent itérativement la saillie du mâle à diverses époques ; ce qui produit parfois la super- fétation ou l'avortement. La conception s'aouoace quelquefois par un froid convulsif loo A C Ci qui produit une espèce de trémoussement , et par une sorte de saisissement spasmodique , d'horripilation , dans quelques es- pèces ; mais ce qui l'indique dans toutes , d'une manière plus générale et moins équivoque , c'est le repos , c'est la cessa- tion de l'agitation et des mouvemens désordonnés , ainsi que des autres symptômes qui indiquent la chaleur dans les fe- melles , tels que le gonflement de la vulve , sa rougeur , et la sortie de l'humeur qui lubréfioit cette partie ; c'est aussi l'am- plitude du ventre , qui s'affaisse en même temps que la partie supérieure des flancs se creuse , ce qui se manifeste quelque temps après : vient ensuite le gonflement , puis la tension et la dureté des mamelles , dans les' quadrupèdes , l'abaisse- ment de la croupe , et enfin l'écartement des jambes de der- rière. Quelque certains que soient généralement les premiers de ces signes , ils trompent cependant quelquefois. Quelquefois aussi la semence du mâle est entièrement rejetée , et la con- ception n'a pas lieu , soit que la femelle ne soit pas assez en chaleur , soit que la matrice reste dans un état d'insensibilité et d'atonie , ou d'irritation trop prononcée. Lorsque , par ces indices , ou par quelques autres équiva- lens , on est assuré que la conception n'a réellement pas lieu , il faut profiter des premiers signes de nouvelle chaleur pour essayer de l'effectuer. Cependant il est , comme nous l'avons vu , des femelles qui , bien que fécondées , redeviennent en chaleur quelque temps après la conception. L'avortement résulte quelquefois de la réitération de la monte , lorsqu'elle ne produit pas la superfé- tation , dans ce cas difficile à reconnoître , et qu'il peut de- venir quelquefois avantageux de soupçonner , afin de prévenir un accident toujours très-fâcheux. On observe plus particu- lièrement cette disposition dans les femelles mal conformées et qui ont quelque vice organique de la poitrine et du bas- ventre. Troisième Mode. Accouplement de races différentes dans la même espèce. — Dans les animaux, comme dans les végétaux et les minéraux , les naturalistes ayant senti le besoin d'établir des abstractions, pour soulager la mémoire, et faciliterl'élude et la connoissance de tous les objets qui se présentent aux ob- servations , ont dû former des divisions et des sous-divisions pour arriver à ce but. Après avoir d'abord rangé, d'une manière générale, tous ces objets par règnes , par classes, par ordres^ par indus et par familles, ils ont appelé genre, un groupe d'individus pris dans les divisions précédentes , qui ont en commun un ca- A C C loi ractère , c'est-à-dire , un mode d'organisalion qui , en les rapprochant entre eux, les distingue de tous les autres. Ainsi , ils ont forme , dans l'ordre des solipèdes , de la classe des mammifères , appartenant au règne des corps or- ganisés ou ayant vie , un groupe générique du cheval , de l'âne , du zèbre et du couagga , parce que tous ces animaux leur ont présenté un caractère général uniforme. Ils ont appelé ensuite espèce , dans ce groupe , la série des individus qui y sont compris , lesquels , indépendamment du caractère commun dont nous venons de parler , se res- semblent par le plus grand nombre d'autres caractères essen- tiels , et se propagent avec ces mêmes caractères , par la génération. Ainsi , encore , chaque série particulière de tous les indi- vidus désignés sous la dénomination générique du cheiml, regardé comme le type du genre , a formé le^ espèces du che- val, de l'âne , du zèbre et du couagga. Mais , toutes ces espèces pouvant varier naturellement , et surtout artificiellement, dans certaines limites, et de deux manières , on a donné le nom de race aux variations des espèces , lorsque ces variations se perpétuent par la géné- ration. Ainsi , le cheval arabe, l'âne du Poitou, le buffle du Cap, le bœuf sans cornes , le mouton mérinos , le bouc , le chat et le lapin d'Angora , le cochon d'Afrique , celui à oreilles pen- dantes , le chien de berger , le dindon huppé , la peintade mitrée , le cygne domestique , la poule de Caux , le faisan à collier, le canard métis, l'oie de la Haute-Garonne, etc. , etc., sont des races ou des variations perpétuées et améliorées , issues des diverses espèces dont elles portent le nom. Il existe aussi des 50j/s-ra^^5 , ou des races croisées , lesquelles participent plus ou moins des races primitives , comme nous le verrons plus loin. Nous verrons aussi que le climat , le sol , le régime , la conformation et les soins , influent puis- samment sur la formation des races et des sous-races , indé- pendamment du cwisemenl que nous devrons encore examiner. On a réservé le nom de oariété à toutes les variations acci- dentelles , qui , ne se perpétuant pas par la génération , ne sont que temporaires , et sont d'ailleurs ordinairement légères et superficielles , comme les différences de couleur , de taille , etc. Nous devons remarquer ici que les animaux sauvages va- rient beaucoup moins que ceux que l'homme a asservis à son empire , sous le rapport des races ou des simples variétés ; et ils reviennent aussi plus facilement et plus promptement à leur type originaire , parce que les causes qui ont pu les 102 A C C produire se rencontrent rarement , et ne se perpétuent pas ordinairement. • Tous les animaux domestiques , au contraire , présentent un très-grand nombre de variations, surtout le chien et tous ceux qui, comme lui, étant soumis depuis long-temps à la domesticité , offrent beaucoup de races et de variétés , pro- venant de leur régime et de leur multiplication artificiels , prolongés pendant un long espace de temps ; car le nombre cl rétendue des variations paroissent être toujours en raison directe de la force et de l'ancienneté de ce régime et de cette multiplication. On a prétendu que la somme de l'aberration des variétés , parmi les animaux , étoit en raison directe du nombre des petits , dans les espèces multipares ; mais cela ne nous paroît pas s'observer constamment , et le climat , la nourriture et la domesticité nous paroissent y contribuer beaucoup plus directement. La multiplication des animaux domestiques résulte , comme celle des animaux sauvages , de l'accouplement dii mâle et de la femelle qui produit la génération ; mais avec cette diffé- rence : elle peut être naturelle ou artificielle ; elle est ordi- nairement moins abondante et moins avantageuse dans le premier cas que dans le second ; elle est naturelle , lorsqu'elle a lieu spontanément et sans contrainte ; elle est artificielle ( ce qui arrive fréquemment ici ), lorsqu'elle est déterminée , retardée ou avancée , et dirigée d'après des combinaisons hu- maines , dans la vue de l'amélioration , indépendamment de l'augmentation du produit. L amélioration provient essentiellement du choix des in- dividus employés à la mulliplicalion , et des soins qu'on ap- porte à en élever les produits, parce qu'on ne peut rendre une espèce meilleure qu'elle ne l'est naturellement , que par ces deux grands mctvens : i." choix judicieux des sujets qui doi- vent coopérer à la reproduction ; 2." soins attentifs et cons- tans à augmenter et même k déterminer, en élevant conve- nablement les individus qui en proviennent , les qualités qui les rendent le plus recommandables. L'amélioration , dans les diverses espèces ou races de ces animaux , étant donc surtout le résultat du choix du mâle et de la femelle , joint à l'appropriation et à la constance du ré- gime et des soins , outre l'influence du sol, du climat, et de l'instruction quenous examinerons ailleurs, ilestfacile de voir que l'absence de l'un ou de l'autre de ces grands moyens doit ramener , plus ou moins promptement , ces animaux ar- lificiels à l'ancien état originaire, d'où l'on étoit parvenu à les éloigner par celte voie. A C G io3 Ainsi, si Ton néglige, comme nous l'avons dît, d'écarter soigneusement tous les sujets qui ont quelque vice essentiel, il y aura nécessairement dégradation de la race chez tous les individus auxquels ce vice se sera communiqué par la pro- pagation de ceux qui en seront atteints. Si l'on se relâche encore sur les autres soins qui auront contribué à amener la race au point de perfectionnement où elle est parvenue , on éprouvera nécessairement le même inconvénient. Enfin , si le régime habituel cesse d'être le même que celui qu'on avoit adopté d'abord , de quelque manière que ce puisse être , soit en diminuant les rations , soit en changeant la nature des alimens , soit en transportant ces animaux dans un pays moins fertile en productions alimentaires , moins riche en pâturages , on courra le même risque , et le résultat sera évidemment aussi désavantageux. Voyons maintenant d'une manière rapide , que nous dé- velopperons plus tard , ce qu'on doit le plus rechercher dans les animaux domestiques. On recherche ordinairement dans ces animaux, comme dans tous les autres , deux ordres de qualités bien distinctes, savoir : les qualités physiques et les qualités morales. Les qualités physiques sont celles qui dépendent des formes, de leurs dimensions , et de leur caractère distinctif bien pro- noncé. Ces formes peuvent être plus ou moins grandes , tranchées , arrondies , agréables , légères , etc. ; la taille , la souplesse , la finesse , la légèreté en émanent , et la force , l'adresse et l'agilité en dérivent , en grande. partie. Ces qualités sont plus extérieures qu'intérieures. Les qualités morales sont celles qui tiennent uniquement à rinstinct , à rintelligence , et à l'instruction ou à l'habi- tude. Elles constituent la douceur, l'obéissance, la har- diesse , le courage , la vigilance , la fidélité , l'attache- ment , etc. ; lesquelles peuvent tenir autant à l'éducation qu'aux dispositions naturelles. Elles sont plus intérieures qu'extérieures. Par le choix prolongé d'individus des deux sexes , doués de qualités éminentes , qu'on perpétue par une longue série de générations, et qu'on peut accroître encore par des soins constans , on parvient à former des races pré- cieuses , distinctes des espèces dont elles proviennent , c'est- à-dire, des réunions d'animaux constamment supérieurs , par quelques points essentiels , h la masse générale des indivi- dus de la môme espèce , comme , par exemple , plus volu- mineux, plus él^s , plus forts, plus fins, plus robustes, plus rustiques T^pfus agiles , plus sobres , plus adroits, plus doux, plus disposés à l'engraissement, etc. C'est ainsi que io4 A C C l'art , en se servant des moyens que la nature lui offroit , est parvenu à former , chez divers peuples , plusieurs races d'ani- malix domestiques , remarquables par les qualités qui les distinguent avantageusement des individus de la même espèce qui ont été abandonnés à eux-mêmes ; et il reste encore en France , comme ailleurs , d'importantes améliorations à créer sous ce rapport. On ne fait, en général, qu'une bien foible attention à l'accouplement des bestiaux , dans nos campagnes , et Ton s'occupe bien peu d'y former de nouvelles races. On se borne ordinairement à faire ou à laisser saillir les femelles par le premier mâle venu de l'espèce , sans faire la moindre atten- tion à ses bonnes ou mauvaises qualités ; et il en résulte souvent , ainsi que cela doit être , des animaux défectueux, et l'abâtardissement de l'espèce ou de la race. On auroit cependant le plus grand intérêt à se livrer , avec soin et avec jugement , à celte branche lucrative d'amélio- ration agricole ; car , indépendamment du grand avantage de perfectionner , pour son usage , les instrumens dont on se sert , dans les espèces qu'on entretient pour ses travaux , on peut encore en retirer d'autres bénéfices très-considérables. La réputation qu'acquièrent promptement les mâles très-dis- tingués , dans chaque espèce d'animaux les plus utiles , fait bientôt naître une noble émulation parmi les agriculteurs et tous les propriétaires de bestiaux. Les plus instruits d'entre eux s'empressent de profiter de ces animaux pour les femelles de leurs troupeaux , soit en les achetant, soit en les louant , soit en se les procurant , au moins pour le temps de la monte ; et c'est ainsi que , dans ces derniers temps , on a vu s'élever à des prix très-hauts , à peine croyables , la valeur vénale, ou l'ocative , et même celle du saut seulement , des étalons , des baudets , des taureaux, des béliers, des boucs, des ver- rats , et des coqs de races distinguées. Il est donc de la plus haute importance de diriger l'attention des propriétaires de bestiaux vers la formation ou le maintien des races précieuses, source de prospérité pour nos campagnes , et nous devons essayer de leur tracer ici quelques-uns des moyens les plus convenables pour atteindre promptement et sûrement ce but d'utilité publique et particulière , en considérant d'abord l'in- fluence relative des sexes sur la formation des races. Il est indispensable , pour qu'une race quelconque se forme et se maintienne, que les individus, mâles et femelles, choisis dans l'espèce , pour cet objet, aient constamment les mêmes caractères qui les distinguent. %^ Sans cette condition de rigueur, la race se détruit insen- siblement, en s abâtardissant graduellement, c'est-à-dire, A C C ,o5 en ne conservant plus qu'une partie plus ou moins considé- rable de ses caractères , et en retournant bientôt au type primordial. Dans les animaux , comme dans les végétaux à deux sexes séparés dans les individus , ou dioïques , le mâle paroît avoir, généralement, toutes choses égales d'ailleurs, une influence aussi prononcée que la femelle sur la génération ; cependant, cette influence varie d'après l'âge , la constitution , et autres dispositions naturelles ou accidentelles , plus ou moins avan- tageuses , qui peuvent distinguer chaque sexe , le parent le plus vigoureux influant nécessairement davantage que le plus foible sur la production. Mais , si les influences sont souvent pareilles , elles ne pa- roissent pas être ordinairement d'égale force ou de semblable durée , si nous pouvons en juger au moins par l'analogie. Le savant naturaliste russe, Koëlreeter, nous paroît avoir prouvé, par des expériences variées et répétées sur la fécondation artificielle des plantes , qu'on peut faire remonter, par des générations successives , un individu métis à la tige pater- nelle , en réitérant sur chaque production artificielle l'as- persion du pollen du mâle ; et il a également reconnu qu'il retourne à sa tige maternelle , en l'abandonnant à la nature ; d'où il paroîtroit que la puissance maternelle , plus enraci- née dans la vie individuelle, plus inhérente à l'espèce et ac- tive par elle-même , seroit plus durable que la puissance pa- ternelle. On remarque encore que les pieds mâles des végétaux dioïques ne peuvent pas être multipliés par boutures , tandis qu'on multiplie ainsi facilement les pieds femelles ; ce qui sembleroit encore prouver que la femelle participe plus que le mâle à la propagation de l'espèce , dont elle seroit la tige essentielle , et le mâle l'auxiliaire et l'excitateur. Il paroîtroit également , en suivant toujours l'analogie , d'après l'opinion de Linneeus , que la femelle pourroit être regardée comme le centre de l'espèce , et le mâle comme la circonférence ; en pensant avec lui que la moelle produit le pistil et l'ovaire , et que l'étamine et la corolle sortent de la partie ligneuse et corticale ; d'où il s'ensuivroit que dans les races hybrides , la substance intérieure , qui fait la base et le fondement de l'espèce , appartiendroit davantage à la fe- melle qu'au mâle , tandis que la substance extérieure ou cor- ticale tiendroit davantage du mâle. Ce qui nous semble donner à cette opinion le plus grand degré de probabilité , c'est que , dans le règne animal , comme dans le végétal , nous voyons constamment les individus qui résultent de raccoup'emenl de deux races distinctes , ou de io6 A C C deux espèces congénères, tenir plus du père à l'exlérleur que de la mère. On remarque , en effet , que des brebis me'rinos , et des chèvres, des chattes et des lapines d'Angora, accouplées avec des béliers à laine grossière, et des boucs, des chats, et des lapins à poils courts et rudes, produisent généralement des individus dont la laine et le poil sont réellement inférieurs à ceux de leurs mères , tandis que des béliers mérinos comme des boucs , des chats et des lapins d'Angora , engendrent , au contraire , avec des femelles d'une race commune , des indi- vidus à laine plus fine , et à poil plus long et plus soyeux que ceux de leurs mères. L'accouplement des taureaux sans cornes avec les vaches à cornes , vient aussi nous fournir un exemple frappant de cette loi de la nature ; les produits qui en sont issus étant or- dinairement dépourvus de cornes, et participant beaucoup des autres formes extérieures du père. On remarque encore que l'étalon arabe , qui saillit une jument française , imprime aux produits qui en résultent , une plus forte masse des caractères extérieurs qui distinguent cette race , que ne peut le faire une jument arabe accouplée avec un étalon français ; enfin on observe , dans les lapins , ainsi que dans les pigeons , les tourterelles et autres oiseaux , que la couleur de la robe ou du plumage des mâles se transmet ordinairement à la lignée. Les mâles modifient donc essentiellement la circonférence dans ces accouplemens ; les femelles paroissent influer da- vantage sur le centre : ce qui démontreroit , comme nous l'a- vons avancé , que le dedans appartient plus à la mère , et le dehors au père. D'après ce principe, toutes les fois qu'on veut améliorer des animaux communs , outre l'avantage qu'il y a à choisir , pour cet objet , un mâle distingué , parce qu'il peut exercer son in- fluence sur un nombre souvent considérable de femelles , dans les espèces polygames , il résulte encore de ce choix un autre avantage très-grand , parce que cette influence est plus prononcée extérieurement au moins , sur chacun des produits , que ne le seroit celle d'une femelle de la même espèce , ac- couplée avec un mâle commun , quelque bien choisie qu'elle pût être , son influence s'exerçant surtout à l'intérieur. Une race nouvelle peut être formée, d'abord, en accouplant des individus mâles et femelles , non encore améliorés par l'art, et dans lesquels on remarque certaines qualités parti- culières , qui peuvent faire désirer de les perpétuer par la génération. Par exemple , si l'on observe des sujets des deux sexes , d'une taille plus convenable que ceux de la même espèce pour l'ob- A C G 107 jet qu'on a en vue, ou d'une constitution plus robuste, ou d'une vitesse plus grande , ous'engraissantplus promptement, ou-ayant la laine plus fine , ou la robe plus distinguée , ou le poil plu&long, plus, soyeux, etc., et qu'on les accouple en- semble, il est très-probable que leurs descendans conserve- ront , en perpétuant les générations avec le même choix , les qualités éminentcs qui les distinguent. Elle peut l'être, ensuite, en réunissant des individus mâles, déjà améliorés d'une manière constante par une longue série de générations , avec d'autres individus d'un sexe différent, pro%'enans des mêmes espèces, et non encore améliorés ou modifiés , au moins d'une autre manière. Ce second mode d'a- mélioration s'appelie communément croisement, et il en ré- sulte une sous-race , ou race secondaire. Ainsi , si l'on désire donner à la race normande , dans les chevaux , la légèreté , la vivacité et les formes distinguées de la race limousine , ou si l'on veut seulement relever l'espèce commune , on peut y parvenir en faisant saillir , par un étalon de cette première race , les jumens normandes ou com- munes , bien choisies. Dans les bêtes à laine , on améliore ainsi , par le croise- ment, les brebis communes et de diverses races, par des béliers mérinos , ou par tout autre mâle d'une race distin- guée ; et le même moyen d'amélioration s'observe dans toutes les espèces d'animaux domestiques. Ces sous-races peuvent se perpétuer , de même que les premières , toujours par l'intermède des mâles , et en évitant soigneusement les nouveaux mélanges, qui détruiroient infail- liblement les effets des premiers. On observe surtout cette conservation des races » bonnes ou mauvaises , dans les contrées qui ayant peu de communi- cation , par la disposition du sol , avec celles qui les avoisi- nent , sont moins exposées que d'autres aux croisemens na- turels ou artificiels. Toutes les fois qu'on accouple un mâle d'une race distin- guée avec une femelle commune, et vice versa, les animaux qui proviennent de cette union, participant plus ou moins des qualités de chaque sexe , et formant une race secondaire, sont ordinairement désignés sous l'épithète de métis , qui si- gnifie mixte ; c'est-à-dire , moitié l'un , moitié l'autre, parce qu'il y a ici mélange de deux souches , ayant des qualités dif- férentes. On observe que dans cet accouplement , conformément au principe que nous venons de reconnoître, le mâle exerce sur les caractères extérieurs une influence bien plus grande que celle de la femelle; et en croisant les races d'après ce xoS A C C principe , on obtient ordinairement des individus plus beaux et plus robustes ; on ennoblit l'espèce , on la retrempe , pour ainsi dire, et l'on augmente souvent, comme nous le ver- rons , le nombre proportionnel des mâles ; ce qui paroît in- diquer une plus grande vigueur dans la puissance générative. Dans toutes les formations de ces races , soit primitives , soit secondaires , il convient de s'attacher particulièrement à ce qu'il y ait le plus de rapports possibles entre les qualités physiques et morales des individus de chaque sexe. 11 convient surtout d'éviter les disproportions frappantes dans les tailles , non-seulement parce que ce défaut donne ordinairement naissance à des formes décousues , mais à cause de l'influence fâcheuse qu'il peut exercer sur la con- ception, la gestation et le part. Il est encore essentiel , pour la formation de ces races , de faire attention à la couleur et à la disposition des poils qui forment la robe , à celle de la laine qui forme la toison , ainsi qu'à celles du plumage des oiseaux ; parce que ces nuances , qui n'établissent ordinairement que des variétés , suffisent quelquefois pour constituer des races , en se perpétuant , avec ou sans d'autres attributs •, et parce qu'on attache ordinaire- ment , d'ailleurs , à chacune d'elles , une qualité réelle ou supposée , que nous examinerons plus tard. Nous observerons enfin que la conformité du climat , du sol , de la nourriture , des soins , influe aussi d'une manière très-puissante sur la conservation des premières races for- mées , et , par conséquent , sur celle des races croisées. Quatrième Mode. Accouplement entre des espèces distinctes du même genre. — Ce mode comprend la conjonction artificielle et forcée d'un mâle et d'une femelle d'espèces différentes , mais rapprochées par la conformation , dans la vue d'en obtenir des produits mixtes , participant des deux espèces. wSi ce mode peut avoir lieu quelquefois dans l'état de na- ture , il doit être extrêmement rare dans les grands animaux au moins ', car , comme l'observe avec raison un des natura- listes qui les ont étudiés avec le plus de zèle et de succès , sous les rapports le plus immédiatement utiles pour la science , M. Cuvier , nous ne rencontrons jamais , dans nos campagnes , de races intei^médiaires naturelles , entre le lièvre et le lapin , le cerf et le daim, le renard et le loup , la marte et la fouine , ni entre d'autres espèces de quadrupèdes que nous pouvons amener par l'art à ce résultat. Ces réunions adultères paroissent donc être toujours les fruits de l'industrie ou du caprice de l'homme. Elles sont un triomphe de l'art , qui semble ici faire violence à la nature ; car elle a sagement prévenu l'altération des espèces , et la A C G 109 confusion qui s'établiroit bientôt entre elles , dans son do- maine , par ces mélanges , en leur ^inspirant une aversion mutuelle pour s'accoupler ainsi. « Depuis qu'on a observé la nature , comme le dit Buffon ; « depuis le temps d' Aristote jusqu'au nôtre , on n"a pas vu pâ- te roître d'espèce nouvelle , malgré le mouvement rapide qui « entraîne , amoncelle ou dissipe les parties de la matière ; « malgré le nombre infini de combinaisons qui ont dû se faire , <« pendant vingt siècles ; malgré les accouplemens fortuits ou « forcés des animaux d'espèces éloignées ou voisines, dont « il n'a jamais résulté que des individus viciés et stériles , qui « n'ont pu faire souche pour de nouvelles générations. » Nous voyons , en effet , qu'outre la disproportion des or- ganes sexuels , qui devient souvent un obstacle insunnontable à ces sortes d'accouplemens , l'animal répugne généralement à s'unir avec une autre espèce ; et cette répugnance est d'au- tant plus prononcée , que les espèces sont plus éloignées entre elles par leur conformation. L'inaptitude à la reproduction , dont les races mixtes , is- sues de ces accouplemens, sont ordinairement frappées , est encore ici une forte preuve de la violation des lois de la na- ture , qui veut conserver son type originel , et qui a d'ailleurs posé des limites très-circonscrites à ces unions factices et for- cées. « Il faut , comme l'observe encore notre savant confrère , « M. Cuvier , toutes les mises , toute la contrainte de l'homme n pour faire contracter ces unions , même aux espèces qui se « ressemblent le plus ; et quand les produits sont féconds , « ce qui est très-rare , leur fécondité ne va pas au-delà de «' quelques générations , et n'auroit probablement pas lieu , « sans la continuation des soins qui l'ont excitée. » Souvent on est obligé , pour obtenir ces alliances , désa- vouées par la nature , de priver , momentanément , de l'exer- cice de la vue , les mâles qu'on cherche à tromper , de les museler , de les entraver , de les déferrer , et d'employer d'autres stratagèmes , qui ne réussissent pas toujours. Les individus mixtes , ou les métis résultans de l'accouple- ment d'espèces différentes , et qu'on désigne fréquemment sous le nom Aliybiides om de mulets ^ pris souvent dans l'ac- ception d^ inféconds , et quelquefois même sous celui de mons- tres , qui indique leur rareté autant que leur difformité , ne paroissent donc pouvoir être produits que par des espèces congénères très-voisines , telles qu'on les rencontre surtout dans les oiseaux , les insectes et toutes les petites espèces. C'est surtout à l'état de domesticité qu'appartiennent ces sortes de créations ; car cet état , comme le reconnoît Buffon , iio A C G semble rendre les animaux plus libertins , c'est-à-dire , moins fidèles à leur espèce , en les rendant plus chauds et plus fé- conds. Ordinairement ces races factices s'éteignent d'elles-mêmes par la stérilité , ou en remontant insensiblement , par les générations successives , à la source originelle , soit pater- nelle , soit maternelle , suivant l'influence prépondérante de lune ou de l'autre. Il paroit cependant que les insectes, dont les espèces , comme dans tous les animaux , sont d'autant plus rappro- chées qu'elles sont plus petites , et , par conséquent , plus multipliées, et dont les différences sont souvent super- ficielles et extérieures , feroient exception à cette règle ; mais elle n'infirmeroit pas la loi générale , qui régit ici les prin- cipaux objets qui nous occupent. Il paroitroit aussi que ces sortes d'adultères entre les ani- maux pourroient altérer leurs organes de génération , d'après l'assertion de Yan Helmont , de Stahl et de Beccher , lesquels affirment que la jument qui , ayant été saillie par un âne , avoit produit un mulet, conservolt quelque chose de cet animal dans ses autres productions , lorsqu'elle étoit ensuite saillie par un cheral ; mais cette assertion a besoin d'être confirmée par de nouvelles observations. Les espèces d'animaux qui , d'après les expériences faites et les résultats , souvent plus curieux qu'utiles , obtenus jus- qu'à présent , nous paroissent donner les produits les plus positifs et les plus avantageux , par les mélanges provenans de leur accouplement croisé , sont , panni les quadrupèdes : Le cheval et l'ânesse , qui produisent le bardeau ; L'âne et la jument , qui fournissent le mulet, proprement dit ; L'âne et la femelle du zèbre , qu'on assure avoir produit en Angleterre un être mixte , au moyen d'un artifice assez singulier , qui fut de faire peindre , comme un véritable zèbre , le mâle que la femelle avoit auparavant accueilli par des ruades ; vaincue ensuite par les yeux , elle se rendit aux ap- parences , et céda à une parure d'emprunt ; On assure que le bison avec la vache , ainsi que le bœuf velu de Tartarie, ont produit dans le Nord ; on prétend aussi que le buffle et la vache , ainsi que le taureau avec la femelle du buffle , ont produit en Italie ; mais nous n'en connoissons pas de preuves bien constatées , et les essais faits en France à cet égard , n'ont pas réussi ; on en dit autant du lapin accouplé avec le lièvre , ce que nous ne garantissons pas davantage ; Le chameau et le dromadaire , qui ne sont peut-être que A G G ,1, deux races distinctes de la même espèce , paroissent avoir produit ensemble ; Le bélier avec la chèvre , qui , d'après Athénée , cité par Galien , donnent des produits qui portent une laine assez molle et douce , laquelle seroit une nouvelle preuve de l'in- fluence du père sur les parties extérieures ; Le bouc avec la brebis , qui , d'après le même auteur , produisent des métis à poils rudes et longs , qui confirme- roient encore cette influence : on les désigne sous le nom de rhabîiis dans quelques-unes des îles de l'Amérique , où l'on dit qu'ils sont féconds , quoique nous ne connoissions pas encore de race intermédiaire constante entre le bouc et la brebis ; ce qui auroit lieu si , comme on le prétend , le cha- bin avoit la puissance de se multiplier indéfiniment ; nous ne voyons pas , au moins , que les métis que Buffon s'est procurés par cette alliance , aient été doués de la fécondité ; Le chien avec le loup , le renard , l'adive et le chacal , qui sont du même genre , et dont Aristote , Pline et quelques modernes citent des exemples. Cardan , Scaliger , Zimmer- mann et Buffon , ont confirmé, par des faits , la possibilité de l'accouplement du chien et du renard. Cardan dit avoir vu un hybride provenu de cet accouplement, lequel étoit muet. Nous avons été témoins nous-mêmes du succès de l'ac- couplement d'un loup avec une chienne , lequel a produit cinq louveteaux métis, à l'Ecole Royale d'Économie rurale et vétérinaire d'Alfort. Buffon a poussé fort loin les expériences à cet égard , et il paroît , d'après Pline ( l. 8 , c. 4-0 ) , que cet accouplement étoit fréquent autrefois , puisque les meutes des anciens Gaulois avoient pour chef un de ces chiens-loups qu'ils suivoient , et qui les dirigeoit dans leurs chasses. Les animaux désignés parles anciens sous le nom à'' ombres, synonyme de bâtards , lesquels étoient engendrés par le mou- flon et la brebis , qu'ils accouploient aussi ensemble , suivant Pline ( l. 8 , c. ^9 ) 5 nous paroissent inconnus aujourd'hui , comme le mach'lis, c'est-à-dire X élan-mulet , dont Pline parle aussi ( 1. 8 , c. i5 ) , et qui provenoit de l'accouplement d'un élan avec un autre animal qu'il ne désigne pas. Les anciens appliquoient encore particulièrement le nom àliybrides , aux animaux qui étoient issus de l'accouplement , très-fréquent chez eux , lequel a quelquefois lieu aussi chez nous , du sanglier avec la truie , qui appartiennent à deux races distinctes dans la même espèce. Les animaux issus de l'accouplement de l'âne avec la ju- ment, quoique ordinairement inféconds chez nous, parois- sent ne pas l'être dans tous les cas. « Le mulet, dit Buffon , '^ qu'on a regardé de tout temps comme une production lia A C C « viciée , comme un monstre composé de deux natures , et « que , par cette raison , Ton a jugé incapable de se reproduire « lui-même et de former lignée , n'est cependant pas aussi « profondément lésé qu'onse l'imagine , d'après ce préjugé , « puisqu'il n'est pas réellement infécond , et que sa stérilité « ne dépend que de certaines circonstances extérieures et « particulières. On sait que les mulets ont souvent produit « dans les pays chauds : on en a même quelques exemples « dans nos climats tempérés ; mais on ignore si cette géné- « ration est provenue de la simple union du mulet et de la «< mule, ou plutôt si le produit n'en est pas dû à l'union du "mulet avec la jument , ou , encore , à celle de l'âne avec « la mule. » Quoi qu'il en soit , cette fécondité des mulets n'étoit pas inconnue des anciens , comme on pourroil l'inférer du pas- sage que nous venons de citer , puisque Aristote , Pline , Co- lumelle et Yarron citent des mules qui ont engendré , ce qui est moins rare dans les pays chauds qu'en Europe ; car on en rapporte plusieurs exemples , en Asie , en Afrique , en Amérique et en Espagne. Duhalde assure même (dans sa Description de la Chine , t. 4 ) que les mules des déserts de la Tartarie engendrent assez fréquemment ; et , suivant Aristote {de générât.), elles produisoient , de son temps, communément en Syrie , si, toutefois, il n'indique pas une autre espèce , sous le nom àliemionos , demi-âne, qui {)Ourroit bien être l'animal que les Tartares Mongoux appel- exkXcigiihai , et que Pallas a nommé equits hemionus. On cite encore un exemple remarquable d'une mule saillie , en Espagne , par deux chevaux , à six époques différentes , la- quelle donna quatre très-beaux produits femelles , puis deux mâles. Nous avons vu , nous-mêmes , dans les environs de Naples , deux mules qui avoient donné des produits fort beaux ; et on assure aussi qu'une mule a produit en France , dans le canton de Fossat, département de la Haute-Garonne. On remarque que l'infécondité dans le bardeau est beau- coup plus fréquente et beaucoup plus prononcée qu'elle ne l'est dans le mulet , probablement parce que celui-ci tient de l'âne l'ardeur d^ tempérament qui le distingue , à un très- haut degré , tandis que l'animal issu du cheval, et de l'ânesse , est moins puissant en amour et moins habile à engendrer , parce que le cheval auquel il doit l'existence est moins vigou- reux , généralement , que l'âne , comme il est aussi moins rustique et moins sobre que lui. Les espèces étant beaucoup plus rapprochées dans les oi- seaux qu'elles ne le sont ordinairement dans les quadrupèdes , parce qu'elles sont , comme nous l'avons déjà observé , gêné- A C C 1 1 3 ralement plus petites et plus nombreuses que dans ceux-ci , dont le nombre connu monte à peine à quatre cents , tandis qu'on connoît déjà plus de deux mille espèces bien distinctes d'oiseaux ; les accouplemcns mixtes sont beaucoup plus nombreux dans cette classe que dans la der- nière ; ils paroissent aussi beaucoup plus faciles à pratiquer ; et les résultats paroissent encore se distinguer par moins d'in- fécondité. « La nature , dit Buflbn , si sévère pour les monstres , qu'elle condamne à la mort , répugne bien aux mélanges adultères, à la vérité ; mais elle ne leur est pas tellement op- posée qu'elle n'en laisse subsister les produits chez les oiseaux. Cette remarque est surtout générale parmi les êtres les moins élevés dans Téchelle de l'organisation animale. La plupart des individus métis parmi les quadrupèdes sont sté- riles , et même dans la classe des oiseaux. 11 y a cependant un assez grand nombre d'exceptions chez ces derniers. Les espèces de la même tribu, de la même famille , étant rap- prochées par une conformité analogue , s'accouplent sans peine , et donnent l'existence à des individus féconds. » Parmi les espèces qui , d'après les essais qui ont été tentés , à diverses époques , et les succès qu'on en a obtenus, nous semblent donner les produits les plus positifs et les plus avantageux, nous remarquerons particulièrement lessuivantes: Le coq commun et la perdrix, probablement la grosse , dite barttwelle. Cet accouplement a réussi , d'après Aristote , qui a observé (1. 2 , cap. 4» de générât, anim. ) qu'il en est résulté des individus féconds. Il ajoute cependant , que cela n'a lieu que rarement , et dans les espèces les plus lascives , comme celles dont il est ici question. Le faisan commun et la poule commune. Athénée parle de cet accouplement; et d'après Gesner {de yhibus , p. 4.45 ) , Longolius indique la manière de faire réussir cette union extraordinaire. On assure, d'ailleurs, que les poussins qui en proviennent, conservent la forme du père , et que s'ils s'accouplent avec des faisans , ils produisent des petits entièrement faisans , ce qui est conforme aux principes que nous avons reconnus. Le faisan doré de la Chine a produit aussi , avec notre poule faisane commune , des métis qui ont été féconds , mais dont la race s'est éteinte à la seconde génération. Le coq peintade et la poule commune. On a assuré à Buffon que ce coq s'accouploit avec succès avec nos poules communes , lorsqu'on les élevoit ensemble dès le bas âge ; mais que les mulets qui provenoient de cette alliance étoient peu féconds. i. 8 1,4 ACG Le pigeon biset , le ramier et la tourterelle. C'est proba- blement le mélange ancien et varié de ces trois espèces voi- sines d'oiseaux , qui a produit les variations presque infinies qui se rencontrent aujourd'hui dans nos races nombreuses de pigeons , dont quelques-unes sont de la grandeur du ramier , d'autres de la petitesse de la tourterelle , et plusieurs ressem- blent encore au biset , ou participent plus ou moinis de ces trois espèces. On observe encore que , dans le mélange des diverses espèces et races de pigeons , les métis conservent générale- ment la couleur du plumage du mâle. Le canard musqué avec l'oie i-ommune. Nous ne connois- fions qu'un seul fait qui indique le succès de cet accouple- ment, lequel auroit eu lieu à Saint-Domingue, d'après M. de Tilly , qui jouissoit de la réputation d'vm bon observateur', très-digne de foi. Cette espèce de canard s'accouple aussi fréquemment , en France et ailleurs , avec la cane commune. 11 ne nous paroît pas constaté que les métis qui en proviennent se régénèrent entre eux ; mais il est bien avéré qu'ils sont féconds avec l'es- pèce commune , et que leurs descendans se reproduisent en- semble et avec le canard domestique ordinaire. L'espèce de canard dite tadorne , avec la cane commune. M. Bâillon , naturaliste très-instruit de Boulogne-sur-Mer , a obtenu de cet accouplement des métis qui n'avoient du tadorne que le cri , le bec et les pieds , et le reste ressem- bloit au canard commun , à une foible différence près. Il a gardé pendant trois ans une femelle de ces métis , qui n'a voulu s'accoupler ni avec les canards , ni avec les tadornes. Le serin des Canaries , qui s'accouple avec une espèce d'Italie , connue sous le nom de venturon , et avec une autre du même genre , connue sous le nom de a'ni ou serin vert de Pro\:>ence , et qui fournit ainsi des métis féconds , dont les races se propagent, s'accouple également, avec succès , avec ie tarin, le chardonneret , levcrdier, le linot , le bruant et le pinson. On assure même que les serins peuvent produire aussi avec les espèces du moineau , lesquelles se trouvent placées dans le même genre ; et M. Salerne , auteur d'un bon ouvrage d'aviceptologie , rapporte qu'on lui a assuré avoir vu à Or- léans , une serine grise , qui s'étoit échappée de sa volière , s'accoupler avec un moineau , ef faire , dans un pot à pas- sereau , sa couvée , qu'elle amena à bien. Il paroît aussi , d'après plusieurs faits , que les bouvreuils , placés dans un genre très-voisin , peuvent féconder les se- rines , quoiqu'on en ait contesté la possibilité. A r. c „s " On a coiislanimeiit observé , dit Buffon , en mêlant les « canaris, soit entre eux, soit avec des oiseaux étrangers, ' et Alimens , que les corps capables de s'or- ganiser, sont principalement ceux qui ont déjà été organisés et vivans. Concevez bien , en effet, qu'il ne s'agit point seu- lement , dans les animaux et les végétaux , d'augmenter la masse du corps par une substance quelconque , mais qu'il faut que cette même substance soit transformée en celle du corps vivant , de manière à n'être point différente. Ainsi , le bœuf, qui ne mange que de l'herbe , la transforme en fibres charnues , en os , en sang , en cartilages , en nerfs , en conie, etc. Cependant il n'est pas possible de trouver ces mêmes subs- tances dans une botte de foin. De plus , il n'est pas seulement question de cette métamor- phose , mais il est encore essentiel que la matière nutritive se dispose et s'organise comme la partie qui la reçoit. Il ne s'agit point d'un allongement , d'une dilatation dans chacune des fibres ou des lames du tissu des organes , mais d'une nou- velle formation. Il me semble évident , en effet , qu'un homme ACC ,23 a un plus grand nombre de fibres qu'un enfant , quoique ses diverses parties ne soient pas«pbis nombreuses ; car comment îe muscle de l'enfant pourroit-il prendre la force et la con- sistance de celui de l'homme par la simple accession des mo- lécules nutritives , si celles-ci ne formoicnt pas de nouvelles fibres , et n'agrandissoient pas les fibres primitives ? Je ne crois donc point que les petits et les grands individus de la même espèce aient , comme on l'a prétendu, le même nombre de fibres , et qu'il n'existe d'autre différence entre eux , que celle de la grosseur et delà longueur de chacune d'elles : car si ce nombre est le même dans l'homme et dans Tenfant, pourquoi pas de même dans le fœtus et dans l'embryon ? Mais qui croira qu'un fœtus de six pouces ait autant de fibres qu'un homme de six pieds ? Cependant , si l'on en doutoit encore , nous citerions la reproduction d'un organe amputé , chez certains animaux. Les pattes des salamandres , les queues des lézards , des serpens , ^ les nageoires des poissons, les pattes des écrevisses , les di- verses parties des vers, en effet, ne se reproduisent- elles pas lorsqu'on les coupe , ou lorsqu'un accident les détruit ? Qu'est-ce que cette nouvelle formation , sinon un accrois- sement suivant les lois de l'organisation intérieure ? Où est le moule qui donne la forme à la nouvelle pince d'une écre- visse ? Ce n'est pas seulement une extension , un allongement des autres organes , c'est une nouvelle génération toute pa- reille à ce qui existoit. Il faut donc que la vie elle-même pré- side à cette reproduction. La vie est une sorte de génération qui renouvelle sans cesse le corps qu'elle anime ; car nos fibres s'usent perpétuellement , tandis que d'autres se for- ment et prennent leur place. Ainsi, nous sommes des foyers de compositions et de destructions continuelles. Nous vivons d'une part , et nous mourons de l'autre. La vie et la mort sont deux puissances qui se contre-balancent dans nous-mêmes , jusqu'à ce que la dernière l'emporte. La vie est la fonction qui nourrit, accroît, engendre; la mort est celle qui diminue , flétrit, éteint. En général, l'accroissement de tous les êtres vivans est, d'autant plus rapide , que ceux-ci sont plus jeunes et d'une texture plus molle. C'est par cette seconde raison que les femmes parviennent plus tôt à leur entière croissance que les hommes , et que les individus dont la fibre est molle sont communément plus grands que ceux qui ont la fibre sèche et rigide. Yoilà pourquoi les habitans des pays humides , les végétaux et les animaux des contrées basses et marécageuses , sont tous plus gros et plus grands que les mêmes espèces qui ,o4 ACE fréquentent les lieux secs et élevés. Ainsi les hommes du Nord sont plus grands et plus gros que ceux du Midi. Plus ranimai et la plante sont voisins de leur origine, plus ils s'accroissent avec promptitude ; de sorte que la mesure de rage est celle de la quantité de Taccroissement : car , quoi- qu'on ne prenne presque plus de dimension en grandeur ni en grosseur après l'âge fait ( excepté quelques hommes qui deviennent épais et gras à cette époque) , il s'exécute cepen- dant une sorte d'endurcissement dans les organes ; ce qui paroît dû aux molécules nutritives qui obstruent toutes les mailles du tissu vivant , tandis que les fluides se dissipent peu à peu. Ainsi , il n'existe aucun véritable décroissement , bien que les corps diminuent dans la vieillesse : mais cette opéra- tion ne se fait pas en sens inverse de l'accroissement; car, par ce moyen , il arriveroit que le vieillard redeviendroit en- fant. Le décroissement n'est rien autre chose que le non- accroissement et la non-nutrition ; ce qui fait que le corps s'use sans se réparer. On ne remonte jamais le fleuve de la vie ; il faut s'abandonner à son cours , pour se jeter dans cet océan sans limites qui engloutit tout. L'accroissement peut être inégal dans plusieurs parties, par différentes causes qui troublent la régularité des fonctions vitales. ( F. Géant et Nain. ) Dans l'enfant, la tête etle corps prennent un plus grand accroissement que les membres ; c'est le contraire dans l'adolescence. Les températures mo- dérées favorisent l'accroissement ; l'extrême du froid et du chaud le retarde ou l'empêche ; l'époque de la puberté l'aug- mente beaucoup ; mais les plaisirs prématurés de l'amour l'arrêtent. L'accroissement est foible , quand l'esprit est fort et actif; il est plus grand , lorsque l'esprit est foible. Les ani- maux qui croissent promptement , pour l'ordinaire , sont plus stupides que les autres. Il y a plusieurs autres observations sur cet important sujet ; mais nous les ferons à l'article de la Nutrition, que l'on pourra consulter, (virey. ) ACCROISSEMENT (des végétaux.) K.Arbretol. ACÉE ou ASSÉE. Nom de la Bécasse dans le Poitou. Il vient , suivantBorel , dumot latin «/??«, aiguille. F.BÉCASSE. (s.) ACENE , Accena. Genre de plantes de la tétrandrie mo- nogynie et de la famille des Rosacées , dont les caractères sont d'avoir un calice de quatre folioles ; une corolle de quatre pétales, quatre étamines égales; un ovaire inférieur, sur- monté d'un style simple. Le fruit est une baie sèche , à une semence , couverte d'épines recourbées. Ce genre ne conlenoit qu'une espèce, l'AcÈNE allongée , originaire du Mexique , qui a des feuilles pinnées , éparses et ACE 1^5 eiigaînëes, des folioles, sessiles rapprochées, velues en dessous; des fleurs réunies en épis axillaires , et munies de bractées ; mais Vahl en mentionne treize. Parmi elles, il faut noter principalement l'AcÈNE argentée, qui a la tige rampante , les feuilles pinnées , avec impaire , les folioles ovales oblongues , et les épis globuleux. Elle se trouve au Pérou, dans les lieux humides ; elle est figurée, pi. 55 des éclogues de Jacquin. On emploie ses feuilles comme diu- rétiques, dans les ulcères , les maladies vénériennes, etc. C'est leproquin de Feuille. On appelle ces plantes amorsero au Chili , parce que leurs têtes s'attachent aux habits des passans. Ce genre paroît , au reste , peu distingué des Ancistres. (b.) ACKPHAIjES, Acéphala. Nom sous lequel j'avois désigné, dans mon précis des caractères génériques des insectes , ma classe onzième des insectes , composée de tous ceux de Linnaeus qui n'ont ni ailes ni antennes , et dont la tête est confondue avec le corselet. Elle répond à l'ordre des arachnides palpistes de M. de Lamarck , et forme aujourd'hui uniquement ma classe des arachnides. ( V. ce mot. ) Au mot d'acéphales , donné aussi par M. Cuvier , quoique postérieurement , à un ordre des mollusques , j'ai substitué ( Gcn. crust. et insect. ) celui A''acères. Il eût été à désirer que cette dénomination eût prévalu : les trois classes dont se compose maintenant celle des insectes de Linnaeus auroient été désignées d'une ma- nière régulière et caractéristique : les fe'/mr'ie. (b.) ACHOUROU. Espèce de Myrthe. (b.) ACHOU ou ACHOUROU. F. Brésillet. (s.) ACHOYAN. Espèce de Camomille, (b.) ACHYOULOU. Espèce de Malpigiiie. (b.) ACHYRONIE, Achywnia. Arbuste de la Nouvelle-Hol- lande, à feuilles lancéolées et bordées de longs poils, et à fleurs jaunes axillaires , qui forme un genre dans la diadel- phie décandrie. Ce genre présente pour caractère lin calice à cinq dents, dont l'inférieure est allongée et bifide ; un légume compijmé et paàysperme. (b.) ACHYRY. Espèce de Periploca des Antilles, (b.) ACIA, Acia. Nom donné par Schreber à la réunion des genres Acioa efCoupi , d'Aublet. V. ce dernier mot (b.) ACIANTHE , Acianthiis Genre de plantes établi par R. Brown dans la gynandrie diandrie et dans la famille des orchidées. Il est fort voisin des Epipactes, et renferme trois espèces, toutes originaires de la Nouvelle-Hollande. Ses caractères consistent en une corolle à six pétales; les trois extérieurs aristés , les deux intérieurs plus petits ; l'inférieur en lèvre , plus court , très-entier , sans appendices à son disque , mais avec deux callosités à sa base ; une colonne demi-cylindrique à sa partie inférieure , sans oreillettes au sommet ; une anthère à deux loges ; le pollen divisé en quatre paquets, (b.) ACICARPHE,y^«Var;?/ia. Genre établi par Jussieu dans la famille des Cynarocéphales. Ses •caractères sont : calice i32 AGI commun simple , divisé en cinq parties ; flem'ons à cinq divisions ; réceptacle couvert d'écaillés , plus épaisses au isommet et lemiinées en pointe, enveloppant les graines. Ce genre ne renferme qu'une espèce, qui est une herLe rameuse , à feuilles dentées et à fleurs terminales, (b.) ACICAKVUY,, Acicm-pha. Genre de plante étaLli par Jus- sieu dans la syngénésie séparée et dans la famille des cyna- rocéphales : il est fort voisin des Gunndèles. Ses caractères sont : calice commun simple à cinq découpures , renfennant des fleurs flosculeuses à cinq divisions ; le réceptacle chargé de paillettes inégales, terminées en pointe, très-serrées, réu- nies en un seul corps. De leur réunion , résulte un fruit dans lequel se trouvent de petites loges fermées, contenant chacune une semence non aigrettée. La seule espèce qui entre dans ce genre est originaire de l'Amérique méridionale, (b.) ACIDE. On est convenu d'appeler acide toute substance qui produit dans la bouche une sensation d'aigreur : ainsi oigre et acide sont deux mots synonymes. Les acides ont la propriété de se combiner avec les al- calis , les terres , les métaux , etc. , et de former avec eux des sels neutres , c'est-à-dire , des composés qui n'ont plus les qualités d'aucun de leurs principes constituans. Les acides se présentent à nous sous toutes les formes. Il y en a de solides , il y en a de liquides , il y en a de gazeux. Ils n'ont pas la même affinité avec les différentes bases ; ce qui fait qu'on peut décomposer les sels neutres et enlever un acide à sa base par le moyen d'un autre qui le remplace. Ces opérations sont communes dans la nature, dans lêh arts et dans nos laboratoires. On a cru, pendant long-temps , que les acides avoient un élément ou un principe commun à tous , et que ce principe étoit la base de Y acétification ; c'est pour cela qu'on l'a appelé oxygène : mais il est reconnu que ce principe n'existe point dans plusieurs acides , et que d'un autre côté , l'oxygène combiné avec une foule d'autres corps, ne forme point , pour cela , des acides : de sorte qu'il faut renoncer à cette doctrine , qui étoit née des premières analyses qu'on avoit faites sur quelques acides. L'hydrogène , comme l'oxygène , a la propriété d'acidifier certains corps. Les acides sont quelquefois composés de deux substances , et il paroît que ces sortes d'acides sont les plus énergiques : souvent ils sont formés par la réunion de trois , tels que ceux qu'on çonnoît généralement soujs le nom d'acides végétaux. AGI i33 Panni les acides , il y en a peu que la nature ne forme dans ses nombreuses opérations ; mais leur tendance à la combinaison fait qu'on les trouve rarement à nu et isolé- ment : ils forment une partie des composés qui se présentent à nos yeux sur le globe , tels que les sulfates de chaux , de fer , de magnésie , de cuivre , d'alumine , etc. ; les carbo- nates , les phosphates , les muriates , etc. Il en est d'autres que nous créons à volonté dans nos laboratoires, pour les livrer aux arts qui en font la base de la plupart de leurs opérations. Ainsi , la chimie a non - seulement reproduit tous les acides que la nature a créés ; mais elle a donné naissance à plusieurs autres qu'elle ne présente dans aucua de ses produits. La propriété qu'ont les acides de se combiner avec des bases, a produit cette longue série de sels qui sont d'un si grand usage dans les arts et la médecine ; et , comme les acides ont par eux-mêmes des propriétés particulières , on les emploie en nature dans un grand nombre d'opérations. (CHAPT.) D'après les belles expériences de MM. Hisinger et Ber- z^îlius sur les oxydes et les acides soumis à l'action de la pile de Volta , expériences qui ont été répétées et depuis éten- dues, par M. Davy et par MM. Gay-Lussac et Thénard, aux alcalis regardés jusque-là comme des corps simples , tous les oxydes et tous les acides qui contiennent de l'oxygène sont décomposés par l'appareil électro-moteur : le principe qui étoit uni à l'oxygène est transporté au pôle résineux , tandis que l'oxygène vient constamment se rendre au pôle vitré. La nomenclature des acides et celle de leurs combinai- sons , anciennement vague et arbitraire , est aujourd'hui sou- mise à des règles. Si l'acide ne contient qu'un seul corps combustible , et c'est le cas le plus ordinaire , on le désigne en joignant au mot générique acide , le nom français ou latin de ce corps, auquel on donne la terminaison en ique. Ainsi on appelle acide carbonique, Tacide que produit le carbone en se combinant avec l'oxygène. Si le corps com- bustible peut se combiner en plusieurs proportions avec l'oxygène et former deux acides , on désigne le plus oxygéné par la terminaison ique , comme dans le cas précédent ; et le moins oxygéné par la terminaison eux. Ainsi l'on dit acide sulfurique , acide sulfureux , acide phosphorique , acide phosphoreux, etc. Quant aux combinaisons des acides avec différentes bases terreuses, alcalines ou métalliques , elles portent en général le nom de sels , auxquels on donne le nom de l'acide , en le tcnninant en aie pour les acides dont le nom finit en jque , et i34 A C I en z'^e pour ceux qui sont terminés en eux. Ainsi, les combi- naisons de l'acide sulfurique ou de l'acide phosphorique avec la cliaux , se nomment sulfate de chaux ^ pJiosphate de chaux : les minéralogistes disent avec M. Haiiy, chaux sulfatée ., chauc» phosphatée , etc. ( Voy. la Chimie de Thénard. ) Les acides libres ou non combinés , que l'on a nommés aussi acides natifs , forment le premier ordre de la classe des substances acidifères dans la méthode du célèbre professeur Hauy. Ils sont au nombre de cinq ; savoir : Vacide borique , V acide sulfurique , Vacide munatique , Vacide sulfureux et Vacide carbonique. Le premier seul est solide ; les autres sont , ou dissous dans l'eau, ou gazeux. En général, les acides se trou- vent fort rarement à l'état de liberté ; mais ils abondent dans une foule de combinaisons. Parmi les quatorze acides observés jusqu'ici dans les pro- ductions du règne minéral, quatre ont des radicaux métal- liques , et sont des découvertes de la chimie moderne. Les métaux qui ont la propriété d'absorber assez d'oxygène pour passer à l'état d'acides, sont l'arsenic, le chrome, le mo- lybdène et le schéelin ou tungstène : les autres acides ont différens radicaux, soit simples, soit composés, mais plus ordinairement simples. Nous allons indiquer successivement les caractères et les principales combinaisons de ces diffé- rens acideis , en nous attachant plus particulièrement à ceux dont l'étude est du ressort de la minéralogie , ou qui sont d'un intérêt très-général par leur emploi dans les arts , d'après le but que l'on s'est proposé d'atteindre dans ce Dictionnaire, (luc.) AcmE AÉRIEN. V. Acide carbonique. Acide arsenique. Cet acide n'a encore été obsei*\é dans la nature que combiné avec les oxydes de cuivre , de fer et de cobalt , ou uni à la chaux. Nous examinerons les carac- tères de ces différentes substances , en traitant des métaux auxquels elles se rapportent. Yi'arseniaie de chaux , du pays de Furstemberg , en Souabc , est connu des minéralogistes sous le nom de pharmacolithe que lui a donné M. Karsten , et qui signifie pierre empoisonnée. V. PiiarmaCOLITUE. L'acide arsenique est blanc , solide et très-caustique , déli- quescent à l'air : c'est un poison plus terrible encore que l'oxyde blanc d'arsenic. Soumis à l'action du feà dans une cornue , il laisse échapper une partie de son oxygène. Il est formé d'environ loo parties d'arsenic et 5o d'oxygène , d'après les analyses de MM. Proust et Berzelius : sa découverte date de 1775 ; elle est due à Scheèle. 11 n'est d'aucun usage. (LUC) Acide boracique ou Acide borique. La composition de A C T i35 cet acide , naguère ignorcie , est aujourd'hui Lien connue. L'on en est redevable à MM. Gay-Lussac et Thénard, qui , en 1808, ont mis son radical à nu , en traitant parties égales d'acide boracique vitreux pur et de potassium , dans un tube de cuivre rougi au feu. Ces savans ont obtenu, par ce moyen, de l'oxyde de potassium , et une substance combustible nou- velle , à laquelle ils ont donné le nom de bore. Elle leur a présenté les caractères suivans : sa couleur est le brun-verdâtre ; elle est fixe et insoluble dans l'eau , sans saveur ; n'a d'action ni sur la teinture de tournesol , ni sur le sirop de violette. Projetée dans un creuset rougi , elle brûle instantanément, et le produit de sa combustion est de l'acide borique. Traitée par l'acide nitrique , elle le dé- compose promptement , même à froid , etc. L'acide borique est formé d'environ deux parties de ce combustible , et d'une d'oxygène. Cet acide est ordinairement sous la forme de paillettes ou de petites lames d'un blanc nacré, ou jaunâtres , très-légères et translucides. Il est peu soluble et n'a qu'une foible saveur. Sou- mis à l'action du feu du chalumeau , il se fond en un verre trans- parent. C'est ordinairement sous la forme vitreuse qu'il est employé dans les opérations docimastiques , et pour les analyses des pierres qui contiennent de la potasse ou de la soude. On s'en sert pour faciliter la soudure des pièces délicates d'orfèvrerie ou de joaillerie , après l'avoir réduit en poudre. M. Haiiy a observé que les globules d'acide borique fondu sont susceptibles d'acquérir l'électricité résineuse par le frotte- ment , sans avoir besoin d'être isolés auparavant. C'est en 1702 que cet acide a été découvert dans le borax, parHomberg, qui le nomma 5e/ sédatif ou narcotique , d'a- près les propriétés qu'on lui atlribuoit alors. Uni à la soude , il forme la soude boratée ou borax; avec la magnésie, le mi- néral connu sous les noms de borarite et de pierre cubiqite de Lunebourg. La datholite , découverte depuis peu d'années , est une combinaison d'acide borique avec la chaux et la silice. F. Borax , Boracite et Datholite. L'acide borique natif se trouve en dissolution dans les eaux de différentes lagunes du territoire de Sienne , et no- tamment dans celles de Cherchiajo près de Monte-Rolondo, où il a été reconnu pour la première fois ,en 1776, parM. Hoëfer. Il a été observé depuis, sous la forme de petites lames , dans les fissures qui existent sur les bords de ces mêmes lagunes , par M. Mascagni. Uparoîtque ces lames d'acide borique ont été déposées , par les gaz , soit acide carbonique , soit hydro- gène sulfuré , qui s'échappent en abondance, et quelquefois i36 A -G I avec sifflement, de ces' mêmes fissures , d'où se dégage en même temps une chaleur égale à 72 ° du thermomètre de Réaumur. Les eaux de ces lagunes renferment différens bo- rates et des sulfates d'alumine et d'ammoniaque. On trouve encore cet acide à l'état concret, €t mêlé avec une terre ar- gileuse de couleur cendrée , aux lagunes de Castel-Nuovo , et à celles de l'édifice dit de Beniféi, au Sasso, à Lustignano et à Sezazzano. M. Karsten a donné le nom àe S assolin à l'acide borique natif , que M. Hoëfer avoit désigné sous celui de Sel sédatif naturel. (^LVC.) Acide carbonique. Cet acide dont la découverte remonte au temps de Van-Helmont, qui écrlvoitdans le dix-septième siècle , a successivement occupé les chimistes , depuis cette époque Jusqu'en 1776, où Lavoisier nous a fait connoître sa véritable nature. Il a pour radical le carbone ou charbon pur: cent parties contiennent environ vingt-huit de carbone et soixante-douze d'oxygène. A l'état de gaz , sa pesanteur spécifique est environ le dou- ble de celle de l'air , selon Bergman ; d'où il suit qu'on peut le transvaser à la manieredesliquides.il aune odcurpiquanle et particulière ; c'est celle que l'on sent au-dessus des cuves où fermente le raisin, et des chaudières à bière. Il est disso- luble dans l'eau , qui en absorbe un volume égal au sien , à la température de 10.° : les corps enflammés, plongés dans son atmosphère, s'y éteignent aussitôt. Il asphyxie et tue avec plus ou moins de rapidité les animaux exposés à son action délétère. Soumis à un froid de quelques degrés ou à une cha- leur de plus de 5o ° , le gaz acide carbonique se dégage de l'eau dans laquelle il éloit dissous. Le gaz acide carbonique ne contient pas d'eau combinée , d'après les expériences de MM. Clément et Desormes. On trouve l'acide carbonique isolé , à l'état de gaz , on dissous dans certaines eaux minérales gazeuses ou acidulés, ou en combinaison avec des terres et des oxydes. 11 est combiné à la chaux dans les substances connues de tout le monde sous les noms de marbres et de pierres calcaires et qui jouent un si grand rôle dans la composition des couches récentes de notre globe. Avec la sonde , il forme la natran , qui abonde en Egypte et dans les plaines d'une partie de l'Asie ; enfin , uni avec des oxydes métalliques , il constitue le carbonate de plomb , appelé anciennement plomb blanc ou spatlii(/ue, les carbona- tes bleus et verts de cuivre , nommés bleu et vert de montagne , et malachite. Il est également combiné au fer et à la magnésie. On lui adonné une foule de noms, 11 a été appelé gaz , air fixe , acide inêphitiijue , acide aérien , acide crayeux. C'est le AGI 13; ^pi'ntus leihaîls des anciens , le spiiitus sybestris de Paracelse et de Van Helmont , etc. L'Acide carbonique paroît être le plus abondatpment ré- pandu de tous les acides. Il entre pour un centième en- viron dans la composition de Tair que nous respirons. Oh le trouve dissous dans beaucoup d'eaux minérales. 11 occupe les galeries d'un assez grand nombre de mines. Différente» excavations despays volcaniquesen renferment à l'état de gaz; la plus célèbre de toutes est la Grotte du Chien, près deNa- ples. Elle est ainsi nommée parce que les chiens sont ordinaire- ment les animaux qu'on introduit dans cette grotte pour faire connoîtreses effets. On peut encore citer l'antre de Typhon en Cilicie ; la moufette de Perrault aux environs de Mont- pellier ; la grotte d'Aubenas dans l'Ardèche ; l'Estouffi , cave de Mont-Joli près de Clermont-Ferrand , elc. , etc. M. Calmelet, ingénieur des mines, en a observé une nouvelle sur les bords du lac de l'ancienne abbaye de Laach. Elle est creusée dans une hauteur qui porte le nom de Lancelot , l'un des preux de la table-ronde. Il est mélangé au gaz hydro- gène dans les Salses du Modenois , et dans les volcans de boue de la Crimée. La Grotte du Chien est située près du lac d'Agnano, au S. E. et à peu de distance de son rivage. Sa profondeur est d'environ 4. mètres (12 pieds) ; son élévation et sa largeur delà moitié, ou à peu près. La hauteur moyenne de la moufette est de 2 décimètres (738 pouces ) suivant M. Breislak ; elle est composée de dix parties d'oxygène et de cinquante d'azote , mêlées de quarante d'acide carbonique, (luc.) Acide chromique. Le métal découvert, en 1797 , par M. Vauquelin , et auquel il a donné le nom de Chwme , étant saturé d'oxygène , passe à l'état d'acide. 11 est alors solide et d'un rouge purpurin : sa saveur est acre et syptique. Sa dissolution dans l'eau , convenablement évaporée , fournit des prismes de la couleur du rubis. Les di- vers sels qu'il forme sont tous colorés : d'où lui vient son nom , qui signifie couleur , etc. On ne l'a encore trouvé que combiné avec différentes ba- ses. C'est à lui qu'est due la belle couleur rouge du spinelle et celle du plomb rouge de Sibérie. Il est uni au fer dans le thro- 7nate Ae fer que M. Pontier a découvert, en 1798, dans la Basse-Provence, (pat. et luc.) Acide crayeux. F. Acide carbonique. Acide fluorique. Cet acide , dont le radical est encore inconnu , a été découvert par Scheèle , en 1771 , dans le spath fluor. Pur ou combiné avec le moins d'eau possible , d'a- près les expériences de MM. Gay-Lussac et Thénard, il est i38 AGI liquide et blanc; son odeur est pénétrante et sa saveur insup- portable. C'est de tous les corps le plus corrosif; il attaque et désorganise le tissu animal avec une rapidité extrême. 11 ne se congèle pas par un froid de ^o", et se réduit en gaz k l'aide d'une chaleur de So" seulement. Scheèle avoit déjà re- connu qu'à l'état gazeux, ou même dissous dans l'eau, ilcor- rodoit le verre , mais qu'on pouvoit le conserver dans des vases de plomb. M. Puymaurin a tiré un parti très-ingénieux de cette pro- priété de l'acide fluorlque , pour graver sur le verre , à la ma- nière des graveurs à l'cau-forte. Un de ses plus beaux ouvrages en ce genre est celui qui représente la Chimie et le Génie pleu- rant sur le tombeau de Scheèle. On s'en sert dans les labo- ratoires pour tracer des divisions sur des thermomètres , sur des flacons et autres instrumens. Les combinaisons naturelles de l'acide iluorique sont au nombre de deux. La plus commune est le spath fluor ^ qui se rencontre dans beaucoup de filons métalliques; l'autre est cette substance du Groenland que M. Abildgaard nous a fait connoître le premier, et qu'il a nommée cryolithe ou pîerre de glace , à cause de la facilité aveclaquelle elle se fond. V. Cryo- lithe et Spath fluor, (luc.) Acide hydro-chlorique. V. Acide muriatique. Acide marin. F. Acide muriatique. Acide mellitique ou mellique. L'existence de cet acide n'a encore été observée que dans la substance désignée par Wernersous le nom àlionigstein ou pierre de miel , et que nou nommons mellite. Il y est combiné à l'alumine. V. Mellite. C'est à M. Klaprolh que la découverte en est due. Sa saveur est aigre , puis amère. Il est peu soluble dans l'eau, et inaltérable par l'acide nitrique. Composé de carbone, d'hydrogène et d'oxygène, il est analogue aux acides végétaux, et probablement aussi d'origine végétale, (pat. et luc.) Acide méphitique. V. Acide carbonique. Acide molybdique. Cent parties de molybdène et quarante- neuf d'oxygène , constituent l'acide molybdique , d'après les expériences de MM. Bucholz et Berzelius. Il est solide , blanc et peu sapide. Chauffé dans des vais- seaux clos , il se fond et cristallise par le refroidissement ; chauffé dans des vaisseaux ouverts , il se volatilise. On n'a encore trouvé cet acide que combiné à l'oxyde de plomb, dans le miné-ral nommé plomb jaune : c'est le plomb molybdalé de M. Haiiy. V. l'article Plomb, (luc.) Acide muriatique ou marin. Cet acide joue un grand rôle dans la nature : combiné avec la soude , il forme le mw A C I i39 riate de soude ou sel marin, qui se trouve dans toutes les mers , dans une infinité de lacs et de fontaines salées , et dans Tinté- rieur même de la terre , où il forme des bancs de sel , sem- blables à des couches pierreuses , d'une épaisseur de plusieurs centaines de pieds , et d'une étendue d^e plusieurs milliers de toises. On ne sauroit douter que l'acide muriatique ne tire son origine de l'atmosphère , de même que l'acide nitrique : c'est l'opinion de plusieurs savans célèbres , et entre autres de M. Humboldt, qui l'a vu se former dans les plaines de la Cujavie ; et les observations que j'ai faites sur un grand nom- bre de lacs salés de Sibérie , m'ont convaincu qu'il ne pou- voit tirer d'ailleurs son origine. Je pense même qu'en gé- néral l'atmosphère est le grand atelier de toutes les substances salines. L'acide muriatique est rarement combiné dans la nature avec d'autres bases qu'avec la soude. Il y a des muriales de chaux et de magnésie dans les fontaines salées , et quelques muriates métalliques , tels que le muriate de mercure natif ou mercure corné, le muriate d'argent ou argent corné , le mu- riate de cuivre ou sable vert du Pérou. L'acide muriatique a la faculté , qui lui est particulière , de se charger d'une surabondance d'oxygène , et de former un acide muriatique oxygéné , ou plutôt suroxygéné, dont les propriétés sont importantes dans les arts. On en fait usage pour le blanchiment des toiles et de plusieurs autres subs- tances tirées du règne végétal ; on s'en sert aussi pour rendre ta fraîcheur aux tableaux : mais il faut de grandes précau- tions. Guyton-Morveau a rendu un grand service à l'huma- nité en l'appliquant à la désinfection de l'air vicié des hô- pitaux , des prisons , etc. Le muriate suroxygéné de potasse , mêlé avec le soufre et le charbon , forme une poudre fulminante qui détone avec fracas par la seule collision ou le frottement. On obtient l'acide muriatique oxygéné en distillant l'acide muriatique simple sur l'oxyde de manganèse , dont il enlève et s'approprie l'oxygène. Les chimistes ont fait de grands travaux pour parvenir à connoître le radical de l'acide muriatique : des expériences faites en Angleterre ont semblé prouver qu'il avoit pour élé- mens l'azote et l'oxygène , de même que l'acide nitrique , mais dans d'autres proportions. 11 paroît néanmoins que cette question n'est point encore résolue, (pat. ) A l'état de gaz , l'acide muriatique a une pesanteur spécifi- que de 0,66, l'air pesant 0,46. Son odeur est forte , piquante et acide : elle a quelque analogie avec celle des pomme* de rai- lio AGI nette ou du safran. Sa saveur est aigre et très-forte. II change en rouge un grand nombre de couleurs bleues végétales , et avive celles qui ont cette nuance. Soumis à l'action du feu dans un tube de porcelaine , il n'éprouve aucune altération. Son attraction pour l'eau est très-considérable. — L'acide muriatique liquide concentré pèse 1,196, l'eau pesant i,ooo- II précipite l'argent de ses dissolutions sous la forme d'un précipité blanc , insoluble , qui noircit très-promptement à l'air , etc. MM. Gay-Lussac et Thénard ont observé que le gaz acide muriatique contient un quart de son poids d'eau , et que , dans cette quantité , il y a assez d'oxygène pour oxyder au- tant de métal que l'acide peut en dissoudre. Ils se sont assuré de plus que ce gaz ne peut être obtenu seul sans l'eau , qui est absolument nécessaire à son état gazeux. (Nouv. Bull, des Se. , t. I , p. 3o2. ) La nature de l'acide muriatique est encore inconnuey Suivant M. Davy , il seroit composé d'hydrogène et d'acide muriatique oxygéné, qu'il regarde comme un corps simple , et auquel il donne le nom de chlore. L'acide muriatique , tel que nous l'obtenons dans nos laboratoires , seroit, dans ce cas , de V acide hydro-clilorique. Cette théorie n'est pas encore igénéralement admise ; le savant M. Berzelius, en particulier, la rejette. L'acide muriatique, dit Petrini , se trouve quelquefois li- bre et à l'état de pureté dans les entrailles de la terre. Cer^ taines masses de sel gemme (soude muriatée) brisées, exha- lent l'odeur qui le caractérise. Il se dégage en abondance de certains volcans, et notamment du Vésuve. Ce volcan, au contraire , exhale très-peu de vapeurs sulfureuses suivant les observations de M. Breislak, confirmées par celles de M. Mé- nard de la Groye. H existe dissous dans l'eau de plusieurs lacs de la Nouvelle- Espagne , et dans les mines de sel de Wieliczka. Depuis le lac de Cusco , qui est chargé de muriate de soude et qui exhale de l'hydrogène sulfuré , jusqu'à la ville de .Valladolid , sur une étendue de terrain de vingt myriamètres carrés (environ quarante lieues carrées) , il y a une grande quantité de sources chaudes qui ne contiennent généralement que de l'acide muriatique , sans vestige de sulfates terreux ou de sels métalliques. Telles sont les eaux thermales de Chucandiro , de Guinche , de San- Sébastien et de San-» Juan-Tararamco. (Humboldi.) M. Schultes a observé , au second étage des mines de Wieliczka, un amas d'eau d'où s'exhale une odeur très-forte d'acide muriatique. Le gaz qui s'en dégage précipite la dis- A C I ,^, solution nitrique d'argent. L'eau de ce lac contient près d'un quart de son poids de uiuriate de soude , et en outre de l'a- cide sulfurique libre. La présence de cet acide a été reconnue par M. Vauque- lin , dans Une' substance pierreuse, friable, provenant du sommet du Puy de Sarcouy en Auvergne. Cette substance a une couleur jaune ; elle exhale une odeur analogue à celle de l'acide nitro-muriatique , et renferme environ cinq par- ties d'acide muriatiquc sur quatre-vingt-onze de silice , et à peu près trois de fer , d'alumine et de magnésie. Spallanzani dit en avoir retiré de la lave vitreuse tigrée de Lipari, et de la lave amphigénique du Yésuve. (luc. ) Acide nitrique. Son radical est bien connu : c'est l'azote. Cet acide si corrosif est donc composé des mêmes élémens que l'air que nous respirons, mais dans des proportions dif- férentes , et sous un mode d'agrégation qui en change les propriétés. La nature forme journellement et sous nos yeux l'acide ni- trique dans les nilrières artificielles , dans les souterrains où l'air se renouvelle peu , et même dans les champs décou- verts. Il s'unit avec la chaux, la magnésie ou les substances alcalines qu'il rencontre , et forme du salpêtre , qui est un nitrate^ ordinairement à base terreuse. Pour obtenir l'acide nitrique dans nos laboratoires , ci» distille le nitrate de potasse avec de l'acide sulfurique. Celui- ci s'empare de la base alcaline, et chasse l'acide nitrique qui passe dans le récipient. L'acide nitrique du commerce s'obtient par la distillation rc , qu'elles obscurcissent le jour lorsqu'elles voltigent en tpaisses colonnes. ( Voyez l'article Sauterelle DE passage. ) Le triste laboureur voit ses guérets ravagés par A C R 1 .37 ces insectes voraces , et , privé de ressources pour la subsis- tance de sa famille , il est obligé de se jeter sur ces mênies animaux pour assouvir sa faim. Ces exemples ne sont pas ra- res en Arabie et en Afrique. Niébuhr et Forskahl , témoins oculaires , rapportent que les Arabes font griller ces insectes sur des charbons , et les mangent en grande quantité. Ils en ont voulu goûter eux-mêmes , et ne les ont pas trouvés très- mauvais. Ces mêmes peuples en font des provisions , et il les salent , afin de les conserver plus long-temps pour les mo- mens de disette , si fréquens dans rArabie-Pétrée. Il paroît cependant que cette nourriture , un peu acre , cause de petits nlcères à la gorge , et produit quelquefois une sorte d'esqui- cancie. Des auteurs luthériens qui ont traduit la Bible , pré- tendent qu'on l'a mal traduite à l'endroit où l'on rapporte que les Juifs, dans le désert , furent nourris pendant quelques jours de cailles qui tombèrent du ciel. Ils assurent que c'étoient des sauterelles, et que le texte de l'Ecriture s'explique à cet égard , puisque ces prétendues cailles causèrent des maux de gorge aux Hébreux , comme l'endroit du livre en fait mention. Or , les vraies cailles ne produisent jamais cet effet. ( F. Scheu- chzer , Physica sacra , t. 1 1 . ) Pline , Hîst. nat. liv. vi, c. 5o ; Diodore de Sicile, Bihlioih. liv. m , c. 29 , et liv. IV ; Strabon , Géogr. liv. xvi , admettent des peuples qui ne se nourrissent que de sauterelles. Ce sont , disent -ils, de petits hommes grêles, minces, d'une com- plexlon foible , et qui ne vivent pas au-delà de quarante ans. Par la raison qu'ils sont vieux de bonne heure , leur puberté est fort précoce , et leur accroissement très-prompt. Ils as- surent de plus que ces hommes périssent de la maladie pédi- eulaire. Encore aujourd'hui , un grand nombre de peuplades africaines recherchent les Insectes de toute espèce pour les manger , ainsi que plusieurs voyageurs le témoignent ; mais ils n'ont point remarqué que ces acridophages , ou plutôt ento- mophages , fussent atteints de l'affection que les anciens leur attribuolent. (Ludolf , Hist. /Ethiopie. Hasselqulst, resa tilPa- lœst. p. 4-1 4- et sulv. Adanson dit la même chose des Séné- galois. Voyage^ p. io5.) Les Tonquinols, selon Dampler , ai- ment beaucoup les insectes , et mangent même les poux , comme font les singes. Les Californiens mangent la larve du cwriilio palmarum , Lin. , ou charanson palmiste. Les an- ciens Romains en faisoient de même , et les Athéniens ache- toient au marché de grosses sauterelles, comme un aliment fort agréable. Nous mangeons des écrevisses , des chevret- tes et autres crustacés , qui sont des espèces d'insectes. J'ai connu un jeune homme qui avaloit des chenilles, et l'on cite d'autres personnes , des femmes même , qui ont mangé i58 A C R des araignées et autres insectes hideux ou dégoûtans , sans en éprouver d'accidens. En général , les insectes procurent une mauvaise nourri- ture , acre , irritante , et qui ne fournit presque pas de chyle : aussi les personnes qui en feroient un continuel usage , ne pourroient pas exister long-temps. On remarque , surtout chez les nègres , cet appétit pour les insectes , aussi bien que dans les singes ; de sorte que c'est un nouveau trait de ressem- blance qui indique la grande analogie entre ces espèces ; car , en effet, le nègre descend vers les races des singes , et en est plus voisin que l'homme blanc; aussi ses habitudes se rappro- chent-elles de ces animaux imitateurs. V. les articles Nègre, Singe , etc. (virey.) ACROCERE , Acrocera. Genre d'insectes , de l'ordre des diptères , famille des vésiculeux , établi par M. Mcigen , et qui se distingue des autres de cette famille , par l'absence d'une trompe et ses antennes très-petites, de deux articles, et insérées sur le derrière de la tôte. Le premier article est très-petit, ou presque nul ; le second est ovale, et se ter- mine par une longue soie. Ces insectes sont petits, et se trouvent dans les lieux aqua- tiques. 11 ne.fautpas confondre ce genre avec celui qui aie même nom, dans le système des antliates de Fabricius ; celui-ci a une longue trompe, et qui s'étend le long de la poitrine. V. Cyrte. M. Meigen décrit quatre espèces d'acrocères. La suivante est la plus connue AcRocÈRE GLOBULEUSE. ( A. globuliis. Meig. ) Syrphus glo- bulus. Panz. Faiin. insert, g-erm. 86 20. Noire ; abdomen jaune , avec (les bandes à la base , et deux points k son extrémité, noirâtres ; longue de deux lignes. Schfeffer a représenté, {Iron. insert. tab. iSy. 2.) celle que M. Meigen nomtxïe sa nguinea , à raison de son abdomen , qui est de cette couleur, (l.) ACROC HORDE , Arrochordus. Genre de reptiles de la famille des Serpens, dont le caractère est d'avoir le corps et la queue garnis de petits tubercules en place d'écaillés, et point de crochets à venin. Ce genre ne contient qu'une espèce observée à Java. C'est un serpent d'environ huit pieds de long , et dont la queue est un peu moins du quart de la longueur totale. 11 a le des- sus du corps noir, le dessous blanchâtre, et les côtés gris tachés de noir. Il a beaucoup de rapports avec la Plature ; mais sa peau est tuberculeuse, sa tête est aplatie et couverte d'écaillés trè-; - petites ; sa bouche n'est pas susceptible d'une grande ouverture , et ses mâchoires sont garnies de A C R ,59 deux rangs de dents sans crochets à venin. F. pi. B. 6. L'acrochordca, au lieu de crochets , une apophyse sur l'os maxillaire , qui lui sert sans doute pour répandre son venin qui est très-redouté , au dire de Leschenauk, Il est vivipare , et remarquable par la grosseur de son corps comparée à celle de sa queue , l'un étant de trois pouces de diamè- tre , et l'autre de six lignes. On avoit rapporté une seconde espèce à ce genre ; mais Cuvier la regarde comme devant en former un nouveau, qu'il appelle Cuersydr^ , (b.) ACRORION. On croit que c'est laNivÉOLE d'été, (b.) ACROIVIYE , Arromya. V. HvBOS. (l.) ACRONIGHIE. Nom donné par Forster au genre du Henné, (b.) ACROPORE. On a donné ce nom à des Madrépores, (b.) ACROSPERME , Acrospermum. Genre de plantes de la famille des champignons, établi par Tode. Il présente une substance très-simple , presque droite , et des semences pla- cées au sommet. Les six espèces qui le composent avoient fait partie des PÉziZES , des Helvèles et des Clavaires de Linnseus II a été réuni , depuis , aux Hélotions. (b.) ACROSTICHE, ^croriiVAe. Genre établi par R. Brown, mais qui ne diffère pas assez du Styphélie pour ne pas lui être réuni, (b.) ACROSTIQUE , Acrostîcum. Genres de plante de la fa- mille des fougères , qui a le dessous des feuilles (au moins à leur partie supérieure ) couvert entièrement de fructification. Ce genre étant fort mal fixé, Smith, Swartz et autres bota- nistes, en ont circonscrit les caractères , qui aujourd'hui con- sistent en des capsules éparses , très-rapprochées , ou même conttuentes sur le dos des feuilles , entourées d'un anneau élastique et privées d'enveloppe ou tégument ; et ils ont éta- bli les nouveaux genres Schizée , Belvisée , Cincimale , Candoline et ToDDÉE. V. ces mots. Cette division opérée , il ne reste plus dans ce genre d'es- pèces propres à l'Europe ; mais il n'en contient pas moins plus de soixante , qui se subdivisent en acrostiques à feuilles simples entières ou divisées , à feuilles ternées , à feuilles pinnatifides , à feuilles pinnées ou bipinnées. (B.) ACRYDIENS , AcrydU. Famille d'insectes , de l'ordre des orthoptères , et qui a pour caractères : élytres et ailes en toit ; pieds postérieurs propres pour sauter; tarses à trois articles ; antennes filiformes ou renflées à leur extrémité. Elle se compose des genres Pneumore , Truxale , Criquet et Tétbix^ qui joui des démembremens de celui de i6o A C T Gryllus âe Linnaeus. V. ces mots , et pour les habitudes particulières , l'article Criquet, (l.) ACSIN. Nom arabe du Liseron commun, (b.) ACTÉE, Actœa. Genre de plantes de la polyandrie mono- gynie, et de la famille desRENONCULACÉEs, qui ne comprend que trois à quatre espèces, dont une est indigène à l'Europe. Son caractère est: calice caduc, de quatre folioles ; corolle de quatre pétales ; quinze à vingt étamines plus longues que les pétales ; stigmate épais , déprimé obliquement , immédia- tement placé sur l'ovaire ; baie ovale , uniloculaire , polys- perme et couronnée par le stigmate. Les fleurs de I'Actée d'Europe, Actœa spicata , Linn., sont disposées en un long épi terminal de couleur blanche ; et ses feuilles sont deux ou trois fois ailées. Ses baies noirâtres dans leur maturité , peuvent servir à faire de l'encre. Elle croît dans les bois montagneux , à l'exposition du nord. On la regarde comme un poison dangereux. Les paysans du Mont-d'Or vendent sa racine sous le nom à'ellèbore. noire , pour servir de remède contre une maladie des bœufs, (b.) ACTIF. Nom donné par Dicquemare à un crustacé très- petit et fort agile , qu'il a observé dans la mer voisine du Havre et qui appartient probablement à la troisième sec- tion ou famille de mon ordre des Isopodes , les Pterygi- branches. (L.) ACTIGEE , Acb'gca. Genre de plantes de la famille des champignons, dont le caractère consiste en un chapeau sessile, déprimé, étoile , à fructification sortant par un trou qui se forme au centre de sa partie supérieure. Ce genre , établi par M. Raffinesque , est très-voisin des Vesses-de-loup; il renferme deux espèces, I'Actigée multi- FIDE, originaire de l'Amérique septentrionale, et I'Actigée de Sicile , qui se trouve dans cette île. (b.) ACTINE, Actina. Genre d'insectes de Meigen , répon^ dant à celui que nous avions nommé Beris. V. ce mot. ACTINÉÈ , Actinea. Genre de plante établi par Jussieu , dans la syngénésie séparée et dans la famille des Corymbi-^ fères, sur un arbrisseaude Buénos-Ayres, à feuilles dentées, entières , et à fleurs solitaires. Il offre pour caractère un calice de plusieurs folioles égales , un réceptacle nu ; des demi-fleurons trifides ; des semences couronnées d'écaillés aristées. (b.) ACTINELLE , Actinella. Arbrisseau de l'Amérique mé- ridionale , à feuilles alternes , pinnatifides dans le bas des rameaux , très-efitières dans le haut , qui seul constitue un genre dans la syngénésie superflue et dans la famille des co- rymbiféres. A C T ,6t Les caractères de ce genre sont : calice de plusieurs fo- lioles égales ; réceptacle nu ; aigrette de plusieurs écailles aristées. (b.) ACTINIE , Adinia. Genre dont le caractère est d'avoir un corps cylindracé , charnu ou coriace, très - contrac'ile , isolé , fixé par sa base , et ayant la faculté de se dépla er ; une bouche terminale, bordée d'un ou de plusieurs ran>s de tentacules en rayons , se fermant et disparoissant par la contraction , et ^'épanouissant comme une fleur , au gré de l'animal. Ce genre faisolt partie des mollusques de Linnœus ; mais Lamarck Ta transporté dans une nouvelle classe , qu'il a ap- pelée Radiaire, et il l'a par-là rapproché des Hydres, avec lesquels il a, en effet, les plus grands rapports. Les espèces de ce genre , qu'on appelle aussi anémones de mer, orties de mer fixes , se trouvent dans toutes les mers , et ont donne lieu à Ans observations d'un grand intérêt. On les y voit fixées par leur base sur les rochers , et étendant leurs nombreux rayons , comme les pétales de certaines fleurs , pour s'emparer des animaux marins dont elles font leur proie. Souvent elles s'allongent beaucoup ; d'autres fois, elles se contractent , et prennent plus ou moins la forme d'un bouton ou d'une pomme de canne. Lorsqu'elles veulent chan- ger de place , elles glissent sur leur base , ou bien , se déta- chant complètement, elles se laissent emporter par les flots. Réaumur les a vues, dans ce dernier cas, faire usage de leurs rayons comme de jambes pour marcher. Les actinies se fixent avec tant de force surles rochers , qu'on les écrase plu- tôt que de les détacher. Leur adhérence s'opère-t-elle par l'effet d'une succion, ou par celui d'une humeur visqueuse i* Bruguière penchoit pour celte dernière opinion, fondé sur cette adhérence même après la mort : mais comme j'ai senti l'effet d'une ventouse , lors de l'application volontaire d'une ascidie sur ma jambe nue , je crois être fondé à adopter la première. Ces animaux font leur nourriture ordinaire de petits crabes, de vers marins et autres animaux qu'ils saisissent au passage avec leurs tentacules, et qu'ils font entrer, par leur moyen , dans leur bouche. Ils rendent par la même ouverture les parties indigestibles de leurs alimens. Dicquemare , qui a fait beaucoup d'observations sur les actinies, rapporte qu'elles sont sensibles à la lumière ; qu'elles peuvent supporter une chaleur de l^.o degrés, et un froid de lo à 12 degrés, sans inconvénient; que les grandes espèces avalent quelquefois les petites, mais qu'elles les rendent en vie, après les avoir gardées quelque temps dans leur estomac. I. 1 1 iGa A C T Le même physicien a répété sur elles les expériences faites sur les hydres. Il a coupé leurs tentacules , et ils ont re- poussé, il en a séparé une en deux , par une section transver- sale ; dix jours après, le tronçon avoit pris quelques tenta- cules , et au bout de dix autres jours , la bouche étoit presque entièrement formée. Ces expériences ne réussissent bien que dans les chaleurs de l'été. Pendant l'hiver , les actinies s'en- foncent dans la mer , et leur peu de facultés semblent alors tout engourdies. Dicquemare a encore découvert que les actinies se repro- duisoientpar le déchirement naturel ou artificiel d'une partie des ligamens de leur base ; en conséquence , il en faisoit au- tant qu'il vouloit en hachant la base d'une grosse. Les pe- tits , ainsi produits , restoient constamment unis à leur mère , tant qu'ils n'avoient pas tous leurs organes ; mais , dès que , par le développement de leurs tentacules , ilsétoient en état de se procurer la nourriture , ils se séparoient d'elle. Les actinies rendent aussi quelquefois, par la bouche , des petits tout formés. F. au mot Polype. Vingt ou vingt-quatre espèces, dont on peut voir l'énumé- ration dans V Histoire naturelle des Vers , faisant suite au Buffon , édition de Deterville , ont été décrites par les naturalistes ; mais il y a lieu de croire que ce n'est que la plus petite partie de celles qui existent. L'homme n'en fait aucun usage. On les a indiquées , comme pouvant servir à faire connoîlre le beau ou le mauvais temps par leurs allures , lorsqu'on les tenoit renfermées dans un bocal de verre plein d'eau de mer; mais ce ne peut être qu'un amusement pour les habitans des ports de mer. Les espèces dans le cas d'être citées , sont : L'Actinie a gros tentacules, qui n'a que dix à douze tentacules sur quatre rangs , et la couleur jaunâtre. Elle s'en- fonce dans le sable. L'Actinie rousse , qui a plus de cent tentacules sur cinq rangs ; elle se tient sur les rochers. L'Actinie a plumes est très-grande ; elle a des milliers de petits tentacules et deux rangs de grands. Sa couleur est blanche. Elle se fixe sur les rochers. L'Actinie priape est très-longue, cylindrique, fauve- clair , transversalement rugueuse , plus élaguée à sa base , le sommet garni d'une espèce de prépuce ; les tentacules très- nombreux, blancs; la bouche centrale , saillante. On la trouve dans la mer du Kamlschatka. Elle est figurée avec des dé- tails d'anatomie , pi. i4 et i5 , au premier vol. des Mé- moires de l'Académie de Pétersbourg. C'est une des plus grandes espèces connues. A C T i63 L'Actinie écarlate a le corps varié de Liane et de rouge ; ses tentacules sont annelés des mêmes couleurs. On la trouve dans la Méditerranée. Son aspect est très-agréable. L'Actinie onduleuse, au corps conique et pâle , marqué destries doubles, ridées , de couleur orange. Elle atteint à un pouce de diamètre. On la trouve dans la mer du Nord. L'Actinie réclinée est pâle , a la bouche violette dans son pourtour , les tentacules inégaux , plus allongés que le corps et habituellement pendans ; elle a à peine un demi- pouce de diamètre. Je Tai observée, décrite et dessinée sur les côtes de la Caroline. L'Actinie cavernate est oblongue , pâle, striée, a les ten- tacules presque égaux et courts. Elle est plus petite que la précédente ; toujours elle se place dans les trous des pierres , des bois , etc. , qui se trouvent dans la mer sur les côtes de la Caroline , où je l'ai observée , décrite et dessinée. Ces trois dernières espèces sont figurées pi. A 4- (b-) ACTIISOCARPE, Actinocarpus. Genre établi par R. Brown , et qui ne diffère pas du Damasonion de Jussieu. V. Fluteau et Vaquerelle. (b.) ACTINOGHLOÉ, Actinochloa. Genre de plantes de la famille des graminées, établi par Willdenow, et qui ne dif- fère pas du Chondrosion de Desvaux. ACTINOPHORE , Actinophoms. V. Ateuchus. (l.) ACTINOPHYLLE , Actinophyllum. Genre de plantes du Pérou , de l'heptandrie heptagynie , qui offre pour caractère un calice entier, membraneux en ses bords et persistant ; une corolle monopélale , en forme de coiffe , s'ouvrant par l'effet de la pression des étamines au moment de la fécondation ; sept étamines ; un ovaire inférieur, petit , à sept styles très- courts ; une baie heptagone , à sept loges monospermes , couronnée par le calice. Ses caractères sont les mêmes que ceux du Sciodaphylle. (B.) ACTINOTE. m. C'est-à-dire corps rayonné ^ Haiiy. Cette substance , considérée d'abord par Saussure , qui la nommoit rayonnante , et par les minéralogistes étrangers , qui en font une sous-espèce de leur rayonnante ( Strahlsteîn , VVerner ), sous le nom de rayonnante commune (Gemeine strahlsteîn , TV.^ est regardée aujourd'hui , par M. Haiiy et les minéralogistes de son école , comme un amphibole de couleur verdâtre , etc. V. Amphibole, (luc.) ACTINOTE , Actinotus. Plante herbacée, velue , à tige presque simple, à feuilles décomposées , à fleurs terminales et radiées, qui , selon Labillardière (Plantes de la Nouvelle i64 A C U HoUande ), forme un genre dans la pentandne fâotiogynic. Ses caraclèrcs consistent en un réceptacle plane, velu, en- touré de plusieurs grandes folioles lancéolées et velues , couvert de fleurons hermaphrodites et mâles ; les premiers composés d'un calice à cinq divisions persistantes ; point de corolle; de cinq étamines libres; d'un ovaire inférieur, sur- monté d'un style bipartite ; d'une semence unique , compris mée , velue. Cette belle plante croît à la Nouvelle - Hollande , et est figurée pi. 92 de l'ouvrage précité, (b.) ACTION , Aclion. Genre de Coquilles établi par Denys Montfort. Ses caractères sont : coquille libre , univalve, à spire régulière élevée , aiguë ; point d'ombilic ; ouverture entière , allongée ; une dent à la columelle ; lèvre extérieure unie et tranchante. L'espèce qui sert de type à ce genre , vit dans les mers d'Afrique, et parvient rarement à plus d'un pouce de long. C'est la ToRNATELLE de Lamarck. (b.) ACUA. Nom indien de I'AmOME A LARGES FEUILLES, (b.) ACUDIA. Nom donné par Herrera à un insecte lumi- neux , et qui est peut-être le même , sous une dénomination tirée d'un autre idiome , que le tuupin lumineux , ou le rucuju ou cocrojus des Indiens de l'Amérique méridionale. V. Tau- PIN. (L.) ACUICUITZCATL. Nom mexicain d'une mouette qui se trouve sur le lac de Mexico, (v.) ACULEATA (Épineux). C'est le nom qu'ïlliger donne à la treizième famille des Mammifères, qu'if place dans son quatrième ordre , celui des Prensiculantîa. Il lui assigne les caractères suivans : <« Deux incisives à chaque mâchoire ; point de canines ; molaires , dix supérieures et dix infé- rieures , abruptes et tuberculeuses ; corps couvert de pi- quans et de poils ou soies roides; mamelles visibles ; pieds .séparés , propres à la marche ; quatre doigts séparés et une verrue polliciforme aux pieds de devant ; cinq doigts aux pieds de derrière ; ongles crochus et longs. » Cette famille se compose , i." du genre Hystrix , qui renferme ceux que nous distinguerons sous les noms dePoRC- ÉPIC el de C0ENDOU ; 2.° du genre LonchÈres, qui comprend le lerot à c/ueue dorée de Buffon ( L. Chrj'suros ) , et un animal nouvellement découvert au Brésil ( L. Paleacea ). Ce derniergenreparoît se rapporter à celui que M.Geoffroy a établi sous le nom d'EcuiMYS. La f mille des aruleata , d'illiger, correspond à celle que nous avons désignée sous le nom d'HYSTRiciE?îs, (desm.) A D D ,65 'ACULLTy\.ME. Les Mexicains appellent de ce nom , au rapport d'ïlernantlez {Hi'st. Noi>. Hisp , lih. 9, rap. i4)et de Recchi , un mammifère entièrement semblable au cerf par sa forme , sa taille et ses habitudes naturelles ; mais comme il est bien certain que notre cerf d'Europe n'existe point au Mexique , Vaculliume doit former une espèce particulière dans le même genre des cerfs, et il est probable qu'on l'a désignée plus d'une fois sous le nom de mazame. (s. et desm.) ACUNNx\. Genre de plantes établi par Ruiz et Pavon , mais qui rentre dans celui qu'on appelle Iîéjare. (b.) ACUROA. F. AcouROA. ACUSHÉ. Nom que les liaturcls de la Guyane donnent à un ara. V. Ara militaire, (v.) ACUTI , Agouti , Acouti. Mammifère de l'ordre àe& ron- geurs et du genre Agouti, (desm.) ACYNOS. Nom d'une espèce de Thym , qui a été établi en titre de genre par Mœnch. (b.) ACYPHILLE, Aryphîlla. Genre établi par Forster, mais qui rentre dans les Lasers, (b.) ADAKAMANGEN. C'est le Sphéranthe de l'Inde, (b.) ADAKODIEN. Plante de la famille des apocinées, qu'on emploie dans l'Inde contre les maladies des yeux. (b. ) ADALY. Les Brames appellent ainsi la Verveine nodi- FLORE. (b. ) ADAMASAN. Nom malabar du Badamier. (b.) ADAMBÉ. V. au mot Lagestrome. (b.) ADAMBO. C'est une Mœchausie et une Quamoclit. (b.) ADAMSIE , Adamsia. Genre de plantes établi par Wil- denow, dans ses Mémoires de l'Académie des curieux de la Nature de Berlin. Ses caractères sont : corolle campa- nulée à six divisions ; nectaire campanule , plus court que la corolle , portant six dents staminifères; ovaire inférieur sur- monté d un stigmate trifide ; capsule à trois loges. La seule espèce qui entre dans ce genre ressemble à la Scille acréable ; mais sa fleur est fort différente , comme on vient de le voir. (B.) ADANE. On donne ce nom à TEstuRGEON. (b.) ADATHODE, Adathoda. Genre établi aux dépens des Carmantines, mais qui n'a pas été adopté (b.) ADD ARANA. C'est, d'après M. Raffinesque-Schmaltz, le nom que l'on donne en Sicile à un oiseau du genre des cour- lis, qu'il -novnme numenius atem'mus. Cet oiseau a le corps en i66 A D E entier , le bec et les pattes parfaitement noirs. V. Courlis ADDARATSIA. ( DESM. ) ADD AX. Nom par lequel les anciens Africains désignoient l'animal que Pline appelle Strepsiceros. Hist. Nat. , lib. 2 , cap. 37. Il paroît que cet addax est Tantilope proprement dit ( an- tilope cervicapra ) et non le coës doës, ou coiuloma de Buffon , (^antilope strepsiceros ) qui ne se trouve qu'aux environs du cap de Bonne-Espérance, contrée inconnue des anciens, (desm.) ADDER. C'est, en anglais, la Yipère commune, (b.) ADDIBO. Le père Vincent-Marie donne ce nom à un quadrupède du genre des chiens , qui paroît être le Chacal. 11 a beaucoup d'analogie avec celui d'AoïVE, qui lui-même vient de l'arabe dib. V. au mot Chien. ( desm. ) ADELE, Adela. Genre d'insectes de l'ordre des lépi- doptères, de la famille des tinéites ou des teignes, et qu'il est facile de reconnoître à leurs antennes fort rapprochées à leur base , et très - longues ; à leurs yeux presque contigus , et aux ailes qui sont pendantes, allongées et plus larges à leur bord postérieur. Ces lépidoptères, qui sont de petite taille, mais ornés de couleurs métalliques ou brillantes , et que l'on trouve dans les bois, particulièrement au printemps, formulent, avec d'autres tinéites dont l'organisation est différente, le genre alucite de Fabricius. Dans un premier travail sur les insectes de cet ordre, je ne conservai dans le genre alucite que les dernières, et les précédentes composèrent celui d'a- dèle , que M. le comte de Holfmansags avoit également dis- tingué sous la dénomination de némophore. Ces mêmes tinéites sont aujourd hui pour Fabricius ( Suppl. Entom. ) des alucites, et celles auxquelles j'avois laissé ce nom, ses ypso- lophes. J'ajouterai aux caractères des adêles , que leur tête est petite, presque pyramidale, et très-velue; qu'elles ont une langue ou une trompe longue et accompagnée de deux palpes cylindriques, grêles, de la longueur de la tête, ou guère plus longs , et très-garnis de poils. Lesadèles ont un faux air de friganes. La planche .36 du supplément de Roesel me paroît devoir se rapporter à une espèce de ce genre, et, dans ce cas, la chenille seroit du nombre de celles qui se fabriquent un four- reau de feuilles en falbalas. Une espèce des plus communes aux environs de Paris et des plus jolies , r Adèle géerelle (^Tinea Degeerella. Lin.) Deg. Mcm, Iiïsect, I , p. 5^2 , pi, 32, fig. i3 , est longue de cinq lignes. A D E 167 Ses antennes sont trois fois plus longues que le corps , blan- ches , avec leur partie inférieure noire. Ses ailes supé- rieures sont d'un jaune brun ayant Téclat de l'or, sur un fond noir et qui y forme des raies longitudinales; chaque aile est traversée d'une large bande d'un jaune doré, et bor- dée de chaque côté dt- noir ou de violet. La tête et le cor- selet sont bronzés ; l'abdomen est noir. L'Adèle RÉaumurelle (T/Wa reaumurella^ Lin.) «st noire , avec les ailes supérieures dorées et sans taches. Les anten- nes sont aussi très-longues. Voyez ^ pour les autres espèces, Fabricius, genre alucite, et les belles planches d'Hubner sur les lépidoptères d'Eu- rope, (l. ) ADELHIORT , KRONHIORT , ou HIORT , noms danois de l'élan, (desm. ) ADELIE, Adelia. Genre de plantes de la dioécie mona- delphie, de la famille des Tithymaloïdes , dont le caractère est d'avoir, dans les fleurs mâles, un calice profondément divisé en trois parties; un grand nombre d'étamines dont les filamens sont réunis à leur base; et dans les fleurs femelles, un calice divisé en cinq parties; un ovaire arrondi, chargé de trois styles frangés et comme déchirés; une capsule ar- rondie , et composée de trois coques monospermes. Les adélies sont propres à l'Amérique ; on en connoît quatre à cinq espèces. Ce sont des arbrisseaux dont les feuilles sont entières, alternes, les fleurs rapprochées par paquets et très-petites. Le genre Mallote de Loureiro s'en rapproche beau- coup. Michaux a rapporté à ce genre trois arbustes de l'Amé- rique septentrionale , qui en diffèrent évidemment , puis- qu'ils ont pour fruit un véritable drupe sec, c'est-à-dire, un noyau recouvert d'une pulpe charnue , et les feuilles opposées. Un de ces arbustes que j'ai vu fructifier on Amérique, et qu'on cultive actuellement en pleine terre dans les pépi- nières des environs de Paris, I'Adélie acuminée, est figuré pi. 4-8 de la Flore de l'Amérique septentrionale. Ce genre de Michaux se rapproche du Chionanthe par ses caractères naturels. Wildenow l'a fixé et appelé Borye. Poireta changé ce nom en celui de Forestière, (b.) ADELLO, ADÉMO, ou ADÉNO. Noms italiens du GRAND Esturgeon. ( s. ) ADÉLOBRANCHES. Famille de mollusques gastéro- podes établie par Duméril, et qui renferme ceux qui respi- rent par un simple trou. Les genres qui se placent dans cette famille sont : I'Aplt, i68 A D E siE, Otst.hidie, Limace, Sigaretier, Bullier, Haliotii>ier; Helicier , Trociiier , Sabotier , Planorbier , Yalvier, ISaticier, Scalaïier, Monodoktier et Néritier. ( b. ) ADENANTHOS, Adenanthos. Genre de plantes intro- duit par Labillardière dans la létrandrie monogynie et dans la famille des Protetoïdes. Il offre pour caractères : une co- rolle à quatre divisions, entourée à sa base d'écaillés imbri- quées qui tiennent lieu de calice; quatre anthères linéaires insérées sur les lobes de la corolle, un peu au-dessous du sommet; quatre glandes insérées à la base de la corolle; un ovaire supérieur, oblong , surmonté d'un style simple; une graine recouverte par la corolle qui sest desséchée. Ce genre renferme quatre espèces, y compris, mais avec doute, le Protea rameux. Elles sont toutes originaires de la Nouvelle-Hollande, (b.) ADENE, Adcnia. Arbrisseau grimpant de Thexandrie monogynie , qui a été mentionné par Forskahl, dans sa Flore d'Arabie, comme ayant des rameaux grêles et garnis de vrilles; des feuilles alternes, palmées; des lleurs en épis, dont chacune a un calice cylindrique divisé en cinq parties; six pétales blancs, lancéolés, linéaires, et insérés entre les divisions du calice; six écailles linéaires, insérées à la base des étamines; six élamines, moins longues que le calice; un ovaire adné au tube du calice , à style terminé par un stig- mate échancré. L'infusion des feuilles de cet arbrisseau fait enfler le corps. ADENOCARPE, Adenocarpus. Genre de plantes établi par Decandolle pour placer quelques espèces de Cytises qui diffèrent des autres. V. ce mot. 11 offre pour caractère un calice à deux lèvres, la supé- rieure bipartie et l'inférieure à trois lobes; une corolle à ca- rène droite; les étamines monadelphes; une gousse oblongue, comprimée , rélrécie à sa base , à valves planes et chargées de, glandes verticillées. Ce genre .renferme plusieurs espèces de sous-arbrisseaux 9 rameaux divergens, à écorce blanchâtre et à feuilles temées, qui croissent dans les parties méridionales de l'Europe, (b.) ADEÎSODE, Adenoda. Arbre médiocre, à feuilles al- ternes, ovales lancéolées, dentées, glabres; à fleurs blan- ches, variées de rouge , disposées en épis presque terminaux, qui foiTue dans la dodécandrie monogynie un genre qui offre pour caractères : \xi\ calice de cinq folioles lancéolées et cadu- ques; une corolle de cinq pétales ovales et frangés; cinq grosses glandes bilobées et persistantes; quinze étamines attachées an réceptacle ; un ovaire supérieur à style eft A D I iGr) alènc et à stigmate aigu; un drupe ovale, oblong, glabre et monosperme. Uadenode croît dans les bois de la Cochinchine. Il se rap- proche si fort des Gatsitres , qu'il peut leur être réuni. V. Eleocola. (b.) ADENOPHYLLE. V. Schlechtendalè. (b.) ADENOS. Sorte de Coton, (b.) ADENOSME , Adenosma. Plante herbacée de la Nou^ velle-Hollande, qui, selon R. Brown , forme un genre dans la didynamie gymnospcrniie, et dans la famille des Acanthes. Les caractères de ce genre sont : i.° calice à cinq décou- pures; 2.° corolle à deux lèvres, la supérieure entière, Tin- férleure à trois lobes égaux ; 3.° anthères conniventes ; 4" ovaire surmonté d'un style à stigmate élargi ; 5." capsule ovale prolongée en bec , s'ouvrant en deux parties, (b.) ADENOSTÈME. Adenostema. Nom donné par Forster au genre de plante appelé depuis Lavinie ; et par Ruiz et Pavon, à celui appelé G omortègue. V. ces mots, (b.) ADEONE , Adeona. Genre de polypier fort voisin de celui des ïsis , établi par Lamouroux. 11 a la tige pierreuse et articulée , surmontée d'une expansion flabelliforme , sans écorce visible , parsemée de cellules très - petites , éparses sur les deux faces et percées de trous ronds ou ovales. Lamarck , en adoptant ce genre , qu'il avoit appelé Frotî- DicuLAiRE dans son cours , le place parmi les polypiers à réseau, (b.) ADEPELLUS. Nom donné par divers auteurs au Ja.Veùr DE Bohème, (v.) ADHAR. Nom arabe duNARD SchenantAê. (iB.) ADIANTE, Adiantum. Genre déplantes delà famille des FouQÈRES, dont le caractère distinctif est d'avoir lafruclifi- catlon disposée en petits groupes arrondis, distincts, placés sous le rebord replié des feuilles , et les follicules entourées d'un anneau élastique. Smith et Swartz en ont séparé un frand nombre d'espèces pour former les nouveaux genres .INDSÉE, CHÉILANTHE,DARRÉEet GrAMMITE. (F. CesmOtS.) Une seule espèce de ce genre appartient à l'Europe. Elle est connue dans les pharmacies sous le nom de Capillaire DE Montpellier. Son caractère est d'avoir les feuilles dé- coupées, les folioles alternes, les dentelures cunéiformes , lobées et pédicellées. Elle se trouve dans le midi de la France, aux lieux pierreux et humides. Elle est très -employée en ^ rnédecine comme pectorale, apéritive , etc. Une autre espèce, qui croît abondamment dans toute rAmérique , et qui est 170 ADO connue dans les boutiques sous le nom de Capillaire du Canada , n'est pas moins employée que la précédente. Elle passe pour avoir les mêmes qualités , mais à un degré plus éminent , peut-être parce qu'elle vient de plus loin. Son ca- ractère est d'avoir les folioles pinnées; les pinnules bossues, fendues, et portant la fructification sur leur partie antérieure. Les botanistes connoissent près de cent espèces (ïa- dianies; outre celles ci-dessus, les plus dans le cas d'être ci- tées , sont : Parmi celles à feuilles simples, TAdiante réniforme, qui a les feuilles simples , réniformes , crénelées. Elle est origi- naire des Canaries. On la cultive dans nos orangeries. Parmi celles à feuilles ternées, I'Adiante À trois feuilles, qui a les folioles simples, lancéolées et profondément cré- nelées. Elle est originaire du Brésil. Parmi celles à feuilles simplement pinnées : L'Adiante à larges feuilles , qui a les folioles ovales , aiguës, cunéiformes à leur base et dentées à leur sommet. Elle se trouve à la Jamaïque. Parmi celles à feuilles pinnées et bipiunées en même temps : L'Adiante deltoïde, qui aies folioles rhomboïdalcs, ob- tuses, très-entières. Elle croît naturellement à la Jamaïque. Parmi celles à feuilles divisées en trois parties et à divi- sions pinnées : L'Adiante radié, qui a les folioles linéaires obtuses, crénelées dans leur milieu et articulées à leur base. Elle croit naturellement à la Martinique, (b.) AD IL. Bête entre le loup et le cblen, que les (irecs nomment vulgairement squilachi. C'est le chacal oul'adive. V. Chien, (s.) ADIMAIN, Adim-naim, Adim-nain ou Adim-mayn. Grande brebis d'Afrique, qui est couverte de. poil au lieu de laine, et dont les oreilles sont longues et pendantes, (s.) ADIM-MAYN. V. Adimain. (desm.) ADlMA. C'est une Sauvagésie. (b.) ADIMONIE, Adimonîa. Dénomination générique don- née par Schrank aux insectes de l'ordre des coléoptères que nous appelons galémques. V. ce mot (l.) ADIRE. C'est l'Adive. V. au mot Chien, (s.) ADIVE (^canismesomelas). Mammifère carnassier du genre des Chiens. F. ce mot. (desm.) AD JERAN-UTAN. C'est le Bident velu, (b.) ADLEN. Nom arabe du Pastel, (b.) ADOLI, AdoUa. Nom de deux arbrisseaux du Malabar, ADO x;, qui ont beaucoup de rapports avec les NERPR^}^'s, mais dont la fructification n'est pas complètement connue, (b.) AD ON IDE , Adonis. Genre de plantes de la polyandrie polygynie et de la famille des renoncules , dont le caractère est : calice de cinq folioles obtuses ; cinq à quinze pétales plus grands que le calice ; beaucoup d'élamines inégales ; des ovaires nombreux , ramassés en tètes ovales ou allongées , sans styles , et ayant chacun un stigmate aigu et recourbé y des semences nues, anguleuses, irrégulières et pointues. Ces plantes sont communes dans presque toute T Europe^ où elles croissent dans les blés, et se font remarquer par la belle couleur rouge de leurs pétales , et la découpure de leurs feuilles. L'une est appelée Adonide d'été , ou œil de- perdrix ; son caractère est d'avoir cinq pétales, et les fruits disposés en épis ovales. La seconde , Adonide d'automne , a huit pétales , et les fruits disposés en épis cylindriques. La troisième , Adoîside du printemps , dont la tleur est com- posée de douze pétales, et dont l'épi est ovale. 11 en est en- core en Europe deux autres espèces , 1' Adonide flamme et I'Adonide apocine ; mais elles sont fort rares. Quelques bo- tanistes, entre autres Lamarck , pensent que ces plantes ne sont que des variétés l'une de l'autre , et en reconnoissent à peine deux espèces bien caractérisées. On les cultive quel- quefois dans les jardins. Les autres espèces à'adonides viennent du Cap de Bonne- Espérance , et forment aujourd'hui le genre Anaménie de Ventenat. Le genre H Éc atonie de Lourelro rentre dans celui- cl. (B.) ADONIS. C'est la Blenine coquillarde et le Muge volant, (b.) ADORIE , Adorium. Genre d'insectes de l'ordre des Co- léoptères , famille des Chrisomélines , désigné sous ce nom parFabricius , établi par Weber sous celui d'07J«, et qui a pour caractères : antennes très -rapprochées à leur base , insérées entre les yeux ; pénultième article des palpes , sur- tout des maxillaires , dilaté ; le dernier , court , tronqué. Les antennes sont filiformes ; le corps est presque orbi- culaire ou ovoïde , avec les élytres larges et arquées ou dila- tées au bord extérieur. Ces Insectes sont très-voisins des galéruques , et se trouvent aux l^des Orientales et en Afrique. On n'en connoît qu'un petit nombre d'espèces ; je citerai parmi elles : L'Adorie BiP0NCTUÉE(y^. hipunctatum, Fab. ), Lat. Gêner. cixisL et imect, tom, 2 , pag. 61 , et i tab. XI , fg. 9 ; roussâtre , ,72 AD U avec les derniers articles des antennes et une lâche sur cha- que étui , noifc^tres. Du Bengale. Foyez , pour les autres espèces, Weber ( Observ. entom. ) ; Fabricius ( System, eleut. ) ; Oliv. ( Coléopi. ) , et Sehonberr ( Synon. insect. ) (l.) ADOULATI. Espèce d'ÉRiTHROSPERME. (b.) ADRACHNÉ. V. Andrachî^é. (b.) ADRvVGANï. Espèce dégomme quitranssude de plusieurs espèces d'AsTRAGALES , dans la Tunjuic d'Asie et en Perse. Lorsqu'on met tremper la gomme adragaiit dans Teau , elle se gonfle et devient un mucilage que Ton emploie très-fré- quemment en pîiarmacie et chez les confiseurs , pour donner du corps aux compot,>ions dont ou veut former des pâtes ou des tablettes , attendu qu elle ne comnmnique aucun goût et aucune couleur aux substances aux qui sont la Knoxie de Brown, la NuxiE de Lamarck, toute^ les Manabées d'Aublet , et deux espèces nouvelles , décou- vertes par Swartz , à la Jamaïque, (b.) TÎEGITHALES, Mgithali , g.'-"^ f^imiUe , de l'ordre des oiseaux SYLVAiNS,et de la tribu des Anysodactyles. V. ces mots. Caractères : pieds médiocres , grêles ; tarses annelés , nus ; doigts extérieurs, joints seulement à la base chez les uns, jusqu'au-delà du milieu chez les autres; doigt et ongle posté- rieurs quelquefois plus forts que les autres ; bec très-court , un peu robuste , conico-convexe, entier, à pointe ou arrondie et épaisse , ou étroite et aigiie , quelquefois inclinée , rarement echancrée ; rectrices 12. Cette famille renferme les genres Mésanges, Mégistène, Tyranneau, Pardalote, Manakin. V. ces mots, (v.) AEGITHE , Mgithus. Nouveau genre d'insectes formé par Fabricius aux dépens des érotyles , dont je n'ai pas cru devoir les séparer, (l.) AEGITHINE , Mgithina. Genre de l'ordre des oiseaux Sylvains, de la tribu des ANYSODACTYLESetdela famille des Chanteurs. ( F. ces mots.) Camctères: bec allongé, un peu robustCfplus ou moins fléchi en arc, cylindrique, subulé-,mand. sup. echancrée vers le bout; narines oblongues , couvertes d'une membrane ; langue cartilagineuse , pointue ; ailes cour- tes , à penne bâtarde courte ; les S.^"""^ à 5.""^ rémiges les plus longues ; la i.'^^^ plus courte que les secondaires. L'jVEgithine Cap - Nègre ( Mgllhlna atrkapilla. Vieil. Levaill. ois. d'Afr., pi. i4o , f. 1 , 2 ). Tête noire; dessus du corps , ailes et queue , d'un vert olivâtre , presque jaune sur le croupion ; les rectrices les plus extérieures , terminées de blanc ; les parties postérieures , jaunes ; bec noirâtre ; pieds bruns ; taille de la fauvette à tête noire. L'oiseau , que Levaillant soupçonne être la femelle , a la tête dun brun de tan ; le dessus du corps , les ailes et la queue d'une couleur Isabelle , nuancée de jaune , mais plus décidée sur les couvertures supérieures des ailes et sur le bord des grandes pennes ; la queue tachetée de blanc à l'extrémité , d'un jaune pâle en dessous ; bec , pieds et ongles noirâtres. Bemeure dans l'île de Ceylan. L-AEgithike QuaDRICOLOR, Mgithina qnadticolor, Vieill, Syhia zeylunka , Lath. (Levaill. ois. d'Afr. pi. i^-i , f. 1,2.) Le mâle a le dessus de la tête et du cou noirs ; le dos , les scapulaires d'un vert de pré ; les pennes des ailes , noires et bordées de jaune en dehors ; les moyennes et les grandes couvertures , frai);.ées de blanc à l'extrémité ; la queue noire et bordée de jaune à Textérieur ; les parties inférieures d'un ^ G O ,77 beau jaune jonquille ; le bec noir , à bords jaunâtres ; les pieds bruns , et les ongles noirs. La femelle , décrite par BuQbn sous, le nom de Figuier vert et jaune , est d'un vert olivâtre sur la tête et en dessus du corps ; d'un jaune foible en dessous , et jaune sur le bord extérieur des ailes ( long. 4 pouces 6 lig. ) : se trouve dans l'île de Ceylan. (v.) iECrLE , Mgle. Genre de plantes de la polyandrie mo- nogynie et de la famille des Hespéridées, établi pourjilacer le TAPIER MARMELOS. Ses caractères sont : calice à cinq^Bbes ; cinq pétales ouverts ; trente-deux à trente-six étamines ; style court, épais; baie globuleuse, à écorce épaisse , ligneuse, et à douze ou seize loges, (b.) iEGLEFIN. Espèce de Gade. (b.) ^GOCÈRE, Mgocera. Genre d'insectes de l'ordre des Lépidoptères , famille des ZYGÉ^"IDES , et ^ui a pour ca- ractères : antennes en fuseau , sans houppe d'écaillés à son extrémité ; jambes postérieures ayant à leur extrémité de fortes épines ou des ergots ; second article des palpes exté- rieurs garni de poils, avancé en forme de bec, ailes en toit. Ce genre a pour type le bombyx venulia de Fabricius , ou la phalène homonyme , figurée pal- Cramer , pi. i65 D. du Bengale, (l.) iEGOLlENS, ^^o/«. Quatrième famille de l'ordre des Accipitres. ( V. ce mot. ) Caraclèfes : pieds velus , rarement totalement nus ; doigts velus ou nus ; les extérieurs réunis à la base par une membrane ; l'externe , versatile chez la plupart; ongles très-rétractiles , robustes, crochus, aigus; bec garni à la base d'une cire molle , et couverte par des plumes sétacées et couchées en avant , terminé en forme de croc; narines, cachées sous les plumes ; tête et cou par- faitement emplumés ; yeux grands , gros , saillans ; plumes de l'orbite disposées en rayons; oreilles très - grandes, couvertes d'une valve cutanée ; jabot nul; 12 rectrices. Cette famille n'est composée que du genre Chouette. V. ce mot et Accipitres nocturnes, (v.) iEGOLITHRON. C'est le Rosace pontique. (b.) jVE(iOPICON. V. Maprounier. (b.) iEGO - PITHÉCOS. Nicéphore donne ce nom à un animal fabuleux , auquel il attribue les mains du singe , les cornes , le poil , la barbe et les extrémités postérieures de la chèvre, (desm.) iEGOPODE , Mgopoàium. Genre de plantes qui a été réuni par Lamarck avec celui des BouCAGES. (b.) \ MGOPOGON. JFild. Genre de Graminées établi sur 178 /ELU une première espèce trouvée dans les États-Unis fV Amérique. Depuis, il a été augmenté de deux autres espèces, rapportées, l'une des Indes Orientales , et l'autre de l'Amérique Espa- gnole. Ce genre possède des caractères qui le font aisément re- connoître , savoir : axe florifère simple ; épiets alternes , or- dinairement triflores , rarement à deux fleurs géminées ; glumes bifides , terminées par une soie ; paillettes également bifidgl^ l'inférieure à trois et la supérieure à deux soies: l'in- ternreHaire a la paillette inférieure toujours plus longue, et ordinairement velue, (b.) AECtOTHELAS. Nom grec de 1' Engoulevent, (v.) AEGREFIN. V. Aigrefin, (s.) AEGUILLAC. Espèce de Squale, (b.) jSiGYLOPS, Lin. Genre de Graminées très-voisin de celui du Froment ,*mais ayant des caractères qui le font aisément reconnoître. Il appartient à une grande tribu , dont l'axe florifère , articulé et denté , porte des locustes à glumes insé- rées parallèlement sur la même dent. Les locustes sont tri- flores ; la supérieure avorte ; les glumes presqu'égales ; cha- cune a trois longues soies ou barbes ; la paillette inférieure a deux ou trois soies : la supérieure est émarginée. 'VMf^ylops est très - anciennement connu. Théophraste le nommoit «<»xo» , dont l'origine est aussi obscure que celle à'Mgylops, préférée par Linnaeus, malgré la tentative d'Adan- son pour faire revivre la dénomination du botaniste grec. Quoi qu'il en soit de la véritable origine des divers noms donnés à ce genre , la tradition nous apprend que VMgylops passoit, chez les Grecs, pour un excellent spécifique contre une sorte d'ulcère qui survient à l'angle des yeux des chèvres ; ce qui semble donner quelque crédit à l'opinion suivante , que le mot Mgylops dérive de«<|, capra , et o-vj/ , oculus. (B.) AEHAL. Casse des boutiques, (b.) A-EI-A. Les hottentots appellent ainsi I'Antilope rit- rock. Ils prononcent chacune de ces trois syllabes avec un claquement de langue qu'on ne saurolt exprimer. iflîLG , ouJÏÏELK. L'élan , en Suède et en Norvvége. (s.) . iff!,LHIN. SoucHET de Ceylan. (b.) AKLFE , ^lia. Genre d'insectes de l'ordre des hémip- tères , établi par Fabricius, et dont je ne fais qu'une division de celui de pentatome. V. ce mot. (L.) /ELISPHACOS. C'est la Sauge officinale, (b.) AELURUS. Fernandez donne ce nom à la Civette, dans le passage de son Hist. Nal. de la Noui>. Esp. , où il assure for- mellement que ce mammifère n'est point naturel à l'Araé- AER _ .73 rique , mais que de son temps on avoit commencé à en ame- ner des îles Philippines à la nouvelle Espagne, (desm.) jffiLY. Nom norwégien de I'Élan. (desm.) jfflMB ARELLA. C'est , dit-on , un Noyer de Ceylan. (b.) AEMBILLA. On nomme ainsi le Céanothe asiatique.(b.) AEMBULLA ACBILYA. Espèce d'OxALiDE. (b.) AENEAS. Haller ou Hallen, donne ce nom au Cayo- POLLIN ( Didelphis dorsigera ). F. Didelphe. (desm.) JEPALA. C'est le lappuuer bartramie. (b.) AERIDE, Miides. Plante parasite , à racines linéaires, à tige droite , haute d'un pied , à feuilles linéaires , émar- ginées , grandes , recourbées, portées sur de courts pétioles engaînans , à fleurs pâles, presque charnues , portées sur des grappes simples , axiilaires et pendantes. Ce genre, qui se rapproche des Angrecs, offre pour ca- ractère une spathe ovale , petite , persistante ; une corolle de cinq pétales , ovales , planes , presque égaux ; un tube di^ phylle à lèvre intérieure horizontale , oblongue , charnue , concave ; à lèvre extérieure operculîforme , relevée , dilatée, divisée en trois parties , les deux latérales obtuses, et l'inter- médiaire conique et plus courte ; deux étamines courtes , élastiques, attachées au sommet antérieur du tube , à anthères operculaires ; un ovaire inférieur, trigone, mince, recourbé, à style nul et à stigmate représenté par une fossette qui règne de la base des étamines à l'ovaire. Le fruit n'est pas connu. Il avorte presque toujours. Uœride croît dans les bois de la Chine et de la Cochin- chine , pendante aux branches des arbres. Ses racines ne servent qu'à la fixer , car elle prend toute sa nourriture de l'air. On en a apporté un pied à Paris , il y a déjà quelques années , que j'ai vu suspendu dans un panier, et végétant avec force au plafond de la chambre de Nolin. Loureiro rap- porte que ses fleurs sont très-odorantes. On a réuni à ce genre plusieurs Angrecs et quelques es- pèces nouvelles, (b.) AÉROLIÏHES ou Bolides. Voyez les articles Globe de FEU , et Pierres météoriques ou Pierres tombées du CIEL. (LUC.) AEROPHONES , JEroplioni. Huitième famille de l'ordre des EcHASSiERS. Caractères : pieds longs ; tarses réticulés ; les doigts externes unis à la base par une membrane ; pouce n'ap- puyant à terre que sur le bout ; bec allongé , épais , droit , acumîné ; tête ou chauve ou emplumée ; rectrices 12. Cette famille renferme les genres Anthropoïde et Grue. V. ces mots. (V.) tVERUA , Mrua. Plantes dont 1-es tiges sont couvertes i8o M S H d'un duvet cotonneux ; les feuilles alternes, oblongues, et couvertes du même duvet ; les {leurs petites , sessiles et ramassées en épis qui terminent les tiges et les rameaux. Ces fleurs sont polygames, ont un calice de cinq feuilles , dix éta- mines , dont cinq stériles ; un ovaire globuleux muni d'un style filiforme et d'un stigmate bifide. Le fruit est une cap- sule oblongue , monosperme , entourée par le calice , qui persiste. Ces plantes sont placées parmi les Illécèbres par la plu- part des botanistes, (b.) MS. C'est le Myrte, (b.) iESALE , jEsalus. Fab. Genre d'insectes de l'ordre des Coléoptères , famille des Lamellicornes, tribu des Luca- HlDES , et qui a pour caractères : languette très-petite, entière ou sans divisions sensibles , cachée , ainsi que les mâchoires, derrière le menton. Corps en ovoïde court, très-convexe , avec la tête reçue dans une échancrure profonde du bord an- térieur du corselet. Les antennes sont fort courtes , avec le premier article long et courbe ; les trois derniers forment une massue pectinée , mais dont les dents sont courtes ; les mandibules sont avan- cées , mais beaucoup plus petites que dans les lucanes , arquées et distinguées, dans les mâles, par une élévation supé- rieure en manière de dent ou de corne ; le labre est très- petit , mais extérieur ; les mâchoires sont terminées par un tobe court , velu et arrondi ; les palpes sont petites et fili- formes ; le menton est en carré transversal ; le corselet est plus large que long , surtout postérieurement , avec les bords un peu relevés , mais sans rebord; les élylres embrassent l'abdomen ; les jambes sont fortes , comprimées , triangu- laires et inégalement dentelées au côté extérieur. Ces insec- tes , par leur forme courte et bombée , ont un peu le port des trox. On n'en connoît qu'une espèce , et qui est propre à l'Allemagne. L'iffisALE SCARABÉOÏDE {Ms. scarubedides. Fab. ) Panz./awn. insect. Geim. fasc. 26. i5 , le mâle ; 16, la femelle : long de trois lignes ; d'un brun châtain foncé, très-pointillé; do pe- tites lignes élevées sur les étuis, formées par des écailles, (l.) AESIINE , jEshna. Fab. Genre d'insectes, de l'ordre des névroptères , famille des Ilbellullnes , distingué des agrions par ses ailes horizontales et sa tête hémisphérique , et des libellules , par les divisions latérales de sa lèvre , qui sont armées de deux dents. Leurs petits yeux lisses sont placés sur une ligne transverse , presque droite , et non disposés en triangle sur une élévation vésiculeuse , comme dans le genre précédent. Les œshnes sont , de même que les agrions , connus sous le nom de demoiselles. Elles ont été placées , par Linnseus et Geoffroy, avec les libellules, dont elles diffèrent non-seu- lement par les parties de la bouche , mais encore par la forme de leur abdomen , qui est cylindrique , tandis que celui des libellules est déprimé. Elles s'éloignent aussi des agrions par la forme de leur tête , qui est très-grosse , et par leurs ailes étendues horizontalement ; au lieu que celles des agrions sont relevées au-dessus de leur corps. Cette différence se retrouve aussi dans les larves. Celles des libellules sont courtes ; leurs yeux sont petits , leur bouche est armée de quatre fortes serres cachées par un masque de trois pièces ; Tabdomen est ovale , et terminé par quatre à cinq pointes courtes, formant une pyramide. Les larves des œshnes ont bien l'abdomen terminé à peu près de même ; mais elles l'ont beaucoup plus long. Leurs yeux sont plus grands ; leur masque est plat et muni de deux fortes serres. Les larves des agrions sont très-effilées : elles ont deux pièces digitées sur le front ; leur queue est formée d'appendices foliacés. Comme la manière de vivre de ces insectes est la même que celle des libellules , et que leur accouplement n'en dif- fère pas , nous y renvoyons pour en connoître les particulari- tés. F. Libellules. Les seshnes ont le vol fort et rapide ; on les trouve , pen- dant la belle saison , dans les jardins , les champs , les prai- ries et au bord des eaux ; elles vont y chercher les insectes dont elles se nourrissent. Elles forment un genre peu nom- breux. jffisHNE GRANDE , JEslina grandis , Fabriclus. ( La Julie. , Geoff. Rœs. insect. II , àqnat cl. 2 , tab. 2). Cette espèce , la plus grande d'Europe , est très - commune. Elle a la tête jaune , les yeux bruns ; le corselet brun en - dessus , avec six lignes un peu obliques , vertes , dont deux à sa par- lie antérieure, et deux de chaque côté sous les ailes ; l'ab- domen cylindrique , brun, avec deux petites lignes transver- sales jaunes et un peu verdâtres , interrompues dans leur milieu à la partie antérieure de chaque anneau ; deux taches triangulaires bleuâtres à la partie inférieure , et de chaque côté de ces anneaux , trois taches d'un vert jaunâtre ; les crochets qui terminent l'abdomen, très-longs, en forme de tenailles ; les ailes transparentes , réticulées, avec deusr pe- tites taches brunes près de l'extrémité , le long du bord exté- rieur de chacune , et les pattes noires. On la trouve aux environs de Paris. iEsHNE À TENAILLES , pi. A. 9. 5. ^shna forcipata. Fab. ,82 A E T (La Caroline , Geoflf. Rœs. vis. II. aquat. cl. 2 , tab. 5). Cette espèce est grande. Elle a la tête jaune ; les yeux bruns ; le corselet d'un vert jaunâtre , avec deux lignes noires , obliques de chaque côté ; l'abdomen brun , très-allongé, offrant en- dessus une bande longitudinale jaune, qui se prolonge jusqu'au sixième anneau ; les anneaux ont de chaque côté deux taches jaunes , une à la partie supérieure , petite et transversale , l'autre longitudinale , placée à la partie inférieure ; les ailes sont transparentes , avec une tache oblongue , noire , à l'ex- irémité antérieure de chacune. On la trouve aux environs de Paris, (l.) JSESPING. Nom suédois de la Vipère chersé. (b.) j^STE. Nom lapon de l'OuRs brun femelle, (desm.) AETEE ^JEtea. Genre de Polypier établi par Lamouroux, aux dépens des Cellulaires. Il offre pour caractère un stype rampant, à cellules solitaires , opaques , tubuleuses, droites, en forme de massue ; ouverture latérale, (b.) iffiTHAKALA. Haricot de Ceylan. (b.) AETHER. Èther. ( V. cq mot ). (b.) -^THIONEME, MtUonema. Genre de plantes établi par Alton , pour placer le Thlaspi des rochers et une autre espèce. Ses caractères sont : folioles du calice s'insérant à divers points ; les filamens les plus longs réunis dans une par- tie de leur longueur; la silique en forme de nacelle ailée et ne s'ouvrant pas. (b.) .AETHIOPS. Les nomenclateurs donnent ce nom à la Guenon mangabey. V. Guenon, (desm.) jVETHUSE, JEthusa. Genre de plantes de la pentandrie digynie, et de la famille des ombellifères , dont le caractère consiste à avoir le fruit oblong et sillonné , l'involucre partiel nul , ou formé de trois à quatre folioles tournées en dehors et d'un seul côté de l'ombellule , et souvent pendantes. Ce genre est composé de cinq à six espèces , toutes indi- gènes de l'Europe, dont l'une, I'j^thuse persil, est annuelle et commune dans les jardins. On l'appelle vulgairement ^e//fe cigiie. Son caractère est d'avoir toutes les feuilles semblables. Il est important de la connoître, parce qu'elle ressemble au persil , peut être cueillie avec et pour lui , et est dangereuse à manger. Les remèdes à employer contre ses effets , sont d'abord des vomitifs, et ensuite de l'eau acidulée avec du vinaigre. Une autre espèce, I'jŒthuse à feuilles capillaires , JEthusa meurn , Linn. , a une racine aromatique , d'un goât acre , qui passe pour incisive, apéritive ethystérique. Elle est vivace. Son caractère s'éloigne un peu du genre , en ce qu'elle a un involucre universel d'une seule feuille. Elle croît sur les /E X T ,83 montagnes de l'Europe méridionale ; Gsertner en a fait un genre. ( V. au mot Meum. ) C'est le véritable meum des bou- tiques, si célèbre chez les anciens, (b.) AETITE, ou Pierre d'Aigle, (Fer oxydé géodique , lîaiiy.) (Var. de l Eisennr'ere de W einer ; Srhaaliger Thoneisen- stein , Karsten. ) Sorte de géode ferrugineuse , de forme or- dinairement sphéroïdale ou aplatie et de grosseur variable , renfermant dans son intérieur une cavité , tantôt vide, tan- tôt occupée par un noyau mobile ou adhérent , et tantôt remplie d'une matière terreuse. La couleur ordinaire des aétites est le Jaune-roussâtre ou le brun-jaunâtre. Le plus souvent leur surface est lisse ; quelquefois cependant elle est recouverte de petits fragmens arrondis de quarz. En les cassant, on voit qu'elles sont com- posées de couches concentriques , alternativement brunes et jaunâtres : les intérieures sont les plus tendres , et offrent quelquefois un retrait prismatique. Quant à leur grosseur , elle varie depuis celle d'un noyau de cerise jusqu'à un pied de diamètre , et même plus. Les anciens ont attribué à ces corps , qu'ils croyoient provenir du nid des aigles , d'où est venu leur nom , les ver- tus imaginaires de faciliter les accouchemens, de prévenir les fausses couches , et d'aider à découvrir les voleurs. On nommoit aétite mâle celui dont le noyau étoit mobile , aétite femelle celui qui Tavoit adhérent , et simplement géode, quand il est plein de terre, etc. (luc.) Ces géodes ferrugineuses forment en divers endroits des amas considérables , et il y en a qu'on exploite comme mine de fer. D'autres ne méritent pas l'exploitation. On voit des bancs très-épais de ces dernières à Trévoux, près de Lyon, où elles ont, en général, le volume d'un œuf d'autruche. On en trouve aussi de grandes couches dans les montagnes d'Alais. V. Fer oxydé, (pat.) AETUNDUPYALY. Espèce de Sainfoin de Ceylan. Hedysanim hcterocarpum , Lin. (b.) i^XTOXICON, Mxtoxicun. Arbre du Pérou , formant dans la dioécie pentandrie un genre qui offre pour caractère un calice double , dont l'extérieur est monophylle , globu- leux, ponctué et caduc, et dont l'intérieur est de cinq folioles presque rondes, concaves, membraneuses et égale- ment caduques : une corolle de cinq pétales spathulés , cré- nelés à leur sommet ; cinq écailles presque en cœur, insérées au réceptacle. Dans les pieds mâles, cinq étamines ; dans les pieds femelles, les rudimens de cinq étamines ; un ovaire presque rond, à style court, latéral , et à stigm^e bifide ; un drupe ovale , renfermant une seule semence. iS/i A F F Le fiTiit de cet arbre est vénéneux et fait mourir les chè- vres qui en mangent, (b.) AFATONIER. Nom vulgaire dij Prunier de Brian- ÇON. (b.) AF ATRAC HÉ. Arbrisseau de Madagascar , dont l'é- corce est odorante, (b.) AFÉ. Espèce de Polypode de Tlnde , dont on mange les racines, (b.) AFFAIRE (Fauconnerie). Un oiseau est de bonne affaire, quand il est bien dressé pour le vol. (s.) AFFlNFrÉ.Les molécules des corps adhèrent entre elles avec une force plus ou moins grande y que les chimistes appellent ajfinité. L'affinité ne s'exerce qu'entre les molécules des corps ; elle est insensible pour les masses ; et la loi qui tend à rapprocher celles-ci s'appelle attraction. La loi de l'attraction suit la raison inverse du carré des distances, et la raison directe des masses. L'affinité varie pour chaque molécule de nature diffé- rente ; mais on n'a pu jusqu'ici déterminer la loi qu'elle suit. Tout ce qu'on connoît jusqu'à présent se borne à savoir que l'affinité ne s'exerce qu'à de très-petites distances entre les molécules , et que la quantité de matière augmente l'af- finité réelle qui peut exister entre elles ; de sorte qu^une plus grande masse détermine une plus forte affinité. Quoique les molécules soient pressées l'une vers l'autre par l'affinité, elles ne sont jamais en contact immédiat ; car , si cela étoit , la percussion , une forte compression ou l'action d'un grand degré de froid, ne pourroient point dimi- nuer le volume des corps; ce quiestcontraire à l'expérience. Il paroît donc qu'outre l'affinité qui tend à rapprocher les molécules des corps , il y a une autre cause qui tend à les éloigner : on a appelé cette seconde force répulsion; mais celle-ci paroît due à un agent généralement répandu dans tous les corps; on l'appelle ^0/0777;/^. Pour prouver cette opinion , il suffit d'observer que la percussion et la compres- sion dégagent constamment de la chaleur , et que l'appli- cation du froid l'absorbe ; et que dans tous ces cas , le corps qui reçoit l'action de ces agens diminue de volume. Il y a donc du calorique constamment interposé entre les molé- cules de la matière qui tend à éloigner ces molécules, tandis que l'affinité les rapproche; et lorsque, par les opérations de l'art, on augmente ce calorique , on diminue de plus en plus l'action de l'affinité , on éloigne ces molécules , on augmente le volume du corps jusqu'à le réduire en vapeurs ou en gaz , et on détruit presque en entier l'affinité. A F Z i85 On peut donc considérer la force de l'affinité et celle du calorique , comme étant en équilibre dans l'état ordinaire des corps ; et l'augmentation ou raffoiblissement de l'une de CCS forces par les moyens chimiques ou mécaniques , change leur volume. Les molécules de diverse nature qui constituent les dif- férens corps , n'ont pas entre elles la même affinité , ce qui fait qu'on peut y opérer à volonté de grands changemens : si deux molécules de nature différente sont unies ensemble , et qu'on mette en contact une troisième molécule qui ait plus d'affinité avec l'une d'elles qu'elles n'en ont entre elles , il y a désunion entre les deux premières , et formation d'un nouveau corps. D'après les mêmes principes, si , à un com- posé de deux molécules , on présente un composé de deux molécules différentes , et que l'une des deux dernières ait plus d'affinité avec une des molécules du premier composé qu'elles n'en ont entre elles , il y a décomposition des deux corps et formation de deux nouveaux composés. On facilite la décomposition des corps et leur nouvelle combinaison , en affoiblissant l'affinité des molécules : c'est ce que l'on fait par la division des substances à l'aide du marteau , du pilon, des ciseaux, etc. , et en élevant leur tem- pérature. Toutes les opérations de la nature et de l'art ne sont que l'application et le résultat des lois des affinités ; mais dans les substances animales ou végétales vivantes , ces lois con- courent avec les lois vitales pour produire des effets , et il faut bien connoître les unes et les autres pour en suivre les applications, (chap.) AFIOUME. Espèce de Lm du Levant, (b.) AFOU - RANOUNOU. Euphorbe arborescente de Ceylan. (b.) AFOUTH ou AFOUCHE. On appelle ainsi à l'Ile de France, diverses espèces de Figuiers dont Técorce sert à faire des cordes, et dont le bois , lorsqu'il est pourri , tient Heu d'amadou, (b.) AFRICAIN. Nom spécifique d'un polisson clu genre des Perches de Llnneeus. Foyez au mot Holocentre. (b.) AFRICAINE. Nom que donne Mouffet à une espèce de ïruxale de Rarbarie. V. ce mot. (l.) AFROUSA. Espèce de Fraisier des Alpes , dont le calice est fort grand , et la saveur du fruit rapprochée de celle de la framboise. F. Fraisier, (b.) AFZELIE, Afzdia. Plante annuelle à tige droite , très- rameuse ; à rameaux inférieurs opposés ; à fenilles alternes , ,86 A G A bipinnées , et à folioles linéaires ; à fleurs fauves , géminées , ou solitaires dans les aisselles des feuilles de l'extrémité des rameaux , laquelle constitue , dans la didynamie an- giospermie , un genre qui se rapproche infiniment des Gérardes , et qui offre pour caractère un calice mono- phylle , persistant, à quatre découpures linéaires; une co- rolle monopétale campanulée , à tube court , à limbe divisé en cinq parties ovales , ouvertes, dont les deuxéchancrures sont moins écartées ; quatre étamines , dont deux plus cour- tes; un ovaire supérieur , ovale , surmonté d'un style forte- ment incliné , à stigmate simple ; une capsule ovale allon- gée, à deux loges, s'ouvrant par sa pointe , et contenant plusieurs semences ovales , attachées à un placenta central et hémisphérique. h'afzéUe croît dans les parties les plus arides des bois de la Caroline , où je l'ai observée. Elle commence à pousser dès le printemps, mais ne fleurit pas avant le milieu de l'été. Elle se fait remarquer en tout temps par l'élégance ou la délicatesse de son feuillage et la densité de ses touffes ; mais encore plus lorsque ses nombreuses fleurs sont épa- nouies. Elle a été appelée Gérardie afzélie par Michaux. Sn-ith a donné le même nom à un autre genre de la fa- mille des Légumineuses, qui offre pour caractère , un calice tuhuleux , à limbe quadrifide et caduc ; quatre pétales on- guiculés , dont le supérieur est très-grand ; dix étamines , dont les deux supérieures sont stériles ; un légume multilo- culaire renfermant des semences arillécs à leur base. Ce nouveau genre renferme plusieurs arbres à feuilles pinnées, sans impaire , et alternes ; à fleurs rouges , accom- Îagnées de bractées ; et à légumes ligneux et très-pesans. Is croissent en Afrique. Enfin Erhart a encore donné ce nom à un genre de mousse qui se confond avec les W eissies. (b.) AGA. C'est le CHARDo^^ de Syrie, (b.) AGADEC. Espèce de Spare. (b.) AGAJA. Nom de l'EsocE caïman, (b.) AGAHR. Suivant Erxleben, c'est le nom hongrois du Chien d'Islande, (desm.) AGALANCÉE. On appelle ainsi l'églantier. F.Rosier. (b.) AGALLOCHE , Exatcana. Arbre à feuilles alternes , pé- ^olées, ovales, entières, dont le bois est fort célèbre, surtout dans l'Orient , sous les noms de bois d'aigle, lois d'aloës , bois de calambac , ou à'agalloche. Il est résineux , pesant , a une saveur très-amère , et une odeur aromatique. Il est si re- cherché dans l'Inde , à la Chine et au Japon , qu'on le vend A r. \ 187 au poids de l'or. Ce sont principalement les environs des nœuds , les lieux où s'est accumulé le plus de résine , qui sont les plus recherchés. Les caractères botaniques de cet arbre, qui est de la dié- cietriandrie , et de la famille des Tithymaloïdes, sont d'a- voir les fleurs mâles disposées en chatons cylindriques , et constituées seulement par trois étamines nues ; les fleurs femelles disposées de même et constituées par un ovaire nu, arrondi, à trois styles courts. Le fruit est une capsule glabre, composée de trois coques réunies et monospermes- Un autre arbre fournit aussi un bois résineux odorant , connu sous ce nom -, c'est le Garo de Malaca , le SiNCKO de Kempfer, I'Aquilaire de Cavanilles. Loureiro , dans un mémoire inséré parmi ceux de l'Aca- démie de Lisbonne , annonce que Vagalloche est une concré- tion résineuse , provenant d'un arbre entièrement inconnu aux botanistes , et qu'il a décrit sous le nom à^aloexylum ve- rum : ce n'est que dans les très-vieux pieds qu'on la trouve. Cela n'empêche pas , comme Loureiro l'observe lui-même , qu'un arbre d'Amboine, différent de celui,de laCochinchine, ne puisse donner un dépôt résineux analogue et portant le même nom. Mais un séjour fort long dans la Cochinchine l'a mis à même de s'assurer que la plus grande partie de l'a- galloche qui circule dans les Indes , vient de l'arbre dont il a obsen'é les parties de la fructification. Ce même Loureiro décrit un agalloche Ûe la Cochinchine , dont les feuilles sont d'un vert noir en dessus , et d'un rouge vif en dessous. On le cultive à raison de la beauté de son feuillage. Il rend , lorsqu'on le coupe , un suc glulineux, qui passe pour astringent et agglutinant. On fait avec l'un d'eux , ou peut-être avec tous , des meubles recherchés pour leur bonne odeur. Il y a encore deux ou trois autres Agalloches qui vien- nent du Mexique , et qui entrent dans le genre Cymaîsthe de Swartz. (b.) AGALMATHOLÏTHE.(var.duTALCGLAPHiQUE,Hauy; Bildstein , W. ) M. Klaproth a donné ce nom , qui veut dire pierre d'ornement , à deux variétés de piene de lard de la Chine , qu'il a soumiicâ à l'analyse , et dans lesquelles il n'a pas trouvé de magnésie , bien que ces variétés présentassent d'ail- leurs tous les caractères des /«/c5 . L'une d'elles , qui étoit demi-transparente et de couleur verdâtre , lui a donné pour 100 parties : silice, 5^; alumine, 36; et environ 5 d'eau; l'autre, qui ctoit opaque et colorée en rouge de chair , ne contenoit que a4 pai'lies d'ahiniino , sur 62 de silice , et lo d'eau. Elles i88 A G A renferment aussi un peu de potasse , d'après les expériences de M. Vauquelin. V. Talc glaphique. (luc.) AGALOUSSÈS. C'est le Houx, (b.) AGALUGEN. V. Agalloche. (b.) AGAME. Nom spécifique d'un Lézard d'Amérique, que Daudin regarde comme le type d'un nouveau genre dans l'ordre des sauriens. Ce genre , selon lui , doit avoir pour expression caractéristique : corps oblong , plus ou moins épais , entièrement couvert de petites écailles rhomboïdes , presque toujours carénées et réticulées entre elles , même sur la queue , qui est comprimée ou cylindrique ; gorge pouvant s'enfler en forme de goîlre ; langue courte , épaisse , peu fendue à son bout ; tête grosse , calleuse , et ordinairement épineuse sur l'occiput , revêtue de petites écailles rhomboïdes nombreuses; quatre pieds allongés , à cinq doigts amincis , séparés et on- guiculés. Ce genre renferme vingt-cinq espèces, principalement prises dans les genres Iguane et Stellion de Brongniart et Latreille. Il est divisé en cinq sections : La première renferme ceux qui ont la queue comprimée , et a pour type I'Iguane sourcilleux. La seconde contient ceux qui ont la queue cylindrique , et qui n'ont aucune verrue sur le corps ; I'Iguake agame lui sert de type. La troisième réunit ceux dont le corps est orbiculaire : son type est le Stellion orbiculaire. Enfin , la quatrième et cinquième ne sont composées cha- cune que d'une espèce , I'Iguane marbré , et une nouvelle dont la queue est prenante. L'Agame variable est originaire d'Egypte; sa figure se voit , pi. 5 de la partie de l'Histoire naturelle du grand ou- vrage de l'Institut de cette contrée. Le genre Lophyre a été établi aux dépens de celui-ci. (b.) AGAMI , Psophia. Genre de l'ordre des Échassiers et de la famille des Hylébates. V. ces mots. Caractères: bec plus court que la tête , un peu voûté , presque conique , comprimé latéralement , pointu ; mandibule supérieure fléchie vers le bout, plus longue que l'inférieure; narines concaves, couvertes d'une membrane , ouvertes obliquement, elliptiques , situées vers le milieu du bec ; langue cartilagineuse , plate, lacérée à la pointe; doigts rudes en dessous; les antérieurs unis à la base par une membrane ; le pouce ne portant à terre que sur le bout ; ailes concaves , aiTondies ; la i.^"^* rémige la plus courte, les S.'n'e gj S-^™» égales , les 4..""^, S.^""' et G.^"* le plus longues. L'Agami d'Amérique (Pio/j^iacr^T^iVû/w, Lalh.pl. 10, f 3 A G A 189 de ce Dictionnaire. ) Plusieurs ornithologistes ont mal à propos confondu cet oiseau avec le macucagua de Margrave, qui est le grand ÏINAMOU. L'oiseau décrit par Buffon , d'a- près le père Dutertre , sous le nom àe caracara , est le même que Vagami. Il est de la grosseur d'une poule, et sa longueur totale est de vingt-deux pouces. Des plumes courtes, serrées, et sem- blables au duvet , couvrent sa tête et la moitié supérieure de son cou; ses ailes sont formées de vingt larges pennes, et lorsqu'elles sont pliées , elles aboutissent un peu au-delà du croupion ; sa queue , fort courte , est cachée et un peu dé- passée par ses couvertures supérieures ; le dessous de son corps est revêtu de plumes longues , douces au toucher , et dont les barbes ont peu d'adhérence entre elles. La partie la plus brillante de son plumage, est une belle plaque de près de quatre pouces d'étendue , sur le bas du cou et la poitrine ; cette plaque , dont les couleurs varient entre le vert et le doré, le bleu et le violet, n'est pas moins éclatante qae les disques veloutés et métalliques de la queue du Paon, Le reste du cou, la tête, le bas de la poitrine , le ventre, les flancs, les jambes , le haut du dos, les ailes et la queue, sont de couleur noire ; le milieu du dos prend une teinte de roux brûlé , et les grandes plumes qui s'étendent sur le croupion et sur la queue , sont d'un cendré clair. Les pieds sont ver- dâtres , aussi bien que le bec ; et les yeux ont l'iris d'un brun-jaunâtre. Les jeunes fl^a/n/5 conservent leur duvet, ou plutôt leurs premières plumes effilées, bien plus long-temps que nos poussins et nos perdreaux. On en trouve qui les ont longues de près de deux pouces; les vraies plumes ne pa- roissent que quand ils ont pris plus du quart de leur accrois- sement. Le peu de longueur des ailes et de la queue de Vagami , le prive de la légèreté du vol ; mais il court fort vite , à la ma- nière des perdrix ; et lorsqu'il est obligé de prendre son es- sor, il ne s'élève que de quelques pieds, pour se reposer à une petite distance sur la terre ou sur quelque branche. La femelle fait deux ou trois pontes par an , chacune de dix jusqu'à seize œufs, presque sphériques, un peu plus gros que ceux de la poule commune , et d'un vert clair ; elle les place dans un creux y qu'elle fait en grattant la terre au pied d'un arbre , et elle n'amasse aucune matière pour en tapis- ser l'intérieur. Ces oiseaux sont répandus dans les parties les plus chaudes de l'Amérique méridionale : ils se trouvent communément à la Guyane : on les y rencontre, pour l'ordinaire , en trou- pes assez nombreuses. Ils fuient à peine à l'aspect du chas- igo A G A seur, et toute la bande est souvent victime d'un naturel pou défiant. Cette indifférence pour les dangers , cette sorte d'insouciance pour sa propre conservation, n'est point l'effet de la stupidité. Aucun oiseau n'a plus de penchant à vivre dans la société de l'homme ; aucun ne prend , dans ce com- merce, plus d'instinct relatif; aucun n'y apporte plus de sen- sibilité et plus d'intelligence; il n'y a mênn' que très -peu d'espèces, dans les autres classes d animaux, qui puissent en- trer en parallèle à cet égard avec V agami. Il est à peu près, parmi les oiseaux, ce que le chien est parmi les quadrupèdes. A peine sorti de sa demeure solitaire et sauvage , où , par une confiance qui lui devient funeste, il ne montre déjà pres- que aucun éloignement pour l'homme , on le voit acquérir bientôt, dans la maison où on le nourrit, les qualités d'un ami fidèle, d'un serviteur intelligent. Comme le chien, Y aga- mi est docile à la voix de son maître ; il le suit ou le pré- cède, le quitte avec regret, et le retrouve avec les plus vives démonstrations de la joie. Sensible aux caresses, il les rend avec tous les signes de l'affection et de la reconnois- sance ; il paroît même jaloux, car il se jette souvent sur les jambes des personnes qui approchent son maître de trop près. Son grand plaisir est de se faire gratter la tête et le cou; et lorsqu'il est une fois habitué à ces complaisances, il importune pour qu'on les renouvelle. Il connoît, comme le chien, les amis de la maison, et s'empresse à leur faire fête: mais il prend en guignon d'autres personnes, sans motif ap- parent ; et toutes les fois qu'elles paroissent, l'oiseau ne manque pas de les chasser à coups de bec dans les jambes, et de les reconduire fort loin avec les mêmes marques de co- lère. Son courage égale celui du chien ; il attaque avec un acharnement singulier des animaux plus grands et mieux armés que lui, et ne les quitte pas qu'il ne les ait mis en fuite. Enfin , pour compléter la comparaison entre le chien et Y agami , l'on assure (témoin des faits que je viens de rap- porter, je ne l'ai pas été des suivans ), l'on assure, dis-je, que , dans plusieurs parties de l'Amérique , on emploie Va- gamia. des fonctions domestiques, et qu'on lui confie la garde et la conduite de plusieurs jeunes oiseaux de basse-cour, et même de troupeaux de moutons, qu'il accompagne dans les pâturages , et qu'il ramène le soir à l'habitation. En lisant l'histoire de V agami., l'on est tenté de se plain- dre de la nature , qui a placé cet oiseau dans l'épaisseur de forêts désertes et éloignées. Mais il n'y a point , à propre- ment parler , de déserts pour la nature; c'est l'homme, dans son orgueil , qui a imposé cette dénomination dédai- gneuse aux portions du globe qu'il n'a pas encore envahies. A G A igi Et ces vastes solitudes de l'Amérique , ces immenses et an- tiques forêts qui s'abattent et se renouvellent d'elles-mêmes, disparoîlront un jour ; de grands édifices s'élèveront à la place où végétoienl les plus belles et les plus hautes futaies de l'univers; un sol frais et humide s'affaissera desséché sous le poids des villes; de nombreuses habitations remplaceront les carbels rares et épars d'hommes que la civilisation n'a pas corrompus ; la culture s'emparera de terres que cou- vroit spontanément une multitude de plantes : alors proba- blement l'espèce de Vagami sera détruite ou dégradée par un dur esclavage , qu'on appellera domesticité ; maisles âmes sensibles béniront toujours la nature de l'avoir formée comme un point de repos et de consolation, à la vue de la longue et rebutante suite de tyrans sanguinaires, qui, dans les différentes classes des êtres animés , tourmentent et dé- vorent tout ce qui est foible , doux et innocent, U agami ^ que ses qualités sociales rendent si intéressant, déjà singulier par les caractères équivoques de sa conforma- tion extérieure , ne l'est pas moins par le son profond et sourd qu'il fait souvent entendre , indépendamment d'un cri ordinaire , semblable au cri aigu d'un dindon. C'est à ce bruit que sont dues les diverses dénominations par lesquelles on a désigné cet oiseau ; telles que celle de psophia (du verbe ^vec psopheos , faire dubruit), imaginée par Barrère , et adoptée par plusieurs naturalistes modernes ; A'' oiseau trompette , de poule péteuse , etc. Mais cette dernière déno- mination est très-faussement appliquée, puisque le son sourd que V agami fait entendre , n'a pas plus son issue par la par- tie opposée au bec , que par le bec lui-même. Quoique pro- duit dans l'intérieur du corps, il ne perce au-dehors qu'à travers les membranes et les chairs , comme le grouille- ment des intestins, la parole profonde des ventriloques, et le son grave que rendent le hocco , le coq-d'Inde et quelques autres oiseaux. Ce bruit singulier, mais qui n'est pas particulier à Yaga- mi , paroît être, dans cette espèce, un signal de rappel, un cri de ralliement ; car , en l'imitant , les chasseurs de l'Amé- rique font approcher ces oiseaux; et c'est un moyen sûr d'en tuer plusieurs de suite. Quoique sèche et ordinairement dure, leur chair n'est pas de mauvais goût; celle des jeunes est meilleure. Lorsque j'habitois la Guyane , les chasseurs ne manquoient pas de découper , dans les dépouilles des agamis , la plaque brillante de la poitrine ; on la préparoit de même que le panache élégant du hocco et la gorge orangée du toucan , pour en faire des parures , que la mode a délais- 192 A G A sées, mais qu'au premier caprice elle pourra rappeler de nouveau, L'Agami d'Afrique {Psophia undulata^ Lath ). Oiseau que Jacquin et, d'après lui, les ornithologistes présentent mal à propos , ce me semble , comme une espèce dCagami. Il est grand comme une oie , et il a une huppe courte et blan- châtre, une cravate formée de plumes longues et noires, qui lui pend sur la poitrine. Le dessus de son corps est brun, on- de de noir , et le dessous blanchâtre , nuancé de bleu ; la poitrine et le ventre sont tachetés de noir, et le bord exté- rieur des pennes des ailes est bleuâtre , aussi bien que le bec et les pieds. On voit que cet agami n'a que des rap- ports extérieurs fort éloignés , avec celui de l'Amérique ; il en diffère aussi, suivant toute apparence , par les habitudes, sur lesquelles Jacquin n'a rien dit. (s.) AGANIDE , Aganides. Genre de coquilles établi par De- nys Montfort , aux dépens des Nautiles , dont il diffère par des cloisons feuilletées ou lobées en zig zag. La coquille qui sert de type à ce genre a été trouvée par l'auteur dans les pierres calcaires fétides des environs de Namur ; son diamètre est de deux pouces, (b.) AGANON. Nom grec de k Tridacne. (b.) AGAPANÏHE, Agapanthm. Genre de plantes de l'hexan- drle monogynie , et de la famille des Liliacées, que l'Héri- tier a formé aux dépens desCRiNOLES de Linnœus. Thunberg Tavoit appelé Maulhie. Ses caractères sont d'avoir une co- rolle à six divisions ouvertes ; six étamines insérées à la partie supérieure du tube, et dont les filamens sont déclinés et les anthères peltées ; un ovaire supérieur dont le style est décliné , et le stigmate presque capité ; une capsule à trois coques. Ce genre ne comprend qu'une espèce , qui est la Cri- NOle d'Afrique. C'est une très-belle plante , dont la ra- cine est tubéreuse ; les feuilles radicales et épaisses ; les fleurs grandes, bleues et ramassées en tête, (b.) AGARIC, Aguricus. Les Français ont, de tout temps, donné le nom à' agaric à des champignons coriaces , presque ligneux , sessiles , qui croissent sur les arbres , avec lesquels on fait l'amadou , et dont le caractère botanique est d'avoir la surface inférieure percée de trous ou de pores ronds ; mais Linnseus applique le même nom à d'autres champignons, dont quelques-uns croissent également sur les arbres , mais sont ordinairement peu épais, et ont la surface inférieure garnie de lames divergentes du centre à la circonférence. Les agarics de Linnseus , ainsi que je viens de le dire , sont des champignons à surface inférieure doublée de lames et de feuillets disposés comme les rayons d'une roue ou comme A G A ,93 les branches d'un parasol. La plupart de leurs espèces sont d'une consistance charnue peu solide ; il en est aussi qui sont coriaces , ou dont la chair est subéreuse. Quelques-uns sont sessiles : le plus grand nombre ont un pédicule latéral ou central, fisluleux ou plein , tr.nlôl nu, tantôt muni ou d'un collet ou d'un volva , tantôt enfin pourvu en même temps de ces deux parties. Ce genre est extrêmement nombreux en espèces. On en trouve près de cinq cents décrites dans les ouvrages des bo- tanistes ; et parmi elles , il n'y en a peut-être pas cinquante étrangèresà l'Europe. Les Allemandsles ont étudiées avec une grande ardeur; Schseffer , Batsch , Hoffmann, en ont beau- coup figuré. Lamarck a aussi traité ce genre dans VEncydopédie mélho- dique , sous le nom d'amanite , que lui avoient déjà imposé Dilleniuset Haller. Il n'en mentionne que cinquante-quatre espèces , parce qu'il n'a voulu donner que celles bien dis- tinctes; et ce nombre renferme toutes celles qu'il est de quelque importance de connoître. Il les divise en trois sec- tions , savoir : à pédicule nu , et dont la longueur n'égale pas deux fuis la largueur du chapeau ; à pédicule nu dont la largeur égale au moins deux fois la longueur du chapeau ; à pédicule garni d'un anneau ou d'une espèce de collet. La première divi- sion se subdivise en Amanites qui laissent couler un suc laiteux lorsqu'on les entame , et en Amanites qui n'en laissent pas couler. Il y a , dans chacune de ces divisions, des espèces que l'on mange, et d'autres qui sont vénéneuses à un très-haut degré. Tous les agarics qui sont dans la première subdivision , c'est-à-dire, qui sont laiteux-, sont faciles à reconnoitre , puis- qu'il suffit de les casser. Tous sont des poisons dangereux , excepté un , qui est si bon à manger, que Linnœus lui a don- né le nom de deliciosus. Il est très-rare en France. Son ca- ractère est d'avoir le chapeau d'un roux tirant sur le rouge , le sommet enfoncé, le pédicule tacheté et le suc jaunâtre. Les remèdes à employer contre les autres, sont, après les vomitifs, des émulsions acidulées avec du vinaigre en grand lavage. ParmUes agarics àe la seconde subdivision, on remarque d'abord 1' Agaric rouge ou sanguin de Bulliard, qui, aux environs de Paris , est commun dans les bois à la fin de l'automne , et sert d'émélique dans quelques pays. Son suc est si acre, qu'il produit sur la langue les effets de la bnllure. Il est extrêmement dangereux. Son caractère est d'avoir le chapeau d'un rouge tendre , convexe , un peu I. i3 194 ^ ^' ^ aplati au sommet ; les lames blanches et d'e'gale longueur. Il est figuré dans Schseffer, tab. i5, i6, 58, yS, 92 et 98. Ensuite I'Agaric amer, que son nom caractérise assez. Il a une odeur assez agréable , mais n'est attaqué par aucun animal. Puis I'Agaric odorant , plus connu sous le nom de mousseron , dont l'odeur se transmet aux ragoûts dans lesquels on l'incorpore , et qui est, sous ce rapport, très - recherché dans les pays secs et montueux où il croît. Ses caractères sont d'avoir le chapeau globuleux dans sa jeunesse , et toujours très-convexe ; d'avoir le pédicule plein et peu renflé dans gon milieu; d'être blanc dans toutes ses parties, et d'une odeur très-agréable. Il a été figuré par Schseffer, pi. 78. V. à l'article Mousseron , la manière de le récolter et de le sécher pour l'usage des cuisines. Parmi les espèces de la seconde division , on ne remarque guère que I'Agaric rampant de BuUlard. Il a son chapeau petit, presque plat lorsqu'il est développé , d'un jaune fauve. Une tige ou souche commune rampante donne naissance à fdusieurs de ces champignons. Quoiqu'il ait un pédicule assez ong, on le rencontre rarement. Il reste caché sous les feuilles sèches. On le trouve en automne dans les bois. Il est pres- que le seul qui sorte d'une souche commune. Les autres, qui naissent la plupart sur les bols morts, les plantes pouries, les matières fécales des animaux, présentent peu d'intérêt pour l'homme : s'ils ne sont point à rechercher, ils ne sont point non plus à craindre. Mais il n'en est pas de même de la troisième division ; presque tous sont ou bons à manger , ou dangereux. L'Agaric du panicaut, Agaricus erj'ngu , est très-remar- quable par le lieu où il croît ; c'est le collet de la racine de la plante dont il porte le nom. On le mange , dans presque toute la France , sous dlfférens noms vulgaires. L'Agaric élevé , Agaricus procerus , DecandoUe. BuUlard l'a appelé I'Agaric colubrin , et Lamarck, I'Agaric varié. C'est une espèce fort commune , et qu'on mange dans pres- que toute la France , sous des noms vulgaires fort nom- breux. L'Agaric moucheté , Agaricus muscarius , Lin. , si sédui- sant par sa beauté, est un poison d'autant plus dangereux, qu'il se rapproche infiniment de I'Agaric oronge , agaricus aurantiacus , qu'on mange dans presque toute l'Europe, et qui est réellement excellent. Tous deux ont élé figurés par èuUlard ; tous deux sont d'un rouge écarlate. Le second se distingue du premier par son yolya , qui est compL-t , A G A, igii c'est-à-dire , qui enveloppe la totalité de la plante dans sa jeunesse, tandis que cela n'a pas lieu dans la fausse oronge. La vraie oronge est très-rechefœtida, ou le PiTTE , a la feuille mince et sèche ; mais elle n'en contient pas moins une grande quantité de fils, qui, parleur finesse et leur souplesse, sont préférables à ceux des espèces précédentes. Aussi l'em- ploie-t-on de préférence en Amérique. Pour les obtenir, on écrase les feuilles sur un établi avec des maillets, puis on les racle avec des couteaux de bois. L'épiderme et la matière mu- cilagineuse disparoissent en grande partie par ce dernier procédé, et on finit de les enlever par le lavage en grande eau. Celte espèce craint plus le froid que les autres , et on ne peut que difficilement l'élever en pleine terre dans les pays les plus méridionaux de la France. V. Furcrée. (r.) AGELENE, Agelena. Genre de la classe des arachnides, famille desfileuses, établi par M. Walckenaer, et dont nous ne formons qu'une division dans le genre Araignée. V. ce mot. (l.) AGEMLÏLAC. C'est le Lilas de Perse, (b.) AGENEIOSE. Genre de poisson établi par Lacépède aux dépens des Silures, et dont les caractères sontd'avoirla tétc déprimée, couverte de lames grandes et dures, ou d'une peau visqueuse ; la bouche terminale et sans barbillons; deux nageoires dorsales, dont la seconde est adipeuse. Ce genre renferme deux espèces qu'on trouve dans les eaux de Surinam , et dont la chair a un mauvais goût : TAge- neiose armé et I'Ageneiose désarmé, (b.) AGERATE , Agerahim. Genre de plantes de la syngénésie polygamie égale, de la famille des Corymbifères, dont le caractère est d'avoir le réceptacle nu ; les aigrettes formées de cinq folioles arislées ; les fleurons hermaphrodites etqua- drifides ; enfin le calice oblong , à folioles presque égales. Il comprend six à huit espèces qui ont l'aspect des Eupatoires , et qui viennent de l'Amérique ou de l'Inde. Ces plantes ne sont connues que des botanistes , et ne présentent rien de re- marquable. Leurs feuilles inférieures sont toujours opposées, et leurs supérieures souvent alternes. Leurs fleurs sont dis- posées en corymbes terminaux, (b.) AGERATON. Nom grec d'une Achillée. Dans Adan- 5on , ce nom Indique un genre qui répond à celui Erine (b.) AGERIE. Adanson. C'est le Prinos. (b.) AGERITE , Agerita. Genre de plantes de la famille des champignons , établi par Persoon , et qui renferme trois es- pèces. Ce sont de très-petites fongosités granuliformes, pleines A G A 20J et presque farineuses, qu'on trouve en hiver sur l'ëcorce des arbres : elles ne présentent rien de remarquable, (b.) AGERU. C'est I'Héliotrope des Indes, (b.) _ AGIHAIjID. Petit arbrisseau épineux de la Haute- Egypte , que Linnseus avoit d'abord cru être une Ximenie , mais dont Jussieu forme 'un genre particulier ; ses feuilles ont un goût acide et sont vermifuges. On emploie son fruit comme purgatif (b.) AGILES, ylgilia. lUiger, dans son Pmdrome systématique des mammifères f donne ce nom à la neuvième famille de ces animaux, , qu'il place dans son quatrième ordre, celui dos prensiculantia. Il la caractérise ainsi : r<'/A' A I G 223 ses noyaux qu'on tire de son pays natal , et qu'on place aussitôt leur arrivée dans un pot sur couche et sous châs- sis. Les pieds qui en proviennent resleul toujours grêles , faute d'une suffisante chaleur, (b.) AHU. C'est le nom qu'en Perse on donne à la gazelle ou an- tilope dshéîran (antilope suhgutlurosa') , suivant Oléarius. Gineiiu et Pallas rapportent, au contraire, le nom d'a//« à un qua- drupède du genre des Cerfs , et voisin du chevreuil , qu'ils appellent cerçus pygargiis. (desm.) AHUGAS. Espèce de Corossolier. (b.) AI. Mammifère de l'ordre des édentés, de la famille des tardigrades et du genre Bradype. V. ce mot. (desm.) AlARALI. Espèce de Bois jaune. AIBEIG. C'est le Polypode. (b.) AICHE. Nom vulgaire du Lombric terrestre, (b.) AICREBA. Espèce de Raie, (b.) AIDIE, Aidia. Grand arbre à feuilles opposées, lancéo- lées, entières, glabres, à fleurs blanches, disposées eu grappes peu serrées, courtes et axillaires, qui forme dans la pentandrie monogynie, et dans la famille des Chèvre- feuilles , un genre dont le caractère est : calice tubuleux à cinq dents ; corolle monopétale hipocraténforme , à gorge lanugineuse et à limbe divisé en cinq parties lancéolées ; cinq étamines à anthères sessiles dans les divisions de la co- rolle ; un ovaire inférieur à style court et à stigmate ovale oblong ; baie ovale , ombiliquée , monosperme , formée par le calice qui a cru. luaidie se trouve à la Cochinchine. Son bois est blanc et pesant ; il est très-propre à la construction des maisons et des ponts , parce qu'il se pourit difficilement, (b.) AIDOURANGA. C'est I'Indigo. (b.) AIERSA. Iris flambe, (b.) AIGITHOS. Nom grec d'un oiseau, que l'on croit être une faiweffe. (v.) AIGLE, Aquila. Genre del'ordre des oiseaux AcciPlTRES et de la famille des Accipitrins. V. ces mots. Caractères : Bec grand , presque droit et garni d'une cire poilue à la base , comprimé par les côtés , anguleux en dessus ; mandibule su- périeure dilatée sur les bords, crochue et acuminée à la pointe ; l'inférieure plus courte , droite et obtuse ; narines transverses, elliptiques ; langue charnue, épaisse, entière , émoussée ; bouche très-fcndue ; tarses robustes , courts ou un peu allongés , totalement emphimés ; doigts extérieurs unis à la base par une membrane ; ongles internes et pos- térieurs plus longs que l'intermédiaire, celui-ci pectine sur le 224 • A I G bord interne , Fextérieur le plus court de tous; ailes lon- gues ; les première et septième rémiges à peu près égales, les troisième, quatrième et cinquième les plus longues. Ce genre n'est composé que des aigles proprement dits , qui, comme l'aigle commun, ont les ailes longues, c'est-à- dire , atteignant , dans leur état de repos , l'extrémité de la queue -, les tarses courts et totalement emplumés ; les doigts extérieurs unis à la base par une membrane. Toutes les au- tres espèces , auxquelles on a imposé le nom d'aigle , forment des groupes particuliers et portent une autre dénomination : 1." les aigles qui , comme les précédens , ont les ailes lon- gues , mais qui ne diffèrent que par leurs tarses en partie nus et parleurs doigts totalement séparés, sont sous le nom de pygargue ; 2.° ceux encore à ailes longues , qui ont les tarses totalement nus , les doigts séparés dès l'origine , les ongles arrondis en dessous, l'intermédiaire sans dentelure , tandis que chez les autres les ongles sont creusés en gouttière et que l'intermédiaire est pectine du coté interne, se trou- vent sous la dénomination de balbuzard : ceux-ci sont ordi- nairement d'une taille inférieure ; 3." les aigles à ailes moins longues, sont divisés en deux genres, l'un sous le nom de harpie , et l'autre sous celui de spîzaëte. Les harpies sont les plus grands acclpitres que l'on connoisse ; elles surpassent l'aigle proprement dit, par la taille , par la force de leur bec et de leurs serres. Elles se distinguent par leurs ailes plus courtes que la queue , par la grosseur du tarse , mais plus allongé que chez tous les précédens , et seulement emplumé sur sa partie supérieure. Les splzaëtes ou aigles-épervlers dif- fèrent de ceux-ci par des doigts plus folbles , par des tarses plus longs , grêles , totalement nus ou emplumés jusqu'aux doigts. Les espèces de ces deux divisions ne se trouvent point en Europe, (v.) A la puissance des armes qu'il tient de la nature , Vaigle joint la vigueur et la dureté du corps , la force des ailes et des jambes , la fierté de l'attitude , la vue perçante et la ra- pidité du vol. Des attributs aussi imposans en ont fait un oiseau célèbre dès la plus haute antiquité. La Mythologie le consacra au roi des dieux , et dans les images de Jupiter , il fut représenté portant la foudre entre ses serres. Aussi i'appc- ioit-on Vohcau céleste , et les augures le consldérolent comme le messager des dieux. La figure de cet oiseau en relief d'or ou d'argent , placée au bout d'une pique , servit long-temps d'enseignes militaires aux Perses , ensuite aux Romains ; des {)0tentats , dans des temps plus modernes , l'ont adoptée dans eurs armoiries , en signe de domination ; enfin , l'aigle mé- rita de devenir l'emblème du génie. Ces spirituelles allégo- A I G 225 ries présentent de Tintéret, parce qu'elles sont fondées sur des fails ; mais on y a mêlé des fictions bizarres , tirées de qualités imaginaires. Tel est le sort de toute célébrité cbez Içs hommes ; elle est flétrie par l'adulation,, c'est-à-dire , par la plus méprisable des exagérations ; ailleurs , des contes absurdes la dénaturent. Je me garderai bien de faire l'énu- mération de tous ceux qui ont clé débités au sujet du grand aigle ; il en est un, néanmoins, trop remarquable et trop lié aux folies humaines , pour être passé sous silence : l'autorité la plus respectable paroissoil l'appuyer de son témoignage. Il est dit dans l'Ecriture ; Rcnooalji'lur ut ar/uila jm>entus tua ; et les alchimistes des siècles derniers , les Kaymond Lulle , les Arnaud de Villeneuve , et les autres partisans de la pierre philosophale , se sont prévalus de ce passage , écrit en style figuré , pour chercher leur médecine universelle , dont un des principaux effets devoit être le rajeunissement. Ce remède merveilleux étoit tiré , sans doute , du sang et de la chair des tortues , puisque l'on avançoit que le procédé dont l'aigle usoit pour reprendre sa première jeunesse , étoit de dévorer une tortue qu'il avoit enlevée et fait tomber de fort haut , afin d'en briser l'écaillé. L'aigle vit fort long-temps. Klein parle d'un Individu qui a vécu à Vienne cent quatre ans , privé de sa liberté. A me- sure qu'il vieillit, la couleur foncée de son plumage s'éclair- cit , prend des teintes blanchâtres , et il devient même tout blanc en quelques places ; les maladies , une trop longue cap- tivité , ainsi que la faim , produisent les mêmes changemens. Les aiglons naissent couverts d'un duvet blanc ; leurs pre- mières plumes sont d'un jaune pâle. On trouve ordinaiiement deux , rarement trois aiglons dans la même Aire ; quelque- fois il n'y en a qu'un seul. La femelle ne fait qu'une ponte par an , et l'incubation dure trente jours. L'aire e.st cons- truite à peu près comme un plancher solide , et de plusieurs pieds de largeur , avec de petites perches ou bâtons de cinq; ou six pieds de longueur , appuyés par les bouts , et traversés par des branches souples , recouvertes de plusieurs lits de joncs et de bruyères ; elle est placée entre deux rochers dont la saillie fait toute la couverture et tout l'ombrage , ou au sommet d'un très-grand arbre. Ce nid est un vrai champ de carnage ; il est toujours chargé de débris d'animaux , de lam- beaux saignans , et même de petits animaux tout entiers, destinés à la pâture des aiglons. Les jeunes bêtes fauves, les lièvres , les veaux , les agneaux , les chevreaux , les oies , les grues , sont les objets les plus communs de la chasse de ces oiseaux. En Islande , suivant Anderson , ils ont quelquefois la hardiesse d'emporter des enfans de quatre à cinq ans ; mais I K> aaG A I G eette assertion me paroît avoir été contredite avec heaucoup d'apparence de raison. Lorsqu'ils ont saisi une proie trop grasse pour être enlevée , ils la tuent sur le lieu , non— seu- lement à couji^ de bec et de serres , mais encore en la frap- pant violemment de leurs ailes extrêmement vigoureuses , et se rassasient de son sang et de sa chair. Dans l'état de cap- tivité , on les voit boire et même se baigner avec plaisir dans l'eau qu'on leur présente. Cependant , l'on dit que , libres , ils ne boivent point , ou que très-peu ; le sang de leurs vic- times suffit à leur soif Certes , ce sont bien là les habitudes des tyrans les plus détestables. « La tyrannie de ces prétendus rois des airs n'est , en effet , que trop réelle ; ils sont un fléau redouté. Leur naturel est sombre comme les lieux qu'ils habitent ; ils y établissent ou plutôt ils y cachent leur demeure sur les hauteurs les plus solitaires , les plus âpres et les plus inaccessibles ; ils y gar- dent habituellement un silence farouche , qu'interrompt ra- rement un cri aigu , perçant et lamentable. Chaque couple vit isolé ; il faut un grand espace pour leur fournir assez de proie , et ils ne pourroient subsister , si le même canton avoit à assouvir la voracité d'un plus grand nombre de ces terribles consommateurs. Quand le ciel est pur et serein, les aigles s'élèvent à une très-grande hauteur ; on les voit voler plus bas lorsqu'il est couvert. Ils quittent très-rarement leurs montagnes pour des- cendre dans les plaines. Leur force musculaire les rend ca- pables de vaincre la violence des vents les plus impétueux. M. Ramond rapporte dans son voyage au Mont-Perdu , qu'é- tant arrivé au sommet de cette montagne , la plus haute d(^s Pyrénées , il n'aperçut rien de vivant , qu'un aigle qui passa au-dessus de lui , volant directement contre un vent furieux de sud-ouest , avec une inconcevable rapidité. Les aigles n'ont presque pas d'odorat ; mais ils voient par excellence. Ils se chargent , surtout en hiver , d'une grais.»c blanche ; et leur chair, quoique dure et fibreuse , ne sent p.-.s le sauvage , comme celle des autres oiseaux de proie. La loi de Moïse l'interdit aux Juifs ; mais ce n'est pas un mets assox bon pour en regretter l'usage. On a tenté de tirer parti de la force et du courage du grand aigle , pour la chasse du vol; on ne l'admet plus depuis long- temps dans les fauconneries , d'abord parce que son poids le rend difficile à porter sur le poing , et surlout à cause de l'indocilité et de la méchanceté de son naturel. Cepend.int on s'en sert encore dans quelques contrées de la Perse et des Indes. Les Kirguis , peuple qui campe à l'orient de la mer Caspienne, font grand cas àes jeunes aigles que les Russe» A I G 22 7 leur portent comme objet de commerce et d'échange , et ils les achètent à un Irès-liaut prix, pour les dresser à la chasse des betes fauves. D'après certaines marques et certains mou vemens de Toiseau , ces peuples jugent de ses disposiiions ; car ils ne sont pas tous également susceptibles d'irislruclion. Un Kirguis donne quelquefois un très-beau cheval pour un jeune aigle qu'il reconnoîtra de bonne allure ; tandis qu'il n'offriroit pas un mouton , ni même la plus petite monnoie de cuivre , pour un autre dans lequel il ne Irouveroit pas les indices qu'il recherche. On le voit souvent rester des heures entières à contempler un aigle , afin de mieux examiner les signes auxquels il rcconnoîl ses bonnes ou ses mauvaises qua- lités. L'espèce du grand aigle , qui appartient à l'ancien conti- nent, étoit déjà rare en F^urope au temps d'Aristote : elle l'est à présent davantage -, elle produit peti , et les armes à feu ont servi à détruire ces oiseaux , dans des lieux où il n'étoit guère possible de les atteindre autrement. Onr trouve ces oiseaux sur les cimes des hautes chaînes de montagnes de l'Europe , de r Asie-Mineure , de la Tartarie , etc.. aussi bien qu'au nord de l'Afrique , sur les crêtes les plus saillantes de l'Atlas. Ils sont plus communs dans la Russie occidentale , en Sibérie , chez les Ostiaques , qui avoisinent le cercle polaire arctique , dans la presqu'île du Kamtschatka, etc. : ce qui prouve , contre l'opinion de Buffon , que le grand aigle doit passer plutôt pour an oiseau des pays froids que d^s climats chauds, (s.) L'AiGLB d'ABYssiNiE, figuré dans le Voyage de Uruce. V. Spizaète Huppard. L'Aigle d'Astracan. V. Pygargue féroce. L'Aigle austral. V. le genre Harpie. Aigles autours , Morphinus, Cuvier. Dénomination que ^I. Cuvier a appliquée aux aigles qui ont les ailes plus courtes que la queue , les tarses élevés et grêles, et que j'ai classés dans mon Ornithologie élémentaire sous le nom de Spizaète. V. ce mot. (v.) L'Aigle de la baie d'Hudson. V. Aigle commun. L'Aigle balbuzard. V. Balbuzard. L'Aigle bateleur. V. Bateleur. L'Aigle blagre. F. Balbuzard, (v.) L'Aigle blanc , Falco c^cneus , Lath. Ce n'est point une simple variété dans l'espèce du grand aigle , ainsi que plu- sieurs naturalistes l'ont pensé ; c'est une espèce réellement distincte, qui se rencontre dans des lieux où vit aussi le grand aigle, c'est-à-dire , dans les pays froids. L'on n'a pas ren»ar_ que que , dans ces contrées boréales , le grand aigle se re- vêtit pendant l'hiver d« plumes blanches j d'un autre côté, >jt 228 A I G mesure que cet oiseau vieillit , la couleur foncée de son plu- mage se change en une teinte blanchâtre , et même blanche sur quelques parties ; mais le plus vieux des grands aigles n'acquiert jamais la blancheur éblouissante que l'on a com- parée à celle du cygne ou de la neige , et dont brille le plu- mage entier de l'aigle blanc ; la pointe seule des ailes est noire. 11 y a aussi disparité d'habitudes entre le grand aigle et l'aigle blanc ; celui-ci est moins fier, moins courageux et moins rapide dans son vol ; il n'attaque que de petits ani- maux , et quelquefois même il se jette sur les poissons. Cette espèce est devenue fort rare en Europe. Au temps d'Albert- le-Grand , on voyoit souvent de ces oiseaux dans les Alpes et sur les rochers du Rhin ; Ton en trouvoit aussi en Po- logne. Les Grecs les connoissoient ; Pausanias dit qu'on les rencontroit principalement sur le mont Sipyle, près des marais du Tantale, dans l'Ionie (Liv. 8, Voyage de VArca- dîe). On les retrouve dans l'Amérique septentrionale. Lepage Dupratz les a observés à la Louisiane. ( Quoique les nomen- dateurs aient distingué comme espèce séparée , cet aigle blanc du nord de l'Amérique , par la désignation de Falco candidus, l'identité n'est pas douteuse.) Ils y sont rares aussi, et les naturels les recherchent pour en avoir les grandes plumes dont ils ornent leur calumet, sorte de caducée, sym- bole de paix, (s.) Nota. Quoi qu'en dise Sonnini pour prouver que l'aigle blanc est une espèce distincte de l'aigle commun , on s'est néanmoins rangé du sentiment de Buffon , qui ne pense pas. que ce soit une espèce particulière , ni même une race cons- tante et qui appartient à une espèce déterminée ; mais bien une variété accidentelle produite par Icfroid du climat, et plus souvent encore par la vieillesse de l'animal. Cependant ua voyageur m'a assuré avoir vu dernièrement sur les Alpes, deux aigles blancs accouplés, qui, après avoir défendu pendant quelque temps la fente d'un rocher , où ils vt)uloient établir leur aire , furent forcés de la céder à deux aigles communs. Au reste , tous les ornithologistes français et allemands s'ac- cordent à regarder les aigles blancs comme une variété accidentelle de l'aigle commun , ou celui-ci dans son extrême vieillesse. Quant à l'aigle blanc de l'Amérique septentrionale , il n'a point été observé par Dupratz , comme vient de le dire Sonnini ; il ne l'a même jamais vu ; il dit seulement que les naturels de la Louisiane donnent aux plumes blanches dont leur calumet de paix est décoré , le nom de queue d'aigle. Néanmoins il existe dans cette partie de l'Amérique et aux Florides des oiseaux de proie dont les plumes de la queue A I G 229 servent aux Crèeks ou Muscogulges d'étendard royal , auquel ces peuples donnent le même nom que les naturels de la Louisiane ; et cet oiseau n'est autre qu'une espèce de vau- tour que Bartram a décrit et observé dans son Voyage aux. ï'iorides. V. le genre Zopilote , dans lequel ce vautour de l'Amérique est indiqué par la dénomination de Zopilote à ijiieuc blanche, (v.) L'Aigle blanc de la Nouvelle-Hollande. V. Autour BLANC. L'Aigle Blanchard. V. Spizaète Blanchard. L'Aigle a bec blanc , Aquila ulbirostrîs , Vieil. Plumage gé- néralement varié de roux etde brun noir, avec des taches d'un blanc un peu roussâtre à l'extrémité de quelques plumes. La couleur rousse est plus ardente et domine sur la tête et sur le cou; les grandes rémiges sont noires; le bord de l'aile, surtout en dessous, est d'un blanc roussâtre; les plumes des jambes et des tarses sont.bnines et blanches à la base; le bec est blanc et un peu rembruni à la pointe de sa partie supérieure ; la cire d'un Jaune très - clair ; les doigts sont jaunes; la queue très-étagée , les deux pennes intermé- diaires sont au moins d'un pouce plus longues que les deux suivantes. Taille de l'aigle tacheté. On le trouve dans l'Aus- Iralasie. Espèce nomelle. L'Aigle brun. V. Aigle commun. L'Aigle brun du Paraguay. V. Spizaète brun. L'Aigle cafre. V. Pygargue cafre. L'Aigle calquin. V. Harpie. L'Aigle du Canada. V. Aigle commun, L'Aigle canardière. V. Aigle plaintif. L'Aigle chéela. V. Pygargue chéela. L'Aigle de la Chine. V. Pygargue de la Chine, (v.) L'Aigle commun, Aquila fuha^ Vieil. {^Falcofulms^ Lath. , Buff.,pl. enl. 409)- L'Aigle brun est l'une des deux variétés qui, suivant Buflon , forment avec l'AlGLE NOIR ( Voyez ce mot), l'espèce de 1' Aigle commun; mais, à mon avis, c'est une espèce distincte et séparée. V. les raisons sur lesquelles je fonde cette opinion , dans mon édition de \ Histoire naturelle deBuffon^ addition à l'article de 1' Aigle commun, vol. 36, pag. 289. Cet oiseau est presque entièrement brun, sans mélange d'autres couleurs, excepté une nuance rousse sur la tête , le cou, le côté intérieur des plumes des jambes et celles des pieds, aussi bien qu'une couche noirâtre sur les cinq premières pennes de l'aile, et une autre blanche sur les deux tiers de la queue; la membrane du bec est jaune. 11 est plus gros qu'un dindon; il a trois pieds de long et sept pieds huit pouces de vol ; les cinq premières pennes de l'aile 23o A T G sont échancrées du côté intérieur , et de plus extérieure- ment, à l'exception de la première. U Aigle bnin ainsi que V Aigle noir , sont beaucoup plus communs que le grand Aigle {T'^. ce mot), du moins dans nos pays. i>es voyageurs les ont vus en Barbarie , en Ara- bie, etc., et d'autres les ont retrouvés à la Louisiane, dans les Florides, à la Caroline et à la Baie d'Hudson. Ils ne quittent pas les montagnes pendant lété; mais ils descendent dans les plaines lorsque l'hiver devient rigoureux, et les grandes forets leur servent alors de retraite. Ils construisent leur aire sur les rochers escarpés ou sur les plus grands arbres, et leurs œufs sont d'un gris de fer foncé , avec des raies d'une teinte plus sombre. Ij" Aigle noir diffère principalement de l'Aigle brun en ce qu'il a les plumes de la tète et du cou noirâtres , ainsi que celles du dos, du croupion, de la gorge, du dessous du cou, de la poitrine, du ventre , des couvertures supérieures des ailes et de la queue , et en ce qu'il est un peu plus petit. Spallanzani a observé qu'au moment où ces oiseaux avalent un morceau de viande , on voit sortir de leurs na- rines deux jets de liqueur salée et d'un bleu très-clair, qui, coulant sur la partie supérieure du bec , vieiment se réunir à sa pointe, entrent pour l'ordinaire dans le bec , et se mêlent aux alimens. L'éjection de celte liqueur est vraisemblable- ment déterminée par la compression des glandes qui la ren- ferment ; il est probable aussi qu'elle sert à faciliter la coc- tion des alimens. Une autre remarque que l'on doit encore à Spallanzani, c'est que V Aigle commun a une grande antipathie pour le pain ; il n'y touche pas , même après un long jeûne ; cepen- dant, quand on le force à l'avaler, il le digère fort bien. L'on a dit que les aigles , de même que tous les oiseaux de proie , ne buvoient point : il est vrai qu'ils peuvent se passer d'eau fort long-temps ; mais quand on leur en donne, ils s'y plon- gent, s'y baignent et en boivent à la manière des autres oiseaux. \j' Aigle commun n'est plus d'usage dans les fauconneries pour la chasse du vol : mais un savant professeur de Vienne a proposé de faire servir cet oiseau à la direction des aéros- tats ; dans une brochure qu'il vient de publier tout récem- ment, il prouve la possibilité et même la facilité d'un attelage de celte nature , et il indique le nombre nécessaire d'aigles , suivant les dimensions du ballon , la manière de les dresser, de les atteler, et de les guider. Cette idée, qui n'est peut- être pas sans utilité , avoit déjà occupé , dès l'origine des ballons , et par conséquent iong-lemps avant le doctew A I G 23i allemand, un de mes amis, homme de beaucoup d'esprit., que la mort a enlevé au milieu des expériences qu'il avoit commencées sur celte méthode de voyager dans les airs, (s.) Malgré tout ce que dit Swmini, dans son édition de Buf- fon , pour prouver que l'aigle brun et l'aigle noir sont deux espèces distinctes , on n'a pas moins persisté , et je crois avec raison , à regarder , ainsi que l'a fait Buffon , ces deux oiseaux de proie comme des individus de la môme espèce, et à donner l'aigle brun pour un jeune ou la femelle , cl l'autre pour le mâle âgé de deux ou trois ans. Ce sentiment est ap- puyé d'observations réitérées sur ces aigles dans la nature vivante, (v.) L'Aigle couronné d'Afrique. V. Spiz\ète couronné. L'Aigle couronné d'Amérique. V. le genre Harpie. L'Aigle criard. V. Aigle plaintif. L'Aigle destructeur. V. le genre Harpie. L'Aigle d'or. V. Phène. L'Aigle doré. V. le grand Aigle. L'Aigle a dos noir, Falco indanonotiis , Lath. , est un mâle de l'espèce de 1' Aigle commun. V. ce mot. L'Aigle des États. V. le genre Harpie. L'Aigle fauve. V. Aigle commun. L'Aigle féroce. V. le genre Pyg^RGUE, L'Aigle de France. V. Circaète. L'Aigle getiégerte. V. Pygargue tigré. L'Aigle de Gottingue. V. Pygargue. Le grand Aigle , Aquila chrysaetos {falco chrysaetos , Lath. , pi. 3, f. 1 de ce vol.). On l'appelle Aigle noble , Aigle roux , Aigle royal. Presque tout son plumage est d'un brun fauve, moins foncé sur la tête et le cou ; les ailes sont noirâtres, la queue est noire et ondée de gris; les plumes des jambes et des tarses sont d'un roux mêlé de brun ; il y a un peu de rougeâtre sur les couvertures inférieures de la queue. Le bec ressemble assez à de la corne verdâtre , et est noir à la pointe , la cire jaune; l'iris d'un beau jaune clair; les ongles sont noirs. Longueur totale de la femelle , trois pieds et demi ; du mâle , trois pieds. Les ornithologistes modernes sont divisés de sentiment sur cet aigle ; les uns , principalement les Allemands , préten- dent que c'est une femelle de l'aigle commun ; d'autres, mais en très-petit nombre, le regardent comme une espèce dis- tincte qui ne diffère de l'aigle commun que par sa queue noirâtre, marquée de bandes irrégulières cendrées; c'est le sentiment de M. Cuvier (règne animal) qui s'appuie sur ce que cet aigle , élevé à la ménagerie du Muséum depuis plu- sieurs années, conserve toujours sa queue barrée de noir et 232 A I G de gris. Au reste , tous ceux que j'ai viis jusqu'à présent, ne m'ont paru différer de la femelle de Taigle commun et même du mâle dans ses premier^ années , si ce n'est par un peu plus de grosseur. N'y aiflm:-il pas deux races dans cette espèce ^ ^ Le GRAND Aigle de la Guyane et de Mauduyt. Voy. Harpie. L'Aigle des Grandes-Indes. F. Pygargue de Pondi- CHÉRY. L'Aigle griffard, Aquîla helUcosa. ( Fako hellicus^ Lath. Levail. Oiseaux d'x\frique , pi. i.) Cet aigle, dont nous de- vons la connoissance à M. Lcvaillant, a sur l'occiput une petite huppe pendante ; la tête , le derrière et les côtés du cou blancs et d'un gris brun ; le dos et les couvertures su- périeures de la queue d'un brun clair ; le dessous du corps d'un beau blanc, les grandes pennes des ailes noires , les moyen- nes et les pennes caudales rayées transversalement de blanc sale et de noirâtre ; le bec bleuâtre à sa base et noir vers son extrémité; les doigts jaunâtres ; les ongles noirâtres; l'iris d'une couleur de noisette très-vive. La femelle ne dif- fère du mâle que par des couleurs moins foncées. De même que tous les tyrans , le griffard est d'un carac- tère sombre et méfiant ; doué d'une grande force , il com- bat tous les oiseaux de proie qui approchent du canton qu'il s'est approprié, les poursuit et ne les quitte que lorsqu'il les a forcés à s'éloigner de son domaine. Il fait la chasse aux pe- tites gazelles et aux lièvres. Il place son nid à la cime des plus grands arbres ou sur la pointe des rochers inaccessibles. La ponte est de deux oeufs presque ronds et entièrement blancs. Le griffard habite la partie méridionale de l'Afrique , et se trouve dans le pays des grands Namaquois. L'Aigle huppard, Aquîla ordpifalis. {Falco^ ocr. Lath. Le- vail. Oiseaux d'Afrique, pi. 2.) Cet aigle, qui ne surpasse pas engrandeurune forte buse, est remarquable par la longueur et la beauté d'une huppe longue de cinq à six pouces et si- tuée sur le derrière de la tête ; les plumes dont elle se com- pose sont flexibles et légères, et se prolongent av^c grâce en se courbant sur le corps. Le mâle est généralement d'un brun» sombre, plus foncé sur le ventre et le dessus du corps, plus clair sur le cou et sur la poitrine; les plumes des jambes et le duvet des tarses sont mêlés de blanc ; les pennes des ailes et de la queue noires, légèrement ondées de gris et de blanc, et terminées de noir; les doigts jaunâtres et les ongles noirs ; le bec est de couleur de corne, l'iris jaune , la queue arrondie. La femelle est plus grande que le mâle , et porte une huppe moins longue ; elle en diffère encore par quelques taches blanches sur la tête et près des yeux , et cette couleur do- mine davantage sur les plumes tibiales. Les jeunes naissent couverts d'un duvet gris blanc auquel succèdent des plumes d'un brun léger et bordé de roux. Cette espèce , que Levaillant n'a rencontrée que dans le pays d'Anleniquoi et dans la Cafrerie , a le vol très-rapide, ♦^t s'élance comme un trait sur les perdrix , les canards et ies lièvres. L'aigle que Bruce a observé dans son voyage en Abyssinie , où il porte le nom de Tokoor ^ et que Daudin a décrit comme une espèce distincte sous celui àe falco senega- lensis, parce qu'il a été rapporté du Sénégal par Geoffroy de Villeneuve , paroît appartenir à l'espèce du huppard, quoi- qu'il en diffère par son plumage d'un brun foncé presque noir, parles couvertures inférieures delà queue qui sont bleuâ- tres , et tachetées de blanc, et en ce que les supérieures sont noires etblanches. L'Aigle huppé. V. Harpie. L'Aigle huppé de Guinée. F. Spizaète couronné. L'Aigle impérial. F. Aigle de Thèbes. L'Aigle du Japon, Falco japonicus^ Lath. , que Sonnini a rangé parmi les aigles dans son édition de Buffon , et dans la première édition de ce Dictionnaire, ne peut appartenir à ce genre , puisqu'il a les tarses totalement nus. Comme il faudroit le voir en nature pour déterminer sa dénomination générique, je me borne à en donner le signalement qu'en a fait Latham : Cet oiseau de proie n'a guère plus d'un pied et demi de longueur totale ; son plumage est brun en dessus ; la gorge blanche , rayée de noir , et entourée d'un demi- cercle de la même couleur ; les plumes de la poitrine et du ventre sont bordées de blanc jaunâtre; les ailes et la queue sont d'un brun obscur et tachetées de ferrugineux ; les pieds faunes ; ongles noirs; le bec est étroit, bleu à la base , noirâtre à la poirjte , jaunâtre en dessous , et noir dans le reste. VAigle de Java. F. PygarGue de Java. L'Aigle jean-le-elanc. F. Circaète. L'x\igle aux joues noires, AquilaAmericana, Vieill. {Falco^ Lath.) Cet aigle, donné pour une espèce distincte, me parqit plutôt appartenir à celle de l'aigle commun. Cependant, comme ce n'est de ma part qu'une conjecture , fondée sur les grands rapports que présente leur plumage , et la très- grande rareté de l'aigle de cet article dajîs l'Amérique septen- 234 A I G trionale qu'on indique pour sa patrie, je ne dois pas me dispenser de le décrire, il a une bande noire sur les joues ; le dos, le ventre et les ailes de cette même couleur; le reste da plumage d'un cendré obscur ; le bec bleu; les doigts et la serre jaiihes. Taille de l'aigle commun. L'Aigle des Malabares. V. Pygargue de Pondichéry. L'Aigle mansfeni. V. Mansfeni. L'Aigle de mer. V. Balbuzard et Pygargue. ^ L'Aigle Mogilnik, Aquila mogilnik{faIco mo,^. Lath.) S. G. Gmelin a décrit, et fait figurer cet aigle dans les nouveaux Commentaires de l'Académie de Pétersbourg (vol. i5, tab. II. B. ) Un ornithologiste allemand (M. Meyer) le rap- porte à l'espèce du petit aigle; en effet, leur taille, leur plumage et leur genre de vie présentent de l'analogie. D'autres le regardent comme un Individu de l'espèce de l'aigle commun ; étendant il est plus petit, et n'en a ni le cou- rage , ni les mœurs, ni l'instinct. Comme je n'ai pu le juger d'après nature, je l'isole, ainsi que le fait le naturaliste voyageur cité ci-dessus. On rencontre cet aigle en Russie , dans les -déserts qui bordentlc Tanaïs. Sa longueur est de deux pieds trois pouces; il a le beç noir, la cire jaune, les paupières bleues et l'iris blême ; la tcte , le cou et le dos d'un brun ferrugineux obscur , un peu mélangé çà et là de blanc ; les bords posté- rieurs et inférieurs des pennes alaires tachetés de gris , les cinq premières noires , et le reste onde de roux à la pointe ; tout le dessous du corps pareil au dessus , mais sans aucun mélange de blanc; les grandes couvertures des ailes brunes, les petites moitié brunes et moitié rousses ; la queue noire , avec des bandes transversales grises, et rousse à la pointe; les tarses couverts de plumes jusqu'aux doigts, qui sont jaunes, et les ongles noirs. Cet aigle fait la chasse aux mulots , aux souris et aux petits oiseaux. L'Aigle DE Montevideo. F. Balbuzard de MoNTÉviDia, 'L'Aigle moucheté. V. Spizaète moucheté. L'Aigle moyen de la Guyane. V. le genre Swzaète. L'Aigle du Nil, en arabe ogâb. C'est le Pygague. V. ce mot. L'Aigle noble. V. Grand Aigle. * L'Aigle noirâtre et blanc. V. Spizaète noirâtre et blanc. L'Aigle noir est le mâle dans l'espèce de 1' Aigle com- KUN. F. ce mot. L'yViGLE noir et blanc. V. Spizaète caracca. L'Aigle noir huppé d'Amérique. F. Spizaète noir. L'Aigle nonette, F. Balbuzard proprement dit. A I G 235 L'Aigle de là Nouvelle-Hollande. V. Autour blanc DE LA Nouvelle-Hollande. ■ L'Aigle ouira-ouassou. V. le genre Pygargue. L'Aigle de l'Orénoque. V. le genre Harpie. L'Aigle orfraie, est une pygargue dans ses premières années. V. ce mot. L'Aigle aux paupières noires. V. Spizaète melanops. Le petit Aigle. V. Aigle plaintif. L'Aigle pécheur. V. Balbuzard et Pygargue. L'yViGLE du Pérou. F. le genre Harpie. Le petit Aigle d'Amérique. V. Rancanca. Le ppTiT Aigle de la Guyane. V. le genre Spizaète, Le petit Aigle noir, AquUa melanœelos. Savig. , a les na- rines un peu arrondies ; la queue noire et blanchissant à la pointe. Cet aigle est figuré planche première des oiseaux de TEgyple et de la Syrie. C'est Vogâb des Arabes et des i--.gyptiens. Le petit Aigle tacheté de blanc. V. Balbuzard et l'Aigle plaintif. L'Aigle piRAVARA. V. Balbuzard Piravara. L'Aigle plaintif, A'juîlaphinga., Vieill. {Falconœoiiis et ma-' lulatus^ Lath. ). Ce petit aigle, dont nous ne voyons la figure que dans les ouvrages de Frisch, pi. 71 , a la tête, le dessus du cou, le haut du dos, et les ailes d'un brun glacé de noir sur celles-ci, et de ferrugineux sur les autres parties; des taches ovales blanches sur les scapulaircs , sur les cou- vertures des ailes et vers le bout des pennes secondaires; la queue noirâtre , blanchâtre à la base et à la pointe ; la gorge et les parties postérieures brunes avec des taches lon- gitudinales , rousses , très-sombres sur le devant du cou et sur la poitrine , plus claires sur le ventre, et presque blan- ches sur les plumes des jambes; le bas du dos, le croupion, variés de blanc, de roux et de brun; les couvertures supé- rieures de la queue d'un blanc roussâtre vers le bout; le bec et les ongles noirs ; les paupières d'un bleu pâle ; les serres jaunâtres et les doigts jaunes. Longueur totale, 2 pieds 4- pou- ces. La livrée de cet aigle varie , ainsi que chez tous les autres oiseaux de proie. Les uns ont plus ou moins de taches blan- ches ; d'autres, comme celui de Frisch, sont d'un ferrugi- neux obscur et ont la gorge d'un blanc sale. Celte variation Aans l€s plumes a donné lieu d'en faire deux espèces, sous les noms de mxvùis et de maculatus. La femelle est un peu plus forte que le mâle ; le jeune a les parties supérieures un peu roussâtres av-ec des taches d'un blanc roux, et le dessous iu 236 A I G les, arLres ; sa ponte est de deux œufs blancs, striés de rouge. Un auteur allemand (M. Meyer) rapproche de cet aigle le fcUco molginik de Gmelin ; en effet sa description pré- sente de grands rapports ; mais , ne pouvant le déterminer d'après nature , je l'ai décrit isolément. V. Aigle MOLoraïK. C'est de tous les aigles le moins féroce et le moins hardi ; c'est aussi celui que l'on peut espérer d'apprivoiser avec plus de facilité. Klein rapporte les gentillesses d'un oiseau de cette espèce , qu'il a gardé chez lui pendant plus de trois ans. Ce- pendant, les fauconniers dédaignent le petit aigle ^ auquel ils n'ont pas reconnu assez de courage. Les canards , les pigeons, et surtout les rats, sont sa proie la plus ordinaire; on l'a ^urnommé anataria, parce qu'il attaque les canards de préfé- rence à tous les autres oiseaux. Quoique peu nombreuse en chaque lieu, cette espèce est répandue dans presque toute l'Europe, excepté, suivant M. Pennant, en Danemarck, en Suède et en Norwége. On la voit néanmoins assez fréquem- ment eh Russie, aussi bien qu'en Sibérie, et même jusqu'au Kamlschatka ; elle se trouve également dans l'Asie mineure , en Perse, en Arabie et eu Afrique. L'Aigle de Pondichéry. Foyez Pygargue de Pondi- CHÉRY. L'Aigle Pygargue. V. Pygargue. L'Aigle a queue blanche du Paraguay. F. Spizaète A QUEUE BLANCHE. L'Aigle roc ou I'Oiseau roc de Madagascar. Etre imaginaire qui, selon Marco-Polo, enlevoit des éléphans en l'air , et qui existe dans les îles au sud de Madagascar. Un domestique du Cham Cublain fait prisonnier par les habitans de ces îles, raconta, dit-il, que le Roc avoit des plumes de douze pieds de long. Ce voyageur bénévole avoit cru pendant long temps que le roc étoit un griffon, être qui tient aux fictions mythologiques , et qu'on représente 'comme une espèce de lion emplumé avec une tête d'aigle. L'Aigle roux. F. grand Aigle. L'Aigle royal. F. grand Aigle. L'Aigle du Sénégal. F. Aigle huppard. L'Aigle tacheté. F. l'Aigle plaintif. L'Aigle a tète blanche. F. Pygargue. L'Aigle tharu. F. Harpie. L'Aigle DE Thèbes, Aquila Heliaca , Savigny , Oiseaux de l'Egypte et de la Syrie. Cette espèce que l'on trouve en Egypte et quelquefois en Europe, a la tête et l'occiput d'un roux ardent; le corps d'un brun doré en dessus, d'un brun foncé en dessous ; l'abdomen d'un roux jaunâtre; la queue d'un gris cendré, avec une large bande noire vers l'extrémité,, A I G 23; fl d'un gris jaunâtre à la pointe ;#la cire et les doigts jaunes; l'iris d'un jaune blanchâtre ; les narines linéaires, à bord su- périeur échancré. Cet aigle, que Leisler a décrit dans les Annal, der JVelterau , a été tué en Allemagne, et on le rencontre, ma\s très-rare- ment, dans les montagnes du Tyrol et de la Silésie. L'Aigle tigré est un grand oiseau de proie de la Cour- lande, auquel Bechstein a imposé le nom de GetiéGERTE. V. Pygargue tigré. L'Aigle Urubitinga. V. leMenre Spizaète. L'Aigle a VE^TRE blanc. V. I^gargue à ventre blanc. L'Aigle vocifer. V. Pygargue vocifer. (v.) AIGLE. Nom d'une Raie des mers d'Em'ope. (b.) AIGLE - ROYAL. Nom marchand d'une coquille. V. BULI'VIE. (b.) AIGLE -DON. Nom venu par corruption d'Eider-don, AIGLON. Nom d'un jeune Aigle, (v.) AIGLURES {Fauconnerie^ On appelle ainsi les taches rousses que présente le plumage des oiseaux de proie, (desm.) AIGREFIN, ou ^GLEFIN , ou ÉGLEFIN. Nom spécifique d'un poisson du genre des Gades , qu'on trouve en abondance dans la mer du Nord, et dont on fait une grande consommation dans certains pays. Il se rapproche beaucoup de la morne, qui est aussi une espèce degade; mais il est beaucoup plus petit, et se conserve plus difficilement salé. Sa grandeur est ordinairement d'un pied, et son poids d'une livre et demie ; mais on en trouve quelquefois de beaucoup plus grands. Il fraie en mars ; alors les femelles viennent en grande troupe déposer leurs œufs sur la côte , parmi les varecs et autres plantes marines qui y croissent. Les mâles viennent ensuite féconder les œufs. Il se nourrit de crustacés et de petits poissons , poursuit surtout les harengs ; aussi s'engraisse-t-il rapidement à l'époque de leur passage. On le pêche , comme la morue , avec des lignes de fond amorcées de petits poissons. Les Groënlandais le prennent pendant l'hiver , à la main , à l'ouverture des trous qu'ils font dans la glace. La chair de l'aigrefin est blanche, ferme , de bon goût et facile à digérer. Elle est feuilletée , comme celle de la Mo- rue. V. ce mot. (b.) AIGREMOINE , Agrimonia. Genre de plantes de la fa- mille des Rosacées , dont le caractère est : calice mono- phylle, persistant, entouré d'un autre petit calice frangé et hériisé ; cinq pétales ^ douze à vingt étamines: deux ovaires =38 A I G renfermés dans le tube ôm. calice ; deux styles ; deux slig^ mates ; deux semences contenues dans le calice. Les aigremûines sont des herbes à racines vivaces , dont les feuilles sont ailées , avec une impaire , et les folioles alterna- tivement grandes et petites. Les fleurs sont disposées en épis terminaux, munies chacune de trois bractées. On en con- noît six espèces. L'espèce la plus connue et la seule employée , a été ap- pelée eupatoire par les anciens botanistes , et par Linnseus , agrimonia eupatonum. Elle sq|trouve dans les lieux ombragés, aux bords des bois, des haies , mais toujours dans les bons terrains. Elle se distingue des autres par ses feuilles cauli- naires, dont la foliole impaire est pétioléc, et par son fruit hérissé de pointes. Elle est vulnéraire , astringente , apéritive et détersive. On en fait un grand usage dans les maladies des hommes et des animaux. Lorsqu'elle est sèche, en n'en em- ploie que la moitié de ce qu'on auroit pris , si elle eût été fraîche. Une variété de cette plante , ou peut-être une es- pèce distincte , a une odeur agréable et assez forte, (b.) AIGRETTE ou MACAQUE CORNU. Espèce desinge du genre Macaque. V. ce mot. (desm.) AIGRETTE {Entomologie'). Touffe de poils, ou espèce de plumet que l'on voit à l'extrémité du corps de quelques papillons , ou à la queue de quelques lai'ves. L'aigrette est simple , lorsque les poils sont simples ou partent tous d'un filet commun ; ou plumeuse , lorsque les poils sont rameux ou pinnés. (o.) AIGRETTE {Bi^unique) ., Pappiis. Toii((e de filamens simples ou plumeux qui couronnent les semences dans plu- sieurs composés ou d'autres fleurs, h'aigrelfe est ou sessile , ou pédiculée. Elle garantit la semence nue de l'eau de la pluie , qui pourroit la pourir ; et lorsque la semence est mûre, elle s'en détache plus tôt ou plus tard, et lui sert d'aiie, pour être portée et disséminée au loin par les vents, (d.) AIGRETTE. On appelle ainsi dans le département de l'Ain , une hirondelle de mer qui se trouve souvent sur les nombreux étangs de la Rresse , et qui paroît se rapprocher beaucoup de la Gnifette {sfeina média), (y.) AIGRETTE. Poisson du genre CoRis. (b.) AIGRETTE BLANCHE. Coquille du genre Volute, (i:.) AIGRETTE. ÎSom donné à deux coquilles , une PiMNE et un Rocher, (b.) AIGRETTE de Madagascar. C'est le Chigomier. (b.) AIGRETTE. Foy. Oseille commutée, (b.) AIGRETTES. Oiseau du genre HÉROîs. F. ce mot. (v.) A I G 3% AIGRON. Nom du Cormoran dans ïcs environs de Niort, (v.) AIGRON. Nom que porte" en Pologne le Héron com- mun, (v.) AI GUE-MARINE (Yariétë de I'ÉmèRaude , HaHy ; Béryl ^ W^erner). Pierre précieuse de la nature de Yéme- raude. \J aigiie-marine se trouve dans diverses contrées ; mais les plus connues , et celles dont le gite est le plus certain , sont celles de la montagne Odon-Tchélon ^ près du fleure Amour. Il y a dans celte montagne trois mines différentes que j'ai fait fouiller moi-même, et qui donnent des variétés très-distinctes de cette gemme. Les unes sont d'une jolie cou^ leur verte , sans mélange de bleu ni de jaune ; elles sont en prismes hexaèdres réguliers , quel que soit leur volume. Les autres sont constamment jaunes , avec une très-légère teinte verdàtre , et leur volume n'atteint jamais la vingtième partie des grands prismes verts. D'ailleurs , dès qu'elles excèdent trois lignes de diamètre , elles perdent communément leinr régularité , et leurs faces se multiplient au point de devenir à peu près cylindriques ; ce qui n'arrive jânaais aax prismes verts. Ces pierres d'un jaune verdàtre , que j'ai appelées chrj^o- liihes^ ont pour gîte un large filon d'argile ferrugineuse , qui est encaissé dans le granité de la montagne , et qui contient une grande quantité de wolfram (schéelin ferruginé) , qui sert quelquefois lui-même de gangue à ces gemmes. La troisième variété a son gîte sur le sommet de la mo»- tagne , dans un grand amas d'argile blanche, mêlée et comme pétrie avec la pyrite arsenicale. Dans cette variété , la coUi* leur bleue domine , et n'admet qu'une légère teinte verdâtr^ô? Il n'y a là aucun prisme où la couleur jaune se manifeste. On en trouve quelquefois d'un bleu pur et vif, sans aucun mélange .d'autre nuance. Cette variété conserve encore plus difficilement sa forme hexagone que la variété jaune , et la plupart des canons sont presque cylindriques. C'est d'après ces motifs que , dans mon Histoire naturel/^ des Minéraux , tom. 2 , pag. 22 , j'ai cru devoir ne conservei' le nom à'émeraude qu'à la variété verte. Ces trois variétés offrent un accident singulier, et qui leur est commun ; c'est d'avoir des prismes qui sont «tticulés comme ceux des basaltes, c'est - à - dire , qu'un tronçon du prisme est terminé par une protubérance an forme de ca- lotte , qui s'emboîte exactement dans l'enfoncement du tronçon qui le suit. Ces cristaux offrent d'ailleurs une multitude d'acciden : qui leur sont communs avec les basaltes. On peut détacher de leur 2^0 A I G intérieur des globules , comme on en trouve dans les basait es d'Auvergne et d'Ecosse. On peut séparer ces prismes trans- versalement , comme les basaltes de Staffa , et longitudina- lement comme ceux du Mézin. On voit plusieurs prismes réunis sous une espèce d'enveloppe commune dont la forme est régulière, comme les basaltes de la grotte de Fingal. Ils sont souvent disposés en faisceaux divergens, comme les ba- saltes du Pont- de - la -Baume sur l'Ardèche. On voit des prismes qui ne sont composés que de filets réunis comme les soies d'une brosse. Outre les aigues-marines A'Odon-Tchélon en Daourle , on en trouve encore en Sibérie dans les monts yî/iaï , enlre rOby et rirtisch , et dans les monts Oural ^ à cent lieues au nord d'Ekaterinbourg. Celles des monts À/laï sont très-défec- tueuses; je n'en ai jamais vu de transparentes, ni dont la cris- tallisation fût un peu régulière. Celles des monts Omto/ sont bien cristallisées, et d'une jolie couleur verte; mais elles sont fort rares, et d'un très-petit volume. Elles offrent constamment une variété de forme qui leur est particulière ( ce sont des prismes à six pans , dont les arêtes au contour de chaque base et les angles solides sont remplacés par des facettes disposées en anneau : var. unibinaire de Haiiy ; variété 4-, fig- lOi de Rome de l'Isle. Il y en a aussi de rliumhifères. V. le Traité de M. Haiiy). L'aigue-marine est un peu moins pesante que l'émeraude du Pérou. Suivant Brisson, celle-ci pèse 3,7755, et l'aigue- anarine 2,7227. Vauquelin , à qui j'avois remis environ une demi-livre d'ai- gue-marine bleuâtre , en a fait et réitéré l'analyse avec sOn exactitude ordinaire. 11 a découvert dans cette gemme une terre nouv^elle , à laquelle il a donné le nom de glurine qui signifie douce , attendu qu'elle forme avec les acides des sels d'une saveur sucrée. Cette découverte l'a déterminé à faire de nouveau l'analyse de l'émeraude du Pérou, et il a reconnu que cette terre y entre à peu près dans la même proportion. Ces deux gemmes diffèrent entre elles par le principe colo- rant: dans l'émeraude, c'est le chrome; dans l'aigue-marine, c'est le fer. L'aigue-marine contient , suivant l'analyse de Vauquelin : Silice 68 Alumine i5 Glucine i^ Chaux a Oxyde de fer i 100 A IG 341 M. Leli^vre , de T Académie royale des sciences de l'Ins- titut de Fiance , et l'un des Inspecteurs généraux des mines du royaume , a observé , en i8oi , en passant près de Li- moges, que l'on réparoit la route avec des fragraens de pierres d'une couleur bleu-verdâtre , parmi lesquelles il a trouvé des portions de prismes dont la structure et les autres caractères lui ont paru convenir à i'aigue-marine ; un examen plus approfondi et l'analyse de M- Vauquelin ont mis sa conjecture hors de doute. Il a reconnu depuis que cette substance forme des collines entières , où elle est disposée en masses irrégulières et confusément cristal- lisée , avec des apparepces de prismes , mais qui se dé- litent en petits morceaux , dès qu'on veut les détacher. Sa couleur est d'un vert foible et blanchâtre ; elle n'a que la transparence imparfaite du quartz ; elle est çà et là mêlée avec des masses de granité ordinaire , mais où les feuillets de mica , assez larges , sont testacés , c'est-à-dire , concaves d'un côté et bombés de l'autre. Elle renferme aussi quelques masses d'une substance grenue et micacée , d'une couleur lilas , qui est de la lépidolithe. (pat.) La plupart des aigues-marines qui existent aujourd'hui dans le commerce viennent de Russie ; elles sont d'une teinte uniforme et ont un vif éclat. On en fait des épingles , des bagues , des pendans d'oreilles , et de fort jolies croix d'un prix modique. Une aigue-marine d'une très-belle couleur, bien taillée et sans défauts, du poids de aS karats ( loo grains ), ne vaut pas plus de 3o à 36 francs ; les petites valent beaucoup moins. Aussi cette pierre est-elle placée , pour ainsi dire , au dernier rang parmi celles qui sont employées à la parure. Son prix s'évalue à l'œil et en raison de sa forme et de l'intensité de sa couleur , plutôt que d'après son poids , qui , au-delà d'un certain terme, ajoute peu à sa valeur, les grosses aigues-marines n'étant nullement recherchées : les plus estimées sont d'un vert bleuâtre clair , sans mélange de jaune. On en volt quelquefois , dans le commerce , qui pèsent plusieurs onces. L' aigue-marine qui forme la boule du globe sur la cou- ronne du roi d'Angleterre , est de la plus grande beauté • elle a deux pouces environ de diamètre. {Bomare.') Les anciens connoissoient cette pierre , qu'ils nommoient Béryl ^ et l'ont travaillée; ils la tiroient de l'Inde. Pline , qui l'a décrite parfaitement , dit qu'elle est d'une nature qui approche de celle de l'émeraude. Il en existe une magnifique dans la collection des pierres gravées de la Bibliothèque du Roi ; elle représente le portrait de Tullie , fille de Titus. a;2 A I G Relativement aux caractères physiques et chimiques de Vaigue-marine , F. l'article Émeraude. (luc.) L'AiGUE-MARiNE ORIENTALE àcs lapidaires , qui est très- rare , est une variété du Saphir (' Corindon - hyalin des minéralogistes), et a la même valeur que lui. L'AiGUE-MARiNE orientale de Brisson est une topaze bleuâtre. K Topaze, (luc.) AIGUILLAT , Spinax. Sous-genre proposé par Cuvler parmi les Squales. U a pour type l'espèce de ce nom , et fait le passage entre les MilaNDRES et les Emissoles. Ses ca- ractères sont : petites dents tranchantes sur plusieurs rangs, une forte épine en avant de chacune des nageoires dorsales ; point de nageoire anale, (b.) AIGUILLE. Nom spécifique de plusieurs espèces de poissons qui sont allongés et minces , comme l'instrument qu'on appelle ainsi. Un Syngnathe , I'Aulostome chinois et deux espèces d'EsoCES , le portent, (b.) AIGUILLE D'ACIER. Coquille du genre Buccin. On donne encore le nom à' aiguille à plusieurs autres co- quilles de forme allongée et très-pointue. Par exemple, YaiguiU« ^r«««e est une Pourpre; V aiguille dentée est un STROMBE,etc.(B.) AIGUILLE. Les jardiniers appellent ainsi le pistil des fleurs des arbres à fruits, (b.) AIGUILLE DE VÉNUS. Espèce de Cerfeuil, (b.) AIGUILLE MUSQUÉE. V. Géranion musqué, (b.) AIGUILLETTE. Espèce de coquille du genre Bulime de Bruguières. (b.) AIGUILLON , (^Entomologie.) Arme offensive et défen^ sive , terminant l'abdomen des scorpions , des individus fe- melles et des mulets d'un grand nombre d'insectes de l'ordre des hyménoptères , et n'étant peut-être qu'une mo- dification du dernier segment de cette partie du corps. Il est tantôt simple comme dans les scorpions , tantôt composé de plusieurs pièces , dont les extérieures lui servent de fourreau , ainsi que dans les hyménoptères. Nous avons donné , à l'article Abeille, la description de celui de ces insectes ; et quoique cet organe varie selon les genres , son appareil est essentiellement le même dans cet ordre. La piqûre qu'il fait est plus ou moins douloureuse , sui- vant sa force , l'intensité de son action et la nature de la partie offensée. Ses effets peuvent être semblables à ceux que produit dans la chair l'introduction d'un corps très- acéré ; mais si ces animaux , comme les scorpions , les in- sectes de la famille des guêpiaires, de celle des formicaires et des apiâires , distillent en même temps dans la plaie une AIL 243 liqueur venimeuse dont le réservoir est à l'origine de l'aiguil- lon , il en résulte des accidens plus ou moins graves , selon la nature du venin ; mais , en général , la piqûre des insectes n'excite qu'une simple inflammation. On a aussi donné le nom d'aiguillon à l'extrémité de l'oviducte de plusieurs autres insectes femelles, de l'ordre des hyménoptères ; mais cette partie n'est qu'une tarière , au moyen de laquelle ils déposent leurs œufs. V. Tarière, (l.) AIGUILLON {Botanique')^ Aculeus. Pointe fragile qui tient seulement àl'écorce de certaines plantes. Les Rosiers , les Ronces, sont munis d'aiguillons, (d.) AIGUILLONS. Osselets aigus et d'une seule pièce qui soutiennent les nageoires de plusieurs poissons. Ces na- geoires s'appellent aiguillonnées ou épineuses, (s.) AIGUILLONS (des plantes). V. Arbre, (t.) AIL, Allium. Genre de plante de l'hexandrie monogynîe , et de la famille des Liliacées, dont plusieurs espèces sont d'usage dans les alimens , sous les noms de poireau , oignon , ciboule , rocamhole , etc. , et dont le caractère est d'avoir des fleurs en ombelle, renfermées, avant leur déve- loppement , dans une spathe membraneuse de deux valves ; point de calice ; une corolle de six pétales allongés ; six éta- niines, ayant trois pointes, dont celle du milieu porte l'an- thère ; un ovaire triangulaire , chargé d'un style simple ; une capsule trigone partagée en trois loges, qui contiennent plusieurs semences arrondies. Le genre ScH(E^'OPRASoî^ a été établi aux dépens de celui-ci. Les ails sont des herbes bulbeuses dont la tige et les feuilles sont souvent fistuleuses, et naissent toujours immé- diatement de l'oignon. Ils sont, pour la plupart, indi- gènes en Europe , et bisannuels. On en compte près de quatre-vingts espèces. Les botanistes divisent le genre ail en cinq sections. On, va les passer en revue , et mentionner celles des espèces qu'il est le plus important de connoître. La première section contient les ails dont les feuilles sont plates et caulinaires , et dont les ombelles portent des capsules. On y remarque l'AiL A TUNIQUE , ou le Poireau , Allium porrum^ Lin., dont le principal caractère est d'avoir une bulbe très-peu tubéreuse , et recouverte par la base des feuilles. On verra au mot Poireau , sa culture et ses propriétés. 11 croît naturellement dans les parties monlueuses de la France et de l'£spagne. aU A T L La seconde section comprend les ails à feuilles planes et caullnaires, et dont les ombelles portent des bulbes. Deux des quatre qui composent celte section, sont d'usage dans la cuisine : l'ÀlL , proprement dit , allium satimm , Lin. , dont le caractère est d'avoir le bulbe composé de plusieurs autres bulbes réunis par des membranes, com- munes , et la PvOCAMBOLE , allium sorodoprasum , Lin. , dont le caractère est d'avoir les feuilles crénelées et leur gaîne aplatie et tranchante des deux côtés. V. la culture et les usages de cette dernière, au mot Rocambole. Tout le monde connoît Vail commun , dont on fait un si grand usage dans les cuisines , que les habitans des pays chauds aiment avec tant de passion , et dont beaucoup de personnes redoutent si fort l'odeur. 11 étoit dieu chez les Egyptiens , très-eslimé des Romains , et en horreur aux Grecs. Son odeur particulière diffère de celle de tous ses congénères. Les bulbes, la partie qu'on emploie presque exclusivement, ont un goût acre et caustique. LW/ vient partout; mais cependant, plus le terrain est léger , plus les bulbes sont gros et nombreux. Dans les par- ties méridionales de la France , on le plante au plus tard à la fin de janvier : dans celles du nord on attend en avril. Il est beaucoup plus avantageux de le multiplier par caïeux que de semer la graine , puisque , par ce moyen, on gagne une année : aussi, est-ce la méthode généralement employée. Une tête d'ail contient ordinairement depuis huit jusqu'à quinze caïeux. On peut, en général, compter sur un produit de dix pour un. Pour que la plantation prospère , il faut que le terrain ait été labouré profondément , que les caïeux soient placés au moins à trois ou quatre pouces de distance les uns des autres , et enterrés d'environ un pouce. On ne doit arro- ger que dans le cas d'une grande sécheresse , et toujours mo* dérément; cette plante, comme la plupart des liliacées , n'aimant point l'humidité. Le temps d'arracher Vailàc la terre est fixé par l'inspection de son fanage : c'est lorsqu'il est complètement desséché. On le laisse exposé sur terre pendant quelques jours , pour opérer l'évaporation de la surabondance d'humidité qu'il (contient , et ensuite on le lie par bottes au moyen des fanes , et on le suspend dans un lieu très-sec. Cette plante n'exige d'autre soin, pendant qu'elle est en terre , que d'être débarrassée des mauvaises herbes qui ont crû auprès d'elle , soit par des sarclages , soit , ce qui vaut mieux sans doute , par un ou deux binages. Outre les usages dont Vail est dans les cuisines , il en a encore de médicinaux. On le regarde comme maturatif , A I L ,45 cintihystériquê , diurétique , vermifuge. Il excite la trans- piration ; il est recommandé «îans l'hydropisie de poitrine, dans l'ascite occasionée par les boissons spiritueuses , dans l'asthme pituiteux , la toux catarrhale , la diarrhée par foiblesse d'estomac ; dans les coliques occasionées par les vers et les coliques venteuses. On l'appelle la thériaquedes paysans, sur- tout dans les pays chauds, où ils en mangent avant d'aller au travail, pour se garantir, disent-ils, du mauvais air. Si on en croit certaines personnes, l'ai'/ est une panacée universelle, qui prévient ou guérit tous les maux. On ne finiroit pas si on rapportoit tout ce qui a été écrit en faveur de ce végétal, qui entre dans plusieurs des préparations pharmaceutiques, entre autres dans le vinaigre des quatre voleurs. On en fait aussi un grand emploi dans la médecine vétérinaire. La troisième section des ails comprend les espèces dont les feuilles sont cylindriques et caulinaires, et dont l'ombelle porte des capsules. Elle n'en renferme point qui soient em- ployées dans les alimens ; mais on y en trouve deux ou trois dont les fleurs répandent une odeur très-suave. La quatrième section est formée des aïis dont les feuilles sont cylindriques et caulinaires , et dont l'ombelle porte des bulbes. On y remarque d'abord l'AiL dCs vignes , alliiim pineale , Lin. , qui est une des plus communes dans certains pays , que les vaches mangent avec plaisir , et qui donne à leur lait l'odeur qui lui est propre. On doit y réunir aussi l'AiL DU Canada , alUum canadense , Lin. , qui a été mal à propos placé dans la division suivante , et qui altère si fort le lait des vaches dans l'Amérique septentrionale , qu'il faut y être habitué pour en pouvoir manger , comme je l'ai éprouvé pendant mon séjour en Caroline. Enfin , la cinquième division comprend les ails dont toutes les feuilles sont radicales et la hampe nue. Là , on trouve l'AiL A TIGE VENTRUE, OU TOlGNON , a///M)72 cepu , Lin. , dont on fait encore un plus grand usage dans la cuisine et dans la médecine, que de l'aiV proprement dit, et dont la culture et les propriétés seront mentionnées à l'article qui portera son nom. Il est caractérisé par une tige ventrue inférieurement , et par des feuilles /;ylindriques , fistuleuses. Il donne plusieurs va- riétés jardinières , qui sont également mentionnées. Là on trouve fcncore l'AiL échalgtte et I'Ail civette , tous deux employais dans les assaisonnemens. Le caractère du premier est d'avoir la tige cylindrique , les feuilles subulées , et l'om- belle globuleuse. Le caractère du second est d'avoir les tiges parfaitement semblables aux feuilles en longueur et en gros- seur. On traitera séparément de ces deux espèces sous leurs noms respectifs. 2^6 AIL II est quelques espèces ^luH qui n'ont point d'odeur; ma:$' le nombre en est très-petit. II en est un plus grand nombre qui répandent par leurs fleurs une odeur agréable , comme on Ta déjà dit , quoique leurs feuilles soient pourvues de celle propre à ce genre. On en peut citer qui, comme l'AlL DORÉ, peuvent servir d'ornement dans les parterres, (b.) AILE, y//a. C'est une partie ouïe membre d'un animal, d'une forme plus ou moins plane et large, destinée à frapper l'air et à soutenir l'individu dans le champ de l'atmosphère , en l'y faisant voler ou voltiger, par le moyen de chocs brusques et répétés contre la masse de l'air. . Il y a des ailes ou ailerons de plusieurs formes, et chez des êtres fort différens; on voit même des espèces d'ailes à des semences de végétaux : les nageoires des poissons , comme celles des mollusques ptéropodes , sont des sortes d'ailes appropriées à un milieu plus dense que l'air. . Parmi les mammifères , on trouve des manières d'ailes aux chauve -souris et à quelques autres carnassiers de cette fa- mille des chéiroptères. Elles consistent dans l'allongement extraordinaire des bras et des doigts de ces animaux, et dans une peau fine, étendue , par le moyen de ces doigts et de ces longs bras , conime le taffetas d'un parapluie s'étend au moyen des baleines qui le soutiennent. Mais, afin de pouvoir frapper fortement et brusquement l'air pour s'élancer et voler haut et loin , il falloit des muscles vigoureux qui agitassent ces ailes avec vivacité. C'est en quoi la nature a merveil- leusement travaillé, soit dans les chauve-souris, soit chez; les oiseaux ; car elle a suivi un mécanisme analogue dans les uns et dans les autres. V. Mouvemens des animaux ,et Oiseau. En effet, ces bras en forme d'ailes sont fortement arti- culés , de la part postérieure , avec l'omoplate , laquelle est soutenue par l'épine dorsale, et, de la part antérieure, avec l'os claviculaire, si robuste dans les chéiroptères, et réuni, chez les oiseaux, àla clavicule opposée, enformantun V au-devant du sternum. Par ce moyen, Thumérus ou l'os du bras est solidement attaché et ne pourroit pas facilement tourner en arrière comme le nôtre, parce que l'avancement de l'apophyse coracoïde de l'épaule s'oppose à ce mouve- ment de rotation. Sans ce mécanisme , la force de l'air ou du vent repousseroit leé ailes en arrière , et culbuteroit l'a- nimal qui n'en seroit plus maître. Ces ailes sont ensuite mises en jeu par les muscles pecto-' raux surtout; et, comme il faut beaucoup de vigueur pour le vol, ces muscles sont épais, volumineux, largement atta- chés à 1 os du sternuui ou pectoral. Celui-ci devoit , par AIL a{7 conséquent , avoir un développement particulier. En effet, il a une carène longitudinale à son milieu, pour servir de puissante attache à ces muscles pectoraux. Ce sternum est en outre plus large et plus bombé que chez les autres ani- maux , ce qui facilite le développement libre des poumons dans la poitrine , pour respirer beaucoup d'air et alléger, par ce grand vide intérieur, le poids de l'animal. On voit donc que l'homme n'étant pas assez fortement constitné à cet égard, toute tentative d'attacher des ailes à ses bras , pour voler, devient illusoire , et ne lui promet que le sort du téméraire Icare. L'aile des oiseaux se compose, outre l'humérus ou l'os du bras, de ceux de l'avant-bras, qui se replient en avant, et ensuite des os du carpe et du métacarpe , analogues à ceux de la main. Ces derniers sont fort allongés , mais ne montrent qu'un doigt avec les vestiges de deux autres et le pouce. C'est sur ces doigts de la main que naissent les grandes pennes ou plumes de l'aile, nommées primaires, et toujours au nombre de dix. Le pouce soutient souvent de plus petites pennes , en avant de l'aile , appelées bâtardes. Les plumes ou pennes secondaires naissent sur l'avant-bras, et d'autres plumes plus petites recouvrent l'humérus et sont nommées scapulaires. L'aile est légèrement concave en dessous , afin d'embras- ser mieux le volume de l'air. Les déploiemens, les coups d'ailes doivent être prestes et simultanés, pour voler droit; car, s'ils sont alternatifs , comme chez les chauve - souris et les papillons, ils donnent un voltigement en zigzag ou incertain. Dans la fauconnerie l'on distingue les diverses sortes de vol des oiseaux de proie. V. Faucon. L'on sait quels oiseaux ont le vol lourd , comme les gallinacés , et , au contraire , ceux qui l'ont rapide, comme les hirondelles et les frégates. F. Oiseau et Vol. Parmi les reptiles , le dragon volant est un lézard pourvu sur ses côtés de membranes soutenues par les six fausses côtes, lesquelles, au lieu de se tourner, à l'ordinaire, vers le sternum , s'étendent directement : mais ce ne sont pas des ailes; car ces membranes latérales sont indépendantes des bras et des pieds , et plutôt analogues aux peaux étendues entre les pattes , de chaque côté des pqlatouches {V. ce mot), et d'autres mammifères sauteurs. Aussi le dragon volant ne se sert de ces membranes que comme de parachute, en sautant sur les arbres. Les nageoires des paissons montrent plus d'analogie avec les véritables ailes des oiseaux, puisqu'il y a des poissons volans pourvus de très-longues nageoifes pectorales, capables .48 A I L de les soutenir quelque temps flans Taîr, V. Poissoîï. Ces nageoires sont de même arlicuiëes avec une omoplate ; mais le poisson pouvant se mettre en équilibre avec l'eau par Je moyen d'une vessie natatoire pleine d'air, n'a pas besoin d'être soutenupar des efforts continuels, comme l'oiseau dans l'air ; aussi les nageoires ne servent-elles que pour la pro- gression plutôt que pour la sustentation. Le déploiement des rayons des nageoires présente encore plusieurs analogies avec celui des pennes de l'aile des oiseaux , ou même de celle des chauve-souris. On nomme improprement ailes , des membranes que di- vers mollusques -ptéropodes , tels que les clios , déploient en avant de leur corps, pour se mouvoir dans les eaux. V. Clio. Les ailes des insectes sont décrites ci-après. Ce qu'on peut appeler ailes , avec les botanistes , dans les semences de l'érable, de l'orme, etc., est une expansion fo- liacée servant à soutenir ces graines dans l'air, pour favoriser leur dispersion par le vent. lia fleur des papilionacées porte , sous l'étendard ou grand pétale supérieur , deux pétales la téraux appelés aussi ailes, (virey.) AILE {Fauconnerie). Un oiseau monte sur l'aile , quand il s'incline sur une aile pour s'élever par le mouvement de l'autre. // donne du hec et des pennes , lorsqu'il accélère le vol par l'agitation redoublée de la tête et du bout des ai/es. (.s.) AILE D'ANGE , et AILE DE CHAUVE-SOURIS. Coquilles du genre Strombe. (b.) AILE MARINE. V. Pennatule. (b.) AILE DE PAPILLON. Nom marchand d'un Côtje. H y a aussi une Caivie et une Volute qui portent le même nom. (b.) AILE (JEiUomologiè). Organes du vol des insectes , im- plantés sur les côtés supérieurs de leur tronc , se mouvant par des muscles renfermés dans son intérieur , en forme de lames minces , élastiques , ordinairement Iriangrilaires ou demi-elliptiques , composées de deux membranes réunies , avec des nervures formant des conduits aériens. Le hanneton, la sauterelle, les punaises de nos jardins, la demoiselle , la guêpe ou le frelon , k papillon , la mouche de nos appartemens, etc. , ont des ailes , mais qui diffèrent par leur nombre ou parleur composition. Les deux supérieures, dans le hanneton, sont beaucoup plus épaisses que celles de dessous , solides , presque cornées et opaques; elles forment deux espèces d'écaillés allongées, parallèles et recouvrant les autres. On les désigne sous le nom d'é/ytres, qui, en ^rec , -signifie étui. Les deux inférieures "sont bien plus A T T. 2^9 larges , fort minces , membraneuses, divisées par des ner v-ures très-distinctes , et se plient en travers sous les pré- cédentes , lorsque l'animal n'en fait pas usage. On voit bien qu'à raison de leur étendue , de la manière dont il les porte en volant, et d'après les mouvemens qu'il leur imprime, que celles-ci méritent plutôt le nom d'ailes que les premières. Si nous considérons ces mêmes organes dans la sauterelle , nous y découvrirons sans peine quelques différences remar- quables. Les ailes supérieures sont plus minces et plus flexi- bles , plutôt coriaces que cornées, et plus ou moins chargées de nervures ; les inférieures sont plissées longiludinalementen forme de rayon , ou en éventail ; leurs nervures sont d'ail- leurs très-nombreuses , et , se croisant en divers sens , com- posent -une sorte de réseau. Prenons maintenant une punaise des jardins, celle, par exemple , qui est si abondante sur le chou et autres plantes crucifères. Nous retrouvons ici les étuis du hanne- ton , mais sous une modification particulière ; leur extré- mité postérieure est tout - à - fait membraneuse et sem- blable à une portion des ailes inférieures ; c'est un demi- éhd ou une liemélytre. Ces deux pièces se croisent par le même bout , ou ne sont point parallèles l'une à l'autre , comme dans le hanneton. Les ailes inférieures ont presque, dte part et d'aiitre , la même conformation ; elles ont seu- lement , dans la punaise, des plis longitudinaux. Les quatre ailes des libellules ou demoiselles sont égales , membraneuses, nues , transparentes, semblables à des lames de talc ou de mica, étprésentent un lacis considérable de petites nervures, formant un réseau très-fin ; leur influence ou leur action , dans Texer- ckedu vol , doit être la même. Celles de la guêpe, du frelon, n'en diffèrent point à l'égard de leur consistance ; mais ici les supérieures sont plus grandes ; leurs nervures , parti- cttKèrement celles des secondes ou inférieures , sont bien moins nombreuses. Les vides qu'elles laissent entre elles ou les mailles, et qu'on nomme , dans la langue de la science, aréoles, cellules , sont plus spacieux , et les ailes sont simplement vei- nées. Telles sont encore 'les deux ailes de notre mouche do- mestique. Frottons avec le doigt ou avec un pinceau mouillé celles du papillon ; une poussière écailleuse s'altache au corps qui agit sur elles : les couleurs qui les omoient ont dispai-u , et 4cs organes du mouvemcm ne nous présentent pins qu'une membrane transparente et veinée , analogue à cêWe tles ailes dont nous venons de parler. Les nen^ures v sont disposées en lignes ou en rayons longitudinaux , et par- tent «onvent d'im espace circulaire ou orvale , formant im centre comnmB. Ainsi , faisant abstraction des éh très et des aSo AIL demi-étuis , qui , d'ailleurs , ne jouent qu'un rôle secondaire dans l'action du vol , les ailes de ces divers insectes sont, à quelques changemens près dans leur grandeur , leur con- tour , leur situation respective , la manière dont elles sont pliées, la quantité et l'arrangement des nervures , parfaite- ment identiques. Leur composition nous paroît très-simple , puisque nous n'apercevons, au premier coup d'œil , qu'une seule mem- brane plus ou moins nerveuse. Mais l'est-elle réellement ? C'est ce que nous allons essayer de découvrir. Lorsqu'un insecte ailé vient de subir sa dernière mue , ou de sortir de l'état de r-mphe, ses ailes sont petites, très- molles , humides et chiffonnées. Elles éprouvent quelquefois iilors un accident qui nous dévoile leur structure. Quelques- uns de leurs vaisseaux se trouvant obstrués ou altérés , l'air ne peut plus s'y introduire , ou suivre sa route naturelle ; il s'épanche dans l'intérieur, et la portion de l'aile privée de la vie est plus épaisse ou tuméfiée , et laisse apercevoir les deux feuillets membraneux , l'un supérieur et l'autre infé- rieur, dont ces organes se composent. Les nervures cornées qui s'y ramifient et s'anastomosent en diverses directions , et qui les partagent en une quantité plus ou moins considé- rable de mailles ou de cellules , sont les canaux du fluide aérien. Si aucun obstacle n'arrête son cours , il dilate les vaisseaux , et les force à s'allonger ; les membranes se dé- veloppent ou acquièrent toute Tétendue en surface qu'elles doivent avoir, restent collées l'une contre l'autre , et se sèchent par l'action de l'air extérieur. Les muscles faisant mouvoir les ailes sont renfermés dans l'intérieur du tronc , et paroissent être de deux sortes, qui se distinguent par la différence de leur longueur. Les plus courts sont destinés à les étendre ou à les plier, et les plus longs à les élever ou les abaisser. Ces muscles se correspon- dent ou se bifurquent pour s'attacher de chaque côté aux ailes, puisque si l'on remue une d'elles lorsque l'insecte est mort, celle qui lui est opposée exécute les mêmes mouve- mcns. Nous regrettons , pour l'intérêt de la science, qu'un Mé- moire de M. Jurine , sur l'organisation des ailes et du cor- selet des insectes, et dont il a fait hommage à l'Académie royale des sciences , n'ait pas encore été publié. Il nous apprend, dans l'Introduction de son excellent ouvrage sur les hyménoptères, que les ailes s'articulent avec des osselets dans la cavité thorachique , et que leur composition a des rapports avec celles des oiseaux. Quand je considère néanmoins l'éten* AIL aSi clue de l'intervalle qui sépare ces animaux, la diffe'rence si frap- f>ante de leurs types de formation, colle particulièrement de eurs organes du mouvement, je suis porté à croire que ces rapprochemens, ainsi que bien d'autres qu'on a faits à cet égard, sont plus ingénieux que naturels. Quoiqu'il en soit, nous puiserons dans ce même ouvrage plusieurs observations curieuses, relatives à noire sujet. Les nervures des ailes sortent immédiatement du corselet, et chacune d'elles est un tube solide et élastique, recevant , dès sa naissance, un vaisseau arrivant de l'intérieur, et qui est une véritable trachée , roulée en spirale , susceptible de s'étendre ou de se contracter. Après avoir parcouru, en ser- pentant, l'étendue de ces tubes, sans en remplir, à beau- coup près , la capacité , ces vaisseaux se divisent pour suivre Jes ramifications cellulaires , et communiquent entre eux par des espèces d'anastomoses. Les nervures ont deux faces : l'une supérieure , d'une substance cornée , dure , élastique , lisse en dessus, en saillie ou en relief; et l'autre inférieure, plate, presque membraneuse, et souvent un peu striée trans- versalement. On peut, avec un peu de patience et d'adresse, séparer les deux feuillets dont le corps de l'aile se compose. L'inférieur recouvre toutes les nervures , mais sans y trop adhérer ; tandis que le supérieur est fortement uni avec leurs deux bords: et de là il en résulte la formation d'un fdet co- loré qui accompagne tous les tubes , et paroît en fixer le diamètre. Dans quelques hyménoptères , mais qui appartien-^ nent exclusivement à ceux dont l'abdomen est pétiole et im- planté derrière le corselet, la continuité des tubes est inter- rompue par de petits points ronds , transparens et sembla- bles à de petites bulles d'air. Lorsque le tube arrive à l'en- droit où se fait une de ces bulles , la matière cornée dont il est en partie formé s'étend de chaque côté en petits fdets dans la duplicature de l'aile, et, en s'éparpillant ainsi, perd sa couleur et sa forme tubulaire , pour la reprendre ensuite -, mais il n'y a aucune interruption dans les trachées. Les poils longs , durs et roides dont la surface des ailes est hérissée , mettent, suivant M. Jurine , ces organes à l'abri des injures extérieures ; mais je soupçonne qu'ils ont d'autres fonctions. Devant faire usage de sa méthode (i) , mais d'une manière plus subordonnée , et réduite à sa juste valeur , j'exposerai (i) Frisch et Harris , surtout celui-ci , avoien-t déjà donné une altt^ntion particulière à la disposition de.s n-ervuius des ailes et dt L réticulation qu'elles forment, aSa AIL les principes sur lesquels elle est établie , et la nomenclaluré qu'il a été obligé d'introduire à cet égard. Je renoncerai même à celle que j'avois proposée : la justice et l'utilité de la science commandent ce sacrifice de l'amour- propre. Afin de rendre l'intelligence de cette méthode plus facile , choisissons un insecte très-commun et bien connu , la guôpe frelon , par exemple. Ses ailes supérieures ayant le tissu cellu- laire assez composé , peuvent suffire à une démonstration générale. Comme elles sont doublées dans leur longueur , caractère propre à ce genre, nous aurons l'attention de les étendre. Chacune de ces ailes a la figure d'un triangle allongé, en partie curviligne , dont le côté le plus long , ce qu'on appelle i.ôte , bord externe, bord antérieur, bord épais , forme la base. L'angle qui lui est opposé , ou celui du sommet du triangle , est ce qu'on nomme V angle postérieur ou interne : le même , aux ailes inférieures , est V angle de l'anus ; les deux autres sont adjacens au bord externe : l'un forme le bout de l'aile , et l'autre répond à sa base ^ ou à sa naissance. On appelle boi-d interne ^le côté intercepté entre cette base et l'angle interne; et bord postérieur^ celui qui va de cet angle à celui du sommet, ou le bout. Le disque^ d'après la définition de M. Jurine , est toute la partie de l'aile renfermée entre ses bords ; mais il devient alors synonyme de sa surface , et je crois qu'il est préférable de la restreindre au milieu de l'aile. La première nervure (i) du bord externe , qui , partant de la base, se dirige presque en ligne droite dans le sens de la longueur , et se réunit près du milieu du bord , soit ostérieure du bord externe , auquel elle se réunit , une cel- ule qu'on nommera radiale. Elle est quelquefois partagée en deux par le moyen d'une très -petite nervure. Si elle descend du point, elle forme deux cellules radiales; mais si elle prend naissance du bord externe au-delà du point , la petite cellule terminale n'est plus que rudimentaire , et prend le nom à'appendicée. De l'extrémité de sa nervure cu- bitale, et près du point , descend une seconde nervure secon- daire , allant aussi vers le bout de l'aile. L'intervalle com- pris entre elle et celle qui a aidé à former la cellule radiale , est divisé, par deux petites nervures transverses, en trois autres cellules, désignées sous le nom de cubitales. Leur nombre varie celle des tenthrédincs, elle naît de son extre'mite' antérieure, ou même entre lui et le point où la nervure cubitale se réunit au rayon par le moyen d'un rameau latéral. Aussi , ce sont les seuls hyménoptères où l'on observe plus d'une cellule radiale proprement dite. L'on doit remarquer avec le même soin le point de départ de la nervure , qui sert à former les cellules cubitales. Car , dans les familles que je viens de mentionner , c'est encore près du bord externe , et toujours sur la partie du rayon confondue avec la branche du cubitus, en avant de l'origine de la nervure précédente . que celle-ci commence. Dans les autres hyménoptères, ou du moins dans la plupart d'entre eux, cette seconde nervure s'échappe du cubitus avant que celui-ci se joigne au rayon , ou part de l'extrémité postérieure de la grande cel- lule , formée à la base de l'aile par ces deux nervures prbnitives , et qui est du nombre des cellules que j'appelle radiales. Dans un grand nombre d'ichneumons , la première cellule cubitale est fort grande , parce que le commencement de la nervure qui cir- conscrit les cellules de cette espèce est avorté ; dans d'autres espèces de cette famille , cette grande cellule cubitale est partagée en deux par cette nervure , et sa portion inférieure devient une cellule dis- coïdale. On voit , dans plusieurs autres hyménoptères à tarière , le nom- bre de ces dernières cellules diminuer peu à peu , se réduire ensuite à une , puis s'ouvrir et ne plus offrir à l'extrémité de l'aile que des nervures perdues ou isolées. Enfin les cellules de la base , les ner- vures disparoissent tout-à-fait , et l'aile ne conserve plus que le point marginal. Dans les mêmes familles d'insectes, les ailes inférieures sont entièrement ou presque entièrement dépourvues de nervures. Nous observerons encore que 1« rayon s'éloigne quelquefois asseï du bord externe , comme dans les fourmis , pour composer avec lui une cellule étroite et allongée. La méthode de M. Jurine est suscep- tible d'une application plus détaillée , et qui offrira dans ses résultats de nouveaux caractères, propres à fortifier ceux de quelques genres qu'il n'a pas adoptés , pour avoir trop restreint l'emploi de ses prin- cipes , n'embrassant que les cellules avoisinant le bord extérieur des ailes supérieures. a54 AIL d'un .à quatre ; et dans le cas même oii U y en a plus d'une, on peut considérer l'espace qui les comprend comme for- mant une grande cellule cubitale , mais partagée en deux , trois ou quatre parties. Quelquefois une de ces cellules cubitales ne s' étend pas dans toute la largeur de l'espace qui les limite ; elle n'est produite que parla bifurcation inférieure d'une nervure trans- verse qui ressemble à un Y majuscule renversé. La cellule paroît alors surmontée d'une tige ou d'un pétiole , et c'est pour cela qu'on l'appelle pétiolée ; dans d'autres , la cellule cubitale n'est pas terminée, ou n'atteint pas le bout de l'aile : on dit qu'elle est incomplète. Nous avons vu que les cellules» dans la guêp e-/re/o/i , étoient au nombre de trois ; la seconde est réunie en-dessous avec les cellules discoïdales , par deux nervures qu'on nomme récurrentes , et dérivant de celles qui sont inférieures au rayon et au cubitus , ou les nervures bra- chiales de M. Jurine. Leur mode d'insertion varie , et fournit ainsi de bons caractères. Les ailes de plusieurs hyménoptères sont beaucoup plus simples. Elles n'offrent quelquefois que la cellule radiale ; d'autres n'ont que des nervures longitudinales : il y en a même où elles manquent absolument. Lorsque des coupes zoologiques sont bien naturelles, elles offrent , en général , une harmonie constante dans la com- position essentielle de leurs parties. Cette loi s'applique aux ailes des insectes ; et comme il est facile d'en étudier l'orga- nisation , les caractères qu'elle fournit suppléent très-souvent aux difficultés qu'entraîne l'examen des parties de la bou- che (i) ; mais il est aisé de sentir que , dans l'ordre des rap- ports , celles-ci l'emportent sur les précédentes , et que Icuj- élude est d'un tout autre intérêt. tJne nervure ou une cel- lule de plus ou de moins aux ailes , ne peut influer essen- tiellement sur l'économie animale ; aussi , dans des genres naturels, quelquefois dans le même individu, ces ailes offrenl- elles des anomalies ou des avortemens partiels ; quelquefois même la : nature supprime-t-elle ces organes : mais il n'en est pas ainsi de ceux de la manducation ; ils sont constans et invariables dans les groupes parfaitement naturels; les modi- (i) La méthode de M. Jurine peut s'e'tendre à tous les insectes ailés , mais pas avec la même facilité pour tous les ordres. Dans ceux des orthoptères et des névroptères , les ailes sont très-réti- culées ; il faut enlever les écailles s'il s'agit d'un lépidoptère. On vient d'appliquer ces principes aux ailes des diptères, dans un mé- moire qui fait partie des Actes des Curieux de la nature de Berlin. AIL a55 fScatlons qu'ils éprouvent tiennent nécessairement k un chan- gement d'habitudes. S'il existe quelque discordance dans l'exposition des faits qu'on a recueillis sur ces parties , l'on en conclura seulement qu'il y a des observateurs superficiels ou inexacts y et dont on ne doit point Invoquer le témoi- gnage. Les élytres des coléoptères , ou insectes à étuis , celles des orthoptères , les demi-étuis des hémiptères , hormis l'appen- dice membraneux qui les termine , m'ont paru formées , de m^ême que les ailes , de deux feuillets très-minces ou de deux épidermes, mais entre lesquels est interposée une matière muqueuse qui leur sert de moule intérieur. Son épaisseur, sa consistance , sa disposition et ses couleurs, produisent ainsi toutes les modifications que l'élytre présente sous ces rapports, et particulièrement dans les coléoptères. Elle est moins abon- dante dans les sauterelles , les criquets et autres insectes de l'ordre des orthoptères ; et c'est pour cela que leurs élytres ont plus d'analogie avec les ailes , qu'elles sont plus flexibles et plus chargées de nervures ; quelquefois même , comme dans quelques mantes , elles n'en diffèrent presque pas. Leur extrémité postérieure est souvent plus mince , moins opaque , et représente , en quelque sorte , la partie membraneuse qu« l'on voit au bout des demi-élytres des hémiptères. Les élytres sont donc des espèces d'ailes , mais vaginales ou servant dégaine. De là, la division ancienne d'insectes i>u- gimpennes , ou , en grec , de coléoptères , et par opposition , celle d'insectes anélylres^ sans étuis. Ceux qui ont des ailes membraneuses , nues , ou plus ou moins pellucides , forment , dans la méthode de Linnœus , une section ( les gymnoptères ) , qui renferme trois ordres : les nés^ropières , les hyménoptères et les diptères ; mais , sans avoir égard à la disposition de la surface de ces organes, qui peut, varier dans le même ordre , comme nous le voyons (Frigane) dans celui des névroptères , il est plus naturel de partager les insectes ailés en ceux dont les ailes supérieures sont plus ou moins crustacées ou coriaces , en forme d'étui , et en ceux dont toutes les ailes , n'importe leur nombre , sont entière- ment membraneuses. Mes divisions à' élytroptères et de gymnop- tères sont établies sur ce principe , et par cela même les lépidoptères entrent dans la seconde. Les élytroptères , et spécialement ceux du premier ordre , ou les coléoptères , sont , de tous les insectes , les mieux partagés quant à la soli- dité des tégumens , la force musculaire , celle des organes de la manducation, et la durée de la vie. Les crustacés décapodes , les aranéides se trouvent, par les mêmes considérations , à la tête de leurs classes rcs- 256 A 1 h pectives. Plusieurs espèces , ou du moins les individus femelles de la section des gymnoptères, sont tout-à-fait privées d'ailes. Elles manquent aussi dans plusieurs coléoptères (i); mais lesélytresy sont toujours persistantes; et si elles sontbeaucoup pluscourtes que l'abdomen, comme dans les méloës, les demi- anneaux supérieurs de cette partie du corps sont alors d'une consistance plus ferme, ou de la même nature que les infé- rieurs (2). Les mâles d'une espèce de phalène ( P. à six ailes de D-eg.) ont, vers le bord intérieur et proche l'origine de chaque aile inférieure, un appendice couché sur sa face supérieure t plat , ovale et plié en double. Cet Insecte paroît ainsi avoir six ailes ; mais ces ailes surnuméraires ne sont qu'un repli du bord interne des inférieures , conformé de cette manière ; car le nombre de ces organes du mouvement n'est jamais que de quatre ou de deux, et ils sont toujours insérés sur l'arrière- tronc, ou sur la partie qui porte les quatre pieds postérieurs- Les élytres étant aussi solides et aussi épaisses que les tégumens du corps proprement dit, sont susceptibles des mêmes modifications : ainsi leur surface présente souvent des dessins en relief très-variés , diverses sortes de ciselures et des éminences singulières, sous la forme de tubercules, d'aiguillons, de piquans, etc. ; quelquefois, comme dan» quelques dytiques , les élytres du mâle sont unies, et celles de la femelle sillonnées; ce qui facilite l'accouplement. Celles des malachies mâles ont souvent aussi une pointe ou un ap- pendice à leur extrémité; mais les élévations les plus grandes, comme celles qui représentent des espèces de cornes, sont situéessurle corselet, surla tête, parce que cespartiesétantplus massives, peuvent acquérir un développement extérieur plus considérable. Les dispositions de la surface des élytres ; leur consistance, tantôt presque cornée , ferme et roide, tantôt coriace, molle et flexible ; la figure que dessine leur contour; leurs proportions comparées avec celles de l'abdomen; la manière dont elles se recouvrent, dont elles se terminent, soit sur les bords, soit à leur extrémité, servent à signaler les espèces, ou font partie de leur description. Les élytres des coléoptères sont horizontales et rapprochées , ou conti- guës l'une à l'autre, et dans une ligne droite, à leur bord interne ou à la surface. Mais dans les autres ordres, ces parties, (i) Les élytres sont souvent, dans ce cas, réunies ou soudées. (2) En général , la consistance «les dlytres est en rapport avec celle du corps ; elles sont , ainsi que lui , molles et flexible* dans plusieurs. AIL sSj bu les ailes, dans les gymnoptères, sont souvent inclinées en forme de toit, étendues ou écartées, quelquefois perpendi- culaires , et se croisent ou se recouvrent dans le repos ; quelquefois même dépassent de beaucoup l'extrémité posté- rieure du corps; ce que les coléoptères ne nous offrent ^as. Si on examine au microscope la poussière farineuse des ailes des lépidoptères , l'on découvre que ce sont de petites écailles plates de figures différentes, mais le plus souvent trian- gulaires , dont le sommet est ordinairement denté , et dont la base ou la portion par laquelle elles sont implantées sur l'aile, forme un petit pédicule. La partie nue de l'aile , ou celle dont on a enlevé la poussière farineuse , offre de petits points enfoncés, disposés en lignes régulières et plus ow moins nombreux : de façon que les écailles y sont placées et imbriquées les unes sur les autres, à la manière des tuiles d'un toit, et que, par leur arrangement et la variété de leur coloris, elles forment ces beaux et brillans dessins qui font l'ornement de ces insectes. La nature même nous épargne cet examen, et nous apprend son secret en laissant à décou- vert une grande étendue de la surface des ailes , comme dans plusieurs zygènesde Fabricius, ou en n'en mettant à nuque de très-petites portions et qui y représentent des espaces à jour, en forme de fenêtres, de taches vitrées. Plusieurs bom- byces, et particulièrement l'otfûs , en sont un exemple. La nature se plaît encore à tromper nos regards, en donnant aux ailes , et même au corps , les teintes dominantes des objets sur lesquels ces insectes vivent habituellement. Elle se joue dans la variété des dessins , et les ailes ont parfois des taches arrondies, divisées en cercles concentriques, avec un point central, ou en forme d'yeux. La richesse et l'étendue de ces couleurs sont presque tou- jours en harmonie avec les habitudes et le port des ailes, ou la manière dont elles sont placées dans le repos. Ainsi la surface inférieure de celles des papillons, et qu'ils élèvent pei'pendiculairement, ne le cède pas en beauté à celle du dessus; mais, dans les lépidoptères nocturnes, les ailes ont le plus souvent moins d'éclat, ou sont même obscures, sur- tout en dessous ; si l'insecte les étend , ou les écarte du corps lorsqu'il est tranquille, de manière qu'une partie des infé- rieures soit découverte , celles-ci ont part aux ornemens qui distinguent les premières. Ici la coupe de ces organes et leur disposition respective sont beaucoup plus variées que dans les autres ordres. Leur bord postérieur est anguleux, cré- nelé ou denté , et a même , dans plusieurs, des prolongemens en forme de quçue ; quelquefois l'aile est divisée jusqu'à sa I. 17 ?58 A I L base, en manière de digUallon ou d'éveniall , et ses la- nières imitent des plumes d'oiseau. Les ailes inférieures ou postérieures, et que , dans les papillons du jour, Linnseus nomme les secondes, par oppo- sition aux deux autres ou aux premières, sont très-souvent plus larges que celles-ci , et alors pliécs transversalement dans les uns, doublées ou plissées en rayons longitudinaux dans les autres. Celles des forficules présentent cette double disposition, étant à la fois plissées en éventail et pliées en travers. Dans les liyménoptères, elles sont constamment plus petites que les supérieures, et c'est un des caractères dis- tinctifs de l'ordre. Celles des névroptères et des lépidoptères varient sous tous ces rapports; ici, comme dans quelques papillons, elles s'avancent et se rapprochent sous l'abdomen , pour lui for- mer une sorte de canal où il se loge. Dans quelques genres d'hyménoptères , les supérieures sont doublées longitudi- nalement, et c'est un caractère qui leur est particulier. La manière dont l'insecte porte ses ailes dans le repos; la nature de son vol rapide, lent, droit , en zigzag, bas, élevé, etc., méritent encore d'être observées. Les inférieures, dans un grand nombre d'insectes du même ordre, ont à leur bord extérieur une série plus ou moins nombreuse de petits crochets (Jiamuli) ou d'hameçons, au moyen desquels elles sont fixées aux supérieures, dans le repos. M. Palisot de Beauvois, dans son bel ouvrage sur les insecles qu'il avoit recueillis en Afrique et en vVmérique, a éveillé à cet égard rallcntion des naturalistes. Les ailes inférieures de beaucoup de diptères ont aussi, au méu»e bord, des parties analogues, soit en forme de petites dénis, de petites épines, soit semblables à des cils; on dit alors que les ailes sont onguiculées. Dans les lépidoptères crépusculaires et nocturnes, une sorte de crochet ou d'épine, corné, grôle, roide, un peu arqué et terminé insensiblement en pointe aigiie, part de la base inférieure de chacune de leurs secondes ailes , et se glisse sous une petite saillie, en forme de boucle ou de demi-an- neau, situé dans une partie correspondante du dessous des premières. C'est ainsi que les ailes de ces insectes sont maintenues dans le repos. J'avois nommé celte pièce le crochet alaire. C'est une sorte de bride ou de frein , Jrcnuin. On remarque à l'origine des ailes supérieures des hymé- noptères une espèce de callosité ou de tubercule semblable à une petite valve de coquille , et dont la convexité est en des^ sus. On l'a désignée en latin sous divers noms {^punctnh'- A ( L .r,3 vAillosiim , squamula , tegula ) (i). Elle est grande dans quel- ques genres , tels que ceux de pamopcs , de musarc , de iiu- mie, etc. Elle existe probablement dans les autres insectes ailés , mais sous une forme différente et moins distincte. Les insectes de Tordre des strésiptères, de M. Kirby, ont, à chaque côté antérieur du tronc, près du cou, deux petits corps mobiles, que ce naturaliste prend pour des élytres;.- mais son sentiment ne nous paroît pas fondé, par les motifs que nous présenterons en traitant de ces singuliers animaux. Beaucoup de coléoptères, d'hémiptères, et plusieurs in- sectes à ailes nues , font entendre, en volant , un bruit que l'on nomme bourdonnement. Deget^r^ d'après quelques expérien- ces relatives aux mouches, l'attribue au frottement réitéré de la racine de ces organes contre les parois de la cavité du cor- selet. Suivant Olivier , qui dit s'appuyer de faits positifs, l^ vive agitation des ailes, leurs vibrations assez fories et ass^ rapides, sont la seule cause du son qui frappe nos oreilles; et cette opinion nous semble plus probable. Le son bruyant que produisent les mâles de plusieurs sau- terelles , les grillons , les criquets , a un principe mieux connu. Il est produit dans les sauterelles, les grillons, parle choc réciproque et réitéré d'une portion interne et avoisi- nant Técusson de chacune de leurs élytres. C'est une sorte de tambour, formé d'une membrane sèche , roide , demi-trans- parente , de la nature du parchennn, et dont la surfiice, dans les mâles, est divisée par plusieurs grosses nervures irrégulières. Les criquets passent rapidement et alterna- tivement leurs cuisses , dont la surface est garnie d'arêtes ou d'inégalités , sous leurs élytres ou sous leurs ailes : elles font l'office d'un archet de violon. Telle est l'origine de ce frémissement ou de ce cri-cri , plus ou moins varié et plus ou moins redoublé , selon les espèces et la manière dont il est occasioné, auquel le vulgaire donne le nom de cliani. Celui du taupe - grillon , que l'on entend , aux premières heures de la nuit, dans les beaux jours de l'été, est assez agréable. Une espèce de grillon particulière à l'Espagne, et qui a été observée par'mon ami , M. Léon Dufour , rend un son tellement semblable à celui d'une flûte ou de quelque autre instrument à vent , que ce naturaliste s'y méprit long-temps , et qu'il ne put revenir de son erreur qu'en prenant l'animal sur le fait. Aristote et les premiers zoologistes modernes avoient déjà partagé les insectes en plusieurs coupes principales, d'après les ailes. A'S illugby , éclairé par les observations curieuses et importantes de Swammerdam sur les métamorphoses de ces animaux, et Rai , perfectionnèrent l'ancienne méthode et 26o AIL donnèrent même à cette branche de la science , une nouvelle direction. Linnseus a profité habilement de ces travaux. Les annelides , les vers intestinaux ne sont plus confon- dus , comme dans les distributions antérieures , avec les in- sectes. 11 rejette ces caractères , fondés sur la différence du milieu qu'Us habitent, si long-temps en usage, et ne signale ses coupes que d'après les parties extérieures de ces animaux considérés dans leur état parfait. A l'exception de Fabricius et de quelques naturalistes qui ont adopté son système , tous les autres se sont plus ou moins rapprochés de la méthode de Linnseus , qui parut dans la première édition de son Sys- iema Naturcc, imprimé à Leyde , en lySS. Une observa- tion qui ne me paroît pas avoir été faite , c'est que les divi- sions primaires de son ancienne méthode sont plus naturelles, quant aux genres dont elles se composent, plus simples , mieux caractérisées en quelques points , que celles qu'il a présentées, pour la même classe d'animaux , dans les der- nières éditions du même ouvrage. Prenons pour exemple la quatrième , publiée neuf ans après la première. Il y divise les insectes en sept ordres. I. Coléoptères. Des élytres couvrant les ailes, louche munie de mâchoires. — Il se termine par \ts foificules, les blaites elles grylhis. Cette série de genres , et la manière dont il caracté- rise les deux derniers, élytres membraneuses^ nous indiquent Ïu'il avoit entrevu la distinction de l'ordre des oiihoptères. 1. Hémiptères. Bouche {^enïorme de bec) courbée sur lapoi- trine. — Cet ordre ne comprend absolument que les insectes auxquels nous avons conservé la même dénomination géné- rale. Les ailes ne font point partie du signalement , parce que plusieurs , comme les pucerons , sont aptères; ou que d'autres, tels que les cochenilles , n'ont que deux ailes. III. LÉPIDOPTÈ- RES. Quatre ailes cou\>ertes d écailles, imbriquées , bouche en spirale. W . TSÉVROPTÈRES. Quatre ailes à nervures formant un réseau. V. Hyménoptères. Ailes membraneuses. YI. Diptères. Une lige tenninée par une tête (balancier) sous les deux ailes. VII. Aptères. Point d'ailes. Dans les dernières éditions de son Systema Naturœ, Lin- nseus n'a caractérisé l'ordre des coléoptères et celui des hé- miptères que d'après les ailes. Le premier a les ailes supé- rieures crustacées et à suture droite : elles sont à moitié crustacées et placées l'une sur l'autre dans le second ; de sorte que les forficules ou perce-oreilles , sont rangés avec les insectes à étuis , et que les autres genres d'orthoptères sont transportés dans le second ordre : celui des hémip- tères , association vicieuse. Il ne distingue plus Tordre des hyménoptères de celui des névroptères que par l'anus armé AIL 261 d'un aiguillon dans ceux-là , et privé de cette défense dans ceux-ci. Geoffroy , dans son Histoire dos Insectes des environs de Paris , publiée en 1764, a suivi l'ancienne méthode de Lln- nœus, avec celte seule différence qu'il n'a fait qu'un ordre des deux que je viens de citer. La méthode de Schaeffer ( Elem. Entom. 1766 ) est une ré- pélliion de celle de Geoffroy avec quelques noms particu- liers. Degeer , ( mém. pour serv. à Vhist. desinsect^ '^11'^ — ^11^' ) divise les insectes ailés en trois sections qu'il nomme ordres : i.° quatre ailes découvertes ; 2.° deux ailes couvertes par des étuis coriaces ou écailleux ; 3.° deux ailes découvertes. La première section se compose de cinq classes particulières ou sous-ordres : les lépidoptères , les névroptères sans man- dibules ou les agnathes de M. Cuvier , les névroptères den- tés , les hyménoptères et les hémiptères à ailes membra- neuses , ou notre seconde division du même ordre , à l'ex- ception des gallinsectes. La seconde section comprend trois classes : les hémiptères à étuis moitié coriaces et moitié membraneux, ou notre première division du même ordre, les orthoptères et les coléoptères. La troisième section est partagée en deux classes : les diptères et les gallinsectes ; ceux-ci n'ont point de balanciers sous les ailes. J'exposerai a. l'article yîpières ses autres divisions. Là3i méthode d'Olivier ( Encyci. métli. , 1789 ) , est celle de Linnseus , augmentée de l'ordre des orthoptères , et pré- sentée dans une série conforme à celle de Degeer. Celle que j'ai donnée (^Préc. des carnet, génér. desînseci. ) en 1795 , est celle d'Olivier , quant aux insectes ailés, mais disposée suivant l'ordre de Linnseus , avec quelques coupure^^ nou- velles dans les aptères. Les caractères tirés de la nature; des ailes et de leur nombre, sont, dans les méthodes postérieures, celles de MM. Cuvier, de Lamarck , ClairvIUe , Duméril, subor- donnés à ceux que fournissent les organes de la manduca- tion. Les insectes broyeurs et les insectes suceurs y forment d'abord deux grandes coupes , qui se subdivisent ensuite d'après les élylres et les ailes. (^. pour le complément de ce.s méthodes , les articles aptères , arachnides , bouche des in- sectes, cntsfacés , insectes, métamorphoses, (l.) AILES {Botnni(jue') , Alœ. Ce sont les deux pétales laté- raux de toute corolle papillonacée. ( V. Corolle. ) Ces pé- tales ressemblent aux ailes d'un papillon. On donne aussi le nom d'ailes aux membranes saillantes qui bordent la lige , h:i rameaux ouïes semences de quelques plantes, C'c«t dans .6a A I M te sens qu'on il It tige ailée, semences ai/ées. On appelle feuiU les ai/ées celles qui sont composées de deux ou de plusieurs folioles, communément opposées sur le même pétiole, (d.) AILERON ou CUILLERON. Membrane très -mince et transparente , qui se trouve de chaque côté du corselet , et à la base des ailes des insectes de l'ordre des Diptères. L'aileron des mouches , des syrphes , etc., est composé de deux pièces convexes d'un côté , concaves de l'autre , atta- chées ensemble par l'un de leurs bords, comme le sont les deux battans d'une coquille bivalve. L'une de ces deux pièces est unie , par l'autre bord, à la base interne de l'aile; de sorte que quand la mouche étend ses ailes , l'aileron s'étend aussi , les deux valves s'ouvrent et se trouvent alors sur un même plan : quand l aile repose , et qu'elle est appliquée sur le corps de l'insecte , les deux pièces. se ferment et se trou- vent placées l'une sur l'autre. Il est quelquefois simple, comme. on peut le voir dans les taons, c'est-à-dire, composé d'une seule membrane Irès-mince , arrondie , transparente , terminée par un bord un peu plus épais. Les ailerons parolssent faciliter le vol des insectes, et con- tribuer à leur faire exécuter divers mouvemens avec plus de facilité. Il ne faut pas les confondre avec les balanciers , qui se trouvent toujours au-dessous. Il n'y a que les insectes à deux ailes nues qui aient des ailerons. Tous cependant n'en- sont pas pourvus , du moins sensiblement. Les asiles , Icsbombilles , les tipules , les cou- sins et plusieurs autres n'en ont point ; mais ces insectes ont leurs balanciers plus grands et plus allongés , comme s'ile dévoient suppléer aux ailerons qui manquent, (o.) AILL/VME. C'est le nom du Sorbier des oiseaux , aux environs de Boulogne, (b.) AILLE-FER. C'est VyiUium spœrorephalum , Lin. (b.) AIMANT ou PIERRE D'AIMANT. (Feroxydulé, Amorphe, HalLy. ) Substance ferrugineuse , connue par la propriété qu'elle a d'attirer le fer , et davoir des pôles qui se dirigent vers les pôles de la terre. La pierre d'airnant est compacte , très-dure , fort pesante » d'une couleur grise tirant sur le noir, à peu près comme celle du fer forgé. Li'aimajit se trouve dans les mines de fer noir en roche , qui sont dans des montagnes primitives. Il est lui-même une mine de fer, et ne diffère pas sensiblement des aulrqs mi- nerais qui ne sont pas magnétiques. Sa pesanteur spécifique , suivant Brisson , n'est pas la même dans tous les échantillous : celui qu'il a pesé hydros- tatiqacmeut veaoit des Indes; sa pesanteur était de 42,437 ? A I M à63 Teau étant supposée 10,000 : c'est le double de ce que pè- sent la plupart des pierres ordinaires. Les mines d'aimant les plus connues sont en Sibérie , en Suède , et dans l'île d'Elbe. Il y a dans le Devonshire une mine d'aimant dont le filon est dirigé de l'est à l'ouest ; et Ton prétend que les pôles de cet aimant sont dans la mêrtie direction ; sa couleur est brune-rougeàtre. 11 en vient auSsi des Indes et de plusieurs autres contrées ; mais on n'a pas de renseignemens bien précis sur le lieu de leur origine. J'ai vu, dans les monts Oural en Sibérie, deux montagnes auxquelles on donne le nom de montaf;ncs d'aimant , parce qu'elles en ont en effet des niasses considérables à leur som- met, qui est en partie composé de ricbes filons de mine de* fer noire et compacte qui rend soixante pour cent à la fonte ; les masses d'aimant font partie de ce minerai, I/une de ces montagnes, nommée B/agodat , est à trente lieues au nord d'Ekaterinbourg : l'un de ses sommets est en- tièrement composé d'aimant ; mais il n'est d'aucun usage , attendu que ses plus petites parties ont des pôles différens qui enipêcbent l'effet général. L'autre montagne , nommée Keskanar^ est à vingt lieues plus au nord : elle fournit d'excellens aimans; on en a trouvé qui portoient vingt -cinq fois leur poids, et l'on a remarqué que les petits sont , à proportion , beaucoup plus forts que les grands. L'aimant de cette montagne est abondamment mêlé d'une matière verdàtrc , lamelleuse, chatoyante, qui paroît être de la horn-blende , ou de la serpentine feuilletée. M. Humboldt a observé en 1793, dans le margraviat de Bareilli, une colline dont le sommet, totalement composé de serpentine , sans mélange d'aucune autre substance , étoit une masse d'aimant dont les plus petits fragmens avoient des pôles très -marqués , quoique tout le fer qui faisoit , comme à l'ordinaire , partie intégrante de cette serpentine , fût à l'état d'oxyde , ainsi que M. Humboldt s'en est assuré. J'ai découvert dans les montagnes qui bordent le haut Ir- tisch , au- delà des frontières russes, de grands filons d'ai- mant dont la situation est verticale , et qui sont encaissés dans des schistes ferrugineux. J'en ai rapporté des échantillons : leur cassure ressemble à celle de l'acier à gros grains. J'ai trouvé aussi de l'aiinant dans les déserts de la Daou- ric , près de la rivière Courba; mais il étoit en fragmens dé- tachés sur le sol , où ils avoient été amenés des montagnes voisines : ils étoieiUen partie couvertsd'un dépôt terreux blan- châtre , qui est encore adhérent aux morceaux que j'ai rap- portés. 364 A I M La mine d'aimant de Tîle d'Elbe n'est pas , comme on pourroit le croire , dans les montagnes Del Rio , où l'on ex^ ploite la mine de fer ; elle est loin de là , à Textrémité sud- est de l'île , au sommet d'une montagne très - élevée qui forme le rivage escarpé de la mer , à une lieue et demie au sud de Capulivri. Tout le sommet de celte montagne est une mine de fer en roche; et l'on trouve, parmi les débris, des morceaux d'aimant plus ou moins forts, (pat.) AIMANT (Partie physique.^ Presque tous les morceaux de mine de fer dans lesquels ce métal est peu oxydé , possèdent, lorsqu'on les retire de la terre , la singulière propriété d'at- tirer le fer par une force invisible. Souvent cette attraction est si foible , qu'il faut employer des procédés très-délicats pour la découvrir ; mais quelquefois elle est tellement éner- gique , qu'elle soulève des poids considérables. Alors le mi- néral prend le nom d'aimant, en grec i^ttym ; d'où est venu le mot de magnétisme^ pour désigner les phénomènes d'at- traction que l'aimant produit. Si l'on roule un morceau d'aimant dans de la limaille de fer, et qu'ensuite on l'en retire, on remarque qu'elle ne s'attache pas également à tous les points de sa surface : elle s'accumule principalement aux deux parties opposées N S , fîg. I , où elle se tient hérissée ; ces parties se nomment les pôles de Tai niant. Pour en observer plus aisément les proprié- tés , je supposerai que l'on y taille deux faces planes et paral- lèles , A B , fig. 2 , dans un sens à peu près perpendiculaire à celui de la plus grande attraction : alors on observe les phé- nomènes suivans. Chaque pôle présenté de loin à la limaille de fer , l'attire à distance^ comme feroit un bâton de cire d'Espagne frotté que l'on présenteroit à des corps légers. Si l'on suspend horizon- talement une petite aiguille de fer ou d'acier à un fd de lin, de soie ou de toute autre matière flexible quelconque , de manière qu'elle ail une pleine liberté dans ses mouvemens , chaque pôle de l'aimant l'attirera de même, et pourra la faire pirouetter autour de son centre. Cette faculté s'exerce in- différemment à travers les substances qui conduisent ou ne conduisent pas l'électricité. L'eau , le verre , le papier , la flamme, n'interceptent pas son action ; l'isolement ne lui est pas non plus nécessaire , et l'aimanl ne perd rien pour être touché. Si l'on met la face polaire A d'un aimant successivement en contact avec les surfaces A' et B ' d'un autre aimant, on trouve qu'elle attire l'une d'elles ; B ' , par exemple , re- pousse A'. Réciproquement, la surface polaire Bdupremier aimant attire A ' et repousse B ' . La tendance mutuelle des A I M a65 faces qui s'attirent, se manifeste, non-seulement par l'adhé- rence qu'elles contractent quand elles se touchent, mais en- core par l'effort qu'elles font sentir lorsqu'elles sont prêtes à se toucher. La répulsion serolt moins aisée à reconnoître de cette manière ; mais on la rend sensihle en posant l'un des deux aimans sur une petite planche que l'on fait flotter sur l'eau; car alors étant llhre de se mouvoir, si on lui présente l'autre aimant , 11 s'approche ou s'éloigne , selon qu'il est attiré ou repoussé. Ces phénomènes nous apprennent qu'il y a deux sortes de magnétisme , comme deux sortes d'électri- cité ; et chacun d'eux domine dans un des pôles de l'aimant , de même que les deux espèces d'électricité dans chacun des pôles d'une pile électrique ou d'une tourmaline. En examinant les aigrettes de limaille qui s'attachent aux pôles des aimans , on remarque que leurs rayons sont com- posés de plusieurs parcelles de limaille adhérentes bout à bout les unes aux autres. Ce phénomène esttrès-digne d'attention; car 11 nous apprend que le fer mis en contact avec l'aimant de- vient lui-même magnétique , comme un corps Isolé devient électrique quand 11 est tenu en présence d'un corps élec- trlsé. Pour mettre cette propriété en évidence , il faut prendre plusieurs barreaux de ïerdoux, c'est-à-dire, recuit et ductile, tel, par exemple, que celui dont les serruriers se servent pœir fabriquer les clefs. Après s'être assuré qu'aucun de ces barreaux ne possède un magnétisme sensible , on suspend l'un d'eux a b à l'un des pôles B, fig. 3, d'un aimant ; aussitôt le bout inférieur b de ce barreau acquiert toutes les proprié- tés magnétiques. Si on le plonge dans la limaille de fer, elle s'y attache; on peut même y suspendre un second barreau, à celui-ci un troisième, et ainsi de suite ; Us adhéreront tous les uns aux autres jusqu'à ce que leur poids total excède ce- lui que l'aimant peut supporter. Alors le premier barreau a h se détachant , ils tomberont tous en se séparant les uns des autres ; et si on essaye de les réunir , Ils ne seront plus ca- pables de se soutenir mutuellement. Cependant Us conser- veront encore pour l'ordinaire quelques folbles restes de ma- gnétisme , qui deviendront sensibles si on les plonge dans de la limaille de fer , ou si on les présente à des aiguilles de fer très-petites et librement suspendues. Cette communica- tion passagère du magnétisme s'opère encore , si le premier barreau, sans toucher l'aimant, en est approché de fort près; mais alors le poids total est moindre que dans Je contact ; ce qui montre que l'attraction magnétique décroît avec la distance. Si , au lieu de fer doux , on emploie des barreaux d'acier ou de fer écroui au marteau , l'adhérence de ces bar-; 266 A I M reaux les uns aux autres s'établit moins aisément et moins promptement , mais elle est plus durable ; et les barreaux séparés de l'aimant gardent le magnétisme qu'ils avoient ac- quis dans le contact, soit entre eux, soit avec l'aimant. On peut encore communiquer le magnétisme à un bar- reau d'acier, d'une manière plus prompte et plus énergique, avec deux aimans qu'avec un seul , en mettant à la fois ses deux extrémités en contact avec les pôles par lesquels les aimans s'attirent. Les mêmes aimans peuvent ainsi succes- sivement rendre magnétique un nombre de barreaux quel- conque , sans rien perdre de leur verlu première ; ce qui prouve qu'ils ne tranWettent rien aux barreaux , mais qu'ils y développent seulement , par leur influence , quelque prin- cipe qui s'y trouvoit dissimulé. C'est ainsi qu'un bâton de cire d'Espagne frotté ne perd rien de son électricité par les décompositions que son influence opère à distance dans les éleclricités naturelles des autres corps. Si , après avoir aimanté de cette manière un barreau ou un fit d'acier , on le suspend horizontalement à un appareil dont la torsion soit insensible , ou si on le fait flotler sur l'eau , en le posant sur une petite planchette de bois ou de liège , il ne se tourne pas indifféremment vers tous les points de l'espace, mais il prend une direction déterminée, laquelle est à peu près nord et sud. Je dis à peu près ; car dans cer- tains lieux de la terre , l'extrémité nord du barreau s'écarte du méridien à l'ouest, dans d'autres à l'est, et dans d'autres enfin elle coïncide avec le méridien même. Cet écart se nomme la déclinaison de l'aiguille aimantée. 11 est constant au même instant en chaque endroit , et tous les barreaux ai- mantés, suspendus ainsi librement, y prennent des direc- il(ms exactement parallèles. Lorsque plusieurs fils aimantés sont ainsi librement sus- jiendus dans une situation horizontale , celles de leurs extré- mités qui se tournent vers un même pôle terrestre sont celles qui , dans l'aimantation , ont été en contact avec un même pôle magnétique , et qui ont, par conséquent, reçu un ma- gnétisme de même nature. Si l'on approche ces extrémités les unes des autres , on voit qu'elles se repoussent mutuel- lement. Au contraire , en approchant les extrémités qui ont reçu des magnétismes de différente nature , on voit qu'elles s':ittirent. En cela les deux magnétismes se comportent en- core comme les deux électricités. Coulomb a mesuré l'énergie de ces actions à diverses dis- tances, en les conire-balauçant par la torsion de fils métal- liques ; et il a trouve que si les dislances sont 1,2,3,4» A . 5 o A//n(f/if^ A T M ,67 les forces sont i , 5 , j » r? ' c'est-à-dire , qu'elles décroissent proportionnellement au carré de la distance. Lorsqu'on présente de loin l'un des pôles d'un aimant à une aiguille aimantée , suspendue par son centre et équili- brée de manière à rester horizontale , les deux pôles de l'ai- mant agissent à la fois sur l'aiguille ; mais l'action du pôle le plus voisin est toujours la plus forte. L'aiguille tourne donc vers l'aimant celui de ses pôles qui est attiré , et en éloigne celui qui est repoussé. Après qu'elle a pris ainsi une position d'équilibre , si on l'en détourne tant soit peu, elle y revient par une suite d'oscillations, de même qu'un pendule écarté de la verticale y revient par l'effort de la pesanteur. On observe des mouvemens absolument pareils dans les aiguilles aimantées, librement suspendues, lorsqu'on les écarte tant soit peu de leur méridien magnétique. Ainsi, en cela comme par la direction constante qu'il leur donne , le globe terrestre agit sur elles comme feroit un véritable aimant, soit qu'il doive cette faculté à la multitude de mines de fer qu'il ren- ferme , soit qu'il la tienne de quelque autre cause encore plus générale. Ceci nous fournit une excellente dénomina- tion pour distinguer l'une de l'autre les deux sortes de ma- gnétisme, en appelant boréal celui qui domine dans la partie boréale du globe , et austral celui qui domine dans l'hémi- phère austral. Alors , pour conserver l'analogie des attrac- tions et des répulsions, il faudra regarder l'extrémité des barreaux qui se dirige vers le nord comme leur pôle austral, et l'extrémité qui se dirige vers le sud comme leur pôle boréal. D'après cela , on voit que la déclinaison des aiguilles aiman- tées indique en chaque lieu la direction horizontale des forces magnétiques terrestres. Cette direction est non-seulement différente en différens points de la terre , elle varie encore avec le temps. Par exemple , la déclinaison de l'aiguille à Paris est maintenant d'environ 22» \ veH^'ouest: en i663 elle y éloit nulle , et l'aiguille aimantée se dirigeoit droit au nord. Avant cette époque elle avoit été orientale. Le point de dé- clinaison , nul sur le parallèle de Paris, s'est ainsi avancé de l'est à l'ouest , et il est maintenant dans l'océan Atlan- tique. Il y a un point pareil sur le parallèle de Londres; car la déclinaison étoit nulle à Londres en iGSy. La suite de ces points où la déclinaison est simultanément nulle , forme sur le globe terrestre des lignes courbes que l'on nomme les lignes sans déclinaison. On en connoîl en ce moment quatre : une dans l'océan Atlantique , entre l'ancien et le nouveau monde ; une seconde , à peu près opposée à la précédente , qui, prenant naissance dans l'océan Austral au sud de la Nou- 68 AI M velie-Hollande , se continue au nord jusque dans la Laponîe. Une troisième , qui n'est qu'une bifurcation de la précédente , s'en sépare près du grand archipel d'Asie , et s'élève jusqu'à la partie orientale de la Sibérie ; ces deux lignes ne se déplacent que peu ou point du tout avec le temps. Enfin , on trouve des traces d'une quatrième ligne sansdéciinaison dans l'océan Pa-. cifique, près des îles des Amis et de la Société. En général, le mouvement de ces lignes n'a rien de régulier , ni de cons- tant, ni de simultané. 11 n'est nullement certain que la dé- clinaison à Paris doive maintenant diminuer, ou doive conti- nuera augmenter encore. On sait seulement par l'observation que , depuis plusieurs années , elle n'éprouve pas de varia- tions permanentes : mais toutes les conjectures que l'on peut former sur sa marche future sont de pures hypothèses. Nous n'avons parlé jusqu'ici que des variations progres- sives et durables. L'aiguille aimantée éprouve en outre des oscillations diurnes et annuelles , qui augmentent et diminuent passagèrement la déclinaison. Ces oscillations, par leur pé- riode , semblent liées au mouvement diurne et annuel du soleil : mais on ignore si elles sont produites par le change- ment de température qu'excite cet astre ; changement qui , en effet , dans les barreaux aimantés , fait varier le magnétisme ; ou si elles tiennent à une action magnétique propre qui seroit commune au soleil et à tous les autres astres. L'appa- rition du météore connu sous le nom à'' aurore boréale , paroît aussi influencer la déclinaison , et la faire varier subitement, quoique d'une manière passagère. V. Aurore boréale. La propriété directrice de l'aimant est une des plus belles découvertes que les hommes aient jamais faites : elle a donné aux navigateurs un moyen sâr de reconnoître la direction de leur route à travers l'immensité des mers , au milieu des nuits les plus obscures , et lorsque les brumes et les tempêtes leur dérobent entièrement la vue des cieux. Une aiguille aimantée, suspendue en équiliJi^e sur un pivot, leur indique alors le côté du nord et celui du sud, aussi bien que l'observation des astres. Cette invention , si utile et si simple , ne remonte guère qu'au douzième siècle. Jusqu'alors les navigateurs ne pouvoient se hasarder à s'éloigner des côtes. La découverte de la boussole leur a donné le moyen de s'élancer dans la haute mer, et d'aller chercher auloin des terres nouvelles , ignorées des plus puissantes nations de l'antiquité. Les expériences précédentes ne nous indiquent que la di- rection du plan vertical suivant lequel s'exerce en chaque lieu la résultante de toutes les forces magnétiques du globe terrestre. Mais quelle est la direction absolue de cette ré- sultante dans ce plan ^. Pour le savoir , fabriquons une ai-^ A I INl 69 guîlle d^acier bien cylindrique a, A, fig. l^.^ et plaçons au milieu de sa longueur un axe qui lui soit perpendiculaire ; puis suspendons-la ainsi par son centre sur des plans bien polis, et équilibrons-la avant de l'aimanter, de manière qu'elle soit parfaitement horizontale. Si ensuile nous venons à lui communiquer le magnétisme , et que nous la replacions sur ses supports en la dirigeant dans le méridien magné- tique , elle ne se tiendra plus horizontalement. Celle de ses deux extrémités qui possède le magnétisme austral s'inclinera rers l'horizon , du moins dans nos climats d'Europe , et après quelques oscillations, elle s'arrêtera en formant avec la ver- ticale un certain angle fixe. Cet angle se nomme V inclinaison magnétique. Il est différent selon les lieux. 11 y a une zone près de l'équateur où l'aiguille aimantée est horizontale. La suite des points du globe où l'on observe ce phénomène forme une ligne courbe que l'on nomme Véquateur magnétique, et qui s'écarte de l'équateur terrestre , seulement de 10 à 12 degrés. Dans les contrées situées au sud de cette ligne , l'aiguille incline vers la surface terrestre celle de ses extrémités qui possède le magnétisme boréal , et elle incline l'autre bran- che dans les pays situés au Nord. Cette opposition indique deux sortes de forces , les unes australes , les autres boréales, dirigées de part et d'autre de l'équateur terrestre. Pour mesurer exactement l'inclinaison magnétique , on place l'axe de suspension de l'aiguille au centre d'un cercle vertical de cuivre MM,^^. 5, dont le limbe, divisé en degrés, tourne autour d'un axe pareillement vertical W , de manière à pouvoir être placé dans tous les azimuts. L'axe VV , lui- même est placé au centre d'un autre cercle horizontal égale- ment divisé , qui sert à déterminer la direction dans laquelle on a tourné le premier cercle MM. Cet appareil s'appelle une boussole d'inclinaison. Il y a plusieurs précautions impor- tantes à observer dans la manière d'aimanter l'aiguiille , de la suspendre, et même de mesurer l'inclinaison : mais nous ne pouvons en parler ici ; et l'on peut consulter à cet égard mon Traité de Physique. On a trouvé ainsi que l'inclinaison à Paris est d'environ 70" vers le nord. Elle varie avec le temps dans un même lieu comme la déclinaison , mais beaucoup plus lentement , et dans des limites infiniment plus petites. Lorsqu'une aiguille d'inclinaison a été dirigée dans le plan du méridien magné- tique, et a pris naturellement la direction qui lui est assignée Ear la résultante des forces magnétiques de la terre ; si on i détourne tant soit peu de cette direction , elle y revient par une suite d'oscillations ; de même qu'un pendule soliicilé par la pesanteur , revient à la verticale lorsqu'on l'en a écaité. 270 A I M Ces deux phénomènes sont absolument pareils , cl dans l'un comme dans Tautre , la rapidité plus ou moins grande des oscillations indique l'intensité de la force. On peut donc , en comptant le nombre des oscillations d'une même aiguille à différentes latitudes ', savoir si la force magnétique qui les produit est constante ou variable , et quelles sont les lois de ses variations, de même que les oscillations du pendule ser- vent à déterminer les variations de la pesanteur. Des expé- riences de ce genre , faites par M. de Humboldt , ont prouvé que les oscillations de l'aiguille aimantée s'accélèrent en allant de Téquateur magnétique vers les pôles ; ce qui montre que la force magnétique du globe va en augmentant d'une de ces limites à l'autre , comme cela a lieu également pourlapesan - leur terrestre. Tels sont les principaux phénomènes des attractions et des répulsions magnétiques. Après en avoir donné une idée , il me reste à indiquer quelques autres faits de détail dont je n'ai pas parlé plus tôt , afin de ne pas interrompre la série des raisonnemens. On a cru long-temps que le fer et l'acier étoient les seules substances qui pussent prendre le magnétisme. On a reconnu dans ces derniers temps que le nickel et le cobalt jouissent de la même propriété. Pour que ces métaux deviennent magnétiques , il n'est pas indispensablement nécessaire qu'ils aient été sotimis à l'in- fluence d'un aimant. Les barres de fer qui ont été long-temps élevées dans l'atmosphère , finissent par acquérir la vertu in.i- gnétique. C est ce que Gassendi a observé le premier sur la croix du clocher de Saint- Jean d'Aix en Provence ; et on a retrouvé depuis la même propriété dans la croix du clocher de Chartres. On peut supposer qu'elle est développée par l'action prolongée de l'aimant terrestre ; mais divers moyens mécaniques, tels que le choc, la pression, la torsion, une décharge électrique , produisent aussi le même efTet instan- tanément. Ce dernier phénomène se produit quelquefois na- turellement à la mer , lorsque la foudre tombe à bord ^ics bàtimens ; et alors les pôles des boussoles qui servent à iii- diquer le nord peuvent en être intervertis. On cite des exem- ples de pareilles interversions qui ont fait faire fausse route à des navires. Mais il est facile de la reconnoître et d'y remé- dier dès qu'on peut apercevoir les astres ; et alors on peut aisément la corriger en renversant les pôles des boussoles par une nouvelle aimantation faite artificiellement. Les métaux magnétiques reçoivent l'aimantation avec une extrême facilité , quand ils sont à l'état doux et ductile ; mais ils la perdent de même ,'et elle n'y subsiste qu'instantané- A I R .7, ment. Ils sont plus difficiles à aimanter quand ils sont com- binés avec quelque substance qui leur donne de la dureté , comme l'arsenic, l'ctain, le soufre, le charbon; mais aussi leur magnétisme en est plus durable. C'est pour cela que, dans la construction des aiguilles, on préfère au fer pur l'acier, qui est une combinaison de charbon et de fer. L'acier même offre au développement du magnétisme une résistance plus grande quand il est trempé que quand il ne l'est pas , et cette ré- sistance croît avec la roideur de sa trempe ; mais sa ténacité , pour conserver Tétat magnétique, croît dans le même rapport que sa résistance. D'après cela on conçoit pourquoi les mines de fer oxydées dans certaines limites, sont les seules que l'on trouve naturellement magnétiques dans l'intérieur de la terre. Un degré d'oxydation nul ou très-foible permettra bien le développement du magnétisme sous l'influence prolonger de l'aimant terrestre ; mais ce magnétisme ne pourra pas sub- sister d'une manière permanente, et, au contraire, un de^ié d'oxydation trop fort , doit rendre le fer trop dur pour que lu foible action du magnétisme terrestre puisse l'aimanter. Il n'y aura donc d'effets sensibles qu'entre ces deux états d'oxidation. En outre , l'aimantation pourra être facilitée par la nature des morceaux de minéral voisins de celui que l'on considère , se- lon qu'ils seront placés, par rapport à lui , de manière à. fa- voriser son état magnétique , ou à le contrarier, (biot.) Aimant de Ceylan. On a quelquefois donné ce nom à la Tourmaline. (LUC.) AIMOU. Nom du TINAMOU-MAGOUA chez les na- turels de la Guiane française, (s.) AIN PARITI. Ketmie cultivée dans l'Inde à raison de la beauté de ses fleurs, (b.) AIOTOCHTLI. Nom mexicain d'un tatou à huit bandes, qui paroît n'être qu'une variété de celui à neuf bandes, ou ra- chicame de Buffon. V. Tatou. (desm.) AIPI. Espèce de Cynanque. (b.) AIR. On est convenu d'appeler air , ce fluide invisible qui entoure notre globe , qui s'élève à une grande hauteur au-dessus de nos têtes , et sans lequel aucun être vivant ne sauroit exister. La masse entière de cet air porte le nom d^atmosphère terrestre. V. ATMOSPHÈRE. On avoit regardé l'air atmosphérique comme un des quatre élémens ; mais les progrès de l'analyse chymique ont démon- tré qu'il étoit composé d'environ un cinquième de gaz oxygènt? et de quatre cinquièmes de gaz azote. Outre ces principes, il constamment un peu d'acide carbonique ; je dis constamment, contient car M. Gay -Lussac a prouvé que de l'air qu'il avoil pui- sé à sept mille mètres au-dessus de la terre, contenoit ces troi,s 272 AIR 17: principes , et dans la même proportion que l'air de la sur- face de la terre. L'air atmosphérique est pesant : selon les calculs de M. Biot^ un centimètre cube de ce fluide , pris à la température de la glace fondante, sous la pression de o ■" 76 , et sous la latitude de 4^5", pèse en grammes 0,001299075 ; par conséquent , le litre d'air atmosphérique , contenant 1000 centimètres cubes , pèse i,gi" 299075 , ou environ un gramme et trois dixièmes. L'air atmosphérique renferme de la chaleur , ou plutôt du calorique , qu'on peut en exprimer , i." par la compression f 2.° par la fixation de l'un des gaz qui le constituent. Lorsqu'on comprime fortement et par un choc brusque , de l'air enfer- mé dans un tube de verre , non-seulement on dégage de la chaleur , mais on produit de la lumière : la chaleUr est portée au point d'enflammer l'amadou. Il est peu d'opérations de la nature où l'air ne joue un rôle principal : nous voyons par- tout , ou le dégagement , ou l'absorption de l'un des prin- cipes constituans de l'air. L'acte de la respiration a pour but essentiel d'absorber une portion de gaz oxygène , qui produit f Ear cela même , de la chaleur et un peu d'acide carbonique, ►ans les phénomènes de la végétation , l'acide carbonique et l'azote sont absorbés en partie. Les plantes , à leur tour , versent dans l'atmosphère une quantité notable de gaz oxy- fène , lorsqu'elles sont frappées par la lumière du soleih iorsque les corps se décomposent , ils rendent à l'atmosphère une partie des principes qui formoient leurs élémens , et , dans plusieurs cas , ils absorbent de l'oxygène ou de l'azote , pour former de nouveaux composés. Ainsi , l'on peut regar- der l'atmosphère comme un réservoir commun où les corps ^ pendant leur vie , puisent plusieurs principes de leur accrois- sement ou de leur existence , et où ils rendent, pendant leur décomposition , et même pendant certains périodes de leur vie , plusieurs principes qui réparent ses pertes. On ne peut pas dire que les principes gazeux qui constituent l'atmosphère y soient dans un état de combinaison ; néan- moins leur union est telle que , quoique de pesanteur spéci- fique différente , l'atmosphère les présente dans les mêmes proportions , à toutes les hauteurs , comme nous l'avons déjà observé ; la seule différence , c'est que , dans certaines loca- liés , l'air est altéré par des mélanges accidentels d'autres principes : ce qui dénature ses propriétés et le rend plus ou moins impropre à entretenir la vie des animaux. Voyes Atmosphère, (chapt.) Air acide vitriolique. F. Acide sulfureux. Air fixe ou méphithique. V. Acide carbonique. Air du feu. V. Gaz oxygène. A I T^ 273 Air inflammable. T^. Gaz hydrogène. Air pur ou Air vital. V. Gaz oxygène. AIRAIN ou BRONZE. On donne les noms de bronze , à'airain et de mêlai de cloche , à des alliages de cuivre et d'é- tain , faits dans diverses proportions , mais dans lesquels le cuivre domine , et qui ont pour but soit de donner à ce métal une plus grande dureté , soit de le rendre plus facile à fondre. Les anciens n'ont presque jamais employé de cuivre pur. Jusqu'à présent , dit M. Klaprolh , à l'exception de quel- ques pièces de monnoie , on n'a pas encore analysé de por- tions d'armes ou d'ustensiles antiques en cuivre , sans l'avoir trouvé allié à l'étain. L'airain en renferme davantage que le bronze , mais beau- coup moins que le métal de cloche, qui est très-dur et très- cassant. D'ailleurs, on ajoute assez ordinairement à l'étain, dans l'alliage des cloches, du zinc et de l'antimoine. M. d'Arcet, qui rend chaque jour de nouveaux services aux arts , a trouvé qu'en unissant au cuivre par la fusion o, 12 d'étain , on obtient un alliage assez dur pour en fabriquer des lames de canifs et de rasoirs. Il s'est occupé aussi avec beaucoup de succès de la fabrication des cymbales , et a dé- couvert que la trempe qui communique à l'acier un si grand degré de dureté , ramollit , au contraire , et rend ductile l'alliage de cuivre et d'étain dont ces instrumens de per- cussion sont composés, et qu'il faut, au contraire, pour les durcir , après les avoir fait rougir , les laisser refroidir lentement dans l'air. La dureté qu'elles acquièrent par ce moyen, est proportionnelle au degré de chaleur qu'elles ont reçu et à la lenteur avec laquelle elles perdent leur calorique. Cette observation lui a fourni aussi le moyen d'expliquer ces traces de coups de marteau que l'on remarque sur la plupart des cymbales turques , et qui ne peuvent avoir été produites qu'après coup, (luc.) luairain de Corinthe est un alliage d'or , d'argent , de cuivre et de plusieurs autres métaux , qui se forma fortuitement par la fonte des innombrables statues , vases et autres ornemens qui décoroient les temples , les lieux publics et les palais de cette ville opulente, qui fut incendiée par les Romains 14.6 ans avant l'ère vulgaire , la même année où Scipion détruisit Gar- thage. (pat.) AIRE. C'est le nid des grands oiseaux de proie ; il est rond , aplati , peu concave et fort ample ; des branches et de jeunes rameaux forment son tissu, et de la mousse , du poil, de la laine, le garnissent à l'intérieur ; il faut le cher- cher sur les rochers et sur les arbres les plus élevés, (s.) I. i« 27^ AIR AIRELLE , Varcinîum. Genre de plantes de l'octandrle monogynîe , de la famille des Bicornes, dont le caractère est d'avoir un calice très-petit , à quatre divisions ; une co- rolle monopétale , campanulée ou en grelot , quadrifide ou quinquèfide ; huit ou dix étamines portant chacune une anthère fourchue et un ovaire inférieur chargé d'un style simple , dont le stigmate est obtus ; une baie globuleuse , ombiliquée et divisée en quatre ou cinq loges contenant chacune quelques semences menues. Ce genre , qui renferme une quarantaine d'espèces , dont quelques-unes d'Europe , et la plupart d'Amérique , se dis- tingue principalement par son fruit qui est bon à manger. L'espèce d'Europe la plus commune s'appelle Airelle Myrtille , ou raisin de bois , Vaccinium myi-tillus Linn. C'est un sous-arbrisseau de huit à neuf pouces de haut, dont les caractères sont d'avoir les pédoncules unitlores , les feuilles ovales , dentelées , annuelles , et la tige anguleuse, (b.) On trouve ce petit arbrisseau dans les bois et dans les lieux couverts et montagneux. Il fleurit en mars , et ses baies mûris- sent en mai. Elles sont d'abord rouges , et ensuite d'un bleu noirâtre ; les coqs de bruyère en sont très-friands , et les ber- gers les mangent avec plaisir , parce qu'elles ont une douceur mêlée d'acidité qui les rend assez agréables au goût. Elles sont rafraîchissantes. Quelques personnes les mangent avec de la crème ou du lait , et en font aussi des tartes. Avec leur suc , on compose un sirop propre à modérer les ardeurs d'urine, et bon pour la dyssenterie. Quelques cabaretiers em- ploient le même suc pour colorer les vins blancs , et leur donner un petit goût piquant ; il sert aussi à teindre en bleu ou en violet la toile et le papier. La couleur violette qu'on peut extraire de ces baies , forme le sujet d'un mémoire in- séré parmi ceux de Stockholm , pour l'année 1746- M. Bosc a prouvé, dans un Mémoire qu'on lit dans \e Journal de Physique j qu'on en pouvoit faire des confitures sèches , susceptibles d'être gardées plusieurs années. Cette plante étoit connue des anciens ; Virgile en parle dans sa seconde églogue : Alba ligustra cadunt , vaccinia nigra legunlur. Elle croît ordinairement avec la bruyère , et les racines de ces deux plantes s'entremêlent ; quand une fois elle a pris pied dans un terrain , elle s'y multiplie beaucoup par ses ra- cines traçantes. On a de la peine à l'élever dans un jardin ; la terre de bruyère , l'ombre et des arrosemens , voilà ce qu'il lui faut. On la multiplie de graines. A T R 275 L'Airelle DE Cappadoce, Vaccînium arctostaphylos ^ Lin., qu'on trouve aussi aux environs de Tripoli et sur les cotes de la mer Noire, s'élève à la hauteur d'un homme. Tournefort pense que c'est le raisin d'ours, ou V arctostaphylos de Galien. L'Airelle PONCTUÉE, Vacciiùumvitis idœa, Lin. , habile les bois des montagnes du nord de l'Europe. On la trouve jusque dans le Groenland. C'est un très-petit arbrisseau toujours vert , dont les baies sont d'un beau rouge dans leur maturité , et ont un goût acidulé assez agréable. Quoiqu'il soit difficile à élever, on s'en sert, dit-on, en Suède, comme de buis, pour faire des bordures dans les jardins, (d.) L'Airelle veinée, Vaccinium uUginosum, Lin. , qui diffère de la précédente par ses feuilles entières , ovales et veinées ., est beaucoup plus rare qu'elle. Elle ne se trouve que sur les hautes montagnes ; son fruit est également fort bon à manger ; il est plus gros. Enfin, l'vViRELLE CANNEBERGE , Vaccinium oxycocnis , ^ux vient dans les marais élevés. Sa tige rampe , ses baiessont rouges, turbinôiBS et acidulés. On en fait un genre sousle nom de ScHOLLÈRE. V. ce mot. Mais c'est dans l'Amérique septentrionale que ce genre se développe avec le plus d'avantage. De quinze ou vingt espèces qui y croissent, on ne sait laquelle mérite la préférence. Là , les fruits ne se recueillent pas un à un comme sur les aerdles d'Europe , mais par poignées. Aussi en fait-on un grand usage. C'est , pendant deux ou trois mois que la maturité de ces fruits se succède, le plat de dessert de tous les planteurs; les enfans surtout se jettent dessus avec la plus grande avidité. Il semble que c'est toujours ceux qu'on a dans la main qui sont les meilleurs. Pendant mon séjour en Carolino , j'ai été dans le cas d'en manger de plusieurs espèces, et je donne le premier rang à celle que Linnœus appelle vaccinium resi" nosuin, et le dernier à celle qu'il nomme vaccinium siamineum. Mais les sauvages, qui font une grande cueillette de ces baies, non-seulement pour être mangées fraîches , mais encore pour être conservées en état de confiture sèche pour l'hiver , préfèrent le vaccinium corymhosum , comme fournissant son fruit avec le plus d'abondance et de facilité. Ces confitures, quoique mal fabriquées , m'ont paru , même après deux ans Ae conservation, être une nourriture agréable, et d'autant plus saine pour eux, qu'ils trouvent dans son acidité un remède contre les inconvéniens de leur régime purement animal. Quelques espèces di airelles d'Amérique s'élèvent à la hau- teur de huit à dix pieds , et forment des arbustes très-élégant. On en cultive plusieurs dans les jardins des amateurs de plan- tes. Cels, surtout, en a une Irès-belle suite. .76 A I T C'est dans la terre de bruyère et à l'omLre qu'on doit les placer toutes. On les multiplie par le semis de leurs graines, et plus fréquemment par marcottes , par rejetons et par dé- chirement des vieux pieds. Les années humides leur sont fa- vorables. L«'s baies de l'AiRELLE A GROS fruits , découverte par Michaux , sont aujourd'hui l'objet d'une exportation de quel- que importance , du Canada à Londres , où on les emploie à l'assaisonnement des mets. 11 vient aussi quelques espèces di' airelles de l'Amérique Mé- ridionale et du Japon. Une espèce de la Cochinchine a servi à Loureiro pour établir son genre Acosta. (b.) AIRES. C'est I'Airelle. (b.) AÏRIS, AÏRISSOU. Dans la partie de la ci-devant province du Languedoc , qui avoisine les Pyrénées-Orien- tales, c'est le nom patois du Hérisson commun, Erinaceus Europœus ^ Linn. (desm.) AIRON-NIGRO. Nom italien du Courlis vert, (s.) AIRONE. Nom italien du Héron, (s.) * AIROPSIS, Airopsis. Genre de plantes établi par Des- vaux, pour placer deux graminées indigènes qui l'avoient été successivement dans les Agrostides , les Canches et les Millets. V. ces mots. 11 rentre dans ceux appelés Vilfa par Adanson, et Sporobole par R. Rrown. Ses caractères sont : glumes biflores ; fleurs composées de deax valves égales , luisantes , concaves , très-obtuses , dé- pourvues d'arêtes, (b.) AIROUN. Nom piémontais du Héron, (v.) AISELLE. Variété de Betterave , rouge en dehors et blanche en dedans , qui donne peu de sucre, (b.) AISSELLE {Botanique^ , Axilla. Angle formé par les feuilles ou les rameaux, à leur insertion sur la tige, (d.) AISY. C'est le petit-lait aigri , qu'on emploie dans les montagnes du Jura, pour obtenir le sérum du petit-lait pro- venant de la fabrication du Fromage. Voyez ce mot , et Sé- rum, (b.) AIT ACUPI. Nom péruvien des Tafalies. (b.) AITONE, Alionia. Petit arbuste du Cap de Bonne-Espé- rance , de l'octandrie monogynie et de la famille des Mélia- OÉES de Jussieu , dont le caractère est d'avoir un petit calice à quatre divisions ; une corolle de quatre pétales ; huit éta- mines réunies à leur base ; un style ; une baie membraneuse à quatre angles , à une seule loge et à plusieurs semences. Ses feuilles sont lancéolées , entières , glabres , et naissent par paquets alternes. Ses fleurs sont solitaires, axillaires , et d'une belle couleur rouge, (b.) A T O 277 AIURU. Nom générique des Perroquets , au Brésil, (v.) AIURU-APARA. Nom brasilien d'une variété du per- roquet crik. V. Perroquet. AIURU-CATINGA de Margrave. V. Perroquet. AIURTJ-CURUGA. Variété de V aourou-couraou. Il n'en diffère qu'en ce que son bec est cendré à sa base et noir à son extrémité. V. Perroquet, (v.) AIZOON. V. Lanquette. (b.) AJACE, ou AGEASSE-BOISSELIERE. Nom de la pie-grièchc grise , dans le Périgord. (s.) AJAJA. La Spatule couleur de rose , au Brésil, (s.) AJAR. Coquille du genre Cardite de Bruguières. C'est le chama aniiquata , Lin. (b.) AJASSA. Nom de la Pie dans le Piémont, (v.) AJICUBA. Arbre du Japon , dont on mange le fruit, (b.) AJOLÉ ou AIOLÉ. Nom vulgaire d'un labre , la/jrus creiensis, Linn. C'est le ScARE KAKATOES de Lacépède.(B.) AJONC , Ulex. Genre de plantes de la diadelphie décan- drie, et de la famille des Légumineuses, dont le caractère est d'avoir un calice à quatre divisions profondes , colorées , iné- gales , deux grandes persistantes , et deux petites caduques ; une corolle papilionacée , dont la carène est diphylle ; dix étamines presque monadelpbes ; un légume renflé , unilocu- laire , bivalve , excédant à peine le calice. Ce genre est composé de deux espèces , dont une est ré- pandue dans toute l'Europe , et y est connue sous les noms A^ ajonc , de Jonc-marin , de brusque , etc. C'est ordinairement un sous-arbrisseau , qui ne s'élève pas à trois pieds de haut ; mais en Espagne , dans les montagnes de la Galice , il par- vient à une hauteur de quinze à dix-huit pieds , sur trois à quatre pieds de diamètre. Il pousse un grand nombre de ra- meaux diffus , serrés , garnis de beaucoup d'épines , et au printemps, de petites feuilles rares , qui bientôt se changent en épines. Il fleurit pendant une grande partie de l'été , et produit, dans cet état , un très-bel effet. Aussi, en Angleterre, le cultive-t-on dans les jardins pour l'ornement. Mais ce n'est pas sous ce rapport que V ajonc est digne de nos regards ; c'est comme plante utile. La nature Ta destiné à croître dans les plus mauvais terrains , dans ceux dont l'homme ne peut pas tirer parti pour des cultures de quelque importance. Ce sont surtout les plaines argileuses , qui n'ont qu'une petite épaisseur de terre végétale à leur superficie , qui lui conviennent. Aussi se partage-t-il, avec les bruyères, les landes de Bordeaux , de la Bretagne , de la Normandie , de la Sologne , etc. Il couvre des terrains immenses dans toutes les parties de l'Europe , et partout il est employé à des- 278 A K A usages économiques. Ses jeunes pousses sont un excellent fourrage pour les bestiaux , surtout pour les chevaux : sfs vieilles tiges servent à faire du feu ; ses branches , à chauffer le four ou à composer du fumier. Dans plusieurs pays , on le cultive. Pour cela , on dëfonce le terrain en été , et on répand la graine en automne. La pre- mière coupe se fait à la fin de l'hiver suivant , et ensuite de temps à autre. Il faut avoir l'attention de ne pas le laisser fleu- rir , et encore moins grainer , parce qu'alors ses tiges se- roient trop dures pour être coupées, et ses épines trop coriaces pour être mangées par les bestiaux. Lors même qu'on le coupe en temps convenable, il convient de tt)rdre les branches, ou de les écraser sous un rouleau de pierre, avant de les donner aux animaux , afin de prévenir les inconvéniens qui résultcroient des blessures que pourroient faii e les épines à leurs langues et à leurs palais. Lorsque les champs semés en ajonc commencent à vieillir , on les défriche, et on y sème, pendant plusieurs années consé- cutives, du seigle ou autres grains; ensuite on y met du genêt. \Sajonc forme de très-bonnes haies. Pour les établir , il faut absolument avoir recours au semis ; car la transplantation ne réussiroit pas. On voit de ces haies , en Angleterre , dans beaucoup de contrées, et on leur donne la préférence sur toutes les autres ; mais elles emploient beaucoup de terrain , parce que l'ajonc trace , et qu'il ne permet pas la tonte laté- rale , qui feroit périr toutes les branches inférieures. Il y a une variété de Vajonc bien plus petite , dans toutes ses parties , que celle dont on vient de parler : quelques per- sonnes môme la regardent~comme une espèce. Il faut , autant que possible , la détruire , puisqu'elle tient une place qui se- roit mieux employée par l'autre. L'Ajonc génistoïde de Brotero constitue aujourd'hui le genre Stauracanthe. (b.) AJOU-HOU-HA. C'est I'Ocotée. (b.) AJOUVÉ , ou AJOVÉ , Ajovea. Genre établi par Aublet, depuis réuni aux Lauriers , sous le nom de Laurier hexandre. Schreber a conservé ce genre, et l'a appelé Douglassie. (.b) AK-DSHILAN. C'est la Couleuvre dioné. (b.) AKAIE-AROA. Nomque porte, aux Iles-Sandwich, une espèce de grimpereau à long bec. V. HÉOROTAIRE. (s.) AKAKA PUDA. C'est le Rossolis de l'Inde, (b.) AKANTICOTSE ou AKANTICONITE. M."^ de d'An- drada a donné ce nom , qui signifie pierre de serin , à une va- riété d'épidote d'un vert noirâtre , dont on obtient , par la ra- clure ou la trituration , une poussière d'un jaune verdâtre , analogue à la couleur du plumage de cet oiseau. Ce minéral, A K I 279 qui se trouve à Arendal en Norwége , a été nommé aussi arendalite. V. Epidote. (LUC.) AKEIKSEK. Nom qu'un Lagopède porte au Groen- and. (V.) AKEKACOUA. Résinier d'Amérique, (b.) AKERLOE. C'est, en Norwége , le Pluvier doré, (s.) AKERRINE. C'est le Râle de terre , en norwégien. (s.) AKEESIE , Akeesia. Rel arbre d'Afrique , naturalisé à la Jamaïque ; on en mange les fmils crus et cuils. 11 for- me seul, selon M^ de Tussac, un genre dans l'octandrie monogynie et dans la famille des Savonniers. Il est voisin du CuPANi et de la Paulinie. Ce genre présente pour caractère : un calice à cinq folioles ; cinq pétales appendiculés ; un ovaire supérieur à style terminé par trois stigmates ; une capsule trigone à trois loges mo- nospermes; des semences arillées. (b.) AKIKI. Nom que l'on donne au PiPi farlouse dans cer- tains cantons de la France, (v.) AKKIM-ALBO. Nom tartare du Saïga, (s.) AKIS , Akis, Herbst. Fab. Genre d'insectes de l'ordre des coléoptères, section des hétéromères , famille nt appliques extérieurement. A ahnont de lîomare dit que la pierre qu'il a vue sous ce nom etoit une pyn'/e. (S.) \l.\'l ¥A\SE , Rhiimnus Jliitfnnis , Lin. Arbrisseau ra- meux et toujours vert , du genre des Merprins. ( /'. ce mot. ) Il a la hauteur du troène , et croit naturelleuient sur les col- lines du sud de la France , en Italie, en Espagne , en Bar- barie. Quand il n'a ni (leur , ni fruit , on peut le confondre avec le phillytra , dont il diffère pourlanl par ses feuilles al- ternes. i)n le cultive dans les bosquets, eu buisson ou en haie; il demande un terrain sec ; et comme il craint le grand froid , il faut l'élever de préférence dans les lieux abrites , et cou- vrir en hiver ses racines avec de la litière ; si les branches meurent , la souche au moins repoussera , et donnera en peu de temps un nouvel arbrisseau. On fait peu d'usage en médecine de ses différentes parties ; mais son bois, qui est dur et jaune , sert à l'ebeuisterie , et ses baies donnent un vert de vessie. Il a plusieurs variétés. , ï." Va' al ai i-r lit- à ftuilics iwalts cl i iruclées ; 2." \Jalattrnc ATJU: CALCAIRE , ou simplement ALBATRE, (Yariétéde la Chaux carbonatéeconcrétionnée, Haiiy). DépAl calcaire qui s'est formé a la manière des stalactites , dans les cavernes des montagnes de marbre. Si l'on jugeoit de la couleur de cette pierre d'après l'expres- sion vulgaire, ùlanc comme VcUbûtre , on .^eroit fort trompé , car il est infiniment rare de la trouver telle ; et ce qui a pu donner lieu à cette erreur, c'est que, dans plusieurs pays, on donne le nom A'aiùàtre à un dépôt gvpseux qui se forme dans les carrières d« pierre à plâtre , comme l'albâtre calcaire se forme dans les carrières de marbre : et , pour l'ordinaire , cet albâtre gvpseux est d'un beau blanc de lait. L'albâtre calcaire est , au contraire , fort souvent d'une couleur assez rembrunie. On donne le nom à'alftdtrc orierdal à celui dont les teintes sont vives , nettes , bien distinctes, et dont la pâte est fine , et susceptible d'un beau poli , qui cependant n'est jamais écla- 284 A L B tant , mais seulement luisant et onctueux , à peu près comme celui du jade. La pesanteur spécifique de l'albâtre calcaire est de 2,7802 ; elle est moyenne entre celle des marbres de Carrare et de Paros; celui-ci pèse 2,8376, elle premier 2,7168. Les albâtres les plus estimés sont ceux qu'on nomme albâtre agate et albâtie onyx ; sur un fond jaune , fauve ou isabelle , ils offrent des couches ondulées de diverses teintes , blanches , rouges ou brunes , parfaitement nettes , et toujours parallèles entre elles, malgré toutes les anfractuosités de leurs contours. Tantôt ces couches sont simplement ondoyantes , et tantôt elles forment un assemblage circulaire , où elles sont toutes concentriques , comme celles des agates. Lorsque ï albâtre onyx s'est formé en nappes sur un plan horizontal , ses couches décrivent des lignes droites et régu- lières ; et comme ces couches sont de couleurs vivement tranchées , telles que le blanc et le rouge, on peut en faire de superbes camées. * • IJ'albâtr'e onyx de Sienne est im des plus recherchés : il pré- sente trois couches parfaitement distinctes, colorées en jaune, rouge et blanc. Les autres contrées d'Italie en offrent un grand nombre de variétés , dont quelques-unes sont d'une seule couleur , jaune ou fauve. On trouve à Malte un albâtre couleur de mie! , presque transparent et de la plus grande finesse. Le Musée des arts de Paris renferme des statues et des vases antiques en albâtre , de différentes teintes et d'une grande beauté. La France possède aussi de beaux- albâtres : Buffon cite plusieurs endroits en Bourgogne , où l'on en trouve , et no- tamment dans la montagne de Solutrie , à deux lieues au sud de Mâcon. Le célèbre sculpteur Pugct en découvrit près de Marseille , qui étoit remarquable par sa pureté et les belles teintes dont il étoit coloré. Guettard a vu , près d'Aix en Pro- vence , un albâtre de couleur brune foncée , mêlé de zones blanchâtres , comme un albâtre oriental. Dans la colline même de Montmartre , qui est presque toute composée de pierre à plâtre, et où l'on avoit trouvé précédemment de l'albâtre gypseux, on a découvert un albâtre calcaire d'une riche couleur brune , relevée de zones d'une couleur jaune pâle du plus bel effet. Le conseil des mines en a exposé , en 1801 , de grands et superbes morceaux , parmi les productions nationales offertes à l'admiration publique dans le Louvre, (pat.) Le plus bel albâtre oriental vient d'Egypte ; on le tiroit des montagnes calcaires situées à l'occident de la mer Rouge, l^es environs de Grenade en fournissent aussi de très-belles A L B 285 variétés ; et il s'en trouve également de fort intéressantes en Sardaigne , et tiotamment dans» les carrières de Sarcidano. V. Chaux carbonatée concrétionnée. (luc.) ALBATRE GYPSEUX ou ALABASTRITE. Dépôt gypseux qui se forme dans les cavités des carrières de sulfate de chaux. Il est au gypse ordinaire ce qu'est au marbre l'al- bâtre calcaire. Cet albâtre est communément d'un très-beau blanc , et c'est de là que vient le mot trivial , blanc comme albâtre. On peut le travailler facilement au ciseau , et l'on en fait de jolies statues et d'autres ornemens. Les père et fils Rosset, habiles sculpteurs de Saint-Claude , ont tiré un parti avantageux de celui qu'on trouve dans leur voisinage : ils ont répandu en France , et même chez l'étranger , une multitude de petites statues en pied de Voltaire et de J.-J. Rousseau , très-bien exécutées , et qui ont surtout le mérite d'une ressemblance parfaite. On trouve à Lagny-sur-Marne , à six lieues de Paris , un très-bel albâtre gypseux , qui jouit d'une demi-transparence et de divers accidens qui l'égalent presque à l'albâtre cal- caire. Bergeret , professeur d'histoire naturelle à Pau, a décou- vert, en septembre 1801, une carrière d'albâtre gypseux, dans la vallée d'Aspe aux Pyrénées ; les échantillons qu'il a re- cueillis sont , dit-on , de la plus grande beauté , et la carrière paroît fort étendue, (pat.) C'est du territoire de Volterra , en Toscane , que pro- vient ce bel albâtre compacte et demi-transparent, d'une cou- leur blanche , avec lequel on fabrique des vases , des figures et même des statues d'une assez grande proportion , dont il existe , à Florence et à Paris , plusieurs dépôts. V. Chaux SULFATÉE. (LUC.) Albâtre oriental. C'est ordinairement l'albâtre calcaire nuancé de couleurs vives , qu'on désigne sous ce nom. Voyez Albâtre calcaire, (luc.) Albâtre pesant. V. Baryte sulfatée, (luc.) Albâtre vitreux. V. Spath fluor, (luc.) ALBATROS , Diomedea. Genre d'oiseaux de l'ordre des Nageurs et de la famille des Siphorins. (V. ces mots.) Ca- ractères .'bec très-long , suturé , robuste , épais , droit , com- primé latéralement ; mandibule supérieure sillonnée sur les côtés , crochue à la pointe ; l'inférieure tronquée ; narines tabulées , latérales , situées dans un sillon ; trois doigts dis- posés en avant, unis par une membrane entière ; les laté- raux bordés à Textérieur ; point de doigts derrière ; oncle» ^86 A L B obtus ; ailes très-longues, très-étroites, à rémiges courtes; les secondaires dépassant à peine les couvertures. Les albatros sont les plus gros des oiseaux d'eau. Leur très- forte corpulence leur a fait donner , par nos navigateurs , le nom de mouton du Cap. Cependant , avec cette force de corps , ce ne sont point des oiseaux guerriers ; ils n'attaquent point les autres oiseaux , ni même les grands poissons , et ils se contentent de faire leur pâture de petits animaux marins et de zoophytes mucilagineux.lls ne savent pas même se défendre contre les oiseaux de proie , qui leur font ime guerre très- active. Mais les albatros sont extrêmement voraces; ils cher- chent à dévorer leur proie avec tant de gloutonnerie , que souvent un poisson reste en dehors de leur bec , jusqu'à ce que la partie avalée , dissoute par la digestion , laisse le pas- sage libre à l'autre partie. 11 leur arrive fréquemment de se gorger de nourriture, au point de ne pouvoir plus voler , ni fuir à l'approche des barques qui les poursuivent; leur unique ressource , dans le danger , est de rejeter , avec de grands efforts , les alimens dont leur estomac est surchargé. IjCS Kamtschadales savent tirer avantage de la voracité des alba- tros, pour les prendre avec des hameçons grossiers, auxquels sont attachés des poissons pour appâts. Ce n'est pas la chair de ces oiseaux qui les engage à leur faire la chasse ; elle est en effet trop dure et de mauvais goût ; mais les os de l'aile leur servent à différens usages domestiques. Les navigateurs des hautes mers australes, privés long-temps de provisions fraîches , trouvent néanmoins un bon régal dans la chair des albatros, qu'ils prennent en leur jetant des hameçons amorcés simplement avec un morceau de peau de mouton. Pour les apprêter et en faire un mets passable , on lesécorche ; et après les avoir laissé tremper dans l'eau salée pendant vingt-quatre heures , on les fait bouillir , et on les accommode avec une sauce piquante. Les albatros effleurent envolant la surface de la mer, et ne prennent un vol élevé que dans le gros temps et par la force du vent ; ils se portent à une grande distance des terres , se reposent et dorment sur l'eau , et se perchent quelquefois sur les agrès des vaisseaux. Leur voix ressemble à celle du péli- can , et leur cri a du rapport avec le braiment d'un une ; lorsqu'ils sont pris, ils s'agitent fortement, et cherchent à frapper de leur bec. Les œufs que les femelles pondent en grand nombre , sont plus gros que ceux de Voie , longs de quatre pouces et demi, blancs et tachés vers le gros bout. On les mange ; mais l'on a remarqué qu'ils ne se durcissoient point par rébullition. La ponte a lieu vers la fin de septem- bre, sur la côte de l'Amérique australe ; le nid est construit A L B ,sy avec de Targile , de forme ronde et de la hauteur de deux à trois pieds. C'est principalement entre les tropiques , au cap de Bonne- Espérance et au milieu des îles de glace des mers australes , que se trouvent les albatros. Ils se portent aussi par milliers, vers la fin de juin , sur les côtes du Kamtscliatka , et ils y sont les précurseurs des bandes de poissons voyageurs ; ils se tiennent surtout en grand nombre dans la mer d'Ochotsk , dans l'Archipel des îles Kuriles et à l'île de Bering. Lorsqu'ils y arrivent, ils sont dans un état de maigreur extrême , qui se change bientôt en embonpoint, par l'abondance de poissons qu'ils prennent à l'embouchure des rivières. Ils abandonnent ces parages à la fin de juillet, et toujours avant la mi-aoi\t. Les ornithologistes ont distingué plusieurs espèces d'alba- tros; mais je ne crois pas que toutes ces distinctions soient réelles. L'Albatros a bec jaune et noir , Dlomedea chlororhyncos , Lath. , est de la grosseur de Voie commune : il a la tête grise , avec deux traits noirs sur les côtés ; le dessus du corps noi- râtre , à reflets bleus ; le dessous blanc , aussi bien que le croupion ; les pieds d'un blanc jaunâtre ; l'iris de l'œil brun ; l'arête du demi-bec supérieur et la base de l'inférieur d'un beau jaune ; le bec noir dans le reste. Cet albatros fréquente les mers du Sud , depuis le trentième jusqu'au soixantième degré de latitude , et les côtes de l'île d'Amsterdam. L'Albatros bleu noirâtre. V. Albatros a bec jaune ET NOIR. L'Albatros brun foncé, ou couleur de chocolat, D/o- medea spadicea^ Lath., est plus grand qu'une oie ; il a le bec d'un blanc jaunâtre ; l'iris brun ; le devant de la tête , le tour de l'œil et la gorge blancs ; le plumage en général d'une jolie couleur de chocolat ; le cou et les parties inférieures , d'une nuance plus pâle ; le fond intérieur et les couvertures in- férieures des ailes, blancs ; la queue courte et arrondie; les pieds d'un blanc bleuâtre ; les ongles blancs. L'Albatros du Cap de Bonne-Espérance. Le même que Valbatros commun. L'Albatros de la Chine. Le même que Valbatros gris- hrun. L'Albatros COMMUN, Dlomedea exulans, Lath. (pi. enl. de Buff , n." 287 ). Longueur, 3 pieds 6 pouces à 4- pieds ; man- teau gris-brun , avec àe& hachures noires au dos et aux ailes ; croupion blanc , de même que tout le dessous du corps ; ailes noires , en grande partie , comme l'extrémité de la queue ; tige des pennes des ailes jaune ; bec jaunâtre ; pieds d'un brun rougeâtre , ainsi que les doigts , dont la membrane est 288 A L B brune. Les matelots anglais donnent à cet oiseau le nom d'oïc de la mère Carey. Les couleurs du plumage de cet albatros ne sont pas cons- tantes : l'âge et le sexe en font varier les nuances. L'Albatros gris. V. Albatros commun. L'Albatros gris-brun , Biomedea fuliginosa , Lath. Les matelots anglais l'appellent 50oi!j, ou oiseau quaker , à cause de la couleur sombre de son plumage. II est un peu moins grand que Valbatros commun , et son bec ne paroît pas avoir les sutures aussi fortement prononcées. Buffon conjecture , avec toute apparence de raison , que c'est le jeune dans l'es- pèce de Valhatros commun, (s.) ALBELEN. Lavaret des lacs de Suisse, (s.) ALBÉOGE. C'est une espèce de Sèche. V. Sèche, (b.) ALBERAC. V. au mot Dauphinelle staphysaigre. (b.) ALBERÈSE. V. Pierre de Florence, (pat.) ALBERGAINE. V. Mélongène. (b.) ALBERGAME DE MER. Nom donné par Rondelet à une espèce d'HoLOTURiE de la Méditerranée, (b.) ALBERGE. Espèce de pêche précoce, et dont la chair est jaune et ferme. V. au mot Pêche, (b.) ALBERGINE. V. Morelle aubergine, (b.) ALBINOS, ou Chacrelas, ou Dondos, ou Bedas. Ce sont ces individus de l'espèce humaine , que nous nommons blafards^ et qui, dans la race nègre, portent le nom de nègres blancs. C'est par le défaut du réseau muqueux sous- cutané , qui colore plus ou moins la peau de tous les autres hommes, que ces blafards demeurent ainsi d'une teinte pâle, d'un blanc mat et fade. Ils ont également les cheveux blan- châtres comme de l'étoupe , et l'iris de leurs yeux est d'un gris pâle ou rougeâtre , ce qui fait qu'ils ne peuvent supporter la vive lumière du jour. Les lapins blancs , et en général tous les animaux qui blanchissent par dégénération ou foiblesse , et même les panachures des plantes, offrent un phénomène analogue. Nous en exposons les causes aumotNÈGRE. (virey.) ALBINOS. (Mammifères et Oiseaux.) Les quadrupèdes et les oiseaux suivans sont sujets à devenir blancs, selon le rap- port de divers voyageurs et naturalistes dignes de foi. Ce sont, parmi les quadrupèdes , le pulois, la zibeline, la belette , l'ours ( Ursus arctos ) , le blaireau , la taupe , Le castor, le rat, la souris, le mulot, le hamster, l'écureuil, l'éléphant, le bœuf , le renne, le daim, le lapin, le co- chon d'Inde , le lièvre changeant , le chat. Et , parmi les oiseaux : le faucon commun, le faucon d'Islande, la pie- grièche grise , le corbeau commun , la corneille , le chou- cas , le geai, la pie, l'oie, le canard, la bécasse, le A L B 289 paon, le dindon, le coq et la poule, le faisan, la peintade, le petit tétras, la perdrix grise, la caille commune, le bouvreuil, le pinson , le chardonneret, le serin de Canarie , le moineau franc , l'ortolan , l'hirondelle de cheminée , la grive commune , le m.erle , le rossignol, le troglodyte, l'alouette commune, la farlouse , l'étourneau commun ou sansonnet , le pigeon , la tourterelle. Si le principe colorant , dans certains animaux , peut être ainsi altéré et même anéanti, il en est d'autres chez lesquels il prend au contraire plus de force , et passe au noir foncé. Ces derniers animaux, auxquels on a proposé de donner le nom de Melanos , par opposition avec celui d'ALBiNos , sont moins nombreux que ceux - ci. Ce sont , parmi les mammifères :.le rat, la souris , l'écu- reuil, le lapin, le chat, le couguar, le mêlas ou panthère noire, le mouton et le bœuf; et, chez les oiseaux ; le faucon commun, le choucas, le canard, le coq et la poule, le bouvreuil, le pinson, le chardonneret , le tarin , le moineau franc , l'ortolan , l'a- louette commune, le pigeon domestique, etc. (desm.) ALBORO. C'est le Spare pagel. (b.) ALBOTIN. Nom arabe du Térébinthe. (b.) ALBOUCOR. C'est la liqueur qu'on retire de l'arbre de I'Encens. (b.) ALBOUR. Ancien nom du Cytise des Alpes, (b.) ALBRAND , ALEBRAN , ALEBRENT , ou HALE- BRAND , Vénerie. Jeune canard saiwage^ dont le vol n'est pas encore assez ferme pour quitter le lieu qui l'a vu naître. Au mois d'octobre il prend le nom de canardeau , et en no- vembre celui de canard ou d'oiseau de rioière. (s.) ALBRENE (^Fauconnerie.') C'est un oiseau de proie qui est en mue. (desm.) ALBRENER(r(e/TOeÉfecAa55e.) C'est chasser aux albrandsy ou aux canards sauvages, (desm.) ALBUCA, Albuca. Genre de plantes de l'hexandrie mo- nogynie et de la famille des Liliacées , et qui comprend quatorze espèces , toutes propres au Cap de Bonne-Es- pérance. Il a six pétales colorés en leurs bords , dont trois intérieurs et trois extérieurs, ces derniers plus longs et plus ouverts; six étamines; un ovaire oblong, un peu triangulaire , chargé d'un style en pyramide renversée , dont le stigmate est aigu et entouré de trois pointes ; une capsule oblongue , triangulaire , divisée en trois loges , qui renferment des se- mences aplaties. Trois des étamines avortent dans la moitié des espèces. Les albucas ressemblent aux Ornithogales et aux Asphq- I, 19 aoo A L ij DÈLES , et n'en sont qu'imparfaitement distingués par leurs caractères. Aussi Lamarck a-t-il rangé parmi ces (lernlères les alhuat dont toutes les étamines sont fertiles. Tous sont des plantes à racines bulbeuses , à hampe nue , à fleurs gros- ses , pendantes et peu nombreuses. Us sont fort rares dans les jardins de botanique, et ne présentent rien de saillant. t.Ine seule a de Todeur. Les Hotlentols mâchent les tiges du Grand Albucâ , Albuca major^ Lin., pour se désaltérer dans les chaleurs, (b.) ALBULE. Nom spécifique de poissons des genres Sau- mon, Cyprin et Mugil. (b.) ALBUNEE, Albunea. Fab. Genre de crustacés de Tordre des décapodes, famille des macroures, ayant pour caractères : pieds de la seconde paire et ceux des deux suivantes terminés par une lame en forme de faulx ; les deux derniers fdiformes repliés; les deux premiers finissant en une serre triangulaire, aivec le doigt immobile fort court, antennes intermédiaires beaucoup plus longues que les latérales; pédicules oculaires en forme d'écaillés rapprochées l'une de l'autre , au milieu du fronl. De toutes les espèces à^albunées mentionnées par Fabrl- cius , celles qu'il nomme symnisia { Herbst. , can. , tab. 22 , fig. 2) et saitellata^ sont les seules que je rapporte à cegenre ; la première se trouve dans les mers des Indes ; la patrie de la seconde est inconnue. Voyez ^ pour les autres espèces d'al- bunées, les genres Ranine et Coryste. (l.) ALBURÎSE. Nom spécifique d'un Centropome, Perra alburnus , Lin. (B.) ALCALI. V. Aekali. (luc.) ALCANA, Nom arabe de la racine de la Buglose tei- gnante, Anchusa iincioria, Lin. On appelle aussi du même nom , par comiplion à'Aihenna , le HenNÉ , Lawsonia iner- rrùs , Lin. Ga-rtner a établi le genre sous ce nom. (b.) ALCARAD. On croit que c'est I'Acacie du Sénégal, (b.) ALCATRAZ. Nom d'un Pélican du Chili et du Mexique que l'on soupçonne être le Pélican brun ; on a quelquefois donné le même nom au petit Cormoran, et même au Calao des Moluques. Cependant aucun de ces oiseaux n'a le sac sur l'œsophage qu'offre ce Pélican, (v.) ALCE. Nom de I'Élan chez les anciens, (s.) ALCÉE, Alcea. Genre de plantes de la monadelphie po- lyandrie et de la famille des MaLVACÉES , qui a de si grands rapports avec celui de la Guimauve que plusieurs naturalistes les ont réunis. Il comprend sept à huit espèces qui sont gé- néralement cultivées dans les jardins , à raison de la beauté de leurs fleurs. Ses caractères sont d'avoir un calice double et A L C 2(^1 persistant , dont l'extérieur est à six ou neuf divisions, tandis que rintérieur ne l'est qu'à cinq ou six ; cinq pétales cunéi- formes, plus grands que le calice, échancrés en cœur ou incisés à leur sommet, réunis à leur base , par suite de leur adhérence à la colonne des étamincs ; un grand nombre d'é- tamines , dont les filamens sont réunis à leur partie inférieure; .un ovaire arrondi , chargé d'un style divisé en plusieurs stig- mates. Le fruit est formé par l'assemblage d'un grand nombre de capsules inonospermes , disposées orbiculairement sur tui réceptacle aplati, muni d'une pointe dans son milieu. Les plantes de ce genre sont plus connues des jardiniers sous le nom de maui>e-rvse , passe-rose, rose-irémière ^ que sous celui qu'on leur donne ici. Il ne faut pas les confondre avec Valcée des herboristes, qui est une Mauve, maha alcea^ Lin. Les tiges des alcées s'élèvent à huit ou neuf pieds , sont garnies de feuilles depuis leurs racines, et de fleurs depuis leur moitié. Les feuilles sont larges , velues , anguleuses ou digitées , et se présentent toujours dans le sens de leur lar- geur. Les Heurs sont du diamètre de trois pouces et plus , varient infiniment par les nuances de leurs couleurs, s'ou- vrent successivement, et présentent pendant l'été et l'automne un aspect vraiment beau ; elles doublent et panachent très- aisément. On estime de préférence , et avec raison , celles qui jouissent de ces deux avantages. L'AlcÉE rose, qui est originaire du midi de l'Europe , est celle que l'on cultive le plus généralement; mais on trouve aussi , surtout dans les jardins de Paris , les deux autres espèces : l'une appelée Alcée a feuilles de figuier, et la seconde Alcée de la Chine. Cette dernière est plus petite , mais bien plus élégante, (b.) ALCELAPHE , Alcelaphvs. Dans son mémoire sur plu- sieurs espèces de ruminans , M. de Blainville propose de subdiviser ceux de ces animaux qui sont pourvus de cornes persistantes , en douze genres , dont un porte le nom Xalce- laphe. Il renferme le bubale et le caama. V. Antilope, (desm.) ALCHACHENGE. Nom ancien de la Corinde et du Coqueret. (b.) ALCHAMECH. C'est la Truffe noire, (b.) ALÇHIMELECH. Nom arabe d'un Mélilot , ou plutôt d'une Trigonelle. (b.) ALCHIMILLE, yikhimilla , Lin. Genre de plantes de la tétrandrie monogynie, et de la famille des Rosacées. Il a pour caractères : un calice d'une seule pièce , persistant et divisé en huit découpures alternativement grandes et petites ; point de corolle ; quatre étamines très-courtes, insérées sur 392 A L C le calice ; un ou deux ovaires , chargés d'un style court ; une ou deux semences enfermées dans le calice. Les Alchimiltes , qu'on appelle aussi pied de lion ou perce- pierre^ sont des herbes vivaces qui ne croissent que sur les montagnes froides , et qui ne sont remarquables que par leurs feuilles palmées ou presque digltées, et leurs fleurs disposées en corymbes. On en compte dix espèces. Celle que l'on appelle Alchimille VULGAIRE, passe pour vulnéraire et astringente. Deux sont exotiques : une autre, qu'on trouve dans toutes les plaines arides , formoit autrefois un genre particulier sous le nom d'ApHA^ES. Celle-ci est annuelle, et présente quel- ques différences dans sa fructification et son port, (b.) ALCHARAD de Prosper Alpin. Nom Égjptien du Mi- more Sénégal. ALCHAT. V. Alden. ALCHATA. Oiseau mal décrit par les anciens naturalistes, et rapporté à plusieurs espèces, notamment à un petit Té- tras de Provence, vulgairement appelé Grandoule. ■ ALCHMlîSïER. Espèce de Néflier, (b.) ALCHORNÉE , Alchornea. Genre de plantgs de la dioécie monadelphie , et de la famille des Euphorbes. Il offre pour caractères : un calice de trois ou de cinq folioles; point de corolle ; huit étamine» réunies à leur base dans les fleurs mâles ; un calice à cinq dénis; un ovaire surmonté d'un style bifide dans les fleurs femelles ; une capsule bacci- formc, renfermant deux osselets monospermes. Ce genre ne contient qu'une espèce qui croît à la Jamaïque, et dont l'écorce, sous le nom à'alcomoçue^ passe pour re- mède infaillible contré les maladies des poumons et du foie, (b.) ALCIBIADIUM. Nom ancien de la Vipérine, (b.) ALCINE, Alrina. Genre déplantes de la syngénésie, et de ia famille des Corymbifères , dont le caractère est d'a- voir un calice de cinq folioles, plane, ouvert, très -grand; des fleurons hermaphrodites stériles au centre, et des demi- fleurons presque en cœur, ou ovales, échancrés , concaves; femelles fertiles à la circonférence ; un réceptacle hémisphé- rique nu -, des semences surmontées de cinq dents ou lurber- cules, dont un est perforé. Ce genre ne contient qu'une espèce. C'est une plante vi- race, venant du Mexique , dont les feuilles sont connées, les fleurs jaunes, portées sur de longs pédoncules terminaux ou axillaires. On le cultive dans nos jardins, (b.) L'ALC10N..C'est le Pétrel de plusieurs navigateurs, (s.) ALCK ou Alka. Le pingouin en Norwége et aux îles Fé- roë. (s.) ALCO. Race de chien du Pérou et du Mexique. V, Chiew. A L C ag3' ALCOHOL , ou ALCOOL, ou ALKOHOL. — Toutes les substances sucrées qui ont subi la fermentation, donnent de l'alcohol par la distillation. Le vin est celle de toutes les liqueurs fermente'es qui en fournit le plus et d'une meilleure qualité. Celui qu'on ex- trait des autres a, ou un goût et une odeur désagréables, ou des qualités qui lui donnent de la valeur comme boisson. Uakohol connu dans le commerce a plusieurs degrés de concentration, qui le rendent propre à divers usages : Veau- de-vie en est le premier, et en la dépouillant, par des distil- lations répétées, de l'eau qu'elle contient, on obtient les divers degrés de spirituosité. L'eau-de-vie n'est guère em- ployée qu'à la boisson, tandis que les alcohols supérieurs, outre cet usage , servent dans les arts à dissoudre les résines pour former les vernis. On s'en sert , dans les pharmacies , pour préparer cette liqueur, qui y est connue sous le nom d'éther. Li'alcohol fait la base de presque toutes les liqueurs usitées sur nos tables : on en tempère la violence en y dissolvant du sucre , et on leur donne une grande variété de parfum et de goût, par le moyen des aromates et huiles volatiles, que Valcohol dissout aisément. Ualcohol est d'autant plus léger et inflammable, sa saveur est d'autant plus forte , qu'on l'a plus rectifié ou dépouille d'eau. F. Eau-de-vie. (c.) h'alcohol est le nom que les chimistes modernes ont don- né à V esprit-de-vin. Ualcohol ^ suivant Fourcroy, est un fluid.e transparent, très-mobile et très-léger, d'une odeur péné- trante et agréable , vive et chaude , extrêmement volatil , et qui , chauffé , même légèrement , dans des vaisseaux fermés , s'élève , passe sans altération dans les récipiens , et par ce moyen se concentre , et se sépare du peu d'eau qu'il pou- voit contenir. On retire Vakohol de l'eau-de-vie par la voie de la dis- tillajion. Lorsqu'on chauffe avec le contact de lair , de Valcohol bien déflegmé , il s'allume et brûle sans laisser au- cun résidu , présentant une flamme légère , blanche dans le milieu et bleue sur ses bords. Ualcohol est parfaitement dis- soluble dans l'eau , et s'y unit en toutes proportions. Cette dissolution se fait avec chaleur, et forme des espèces d'eaux- de-vie d'autant plus fortes que l'alcohol y est en plus grande quantité. Il est peu de principes végétaux sur lesquels Valcohol ne puisse avoir une action plus ou moins marquée ; les extraits y perdent leur partie colorante , et souvent toute leur subs- tance , lorsqu'ils sont de la nature des exlracto-résineux , ou 294 A L C des résino-extractifs; les sucs sucrés el savonneux s'y unissent. Mais les matières avec lesquelles il se combine le plus faci- lement , sont les huiles volatiles , Tarome , le camphre , les baumes et les résines. On emploie Valcohol pur ou uni au camphre , à l'extérieur, pour arrêter les progrès de la gan- grène. On donne le nom impropre A''eaux distillées spiritueuses à Valcohol chargé de l'arôme des plantes ; ces eaux sont ad- ministrées en médecine comme toniques, cordiales, anti- spasmodiques , stomachiques , etc. On les donne étendues dans de l'eau , ou adoucies par des sirops. On fait avec ces eaux et le sucre , des boissons connues sous le nom de ra- tafiats ou de liqueurs. IJalcohol uni à la résine copal , à l'huile d'aspic ou de grande lavande , à celle de térébenthine , forme des vernis que l'on nomme siccatifs , parce qu'en appliquant une cou- che de ce composé sur le corps que l'on veut vernir , Valcohol se volatilise promptement , et laisse sur ces corps une lame résineuse transparente. Les huiles volatiles qu'on y mêle , empêchent ces vernis de se dessécher trop promptement, et elles en préviennent la fragilité par l'onctuosité qu'elles leur communiquent, (d.) ALCORNOQUE. Ecorce dont on fait un fréquent usage en médecine depuis quelques années. Il y a lieu de croire qu'elle provient de Valchornéc de Swartz ; mais cela n'est pas regardé pour certain par tous les botanistes , dont quel- ques-uns pensent qu'elle provient d'un chêne , et d'autres , qu'on la retire d'un arbre formant un genre nouveau dans la famille des Guttifères. (b.) ALCYON. V. Martin - pêcheur. On a aussi nommé quelquefois Alcyon , la Salangane., la Frégate., un petit Paille en queue , et même le Rousserol. (v.) ALCYON. Quant à Valcyon-^^ocal d'Aristote , on ignore quelle en est l'espèce, (s.) ALCYON , Alcyonium. Genre de vers de la famille des Polypes , dont le caractère est de former un polypier va- riable dans ses formes , épais , poreux ou celluleux , soit étalé en croûte , soit glomérulé , soit enfin lobé ou ramifié , d'une substance intérieure fibreuse , roide , presque cornée , encroû- tée et recouverte d'une chair plus ou moins épaisse , qui de- vient ferme, coriace, et comme terreuse par le dessèche- ment , et qui est percée de trous ou de cellules polypifères. Quoiqu'on ait fait de grandes recherches relativement aux animaux de ce genre , il s'en faut de beaucoup qu'on possède sur leur compte les lumières qu'on pounoit désirer. Les diffi- cultés de leur observation sont telles , que souvent le zèle le plus actif, ainsi que je l'ai éprouvé , ne peut les surmonter. A L C 295 L'extérieur des alcyons présente des trous , dont chacun renferme un polype pourvu de tous les organes nécessaires à sa nutrition et à Sa génération. Pendant sa vie , son corps y quoiqu'attaché au fond et aux parois de sa loge , sort quelque- fois de cette loge et se dresse sur son ouverture. On voit alors qu'il est cylindrique , et terminé en haut par des tenta- cules ciliées qui forment une étoile , ou , si l'on veut , unte covi- ronne autour d'une ouverture placée au centre. Ces organes, qu'on peut comparer à ceux des hydtvs , ne varient point dans la même espèce , et remplissent sans doute les mêines fonc- tions que dans les autres polypes, c'est-à-dire, qu'ils servent à arrêter la, proie et à la conduire à la bouche. L'intérieur des alcyons est formé d'une substance pluS molle et différemment organisée que celle de l'extérieur; elle ne donne aucune marque de sensibilité ; elle paroît outre cela plus poreuse , composée de petits canaux longitudinaux dans les espèces qui forment des tiges ramifiées , et diver- gens , du centre à la circonférence , dans celles dont la forme est plus ou moins globuleuse. Les alcyons vivent tous dans la mer , attachés aux corps solides qui s'y trouvent. Leur grandeur varie c'est-à-dire , de trois pieds à une demi-ligne. Olivi a séparé de ce genre plusieurs espèces pour en for- mer un nouveau, qu'il a appelé Lamarckie. Ce sont celles qui sont minces et creuses. Plusieurs autres pourroient un jour sans doute en être encore séparées pour être réunies aux éponges , ou former un nouveau genre intermédiaire ; ce sont celles dont on n'a jamais vu le polype , et qu'on peut supposer être formées comme les éponges par uu animal voi- sin du genre des Actinies. Parmi les espèces d'alcyons , il faut remarquer : L'Alcyon ARBORESCENT, qui s'élève à la hauteur de trois pieds , et dont les caractères sont d'avoir une tige rameuse , les extrémités des rameaux obtuses et les trous placés sur de gros mamelons. U se trouve dans les mers de l'Europe et de l'Inde. L'Alcyon digité. Il est épais et terminé par dès lobes presque cylindriques et droits ; sa hauteur est de 4 ^ 5 pou- ces. On le trouve dans la Méditerranée ; ses polypes sont répandus sur toute sa surface, surtout aux extrémités. V. pi. A, n." 4- La figure est celle de son polype grossi. L'Alcyon main du diable , appelé aussi maîn de mer , main de larron , main de Judas , dont la tige est de forme va- riable , mais a souvent l'apparence d'une main garnie de tuber- cules obtus et perforés, lise trouve dans les mers d'Europe. 296 A L G L'Alcyon figue de mer , dont la forme est semblable k celle d'une figue couleur olivâtre , et dont la substance est pulpeuse. Cette espèce se trouve dans les mers d'Europe, et très-souvent fossile. On a de la peine à se persuader qu'une substance presque gélatineuse puisse devenir pier- reuse ; mais on a des faits qui ne permettent pas d'en douter. L'Alcyon pélagique, qui a les tiges très-brancbues, cylin- driques , légèrement striées et vertes. 11 ne s'élève pas à plus de deux pouces. Je l'ai décrit et figuré après l'avoir ob- servé sur les varecs qui nagent au milieu de la grande mer. Ses polypes sont aux extrémités des branches , et ont la bou- che entourée de 12 à i5 tentacules blanches. V.ipl. A 4i sa figure et celle de son polype grossi. Les autres alcyons^ au nombre de 12 à i5 , sont tous très- caractérisés , et mériteroient également d'être cités ; mais ils sont beaucoup plus rares. Les genres Béthi et Géodie ont été établis aux dépens de celui - ci par Lamarck ; les genres Anthelie , Xenie , Ammothée et LoBULAiRE par Savigny , et le genre Paly- THOÉ par Lamouroux : les Anadyomènes de ce dernier s'en rapprochent beaucoup. L'Alcyon FLUVIATILE de Bruguières constitue aujourd'hui le genre Alcyonelle. Desmarestet Lesueur ont étudié les Botrylles , jusqu'ici rangés avec les Alcyons, et n'ont pas balancé à les re- garder comme étant des Mollusques voisins des Ascidies. M.' Savigny, en confirmant les observations de ces natura- listes, n'en a pas moins persisté à regarder les bot ly lies ^ qu'il nomme alcyons asciâiens , comme des alcyons à deux ouoeriures. Le même M."^ Savigny a reconnu que plusieurs autres alcyons dévoient être placés dans des genres voisins des .Vérétilles, des Pennatules, et autres polypiers flottans. Lamarck a appelé Polypes tubifères les animaux ob- servés par Savigny, et en a fait un ordre particulier. V. Polype, (b.) ALCYONELLE, Alcyonella. Polvpier qui vit dans les eaux stagnantes des environs de Paris , et que j'ai , le pre- mier , fait connoître à Bruguières qui l'a décrit sous le nom A\ilcyon jlïmatile dans l'Enclyclopédie méthodique. De- puis il a été retrouvé par PalisotBeauvois et remis à Lamarck, qui en a fait un genre auquel il a donné pour caractères : po- lypier encroûtant , à masse épaisse , convexe et irrégulière , constitué par une seule sorte de substance et composé de l'agrégation de tybes verticaux , subpentagones , ouverts à A L D 297 leur sommet, d'où sort un polype à corps allongé , cylin- drique , offrant à son extrémité supérieure quinze ou vingt tentacules droites , disposées autour de la bouche en un cer- cle incomplet d'un côté. J'ai observé ce polypier à l'étangdeBagnoletet àla mare d'Auteuil, sur les pierres /où il formoil des masses demi- sphéroïdales depuis quelques lignes jusqu'à deux à trois pou- ces de diamètre. Le savonnage du linge l'en a fait disparoître. Palisot Beauvois l'a observé dans l'étang du Plessis-Piquet , où il est encore très-abondant. 11 est facile de le conserver vi- vant dans un bocal en en changeant l'eau tous les jours, (b.) ALCYONIDÉES. Ordre établi par Lamouroux, (An- nales du Muséum) dans la famille des plantes qu'il a appelées Thalassiophytes. Ses caractères sont : organisation géla- tineuse ou trémelloïde ; couleur d'un fauve olivâtre , terreuse , devenant plus foncée à l'air. Un seul genre , I'Alcyonidioïi , le compose, (b.) ALCYOl^lDlOl^ , A Icyonidium. Genre de plantes établi par Lamouroux aux dépens des Ulves de Linnseus. 11 offre pour caractère des capsules granifères , innées dans la subs- tance charnue ou gélatineuse de la plante. Ce genre réunit huit espèces dont une seule est bien con- nue ; c'est I'LTlve diaphaîse , qui se trouve dans les mers d'Europe, et qui est figurée pi. i3 du mémoire sur les thalas- siophytes de l'auteur précité. Elle ressemble à la Tremelle NOSTOC. (b.) ALCYONITES , Alcyons fossiles. V. Alcyons , vers polypes, (s.) ALDÉE, Aldea. Plante hérissée de poils , à racine an- nuelle , filiforme ; à feuilles alternes , les inférieures longue- ment pétiolées , pinnées , avec une impaire très-grande ; les folioles ovales , aiguës , très-entières ; à fleurs blanches ou rougeâtres , disposées en grappes unilatérales, recourbées à leur sommet , qui forme un genre ayant pour caractère : un calice persistant , à cinq divisions linéaires ; une corolle!' campanulée , à cinq dents ; cinq étamines velues ; un ovaire supérieur à style filiforme et à stigmate bifide ; une capsule ovale uniloculaire , bivalve , disperme , renfermée dans le calice. L'Aldée croît au Chili , et y est employée dans la tein- ture noire. L'Héliotrope pennée de Valh et I'Hydro- phylle magellanique de Lamarck doivent faire partie de ce genre , si, même elles ne sont pas la plante même sur laquelle il a été établi, (b.) 298 A L E ALDINE. Adanson a ainsi appelé un arL^-e Ae la Ja- maïque que Linn;eus avoit rappwté à l'AsPALAT ÉBÈ^;E, mais qui paroît devoir fonner un genre distinct de ce dernier aiflsi que des Ptérocarpes et des Amerimnons avec lesquels il a également beaucoup de rapports, ses fruits étant des gousses à deux loges monospermes. * Scopoli a donné le même nom à un genre mal observé , établi sur une Carmeistiîîe ,justicia gandarussa^ Lin. (b.) ALDROVANITE, Aldrooanda. Plante delà pentandrie pentagynie, qui forme seule un genre fort voisin des Rossolis. Elle a des fleurs fort petites , solitaires, axillaires , dont le ca- lice est persistant et à cinq divisions ; la corolle de cinq pé- tales: l'ovaire globuleux et à cinq styles; une capsule unilo- culaire, à cinq valves renfermant dix semences. Sa tige est her- bacée , garnie de beaucoup de petites feuilles verticillées , cu- néiformes , étroites , et portant à leur sommet une utricule vé- siculeuse. • L'aldrovande croît dans les eaux de l'Europe méridionale, et nage sur leur surface au moyen des utricules de ses feuilles. On la trouve en France auprès d'Arles. Decandolle a remarque que celte plante germe au fond de l'eau , et qu'à l'époque de sa floraison , sa tige se sépare en deux portions , dont la supérieure va fleurir à la surface ; aussi ne la trouve-t-on jamais en fructification que déta- chée et flottante. Que de ressources possède la nature ! (B.) ALEBRANDE ou ALDEBRANDE. Vieux nom fran- çais de la Sarcelle, (s.) ALEBRUNE, On appelle ainsi la Salamandre, (b.) ALECTISCAK au Groenland. C'est le Phoque a crois- sant , Phoca groenlandira. (desM.) ALECTO , yllecto. Genre établi par Leach aux dépens des VsTÉRiES. Il rentre complètement dans celui appelé Coma- TULEparLamarck. li'espèceque figure le premier de ces au- teurs , pi. 80 de ses Mélanges de zoologie , comme nouvelle , paroîl même être la Comatule multirayonnée ; espèce déjà représentée par Séba et par Llnck. (c.) ALECTOR. Nom grec du coq, du Hocco delà Guyane dans Gmelin et Latham , et d'une subdivision des gallina- cés dans le Règne animal de M. Cuvier , où se trouvent les Hoccos et le Pauxi. (v.) ALECTORIE , Alectoria. Nouveau genre de plantes de ia famille des Lichens , établi dans la Lichénographie uni- verselle , composée de plusieurs espèces de Parmelie , et de plusieurs Usnées d'Hofmann. 11 a pour caractères une substance filamenteuse , rameuse, fistuleuse ; des écussons orbiculaircs, épais ^sessiles, margi- A L E âgg nés , devenant , avec l'âge , convckcs el sans marge très-|>ro- noncée. Ces écussons sont entièrement forrnés par la subs- tance fistuleuse ; il renferme se|)l espèces , parmi lesquelles se trouve l'UsNÉE de Linnœus. (b.) ALECTORIE, Alertoria. Genre établi parAcharius, mais qui ne diffère pas suffisamment de celui appelé CORNI- CULAIRE par Decandolle. (iB.) A.LECTOROLOPHE, Alertorohphis. Genre dé plantes établi pour placer la CocRÈTE DES PRÉS et la Cocrète héris- sée qui diffèrent un peu des autres. On lui a rlortné pour tarat- tères, d'avoir la lèvre supérieure bifide etarticniée, l'inférieure Jrifide , avec la division intermédiaire large et émarginée , la capsule comprimée, bivalve, et des semences comprimées, (b^) ALECTRE , Alectra. Plante à tige cylindrique velue , à fetiilles éparses, sessries, ovales, obtuses , velues; à fleurs jaunes , striées de pourpre , disposées en épi terminal , et ac- compagnées de bractées ; laquelle forme on genre dans la di- dynamie angiospermie. Ce genre a pour caractère : un calice à deux lèvres, dont la supérieure est bifide et l'inférieure trîfide ; une corolle in- fundibuliforme ; quatre étamines à filamens barbus, dont deux plus courtes; un ovaire à un seul style ; une capsule di- dyme à deux loges et à semences solitaires. Ualectre est annuelle , et se trouve ati Cap de Bonne-Es- pérance , sur le bord des rivières. (B.) ♦ ALECTRIDES , Alectrides. Trentième famille d'oiseaux de l'ordre des sylvains. Caractères : pieds médiocr'es ; tarses réticulés ; les doigts antérieurs unis à l'origine par une mem- brane ; ongles allongés , un peu courbés , pointus ; bèc nu à la base , un peu grêle , voûté ; dix rectrices : cette fan^ille n'est composée que du genre Marail. V. ce mot. (v.) ALECTRION, Alectrion. Genre de Coquilles établi par Denys Montfort pour séparer des ButciNS de Linnœus quel- ques espèces qui s'éloignent des autres par leurs caractères. Ceux qu'il lui attribue sont : coquille libre , univalve , à spire élevée , aigiie ; ouverture ronde ou ovale ; columelle ar- quée offrant une dent ou une gouttière dans sa jointure avec la lèvre droite qui est tranchante et armée ; base échancrée. L'espèce qui sert de type à ce genre est le BucciN tiRAiïr DE RIZ , luccinum papillosum , Linn. C'est une coquille de deux pouces de longueur , dont la robe est brune , parsemée de tubercules blancs disposés en séries. On la trouve dans la mer des Indes , à une certaine distance des côtes, (b). ALECTRION , Alectrion. Genre de plante de la famille des Saponacées, dont les caractères ne sont pas complète- ment connus, il a une baie sèche , nniloculaire , surmon- 3oo A L E tée d'une crête comprimée , contenant une seule semence recouverte d'une arille incomplète et pulpeuse, (b.) ALECTROLOPHOS. Nom donné anciennement à plu- sieurs plantes, telles que le Vélar alliaire, la Sauge des PRÉS et trois espèces de Cocrètes. Haller l'a conservé comme genre pour ces dernières , à raison de leur calice renflé et comprimé, et de la lèvre supérieure de leur corolle qui est plus courte. F. Alectolorophe. (b.) ALENBOCH. Nom de la Petite Mouette cendrée^ sur le lac de Constance, (s.) ALENE. Nom vulgaire de la Raie oxyrinque. (b.) > ALÊNE. Nom marchand d'un Buccin, (b.) ALEOCHARE, Aleochara, Grav. Genre d'insectes de l'ordre des coléoptères , section des pentamères, famille des brachélytres ou de ceux qui ont les étuis très-courts (les sta- phylins de Linn.); et qui se distingue des autres de la même famille, parles caractères suivans : labre entier; palpes maxil- laires plus courts que la tête , avec le quatrième article appa- rent, mais très-petit; antennes insérées à nu entre les yeux, avec les premiers articles sensiblement plus longs que les suivans ; ceux-ci perfoliés ; le dernier allongé et conique. Les aléochares font partie de notre troisième section des brachélytres , celle des aplatis; ce sont les seuls insectes de cette coupe , dont les antennes soient insérées près du bord internées yeux , et découvertes à leur base. M. Gra- venhorst , dans la révision de son premier travail sur les co- léoptères de cette famille ( coléop. mirroc. 1806 ) , a dimi- nué l'étendue primitive de son genre aléochare , en formant à ses dépens celui de loméchuse^ genre que j'adopte aussi , mais que je compose uniquement des aléochares , dont la tête s'enfonce postérieurement dans le corselet , et qui , avec les tachines et les tachipores, forment ma dernière sec- tion des brachélytres ou les microcéphales. Les aléochares sont de petits brachélytres , à antennes un peu courbées en faucille, à tête presque ronde , à corselet ovale ou carré , avec les angles arrondis , et dont les étuis sont fort courts. Leurs quatre palpes sont terminés en alêne. On ,les trouve , le plus souvent , dans les champignons , sous les pierres ou sous les débris des végétaux qui sont à terre. Elles courent très-vite. Aléochare cannelée, A. canaliculata ^ Grav. Panz. Faun. insect. germ. fasc. 27, tab. i3. Longue de deux lignes, d'un brun fauve , avec la tête et l'antépénultième article de l'ab- domen noirs ; un sillon longitudinal au milieu du corselet. On la trouve en Europe, sous les pierres, dans les lieux humides. Albochare du bol£T , A. holeti. , Grav. ; Staphylims boleti , A L E 3oi Lin. Longue d'une à deux lignes, noire, luisante; corselet presque orbicuiaire ; base des antennes , palpes , pieds et étuis pâles , partie de ces étuis avoisinant l'écusson , et les angles de leur extrémité , noirâtres. Dans les champignons. ÀLÉocHARE DES CHAMPIGNONS , A. fungi^ Grav. Confondue d'abord avec la précédente , mais ayant le corselet et les étuis plus larges ou transversaux : les étuis sont d'un brun noir , et les antennes sont entièrement d'une couleur plus claire que le corps. Elle se trouve avec la précédente. Je rapporte à ce genre les trois premières familles et la sixième des aléochares de M. Gravenhorst; la quatrième et la cinquième seront réunies aux loméchuses. V. ce mot. (l.) ALEPELECOU. Nom caraïbe du Câprier luisant, (s.3 ALEPIDE , Alepidea. Plante de l'Afrique dont de la Pioche a fait un genre voisin des Panicauts , et par consé- quent dans la pentandrie digynie et dans la famille des om- bellifères. Il offre pour caractères : un calice à cinq divisions ; cinq pétales recourbés ; cinq étamines ; un ovaire inférieur sur- monté de deux styles ; un fruit ovale. Les fleurs sont réunies sur un réceptacle hémisphérique et nu. (b.) ALEPIDOTE. Nom caractéristique de tous les poissons dont la peau n'est pas recouverte d'écaillés, (b.) ALERION. Nom vulgaire du Martinet noir, (s.) ALÈTHESou ALETHE. On dit que c'est un oiseau de proie des Indes qui , dressé , devient très-propre au vol de la perdrix, (v.) ALETRIS , Aletns. Genre de plantes de l'hexandrie mo- nogynie et de la famille des Liliacées, qui, dans Linnseus , renfermoit des espèces , dont les unes avoient pour fruit une baie et les autres une capsule. Ventenat, dans son Tableau du Règne Végétal^ avoit pressenti que ce genre devoit être divisé ; Jacquin l'a fait en établissant son genre Veltheimie, qui comprend toutes les espèces dont la capsule est membraneuse et ailée , et Thunberg en a encore séparé les Sansevières , qui ont pour fruit une baie.( V. ces mots ainsi que ceux S almie et LiRioPE.) Aujourd'hui ce genre se trouve réduit à quatre espè- ces dont font partie 1' Aletris farineux et 1' Aletris odorant. J'ai observé le premier en Caroline; c'est une plante dont les feuilles sont étalées sur la terre, en rosette, et dont la hampe *'élève de quinze à dix-huit pouces ; ses fleurs forment un épi à l'extrémité de cette hampe; elles sont blanches et cou- vertes d'un duvet qui les faitparoître farineuses. Cette plante est fort élégante , mais moins qu'une autre qui lui ressemble complètement , excepté dans la couleur des fleurs qui est 3o:. A L E «l'un jaune doré brillant. Cette dernière fleurit un mois après l'autre, et forme bien une espèce , mais qu'il est difficile de distinguer de la première autrement que par la couleur. L'Aletris nerveux. Il est originaire de l'Inde. On tire de ses feuilles une filasse avec laquelle on fabrique de fort bonnes cordes. Le caractère du genre Aletris , tel qu'il doit être actuelle- ment rédigé , est d'avoir une corolle infuudibuliforme , ru- gueuse ; des étamioes insérées à la base de ses divisions ; une capsule à trois loges , chacune à plusieurs semences, (b.) ALEUTÈRE, Aleutems. Sous-genre établi par Cuvier par- mi les Balistes , et dont le caractère est une seule épine à la nageoire dorsale ; le ba.ssin entièrement caché sous la peau. Le Baliste monocéros en fait partie, (b.) ALEVRITE , Caminum. Genre de plantes monoïques ; dont le caractère est d'avoir un calice divisé en trois par- ties ; une corolle à cinq pétales , trois fois plus longue que le calice ; un nectaire de cinq écailles anguleuses insérées à la base des pétales. La femelle est pourvue de deux styles divisés chacun en deux parties -, le fruit est une baie sèche à deux loges, contenant chacune une seule semence. Ce genre ne renferme qu'une seule espèce , qui est un arbre à feuilles trilobées , alternes , dont les différentes parties sont comme saupoudrées de farine. Ses fleurs sont disposées en panicule. Il crqît dans les îles de la mer du Sud. Jussieu observe qu'on doit rapporter à ce genre l'ambinux de Commerson , qui est le croton mollucanum de Linnœus , dont les fruits sont connus dans le commerce sous le nom de noix> de bancoul. (B.) AJjEYRODE , Aleyrodes^ Lath. Genre d'insectes de l'ordr«r des hémiptères , famille des aphydiens , ayant pour carac- tères ; tarses de deux articles ; élytres et ailes en toit ; an- tennes de six articles , courtes et presque cylindriques. Le type de ce nouveau genre est l'insecte que Geoffroy a nommé la phalène mliciforme de l'éclairé , et Linnaius , tinea proletella. 11 avoit été l'objet d'un mémoire particulier de Réau mur , Mém. ias. , tom. 2 , pçig. 3o2. — 17 , pi. aS , Jig. i — 17. Ce grand naturaliste l'ayant placé dans l'ordre des lépidoptères , les auteurs qui sont vpnus après l'y ont laissé. Mais j'ai fait voir dans un mémoire qui fait partie au Magasin encyclopédique, que cet insecte étoit réellement un hémiptère , voisin des piu:erot)s par la forme 4u corps, et des psylles par les métamorphoses. Les ale)ivdes ont le corps très-mou , farineux ; leurs élytres et leurs ailes sont de la même consistance , en toit écrasé, et ovales. Les deux sexes sont ailés. L'Aleykode ï)e l'éclairé, Aleyrodes checUdunii, a le corps A T. F 3oS à peine long d'une ligne , jaunâtre , quelquefois un peu rose , couvert entièrement d'une poudre blanche , d'où vient le mot â^alcyrode. Les yeux sont noirs , et paroissent divises par un trait. Les élytres et les ailes sont Llanches ; les élytres ont un trait transversal coupé par la nervure , et un point situé vers le milieu , noirâtres en dessous ; les pattes sont blanches. On trouve cet insecte dans tous les temps de l'année , même dans la force de l'hiver , sous les feuilles de la grande éclaire. 11 se nourrit sur le chou et sur le chêne. Ses œufs sont dis- poses le plus souvent au nombre de neuf à quinze , ou de vingt -cinq à trente, presque en cercle, sur une tache couverte d'une poussière blanche , entre les grosses côtes de la surface inférieure des feuilles. Ils sont blancs , gélatineux , lisses et luisans , avec le bout jaunâtre. Les larves sont ovales, très - aplaties , d'un verdâtre transparent , et ressemblent a une petite écaille. Les yeux sont noirs. Le suc d'un jaune orangé , que l'insecte soutire des feuilles de Védaire , paroil à travers sa peau. Le corps est frangé de cils. Réaumur pré- tend qu'avant de se changer en nymphe , cette larve prend une figure conique. Au moment où elle se prépare à cette mé- tamorphose , ou du moins à la dernière, son coi"ps s'élargit , son extrémité postérieure présente l'apparence d'un stigmate froncé , ceint d'un bourrelet. Elle se fixe sur la feuille avec une espèce de glu ou de liqueur visqueuse qui forme une frange à chaque bout du corps. On ne voit plus bientôt qu'une mem- brane à demi-sèche, transparente, à travers laquelle l'on discerne un corps noirâtre qui est la nymphe. Cette nymphe est couverte d'une enveloppe brune ; sa tête est arrondie ; le reste du corps est conique ; ses antennes et ses pattes sont libres. L'enveloppe se fcnd au milieu du corps , et c'est par là que sort l'insecte parfait. En ne comptant que sept générations de l'aleyrode par an , la première commençant en mars, et la dernière ayant lieu en septembre , en supposant cinq mâles et autant de fe- melles à chaque génération , Réaumur évalue le nombre des insectes qui en seroient produits , à 195,310. Ce terme étant pris au-dessous du moyen , on pourra le porter à 200,000. IVIais ce nombre de générations e;^t-il bien réel '^ De ce qu'un mois , dans la saison la plus chaude de l'année , suffit à l'en- tier développement d'une génération , s'ensuit-il qu'il en soit de même dans d'autres temps .'' La prodigieuse fécondité des pucerons nous offre-t-elle quelque chose de semblable ? La larve et la nymphe sont attaqués par des cinips, et aussi par une espèce A'acarus , que j'ai observé parmi elles, (l.) ALFASAFAT. C'est la Luzerne, (b.) ALFEREZ. Nom du Chetodoi^ coiuhu. (b.) 30^;: A L G ALFESCERAouALFESSIRE.F.Bryonecommune.(b.) ALFONSIE. Genre de Palmiers établi par Humboldt, Bonpland.et Kreuth. (b.) ALFRÉDIE, Alfredia. Genre établi par M. Henri Cassîni, pour placer la Quenouillette pencbée, qui diffère des autres par des caractères importans. (b.) ALGARDAIGNE. L'un des noms de I'Hirondelle. (s.) ALGATROS. Nom que Flaccourt et Dampierre donnent à TAlbatros. (v.) ALGAZEL. En arabe a/, est l'article le ou /a, et gazel est un quadrupède ruminant du genre antilope. V. Antilope- Gazelle, (desm.) AL(ilPiE. Nom d'un Scinque. (b.) ALGODAMO. C'est le Fromager Heptandre. (b.) ALGODON. Il y a lieu tfe croire que c'est le Cotonniïr flERBACÉ. (b.) ALGOROVA. Espèce d'AcACiE du Pérou, dont on donne les gousses aux bestiaux, (b.) ALGUE. Nom commun donné à beaucoup de plantes qui croissent dans la mer, ou, pour mieux dire , à toutes. Ce sont principalement les genres Varec , Conferve, et surtout le ZosTERA , qui forment les algues. V. ces mots. Sur les bords de la Méditerranée , et même dans quelques endroits des côtes de l'Océan, les paysans rassemblent en mon- ceaux les algues que la mer apporte sur le rivage , et les font sécher pour les brûler et extraire de leurs cendres l'alkali mi- néral, si utile pour les fabriques de verre et de savon, et ils en tirent par - là un très-bon parti ; mais , plus généralement , ils les emploient fraîches à l'engrais de leurs terres. Pour brû- ler le plus avantageusement possible \iis algues destinées à faire de la Soude (c'est le nom vulgaire de l'alkali minéral) , il faut faire une fosse d'un pied et demi de profondeur sur trois pieds de largeur , qui présente la forme d'un cône. On allume du feu avec de la paille et quelques branches de bois sec au fond de ce cône , et lorsqu'il est bien allumé , on y jette petit à petit Valgue desséchée qui est amoncelée sur ses bords ; comme l'alkali se forme dans l'incinération , il faut la ména- ger avec soin ; telle manière de brûler Valgue peut produire le double de sel que telle autre. Plus le feu est lent et égal , plus le résultat est avantageux. Pour tirer le meilleur parti possible des algues comme en- grais, il est bon , au lieu de les répandre tout de suite sur les terres comme on le fait communément, de les stratifier , sur le champ même, avec de la teire végétale , c'est-à-dire, de faire des tas où il y aura plusieurs lits alternatifs iValgue et de terre. Il est aussi très-avantageux d'y mêler de U chaux éleiuVe. A L Ct 3o5 Un an après on a un excellent terreau qu'on répand devant la charrue , et dont il ne se perd aucune parcelle, (b.) Algues. Nom d'une familU; de plantes de V aëthéogamie (Cryptogamie , Lin. ; Acotvledones , Juss.) , qui commence la chaîne ou série des véj^étaux , suivant la méthode na- turelle. Linnœus comprenoit dans cette famille les Algues Îtroprement dites , et qui seules la constituent aujourd'hui ; es lichens et les hépaVqiies , forment aujourd'hui deux fa- milles distinctes et naturelles. Les algues, quoiqu'élaguées de ces deux nouvelles familles, 5ont encore très-nombreuses en genres , et l'une des plus dif- ficiles à étudier, tant par la nature, la ténuité et la fugacité des plantes qu'elles renferment, que par la pelitesse, la simplicité de leurs organes, le voile mystérieux dont la nature semble les avoir enveloppées, les lieux retirés, humides, et le temps où elles croissent. Ces plantes sont peut-être les seules que 1 on puisse qualifier du nom à'agames, mal à propos attribué à toutes les aëthéogames. Dans la plupart des champignons et des lichens ^ qui sont, après les algues, les productions végétales les plus simples, et d'une organisation très-peu compliquée , on a reconnu deux organes distincts, que Ton peut soupçonner être les analogues de ceux qui concourent à la reproducticTn et à la multiplication dans les autres végétaux , les étamiae^ et les p.s^//.s. Dans les algues on n'a encore remarqué qu une seule sorte deces organes, désignés sous le nom d'organes reproduc- tifs , et qui ont la'faculté de donner naissance à des individus semblables à ceux qui les ont produits , sans le concours , du moins apparent , d'un second organe : en sorte que les algues paroissent être des êtres vivipares , et par conséquent agames. Les algues constltuoient auparavant la seconde famille de la méthode naturelle , ou l'avant-dernière dans le système sexuel de Linnœus. Aujourd'hui, qu'elles sont reconnues pour être les végétaux les plus simples, elle forment la première de lune , et la dernière du second. Elles se divisent en trois sections , qui peut-être un jour constitueront trois familles distinctes, savoir ii." les ;7iWee5, plantes gélatineuses , plus ou moins filamenteuses, mais toujours renfermées dans une masse gluante qui leur sert comme d'enveloppe ; 2.° les irichomates , plantes filamenteuses , à filamens simples ou ra- maux creux , remplis dune matière pulvérulente , simples , articulés ou cloisonnés; 3.° les fucres ou scutoîdes ^ ou varecs proprement dits, ordinairement d'une substance coriace ou filamenteuse , et diversement colorée, portant une poussière éparse dans la substance , ou de petits corps , tantôt ovales , tantôt plus ou moias arrondi» , 4^»» kftqûdi» se ti'ouvent de 3o6 ALI petits grains qiie l'on croit être les organes reproductifs. ï'oy. Juitm. de Botanique, vol. i, pag. i23 et 124., et dans ce Dictionnaire les mots Iliodées, Trichomates et FucÉES. Les personnes qui désireront avoir de plus amples détails sur les plantes qui composent cette famille , généralement connues par les dénominations de Conferves (^confeiva) et Varecs {fucus')., peuvent consulter les ouvrages de Dillenius, Roth et Dillevin pour les premiers , et ceux de Esper , Stackhouse, Dawson Turner et Lamouroux pour les seconds. Les algues proprement dites n'étoient divisées , dans les ouvrages de Linnœus, qu'en trois ou quatre genres. Ce nombre, d'après les nouvelles découvertes et observations , est porté aujourd'hui à plus de trente , savoir: coccodée , lutaire, rim- laire , polycome , hatrachospemie , codium , irichophore , diadène , irichogone , chantransie , cunferve , i'aucherie , érinée , coniophore , bysse , uhe , cérame , varec , chorda , spherocoque , chondnis , ceramopsis , penic.Ulum. , padine , daivsonie , lombnc.aire , adeno- phore. V. ces mots. M. Lamouroux , dans son dernier ouvrage sur lesfucées , qu'il nomme ihalassiopJiytes , les divise en six ordres, savoir: les fucarées , dans lesquelles entrent les genres suivans -.fucus oxivarec , laminaire , osmundaire, desmarétie , furcellaire , chorda; 2.* ordre , les Jloridées , divisées par les genres claudée , deles- serîe , chodrus , gélidie , laurencie , hypnée , acanthophore , du- monlie, gigartine, plocamine , champie; 3.« ordre, les dictyodées , comprenant les genres suivans : amansie^ dictyoptère , diclyote^ flabelluire ; li..^ ordre, les idvacées , et les genres asperocoque , ube , hiyopsîs , caulerpe ; 5.^ ordre , les alcyonidiées , et le genre alcyonîdium ; 6.' ordre , les spongodiées , et le genre spongodium. M. Dawson Turner a publié un ouvrage sur les mêmes plantes. 11 est accompagné de nombreuses et excellentes figures. Je ne connois pas ce dernier ouvrage, (palisot beau vois. ) ALGUE -LAQUEN. Arbrisseau du Pérou à fleurs labiées, dont le genre n'est pas connu, (b.) ALGUETTE. C'est la Zannichelie des marais, (b.) ALHAGE. V. Agul et Sainfoin, (r.) ALHAMEL. C'est l'Harmale. (b.) ALHASSER. C'est I'Apocin de Syrie, (b.) ALHAUSAL. Nom arabe d'un oiseau , que l'on dit être le Pélican, (v.) ALHEDUD ou ALHUDUD. Nom arabe de la Huppe. ALHENNA. V. Henné, (s.) ALIBOUFIER, Styraj). Genre de plantes de la décandrie nionogynie , et de la famille des Ébénacées , dont le carac- ALI 3o7 tère est d'avoir un calice urcéolé, entier, persistant ; une co- rolle infundibuliformc , insérée à la base du calice , et à tube court divisé en cinq parties ; huit à dix étamines un peu moins longues que la corolle ; un ovaire supérieur, court , chargé d'un style plus long que les étamines , et terminé par un stigmate très-simple ; une baie coriace renfermant un ou deux noyaux. Ce genre comprend cinq espèces. L'Aliboufier officinal croît dans le midi de la France ; c'est un arbre médiocre, dont les feuilles sont ovales, velues en dessous , et les grappes de fleurs plus courtes que les feuilles. Dans les contrées plus chaudes , telles que la Syrie , la Cilicie , on tire de cet arbre , par incision , une gomme-résine d'une odeur fort agréable , qu'on nomme styrax, solide y très - employée dans les parfumeries , et qui entre dans la classe des remèdes pectoraux incisifs. Il n'occupe pas une place moins distinguée parmi les apéritifs et les toniques; c'est pourquoi on le fait prendre avec succès aux asthmati- ques et à ceux qui toussent. On l'emploie aussi en fumiga- tions , et sa vapeur passe pour très-salutaire dans les ver- tiges , les affections catarrhales , la paralysie , etc. Il s'en vend aussi sous le nom de Styrax calamité. V. ce mot. L'autre, I'Aliboufier benjoin vient dans l'île de Sumatra; c'est un arbre de moyenne grandeur , qu'on cultive pour la résine qu'il produit. Il a les feuilles oblongues , aiguës , ve- lues en dessous , les grappes de fleurs plus longues que les feuilles. On entaille cet arbre dès qu'il a acquis trois pouces de diamètre : la première résine qui en sort est appelée benjoin-tête ^ et celle qui coule après, est de moindre qualité. On l'emploie généralement dans l'Inde pour parfumer les maisons , chasser les insectes incommodes , et prévenir l'effet du mauvais air. La première qualité est transportée en Europe. On l'emploie , dans les églises catholiques , au lieu d'encens, dans la parfumerie et la médecine. Elle tient un des premiers rangs parmi les béchiques vulnéraires et incisifs. Elle excite et favorise l'expectoration , remédie à la toux invétérée , pro- cure du soulagement aux phthisiques et aux asthmatiques ; on en vante l'usage dans les écrouelles , les fièvres. Le benjoin est aussi un médicament externe , et entre dans quelques emplâ- tres agglutinatifs. Les autres espèces àH aliboiifiers croissent dans l'Améri- que septentrionale. Quoiqu'elles aient les plus grands rap- ports avec celles qu'on vient de citer , elles ne donnent point de résine ; du moins , quoique j'en aie observé beaucoup de pieds , je ne les ai jamais vus en fournir naturellement, (b.) ALICKUYK. Nom donné par les habitans du nord de 3o8 ALI la France , à Vescargot ou hélice commun. V. HÉLICE, (b.) y\LlCORNE V. Rhinocéros, (s.) ALtDÎ^E. Non» spécifique d'une couleuvre, (b.) AÏjIMENS. Tous les corps vivans épror^vent des pertes continuelles , et tendent à leur destruction complète par la dissipation de leur tissu organique , par la transpiration , l'exhalation et les excrétions de leurs fluides. Il y a dans chaque être organisé deux principes opposés , dont l'un tend à la vie , l'autre à la mort; l'un conserve et renouvelle le corps, l'autre le détruit et le désorganise. Dans la jeunesse , le pre- mier principe domine ; le second devient le plus puissant dans la vieillesse de chaque individu. C'est par cette lutte que s'établit l'existence de toutes les productions vivantes , soit végétales , soit animales. Comme l'équilibre de ces deux forces constitue la santé et la vie , et que celles-ci sont plus parfaites à mesure que la l^alance est plus égale , il çst nécessaire de fournir à la puis- sance conservatrice les moyens de supporter les pertes que fait la puissance destructive , qui agit sans interruption et inévitablement. Il y a donc un rapport nécessaire entre les pertes et la nutrition dans chaque individu , abstraction faite des différences de la jeunesse et de la vieillesse , qui ne chan- gent point les principes généraux. La force conservatrice ou nutriti^>e des corps vivans cherche au-dehors des substances capables de réparer leurs pertes. C'est ce que nous nommons yâ/m et ^oZ/^parmi les animaux, et il en est de môme dans les végétaux. La plante a faim et soif; elle prend de la nourriture aussi bien que la bête. C'est un instinct , une propriété de la vie ou de l'organisation animée. La faim n'est donc qu'une propension à la vie , et qui est f)roportionnelle à l'état du corps. Ainsi, dans la jeunesse, a faim est plus vive et plus forte , parce que la puissance conservatrice et réparatrice Cist dans sa plus grande action. A mesure que le corps vivant vieillit, la faculté destructive devenant supérieure , diminue la force conservatrice , et par conséquent la faim. Dans les pays chauds , les hommes y mangent beaucoup moins que dans les climats froids où les hommes sont, pour. ainsi dire, d'une perpétuelle jeunesse, et où leurs corps prennent une plus haute stature , et leurs membres plus d'épaisseur. Si l'on voit des plantes et des ani- maux des climats les plus ardens se nourrir abondamment, tandis que d'autres êtres des pays froids s'alimentent plus languissamment , c'est que l'accroissement est rt^pide chez les premiers , et lent dans les seconds ; ainsi le principe que nous avons établi, n'est nullement contredit dans ce cas. ALI 3o9 Non-seulement les alimens sont proportionnés à là fa- culté nutritive , mais encore à la rapidité de èon action , toujours plus vivo sous les anlëdrs de Tëté et des tropiques, que parmi les zones glacées et dalis Thlver. Ainsi , plusieurs plantes et un grand nombre d'aniiiiaux s'engourdissent pen- dant les saisons froides, el ne s'alimentent pas , tàhdis qu'ils prennent beaucoup de nourriture dans les temps chauds, parce (Jil'ils croissent alors avec rapidité , au lieu que leur vie est suspehdue dans le cas contraire. Oh peut donc établir cette règle : La quantité de la nourriture de chaque être vi\?ant est proportionnelle à son accroissement ou à sa réparation , et à la rapidité avec laquelle Us s'exécutent. La faim suit la même règle •, car elle n'est que la démonslratioii extérieure du besoin de se réparer. Les corps robustes ont un plus grand besoin de se réparer que les corps foibles ; aussi leur faim est plus vive et leur nutrition plus abondante. C'est par cette raison que les animaux carnivores ont des appétits sî violetis , uriè voracité si insatiable , et c'est encore par cette même caus-è que les alimens végétaux ne peuvent leur suffire , puisqu'ils sont moins nourrissans que la chair. Les corps organisés qili n'odt ni des sens pour trouver leur nourriture, ni la faculté de se mouvoir pour la chercher au loin, sont placés au milieu même des alimens qui leur con- viennent ; tel est le végétal implanté dans la terre , telle est l'huître fixée au fond des eaux. Les autres animaux savent découvrir leur subsistance et reconnoitre ce qui leur con- vient à l'aide de l'odorat et dugotit; les plantes ont aussi une sorte de goût dans leurs suçoirs et leurs porcs absorbàhs; car ceux-ci ne reçoivent guère que ce qui convient à la vie végétale. Sans ce moyen , aucun être n'auroit pu subsister. On distingue les animaux en trois classes , relativement à la nature de leurs alimens. Les uns sont herbivores ou frugi- vores, les autres sont carnivores, et enfin la troisième classe est formée des deux précédentes ; elle comprend les omni- vbres. Il n'existe en effet que deuX genres distincts de nour- riture , la végétale et l'animale. L'homme est omnivore , comme nous le démontrerons dans son article; les singes , les quadrupèdes rongems , st)nt fnigivores ; les ruminans et les plus grands quadrupèdes , sont herbivores. On connoît la nombreuse famille des quadru- pèdes carnivores , dans le nombre desquels plusieurs espèces vivent aussi de quelques végétaux. Parmi les oiseaux , on re- marque la même règle ; les gallinacés , les petits oiseaux à bec fort , sont granivores ; les petits oiseaux à bec fin et les grimpeurs , sont insectivores ; les rapaces se nourrissent de proie vivante; les scolopaccs sont vermivores, et plusieurs 3io ALI palmipèdes se gorgent de poissons. La plupart des quadru- pèdes ovipares et des serpens , mangent d'autres animaux, et surtout des insectes. Peu de poissons vivent de plantes ; au contraire , ils se font presque tous une guerre cruelle , et se dévorent mutuellement. On trouve quelques mollusques her- bivores ; d'autres sucent les humeurs des animaux, ouïes dé- vorent , de même que font les crustacés. Les insectes sont les destructeurs nés du règne végétal ; néanmoins un grand nom- bre d'espèces se nourrissent aussi d'humeurs animales , d'in- sectes , ou même de charognes, dont ils purgent la surface de la terre. Une famille entière de vers habitent dans le sein des animaux , et se gorge de leurs humeurs. Les autres sont herbivores ou carnivores suceurs , et beaucoup de zoophytes s'entre-dévorent. Dans le règne animal , on peut compter ainsi un tiers d'espèces carnivores ; le reste vit aux dépens du règne végétal , qui semble fournir l'aliment primitif de tous les animaux. En effet , les espèces carnivores se nourrissent communément des animaux herbivores. Ceux-ci semblent nés pour transformer la substance végétale en matière animale , afin d'en nourrir les carnivores. Nous dirons à l'article Car- nivore , pourquoi ces espèces ne peuvent pas vivre de végétaux. Le règne végétal est le fondement médiat ou immédiat de la vie des animaux terrestres , puisque ceux qui ne mangent que de la chair se nourrissent des espèces herbivores. La des- truction retombe ainsi sur les végétaux. A la vérité , un très- grand nombre d'animaux aquatiques demeurent perpétuelle- ment au milieu d'un liquide peu fertile en plantes ; ils sont forcés de vivre de chair ; et comme la grande fécondité de ces espèces animales suffit pour leur offrir une abondante nour- riture , malgré la plus excessive déprédation , ces êtres ont rarement besoin de recourir à un autre règne. Yoilà donc une différence importante entre les animaux de la terre ou des airs, et ceux des eaux. Les poissons d'eau douce étant plus à portée du règne végétal , sont plus souvent herbivores que les poissons marins , et ceux des rivages , plus que ceux des bas- fonds ; mais , en général , le nombre de ces espèces qui vi- vent de substances animales , surpasse beaucoup celui des races herbivores. Il en est de même de la classe des zoophytes, des vers et des mollusques marins. Puisque tout corps organisé a besoin de se réparer, les plantes ont besoin d'alimens. Leur subsistance est principale- ment fondée sur les propres débris de leur règne , et sur les dépouilles des animaux qui sont abandonnées à la terre. Le végétal vit indifféremment de tout corps organisé; le gui, la cuscute, etc., se nourrissent même aux dépens des végétaux vivans. ALI 3ii Voilà donc tous les êtres organise's qui se nourrissent «le substances végétales ou animales, c'est-à-dire, de matières organiques; mais est-il bien sûr que les matières brutes et non organisées ne puissent pas servir d'alimens , soit aux plantes , soit aux bêtes ? Tous les minéraux sont-ils incapables de nourrir? Ne dit-on pas que le ver de terre vit de la terre même ? Des poissons n'ont-ils pas paru se nourrir de l'eau pure seulement ? N'a-t-on pas prétendu que le caméléon et quelques serpens vivoient d'air? Des plantes ne croissent- elles pas dans l'eau seule ? voilà ce qu'il est bien important d'examiner. Premièrement, aucune matière appartenant essentielle- ment au règne minéral ne peut alimenter; aucune terre pure , aucune pierre , aucun métal , aucun sel minéral ne peut nour- rir , pas même le sel marin ordinaire ( muriate de soude ). Gurnilla et Humboldt assurent que les Ottomaqucs , peuples sauvages de l'Orénoque , mangent quelquefois une terre argi- leuse , lorsqu'ils sont pressés par la faim ; mais elle sert à lester leur estomac, et loin de les sustenter, elle les fait souvent périr. On en a vu quelques exemples en Europe. Les loups , les sangliers avalent aussi de la terre dans l'excès de la faim. Suivant Buffon , les oiseaux gallinacés prennent des grains de gravier pour aider la trituration des semences dans leur gésier ; mais jamais ces matières minérales ne peuvent nour- rir : le besoin les fait avaler; mais elles n'éprouvent aucune digestion dans l'estomac. (^Alb. délia Fabbra, de arUirit. p. 24., en a fait l'épreuve.) Le ver de terre mange du terreau ; mais c'est une terre mélangée de quelques débris de matières végé- tales ou animales ; il ne digère point la terre elle-même ; il la rend entièrement ; il en extrait seulement les molécules des corps organisés. Si le ver de terre vit de toute espèce de terre , pourquoi ne le trouve-t-on pas dans toutes ? pourquoi pré- fère-t-il celle qui est la mieux fumée , la plus ricbe en débris végétaux ? pourquoi vit-il dans V humus , et non dans les terres très-stériles? S'il digère la terre, pourquoi la rejette-t-il donc ? Convenons qu'il ne se nourrit pas de la substance ter- reuse elle-même , mais bien de ce qui y est mélangé. 11 en est de même des larves d'épbémères, de tipules et d'asiles qui vivent d'une semblable manière. Les dails ou pbolades qui percent les couches schisteuses des rivages de la mer, les vers marins qui en rongent les pierres , ne mangent point ces subs- tances minérales ; mais ils y creusent des asiles pour se sous- traire à leurs ennemis. L'eau de la mer chargée d'animalcules leur apporte une nourriture suffisante , comme l'a remarqué Ijyonnei^Théol. des Ins. p. 258). Les plantes elles-mêmes ne se nourrissent point de la terre pure. Van-Helmont fit croître m» 3x3 A î. T saule dans l'eau seule , et sans le secours cic la terre ; il acquit un poids très-considérable. ( Complex. alq. mixt. elem.fig. mut. p. 88, n.p 3o. 11 pesoit quarante fois plus.) Boyle , Duha- mel, Bonnet, Elier, Jngenhousz , ont nourri des plantes sans le secours de la terre. Ce n'est pas la terre elle-même qui nourrit les plantes : ce sont les débris des corps orga- nisés qu'elle contient *, aussi voyrns-nous que les végétaux croissent plus ou moins avantageusement, selon que le ter- roir est plus ou moins riche en humus. Celui-ci est le véritable aliment ; la terre pure ne sert que de support. Plusieurs plantes aquatiques vivent même habituellement sans terre ; telles sont les eonferves , les algues , etc. Secondement : l'eau est, dit-on, dans ce cas , un aliment. On cite des poissons qui en ont vécu pendant long-temps. (Boyle , Chimista scepticus , p. G.) Mais il faut observer que Tenu qui paroil la plus pure , contient toujours quelques mo- lécules, quelques germes déplantes, quelques œufs d'insectes, comme on le voit à l'aide du microscope. Aussi , lorsqu'on laisse reposer pendant certain temps une eau pure de rivière dans un vase propre , on voit de petites plantes s'y dévelop- per et de petits insectes y éclore. Il n'est donc pas étonnant qu'un poisson qui avale continuellement une pareille eau qu'on renouvelle souvent, puisse s'en nourrir; car il lui faut peu d'aiimens , parce qu'il fait peu de pertes par la transpi- ration. D'ailleurs, le liquide où il nage se mêle à ses hu- meurs , s'absorbe , distend ses organes , de manière que son accroissement paroît hors de proportion avec la quantité de nourriture qu'il prend. L'eau nest pas elle-même un aliment suffisant pour le poisson. N'est-ce point pareillement , de mucosités , de débris végétaux et animaux que se nourrissent les animalcules microscopiques qui naissent dans les infusions de diverses substances organisées .'' A la vérité, nal être sur la terre ne pourroit subsister sans l'eau ; elle seule suffit poiu- développer , au milieu des déserts de la Libye ou de l'Arabie , des végétaux , ces sortes d'îles de verdure , ces oasis des déserts et des sables arides. Toute créature a besoin de liquides pour délayer ses alimens, les rendre perméables dans l'économie de ses organes. Mais cela ne prouve point qu'elle soit l'aliment même d'elle seule. L'eau semble se solidifier dans le pain , lorsqu'on la pétrit avec la farine. Elle paroît nourrir réellement les animaux en leur abandonnant son hydrogène , l'un de ses principes constituans. Cet hydrogène sert à former l'huile , la graisse et d'autres matériaux ; mais ce n'est qu'en se combinant avec du carbone, base solide et essentielle de la trame de toute ALI 3i3 organisation ; l'eau tonte pure est inéapâble de suffire pour aliment des animaux. Toutefois, l'eau seule pourra-t-ellè sustenter une plante? Nous voyons des fleurs vivre dans l'eau -, nous voyons des végétaux y germer , v croître. 11 semble cependant que l'eau extrêmement pure, et indépendamment de toute autre subs- tance , soit incapable d'alimenter une plante quelconque ; ce sont des substances hétérogènes , ce sont des particules ap- portées , soit par l'air, soit pir quelque autre intermédiaire. Vous dites : l'eau fait fleurir une plante; mais il faut, pour cela , que la fleur existe déjà en rudimens. L'eau pure né crée rien ; elle ne fait pas même fructifier; car toute planté qui a fleuri d ins l'eau seule , n'y développe jamais ses semen- ces ; elle reste d'ailleurs molle , pâle, étiolée , sans vigueur, saris propriétés. Je sais bien que l'eau se décompose dans le tissu végétal , surtout lorsqu'on l'expose à la lumière ; je sais bien que l'hydrogène de ce liquide accroît la plante ; mais c'es#ïe carbone qui est son principal aliment : or, l'eau elle-même ne le fournil pas ; il vient à la plante , sbit par le gaz acide carbonique répandu dans l'air, soit par des subs- tances extractivcs que l'eau dissout. Si l'on plaçoit un végétai dans une terre pure , arrosée d'eau distillée et privée du con- tact de tout autre gaz, excepté de l'air atmosphérique privé d'acide carbonique , il ne pourroit point fleurir et fructifier , comme on l'a essayé. Que l'eau gonOe le tissu d'un végétal, et le rende, pour ainsi dire, hydropique, il n'y a point là de véritable nutrition. Il paroît donc prouvé que ni la terre, ni l'eau , dans leur état de pureté , ne sont pas capables d'ali- menter suffisamment les corps organisés ; elles sont plutôt l'excipient des matières alimentaires. C'est par cette raison que l'eau de puits ou de source , sortant des profondeurs de la terre , et ne tenant en dissolution aucune substance orga- nisée , est contraire aux plantes et aux poissons ; il faut qu'elle séjourne à l'air auparavant , afin qu'elle puisse s'im- prégner de matières organiques. Alors l'eau devient suscep- tible de se décomposer, de passer dans les filières animales et végétales pour s'y incorporer à la substance des êtres vl- vans. Mais elle crée plutôt des principes hydrogénés et des liquides , qu'elle n'entre comme élément dans les solides , dans la fibre même du végétal et de l'animal. En troisième lieu , l'air atmosphérique a paru être un ali»- ment pour les animaux et les plantes ; la respiration a été considérée comme une sorte de nutrition ; mais il me paroît qu'on a plutôt fait une comparaison de ces deux fonctions ensemble , cu'on ne les a confondues ; car elles sont bien 3i4 ALI distinctes. Je ne crois pas qu'un être vivant puisse vivre d'air. On l'a dit du caméléon , comme si on avoit craint qu'il ne fût point assez merveilleux de sa nature, sans y joindre en- core des fables. Voilà ce qui arrive ordinairement à tous les objets extraordinaires ; on les entoure de mystères incroya- bles. Ce qui a fait croire que le caméléon vivoit d'air, c'est qu'il peut demeurer pendant quelques semaines sans manger, de même que les autres espèces de lézards , parce que ces'^ animaux, couverts d'une peau épaisse, font peu de pertes. Il mange d'ailleurs de très-petits insectes qu'il atteint de sa langue gluante. Les hommes peu observateurs auront aisé- ment pu croire que ce reptile ne mangeoit pas , et ils en ont conclu que l'air le nourrissoit. En ce cas , il n'a donc besoin ni de mâchoires , ni d'estomac , ni d'intestins ; ses poumons lui suffiront. Des serpens ont , dites-vous , vécu pendant deux mois dans un vase , sans alimens , et ont pris de la croissance. Qu'y a-l-il ici de contraire aux lois de l'économie de ces animaux ? Ne sait-on pas qu'ils peuvent demeur^ pendant long-temps sans nourriture , surtout dans les saisons froides r' ISe sall-on pas qu'ils ne font presque aucune déperdition de substance ; qu'ils absorbent , au contraire , l'humidité de l'air, qui dilate leurs organes et les grossit.'' N'a-t-on pas vu une tortue engourdie pendant six mois , et n'ayant rien mangé pendant tout ce temps , être cependant plus pesante après qu'avant son engourdissement ? Les animaux ont des organes de digestion et de nutrition ; ils ne vivent point sans manger, et l'air ne peut les nourrir. On m'objectera que Démocrite s'est soutenu pendant trois jours par la seule vapeur du pain chaud ; que les charcutiers et les bouchers sont ordinairement très-gras , quoiqu'ils mangent médiocrement ; que l'air peut enfin se charger d'exhalaisons nourrissantes. Qui le nie ? Mais ce n'est donc pas l'air lui-même qui alimente , ce sont les substances nourricières qu'il porte dans son sein. L'air atmos- phérique n'est jamais pur ; il est toujours mélangé de vapeurs , d'eau , de poussière , de germes , de molécules végétales et animales plus ou moins fines , comme l'odor-ît nous en fait souvent apercevoir. Un rayon de lumière dans une chambre obscure fait voir l'air qui en est éclairé , tout rempli d'un million de particules qui y voltigent , sans compter les diffé- rens gaz qu'on ne peut pas y découvrir. 11 y a des végétaux qui, suspendus dans l'air, ne laissent pas d'y croître , d'y fleurir même , sans qu'on leur fournisse de l'eau ou de la terre. Tels sont plusieurs rachis ou plantes épaisses , remplies de suc ; tels sont les gros oignons de scille , etc. Des lichens croissent, sans racines , sur les ro- chers les plus durs et les plus arides. Or , il faut bien que A L I 3i5 l'air atmosphérique suffise à raliment de toutes ces plantes. Il faut considérer d'abord que les plantes grasses ou ficoïdes sont tellement succulentes , qu'on ne les peut dessécher , et qu'elles attirent toujours l'humidité de l'air , même après leur mort ( comme les squammes les plus desséchées de l'oignon descille) ; elles absorbent la moindre humidité de l'air , ainsi que le gaz acide carbonique, par leurs pores. Ces plantes se pouriroient dans des terrains humides, ou par l'arrosement. Ce sont des éponges absorbantes , ayant des millions de bouches ouvertes ; et l'air étant toujours plus ou moins chargé d'humidité , même dans les climats les plus arides d'Afrique où vivent ces ficoïdes , et les euphorbes , etc. , elles végètent très-bien dans le sable pur, et ne se nourrissent point par leurs racines. De plus , à mesure qu'elles s'accrois- sent, la partie inférieure de ces plantes se dessèche , s'évide, sert comme de fumier , de support , de terreau à leur partie supérieure. C'est ainsi que les oignons deviennent creux quand leur tige s'élance et fleurit. Ainsi, ce n'est ni l'oxygène , ni l'azote atmosphérique qui sustentent le végétal , puisque les plantes , au contraire , exhalent souvent de l'oxygène à la lumière , lorsqu'elles ab- sorbent l'hydrogène de Teau, ou qu'elles décomposent l'acide carbonique. Il reste à savoir si l'air atmosphérique ou les gaz azote et oxygène nourrissent les animaux. L'air respiré par des poumons ou des branchies , ou des trachées, est absorbé en partie ; il passe dans le sang ou les les liquides ( V. Respiration ) ; mais à chaque expiration , il sort une portion de vapeur aqueuse, et d'acide carbonique. Ainsi , l'animal , s'il absorbe de l'oxygène atmosphérique , paroît le rejeter combiné soit à l'hydrogène (à l'état d'eau ), soit au carbone ( à l'état d'acide carbonique ). A l'égard de l'azote de l'air, on n'a point pu s'assurer si tout celui qui entre à chaque inspiration , ressort entièrement. On pour- roit présumer , au contraire , qu'il entre en partie en combi- naison dans le corps des animaux. En effet, d'où vient l'im- mense quantité d'azote contenue dans toute la chair d'un bœuf, lequel ne s'est accru, depuis qu'il a été sevré , qu'en mangeant du foin , puisque ce foin contient à peine de l'a- zote , ou même n'en fournit nullement à l'analyse chimique ? Cet azote ne pouvant pas venir de l'aliment ni de l'eau , il faut bien qu'il vienne de l'air. Ainsi, l'eau donne l'hydrogène aux plantes et aux ani- maux ; et l'air fournit l'azote à ces derniers surtout. Les ani- maux, en respirant, forment de l'eau et de l'acide carbo- nique , et les végétaux puisent dans ces substances rejetées , 3i6 ALI l'hydrogène et surtout le carbone, pour exhaler l'oxygène^ lequel sert à entretenir à son toiir le feu dé la vie des animaux. Dans ce cercle admirable , on voit que les matières pure- ment minérales sont exclues de la faculté d'alimenter les corps vivans ; ce sont surtout , avec l'eau et l'air, les seules ^productions animales et végétales. 11 suit de là que la nature a voulu faire servir principalement à la vie et à l'organisation, les mêmes substances qui ont été vwanles et organisées. Ainsi elle a établi deux ordres d'êtres dans l'univers : les matières inor- ganiques et les corps organisés -, elle les a séparés et comme isolés , de sorte qu'ils ne se mêlent point , et que s'il entre des matières brutes dans les corps vivans , telles que le fer , le soufre , le sel , la chaux , elles n'y servent que comme auxiliaires; elles y demeurent comme étrangères; aucune d'elles ne participe à la vie , à la sensibilité , à la contrac- tilité et aux autres propriétés purement vitales. Dans les os , par exemple , le phosphate de chaux (terre des os) Ae sent pas, ne vit pas, ne s'organise pas ; c'est la portion de gluten, osseux , ou de cartilage seulement , qui s'organise et qui est vivante. Toute substance brute est réfractaire à la vie (^Lisez l'article des Corps organisés ) ; et l'on pourroit assu- rer aussi que toute matière organisée ne devient jamais brute , et n'entre pas véritablement dans le règne minéral ; car tous ces corps d'animaux et de végétaux enfouis dans la terre , les tourbes, les charbons de terre, etc., ne sont pas véritable- ment des minéraux ; ils sont pour les matières brutes , ce que sont celles-ci pour les corps organisés. Chacun d'eux a , pour ainsi dire, un gouvernement particulier, un mode inalté- rable d'existence qu'il ne peut pas changer. Cette vérité est fondamentale dans la nature ; et plus on approfondira ce .sujet , plus on le trouvera fécond et inviolable dans toutes ses branches. Il n'y a donc , à proprement parler , que les corps orga- nisés qui alimentent ; il faut avoir eu la vie , l'organisation , la faculté d'engendrer et de se nourrir, pour être en état de vivifier , d'organiser , de concourir à la génération et à la nu- trition. Un corps organisé mort contient donc encore les germes, les élémens de la vie , puisqu'il la soutient, puis- qu'il la répare , puisqu'il aide à la reproduire. Ce que nous rejetons comme excrémens , devient aliment pour le chien et le cochon ; aucune substance organisée n'est inutile à la nutrition de quelque espèce d'être vivant. Le bois ne nourrit pas l'homme ; combien d'insectes n'ont pas d'autre aliment ! Telle plante empoisonne l'un ; mais elle nourrit l'autre. Ainsi , nous ne classerons point les diverses espèces d'ali- mens , soit végétaux , soit animaux , relativement à l'homme ALI 3:7 qui en fait usage ; mais il faut les considérer par rapport à la nature de tous les êtres vivans. Nous observerons cette vérité importante, que là ou les foyers de la vie sont plus actifs , l'aliment y est plus fort , plus substantiel , plus susceptible de nourrir. C'est dans les graines des végétaux, dans les œufs des animaux (et leur lait) que la substance alimentaire est plus concentrée. C'est aqssi dans la pulpe médullaire des animaux , le cerveau, la moelle epinière , et dans le tronc des palmiers à fécule ( comme les sagous ) , les racines vivaces et succulentes de plusieurs fou- gères , de raves , carottes , pommes de terre, patates , etc., que se dépose la fécule la plus nutritive , parce que c'est de là que ces êtres vivans puisent leur force d'accroissement. En effet , quand la plante a monté , qu'elle a fleuri et fruc- tifié , ces racines , ces troncs s'évident et sont épuisés de matière alimentaire. De môme, dans un animal: que des muscles soient forte- ment exercés, comme ceux de l'épine dorsale, ils acquerront plus de sucs nutritifs, plus de Corps et de vigueur, et leur nutrition plus forte les rendra aussi des alimens plus subs- tantiels. Les animaux dont la vitalité est plus développée sont aussi plus substantiels et plus nounissans. C'est pour cela que les quadrupèdes et les oiseaux ( animaux à sang chaud ) ont une chair plus nutritive que les reptiles et les poissons ( animaux à sang froid ). Les premiers sont du gi-as , les seconds , du maigre. Plus on descend l'échelle de l'animalité et de la vie , moins les êtres fournissent de matière alimentaire , comme les huîtres et coquillages , les écrevisses et insectes , etc. Tout animal , tout végétal étant uniquement composé de substances alimentaires, est capable d'alimenter. Le mot aliment est ici synonyme des mots corps organisés : en effet , chacun d'eux n'existant que par la nourriture , tout son être n'étant formé que de ce qu'il mange , il en résulte qu'il n'est qu'un certain arrangement vivant de matière nutritive. La semence elle-même et l'embryon de chaque être , ne sont qu'un produit de la nutrition. 11 se fait ainsi une transforma- tion perpétuelle de la matière organisée d'un individu. Le bœuf, au moyen de l'air , change l'herbe en chair , et sa chair passe ensuite , à sa mort , dans d'autres êtres qui livrent eux-mêmes leur corps à d'autres métamorphoses ; toute la nature vivante marchant sans cesse de nutrition en nutrition. Celui qui s'alimente , alimentera à son tour. L'homme ense- veli dans la terre , fertilise le sol : sa chair devient l'aliment de la plante ; celle-ci nourrit l'animal , que l'homme dévore ensuite. C'est un cercle sans fin , dans lequel passe la nature 3i8 ALI entière des corps organises , soit sur la terre , soit au milieu des airs, soit au fond des eaux. Il n'y a point de véritable mort dans l'univers ; ce que nous appelons ainsi , n'est qu'un passage d'une forme à une autre , d'une vie à une nouvelle vie ; car la matière n'est jamais inactive. La main toute-puis- sante qui régit le monde , la pétrit sans cesse : elle semble avide de changemens et de révolutions ; car elle ne laisse rien subsister pendant long-temps. La matière nutritive est aujourd'hui plante , demain poisson, ensuite oiseau.^ homme , insecte , etc. ; mais la pierre est toujours pierre , l'or et le fer toujours or et fer, etc. Rien de plus variable que l'une , rien de plus inaltérable que les autres. Qu'est-ce donc que la mort? rien autre chose qu'un com- mencement de métamorphose d'un être en un autre. Il faut se résigner : dans un certain nombre d'années , nous serons couchés dans le sein de la terre , servant de pâture aux plantes qui croîtront sur nos lombes. Nous nous transfor- merons en fleurs , en insectes , en vers : ceux-ci serviront de pâture à d'autres êtres, et bientôt notre corps sera dispersé dans la nature entière. Nos derniers neveux penseront-ils en mangeant , qu'il se trouve peut-être quelques molécules des corps de leurs ancêtres dans leurs alimens ? Qui sait si nous ne dévorons pas les cadavres de nos pères , transformés en d'autres. substances ? Les charognes , les fumiers infects qu'on enterre dans les champs pour les fertiliser, servent pourtant à nourrir le blé , dont on prépare des alimens très-agréa- bles. Cette vérité ne peut pas être révoquée en doute. Py- thagore apporta en Europe le dogme de la métempsycose ; mais il a étendu au moral cette grande vérité de l'histoire naturelle. Wire que lâmc de l'homme peut passer dans le corps d'un oiseau ; rien n'est moins prouvé : mais assurer que la matière alimentaire qui compose le corps humain , peut se transformer en la chair du vautour qui la dévore ; rien de plus exact. La métempsycose admise au moral , est une des grandes erreurs de l'esprit humain ; mais , prise au physique , elle est conforme aux lois de la nature. Au milieu de ces innombrables espèces d'alimens végé- taux et animaux , on trouve des principes communs. Par exemple , tout animal est composé en général d'azote , de carbone , d'hydrogène et d'oxygène , en diverses propor- tions et avec quelques variétés. Les végétaux ont aussi les mêmes élémens, à l'azote près qu'ils n'ont pas, ou dont ils ont seulement une petite quantité. Telle est la dernière ana- lyse de ces deux ordres d'êtres. Les substances alimentaires ont les mêmes principes ; tout consiste donc dans leurs dif- férentes proportions , et dans l'organisation ou la vie qu'elles ALI 3ir) sont capables de recevoir. Ainsi les alimens sont d'une in- finité d'espèces , mais ils se rapprochent en un point. Il y a beaucoup d'alimens , mais seulement une nourriture. Qu'un homme vive de pain, de chair, de lait, d'herbes, de lé- gumes , de poisson , etc. , il n'en tire toujours qu'une seule espèce de matière capable de se transformer en ses propres organes. {V. le mot Nutrition.) Ils ont les mêmes élé- mens , malgré la diversité des alimens ; tout ce qui n'est pas capable de se changer en la propre substance d'un être , en est rejeté , mais peut servir de nourriture à d'autres êtres. On peut donc dire qu'il y a plusieurs espèces d'alimens dans le même aliment, et que chacun d'eux est approprié à un animal particulier , quoique plusieurs animaux puissent em- ployer aussi le même aliment. Par exemple , l'homme , la chèvre , la chenille , mangent le chou : ce végétal contient donc une nourriture convenable à ces trois genres d'êtres vivans ; mais elle reçoit des modifications dans chacun d'eux , car le chyle qui forme les organes de l'homme ne convient ni à la chèvre , ni à la chenille , et réciproquement. 11 y a plus : deux chiens égaux d'âge, de variété et de tempéra- ment , vivant des mêmes alimens, ont leur chyle tellement approprié à chaque individu, que si l'on faisoit passer celui de Tun dans l'autre , il faudroit qu'il se digérât de nouveau pour faire partie essentielle de l'autre individu. La vie intime de Tun ne peut pas être semblable à celle de l'autre. Sans cela, le moi individuel , la vie , pourroit se réunir , se souder à un autre individu. C'est ce qu'on remarque dans les plantes ; on greffe un arbre sur un autre arbre , et on n'a bientôt plus qu'un individu , au lieu de deux ; car il paroît que l'aliment de l'un peut fort bien s'appliquer à l'autre , à quelque mo- dification près. On greffe ensemble de même des polypes d'eau douce, parce que , dans tous ces êtres, la matière nutritive est très-simple , et peut également s'appliquer à plusieurs individus. Tout corps organisé est le produit de la digestion ; tout a passé originairement dans les organes de nutrition. Le père et la mère ont procréé un individu avec la substance la plus vitale de leurs alimens; car les œufs et la semence de tout être ne reçoivent d'existence que par la matière alimen- taire : l'embryon ne s'accroît qu'au moyen de la nutrition , soit dans les animaux , soit dans les plantes. Il est vrai de dire ainsi que toute substance organisée est le produit de la nutrition. Ces bras, ces pieds, cette tête que vous voyez, sortent de l'estomac qui les nourrit , qui leur envoie tout ce qu'il digère , qui les répare , qui renouvelle les chairs et les parties de quelques animaux , comme les pinces d'écrevisses, 3.0 A L I les pattes de salamnndre , etc. I>ans les animaux, tout émane de leur estomac ou de leurs organes de digestion. C'est là qu'est implantée la racine de leur vie ; aussi les viscères de la nutrition sont tellement essentiels aux animaux , qu'aucun n'en est privé. Les vaisseaux nourriciers ont la même impor- tance dans les plantes. C'est là que réside toute la puissance vitale , comme dans son centre. On voit quelquefois de vieux arbres dont l'intérieur du tronc est entièrement pouri ; mais l'écorce et les vaisseaux séveux du Hier suffisent pour main- tenir leur vie. L'existence de tout être organisé est fondée sur sa nutrition; il y est tout entier ; c'est son centre ; c'est son principe ; c'est de là seul qu'il sort. La mr.trice n'en- gendre qu'une fois; Testomac engendre tous les jours. Aussi ^ quelle prodigieuse influence les viscères nourriciers àcs ani- maux et des plantes, n'ont-ils pas dans chaque individu! Cette loi fondamentale n'a point encore montré d'exceptions , tant elle est essentielle. Puisque les organes de la nutrition sont si nécessaires dans les corps organisés, il en résulte que les nourritures agissant sur eux, doivent modifier l'org-nàsation à laquelle ils pré- sident, et dont ils tiennent en quelque sorte les rênes. En effet , les alimens influent puissanunent sur toute l'économie des animaux et des plantes. La gran;i/(//•(' A L O 335 ALLUVION. V. Atterrissement(pat.) Les terrains d'alluvion, que l'on désigne aussi sous le nom de terrains de transport , forment une classe à part dans la méthode géologique, et appartiennent à des époques de for- mation très-différentes. On les divise en deux ordres, selon qu'ils proviennent des débris des parties élevées , ou des parties basses .du globe. V. Terrains, (luc) ALMACHARAN. C'est la Glauciène. (b.) ALMACIGO. V. (iOMART GUMMIFÈRE. (B.) ALMADE MAESTRO. Nom espagnol des Pétrels, (s.) ALMAGRA. Sorte de rouge ferrugineux très - fin , em- ployé dans la peinture, et plus connu sous le nom de rouge indien ou terre Ag Perse. On dit que quelques femmes de l'Inde s'en servent pour se colorer le visage. Celui que l'on trouve à Almazzaron en Murcie , est em- ployé en Espagne pour polir les grosses pièces en fer , à Séville pour colorer le tabac , et à Saint-Ildefonse pour donner le dernier poli aux glaces. Suivant M. Faujas , cette substance est une terre ocreuse. (Brongniart.) (luc.) ALMANDÏN, V. Grenat Oriental. ALMANDINE. V. Alabandine. ALMERLUN. Synonyme de I'Armarinthe de Si- cile, (b.) ALMEZERION. Nom arabe do la Camelée. (b.) ALMIZCLILLO. Nom péruvien de la Moscaire et de a Stramoine en arbre, (b.) ALO des Mexicains , est I'Ara rouge, (s.) ALOCHAVELLO. Nom italien du Scorps. (s.) ALOCHO. C'est en Italie la Hulotte, (s.) ALODETTA. Nom de I'Alouette en Italie, (s.) ALOES, Aloë. Genre de plantes de l'hexandrie mono- gynie , et de la famille des LiliacÉES , dont les caractères sont : corolle monopétale tubulée , presque cylindrique , souvent courbée , plus ou moins profondément divisée , et nectarifére à son fond ; six étamines insérées à la base de la corolle , et rarement plus longues qu'elle ; ovaire supérieur, chargé d'un style filiforme astigmate légèrement trilobé; capsule oblongue , à trois côtes et à trois loges , remplies de semences membra- neuses sur leurs bords. On en compte une trentaine d'espèces. Il ne faut pas confondre ce genre avec celui des agaves, qui porte souvent le même nom par rapport à la similitude de leurs feuilles , mais qui s'en distingue fort bien. V. Agave et Furcrée. Les aloès se cultivent très-facilement dans tous les jardins de botanique. Leurs feuilles extrêmement épaisses et succu- 336 A L O lentes, leurs racines grêles et peu nombreuses, indiquent qu'ils se nourrissent plus dans l'air que dans la terre , et , en effet, ils ne croissent bien que dans les terrains secs et on ne doit presque jamais les arroser, si on ne veut pas les voir périr de pouriture. Les espèces à^aloès dont on tire les sucs pour les usages mé- dicinaux, sontl'ALOÈs succoTRiN, Lamarck; I'Aloès ordi- naire, Lamarck ; et TAloèsdes Indes , qui diffèrent peu les uns des autres. Elles croissent toutes dans l'Inde , et la se- conde se cultive en Amérique. Quelques auteurs les regar- dent comme des variétés d'une espèce qu'ils appellent Aloès PERFOLIÉ. V. pi. A. 5, où l'une d'elles est figurée. Le suc d'o/o<^5 passe pour purgatif, vermifuge et vulnéraire. On le regarde comme un des plus puissans antiseptiques ap- pliqués à l'extérieur, et il sert, en conséquence, dans le trai- tement des ulcères et des plaies gangreneuses. Il a joui au- trefois d'une réputation bien plus étendue qu'aujourd'hui. Quelques médecins, et entre autres Paracelse, l'ont préconisé comnies une panacée universelle. Les habitans de la Cochinchine savent tirer de I'Aloès PERFOLIÉ , en faisant macérer ses feuilles , d'abord dans une eau alumineuse , et ensuite dans de l'eau froide , Une fécule agréable au goût , et sans aucune des qualités délétères de la plante. On la mange assaisonnée au sucre ou avec des viandes. Parmi les autres espèces d'a/oès , il faut remarquer I'Aloès CORNE DE BELIER , aloë fruticosa , Lamarck , qui s'élève a douze à quinze pieds. L' Aloès en éventail , ulo'é plicati- ils , Lamarck , qui s'élève de même. Levaillant rapporte que cette dernière est le seul végétal élevé et fruticuleux qu'on trouve dans les déserts des !Naniaquois , et qu'elle y est mul- tipliée , quoique tenant extrêmement peu à la terre. C'est une fort singulière plante , dont les feuilles sortent des deux côtés opposés du sommet , et forment réellement ce que son nom indique. L'Aloès PERLÉ , dont les feuilles sont parsemées de points granuleux, blancs et durs. L'Aloès écrasé, aloë retusa , Linn. , dont le sommet des feuilles est obtus , comme ayant été écrasé avec le pouce. L'Aloès panaché , aloë va- riegata^ Linn., dont les feuilles sont tadiées et bordées de blanc. Enfin , I'Aloès linguiforme , dont la feuille a la forme d'une langue de chat. Les aloès se divisent en Aloès a feuilles épineuses sur LES BORDS et en Aloès a feuilles non épineuses. Ce genre est fort incomplet dans Linnœus. Lamarck , à la faveur de la riche collection qui existe au Jardin du Muséum de Paris , Ta beaucoup perfectionné. Hedouté, par le superbe ouvrage A L O 337 qu'il public en ce moment, sur les plantes grasses , et où en- treront tous les aloès qu'il pourra se procurer en fleur , eA fixera les espèces d'une manière assurée. Les genres Rhipiodendron et Lomatophylle ont été éta- blis par yViildenovv aux dépens de celui-ci. (b.) ALOÈS (Bois d'). V. Agaloche et Aquilaire. ALOÈS PITE. V. Agayé et Furcrée. (b.) ALOEXILE , Aloexylum. Nom de l'arbre qui fournit le hois d'aigle. V. AoALOCHEet Aquilaire. Il est possible que cet arbre forme réellemcTit un genre particulier, (b.) ALOÏDES. C'est le Stratiote. (b.) ALOMYE , Alomya., Panz. V. ICHNEUMON {insectes), (l.) ALONZOA , Jlonzoa. Genre de plantes établi par Ruiz et Pavon , mais qui rentre dans celui appelé Hémimride. (b.) ALOPYRUM, ou ALEPYRITM , Alepymm. Genre fait par R. Rrown. Il rentre dans celui appelé Varoquier par Poirct. {Centrolepis , Labill. ) (B.) ALOSE. Espèce de poisson du genre Clupé , qu'on trouve dans les mers d'Europe , et qui remonte les fleuves pendant l'été. Ce poisson étoit connu des anciens , qui en faisoient peu de cas. Aujourd'hui , on le sert sur les tables les plus délicates , quoique sa chair soit tellement remplie d'arêtes, qu'elle en devient pénible à manger. On le pêche dans l'eau douce et dans l'eau salée. Ualose parvient à la longueur de trois pieds et à la largeur d'un pied ; mais elle est si mince que , même H ce degré de grandeur, elle ne pèse pas plus de trois à quatre livres. Elle a beaucoup de ressemblance avec le hareng, qui est aussi un dupé ; ce qui lui a fait donner, dans quelques pays, le nom de vière des harengs. Elle fraye dans les rivières , en mars ou en avril ; elle se nourrit de vers , d'insectes et des petites espèces de poissons. Elle a pour ennemis les silures , les brochets , les perches , pendant sa jeunesse ; mais lorsqu'elle est parvenue à une cer- taine grandeur , elle n'a presque plus à craindre que l'homme, qui s'occupe , pendant une partie de l'année , des moyens de la prendre pour la manger. On pêche des aloses dans presque toutes les grandes ri- vières de l'Europe , de l'Asie et de l'Afrique septentrionale. On y emploie des seines , des nasses , des trubles , etc. La Loire est la rivière de France où l'on en voit le plus. En gé- néral , ce poisson, comme le saumon , fait toujours effort pour vaincre les obstacles qu'on oppose à l'instinct qui le porte vers la source des rivières ; c'est pourquoi on en prend beau- coup au bas de toutes les digues qui les barrent , telles qu« I. 22 338 A T; O le moulin qui est sur l'Hérault au-dessus de la ville d'Agde , la première écluse du canal du midi du côté de Béziers, la barre du Pont du château, département du Puy-de-Dôme, etc. Les aloses suivent volontiers les bateaux de sel qui remon- tent les rivières , et on en prend très-souvent , dans Paris même , autour de ceux qui en sont chargés. On cite plusieurs variétés de V alose , qui ne sont probable- ment produites que par Tâge et le sexe, (b.) ALOTTE. C'est le Roucou. (b.) ALOU ATE ou ALOUATTE , Cebus , Erxleb. Genre de mammifères, établi par M. de Lacépède , qui renferme les singes hurleurs des voyageurs. Ces singes se rapprochent beaucoup des sapajous; aussi M. Cuvier , dans son Règne animal , ne les considère-l-il que comme formant une subdivision de ce genre. Illiger , en adoptant le genre alouate , en a changé le nom en celui de myrètcs , et M. Geoffroy , dans son dernier tra- vail sur les quadrumanes , le nomme Hurleur (stentor). Les alouates ont , comme tous les autres singes d'Amérique, douze molaires à chaque mâchoire , cl les narines écartées et percées sur les côtés du nez. Leur queue est prenante comme oelle des sapajous et des atèles , et leurs fesses sont couvertes fie poil. Ils diffèrent principalement des singes de ces deux derniers genres , en ce que leur tête , au lieu d'être arrondie , est pyra- midale , et que leur visage , au lieu d'être d'aplomb , est au contraire très-oblique : leur angle facial est de moitié moins ouvert , puisqu'il ne dépasse pas 3o°. Les alouates sont particulièrement caractérisés par le ren- flement excessif de leur os hyoïde , qui est creux , et dont la saillie est très-apparente à l'extérieur, entre les deux branches de la mâchoire inférieure qui sont excessivement hautes. Ils ont quatre doigts et un pouce bien formé à chaque extrémité. Leurs ongles sont peu forts , courts et arrondis ; la partie de leur queue qui est préhensile , est tout-à-fait nue. M. Geoffroy distingue dans ce genre six espèces , qui toutes habitent l'Amérique méridionale, (desm.) Ces animaux , beaucoup plus grands que les sapajous , s'en distinguent surtout par le tambour et la cavité osseuse de leur os hyoïde , conformé de manière que l'air sortant du larynx et s'engouffrant dans cette cavité , y résonne avec un bruit si effroyable , qu'on l'entend à de très-grandes distances. C'est iurtout le matin et le soir que ces singes épouvantent les «olil'udes du Nouveau- Monde par des clameurs horribles A L O 33,, Attroupés dans les bois, l'un d'eux préside , commence une espèce de discours , d'une voix haute , forte et précipitée ; la troupe réponden chœur par des hurlemens affreux, ensuite se tait pour laisser crier le chef à son lour. C'est une espèce de drame ; lorsqu'il est fini, l'assemblée se dissout. Voilà ce que rapporle Marcgrave , qui se dit témoin oculaire, (^es faits p;i- roissent au moins exagérés. Les cris des alouates tiennent du grognement des cochons. La chair de ces animaux est bonne à nianger,car ils sont frugivores. Leur caractère est sauvage, fa- rouche et méchant ; ils ne peuvent pas s'apprivoiser et mordent vivement., Lorsqu'on les attaque , ils se réunissent pour se défendre en corps avec des branches d'arbres. Ils lancent même leurs excrémens avec leurs mains à la télé des hommes. Au reste , ils* sont agiles et sautent avec beaucoup de prestesse de branche en branche. Ils pansent leurs plaies avec des feuilles mâchées. Les femelles ne mettent bas qu'un petit , qu'elles portent sur le dos , et qui n'abandonne jamais sa mère , lors même qu'on la tue. On a mille peines à obtenir ces animaux ; lorsqu'on les tue , ils demeurent accrochés aux branches par leur queue, (v.) Première Espèce. L'Alouate proprement dit , Cehusseniculus, Er.xl. ; alouate de Buffon, suppl. , tom. 7 , pi. i5 ; mono Colo- rado d'Humboldt; stentor seniculus^ Geoff ; a le pelage d'un roux marron ; son menton est garni d'une barbe courte , plus touffue que celle de l'espèce suivante , et d'un roux foncé ; sa face est noire et dépourvue de poils ; son ventre est aussi noir et presque nu. Cette espèce est commune à Cayenne et rare au Brésil ; sa taille est celle du lévrier. C'est principalement à elle et à celle du guariba , que l'on doit rapporter les détails que nous venons de donner sur les habitudes des singes du genre alouate. Sa nourriture consiste principalement en feuilles d'arbres. Sa voix a quelque analogie avec le grognement du cochon ; elle se compose de sons courts et rauques. Deuxième Espèce. L'Alouate OURSON , Cebus msinus {stentor ursinus , Geoffr.) , a été décrit et figuré pour la première fois par M. de liumboldt , dans son Recueil d'Observations zoologi- ques, pi. 3o, sous le nom à'araguato. Il est d'un roux doré, et sa face, au lieu d'être toute nue comme celle de l'a/ouafe propre- ment dit, est en partie recouverte dé poils. Il habite les vallées élevées et froides de la Nouvelle- Andalousie, qu'il fait retentir de ses cris ; il se tient de préférence près des mares d'eau stag- nante ombragées par le sagoulier d'Amérique , ou palmier moriché. Sa nourriture consiste plutôt en feuilles -d'arbres qu'en fruits. Il se tient en troupes composées d'une quaran- taine d'individus , qui font entendre au loin une voix forte, 3^0 A T^ O dont les sons ressemblent aux slfflemens des vents. En do- mesticité , c'est un animal sobre et peu délicat. Troisième Espi'ce. LWlouate GUARIBA , Cebus fusais, ou l'OuARlNE. C'est le sirnia beelzebuth de Linneeus , et non celui de M. Brisson, que M. Cuvier regarde comme étant un AtÈle COAÏTA. 11 a été quelquefois confondu avec la première espèce ; mais il en est fort distinct par la couleur plus foncée de son poil el de sa barbe, qui sont d'un brun marron, passant au marron sur la tête et sur le dos ; la pointe des poils est dorée. Ce singe , de plus grande taille que Valouate , habite au fond des déserls ignorés du Brésil. Il est triste et farouche , et paroît avoir beau- coup d'ardeur pour les femmes. C'est Marcgrave qui l'a fait connoître le premier , et qui a décrit sa manière de vivre. M. Cuvier le réunit au suivant. Quatrième Espère. L'Alouate CARAYA, Cebus niger ; stentor ni- ger, Geoffr. , ou le càraya de d'Azara, habile le Paraguay. Son pelage est d'un noir foncé, lustré dans le mâle, excepté sous le ventre et la poitrine , où il est roux-obscur. La femelle et les mâles non adultes ont le poil plus fin , brunâtre , bai- obscur ou fauve , avec le dos de couleur souci presque noire. Quelques individus sont attaqués de la maladie albine. «Ces singes, dit d'Azara, sont sérieux, tristes, peu lestes. Ils vivent en familles composées de quatre à dix indi- vidus , parce que chaque mâle conduit trois ou quatre fe- melles, de manière que si la petite troupe est de huit à dix têtes, il y a sûrement deux mâles. Le mâle , ou chef, se place toujours dans un lieu plus élevé , comme pour veiller à la conservation de la famille qu'il dirige ; cette famille ne se meut qu'après que ce chef s'est mis lui-même en mouvement ; alors elle passe avec pause d'une branche à l'autre sans sau- ter, si ce n'est rarement et à une petite distance. Lorsqu'ils aperçoivent un homme ou un animal au-dessous d'eux, ils ont l'habitude de lui lancer leurs excrémens. Ils se tiennent ordi- nairement à la cime des plus grands arbres, où ils savent se cacher au moyen des troncs et des rameaux , lorsqu'ils soup- çonnent qu'on veut leur nuire, et, à moins qu'ils ne reçoivent la mort d'une manière extrêmement prompte, par un coup de fusil , ils s'arrangent de façon, qu'en perdant la vie, ils ne puissent pas tomber à terre. Leur voix, qu'ils font entendre dès l'aurore et vers la fin du jour, à un kilomètre et demi ( 800 toises ) de distance , est forte , triste , rauque , insup- portable : on ne peut la comparer qu'au craquement d'une quantité de charrettes non graissées. Ils se taisent lorsqu'on approche d'eux. » Les femelles mettent bas en juin un petit qu'elles por- tent sur le dos, et qui s'attache à leur cou avec ses bras. A L 0 341 » Le raraya est chassé par les Portugais et les habiians du Paraguay non soumis. Ils mangent sa chair, qu'ils préfè- rent à celles du canard et de quelques autres animaux. » Cinquième Espèce. L'Alouate r.HORO , Cebus flai'iraudafiis ; stentor Jlaoicaudatus , Geoffr., est d'une grande taille; son pelage, doux et lustré, est d'un brun noirâtre plus foncé sur le dos. Sa queue , aussi brune , est marquée de chaque côté d'une ligne jaune : elle est plus courte que le corps. Ses ex- trémités sont d'un brun noir. Il a été observé par M. de Ilumboldt, dans la provini^ de Jaen , dans la Nouvelle- Grenade , sur les bords de iJffivière des Amazones , où il vit par grandes troupes. — Sa peau est un objet de commerce ; on l'emploie pour couvrir les selles des mulets , sur lesquels on voyage dans les Cordilières. Sixième Espèce. L'Alouate ARABATE, Cebus stramineus; stentor stramineus , Geoffr. Cette espèce , Indiquée par Gu- milla , et jusqu'ici confondue , par les naturalistes, avec celle de Valouate proprement dit , en a été distinguée par M. Geoffroy ; son pelage est jaune de paille , et ses poils sont bruns à leur origine. Elle habite le Para, (desm.) ALOUATTA. V. Alouate. (desm.) ALOUCAIOUA. Nom de la casse velue, (b.) A LOUCHE. C'est le fruit d'une espèce d' Alisier. V. ce mot (b.). ALOUCHI. Sorte de gomme-résine fort odoriférante, qui provient du Cannellier blanc. V. ce mot (b.) ALOUE. C'est 1' Alouette en vieux français, (s.) ALOUETTE , Alauda. Genre de l'ordre des oiseaux SyLv VAINS, et de la famille des Chanteurs ou des Passères de Linn. V. ces mots. Caractères : bec cylindrique , subulé , un peu grêle ou gros , garni à la base de petites plumes dirigées en avant et couvrant les narines en entier; droit chez les unes, plus ou moins arqué chez les autres ; narines arrondies , à demi-closes par une membrane voûtée ; langue cartila- gineuse, fendue à la pointe ; ongle postérieur droit ou pres- que droit , acuminé , ordinairement plus long que le pouce; ailes à penne bâtarde, très - courte ; la première ré- mige quelquefois plus courte que la quatrième , mais le plus souvent aussi longue ; les 2.« et les 3.^ les plus longues de toutes ; deux secondaires , presque aussi allongées que les primaires, échancrées sur le bout ainsi que les intermédiaires ; quatre doigts , trois devant , un derrière. Ce genre est composé de trois sections, d'après les diffé- rences que présente la conformation du bec , et il ne com- prend pas toutes les alouettes que Gmclin et Latham y ont # 342 A L O classées ; mais on trouvera celles que j'en ai distraites dans le genre Pipi. V. ce mot. Toutes les alouettes nichent à terre ; la plupart chantent en volant, et s'élèvent si haut que souvent on les perd de vue ; quelques - unes se perchent , mais rarement ; elles sont séininivores , insectivores et herbivores , et elles avalent les graines entières. On trouve des alouettes dans toutes les parties du monde. A. Bet; conique , droit ou presque droit , plus haut que large à la base , un peu grêle. ^ L'Alouette d'Afrique. K^louette sirli. L'Alouette bâtarde. Nom vulgaire de la Farlouse. L'Alouette bateleu.se ^J/auda opiata, pi. iq4 , Levaill. Oiseaux d'Afrique , est en dessus variée de brun marron et de noir , avec des festons blancs sur le bord des plumes du manteau , des scapulaires et des couvertures des ailes ; la gorge est blanche ; la poitrine de la même couleur et variée de fauve ; le reste du dessous du corps d'un blanc orangé. La femelle ne diffère du mâle que par une taille plus petite et par des couleurs moins prononcées.. La livrée du jeune est en dessus d'une nuance roussâtre , et en dessous d'un roux orangé. Cette alouette fait son nid dans une petite fosse , et sa ponte est de 4 à 6 œufs, d'un gris vert ; elle ne s'élève pas en l'air à plus de i5 à 20 pieds de terre , et fait un bruit particulier occasioné par le mouvement pré- cipité de ses ailes ; ce bruit , qu'on entend de fort loin , lui a fait donner , dans le pays , le nom de Clapeii- Liiverk , que Levaillant a traduit par celui d'Alouette bateleuse. Lorsque , dans la saison des amours, elle est parvenue à la hauteur indiquée ci-dessus , elle jette un cri qui semble exprimer pi-ouii, dont elle allonge la dernière syllabe pendant tout le temps qu'elle met à descendre ; ce qu'elle fait les ailes fermées , et en traçant une ligne oblique jusqu'à terre , où elle reste à peine une demi-minute et s'élève de nouveau ; ce qu'elle répète quelquefois pendant deux heures de suite. Elle chante surtout le matin , le soir au coucher du soleil , et même pendant une grande partie de la nuit. L'Alouette a bec croisé , I'Alouette blanche, variétés accidentelles de I'Alouette commune. L'Alouette des bois. V. Alouette lulu et Pipi des arbres. L'Alouette bretonne. Nom vulgaire de la Farlouse dans la Beauce. L'Alouette de Brie. V. Alouette Cochevis. L'Alouette de bruyères. Nom vulgaire de la Calandre A L O 343 L'Alouette buissoisînière. V. Pipi des buissons. L'Alouette du Cap de Bonne - Espéjrance. Foyez Alouette a cravate jaune. L'Alouette cendrée. V. Alouette cendrille. L'Alouette DES CHAMPS. Quoique celte dénomination con- vienne à plus d'une espèce de ce genre , les nonienclateurs Tont appliquée spécialement à la Spipolette. V. Pipi spipolette. L'Alouette changeante, A. mutabih's, Lath. , nemepa- roîtpas différer de 1' Alouette de Tartarie , ou n'en diffère que très-peu , tant par son extérieur que par ses habitudes ; en sorte qu'à mon avis , et à celui de M. Latham , elle doit en être considérée , tout au plus , comme une simple variété , quoique Gmelin en ait fait une espèce distincte. Ce voya- geur l'a observée en été dans les contrées septentrio- nales qu'arrose le Volga. L'hiver elle s'approche des habi- tations : on la voit alors très-fréquemment dans ks envi- rons d'Astracan. L'Alouette des chemins. F. Alouette cochevis. L'Alouette calandrelle, Alauda arenaria^WtiW. Elle aie dessus de la tête , du cou et du corps d'un gris roussâtre , ta- cheté de brun ; les taches sont très-petites sur la tête et sur la nuque , presque nulles sur le front et sur le croupion ; le lonim et les sourcils sont d'un blanc sale ; les plumes des oreilles brunes ; la gorge et toutes les parties inférieures d'un blanc pur chez les uns, un peu lavé de roux chez les autres , et cette teinte est plus chargée sur la poitrine ; on re- marque une lunule brune sur chaque côté de la partie an- térieure du cou ; les reclrices supérieures et les rémiges sont de la môme couleur , et bordées de gris roussâtre ; le pli de l'aile et ses couvertures inférieures sont d'un blanc sale ; les deux pennes intermédiaires de la queue pareilles aux rémiges , les autres noirâtres ; la plus extérieure de chaque coté est d'un blanc lavé de fauve en dehors et le long de la tige en dedans ; la suivante seulement du côté extérieur , vers la pointe :, la troisième très-peu frangée de cette couleur ; bec assez robuste , couleur de corne , plus foncée, en dessus qu'en dessous , garni de soies noires sur les angles ; la queue un peuéchancrée, les ailes en repos n'en dépassent pas la moitié; pieds couleur de chair; l'ongle postérieur aigu, droit et pas plus long que le doigt. Longueur totale , 5 pouces 4 à 5 lignes. La femelle diffère du mâle en ce qu'elle n'a point de lu- nules , et en ce qu'elle est blanchâtre en dessous. Ces lunules ne sont point ou ne sont que très-peu apparentes chez le mâle après la mue, époque à laquelle ses couleurs sont 3^^ A L O plus chargëes , ainsi qu'on le remarque chez toutes les alouettes, les pipis , etc. Le jeune , dans son premier âge , porte une livrée mou- chetée , à peu près semblable à celle des jeunes alouettes communes. Quoique cette espèce habite la France , elle n'a point encore été décrite , si ce n'est par M. Bonelli dans les mémoires de l'Académie de Turin. Sans doute on l'aura confondue avec notre alouette. On la rencontre aux Ca- naries , dans nos Provinces méridionales et en Champagne, où elle^est très-nombreuse ; elle arrive dans cette dernière contrée vers la fin d'avril ; partout on la trouve dans les lieux arides et sablonneux. Elle fait plusieurs couvées , la pre- mière peu de temps après son arrivée : elle construit son nid à terre dans un pas de cheval ou dans une petite or- nière , le compose de quelques brinS de chiendent , et n'emploie que peu de matériaux ; sa ponte est de 3 oq 4. œufs gris , couverts de taches d'un gris rembruni , con- fluentes sur le gros bout. Dès que les petits de toutes les couvées peuvent se suffire à eux-mêmes , toutes les familles quittent les friches de la Champagne , et se réunissent pour former des bandes très-nombreuses , et rechercher alors les lieux frais et les champs d'avoine. Elles quittent cette province à la fin d'août , et n'y reviennent qu'au printemps suivant. Le matin et le soir tous les mâles de la plaine se réu- nissent au haut des airs , et donnent un concert qu'on en- tend très-distinctement , quoiqu'ils soient à perte de vue. Leur ramage est plus agréable et plus mélodieux que celui de l'alouette commune : ils chantent rarement dans le milieu du jour, et jamais à terre ; leur cri semble exprimer cinclri. Cette alouette court avec la vitesse d'un rat mulot , surtout lorsqu'elle est inquiétée et qu'elle est sur le point de prendre son vol. Toutes les alouettes sont des oiseaux pulvérateurs ; mais celle-ci aime tellement à se poudrer, qu'étant en captivité il suffit de lui présenter de la poussière pour la voir manifester sa joie par un petit cri doux , et souvent répété , par des mouvemens d'aile précipités et par toutes ses plumes hérissées. Elle se plonge dans le sable ou dans la cendre comme un autre oiseau dans une baignoire , y reste long -temps, en se vautrant de toutes les manières , et n'en sort que lorsqu'elle en est couverte au point qu'on ne peut guère distinguer son plumage. Celte alouette n'étant pas connue, exigeoit une longue description, d'autant plus qu'elle habite la France. Je dois tous ces détails à un A I. 0 3^5 observateur très- judicieux , M. le comte de Riocourt, qui a étudié cet oiseau sous tous les rapports. L'alouette dont l'ongle postérieur est plus court que le doigt, et dont parle Cettl (Hisl. de la Sardaigne) , me paroît appartenir à celte espèce. 11 en est de même de l'alouette du Portugal. L'Alouette a calotte rousse , Alauda rufipilea , Vieill. pi. 198 des Ois. d'Afr., de Levail..^ a les plumes Hu dessus de la tête d'un roux marron , avec des grivelures noires sur le mi- lieu; les parties supérieures et les couvertures des ailes d'un brun terreux , parsemé de lignes transversales noirâtres ; la gorge et toutes les parties postérieures d'un gris blanc sale qui prend une teinte jaune , mélangée de quelques grivelures, sur le ventre et les couvertures inférieures de la queue ; les pennes des ailes sont d'un gris-brun roussâtre , onde d'un brun noir ; la queue est d'un blanc sale sur les côtés ; le bec , les pieds et les ongles sont bruns , et l'iris est d'une couleur marron vive. La femelle est plus petite que le mâle , et la teinte rousse de sa tête a moins de vivacité. On trouve cette espèce en Afrique , dans le pays des Houswaanas. L'Alouette cèndrille, y//az«/a cinerea^ Latb. Le nom de cen- drille , donné par Montbeillard à celte petite alouette du Cap de Bonne-Espérance , vient de la couleur cendrée qui règne sur la partie supérieure du cou et du corps : la tête est couverte d'une espèce de calotte bordée de blanc depuis la base du bec jusqu'au-delà des yeux; une tache rousse frangée de noir par en haut , est sur chaque côté du cou ; la gorge et tout le dessous du corps sont blancs ; les couvertures supé- rieures des ailes et leurs pennes moyennes , grises ; les grandes, noires, ainsi que les pennes de la queue, dont les plus extérieures ont une tache blanche près de leur extrémité ; les pieds sont^-noirs ; les ouvertures des narines petites et placées dans une sorte de sillon formé par une peau molle. Longueur totale , cinq pouces. M. Levaillant a décrit et fait figurer, pi. 199 de son Ornithologie d'Afrique , une alouette qu'il soupçonne être la même que la cendrilJe , quoique la description quïl en fait présente quelques différences. Cet oiseau , qu'il appelle petite alouette à tête rousse , a le dessus de la tête d'un roux ap- prochant de celui du moineau friquet; le reste du plumage d'un gris-noirâtre uniforme en dessus , et d'un blanc sale en dessous; le bec et les pieds sont d'un brun jaunâtre ; l'on- gle postérieur fort droit , mais pas très - long. Le caractère de cet ongle rapproche cette espèce de l'alouette calandrelle. L'Alouette COCHEVIS, Alauda crisfata , LMh. pi enlum. de Buffon , n,*^ ^o'i. Soa nom , abrégé de mage de coq , lui 3/^6 A L O vient de la huppe en forme de crête dont sa tête est sur- montée , et qui lui donne un trait de ressemblance avec un petit coq ou Cochet. Le nombre des plumes qui composent cette huppe , n'est point le même dans tous les individus ; il varie de sept à douze , et l'oiseau peut les relever en forme de capuchon et les abaisser à volonté. On l'appelle aussi grosse alouette huppée. Cette alouette est plus grosse que l'alouette commune ; son bec est plus long , et ses ailes et sa queue sont plus courtes ; ses ailes , pliées , aboutissent à la moitié de la longueur de la queue. Dos plumes d'un gris foncé , avec une bordure d'une teinte plus claire , couvrent la tête , aussi bien que le dessus du cou et du corps ; il y a , sur chaque côté de la tête , une bande de gris roussâlre , interrompue par l'œil. Les parties inférieures sont d'un blanc obscur , légèrement teintes de roussâtre ; et quelques taches brunes sont éparses sur le bas du cou et sur les flancs. Les ailes sont d'un gris brun ; les deux pennes du milieu de la queue ont la même couleur , mêlée d'une nuance roussâtre ; les autres sont d'un brun noirâtre. L'iris de l'œil est cendré , le dessus du bec brun , et le des- sous blanchâtre ; les pieds et les ongles sont d'un gris blan- châtre. Le mâle a la tête plus grosse et le bec plus fort que la fe- melle; on l'en distingue encore , parce qu'il a plus de noir sur la poitrine. Tous deux ont la langue large et un peu fourchue. Sanà être aussi commun que l'alouette ordinaire , le cochevis est répandu assez généralement en Europe , depuis la Russie jusqu'en (irèce; je l'ai vu aussi en Egypte. Il ne quitte point nos pays pendant l'hiver , et , dans cette saison , il se tient souvent au bord des eaux et sur les routes , et quelquefois au milieu d'un vol de moineaux , cherchant , comme eux , les grains non digérés dans le crottin de cheval. On le trouve or- (Hnairement dans les champs et les prairies, sur les revers des fossés , sur la crête des sillons, et quelquefois à l'entrée des bois. On le voit fréquemment à l'entrée des villages , et même y entrer et s'y poser sur les fumiers , sur les murs de clôture et sur les couvertures des maisons. Il ne vole point en troupes , il s'élève moins en l'air que Valouetie commune^ et reste moins de temps sans se poser. C'est un oiseau peu farouche , qui ne craint pas l'homme , et se met à chanter lorsqu'il le voit ap- procher. Les mâles chantent beaucoup mieux que les fe- melles ; et leur voix est douce et fort agréable ; ils ne cessent de chanler dans les beaux jours ; mais si le temps est couvert ou pluvieux , ils perdent leur gaîté et oublient leurs chansons , jusqu'à ce que , ranimés par la présence d'un soleil brillant , ib reprennent leur aimable vivacité; on les entend chanter A L O 347 jusqu'au mois de septembre ; mais , quoiqu'ils cherchent à charmer leur captivité par leur ramage propre et par les airs de serinette qu'ils retiennent plus promptement qu'aucun autre oiseau , ils ont peine à survivre à la perte de leur li- berté ; et il est très-difficile de les conser^ long-temps en cage. La femelle pose son nid à terre , comme celle de l'espèce commune ; elle fait deux pontes par an , chacune de quatre ou cinq œufs d'un cendré clair, parsemé de beaucoup de taches brunes et noirâtres. On réussit rarement à élever les petits de cette espèce, et encore plus rarement à les conserver pendant plusieurs an- nées. Les nourritures qui leur conviennent le mieux, sont le cœur de bœuf ou de mouton haché menu , les œufs de fourmis , le millet et le chènevis écrasés. On ne leur en présente que de très-petits morceaux, un peu longuets, et on prend garde de leur blesser la langue en leur donnant la béquée. La cage dans laquelle on tient les cochevis , doit être garnie de sable au fond et couverte d'une toile , afin qu'ils ne se blessent pas la tête. La meilleure saison pour tendre des pièges aux cochevis , est l'automne ; on les prend alors en grand nombre , et ils sont plus en chair. On se sert , pour cette petite chasse , de collets , At filets à nappes et de traîneaux. L'x\louette chu. V. Pipi chu. (v.) L'Alouette commune , Alauda atvensis , Lath. , pi. enl. de Buffon, n." 363. Quelque commune que soit dans nos pays Talouette proprement dite , son plumage , très-varié , ne présentant ni couleur saillante, ni même déteinte bien' dé- cidée , il n'est pas rare de la voir confondre avec d'autres es- pèces du même genre. Et si l'on veut éviter de se méprendre en cherchant une description exacte dans la plupart des ou- vrages d'histoire naturelle , l'incertitude reste la même , parce que les auteurs de ces ouvrages ont cru pouvoir se dispenser de décrire un oiseau aussi connu parmi nous. Cette méthode d'éviter les difficultés et l'ennui d'une description minutieuse , est sans doute fort commode , mais elle n'est ni convenable ni raisonnée. En effet, outre qu'elle occasione nécessaire- ment beaucoup d'erreurs, un habitant de l'Amérique , pour lequel l'alouette est un oiseau absolument étranger, aura tout lieu de s'étonner , de se plaindre même de la négligence du naturaliste , qui , ne portant pas ses vues et l'instruction au- delà d'un cercle trop borné , n'aura pas rendu son livre d'une utilité assez générale. L'ouvrage de Brisson est un de ceux 348 A L O qui ne présentent pas cet inconve'nient ; les descriptions y sont £ailes avec une exactitude scrupuleuse , et c'est princi- palement sous ce rapport qu'il passera pour un livre impor- tant aux yeux du naturaliste , pour un monument d'ornitho- logie lrès-précieu|^ et toujours fort utile , sinon à lire de suite , du moins à consimer. Voici donc la description de l'alouette commune. La longueur de cette alouette est ordinairement de six pou- ces dix lignes, depuis le bout du bec jusqu'à celui de la queue; le bec a six à sept lignes ; l'envergure , douze pouces et demi ; les ailes , composées de dix-huit pennes , s'étendent , dans l'état de repos , jusqu'aux deux tiers de la longueur de la queue , dont les douze pennes ont deux pouces neuf lignes , à l'excep- tion de celles du milieu , qui, étant un peu plus courtes que les latérales , rendent la queue légèrement fourchue. L'ongle du doigt postérieur atteint quelquefois jusqu'à près de deux pouces; il s'allonge à mesure que l'oiseau vieillit, et dans l'oiseau de dix-huit mois et au-dessous , il n'a communément que six lignes. Des trois ongles antérieurs, les latéraux sont légèrement arqués , et celui du milieu est droit. Un mélange de noirâtre , de gris teinté de roux et de blanc sale, forme la couleur du plumage de l'alouette sur toutes les parties supérieures. Une bande étroite de blanc roussâtre passe au-dessus des yeux de chaque côté de la tête. La gorge est blan- che ; le devant du cou, de même que tout le corps en dessous, blanc roussâtre , avec des taches longitudinales noirâtres. Les flancs sont couverts de plumes d'un gris clair et rous- sâtre , et ayant un trait brun le long de leur tige. Les pe- tites couvertures supérieures des ailes sont d'un gris teinté de roussâtre , et liserées de blanc ; les grandes couvertures, les plus éloignées du corps , ont une bordure fauve autour d'un fond brun ; et les plus rapprochées ont un fond gris bmn , l'extrémité fauve et une bordure blanchâtre. Les pennes de l'aile sont brunes ; leur bord extérieur est fauve , excepté vers le bout qui est blanc , les trois ou quatre der- nières , c'est-à-dire , les plus proches du corps , ont une nuance plus foncée , et leur bord intérieur fauve. Les deux pennes du milieu de la queue sont noirâtres sur le milieu de leur longueur , et d'un gris brun tirant au roussâtre sur leurs côtés , qui ont un liseré blanchâtre ; les trois sui- vantes de chaque côté sont noirâtres et bordées d'un gris blanc, tirant sur le roussâtre, à l'exception de la quatrième dont la bordure est blanchâtre ; la cinquième est blanche du côté extérieur, noirâtre et bordée de blanc du côté intérieur; enfin , la plus extérieure de chaque côté est blanche en de- hors , et son côté intérieur, brun à son origine , a du blanc A L O 349 vers son bout; ces deux couleurs se coupent obliquement. Le demi-bec supérieur est noirâtre , et l'inférieur un peu blanchâtre. Le mâle est un peu plus brun que la femelle ; il a une es- pèce de collier noir , plus de blanc à la queue , et l'ongle postérieur plus long ; il est aussi plus gros , quoique cepen- dant la plus lourde des alouettes ne pèse pas deux onces. Ces oiseaux ont l'estomac charnu et assez ample , relative- ment au volume du corps. Quelques individus ont plus ou moins de roussâtre , et plus ou moins de pennes de l'aile bordées de cette couleur. Il y a encore dans cette espèce des variétés individuelles plus tran- chées : i.° V Alouette blanche; 2.° V Alouette noire ; 3.° V /llouette Isabelle , qui se trouve plus rarement que l'alouelte blanche. Il est possible que cette teinte soit produite par la vieillesse de l'oiseau ; car , suivant l'observation de Picot la Peyrouse , toutes les espèces d'alouettes présentent communément des variations de plumage quand elles vieillissent, et, avant de blanchir en entier , elles passent par la couleur Isabelle. Cet habile observateur en a vu beaucoup qui étoient bigarrées d'isabelle sur leur plumage ordinaire, et d'autres, d'isabelle et de blanc {^Tables métJiodùjues , pag. 24-) ; 4-" V Alouette à bec croisé est une quatrième variété purement accidentelle. L'alouette commune est le musicien des champs ; son joli ramage est l'hymne d'allégresse qui devance le printemps, et accompagne le premier souriie de l'aurore ; on l'entend dès les beaux jours qui succèdent aux jours froids et sombres de l'hiver, et ses accens sont les premiers qui frappent l'o- reille du cultivateur vigilant. Le chant matinal de l'alouette étoit, chez les Grecs , le signal auquel le moissonneur devoit commencer son travail , et il le suspendoit durant la portion de la journée où les feux du midi d'été imposent silence à l'oiseau. L'alouette se tait en effet au milieu du jour ; mais quand le soleil s'abaisse vers l'horizon , elle remplit de nou- veau les airs de ses modulations variées et sonores ; elle se tait encore , lorsque le ciel est couvert et le temps pluvieux ; du reste , elle chante pendant toute la belle saison. De même que dans presque toutes les espèces d'oiseaux , le ramage est un attribut particulier au mâle de celle-ci ; on le voit s'élever presque perpendiculairement et par reprises , et décrire , en s'élevant, une courbe en forme de vis ou de limaçon : il monte souvent fort haut , toujours chantant, et forçant sa voix à me- sure qu'il s'éloigne de la terre , de sorte qu'on l'entend aisé- ment , lors même qu'on peut à peine le distinguer à la vue : il se soutient long-temps en l'air , et il descend lentement 35o A L O jusqu'à dix ou douze pieds au-dessus du sol , puis il s'y pré- cipite comme un trait ; sa voix s'affoiblit à mesure qu'il en approche , et il est muet aussitôt qu'il s'y pose. Du haut des airs ce mâle amoureux cherche à découvrir une femelle qui réponde à ses désirs ; celle-ci reste à terre , et regarde atten- tivement le mâle suspendu en l'air , voltige avec légèreté vers la place où il va se poser , et lui donne le doux prix de ses chansons d'amour. Ce ne sont pas néanmoins les expressions de la constance ; le mâle , aussi bien que la femelle , animés des mêmes feux , pressés des mêmes désirs , ne forment que des unions passagères. Ce n'est point sans doute parmi les alouettes qu'il faut chercher des modèles de fidélité ; mais comme la nature leur a généralement imprimé ce caractère de légèreté , dont tous les individus , sans exc'eption , suivent l'impérieuse impulsion , aucun n'en est tourmenté , aucun ne peut s'en plaindre sans cesser d'être alouette ; en sorte que chez ce peu- ple volage, mais aimable et peut-être heureux, il n'exis'le pas, à vrai dire , d'inconstance ni d'infidélité. La femelle fécondée fait promptement son nid ; elle le cache avec soin entre deux mottes de terre ; il est plat, peu concave et presque sans consistance : de l'herbe , de petites racines sèches et du crin le composent. Les œufs , au nombre de quatre ou cinq , ont des taches brunes sur un fond gri- sâtre ; la femelle ne les couve que pendant quatorze ou quinze jours , et au bout de moins de temps les petits sont en état de se passer de ses soins. Aprèsleur avoir donné la béquée pen- dant quelques jours , elle les instruit à chercher eux-mêmes leur nourriture , et les fait sortir du nid avant qu'ils soient totalement couverts de plumes ; aussi l'oiseleur est-il souvent trompé, en ne trouvant plus dans le nid les jeunes que quel- ques jours auparavant il avoit vus récemment éclos, et presque entièrement nus. Les amours printanièrcs des alouettes leur laissent le temps de faire plusieurs couvées dans un été ; chez nous , aussi bien qu'en Allemagne , elles n'en font que deux ; mais dans des pays plus méridionaux , en Italie par exemple, il y en a trois ; la première au conmiencement de mai , la seconde au mois de juillet , et la dernière au mois d'août. La première nourriture que prennent les jeunes alouettes se compose de chrysalides , ou, suivant l'expression vulgaire , d'œufs de fourmis , de vers , de chenilles et même d'œufs de sau- terelles ; ce qui leur a attiré beaucoup de considération dans les pays qui sont exposés aux ravages de ces insectes ; elles étoient , par cette raison , des oiseaux sacrés à l'île de Lem- nos , où les sauterelles font encore , ainsi que dans plusieurs autres contrées du Levant , àts dégâts incalculables. Les ser- A L O 35, tices que nous rendent les mêmes oiseaux , en détruisant les germes des générations de plusieurs espèces d'insectes dévas- tateurs de nos récoltes , devroient nous engager à les ménager davantage. Quand elles sont adultes, les alouettes se nourrissent prin- cipalement de différentes graines , d'herbes , en un mot de matières végétales. Elles ne vont jamais à l'abreuvoir , et elles se désaltèrent le plus souvent en aspirant les gouttes delà ro- sée. Si l'on veut éleverlespelits de cette espèce , on leur don- ne de la pâtée faite avec de la viande et de la mie de pain , ou avec du chènevis écrasé, de la mie de pain et du cœur de bœuf haché ; on rend la pâtée meilleure si on y mêle dn pain de pavot v^^é. En Flandre on nourrit les jeunes alouettes avec de la graine de pavot mouillée. Dès qu'elles commen- cent à faire entendre leur ramage , on leur sert du cœur de mouton , ou du veau bouilli haché avec des œufs durs ; et Olina veut qu'on y ajoute le blé , l'épeautre et l'avoine mon- dés , le millet , la graine de lin , de pavot et de chènevis écra- sée et détrempée dans du lait ; on les accoutume ensuite à vivre de toutes sortes de grains ; mais Frisch avertit que lorsqu'on ne leur donne que du chènevis écrasé pour toute nourriture , leur plumage est sujet à devenir noir. On prétend aussi que la semence de moutarde leur est contraire. Frisch assure qu'elles ont l'instinct particulier de goûter la nourri- ture avec la langue avant de manger. On élève les mâles dans des volières ou dans des cages spacieuses , pour jouir de leur ramage en toute saison. Ils ont assez de mémoire et de flexibilité dans le gosier , pour retenir et imiter en même temps des accens étrangers , et pour les répéter plus agréa- blement qu'aucun autre oiseau ne sauroit le faire ; l'on a vu à Paris une alouette qui siffloit distinctement sept airs de se- rinette. Il faut prendre en octobre ou en novembre, les mâles que l'on veut conserver pour le chant. Ce n'est du reste qu'à deux ans que leur voix acquiert tout son développement. Si on les prend grands , on leur lie les ailes , de peur qu'en s'é- lançant trop vivement, ils ne se cassent la tête contre le pla- fond de leur cage ; mais il sera mieux de la couvrir avec de la toile , afin d'éviter qu'ils ne se tuent en cherchant , d'après leur habitude naturelle , à s'élever perpendiculairement. La cage doit en outre être sans bâton en travers , et garnie au fond de gazon frais , souvent renouvelé. Une autre précau- tion indispensable , est de placer à leur portée du sable fin , dans lequel les alouettes aiment à se rouler, pour se délivrer de petits insectes qui les incommodent. Elles deviennent ai- sément familières , au point de manger dans la main , sur la table, etc. Dans l'étal de captivité, l'alouelte vit neuf à dix ans, 35a A L O quelquefois plus , et même jusqu'à vingt-quatre ans. Albert le Grand préten«i avoir obseivé que vers sa neuvième année , cet oiseau perd la vue ; mais , ce qui est plus certain , c'est que l'alouette , de même que presque tous les oiseaux privés de la liberté , est sujette à l'épilepsie , d'où les anciens médecins pensoient qne sa chair nuit à ceux qui sont attaqués de cetle ten'ible maladie. Ils la regardoient aussi comme un spécifique contre la gravelle , la pierre et la colique ; de notre temps , on a dit au contraire qu'elle donne fort souvent ce dernier mal. Cet oiseau, qu'à Paris on appelle 7nawivV//e , passe géné- ralement pour un gibier sain, délicat et léger. (3n l'apprête de diverses manières , et les gourmets connoissent tout le prix des excellens pâtés d'alouettes qui se font à Pithiviers. Mais revenons à la nature. La prolongation excessive en ligne droite de l'ongle pos- térieur des pieds de l'alouette lui donne de la facilité pour marcher , mais la rend incapable de saisir les branches des arbres et de s'y percher. Sa démarche est très-leste , son at- titude a de la grâce , et elle se forme quelquefois une petite huppe en relevant les plumes de sa tête. Dispersées dans les campagnes pendant la belle saison , les alouettes se rassemblent en grandes troupes en automne et en hiver. Elles deviennent alors fort grasses, parce que le temps des amours , du chant et des couvées étant passé , elles se tiennent toujours à terre , et n'ont d'autre occupation que de prendre de la nourriture. Ces réunions nombreuses sont des dispositions à un départ prochain , pour une partie des oiseaux qui les composent. La plupart des naturalistes ont nié mal à propos que les alouettes fussent des oiseaux de passage ; on les rencontre en mer dans leur traversée de la Méditerranée ; elles s'abattent quelquefois sur les vaisseaux. L'île de Malte et d'autres îles orientales de la même mer leur servent de points de repos, et elles terminent leur voyage sur les côtes de la Syrie et de l'Egypte , d'où elles se répandent jusqu'en Nubie , et sur les bords de la mer Rouge en Abys- sinie. A mon propre témoignage , je puis joindre celui de Thé- venot , qui a vu arriver les alouettes en Eg) pte ( Voyage du Lemnt , tome i , pag. 4^98 ) ; celui du chevalier Desmazis , cité par Gucnau de Montbeillard , témoin oculaire du pas- sage des alouettes à l'île de Malle (^Hist. nat. de l'Alouette ^ tome 5o, page 276 de mon édition de Buffon. ) ; celui de M. Lottinger, mon compatriote, et ornithologiste très-zélé , qui a observé qu'en Lorraine il y a un passage considérable d'alouettes , se terminant précisément à l'époque où elles arrivent à Malte ; qu'alors on n'en voit que très-peu , et que A L O 353 les passagères entraînent avec elles plusieurs de celles qui sont nées dans le pays ; enfin le témoignage des chasseurs qui savent observer. Mais si rcîuigration des alouettes ne peut être révoquée en doute , ii est aussi vrai de dire qu'elle n'est que partielle , et qu'une grande quaiitité d'entre elles reste dans les pays qui 1-es ont vues naître. Ce n'est pas, au reste, la seule espèce d'oi- seaux qui se partage ai.îsi en sédentaires et en voyageurs. Quel motif déternj in 0 cette séparation de famille ? quelie cause pro- duit des effets si divers dans les mêmes animaux ? Nous l'i- gnorons , et c'est un objet digne des recherches des obser- vateurs à gran les vues , de ceux qui étudient la nature dans son véritable et immense domaine , et ne se renfennent pas dans les cabinets avec les lambeaux inanimés de ses productions. Les alouettes qui restent en toute saison dans nos contrées ', se retirent pendant les plus grands froids dans les lieux abri- tés , au bord des eaux qui ne gèlent point, où elles trouvent des vermisseaux et des insectes dont elles se nourrissent à défaut des grains qui leur manquent. Lorsque le temps s'a- doucit, elles se répandent dans les plaines. Souvent elles dis- paroissent subitement au printemps, quand, après les jours doux qui les ont fait sortir de leurs retraites, il survient des froids vifs qui les y foJ^l rentrer, jusqu'à ce que la tempéra- ture devienne moins rigoureuse. On trouve Talouelte commune dans presque tous les pays habités de l'ancien continent ; mais elle n'existe point en Amérique. Quoique très- féconde , cette espèce est moins nombreuse de nos jours qu'elle ne l'étoit autrefois. L'on a observé , et c'est une remarque que j'ai été à portée de faire moi-même , que la quantité des alouettes a sensiblement di- minué depuis quarante à cinquante ans. Plusieurs causes con- courent à celte diminution. Les grands froids , et surtout les neiges abondantes dont la terre reste long-temps couverte , font périr une prodigieuse quantité d'alouettes ; on les a rues, dans ces momens de disette extrême, se réunir en bandes, s'approcher des villages, se réfugier jusque dans les maisons, et , maigres et exténuées , ne plus avoir la force de fuir, et se laisser tuer à coups de perches. Les oiseaux de proie en détruisent aussi beaucoup en été ; mais l'homme est ici , comme en tout , le plus vorace , le plus acharné ; ajoutons le plus imprévoyant des destructeurs. Chasse del'Àlouetie. Le temps le plus convenablepour chasser aux alouettes , est depuis le mois de septembre jusqu'à la fin de l'hiver, surtout après des gelées blanches ef de la neige. Il y a un assez grand nombre de manières de prendre cet oiseau. La moins avantageuse est celle à\i fusil ; les chasseurs 1. 23 ?M A L O la dédaignent, parce qu'elle dédommage trop foiblementde la perte de temps, de celle de la poudre et du plomb , et de la peine qu'elle donne. Cependant, il est un moyen de la rendre plus fructueuse , et ce moyen est un miroir qu'on nomme miroir à alouettes. C'est un morceau de bois de neuf k dk pouces de long , plat , et de deux pouces de large en dessous, formant le dos d'âne en dessus, non arrondi , mais partagé en plusieurs plans étroits , de même que les extré- mités qui sont coupées en talus, ou plans très-inclinés. Chacun de ces plans est incrusté de divers petits morceaux de glace mastiqués dans des entailles , à l'aide d'un enduit composé de trois parties de poix noire sur quatre de ciment rouge tamisé , le tout fondu ensemble. Ce miroir est percé par-dessous, dans son milieu, d'un trou profond d'un pouce , dans lequel on fait tenir une broche de fer un peu moins grosse que le petit doigt. Cette broche est emmanchée dans une bobine qu'elle dépasse par le bas comme par le haut. Un piquet d'un pied de long, enfoncé en terre , et percé en haut d'un trou verti- cal d'environ deux pouces de profondeur, reçoit dans ce trou l'autre extrémité de la broche ; et au moyen d'une ficelle dévidée autour de la bobine , un homme assis par terre à une certaine distance dans une loge ou dans un creux qui le cache en partie, fait tourner le miroir comme les enfans font de ces moulinets qu'ils fabriquent à l'aide d'une grosse pomme pla- cée au bout d'un petit morceau de bois, qui traverse une noix ou un noyau d'abricot évidé. Ce miroir mis ainsi en mouve- ment attire ungrand nombre d'alouettes, sur lesquellesuh coup de fusil peut valoir la peine de satisfaire le chasseur ; mais la chasse du miroir est bien plus avantageuse , quand cet ins- trument est placé entre deux filets à nappes , et quand on joint le secours d'un appeau et d'une moquette ou alouette vi- vante, attachée par une ficelle à un piquet , et que l'on force à voltiger. Le miroir qui vient d'être décrit peut être mis en mouve- ment par la même personne qui fait agir les nappes ; mais s'il est employé pour la chasse au fusil, il faut qu'il soit agité par une personne autre que le tireur. On a imaginé un autre miroir que peut faire jouer le même chasseur qui tire aux alouettes. C'est une machine de bois en forme de plateau , garnie intérieurement d'une palette sur laquelle sont attachés Aes boutons d'acier, ou quelques morceaux de miroir. Cette machine , soutenue diamétralement par deux tenons , sur un demi-cercle de fer, conserve un équilibre qui n'exige point, autant que l'Aitre miroir , l'assiduité et l'attention du tour- neur. Le demi-cercle qui soutient le plateau est en acier , et susceptible d'un peu d'élasticité : de la moitié de ce demi- A L 0 355 cercle part une queue , à rextrémité àe laquelle est un trou rond ou carré , qui sert à remmancher dans un piquet qui sou- tient le plateau au-dessus de terre , à une hauteur suffisante pour lui laisser du jeu. Ce plateau doit être horizontal, afin de recevoir verticalement les rayons du soleil. On commu- nique le mouvement à cette machine , par le moyen d'une ficelle, qui, tenant au plateau vis-à-vis la queue du cercle, passe par un petit piquet placé en dessous, et se prolonge jus- que dans la main du chasseur ou du tourneur, si les fonc- tions sont séparées. Ce mouvement, quoique borné, devient régulier, et se multiplie au moyen d'un petit ressort très-flexi- ble attaché au plateau, et dont les deux extrémités touchent, par intervalles, le demi-cercle en dessus et en dessous : entre les deux extrémités de ce petit ressort , il doit y avoir une distance de deux à trois pouces , afin que le plateau puisse être balancé du haut en bas, ce qui fait jouer les boutons o« les morceaux d(r miroir. On fait des miroirs à ressorts , dont le mécanisme est le même que celui d'un tournebroche ; mais l'obligation de les remonter les rend incommodes. On évite cet inconvénient en suppléant au ressort par deux cordes à boyau envidées d'un sens contraire sur la même bobine. A chacune de ce» cordes de boyau est attachée une ficelle , dont l'extrémité est entre les mains du chasseur : on sent qu'une des cordes s'envide quand l'autre tirée se dévide ; le miroir est conti- nuellement en mouvement , sans que le chasseur soit obligé de tirer les ficelles aussi souvent ; ce qui rend cette machine la plus commode de toutes. Après avoir indiqué le moyen d'attirer les alouettes sous le fusil du chasseur , ou sous ses filets , il faut donner une idée de ceux-ci, et d'abard des nappes. Les nappes du ^/et ù alouet- tes ne se font qu'en mailles à losanges ; le fil , quoique fin doit être fort et retors en deux brins. Si l'on veut que ce filet serve aussi à prendre d'autres oiseaux, au lieu de donner à chaque maille un pouce de large , on ne leur en donnera que trois quarts de pouce au plus ; et comme les nappes seroient plus pesantes en se servant de fil passablement fin , il faudra alors en employer de très-fin, si l'on veut donner aux nappes la même étendue. La longueur ordinaire de chaque nappe est de huit toises , et la hauteur de huit pieds, c'est-à-dire , que la proportion de la hauteur à la longueur est d'un à six, ou , ce qui est plus clair , la hauteur a le sixième de la lon- gueur des nappes. On nomme lei^vre , la hauteur de la nappe ; elle doit être de cent mailles. U enl armure , qui doit par con- séquent en avoir six cents , est le nom qu'on donne à la lon- gueur du filet. Dans chacune des dernières mailles des deux 356 A L O côtés de l'enlarmure , on passe un cordeau câblé ^ c'est-à- dire , composé de trois petites cordes , composées elles- mêmes de trois brins de ficelle. Aux extrémités de l'enlar- mure, on tait des boucles dans lesquelles on passe les guêdes ou guides, qui sont deux bâtons ou perches de la hauteur de la nappe , servant à la tenir étendue et à guider le liîet, lors- qu'il est mis en mouvement par l'oiseleur. L'extrémité basse de chaque guêde est entaillée en mortaise et trouée. Cette mortaise reçoit l'extrémité taillée en tenon , d'un piquet en- foncé en terre. Le tenon est aussi troué , et un bouton ou bro- che de fer, en traversant la mortaise et le tenon, fixe la nappe à terre. Le bouton est arrêté par une clavette en dehors de la guêde du côté opposé à sa tête. Le bouton doit être à l'aise, et graissé , pour faciliter le jeu du filet. On tend la nappe ou filet entre les guêdes , par deux crochets ou forts liens de ficelle placés au tiers ou aux deux tiers de la levure ou hauteur, les- quels croche# ou liens attachent le filet à chacun des giuMes, tandis que , sur la longueur , les cordes enfilées dans l'en- larmure tiennent aux guêdes par une boucle, et sont ten- dues en bas par chacun des piquets qui reçoivent les mortaises des guêdes près de terre , et en haut par deux cordeaux atta- chés à des piquets placés diagonalement , et de manière que le filet , mis en mouvement , reste tendu, et cependant ne soit pas arrêté dans sa marche. Outre ces deux cordeaux qui servent à tendre chacune des deux nappes qui composent le filet dont il s'agit , il y en a deux autres du côté de la têle du fdel, c'est-à-dire, du côté que le chasseur a choisi pour se placer. Ces deux cordeaux partent du haut de deux guêdes, du même côté, et se réunissent entre les deux nappes, et en dehors , par un nœud , puis se prolongent de la longueur de trente pas , et se terminent par un nœud coulant , double , dans lequel on passe un bâton d'un pied de long, qui sert à l'oiseleur à tirer les deux nappes ensemble , lorsque les alouettes curieuses s'approchent du miroir. L'espace de terre entre les deux nappes doit égaler la hauteur des deux nappes réunies. Le terrain sur lequel on établit ces filets qu'on nomme aussi rets saillans , doit être aplani , et c'est ce qu'on ap- pelle la forme. On donne aussi le nomdeyormc , au trou que l'on fait à environ trente pas du filet, et dans lequel l'oise- leur s'assied pour trouver un fort appui à ses pieds dans le moment qu'il fait jouer ses nappes. Le miroir n'est pas le seul moyen qu'on doive employer pour attirer les alouettes ; on les appelle aussi par des mo- quettes. On nomme ainsi les alouettes qu'on attache par les pattes à un petit piquet enfoncé entre les nappes. L'oiseleur fxcite la moquette à voltiger, en tirant légèrement une fictUa A L O 357 qui lient à celle qui attache ralouetle au piquet. Ce mouve- ment de la moquette est très-attirant. Tous les filets employés à la chasse -doivent être teints en brun. La saison la plus favorable pour la chasse au miroir , e^t depuis la fin de septembre jusqu'au i5 novembre. L'heure est depuis le lever du soleil jusqu'à midi. Les jours de gelées blanches sont les meilleurs. Les deux nappes du fdel qui servent à la chasse au miroir qu'on vient de décrire , servent aussi à celle de la ridée ^ ainsi appelée , parce qu'elle ne se fait qu'en hiver, lorsque les alouettes s'élèvent peu et ne font que lider, en terme d'oise- leur, c'est-à-dire, raser la terre. Les deux nappes se réunis- sent par une extrémité et par le moyen d'une gucde com- mune aux deux nappes , et qui occupe ainsi le milieu du filet qu'elles servent à composer. Ce filet a donc trois guêdes au lieu de deux qu'avoit chaque nappe dans la chasse précédem- ment décrite. La guêde du milieu , et celles des deux extrémi- tés du filet, tiennent près de terre et par leurs mortaises em- brochées, à des piquets à tenons, ainsi qu'on l'a décrit plus haut, et le filet est tendu de même parle haut; mais, pour le faire mouvoir , il faut que la corde , qui sert à le renverser lorsqu'on la tire , soit passée dans une poulie fixée sur un pi- quet fiché en terre à quinze pieds du filet. Le cordeau est d'une longueur suffisante pour arriver à l'oiseleur placé dans une loge de feuilles pratiquée à une distance convenable. Comme cette chasse se fait dans un temps où le soleil pa- roît rarement, on n'y emploie pas le miroir; mais on y sup- plée, d'une part , par plusieurs moquettes ou alouettes qu'on tache de se procurer et qu'on attache par la patte à une lon- gue ficelle tendue devant , et à deux pieds du filet. Cette ficelle tient à un piquet enfoncé en terre à deux pieds en dessous de la guêde opposée à l'oiseleur , et l'autre bout va à la loge d'où il remue celle ficelle pour faire voltiger les moquettes lorsqu'il aperçoit en l'air des alouettes qui ne s'abaissent point à la portée du filet. On les y pousse aussi par le moyen de trois tra- queurs qui battent la campagne en avant de la ridée , et pous- sent doucement vers elle les oiseaux qui en sont encore éloi- gnés. Le traîneau^ soit simple, soit composé , est un des filets les plus destructeurs. Il est long de huit à dix toises, et large au haut de quinze à dix-huit pieds. Les mailles sont proportion- nées à l'espèce de gibier qu'on chasse. Pour les alouettes, elles sont d'un pouce et' en losange. A chaque extrémité du filet, on attache une perche qui en égale la largeur. Pour que cette chasse , qui se fait ordinairement de nuit , soit abondante ^ 358 A L O il faut aller au coucher du soleil pour reconnoître le terrain où les alouettes se cantonnent ; et pour ne pas se tromper en y revenant, on plante dans le canton quelques baguettes fen- dues par un bout , où l'on met des cartes à jouer ou des morr- ceaux de papier blanc : il ne faut pas cependant que la nuit Boit si obscure que les porteurs du traîneau ne puissent se voir , et qu'on ne puisse distinguer à soixante pas. Cette chasse se fait en silence ; les porteurs du traîneau en laissent traîner un bop pied pour raser la terre. Chacun d'eux porte la per- che penchée et laisse tomber le filet à un signal convenu , et qu'ils se donnent mutuellement lorsqu'ils entendent ou qu'ils aperçoivent quelques alouettes s'élever : alors ils courent sur ïe filet , qui souvent est abattu sur toute la bande des dor- meuses. On peut , à défaut de traîneau, se servir du filet de la ridée. Cette chasse est très-abondante vers la fin d'octobre et en novembre ; elle se fait quelquefois de jour , lorsque le soleil est caché par des nuages épais. 1^2i tonnelle -murée est aussi un filet auquel on prend une quantité considérable d'alouettes II est composé d'une grande bourse maillée , terminée en pointe , et dont l'ouverture ou entrée a au moins dix-huit pieds de haut. On attache la pointe à un piquet planîé au fond d'un rayon de champ : deux oi- seleurs portent cette bourse en l'allongeant en droite ligne, et ils en fixent l'entrée par deux piquets qui servent à la tendre, €t auxquels sont attachés , de chaque côté, deux autres filets de la même hauteur et longs de sept à huit toises , qu'on tend en demi-cercle , ou de biais et en aile , par le moyen de perches fichées en terre. Sur la longueur de ces perches on attache quatre ou cinq longues ficelles garnies de plumes qu'on tend par de longs bâtons fichés en terre , de manière que le tout forme une grande enceinte. Cela fait, les chasseurs se ren- dent , par un détour, à un long espace au devant du piège ; et en marchant doucement et courbés, ils chassent devant eux les alouettes vers la tonnelle , près de laquelle, pour plus de succès, on attache quelques alouettes pour servir de moquettes ou appelans. Lorsque les alouettes sont arrivées près ces filets, les oiseleurs accélèrent leur marche , et lorsque quelques alouettes sont entrées dans la tonnelle, les oiseleurs y pré- cipitent toutes les autres en jetant un chapeau. Cela fait , on replie les filets des ailes sur la tonnelle , et le gibier se trouve pris. Le temps propice pour celte chasse est après le coucher du soleil. Toute espèce de filet est bonne pour la chasse aux four- chettes , pourvu qu'il soit grand et que les. mailles n'en soient pas trop larges. Il faut pour cette chasse , en outre du filet , lêtre muni de trois ou quatre douzaines àt fourchettes de bois A L O 359 àe la hauteur d'un pied , de la grosseur du petit doigt, et ai- guisées par le bas. Avec cet équipage , on se rend à la cam- pagne , qu'on parcourt ; et lorsqu'on a découvert quelques bandes d'alouettes , on tourne autour trois ou quatre fois , d'abord à la distance de cent pas , puis en s'en rapprochant jusqu'à celle de quarante , afin de les rassembler , observant de marcher courbé , doucement , et allant de côté et u'au- Ire comme une vache qui paît. Après toutes ces précautions, on déploie le filet , on l'étend à cent pas des alouettes , et à travers les sillons : on le soutient d'espace à autre par des fourchettes, avec l'attention de le laisser traîner de trois cô- tés : on laisse le quatrième ouvert du côté des oiseaux ; ce qui se fait en plantant, de deux pieds en deux pieds, des fourchet- tes en ligne dix)ite sur le dernier rang des mailles du filet, qui se soutient dans toute l'étendue de cette ouverture ou entrée , par le moyen d'une corde qui passe par-dessus ces fourchettes. jEnsuite on retourne par un détour, derrière et à cent pas delà bande d'alouettes; on la chasse devant soi jusque sous le filet|, et pour l'y faire entrer lorsque le gibier en est près, on jette im chapeau, ou bien on accélère la marche et l'on se dépêche de planter les fourchettes ; les oiseaux se trouvent alors pris comme dans une cage. Il faut, comme on le sent bien, être au moins à deux pour cette chasse , qui réussit surtout pendant les gelées blanches, et quand la terre est couverte de neige. Les lacets ou collets iraînans sont une chasse fort' divertis- sante , qui n'exige ni grands frais, ni grande fatigue. On at- tire les alouettes dans un terrain particulier , où l'on s'est aperçu que l'alouette se plaît , en y jetant du grain d'orge ou de froment. On prend ensuite des ficelles longues de quatre à cinq toises ; on les tend au fond des sillons après les avoir garnies de lacets faits de deux crins de cheval, à nœuds cou- lans , et qu'on attache aux ficelles , un peu couchés sur terre et à quatre doigts l'un de l'autre. On jette après cela un peu de grain le long des ficelles , et on fait un tour loin des la- cets pour faire lever les alouettes et les envoyer vers le piège. Lies oiseaux, attirés par le grain , se promènent dans les sil- lons , et s'y prennent aux lacets. Par cette méthode , on prend d'autres oiseaux aussi bons à manger que l'alouette. Pour une alouette qu'on voit prise , il ne faut pas courir aux lacets , afin de donner aux autres le temps de se prendre à leur tour en se promenant. Enfin, la chasse qui détruit le plus d'alouettes est celle aiijt gluaux. Pour la faire , il faut commencer par préparer envi- ron deux mille gluaux, qui sont des branches de saule bien droites , longues d'environ trois pieds dix pouces , aiguisées et même un peu brûlées par l'un des bouts : on les enduit de 36o A L 0 glu par Tautre de la longueur d'environ un pied : on les plante par rangs parallèles dans un terrain convenable , qui est ordinairement une plaine en jachère , et où l'on est assuré qu'il y a suffisamment d'alouettes pour indemniser des frais , qui sont assez considérables. L'intervalle entre les rangs de gluaux doit être tel que l'on puisse passer sans y toucher. L'intervalle des gluaux de chaque rang doit être d'un pied, et chaque gluau doit rejoindre aux intervalles des gluaux des rangs joignans , et faire ainsi une espèce de quinconce. L'art consiste à placer ces gluauxbien régulièrement , biend'aplomb et de manière qu'ils puissent rester en situation tant qu'on n'y touche point , mais qu'ils puissent tomber , pour peu qu'une alouette les touche en passant. Lorsque tous ces gluaux sont fiantes , ils forment ensemble un carré long , qui présente un de ses côtés au terrain où sont les alouettes ; c'est le front de la- chasse : on plante a chaque bout un drapeau pour ser- vir de point de vue aux chasseurs , et dans certains cas pour leur donner des signaux. Le nombre des chasseurs doit être proportionné à l'étendue du terrain que l'on veut embrasser. Sur les quatre ou cinq heures du soir , les chasseurs se par- tagent en deux détachemens égaux , commandés chacun par un chef intelligent , lequel est lui-même subordonné à un commandant général qui se place au centre. Chacun de ces deux détachemens se rassemble à l'un des drapeaux , et tous deux s'étendent en silence chacun de son côté sur une ligne circulaire pour se rejoindre à environ une demi-lieue du front de la chasse , et former un seul cordon qui se resserre en approchant des gluaux et pousse les alouettes en avant. "Vers le coucher du soleil , le milieu du cordon doit se trouver à deux ou trois cents pas du front. Alors on s'avance avec circonspection , tantôt s'arrêtant , tantôt se couchant ventre à terre, puis se relevant et se remettant en marche à la voix du chef. Cette manœuvre , bien commandée et bien exécutée , toutes les alouettes renfermées dans le cordon , et qui à cette heure-là ne s'élèvent que de quelques pieds , se jettent dans les gluaux et s'y prennent. Les curieux inutiles doivent se tenir aux drapeaux, et un peu en arrière, (s.) L'Alouette coquillade , Ahmda undaia , Lath. pi. enl. de Buff. n.o 662 , a été présentée par Guenau de Montbeillard comme une espèce distincte. Des Provençaux m'ont assuré que c'est Y alouette cochevîs , connue en Provence sous le nom de coquillade. Cependant, l'auteur de l'Histoire naturelle de la Provence la présente comme une race constante et distincte , « qui , dit-il, se rapporte aux autres alouettes huppées par sa huppe qu'elle abaisse et relève à son gré , par ses mœurs e^ soa A L 0 36i instinct. Le mâle et la femelle , qui ne se quittent point , ont la propriété singulière de s'avertir réciproquement du danger dont l'un d'eux est menacé , lorsque l'autre est occupé à la chasse des vermisseaux. Ce qui la fait regarder comme une espèce particulière, dépend.principalement des couleurs va- riées de blanc qu'elle a sur la gorge et sur le dessus du corps, et des plumes noires bordées de blanc à la huppe , ce qu'on n'observe point dans les autres alouettes. » En effet , si tel est le plumage de cet oiseau , on doit au moins le regarder comme une espèce distincte , mais néanmoins très-voisine de celle du corfia'i.s. Le collaborateur de Buffon rapproche de cet oiseau une «/oî/f^/e rapportée du Cap de Bonne-Espérance par Sonnerat, peut-être , dit-il , comme une femelle ou un jeune oiseau. Elle en diffère en ce qu'elle n'a point de huppe , que la couleur du dessous du corps est jaunâtre , et que parmi les pennes des ailes et de la queue , il n'y en a aucune qui ne soit bordée de blanc. Cette courte indication suffit pour prouver que cette alouette appartient à une espèce très-dis- tincte ; la femelle et le jeune de la coquillade ou du rocheois ayant une huppe , du blanc dans la queue , et point de jau- nâtre dans les parties inférieures. L'Alouette cornue. C'est le cocheois dans la Beauce. L'Alouette courte. C'est à Genève , Isifarlouse. L'Alouette crètée. V. Alouette cochevis. L'Alouette correndera. V. Pipi correisdera. L'Alouette a doigts courts. F. Aloî^ette calandrelie. L'Alouette a dos rouge. V. Pipi a dos rouge. L'Alouette a dos roux , Alauda pyrrhonoiha , Tieil. , pi. 197 des Oiseaux d'Afrique , par Levalllant. A l'excep- tion du dos et du croupion, qui sont roussâtres , toutes les parties supérieures présentent un mélange de gris-brunâtre clair et de brun-noir ; les inférieures sont d'un blanc sale , avec quelques lignes brunes sur la poitrine ; le bec , les pieds et les ongles sont bruns. La femelle est plus petite, et a des couleurs plus foibles que le mâle : le jeune se fait remarquer en ce qu'il n'a point le dos roux , et en ce que son plumage est en général d'une nuance plus fauve. Cette espèce se plaît dans les plaines garnies de brous- sailles ; elle se perche volontiers sur les buissons, et même sur les arbres qui sont à la lisière des bois. Son chant est agréable. Elle est connue au Cap de Bonne-Espérance sous le nom d'iNKELDE liwerk. L'Alouette d'eau. F. Pipi roux. L'Alouette des Dunî;«. F. Alouette a hausse -col .SOIR, 363 A L O L'Alouette FLUTEUSE. C'estrALOUETTELULuen Sologne. L'Alouette folle. Nom vulgaire de la Farlouse. L'Alouette de Gingl F. Petite Alouette grise de GiNGL L'Alouette de Gk>RÉE , Alauda Goremis , Lath. , que Sparnan a fait figurer dans ses fascic. , n.° 4 » pl- 99 ^ ^ ^^ bec brun , le sommet de la tête , la nuque et le haut du dos noirâtres ; le bas du dos et le croupion d'une nuance plus foncée et ferrugineuse ; toutes les parties inférieures de cette dernière teinte ; les plumes de la gorge et de la poitrine ont le milieu rayé de noir; celles du ventre présentent les mêmes raies , mais sur un fond plus clair et qui blanchit totalement sur le bas-ventre ; les pennes des ailes et de la queue sont bordées de blanc ; les deux rectrlces intermé- diaires sont d'un ferrugineux brunâtre, elles plus extérieures ont une tache triangulaire à l'extrémité : les pieds sont de la couleur du bec , mais d'une nuance plus claire. L'Alouette grisette , Alauda Senegalemis , Lath. , pi. enl. , n.o 5o4. , fig. i de VHist. nat. de Buffun , est décrite dans l'Ornithologie de Brisson , sous la dénomination d'a- louette huppée du Sénégal. Elle a six pouces et demi de lon- gueur ; le bec de couleur de corne ; la tête un peu huppée ; les parties supérieures mélangées de gris et de brun ; la pre- mière teinte borde chaque plume , et la seconde en couvre le milieu; le dessous du corps est blanchâtre, marqué de petites taches brunes sur la gorge ; les côtés et le dessous des ailes inclinent au roux; lès pennes sont d'un gris brun, et rousses du côté interne , de la base aux deux tiers de leur longueur; celles de la queue brunes, à l'exception des intermédiaires qui sont grises ; les plus extérieures ont du blanc roux dans presque toute leur largeur , et les suivantes sont seulement bordées de la même couleur ; les pieds et les ongles sont gris. Cette alouette a de si grands rapports avec l'alouette cochevis, que j'ai peine à croire que ce soit une espèce dis- tincte. L'Alouette A hausse-col noir, Alauda alpesirîs, Lath. Cette belle espèce d'alouette habite les parties lesplusboréales des deux continens ; mais elle fuit la zone glaciale dans les derniers jours de l'été , pour s'avancer en grande volée vers le Sud. En Amérique , elle ne dépasse guère les Carolines ; en Europe , la Russie paroit être le terme de son voyage , quoiqu'on ait pi'is de ces oiseaux aux environs de Dantzick , en Allemagne , et même en Lorraine , mais en très-petit nombre. Dans Tune et l'autre partie dumonde, ces alouettes, dont la chair est un assez bon manger , mais sans fumet , comme celle de la plus grande partie des oiseaux de l'Ame- A L O 36S rîque , quittent leur retraite hivernale dans les premiers jours du printemps, pour se retirer dans les pays les plus voisins du pôle où, à l'abri de la fçucrre que leur font les hommes, elles se livrent sans inquiétude à Téducation de leur jeune famille. Les hausse-cols noirs ne diffèrent de nos alouettes com- munes que par le plumage ; car ils en ont le cri , le vol et le genre de vie : ainsi qu'elles , ils ne se perchent jamais sur les arbres , et se tiennent toujours à terre. On ne connoît point leur chant , parce qu'on ne les volt que pendant l'hiver ; mais j'ai peine à croire qu'ils n'aient point de ramage , oix seulement un très-foible , comme l'ont avancé plusieurs or- nithologistes : au contraire , je juge à leur gazouillement , que î'ai entendu au mois de mars, qu'ils ont un chant qui no etites fosses , d'où leur est venu le nom chi-chup-pi-sue , que eur donnent les naturels des environs d'Albani. Elles se afiourrissent de Vai>oine qui croît dans les sables, de grains Ae froment et d'autres plantes céréales. Le hausse-col noir a six pouces neuf lignes de long, le front jaune , ainsi qu'un trait derrière l'œil; cette teinte borde une bande noire qui couvre le sommet de la tête , et une raie de même couleur qui part des coins de la bouche et descend sur les côtés de la gorge ; celle-ci est jaune , ainsi que les côtés du cou -, une grande tache noire , en forme de hausse-col , couvre la poitrine ; les parties postérieures sont d'un blanc pur , ombré de jaune dans quelques individus; un gris roux est sur les flancs ; un gris rembruni domine sur les parties supé- rieures du corps, et est tacheté d'une nuance plus foncée sur le dos ; les petites couvertures , dont l'extrémité est grls- tlanc , et les plumes moyennes des ailes, sont brunes ; les primaires noires , ainsi que les pennes de la queue , à l'ex- ception des intermédiaires , qui sont pareilles aux rémiges secondaires ; les latérales ont un liseré blanc pour bordure extérieure ; le bec est gris et les pieds sont noirs. La femelle est un peu plus petite , et diffère en ce que le jaune est moins vif, que le sommet de la tête est noirâtre , que son plastron est moins grand et moins apparent. Les Î'eunes mâles lui ressemblent pendant l'hiver , et sont , avant eur première mue , privés de jaune, de noir et du hausse-col. La Ceinture de prêtre , dont BufTon a fait une espèce particulière, et que Gmelln nomme alaudajlava, a été donnée par Latham comme une variété du hausse-col. En effet , c'est une variété de saison , c'est-à-dire , le mâle sous son 364 A L 0 habit de noce. Palias a trouve cette alouette en Sibérie, et l'y a vu arriver à la fin de février , dans les landes de l'Iset. La grosse Alouette. F. Alouette calandre. L'Alouette d'hiver, ou l'Alouette de neige. V. Alouette hausse-col noir. L'Alouette huppée de la côte de Malabar , Alauda Malaharica, Lath. , pi. ii3 du Voyage de Sonnevat aux Indes et à la Chine. Cet oiseau a cinq pouces neuf lignes de long; il porte une huppe courte , brune et blanche ; une bande lon- gitudinale noire se distingue sur le roux-clair du cou ; le dos et les ailes sont d'un brun tacheté de blanc ; la gorge et le ventre d'un blanc teinté de brun roux ; les pennes des ailes et de la queue d'un brun roux et terminées de roussâtre; cette dernière couleur est celle des pieds ; le bec est noir. La grosse Alouette huppée. V. Alouette cochevis4I L'Alouette d'Italie, Alauda Italka ^ Lath., porte en Italie , selon Aldrovande , le nom vulgaire giarola. Buffon en fait mention sous celui de girole , et soupçonne , ce me semble avec raison , que c'est une variété d'une espèce con- nue ; d'autant plus qu'Aldrovande , le seul auteur qui en ait parlé , n'a jamais vu que ce seul individu , et que depuis on n'en a pas retrouvé de semblable. Cependant , Brisson , Gmelin et Latham en ont fait une espèce particulière , la- quelle a la taille de V alouette commune. Le plumage de la tête et de tout le dessus du corps varié de brun marron , de brun plus clair , de blanchâtre et de roux vif; le dessous blanc; le derrière de la tétc ceint d'une espèce de couronne blanchâtre ; les pennes des ailes d'un brun marron ; les quatre paires in- termédiaires de la queue pareilles ; la paire suivante mi- })artie de marron et de blanc , et la dernière paire toute )lanche ; le bec rouge , à large ouverture ; les coins de la bouche jaunes ; les pieds couleur de chair , et les ongles blanchâtres. Cette alouette , comme l'a fort bien remarqué Brisson , est un jeune oiseau , dont la queue , extrêmement courte et composée de plumes très-étroites , n'étoit pas en- tièrement formée , et qui avoit encore la commissure du bec bordée de jaune. Ray , Gmelin et Latham lui trouvent de l'affinité avec le Cujelier , alauda arborea, Linn. , et lui donnent huit pouces de longueur; différence de grandeur , qui seule suffit pour écarter une pareille alliance. Il résulte de ce que je viens de dire , que l'alouette d'Italie doit être , se- lon moi , rayée de la nomenclature , comme n'étant pas une espèce distincte. L'Alouette huppée du Sénégal. V. Alouette grisette^. A L O 365 L'Alouette Isabelle est une varii^té accidentelie de r Alouette commune. L'Alouette jaune , Alauda crocea, Yicil. , s'éloigne de ses congénères eu ce qu'elle a le bec échancré à rextrémité de sa partie supérieure, et en ce que les ailes ne dépassent pas Torigine de la queue ; ce qui m'a décidé à en faire une des sections de ce genre. Elle a sept pouces de longueur; le bec long de dix lignes , un peu arqué , robuste, brun en dessus , blanchâtre en dessous , noir sur les côtés , à l'origine et à la pointe ; les angles de la bouche garnis de quelques poils longs, roides et noirs; les sourcils jaunes , des petits traits noirs sur les joues ; les plumes de la tête et de foules les parties supérieures, d'un jaune roussâtre sur les bords, et d'un brun foncé dans le milieu; les couvertures supérieures Ai^s, ailes et de la queue de cette dernière teinte et jaunâtres en dehors ; le devant du cou avec un hausse-col noir , en forme de fer à cheval , dont la convexité descend sur le haut de la poitrine , et dont les deux branches remontent jusqu'aux angles de la bouche , de manière qu'il entoure le beau jaune qui s'étend sur la gorge et sur le devant du cou ; toutes les parties inférieures sont de cette même couleur; on re- marque seulement quelques taches brunes parsemées sur les lianes ; le pli de Taile et le dessus des pennes primaires sont jaunes. Cette teinte prend un ton roussâtre à l'extérieur des secondaires , et toutes sont brunes dans le reste ; les deux pennes intermédiaires de la queue sont totalement brunes , les quatre suivantes seulement à l'origine, sur le côté externe ; ensuite elles sont blanches , ainsi que les quatre autres, dont le bord est jaune en dehors. Les quatre rectrices du milieu sont d'égale longueur , et dépassent les autres d'environ trois lignes : les huit autres sont un peu étagées ; les pieds jau- nâtres. Cette alouette est encore remarquable parla longueur des doigts , dont l'intermédiaire a un pouce ; les deux laté- raux ont chacun huit lignes ; le postérieur est long de dix li- gnes, ainsi que son ongle qui est presque droit. Cette alouette se trouve dans l'île de Java. L'Alouette de Jessop. V. Pipi spipolette. L'Alouette aux joues brunes de Pensylvanie. V. Pipi spipolette. L'Alouette kougou-aroure , Alauda Nooœ-Zelandiœ . Lath. , pi. 5i du Synopsis. Le nom que l'on a conservé à celte espèce est celui que les naturels de la Nouvelle-Zélande lui ont imposé. Elle a toutes les parties supérieures noirâtres, et chaque plume est bordée de cendré ; les sourcils blancs ; une bande de la même couleur à travers l'œil ; les parties inférieures blanches, avec une teinte cendrée sur le devant 366 A L O «lu cou et sur le bas-ventre ; les piecis d'un jaune mêlé de Lrun ; les ongles noirs ; le bec pareil en dessus et cendré dans le reste. Latham présente comme une variété de cette alouette un individu trouvé dans les mêmes parages ; peut-être est-ce un jeune ou la femelle. Il est un peu plus petit , cendré sur les parties supérieures , et d'un cendré blanchâtre sur les infé- rieures ; les pennes des ailes et de la queue ont une bordure blanche à Texlérieur. (v.) L'Alouette lulu, Almda crislateUa^ I.ath. Les ornitho- logistes l'ont confondue avec le rorhepîs ^ à cause de sa huppe semblable à celle de cette autre alouette , et avec le cujelierf parce qu'elle a , comme lui, l'habitude de se percher sur les arbres. En lui donnant le nom de /m/m, Guenau de Mont- Leillard ne paroit pas avoir connu les habitudes de cet oiseau, et Mauduyt, qui a écrit après Guenau, est tombé dans de nouvelles erreurs sur le même sujet. I/histoire naturelle du iulu étoit donc encore à faire : je vais la présenter ici ; c'est la première fois qu'elle aura été publiée, et la justice, comme la reconnoissance , me font un devoir d'ajouter que Vieillot m'en a fourni les traits les plus intéressans. Le Iulu est beaucoup plus petit que le cochcois ^ et en y regardant de près, on s'aperçoit qu'il n'a point une véritable huppe , mais que les plumes de sa tête sont plus allongées qu'elles ne le sont chez l'alouette commune, mais moins longues que chez le cochevis , et que l'oiseau peut , à volonté, les redresser en forme de huppe; ce que fait souvent le mâle, et rarement la femelle. Cette alouette a la tête entourée' d'une bande blanche. Cette bande part du dessus de l'œil , passe sur le haut des joues, et de là sur l'occiput, au-dessous des longues plumes du vertex ; les joues sont blanches et rousses ; les plumes des oreilles d'un brun noir ; la tête , le dessous du cou et le dos sont variés de roux et de brun noirâtre ; cette dernière couleur domine sur la tête et sur le dos ; au contraire, c'est la teinte rousse qui est la plus apparente sur le cou, dont le devant est blanc et marqué de petites taches oblongues et noirâtres ; ces mêmes taches se font aussi remarquer sur la poitrine qui est blanche , ainsi que la gorge , le ventre et toutes les parties inférieures; le croupion et les couvertures supérieures de la queue sont roux sans aucun mélange ; les ailes sont blanches sur le pli ; l'aile bâtarde noire et blanche ; les rémiges brunes et bordées en dehors d'une teinte rousse qui s'éclaircit vers le milieu, passe presque au blanc ; les pennes intermédiaires de la queue sont rousses , les huit autres sont d'un brun noir et marquées de blanc ou A L O 36; de gris ; savoir : la première de chaque côté est d'un gris blanc dans la moitié de sa longueur ; les deuxième , troi- sième et quatrième sont terminées par une tache blanche et cunéiforme ; les suivantes blanches vers le bout ; la queue est courte et foiblement échancrée ; le bec est brun en dessus et couleur de corne en dessous ; les pieds sont couleur de chair et les ongles gris ; l'ongle postérieur est droit, subulé et plus long que le pouce. Longueur totale, cinq pouces deuç lignes, La femelle diffère très-peu du mâle. Cette alouette se trouve en Allemagne , en Pologne , en Sibérie, en Hollande , en Italie, etc. Mauduyt croyoit qu'elFe étoit inconnue en France (^Erlfyclopédie méthodique^ paiiie omi- tholugique ) ; mais Picot-Lapeyrouse l'a observée dans les Pyrénées , Vieillot dans \qs environs de Paris , de Bordeaux et de Rouen, et elle n'est point rare dans mon pays natal, la Lorraine. Lorsque les lulus sont perchés, ils font entendre un chant qui n'est pas sans agrément. Ils se plaisent à ga- zouiller plusieurs ensemble au commencement du printemps; mais, à l'époque où ces réunions se dispersent en couples amoureux , le mâle déploie un gosier brillant et en tire des sons mélodieux , surtout après le coucher du soleil ; c'est par cette musique d'amour qu'il charme les ennuis de sa compagne , occupée à entretenir une douce chaleur sur sa couvée. Dès que la nouvelle famille est éclose, le père en partage l'éducation ; mais ses chants cessent : il n'est plus amoureux. La ponte est , pour l'ordinaire , de quatre à cinq œufs , d'un blanc sale teinté de brun, et piqueté de rougeâtre. C'est à la lisière des bois qu'est caché le nid , dans un sillon cou- vert d'herbe ou de bruyère et au milieu d'une mousse épaisse; des tiges d'herbe sèche en forment l'enveloppe extérieure, et le dedans est tapissé d'herbe molle et de crins. Il faut cher- cher les lulus au printemps, sur les coteaux à demi-arides, où croissent quelques épines, des buissons, des ronces, des bruyères ; mais toujours sur le bord des bois. Pendant l'hiver, ils se tiennent sur les champs pierreux ; dans cette saison , plusieurs familles se réunissent et forment des troupes serrées de trente à cinquante , qui ne se mêlent avec aucune autre espèce ; on entend alors leur cri plaintif, d'où Guenau de Montbeillard a formé leur nom de Mu. S'ils se posent à terre, ils se tiennent toujours près les uns des autres , et si on leur fait prendre la volée , ils ne cherchent pas d'abord à s'éloi- gner , mais ils s'élèvent peu à peu , toujours en tournant , passant et repassant au-dessus de la place qu'ils ont quittée, en jetant de temps en temps des cris de rappel, et finissent souvent par s'y abattre de nouveau. Cependant, il n'est pas 368 A L O rare de rencontrer en hiver des couples de lulus isolés ; une partie même d'entre eux passent dans d'autres contrées , tandis qu'une autre partie demeure dans nos pays. On a profité du naturel social de ces petits oiseaux , et de l'espèce d'inquiétude qu'ils témoignent par des cris répétés de ralliement , lorsque quelques-uns d'entre eux s'éloignent de la troupe, pour les prendre avec plus de facilité. C est ainsi que les qualités les plus aimables deviennent souvent une source de malheurs. Il suffit pour faire une bonne chasse d'avoir un lulu pour appelant. L'on se sert dans le Médoc de nappes aux alouettes , mais dont les mailles sont plus petites; le passage , qui est le momenr le plus favorable , y a lieu en octobre, et surtout en novembre, et on y prend les lulus sous le nom de cochevfs , desquels on ne les distingue pas. Des oiseaux qui ont un.si fort attachement pour leur espèce, ne peuvent guère en vivre séparés. Pris adultes , les lulus pa- roissent d'abord ne pas être sensibles à la perte de leurs semblables ; ils sont assez tranquilles, mais ils mangent peu, et aux premiers jours du printemps, lorsque des affections nouvelles et plus vives viennent s'emparer de ces petits êtres, déjà consumés de regrets, ils périssent bientôt , si l'on ne se hâte de les rendre à la liberté , à l'amitié et à l'amour, (s.) Sonnini a donné , dans la première édition de ce Diction- naire , une description trop succincte de cette alouette, pour que l'on puisse la déterminer; j'ai donc cru devoir la faire plus détaillée , avec d'autant plus de motifs , qu'on l'a con- fondu» et qu'on la confond encore avec une espèce très- distincte , laquelle est le cujelier de Brisson , qui n'est autre que le pipi des arbres; ou le pipi des buissons, si on en juge d'après la figure qu'il a publiée , puisque cette figure lui donne l'ongle postérieur très -long et presque droit, tandis que celui du pipi des arbres est moyen et courbé. L'alouette lulu est bien Valauda arborea de la Fauna suecira , I, n.° 192 ; car la phrase spécifique signale parfaitement sa queue et non celle de Valauda arborea de Brisson, et du cujelier de la planche enluminée, n." 192, que Gmelin et Latham citent mal à propos dans la synonymie. La figure 2 de cette plan- che enluminée est en contradiction avec la description ; car ce n'est pas de ce pipi dont il y est question, mais bien du /m/u, quant aux formes, à sa couronne blanchâtre , à son ongle et à une grande partie de ses habitudes : comme de ne point pé- nétrer dans les bois, de se tenir à l'entrée des jeunes taillis , de chanter la nuit, de voler par troupes en automne et en hiver ; mais ce ne sont point ses dimensions. Le lulu, Valauda arborea de Linnœus, la petite alouette huppée de Brisson et de Buffon^ le vi,'ood lark de AYilbgbhy et de A L 0 369 Latliani 1 sout tous d^ l'espèce du lulu, et se distinguent du pipi des arbres , par une taille plus trapue , une queue plus courte et autrement colorée, parleur bec sans échancrure, par leur chant et leur genre de vie. Le lulu est figuré dans Nozeman, sous la dénomination à' alauda pratensi ; nom qui peut lui convenir en Hollande, où il fréquente les prairies, mais qui contribue encore à jeter dans un plus grand embarras celui qui, pour reconnoîlre les oiseaux, se borne seulement à la nomenclature; vu que cette dénomination latine est imposée à une espèce très-différente {Ufarlouse). L'alouette lulu est en double emploi dans Gmelin et dans Latliam ; savoir : chez le premier, sous les noms A'arborea et de nemorosa; et, chez le dernier, sous ceux d'arborea et de m's- tatella. Enfin Lewin ( Oiseaux de la Grande-Bretagne. ) fait deux espèces du mâle et de la femelle ; celle-ci est son cujelier , pi. 88, et l'autre sa petite alouette huppée , pi. 87. (v.) L'Alouette a loisgs pieds, Alauda longipes^ var. Lath. C'est une race constante , ou même une espèce dont les ornithologistes n'ont fait , mal à propos ce me semble , qu'une -variété de V alouette commune , puisque ses pieds sont beaucoup plus longs, et qu'elle chante étant posée à terre ; au Heu que le mâle de notre aloueitene fait entendre son chant d'amour qu'en s'élevant dans les airs. L'alouette à longn pieds se trouve en Russie, sur les confins de la Mongolie; sou plumage est pareil à celui de notre alouette commune, (s.) L'Alouette de la Louisiane. V. Pipi spipolette. L' Alctuette de Malabar. V. Alouette huppée de la côte de Malabar. L'Alouette de marais. V. Pipi roux. L'Alouette de montagne. V. Pipi des arbres. L'Alouette de la Moselle. V. Pipi roux. L'Alouette mineuse, Alauda cunicularia, Yieill. Cette espèce , que nous a fait connoître M. d'Azara , habite l'A- mérique méridionale , et on la rencontre aux environs de la rivière de la Plata et dans les pampas de Buenos-Ayres. Le nom de mineuse, que lui a imposé ce naturaliste, vient de ce qu'elle creuse des trous dans un petit ravin , à la pro- fondeur de deux pieds ou deux pieds et demi , pour y déposer ses œufs sur une couche de paille arrangée dans le fond, qu'elle façomie en rond. Au temps des amours , le mâle ^t la femelle se poursuivent en faisant entendre un petit soc aigu semblable à un éclat de rire. Cette alouette a six pouces de longueur totale ; un petit trait d'un blanc roussâtre , qui s'étend depuis la narine jusque derrière l'œil ; le dessus et les côtés du cou, le dos et toutes les parties supérieures bruns j cette couleur pr^nd une 1. U4 370 A L O nuance claire de tabac d'Espagne sur les converJures du dessus de l'aile ; la queue est de cette couleur et en partie noire; les côtés de la tête sont marbrés de brun et de blanc roussâlre -, cette dernière teinte couvre toutes les parties inférieures ; les pieds sont noirs ; l'ongle postérieur a deux pouces et demi de long. L'Alouette noire. Variété accidentelle de I'Alouette COMMUNE. L'Alouette noire a dos fauve, ou I'Alouette noire DE LA EncENADA. V. PlPI A DOS FAUVE. L'Alouette de la Nouvelle-Zélande. V. Alouette KOGOU-AROURE. L'Alouette obscure , ou Alouette des rochers. Voyez Pipi spipolette. L'Alouette ondée. V. Alouette coquillade. L'Alouette percheuse. F. Pipi des arbres. La petite Alouette des bois. V. Pipi des arbres. La petite Alouette grise de Gingi , Alauda Gingka , Lath. fig. pi. ii3 du Voyage aux Indes et à la Chine ^ et Sonnerai , tom. 2 , pag. 2o3. Sonnerat l'a trouvée à la côte de Coromandel. Elle approche de la grosseur du char- donneret^ et sa longueur totale est de quatre pouces et demi; elle a la tête grise cendrée , avec un trait noir sur les côtés ; tout le plumage des parties supérieures d'un gris de terre d'ombre; toutes les parties inférieures noires; le bec et les pieds d'un gris roussâtre. (v.) La petite Alouette huppée. V. Alouette lulu. L'Alouette peinte , Alauda picla , Hermann , décrite par feu le docteur Hermann de Strasbourg, est de la gran- deur du cujelier. Les traits qui la distinguent sont d'avoir les joues rougeâtres; au-dessousuncoUierblanchâtre qui remonte vers le bec ; la tête , le dos , les couvertures des ailes et la poitrine d'un rouge de brique ; les pennes d'un brun rou- gcâtre , entourées d'une lisière noire et terminées de blanc; des taches brunes sur la poitrine; le ventre d'un blanc sale; les deux pennes du milieu de la queue , plus courtes que les autres, marquées dans leur milieu par une ligne brune; la première penne de chaque côté blanche, les autres brunes; toutes avec une bordure blanche plus ou moins large en- éessous ; une ligne brune dentelée sur la sixième ; enfin, les pieds couleur de chair, (s.) L'Alouette indiquée ci-dessus par Sonnini, m'eSt incon- nue ; peut-être est-ce un Pipi ou une variété, (v.) La petite Aloueite a tète rousse. V. Alouette cen;. DRILLE. L'Alouette pinsonnée , Alauda fringillaria ,^ Hermann, A L O 371 qui a été trouvée aux environs de Strasbourg , est un individu de l'espèce de TAlouette calandrelle. V. ce mot. L'Alouette pipi. F". Pipi des buissons. L'Alouette de Portugal , yllauda Lusitana^ Lath. La teinte générale du plumage de cette alouette est un roux fort pâle, qui s'éclaircit encore sur les parties inférieures; les couvertures et les pennes des ailes ont une bordure grise , et les pennes de la queue sont d'un roux teinté de jaune, plus clair sur les pennes extérieures ; la pointe du bec et les ongles sont noirs ; le reste du bec est blanc , et les pieds sont de couleur de chair. Cet oiseau a de si grands rapports avec Valuxiette calandrelle après la mue , que je crois qu'il ap- partient à la munie espèce. I/Alouette des prés. V. Pipi des arbres. L'Alouette des rochers , Alauda obscura , Lath. V. Pipi spipolette. L'Alouette Rougeatre , Alauda TesUicea , Lath. Cette alouette, qui se trouve aux environs de Gibraltar, est d'un rouge de brique en dessus, et blanchâtre en dessous; il y a des taches noires sur la tête et sur les couvertures des ailes ; les pennes des ailes et celles de la queue sont noires, aussi bien que le bec ; les pennes moyennes des ailes ont une bordure rouge de brique , et les premières pennes de chaque côté de la queue sont nuancées de blanchâtre ; les pieds sont jaunes. L'Alouette rouge. V. Pipi spipolette. " L'Alouette rousse. V. Pipi variole. L'Alouette des saules. V. Pipi des buissoïs^s. L'Alouette sentinelle. Nom que Levaillant (Ois. d'Afr.) a imposé à la Calandre du Cap de Bonne - Espérance. V. Alouette a cravate jaune. L'Alouette variole. V. Pipi variole. L'Alouette de Yirginie. V. Alouette hausse-col noir. L'Alouette des vignes. Nom vulgaire de TAlouette co- CHEVis dans certains cantons de la France. L'Alouette vulgaire. V. Alouette commune, (v.) B. Bec gros, plus haut que large ^ un peu fléchi en arc. L'Alouette calandre , Alauda calandra , Lath. fig. pi. enl. de Buffon , n." 363. Elle est plus grosse que V alouette commune , d'où on l'a encore appelée ^7055^ alouette. Sa lon- gueur est de sept pouces un quart, et son vol de treize pouces et demi ; ses ailes pliées aboutissent à l'extrémité de la queue , au lieu que celles de V alouette commune ne sont pas, à beau- coup près , si longues. Toutes les plumes du dessus du corps ont une bordure grise sur un fond brun ; la gorge et le ventre sont blancs ; au-dessou» de fa gorge est un demi-collier noi>' , 372 A L O qui, dans quelques individus, devient une grande plaque d« la même couleur ; il couvre le haut de la poitrine : quelques mouchetures noires paroissent sur le blanc sale du devant du cou et de la poitrine ; les flancs sont d'un brun roussâtre , et les pennes des ailes brunes, bordées de blanchâtre ; les deux paires les plus extérieures des pennes de la queue sont bor- dées de blanc , la troisième paire terminée de même , la paire intermédiaire gris-brun , tout le reste noirâtre ; le bec , les pieds et les ongles sont blanchâtres. Le mâle est plus gros et plus noir autour du cou que la femelle , dont le collier est fort étroit. A ces rapports de conformation et de couleurs avec Valouelie commune^ la calandre en joint d^aussi saillans dans les habi- tudes et les mœurs. Sa voix est également agréable, mais plus forte ; elle a la même légèreté dans ses mouvemens el dans ses amours ; elle niche de même à terre sous une motte de Îazon bien fournie , et sa ponte est de quatre ou cinq œufs, ■^ile a le même talent pour ctjntrefaire parfaitement le ra- mage de plusieurs oiseaux et le cri de quelques quadrupèdes ; mais son espèce est moins nombreuse , et elle ne se trouve qu'au midi de la France, et surtout en Provence , où elle est commune , et où on l'élève à cause de son chant. Elle l'est aussi en Italie , et , selon Cetli , dans l'île de Sardaigne , où elle passe toute l'année. On ne voit pas les calandres en troupes; elles se tiennent seules pour l'ordinaire. En au- tomne , elles deviennent fort grasseç , et sont alors un manger très-délicat. On les prend aux filets, que l'on tend à portée des eaux où elles ont coutume d'aller boire , ou aux collets et aux traîneaux , de même que les autres alouettes. Si l'on veut élever les calandres pour jouir de l'agrément de leur chant et de la flexibilité de leur gosier imitateur, on doit les avoir jeunes , au sortir du nid , ou du moins avant leur première mue ; les nourrir d'abord avec de la pâte com- posée en partie de cœur de mouton ; leur donner ensuite des graines , de la mie de pain , et tenir dans leur cage du plâtras pour qu'elles s'aiguisent le bec, et du sable fin où elles puis- sent se poudrer à leur aise ; enfin , leur lier les ailes dans les .commencemens , ou couvrir leur cage de toile , car elles sont fort sauvages, et pourroient se tuer en cherchant à s'élever ; tnais lorsque ces oiseaux sont façonnés à l'esclavage , ils ne cessent plus de répéter leur chant propre et celui des autres oiseaux , qu'ils retiennent facilement, (s.) L'Alouette a cravate jaune, Alauda capensis, Lath. , pi. enl. , n.° 5o4. , fig. 2 de ïHi'st. nat. de Buffon. On rencontre fréquemment cette alouette au Cap de Bonne-Espérance. Le mâle a le dessus du corps brun, varié de gris; la gorge et le A L O 373 haut du cou d'un bel orangé ; ce qui forme une espèce de cravate détachée du fond par un liseré noir qui l'entoure ; cette même couleur forme une sorte de sourcils au-dessus des yeux, et se retrouve , par petites taches, sur les petites couvertures et le contour des ailes ; la poitrine est variée de gris , de brun et de grisâtre ; le ventre est d'un roux orangé , ainsi que les flancs ; le dessus de la queue grisâtre ; les pennes caudales ont plus ou moins de brun , mais les quatre plus extérieures de chaque côté sont bordées et terminées de blanc ; les pennes alaires sont brunes , les grandes bordées de jaune et les moyennes de gris ; le bec et les pieds d'un gris brun plus ou moins foncé. Longueur totale , sept pouces et demi. Des individus ont plus de longueur, et toutes les autres parties à proportion ; la femelle a la cravate d'un roux clair, la poitrine grivelée de brun sur le même fond , et le dessus du corps d'un gris plus clair que celui du mâle. Cette espèce fait son nid à terre, au pied et souvcu| dans le milieu d'un buisson ; elle le compose de brins d'herbe très-déliés en dehors et de racines foibles en dedans. Sa ponte est de trois ou quatre œufs bleuâtres , couverts de taches d'un brun rouge et très-nombreuses vers le gros bout. M. Levaillant , à qui nous devons l'histoire de celte alouette , qu'on voit souvent perchée , l'appelle sentinelle , parce qu'elle fait entendre à chaque instant un cri qui exprime, de la manière la plus précise, qui vioc, qui vive y et qu'elle semble même se plaire à le répéter, lorsqu'elle voit passer près d'elle un homme ou un animal quelconque. On l'appelle , au Cap de Bonne-Espérance , Calkoenije. L'Alouette a gros bec , Alauda crassirostris , Vieil. , pi. 193, Levain. , Ois. d'Afr. Les plumes des parties su- périeures sont d'un brun noirâtre dans le milieu et d'une teinte plus claire sur les bords ; toutes les parties inférieures d'un blanc sale , avec des grivelures d'un brun noir sur la poitrine ; le bec et les pieds noirâtres ; l'iris est brun. Cette alouette , à laquelle les colons du Cap de Bonne-EsJ)érance ont imposé le nom A^Eubelde-Ucoeck {PAontiie doublé), ne chante point et ne s'élève jamais dans les airs , à ce que nous assure M. Levaillant , qui le premier l'a fait conrtoilre. Elle construit son nid dans une petite fosse, et le compose d'herbe et de crins. Sa ponte est de quatre œufs d'un gris vert , pi- queté de roux. L'Alouette de Sibérie , Alauda Sihincà , Gmel. Latham présente cette alouette comme une variété de la calan- dre d'Europe : Gmelin , en la donnant pour une espèce distincte , s'est rangé du sentiment de Pallas qui , le pre- mier, a observa et décrit cet oiseau, qu'on ne trouve que dans 374 ^ ^ ^ les régions glacées du nord de TAsie ; il vole seul , et à peu d'élévation, place son nid dans l'herbe , et fait sa nourriture de sauterelles et i]e vermisseaux. Son chant n'est pas aussi agréable que celui de l'alouette commune; son plumage, qui ne diffère pas beaucoup de celui de la calandre, a des taches d'un jaune pâle mt^lé de couleur de rouille sur la gorge et les couver- tures supérieures de la queue -, et du gris blanchâtre sous le corps : on voit du blanc sur presque toutes les pennes moyennes de l'aile, du brun livide au bec, et du gris aux pieds. L'Alouette mongole, Jlauda Mongolîca ^ ha\h. Pallas, qui a vu cette alouette sur les frontières de la Chine , entre rOuon et TArgoun, la présente comme une espèce parti- culière ; son ramage est agréable , et elle ne le fait entendre qu'étant posée à terre ; il est un peu plus fort que celui de l'alouette calandre. La tête et le cou sont d'une couleur rous-^ sâtre , tirant sur celle de la rouille , et plus foncée sur le som- met «le la tête qui est entourée d'une bande circulaire et blanche avec une tache de la même couleur siu' le milieu ; deux taches noires isolées sont sur la gorge ; le bec est épais ; l'ongle postérieur à peine plus long que le droit, et à trois faces. L'Alouette de Tartarie , Alauda Tatarira ^ Gm. Un naturaliste célèbre, M. Pallas, a le premier fait connoître cet oiseau, qui passe l'été dans les solitudes arides du midi de la Tartarie , et l'hiver au nord de la mer Caspienne , mais pas au-delà du cinquantième degré de latitude. On ne l'entend presque jamais chanter , et on ne le voit en petites troupes et dans le voisinage des lieux habités , que pendant la saison des frimas. Le plumage de cette alouette est d'un noir foncé avec un liseré blanchâtre , à peine apparent , aux plumes des parties supérieures, ainsi que la plupart des pennes ^ manchots habilcût les mers glaciales, et A L Q 38i sont privés de la faculté de voler ; les premiers peuvent tout au ^\us voleter ; et , quoique leurs pieds soient un peu plus élevés et placés un peu moins à l'arrière du corps , que dans les maii~ chois ^ ils ne marchent pas mieux; la position debout leur est également pénible ; du reste, leurs rapports dans le naturel e| le genre de vie sont les mêmes. L'Alque pingouin, Akatorda, Lath., pi. enl. , n." |oo3 et 1004.. Longueur, i4 pouces trois lignes ; grosseur, un peu au-dessous de celle du canard domestique ; bec noir ; trois rainures sur la mandibule supérieure, dont celle du milieu es| d'un blanc pur ; deux sur l'inférieure ; deux traits blancs : l'un entre le bec et l'œil, et l'autre sur l'aile; tête, cou, dessus du corps , scapulaires, couvertures et partie des pennes des ailes , pennes de la queue noirs ; gorge et devant du cou de couleur de suie ; le reste du plumage blanc ; pieds, niem- branes et ongles noirs ; iris brun ; tel est le vieux mâle. La vieille femelle n'a point la bande blanche qui part du bec jusqu'à l'œil ; le tour des yeux , les côtés et le devant du cou sont d'un blanc pur ; les jeunes se distinguent des vieux , surtout des femelles , par un bec moins large , et qui n'est point sillonné de blanc ; ils ont , dans leur premier âge , le dessus de la tête et toutes les parties supérieures d'un cendré noirâtre ; une grande tache d'un brun sombre auprès de l'œil; le bec petit, très-peu élevé , dépoui-vu de sillons et très-peu crochu. Le petit pingouin , alca tarda junior avisy Lath. , dont Gmelin et Buffon ont fait une espèce distincte , est un jeunç oiseau, plus avancé en âge que les préçédens , et chez qui Iç bec n'avoit encore que deux rainures. Cette espèce se trouve également dans la partie septen- trionale de l'Amérique et de l'Europe. Elle niche sans pré- paratifs entre les rochers et sur la pierre même , aux îles de Feroë , et le long de la côte occidentale de l'Angleterre. Sa ponte est d'un ou de deux œufs, très-gros à proportion de sa taille, d'un brun blanchâtre, avec des nuances d'un jaune pâle , et des taches pourpres , selon Latham ; des taches noires, suivant d'autres. L'Alque ou le Pi>gouin de la Baltique , A/eaiorda^y^r. Lath. Cet oiseau est regardé comme un jeune de l'e$pèc# à\x petit pingouin , nouvellement né. Il n'a pas la petite bande qui va du bec à l'œil; et son plumage est tout blanc sur toutes les parties inférieures , depuis le bec jusqu'à la queue. Le GRAND Alque ou Pingouin , Alca impennis , Lath., pi. enl., n.° 367 , ) est presque aussi gros qu'une oiV et long de près de deux pieds ; il a le bec noirâtrç , avec huit sillons sur la partie supérieure , et onze sur rinférieure; les pieds, les membranes et les ongles noirs ; la tête , le cou et toqt 38î A L Q le manteau couverts de plumes noires , douces et lustréess comme de la soie ; les couvertures du dessus des ailes et de la queue et toutes les pennes de cette même couleur ; un beau blanc domine sur le reste du plumage, et forme une grande tache ovale entre le bec et l'œil. L'oiseau jeune n'a pas d'entaillures sur le bec , et est couvert à sa naissance d'un duvet gris. La femelle a les can- nelures moins profondes et le bec moins épais que le mâle. Cette espèce paroît moins nombreuse que celle du pingouin ordinaire. Elle se tient dans le Nord. L'Alque perroquet , Alca psittacula , Lalh. Une ride de la peau du front tient lieu de membrane à la base du bec, dont la partie supérieure présente la figure d'une gaine de courge ; l'inférieure a la forme d'une faucille ; l'une et l'autre sont rayées d'un sillon , mais plus profond sur la mandibule supérieure ; la langue est en alêne courbée en dedans et sillonnée en dessus. Sa grandeur est à peu près celle du petit guillemot. Il a un peu plus de grosseur ; le dessus de la tète et du cou, le dos, les ailes et la queue noirs; une tache blanche sur le milieu de la paupière supérieure; et une autre au-dessous de l'œil; parties inférieures blanches avec une nuance grise sur le devant du cou , et un peu de noir aux flancs et aux plumes des jambes; bec d'un beau rouge; pieds d'un jaune sale et membranes brunes. 11 habite le Kamtschalka. L'Alque huppé , Alca cristatella , Lath. La tète de cet oiseau est parée d'une huppe posée sur le front, et compo- sée de plusieurs plumes courtes , du milieu desquelles s'élèvent six grandes plumes effilées et soyeuses , qui se recourbent vers le bec; celui-ci représente une masse courte et à peu près en cône, d'un rouge d'écarlate, et blanche à son bout ; sa partie supérieure est convexe ; les lames sont arrondies vers la pointe, et s'abaissent insensiblement en approchant du front ; l'inférieure est plus aplatie , tronquée obliquement, et marquée de chaque côté par un sillon qui prend naissance à sa base , et forme des espèces d'abajoues triangulaires près de l'angle de la bouche. Au-dessus de cet angle, est une excroissance charnue d'une belle couleur rouge, ayant la forme d'un cœur et aplatie en de ssous. Cet oiseau n'est pas plus gros que la draine : un trait blanc est de chaque côté du cou ; quelques plumes soyeuses, très-déliées et de la même couleur , sont près de la tête ; celle-ci est noire , ainsi que le dessus du cou et le dos ; cette dernière partie est variée de lignes larges et éparses, d'un brun roussâtre; le croupion est d'un gris-blanchàtre , et tout le corps cendré ; les couvertures et les pennes des ailes sont couleur de suie ; celles de la queue noires, et les pieds d'un brun clair. A L s 383 Cette espèce est commune vers les îles des extrémités de la Laponle. On la retrouve au Kamtschatka, où elle porte le nom de stariki. L'Alque NOIRÂTRE, ^/ta /c/mcH/a, Lath., a des rapports avec le précédent dans la conformation du bec , mais avec des dimensions moins fortes et un aplatissement plus sensible sur son arête ; la couleur de ce bec est d'un brun-jaunâtre ; sa petite huppe est divisée en deux parties dans sa longueur, et est privée des longues plumes qui se recourbent en avant; une raie blanchâtre descend de Toeil ; l'iris est blanc ; les pieds sont d'un brun livide , et les membranes d'un noir foncé. Du reste, son plumage est à peu près pareil à celui du pré- cédent ; les teintes sont seulement moins livides. Ce pingouin se trouve au Kamtschatka. Les ornithologistes modernes distinguent encore deux espèces de pingouins : Valca aniiqua et Vaica pygmea. Le premier est un peu plus gros que le petit guillemoi^ el a près de onze pouces de long; le bec blanc à la base, et noir depuis les narines jusqu'à la pointe; la tête et la gorge, le dessus du corps et les ailes noirs ; le dessous blanc ; un petit faisceau de plumes blanches qui naissent derrière l'œil , et s'élèvent sur les côtés du cou en forme de croissant ; la queue courte , arrondie et noire. Il habite les îles du nord de l'Amérique et le Kamtschatka, Le second est moins gros que le précédent, et n'a que sept pouces de longueur ; mais ce qui le distingue très-bien de tous les oiseaux de ce genre, c'est d'avoir le bec très- déprimé sur les côtés, comme celui du canard; le plumage d'un noir de suie , plus pâle sur la gorge et inclinant au cendré sur toutes les parties inférieures, avec le milieu du ventre blanc. Il habite les mêmes contrées que celui ci-dessus, (v.) ALQUIFOUX, variété du Plomb sulfuré, Haiiy. Dans le commerce du Levant , on nomme alquifoux ou arquifoux^ la mine de plomb tessulaire. Les femmes de l'Orient la ré- duisent en poudre subtile , qu'elles mêlent avec du noir de lampe , pour en faire une pommade dont elles se teignent les sourcils , les paupières , les cils et les angles des yeux, (s.) C'est aussi sous ce nom que les potiers de terre et les faïenciers connoissent lu galène ou plomb sulfuré , qu'ib font entrer dans la composition de la couverte de leurs po- teries grossières, dites vernissées, (luc.) ALS.ADAR , V. Micocoulier, (b.) ALSEBRAN. C'est I'Euphorbe a feuille de Cyprès, et la Joubarbe des toits, (b). ALSINÉES. Decandolle propose de diviser la famille des 384 ALT cadpphyllées en deux sectrons , dont l'une auroit pour type la Morgeline , et renfermeroit les genres dont le calice est de quatre ou cinq folioles , ou divisé jusqu'à là base en quatre ou cinq parties, (b.) ALSODEE, Alsodeîa. Genre de plante établi par Du- petit-Thouars , pour placer six espèces d'arbustes qu'il a observés à Madagascar. Ce genre , de lamonadelphie pentandrie et de la famille des Violettes , offre pour caractère : un calice à cinq divisions profondes ; cinq pétales réunis à leur base ; un ovaire su- périeur surmonté d'un style à stigmate en massue ; une capsule à trois valves, et a une seule loge renfermant un petit nombre de semences, (b) ALSOPHILE , Alsophila. (ienre établi par R. Brown , aux dépens des Polypodes. (b.) ALSTONE, yilsionia. Arbrisseau à feuilles alternes, roides , elliptiques , dentées au sommet et dépourvues de stipules , à fleurs blanches , sessiles , sortant quatre ou cinq ensemble de l'aisselle des feuilles , qui forme un genre selon Linnseus et Jussieu, mais que L'Héritier a réuni aux Sym- PLOQUES. Selon Jussieu , il auroit pour caractère un calice formé d'écaillés imbriquées , dont les intérieures sont plus grandes ; une corolle à tube court , à limbe à huit ou dix divisions pro- fondes , disposées sur deux rangées; un grand nombre d'éta- mines insérées sur le tube et imbriquées ; un ovaire supé- rieur à style terminé par un stigmate en tâte. Le fruit n'est pas connu. Cet arbrisseau ressemble au café , et ses feuilles ont la saveur du thé. On le trouve en Amérique, (b.) ALSTROÉMÉRIE , Ahtrœmerla. Genre de plantes de l'hexandrie monogynie et de la famille des NarcissoÏdes, dont les caractères sont d'avoir une corolle presque labiée, et de six pétales, dont les trois extérieurs sont cunéiformes, quelquefois mucronés , et les trois intérieurs sont alternes, lancéolés, deux desquels tubuleux ou convolutés à leur base ; point de calice ; six étamines insérées sur la base des pétales , à fila- mens inégaux et déclinés ; un ovaire inférieur à six côtés , surmonté d'un style terminé par trois stigmates ; une capsule sphérique mucronée , marquée de six nervures , à trois loges , à trois valves , contenant plusieurs semences globuleuses , attachées par de petits cordons à un placenta central conné avec les cloisons. Ce genre renferme plus de trente espèces : leurs racines sont fibreuses, leurs tiges feuillées, leurs feuilles alternes, ses- siles, obliques ; leurs fleurs terminales, presque solitaires ou ALT 385 disposées en corymbe et dépourvues de spathe. Elles viennent du Pérou , et sont toutes remarquables par la beauté de leurs fleurs ; mais I'Astroemérie pélegrine l'emporte sur les autres à cet égard. Cette dernière , qu'on cultive dans quelques jardins de Paris , a pour caractère : la tige droite , la corolle ouverte , les pétales extérieurs tridentés , les autres mucronés, tous d'un rouge pâle , semés régulièrement de taches rouges et jaunes. L'Alstroemérie ligtu , moins belle que la précédente , offre des fleurs d'une odeur très-suave , et on tire de sa racine , qui est tubéreuse , une fécule dont on fait usage comme aliment. Elle est figurée dans le bel ouvrage de IM. Tussac , intitulé Flore des Antilles. Dix espèces nouvelles à' Àlstroeméries sont mentionnées dans l'ouvrage de MM. de Humboldt , Bonpland et Kuntb , sur les plantes de l'Amérique méridionale, (b.) ALTAMISA. Espèce de Coréope du Pérou, (b). ALTAVELLE. C'est la mie pastenague. (b.) ALTEN-MAN ou le Vieil-Homme. Nom que les mineurs allemands donnent aux anciens débris de filons qu'on trouve dans les mines abandonnées. (Pat.) ALTERNANTHÈRE , AUemanthcra. V. I'Illécèbre SESSILE. (b.) ALTH.'ffiA. V. Guimauve et Ketmie. (b.) ALTHERIE, ylllheria. Genre de plante établi par du Petit- Thouars dans la monadelphie pentandrie et dans la famille des TiLiACÉES. Il présente pour caractère : un calice double , l'extérieur de trois folioles , l'intérieur d'une seule pièce à cinq découpures ; cinq pétales roulés à leur base ; un ovaire à cinq angles et à autant de styles ; cinq capsules réunies, monosper- mes. (b.) .\LTIQUE , Alticus. Nom de genre mal à propos appli- qué au Blennie sauteur, (b.) ALTISE , Altisa , Geoff. Genre d'insectes de l'ordre des co- léoptères, section des tétramères , famille des chrysomélines, et qui a pour caractères : antennes insérées entre les yeux , très-rapprochées à leur base; cuisses postérieures grosses , propres pour sauter. Ce genre a été distingué de celui des chrysomèles , parce qu'il offre des caractères suffisans pour le reconnoître facilement , et qu'il renferme , en outre , uu assez grand nombre d'espèces. Les altises sont en général très - petites : les plus grandes d'Europe n'ont guère plus de deux lignes de long , et celles des pays les plus chauds n'en ont pas plus de trois. On les trouve plus communément au printemps , dans les en- droits frais , humides , uu peu gras , répandues souvent an 386 A L U très-grande quantité sur les plantes potagères , dont elle* cri- blent les feuilles. La plupart brillent des plus belles couleurs ; toutes sont luisantes et entièrement glabres , c'est-à-dire , lisses et sans poilsni duvet. Les espèces les plus communes dans nos potagers sont désignées sous le nom de Puces des jardins. Parmi environ cinquante espèces Kahises connues , on distingue comme les plus communes en Europe , I'Altise POTAGÈRE , entièrement bleue , excepté les antennes qui sont Moires ; I'Altise de la Jttsquîame, d'un beau bleu brillant, arec des stries sur les élytres ; I'Altise rtjbîs , à tête et élytres d'nn vert doré ou d'un très-beau bleu , à corselet d^un rouge doré Éclatant ; I'Altise a tète rouge , d'un noir bleuâtre et brillant ; I'Altise paillette, d'une couleur jaune pâle ; et I'Altise striée, d'une couleur fauve, à élytres striées, (o. l.) ALU. Espèce de Cardamome de Ceylan. (b.) ALUATA. V. Alotjate. (desm.) ALUCÏTE , Aîucita. Genre d'insectes de Tordre des lépi- doptères , famille des crambites , ayant pour caractères : ailes supérieures longues , étroites , très-inclinées , relevées en queue de coq à leur extrémité postérieure ; langue distincte ; palpes inférieurs ou labiaux avancés, avec un faisceau d'é- cailles allongées sur leur second article ; d'autres écailles sur le dessus de la tête formant une espèce de toupet. L'article alurite de la i.*"* édition de ce Dictionnaire avoit été rédigé sur celui que M. Olivier avoit donné dans l'En- cyclopédie méthodique , et présentoil une grande confusion, mais au sujet de laquelle nous avions prévenu nos lecteurs.. On rapportoil à ce genre la teigne des blés^ que Duhamel et Dutillel nous ont fait connoître dans un mémoire particu- lier, et dont nous parlerons à l'article Œcophore. Une autre espèce également pernicieuse , \di fausse teigne des liés, omV alucite graneîle de la i .*" édition de ce Dictionnaire, ap- partient au genre Teigtse , tel que nous l'avons circonscrit. L.es alucites calthelle ^ degéerelle , réaumurelle^ forment, avec d'autres , celui d' Adèle. V. ce mot. \JA. de la Julienne , et quelques autres espèce^ analogues , demeurent seules en possession du nom générique ; elles com- posent le genre ypsolophe de Fabricius. L'Alucite de la JvUE^^EyAluciiaJulianella^ Oliv. Degeer. Mém. insect. I , pi. 26 ,fig. i , 2 , 3 , i5 , 16, et ÏI , pag. 4.54- ; ypsolophus viltaius? Fab. Elle est petite, avec les ailes supé- rieures d'un gris blanchâtre et marquées d'une bande longi- tudinale brune et ondée ; les inférieures sont grises. Sa chenille a seize pattes ; elle est verte, avec des points noirs et quelques tubercules , d'où partent quelques poils. Elle fait beaucoup 4c dégât sur les jeunes plants de la julienne à A L U 38; fleur double , où elle vit en société de cinq à six individus. Ces chenilles lient ensemble les feuilles du cœur de la plante, et lorsqu'on la touche , elles descendent à terre parle moyen d'un fd de soie auquel elles sont suspendues, et qui leur sert À remonter, si elles croient n'avoir plus rien à craindre. Leur démarche est très-lente. Vers le milieu du printemps , elle» filent chacune une coque de soie à réseau, très-mince et fort jo- lie, oùelles se changenlen nymphes, qui sont d'abord d'unvert mêlé de brun, et qui deviennent ensuite entièrement obscures. Je rapporte au même genre les ypsolophes : nemorum, un- guiculatus , xylostei de Fabricius , etc. L'espèce que ce naturaliste nomme dorsaiusïie diffère pas de notre Cérosïome dos-marqué , cerostoma dorsatum, gen. cmsU et insect.^ décrit dans la première édition de ce Dictionnaire, pU iS^Jlg. 6. Les ailes supérieures sont cendrées, mélangées de noirâtre, avec le milieu du dos blanc , et offrent deux taches noires. Très-commune siu' les ormes aux environs de Paris. Les chenilles de quelques autres alucites rongent les bou- lons de différens arbres. Le chèvrefeuille en nourrit de trois sortes : celle de Vypsolophe de l'olivier de Fabricius vit dans les noyaux des olives , et les fait tomber avant leur maturité ; mais n'ayant point vu cette espèce , j'ignore si elle a les carac- tères de mes alucites. Ses ailes sont couchées sur le corps,' d'un cendré luisant, ciliées et sans taches, (l.) ALUGO. Nom vulgaire donné indifféremment aux CaouETTE, Hulotte, Effraie, Hibou, (v.) ALUINE. C'est probablement I'Armoise maritime, (b.) ALUMINE (Oxyde d'Aluminium). C'est une des sis substances terreuses que l'on n'est point encore parvenu à réduire à l'état métallique , mais que l'analogie porte à consi- dérer comme un oxyde. F. Terres. A l'état de pureté , ï alumine est blanche , douce au toucher ;' sa pesanteur spécifique est 2,00 suivant Kirvvan ; elle happe à la langue et forme pdte avec l'eau : elle est infusible sans ad- dition , exhale l'odeur argileuse par la vapeur de l'haleine , etc- Ualumine unie à une proportion quelquefois très-considé- rable de silice, forme la base des argiles, qui servent elles- mêmes à la fabrication des poteries, soit fines, soit grossières ; la glaise renferme jusqu'à 70 de silice , avec un peu de fer et de carbonate de chaux. Une particularité très-remarquable dans l'histoire de cette substance, c'est qu'elle forme»presque à elle seule les pierres que nous regardons comme les plus parfaites, et qui sont, après le diamant, les corps les plus durs et les plus brillans du règne minéral; tels que le rubis, le saphir et la topaze d'O- rient (variétés du corindon ) , et qu'elle entre en proportion 388 A L U notable dans la composition du spinelle , de la topaze ordi^ iiairc , etc. Elle abonde aussi dans le feldspath; c'est même à la découiposlllon naturelle de ce minéral qu'est due l'argile la plus pure. Combinée à l'acide sulfurique et à une petite quantité de potasse ou d'ammoniaque, elle constitue l'alun, que la nature nous offre quelquefois tout formé , eu dont elle nous présente les matériaux dans les schistes alumineux, mais que l'on fa- brique aussi de toutes pièces pour les besoins des arts. La cryoliihe d'Abildgaard est un sel à base double , formé d'acide fluorique , d'alumine et de soude. V. Alumine sulfatée et Alumine r luatée, \J alumine pure , au moins telle que nous l'obtenons dans nos laboratoires, ne s'est encore rencontrée nulle part. On a considéré comme telle une matière terreuse , concrétionnée, blanche et friable, découverte à Hall en Saxe, il y a quel- ques années , et d'autres concrétions analogues trouvées à 2»jevv-Haven , en Angleterre. L'analyse y ayant fait recon- noître la présence d'une certaine quantité d'acide sulfurique et d'eau, on les regarde en ce pays comme des sous-sulfates d'alumine. On pourroit avec plus de raison appeler alumine pwe\c minéral de Schemnitz , analysé par Klaproth, et qui contient, sur loo parties, ^S d'alumine , ^i d'eau et i4. de si- lice. 11 ressemble beaucoup à V alumine de Hall. M. Delamé- therie le nonnne Hydrargilite de Schemnitz : c'est VAluminite de Karsten. Ces substances sont rares , et n'existent qu'en quan- tité peu considérable. M. MéiKtid de la Groye, correspondant de l'Institut royal de France , qui a enricbi la science d'une foule d'observa- tions intéressantes , a trouvé dans les carrières de marne cal- caire de la Triboulière, près de Neuville-sur-Sarthe , une substance argileuse d'un blanc légèrement jaunâtre , qui a beaucoup de rapports avec \ alumine gélatineuse de Théodore de Saussure , et qui i>eut être considérée comme un hydrate d'alumine. D'après l'analyse qu'en a faite M. Yauquelin , il y a environ dix ans, elle est composée de silice, 4-7» ^''i- mine, 21 ; eau , 3o ; chaux , 2 à 3. (luc.) • ALUMINE FLUATÉE ALKALINE ( Cryolithe d'A- bildgaard ; Kryoliih de Werner ). Cette substance, qui se présente sous la forme de masses translucides , blanchâtres , à tissu laminaire , et dont la di- vision paroît conduire à un prisme rectangulaire , est insoluble dans l'eau. Elle est fusible même à la flamme d'une bougie. Sa pesanteur spécifique est 2,94.9; sa dureté supérieure à celle du gypse , mais inférieure à celle de la chaux fluatée. A LU 389 Réduite en petits fragmcns et mise dans Peau, elle "île vient transparente , et présente l'aspect d'une espèce de gelée. Elle renferme, d'après l'analyse de M. Vauqueiin , sur loo parties: — Alumine, 21. — Soude, 32. — Acide fluori- que et eau , [^^. Ce minéral , jusqu'ici très-rare , n'a encore été trouvé qu'au Groenland , d'où il a été rapporté à Copenhague par un mis- sionnaire. Plusieurs des morceaux que l'on a envoyés depuis de la même contrée sont mêlés de beaucoup d'oxyde de fer , de fer spathique , de cuivre pyriteux , de plomb sulfuré et de quarz ; ce qui donne lieu de croire que la cryolithe est une substance de fdon. M. Bruun-Neergaard a publié une notice intéressante sur cette espèce dans le 3o.'^ volume du Journal des Mines. Il en existe à Paris de très-beaux morceaux dans la superbe collection de M. le marquis de Drée. (luc.) ALUMINE SULFATÉE , ALKALINE , ou ALUN ( AlauH , Werner ). L'alun rougit la teinture de tournesol; il est soluble dans environ neuf fois son poids d'eau froide, et dans moitié de son poids d'eau bouillante : exposé à l'action d'un feu modéré, il se fond dans son eau de cristallisation, et, à une chaleur plus considérable , se convertit en une masse boursoufllée , légère , connue sous le nom Xalun calciné. Sa saveur est douceâtre et astringente. Il est ordinairement blanchâtre; ses cristaux transparcns ont la réfraction simple, et ont pour /o/7?îe prl- miti{>e ( V. ce mot) l'octaèdre régulier : enfin sa cassure est vitreuse et indéfinie. Cent parties d'alun contiennent , d'après ^h Vauqueiin : Sulfate d'alumine 4-9 Sulfate de potasse 7 Eau de cristallisation 44 Total 100 M. Haiiy a décrit et figuré cinq variétés de formes cristal- lines de cette substance , d'après des cristaux obtenus dans les laboratoires, la nature ne nous l'ayant encore présentée que sous la forme de petites masses fibreuses ou concrétion- nées, ou sous celle de sintples efflorescences : ces cristaux sont ordinairement des octaèdres dont les angles solides sont tronqués , ou des octaèdres cunéiformes , ou des segmens d'octaèdres ; quelquefois des octaèdres réguliers , et plus rarement des cubes. Feu le Blanc obtenoit , pour ainsi dire à volonté , ces dif- (érenles formes , en cristaux très-nets et d'un beau volume^ Sgo A L U soit enajautanl à la dissolution d'alun de l'alumine, soit en ïa plaçant elle-même dans différentes circonstance^ qu'il a fait connoître dans sa Cristallotechnie. Une des variétés les plus curieuses parmi celles que Ton obtient par l'art , est celle que M. Haiiy nomme primitive- éoidée. Ses cristaux ne sont en quelque sorte que des carcasses d'octaèdres dont les arêtes seules sont solides , et dont les faces sont évidées intérieurement, en forme de trémies trian- gulaires. Elle vient de l'aluminière de la Tolfa. L'alumine sulfatée fibreuse , qui est le véritable alun de plume , a été trouvée par Tournefort dans une grotte de l'île de Milo, en petites masses composées de filamens soyeux, d'un blanc éclatant, qui ont quelquefois jusqu'à deux pouces de longueur. On en trouve aussi , mais dont les filamens sont bien moins longs, dans la groYte alumineuse du cap Mysène. Ce même nom A'' alun de plume a été donné tantôt à du zinc sul- faté , tantôt à du fer sulfaté capillaire ; quelquefois à. du gypse , et même à l'amiante. Uhaloiricum de Scopoli, d'après l'analyse de M. Kla- proth , est un sulfate de magnésie souillé de fer. Les Allemands nomment hergbîitter, beurre de montagne^ une variété d'alumine sulfatée souillée d'oxyde de fer, ou peut - être mélangée de fer sulfaté , qui a été observée en Saxe et en Sibérie. Il est assez rare de trouver dans la nature , de l'alun tout formé , du moins en grande quantité ; mais elle nous en offre les matériaux réunis dans beaucoup d'endroits différens. Ces matériaux sont de deux classes : les uns renferment l'alun tout formé, les autres n'en contiennent que les élémens. La pierre alum^nense de la Tolfa appartient à la première classe , et les schistes alumineiLx à la seconde. L'alun tout formé se trouve le plus ordinairement en efflo- rescence à la surface de certains schistes argileux qui en con- tiennent les élémens, et que pour cette raison on a appelés schistes alumineux ; et quelquefois sur la houille , comme à Goltwig en Autriche. Les terrains d'alluvion le présentent encore sous cet état. On le rencontre en concrétions et en petites masses dans le voisinage de plusleuis houillères en- flammées, et notamment à Dultweiler (Sarre) et à Aubin, département del'Aveyron. Il existe aussi tout formé dans le voisinage de quelques volcans, comme à Monte-Nuovo , près de Naples, à la Solfatare de Pouzzoles, au cap Mysène, dans quelques grottes de l'île de Mllo , dans l'Archipel , etc. Les pays où les schistes alumineux font l'objet d'une ex- ploitation régulière, sont le Haut-Palatinat, le pays de Saltz- bourg, la Bohème , la Saxe, l'Angleterre , la France , etc. A L U 391 Qa vetire encore Talun par la lixiviatioii d«3 ceudpes du charbon terreux brun alunifère (^Jlaunerde àes Allemands,), comme à Schwerasale en Saxe, et à Negrenitz, sur les bords de l'Eger^ en Bohème ( Tondi). La colline de Pulzberg , derrière le village de Friedadorf , dans le département de la Moselle , est recouverte de cou- ches épaisses d'allnvion , composées de terre alumineuse et bitumineuse, mêlée d'éclats plus ou moins gros de bois fos- sile, c'est-à-dire^ renfermant les principaux élémens de Talon et du fer sulfaté. Les habitans du pays l'exploitent pour leur chauffage. On trouve d'autres dépôts de cette terre ala- mineuse à Rammclshorea et à Rettekoven , Hiairie d'ORde- kovea, et sur la rive droite de Hahaeubach, au-dessus du bourg de Kirn , dans le même département {Timoléon Calmelef), La mine d'Alcagniz eu Aragon , au. rapport de Bowles ♦ se trouve d,ans un- terrain bas, fangeux et noirâtre,.». Elle est très-riche. Ou sait que l'alun étoit autrefois une partie considérable des exportations de l'Egypte ; celui qu'on y emploie aujouj"- d'hui vient de l'intérieur des déserts au sud-ouest de la pre- mière cataracte. Les habitans de Goubanieh , village à quatre lieues dte chemin de Syène , sur la rive gauche du Nil , réu- nis avec quelques Arabes Ababdeh, forment une cararane composée de trente à quarante individus et de cinquante cha- meaux:, qui part une fois tous les ans de Goubanieh pour aUer chercher l'alun. Celte caravane marche pendant six purs dans des montagnes de grès. Elle rencontre alors une plaine de sable dans laquelle elle prolonge encore sa route pendant quatre jours, en descendant un peu vers le lieu où l'alun se trouve. Il est disposé en une seule couche qui varie 4,' épaisseur de 2 à i5 pouces (6 à 45 centimètres). Elle est recouverte d'un lit de sable d'un demi-pied environ de hau- teur, formant la surface du sol. Ce sable est sec et pulvé- rulent, tandis que celui sur lequel repose la couche d'alun «st humide et a la même saveur que ce sel, qui est également humide au moment de son extraction. On le casse en mor- ^aux; et après l'avoir fait sécher au soleil pendant dix ou douze heures , on l'enferme dans des sacs de feuilles doe pal- mier qui servent à le transporter à Goubanieh, C'est daiis ce village qu'on vient le chercher de tous les endroits d'Egypte où il est employé, ((iirard , Décade égyptienne.) Paa;Tîii les exploitations incendiées du pays d'Aubin, qui ont été observées avec beaucoup de soin par M. Cordier, inspecteur divisionnaire des mines du royaume, celles dites de Lassalle, de Fontaines, de la Buègneetde Bourlhoncs, sont les seules remarquables, soit à cause de l'intensité du 392 A L U feu et de l'étendue qu'il occupe, soit à raison du bouleverse- ment et de la torréfaction du terrain jusqu'à la surface , soit enfin parce qu'il se produit journellement une quantité con- sidérable de sels alumineux au milieu des roches torréfiées ( J. des M. , t. 26 , p. 4o6 ). Suivant de Borch , on trouve une quantité étonnante d'a- lun naturel près de Monte-Rosso et de Petraglia , à Gam- pigliari et dans les îles de Lipari, Vulcano et Stromboli. A Segario en Sardaigne , il y a une montagne qui a des ca- vernes peu profondes dans ses deux faces , au nord et au midi , où l'on trouve de l'alun natif Les principales mines d'alun de l'île de Milo , dit Tournefort, sont à une demi-lieue de la ville, du côté de Sainte- Vénérande.... Les parois des galeries anciennement pratiquées , sont incrustées de couches de ce, sel jusqu'à l'épaisseur d'environ un pouce. Ualunde plume s'y trouve aussi; mais il est beaucoup plus abondant à quatre milles de la ville vers le sud, où, tout au bord de la mer , dans un lieu fort escarpé , se voit une grotte de quinze pas de profondeur sur quinze à vingt pieds de haut, qui est tout in- crustée d'alun sublimé. Les principales aluminières ou mines d'alun , sont dans des contrées anciennement volcanisées , et surtout en Italie, à la Solfatare près de Naples , et à la Tolfa dans les états du pape , à quatre petites lieues au nord-est de Cmia-Vecchia. Tout auprès de cette dernière , on trouve beaucoup délaves qui sont encore dans toute leur intégrité. L'aluminière elle- même est dans des montagnes dont la pierre est blanche comme de la craie , quoiqu'elle ne contienne rien de cal- caire , et qu'elle n'offre que des masses immenses, sans au- cune apparence de divisions régulières. Ces montagnes présentent de grands escarpemens , où l'on voit des ouvriers suspendus à plusieurs centaines de pieds d'élévation , qui percent des trous de mines pour faire «rela- ter la pierre. On brise ceux qui se sont détachés par l'effet de l'explosion , et on les fait calciner pendant trois ou quatre heures dans des fours construits comme les fours à chaux. Avant que cette pierre alumineuse eût été calcinée , elle étoit insipide au goût; elle acquiert, par cette opération, une saveur fortement styptique. Après que la pierre est calcinée, on la met dans des encais- semens de bois enfoncés dans la terre , et en plein air ; on l'humecte plusieurs fois le jour, en y jetant de l'eau avec une pelle. Au bout de trente jours , plus ou moins , elle est réduite en pâte. On y ajoute alors une'plus grande quantité d'eau : on remue le tout , et on le laisse reposer. L'eau qui couvre le dépôt se trouve alors saturée d'alun; on la fait couler dai»s A L U ^r^^ d'autres rëservoirs , où elle achève de déposer les molécules terreuses; et lorsqu'elle est suffisamment clarifiée, on la fait évaporer en partie dans des chaudières , et on finit par la trans- vaser dans des cuves, où l'alun se réunit en masses confusé- ment cristallisées. Quelquefois il est blanc ; d'autres fois 11 est rougeâtre , quoiqu'il ne contienne rien de ferrugineux. C'est ce qu'on appelle dans le commerce , alun de Rome ^ attendu que cette grande manufacture n'en est éloignée que d'une dizaine de lieues ; on le regarde comme l'alun le plus pur et le plus approprié aux usages des arts. L'alupiinière de la Solfatare, près de Pouzzoles , à trois lieues à l'ouest de Naples , est dans le cratère même d'un ancien volcan , dont l'action n'a pas complètement cessé , à en juger par les fumcroles qui s'élèvent de divers endroits^ et par une grande quantité de soufre qui se sublime conti- nuellement. Ce cratère est extrêmement vaste ; il a environ trois cents toises de diamètre. Le sol qui en forme aujourd'hui le fond, présente une petite plaine , qui n'est que d'environ quatre- vingt-dix pieds au-dessous des bords les plus élevés du cra- tère; elle est de quarante-huit toises au-dessus du niveau de la mer , qui n'est éloignée que d'un quart de lieue de cet ancien volcan. Les laves de la Solfatare ressemblent parfaitement aux pierres alumineuses de la Tolfa ; elles sont de même blanches comme de la craie. Plusieurs observateurs y ont été trompés , et les ont crues de nature calcaire ; mais il est bien reconnu aujourd'hui que ce sont des laves décomposées en argile. On pourroit sans doute en retirer l'alun par les mêmes procédés employés à la Tolfa ; et c'est ce qu'on a fait autre- fois , puisqu'il reste encore des vestiges de fourneaux; mais , d'après la description que donne Breislak de cette alumi- nière qu'il a dirigée lui-même , il paroît qu'il a introduit un procédé fort différent , dont on peut voir le détail dans le second volume de son Voyage dans la Campanie. Quant à l'alun des schistes alumineux, il s'obtient à peu près de ta même manière ; soit qu'on le soumette prélimi- nairement à l'action du feu, soit qu'on le laisse effleurir len- tement à l'air. On en sépare le sulfate de fer qui s'y trouve mélangé, souvent en grande quantité, à l'aide de l'ébuUi- tion , qui favorise l'oxydation du fer et le force à se précipi- ter au fond des chaudières , sous la forme d'oxyde brun. On préparc encore 1 alun en combinant directement l'a- cide sulfurique avec l'alumine , comme cela se pratique à Javelle , près de Paris, et à Montpellier; mais de plus longs 394 A L U détails sur cette matière appartiennent à la Chimie des Arl*^ et nous y renvoyons. Les ouvriers des fabriques d'alun désignent sous le nom à^alun scdiole le dépôt de chaux sulfatée qui se forme dans les rigoles où coule la lessive alumineuse. Indépendamment de son usage dans la teinture, l'alun est employé à donner au suif et au cuir plus de solidité. U em- pêche le papier de boire et rend le bois qui en est impré- gné presque incombustible. Il est dusage en médecine comme astringent, et à Tétat A' alun calciné^ en chirurgie , comme cor- rosif. Sa base (ou l'alumine) sert d'excipient aux fé.cul^ colo- rées , connues sous le nom de laques , etc. Il existe dans le commerce plusieurs sortes d'alun; le^ principales sont : i.° \Salunde roclie ou de glace qui est en grandes masses , transparentes , d'une cassure vitreuse. 11 vient de Rocca , au- jourd'hui Edesse en Syrie : c'est le plus anciennement connu. 2.° \SalundeKome. Il est ordinairement en petits fragmens enveloppés d'une croûte farineuse. C'est le plus cheretleplus estimé des fabricans ; il contient seulement de la potasse. 3."* \J alun d' Angleterre ^ qui n'a pas de forme déterminée, et dont l'aspect est gras. Il contient plus de fer que les autres espèces. 4.." h'alun de Bnimwkk; en cristaux octaèdres, d'^un rouge de rose, et qui est dû à l'oxyde de Cobalt, suivant Bergman ; il contient de l'ammoniaque. 5.0 Enfin les aluns de fabrique , qui sont blancs , cristallisés, et qui renferment communément de la potasse et de l'ammo- niaque. (LUC. et PAT.) ALUMINITE. V. phishaut alumî^epure, p. 388. ALUN ou SULFATE D'ALUMINE. (Aj.umine sul~ FATÉE ALKALINE, Haiiy.) L'Alun est un sel trop commun et trop employé dans les arts, pour qu'on n'ait pas dû lui consacrer un article dans ce Dictionnaire. Ce sel est répandu dans la nature ; on le fabrique de toute* pièces dans nos ateliers chimiques. Sa base terreuse' forme le principal mordant dans les opérations de teintm^ , de mégisserie , etc. Ses principes constituans sont l'acide sujfurique, l'alu- mine et un alkali ( potasse ou ammoniaque ). On le connoissoit sous le nom à' alun ou de sulfate d'alu- mine avant qu'on sût que l'alkali e\j étoit un principe néces- saire ; et aujourd'hui on est obligé de le désigner par Ift mot sulfate potassé d'alumine. Sans 1 alkali , le sulfate d'alumine proprement dit: n'est A L V 3^5 pas susceptible de cristalliser. Il forme ,' en cet état , une combinaison molle, acide, qui, tout au plus, peut prendre une consistance feuilletée lorsqu'elle est convenablement saturée. L'alun se forme ou par l'efflorescence naturelle des sul- fures de fer et d'alumine , ou par suite de leur calcination , suivie de leur exposition à l'air. Dans ce cas, le soufre s'oxy- gène ; il passe à l'état d'acide sulfurique , et dissout le fer et l'alumine , avec lesquels il forme des sulfates de fer et 4'alumine qu'on sépare par la cristallisation. Quelquefois les matériaux qui donnent lieu à la formation de l'alun contiennent assez d'alkali pour que l'alun cristallise. C'est ce qui arrive à la solfatare ; mais souvent on est obligé d'y ajouter le cris- tallisant y comme dans les mines du département de l'Aisne. Il est difficile que l'alun extrait des sulfures ne contienne pas un peu de fer ; mais on peut l'en séparer par des cris- tallisations répétées. C'est ainsi qu'on peut ramener l'alun au plus haut degré de pureté. L'alun qu'on fabrique dans les ateliers chimiques est une combinaison directe d'acide sulfurique et d'alumine. On y ajoute le aistallisani nécessaire (potasse ou ammoniaque) pour en déterminer la cristallisation. L'alun cristallise en octaèdres, souvent implantés les uns sur les autres ; il a une saveur styptique , une couleur demi- transparente , etc. L'alun se dissout aisément dans l'eau \ les alkalis en dé- gagent l'alumine. Il se combine en nature avec les étoffes, où on l'emploie comme mordant des couleurs. De plus longs détails écarteroient du but qu'on se propose dans cet ouvrage, (c.) Alun d'Angleterre, de Rome, de Roche, etc. Alun SCAÏOLE. V. plus haut. ( LUC. ) ALURNE , Alurnus^ Fab. Genre d'insectes de l'ordre des coléoptères, que nous réunissons , ainsi qu'Olivier, à celui des hispes. ( V. ce mot. ) On avoit d'abord appliqué cette déno- mination générique à d'autres coléoptères, qui sont aujourd'hui des sagres. C'est dans ce sens que l'article alume avo'A été ré- digé dans la i."« édition de ce Dictionnaire. V. Sagre. (l.) ALURUS. Les Grecs donnoient ce nom aux Chats. Fer- nandès l'a employé pour désigner la Civette, (de&m.) ALVARDE, Lygeujn. Genre déplantes de la triandrie monogynie , et de la famille des (ïRaminées, dont le carac- tère est d'avoir les fleurs spathacées, chaque spathe en con- tenant deux à deux valves inégales , portées sur un support commun très-velu; les étamines très-longues ; l'ovaire très- peu apparent surmonté d'un style de la longueur des éta- mines, astigmate peu distinct; une graine oblongue, creusée SgG A L V en goulllère d'un côte, et renfermée dans les valves du calice. j[ja plante qui forme ce genre , croît en Espagne , et a été prise par Linnseiis pour celle qui donne le sparte au com- merce i- mais on sait , aujourd'hui , que c'est le stipa tenacis- xima, Lin., qui le fournit. La plante dont il est ici question est vivace, et pousse des touffes de feuilles linéaires ,engaî- nées. On peut la faire suppléer le sparte toutes les fois qu'il ne faut pas de la longueur. On fait en Espagne, en nattant ses feuilles, des souliers qui durent , dit-on , passa- blement long-temps, (b.) ALVA QUILLA. C'est le Psoralier glanduleux, (b.) ALVEOLE {Entomologie). Nom donné aux petites loges où les abeilles élèvent leurs larves, et déposent leur miel. F. Abeille, (o.) ALVEOLES DES denes. Le mot alvéole, aheolus, vient d'aA'^H5, petite loge ; car les dents sont en effet implantées comme des clous dans des cavités pratiquées en chaque mâchoire. Cette sorte d'articulation se nomme gomphuse. Chaque ahéole est tapissée d'une membrane ou d'un périoste, et son fond varie de forme selon qu'il contient une dent à une seule racine, comme les incisives et les canines ou laniaires , ou des molaires bicuspides , tri ou quadricuspides. Sous les dents incisives et molaires antérieures , dans le jeune âge, sont de petites alvéoles contenant les rudimens des dents qui doivent remplacer celles de lait. A mesure que ces dents fixes s'accroissent et élargissent leur ahéole , elles poussent dehors les dents de lait qui, chez l'homme, tom- bent depuis l'âge de sept ans jusqu'à neuf et au-delà. Les der- nières molaires, ou dents de sagesse, au fond des mâchoires, sor- tent plus tard de leurs alvéoles, et allongent les os maxillaires. Ce n'est pas V ahéole lui-même qui est si sensible et si dou- loureux dans les maux de dents , tout au plus sa membrane est irritée dans l'agacement ou dans les fluxions ; mais les douleurs naissent principalement du nerf de la dent, et du noyau gélatineux intérieur de cette sorte d'os , lorsqu'il éprouve surtout l'impression du froid humide. Les os maxillaires s'accroissant toujours , serrent de plus en plus Vahéole dentaire , et forcent ainsi les dents à tomber dans la vieillesse. Quand la dent est tombée , l'avéole se res- serrant de pliis en plus , finit par s'oblitérer : de là vient que les vieillards , en perdant leurs dents , acquièrent des mâchoires tranchantes. Aprè'fe l'homme , les quadrupèdes , les reptiles et les pois- sons , aucun animal n'ayant de véritables dents , ne mani-- ffiie cYahéoles pour les retenir. V. Dents, (virey.) A L Y 397 ALVÉOLITE, AlœoUtes. Genre de polypiers pierreux ilont le caractère est : entièrement pierreux, épais, globu- leux ou hémisphérique , formé de couches nombreuses , concentriques , qui se recouvrent les unes les autres ; chaque couche composée d'une réunion de cellules alvéo- laires , presque tubuleuses , prismatiques, contiguës, repré- sentant un réseau à leur superficie. Guettard, Mémoire 3, pi. 4-5, fig. i , a figuré une espèce de ce genre, dont on ne connoissoit encore que deux, l'une et l'autre fossiles. J'ai découvert dans la carrière au-dessus d'Anvers, près Pontoise, carrière dont , je dois le dire en passant, les bancs inférieurs sont encore imprégnés de sel marin, deux autres espèces de deux lignes au plus de long et ovoïdes; toutes deux ont les alvéoles allongées : l'une , que j'ai appelée Alvéolite GRAIN DE FESTUQUE, les a transversales et interrompues par huit côtes longitudinales ; l'autre, que j'ai appelée Alvéolite GRAIN DE millet , les a longitudinales , inégales et courtes. Ces deux espèces , qui sont figurées n.° 60 du Bulletin des Srîences , par la Société philomatique , nécessitentune réforme dans l'exposition du genre. Il faut dire qu'elles sont parsemées de cellules abéolaîres de différentes formes et directions , au lieu de cellules alvéolaires, tubuleuses et prismatiques, (b.) ALVIES. Nom ruJgaire du Pin cembro. (b.) ALYIN. On appelle ainsi, généralement, les petits des pois- sons propres aux étangs, tels que ceux des carpes, des bro- chets,'des tanches, des perches, des anguilles, etc.; petits qu'on met en réserve , lors de la pêche de ces étangs, pour les repeupler, après qu'on leur a rendu l'eau. L'opération de l'alvinage est le plus communément livrée à la négligente routine des pêcheurs ; mais elle est d'une importance telle qu'un propriétaire d'étang ne sauroit trop la surveiller. On trouvera au mot Poisson et au mot Etang l'exposé des principes d'après lesquels elle doit être basée. On y renvoie le lecteur, (b.) ALYDE, Alydiis. Genre d'insectes de l'ordre des hémi- plères, établi par Fabrlcius , et que nous réunissons à celui de Coré. V. ce mot. (l.) ALYPON. Plante mentionnée par les anciens botanistes comme purgative, et qu'ori*ne reconnoît pas. Celle qui porte aujourd'hui son nom est une Globulaire, (b.) ALYSELMINTHE , Alyselminthus. Genre de vers intesti- naux , établi par Goëze , et qui comprend plusieurs des Ténia des autres auteurs. Il est composé de vers aplatis , articulés , avec deux ou quatre petites bouches. Quelques espèces de ceux qui ontquatre bouches, les ont nues, etd'autresacrompa- 3^8 A L Y gnées resque grenues. Les palpes maxillaires sont allongés , fili- î'ormes et formés de six articles ; les labiaux en ont quatre. Les mâchoires et la lèvre sont membraiieiises. Là réticulatioii des ailes supérieures diffère peu de celle des bracons. La tarière est saillante. Illiger avoit distingué ce getire sous le nom de Cechenus. L'espèce la plus grande et là J)lus Connue a été placée par Fabricius dans «oh genre Ctypttts(^'C. mànducator). Panzer l'a figurée dans sa Faune des insectes d'Allemagne, Fasc. 72, iab. 4. Elle est noire , avec les pieds fauves , et les antennes un peu velues. On la trouve à terre parmi les feuilles y et souvent sur les excrémens humains. (L.) ALYSICARPE , Alysicarpus. Genre de plantes de la famille des légumineuses, qui , selon M. Desvaux, offre pour caractère un fmit cylindrique , articulé ; un calice presque régulier, et des feuilles simples. Il ne diffère pas de I'IIaLlier Jaumes Saint-Hilaire. (b.) ALYSON , Jfyson, Jur. Genre d'insectes de l'ordre des hyménoptères, famille des crabfonites , distincts, ainsique les pemphredons ou cemonus de cet auteur, des mellines, tt autres genres de cette famille , par leurs mandibules larges et tridentécs à leur extrémité, du moins dans les fe- melles. Les alysons ont, comme les mellines, trois cellules cubitales complètes; mais la seconde est pétiolée dans les premiers. Leur abdomen n'est point d'ailleurs rétréci à sa base en un pédicule allongé, comme celui des mellines, et leurs tarses n'ont , à leur extrémité , qu'une petite pelote. M. Jurine observe que par l'allotigement postérieur du mé- tathorax ou de l'arrière-corselet , ainsi que par la plaque triangulaire et doublement sillonnée , située au-dessous de î'é- cusson, ce genre se rapproche beaucoup de celui dcsarpacles ou de nos goryles. Les alysons ont les antennes roulées en spirale, et ressemblent , à cet égard , aux pompiles , avec les- quels Fabricius en a réuni deux espèces ; lumconiis et fus- -\ «.T A 399 calus. La seconde est le mâle du pompile épineux de Panzer. V. iVI. Jurine, hymtn^p. lyS, pi. 10, genre 21. On* irottire t«s insectes sur les feuilles et sur lès fleurs. On ne connoît pas leur manière de virre. (l.) ALYSSE, Alyssum (tétradyn. monogyn.) Gettre de plantes dfc la famille des CrCCIfères, dontlecalice estàqûatre folioles connivenleset caduques; la corolle à quatre pétales en croix/ la silicule orbiculaire , comprimée, uniloculaire ou à deux l(yges séparées par une cloison parallèle aux valves. Leur caractère générique a été figuré par Lamarck , pi. SSg. Encyd. Lamarck a séparé des alysses de Linnœus, les plantes qu'il nomme Vésicaires , et il ne conserve sous le nom à'alysses, que neuf espèces dont la plupart croissent en France. Elles sont herbacées , quelquefois subfrutescentes , à feuilles sim- ples, souvent velues, etc. — UAlysse de montagne cstapéritire employée contre la rage. ALYSSOiOE. Synonyme de Véstcaire. (b.) ALYSSOÏDES. Nom donné par Ventenat à une section de la famille des Crucifères. V. ce mot. ALYXIE , Alfxia. Genre de plantes autrement appelé J^YMNOPOGON. (b.) ALZARASIR. Nom arabe de Tétoumeau. (s.) ALZAROR. V. Néflier azérolier. (b.) ALZATÉE , Ahatea. Arbre du Pérou qui forme un genre dans la pentandrie monogynie. Il offre pour caractère : un calice campanule , coloré , persistant , à cinq divisions; point de corolle;, un ovaire supérieur; une capsule presque en cœur , biloculairc , bivalve , à cloison contraire , qui ren- ferme plusieurs semences membraneuses en leurs bords, (b.) AMACASA. Nom de pays de la Morelle lycioïde. (b.) AM \GOZQUE. Nom sous lequel Feraandez et Nierem- berg décrivent un oiseau du Mexique , lequel me paroît y d'après son signalement , n'être autre que le Pluvier-Kildir, qui se trouve dans toute l'Amérique septentrionale et à Saint-Domingue. V. Pluviër-Kildir. (v.) AMADaVaD on AMANDAVA. Nom indien du Beïî- 6ALÏ PIQUETÉ, (s.) AMADIS. Coquille du genre Cône, (b.) AMABOtrVIER. C'est le boleLus ungulaius de BulUard. ^. au mot BoLÈT. (b.) AMAIOUA , Amaioua. Genre établi par Aublet dans l« ptntandrie monogytiie , et depuis réuni ail4 Hamêls. De- candoUe , Annales du Muséum, n." 5i, pense qu'il doit êtr» conservé, parce que son fruit est à six loges, et que chaque loge est stAdivisée en plusieurs aiïtreâ çtui iont monospeftfies. V. au mot Hamel. (b.) ioo A M A AMALAGO. C'est le Poivre malamiri. (b.) AMALGAME NATIVE. Combinaison naturelle de mercure et d'argent. Quelques-uns disent Amalgame natif. V. MERCtfRE ARGENT AL. (LUC.) AMALI. Nom indien de la Verbesitse biflore. (b.) AMALOUASSE. Nom vulgaire de la Pie-Grièche tSRisE en Sologne, (v.) AMALOUASSE-GARE , en Sologne , le Gros-Bec. (s.) AMALTÉE , Amaltea. Genre de Coquilles établi par Denys de Montfort aux dépens des Planulites de Lamarck. Ses caractères sont : coquille libre , univalve , cloisonnée , en disque , et contournée en spirale aplatie ; tous les tours de spire apparens ; dos caréné et armé ; ouverture triangulaire, recevant, dans son milieu, le retour de la spire; cloisons unies , percées dans leur milieu d'un seul siphon. Ce genre renferme un grand nombre d'espèces , toutes fossiles, et se trouvant dans les pierres calcaires d'ancienne formation. On les connoît dans les cabinets sous le nom de Cornes d'Ammon à dos caréné. (B.) AMALTHÉE , Desv. Sorte de fruit. Les Aigremoines en offrent un exemple, (b.) AMANDE. Semence enfermée dans un noyau. On donne particulièrement ce nom au fruit de V amandier. V. Fruit, (d.) Am.vnde à cils. C'est I'Arche velue, (b.) Amande d'Andos. Fruit d'une espèce de Quatelé. V. le mot Quatelé. (b.) Amande. Nom marchand d'une espèce de coquille du genre Vénus, (b.) C'est aussi une Bulle, (desm.) Amande rôtie. C'est le Pétoncle brun, (b.) Amande de terre. V. aux mots Arachide et Souchet comestible, (b.) AMANDIER, Amygdaliis.Çicxïxt. de plantes à fleur poly- pétale, de la famille des rosacées, dont le caractère est d'a- voir un calice monophylle à cinq divisions; une corolle de cinq pétales , insérés sur le calice, et alternes avec ses découpures ; environ trente étamines insérées sur le calice, et moins lon- gues que la corolle ; un ovaire supérieur , arrondi et velu , terminé par un style et un stigmate un peu en tête. Le fruit est un drupe tomenteux , sillonné d'un côté , qui contient un noyau dont la surface est profondément et irré- golièreiaent excavée. Ce genre est voisin de celui du Prunier , et comprend un petit nombre d'espèces (six) toutes importantes parla bonté ou par l'utilité de leurs fruits. Parmi ces espèces , on dis- tingue le Pécher , Amygdalus persica , Linn. , et I'Amandier COMMUN, Amygdalus communis ^ Linn. On va traiter, avec le détail convenable, de la dernière de ces espèces, et on renverra à l'article Pécher tout ce qu'on aura à dire de la première, (b.) L'Amandier commun croît naturellement dans la partie septentrionale de l'Afrique , particulièrement en Mauritanie; C'est de là qu'il a été transporté dans le midi de la France, où il réussit bien. Il fleurit dès que les gelées sont passées ; aussi les gelées tardives rendent-elles la récolle de son fruit incertaine. 11 aime la cbalcur. On le cultive dans les champs,- dans les vignes même, auxquelles il ne fait pas un tort sensible. Les terres légères, sablonneuses , graveleuses et calcaires , lui sont propres. Dans les terrains gras et humides il dure peu, donne peu de fruits, et il est bientôt épuisé par la gomme. Tous les amandiers^ excepté V amandier nain des Indes , se multiplient par les semences. On sème les amandes, ou à demeure , ou dans des caisses , pour les replanter ensuite en pépinière. Quand on veut les semer dans des caisses, on choisit V amande à coque tendre, et on suit la méthode de la Stratification. ( V. ce mot. ) Les amandes qui ont ainsi genné en hiver, sont transplantées au printemps , et placées à deux pieds et demi les unes des autres ; il suffit de les re- couvrir d'un pouce de terre. Le semis en pépinière est plus tardif et plus casuel; les mulots dévorent souvent les se- mences ; ce qui a , mal à propos , engagé les pépiniéristes à semer des amandes amères : ils le font aussi, parce que les écussons sur amandier amer poussent plus vigoureusement , et donnent de belles tiges ; mais alors l'arbre s'épuise en bois, produit de petits fruits, en petite quantité, et presque toujours amers. C'est une erreur de croire qu'il faille couper le pivot de la jeune plante en la transplantant, soit des caisses dans la pé- pinière , soit de la pépinière dans le lieu où elle doit être fixée. Celte méthode contrarie la nature , puisque l'amandier cherche toujours à pivoter, et non à produire des racines ho- rizontales ; il faut, par cette raison, le transplanter jeune après qu'il a été greffé. On le greffe sur lui-même , ou sur prunier. V. au mot Arbre. Les variétés connues et cultivées de Vamandier^ sont : I'Amandier a petits fruits DOUX; I'Amandier à coque tendre , appelé V amandier des dames , dont l'amande est com- munément douce ; I'Amandier à gros fruit doux, distingué par la fermeté de ses amandes ; I'Amandier à coque dure et a fruits amers , gros et petits; enfin I'Amandier-pèche, Ce dernier participe de l'amandier commun et du pêcher ; tantôt c'est un brou sec et mince qui couvre son fruit ; tantôt c'est une chair épaisse et succulente comme les pêches; mais I. 12(j 402 A M A l'eau en est amère. On trouve ces deux sortes de fruits sur le même arbre , et souvent sur la mcme branche. Tous deux ont un noyau lisse , qui contient une amande douce. Uamande a une saveur agréable ; mais , à quelque usage qu'on l'emploie , il faut la dépouiller de sa pellicule jaune , remplie d'une poussière acre et résineuse qui irrite le gosier. Les bonnes amandes viennent de Barbarie et des contrées méridionales de la France. Quand elles sont encore jeunes , on les confit comme les abricots verts ; on les sert sur les tables , fraîches ou sèches ; on les mange en dragées , en pâtisseries, etc. ; on en fait de l'orgeat et des émulsions rafraîchissantes. L'huile qu'on retire des amandes, même amères, est très- douce; la meilleure est celle qu'on obtient par expression, sans le secours du feu : le marc en est employé , sous le nom àe paie d'amande , à plusieurs usages. Cette huile est calmante, et on la fait entrer dans toutes les potions où les corps gras sont indiqués ; mêlée avec une partie égale desirop capillaire ou autre, et prise à petite dose, elle adoucit l'âcreté de la toux opiniâtre ; on l'applique aussi en linimens. La gomme de Vamandier est adoucissante , et peut suppléer à la gomme arabique. Son bois est dur; il est employé dans la marqueterie, et il sert pour monter les outils des char- pentiers et des menuisiers. Ses feuilles fournissent une ex- cellente nourriture pour les troupeaux, qu'elles engraissent en peu de temps. Les autres espèces de ce genre sont I'Amamdier satiné , ou Amandier du levant, Amygdalus orientalis^ Lin. Il croît naturellement aux environs d'Alep. Il est un peu sensible à la gelée ; ses fleurs paroissent à l'entrée du printemps ; les amandes de ses fruits sont petites et amères : on en mange. L'Amandier nain, yimygdalus nana^ Lin. Ses fleurs , d'un beau rose, varient beaucoup et sont souvent doubles. On trouve ce petit arbrisseau dans diverses contrées de l'Asie , et même au Cap de Bonne-Espérance , où Kolb dit l'avoir vu avec sa variété à fleurs doubles. Les Hottentots mangent son fruit, après l'avoir fait bouillir dans plusieurs eaux. On multiplie cette espèce par la greffe, (d.) Amandier des bois. Espèce de Bejuco. (b.) Amandier de Buena vista. V. Pouroumier. (b.) AMANGOUA. Les nègres de Saint-Domingue appellent de ce nom VAni des Paléhioiers. V. Ani. (s.) AMANITE , Amanita. Genre de Champignons établi aux dépens des Agarics de Linnreus , et auquel on peut donner pour type I'Agaric moucheté figmé par BuUiard. Son caractère est : ciiampignon muni d'un voba qui A M A 4c3 Tenvcloppe en entier dans sa jeunesse , et laisse quelquefois des lambeaux sur le chapeau, (b.) AMANLIK. TVom que porte, dans le (iroënland, le. mâle de I'Eider; les jeunes s'y nomment Amamliksak , et la femelle Arnaviak. (v.) AMAiNOlER, Amanoa. Arbre très-élevé de la Guyane, dont les feuilles sont ovales et alternes j et les fleurs ramas- sées par petits paquets sur des épis en zigzag , placés à lexlrémité des rameaux , ou dans les aisselles des feuilles supérieures. Chaque fleur a un calice divisé en cinq parties ; point de corolle ; cinq étamines ; un ovaire supérieur et triangulaire a stigmate frangé. Le fruit n'est pas connu, (b.) AMAJNTIÉ , Amantia. Genre de plantes établi par La- mouroux dans sa famille des Thalassiopiiytes , ordre des Dictyotées, et dont les caractères sont : mailles du roseau formant un hexagone régulier et allongé, avec les sonnncts ai^us. Ce singulier genre renferme six espèces provenant des mers des Antilles et de la Nouvelle-Hollande , dont une est figurée pi. 2 du Mémoire sur les Thalassiophyles, inséré par M. Lamouroux , dans les Annales du Muséum. Une autre avoit été mentionnée dans le Bulletin de la Société Philomatique. (b.) AMAPA. Arbre de la Guyane , dont le genre est inconnu. Il est laiteux , et on emploie la décoction de ses feuilles pour guérir le pian, (b.) AMARACUS. C'est TOrigan marjolaine, (b.) AMARx\NTIlACÉES. V. Amaranthoïdes. (b.) AMARANTHE, Amamnâms. Genre de plantes de la monoécie pentandrie , de la famille qui porte son nom. Ses caractères sont : calice de cinq ou de trois folioles; fleurs mâles , cinq ou trois étamines ; fleurs femelles , un ovaire supérieur chargé de trois styles courts ; 4e fruit est une capsule uniloculaire , monosperme , qui s'ouvre en travers et qui est surmontée de trois petites pointes. Ce genre comprend une vingtaine de plantes dont les fleurs sont fort petites, axillaires et rapprochées par paquets, ou terriîinales et disposées en panicules, et dont la teinte est d'un rouge terne. Elles sont toutes annuelles , ou au plus bisannuelles, quoique quelques espèces s'élèvent à une hau- teur de plus de six pieds. Leurs tiges sont généralement striées , et leurs feuilles lancéolées et glabres. On les divise en amaranthes à cinq étamines , et en amaranthes à trois étamines : parmi ces dernières est I'Amaranthe tricolor , dont les feuilles sont panachées de veit , de jaune et de 4o4 A M A rouge, et I'Amàrxisthe oléracée, dont on mange habituel- lement les feuilles dans l'Inde , en guise d'épinards. Parmi les premières se remarquent I'Amaranthe sanguine , dont les feuilles sont vertes et rouges , et I'Amaranthe a flelrs EN queue, c'est-à-dire, dont le panicule est en forme d'épi très-long et pendant. Toutes ces espèces se cultivent dans les jardins pour l'ornement, parce qu'elles forment à la fin de l'automne un très-bel effet, à raison de la coloration de leurs feuiUes et de leurs fleurs , et de la beauté de leurs épis, souvent pendans. Il est encore une autre espèce à'amaranthe qui est souvent dioïque , et que Michaux et moi avons rapportée de l'An^é- rique septentrionale ; celle-là est gigantesque. Elle acquiert quelquefois la grosseur du bras, et plus de deux toises de hauteur. Ses feuilles sont un très-bon manger. Michaux en a fait un genre sous le nom d'AcNiDE. Toutes les espèces à' amaranthes se sèment sur couche en juin , et demandent à être garanties de la gelée dans les pre- miers temps de leur croissance. Lorsqu'elles ont acquis trois ou quatre paires de feuilles , on peut les transplanter à de- meure. Un léger arrosement leur est nécessaire à celte époque pendant quelques jours, et il faut avoir soin d.e les garantir de la trop grande ardeur du soleil jusqu'à ce qu'elles soient bien reprises. Elles n'ont plus besoin, ensuite, des secours du jardinier. Des amaranthes plantées dans des pots , et dont on a coupé la tige pendant l'été , donnent des fleurs sur la cheminée pendant presque tout l'hiver. Il n'y a qu une seule espèce d'amaranlhe propre à l'Eu- rope ; c'est I'Amaranthe blette , dont on mange les feuilles dans plusieurs endroits : mais quelques autres se multiplient autour des villes , dans les parties méridionales , par des semences échappées des jardins. On a aussi appelé amaranihe les Passe-Velours et les Amaranthinës ; le Sumac et I'Immortelle jaune. AMARANTHE de mer. C'est, un Mai>répore.-(b.) Le genre Polychroa de Loureiro pourroit être réuni à celui-ci. Voyez ce mot. (b.) AMARANTHlNE, Gomphrena. Genre de plantes de la pentandrie monogynie et de la famille des Amaranthes , dont les caractères sont d'avoir un calice à cinq feuilles , muni de deux écailles externes ; point de corolle ; cinq éta- mines réunies à leur base ; un ovaire supérieur chargé d'un style divisé en deux parties ; une capsule arrondie qui s'ouvre transversalement et qui contient une seule semence. Ce genre renferme une demi-douzaine d'herbes exotiques, vivaces ou annuelles , dont les fleurs sont ordinairement dis- A M A /JoS posées en tele , et dont on cultive une espèce dans les jardins d'ornement. C'est T A.MARANTH1NE globuleuse, gomphrena glnhosa^ Linn., dont les têtes, d'un pourpre éclatant, sont fort agréables à voir ; elle vient de l'Inde. Sa culture est posi- tivement la même que celle des amaranthes, avec qui elle est confondue par les jardiniers. V^oycz aux mots Amaraîsthe et Passe-Velours. Une autre espèce, ^AMARANT^I^E hispide, qui vient également de l'Inde, y passe pour antinéphrétique, et s'y donne en conséquence en décoction à ceux qui ont l'esprit aliéné, (b.) AMARANTHOÏDES, Àwaranthi, Jussieu. Famille de plantes, dont le caractère est d'avoir un calice divisé, souvent entouré d'écaillés à sa base, et persistant; des étamines , ordinairement au nombre de cinq, tantôt libres, tantôt mo- nadelphes, et formant un cylindre à leur base, quelquefois munies de squamules alternes avec leurs filamens; un ovaire simple, libre, à style et stigmates simples, quelquefois doubles ou triples. Une capsule uniloculaire , s'oiivrant soit au sommet , soit horizontalement , quelquefois sans valves ; un placenta central libre, plus ou moins saillant ; un péri- sperme farineux entouré par l'embryon , une radicule supé- rieure ou inférieure. Ces caractères sont représentéspl. 7,fig. 4-du Tableau durègne végétal 1 par Ventenat , de qui on a emprunté leur expression. Les plantes de cette famille sont remarquables par leurs fleurs presque toujours vivement colorées , scarieuses , lui- santes , et dont l'éclat subsiste long-temps après qu'elles ont été cueillies. Leur tige , presque toujours herbacée, porte des feuilles ordinairement entières et acuminées , alternes ou op- posées , rarement garnies de stipules. Les fleurs, quelquefois diclines, sont petites , nombreuses, rapprochées par paquets axillaires, ou disposées soit en grappes, soit en épis terminaux. Dans cette famille, qui est la première des Dicotylédones , on compte treize genres ; savoir, cinq dont les feuilles sont alternes et nues : y^MARANTHE,PASSE-YELOURS, Polychroa, Aerua, Digéra; quatre dont les feuilles sont opposées et nues: Irésine , Cadelari, Amaranthine, Illécèbre; et quatre dont les feuilles sont opposées et stipulacées : Pana- RiNE, LiTOPHiLE, Anichie et Herniole. Voyez ces mots, (b.) AMAREL. Nom du Cerisier mahaleb. (b.) AMARELLA. Espèce de Gentiaîse. (b.) AMARGOSCIRA. C'est I'Azédérach de l'Inde, (b.) AJVIARÏNIE. Nom du Saule-Osier, (b.) 4o6  -M A AMAROUN. L'Ornithope scoRPioïDEctlaGESSEPnAcx portent ce nom. (b.) AMARYLLIS, yi/na/j/Zw. Genre de plantes de l'hexandrle monogynie, et de la famille des Narcissoïdes , dont le ca- ractère est d'avoir la fleur renfermée , dans sa jeunesse , soit seule, soit avec d'autres , dans un spalhe membraneux , qui s'ouvre par le côté ou se divise en deux parties. Cette fleur a une corolle infimdibuliforme , divisée , plus ou moins profondément , en six parties , et munie dans son bord inté- rieur de six petites écailles pointues. Elle a six étamines, dont les fdamens sont souvent inclinés d'un côté ; un ovaire infé- rieur, ovale, arrondi, qui donne naissance à un style terminé par un stigmate à trois divisions ; le fruit est une capsule à trois loges et à trois valves contenant beaucoup de semences. Ce genre comprend une cinquantaine d'espèces dans le Spen'es plantanim de Wildenow, toutes plus intéressantes les unes que les autres, soit par la grandeur , soit par la couleur, soit par l'odeur suave de leurs fleurs ; on les divise en Ama- ryllis à spathe unijlore et en Amaryllis à spalhe muliiflure. Dans la première division se trouve I'Amaryllis jaune, dont le caractère est d'avoir le spathe entier et obtus , la fleur sessile et à divisions égales. Elle croît naturellement en Espagne , en Italie et dans la Turquie d'Europe. Elle fleurit à la fin de l'automne, et peut servir à orner les parterres dans une saison où il ne se trouve que fort peu de fleurs. On y trouve aussi I'Amaryllis a fleur en croix, Ama- ryllis furmosissima ^ Linn., plante des plus remarquaLles par la grandeur, la forme et la couleur de sa fleur; c'est le lis ou la croix fk Saint-Jacques des jardiniers. Elle a pour carac- tères : une fleur pédicellée; une corolle penchée, à deux lèvres profondément divisées, de couleur rouge, et les par- lies de la fructification inclinées en bas. Elle vient de l'Amérique méridionale , et se cultive , depuis plus de deux cents ans, dans les jardins des curieux. Il est impossible de la voir sans l'admirer. Cependant c'est dans la division des Amaryllis a spathe MULTiFLORE que se trouvent les espèces les plus belles. On peut citer d'abord I'Amaryllis a fleur rose , /a hcllc- daine des Italiens , qui se cultive dans les parties méridionales oulllIr l'acicle nitrique sur lui , on obtient de l'acide oxa- lique. Le chlore convertit l'amidon en acides malique et oxalique. L'acide sulfurique le convertit en une espèce de sucre qui n'est pas susceptible de cristalliser, mais qui est susceptible de subir la fermentation alcoholique. Ces transformations de l'amidon ne doivent plus étonner les chimistes, depuis qu'ils savent que toutes les substances végétales sont essentiellement composées d'oxygène , d'hy- drogène , de carbone et quelquefois d'azote, et que la grande variété des productions végétales ne provient que de quel- ques différences dans les proportions entre ces principes constiluans ; d'où il suit que , pour changer la nature de ces produits , il suffit d'opérer un changement dans les propor- tions des élémens , par la soustraction d'une portion de l'un des principes , ou par l'augmentation de l'un d'eux : ainsi , la fermentation qui établit de nouvelles proportions par la soustraction du carbone et de l'oxygène , l'action des aci- des qui peut ajouter de l'oxygène par leur décomposition , ou en retrancher par une oxydation plus forte du radical, doit déterminer des modifications infinies dans le premier com- posé. (CHAPT.) AMIDON {Economie domestiqué). Nom donné à une espèce de fécule qu'on retire particulièrement du blé, et qui , en sé- chant, devient une pâte blanche et friable. Suivant Pline, les habitans de l'île de Chio furent les premiers inventeurs de cet art de tirer l'amidon du blé. Pour l'obtenir, les anciens ne faisoient point moudre le grain ; ils le falsoient crever , et ils Técrasoient. On suit encore cette méthode dans quelques endroits de TAUemagne. C'est à peu près celle que propose Duhamel , et dont voici la manipulation. On fait fermenter une certaine quantité de beaux grains de froment, pendant dix ou douze jours, dans des tonneaux remplis d'eau : on les expose au soleil le plus chaud; on les retire lorsqu'ils crèvent sous le doigt ; ensuite on les met par poignées dans un sac de toile claire, étroit, et long d'une demi-aune; puis, pour séparer la farine d'avec le son, on bat le sac sur une planche posée à l'ouverture d'un petit tonneau ou baquet; l'eau s'écoule à travers le sac, emportant avec elle cette farine. On trempe plusieurs fois le sac dans une autre eau très-propre ; on le bat de nouveau jusqu'à ce que Teau qui en découle soit claire : alors on le retourne, on le nettoie bien , et on y remet du grain. On doit avoir soin d'égoutter une eau rousse qui surnage sur la farine liquide qui s'amasse dans les tonneaux, et on y remet de Peau claire : on remue le tout , on le passe dans un linge ; ce qui est passé I. ^8 434 A M ï est remis dans le baquet avec de la nouvelle eau et exposé au soleil; on égoutte l'eau en inclinant le baquet; la matière épaisse qui reste au fond est V amidon; on le coupe par mor- ceaux , et on le fait durcir au soleil. Cette méthode ne peut être suivie par les amidonniers , parce qu'il leur est défendu de consommer du bon blé dans leurs ateliers. Les matières qu'ils emploient sont des blés gâtés et les issues de blé, comme les recoupettes et les griots. Ils ont l'attention de choisir les issues des blés les plus gras, parce qu'ils en retirent un amidon plus beau et en plus grande quantité. C'est de ces issues qu'ils font V amidon fin ; le blé gâté est moulu et employé à la confection de V amidon commun. Le premier sert à faire la poudre à poudrer les che- veux, et on le fait aussi entrer dans les dragées et autres compositions semblables. Le second est employé par les cartonniers , relieurs , afficheurs , chandeliers , teinturiers , blanchisseurs de gaze et autres. Le meilleur amidon sert en- core à faire de la colle et de l'empois blanc et bleu. Cette substance est regardée en médecine comme pecto- rale , onctueuse et adoucissante. L'eau est le principal instrument de l'amidonnier, surtout celle qui doit servir de levain et produire la fermentation ; celle-ci est appelée eau sure. On la compose en délayant deux livres de levain dans un seau d'eau chaude ; au bout de deux jours elle est bonne. Au défaut de levain , on met dans un chaudron quatre pintes d'eau commune , quatre pintes d'eau- de-vie , deux livres d'alun de roche : on fait bouillir le tout ensemble , et l'on a ainsi de l'eau sure. Enfm , on peut em- ployer le levain des amidonniers dont il sera parlé tout à l'heure. Les principales opérations pour extraire l'amidon, se suc- cèdent dans l'ordre suivant. On verse d'abord un seau d'eau sure dans un tonneau, appelé berne., puis de l'eau pure jus- qu'au bondon, et on le remplit ensuite de matière, c'est-à- dire, de recoupettes et griots, moitié par moitié, ou de farine de blé gâté , moulu gros. On laisse tremper les matières pen- dant dix ou quinze jours, selon la saison ou la force du le- vain ; elles se précipitent. Une eau grasse surnage ; on la jette. On lave les matières dans des sas ou tamis de toile de crin avec de l'eau claire. Ou vide dans un tonneau ce qui reste dans les sas : ces résidus peuvent servir de nourriture et d'engrais aux bestiaux. On continue de passer la matière en détrempe jusqu'à ce que le tonneau soit plein. Le lende- main on jette l'eau qui a passé dans le sas avec la matière en détrempe. €ette eau se nomme eau sure. C'est le levain des amidonniers cité ci-dessuiS. A M I 435 On lave de nouveau l'amidon , on remplit le tonneau d'eau claire. Cela s'appelle rafraîchir l'amidon. Deux jours après , on jette l'eau jusqu'à ce que le premier blanc paroisse ; il s'enlève de dessus le vrai amidon ou second blanc qui en est couvert. On ne le perd pas. 11 fait le principal gain des ami- donniers , qui le vendent ou qui le gardent pour engraisser des porcs. On rince après la surface de l'amidon ; on met ces rinçures dans un tonneau vide; elles déposent un sédiment qui est l'amidon commun. Le rincer étant fait, on trouve au fond de chaque tonneau quatre pouces d'épaisseur ou en- viron d'amidon fin. L'amidon bien rincé est mis dans des paniers d'osier gar- nis de toiles volantes, et porté au séchoir : c'est un grenier percé de lucarnes, et dont Taire doit être de plâtre bien blanc et bien propre ; on y jette l'amidon qui se détache des toiles. Aussitôt quil peut être manié , on l'enlève, et, pour le faire sécher, on l'expose à l'air sur des planches situées horizon-* talement aux fenêtres. On ratisse les morceaux; ces ratissures passent à l'amidon commun; les morceaux ratisses sont mis en grains , de la grosseur à peu près des fèves ou des noix. S'il n'y a ni soleil , ni haie, on les met sécher à l'étuve , ou au-dessus des fours des boulangers. De quelque manière que sa dessiccation ait lieu, pour l'accélérer et la rendre égale, on doit retourner l'amidon soir et matin. Au sortir de l'étuve il peut être mis en vente. L'amidon est la partie la plus considérable et îa plus nu- tritive de la farine. Il n'existe pas seulement dans le blé , mais dans presque tous les végétaux , dont il est un principe , et dans lesquels il se trouve tout formé. Il est surtout abon- dant dans les semences des graminées et des légumineuses, et dans les racines tubéreuses et fraîches. On en retire de quelques tiges. Le sagou est, comme on sait, la fécule qu'on sépare , par les tamis et le lavage , d'une moelle farineuse contenue dans le tronc de certains palmiers très-communs aux jMoluques.Aujourd'hui, c'est de la Pomme de terre qu'on tire en Europe tout l'amidon qu'on consomme pour la nour- riture , celui du froment étant réservé aux arts. (K. Fécule.) M. Kirchoff, le premier, a prouvé que l'amidon pourroit être transformé en sucre par le moyen de l'acide sulfuriquel Depuis lui, en simplifiant son procédé, on a obtenu 80 pour 100 de sucre de l'amidon ou fécule de pomme de terre. V. Sucre. Quelle que soit la plante dont on l'extrait, l'amidon offre toujours les mêmes caractères. C'est une matière homogène dans la nature comme le sucre. Parmentier définit ainsi cette substance : C'est, dit-il, «pe espèce de gomme particulière , 436 AMI une gelée sèche , si l'on peut s'exprimer ainsi , re'pandue dans une infinité de végétaux, indépendante de leur odeur, de leur saveur et de leur couleur, jouissant toujours d'un très- grand degré de blancheur , de finesse et d'insipidité , ayant le toucWr froid et un cri qui lui est propre , inaltérable à l'air, in ^^ ^} moniaque ou alkali volatil. Soumis à l'action du feu, il se volatilise sans se fondre. Les masses fibreuses et les cristaux de ce sel ont une certaine flexibilité , et sautent sous le pilon ou le marteau quand on veut les réduire en poudre , etc. L'ammoniaque muriatée est composée , selon Kirwan, de 4.2,70 parties d'acide muriatique , 25 d'ammoniaque , et 32,25 d'eau. D'après M. Bucholz, elle contiendroit 3i d'acide muriatique , et 6g d'ammoniaque et d'eau. Le sel ammoniac que l'on divisoit autrefois en naturel et an factice, est très-rare sous le premier état, et ne se rencontre guère que parmi les produits de la sublimation , dans certains volcans , et notamment au Vésuve, à l'Etna, a la Solfatare de PouzzoUes , et aux îles de Lipari , ou dans le voisinage de pseudo-volcans , qui doivent leur origine à des bouillères embrasées , comme au pays de Liège , et en Angleterre près de Newcastle. Il est ordinairement en croûtes plus ou moins épaisses , fibreuses , ou en eftlores- cence, et quelquefois aussi cristallisé. M. Breislaka trouvé, parmi les produits de l'éruption du Vésuve de 1794 1 du muriatc d'ammoniaque cristallisé en rJwmhes et en dodé- caèdres à faces rbomboïdales , quelquefois coloré par le fer en beau jaune , brillant et transparent. Lors de l'éruption du Vésuve , qui eut lieu au mois d'août i8o5 , MM. de Humboldt, Gay-Lussac et Thompson ont observé que plusieurs des rameaux du courant de lave amphigénique vomi par ce volcan , étoient recouverts d'une épaisse croûte blanche de muriate d'ammoniaque. ( Bibl. Brit. , t. 3o , p. 257. ) A la Solfatare de Pouzzollcs , le sel ammoniac est perpétuellement sublimé par les vapeurs qui s'élèvent des soupiraux de cet ancien cratère. Breislak dit que les deux plus grandes et plus (ories fumeroles de la Sol- fatare , sont celles qui le produisent. Je l'ai, ajoute-t-il , quelquefois trouvé configuré en croûtes tlssues en filamens parallèles, semblables au muriate d'ammoniaque du com- merce , et d'autres fois en masses granulées d'un grain sou- vent cristallisé en cubes. Spallanzani rapporte ( Voyages, <. 3, ;?. 5), que dans une petite plaine nommée la Vallc^ et distante de la ville de Liparj d'un quart de mille à l'ouest , Ton trouve une caverne , profonde d'environ cinquante pas, dans laquelle un homme peut entrer debout, dont les parois sont tapissées d'efflo- rescences de sel ammoniac. Suivant AVallerius , il se | trouve un peu mêlé avec de la terre, ou en efflorescence sur des rochers. On le cite encore en Tartane, dans le pays des Kalmoucks , en Bucharie et en Sibérie , dans le territoire d'Orenbourg. Enfin , il existe A M U 4^5 dissous dans les eaux de certaines lagunes de la Toscane, et dans quelques fontaines d'Allemagne. (^Brongniari.') Le sel ammoniac du commerce est un produit de l'art. On le tiroit autrefois d'Egypte , où on le prépare depuis très-long-temps , en faisant sublimer la suie provenant de la combustion des excrémens des animaux qui ont mangé des plantes salines ; mais aujourd'hui on le fabrique par plu- sieurs procédés très-différens, en Allemagne , en Hollande , en France et dans le pays de Liège. C'est à feu Baume, de l'Académie royale des Sciences, que nous sommes redevables de la création de cet art, il y a environ vingt-cinq ans. Ce savant chimiste distilloit des substances animales, telles que des os, de la laine, et décomposoit le carbonate d'ammoniaque qu'il obtenoit par ce moyen , à l'aide du muriate de magnésie contenu dans les eaux-mères du sel marin. Il faisoit ensuite évaporer la li-; queur surnageante , dans laquelle se trouvoit dissous le mu- riate d'ammoniaque , et procédoit à la sublimation du résidu. MM. Leblanc et Dizé l'ont fabriqué, en réunissant dans une chambre de plomb des vapeurs d'acide muriatique avec l'ammoniaque. En Hollande et dans le pays de Liège , ce sel est le produit de la combustion d'un méïange de houille , ou charbon de terre , et de suie , d'argile et de sel marin , que l'on purifie par la sublimation, etc. Aujourd'hui , pour fabriquer ce sel en France , on décom- pose le carbonate d'ammoniaque fourni par la distillation des matières animales , en le faisant filtrer à travers le plâtre calciné. Il passe du sulfate d'ammoniaque que l'on fait bouillir avec du muriate de soude. On sépare à l'aide de l'évaporation le sulfate de soude qui se forme, et l'on fait sublimer le résidu. En Allemagne le procédé diffère encore , et l'on y com- pose ce sel en distillant de l'urine , à laquelle on ajoute du sulfate de fer, et que l'on fait bouillir ensuite avec du sel marin , etc. etc. Nous n'irons pas plus loin dans le détail des divers pro- cédés par lesquels on peut se procurer ce sel. On les trouvera dans la Chimie des Arts de M. Chaptal ; et dans le Dic- tionnaire de Chimie de Klaproth. Il existe dans le commerce deux espèces de sel ammoniac ^ le gris et le blanc. Le premier, qui vient d'Egypte , contient toujours des parties huileuses carbonées. Il est employé de préférence à celui des fabriques d'Europe , qui est ordinai- rement blanc , pour l'étamage et la purification des métaux ; mais pour l'art de la teinture le dernier est préférable. On s'en sert dans certaines fabriques de tabac, pour donner à cette poudre des propriétés excitantes. ^46 A M M Ce sel est aussi d'usage en médecitie, et on l'emploie en chimie pour en obtenir de l'ammoniaque. Ce qu'on nomme en pharmacie sel volatil d'Angleterre , est un mélange de trois parties de carbonate de potasse , et une de muriate d'ammo- niaque. (LUC.) AMMONIAQUE SULFATEE {Mascagnin, Karsten). Ce sel, anciennement connu des chimistes sous les noms de vitriol secret de Glauber, d'alkali volatil vitriolé et de vitiiot ammo- niacal, se trouve encore plus rarement dans la nature qujc l'ammoniaque muriatée , ou sel ammoniac , auquel il est assez ordinairement associé, surtout dans les volcans. Sa saveur est piquante , un peu acide , et légèrement astrin- gente quand il est mêlé de fer. Il est soluble dans deux lois son poids d'eau froide , et dans environ son poids d'eau bouillante. Trituré avec de la chaux , il répand une odeur vive d'alkali volatil , comme le fait le sel ammoniac ordi- naire ; mais il n'exhale pas comme ce dernier l'odeur d'acide muriatique quand on le chauffe avec l'acide sulfurique. Exposé à une légère chaleur , ce sel laisse dégager un peu d'ammoniaque , et se décompose entièrement à une chaleur rouge. Il cristallise en prismes à six pans , terminés par des pyramides à six faces. ( Thenard.) Suivant Kirwan, loo parties d'ammoniaque sulfatée con- tiennent : ammoniaque, ^o; acide sulfurique, 4-2 ; eau, i8. Le sulfate d'ammoniaque natif se rencontre sous la forme de concrétions ordinairement d'un jaune roussâtre, ou en pe- tites masses fibreuses, au Vésuve, à l'Etna, à la Solfatare de Pouzzolles , et en Toscane. Kirwan dit qu'on l'a trouvé en eiïlorescence à la surface de la terre dans les environs de Turin. Il existe en dissolution dans les lagunes du pays de Sienne où il a été observé par M. Mascagni, et dans une source thermale du département de l'Isère. Dolomieu a remarqué que ce sel rendoit les masses d'ammoniaque muriatée auxquelles il se trouve mêlé à l'Etna, plus susceptibles d'attirer Ihumidité de l'air , et plus sujettes à tomber en déliquium. (luc.) AMMONIE,^/nmo/2/'a. C'est I'Ammomte non pétrifiée, le grand Nautille À spire. Cette rare coquille vient des mers de la Chine , et acquiert huit à neuf pouces de dia- mètre. Ses caractères sont: coquille libre , univalve , cloison- née, en disque, et contournée en spirale aplatie ; tous ses tours apparens ; ouverture arrondie, évasée, recevant dans son milita le retour de la spire ; cloisons unies , et toutes percées par un siphon. Le genre Planulite a été établi par Lamarck aux dépens de celui-ci. (b.) A. 6 7)e^t^je gel. ./rttrïTr rr//.r/,r/,r// . ///i//ii>/it/i- /'/////y /• TarJïeu Jculp . r///ic . -• . /r//(/u/i' ir/ . '<> ■ .//■<•// 1- f//// , ■//'/! , •/ ■/, /, ■ ,). .//;■//,■ '/•:„■/;/,■ . A M M 4^7 AMMONITE , Ammonites. Genre de coquilles de la classe des Univalyes, dont les caractères sont d'être en spirale discoïde , à tours contigus et toiis apparens , à parois internes articulées par des sutures sinueuses ; d'avoir des cloisons iransverses , lobées ou découpées dans leur con- tour , et percées par un tube marginal. Les coquilles fossiles qui composent ce genre , tirent leur nom du rapport qu'elles ont avec les cornes d'un bélier, ou de Jupiter-Ammon : ce sont les cornes d'ammon des oryc- tographes ; elles ont de très - grands rapports avec les nuutilles ; mais elles en diffèrent essentiellement , en ce que les tours de leurs spires sont tous visibles , tandis que dans les nautilles ils sont cachés dans le dernier. Elles en diffèrent encore en ce que leurs cloisons sont toujours si- nueuses , et leur tube ou siphon, toujours placé sous la carène du dos. Les ammonites sont regardées comme des coquilles pé— lagiennes , c'est-à-dire , qui n'ont vécu que dans l'ancienne mer , parce qu'on ne leur a pas encore reconnu d'analogues vivans, et qu'on ne les trouve que dans les montagnes de for- mation assez ancienne. On en voit d'une grosseur monstrueuse, de près d'une toise de diamètre ; quelquefois elles sont accu- mulées au point de former des roches entières. Les orycto- graphes en ont fait graver beaucoup d'espèces ; mais leurs ouvrages sont en général si peu méthodiques , qu'on trouve de grandes difficultés à les y étudier. On rencontre quelque- fois des ammonites fossiles , sous leur forme testacée , sans aucune concrétion pierreuse dans leur intérieur; leur struc- ture est alors très-visible , et c'est sur des espèces de cette sorte que Bruguières a rédigé l'expression de ce genre , qui , jusqu'à lui , n'avoit été qu'indiqué. Lamarck a séparé des ammonites les espèces qui n'étoient point articulées , pour en former un nouveau genre , sous le nom de Planulite. V. ce mot. Les ammonites ont de tout temps frappé les hommes , soit à raison de leur grosseur , soit à raison de leur abondance , soit à raison des lieux où elles se trouvent. Elles sont dans l'Inde , ou mieux leur moule , sous le nom de salagraman , l'objet de la vénération des peuples, qui croient qu'un de leurs dieux s'est caché dedans. J'ai vu un de ces moules, rap- porté par Sonnerat, qui avoit long-temps servi au culte de Brama ; il étoit dans un schiste. C'est sur le Nautille crépu, figuré dansGualtieri, pi. ig , qu'on a établi l'opinion qu'une espèce de ce genre se trou- roïi dans la Méditerranée ; mais cette espèce est fort diffé- 44-8 A M n rente des vrais nautîlles. Elle constiluf aujourd'hui le genre Théméon de Denys Montfort. F. Ammoisu;. Bruguières, Encyclopédie mélhoditjue , mentionne vingl-deux espèces à'Ammonites ^ la plupart figurées par Bourguet et Langius ; mais il paroît qu'on pourroit aisément tripler ce nombre , seulement avec les espèces que l'on trouve en France. La chaîne de montagnes secondaires, qui s'étend depuis Langres jusqu'aux environs d'Autun , celle près la- quelle est bâtie la ville de Caen , et plusieurs autres , en contiennent de si immenses quantités qu'on en ferre les che- mins. C'est ordinairement dans des schistes très-argileux , dans des argiles très-calcaires et très-ferrugineuses, et dans la craie inférieure qu'on les rencontre. On les trouve aussi fré- quemment dans les pierres calcaires , et là elles sont souvent adhérentes par un de leurs côtés ; fait qu'on n'explique pas d'une manière satisfaisante. On en voit quelquefois de pyri- leuses , ou qui ont été pyriteuses , et qui sont devenues mine de fer. Les unes ont la surface lisse , d'autres l'ont marquée de stries ou de côtes , d'autres de tuberciles , etc. Voyez Pétrification et Fossiles. Les Ammonites bifurquée et lisse sont figurées pi. A. 6. Les genres Ellipsolite , Amalté, Oréade , de Denys Montfort , se rapprochent beaucoup de celui-ci. Ammonite feuillée. On donne ce nom , chez les mar- chands , aux coquilles du genre Simplegade de Denys IMont- fort. (B.) AMMOPHILE , Ammophîla , Kirby. Genre d'insectes de l'ordre des hyménoptères , section des porte-aiguillon , fa- mille des sphégimes (guêpes - ichneumons, Kéaum. ). Ses propres caractères sont : mandibules dentées au côté interne ; antennes insérées vers le milieu de la tête ; mâchoires et lèvre formant une fausse trompe beaucoup plus longue qu'elle , fléchie dans le milieu de sa longueur ; palpes très-' grêles et dont les articles sont cylindriques. Le genre ammophile de M. Kirby comprend les sphex de Fabricius et quelques-uns de ses pepsis; il se compose en- core d'une partie de celui des sphex de M. Jurine , et de la première famille de ses misques. L'allongement des mâchoires et de la lèvre , la forme très-grêle et c) lindrique des articles des palpes , le distinguent de celui de sphex proprement dit ; on peut ajouter que la seconde cellule cubitale reçoit les deux nervures récurrentes. Les ammophiles ont le corps étroit et allongé ; les anten- nes un peu plus courtes que le corselet, filiformes et souvent contournées ou roulées sur elles-mêmes , de douze articles dans les femelles et de treize dans les mâles ; la tête trans- A INI U /^iç) vcrsale , un peu plus large que le corselet , ou du moins de sa largeur , avec la face antérieure, jusqu'aux mandibules , plane , couverte d'un duvet soyeux et brillant , les yeux ovales et entiers, les trois petits yeux lisses placés en triangle, sur le vertex ; le corselet ovalaire rétréci aux deux bouts sur- tout en devant , ce qui rend le cou plus distinct ; les ailes plus courtes que l'abdomen, ou de sa longueur ; l'abdomen, rétréci à sa base en forme de pédicule , obtus ou ellipsoïde, et renfermant, dans les femelles, un aiguillon piquant; en- fin des pieds longs et menus, terminés par des tarses garnis de petites épines, avec deux crochets simples et une pe- lote dans leur entre-deux. Ces insectes, à l'état parfait, ne vivent que du suc miel^ leux des (leurs; ils se plaisent dans les lieux secs, sablon- neux et exposes au soleil , parce qu'ils y ont plus de facilité pour creuser les nids de leurs petits, et que ces terrains sont plus favorables à la conservation de leur postérité. Ils volent avec agilité , se posant de distance en distance pour cher-- cher l'emplacement propre à établir ces nids. Ils produisent , de temps en temps , un petit bourdonnement, qui semble être le signe de quelque affection particulière. Les femelles se servent de leurs pieds et de leurs man- dibules pour creuser la terre ; elles emportent avec ces dernières, les grains de sable ou les parcelles de terre quelles détachent , les jettent à quelque distance , et puis rentrent de nouveau dans le trou qu'elles ont commencé. Elles écartent et repoussent en arrière les décombres ; leurs^ pieds postérieurs sont alors dans un mouvement continuel , et l'on croiroit voir une poule qui gratte et dissémine la terre avec ses pattes. Elles parviennent , à force de peines , à pratiquer une galerie de quelques pouces de profondeur, et dont la direction est oblique à la surface du terVain. On peut jouir facilement à la promenade de ce specta- cle, les bords des chemins étant les lieux que les ammophiles {qui aiment le sable) fréquentent davantage. La retraite où li femelle doit placer et cacher les germes de sa postérité, étant prête , elle va chercher une chenille qu'elle perce de son dard , l'entraîne , à diverses pauses , au bord du trou, y pond un œuf, et bouche l'entrée du terrier avec des par- celles de terre ou de sable. J'ai vu l'espèce la plus commune (y/, sabiilosa) i^rendre une petite pierre et la poser sur l'ouver- ture du trou. Rolander prétend que l'insecte, quelques jours après , ouvre la petite fosse pour y mettre une seconde che- nille , la première étant alors, suivant lui , consommée par la larve qui est sortie de l'œuf. Il assure même avoir vu. réitérer plusieurs fois de suite la même manoeuvre ; mai* /,5o A M M c'est plutôt pour y pondre d'autres œufs et s'épargner la peine de faire un nouveau nid. i.o Les uns ont l'abdomen une fois plus long que le corse- let, avec un pédicule formé insensiblement , allongé et de deux articles. Tantôt la troisième cellule cubitale est presque carrée et sans pédicule , comme dans l'espèce suivante. Ammophile des sables , Ammophila sahulosa ; sphex sahu- losa , Fab. la fem. ; ejusd. pepsis lutaria, le mâle. ; Panz. Faim, insect. gerrn. fasc. 65, iah. 12, fem.; l'bid. fab: i4- , le mâle; sphev du salle ^ noinK dict. d'Iiisi. nat. tom. XXI , pag. ^>l^. ^Jrg. 3 ; firhneumun noir , à ventre fam'e en devant et à long pédi- cule , Geoff Long de dix-huit lignes , noir , pubescent; face couverte d'un duvet soyeux , argenté dans les mâles ; quel- ques taches semblables sur les côtés du corselet, du moins dans quelques individus ; ailes obscures , courtes; abdomen étroit, attaché au corselet par un pédicule long et menu; pre- mier segment et base du second noirs ; le reste de celui-ci et le troisième d'un rouge fauve ; les autres anneaux d'un noir un peu bleuâtre ; une ligne noire sur le dessus du second et du troisième anneau dans le mâle. La même subdivision comprend aussi les sphex : binodis , daims et huloscrirea de Fabricius; le second est très-voisin du sphex arnia/a de Rossi , et du miwronata représenté par M. .1 urine , dans son ouvrage sur les hyménoptères. Tantôt la troisième cellule cubitale est triangulaire et pé- diculée à son sommet , comme dans les misques de la pre- mière famille de M. Jurine. Ammophile champêtre, Ammophila campestri s ^ Latr. Gen. cnist et insert., lom 4-? pag- •54; onimophila argcntea , Kirb. ; Linn. soc. trans. , tom. 4-, p>g- 208. Semblable à TA. dessa- bles, mais plus petit et ayant, en outre, le quatrième anneau de l'abdomen entièrement , ou son bord postérieur seul ex- cepté , fauve. Commun au mois d'août , dans les environs de Paris. 2." Les autres ont l'abdomen de la longueur du corselet, ou à peine plus long, et attaché par un pédicule court, for- mé brusquement et d'un seul anneau. Ammophile des chemins , Ammophila viatira; guêpe-ichneu-» mondes chemiiisT)c^.\ pepsis arenaria , Fab. ; Panz. Faim, in- sect. germ. fase. 65 ; tab. i3 , la femelle. Noir , velu , avec le second et le troisième anneau de l'abdomen , ainsi que la base du quatrième, d'un rouge fauve ; ailes supérieures bru- nes , de la longueur de l'abdomen. Commun dans toute l 'Europe. LtC pepsis Jlavipennis âe Fabricius, que l'on trouve aux en- A M O 45i virons de Paris et dans le midi de l'Europe , est un sphex proprement dit. (l.) AMMOÏHÉE , Ammothca, Léach. Genre d'atachnides trachéennes, famille des Pyc^nogonides , très-voisin de celui des nymphojis ^ et dont il ne diffère que par ses mandibules beaucoup plus courtes que le siphon, ou l'article antérieur et tubulaire de leur corps , formant la bouche. La seule espèce connue. L'Ammothée de la Caroline , Ammothea cawlinensis , a été représentée et décrite par le docteur Léach, dans ses Mélanges de zoologie, pi. i3 ; elle a été trouvée dans cette partie de l'Océan qui baigne les côtes de la Caroline méri- dionale, (l.) AMMOTHÉE, Ammothea. Genre établi par Savigny aux dépens des Alcyo>'s. Ses caractères sont : corps commun se divisant en plusieurs liges courtes et rameuses , à derniers rameaux ramassés, ovales conoïdes, en forme de chatons, et partout couverts de polypes non rétractiles, à corps court et à huit tentacules pectinées. Ce genre , que Cuvier a cru devoir réunir aux AxthÉlies, ne renferme qu'une espèce , I'Ammothée verdatre , origi- naire de la mer Piouge ; mais Lamarck pense que TAlcyon SPONGIEUX , figuré par Esper , supp. 2 , tab. 3 , lui appar- tient, (b.) AMMYPvSINE , Ammyrsina. Genre de plantes établi par Pursh , Flore de l'Amérique septentrionale , pour placer le Lède a feuilles DE BUIS. Ses caractères sont : calice à cinq dents ; cinq pétales ; étamines saillantes hors du tube ; cap- sule à cinq loges , s'ouvrant par le sommet, (b.) AMOLAGO. Espèce de poivre, (b.) AMOME, ^TOO/72z/m. Genre de plantes de la monandrie monogynie, et de la famille deDRYMMYRRiilZÉES, qui renfer- me des herbes exotiques, dont les racines et les graines ont un goût piquant et aromatique , et sont d'un grand usage , soit dans la cuisine , soit dans la médecine , soit dans les bouti- ques de parfumeurs , sous ce nom , et sous ceux de Carda- mome , de Gingembre. V. ces mots. Les caractères de ce genre sont d'avoir les fleurs en épi radical, ou en panicule , et enveloppées d'abord dans des écailles spathacées et membraneuses. Chaque ileur a une spathe propre , supérieure , tubulée , caliciforme , et dont le bord est tridenté : une corolle monopétale , tubulée , divisée en quatre parties inégales ; une seule étamine , dont le fila- ment est une languette membraneuse, tronquée à son som- met , et portant une anthère adnée au filament ; un ovaire arrondi , situé sous la fleur , et d'où sort un style qui est en- <52 A M O veloppé en parlie par le filament , et terminé par un stigmate obtus et velu. Le fruit est une capsule charnue ou coriace , ovale ou arrondie, obtusément triangulaire, et partagée in- térieurement en trois loges qui renferment plusieurs se- mences. Lamarck a réuni les genres CosTUS et Alpinie de Linnseus, avec ces Amomes, et en effet ils en diffèrent à peine. F. ces mots. Parmi les véritables Amomes on distingue: le Gingembre, amomum zinziber, Lin. , dont le caractère est d'avoir une hampe nue, un épi ovale, des écailles ovales, des feuilles lancéolées, ciliées sur les bords à leur sommet. Cette plante, qui est cultivée dans les Indes et dans les îles de l'Améri- que , fournit au commerce une racine odorante , dont les propriétés seront mentionnées à l'article Gingembre. V. pi. A. 5 , où elle est figurée. . Le Zerumbet , amomum zenimhet^ Lin. Ses carac- tères sont d'avoir une tige nue, un épi oblong et obtus, des écailles presque rondes, des feuilles ovales , sans poils sur leurs bords : cette espèce a également une racine d'une odeur agréable , dont les Indiens se nourrissent dans les temps de disette. On n'en vend point dans le commerce. La Zédoaire, dont le caractère est d'avoir une hampe nue, un épi lâche, cylindrique, tronqué, des feuilles ovales et aiguës , a été confondue par Lamarck avec la plante pré- cédente. Le Cardamome , amomum cardamomum , Lin. , dont le caractère est d'avoir l'épi presque ovale, sessile sur la racine; les feuilles ovales, allongées, pointues. Ses racines et ses graines entrent dans le commerce. F. Cardamome. Enfin, I'Amome graine de Paradis, rapportée par La- marck à l'espèce précédente, mais qui en paroit suffisamment distinguée par sa hampe rameuse et lâche , et par ses feuilles plus allongées. Elle fournit au commerce , sous le nom de graines de Paradis, des semences qu'on emploie comme la racine de cardamome, et aux mêmes usages. Tous les amomes sont propres aux pays les plus chauds de l'ancien monde. On n'en connoît qu'une espèce, TAmome SYLVESTRE, qui soit indigène à l'Amérique; on ne les cultive que très-difficilement dans les jardins de botanique, attendu qu'il leur faut une grande chaleur et une humidité qui fe- roient périr la plupart des autres plantes qui seroient renfer- mées dans la même serre. On donne aussi le nom à'amome à la graine de SisON, et h celle d'une espèce de Myrte de la Jamaïque , dont on faiç «sage dans les assaisonnemens. AMP 453 Les jardiniers appellent encore amome ou amomum , la BIORELLE FAUX PIMENT (B.) AMOMÉES. V. au motDRYMMYRRHIZÉES. (b.) AMOMIE. C'est le Mûrier blakc. (b.) AMONGEABA. Gramlnée du Brésil, qu'on croit être la Houlque en épi. (b.) AMOR-PIXUMA. C'est le Gobiomoroïde. (b.) AMORPHA, Amorpha. Genre de plantes de la dladel- phle dccandrle et de la famille de Légumineuses, dont le caractère est d'avoir un calice à cinq dénis ; un étendard ovale , concave , obtus , et point d'ailes ni de carène; dix étamines monadelphes à leur base et saillantes; un légunne un peu recourbé , tubercule , très-court, contenant deux ou trois semences. Les fleurs, dans ce genre, sont toujours disposées en épis réunis plusieurs ensemble; les feulUe.s sont pinnées , et les folioles articulées , accompagnées de stipules. Elles sont parsemées de points translucides. Les espèces de ce genre sont toutes originaires des parties méridionales de l'Amérique septentrionale, et croissent vo- lontiers sur le bord des rivières et des grands bois, dans les lieux très-aérés. On en connoît trois qui sont frutescentes, et une herbacée. L'Amorphe fruticuleux se cultive dans les jardins d'or- nement , à raison de ses feuilles d'un vert noir , et de ses épis violets, ponctués de jaune, qui produisent un assez bel effet. 11 s'élève à la hauteur de sept à huit pieds, et demande à être récépé souvent pour conserver ses avantages. Il est vulgairement connu sous le nom di' indigo bâtard. On le mul- tiplie facilement de semences et de rejets, (b.) AMOURETTE. Nom spécifique d'un insecte du genre anthrène. V. ce mot. (l.) AMOURETTE. La Luzerne en arbre, une espèce d'AcACiE, et la Morelle épineuse, portent ce nom dan^ nos colonies, (b.) * AMOURETTE DES PRÉS. C'est la Lychnide fleur DE COUCOU, (b.) AMOURETTE DE SAINT-CHRISTOPHE. C'est, à Saint-Domingue , la Volkamère épineuse, (b.) AMOURETTES. Ce sont les diverses espèces de Brizes et quelques-unes des petites Saxifrages, (b.) AMOURIÉ. C'est le Mûrier, (b.) AMOUROCHE. C'est la Maroutte. (b ) AMPA. Espèce de Figuier de Madagascar, (p.) ^54 A M P AMPA-THROUTS. Nom madégasse d une espèce de Grewie , plante dédiée à Grew. (d.) AMPAG. Arbres des Indes orientales. Il y en a deux es- pèces : l'une, à feuilles larges, laisse transsuder une résine d'une odeur forte, dontleshabitans se servent pour fixer les outils de fer dans leurs manches, et dont les feuilles, en dé- coction , passent pour détersives et cosmétiques ; l'autre , à feuilles étroites, répand une odeur acide, aromatique, et sert avantageusement à la charpente. Bory-Saint-A incent, dans son Voyage aux îles d'Afrique , rapporte ces deux arbres à son genre Auèertie. V. ce mot. (b.) AMPALATANGH-YARI. Arbre de Madagascar, dont les feuilles sont digitées et astringentes, (b.) AMPALI. Nom madégasse du Mûrier râpe, (b.) AMPANA. Nom malabar du Lontar. (b.) AMPE. Tragie de Madagascar , qui a les feuilles pi- quantes, (b.) AMPELANG THIFOUHÉ. Espèce de Gtn n anelle. (B.) AMPELIS. Nom qui , dans Aldrovande, signale le Jaseur de Bohème , et que Liunseus a étendu génériquement à des oiseaux de- l'Amérique que l'on appelle Cotingas. Foy. ce mot. (v.) AMPÉLITE ou TERRE A VIGNE et PII A RM AGITE. La substance désignée sous ces noms par les anciens paroît être une argile schisteuse , noire , abondante en fer sulfuré , et en partie décomposée, à laquelle ils attribuoient la vertu de tuer les insectes qui rongent la vigne. Elle est employée dans divers cantons, et surtout aux envi- rons de la Moselle , comme excellent engrais pour les vignes. La pierre atramentaire ou pierre di encre n'en est qu'une va- riété très-tendre , et qui, étant délayée dans l'eau, lui com- munique une couleur noire, (pat. et LUc.) AMPELOPRASE. Espèce d'AiL. (c.) AMPELOPSIS, Ampélopsis. Genre de plantes établi par Michaux, Flore de l'Amérique septentrionale, pour placer la Vigîse en arbre et la Vigne vierge, qui n'ont pas complètement les caractères des autres vignes. V. les mots Vigne et Achit. Il en est une troisième espèce , I'Ampelopsis À feuilles EN CŒUR, que je noterai, pour dire que ses fruits sont si acerbes , qu'après en avoir écrasé dans l'eau , à l'effet d'en retirer les graines que je voulois envoyer en Europe, mes mains ont clé crispées douiourçusement pendant plusieurs jours, (b.) AMPEUTRE. Synonyme d'EPAUTRE. (b.) A T>I P 455 AMPHIAM. V. Opium, (b.) AMPHIBIE. Dans les nombreuses familles des corps organisés, le genre de vie diffère suivant la conformation et les besoins de chacun d'eux; et les lieux qu'ils recherchent pour leur demeure ordinaire sont toujours en rapport avec la disposition de leurs organes. 11 est évident que 1 animal destiné à respirer l'air, comme l'oiseau, par exemple, ne peut pas vivre au fond des eaux, ni le poisson dans les airs, parce que leur organisation s'y oppose invinciblement : ce- pendant, il y a des espèces tellement constituées, qu'elles peuvent subsister dans ces deux milieux ; mais il est néces- saire d'observer à cet égard, que ces awpliil/ies ne peuvent pas y vivre également et dans tous les temps , pour la plupart. D'abord, riiommc et les*quadrupèdes vivipares ayant des poumons, ne peuvent respirer que de l'air, et périssent suf- foqués sous les eaux, loin d'y vivre. Il y a cependant des es- pèces et des individus qui peuvent plonger pendant plus ou moins de temps. Quand même la circulation s'opéreroit chez eux sans le secours du poumon ; que le trou de botal reste- roit ouvert dans les oreillettes du cœur pour livrer passage au sang , comme dans le fœtus qui ne respire point, l'homme ou le quadrupède ne pourroient cependant pas vivre sous l'eau, parce que l'acte de la respiration leur est devenu nécessaire. En effet , le sang de la mère qui arrivoit dans le fœtus avoit été imprégné d'air: voilà pourquoi le fœtus n'a pas besoin de respirer lui-même; mais dans Tanimal pulmoné qui plonge, il faut que le sang veineux passe immédiatement dans les artères : cette action ne peut avoir lieu sans asphyxie ; ce que l'expérience a démontré. Il n'est donc pas possible de demeurervivant sousTeaupcndantlong-temps lorsqu'onades poumons, comme les quadrupèdes , les oiseaux, les reptiles, et des trachées comme la plupart des insectes dans leur état parfait. ^ Seconde^rent, par la raiSon inverse, les espèces d'ani- maux pourvues de branchies , d'ouïes , c'est-à-dire , de feuil- lets ou petites lames sur lesquelles viennent se ramifier les vaisseaux sanguins , sont destinées à vivre dans les eaux , et à en extraire l'air qui y est dissous. Mais ces aniinaux exposés à l'air de l'atmosphère , ne peuvent pas y vivre ordinairement , parce que leurs branchies ne sont pas conformées pour en absorber le principe vivifiant dans l'état aériforme. ( Voy. l'ar- ticle de la Respiration, où nous traitons cet objet.) Elles se dessèchent et suspendent leurs fonctions, ce qui cause bientôt la mort de l'animal : aussi , lorsqu'on veut transporter des carpes vivantes ou d'autres poissons, dans divers pays , on a soin de les entourer de mousse humide et mouillée , 45G A M P afin que leurs branchies ne se dessèchent pas. On assure que les anguilles sortent pendant la nuit de leurs étangs pour passer dans des eaux voisines ; mais ces poissons rampent dans les prairies humides de rosée , ce qui tient lieu d'eau en quelque sorte. Les poissons volans sautent hors des eaux dje la mer lorsqu'ils sont poursuivis par les dorades ou cory- phènes qui les dévorent ; cependant ils se replongent bientôt sous les ondes, lorsque leurs organes de respiration et leurs nageoires commencent à se dessécher. On admet au nombre des amphibies les mammifères aqua- tiques , tels que les phoques , les morses, les lamantins, les du- gons, et les cétacés ; cependant, loin de vivreau fond des mers, tous respirent et nagent à leur surface , et si l'on essaie de les juaintenir submergés, ils périment presque aussi prompte- ment que les autres animaux à poumons , car ils en ont tous: xiussi sont-ils destinés à respirer l'air , et leur circulation s'exé- cute de la même manière que dans l'homme. La nature a même placé verticalement l'ouverture des narines dans les cétacés , pour faciliter leur respiration ; c'est ce qu'on nomme des éi'ents ( Voy. l'article des Cétacés). Ces espèces plongent assez long-temps sous les eaux, où elles expirent avec force l'air qu'elles ont reçu ; ce qui forme des jets d'eau. Les ba- leines ne peuvent vivre sous les glaces polaires sans venir de temps en temps respirer à la surface de la mer, et c'est là que le pêcheur intrépide les attend , le harpon à la main , pour en faire sa proie , les amarrer à son bâtiment , et s'en- richir de leur immense dépouille. Parmi les oiseaux , il y a une grande famille aquatique dont les pieds ont des membranes entre chaque doigt ; c'est pour cela qu'ils sont nommés palmipèdes. Les canards , les oies, les pélicans, les mouettes et goélands, les plongeons, les liarles, les guillemols, les pingouins, sont les principaux genres dont les espèces viventjpcrpétuelleme^J|à la surface des eaux, parcourent les étangs, les rivages des mers, etc. ; mais il n'y a point d'amphibies parmi eux, et ils ne s'en- foncent jamais entièrement sous les ondes : ils respirent cons- lannnent l'air ; les manchots {aptctiodytes) , qui n'ont point d'ailes, mais des moignons ou tronçons, et qui peuvent à peine marcher, restent presque toujours en mer sans être amphibies ; car il y a trop loin de la grande respiration de tous les oiseaux, à la petite respiration des animaux à bran- chies. IMaisla principale classe à laquelle on avoit imposé le nom d'amphibie est celle des reptiles, c'est-à-dire, des quadru- pèdes ovipares et des serpens. Cette dénomination n'étoit cependant pas exacte ; car pour être véritablement amphi- AMP 457 Lie, il faudroit avoir des poumons et des branchies en même temps, afin de pouvoir se senir à volonté des uns ou des autres suivant le besoin ; c'est ce qui ne se trouve guère dans toutes les espèces connues. Les petits des gre- nouilles, crapauds et salamandres, sont pourvus, à la vérité, de branchies ; ils vivent au sein des eaux comme de vérita-î blés poissons; mais les poumons de ces têtards ne sont pas développés à cette époque, et ils meurent dans Tair, faute de pouvoir s'en servir. Lorsque le temps de la métamor- phose de ces têtards est venu, leurs branchies tombent, leurs poumons se développent, et ils sortent du fond de Teau où ils ne peuvent plus rester; de même que le fœtus nageant dans les eaux de l'amnios en sort pour respirer lair. Les gre- nouilles, salamandres ef crapauds , sous leur dernière forme, n'ont plus que des poumons et ne respirent que de l'air, mais d'une manière plus lente que les animaux à sang chaud ; ce qui fait qu'ils peuvent demeurer plongés sous les eaux pen- dant un temps assez considérable , avant de respirer de nou- vel air. Toutefois celui-ci leur est indispensable, et l'on parviendroit à nover ces animaux en les retenant pendant plusieurs jours eniièrement submergés. Les protées , les si- rènes et autres reptiles trouvés dans les étangs, respirent l'eau par des branchies comme les jeunes têtards de gre- nouilles et de salamandres , mais ils ont aussi l'appareil pul- monaire de ces dernières ; de sorte qu'ils paroissent être de vrais amphibies , et pouvoir également respirer l'eau et l'air à volonté , soit en plongeant , soit en sortant à terre. 11 y a des jeunes têtards de salamandres qui, se trouvant sui-pris du froid des hivers avant de perdre leurs branchies, les con- servent ; ils sont ainsi dans le' même cas que ces protées et ces sirènes , et continuent à respirer l'eau comme les pois- sons. ( V. Branchies. ) Enfin , il y a" d'autres reptiles qui vivent dans les eaux, tels que les tortues marines, des lé- zards, des serpens , etc.; mais il est pleinement reconnu qu'ils se servent de poumons, et qu'ils respirent par consé- quent l'air atmosphérique. Les poissons chondroptéryglens ( c'est-à-dire , ceux qui ont un squelette et des nageoires de matière cartilagineuse ) , ont des branchies ou des ouïes fixées par chacun de leurs bords, comme des bourses où l'eau circule. Ces animaux, qui sont les raies, les lamproies, les chiens de mer, les rois des harengs, ont quelques analogies avec les reptiles ; mais ils sont privés de poumons aériens. On avoit cru que les branchiostèges ou poissons à branchies libres avoient aussi des poumons; mais ils n'ont réellement que des branchies aquatiques , de même que tous leg aulres poissons , de sorte 458 A M P qu'ils ne peuvent absolument respirer que de l'eau, et en séparer Fair interposé dans ses parties. On trouve chez, les mollusques et les coquillages , des franchies pour organes de respiration. Les unes sont aqua- tiques , telles que les branchies des sèches , poulpes , cal- mars, nautiles, lièvres de mer ou aplysies, téthys, et autres mollusques nus , les patelles , sabots et autres coquillages univalves aquatiques, avec toutes les bivalves. Les autres mollusques sont terrestres et respirent l'air, comme les lima- çons et limaces, etc. Quoique lesplanorbes , les bulimes, etc. soient aqutiiquts, ils se tiennent à la surface de l'eau et respirent 1 air : aussi ces mollusques ont-ils tous plutôt des poumons que des branchies. On observe un lacis de vais- seaux rampant sur les parois de leur cavité pulmonaire ,^4 non des feuillets branchiaux comme en ont les mollusques vraiment aquatiques : aussi M. Cuvier les a séparés des pré- cédens sous le nom de pulnwnés. Cependant un autre genre de mollusque teslacé, univalve, gasteropode (\ts cydostomes ^ analogues aux sabots, iurbo, L. ), est pareillement pourvu de poumons, et respire l'air. Les crustacés sont aquatiques et ont des branchies ; toute- fois certains crabes sortent de Teau et vivent à terre , où ils respirent de l'air: ils sont réellement amphibies ; cette qua- lité n'existe surtout que dans quelques animaux privés d'un squelette intérieur osseux. Parmi les insectes , diverses espèces habitent sous les eaux ; tels sont les hydrophiles, dytiques, noionectes, etc.; les larves des libellules ou demoiselles , des friganes , des éphé- mères et de plusieurs autres névroptères, vivent dans Teau avant de subir leur dernière métamorphose ; ensuite elles res- pirent de l'air. Cependant les hydrophiles et dytiques peuvent respirer l'air ainsi que Teau. On trouve parmi les vers beaucoup d'espèces qui peuvent vivre dans l'eau ou la terre humide; mais il paroit que dans ces deux cas, ces animaux respirent Tcau. Il n'y a point de zoophyte vivant hors de l'eau, et s'il est vrai que ces êtres respirent, ils ne font usage que de ce liquide. On powroit trouver quelques exemples de respiration am- phibie dans les plantes ; par exemple , la prêle ou queue de cheval, ecjuketum (interne, les joncs et autres végétaux crois- sent au milieu des eaux et sur la terre sèche. Ilparoît qu'elles ont la double faculté d'aspirer l'eau conune l'air, et la plupart des plantes aquatiques sont dans ce cas, puisqu'elles ont sou- vent une partie dans l'eau et l'autre. dans l'air, ou sont entiè- rement plongées dans l'un des deux sans en périr ; mais la vie •végétative paipitèlre plus tenace que la vie animale , et s'acr ' A M P 459 commoder plus facilement aux différens états auxqtiels son immobilité l'expose. Ainsi , la loi de la double respiration de l'air et de l'eau , est plus remarquable dans les végétaux que dans les animaux. V. l'article Respiration, (virey.) AMPHIBIE. C'est le nom d'un BuLiME. (b). AMPHIBIES. Ancien ordre de mammifères, créé par M. Cuvier, et- qui renfermoit des animaux très-disparates. Dans son nouvel ouvr.ige (Règn. anirn.) , ce naturaliste ne con- serve sous le nom d'amphibies que les phoques et les morses,- dont il forme une tribu particulière placée à la suite des car- nassiers. Les genres Dugong et Lamantin se trouvent reportés dans l'ordre des cétacés, (desm.) AMPHIBIES (plantes). Ce sont celles qui vivent indif- féremment dans l'eau et sur terre. Leur nombre est assez con- sidérable , surtout entre les tropiques. F.Plante. (b) AMPHIBIOLITES. Fragmens pétrifiés d'animaux am- phibies, (s.) AMPHIBOLE ( Hauy ). Cette espèce , l'une des plus importantes de la classe des substances terreuses , a été établie par M. H^iiy , dans son Traité , aux dépens de ce groupe nombreux de minéraux connus dans la minéralogie ancienne, sous le nom de Schorl; groupe dans lequel se trouvoient rassemblées une foule de substances, qui n'avoient entre elles que des rapports très-vagues , et aucun lien com- mun. On y voyoit réunis des pierres et des métaux. Voyez Schorl. Ce nom à' amphibole ., qui signifie équivoque ou ambigu^ avertit l'observateur de ne pas s'en laisser imposer par les dehors , en même temps qu'il rappelle les erreurs auxquelles le nom de schorl a donné lieu (Jlaily'). Aujourd'hui l'espèce Amphibole se compose de la réunion des substances désignées par M. Haiiy lui-même, dans sa Minéralogie , sous les noms d' Amphibole , d'AcTiNOTE et de Grammatite. Ce rapprochement est fondé sur la consi- dération , si importante et si féconde en résultats, de l'iden- tité de molécule intégrante dans ces corps , que leurs caractères extérieurs tendroient à isoler les uns des autres, et qui ont, d'ailleurs, des gisemens très-différens , mais qui, considérés sous le rapport de leurs formes , ne sont que des variétés d'une même espèce. La réunion de Vamphibole et de Vac.tinote avoit déjà été pressentie par M. Hauy , lors de la publication de son Traité de Minéralogie , en 1801 : celle de la grammatite est beaucoup plus récente , et a été indiquée par M. Cordier. L'on est sans doute étonne de voir, réunies dans une même ^6o AMP espèce , des substances qui diffèrent autant , au premier as- pect, qu'une grammatite , blanche et soyeuse , et un cristal r P 465 melis , cyanipennis ^ hirta , vii/pes, howhyllus, viltata de Fabrî- cius , espèces toutes étrangères à la France. Les autres ont la massue des antennes ovoïde et divisée distinctement en lames ; telle est TAmphicome abdomitsal, melolonlha abdomi- /m/«,rab. ; M. alpina ^ Oliv. , col. tom. i, n." 5, pi. lo, Jig. 112. Tête et corselet d'un vert bronzé , velus ; massue des antennes et abdomen fauves ; étuis d'un brun roussâtre.Dans les montagnes du Piémont, (l.) AMPHIGÈNE ou LEUCITE. Anciennement décrit sous les noms de Cristaux de schorl blanc en forme de grenats et de grenats blancs ^ par Ferber ; de grenats blancs calcinés ou décolorés du \ésuve, par M. Faujas; et de grenatite ^ par Daubenton. {Leucite , Dcîamétberie ; Leiizit, Werner.) Subs- tance pierreuse, qui se trouve ordinairement sous une forme cristalline , et quelquefois en masses iriégulières,daus les pro- duits volcaniques de certaines contrées de Tltalic. Les cris- taux de leucite sont le plus souvent isolés ; on en voit aussi qui sont groupés plusieurs ensemble. Leur volume varie depuis un point à peine perceptible , jusqu'à la grosseur d'une noi- sette : ceux qui excèdent cette dimension sont très-rares. Leur forme , presque globuleuse , est circonscrite par des facettes plus ou moins bien prononcées , au nombre de vingt-quatre , égales et semblables, et qui sont trapézoïdales. Quelques-uns sont remarquables, en ce que leurs arêtes sont plus proémi- nentes que l'aire des faces, qui paroît légèrement concave; comme si la matière avoit éprouvé un retrait sur elle-même , dans le moment de la formation du cristal. Il est ordinairement blanchâtre , d'où est venue sa dénomi- nation de leucite , qui signifie un corps blanc. Le nom d'amphi- gène , c'est-à-dire, gui a une double origine , que lui a donné le savant Haiiy , est tiré du résultat de sa division mécanique , laquelle a lieu parallèlement aux faces dun cube , et en înême temps à celles d'un dodécaèdre rhomboïdal. Sa sur- face est terne à peu près comme celle d'un verre dépoli ; dans l'intérieur, il a tantôt de l'éclat, et tantôt il est mat, suivant qu'il se trouve dans un état d'intégrité ou de décomposition. Il est communément moins dure que le quarz, en quoi il diffère du grenat , et quelquefois il ne peut que diffi- cilement rayer le verre. Il se casse facilement, et sa cas- sure est tantôt lamelleuse et tantôt conchoïde. Il est en général translucide , quelquefois pWBque dia- phane, et d'autres fois tout-à-fait opaque. Sa pesanteur spécifique , suivant Klaproth, varie de 2,44-5 à 2,4.90. Il est infusible au chalumeau sans addition ; ce caractère le distingue à la fois de l'analcime et du grenat, qui oiùent I. ;:;o 466 AMP la même forme cristallme : fondu avec le borax , il donne un verre blanc et transparent. D'après l'analyse que \auquelin a faite de l'ampbigène, ce célèbre chimiste a reconnu qu'il contient une quantité de potasse, qui s'élève au cinquième de son poids; et, ce qui est remarquable , c'est que la lave qui le renferme, et qu'il a pa- reillement analysée , est précisément composée des mêmes élémens, à l'exception de la petite quantité d'oxyde de fer que contient la lave , et qui est presque nulle dans la leucite. Leucite. Lai>e. Silice 55 53 Alumine 21 18 Chaux 2 2 Potasse, environ. . . . 20 . . environ . 17 Oxyde de fer, une trace 6 Perte 2 4 100 100 On a renoncé depuis long-temps à l'opinion qui tendoit à faire regarder les cristaux d'amphigène comme des grenats décolorés ; mais l'on n'est pas d'accord sur leur origine. Suivant Dolomieu, les cristaux de cette substance existent antérieurement à la formation de la lave qui les renferme, et ont été seulement saisis par elle au moment de sa fusion. Il établit son opinion sur Tinfusibilité de la leucite et sur la présence de ses cristaux dans les masses rejetées intactes par le Vésuve , lors de ses éruptions ( J. des M. , t. 5 , p. 177 et suiv. ), D'autres géologues , à la tête desquels sont MM. Léo- pold de Buch et Salmon , regardent l'amphigène comme le résultat d'une sorte de vitrification , qui se seroit cristallisée dans les courans de laves fluides , au moment de leur refroi- dissement, ou qui auroit été produite dans la pâle de ces laves, pendant que l'action des feux souterrains faisoit bouillonner' celle-ci dans l'intérieur des foyers volcaniques , et auroit cristallisé ensuite. Une de leurs raisons est tirée de ce que les cristaux de leucite de Borghetto contiennent des grains ou des portions de la lave dans laquelle ils sont renfermés. T^. le Journal de physique , t. 48, p. 4^2 , et t. 49^ p- 262. M. Pâtrin partage l'opinion de ces savans, et regarde comme hors de doute la formation ignée des cristaux d'amphigène. L'ampîÉgène se trouve en cristaux disséminés, d'une forme très-nette , dans les basaltes de l'Etat romain, et souvent en assez grande quantité pour leur donner une apparence por- phyrique : il abonde surtout dans les terrains d'alluvion qui proviennent de la décomposition de ces mêmes basaltes. Les laves poreuses du Vésuve en contiennent souvent qui sont A u P ie^ opaques, et quelquefois mt-me terreux. On le rencontre en- core en cristaux isolés et en grains arrondis, parmi les amas de scories en fragmens , dans les pouzzolanes et dans les tufs vol- caniques. Leur quantité est immense, dit Breislak, dans les montagnes d'Albano , de Tivoli, de Caprarola, Yiterbe , Aquapendente , Civita-Castellana et JBorghetto. Le terrain de la Yilla-Conli à Frascati en est rempli. M. George Santi en a également observé à Pietralata et aux environs de Pitigliano, dans le pays de Sienne, dans des terrains d'alluvion où ils sont mêlés de fragmens de feldspath , de pyroxènes, de paillettes de fer oligiste , etc. Ils sonttrans- parens et très-durs. Enfin , Spallanzani rapporte qu'il existe sous différens états d'altération dans une lave gris-noirâtre, éparsen morceaux stu" le chemin qui conduit de la ville, aux Etuves , dans l'ile de Lipari. On le trouve aussi associé avec le mica, l'amphibole, le grenat noir et jaune , la néphéline et le pyroxène , la chaux carbonalée laminaire ou cristallisée, dans les blocs lancés hors des cratères par l'action des gaz élastiques, sans avoir éprouvé l'action du feu , comme à Monte-Somma. Il est encore en masse informe, comme base de la roche dans laquelle sont renfermés quelques cristaux des substances désignées ci-dessus ; il a un luisant gras et une demi-transpa- rence laiteuse. Ses cristaux sont aussi enchatonnés dans des masses laminaires de mica noir ou brun, et en géode dans la chaux carbonatée micacée. Il paroit douteux que ce minéral existe hors des terrains volcaniques , et notamnjent en Norwège. (luc. et pat.) AMPHINOME , Amphinome. Genre de vers établi par Bruguières, aux dépens des Aphrodites de Linnœus , et dont les caractères sont d'avoir un cforps allongé, un peu aplati, articulé , garni de chaque côté de deux rangées de branchies dorsales , unies , en huppe , en écailles ou en pinnules ; quel- ques filets simples à l'extrémité antérieure ; une bouche, sous cette extrémité , sans mandibules ni mâchoires. liCS amphinomes vivent toutes dans les mers entre les tro- piques, et sont fort peu connues. Une des espèces, I'Amphi- NOME JAUNE , a le corps couvert de poils brillans , et toute l'apparence d'une Aphrodite. L' Amphinome chevelue;, que j'ai décrite et dessinée sur les côtes de la Caroline, est figurée pi. A. 4-- (b-) AMPHIPODES, Amphipoda, Lat. Ordre de crustacés ayant pour caractères : mandibules portant un palpe ; yeux sessiles et immobiles; tête distincte du tronc; troisième et dernière paires de mâchoire en forme de lèvre , avec deux palpes ou deux petits pieds réunis à leur base. Leur corps est 2^68 A M P foiblemenl cioistacé , le plus souvent comprimé et arqué. La tête est distincte , avec, deux yeux et quatre antennes presque toujours sétacées. La bouche est formée d'un labre , de deux mandibules portant un palpe filiforme et saillant ou décou- vert, d'une languette, de deux paires de mâchoires, avec deux pieds-mâchoires , au-dessous , et recouvrant les organes précédens , tantôt dilatés au côté interne, tantôt réunis à leur basé : ils représentent une lèvre inférieure avec deux palpes. Le tronc est divisé en sept anneaux , portant chacun une paire de pieds , dont les quatre premiers dirigés en avant , sont souvent terminés par une serre , avec un seul doigt, ou en griffe. A la base intérieure de chaque pied, en commen- çant à la seconde paire , est un corps ovale et vésiculeux , qui me paroit être une branchie. La poitrine offre en outre , dans les femelles , de petites lames ciliées sur leurs bords , destinées à recouvrir leurs œufs. Le cœur s'étend dans la longueur du tronc , comme dans les stomapodes , et res- semble à un vaisseau dorsal , mais ayant des rameaux. Le tronc se termine par une queue de six à sept articles , ayant en-dessous cinq paires de pieds-nageoires, sous la forme de fdets, et divisés en deux branches articulées; ils sont très- mobiles , analogues aux pieds branchiaux des stomapodes , et servent peut-être aux mêmes fonctions; Textrémité de celte queue est courbée en-dessous, et le dernier anneau est ordi- nairement terminé par de petits appendices en forme de styles articulés , épineux , et rarement par de petites lames en feuillets. Les amphipodes nagent et sautent avec agilité ^ et toujours posés sur le côté. Les uns habitent les ruisseaux et les fontaines, les autres les eaux salées. Leur accouplement ressemble à celui des insectes , le mâle étant placé sur le dos de sa femelle ; l'union dure quelque temps , et la fe- melle emporte souvent le mâle , qui est alors sous son ventre. Les œufs sont rassemblés sur la poitrine et recouverts par les petites écailles dont nous avons parlé , ce qui leur forme une sorte de poche ; ils s'y développent ; les petits restent attachés aux pieds ou à d'autres parties du corps de leur mère , jusqu'à ce qu'ils aient acquis assez de vigueur pour n'avoir plus besoin de ce secours. L Deux antennes. Le genre Phronyme. II. Quatre antennes. A. Les quatre antennes presque semhlahl es pour la forme; tes inférieures , n'imitant point des espèces de pieds. a. Antennes supérieures plus longues que les inférieures. Les genres Crevette , Mélite , Phéruse , Dexaminf , Leucothoé. AMP 469 b. Antennes supéneures plus courtes que les inférieures. Atyle, Orchestie, ïalitre. B. Antennes inférieures en forme de petits pieds. Les genres Corophie, Pedocère. Voyez aussi : AmphitiioÉ , Jasse , MjERA. (l.) AMPHIPOGONE , Amphipogon. Genre de plantes de la triandrie digynie , et de la famille des Graminées , établi par R. Brown , pour placer cinq plantes de la Nouvelle- Hollande , qui se rapprochent des SïiPES. Le caractère de ce genre consiste en un calice uniflore à deux valves, l'extérieure trifide , l'intérieure bifide ; les di- visions terminées par une arête sétacée ; la corolle a deux valves presque égales, (b.) AMPHIPRION, Amphiprionum. Genre de poisson con- fondu avec ceux des Lut.tans, des Amthias et des Sogho. II ne diffère des Pomacentres , que parce que les sous-or- bitaires et les quatre pièces des opercules , des espèces qui y entrent , sont dentées. L'Anabas et le Sogho ont fait partie de ce genre , qui ren- ferme cinq à six espèces , toutes des mers situées entre les tropiques, (b.) AMPHIROA , Amphiroa. Genre de polypier établi par Lamouroux, aux dépens des Corallimes. Ses caractères sont : polypier articulé, ranieux ; rameaux épars ; dichotomes, trichotomes ou verticillés ; articulations séparées les unes des autres , par une substance nue et cornée, (b.) AMPHISARQUE. Sorte de Fruit. V. ce mot. (b.) AMPHISBÈNE , Amphishena. Genre de reptiles de la famille des SERPE^s , dont le caractère consiste à avoir le corps et la queue nus , entoures d'anneaux à petites stries nombreuses, et point de crochets à venin. Ce genre renferme cinq espèces qui toutes ont la queue presque tronquée, et aussi grosse que le corps, de sorte que de loin on ne sait de quel côté est la tcte. Cette conformation a fait dire que les amphisbènes pouvoient indifféremment marcher en avant ou à reculons, et on l'a cru. On a encore dit des amphisbènes, comme des Anguis , que lorsqu'ils etoieat partagés en deux, leurs moitiés pouvoient se réunir, et quil falloil même employer la violence pour les empêcher de le faire. De ces propriétés , on a conclu que Vam- phisbène^ réduit en poudre, étoit un excellent spécifique dans les fractures. Ainsi, de faits faux, on a tiré , comme de cou- tume, des conchisions absurdes. Les deux espèces les plus connues de ce genre sont I'Am- PHISBÈNE ENFUMÉ «t I'AmPHISBÈXE BLANCIIET. 470 AMP Le premier a ordinairement d'un à deux pieds de long, et sa queue est à peine de quinze lignes. Il a environ deux cents anneaux sur son corps et trente sur sa queue. Sa cou- leur est presque noire, bigarrée de blanc; sa tête est garnie de six grandes écailles placées sur trois rangs ; sa langue est large, plane et hérissée de petites pointes en dessus, four- chue et libre -, ses yeux sont très-petits et recouverts d'une membrane; ce qui l'a fait croire aveugle comme les Anguis; son anus est entouré de huit tubercules assez gros. Il habile dans les Indes orientales, et principalement à Geylan. Il se nourrit de vers, d'insectes, et surtout de fourmis ; ce qui devroit, observe Lacépède, engager les habitans des pays où il se rencontre , à le défendre au lieu de lui faire la guerre , car il leur rend de continuels services en détruisant leurs ennemis les plus dangereux. Voyez pi. B. 6, où il est figuré. Le second est blanc , sans taches ; sa tête est recouverte de six grandes écailles. Il a deux cent trente anneaux au corps et dix-huit à la queue ; huit tubercules très-petits autour de l'anus. Sa longueur est ordinairement d'un pied et demi , et sa queue d'un pouce et demi. On le trouve dans l'Amérique méridionale , d'où je l'ai reçu. Il s'y nourrit de fourmis et d'autres insectes, (b.) AMPHISILE, Amphisile. Sous-genre de poisson intro- duit par Cuvier, d'après Klein, pour placer quelques Cen- TRISQUES qui s'écartent des autres. Les caractères de ce sous-genre sont : dos cuirassé de longues pièces écailleuses, dont l'épine antérieure de la première dorsale a l'air d'être une continuation. Les Centrisques écussonné et vélitaire , originaires de la mer des Indes , servent de type à ce sous-genre, (b.) AMPHISTOME, Amphistômo.. (ienre de vers intestins établi par Rudolphi , aux dépens des Fascioles de Linnœus. Il a pour caractères : un corps aplati, avec la bouche anté- rieure et l'anus à l'extrémité de la queue. Les espèces qui le composent ont été trouvées dans les HiBOUX et dans les Grenouilles. Voyez au mot Fasciole. Ce genre a été appelé Strigée par Abilgaard. (b.) AMPHITHOÉ, Amphithoë. Genre de crustacés , de l'or- dre des isopodes, établi par M. Léach, très-voisin des creoeties^ mais n'ayant point de soies à la base du quatrième article des antennes supérieures, ni de faisceau d'épines au-dessus de la queue. Ses pinces sont ovoïdes , ce qui dis- tingue ce genre de celui des Phéruses, de cet auteur, où les antennes et la queue offrent les mêmes caractères. M. Léach a composé ce genre sur un crustacé décrit par A M P 47, Montagu, dans les Transactions de la Société Linnéonne { Cancer rubricatiis ., IX, pac. 99). Foyez le onzième volume du même ouvrage , page 36o. (l.) AM^HIT OiTÈ , ylmphitdites. Genre de zoophyte fossile, découvert, par mon collaborateur Desmarest, dans les marnes de Montmartre. Ses caractères sont : zoophyte à corps fixé , sans axe calcaire , solide, branchu, à tiges ou rameaux formés de nombreuses articulations , ou anneaux emboîtés les uns dans les autres ; bord supérieur de cbaque anneau présentant une écbancrure alternativement opposée, et tout autour de ce même bord, une ligne ies, aux Phasiatselles et aux Janthines, pour en former le genre Conchylie. (b.) AMSALEIRA. Nom du Cica distique (b.) AMSONL\. r. au mot Taberî^é. (b.) AMULETTE. On plaint ordinairement les âmes foibles qui mettent leur confiance dans certains objets que la su- perstition a consacrés ; on se moque de leur crédulité et de leur ignorance , et l'on se croit beaucoup plus sage et plus rai- sonnable qu'elles. Mais on ne fait pas aUenlion qu'on porte quelquefois aussi des amulettes auxquelles on attache un grand pouvoir ; l'on ne fait pas attention qu'il est même dans la nature de l'homme d'avoir ainsi des objets de culte et de vé- pération , et qu'il n'est donné qu'à très-peu dl^esprils de jie dégager d'unepareille foiblcsse. Je pose même en fait , que tel esprit-fort qui se croit élevé au-dessus de ces croyances vul- gaires, a pourtant aussi ses amulettes; qu'elles sont même des objets nécessaires dans l'étal social et parmi toutes les nations. Les peuples sauvages, comme les Américains, les Nègres, les Insulaires de la mer du Sud, ont leurs amulettes qui consistent ordinairement en quelque pierre taillée et polie , en un mor- ceau de métal , d'ambre, d'os , un fruit sec , une représenta- tion grossière d'homme, de quelque figure obscène, de cer- taips caractères , etc. Les fétiches et les grigris des nègres , les manitous des sauvages d'Amérique, la plupart des dieux de l'ancien paganisme, ceux qu'on adore aujourd'hui aux Indes, au Tibet, en Tartarie, les plantes et les animaux sacrés de l'ancienne Egypte , et mille autres objets que les curieux amassent dans leurs collections comme autant de té- moignages des foiblesses humaines , sont aussi de véritables espèces d'amulettes. Tous les peuples y ont cru , y croient et y croiront toujours : c'est un phénomène qui s'observe par toute la terre. Le grand Lama envoie , dit-on, des sachets de ses excrémens aux souverains de l'Inde, qui les portent avec respect en amulettes : ailleurs , il y en a d'une autre espèce. On a guéri plusieurs fois des fièvres en faisant porter, atta- chés au cou, un crapaud, une araignée, du vif-argent, ou quelque écrit prétendu magique, tel que le mot ahracadahra^ et tel jargon aussi baroque, qu'on fait passer pour une oraison divine, ou pour un pacte avec quelque diable. Dans tout cela, il suffit d'agir avec force si^ l'imagination ; et l'on peut voir dans les Essais de Montaigne , comment il s'y prit pour guérir nn homme nouvellement marié , qui se croyoit ensorcelé, et qui prélendoit qu'on lui avoit noué l'aiguillette pour l'empê- cher de jouir de sa femme. Un bon villageois qui voyage , se munit prudemment de quelque relique , pour se préserver des mauvaises rencontres; un juif attache des phi/artères ^ ou des maximes de l'ancien Testament, dans la doublure de ses habits. De peur que les chiens ne tombent dans la rage pen- dant l'élé , on les marque , sur le front, d'un fer rouge ayant la forme d'un cornet de saint Hubert. 11 est ainsi mille pra- tiques superstitieuses parmi chaque peuple. Un Arabe , un Mahométan qui veut faire la moindre chose , va trouver un derviche , un marabou , qui lui donne d'abord une amulette pour réussir dans ses projets; il a grand soin de se faire bien payer, et exige ensuite force dévotions. Si le projet avorte ou n'a point de succès , c'est toujours la faute de l'homme , jamais celle de la relique. Chez les anciens, un gladiateur, un guerrier , avoient soin de porter quelque petit Dieu pour se préserver de la mort. C'est la foi qui seule transporte les A M U 475 montagnes. Les médecins , qui ont plus besoin que tous les autres hommes de cette influence sur l'imagination afi'oiblie et mobile des malades , avoient senti toute Timportance de ces remèdes moraux ; ils usoient jadis de talismans ou préser- vatifs, et d'une foule d'autres amulettes. Toutes les religions surtout ne peuvent se passer de ces moyens , parce que leur principale puissance est fondée sur l'imagination. En vain voudriez-vous désabuser certaines personnes que tel sachet d'apothicaire ne guérit point la fièvre ; vous n'en viendriez point à bout ; et d'ailleurs, quand vous réussiriez , quel avan- tage d'ôter une croyance qui eût pu enlever la fièvre à un malade fortement persuadé i^ Je soutiens , au contraire , qu'il est souvent avantageux au vulgaire d'être crédule sur de pareils objets. L'expérience de tous les siècles et de toutes les nations a montré , depuis long- temps , que la plus grande partie de l'espèce humaine crou- pissoit toute sa vie dans un état d'ignorance et de foiblesse de. raison. Il est même impossible d'arracher tout un peuple de cet état (je l'ai démontré dans mon Traité sur t éducation des Français, etc. ) ; car, dans les villes les plus éclairées et les plus savantes , la majeure partie des habitans demeure toujours enfoncée dans ses préjugés. IVIais, quand nous suppo- serions qu'on pût instruire également tous les hommes, en seroit-on plus avancé ? pourroit-on leur donner une raison solide ? leur ôteroit-on cette mollesse d'imagination , celte foiblesse d'esprit, qui dépend souvent de leur constitution physique ? Nous voyons en effet que les enfans, les vieillards, et beaucoup de femmes , sont surtout exposés à ces foiblesscs de l'âme , parce que leur corps est délicat , leur système ner- veux très-mobile , et leur imagination timide et vagabonde. Or , ces personnes ne peuvenl pas vaincre des penchans aussi inhérens à leur nature. Un malade affoibli , qui ne peut plus supporter des remèdes, a besoin de quelque consolation morale et de l'espérance, ce pain étemel des misérables : qu'importe qu'on l'abuse , pourvu qu'on le soulage et qu'on le sauve ! On en a vu de grands exemples, et les ouvrages de mé- decine en contiennent beaucoup de preuves. Un médicament inutile peut, lorsqu'on y a beaucoup de confiance, produire les meilleurs effets, surtout dans les affections morales, l'hy- pocondrie , le chagrin , etc. Lorsqu'on désabuse le monde de la vertu des amulettes, c'est donc une ressource ôtée aux esprits foibles ; et Ton convient qu'ils composent le plus grand nombre dans l'espèce humaine. Qu'un médecin, qu'un mi- nistre d'un culte , proposent quelque praliq[ue mystérieuse, quelque médicament magique aux personnes qui ajoutent foi à ces secours ; ils pourront opérer beaucoup de bien par ce 476 A M U moyen : il est vrai qu'on peut aussi en abuser si l'on n'est pas honnête ; mais ce malheur est commun à beaucoup d'autres choses utiles. 11 est certain, cependant, qu'on ne peut jamais venir à bout de certaines maladies qu'en les traitant par le moral , et à l'aide d'une forte crédulité : combien de névroses sont le résultat de la foiblesse de l'esprit , de la crainte , de la pusillanimité ! D'ailleurs , la phipart des hommes se gouvernent par les sens et par l'imagination, bien mieux que par la pure raison; c'est un fait d'observation dont chacun peut s'assurer. Lors- qu'on veut donc agir sur ses semblables, il faut s'adresser plutôt à leurs sens qu'à leur esprit. Les hommes qui se moquent de toutes ces superstitions et de ces croyances ridi- cules, ont raison suivant la réalité, mais ils voient mal selon la politique. On demande s'il est utile que le peuple soit trompé pour son avantage, comme l'ont fait Lycurgue,Numa, Solon , Mahomet et tous les législateurs qui ont feint d'en- trer en commerce avec la Divinité , pour donner plus de poids et de force à leurs institutions politiques. Les effets ont prouvé que cette pratique étoit bonne. Lorsqu'on veut détromper les hommes de la pensée que la Divinité s'intéresse h leurs lois, ils ne les regardent plus que comme les productions de l'intérêt individuel , ou du caprice des souverains. De même les anciens croyoient beaucoup plus à l'action des remèdes, qu'on n'y croit aujourd'hui -, aussi la médecine a perdu la plus grande partie de ses moyens : car on lui ôte tout lors- qu'on lui enlève la confiance. Je conclus donc que les amu- lettes, les talismans, les petites superstitions qui ne font aucun tort à la morale , sont utiles dans certains cas pour ceux qui y ajoutent foi , et qu'un honnête homme peut les employer sur les âmes foibles , quoiqu'il n'y croie pas. 11 y a d'autres espèces d'amulettes , qui n'ont un but d'uti- lité pour nous , que par rapport aux autres hommes. Par exemple, le costume , les ornemens qui font remarquer et respecter les magistrats, les juges, les ministres des cultes , etc., ne changent pas la" nature des individus; cependant, ce sont des espèces de talismans ou d'amulettes qui agissent sur tout le monde. On est porté à croire honnête un homme bien couvert , et à regarder comme un coquin , ou peu s'en faut , un pauvre misérable , quelque vertueux qu'il puisse être. Un billet de banque est une espèce d'amulette , qui a de la valeur parce qu'il jouit de la confiance ; autrement ce n'est plus qu'un chiffon de papier. Quand on donne du pain pour de l'or , il est clair qu'on reçoit une amulette pour un ali- ment , car l'or n'a de valeur que par convention ; s'il étoit aussi commun que les pierres, on ne s'en soucieroit nulle- A M Y 4„ ment. Tout ce qui est fondé sur la croyance et les conventions «les hommes , peut donc être considéré comme amulette , et a son utilité quand on sait en faire un bon usage ; l'homme sage peut en tirer parti, puisque telle est la nature de l'espèce humaine. (viREY.) AMULI. Nom indien d'une Gratiole et d'une Hot- TONIE. (b.) AMUYONG. Fruit du Cardamome, (b.) AMVALLIS. r. CiccA. (b.) AMWAGHAHA. Nom du Manguier à Ceylan. (b.) AMYGDALITES. V. Amygdaloïdes. (s.) AMYGDALOÏDES. On donne le nom de rorJi es glandu- leuses , ou à' amygdaloïdes {niandelstein des Allemands) , à des pierres dont le fond ou la pâte est, pour l'ordinaire, une matière argileuse durcie, chargée d'oxyde de fer, et d'une couleur rembrunie , ayant plus ou moins de ressemblance avec le irapp ou la coméenne. Les glandes qui s'y trouvent disséminées sont : ou des globules de stéatite ou de spath calcaire , ou des géodes quarzeuses, tantôt vides, tantôt plus ou moins remplies de quelque autre substance. Quelques-uns des alvéoles sphé- roïdaux de la pierre sont parfois absolument vides. Les naturalistes ne sont pas d'accord sur l'origine et le mode de formation de ces sortes de pierres ; les uns les regardent comme un produit de la voie humide , et les autres comme d'anciennes laves; et il est probable que la nature en a formé par des voies différentes. Parmi les vaiiolites , par exemple, les unes peuvent être regardées comme des roches primitives : les vaiiolites de lu Durance sont de ce nombre ; mais d'autres semblent être formées d'une matière volcanique. On peut dire , en général , que lorsque le globule est non -seulement très - adhérent à la pierre qui le contient, mais qu'on observe entre eux une sorte de liaison et de tran- sition , l'un et l'autre ont été formés en même temps, et que c'est une véritable pierre glanduleuse. Mais, quand le globule tranche nettement sur le fond, comme un galet dans un poudding, et surtout quand il paroit d'une nature fort différente du fond de la pierre , il est très- probable que c'est une ancienne lave dont les soufflures ont été postérieurement remplies ; comme cela est amvé aux laves qui contiennent les agates, et notamment aux laves du Yicentin, qui renferment des calcédoines enliydres , et dont personne ne conteste l'origine volcanique. Il peut néanmoins arriver que les échantillons qu'on a sous les yeux , laissent de l'incertitude sur leur origine : dans ce ou 478 A N A cas , il n'y a que la vue des localités qui puisse fixer Topin à cet égard. Si, par exemple, la pierre dont il s'agit se trouvoit dans un lieu voisin d'anciens volcans , et qu'en même temps elle offrît , dans son intérieur, quelques alvéoles vides , il seroit infiniment probable que c'est une lave. Mais si , au contraire , la pierre glanduleuse se trouvoit encaissée dans des couches primitives, et qu'elle fût d'une nature analogue à ces roches , il seroit hors de doute que c'est une véritable pierre glanduleuse , et que les globules lui sont contemporains , et ont été formés par cristallisation et par un jeu particulier des affinités , comme dans le grande (le Corse, qu'on peut regarder comme la roche glanduleuse par excellence. Si la roche qui contient les globules étoit schisteuse , ce seroit encore une preuve de plus , qu'elle n'a rien de com- mun avec les volcans : tels sont les schistes micacés obser- vés par Saussure au mont Saint-Gothard. V. Basalte , Lave , TOAD-STONE, TrAPP, VaRIOLITE , VOLCAIS. (PAT.) Ce mot à'amygda/dide ou amygdalithe , c'est-à-dire , pierre à amandes, ne désigne pas une espèce particulière de pierre, comme l'a observé Dolomieu , mais une manière d'être qui est commune à des masses minérales de nature et d'origine très-différentes. V. RocuES amygdaloïdes et Roches glan- nULEUSES. (LUC.) AMYMONE. Muller avoit donné ce nom à un genre d'entomostracés , qui a été reconnu depuis, par Jurine, n'être composé que de jeunes individus des espèces du genre Cyclope.(b.) ANABAS, Anabas. Genre de poissons établi par Cuvler, aux dépens des Anthias de Bloch. Il est fort rapproché d,cs Kurtes et des Ampiiiprions. Ses caractères sont : tête et corps entièrement couverts de larges écailles ; museau court ; dents en râpe aux deux mâchoires, fortes et coniques au pharynx; des dentelures aiguës au sous-orbitaire , à l'o- percule et au préopercule. L'Antiiias testudi>é , qui sert de type à ce genre, rampe sur la terre, monte même sur les palmiers pour se tenir dans l'eau de pluie amassée entre la base de leurs feuilles. Il s'appelle sénal dans l'Inde , son pays natal, (b.) ANABASE, Anahasis. Genre de plantes de la pentandrie digynie, et de la famille des Arroches, dont le caractère con- siste à avoir un calice persistant de cinq parties, muni exté- rieurement de trois écailles ou bractées arrondies ; cinq étamines saillantes ; un ovaire supérieur, chargé de deux styles terminés par un stigmate obtus; une baie monosperme, en partie formée par le calice , à semence contournée en vis. A N A 47g Les anahases^ dont on connoît quatre espèces, ont beau- coup de rapport avec les Soudes , et croissent, comme elles , sur les bords de la mer. Toutes sont de très -petits arbris- seaux dont on ne se sert que pour brûler. Les deux espèces les mieux connues, dont lune n'a point de feuilles, ne se trouvent que sur les bords de la mer Caspienne. Les deux autres viennent de l'Espagne, (b.) ANiVJBLÈPE , Anableps. Genre de poissons établi par Bloch, pour placer une espèce de Cobite, qui diffère trop des autres pour leur rester unie. Il a pour caractère un corps cylindrique, une bouche munie de dents, deux prunelles à chaque œil. La première de ces espèces est I'Anablèpe gros yeux, Cobiiis anableps^ Lin., dont les yeux sont saillans, et qui a deux barbillons à la bouche. Elle se trouve dans les rivières de Surinam , et parvient à huit à dix pouces de long. Sa chair est fort estimée. Bloch , qui a été à portée d'observer plusieurs individus , mâle et femelle, de cette espèce, a constaté qu'elle étoit vi- vipare , et qu'il y avoit dans le mâle une partie saillante qui permettoit un accouplement complet. Lacépède a, le premier, étudié l'organisation des yeux de ce poisson; c'est dans son ouvrage même qu'il faut ap- prendre à connoître les faits singuliers qu'elle présente. I.» Elle est vivipare; la matrice de la femelle consiste en un grand sac, divisé en deux parties parmi étranglement , et contenant une grande quantité de fœtus, entourés chacun d'une membrane transparente. 2.° La nageoire de l'anus du mâle diffère de celle de la femelle : dans celle-ci elle est composée de neuf rayons dis- tincts , mais on n'en aperçoit que trois aux mâles. Les autres se réunissent à un tuyau entouré d'une membrane écailleuse. Ce tuyau est, d'après l'observation de Bloch, le conduit de la semence du mâle; aussi l'accouplement parfait étoit-il né- cessaire , puisque la femelle est vivipare. Cette circonstance physiologique est d'une importance majeure, et doit être soigneusement notée. V. au mot Poisson. 3." Les nageoires, excepté les ventrales, sont presque en- tièrement couvertes d'écaillés , phénomène, rare chez les poissons de cette division. Bloch a donné quelques détails anatomiques sur Vanablèpe gros yeux, qui constatent que les faits ci-dessus ne sont pas les seuls dignes de remarque. On renvoie à son ouvrage ceux qui désireront de plus grands développemens à cet égard. Il faut ici se borner à la description extérieure qui intéresse le plus le naturaliste proprement dit. 48o A N A La niemLrane branchiostège a cinq rayons; la nageoire abdominale, vingt-deux-, la ventrale, sept; l'anale, neuf; la caudale, dix-neuf; et la dorsale, sept. La tête est plus large que baute , et tronquée sur le devant; la mâchoire supérieure est la plus longue; tout l'intérieur de la bouche est hérissé de petites dents ; les yeux sont gros, et ont une double prunelle , c'est-à-dire qu'ils sont divisés en deux par une bande transversale noire. Ils présentent d'ail- leurs une organisation différente des yeux des autres poissons, ainsi qu'on peut le voir dans Bloch, ou dans V Histoire Na- turelle des Poissons, faisant suite au Buffon^ édition de Deter- ville. La couleur de ce poisson est grise , avec cinq lignes noires de chaque côté. V. pi. A. 7 , où il est figuré, (b.) ANACA. V. Perruche Anaca. (v.) ANACAMSEROS. V. Orpik. (b.) ANACANDAÏA. Nom d'un serpent de Surinam , qui , s'il n'est pas le Eoa DEVlls , est une espèce du même genre qui s'en éloigne peu. On en a vu de trente-trois pieds de long , assez forts pour dompter de»buffles et des tigres. (B.) ANACAINDEF. Petit serpent de l'île de Madagascar, de la grosseur d'un tuyau de plume, qu'on dit entrer dans le fondement de ceux qui vont à la selle , et occasionner la mort, si on ne parvient à l'ôter. On doit douter du fait qu'on lui impute, (b.) ANACARDIER, Jnarardium. Genre de plantes de l'en- néandriemonogynieetde la famille desTÉRÉBllsTHACÉES, dont le caractère consiste en un calice campanule semi-quinqué- fide; cinq pétales ovales plus grands que le calice; cinq éta- mincs; un ovaire supérieur, chargé de trois styles courts à .stigmates obtus; une espèce de noix oblongue, légèrement aplatie sur les côtés, ayant la forme d'un cœur d'oiseau, et pontée sur la base épaissie du calice qui l'enveloppe infé- rieurement. Cette noix contient, sous une double enveloppe fort dure et celluleuse , un noyau aplati qui renferme une amande. Ce genre comprend deux arbres , dont l'un a les feuilles larges, et l'autre les a longues. Ce dernier, que Lamarck erolt^^tre le n^éme que le semtcarpus anacardium de Linnaeus , est celui qui donne ce qu'on appelle, dans le commerce, anacarde, fève de malac , ou noix de marais, et qui fournit une grande quantité d'un vernis fort recherché à la Chine et pays circonvoisins , quoiqu'il soit d'une qualité inférieure à plu- sieurs autres, propres aux mêmes contrées. Les amandes d'anacarde sont très-bonnes ; elles ont un goût de pistache ou de châtaigne. On en ôte l'écorce en les A N A ^81 ftiisant rôtir soils la cendre ; on les confit, soit vertes, dans du sel, soit niùres, dans du sucre. On prétend qu'elles ont la propriété d'atténuer, de diviser les humeurs, d'exalter tous les sens, de donner même de l'esprit à ceux qui en manquent. Le suc mucilagineux de leur écorce fait dispa- roîlre les dartres et les feux du visage ; mais l'emploi de ce suc demande des précautions, car il est très-caustique. Les -Indiens s'en servent aussi pour faire passer leurs écrouelles, etc. On l'eniploie avec la chaux , pour marquer le linge d'une ma- nière indélébile. On fait une excellente encre avec ses fruits verts. lu anacardier est un grand arhre dont les feuilles sont lon- gues de onze pouces, et qui croît sur le bord des fleuves dans l'Inde et les pays adjaccns. Il est appelé bibo dans le pays. On en mange les jeunes pousses. On l'a confondu avec rAvi- CÈNE et avec TAcajou , Casswium ., Linn. V. pl.'A. 8 de ce Dictionnaire , où il est figuré, (b.) ANACHARIS, Anadharis. Petite plante aquatique du Brésil, à feuilles opposées et à fleurs solitaires et axillaires, dont Richard fait un genre dans la dioécie monadelphie et dans la famille des Hydrochajiidées. Les caractères de ce genre sont : une spathe bifide; un ca- lice à six folioles , dont les trois intérieures sont plus lon- gues et colorées ; neuf anthères portées sur une colonne charnue. Les fleurs femelles et le fruit ne sont pas connus. (B.) ANACO. On croit que c'est le Filao de Madagascar, (b.) AiNfACOCK. C'est le nom d'une espèce de Haricot d'A- mérique , et celui du fruit du DoLic d'Egypte, (b.) ANACOLUPPA. Plante de l'Inde, dont on dit que le suc soulage les accès d'épilepsie , et guérit de la morsure de la vipère naja. 11 est probable que c'est la Zapane ou Ver- veine NODIFLORE. (B.) ANA COMPTIS. Arbre inconnu, de Madagascar, dont le fruit est laiteux et sert à faire cailler le lait, (b.) ANACONDAÏA. C'est le Boa devin, (b.) ANACYCLE, Anacychis. Genre de plantes de la syngé- nésie polygamie superflue, et de la famille des corymbifères , dont le caractère est d'avoir les fleurs terminales composées de fleurons hermaphrodites, tubulés, quinquéfides , placés dans son disque , et de fleurons femelles , à limbe entier , situés à sa circonférence. Elles ont un calice commun hémisphérique et imbriqué ; l^r réceptacle garni de pail- lettes. Leurs semences sont membraneuses sur les bords, crénelées , ou simplement échancrées au sommet. Les plantes de ce genre très-voisin des Camomilxe5 et des I. 3l 483 A N A CoTULES, ont les feuilles Irès-découpées. On en connoît trois ou quatre espèces, toutes annuelles, qui croissent natu- rellement dans les parties australes de l'Europe , et qui ne présentent aucun intérêt particulier, (b.) ANADARA. Espèce d' Arche, (b.) ANADÉNIE, Anadenia. Genre de plantes de latétrandrie monogynie et de la famille des protées , qui réunit trois ar- brisseaux de la Nouvelle-Hollande , dont aucun n'est cultivé en France. Ce genre a pour caractère : un calice de quatre folioles , dont l'extrémité est concave et staminifère ; un ovaire di- sperme astigmate conique yune follicule uniloculaire et mo- nosperme par avortement ; des semences sans ailes, (b.) ANADYOMÈNE , Anudyomena. Genre de polypier fla- belliforme , sillonné de nervures articulées , symétriques , vides dans le centre , enveloppées d'une matière gélatineuse , établi par Lamouroux dans la famille des Alcyons, (b.) ANAGALLIS. V. Mouron, (b.) AN AGEINITE , c'est-à-dire , reformé après coup , régénéré. M. Haiiy donne ce nom à la brèche ancienne ( Urfels Conglo- mérai, W^erner). V. Roches, (luc.) ANAGYRE , Anagyris. Arbrisseau naturel aux pays méri- dionaux de l'Europe , qui forme un genre dans la décandrle monogynie et dans la famille des légumineuses. Ses caractères sont : calice persistant , à cinq dents ; corolle papilionacée , remarquable par sa carène fort allongée et par son étendard très-court et un peu réfléchi en dessus ; dix étamines dis- tinctes; un ovaire oblong , chargé d'un style à stigmate simple et pubescent ; gousse un peu courbée , qui renferme trois à cinq semences bleuâtres. Cet arbrisseau s'élève à la hauteur de six à huit pieds, et répand une mauvaise odeur lorsqu'on le froisse : aussi l'appelle^ iMiti buis puant. Ses feuilles sont ternées, et leurs folioles ter- minées par une pointe. H fleurit de bonne heure et est agréable à la vue ; mais on peut difficilement le cultiver dans le Nord , attendu qu'il est extrêmement sensible à la gelée. Ses fleurs naissent par petits bouquets axillaires. Les feuilles de cet arbuste passent pour résolutives, et ses semences pour un puissant vomitif On les dit , à petites doses et grillées comme le café , très-utiles contre ks va- peurs, (b.) ANAHAMEN. V. Anémone des jardins, (b.) ANAKUEY. Scnsitive d^ Madagascar, (b.) ANALCIME, c'est-à-dire , corps sans vigueur, à cause de la foible vertu électrique que reçoit ce minéral , au moyen du frottement ( Hauy ). Confondu pendant long-temps avec A N A 4.83 plusieurs autres substances désignées comme lui sous le nom commun de zéolilhes ( K. ce mot ) , il en a été séparé par M. Haiiv. Dolomieu , qui Ta observé le premier , le nom- moi t zcolithe dure : c'est le kuhizit de Werner. Ses caractères sont peu saillans; le principal se tire de sa forme primitive qui est le cube ; en quoi il diffère de la cliabasie qui a été nommée comme lui zéulilhe cubique , wilr- jet zeolilh , par Reuss. Il ne présente pas non plus de joints parallèles aux faces d'un dodécaèdre rbomboïdal comme l'amphigène, et d'ailleurs il est fusible, sans boursoufflement , en un verre blanc transparent ; tandis que ce dei^nier résiste à l'aclion du feu. Sa pesanteur est environ 2 ; sa cassure , un peu ondulée quand il est transparent, est compacte au contraire, et h. grain fin , s'il est opaque. 11 raye légèrement le verre : diffi- cile à électriser par le frottement , il ne devient pas élec- trique parla chaleur. L'analcime de Montecchio-Maggiore dans le Vicentin est composé comme il suit, d'après l'analyse de M. Vauque- lin : silice , 58; alumine , 18 ; chaux, 2 ; soude, 10 ; eau , 8,5; perte ,3,5. M. Haiiy distingue deux variétés de formes régulières; l'a- nalcime triépointé et l'A. trapézoïdal. 1. Analcime triépoinlé ; le cube dont les huit angles solides sont remplacés chacun par trois facettes triangulaires : des îles Cyclopes et de l'Etna. 2. Analcime trapézoïdal ; solide sphéroïdal formé par la réunion de vingt - quatre trapézoïdes égaux et semblables ; analogue aux variétés du grenat et d'amphigène qui portent ce nom : du Vicentin , de l'Ecosse et de la vallée de Fassa. L'analcime se trouve en cristaux dans les cavités des bves prismatiques (basaltes ) des îles Cyclopes , voisines de Ca- tane , et dans celle d'une argile grise ( wacke ) , abondante en coquilles fossiles, qui les recouvre. Ils paroissent y avoir été déposés par infdtration , et non pas avoir été enveloppés par la lave en fusion, comme les cristaux d'amphigène , sui- vant l'opinion de Dolomieu, admise par plusieurs autres géo- logues. On en rencontre aussi de très-nets , avec d'autres cristaux, dans les roches amygdaloïdes du Vicentin, à Dum- barton aux environs de Glascow en Ecosse , et dans le ba- salte à Elva , dans le même pays. IMais les plus gros cris- taux connus viennent de la vallée de Fassa , dans le Ty- rol ; plusieurs d'entre eux ont jusqu'à trois pouces de diamè- tre ; ils sont engagés dans une matière terreuse , verdâtre , regardée par les uns comme une wacke , et par les autres comme un grunstcin décomposé. Les cristaux d'Ecosse et du 484 A N A Tyrol sont opaques , blanchâtres et plus ou moins colorés en rouge incarnat ; ceux qui sont transparens viennent de Sicile et du Vicentin. On indique encore l'analcime dans le pays de Bade et dans les mines d'Arendal. (luc.) ANAMENIE , Anamenia. Genre de plantes établi par Ventenat, pour placer quelques espèces qui avoientété mal à propos rapportées aux Adonides par Linnseus. Ce genre , appelé Knowltonie par Salisbury , a pour caractères : un calice à cinq folioles ; cinq pétales , ou davan- tage , à onglet nu ; un grand nombre d'étamines ; un grand nombre d'ovaires insérés sur un réceptacle globuleux ; un grand nombre de baies monospermes. L'Adonide du Gap doit être regardée comme le type de ce nouveau genre , qui renferme cinq espèces , dont une nou- velle est figurée pi. 22 du Jardin de la Malmaison, (b.) ANANACHICARIRI. Palmier du Brésil, qui peut être rapporté au Lontar. (b.) ANANAS , BromeUa. Genre de plantes de l'hexandrie mo- nogynie et^de la famille des narcissoïdes , dont le caractère est d'avoir un calice supérieur, persistant, et à trois divisions; une corolle profondément divisée en trois parties, plus longues que celles du calice ; six étamines courtes , insérées sur la corolle ou sur une glande calicinale ; un ovaire inférieur , chargé d'un style filiforme , terminé par un stigmate trifidc. Le fi-uit est une baie arrondie , ombiliquée , qui renferme des semences oblongTics et nombreuses. Ce genre, qui se rapproche beaucoup de I'Agave et des Caragates, comprend dix à douze espèces , parmi lesquelles I'Ananas proprentent dit est la plus célèbre. Ses caractères son^ d'avoir l'épi feuillu et les feuilles ciliées en leurs bords par des épines. Cette espèce , ainsi qu'une autre appelée Jcartiias par Linnœus, porte ses fleurs sur un réceptacle com- mun, et sa corolle est monopétale ; mais les autres ont cha- que fleur sur un réceptacle particulier , et leur corolle est polypétale , ce qui forme deux divisions bien tranchées. Les ananas de cette seconde division , qui sont presque tous de l'Amérique méridionale , ne se mangent point , et servent à faire des haies. L'A^ANAS PROPREMENT DIT , OU AnANAS À COURONNE , Bromelîa ananas , Lin., semble réunir en lui le parfum et le goût de la fraise , de la framboise , de la pèche , de la pomme de rainette et de nos autres meilleurs fruits. D'ailleurs sa gros- seur, sa forme ovale ou pyramidale , sa couleur dorée et la couronne de petites feuilles dont il est surmonté , lui donnent sur tous les autres une supériorité méritée , et qu'on lui dis- A N A 485 puteroît en vain. F. pi. A. ,8 de ce Dictionnaire , où il est figuré. On cultive Tananas depuis long-temps dans les îles les plus chaudes des Indes occidentales ; mais il nV a pas un très- grand nombre d'années qu'il est cultivé en Europe de ma- nière à donner d'b fruit. II offre beaucoup de variétés, qui peuvent être réduites à sept. Ces variétés sont : i." [ananas épineux à fruit ovale, et dont la chair tire sur le blanc : il est le plus commun en Europe , mais n'est pas le meilleur pour la qualité ; on le connoît sous le nom iX ananas hhinc ; 2.° V ananas épineux ^ à fruit pyramidal et à chair douce ; il est plus gros et a une saveur plus agréable que le précédent ; 3." Vananas épineux , à fruit conique très- gros , appelé ananas pain de sucre ; il surpasse les derniers en grosseur , et a un meilleur goût ; 4-° [' ananas de Moniserrat , de couleur d'olive en dehors, et jaune en dedans ; son odeur et sa saveur approchent de celle du coing ; 5." Y ananas pomme de rainette , ainsi nommé parce qu'il en a à peu près l'odeur et le goût ; 6." Vananas à feuilles d'un veii clair et presque sans épines^ ouV ananas pitte ; j." enùnVananasproliJere , qui diffère des autres en ce qu'au lieu d'avoir une couronne sur le som- met du fruit , il en sort de petites entre les baies. Toutes ces variétés se multiplient ou par semis ou par cuu- wnne. En semant souvent, on en obticndroit vraisemblable- ment de nouvelles , mais cette voie est lente. Les vieux pieds à'ananas fournissent plus ou moins d'œil— letons ; lorsqu'on veut nmltiplier par eux la plante , on les détache adroitement du tronc , en l'endommageant le moins qu'il est possible. Us sontmis ensuite surlestablettcsdelaserre chaude , ou dans tout au*re lieu sec et chaud ; et quand on s'aperçoit que leur base est desséchée au point d'être ferme et coriace, on les confie alors à la terre. C'est en avril qu'on doit faire cette opération. Si on désire se servir de la couronne pour avoir un nou- vel individu , on la coupe sur le fruit dans la ligne de démar- cation ; on en détache les feuilles inférieures , dans toute la partie qui doit être enterrée , et on la met sécher sur des plan- ches jusqu'à ce que sa plaie soit cicatrisée. Alors, on la plante et on la traite comme les œilletons : quelques personnes pen- sent que les ananas élevés de rejetons donnent plus tôt leurs fruits. Miller n'est pas de cet avis. La terre qui convient le mieux à la culture de Vananas est celle d'un jardin potager. Elle doit être riche , ni trop forte ni trop légère. On la compose en mêlant à de la terre fraîche de prairie , un tiers de fumier de vache consommé , qui ait au moins trois ans , ou de fumier pouri d'une vieille 4-88 A N A couche à melons, et un demi-tiers de terre sablonneuse, la meilleure qu'on puisse trouver. On ne doit se servir de cette terre que six mois ou un an après qu'elle a été faite. Elle est destinée à remplir les pots dans lesquels on met les avouas. Il faut commander ces pots exprès , car on en trouve rare- ment qui soient faits pour cette plante, (d.) Ananas-pittr. Espèce d'y^NANAS , non épineuse, (b.) ANANAS. Espèce de madrépore, (b.) ANANAS DES BOIS. C'est la Caragate àépis tron- qués et I'AnANAS PINGUIN, (b.) ANANCHITE. Genre établi aux dépens des Oursins. Le caractère des ananchifes est d'avoir un corps irrégulier, conoïde ou ovale , garni de plusieurs rangées de pores qui forment des ambulacres complets, rayonnans du sommet à la base ; la bouche près du bord, labiée et transversc ; l'a- nus latéral et opposé h la bouche. Les ananchlles n'ont encore été trouvés que fossiles, et le nombre de leurs espèces est fort peu considérable, (b.) ANANTALY MARAVARA. Nom malabare de l'Épi- DENDRE À FEUILLES OVALES, (b.) ANvVPARUA. C'est le Poihos erimpant. (b.) ANAPURA. Nom que Laert (Descript. des Indes occi- dentales) donne à un perroquet varié de bleu , de rouge , de jaune , de brun , de vert et de noir , qui , dilril, s'apprivoise aisément, fait son nid et élève ses petits en captivité, (v.) ANARAK. C'est ainsi qu'on appelle la Linote dans le Groenland, (v.) ANARDLOK. On donne ce nom à l'ANARniQUE loup et au Cycloptère lump, (b.) ANARGASI. Arbre des PhilipJ)ines , del'écorce duquel on tire une filasse propre à remplacer celle du chanvre. Son genre n'est pas connu, (b.) ANARHIQUE, ylnarhîchas. Genre de poissons de la di- vision des Apodes , dont le caractère consiste dans un mu- seau arrondi ; plus de cinq dents coniques, et plusieurs mo- laires à chaque mâchoire -, une longue nageoire dorsale. Ce genre renferme trois espèces , savoir : I'Anarhique- LOUP, qui a quatre os maxillaires à chaque mâchoire ; les dents osseuses et très-dures. Il se trouve dans les mers de l'Europe septentrionale, où il parvient quelquefois à la lon- gueur de plus de quinze pieds , et où il porte le nom de Loup marin , à raison des ravages qu'il exerce parmi les autres ha- bitans de la mer. V. pi. A. 7, où il est figuré. Le corps de Vaiuirhùfue-loiip est allongé , comprimé ; sa peau épaisse et dure ; sa tête grosse et obtuse; l'ouverture de sa bouche grande , et garnie de dents redoutables par leur Ion- A N A 487 giieur et leur grosseur ; on compte cinq rangées de mo- laires à la mâchoire supérieure , et trois à rinféricure ; mais ce nombre varie : la langue est courte et semblable à celle des ^juadrupèdes ; l'œil est allongé , Ct se« environs font voir quelques petits trous glanduleux ; on en voit également sous la mâchoire inférieure : Tanus est large et plus près de la tête que de l'extrémité de la queue ; les écailles sont minces et rares » et la peau gluante ; le dos est d'un gris foncé , fascié , ct ponctué de brun ou de blanc ; le ventre est blanc. Ce poisson nage par ondulation à la manière des anguilles. Il approche rarement des côtes dans un autre temps que celui du frai , c'est-à-dire , au printemps, époque où il vient déposer , sur les plantes marines , des œufs de la grosseur d'un pois , et où on le prend facilement au filet , à l'hameçon et à la fouenne. Sa chair est ferme et grasse , et les habitans des pays septentrionaux la mangent avec plaisir , fraîche ou sèche. Uaiiarhique loup est très-fcrocc ct très-vorace ; il se jette goulûment sur sa proie, c'est-à-dire, sur les autres poissons, et sur les crustacés et les coquillages, qu'il avale presque sans les mâcher, quelque bien muni de dents qu'il soit ; son canal intestinal très-court, et son anus très-large, font qu'il ne con- serve pas long-temps dans son corps les parties indigestibles des animaux qu'il a dévorés, et qu'il a fréquemment besoin de renouveler ses massacrespoursalisfaire son appétit. Ses mor- sures sont si fortes , qu'il laisse l'empreinte de ses dents sur le fer : aussi les pêcheurs doivent-ils veiller attentivement lorsqu'ils l'ont tiré de l'eau; car , dans ce cas, il se jette avec fureur sur tout ce qui est à sa portée. On fait avec sa peau, dans le Groenland, des coffres et des bourses destinés à conserver les provisions de bouche. Ce sont ses dents pétrifiées qu'on appelle hufoniies ou. crapau- dines. L'Anarhique karrak , qui a huit dents cartilagineuses, et I'AnarbiquepaNThérin, qui a les lèvres doubles , sont rares, et habitent les mers du Nord, (r.) ANARNAK , Anamacus , Lacép. ; Ancylodon , lUiger ; MoNODON , Fabr. Genre de mammifères de l'ordre des céta- cés , auquel M. Lacépède assigne les caractères suivans : « une ou deux dents petites et recourbées à la mâchoire supé- rieure ; point de dents à la mâchoire d'en bas ; une nageoire sur le dos. » lUiger y ajoute « les deux évents réunis en un. Selon M. Cuvier , ce genre est très-voisin de celui des hy- peroodons de Lacépède. (desm.) /. Espèce. L'Anarnak groenlakdais , Anamncus groën-' landicus , Lacép. C'est une des plus petites espèces de céta- l,SS A N A ces ; son coi-ps est arrondi, long , teint d'une couleur noi- râtre ou brune foncée. Quoiqu'il diffère des narvals , la disposition de ses dents est analogue : elles sont placées à l'extrémité de sa mâchoire supérieure ; leur forme est coni- que ; elles se recourbent à leur extrémité , et n'ont guère plus d'un pouce de longueur. Les autres parties de la gueule sont dépourvues de dents comme dans le narval. Cet animal a non-seulement deux nageoires pectorales , comme les autres cétacés, mais de plus il en a une petite sur le dos. On ne trouve qu'un orifice sur la tête, ou évent, par lequel l'anarnak rejette l'eau. Un opercule , en forme de peigne , recouvre cet évent dans le narval; mais on ne dit point s'il en est de même dans cette autre espèce. Les trous des oreilles sont fort petits , et les yeux placés fort bas ne corresponc^ent point à la taille des individus. Lorsque l'anar- nak monte à la surface de la mer pour respirer l'air, comme tous les cétacés, il relève toute la partie antérieure de son corps , et demeure plongé presque verticalement , de sorte que le derrière de sa tête est tourné du côté des vaisseaux qu'il paroît fuir. Lorsqu'il plonge dans les ondes , on n'aperçoit pre.sque jamais sa queue ; rarement il fréquente les rivages , mais se tient toujours en haute mer. On le trouve dans les pa- rages du Groenland, où Fabricius l'a observé. Le nom anar- nak , que lui ont imposé les Groè'nlandais , exprime en leur langue que sa chair et son lard sont de très-violens purgatifs; c'est pourquoi l'on n'en fait pas usage en aliment. Il se pour- roit que cette qualité drastique fût produite par les nourri- tures dont cet animal fait usage , car il n'est pas naturel de trouver la chair des animaux à sang chaud ainsi empoison- née. Comme les cétacés vivent souvent de méduses ou d'or- lies de mer, sorte de zoophytes très-vlrulcns , il est probable que leur chair s'imprègne de leurs facultés. V. Othon Fabri- cius, Fauna Groënlandica , pag. 3i. (v.) ANARRHINE , Anarrhinum. Genre de plantes de la di- dynamie angiospermie , et de la famille des scrophulaires , établi par Desfontaines, pour placer cinq Mufliers (an- tirrhiniim) qui s'écartent des autres par le défaut de palais à la corolle, (r.) ANARTHRIE , Anarthria. Genre établi par R. Rrown. Il est le même que celui appelé Viragine par Poiret. (r.) ANASARQUE. Maladie des arbres, (t.) ANASCHOVADI. C'est I'Eléphatope scabre. (r.) ANASCHUNDA. Nom de pays de la Morelle du Pérou, (b.) AJ^ASPE , Anaspis. Genre d'insectes , de l'ordre des co- léoptères , section des hétéromères , famille des sténély- A N A ^89 très , établi par Geoffroy , et réuni à celui des mordelles par Fabricius et Olivier. 11 s'en distingue par ses quatre tarses antérieurs , dont le pénultième article est bilobé ; par le dé- faut d'écusson , et les antennes simples ou point en scie, et un peu plus grosses vers le bout. Le port de ces insectes, les habitudes et l'organisation de la bouche sont d'ailleurs les mêmes. Ils sont très-petits , et se trouvent sur les fleurs et sur les arbres. Ce genre est composé des mordelles : frontalis ^ humeralis, lateraUs ^ nificollis et //«orama d'Olivier. Geoffroy en mentionne quatre. Anaspe humérax , Anaspis humeralis , Geoff. , n." 2 , mor- della humeralis , Fabr. , Oliv. , col. tom. 3 , «." 64., pi. i ^fig. 7 : noir, avec la base des étuis fauve. Anaspe ruficolle, Anaspis nificollis., GeofT. , n.° 3, mor- della nificollis, Fabr., Oliv., ibid. pi. i, fig- Q : noir, avec la bouche , le corselet et les pieds fauves, (l.) ANASSER , Anasser. Genre de plantes delà famille des apocinées. Il offre pour caractère : une corolle urcéolée , à cinq lobes, velus en dedans ; un stigmate didyme; une capsule oblongue , bivalve et biloculaire. L'espèce sur laquelle il a été établi , est un arbre de l'île de la Réunion ; et il en con- tient une seconde , figurée par Rumphius sous le nom de Cortex FŒTiDus. (b.) ANASTOME ou BEC - OUVERT , Anastomus, Vieil. Genre de l'ordre des Echassiers et de la famille des HÉRO- DiONS. Latham a classé les Becs-ouverts parmi les Hérons. Caractères : bec plus long que la tête ; comprimé latérale- ment , entr'ouvert vers le milieu ; mandibule supérieure dentelée sur les bords , ou seulement échancrée vers le bout ; l'inférieure entière ; narines linéaires , longues ; face des uns emplumée , des autres , glabre ; doigts allongés , les exté- rieurs réunis à la base par une membrane, le pouce por- tant à terre sur toute sa longueur ; ongles courbés , pointus ; l'intermédiaire dilaté et entier sur le bord interne , le posté- rieur court ; les première et deuxième rémiges à peu près égales, et les plus longues de toutes. Ce genre n'est composé que de deux espèces , qui , tou- tes les deux, ne se trouvent que dans les Indes orientales, où ils se tiennent dans les marais et sur le bord des rivières: c'est à quoi se borne jusqu'à présent la partie historique de ces oiseaux. L'Anastome BLA^c ou le Bec-ouvert de Coromandel , Anastomus alhus , ^ 'idiiW. ; Ardea Coromandeliana , Lath. , Son- nerat , voy.^X. 12, a la mandibule supérieure du bec den- telée sur les bords depuis le milieu jusqu'à sa pointe , près de 490 A N A laquelle est une échancrure ; les ailes fort longues : la gorpe nue ; le lonim dénué de plumes , et noir. Les plumes de la tête , un peu plus longues que les autres, se relèvent souvent à la volonté de l'oiseau : elles sont blanches ainsi que celles du croupion , du ventre , et du haut de la queue ; celles du dos sont noires, de même que les pennes des ailes et de la queue ; des traits noirs marquent le dessus de la tôte ; une bande de la même couleur descend de chaque côté du cou sur la gorge ; l'iris est rouge ; le bec et les pieds sont d'un jaune - roussàtre. Sonnerat , qui le premier a décrit cet oiseau, dit qu'il paroit, en automne, à la côte de Coro- mandel, sur les bords des fleuves et des étangs , où il guette le poisson et les reptiles dont il se nourrit, (v.) L'Anastome cendré ou Bec - ouvert de Pondichéry , Anastomus cinereus ^ Vieill. ; Ardea Pondlceriana ^ Lath. , pi. 17 de ce Dictionnaire, a des plumes sur l'espace compris entre * l'œil et le bec; celui-ci seulement échancré vers le bout; le plumage d'un gris cendré ; les ailes noires , le bec et les pieds jaunes , et treize à quatorze pouces de longueur to- tale. (V.) ANAl^ASE. V. Titane-Anatase. (luc.) AN ATE ou ATTOLE. C'est le Kocou du commerce, (s.) ANATHÈRE , Anathemm , P. B. Nouveau genre de graminées qui réunit tous les caractères du Barbon (^andro- pogon) , à l'exception de l'arête , qui, dans ce dernier, ter-p mine la paillette supérieure de la fleurette fertile. V. Bar- bon. (P. B.) ANATIFE, Anaftfa. Genre de coquilles de la classe des MuLTiVALVES , dont le caractère est d'être composé de plu- sieurs valves inégales , réunies à l'extrémité d'un tube tendi- neux, fixé par sa base , et de n'avoir pas d'opercule. Les espèces de ce genre , vulgairement appelées Conques anatifères et Pousse-P[EDS , doivent leur nom au préjugé , qui, dans les temps d'ignorance, obligeoit de croire qu'elles donnoient naissance aux canards. Linnaeus les avoit réunis avec les Balanites ( F. ce mot), sous le nom générique de Lépas ; mais Bruguières, à l'imitation des conchiliolo- gistes français , ses prédécesseurs , les en a séparés , et avec raison. Ces coquilles sont composées de cinq valves principales , et quelquefois de plusieurs autres petites, non articulées, mais réunies les unes aux autres par une membrane qui borde leur circonférence ; elles sont aplaties et portées sur un pédicule tendineux , flexible j susceptible de se contrac- ter el de s'allonger. A N A 491 L'animal àes anatifes ressemble beaucoup à celui des Ba- LÂ>"iTES. ( V. ce mot. ) II a , comme eux , douze tentacules articulées et ciliées, portées, deux par deux, sur six pédon- cules charnus ; il a aussi une trompe rétractilc, mais à peine plus longue que Irs tentacules ; sa bouclke «st presque ovale et couverte de deux palpes. Les onaiifcs se fixent toujours sur les corps solides qui se trouvent dans la mer; ils aiment , de préférence, les lieux battus par les vagues; ils se nourrissent des animaux marins, qu'ils absorbent «u moyen du tourbillon excite dans l'eau par leurs tenlacales ciliées, qu'ils roulent et déroulent alter- nativement avec beaucoup de vélocité. On n'a point d'observation sur le mode d'accroissement des anatifes ; mais ils sont hermaphrodites et vivipares ; on est porté à croire , d'après leur inspection , que leurs li- gamens se séparent à certaines époques, et que l'animal aug- mente ses quatre grandes valves dans la ligne oblique du tra- pèze, c'est-à-dire, dans l'intervalle de sa grande valve laté- rale à sa petite ; de sorte que les deux extrémités de la co- quille, le sommet et l'angle de la base opposée au coté courbe, sont les parties les plus anciennes. La valve courbe s'aug- mente dans ses deux côtés en même temps. Le pied croît probablement de la même manière que le corps de l'animal. On mange les animaux de ces coquilles plutôt par la per- suasion que ce sont de bons aphrodisiaques , que par tout autre motif ; car ils sont généralement très-petits. Il existe un très-beau travail de M. Cuvier sur leur ana- tomie , dans les Mémoires du Muséum d'Histoire naturelle, première année. On connoît une vingtaine d'espèces de ce genre : voici les plus communes : L'Anatife LISSE est comprime, a cinq valves lisses et le pédoncule long et ridé. Il se trouve dans les mers d'Europe , et quelquefois fossile. L'Anatife pousse-pied est comprimé et a cinq valves inégales et lisses , et le pédicule écailleux et ridé. V. pi. A. 6, où' il est figuré. Il se trouve dans les mers d'Eu- rope. L'A>"ATIFE ANSÉRIFÈRE a le test de cinq valves , presque triangulaires, aplaties, obliquement striées ; le pédicule court et rugueux. Il se trouve dans la Méditerranée. L'AiSATiFE MURIQUÉ a le test de cinq valves presque trian- gulaires , aplaties , munies de stries obliques , le pédicule très-court. Il se trouve dans la Méditerranée. L'Anatife pélasgien, Anatîfa scupellum, a une coquille ifga A N A de treize valves en forme d'entonnoir très-aplatî, et un pé- dicule écailleux. Il se trouve dans toutes les mers, attaché aux serfulaires et autres productions marines. L' Anatife coriace a , en place de coquille , un sac mem- braneux , presque tétragone , pédicule , avec cinq valves écartées, très-petites, et des lignes noires longitudinales. Il se trouve dans toutes les mers des pays chauds. Je Tai ob- servé sur le navire qui me transportoit d'Amérique en Eu- rope. L'Anatife oreille , Anatifa leporina , a , en place de co- quille, un sac membraneux, presque ovale, ventru, pédi- cule, avec deux appendices fistuleux, cinq très-petites valves éparses, et quelques lignes longitudinales brunes. Il se trouve dans les mers d'Europe, (b.) ANATINE , Anatina. (xenre de coquilles bivalves établi par Lamarck aux dépens des SoLE>iS, sous la considération d'une petite lame saillante à chaque valve en dedans où s'at- tache le ligament. Le Solen canard sert de type à ce genre , qui est fort voi- sin des CoRBULEs et des Rupicoles. (b.) ANATOME , Anatomus. Genre de Coquilles établi par Denys Montfort pour placer une espèce microscopique , voisine des Planorbes , figurée par Soldani, tab. 3 , C. Ses caractères sont : coquille libre , univalve , à spire en disque aplati, ombiliquée , sur un des flancs; ouverture arrondie, fendue dans une partie de la longueur de la spire , sans ca- nal ; lèvres tranchantes et désunies. L'animal de cette coquille se fixe sur les varecs flottans , par un muscle qui sort par la fente dont il vient d'être ques- tion. Son diamètre ne surpasse pas une ligne. Sa tcte est munie de deux tentacules sans yeux apparens. Il paroîl vivre de cette plante, (b.) ANA TOMIE VÉGÉTALE. V. Arbre (tol.) ANATRON. Carbonate de soude natif, d'un degré de pureté supérieur au natntm ou natron ordinaire. V. SouDE cvrbosatée. (luc.) ANAULACE , Anaulads. Genre de Coquilles étaljli par Félix de Roissy , mais qui ne diffère pas des Ancillaires de Lamarck. (b.) ANAVINGUE , Anavinga. Genre de plante de la décan- drie monogynie , qui est propre aux Indes orientales , et dont les caractères présentent un calice de cinq folioles ovales et persistantes ; deux corpuscules pédicules et velus en place de corolle ; dix étamlnes ; un ovaire supérieur chargé d'un style court et d'un stigmate globuleux : une baie ANC 493 ovale , légèrement cannelée , qui renferme plusieurs se- mences. Ce genre a été mentionné par Willdenow sous le nom de Casearia ; par Schreber sous celui d' Athenée ; sous celui d'iROucANE et de PiTUMBEpar Aublet.Le CHyETOCRATER de Ruiz et Pcron paroît devoir lui être réuni. Il comprend douze espèces , toutes arborescentes , dont Swartz a connu le plus grand nombre, et dont plusieurs ont été figurées par Jacquin. Dix viennent de l'Amérique méridionale, et deux de r Inde. La plus connue de ces dernières est amère dans ses parties , et s'emploie comme sudorifique : c'est TAna- VINGUE OVALE. La plus connue de celles d'Amérique est rA?^AViNGUE À PETITES FLEURS, qui 3 été long-temps placée parmi les Samydes , genre avec lequel celui-ci a beaucoup de rapports, (b) ANAXETON , Anaxeton. Genre de plantes établi par Gœrlner , aux dépens des Perlières ( gnaphalium ) de Linnœus. Ses caractères sont d'avoir un calice imbri- qué , scarieux ; des tleurs toutes hermaphrodites , ou fe- melles mêlées d'hermaphrodites ; un réceptacle velu ou écail- leux sur ses bords ; une semence couronnée d'une aigrette capillaire, (b.) ANAZÉ. Arbre de Madagascar qui paroît être le Bao- bab, (b.) ANAZE. Arbre dont on ne connoît pas les parties de la fructification , à l'exception du friiit qui est une espèce de gourde^ qui contient une pulpe blanchâtre, à goût aigre de crème de tartre , et dans laquelle se trouvent des noyaux de la grosseur de ceux du pin. Le tronc de cet arbre a la forme d'un cône , étant très-gros à la base et très-petit au som- met. H croît dans l'Inde, (b.) ANBLATE , Anblatum. Genre de Tournefort , depuis réuni aux Clandestines, (b.) # ANGHARIUS ou ANCHIALUS. Noms latins de I'Ane. (desm.) ANCHOACHA, Il est probable que c'est I'Abuliton blanc, (b.) ANCHOAS. Nom mexicain du Gingembre, (b.) ANCHOIS, Engraulis. Nom d'un poisson du genre Clu- PÉE. Cuvier le regarde comme type d'un sous-genre , fondé sur ce que ses naseaux forment une pointe saillante. Ce sous -genre renferme un assez grand nombre d'es- pèces. \J anchois est couvert d'écaillés; cependant , comme elles tombent aisément , on a cru , et on croit encore qu'il en est dépourvu. Sa couleur est brune , nuée de vert sur le dos, 494: ANC et nacrée sous le ventre. Sa longueur surpasse rarement six pouces. On trouve les anchois dans toutes les mers d'Europe. Us vivent en troupe , comme les harengs et les sardines , et sor- tent à la fin de l'hiver des profondeurs de la mer, pour venir frayer sur les côtes. On en prend d'immenses quantités dans la Méditerranée , sur les côtes d'Espagne , sur celles de France , de Hollande et d'Angleterre. Les filets qu'on em- ploie à cette pêche sont au moins longs de quarante brasses , et hauts de vingt-cinq à trente pieds. Leurs mailles sont plus serrées qu'à ceux qui servent à celle du Hareng et de la Sar- dine, mais leur forme est la n»éme. Dans la Méditerranée , on pratique cette pêche au prin- temps et au commencement de Tété, pendant les nuits obs- cures , et par le moyen du feu. Pour cela les pécheurs por- tent, à deu.x: lieues au large, des réchauds, sur lesquels on fait un feu vif et clair avec des copeaux de pins gras. Les anchois s'approchent de ce feu , on les entoure sans bruit , en- suite on éteint le feu, et on bat l'eau. Ces poissons, épou- vantés, cherchent à se sauver ; mais ils se maillent, c'est-à- dire , s'embarrassent dans les mailles du filet , qu'on retire quand on l'en juge suffisamment garni. Sur les côtes de Zélande , on fait avec des roseaux des espèces d'entonnoirs , à l'extrémité desquels on ajuste un filet à manche , qu'on attache à un pieu , à mer basse ; cha- que fois que la mer se retire, on trouve le filet rempli d'an- chois. Les pêcheurs de la Méditerranée et des côtes de l'Océan salent lapresque totalité des anchois (\\i\\s prennent. Pour ce- la, ils leur coupent la lêle , qui passe pour être amère, leur ôtent les entrailles, les lavent dans l'eau douce ou salée, et les stratifient, dans des barils, avec du sel. Les pêcheurs de la Pi%vence croient qu'il est essentiel à la bonne conserva- tion des anchois , que le sel qu'on leur donne soit rouge ; et en conséquence on le colore avec des terres ocreuses. De plus, ces pêcheurs ne changent point la saunmrequi se forme dans les barils; ils se contentent de renouveler celle qui se perd par l'évaporation ou le coulage. Les pêcheurs du Nord ne font usage que de sel gris, et changent jusqu'à trois fois la sau- mure : aussi leurs anchois se conservent-ils plus long-temps ; mais l'âcreté plus grande de ceux dont on n'a pas changé la saumure, est regardée comme une qualité par la plupart des consommateurs, et ils sont, en conséquence , plus recher- chés , même à Paris. Les anchois se mangent frits ou rôtis , dans les ports de mer •, les salés , pour mériter la préférence , doivent ANC 495 être nouveaux , fermes , Lianes en dessus , vermeils en de- dans , et ne pas sentir i'évent. Ils servent ordinairement , dans les cuisines , après avoir été dépouillés de leur colonne vertébrale , qu'on appelle Varete , et bien lavés , à faire des salades , à mettre dans des sauces au beurre , dans des sauces à la rémoulade , dans des sauces au coulis , etc. Dans ce cas, on les emploie crus. On les fait aussi frire, après les avoir dessalés et entourés d'une pâte appropriée. Quelques cuisi- niers font frire des tranches de pain, les couvrent de fdets d'anchois, et les servent avec une sauce composée d'huile , de vinaigre , de gros poivre, de persil , de ciboules et d'écha- lottes , le tout abondant et haché très-menu. L'excellente sauce que les Romains appelolent ganim , n'étoit autre que des anchois cuits et écrasés dans leur sau- mure, à laquelle on ajoutoit du vinaigre et du persil haché, ou mieux pilé. La chair des anchois passe pour exciter l'appétit ou aider à la digestion. Elle est très-eslimée , surtout par les buveurs, et par tous ceux qui ont le goût blasé ; elle fait manger avec plus de plaisir au pauvre le moi;ceau de pain qui compose son dîner. C'est dans les parties méridionales de l'Europe qu'on en fait la plus grande consommation, (b.) ANCHORAGO. V. Bécard et Saumon et l'art. Brente. (3.) ANCHORY. C'est le Grias. (b.) ANCHOYO. V. Anchois, (c.) ANCILLAIRE , Ancillaria. Genre de coquilles établi par Lamarck , et dont le caractère est : coquille oblongue presque cylindrique ; à spire courte non canaliculée ; à ouverture longitudinale, à peine échancrée à la base et versante ; bour- relet calleux et oblique au bas de la columelle. Ce genre est intermédiaire entre les T arrières et les Olives. Lamarck, qui a donné une bonne monographie de ce genre dans le seizième volume des Annales du Muséum , lui rap- porte neuf espèces , dont cinq fossiles. Quatre d'entre elles avoient été décrites sous le nom de Volutes par Martini , Lister et Knorr. (b.) ANCILLE. Synonyme d'ANCiLLAiRE. (b.) AjSiCISTRE , Ancislrum. Genre de plantes de la famille des rosacées , et fort voisin des Pimprenelles et des San- guisorbes. Son caractère est: calice turbiné à quatre dents, terminées par une arête à quatre crochets ; corolle de quatre pétales ; deux étamines ; ovaire supérieur , chargé d'un style, 496 ANC terminé par un stigmate plumeux ; une semence oblongue , située au fond du calice. Les ancislres, dont on connoît aujourd'hui quatorze ou quinze espèces , ont les fleurs et les feuilles disposées comme dans les pimprenelles. Ce sont des herbes fort peu élevées, qui sont propres aux terres australes. Les genres Acène et Margyricarpe , dont on voit plu- sieurs espèces figurées dans la Flore du Pérou , ne parolssent pas suffisamment distingués de celui-ci , le nombre des éta- mines variant aisément de quatre à deux, (b.) AjNCOLIE , Aquilegia. Genre de plantes de la polyandrie pentagynie et de la famille des renonculacécs , dont le ca- ractère est : calice de cinq folioles colorées ; corolle de cinq pétales en cornets , élargis et tronqués obliquement en leur limbe, terminés inférieurement en un tube qui diminue gra- duellement de largeur , et placés alternativement entre les folioles du calice ; environ trente à quarante étamines courtes , inégales ; cinq ovaires , entourés de dix écailles , se terminant chacun par un style en alêne -, cinq capsules droites , presque cylindriques , pointues , uniloculaires , univalves , et conte- nant plusieurs semences ovales , et attachées aux bords de la suture des capsules. Les ancolies renferment cinq à six espèces , toutes de TEu- rope ou de TAmérique. Une d'elles est très-connue ; c'est I'Ancolie vulgaire, si abondante dans la plupart des bois de la France, dont elle fait l'ornement pendant une partie de l'été. On la cultive dans les jardins , où sa belle cou- leur bleue se change en rouge , en violet, môme en blanc , et où elle se double de trois ou quatre manières différentes. Cette plante , appelée par quelques personnes Gant de No- ire-Dame, passe pour apérilive , pour bonne contre les ul- cères de la gorge , et pour propre à faire pousser les bou- tons de la petite vérole. On la multiplie de graine , ou eu séparant ses vieux pieds en deux ou trois. Elle ne demande aucun autre soin de culture que les labours annuels, (b.) ANCRE. Nom du Saumon bécÂrd et d'un Spare. (b.) ANCYLE. Nom d'une coquille fluviatile , qui fait partie du genre Patèle de Linnœus. L'animal qui Thabite diffère assez de celui des patèles pour autoriser à conserver ce- lui-ci ; mais cela ne devient pas possible , lorsqu'on prend les caractères génériques de rhabitation même. Cet animal approche beaucoup de celui du Planorbe. Desmarest, dans le nouveau Bulletin des Sciences , par la Société philoma- tique, année i8i4 ■, a décrit et figuré deux espèces nouvelles de ce genre , dont une fossile. Il est aujourd'hui composé de cinq espèces. AND 497 Ce genre se fond avec celui appelé Helcion par Denys Montfort. (b.) ANCRE. Nom spécifique d'un poisson du genre des Spares. V. ce mot. (b.) ANCYLOBON , Ancylodon. Illiger donne ce nom au genre Anamams de Lacépède. Il vient d'^y^uAss-, incurviis ^ et d'a^Kf , dem. En effet, les ancylodon sont des cétacés pourvus seulement de deux petites dents à peine apparentes , recour- bées et situées à la mâchoire supérieure. V. Anarnak. (desm.) ANCYLODON , Ancylodon. Poisson que Schneider avoit placé parmi les Lonchures , mais que Cuvier croit être dans le cas de constituer un genre particulier , dont les caractères sont : tête nue , comprimée , armée de dentelures et de pi- quans ; bouche fendue ; les dents , surtout celles d'en bas, en longs crochets saillans ; seconde nageoire dorsale longue , et nageoire caudale pointue, (b.) AND A. Arbre du Brésil qui paroît se rapprocherdes Aleu- RITES. Ses amandessont purgatives et donnent de l'huile. Sou brou arrête le cours de ventre et enivre les poissons. (B.) AND ALO USITE. V. Feldspath apyre (luc.) ANDANAHYRIA. C'est la Crotolaire rétuse. (b.) AND ARA. Nom de pays de I'Acacie cendrée, (b.) ANDARÈSE , Premna. Genre de plantes de la didynaraie angiospermie , et de la famille des personnées, dont les ca- ractères sont: calice monophylle , court, divisé en deux lobes ; corolle monopétale , tubulée , et partagée en quatre décou- pures obtuses , dont deux plus grandes et plus ouvertes ; quatre etamines , dont deux plus grandes ; ovaire supérieur , glo- buleux , chargé d'un style un peu plus court que les eta- mines , et terminé par un stigmate bifide ; noix sphérique , couverte d'un brou pulpeux , et divisée en quatre loges , qui contiennent chacune une petite amande. Ce genre , qui se rapproche beaucoup des Cotelets , ren- ferme quatre espèces , qui sont des arbres de l'Inde , à feuilles opposées , pétiolées , en cœur , glabres , et à odeur forte et désagréable. Ces feuilles guérissent les maux de tête par leur application. Les fleurs naissent à l'extrémité de ra- meaux en corymbes branchus et stipulifères. L'Andarèse a feuilles entières fournit un assaisonne- ment avec ses feuilles , des liens avec son écorce , et des pi- rogues avec son tronc. On appelle aussi de ce nom le Micocoulier de l'Inde. V. ce mot. (b.) ANDARNA FIA. Nom donné par les Islandais au I. 3-j. ^98 AND Baleinoptère museau pointu , mammifère de l'ordre des cétacés, (desm.) ANDERSONE , Andersonia. Genre de plantes de la pen- tandrie monogynie et de la famille des Bicornes , qui ren- ferme six espèces d'arbres ou d'arbustes de la TSouvelle- HoUande, observées par R. Brown. Ce genre, qui est fort voisin des Springélies ou Poiréties, offre pour caractères : un calice coloré à cinq divisions , ca- compagué à sa base de deux ou d'un plus grand nombre de bractées imbriquées ; une corolle monopétale à cinq divi- • sions barbues à leur base ; cinq écailles à la base des éta- niines ; un ovaire supérieur ; une capsule contenant plusieurs semences attachées à des placenta centraux. L'Andersone sprengéloïde est figurée pi. i645 du Buta~ nical Magazine de Curtis. (b). ANDI-MALLER1. C'est le Nyctage belle de nuit, (b.) ANDIRA. C'est I'Angelin et l'Hirtelle. (b.) ANDIRA-ACA, Ciiauve-Souris du Brésil, décritctrop légèrement par Marcgrave , pour qu'on puisse la rapporte? à aucune espèce connue, (desm.) ANDIRA-GUAGU. Nom du Phylostome vampire au Brésil, (s.) AND JURI. Arbre des Moluques, dont on ne connoit pas le genre, (b.) ANDORINHA. Latapère par les Portugais du Brésil- (s.) ANDOXJILLERS. Cheville ou premiers cors qui sorfeut des perches ou du merrain du cerf, du daim et du chevreuil. Les andoiiillers sont les seconds cors, (s.) ANDRAGHAHARA. C'est la Joubarbe, (s.) ANDRACHNÉ, Anârachne. Genre de planfes de la inonoécie gynandrie , et de la famille des Tithymaloïdes, qui se rapproche beaucoup des Clutelles, et dont le caractèrç est d'avoir les fleurs unisexuelles et sur le même pied : fleur mâle ; calice de cinq feuilles ; corolle à cinq pétales échancrés , accompagnés de cinq folioles bifides et intermé- diaires ; cinq étamines qui naissent d'un tubercule central : tleur femelle ; calice persistant, semblable à celui du mâle ; corolle à cinq folioles bifides ; un ovaire globuleux chargé de trois styles fourchus à stigmates globuleux. Ce genre , aussi appelé Eraclisse, contient deux es- pèces, dont l'une, I'Andraciiné téléphoïde , croit natu- rellement en Italie et dans la Grèce. C'est une petite plante annuelle , à feuille» alternes , ovalçu et mutronées ; à Heurs AND ^yg petites , axltlnircs et blanches. L'autre est un petit arbuste qui vient de l'Inde. (li.) ANDRACHNÉ. Espèce J'Arbousier. (b.) ANDREE , Andrœa. Genre de plantes de la famille des Mousses, qui offre pour caractère: une coiffe canipaniforme, ne couvrant que le sommet de l'urne ; un opercule très- petit , persistant , adhérent à rexlrémité des divisions de l'urne ; une urne pédouculée , ovale- oblongue , se divisant en quatre segmens égaux, attachés par le sommet à l'oper- cule , et par la base à un gonflement. Ce genre , sur lequel Hookers a fait imprimer une très- savante Dissertation dans le lo."^ vol. des Transactions delà Société linnéenne de Londres , fait le passage des Mousses aux JoNGERMANNES , et renferme quatre espèces qui se trou- vent sur le.s hautes montagnes de l'Europe, (b.) ANDRÈNE , Andrcna , Fab. Genre d'insectes de l'ordre des hyménoptères , section des porte-aiguillons , famille des Andrenètes, et que l'on distingue aux caractères suivans : di- vision intermédiaire de la languette, lancéolée, repliée en dessus dans le repos ; mâchoires simplement fléchies près de leur extrémité; la pièce qui les termine , à partir de l'inser- tion des palpes , plus courte qu'eux ; toutes les jambes plus longues que le premier article des tarses. La plupart ont trois cellules cubitales , dont la seconde et la troisième re- çoivent chacune une nervure récurrente. Ce genre eut dans le principe beaucoup plus d'étendue ( V. Andrenètes) , et en a encore beaucoup dans la méthode de M. Jurine. Il comprend, tel que je l'ai restreint , la troisième division de la seconde coupe des méliltes (** c) de M. Kirby , à l'exception de ses dernières espèces que je rapporte aux dasypodes. Il répond aussi au genre andrène du système des piézates de Fabricius. Les andrènes ont le corps oblong et velu ; l'abdomen dé- primé ; les antennes presque semblables ou sans différences notables dans les deux sexes ; le labre en demi-cercle ; les mandibules terminées par deux dents , et la languette pres- que en forme de fer de lance , se repliant en dessus dans le lepos , avec une oreillette de chaque côté , formée par les divisions latérales. Les cuisses postérieures des femelles ont à leur base un flocon de poils : ceux du bout de l'abdomen y sont disposés en manière de frange. Les mâles ont le corps plus étroit, moins, velu , et leurs pieds postérieurs iront ni brosses aux jambes , ni de faisceau de poils a l'origine des cuisses ; plusieurs sont distingués des femelles par le de- vant de leur tête coloré de blanc ou de jaune. 5oo AND Les andrènes se trouvent sur les fleurs dont elles sucent" le miel. Les femelles sont seules chargées de faire les nids , et de pourvoir à la nourriture de leurs petits. De même que les abeilles , elles vont sur les fleurs récolter la poussière des étamines qui s'attache aux poils qu'elles ont sur l'abdomen et à leurs pattes postérieures. Plusieurs espèces font entrer cette poussière dans la construction de leur nid , et toutes s'en servent pour nourrir leurs petits , après l'avoir humectée d'un peu de miel. Les andrènes font leur nid en terre : celle qui est la plus battue est préférée par certaines espèces ; aussi , il n'est pas rare de rencontrer de ces nids dans la campagne , sur les bords des chemins fréquentés. D'autres font les leurs sur les bords des fossés qu'elles creusent presque horizontalement. Ces nids , d'ailleurs , n'offrent rien de particulier : les uns sont creusés en ligne droite , les autres sont un peu coudés vers le fond. C'est dans les trous que les femelles portent la pâtée qu'elles destinent à leurs larves , et qui est composée de poussière d'étamines et d'un peu de miel. La femelle , après en avoir mis dans un trou une quantité suffisante pour nourrir une larve , dépose un œuf auprès , et bouche l'ou- verture du trou avec la terre qu'elle en avoit ôléc; si elle tar- doit à faire celte opération , le miel seroit bientôt pillé par les fourmis qui en sont très-friandes , et qui rôdent conti- nuellement autour de ces nids. I^a larve trouve auprès d'elle, à sa sortie de l'œuf, les provisions dont elle a besoin jus- qu'au moment où elle cesse de manger pour se changer en nymphe. Cette métamorphose s'opère dans le nid même : l'insecte passe ordinairement l'hiver sous cette forme, et ne paroîl qu'au printemps. Quelques espèces sont plus tardives et n'éclosent que vers la lin de l'été ; mais en général les an- drènes commencent à paroître dès le mois d'avril, et nous annoncent le retour de la belle saison. Les espèces suivantes ont trois cellules cubitales , et dont la seconde et la troisième reçoivent chacune une nervure ré- currente. Ce sont les plus grandes de noire pays. Andrène cendrée , Andrena dneroria^ Fab. ; Schaeff Iconi îns. tab. 2 2. fig. 5. 6. Noire , avec des poils blanchâtres sur la tôle et le corselet ; une bande noire transverse sur le milieu du corselet ; abdomen presque nu , d'un noir bleuâtre ; extrémités des ailes noirâtres : très-commune au printemps sur les fleurs. AndrèNE vêtue, Jndrena vestita^ Fab.; Panz. Faiin. incea. gei-m. fasc. 55. iah. c). Noire , avec un duvet roux , assez épais sur le corselet et l'abdomen: au printemps, particulièrement sur les fleurs de groseilliers. AND Soi AndrÈNE THORACIQUE , Andrena ihoracica , Fab. ; Panz. ibid. 65. fig. 19. Noire, avec un duvet fauve sur le corselet; extrémité des ailes noirâtre. AndrÈiHE des murs , Andrena murarla. A.jlesscc. Panz. ihid. 85 , fig. i5 ; abeille , ti." 16, Geoff. Andrene améthystine ^ nouv. Dict. d'Hist. nat. , i.«f« édit. Noire, avec des poils blancs sur la tele , le corselet , aux bords latéraux des derniers anneaux de l'abdomen , et aux jambes postérieures ; abdo- men d'un noir bleuâtre , luisant ; ailes noires , avec une teinte violette. Réaumur l'a représentée dans ses Mém. iom. 6, pi. ^^fig. 2. Il la vit creuser un trou dans un en- duit de sable gras qui recouvroit une portion du mur de son jardin , et qu'elle boucha ensuite. L'ayant ouvert au bout de quelques jours , il trouva au fond une larve semblable à celle des autres abeilles ; elle rcposoit sur une pâtée d'une sorte singulière de miel ; sa couleur et sa consistance étoienl celles du cambouis ; il avoit un goût un peu sucré , et son odeur étoit un peu narcotique. L'espèce qu'il représente , même planche , fig. 3 , est ÏAndrène funèbre AeV amer ^ ibid. 55 ,_/f^. 5. Elle est très-noire , avec une rangée de points blancs de chaque côté de l'abdomen. On la trouve , mais rarement, aux environs de Paris. Panzer a figuré un grand nombre d'espèces de la même division. F. son ouvrage sur les hyménoptères , pag. 196, et mon Gênera cnist. et insect. , iom. 4- , pag- i5o. (l.) ANDRENÈTES , Andi-enetiz, Lat. Famille d'insectes de l'ordre des hyménoptères , section des porte-aiguillons , et qui a pour caractères : pieds postérieurs propres à recueillir le pollen des fleurs , ayant le premier article des tarses grand, comprimé , en carré long ; division intermédiaire de la lan- guette , ou sa partie principale, plus courte que sa gaîne, re- pliée en dessus dans les uns , presque droite ou simplement inclinée dans les autres, en forme de cœur ou en fer de lance. Les insectes de cette famille firent d'abord partie du genre des abeilles , â^, de Linnœus. Réaumur avoit cependant pré- sumé qu'ils en formoient un particulier, auquel on pourroit donner le nom de pro-aheille. Degeer établit d'une manière positive , sous la même dénomination , cette coupure géné- rique, et cesinsectes devinrent des /lomac?^* pour Scopoll.Fa- bricius appliqua particulièrement ce nom à deshyménoptères de la famille des apiaires , en leur associant néanmoins quel- ques véritables nomades de ce naturaliste ; mais il forma , avec les autres nomades ou les autres pro-abeilles, le genre andrene^ divisé depuis, comme nous l'indiquerons plus bas. De là, l'origine du nom à'av.drenètes, que j'ai donné à ces hy- So2 AND ménoptères. Ce sont les mclittes ( melitta ) de M. Kirby ( Monog. apum ylng. ). La plupart des andrenètes femelles recueillent avec les poils nombreux de leurs pieds postérieurs, et même avec ceux de leurs cuisses et de leur ventre , la poussière fécon- dante des étamines , afin de nourrir leurs petits ; vers la naissance de ces cuisses , les poils sont disposés en un petit flocon un peu courbé en boucle. Le premier article de leurs tarses a , comme dans la famille des apialres , la figure d'une palette ; mais il n'est point dilaté à Tangle extérieur de son extrémité ; caractère que Ton observe souvent dans celle-ci. Les antennes des femelles sont courtes , souvent un peu ar- quées ou coudées au troisième article , qui forme avec les suivans une. tige presque cylindrique , ou grossissant un peu et d'une manière insensible vers son extrémité. Le labre est toujours court , et renforcé ou plus épais à sa base supérieure ; les mandibules sont étroites, terminées par une ou deux dents • les palpes labiaux ressemblent toujours à ceux des mâchoires, et ne sont point en forme de soie écailleuse, comme ceux de la plupart des apiaires ; ils sont composés de quatre articles ; les autres en ont constamment six. Les femelles ont un aiguil- lon , mais qui n'est pas ordinairement aussi fort ou aussi pi- quant que celui des apiaires. Ces insectes ne vivent pas en société comme les abeilles, et n'offrent que deuxsortes d'individus. On les 1 rouve sur lesfleurs. L Jnnsion intennédiairc de la languette^ évasée en forme de cœur: Les genres Colleté , Hylée. IL division intermédiaire de la languette allongée et se rétrécis- sant en pointe , ou lancéolée : Les genres Dasypode , Andrène, Sphécode, Halycte , Nom TE. (l.) ANDREOLITHE. N(tm formé par abréviation de celui d' André ASBERGOLii HE que l'on avoit d'abord donné à cette substance. V. Harmotome. (luc.) ANDREUSIE , Andrewsla. Genre de plantes établi par Forster sous le nom de Myopore, par AndroBS sous le nom de PoGOMA , et par Ventenat , Flore de la Mmniaison , sous celui ci-dessus. 11 offre pour caractères : un calice mono- phylle, à cinq divisions pei'sistantes; une corolle monopétalc hypocratériforme , à ouverture velue et à bord à cinq lobes ; cinq étamines ; un ovaire supérieur à style recourbé et à slig^ mate concave ; un drupe formé par l'accroissement du calice, à quatre loges et à quatre semences. Ce genre renferme deux espèces, qui sont des arbrisseaux de la Nouvelle-Hollande , dont les feuilles sont alternes , péliolées, lancéolées; les Heurs petites, blanches et insérées AND So3 deux par deux, sur des pédoncules recourbe's, dans les aisselles des feuilles. Ils font partie de la pentandrie monogynie, et de la famille des Plaqueminiers. (b.) ANDRIALE , Andiyala. Genre de plantes de la syngé- nésie égale et de la famille des Chicorâcées , dont le carac- tère est : calice commun formé par un seul rang de folioles étroites , presque égales , velues , et ayant quelquefois à leur base un petit nombre d'écaillés; demi-fleurons, tous hermaphrodites , à languette linéaire , tronquée , et termi- née par trois ou cinq dents ; réceptacle commun , velu \ se- mences ovales , chargées d'une aigrette sessilc. Les septàhuitespèces qui composent ce gem^e, sont toutes propres aux parties méridionales de l'Europe , et ne pré- sentent rien de remarquable. Ce sont de petites plantes très- velues , à feuilles lancéolées , et souvent très-profondément laciniées , la plupart annuelles , ou mieux bisannuelles, qu'on est porté à confondre avec les épeivières , quoiqu'elles en soient bien distinguées. Schreber a fait , aux dépens de ce genre , celui qu'il a appelé RoTHiE , et que d'autres ont nommé Voigtie. (b.) ANDROCYMBION , Androtymbium. Genre de plan- tes établi par Willdenow pour placer quelques espèces de MÉLAîSTHES. Ses caractères sont : calice nul , corolle à six pétales pourvus d'un onglet en capuchon ; six étamines insérées au milieu des pétales ; trois ovaires à style filiforme. Les MÉLAÎSTHES EUC0310ÏDE et DU Cap , servent de type à ce genre. Il est figuré pi. 2 du i.«' vol. du Magasin des Curieux de la Natw'e de Berlin, (b.) ANDROGYNE. Ce mot est formé de deux noms grecs , qui signifient homme-femme. On peut voir à l'article Herma- phrodite , ce que nous disons à ce sujet. 11 y a plusieurs animaux androgynes ou hermaphrodites. On pourroit conserver le premier nom à ceux qui possèdent les deux sexes dans le même individu , mais qui ne peuvent pas s'accoupler seuls ou se suffire à eux-mêmes. Tels sont les limaces , cornets , pucelages , colimaçons > buccins , hulimes , et autres coquillages univalves , ainsi que les vers de terre , les sangsues , etc. On donneroit le nom à'' hermaphrodites aux ani- maux à deux sexes apparens ou invisibles , dans le même in^ dividu , mais qui peuvent se féconder sans l'interventiou d'un autre individu, comme toutes les coquilles bivalves , les moules , les huîtres , ensuite les oursins et étoiles de mer , les holothuries , et enfin les plantes monoclines. Mais le nom à'androgyne doit être plus spécialement appli- cable aux animaux qui , ayant ordinairement les sexes séparés dans chaque individu^ se trouvent , par une erreur de la na- 5o4 AND lure , réunir les , il y a des forêts à'algarrobales , dont on nourrit une prodigieuse quantité â'ànes : article qui augmente beaucoup le commerce des habitans , vu que l'on emploie grand nombre de ces ani- maux à la culture. Le principal commerce du corrégiment de Camana consiste en ânes ( Voyage Je VAmérlciue méridio-i noie , traduct. française, tome i , pages l^o-j et 5i6). Enfin , en tous temps et en tous lieux, l'homme en société présente les mêmes contradictions et les mêmes incohérences dans ses idées et ses jugemens. Aux yeux de quiconque n'est point ébloui par le brillant des formes et le fastueux appareil des services , ïàne paroîtra toujours un animal intéressant et digne d'un sort moins ri- goureux que celui auquel il est généralement soumis dans nos pays. Quoi que l'on en dise., il ne manque pas d'intelligence ; il a son genre d'esprit ; il y joint des qualités solides et pré- cieuses. Dans quelques parties de la France , la charrue est tirée par des ânes ^ quelquefois seuls, d'autres fois attelés avec des bœufs ou des chevaux ; et , le dira-t-on .? l'on a vu ce pa- tient et laborieux compagnon de l'indigence , partager avec ses maîtres le travail pénible de déchirer un sol ingrat , pour en arracher une subsistance dont il est lui-même presque toujours privé. Une aussi déplorable association, moins révol- tante que le spectacle du pouvoir et de l'opulence qui la con- templent froidement , affligeoit déjà Thumanité au temps de Pline , qui dit avoir vu dans un certain canton de l'Afrique y un àne très-chétif et une vieille femme attachés au même joug, tramer une légère charrue. Dans le midi de la France, les âne% labourent les vignes ; mais Tusage auquel on les emploie le plus communément, c'est à porter des fardeaux ; ils sont peut-être de tous les animaux ceux qui , relativement à leur volume , peuvent porter le plus grand poids ; et dans les pays de montagnes , dans les chemins étroits , pierreux et difficiles , ils conviennent mieux que tout autre. On doit les charger sur la croupe , qu'ils ont plus forte que le dos. Les moulins , les carrières de plâtre , les marchés sont servis par des ânes ; ils vont chercher dans les forêts la mince provision de bois du pauvre , et la misère n'a point d'agent plus actif. Mais elle consulte plutôt ses besoins que les forces de l'ani- mal dont elle se sert avec tant d'avantages ; l'on n'attend pas qu'il ait pris son accroissement et ses forces pour le sur- charger ; on l'accoutume , pour ainsi dire , en naissant, à cet excès de travail ; aussi presque tous nos ânes sont-ils défor- més -, leurs jambes se courbent , l'épine du dos s'enfonce ; ils deviennent crochus ou clos par derrière. Un proverbe vulgaire semble autoriser cette cruauté ; mais s'il est vrai 5io A N E que plus Veine est chargé , mieux il va ^ c^est qu'en se hâtant «l'arriver au but pour être délivré d'un poids sous lequel ses jambes et son dos fléchissent , il montre plus d'intelligence que le rustre qui l'accable de mauvais traitemens. Les «««sont, aussi bien qne\esrhei>aux^ susceptibles d'édu- cation ; on les dresse de même à différens exercices ; l'on en fait d'excellentes montures ; les voyageurs connoissent les postes aux ânes que l'on rencontre sur différens points de nos grandes routes , et l'on a vu, il y a quelques années , un offi- cier supérieur dont la voiture étoit attelée de six beaux ânes obéissant aux rênes avec prestesse , et trottant et galopant avec autant de grâce que des chevaux. Si l'on est fondé à leur reprocher de l'entêtement, de l'indocilité , et quelquefois un peu de malice , c'est une suite naturelle de l'abandon auquel nous les condamnons , et surtout de la manière dure dont on s'y prend pour les dompter , et qui suffiroit seule pour les rendre intraitables ; mais les gens grossiers auxquels ils sont livrés, ne savent employer que lesprocédés les plus rudes, au lieu que des moyens plus doux et un peu de patience réussi- roient plus sûrement à les corriger. L'expérience prouve que, plus ménagés , mieux nourris, avec les mêmes soins que nous accordons à l'espèce du cheval , enfin plus rapprochés de nous , les ânes perdroient cette roideur de caractère, cette rustique opiniâtreté , qui, chez les hommes comme chez les animaux, accompagnent toute éducation négligée. Une qualité précieuse qui devroit contribuer puissamment à faire cesser le mépris si injustement voué à ïâne, c'est l'at- tachement qu'il a pour son maître , quoiqu'il en soit ordinai- rement maltraité ; il le sent de loin et le distingue de tous les autres hommes ; et ce sentiment qui tient à la reconnoissance, est une des consolations de l'indigence, pour laquelle il en est si peu. lu âne reconnoît aussi les lieux qu'il a coutume d'ha- biter et les chemins qu'il a fréquentés. Cet animal a les yeux bons , l'odorat admirable , surtoutx pour les corpuscules de Vànesse^ et l'oreille excellente. Lors- qu'on le surcharge ou que son harnois le blesse , il le marque en inclinant la tête et baissant les oreilles ; lorsqu'on le tour- mente trop , il ouvre la bouche et retire les lèvres d'une ma- nière désagréable , ou qui lui donne l'air moqueur et déri- soire. 11 fait la même grimace en relevant le cou et mettant le nez au vent , lorsqu'il a flairé sur son chemin l'urine ou la fiente d'une ânesse. 11 se défend, comme le cheval, du pied et de la dent. 11 aime à se rouler sur le gazon et dans la pous- sière, et sans se soucier beaucoup de ce qu'on lui fait porter, il se couche pour se rouler toutes les fois qu'il le peut ; on évitevoil cet inconvénient , si on avoit soin de l'étriller et de A N E on lui fournir de la lillèie. Sa jambe est plus sèche et plus nette que celle du cheval^ et sa marche est en général plus ferme et plus sûre. Il aime à marcher sur les terrains les plus secs ; il ne craint pas néanmoins de se mouiller les pieds. On voit des ânes allerboire d'eux-mêmes à la rivière , y entrer assez avant après avoir passé dans la vase qui en couvre les bords , et même la traverser pour paître sur la rive opposée. Quant à sa manière de boire, elle ne diffère point de celle du rha^ai et du bœuf, c'est-à-dire , qu'il hume l'eau, qu'il la bat souvent du pied et la trouble comme eux ; il ne craint pas même, dans quelques occasions , d'y enfoncer le nez. Les mêmes fourrages dont on nourrit le rhei>al , convien- nent à Vâne; mais il mange aussi quelques plantes dures et piquantes que le cJle^'al refuse , telles que les chardons , les ronces, les laiches, la férule, etc. La cigiie est un poison pour cet animal , et lui cause un engourdissement et une ivresse mortelle , que l'on guérit par la course forcée , desbainsfroids et des boissons acides et mucilagineuses. Son braiement est un cri fort prolongé , très -désagréable , et discordant par dissonances alternatives de l'aigu au grave et du grave à l'ai- gu. Ordinairement il ne crie que quand il est pressé d'amour ou d'appétit , et encore lorsqu'il aperçoit d'autres unes. La femelle a la voix plus claire et plus perçante , et Vàne hongre ne brait qu'à basse voix. Les Mémoires de l'Académie des Sciences , année lySS , contiennent des observations curieuses sur l'organe de la voix dans Vâne. Son poil est plus dur, plus ferme et plus long que celui du cheval ; et sa peau sèche, dure et plus épaisse que celle de la plupart des autres quadrupèdes, le rend moins sensible aux piqûres des mouches et aux c^ups ; elle est aussi très-rarement attaquée par la vermine ; cepen- dant les dnons sont quelquefois en proie à une espèce parti- culière de pou, décrite par Redi, et qui s'attache à leur peau avec tant de force , qu'aucun moyen ne peut détruire ces in- sectes. Dans la première jeunesse, Vâne est gai , et même assez joli ; il a de la légèreté et de la gentillesse ; mais il la perd bientôt dans nos pays, soit par l'âge, soit parles mauvais trai- temens. Il est trois ou quatre ans à croître : il en vit vingt-cinq ou trente. Dans l'état de domesticité , les mêmes mauvais traitemens qui l'accompagnent dès ses premiers ans, lui per- mettent rarement de parcourir toute la carrière que la nature lui accorde. L'on connoît son âge par les dents , de la même manière que celui du cJieoal. On prétend que les femelles vi- vent ordinairement plus long-temps que les mâles. Ils dorment moins que les chevaux , et ne se couchent pour dormir que lorsqu'ils sont excédés. Si on leur couvre les yeux, ils restent 5,3 ANE immobiles ; et lorsqu'ils sont couchés sur le côté , si on leur place la tête de manière qu'un œil soit appuyé sur la terre et qu'on couvre l'autre avec une pierre ou un morceau de bois, ils resteront dans cette situation sans faire aucun mouvement et sans se secouer pour se relever. Dès l'âge de deux ans , Vàne est en état d'engendrer ; la femelle est encore plus précoce que le mâle , et elle est tout aussi lascive. Ces animaux sont très-ardens pour le plaisir ; le mâle en est furieux , au point que rien ne peut le retenir, et que l'on en a vu s'excéder et mourir quelque temps après ; plus il est vieux , plus il paroît ardent , et cette sorte de fu- reur qu'accompagne l'appareil le plus considérable qui existe chez les quadrupèdes , relativement au volume du corps , a fait anciennement regarder Vâne comme un favori du dieu BaJia/pehore des Juifs idolâtres , connu depuis sous le nom de Priape, aux côtés duquel on le représenlolt ordinairement. Afin d'éviter les désordres que les ânes occasionent souvent dans leur fureur amoureuse , l'on peut rendre hongres les mâles que l'on ne destine pas à la propagation de l'espèce ; cette opération se fait en la même saison et de la même ma- nière que pour le cheoal ^ et elle ne demande d'autre précau- tion que de laisser les ânons avec les mères pendant quatre ou cinq jours sans sortir , et à une bonne nourriture. C'est communément aux mois de mai et de juin que les ânesses entrent en chaleur ; celles qui en donnent des signes tous les mois de l'année sont nioins fécondes que les autres ; et si elles n'ont pas été fécondées avant de perdre leurs der- nières dents , elles sont stériles pour toute leur vie. La cha- leur se manifeste au-dehors par la tuméfaction des parties sexuelles , et par l'écoulement d'une humeur épaisse et blan- châtre ; elle cesse bientôt dès que les femelles sont pleines ; et dans le dixième mois , le lait paroît dans les mamelles. Elles mettent bas dans le douzième mois , et souvent il se trouve des morceaux solides dans la liqueur de l'amnios , semblables à Thippomanes du poulain. Dès que ïdnon est né , la mère le lèche pour le sécher ; peu de temps après , il fait des efforts pour se tenir debout ; mais la foiblesse des articulations le fait chanceler et tomber. Sept jours après l'accouchement , la chaleur se renouvelle , et Vànesse est en état de recevoir le mâle ; en sorte qu'elle peut , pour ainsi dire , continuellement engendrer et nourrir. Elle ne pro- duit qu'un petit , et si rarement deux , qu'à peine en a-t-on des exemples. Au bout de cinq ou six mois , on peut sevrer Vdnon , et cela est même nécessaire , si la mère est pleine , pour qu'elle puisse mieux nourrir son fœtus. Elle a pour sa progéniture le plus fort attachement. A deux ans et demi , les ANE 5i3 premières tlenls incisives du niilieii tombent , et ensuite les autres incisives à côté des premières tombent aussi , et se re- nouvellent dans le même temps et dans le même ordre que celles du chei>al. Les ânes paroissent être venus originairement des granJs déserts de l'intérieur de l'Asie , et avoir passé en Arabie , d'Arabie en Egypte , d'Egypte en Grèce , de Grèce en Ita- lie , d'Italie éîi France , et ensuite eu Allemagne , en An- gleterre , en Suède , etc. Ils sont , généralement parlant , plus vigoureux et de plus grande taille dans les climats chauds, et ils deviennent plus petits et moins forts à mesure qu'ils s'en éloignent. Arislote observe que ces animaux supportant diffi- cilement le grand froid , il ne s'en trouvoit point dans le Pont, dans la Scythie ni dans la Celtique , et qu'ils sont petits dans riUyrie, la Thrace et l'Epire ; mais la remarque qu'il a faite au sujet de ceux d'Egypte, qu'il dit plus petits que ceux de Grèce , ne peut s'appliquer qu'au temps où il écrivoit , et où les ânes étoient, ainsi que je l'ai dit précédemment , des ani- maux proscrits et en horreur parmi les Egyptiens. Hérodote rapporte , comme un fait étonnant , que dans l'expédition de Darius contre les Scythes, chez lesquels on ne voyoit ni âne ni mulet à cause du froid , les cris des ânes persans jetoient l'épouvante parmi la cavalerie des Scythes , et la forçoient souvent à reculer, lorsqu'elle alloit à la charge. Les ânes sauvages de l'Asie vivent en grandes troupes , qui «migrent selon les saisons pour rechercher les climats les plus secs , où la température est la plus élevée et la plus égale. Ce sont vraisemblablement les onagres ou onager des anciens , les koulans , khoulan ou choulan des Calmouques et des Kirguis occidentaux. Pallas a vu ces animaux dans les grands déserts de la Sibérie , au-delà du Jaïk , du Yemba , du Sarason , dans le voisinage du lac Aral et vers les mon- tagnes de Tamanda. Les koulans paroissent intermédiaires entre Vâne et le czîgitai. Leur taille est un peu au-dessus de colle du czîgitai. Leur poil est d'un beau gris , quelquefois un peu bleuâtre , d'autres fois tirant sur le jaune ; une bande noire suit l'épine du dos, et une autre descend sur les épaules en traversant le garrot ; leur queue ressemble à celle de Vâne, mais leurs oreilles sont moins larges et moins hautes. Ils marchent et paissent en troupeaux de plusieurs mille ; ils ont la même légèreté dans leur course que les czigitais , et le même naturel sauvage et intraitable; l'on n'a jamais pu venir à bout d'en dompter un seul. Il n'y a pas , à beaucoup près, une aussi grande variété de couleurs sur le poil des ânes qnc sur celui des chev'aux. La nuance la plus commune est le gris de souris j après, vient le 1. '33 5,4 ANE gris argenté, luisant, ou mêlé de taches obscures ; on voit des ânes blancs, des pies , des bruns , des noirs , des roux , et quelques-uns de bais ; ces derniers passent pour rétifs et vicieux : de là , l'expression proverbiale , méchant comme im âne rouge. De quelque couleur que soient les dues , leur poi- trail , leur ventre , leurs flancs , la face interne de leurs jambes et de leurs cuisses , leur museau et le dedans de le,Urs oreilles , sont d'une teinte moins foncée que celle du rcfRe du corps , et le plus ordinairement blanche ou d'un blanc sale ; la plu- part ont aussi un cercle blanchâtre autour des yeux ; il s'en trouve qui ont des balzanes ; d'autres qui sont marqués en tête , et quelques-uns qui ont le chanfrein blanc et plusieurs éois à la tête ou à l'encolure. Toujours deux bandes noires , dont l'une s'étend de la tête à la queue , et l'autre tombe le long des épaules , se croisent sur le garrot. L'on dislingue différentes races parmi les ânes comme parmi les chenaux , produites par l'influence du climat , et plus encore par les soins qu'on leur donne. En Arabie , vraie patrie des chevaux et des ânes , ces derniers sont de grande taille; leur corps est étoffé, leur tête bien posée, et leur poil doux , poli et lustré ; ils ont du feu dans les yeui , de la noblesse et même de la fierté dans les attitudes , de la grâce et beaucoup d'action dans les mouvemens , de la légèreté et de la prestesse dans les allures, qui sont en même temps douces et très- sûres. Ces grands unes àe. l'Arabie, qui ont autant de vigueur et de courage que de beauté', sont très-esti- més, et se vendent quelquefois à un plus haut prix ^ue les cheKHiux. Aussi ne sont-ils nulle part mieux soignés ; on les panse et on les lave régulièrement, et on leur donne la même nourriture qu'aux t^wa/ix, c'est-à-dire, de la paille hachée, de l'orge et des féveroles. La race des unes arabes se retrouve presque dans toute sa pureté en Ég) ptc ; ils y sont un objet de luxe , et l'opulence s'attache à en nourrir du plus grand prix. Tout le monde au Caire , à l'exception des chefs mili- taires , va sur des ânes ; et dans cette ville , où les voituies ne sont point en usage , les dames du plus haut rang n'ont point d'autre équipage. On n'y en compte pas moins de quarante mille; on y en trouve de tout sellés et bridés dans les car- refours , et on les loue comme nos carrosses de place. Plus durs que les chevaux , ils servent à la plupart des pèlerins musulmans pour la route longue et pénible de la Mecque; et les chefs des caravanes de Nubie, qui ont d'immenses et arides solitudes à franchir, n'ont point d'autre monture ; ils ne leur donnent pour nourriture qu'un peu de paille et d'eau, ce qui ne suffirolt pas à l'entretien d'un cheml. Le chemin que font en voyage les â(ies arabes dans une demi-heure , quand ils ANE 5,5 marchent d'un pas égal, peut être évalué à 1750 doubles pas de Thomme, au lieu que les grands dromadaires n'en font'que 775 , et les petits tout au plus 5oo. Les voyageurs font l' éloge des ânes de Perse , qui des- cendent , comme ceux d'Egypte , des ânes d'Arabie , et dont la race provient originairement des koulam apprivoisés , mê- lés avec les ânes du pays. Ils sont aussi fort beaux en Barba- rie , en Nubie , en Abyssinie , et dans quelques aulres con- trées de l'Afrique. Ces ânes , de races distinguées , doivent en partie leurî brillantes et solides qualités au concours dune grande chaleur et d'une extrême sécheresse ; dans les pays humides , quoique très-chauds , ils ne sojit que médiocres ; car dans l'Inde, et même dans les parties méridionales de la pres- qu'île , c'est-à-dire , dans des régions plus voisines de l'equa teur, mais en même temps plus humides que l'Arabie , la Nubie et la Haute -Egypte , les ânes soiU petits , lourds , foi- bles et mal faits. Ils y sont sujets encore à une difficulté de respirer. En Arabie et en Perse , où les unes de race commune ont aussi cette incomîiiodilé , on leur fend les naseaux sur les côtés ; et dans l'Inde , on leur fait deux larges incisions de cinq à six pouces de longueur, dans une direction perpendi- culaire à l'angle antérieur de l'œil. En Chine et en Cochinchine , ces animaux ne sont pas plus beaux que dans l'Inde. Les Baschires et les Calmouques en nourrissent un grand nombre de petite taille, qui leur servent de montures et de bêtes de somme ; ils en amènent au marché d'Orembourg, ville de Russie , sur le Jaïk , et la plus propre au commerce de l'Asie ; mais ils n'y trouvent pas facilement des acheteurs , les Russes ne se souciant pas encore de ces animaux, non plus que des mulets. En Grèce, les ânes seroient aussi bons qu'autrefois, s'ils y étoient mieux soignés ; mais la main brûlante du despo- tisme et de la barbarie des Turcs y a desséché toutes \cs. branches de l'industrie. Les ânes d'Arcadie étoient fameux dans l'ancienne Grèce. L'Italie en fournit de très-beaux ainsi que 1" Espagne , où ces animaux sont gros et étoffés - leur exportation est prohibée , dans ce dernier pays , soùs les peines les plus sévères. Les Espagnols parent la queue de leurs ânes ^ comme celle des chevaux, avec des rubans des festons ou des fleurs. A Lisbonne , les femmes montent souvent sur un âne ; elles se font suivre d'un domestique à pied , qui tient un bâton pour faire avancer Y âne , et qui le tire par la queue pour l'arrêter. On nourrit en Sardaigne un nombre incalculable d\(/îC5 ; ils y sont plus petits que ceux 5r6 A N E d'Italie , mais ils compensent ce défaut de grandeur par beaucoup de force et d'agilité ; l'on y en voit de très-jolis cl de très-dociles, qui n'ont pas plus de grosseur que les dogues d'Angleterre , et qui sont d'une blancheur extraordinaire, A Malte , ils ont une très-belle stature , une grande vigueur, et peuvent entrer en lice , pour la couise , avec les meilleurs chevaux. 11 n'y en avoit point en Angleterre sous le règne de la reine Elisabeth, et l'on ne sait pas s'ils y ont été intro- duits bientôt après ; à présent , ils y sont multipliés , et on est assez dans l'usage de leur couper les oreilles comme aux chei>aux. Ils sont plus nouveaux encore pour quelques parties du nord de l'Europe. Enûn, nous avons en France des ânes de bonne race, parmi lesquels ceux du Mirebalais méritent une mention particulière. Ils sont presque aussi hauts que les plus grands mulets., et aussi forts de jambes que les ilieoauj} de carrosse ; ils ont sur tout le corps un poil long d'un demi- pied. On ne les emploie que pour étalons ; et comme on ne les ferre jamais , leur corne s'allonge d'une manière désa- gréable. Ils sont , pour la plupart , très-méchans , et on ne peut les approcher qu'avec précaution ; on les vend fort cher , suivant leur taille , et surtout d'après l'épaisseur et la largeur de leurs jarrets ; il s'en est vendu cinq cents écus , et même jusqu'à trois et quatre raille livres la pièce ; les noirs sont les plus estimés. On n'a point trouvé A' ânes en Amérique, non plus que de chcQuiix , quoique le climat , surtout celui de l'Amérique me"- ridlonale , leur convienne autant qu'aucun autre ; ceux que les Espagnols y ont transportés d'Europe , et qu'ils ont aban- donnes dans les grandes îles et dans le continent , y ont beaucoup multiplié; et l'on y trouve en plusieurs endroits des ânes sauvages , qui vont par troupes , et que l'on prend dans des pièges , comme les chei'aux sauvages. Les Elals- Unis doivent à leur illustre président, le général Washing- ton , l'introduction de ces précieux animaux. De la dépouille de Vâne., après sa mort, il n'y a guère que la peau qui nous serve; mais, comme elle est très-dure et très- élastique , on l'emploie utilement à différens usages. On en fait des cribles , des tambours , de bons souliers et du gros parchemin pour les tablettes de poche ; en Orient , l'on. en prépare le sagii , que nous nommons cluigrin , et dont les gaîniers font un grand usage. L^ colle de peau d'âne , faite en Chine , est fort estimée dans l'Inde pour la guérison des maux de poitrine, des pertes de sang, des fleurs blanches, etc. L'on prétend que la chair de Vânon est un assez bon mets , cl que l'on en mange beaucoup dans les guinguettes des en- virons du Paris , où il est servi pour du veau. Le fumier de A N K 5i7 Vâne est un excellent engrais pour les terres fortes et Immules ; les anciens en faisoient grand cas, et le mettoient au pre- mier rang pour fertiliser les jardins. La médecine a conserv«î l'emploi du lait d'àiicsse , que les anciens médecins grecs pres- crivoient. Il dift'ère peu du lait de femme , en couleur , on saveur et en consistance. La crème qu il fournit est aussi peu abondante et aussi fluide, et il n'est pas possible d'en tirer du beurre. Le lait à'ânessc, très-léger et facile à d-igérer, est un remède éprouvé et spécifique pour plusieurs maux ; on le prescrit contre la goutte , la constipation , l'ardeur d'urine , les maladies de poitrine et la pulmonie; mais, pour qu'il pro- duise de bons effets , il doit être bu dans sa chaleur naturelle , trois ou quatre fois par jour , et faire une grande partie de la nourriture du malade. A l'extérieur, il convient aux maux d'yeux pcoduits par une humeur acre. Afin d'avoir ce lait de bonne qualité , l'on doit faire choix d'une ânesse jeune , saine , bien en chair, qui ait mis bas depuis peu de temps , et qui n'ait pas été couverte depuis. Il faut la tenir propre , lui donner modérément de bons alimens , tels que le foin , l'orge , l'avoine , et des herbes dont les qualités salutaires puissent influer sur la maladie ; la faire pâturer , la hiisser quelque temps au grand air, la promener, quoique plusieurs écri- vains aient avancé le contraire , enfin lui laisser son ânon , qui , en tétant sa mère , empêche qu'elle ne retienne son lait, ou qu'il ne tarisse trop tôt. Avec' ces précautions, une ânesse fournit du lait pendant plus d'un an. Criez les anciens , le sang de ïâne passoit pour un sudori- fique et un spécifique contre la manie ; la fiente , pour un as- tiingent propre à guérir les hénuirragies ; la graisse, pour un résolutif; l'urine , pour un topique assuré contre la gale , la goutte , la paralvsie et les maux de reins. Ils attribuoient aussi des vertus médicinales à la cervelle , au cœur , au foie ♦ à la rate , à la queue , aux testicules , etc. Mais tous ces pré- tendus remèdes sont abandonnés depuis long-temps. Il en est un bien singulier , s'il etbit réel , que les méde- cins de l'Inde prétendent avoir reconnu dans certaines éma- nations du corps de l'ânesse , auxquelles ils attribuent la pro- priété de guérir des maladies secrètes. Fouché d'Obsonville ( Essais Philosophit^iies sur les mœurs de dn'ers animaux étrangers , page 24.7) rapporte ce procédé , dont l'efficacité lui a , dit-il, été certifiée par plusieurs gens du pays. Je ne souillerai pas ma plume de la dégoûtante recette d'un remède plus honteux à avouer que le mal même pour lequel on l'emploie. La rnélide étoit , selon Aristote , la seule maladie à laquelle l'âne fut sujet ; il paroît que cette mélide est le mal connu de jios jours sous le nom de mor<^e. Cet animal étant encore sus Si8 ANE ccplible des mêmes maladies que le checcd, quoiqu'il on soit moins fréquemment attaqué , à cause de sa constitution plus robuste , nous renvoyons au mot Cheval ; nous y présen- terons le résultat de nos connoissances actuelles sur les ma- ladies des chenaux , des ânfs et des mulets , ainsi que les moyens les plus sûrs de les prévenir et de les guérir, (s.) ANE. C'est le Cotte chabot, (b.) ANE CORNU. Animal fabuleux, qu'Hérodote et AElien plaçoient en Afrique et dans les Indes, (s.) ANE RAYÉ. C'est le Zèbre. V. l'article Cheval, (s.) ANE RAYÉ. Nom marchand du hiilime zèbre, (b.) ANE SAUVAGE du CAP de BONNE ESPÉRANCE. Kolbc a donné ce nom au zèbre. V. l'article Cheval, (s). ANE SAUVAGE de SIBÉRIE. C'est VOna^rcàes an- ciens , le Khoulan des Calmouques , et la souche de l'espèce Je I'Ane. V. ce mot. (desm.) ANE VACHE. Dénomination faussement appliquée au Tapir (desm.). ANE MARIN. Mauvaise désignation d'un grand Polype. ANE (PETIT). Coquille du genre Porcelaine, (b.) ANEGEM. Nom arabe du Dictame de Crète, (b.) ANEI. Nom tamoul de I'Eléphant. (s.) ANEI. Nom d'un Labre, (b.) ANEILÈME, Aneilema. Genre établi par R. Brown pour placer les Commelikès qui sont privées de bractées. L'Aneilème à feuilles CRISPEES est figurée pi. 5 des Il- lustrations de Ferdinand Bauer. (b.) ANEMI K , Anémia. Genre de fougères établi par Swartzr, pour séparer quelques espèces du genre Osmonde. Ce genre offre pour caractère : fructifications disposées en épi ; capsules sessiles , radiées par des stries d'un côté , ou- vïjrtes de l'autre ; point d'enveloppe. Les OsMONDES figurées pi. i35 et 162 des fougères d'Amé- rique de Plumier , appartiennent à ce genres Elles se culti- vent dans nos serres, (b.) ANÉMONE , Anémone. Genre de plantes de la polyandrie polygynie , et de la famille des Renonculacées. Ses carac- tères sont d'avoir une fleur dont le calice est remplacé par un involucre caulinaire plus ou moins rapproché d'elle , et composé de deux à trois feuilles verticillées ; une corolle de cinq à neuf pétales sur deux à trois rangs ; un grand nombre d'étamines plus courtes qne la corolle ; des ovaires nombreux, ramassés en tête , munis chacun d'un style pointu plus ou moins long. Le fruit est un amas de semences nues , situées sur un réceptacle commun. Tournefort avoil divisé ce genre en deux autres, dont l'un, ANE 5i9 qu'il appcloit PuLSATiLLE , a les semencejS chargées de lon- gues queues pluineuses ; et l'aulre , qui porloil le nom d' Ané- mone , a les semences à queue simple. Ces deux genres for- ment naturellement deux divisions dans le genre actuel. Les anémones varient beaucoup dans leur aspect. Les unes ont les feuilles simples, les autres les ont composées, et même surcomposées. Beaucoup n'ont qu'une fleur sur cha- que tige ; mais , dans plusieurs , la hampe se divise dans i'involucre en une ombelle ramifiée. Le nombre de leurs espèces s'élève à une trentaine , dont plusieurs se cultivent dans les jardins d'ornement, à raison de la beauté de leurs fleurs ; d'autres se font remarquer par la même cause dans l'état sauvage. Parmi les espèces à semences garnies de queues longues et plumeuses ,il faut citer : l'iVNÉMONE pulsatille, vulgairement appelée la coquelourdeon Vherhe au vent, dont les caractères sont d'avoir les pétales relevés , les feuilles bipinnées et la hampe simple. C'est une plante d'un aspect très-agréable , qui donne, au printemps , des fleurs d'un bleu foncé, et, p,endant une partie de l'été , des têtes garnies de graines plumeuses. Elle couvre souvent les collines sèches et découvertes. On la cul- tive dans quelques jardins , et ses fleurs y doublent aisément. Les autres espèces de cette division , quoique moins belles que la pulsatille, n'en sont pas moins des plantes intéressan- tes. Elles sont toutes subalpines , et , par conséquent , connues uniquement des bergers et des botanistes. Il est très- difficile de les conserver plusieurs années de suite dans les jardins. Parmi les espèces à graines à queues courtes et velues , se trouve la plus célèbre de toutes les anémones, celle qui porte spécialement ce nom , I'AnémoNE des jardiniers , Anémone coronarîa, Linn. 11 en sera parlé tout à l'heure. Elle a pour ca- ractères : une hampe simple , des feuilles radicales ternées et décomposées, et I'involucre garni de feuilles. Parmi les anémones dont les semences ont une queue très- courte et non plumeuse , il n'y a que deux espèces à citer : L'Anémone DES BOIS, Anémone nemomsa , Linn. C'est celle qui fleurit au premier printemps , dans presque tous les bois de \â France. Ses fleurs sont blanches et n'ont que six pé- tales. Sa tige est uniflore , et porte des feuilles deux fois ter- nées , à folioles trifides et dentées. L'Anémone hépatique , vulgairement Vhépatique des jar- dins , se distingue par son involucre tellement rapproché des pétales qu'il a l'apparence d'un calice. Ses autres caractères sont d'avoir une hampe uniflore et des feuilles entières et trilobées ; en vieillissant , elles prennent la couleur du foie. 520 ANE Celte plante est originaire des montagnes froides de l'Eu- rope ; on la cultive dans les jardins , pour la beauté et la pré- cocité de sa fleur , qui double facilement. Elle est naiurelle- mont bleue ; mais elle varie en violet , en rouge et en blanc. luhépaficfiie demande un sol humide et ombragé ; elle n'aime point à être transplantée. Sa beauté consiste dans la grosseur des touffes qu'elle forme. L'Amémone des jardiniers on des fleuristes a une forme très-élégante, et peut être mise au rang des plus belles fleurs cultivées. 11 semble que la nature ait pris plaisir à déployer sur elle toute la richesse de ses couleurs : aussi est-elle recherchée avec empressement , et fait-elle , au prin- temps et en été, l'ornement de la plupart des parterres. Le nombre de variétés que la culture en a obtenues est prodigieux ; on en compte plus de trois cents , qu'on divise en plusieurs classes ou familles , distinguées par la couleur. Les fleurs cramoisies et rouges forment la première classe ; les rouges panachées de blanc et de pourpre , la seconde ; les agates panachées de rouge et de blanc , la troisième ; les roses panachées de blanc, la quatrième ; les bleues, la cinquième ; les bleu - clair , mêlées de blanc , la sixième ; les couleurs pourpres, la septième ; enfin celles qui ont une couleur bizarre forment la huitième et dernière ciasse\ des fleurs doubles ; car les fleurs simples en forment une à part , et sont désignées par les jardiniers sous le nom (Vanèmoncs-pai'ots. Toute terre n'est pas bonne à Vanémone, et si on la cul- tive dans un sol qui ne lui soit pas convenable , elle diminue de beauté , et se dégrade insensiblement. Il lui faut une bonne terre franche ; on en forme une exprès , qui est composée de terre de gazon de prairie , de feuilles amoncelées , et de fu- mier de vache , ou autre bien pouri. On la garde un an ou dix- huit mois sans s'en servir; pendant ce temps, on la remue et la retourne de temps en temps, on en ôte les pierres , on en brise les mottes, on enlève les gazons non pouris ; et ce n'est que lorsqu'elle est entièrement réduite en terreau, qu'elle est propre à recevoir ou la graine ou la racine de la plante. lu anémone simple n'est cultivée que par ceux qui ont assez de terrain pour en, semer la graine. ()n doit cueillir cette graine dans sa parfaite maturité , à l'ardeur du soleil , et sur des ané- mones de choix. On la sème ou au printemps , ou au milieu, ou vers la fin de l'été , selon les pays. Si on peut garantir les jeunes plantes des effets des forli": «haleurs, on gagnera beau- coup en se hâtant de semer , parce qu'elles auront acquis plus de force et plus de volume avant Thiver. On ne relève les ané- ^Honr* qu'au bout de deux ans, au mois de juillet. On nettoie alors les PATTf.s ; ou les fait sécher à l'ombre , et on les re- ANE 521 plante a la fin de décembre. On les relève encore Vi'Ht sui- vant, et souvent elles portent fleur la troisième année. Mais, sur mille pieds, à peine peut-on choisir une douzaine d'indi- vidus doubles et bien faits. 11 faut avoir soin de les garantir, pendant Thiver, de la gelée , en les couvrant de paille sèche. Après les soins qu'on a pris pour transfonner , par le se- mis , ïanénwne simple en anémone double , il faut empêcher celle-ci de dégénérer, en mettant dans sa plantation et dans sa culture toute l'attention possible. On plante donc les paties choisies dans une terre convenable , à six pouces de distance en tous sens , et à la profondeur de deux pouces -, on les re- couvre légèrement avec la même terre , sur laquelle on met deux bons pouces de terreau bien consommé : il faut toujours placer l'œil en dessus ; car s'il est tourné du côté de la terre, Vanémone ne donnera que des feuilles , et point de fleurs. Les amateurs, pressés de jouir, plantent à la fin de mai ou en août ; le temps ordinaire est à la fin de septembre. Le fleu- riste prudent conserve une partie de ses pattes pour les plan- ter en février, temps auquel on ne craint plus l'excessive ri- gueur de la saison. 11 est impossible de prescrire les jours où il faut arroser ; on doit, pour cela, consulter la saison et le temps. 11 vaut mieux arroser peu à la fois, et arroser plus souvenl. La pluie et la grande ardeur du soleil hâtent trop la fleurai- son àesanémones; il faut donc les garantir de l'une et de Tautr;', si l'on veut prolonger ses jouissances. Lorsque la fanese dessè- che , elle avertit le fleuriste qu'il est temps de tirer Vanémone de terre ; et lorsqu'elle est parfaitement desséchée , le mo- ment est venu. Si on la tire de terre plus tôt, il reste dans la patte une humidité superflue qui fermente et la conduit à la pouriture. La beauté d'une planche d'anémones dépendant des nuances assorties et variées que forment les diverses fleurs, on doit numéroter chaque pied en l'enlevant , pour pouvoir, Tannée suivante , mélanger les couleurs de la même manière. C'est dans le cœur de Tété , et dans un temps sec , qu'il faut relever les anémones; car elles ne doivent pas rester deux ans en terre. Les soins à avoir, dans cette opération, sont de ne point meurtrir les pattes avec le fer ; de couper jusqu'au vif tout ce qui est pouri , et d'en détacher toutes les radicules qui y tiennent encore. Ensuite on les place sur des claies dans un lieu sec où règne un courant d'air ; et ;rprès leur complète dessiccation, on les renferme dans des boîtes, ou , ce qui vaut mieux, dans des sacs de toile suspendus au plancher. Si on les conserve dans cet état pendant deux ans , les fleurs qui en proviendront seront plus hautes en couleur et mieux nour- ries. Chaque année le nombre des tubercules augmente au- tour dLi tubercule principal ; c'est la Yoic dont la uaUue se 022 ANE sert pour reproduire celte plante , quoiqu'elle se multiplie de gi'aine. II est bon de laisser reposer Vanémone au moins pendant un an , et de changer la terre où elle a déjà fleuri. Moyennant une double provision de pattes, on peut avoir tous les ans des fleurs. On en plante la moitié une année , et l'autre l'année suivante, (d.) ANEMONE DE MER. Ce sont les Actinies , qui , lors- qu'elles sont épanouies , ont quelque rapport de forme avec la fleur de l'anémone. V. Acïime. (Ui) ANÉMONE DE MER A PLUME. Le Febure des Hayes a ainsi appelé un polype de mer des c6tcs de Saint- Domingue , qui paroît former un genre nouveau voisin des Actinies. V. ce mot. Cet animal se fixe , par la base , sur les rochers : son corps est cylindrique et susceptible de coniraction ; il est terminé par trente-six tentacules plumeux , au centre desquels sont deux corps vésiculeux , coniques , qui paroissent être les or- ganes de la nutrition. La grandeur de ce polype est sujette à varier , non-seulement par l'âge , mais encore par le mouve- ment de contraction et de dilatation dont il jouit. Lorsqu'il est développé, sa couronne de tentacules a trois à quatre pouces de diamètre ; mais dans Tétat contraire , il ressemble a un globule à peine de la grosseur du pouce, (b.) ANESSE. Femelle de I'Ane. (s.) ANETH , ylncthum. Genre de plantes de la penlandric digynie et de la famille des ombellifères , dont le caractère est : ombelle universelle et partielle dépourvue de collerette ; cinq pétales entiers , presque égaux, courbés en demi-cercle; fruit lenticulaire, conjprimé, strié, composé de deux semences unies , appliquées Tune contre l'autre. La couleur jaune des pétales est aussi un caractère qui ne varie point. Ce genre est composé de trois espèces naturelles aux parties méridionales de l'Europe, toutes remarquables par l'odeur suave que répandent leurs feuilles et leurs fruits , lorsqu'on les froisse ou lorsqu'on les mâche. Leurs feuilles sont découpées très-menu, et paroissent simples et linéaires lorsqu'on ne les examine pas avec attention. L'espèce la plus covmue de ce genre , est I'Aneth doux , oxi\e F E^o\jiL ^ Àne/Jntm ftcnicu/um , Linn, , qui se distingue des autres parce que son fruit est ovale. Elle est employée eu .médecine el dans les offices. En Italie, il y a une variété de cette plante que Ton mange comme on mange ici le céleri, soit cuite, soit en salade, mais qui, apportée en France, devient acre, au point de ne pouvoir plus être employée dans les alimens. Sa culture A N G 523 est la même que celle du céleri , c'est-à-dire qu'on l'arrose fortement, et qu'on la bute pour la faire blanchir. Les anciens en faisoient grand cas , et par suite grand usage. Dans les parties méridionales de la France , où le fenouil vient naturellement, on emploie ses tiges et ses feuilles dans la préparation des olives ; et à Paris , où on le cultive , on se sert de ses graines en médecine et dans les boutiques des confiseurs , qui les substituent à celles d'anis pour faire des dragées et des liqueurs de table , -ce à quoi elles sont beau- coup moins propres. Ces graines passent pour résolutives , carminatives, stomachiques et diurétiques; elles font partie des quatre semences chaudes majeures. Cette plante est bisan- nuelle ; mais on peut la conserver aussi long-temps qu'on le désii'e , en l'empêchant de fleurir. L'Anetii proprement dit, Jneihum graveolens^ Llnn. , jouit des mêmes propriétés; mais comme il est plus acre, on n'en fait que peu d'usage. 11 se dislingue du fenouil , parce que ses semences sont aplaties. h'anelh passoit, chez les anciens, pour propre à augmenter considérablement la force du corps ; aussi les gladiateurs en met! oient-ils dans tous leurs alimens. Les Romains se cou- ronnoient (ïaiielh dans les festins , sans doute à raison de la bonne odeur qu'il exhale, (b.) ANGA. Terme qui désigne, à Madagascar, des herbes qui se mangent. Les principales de ces herbes sont : Anga JIa- FAETS, espèce voisine duPïïARNACE; Angamaleme, espèce de Rue/lie; Anga MALAO, Spilant voisin de VJcmeUe; AngaN BALAZA , Illérèhre sessile ; Angan rambou , espèce de Conyze; AngAi^ sin"GOUT , Vylcrosfii/ue grimpant^ ou espèce voisine; Angan-ta-horiac , Epejvière qui vient dans les marais ; Ang- lllvE , c'est la Morelle àfniits noirs; Ang-HIVibÉ, autre Morelle décrite par Lamarck sous le nom spécifique à'Anghioi; Ang- soutri mourou , Sainfoin qui vient dans les marais ; Ang- SOUTRI-MOUROU-VAVE , autre espèce à feuilles moins roides ; Ang-SOUTRI, Cytise cajan. (b.) ANGALA-DIAN. ISom madécasse d'un SouÏ-manga. V. ce mot. (v.) ANGARI. V. Abutiloih d'Asie, (b.) ANGE ou ANGELOT lÔE MER. INoirfd'un poisson du genre Squale et de la Raie mobular. (b.) ANGÉIDEN et ANJUDEN. Espèce de Laser, (b.) ANGEL. Nom du Ganga aux environs de Montpellier, r. ce mot. (v.) ANGELI-MARAVARA. Espèce d'ÉPiDEKDRE. (b.) ANGELIN, Andira. Grand arbre du Brésil, qui a pour caractère : un calice urcéolé à cinq dents ; une corolle à deux 524 A N G pétales; un légume charnu à une seule semence. Ses feuilles sont alternes, ailées avec impaire ; leurs folioles sont lan- céolées et au nombre de neuf. Ses fruits sont amers , et , pulvérisés, se donnent pour faire mourir les vers. L'Angelin d'Harsfield est un arbuste de Java, de trois ou quatre pieds de haut, que Leschenaulr nous a fait con- noître. Ses feuilles sont à trois ou cinq folioles ; ses fruits , réduits en poudre , et mêlés aux alinnens , passent pour pré- venir les maladies , garantir des poisons , augmenter les forces digestivcs , etc. Aussi se vendent-ils toujours fort cher. 11 est figuré pi. a^ du i6.« vol. des vVnnales du Muséum, (b.) ANGELIQUE, y/n^e//ra. Genre de plantes de la pen- tandrie digynie , et de la famille des ombellifcres , dont le caractère est : collerette universelle d'une à cinq petites fo- lioles, et partielles de cinq à huit; corolle à cinq pétales lancéolés , entiers et réfléchis ; cinq étamines plus longues que les pétales ; un ovaire inférieur , chargé de deux styles réfléchis ; deux semences nues et chargées de stries plus on moins profondes sur le dos. Deux seules espèces, de six h sept <}ue contient ce genre , sont dans le cas d'être ici citées : c'est I'Angélique des jar- dins, Angdlra archangelica^ Linn. , et I'Angélique sauvage , Angelica syhesiris, Linn. , que Lamarck croit devoir être rap- portée au genre Impératoire. Le caractère spécifique de la première est d'avoir la foliole impaire des feuilles lobée. C'est ime plante inté- ressante sous tous les rapports. Elle est bisannuelle , et pousse une grosse tige creuse , qui , dans les bons terrains , 5'élcve à quatre ou cinq pieds ; ses feuilles sont alternes , grandes, deux fois ailées et composées de folioles sou- vent lobées , surtout la terminale , comme on vient de le dire. Leurs pétioles embrassent la tige par une gaine mem- braneuse très-large. » Un goût aromatique et une odeur agréable , tirant un peu sur celiji du musc , sont propres à cette plante, qui est regardée comme cordiale, stomachique , sudorifique , carmir native, alexipharmaque et emménagogue. Pour se préserver de la peste, on en fait macérer Ir-s racines dans du vinaigre , et on les approche des narines ou on les mâche. Les peuples les plus \oisins du cercle polaire en mangent les tiges , ainsi qiu- celles de la Berce , après en avoir ôté la peau. Les con- fise'iirs emploient ses tiges , lorsqu'elles sont encore jeunes , pour les confire ; et ils les transforment en un mets extrême- ment agréable au goût, et très-bon pour l'estomac. Niort est réputé pour cette sucrerie. Lorsqu'on veut cultiver celle espèce pour les usages écO'- A N G 5^5 nomiques ou la médecine , il faut en scmor la graine , aussitôt qu'elle est mûre, dansun terrain légèrement humide, et même un peu ombragé. Lorsque les plants ont acquis assez de force , on les transplante , en les espaçant convenable- ment , dans un terrain de même nature. Elle croîtroit égale- ment dans les terrains secs et exposés au soleil ; mais elle y acqucrroit une odeur plus forte et une saveur plus acre , et, par-là , ne conviendroit pas autant aux objets auxquels elle est destinée. • Le caractère spécifique de la seconde espèce d'angélique est d'avoir les folioles des feuilles ovales , lancéolées et den- telées. Elle croît par toute la France , dans les bois monta- gneux et humides. Elle a les mêmes propriétés que la précé- dente , mais à un moindre degré. Elle parvient quelquefois à plus de six pieds de haut. Dans certains cantons de la France , on cueille ses tiges à leur maturité, pour en mettre les mor- ceaux sur les bobines des rouets à filer le coton, (b.) ANGÉLIQUE (petite). C'est le Boucage. (b.) ANGELIQUE ÉPIÎ^EUSE. C'est une espèce d'ARALiE. V. ce mot. (b.) ANGELONIE , Angelonia. Plante herbacée , vivace , originaire de Caracas , qui seule constitue un genre , selon Humboldtet Bonpland , dans la didynamie angiospermie, e^t dans la famille des scrophulaires. Les caractères de ce genre sont : calice à cinq divisions obliques , presque égales , dont deux sont plus rapprochées ; corolle à tube court, à deux lèvres, la supérieure à deux par- ties, l'inférieure beaucoup plus grande, à trois parties; la découpure intermédiaire en forme de sabot à sa base, où se trouve une grosse glande ; quatre étamines presque égales , hérissées ; ovaire supérieur hérissé , surmonté d'un slyle, court ; capsule renfermée dans le calice (qui subsiste) à qua- Jre sillons , à deux loges polyspermes et bivalves à leur som- met, (b.) ANGHARAKO. Espèce de Ludwigie. (b.) ANG-HIYE et ANGHIYI BÉ. F. Anga. (b.) ANGIANTHE , Angianthus. Plante annuelle du Cap de Bonne-Espérance , à feuilles alternes, spathulées , et à Ueurs disposées en têtes terminales , qui seule , selon Vi^en- dlande , constitue un genre dans la syngénésie polygamie agrégée. Ses caractères sont : calice cylindrique , imbriqué d'écailies colorées; réceptacle lanugineux ; aigrette de deux folioles dentelées , aristées et plumeuses à leur extrémité. Fo)'ez pi. 48 de l'ouvrage du botaniste précité , où elle est figurée, (b.) ANGIABA. C'est I'Ortie dioïque. (b.) SaG A N G ANGIOPTÈRE, AngiopteHs. Fougère des îles Ma- rianne, qui a d'abord été placée parmi les PoLYPODES, et dont ensuite on a fait un genre particulier sous ce nom et sous celui drc , ori- ginaires d'y^H^om en Asie-Mineure, et qui sont remarquables par l'extrême finesse et la blancheur de leur poil, (s.) ANGORKIS, Angorkis. Genre établi par Aubert du Petit-Thouars , dans la famille des Orchidées. Il lui rap- porte vingt-quatre espèces , dont font partie I'Orchis de l'île Maurice de Lamarck , et le Limodore-ivoire de Willdenow. (B.) ANGOSTURA. V. Akgusture. (b.) ANGOUIA. Dénomination générique , au Paraguai , qui coniprenù les rats et d'autres ivngeurs. (desm.) ANGOURE DE LIN. C'est la Cuscute, (b.) ANGOURIE , Angiiria. Genre de pkmtes de la monoécie diandrie , et de la famille des cucurbltacées , dont le carac- tère est : fleurs unisexuelles sur le même pied ; calice mono- phylle à cinq divisions ; corolle monopétale insérée sur le calice et très-profondément divisée; dans la fleur mâle, deux étamines courtes insérées sur le calice ; dans la femelle , un ovaire inférieur oblong , d'où naît un style fourchu , terminé par des stigmates également fourchus. Le fruit est une baie charnue , oblongue , pointue , divisée en quatre loges qui renfcnuent des semences ovales et aplaties. Ce genre se rapproche si fart de celui des Concombres , que r>28 A N G quelques botanistes l'y ont réuni. Cependant le nombre de* étamines et leur écartement les séparent suffisammenL 11 contient trois ou quatre espèces , dont les racines sont grosses et fusiformes , les tiges menues , grimpantes et pour- vues de vrilles pour s'accrocher aux arbres sur lesquels elles grimpent ; les feuilles cordiformes , plus ou moins lobées ; les fleurs rouges et les fruits petits , verts , tachés de blanc. Les angouries sont propres aux îles Antilles , où leur fruit se mange malgré sa petitesse. Il surpasse rarement le volume d'une noix, (b.) ANGREC , Epidendnim. Genre de plantes de la gynan- dric diandrie et de la famille des orchidées , fort voisin des LiMODORES , des Ophrydes, dont le caractère consiste à avoir pour calice des écailles spathacées , répandues sur le pédoncule commun ; une corolle de six pièces , dont cinq sont grandes , oblongues , presque égales entre elles , très- ouvertes , et la sixième , qui est inférieure et plus courte , est tubulée , turbinée , ou en cornet oblique et souvent labiée ; «leux étamines fort courtes , insérées sur le pistil, et portant des anthères cachées dans la pièce en cornet ; un ovaire in- férieur, oblong , souvent contourné , et ressemblant quel- quefois à une corne, d'où naît un style très-court, qui adhère latéralement au pétale en cornet. Le fruit est une capsule allongée , charnue , souvent angu- leuse, qui s'ouvre en deux ou trois valves dans sa longueur, et renferme des semences très-nombreuses et extrêmement petites. Les angrecs offrent des plantes très-remarquables par leur beauté, leur singularité et leur utilité, et dont beaucoup sont parasites, c'est-à-dire, croissent sur les autres plantes, hors de terre. Ils sont très-nombreux en espèces; on en compte plus de cent, et ces espèces sont assez différentes pour être dans le cas de fournir un grand nombre de genres nouveaux, tels que Vanille, Cymbidion , Oncidion, Aérides , Dendro- EioN , Lepa>tu£ , CfRAJA, Caliste , Trixsperme , Ga- LÉOLE, Renanthère , Aristotelée , Faie , etc. Richard qui , dans ses Voyages dans l'Amérique méridionale, a été à portée d'en observer un grand nombre , a préparé sur leur organisation un travail dont on doit désirer la publication. Les angrecs se divisent :i." en angi-ers à tiges ftinllées et grimpantes ^ 2.° en angrecs à tiges feuillées cl droites; S.» en angrecs à tiges nues ou à f milles toutes radicales. Dans la première division, se trouve I'A^grec aroma- tique , connue sous le nom de vanille , et si employée dans les parfums et dans la fabrication du chocolat. Ses carac- tères sont d'avoir les feuilles ovales oblongues, nerveuses, A. ^ y. . //uicti/u/(f/- tr<'(( . 2- ^J/ur/tt:/itïh' . ^. yJ/uic/iu/i' oto-ftu'/ie ■ A N G 52^ sessilps , et les siliques bivalves. Naturel aux Antilles et au Mexique, il est Tobjet «l'une culture très-importante. Sa fleur est blanche et grande. V. le mot Vaisille et la pi. A. 8, de ce Dictionnaire , où il est figuré. On trouve encore dans la même division : i.** I'Angrec ROUGE , qui croît à Saint-Domingue , et dont les fruits sont d'un rouge de corail lorsqu'ils sont mûrs. Toute la plante a un goût acide , et picote la langue lorsqu'on la mâche; 2.° les Angrecs paPii.ionacé et araignée, qui crois- sent au Japon , et qu'on y cultive à raison de la beauté de leurs fleurs et de l'odeur suave qu'ils répandent , surtout le dernier. Dans la seconde division , on remarque I'Angrec a feuil- les MENUES , dont le caractère est d'avoir les feuilles très- étroites et canaliculées. Il est parasite , et croît dans l'Inde , où on l'emploie pour faire mûrir les abcès, arrêter les perles de sang, les fleurs blanches, et guérir la gonorrhée. Ses fleurs durent l'espace de quatre mois; elles sont très-agréables à la vue , extrêmement suaves. Sa racine a une odeur de musc, et une saveur astringente et amère. L'Angrec écar- LAïE n'a point d'odeur, mais ses fleurs, d'un rouge brillant, produisent un très-bel effet. 11 est parasite et originaire de la Martinique. L'Angrec nocturne vient de la même île ; ses fleurs sont inodores pendant le jour, et répandent, pendant la nuit , une odeur qu'on peut comparer à celle du lis blanc. Ses caractères sont d'avoir les feuilles oblongues , le pétale intérieur ou le nectaire divisé en trois parties, dont l'inter- médiaire est linéaire. Dans la troisième division, il n'y a à considérer en parti- culier que : L'Angrec noueux , qui répand la même odeur que le jtrc- cédent dans la même circonstance, et dont le caractère est d'avoir une seule feuille , sillonnée intérieurement , et une seule lige qui porte quatre fleurs. 11 vient dans les bois de l'Amérique méridionale. L'Angrec écrit, dont les fleurs, disposées en un long épi, sont grandes , jaunes , tachées d'un rouge brun , qui repré- sente des caractères hébreux. 11 croît dans les Moluques, où les femmes de la première distinction jouissent du privilège de se parer exclusivement de ses fleurs. L'Angrec ÉMOUssÉ, plante au moins aussi belle que la pré- cédente , qui croît dans le Malabar , et dont les Indiens font un grand usage dans leur médecine. Ils disent que , cuite avec du beurre et du petitrlait, elle guéi-lt les tiraillemens de nerfs et les convulsions ; que sa poudre en boisson et son suc en ca- 34 53o A N G taplasme guérissent de la fièvre , provoquent les règles et leB ui-ines ; que sa racitle guérit l'asthme et la phlhisie. Enfin, TAngrec a quatre pétales, qui croît à la Jamaïque; et I'Angrec culiforme , qui se trouve à la Chine, et dont l'odeur est très-suave. Par ce petit nombre d'exemples y on voit combien le genre des Angrecs est intéressant à connoilre; mais ce n'est que dans leur pays natal qu'on peut jouir de la beauté des es- pèces qu'il renferme , et les étudier; car elles perdent leurs caractères par la dessiccation, (b.) ANGUILLAIRE, Nom italien des jeunes Aî«iguilles. ANGTJILLAIRE , Anguillaria. Genre de plantes, qui est formé par I'Ardisie élevée. AjNGUILL A lI\E,y47j^î////rtr/fl'.Genre établi parR. Brown, mais qui ne diffère pas assez des Mélanthes pour être con- servé, (b.) ANGXJILLARD, Nom d'un Gobie , du Protée , et d'un Silure, (b.) ANGUILLE , Anguilla. Espèce du genre des Murènes , 'que Cuvier croit devoir servir de type à un sous-genre , parce que ses ouïes sont placées sous les nageoires pectorales. Il existe plusieurs espèces à^anguiUes ^ dont une seule, celle ^ont il va être question , vit exclusivement dans l'eau douce. Les autres, encore imparfaitement connues, fréquentent les embouchures des fleuves , dans lesquels elles remontent pendant l'été. J'en dirai un mot. Ce poisson , qu'on appelle aussi serpent d'eau à raison de sa forme cylindrique , allongée , semblable à celle des couleu- vres , varie assez fréquemment dans ses couleurs. Il paroit , d'après les rapports de Spallanzani , que les nuances de c<'s cohleurs dépendent beaucoup de l'âge de l'animal , et de la qualité de l'eau au milieu de laquelle il vit. Dans les eaux limoneuses , VanguiUe est d'un brun noir en dessus , et jau- nâtre en dessous ; dans les eaux limpides, elle est d'un verl- varié rave de brun en dessus et d'un blanc argenté en des- sous ; sa nageoire anale est bordée de blauc , et sa dorsale de fouge. Les nageoires de V anguille sont très-peu apparentes , et ses écailles à peine visibles ; sa tète est menue ; sa mâchoire in- férieure avance en pointe ; ses narines sont saillantes, et ses yeux couverts d'une membrane demi-transparente ; seslèvres- êtses deux lignes latérales sont garnies d'un grand nombre de glandes ouvertes , sécrétant continuellement une liqueur onctueuse qui fait paroître sa peau comme vernie , et qui l«b rend si glissante dans les mains qui la pressent. Ses deux mâchoires , la partie antérieure de son palais, A N G Si. deux os placés au-dessus de son gosier , deux, autres situés à l'origine des branenies , sont garnis de plusieurs rangs de petites dents. L'ouverture de ses branchies est petite , étroite, en croissant , et la mentibrane destinée à la fermer fortifiée par dix rayons. L'organisation de Vanguille présente à l'observateur des faits très-remarquables : ses vertèbres , au nombre d'environ «:ent seize , sont comprimées , petites , et , de plus , pliantes ; ce qui permet à l'animal de se contourner dans tous les sens- Des côtes très-courtes qui leur sont légèrement attachées , ne nuisent en rien à ses mouvemens. Des arêtes nombreuses, ilisséminées entre les divers faisceaux de muscles , suppléent à la force dont ces vertèbres et ces côtes manquent. Des expériences de Sepl-Fontaines , rapportées par Lacé- pède , constatent que les anguilles n'augmentent que d'envi- ron huit pouces en longueur peiulant dix ans ; mais si leur croissance est lente , elle a lieu pendant une longue suitp d'années ; car elles peuvent vivre un siècle et plus. L'agilité , la souplesse , la grandeur et la force sont le par- tage de Vanguille : aussi nage-t-elle avec la plus grande faci- lité ; elle parcourt , sans que l'œil puisse la suivre , des es- paces considérables Elle sort quelquefois de l'eau , rampe sur la terre comme les serpens , soit pour chercher de nou- velles eaux , lorsque celles dans lesquelles elle se trouve se dessèchent ou se corrompent , soit pour aller prendre dans les prés , des vers et des insectes , même , dit-on , pour aller manger les pois nouvellement semés, qu'elle aime passionnément. Ces courses ne se font, au reste , que pen- dant la nuit , époque où elle a moins de dangers à courir , et pendant laquelle un air sec et chaud n'agit point sur ses organes. Lacépède a bien observé qu'une des grandes causes de la mort des poissons qu'on tire de l'eau , est le dessèchement quéprouvent leurs branchies ( F. au mot Poi5SO>"); mais Vanguille doit, plus facilement que beaucoup d autres, clore exactement l'ouverture de cette partie , et celle de sa bouche. Aussi on a observé qu'elle peut rester six ou huit jours hors de l'eau lorsqu'elle est dans un lieu humide , et qu'il ne fait pas trop chaud ; mais , exposée au soleil, il ne lui faut que quelques instans pour périr. Ces remarques avoient déjà été faites du temps de Pline. Pendant le jour , les anguilles se tiennent presque toujours enfoncées dans la vase ou dans des trous qu'elles se sont creusés dans les rivages , trous quelquefois très-vastes , et qui en renferment un grand nombre , ayant presque toujours deux ouvertures, par lesquelles elles peuvent eulicr et sortir 53a A N Tr indifféremment dans le moment du danger ; car elles nagent à reculons presque aussi bien que dans le sens naturel. Lorsqu'il fait très-chaud , et que Teau des étangs com- inence à se corrompre , les anguilles quittent le fond , et viennent k la surface respirer un air plus pur* Alors elles se cachent sous les plantes flottantes, ou entre celles qui bordent le rivage. Cette altération des eaux fcsl, dans les pays chauds, une dès causes les plus fréquentes de la mortalité des anguilles. Spallanzani, qui a fait des recherches très-étendues sur leurs ïnœurs, rapporte qu'il en péril quelquefois des centaines de milliers en peu de jours , dans les étangs de Comacchio , près Venise , étangs qui rapportent des sommes considéra- bles , uniquement par le louage de leur pêche. Dans les parties septentrionales de l'Europe , où la fer- mentation putride parcourt plus lentement ses phases , les anguilles sont moins exposées aux accidens de cette nature ; cependant elle^ y gagnent quelquefois une maladie , qui est in- diquée , sur leur peau, par un grand nombre de taches blanches. On a vu des anguilles vivre des mois, et même des années entières, renfermées dans la vase des étangs desséchés, ou datis les trous des rivières dont on avoil détourne le cours , privées d'eau et peut-être de nourriture. Cette faculté fait qu'il n'est presque jamais nécessaire de repeupler les étangs qu'on a péchés , attendu qu'il s'y conserve toujours assez à'angiiilles cachées pour travailler à leur multiplication lors- qu'on leur a r«jndu l'eau. Les aftguilles vivent de petits poissons , du frai des gros , de vers . d'insectes , des cadavres en décomposition qui sont jetés dans l'eau , et même , comme on l'a déjà dit , de subs- tances végétales. Elles sont Irès-voraces , et digèrent très- rapidement leur proie ; aussi ne faut-il pas les laisser trop multiplier dans les étangs, si on veut y entretenir l'abon- dance des autres poissons. On a écrit des volumes sur le mode de reproduction des anguilles. Aristote croyoit qu'elles naissoient de la fange ; Pline , Aes> fragmens qu'elles enlevoient de leur corps en le frottant contre les rochers ; d'autres anciens , des cadavres des animaux ; Helmonl pensoit qu'elles venoient de la rosée du mois de mai ; Schewenckfeld , des branchies du cyprin bordelière ; d'autres auteurs les font sortir des gades morues, des salmones éperlans, etc. , etc. Spallanzani lui-même sou- tient qu'on a péché des nùlliers d'anguilles dans les lacs d'Ita- lie , sans trouver dans leur corps ni œufs , ni foetus ; et il suppose qu'elles ne procréent que dans la mer , sans faire attention qu'une grande partie de ces poissons ne vont jamais A N (; 533 yolontairem.ont et mC'Uie ne peuvenl le plus souveut aller dans Veau salée. Le vrai csl que les anguille.^ s'accouplent à la ma- nière deç scrpens, ainsi que Ta vu Rondelet; qu'elles font des œufs , qui , la plupart du temps , éçlosent dans leur ventre , et que, par conséquent, daps ce cas, elles sont vivipares à la manière des Vipères. V. ce mot. Lacépède rapporte , dans son Histoire naturelle des Poissons , des observations de Sept-Fontaines, qui constatent de nou- veau ce fait de la manière la plus positive. Les œufs des anguilles croissant dans le corps de leur mère, ne peuvent pas être , par conséquent , aussi nonibreux que ceux de la plupart des autres poissons ; mais comme elles en peuvent faire au moins dès leur douzième année , et peut- être , comme on Ta déjà vu , jusqu'à leur centième , leur muhiplicalion est très-considérable. Aussi sont-elles si nom- breuses dans quelques eaux , qu'on ne peut s'en former une idée. Spallanzani , dans le Voyage déjà cilé , rapporte qu'elles couvrent quelquefois le fond des étangs de Comacchio. Elles ne sont guère moins nombreuses dans certains lacs de la Russie australe , et de la partie de la Turquie qui en est voisine. En général, on les trouve dans les pays les plus chauds , comme dans les plus froids ; dans ces derniers , elles s'enfoncent pendant l'hiver dans la boue , et y restent sans manger plusieurs mois de suite. On voit quelquefois leur empreinte dans des schistes calcaires , de sorte qu'on peut assurer qu'elles existoient dans les eaux de l'ancien monde. Les anguilles à qui leur position permet de voyager, vont périodiquement de la mer dans les ileuves , et de là dans les lacs ou les marais qui les alimentent. On peut voir dans l'ou- vrage de Spallanzani , déjà plusieurs fois cité , les circons- tances qui accompagnent ces émigrations , et les moyens in- dustrieux que les hommes emploient pour les faire tourner à leur profit. Mais Cherighini prouvera bientôt , dans un ou- vrage qu'il fait imprimer à Venise , et que l«;s amateurs d'ichtyologie doivent attendre avec impatience , que cette anguille des étangs de Comacchio est une espèce différente de celles de nos rivières, qui ne vont jamais dans la mer. \S anguille , malgré sa souplesse et sa vivacité , qui sont passées en proverbe , a des ennemis auxquels il lui est très -difficile d'échapper. Les loutres , plusieurs oiseaux deau , la pèchent avec habileté, et s'en nourrissent. Les gros poissons , tels que les brochets et les esturgeons , en font aussi leur proie. Comme ces derniers l'avalent souvent toute entière , il arrive quelquefois qu'elle parcourt leur canal in- testinal , et sort par leur anus , sans éprouver aucun dom- 534. A N G mage : de là le conte qu'elle entroit volontairement dans le corps de ce poisson pour y aller manger ses œufs. Mais de tous les ennemis de V anguille , l'homme est le plus à craindre. Il lui fait continuellement la guerre , soit pour la manger fraîche , soit pour la saler ou fumer , soit enfin poui^ en tirer de l'huile. 11 est cependant beaucoup de per- sonnes, et même des peuples entiers, qui l'ont en horreur. Elle étoit proscrite de la nourriture des Juifs par la loi de Moïse. La chair de ce poisson est très-visqueuse , extrêmement huileuse et difficile à digérer ; mais sa saveur agréable la fait rechercher sur les tables les plus délicates. Les médecins en interdisent souvent l'usage aux estomacs foibles ; cependant il ne paroît pas qu'elle soit nuisible , puisque des peuplades entières en vivent presque exclusivement , et que les indivi- dus qui les composent n'ont pas plus de maladies , et pro- longent leur existence aussi long-temps que d'autres qui ne connoissent pas cette nourriture. La peau des onguilles a la même consistance que le par- chemin, et fait l'objet d'un petit commerce dans les grandes villes. On lui attribue la propriété de faire croître les che- veux lorsqu'on les lie avec ses lanières. Dans la Tartarie , on l'emploie , après l'avoir huilée , pour tenir lieu de vitres aux fenêtres. L'Anguille pimpretseau est une espèce qui a la tête me- nue et très-longue, et dont la couleur est brune. Elle vitàl'em- bouchure de la Seine. C'est son frai que , sous le nom de Montée, on prend en si grande quantité k Caen et ailleurs. Il est probable que l' Anguille guise au , dont la chair est si estimée à Rouen, est aussi une espèce particulière , ainsi que les trois ou quatre autres variétés qui ont des noms parmi les pêcheurs , mais qui sont mal connues des natura- listes. On pêche Vanguille d'un grand nombre de manières. Dans les étangs et les rivières qu'on peut mettre à sec , on les prend en piétinant dans la vase , ou en fourrant le bras dans les trous du rivage. Lorsque le trou est trop profond, on les fait sortir en les enfumant comme les renards. J'en ai pris un jour vingt-cinq de cette manière , dans un seul trou, aux environs de Paris. Comme elles mordent fortement, cette manière de pêcher ne doit être entreprise qu'avec précaution- Dans les lacs et les étangs qu'on ne peut mettre entière- ment à sec , surtout dans ceux où entrent les anguilles voya- geuses , on barre le déchargeoir des eaux par des batardeaux, par de grands filets , et on laisse quelques ouvertures qu'on- garnit d'une nasse. On en prend aussi beaucoup de celle A N G 535 manière aux vannes des moulins , des forges et auiics e'iablis- semens semblables. La nasse simple , la fouane et la ligne dormante sont en- core fort employées pour la pêche de ce poisson , surtout pendant la nuit. Mais c'est avec les grands filets appekés seines , qu'on en prend le plus. On cite des endroits où Ton en ûùt sortir dei'eau plusieurs milliers à chaque coup. On rapporte qu'on en pret , et quelques rangs de plus sous la queue. ]3u reste, il ressem- ble si fort à l'onW, que tous les auteurs n'en ont fait qu'a- vec doute une espèce distincte. Je l'ai vu plusieurs fois, mais j'ai négligé de le comparer sévèrement au précédent. Quant à Véryx de Relzius, nouvelle édition du Faiina suecira^ c'est certainement l'o/vf/ commun. L'AîSGUis PEINTADE est d'un vert glauque , mar(iué de points noirs disposés en longueur sur plusieurs lignes, il a environ cent soixante rangs d écailles sous le corps, et trente sous la queue. Il se trouve en ^Vmérique et dans 1 Inde. L'Anguis cornu est mentionné par Hasselqoist , qui l'a observé en Egypte. Il a deux cents rangs d'écaillés sous le ventre et quinze sou5 la queue. Sa lèvre supé:leure est per- cée , et il sort , par le trou , deux longues dents de la ma- A N Tr 541 choire inférieure. Cette espèce , qui , par ce dernier carac- tère, s'éloigne des autres, uiérile d'être étudiée plus en détail iHi>;GA ^olR de Caye^>"e ( fig. pi. enlum. de Buffon, n." 960), variété pioduite par la diflerencc d'âge ou de sexe dans l'espèce de VunJiinga à ventre noir. Le plumage de cette variété est tout noir ; il y a seulement du jaune pâle sur la gorge, des taches blanches sur les plumes scapulaires et le dos , du jaunâtre sur les couvertures supérieures de l'aile, et du roux à la pointe de la queue ; le bec, la peau nue de la face et les pieds sont jaunâtres. On trouve à Madagascar et au Cap de Bonne-Espérance un anhinga qui se rapproche beaucoup de Yanhinga noir de Guyenne , et plus encore de Yanhinga à ventre noir; en sorte .que , suivant toute apparence , il n'existe guère qu'une seule espèce à anhinga dans Tun et l'autre continent. L'A^lllNGA ROUX , que les nègres du Sénégal appellent kandar, a le cou et le dessus des ailes d'un fauve roux , tracé par pinceaux sur un fond brun noirâtre , avec le reste du plumage noir. On pense assez généralement que c'est une variété de Yanhinga à ventre noir. L'AîsHiNGA DU Sé>;égal. V. Anhinga roux. L' Anhinga de Surinam. Cet oiseau n'a de Yanhinga que le bec; du reste , il est éloigné des oiseaux de ce genre, et c'est mal à propos qu'il y a été compris dans les méthodes d'ornithologie. V. Héliorne. (s.) L' Anhinga à ventre blanc, Plotns leucogaster, Vieill., se trouve dans les Florides , où 11 porte un nom qui veut dire oiseau serpent. Il est de la taille des autres anhingas , et il a toutes les parties supérieures , l'abdomen et les cuisses d'un noir de corbeau , la poitrine et la partie Inférieure du ventre d'un blanc de lait; la queue d'un noir foncé et mouchetée de blanc; les jeunes ou la femelle sont d'un gris-roussâtre sur la tête , le cou, et sur toutes les parties Inférieures ; cette teinte passe insensiblenient au blanchâtre, vers le ventre ; une bande noirâtre , transversale et assez étroite , se fait remarquer sur le bas de la poitrine. Ces oiseaux fonnent de petites sociétés et se rassemblent sur les branches desséchées qui s'avancent au-dessus de l'eau. Là, Ils étendent leurs ailes et leur queue qu'ils agitent sans cesse comme pour se rafraîchir, en se re- gardant en même temps dans l'eau, qui, au-dessous d'eux, réfléchit leur image. Si , dans ces momens , on approche d'eux, ils se laissent, comme morts, tomber dans l'eau, et 546 A N I disparoissent pendant une ou deux minutes : tout à coup , à une grande distance , on voit, hors de l'eau, sortir leur petite tête et leur long cou , et ils ne montrent en nageant aucune autre partie de leur corps , si ce n'est quelquefois l'extrémité de la queue. Dansla chaleur du jour, onles aperçoit , en grand nom- bre, volant au haut des airs , au-dessus deslacs etdes rivières. L'Anhinga à ventre în'OIR, Plotiis melanogaster , Lath. ( fig. pi. enlumin. de Buffon, n.» gSg, sous la dénomination à'anhinga de Cayenne , et pi. 12 de la. Zoologie indienne Ae R. Forster). La principale disparité qui existe entre cet oiseau et Vanhinga du Brésil^ est la couleur noire de son ventre ; une teinte de brun pâle est répandue sur la tête , le cou et la poi- trine ; un large trait blanc descend sur les côtés de la tête et du cou ; le dos , les plumes scapulaires et les couvertures su- périeures des ailes sont rayés de blanc , sur un fond noir ; ce n'est, suivant Buffon, qu'une variété de Vanhinga de la Guyane ; et il y a toute apparence que c'est le mâle de l'es- pèce observée aussi aux îles de Ceylan et de Java. On trouve encore cet anhinga au Paraguay, où il est connu sous les noms de Zaramagullou et de Vigua. Il a l'iris d'une belle couleur d'or, le tarse jaune en dedans , noirâtre en dehors et par derrière ; le bec d'un vert bleuâtre en dessus, et sur la moitié de sa partie inférieure , et d'un violet foncé dans le reste ; longueur totale , trente quatre pouces. Les jeunes , avant leur sortie du nid, sont revêtus d'un duvet blanc et très-épais, à l'exception d'un collier d'un blanc bleuâtre , sur la nuque ; la tête est totalement dégarnie de plumes et d'une couleur de rose pâle , avec le tour de l'œil d'un noir qui s'étend en longeur jusqu'à l'oreille. Ces jeunes oiseaux portent leur cou contourné comme un cor de chasse. Li^anhinga fait son nid sur les arbres , et le compose de bûchettes. Le plumage des anhingas varie considérablement sur le cou et les parties inférieures ; car, outre ceux indiqués ci-dessus, on en voit encore qui ont le cou gris et sablé de noir , avec un trait blanc , longitudinal , sur les côtés de la tête , et qui descend sur ceux de la partie supérieure du cou , dont le reste est de la couleur noire qui couvre tout le dessous du corps. Enfin, d'autres ont le dessus de la tête et le cou roux j les joues et la gorge blanches et mouchetées de noir, (v.) ANHUIBA. Nombrasilien du Laurier sassafras, (b.) ANHYDRITE. V. Chaux anhydro-sulfatée. (luc.) ANI, Crotophaga. Genre d'oiseaux de l'ordre des Pies, de Linn. et de Latham ; de celui des Sylvaiiss , de la tribu des Zygodactyles , et de la famille des Imberbes , de Vieillot. V. ces mots. Caractères ; bec ou lisse ou ridé , arqué , entier , coni- A N I 547 primé latéralement , anguleux sur les bords , à dos ca- réné ; narines ouvertes , ovales , latérales , situées à la base du bec; langue étroite , un peu aplatie , acuminée ; le lorum nu ; ailes courtes ; la première rémige courte , la deuxième moins longue que la sixième , les quatrième et cinquième les plus allongées de toutes ; queue composée de buit pennes. M. Cuvier a classé VAni dans son ordre des Grimpeurs. Ani est le nom que les naturels du Brésil donnent à ces oiseaux ; ils portent au Mexique celui de Cacalototod , qui signifie oiseau ayant rapport au corbeau. Dans nos colonies de l'Amérique méridionale , on les appelle bout de petun ou bout de tabac , oiseau v diables , amangouas , perroquets noirs , etc. Les créoles de Cayenne les connoissent sous la dénomina- tion de bouilleurs des Canaries , ce qui veut dire qu'ils imitent le bruit que fait l'eau bouillante dans une marmite de terre , en jargon créole , canari. C'est en effet le ramage ou le ga- zouillement habituel que lesonw font entendre d'un ton aigre et désagréable, qui change suivant leurs diverses affections. Ce sont des oiseaux indigènes des climats les plus chauds du nouveau continent. Leurs ailes sont foibles et leur vol très-borné ; ils ne peuvent soutenir le vent ; et les ouragans en font périr un grand nombre. Ils ont un instinct social vraiment admirable ; on les trouve toujours en troupes , dont les moindres sont de huit ou dix , et quelquefois de vingt- cinq ou trente ; ils ne se séparent guère ; ils se tiennent sans cesse ensemble , soit en volant , soit en se reposant , et lors- qu'ils se perchent sur quelque branche , c'est le plus près qu'il leur est possible les uns des autres. Cette amitié mu- tuelle , cette sorte de communauté paisible et durable date de la naissance même des anis : nés en commun , ils vivent aussi en commun ; leur société n'est jamais troublée ; l'amour même , élément actif de discorde , ne paroît dans leur habi- tation qu'accompagné de la paix , et il en écarte la jalousie et ses fureurs , cortège effrayant que l'on ne voit que trop souvent à sa suite , et qui arrose de larmes et de sang les fleurs qu'il sait répandre avec tant de grâce et de profusion. Dès le mois de février , les heureux anis ressentent les premiers feux de l'amour , et d'un amour ardent , car ils ne le cèdent pas sur ce point aux moineaux ; pendant toute la durée de ces feux intérieurs et long-temps alimentés , ils sont beaucoup plus vifs et plus gais qu'en toute autre saison ; mais la bonne intelligence qui règne entre eux n'en souffre au- cune atteinte ; il n'y a point de querelles, encore moins de combats ; les mâles et les femelles travaillent ensemble à la construction du nid, qui sert à plusieurs femelles à la fois ; la plus pressée de pondre n'attend pas les autres, qui agrandis- 548 A N I sent le nid pendant qu'elle couve ses œufs. Cette incuhation commune se fait dans le plus parfait accord ; les femelles s'arrangent les unes auprès des autres ; et s'il arrive que les ceufs se trouvent mêlés ou réunis, une seule femelle fait ëclore les œufs étrangers avec les siens ; elle les rassemble , les entasse et les entoure de feuilles , afin que la chaleur se répartisse sur toute la masse, et ne puisse se dissiper. La même bonne intelligence ne se dément point lorsque les petits sont éclos; si les mères ont couvé ensemble, elles donnent successivement à manger à toute la famille naissante ; les mâles aident à fournir les alimens. Mais lorsque les femelles ont couvé séparément , elles élèvent leurs petits à part , ce- pendant sans jalousie et sans bruit ; elles leur portent la béquée à tour de rôle, et les petits la prennent de toutes les mères. Ainsi, la douceur et Tamour de la paix sont constam- ment les précieux attributs du naturel des nuis ^ et les qua- lités inséparables de leur association, de leur ménage et de leur famille. Si les anciens, qui savoient mieux que nous puiser des préceptes de morale dans les diverses productions de la nature , parce qu'ils s'appllqvioient pbis à étudier leurs rapports que leurs formes; si les anciens , dis-je, qui en- voyoient le paresseux à Técole de la founni , eussent connu les anis , ils n'eussent pas manqué de les présenter fréquem- ment en exemple aux méchans , aux envieux , aux querelleurs et à toute cette foule turbulente etlracassière, qui tourmente et divise les hommes en société. Les anis construisent lem- nid très-solidement, quoique grossièrement, avec de petites branches d'arbrisseaux que lient des filameus de plantes ; un lit de feuilles compose toute la garniture. Ce nid est fort évasé et élevé dje bords : il a quelquefois plus de dix-huit pouces de diamètre , et sa capa- cité est proportionnée à la quantité des femelles qui doivent y pondre. Le petit nombre de celles qui couvent en particu- lier , pratiquent avec des brins d'herbes une séparation dans le nid, afin de contenir leurs œnfs. Toutes les couvrent avec des feuilles ou de l'herbe , à mesure qu'elles les pondent , et encore dans le temps de l'incubation , lorsqu'elles sont obli- gées de les quitter pour chercher leur nourriture. Ces fe- melles, qui sont un peu plus petites que les mâles, et ont la couleur du plumage un peu plus sombre et plus mate , font plusieurs pontes par année, et plusieurs œufs à cliaque ponte. La nourriture de ces oiseaux est tout à la fois animale et végétale ; les petits serpens , les lézards et d'autres reptiles , les chenilles , les vers , les grosses fourmis et d'autres insectes , paroissenl être néanmoins leur aliment de choix. Ils se po- sent aussi sur les bœufs poui' manger les tir^ues, les vers et ]cs A N I 549 insectes nichés dans le poil de ces animaux ; de là vient la dénomination de aotophaga ( mangeur de vermine ) que les ornithologistes ont donnée à Vani. A défaut de nourriture animale , il vit de différentes espèces de grains , comme le maïs , le millet , le riz , l'avoine sauvage , etc. ; mais comme il ne les recherche que passagèrement , il n'est point nuisible aux récoltes ; il en est même en quelque sorte le protecteur , par la quantité d'insectes qu'il détruit pour sa subsistance. Une attitude ordinaire auxaw's, est de retirer le cou et de serrer la tête contre le corps ; ce qui leur donne un air souf- frant et transi. Ils ne sont ni craintifs , ni farouches , et ne fuient jamais bien loin -, le bruit des armes à feu ne les épou- vante guère ; il est aisé d'en tirer plusieurs de suite ; mais on ne les recherche pas , parce que leur chair ne peut se man- ger, et qu'ils ont même une mauvaise odeur lorsqu'ils sont vivans. Au reste , ils sont doux et faciles à apprivoiser , et on prétend qu'en les prenant jeunes , on peut leur donner la même éducation qu aux peiroqiiets , et leur apprendre à parler. On les trouve en grand nombre au Brésil, à la Guyane , au Mexique , à Saint-Domingue , etc. , toujours dans les en- droits découverts , un peu ombragés, et jamais dans les grands bois. Il y en a deux espèces , dont les formes et les couleurs offrent peu de dissemblance, mais qui n'en sont pas moins distinctes, puisqu'elles ne se mêlent point, et que l'une vit constamment dans les savanes , tandis que l'aulre se tient sur les bords de la mer et des eaux salées où naissent les palé- tuviers. Cette dernière espèce a un autre genre de vie au Pa- raguai. V. Aisi des palétuviers. Deux autres prétendues espèces ne méritent aucune atten- tion , parce qu'elles ne doivent leur existence qu'à des des- criptions imparfaites. La première est Vani varié (^crotophaga varia^ Lath. ) ; la seconde , \ani marcheur ( avtopJiaga arnhu-^ latoria^ Lath.). En effet, celui-ci ayant trois doigts dirigés en avant et un derrière , ne peut certainement pas être un ani. Le Grand km. V. Ani des palétuviers, (s.) L'Ani -GUIRA - CANTARA , Crotophaga piririgiia , Yieil. ; Cuculus guira , Lath. , a été rangé avec les coucous ; mais il m'a paru mieux placé avec les anis , dont il ne diffère qu'en ce qu'il a le bec lisse et aussi épais que large , tandis que chez les unis le l)ec est ridé e( plus épais que large ; ce qui m'a donné lieu d'en faire la deuxième section de ce genre , avec d'autant plus de motifs , qu'il a les mêmes mœurs et les mêmes habitudes que Vani des savanes. L'iiistoriquc du guira-cantara n'étant nullement connue , je crois devoir traduire ici ce qu'en a dit M. d'Azara dans ses voyages (article de ses Annos). Ce voyageur l'a décrit sous 55o A N I le nom de piririgua ; on l'appelle encore au Paraguay pin- rita. Ces deux dénominations expriment son cri le plus ordi- naire , qu'il répète soit en volant , soit en repos. 11 pro- nonce aussi quelquefois piriririri , comme s'il rioit , et d'autres fois guoagua du ton de quelqu'un qui pleure. Cet oiseau n'est point farouche. Il cherche sa nourriture de côté et d'autre , dans les plantations , les enclos , les bosquets , autour des bœufs , dans les pâturages ; mais il ne se pose jamais sur ces animaux. Il se nourrit de grillons , de saute- relles et de petits lézards. Le pirigua et Vani de savanes sont deux espèces si amies , que leurs troupes se mêlent fré- quemment , et qu'elles travaillent souvent ensemble à la construction d'un grand nid où toutes les femelles déposent leurs œufs, les couvent jusqu'à ce qu'ils soient éclos, nourris- sent et élèvent les petits , comme s'ils ctoient de la même espèce. Cependant il arrive plus ordinairement que chaque troupe fait un nid particulier , et assez spacieux pour con- tenir les œufs de toutes les femelles de la bande. Le guira— cantara ou le piririgua, préfère les plantations voisines des habitations; il entre même dans les lieux habités. 11 place son nid sur des buissons hauts et épais , le compose de ra- meaux , en garnit l'extérieur de feuilles sèches , et lui donne une forme assez aplatie. Les œufs sont exactement en ellipse allongée , aussi gros à un bout qu'à l'autre, d'un vert bleuâtre , avec des veines blanches qui s'effacent par un léger frottement , et ne laissent que la belle couleur du fond , ainsi ({ue je l'ai remarqué sur les œufs de Vani des saoanes. Cet oiseau marque un tel courage à l'époque de ses couvées, qu'il attaque avec acharnement , et met en fuite le caracara^ ou quelque autre oiseau , s'il passe près de son nid. Il a quinze pouces de longueur. Les plumes de l'occiput , longues de quinze lignes, forment une huppe qui n'est jamais totalement couchée , et que cet oiseau relève un peu, surtout quand il est en colère. Ces plumes ont leur tige noirâtre et leurs bords dorés ; les côtés de la tête sont d'un blanc jau- nâtre ^l'occiput est noir et blanchâtre ; les plumes de la partie postérieure du cou et du haut du dos ont du blanc le long de la tige , du blanchâtre sur les bords , et du brun foncé sur le reste. Le reste du dos et toutes les parties inférieures sont blancs ; les couvertures des ailes noirâtres , et bordées de blanchâtre ; quelques-unes de celles-ci et les pennes brunes; le reste de l'aile est noirâtre ; la queue blanche à son ori- gine , sur la longueur de trois pouces ; les intermédiaires sont ensuite brunes , et les autres noires , avec une tache blanche à l'extrémité ; le bec et l'iris orangés ; les cils d'un vert noirâtre , et le tour de l'œil est d'un jaune bleuâtre, (v) A N I 55£ L'Ani des palétuviers, Crotophaga major, Lath. , pi. 3 , fig. 2 de ce Dict. porte à Cayenne le nom de diable des palétu- viers. Il est de la grosseur d'un geai ; il a 1 8 pouces de longueur, en comprenant celle de la queue qui en fait plus de la moitié. Son plumage est noir, à reflets violets, un peu varié par un liseré de vert brillant qui termine les plumes du dos et les couvertures supérieures des ailes. Toutes les pennes , celles de l'aile et de la queue sont d'un vert foucé et noi- râtre ; le tour des yeux est d'un brun noirâtre ; l'iris , le bec et les pieds sont d'un noir mat. h'aiii des palétuviers , que M. de Azara appelle anno-guazu , et que l'on confond avec l'ani des savanes , quand on n'a égard qu'au plumage , a un genre de vie très-différent dans l'Amérique méridionale. En effet , il . est très-farouche , et il se cache avec tant de précaution , qu'il n'est pas aisé de le voir , même quand on l'entend crier à quinze ou vingt pas. Ces anis vivent aussi en famille ; mais elles ne sont composées que de huit à dix individus. Ils se tiennent toujours dans les cantons couverts de grands buissons fourrés et bien feuilles. Ils ne recherchent point le voisinage des eaux ; au contraire , ils vivent dans les cantons les plus secs, pourvu qu'ils soient couverts. Leur cri est une espèce de murmure qui ne paroît pas être produit par un oiseau , ni par un seul ; mais c'est comme si plusieurs s'appeloient e|t se répondoient. Leur nid est construit de même que celui de Vani des savanes, et toutes les femelles de la même bande pondent et couvent ensemble. Les œufs sont couverts d'au tartre blanc qui s'enlève aisément avec un couteau, et laisse voir la couleur verte de la coquille. Leur forme est uni sphéroïde parfait , et leurs diamètres sont 20 et i5 lignes. Le Petit Ani ouI'Ani des savanes, Crotophaga uni. Lath., pi. enl. de Buff. n.° 102, £2; à Cayenne, diable des sa- vanes; environ de moitié moins grand que Vani des palétu- viers ; le noir de son plumage , en y comprenant les ailes et la queue, tire plus sur le brun, et il est moins nuancé dç reflets verts et violets. Au reste , dans l'une et l'autre espèce , ces nuances ne sont sensibles que de près , et lorsque l'oi- seau est exposé au grand jour ; de loin il paroît tout noir. Cette espèce est très-commune au Paraguay , où elle porte plus particulièrement le nom à'anno , d'après son cri que les uns entendent anno, et qui exprime selon de Azara, ooni ou aaai. Ses œufs sont aussi recouverts d'une couche blanche que l'on enlève aisément avec un couteau, et sous laquelle est un très-beau vert bleuâtre, (v.) ANIA. A Gênes , c'est le CANARb. (s.) ANIA FUNDA. Nom piemonlais du Canard sauvage. 55a A N I ANIA GRECA. Nom de la petite Sarcelle dans le Piémont. ANIA MUTA. Nom piémontais du Canard musqué, (v.) ANIBE, Anibacedrota. Grand arbre de la Guyane, dont on fait des pirogues , et que Richard croit être un Laurier. Ses feuilles sont opposées, et même quelquefois verticillées, lan- céolées , entières et lisses. Ses fleurs sont très-petites, in- complètes, en bouquets paniculés; chacune d'elles consiste en un calice d'une seule pièce , divisée profondément en six parties arrondies et concaves ; en huit étamines insérées sur le réceptacle ; en un ovaire supérieur arrondi , chargé d'un style court, terminé par un stigmate obtus ; fruit inconnu, (b.) ANICILLO. Espèce de Poivre de l'Américjue méridio- nale , dont les feuilles et les fruits ont l'odeur de l'anis. (b.) ANICLA. C'est I'Agrostème githage. (b.) ANICTANGIE, Anictangium. Genre de plantes établi par Hedwig aux dépensdes Sphaignes et des Hypnes, et qui présente pour caractère :une coiffe campaniforme ; un oper- cule mamillaire ; une urne droite , ovale , à tube court, droit , à gaine cylindrique , large , ouverte , presque aussi longue que le tube; point de péricheL Ce genre ne diffère pas du Cyathophore. (b.) ANIGOZANTHE , Jnigozanthos. Plante à feuilles radi- cales longues et étroites, à hampe terminée par un pani- cule de fleurs entourées de poils, qui forme un genre dans l'hexandrie monogynle , et dans la famille des liliacées, voi- sin de I'Argolaze. Ce genre offre pour caractère: une corolle tubulée oblique- ment, divisée en six parties inégales et recourbées en de- dans; six étamines; un ovaire inférieur à style simple ; une capsule sphérique à trois loges contenant un grand nombre de semences anguleuses ; et couronnée par la corolle qui per- siste. U'ylnigozanthe rousse se trouve à la Nouvelle-Hollande , et a été figurée par Labillardière dans son Voyage à la re- cherche de la Peyrouse. (b.) AN1L. C'est un des noms de I'Indigo. (b.) ANILAO. V. Anilo. ANILIOS. C'est I'Anguis-lombric. (b.) ANILO ou ANILAO. Grand arbre des Philippines , dont on ne connoît qu'imparfaitement les parties de la fruc- tification. Il a un calice de cinq pièces ; une corolle de cinq pétales; un fruit supérieur à cinq semences ; des feuilles alternes, lancéolées, dentées et cotonneuses en dessous, (b.) riTS du premier volume. ^t^r^n in ^ ^. '■■A'- :^^'^Ji ^JW.,;-^ ^-ï^^/. ■•.^'■.■■A-: : •/, ■ ,^ .4^ ■ ,-■ :^ -i-»^ . ' "^c^^