LIBRARY OF w^'-- Km^-^^ïV^m^ c^< .,'■.■■- ,.-.v. ,, -L-^i^:- ^- . .- • •= - ■ - ■'V- <-Mfy^'mwi'M-:'- V NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE, APPLIQUÉE AUX ARTS, A l'Agriculture , à l'Economie rurale et domestique, à la Me'decine , etc. PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES ET D'AGRICULTEURS. Nouvelle Édition presqu'entièreraent refondue et considé- rablement augmentée ; AVEC DES FIGURES TIREES DES TROIS RÈGNES DE LA NATURE. TOME VL 1>E L'IMPRIMERIK B'ABEL LANOJB, IlUE DE tA HARPE. A PARIS, Chez DETERVILLE, libraire, rue hauxefeuille,mo 8. M DCCC XVI. Indication des Pages oii doivent être placées les Planches du Tome VI, avec la note de ce qu elles représentent. B 14. Reptiles Pag. 8 Caméléon commun. —Caméléon fofrchu. — Chal- cideseps. — Chaicide penladactyle. — Cœcilie ibiare. — Couleuvre à collier, — Vipère hébraïque. B 12. Aiîiniaux maininiteies 3» Castor. —Chameau. —Chamois (antilope). B 23. Insectes 58 Callidie arqué. — Cantharîde des boutiques. — Ca- pricorne musqué. —Carabe escopelte (brachine). —Ca- rabe sycophaiite (caiosôme). — Casside verte. — Cébrion géant. — Cérocome de Schaeffer. — Cétoine dorée. — Chalcis clavipède. — Charanson palmiste (calandre). — Charanson des noisettes (rynchœne). — Chrysis en- flammé. — Chrysomèle sanguinolente. B 17. Plantes 228 Casse des boutiques. — Casse séné. —Chêne à la galle. — Ci.ste ladanifère. B 10. Poissons 3 16 Caesiomore bâillon. — Caranx Irachure — Cata- phracte cotte. — Calllonyme lyre. — Centrisque bécasse. — Centrolophe nègre. — Chrysostose lune. — Centro- pome sandat. - Cheline trilobé. Chéilodiptère mau- rice- —Chétodiptère plumier. — Chétodon bordé. — Ché» todon à bec. B i3. Animaux mammifères 336 Description des diverses parties du corps du cheval. B 18. Animaux mammifères 35 1 Coati. — Cheval sauvage. — Chien mulet mâle. B 20. Poissons. . 4^4 Chevalier américain. — Chimère anlarcliquc. — Cen- tronote pilote. — Clupée sardine. — Cobite loehe fran- che. — Coris aigrette. — Coryphène dorade. — Cotte quadricorne. —Cotte grognant. — Cycloptère lompe. — Cyprin bordelière. NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE. C H A l^HAA ou TCHA. Nom sous lequel le thé lou a été d'a- bord connu en Europe. Il en est fait mention dans le Pinax de C. Bauhin , ouvrage qui date de iGaS. Ekeberg apporta en Europe le premier pied vivant, le 3 octobre ijGS. (Lis.) CHA , CHÉ , THÉ. Noms chinois du Thé , ihea. Le mot cha est resté dans la langue portugaise. Les Chinois donnent aussi ce nom à une espèce de Nerprun, rhamnus théezan, dont les pauvres emploient les feuilles en guise de thé. Voyez Cha\, Ché et TnÉ.(LN,) CHA, CH ADY. Noms donnés par les hordesde Tartares des bords de l'Oby , à TEpicia, Pinus abies , L. (ln.) CHABAL. Nom patois du cheval^ au pied des Pyrénées orientales, (desm.) CHABASI et CHUBEZE. Noms arabes de la mauve ^Maha rotundifolîa^ L. ). (ln.) CHABASIE ou CHABAZIE. Nom choisi par M. Bosc » pour désigner un minéral de la classe des substances ter- reuses , qui avoit été regardé jusqu'alors comme une variété de la zèolite : ce nom est une altération du mot chabaùon , employé par Orphée , dans son poème sur les pierres , pour désigner une substance qui nous est inconnue. ( Voy. Journal d'Hi'st. Nat. , t. 2 , p. i8i et suiv. ) C'est la Zéoliie en cubes de Komé-de-l'lsle et de Faujas ; la Schabazit de Werner , la Chabasin de Karsten , et le Bhombo Edrischer Cuhicii d'Oken. M. Haiiy et MM. Brochant et Brongniart ont adopté le nom de Chabasie. Elle a pour caractères essentiels d'être divisible en rhom- boïde un peu obtus ; ce qui la distingue de l'analcime , qui YI. 1 C II A se divise en cube , et d'être aisément fusible au chatiineau , en une masse blancJiâlre et spongieuse- Sa pesanteur spécifique est 2,7176; celle de i'analcime est moins considérable. Ses cristaux, ordinairement blanchâtres et éclatans, sont quelquefois transparens , ou opaques et rougeâlres ; ils raient légèrement le verre : leur volume est peu considéra- ble. Ils ne «ont pas susceptibles de s'électriser par la chaleur, comme la mésotype. On en connoît trois variétés de formes , qui sont : La chabasie primitive : rhomboïde un peu obtus , dont l'angle placé au sonnnet , est d'environ gS" et demi. La chiibtisie tii-rhumhdîdale, qui résulte de la combinaison de trois rhomboïdes dont deux sont situés sur les arêtes et les angles solides latéraux de rhomboïde primitif l^Sichahasic disjointe : modification de la précédente, dans la- quelle les faces du rhomboïde primitif ont disparu. (Y. le Traité de Minéralogie de 31. Hauy.) Ces deux dernières ont quelque ressemblance avec les cristaux de fer de Fîle d'Elbe , el sont plus communes que la première. D'après l'analyse de M. A'^auquelin, cent parties de Cha- basie de Feroé contiennent :■ Silice 4-3,33 Alumine * 22,66 Chaux 3,34. Soude et potasse , 9,34 Eau 21,00 Perte o,33 100,00 La chabasie n'a encore été trouvée que cristallisée. Ses cristaux tapissent des cavités dans les roches amygdaloïdes à base de wacke des terrains de Irapp , en association avec des cristaux de quarz et de chaux carbonatée. Us garnissent aussi l'intérieur de certaines géodes de quarz-agate , comme à Oberstein , dans le duché de Deux-Ponis. Les roches de trapp des îles de Mull et de Skye en fournissent de très-beaux, ainsi que celles du nord de Tlrlande. lien existé également de Irès-remarquables par leur netteté dans les amygdaloïdes de l'Islande el de Feroé. Certains basaltes de là Saxe et d«* l'île de Bourbon renferment aussi des cristaux de cette même substance. (LUC.) CHABIN. L'on appelle ainsi, dans quelques-unes de nos îles de l'Amérique , le mulet produit par Taccouplement du bouc avec la brebis. Ce mulet a les formes de la mère et le C H A 3 poil du père. On le dit fécond ; cependant l'on ne connoît pas encore de race intermédiaire entre la chèvre el la brebis , ce quine manqueroil pas d'arriver si, comme on le prétend, le r/2«Zi?« avoir la puissance dengendrcr el de se mulliplier.(s.) CHABOK.Nom que les Kalmouks donnent aux Cour- ges , cucurLita. (ln.) # CHABOT. Poisson dugenre Cotte, Cullus gohio^\Àx\n. On le cdnnoît aussi sous le nom de meunier^ A âne ou de léle dWne. (B.) CHABR.AEA, Adanson. C'est le genre Peplis de Lin- nseus. V. Peplide. (ln.) CflABPvEE , Chabrœa. Genre de plantes établi par Dé- candolle, aux dépens des Perdicies. Il présente pour carac- tères : calice hémisphérique, à folioles oblongues , disposées sur un seul rang ; tleurons du bord plus grands, femelles; fleurons du centre , hermaphrodites, à deux lèvres inégales ; réceptacle nu; aigrette plumeuse , longue, caduque. La Chabree pourpre a été figurée par Décandolie dans les Annales du Muséum, tom. 19, sous le nom de BerthqJ lonie. (b.) CHABUISSEAU. Les pêcheurs de la Rochelle donnent ce nom à un pelit poisson qui a une ligne bleue as^z large de chaque côté du corps. On ignore à quel genre il appartient. On donne aussi ce nom à la chevanne^ espèce de pois- son du genre Cyprin , ryprîmis jeses^ Linn. (b.) CHACAL. Espèce de quadrupède carnassier du genre des Chiens : c'est le çanls avrem de Linnseus. (desm.) CHACAL GRIS, Canls mesomelas. \ariété de Tespèce du Chacal , qui habite les environs du Cap de Bonne-Espé- rance, (desm.) CHACAMEL, Craxvodjeransi Lath.; Pénélope vociférons , Linn., édlt. i3. Oiaclialaramelt est le nom mexicain de cet oiseau , dont BulTon a fait, par abréviation, celui de rhaca- mel. C'estàFernandez que Ion doit sa descriplion ; mais elle est si succincte , qu'on ne peut déterminer que très-difficile- ment à quel genre cet oiseau appartient; cependant, ilparoit à Sonnini élre le même que le petil aigle iV Amérique de Buffon, ou le Rancanca. V. ce mot. Cet oiseau d'Amérique a le bec et les pieds bleuâtres , le dos brun et le ventre d'un blanc bleuâtre. Son cri est celui de la poxile ordinaire , ou plutôt de plusieurs /;of/Z«; car il est, dit-on , si fort et si continuel , qu'un seul de ces oiseaux fait autant de bruit qu'une basse-cour entière. C'est de là que lui est venu son nom de rliarhalacamelt ^ qui signifie oiseau cnard. Il vit ordinairement sur les montagnes , et y élève ses petits , comme les hoccos. (v.) 4 C H A CHACARILLA. F. Cascarille. (ln.) CHA-CHA. C'est l'un des noms donnés en Frnnce à 1^ LiTORNE , espèce de grhe ou de tourde ( Turdus pi/ans , L. ). (desm.) CHACHALACAMELT. F. Chacamel. (s.) CH4CHA VOTO TOLT. Oiseau du Mexique , d'une taille un peu au-dessus de celle du chardonneret ; il a un petit bec noir ; le dos varié de bleu, de noir , de cendré ; le ventre jaune ; les pieds bruns, (v.) CHACONE, Synonyme de TocOKAYE. (b.) CHACRELLE. C'est la Cascarille. V. Croton. (b.) CHACRILE. V. Cascarille. (ln.) CHACURU. Nom d'un Barbu du Paraguay. V.ce mot. (V.) CHADARA. EnDaourie, on appelle ainsi un oiseau dé- signé par Pallas sous le nom ào. cor\>us tyaneus. V. Corbeau. (desm.) CHÂDARE, Chadara. Cenre de plantes établi par Fors- kaé'I , mais qui ne paroît pas suffisamment distingué des Greuviers. C'est le Greuvier À feuilles de peuplier. (b.) CHADASCH. Nom arabe de l'arbre qui porte la myrrhe. V . au n1f)l Balsamier. (b.) CHADDAEIR, ou CHADDiSEJR. Nom d'un guêpier d'Egypte, Guêpier vert. V. ce mol. (v.) CHADDER. Nom arabe d'une espèce de Boerhavie, B. erecta. (ln.) CHADE, Nom que donnent à la Pesse ou Épicia, pinus abies ^ L. , quelques hordes de Tartares. (ln.) CHADEC. Nom du Citronnier de la Barbade. (b.) CHADET. Nom donné par Adanson au Murex chinefish de Linnaeus , qui fait aujourd'hui partie du genre Cérite. (B.) CHADSURA.Nora mongole etburate du sa^m , pinus pi- cea , Linn. (ln.) CHADY. V. Cha. (ln.) CHAELLE. Nom que les Egyptiens donnent à Vammi majus , Linn. F. Ammi. (ln.) CHiffiNANTHOPHORÉES. Famille de plantes éta- blie par Lagasca aux dépens des Composées. Ce nom ne paroît pas devoir être adopté. Fojez Labiati flores. ■ (b.) CHjŒIREFOLIUM. Dodonée et quelques autres bo- tanistes de son temps nomment aiiisi le cerfeuil , scandix. ccrefoUum , Linn. (ln.) C H A 5 CHiERMAN. Nom arabe de I'Orphie, esox hellone. (desm.) CHJIEROPHYLLOS. Les Grecs donnoient ce nom à une plante , que l'on croit une espèce de cerfeuil, à cause* de la délicatesse du feuillage, etc. C'est peut-être le cer- feuil ordinaire, scandix cerefolium , L. (Lis.) CIIiVEROPHYLLUM. Les diverses plantes qui ont reçu ce nom avant Linnœus , se trouvent maintenant dispersées dans les genres scandix, rayrrhis, cerfeuil etathamante. Un certain nombre , cependant, forme le genre chœrophylbim , Linn. V. Cerfeuil, (ln.) CHjffiTANTHE. K. Leptocarpoïde. (b.) . CH7«ETANTHÈRE , Chœtanthera. Plantes herbacées du Pérou , qui forment un genre dans la syngénésie polyga- mie superflue et dans la famille des corymbifères. Les caractères de ce genre consistent : en un calice commun polyphylle , à folioles extérieures lancéolées, ciliées; à folioles inlermédiaires linéaires et ciliées au sommet; à folioles inté- rieures linéaires , scarieuses , sphacélées et terminées par une soie ; en un réceptacle nu , portant dans son disque des fleurons hermaphrodites , et à sa circonférence des demi- (leurons femelles fertiles; des semences ovales surmontées d'une aigrette velue. Ce genre, dont le genre Ho]Violia>tiie diffère fort peu , et dont les caractères sont figurés pi. 23 du Gênera de la Flore du Pérou , contient deux espèces, (b.) CHiflSTARIE, Chœtaria. (ienre de graminées établi par Palisot Reauvoîs, aux dépens deS Arjstides de Linnwis. Le genre CuRTOPOGON, du même botaniste, en diffère très-peu. Ses caractères consistent : en une balle florale inférieure plus ou moins prolongée en pointe et terminée par trois soies le plus souvent égales ; il renferme vingt-cinq espèces à la lête desquelles se trouve I'Aristide de TvisCENSiON , qui pa- roît avoir servi de type au genre de Linnœus. (b.) CH^TL\. (Hill. Hlst. anîm.) C'est le t^RAGONNEAU aquatique, espèce de ver. (desm.) CFITVETOCARPUS, Gmelin. K. Labatie. (ln.) CHiETOCHYLE, Chœforhylus. Genre de plantes établi par Vahl, mais qui ne diffère pas de celui des Sch.wenkies. (b.) CHiVETOCRATER , Chœtocrater. Arbre du Pérou, qui forme un genre dans la décandrie monogynie. Il offre pour caractères: un calice campanule, divisé en ciliq parties ova- les; point de corolle; un tube évasé, entourant le germe et couronné par dix soibs ; dix étaminesalternativementgrandes et petites , insérées sur le bord du tube ; un ovaire supé- G G H A rieur , trigonc , à style court etàtrois stigmates capilés ; une capsule unlioculaire. Cet arbre croît au Pe'rou ; il ne paroît pas fort distingué de I'Anayingue , de la Flore de ce pays, (b.) CHiETOSPORE , Chœtospom. Genre établi par R. Brown , mais qui diffère fort peu des Choiî*«s. Ses carac- tères sont : balles imbriquées, les inférieures vides; plus de six soies autour de l'ovaire ; graine lenticulaire ou trigone. Ce genre, qui ne diffère pasdu Rhynchospore, renferme plusieurs espèces de la Nouvelle-Hollande et d'autres de l'A- inérique méridionale , mentionnées dans le bel ouvrage de MM. de Humboldt, Bonplantet Kunth sur les plantes de ce pays. (B.)^^ GHiiETURE , Chœturus. Genre de graminées établi par Linck, mais qui ne diffère pas du PoLYPOdON. (b.) CHAFI et ALCHELli. Noms arabes d'une espèce d'or- chide , ordiîs nsiuhita , Linn. (L^^) CHAFFINCH. Nom anglais du Pinson. (desm.) CHAFOUIN. XJHistuire générale des Voyages fait men- tion, sous le nom de chafouin, d'un quadrupède de l'Amé- rique, qui paroit être le Conepate (s.) CHAGNI. Chez les Burates, c'est le nom du Cochon. (DESiM.) CHAGNOT ou CAGNOT. Dans plusieurs départe- ment maritimes de la France , on donne ce nom au Squale MILANDRE, soucilus galeus. (DESM.) CHA(iRliN. Préparation de la peau du cheoal, de Vàne ou du mulel ^ qui se fait en Turquie et en Perse. On ne se sert pour le chagrin que de la peau du derrière de l'animal ; après qu'elle est tannée et devenue souple et maniable, on l'étendsur un châssis au soleil , on en couvre le coté du poil avec la graine noire d'une espèce à'arrocJie, et non pas avec la graine de moutarde, comme on le pense assez gértérale— menl; cette graine, pressée par les pieds des ouvriers, se fixe dans le cuir, et ne s'en détache plus lorsqu'il est sec. Le cha- grin est le sngri des Turcs, (s.) CHAGNÙIRA et CHAGAS. Noms portugais de la Ca- pucine. (LN.) CHAHA. F. le genre Porzane. (v.) CHAH K AMAN. Nom égyptien du Tadorne, (v.) CriA-HUANT. F. Chat-Huam. (s.) CHAHYN. Nom arabe du Faucon, (v.) CHAIARXAMiiAR. Selon Prosper Alpin, c'est le nom arabe de la C vsse des BOUTtQUES, rassiafistula. (LN.) CH.\IA VER. Nom indien de Vheâyotis auj-icularia, Linn. F. Hédyote. (ln.) G H A ; CHAILASSU. Les Mongoles et les Bmaies nomment ainsi l'ÉpiciA ou Sapin rovge, piniis aùies , Linn. (ln.) CHAILLEPiIE. La Camomille puante porte ^e nom dans les environs de Senlls. (b.) CHAILLETIE , Chaillelia. Genre de plantes établi par DecandoUe dans la pentandriedigyni<î et dans la famille des amentacées. Il es» voisin des Micocouliers, etrenfermedeux arbres de Cayenne à feuilles alternes, entières, stipulcesà leur base et souvent (lorifèros sur leur pétiole. Ses caractères sont: calice à cinq divisions persistantes , velues en dessus ; cinq écailles pétaliforraes ; un ovaire supérieur; une drupe sèclie à deux loges et à deux semences, dont une avorte souvent. CHALNUK. Nom tartare kalmouquede la vache de Tar- tarie, ou Yak. V. Bœuf, (s.)^ GHx\IR. ( Fauconnerie. ) Etre Lien à la chair., c'est lorsque l'oiseau chasse avec ardeur, (s.) CHAIR FOSSILE. V. Asbeste. (pat.) CHAITURE, Chailums. Genre établi par Mœnch,pour séparer des Agripaumes les espèces dont les élamines et To- vaire sont glabres. Il n'a pas été adopté, (b.) CHAJA ou CHAJALI. Noms du Chavaria au Para- guay. (V.) CIIAJA, Les Kalmouks désignent par ce mot le Con- combre cultivé , cucumis sotious , Linn. (ln.) CHÀ-KUOUW. Nom hoitentot du Lamantin, (desm.) CIIALA. Nom kalmouque du Balbuzard ou Aigle de MER. (desm.) CHx\L,\ZE. Organe de la graine, qui varie beaucoup dans sa position et dans sa forme, et dont les usages ne sont pas encore bien connus. Il n'est visible que par l'effet de la dis- section et fait partie de la Raphe. (iœrtn^r le regarde comme un ombilic intérieur. V. Fruit, (b.) CHALBANE , Dioscoride. Adanson rapporte celle plante augalbanum., plante ombellifère. V. ce mot. (ln.) CHALCANÏHEMON, CHALCANTON , CIIAL- CAS et CHALCITIS. Autant de plantes mentionnées par Dioscoride, et qui paroissent cire des espèces de chrysan-' thèmes, (ln.) CHALCAS, Chaînas. Genre de plantes qu'on a reconnu être le même que le Murrai et le Marsane. (b.) CHALCEIOS, Dalechamps. C'est I'Echinope sphérocé - PHALE , er.hinops spœrocephaluSj Linn. F. EcHINOPE. (B.) 8 - C H A CHALCVDIËj^ Chaiddcs. Genre de reptiles de la famille des Lézards, qui offre pour caractères : un corps fort allongé, presque cylindrique , rampant; quatre pattes à peine appa- rentes, très-courtes, à trois ou cinq doigts; une langue courte, échancrée à son extrémité. Ce genre faisoit partie des Lézards de Linnseus , et en a été séparé par Bi'ongniart dans son excellent travail sur les caractères des animaux de celte famille ; il lie les autres Lé- zards asx Bipèdes , et par l'intermédiaire de ceux-ci aux Serpeî^s. En effet , on prendroit , au premier coup d'œil , dit La- treille, les espèces de ce genre pour des serpens ; leur corps est menu, fort allongé, et se roule sur lui-même ; il est couvert d'écaillés qui approchent de la forme quadrangu- laire , mais qui varient sans doute suivant les espèces ; leurs deux pattes antérieures sont situées près de la tête , et les deux postérieures près de l'anus , ce qui met une grande dis- tance entre elles ; leurs pattes sont très-petites, a peine tou- chent-elles la terre ; le nombre de leurs doigts varie selon les espèces ; leur tête ne diffère pas sensiblement , par la forme générale , de celle des léznrds; leurs yeux sont en général fort petits . leur trou auditif nul ou peu ouvert ; leurs dents sont extrêmement petites et leur langue médiocrement longue ; leur queue est presque aussi longue que le corps , et finit en pointe aiguë. Les chalcides ont plus de rapports avec les Anguis qu'avec aucun autre genre de serpens, soit par leurs caractères phy- siques, soit par leurs mœurs ; leur quevie se casse très-faci- lement. Ils vivent d'insectes et d'autres petits animaux , ne sont point venimeux , se cachent sous les pierres, dans les fentes des rochers, sous les écorces d'arbres, etc., et s'en- foncent dans la terre pendant l'hiver. Ils sont vivipares à la manière des vipères , c'est-à-dire que les œufs restent dans le ventre , et que les petits y éclosent au nombre de dix à douze. Daudin, auquel on doit un travail très-approfondi sur la famille des Lézards, dans son Histoire nalurelle des Bepfiles , adonne le mêmenom àun genre qu'il a formé avecune espèce de celui - ci , une nouvelle , et le Bipède de Latreille ; de sorte qu'il entre dans le genre de Daudin, des espèces à quatre pieds et à deux pieds, ce qu'il est impossible d'ad- mettre dans toute bonne méthode erpétologique. Il ap- pelle seps toutes les autres espèces de chalcides de Latreille , qui ont les ccaiiles verticillées; le caractère générique de son nouveau genre est d'avoir les ccaiiles imbriquées. J3. i4 De^^eoc Jel . J.e/t'û'ter^ ifculi> r/,.,A-/J.- ('//.r/rn/r fu;, //, ■{'//'■ 7" /.•/.; Ç H A 3 Les principales espèces de chalcides de Latrellle , sont : Le Chalcideseps , qui est strie', gris sur le dos, avec deux lignes plus claires bordées de noir; dont l'ahdomen est blanchâtre avec un rebord aigu et recourbé ; il a , d'après Tobservation positive de Lacépède , trois doigts à toutes les pattes; sa longueur varie entre six et douze pouces. 11 se trouve dans les parties méridionales de l'Europe et sur les côtes de la Barbarie. Sauvage rapporte qu'une poule ayant avalé un de ces rep- tiles sans le blesser, il le vit s'échapper un instant après par l'anus; la meine poule le reprit de nouveau, et il sortit de même ; ce ne fut qu'à la troisième fois qu'il fut tué et avalé par morceaux. On croit qu'ils causent souvent en Italie les enflures de ventre aux bœufs et aux chevaux, qui en mangent en paissant mais ce fait n'est pas constaté. C'est le type du genre Seps de Daudin. V. pi. B. i/J. où il est figuré. Le Chalcide jaunâtre est annulé , strié , et n'a que trois doigts à chaque pied ; sa couleur est celle de l'airain ; sa queue est plus longue que le corps. On ignore quelle est sa patrie. C'est le type du genre Chalcide de Daudin. Le Chalcide pentadactyle est le lacerta chalcides de Linnœus, que Lacépède regarde comme le même que le chalcideseps^ quoique les cinq doigts dont il est pourvu sem- blent indiquer une espèce bien distincte. Il se trouve dans le midi de l'Europe et sur les côtes de la Barbarie. V. pi. i4- où il est figuré. Le Chalcide serpentin est strié , bai en dessus , cendré en dessous ; il a cinq doigts à chaque pied, et sa longueur est de cinq à six pouces. Sps écailles sont imbriquées d'une ma- nière plus saillante que dans les autres espèces. Il est naturel à l'île de Java, et a été figuré dans le second volume du Natiir- forchei\ pi. 2, par Bloch , qui, le premier, l'a fait connoîlre. Le Chalcide anguin a le corps très-long , vcrlicillé et strié ; les pieds écailleux, subulés et dépourvus de doigts. Il est figuré dans Séba , tom. 2 , pi. 68 ^fig. 7 et 8. Il se trouve dans les eaux fangeuses au Cap de Bonne-Espérance. Il est très-douteux que ce soit un vrai chalcide ; il a besoin d'être de nouveau examiné par un naturaliste éclairé, (b.) CHALCIDITES, Chalcidites, Latr. Tribu d insectes de l'ordre des hyménoptères , section des térébrans , famille des pupivores , ayant pour caractères : ailes inférieures sans nervures; antennes des deux sexes, ou du moins celles des femelles , plus grosses vers leur extrémité, de douze articles C H A distincls au plus, dont le premier long et formant un coude avec la tige ; palpes toujours très-courts ; tarière logée, soil entièrement, soit à sa base, dans une coulisse extérieure et lon;^itLidinale du dessous de rabdomen ; pattes postérieures ordinairement propres pour sauter. Ces insectes sont petits, souvent ornés de couleurs métal- liques très-brillantes, et ont la faculté de sauter. La tarière des femelles est composée de trois filets, ainsi que celle des ichneumons , et leur sert aux mêmes usages, c est-à-dire, à déposer les œufs dans le corps des chenilles, des larves, ou dans les chrysalides et les nymphes. Quelques femelles, ex- trêmement petites, les pondent dans l'intérieur des œufs des autres insectes , et même dans ceux de quelques petits ichneu- mons déjà placés dans des œufs ; d'autres les placent dans les gales mêmes, et leurs petits en détruisent les hnbitans natu- rels , ou les cynips de Linuipus et les dlplolèpes de Geoffroy. Ce dernier me paroit s'être mépris , en attribuant tant aux chalcidiles , qu'il confond mal à propos avec les cynips de Linnœus , qu'à ses diplolèpes, la formation de ces gales ; car il est incontestable, d'après les oliservations de Réaumin , de P\œsel, et Ips miennes propres, que ces gales sont réel- lement produites par des diplolèpes , ou plutôt des cynips proprement dits ; que les chenilles et les larves qu'on élevé sont souvent détruites par des chalcidiles, et qu'ainsi, les larves des diplolèpes se nourrissent de matière végétale , tan- dis que celles de ces* derniers hyménoptères sont carnas- sières. Degeer, au x'cste , avoit déjà remarqué que les chalci- dites , qu'il place, aiosi que Linnœus , avec les ichneumons , eloicnt les ennemis des habitaus naturels des galles, et qu ils ne les produisoienl pas. 11 dit même que les femelles ne pon- dent qu'un œuf dans chacune délies, parce que la larve du «liplolèpe y vivant solitaire, son cadavre ne pourroit suffire à la nourriture de plusieurs individus de ces insectes parasites. Les larves des chalcidiles ressemblent à celles des ichneu- mons ou à de petits vers blancs, à forme conique et allongée, ayant une têle écailleuse, et dépourvus de pattes. Geoffroy dit cependant que toutes les larves des cynips ont six pattes ccaillcuses, et douze à quatorze pattes membraneuses. Mais je présume qu'il veut parler de quelques fausses - chenilles , qui vivent dans certaines gales de feuilles du saule. Il me paroît que les larves des chalcidites se changent en nymphes sans filer de coque , tantôt sans quitter leur ber- ceau, tantôt au dehors, en se fixant sur quelque corps voi- sin , et souvent sur des feuilles. Les chalcidites composent , dans mon Gênera cnisl. et insert. , la majeure partie de ma famille des Cïnipsères , Cynipsena. C H A M. Maximilier. Spinola, tiansun bon Mémoire sur les genres (lont elle est formée (^Aniudes du Mus. d'Hîst. nat.)^ la dé- signe sous le nom de Diplolépaires; mais en observant, avec raison , que celui de CflALdlDiES lui conviendroil beau- coup mieux, et qu'il seroit à propos de supprimer la déno- mination de DiPLOLÈPE, qui entraîne une grande confusion. Il divise celle famille de la manière suivante : I. Antennes de douze articles. A. Abdomen attaclié à re.vfrémité posténeure et inférieure du mitatliorax , de trois anneaux dans les mâles , de cinq dans les fe ■ nielles; tarière recourbée en dessus et couchée sur l'abdomen. Le G. Leucopsis. B. Abdomen attaché au dos du mitathorax et relevé comme dans les évaniales, composé de sept anneaux dans les mâles , de six danf les femelles ; tarière de ces dernières toujours dirigée horizontalement et ne remontant jamais au-dessus de l abdomen. Le G. PODAGRION. c. Abdomen attaché à V extrémité postérieure et inférieure du mitathorax .1 de sept anneaux dans les mâles, de six dans les fe- melles ; tarière de ces dernières horizontale , ne remontant jamais au-dessus de l'abdomen. a. Genou des antennes logé dans une fosse frontale. * Antennes insérées au milieu du front. Les G. Chalcis, Smiera, Perilampus , Chrysolampus. ** Antennes insérées au bord antérieur de la tête ^ près de la bouche. Le G. Haltichelle. b. Antennes libres dans toute leur longueur, le genou n'étant point reçu dans une fosse du front. > * Antennes insérées au milieu du front. Les G. DiPLOLEPis (ou CalHmome\ Halticoptera , Cléo- NYMUS, Spuégigaster, Eucharis. ** Antennes insérées au bord antérieur de la tête, près de la bouche. Les G. Spal\ng[a , Encyrtus, Scelio, Teleas. IL yîntennes de onze articles. Le G. S'riLBULA. in. Antermes de dix articles. Les G. Decatoma, Callitula. IV. Antennes de. neuf articles. Le G. Eurytoma. C H A V. Antennes de huit articles. Les G. PtEROMALUS, ElACHERTUS, l>ilCROTERUS. \ I. Antennes de six à sent adides. Le G. EuLOPnus(r. ces mots). A 1 exception des leucopsis, et des sccîions ainsi que des téléades^ qui sont incorporés avec les céraphrons , ces divers genres sont réunis par M. Jurine à celui des chalcis. Les espèces que Fa- bricius ne rapporte pas au premier et au dernier , rentrent dans celui qu'il nomme dipîulepis^ ou sont associées aux ileptes. Dans la méthode de Linnreus, la plupart des dudcidiies font partie de sa dernière division {minuli) des ichneumons. Degeer les range aussi avec eux , et les divise ea trois petites familles qui tern)inent ce genre. Je distribue les chalcidites dans Tordre suivant : I. Pieds postérieurs à cuisses très-grandes , de forme lenticulaire et à Jambes arquées (^SLXileaaQS de onze à douze articles dis- tincts , dans la plupart ). Les genres : Leucopsis, Chalcis, Chirocère. II. Pieds postèrimrs à ciûsses simples ou renflées et ohlongues » et à jambes droites (antennes n'ayant au plus que dix articles distincts). A. Antennes de neuf à dix articles. * Antennes insérées près du milieu de la face antérieure de la tête. ^ -^ Les G. EuR\TOME, Perilampe, Encyrte, Misocanpe (auparavant r)72/^5), Ptéromale, Cléonyme. ** Antennes insérées très-près de la bouche. Le G. Spalangie. B. Antennes de sept articles au plus. Le G. EuLOPiiE (/^. ces mots). (l,.) CHALCIS, Chalcis. (àonre d'insectes, de Tordre des hy— ménoptèxes, section des térébrans, famille des pupivores, tribu des chalcidites., et qui se distingue des autres genres com- pris dans cette tribu , aux caractères suivans : pieds posté- rieurs à cuisses très-grosses, de forme lenticulaire, compri- mées, dentelées et marquées d'un sillon au bord inférieur; jambes des mêmes pieds fortes, arquées et reçues en partie dans la rainure de ces cuisses ; ailes toujpurs étendues ; pé- dicule de Tabdomen découvert; tarière droite et inférieure. Les chalcis, ainsi que les leucopsis, diffèrent des autres hyménoptères de la même tribu par la forme de leurs pieds postérieurs , et leurs antennes composées de onze à douze articles distincts, au lieu de dix. Mais les chalcis n'ont point les ailes supérieures doublées, comme les Leucopsis ; leurs mandibules , ou du moins Tune d'elles , offre trois dente- C H A ,3 lures ; leur languette est à peine échancrée; le segment an- térieur du corselet est fort court; l'abdomen ne paroîl point sessile , comme celui des leucopsis ; il est d'ailleurs plus pe- tit , ordinairement terminé en pointe , et sa tarière ne re- monte pas sur le dos ; enfin leurs ailes supérieures n'ont point de nervures bien prononcées ; de sorte qu'il y a absence de toutes cellules. Ces deux genres se ressemblent d'ailleurs par leurs «ntennes courtes , brisées , insérées près du milieu de la face de la tête, et dont le troisième article et b.-s suivans forment une massue presque cylindrique , greie et allongée ; ils ont aussi l'un et l'autre des palpes courts, et dont les maxil- laires composés de quatre articles et les labiaux de trois; les longueurs relatives de ceux des maxillaires diffèrent cepen- dant un peu dans les deux genres. Parmi les chalcis, les uns ont l'abdomen porlé sur un 'ong pédicule, et leurs antennes proportionnelle>uent beaucoup plus longues. Ils se tiennent dans les lieux aqualiques , et pa- roissent déposer plus particulièrement leurs œufs dans les nymphes des strationies et dans celles de quelques autres diptères, vivant dans l'eau, sous la forme de larves. M. Spinola a établi avec ces espèces un genre propre, celui de Smière, Smiera. Chalcis clavipède, Chalcis cJaoipes, Fab.pl.B. aS. io.de ce Dict. 11 a environtrois lignesdelong ; les antennes noires; la tête et le corselet d'un noir mat chagriné; celui-cibidenf é posté- rieurement ; l'abdomen court , un peu comprimé , d'un noir luisant ; les quatre pattes antérieures d'un jaune fauve , avec une grande tache brune à la base des cuisses et sur le milieu des jambes ; les cuisses postérieures d'un rouge fauve , avec une tache noire à l'extrémité; les jambes noires, arquées; les tarses fauves. Il est très-commun aux environs de Paris. Le Chalcis sispes, de Fabricius (Panz. Faim, l'nserf, Germ.fasc. 77, tab. 11), autre espèce de la même division , dont Linnœus a fait un sphex (^sispes\ et Geoffroy une guêpe (n.° 16), diffère de la précédente par la couleur jaune du pédicule de l'abdomen et des cuisses postérieures. Les autres chalcis ont le pédicule de l'abdomen fort court et les antennes moins allongées. On les trouve sur les fleurs. Tel est le Chalcis NAI^ , Chalcis minuta , Fab. ( Panz. , ihiil. fasc. 32 , tab. 6; Geoffroy, guêpe, n." i5. Il a environ deux lignes et demie de long ; les antennes noires , de la longueur de la tête ; la tête d'un noir mat; le corselet noir, chagriné , terminé postérieurement par deux petites pointes courtes , avec un point jaune à la naissance des ailes; l'abdomen ovale , d'un noir luisant; les deux premières paires de pattes jaunes , avec une tache noire à la base des cuisses, et une autre i4 Ç II A sur le milieu des jambes, les pieds postc'ricurs noirs , avec, une tache jaune à l'extrémité des cuisses , à la base et à l'extré- milé des jambes. 11 est encore plus commun que les precé- dens. Je l'ai quelquefois rencontré posé sur des excrémens humains. Quelques espèces de l'Amérique méridionale , conjme le Chalcis à jarretière, Chakis annulala de Fabririus, son Chalcis PYRAMIDAL, Clmlcis pyramidea (c. procinrlti ^ Oliv.), ont l'extrémité postérieure de l'abdomen prolongée en une pointe assez longue. La première place ses œufs dans les chrysalides de certaines phalènes. La seconde les dépose dans les nids des guêpes carionières^ et Réaumur a pris ce chalcis pour lindividu femelle de cette guêpe {torn. 6, pi. 10, fig. 2 , ,it^/. 2I,A°'.3). (L.) CHALCHITE. V. Colcotar fossile, (pat.) CHALCITIS. V. CllALCANTHEMON. (L>.) CHALE. Nom samoïède, qiii désigne les poissons en gé- néral, (desm.) CHALEB. Nom syrien du saule, (ln.) CHALEF, E/œagnus. Genre de plantes de la léirandrie monogynie et de la famille des éléagnoïdes , dont les carac- tères sont d'avoir : un calice supérieur, monophylle, à cinq divisions , coloré intérieurement et caduc ; quatre étamines fort petites.; un ovaire inférieur, arrondi, chargé d'un style à stigmate simple ; une espèce de noix ovale , obtuse , gla- bre , marquée d'un point à son sommet , et qui contient un noyau oblong. Les chiilefs sont des arbrisseaux à fouilles simples, alternes, souvent cotonneuseset à fleursaxillaires. On en compte dix es- pèces,dont sixdu Japon, trois de laTurquie etnncdâ Ceylan. Le Ciialef à feuilles étroites , c'est-à-dire , celui qui a les feuilles lancéolées , est seul bien connu. C'est un grand arbrisseau que l'on cultive dans les jardins , à cause de r.».- gréinent de ses feuilles blanchâtres, qui contrastent avec le vert Aes autres arbustes, et qui subsistent jusqu'aux plus fortes gelées , et encore plus à cause de l'odeur suave de ses fleurs; odeur très-forte, et telle qu'un seul pied de chalef suffit pour embaumer un jardin de médiocre étendue. V. pi. B. 26 où il est figuré. On le multiplie par drageons, par marcottes , et surtout par boutures ; car il donne rarement des graines dans le cli- mat de Paris. Il est, au reste, très - robuste , et supporte toutes sortes d'expositions, quoiqu'il se plaise mieux au midi qu'à aucune autre. L'odeur des flem-s du chalef ne se fait sentir que le soir, et elle se transforme en odeur nauséabonde lorsque la frucli- ficalion est accomplie. Cet arLusle a cela de conimmi avec les restraux et quelques autres plantes. On l'appelle vulgairement olivier de Bohème, parce que son fruit ressemble à l'olive. C'eiit en Bohème qu'il croît avec le plus d'abondance. Olivier rapporte qu'on en mange généralement les fruits en Turquie et en Perse, (b.) CHALEU. Nom burate de la Loutre, (desm.) CHALEUR. Ce mot ne désigne ni une substance , ni un agent, ni un principe quelconque , mais seulement la sensation produite dans nos organes, et les effets produits sur les corps par l'action du principe indonnu que l'on appelle le calorique. r. Calorique, (biot.) CHALEUR, situation d'un animal qui en recherche un autre de son espèce , mais d'un autre sexe ; cette expression ne s'emploie ordinairement qu'à l'égard des animaux domes- tiques disposés à l'accouplement ; pour les animaux sau- vages , on dit qu'ils sont en 77//. (s.) CHALL. Nom que l<;s Tarlares Woguls donnent au bouleau, (ln.) CHALLYRITON, Pw/d. Espèce de Gypsophile. (h^.) CHALOK. Nom d'un Cyprin en Barbarie, (desm.) CHALOTTE. En hollandais , c'est I'Échalotte. On l'appelle également ainsi en Espagne, Alliiim ascalonicum , L. (LN.) CHALOUPE CANNELEE. Coquille du genre Argo- naute , Ar^onmifiis ars;o , Ijirin. (b.) CHALÙNG UCÙSSU. Nom que les Mongoles donnent au poivre, (ln.) CHALY desBurates. C'est le Castor, (desm.) . CHAMA , Pline, Hist. nat. viii , c. 19. C'est le Ijnx , espèce du genre Chat, (desm.) CHAMiVEBALANUS, iî»m/7. ^mè. C'est l'arachide qui croît et qui est cultivée dans l'Inde , et que Loureiro dit être une espèce différente de l'arachide qui croît en Afrique, en Europe et en Amérique. Il !a nomme avachis nsialica. Le CHAM.EBALANOsdeDioscorideparoît être une euphorbe, (ln.) . CHAMiE-BUXUS, huis humble on huis cou, hé. Bauhin, et après lui les botanistes, ont donné ce nom à une espèce de polygale à laquelle Linnceus l'a conservé comme nom spécifique, Polygala chamœ-biixus. (LK.) CHAM^-CERASUS, Cerisier nain, humljle , ou pe- tit. Plusieurs plantes ont reçu ce nom : i." une espèce de cerisier de Clusius , Pnimis chamœ-cevasus , Jacq. -, 2.° diverses espèces de lonicera, Linn. caractérisées par leurs fleurs géminées sur le même pédoncule solitaire. Ce sont les xylosieon et çhamœ-eBmsus de Tourncfort. M. de Jussien i5 C H A en fait son genre Xylosteon. Foyez Camerisier. (lts!.) CHAM.ffiCISSUS. Fuchsius donne ce nom à la terrette^ Glerhoma hcderacea, qui paroît être le chamaicissos de Dios- coride. (ln.) CHAMAE-CHRYSOCOMA , Barreller. C'est le Stœ- helina duhia . Linn. CHAMAECISTUS. Beaucoup de plantes ont été ainsi nommées par C.Bauhin,Clusius, etc. Ce sont des cistes, l'azalée couchée^ Azaleoprociimbens, Llnn, ; un rosage , Rhododendron chamœcistus, L., et le Talinum triangulaire , Linn. (ln.^ CHAM.^CLEMA. Vaillant, Boerhaave , Haller , Mœnch, donnent ce nom au lierre terrestre, Glechomahedera- cea , Linn. V. Terrette. (ln.) CHAIVL4ECB1STA , Fetile crêle. Nom donné par Breyne à deux espèces du genre casse, à l'une desquelles Linnneusa conservé ce nom , Cassiez rhamœcrisfa, et C. Jlexuosa, L. (ln.) CHAMAECYPARISSUS , Petit cyprès. Espèce de santoline. Ses feuilles imbriquées lui donnent quelque res- semblance avec les cyprès, (ltm.) CHAMAEDAPHNE. Catesby , Carol. i,t. 98 , etf. 17, donne ce nom aux kalmia; Buxbaume à une espèce d'andro- mède , andromeda calyculata , L. ; et Milchell à un arbrisseau qui porte maintenant son nom , mitchella rcpens. Camerarius Èpit. 938 , figure le daphné thymelaea sous ce noni. L'on croit que le chamœdophne àc Dioscoride est cette plante, ou la lauréole , Vaphne laureola ^ L. Cotumelle donne ce nom au fragon épineux. Rusais aculealus , L. (ln.) CHAMAEDAPHNOÏDES , Frosper Alpin, exot. l^[^ , t. 4^4i appelle ainsi une espèce de daphné qui croît en Crète , daphne oledides , Linn. (LN.) CHAiMAEDORE, Chamadora. Genre déplantes établi par Willdenow pour le RoîsDiER DE Caracas, Borassus pinnati- fidiis , Jacq. , qu'il a trouvé avoir des caractères particuliers. Ces caractères sont : fleurs dloïques; les mâles à six divi- sions , et à six étamines ; les femelles composées de trois écailles et de trois styles ; le fruit est une drupe succulente et à une seule semence, (b.) CHAMAEDRIFOLIA. Plante à feuilles de chanifearys. Plukenet (y//m. 96 , t. ajS ,/ 6) donne ce nom au ueurada prociunbens , L.; plante annuelle d'yVfrique et d Arabie. (lA ) CHAMAEDRYS et CHAMAEDRIOS. Petit chCne. La plante que Dioscoride et les anciens ont ainsi nommée , est, dit-on, une germandrée , teucrium ehamcEdrys , L. L'on a ensuite classé , sous ce même nom, des plantes qui avoient de la ressemblance par leur feuille avec cette germandrée j telles sont quelques véi'owqueg dont une en a conservé le C H A t^ nom; la dryade , dr)'as oclupetala^ L., nommée chamœdrys par Clusius ; plusieurs germandrées et labiées ; à la Lartsie des Alpes ^ et à une espèce de crèlc-de-coq , Rhinanlhus trixago ^ L. rourneforl, et Moench après lui , ont formé de quelques germandrées un gense cham r.drys qui n'a pas éié adopté, (ln.) CJSAM^FICUS, //>/«e/-«r7/rt, Lobe^Obs. 612), figure sous ce nom un figuier qui paroit une variété du figuier ordi- naire , Ficiis carica , L. (Lis.) CHAM.'Œ: GliLSEMINUM , Jasmin couché. C'est le jasmin de Catalogne , jasminum grandi flomrn , Linn. (ln.) CHAMiVE GENISTA , P.m Genêt et Gmét couché. Plu- sieurs genêts , genista , portent ce nom dans les anciens ou- vrages de botanique. Ce sont les genista sagitlalis , irideniata, cl pi/usa. (h^.) CHAMiE IRIS, Iris naine. Camerarius, Clusius, Bau- liin,etc., appellent ainsi quelques espèces d'iris , Jris ôiftoroy lutescens etpmnila, cultivées dans nos jardins , en bordure. (^LN.) CHAMjŒITEA. Nomdonné par Camerarius (épit. 108) à un petit saule des Alpes. Sa/ix retusa. (ln.) CHAMiSE JASME (Petit Jasmin). Trois jolies plantes portent ce nom : i.° L'HousTONE A fleurs bleues, plante de l'Amérique septentrionale {Chamœjasme, Plukenet, Alm., 97, mant. , ^5, tab. 97, fig. 9); 2." une Androsace, qui avoit ce nom depuis C. liauhin, et à laquelle Jacquin l'a conservé; 3." une Stellère de Sibérie, Stdlera chamœ jasmc, L. {amm. riith., 16, tab- 2.) Cette dernière pour- roit bien appartenir à un autre genre. (i.N.) CHAM JE Lx\RIX (Petit Mélèze). Nom donné par Lroyn, Cent, à une espèce d'AsPALATH, Aspaluthus cheno- poâu , Linn. (ln.) CHAMiELEA , Chamœlaia. Les Grecs, et Dioscoride , donnoient ce nom à la CameléE, Cneomm tricuccon, L. C'é- toit le sentiment de presque tous les anciens botanistes, et Tournefort a conservé à la camelée ce nom que Linnseus a changé en celui de cneomm. Quelques espèces de DapiinÉ , de Clutelle, clutia., une Tragie, iragia chamœlea ^ une Scopolie, quelques Phylica, et le Grubbie sont nommés chamœlea dans différens ouvrages de botanique, (ln.) CHAM.\EMELE. F. Cham.îîmelon. (b.) CHAMi^ELEAGNUS, Chamekagnus , petit oHyler. Dodoëns désigne ainsi le Cirier ou Gale, myiica gale, Linn., qui croît dans nos marais, (ln.) CHAMjflLLEON. J^età lion.,- en grec, parce que les plantes auxquelles on a appliqué ce nom sont hérissées d'é- pines qui font "qu'on ne peut les cueillir sans se blesser. Hip- pocrate et Dioscor4de «aenlionnent chacuai une plante de ce VI. 2 ,8 C H A nom. Celle d'Hippocrale est regardée comme In Garli!*r SAN.STIGE, carlinaacaulis.YWe^ est nommée ChaM/ELEON iu.ânc, par Dioscoride, Matlhiole , Camerarius el Clusius ; mais selon Columelle , ce seroit V atractylis gummifère de Linnteus , el selon Lobel, \a ceniaurea conifera, L. (F. Leuzè). Quant à la plante de Dioscoride, nommée CnAMyELEON MOiri,eiie est rapportée au Carthame en corymbe, Caithawus co- r)'mbosus, L. {V. Brotera.) C'est Tavis de Daléchamps, iJauhin , Dodoëns, Morison. Clusius, Hisp. , p. 449i *^^ décrivant le cnlquet acama , dit qu'à Salamanque, on l'appelle chamœlon; mais il ne croit pas que ce soit la plante de Dios- coride. Quelques autres cinarocéphales ont encore porlé ce nom. (ln.) CIIAMAELINUM (Petit Lin). Vaillant donne ce nom au Unum radiula ^ Linn., espèce de LiN , qui constitue maintenant un genre particulier , leRADlOLA, V. ce mot , qui est le millegiana de Bauhin et de Ray, et le Unorarpon de Micheli. Lobel avoil noinmé c/i«mtc/mwm le lin calharlique. (LN.) CHAM.ffiLTRION , Chamizlirium. Genre de plantes éta- bli par Willdenow, pour placer I'Heloni AS naine de Jac- quin. Ses caractères sont : calice nul ; corolle de six pétales ; élamines alternativement grandes etpetltes; stigmate sessile; capsule à trois loges polyspermes. (e.") CHAMAEMELON, Ouimœmelum. Nom donné, par les Crrecs et les Latins , à une plante qui avoit l'odeur de la pomme. L'on a pensé que ce pouvoit être la Cuamomilie JR.03IA1NE, aiilhemis nohîlis ^ qui a effeclivcinent une odeur forte et balsamique , qui se rapproche un peu de celle de la pomme de reinette. Au reste, il y a une grande confusion à cet égard dans les auteurs , qui ont appliqué le nom de <:ha- mccmdum à des plantes maintenant dispersées dans les genres ÀrcloUde , ylchÙée , Anlliemide , genre qui les renferme la plupart ; anacycle^ cotide , lldbeckie , matr'uaire , pyrèllnr Cl chrysanthème', tous ces genres appartiennent à la famille des Corymbifères. C'est avec raison que Linna*us a banni ce nom de chamœmelum , que ïournefort avoit voulu cou server, (in.) CHAMAF-MESPILUS (Néflier nain). Deux jolis arbris- seaux ont été appelés ainsi. Ce sont les mcspilus cotoneaster el ijhamœniespUus ^ Linn. (LN.) CHAMyŒlMOLY. Petite espèce d'AiL, Allium , décrite par Columelle {Ceph.^ SaS et 826), et à laquelle Linnseus a laissé ce nom. Elle croît dans le midi de l'Europe. Colu- Welle doute si ce n'est pas le MoLY des *»nciens. (ln.) C H A ,g CHAMAEMOKUS (Petit Mûrier). C'est une espèce de ïloNCE , rubus chamœmonis , Linn. (I-^^) CHAM,4EMY1\SINE des Grecs anciens. C'est, selon Matthlole, le -M>'RTILLE, vurduium myriilhis , Llnn. (ln.) CHAMiSENElUOiX (Peilt Laurose). Nom que les (Irecs ont donné à 1 Herbe SAI^T-A^,TOl^E, epUohîum angnsllfoUum^ L., jolie plante qui a la feuille semblable à celle dii laurier rose, et les fleurs de même couleur. Les autres espèces d^é- pilobe sont nommées de même dans les ouvrages des bo- tanistes, jusqu'à Linnœus, qui a préféré le nom à!épilube, donné aussi anciennement à une espèce de ce genre, (ln.) CHAM.4EORCH1S ( Petit Orcbis ). C'est, dans le Pinax de Bauhin , Yophrys alpina , Linn. Voyez Ophryde. (ln.) CHAMAE PEKICLYMENUM. {Petit Chèvrefeuille^. Clusius ( Pann. 87. t. 88. ) a donné le premier ce nom au cor- nouiller berbacé , {cornus suecica , Linn.) (ln.) CHAMJEPEUCE (Petit Sapin). Nom que Prosper Al- pin (£"10/., t. 76) donne à une espèce de St^eheline , à laquelle Llnnoeus l'a conservé. C'est une plante suffrutes- cente qui croît dans le midi de l'Europe, et dans les îles d'Hyères, sur la côte de Provence, (lm.) CHAMiEPITYS (Petit Pin). Nom donné par les an- ciens, à une plante qui resscmbloit au pin par l'odeur; on l'a rapportée à une GermandrÉe, teucrium chamœpitys, L. Plusieurs autres espèces du même génie ont été nommées chamœpitys. Scopoli et W llldenovv en ont transporté quel- ques-unes dans le genre Bugle, ajuga; de ce nombre est licette ou moscharia, Forsk. IjC chamœpitys de Plukenet, est une bruyère , {eiica Pluknetii. (LN.) CHAMiVERAPHIS, Owmœraphis. Genre établi par R. Brovvn, dans latriandrie digynie, et dans la famille des grami- nées. Il est fort volsinjdes Pamcs. Ses caractères consistent en des fleurs monoïques composées : d'un calice de trois valves, l'extérieure très-petite, renfermant deux fleurs, dont l'inté- rieure est femelle plus petite, et accompagnée de deux écailles et d'une semence renfermée dans les valves calicinales. Ce genre renferme quatre espèces originaires de la Nou- velle-Hollande , dont l'une est le Barbon écailleux de Linnseus. (b.) CHAMiff:RIPHE , Chamœriphes. Nom que les Grecs donnaient au chamerops humilis, petit Palbiier d'Europe, (b.) CHAMAERIPHÉ. Clusius désigne sous le nom de cha- mœriphe peregrina , un PoLYPiER dont Pallas a fait sa Gorgonia palma (£1. zooph., n.» 120). F. GoRGO^E. (desm.) CHAIMAERODENDRON. C'est le Rhododendron P0NTICU3I de Linnœus , celui qui donne un miel purgatif. C H A Tourneforl a tlonné ce nom aux Î\os\ges et aux Azalées. Dans les ouvrages, on trouve aussi quelques daphnés et le Rho- dora^ décrits sous ce nom, quelquefois écrit rhododendros.(LS.) CHAMiEROPS. Petit arbrisseau en grec. Nom donné au Palmiste par les anciens. C'est à présent le nom latin du genre qui le comprend, he palmiste et le dattier sont les deux seuls Palmiers d'Europe, (ln.) CHAMiERUBUS. (Ronce couchée.) C'est le nom de deux espèces de Ronces, rubus sàxatilis, et chamœmonis , Linn., xjui ont été décrites par Bauhin , Clusius, etc. (ln.) CHAMiVESPARTlUM/Bauhiti. C'est une espèce de GE^"ET, genista sag'Utalis^ L., jolie plante remarquable par ses tiges et rameaux, comprimés et membraneux. C'est, dans les Familles des Plantes dAdanson, mi genre auquel ce bota- niste rapporte le genisfa pHosa et le cyiisus supinus y L. (ln.) CHA5L'ŒiSYCE. C'est une espèce d'EuPHORBE, euphorbia shamœsyce, L. , le chamœsyce des Grecs, selon Clusius : Adansoti classe avec les figuiers l'antique chamœsyce. (ln.) CHAMAGROST1DE, Chamagwstls. Genre de plantes établi pour placer I'Agrostide minime , qui a le calice bi- valve, et la corolle univalve. Il a été appelé Viborge et Strumie. (b.) CHAMAIACTE de Dioscoride. C'est I'Hièble, samZ-H- txis ebulus , L. (LN.) CHAMAIBATOS, Théophraste. Espèce de Ronce, m- ius. (LN.) CHAMAICISSUS, Théophraste. Voyez Cham^clema. (LN.) CHAMAIDRIS, Oiamaidros et Chamœdrops de Diosco- ride. V. Ciiam.t:drys. (ln.) CHAMAIGYRON de Dioscoride, est rapporté aux Tussilages , par Adanson. (ln.) CHAMAILUCON, Dioscoride. La 'Verveine est, dit- on, cette plante, (ln.) CHAMAIMELON. V. CHAMJEMELUiwf. (ln ) CHAMAIiMYCTOS, Dioscoride. C'est une espèce de Fragon. (ln.) CHAMAIPLION, Dioscoride. Espèce de Vélar, ery- êimum. (ln.) CHAMAIZELON. Espèce de Palmier, mentionnée par Dioscoride , et qui paroft êti-e Une variété du Dattier. (ln.) CHAMAMILLE et CHAMAMILLA. F. Matricaire et Cuamomille. (ln.) CUAMANA. Nom péruvien d'une espèce de Jujubier» Reloii Adanson. (l>(.) C H A 21 CHAMARAIS. Arbre des Indes , dont le fruit est en grappe et aigrelet. Il contient un noyau qui renferme une amande. Ce fruit se mange , vert ou mûr, confit avec du sel, pour exciter Tappétit. On le met aussi dans les sauces. Les feuilles s'emploient en décoction contre les fièvres; les racines contre Tasthme. Ces remèdes purgent violemment par haut et par bas. On ignore à quel genre appartient cet arbre, (b.) CHAÎMARIS. Nom espagnol de la Mésange bleue, pa~ TUS cœnileus. (desm.) CHAMARIZ. Nom portugais du Pinson, (desm.) CHAMAROCH. C'est le Carambolier axillaire. (b.) CHAMARRAS. Nom vulgaire de la Germaxdree deau, Teurrium scorâhtm , Linn. (B.) CHAM-BIA-TLON. Nom que l'on donne, à la Cochin- chine , à un grand arbrisseau dont Técorce tenace sert à faire des cordes et de la filasse, pour boucher les fentes des na- vires. Loureiro nomme Restiaria cette plante, et il croit que c'est le restiaria nigra de Rumphius. Voyez Restiaire. (LN.) CHAMBRE {Vénerie'). Endroit de la forêt où le cerfs- repose pendant le jour. C'est aussi une espèce de piège que l'on tend aux loups, (s.) CHAAIBREULE , Brule-champs. ^si^tce de GtAJ^çope, Galeopsis îad(inum , L. (LN.) CHAMBRIE. Vieux nom français du Chanvre, (ln.) CHAM-CHAN. Nom chinois d'un arbrisseau dont les feuilles et les racines sont employées comme fébrifuge , en Chine et en Cochinchine, oùil croît. C'est le DicpaoA Fï^ÇRl- FUGA , Lour. (ln.) CHAMEAU, Camelus. Genre de quadrupèdes de l'ordfe des Ruminans , caractérisés par la grandeur de la taille, parla présence des trois sortes de dents, la-lèvre supé- rieure fendue, le cou long et arqué, l'absence de cornes 6u.de bois, une ou deuxloupes ou bosses sur le dos, des callosités nues aux join'.uresdes jarabeselàlapartie inférieure dupoilraIl,etc, Les doigts des chameaux ne sont pas entièrement revê- tus de cornes; ils n'ont qu'un petit ongle à T extrémité et une espèce de semelle calleuse et fort dure , com- mune aux deux doigts. A la mâchoire inférieure , il y a six incisives et deux canines; à la supérieure, il y a deux incisives implantées dans l'os intermaxillaire, ce qui n'existe dans aucun autre niminanl ^ et une ou deux canines de chaque côté , qui deviennent assez grandes avec l'â^e. Les chameaux ont cinq estomacs ; mais le cinquième n'est qu'une appendice de U panse ; son imiqvw usage est de c<»ju« 22 C TI A tenir une cerlai'ne quantité dVau, que l'animal fait revenir à sa bouche lorsqu'il est pressé par la soif. Le genre des chameaux paroît elre confiné dans une zone de trois ou quatre cents lieues de largeur , qui s'étend depuis la Mauritanie jusqu à la Chine. Des deux espèces qu'il ren- ferme , l'une ( le chameau à une bosse ou dromadaire ). occupe loute la longueur de cette zone , du côté du midi ; Tautre (le chameau à deux bosses , ou chameau proprement dit) ne se trouve au contraire que dans sa partie septentrionale, et seu- lement depuis l'ancienne Bactriane jusqu'à la Chine. La pre- mière , quoique naturelle aux pays chauds , craint les climats où la chaleur est excessive: elle finit en Afrique, ainsi qu'aux Indes, où commence l'espèce de Yé/éphanl^ et elle ne peut subsister ni sous le ciel brûlant de la zone torride , ni dans les climats doux de notre zone tempérée ; elle paroît originaire d'Arabie. La seconde, quoique habitante des climats tempé- rés , en supporte cependant de plus rigoureux , puisque les Burèles et les Mongoles la conduisent jusque dans les envi- rons du lac Baïkal. Elle paroît originaire de la Bactriane , actuellement le Turqueslan, et c'est en effet le pays où elle est le plus répandue. Première Espèce. — Le Cdameau (Chameau A DEUX BOSSES, OU Chameau de Bactriaise) Camelus hactrianus , L., fig. 2 , pi. 7; Buff. , tom. II, pi. 22.; pi. B. 12 de ce Dict. 11 est d'une plus grande taille que le dromadaire ; ses jambes sont moins hautes à proportion de son corps; son museau plus gros et plus renflé ; son poil plus brun et sa démarclie plus lente. Les anciens luiavoient donné le nom de chameau de Bactriane pour le distinguer du chameau à une seule bosse , qu'ils ap- peloient chameau d'Arabie. Le chameau est un animal d'une figure très-bizarre. Il a le cou long et arqué vers le bas ; les jnmbes aussi fort longues ; la tête petite; la queue courte, et le dos chargé de deux grosses bosses qui tombent recourbées sur les côtés du corps. Le mu- seau est fort allongé; la lèvre supérieure fendue ; les orbites des yeux très-saillantes; les oreilles courtes: la croupe maigre et avalée. Les jambes sont mal faites : les jarrets sont tournés en dehors et fort saillans en arrière. Les quatre pieds sont très-gros, principalement ceux de devant. 11 y a une large callosité au-dessous du poitrail , sur la partie postérieure du sternum : on en remarque de plus petites au coude, au genou des jambes de devant , et à la rotule comme au jarret de celles de derrière ; ces callosités sont nues et fort dures. Les petits chameaux les apportent en naissant. JiPS bosses du chameau sont composées d'une substance C H A 33 grasse et charnue An la même consistance à peu presque celle de la tcline de vache. Il a, comme le dromadaire, indépendamment des quatre estomacs qui se trouvent dans tous les ruminans , une cin- quième poche qui lui sert de réservoir pour conserver leau , qui y séjourne sans se corrompre et sans que les autres ali- mcns puissent s'y mcler ; et lorsque le chameau est pressé par la soif et qu'il a besoin de délayer les nourritures sèches, et de les macérer par la rumination , il fait remonter dans sa panse , et jusque dans son œsophage, une partie de celte eau par une simple contraction des muscles. C'est en vertu de cette conformation que les chameaux et les dromadaires peuvent se passer plusieurs jours déboire, et qu'ils prennent en une seule fois une prodigieuse quantité d'eau, qui demeure saine et limpide dans ce réservoir, parce que les liqiîeurs du corps ni les sucs de la digestion ne peuvent s'y mêler. Le chameau habite le Turquestan, qui est l'ancienne Bac- triane. On le trouve aussi dans le '^Phibet et jusqu'aux fron- tières de la Chine. Dans tous les pays où il est employé comme bête de somme, le chameau d'Arabie ou dromadaire est inconnu. Au contraire , dans le midi de la Perse , en Arabie, en Egypte, en Abyssinie et en Mauritanie , on n'em- ploie que ce dernier , et on n'y élève le chameau que par cu- riosité, et comme im animal étranger. Le chameau a le pas plus sûr que le dromadaire ; aussi se tire-t-il beaucoup mieux des boues et des endroits maréca- geux et humides ; mais, dans les terres grasses et les chemins glissans, il faut étendre des tapis, et jusqu'à cent de suite , (selon Tavernier) pour qu'il puisse passer dessus. Les chameaux qui vivent à la ménagerie du Muséum de Paris , ont plus de quarante ans ; ils étoient mâles tous deux ; ils consommoient chacun trente livres de foin et de luzerne par jour, sans avoine. Aussi un chameau ne coûte guère plus à nourrir qu'un cheval , quoiqu'il soit beaucoup plus fort. Lorsqu'ils ruminent, ils mâchent alternativement de chaque côté, sans jamais porter la pelotte d'alimens deux fois da même. Ils boivent en été chacun quatre seaux d'eau par jour. Pendant tout le temps que ces animaux sont en rut , ils répandent une odeur insupportable : dans les premiers jours du rut , et même quelque temps auparavant , ils éprouvent de fortes sueurs , qui durent environ quinze jours. Lorsque ces sueurs sont passées, il se forme alors sur Textrémiié su- périeure et postérieure de la tête , derrière les oreilles, deux élévations sur la peau , formant une espèce de cœur , des pores ùesquclki» s'^îcoviie une liqueur noire , vi.squeuse ai .4 C H A très-puante, qui salit leur poil et qui oblige de le couper, Aa soleil ardent, ce suintement se renouvelle momentanément; mais alors la liqueur qui s'épanche est d'une couleur rous- sâtre. Le membre génital du mâle est, comme celui àufaureau^ très-long et très-mince ; dans l'érection , il tend en avant comme celui de tous les autres quadrupèdes ; mais dans l'état ordinaire, le fourreau se retire en arrière, et l'urine est jetée entre les jambes de derrière, en sorte que les mâles et les fe ■ melles pissent de la même manière. L'accouplement est pé- nible ; la femelle s'accroupit et reçoit le mâle dans la même situation qu'elle prend pour se reposer, dormir et se laisser charger. Le mâle , assis derrière comme un chien , touche la terre de ses deux pieds de devant ; il paroit froid pendant l'accouplement , et plus indolent qu'aucun autre animal. L'urine des chameaux a une odeur très-forte. Dans le temps du rut, ils pissent sur leur queue, qu'ils portent exprès entre les cuisses ; quand elle est bien mouillée , ils la courbent sur le dos pour s'en arroser, et ils ne recommencent à uri- ner que lorsqu'elle est redescendue. Ils dorment accroupis et les yeux ouverts. Seconde Espèce. — Le DROMADAIRE (ChaMEAU d'Arabie, ou Chameau à une seule bosse), Camelus dromedanus, Linn.; Buffon, tom. II, pi. g. « Le chameau qui n'a qu'une seule « bosse, dit Cuvier, portoit chez les anciens le nom de cha- meau d'' Arabie; c'est du moins ainsi que lappellenl Aristole et Pline, par opposition à celui à deux bosses, qu'ils nomment chameau de Bactriane. En effet, la première de ces espèces est la seule que les Arabes emploient , et qu'ils aient conduite dans les divers lieux où ils se sont établis, en Syrie, en Babylonie, et dans tous les pays qui s'é- tendent le long des côtes de l'Afrique, depuis l'Abyssinie jusqu'au royaume de Maroc. Il y a dans cette espèce une race plus petite et beaucoup plus rapide à la course, qu'on appelle en arabe maihari ou ragiiahil. Diodore et Strabon l'ont nommée «««^^o?, ^'^pv. *■- ou chameau coureur y d'où les modernes ont fait le mot dromadaire^ qu'ils ont étendu, contre son étymologie, et contre l'usage des Grecs et des Arabes, à toute l'espèce du chameau d'Arabie. » Méruxgeiie du Muséum national, fascicule second, Histoire du Dromadaire, pag. i. Olivier pense aussi que le nom de dromadaire ne doilpass'ap- pliquer à 1 espèce entière du chameau d'Arabie, mais seulement aux individus de cette espèce, que l'on a élevés pour la course. Ce naturaliste nous a communiqué, par anticipation, la note C II A o5 suivante , extraite He son Voyage dans l'empire Ottoman , VK- gypte et la Perse, (publié depuis) : « Nous devons faire ci)- sei-ver , dil-il, qu'on auroit tort de croire que le dromadaire diffère du chameau d'Arabie, et qu'il forme une espèce distincte. C'est comme si l'on vouloit regarder le cheval de selle comme une espèce d'animal différente du cheval de voiture ou de charge. Les Grecs, et après eux les Ro- mains, nommèrent dromadaire, de A (lofioç ^ chemin , route, le rliamedu coursier, le chameau qui étoit élevé à la course; celui qui étoit uniquement destiné à porter des fardeaux et à tenir lieu de charrettes, dont on ne fait point usage en Orient, conserva le nom arabe de chameau. L'un et l'autre n'ont qu'une bosse au dos, et ne diffèrent entre eux que par des nuances peu sensibles. Mais ils diffèrent beau- coup du chameau bactrien, qui a deux bosses, et qui les auroit, quoi qu'en disent des naturalistes célèbres, lors même qu'on ne chargeroit jamais son dos, ainsi que le chameau arabe , qui n'en a qu'une , et en a constamment une seule , soit qu'on Tait destiné à la course ou à la charge. » Le nom de dromadaire ayant été adopté par Linnaeus , Buffon, et la plupart des naturalistes, pour désigner l'espèce entière du chameau d'Arabie, nous avons cru devoir nous conformer à l'usage , et rapporter à ce nom toutes les notices des voyageurs en Egypte et en Arable , sur les chameaux ; notices que Buffon a regardées comme appartenant à l'his- toire naturelle du chameau proprement dit, quoiqu'elles fussent destinées à compléter celle du dromadaire. Le dromadaire, et surtout sa race ainsi nommée , est d'une moindre taille que le chameau. Il a depuis cinq jusqu'à sept pieds de hauteur au garrot; sa bosse est placée sur le dos, arrondie et jamais tombante ; son museau est moins renflé que celui du chameau; son poil doux, laineux, est fort iné- gal et plus long qu'ailleurs sur la nuque , sous la gorge et sur la bosse. Sa couleur est d'un blanc sale dans la jeunesse, et il devient avec l'âge d'un gris roussâtre plus ou moins foncé. Le dromadaire a , comme le chameau, des callosités dénuées de poil au genou et au coude des jambes de devant, à la rotule et au jarret de celles de derrière, et une beaucoup plus grande sur la poitrine. Tout le corps, à l'exception des parties calleuses , est couvert d'une laine d'un brun cendré, frisée et assez dure; cette laine est plus longue sur la bosse unique qu'il a sur le dos ; cette bosse n'est point distincte du corps et semble formée par la courbure du dos. L'avant-bras est aussi garni de touffes de laine plus longue et plus noire; la tête est conique; la lèvre supérieure est a6 c n A épaisse , dépasse le nez, et elle est fendue; ies ouvertures des narines sont ovales , convergent et se réunissent pres<}ue en bas, leur bord est comme bourrelé; les lèvres sont presque nues, l'inférieure est très-petite, le bord de la supé- rieure est garni d'une rangée de poils droils et blanchâtres. L'œil est ombragé par de longs sourcils noirs ; les oreilles sont courtes, arrondies; le cou est comprimé sur les côtés, et son diamètre, près de la poitrine, est presque égal à celui de la tète; les poils de la partie inférieure du cou sont plus longs et plus noir$; les doigts sont au nombre de deux à chaque pied; ils posent sur les deux dernières phalanges; la semelle des pieds est plus épaisse en arrière quen avant; les ongles sont courts, arrondis, courbés, carénés dans leur partie moyenne; les cuisses sont étroites et laissent voir le fourreau de la verge; la queue n'atteint pas le jarret, et est terminée par des crins longs. Jj'intérieur du dromadaire ne diffère presque en rien de celui du chameau. L'espèce du dromadaire est bien plus répandue que celle du chameau. Elle se trouve en Arabie, où elle est fort commune. Elle est aussi en grande abondance dans toute la partie septentrionale de l'Afrique, qui s'étend en lon- gueur depuis la Mauritanie jusqu'à l'Egypte, et en largeur, depuis la mer IVIéditerranéc jusqu'au fleuve Sénégal. On la retrouve en Egypte, dans la Perse et la Tartarie méridio- nale, et dans les parties septentrionales de l'Inde. Le dromadaire paroît être originaire d'Arabie , et c'est ce qui lui a valu des anciens , le nom de chameau d'Arabie ; non-seulement c'est le pays où il est en plus grand nombre, mais c'est aussi celui auquel il paroît le plus conforme par son organisation. « L'Arabie, dit Buffon, est le pays du monde le plus aride, et où l'eau est le plus rare; le droma- daire est le plus sobre des animaux, et peut passer plusieurs jours sans boire. Le terrain est partout sec et sablonneux; le dromadaire a les pieds faits pour marcher dans le sable , et ne peut, au contraire, se soutenir dans les terrains hu- mides et glissans. L'herbe et les pâturages manquant à cette terre, le bœuf y manque aussi, et le dromadaire ren)place celte bète de somme ; aussi les Arabes regardent-ils cet animal comme un présent du ciel, sans le secours duquel ils ne pourroient ni subsister, ni commercer, ni voyager. Le lait des dromadaires fait leur nourriture ordinaire ; ils en mangent aussi la chair, surtout celle des jeunes, qui est très- bonne à leur goût. Le poil de ces animaux, qui est fin et moelleux, et qui se reiiouvcUc tous les ans, leur sert à faire C H A ,7 des étoffes donl ils se vêlent et se meublent; avec leurs dro- madaires, ils ne manquent de rien, même ils ne craignent rien; ils peuvent mettre en un seul jour cinquante lieues de désert entre eux et leurs ennemis : toutes les armées du monde périroient à la suite d'une troupe d'Arabes; aussi ne sont- ils soumis que quand il leur plaît. » A l'aide du dromadaire , ils savent franchir et même s'approprier ces déserts affreux, que l'éloquent Buffon appelle les taciuies de la Nahire. Ils leur servent d'asiles; ils assurent leur repos, et les main- tiennent dans leur indépendance. Sans le dromadaire, il n'y auroit pas de communication entre l'Egypte et l'Abyssinie , entre la Barbarie et les con- trées situées au-delà du Saara, entre la Syrie et la Perse ; l'A- rabie Heureuse seroit abscdument isolée du reste de la terre. Peu de jours après la naissance des dromadaires, on leur plie les jamlM^ sous le ventre, on les contraint à demeurer à terre, et on les char£>;e, dans cette situation, dun poids assez fort, qu'on les accoutume à porter, et qu'on ne leur ote que pour leur en donner un plus fort; au lieu de les laisser paître à toute heure et boire à leur soif, on com- mence par régler leurs repas, et, peu à peu, on les éloigne à de grandes distances, en diminuant aussi la quantité de leur nourriture ; lorsq'î'ils sont un peu forts, on les exerce à la course , et l'on parvient ainsi à les rendre aussi légers et plus robustes que Les chevaux; enfin, dès que l'on est sûr de la force, de la légèreté et de la sobriété des dromadai- res , on les fait voyager, ou bien on les emploie aux diffé- rens usages auxquels on les a destinés. En Perse, en Arabie, en Egypte, en Barbarie, etc., le transport des marchandises ne se fait que par le moyen des dromadaires ; c'est, de toutes les voitures, la plus prompte et la moins chère. Les marchands et autres passagers se réunissent en caravanes, pour éviter les insultes et les pira- teries des Arabes; ces caravanes sont souvent très -nom- breuses, et toujours composées de plus de dromadaires que d hommes; chacun de ces animaux est chargé selon sa force; il la sent si bien, que quand on lui donne une charge trop forte il la refuse, et reste constamment couché jusqu'à ce qu'on l'ait allégé; si on'le force à marcher, il pousse des cris lamentables, et donne des coups de tête fort fréquens à celui qui le surcharge. Les dromadaires portent un millier et même douze cents pesant , les plus petits, six à sept cents, et font, ainsi chargés, dix à douze lieues par jour. Ceux qui sont élevés pour la course en font jusqu'à trente : pourvu que ce soit en plaina et dans un terrain sec. Ils deviennent presque inutiles dans U» pays pierreux et monlueux, et 28 C H A encore dans les pays humides; rhumidisé leur fait ender les. jambes , et on les voit tomber subitement. Les dromadaires de course et ceux de charge peuvent marcher ainsi huit ou dix jours de suite ; ils se reposent seulement le soir; on leur ôte leur charge, et on les laisse paître en liberté : si 1 on est dans un pays vert, dans une bonne prairie, ils pi-ennent en moins dune heure tout ce ^u'il leur faut pour en vivre vingt-quatre, et pour rumi- ner pendant toute la nuit; mais rarement ils trouvent de ces bons pâturages, et cette nourriture délicate ne leur est pa* nécessaire ; ils semblent même préférer aux herbes les plus douces, l'absinthe, le chardon, l'ortie, le genêt, l'acacie «t les autres végétaux épineux qui croissent dans le désert ; lorsque la route est longue , et qu'on veut les maintenir «n bon état, on y ajoute de Torge, des fèves, ou des dattes €n petite quantité, ou enfin, quelques onces d'une pâte faite de fleur de farine; si on se dispense de ce soin, ils ne laissent pas d'aller encore, mais ils maigrissent et leur bosse diminue au point de disparoîlre presque entièrement. Le chameau à deux bosses ne pourroit supporter une aussi longue diète. Le dromadaire peut se passer de boire pen- dant sept ou huit jours. Après une si longue abstinence, il sent Teau de fort loin : et s'il s'en rencontre à sa portée , il y court rapidement, bien avant qu'on puisse la voir. On maintient cette habitude, même dans le temps du repos, en ne lui donnant à boire qu'à des époques éloignées. Tant qu il trouve des plantes à brouter, il se passe facilement d'eau. Au premier signe, les dromadaires plient les genoux et s'accroupissent jusqu'à terre pour se laisser charger dans cette situation. Dès qu'une caravane arrive au lieu où elle doit camper, tous les dromadaires qui appartiennent à un seul maître viennent se ranger deux-mênies en cercle et se coucher sur les quatre pieds, de sorte qu'en dénouant une corde qui tient les ballots , ils coulent et tombent doucement à terre, de côté et d'autre de l'animal; quand il faut recharger, le même dromadaire vient se recoucher en- tre les ballots , lesquels étant attachés , il se relève doucement arec sa charge. Il y en a qui se chargent seuls, en passant la tête sous l'espèce de bât auquel les ballots sont attachés. On est obligé de faire un bât particulier pour chaque in- dividu , et d avoir soin qu'il ne touche pas le haut de la bosse, autrement celle-ci se meurtriroit, et la gangrène et les vers s'y mettroient bientôt : quand cet inconvénient arrive, on met sur la plaie du plâtre râpé bien fm, qu'il faut changer souvent. Les dromadaires aiment la musique, et c'est eu,. C H A 29 cKantant qvî'on leur fait faire plus de chemin, lorsqu'on est pressé; on n'a besoin ni de fouet, ni d'éperon pour les exciter à la marche. On ne laisse qu'un mâle entier pour huit ou dix femelles* et tous les dromadaires de travail sont ordinairement hongres; ils sont moins forts que les dromadaires entiers, mais ils sont plus traltables et servent en tout temps, au lieu que les entiers sont non-seulement indociles, mais presque fu- rieux dans le temps du rut. On dit qu'à cette époque ils se ressouviennent de tous les mauvais trailemens qu'ils ont reçus, et qu'ils cherchent à s'en venger, si les auteurs se présentent à eux. Ils ruent et mordent, quelquefois ils écra- sent des hommes sous leurs pieds. Pendant quarante jours ils ne mangent presque rien, et deux grosses vessies leur sortent à chaque instant de la bouche, avec un râlement très-désagréable. C'est au printemps que le rut commence; l'accouplement est difficile et se fait comme celui du chameau; la femelle porte près d'un an et ne produit qu'un petit ; son lait est abondant, épais, et fait une bonne nourriture, même pour les hommes, en le mêlant avec une plus grande quantité d'eau. Ordinairement on ne fait pas travailler les femelles ; cependant il y a des endroits où l'on en soumet un grand nombre, comme les mâles, à l'opération de la castration, afin de les faire travailler. Le dromadaire n'a que deux pieds de hauteur en nais- sant ; mais il croît si vite dans les premiers momens de sa vie, qu'au bout de huit jours il a déjà près de trois pieds; illette pendant un an, et n'a atteint toute sa grandeur qu'à six ou sept ans. Le dromadaire peut en vivre quarante ou cinquante. Olearius assure que le chameau à deux bosses et le dromadaire produisent ensemble des individus inféconds , comme les mulets, et que ces individus sont plus estimé» que les races originelles. La chair du jeune dromadaire est aussi bonne que celle du veau, les vVrabes en font leur nourriture ordinaire; ils la conservent dans des vases, où ils la couvrent de graisse. Ils préparent du beurre et du fromage avec le lait de la femelle. Le membre du mâle, préparé , leur sert de fouet pour mon- ter à cheval. Dans ces animaux, le rut précède la mue, qui commence au mois d'avril : cette mue ne va pas , comme dans le cha- meau , au point de leur faire perdre tout leur poil; elle n'est même pas plus rapide que celle du cheval et des autres ani- maux de nos pays. Avec le poil du dromadaire , on fait plu- sieurs sortes d'étoffes, des feutres et d'autres préparations ; 3o C H A on tond ces animaux en été , on les couvre d'iiuile , et on les laisse ainsi plusieurs heures par jour exposés au soleil. U n est pas jusqu'à la fiente du dromadaire dont on ne lire un grand parti; on en fait des mottes qui brûlent aisément , et lont une (lauune aussi claire et presque aussi vive que celle duboissec ; elles sont d'un grand secours dans ces déserts, où l'on ne trouve pas un arbre, et où, par le défaut de combustibles, le feu est aussi rare que l'eau ; on prépare avec la suie qui en résulte une grande quantité ùa sel ammoniac. Les paysans égyptiens ont beaucoup de dromadaucs , dont ils prennent grand soin. Ils les empioioiit au trans- port des marchandises , et à tourner les r.u?rs qui leur ser- vent à élever/l'eau qulsert à arroser leurs chanij-. (desm.) C HAMEAU. Nom d'une coquille du genre slroinbe , strom- iiis lucifer, h'nin. {desm.) CHAMEAU TURC. r.CHAMEAUpropreînent dit. (desm.) CHAMEAU D'ARABIE. TVom donne par les anciens au chameau à une bosse, r. Dromadaire, dans l'article Cha- meau, (besm.) CHAMEyVU À DEUX BOSSES. F. Chameau propre- ment dit. (desm.) CHAMEAU À UNE BOSSE. C'est le Dromadaire. F. Chameau, (desm.) CHAMEAU DEBACTRIANE. Les anciens appeloient de ce nom le chameau à deux bosses , pour le distinguer de celui à une seule bosse. F. Chameau, (desm.) CFIAMEAU-LÉOPARD. La gimffe a reçu cette déno- mination vulgaire , à cause de sa haute stature et de sa peau mouchetée comme celle du léopard. F. (ilRAFFE. (s.) CHAMEAU MARIN. Poisson du genre Ostracion, Os- iraa'on turritus , Linn. (b.) CHAMEAU MOUCHETÉ. Dénomination donnée à la GiRAFFE. F. ce mot. (s.) CHAMEAU DU PEROU. Dénomination vulgaire du Lama. F. ce mot. (s.) CHAMEAU DE RIVIÈRE. Les habitans de la Haute- Egypte nomment ainsi le Pélican , dont la poche membra- neuse ressemble en quelque sorle, lorsqu'elle est remplie de poissons, aux outres pleines d'eau que l'on charge sur les chameaux. Dans la Basse- Egypte , le nom ordinaire du péli- can estdegha, et quelquefois sakkah, c\si-A-àivtt porteur d'eau ; cette dernière dénomination est également en usage dans le Diorbekir et aux environs de Bassara. F. Pélican, (s.) C HAMEJASME, Hmistoniacœndea. F.Ch AM.EJASME.(L^^) CHAMEK ouCHAMECK. Espèce de singe de l'Amé- rique méridionale el du genre desATÈLEs. F. ce mot. (desm.) C H A CHAMEL. A Alexandrie d'Egypte , au rapporl d'ïlass^ 1- quist , on appelle ainsi le SuCET , echenets neiicrales. (desm.) CHAMELAIA , Dioscoride. V. Cham^elea. (lts.) CHAMELEAGNUS. V. Cham^eleagnus. (i.n.) CHAMEL^MA. L'un des noms arabes duP£LiCA\. (de.s>i.) CHAMELEUCE.Cenomestunde ceux donnés autrefois au populage, caltha puluslris, Linn. Le chameleuce de Dios- coride est un calament pour Adanson. (l>\) CH AMIRE , Chamira. C'est une plante dont Thunberg a fait un genre. Ses caractères sont d'avoir : un calice de quatre folioles droites , dont deux font à leur base une saillie en manière de corne ou d'éperon ; une corolle de quatre péta- les ; six étamines, dont deux opposées, plus courtes ; une glande en dessous de la base de cliaque étamine courte ; un ovaire supérieur cliargé d'un style court, dont le stigmate est obtus ; une silique oblongue , biloculaire , bivalve , convexe d'un côté , droite de l'autre , presque articulée , longue d'un pouce et demi , et qui contient plusieurs semences ovales. Cette plante , que Lamarck soupçonne être la même que l'HÉLioPHiLE CIRCÉOÏDE de Linupeus , a les tiges herbacées, foibles, couchées, glabres et rameuses ; les feuilles alternes , péliolées , en cœur et un peu anguleuses ; les fleurs blanches et en grappes terminales. Elle croît au Cap de Bonne-Espérance dans les fentes des rochers, (b.) CHAJ>[ITE. Nom donné par les oryctographes aux co- quilles bivalves fossiles , qu'ils trouvent avoir quelques rap- ports de forme avec les Cames, (b.) CH AMITIS , Chamîtis. Genre de plantes établi par Gaert- ner , et depuis réuni aux Azorelles. C'est le même que le l'ÎOLAX de Jussieu. (b.) CHAMLAGU. Nom d'un robinier qui croit en Chine, rohinier chamlagu , Lhérit. (Lis.) CHAM LON LA. Nom cochinchinois d'une plan le em- ployée en Chine et en Cochinchlne , pour teindre en un bleu <}ui ne le cède pas pour l'éclat à l'indigo. Cette plante est très- cultivée pour cet objet ; elle paroîl être un spilante , spi/an- tlius tincloiia , Lour. , qui auroit beaucoup de rapport avec Vuhécédaria de Rumph. ii , t. 65 , qui est regardé comme le spUanthus acmella , L. (LN.) CHAMMA. Nom du Lion en hottentot. (desm.) CHAMME. C'est le nom du mélèze , pinus larix , L. , sur les bords du Jenisei , en Tartarie. (i.?<.) CHAM NHO LA. Nom que les Cochinchinois donnent à I "indigotier , indfgofera Hnctona , L. (lN-) 33 C H A CHAMOBYORETA. Nom du souci des jardins , calen- dula officinalis , chez les Grecs modernes, (ltst.) CHAMOCILADI. L'Alouette des champs, en grec mo- derne, (s.) CHAMOIS. Quadrupède ruminant, vivantdans nos Alpes. 11 est remarquable par ses cornes qui sont petites , noires , lis- ses et recourbées en crochet en arrière , et par son poil gros- sier. Cet animal a été décrit à 1 arilcle du genre A>'TlLOPE auquel il appartient, et figuré planche B. 12. de ce Dictionnaire. (DESM.) CHAMOIS DU CAP. Selon M. Cuvier, c'est I'Antilope ORYX. (DESM.) CHAMOLETTA. Nom que les Belges donnent à l'iris de Perse , iris persica , L. (ln.) CHAMOR. Nom hébreu de TAne. (desm.) CHAINIPAC , Michelia. Genre de plantes de la palyandrie polygynie , dont les caractères sont : d'avoir un calice de trois folioles oblongues et caduques ; une gaîne mem- braneuse qui enveloppe la fleur dans sa jeunesse sous la forme d'un bouton conique ; quinze pétales lancéolés , disposés sur plusieurs rangs , dont les extérieurs sont ouverts et plus grands que les autres ; un grand nombre d'étamines , dont les an- thères sont adnées aux filamens , dans une moitié de leur lon- gueur ; beaucoup d'ovaires globuleux, fort petits, séparés les uns des autres, dépourvus de styles , et situés sur un récep^ tacle ; plusieurs baies, ou espèces de capsules ovoïdes en grappes serrées. Ces capsules s'ouvrent par leur sommet ou par le côté, et contiennent trois à sept graines rougeâtres, convexes d'un côté et anguleuses de l'autre. Ce genre est formé de deux espèces, qui sont deux grands arbres de l'Inde, dont les feuilles sont simples et alternes, et dont les fleurs , situées dans les aisselles des feuilles , répandent une odeur agréable. La première de ces espèces, le Champac A FLEURS J\U]SES, Michelia cham para ^ Linn., est cultivée dans les jardins; elle a les feuilles lancéolées. La seconde, dont les fleurs sont moins odorantes , le Michelia tsiampaca , Linn. , les a ovales, (b.) CHAMPANELLES. V. Orang-outang, (s.) CHAMPANZÉE.LesAnglaisontdonnécenomauJocKO. r. Orang. (s.) CHAMPIDACA, Bonllus, Jav. ; champeden des Malais ; espèce de jacquier , pulyphema champden , Lour. (ln.) CHvVMPlE , Champia. G«nre de plante de la famille des thalassiophytes, et de l'ordre des floridées de Lamouroux , qui avcit été appelé Mertensie par Roih , et dont les carac- B.12. ■2 . (V/d/ncda ,1 . (V/f,r / ,r/i/i/,y'i- . ) C H A 3.1 lères sont : cnpsules nombreuses, presque ovoïdes, situées dans des papilles qui s'élèvent tle la lige et des rameaux. Ce genre, qui fait le passage entre les tlialassiophytes arti- culés , et les non articulés, ne contient qu'une espèce , ori- ginaire du Cap de Bonne-Espérance, (b.) CHAi\[PlGNONS. Famille de plantes qui, avant les ob- servations récemment faites sur les algues, commençoit la série des végétaux. Elle n'en forme plus aujourd'hui que le second chaînon. Elle diffère des autres familles , princi- palement parce que les espèces qui la composent n'ont ni feuilles ni fleurs, parce qu'elles ne sont jamais de nature herbacée, et parce qu'elles sont plus simples dans leur forn.e et dans leur organisation; elles s'en rapprochent seulement par leur manière de croître. Théophraste , Dioscoride , Pline, et en général tous les anciens , attribuoient l'origine des champignons aune cer- taine viscosité provenue des végétaux par la putréfaction. Ce sentiment fut celui de leurs commentateurs. L'Ecluse pré- tendit le premier que les champignons naissoient de graines. Boccone, Mentzel, Tournefort, Micheli, et dans ces derniers temps, Gleditsh, Haller, Hedwige , Linnœus , Palisot- Beauvois, et surtout BuUiard, se sont déclarés les défenseurs de cette dernière opinion. La découverte des animalcules donna occasion à plusieurs savans, tels que Butner, Weis, MuUer, Scopoli, etc., de pen- ser que les champignons avoient une origine animale ; et ré- cemment Neckcr et Médicus , naturalistes allemands , ont regardé les champignons, l'un, comme une nouvelle réunion du tissu cellulaire des végétaux; l'autre, comme une décom- position de la moelle et du suc des plantes qui changent de nature au moyen d'une certaine quantité d'eau et de cha- leur ; ou , pour se servir des propres expressions de l'au- teur, les champignons sont une cristallisation végétale. Cette opinion a été combattue par Palisot-Beauvois. F. Joum. de physique^ année 1789. Palisot-Beauvois {Encydop. méthod. art. Champignon) etBul- iiard, après lui, ontlevéles doutesdesnaturalistes, endemon- trant que les champignons sont organisés à peu près comme les végétaux staminifères ; qu'ils ont des fibres , des vais- seaux, des racines , une floraison, des espèces de semences sans le concours desquelles la régénération ne peut avoir lieu, un premier développement , un accroissement et un dépé- rissement qui ne se terminent , comme dans tous les êtres organisés , qu'après avoir laissé des êtres semblables à eux, et qui éprouvent les mêmes révolutions. En effet, un champignon quelconque ne peut exister, dit VI. 3 34- C II A Î5iilliard, s'il n'est le produit <ïe la graine d'un individu de la même espèce, et ce qu'on appelle vulgairement hlanr de cham- pignon ( Carcite Nccker) , n'est autre chose que la graine agglutinée à divers corps. Suivant Palisot-Bcauvois , le blanc de champignon est le premier développement des graines. Les filamens que produit ce développement donnent naissance à d'autres filamens plus gros et plus durs. Ceux-ci sont les analogues des tiges de ces plantes, et ar bout d'un temps plus ou moins long ils donnent naissance à de [jeiils champignons qui s'accroissent et sortent de terre lorsqu'ils ont atteint unecertainegrôsseur.Cescham- pignons,paroissant ainsi tout à coup,ont-donné lieudepcnser que ces sortes de plantes se développent dans une seule nuit. C'est une erreur , ils sont déjà tout formés dans la terre oi< le fumier , plusieurs jours avant de paroître. Ainsi ce qu'on appelle blanc de champignon est , à proprement par- ler , la première germination des graines , et les racines qui produisent d'autres filamens doivent être regardées comme les tiges. Les champignons qui en proviennent ont alors des fleurs et des. fruits. Palisot-lieauvois, dans un Mémoire inséré Annales du Muséum d'histoire naturelle , a prouvé que plusieurs lÎYSSES et EIimatsïies ne sont autre chose que du blanc de champignon , qui finit par développer des agarics ou des menues. Suivant le même botaniste , les lames ou feuillets des agarics sont doubles comme une gousse, et remplis d'une membrane réticulaire entre les mailles de laquelle les graines sont attachées. Pour obtenir les graines de la plupart des champignons , il suffit de les exposer, dans leur fraîcheur , sur une glace: Li superficie du verre ne- tarde pas à s'en couvrir. On lej obtient encore en secouant dans l'eau des champignons suf- fisamment développés. Cette eau , ainsi chargée , sert à ar- roser les couches qui n'en deviennent que plus fécondes. Ces graines varient comme celles des autres végétaux, dan* leur nombre, dans leur situation , leur insertion , leur di- mension, leur forme, leur couleur, etc. Les unes sont faciles à distinguer sans le secours de la loupe , les autres sont si fines, que la plus forte lentille du microscope de Dellebarre peut à peine les faire voir. Ces graines, transportées parles vents, s'attachent à différens corps au moyen du gluten dont leur surface est humectée , les pluies les précipitent sur la terre, et'si des circonstances favorables secondent leur déve- loppement , de vastes surfaces sont bientôt couvertes de champignons. Touscesfaitsrésultent des observations de Palisot-Beauvois cldeBuIiiard; ilssont vrais, mais iln est pas cependant démon- C H A 3^ tvé que les graines des cliailipignons soient de véritaLIes se-' menées, (iœrtner les regarde comme des espèces de gem- mes. J'avois déjà proposé celte idée à Bulliard , lorsque je falsois avec lui des expériences sur la fécondation des cham- pignons; mais elle fut repoussée, quoique appuyée sur ïn- nalogie de ces plantes avec certains polypes et sur les ex- périences de Trembley , et autres , que je répétois aussi à cette époque. V. au met Truffe. Aujourd'hui que j'ai vu un plus grand nombre d'indivi- dus de ces deux classes; que je me trouve appuyé de l'opi- nion d'un homme aussi justement célèbre qne (jserlner, je dois tenir , et en effet, je tiens plus que jamais à celte idée: je dis donc que les graines des champignons sont de véritables bour- geons , ou mieux ne sont , en réalité , que des plantes ex- cessivement petites, qui se développent par Taclion végé- tante , sans changer dénature. On en voit la preuve dans les NiDULAiRES , où les prétendues semences prennent sou- vent une ligne de diamètre. Dans ce système, les organes mâles et les organes fe- melles, qu'on prétend avoir vus dans les champignons , ne seroient que des illusions; et certes , il suffit de les examiner de bonne foi, pour en être convaincu. Cependant nous devons rappeler, en opposition à cette opinion, les observations elles expériences de Palisot-Beauvois sur les Clavaires, lesSPHjî:- RiES, les HYPOXYLO^s,lesDlGlTAlRES, etc. Il a remarqué que les sommet de ces plantes est formé par un mamelon ou bou- ton d'où sort une poussière diversement colorée et qui s'eu détache de bonne heure , et que , sitôt après l'émission de cette poussière , les petits tubercules , placés autour de la partie inférieure , se renflent cl se remplissent d'une ma- tière visqueuse , noire , dans laquelle on trouve de petits corps faits en forme de croissant. Ce qui lui a fait penser que la poussière supérieure est l'organe fécondant et les tubercules inférieurs de véritables capsules. Cette opinion est fortifiée par Texpérience suivante. Ayant coupé le sommet de plusieurs hypoxilon et chaoaria^ avant Témissionde la poussière, les individus se sont desséchés et les tubercules ont avorté ; les autres individus ont fructifié. Voy. au surplus le Mémoire dePalîsot-Bemwois, Encyd. meth.^aii. champignon, pour d'autres observations pareilles, notamment sur les Hydnes, Voy. encore Journ. de Bot. ^ vol. ii, pag. 14.7; Obseiv.sur les champignons et sur leur manière de croître, par le même. Il faut voir, au reste, au mot Polype, la manière dont ces singuliers animaux se produisent naturellement, et aux mots Plante et Fruit, la composition des Graines des autres végétaux, pour bie?î apprécier la valeur de iopinion que je soutiens ici. Il es» 35 C H A des champignons qui sortent de terre dans l'espace de cinq à six heures; il en est d'autres à qui Tespace d'un an suffit à peine pour atteindre le terme de leur dévelop- pement complet. L'accroissement se fait par intus - sus- ception ; c'est-à-dire, que les champignons, au moyen de leurs racines , ou des organes qui en font les fonctions , tirent de la terre , ou des corps sur lesquels ils ont pris nais- sance, un suc lymphatique qui, distribué , selon certaines mesures , jusqu'aux plus fines divisions des fibres charnues qui les composent , augmente , dans tel ou tel espace do temps , la longueur et la largeur de ces fibres , et leur donne plus ou moins de solidité. Pallsot-Beauvois a remarqué que le champignon à sabot de clieoal^ et autres semblables, augmente chaque année d'une nou- velle production de tubes qui s'implantent sur l'ancienne, et qui est produite par les semences sorties de cette dernière : de façon que ces sortes de champignons seroient composés comme les polypiers d'une suite de générations qui accroissent leur volume. 11 a remarqué de plus que ces couches annuelles vont toujours en s'élargissant jusqu'à un certain point ; qu'ensuite elles diminuent en proportion et graduellement, eu sorte que lorsque la dernière couche est égale à la première, le végétal périt. Voyez les observations ci-dessus citées. Dans les champignons, dont la substance est presque li- gneuse , l'accroissement est subordonné aux divers mouve- raens de la sève, et il y a élaboration de la lymphe nutri- tive qui est reçue dans les vaisseaux capillaires , de même que les sucs propres ; mais dans les champignons fugaces , la liqueur lymphatique s'infiltre entre les mailles de la subs- tance du champignon comme de l'huile dans du coton, tandis que les sucs propres circulent dans les vaisseaux ca- pillaires. Les champignons , dont l'organisation est si différente des autres végétaux , donnent aussi à l'analyse des produits par- ticuliers. Les résultats de leur décomposition artificielle , comme ceux de leur décomposition naturelle , sont fort ana- logues à ceux des matières animales. Sous l'eau, ils donnent du gaz hydrogène, du gaz azote et du gaz acide carboni([ue. A la suite d une analyse des champignons , insérée dans les Ann. de Chimie , tom. 79 , Bracconnot conclut qu'ils sont moins animallsés que le gluten , et qu'ils contiennent quel- quefois du soufre, et d'autres fols du sucre qu'on obtient par l'alkool. Quelques champignons sont employés dans les arts; plu- sieurs servent à la nourriture ; d'autres sont des poisons , et la plupart ne sont utiles à rien pour l'homme ; m*Ls presque C H A .^.7 tous recèlent des le'glons de larves d'insecles qui vivent à leurs dépens. Il est difficile de donner des indications générales propres à faire éviter les mauvais champignons. La connoissance des espèces peut seule guider dans ce cas : encore sont -elles si sujettes à varier , qu'on ne peut pas toujours êlre sûr de son fait. Je n'entreprendrai pas ici d'éloigner d'un aliment que des peuples entiers rechercîient avec passion; mais je ne puis me dispenser de faire remarquer que les champignons ne four- nissent point ou presque point de chyle , qu'ils ne servent par conséquent en aucune manière à la nourriture. La facilité avec laquelle ils se triturent dans la plupart des estomacs, fait croire qu'ils se digèrent , mais ils ne font réellement que pas- ser à travers les intestins. On doit donc ne les considérer que comme propres à servir d'assaisonnement aux autres mets. Lorsqu'on veut ramasser des champignons pour la taLle', il faut repousser ceux qui sont trop vieux; car il est de fait que telle espèce qui étoit saine dans sa jeunesse, devient dan- gereuse dans sa vieillesse ; d'ailleurs, leur saveur se perd lors- tfue la fécondation est opérée. Comme c'est dans la partie où se forment les bourgeons séminiformes, les lames ou les tubes de la partie inférieure , que réside le principe vénéneux des champignons , on peut rendre tous les Agarics et les Bolets salubres , en leur enlevant cette partie qui,* en général , se détache très-facile- ment : c'est ce qu'on pratique dans beaucoup de lieux, et ce qu'on y a^pT^eWe faire le foin , en comparant celte opération à celle analogue qui a lieu sur les artichauts. Il est reconnu, par des suites d'expériences positives , que les acides végétaux sont les contre-poisons des champignons ; ainsi donc , lorsque quelqu'un sera soupçonné d'avoir été empoisonné par eux , on le fera alternativement vomir et prendre du vinaigre môle avec de l'eau; ainsi donc , lorsqu'on voudra manger des champignons suspects , on devra les faire macérer pendant quelques heures dans le vinaigre. Les symptômes qui sont la suite d'une erreur dans le choix des champignons destinés à la nourriture , sont le vomisse- ment, l'oppression, la tension de l'estomac et du bas-ventre, l'anxiété , les tranchées , la soif violente , la cardialgie , la dyssenteric, l'évanouissement, le hoquet, le tremblement général , la gangrène et la mort. Le goût décidé de quelques amateurs ne s'est pas contenté de ceux que fournit naturellement la campagne; il a de plus créé l'art d'en faire venir sur couche pendant toute l'année. Pour cela, on fait un mélange de crouin de cheval, 38 C lî A fie fumier pouri et de terreau, et on le dispose en couches d'un pied et demi de largeur et de hauteur : on sème sur ces pouches des graines de champignons , c'est-à-dire, de la terre d'une ancienne couche qui en est imprégnée; on re- couvre le tout de fumier non consommé , et on arrose large- ment. Au bout de très-peu de jours, ces couches commencent à donner des champignons, et continuent à en donner jus- qu'aux froids. Alors, si on veut en avoirpendant l'hiver, on les transporte dans une cave , ou mieux, on y en fait de nou- velles , ou dans tout autre lieu où la température se soutient à environ dixdegrés de Réaumur. C'est l'a^am; esculent de Lin- naeus , V amanite esc\(.lent de Lamarck que l'on multiplie exclu- sivement ainsi; les autres ne se prêtant pas aussi facilement que lui aux fantaisies des hommes. Mais il est à remarquer que ce champignon dégénère par cette culture; il n'a plus la même odeur musquée ni la même saveur que celui qui croît à l'air libre. Beauvois a proposé à l'Institut, en i8i5, un petit ouvrage contenant la description exacte et la représentation fidèle , à figures coloriées, de vingt-une espèces de champignons, les seuls reconnus bons qui croissent en France. Ce petit ou- vrage , par la modicité de son prix , eût été à la portée de tout le monde et très-utile. Il eût empêché sans doute les malheurs et les empoisoimemens qui se renouvellent chaque année. Le gouvernement devoil le faire imprimer à ses frais, mais les circonstances ont empêché cette publication v<"aiment utile. Les ouvrages à consulter pour les champignons, sont ceux de Dillenius, Battara, Mirheli, Schœffer, Batch, Bulliard, Per- soon , Paulet, et la Flore françai-se de DécandollcWillde- now a proposé une nouvelle distribution des champignons en quatre familles; savoir : les Xylomiques^ les Fongueux^its Gas- iéromujues et les Bysses. Une mort prématurée et inattendue , en privant les sciences d'un de ses zélés partisans cl des plus laborieux, a empêché la publicité de ce travail, qui, nous avons lieu de le croire, auroil contribué à leur faire faire de nouveaux progrès. Les meilleures espèces de champignons seront mention- nées à leur genre , et ceux qui ont des noms vulgaires seront rapportés , par renvoi , à ces mêmes genres ; ainsi , il est inutile d'en parler ici. Les champignons croissent sur la terre, ou sont parasites, c'est-à-dire , vivent sur d'autres plantes et à leurs dépens. Les premiers sortent du sein de la terre, tantôt nus, avec ou sans collet, tantôt renfermés dans une coiffe qui ne tarde pas à se déchirer; c'est le VoLVA. La substance des uns est subéreuse ou ligneuse; celle des autres est molle, charnue, quclqucfoismuci- C H A 3o lagineuse. Il est des champignons qui sont sinjples, il en est qui sont ramcux; la plupart sent couverts d'un chapeau stipilé bu scssile , tantôt orbiculaire et pelté , tantôt semi-orbicu- laire ou attaché par le côte ; ilen est dont la saveur est amère , poivrée, acre elcorrosive; d'autresquil'ontdouce, sucrée, très- agréableaugoûtulans la plupart elle est insipide. Quelques-uns laissent fluer une liqueur blanche lorsqu'on les entame, d'autres changentdecouleurdanslemêmecas; plusieurs répandent une odeur suave ; mais la plupart sont inodores et beaucoup sont nauséabonds, lorsque > surtout, ils commencent à se décom- poser. Celte décomposition, comme on l'a déjà dit , a plu- sieurs des caractères de celle des substances animales, et ( lie attire les insectes qui vivent dans les cadavres. La fameuse pierre à champignon de ISaples, dont j'ai pos- sédé plusieurs fois de gros fragmens , est un tuf volca- nique imprégné de carcite de deux espèces de champignons , l'un le Bolet tubérastre, et l'autre un Agaric voisin de I'Oronge par sa couleur. Ce dernier, je l'ai vu se reproduire sur une des pierres dont il vient d'être question , que j'avois placée dans une serre de Paris. Dans la famille des champignons, qui est la première de la classe première ànTabIcau ihi Règne végétal^ par Venlenat , et dont les caractères sont figurés pi. i , n." 4- thine, qui sent la térébenthine, et le Mou- tardier, qui sent la moutarde, (b.) Champignon des fossés. Agaric indiqué par Lécluse, et figuré par Paulet, Traité des Champignons, pi. 61. 11 est gris en dessus et jaunâtre en dessous. Ses lames sont décurrentes .sur son pédicule, qui est tortueux et mêlé de jaune et de blanc. 11 ne se mange pas. (b.) Champignon de fumier. C'est un Agaric blanc, couvcri de poussière de même couleur dans sa jeunesse, qui se résout promptementen liqueur noire, et qui croît stir le fumier. Il n'est pas nuisible , mais ne peut se manger. Paulet l'a figure pi. 124 de son Traité des Champignons, (b.) Champignon gris du Mûrier. Agaric qui croît en touffe au pied des mûriers dans les parties méridionales de la France. Sa hauteur est d'environ trois pouces. 11 est gris-roux en dessus et gris- pâle en dessous. On ne le mange pas. (b.) Champignon du Houx. Synonyme de grande Gyrolî:. (B.) Champignon d'ivoire. Petit Agaric tout blanc, luisani, à lames décurrentes, qu'on trouve en automne dans les fri- ches. Il est dangereux. Sa figure se voit pi. 69 du Traité des Champignons de Paulet. (b.) Champignon lavure de chair. Agaric couleur de chair dans toutes ses parties extérieures et intérieures, à lames dé- currentes, à saveur piquante, qui croît aux environs de Pa ris. Il n'est pas malfaisant. Paulet l'a figuré pi. 4^ de son Traité des Champignons, (b.) Champignon à lobes. Synonyme de I'Agaric cinq parts de Linnœus. Ce champignon, dont le chapeau est jaune-sale en dessus et blanc en dessous , n'est pas nuisible ; mais il ne se mange pas. Paulet l'a figuré pi. 55deson Traité des Cham- pignons, (b.) Champignons i nis. Paulet nomme ainsi les champignons dont le chapeau est absolument uni partout, et demi les hourgeons séminifonues se développent en dessus. Ils sont tous parasites des antres champignons. Une des espèces de cette famille croît sur la K0UGEOTTE , qui se gâte , et est figurée pi. i83 du Traité i\t's Champignolis de Paulet. (b.) Champignon de Mithridate. Petit Agaric de l'Asie mi- neure, mentionné par Welsch, et rappelé par Paulet dans son Traité des Chauipiguons, (b.) 44 C îî xV CIIAMP1G^0N À MOUCHE. On donne souvent ce nom à l'O- ROMGE FAUSSE, Agaricus muscurius ^ Linn. (b.) Champignons poreux. Les Bolets, et principalement les Ceps , portent ce nom. (l.) Champignon prune de Monsieur. Agaric à chapeau brun violet en dessus, saupoudré de gris et blanc en dessous, qui croit en touffe dans les bois. Il est figuré pi. 53 du Traité des Champignons de Paulet. (b.) Champignon réglisse. Agaric commun dans les bois des environs de Paris, dont la couleur est celle de la réglisse. 11 ne se mange pas, quoiqu'il paroisse sans danger. Paulet l'a ligure pi. 4^ de son Trràté des Champignons, (b.) Champignon rouge bord. Agaric à chapeau en entonnoir, couleur de lie de vin en dessus et blanc en dessous, ainsi que le pédicule. Il esl visqueux et peu propre à être mangé , quoi- qu il n'annonce pas être dangereux. On le trouve assez fré- quemment dans les bois aux environs de Paris. Paulet Ta figuré pi. 6o de son Traité des Champignons. (B.) Champignon roux du Murieii. Agaric qui croît sur les racines des mûriers dans le midi de la France. 11 esl roux et s'élève à quatre à cinq pouces. Il est très-bon à manger, (b.) Champignon du Saule. V. Coulemelle et Bolet odo- rant, (b.) Champignon souci DU Noyer.Acaric qui croît sur le noyer, et qui ne paroitpas nuisible. Sa couleur est en dessus celle du souci ou de la capucine. Il est roux en dessous. Son pédicule est blanc. Paulet Ta figuré pi. 4-o de son Traité des Champignons. (B.) Champignon du Sureau. Petit Agaric qui croît sur le tronc des sureaux, et qui ne paroît pas dangereux. Il est blanc, mais de diverses nuances sur chacune de ses parties. Paulet l'a figuré pi. 85 de son Traité des champignons, (b.) Champignon typhoïde. Agaric à chapeau presque cylin- drique, comme la Massette, Typha^ Linn., qui croît iso- lément et se fond peu de temps après son développement en «ne couleur noire. Il varie en blanc, en brun, en violet, et dans toutes les nua'u.es intermédiaires. On ne le mange pas. Paulet Ta figuré pi. i^j et i4â de son Traité des Champi- gnons, (b.) CHAMPIGNON DE MALTE. C'est le Cynomore. (b.) CIIAMPIGiNON DE MEPi. Nom que les pécheurs don- nent à différentes productions polypifères, qui ont la forme d'un champignon. Des noms aussi vagacs ne méritent pas l'attention des naturalistes; ainsi, on ne cherchera pas à dé- terminer ici le genre des espèces qui l'ont porté , espèces qui varient d'un lieu à un autre, (û.) C II A 45 CHAMPLURE. Malaetla parasitica.W ne paroîtpas que ce soit une espèce de pa- vel. (LN.) CHANI, en turc et en arabe. C'est, suivant Forskaël, le Muge ou mullet. V. Chanos. (desm.) CHAN-IDAHN, manger de roi. Quelques peuplades mon- goles appellent ainsi le Cassis {tibes nigrum^ L.). (L^.) • CMAJSKE. Nom japonais du géroflier. (ln.) CHANON. Adanson donne ce nom à la Moule hironde, qui fait aujourd'hui partie du genre AvrcULE. (iî.) CHANOS , Chanos. Genre de poissons établi par Lacé- pède, pour placer le Mugil chaî^i de Forskaël. 11 offre pour caractères : mâchoire inférieure carénée en dedans ; point de dents aux mâchoires ; les écailles striées ; une seule nageoire du dos , la caudale , garnie vers le milieu de chacun de ses côtés , d'une sorte d'aile membraneuse, (b.) CHANSIER. Les Kalmouks nomment ainsi le coniouil- ler sanguin ou bois punais {cornus sanguînea, L.). (i-TS.) CHANT , se dit particulièrement de la voix des oiseaux de Tordre des Passereaux et des Pies de Linnaîus. Consultex. le mot Yo[X. (virey.) CHANTAGEM. C'est le nom des plantains (jjlaniago) en Portugal, (ln.) CHANTEÉELLE {Ornithologie). Nom qu'on donne à la femelle dun oiseau quelconque , destinée à réclamer ou à appeler , par ses cris , les oiseaux de son espèce. C'est pro- prement une femelle de perdrix ou de caille, apprivoisée, qu'on nourrit en cage , et dont on se sert pour attirer les mâles. On nomme appelant les femelles ou les mâles dont on se sert pour les petits oiseaux, (v.) CHANTERELLE , Cantharellus. Champignon du genre des Agarics de Linnœus , que Lamarck regarde comme le type d'un nouveau genre, dont les caractères sont d'avoir le chapeaugarni, en dessous, de plisrameux , décurrens sur le pédicule , et ressemblant à des nervure.-?. La chanterelle est petite , d'un jaune roussâtre , un pen pâle , et a sa chair assez ferme. Son chapeau est régulier , convexe et orbiculaire dans sa jeunesse ; mais il se relève à mesure qu'il se développe, et finit par former l'entonnoir. Oji la trouve , au milieu de l'été , dans les bois et les prés secs ; elle est bonne à manger et répand une odeur agréable. Quanxl C H A 4; on la mâche , elle pique d'abord un peu la langue, et laisse ensuite dans la bouche un goût exquis. J'en ai IVéqueniment mangé et ne lui ai reconnu supérieur que I'Agaric, mousse- rois. Bulliard dit qu'il y a des cantons où les habitans en font leur unique nourriture pendant sa saison. Ce genre a été appelé mé/-ulepav quelques auteurs, ou mieux on Ta réuni aux Mérules. Paulet regarde ce Champignon , qu il a figuré pi. 36 de son Traité des Onimpis^nons , Comme le type d'une fa- mille qui renferme, de plus, la Gyrole fuseau, qui est plus petite et moins jaune que la chanterelle ^ et la (ivROLE PRUixÉE , qui a le chapeau bleu-brun et le pédicule jaune. Celte dernière est dangereuse. V. pi. Sy de Touvrage précité. Quant à la Gyrole dentelle, figurée même planche, voyez Dentelle, (b.) CHANTEURS , Canorî. Famille de l'ordre des oiseaux SylvaiNs et de la tribu des Anisodactyles (F. ces mots). Caractères : pieds médiocres ou un peu allongés ; jambes tota- lement emplumées, rarement en partie nues; tarses annelés, glabres; doigts extérieurs quelquefois réunis jusqu'au milieu, ordinairement à la base seule ; pouce épaté ; bec médiocre , presque droit , comprimé par les côtés , subulé , quelquefois entier ou dentelé , le plus souvent échancré , à pointe cour- bée ou seulement fléchie; mandibule inférieure entière, re- troussée à la pointe chez quelques-uns, droite chez les autres ; 12 rectrices. Cette famille contient les genres Merle , Es- CLAYE, Spécotuère, Martin, Psaroïde, Grallinî;, Aguas- siÈRE , Brève , Grallarie , Myrmothere , Pégot , Mou- CHET, MOTTEUX, AlOUETTE , PiPI , HoCHE - QUEUE , MÉ- RION , .^GITHINE , FaUYETTE , RoiTELET , TROGLODYTE. V. CCS mots, (v.) CHANTEUR (PETIT) DE CUBA. V. Passerine. (v.) CHANTRE, CHANTEUR. Noms d'un Pouillot , que je soupçonne être le Pouillot fitis ou collybite, (v.) CHANTRANSIE , Chantransia. Genre établi aux dépens des CoNFERVES, par Yaucher, sous le nom de Prolifère. Bory-Saint-Yincent, l'a appelé Lémanée, Palisot Beauvnis Trichogonon. Il renferme six espèces, (b.) CHAN TSU. On donne ce nom, en Chine, à I'Oxalide SENSlTnTE , oxalis sensitim. (LN.) CHANVENON, CHANVRET. Noms français anciens du Chanvre. CHAN\RE, Cannabis, Llnn. (^dioécie pentandiie). Genre de plantes herbacées, de la famille des urticées, qui a des 48 C lî A rapports avec les orties et le houblon, et dans lequel les fleurs sont imcomplètes et unlsexuclles. Les mâles et les (emeili-s naissent sur différens pieds ; mais quelquefois on trouve les deux sexes sur le même individu. Les .(leurs mâles sont dispo- sées en grappes ou en panicules aux aisselles des feuilles et à rextrémité des tiges ; elles ont un calice concave à cinq folioles, et cinq courtes étamines. Les fleurs femelles sont aussi axii- laires , presque sessiles , et viennent sur les jeunes rameaux; leur calice est formé d'une seule foliote oblongue, pointue, et qui s'ouvre d'un côté dans toute sa longueur; elles ont un petit ovaire conique, surmonté de deux styles longs, velus et à stigmates simples. Le fruit est une coque ovoïde , lisse , à une loge, et fonnée de deux valves qui ne s'ouvrent point : cette coque renferme une graine -arrondie , blanche , douce et huileuse. Le chanvre a la tige droite , rude au toucher, et des feuilles digitëes , munies de stipules; ces feuilles sont opposées et al- ternes dans celui d'Europe , et toutes constamment alternes dans la variété gigantesque qui vient des Indes. ClIAîsVRE CULTIVÉ, Cannabis salha ^ Linn. On le croit originaire des Indes ; selon Linnœus , il vient naturellement en Perse. Comme on le cultive beaucoup en Europe, et depuis très-long-temps, il s'y est presque naturalisé j surtout en Italie, dans le Piémont, en Suisse et en France. C'est une plante annuelle ; sa tige est velue, quadrangulaire , fistuleuse, et ordinairement simple. Elle s'élève depuis quatre jusqu'à huit piedi. Elle est garnie de feuilles portées par un pétiole ; les inférieures sont epposécs, les supérieures alternes. Elles sont découpées en cinq folioles lancéolées , aiguës , et de grandeur inégale dans le mâle ; les deux folioles extérieures sont plus petites et entières, les trois autres sont dentées en scie. La plante femelle lésa toutes dentées; les feuilles (iorales sont quelquefois simples. Les fleurs du chanvre ont une cou- leur herbacée. Les femelles sont moins apparentes que les mâles, et se font pourtant remarquer bientôt par leurs styles. Le peuple appelle improprement èliaw^remàle celui qui porte la graine , et chanore femelle celui qui ne porte que des fleurs ; dans l'un et l'autre, ce sont les filamens de i'écorce qui ser- vent à faire de la toile. Le chanvre est d'une utilité si reconnue et si générale , qu'on le cultive dans presque tous les pays. Avec les filamens quon retire de ses tiges, on fait partout, ou des cordes et cordages, ou des voiles pour les vaisseaux , ou des toiles plus ou moins belles. Sa qualité dépend beaucoup du terrain où il a crii, des préparations qu'on a données à la terre , de celles qu'il a reçues après en avoir été airathé , de la bonté de la C H A 4;^ graine, tlu pays , et enfin du temps où il h 6ié récolté. Nous allons «lonnei- une idée de sa culture , et faire connoîlre les diftérenles manières dont on le prépare, soit après sa ré- colte , soit lorsqu il a été r©ui et séclié. Ln graine du .chanvre a une tendance singulière .^ rancir, et n'est plus bonne à semer après un an : il faut donc , avant tout , s'assurer de sa qualité. (3n en brise la coqne avec Ton- gle ou avec les dents, et on goûte l'amande dépouillée de sa pellicule. Si elle est douce, la graine est bonne ; mais si elle a déjà ranci, la graine ne germera pas. Le choix du terrain n'est pas moins important. La racine du chanvre pivoîe beaucoup; il faut donc qu'il soil léger, bien meuble, et pourtant très - substantiel. Sa préparation se réduit aux labours et aux engrais. Trois labours au moins sont nécessaires. Le premier se fait avant 1 hiver : il doit être profond» Le second a lieu au printemps , quand les herl)es commencent à croître. Le troisième est déterminé par l'époque où l'on sème le chanvre , et doit se f.iire un ou deux jours auparavant, vers le commencement de mai ou de juin, plus tôt ou plus tard, selon le pays ou le climat. Le choix des engrais dépend de la nature du sol sur lequel ils sont répandus. Le fumier de cheval, bien mélangé avec quelques autres, convient aux terres pesantes -, celui de vache et de mouton, est préférable pour les terres légères. Le plus naturel des engrais, le meilleur et le plus économique, est celui qu'on peut former avec tous les débris du chanvre , lors- qu'il est arraché, roui et préparé. Quand on se dispose à semer, il est bon de tracer dans la chènevière des sentiers ou rigoles dune certaine largeur. Ils sont utiles pour empêcher qu'on ne brise une partie du chanvre femelle, quand on récolte le mâle; ils servent en- core à 1 écoulement des eaux dans les temps de pluie et d'orage, et ils entretiennent une plus grande circulation d'air autour des plantes. Il est impossible et inutile de fixer le: temps précis où il faut semer; car l'usage prévr,udra toujours. On sème dru ou clair , selon l'usage auquel on destine le chanvre. Si on veut en fabriquer des toiles , on sème épais; le brin alors est, dit-on, plus fin, et la filasse plus douce et plus soyeuse. S'il doit être employé à faire des cordages de marine , on sème plus clair, et l'on prétend que dans ce cas la tige a plus de hauteur et de gros- seur , une écorce plus grossière , et des brins plus longs. Quand le chanvre a pris deux feuilles , il faut sarcler : c'est 1 ouvrage des fenniies et des enfans. Au bout de quelque temps, on peut le dégarnir s'il a été semé trop épais; mais cette opération est délicate : en arrachant les plantes surnu-. 5o C H A méraires , on doit prendre garde de de'chausser les voi- sines. Le chanvre, une fois parvenu à une certaine hauteur, croît rapidement. Le mâle et la femelle paroissent en- semble , mais le premier domincioujours jusqu'aux environs de sa maturité; à cette époque, il s'arrête, il.fleurit, elrépand sur la femelle une poudre jaune qui la féconde; le sommet desa tige commence alors à s'incliner; elle devient jaune vers le haut, et blanche auprès de la racine : c'est le moment de l'arracher. Cetle première récolle a lieu communément dans les quinze derniers jours de juillet. Toute rupture est nuisible au chanvre , queUe que soit la méthode qu'on adopte pour le préparer. Ainsi , pour ne pas le briser en le cueillant, il faut le tirer droit hors de terre, brin à brin, et le jeter sur le bras gauche , jusqu'à ce qu'on en ait environ une poignée. On secoue alors lé- gèrement la terre qui tient aux racines; on* y met deux liens, et la tige reste entière. Ces poignées sont portées hors de la chènevière; un homme muni d'un instrument tranchant, les prend l'une après l'autre , et les posant sur une fourche fichée solidement en terre, il coupe toutes les racines un peu au-dessus du collet. Ce moyen est si cxpé- ditif, qu'il peut en couper, de cette manière , huit cents poi- gnées par jour, parce que le chanvre est encore vert; s'ilétoit séché, il n'en couperoit pas la moitié. On conçoit qu'il est inutile de lui laisser sa racine, qui n'est propre qu'à entre- tenir l'humidité de la tige. Le paquet de feuilles qui cou- ronne chaque poignée , doit être aussi supprimé ; autrement il occasioneroit une fermentation très-nuisible à la plante. Cette opération peut être faite en peu de temps , par l'homme qui coupe les racines. Avec un sabre de bois qu'Û fera glisser le long de la poignée, pour ne pas offenser les liges , il abattra toutes les feuilles en quatre ou cinq coups. Voilà le chanvre mâle en état d'être préparé, selon la méthode qu'on a adop- tée, et suivant les moyens et les facilités qu'on a. Le chanvre femelle , dépositaire de la graine qui doit per- pétuer son espèce, a besoin d'une existence plus prolongée. On ne le récolte qu'un mois environ après l'autre , et au moment où on voit ses feuilles se dessécher , et sa tige jaunir. C'est orrlinairement dans le courant de septembre. On le cueille partout à l"a main, comme le mâle. Pour économiser le temps et la main-d'œuvre, et pour conserver les tiges, ou feroit peul-ôlre mieux de faucher le chanvre femelle en deux jours. Un bon faucheur pourra en couper un arpent; il sera suivi d'une ouvrière, qui en fera de grosses poignées, et qui les élendra sur le sol à mesure. L'inégalité des tiges, en C H A Sî grosseur et en hauteur, entraîne toujours un rouissage inégal; leur triage est donc nécessaire. Lorsque le chamrc a été arraché , il faut le faire rouir. L'ccorce de celle plante renferme , comme on sait , une substance glulino - gommeuse , qui non - seulejuent unit ses fihres entre elles , mais qui les tient en même temps collées à la partie ligneuse de la tige; il faut donc dissoudre cette matière pour opérer leur séparation. C'est là loLjeldu rouissage. La fermentation qu il procure, met en fusion ce gluten , qui se détache plus tôt ou plus tard et plus ou moins facilement, selon une foule de circonstances qu'il seroit trop long de détailler. De quelque f.çon que cette fermentation ail lieu, peu importe. L'essentiel est de l'obtenir d'une m.i\- ni»M-e sûre, prompte, économique, et de connoître surlou.l le degré nécessaire pour dépouiller la tige sans altérer la fi- lasse. Mais les variations de ce degré convenable , en ren- dent les principes difficiles à établir. Si le chanvre est trop roui , il se pourit et le fil est foible ; s'il ne l'est pas assez , le gluten y resle en partie attaché, et les préparations suc- cessives qu'il doit recevoir, en sont plus embarrassantes et plus dispendieuses. Le cultivateur, que l'expérience guide ^ peut seul trouver le point juste. Les uns portent leur chanvre au rouissage aussitôt qu il est cueilli ; d'autres le font sé- cher auparavant. La première méthode est reconnue la meil- leure. Quand la planTe est encore verte , la gomme est plus facilement dissoule ; aussi , ne faut-il que quatre jours pour son rouissage ; tandis que celui du chanvre séché en de- mande huit ou dix. On le met rouir dans leau courante ou tranquille, ou en l'étendant sur des prés, ou en l'expo- sant à la rosée et au soleil, contre des haies et des murs, ou enfin en le plaçant debout dans une fosse huriiide et cou- verte. L'eau courante doime un chanvre plus blanc , mieux conditionné , et dont il sort moins de poussière au battage. La méthode défaire rouir sur des prés , n'est pas nuisible, l'herbe de dessous en végète mieux; mais cette méthode est lente et donne un résultat inégal. Cependant ce rouissage bien exécuté, est préférable à celui du chanvre placé contre un buis- son ou contre un mur. Ces moyens ne sont communément employés que par les cultivateurs d;",ns le voisinage des- quels il ne se trouve ni mare , ni ruisseau , ni rivière. Voici, selon Bralle , la manière la plus convenable de placer le chanvre à l'eau. On prend deux perches parallèles-; on étend dessus les poignées de chanvre , après en avoir ôté les liens, car ils nuisent à 1 égalité du rouissage, occasionent un engorgement et empêchent le gluten de fiuer vers le haut de la tige. Après avoir formé un lit de ces tiges, haut d'un pied Sa € lî A d'épaisseur, et long à volonté , on place dessus deux autres perches qu'on attache aux inférieures par les quatre bouts , et l'on met im lien dans le milieu; il faut que cet assemblage soit préparé sur les bords du roz.'/55wV ou ruioir (c'est le nom qu'on donne à l'endroit où Ton fait rouir le chanvre). On le pousse en avant à l'eau, et on l'y plonge à la profondeur de deux ou trois pouces, en le couvrant en partie de quelques bûches ou pierres. On ne doit jamais mettre ni vase, ni gazon, . sur cette espèce de paillasse. Ces matières terreuses , en se délayant, pénétreroient dans l'intérieur des liges, fermente- roient avec le gluten, et coloreroient la filasse. Il est impossible de fixer le temps que le chanvre doit rester dans Teau. (Je temps est déterminé par les circonstances qui «nt accompagné la végétation de la plante, et surtout par le degré de chaleur pendant son rouissage ; or, ce degré varie selon la qualité des eaux, leur situation, leur stagnation et leur courant. On connoît que le chanvre est roui au point nécessaire , lorsque l'ccorce ou filasse se détaciie aisément de la tige, qu'on appelle chènevottes. Quand le rouissage est prompt, il est toujours inégal, et le chanvre perd de sa qualité. C'est pourquoi , lorsqu'on le met rouir dans des marcs , fossés , ou eaux stagnantes sur lesquels le soleil plonge , il convient de le couvrir d'un peu de paille ou de quelques roseaux, pour en intercepter les rayons qui roui- roient celui de la surface avant celui du fond. Le chanvre étant roui et retiré de l'eau, soit courante, soit dormante , on le lave aussitôt pour entraîner la gomme et la vase qui y restent attachées. On le fait ensuite sécher au soleil ou dans des séchoirs particuliers ; dans quelques endroits , on se sert pour cela de fours. Dès qu'il est sec, on le serre dans des greniers ou autres lieux aérés , et pen- dant les veillées de l'hiver on le teille. C'est une opération qui consiste à en rompre les brins Tun après l'autre par un bout, et à détacher, dans toute sa longueur, l'écorce des chènevottes. Ce travail est confié aux femmes et aux enfans ; il est facile , mais très-long : aussi ne teille -t-on le chanvre que dans les pays où on en recueille une petite quantité. Par- •tout où cette plante forme une branche de culture considérable, on préfère d'employer laniache ousérançolr. C'cstun instru- ment de bois fait exprès, composé de deux espèces de mâchoires. Tune inférieure et fixe, l'autre supérieure et mobile. En éle- vant et abaissant celle-ci rapidement et à plusieurs reprises, on brise les tiges sous l'écorce qui les environne ; puis, en tirant le chanvre^ntre les deui mâchoires, on oblige les chè- nevottes à quitter la filasse. La partie la plus grossière tombe comnne une espèce de son, etla piua fine se dissipe en lair. C Tî A 53 Cette poussière ligneuse qui s'échappe du chanvre est suf- focante et dangereuse à respirer. Elle est formée de petites aiguilles imperceptibles , qui s'insinuent dans la trachée-ar- tère, dans l'œsophage et jusque dans les vaisseaux du pou- mon ; les ouvrières qui battent le chanvre en éprouvent souvent de funestes effets. C'est sans doute ce qui a porté Bralle à imaginer une nouvelle méthode de rouir, et surtout de préparer cette plante , sans aucun danger pour ceux que ce soin regarde. En voici l'extrait. Le chanvre encore vert, la tète et la racine coupées , est mis , par couches séparées , dans une fosse de seize pieds en carré , de huit pieds de profondeur , dont l'eau se renouvelle sans cesse , mais lentement , par un petit filet d'eau continn, La poignée mise ensuite dans un augct rempli d eau, y est retenue par des pointes qui sont dans le fond , et deux cordes chargées d'un poids , qui passent par-dessus. On retire par le gros bout la chhieooite brin à brin : la filasse reste. On la lave dans une eau courante; elle est alors très-blanche. Voy, dans l'ouvrage même de Bralle les détails des procédés inté- ressans dont nous n'avons pu donner dans cet article qu'un foible aperçu. Cet ouvrage a pour titre : Analyse pratique yur la culture ella manipulation du Chanore^ iii-8.'*, 1780. Lorsque le chanvre est séparé de ses tuyaux ou r.hhnevoUes^' on le passe à plusieurs reprises par le sénm , instrument garni de pointes de fer rangées à peu près comme les dents d'un peigne ; elles font le chanvre plus fin, selon qu'elles sont plus ou moins serrées. Plus cette opération est répétée sur les différentes sortes de peignes , gros, fins et plus fins, plus le chanvre en acquiert de douceur, de blancheur et de finesse. Lorsqu'il a été ainsi bien peigné , et qu'il est propre et clair, urica ^ Pall. Arbre qui croît en Sibérie et au Canada, (l^.) CIIARACHou CHARAH. Nom dune Pie grièche du Bengale, (s.) CllARACHER, Characlera. C'est un arbrisseau à ra- meaux diffus , à feuilles opposées, péliolées , lancéolées et entières, à pédoncules axillaires , chargés de fleurs bleuâtres disposées en épis , imbriquées sur quatre rangs, et accompa- gnées de bractées. Chaque tleur a: un calice de cinq folioles ; une corolle mo- ïiopétale irrégulière , à tube ventru et à limbe unilatéral ou dépourvu de lèvre supéiieure; quatre jétamines , dont les iUamens , attachés au tube de la corolle , portent des an- C H A. 5; thcrcs linéaires ; un ovaire supérieur , cylindrique , chargé d'un style lilifonne dont le stigmate est à deux dents. Le fruit est une capsule oblongue , pointue , létragone , à deux loges , et qui contient deux semences dans chaque loge. Cet arbrisseau croît en Arabie , et ne s'élève que de quel- ques pieds. Forskaël, à qui on doit sa connoissance, en men- tionne une seconde espèce. 11 doit être placé parmi les Ca- MARAS, selon ^^ ahl {h.) CHaUACHO ou caraco. Espèce de Rat. (desm.) CHARACIAS. Espèce d'EuPHORBE ligkeuse qui croît en Espagne , en Italie , dans le Midi de la France et en Afrique; c'est Veuphorbia charaçias. Ce nom a été donné an- cieHnement à plusieurs espèces d'Euphorbes. V. Lobel. (lk.) CHARACIN , Charadnus. Genre de poissons établi par Lacépède , aux dépens <^:es Salmones de Linnœus. 11 offre pour caractères : une bouche à l'extrémité du museau ; une tête comprimée ; des écailles très-visibles ; deux nageoires dorsales , la seconde adipeuse et dénuée de rayons ; quatre rayons au plus à la membrane des branchies. Ce genre renferme seize espèces , toutes étrangères à l'Europe. La seule dans le cas d'être citée est le Characin dente , sahno deiitex , Linn. , ou Phager des anciens, qui a dix rayons à la première dorsale , vingt-six à l'anale ; les dents très-grandes ; des raies brunes. Il se trouve dans le !Nil. 11 est figuré avec trois autres dans le superbe ouvrage de la commission de l'Institut d'Egypte , sur cette contrée, (b.) CHARADRlTjS. Cest dans Linnœus le nom générique du Pluvier. V. ce mot. (v.) CHARAGAl. jVombaschiretkalmouque du Vm sauvage, Pinus s)l\>estns , L, (LN.) CHÀRACiANA. Nom kalmouque dune espèce de Robi- nier ( RuOinia caragana , L.) C'est l'origine du nom caragaii que nous donnons à cet arbrisseau, (ln.) CH.ARAGNE, Chqra. Genre de plante de la monoécie monandrie et de la famille des fougères , dont les caractères sont, selon Linnœus, d avoir les fleurs mâles uniquement composées d'une anthère sessile, globuleuse , située à la base antérieure de la fleur femelle ,^l les (leurs femelles formées par un calice de quatre folioles mégalesetpar un ovaire supé- rieur, turbiné , dépourvu de style et chargé dun stigmate à cinq divisions. Le fruit est une semence ovale , présentant cinq stries en .spirale et recouverte d une croûte adhérente qui tient lieu de capsule. iiallcr el Gserlner ne croyent pas que ce que Linnœus ap- 58 C H A pelle Vanthere , soit réellement l'organe mâle , et leurs rai- sons sont très-plausibles. On compte comnmnémcnt quatorze espèces de charagnes, toutes croissant au milieu des eaux, et ayant des rameaux ver- ticillés , articulés et dentés dans leurs articulations. La plus commune est la Charagime fétide , dont les tiges sont unies et les feuilles dentées du côté intérieur. Elle est appelée le histre d'eau, à cause de la disposition de ses rameaux. On la trouve au fond des eaux stagnantes , où elle forme souvent des touffes fort denses, dune odeur très-fé- tide, analogue à celle du foie de soufre. Les autres espi^ces remarquables sont les Ciivuagt^s his- PIDE , COTONNEUSE et LUISANTE , que leur.> noms caractérisent suffisamment, et qui toutes se trouvent aux environs de Paris. Plusieurs botanistes en indiquent d'autres espèces , égale- ment d'Europe , mais ou très-rares ou très-mal caractéri- sées. Il paroît que les poissons , et surtout les Carpes, aiment beaucoup les graines de ces plantes; car on a remarqué que, toutes proportions gardées , elles devenoient plus grosses dans les étangs où il y en a. M. Léman a reconnu , d'après la description exacte qu'en a donnée mon collaborateur Desmarest , que le fossile appelé par Lamarck Gyroconite, et pris par lui pour une co- quille étoit la graine d'une espèce de charagne. Le véritable chara de Jules César , dont la racine se mange , est , sclbn M. Thiébaut de Berneau , le Crambé de Tartarie. (b.) CHARAMEL Nom que les Portugais de l'Inde ont donné auCARAMBOLIER. (LN.) CHAHAIMELA. Nom donné par Rùmphius à Vai>crrhoà an'da, Linn. C'est aussi le nom indien du CarambolieR.(ln.) CHARA-MODON {Arbre noir). C'est le nom que les Kalinoucks donnent au CiiÈne, qucrcus rûlmr. (ln.) C H AR AMOK. Nom kalmouque d'une espèce de Nerprun, rhamnus erj'throxyhnn , Pall. (i-N.) CH ARAND A. Nomkalmouque des Hirondelles. (DÊSitt.) ClIARANSON, Qnrulw. Fab., Oliv!, Lat. Genre d'in- sectes, de l'ordre des coléoptères, section des tétramères, famille des rhinchophores. Depuis les travaux de M. ClaîrvIUe, sur cette famille de coléoptères, le genre des rharansons ^ quoique très-nombreux encoH" , est beaucoup plus restreint qu'anciennement , et d'une élude plus facile. Il ne comprend plus que les espèces dont les antennes , composées de onze articles, sont insérées à l'extrémité d'une espèce de trompe, formée par le proloa- > . 2 O JJe^feve' i/e7 . ^ I Zc/pff,cr ,fcr,/p. :i. (,i/'r„„,„,- ,u„..;/a,' . 8. (',-ror,;>ù' ,/.' ,lWl,i,-//cr lii. (Y,,;/.,;:,- c/l//,7f>ii/u- . C II A , Sçj gement et le rétrécissement du devant de la tête , toujours courte et épaisse (les Brevirostres, hrevirostres') ^ et qui ont le premier article fort long, el les trois derniers réunis en une massue ; le pénultième article des tarses est toujours bi- lobé ; la trompe a, de chaque côté, une rainure oblique où se loge la partie inférieure du premier article des antennes. Le corps est le plus souvent ovoïde , rétréci en devant, avec Técusson très-petit ou presque nul; l'abdomen volumineux, em- brassé latéralement parles élytres qui sont convexes oubom- bées, elles pieds robustes, et dontlcs cuisses sont en massue. Le genre curruUo de M. Clairville , comprend , outre les espèces dont nous venons d'exposer les caractères généraux, celles dont les antennes également composées de onze ar- ticles et terminées en massue, sont insérées vers le milieu d'une trompe allongée , espèces qu'on a désignées par l'é- pithète de Longirostres, /ungirosfres. Fabricius les en a sé- parées, et en a formé les genres LiXE et Rhynchène. Oli- vier a distrait de celui-ci quelques espèces, celles de son genre Lipare, liparus; mais il faut observer que M. Clair- ville ne rapporte à son genre rhjmchène, que les charansons sauteurs^ Linnaens. V. Orciieste Fabricius, en donnant plus d'étendue à cette dernière coupe, s'est écarté des principes de M. Clairville, et a jeté de la confu- sion sur la nomenclature -, car le genre Rhynchène ne répond plus maintenant à celui de ce dernier naturaliste. C'est dans riiîtention d'obvier à cet embarras, qu'en divisant le genre des charansons à la manière de Fabricius, j'avois conservé ce nom générique aux espèces à longue trompe, et que j avois appelé Rrachyrhiîs'E, Brachyrhinus ^ celle où elle est courte, ou les brevirostres. Mais la nomenclature de Fabricius ayant prévalu, j'ai abandonné la mienne, et mon genre curculio^ celui qui fait le sujet de cet article, est le même que le sien et celui d'Olivier. Quelques naturalistes allemands conser- vent cependant le mot de brachyrhine, et l'appliquent à un nouveau groupe démembré des charansons de Fabricius. M. (iermar, professeur à Berlin, et qui continue le Magasin etitomologîque d'IUiger, publiera incessamment le résultat de ses profondes recherches sur les insectes de celte famille. Les particularités historiques qu'on a présentées à l'article Charanson, de la première édition de ce Dictionnaire, ne peuvent plus , depuis que ce genre 0èté modifié, être réu- nies dans «n même cadre. Je me bornerai à dire que tel qu'il est aujourd'hui , ce genre est composé des plus grandes espèces , de celles surtout que les amateurs préfèrent, à rai- son de leurs formes agréables, de Icuis couleurs très-variées, souvent très-brillantes et produites par des écailles imbri- 6o C H A quées, analogues, parleur disposition, à celles des ailes de» lépidoplères. La plupart de ces belles espèces, comme le royal ^ V impérial, le somphieux , le chrysis , \e fastueux ^ sont propres au Brésil et au Pérou. Celles de l'ancien continent sont généralement plus petites et moins ornées. Quelques- unes cependant, telles que celle du tamaris, le vert, Y ar- genté, celle àa poirier, elc, se font encore remarquer par le luxe de leur parure. Les charansons sont d'un naturel lent et timide. Ils se nourrissent de feuilles ; il en est même , comme celui de la hWche , qui , par leur multiplicité dans le même local , ravagent quelquefois les champs ensemencés de plantes fouragères. Leurs larves doivent aussi se nour- rir de végétaux; mais les observations nous manquent à cet égard. 1. Cuisses simples. CuARMSSON ROYAL, Curculio regalis , Fab.; Oliv,, Enfom.y Charaiison, pi. i, fig. 8, a. b. Trompe et corselet noirs, avec des écailles bleues et dorées ; élytres d'un vert doré , avec la base et trois bandes transverses, d'un rouge doré ; dessous du corps d'im vert doré très-brillant. Au Pérou. CharansON impérial, Curculio imperialis, Fab.; Oliv., îbid., pi. I , fig. \ , a. b. c. Plus grand que le précédent, et ayant quelquefois près d'un pouce et demi de long; noir, mais couvert d'écaillés dorées ; deux lignes noires sur la tête et sur le corselet; élytres anguleuses à leur base , terminées en pointe, avec des stries élevées, noires, luisantes, entre- inêlées alternativement d'autant de rangées de gros points enfoncés , d'un vert doré très-brillant. Au Brésil et au Pérou. ChaRANSON FASTUEUX, Curculiofastuosus, Ollv., iZi/W. pi. 5, Ég. 5i. Voisin, pour la taille, du C. impérial. Elytres d'ua noir verdâtre, avec des points enfoncés, formant des ligues et des taches dorées. Au Brésil. Charanson vert, Curculio viridi s , Fab.; Oliv., ihid., pi. 2, fig. 18, a. h. Verdâtre, avec les côtés du corselet, des étuis et le dessous du corps jaunâtres. Rare aux environs de Paris ; commun en Allemagne et dans le Piémont. CIIARA^S0N DU Tamaris, Curculio tamarisci, Fab.; Oliv., iljid., pi. 6, fig. 7, a. b. Petit; couvert d'écaillés d'un vert doré brillant, avec le^lytres mélangées de vert, de cendré et de ferrugineux. Sui^ tamaris ; dans les départemens de la France situes sur la Méditerranée. IL Cuisses dentées. ChaRANSON DELA LiVÈCHE, Curculio ligustici, F ah.; Oliv., tùid.^ pi. 7, fig. 77. Long de six lignes ; cendré, un peu noim C H A 6, râtre ; une ligne ëlevée sur la trompe ; corselet arrondi , chagriné; abdomen ovale; élylres finement chagrinées, sans slries. Très-abondant dans les environs de Paris, surtout au printemps ; les chemins et les murs en sont quelquefois couverts. Charanson du Poirier, Curcuîio pyri, Fab.; Oliv,, ihid.^ pi. 3, fig. 3o, a. h. Noir, mais couvert d'écaillés bronzées ou cuivreuses , avec les antennes et les pieds fauves; des stries pointillées sur les élytres. Sur les feuilles du poirier, du pommier, etc. Charanson ARGEîSITÉ, Curcuîio argentatus ^ Fab.; Oliv., ihld.^ pi. 5, fig. 56, a. h. Couvert d'écaillés d'un vert ar- genté et parsemé de petits poils élevés; antennes, jambes et tarses, quelquefois même les cuisses, jaunâtres; trompe cylindrique ; dents des cuisses fortes. Sur le bouleau et sur l'ortie. Voyez , pour les autres espèces mentionnées dans la pre^ mière édition de cet ouvrage , les renvois suivans : Chara>son de l'osier. . } , . Orcheste. Charaîsson du blé; celui du riz, et le) ^ , , ChARÂNSON PALMISTE / CaLANDRE. Charanson PARAPLECTIQUE LiXE. ChARAXSON de la SCROPHULAIRE ClONE. Charanson des noisettes et Charanson} t, DE L^OSEILLE. . , f RhYNCHENE. Voyez aussi l'article Rhinchophores , et les genres«qui y sont indiqués, (l.) CHARANSON. C'est le Cône pavé deBruguières.Fo>'£s Co^"E. (B.) CHARANSONITES , Curculionîies, Latr. Famille d'in- sectes de l'ordre des coléoptères, composée du genre Cha- ranson, G/ra///o, de Linnœus, et de celui des Attelabes, Aue- labus^ de Fabricius. Elle comprend maintenant dix -huit genres , dont on trouvera les noms à l'article Rhinchophores, dénomination sous laquelle je désigne maintenant {K'-gneani-' mal de M. Cuvier, tome 3 ) celte famille réunie à celle des Brucheles. (l.) CHARANTIA , Dodonée. C'est une Momordique , Mo- mordica bahamîna , Linn. Linnœus donne ce même nom à une autre espèce, Momordica charantîa ^ Linn. (ln.) CHARA-TOSCHLI. Nom que les Kalmouks donnent à l'espèce de groseiller que nous nommons Cassls , Rihes ni- grum , Linn. (ln.) CHARAX. Gesner donne ce nom à un poisson du genre Cyprin, Cyprimis carasslus^ Linn. , et Grouovius l'applique à 62 C IT A deux espèces de Saumons, Salmo gibhosus et hlmaculaius^ Lînn- (desm.) CHARBE, CHAB AID etCHERBACHEM. Noms ara- bes de 1 Ellébore blanc, espèce de Véraire, Veratmm album^ Linn,, et de I'ElléBORE noir, Elkborus niger^ \J\nn. (ln.) CHARBON. Maladie propre aux plantes de la famille des Graminées, et qui se reconnoît à une poussière noire qui remplace la farine. Elle est due à un champignon para- site interne. CVst l'avoine qui , parmi les céréales , est la plus sujette au charbon. Il est des lieux où toutes les années , une plus ou moins grande partie de la récolte est perdue par son fait. Dans des années pluvieuses, la production du charbon est plus abondante en tous lieux. On confond souvent le charbon avec la Carie, mais cette dernière , qui attaque , et se montre plus fréquemment sur le froment, s'en distingue à sa couleur moins noire , à sa consistance moins sèche , à son odeur nauséabonde , et à son influence nuisible sur la santé. Du reste , ces champignons appartiennent au même genre , au genre Urède. Quelques agriculteurs se refusent encore àrcconnoître que le charbon soit produit par une plante , sous la considéra- tion qu'on trouve quelquefois des graines de céréales qui n'en i,ont «ttaquées qu'en partie. Je ne crois pas que celte cir- constance soit suffisante pour anéantir la masse des preuves t]ul sont énujnérées aux articles cités plus haut, (b.) CHARBON DE BOIS. V. larticle Carbone et plus Las. CHARBON MINÉRAL, Charbon de terre ou Char- bon DE PIERRE. V. Houille, (pat.) CHARBON YÉCÉTAL ou DE BOIS Tout le monde connoît ce résultat de la combustion incomplète des végétaux, et l'usage dont II est dans l économie domestique et dans une fouie d'arts ; aussi n'en entretiendrons nous pas lon- guement nos lecteurs. Nous recommanderons seulement à leur attention, le mémoire de M. le comte de Rumford , publié en i8i3, sous le titre de lierlienhes sur If^s bois ei le. charbon , et ceux qui: "5 Proust a insères dans les dernières années du Journal de iii^sique , sur la poudre à canon , ma- tière dans la composition de laquelle le charbon entre pour une proportion notable , et de la bonne qualité duquf 1 dé- pend une partie de ses effets. V. Potasse nitratee. (luc.) CHARBON YFJiETAL FOSSILE. On a donné ce nom à une variété de charbon fibreux, tachant les doigts, G H A C3 e t très-friable , qui se trouve dans certaines houilllères , entre les lits du charbon grossier, et qui brûle à pi;u près comme le charbon de bois. F. Houille. Les tufs volcaniques, et la lave eiie-nicme , renferment quelquefois des portions de végétaux convertis en cîiarbon. 11 existe , dans le Cabinet d'Histoire Naturelle du Roi , un bloc de tuf volcanique d'Andernach, qui présente cet acci- dent. (LUC). CHARBONNIER, ouRenard charbonnier. V. Chien. ( DESM. ) CHARBONNIER. IVom vulgaire du chardonneret, du rossignol île muraille et de la grande hiromlelle de mer. (v.) CHARBONNIER. Nom vulgaire d'un poisson du genre des Gades : on rappelle aussi morue noire, (ii.) CHARBONNIÈRE, Petite Charbonnière. Voy. Mé- sange. (V.) CHARBONNIERES ( Vénerie ). Ce sont des terres glaises et rougeâtres , auxquelles les cerfs vont frapper leurs têtes quand ils touchent aux bois , et dont les têtes prennent la couleur, (s.) CHARBUSAK, Nom arménien du melon , cucumis melo, Linn. (ln.) CHARCHOR. L'un des noms kalmouqpjes'de la Mar- motte SOUSHK. (DESM.) CHARCHYR. Nom que porte, en Egypte, la Sarcelle. (v) CHARDEL et CARDEL. Noms que les Arabes donnent h. un sénevé , Sinapis juncea ., Linn. (ln.) CHARDÉRAULAÏ. Nom savoyard du Chardonneret. (s.) CHARDON , Carduus. Genre de plantes de la synge'- nésie polygamie égale , et delà liimille des cinarocéphales, dont les caractères sont d'avoir : un calice commun , ovale, un peu ventru, imbriqué d'écaillés nombreuses, lancéolées et terminées par une épine; une grande quantité de lleurons tubulés , quinquélldes , presque réguliers , et tous herma- phrodites , posés sur un réceptacle commun chargé de poils ; une grande quantié de semences allongées , un peu tétra- goncs , garnies d'une aigrette sessile. Ce genre diffère des Sarrètes, en ce que ses écailles ca- licinales sont épineuses; des Carthames , en ce qu'elles ne sont pas appendiculées ; des Oîîopordes, en ce que son ré- ceptacle est chargé de poils; des Centaurées, en ce que ses fleurons sont tous hermaphrodites : cependant toutes les plantes de ces genres sont vulgairement appelées des chardons. Lamarck lui a réuni les Quenouilles de Linnseus , et quelques Sarrètes ; tandis que d'autres auteurs en ont (H C H À ôlé un gratd nombre d'espèces, pour rétablir l'ancion penrè CiRSE , Cirsium de Tourncfort , augmenter le goiirc QuE- Î^OUILLE , et faire le genre Silybe, sous la considération que ces espèces n'ont pas , comme les autres chudons , les écailles du calice épineuses , le réceptacle garni de poils lins , et les aigrettes simples. Les chardons sont fort nombreux ; on en connoît en ce moment une centaine d'espèces , et il esi probable qu'il y en a bien davantage dans la nature , car plusieurs motifs ont empêché de les étudier dans les pays étrangers avec autant de soin que d'autres genres , principalement leur grandeur et la difficulté de leur dessiccation. Parmi les espèces euro- péennes mêmes, ilya encore bien des doutes à éclalrcir, ainsi qu'on peut le voir dans les ouvrages de Yillars et d'Allioni. On divise les chardons en deux sections : ceux qui ont les feuilles décurrentes , et ceux qui les ont simplement scssiles. Les espèces les plus communes de la première section , sont : Le Chardon lancéolé, dont les feuilles sont pinnati- fîdes , hispldes , ont leurs découpures écartées et épineuses ; dont le calice est ovale , velu ainsi que la tige. Il se trouve très-fréquemni^ent sur le bord des chemins et autour des vil- lages. Le Chardon à tête penchée, Carduus milans , Linn. , dont les caractères sont d'avoir les feuilles épineuses, les fleurs grosses et recourbées , el les écailles supérieures du calice plus ouvertes que les autres. 11 se trouve aux mêmes endroits que le précédent, et n'est pas moins commun. Le Chardon acanthin , dont les feuilles sont sinuées et épineuses c leurs bords , les fleurs ramassées en bouquets el sessiles. Cette plante est commune dans les lieux incultes , sur le bord des fossés , au pied des murailles. Ce n est pas celle que Linnœus a décrite sous le même nom dont il est ici question; c'est celle de Lamarck. Le Chardon crépu , dont les feuilles sont sinuées , épi- neuses en leurs bords, crépues en leur surface , et dont les pédoncules sont uniflores, avec des ailes épineuses et courtes, il se trouve dans les champs incultes , autour des vignes, et dans les taillis. Il est moins commun que les autres , mais annuel comme eux. • Le Chardon DES marais, dont les feuilles sont défilées, épineuses en leurs bords , crépues , tomenteuses en dessous , et dont les (leurs sont réunies en têtes terminales, et ont les écailles du calice non piquantes. 11 se trouve très-communé- xnent dans les raarals et les prés hwmides. Lamarck lui a C H A GS réuni , comme simple variété , le carduus poîyanthcmos de Liiinseus. 11 est vivace. Le Chardon de Montpellier, dont les feuilles sont lancéolées, glabres, inégalement cillées; les pédoncules alter- nes, et les écailles calicinales non piquantes. Celte espèce est vivace. Elle se trouve dans les parties méridionales de la France : elle étoit le type des drsùim des anciens botaniste.';, lesquels ne différoient des cbardons que parce que leurs écailles calicinales n'étoient pas piquantes. Le Chardon hémorroïdal , Senatiila arvensis, Linn. , qui aies feuilles lancéolées, irrégulièrement dentées, épineuses, les fleurs ramassées plusieurs ensemble , et les calices non épineux. Il se trouve dans les cbamps , surtout dans ceux qui sont gras et humides : et devient la peste des moissons. Ses ra- cines sont vivaces , traçantes et très-profondes. On parvient très-difficilement à en débarrasser un canton , soit par cette raison , soitparce que leurs semences sont transportées au loin par lesvents. Chaque année les cultivateurs soigneux sont obli- gés de payer des journéesde femmes et d'enfans pour faire cou- per ses pousses entre deux terres, à l'époque où les blés com- mencent à monter. La médecine le regarde comme apéritif et résolutif. On l'a appelé hémorroïdal , non parce qu'il est bon contre les hémorroïdes, mais parce que la piqûre d'un insecte (^. au mot Galle) fait naître sur ses tiges des renflemens rougeâtres, qui ont l'air d'une veine gonflée. Les espèces les plus intéressantes de la seconde section, sont: Le Chardon poly acanthe, Carduus cusabonœ ^ Linn.,' dont les feuilles sont lancéolées, entières, velues en dessous, ont des épines ternées sur leurs bords, et les fleurs en épis. C'est une très-belle plante qui croît dans les parties méridio- nales de l'Europe. Le Chardon lanugineux, Carduus eriophorus, Linn. , vul- gairement le chai-don aux ânes ^ dont les caractères sont d'a- voir les feuilles pinnatifides, sur deux rangs , les découpures alternativement relevées , très-épineuses, le calice globuleux et très-velu. Cette belle plante s'élève à hauteur d homme, et se trouve sur le bord des chemins , autour des villages, dans les lieux incultes.. Les gens de la campagne , et surtout les enfans , en mangent les réceptacles comme ceux des arti- chauts. Elle passe pour apérltive et anticancéreuse. Les ânes la recherchent. Le Chardon nain , Carduus acauUs , Linn. , qui est pres- que sans tige, et dont le calice n'est pas épineux. Il se trom e dans les pâturages argileux , sur les pelouses : il est com- mun dans les lieux qui lui conviennent. ^ Tous ces chardons sont peu utiles à l'homme^ et quelque- 66 C H A fois lui sont nuisibles par leur abondance. Les vaches les mangent au printemps, lorsque leurs tiges ne sont pas encore développées , et les ânes les recherchent jusqu'après la flo- raison. Les bonnes ménagères , dans le pays où le bois est rare , ont soin d'en ramasser les tiges en automne pour chaufferie four pendant l'hiver. On peut, en les brûlant d'une manière convenable , tirer une quantité de potasse de leurs cendres , suffisante , non-seulement pour dédommager des frais de leur récolte , mais même procurer un bénéfice im- portant. Les oiseaux granivores, principalement les rhardun- nerets , vivent de leurs graines une partie de l'automne, (b.) CHAKDON. Poisson du enre des raies, le rajafullonica de Lmnœus. (B.) CHARDON (petit ). C'est une coquille du genre Ro- CHEH ( muex aejiticosum ). (desm.) CHARDON ALX ANES. C'est principalement le Char- don LANUniKEUX. (B.) CHARDON RÉNIT. C'est la Centaurée bénite, (b.) CHARDON BÉNIT DES ANTILLES. On appelle ainsi I'Argemone du Mexique, (b.) CHARDON BÉNIT DES PARISIENS. C'est le Car- THAME LAINEUX. (B.) CHARDON BLEU. V. Panicaut améthyste, (b.) CHARDON BONNETIER. Nom vulgaire de la Car- DÈRE À FOULON, (b.) CHARDON DU BRÉSIL. C'est I'Ananas commun, (b ) CHARDON DORÉ. V. Centaurée .solsticiale. (b.) CHARDON ÉCHîNpPE. V. le mot Échinope. (b.) CHARDON ÉTOILÉ.C'estlaCHA'ussE-TRAPE étoilée. (B.) CHARDON A FOULON. V. au mot Cardère. (b.) CHARDON MARIE. C'est le Carduus marianus de Lin- nseus. V. les mots Carthame et Silybe. (b.) CHARDON DE MER. Nom donné à I'Oursin escu- J.ENT. (b.) CHARDON PEDANE. On appelle ainsi I'Onoporde À feuilles d'acanthe, (b.) CHARDON PRISONNIER, nom vulgaire de VAtraç^ iytls cancellata , L. V. Atractylide. (ln.) CHARDON ROLAND C'est le Panicaut commun, (b.) CHARDONNEAU. Nom du Chardonneret en Guienne. (V) CHARDONNERET. V. le genre Fringille, article des Chardonnerets, (v.) CHARDONNETTE. Nom vulgaire du Chardonneret dans quclqites ttéparlemens de la France, (desm ) C H A 67 CHARDONNETTE GOMMEUSE. V .Atraciylide gum- mifère. (ln.) CIIARDOUSSE. Nom que l'on donne , en Dauphiné, à une espèce de carllne (^ car/ina acantifolia, Allion), nommée utzka dans la Carniole. (ln.) CHAPiDRlER. Dénomination du Chardonneret , en (iuienne. (s.) CHARÉEou CHARREE. On donne ce nom, dans quel- ques canlons, aux larves des Friganes, employées pour amorce dans la pèche à la ligne des poissons d'eau douce. (B.) CHARENSON. F. Charanson. (s.) CHARFI, CÏIARFS et CHÈRES. Divers noms arabes du persil des jardins { apium petrose/inum, L. ) (ln.). CHARCiANA. Nom mongole du robinier féroce {rohinia ferox , Pallas. ) (ln.) CHARl. Nom que porte Vépida ou pcsse , chez quelques peuplades des bords du Jenisey en Sibérie. (lN.) CHARIBE, Chaijbs. Genre de coquille établi parDenys de Montfort, aux dépens des Pol\'Thalam£S de Soldani. Ses caractères sont: coquille attachée sur les autres corps, en- tièrement plate , univalve , cloisonnée ; ouverture ronde , entaillée par-dessous ; cloisons unies ; siphon inconnu. Ce genre ne renferme qu'une espèce qui se trouve dans la Méditerranée , et qui atteint rarement plus d'une ligne de diamètre. L'entaille de son ouverture la rend principa- lement remarquable. F. Pleurotome et Fissurelle. (b.) CHARIUS. Nom russe d'un poisson du genre saumon , que l'on rapporte à l'espèce de l'ombre de rivière {salmo thymallus). (desm.) CHARJA-BESS. Nom donné par les peuplades des bords du Jakut en Sibérie , à la pesse ou épicia {jjinus abîcs, Linn.). (ln.) CHARKUSCH. En Bukarie, c'est le lièvre; on le nomme aussi kiijak et duo/ai. (desm.) CHARLOCK. Nom anglais du sénevé des champs ( sinapis aivensis , L.). (ln.) CHARME, Car/?//m5, Linn. {Monoécie polyandrie.) Arbre de la famille des amentacées , qui a des (leurs mâles et femelles , placées séparément sur le même pied. Ses fleurs mâles sont rassemblées sur un chaton cylindrique formé d'écaillés ovales concaves et ciliées ; chaque écaille renferme ou couvre une seule Heur Incomplète , qui n'a ni calice ni corolle , mais seu- lement depuis six jusqu'à quatorze étamines , réunies deux à deux par les filets. La disposition des fleurs femelles est la 68 C II À même ; les écailles du chalon qui les porte sont membra- neuses , veinées , entières ou divisées , et chacune d'elles ré- couvre une petite fleur ayant un calice à six divisions , supé- rieur et persistant, et deux ovaires surmontés Tun et l'autre de deux longs styles. Le fruit est une petite noix ovoïde , an- gulaire, couronnée par les dents du calice , et renfermant une seule semence. Le genre Ostrye a été établi aux dépens de celui-ci. Les charmes ont leuj's feuilles simples et alternes ; ils cons- tituent un genre qui a des rapports avec les Bouleaux et les Noisetiers , et dans lequel on ne compte que six à huit espèces. Charme commuis , Carpimis heiidus, Linn. C'est un arbre qu'on trouve dans les forêts et les bois taillis de TEurope. Il n'est pas communément d'une grande beauté ; son tronc est court , souvent mal proportionné , et quelquefois défiguré par des espèces de cordes , qui , partant des principales racines , font corps avec lui et interrompent sa rondeur. Il est recou- vert d'une écorce grisâtre , tachée de blanc , assez unie , mais chargée ordinairement d'une mousse brune qui la dépare. La tête de cet arbre , trop grosse pour le tronc , est formée d'une grande quantité de branches disposées confusément , et parmi lesquelles on remarque à peine la tige principale ; les feuilles qui les couvrent sont péliolées , ovales , plissées , nerveuses en dessous et bordées de dents inégales.et pointues. C'est à leurs aisselles et vers le sommet des rameaux que vien- nent les chatons mâles et femelles ; les premiers paroisseut au printemps , un peu avant le développement des feuilles ; les seconds portent des fruits , embrassés, chacun, par une écaille verte , découpée en trois lobes inégaux , celui du mi lieu étant plus grand que les deux autres. Cet arbre , qui peut être mis au second rang des arbres de nos forêts , réussit dans presque tous les terrains et toutes les situations , même dans les lieux ombragés ; quoiqu'il s'élève beaucoup quand il se trouve sur un bon sol, néanmoins son tronc n'acquiert jamais une grosseur proportionnée à sa hau- teur. << Des arbres à feuilles tombant avant l'hiver, que Ton con- noît, le charme est le plus propre de tous à former des palis- sades (auxquelles on a donné le nom decharmil/es)^ des haies , des portiques, des colonnades , et toutes ces décorations de verdure qui font le premier et leplus grand embellissement d'un jardin bien ordonné. Toutes les formes qu'on donne à cet arbre lui deviennent si propres , qu'il se prête à tout ce qui y a rapport : on peut le transplanter à cet effet, petit ou grand ; il souffre la lonture en clé connue enhiver, clla souplesse de C H A 69 SCS rameauK favorise la forme qu'on en exige , et qui est complétée par leur muitiplicité. » Encyd. Depuis que le goût des jardins paysagistes a exclu de nos bosquets ces ornemens recherchés , qui déparent la nature au lieu de TembcUir , l'emploi du charme et des charmilles est moins fréquent dans les plantations d'agrément. Cet arbre ne doit pas moins y avoir toujours une place distinguée à rai- son de son feuillage d'un vert agréable , qui se montre de très-bonne heure au printemps , et qui , conservé fort avant dans l'hiver, sert, dans cette saison, d'abri aux oiseaux et aux arbustes ou aux plantes délicates, qui redoutent les vents et le froid. D'ailleurs son bois, fort dur, est précieux pour le chauffage , et pour d'autres usages économiques ou relatifs aux arts'; il donne beaucoup de chaleur, et fait un charbon qui conserve long-temps un feu vif et brillant. On s'en sert par préférence à tout autre dans la fabrique de poudre à canon de Berne , qui est si estimée. Le bois de charme est surtout employé au charronnagc rus- tique , auquel il est très-propre , et aux ouvrages de tour ; 011 ne doit l'employer que très-sec; mais comme il est alors fort dur , les ouvriers n'attendent pas qu'il ait acquis le degré «le siccilé convenable. Il sert pour la monture de différent outils ; on en fait aussi des battoirs, des masses , des maillets y des vis de pressoir, des dents de roue pour les moulins , etc. « Rarement, dit M. de Fenllle , le tronc du charme est bien filé , plus rarement encore il est bien arrondi. La con- texture de ses fdjres est singulière. Ses couches annuelles ne suivent point une ligne uniformément circulaire comme celles des autres arbres ; les couches du charme sont ondulées et en zigzag, et ses fibres transversales, qui vont de la circonfé- rence au centre , laissent entre elles un grand intervalle. Le charme est par conséquent difficile à travailler, il est rebours , il s'élève par esquille sous l'outil. Mais si ses fibres dures et sa tendance à faire retraite le rendent peu propre aux ou-, vrages de menuiserie , elles le rendent supérieur à tous les autres bois pour en construire tous les instrumens qui doivent ou frapper un grand coup ou opposer une forte résistance. La couleur du bois de charme est d'un blanc terne; son grain est serré , mais son poli est mat. Ce bois enfin , plus utile qu'appa- rent, plus rustiqui' qu'agréable, u'enlre guère dans l'enceinte des villes que pour y être consumé, et quoiqu'un peu moins dense que le hèlre , il dure davantage au feu. Quand il est sec, il pèse cinquante-une livres neuf onces par pied cube >«. On multiplie cet arbre de semence ou de bouture. Dans nos fjrèts il se reproduit facilemeiii lui-même avec sa graine. Ce sont ces semis naturels qui fournissent pour Tordinaire les 70 C H A jeunes sujets destinés aux palissades , etc. ; mais comme ces sujets sont mal tournés , et ont souvent leurs racines écourtées ou mutilées , ou il en périt une partie clans la transplanta- tion , ou ils réussissimt mal. Pour éviter cet inconvénient, on a recours aux semis et aux pépinières. C'est en automme, et dans un terrain frais et ombragé , qu'on sème la graine du charme, aussitôt qu'elle estmûre. Si on attendoit après l'hiver sans la mettre en jauge, elle ne leveroit que l'année suivante. Ces semis n'exigent d'autres soins que d'être arrosés et sar- clés à propos. A deux ans les jeunes arbres sont en état d'être transplantés. On les espace plus ou moins, selon Tu- sage auquel on les destine. Après la sixième ou septième an- née, il est temps de les transporter dans le lieu où ils doi- vent rester. Le moment de cette seconde transplantation est indiqué par le dessèchement de leurs feuilles ; la sévc alors est arrêtée , et les boulons à bois sont bien formés. On taille communément ces arbres au croissant et au ciseau , avant le renouvellement de la première ou de la seconde sève. Le Ch.vrmede Virginie est quelquefois confondu avec celui dont il vient d'être question , mais il constitue bien certaine- ment une espèce particulière. Charme houblon , Carpimufosirya , Linn. Cet arbre a l'as- pect du charme commun ; mais il est plus petit , ses feuilles sont moins plissées, et sa fructification est différente ; les cha- tons mâles sont longs , pendans et en faisceaux ; les chatons femelles ressemblent à ceux du houblon ; ils sont composés d'écaillés enflées, fermées de toutes parts et velues à leurbase. Les fruits ne sont point couronnés comme dans les autres espèces de charmes, caractère qui , faisant exception au genre, laisse à chacun la liberté de faire de cette espèce un genre particulier. Cet arbre croît en Italie. Le charme houblon de Virginie , qu'on appelle lois d'or au Canada , s'en rapproche beaucoup , mais forme une espèce distincte ; l'un et l'autre ont un bois dur et brun, qui e.st très-estimé. Charme du Levant , Carpiims orientulls ^ Lam. Cette es- pèce , qui s'élève à dix-huit ou vingt pieds , a un tronc peu droit, très-noueux, et revêtu d'une écorcc brune, des ra- meaux fort rapprochés et des feuilles plus petites que celles du charme commun. Ses fruits sont aussi très-petits ; ils vien- nent sur de courtes grappes , cl chacun d'etix est couvert d'une écaille plane , nerveuse et dentée dans son contour. Ce char- me croit dans le Levant ; ses feuilles tombent avant l'hiver. On peut multiplier et élever ces quatre dernières espèces de la même manière que le charme commun , sur lequel on greffe quelquefois le charme houblon, (d.) CHARME NOIR. Nom donné dans quelques pays , et C H A 7, notamment en Italie et dans le mîdl de la France , au tilleul sauvage , Tilia europœa syhestris , L. (i-N.) CHARMENS et KERMÈS. Noms arabes d'une espèce de chêne, le kermès, Querats cocdjera, L. (ln.) CHARMS. Selon Hasselquist , c'est le nom arabe d'une Perche du Nil , Perça œgyptiaca. (desm.) CHARMUT. Poisson du genre Silure, Sihirus anguil- laris , Linn. (b.) CHARNAIGRE. Race de chiens issue du lévrier et du chien courant , dont ils ont les oreilles pendantes ; ces chiens métis , qui se trouvent en Espagne et en Portugal , sont fort bons pour la chasse dans les plaines incultes ou couvertes de broussailles : ils bondissent plutôt qu'ils ne courent, (s.) CHARNEGA. Nom basque et espagnol du lentisque , Pistacia lentiscus , L. (LN.) CHARNIEREOn entend par ce mot, en conchyliologie, la partie la plus saillante et la plus solide de la circonférence des coquilles bivalves , celle sur laquelle se font les mouve- mens des deux valves, et qui est presque toujours armée de dents. V. au mot Coquille, (b.) CHARON. Nom donné par MuUer à la larve de I'Ar- GULE foliacée, qu'il a prise pour une autre espèce, (b.) CHAROTTE. Espèce de hotte en forme de panier, dans laquelle les chasseurs aux pluviers , panneaux , ortolans , allouettes , portent leur harnois. (v.) CHARPENTIER. Les habitans de nos colonies dési- gnent ainsi toutes les espèces de Pics, et même d'ÉPEiCHES. (s.) C H ARR. Nom anglais des ^m/fe5, poissons du genre des Saumons, (desm.) CHARRAPOT. C'est la Charagne. V. ce mot. (b.) CHARRÉE. Insecte. V. Frigane. (s.) CHARRÉES. Cendres lessivées, (b.) CHARRIER. (^Fauconnerie'). C'est ainsi que les faucon- niers appellent un oiseau de vol qui emporte la proie qu'il a saisie, ou qui se laisse emporter lui-même dans la pour- suite de cette proie, (s.) CHARTHAN, KARTAN et KORTHOM. Ce sont les noms arabes du safran bâtard , Carthamus iinctorius , Linn. ; d'où vient le mot de carlhame. (ln.) , CHARTIS. En arabe , c'est l'un des noms du Rhino- céros, (desm.) CHARTOLOGOI, Nogossum et Boronogossum. Noms que les Mongols donnent au Canard a ailes en faucille, (v.) CHARTREUSE. Coquille du genre des Hélices, (b.) .3 C H A CHARTREUX. Race de Chats dont le poil est gris bleuâtre, (s.) CHARTREUX. Nom vulgaire de Yagaricus leucopJiœiis de Scopoll. V. Champignon chartreux, (b.) CHARU. Nom du mélèse , Pinus laiix , L., chez les hordes tartares des bords de i'Oby. (ln.) CHARU A. Lun des noms arabes du Ricin , Ri'ciniis corn- munis ^ L. (ln.) CHARYRS. Nom latin des coquilles du genre Charibde. (desm .) CHAFATH et KESSUTH. Noms arabes de la cuscute , discuta epiihymum. (ln.) CHAS et CHERRAS. Noms arabes de la Laitue, (ln.) CHASCANON, Dioscoride. C'est, sans doute, une lam- pourde , Xanihlum sirumarium , Linn. (LN.) CHASCHA. Nom turc du chcne roure , Quercus rohur^ Linn. (ln.) CHASCOLYTRE, Chascolytrum. Genre de graminées établi par Desvaux pourplacer les Rrizes droite et presque ARISTÉE de Lamarck. Ses caractères sont : balle calicinale mulliflore, à valves ovales, mutiques; balle florale à valve in- férieure ovale , en cœur , mucronée , ou légèrement aristée , à valve supérieure très-courte , ovale , aiguë, (b.) CHASEN. Nom que les Tartares de Jakust donnent au bouleau, (ln.) CHASII>L Nom que les Kalmouks donnent au Pissenlit, Taraxacum vulgare. (LN.) CHASME. Genre établi dans la famille des proféacées par Salisbury, et qui rentre dans le hucadendron de Robert Rrown. Celui-ci n'est qu'un démembrement du genre Pro- TÉE. V. ce mot. (ln.) CHASSE. C'est l'art de prendre les quadrupèdes et les oiseaux. La chasse qui se fait avec des chiens , s'appelle vénerie; celle dans laquelle on emploie les oiseaux de proie, se nomme fauconnerie. Le mot vénerie ne s'applique qu'à la chasse des bêtes fauves, dans laquelle on emploie un grand nombre de chiens. La chasse reçoit encore quelques noms différens, selon les animaux qu'on veut prendre, les moyens dont on se sert, l'heure à laquelle on chasse. Ainsi, par rap- port aux bécasses, on va à la passée ; si , ayant disposé sur un arbre des rameaux couverts de glu , on y attire les petits oiseaux par les cris réels ou imités d'une chouette , c'est la pipce. On chasse les oiseaux en général avec le fusil ; les oiseaux de proie, les plus grands surtout, peuvent se prendre au piège. On prend au filet , à la glu, au lacet , au ïoUel, les autres oiseaux. € Il A .:>, V. les articles BÉCASSE, Perdrix, Canard, Pigeon, Friis- GiLLE, Bruant, Bouvreuil, Chardonneret, Alouette, Fauvette, etc., dans lesquels les diverses chasses sont dé- crites, (v.) CHASSE-BOSSE. Nom vulgaire de la Lisimaque. (b.) CHASSE-CRAPAUD. Nom vulgaire de FEngoule- vent. (v.) CHASSE-FIENTE. Nom que Lcvnillant donne à un vautour des Terres australes de l'Afrique. V. Vautour fauve, (s ) CHASSELAS. Variété de Raisin. V. Vigne, (b.) CHASSE-MERDE. Dénomination aussi impropre que dégoûtante, appliquée au Labre , oiseau de mer aussi ap- pelé Stercoraire i^larus parasidcus) , qui poursuit sans reldcic une petite espèce de mouette^ pour lui faire rejeter le poisson qu'elle a avalé , et non pour se nourrir de sa fiente , ainsi que les navigateurs hollandais, dans les mers du Nord, l'avoient imaginé ; d'où ils avoient donné au lubbe le nom de strond- jager ^ répondant à celui qui fait le sujet de cet article, (s.) CHASSE-PUNAISE. V. au mot Cimicaire. (b.) CHASSE-RA(iE. V. au mot Passerage. (b.) CHASSER. Nom arabe d'une espèce de carmanlîne , Justicia viridis y Focc^k. (ln.) CH \S3ETON. C'est, en Savoie, le nom du Grand Duc. (v.) CHASTEK. Nom tartare du robinier frutescent, Robinîa fndescens. (ln.) CHAT , Felîs , Linn. , Briss. , Schreb. , Cuv. (ienre de mammifères carnassiers digitigrades, ainsi caractérisés : tête et museau arrondis ; mâchoires courtes ; six incisives sur. une même ligne à l'une et l'autre mâchoire ; deux canines très-forles ; quatre molaires de chaque côté , à tranchant lobé, à la mâchoire supérieure, les deux premières coniques, assez épaisses , la troisième très-grande à trois lobes , la dernière tuberculeuse et plus large que longue ; trois seule- ment à l inférieure , dont les deux premières sont compri- mées et simples, et la dernière bicuspide ; cinq doigts aux pieds de devant et quatre à ceux de derrière ; ongles ré- tractiles , surtout ceux des extrémités antérieures , relevés dans le repos et couchés dans les intervalles des doigts; lan- gue couverte de papilles cornées qui la rendent très-rude ; verge des mâles également munie de papilles ; intestins très-courts; arcades zygomatiques très-voûtées , etc. Tous ces animaux ont le corps musculeux , les membres très-souples et très-robustes. Leurs nombreuses espèces va- rient peu entre elles par leur oiganisalion ou leurs formes -ik C H A exiérleures , mais bien par leur taille et la distribution des couleurs de leur pelage. -Les chats sont les plus vigoureux de tous les mammifères carnassiers. Ils sont tellement armés , qu'ils attaquent et saisissent leur proie avec la plus grande faoililé. Les plusgrandes espèces attaquent les buffles, lesrhinocé- ros, les éléphans, et font leur gibier ordinaire des gazelles, des chevrotains et autres niminans paisibles. Les petites montent sur les arbres pour surprendre les oiseaux dans leurs nids, ou recherchent les moindres espèces de mam- mifères. Tous ont une manière de chasser commune , et qui consiste à se blottir, soit dans un buisson, soit dans des lieux cachés , et à se jeter subitement sur leur proie lors- qu'elle se trouve à portée. Us sautent avec une force ex- trême , montent sur les arbres avec facilité, mais ne peuvent courir aussi bien et aussi long-temps que les chiens. Ils dé- daignent la chair corrompue, que ceux-ci recherchent avec une sorte d'avidité. Ils sont plutôt nocturnes que diurnes, ce qu'indique assez la conformation de leur œil, dont la pu- pille se contracte en long pendant le jour , et prend une forme ronde dans l'obscurité , etc. Ils habitent les deux continens. Les plus grands sont descon- Irées chaudcs,et les plus petits, au contraire, des climats tem- pérés. Une d'elles, le lynx, préfère les pays septentrionaux ou les hautes montagnes , dont l'air est toujours froid , etc. M. Cuvier a subdivisé les différentes espèces de chats d'a- près la distribution des couleurs de leur robe. ÇiTAkT .Considérations anntomiques. — Le genre chat owfelis , par l'ensemble de son organisation, et surtout par la considéra- tion du système nerveux encéphalique , appartient au troisième groupe naturel qu'on peut former panni les animaux mam- mifères {f^.cc mot) ; c'est-à-dire, que beaucoup plus rappro- ché de Ihomme que le groupe des rongeurs, il s' en éloigne bien davantage que les singes et les makis. Il doit cependant être placé après la petite famille des ours , et à plus forte raison après les véritables chéiroptères. Les différences qu'il présente avec les autres carnassiers , tiennent , comme on le pense bien , aux mœurs et aux habi- tudes des animaux qui le composent, elles expliquent d'une manière très-satisfaisante. Parmi les organes des sens, le plus parfait, chez les chats , est évidemment celui deTouïe; aussi l'appareil intérieur de cette fonction et surtout la caisse du tympan qui est fort large, comme double , et à parois extrêmement minces, C H A ;5 €st-il fort développé. La conque auditive, par la brièveté du méat auditif externe , par sa grande largeur déterminée par celle de l'ouverture du tympan, par le grand nombre de ses anfractuosités , dénote également une ouïe fort délicate. Les yeux sont aussi remarquables par leur grandeur, leur direction antérieure , et un peu oblique de bas en haut, et de dedans en dehors, par l'élendue et la sensibilité de liris, l'abondance des nerfs qu'elle reçoit, enfin par la couleur d'un jaune doré du tapis ou du fond de la choroïde : qualités dont la plupart annoncent un organe disposé pour voir dans une obscurité presque profonde , et au contraire trop de sensibi- lité pour le grand jour. ' L'odorat offre , au contraire , beaucoup moins de finesse que dans les autres genres de ce groupe. En effet, le nez en totalité est fort court; et quoique les cornets inférieurs soient assez multipliés , cependant l'étendue de la membrane sentante ou pitultaire est peu cbnsidérable. Ajoutez à cela que la partie nue qui précède ou entoure l'ouverture des na- rines est très -petite , presque sèche en comparaison de ce qui a lieu chez les chiens. L'organe du goîlt paroît aussi assez peu délicat ; en effet, une grande partie de son siège ou de la langue a ses papilles revêtues de petits ongles , c'est-à-dire , de pointes crochues, aiguës , cornées , qui l'ont transformée en une sorte de râpe. Quoique le sens du toucher et du tact doive aussi être assez obtus , on conçoit qu'il reçoit un certain perfectionne- ment de l'existence et du grand développement des mousta- ches ou viffrissœ qui se trouvent sur la lèvre supérieure, et en deux ou trois autres endroits de la face. Ces espèces de poils qui sont encore plus importans chez les phoques , ont toute la structure des véritables poils. ( V. ce mot. ) Le nerf que chacun d'eux reçoit est fort gros ; aussi le trou sous-orbitaire par où passe le tronc qui les fournit, est-il très-grand. Les ex- périences de Frolich prouvent évidemment l'importance de ces organes , au moins pour les chats. L'ensemble des organes de la locomotion n'indique pas une marche prompte et rapide , puisque le tronc fort allongé est porté sur des meuibres courts , surtout dans l'état de flexion où ils sont habituellement. Au contraire , tout le squelette est évidemment disposé pour exécuter des sauts brusques et considérables comme par une sorte de ressort. To.utes les pièces dont se compose la colonne vertébrale sont en effet articulées et réunies d'une manière fort lâche et mobile dans la flexion de haut en bas, et au contraire, d'une manière seirée dans celle de côté , par l'enchevêtrenient des jC. C H A apophysos articulaires des vertèbres lombaires et dorsales, IjC nombre des vertèbres lombaires qui agissent le plus dans la flexion du tronc est assez considérable , et elles sont fort allongées ; celles de la poitrine ou dorsales peuvent aussi s'arquer très-aisément, et elles sont aidées dans ce mouve- ment par Tétroitesse des côtes presque carrées , et celle des pièces du sternum. La région cervicale est courte, pour que îa tête armée de mâchoires faisant souvent Toffica de pinces, soit plus favorablement placée ; la seconde vertèbre ou axis a une apophyse épineuse très -saillante , en forme de fer de hache , et les apophyses Iransverses de l'atlas sont encore beaucoup plus fortes. La colonne vertébrale se termine en arrière par un grand nombre de vertèbrescocciygiennes très-mobiles en tous sens , formant une longue queue conique, pourvue de muscles puis- sans, qui font de cet organe , sinon un instrument de défense, au moins, par ses mouveme'ns nombreux, un Indice certain des passions dont l'animal est agité. La tète , considérée en général, est fort courte ; son arti- culation avec le tronc, formée par un gynglyme très-serré, se fait tout à l'extrémité de son diamètre longitudinal -, elle est entouré^î de crêtes sagittales et occipitales ex.trêmement sail- lantes. Toutes les puissances musculaires qui doi^-^ent exécuter les mouvemens pour lesquels tout le tronc est disposé , sont , par suite , proportionnellement développées ; aussi les muscles qui déterminent la flexion du tronc , comme le long du cou , le petit psoas , le carré des lombes , etc. , sont-ils assez forts, quoique beaucoup moins que les extenseurs de la colonne vertébrale. En eiÏM , le long dorsal, le mulli- fidus, les muscles postérieurs du cou qui suppléent à la peti- tesse du ligament cervical, et spécialement les complexus , sont extrêmement épais; l'oblique inférieur de la te i- est réellement énorme , et en général tous les muscles qui s'at- tachent à la crête occipitale et qui so;illennent la tête de lanimal quand il emporte sa proie , sont très-foris. C'est ce qui rend le cou de ces animaux si gros et si rond. Les membres, en général, sont fort courts, susceptibles de flexions très-grandes, et remarquables par la facilité avec laquelle ils peuvent se débander subitement , efpar consé- quent projeter le tronc de l'animal avec les armes dont les pieds antérieurs et la gueule sont armés , sur la proie. Les antérieurs, beaucoup plus courts que les postérieurs, conune cela a presque toujours lieu chez les aniinaux mani- miieres, sont composés d'une large omoplate, avec une fosse sus-épiueuse assez grande , sans presque aucune trace d'aj)o : C IT A ^. pîiyse coracoïde : il n'y a pas de clavicule proprement dite ; on trouve seulement à sa place un petit os arqué , suspendu dans les chairs et dans ses rapports ordinaires. L'humérus, en général court et assez fort, est terminé inférieurenient par une surface articulaire, ne formant qu'une seule gorge assez profonde, comprise entre deux éminences ; la première, analogue du condyle en dehors; la seconde, de léminiiice interne de la trochlée en dedans. 11 y a, en outre, constam- ment à la tubérosité interne un trou oblique pour le pass.ige d'un nerf Les os de i'avant-bras, bien distincts et bien com- plets, indiquent cependant, par leur disposition arlicnlaire, moins de mobilité (juc dans l'ours; ainsi, la tète supérieure du radius est beaucoup plus large que dans celui-ci ; la saiK lie marginale antérieure esta peuprèsde même forme; lecu- bllus, porté plus en arrière, n'occupe plus que le tiers in- terne de la totalité de la surface articulaire deThumérus. Sa tubérosité supérieure ou olécrâne est fort longue. Les os du carpe n'offrent rien de bien différent de ce qu'ils sont dans le groupe en général; le pisiforme est cependant si gros , qull forme un petit talon. Ceux du métacarpe sont au nombre de cinq ; celui qui porte le pouce est très-court ; les quatre autres sont assez longs proportionnellement avec les doigts , qui parolssent encore plus courts qu'ils ne sont réellement , à cause de la disposition singulière des phalan- ges onguéales. C est ici un des caractères les plus remarquables de ce genre d'animaux. Leur habitude étant de se jeter brusque- ment sur leur proie , et de la retenir au moyen d'ongles fort aigus, faisant l'office de crochets, il étoit essentiel que ces ongles ne pussent user la pointe acérée qui les termine , et qu'en même temps ils fussent solidement et profondément implantés, afin que les efforts de la proie qui se débat ne pussent les arracher. Il falloit, en même temps, que la griffe put s'étendre le plus possible, afin de mieux saisir et de retenir. Pour obtenir le premier point , c'est-à-dire , afin d'em- pêcher/]u"ils s'usassent par la pointe, et qu'ils fissent l'office de grappin , 11 falloit qu'ils ne servissent que dans le moment où l'animal se jette sur sa proie , et que dans la marche ils pussent être relevés et conservés dans une sorte de gaine ou d'étui. Pour cela , ils ont été disposés de manière que dans l'état de repos ils ne sont pas à l'extrémité des dernières pha- langes, comme dans tous les autres animaux, mais presque à côté , ce qui , comme nous l'avons dit plus haut, rend la patte de ces animaux fort courte. Aussi les dernières pha- langes sont-elles comme tordues, ou mieux, fortement ex- cavées à leur côté interne ; et la troisième phalange ou on- 78 C H A guëale dans l'état de repos , se renverse de manière à ce que son dos ou la partie la plus convexe se loge dans celle ex- cavation , et qu alors la poijite est en l'air. Cette phalange onguéale, du resie, a la forme de rongle;bcaucoup plus haute, quelarge, elle est arq.iée, irès-coinprimée, pointue; à sabase, et dans presque toute sa circonférence elle offre une sorte de lame séparée du corps de la phalange par une rai- nure profonde , dans laquelle la racine de l'ongle C"i soli- dement implantée. D'après cette dispoùidon , ii est évident que l'ongle ne peut loucher à terre; et en effet l'animal appuie sur une grosse pelote dont il sera parlé plus bas, «jui occupe le milieu de la patte, et sur d'autres plus petites qui correspondent à l'articulation des dernières phalanges. Dans Télat d'activité , il n'en est pas ainsi ; la phalange on- guéale, et par consé(}uenl l'ongle qu'elleporte, est fortement abaissée par les muscles fléchisseurs des doigts , et pénètre plus ou moins profondément dans la proie : mais pour revenir à son état de repos , il n'est pas besoin d'efforts musculaires ; la nature a emplo\ é ici une disposition qui se retrouve dans plusieurs parties de l'économie des animaux vertébrés, c'est- à-dire , qu'eUe a eu recours à l'emploi du ligament jaune ou élasti([ue. En effet, outre les ligamens ordinaires des deux der- nières phalanges, qui existent à peu près comme dans les autres animaux mammifères, on trouve plusieurs ligamens élastiques, l'un en dehors, l'autre en dedans, et un troi- sième au-dessus , qui se portent de la tête antérieure de la première phalange à la racine de la troisième, et qui taillés pour ainsi dire, dans l'état de repos, ou, quand la pha- lange onguéale est retournée en haut , deviennent trop courts , quand les fléchisseurs l'abaissent, et sont par conséquent ti- raillés ; aussi, à peine lactionde ceux-ci est-elle finie, que par leur élasticité, tendant àrevenirà leur premier état , ils entraî- nent avec eux la phalange onguéale, et par conséquent l'ongle qu'elle porte dans sa première situation. Cet ongle , outre cette disposition vers le ciel, est encore enveloppé dans une sorte dégaine ou détui, formé par la peau, de manière à être à l'abri du contact de tout corps extérieur : c'est de tout cet appareil que Ion entend parler , quand, en zoologie , ou dit des ongles rétractiles. Tous les muscles des membres antérieurs sont en rapport , comme on le pense bien, avec la disposition du squelette. Ainsi, en thèse générale, les muscles de l'épaule , les ab- ducteurs surtout, sont très-peu développés. Dans les muscles du bras , les extenseurs sont très-puissans ; dans ceux de l'avanl-bras, les fléchisseurs du carpe sont très-forts , et sur- tout le cubital antérieur, parce que ce sont eux qui appliquent C H A rrg la griffe. Les fléchisseurs des doigts sont dans le même cas , mais ils sont peu séparés et distincts entre eux , devant agir dans le même but, et tous à la fois; les interosscux sont re- marquables par leur grande épaisseur; et, en effet, ce sont eux qui , écartant les doigts, dont les ligamens transversaux sont peu serrés , élargissent la surface de la griffe. Une autre faculté dont jouissent les animaux de ce genre, est de marcher sans faire presque aucun bruit; cela estencoie explicable par l'organisation : d'abord les ongles, connue nous 1 avons vu , ne touchent pas à terre , et ensuite toute la main, comme le pied, est, pour ainsi dire, matelassée par des pelotes fort molles , élastiques, composées à l'intérieur d'une grande quantité de fibres tendineuses , formant des aréoles remplies de graisse. La plus considérable occupe la paume de la main, et il y en a, en outre, quatre autres ré- pondant à l'articulation des deux dernières phalanges entre elles. Les membres postérieurs, toujours fléchis à angle aigu, sont encore beaucoup plus susceptibles d'être déployés su- bitement que ceux de devant, qui ont surtout été modifiés pour être des organes d'accrochement et de rétention. En effet, la cuisse, assez longue, articulée avec un bassin fort étroit, allongé, est jointe à une jambe assez élevée, compo- sée de deux os bien complets. Les os du métatarse sont surtout assez longs, au nombre de quatre seulement, du moins à l'exté- rieur , très-serrés entre eux, de manière à imiter, quand ils sont recouverts par la peau, une sorte de canon; les doigts qui les terminent sont encore très -courts; ils offrent à pea près la même disposition qu'aux membres antérieurs, mais à un degré bien moindre ; aussi les ongles s'usent-ils un peu. La proportion des différens muscles de ces membres dé- note aussi quel est leur principal usage ; ainsi les muscles flé- chisseurs et surtout extenseurs sont très - prononcés , ce qui rend la cuisse plate, large, collée contre le tronc; les gastroc- nemiens sont très-forts, remontent fort haut à la cuisse, et se terminent à un calcanéum très-saillant. C'est dans la disposition à la flexion des membres, et surtout des postérieurs, ainsi que dans l'existence des pelotes qui sont sous les pattes, que se trouve encore l'explication du fait ob- servé,que les chats peuvent tomber de fort haut sans se blesser. C'est, au contraire, la disposition de leurs ongles, qui leur permet aisément de grimper, mais non de descendre, ou au moins les force de descendre en arrière, c'est-à-dire, en s'accrochant. Les organes de la digestion offrent toutes les conditions les plus favorables pour une noiuriture entièrement animale et vivante. «o G II A L ensemble des mâchoires, oumieux de l'appareil maslica- teur, est court, mais il est excessivement fort; ainsi l'élendue àes crêtes occipitale et sagittale, la largeur et la profondeur de la fosse temporale, la grande saillie en dehors et en haut de 1 arcade zygomalique, indiquent de puissans élévateurs de la mâchoire inférieure; ce qui est encore confirmé par la grande élévation de Tapophyse coronoïde, par la largeur de toute la branche montante de cet os, et par la profondeur de la fosse d'insertion du masseter. Par la disposition des, dents, on voit que l'animal n'est pas fait pouv ronger de la chair, ni même pour la mâcher; en effet, les dents incisives sont très-petites, sur une même ligne terminale , et presque entièrement cachées par It grand développement des canines, qui sont de véritables crochets, dans leur forme et dans leur usage; les molaires ne méritent guère ce nom, car elles sont comprimées, tranchantes et dentelées comme une scie; au lieu de se toucher par leur sommet ou couronne, elles se correspondent par leur face, à la manière des lames de ciseaux; ce qui provient de ce que la mâchoire inférieure, beaucoup plus étroite que la supérieure, place les dents, dont elle est armée, en dedans de celles de la supérieure ; aussi les mouvemens d'abaisse- ment et d'élévation sont presque les seuls permis, ce qui dé- pend de la disposition du condyle de la mâchoire inférieure, qui est enlièrement transversal, et joue dans une rainure ou sillon horizontal de l'os temporal. La petitesse des glandes salivaires explique la grande soif dont ces animaux sont presque toujours tourmentés. Le reste de l'appareil digestif est parfaitement en rapport avec ce que nous venons de voir dans les organes de la mas- tication; aussi, la brièveté proportionnelle , l'étroilesse du canal intestinal sont-ils remarquables; ce qui donne au ventre de ces animaux une maigreur presque constante et une ar- qlre en sens inverse de ce qui a lieu chez les herbivores, par exemple. L'estomac, en général peu développe, assez court, n'offre qu'un très-petit cul-de-sac splénique; il n'a presque aucun repli à l'intérieur : le pylore est peu épais : l'insertion des canaux hépatiques se fait très-près de l'orifice gauche de l'estomac : l'intestin est surtout extrêmement grêle et court , au point qu'il seroit (juelquefois assez difficile de dis- tinguer linteslin grêle du gros, s'il n'y avoit un rudiment de cœcum fort petit qui les sépare. De chaque côté de l'anus est une glande ou un amas de cryptes muqueux qui sécrètent une sorte de matière stbaccc fort odoraiilc ; ce qui donne aux ex . C TT A 8t crémens de ces animaux une odeur si pénétrante, qu'ils sont obligés de les enfouir, irès-probablement pour ne pas être aperçus des animaux qui doivent leur servir de proie. Comme la vie est, en général, fort active dans ces ani^ maux, la respiration est très-nécessaire, et ils s'asphyxient aisément : la circulation est très-rapide ; aussi le cœur est- il proportionnellement très-gros, et les artères ont-elles des parois fort épaisses. L'appareil de la dépuration urinaire paroît d'une grande importance chez ces animaux , probablement à cause de leur nourriture purement animale-, mais du reste il n'offre rien d« bien remarquable : les reins sont grands, la vessie médiocre ; leur urine se putréfie aisément, et répand une odeur infecte qui les porte aussi à uriner en cachette et à la recouvrir. Les organes de la génération ne présentent aucune autre par- «icalarité bien notable, que celle qui rend raison des cris que la femelle de plusieurs espèces jette pendant l'accouplement, et qui dénotent une grande douleur ; il paroît que cela tient à des espèces d'épines ou de crochets dont le gland de l'or- gane mâle est armé ; du reste , la verge contient un os, quoi- que beaucoup plus petit que dans l'ours et le chien. Les tes- ticules assez petits , sont toujours extérieurs ; il n'y a point ■de vésicules séminales; ce qui explique peut-être la longueur de l'accouplement. Le système nerveux ou d'incitation se trouve , comme on le pense bien , développé dans ses différentes parties , pro- portionnellement à l'organe que chacune d'elles doit animer. On remarque que le repli de la dufe-mère qui sépare le cerveau du cervelet , est attaché à une lame osseuse tres- saillante à l'intérieur du crâne. Quant à la partie de l'encéphale qui, dans le système de M. Gall, doit exciter ou déterminerl'action et l'emploi de la puissance exécutrice, et qui est ici nommée organe du meurtre, ou penchant à détruire ou à se nourrir de chair,M. Gall en met le signe extérieur sur les côtés de la tête , immédiatement au- dessus des oreilles ou de la racine de l'os zygomatique ; ce qui orrespond à la partie latérale du lobe moyen du cerveau; et en effet, le crâne offre en cet endroit, dans ce genre, un élargissement très-marqué ; mais je n'ai pu remarquer plus de saillie dans le tigre que dans le chat, (bv.) § I." Grands Chats famés et sans taches. Première Espèce. — Le LiON , Felis leo, Linn. , Erxl. , Cu- vier , etc. Buffon, tom. 8 , pi. i et 2. et pi. G. 9. de ceDict. Grand ch al fum^e à queue floconneuse au boni, à cou du mâle adulle garni d'une épaisse crinière. Ç.wf. « Dans les pays chauds, dit l'cloquent Buffon, les animaux YI. G 8:. C H A terrestres sont plus grands et plus forls que dans les pays froids ou tempérés ; ils sont aussi plus hardis, plus féroces ; toutes leurs qualités semblent tenir de l'ardeur du climat. Le lion, né sous le soleil brûlant de l'Afrique ou des Indes , est le plus fort, le plus fier, le plus terrible de tous. Nos loups, nos autres animaux carnassiers , loin d'être ses rivaux , seroient à peine dignes d'être ses pourvoyeurs. Les lions d'Amérique ( cou- guars ), s'ils méritent ce nom, sont, comme le climat, infini- ment plus doux que ceux de l'Afrique; et ce qui prouve évi- demment que l'excès de leur férocité vient de l'excès do la chaleur, c'est que, dans le même pays, ceux qui habitent les hautes montagnes, où l'air est plus tempéré , sont d'un natu- rel diffèrent de ceux qui demeurent dans les plaines où la cha- leur est extrême. Les lions du mont Atlas, dont la cime est quelquefois couverte de neige , n'ont ni la hardiesse ni la férocité des lions du Biledulgeridoudu Zaara, dont les plai- nes sont couvertes de sables brûlans. C'est surtout dans ces désertsardensque se trouvent ces lions terribles, qui sont l'ef- froi des voyageurs et le fléau des provinces voisines : heureu- sement l'espèce n'en est pas très-nombreuse ; il paroît même qu'elle diminue tous les jours; car , de laveu de ceux qui ont parcouru cette partie de l'Afrique , il ne s'y trouve pas ac- tuellement autant de lions qu'il y en avoit autrefois. Les Ro- mains , dit M. Shaw, tiroient de la Libye , pour l'usage des spectacles , cinquante fois plus de lions qu'on ne pourroit y en trouver aujourd'hui. On a remarqué de même qu'en Tur- quie (i), en Perse et dans Tinde, les lions sont maintenant beaucoupmoins communs qu'ilsne l'étoientanciennement; et comme ce puissant et courageax animal fait sa proie de tous lesaulres animaux, et n'est lui-même la proie d'aucun , on ne peut attiibuer la diminution de quantité dans son espèce , ^u'à l'augmentation dans celle de l'homme ; car il faut avouer que la force de ce roi des animaux ne tient pas contre l'a- dresse d'un Holtentot ou d un Nègre, qui souvent ose l'atta- quer tête à tête avec des armes assez légères. Le lion n'ayant d'autre ennemi que l'homme , et son espèce se trouvant au- jourd'hui réduite à la cinquantième, ou, si l'on veut, à la dixième partie de ce qu'elle étoit autrefois , il en résulte que l'espèce humaine , au lieu d'avoir souffert une diminution considérable depuis le temps des Komains ( comme bien des gens le prétendent) , s'est au contraire augmentée , étendue et plus nombreusement répandue , même dans des contrées comme la Lybie , où la puissance de l'homme paroît avoir été plus grande dans ce temps , qui étoit à peu près le siècle de Carthagc , qu'elle ne l'est dans le siècle présent de Tunis et d'yVlger. » (i) Actuellement il u'en existe plus du tout eu Turc^uic. C H A 83 Nous pensons cependant avec Lacépède « qu'il ne faut pas croire que l'accroissement de la population de Thomme soit la seule cause de la diminution du nombre des lions. On en trouve mainlenantbeaucoup moins qu'on n'en rencontroit, îl y a une vingtaine de siècles, dans l'Asie méridionale , dans les montagnes de l'Atlas , dans les bois voisins du grand dé- sert de Zaara, et dans les différens pays plus ou moins rap- prochés du nord de l'Afrique. Et cependant tout le monde sait que ces contrées asiatiques et africaines éloient bien plus peuplées, il y a deux ou trois mille ans, et lorsqu'elles étolent liabitées par des nations que leurs richesses , leur industrie et leur puissance ont rendues célèbres , qu'aujourd'hui où elles ne nourrissent que des peuples affoiblis, pauvres, igno- rans, et à demi-barbares. On doit supposer que le climat a éprouvé, dans ces portions de l'Afrique et de l'Asie, deschan- gemens funestes à Tespèce du lion. I)es bois péris de véluslé et non renouvelés par la nature, les terres des hauteurs en- traînées dans les plaines, les montagnes abaissées, les pluies devenues moins abondantes, les sources taries, la slcrilité augmentée , ont diminué les asiles du lion et les troupeaux d'animaux asiatiques ou africains dont il se nourrit. Et d'ail- leurs l'invention des armes à feu a centuplé la puissance de l'homme , son ennemi le plus dangereux. » ( Lacép, Ménag, du Muséum , deuxième livraison. ) "L'industrie de l'homme augmente, continue Buffon, avec le nombre ; celle des animaux reste toujours la même : toutes les espèces nuisibles, comme celle du lion, parols- sent être reléguées et réduites à un petit nombre, non-seu- lement parce que Ihomme est partout devenu plus nom- breux, mais aussi parce qu'il est devenu plus habile et qu'il a su fabriquer des armes terribles auxquelles rien ne peut résister. Heureux, s'il n'eût jamais combiné le fer et le feu que pour la destruction des lions ou des tigres ! Cette supé- riorité de nombre et d'industrie dans Ihomme, qui brise la force du lion, en énerve aussi le courage : cette qualité, quoique naturelle, s'exalte ou se tempère dans l'animal, suivant l'usage heureux ou malheureux qu'il fait de sa force. Dans les vastes déserts de Zaara, dans ceux qui semblent sé- f tarer deux races d'hommes très-différentes, les Nègres et es Maures , entre le Sénégal et les extrémités de la Mauri- tanie, dans les terres habitées qui sont au-dessus du pays des Hottentots, et, en général, dans toutes les parties méridio- nales de l'Afrique et de l'Asie, oùThonmie a dédaigné d'ha- biter, les lions sont encore en plus grand nombre, et sont tels que la nature les a produits. Accoutumés à mesurer leurs forces avec tous les animaux qu'Us rencontrent , Ihabitude 84 C H A Je vaincre les rend intrépides et terribles ; ne connoîssanjt pas la puissance de Ihomme , ils n'en ont nulle crainte; n'ayant pas éprouvé la force de ses armes, ils semblent les braver; les blessures les irritent , mais sans les effrayer ; ils jie sont pas mânie déconcertés à l'aspect du grand nombre ; un seul de ces lions du désert attaque souvent une caravane entière; et lorsqu'après un combat opiniâtre et violent, il se sent afioibli , au lieu de fuir il continue de se battre en re- traite , en faisant toujours face et sans jamais tourner le dos. Les lions, au contraire, qui habitent aux environs des villes et des bourgades de l'Inde et de la Barbarie , ayant connu l'homme et la force de ses armes , ont perdu leur courage au point d'obéir à sa voix menaçante , de n'oser l'attaquer, de ne se jeter que sur le menu bétail ; et de s'enfuir en se laissant poursuivre par des femmes ou par des enfans qui leur font, à coups de bâton , quitter prise et lâcher indignement leur proie. >.< Ce changement, cet adoucissement dans le naturel du lion, indique assez qu'il est susceptible des impressions qu'on lui donne, et qu'il doit avoir assez de docilité pour s'appri- voiser jusqu'à un certain point et pour recevoir une espèce d'éducation ; aussi 1 histolie nous parle de lions attelés à des chars, de lions conduils à la guerre ou menés à la chasse , et qui, fidèles à leur maître, ne dcploypient leur force et leur courage qilc contre ses ennemis. Ce qu'il y a de très-sûr, c'est que le lion , pris jeune et élevé parmi les animaux domes- tiques , s'accoutume aisément à vivre et même à jouer inno- cemment avec eux , et qu'il est doux pour ses maîtres et même caressant, surtout dans le premier âge, et que si sa férocité naturelle reparoît quelquefois, il la tourne rarement contre ceux qui lui ont fait du bien. Comme ses mouvemens sont très-impétueux et ses appétits fort véhémens , on ne doit pas présumer que les impressions de l'éducation puissent tou- jours les balancer ; aussi y auroll-il quelque danger à lui lais- ser souffrir trop long-temps la faim , ou à le contrarier en le tourmentant hors de propos ; non-seulement il s'irrite de» mauvais traitemens, mais il en gaide le souvenir et paroît en tnédller la vengeance , comme il conserve aussi la mémoire et la reconnoissance des bienfaits : on pourrolt dire aussi que Je lion n'est pas cruel, puisqu'il ne l'est que par nécessité; (fa'A ne détruit qu'autant qu'il consomme , et que dès qu'il est repu , il est en pleine paix; tandis que le loup et tant d'au- tres animaux, tels que le renard, la fouine, le putois , le fu- ret , etc., donnent la mort pour le seul plaisir de la donner, et que, dans leurs massacres nombreux, ils semblent plutôt vouloir assouvir leur rage que leur faim. « L'extérieur du lion ne démeùl point ses grandes qualités C H A 85 intérieures; il a la figure imposante, le regard assuré , la dé- marche fière, la voix terrible; sa taille n'est pas excessive comme celle de Téléphant ou du rhinocéros ; elle n'est ni lourde comme celle de Thippopolame ou du bLyuf, ni trop ramassée comme celle de 1 hyène et de Tours, ni trop allon- gée, ni trop déformée par "des inégalités, comme celle du chameau; mais elle est, au contraire , si bien prise et si bien proportionnée, que le corps du lion paroît être le modèle de la force jointe à 1 agilité ; aussi solide que nerveux, n étant chargé ni de chair ni de graisse, et ne contenant rien de sur- abondant, il est tout nerf et muscle. Cette grande force mus- culaire se marque au-dehors par les sauts et les bonds pro- digieux que le lion fait aisément, par le mouvement brusque de sa queue , qui est assez fort pour terrasser un honnue , par la facilité avec laquelle il fait mouvoir la peau de sa face et surtout celle de son front, ce qui ajoute beaucoup à sa phy- sionomie ou plutôt à Tespression de la fureur, et enfin par la faculté qu'il a de remuer sa crinière, laquelle, non-seu- lement se hérisse , mais se meut et s'agite en tous sens lors- qu'il est en colère. » Les lions de la plus grande taille ont environ huit ou neuf pieds de longueur depuis le mufle jusqu'à l'origine de la queue , qui est elle-même longue d'environ quatre pieds ; ces grands lions ont quatre pieds de hauteur environ. Les lions de petite taille ont à peu près cinq pieds et demi de longueur sur trois pieds de hauteur, et la queue longue d'un peu moins de trois pieds. La lionne est, dans toutes les dimeusions, d'en- viron un quart plus petite que le lion. La couleur du lion est toujours fauve en dessus , et blan- châtre sur les côtés et sous le ventre ; cependant jSilien et Oppien ont dit qu'en Ethiopie , les lions étoient noirs comme les hommes; quil y en avoit aux Indes de tout blancs, et d'autres rayés ou marqués de différentes couleurs rouges, noires et bleues; mais cela n'est confirmé par aucun téinol- gnage qu'on puisse regarder comme authentique. La crinière du lion est formée par un long poil qui couvre toutes les par- ties antérieures de son corps , et qui devient toujours plus long à mesure que l'animal avance en âge. La lionne n'a pas ces poils, quelque vieille qu'elle soit(i). Buffon a peint le lion avec celte chaleur de style qui carac- térise ses immortels écrits. Lacépède , son digne continua- teur, a tracé, avec non moins de force et de vérité, le .por- trait de la lionne. « Le lion, dit-il, a, dans sa physionomie, (i) Il paroU certain qu'il existe dans la Perse me'ridionale , une cspcce à&liott saus criulère , dont Aiistote avoit reconnu l'exisl^uce. SG C lï A un mélange de noblesse, de gravite' et d'audace, qui décèle , pour ainsi dire , la supériorité de ses armes et 1 énergie de ses muscles. La lionne a la grâce et la légèreté ; sa tête n'est point ornée de ces poils longs et touffus qui entourent la face du lion et se répandent sur son cou en flocons ondulés : elle a moins de parure ; mais, douée desatiribuls distinctifs de son sexe , elle montre plus d'agrément dans ses alilludcs, plus de souplesse dans ses mouvemens. Plus petite que le lion , elle a peut-être moins de force ; mais elle compense , par sa vitesse , ce qui manque à sa masse. Comme le lion , elle ne touche la terre que par l'extrémité de ses doigts ; ses jambes , élastiques et agiles, paroissent, en quelque sorte, quatre ressorts tou- jours prêts à se débander pour la repousser loin du sol, et la lancer à de grandes distances ; elle saule , bondit , s'élance comme le mâle, franchit comme lui des espaces de douze ou quinze pieds ; sa vivacité est même plus grande, sa sensibilité plus ardente, son désir plus véhément, son repos plus court, son départ plus brusque, son élan plus impétueux. Elle offre aussi celle couleur uniforme et sans tache, dont la nuance rousse ou fauve suffiroit pour faire reconnoître le lion au mi- lieu des autres carnassiers, et pour le séparer même du cou- guar, ou prétendu lion d'Amérique ». M. Lacépède termine son article de la lionne par l'his- toire de celle qui a produit à la ménagerie du iMuséun» d'Hisloire naturelle de Paris, et dont voici l'extrait : Elle n'avoit que dix-huit mois lorsqu'elle fut prise dans un piège à bascule , avec son mâle , qui étoit du même âge qu'elle , et qui vraisemblablement étoit de la même portée. Ce rapport et l'habitude d'être ensemble dès le commence- ment de leur vie , n'ont pas peu contribué sans doute à l'affection qu'ils éprouvoient l'un pour l autre. C'est dans un bois voisin de Constantine, près de la cote septentrionale d'Afrique, que commença la captivité de ces deux lions. Un an après, Félix Cassai, l'un des gardiens de la ménagerie du Muséum de Paris, qui, à cette époque, voyageoit en Bar- barie par ordre du gouvernement, pour y acheter des ani- maux rares et intéressans , parvint à les acquérir pour le ]\Iu- séiuti , et, avant peu de mois , il les conduisit à Paris. On savoit depuis long-temps, ])ar Gesner, qu'il étoit né des lions dans la ménagerie de Florence; Willughby avoit écrit qu'une lionne, renfermée à ?^aples avec un lion, avoit produit des petits ; d'autres lionceaux étoient nés en Angle- terre; on espéra de voir les deux lions, amenés d'Afrique, s'accoupler et produire. Cette espérance ne fut pas vaine. Lorsque la lionne eut six ans, elle entra en chaleur. Les signes de cet état furent les mêmes que ceux de la chaleur de C II A 87 la chatte , dont l'espèce est la seule , parmi les animaux de ce genre , qu'on ait pu , jusqu'à présent , bien observer et bien connoîlre ; le mâle la couvrit ; l'accouplement eut lieu de la même manière que parmi les chats , et, comme les chattes, la femelle jeta de grands cris. La lionne devint pleine; mais au bout de deux mois elle avorta et mit bas deux foetus qui n'avoient pas-de poil. Vingt et un jours après son avortement, elle revint en cha- leur, et , dans le même jour , reçut cinq fois le mâle. Son ventre devint assez gros pour qu'on pût facilement s'aper- cevoir qu'elle étoit pleine; et, au bout de cent huit jours, dès sept heures du matin, ses douleurs commencèrent. Elle alloit et venoit d'une loge à une autre , en se plaignant et en répandant par la vulve une liqueur blanche et claire. A cinq heures du soir, temps ordinaire de son repas, on lui présenta des alimens qu'elle s'efforçoit en vain de manger ; à chaque instant ses douleurs l'obligeoient à les délaisser. Son gardien , Félix Cassai, entra dans sa loge et lui fit avaler de l'huile d'olive. Enfin , à dix heures, elle mit bas un petit lion mâle et vivant. Elle le laissa enveloppé, pendant dix minutes, dans ses membranes , qu'elle ouvrit ensuite, et qu'elle dévora avec le placenta. Un second lionceau naquit à dix heures et demie , et un troisième à onze heures un quart. L'un de ces trois jeunes lions avoit, cinq jours après sa naissance, environ un pied depuis le devant du front jusqu'à l'origine de la queue ; quatre pouces depuis le bout du museau jusqu'à l'occiput ; deux pouces onze lignes d'une oreille à l'autre ; quatre pouces cinq lignes depuis le coude jusqu'au bout des doigts des pattes de devant: trois pouces cinq lignes depuis la rotule jusqu'au talon ; trois pouces deux lignes de- puis le talon jusqu'au bout des doigts de la patte de derrière; cinq pouces dix lignes depuis l'origine de la queue jusqu'à l'extrémité de cette partie. Lorsque ces lionceaux sont venus à la lumière , ils n'avoient pas de crinière. Et, en effet, nous savons maintenant qu'elle ne commence à paroître sur le cou et autour de la face des mâles , que lorsqu'ils ont trois ans ou trois ans et demi , et qu'elle ne croît qu'avec l'âge de l'a- nimal. Mais d'ailleurs les trois jeunes lions n'avoient pas, au bout de la queue , ce flocon qui appartient à la lionne aussi bien qu'au lion. Leur poil étoit laineux et n'offroit pas encore la couleur de leur père; il présentoit, sur un fond mêlé de gris et de roux, un grand nombre de bandes petites et brunes, qui étoient surtout très-distinctes sur l'épine dorsale et vers l'origine de la queue , et qui étoient disposées transversalemeuî et de chaque côté d'une raie longitudinale brune et étendue depuis le derrière d« la tète jusqu'au bout de la queue. 88 C H A Les liorjceaux ont donc une livrée, ou Jes couleurs qui leur sont particulières, et il est possible que celte disposition «le leurs nuances, qui forme des bandes el une raie, et qui montré leur parenté avec plusieurs au(res chats fasccs et jayés, observée par des voyageurs sur de jeunes individus , et attribuée ensuite à des individus adultes, ait contribué à faire croire à quelques anciens observateurs, et à f.iire écrire à jlElien, ainsi qu'à Oppien, qu'il y avoit dans l'Inde une race de lions rayés. A mesure que les lionceaux grandissent, les nuances de leurs couleurs ressemblent à celles des liofts adultes ; leurs bandes et leur raie disparoissent , et les pro- portions de leurs différentes, parties se rapprochent de celles d^ leur père ou de leur mère. A Tâge de neuf mois, les jeunes mâles, nés dans la ménagerie, avoient encore la raie longitu- dinale et les bandes transversales sur le dos. C'est en novembre 1801 que les lionceaux sont nés; vers la fin de mars de Tannée suivante , leur mère a été couverte par le mâle , et le i5 juillet 180a, elle a donné le jour à deux jeunes lionnes. Elle a porté ces deux femelles pendant un temps égal , ou à peu près, à celui pendant lequel elle avoit porté les trois lionceaux mâles. Nous connoissons donc main- tenant, avec précision, le véritable temps de la geslation de la lionne. AElien a écrit que ce temps éloit de deux mois. Phi- lostrate parmi les anciens, et Elienne Wuot parmi les mo- dernes, ont cru qu'il éloil beaucoup plus long, et qu'il pou- voit aller jusqu'à six mois. Buffon inclinoit pour cette dernière opinion. Nous pouvtms dire aujourd hui , avec certitude, que la lionne porte ses petits pendant cent huit jours, ou un peu plus de trois mois et demi. La chatte porte les siens ordinai- rement pendant cinquante-cinq ou cin([uante-six jours, el , par conséquent , la durée de sa gestation n'égale, à très-peu près , que la moitié de celle de la lionne. Arislole croyoit que la lionne produit cinq ou six petits lors de sa première portée, quatre ou cinq à la seconde, trois «u quatre à la troisième, deux ou trois à la quatrième, un ou deux à la cinquième, qu il regardolt comme devant être la dernière. Selon Willnghbv, la lionne qui engendra dans la înénagerle de Naples, donna le jour à cinq lionceaux, d'une .seule portée. Il paroît qu'Aristole a élé mal informé, ainsi que ïjuffon l'a conjert jre , cl que Willughby n'a pas élé mieux instruit , puisfj-io la lionne de la ménagerie a eu , ainsi que nous venons de le voir, deux lionceaux à sa première portée , trois à la seconde , et deux à la troisième. Peut-être les naturalistes ont-ils été aussi dnns l'erreur, lorsqu'ils ont dit que la lionne ne uieltoil bas qu'une fois par an; cela n'est vrai du moinjs que dans l'état de nature , puis- C ÎT A 8^ que, dans l'état de domesticilc, la lionne du Bïusdum a donn^ le jour à irois mâles , en novembre 1801 , et à deuK femelles, le i5 jaillet 1802. • Peu de teuips après la naissance de ces deux femelles , les trois lionceaux éloienl déjà devenus méchans. Un de ces jeu^ nés lions, qu'on avoil coupé pour tâcîier de savoir quel peut être l'effet de la caslralion sur des individus d'une espèce aussi terrible que celle du lion, paroissoit moins traitr.blc que les autres. Un jour, où Félix Cassai avoit voulu le faire marcher par force dans les jardins du Muséum , ce lionceau s'éloit jeté avec colère sur son bras et avoit déchiré son habit ; on n'a pu suivre, sur aucun de ces trois lions, les progrès du dévelop- pement du caractère. Ils sont tous morts , et il paroît qu'ils ont succombé aux premiers effets de la dentition. Les deux jeunes lionnes de la seconde portée périrent aussi à la même époque, La lionne , son mâle et les autres lionnes de la ménagerie , ne mangent qu'une fois en vingt-quatre heures. On leur donne à chacun huit ou dix livres de viande et deux pintes d'eau. ^ Le rugissement du lion est composé de sons prolongés , assez graves , mêlés de sons aigus et d'une sorte de frémisse- ment. Il varie , et pour la durée , et pour la force , et pour la hauteur, et pour la gravité des tons, suivant Tâge de l'animal, les affections qu'il éprouve , les passions qui jl'agitent , la co- lère qui l'anime , les besoins qui le pressent , la chaleur qui le pénètre , le froid qui l'incommode , et les échos qui répè- tent ses cris retentissans. Le mâle de la ménagerie commence de rugir à la pointe du jour : toutes les femelles l'imitent, et leurs rugissemens durent à peu près dix minutes. Ils recommencent, après leur repas , leur singulier concert , et oiî diroit que leurs cris sont ^ à ces deux époques , l'expression du plaisir qu'ils éprouvent lorsqu'ils ont apaisé leur faim ou lorsqu'ils revoient la lu- mière du jour. Ils ne rugissent d'ailleurs que dans le jour ^ quand le temps est près de changer , ou quand leur gardien est éloigné d'eux. Dans l'état de nature, le lion sort le plus souvrnf de sa t.i - ïiière pendant la nuit , pour éviter les effets funestes de l'ar^ deur des rayons du soleil sur ses yeux délicats comme ceux des chats, et de plus pour surprendre plus facilement sa proie , en lui dérobant son approche au milieu des ténèbre.''. C est donc durant la journée qu'il dort dans sa caverne. Mais dans l'état de domesticité , il n'erre pas pendant l'obscurité pour chercher sa nourriture ; l'abri qu'on lui donne le pré- serve dans le jour d une lumière trop vive ; et voilà pourtjuai 90 C H Â^ la lionne , son mâle et les autres lionnes du Muséum , dor- ment pendant la nuit. Les excrémens de ces animaux sont semblables à ceux du chat, et trés-fétidcs. Le mâle ne se débarrasse des siens qu'une seule fois par jour ; son urine est aussi très-puante , ainsi que celle des lionnes. Mais leur haleine n'a pas l'odeur forte , que plusieurs auteurs ont attribuée à Thalcinc des lions. (Lacé- pède , Ménagci-ic du Muséum national^ seconde livraison. ) Chasse du Lion. — Quelque terrible que soit cet animal , on ne laisse pas de lui donner la chasse avec des chiens de grande taille , et bien appuyés par des hommes à cheval ; on le dé- loge , on le fait retirer ; mais il faut que les chiens , et même les chevaux , soient aguerris aupai'avant ; car presque tous les animaux frémissent et s'enfuient à la seule odeur du lion. Sa peau , quoique d'un tissu ferme et serré , ne résiste point à la balle , ni même au javelot ; néanmoins on ne le tue presque jamais d'un seul coup; on le prend souvent par adresse, comme nous prenons les loups , en le faisant tomber dans une fosse profonde , qu'on recouvre de matières légères au- dessus desquelles on allache un animal vivant. Le lion de- vient doux dès qu'il est pris , et si l'on profite des premiers momens de sa surprise ou de sa honte , on peut l'attacher, le museler, et le conduire où l'on veut. Deuxième Espèce. — ^ Le GuUGUAR, Feh's concolor., Linn.; Buff., tom. 8, pi. iQ, Po/c , $ans crinière., ni flocon au bout de la queue ., Cuv. C'est, SiT^vits,\Q jaguar, le plus grand mammifère carnassier de l'Amérique; il a quatre à cinq pieds de long, deux pieds et demi de hauteur aux jambes de devant, et deux pieds huit pouces aux jambes de derrière ; aussi son corps et ses membres sont-ils beaucoup plus grêles que ceux du lion. Sa tête ronde ressemble beaucoup à celle du chat; cependant le nez est plus large et plus élevé entre les yeux ; la qucuo est très-longue. Le poil du couguar est très-serré, long d'un pouce, cfe très-doux; depuis la tête jusqu'au bout de la queue, ce poil est roussâtre ou mélangé de roux et le au bruit d'une scLe. Lits jaguars , dit le mt-me voyageur, sont d'une agilité sin- gulière ; ils grimpent avec beaucoup de légèreté sur les arbres les plus élevés; il a vu au milieu des forets de la Guyane les empreintes que les griffes d'un jaguar avoient laissées sur l'écoi'ce lisse d'un arbre de quarante à cinquante pieds de haut , d'environ un pied et demi de tour , et qui n'avoit de branches que vers sa cime. Il étoit aisé de suivre les efforts que ranimai avoit faits pour arriver jusqu'auxljranches ; quoiqu'il enfonçât fortement ses ongles dans le corps de l'arbre, il avoit glissé plus d'une fois, mais il remontoit toujours ; et attiré sans doute par quelque proie , il etoit arrivé au haut de l'arbre. On a prétendu ridiculement que les jaguars préféroient la chair dt-'s naturels du pays à celle des iNègres ou des Euro- péens. On a dit aussi que le jaguar perd son courage lorsqull est rassasie ; c'est une erreur: le vrai est que, se trouvant repu, il ne commet plus de dommages , et qu'il fuit au contrairi; toute rencontre ; et ce n'est pas qu'il manque de force ou de valeur. La femelle du jaguar fait , dit-on , deux petits , dont le poil est moins lisse et moins beau que dans les adultes. La mère les guide dès qu'ils peuvent la suivre , les protège et les défend , enallaquant même sans calculer le péril. Cetanlmalfréqueule les endroits marécageux et les grandes forêts , en préférant le voisinage des grandes rivières, qu'il traverse en nageant avec adresse et habileté. Il donne la chasse aux veaux, aux génisses» aux vaches et même aux taureaux de quatre ans, aux ânes, aux chevaux , aux mulets , aux chiens ou à de moindres ani- maux , et il les tue d'une manière étrange , parce qu'il leur saute sur le cou, et qu'en leur posant une patte de devant sur l'occiput, et de l'autre saisissant le museau, il lève sa victime et lui brise la nuque en un moment. Personne , dit d'Azara » n'ignore au Paraguay , la facilité avec laquelle le Jas^onarètc (jaguar), traîne un cheval ou un taureau mort, et le con- duit dans les bois.... 11 chasse en surprenant , comme le chat par rapport au rat ; quoique très-prompt dans son premier mouvement et sûr de sa proie , il est très-peu léger quand il faut se retourner ou courir. Le jaguar est féroce et incapable d'être apprivoisé ; et ceux qui l'ont élevé depuis sa tendre enfance , et adouci jusquà jouer avec lui, en ont souvent reçu la mort. D'Azara décrit la manière dont on chasse le jaguar : « îl arrive quelquefois , dit-il, que le jagouarèté entre dans un pa- jonal (lieu rempli de broussailles) ou dans un bois, où l'on ne peut pas l'enlacer, et dont il ne veut pas sortir ; il y a des hommes si téméraires, qu'enveloppant leur bras gauche d'une peau de brebis non préparée, ils l'attaquent avec une lance d'environ cinq pieds, qu'ils lui enfoncent dans la poitrine-, évitant son premier élan avec la peau garnie de laine, et es- quivant le corps ; ce qui favorise l'animal ; car il s'élève sur les deux pieds de derrière pour se jeter en avant , et se lance d'upe manière droite, ce qui donne le temps de se préparer pour une seconde attaque, tandis qu'il se retourne. Quelque- fois le lancier est accompagné d'une autre personne armée d'une fourche de bois, avec laquelle elle réprime et arrête le jagouarèté , lorsqu'il va sauter; mais ceux qui se livrent à ces excès d'audace , finissent par y succomber. On prend aussi le jaguar au lacet. » Le jaguar noir de Marcgrave seroit, au dire de cet auteur. Je la taille d'un veau d'uu an, et conslUueroit peut-êlre ub*j C H A espèce. Cet ammal n'a point été mentionné depuis, dans les écrits des voyageurs et des naturalistes , et son existence est au moins douteuse. Les chasseurs du Paraguay assurent qu'il existe dans ce pays deux autres espèces différentes du jaguar proprement dit : Tune plus grande et à jambes plus fortes et plus robustes, qu'ils nomment jaguarèté-popè, et l'autre plus petite qu'ils ap- pellent onza. M. d'Azara se refuse à admettre l'existence de ces deux espèces. Cinquième Espèce. — La Panthère ou Pardalis des an- ciens; Pan//iec des taches en rose beaucoup pbis nombreuses que celles de la panthère , au moins au nombre de dix par ligne trans<^er~ sale., Cuvier. Léopard , Buffon, tom. 9 , pi. i4.. 11 est plus petit que la panthère ; mais ses proportions sont les mêmes; et quoique en général il lui ressemble beau- coup , M. Cuvier s'est assuré que ce n'est point une diffé- rence de sexe , et qu'il n'y a point de variété intermédiaire entre ces deux espèces. Elles sont connues Tune et l'autre des fourreurs sous le nom de tigre d Afrique. En effet , il paroît que c'est principalement dans le Sénégal, la Guinée, et quel- ques autres parties de l'Afrique méridionale , qu'habite cette espèce jusqu'à présent confondue avec celle de la panthère. Septième Espèce. — Le GuÉPARD , Felis jubata , Linn. ; tigre rlmsseur , léopard à crinière.; Guépard, Buff. suppl. tome 3 , pi. 3o. Grand chat ii taches petites., rondes , également placées^ et non réunies en roses , ci jambes hautes et à crinière., Cuv. Un individu de cette espèce , conservé dans la collec- tion du Muséum d'Histoire naturelle de Paris , nous a pré- senté les caractères suivans. 11 est plus petit de corps que Iç Léopard , mais plus haut sur jambes ; il a le fond du pelage C lî /V fauve- clair , un peu plus blanch.^tre sous le ventre et sur les parties intérieures des membres ; son dos et ses flancs pré- sentent de petites taches noires orbiculaires et pleines ; son corps est élancé ; ses jambes longues; sa tête petite , mar- quée d'une bande noire, allant de l'œil au coin de la bouche ; les poils du dessus du cou sont plus longs , et for- ment une sorte de crinière comme dans la hyène tachetée avec laquelle on l'a confondu ; la queue est longue , fauve avec des points noirs , et annelée de blanc et de noir à son extrémité. 11 n'y. a pas de taches sous le menton ; les poils du ventre sont un peu plus longs que ceux du dos ; les oreilles sont courtes. ' Le guépard se trouve dans rinde. Cet animal estun chasseur très-léger et très-adroit; il n'est point , dit-on, difficile à apprivoiser, jÊ à dresser pour la chasse comme le chien. § 4.. Chais moyens , d^ Amérique , à iachesfauQes , bordées de noir. Huitième Espèce. — Le Chibigouazou de d'Azara, Felis par- dalis, Linn.; OcELOTdeBuff . tom. i3, pi. 35 et 36. T. pi. M. i, deceDicf. — •■Cliatde moyenne taille ^ grisâtre, àtarhcshn-ges^ réu- nies en bandes longitudinales faui>cs , bordées de noir , Guv. Cette belle espèce , commune dans les collections , a clé le plus souvent confondue avec la suiv^inte sous le nom â'cre- lot. La distinction en est due à M. Cuvier qui, en cela , c.^t opposé à l'avis de d'Azara, qui ne les considère que comme deux variétés d'une même espèce. Le chJblgouazou est beaucoup plus petit que le jaguar et le couguar. Son corps , mesuré du bout du nez à l'origine de la queue, a trente-quatre pouces de longueur dans le plus grand nombre des individus ; sa queue est longue de treize pouces ; sa hauteur est de dix-huit à dix-neuf pouces. Le pelage de cet animal est très-beau ; le fond , dans toutes les parties inté- rieures, est blanc , marqué sous la poitrine, sous le ventre , ol entre les jambes de. derrière , de taches noires; entre les jambes de devant sont de pareilles marques , mais irrégu- lières et plus grandes. De l'épaule à la queue , en suivant l'é- pmc du dos , sont deux bandes noires interrompues , sem- blables à deux rangs de taches pleines , très-rapprochées en- tre elles sur un fond d'un blanc roussâtrc. Après une petite séparation que forme le fond du pelage , vient de chaque côté un autre rang de taches très-écarlées , lesquelles , de- puis la moitié du corps en allant par derrière , sont en an- neaux vides disposés en manière de chaînons, et l'intérieur de ces anneaux est cannelle blanchâtre. Ces dernières taches oc- cupent le reste des côtés de l'animal ,. sur un fond grisâtre. La queue est blanche en dessous, et par-dessus Aie es* C TT A [ O-.ï comme le pelage du haut, du dos ; nYMs elle est Irès-tnchciéc de noir. On voit sur la nuque quatre bandes noires et longues qui commencent entre les oreilles et vont sur le cou ; sur l'épaule , il y a beaucoup de taches noires irrégulicres. La face extérieure des quatre membres a des marques noires. L'oreille est courte , sans pinceau de poils ; elle est noire k l'extérieur, aveC une tache blanche assez grande dans son milieu ; autour des oreilles ; et dans Tintervalle de Tune à Tautre , naît une bande noire de chaque côté, qui va jusqu.^ vers les veux, et entre Tune et l'autre bande on voit plu- sieurs petites taches noires qui, par leur dessin, ornent assez le front. De la partie extérieure de l'œil, naît une bande noire qui s'unit au-dessous de l'oreille avec une bande qui vient du tour des moustaches ; celles-ci sont noires et blan- ches , et les plus longues ont quatre pouces. D'Azara , d'après qui nous venons de donner la description du chibigouazou, des Guaranis, rapporte quelques traits de la manière de vivre de cet animal , qui lui ont été communiqués par son ami Noséda. Le chibigouazou est si commun au Paraguay, que dans deux lieues autour du bourg de Saint-Ignace , on en a pris dix-huit en deux ans ; cependant il est peu connu, parce que les chiens ne le trouvent jamais, et qu ils ne peuvent pas pé- nétrer dans ses retraites. Il passe les journées dans des taillis impénétrables, et il sort pour chasser pendant les nuits obscures et tempétueuses , en sintroduisant jusque dans les enclos et les cours , sans que jamais les chiens s'en aperçoi- vent. Lorsqu'il fait clair de lune , il ne va pas dans les lieux habités , et il ne tombe pas dans les pièges ; c'est en vain qu'on l'attend avec le fusil , parce qu'il guette le chasseur , et qu'il prend la fuite avant que celui-ci ne le puisse voir. Il monte sur les arbres pour y saisir les oiseaux domestiques , revient à plusieurs reprises dans une nuit, et laisse parfois quelques-uns de ces oiseaux morts. 11 paroît que chaque mé- nage de chibigouazou a son district séparé, comme on rinduil. de ce que l'on prend toujours un mâle et une femelle dans le même lieu. Ils font deux petits, et le temps tic la chaleur commence en octobre. Pris au piège et réduit en captivité , cet animal passe pre.^- que tout le jour couché en rond : il n a pas la propreté des cbals, et d'Azara a remarqué qu'il dépose de préférence ses excrémens dans le vase où l'on lui sert de l'eau. Nouvelle- ment pris, il mange cinq livres de viande , et ensuite , trois livres lui suffisent. La ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle de Paris a possédé plusieurs individus de celte espèce. *o4 C H A Neuneme Espèce. — L'Ocelot ou Tlatco-Ocelotl, ou Caiiis pardus mexicanus àe Hcrnandez ; Felis pardalis, Linn. ; Chat tigre du Mexique, Buff. , loin. 9, pi. 18, t't(suppl. , t. 3, pi. 3g, figuré sous le nom ào. jaguar), pi. 39. L'Ocelot. L'ocelot a , comme le précédent , des taches fauves hordées de noir ou de brun sur un fond grisâtre ; mais elles sont plus petites et plus nombreuses, et ne forment pas, comme dans le chibigouazou, de grandes bandes longitudi- nales. Ces deux chats, d'ailleurs très-semblables, onlétécon- fondus par tous les voyageurs et la plupart des naluralistes. Ils habitent les différentes parties de l'Amérique méridionale, et notamment le Paraguay , où le çhibigouazou paroît plus commun , et le Mexique , où l'ocelot se rencontre plus fré- quemment. § 5 Chats de moyenne taille , à pelage noir , marqué de taches plus noires encore. Dixième Espère. — Le MÊLAS, Felis mêlas, Péron. Cet animal , qui a vécu à la ménagerie du Muséum d'Histoire naturelle de Paris , n'est connu que par la description sui- vante qu'en donne M. Cuvier. « 11 est noir, tacheté de noir 5)lus foncé ; ses yeux sont d'un gris d'argent presque blanc, l avoit été apporté de Java à l'Ile-de-France , et envoyé de là par le général Decaen à l'impératrice Joséphine, qui l'a donné au Muséum. Ses jambes éloient plus basses que celles de la panthère et du léopard; mais sa taille étoit à peu près Ja même. Comme ses taches étoieni, de plus, rondes et sim- ples, au lieu d'être en rose ou en œil, on ne pourroit rappor- ter cet animal à aucune des espèces à fond fauve , et il est difficile de ne pas le considérer comme une espèce particu- lière. Cependant sa tête osseyse ressemble beaucoup à celle de la panthère.» (Cuv., Rech. sur les esp. de chats). On doit vraisemblablement rapporter à cette espèce, une panthère noire dont M. Delamélherie donne la description dans le Journal de Physique de juillet 1788. Cette panthère, en- voyée du Bengale à Londres, étoit haute d'environ deux pieds deux ou trois pouces. Sa longueur étoit de cinq pieds; sa queue longue et bien fournie. Sa tête avoit les mêmes proportions que celle de la panthère. Son museau étoit large ; ses oreilles courtes ; ses yeux petits avec la prunelle d'un gris clair, et le reste d'un gris jaunâlre. Sa robe étoit d'un brun très-foncé, et mar*juée de taches d'un brun encore plus noir, et qui ressembloient à celles de la panthère. . A l'occasion de cet animal, IVÏ. Cuvier fait l'observation que la figure jointe à la description qu'en donne M. Delà- C H A ,o5 mclherie, n'est autre qu'une figure de la panthère de Buffon noircie. On ne sauroit placer dans ce paragraphe le joguarké dç Marcgrave, grand chat d'Amérique qui n'est qu'une variété noire de l'espèce yog-uar, connue des auteurs sous le nom de jaguar noir. ( V. cette espèce. ) § 6. Chats de moyenne taille , hauts sur jambes , à oreilles gar- nies de pinceaux de poils à V extrémité , à queue moyenne ou irès-couHe {les \ynx). Onzième Espèce. — Le Lyisxdes ANCIENS, ou Caracal,/^//* caracal^ L.), L\]NX de Barbarie, Lynx du Levant ; le Cara- cal^ Buff. , tom. 9 , pi. 24, et suppl. tom. 3, pi. 45. Lynx d une couleur uniforme dun roux veineux , (i oreilles noires en dehors , Hanches en dedans , et dont la queue atteint les talons. (Cuv.) Ce chat se rapproche heaucoup du lynx par la grandeur et la forme du corps , par l'air de la têle , et encore plus par le long pinceau de poil noir qui est à la pointe de ses oreilles ; cependant le caracal n'est point moucheté comme le lynx ; il a le poil plus rude et plus court, d'un gris roux uni- forme, plus clair sous la poitrine et le ventre; la queue a le tiers de la longueur du corps ; le museau plus al- longe , la mine heaucoup moins douce , et le naturel plus féroce. Le lynx n'habite que dans les pays froids et tempérés; le caracal ne se trouve que dans les climats chauds de la Tur- quie , de la Barbarie , l'Arabie, et la Perse. Comme le lion et la panthère , il vit de proie ; mais étant plus petit et bien plus foible , il a plus de peine à se procurer sa sub- sistance; il n'a , pour ainsi dire, que' ce que les autres lui laissent, et souvent il est forcé de se contenter de leurs restes. Il s'éloigne de la panthère , parce qu'elle exerce ses cruautés lors même qu'elle est pleinement rassa- siée ; mais il suit le lion, qui , dès qu'il est repu, ne fait de mal à personne; le caracal profile des débris de sa table , quelquefois même il l'accompagne d'assez près, parce que grimpant légèrement sur les arbres , il ne craint pas la co- lère du lion qui ne pourroit l'y suivre , comme fait la pan- thère. C'est par toutes ces raisons que l'on a dit du caracal, qu'il étoit Xe. guide ou le powvoyeur du lion; que celui-ci, dont 1 odorat n'est pas fin, s'en servoit pour éventer de loin les autres animaux, dont il partageoit ensuite avec lui la dé- pouille. Ce quadrupède carnassier ne s'apprivoise que très-diffici- ,oG C H A Icmenl; cependant, lorsqu'il est pris jeune et élevé avec soin, »»n peut le dresser à la chasse. Le caracal à longue queue du Bengale, figuré par Edwards, et ensuitepar Bufion, suppl. tom. 3, pi. io , est vraisemLla- Mement différent du caracal proprement dit , et c'est peut- C'ive de lui qu'on se sert aux Indes pour prendre les lièvres , les lapins, et même les grands oiseaux, qu'il surprend et sai- sit avec une adresse singulière. Le caracal, selon M. Cuvier, le vrai lynx des anciens, dont ils ont dit que la vue étoit assez périmante pour pénétrer les corps opaques , et dont l'urine avoit la merveilleuse propriété de devenir un corps solide , une pierre précieuse , appelée lapis lyncurius , est un animal fabuleux, aussi bien que toutes les propriétés qu'on lui attribue. Ce lynx imaginaire n'a au- cun rapport avec le vrai lynx, ou plutcU avec le caracal, que celui du nom. 11 ne faut donc pas , counne l'ont fait la plupart des naturalistes, attribuer à celui-ci , qui est un être réel, les propriétés de cet animal imaginaire, à l'exisicnce duquel Pline lui-mcme n'a pas l'air de croire , puisqu'il n'en jiarle que comme dune bêle extraordinaire , et qu'il le met à la tête des spbynx, des pégases, des licornes et des autres prodiges ou monstres qu'-enfante l'Ethiopie. Douzième Espère. — Le Lynx ORDINAIRE (^felis lynx), Linn. Loup CERVIER des fourreurs; 1l\^\ d'un jauoeroussâlre, le plus somment moucheté de hmn ou de noir , à queue très- courte , noire il l'extr-émité , Cuv. ; le Lynx, Buff. tom. 8, pi. 21. — Schreb. Saugih. pi. 109. pi. E. 25 de ce Dict. Le lynx se trouve dans les grandes forêts du nord de l'Al- lemagne, de la Lithuanie, de la jMoscovie, de la Sibérie et de toutes les parties septentrionales de l'ancien continent, et ne doit pas être confondu avec les lynxduLevant, de laBar- barie, de l'Arabie et des autres pays chauds, qui sont d'une cou- leur uniforme et sans tache, et appartiennent à l'espèce du caracal. ( V. l'espèce précédente.) Pline dit que les premiers lynx qu'on vit à Rome, avoicnt été envoyés des Gaules. Maintenant il n'y en a plus en Europe , si ce n'est peut-être quelques-uns dans les haïUes chaînes de montagnes. - Il est de la taille du renard , et pèse environ vingt-cinq livres. L'individu décrit par Daubcnlon et figuré dans l'His- toire naturelle de Buffnn , étoit généralement d'une couleur fauve roussâtre en dessus et sur les llanrs , marqué de pe- tites taches et presque de petites bandes brunes plus appa- rentes sur l'épaule et sur la cuisse , et presque noires sur les lèvres, principalement à l'endroit des moustaches, sur Tavanl-bras et sur le devant de la jambe. Le bord des pau- C H A ,07 plères étoit noir; les oreilles noirâtres i la bnsc et noires près des bords et de la pointe; le dedans éloit blanc; la queue , longue de six pouces , étoit fauve à la base et avoit sa dernière moitié noire. Les poils étoient doux et longs d'un pouce et denù au plus, etc. Le loup-cervier a été confondu avec toutes les autres es- pèces de lynx , dont la distinction est due A MM. Geoffroy et Cuvier. 11 vit isole dans les forets comme le chat sauvage. " Il n'a rien du loup, qu'une espèce de hurlement , qui , se faisant entendre de loin , a dû tromper les chasseurs , et leur faire croire qu'ils entendoient un loup. Cela seul a peul-être sr.ffi pour lui faire donner Ip nom de loup, auquel, pour le distinguer du vrai loup , les chasseurs ont ajouté répithcte de reivier ^ parce qu'il attaque les cerfs, ou plutôt parce que sa peau est variée de taches à peu près comme celles des jeunes ceris , lorsqu'ils ont la livrée.... Le lynx ne court pas de suiic comme le loup : il marche et saute comme le chat ; il vit de chasse et poursuit son gibier jusqu'à la cime des arbres ; les chats sauvages , les martes , les hermines , les écureuils ne peuvent lui échapper ; 11 saisit aussi les oiseaux ; il attend les cerfs , les chevreuils, les lièvres au passage , et s'élance des- sus ; il les prend à la gorge ; et lorsqu'il s'est rendu maître de sa victime , il lui suce le sang, et lui ouvre la tête pour manger la cervelle ; après quoi, souvent , il l'abandonne pour en chercher une autre ; rarement il retourne à sa première proie; et c'est ce qui a fait dire que, de tous les animaux, le lynx éîoii celui qui avoit le moins de mémoire. Son poil change de couleur suivant les climats et les saisons ; les fourrures d'hi- ver gont plus belles , ineillcures et mieux fourrées que celles d'été ; sa chair, comme celle de tous les animaux de proie , n'est pas bonne à manger. BuJJon. » Treizième Espère. — Le CHAT-CERViEri. des fourreurs , Felis /7//?/, Linn., Guldenst.,Pennant, Schreb., pi. 109 B. Celui-ci est un peu moins grand que le précédent ; sa tête et son dos sont d'un roux foncé, avec de petites mouchetures d'un brun noirâtre ; sa gorge blanchâtre ; sa poitrine et son ventre blanc roussâtre clair; ses membres, du nîême roux que le dos , avec des ondes brunâtres légères ; sa lèvre supé- rieure a quelques lignes noirâtres sur un fond blanc rous- sâtre ; le nez en tout roussâtre , et le tour de l'œil blanchâtre. Celle espèce, que M. Cuvier décrit ainsi, est commune dans les iJats-Unis d'Amérique , et sespeaux sont très-abondantes dans le commerce. M. Bosc en a rapporté de la Caroline. Le lynx du Mississipi ^e Buffon , t. 8 , pi. 53 , se rapproche plutôt de fetle espèce q>ie de la suivante ; mais la description io8 C H A de celui-ci est trop incomplète pour qu'on puisse se déter- miner à Fy rapporter définitivement. Quaiorzième Espèce. — Le Lynx DU Canada , Felis canadensis ^ Geoffroy , Cuvier; est de la taille du lynx avec lequel il a été confondu. Il lui ressemble en effet beaucoup ; mais le fond de son pelage , au lieu d'être fauve roussâtre , est d'un gris blanc. Les mouchetures sont d'un brun pâle , ou même ne paroissent pas ; le pinceau des oreilles est noir ; la queue est courte et terminée de noir. Un individu de cette espèce, conservé dans la collection du Muséum d'Histoire naturelle de Paris , n'a que deux pieds deux pouces de long depuis le bout du nez jusqu'à l'extré- mité du corps , qni n'est élevé que de douze à treize pouces ; la tête a six pouces de longueur , et sa queue seulement cinq pouces. Le corps est couvertde longs poils grisâtres mêlés de poils blancs; il est moucheté et rayé de fauve ; les taches sont plus ou moins noires; la tête grisâtre, mêlée de poils blancs ou d'un fauve clair, et comme rayée de noir en quelques endroits. Le bout du nez est noir, ainsi que le bord de la mâchoire infé- rieure ; les poils des moustaches sont blancs , longs d'environ trois pouces.; les oreilles, assez grandes , sont garnies de poils blancs en dedans et de poils un peu fauves sur les rebords ; elles sont terminées par un pinceau de poils noirs de sept li- gnes seulement de hauteur ; la queue , qui est grosse , courte et bien fournie de poils , n'a que trois pouces neuf lignes de long ; elle est noire depuis l'extrémité jusqu'à la moitié , et d'un blanc roussâtre à la base. Le dessous du ventre, les jam- bes de derrière, l'intérieur des jambes de devant et les pattes, sont d'un blanc sale ; les ongles sont blancs , et ont six lignes de longueur. Un autre a les poils beaucoup plus longs , les taches moins visibles , et paroit jannâlre glacé de blanc. Les poils des joues surtout ont beaucoup de longueur eè sont terminés de noir. On ne* sait rien de particulier sur les habitudes naturelles du lynx du Canada; mais il est probable qu'elles sont très-^ semblables à celles de notre lynx, ou du caracal. Quinzième Espèce. — Le Chaus des Anciens , Felis cJiauSy Guldenst;leL\NX BOTTÉ, Bruce, Voy. tom. 5, pi. 3o; Felis li- byens, Oliv.,Voy, en Égypt., \n-^° -, p- 4i î Ceoff , Egypt. De toutes les espèces comprises dans ce paragraphe, au- cune n'a la queue aussi allongée que celle-ci : celte queue va jusqu'au calcanéum. Cette espèce est aussi remarquable par sa taille inlcrmcdiaire entre celle du lynx et celle du chat sauvage; C IT A ,09 par son pelage brun, jaunâtre en-dessus, plus clair en-des- sous, présentant deux bandes noirâtres, au-dedans des bras et des cuisses; trois anneaux noirs au bout de la queue, et le derrière des mains et des pieds noir comme le bout des oreilles. Guldensfcdt(AW. Comm.petrop^ ^T]^)t ^ 1^ premier, bien fait connoître le rhavs^ qu'il avoit observé dans les lieux inondés et marécageux des vallées du Caucase, où cet animal cbasse les oiseaux aquatiques, et poursuit les poissons et les gre- nouilles. Bruce l'a rencontré ensuite en Abyssinie, et en a donné une figure et la description suivante, dans son Voyage aux sources du Nil. « Le lynx botté n'a pas plus de vingt-deux pouces de lon- gueur depuis le bout du nez jusqu'à l'origine de la queue; sa hauteur, prise depuis le pied de devant jusqu'à l'épaule, n'est que de treize pouces neuf lignes; et depuis le pied de derrière jusque sur le dos, de quinze pouces trois lignes. Il a le dos, le cou et le devant des pieds d'un gris sale; le ventre d'un blanc sale tacheté de rouge; l'iris jaune, et le dessous des yeux, aussi bien que les côtés du museau, d'un rouge-brun, qui s'étend, mais avec une teinte plus foncée, sur l'extérieur des oreilles; le dedans des oreilles est rempli d'un poil blanc très-fin, et un bouquet de poils s'élève à leur pointe. La queue , dans un peu plus de moitié de sa longueur , est variée d'anneaux noirs et blancs, et dans le reste elle a la même couleur que le dos. « Le nom de lynx ou de chai botté a été donné à cet ani- mal , à cause des marques ou raies noires qui forment en quelque sorte, sur le derrière et au bas de ses jambes, des bottines, plus longues à celles de derrière qu'à celles de devant. <( Ce lynx habite le Ras el Féel. Il se nourrit des débris des grands animaux de ce pays, mais principalement de peintades, qu'il surprend en se tenant en embuscade aux endroits où elles vont boire. On dit qu'il est assez hardi pour se jeter sur l'homme , s'il est pressé par lui. Quelque- fois il monte sur les plus gros arbres, ou se cache sous les buissons, pour attendre sa proie et s'élancer sur elle. » Olivier a revu fréquemment, dans la Basse-Egypte, aux environs du lac Maréotis , le même animal ( qu'il nomme f élis liby eus) dans les fèves, dans les fromens et dans les orges, faisant la guerre aux petits oiseaux, aux rats et aux gerboises. Timide et fuyant au moindre bruit , il se tient dans le désert et habite sous quelque arbre touffu , ou dans quelque cre- vasse de rocher. La description de celui-ci diffère de celle du lynx botté de Bruce , en ce qu'elle indique des dimensions iio ' r, \] A plus petites, et qu'elle ne fait point mention des raies noires ou bottines qui caractérisent cet animal. Enfiin, M. Geoffroy a retrouvé le chaus dans une des* îles du Nil. §. 7. Chats de moyerme ou petile taille , à oreilles sans pinceaux de poil, à queue ordinairement longue , et à janibes peu èlei>ées. ( Les chats proprement dits. ) Seizième Espèce. — Le SeRVAL d' AmïïRIQUE , Felis seival , Linn. ; Chai-pard , Mém. de TAcad. , toin. i."^'; le Serval., Buffon , pi. i3, tom. i3, pi. 35. F. pi. 1*. 27 de ce Dict. — Cuvier, 5lénagerie duMuscum. Sous ce nom de ser^^al , plusieurs espèces de chats parois- seiii avoir été confondues , et parmi ces espèces deux princi- pales ont été distinguées par M. Cuvier. La première à laquelle nous laisserons ce nom , a pour type l'animal qui a vécu au Muséum d'Histoire naturelle de Paris, et qui a été figuré par Maréchal et décrit par M. Cu- vier dans l'ouvrage intitulé Ménagerie du Muséum. Sa patrie éloil inconnue : il étoit mâle ; il a passé six ans en France, dont trois à la ménagerie, sans éprouver de chan- gement notable dans la taille et dans les couleurs. Du bout du museau à la racine de la queue, il avoitdeux pieds; sa hauteur âugarrotétoit d'un pied ; la longueur de sa tcle étoit de quatre pouces, et sa largeurde deux pouces onze lignes; sa qui^uc étoit longue de neuf pouces. 11 étoit d'un quart plus petit qu'un lynx qui vivoit à la ménagerie à la même époque; mais sa queue étoit d'un tiers plus longue que celle de ce lynx. Son poil étoitépais, assez long et très-doux; celui du ventre plus long et plus laineux que celui des autres parties du corps ; ses oreilles dépourvues de pinceaux de poils; le fond de la couleur de sa robe d'un jaune-fauve clair,, tirant un peu sur le gris et palissant à la partie inférieure; le dessous de la mâ- choire inférieure étoit blanc et séparé du reste par (quelques taches noires: le dos présentoit dans sa longueur deux lignes noires étroites; deux autres, plus larges, interrompues d'es- pace en espace , s'étendoicnt obliquement sur les côtés, et une troisième encore plus oblique et plus divisée, occupoit la partie supérieure de l'épaule seulement; tout le reste du corps étoit parsemé de petites taches irrégulières, inégales, pleines, d'un noir foncé; celles qui étoieut sur les jambes y formoient des espèces de rubans transverses; la queue descen- doit jusqu'aux jarrets, et étoit marquée dans toute sa longueur d'anneaux noirs suc un fond fauve. liuffon pensoit que l'espèce du serval étoit particulière à C H A l'ancien continent ; cependant il paioît que celui dont nous venons de rapporter la description, appartient à l'Aniérique méridionale , du moins si Ton en croit le témoign:;ge de M. d'Azara , qui a reconnu dans ce même animal respèce qiTil a décrite dans son voyage sous le nom de mbararaya , nom que liuffon croyoit être celui du chat qu'il a appelé mui- gay. M. Cuvier pense que c'est à l'espèce de ce seival d'Amé- rique qu'il faut rapporter le (hat (le montagne de Pennant , qui est en effet d'Amérique, et le chat-pardàns académiciens de Paris , dont les taches sont moins nombreuses que les siennes. Le serval figuré dans Euffou ressemble aussi beau- coup à celui de la ménagerie; mais ce dernier a les taches moins régulièrement rondes. Pennant rapportant à son chat de montagne^ le chaLdela Ca- roline de Collinson (Y. Buff suppl. 3), il en résuheroit que ce dernier ne différeroit point d'espèce de noire serval. Cependant il est beaucoup plus petit, puisqu'il n'a que dix-neuf pouces de longueur , lorsque les autres en ont vingt- quatre à trente. Toutefois ce rhai tigre de la Caroline n'étant pas établi en titre d'espèce, nous ne croyons pas inutile de rapporler ici sa description, 11 habite les forets de l'Amérirne septentrionale. Le maie est de la grandeur d'un chat com- mun ; sa couleur est d'un brun clair, mêlé de poils gri -, ; on remarque des raies noires assez larges, placées en forn.e de rayons tout le long de son corps, sur les côtés, depuis la tête jusqu'à la queue, qui est annelée de noir et de blanc; le ventre est d'une couleur claire, avec des taches noires, il y a deux larges taches noires sous les yeux de chaque côté du nez; les moustaches sont composées de poils roides et noirs. La femelle est de taille plus mince ; elle est toute entière d'uit gris roussâtre sans aucune tache sur le dos; il a une tache noire sur le ventre, qui est d'un blanc sale. Quant à la patrie du serval décrit dans cet article , si , comme il y a lieu de le croire, M. d'Azara a bien reconnu son mharacaya dans cet animal , il restcroit certain que c est dans le Paraguay et les autres parties de l'Amérique méridionale environnantes , qu'il feroit sa demeure habituelle. Le serval de la ménagerie étoit d'une férocité et d'une agi- lité extraordinaires. 11 ne dormoit que la nuit, et couché suf le côté. Pendant le jour, il faisoit sans cesse des sauts prodi- gieux. Dix-septième Espèce. — Le Serval DU Cap ( Felis rapensts ), Linn. ; C/iat du Cap , de Forsler ( Traiis. phil., t; 71 , p. iV. 112 C TT A Shaw , tom. i , pi. 88 ; panthère des académiciens de Paris , t. 3, pi. 3. Cet animal, qui existe aussi dans la collection du Muséum d'Histoire naturelle de Paris, est un peu plus petit que le précédent, auquel il ressemble beaucoup, puisque son corps n'a que vingt-six pouces de longueur. Ses taches sont plus grandes, moins nombreuses , formant des bandes très-mar- quées aux épaules et aux jambes de devant. Buffon rapporte à son serval ,1." le chat-tigre du Cap , de Kolbe ; m:iis M. Cuvier regarde comme insignifiante la des- cription de cet animal, et voit plutôt dans sa figure une hyène tachetée , qu un quadrupède du genre des chats ; 1° le chat- tigre du Bengale, de Lhuilier ; mais cet animal ayant la taille duiuj-.ilon, est plus grand que notre serval; 3.° enfm Xa senml du Mulahar^ de Vincent Marie , qui , étant moins grand que le civette , est trop foible pour notre animal. La notice que donne Buffon sur Thistoire du serval , ap- partient à ce dernier, qui se trouve dans les montagnes de 1 Inde , et notamment sur la côte de Malabar, où il a reçu des habltans le nom de maraputé ^ et des Portugais qui y sont cUblis, celui de ser^^al. Il se tient presque toujours sur les arbres, où il fait la guerre aux oiseaux. Il est très- leste et trèi-adroit ; son naturel est féroce ; cependant il craint rh(»mme et le fuit, à moins qu'il ne rirrite. Il ne s'apprivoise pas. Div-hintième Espèce. — CiiXt sauvage DE LA Nouvelle- ESPAGNE (Felis mexicana), Nob.; Chat saumge de la Nowelle- Espagne , Buff., suppl., t. 3 , pi. 4-3. Selon M. Cuvier, c'est à tort que Buffon a réuni à l'espèce du serval cet animal, dont on lui avoit envoyé d'Espagne un dessin colorié avec la notice suivante : « chat tigre , chat des bois ou chat sauvage de la Nouvelle-Espagne , dont la hau- teur est de près de trois pieds; la longueur, depuis le bout du nez jusqu'à la naissance de la queue , de plus de quatre pieds ; dont les yeux sont petits et la queue assez courte; le poil d'un gris-cendré blanchâtre , moucheté de noirâtre , etc. Cette espèce n'étant fondée que sur une notice aussi peu circonstanciée , ne saurolt être admise définitivement ; ce- pendant M. Cuvier pense que si cette notice a quelque chose de réel pour objet , ce chat sauvage de la Nouvelle- Espagne devra constituer une grande espèce, très-différente de toutes celles que nous connoissons. Bi.c-neim'ème Espèce. — Le Manul ou Manoul {Felismunul)^ Pallas ; Gmel. Chat distingué par Pallas , mais peu connu , G H A ,,3 c4 dont il n'existe pas de figure. Il a été confondu assez lé- gèrement avec notre chat sauvage. 11 paroit ressembler au lynx à pelage roux sans lâche ; mais sa queue est proporlion- ncllement plus longue. Sur le sommet de sa tête sont deux points noirs^; il y a deux bandes noires parallèles sur les joues; la queue est marquée de six anneaux noirs. M. Guvier le place dans la division des chats pioprement dils, parce que , dans sa description , il n'est point dit qu'il ait de pinceaux aux oreilles ; ce qui le feroit reporter dans la division des lynx. Il est de la Mongolie. Ses habitudes naturelles sont in- connues. Vingtième Espèce. — Le Jagu A.RONDI ou Yaguarondi. D'A-* zara, Voyag., pi. lo; { Felîs yaguarondi) , Lacép. La connois- sance de cette espèce est due à M. d'Azara (^Essaisur l'His- toire naturelle des Quadrupèdes du Paraguay , lom. i de la Tra~ ducfion française , pag. 171 et suivantes). Ce chat, qui a de grands rapports avec notre chat sauvage,' a près de trente-sept pouces de longueur , et sa queue en 3 environ quatorze. Son corps est proportionnellement plus long que celui du chat d'Europe , ce qui lui donne en petit quelques rapports de fonnes avec le couguar ; son ventre est moins gros , sa tête plus petite , plus courte et moins jouf-* flue ; son museau plus allongé et sans enfoncement entre le$ yeux; sa queue plus touffue, ses jambes plus épaisses; ses yeux, qui sont petits, conservent la pupille arrondie, quoique tour- nés vers le soleil. Son pelage, qui est doux et propre à faire de bonnes fourrures , a une nuance sombre et uniforme, quî résulte de ce que chaque poil est alternativement rayé de noie et del>lanc sale. Les mêmes raies se remarquent sur les mous- taches, qui sont moins fournies que celles du chat commun. Le jaguarondl ressemble encore au chat sauvage par ses habitudes et ses mouvemens. H vit seul ou par couple dans les bois et les halliers , et ne s'expose point dans les lieux découverts. Il grimpe avec agilité sur les arbres , et ne chassç que la nuit aux rats , aux insectes, aux oiseaux, et même aux volailles. Rien , dit-on , ne le fait fuir , et il s'attache aux fesses des cerfs et ne les lâche point, malgré la vitesse de ces animaux, jusqu'à ce qu'il les ait tués. M. d'Azara ne doute pas que l'on ne puisse apprivoiser facilement cette espèce , parce qu'il a vu un individu, pris adulte, qui se laissoit tou- cher après vingt-huit jours de captivité. Vingt -unième Espèce. — Le MargaY ( Fe& iigrina ) , Linn. , Erxleb.; Buffon , tom. i3 , pi. 87. Le margay est teaucoup plus petit que rocelot; il ressemble au chat sau-« .14 C H A vage pour la grandeur et la figure du corps ; il a seulement là tête plus carrée , le museau moins court , les oreilles plus ar- rondies, et la queue plus longue ; son poil est aussi court que celui du chat sauvage , et il est d'un jaune blanchâtre marqué de taches dont la direction est semblable à celle des taches de l'ocelot, mais qui en diffèrent en ce qu'elles sont d'un brua noir uniforme , et non pas d'un fauve bordé de noir. 11 a le ventre d'une couleur plus claire , les oreilles noires avec une tache blanche. Le margay est très-commun à la Guyane, au Brésil, et dans quelques autres provinces de l'Amérique méridionale ; c'est un animal très-vif , très-féroce et très-destructeur. Il ne paroît pas craindre beaucoup les hommes , dont les réunions même semblent peu l'effrayer. Dureste, on ne possède encore rien de bien certain sur la manière de vivre de ce quadrupède, que beaucoup d'auteurs ont confondu avec l'ocelot. C'est peut-être à une variété noire de cette espèce qu'il faut rapporter le nègre de d'Azara , qui seroit un peu plus grand que le chat sauvage , et tout noir. Vingt-deuxième Espère. — L'EiRA de d'Azara(-F^/«£'/ra),Nob. Ce chat, qui n'a encore été vu que par d'Azara et qui n'est point figuré , a trente-un pouces de longueur , et sa queue en a onze et demi ; elle est plus touffue que celle du chat. Tout son pelage est roux-clair, ainsi que la maclioire in- férieure; il a les moustaches et une petite place de chaque côté du nez, blanches. Son poil ne diffère ni en douceur ni en longueur de celui de l'yaguarondi , et paroît très-propre à faire des fourrures. Il est du Paraguay. Vingt-troisième Espèce. — LcPajeros de d'Azara; Felispaje- ros, Nob., est aussi un animal du Paraguay (non encore figu- ré) , de la taille du chat sauvage, dont le poil est long, doux et gris-brun en dessus, avec desbandestransversesroussâtressous la gorge et le ventre , et des anneaux obscurs sur les pattes. Le chat Pampa, du même auteur , ne paroît pas en diffé- rer. Vingt-quatrième Espèce. — Le GuiGN'A , Felis guigna , Molina, Molina, dans son Histoire naturelle du Chili, appelle ainsi un quadrupède du genre des chats, que l'on trouve dans les forêts de cette contrée de l'Amérique méridionale. H ressemble au chat sauvage par la forme , et au margay, par sa belle robe, qui, sur un fond de couleur fauve, est mar- quée de taches noires, rondes, d'environ cinq lignes de dia- mètre, et s'étendant le long du dos jusqu'à la queue. M. Cuvior, rappelant que Moliua, auteur peu fidèle, a G H A t,5 écrit lie mémoire , en Italie, son Histoire naturelle du Chili, soupçonne qu il a voulu parler ici du margay. Vingt-cinquième Espèce. — Le CoLOCOLLA , Fclis colocolla , Molina. Suivant la notice de Molina , celui-ci ressemble au chat sauvage; mais son poil est blanc, avec des taches noires et jaunes irrégulières; sa queue est rayée jusqu'à la pointe, de cercles ou d'anneaux noirs. Il vit comme le guigna dans les forets du Chili, et il a les mêmes habitudes. Selon M. Cuvier , ce colocolla pourroit bien n'être que l'ocelot. Vingt-sixième Espèce. — -Le Chat DE Java , Fells ja^anen- sis, Nob. Ce chat, long de seize à dix-sept pouces , avec une queue de huit pouces et demi, est d'un peu moindre taille ivia notre chat domestique , mais il est de même forme. Sa couleur, «lit M. Cuvier, est gris -brun clair dessus, et blanchâtre dessous, avec des taches brunes, peu marquées et rondes, éparses surtout le corps; celles du dos sont allongées, et forment quatre lignes plus brunes. Une ligne, parlant de l'œil et allant en arrière, se recourbe pour faire une bande transverse sous la gorge, que suivent deux ou trois autres bandes sous le cou. Ce dessin de la gorge se remarque éga- lement dans les ocelots et dans les margays. Cet animal a beaucoup de ressemblance avec le chat de Bengale, de Pennant et de Shaw. Il a été rapporté de Java par M. Leschenault de Latour. Vingt-septième Espèce. — Le PETIT CuAT SAUVAGE DE l'Inde , Felis imdata , Nob. Cette nouvelle espèce est plus petite que la précédente; son pelage présente des ondes plutôt que des taches, et l'eu pourroit la comparer au chat sauvage indien de Yosinaër ( Monogt-aphie ^ pi. i8), si celui - ci nétoit enluminé dune teinte trop bleue. (Cuv.) Vingt-huitième Espace. — Le Chat proprement dit, fe/is cafuSy Linn., etc. Erxles, etc., le Chut., Buff. tom. 6. pi. i elsuiv. Le chiit smu^age est très - grand ; sa longueur , depuis le bout du museau jusqu'à la naissance de la queue , est de vingt à vingt-deux pouces; celle de la queue est de neuf du dix. Il en a quatorze à quinze de haut ; son pelage varie peu; son poil est long et touffu, principalement sur les côtés des joues , caractère quil a en commun avec le lynx. H est presque toujours d'un gris-brun , assez semblable a ii6 C lî A la couleur du lièvre ; une espèce de bande noire règne le long du dos ; on en remarque aussi plusieurs sur les cotés e ,i8 C ÎT A repose de temps en temps. Vient-il à paroître un chien , celle bonne mère craint pour ses petits, elle se prépare à les défendre; sa physionomie, qui est celle de la douceur, change encore de caractère , «lie devient celle de la fureur et de la férocité ; elle s'élance et se place fièrement entre le chien et sa chère progéniture ; ses yeux s'enflamment , sa pupille se dilate fortement, elle ouvre la gueule, montre les dents ; son museau se fronce , ses moustaches sont agitées d'un petit tremblement , qui est celui de la rage -, elle souffle avec véhémence une odeur de chou gâté ou de mauvais musc, et semble cracher contre l'objet de sa haine ; son poil se hérisse en même temps , ses oreilles se couchent , sa queue se gonfle , son dos s'élève en se courbant , elle roidit ses jambes ; dans cet état , elle exécute quelques petits saut^ devant le chien , comme pour l'effrayer et l'engager à pren- dre la fuite ; elle se présente à lui en se tenant de côlé , comme pour lui faire remarquer sa grosse queue et les au- tres signçs de sa fureur , et l'intimider davantage ; s'il avance, elle saute sur lui, et lui fait souvent un mauvais parti; s'il reste en place, elle a quelquefois le courage de rapprocher; s'il fuit , elle court après , sans autre dessein cependant que celui de s'assurer de son départ et d'empêcher son retour; après' avoir quelque temps fait sentinelle , elle revient à ses. petits; souvent elle les trouve cachés dans différens coins , où ils se sont réfugiés au moment de la fuite du chien ; elle les appelle, et alors ils sortent tous de leurs cachettes et s'approchent ; elle leur prodigue mille marques de tendressey_ les serre dans ses pattes, les lèche et leur donne à téter. Les chattes se prêtent à nourrir de jeunes animaux d'un- tout autre genre , et même d'espèces ennemies. Les jeunes chats sont jolis, gais , vifs, et surtout fort curieux ; du ma- tin jusqu'au soir ils ne font que jouer ; leur badinage agréable et léger n'est pas toujours sans malice ; ils se mettent à l'affût ,près d'une cage ; ils épient les oiseaux qu'elle contient , suivent des yeux tous leurs moavemens ; ils guettent les souris et les rats, les attrapent, les tuent après s en êlre joués long -temps, et finissent quelquefois par les nianger. On remarque que les chats bien nourris ne mangent point les petits animaux qu'ils tuent. Au contraire, les chats mai- traités par leurs maîtres , chassés des cuisines , n'ont d'au- tre ressource , pour soutenir leur existence, que la chasse; aussi s'y livrent-ils avec une ardeur égale à leur faim , et y deviennent-ils eux-mêmes, sans y être dressés, plus ha- biles que les chiens les mieux instruits. Ils manquent de finesse dans l'odorat; aussi ne poursuivent-ils pas les ani- maux qu'ils ne voient plUs, mais ils les attencient et Ibs atta- quent par surprise. ' 3"i î>''i.'/: G n A Mç, A quinze ou dîx-Imil mois , ces animAux ont pris loute leur cioissance ; ils sont aussi en élal d'engendrer avant l'âge d'un an, et peuvent s'accoupler pendant toute leur vie, qui ne s'étend guère au-delà de dix à douze ans ; ils sont ce- pendant très-durs et très-vivaces , et ont plus de nerf et de ressort que d'autres animaux qui vivent plus long-temps, lis peuvent même supporter un long jeûne ; l'on cite plusieurs c'xenjples de chats qui sont restes enfermés , sans aucune nourriture , pendant vingt et vingt-quatre jours , et que l'on a retrouvés vivans, mais extrêmement maigres et avec un grand fonds d'appétit. Les chats ne peuvent mâcher que lentement et très-diffici- lement ; leurs defits sont.si courtes et si mal disposées , qu'elles ne leur servent qu'à déchirer et non pas à broyer les alimens; aussi cherchent-ils de préférence les viandes les plus tendres : ils aiment le poisson et le mangent cuit ou cru ; ils boivent fréquemment. Leur sommeil est le plus souvent fort léger ; mais lorsqu'ils reviennent d'une longue expédition , ou quand ils ont bien mangé , leur sommeil est si fort que c'est une espèce de lé- thargie dont on ne les fait sortir qu'avec assez de peine. En s'éveillant, s'ils se lèvent tout à coup enroldissant les jambes et en élevant fortement le milieu du dos, ils ne manquent pas de se recoucher à l'instant. Un murmure sourd et continu est l'expression du conten- tement , de l'affection , et même des désirs des chats. Ils ont encore une autre manière de marquer les sensations agréa- bles qu ils éprouvent, en élargissant les doigts, et en posant et relevant alternativement les pieds de devant ; mais celte es- pèce de pétrissement n'a lieu que lorsqu'ils se trouvent sur quelque meuble mollet , coinine un coussin , un lit , ou qu'ils appuient leurs pieds sur les vctemens de la personne qu'ils ca- ressent. Les petits chats , dans le moment où ils tetlent avec le plus de plaisir , pressent de la même manière les mamelles, de leur mère. L'agitation de la queue est un signe de colère ou de pas-- sion violente , dans les chats. Ils la tiennent relevée et droite., en marchant vers un objet qui les flatte. Lorsqu'ils sont assis , ils la font ordinalreflient revenir en rond sur leurs pattes de devant, et lorsqu'on les retient de force, ils tén^oignent leur impatience par le mouvement de balancement qu'ils donnent à son extrémité. Les chats sont très -curieux; on les voit flairer tous les meubles d'un appartement, toutes les plantes d'un jardin , et cette manière de reconnoilre les objets leur sert davantage que leurs yeux dans le grand jour. Ils craignent l'eau , le froid ,2o C H A et les mauvaises odcnrs ; ils nimenl à se tenir au soleii ; ils cherchent à se gîîer dans les lieux les plus chauds, derrière les cheminées ou dans les fours ; ils aiment aussi les parfums , et se laissent volontiers prendre et caresser par les personnes qui en portent : l'odeur de la plante qu'on appelle Vherhe ait chat ou chutaire (^nepeta rotari'a, Ij.), leur fait éprouver une sen- sation si délicieuse , qu'ils paroissent transportés de plaisir. On est ohligé , pour conserver cette plante dans les jardins , «le l'entourer d'un treillage fermé : les chats la sentent de loin , accourent pour s'y frotter, passent et repassent si sou- vent par-dessus , qu'ils la détruisent en peu de temps. La ya- lériane et le manim leur plaisent aussi beaucoup. Les chats marchent légèrement , presque toujours en si- lence et sans faire aucun bruit ; ils se cachent et s'éloignent pour rendre leurs excrémens , et les recouvrent de terre , de cendre, ou de toute autre matière pulvérulente. Comme ils sont propres , et que leur robe est toujours sèche et lustrée , leur poil s'électrise aisément , et l'on en voit , surtout pen- dant les grands froids, sortir des étincelles , lorsqu'on le frotte avec la main. Il est impossible de retenir le chat mâle , dans la saison oti les femelles sont en chaleur. Il s'écarfe souvent fort loin de son habitation , et ne revient qu'au bout d'une quinzaine de jours et même d'un mois , les oreilles déchirées, la face et le corps couverts de coups de griffes, marques sanglantes de ses combats amoureux. Si l'on veut conserver un chat maie dans toute sa beauté , il est nécessaire de le faire couper. Par la cas- tration, il devient sédentaire , sans cesser de faire la chasse aux souris ; 11 acquiert plus de grosseur, et il perd l'habitude de lancer en arrière son urine acre et d'une odeur forte , sur les meubles et sur tout ce qu'il renconlre. Dans leurs courses sur les toits les plus escarpés , les chais sont exposés à tomber de fort haut ; mais ils se trouvent tou- jours sur leurs pieds , de sorte que la chute est pour eux sans danger. Mais ce n'est que dans le cas où ils tombent d'eux- mêmes que les chats sont à l'abri des accidens ; ils se bles- sent et se tuent pour l'ordinaire , quand on les jette d'un en- droit élevé. ' Après avoir mangé , les chats passent leur langue de cha- que côté des mâchoires et sur leurs moustaches, pour les net- toyer. Comme ils ne peuvent atteindre, de leur langue, les côtés de la tête , ils mouillent une patte de leur salive , et la frottent ensuite sur ces parties pour les lustrer. A la sortie de leurs dernières dents , les jeunes chats sont ordinairement n).->lades ; on les voit alors souffrir beaucoup , ianguir et maigrir. Ib sont sujets aux vomissemens , qu'ils C H A ,,x font précéder de cris douloureux ; ils font d? grands efforJs pour vomir. Comme les chiens , ils mangent le chini-drnl et quelques autres graminées. L'esprit-de-vin et l'opium sont pour eux des poisons mortels. C'est à tort que l'on pense généralement que le chat n'est pas susceptible d'attachement. Quelque perverses que l'on suppose ses inclinations, elles se corrigent, elles acquièrent un caractère aimable de douceur, lorsqu il est traité avec mé- nagement, et qu'on l'a habitué aux soins, aux caresses et à la familiarité. Le chat étoit, parmi les quadrupèdes, celui dont les Egyptiens punissoient le plus sévèrement la mort , soit qu'on l'eût donnée par inadvertance, soit de propos délibéré. On étoit toujours criminel quand on tuoit un chat , et cfi crime ne s'expioit que parles plus cruels suppKces.<^dou. Ydesm.) CHAT GENETTE. C'est la Genette, espèce de niam- iiîifèrc du genre Civette. (des:.i.) !:>!, C H A CHAT HARRET. C'est le Chat sauvage, (desm.) CHAT MANOUL. Espèce de Chat, (desm.) CHAT MUSQUÉ. V. Civette, (desm.) CHAT A OREILLES NOIRES. V. le Caracal, espèce particulière du genre Chat, (desm.) CHAT-PARD. C'est le Serval, (desm.) CHAT DE PENSA. V. Chat domestique, (desm.) CHAT VOLANT. V. Galéopithèque. (desm.) CHAT SAUVAGE de là Nouvelle-'Espagne. V. Serval. (desm.) CHAT DE SYRIE. V. Caracal. (s.) CHAT-TIGRE. Nom donné au Serval, au Margay et à rOcELOT. (s.) CHAT-HUANT. De'nomination vulgaire des Hibous et des Chouettes d'Europe, et que l'on a généralisée à beaucoup d'espèces exotiques. C'est, dans Rrisson, le nom générique des chouettes ; dans le Règne animal de M. Cu- vier , celui d'une division des oiseaux nocturnes. Le Chat-huant proprement dit. V. Choueite-Chat- huant. Le Chat-huant de la baie d'Hudsois. V. Chouette- ÉPERVIER. Le Chat-huant de Bruvère. Nom vulgaire que l'on donne en Sologne au Hibou a aigrettes courtes. Le Chat - huant blanc de la baie d'Hudson. V. Chouette harfang. Le Chat-huant du Canada. V. Chouette funèbre. Le Chat-huant de Cayenne. V. Chouette de Cavenne. Chat-huant cornu. On a donné quelquefois ce nom au hibou ou moyen duc. V. ChOUETTE. (DESM.) Le Chat-huant (grand), V. Grand Hibou, (v.) Le Chat-huant du Mexique. V. Chouette chichictli. Le petit Chat-huant, V. Chouette effraie. Le Chat-huant plombé. C'est, dans Belon, la Chouette EFFRAIE, CHAT MARIN, C'est la Roussette, V. au mot Squale. (B.) CHAT-OISEAU, V. Grive rousse et noijiatre. (v.) CHAT ROCHIER. Poisson du genre Squale , Squalus stellaris , Linn. (b.) CHAT TIGRE DE LA CAROLINE, V. Chat de Virginie et Coase. CHAT-VOLANT. V. Polatouche-Tagua^. CHAT- VOLANT DE TERNATE. C est le GAiio- pithèque. (desm.) C II A xaS €HATA. Nom arabe du Gaisga. (v.) CHATAF. Nom hébreu de ['Hirondelle, (s.) CHATAIGNE A BANDES. Nom vulgaire d'une co- quille classée dans [es Rochers par Linnœus, (^miire.v nodosus). (desm.) CHATAIGNE du Brésil. C'est le fruit de la Berthol- LETtE qui se mange, et dont on relire une excellente huile, (li.) CHATAIGNE. C'est le fruit du Châtaignier, (b.) CHATAIGNE, Dans le cheval, c'est une partie dénuée de poil, et dénature de corne molle et spongieuse, placée au-dessus de chaque genou à la partie interne de l'extré- mité inférieure de l'avant-bras dans les jambes de devant, et au-dessous de l'articulation du jarret à lapartie latérale interne et supérieure du canon des jambes de derrière. V. Cheval. (desm.) CHATAIGNE. C'est , à la Martinique , le fruit du Sloane d'yVmérique. (b.) CHATAIGNE DE CHEVAL. Fruit du Marronnier d'Inde, (b.) CHATAIGNE D'EAU. C'est la Macre. (b.) CHATAIGNE DU :MALABAR. F. Castanea. (ln.) CHATAIGNE DE MER.Nom vulgaire des OuRsms.(B.) CHATAIGNE (la) NOIRE. Geoffroy donne ce nom à un insecte qu'il place dans son genre criocère , et que les autres auteurs ont rangé p^rm'i les lu'spes. V. HiSPE. (o.) CHATAIGNE DE TERRE. V. Terre-noix {Bunium hulliucaskinum , L. ). (ln.) CHATAIGNE DE LA TRINITÉ. C'est la Carolinée INSIGNE, (b.) CHATAIGNIER, Castanea, ham. {Monoécie polyandrie.) Genre de plantes de la famille des amentacées , qui se rap- proche beaucoup du Hêtre, et qui comprend de grands arbres et des arbrisseaux ayant des fruits épineux et des feuilles simples et alternes. Leurs fleurs sont incomplètes et unisexuelles. Les mâles et les femelles viennent séparément sur le même pied. Les premières sont groupées le long d'un diaton cylindrique et axIUalre; les secondes , qui sortent des mornes bourgeons que les mâles , sont le plus souvent si- tuées au-dessous d'eux. Chaque fleur mâle a un calice à six divisions et depuis cinq jusqu'à vingt étaminès , dont les fJets, plus longs que le calice, portent des anthères arrondies. Les fleurs femelles naissent dans une espèce d'involucre sphérique et persistant, qui en contient ordinairement trois , quelquefois une , deux ou quatre. Chacune d'elles est pourvue d'un calice à cinq 126 C H A ou six (lents , fait en forme de bouteille et adhérent à lïn- volucre ; ce calice fait corps par sa base avec l'ovaire , qui est surmonté de six styles cartilagineux, à stigmates simples. Après la fécondation des germes , l'involucre prend de la consistance , et devient une partie du fiuit , lequel est une coque ou une capsule plus ou moins ronde, hérissée à l'ex- térieur de pointes , s'ouvrant en deux ou quatre parties , et renfermant , dans une seule loge , autant de grosses semences qu'il y avoit de fleurs dans l'involucre. Ce sont ces senjcn- ces qu'on appelle châtaignes. Elles sont d'une forme ovale- arrondie , plates d'un côté , convexes de l'autre ; leur som- met est légèrement pointu , leur base élargie , leur peau co- riace , lisse et brune, et leur chair blanche et ferme. Dans les coques qui en contiennent trois, celle du milieu est aplatie des deux cotés. L'involucre du marronnier ou châtai- gnier cultivé , qui n'a ordinairement qu'une tleur, ne ren- ferme aussi par conséquent qu'une seule semence: ou l'appelle marron; elle est plus grosse et moins plate que la châtaigne. Le marron n'est donc qu'une variété, souvent même qti'un accident, résultant de l'avorlement de deux des ovai- res; aussi peut-on s'en procurer, en les choisissant dans tous les pays ou les châtaigniers croissent avec vigueur. CHA:TA^G^^EU commun , sauvage et cultivé , Castanea vulgnris^ Lamarck; Fagiis raslanea^ Linnaais. Ce châtaignier tient un rang distingué parmi les arbres forestiers indigènes à la France. Sa hauteur, la beauté de son port , l'ombrage agréable qu'il procure à l'homme et aux animaux , sans nuire aux grains , l emploi qu'on fait de son bois dans les arts, la bonté surtout de son fruit aussi sain qu'abondant; tous ces avantages le placent, sinon à. côté du chêne , du Tnoius après lui. 11 lui est préférable conune arbre d'orne-, ment ; ses larges feuilles teintes d'un beau vert sont plus res- pectées par les insectes que celles du chcne , et ne tombent que fort lard en automne. Gomme arl-ie utile, il n'est pas moins précieux. 11 se plaît singulièrement en France. Pour- quoi donc n'y est-il pas aussi comnmn qu'autrefois i* On le croit du moins, et plusieurs auteurs l'assurent. Si cela est vrai, quelle en est la cause ? Il serolt intéressant de la cher cher. Cette opinion, bien ou mal fondée, a peut-être sa source dans une erreur. On a pensé jusqu'ici que les char- pentes des anciens édifices puMics, tels que le Louvre et beaucoup d'églises , étoienl laites de bois de châtaignier ;' et, comme on ne trouve plus ou presque plus de châtai- gniers dans les forêts des pays où sont ces édifices, on en a conclu que la culture de cet arbre y vivolt été abandonnée.' La conclusion pouaoit clrç juste, s: roLservatiou qui -y a' C K A ,,7 ilonné lieu rétoïL IVIais Daubenton, philosophe qui savoit douter , et qui a fait beaucoup de recherches sur la nature et la structure des bois, s'est convaincu, par l'observation la plus rigoureuse , que la charpente du Louvre étoit faite en bois de chêne. Avant lui, Buffon avoit déuioniré que le bois du chvine blanc, a{*rès un grand noujbre d'années, acquiert le grain et Iq coup d'œil du bols de châtaignier. Quoi qu'il en soit, cet arbre mérite toute notre attention, pour les ressources, surtout, qu'il offre pendant une grande partie de l'année, aux habitans des montagnes du midi d>; l'Europe. Rival du chêne et du hêtre, comme eux il banale les forêts. Le châtaignier aime les terres légères ; il vient dans les lieux: secs et stériles, sur les rochers, les pierrailles ; mais il redoute les marécageuses , surtout les calcaires. Les col- lines sablonneuses des environs de Paris en sont cou- vertes , et on ne peut le cultiver dans cette ville ni dans les plaines environnantes. 11 se plaît surtout sur le pen- chant dos coteaux, où, par sa position naturelle, il a la faculté d'étendre ses branches , et de prendre la forme d'oranger si agréable aux yeux des amateurs. On compte plusieurs variétés de châtaigniers qui ne fructifient pas éga- lement à toutes les expositions. Les uns ne prospèrent qu'au- tant qu'ils sont au nord ; les autres s'accommodent plus vo- lontiers des aspects du midi et du couchant. Cet arbre se cultive en grand , et se multiplie par le semis. Il y a deux espèces de se:nis : le semis à demeure , pour former des taillis et des forâts , et le semis en pépinière , pour avoir des sujets qu'on transporte ailleurs. Pour l'un et l'autre, on doit choisir les plus grosses et les meilleures châ- taignes quon sème à deux époques, ou dans l'automne, aussitôt après que le fruit est tombé, ou au printemps après les plus fortes gelées. On doit préférer la première époque, à moins qu'on ne mette les châtaignes en jauge , parce que c'est celle que choisit la nature. Mais il faut , autant qu'il est possible , prendre le moment où la terre n'est pas trop humectée ; parce que , toute châtaigne ensevelie sous une motte de terre , commence à moisir, pourit ensuite , et est hors d état de végéter au renouvellement de la belle saison. Suivant Parmentier , on peut employer deux méthodes dans le semis, des taillis de châtaigniers. Les voici telles qu'elles ont été décrites par lui-même, dans un manuscrit que cet estimable savant m'a communiqué , et dans lequel j'ai puisé une partie des choses que renferme cet article. Première inélhode. w On sème de trois sillons un , et toujours *.S C H A deux châtaignes à la fols , ce qui forme à peu près trois pieds de distance ; et l'on conserve le même éloignement en tous sens. Cette méthode offre l'avantage d'avoir beau- coup de plantes surnuméraires qu'on enlève à la seconde et troisième année ^ soit afin de débarrasser le terrain, soit afin de remplacer les endroits où les germes ont péri. Dès que le rang intermédiaire est supprimé , le rang voisin sera distant de l'autre de six pieds , espace suffisant à l'extension des racines. A la huitième année , on supprimera encore un rang ; et , si les racines sont bien ménagées , chaque pied sera dans le cas d'être planté de nouveau. Par cette suppres- sion, voilà un espace de douze pieds bien suffisant, et pro- portionné au volume de l'arbre et à l'accroissement que doivent prendre les racines. Si on ne veut pas replanter les arbres arrachés, ils feront de bons échalas ou des cerceaux. Dès que les branches des arbres laissés sur pied commence- ront à se rapprocher et à se toucher , c'est le cas de sup- primer encore un arbre à chaque rangée ; ceux qui resteront en place, se trouveront éloignés les uns des autres de vingt- quatre pieds. Enfin , le temps venu , on les espacera de qua- rante-huit pieds , et l'arbre acquerra la plus grande force. Deuxième méthode. Elle consiste à défoncer la terre et à la herser au moment de la plantation. Alors, avec un cor- deau, ou au moyen de quelques piquets d'alignement, on fixe des raies égales pour la distance , et tous les six pieds on ouvre une petite fosse de huit à dix pouces de profon- deur sur autant de largeur. La terre sortie de la fosse et relevée sur les bords , sert à ensevelir la châtaigne. On en place une à chacun des quatre coins , de manière que les châtaignes soient disposées en croix. Comme la terre de dessus est bien ameublie , le fruit germe aisément, et la ra- dicule a la plus grande facilité pour pivoter. Là petite fosse restée ouverte , a l'avantage de conserver Ihumidité et de re- tenir la terre végétale entraînée par l'eau des pluies, ainsi que la poussière fine et les feuilles chassées par le vent. Lors- que les germes seront bien assurés, que les arbres auront pris de la consistance pendant une année , on laissera sub- sister celui des quatre qui promettra le plus, et les autres seront tirés de terre , en observant de ne point endommager les racines de celui destiné à rester en place, La pépinière de châtaigniers demande un terrain sablon- neux, abrité des vents par des haies vives ou par des arbres placés à certaine dislance. On le prépare, on l'ameublit, on le dispose en planches , et on plante les châtaignes deux à deux , le germe en haut , sur des raies droites , à six pouces les unes d» s autres , et à trois de profondeur. Ce semis se en X ,,5 fait eti octobre , ou mieux en fe'vrier. Si la terre a de la consistance , il faut bien se garder de l'amender et d'y mettre aucun fumier. La végétation du jeune arbre en seroit , il est vrai, plus forte; mais, destiné à être planté dans un terrain plus maigre , sa reprise seroit plus difficile. C'est la seconde année qu'il est transplanté dans des fosses ouvertes depuis un mois ou deux : il ne doit point alors être étêté. Il reste dans cette seconde pépinière jusqu'à la quatrième ou cin- quième année ; et quand il a acquis cinq à six pouces de circonférence à un pied et demi de la racine , on le transplante enfin à demeure , et on l'étête ; mais on doit conserver soi- gneusement le pivot. Ces deux transplantations se font à la chute des feuilles ou à la fin de l'hiver : la première époque est plus convenable. A peine le jeune châtaignier a-t-il été mis à la place qu'il doit toujours occuper, qu'on l'entoure d'épines pour en éloigner les animaux; et au printemps, on le couvre de paille pour maintenir sa tige fraîche. Dès qu'elle a poussé des jets de la grosseur du petit doigt , on le greffe en flûte : cette opération se fait en mai , aussitôt que la sève est montée. Le châtaignier non greffé s'élève à la hauteur des plus grands arbres ; mais son fruit est rarement aussi abondant , et aussi gros que celui du châtaignier greffé. Cet arbre commence à rapporter la quatrième ou la cinquième année , après qu'il a été greffé , et son produit augmente tous les ans. La récolte de ses fruits est plus ou moins abondante , mais elle manque rarement. Dans les mois d'octobre et novembre , on va tous les jours au bois pour ramasser les châtaignes ; on en fait un tas près de la maison; et quand on aperç;.oit dans ce tas un commence- ment de fermentation , on les serre dans le grenier , après en avoir séparé celles qvii sont disposées à se gâter. Cette méthode , quoique généralement adoptée , est vicieuse. Par- mentier , dans son excellent Traité de la Châtaigne , en pro- pose une qui lui est préférable. X Les châtaignes, dit-il, et les marrons ramassés au grand soleil, exposés ensuite à l'action de cet astre pendant sept à huit jours, sur des claies que l'on relire tous les soirs , et que l'on pose les unes sur les autres dans l'endroit le plus chaud de la maison , acquièrent la propriété de se con- server très-long-temps , et même de supporter les plus longs trajets , sans rien perdre de leur saveur agréable et de leur faculté reproductive. » La châtaigne est une excellente nourriture pour les hommes et les animaux. Quand elle est fraiche , on la mange ou cuiIl- sous la cendre chaude , ou bouillie à l'eau ou au lait, ou glacé»- ,3o C H A au sucre , ou plus communément rôtie dans une poêle perce'e de trous et exposée à un feu clair. De toutes ces manières de la préparer , la première est sans doute la plus ancienne et la plus naturelle ; mais elle est aussi plus imparfaite que les trois autres. Pour manger ce fruit plus sain et pour le trouver plus agréable , il vaut mieux employer la méthode suivante , de tout temps en usage dans le Limousin. On enlève aux châ- taignes, en les pelant, leur peau extérieure et coriace ; on les met après dans l'eau bouillante; elle pénètre , ramollit la pellicule amère qui les recouvre, et la dispose à se détacher de la substance farineuse. Quand les châtaignes, comprimées entre les doigts, se dépouillent facilement de cette pellicule qu'on appelle tan , on ôte le pot du feu ; on y introduit un instrument ou bâton branchu , à l'aide duquel on les remue fortement et en tous sens : bientôt le tan se détache de leur sur- face et s'en sépare tout-à-fait. Dans ce moment on les retire ; et après les avoir secouées dans un crible fait exprès , on les lave à l'eau froide , pour emporter, avec ce qui reste de tan, l'eau amère qu'elles pourroient avoir conservée. Alors on les fait cuire , sans eau , dans un vase bien couvert et sur un feu doux. Parmentier propose une recette pour manger la châtaigne verte toute l'année. « Elle consiste à faire bouillir ce fruit pendant quinze ou vingt minutes dans l^au, et à l'exposer ensuite à la chaleur d'un four ordinaire , une heure après que le pain en a été tiré. Par cette double opération , la châ- taigne acquiert un degré de cuisson et de dessiccation propre à la conserver très-long-temps, pourvu qu'on la tienne dans un lieu extrêmement sec. On peut s'en servir ensuite en la mettant réchauffer au bain-marie ou de vapeur. Ceux qui aiment mieux la manger froide , n'ont besoin que de la laisser renfler à Ihumidité pendant un ou deux jours. » On fait aussi sécher les châtaignes sur des claies , à l'aide du feu. La méthode employée à cet effet dans les Cévennes, l'emport^sur toutes les autres , et devroit être répandue dans tous les pays où ce fruit sert de nourriture au peuple. La châtaigne ainsi séchée , se conserve d'une année à l'autre ; on peut alors, si l'on veut , la convertir en farine, et en faire , à la manière des Corses et des Italiens , de la bouillie ou des galettes qui tiennent lieu de pain. Mais quelque apprêt, quel- que forme qu'on lui donne , on ne parviendra point, dit Par- mentier , à la transformer en pain levé ; et le boulanger le plus éclairé , en appliquant les procédés de son art à la fa- rine de ce fruit, nen obtiendra jamais qu'un aliment bien iafcrieur à celui qui résulte de la préparation à la limousine. G H A ,3t Les châtaignes , sèches ou fraîches ; sont venteuses ; les fraîches surtout contiennent une si grande quantité d'air, qu'on est force d'entailler leur peau avant de les faire rôtir. Ce fruit , desséché et brisé , sert de nourriture aux bestiaux et à la volaille ; on peut en faire une boisson fermentée , et sa première peau peut , "^dans la teinture , remplacer la noix de galle pour les noirs. On relire une assez grande quantité de sucre de la châtaigne pour qu'il soit, dans certaines années d'abondance , écono- mique de l'employer sous ce rapport. Le bois de châtaignier est employé à beaucoup d'usages ; il est excellent pour la charpente, et tient souvent lieu du chêne. La propriété qu'il a de conserver toujours son volume égal, sans se gonfler ni se resserrer, le rend surtout très-pro- pre à contenir toutes sortes de liqueurs ; il laisse moins éva- porer leur partie spiritueuse que le bois de sapin ou de chêne, parce que ses pores sont plus petits et plus serrés : aussi fait- on partout , avec le châtaignier , des cerceaux et des futailles de toutes les grosseurs, dans lesquelles le vin conserve sa qualité et se perfectionne même. On devroit , par cette raison, cultiver cet arbre dans le voisinage des pays de vignoble ; d'ailleurs il procure un ombrage agréable ; il a une très-belle forme , et il est préférable au chêne pour garnir les parcs et les plantations d'ornement ; mais il ne faut pas le planter trop près des habitations , parce qu'il répand , lorsqu'il est eu lleur , une odeur désagréable et même nuisible. Il croît sur les montagnes, dans l'Amérique septentrionale, un châtaignier qui ressemble si fort au nôtre , qu'on ne peut lui donner de caractères spécifiques particuliers ; on en fait le même usage que de celui d Europe. CH.^TAIGNIERNAm, OU CHATAIGNIER À GRAPPES , OU ChIN- CAPIN , Faguspumila , Linn. C'est un arbrisseau de l'Amérique septentrionale ; il y est commun. Il s'élève ordinairement à Imit pieds ou dix pieds , quelquefois plus haut; il prend en proportion plus de grosseur que d'élévation. Les châtaignes qu'il produit, sont de la grosseur d'un gland, douces et meil- leures que les nôtres. Les Sauvages, qui en font usage , les ramassent pour leur provision pendant l'hiver. On le multi- plie de semences , qu'il faut mettre en ten'e aussitôt qu'elles «ont mûres , et de marcottes. On peut aussi le greffer en ap- proche sur le châtaignier ordinaire ; mais il réussit rarement par ce moyen. Châtaigne d'Amérique , à larges feuilles et à gros fruits. C'est le Sioaneadeniatoy Linn. Les châtaignes que donne cet arbre sont moins grosses que les nôtres , ,très-dou)Ces et fort >aines ; l'enveloppe qui les recouvre est aussi épineiise que la t32 C H A peau d'un hérisson. Jl faut le semer comme le clùncapin. Voy. au mot QUAPALIER. (d.) CHATAIGNIER DE SAINT-DOMINGUE. V. au mot CuPAisii. (b.) CHATAIRE , Nepeta. Genre <3e plantes de la didynamie gvmnospermie et de la famille des Labiées , dont les carac- tères sont d'avoir: un calice monophylle, tubulé, à cinq dents pointues et inégales; une corolle monopétale, labiée , à tube cylindrique, courbé , et à limbe composé d'une lèvre supé- rieure échancréc , et d'une lèvre inférieure à trois divisions , dont celle du milieu est grande , concave , arrondie et cré- nelée ou dentelée; quatre étamines,dontdeuxplusgrandeset rapprochées; un ovaire supérieur, partagé en quatre parties, du milieu desquelles s'élève un style filiforme , dont le stig- mate est bifide ; quatre semences nues , ovoïdes , situées au fond du calice qui leur sert d'enveloppe. Les chataires sont des plantes vivaces, la plupart indigènes aux parties méridionales de l'Europe. Leurs fleurs sont ou verticlUées , ou disposées en panlcules , ou en épis termi- naux; leurs pédoncules sont multiflores. Quelques espèces ont de larges bractées. Leur caractère se lire de la crénelure du lobe moyen de leur lèvre Inférieure et du rapprochement de leurs étamines (pour les distinguer des Mélisses et des Hyssopes , avec qui elles ont beaucoup de rapports). On compte une quarantaine d'espèces de chataires, toutes plus ou moins fruticuleuses, ayant une couleur blanchâtre et une odeur forte. La seule dans le cas d'être citée est : La CaATAiRE COMMUNE , Nepeta ciUaria , Linn. Elle estcé'- lèbre par la passion que les chats ont pour elle. On est obligé, si on veut en conserver dans les jardins , de les empêcher d'en approcher, car dès qu'ils la sentent, ils accourent de tous côtés , se roulent dessus et la déchirent à belles dents. On la trouve dans les parties méridionales de l'Europe. Elle passe pour emménagogue , antlhlstérique et carminative. Son odeur n'est pas aussi agréable que celle de quelques autres espèces. Moench a séparé de ce genre les espèces à feuilles dé- coupées , et dont le calice se ferme de poils après la flo- raison, pour établir son genre Saussurie. (b.) CHAT AL. Le Chacal en Barbarie. V. Chien, (desm.) CHATAS. C'est l'hirondelle , en hébreu, (s.) CHAT CHUUR. Nom mogol du Cassis, ribesnignim^ Linn. (lk.) CHATE et CHETHETÉ. Noms arabes d'une espèce de concombre , cucumis chate , Linn. -, figurée par P. Alp. Ms)pt-i tab. II 6. (ln.) C H A i33 CHATEPELEUSE ou.CHATE PELUE. L'un des noms vulgaires du Calandre des graitss , ou CurcuUo grana- rius, Linn. V. Calandre, (desm.) CHATHAL ou CHACAL. V. Tart. Chien, (desm.) CHATIACELLA. Nom caraïbe dune espèce de bident selon Adanson, qui la rapporte à son genre Lîkakou. (ln.) CHATILLON ou CHATOUILLE. On donne ce nom à la pe/iie lamproye , ou PetromYZON BRANCHIAL. (B.) CHATON. Lorsque plusieurs Pieurs mâles ou femelles sont atachées à un axe commun, mou, pliant, plus ou moins allongé , on donne à cetle réunion de fleurs le noiu de chaton , parce qu'elle a quelque ressemblance avec la queue d'un chat, (d.) CHATOUILLE. C'est le Pétromyzon branchial, (b.) CHATOYANTE. Nom donné par les lapidaires à des pierres de nature très-différente , mais qui possèdent toutes la propriété de produire à leur surface des reflets de lumière plus ou moins vifs et qui partent d'un point commun et di- vergent, ou un simple retiet d'une couleur beaucoup plus claire que celle de la pierre. Ce point lumineux, mobile avec la pierre elle-même , disparoît sous certains aspects -, il est or- dinairement placé vers le milieu de la pierre , d'après le soin que prennent les artistes de la tailler en cabochon ougoutte de suif Cette forme est celle d'une lentille ordinairement épaisse ou d une demi-sphère. Le quarz-agale r/zr/toia/j^, vulgairement i\o\nmé œil de clial, elle feldspath qui présente le même acci- dent , sont souvent confondus ensemble dans le commerce. Les marchands de pierres fines distinguent les variétés de co- rindon brun et d'un vert de mer qui sont quelquefois cha- toyantes , en les désignant par Tépithète à' orientales. Voy. QUARZ- AGATE , FELDSPATH et CoRINDON CHATOYANT. On a aussi nommé chatoyantes., des astéries ou corindons étoiles , dont la couleur des rayons ne tranchoit pas sur le fond de la pierre et ne formoit à sa surface que des traits lu- mineux. V. Astérie. 11 résulte de ce qui précède que l'on ne sanroit assigner de valeurexacte aux diverses chatoyantes. Elles s'estiment àl'œil, suivant l'expression des joailliers, et en raison de leur gros- seur qui est peu considérable , et de leur dureté ; les oiien- lales sont les plus estimées, (luc.) Chatoyante agathine. M. Delamétherie nomme ainsv le quarz - agathe chatoyant ou œil de chat. V. plus hauL. Chatoyante orientale , variété du corindou-hyallii ^ nommé aussi saphir œil de chat dans le commerce, (luc) CHATTE. V. rarliclc Chat. xH ^ H A CH A.TUKAN. Les Jakoutz donnent ce nom à un poisson du genre des Esturgeons, accipenser slellatus. (desm.) CHAÏUTE MEKELE. On a rapporté ce nom kal- mouque à la ToaTDE bourbeuse, espèce de (desm.) CHAïYNG,CaASEN, CHALL , Différens noms du bouleau, hclula alba ^ Linn. , dans diverses parties de la Tartarie. (ln.) CHAUCHE-ERANCHE. Nom de I'Engoulevent en Sologne , suivant M. Salerne. (s.) * CHAUCHE-CRAPAOUT. Dénomination provençale de I'Engoulevent. (s.) CHAUCHE-POULE. C'est le nom donné au Milan , en Champagne, (desm.) CHAUD. V. Chaleur, (s.) CHAULIODE, ChauUodus. Genre de poissons établi par Schneider, et regardé comme un sous-genre des EsocES par Cuvier. Il renferme une seule espèce , l'EsocE stomias de Shaw , prise près de Gibraltar. Ses caractères sont: deux dents qui se croisent sur chaque mâchoire,, (b). CHAULIODE, Chauliodes , Lat. Genre d'insectes , de l'ordre des névroptères , famille des planipennes , tribu des liémérobins , ayant pour caractères : cinq articles à toits les tarses ; ailes presque égales et couchées presque horizonta- lement ; palpes au nombre de quatre, et filiformes ; segment antérieur du corselet plus grand que le premier, presque carré ; trois petits yeux lisses ; antennes diminuant de gros- seur de la base à la pointe, pectinées ; mandibules courtes et dentées. J'ai établi ce genre sur l'HÉMÉROBE pectinicorne, Hc- merohius pertînicorni's àe Linnseus eldc Fabricius, représenté par Degeer, ainsi que par mon collègue et ami, M. Palisot de Beauvois ; dans son bel ouvrage sur les insectes qu'il a rapportés de ses voyages en Amérique et en Afrique ( livrai- son I , nevr. , pi. i , Jig. 2 ). Elle se trouve aux Etats-Unis. J'ai vu , depuis, une seconde espèce plus petite que la pré- cédente , et dont les ailes sont noires , avec des taches blan- ches. Elle vient des mêmes contrées, (l.) CHAUME, Cuîmus. Nom particulier dont on distingue, PU botanique^ la tige des graminées de celle des autres plantes. C'est une tige herbacée , simple , garnie de plusieurs nœuds, ordinairement fistuleuse , et quelquefois pleine d'une moelle légère , surtout vers l'extrémité , près de la fleur. Les feuilles , en petit nombre , qui l'accompagnent et qui l'enveloppent par Jour base , sont un prolongement de son écorce. Le chaume a un épiderme , une substance corticale ; et à la place du C H A ,35 Lois, son intérieur est tapissé d'une grande quantité de vais- seaux de toute espèce. En agriculture , on appelle chaume cette partie de la tige des graminées qui reste sur le champ quand on a fauché ou scié les blés et autres plantes céréales. Le meilleur usage qu'on puisse faire du chaume, estde l'enterrer avec la charrue, aussitôt après la récolte. Possédant alors tous les principes de sa végétation, il servira d'engrais à la terre ; et la tenant soulevée pendant quelque temps, il la disposera à être plus facilement pénétrée par la chaleur du soleil et par l'air de l'atmosphère, (d.) CMAUNA. Genre d'oiseau de rivage établi par Illiger, et qui comprend le ChâJA de d'Azara , parra chaoaria , Linn, (desm.) CHAUS des anciens. C'est un mammifère carnassier, du genre des Chats et voisin des Lynx, (desm.) CHAUSEL. Les Arabes nomment ainsi «le Pélican. (desm.) CHAUSSÉE DES GÉANS. V. t. 3, p. i88et suiv., au mot Basalte, (luc.) CHAUSSE-TRAPE. Coquille du genre des Tochers. (b.) CHvVUSSE-TRAPE , Calcitrapa , Linn. {Syngénésie poly- gamie frustranée. ) Genre de plantes de la famille des cinaro- céphales , qui a des rapports avec les Ceîstaurées , et qui comprend des herbes à feuilles simples ou ailées et à fleurs composées flosculeuses. Dans chaque fleur, les fleurons dut disque sont hermaphrodites , et ceux de la circonférence sont femelles et stériles. Les uns et les autres sont entourés par un calice formé d'écaillés imbriquées, cartilagineuses, ter- minées par une épine ailée ou épineuse sur ses côtés. Le ré- ceptacle est garni de soies roides ou de paillettes. Les semen- ces ont des aigrettes ordinairement simples. Chausse-trape étoilée , ou Chardon étoile , Centaurea ralcitropa, Linnaeus. Cette plante indigène et annuelle , qu'on trouve fréquemment dans les champs et le long des che- mins , a été, dit-on, appelée ainsi, parce que son calice fleuri ressemble aux chausse- trapes de guerre. Elle a des tiges anguleuses , branchues et épineuses , des feuilles sessiles , molles et verdâtres ; les latérales étroites , linéaires , ailées et dentées; les radicales en lyre , avec un lobe terminal élargi et aussi denté ; des fleurs purpurines , quelquefois blanches ^ placées aux extrémités des rameaux. Cette plante fleurit en juin et juillet. Elle est diurétique , vulnéraire et fébrifuge. Ses feuilles sont amères, et sa racine a une saveur douce. Les Juifs en enfiployoient les feuilles pour assaisonner l'agneau pascal; on en mange encore en Egypte les jeunes pousses. Les enfans mangent eu France les réceptacles de ses fleux-s avant ï36 C II A l'épanouissement de ces dernières , sous le nom àe petit arti- ■chaut sauoage. ChAUSSE-TRAPE SUDORIFIQUE OU ChaRDON BÉNIT, 6>«- taurea benedlda , Linn. Les larges hraclées qui environneîit ses fleurs, distinguent cette espèce de toutes les autres. C'est une plante annuelle , très-connue par l'usage qu'on en fait en médecine. Elle est originaire d'Espagne , et croît aussi au midi de la France et dans les îles de l'Archipel. On la cultive dans les jardins. Ses feuilles inférieures sont sinuées , et pres- que découpées comme celles du pissenlit ; les supérieures sont oblongucs , dentées, velues, d'un vert clair, traversées par une nervure blanche, et à peine adhérentes à la tige; des épines molles et courtes terminent les dents de ces feuilles, (d.) CHAU-TU. Nom que les Cocliinchinois donnent à une espèce d'orange douce, et à pulpe vésiculeuse, qui croît aux environs de Canton en Chine, où elle est connue sous le nom de CaUT-su , citnis margarila, Lour. (ln.) CHAUVE-SOURIS. C'est le nom commun de tous les mammifères qui ont la propriété de s'élever dans l'air , au moyen de grandes ailesformées par des membranes étendues entre leurs doigts excessivement allongés. Dans les méthodes il a été remplacé par celui de Ciiéiuoptères. V. ce mot. CHAUVE-SOURIS BARRASTELLE. V. Oreil- lards, (l.) CHAUVE-SOURIS BEC DE LIÈVRE. Vesp. hpo- rinus. V. NocTiLio?!. • CHAUVE-SOURIS CAMPAGNOL VOLANT, r. Nyct-ère. CHAUVE-SOURIS CÉPHALO TE. T. Céphalote. CHAUVE-SOURIS COMMUNE. V. Vespertilion. CHAUVE-SOURIS CORNUE ou VAMPYRE. V. Phyllostome. CilAUVE-SOURIS DE L\ GUYANE. V. Molosse. CHAUVF.-<^Or ' IS F? R A CHEVAL. r.RmTsOLOPiiE. CHAUVE SOURIS FER DE LANCE. V, Phyllos- TOME. CHAUVE-SOURIS (crx>de) FER DE LANCE DE LA GUYANE. V. Phyllostome. CHaUVE-SOURIS FETJILLE. V. Mégaderme. CHAUVE-SOURIS KIRIWOULA. T. Vespertilion. CHAUVE-SOURIS (grvnde) SERROTINE DE LA GUYANE. V. VESPi tlion. CHAUVE-SOU. ^EROT VOLANT. F. Tapiiien. chauve-sour iarmotte volante. V. VESPERTiL10>\ CHAUVE-SOUR] ULOTVOLANT.r. Molosse, C H A xS; CHAUVE-SOURIS MUSARAIGNE. F. Phyilos- i'OME. CHAUVE-SOURIS MUSCARDIN VOLANT. F. Vespertilion. CHAUVE-SOURIS NOCTULE. F. Vespertilion. CHAUVE-SOURIS OREILLARD. F. Oreillards. CHAUVE-SOURIS PIPISTRELLE. V. Vesperti- lion. CHAUVE-SOURIS RAT VOLANT. F. Myoptèrf. CHAUVE-SOURIS SERROTINE. T. Vespertilion. CHAUVE-SOURIS DE TERNATE. F. Vesperti- lion. (desm.) CHAUVE-SOURIS. Nom d'un poisson du genre Lophie. On appelle aussi quelquefois de ce nom la Mourine , laïa aquila^ Linn. (b.) CHALTX, (Terre calcaire, Oxyde de Cal- cium) aussi nommée chaux vwe dans les arts. Dans l'an- cien langage chimique , on donnoit encore le nom de chaux aux sul)stances que nous nommons aujourd'hui des oxydes métalliques , parce que la plupart ctoient obtenues à l'aide de la chaleur, el par la calcinalion des métaux qui les fournissent. De même on disoit en minéralogie , Chaux d antimoine ^ d'arsenic, de bismuth ^de cobalt^ decuik^re^ etc. ( F. ces mots. ) La chaux , considérée comme un corps simple jusqu'à la découverte du potassium el du sodium^ est connue dès la plus haute antiquité , et joue un rôle très-im- portant dans la nature. On ne l'y rencontre cependant pas à Tétat de pureté ; du moins est-il fort douteux qu'elle ait jamais été trouvée sous cet état. F. Chaux native. Elle est toujours mélangée ou combinée avec d'autres corps , surtout avec des acides , et notamment avec les acides carbonique et sulfurique. Les minéraux connus vulgairement sous les noms de marbres , de pierres et de terres calcaires , de stalactites , de craie , de spath calcaire , etc. , sont des combinaisons de chaux et d'acide carbonique. Ils contiennent environ 4^ pour loo de leur poids de ce dernier principe. Quand on les calcine , ils deviennent caustiques, et formeitf ce qu'où appelle de la chaux vive ; celte calcinalion, suivant l'opi- nion actuellement reçue , a pour objet d'enlever à la chaux son acide carbonique el son eau de cristallisation ■ de sor'te que sur cent livres de pierre calcaire ou carbonate , de chaux ordinaire , il ne reste que cinquante-cinq livres ' environ de chaux vive et caustique. i3S ^ C H A Dans cet état , elle absorbe l'eau avec la plus grande avidilé , et il se fait alors un dégagement prodigieux de ca- lorique ; si on ne Tarrose que peu à peu avec de Teau , elle paroît rouge dans l'obscurité , et u»et le feu aux corps combustibles avec lesquels elle se trouve en contact. La chaux caustique est tant soit peu soluble dans l'eau ; mais pour dissoudre une partie de chaux , il faut six cents parties d eau , c'est ce qu'on appelle eau de chaux, qui est un fort bon réactif pour connoitrc la quantité d acide car- bonique contenue dans une eau gazeuze ou acidulé ; elle se combine sur-le-champ avec cet acide , elle devient par-là terre calcaire régénérée , et se précipite sous la forme de carbonate de chaux pulvérulent ; la quantité de ce précipité indique avec précision celle de 1 acide carbonique contenu dans Teau minérale , puisqu'on sait que la chaux en prend les -"o^ de son poids. M. (iay-Lussac avoit reconnu, en 1807 , en opérant la décomposition du chlorure de calcium ( muriate oxygéné de ehaux), par la pile de Volta, que la chaux cristallisoit , en prisu)es hexaèdres réguliers. Il est parvenu plus récem- ment à obtenir de semblables cristaux de Tévaporation de l'eau de chaux , en plaçant sous un récipient de verre , une capsule renfermant de leau de chaux , et près d'elle un vase contenant de l acide sulfurique concentré, que l'on renou- velle et qui absorbe l humidité surabondante. « Ces cristaux, dit-il, sont transparens et se divisent, avec la plus grande netteté , parallèlement à leurs bases , en lames hexaèdres, présentant quelquefois , lorsqu'on les brise, des fraginens rhoinboïdaux : ils conservent à l'air leur trans- parence pelidant plusieurs jours ; mais ils finissent par se changer en carbonate de chaux. » Us sont composés d'en- viron 89 parties de chaux et de 11 d'eau, et peuvent être considérés comme un hydrate , ou mieux un hydroxure de chaux. La chaux vive absorbe , pour s'éteindre , cette même quantité d'eau. ( Ann. de Ch. L i , p. 334 » 18 15.) La dissolution de chaux évaporée avec le contact de l'air, ne fournit pas de cristaux , mais de simples pellicules de carbonate de chaux , ducs à l'absorption rapide de l'acide carbonique de l'atmosphère. La chaux caustique se dissout sans effervescence dans les acides, mais avec un dégagement de calorique plus ou moins considérable, suivant 1 acide qu'on emploie. • Elle forme avec eux des sels poiu- la plupart insolubles ; le muriate de chaux fait exception , car il est même déli- quescent. c n A ,39 Elle se combine avec le phosphore , le soufre, verdit le sirop de violettes , etc. V. la Chimie de Thénard. Tant qu'elle est pure , elle est absolument infusible , même avec le secours d'un courant de gaz oxygène ; mais elle se vitrifie dès qu'on y joint d'autres terres, ou qu'on la com- bine avec certains acides. L'usage le plus général et le plus important de la chaux caustique, est de servir à former le mortier qu'on emploie aux constructions, en la mêlant avec du sable ; on en fait aussi différens cimens , en y ajoutant , soit de la brique pilce, soit de la pouzzolane ou autres matières qui contiennent de Targile cuite, et surtout de l'oxyde de fer ou de manganèse, qui sont les agens les plus propres à opérer la cohésion des substances terreuses. L'un des plus excellens cimens modernes, et qui approche beaucoup de celui des anciens, c'est le ciment de Loriot, qui se fait de la manière suivante : On môle ensemble deux parties de chaux anciennement éteinte, deux ^parties de sable de rivière qui ne soit point terreux , une partie de brique pilée et passée au sas ; on fait du tout un mortier clair , et à mesure qu'on travaille, on y ajoute, dans l'auge même, une partie de chaux vive en poudre, la plus récente qu'il est possible, et l'on a soin de la gâcher bien également dans le mortier. C'est principalement dans l'addition de cette chaux vive , que consiste le secret ; elle absorbe subitement Teau super- flue , et il s'opère sur-le-champ une cristallisation confuse de toute la masse , qui se trouve plus sèche au bout de deux jours , qu'un mortier ordinaire ne Test après plusieurs mois. On extrait la chaux vive , si communément employée dans les arts , de différentes sortes de chaux carbonatées qui por- tent alors le nom de pierres à chaux. Les diverses variétés de ce minéral ne sont pas toutes également propres à fournir de bonne chaux par la calci- nation. La meilleure , sans contredit, seroit le marbre blanc; mais il est trop rare dans nos contrées pour y être appli- qué à cet usage. Elle est d'ailleurs presque complètement remplacée à cet égard , par la chaux carbonatée compacte grise. La chaux que Ion estime le plus à Paris , vient des environs de Senlis et de Champigny , de Corbeil, d'Es- sones , etc. On fait encore d'excellente chaux avec des co- quilles , comme en Hollande, et avec des polypiers pierreux ou madrépores , dans plusieurs îles de l'Afrique. Les ouvriers qui emjjloient la chaux en distinguent deux espèces , auxquelles ils 'donnent les noms de chaux grasse et de chaux, maigre. La première , après avoir été calcinée ; i/,o C H A c'est-à-dire , réduite en poudre, soil par Texposition à rair, soit qu'elle ait été éteinte par immersion, occupe un volume double de celui qu elle avoit auparavant, et ne laisse pres- que aucun résidu après sa dissolution. Elle entre dans la fabrication àes mortiers communs , pour les ouvrages ex- posés à l'eau , dans la proportion de deux parties sur une de sable. La seconde , ou la chaux maigre , n'augmente après V'un- merslon que du quart ou du tiers, et tout au plus de la moitié de son volume. Elle exige un excès de chaux dans la compo- sition des mortiers ordinaires , où elle entre avec le sable y pour les travaux sous l'eau, dans la proportion de 2 à 4- par- ties. Sa dissolution est incomplète. On a remarqué aussi que les pierres à chaux qui fournissent cette dernière qualité , demandent, pour leur calcinalion, un temps double de celui qui suffit pour les pierres calcaires à chaux grasse. Une remarque très-importante a été faite par les ouvriers et confirmée par des expériences directes , c'est que l'eau fa- cilite la calcination de la chaux. Les pierres récemment ex- traites de la carrière , se calcinent mieux que celles qui en ont été extraites depuis long-temps ; Ton est même obligé d"arroser ces dernières avant de les faire cuire. Douze à .quinze heures suffisent ordinairement pour cette opération. La masse entière soumise à l'action du calorique , doit être amenée au rouge blanc, et la flamme qui sort par le haut du fourneau , avoir une couleur claire. Les marbres , la pierre calcaire compacte, les madrépores et les coquilles fournissent de la chaux grasse ; les pierres calcaires grenues ou tufacées , les marnes calcaires , et en général les variétés dii chaux carbonatée qui ne Se dissolvent pas en entier dans les acides, donnent de la chaux maigre. 11 faut chauffer un peu moins que les autres , les pierres à chaux qui contiennent de la silice , dans la crainte de brûler la chaux, c'est-à-dire, d'opérer sa combinaison avec la silice; car alors elle ne s'éteindroit pas dans Tèau et ne pourroit servir aux constructions. Certaines pierres calcaires", mélangées de silice et d'ar- gile , après avoir été calcinées , donnent sans aucun mélange un ciuient solide et imperméable. Telle est celle qui se trouve aux environs de Boulogne-sur-Mer, et qui a été dé- crite par M. Lesage , sous le nom de plàtre-ciment. V. le t. 12 du Journal des Mines, et CnAUX CARBONATÉE CALP. La présence du manganèse a encore été regardée comme favorable à la bonne qualité de la chaux , suivant Bergman et Guylou. r. H A .4, Quant à la fabrication, ou, comme on dit , la cuisson de la chaux , on Topère avec le bois , le charbon de terre ou la tourbe, dans des appareils appropriés à cet usage, que l'on nomme fours ^ et dont la construction varie d'après la nature ducombustibie. Ce sont ordinairement des ellipsoïdes ou des cônes réservés dans un massif de maçonnerie en forme de cyliudre. La forme que Ton doit donner aux four» à chaux, n'est nidlement indifférente, et a occupé des éco- nomistes célèbres , au nombre desquels on compte lord Stanhope et le comte de Rumford ; le fourneau inventé par ce dernier est à la fois un des plus commodes et des moins dispendieux. Il offre particulièrement ce grand avantage, que l'on peut en retirer, par le bas, la portion de chaux qui est cuite, tandis qu'on le charge, par le haut, d'une quantité équivalente de pierre non calcinée, et qu'ainsi il peut être constamment entretenu ; ce qui offre une grande économie pour le combustible. Dans les fours à chaux ordinaires, on laisse entièrement éteindre le feu et refroidir le tout avant d'en retirer la chaux ; ce qui occasionne à la fois une grande perte de temps et de calorique. U Art du chaufournier est décrit dans la collection des Arts et Métiers , publiée par l'Académie ; nous y renvoyons ceux qui désireroient de plus grands détails à ce sujet. Ils pourront encore consulter avec fruit V Encyclopédie mélhodique et les Mémoires insérés dans les n."* 74, jj et 100 du Bulletin de la Société d'Encouragement. M. Sage a publié sur cette matière, il y a quelques an- nées, un mémoire très-curieux, dans lequel il dit que la meilleure manière de préparer un mortier solide , propre à toutes les constructions, et qui ne se délaye pas dans leau, c'est d'employer à sa confection de la chaux éteinte par immersion, et simplement yî/^e'g, que l'on conserve à l'abri du contact de l'air, si on ne veut pas l'employer de suite, et que l'on mêle après avec trois parties de sable, ou de pouzzolane, suivant le lieu, en y ajoutant assez d'eau pour former du tout une pâte molle , susceptible d'être maniée et employée comme à l'ordinaire. La chaux vive éteinte dans une grande quantité d'eau, et délayée comme on le fait communément, ne donne pas, suivant le même chimiste, des mortiers aussi durables. Ce savant a réussi à composer un stuc plus solide que le stuc ordinaire, eu combinant ensemble deux parties de chaux vive , éteinte par immersion, avec trois parties de craie très-fine, ou blanc d'Espagne, le tout délayé dans assez d'eau pour former une bouillie claire. Il s'est servi de ce mélange, auquel il donne le nom de marrnoriUo, ou de pierre calcaire régénérée par ,42 C H A le concours de l'eau, pour mouler des médailles et de petits bas-reliefs, qui venoient très-bien. La préparation des mortiers ou cimens a , dans tous les temps, attiré Tatlenlion des grands architectes. \'itruve en parle fort en détail, et, dans les temps modernes, M. de la Faye, Loriot, Bergman et Guyton s'en sont également oc- cupés. La solidité des édifices anciens paroît dépendre du choix de la chaux et du soin avec lequel on gâchoit les mortiers. L'ingénieux et liardi constructeur du fanal d'Edystone(i) , M. Smeaton , y a apporté une attention toute particulière. Le mortier qu'il a employé à la construction de son étonnant édifice, étoit un composé de deux parties de chaux maigre, en volume, sur trois de sable bien pur, et une de trass. Nous voyons , par ces divers exemples , que l'on peut com- poser des mortiers également bons, dans des proportions assez différentes , et qu'il n'y a rien de fixe à cet égard. L'emploi qu'on en doit faire, d'ailleurs, pour des construc- tions ordinaires, ou pour des travaux sous l'eau, détermine encore de nouvelles variations, qui sont, en outre, causées aussi par la qualité de la chaux elle-même. On donne le nom de béton au mortier solide destiné à être employé sous l'eau. Ne pouvant entrer ici dans de plus grands détails à ce sujet , nous recommandons à l'attention de nos lecteurs le Mémoire publié par M. Daudin , ingénieur en chef des Ponts et Chaus- sées , sous le titre à" Examen analytique des cnrhonaies de rhaii.v grasses et maigres^ etc., au Mans, en avril 1810. Nous lui avons emprunté quelques-uns des faits rapportés plus haut. La chaux est aussi employée en agriculture et dans lé- conomie domestique. On s'en sert pour enlever l'acide car- bonique à la potasse et à la soude du commerce , et les rendre propres à entrer dans la composition du savon. Elle augmente la causticité des lessives et leur action sur le linge. On l'em- ploie dans les laboratoires, pour décomposer le muriale d'ammoniaque , afin d'obtenir l'alcali volatil, etc., etc. Cer- tains peuples de l'x^mériqne et de l'Inde, et les habitans des îles de la mer du Sud, la font entrer dans la composition de diverses préparations qu'ils mâchent avec délices. C'est par son moyen qu'on enlève les poils des peaux que l'on destine à être tannées ou mégissées; qu'on anéantit la cause de la carie ou du charbon dans les céréales ; qu'on assainit les lieux dont (1) Voyez relativement à son histoire et aux détails (le sa coiisfruc- tien et des soins infinis qu'il a fallu prendre pour en e'tablir les assises, pour prole'ger les ouvriers contre la fureur des flots, etc. , l'intéres- sant ouvrage publié à ce sujet par M. Smealon lui-même en' 1797, ou l'analyse qui en a été' faite dans la Bi&lïo/àèçae èritannfque , t. i. C II A ,43 l'air est vicié par l'acide carbonique, comme les hôpitaux, les prisons, les écuries trop basses ou trop peuplées; que Ton désinfecte les latrines qui exhalent une odeur forte, etc., etc. Les anciens s'en servoient pour amender les terres. Olivier de Serres , le père de notre agriculture , en recommande l'emploi. Les fermiers anglais en font un grand usage; ceux de France , beaucoup moins. Elle est particulièrement utile dans les terres argileuses ou sablonneuses, et dans les landes ou terrains à bruyère sur lesquels on la répand dans la proportion d'environ cent livres par perche carrée. IM. Bosc pense qu'on obtiendroit des résultats avantageux de son emploi pour les vignes plan- tées aux environs de Paris. En général, elle paroît conve- nir surtout dans les pays froids et humides, car on ne s'en sert pas dans les pays méridionaux. Une observation très-importante , relative à l'agriculture, c'est de ne pas employer de chaux provenant de la calcina- tionde pierres calcaréo-magnésiennes, M. Smithson-TennanI ayant observé que des terres amendées avec de semblable chaux, près de Duncaster et de Derby, en Angleterre, avoient été frappées de stérilité pendant plusieurs années. Forez le Dictionnaire d'agriculture^ publié par Detendlle , en 1800. Les combinaisons naturelles de la chaux sont assez nom- breuses , mais non pas également abondantes. Deux d'entre elles seulement forment de grandes masses à la surface de notre globe, la première surtout: ce sont, la chaux carha- natée et la chaux, sulfatée. Elles composent un genre dans la méthode minéralogique , auquel appartiennent les substances connues vulgairement sous les noms de spath calcaire, de mar- bres, de pierres calcaires, de craie., de g}'pse et de pierre à plâtre, de spath fluor , à'apatile, etc. Voyez plus bas. Le Schèelin calcaire est aussi une combinaison de cette subs- tance terreuse avec l'acide schéelique ; nous en parlerons eu traitant de ce métal. V. Schèelin calcaire. Chaux aérée. Bergman et Deborn nomment ainsi le carbonate calcaire. V. Chaux CARBONATES. CHAUX ANHYDRO- SULFATÉE, Haiiy. ( Chaux sulfatine, Brongniart ; Chaux sulfatée, Bardiglione , Bour- non ; JViiifelspath et Muriacit., Anhydiii., Werner. ) Le nom de Chaux anhydro-sulfaiée , que porte cette espèce particulière du genre Chaux, indique l'absence de l'eau dans sa composition ; nous verrons bientôt que la privation de ce principe lui donne des propriétés tout-à- fait différentes de celles de la Chaux sulfatée ordinaire. M. le comte de Bour- non, pour indiquer .cette disùnclion, nomme simplement xU <^ H À Chaux sulfatée ou hardtgllone, la Chaux anhydro-sulfatêe , et Chaux hydro-sulfatée , ce que nous nommons communément Chaux sulfatée ou gy/JS*;. On peut encore aJopler, pour abréger, le nom à'anhy- driiCy que lui donnent les minéralogistes étrangers, Werner, Jameson , etc. Ce minéral est plus dur que la chaux carbonatée com- pacte, et, à plus forte raiscfn , que la chaux sulfatée ordi- naire, qui est rayée par l'ongle. Il est aussi plus pesant que cette dernière; sa pesanteur spécifique est 2,964., dans l'état de pureté : il possède la double réfraction à un haut degré. Selon M. Haiiy , Tanhydrite a pour forme primitive, un prisme droit à bases rectangles, divisible diagonaleraent par des plans qui font entre eux des angles de 100° 8">, et 79 " 56 '" , et dans lequel le rapport entre les côtés de ia base est à peu près celui de 16 à i3. Ses couleurs varient peu; elle est ordinairement blanchâtre ou grisâtre : on en rencontre aussi de violette et de bleue. L'eau en dissout à peine un cinq centième de son poids. Si on l'expose à l'action du feu, sur un charbon allumé, elle ïic blanchit pas , ni ne s'exfolie , comme le fait la chaux sul- fatée ordinaire. Suivant M. \auquelin, la chaux anhydro-sulfatée lami- naire contient pour 100 parties: chaux, 4-0 ; acide sulfurique , 60; résultat qui s'éloigne très-peu de ceux qui ont été obte- nus par MM. Klaproth et Bertliier , mais qui diffère assez de celui de M. Chencvix , d'après lequel ce seroit , pour ainsi dire, rinverse; car 100 parties devroient renfer- mer 55,12 de chaux et 44^88 d'acide sulfurique. (K. le Jouni. des Min., t. i^, pag. 4.20.) Nous n'avons eu occasion de voir qu'un petit nombre des variétés de cette substance , qu'il est très-rare de rencon- trer sous des formes cristallines nettement prononcées; il en existe huit de ces dernières, d'après M. de Bournon ( Voyez le catalogue de sa collection ) ; les plus communes sont les variétés primitive et périoctaèdre , qui se trouvent dans les salines du Tyrol, La chaux anhydro - sulfatée laminaire limpide , et plus ordinairement nuancée de violet, est assez commune dans les collections, et vient du même pays. Elle contient souvent une certaine quantité de soude muriatée. La variété lamellaire, qui présente aussi fréquemment cet accident, est dune couleur grise, et ressemble, au premier aspect, à certains marbres que l'on a nommés salins à cause de leur grain : c'est elle que M. V\"erner désigne particuliè— remeni sous le nom <ï anhrdri'.e : elle abonde d-niis les Alpes. CHA ,,5 On en trouve de fibreuse et de radiée^ d'une couleur rouge de brique , en Espagne et dans le Tyrol. La plus intéressante des variétés, sous le rapport des arts, est celle qui vient de Sulz, sur le Necker, dans le royaume de M~urleniberg. Elle est compacte ou sub-lamellaire ^ demi- Iransparente et d'une belle couleur bleue claire. On en fait des vases et autres objets d'ornement. Une autre variété très-remarquable , de la même subs- tance , est celle qui est connue sous le nom de pierre de tripes ou d'intestins, parles mineurs, et que de Born regardoit comme de la baryte sulfatée ; il l'a nommée baryte compacte, stalactique tortillée en zigzag : c'est la chaux anhydro-sul- fatée concrétionnée- contournée de M. Haiiy. Elle est blanche et se trouve dans l'argile , à Wieliczka en Pologne. La chaux anhydro-sulfatée occupe un rang parmi les es- pèces minérales qui forment des roches. Elle se trouve en couches subordonnées , ou en veines, dans les montagnes stratiformes , avec la chaux sulfatée ordinaire , l'argile et la soude muriatée. On la rencontre aussi, mais beaucoup plus rarement, dans les veines métallifères. Elle est très -abon- dante dans la Tarentaise et la Maurienne, et à Pesey , en Savoie. Celle de Gebrulatz, aux AUues, renftrhie du soufre : elle est employée comme marbre, à Vizille et à Vaujany, département de l'Isère {Héi-icart-de-Thury.). Le roc salé, d'Arbonne, près de Saint-Maurice , dans la Tarentaise, en est entièrement composé. Enfin, c'est dans une masse énorme de chaux anhydro-sulfatée lamellaire , qu'ont été percées ces longues galeries par lesquelles on a été à la recherche des sources salées, aux environs de l'Aigle, dans le canton de \aud, en Suisse. Elle accompagne le plomb sulfuré, et la chaux sulfatée épigène ( Voyez ce mot ) , dans la mine de Pesey; et a été observée avec l'amphibole et le cuivre pyriteux en Suède. ( Bounion. ) Les variétés laminaire et lamellaire sont presque toujours imprégnées de soude muriatée : la dernière est, de plus, quelquefois fétide. Voyez ci-après. Chaux ATS HYDRO-suLFATÉE MURIATIFÈRE ; Soude muriatée gypsijère du Traité ; Chaux sulfatine spathique , Brongniart ; Wiirfelspath et Muriacit^ W erner. Cette sous-espèce ne diffère de l'anhydrite par aucun de ses caractères essentiels ; seulement, comme son nom l'indi- que , elle est imprégnée d'une quantité notable de soude muriatée , 'qui lui communique sa saveur particulière. On l'a trouvée d'abord dans l'argile des salines de Hall, en Tyrol, et depuis, à Ischel , en Haute-Autriche, à Bex et ailleurs. VI. 10 ,46 C H A Chaux anhydro-sulfatée QUARZIFÈre; Chaux sulfatée quarzifère du Traité ; Chaux suljatine quarùfère^ Brongniarl ; Pieire de Vulpino^ Fleuriau; Vulpinit ^ Werner. La connoissance de cette sous-espèce est due à M. Fleu- riau-de-Bellevue , qui en a donné la description et indiqué \q& caractères, dans le Journal des Mines, t. 6 , p. 8o5 et suiv. Elle se trouve à Vulpino, à quinze lieues au nord de Bergame : on l'emploie, à Milan, à faire des tables et des revêtemens de cheminée; elle y est connue sous le nom de marbre hardiglio de Bergame. On l'extrait en blocs assez con- sidérables. Sa pesanteur spécifique est de 2,8685, et sa couleur, le blanc grisâtre uniforme, ou veiné de gris bleuâtre. Elle a un tissu grano-lamelleux , et est susceptible de re- cevoir un beau poli ; sa dureté est à peu près égale à celle du marbre. Réduite en poudre et projetée sur un fer rouge , elle est unpeuphosphorescente ; enfin elle se fond, avec une grande facilité , au chalumeau, en une fritte blanche et opa- que , et forme un verre transparent avec le borax. ICO parties contiennent, d'après l'analyse de M. Vauque- lln : chaux sulïatée anhydre , 92 ; silice, 8. Suivant Jameson, elle accompagne la pierre calcaire gra- nulaire feuilletée , et est quelquefois associée avec le quarz, et accidentellement avec le soufre. Chaux argileuse. Carbonate de chaux uni à une propor- tion considérable d'argile. V. MartsE. CHAUX ARSENIATEE, PharmacolÙhe, Karsten; Ar- senikblulhe, Wevner. Ce minéral, qui est fort rare, est suffisamment caractérisé par son Insolubilité dans l'eau, et par l'odeur d'ail qu'il exhale par l'action du chalumeau. L'acjide nitrique le dissout sans effervescence. Sapesanteur spécifique est de 2,536. Sui- vant Patrin,dans une variété du Furtemberg, elle est de 2,64.. Il est tendre et d'un blanc mat; l'intérieur de ses mame- lons est légèrement nacré et strié du centre à la circonfé- rence. La couleur rose qu'ils présentent quelquefois, est due au cobalt arseniaté. M. Selb, directeur et conseiller des Mines du duché de Bade, à qui Ton doit la découverte de cette substance, que M. Karsien a nommée phamiacolilhe ou pierre empoisonnée^ en distingue trois variétés. Il nomme la première : Ph. vitreuse; la seconde. Pli. fibreuse; et la troisième, Ph. terreuse. Le Cabinet d'Histoire Naturelle lui est redevable des beaux morceaux qu'il renferme. 100 parties de chaux arsenialée de Wittlchen renferment: c n A ,^^ chaux, 28; acide arsenlque , 4^7,54; eau, 24,46. (Klaproih.) La chaux arseniatée a clé trouvée d'abord à Witticheu, dans la principauté de Furslcmberg, duché de Bade, sur un granité à gros grains , dans un filon de la mine de Sainte- Sophie. Elle y est accompagnée de baryte sulfatée, de quarz et de cobalt arsenical et arseniaté. On l'a rencontrée depuis à Andreasberg au Hartz, à fliegelsdorf et à Glucksbrunn en Thuringe, {Jameson.') On en a reconnu aussi dans des minéraux, qui venoient de Sainle-Marie-aux-Mines. Il accompagne Tarscnic natif bacil- laire, (pat.) Chaux d'arsemic, V. Arsenic oxydé, tom. 2, pag. 56o. CiiAux ou Ocre de bismuth. V. Bismuth oxydé. Chaux boraciqueouboratée, Borate calcaire. Noms donnés anciennement à Xat^ Magnésie boratée ^ que l'on croyoit composée de chaux et diacide boraciquc. Voyez Magnésie BORATÉE. Qhaux bitumineuse, DeBorn. Fb/e^ Chaux carbonatée BITUMINIFÈRE. CHAUX BORATÉE SILICEUSE ou DATHO- LITHE. Da//?o//VAe , Esmark, Werneret, Karsten ; Chaux datholile, Brongniart. Ce minéral n'appartient pas au genre Chaux, mais il forme le type d'un genre particulier du même ordre , dont la base est double : Chaux et Silice. Il n'est connu que depuis l'année 1806, époque de sa dé- couverte par M. Êsmark, savant minéralogiste de l'école de Werncr, et depuis lors il a été le sujet des observalions de MM. Klaprotb , Vauquelin et Haiiy. On en reconnoît deux variétés principales dont les étrangers font deux espèces, sous les noms de Datholilhe et de Botryolithe. Le datholilhe est d'une couleur blanchâtre , plus ou moins mêlée de vert. Sa pesanteur spécifique est 2,980, et sa du- reté un peu moindre que celle du feldspath. Il se trouve ordinairement en masses composées de gros grains accolés les uns contre les autres, et dont la surface n'a qu'un très-foible éclat. Sa cassure est vilreuse, imparfaite- ment conchoïde , et d'un éclat un peu gras ; quelquefois il est cristallisé. Il a pour forme primitive i d'après M. Hauy, un prisme droit à bases rhombes de 109" 28' et 70" 82', dans lequel l'un des cotés de la base est à la hauteur , à peu près comme i5 est à 16. Les joints naturels ne sont sensibles qu'à une vive lamièrc. (Journal def Mines ^ tora. 19, pag. 362.) Soumis à l'action du feu du chalumeau sur un charbon , le datholilhe commence par se boursoufiler, en devenant opa- que , et finit par donner, un globule vitreux transparent : ses î48 C H A fragmens exposés à la simple flamme d'une bougie , devien- nent d'un blanc mat, et faciles à pulvériser entre les doigts. Il est facilement attaqué par les acides , même étendus d'eau, qui le convertissent en une masse gélatineuse , trans- parente (^Vauquelhi). Sa dissolution évaporée à siccité , laisse un résidu qui, délayé dans l'alcool, lui communique la pro- priété de brûler avec une flamme verte (K/aproth). D'après les analyses de MM. Klaproth et Vauquelin , ce minéral est composé comme il suit : Klaproth. Silice 36,5 Acide borique 24,0 . Cbaux 35,5 . Eau 4,0 . Perte 0,0 . 100,0 La seule forme décrite par M. Haiiy , est un prisme droit décaèdre, dont deux angles solides opposés sur le contour de chaque base , sont remplacés par des facettes qui forment, par leur rencontre avec les faces latérales, deux pyramides quadrangulaires surbaissées : il l'a nommée se.vdécimale, d'a- près le nombre de ses faces. (Journal des Mines ^ cité.) ' La variété à gros grains se trouve en masses assez con- sidérables , dit M. Esmark , pour qu'on puisse placer cette substance au rang des roches. Suivant Jameson , elle est associée à la chaux carbonatée grano-lamellaire, et plus rarement à la, chaux fluatée, d'un violet bleuâtre ; quelque- fois aussi à la préhnite vert-pomme, avec laquelle on la rencontre en veines dans un schiste micacé , subordonné au gneiss, à Arendal, en Norwége. Elle a aussi été trouvée en petites veines dans le Grunstein, sur le Geisalpe, près de Sonihoîcn {Mineralogy, tom. 2 , pag. 259). Le Botryolàhe de Haussmann, qui n'est qu'une variété con- crétionnée-mamelonnée àe chaux boratée siliceuse, est sous la forme de petites grappes, d'un gris de perle, ou jaunâtres, ou d'un rose pâle , dont la cassure est écailleuse et le tissu fibreux, et à couches concentriques. Cette variété a d'abord été décrite par M. Abilgaard de Copenhague , sous le nom de ZeoUlhe semi-granulaire ; mais depais lors, MM. Gahn et Haussmann, ont prouvé qu'elle étoit composée de chaux, de silice et d'acide boracique. Elle se comporte au chalumeau et dans les acides, comme le da- tholithe , et doit lui être réunie. Elle contient, sur 100 parUes, suivant l'analyse de Kla- C H A ,^jj proth : silice, 36; chaux, 39,5; acide boracique, i3,5 ; fer oxydé, 1 ; eau, 6,5. On la trouve dans la mine de Kjcnlie, près d'Arendal , avec le quarz commun , le pyroxène , le spath calcaire , le fer sulfuré el le fer oxydulé, en veine dans le gneiss. Les échantillons de chaux boratée siliceuse sont encore assez rares dans les collections de la capitale, (luc.) CHAUX Cx\RBONATÉE (Carbo>ate calcaire des Chimistes). S'il est une substance minérale qui doive l'em- porter sur les autres par l'intérêt que son étude inspire, par î'imporlance des considérations dont elle est l'objet , soit que l'on se borne à l'examen des formes variées qu'elle présente , soit que Ton s'occupe de déterminer son origine et les di- verses époques de sa formation ; c'est sans contredit la chaux carbonatée. La facilité avec laquelle ses cristaux se divisent mécaniquement, a fourni les moyens de soumettre au calcul les lois suivant lesquelles ils se forment , et d'expliquer les énigmes que présentent leurs nombreuses variétés. C'est elle qui a donné naissance à la cristallographie^ surlaquelle se fonde aujourd'hui la science minéralogique elle -même. « On chercheroit en vain dans tout le règne minéral , dit M. Haiiy , une espèce qui se prêtât davantage que celle-ci à une élude approfondie de la cristallisation. Abondance de cristaux, diversité de formes, netteté des coupes qui résultent de la division mécanique ; tout se réunit pour offrir en même temps au naturaliste un but digne de son intérêt , et des moyens propres à seconder ses efforts pour y atteindre. Mais ce qui est surtout digne d'attention dans la cristallisa- lion de la chaux carbonatée, ajoute plus bas le même savant , c'est la série de propriétés géométriques qui se développe , au moyen de la comparaison des formes originaires de cette substance , propriétés qui sont autant de résultats d'une géo- métrie qui paroîtroit mériter d'intéresser par elle-même , comme simple objet de spéculation, indépendamment de ses applications à des êtresréels.» Les considérations qu'elle offre au géologue sont également importantes. Tout concourt donc à lui assigner le rang qu'elle occupe dans la méthode miné- ralogique. C'est la première espèce , du deuxième ordre de la classe des Substances acidifères. V. le Tableau des Espèces, minérales , au mot Minéralogie. Les cristaux et les masses laminaires de chaux carbonatée sont le plus souvent d'une couleur blanchâtre et quelquefois limpides , ou jaunâtres ou rougeâtres , ou noirâtres. Ces dernières teintes sont presque toujours superficielles ou dues à des matières hétérogènes interposées, comme le fer et le bitume. Ils se divisent avec une grande facilité en rhom- i5ô C H A boïdesoblus, dont les angles plans sont de loiOetdcmietyS" et demi environ (i). C'est là le caractère essentiel de l'espèce : ce- lui qui la distingue de Van-agoitite , dont la composition est la même , mais qui ne présente pas cette forme , indépendam- ment de ce qu'il est plus dur , n'agit pas de même sur la lu- mière , etc. V. Arragonite. Les différentes variétés de chaux carbonatée qui n'affectentpasde formes déterminables se re- connoissent ordinairement à l'effervescence plus ou moins vive qu'elles font en se dissolvant dans l'acide nitrique , ou lorsqu'on en verse quelques gouttes sur leur surface , et par la propriété de donner de la chaux vive à l'aide de la caïci- nalion ; facultés qui leur sont communes avec les cristaux et les masses lai ' ' spath calcaire. Sa pesanteur spécifique varie de 2,3 à 2,8; elle est un peu plus folble que celle de l'arragonite ; sa dureté est aussi moins grande que celle de la chaux fluatée, mais supérieure à celle de la chaux sulfatée. Sa réfraction est double à un de- gré très-marqué , même à travers deux faces parallèles , pourvu que ces mômes faces ne soient pas situées perpendi- culairement à l'axe du rhomboïde primitif, comme cela au- roit lieu en regardant à travers les deux bases d'un prisme hexaèdre régulier ; car dans ce cas l'image observée paroît simple. Le caractère de la double image est très-facile à ob- server dans la variété de spath calcaire rhomhdidal ^ connue particulièrement sous le nom de spath d'Islande , et qui est rarement le produit d'une opération immédiate de la cristal- lisation , mais presque toujours celui de la division méca- nique d'une masse laminaire limpide de chaux carbonatée. V. plus bas. Les cristaux prismatiques de chaux carbonatée'se cassent, (i) Suivant M. Wollaston qui a mesuré de nouveau les angles du rhomboïde de la chaux carbonatée limpide, dite spath d'Ilande, et sui- vant M. Malus qui a fait de la même substance le sujet de reclierches très-intéressantes, et qui ontouverfune nouvelle route aux physiciens, relativement aux lois que suit la lumière polarisée , en se réfléchissant on se réfractant à la surface ou dans l'intérieur des corps , le grand angle du rhomboïde primitif est de io5° 5' et non pas 104° a8', comme M. Haiiy l'avoit admis sur l'autorité de la Hîie. Ce résullat quitcndroità modifier les valeurs des angles secondaires , ne porte aucun préjudice réel à la théorie, dit M. Haiij , la correction dont il s'agit laissant intactes toutes les propriétés du rhomboïde, dont la plu- part se trouvent réalisées par la cristallisation. Voyez la note première de son Tableau comparatif , dans laquelle les conséquences qui peuvent être déduites de l'admission de ce nouveau résultat, sont examinées et discutées sous le double rapport de la géométrie et de la cristallisation, (luc.) ou plutôt se divisent transversalement, dans le sens d'un plan oblique à Taxe et qui présente une surface lisse et mi- roitante ; tandis que ceux de Tarragonite se brisent perpen- diculairement à leur axe , et offrent une cassure ondulée ou vitreuse. Certaines variétés sont phosphorescentes par l'injection de leur poussière sur des charbons ardens , surtout celles qui se rencontrent dans des filons coquillers (i5ozw7?on) ; d'au- tres manifestent cette propriété à l'aide du frottement. La chaux carbonalée est infusible sans addition , avec le contact de l'air ; mais sir James Hall a fait voir que si, par un moyen analogue à celui dune forte compression , on em- pêche le dégagement de son acide carbonique , elle fond et même cristallise par le refroidissement. Nous verrons par la suite quel parti on a tiré de cette observation et de plusieurs autres du même savant , sur l'action de la chaleur modifiée par la compression , pour la théorie des volcans. D'après les analyses, loo parties de chaux contiennent de 56 à 57 de chaux et 4-2 à 4-3 d'acide carbonique^ proportions semblables à celles de Vmragonite, dans certaines variétés duquel, il est vrai, on a trouvé de 2 à 4 centièmes de carbonate de strontiane. Mais comme elles n'en contiennent pas toutes ( suivant des analyses récentes qui n'ont été connues qu'après l'impression de l'article Arragonite dans ce Dictionnaire ), il faut encore renoncer à ce moyen d'opérer la division des deux substances , suffisamment distinguées d'ailleurs par la cristallographie. Tels sont les caractères qui conviennent à la chaux carbo- nalée proprement dite , ou ne renfermant pas de principes étrangers qui modifient d'une manière notable ses propriétés, comme cela a lieu dans les sous-espèces de cette substance , que nous examinerons à sa suite , et notamment pour la Chaux carhonatée magnesifère ou Do/omig , la Chaux carlonatee ferro-manganésifère ou Brmmspatfi , etc. Quant à la forme pri- mitive , elle est invariable , et la même pour ces divers mé- langes , dont on continue de faire autant d'espèces dans la plupart des ouvrages publiés chez l'étranger. Variétés de formes. Nous n'entreprendrons pas de dé- crire ici la quantité considérable de formes régulières et sus- ceptibles d'être déterminées géométriquement, dont les ob- servations des minéralogistes cristallographes ont enrichi la science depuis quelques années , et ce , par les motifs que nous avons énoncés (t. i , p. 4^2) en traitant de VamplUboley dune part , et de l'autre, parce qu'un pareil travail est au- dessus de nos forces. Ce n'est pas d'ailleurs dans un ouvrage de la nature de celui-ci que cette matière peut être traitée ,53 C H A avec limportance et les dëveloppemens qu'elle mérîle. On en sera convaincu quand on examinera dans quelle progres- sion rapide le nombre de ces variétés s'est accru , depuis quelques années seulement. Il étoit d'environ quarante dans la nouvelle édition de La Cristallographie de Romé-Delisle , publiée en 1788 ; M. Haiiy, dans son Traité de Minéralogie, qui a paru en 1801 , a porté ce nombre à quarante-sept^ et l'a augmenté depuis jusqu'à celui de cent cinquante. Enfin, M. le comte de Bournon , dans un savant ouvrage publié à Londres, en 1808, sous le titre de Traité complet de la chaux carhonalée et de Varragonite^y 3 vol. in-4..'', dont un de planches , en a décrit et figxiré près de sept cents. C'est à ces ouvrages qu il faut avoir recours pour se reconnoître au milieu de cette immense quantité de cristaux, tous originaires pourtant d'une même forme primitive , et que la Nature produit à l'aide de lois quelquefois très-simples. La méthode que M. de Bournon a suivie pour leur détermination, est différente de celle de M. Haiiy , qui Ta examinée et discutée dans un mémoire particulier , inséré dans le tom. 18 des Annales du Muséum d'Histoire Naturelle. Formes déterminahles. — \^ erner et la plupart des minéra- logistes étrangers , à son exemple , décrivent, sans leur donner de noms particuliers, environ trente de ces variétés qu'ils rap- portent à cinq formes principales, dont les autres ne sont que des modifications. Cet le méthode, qui peut à peine suffire quand on se borne, comme nous le faisons ici, à donner une idée de la figure des cristaux d'une substance, n'est nullement rigoureuse et ne sauroit être employée pour les décrire exactement; encore moins peut-elle remplacer la méthode ingénieuse et concise , inventée , à cet effet, par M. Haiiy. V. son Traité., tom. i , pag. 109 et suiv. Ces formes principales sont: \.° la pyramide à six faces ; 2.° le prisme à six faces ; 3.° la table àsix faces ; 1^..° la pyramide il trois faces ; S." V hexaèdre qui comprend les dioers rhomboïdes. Les pyramides ci trois faces simples sont des pointes ou som- mets de rhomboïdes , dont l'autre sommet ^t engagé dans une gangue , et les pyramides « trois faces doubles sont de vé- ritables rhomboïdes complets , qui sont quelquefois considé- rés comme des hexaèdres ou solides à six faces. Les pyramides àsix faces simples ne sont également que les sommets de dodécaèdres bi-pyramidaux , non réguliers, mais symétri- ques, etc. {V. Brochant., Minéralogie, tom. i , pag. 98 et 587.) M. Haiiy partage les diverses variétés de cette substance en trois groupes sous les désignations de formes détermina- blés., ou susceptibles d'être déterminées géométriquement, et figurées ou imitées en bois; à' indéterminables (géométri- C H A ,53 quement); telles sont les variétés granulaire, sacchardîde , compacte , teireuse , etc. ; et A'imitatioes ou ressemblant à des corps organisés ou autres , parmi lesquelles il comprend les pseudomorphoses qui se rattachent aux concrétions. Nous sui- vrons le même ordre en indiquant ou décrivant les princi- pales variétés de ce protée du Règne minéral. Chaux carbonatée cristallisée; spath calcaire, Kalkspatli, Werner; Spaethiger Kalkstein, Karsten; Calcaire cristallisé, Delamétherie ; Chaux carbonatée pure spathique, Bron- guiart. 1. Chaux carbonatée primitive; en rhomboïde obtus , semblable au primitif. K plus haut. Cette variété , qui est assez rare , se trouve dans la vallée de Chamouni , parmi les nombreux débris de roches que les glaciers charrient et auxquels on donne le nom de moraines; elle est accompagnée de cristaux de quarz-hyalin , tantôt limpides et tantôt souillés de talc chlorite, sur un schiste mi- cacé : il en vient également des environs d'vVllemont, dé- partement de risère; de ceux de Chàlonnes, département de Maine-et-Loire ; de Ratieborztiz en Bohème , et de Kons- Lerg en Norwége. Le spath calcaire rhomhoïdal, dit spath d'Islande et spath dou- blant {poppelspath des Allemands), n'est pas particulier à l'Is- lande; maison l'y trouve en masses limpides d'un volume con- sidérable , et notamment dans le \^estfiord, près du rivage de Breedefiord; dans la montagne de Tindastol , au nord de l'ile , et près de Helgestadt , district de Mule. Il existe à Mazac, paroisse de Saint-Alban , à une demi-lieue d'A- ïais , un rocher de cristal d'Islande, qui a la double réfrac- tion , et dont on orne à Montpellier les cascades ( Sauvages^ Acad. de Montp. , tom. 2 , p. i4-0 M. le conseiller privé de Nartof a décrit dans le onzième vol. des Nouveaux Actes de l'académie de Pétersbourg, celui qui a été observé dans les fentes d'une roche près du village Sargouba, sur la li- mifè du village Jukscha, à vingt verstes de Pétrosawodsk ; il est transparent et d'un beau jaune roussâtre , comme cer- tains cristaux de gypse de Montmartre. Le Hartz en produit égalemenl qui est nuancé de violet. 2. G. c. équïaxe(^ sp. cale, lenticulaire) , en rhomboïde très- obtus, dont l'axe est égal à celui du noyau qu'il renferme , et dont les angles plans sont iiltA i8' 56" et 65" 4*' 4" » elle est plus commune que la variété primitive. Les mines du Hartz et celles d'Angleterre en fournissent de beaux groupes ; elle accompagne le quarz-hémathoïde , à Offenbanya en Transylvanie , le plomb sulfuré en Saxe, etc i54 C H A M. Duvernin , de Vic-le-Comte , a découvert cette variété en beauxcristaux isolés, de quatre centimètres, sur une roche argilo-calcaire très-dure , renfermant beaucoup de coquilles univalves fossiles, à la base S.-O.duPuy-de-Saint-Romain, près du village de Lissac , sur les bords de l'Allier , à qua- tre lieues S.-E, de Clermont-Ferrand. On en trouve d'à peu près semblables aux environs de Grenoble , mais dont les faces sont chargées de stries nombreuses et les bords arron- dis ; ce qui les rapproche de la variété lenticulaire pro- prement dite. Elle est associée à la slilbite et au plomb sul- furé, au Hartz ; et à la chaux ferro-inanganésifére perlée blanche et au quarz dodécaèdre, en Angleterre. 3. Ch. c. i/n>erse (Sp. cale, munati'qiie, Romé-Delisle) , en rhomboïde aigu qui présente l'inverse de la forme primitive, c'est-à-dire , que les angles plans des rhombes sont égaux aux incidences mutuelles des faces du noyau , et réciproque- ment les incidences des faces sont égales aux angles plans du noyau ; de là l'épithète à^i'werse (^Haily). Le nom de spaûi calcaire muriati que quelle portoit autrefois, vient de ce quon la rencontre assez ordinairement dans l'intérieur des coquilles marines fossiles , qui renferment aussi d'autres variétés. Ou la trouve en petits cristaux jaunâtres dans certaines ca- vités des bancs calcaires de INeuilly, aux environs de Paris, où elle est associée à des cristaux de quarz; en cristaux très-pro- noncés, quelquefois limpides, dans la roche calcaire coquil- lière de Cousons , près de Lyon, et dans celle de Vougy , près de Roanne; à Hutteberg , enCarinthie, avec le man- ganèse oxydé fibreux , noirâtre ; à Baveno sur les bords du Lac Majeur, avec le feldspath rose et le inica; en Corse, à Iberg au Hartz , dans les fissures et les cavités de la pierre calcaire grossière de Gisay , la A'ille-liieu , Château- Larcher , et aux environs de Poitiers , suivant l'observation de M. Desvaux; aux Chalanches , déparlement de l'Isère ; en Angleterre dans les filons duDerbyshire et dans les envi- rons de Bath, ainsi que dans la plupart des calcaires co- quilliers de ce royaume (de Bournon) ; et dans plusieurs au- tres lieux. 4.. L'on connoît plusieurs autres rhomboïdes secondaires de chaux carbonatée (F. Haiiy, Bournon), parmi lesquels deux sont plus aigus que Vinoerse , et un qui se rapproche tellement du cube , qu'il a été rapporté à cette forme par la plupart des auteurs. M. Haiiy donne à ce dernier le nom de cuhuïde. Cette variété n'est pas très-rare ; le Cabinet du Roi en renferme un groupe, dont les cristaux ont jusqu'à six centi- C H A x55 mètres ( ^)lus de <îeux pouces) d'épaisseur , et dont les fa- ces sont parsemées de petits points brillans de fer sulfuré ; il vient de Falzbav en Transylvanie. M. Flcuriau de Belle- vue l'a observée d^ns les ani^gdaloïdes à base de wacke, du Vicentin , en cristaux d'un vert clair, et l'a décrite sons le nom de spath calcaire cubique. Elle se trouve aussi aux Cha- lanches , d'après M. de Thury; dans le calcaire globuliforme des environs de Chauvigny et de Saint-Martin-Larivière , près de Poitiers ( Desixmx') ; en Auvergne , sur le monticule calcaire nommé le Poujet., près du village d'\nthezat; dans les filons d'Andreasberg, avec le plomb sulfuré , etc. 5. Gh. c. mètastatique (vulgairement Sp. cale, à dent de co- chon , ou à dent de chien ) , c'est-à-dire , de transport ; dodé- caèdre bi-pyramidal , à faces triangulaires scalènes, dans le- quel l'incidence de deux faces voisines , à l'endroit des plus courtes arêtes , est égale à celles des faces du noyau, prises vers un même sommet : propriétés qui produisent une espèce de métastase .^ ou de transport des angles du noyau sur le cris- tal secondaire , ce qui a donné naissance au mot mètastatique {Haiiy). Ce solide est encore remarquable, en ce que son axe est triple de l'axe du noyau ; d'où il suit que sa surface est double de celle de ce dernier , et que la solidité de toute la partie du cristal secondaire qui enveloppe le noyau est pa- reillement double de la sienne {V. le Traité). Cette modifi- cation , dit M, de Bournon , soit à l'élat de dodécaèdre com- plet , soit à l'état de combinaison de ses plans avec ceux de presque toutes les autres modifications , donne naissance aux cristaux les plus communs de la chaux carbonatée. Le volume de ses cristaux est le plus considérable : j'en ai vu , extraits des mines du Derbyshire , dont le poids surpassoit un quin- tal ( Traité , t. 2 , p. 64 ). Ils sont assez souvent maclès ou transposés. Leur couleur est ordinairement jaunâtre ou blan- châtre ; il y en a de limpides. On en trouve de blanchâtres dans le fer oxydé concrétionné, à Huttenberg en Carinthie, aux Ghalanches, à Offenbanya en Transylvanie , près de Grenoble , et dans la pierre cal- caire grossière de Bcrteville-sur-l'Aise , près de Caen. Elle tapisse assez souvent l'intérieur de certaines géodes calcai- res , de manière à ce que chacun des cristaux ne présente qu'une de ses pointes , et que leur assemblage compose une sorte de râtelier ; d'où lui est venu son nom de spath calcaire à dents de cochon. Telles sont les géodes que Ton rencontre dans les bancs calcaires qui bordent la Clouère, près de Châ- teau-Larcher , département de la Haute-Vienne. 6. Ch. c. basée, la forme primitive dont les deux sommets sont i56 C îî A interceptés par deux faces triangulaires , qui servent comme de bases au cristal. 7. Ch. c.prismée, le rhomboïde obtus primitif, dont les bords inférieurs sont remplacés par des faces, ou simplement émar- ginés. Ces deux modifications se trouvent en Angleterre dans le Cumberland ; la seconde existe aussi en Piémont , dans la mine de fer oxydulé de Traversella. 8. Ch. c. prismatique, le prisme hexaèdre régulier produitpar deux décroissemens dont l'un agit sur les bords inférieurs du rhomboïde pour former les pans , comme dans la variété pré- cédente , et Tautre sur ses deux sommets , pour produire les bases. Cette variété se présente tantôt sous la forme de prismes , dont toutes les faces latérales sont égales, ou alternativement larges et étroites , et tantôt sous celle de simples lames hexa- gones. Elle est assez commune dans les collections. Les plus beaux groupes viennent des mines du Hartz et du Cumber- land en Angleterre. On la trouve aussi en France , en Saxe et en Hongrie. 9. Ch. c. dodécaèdre^ prisme à six pans terminé par des som- mets à trois faces, appartenant à ïéquiaxe (F. plus haut). Romé-Delisle la définissoit ainsi : dodécaèdre à plans pen- tagones égaux et semblables , six à six , les uns verticaux , les autres inclinés. Elle est , comme la précédente , une des plus communes dans les cabinets , et présente aussi des modifications analo- gues aux siennes. Quand elle est très-déprimée on la nomme communément spath calcaire en tête de clou ; c'est la sous-va- riété dodécaèdre-raccourcie de M. Haiiy. Ses sommets sont sou- vent sillonnés par des stries parallèles à la hauteur des penta- gones , et qui indiquent très-sensiblement la marche du dé- croissement sur les bords supérieurs du noyau. Les veines métallifères de l'Angleterre , du Hartz , de la Saxe , de la France , etc. , renferment des groupes des diverses modifi- cations de cette variété ; ses cristaux sont quelquefois d'une grande dimension. 10. Ch. c. trihejoaèdre , prisme hexaèdre régulier , terminé par des pyramides à six faces, comme dans le quarz; des en- virons de Grenoble , département de l'Isère , où elle a été découverte par M. le vicomte de Thury. Le Cabinet du Roi en possède un beau morceau dont il est redevable au savant que nous venons de citer, 11. Ch. c. bisalierne, la variété méiaslatique an^mentée àe six faces verticales , dont les angles aigus sont tournés altematii>e' men/ vers l'extrémité supérieure, et vers l'extrémité inférieure de l'axe. C H A ,5; On la trouve sur le plomb sulfuré , ou en cristaux groupés en Angleterre e% à Falkenstein dans le Tyrol. 12. Nous terminerons cette description sommaire des va- riétés les plus simples de la chaux carbonatée , par l'indica- tion de celle que M. Haiiy nomme analogique ^ à cause des nombreuses analogies qui la rendent remarquable. Elle est composée de Véquiaxe, du métaslatique ^ et An prismatique. Elle est susceptible d'éprouver une hétnitropie ^ qui, en renversant les deux moitiés du cristal , donne au nouveau solide l'aspect d'un cœur , d'où lui est venu le nom de spath calcaire en cœur^ que lui ont donné les marchands. Elle est raie et vient duDer- byshire. Formes indéterminables , en cristaux irréguliers. 1. ChAuxcarbonAiét primiti\>e-convexe^ le rhomboïde primitif dont les faces sont bombées et les arêtes arrondies, à peu près comme dans le diamant sphéroïdal ; ce qui lui a fait donner l'épithète de diamantiforme ( Bournon , pi. 2 , fig. 6). Elle est d'un* blanc verdàtre, et se trouve en Angleterre dans la principauté de Galles. 2. Ch. c. lenticulaire^ en cristaux solitaires ou groupes dé- rivant ordinairement de la variété équiaxe , dont les arêtes sont émoussées et les bords curvilignes. On l'a aussi nommée Spath calcaire en crête de coq ou en rose, suivant le mode de groupement. C'est une des variétés les plus communes de la chaux car- bonatée. 3. Ch. c. spiculairc ou en épi , modification du rhomboïde contrastant, qui s'aiguise et s'élance plus ou moins, et qui forme, en se réunissant, des espèces d'épi, d'où lui est venu son nom : les faces de la pyramide trièdre sont souvent creusées en sillon ou en gouttière {Haiiy). Nous en possé- dons des échantillons venant d'iberg, au Hartz. 4. Ch. c. lamelliforme , blanche, en lames minces, arron- dies , ou de formes indéterminées , placées de champ et se croisant sous des angles très-variés , de Joachimstal , en Bohème ( Chiericci). La chaux carbonatée présente quelquefois des variétés de groupement très-curieuses. M. Haiiy en possède un de ce genre , dont la forme bien déterminée est celle du rhomboïde inverse , et qui est entièrement formé par l'assemblage de cristaux métastatiques. D'autres fois, comme cela a lieu dans Témeraude et la tourmaline, des prismes hexaèdres de chaux carbonatée , à pans lisses , sont terminés aux deux extré- mités par des cristaux qui se séparent et prennent un aspect presque fibreux ; tels sont ceux que l'on a trouvés à Jnver- ness , en Ecosse , et que cite M. le comte de Boumon. x58 C H A 5. Cil. c. ackuîaire , en aiguilles plus ou moins déliées , qui adhèrent enlre elles parallèlement à leur longueur , ou qui divergent en partant d'un centre comnmn. Les intervalles que laissent entre elles les couches de pierre calcaire qui composent les montagnes de Gaële , sont sou- vent remplis par des cristallisations de spath calcaire, le plus souvent radiées ( Breislak ). G. Ch. c. fibreuse conjointe^ à fibres fines et serrées , d'un éclat soyeux. Celte jolie variété se trouve dans le Cumberland , où elle forme de petites veines d'un à deux pouces d'épaisseur , dans une pierre argilo-calcairc schistoïde, qui renferme souvent des veinules de fer sulfuré ( Bournon'). Elle est susceptible de recevoir un beau poli , ce qui la fait employer en Angle- terre et en France , par les bijoutiers, pour des pendans d'oreilles , des plaques de colliers , etc. * * En Masses. — i. Chaux carbonatée luminaire; en masses irrégulièrement terminées, mais dont la texture est lamel- leuse et présente des lames continues. Elle est ordinaire- ment blanchâtre et translucide, quelquefois limpide ( V. plus haut, spath d Islande^ p. i53), ou diversement colorée en jaune, en rouge, en vert, etc. • C'est le spath calcaire informe lamelleux de De lîorn , le Spaeihiger Kalkstein de Karsten , et la pierre calcaire la- melleuse , Blaetiriger Kalkstein de Brochant. On en trouve des morceaux d'une transparence parfaite et d'un grand volume, en Islande; de jaune , en Russie ; de rouge et de verte, en Suède, etc. Les veines de plomb du Hartz fournissent une variété de cli. c. laminaire grise, nuancée de roussâtre , qui sert elle-même assez souvent de gangue aux cristaux calcaires de celle contrée, à la stilbite , à l'argent rouge et ^ la galène. La variété blanchâtre est la plus commune de toutes , et se trouve dans une multitude de lieux. Les masses d'albâtre fracturées nous présentent des exemples de cette variété. Elle se rencontre aussi dans les roches amygdaloïdes qui fournissent les agalhes, etc. 2, Ch. c. lamellaire (variété du horniger Kalkstein de AVerner , Marbre grec ou salin ) ; ordinairement blanche et composée de petites masses cristallisées, dont l'arrange- ment irrégulier fait que sa cassure présente une multitude de facéties diversement inclinées {HuUy). C'est à cette variété que se rapporte le marbre de Paras , cniployé par les statuaires anciens, sous le nom de lychmtcs. Les célèbres figures de la Vénus de JMédicis et de celle du Capitole , la Pallas de Vellelri, la Diane chas.seresse , etc., sont de ce marbre. V. Marbres. C II A .r>9 La chaux carbonatée ancienne, résuUat d'une crislallisa- tlon confuse , est ordinairement homogène , et susceptible «Vun beau poli ; ses grains adhèrent forleraent entre eux , et la masse qui résulte de leur agrég:ition a beaucoup de so- lidité ; ce qui n'a pas lieu pour la .) i86 C H A Chaux c\rbon.\tée mélaî^gée. L'on cTiicntl par ce mot dlfférens mélanges produits par l'association de la chaux car^ Lonatée avec d'autres substances. Ils peuvent être réduits à un petit nombre de sous-espèces : ce s^înt la Qh. carbonatée FERRIFÈRE ; la C. C. MANGANESIFÈRE ; la C. C. FERRO-MAN- CiANÉSIFÈRE ; la C. C. QUARZIFÈRE ; la C. C. MAGNÉSIFÈRE J la c. C. "NACRÉE ; la Chaux carbonatée fétide; la Ch. c. bi- TUMiFÈRE, et la Chaux CARBONATÉE CALP. V. ces mots, (ln.) Chaux métallique. V. plus haut, Chaux. Chaux carbonatée nacrée , Haiiy, Brong. Aphrit., Karst. schiefer spath. Celte chaux carbonatée se reconnoît à son éclat brillant semblable à celui de la nacre, et à sa structure très -feuilleté e , et dont les feuillets sont quelquefois aussi minces qu'une feuille de papier; c'est à cause de cette struc- ture que Werner et les Allemands ont donné à l'une de ses variétés le nom de srhiefcr spath ou sipath. schisteux. La chaux carbonatée nacrée, mise dans de l'acide nitrique , y excite une violente effervescence qui continue jusqu'à l'entière dis- solution de la substance. Cependant, nous devons faire re- marquer que celle effervescence est quelquefois très-foible : on'peut présumer qu'une matière étrangère, interposée dans les lames de la substance, peut être* l'origine de la structure de la chaux carbonatée nacrée. Nous en avons vu des échan- tillons de Kongsberg, en Norwége, qui appartenoient à M, Neergaard , et qui contenoient des lames de stilbite en- tremêlées avec des lamelles de chaux carbonatée nacrée schisteuse. Ne peut-on pas penser que la stiibile ait contri- bué à donner au schiefer spath de Kongsberg sa structure feuilletée ? On sait qu'elle a elle-même une disposition t^-ès- particulière à se présentera l'état lamelloux et nacré, et son association avec le calcaire n'a rien d'extraordinaire. Au reste, la structure schisteuse de la chaux carbonatée nacrée est peut-être due aune autre substance, comme les mêmes mor- ceaux de Kongsberg nous l'ont démontré. L'un d'eux , d'une structure complètement feuilletée, beaucoup plus dur , jau- nâtre ou roussâtre , et acconipagné de stilbite, mis dans de l'acide nitrique , s'est comporté comme la chaux carbonatée ferro-manganésifère ; il n'a jeté d'abord que quelques bulles, et sa dissolution ne s'est opérée que fort lentement. Un frag- içent essayé au chalumeau est devenu gris-noirâtre. Ce mor- ceau nous donne Toccasion de faire remarquer que les mines de Guanaxuato , au Mexique , présentent des schiefer spath très-caractérisés , qui doivent être considérés ainsi que celui de Kongsberg, que nous décrivons, comme une variété schis- teuse de la chaux carbonatée ferro-manganésifèrc. La belle suite qui en cxiblc daus la coUcclion de M. de Drée , yicnl à C II A ,87 l'appui de cette opinion, et démontre la justesse de Tex- plication donnée par M. le comte deBournon,de la manière dont on peut concevoir la formation des feuillets qui compo- sent le schiefer spath , nommé par lui chaux carhonatcc dépres- sée^ et considéré par lui comme une variété de chaux carbonatée pure. On voit, par ce qui vient d'être dit, que la chaux carbo- natée nacrée schisteuse offre des variétés qui rentrent dans la chaux carbonatée pure , ou dans la chaux carbonatée fer- ro-manganésifère , presque toujours ornée de Téclat de la nacre. . • La chaux carbonatée nacrée est tantôt très-schisteuse et à feuillets onduleux qui se brisent lorsqu'on les plie ( Chaux carbonatée nacrée testacée , Haiiy ; chaux carbonatée nacrée ar- gentine, Brong.), et tantôt ses feuillets sont épais , et presque planes. M. Haiiy a remarqué qu'elle offroit des joints natu- rels dans le sens des faces du rhomboïde de cent un degrés et demi : il a aperçu aussi des joints surnuméraires perpendicu- laires à Taxe du rhomboïde, et qu'il présume être dus à la présence d'ilne matière particulière interposée dans la subs- tance principale, et que M. Yauquelin regarde comme une substance taîqueuse. La chaux carbonatée nacrée se trouve aussi cristallisée : il en existe à Guanaxuato, au Mexique, en cristaux lenticulaires excessivement minces , fort étendus. Emerlingue en cite en prismes courts, hexaèdres réguliers, et M. Haiiy en rhomboïde primitif de la chaux carbonatée. On trouve cette substance dans les filons métalliques et dans les montagnes primitives : à Sainte-Marie-aux-Mines, dans les Vosges; àBermsgrun, près de Schwarlzemberg et Ritlersgrun, en Saxe ; à Kongs- berg , en Norwége ; à Iglesias, en Sardaigne; et, selon M. de Bournon, en Suède, en Cornouailles et à Strontiane, en Ecosse. L'on a long-temps distingué du schiefer spath, un minéral nommé par les Allemands schaum erde, c'est-à-dire, écume de terre ( ch. carb. nacrée taîqueuse, Brong. ). M. Haiiy a reconnu qu'il apparlenoit à la chaux carbonatée nacrée : c'en est une variété plus nacrée , friable et lamellaire , ou quelquefois pulvérulente comme la chlorite blanche. Elle se trouve à Géra , en Misnie ; à Eisleben , en Thuringe , et à Kongsberg, en Norwége, dans les mêmes circonstances que le schiefer spath. Celle d'Eisleben est dans une montagne de chaux carbonatée stratiforme , appelée , dans le pays , Pxauchwaclce. (lis.) Chaux carbonatée perlée. V. Chaux carbonatée feric- mangajiésifère. (lx.) ,8S C H A Chaux carbo%atée quarzifère ( vulg. Grès cmlalîisé de Fontainebleau ). On peut regarder cette espèce comme un véritable sable doiit les grains quarzjux sont unis par de la chaux carbonatce , que la surabondance du quarz n'a pas empêché de cristalliser. Effeclivcment, ce grès qui est blanc grisâtre se trouve en cristaux qui appartiennent au rhomboïde inverse {Haiiy'). Ils sont taniôl isolés, et alors ils ont depuis une ligne jusqu à trois pouces dans leur plus grande dimen- sion ; tantôt , et le plus orvlinairement , ils sont groupés entre eux et forment des masses plus ou moins considérables. Quelquefois une partie du cristal est quarzifère et blanche , et Tautre est en spath calcaire jaunâtre transparent. Lors- qu'on casse les cristaux de grès , ils offrent un retlet miroi- tant dû aux lames de la chaux carbonatée. Ce grès se trouve aussi en boule , en concrétions mame- lonnées et en masses sans forme. Il se rencontre dans des ca- vités remplies d» sable , au milieu des bancs de grès qui hé- rissent la forêt de Fontainebleau, et principalement dans la carrière dite le Rocher-Germain à la Belle- Croix ^ OÙ ces bancs sont recouverts d'une courbe de chaux carbonatée grossière. Il existe aussi dans les grès de Nemours , qui ne sont qu'une continuation de la chaîne des grès de Fontainebleau. Dans les grès d'Etampes , qui sont dans le même cas , on voit une variété concrélionnée en forme de grappe. M. Lardenay, minér.rlogiste instruit, a retrouvé ce même grès quarzifère cristallisé en très-petils rhomboïdes inverses , à trois lieues de Bourges, en allant à Mundun (Cher). M. Lucas {Tahl. des Espèces minérales) rapporte à la chaux carbonatée quarzifère : i." le grès en stalactite, à grains ronds unis par un ciment calcaire , de Pukersdorf en Autriche , cité par de lîorn ; 2° le grès calcaire , qui forme , d'après Santi , les collines de Monte-Giovi , et de Pigitello, près de Piano, dans le Siennois : 3." les géodes de grès calcaires de Couson , près de Lyon ; 4-° ^^ chaux carbonatée quarzifère (^miitelslein desAllemânds) lamellaire et blanche, des environs de Mous- liers en Tarentaise. (ln.) Chaux carbonatée secondaire. F. Calcaire et Roche. (LN.) C UAUX carbonatée SILICIFÈRE. V. S1LICICALCE. (LN.) Chaux carbonatée spathique. M. Brongniart nomme ainsi la chaux carbonatée dont la structure est lamelleuse, sans apparence de conclus concentriques, (ln.) Chaux CARBONATEE stratiforme. F. Calcaire et Roche. (LN.) Chaux carbonatée testacée {Schaahteln , "W'.). Elle esfe C H A ,89 blanchâtre , Jaunâtre , verdâtre ou rougeâtre ; elle a un éclat nacré ; sa cassure est imparfaitement lamclleuse, et présente des pièces testacécs très-minces. Elle accompagne les mine- rais de cuivre du Baunat de Temeswar. C'est la substance nommée Tafelspath. F. ce mot. (ln.) Chaux DATHOLiTE(Brong.). J\ Chaux boraiee siliceuse, (ln.) Chaux FLUAtÉE {fluute de chaux des chimistes , spath fu- sible , spatli vitreux , spulh-Jluor , spath phosphorique , Fluss. , Wern., Kars.) C'est une des espèces minérales les plus inté- ressantes. Elle résulte de la combinaison de la chaux avec l'acide fluorique, dont la présence est décelée par une expé- rience bien simple : il suffit de mettre de -la chaux fluatée en poudre dans de 1 acide sulfurique ; on chauffe et on expose à la vapeur qui se dégage une lame de verre. La vapeur contient l'acide fluorique et corrode sur-le-champ la surface du verre. La chaux iluatée réduite en poudre et jetée sur un charbon ardent , ou sur une pelle rouge , décrépite et répand une lueur phosphorique bleuâtre ou verdâtre. Nous voyons cer- taines variétés jouissant de cette propriété à un haut degré , puisqu'elles l'acquièrent par la simple chaleur delà main, ou par celle qui leur est communiquée par Teau bouillante ( Pallas ). D'autres, au contraire, ne sont point phos- phoriques. Deux morceaux de spath-fluor frottés l'un contre l'autre, brillent dans 1 obscurité. Lorsqu'on expose un fragment Jfchaux fluatée à la flamme du chalumeau, il pétille d'abord, puis donne un émail blanc de neige et boursoufflé, mais qui n est pas un verre transparent. Celui-ci ne s'obtient, d'après l'expçrience de M. de Mon- teiro, que lorsque le fragment a été fixé sur un filet de dislè- ne. Monnet el Cronsted avant lui, avoient déjà reconnu que cette substance fondoit très-difficilement , et que par cette propriété , le nom vulgaire de spath fusible ne lui convenoit guère. Les principes qui composent la chaux fluatée sont : Suivant Scheele, ch. carb., 87; acide fluor., 16; eau, 17. Klaproth;ch. carb. 67,75,61 acide fluor. 32,25 Richter; ch. carb. 65, acide fluorique. 35 Thomson ; ch. carb. 67,34., acide fluorique. 32,66 Cette substance ne se présente guère qu'à Tétat cristallin , (^fluss spath , W . ; Vulg. spath-fluor , ) et sous les couleurs aussi brillantes que variées des différentes pierres gemmes: on la voit revêtir tour à tour le vert velouté de l'émeraude et celui de l'algue marine , le jaune doré de la topaze , le pourpre violet de l'améthiste , le rose du spinelle , et le blanc limpide du quarz. Aussi lui a-t-on donné ces noms avec fgoi C H A l'épilhète de fausse *, quelquefois les couleurs sont mélangées et panachées. La chaux fluatée cristallisée raye la chaux car- bonatée , quelquefois le verre ; elle fait quelquefois aussi feu au briquet , mais ce cas est rare. Sa réfraction est simple , et sa pesanteur spécifique de 3,09 à 3,19. Elle se clive très- facilement dans le sens d'un octaèdre régulier, qu'on peut convertir en rhombe et en tétraèdre réguliers, suivant que Ton opère le clivage sur certaines faces. M. Haiiy adopte pour la forme primitive des cristaux cet octaèdre régulier , et pour sa molécule le tétraèdre aussi régulier. Beaucoup de formes cristallines semblent être déduites du cube , mais la théorie ici doit l'emporter sur l'apparence. Les principales formeset les plus communes sont: i." l'octaèdre régulier; c'est la chaux fluatée pnrnitii'e ^ Haiiy. Parfaite, elle est assez rare dans la nature. L'on en trouve des cristaux limpides à Kongs- berg en Norwége ; des cristaux d'un b2au rose à Chamouny, ou d'un rose tendre à Baveno ; d'un beau Vert en Cor- nouailles ; d'un vert bleuâtre au Mexique, et de pourpres en Norvvcgc. 2.° L'octaèdre dont les angles sont tronqués (ouïe cubo-ortiièdre , Haiiy). 3.° Le cube (ch. f. cubique^ Haiiy); c'est la forme précédente, moins les faces primitives. C'est l'une des plus communes : elle se présente aussi modifiée par des faces qui naissent sur les arêtes ou sur les angles. 4." Lorsque les arêtes sonU^mplacées par une seule facette, ou a le cuho-dodécaèdre '; pai^reux arêtes également inclinées sur les faces adjacentes du cube, on obtient la variété 5." bordée; ci lorsqu'elles ont atteint tout leur accroissement , le cristal est représenté par un cube dont chaque face est cachée par une pyramide à quatre faces triangulaires, c'est 6." Vhexatélraèdre de M. Haiiy. La nature offre plusieurs hexalétraèdrcs diffé- rens par l'incidence des faces. L'on rencontre encore des octaèdres dont les arêtes sont, remplacées par des faces (Ch. (1. émargînée, Haiiy), qui, si elles atteignoient leurs limites , ce qui arrive quelquefois, donnent le dodécaèdre à plans rhombes. Les angles, soit de l'octaèdre, soit du cube, présentent encore de nouvelles fa- cettes, qui donnent naissance à des cristaux très-compli- qués. En ge'néral , le cube est la seule de toutes les formes cris- tallines de la chaux fluatée qui soit le plus communément par- faite. On en voit des cristaux qui laissent apercevoir dans leur centre un cube très-petit , blanc ou jaunâtre , enclavé dans un cube violet , celui-ci dans ma cube jaune , lui-même dans un cube blanc ; ce sont les divers accroissemens du cristal. Si l'on remarque leur surface , on voit que ces accroissemens sont dus à des lames formées de petits cubes. La nature , dans C H A ,5, cette substance comme dans beaucoup d'autres , semble ou- blier qu'elle ait donné parle clivage une autre forme primitive. Au reste, on trouve aussi des cristaux de chaux fluatée octaè- dre, surchargés de petites facettes, qui sont eux-mêmes composés d'une multitude de petits cristaux absolument sem- blables , sans que l'ordre et la symétrie soient troublés. La grandeur des cristaux de chaux fluatée varie depuis un quart de ligne jusqu'à deux ou trois pouces de diamètre ; leur surface est ordinairement éclatante , mais ils varient pour la transparence. On en connoît de parfaitement opaques. La chaux fluatée existe aussi en masse laminaire, ou con- crétionnée , bigarrée de couleurs diverses , qui imitent des festons ou des lignes parallèles , semblables à des tracés de fortifications. Dans d'autres cas, elle a l'apparence d'une brèche. On fait quel(Juefois des tables et des petits objets avec cette variété : elle porte chez nos marbriers le nom (V albâtre vitreux. Les modernes n'ont pas seuls employé le spath-fluor dans les arts. De Born est un des premiers qui aient dit q > c'étoitr la matière des fameux vases murrhins^ si célèbres dans l'an- tiquité ; et M. Rozière nous sembk? l'avoir prouvé , d'une manière à ne pouvoir être contredii, dans un Mémoire trè.s- intéressant, qui se trouve inséiô dans le n.° ïiS du Journal des Mines. (LN.) La chaux fluatée n'est pas une substance rare ; on la trouve dans presque tous les pays de mines , et elle accompagne surtout les filons d'argent et de plomb , ceux d'étain , de zinc sulfuré , etc. On en volt aussi quelquefois dans les roches primitives , soit en filons , soit en grandes masses, qui paroissent aussi anciennes que les montagnes mêmes qui le« renferment , ainsi qu'on l'observe dans le Forez, en Auvergne et dans d'autres contrées. Celui qu'on trouve dans ces sortes de roches est pour ^ordinaire en masses compactes, d'une forme indéter- minée ; cependant le célèbre Marc-Auguste Pictet nous ap- prend que dans les montagnes primitives voisines de la vallée de Chamouni, qu'on appelle les gi-andes Jorasses , il y a du spath-fluor couleur de rose , cristallisé en octaèdres d'un pouce de diamètre , qui sont groupés avec des cristaux de feldspath, de quarz et de spath calcaire. Il ajoute qu'on en trouve de semblables au mont Saint-Gothard , mais plus petits. La Saxe, la Bohème, le Hartz , la Hongrie , la Bavière , la Suède , plusieurs parties de la France , abondent enspath- ' fluor ; mais aucune contrée n'en est aussi richement pourvue que l'Angleterre, surtout dans le Derbyshire , le ISorthum- .g, ' ^' " ^ . berland, le Cumberland, le Leiceslershîre et le Cornouailles. Dans le Derbyshire , la chaux fluatée forme de pulssans filons obliques dans une montagne calcair^! compacte , coquillier marin : c'est là qu il se présente sous toutes sortes de formes et avec les plus heureux accidons. Indépendamment de celui qu'on trouve en groupes de grands et magnifiques cristaux mêlés de plusieurs autres cristallisations brillantes de quar^, de spath ralcaire ^ de pyrites, de galènes, etc., les mines de plomb de Castleton en Derbyshire fournissent des rognons de plus dun pied de diamètre , où le spath-fluor , confusément cristallisé et mêlé de spath pesant, présente des zones blan- ches , jaunes et violettes, «}ui le font ressembler au plus bel albâtre oriental ; aussi Romé-Delisle lui avoit-il donné le nom à' albâtre vitreux. Ces masses sphéroidales de spatli-fluor présentent fréquemment un accident sin^lier : quand la pierre est polie , on aperçoit dans son intérieur des compartimens polygones qui ressemblent à des rayons de miel : ce sont di- verses rangées symétriques d'alvéoles formées d une subs- tance presque opaque , remplies dune matière transparente. Ces rognons de spath-jluur ont pour gangue le caulk , qui est une marne mêlée de beaucoup de baryte terreuse. L'industrie anglaise a su tirer parti d'une manière très- avantageuse de ces rognons de spath-fluor. Ils sont, pour cette contrée , ce que sont les agates pour les cantons voisins d'Oberstein, On les travaille à Derby, à Matlock , à AshforI : l'on en fait une immense quantité de vases et autres orne- mens qu'on envoie à Birmingham, où ils sont montés sur métaux. L'une des plus belles fabriques en ouvrages de spath-fluor, est celle de Isl. John Mawe, dont les ateliers sont établis principalement à Derby et à Castleton. Ce savant minéralo- giste a publié, en 1802, une Minéralogie du Derbyshire et de plusieurs autres provinces d'Angleterre : c'est lui qui a depuis peu enrichi nos collections des plus intéressantes productions minérales de ces différentes contrées. Ne pourroit-on pas introduire en France cette branche d'industrie des habitans de Derby , pour mettre à profil nos spath-fluor des Vosges, d'Auvergne et du Forez? Si l'Europe abonde en spath-fluor, il paroît qu'il n'en est pas de même des autres contrées de la terre. Parmi les nom- breux échantillons de cette substance mentionnés par Romé- Delisle , par de Born et autres naturalistes (qui avoient soin , avec raison, de noter le lieu de leur origine), on n'en voit aucun qui vienne des autres parties du monde, A l'égard de l'Asie boréale, dont j'ai observé les prodnc- ' lions minérales pendant nombre d'années, je n'y eonuois' C H A ,93 que deux localités où l'on trouve du spath-fluor; et encore n'est-ce qu'accidentellement et en très-petite quantité'. L'une est la mine d'argent de Zméof, dans les monts Altaï, où je ne l'ai jamais vxi autrement que disséminé en petites veines dans le horn-stein , le spath calcaire ou le spath pesant, qui forment la gangue du minerai. L'autre est une mine de plomb argentifère de la Sibérie orientale ou Daourie , où l'on trouve , dans une gangue ter- reuse, de petits morceaux épars de spath-lluor vert, ordi- nairement d'une forme irrégulière, mais très-phosphorescent. Dans une montagne granitique du voisinage, on voit des por- tions de la roche, où sont disséminées des parcelles de spath- fluor violet, qui a la propriété de ne pas décrépiter sur les charbons ardens , et de donner alors une belle couleur verte; ce qui l'a fait nommer Chlorophane. J'ai rapporté un échantillon de cette roche , qui est com- posée de feld- spath blanc opaque, de quelques grains de quarz grisâtre , d'une assez grande quantité de mica argentin, le tout parsemé de petits fragmens de chlorophane de deux ou trois lignes de diamètre. Dans une partie de la roche, qui étoit devenue friable par la décomposition du feld-spath, je trouvai un morceau de chlorophane pure , du poids de deux onces, qui paroît être une rareté, car on n'en voit dans les collections que de très-petits fragmens ; mais, au reste , je ne considère cette substance que comme une très-petite variété du spath-fluor ordinaire. C'est dans la même contrée que se trouve la montagne d'Odon-Tchélon, qui renferme les mines d'émeraudes de Sibérie , qui se trouvent quelquefois mêlées avec du spath- fluor , qui leur est tellement seuîblable à certains égards, que j'ai vu d'habiles minéralogistes y être trompés au premier coup d'oeil. Je ferai observer, à cette occasion, que quelques auteui's ont commis par mégarde une petite erreur, en supposant que les pierres qu'on apporte d'Amérique sous le nom d'é- meraudes morillons ou nègres-cartes , sont des cristaux de spath -fluor. Jamais assurément on ne s'est avisé de mettre une matière aussi vile dans le commerce de la joaillerie. Cette erreur est toute semblable à celle de Rome -Delisle, qui croyoit que le phosphate de chaux cristallisé qu'on trouve en Espagne, étoit la chrysolite proprement dite des joail- liers; erreur qui a été relevée par ceux-là même qui re- gardent les petits cristaux verts de spath - fluor comme des émeraudes morillons , tandis que celles-ci sont en effet.de véritables émeraudes, mais de peu de valeur, par leur dé- faut de volume ou leuis imperfections. 11 a pu sans doute Yi. I 3 194 G H A s'y trouver accrdentellement mêlés quelques petits cristaux de spath-fluor, mais qu'on auroità coup sûr rejetés, dès qu'on les auroit aperçus: on n'auroll pas besoin de tirer d'Amérique une matière aussi commune eu Europe que le spath-fluor, (pat.) A Madrid , on trouve , chez les pharmaciens , des cris- taux verts de chaux fluatée , mêlés avec ceux d'émeraude. Ils viennent par la voie de Carthagène, et probablement de Quito. Ce mélange est une fraude mercantile qui n a plus lieu depuis que l'usage des émeraudes en médecine n'existe plus. L'Amérique a offert la chaux fluatée ; au Mexique : à Middletown dans le Connecticut, elle est en veines et cristalli- sée en cubes de différentes couleurs, accompagnés de quarz, de chaux carbonalée, de plomb, defer et de zinc sulfurés ; dans le comté de Sussex, à Franklin-l'ornace, il y a une pierre cal- caire micacée qui renferme du graphite et de la chaux flua- tée pourpre. La chaux fluatée a été découverte, dans ces derniers temps, dans les couches calcaires des terrains secondaires; nous en avons parlé plus haut; l'on a même trouvé des corps organisés convertis en celte substance. M. le comte de Bournon , dans le catalogue de sa collection de miné- ralogie, cite une portion d'entroque , longue de deux pouces sur dix lignes de diamètre, qui, dans toute sa longueur, à ftartir de l'axe , est mi-partie convertie en chaux carbonatée amelleuse , et mi-partie en chaux fluatée ; la structure pro- pre à ce corps organisé n'en a pas été altérée ; ce morceau vient du Derbyshire. Déjà M. Moréchini avoit trouvé dans l'émail des dents del'éléphant, la chaux fluatée unie à la chaux phosphatée et à la gélatine. M. Lainbotin, l'un de nos marchands de minéraux les plus instruits, a découvert le premier, aux environs de Paris, la chaux fluatée, en cubes jaunâtres très-petits; elle se trouve dans une des couches calcaires qui couronnent la formation du calcaire coqulUier marin de notre sol. Des fouilles acci- dentelles, faites dans l'intérieur de Paris, au Marché aux Chevaux, ont d'abord présenté cette substance, qu'on a de- puis retrouvée à Neullly-sur-Seine, à droite de la route, du côté de Courbevoye. La couche qui la contient est for- mée d'un calcaire cristallin grenu, avec des cristaux de quarz. L'on n'y trouve point de corps organisés fossiles. M. Monteiro a reconnu également la chaux fluatée dans les matières rejetées par le Vésuve, (ln.) C'estle célèbre chimiste Schécle qui a découvert que l'acide qui entre dans la composition du spath-fluor, étoitun acidepar ticulier, qu'on a nommé acide fluorique, Iç geul, combiné avec C lï A 195 jusqu'àprésent, dans lequel on ait, reconnu la propriété de dis- soudre la silice. Depuis, l'on aretrouvé l'acide fluorique combiné avec l'alumine (cryolilhe), dans la topaze et dans le w alwellite. Pour obtenir l'acide fluorique, on met dans une cornue de plomb trois parties d'acide sulfurique concentré , sur une partie de spath -fluor réduit en poudre; l'acide sulfurique s'empare de sa base calcaire , et l'acide est dégagé ; mais comme l'acide fluorique a la propriété, non-seulement de dissoudre la silice , mais encore de la rendre volatile et de l'emporter avec lui, quand il est réduit à l'état de gaz, pour l'avoir pur, on doit se servir de vaisseaux de métal; car, si l'on en fait la distillation dans une cornue de verre , elle est fortement corrodée par l'acide fluorique, qui, en passant dans le récipient, y dépose la terre silicée du verre, à l'ins- tant où il se trouve en contact avec l'eau du récipient. Ce phénomène avoit fait penser à Bergman , que c'étoit l'acide fluorique lui-même qui , par sa combinaison avec l'eau , se convertissoit en terre silicée; il ne soupçonnoitpas que ce fût la terre contenue dans le verre de la cornue qui eût été volatilisée ; mais c'est ce qui a été démontré par l'expérience de Meyer de Stettin. Cet ingénieux chûnisle mit du spath-fluor et de l'acide sulfurique dans plusieurs vaisseaux d'étain , dont le couvercle étoit garni intérieurement d'une éponge mouillée. Dans quel- ques-uns il ajouta de la terre silicée ou des matières qui en contenoient, et il n'en mit point dans les avftres. Quelques heures après l'on visita les différens vases : tous ceux où l'on avoit mis quelques substances quarzeuses , avoient leur éponge couverte d'une poussière blanche qu'on reconnut pour être de la silice : les vases où l'on n'avoit rien ajouté de siliceux, n'en offrirent pas un atonie , même au bout de plusieurs jours. J'ai vu faire à Pétersbourg , en 1778 , une jolie expérience dans le même genre, par le docteur Guthrye , médecin dtf Catherine II. Il mit dans un matras du spath-fluor mêlé de verre pulvérisé , et par-dessus une quantité suffisante d'acide sulfurique. Le matras éloit échauffé par une lampe , et le gaz fluorique qui se dégageoit , chargé de la terre silicée du verre , passoil , à l'aide d'un siphon, dans l'eau d'une cu- vette adaptée à l'appareil. Chaque bulle de gaz qui s'échap- poit, donnoit une vésicule de matière silicée, de la gros- seur d'un pois, quinageoitsurl'eau, mais qui étoit très-friable. L'action corrosive du gaz fluorique sur le verre est si puis- sante, qu'un amateur s'étant amusé à faire avec ce gaz quel- ques expériences dans un salon , en trouva le lendemain toutes les glaces dépolies. ïgS C H A L'arlisle Puymaurin a su tirer parll de celle propriété dé î'aclde tluorique ; il l'a employé à graver sur le verre , en suivant le même procédé dont on se sert pour graver sur le cuivre avec Teau-forte. Mais on a ensuite perfectionné ce procédé : au lieu de verser Tacide sur la glace enduite de vernis où le dessin est tracé à la pointe, on l'expose à l'action tle cet acide réduit à Tétat de gaz. A cet effet , l'on met dans «n vase de plomb ou d'étain du spath-fluor en poudre , on y verse de T acide sulfurique , et l'on couvre bien exactement le vase avec la glace même qu'on veut graver; le gaz fluoriquc mord sur le verre plus vivement que n'eût fait l'acide liquide, nécessairement affolbll par l'eau qui s'y trouve mêlée. L'odeur de ce gaz a quelque ressemblance avec celle du gaz acide muriatique ; mais elle est beaucoup plus vive et plus suffocante, (pat.) Pour terminer l'histoire de la chaux Ouatée ,11 nous reste à par- ler des variétés terreuse, compacle,aluminifère et lluo-arsenla- tée. La chaux fluatée terreuse Çfîusserde) ressemble à ungrès fria- ble; ses couleurs sont le violet lie devin, avec des bandes blan- châtres ou ferrugineuses. Elle se trouve en Angleterre. On en trouve une variété pulvérulente à Kongsberg eft Norvvége. La chaux jluatée compacte se distingue des précédentes, en re qu'elle est parfaitement compacte , sans trace de cristal- lisation ; elle a l'apparence de la cire. Ses couleurs sont le blanc, le gris, le brun, le violet et le verdâtre ; ordinairement toutes ces couleurs sont mélangées. On en trouve en Angle- terre, au Hartz ( Slollberg), en Suède (Yxio) et en Sibérie. M. John a trouvé dans une variété qui existe à Ratoska: chaux, 20; acide fluorique, 49^05 ; fer, 3,75; eau, 10; sulfate de chaux , 2. La chaux fluatée aluminijere n'a clé trouvée, jusqu'à pré- sent, qu'auprès de Buxton en Angleterre; elle est en petits cubes isolés, gris, opaques. C'est une chaux llualéc souillée d'argile, (lis.) Chaux fluo - arseniatée. Ce minéral, qui n'est coinnu que depuis peu de temps, a été découvert à Fimbo, près Fah- iun en Suède , par M. Bcrzelius. Il est en masse, à tissu laminaire peu apparent, d'une cou- leur grise claire , tirant sur le gris de lin , et quelquefois rougedtre. Sa pesanteur spécifique et sa dureté sont à peu près celles de la chaux fluatée ordinaire , dont il est sùlfisam- «nent distingué, d ailleurs, par l'odôur d'ail, qui caractérise toujours la présence de l'arsenic. Le Cabinet d'Histoire naturelle de Paris en possède un morceau, dont il est redevable au savant chimiste suédois. 11 faisoit parlie d'une suite intéressante d« substances rarc$ C H A ,„ du même pays, adressées par lui au Muséum, l'année dernière, (luc.) Chaux fluorée. F. Chaux fluatée. (m.) CHAUX NATIVE, ^^'"allenus rapporte que l'on a retiré de la chaux vive de la mer, au moyen de la sonde, sur les côtes de Maroc ; et Monnet assure en avoir rencontré dans les vol- cans de la Haute-Auvergne. Enfin Kirwan , dans sa minéra- logie, décrit sous ce nom de chaux natioe, une pierre molle, de couleur grise, qui a été trouvée près des eaux de Bath , en Angleterre. Elle est, dit-il, en pai'tie soluble dans l'eau, à laquelle elle communique le goùt de chaux , et fait en même temps effervescence avec les acides ; ce quil attribue à un mé- lange de chaux carbonatée. Il ajoute qu'elle se durcit à l'air, en attirant une suffisante quantité d'acide carbonique. Voyez ses Elémensde Minéralogie, t. i, p. ji- Cependant, malgré ces diverses autorités, les minéralogistes s'accordent à rej^ar- der comme très-douteuse l'existence de la chaux à l'eiat caustique ; mais ne se pourroit-il pas qu'elle existât dans quel- ques lieux particuliers , à Tétat d'hydrate ? (LUC.) r CHAUX NITRATÉE, Nitrate calcaire; Chauxnitrée,- de Born. Ce sel terreux est en aiguilles déliées , ou en efilo-' rescence à la surface des vieux murs et sur les parois des caves ^ ' des étables, etc., où il se forme journellement. La lessive des plâtras en fournit une grande quantité ; on le trouve aussi dans quelques eaux minérales. Sa saveur est amère et désagréable. Il est déliquescent et se liquéfie sur le charbon, en détonant lentement à mesure qu'il se dessèche. Calciné et porté ensuite dans un lieu obscur, IJl répand une lueur phosphorique. " La chaux nilratée n'existe qu'en très-pelîlc quantité dans la nature où elle accompagne ordinairement la potasse nitratée. Cellequ'on extrait par lalixiviation des décombres desvicnx édifices , ou de la terre des caves , fournit l'acide nitrique à la potasse de la lessive des cendres, et sert ainsi à la fabrication du salpêtre ou nitrate de potasse. Foyez Potasse mtratée. (luc). CHAUX PHOSPHATÉE, Phosphate cALCAiREdeschi- mistcs ; Chaux phosphorée , de Born.. Combinaison de l'a- cide phosphorique avec la chaux ou oxyde de calcium , dont M.Klaproth a, le premier, reconnul'existencedansun minéral anciennement nommé Apatite {F. ce mot). Cette découverte date de iy88 ; on ne soupçonnoit pas alors que le phosphore pût appartenir aussi au règne minéral. MM. Proust et Vau- quelin,ont fait voir depuis, que celte même combinaison avoiï lieu dans une substance terreuse de IJEslramadure , que 3L, igS C H A "Werner nomme au\ouv d'hui phosphorif£ ^ et dans le Spargcl- stein du même auteur. La théorie de la structure des cristaux avoit devancé tacite- ment la découverte qui réunissoit le Spargdsteîn à VJpatite , en même temps qu'elle leséparoit dupéridot ; M. Haiiyayant trouvé que la forme primitive des deux substances étoit la même , seulement il avoit négligé de comparer ses résultats. iF. son Traité de Minéralogie , t. 2 , p. 24-3 et suivantes.) La chaux phosphatée est soluble très-lentement, et sans effervescence dans les acides nitrique et sulfurique ; en quoi elle diffère de la chaux carbonalée, indépendamment de sa division mécanique qui a lieu parallèlement aux pans et aux Lases d'un prisme hexaèdre régulier. Sa pesanteur spécifique est de 2,0989 à 3, 2. Elle est plus dure que la chaux fluatée , mais n'étincelle pas sous le bri- quet: certaines variétés rayentlégèrement le verre. Sa réfrac- tion est simple. Elle est infusible au chalumeau. La poussière des cristaux terminés par un plan perpendiculaire à l'axe, et celle des masses informes et terreuses, projetée sur un charbon ardent ou sur une plaque de fer rouge , donne une phosphorescence d'un beau vert-jaunâtre. {Hmij.) La couleur des cristaux et des masses de chaux phospha- tée varie beaucoup; il y en a de limpides , de violets, et de verdâtres ; de jaunes verdâtrcs, de bleus, de bleus verdâtres et de bruns : les variétés terreuses sont communément opa- ques et d'un blanc jaunâtre. Cent parties de chaux phosphatée cristallisée de Bohème, dite Apaù'lc ^ contiennent , d'après l'analyse de Klaproth : chaux, 55 ; acide phosphorique , 4-5- Ce résultat est presque le même que celui qu'a obtenu M.Vau- quelin , enanalysantdes cristaux pyramides jaunes d'Espagne. Ils lui ont donné : chaux, 54-, 28 ; acirle phosphorique, 4-5,72. La variété tei'reuse de l'Estrainadure renferme Sg de chaux, et 35 d'acide pîiosphorique, avec2, 5 d'acide fluorique, 3 de silice et un peu le fer. Variétés de formes. — : Le nombre des variétés de formes déterminables de cette substance, décrites par M. Haiiy , est actuellement de dix : une partie d'entre elles sont terminées en pointe, et plus ordinairement .dlongées ; les autres n'ont pas de pyramides ; les premiers appartiennent au Gemeiner apalit de NVerner , et les secor.Js à son Spavgeîstein. Ce nom, qui signifie pierre d'asperge, est tiré de la ressemblance que la couleur des cristaux observés d'abord, avait offert avec celle de l'asperge. On en a trouvé depuis qui offrent les mêmes variétés de formes, elquisont d'une couleur orangée; et d'autres d'un C H A .gg bleu verdâtre, plus ou moins foncé , et d'un brun noirâtre , qui ont été nommés Moroxit , par M, Reuss. * Cristaux non-pyramides. — APATITE. 1. Chaux phosphatée primilioe , en prismes hexaèdres régu- liers , Irès-couris : Cette variété est fort rare. 2. Ch. p. péridodécaèdre ; la variété précédente ^ dans là- quelle les arêtes du prisme sont remplacées par des facettes. 3. Ch. p. annulaire; la variété primitive dont les arêtes , au contour de chaque base , sont converties en facettes qui for- ment comme un anneau autour d'elle. 4.. Ch. p. émarginée ; prisme à douze pans, dont les arêles des bases sont tronquées. 5. Ch. p. imihinaire ; la variété annulaire, augmentée à chaque sommet de six facettes qui naissent sur les angles so- lides de la forme primitive. Ces différentes variétés se trouvent en Saxe, en Bohème et en Angleterre , dans les filons d'étain ; leur couleur est communément le blanc verdâlre , le violet ou le bleuâtre. Elles sont décrites et figurées dans le traité de M. Haiiy. 6. Ch. p. progressive ; modification déforme de l'unibinaire, dans laquelle le contour de chaque base offre trois facettes au lieu d'une , comme dans cette dernière. 7. Ch. p. doublante; la précédente modifiée par des facettes trapézoïdales situées au-dessous des faces qui interceptent les angles solides du prisme hexaèdre. La première de ces deux nouvelles variétés a été décrite et figurée par M. Haiiy, dans le douzième volume du Joiirrisl des Mines, et la seconde dansson Tableau comparatif El'°s ont été découvertes par M. Camper fils , au Saint-Gothard, où elles sont associées à d'autres cristaux de feldspath nacré , et au mica , sur un feldspath compacte ou mélangé de talc chlorite, 8. Ch. p. bino-annulaire ; prisme à six pans , terminé par des bases bordées de deux rangées de facettes. Cette nouvelle variété que M. Haiiy a fait voir dans son cours de minéralogie de cette année , vient de Sungangar- sok , dans le (iroënland ; elle est engagée dans un mica schis- toïde noir verdâtre. Le même savant possède d'autres cristaux de chaux phos- phatée , d'une couleur brune , disséminés dans la pyrite ma- gnétique , et qui lui ont été envoyés de New-Yorck : ils res- semblent beaucoup , au premier aspect , à certains grenats. ** Cristaux pyramides;. S pargelstein de Werner. 9. Ch. p. pyramidée ; en prismes hexaèdres allongés, ter- minés par dps pyramides à six faces. 200 C H A 10. Ch. p. dodécaèdre ; la variété précédente , dans laquelle le prisme a douze pans au lieu de six. Ces deux variétés ont été observées d'abord sur des cristaux d'un jaune verdâtre , quelquefois Iransparens , qui se trou- vent à Jumilla , près du Cap de Gates en Espagne , dans «ne gangue argileuse , d'un blanc rougeâtre , criblée de pores et qui renferme en même temps des lames de fer oligiste ; ce qui a fait penser à quelques naturalistes qu'elle étoit d'ori-^ gine volcanique. l\omé-I)clisle et de Born les ont décrites sous le nom de clnysolithes, en les rapprocbant du péridot dont la' composition est très-différente , comme Tout fait voir les analyses de Klaprolb et de Vauquelin. On les a retrou- vées depuis en Norvvége, dans les mines de fer d'Arendai, en cristaux d'un bleu sombre , ou nuancé de yerdâtre , et bruns. (^Moroxitde Reuss). *** Vorictés indéterminables. 1 1. Cb. p. cylindruîde {agustite. V. ce mot.); en prismes can- nelés d'un bleuâtre clair, engagés dans un feldspath com- pacte rougeâtre de Saxe. 12. Ch. p. laminaire; en masses à tissu lamelleux très- ap- parent , d'un vert sale et nuancé de rougeâtre ; de Norwége. i3. Ch. p. grano-lamellaire ; bleue claire, verdâtre, vert noi-î râlre et rougeâtre : du même pays. i4.. Ch. p. concrélionnée-fihreuse; composée de couches con- centriques, mamelonnées et à tissu fibreux , d'un blanc mat, nuancé de jaunâtre , quelquefois dendritique. i5. Ch. p. massioe-ierreuse ; en couches d'épaisseur variable , blanchâtres ou jaunâtres ; de Logrosan , en Espagne , comme la précédente. On trouve cette pierre , dit M. Proust, non par veines, mais formant des collines entières , aux environs de Logro- san , dans la juridiction de Truxillo , province d'Eslrama- dure. Elle est disposée par couches, entrecoupées de veines de quarz , et qui ressemblent beaucoup à certaines pierres calcaires àgrain fin. (J. de Ph. de 1788.) Elle est employée pour bâtir. 16. Ch. p. puloérulenfe , blanche ; mélange de fluate et de phosphate calcaire qui a été décrit tantôt comme une chaux îluatée pulvérulente , et tantôt réuni à cette espèce. Elle est de Marmarosch en Hongrie. La chaux phosphatée se rencontre également dans les ter- rains d'ancienne formation , et dans ceux qui leur sont posté- rieurs. Ses cristaux tapissent des cavités qui existent dans le granité , comme aux environs de Nantes et en Amérique ; dans les veines d'étain de la Bohême , de la Saxe et de l'An- gleterre , ils accompagnent k quarz , la chaux fluatée et la to- C H A paze. On en trouve de disséminée dans le quarz , au Simplon et dans les environs de Limoges , et avecla tourmaline et le mica dans les Pyrénées; mais nulle part en si grande abon- dance qu'en Espagne , où la variété terreuse forme de grandes masses ( V. plus haut. ). Cette substance existe encore sous la forme d'aiguilles pyramidées , blanchâtres, dans des mas- ses de pyroxène granulaire et de mica, aux environs d"Al- bano , dans la campagne de Rome , suivant M. Gismondi. II en vient de Zillerlhal en Tyrol , qui est en petites masses d'un beau jaune verdâtre clair, engagées dans un talc. Enfin, ce dernier pays en a fourni rjécemment une variété concré- tionnée con^.pacte , d'un blanc mat. La collection de M. de Drée renferme une belle suite d'é- chantillons de ce minéral. Chaux phosphatée quarzifère. Cette sous-espèce de chaux carbonatée se trouve à Schlackenwald en Bohême, où elle fait partie de la gangue des mines d'étain. Elle est en masses poreuses et comme cariées , ou com- posées de lames entrelacées. Sa cassure est grenue , terne ou- îbiblement brillante, et sa dureté assez grande. Elle étincelle par le choc du briquet, et donne une lumière phosphorique très-brillante et d'un jaune doré , par l'injection de sa pous- sière sur des charbons ardens. Sa couleur est le gris sale nuancé de violet. Nous sommes redevables de la connolssance de la chaux phosphatée quarzifère à M. Tondi. (luc.) Chaux phosphorée. V. Chaux phosphatée, (lis.) CHAUX SULFATÉE, Haiiy, Brong. {Ch.hydw-sulfaiêc, Boum.; gyps, W'erner, vulgairement sulfate de chaux, séièniie^ gypse ^ jjicire à plâtre. ), C'est la combinaison de la chaux avec l'acide sulfurique, et l'espèce de ce genre la plus abondante après la chaux carbonatée. Elle s'en distingue facilement à l'aide des caractères suivans. Elle se trouve cristallisée , ne fait point effervescence avec les acides. Elle est tendre au point de se laisser rayer par l'ongle. Sa pesanteur spécifique est de 2,3i , au plus. Au feu , elle décrépite, s'exfolie, blan- chit et devient friable. Au chalumeau , elle fond en un émail blanc , lorsque la llamme est dirigée sur le tranchant des lames. L'émail n'est pas de la chaux vive; Il tombe en pous- sière en peu de temps. La chaux sulfatée cristallisée a pour forme primitive un prisme droit , dont les bases sont des pa- rallélogrammes obliquangles de iiS^'S' et GG^Ba"; les longueurs du petit côté de la base, du grand côté et de la hauteur, sont dans les rapports de 12, i3 et i4- M. Haiiy a observé en outre dans des variétés laminaires, des joints dans le sens 4e3 diagonalts des bases, ou qui formoienl avec les grandes C H A ïaces du prisme, des angles à peu près droits à l'œil, La chaux sulfatée a la réfraction double ; ce qui se reconnoît en observant un petit objet à travers une facette artificielle faite sur l'un des angles solides obtus, et la base opposée. Cette substance est soluble dans cinq cents fois son poids d'eau. Elle est composée , suivant Bergman , de chaux, 3i,2 ; d'acide sulfurique, 46, 8; et d'eau, 2 2.Fourcroyatrouvé: chaux. Sa; acide, 4^, et eau, âa.MM.Berthier, Warden et Bucholz, ont obtenu les mêmes résultats. I. Chaux sulfatée cRiSTALLrsÉE ( Spath'ger gyps , K. — - Ch. suif, sélénite^ Brong.). On hii donne vulgairement le nom • de sélénite , ou bien parce que ses lames ont l'éclat argentin de la lune , sélène en grec , ou bien de ce que l'on peignoit dessus des images de la lune. Elle se divise très-facilement en lames qui ont une certaine {lexibilité produite par leurs molécules, qui, ne se séparant pas sur le même plan , res- tent après la fracture engagées Tune dans l'autre. La pièce ne peut soutenir une seconde épreuve sans se briser. Les for- mes de la chaux sulfatée sont peu nombreuses, et souvent leurs faces sont curvilignes. Les plus remarquables sont : i.o la trapé tienne. C'est un prisme à six pans, à sommets à deux faces trapézoïdales, réunies en biseau oblique , ou bien la table rhomboïdale avec les bords biselés. Cette forme prend différens aspects, suivant que les faces du prisme se sont plus développées dans un sens que dans l'autre. 2.° \^ équi- valente. La forme précédente avec un sommet à trois faces. 3.° U'Hémitrope. Lesprécédenles , dont une moitié étant sensée avoir tourné sur l'autre , a produit un cristal dont un l>out offre un angle rentrant , et l'autre un sommet pyramidal. 4..*' ludi Prismatdide. La précédente, dont le prisme est défiguré par des stries , et les sommets oblitérés ou convexes. 5.° La Mixiiligne. Les formes i et 2 présentant h. la fois et des faces planes et des faces curvilignes. 6.° La Lenticulaire ; en forme de lentilles, qui ont depuis une ligne jusqu'à un pied et plus de diamètre. Les cristaux de cette forme sont rarement soli- taires ; ils sont ordinairement groupés. La réunion de deux présente , dans la coupe , la forme d'un fer de flèche ; c'est ce qui les a fait appeler à Montmartre , où ils sont très- abondans, gypse en fer de Jlèrhe , ou de lance; et comme ils se divisent aisément en lame transparente, on les a appelés mi- roir d'âne., en l'honneur de ces animaux qui font le service des moulins qui couronnent celle colline. On appelle gypse en crête de çoq les groupes formés de plusieurs de ces lentilles , et qui sont ordinairement sphériques. Nous distinguerons encore, i." la chaux sulfatée laminaire. C'est celle qui est en masses laiiieileuses ou en grandes lames C H A 2o3 transparentes ou nacre'es ; 2.° la ch. suif . fibreuse ou soyeuse (gypse soyeux); elle a la texture fibreuse , et l'éclat de la soie ou du satin; 3.° la ch. suif, rameuse; elle est en petits rameaux contournés , qui imitent de pentes chicorées ou des vrilles de plantes; on la trouve à JMatîockbath, dans le Derbyshire; au Hartz, en Hongrie ; 4-" 1* ^''- ^^'{f- (^omparte; elle est en masse compacte ou grenue , qui imite le marbre blanc; 5.° la ch. suif nwiforme^ formée de très-petites lamelles d'un blanc de neige , lâchement unies ; elle se trouve dans les bancs de Montmartre , adhérente aux cristaux de chaux sulfatée lenti- culaire ; 6." la terreuse ; elle ressemble à de la craie , et tache les doigts comme elle ; on la trouve à Zella et Oepitz , en Saxe; elle sert à amender la terre; 7. "la ch. sulj. menacée; elle ressemble à un sablon fin et gris ; chacun de ses grains est un petit cristal. On l'observe dans les collines qui sont près des salines de Roquetas , en Andalousie. Nous l'avons vue dans la collection de M. Lucas. On nomme encore chaut sulfatée concrétionnée., des concré- tions et des dépôts de cette substance , qui se forment dans les carrières et les bancs de gypse. Ce sont des espèces d'al- bâtres , mais qui n'ont point le brillant des couleurs et la dureté des albâtres calcaires. La chaux sulfatée est ordinairement blanche ou grise. Il y en a de limpide, de blanche opaque, de gris-noirâtre , de jaunâtre et de jaune d'or. On en trouve de violette à Lagny ; de jaune chrysolithe dans le Derbyshire; et de bleu d'azur à Bakhofen , pays des Deux-Ponts ; de vert d'émeraude , en Egypte ; de rouge , à Torda , en Hongrie , en Espagne ; de rose, à Eisleben , en Thuringe. IL Chaux sulfatée calcarifère {pierre à plâtre^ gypse ). Elle est en masse, à grains grossiers jaunâtres ou d'un blanc sale. Elle fait un peu effervescence avec l'acide sulfurique , parce qu'elle contient une petite quantité de chaux carbona- tée; elle est surtout reconnoissable à l'odeur fétide qu'elle exhale quand on la frotte. Elle constitue une formation par- ticulière. On la trouve aux environs de ^aris , d'Aix en Pro- vence , de Strasbourg ? en Aragon , aux environs de Madrid , à Catalgirone en Sicile, et dans les déserts de ''Egypte. La chaux sulfatée en masse , ou gypse , est très-abondante dans la nature. Elle paroit être, en général , de formation moderne, quoiqu'on puisse en tliitinguer de prirtnthe., de transi- tion ou secondaire, etde tertiaire. Dc^circonstancesindépendan- tes de notre volonté, nous forcent à uedonner qu'un aperçu des gissemens de la chaux sulfatée. V. Roches gypseuses, G\pse. I.'' Le gypse pn'mitif recouvre les dernières formations des terrains primitifs (les Alpes) ; 2.° celui de transition est adossé ,o4 G H A aux montagnes primitives, ou reposant sur des bancs cal- caires ou recouverts de couches calcaires , et souvent dans dès rocs salifères; il forme des couches irrégulières contour- nées ; son grain est moins fin que celui du gypse primitif; Tun et Tautre n'ont jamais offert de débris de corps organisés fos- siles , et leur contexture a l'apparence du sucre ; 3.° le gypse teiiiaire ( celui des environs de Paris , par exemple ) ou gypse cakarifère , forme des buttes, ou suite de monticules, loin des montagnes primitives. Il est en bancs épais , alternes , avec des lits d'argile ou de marne, et des calcaires, qui renferment des fossiles; le gypse lui-même en renferme qui ont appartenu à des animaux inconnus. V. Faleotherium, Anoplolherium^ etc. Ce gypse est fétide. Sesgrands bancs sont divisés en prismes comme le basalte : c'est ce qu'on nomme, à Montmartre, les Hauts-Piliers. M. Desmarest en a donné une excellente des- cription. {V. aussi l'ouvrage de MM. Cuvier et Brongniart, sur les environs de Paris.) Les cristaux de gypse se trouvent non-seulement dans les couches gypseuses et les couches argileuses qui les accom- pagnent , mais dans les filons métalliques , tels qu'à Guana- xuato , au Mexique, auHartz, en Suède, dans presque tous les lieux où l'on trouve du soufre , et dans les volcans; à Li- parl , il forme des incrustations qui recouvrent les laves. L'on trouve les plus belles cristallisations de chaux sulfatée dans les mines de soufre de la Sicile et de la Sibérie ; dans les salines de Bex et de Wielicksa; en Aragon ; à Oxford, en Angleterre; à Beziers, en Languedoc; àCarpentras, et près de Genève , on trouve de beaux gypses soyeux. Le pays de Gotha en Allemagne, et les filons d'argent de Guanaxuato au Mexique , offrent des cristaux extrêmement volumineux et limpides. Les marnes ou argiles qui alternent avec les cou- ches et les bancs de gypse de deuxième et troisième forma- tions , en renferment ordinairement beaucoup, et les collines gypseuses des environs de Paris en sont un exemple frap- pant. Les variétés compactes sont conmmnes dans les Alpes, à Lunébourg , en Saxe , en Bourgogne , etc. Les usages du gypse ne sont pas très-variés ; mais il en ||t un qui l'emporte surtout , et qui rend cette substance très- précieuse : c'est de donner par la calcination le plâtre dont tout le monde connoit l'emploi comme ciment. 11 entre dans la composition des stucs, et sert à amender les terres hu- mides. Le meilleur plâtre est celui qui contient une petite quantité de calcaire ; c'est ce qui fait la bonté de celui de Montmartre. (Y. Pierre à plâtre.) Dans les pays où la chaux sulfatée calcarifère est ' abondante ^ on s'en sert de pierre à bàlir ; tel est à Montoïarlre , Cslaigironc, en Sicile, Arra-^ C H A 2o5 gon , etc. Les variétés compactes ou lamellaires en masse , sont nommées al/uitres gypseux ; on en fait des tables et des vnses , oade petits objets qui demandent un soin particulier pour elre conservés , ces albâtres étant fort tendres , et se ternissant à l'air. Celui de Yoiterra, en Toscane, est le plus employé ; il a une translucidité remarquable , semblable à celle de la cire blanche. ( V. Phengites. ) C'est avec les cris- taux de gypse calciné qu'on obtient le meilleur plâtre pour mouler et pour aviver les métaux ternis, etc. (ln.) CUAUX SULFATÉE ANCIENNE. F. ChAUX SULFATEE , GypSE. (LN.) Chaux sulfatée calcarifere. F. Chaux sulfatée, Gypse et Roche, (ln.) CHAUX SULFATÉE ÉPIGÈNE, Hauy. C'est delà chaux anhydro-sulfatée, qui, par son exposition à l'air, a pris de l'eau. Elle a néanmoins conservé la structure cristalline de la chaux anhydro-sulfatée, car elle se divise assez souvent en parallélipipèdes rectangles. Elle est d'un blanc opaque , ayant la contexture presque (tu'dlelée (siiLtessiilaire , Haiiy.) , ou compacte et grenue : elle est plus tendre que la chaux anhydro-sulfatée , et donne du plâtre par la calcination. La chaux sulfatée épigène se trouve dans les filons de plomb de Pesey , avec la chaux anhydro-sulfatée. M. Haiiy cite un morceau qu'il possède, dont une partie est à l'état de chaux anhydro-sulfatée lamellaire, d'un éclat nacré , encore in- tacte , tandis que l'autre partie a passé à l'état de chaux sul- fatée épigène par l'intermède de l'eau qui s'est introduite dans son intérieur. En même temps , la substance a perda de sa dureté, et son tissu est devenu plus lâche. Suivant l'ob- servation de M. Hassenfratz , dans certaines galeries de •Pesey, qui ont été percées dans la chaux anhydro-sulfatée, la partie extérieure, pénétrée par l'humidité , a subi un ren- ilement considérable. M. Haiiy place cette variété comme appendice à la suite de la chaux anhydro-sulfatée. (LN.) Chaux sulfatine. F. Chaux anhydro-sulfatée. (ln.) C H AVANT. Nom vulgaire du Chat-huant aux environs 4c Niort, (v.) CHAVARL\, Opislplophits , Vieiîl. ; Pam/ , Lath. Genre de l'ordre des oiseaux Echassiers , et de la famille des Un- C[ROSTREs. F. ces mots. Caractères : b/tc moins long que la lete , garni à la base de plumes très-courtes , conico-con- v€xe: mandibule supérieure un peu voûtée , plus longue que l'inférieure , courbée à la pointe ; narines glabres , ouvertes ; /on/m nu ; tarses robustes , épais ; quatre doigts, trois devant allongés , les extérieurs unis à la base par une membrane , portant à terre sur le bout ; ongles pointus , carénés, canali , 2o6 C H A culés en dessous ; Tîntermédiaire presque droit ; les latéraux un peu crochus ; le postérieur droit ; ailes très-loogues , gar- nies de deux éperons , robustes, un peu courbés en haut et pointus ; les troisième , quatrième et cinquième rémiges les plus longues de toutes ; queue étagée à quatorze rectrices. Ce genre n'est établi que d'après la description de la seule espèce qui le compose ; car je ne l'ai jamais vu, et il n'existe dans aucune collection, que Je sache. Le Cha-VARIA fidèle, Opisiolopusfidelis, Vieill.; Parra cha- varia^ Lath. Dans les Contrées sauvages et à peine habitées de l'Amérique méridionale , plusieurs espèces d'animaux se font remarquer par des qualités aimables et précieuses, La tranquillité qui règne dans ces vastes solitudes , influe sur le naturel paisible des animaux que la nature n'a pas condam- nés à dévorer des chairs palpitantes ou des cadavres infects, et à étancher leur soif dans le sang ; mais celte douceur de caractère prend un nouveau degré d'intérêt lorsqu'elle s'allie à l'inslinct social , à lintelligence , et , ce qui est d'un prix plus relevé , parce qu'il est plus rare , à l'attachement et à la reconnoissance envers ceux dont on reçoit des bienfaits. Tel est le chmmria ^ qui, dans l'état de liberté , fréquente , mais ne trouble point par ses rapines , ni par de sanglans combats, les savanes noyées des climats chauds de l'Amé- rique , et particulièrement le pays de Carthagène , près des bords du fleuve Sinu. Familiarisé avec l'homme , et investi , pour ainsi dire, de sa confiance, il devient un domestique fidèle , actif et intelligent , un gardien vigilant et incorrupti- ble. Nourri dans les basses-cours, il est l'ami et le protec- teur de la volaille ; il demeure constamment au milieu d'elle, la suit dans ses courses journalières , l'empêche de s'égarer, et la ramène soigneusement à l'entrée de la nuit. Aucun des oiseaux de proie , si communs dans des pays encore sau- vages, ne peut approcher du petit troupeau que le chavaria s'est chargé'de défendre. Si un de ces brigands, attiré par l^abondance de la proie , paroit à portée de la basse-cour , le vigilant gardien s'élance vers lui, déploie de longues et de fortes ailes , porte à son ennemi les coups les plus rudes , et le met bientôt en fuite. Son dévouement est entier , il est pur : nulle vue intéressée ne le souille. Quand le philosophe ne sera-t-il plus forcé de renvoyer les hommes à l'exemple des animaux , pour y puiser des préceptes de vertus sociales, sans lesquelles nous ne pouvons espérer d'être heureux.'' Le chavaria n'est pas plus gros qu'un coq commun ; il est haut monté sur ses jambes , ce qui lui donne la facilité de s'avancer dans les marais et de les traverser. La nature l'a en effet destiné à vivre dans les lieux aquatiques , en le couvrant d'une robe épaisse , d'un duvet tellement serré , qu'en y ap- G H A 207 puyanl la main , il rend un bruit ou un craquement assex fort. A terre , la démarche du chavaria est lourde ; et s'il veut la presser , il étend ses ailes et se soutient par une sorte de demi-vol. Cet oiseau est encore remarquable parla longueur de son cou, la brièveté de sa queue, la grosseur de sa jambe , la longueur excessive de ses doigts , la membrane rouge qui oc- cupe une p^tie des côtés de sa tête , une huppe composée de douze plumes longues de trois pouces au bas de l'occiput ; le duvet court et serré , dont son cou est revêtu; enfin, par deux longs éperons, fort solidement implantés au pli de chaque aile. Son plumage est sombre et presque uniforme ; il est généralement d'un noir nuancé de gris, à l'exceplion du cou, qui est d'un noir pur , et de la huppe noirâtre ; l'iris de l'œil est brun ; el ses pieds , de même que les doigts, sont d'un jaune rougeâlre. La description que Sonnini a faite d'un oiseau aussi inté- ressant, est tirée du Voyage de Jacquin ; mais nous devons d'autres détails à M. de Azara , qui a observé le chavaria au Paraguay , où le mâle porte le nom de chaja^ et la femelle celui de chajali , d'après leur cri , lequel est très-fort, aigu et clair; ils le jettent assez souvent, non-seulement pendant le jour, mais encore dans la nuit, pour peu qu'ils entendent quelque bruit; et ils se répondent alternativement. Ces oi- seaux se tiennent tantôt seuls , tantôt par paires , tantôt eu troupes nombreuses ; ils ne fréquentent que les marécages , et si quelquefois on les rencontre sur le bord des rivières , c'est dans les endroits où l'eau est basse et peu courante; ils ne nagent point, mais ils entrent dans l'eau comme les hé- rons , non pas pour manger les poissons, les grenouilles et autres reptiles aquatiques, car ils ne se nourrissent que de plantes aquatiques. Le chaja se perche à la cime des plus grands arbres ; à terre sa démarche est grave ; il tient le corps horizontal, les jambes fort ouvertes, la tête et le cou eri ligne verticale, le bec un peu baissé. Il s'élève quelquefois dans les airs , en faisant de longs circuits , jusqu'à ce qu'on le perde de vue. On dit que cette espèce fait uu nid spa- cieux avec des petites branches, sur les buissons entourés d'eau ou dans les joncs au milieu de l'eau. La ponte est de deux œufs , et les petits suivent leurs père et mère , quoique revêtus d'un simple duvet. A plusieurs attributs particuliers au c^riama , il faut encore ajouter celui d'avoir la peau du corps séparée de la chair par un intervalle d'une ligne et de- mie rempli par une infinité de petites cellules qui contiennent du vent; le tarse et les doigts participent à cette même dis- j^osition de la chair, en sorte qu'il paroît démesurément gros, !io8 C H A et qu'en le pressant du doigt , la peau prête et s'enfonce pour revenir sur elle-même , dès que la compression cesse. Les longues plumes de Tocciput sont décomposées , étroites et dirigées de manière à passer entre l'œil et les narines , de sorte qu'elles forment une sorte de diadème immobile. La longueur totale de l'oiseau est de trente-un pouces ; il a les plumes de la tête et du haut du cou , courtes et cotonneuses, d'une teinte plombée claire ; deux colliers langes de neuf lignes autour du cou, au-dessous de cette teinte ; le supérieur, qui est sans plume , d'un blanc roussâlre , et les plumes du second noires ; le reste du cou , toutes les parties supérieures et inférieures d'un plombé blanchâtre ; la queue , les pennes, les grandes couvertures supérieures des ailes et les scapu- laires noirâtres ; les autres couvertures brunes , noirâtres , blanches ou de couleur de plomb ; celles du dessous des ailes blanches ; le haut de la jambe et le tarse couleur de rose { les ongles noirs ; le bec noirâtre ; la peau nue du lomm et du tour de l'œil d'un rouge sanguin ; l'iris d'un brun noirâtre j la queue étagée et longue de neuf pouces, (s. et v.) CHAVAYER. Plante de la famille des rubiacées , dont on emploie la racine dans l'Inde pour la teinture des cotons. On soupçonne que c'est un Gaillet. (b.) CHAVOCHE. Nom vulgaire de la Chouette, (v.) CHAW-STICK. Nom anglais de la Gouanie de SainT- DoMIMGUE, Gouania domitigerisis ^ L.(ln.) CHAWUSTYN. Nom que les Kalmoucks donnent au Chou , Brassica olcracea , L. (LN.) CHAYA. Plante de l'isoïde, dont la racine sert à la tein- ture. C'est une Garance ou un Gaillet raie aigle, (b.) CHAYOÏE, Chayoia. Plante annuelle du Mexique, à tige grimpante, à feuilles en cœur, anguleuses, rudes, à fleurs axillaires, qui seule forme un genre dans la monoécie monadelphie. Les caractères de ce genre sont : calice à cinq divisions; corolle à cinq divisions avec cinq excavations necl.iriformes ; dans les mâles, cinq élamincs réunies par leurs filets; dans les femelles, un germe inférieur, velu, à cinq sillons , sur- monté d'un style à très-gros stigmate quinquéfide ; un fruit très-grand, ovale , à cinq sillons, inégalement bossue à son extrémité , couvert d'aiguillons non piquans , renfermant une amande de la grosseur d'un œuf de poule ; on le mange. On cultive cette plante au Mexique ; mais elle n'a pas en- core été transportée dans nos jardins, (b.) CHAYOTILLO. Nom du Calboa, au Mexique, (b.) CHAYQUE. Vipère d'Asie, (b.) C ÏT E 209 CHA'YR. Nom araLe de I'Orge , Hordeum vuIgare^lÀwrx. (LN.) CHAZIR. iSom hébreu du Poireau , Allium pon-um, L.(L>0 CllE. Nom cochlnchinois des Thés. Loureiro en indique trois espèces : la première est le Chè an nam, arbre de huit pieds de haut, sauvage et cultivé; l'infusion de ses feuilles est un puissant sudorifique , dont les Cocbinchinois font un usage inunodéré, qui occasione les obstructions dont ils sont affligés; la deuxième espèce est le Chè tau, nommé en Chine Ho nam chd yong ; c est un arbrisseau de quatre pieds de haut, sauvage et cultivé aux environs'de Canlon. Loureiro fait observer qu'il est avec le tbé, que les Européens nomment Thé su chong ( le siao cJiung dm des Chinois), beaucorp plus odorant. Ces deux thés son! plus précieux que le thé hou , qui croît dans la province de Fo-kien , et qui est le plus commun. Le ih.é veii-cst propre à la pro-' vince de Kiang-si. Loureiro pense que tous ces thés cultivés peuvent fort bien n'être que des variétés d'une seule espèce. Chè d'eau est le nom cocbinchinois d'un thé qui croît aussi aux environs de Canton , et dont les fruits donnent une bulle qui sert à l'éclairage et pour faire frire divers ali- niens. (l^î.) CHEB EL-LEYL. Nom arabe de la Belle de nuit, Miraliilis jaJappa, Linn. (ln.) CHEBET. Nom arabe du Fenouil et de I'Ache , ane- ihum grm'eolens; les graines portent celui de Chamar. (ln.) CHÉiiET-EL-GEBEL ( Fmoml du désert ). Nom arabe d'une espèce de Bubon, Bubon tortuosum , Desf. (lx.) CHECHISHASHISH. Nom que les naturels de la baie d'Hudson donnent au Chevalier orivelé. CHECQUERED DAFFODIL. Nom anglais de la Fritillaire MÉLÉagre, Fri'fil/uria meleagris., Linn. (LN.) CHE DE CHUCA. V. Tatou C.vchicame. (s.) CHEELA. r. le genre Pygargle. (v.) CHEEK, L'un des noms lapons d une Fougère, Osmunda sliiUhiopieris^ Linn. (desm.) CHEESF-RENNET. Nom anglais du Gaillet jauwe, Galium vevuni , Linn. , nommé aussi rheeserennîg et yellut» la- diesl/edsfràa\{hl<(.) CHEFCHOUF et BERYRRH. Noms arabes deî'A- RISTIDE plu MEUSE, y!fm/ïc?« jy/iT/mosa, Linn. (lN.) CHEFE ALLLMAR , KATE ALLH Ï^NEÎ et CHETA ALHAMAR. Ce sont les noms que les Arabes ont donnéà à I'Elaterium, Momordlmdaterium, Linp. (LN.) CHEFER. Dans l'ancienne langue teutonique, c'est le VI. , 14 MO C H E nom des ScARABÉs, ou, plus généralement , des insectes co- léoptères, (desm.) CHEILANTHE, Cheilanthcs. Genre de plantes établi par Swartz, aux dépens des AdiâMTES, des Polypodes, des Ptérides et des Lonchites de Linnseus. Ses caractères sont : fructifications rares , marginales ; enveloppe en forme d'écail- les, s'ouvrant par le côté interne. Ce genre renferme une vingtaine d'espèces, dont une seule est propre à l'Europe ; c'est le Cheilainthe odorant {Pteris acrosticha, Balbis) , qui croît dans les Alpes du Piémont, (b.) CHEILINE, Cheilînus. C'est le nom que Lacépède a dAïné à un genre de poissons, qu'il «a établi parmi les thorachiques , pour placer deux espèces, dont l'une avoit été rapportée aux Labres par Linnœus. Les caractères de ce genre sont les suivans : une lèvre supérieure extensible ; des opercules branchiaux dénues de piquans et de dentelures ; une seule nageoire dorsale. Le plus connu des cbelllnes est le Cheiline scare , La- bnis scarus, Linn. , qui a des appendices, autrement de grandes écailles sur les côtés de la queue. 11 se trouve dans la Méditerranée', et est connu sur nos côtes sous le nom de denté. Sa longueur surpasse rarement un pied; sa couleur est blanchâtre, mêlée de rouge ; ses écailles sont très-grandes et transparentes. Ce poisson a été célèbre dans l'antiquité. Arlstotc ,' jiffilien, Oppien, Athénée et Pline, ont vanté ses bonnes qualités vraies ou supposées; Oppien surtout, comme poëte, s'est plu à exagérer les contes populaires dont il étoit Tobjet. On le regardoit comme le meilleur poisson de la Méditer- ranée, et on le payoit des pnx exorbltans dans le temps du grand luxe des Romains. On croit qu'on le transporta des côtes de la Grèce , où il se trouvoit d'abord exclusive- ment, sur celles de la Campanie, où il se multiplia et se consei-va. Mais si le cheiline scare, quoique toujours d'un ex- cellent goût , a perdu de son antique célébrité aux yeux des gourmets, il n'en est pas moins encore très-intéressant à ceux des naturalistes. En effet , il est constaté , par les ob- servations des anciens et des modernes , que 'ce poisson n'est pas carnassier, comme la presque totalité des autres; qull vit de varccs , d'ulves et d'autres plantes marines quil coupe au moyen de ses dénis larges et plates, sem- blables aux incisives des animaux ruminans , au rang des- quels les Grecs l'ont mal à propos placé. Il paroît même qu il aime aussi les végétaux terrestres , et qu un des C H E 211 des moyens les plus certains d'en prendre , est de jeter dans la mer des feuilles de pois, de fèves ^ et autres plante* analogues. Le Cheiliine trilobé a deux lignes latérales , et la na- geoire caudale trilobée. Il est figuré pi. 3i du troisième volume des Poissons de Lacépède. Il se trouve dans la mer des Indes, où il a été observé, décrit et dessiné par Com- merson. Il est d'un brun bleuâtre taché de blanc , de jaune et de rouge ; sa grandeur ne surpasse pas celle dune carpe moyenhc. (b.) CHEILION, Cheilio. Commerson, dont la France ne peut trop regretter la perte prématurée , a donné ce nom a un genre de poisson qu'il a établi dans la division des iho- rachiques , T^tnà,xQl le cours de ses voyages, genre que Lacé- pède a fait connoître dans son importante histoire de cette classe d'animaux, trente ans après la mort de son auteur. Les caractères des cheilions sont d'avoir le corps et la queue très-allongés ; le bout du museau aplati ; la tête et les opercules dénués de petites écailles; les opercules sans den- telures et sans aiguillons, mais ciselés; les lèvres, et surtout celle de la mâchoire inférieure, très-pendantes; les dénis très-petites ; la dorsale basse et très-longue ; les rayons ai- guillonnés ou non articulés de chaque nageoire, aussi mous, ou presque aussi mous que les articulés; une seule dorsale ; les thorachiques très-petites. Ce genre renferme deux espèces :. le Cheilion DORÉy qui est entièrement doré, à Texception de quelques points noirs qu'on remarque sur la ligne latérale; il n'a qu'une rangée de dents; ses écailles sont arrondies; ses opercules composés de deux pièces et terminés par un appendice membraneux; sa caudale arrondie. H atteint un pied de long, et sa chair est agréable au goût. Le CHEiLio>f BRUN, qui est d'un brun livide, avec les nageoires thorachiques blanches, et des taches de même couleur sur la dorsale et l'anale. Il est plus petit que le précédent. Ces deux poissons habitent les mers de Tlnde. (b.) CHEILOCOGCA, Salisburry. V. Platylobe, Platylc- liiim, Sm. (l^.) CHElLODACTYLE,.C7/«7o£?a<:/y/i«. Genre de poissons établi par Lacépède dans la division des Abdominaux. Il a pour caractères : corps et queue très-comprimés ; lèvre supérieure double et extensible; les derniers rayons de chaque pectorale très-prolongés au-delà de la membrane qui les unit; une seule nageoire dorsale. Ce genre ne contient qu'une espèce , qui vient de la mer C H E des Iiîdes , qui a sept fascies brunes sur le corps , et cinq sur la nageoire de la queue, (b.) CHÉILODIPTÈRE, Cheilodlplems. Genre de pois- sons introduit par Lacépède dans la division des thora- chiques, et qui réunit quelques espèces du genre Labre et SciÈNE des autres auteurs , à un plus grand nombre non en- core publié. Voyez aux mots Labre et Sciène. Ce genre offre pour caractères : une lèvre supérieure ex- tensible ; point de dents Incisives ni molaires ; les opercule^ des brancbles dénués de piquans et de dentelures; deux na- geoires dorsales. Il contient neuf espèces. La première division des cbéllodiptères renferme ceux qui ont la queue fourchue , tels que : Le Chéilobiptère heptacanthe, qui a sept rayons aiguil- lonnés et plus longs que la membrane intermédiaire, à la pre- mière nageoire du dos; la caudale fourchue; la mâchoire in- férieure plus avancée que la supérieure ; les opercules cou- verts d'érailles semblables à celles du dos. Il se trouve dans la mer du Sud, où il a été observé par Commerson. On en a fait un genre sous le nom de Temnodots. Le CHÉiLoniPTÈRE chry.soptèrë a neuf rayons aiguil- lonnés à la première dorsale, qui est arrondie; la caudale en croissant; les deux mâchoires à peu près aussi longues l'une que l'autre; la seconde dorsale , l'anale , la caudale , et les thorachiques dorées. Il vit dans les eaux de la Marti- nique, où il a été observé, décrit et dessiné par Plumier. Il est figuré vol. 3, pi. 33 de l'ouvrage de Lacépède. Le CiiÉiLODiPTÈRE RAYÉ a neuf rayons aiguillonnés à la première dorsale; la caudale en croissant; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure ; les dents longues, crochues et séparées l'une de Tautre; une bande transversale, large et courbe, auprès de la caudale; huit raies longitudinales de chaque côté du corps. Il est figure dans l'ouvrage de Lacépède, vol. 3, pi. 34-. Il habite avec le précédent. C'est un poisson dont la robe jette le plus grand éclat lorsqu'il, nage à la surface de la mer , et que Je soleil brille. Le Chéilodiptère Maurice, Sciœna Maurîtii, a neuf rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; quatorze rayons à celle de l'anus; la caudale en croissant; la tête et les opercules dénués d'écaillés semblables à celles du dos ; la couleur argentée et uniforme. Il vit dans la mer du Brésil, et est figuré pi. B. 10. La seconde division des cbéllodiptères renferme ceux qui ont la queue arrondie et non échancrée. On y trouve : Le Chéilodiptère acoupa; ila dix rayons aiguillonnés à la C H E 2i3 première dorsale ; la caudale arrondie ; la mâchoire infé- rieure plus avancée que la supérieure ; plusieurs rangs de dents crochues et inégales ; plusieurs rayons de la seconde dorsale terminés par des filamens. Il se trouve avec le pré- cédent. Le Chéilodiptère boops a cinq rayons aiguillonnés à la première dorsale; le* yeux irès-gros ; la mâchoire inférieure plus avancée que la supérieure. C'est le labrus boops de Houl- tuyn. Il habite les eaux du Japon. Le Chéilodiptère macrolépidote, Sclœha macrolepidoia ■, Bloch , tab. 298, et Bmj^oh de Deterville, vol. 4» p. 26. Il a sept rayons aiguillonnés à la première nageoire du dos; la caudale arrondie ; la mâchoire inférieure un peu plus avancée que la supérieure; Tentre-deux des yeux très-relevé; les oper- cules et la tête garnis d'écaillés de même figure que celles du dos ; le corps et la queue revêtus de grandes écailles. Il habile la mer des Indes. Le Chéilodiptère tacheté, Sciœna maculaia , Bloch, pi. 299, et Buffon de Beterville, vol. 4^ pag- 26, a sept rayons aiguillo>nnés à la première nageoire du dos; la cau- dale lancéolée; les mâchoires égales; de petites lâches sur les deux dorsales, la caudale et la nageoire de Tanus. On ignore sa patrie, (b.) CHEIMODYNAMIS, Dioscoride. Voyez Valériane grecque, Polemonium cœnileum^ Linn. (ln.) CHEIR, Dlosccrride. Plante rapportée aux Cardères ( âipsacus ) par Adanson. (lt?.) CHÉIRANTHOÏDES. Nom d'une division de la famille des plantes Crucifères. Voyez au mot Crucifère, (b.) CHÉIRANTHODENDRE, Chehmithockndroa. . Genre de plantes, synonyme de Cheirostemon. (b.) ÇHEIRANTHUS. Nom latin des giroflées; il tire son origine», soit de deux mots grecs, qui s'i^niûero'icnt feur en forme de main , ou bien du mot grec anihos, fleur , et de rheiii^ nom arabe de plusieurs espèces de ce genre. 11 a éîé appli- qué principalement à des plantes crucifères dispersées dans les genres Yélar {erysimum), HÉLIÔPHILE et Arabette. Vaillant nommolt Cheiranthos, le genre Hébeisstreitie de Linnspus , et Commelln appeloit aussi de ce nom une espèce de Makulée (^manulea cheiranthus , Linn.) (LN.) CHE1RI,KE1R1 et ALCHIEIRL Noms arabes des giroflées rouges, blanches ou jaunes, cultivées dans les jar- dins. Linnœus a laissé le premier nom à l'espèce à fleurs jaunes ( cheiranthus rheiri , Linn. ). (LIS.) CHE ÏROMYS, On a composé ce nom grec, qui signifie .u ^ T^ ^' rc.l à main , pour désigner Tanimal de IVIadagascar, appelé A\E-AYE par Sonnerat. Voyez ce mot. (desm.) CHEIROGALEUS ( de ;c"P main et yaXyi chat. ) (ienre «le mammifères quadrumanes, établi par M. Geoffroy-St.- Hilalre ( ylnn. du Mus. , tom. ig , p. 171 ), sur trois dessins Pteropiis; CÉPHALOTE, Cephalotes. M. H.nffr.ipsqne SchuLtllz a augincttté le nombre de ces genres de celui qu'il nomme Atalapiia. V. ces mois, (desm.) ClIElBCPTÈRES. ( Organisation. ) — Les chéiroplères ou chauves-souris, qu'un examen superficiel a fait long-lemps regarder comme des espèces d'oiseaux , ont cependant tous les caractères des véritables mammifères , au troisième groupe niiurel desquels ils appartiennent. Ils doivent même elre au premier rang de ce groupe , par Tensemble de l'or- ganisation. Leurs mœurs et leurs habiUides sont cependant assez remarquables pour avoir nécessité des modifications importantes dans les organes des sens et dans ceux de la lo- comotion. Tout le monde sait que ces singuliers animaux se dirigent avec la plus grande adresse et dans la plus grande obscurité dans les espèces de labyrinthes ou de cavernes que souvent ils habitent ; on a attribué cette faculté remarquable tantôt à un sens , tantôt à un autre. Enfin , un observateur embarrassé, Spallanzani , a fini par créer pour eux un sixième ou septième sens : personne n'a cependant été tenté de l'attribuer à 1 organe de la vue. En effet, les yeux de la plupartdes chauve sourissontfort petits, les paupières peufen- dues; le cristallin m'a paru sensiblement plus aplati que dans les autres animaux mammifères terrestres, et surtout en avant. Ils n'ont pas -le muscle suspenseur du bulbe de l'œil , etc. Le sens lic 1 ouïe est au cont,raire très-dévcloppé , et présente des particularités dignes de remarque. Ainsi, l'ap- pareil intéricir , du moins dans les espèces insectivores, n'est pas enveloppé dans une substance osseuse à la- quelle sa dureté a valu le nom de rocher ; en effet , on voit presque à nu le limaçon et les canaux semi-circulaires, et ass -z pour pouvoir compter le nombre des circonvolutions d'i [)r';mier. U))e autre singularité est que cet os est, pour aiUbi dire , libre et flottant entre l'os occipital et le sphé- noïde, comme cela se voit dans les cétacés, les animaux à s.'.bots , etc. Mais ce qui ne se trouve , je crois , que dans nos cbiiuves-souris , c'est que la caisse du tympan , en grande partie membraneuse , et assez petite , n'est soudée avec au- cun des os qui l'environne, à moins peut-être que ce ne soit chez des individus très-âgés. L'appareil extérieur est souvent non moins remarquable par la grande dimension qu'acquiert dans certaines espèces la conque proprement dite , puis- qu'elle peut être aussi longue que l'animal ; elle est , en général , fort mince , dirigée par des muscles nombreux ; elle est encore augmentée par le développement considéra- ble que peut prendre le tragus , de manière à sinmler une 220 C H E grand, fort large , et dénote une ouïe très-fîne ; aussi n'y a- t-il guère de doute qu'elle ne serve beaucoup à ces animaux dans la chasse des insectes, L'otlorat doit être beaucoup moins développé ; en effet , la cavité nasale est le plus souvent fort courte et très-dépri- mée ; les cornets inférieurs sont assez peu subdivisés ; Tou- verturc postérieure est petite , très-surbaissée; Tantérieure également fort étroite, paroît pouvoir être fermée ou mieux ouverte à la volonté de l'animal , peut-être pour retenir dans la poitrine une grande quantité d air , et par-là acquérir une légèreté spécifique plus grande, en même temps que fournir un point plus fixe aux muscles de l'épaule. Cet orifice des narines est souvent accompagné de très-singulières produc- tions membraneuses de forme très-bizarre , dont on s'est servi pour caractériser quelques petits genres de cette famille, mais dont on ignore entièrement Tusage ; ce sont évidem- ment des replis de la peau, mais non couverts de poils , et qui ne semblent guère devoir augmenter la finesse de l'o- dorat. Quant au goût, la langue, assez large, est souvent épaissie en arrière par une sorte de tampon ou de renflement qui pourroit servir à fermer les fosses nasales pendant l'hiber- nation. Quoi qu'il en soit , la partie antérieure est assez sou- vent garnie de petites épines , et il est à remarquer que les espèces où celte disposition est le plus développée , comme les roussettes , ne se nourrissent que de fruits. La peau , presque tout-à-fait semblable sur le corps , pro- prement dit , à celle de la musaraigne , présente dans les parties qui servent à augmenter la surface de l'animal , et en outre à voler, une disposition particulière ; elle est tout-à- fait nue , extrêmement fine , mince et transparente ; les nerfs qui s'y rendent , comme le musculo-cutané et le cutané in- terne pour les membres antérieurs, m'ont paru aussi gros que le nerf médian ; elle offre, en outre, dans toutes ces parties des espèces de petits tendons ou fibres ligamenteuses élasti- ques très-fines, dirigées dans presque tous les sens, se portant dca os à ses bords et le long desquelles elle se plisse, de ma- nière à ce que , lorsque l'extension vient à cesser , toutes les parties de la peau se replient, se crispent sur elles-mêmes. La grande étendue de cette peau nue , sa finesse , les nerfs nombreux quelle reçoit, ont fait admettre comme probable que c'est elle qui est le siégé de l'organe d'où dépend la fa- culté qu'ont les chauve - souris de se diriger dans l'obscurité. Mais c'est surtout dans les organes de la locomotion que les chéiroptères offrent la plus grande anomalie ; comme chez les oiseaux, le tronc, en général, a été modifié pour C H E 221 voler à l'aide des membres antérieurs ; ce sont toujours les mêmes moyens pour arriver au même but , mais avec des matériaux primitifs ou des élémens difïerens. Pour la structure anatomlque des os, il y a analogie avec ce qui existe chez les oiseaux, en ce qu ils sont spécifi- quement plus légers que dans les autres mammifères : leur cavilé est beaucoup plus grande; le tissu diploïque nul ou presque nul ; l'épaisseur de la partie compacte beaucoup moindre , surtout dans lliumérus et le radius. Du reste , ils sont remplis de moelle , et l'air ne pénètre point dans leur intérieur comme chez les oiseaux. Quant à leur disposition générale , rien ne ressemble réellement aux oiseaux. La colonne vertébrale , très-foible en général , se com- pose de vertèbres fort mobiles dans la région lombaire, et au contraire presque sans mouvement dans celle de la poitrine. Leur corps est extrêmement petit ; l'anneau qui entoure la moelle épinière fort large, tout-à-fait plat supérieurement, souvent sans aucune trace d'apophyse épineuse , et se sou- dant latéralement avec les côtes. Celles-ci sont larges, forte- ment arquées , surtout à leur partie supérieure. Leurs car- tilages s'ossifient de très-bonne heure ; le sternum est long, composé de pièces carénées inférieurement , surtout l'anté- rieure qui est très-forte , de manière à former une sorte de brèche à peu près comme dans les oiseaux et pour le même but , c'est-à-dire , pour offrir une plus grande surface d'in- sertion au muscle grand pectoral abaisseur de l'aile. D'après celte disposition de la colonne vertébrale , des côtes et du sternum à la fixité, l'on doit bien penser que les muscles de la gouttière épinière sont fort petits, et c'est en effet ce qui a lieu : ceux du cou, ou plutôt de la tête, sont cependant assez épais. Les membres antérieurs, quoique servant de véritables ailes comme ceux des oiseaux , sont cependant tout-à-fait composés comme dans les mammifères ; ainsi l'épaule n'est formée que de deux os: i." une clavicule très-forte, très- longue et très-arquée, dépassant beaucoup l épaisseur du tronc, et par conséquent repoussant l'extrémité antérieure de l'épaule, de manière à former une profonde goixltière au milieu du dos; 2." une omoplate grande , large, avec une apophyse coracoïde arquée et très-longue, outre l'acromion, avec laquelle s'articule la clavicule. L'humérus, assez long, droit, offre des apophyses et des crêtes d'insertion très-pro- noncées à son extrémité supérieure, et à l'inférieure une double gorge ou poulie articulaire. L'avant-bras est extrê- mement long ; des deux os qui entrent toujours dans sa â23 C H E formation, le cubitus, tout-à-fait rejeté en arrière comnie dans les animaux à satots , est réduit à n'elre plus qu une simple apophyse styliforme , qui n'atteint pas le tiers du ra- dius ; celui-r.i, très-arqué, a ses deux tètes fort larges : la su- périeure , disposée en sens inverse de Thumérus pour former un gynglyme très-serré; l'inférieure, offrant une cavité sig- moïde pour l'articulation assez mobile du carpe , qui est fort petit. La main proprement dite, ou les os qui la com- posent, sont encore plus allongés; mais ils sont réellement presque en même nombre que de coutume. Le pouce, très- court , forme, avec Tonifie qui le termine, un véritable cro- chet, dont l'animal se sert dans son mode de marcher, ou mieux, de se traîner ; le dernier est le plus court des quatre autres , et semble formé d'un seul stylet ; quant aux trois autres, dont celui du milieu est le plus petit , on trouve que chacun est réellement formé de quatre os ; savoir : un méta- carpien et trois phalanges. On trouve aussi qu'ils srtnt articulés entre eux par arthrodie et par gynglyme comme chez les autres manmiifères;maisle plus souvent ils n'ont pas d'ongle. Ces différentes parties du squelette sont réunies par 1 ex- Î)ansion cutanée dont il a été parlé plus haut, en sorte que es doigts des chauve-souris sont essentiellement palmés. D'après la disposition de leurs membres antérieurs, et leur «sage, on peut, pour ainsi dire, deviner d'avance quels sont les muscles les plus développés : ceux qui attachent l'épaule au tronc devront d'abord être assez forts, et en effet deux des portions diitrapèse, le rhomboïde, l'angulaire de l'omoplalte, et surtout le grand dentelé et le sous-clavier, sont assez puis- sans ; il n'y a point de petit pectoral , et encore moins de re- leveur de l'aile, comme chez les oiseaux; mais comme chez eux, et pour la même raison, il y a un très -gros muscle grand pectoral de trois portions, dont une antérieure clavi- rulaire, qui vont se terminer à une crête assez forte de l'hu- mérus ; les deux portions externes du deltoïde sont aussi assez marquées; la troisième , ou claviculaire , offre une disposition qu'on ne retrouve encore que dans les oiseaux : assez foible , à son origine , elle se change bientôt en un long tendon grêle, jaune, élastique, qui suit le bord libre de la membrane in- terbrachiale , et va se fixer au carpe ou au poignet , dont il est un puissant extenseur ou abducteur : la peau se plisse dans toute salongueur , absolument comme dans les oiseaux , de manière que dans le déploiement de l'aile , le tendon ti- raillé étend la membrane , qui se referme ensuite par la seule élasticité de celui-ci. Du reste, les autres muscles du bras ne présentent rien de bien remarquable *: on les retrouve tous aisément ; le coracobrachial est cependant extrêmement pc - C II E ..3 tit ; les muscles fléchisseurs de i'avani-bras sohl comme dans les mammifères : le biceps a deux têtes bien dis- tinctes ; le brachial antérieur est fort peu considérable, il se réunit au tendon du biceps. Ce sont les muscles de l'avant-bras qui sont les plus difficiles à apercevoir; ils existent cependant presque tous, si ce n'est le carré pro- nateur; les plus puissans, ceux qui agissent le plus , sont ceux qui ouvrent ou ferment le poignet, comme le long supl- nateur, confondu avec les radiaux externes, le cubital anté- rieur et le postérieur ; le long exlensem- du pouce est aussi assez fort. Quant aux autres, comme le radial antérieur, le rond pronateur, le court supinateur, Ils ne sont presque que des vestiges: Il en est à peu près de même des fléchisseurs, et surtout des extenseurs des doigts. On les retrouve cependant, et Ton peut suivre leurs tendons jusques sur les phalanges : le pouce a même un adducteur, et l'on trouve sous chaque os du métacarpe de petits filets musculaires qui se joignent au tendon du fléchisseur commun. Les membres postérieurs présentent aussi , dans les chauve-souris, certaines modifications dépendantes égale- ment de leurs usages. On a pu voir qu ils ne serVent guère à la locomotion quadrupède, mais qu'ils font plutôt l'office de crochets pour suspendre l'animal à la voûte des cavernes qu'il habite. Ils semblent d'abord avoir été diminués pour faire que le centre àe gravité fût porté vers la racine des ailes; mais ensuite, pour servir de crochets, ils ont, pour ainsi dire, été retournés, la pointe des ongles étant en arrière et le talon en avant, en sorte qu'ils ont, sous ce point de vue, quelques rapports avec ceux de certains reptiles. Ils en diffèrent ce- pendant au premier aspect , parce qu'ils sont terminés par cinq doigts fort courts et presque égaux, armés d'ongles forls et crochus. Les membres postérieurs entrent aussi dans le système du vol, ou au moins dans celui de sustentation dans l'air, en ce qu'Us sont joints aux antérieurs et même quelque- fois à la queue , ou entre eux , par une expansion cutanée fort large, analogue à celle dont II a été parlé plus haut. Leur structure est, du reste, assez semblable à ce qui a lieu dans les autres mammifères; la différence principale, dans le squelette, consiste dans la brièveté du tarse et du métatarse, dans leur disposition , qui les fait ressembler à une main plus qu'à un pied, et dans l'addition d'un os ou d'un cariilage qui s'ajoute au côté Inlcrne du tarse pour soutenir à son bord postérieur la membrane interfémorale. Quant aux muscles, ils offrent aussi quelques dispositions assez singulières , mais dont l'ex- position ne seroltguères convenable ici. Le reste de l'organisation des chéirpptères se trouve en 224 G Tî E rapport avec la place que nous leur avons assignée dans la série ; la forme et la disposition des dents dénotent des ani- maux ou frugivores ou insectivores ; le canal intestinal qui , dans les premiers , est assez long, avec un large estomac, un long cœcum , est au contraire fort court dans les derniers , et sans aucune trace de cœcum. La poitrine, dont nous avons vu la partie osseuse tout-à- fait semblable à celle des mammifères, quoique en général plus solide, est entièrement fermée par un diaphragme bien complet; les poumons sont tout-à-fait ceux des autres mam- mifères , ainsi que la disposition et la distribution des or- ganes de la circulation. Comme dans tous les animaux dormeurs on trouve autour du cou, en-dessus comme en dessous, et surtout dans l'es- pèce d'excavation formée par les épaules, une quantité con- sidérable d'une substance comme glandulaire lout-à-fait ana- logue au thymus. Los or2;-ine.s de la génération ont cela de plus remarqua- ble, rue les mamelles , assez souvent au nombre de deux , sont placées sur la poitrine ; que l'organe excitateur mâle est libre et pendant comme dans le deuxième degré d'orga- nisation des aniuiaux mammifères, et qu'il ne contient pas d'os dans son intérieur. Le cerveau offre réellement au premier aspect une cer- taine ressemblance avec celui des oiseaux; il est cependant beaucoup plus gros proportionnellement; mais les hémi- sphères sont triangulaires, pointues en avant, sans aucune trace de circonvolution; le corps calleux est fort petit; les tubercules quadrijumeaux, et surtout le cervelet fort gros; l'appendice vermlforme cannelé , beaucoup plus fort que les masses latérales ; les ganglions olfactifs sont petits et poin- tus ; les ganglions d'origine du nerf acoustique sont au con- traire très-gros et logés dans une profonde excavation du ro- cher: la moelle épinlère.est égalenient d'un diamètre consi- dérable, (bv.) CHEIROSTEMON, Chdrostemon. Arbre de l'Amérique méridionale, qui seul, selon Bonplaud, constitue un genre dans la monadelphie monandrie, et dans la famille des malvacées. Ses caractères consistent: en un calice à cinq découpures, muni de trois bractées; point de corolle; cin'DROiN, (b.) C H E ,,5 CHEKAO. Nom que les Chinois donnent à une espèce de spath qu ils emploient dans la fabrication de leur porce- laine, (s.) CHELASON ou CHULON. C'est le nom du Lynx, en Tarlarie. V. Chat, (desm.) CHELIDE, Oielys. Genre établi parDuméril, pour pla- cer la Tortue matamata de Bruguières. Ses caractères sont ; mâchoires plaies , sans bec de corne; pattes palmées, membraneuses, (b.) CHÉLIDOINE, Chelidonium. Genre de plantes de la polyandrie monogynie , et de la famillg des Papa\érâcées, dont les caractères sont d'avoir : un calice de deux folioles ovales, concaves, et qui tombent dès que la fleur s'épanouit; quatre pétales ovales, arrondis, planes et ouverts; vingt ou trente étamines; un ovaire supérieur, cylindrique, dépourvu de style, et temiiné par un stigmate bifide ou trifide ; une si- lique linéaire , à une ou deux loges polyspermes, et qui s'ou- vre par deux ou trois valves. Ce genre comprend six espèces remarquables par leur suc propre , coloré en jaune et fort acre. Ce sont des plantes vivaces, particulières aux contrées méridionales de l'Europe, ou moyennes de l'Asie, dont les feuilles sont alternes et plus ou moins découpées. L'espèce la plus commune est la GRA^'^)E Chélidoine, connue vulgairement sous le nom à'éclaire, dont le caractère est d'avoir les (leurs disposées en ombelle pédonculée. Elle se trouve dans les lieux frais ombragés , sur ie« vieux murs. Elle offre plusieurs variétés. On la regarde comme diurétique, apéritive, propre pour les obstructions, la jaui nisse, Ihydroplsie , etc. On se sert du suc de sa racine pour faire passer les verrues. Cette plante ne doit être em- ployée que par des hommes éclairés , car son usage a des suites graves, lorsqu'il n'est pas bien dirigé. La Chélidoi>"E glauque, vulgairement appelée le pai'ot cornu., {rJie/ùIoniimi glaucimn , Linn.) Elle est moins com- mune que la précédente. On la trouve dans les terrains sa- blonneux. Elle a les pédoncules uniflores , les feuilles am- plexicaules, hispides, sinuées, et les tiges glabres. On lui at- tribue les mêmes propriétés qu'à la précédente. Elle laisse couler, lorsqu'on la blesse , un suc semblable, mais d'une odeur encore plus mauvaise, et d'un goût plus acre et plus amer; ses feuilles sont presque blanches. Tournefort avoit fait de celte espèce un genre distinct, qu'il rïornmo'xXgUiucium et que Linnceus n'a pas conservé. Jussieu, Smith, Mœnch et Persoon Tout rétabli. Outre le chelidomum gîaudum , il fj^ut y rapporter les chelidomum curniçulatum , Linn. et le chc' YI. l5 .2G G H E lidonium hylridum , Linn. Ces plantes diffèrent des vraies clie'^ lidolnes par leur silique à deux loges et surtout par leur porl. Jllles croissent toutes en Europe. V. Glaucieisne. (b.) CHELIDOINE (PIERRE DE) ou PIERRE D'HI- RONDELLE, r. Agate, (pat.) CHELIDONIA. Bauhin {Pin. 67) donne ce nom à la Ficaire, Raminrulus ficarîa ^ Linn. C'est aussi celui du Cardamine à feuilles de chélidoine , Cardamine clielidonia, Linn. (ln.) CHELIDONIUM. Nom latin du genre Chélidoi-^e. Ce nom a été donné, p^ir Fuchsius, à la Ficaire ou petite Chélidoine; par Sloane, à la Boccone frutescente, et par Cornutl, Morison et Ray, à la Sanguinaire du Ca- nada, Sanguinaria ranade/isis , Linn. Dioscoride nomnioit chelidonion , la Chélidoine ( Chelid. majus). Linnseus l'a con- servé pour nom générique. 11 signifie hirondelle, et les an- ciens l'avoient donné à cette plante , parce qu'ils croyoient que l'hirondelle guérissoit les yeux malades de ses petits, avec son suc laiteux, (ln.) CHELIDONS, Cheîidones. Famille de l'ordre des oiseaux Sylvains et de la tribu des Anisodactyles. Voyez ces mois. Caractères : pieds courts, grêles; tarses annelés ou nus ou em- plumés; les trois doigts antérieurs ou unis à la base par une membranule , ou totalement séparés et le pouce dirigé en avant, ouïes deux extérieurs joints seulement à l'origine, et le postérieur toujours tourné en arrière; bec petit, à base déprimée, ouciliée ou glabre, à large ouverture, et à pointe échancrée et courbée ; ailes très-longues ; queue à dix ou à douze récriées. Cette famille se compose desgenres Hiron- delle, Martinet, Engoulevent, Ibijau, et d'une nouvelle division établie par M. Cuvicr , sous le nom de Podargue. CHELIFEP1. Nom latin des insectes du genre Pince. Voyet ce mol. (l.) CHELIOC. Nom du Coq, dans la province de Cor- nouailles en Angleterre, (desm.) CHELISCO THECA. V. Obeliscotheca. (ln.) CHELODONTES, Cheludonta. Nom que j'avols donné à un ordre de la division des insectes acères, ou de la classe actuelle des arachnides, et qui comprenoit ceux de ces ani- maux dont la bouche ne forme point de tube, et qui offre des mandibules. Telles sont les arachnides pulmonaires et la plupart de celles qui composent ia troisième famille des arachnides trachéennes , celle des holètres. ( Voyez ces ar- ticles. ) (l.) CHÉLONAIRE, Chelonarium , Y^h. Genre d'Insectes de l'ordre des coléoptères, section des pentainères, famille C H Ë 227 des clavicornes, caraclcrisé par sa tête cachée sous un corselet «lemi-circulaire, et par ses antennes, qui se logent dans des rainures pectorales, avec les second et troisième articles très-grands, comprimés, et les suivans très-courts. Les chéionaires sont de petits insectes de forme ovale , assez voisins des byrrhes, dont ils diffèrent cependant par les antennes. Leur tête est petite, arrondie, cachée sous le Lord antérieur du corselet; les antennes sont moniliformes, insérées en avant des yeux; le corselet est plane, bordé ; ses Lords sont presque réfléchis ; il est prolongé et arrondi an- térieurement ; 1 écusson est petit, arrondi, velu; les élytres sont roides, de la longueur de l'abdomen; leurs Lords em- Lrassent les élvtres; les pattes sont courtes, fortes, compri- mées; tous les tarses sont composés de cinq articles. Les habitudes de ces insectes, apportés de l'Amérique méridionale, nous sont entièrement inconnues, ainsi que l'histoire de leurs métamorphoses. Les deux seules espèces de ce genre, décrites jusqu'à ce jour, sont : Le Chélonaire très-noir ; il est d'un noir brillant; ses pattes antérieurjes seulement sont d'un brun approchant de la couleur de la poix. Celte espèce est très-voisine du ché- louaire de Beauvois, décrit et figuré par Latreille, Geiier. cmst. et iiisect. , iom. 2 , pag. 45 , et ium. 1 , pi. 8 ^■^. 7. Le Ghélonaire ponctué; il est brun; ses élytres sont parsemées de points blancs, formés par des poils et qui s'ef- facent très-facilement, (o. et L.) CHELONE. Nom donné par Alexandre Brongniart, dans sa Méthode d Erpétologie , aux tortues de mer dont il a fait un genre, fondé sur la disposition des pattes qui sont en na- geoires, et sur d'autres caractères moins importans. Par suite il a appelé ChéLONIENS Tordre de reptiles qui comprend ce genre et le genre tortue. V. Reptile et Tortue, (b.) CHELONE. V. Sigalphe. (l.) CHELOjNION, Dioscoride. C'est le Cyclame ou Pain DE POURCEAU, Cyclamen europœum, Linn. (ln.) CHELONISCUS. Columna donne ce nom aux Tatous. Il signifie Torhie-rloporie. (desm.) CHÉLOSTOME , Chelosiopia , Lat. Genre d'insectes de l'ordre des hyménoptères, section des porte-aiguillon, fa- mille des mellifères, tribu des apiaires , très-rapproché du genre des mégachlles par l'allongement et la forme du labre, ainsi que par la brosse soyeuse qui garnit le dessous de l'ab- domen des femelles ; mais les chélostomes ont le corps plus étroit et plus allongé, ou presque cylindrique ; les trois pre- miers articles des palpes labiaux sont continus, et le qua- ..8 . ^ ^^ ^ . . tiième ou le dernier, et non le troisième, est inséré sous l'extrémité extérieure du précédent ; les palpes maxillaires sont très-courts et composés de trois articles ; les mandibules sont très-avancées, particulièrement dans les femelles, ar- quées et fourchues ou bidentées à leur extrémité. Je ne connois encore qu'une espèce, dont la femelle a été placée par Fabricius avec ses A^TUOPaORES (^ Imncorum ) ; c'est Vapis maxillosa de Linneeus; elle est noire , avec le bord des anneaux de l'abdomen blanc ; la brosse soyeuse du ventre est cendrée. Je soupçonne que Linnseus a désigné le mâle sous le nom de ^omom/i/s; Fabricius en fait un hylée. Cet insecte place son nid dans le tronc des vieux arbres, (l.) CHE-LUM. Suivant Loureiro, les Chinois donnent ce nom à un Nerprun , BJu/mnus lineatiis, Linn. (ln.) CIIELYS. V. Chelide. (desm.) CHEMAN. Nom arabe d'une espèce de Concombre, Cucumh Diiâaim , Linn. (LN.) CHEMIS.Nom que Ton donne, enEgypte, au Panms.(ln.) CHEMNITZIA. Nom donné par lleister à la Lagœcie CUMiNOÏDE. (ln.) CHEMPS, HAMOS et HALHAMA. Noms arabes du Pois chiche ( Cker arietinum , Linn.) suivant Camerarius. Les Arabes modernes nomment cette plante inalaneh^ lors- qu'elle est Aargée de fruits encore verts; quand ceux-ci sont secs , ils les appellent hommos. (ln.) CHÉNA. Dénomination générique, en grec moderne, du C\NARp et de la Sarcelle, (s.) CHÊNAIE. C'est un lieu planté en Chênes, (s) CHENALOPEX. Oie ou canard révéré des anciens Egyptiens, à cause de son attachement pour ses petits. C'est le nomgrecde [a tardone; mais Malvving l'a appliqué au grand pingouin. V. Canard, (v.) CHENANE, On appelle ainsi, dans le département du Loiret, une terre argileuse, mêlée de sable, peu propre à la culture, (b.) CHENAR. Arbre qu'on cultive beaucoup en Perse. Il a une écorce unie et blanche ; ses feuilles sont ramassées à l'exlrémilé des rameaux, et d'un vert brillant. J'ignore quel est le genre auquel il appartient, (b.) CHENARD. Synonyme de Chenevis. (b.) CHENE, Quercus, Linn. {Monoérîe polyandrie.') Genre de plantes de la famille des amentacées , qui a quelques rap- ports avec le châtaignier et le noisetier, et qui comprend de grands arbres et des arbrisseaux indigènes ou exotiques, à feuilles simples et alternes, ordinairement découpées , et à fleurs uni^exuelles. Les fleurs mâles et les fleurs femefles B.i j. . Casj-e de^r Bflufiifiies . 3. iV/^v^e â /a. i/a/le 2. (\z,i\re Je/ie . //. . ('ùftv /(u/n/ii/ere C H E 229 viennent sur le même individu ; elles sont incomplètes et sans pétales. Les premières naissent plusieurs ensemble sur des chatons nninces , lâches et pendans, situés aux aisselles des feuilles inférieures des jeunes rameaux. Les secondes sont solitaires, ou groupées en très -petit nombre sur les mêmes rameaux et dans les aisselles des feuilles supérieures. Elles sont tantôt sessiies , tantôt soutenues par un pédoncule commun plus ou moins long. Chaque fleur mâle offre : un calice membraneux formé dune seule feuille découpée en quatre ou cinq segmens ; quatre à dix étamines dant les filamens, très-courts, portent des anthères assez krges et jumelles. Chaque fleur fe- melle présente : un involucre resserré au sommet, et pres- que fenné avant la maturité du fruit ; un calice très-petit a six dents aiguës , appliqué à la base du style ; et un ovaire à trois loges confuses , portant un style court , terminé par trois , quatre ou cinq stigmates sillonnés et réfléchis. Le fruit , qu'on nomme gland, est une espèce de capsule ou de coque ordinairement ovoïde , quelquefois sphériquc , enchâssée par toute sa base dans une coupe ou cupule hé- misphérique assez épaisse , lisse au-dedans , écailleuse , tu- berculeuse ou hérissée en dehors, produite par l'involucre qui s'est accru. Cette coque, qui est formée d une peau car- tilagineuse et très-polie, ne s'ouvre point; elle contient une amande de même forme , dont la substance est assez dure , communément d'un goût âpre et austère , et se partage en deux lobes. Ces caractères sont figurés dans les Illustrations de Lamarck, pi. 779. De tous les arlîres qui peuplent nos forêts, il n'en est point qui ail un aspect aussi imposant que le chêne , et qui annonce autant de vigueur. Il est l'emblème de la durée et de la force. Son élévation , sa grosseur et l'épaisseur de son feuillage attestent sa supériorité sur tous ceitx qui croissent autour de lui. C'est le premier, le plus appa- rent et le plus beau de tous les arbres indigènes à l'Europe. Dans l'antiquité , il fut un objet de vénération pour ces peuples qui prêtoient une âme à toutes les productions de la nature. Les chênes de la forêt de Dodone rendirent des oracles; depuis, ceux des Gaules servirent d'autels à ses prêtres : c'étolt sous leur ombre sacrée que les Druides chan- toient des hymnes à rÉternel. Chez les Grecs et les Ro- mains , une branche de chêne , tressée en couroime , fut toujours regardée comme la plus belle récompense qu'on pi\t offrir à la vertu ; et l'estimable citoyen qui l'avolt mé- ritée, s'en tenoit plus honoré que s'il avoit été comblé de la faveur des rois. C'est ainsi que tout étoit ennobli et agrandi par l'imagination vive de ces hommes , qui nous ont pré- a3o C TT K cédés de vingt siècles. Aujourd'hui nous ne voyons dans le chêne qu'un simple objet d'utili(é ; et cet arbre superbe , consacré autrefois à Jupiter, et qui reçut jadis tous les hon- neurs des mystères , ne présente maintenant à nos yeux que de froids matériaux pour nos édifices , pour notre marine et pour nos divers usages domestiques. Cette ma- nière de l'envisager est moins brillante, il est vrai, que celle des Grecs , mais elle est plus saine ; e1 si, considéré sous ce point de vue, il n'obtient pas les éloges pompeux des anciens , ceuxqu il mérite sont au moins plus réels et mieux fondés. Ce genre est si nombreux, qu'il S fallu le partager en plu- sieurs sections. Leurs limites n'éloienl pas f jciles à tracer. Quelques botanistes ont divisé les chênes en chênes d'Eu- rope et en chênes d'Amérique. Cette dislinclion ne présente point de caractères assez posilifs, comme on peut facile- ment s'en convaincre J'ai cru trouver , dans la forme assez, constante des feuilles , un bon caractère pour rassem- bler, sous un même paragraphe, un cerîain nombre d'cs-. pèces; et je me suis arrêté à ce plan. Il offre, selon moi, un grand avantage à celui qui étudie la nature , puisqu'en voyant un chêne il peut, à l'inspection s'ule de la feuille, dire tout de suite à quelle section il appartient. L'ordre dans lequel les espèces se trouvent successivement décrites dans cet article, est tel, qu'il correspond graduellement, ou h peu près , à la forme des feuilles , selon leur plus ou moins d'irrégularité. Ainsi, j'ai placé en tête de la série, les chênes qui ont les feuilles découpées très-irrégulière- ment , et à la fin , ceux qui les ont tout-à-fait entières. I. Chênes dont les feuilles sont d('coupées en. lobes, inégaux, .. . obtus ou carrés , et plus ou moins profonds. "•^^HÊTîE A LONGS PÉDONCULES, vulgairement le chêne bliinc, le gravelin , Querats racemosa , Lam. C'est un très- grand et bel arbre, qui vit fort long -temps, dont le bois est d'une excellente qualité, et que l on peut regarder comme le plus titile et peut-être le plus beau de ceux qui croissent cil Europe. Il fait , avec le chêne roure , le fonds de nos forêts. Dans les bons terrains, il s'élève jusqu'à quatre-vingt- dix pieds. Son tronc est gros , droit et bien proportionné ; sa cime majestueuse est ample et oblongue, sans être conique ni pyramidale. Dans son jeune âge , son écorce est lisse et d'un blanc cendré; avec le temps, elle devient épaisse, ra- boteuse , crevassée , brune ou grisâtre. Cet arbre porte des feuilles ovales, oblongucs, soutenues par de très-courts pé- tioles; elles sont plus larges vers leur sommet, et découpées jusqu'à moitié en segmens obtus , arrondis et sinueux ; leur rr Ti E 23i surface supérieure est unie et d"ui> beau vert foncé , rinfc- lieure est presque glauque. Elles toiTibenl tous les ans , ou restent sèches sur l'arbre pendant i'hiver. Les fruils sont suspendus à de longs pédoncules , au nombre d'un , deux ou trois ; ils offrent des glands toujours oblongs , un peu cylin- driques , plus ou moins gros , et enchâssés dans une cupule qui embrasse le quart du gland, et qui est formée de petits tubercules terminés par quelques poils. On voit de très-beaux chênes blancs dans les forêts des provinces de Picardie et de Flandre, et dans celle de Fon- tainebleau. Ce chêne est moins sujet à varier que le chêne roure. Presque toutes les expositions , tous les terrains lui conviennent : le fond des vallées, la pente des collines, la crête des montagnes, le terrain sec et humide, la glaise, le limon, le sable; il s'établit partout; mais il en résulte de grandes différences dans son accroissement et dans la qualité de son bois. Il se plaît et réussit mieux dans les terres douces, limoneuses, profondes et fertiles; son bois alors est d'une belle venue, bien franc , et plus traitable pour la fent(î et la menuiserie ; il profite très-bien dans les terres dures et fortes qui ont du fond, et môme dans la glaise ; il y croît lentement, à la vérité, mais le bois en est meilleur, bien plus solide et plifs fort ; il s'accommode aussi des terrains sablonneux, crétacés ou graveleux, pourvu qu'il y ait assez de profondeur. Il ne craint point les terres grasses et humides , où il croît même très-promptement ; mais c'est au désavantage du bois qui , étant trop tendre et cassant, n'a ni la force ni la solidité requise pour la charpente. Nul bois n'est, en Europe, d'un usage si général que celui de chêne ; il est le plus recherché et le meilleur pour la charpente des bâtiinens, la construction des navires ; pour la structure des moulins, des pressoirs; pour la menuiserie, le charronnage ; pour des treillages , des échalas, des cercles; pour du bardeau , des éclisscs , des lattes , et pour tous les ouvrages où il faut de la solidité , de la force , du volume et de la durée; avantage particulier à ce bois,, qui l'emporte, à cet égard, sur tous les autres bois que nous avons en Eu- rope. Comme le chêne blanc a très- peu de nœuds, il se fend aisément en douelles , et il est unique pour faire des tonneaux, des «-.uves, des fouloirs et autres vases nécessaires à la confection du vin. Le désavantage de ce chêne, ainsi que du chêne roure et de quelques autres, est d avoir beaucoup d'aubier d'une qualitt^ bien inférieure à celle du cœur du bois. Cet aubier, qui est très-marqué et d'une couleur particulière , se pourit promptement dans les lieux humides ; et quand il est placQ b32 C H*E sèchement, il est bientôt vermoulu, et corrompt tous les -bois voisins. 11 faut donc l'enlever avant d'employer le bois. L'écorce de chêne pilée et réduite en poudre , l'orme le meil- leur tan pour la préparation des cuirs. Quand elle a servi à cet usage , on l'emploie à faire des couches dans les serres chaudes. Cet arbre, comme beaucoup d'autres chênes, sert d'ha- bitation à une quantité d'insectes qui aiment à se nourrir àe ses feuilles et de ses chatons. Ces animaux produisent des galles de différentes formes , qui ressemblent quelquefois à des fruits. Il y a quelques espèces de ce genre dont les galles font un objet de commerce , et sont employées dans ies arts. Les feuilles, l'écorce , l'aubier, le bois, les glands du rhcne et les autres productions particulières que l'on trouve acci- dentellement sur cet arbre, telles que les galles, les guis, etc., sont d'usage en médecine : leurs vertus sont en général stip- tiques et astringentes. CllÈNE IIOURE ou ROUA'^RE, ChÊNE COMMUN A GLANDS SES.SILES, Quercus rulnir, Linn. Il n'est pas moins commun dans nos forêts que le chêne à grappe , mak il lui est inférieur dans la qualité de son bois. Ce chêne ^ qm forme une espèce irès-distincle, varie beaucoup dans plusieurs de ses parties. La grosseur différente de ses fruits, les découpures de ses feuilles pbîs ou n)oins profondes, leurs surfaces inférieures tantôt lisses, tantôt chargées de poils, la couleur rouge ou blanche de leurs pétioles et de leurs nervures, etc., pro- duisent plus de quarante variétés, qui, pourtant, peuvent se réduire aux six suivantes, savoir: Le Chêne roure à larges feuilles , vulgairement le durelln , 'bel arbre à feuilles lisses , et ayant des découpures peu profondes et arrondies. Son gland est gros, court, pres- que sessile, solitaire , et à cupule raboteuse. Le chêne roure lacinié ^ arbre médiocre, dont les feuilles sont lisses et à dé- coupures ondulées et comme crépues, et les glands petits et disposés par bouquets. Le cliêne roure noirâtre , grand et gros arbre d'un beau port, ayant des feuilles ovales, coriaces, à sinuosités peu profondes, et de gros glands solitaires, à cupule tuberculeuse. Il est commun dans la forêt de Fon- tainebleau. Le chêne roure lanugineux , arbre de grandeur médiocre, qui se trouve en abondance au bois de Boulogne et à Sainte-Maur, près de Paris. Son tronc est souvent tor- tueux , sa cime irrégulière et mal garnie; il a des feuilles d'un vert mat en dessus, chargées en dessous de poils, et des glands assez petits, réunis par groupes de deux ou trois : leur cupule est courte etlcgèrement tuberculeuse. Le chêneroureà C H E 233 irochets; \\ s'élève peu, a des feuilles à peu près semblables à celles de la précédenle variété , et porte de petits glands oblongs, et lerniinés par une pointe : on trouve ce chêne dans la forêt de Fontainebleau. Il croît en Alsace un petit chêne, variété du roure, que les habilans du pays nom- ment chêne de haie. Il reste petit, a le gland fort enfoncé dans sa cupule, et les fibres de son bois entrelacées comme celles de Torme tortillard. Dans ce.s six variétés de chêne roure , on dislingue la première à larges feuilles , que Ton nomme quelquefois dié/ie viale; et la troisième qui , dans quelques pays, porte le nom de chêne noir. Le tronc du chêne mâle déploie plusieurs maîtresses branches qui ne s'en éloignent qu'insensiblement et en s'élevant toujours. Son bois est plus pesant que celui du chêne blanc ou à grappe, et offre une plus grande résist.mce : les boulets le percent et ne le fracassent pas. îi fournit plus de pièces courbes propres à la construction des vaisseaux, que le chêne blanc; il ne réussit que dans les bons terrains, mais il y vient aune hauteur et aune grosseur prodigieuses; il a de for- tes racines pivotantes, obliques et horizontales. Le chêne noir ou chêne roure noirâtre naît très-bien , subsiste et croît dans les terres arides, y pousse de fortes racines rampantes, qui vont chercher au loin leur nourriture ; ses bourgeons et ses feuilles paroissent plus tard que ceux du chêne blanc; il est, par cette raison, moins sujet à être gelé, et moins attaqué aussi par les vaches et les brebis. Mais son bois est rejeté de la construction des vaisseaux; il se tourmente beaucoup, s'il n'a pas séché cinq à six ans au moins avant d'être employé. Pour corriger cette mauvaise qualité, il faut le laisser sécher dans son écorce ; il a encore plus d'aubier que le chêne blanc. Dans sa force, il est beaucoup plus dur que celui de ces der- niers; mais l'excès de sa dureté est- un défaut : il brise les outils; et, comme il est rempli de nœuds , il ne peut être employé à autant d'usages. Quand il est jeune, il est plus flexible que l'autre : avec le jeune bois de chêne noir, on peut faire des cuves : on ne le peut pas avec le même bois de chêne blanc. De tous nos chênes communs, celui qui donne le meilleur bois pour le chauffage, est le chêne noir; il fait ui) feu plus ardent et plus durable que le bois du (;hêne à grappe ou du chêne mâle. Ce dernier, qu'on appelle à Bordeaux chêne bdfard, participe des bonnes et des mauvaises qualités du chêne blanc et du chêne noir. Le Chêne de L'ApE^]SI]s , ou Chêtse a feuilles hiver- nales, Querciis apennina, Lam. W a beaucoup de rapports avec le précédent. Ses feuilles sont plus larges et moins profondéraenl découpées; elles conservent leur verdure peu-- ..34 C H K dant riiiver. Ce chêne croît en Italie sur les montagnes de l'Apennin, aux environs de Lyon, en Souabe et en Porlugal. CiiÈNE DES PYRÉ^-ÉES, ou Chêne Cyprès, Qiiercus fasii- giata , Mus. nat. Ses feuilles sont obl(?ngués , ovales , pro- fondement découpées en lobes obtus, et presque sessiles ; elles tombent to-ates dès l'entrée de Tliiver; ses branches sont relevées et resserrées presque comme celles du cyprès. Il croît dans les Pyrénées et dans la Basse-Navarre. Chêne grec ou petit Chêne, Quercus esadusj Linn. On le nomme aussi chêne-hêlre. C^'' QsiV escidus de Pline. Cet arbre est petit, a des fruits sessiles et des feuilles lisses, décou- pées jusqu'à moitié en lobes un peu distans , les uns émous- sés , les antres pointus. Il se dépouille tous les ans , et porte des glands longs , assez doux, à cupule un peu piquante. En Grèce , en Dalmatie et en Italie , où croît ce chêne , les pauvres gens réduisent ses glands en farine , et en font une espèce de pain dans les années de disette. Chêne obtusiloke ou Chêne «ris , Quercus obtusiluba , Mich. C'est un arbre qui s" élève à cinquante pieds , avec un tronc droit; son écorce est blanchâtre, sa ramification ré- gulière ; ses feuilles à cinq lobes troncjués et échancrés , à sinus profonds , à base aiguë et à pétiole court ; ses glands ovales, d'une grosseur médiocre, enchâssés à moitié dans leur cupule. Ce chêne croît dans l'Amérique septentrionale. Sa fructification est annuelle et nbondanle ; et son bois très- estimé pour les usages économiques. Chêne frisé ou Chêne a gros fruit, Quercus macrocarpay Mich. Sa hauteur est de soixante à quatre-vingts pieds. Il a une écorce lisse et peu gercée, même dans l'âge adulte ; des feuilles drapées , à sinus profonds et à lobes obtus et comme crénelés. On trouve ce chêne dans le nord de l'Amérique , à l'ouest des monts AUéghanis. Il donne ses fruits dans l'année. Le gland est ovoïde , fort gros , très-enfoncé dans sa cupule dont le bord est chevelu. Lorsque cet arbre croît dans les lieux élevés , son bois est de bonne qualité ; ses feuilles portent de petites galles txès-velues. Chêne blaÎvC aquatique, Quercus lyrata^ Mich. Celui-ci vient dans la Caroline méridionale et la Géorgie. On le trouve fréquemment dans les lieux aquatiques et bas. Il s'é- lève à cinquante ou soixante pieds. 11 présente une écorce unie et des feuilles lisses, à sinus obtus, et à lobes comme carrés , et bordés d'angles aigus ; le lobe terminal a trois pointes. Ses glands, qui mûrissent dans Tannée , sont cnve- C TT E 2^5 loppés prpsqne enlièrcment par la cupule , qui csl hérissée de tubercules aigus. CiiÈNE NOIR, Querais nigra ^ Linn. On en distingue trois variétés, qui sont peut-être des espèces dis#ictes ; savoir: Le chêne noir aqmt'qiie^ Lam. C est le chêne nfjiiatùpip de Michnnx , q>ii croît en Amérique, depuis le Maryland jus- qu'à la Floride. Il s'élève de cinquante-cinq à soixante pieds. Sa fruciificalion est bisannuelle : ses fleurs mâles ont cinq élainines, et ses fruits sont presque sessiles et à peu près sphériques. Son Lois est peu estimé. La plupart des chênes de 1 Amérique septentrionale , dit Michaux, produisent dans leur jeunesse des feuilles diffé- rentes di" celles de l'arbre adulte. Mais l,i nature a tellement prodigué ses variations sur le chêne aquatique , qu'on trouve souvent sur un mêuie individu adolescent des feuilles obtuses et des feuilles aigué's ; des feuilles lancéolées et entières, mê- lées avec d'autres qui sont sinuées. Quand cet arbre est dans toute sa force , ses feuilles sont communément en forme de coin , et leur sommité est sinueuse ou à lobes peu sensibles. Son bois est peu estimé. Il seroit cependant d'un bon Usage , si on le coupoit lorsque la sève est interrompue ; mais cette niélliode n'est pas pratiquée en Amérique. On y abat indiffé- remment les ar})res en été comme en hiver, pour les em- ployer immédittement à la construction des maisons et desna- vires. On a souvent confondu cette variété avec la suivante. Le rh nie noir à larges feuilles ^ Lam. , ou simplement le r.hcne noir , Mich. îl s'élève beaucoup moins que le chêne nqxialique. Ses feuiilos sont coriaces, en coin, à base obtuse et à sommet très-élargi. Sa frnctificalion est bisannuelle. Il porte des glands ovoïdes placés dans une cupule écailleuse et faite en forme de toupie. On trouve ce chêne dans la Nouvelle-Jer- sey. Son bois est mauvais , et n'est employé que pour le chauffage. Le chêne noir il feuilles sinuées , Lam. Il a ses feuilles pro- fondément découpées comme celles de certains mâriers, et chargées en dessous d'un duvet rare et très-court. Chêne quercitron a feuilles .anguleuses , Quercus iinc- toria angulosa , Mich. Il croit sur les bords du lac Champlain et dans la Pensylvanie , s'élève jusqu'à quatre-vingts pieds , a une écorce noirâtre et des feuilles ovales très-larges, à lobes peu profonds, bordés d'angles terminés par de peliles pointes. Son tronc a de trois à neuf pieds de diamètre. Cechêncdonnc ses fruits la seconde année après la floraison. L'écorce de cet arbre est employée en Amérique par les tanneurs; elle fournil une écorce jamiâlrc. 23G C H E II. Chênes dont les feuilles sont découpées plus ou moins profon- dément en lobes inégaux et terminés en pointe. Chêne a cuAle chevelue , Querais crinita^ Lam. On en connoît quatre variétés, qui sont: Le chêne à gros glands chevelus ou le chêne de Bourgogne. Grand et bel arbre qu'on distingue aisément du chêne à grappe et du chêne roure, par ses feuilles oblongues , profondément décou- pées, presque en lyre, et par ses stipules nombreux: et li- néaires. Il porte des glands presque sessiles et assez gros , qui viennent deux ou trois ensemble ; leur cupule a ses écailles en filets allongés , terminés en pointe. Ce chêne croît dans la Franche- Comté, aux environs de Quingey ; on le trouve aussi dans une grande partie de l'Asie mineure et de la Syrie. Il s'élève à une grande hauteur, et fournit un bois excellent. C'est le quercus urientalis lutlfolia, glande maximâ , cupulâ crinitâ de l'ournefort, et celui qu'on apporte à Conslantinople , des côtes méridionales de la mer Noire , pour être employé à la construction des maisons et des navires. Le rhêne cerrus , quercus ceiris , Linn. Arbre moins grand et moins beau que le rhêne de Bourgogne , à feuilles découpées à pou près do la même manière, mais moins longues. 11 croît dans les lieux pierreux et montagneux de l'Europe australe. Le chêne à petits glands chevelus , quercus orientalis angustifulia , glande minori , cupulâ crinitâ , Tourn. Ses feuilles sont un peu étroites, à découpures sinueuses ; ses glands petits , courts , sessiles, et à cupule comme chevelue : il vient dans le Levant. Le Chêne angoumois , appelé quelquefois chêne taussin. Arbre d'un beau port, dont les feuilles sont molles et velues, cl très-profondément découpées , en scgmens émoussés à leur sommet , tantôt simples , tantôt munis d'angles. Les glands sont sessiles , et la cupule hérissée. 11 croît dans l'Angoumois, les landes de Bordeaux, et en Espagne. Il est le seul des chênes d'Europe qui pousse des rejetons de ses racines. Son écorce est excellente pour le tannage. CuÈNE BLANC A FEéULLES P1NNAT1F1DES, QuercilS alba pinna- tifida. Sa hauteur est de soixante pieds ; il est revêtu d'une écorce blanchâtre , et se couvre de feuilles presque unifor- mément découpées en lobes très-profonds et opposés, entiè- rement couvertes de poils blancs dans leur jeunesse. Sa fruc- tification est annuelle ; il porte des glands ovoïdes assez gros, et à cupule tuberculeuse. Dans l'Amérique septentrionale, où cet arbre croît , on préfère son bois à celui de tous les autres chênes , pour la construction des maisons et des na- vires ; il sert à tous les usages économiques , et fournit un excellent merrain pour les tonneaux à liqueurs splritueuses. C H K .3; Chêne rouge , Querms mbra , Linn. On en dlsilngue deux variétés, savoir: le rhéiie rouge à larges feuilles , Lam. , qui s'élève jusqu'à quatre-vingt-dix et cent pieds , et qui vient naturellement dans la plupart des contrées de l'Auiérlque septentrionale: les Ainéricains l'appellent /r6/ofl/c. Ses feuilles, qui rougissent avant leur chute , ont de très - longs pétioles ; elles sont élégamment découpées en lobes assez profonds , subdivisés en plusieurs scgmens aigus, et terminés par des pointes sétacées. Ses fruits ne mûrissent qu'un an après l'ap- parition des Heurs femelles. Le gland est ovoïde , court, assez gros , surmonté d'une petite pointe , et enchâssé au quart dans une cupule en soucoupe, et un peu unie. Cet arbre, qu'on trouve depuis le Canada jusquos dans la Géorgie , est, dit Michaux, un de ceux qu'il scroit le plus avantageux de cultiver dans toule l'Europe. Son bois , quoi- que inférieur en qualité à celui du chêne hlanc^ est cependant très-employé pour la charpente etlecharronnage.Son écorce est préférée à celle de toutes les autres espèces pour le tan- nage; elle contient un principe beaucoup plus actif que celle des chênes dEurope employée au même usage. Il croit ra- pidement dans les terrains sablonneux, ferrugineux et froids. Ceux qui ont été envoyés d'Amérique, et plantés à Ram- bouillet, au nombre de plusieurs nxllliers, sont parvenus, en moins de dix ans, à plus de trente pieds de hauteur, et cependant ils avoient été replantés deux fois. Cet arbre est naturalisé dans la terre de Duhamel ; il y fructifie tous les ans , et s'y reproduit sans culture. L'autre variété est le rhêne rouge dhséqué de Lamarck, que Michaux appelle chêne des marais^ qucrcus palustris. C'est, de tous les chênes d'Amérique, celui qui varie le moins : on le trouve depuis la Nouvelle-Angleterre jusqu'en Virginie ; il est particulièrement employé à faire des roues , des pieux ou poteaux, etc. Il ne s'élève qu'à trente ou quarante pieds. Ses feuilles sont découpées en sept lobes oblongs , et à sub- divisions aiguës ; sa fructification est la même que celle du chêne-saule. CllÈNE ÉCARLATE , Quercus coccinea , MichaiLx. Arbre de soixante-quinze à quatre-vingts pieds de haut, qui croît dans la Virginie et la partie élevée des deux Carolines. 11 porte de très-belles feuilles à pétioles très-longs, à sinus très-arron- dis , découpées en sept lobes , comme celles du cJiéne des marais, mais beaucoup plus grandes; chaque lobe est terminé par plusieurs dents aiguës. Sa fructification est bisannuelle ; le gland est ovoïde , surmonté d'une pointe , et enchâssé aux deux tiers dans une cupule faite en toupie et très-écailleuse. Les feuilles de ce cUêne prennent, à l'approche de 1 hiver, une .38 C ÎI E couleur rouge. Son Lois est préfe'ré à celui du chêne rouge; mais son ècorce esl moins eslintée pour le lann.'îge. Chêne de Catesb\ , Quemis Calesbœi , Mich. 11 s'élève à trente ou quarante pieds , a une écorce noirâtre et raboteuse, et des feuilles coriaces , lisses , luisantes , réirécies à leur base , et découpées profondément en trois ou cinq lobes , sub- divisées en angles pointus. Son gland esi presque sphérique, et recouvert à moitié par la cupule , dont les écailles du bord sont repliées intérieurement. Cet arbre croît dans les terrains secs et arides du Maryland, de la Virginie et des Carolines: son bois n'est bon que pour le chauffage. CilÈNE VELOUTÉ, Querciis fuUata ^M\ch.. Sa hauteur est de cinquante à soixante pieds ; sa fructification bisannuelle ; son gland petit; ses feuilles sont pétiolées, et découpées en lobes très-ouverts. Ce chêne croit dans l'Amérique sep- tentrionale. Chêne de Banister, ou petit Chènt: velouté, Quer- ciis Bcmisteri, Mich. C'est un chêne qui ne s'élève pas au- delà de neuf pieds ; il croit dans l'état de Massachusetts, *le New-Yorck et de New-Jersey- Ses feuilles ont de longs pétioles, sont drapées en dessous , et divisées en cinq lobes entiers et aigus. Chêne trilobé , Quercus triloha ^ Mich. Une hauteur de cinquante à soixante pieds ; une écorce unie ; des feuilles en coin allongé , à trois lobes placés à leur sonunet , et bordés chacun de trois pointes ; une fructification bisannuelle ; un gland petit , tout-à-fail sphérique; une cupule en soucoupe: tels sont les caractères de ce chêne, qu'on trouve depuis la Kouvclle-Angle terre jusqu'en Géorgie. III. Chênes dont les feuilles sont dentelées ou crénelées. Chêne A GROSSESCUPULES, Chêne vELANi,Çj/^/v7/5(j?,ç'/7o/)5, L. C'est un arbre qui ne sélève pas tout-à-fait à la hau- teur de nos chênes roures. Ses feuilles sont d'un vert clair , ovales-oblongues , et bordées de grosses dents , dont chacune est terminée par une pointe. Son gland est gros, court, un peu creusé à son sommet, et enfoncé dans une cupule sessile, fort large , et hérissée de longues écailles obtuses ; c'est cette cupule qui est la velonède du commerce. L'arbre qui la produit croit dans les îles de l'Archipel et dans d'autres parties de l'Europe australe et de la Turipiie d'Asie : on en voit une très-belle figure dans le Vov^'ige d'Olivier dans l'empire ottoman. Les Orientaux, les Italiens et les Anglais emploient la velanède dans les teintures, ainsi i;v<^ la noix de galle. Ckène a feuilles DE CnATAiG>MER, Quercus prinus , Linn. c n E ,39 On connoît cinq variétés de ce chêne ; toutes croissent dans l'Amérique septentrionale ; leur fructification est annuelle , et leur fruit pédoncule. Ces variétés sont : 1° Le Oiénc châtaignier des Sivomps ou des lieux bas, Ouer- ais pririus palus/ris ^ Mich. Il est appelé par quelques bo- tanistes , ché/ie à erorre de platane. C'est un arbre de la hau- teur de soixante-dix à quatre-vingt-dix pieds , dont l'é- corce blanchâtre se détache par bandes loi^giludinales, lors- qu'il est parvenu à l'âge adulte. Ses feuilles sont pétiolées, oblongues, ovales, élargies vers le sommet, elbordéesde dents larges et un peu inégales; elles tombent chaque année. Ce chêne croît dans les forêts humides de la partie basse des deux Carolines , de la Géorgie et de la Floride. 11 est remarquable par la grosseur de ses glands , qui sont doux , abondans, et recherchés par les animaux sauvages. Son bois est excellent et très-employé pour le charronnage : il est sus- ceptible de se diviser à un tel point, qu'on en fait des cor- beilles et des balais. 2." Le Chêne châtaignier des montagnes , Quercus prinus moniicola, Mich. Il est de moitié moins haut que le précédent, et a des feuilles presque rhomboïdales et à dents à peu près égales. Il croît en abondance sur les plus hautes montagnes de l'Amérique septentrionale. Son bois est aussi bcyi que cehii du chêne blanc , et son écorce est Irès-estiméc par les tanneurs. 3.° Le Chêne châtair^nier des Illinois, Querçiis prinus acu] minuta , Mich. Les feuilles de celui-ci sont ovales, allongées, lisses et glauques , quelquefois blanchâtres , à longs pétioles et à dents très-aiguës. Il croît jusqu'à la hauteur de quatre- vingts pieds dans les contrées fertiles situées à l'ouest des inonts Alléghanis ; la température de celte partie de l'Amé- rique septentrionale étant la même que celle du nord de l'Europe , on pourroit y cultiver ce chêne et le précédent. Ils portent des glands doux, comme les autres variétés de cette espèce ; leur bois est excellent , et leur écorce très- employée pour tanneri 4..° Le Chêne chinquapin , Quercus prinus pumila , Mich. On le trouve en Virginie et dans la Caroline. C'est un des plus petits chênes connus. Il a tout au plus trois pieds de hauteur. M. Bosc , qui l'a observé en Caroline , le regarde comme une espèce distincte. 5.° Le Chêne châtaignier Qelu , Quercus prinus iomentosa , Mich. Il croît dans le pays des Illinois. Ses feuilles sont dra- pées , presque ovales , à dents très-obtuses. Son gland est doux el bon à manger. CiiÊ>'£ Di; LA. GALLE DU COM.MEUCE , Ouercus. înfectoria , 24o C î^ E Oliv. , figuré pi. B. 17. Ce cliéne , dit Olivier ( Voyage dans l'empire oit. ) , porte une tige tortueuse ; il atteint rarement la hauteur de six pieds , et se présente plus souvent sous celle d un arbuste que sous celle d'un arbrisseau. Ses feuilles sont lisses , d'un vert clair , tant en dessus qu'en dessous , portées sur un pétiole assez court, et bordées de dents ter- minées par une pointe peu aiguë. Elles tombent chaque an- née à la fin de Tautomne. On trouve cet arbre dans toute l'Asie mineure , depuis le Bosphore jusqu'ef» Syrie, et depuis les côtes de 1 Archipel jusqu'aux frontières de la Perse. Il produit des galles em- ployées à la teinture. Chêne nain , Quercus humilis , Lam. Selon Bauhin et La- marck , ce chêne s'élève à pein*! à la hauteur de trois pieds i ses feuilles ressemblent à celles des chones verts , mais elles tombent tous les ans; elles sont oblongues, bordées de dents un peu grosses, et ont un fort court pétiole. Cet arbuste ou arbrisseau est commun en Portugal. Chêne de Portugal, Quercus Imitanlra^ Lam. C'est un arbrisseau fort bas , sujet à porter des galles. Il varie dans ses feuilles qui sont petites, dures, tantôt ondulées en leurs bords avec des dents pointues, tantôt crépues ethérissonnées. Chêne liège, Quercus suber., Linn. Il est de moyenne grandeur, toujours vert et très-rameux. Ses feuilles, grandes à-peu-près comme celles du chêne vert, sont ovales , oblon- gues, entières, dentées en leurs bords, et un peu cotonneuses en dessous; elles ont de fort courts péfioles.Cfe chêne croît en Italie , en Espagne et dans le midi de la France. Il porte des glands quiressemblentfortà ceux du chêne commun. Il est sen- sible au froid; son écorre se fend et se détache d'elle-même, quand on n'a pas soin de Tôter. C'est elle qui forme le liège. On l'en dépouille tous les huit ou dix ans ; brûlée dans des vaisseaux fermés , elle donne une poudre noire , appelée noir d'Espagne^ qui s'emploie dans les arts. Chène d'Espagne, Quercus hlspanica, Lam. Cette espèce, qui a beaucoup de rapports a^ec la précédente , comprend , suivant Lamarck, trois variétés, savoir : le chêne de Gibraltar, à feuilles ovales, en lance , grossièrement dentées, lue'chéne à feuii/es d'œ^ilops , et qai sont bordées dcdents plus grossières et plus profondes. Le chêne tumère ^ à feuilles ovales, un peu coriaces , très-planes et dentées. Le gland de ces trois chênes se mange. Chêne VERT ou Yeuse, Quercus i/ex, Linn. On en dis- tingue plusieurs variétés : à feuilles oblongues, à feuilles étroites, à feuilles larges, di feuilles de houx. Ces arbres sont C H F. ,^, peu élevés croissent lentement ; leur bois est dur et pesant, leur écorcc un peu crevassée , leur feuillage d'un vert sombre; les feuillesont une substance dure et coriace: elles soni petites et bordées de dents piquantes et presque épineuses. Elles ne tombent point en hiver, quelquefois le grand froid en fait périr une partie. On trouve les r]iênes veris dans les contrées méridionales de la France , en Italie , en Espagne. Dans ce dernier pays , il n'est pas rare d'en vyir dont le tronc a qua- rante pieds de hauteur. Ils y sont très-employés pour les ouvrages qui demandent de la force. Les glands qu'ils portent sont plus petits que ceux du chêne commun, mais de la même forme. ChÈme a cochenille , Qiiercus roccifera, Linn. ; Chêne kermès , vulg. le kermès. «C'est un arbrisseau qui s'élève en buisson , et dont les feuilles sont petites, nombreuses, lisses des deux côtés, luisantes, ovales, entières et bordées de dents épineuses.; la cupule des glands est hérissée de très-petites pointes ouvertes et un peu roides. Ce chêney'ienl spontané- ment en Italie, dans le midi de la France, en Espagne, dans le Levant. C'est sur cet arbrisseau qu'on recueille le KERMÈS {V. ce mot.) employé en médecine et dans la teinture. Chêne ballote, Quercus ballota , Desf II s'élève de trente à quarante et quelques pieds , a une écorce sillonnée et brune , et des rameaux raboteux disposés en une tête ovale, ou quelquefois sphérique. Ses feuilles sont elliptiques , persis- tantes , entières , légèrement dentées et cotonneuses en des- sous ; leurj)étiole est court. Les fruits sont sessiles ou portés par un très-petit pédicelle. Le gland est allongé ; il a une sa- veur douce , qui approche de celle de la châtaigne. « Le ballute , dit Desfontaines, croît en grande abondance dans les royaumes d'Alger et de Maroc ; il y en a d'immenses forets sur les montagnes de Bélide , de iVlascar, de Tlem- sem, etc. On le rencontre quelquefois dans les plaines, mais eu petite quantité ; on en vend les fruits dans les marchés publics ; les Maures les mangent crus ou grillés sous la cendre ; ils sont très-nourrissans , et n'ont aucune amertume. Dans quelques cantons de la Barbarie , on en exprime une huile très-douce. L^'bois est dur, compacte et fort pesait; il est excellent pour le chauffage ; on pourroil l'employer utilement pour les ouvrages de charronnagç et de menuiserie; on s'en serviroit aussi avec avantage dans les constructions navales et civiles. Il seroit facile, et en même temps très-utile, d'accli- mater et de multiplier en France cet arbre précieux ; il réus- siroit sur les montagnes des parties méridionales delà France, dont la température approche de celle des lieux où il croit na- turellemciit, « iG û^a C H E Chêne a feuilles rondes, Quercus rotundlJoUa^ Lartî. ^ ou chêne d'Espagne à glands doux. Ses rameaux sont un peu cotonneux et garnis do feuilles ovales, arrondies, pc- liolées, bordées de dents épineuses dans leur jeunesse. 11 y a quelques motifs de croire qu'il ne diffère pas du chêne liai- lote. Ses glands sont bons à manger. IV. Chênes dont les feuilles sont entières. Chêne-saule, Quei-cus phellos^ Linn. Dans les principales variétés comprises sous cette espèce, la fructification est bis- annuelle ; les fruits sont presque sessiles , et les feuilles très entières et plus ou moins allongées. Ces variétés sont : Le chêne-saule ii feuilles longues , Lam. ; à feuilles caduques , Mich., Quercus phellos S) hmlica. 11 s'élève de quarante-cinq à cinquante pieds, et porte des feuilles étroites, lancéolées, aiguës par les deux bouts , à court pétiole. On le trouve dans- les lieux humides de TAmérique septentrionale "t il réussit Irès-bien en France. Le cliêne-suule à feuilles persistantes , Quercus phellos maritimo , Mich. Il diffère du précédent , en ce que ses feuilles ne tombent point , et qu'elles sont très-courtes. On le trouve en Caroline, près du bord de la mer. H fructifie à moins de trois pieds de iiauteur. Le chêne-saule nain^ ou le chêne stolonifère, Quercus phellos pu- mila, Mich. llsélève au plus de deux pieds. Le chêne ii feuilles mousses , le chêne vert de Caroline , le chêne maritime^ appelé aussi chêne vif d' yînièriijue , Qifkrcus phellos tibtusifolia , Lam. ; Q. virens , Mich. Il sélèvc à la hauteur de quarante pieds. Ses feuilles sont ovalcs-oblongues, coriaces , persistantes, et portées sur des pétioles couris et rougcâtrcs, ainsi que les nervures; les glands sont petits, oblongs cl enchâssés dans une cupule faite en toupie et assez unie. Ce chêne croît depuis la Basse-Virginie jusqu'à la Floride et le Mississipi, à peu de distance de la mer; les sauvages de la Floride retirent de son fruit une huile qu'ils mêlent dans leurs alimens. Son bois est d'une excelîenle qualité : cfans le Midi des Etats-Unis, on l'emploie à la construclion des na- vires , qui sont d'une grande durée. Le cWne maritime crois- sant naturellement dans un sol semblable à celui des Landes de liordeaux, mériteroit de fixer Tatlention du gouvernement ; "il offre unmovcn de mettre en valeur ces plages incultes. Le chêne-saule cendré^ Quercus cinerea , Mich. Cet arbre , dont la hauteur est de quinze à vingt pieds , a une forme désa- gréable. On le trouvç dans la Caroline et la (iéorgie; son- bois n'est employé que pour le chauffage. Ses feuilles souV péliolees , en lauçe , et aiguës. *" C H E ,^3 CuÊNE À LATTES, Quercus imhricaria^ MIch. Il a des feuilics presque sessiles, grandes, ovales-oblonguesel aiguës. Il vient dans l'Amérique seplenlrionale,à l'ouest des monts Allégha- nis. On fait avec son bols des la Iles nommées essentes ou Lar~ deaujo, qui servent à couvrir les maisons. Sa hauteur est de quarante pieds. CnÈNE-LAURiER, Querciis laurifolla ^ Mich. Il croît dans la Caroline méridionale et la Géorgie, au bord de la mer et dans les forets ombragées. Son élévation est de soixante pieds; son écorce est unie; ses feuilles, presque sessiles, ont la forme de celles du laurier. Chêne des Moluques , Quercus molucca, Linn. Ses bran- ches sont redressées et montantes ; ses feuilles pétiolées et ôvales-lancéolées ; ses glands courts, gros et à cupule un peu raboteuse; son bois est dur, noueux et pesant (i). Culture du Chêne. — Toutes les températures, tous les cli- mats ne conviennent point au r/i^/îg. La chaleur excessive lui est contraire ; on n'en trouve point sous la zone Torride ; s'il y en a, c'est sur les montagnes, à l'exposition du nord , où l'air est moins brûlant. Les froids extrêmes ne lui sont pas plus favorables; au-delà de Stockholm et en Laponie on n'en voit point : il faut donc à cet arbre un climat tempéré. Le degré de chaleur de l'Espagne et du midi de la France semble être celui qui lui convient le mieux. Le chrne ne se multiplie que de semences. Il faut mettre le gland en terre au moment de sa chute , qui est celui de sa pleine maturité. Le terrain destiné au semis , doit être clos et bien préparé ; plus la terre est meuble , mieux les arbres viennent ; et comme le chéiie pivote profondément, il vaut mieux défoncer le sol où il doit croître avec la pioche qu'avec la charrue. Un pareil travail fait à bras d'hommes, est plus coûteux sans doute et plus long ; maison travaille pour un siècle. On sème le gland à la volée, ou dans la direction des sillons, à de- meure ou en pépinière. Quelque méthode qu'on adopte , il faut laisser des chemins dans le semis, semer épais , faire la part des mulots, et ne pas trop enterrer le gland: à six pouces il pourit , à cinq il jaunit , à trois ou quatre il lève mieux. (i) La plupart des variétés citées dans cet article^ sont de vérita- bles espèces, ainsi que je l'ai prouvé dans mon mémoire sur le chêne ^ imprimé dans la collection de ceux de l'Institut. Née, botaniste espagnol, a publié, à Madrid, la description d'un assez bon nombre de chênes de l'Amérique méridionale. Humboldt etBonpland, quoique venus après lui, en ont encore décrit vingt- deux nouvelles, originaires des montagnes du Mexique , dans leur su' perbe ouvrage , intitulé Plantes éijuinoxiales. {Nfflff de M, Base.) 344 G H E Le chêne reprend difficilement lorsqu'il est transplanté; son long pivot en est la principale cause : cependant une bonne culture lui donne un chevelu qui assure le succès de la transplantation. Pour la faire mieux réussir, on doit préparer les fosses un an d'avance. On peut transplanter les chênes depuis l'âge de deux ans jusqu'cà cinq ans , et à deux époquea de l'année, suivant la nature du sol. Dans un terrain humide et frais , il ne faut les planter que pendant les mois de février et mars , parce que les pluies abondantes de l'automne et de l'hiver pourrolent nuire aux racines de ceux qui auroient été plantés dans la première de ces deux saisons. Dans un terrain sec, on peut commencer à faire les plantations depuis que le gland est mar et que les feuilles couDnencent à tomber dans l'automne ; à Tune ou l'aulre époque ^ on doit prendre les précautions suivantes. Il ne faut jamais déraciner les jeunes chênes lorsqu'il gèle , du que le vent du nord soafile avec violence ; car si ce vent saisit les racines , surtout à la fin de Ihlver , que la sève commence k circuler, elles sont , pour ainsi dire , desséchées dans rin^tant , toute circulation est Interceptée , et les ar- bres périssent. Telle est souvent la véritable cause du défaut de réussite. Il vaut mieux les arracher dans un temps de pluie , et les planter de suite. Quand on a ménagé les racines des chéneaiix, en les re- plantant, il est inutile de les recéper; quand onlesaécour- tées , le recépage est avantageux. On peut faire un choix, re- céper les arbres viciés, et non les autres. Dans les forêts , leurs branches latérales périssent; lorsqu'ils sont isolés, elles doivent être élagiiées jeunes: trop grosses, elles occasionent dessales à la tige , qui détruisent son intérieur. Si on veut que les chênes plantés en avenues, en bosquets ou en forêts, prospèrent, on ne doit pas épargner les labours pendant les premières années. Le chêne parvient, avec le temps , à une hauteur très- considérable et à une grosseur prodigieuse. Plot , dans son Histoire naturelle (ï Oxford , parle d'un chêne dont les bran- ches, de cinquante-quatre pieds de longueur , mesurées depuis le tronc , pouvolent ombrager trois cents cavaliers ou quatre mille piétons. Ray rapporte , dans son Histoire gêné- raie des plantes , qu'on voyoit de son temps , en Westphalie , plusieurs chênes monstrueux, dont un^ervolt de citadelle, et dont im autre avolt trente pieds de diamètre sur cent trente pieds de hauteur. On peut juger de l'énorme grosseur de ces arbres, par celui dont furent tirées les poutres transversales du fameux vaisseau appelé \t Royal Doverling , construit sous C H E 245 Charles I, roi d'Angleterre. Ce chêne fournît quatre poutres, chacune de quarante-quatre pieds de longueur , sur quatre pieds neuf pouces de diamètre. Propriétés et usages du Chêne. — J'en ai déjà fait connoître une partie au commencement et dans le cours de cet article. Ce qui me reste à en dire est peu de chose. Le bois de chêne, naturellement dur et solide , durcit encore plus lorsqu'il est écorcé sur pied , ou par son séjour dans l'eau; il s'y conserve des siècles , y acquiert de la dureté et la couleur de Tébène. Aussi est-il employé dans les pilotis, pour les écluses, et dans les machines hydrauliques. Quelquefois le tronc d'un vieux chêne se tortille ; il devient alors très-propre à faire des piliers et des colonnes destinés à porter de grands poids. Les plan- ches de chêne sont ordinairement plus solides, mieuxveinées, quand on les refend sur la maille. Quoique Taubier, dans cet arbre , soit épais et tendre , il y a des moyens de lui donner presque Qulant de force et de durée qu'en a le cœur du bois, V. à Tarticle du Bois. Lorsque \^ bois de chêne est coupé dans une saison conve- nable , et employé bien sec, il dure très-long-temps, pourvu qu'il soit à l'abri des injures de l'air. Pour le préserver de la pouriture , àes crevasses et des vers, il faut i.° n'abattre le chêne que dans le temps de l'année où il a le moins d'humi- dité intérieure , c'est-à-dire , en hiver : 2.° équarrir l'arbre aussitôt qu'il est abattu ; 3.° en plonger les pièces pendant quelque temps dans de l'eau salée ; 4-" l^s mettre ensuite à couvert et les disposer de manière que l'air (et non le soleil) puisse les frapper librement. Le bois de chêne rougit quand il est sur le retour. Les feuilles de cet arbre nourrissent les animaux , pou- rissent lentement, et quand elles sont entassées^ donnent une chaleur plus durable que celle du fumier. Son écorce pilée et réduite en poudre , forme le meilleur tan pour la prépa- ration des cuirs ; quand elle a servi à cet usage, on l'emploie à ûùre des couches dans les serres chaudes et des mottes à brûler. L'écorcc du chêne fournit aussi une couleur fauve , et remplace , pour le noir , dans la teinture et la chapelle- rie , ses cupules et ses gales. Son fruit' peut s'adoucir par des lessives , la torréfaction et la gemiination. On a vu qu'il est naturellement doux dans quelques espèces , et qu'il se trouve en Espagne , en Amérique , en Afrique et dans l'Asie mineure , des glands qui servent d'aliment au peuple. Les glands frais ou séchés engraissent les porcs et d'autres animaux. Quand ils ont été ramassés aussitôt après leur 2^6 C H K chute , pendant le plus fort soleil , et sèches ensuite à l'air ou au four , ils se conservent plusieurs années. Si on les fait ma- cérer dans l'eau trois ou quatre jours, et avant leur dessicca- tion , ils perdront une partie de leur qualité astringente. Broyés, lorsqu'ils sont secs, et mêlés avec le son , ils servent de nourriture à la volaille , et peuvent, dans cet état, être aussi donnés aux chevaux, (n.) CHÊNE FRANÇAIS. C'est, àCavenne, le Grignon. (b.) CHÊNE GREC et PETIT CHÊNE. C'est le Quevcus esculus, Linn. V. Chéne. (ln.) CHÊNE MARIN. Espèce du genre Varec. (b.) CHENE NOIR. C'est la Bignoke à feuilles ondées, (b.) CHENETTE et PETIT CHÊNE. C'est une espèce de GeRMANDRE ( Teurrium chamœdry's^ Linn. ). (LN.) CHENETTE. Voyez au mot Driade. (b.) CHENEUSE. Nom donné, dans quelques lieux, à I'Agri- PAUME {Leonunis rardîara^ Linn.) (LN.) • CHENEVILLE, CHENEVOTTE. Tige du Chanvre dépouillée de sa Filasse, (b.) CHÈNEVIS. C'est la graine du Cuanvre. (H.) CHENEVOTTE. C'est la partie du chanvre que l'on rompt pour en tirer la filasse ; l'on fait, avec les chènevottes, de fort bonnes allumettes dans les pays où l'on cultive beau- coup de Chanvre, (s.) CHÊNIER. V. Champignon chênier. (b.) CHENILLE , Enica. Lépidoptère dans son premier état, ou depuis sa sortie de l'œuf jusqu'à sa transformation en chrysalide. 11 est , sous cette forme , un des animaux les plus destructeurs, un objet de haine pour Téconomiste agricul- teur, et un sujet d'observation des plus curieux pour le na- turaliste philosophe. Observations générales sur les Chenilles^ relativement aux dii'ers caractères dislinciijs que leur j orme extérieure présente. Un corps allongé , cylindrique , composé de douze parties qu'on nomme anneaux ; une tête écailleuse garnie de deux dents ; seize pattes au plus , et jamais moins de huit, dont les six premières ou antérieures, sont écailleuses, et incapables de s'allonger ou de se raccourcir d'une manière sensible , quoiqu'elles puissent plus ou moins se recourber, et dont les autres, allongées ou raccourcies, gonOces ou aplaties au gré de l'insecte, varient par leur nombre , relativement aux dif- férentes espèces , et sont membraneuses : tels sont les carac- tères généraux et les plus apparens, qui doivent faire distin- guer au premier coup doeil les chenilles. C ÏI E ^i,^ En observant un peu plusparticnllèroment, nous trouvons que les anneaux dont le corps de la clieniile est composé, et qui, en se réunissant ou en s'éloignant les uns des autres, servent à la marche, sont assez semblables, à rexcepJlon du dernier sous lequel est l'anus; leur circonférence est assez .souvent circulaire ou ovale; leur partie inférieure est néan- moins, pour rrsrdinaire, plus aplatie que la supérieure. Il y a des chenilles dont le milieu du dessus de chaque anneau forme une espèce de languette qui va recouvrir l'anneau qui le précède; dans d'autres, les anneaux sont comme entaillés dans cet endroit. Enfin , le contour supérieur de l'anneau , dans plusieurs espèces, a différentes indexions. La figure or- dinaire de l'anus est une espèce de prisme à faces inégales, tronqué à son extrémité , et le plus souvent recouvert d'un petit chaperon charnu. Les anneaux sont lous membraneux : c'est même ce qui distingue les chenilles de divers autres in- sectes qui, comme elles, ont le corps allongé et composé de douze anneaux, mais écailleux. La tête est formée par deux espèces de calottes sphériques, dures et écailleuses; on. y remarque, de chaque côté, six points noirs en forme de tubercules hémisphériques , sem- blables à de petits yeux lisses, et a chacun desquels aboutit une branche du nerf optique : mais il est douteux que ces corps soient l'organe de la vision ; car les yeux que doit avojr l'in- secte parfait, sont couverts, dans la chenille, par les deux calottes de la tête. A la partie antérieure de la tête est la bouche, qui est composée de deux fortes mandibules, dures,; aiguës et tranchantes , avec lesquelles la chenille coupe sa nourriture ; de deux mâchoires, portant chacune un palpe fort court, de figure conique, et d'une lèvre inférieure , sur la- quelle on observe deux autres palpes semblables. A son ex- trémité supérieure est un mamelon cylindrique , percé d'un petit trou , par où sort la soie que la chenille file , et qu'on nomme \Ajïlière. La tête offre encore deux très-petites antennes, dune forme analogue à celle des palpes. Sur les deux côtés de la chenille, on voit de petites ouver- tures oblongues, en forme de boutonnières, posées oblique- ment. Ces trous, nommés Ulgmates^ sont regardés comme les organes qui servent à la respiration. Il y en a dix-huit sur la longueur de la chenille , neuf de chaque côté. Il y en a deux .sur chaque anneau , excepté le second , le troisième et le dernier qui n'en ont pas. Les deux premiers trous, placés sur le premier anneau, répondent à ceux qui, par la suite, se troiiveront sur le corselet du papillon : et les seize autres , qui sont depuis le quatrième jusqu'au onzième anneau inclusive- ment, se retrouvent sur rabdomen de l'insecte, dans ce dernier 248 C H E Les six pattes nommées ècai/Zeuses, sont dures, fixes, et ter- minées en pointes; elles servent d'enveloppe aux six pattes que le papillon doit avoir. Quant aux autres appelées mem- braneuses , qui varient pour le nombre et la figure , ce sont des espèces de mamelons larges, mous, armés souvent de plusieurs petits crochets durs, formant une couronne plus ou moins complète , pour s'attacher et se cramponner au besoin; elles disparoissenl dans l'état parfait. Parcourons maintenant les principales variétés qu'une ob- servation plus suivie doit nous présenter sur l'extérieur des chenilles. 11 n'y a aucun genre d'animal dont les espèces soient formées sur autant de modèles , et si différens entre eux. Une des variétés, non pas les plus apparentes il est vrai, mais les plus remarquables , c'est que parmi les insectes auxquels on ne peut s'empccher de donner le même nom, il y en ait qui ont plus de pattes les uns que les autres : cette variété ne se rapporte pas aux pattes écaillcuses,' ou recouvertes d'un car- tilage luisant, mais seulement aux pattes membraneuses, ou enveloppées d'une peau flexible et molle. On appelle ces pattes qui varient par le nombre, et qui sont placées entre les six premières écaillcuses et les deux dernières postérieures, paties intermédiaires. H y a des chenilles qui ont huit pattes inter- médiaires, quatre de chaque côté, ce qui fait seize pattes en tout. Ces huit pattes intermédiaires sont attachées à quatre an- neaux consécutifs-, quatre autres anneaux en sont dépourvus; «avbir : deux entre la dernière paire de pattes écaillcuses , et la première paire d'intermédiaires, et deux entre les dernières paires de pattes intermédiaires, et la paire de pattes posté- rieures. On trouve cette distribution sur les plus grandes es- pèces de chenilles et les plus communes. D'autres n'ont que trois pattes intermédiaires de chaque côté, et quatorze pattes en tout. Elles ont trois anneaux de suite sans pattes ; mais ces trois anneaux sont entre la dernière paire des écaillcuses et la première des membraneuses, ou entre la troisième paire de pattes postérieures etladernière des pattes intermédiaires. 11 y a des chenilles à quatoi^ze pattes, qui demandent encore une attention particulière. Les deux pattes postérieures leur manquent, mais le derrière se termine souvent par deux lon- gues cornes, qui ont de la solidité , qui peuvent s'approcher, s'écarter plus ou moins l'une de l'autre , se diriger eu haut et en bas , à droite et à gauche , sans pourtant se courber sensi- blement. Ces espèces de cornes ne sont que les étuis de véri- tables cornes charnues, qui ont quelque ressemblance avec celles des limaçons, et que la chenille ne fait sortir de 'ces étuis que quand il lui plaît. On ne compte dans plusieurs es- pèces de chenilles que quatre pattes intermédiaires, ou douze C II E 2^;^ pattes en tout, et dans d'autres que dix pattes en tout; deux intermédiaires seulement. Les unes ont quatre et les autres ont cinq anneaux de suite dépourvus de pattes, qui sont placés entre les pattes écailleuses et les intermédiaires. Ces chenilles ont une démarche très-différente de la démarche de celles qui ont huit pattes intermédiaires : ces dernières portent ordi- nairement leur corps parallèlement au plan sur lequel elles le font avancer, et leurs pas sont petits. La distrihution des pattes des autres les oblige à marcher à plus grands pas. Entre les pattes écailleuses et les intermédiaires, il y aune étendue de quatre ou de cinq anneaux où le corps n'a point d'appui. Si une de ces chenilles, tranquille et allongée , comme elles le sont souvent, se détermine à marcher, elle commence par se faire une sorte de bosse , en courbant en arc la partie qui n'a point de pattes; elle élève le milieu plus que le reste; elle courbe cette partie de plus en plus , jusqu'à ce qu'elle ait ap- porté les deux pattes intermédiaires contre les dernières écail- leuses. Alors elle cramponne ses pattes intermédiaires et pos- térieures, et elle n'a plus qu'à redresser, qu'à remettre en ligne droite les cinq anneaux qu'elle a courbés en forme de boucle , et porter sa tête en avant à une distance égale à la longueur des anneaux. A'^oilà le premier pas complet : pour en faire un second , elle n'a qu'à répéter la même manœuvre , et elle l'exécute assez promptcment pour courir plus vite que le-, précédentes qui ont plus de pattes. Cette sorte d'allure a fait nommer ces chenilles -des géomèti-es ou des arpenteiises ; elles semblent mesurer le chemin qu'elles parcourent; elles appliquent sur le terrain la partie de leur corps qu'elles courbent, comme un arpenteur y appliqueroit sa chaîne. La plupart de ces chenilles ne gontlentpoint,ne contractent, n'al- longent, ne raccourcissent point leurs anneaux : elles res- semblent presque à un morceau de bois sec ; aussi sont-elles appelées des arpenteiises en hâton. Leur corps oblong, roide, et, dans quelques espèces , de couleur de bois , les fait souvent prendre pour un petit bâton. Ce qui aide encore à les faire méconnoitre , ce sont les attitudes dans lesquelles elles se tiennent immobiles, et qui supposent une force étonnante dans les muscles. On en voit qui embrassent une petite tige d'arbre , la queue d'une feuille , avec les deux pattes posté- rieures et les deux intermédiaires qui en sont proches, et qu'elles cramponnent : le reste du corps élevé verticalement, demeure roide et immobile pendant des demi-heures et des heures entières. D'autres soutiennent pendant aussi long- temps leur coi-ps dans une infinité d'autres attitudes , qui demandent incomparablement plus de force ; car on en voit qui ont le corps en l'air, dans toutes les positions. Elles sou- :,5o C H E ■tiennent tle même leur corps immoLile, après lui avoir fait prendre diverses courbures tout-à-fait bizarres, soit le ventre en bas , sdit en haut. Les muscles qui ont soutenu les che- nilles vivan'es dans ces attitudes singulières, les y maintien- nent après leur mort, tiennent enfin les chenilles qui n'ont que huit pattes en tout , les six écailleuses et les deux pos- térieures. Ces dernières sont les plus petites de toutes. La plupart d'entre elles appartiennent à des teignes, qui se logent ordinairement ou dans des fourreaux qu'elles se forment de différentes matières, ou dans l'intérieur des feuilles, des fleurs et d autres substances semblables, et qui, dès-lors, jn'ont pas besoin de pattes intermédiaires. Parmi les autres larves dont le nombre est beaucoup plus considérable que celui des chenilles, il y en a une grande quantité qui parois- sent avoir huit pattes; mais les deux postérieures ne sonl que deux sortes de mamelons formés par l'anus prolongé, et qui ne sont point terminés par des pièces armées d'ongles ou de crochets , comme ie sont ceux des pattes postérieures et in- termédiaires des chenilles. Une variété ensuite |a plus capable de nous frapper, c'est celle (|ui résulte de la grandeur. Elle se présente sous bien des degrés différcns dans l'échelle des chenilles. On peut ce- pendant les réduire à trois: les chenilles du degré moyen ou de moyenne grandeur, ont environ douze ou treize lignes de long lorsqu'elles ne s'étendent que médiocrement, et le dia- mètre de leur corps a un peu moins de trois lignes Celles qui sont sensiblement plus grandes , sont de la première gran- deur ; et celles qui soîU sensiblement plus petite's , sont du dernier degré de grandeur, ou des petites. La grandeur de la chenille est prodigieuse par rapport à l'œuf et aux petits. Quand on compare une chenille naissante qui n'a qu'environ une ligne de longueur , et une autre qui a tout son accroissement , et qui est longue de trois pouces et demi, cette augmentation de volume , dans un même animal, doit paroître bien considérable, quoiqu'elle soit peu de chose en comparaison de celle qu'on peut observer dans les pois- s(ms. On a calculé qu'il falloit trente-six mille œufs pour faire le poids d'une chenille. Les chenilles dont l'extérieur est le plus simple, sont celles dont la peau n'est point couverte par des .poils ou par des corps analogues aux poils , et qu on appelle chenilles rases. 11 y en a dont la peau est si mince et si transparente , qu'elle laisse apercevoir une partie de l'intérieur de l'animal ; d'autres ont une peau plus épaisse et plus opaque. Entre celles-ci , les unes l'ont lisse , luisante , comme si elle étoit vernie , d'au- tres l'ont mate. Les chenilles dont la peau est teadre , trans,- C H F rtarente et d'une couleur blanchâtre ou rougeâtre, qui tire sur la couleur de chair , sont celles qu'on a le plus souvent con- fondues avec les larves. Au contraire , les autres larves qui ont la peau plus opaque et jaune , verte ou brune , ou rayée de ces différentes couleurs , ont été nommées des chenilles , quoiqu'elles n'aient ni tête éCailleuse , ni pattes , ni aucuns Ô.CS, caractères distinctifs et propres à ces dernières. Ce.sont sans doute les couleurs qui doivent le plus faire remarquer les chenilles. On voit sur leur corps toutes celles qui nous sont connues , et une infinité de nuances dont il se- roit difficile de trouver ailleurs des exemples. Les unes ne sont que d'une seule couleur ; plusieurs couleurs différentes, très- vives , très-tranchées, servent de parure à d'autres. Tantôt, elles y sont distribuées par raies , par bandes qui suivent la longueur du corps ; tantôt par raies ou bandes qui suivent le contour des anneaux. Tantôt elles sont par ondes ou par taches , soit de figure régulière ou irrégulière ; tantôt par points, ou avec des variétés qu'il n'est pas possible de décrire en général : on peut à peine les rendre dans les descriptions particulières. Entre les chenilles rases , les unes le sont plus que les antres : ce nom n'est pas donné seulement à celles qui sont entière- ment dépnurvacs de poiis , mais aussi à celles dont les poils sont en pf.-îil nombre et peu sensibles , et qu'on ne voit que quand on cherche à les voir. La peau de la plupart des che- nilles rases est douce au toucher ; mais il y en a d'autres dont la peau est hérissée d'une infinité de petits grains durs , qui font sur le doigt qu'on passe dessus la même impression que feroil du chagrin ; et on les appelle chenilles chagrinées. Quand on observe attentivement ces petites éminences , on voit qu'elles sont rangées avec ordre : ces points semblent être d'une matière osseuse ou de corne. Si on les observe à la loupe , ils paroissent de petits mamelons , qui partent d'une base circulaire. Plusieurs chenilles chagrinées sont encore plus remar- quables par une corne qu'elles portent sur le onzième anneau. Elle est ordinairement dirigée vers le derrière et un peu courbée en arc ; telles sont les chenilles des sphinx. La figure et la direclion de cette corne ont fait imaginer qu'elle étoit une arme offensive ou défensive ; mais l'observateur ne voit pas l'insecte s'en servir pour attaquer ou pour se défendre. D'ailleurs , cette partie , qui n'a de commun avec son nom que sa figure et sa position , est de substance chai-nue , et trop molle pour pouvoir lui donner'une pareille destination- On peut croire que la nature n'a pas toujours tout fait pour un usage fue , et qu'il y a souvent bien des parlies^ qui nç aSa C H E sont qu'à la suite de l'organisation de Vanimar, sans luî être d'aucune utilité ; alors , nos recherches ne peuvent être qu'aussi inutiles. Ces cornes sont plus ou moins courhées : toutes le sont un peu vers le derçière de linsecte, qui les tient tantôt plus droites , tantôt plus inclinées. La loupe y fait apercevoir un travail que la vue simple n'y découvre point. Elles ont une infinité de petites semences épineuses , arrangées à la manière des écailles , dont elles bnt ■quel- quefois la forme ; on croit même y apercevoir des articula- tions ; mais s'il y en a, ce n'est par pour servir aux flexions de ces cornes , qui ne se plient en aucun endroit. Au reste , toutes les chenilles chagrinées n'ont pas une corne , et elles ne sont pas les seules qui l'aient ; d'autres chenilles rases et non chagrinées, en portent une semblable. Communé- ment les chenilles à cornes ont le corps ferme ; ilparoît dur sous le doigt. On considère encore comme des chenilles rases, celles qui sont assez remarquables par des tubercules arrondis ordinai- rement en portions de sphère , et distribués régulièrement sur chaque anneau, les uns au-dessus des autres : ceux des diffcrens anneaux sont disposés en différens rangs, sur des lignes parallèles à la longueur du corps. Plusieurs des grosses espèces de chenilles, et celles qui donnent les plus beaux lé- pidoptères, en sont pourvues. Elles sont véritablementornées par ces mêmes tubercules. Les unes les ont d'un très-beau bleu, qui fait le plus bel effet sur une peau d'un brun un peu clair; il y a aussi des chenilles d'un vert un peu jaunâtre, qui ont de ces tubercules de couleur de turquoise ; d'autres chenilles vertes , plus petites que les précédentes , mais qui sont pourtant au-dessus de celles de moyenne grandeur, ont de ces tubercules dune couleur de chair vive , qui tranche merveilleusement sur le vert tendre de leur peau. Des poils partent de chacun de ces tubercules , mais en petit nombre et trop courts pour qu'on ne place point parmi les chenilles rases, celles qui en sont pourvues. Des chenilles rases ou chagrinées , nous passons à celles qui sont hérissées de poils si gros , si durs , si semblables à des épines , qu'on les a nommées rlieni/les épineuses. Ces gros poils, qui sont assez durs pour être piqùans, ressemblent en- core aux épines des plantes parleur forme. Les unes sont des épines simples, depuis leur base jusqu'à leur sommet. Elles vont en diminuant pour se terminer en pointe; souvent cette épine est une tige, d'où partent divers poils longs et très-fins; d'autres épines sont composées ou branchues : la tige princi- pale jette en divers sens plusieurs épines , qui ne sont pas moins considérables que celle par laquelle elle se termine C H F. ,53 elle-même. Il y a des chenilles dont les épines ne sont qu'une seule tige qui s'élève en diminuant de grosseur, et qui se divise ensuite pour former une fourche. Le microscope fait voir que toutes les pointes des épines branchues ont cha- cune leur base engagée dans une partie qui forme autour d'elle une espèce de bourrelet ou de manche. Les figures , les couleurs, les grandeurs , la quantilé des épines, varient suivant les différentes espèces de chenilles épineuses. Il y a des épines brunes , noires, jaunâtres, violettes , et de bien d'aulres couleurs. Quoique une chenille en soit quelquefois chargée , il est aisé qui partent d'une base assez large montent en cherchant à se réunir, et leur masse forme un pinceau. Nous avons dit que les tubercules sont arrondis en portions de sphère ; mais quelques chenilles en ont de charnus , faits en pyramide eu- nique , qui s'élèvent davantage: des poils parlent de toute la surface du cône. L'arrangement des poib met encore d'autres distinctions- très-sensibles entre les chenilles velues*, il y en a qui ont sur leur dos des houppes de poils , qui ressemblent parfaitement à des brosses , qui leur ont fait dotmer le nom de rhenilles à Aros5«; les unes ont trois, les autres quatre, cinq de ces brosses placées sur différens anneaux. Enfin , parmi les chenilles à brosses, il y en a qui portent sur leur premier anneau , et qui semblent porter sur leur tetc , deux aigrettes dirigées comnio les antennes de la plupart des insectes ; ce ne sont pas de simples poils qui forment ces aigrettes , ce sont de vraies plumes. Des barbes sont attachées les unes au-dessus des autres , aux côtés opposés d'une tige commune ; sur la plus grande partie de la tige , les barbes sont égales; mais celles qui approchent du bout supérieur croissent et décroissent ensuite , de manière que ce bout a la forme d'un écran. Ces barbes sont aussi de véritables plumes, c'est-à-dire que comme celles des plumes ordinaires , elles sont chacune une plume en petit. Le microscope fait voir à chacune une petite tige commune à d'autres petites barbes , qui lui sont attachées dti part et d'autre : l'aigrette est un faisceau de pareilles plumes de différentes longueurs. Les mêmes chenilles qui portent deux de ces aigrettes au-devant de leur tête, en ont une posée sur le même anneau, et dirigée comme les cornes de quelques autres chenilles dont nous avons parlé. Il y a encore de ces chenilles qui ont deux autres aigrettes semblables , qui Tirent leuroriginc des anneaux antérieurs, et disposées comme les bras d'une croix, dont le corps de la chenille seroit la tig<; ; il y en a môme d'autres qui de chaque côté ont deux de ces aigrettes. Nous devons dire aussi que les poils des chenilles n'ont pas toujours des formes aussi simples que celles sous lesquelles ils paroissent à nos yeux ; ils nous semblent des corps unis et lisses , tels que des cheveux courts et fais; si on les observe avec un microscope qui grossisse beaucoup, on a peine à trouver-de ces poils lisses ; ceux qui le sont se ter- minent comme une épingle , par une espèce de pointe ; les autres paroissent une tige arrondie et aplatie , c'est-à-dire , qui a plus de diamètre dans un sens que dans l'autre ; de dif- férens endroits de cette tige sortent de petits corps qui la fout ressembler à une tige d'arbre ou de plante ; oes petits corps qui se ti-ouvent sar la tige des poils de différentes espèces de 256 G H E chenilles , diffèrent surtout par les proportions de leur lon- gueur à leur grosseur , et par la manière dont ils sont distri- bués ; quelques-uns sont si fins , que le microscope ne les fait paroître eux-mêmes que comme des poils, et entre ceux qui parlent des différentes tiges, il y en a de différente grosseur; d'autres plus gros paroissent de véritables épines, dont la pointe se dirige du même côté que celle de la tige; il y a telle lige de chaque côté de laquelle il part à même hauteur une épine , comme partent les feuilles qui sont rangées par paires sur les tiges de certaines plantes ; sur d'autres tiges les épines, les piquans , sont distribués alternativement sur différens en- droiis des deux côtés, c'est-à-dire , que l'origine d'un de ces piquans n'est pas vis-à-vis celle de l'autre. Il y a des poils où ces piquans sont assez éloignés les uns des autres ; il y en a où ils sont très-proches ; ces piquans , sur d'autres poils , ne paroissent que comme les boutons, les yeux des branches des arbres à fruits. Les différentes couleurs des poils peuvent encore servir à nous faire distinguer les chenilles ; ceux de quelques-unes sont tous de la même couleur ; ceux des autres sont de cou- leurs très-variées et mêlées très-agréablement ; il y a des poils blancs ; il y en a de noirs , de bruns, de jaunes , de bleus, de verts, de rouges, e« un mot de toutes les couleurs et de toutes les nuances de couleurs. Quelques chenilles à brosses ont leurs brosses du plus beau jaune , d'autres les ont blanches , d'autres les ont de couleur de rose, pendant que leurs autres poils sont de différentes couleurs. Les bouquets de poils sont disposés sur le corps des cheniJles, comme les arbres le sont dans nos bosquets plantés en quinconce ; souvent la peau qui est entre ces rangées de poils n'estpas cachée, elle a elle-même ses couleurs propres , quelquefois belles et diversifiées ; alors la variété des couleurs des poils , jointe à celle des couleurs de la peau,, forme autant de couleurs si singulièrement mêlées, qu'on ne peut s'empêcher d'admirer la beauté de certaines chenilles, pour peu qu'on s'arrête à les considérer. Sur le corps de diverses chenilles velues on peut observer quelques mamelons qui méritent d'être remarqués, et que l'on prend pour de petites touffes de poils quand on ne les cherche pas ; ils sont cependant charnus , dépourvus de poils et posés sur les neuvième et dixième anneaux : on les voit s'élever tantôt plus , tantôt moins, sur le corps de l'insecte : souvent ils sont de petits cônes. Quand la chenille veut les raccourcir, elle retire leur sommet en dedans, et alors ou voit un entonnoir où on voyoit auparavant une pyramide conique. On remarque sur le dos de diverses autres chenilles des mammelons charnus qui ont une forme fixe ; et qui ne C II E ,^,y rentrent point en eux-mêmes comme les pidce'dens. Il y a des chenilles (]ui, sur le même anneau ou sur d" autres anneaux, ont des mamelons plus courts ou plus longs ; quelques-unes les o^nt velus et d autres les ont ras; ceux de quel(iues-unes ressemblent à une vraie corne. Enfin il y en a qui ont plusieurs de ces mamelons. Entre celles qui en ont deux, ceux de quel- ques-unes sont placés sur la ligne du milieu du dos qui va de la tête à la queue, et ceux de quelques autres sont posés à coté l'un de l'autre , sur le même arc du même anneau. Enfin ils sont disposés sur différens anneaux de différentes chenilles. Plusieurs chenilles rases, telles que celles des papillons de la division des (:hevalîers Requîtes), ont une espèce de corne char^ nue plus singulière, qui sort de la jonction du premier anneau avec le col; elle a la forme d un Y, ou de deux branches par- tant d'une tige couniiune; cesbranches et la tige même, comme les cornes du limaçon, rentrent au gré de la chenille, de ma- nière qu'on ne voit plus aucun vestige de corne. Elle ne montre cette corne singulière que quand il lui plaît ; ell? passe des journées entières sansla faire voir, lorsque le temps dese ' métamorphoser approche. Les formes du corps des chenilles nous fournissent encore de quoi les distinguer; les unes ont la partie antérieure plus déliée que la postérieure ; dautros ont la partie posté- rieure beaucoup moins grosse que Tantérieure ; la figure du corps ressendjle à celle du corps d'un poisson ; le derrière de quel([ues-unes se termine par une espèce de fourche ; le corps de diverses autres, plus communes, a un diamètre k peu près égal dans toute son étendue. Manière de vi^re et habîlucîes des chenilles. La manière de vivre des chenilles est presque aussi variée que les espèces ; il y en a qui aiment à vivre seules dans les retraites qu'elles choisissent ; d'autres se plaisent ensemble et forment des sociétés. On trouve des espèces qui vivent dans la terre , dans l'intérieur des plantes, dans les ironcsd arbres, dans les racines; le plus grand nombre se plaît sur les feuilles, les arbres, les plantes, à portée des alimens qui leur sont né- cessaires. Elles n'ont d'autres précautions à prendre pour se garantirdes injures du mauvais temps, que de se cacher sous les feuilles, sous les branches , jusqu'à ce qu elles puissent re- paroîlre sans danger ; quelques-unes, pour se mettre en sûreté , roulent des feuilles pour se retirer dans la cavité for- mée par les plis ; d'autres, dune très-peiite espèce, habitent, et vivent même dans l'intérieur des feuilles qu'elles minent , et où elles ne sont point aperçues de.s ennemis qu'elles ont VI. 17 258 G H E à craindre ; il y en a enfin qui se forment exactement une maisonnette en forme de tuyau , qui les rend invisibles et les accompagne partout. Cherchons maintenant dans la manière de vivre des che- nilles les différens points de vue sous lesquels on peut les con- sidérer plus particulièrement , et qui doivent servir à les faire distinguer entre elles. Celles dont Tcxtérieur est assez sembla- ble , et qui montrent dans leur genre de vie des différences caractéristiques, doivent être rangées parmi des espèces dif- férentes. Ainsi , il y en a qui sont solitaires pendant tout le cours de leur vie , et qui semblent n'avoir aucun commerce les unes avec les autres ; d'autres passent la plus grande par- tie de leur vie en société : elles ne se séparent que quand , après leur accroissement , elles sont prêtes à subir leur pre- mière transformation. Enfin d'autres ne se quittent point, restent même les unes auprès des autres lorsqu'elles se trans- forment en chrysalides , et ne se séparent qu'après avoir pris la forme de papillons. Les diverses substances qui leur ser- vent d'alimens doivent aussi nous les présenter sous les di- vers aspects qui leur sont propres. La première loi que la nature impose à tous les êtres en leur donnant la vie, c'est celle de vivre ; ils ont les moyens de suffire à cette loi dès qu'ils existent, et ilsontles mêmesdroits à Texislence des qu'ils ont les moyens d'exister. Cessons donc de croire que la nature n'ait dû penser qu'à nous , et de nous plaindre des êtres qui semblent vivre à nos dépens. Cessons de nous étonner si ces chenilles, dont la nuilliplicatlon est si prodigieuse et l'accroissement si prompt , exercent tant de ravages , sont à-la-fois le lléau des vergers, des jardins, des forêts. Il y a très-peu de plantes que les chenilles n'attaquenf et ne dépouillent de leurs feuilles , quand elles sont en grand nombre. Elles sont si comnmnes pendant certaines années , que très-peu de plantes échappent à leurs dégâts. En rongeant les feuilles des arbres, elles les réduisent dans un étal pres- que aussi triste que celui où nous les voyons pendant l'hiver ; avec cette différence que la perte de leurs feuilles , dans cette saison , ne leur cause aucun dommage^ ne nuit point à la vé- gétation ; au lieu qu'au printemps,, en été , ils souffrent d'en être dépouillés. Quand les chenilles ont dévoré la verdure d'un arbre, elles ne l'abandonnent pas toujours, quoiqu'il semble ne plus leur offrir de quoi vivre ; elles attendent la seconde pousse pourronger les bourgeons. Il y a cependant des espèces qui l'abandonnent pour aller chercher de quoi vivre ailleurs. Parmi les animaux de l'a plus grande espèce , on n'a pas d'exemple d'une voracité qu'on puisse comparer à celle des chenilles ; il n'en est aucune qui ne mange , dans l'espace de C H E ^B^ vingt-quatre heiires , plus pesant de feuilles qu'elle ; quelques unes mangent au-delà du double de leur poids. Mais on est si accoutumé à ne voir vivre les chenilles que d'herhes et de feuilles , que quand on trouve des arbres criblés de trous , quand on les voit sécher sur pied, et même rompus et ren- versés par terre, on ne s'avise guère de penser que ce soit la l'ouvrage des chenilles. On a cru , et l'on croit encore assez ordinairement , qn«: chaque plante a son espèce particulière de chenille qu'elle nourrit. On pourroit plutôt douter s'il peut y avoir une seule espèce de chenille à qui la nature n'ait assigné pour aliment qu'une seule espèce de plante ou une seule substance. Si cela existe , ce n'est sans doute que dans ces espèces que leur petitesse dérobe entièrement à nos yeux, et leur permet de vivre partout où elles se trouvent. Nous voyons une chenille velue et rousse , nommée chenille de la vigne , parce qu'elle se nourrit communément de ses feuilles , manger encore plus avidement des feuilles du coq des jardins. Elle tire sa. nourriture, et des feuilles qui nous semblent très-insipides, et des feuilles aromatiques. On en voit desespècesquirons^ent indifféremment les feuilles du chêne , celles de l'orme, celles de l'épine, celles des poiriers, des pruniers , des pêchers , etc. On en voit d'autres esp"«ces qui mangent également les feuilles de la mauve , du soleil ou helianthus , de la pimprenclle , desgirofléesjaunes , des oreiîi"S d'ours, de la lavande et de toutes les plantes potagères. 11 paroît cependant vrai qu'il n'y a qu'un certain nombre de plantes ou d'arbres analogues qui conviennentàchaque espèce de chenilles. Que dcviendroient nos moissons, si les chenilles qui ravagent les bois, pouvoienk de même se nourrir de blé vert.'' Ainsi les plantes sur les- quelles les chenilles vivent, peuvent aussi servir à les faire distinguer : une clienille de même forme et de même couleur, sur un chêne et sur un chou, doit nous faire plus que soup- çonner qu'elle n'est pas de la même espèce. On pourroit trouver étrange que la nature ait assigné pour alimenta quelques chenilles, non-seulement des plantes dont l'amertume nous paroît insupportable , mais des plantes rem- plies d'une liqueur acre et caustique, si 1 on ne savoit pas que les qualités dos corps ne s'exercent qu'en raison de leurs rap- ports respectifs et de leur action réciproque. Ainsi des che- nilles vivent des feuilles de certains tilhymales , malgré la qualité corrosive du lait qu'ellçs renferment. Les conduits par où l'insecte fait passer ce suc , tout petits qu'ils sont cl quelque délicats qu'ils semblent être , ne sont aucunement nltérés par une liqueur qui agit bien différemment sur nolr-i langue. Il doit paroîlre aussi extraordinaire qu'il y ail dtii a6o C H E chenilles qui vivent sur l'ortie. Plusieurs espèces qu'on tronv? sur celte plante, sont à la vérité armées de longues épines «pii pourroient sembler nécessaires pour tenir celles des feuilles éloignées de leur peau ; mais on trouve aussi sur l'ortie plu- sieurs espèces de chenilles rases , et dont la peau paroît même plus tendre que celle de' quantité d'autres chenilles qui se tiennent sur des plantes dont les feuilles sont très-douces au toucher. Ces chenilles des orties mangent des feuilles armées de piquans, qui , dès qu'ils ont atteint noire peau, y causent des démangeaisons cuisantes. Le palais et l'œsophage de ces chenilles , que nous devons pourtant juger très-délicats, se- roient-lls plus à l'épreuve de ces piquans ;' Peut-être que ces chenilles font entrer ces piquans dans leur bouche par leur base, et dans un sens où ils ne peuvent les piquer. La plupart des chenilles vivent sur le»s arbres et sur les plantes pour manger leurs feuilles, quelques-unes même rongent leu.rs fleurs , d'autres n'épargnent pas les fruits, les racines enfin sont attaquées : mais combien en est-il encore qui vivent dans Tintérieur même des différentes parties des arbres et des plantes:' La peau de ces dernières chenilles rases^ transparente , ordinairement plus tendre que celle des autres, n'est pas aussi en état de résister à lacllon de l'air; si elle y étoit exposée , elle desséchcroittrop; c'est dans des retraites- obscures qu'elles doivent se cacher. Les unes se tiennent dans l'intérieur des branches, des tiges, ordinairement dans l'au- bier. La sciure que l'on peut voir journellement sortir par un trou dont l'ouverture est à la surface extérieure de l'écorce, avertit qu'il y a un insecte <[ui hache les fibres intérieures. Kntre les chenilles qui vivent de bois , il y en a à qui les boi^ de différentes espèces d'arbres conviennent ; comme entre celles qui mangent des feuilles de plantes différentes. Lesj fruits que noiîs trouvons les plus succulens et les plus doux , ne nous ont pas été accordés à nous seuls , la nature a voulu que des insectes de différens genres les partageassent avec nous. DC'S poires , des pommes , des prunes , etc., qui sont plus tôt à maturité que les autres fruits de même espèce, tombeiit tous les ans dans nos jardins, et ces fruits ne sont devenus plus précoces , et ne sont tombés , que parce que quelque insecte a crû dans lenr intérieur. Les plus importans de nos fruits . ceux qui sont la base de nos alimens , ne sont pas encore en srirelé après que la récolte en a été faite. On ne sait que trop que nos blés de toutes espèces, nosfromens, nos seigles, no.i- Orges, etc., sont quëlqiMifois entièrement consommés dans les greniers. Outre bien des espèces de larves et d'insectes par- faits de différens genres, il y a un grand nonibre de chenilios -q«i attaquent les fruits. Conrune enlie les chenilles qui vivent G H E 261 de fi'nillcs , les unes rongent celles lantesqui nous intéressent, que notre haine pour elles s'é- tend à tout ce qui porte le nom de chenille. Les dégâts dont nous avons à nous plaindre , excitent tellement notre ven- geance envers ces insectes destructeurs, que nous ne dési .64 C H E rons les connoître qu'afm de lesdélruire, pour nous venger de tout le mal qu'ils nous ont fait. Les ravages que font les chenilles , n'ont pas été le seul motif qui nous ait prévenus contre elles; pendant long-temps on a cru que cet insecte étoit venimeux; c'est une erreur qui n'a d'autre fondement que le préjugé et l'horreur qu'excitent a's insectes à quantité de personnes qui les craignent. Les volatiles dévorent les chenilles ; ils en font de très-bons repas qui no leur sont pas dangereux : on a vu des enfans manger des vers à soie , sans en être incommodés ; ceux même qu'on a donnés à la vo- laille , parce qu'ils sont malades , ne lui causent aucun mal. Quoiqu'il y ait de grosses chenilles dont l'attouchement fait naître des boutons sur la peau, qui excitent des démangeai- sons, il n'y a cependant jamais d'effets dangereux à craindre ; ces boutons sont dus à leurs poils , qui s'implantent dans les pores de notre peau, et y produisent la même sensation , les mêmes élévations que celles occasionées par l'attouchement de l'ortie. Jamais chenille rase n'a produit de semblables effets. Mais lorsque , dépouille de toute espèce de préjugé et de crainte , animé du désir de connoître la nature dans tous ses ouvrages, on porte ses regards sur les chenilles, on examine leurs différentes propriétés , leurs habitudes , leur instinct , leur utilité même , comme on a bientôt oublié le mal qu elles semblent nous faire! comme, après le tribut d'admiration qui leur est dû, on est tenté de les aimer! On ne s'étonne plus , dèslors, qu'elles aient pu attirer cf fixer l'attention des obser- vateurs les plus profonds et les plus dignes d'être admis au rang de philosophes. La nature emploie , à la conservation de ces insectes d'une année à l'autre et dans la saison rigoureuse, quatr et qui paroissent plus dignes d'attention que les précédentes, par la quantité et la qualité de la soie dont est fait le nid qu'elles habitent en commun. Ces nids sont quelquefois plus gros que la tête d'un homme ; la soie est forte et blanche. Les dégâts de celte chenille ne doivent ni exciter ni mériter notre vengeance ; peu nous importe qu'elle ronge les feuilles étroites et pointues du pin, qui est le seul arbre qu'elle atta- que. Loin de nous nuire , elle construit des cocons avec la soie qu'elle file , qui pourroient être d'une grande utilité , si on prenoit les soins nécessaires pour les préparer et les mettre en état d'être cardés. Les chenilles de grandeur médiocre, à seize pattes, et dont la peau est noire en dessus et très-velue, vivent en société dans un nid que toute la famille a contribué à construire ; elles s'y retirent pendant la nuit; dès qu'il fait jour, elles en sortent pour se répandre sur l'arbre et en ron- ger les feuilles : leur marche est dans le même ordre que celle des chenilles nommées processionnaires. Peu de temps après leur naissance, elles travaillent de concert à se faire un nid, d'abord assez petit, et dont elles augmentent l'en- ceinte, en filant de nouvelles toiles, à mesure qu'elles gros- sissent; tout l'intérieur du nid est rempli de toiles dirigées en différens sens , qui forment divers logemens , ayant appa- ,08 C tl E icmmoiil îa inèiac communication que ceux de la chenille commune. La principale entrée n"est pas constannnenl dans le même endroit, et on peut en observer d'autres plus pe- tites. Ces chenilles marchent fort vite , et ne s'écartent d'a- bord un peu que pour aller ronger quelques feuilles placées aux environs. Quand elles viennent à se dévaler, elles se ser- vent d'un fil de soie très-délié comme d'une échelle , pour re- monter à leur nid. Quoiqu'elles paroissent sortir plus volon- tiers la nuit que le jour, et semblent fuir la lumière, on en voit néanmoins qui sortent à toutes les heures du jour. Elles marchent en procession, à la fde, et dans le plus bel ordre. Elles défdent toutes une à une , d'un pas égal et assez lent ;Ja file, souvent très longue , est presque partout continue, c'est- à-dire, que la tête de la chenille qui suit, touche le dei'rière de la chenille qui précède. Tantôt elles défilent sur une ligne droite , tantôt elles tracent des courbes plus ou moins irré- gulières, qui imitent quelquefois des festons ou des guir- landes , d'autant plus agréables à l'œil , que toutes les par- ties de la guirlande sont en mouvement et varient sans cesse leur aspect. Quand plusieurs de ces sociétés s'avoisinent, et que les processions partent de différens nids, les guirlandes ou les cordons se multiplient et se dirigent en différens sens , tracent une multitude de figures , et le spectacle en devient plus amusant encore. Elles s'éloignent souvent à d'assez grandes dislances du nid : les files de chenilles sont alors fort longues. Tandis qu'une procession suit la même ligne droite , d'autres se détournent en différens sens. Les unes montent , les autres descendent. Toutes les chenilles d'une même pro- cession marchent d'un pas uniforme et presque grave, aucune ne se presse de devancer les autres, aucune ne demeure en arrière dans l'intérieur de la file. La chenille qui est à la tête de la procession , détermine les évolutions de toute la troupe. Cliacune garde sa place, et dirige sa marche sur celle de la chenille qui la précède immédiatement. Lorsque les pre- mières chenilles d'une procession font halte, elles se ras-' semblent ordinairement les unes auprès des autres et les unes sur les autres en monceau, et se renferment dans une espèce de poche à claire-voie , assez semblable à un filet pour pren- dre les poissons. Lorsque nos processionnaires reviennent à leur nid, c'est par la même route qu'elles ont suivie en s'é- loignant. Souvent elles s'éloignent beaucoup de leur domi- cile, et "par différens détours; cependant elles savent tou- jours le retrouver, et s'y rendre au besoin. Ce n'est pas la vue qui les dirige si sûrement dans leurs marches ; cela est très- prouvé. La nature leur a donné un autre moyen de regagner leur^île. Nous pavons nos chemins; nos chenilles tapissent G H E x&ij les leurs et ne marchent jamais que sur des tnpis de sole. Tous les chemins qui aboutissent à leurs nids sont couverts de fils de soie. Ces fils forment des traces d'un blanc lustre , qui ont au moins deux ou trois lignes de largeur. C'est en suivant à la file ces traces , qu'elles ne manquent point le gîte , quelque tortueux que soient les détours dans lesquels elles s'engagent. Si l'on passe le doigt sur la trace, l'on rom- pra le chemin, et l'on jettera les chenilles dans le plus grand embarras ; on les verra s'avreter tout à coup à cel endroit, cl donner toutes les marques de la crainte et de la défiance ; la marche demeurera suspendue jusqu'à ce qu'une chenille plus hardie ou plus impatiente que les autres ait franchi le mau- vais pas. Le fil qu'elle tend en le franchissant., devient pour une autre un pont sur lequel elle passe , celle-ci tend en pas- sant un autre fil; une, troisième en tend un autre , etc. , et le chemin est bientôt réparé. Les procédés industrieux des in- sectes , et en général des animaux, s'emparent facilement de notre imagination. Nous nous plaisons à leur prêter nos ral- sonnemens et nos vues. Nos chenilles sans doute ne tapis- sent pas leurs chemins pour ne point s'égarer; mais elles ne s'égarent point, parce qu'elles tapissent leurs chemins. Elles filent continuellement , parce qu'elles ont continuellement besoin d'évacuer la matière soyeuse que la nourriture rcpro^ duit, et que leurs intestins renferment. En satisfaisant à ce besoin, elles assurent leur marche sans y songer, et ne le font que mieux. La construction du nid est encore liée à ce besoin. Son architecture l'est à la forme de l'animal , à la structure et au jeu de ses organes , et aux circonstances particulières où il se trouve. Lorsque ces chenilles ont pris leur accrois- sement, et que le temps de leur métamorphose approche, elles abandonnent leurs nids , se séparent et vont se cons- truire danS la terre des coques de pure soie, qui ne répondeiit pas à ce qu'on attendoit de si grandes fileuses. On doit se dé- lier des poils de ces chenilles. La chenille à Im-ée , ainsi nommée à cause des baiîdes lon- gitudinales de diverses couleurs qui parent son corps et lui donnent quelque ressemblance à un ruban , est très-com- mune dans les jardins et dans les vergers. Les feuilles des arbres à fruits, et celles de plusieurs autres, sont de son goût. 11 y a des années où elle est si commune, qu'elle fait les plus grands dégâts , qu'elle dépouille de leurs feuilles tous les arbres fruitiers sur lesquels elle s'établit ; il seroit sans doute très-intéressant de détruire les couvées de ces insectes ; mais l'industrie des femelles les dérobe souvent à nos veux et à nos recherches. La femelle du bombyx a-j- quel appartient cette chenille, dépose ses œufs autour des :,yo C H E jeunes branches d'arbres , et les arrange en forme de spi- rale , quelquefois au nombre de deux ou trois cents ; au retour du printemps, tous ces œufs éclosent, il en sort des chenilles qui vivent en société pendant leur enfance ; elles filent ensemble une toile qui leur sert tle tente , sous la- quelle elles ont soin de faire entrer quelques feuilles pour se nourrir. Dès que la provisi(«n est finie , la famille se transporte à un autre endroit de i'arbre où elle peut trouver d'autres provisions; là , elle s'établit, en formant de nou- veau avec sa tente, une toile qui enveloppe les feuilles qui sont à sa portée. Ce petit manège, qui dure tout le temps que les chenilles sont jeunes, suffit pour dépouiller un arbre entièrement, quand il y a deux ou trois de ces familles nombreuses. A mesure qu'elles prennent leur accroissement, elles se dispersent de côté et d'autre , pour aller filer leur coque solitaire. Oublions maintenant les torts qu'elles peu- vent nous causer. Quand, vers le printemps, la chenille renfermée dans l'œuf est devenue assez forte , elle perce avec une de ses dents le couvercle que Ton peut resnarquer, et dès que le trou est ouvert , elle est en état de travailler avec .«uccès à l'agrandir, et à se faire un passage par où tout son corps puisse sortir ; ordinairement il se passe deux jours avatjt que toutes celles d'un même anneau soient nées. Celles qui sont écloses le malin , dès Taprès-midi du même jour , ou au plus tard le jour suivant , vont chi-rcher de la nour- riture. Elles attaquent les feu*illes qui ne commencent qu'à pointer , et si les feuilles ne paroisscnt pas encore , elles n'é- pargnent pas les fleurs. A peine ont-elles cessé de manger, qu'elles s'occupent à filer ; elles travaillent de concert à des toiles qu'elles étendent, et qu'elles attachent aux angles d'où partent les rejetons qui leur donnent des feuilles. Pendant la nuit , elles reviennent ordinairement dans lintcrieur du nid-, mais dans le jour elles se rendent sur sa surface, et s'y arrangent les unes au-dessus des autres, comme sur une terrasse pour y prendre l'air ; s'il vient à pleuvoir , elles sa- vent très-bien se retirer sous la surfiice opposée. Lorsqu'elles commencent à s'éloigner de leur habitation, leur marche est encore singulière ; elles vont, comme les précédentes, en pro- cession , à la fde les unes des autres ; mais leur file n'est pas si continue , et les rangs ne sont pas égaux. Souvent la procession est interrompue dans sa marche par des chenilles qui retournent au nid, ou par d'autres qui font halte. Après avoir fait un certain chemin , souvent les processions s'ar- rêtent , et les chenilles s'attroupent ; ensuite les unes retour- nent par le même chemin , les autres continuent leur roule , toujours d'un pas assez lent, et sans la moindre confusioit. C M K ,-, On devine le procédé au moyen duquel elles retrouvent toujours le chemin de leur habitation ; la chenille du piti nous a déjà instruits. De petites compagnies de six à sept chenilles vont souvent à la quête , à une grande distance du nid. On peut quelquefois prendre plaisir à toucher légè- rement du doigt celle ou celles qui marchent les premières. Elles secouent aussitôt la tète à plusieurs reprises et rebrous- sent avec vitesse, sans être arrêtées dans leur fuite par celles qui suivent d'un pas tranquille la première route. Lors- qu'on enlève aussi avec le doigt un peu de la soie qui tapisse le chemin de nos processionnaires , on peut jouir de leur effroi , de leur embarras , de leur tâtonnement , de leur inquiétude , jusqu'à ce que la voie ait été entièrement ré- parée ; il n'y a peut-être rien de si joli que les cordons que nos chenilles forment par leurs évolutions diverses , ils pa roissent , à une certaine distance , des traits d'or ; mais ces traits sont tous en mouvement , et les uns sont tirés en ligne droite , tandis que les autres représentent des courbes à plusieurs inflexions. Ce qui rend le spectacle plus agréable encore , c'est que le cordon d'or est couché sur un ruban de sole , d'un blanc vif et argenté. Quand les feuilles des environs de leur habitation sont rongées , nos Ihrées vont plus loin filer de nouvelles toiles auprès des feuilles qu'elles se proposent de manger dans la suite. Après leur seconde mue , ordinairement elles n'observent plus la même disci- pline ; elles errent de côté et d'autre sans aucun ordre, et bientôt on ne les trouve plus que solitaires. On voit dans des prairies , en automne, certaines touffes d'herbes qui sont recouvertes de toiles blanches , qu'on es8 d'abord tenté de prendre pour des toiles d'araignées ; mais quand on les regarde de plus près , on reconnoît qu'elles ont été faites par d'autres ouvrières et pour d'autres usages. (Je sont des espèces de tentes, au-dessous desquelles Ai^s chenilles mangent , se reposent, et changent de peau toutes les fols qu'elles en ont besoin. La disposition de ces toiles n'a rien de régulier; l'intérieur est comme partagé par plu- sieurs cloisons en différens logemens , qui s'élargissent en «'approchant de la base. Quand les chenilles ont rongé tout ce qui est renfermé sous la tente , elles abandonnent ce pre- mier camp pour en aller établir un autre sur une touffe d'herbe plus fraîche. Elles se construisent ainsi une suite de tentes , qui sont des logemens suffisans pour la saison. Mais lorsqu'elles sentent les approches de l'hiver, elles songent à se loger plus chaudement , elles se font un loge- ment plus solide dans l'intérieur de la principale tente , en forme de bourse. Elles y sont les unes sur les autres ; et .72 C H E cliacune y est roulée. Au retour de la belle saison , elles se fonl de nouvelles tentes de soie , qui servent à les dé- fendre contre la pluie. C'est surtout pendant que. le soleil brille , qu'elles travaillent à étendre et à fortifier ces tentes. Elles se réservent dans les toiles , diverses ouvertures di- rigées obliquement , par où elles peuvent rentrer ou sortir, à leur volonté. Lorsque les nuits sont douces , on les voit souvent hors de la tente , attachées les unes auprès des au- tres , et même les unes sur les autres, contre une tige de eramcn : mais quand les nuits sont froides, elles ne restent pas ainsi exposées aux injures de 1 air. Ce ne sont pas seule- ment les chenilles d'une même famille, qui sont disposées à vivi'c ensemble ; on voit souvent les chenilles de différens nids , se réunir pour travailler en commun à une même tente. Enfin , après s'élre dépouillées vers le milieu du prin- temps , elles se dispersent , elles abandonnent leur tenta sans songer à s en faire une nouvelle ; chacune va de son côlé pour vivre en particulier , et se préparer à la métamor- phose. On trouve sur Taubéplne , le prunier sauvage , ou au- tres arbrisseaux, des nids, ordinairement de pure soie très-blanche, construits autour des tiges ou des branches, et bien plus grands que ceux des Imées ou des ranimiines ; aussi sont-ils habités par de plus grandes et de plus grosses chenilles. C'est dans le mois de mai qu'il faut les cher- cher ; ils ne sont pas rares sur les haies. On voit à la sur- face du nid quelques ouvertures oblongues , d'inégale gran- deur, et qui sont les portes de l'habitation. On y découvre quelquefois deux chemins principaux, tapissés d'une belle soie blanche , et l'on croit voir les principales avenues d'une grande ville : l'un se dirige en ligne droite et en bas , et aboutit à la grande porte du nid ; l'autre serpente sur le dessus de la haie , s'élève , s'abaisse, se relève pour s'abais- ser encore et se plonger enfin dans l'épaisseur de la haie , à un certaine dislance du nid; d'autres chemins, moins marqués, plus tortueux, et qui sont comme* des chemins de traverse et des routes détournées, viennent aussi aboutir à l'habitation par divers côtés. On peut voir nos chenilles sortir et rentrer à certaines heures , par les ouvertures du nid. Elles en sortent pour aller prendre leur repas sur les feuilles des environs, et y rentrent après l'avoir pris, à peu- près dans le même temps. Lorsque le soleil darde ses rayons sur le nid, elles sont dans une grande agitation, et cou- rent fort vite de tous côtés. Elles augmentent chaque jour les dimensions du nid par de nouveaux fils , qui forment des toiles superposées et plus ou moins épaisses. Après avoir G H E ,73 changé deux ou trois fois de peau, elles commencent à abandonner leur nid et à se séparer. Vers le mois de juillet, on peut apercevoir sur les feuilles d'aubépine , de prunier sauvage , ou d'autres arbusles des haies, un petit amas d'œufs , dont la forme est pyramidale et cannelée. Chaque pyramide repose sur sa base , et toutes sont arrangées adroitement les unes à côté des autres, dans un espace circulaire. Ces œufs paroissent plus jolis en- core considérés à la loupe; on y compte sept cannelures; le sommet de la pyramide présente une surface plane , où les sept cannelures tracent la figure d'une petite étoile à sept rayons. Au bout de quelques jours on peut voirie beau jaune de ces œufs s'allérer de plus en plus. Le point brun, placé au centre de la petite étoile, se rembrunit, devient d un noir assez foncé; alors paroît à découvert la tcle, et bientôt tou» le corps d'une chenille de couleur grise, demi-velue et à seize pattes. On est bientôt instruit que les petites chenilles dévorent la coque des œufs dont elles viennent de sortir, et qu elles vont encore ronger la coque des œufs dont les chenilles ne sont pas écloses. Il y a tout lieu de croire que leur intention n'est pas de les aider à en sortir, et qu'elles n'ont que celle de satisfaire leur goût. Il est pourtant vrai que celles dont les œufs sont ainsi rongés au-dehors , sont plus facilement écloses. Quelques jours après , nos petites chenilles rapprochent , avec des tils de soie , les jeunes feuilles dont elles ont dévoré le parenchyme , et qui se sont desséchées; elles les lient, et ces premières feuilles, qui sont ordinairement celles sur lesquelles les œufs ont été déposés , doivent être regardées connue le fondement du petit édifice. C'est ordinairement du côté du pédicule , que nos jeunes chenilles commencent à ronger le dessus de la feuille. Elles sont alors rangées les unes auprès des autres, sur une même ligne droite ou courbe, et s' avan- çant peu à peu , comme en ordre de bataille , vers Taulre extrémité de la feuille, elles en fourragent ainsi toute la sur- face. Les nids sont donc composés la plupart d'une seule feuille sèche, pliée en deux; un fil de soie assez fort paroît tenir au pédicule de chaque feuille ; ce fil va s'entortiller autour d'un des boutons de la branche ; là il semble plus épais, et l'egt effectivement, parce que les différens tours du fil se recouvrent en partie les uns les autres ; et ces nids sont si bien suspendus , que le plus grand vent ne sauroit les détacher. Dès que les chenilles ont dévoré toutes les feuilles sorties du même "bouton, elles vont ronger celles d'un autre; et telle est Torigine des différens>nids qu'elles habitent suc- cessivement. Le paquel de feuiilei qu'elles ont rongé le der- nier, compose lé dernier nid, ou celui dans lequel elles doivent passer la mauvaise saison. On a encore observé que lorsqu'elles abandonnent le nid qu'elles ont construit le premier, elles commencent à se diviser en sociétés plus petites ou moins nombreuses , qui se subdivisent elles-mêmes en sociétés moins nombreuses; et c'est ainsi qu'il arrive que lorsque l'on ouvre de ce& nids pendant l'hiver, on les trouve si inégalement peuplés, les uns ne renfermant que deux che- nilles, tandis que d'autres en ont quatre, huit, quinze, etc. Mais en ouvrant alors ces nids , on est singulièrement étonné de trouver constamment dans chaque , de très-peliles es- pèces de coques d'une soie blanchâtre , adossées les unes contre les autres, qui renferment chacune sa chenille. Des coques plus ou moins nombreuses sont distribuées par pa- quets en différens endroits de l'intérieur du nid. Ce n'est apparemment qu'à la fin de l'automne que nos chenilles filent ces petites coques , où elles se renferment jusqu'au re- tour du printemps. Alors elles ne tardent pas à sortir de leur coque et de leur nid; on les voit chaque jour se pro- mener sur la branche et aux environs. Elles se reti- rent de temps en temps dans leur habitation , et s'y ar- rangent les unes à c(*>té des autres , de manière que la tête de toutes regarde vers le même endroit. Quelque temps après leur seconde mue , elles abandonnent le nid et se dispersent. On trouve ordinairement dans ces petits nids , une sorte de poche ou de sac, qui est entièrement rempli d'excrémens; ce qui peut faire juger que ces chenilles ont soin d'aller déposer leurs excrémens à part. Nous devons, maintenant, faire connoîlre quelques es- pèces de chenilles, qui, non-seulenient vivent en société tant que dure leur vie de chenille , mais qui restent encore toutes ensemble sous la forme de chrysalide. De toutes les républiques de chenilles, les plus nombreu- ses sont celles d'une espèce qui vit ordinairement sur le chêne, et qui a été nommée particulièrement ^rc;c;«5/o/mai'/« ou éQolutionmiire ; elle est de grandeur médiocre , de couleur presque noire au-dessus du dos, avec seize pattes, et cou- verte de poils très-blancs et presque aussi longs que le corps. Ciiaque couvée compose une famille de sept h huit cents in- dividus. Tant que ces chenilles sont jeunes, elles n'ont point d'établissement fixe ; les différentes familles campent tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre, sur le même arbre où elles sont nées : elles filent ensemble .pour former des nids qui leur servent d'asile. A mesure qu'elles changent de peau, elles quittent leur ancien établissement pour en al- ler former un autre ailleurs. Quand elles sont parvenues au C H E ,75 terme de leur accroissement , riiabitalion qu'elles clioisis- sent alors est fixe. Les nids propres à contenir des familles si nombreuses, doivent être assez considérables; leur figure n'a rien de singulier ni de bien constant. Plusieurs couches de toiles, appliquées les unes sur les autres, forment les parois; entre le tronc de Tarbre et ces parois, est la cavité où les chenilles vont se renfermer de temps en temps, qui n'est partagée par aucune cloison, de sorte que le nid n'est qu'une espèce de poche au haut de la toile ; près du tronc de l'arbre, est un trou par où les chenilles entrent ou sortent à leurgre. Malgré le grand volume de ces nids, quoiqu'il y en ait quel- quefois trois ou quatre sur le même chêne, quoiqu'ils soient attachés à une tige nue et à hauteur des yeux, on ne les aperçoit que quand on cherche à les voir; autrement on les con- fond avec les tubérosités, les bosses de l'arbre même ; la soie qui les couvre devient dunblancgrisâtre, quin'imite pas niai la couleur des lichens, dont les tiges des chênes sont ordinaire- ment couverte^. Il est rare d'en trouver dans le milieu des forêts. C'est ordinairement sur les grands chênes et sur les lisières, qu'on rencontre ces sortes de républiques. Quand ces insectes quittent leur logement pour aller s'établir ail- leurs , leur marche présente le même ordre que nous avons déjà aperçu dans une espèce précédente , mais qui mérile ici d'être de nouveau remarqué. Au moment de leur sortie , une chenille ouvre la marche, les autres la suivent à la file ; la première est toujours seule , les autres sont quelquefois deux, trois, quatre de front. Elles observent un alignement si parfait, que la. tête de l'une ne passe pas celle de l'autre. Quand la conductrice s'arrête , la troupe qui la suit n'avance point; elle attend que celle qui est à la tête se détermine à marcher pour la suivre. C'est dans cet ordre qu'on les voit souvent traverser les chemins , ou passer d'un arbre à l'au- tre , quand elles ne trouvent plus de quoi vivre sur celui qu'elles abandonnent. Ont-elles trouvé une branche de chêne couverte de feuilles fraîches , alors les rangs se for- ment autrement, ils se fortifient; les chenilles se distribuent sur les feuilles, et elles sont si contiguës les unes aux autres, que leur corps se touche dans toute sa longueur. Ont-elles fini de ronger les nouvelles feuilles, et terminé leur repas, elles regagnent leur nid dans le même ordre; une d'entre elles se met en mouvement , une seconde la suit en queue , et ainsi de suite ; elles commencent à défiler, toujours si pro- ches les unes des autres , qu'il n'y a pas plus d'intervalle entre les différens rangs qu'entre les chenilles de chaque rang. Souvent le petit corps d'armée fait une infinité d'évo- iutions tout-à-fait singulières ; il se forme sous une infinité .7G C H E de figures différentes; mais il est toujours conduit par une seule chenille. La tête du corps est toujours angulaire ; le reste est tantôt plus et tantôt moins développé ; il y a quel- quefois des rangs de quinze à vingt chenilles. C'jîst un vrai spectacle pour <{ui sait aimer celui de la nature , que de se trouver dans les jours chauds d'été, vers le coucher du soleil, dans un bois où il y a plusieurs nids de nos processionnaires sur les arbres peu éloignés les uns des autres. On en voit sortir une de quelque nid, par Fouverture qui est à sa partie supérieure, et qui sufliroit à peine pour en laisser sortir deux de front. Dès qu'elle est sortie , elle est suivie à la fde par plusieurs autres ; arrivée environ à deux pieds du nid, tantôt plus près, tantôt plus loin, elle fait une pause, pendant la- quelle celles qui sont dans le nid continuent d'en sortir ; elles prennent leur rang, le bataillon se forme ; enfin la conduc- trice marche, et toute la troupe la suit, entièrement subor- donnée à tous les mouvemens de son chef. La même scène se passe dans les nids des environs : on les voit tous se vider à la fois; l'heure est venue où les chenilles doivent aller cher- cher de la nourriture; ainsi, c'est pendant la nuit qu'elles se promènent, qu'elles rongent les feuilles fraîches ; pendant le jour, et surtout lorsqu'il fait chaud, elles se tiennent ordi- nairement en repos dans leurs nids. En commençant le nid qui doit leur servir de.dernière retraite , elles lui donnent au moins en largeur et épaisseur toutes les dimensions qu'il doit avoir ; mais il leur arrive quelquefois de l'allonger , quand elles ne lui trouvent pas assez de capacité. La distance de la toile à l'arbre ne laisse pas de supposer une sorte d'in- dustrie; car la chenille ne sauroit être posée sur l'arbre, quand elle construit la partie du cintre qui s'en éloigne le plus : il faut qu'elle soit sur le nid commencé , et que la por- tion la dernière faite serve d'appui à la portion qu'elle veut faire plus cintrée; pour la tenir plus éloignée de l'arbre. Elles ont encore à changer une- fois de peau; les dépouilles attachées à la toile épaississent et fortifient l'enveloppe , d'autant plus que les chenilles les lient encore avec de nou- veaux fils; et le tissu qui est d'abord transparent, au bout de quelques jours est entièrement opaque. C'est dans le même nid qu'elles doivent chacune se fder une coque particulière, pour y prendre la forme de chrysalide. Quand on veut dé- truire, ou qu'on est simplement curieux d'examiner les nids de la chenille processionnaire, il faut les toucher ou même les observer avec beaucoup de précaution, à cause des dé- mangeaisons violentes, suivies d'enflures, qu'ils sont capables de produire; l'air même qui les environne , peut être rempli de la poussière des poils de ces chenilles ; ou il suffit quel- C H E 277 quefois de se reposer au pied d'un cliene ou elles se sont établies , pour éprouver bientôt des démangeaisons très-in- commodes. Une espèce de chenille , que Ton n'a pas besoin d'aller chercher ailleurs que dans nos jardins fruitiers , fournit un second exemple de celles qui restent ensemble , même sous la forme de chrysalide. On les trouve au printemps sur les feuilles de pommiers ; on peut les trouver aussi sur divers arbustes qui croissent dans les haies, tels que le prunier sau- vage, le fusain, etc. Ces chenilles, un peu au-dessous de celles de moyenne grandeur, rases et à seize pattes, d'un blanc à teinle jaune et marquées de points noirs, se tiennent dans des espèces de branles ou de hamacs qu'elles savent se cons- truire , et doivent non-seulement s'y reposer comme les au- tres dans leur nid , mais y trouvfer leur nourriture et y faire leur repas. Elles ne mangent que le parenchyme de la surface supérieure des feuilles; et, ce qui est assez remarquable, leur corps ne touche jamais la feuille qu elles rongent, comme s'il étoit trop délicat pour supporter cet attouchement : il n'est au moins recouvert que d'une peau très-molle et douée d'une grande sensibilité. Pour peu qu'on touche ces chenilles, elles avancent ou reculent dans leur hamac avec une extrême vitesse. On est surpris de voir qu'elles ne se détournent ni à droite ni à gauche, tandis qu'elles exécutent des mouvemens si prompts; mais on cesse de l'être, dès qu'on vient à dé- couvrir que chaque chenille est logée dans une sorte de très- longue gaine à claire-voie, que l'oeil ne démêle pas, et qu'elle s'est elle-même filée. Tout le nid, ou tout le hamac , est formé d'un assemblage de ces gaines , couchées parallèle- ment les unes sur les autres, dans chacune desquelles est ren- fermée une chenille. Le nid enveloppe un certain nombre de menus jets ou de feuilles , et quand le parenchyme de toutes ces feuilles a été consommé , les chenilles vont tendre un autre hamac sur les feuilles voisines. Elles en tendent ainsi plusieurs successivement dans le cours de leur vie. On les prendroit, au premier coup d'œil, pour des tcfîles d'araignées. On n'aperçoit qu'un assemblage confus de toiles de formes ir- régulières et très-transparentes. Les chenilles sont couchées dans ce nid comme dans une espèce de branle très-mollet, par-delà lequel elles allongent leur tête. Leur nid a son ori- gine à certaines feuilles , et finit à d'autres plus ou moins éloi- gnées. Quand elles l'abandonnent, le nouveau qu'elles se construisent est toujours à peu de distance du premier. Toutes s'y occupent à la fois, et chacune fournit un grand nombre de fils. Enfin , c'est à un des bouts de leur dernier nid qu'elles se construisent chacune une coque de soie irès-bianche , 078 C H E dans laquelle elles se renferment pour prendre la forme de chrysalide. Les chenilles ne sont pas trop regardées comme des êtres sociables. Le plus grand nombre vit sans paroître avoir au- cune communication avec ses semblables ; et celles qui vi- vent ensemble , provoquent le désir de les détruire plutôt que celui de les observer. Après avoir recueilli ce qu'il peut y avoir de plus intéressant dans le genre de vie de quelques espèces les plus communes qui vivent ensociélé, nous devons maintenant attirer 1 attention sur quelques-unes de celles qui vivent solitaires , et qui nous découvrent néanmoins une in- dustrie aussi digne d'être admirée. Il y a des chenilles qu'on trouve souvent en grand nombre sur le même arbre , sur la même plante , que nous devons regarder comme solitaires, parce qu'elles ne font point d'ou- vrages en commun, que les travaux des unes n'influent point sur ceux des autres ; elles vivent en commun comme si elles étoient seules : telles sont les chenilles dont le marronnier d'Inde est quelquefois tout couvert , celles qui mangent les choux, etc. Mais il y en a qui sont bien plus solitaires; elles se font successivement plusieurs habitations, où elles se tien- nent renfermées, sans se mettre à portée de communiquer avec les autres tant qu'elles sont chenilles. C'est dans cette grande solitude que vivent presque toutes celles qui plient ou qui roulent des feuilles pour s'y loger, et toutes celles qui iient ensemble plusieurs feuilles pour les réunir dans un pa- quet , vers le centre duquel elles se tiennent. Nos poiriers, nos pommiers, nos groseilliers, nos rosiers, et bien d'autres arbres ou arbrisseaux des jardins et des bois, même de simples plantes , mettent chaque jour sous nos yeux des feuilles simplement courbées, d'autres pliées en deux, d'autres roulées plusieurs fois sur elles-mêmes, d'autres en- fin ramassées plusieurs ensemble dans un paquet informe ; on peut bientôt remarquer que ces feuilles sont tenues dansées différens états par un grand nombre de fils, et que la cavité que ces fcuilleÂ-enferment , est ordinairement occupée par une chenille. Si l'on considère surtout les feuilles des chênes vers le milieu du printemps, lorsqu'elles se sont entièrement développées , on en aperçoit plusieurs pliées et roulées de différentes manières et avec une régularité bien étonnante. La partie supérieure du bout des unes paroît avoir été rame- née vers le dessous de la feuille , pour y décrire le premier tour d'une spirale, qui ensuite a été recouvert de plusieurs autres tours fournis par des roulemens successifs, et poussés quelquefois jusqu'au milieu de la feuille, cl quelquefois par- delà. Nos oublis ne sont pas mieux roulés ; le centre du roii- C H E 2,le métamorphose. 11 f «udroit voir, sans doute, si les couches de soie de cette coque extraordinaire y sont multipliées pro- portionnellement ;tu nombre des chenilles qui ont concouru à la construire Que sait -on si elles n'ont pas cherché à cons- truire en commun cette coque, pour suppléer à la soie qui auroii pu leur manquer, si chacune s'etoit construit une coque particulière ? Il n'est pis étonn.int que des chenilles qui mangent les racines de diverses plantes potagères, que celles du chou, qui ne viennent sur cette plante que pendant la nuit, et qui entrent eu terre dès que le jour paroil,, aillent aussi s y trans- former ; mais il est assez singulier que des chenilles qui sont, nées et qui ont passé toute leur vie sur des plantes, sur des arbres , a lient faire leurs coques assez avant dans la terre. Cependant , il y a peut-être autant ou plus de chenilles, soit rases, soit velues, qui font leurs coques dans la terre, qu'il y en a qui les font au-dehors. Parmi celles qui doivent se mé- tamorphoser dans la terre, quelques-unes semblent négliger de s y faire des coques : il leur suffit d êlre environnées de tous côtés d'une terre qui se soutient, où elles s'y font dfs coques très-imparfailes, et qu'on ne peut reconnoîlre. Mais la plupart s'y font des coques : ce sont des espèces d'ouvrages de maçonnerie, qui tous se ressemblent dans l'essentiel. A l'extérieur, toutes ce^ coques paroissent une petite motte de terre , dont la figure approche de celle dune boule plus ou moins allongée. 11 y en a pourtant dont l'extérieur est très- informe, et d autres qui sont mieux façonnées. Au milieu est la cavité occupée par la chenille ou la chrysalide. La sur- face des parois de la cavité de toutes ces coques est lisse et polie. Ce poli , ce lisse de quelques-unes est précisément tel que celui d'une terre grasse , qui, après avoir été humectée et pétrie, a été unie avec soin , ce qui lui donne un luisant qu'a aussi 1 intérieur de ces coques. Si on observe avec at- tention la surface intérieure de quelques-unes, on aperçoit de plus qu'elle est tapissée de fils, mais qui y sont si bien ap- agS C H E plîqiîés et qri formont une toile si mince, qu'elle n'est vi- sible que quond ou cherche bien à la voir. L'intérieur de quelques ;inlrcs est co.ivert d'une toile de fils de soie très- sensibles, l/épaisseur de la couche de terre qui forme la co- que , est plus ou jnoins grande dans des coques différentes ; mais communéuu'nt elle paroîl faite dune terre bien pétrie, dont tous les grains ont été bien prcssi-s et bien arrangés les ims contre les antres. !1 y en a pourtant de plus mal faites, dont les griins de terre ne sont pas arrangés avec autant de soin et sont niclés .ivcc plus de sable oci de gravier. Quoique la construction de ces sortes de coquL*s soit simple en appuence, si on fait attention au travail auquel elles en- gigenl , elles paroîtront supposer une suite de procèdes assez industrieux, dont on peut voir quelques uns, et dont on ne peut que deviner les autres, même à travers un poudrier transparent. Dès que la chenille s'est entoncée sous terre et qu'elle est arrivée à lendroit qu'il lui a plu de choisir pour y construire sa coque, le premier travail doit dlve d'agrandir le vide qui est autour d'elle, ce qu'elle ne peut faire (]u'en soulevant la terre ou qu'en la pressant. Le pr.mier parti n'est praticable que lorsqu'elle ne s'enfonce pas bien en avant. Le second parti, celui de presser la terre, répond mieux d'ail- leurs à toutes ses vues. La terre d(»it faire a'ilour dVile une voûle qui se soutienne ; pour la solidité de celle voûte , la chenille ne s'en repose pourtant pas à la seule viscosité d'une terre humide el pressée, cette terre pourroit se dessécher par la suite, ou, au contraire, s'humecter trop ; car une coque qui doit rester neuf à rlix mois en terre, est exposée à hien des vioissitud(,'S de sécheresse et d'humidité. La voûte s'ébouleroit peut-être ; il scroit au moins presque impossible qu'il ne s'en détachât des grains qui tomberoient dans l'es-^ pace que la chrysalide habite, et qui Vy incommoderoient. Quoiqu'une coque ne paroisse faite que de pure terre et bien compacte, les grains de cette terre sont liés ensemble par *les fils de soie. Qu'on ne croie pas que les fils ne sont em- ployés que pour tapisser la surface intérieure de la voûte , qu'ils ne lui donnent de la liaison que parce qu'ils retiennent les grains de terre de la dernière couche; ceux de la couche extérieure sont de rrème liés ensemble. Les manœuvres de la chenille ne se réduisent pas encore à lier avec des fils, de soie les grains de terre , elle n'en feroit pas un tout assez serré, dont la surface intérieure seroil luisante. Pour assem- bler les grains de terre de façon qu'il ne reste entre eux que le moindre vide possible, elle est obligée de pétrir la terre , et pour pétrir une terie qui est sèche, elle est dans la néces- sité de l'humecter; c'est avec ses dents qu'elle la manie,. C ÎI E 2CJ9 qu'elle la presse, et lai)Ouche fournil la liqueur qui la ra- luollit. Il est difficile de voir la suite d'un travail qui se passe sous terre ; mais on peut se ménager des circonstances qui met- tent à la portée des yeux ce que les différentes manœuvres de la construction des coques ont de plus singulier. On peut se procurer aisément la connoissance de faits aussi instructifs qu'intéressans , toujours avec les variétés relatives aux nou- velles circonstances, aux nouvelles positions, ou même à l'attention de l'observateur. Les expériences faites par Réau- mur sur une» chenille assez comuiune sur le bouillon-blanc, pourront servir de preuves. Diverses espèces de chenilles, qui, n'ayant point de soie à mettre en œuvre, ne sauroient lier ensemble les grains de terre, ont été réduites à n'y employer qu une sorte de colle plus ou moins visqueuse et plus ou moins abondante. Les coques construites de la sorte ne sauroient être maniées sans se ronjpre, et cèdent aux plus petits chocs. Cette cons- truction est fort simple ; tout l'art de l'ouvrière paroît con- sister à pratiquer autour d'elle une cavité proportionnée à sa grandeur, et à donner aux parois de cette cavité, une cer- taine consistance. Pour y parvenir, elle humecte la terre avec sa liqueur , et par des battemens réitérés de son corps, elle lui fiùt prendre la forme d'une voûte. La même ma- nœuvre qui produit la voûte, en lie les matériaux et les re- tient en place. Le dessèchement de la colle fait le reste. Il est encore des coques qui ne sont, pour ainsi dire, que des demi-coques de terre , qui n'ont que le fond et une partie du contour qui soient de terre. Les chenilles qui les construisent, creusent peu avant, et elles ne creusent que pour faire une cavité égale à peu près à celle de la moitié de leur coque. Pour le renfermer, pour en former le dessus ou la voûte . elles se servent des racines et des herbes qui sont à la surf;ice de la terre : elles en lient les petits morceaux avec une toile de soie assez épaisse; elles portent même contre cette toile et y arrêtent divers grains de terre. La chenille du saule, devenue fameuse par la description anatomique qu'en a donnée Lyonet, est une de celles qui doi- vent subir leur transformation dans le bois des arbres sur lesquels elles ont vécu. Son premier soin est de chercher si l'arbre n"a pas quelque ouverture pour donner issue à la phalène ; si elle n en trouve point , elle fait à l'arbre une ouverture ronde tout exprès, et elle la compassé si juste, qu'elle est presque toujours égale à la grosseur qu'aura sa chrysalide , et qu'elle n'est jamais moindre. Si elle trouve l'arbre percé de quelque ouverture suffisante ^ elle s'épargne 3pQ C lî E la peine d'en faire une; et prés de l'ouverture trouvée ou faile , elle commence à construire sa coque , ce qu elle fait en coupant de l'arbre des éclats de bois fort menus, qu'elle réunit les uns aux autres avec de la soie. Elle ne manque pas de diriger l'ouvrage de façon que l'une des extrémités de la coque est pointée vers l'ouverture de l'arbre : après s'être ainsi renfermée dans ce réduit de charpente , elle travaille à s'en faire un logement commode , qui la mette à l'abri de toute insulte d'insectes. Elle en tapisse, pour cet effet, tout le dedans, d'une tenture de soie très-unie, et partout très- e'paisse et très-serrée , à la réserve de l'extrém'ité qui fait face au trou de l'arbre , où elle a soin d'en rendre le tissu moins lié, afin qu'elle puisse plus aisément se faire jour au travers, quand il en sera temps. Tout l'ouvrage étant achevé, son dernier soin est de se placer dans la coque de façon qu'elle ait la tèlc tournée vers l'ouverture de l'arbre : atten- tion qui ne lui est pas indifférente. Beaucoup d'espèces de chenilles , lorsque le temps de la transformation approche, se pendent la tète en bas, et sont uniquement arrêtées par l'extrémité postérieure de leur corps : cette façon est généralement commune à toutes les épineuses connues, et il y en a aussi de rases, qui sont semblablement posées. L'industrie à laquelle elles ont re- cours pour se pendre de la sorte , est plus simple que tout ce qu'on avoit imaginé , et plus convenable à la suite des manœuvres qu'elles auront à faire. La chenille commence par couvrir, de fils, tirés en différens sens, une assez grande; étendue de la surface du corps contre lequel elle veut se fixer. Après l'avoir tapissée dune espèce de toile mince , elle ajoute différentes couches de fils sur une petite portion de cette surface : la disposition des nouvelles couches est telle que la supérieure est toujours plus petite que celle sur laquelle elle est appliquée; ainsi, toutes ensemble forment une espèce de monticule de soie , de figure à peu près co- nique. Une autre circonstance à remarquer, et importante pour la suite , c'est que cette masse est uh assemblage de fils qui ne composent pas un tissu serré, mais de fils qui sont comme flottans, ou mal entrelacés les uns avec les autres; enfin, chacun de ces fils est une espèce de boucle. Dès que la chenille a préparé la petite masse de fils de soie , c'est avec les crochets de ses deux derniers pieds qu'elle s'y cram- ponne ; elle n'a qu'à presser ses deux pieds contre le petit monticule, dans l'instant plusieurs de ces petits crochets dont ils sont hérissés s'y embarrassent. Quand elle sent qu'elle y est solidement arrêtée , elle laisse tomber son corps dans une position verticale ; sa tête se trouve par conséquent en C n F. 3oi bas. Alors elle semble n'être tenue et atiacliée que par le derrière, parce que les deux dernières pattes l'excèdent de peu, et qu'elles partent du dernier anneau. Comme le reste de l'opération touche de plus près la chrysalide , nous ren- voyons à ce mot. Economie vitale et animale des Chenilles. Quand on fait attention au nombre et à la simple organi- sation des stigmates dont la chenille est pourvue , rien ne paroît plus naturel que de les regarder comme des organes propres à la respiration , et de conclure que la respiration doit être bien plus nécessaire à ces insectes qu'aux grands animaux , puisqu'ils ont bien plus d'ouvertures pour donner entrée à Tair : on est encore plus convaincu de cette néces- sité ^ quand on découvre cette prodigieuse quantité de vais- seaux destinés à recevoir et distribuer l'air introduit par les Stigmates. Quelles que soient cependant les ramifications des trachées , il en est deux principales, partout à peu près cy- lindriques , étendues en ligne droite le long des côtés de l'in- secte et à la hauteur des stigmates ou des bouches extérieures destinées à introduire l'air. Vis-à-vis chacune de ces bouches, qui, comme il a été dit, sont au nombre de neuf de chaque côté , la trachée principale fournit un paquet de trachées su- bordonnées, qui ont reçu le nom de bronches, et qui, en se divisant et en se sous-divisant , fournissent des rameaux à toutes les parties et même aux plus* petites. Quel que soit l'appareil de ces organes, nous ignorons quelle sorte de res- piration s'opère dans la chenille : nous savons seulement qu'elle ne sauroit respirer à la manière des grands animaux, puisque les parties qui font chez elle l'office de poumons, sont répandues dans toute l'habitude du corps , et jusque dans le cerveau. Il est au moins certain que Tair est néces- saire à sa vie , et qu'il influe môme sur les mouvemens mu.s- culaires. L'homme extraordinaire, Lyonet , qui a décrit, dessiné, dénombré les muscles, les troncs des nerfs de \a chenille du saule , et leurs principales ramifications , n'a pas manqué d'exécuter le même travail sur les trachées; et il nous apprend que les deux maîtresses trachées fournissent deux cent trente-six tiges, qui donnent elles-mêmes naissance à treize cent trente-six bronches , auxquelles il faut ajouter deux cent trente-deux bronches détachées. La respiration et la nutrition, de quelque manière qu'elles s'opèrent dans les chenilles, sont, comme dans les autres ani- maux , les principaux soutiens de leur vie. C'est par le mou- vement alternatif de leurs dents ou mâchoires , qui toutes deux s'écartent l'une de l'autre , et qui toutes deux viennent ensuite se lencontrer, que nos insectes hachent par petits 3o2 C II E morceaux les feuilles qui leur doiveut servir de nourriture, Jl y en a des espèces qui , pendant toute leur vie, el d'autres seulement qui , quand elles sont jeunes , ne font nue déta- cher le parenchyme des feuilles , et en épargnent toutes les fibres ; mais le plus grand nombre altaque toute l'épaisseur de la feuille. On a observé qu'un ver-à-soie mange souvent dans une journée aussi pesant de feuilles de mûrier qu'il pèse lui-même. Il y a encore des chenilles ([ui mangent dans un jour plus du double de leur poids. Le canal «jni re pcces qui vivent sur beaucoup de difierentcs espèces d'ar- bres ; on a observé que , quoique communément les coques qu'elles font soient d'une soie trop foible pour être employée a nos tissus , on en trouvoitqui éloient composées d'une soie propre à se laisser mettre en œuvre. Celle différence venoit sans doute de la différente qualité des feuilles , et elle devroit nous engager à éprouver si nous ne mettrions pas ces che- nilles en état de travailler utilement pour nous , en ne les nourrissant que de certaines feuilles. Combien d'autres richesses nous vaudroient les chenilles , si nous entreprenions de mettre en œuvre toutes les coques de soie qu'elles savent se construire les coques qui ne pour- roient pas être filées pourroient être cordées , et servir utile- ment à différentes fabriques , telles que celles des bas , des draps , des feutres , des ouates , du papier, etc. Les épreuves qu'on a déjà faites en quelques unes de ce genre , sont très- propres à encourager les amis des arts. Ce ne sont pas seu- lement les coques, mais les nids mêmes de quelques chenilles formés de pure soie , qui pourroient donner lieu à des essais utiles. L'illustre Reaumur, qui s'étoit tant occupé de la pra- tique des arts, n'a pas manque d insister là-dessus, et de faire sentir tout T avantage qu'on pourroit s'en promettre. Cepen- dant, quoique cet objet tienne de près à l'utilité la plus re- cherchée , on est bien loin d'avoir fait des expériences assez nombreuses et assez variées pour tâcher de le rendre encore plus utile. L'examen même de la liqueur à soie auroit dû beaucoup plus exercer ceux qui aiment la physique et ceux qui aiment les arts. Elle a des qualités qui invitent à des recherches éga- lement curieuses et utiles ; el'e est surtout remarquable par trois qualités : par celle de se sécher presque dans un instant, par celle de ne se laisser dissoudre ni par l'eau ni par aucun des dissolvans les pins actifs lorsqu'elle est une fois desséchée ; enfin par celle qu elle a encore lorsqu elle est séchéc , de ne se point laisser ramollir par la chaleur. Ce sont ces trois qua- lités qui rendent cette liqueur si utile pour nous comme pour les chenilles. Si la première qualité lui manquoit , les fils se romproient peu après être sortis de la filière, ou ces fils gluans , dévidés les uns sur les autres , se colleroient au point de composer une seule masse , dont nous ne pourrions faire aucun usage. Enfin de quelle utilité nous seroient ces fils, s'ils n'avoient pas les deux autres qualités, si 1 eau pouvoit les dissoudre, comme elle dissout tant de gommes sèches.'' ou si la chaleur les ramollissoit comme elle ramollit tant de ré- sines ? nous ne pourrions faire sans doute ni habits ni meu- bles d'étoffe de soie. L'auteur justement célèbre , dans les mé- 3o6 G H E moires duquel nous avons dû tant puiser , a présenté quelques vues d'utilité nouvelle qu'on pourroit retirer de ces insectes. Si nous pouvions, dit-il, tirer la liqueur soyeuse des vaisseaux où elle est contenue , et si nous avions Tart de remployer , on en feroit les plus beaux et les meilleurs vernis , les plus flexi- bles , les plus durs , les moins altérables par la chaleur et par l'humidité. Dès qu'une espèce de chenille nous fournit seule une si prodigieuse quantité de soie , il paroît que s'il y avoit des gens occupés à tirer du corps de quantité d'autres espèces de chenilles la liqueur soyeuse qui s'y trouve , on en pourroit faire des amas Considérables , surtout dans les années où cer- taines espèces sont si communes. L'idée de tirer des vernis du corps des insectes n'est pas lïouvelle. Kéaumur fait mention du procédé dont les Mexi- cains font usage pour retirer la matière de leurs admirables vernis du corps de certains vers. Une autre idée assez singu- lière , ce seroit de faire avec nos vernis soyeux des étoffes qui ne fussent nullement tissues. Pour se procurer de pareilles étoffes , tout semble se réduire à avoir le secret d'enlever de grandes pièces , de grandes feuilles de vernis, de dessus leâ corps sur lesquels on les auroit appliqués. On prépare avec celte matière soyeuse certaines lignes de pêcheurs, qu'on dé- signe dans le commerce sous le nom de racines , et qui noua viennent des Indes orientales. Ennemis des chenilles. — "Quand la nature a rendu certains genres d'animaux prodigieusement féconds, elle a pris soin en même temps d'empêcher leur trop grande multiplication , en produisant d'autres animaux pour les détruire; ainsi, les chenilles sont destinées à nourrir quantité de grands et de petits animaux; elles ont un prodigieux nombre d'ennemis; les uns les mangent toutes entières; les autres les hachent, les rongent; d'autres les sucent peu à peu et ne les font pas moins périr. Quelque grand cependant que soit le nombre de leurs destructeurs, oh le trouve toujours trop petit, lors- qu'on ne fait attention qu'aux ravages qu'elles nous causent. Tout ce que nous avons pu rapporter à leur éloge ne sau- roit faire changer le sentiment de haine qu'on leur porte ; on voudroit pouvoir les détruire toutes sur-le-champ , et uk laisser pas la moindre trace de leur existence. Cependant , si nous aimons à voir les arbres de nos jardins et de nos bois ornés de feuilles , ftous aimons aussi à entendre le chant et le ramage des oiseaux qui vivent sur ces mêmes arbres; fai- sons périr toutes les chenilles, et nous nous priverons bien- tôt de la plupart de ces espèces d'oiseaux ; ainsi , nous ne voyons pas tous les rapports que tant d'êtres différens ont le^ uns avec les autres. On a pour elles d'aijk'ur? une haiîie C II K 3o7 trop générale , qui eiK^eloppe dos milliers (Vespèces inno- centes avec quelques espèces coupables, selon noire manière de juger. On a dû prendre une idée du nombre prodigieux d'espèces de chenilles que l on peut trouver dans ces con- trées : cependant il n'y a peut-être pas une douzaine d'es- pèces qui nous soient vérilablemfml nuisibles et incommodes; si on pouvoit les détruire, celles qui paroîtroient sur nos plantes et sur nos arbres n'y feroient pas de dégât sensible , et fourniroient un spectacle intéressant et agréable aux yeux curieux. Quels que soient les dégâts, souvent trop funestes il est vrai, qu'occasionenlles chenilles à nos dépens, ils seroieut bien plus considérables si les forte* gelées d'iiis^er, et surtout les pluies froides du printemps , n'en faisoient pas mourir uns partie. Les oiseaux leur font continuellement la guerre ; ils en détruisent des quantités prodigieuses quand elles sont jeunes; elles sont un mets friand pour le rossignol, la fau- vette, le pinson, etc.; le moineau surtout en détruit un très- grand nombre pendant ses nichées; les lézards, les gre- nouilles en font aussi leur proie. Dans sa propre espèce , la chenille a des erinemîs acharnés à la détruire ; on n'a pu encore découvrir que deux espèces capables de s'entre-manger, et on a observé qu'elles ne sont pas de celles qui vivent en société : des goûts pareils ne peu- vent point régner dans le sein d'utie famille. Les chenilles ont encore d'autres ennemis extérieurs, tels que la punaise des bois, la guêpe, et surtout la larve d'un carabe ; enfin elles ont des ennemis qu'il n'est guère possible de connoîlre sans un cours d'observations très-exactes. Telle chenille qui nous paroît en bon état est souvent rongée toute vive par des larves , qui se nourrissent et croissent aux dépens de sa propre substance: il y a de ces larves qui se tiennent sur le corps de la chenille , qu'elles percent pour le sucer; d'autres sont si bien cachées dans son intérieur, qu'on ne se douteroit pas qu'elle en ait une , quoique son corps en soit tout farci. Enfin, s'il est des insectes quiattachent leurs œufs sous la peau ou les déposent dans le corps, il en est encoi'e qui vont dépo- ser leurs œufs ou leurs Urves dans les œufs même des papillôtis; ainsi, il y a des insectes qui mangent les chenilles avant qu'elles soient nées. F. Ichneumon, Sphex, Cinips, Calcidites. Moyens de déindre les Chenilles. — Nous fte pouvons safis doute nous dissimuler que tout ce que nous avons dit, et tout ce que nous pourrions dire encore en faveur des chenilles, ne sauroit jamais dissiper l'impression désavaritageui^e à la- quelle elles ont donné et donnent sans cesse lieu ; et des re- cettes sAres pour les détruire , seroientplus intéressantes que 3o8 C II E toutes les merveilles que nous avons rapportées suP leui* compte. Pour être du moins jusles dans notre haine , rap- pelons-nous qu'elle ne doit tomber que sur un petit nombre d'espèces, qui sont véritablement nuisibles à nos propres in- térêts, telles que la chenille nommée cummune^ la Iwrèe ^ la processionnaire^ Civile à oreilles , celle du pin ^ du chou, des grains, quelques arpenleuses , et en général la plupart de celles qui vivent en société. Pour venir à bout de nos desseins deslruc- t Airs , il i'aul attaquer^ ces sortes d'ennemis dans leur ber- ceau ; si nous attendons que l'âge les ait affranchis des en- traves de leur enfance, tous nos efforts seront inutiles ; mal- gré nous ils feront le ntal dont ils sont capables. Dans le détail des clieiijlles les plus communes et les plus à craindre , nous avons vu tju'ily en avoit qui formoient des nids en filant une espèce de coque, dans laquelle elles se re- tirent pendant la nuit lorsqu'il fait froid ou qu'il pleut; voilà donc le berceau où croissent, où vivent les ennemis que nous sommes si intéressés à détruire. Pour y réussir d'une manière efficace, il faut couper les extrémités des branches sur les- quelles les nids sont placés, et les jeter au feu tout de suite, parce que si on les laissoit à terre, les jeunes chenilles qui ont été secouées sortlroient et se répandroient partout. Ces nids ne sont pas toujours à la portée de notre main , quel- ques-uns sont placés à l'extrémité des branches des arbres très-élevés; dans ces circonstances on se pourvoit d'une lon- gue perche , au bout de laquelle on attache des ciseaux nom- més <'V;/«em7/o/ri'. Le temps le plus propre pour écheniller, c'est lorsqu'il fait froid, parce qu'alors toutes les jeunes chenilles sont rassemblées dans leur nid. Si on n'a pas eu la précau- tion d écheniller pendant l'hiver, on ne peut plus le faire qu'immédiatement après une forte pluie, qui a fait rentrer les chenilles dans leur domicile : cette méthode de les dé- truire est la meilleure et la plus efficace de toutes celles qu'on peut indiquer; les autres n'attaquent que quelques individus ; mais celle-ci tend à la destruction générale de l'espèce , eu faisant mourir à la fois de nombreuses familles , qui auroient des générations à l'infini si on les laissoit subsister. Il ne suffit pas d'attaquer les chenilles sur les arbres frui- tiers , il faut encore les chercher dans les haies voisines des vergers et des jardins ; si on n'avoit point cette précaution , après qu'elles auroient ravagé les arbustes sur lesquels elles naissent, on les verroit bientôt se mettre en route pour ar- river sur les arbres qui leur offriroient de quoi vivre. Cet in- secte se répand partout où il peut se nourrir et nous nuire ; ainsi, quoiqu'on ait bien pris la peine décheniller chez soi, si les voisins nout point eu les mêmes précautions, après que C V. F, Sng les clieni'.ics auront tout rnvagé chez eux, qu'elles ne trouve- ront plus de quoi y vivre, elles viendront dépouiller les arbres de celui qui aura pris les plus grands soins pour se mettre à l'abri de leurs dégâts. Il existnii une loi, long-temps provoquée par Tinstruction, concernant l'cchenillage; mais on la regardoit comme abro- gée, et l'ignorance préféroit d'opposer aux chenilles des cé- rémonies ou des exorcisme-s. Une autre loi, du 26 ventôse an 4, ordonne à tous propriétaires d'écheniller en temps utile les arbres et les haies de leurs possessions, et l'on ne peut dis- simuler que Tinsouciance est encore plus puissante que cette loi , quoique souvent rappelée par le gouvernement , et quoi- que si directement et si utilement liée à Tintérêt de tou^. Quand on craint qu'un arbre ne^oit attaqvié par les che- lùWcs répandues dans le voisinage , on peut enduire tout le tour du tronc , à la largeur de deux pouces , avec du miel ou avec toute autre matière gluante et visqueuse ; lorsqu'elles veulent traverser cette barrière , leurs pattes s'y attachent et «•Iles ne peuvent plus avancer ; alors il faut avoir soin de vi- siier Tarbre de temps en temps, afin d'ôter celles qui sont prises nu piège pour les écraser; si on les laissoit, leur corps servirolt de planche à d'autres pour traverser la barrière sans s'engluer. Quelquefois on réussit à faire tomber les chenilles d'un arbre qui en est couvert, en brûlant au bas de la paille mouillée ou celle de la litière des chevaux, qui occasione une fumée très-épaisse qui les étourdit; lorsqu'on mêle à ce feu un peu de soufre , la fumée est bien plus propre à les étour- dir; on ne doit point leur donner le temps de revenir de cette sorte de convulsion, il faut les écraser tout de suite à mesure qu'elles tombent , autrement elles regagneroient bientôt les arbreî. Ou a encore annoncé une eau de savon avec laquelle on arrose les plantes ; mais, quelle que soit l'efficacité de tous ces moyens, au lieu d'attendre la belle saison pour en faire usage , il est toujours plus prudent et plus sûr d'écheniller pendant Ihivor. Dùn'sion des Chenilles. — Si les chenilles méritoient d'être connues , il falloit aussi recourir au seul moyen de les faire rcconnoitre ; le nombre différent de leurs patîes étoit un ca- ractère trop frappant et trop constant pour ne pas servir à les faire distinguer entre elles. D'après k nombre de ces pattes, on a distingué toutes les chenilles en cinq classes : celles qui en ont seize , forment la première ; celles de quatorze , la seconde; celles de douze, la troisième; celles de dix, la quatrième ; et enfin celles de huit pattes seulement, la cin- quième et dernière clase. I^es seules pattes membraneuses , 3io C Tî E qui varient pour le nombre comme pour la figure et la posi- tion , ont dû servir de base à celte classification, (o. L.) Chenille À AIGRETTES , L'ow^ja c?/5/?rtr, FaL. Chenille à brosses, Bombyx pudibunda; B.antiqua^ Fab, ; IS'ociuaacens, du même, etc. Chenille a cornes , celles des Sphinx, Noctua psi. , Fab. Chenille à fourreau. V. Tineïtes et Psyché. Chenille à forme de poisson. F. Pyrale. Chenille annulaire ou Livrée , Bombyx neiistria, Fab. Chenille à queue fourchue , celle du Bomfyx vlmda , Fab. Chenille arpenteuse, ou Géoî-iètre. V. Phalène. Chenille à tubercules , celle du Bombyx paoorua, Fab. , et plusieurs autres. Chenille BÉDEAU , ouBédeaude, celle an Papi/io C. al- bum , de Fabriciug. Chenille cloporte. V. Polyomm \te. Chenille cochonne, celle du Sphinx eJphenor de Fab. Chenille commune , celle du Bombyx cJnrsorhœa de Fab. Chenille des grains. V. Teigne, OEcopuore. Chenille du chou. F. Piéride. Chenille du saule. V. Cossus. Chenille en bâton. V. Phalène. Chenille épineuse. V. les genres Nyisiphale , Vanesse , Argynne , Danaïde. Chenille hérissonne. V. plus bas Chenille martre. Chenille lièvre , celle du Bombyx luhricipcda de Fab. Chenille livrée , celle du Bombyx neustria de Fab. Chenille likénée ou i,ichenée , celle de la NoctueUa sponsa de Fabricius , ainsi que plusieurs autres analogues. • Chenille martre ou marte, celle du Bombyx caja de Fab. Chenille méticuleuse, celle de la NoctueUa meticulosa de Fab. Chenille processionnaire, celle du Bombyx proccssionea de Fab. V. l'article Lépidoptères, (l.) CHENILLE AQUATIQUE. Nom que quelques auteurs ont donné à une espèce d'animalcule du genre Erachion. C'est le brachionus ci/rhaius de Muller. Voyez le mot Bra- ÇHION. (b.) CHENILLE. Plusieurs espèces de coquilles dugenre CÉ- rite, s'appellent vulgairement ainsi. Il y a la Chenille blâK-. çue , striée, la Chenille bai\ioléç. (b.) C H E 3iï rjljENILLE DE MER. Nom que les pêcheurs donueut ^ I'Aphrodite hérissée, (b.) CHENILLES (FAUSSES), r. Tenthrédiîjes ou Mou- ches À scie. (o. et L.) CHENILLETTE, Sœrpiurus. Genre de plantes de la diadciphie décandrie , et de la famille des légumineuses, dont les caractères sont : un calice monophyl'e persis- tant et à cinq découpures droites et pointues ; une corolle papilionacée , composée d'un étendard arrondi et nn peu relevé , de deux ailes presque ovales , à appendices ol)tus , et d'une carène semi-lunaire , un peu ventrue dans sa pariie moyenne , et divisée à sa base ; dix étamines , dont neuf soiit réunies à leur base ; un ovaire supérieur , oblon» , cylindrique , un peu courbé , à style court et à stigmate sim- ple ; une gousse presque cylindrique , articulée , coriace , contournée en spirale , et qui contient une semence dans chacune de ses articulations. Ce genre renferme quatre espèces selon Linn^^Rus ; mais Lamarck les a réduites à deux, en ne considérant les deux dernières que comme des variétés de la seconde. Ce sont des herbes rampantes , annuelles , à feuilles simples , rélrécies en pétiole à leur base. La Chenillette veR3HCUlée a le pédoncule uniflore , et la gousse couverte d'écaillés obtuses. On la trouve dans les parties australes de l'Europe. La Chenillette hérissée , qui a les pédoncules mul- tlllores , et la gousse chargée d'aspérités dentées et piquan- tes. On la trouve dans les mêmes endroits que la précé- dente. Les gousses vertes de ces plantes, mises dans une salade, paroîtront , à presque tout le monde , être des chenilles , tant elles leur ressemblent, (b.) CHENISKOS, ou CHENION. Noms grecs de l'OiE. (desm.) CHENNA et KENNA. Noms arabes et turcs du cyprès {iitpressiis semper virons, L.). (ln.) CHENNIE, Chennium, Lat. Genre d'insectes, de Tordre des coléoptères, section et famille des diiuères, très-voisin du genre Psélaphe. Il en diffère par les palpes qui sont tous très-courts, et par les tarses , dont rextrémité est armée de dN.) CHEREDPiANON, Dioscoride. Plante rapportée aux prcles, equisefum , L. (desm.) CHEHEMBELIER. C'est le Cicca distique, (b.) CHÉREN. Nom arabe A^ Martin-Pècheur. (s.) CHEREPHYLLUM. V. Ch^rophyllum. (ln.) CHERES. V. Charfi. (lw.) CHER-FA. Nom hongrois du cliêne d'Autriche , quercm ausfriaca^ Willd. (ln.) CHERIC. Nom d'une Fauvette de TIle-de-France. V. ce mot. (s.) CHERIWAY. V. l'article Caracara. (v.) CHERLERIE, Chederia. Genre de plantes de la décan- drie trigynie et de la famille des caryophyllées, dont les ca- ractères sont d'avoir : un calice de cin(i folioles lancéolées , .striées sur leur dos; cinq écailles très-pelites , échancrées , et qui tiennent lieu de pétales; dix étamincs , dont cinq sont portées sur les écailles, et les cinq autres, dans leur in- tervalle, sur le réceptacle ; un ovaire supérieur, ovaje , sur- monté de trois styles ; une capsule ovale , irlloculaire , tri- valve , et qui contient trois semences. \j3l cherleric est une pelile plante vivace , qui forme sou- vent des gazons très-denses. Elle a les feuilles linéaires , poin- tues, glabres, très- rapprochées et disposées en rosettes qui se développent en tiges longues d'un pouce au plus, garnies de feuilles opposées , et terminées par une ileur verdâtre. On trouve celte plante sur les montagnes des parties mé- ridionales de la France , dans les fentes des rochers, (b.) CHERMES. Genre d'insectes de l'ordre des hémiptères, désigne ainsi par Linn^eus , et qui est le même que celui que nous appelons Psylle. V. ce mot. M. Duméril , dans sa Zoologie analytique , mentionne sous la dénomination de Chermès , un autre genre du même ordre , et qui est, à ce qac je soupçonne , celui que j'avois nommé Livie. V. ce mot. (l.) CHERMÈS , KERMÈS. Noms arabes du CuÊ^E Ker- mès, Quercus roaifem. (l.) CHERNAouCHERLA. Noms espagnols d'un poisson du genre des Perches, Perça scriba , Linn. (desm.) G îl E 3,5 CHEROLLE. C'est la Yesce à épi dans quelques lieux. CHEROPHYLLON. F. Cii^rophyllum. (lt,.) CHEROPOTAMUS. L'un desnoms de 1' Hippopotame. (desm.) CHEROSO, ou RAT ODORIFERANT. Dénomina- lion que les Portugais ont donnée kunrat d'Inde, qui répand une odeur de musc , et que , par cette raison, on a aussi ap- pelé j-at de senteur, (s.) CHERRY et CHERRY-TRÉE. Cerise et cerisier en anglais, (ln.) CHERSEA. Nom de la Vipère rouge, ou aesping des Suédois, (b.) CHERSYDRE, Chersydms. Sous-genre de serpens , éta- bli par Cuvier , parmi les hydres, aux dépens des Achro- ciiordes , dont il diffère parce qu'il a la léte et le corps éga- lement couverts de petites écailles. Il ne contient quVne espèce très-venimeuse , qui vit dans les rivières de Java , où on l'appelle oular limpè. (b.) CHERT. Nom que quelques minéralogistes anglais don- Dcnt au Houm-Stein. (pat.) CHERU, des Malabarcs. V. Catou-tsjeroe. (ln.) CHERUNA ou GIRON. En Laponie , on appelle ainsi le Lagopède ou Gelinotte blanche, Tetrao lagopus. (desm.) CHERUTSCH. La Spirée à feuille de chamœdry.>> porte ce nom au Kamtschatka. (ln.) CHERVA. Nom arabe du RiciN ou Palma-Christi. Il cstdonîié aussi à I'Epurge, Eiiphorbia lathyris ^ L. (ln.) CHERVI. C «istle Carvi. V. ce mot et celui de Seseli. . . (b.) CHER\ IL. Nom anglais du Cerfeuil, Scandix cerefu- Ittmi ; Needle ciiERviL , celui du Peigne de Vénus , Scand. pecten Venerls , L. ; WlLLD CHERVIL , celui du CER- FEUIL SAUVAGE, Chœrophyllum syheslre ^ L. ; Great Chervil , celui du Cerfeuil musqué, myrrhis odomta., etc. (ln.) CHERWENY SWONCEK. Nom que l'on donne, en Bohème, au Millepertuis vertoré , Hypericum pe/fomtiuu , Linn. (lk.) CHESNEA, Scopoli. V. Carapiciie. (ln.) CHENUT et CHESNUT-TRÉE. Châtaigne et châtai- gnier en anglais, (ln.) C HETiEA. Nom donné par Jacquin h I'Ayenia , Linn. , ou Dayena , Adanson. (ln.) CHETETE. F. Chate. (ln.) CHETOGÈRES ou SÉTICORNES. Famille d'inscc- 3tG C h E les, de l'ortlre des lépidoptères, élablie par M. Dumérîl , et composée de ceux dont les antennes sont en soie et m re- ment pectinées. Il y rapporte les genres: Lithosie, Noc- tuelle, Crambe, Phalène, Pyrale, Teigne, Alucite et Ptéropiiore. (l.) CHÉTOCHILE, ChœtochUus. Arbrisseau du Brésil, à feuilles alternes , pétiolées, ovales et entières ; à fleurs so- litaires, opposées aux feuilles , qui forme un genre dans la diandrie monogynie. Ce genre offre pour caractères : un calice bilabié et à cinq divisions; une corolle tubulée à cinq divisions linéaires, dont les deux supérieures sont plus courtes ; deux étamines ; un ovaire supérieur ; une capsule à quatre dents à son sommet , à deux loges et à plusieurs semences, (s.) CHÉÏODIPTÈRE, Chetodlplems. Lacépède a établi, sous ce nom, un genre de poissons , parmi les thorachiques , d'après une espèce que Plumier avoit décrite et dessinée à la Martinique , que Bloch avoit réuni aux chétodons , et figuré pi. 2 1 de son ouvrage, sous le nom français de Ban- doulière de Plumier. Ce genre offre pour caractères ; les dents petites, flexibles et mobiles ; le corps et la queue très-comprimés ; de petites écailles sur la dorsale et sur d'autres nageoires ; la hauteur du corps presque égale à sa longueur; l'ouverture de la bou- che petite; le museau saillant; point de dentelures ni de piquans aux opercules; deux nageoires dorsales. Le Chétodiptère plumier a cinq rayons aiguillonnés à la première dorsale ; trente-quatre rayons articulés à la se- conde ; deux rayons aiguillonnés et vingt-trois articulés à celle de l'anus ; la tète dénuée de petites écailles ; la caudale en croissant. Sa couleur générale est d'un vert mêlé de jaune, sur lequel s'étendent , à droite et à gauche , six bandes trans- versales , étroites , régulières , presque égales les unes aux autres , et d'un vert foncé. V. pi. B. lo , où il est figuré, (b.) CIIETODON, Chœtodon. Genre de poissons de la à'v- visioriàes thorachiques^ établi par Linnanus, mais dont les ca- ractères n'avoient pas été précisés d'une manière satisfai- sante, et qui, par conséquent, renfermoit un grand nombre d'espèces susceptibles d'en être séparées par des considéra- tions plus ou moins importantes. L'amélioration que, à cet égard, Téiat actuel de la science demandoit, et que sollicitoient les naturalistes, a été exé- cutée par Lacépède. Das son Histoire luitureile des Poissons , il d'établit douze genres aux dépens des chétodons de Lin- nœus, ou des espèces qui leur avoient été réunies depuis B. lo D&feve />/l.- //<;//■<- Jt>- «'/ii'/ïct///'/)'/)' //i/.i<><<-/<>.<-r ///'/II' ■ y/. ('/it-/<>i/i/t/f/i' />//i/>in'. t',;'i/f,i/utin,- .,;r/i,/,//./2. ('/if/i'i/,>N /><•/■//<■. ('tu\rt,i///i>/i- />tr///o. i. /'tf/-ir//,f //■irr/////-t' ,'i. (',r/,li>/i/i/i/f <<>//r C H E 3i7 par differens auteurs, savoir: Aischantinion , Chétodïptère, Po]VIACE^'TRE, P0>I ACANTHE, HOLACANTHE, EnOPLOSE, qui ont des dents sétacées comme les véritables chétodons, et (iLYPHlSODON , ACHANTURE , AsPISURE , Ac VîyTHOPODE , Chevalier et Nason, qui ont des dents de forme différente. Les chétodons actuellement reconnus comme tels par La- cépède, et par tous ceux qui adoptent son excellent travail, sont donc réduits à ceux qui ont pour caractères : des détins petites, flexibles et mobiles; le corps et la queue très-com- primés; de petites écailles sur la dorsale ou sur d'autres na- geoires; la hauteur du corps supérieure, ou au moins égale à sa longueur; l'ouverture de la bouche petite, le museau plus ou moins avancé ; une seule nageoire dorsale ; point de den- telures ni de piquans aux opercules. Cependant ces chétodons, que Bloch et autres auteurs ont appelés bandoulières^ renferment encore quarante-deux espèces, qui, pour la plupart, sont remarquables par la singularité de leurs formes, la beauté de leurs couleurs et la vivacité de leurs mouvemens. Toutes ces espèces ne vivent que dans les mers peu éloignées de l'équateur. Cependant on en trouve fréquemment de fossiles, au MonlBolca près Véronne, et dans d'autres parties de l'Europe. Il est très-aisé de les conserver dans les collections, à raison de la dureté de leur peau et de la sécheresse de leur chair, dont la qua- lité comestible varie selon les espèces. On les divise en chétodons à (jueue fourchue ou en croissant, et en chétodons à queue entière. On trouve dans la première division : Le CuÉTODON BORDÉ , qui a douze rayons aiguillonnés et treize rayons articulés à la nageoire du dos; seize rayons articulés à l'anale; huit rayons articulés à chaque thoracine; toutes les nageoires bordées d'une couleur très -foncée. Il est figuré dans Bloch, pi. 207 , et dans V Histoire naturelle des Poissons, faisant suite au Buffon, édition de Deterville , vol. 2 , pag. 319, pi. B. 10. On le trouve dans la mer des Antilles. C'est un très-beau poisson , qui acquiert environ un pied de long ., et dont la chair est agréable au goût. Le CnÉTODON curaçao a treize rayons aiguillonnés, et douze rayons articulés à la nageoire du dos ; deux rayons aiguillonnés et quatorze rayons articulés à celle de l'anus;, un seul orifice à chaque narine; les deux mâchoires égale- ment avancées; les lèvres épaisses; toutes les nageoires jau- nes. 11 est figuré dans Bloch, pi. 212, et dans le Buffon de Deterville, vol. 2, pag. 817. 11 se trouve dans la mer des Antilles. Le Chetodon Maurice a onze rayons aiguillonnés et douze 3i8 C Tî E rayons articules à la nageoire dorsale; trois rnyons aignil- lonnés et dix articulés à celle de l'anus; l'extréniité des na- geoires du dos et de l'anus arrondie ; la couleur générale bleuâtre; six bandes transversales, étroites, et d'une cou- leur très-foncée de chaque colé. 11 est figuré dans Blocli , pi. 2i3, et dans le Buffon de Delerville, vol. i , pag. Say, Il se trouve dans la mer du Brésil , et atteint deux pieds de iong. Le Chétodon bengali a treize rayons aiguillonnés et douze articulés à la nageoire du dos; deux rayons aiguillon- nés et dix rayons articulés à l'anale ; la dernière pièce de chaque opercule terminée en pointe, ainsi que l'extrémité de la nageoire du dos et de celle de l'anus; la couleur géné- rale bleuâtre ; cinq bandes jaunâtres transversales et éten- dues jusqu'au bord inférieur. 11 est figuré dans Bloch, pi. 2i3, et dans le Buffon de Detérville , vol. 2, pag. 327. On le trouve sur les côtes du Bengale. Le Chétodon faucheur, Chœtodon punrtalus, Linn., a huit rayons aiguillonnés et vingt-deux articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et dix-sept articulés à l'anale; les pectorales en forme de faux; la couleur générale argcnlée; un grand nombre de taches ou points bruns. 11 habite les mers d'Asie. Le Chétodon rondelle, Chœtodon roUinduius, Linn., qui a vingt-trois rayons aiguillonnés et trois articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix-neuf articulés à celle de l'anus; la couleur générale grisâtre ; avec cinq bandes transversales. Il vit dans la mer des Indes. Le Chétodon sargoïde a treize rayons aiguillonnés à la dorsale ; un rayon aiguillonné à cha([ue thoracine ; un en- foncement au-devant des yeux; l'ouverture de la bouche très- petite; la lèvre supérieure grosse; la dernière pièce de cha- que opercule arrondie, ainsi que l'extrémité des nageoires du dos et de l'anus ; les pectorales et les thoracines sans bor- dure. La bordure de la dorsale, de Tanale et de la caudale, d'un beau violet; six bandes transversales à la tète. Il se trouve dans les mers d'Amérique , où il a été observé par Plumier. Le Chétodon cornu a trois rayons aiguillonnés et qua- rante-un rayons articulés à la nageoire du dos ; le troisième rayon de cette nageoire plus long que la tête, le corps et la queue pris ensemble; la caudale en croissant; le museau cy- lindrique. Il se trouve dans la mer des Indes, et est connu sous les noms de héron de mer et de tranchoir par les naviga- teurs français, qui louent beaucoup la bonté de sa chair. La couleur de cette espèce est argentée, avec trois larges bandes C n E 319 trnnsverses, noires, liserées de blanc, dont l'une passe mit les yeux; Tautrc, sur la partie postérieure du corps, et la troisième couvre presque entièrement la nageoire de la queue. Le ClTÉTODON TACHETÉ, Chœtodon guiliUiis ^ Linn., a treize rayons aiguillonnés et dix rayons articulés à la nageoire du dos; sept rayons aiguillouncs et dix rayons articules à celle; de l'anus; le premier et le second rayon de chaque thora- chique aiguillonnés; le second, le troisième et le quatrième articulés; la caadale en croissant; deux orifices a chaque narine; le corps, la queue et la caudale parsemés de taches presque égales, petites, rondes et d'un rouge brun. Il s»» trouve dans les mers du Japon. C'est le même poisspn que celui appelé teulhis Jaoa par Linnaus. Le Chétodon tache ^OIRE, Cliœlodon nigi-o-macuhitus ^ a treize rayons aiguillonnés et vingt-deux rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et vingt articulés à l'anale; la caudale en croissant; deux orifices à chaque narine; une bande transversale , large et noire au-dessus de la nuque , de l'œil et de l'opercule; une tache noire, grande et arrondie sur la ligne latérale. Il est figuré dans Bloch, pi. 201, et dans le Eujfon de Delerville , pag. 24.6, n.° 3. Il habite la mer des Indes. Le CiiÉTODON SOUFFLET, Chœtodun loTigirosUis ^ Brousson- net, a onze rayons aiguillonnés et vingt-quatre rayons arti- culés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et dix- neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus; la caudale ea croissant; le museau cylindrique et très -allongé; i'-ouvcrture de la bouche petite; la couleur générale citrine , avec le dessus de la tête brunâtre; les nageoires dorsale et anale bordées de blanc et de noir; une tache noire œillée à celte dernière. Il est figuré dans la Décade de Broussonnet, et habite les mers des Indes. Sa chair est saine et de boa goût. Le Chétodon cannelé a treize rayons aiguillonnés et dis articulés à la nageoire du dos; sept, rayons aiguillonnés à 1 anale ; un seul rayon aiguillonné à chaque thorachique; tous les rayons aiguillonnés plus ou moins cannelés; la cou- leur générale d'un jaune verdâtre ; un grand nombre de taches. Cette espèce a été observée par Mungo-Parck , dans les mers de Sumatra. Le Chétodon pent acanthe a cinq rayons aiguillonnés et trente-deux rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et vingt-un rayons articulés à celle de l'anus; la caudale en croissant; la aiàchoiie iuférieure plus avancée 3no C H E que la supérieure; la seconde pièce de chaque opercule ter- minée par un appendice triangulaire. Il habite la mer du Sud. On le voit figuré dans Lacé- pède, vol. 2 , pi. II. Le Chétodon alloîst.é a trente-sept rayons à la nageoire du dos; vingt-quatre à l'anale; la caudale en croissant; la , nuque très-élevée ; le corps et la queue un pou allongés; l'ouverture de la bouche très-étroite ; les écailles très-petites. 11 se trouve avec le précédent. Le Chétodon bouaga a neuf rayons aiguillonnés, et quatorze articulés à la nageoire du dos; deux rayons aiguil- lonnés et quinze articulés à l'anale; la caudale un peu en croissant; trois bandes transversales noires et étroites de chaque côté. Il se trouve avec le précèdent. La connoissance de ces trois dernières espèces est due à Commerson , dans les manuscrits duquel Lacépède les a trouvés. Les chétodons de la seconde division sont : Le ChÉtodon pointu, Chœtodun acutmnahts ^ qui a trois rayons aiguillonnés et vingt-cinq articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et seize articulés à lanale ; le troisième rayon de la dorsale très-allongé ; trois bandes transversales brunes. Il habite la mer des Indes. Le ChÉtodon queue bl\nche, Chœtodon leucunts, a neuf rayons aiguillonnés, et vingt - deux rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés, et dix-neuf ar- ticulés à la nageoire de l'anus; le premier rayon aiguillonné de la dorsale couché le long du dos; le corps noir; la queue blanche. On le pèche dans les mers d'Amérique. Le CllÉTODON GRXNDE ÉCAILLE, Chœfodon marrolepidofus , a onze rayons aiguillonnés et vingt-trois rayons articulés à l'anale ; le quatrième rayon de la dorsale terminé par un fdament plus long, ou aussi long que le corps et la queue; les écailles grandes; deux bandes transversales très- larges. Il est figuré dans Bloch, pi. loo , dans Lacépède, vol. 4-» pl- 12, et dans le Bitffun de Deterville , vol. 2, pag. 260. On le pèche dans la mer des Indes, 011 il parvient à une grandeur considérable. Sa chair est grasse et de très-bon goût. Le ChÉtodon argus a onze rayons aiguillonnés , et vingt- sept rayons articulés à la nageoire du dos; quatre rayons aiguillonnés et quatorze articulés à Tanale: le corps et une grande partie de la queue très-élevés; deux orifices à cha- que narine; la couleur générale violette ; un grand nombre de taches arrondies , petites et brunes. Il vit dans les mers C H E 3ai de l'Inde. Cependant on a trouvé l'empreinte d'un poisson très-semblable dans les manies du mont Bolca, près \ éronne en Italie. Le Chétodon vagaboî^d a treize rayons aiguillonnés , et vingt rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés, et dix-sept articulés à lanak- ; la tète et les opercities couverts de petites écailles ; deux orifices à chaque narine ; le museau cylindrique ; la couleur générale jaunâtre ; une bande trans- versale noire au-dessus de chaque œil. Sa chair est très- bonne à manger On lappelle qu.clqneï()\s princesse ou sourcil. Le Chétodon forgeron, Chœfudunfaùer ,U\nn. ,aiie\i( rayons aiguiUonnés et vingt-deux rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguillonnes et vingt-un rayons articulés à l'anale; le troisième rayon de la dorsale beaucoup plus long que les autres ; six bandes transversales inégales en largeur , d'un bleu très-foncé, ainsi que la dorsale, la caudale etl'anale; les pectorales et les thorachiques noires. Il vit dans les mers d'Amérique. On l'appelle le stercoraire ou. le vierdcux ^ parce qu'on le prend communément au bas des latrines des vaisseaux, où il cherche sa nourriture. Sa chair est d'un très-bon goût. Le Chétodon du Chili a onze rayons aiguillonnés et vingt- deux articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et seize articulés à 1 anale ; deux rayons aiguillonnés, et trois articillés à chaque thorachique ; le museau allongé; la couleur générale dorée , avec cinq bandes transversales brrnies. On le trouve danjs les mers du Chili. Le Chétodon à bandes, Chœtodon fasciatus , Forskaël, a douze rayons aiguillonnés et vingt-quatre rayons articulés à la nageoire du dos, .trois rayoris aiguillonnés et dix-neuf rayons articulés à la nageoire de l'anus ; six rayons à la membrane des branchies ; la partie antérieure de la dorsale placée dans une fossette longitudinale; les écailles arrondies; la couleur générale jaune; une bande noire sur chaque œil et huit bandes brunes, obliques, sur le corps. Il habite la nier Rouge. Le Chétodon cocher, Chœtodon auriga, Forskaël, a treize rayons aiguillonnés, et vingt-quatre rayons articulés à la na- geoire du dos ; trois rayons aiguillonnés et vingt-un rayons articulés à l'anale ; le cinq^uième rayon aiguillonné delà dor- sale, terminé par unfilament très-long, semblable à un fouet; les écailles rhomboïdales; la couleur générale bleuâtre; quinze ou seize bandes courbes, brunes , et placées obliquement de chaque côté. On le trouve dans la mer Rouge et dans celle des Indes. Le Chétodon adjan, Chœtodon mesoleucos , Forskaël, a 32 2 C H E treize rayons aiguillonnés , et vingt-quatre articulés à la dor- sale; trois rayons aiguillonnés, et dix-neuf articulés à l'anale; les écailles rhomboïdales , grandes et ciliées; la partie anté- rieure de l'animal blanche , la postérieure brune ; douze bandes transversales noires sur celte dernière. Il vit dans la mer Rouge. Le Chétodon PEiiST a treize rayons aiguillonnés et vingt- cinq rayons articulés à la nngeoirc du dos; trois rayons aiguil- lonnés et vingl-un articulés à celle de l'anus ; les écailles larges et dentelées; le museau avancé; la couleur générale blanchâtre, avec dix-sept ou dix-huit raies obliques et violettes de chaque côté. On le pèche dans la mer Rouge. Le ChéTODON à bec, Chœtodon rostratus ^ Linn. , a neuf rayons aiguillonnés et trente articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à l'anale; la cau- dale arrondie ; le museau cylindrique et plus long que la cau- dale ; cinq bandes transversales noires et bordées de blanc de chaque côté ; une tache noire , ovale , grande et bordée de noir sur la base de la dorsale. V. pi. B. lo. On le pêche dans la mer des Indes , surtout à l'embouchure des rivières. Sa chair est saine et de bon goût. Ce poisson esttrès-beau cl fort remarquable par ses mœurs. Il vit principalement de mouches cl d'autres insectes qui ha- bitent hors de l'eau , et voici comme il s'en empare : Lors- qu'il a vu un insecte sur une plante ou sur un rocher, il s'en approche à la dislance de cinq à six pieds, et de là, il seringue de l'eau sur lui avec tant de force, qu'il ne manque jarAais de le faire tomber dans l'eau. Comme le spectacle de cette nianœuvre est amusant, les gens riches de l'Inde nourrissent de ces poissons dans des vases pour s? le donner à volonté. Hommel , qui a donné à Bloch les renseignemcns relatifs à ce poisson, rapporte qu'il en avoit fait mettre plusieurs dans un grand vase plein d eaii de mer , et qu'au bout de quelques iours, il al tacha une mouche avec une épingle sur le bord du vase. Alors il eut le plaisir de les voir chercher à Tenvi à s'em- parer de la mouche , et lancer sans cesse et avec la plus grande vllesse, de petits jets d'eau sur elle sans jamais manquer le but. V. Archer. Le Chétodois! orbe a sept rayons aiguillonnés et vingt-un rayons articulés à la nageoire du dos ; trois rayons aiguU- loimés et seize rayons aj'tlculés à l'anale; la caudale arrondie; le corps circulaire, un seul orifice à chaque narine; le second, les troisième et quatrième rayons de chaque thorachlque , tcr- . minés par un long filament; la ligne latérale deux fois fléchie vers le bas; la couleur ^éuévalc bleuâUe, \\ est Cguré dans C H E 3.3 Blach , pi. 202 , et dans le Buffon Je Dcterville , vol. 2, pag. 25o. 11 appaiiient auk mers des Indes. Le CuÉTODO^ ZÈBRE, Clicclijdun. striaius ^ Llnii. , a treize rayons aiguillonnes et dix-neuf rayons articulés à la dorsale ; trois rayons aiguilluunés et vingt- deux rayons arllculés a la nageoire de Tanus; la caudale arrondie; la tête et les opt-r- cules couverts d'écaillés semblables à celles du dos; deux orifices à chaque naseau ; l'anus plus près de la tête que de la caudale ; la couleur générMe jaune; quatre ou cinq bandes transversales, larges et brunes; les pectorales noirâtres. Il vit dans les mers d'Amérique et de Tlnde; sa chair est très- agréable au goût. On l'appelle quelquefois Voiiagre. Le CllÉTODOM BRIDÉ, Chœtodon cupisifatiis , Linn. , a treize rayons aiguillonnés et vingt rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et seize arllculés à Tanale ; la tête et les opercules garnis de petites écailles; la caudale arrondie: la couleur g^énérale d'un jaune doré, la ligne la- térale se courbant vers le bas, se repliant ensuite vers le haut, et suivant une parile de la circonférence d'une tache noire , grande, ronde, bordée de blanc et placée sur chaque côté de la queue ; des raies étroites , parallèles et brunes, dispo- sées obliquement sur chacun des côtés; les raies de la partie supérieure descendant de la dorsale vers la tête, celles delà partie inférieure remontant du même côté etpartanldel'anaie et des thorachlques; une bande transversale sur l'œil. On le pèche dans les mers d'Amérique. On l'appelle coquette à Saint- Domingue. Il parvient au plus à deux ou trois pouces de long. Le Chétodoî* vespertilio^ a cmq rayons aiguillonnés et trente-six arllculés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et trente articulés à l'anale; l'une et l'autre triangulaires et com- posées de rayons très-longs ; les thorachlques très-allongées; la caudale arrondie; la tète et les opercules dénuées de petites écailles ; le corps très-haut; une bande noire et transversale sur la base de la nageoire de la queue. Bloch le nomme ban- douUire à nageoires larges. On le pèche dans la mer du Japon, et on a trouvé un poisson fossile, qui a les plus grands rap- ports avec lui, au mont Bolca, dans les environs de Véronne. Le Chétodojn écaillé a dçux rayons aiguillonnés et vin^^t- deux articulés à la nageoire du dos; trois rayons aiguillonnés et dix-neuf articulés à celle de lanus; la caudale arrondie; le museau un peu avancé; la tète couverte de petites écailles; deux orifices à chaque narine ; deux lignes latérales de cha- que côté, dont la plus haute va directeiiient de l'œil au milieu de la nageoire du dos, et 1 inférieure du milieu de la longueur de la queue à la caudale ; une grande tache brune bordée de 334 C ÎI E blanc sur la dorsale. Il est figuré sous le nom à'œi'l de pùon. C'est dans la Mer des Indes qu'il se trouve. Le Chétodon huit bandes a onze rayons aiguillonnés très-forts, et dix-sépt rayons articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et treize articulés à Tanale ; la caudale arrondie ; le museau un peu avancé ; un seul orifice à chaque narine; de petites écailles sur la tête et les opercules; la ligne latérale très-conrbe et garnie ,d écailles assez larges; huit bandes transversales brunes , étroites et rapprochées deux par deux de chaque côté. Il est figuré dans Bloch, pi. 21 5, et dans le Biiffun de Det'erville, vol. 2, pag. 334- Où 1^ pêche dans la mer des Indes. Le Chétodon collier a douze rayons aiguillonnés et vingt- huit rayons articulés à la nageoire du dos; trois rayons ai- guillonnés et vingt- deux rayons articulés à Tanale ; la caudale arrondie; le nmseau un peu avancé; une membrane sail- lante au-dessus d'une partie du globe de l'œil ; un seul orifice à chaque narine; deux lignes latérales de chaque côté, dont la supérieure s'élève de l'opercule à la dorsale, et la seconde s'étend du milieu de la queue à la caudale ; la nuque très- ëlevée; deux bandes transversales blanches sur la tête. On l'appelle Vanneau. On le pêche au Japon, où sa chair est fort estimée. Le CHÉTODO^■ TEIRA, Chatochn pinnahis, Linn. , a cinq rayons aiguillonnés e.t vingt-trois rayons articulés k la dorsale; trôisrayons aiguillonnés et vingt-trois rayons articulés à l'anale , les premiers extrêmement longs; la caudale arrondie; deux orifices à chaque narine ; lesécailles très-petites et dentelées; trois bandes transversales noires et très-longues; les thora- chiques noires. Il se trouve dans la mer des Indes et dans la mer Rouge. Les Arabes l'appellent f/a«/car quand il est vieux, c'est-à-dire quand il est pai-venu à plus de trois pieds de long; «a chair est excellente. On trouve un fossile dans les marnes du mont Bolca qui lui ressemble beaucoup. Le Chétodon de Surate a dix-neuf rayons aiguillonnés et douze articulés à la nageoire du dos; treize rayons aiguillonnés et dix articulés à celle de l'anus; les rayons articulés de ces deux nageoires garnis chacun d'un filament ; le museau un peu avancé ; un seul orifice à chaque narine : la ligne latérale interrompue ; la caudale arrondie ; six bandes transversales forunes; un grand nombre de points argentés. Il est figuré dans Eloch, pi. 217, et dans le Buffon de Deterville, vol. 2 , pag. 34.1. Il habite la mer des Indes. Le Chétodon chinois a quinze rayons aiguillonnés et neuf rayons articulés à la dorsale ; dix-huit rayons aiguil- lonnés et dix articulés à l'anale ; cette dernière très-longue ; C H E 3.à la caudale arrondie; dix bandes trausversal«'à cl brunes, dont pbisieurs se divisciit en deux de cbaq'ie côté. îl est figuré dans Bloch , pi 218. On le trouve dans la mer des Indes. Le Chetodon kleiî< a dix- sept rayons aiguillonnés et vingl-deux articulés à la dorsale; trois rayons aiguillonnés et quinze articulés àTanale; la caudale arrondie; le museau un peu avancé ; deux orifices à chaque narine; la télé et les opercules couverts de petites écailles; une bande transversale, courbe , noire et bordée de blanc , placée sur la tête , de ma- nière à passer sur 1 œil ; deux taches noires , grandes , bordées de blanc , sur l'extrémité de la nngeoire du dos. 11 est figuré dans Bloch, pi. 218, et dans le Biiffondc Detenille, vol. 2 , pag. 341. 11 vit dansla mer des Indes. Le Chetodon bim\cui,é a douze rayons aiguillonnés et vingt-deux articulés à la dorsale ; trois rayons aiguillonnés et quinze articulés à l'anale ; la caudale arrondie ; le museau un peu avancé ; deux orifices à chaque narine ; la tête et les opercules couverts de petites écailles ; une bande transversale courbe, noire et bordée de blanc, traversant l'œil ; deux taches noires, grandes et bordées de blanc, sur l'extrémité de la nageoire du dos. Il est figuré dans Bloch , pi. 219 , et dans le Buffon de Detervllle,'vol. 2 , pag. 34-1. Il habite la mer des Indes. Il constitue aujourd'hui le genre Premnade, Le Chetodon galune a un ou deux rayons aiguillonnés et trente-neuf articulés à la nageoire du. dos; vingt-huit rayons à la nageoire de l'anus; deux orifices à chaque narine ; la cou- leur obscure; deux bandes transversales noirâtres, dont la première passe sur l'œil, Commerson l'a observé dansla mer du Sud. Le Chetodon trois bandes a treize i-ayons aiguillonnés et vingt-quatre articulés à la nageoire du dos; trois rayons ai- guillonnés et dix-huit articulés à celle de l'anus; la caudale un peu arrondie; les écailles ciliées; seize raies longitudinales brunes , et trois bandes transversales noires et bordées de jaune sur les côtés. Il se trouve à Sumatra. Le Chetodon tétracanthe a onze rayons aiguillonnés et quatorze articulés à la nageoire du dos; deux aiguillonnés et quinze articulés à celle de l'anus; la caudale un peu en crois- sant ; trois bandes transversales , noires et étroites, de chaque côté de l'animal. Il habite la mer des Indes. (B.) CHÉTOLOXES ou LAÏÉRALISÈÏES, Dum. Fa- mille d'insectes , de l'ordre des diptères , et qui est ainsi ca- ractérisée : suçoir nul ou caclié ; bouche en trompe , rétrac- ' tile dans une cavité du front ; antennes à poil isolé, latéral, simple ou barbu. Elle comprend les genres : Dolichope , Ceïx , Tét.\nocère , Cérocuète , CosMiE , Thérève, 3^5 C II E ECHINOMYTE, SaRGE , MuLION , SyRPHE , CÉNOGASTRE cl Mouche, (l.) CHE-TSIEN-TSAO. Nom que Ton donije en Chine , selon Loureiro , auGRA??D Plantain, Planiago major ^ Linn. (LN.) CHEUDSUR et CHATs'DSOER. Les Arméniens don- nent ces noms à la Pomme et au Pommier, (ln.) CHEU LU. Nom chinois d'une espèce d'OliPlN, Sedum stcUaiiim^ Leur. , qui croît en Chine, (ln.) CHEUQUE. Nom espagnol de TAutruche d'Amérique ou TouYOu. (desm.) CHE\AL, Egmis, Linn., Erxl. , Cuvier, elc. Genre nnique de mammifères de Tordre des SolipÈdes, ainsi carac- térisé : les quatre pieds monodaclyles, avec un seul ongle ou sabot entier ; des vestiges de deux autres doigts sous la peau : six dents incisives à chaque mâchoire , marquées, dans la jeunesse, d'un sillon transversal , qui disparoît ensuite : des canines dans les mâles, manquant le plus ordinarement dans les femelles; six molaires de chaque côté, à Tune et l'autre mâchoire , à couronne plate et marquée de nom- breuses circonvolutions d'émail qui y forment des lignes éle- vées , séparées des dents incisives ou des dents canines, par une barre ou espace inlerdentaire. point de mùfle. Lèvre supérieure grande et mobile. Orcilicsmédiocres, pointues, en forme de cornets. Corps élevé , nmsculeux et couvert de poil. Jambes fines et nerveuses , disposées pour la course rapide. Queue médiocre , garnie de longs crins dans toute sa lon- gueur, ou seulemeut terminée par im flocon de poils. Deux mamelles inguinales peu apparentes. Un estomac simple et membraneux. Des intestins excessivement développés. Un grand cœcum , etc. Ce ^enre , compose seulement de cinq espèces bien dé- terminées, est particulier à l'ancien continent : trois de ces espèces sont originaires des plateaux élevés du centre de l'Asie , et les deux dernières sont propres aux contrées les plus méridionales de l'Afrique. L'Amérique et la Nouvelle-Hollande , avatit la découverte qu'en firent les Européens , ne possédoient aucun animai qu'on |)ût rapporter à ce genre; car il faut cesser de regarder le gitemul on huemul an Chili, décrit par Molina, comme étant un cheval bisiilque ou à pied fourchu. Tout porte à penser que ce ne doit être qu'un ruminant du genre des lamas, si ce n'est le lama lui-même. Les chevaux que Ton trouve maintenant sauvages en Amé- rique , proviennent des chevaux de l'ancien confinent que C H E 3.7 Ton y a transportés et abandonnés dans les vastesplaines du Brésil et du Paraguay. 11 paroît également que ceux que l'on rencontre dans les déseris de la Tarlarie , ont pour origine des animaux domestiques rendus à l'état de nature. L'espèce de 1 âne, au contraire, ne paroît pas avoir été totalement domptée , et sa souche originaire , Vonogre., com- pose encore des troupes très-nombreuses qui se repaissent des plantes sèches et épineuses des grandes plaines de la Tartarie. En général , tous ces animaux aiment à vivre ensemble , et sous la conduite d'un vieux mâle. Ils se défendent au moyen des ruad.s qu'ils lancent avec leurs pieds de der- rière. Leur course très-rapide les a bientôt éloignés des ani- maux qui les attaquent, lesquels étant le plus souvent de grandes espèces du genre des chats, comme le tigre, le lion, la panthère, etc., ne sont nullement constitués pour les suivre de près et les atteindre. Leur naturel est paisible ; leur nourriture consiste uniquement en herbes qu'ils arra- chent â l'aide de leur lèvre supérieure ; ils ne ruminent point. Ils boivent en humant l'eau. Les femelles portent onze mois environ, et ne font qu'un seul petit à chaque portée, qui, presque en naissant , peut se tenir del>out. La durée de la vie est variable, selon les espèces: celle du cheval est d'un peu plus de trente ans; celle de l'âne est un peu moindre , etc. Les chevaux forraent le premier genre d^ l'ordre des Bnllucc de Llnnaeus et d'Erxleben , qui renferme aussi Y hippopotame , le tapir oi les cochons. Boddaert les place dans sa division des mammifères , qui comprend les iingules non rmuinans , avec les cochons, le tapir, le rhinocéros et les éléphans. Storr et M. Cuvier en avoient fait un ordre à part , sous le nom de solipèdes ; mais depuis, ce dernier, suivant l'exemple de Linnseus, les réunit aux pachydermes, mais les considère tou- jours comme formant une famille distincte. lUiger, en con- servant l'ordre des solipèdes , en a changé le nom en celui de soliduiigida. (desm.) Première Espèce. — Le DzFOnETAI ou CziGIT.\l, Eqiius her- wionus., Linn. , Erxl. , etc. Pallas , Voyag. m, p. 217, et Nov. Com. Petrop. t. ig, pi. 7. — Mulet saumgc des anciens? Il a, en hiver, le poil très-long, et, au contraire, ras en été , d'une couleur Isabelle uniforme, noir sur la ligne du dos. Sa queue est terminée par un flocon do poils noirs assez longs. Le nom czigitai^ ou plutôt dshigsdai , dans la langue des Mongoux, signifie ^/OHtfc oreille , et ces peuples l'ont donné à cette espèce de cheval sauvage de leur pays, qui a les orellies .328 C H E plus longues que celles du cheval , mais plus droites et mieux faites que celles du vmlet. Sa conformation prouve qu'il tient, de même que le midel^ eVAncheonl et de lV/««. Sa tête est forte et un peu lourde, sonfront aplali et étroit, son encolure très-fine , son poitrail large et carré du bas , son dos long et carré , l'épine concave, Lasse et raboteuse, la croupe effilée, le sabot semblable à celui de Vâne^ la crinière courte et épaisse, sa queue longue de deux pieds, est une vraie queue de vacbe; ses épaules sont étroites et peu charnues; il a beau- coup de souplesse dans tous les meuibres. Sa taille est celle d'un mulet de moyenne grandeur, sa longueur de plus de cinq pieds , et son poids de quatre à cinq cents livres, La couleur dominante àxaczîgitai est le brun jaimâlre; un jaune-roux couvre le devant de la tête et l'intérieur des jam- bes ; la crinière et la queue sont noirâtres, et il y a le long du dos une bande de brun foncé, qui s'élargit un peu au défaut des reins , et se rétrécit beaucoup vers la queue. Pendant l'hiver, le poil est long de six pouces, frisé, ondoyant, et plus roux que pendant l'été : il est ras et lustré dans celte der- nière saison. Ces animaux errent en troupes dans les vastes déserts des Mongoux, et principalement dans celui de^'Gobce, qui s'étend jusqu'aux confins de la Chine et du Thibet ; ils aiment les plaines découverj^s, abondantes en herbes salées; ils n'ap- prochent jamais des forêts ni des montagnes couvertes de neige. Dans l'état de repos, ils portent la tête très-droite, et en courant ils l'ont tout-à-f.')il au vent ; ce sont des coursiers plus rapides que les meilleurs chevaux. Ils ont les sens de l'ouïe et de l'odorat d'une délicatesse extrême ; leur hennis- sement est plus éclatant que celui du cheval ; ils sont timides et très-farouches ; leur principale défense consiste dans la rapidité de leur course ; cependant lorsqu'ils sont pressés ou poursuivis par quelque ennemi , ils se défendent des dents et des pieds. C'est au mois d'août que les czigilais ressentent le besoin de se reproduire ; au printemps, les femelles met- tent bas un poulain , et rarement deux. Le naturel des czigitais est paisible et social ; leurs troupes sont communément de vingt ou trente, et quelquefois de cent ; chacune a son chef qui veille à sa sûret^ , la conduit et donne, d;>ns le danger, le sign?l de la fuite. Ce signal d'alarme consiste à sauter trois fois en rond autour de l'objet qui ins- pire des craintes. Si le rz/^jVo/ chef est tué, ce qui arrive .sou- vent , parce qu'il s'approche plus prés des chasseurs, alors la bande se disperse , et donne la facilité d'en tuer plusieurs au- tres: Les Mongoux , les Tunguses et d'autres nations voisines C H E 32.. du grand Désert , font la chasse à ces animaux, pour en man- ger la chair, qui est à leur goût une viande délicieuse. Mais ces mêmes peuples ne sont jamais parvenus à appri- voiser des czigilais^ même en les prenant fort jeunes. Ces animaux seroient , sans contredit , les meilleurs bidets du monde , s'il étoit possible de les soumettre à la domesticité. Leur caractère est absolument indomptable, et ceux que Ton a tente de réduire se sont tués dans leurs entraves , plutôt que de les souffrir; en sorte que l'homme pourt'a bien avec le temps détruire l'espèce du aigilui ^ mais elle aura conservé son indépendance jusqu'à son entier anéantissement, (s.) Seconde Espèce. — ■ Le ZÈBRE , Equus zébra , Linn. , Erxleb. , Buffon, tom. 12, pi. i. — Ménagerie du Maséiyn. Il est , engénéral , plus petit que le cheval et plus grand que Tàne, auquel il ressemble surtout par ses fownes. Tout son corps est marqué de bandes ou de f;;scies alternativement blanches et brunes ou noires, disposées avec beaucoup de régularité. Sa queue est terminée par un (locon de poils longs. La peau de sa gorge est lâche, et forme une sorte de petit fanon que l'on ne remarque point dans les autres espèces du genre. " Le zèbre , dit Buffon , est peut-être, de tous les animaux quadrupèdes, le mieux fait et le plus élégamment vêtu ; il a la figure et les grâces du cheval , la légèreté du cerf^ et la robe rayée de rubans noirs et blancs , disposés alternativement avec tant de régularité et de symétrie , qu'il semble que la nature ait employé la règle et le compas pour la peindre. Ces bandes alternatives de noir et de blanc sont d'autant plus sin- gulières, qu'elles sont étroites , parallèles et très-exactement séparées, comme dans une étoffe l'ayée ; que d'ailleurs elles s'étendent non seulement sur le corps , mais sur la tête , sur les cuisses et les jambes , et jusque sur les oreilles et la queue, en sorte que de loin cet animal paroît comme s'il étoit en- vironné partout de bandelettes qu'on auroit pris plaisir et employé beaucoup d'art à disposer régulièrement sur toutes les parties de son corps ; elles en suivent les contours , et en marquent si avantageusement la forme , qu'elles en dessinent les muscles en s" élargissant pius ou moins sur les parties plus ou moins charnues et plus ou moins arrondies. Dans la ieuielle , ces bandes sont altornalivement noires et blanches; daijs le mâle , elles sont noires et jaunes, mais toujours d'une nuance vive et brillante sur un poil court, fin et fourni, dont le lustre augmente encore la beauté des couleurs. » {Hist. naturelle des Quadrupèdes.') Cette espèce semble être à présent confinée dans les terres 33o C H E méridionales de l'Afrique , surtout dans celles de la pointe de cette grande presqu'île. Cependant les zèbres sont communs dans le Congo et en Abyssinie , au rapport de Ludolphe. Les zèbres vivent en Jiardes ou troupeaux sauvages, et paissent l'herbe dure et sèche qui croît sur la croupe soli- taire des montagnes. Leurs jambes fines se terminent par un sabot fort dur. Ils ont le pied plus sûr que le cheval et même que l'âne , et ils courent avec une grande légèreté. Ils ont aussi beaucoup de force , et ils se défendent vivement par de vigoureuses ruades. Levaillant compare leur cri au son- que produit une pierre lancée avec force sur la glace. Quoique les terres du Cap de Bonne-Espérance, qui pa- roissent être la vraie patrie du zkure , aient été visitées par un grand noftnbre de voyageurs , nous n'en sommes pas mieux informés des habitudes naturelles à cette" espèce , dif- ficile à observer, sans doute , dans les lieux âpres et à peine accessibles qui lui servent de demeure et de pâturages ; et cette difficulté est encore augmentée par le caractère exces- sivement défiant et farouche des zèbres. L'on a fait en vain , dans la colonie du Cap de Bcmne-Espérancc , des tentatives pour dompter ces animaux et les accoutumer aux mêmes exercices que le cheval , qu'ils remplaceroient , avec de grands avantages, .sur un terrain monfueux, ne produisant que des plantes peu succulentes et dédaignées par les che- vaux, trop délicats sur la nourriture. Sparmann ( Voyage au Cap de Bunne-Espérance , tom. i de la Traduction française y p. 294.) raconte qu'un riche bourgeois des environs du Cap avoit élevé et apprivoisé quelques zèbres , dans la vue de les faire servir à Tattelage ou à la monture, et qu'une fois il s'étoit mis en tête de les enharnacher tous à sa chaise, quoi- qu'ils ne fussent accoutumés ni au harnois,ni au joug. La fin de cette imprudence fut que ces animaux retournèrent à leur écurie , entraînant et la voilure et leur maître aVec une si terrible furie, qu'elle lui ôla, à lui et à tout autre, le désir de recommencer jamais l'expérience. Cependant John Barrow, qui a été long-temps auditeur- général au Cap de Bonne-Espérance , toui en convenant que le zèbre est vicieux et opiniâtre à l'excès, soupçonne que l'impossibilité de le dompter ne provient , dans cette colonie, que des moyens imparfaits ou peu judicieux que l'on a em- ployés pour y parvenir. « Il faut , dit-il , plus d'aptitude au travail , pins d'adresse , de persévérance et de patience qu'un paysan hollandais ne semble en avoir en partage pour domp- ter un animal naturellement courageux et fier, ou pour l'ap- privoiser s'il est timide. Ce n'est ni avec le fouet , ni avec la pointe d'un couteau, que l'on vient à bout d'un animal vi- C II E 33t deux pris dansTctât de nature; il souffre plus impatiemment que ceux dont l'éducation a rendu le caractère docile , en les accoutumant aux cruautés que l'homme exerce envers eux. Les blessures et les mauvais traite mens ne font qu'augmenter sa résistance et son opiniâtreté. L'on a transporté quelques zèbres en Europe, où ils ont vécu assez long-temps sans paroître souffrir de la différence du climat , mais aussi sans s'apprivoiser entièrement ; car , quoique ces animaux, pris dans leur première jeunesse et élevés en captivité, paroissefii familiers , ils conservent tou- jours l'empreinte de leur naturel indomptable et revêche , et il ne faut pas trop se fier à une apparence de douceur et de docilité. La ménagerie de Schœnbrun , près de Vienne , renfermoit , il y a vingt ans environ , deux fort beaux zèbres , mâle et femelle , qui n'ont point produit : l'on ne dit pas même qu'ils se soient accouplés. Un zèbre mâle , âgé de quatre ans , qui étoit en 1761 à la ménagerie de Versailles, dédaigna les ânesses en chaleur qu'on lui présenta, quoiqu'il fût très-vif, et qu'il jouât avec elles et les montât, mais sans aucun signe extérieur d'émotion. 11 existe néanmoins trois exemples de la puissance d'en- gendrer conservée par des zèbrvs femelles. Le premier s'est présenté en Angleterre. Lord Clive , en revenant de l'Inde , avoit amené une femelle zèbre , dont on lui avoit fait pré- sent au Cap de Bonne-Espérance , et il la fit mettre dans un parc. On voulut d'abord essayer de la faire saillir par un cheval arabe ; elle témoigna une extrême répugnance , et re- çut à grands coups de pieds le bel animal qu'on lui présen- toit. Les ânes qu'on voulut lui donner ensuite ne furent pas mieux accueillis. Enfui , l'on s'avisa de peindre un de ces ânes commeun zèbre, et ce stratagème eut un entier succès. Vaincue par les yeux , l'indocile femelle se rendit aux appa- rences ; ses caprices el son courroux s'évanouirent devant une parure d'emprunt, et l'accouplement eut lieu. Il en ré- sulta un poulain qui ressembloit tout à la fois au père et à la mère ; il avoit la forme du premier et la couleur de la se- conde ; seulement les teintes Ti'éloient pas aussi fortes , et les bandes sur les épaules étoicnt plus marquées qu'ailleurs. Lord Clive étant mort dans l'année qui suivit celle de la nais- sance de ce petit mulet., on Ta perdu de vue , et Ton ignore ce qu'il est devenu ; l'on a seulement appris , mais vague- ment, que l'on avoit souvent essayé de le faire accoupler avec des ânesses , mais qu'il n'en est jamais rien résulté. Le second exemple s'est renouvelé à Turin , en l'an 11. Une femelle de zèbre saillie, sans difficulté, par un âne, mit bas, au bout d'un an et quelques jours , un petit qui fut 332 C H E trouvé mort , dont le pelage étoit, selon la description qu'en donna M. Qlorna, d'un fauve châtain sur la tête et sur le dos , et alloit en séclaircissant sur le ventre et le dehors des cuisses ; celles-ci étoient blanches en dedans. La crinière s'étendoit de la nuque jusqu'à la queue. Elle étoit mélangée de gris et de noir jusqu'au garrol ; toute sa partie dorsale étoit noire. Les raies noires du cou et du corps étoient fort étroites et en grand nombre ; celle qui partoil dugariol pour aller à Tépaule , étoit quatre fois plus large que les autres , et se partageoit en trois à son extrémité inférieure. La croupe offroit plusieurs raies parallèles confusément nuancées avec le fond ; les raies des cuisses étoient plus nombreuses qu'au zèbre ; mais celles des jambes étoient semblables. 11 y en avolt quantité de petites sur la ganache. Le chanfrein en avoit de fines, grisâtres et parallèles, qui devenoient convergentes vers le front. ( Cuv. , il/r'm. du Muséum. ) Le troisième fait a eu lieu à la ménagerie du Muséum d'Hisloire naturelle de Paris, et a été publié par M. Frédé- ric Cuvler , dans les Annales , lom. 9 , pag. 287 et suivantes. La femelle du zèbre qui a vécu dans cet établissement, cn- troit fréquemment en chaleur , ce qui donna d" abord l'idée de la faire accoupler avec un âne originaire d Espagne , âgé de trois ans , d'une taille des plus élevées , et dont le pelage étoit entièrement noir. L'accouplement eut Heu sans la moin- dre répugnance ni de part ni d'autre , les 28 février et 2 mars i8o5 , et, le i3 mars 1806, le zèbre mit bas un mulet femelle fort bien conformé. Cette femelle témoigna d'abord de léloigneuient pour son petit; mais à force de caresses , on l'engagea à le souffrir auprès de ses tettes. Aussitôt qu'il eût tété, elle le prit en grande affection, et marquoit 'beaucoup d'inquiétude et^je défiance lorsqu'on en approchoit. Ce petit animal téta un an, et devint de deux pouces plus grand que sa mère; à mesure qu'il croissoit ses formes se rapprochoient de plus en plus de celles de son père; il en avoit la tête , les oreilles et la croupe. Le pelage éloit gris , couvert de bandes transversales très-marquées , sur les jam- bes, au garrot et sur la tête , mais bien plus étroites et moins tranchées sur le reste du corps. Une autre bande régnoit le long de l'épine du dos. Son naturel étoit fort indocile. Le 5 août 1807 , le même zèbre femelle étant en chaleur, se laissa saillir sans plus de difficulté qu'elle n'en avoit op- posé à i âne , par un cheval de taille moyenne , bai brun , d'une race à poil frisé , et âgé de sept à huit ans. La concep- tion eut lieu : mais le 6 avril 1808 , dans le huilième mois de la g.'slation , elle fut tout à coup saisie , et sans cause connue, d\ia mal violent qui Temporla au bout d'une heure. On l'ou- C lî K 333 vrit , et Ton trouva un fœtus mâle , encore sans poil , mais dont la lèle étoit marquée de bandes noires et blanches, qui iudiquoient que cette partie , du moins , auroil été zébrée. M. Frédéric Cuvier , en remar;_mant que c'est sans doute la première fois que le hasard a donné les moyens de faire produire à un seul individu deux mulets d'espèces différentes, remarque qu'il auroit été utile , poiu" la science , de tenter l'accouplement de ces deux mulets , qui auroient donné nais- sance à une race doublement bâtarde, (desm. et s.) Trvisième Espèce. — Le CouAGGA , Eqinis gnagga , Linn. ; Biiff. , suppl. , tom. 7, pi. 7; Cuv. , Ménag. du Mus. Cette espèce est très-voisine de la précédente ; et les res- semblances extérieures qui les rapprochent , ont fait croire à quelques naturalistes que le couagga étoit la^ femelle du zèbre. Cependant ces deux animaux diffèrent à plusieurs égards. Le couagga est beaucoup plus petit que le zèbre; il est d'un brun foncé ; sa crinière est noire ; des bandes très- régulières de la même couleur , se peignent avec une élé^ gante «ymétrle «ur sa tête et sur son cou, depuis le bout du museau jusques au-dessus des épaules; ensuite ces bande- delettes commencent à perdre de leur longueur, vont tou- jours en diminuant , et finissent par disparoître sur le ventre , avant d'arriver jusqu'aux cuisses; l'enlre-deux de ces raies est d'un brun plus clair, et il est presque blanc aux oreilles; le dessous du corps, les jambes et la queue sont d'un blanc pur: la corne des pieds est noire; elle est aussi plus dure et plus ressemblante à celle du cheval que le sabot du zèbre; la queue, garnie de crins à son extrémité, e$t im peu aplatie. Il n'y a de différence entre le mâle et la femelle, qu'un fond de couleur plus vif sur la robe du preniler. Les couaggas marchent en troupes, dans les cantons soli- taires des parties australes de l'Afrique, et ces troupes sont souvent de plus de cent; elles ne se mêlent jamais avec celles des zèbres , qui habitent les mêmes déserts. Leur cri imite parfaitement l'aboiement du chien , et l'on peut distinguer (ians ce son précipité, les syllabes kwah, kivah , qui forment le nom de ces animaux chez les Hottentots. Ce qui éloigne principalement le couagga du zèbre , c'est l'opposition du naturel. Le zèbre est presque Indomptable; l'on n'a que très-rarement pu parvenii»à le rendre docile et propre aux usages domesti([ues ; au lieu que les colons du Cap de Jionne-Espérance attellent les couaggas à leurs voitures. Les Hottentots tuent et mangent ces jolis animaux, dont la chair n'est pas mcilh:ure que celle du cheval, (s.) 334 C H E Qiialrlème Espèce. — L'Ane, £"^««5 asiniis , Linn,; I'Ane, BuÛbn, lom. 4, pi. ii. L'âne, originaire de l'Asie, est caractérisé par sa queue, terminée par un tlocon de poil comme celle du zèbre, par la longueur de ses oreilles , et par la couleur de son pelage, d'un gris plus ou moins foncé, avec une bande noire dor- sale , croisée sur le garrot par une bande transversale de même couleur. Foyez à l'article Ane, l'histoire de celle espèce, (desm.) Cinquième Espèce. — Le Cheval, Equus caLallus, Linn. ; Buffon, tom. 4, pi. I. L'espèce du cheval , aussi originaire d'Asie , se distingue des précédentes par sa queue, couverte de très-longs poils ou crins, depuis sa base jusqu'à l'extrémité ; par ses oreilles de moyenne grandeur; par sa robe dépouiTuc des bandes régulières qu'on remarque sur celle des deux espèces d'Afri- que, ou de la croix noire qui caractérise la précédente. Voyez l'article suivant, (desm.) Chevaux fossiles. — Les ossemens fossiles de che- vaux sont très-communs dans les terrains meubles, et ne peuvent se discerner des os des chev-ux vivans, quoiqu'ils se trouvent certainement dans les mêmes couches qui recè- lent des animaux inconnus, tels que les éléphans nommés mammouths., les mustodontes et les rhinocéros. Parmi les lieux cités par M. Cuvier, comme offrant des débris de chevaux bien constatés, on remarque: i.° Cons- tadt en \^"irtembcrg, où ils sont mêlés avec des débris d'é- léphans, de rhinocéros, de tigres, d'hyènes; 2.° le canal de l'Ourcq, où ils gisent avec des os d'cléphans; 3.° Fonvent-le- Prleuré ( Haute-Saône), où ils accompagnent des éléphans et des hyènes; 4" le val d'Arno, dans l'Italie supérieure, où ils ont été déterrés avec des os de rhinocéros, d'éléphans et de mastodontes à dents étroites. Enfin, selon M. Cuvier, il n'est presque point de vallée où Ton puisse creuser dans quelque étendue, sans en rencontrer dans les dépôts des rivières; la vallée de la Seine, celle de la Somme, et Lien d'autres sans doute , en fourmillent, (desm.) CHE\AL, Equus Cuhallus. Voyez l'article précédent. Tout le monde connoît l'élégance de la conformation de cet animal, que Ihonmie s"est assujetti de temps immémorial, et quil emploie à un si grand nombre d usages utiles et agréa- bles. Il n'est personne qui nait admiré mille fois la régu- larité et Texacle proportion de ses membres , la majesté de C H E 335 sa taille , la fierté de son regard, la noblesse de son main- tien , la grâce et la précision de ses mouveniens, et qui n'ait été frappé de son intelligence, de sa mémoire, de son in- trépidité , et de toutes les autres bonnes qualités qne lui a départies la nature. Aussi, sou éloge retentit-il dans toutes les bouches et fait-il Tobjet de nombre d'écrits tant anciens que modernes ; aussi les poètes, les prosateurs et les peintres l'ont-ils souvent pris pour objet de leurs travaux ; mais quel- que perfection qu ils aient mise dans leurs ouvrages , tous sont encore loin d'avoir atteint leur modèle. L'utilité du cheval, chez les peuples sauvages ou à demi- sauvages , se borne à porter son maître et ses propriétés mobilières, à lui rendre ia guerre plus facile et moins dan- gereuse ; mais chez les peuples policés , elle est de la plus vaste étendue. Tous les arts et métiers s'applaudissent du service qu'ils en tirent : il est devenu si nécessaire aux diverses nations de l'Europe, que leur richesse et leur sûreté con- sistent en grande partie dans la quantité et la qualité de leurs chevaux. Sans eux , l'agriculture , le commerce et la guerre seroient privés d'une infinité d'avantages. Celle qui perdroit en même temps ses chevaux et les moyens d'en faire venir de létranger, tomberolt en peu de temps dans la misère et l'assujettissement. C'est par toutes ces considérations , que les états bien réglés ont toujours regardé l'éducation des chevaux comme un objet important et digne de la plus sérieuse attention ; qu'ils ont fait des lois pour en multiplier le nombre ^ en améliorer l'espèce , etc. , etc. Dans un aussi riche sujet , on n'est embarrassé que du choix des matériaux; mais ce choix est fort difficile lors- qu'il s'agit de rédiger un article aussi circonscrit que celul-cî doit l'être , d'après le plan adopté. Je le divise en trois cliapitres. Dans le premier, j'indique les différentes parties qui composent le cheval, ses proportions, son âge , ses allures, ses sensations ; enfin , le choix que l'on en doit faire pour les différens services, auxquels on l'emploie. Dans le second , je parle des chevaux sauvages , de ce que l'on sait sur leur manière de vivre : je passe aux races qui leur ressemblent le plus; successivement, j'examine les principales , et enfin celles de la France en particulier. Dans le troisième , je dis un mot des haras, du choix des animaux pour la reproduction, de la monte , de la gestation, du poulain, etc.; de l'âge auquel on doit assujettir l'animal au travail; des moyens à en'ployer pour l'instruire, sur- tout le cheval de selle ; dç Tccurie , et des soins que doi- 336 C H E vent avoir les garçons d'écurie; (3e la nourriture du cheval, du travail du repos -, je passe à quelques dounécs sur plu- sieurs opéralions auxquelles on est dans l'usage de les sou- niettre , telles que la caslration , l'opération de la queue à l'anglaise, et la manière de les marquer; enfin, je termine par les produits que Ton en retire après leur moii. Proportions. — Le rlieval est, de tous les animaux, celui qui, avec une grande taille , réunit les plus exactes proportions - dans toutes ses parties. L'élégance de sa tète et la manière dont il la porte , lui donnent un air de légèreté qui est bien soutenu par la beauté de son encolure. Ses yeux sont vifs et bien ou/erts; ses oreilles gracieuses, et sa crinière flot- tante augmente la noblesse de son maintien. Toutes les au- tres parties de son corps concourent, chacune pour ce qui la concerne , à lembellir. 11 n'y a pas jusqu'à sa queue , garnie de longs crins, qui ne lui donne de la grâce. Aussi , peu de personnes peuvent-elles résister à l'attrait qui les attire vers un beau cheval , qui , n'ayant pas été dégradé dès son enfance par un travail force , a conservé tous ses avantages naturels. La beauté de chaque objet réside dans la convenance et le rapport des parties. Chaque homme, doué d'un peu de tact , la sent aisément lorsqu il n'est pas aveuglé par des préjugés; mais il ne peut pas toujours la définir. C'est ce qui a engagé à fixer ce qu'on appelle des proportions aux divers êtres, afin de pouvoir les comparer entre eux sans les voir. Dans l'homme et les animaux, c'est la tête qu'on a prise pour type de leur mesure ; niais comme cette partie peut elle - même pécher par défaut ou par excès , il a fallu en fixer aussi la mesure par rapport au corps. Ainsi , on a reconnu que dans le cheval , le corps devroit avoir en longueur , en comptant depuis la pointe du bras jusqu'à la pointe de la fesse , et en hauteur , depuis la sommité du garrot jusqu'au sol , deux têtes et demie ; ainsi dès que la tète d'un tel individu donnera plus que celte mesure , elle sera trop longue, et si elle ne les donne pas, elle sera trop courte. La longueur d'une tête bien proportionnée , ainsi fixée , on pourra la prendre pour terme de comparaison pour toutes les autres parties du corps. Corps du (:hei>al. — L"on divise le plus communément le corps du cheval en avant-main , corps et arrière-main ; mais comme celte division ne peut concernerque le cheval de selle, nous le diviserons en tête, corps et extrémités. F^. pi. lî. i3. La tête comprend la nuqup (i), le toupet (2), les oreilles (3), le from (4), les salières (5), les yeux (6), les larmiers C H E 337 (7), le chanfrein (8), les naseaux (9), le nez (10), les lèvres (11), le menlon (12), la barbe (i3), les joues (14.), les ga- naches (i5) et Tauge (iG). Les seulsde ces termes qui méritent d'être expliqués, sont : les salières^ qui sont des enfoncemens plus ou moins profonds que Ton remarque au-dessus des yeux; les larmiers^ qui sont de petits enfoncemens à Tangle interne de chaque œil ; le chanfrein^ ({ui est la partie qui s'étend depuis le bas du front jusqu'aux naseaux; le menton^ qui est cette petite protubé- rance environnée par la lèvre inférieure; la barbe ^ qui est immédiatement au-dessus du menton et Tendroit où porte la gourmette ; enfin Vauge^ qui est l'espace compris entre les deux ganaches. Le coi-ps comprend la crinière (17), l'encolure (18), le poitrail (19), les ars antérieurs (20), le garrot (21), le dos (22), les reins (23), les côtes (24), le passage des sangles (25), le ventre (26), les flancs (27), les ars postérieurs (28)^ la croupe (29), la queue (3o), les hanches (3i), les fesses (32), enfin les organes de la génération (33), soit du mâle , soit de la femelle. Les ars antérieurs (20) sont les replis de la peau, qui, de la partie inférieure de la poitrine sous le sternum , gagnent chaque extrémité antérieure. Le garmf. (21) est cette partie élevée, plus ou moins tran- chante, située au bas de la crinière, formée par les apophyses épineuses des cinq ou six premières vertèbres dorsales. Les ars postéiieurs (28) sont les replis de la peau qui , du ventre , gagnent chaque extrémité postérieure, et qui corres- pondent à la partie appelée aine dans Thommé. Les extrémités se divisent en antérieures et postérieures ; chacune des antérieures comprend l'épaule (34), le bras (35), le coude (36), l'avant-bras (Sy), la châtaigne (38), les genouK (39), le canon (^o), It^ boulet (4-i)» le paturon (4-2), la cou- ronne (43), le sabot (44)' La chulaigne (38) est une espèce de corne placée au côté interne à la partie inférieure de l'avant-bras : elle manque souvent dans les chevaux fins. Chaque extrémité postérieure comprend la cuisse (45), le grassetou rotule (46), la jambe (47)1 le jarret (48), et comme dans les extrémités antérieures, le canon (49)'» le boulet (5o), le paturon (5i), la couronne (52), le sabot (53). 11 se trouve aussi souvent une châtaigne (54) dans les ex- trémités postérieures ; elle est située à la partie interne et supérieure de chaque canon au-dessous du jarret. A la partie postérieure et inférieure de chaque boulet , il se trouve en- core souvent une petite excroissance cornée , c'est ce que VI. 22 338 C H E Ion nomme l'ergot. Il est presque toujours recouvert par une touffe de longs et forts poils que l'on appelle le fa- non (55). Le sahot ou l'ongle est ce qui pose sur le sol. La partie supérieure qui louche à la couronne s'appelle le biseau (56) , la partie antérieure la pi'nre (Sj), les parties latérales les quartiers (58), les parties postérieures les ia/ons (Sg) ; la sol^ (6o) est toute la partie inférieure et cave du pied, et la /our- chetie (6i) une élévation en V, qui se trouve au milieu de la sole et à la partie postéri-eure. Des poils couvrent le cheval presque partout son corps ; ceux du dessus du cou et de la queue sont considérablement plus gros et plus longs que les autres , et s'appellent cnns. Il y en a encore quelques-uns tout aussi forts, mais moins longs, qui sont disséminés autour des yeux, du nez et des lèvres , et ils sont en plus grand nombre au menton et à la barbe ; quelques races de chevaux domestiques en ont aussi en touffes épaisses à la partie postérieure de chaque c^non , et qui se confondent avec ceux du fanon. Il est quelques chevaux qui n'ont point ou presque point de poils sur le corps , quoiqu'ils aient des crirts ; on les ap- pelle improprement rheiHutx turcs , car ils ne viennent pas de Turquie, et plus proprement che^^aux ladres. C'est une va- riété (ju'on ne cherche pas à multiplier , parce qu'elle n'esï rien moins que belle , mais qui se fait remarquer par sa sin-> gularité. Il en est d'autres qui ont le poil très-long et frisé .*i peu près comme les chameaux. Cette variété tst également fort rare, et ne se fait pas plus rechercher. Entre ces deux ex- trêmes se trouvent toutes les nuances possibles de longueur et de grosseur; mais on estime davantage celui qui est court, fin , égal , et par conséquent uni et luisant , à tous les autres. A l'entrée de l'hiver, il pousse à la plupart des chevaux un poil long , souvent rude , destiné par la nature à les garantir du froid : ce poil , qui altère la beauté de leur robe, tombe à la mue du printeiyps , et est souvent enlevé artificiellement aux chevaux fins à mesure quil paroît. La couleur naturelle du poil des chevaux est le gris-rouge de différentes nuances : on dit alors que le cheval est alezan., si la crinière et la queue sont de la même couleur que les poils ; mais si elles sont noires, alors on dit qu'il est ùai ou qu'ilestsouspjoilbai, ou qu'il a une robebaie ou alezane , etc. L'état de domesticité a multiplié beaucoup ces couleurs : lesun* sontd'une couleur, d'autres de plusieurs, avec toutes lesnuan- eés possibles , et la plupart portent des noms particuliers. Les principales couleius sont le bai , le noir et l'alezan. Les premières donnent ic bai ou Talezan châtain, dore, brun, C H E 339 miroité; la seconde fournit le mal noir teint, le uoir-jai et le miroité; la troisième présente le gris sale , le gris argentin, le gris sanguin, le gris-bnun , le gris charbonné, le gris truLlé., le gris souris , le soupe au lait, le gris pommelé, etc. On nomme rouan, celui. dont les poils sont mêlés, de blanc,, ie, celui quiestcoupé par de grandes lacbes d'un poil toul-à-^fait différent du reste , surtout à l'épaule et à la croupe. La cou- leur ne fait que déterminer l épitUcte ; on dit pîe noir, pie alezan, etc. ; balzane, celui quia un, deux, trois, ou tous les pieds blancs à leur partie inférieure. Beaucoup de cbevaux, ou mieux la plupart des che.vaax , ont sur la tète, au-dessous du front, une tache blancbe , jjilus ou moins grande , qui les fait appeler marqués en tête. Ceux qui n'ont qu'une couleur siniple , sans aucune marque , portent le nom de zains. 11 est des peuples qui estiment beau- coup plus ces derniers; d'autres les repoussent comme vi- cieux. Il est inutile de chercher à prouver le ridicule de ces préjugés, ainsi que ceux qui naissent de laxouleur du poil ; les lumières actuelles ne permettent , au plus, que de les ci- ter. La couleur du poil n'a et ne peut avoir d'action *ur les qualités d'un animal , et tous les faits qu'on cite à l'appui de l'opinion contraire sont , ou controuvés , ou résullans de causes différentes. Il est cependant un cas où la couleur du •poil annonce, dans tous les animaux , un certain degré daf- foiblissemenl dans les organes; c'est lorsqu" ils sontloulblancs, et qu'ils ont les yeux de même couleur. On ne connoilbion cette remarquable variété, qui s'observe aussi dans rUoaoiE ( V. ce mot), que depuis un petit nombre d'années , quoi- que les individus où elle se remarque soient trè.s-coinmuns parmi les chats, les lapins, etc. Les chevaux a/i/rt05 ne sont pas très-rares ; on les estime peu ; ils ont cep'îndant ia faculté de mieux voir pendant la nuit que les autres ,. faculté qui a quelque mérite pour certaines personnes et dans quel- ques circonstances. Les poils des chevaux sont sujets à ne pas prendre , dans certains endroits, la direction qu'ils doivent avoir. Dans ce cas, on dit qu'ils forment un épi, parce que la figure quils offrent a quelque ressemblance avec un épi de blé. Quel- quefois ces épis font un effet désagréable , d'autres fois \\i embellissent un cheval ; cela dépend du lieu où ils sont pla- cés. L'ignorance et les préjugés ont jadis mis beaucoup dim- ■portance à ces épis ; aujourd'hui on n'y fait attention que lorsqu'ils difforment la robe d'un cheval. Une fois la longueur (r) de la tête (^') donnera :la longueur 4e l'encolure, la hautwr (o) des épaules, l'épaisseur et la ^l,o C U E largeur (e) du corps; celte même hauteur , moins la fente de la bouche, la longueur (/), la hauteur (/) et la largeur (/") de la croupe , la longueur (g-) latérale des jambes posté- rieures, la haiiteur (Ji) perpendiculaire de l'articulation in- férieure du tibia au sol, et la distance (i) du sommet du gar- rot à l'insertion de l'encolure dans le poitrail. Deux tiers de la longueur de la tête égalent la largeur (/c) du poitrail. Un tiers de la longueur de la tête est égal à sa largeur (/) et à la largeur latérale (m) de T avant-bras ; les deux neuvièmes de la longueur de la tête donnent l'élévation verticale de la pointe du coude au-dessus du niveau de la pointe du ster- num , l'abaissement du dos par rapport au sommet du garrot, la largeur latérale des jambes postérieures , la distance des avant-bras d'un arc à l'autre ; un sixième de la longueur de la tête égale l'épaisseur de l'avant-bras , le diamètre de la cou- ronne des pieds antérieurs , la largeur de la couronne des pieds postérieurs, la largeur des boulets postérieurs, la lar- geur des genoux, l'épaisseur des jarrets. Un douzième de la longueur de la tête donne l'épaisseur du canon de l'avant- main. Un neuvième de la largeur de la tête , égale l'épais- seur de l'avant-bras, près du genou , et l'épaisseur des patu- rons postérieurs vus latéralement. La hauteur du coude au pli des genoux (n) est la même que la hauteur {u) de ce même pli jusqu'à terre , que la hau- teur (/?) de la rotule jusqu'au pli des jarrets, et que la hau- teur (9) du pli du jarret jusqu'à la couronne. La sixième partie de cette mesure donne la largeur du ca- non de l'avant-main, vu latéralement, et celle du boulet vu de face. Le tiers de cette même mesure est à peu près la largeur du jarret: le quart, la largeur et la longueur du genou. L'intervalle des yeux d'un grand angle à l'autre, égale la largeur de la jambe de derrière vue latéralement ; une moitié de cette distance des yeux donne la largeur du canon posté- rieur vu latéralement , la largeur du boulet de l'avaul-main vu de même, enlin la différence de la hauteur de la croupe respectivement au sommet du garrot. Telles sont, à peu de chose près, dans le cheval, toutes les parties correspondantes par des dimensions réciproques. L'œil exercé à ces différences, les transporte sans le secours d'un instrument quelconque , sur les parties dont il veut juger les défauts par l'appréciation des mesures , avec autant de facilité que le peintre en trouve à réduire les dessins ou à les agrandir. Il ne faut pas croire, au surplus , que ces différentes pro- portions ne consVituçnt que la beauté ou la régularité des C II K 341 formes ; sans doute elles ne doivent pas être prises rigoureuse- ment, mais elles influenl beaucoup plus qu'on ne le croit généralement sur la bonté , et principalement sur la durée du service de l'animal en qui elles ne se rencontrent point. Le cheval dont la tête et l'encolure sont trop longues , pèse à la main, fatigue le cavalier ou le cocher, porte bas, et s'use plus promptement sur son devant. Celui dont le corps est trop court est dur sous l'homme, a les reins roides, allonge peu au trot, tourne difficilement, et est ordinairement dur de bouche. Quand , au contraire , le corps est trop long , le cheval se berce , il est presque toujours ensellé , il a ses reins foibles , et est d'autant plus sujet aux efforts de cette partie, que les muscles ont une plus grande résistance à vaincre pour ramener en avant le train de derrière , surtout lorsqu'en. même temps il faut tirer et porter un fardeau. Celui dont le devant est trop bas, toujours surchargé par la chasse du poids du train de derrière , ne peut quitter le teVrain , est sujet à bu- ter ; il forge, est dangereux pour le cavalier qu'il met, à chaque instant , dans la crainte de tomber , et dont il fatigue la main employée à le soutenir. Si le devant est trop haut, ou le derrière trop bas , le cheval trotte sous lui, n'avance point , le train de derrière ne peut chasser celui de devant ; la facilité d'enlever cette partie et la difficulté de faire quit- ter le sol à celui de derrière , l'oblige à se défendre , à se ca- brer, à se renverser même quelquefois. Il en est de même lorsque les jambes sont trop fortes ou trop foibles. Ce petit nombre d'exemples suffira pour faire sentir les avantages d'ur^ cheval bien proportionné , sur celui qui pèche par excès ou par défaut dans quelques-unes de ses parties j. et par consé- quent la nécessité de l'étude àe ces proportions. Tels sont seulement les principaux rapports qui doivent exister entre les parties du corps d'un cheval bien conformé. Quand on rencontre ces proportions générales et les plus, essentielles , il est bien rare que toutes les parties en particu- lier ne soient pas dans des rapports assez exacts, et ne for-^ ment pas un ensemble régulier. 11. est très-difficile de me- surer et d'assigner les dimensions réciproques d'un grand, nombre de ces parties ; mais l'œil exercé à comparer et à mesurer , pour ainsi dire , sans le secours d'un instrument , les transporte sur les parties dont il veut juger les défauts, et se trompe rarement. ^ge. — Le moyen de s'assurer de l'époque de la naissance- des chevaux, c'est-à-dire , d'en connoîlre Tâge , est trop im- portant pour que nous ne nous y arrêtions pas quelques ins- tans. C'est par l'inspection des dents qu'on parvient à cette connoissance. Le cheval adulte a trenle-six dents , dix-huit à 3U C H E chaque Tnârhoire, snvoir seize incisives anférienres, et ^ottze molaires posl'ériexi>es, dont six de cliaque côté. Ces dernières sont séparées des incisives par an espace assez considérable <]iie Ton nomme les barres, et sur lequel pose le mors. Outre ces dents, les chevaux et quelques jumens ont dautres espèces al de manège ait de la beauté et dé la grâce ; qu'il soit nerveux, léger, vif et brillant; que les mouvemens en soient lians ; que la bouche en soit belle , et surtout que les reins et les jarrets en soient bons. Dans le chei'ol de voya^e^ on exige une taille raisonnable , un âge fait, tel que celui de six ou sept années; des jambes sûres ; des pieds parfaitement conformés ; un ongle solide ; une grande légèreté de bouche ; beaucoup d'allure et une ac- tion simple et douce. Le choix du cheval de guerre n'a que trop souvent coûté la vie à celui qui l'a fait , ou à celui pour qui il a été fait. La taille de celui consacré à cet usage ne doit être ni trop haute ni trop petite. 11 faut qu'il soit bien ouvert et non chargé d'é- paules , puisqu'alors il seroit lent dans ses mouvemens ; qu'il ait la bouche belle et l'appui à pleine main , afin qu'il obéisse assez promptement, sans cependant s'effaroucher de quel- ques mouvemens irréguliers du mors dans un jour de combat. La jambe sera bonne ; le pied excellent. Il doit exécuter toutes 35o C H E ses actions avec facilité et promptitude. Il sera facile au partir «le la main , et susceptible d un retour aisé à un galop écouté , ainsi qu'au trot et au pas. Lorsqu'il sera arrêté , il ne témoi- gnera aucune inquiétude , et restera immobile à la même place. Il importe encore qu'il ne redoute aucun des objets qui peuvent frapper son ouïe et sa vue , qu'il ne craigne ni le feu ni Icau, qu'il ;ne soit pas méchant envers les autres che- vaux, etc. On désire dans le rheoal de chasse , du fon^ et de l'haleine, qae les épaules en soient plates et très-libres , qu'il ne soit pas trop r.iccourci de corps, que la bouche en soit bonne , qu'elle ne soit pas trop sen ùble , qu'il soit plutôt froid qu'ar- dent à s'animer, qu'il soit doué de légèreté ,.de vitesse,, etc. Oiianl aux bidets de pusie ^ on doit .plutôt considérer la bonté de leurs jambes et de leurs pieds, que leur figure et que la qualité de leur bouche. Il faut nécessairement qu'ils galopent avec aisance, de manière qu'ils ^n'incommodent pas le cava- lier. Trop de sensibilité seroit en eux un défaut, à raison de la nature de leur service. Des chevaux bien tournés et Lien proportionnés, idc la taille de cinq pieds ou de cinq pieds quelques pouces , dontiles épaules ne seront pas trop chargées , dont les jambes seront plates et larges, le jarrets amples et bien conformés , dont les pieds ser(»ntbons, qui auront de la grâce et de la liberté dans leurs niouvemens , formeront des chevaux de carrosse excel- lens. 11 ne s'agiraiplus que de les appareiller de poil, de .gran- deur, etc. QcTiAxns chevaitvc de chaise, comparés aux > chevaux peu dé- liés qu'on emploie ordinairement , pourront être considérés comme des chevaiBofins. Le ehe{:>al debrancaid^evA bien étoffé, d'unetaille raisonnable et non trop élevée. Il trottera libre- ment et diligemment , tandis que le b/ïculie?; qui sera bien tra- versé , mais qui. aura moins de dessous que lui, sera capable de fournir avec facilité un galop raccourci. (Les autres chevaux delimge seront plus ou moins communs» &clon ileur sti'ucture , leur épaisseur, la largeur de leur;poi- trail , la grosseur de leurs épaules plus ou moins charnues , leur :pesanteur, l'abondance et la (longueur des poils deleurs jambes, etc. Il en sera ainsi des différeus chevaux de bal ou de somme ^ qui doivent avoir beaucoup de reins. C'est en conséquence de ces données qu'il faut examiner le cheval qu'on veut acheter pour tel ou tel service. On doit le considérer dans l'état de repos et en action. D'abord on étu- diera les pieds comme le fondement sur lequel repose tout l'édifice, ensuite. le devant, puis la croupe, enfin la tête. On jugera le tout séparément et dans rensemble. Il sera aussi né- B.aô J . (0(l// C lî E 35i cessaire de chercher à reconnohre les tromperies auxquelles on n'est mallieureusemcnt que trop exposé de la part de cer- tains marchands et maquignons. Chenaux sauvages. — Suivant (imelin, Pallas et autres voya- «;eurs, on trouve encore des chevaux sauvages dans les vastes déserts de la basse Arabie et de la Tartarie ; mais c'est «Jans l'Amérique méridionale où ils sont en plus grand nombre. C'est là que des chevaux tiansporlés par les Espagnols et abandonnes , ont multiplié et ont produit ceux que Ton y, trouve maintenant. Dans l'Europe, il n'y en a point. Ses dif- férentes régions sont beaucoup trop peuplées, et les hommes ;ont chassé ces anciens botes ou les o«t réduits en esclavage. Ces animaux, dans l'état de nature, sont si sauvages, qu'on ive- peut que difficilement les étudier. Quant à leurs mœurs. Ton peut en avoir une idée assez précise , en les étudiant dans ies haras sauvages , dont il existe euCore quelques-ims en Eu- rope , en Pologne et en FiUssie , et beaucoup en Amérique. JNous savons néanmoins qu'ils vivent en fcroupe , qu'ils ne sont pas aussi beaux que ceux réduits à l'état de domesticité ; qu'ils sont, en général, beaucoup plus petits; qu'ils ont la tête grosse , forte ; que leur-s éminences osseuses sont très- saillantes, leurs extrémités très-sèches, et les poils de leur cQi'ps longs et peu fius ; qu'ils sont très-légers à la course , iniRomptables quand on les prend déjà âgés; mais que ceux que Ton parvient à maîtriser sont infatigables, beaucoup plus forts et plus sobres que ceux de nos races domestiques, F. pi. B. i8. Les animaux qui les composent , et que l'on y laisse pour la reproduction , sont entièrement dans l'état de nature. Comme ce que l'on connoît de la manière de vivre des che- vaux sauvages, est entièrement en rapport avec celle de-î chevaux de ces haris , il est à présumer que ce que l'on nç connoît point s'y rapporte également. Ces animaux, abandonnés à eux-mêmes dans de vastes pâ- turages , vivent en trouj^es séparées qui ne se confondent point , qui occupent chacune des parties de terrains , pour ainsi dire en propriété, et surlesquelles ils ne souffrent point d'autres animaux. Ces troupeaux reconnoissent un chef qui est toujours le cheval le plus vigoureux de la bande ; c'est lui qui conduit dans les pâturages leur course erraule ; c'est lui qui le premier tente le passage d'un ravin , d'une rivière , d'un bois inconnu : paix)it-il un objet extraordinaire , c'est lui «jui se charge de le reconnoitre , qui l'affronte le premier, c| qui donne l'exemple de la confiance , ou le signal de la fuite, n'il y a quelque danger. S'il s'expose ainsi le premier aux divers périls pour les animaux qu'il conduit, il en est bien récompensé par 1«5 353 C II E plaisirs qui ne sont réserves qu'à lui. Il est le sultan de toutes les cavales , lui seul a le droit de jouir de toutes leurs caresses; malheur au téméraire qui viendroit le troubler dans ses amours il ne respecte rien, et il l'attaque, le com- bat , le force à s'éloigner , et quelquefois même lui fait payer de sa vie son audace : le plus souvent, vainqueur superbe, il daigne l'admettre à sa suite , comme pour être le témoin de ses plaisirs. Il ne seroit peut-être pas si généreux s'il pouvoit réfléchir et prévoir que cet ennemi vaincu aujourd hui , sera tkn jourvainqueur à son tour, quand un âge plus avancé aura augmenté ses forces et doublé son courage : heureux s'il peut obtenir alors la même pitié , et ne pas payer de sa vie les affronts qu'il aura fait essuyer à son rival. Ces troupeaux n'ont point de lieux de repos fixes; ils cou- chent tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre; ils choi- sissent un lieu sec et à l'abri du froid , au pied d'un rocher ou sur la lisière d'un bois , où ils puissent être à l'abri des vents. Ils redoutent les orages comme presque tous les autres animaux. A l'approche d'un de ces grands phénomènes, ils sont inquiets, agités; ils cherchent les lieux les plus sauvages, les plus abrités, pour s'y cacher; et si Torage vient à éclater auparavant qu'ils s'y soient retirés, si un coup de tonnerre violent vient à se faire entendre, la troupe épouvantée prend la fuite, et ne s'arrête pas qu'elle n'ait trouvé un abri fa- vorable, ou que la terreur ou l'orage soit passé. C'est dans ces courses forcées , ou bien quand un ennemi trop redouta- ble apparoît dans le voisinage , que la troupe abandonne son canton , pour en aller chercher un autre ; il n'y a guère qu'une de ces causes, ou le manque de nourriture, qui force ainsi un troupeau à aller chercher d'autres pénates. Les mères qui ont des petits, ne quittent point la troupe. Les jeunes animaux, presque dès leur naissance, marchent et courent; et s'il se présente un ennemi, ils sont défendus courageusement par leurs mères, par le chef et par les autres mâles de la troupe : rarement il en périt par la dent des animaux carnassiers. Si l'ennemi est redoutable et qu'ils n'espèrent point échapper par la fuite, ils se réunissent en peloton serré et circulaire, rapprochent leurs têtes, présen- tent leurs croupes, et distribuent de redoutables ruades. Lorsque, au contraire, leur ennemi n'est pas dangereux, ou pour s'amuser , ils forment autour de lui un grand cercle , qu'ils rétrécissent successivement en se rapprochant , l'em- pêchent de sortir, et finissent par le tuer en le foulant aux pieds. Ils recherchent les pâturages secs, les terrains fermes, garnis d'herbes peu élevées, mais fines; ils mangent les C lî K 35.1 bourgeons et Tëcorce iplus nourris, moins accoutumés aux fatigues, acquérir plus de taille , plus d'agrémens , et même plus de force matérielle; mais aussi leur énergie est diminuée en pro- portion; ils ne soutiennent plus aussi long-temps les courses violentes et rapides , et ils périroient s'ils étoient soumis quelque temps aux travaux qui sont le partage des races dont nous venons de parler. En récompense , quelques-uns ont assez de taille , assez de corps pour pouvoir traîner des attelages, et rendre un service de plus à l'homme. Cheimux européens. — Les habilans de l'Europe plus civi- lisés , au moins aussi nombreux , mais rapprochés entre eu.x dans un espace beaucoup plus circonscrit que les peuples dont nous venons de parler, n'ayant point d'autres animaux capables de faire le transport comme les chameaux et les . dromadaires , n'ayant point de déserts à franchir pour se communiquer, ayant plus de fourrages pour nourrir leurs chevaux , n'ont pas eu besoin de trouver, dans ces animaux, une sobriété et une légèreté qui leur étoient inutiles pour les travaux les plus comnmns. Us ont recherché ceux qui, par leur taille plus haute, leur masse plus forte , pouvoient traî- ner ou porter les fardeaux les plus pesans ; et l'on a réservé les plus fins , les plus légers , les plus jolis de ces chevaux pour le service de la selle. Bientôt on a perdu de vue Tori- gine de ces animaux ; on a négligé les sources premières d'où ils étoient venus ; on n'a plus considéré les régions qui étoient les plus favorables pour leur conserver les formes et la constitution que leur a donnée la nature ; on n'a plus fait attention à l'éducation qu'il éloit le plus convenable de leur donner pour remédier aux inducnces d'un climat moins C H E SS; rUaucl , moins sec , d'une nourriture plus abondante , mais bien moins stimulante, et qui donne plus de niasse au corps sans lui donner plus d'énergie , et, peu à peu , le t'v pe ori- ginel est disparu, les chevaux se sont changés en chevaux de trait, et les premiers sont devenus extrêmement rares. Cette dégénération a affecté tous les chevaux de l'Europe plus ou moins , selon les régions , selon les mesures prises par les gouvernemens pour y lemédier , et selon l'esprit des peuples. Chenaux espagnols. — Les chevaux espagnols» dont la taille est ordinairement de quatre pieds six à huit pouces , et qui , à des meuvemens très-souples et des formes Lien prises , joignent beaucoup de grâces, de docilité, de courage, de feu et d'action , ont été long-temps les premiers chevaux de l'Europe ; mais le peu de soin qu'on prend pour maintenir la race pure , les rend déjà très-rares , et fait craindre que bientôt ils ne disparoissent entièrement. L'Andalousie est la province qui lient le plus à la conserver; aussi ne dit-on déjà plus les chevaux espagnols, mais les chevaux andalonx. On vend aujourd'hui jusqu'à 25,ooo francs un étalon bien étoffé de cette race pure. Les reproches qu'on fait le plus communément aux chevaux espagnols, qui, du temps des Romains , jouissoient déjà d'une grande célébrité , tit^nncnt plus à l'imperfection de l'éducation qu'on leur donne , aux vices de leur ferrure, etc., qu'à de mauvaises qualilé.T réelles. Les chevaux d'Italie étoient autrefois beaucoup plus ré- putés qu'ils ne le sont en ce moment, soit pour le manège , soit pour l'attelage. Ceux du royaume de Naples étoient sur- tout recherchés ; mais ils ont dégénéré, depuis qu'au lieu de renouveler les races avec des étalons arabes, on les a croi- sées avec des chevaux allemands, franç^ais , anglais, etc. Les chevaux allemands n'ont jamais été fort recherchés ; mais depuis près de cent ans , on s'efforce de les améliorer, et on y est déjà parvenu jusqu'à un certain point. La Prusse , surtout , au moyen àes, dépenses qui ont été faites pour avoir des étalons arabes , turcs, barbes et espagnols , commence à en posséder beaucoup d'assez beaux pour être cités avec éloge , et pour donner lieu à des bénétices importans. La Suisse possède une assex bonne race de chevaux de trait, dont beaucoup d'individus sont distingués par la beauté de leur forme , et peuvent servir au cabriolet et au carrosse. Ces chevaux sont forts , bien membres , ramassés , sobres , et tirent leur origine des anciens étalons italiens. Plusieurs personnes prétendent que nos chevaux normands proviennent de ceux que les Danois amenèrent lorsque, sous le nom de Normands , ils firent la conquête d'une porl U)U 358 C H E de la France. On ne peut se dissimuler que ces deux races ont beaucoup de rapports; mais, cependant, lorsqu'on a voulu croiser nos chevaux avec des étalons du Holstein , les résultats n'ont pas été heureux. Au reste , le cheval danois est bien fait , largement étoffé ; ses formes rondes et son trot aisé le rendent très-propre au carrosse. Les chevaux hollandais sont également bons pour le car- rosse et pour le trait. Ils tiennent, quant aux formes, le mi- lieu entre les danois et les normands. C'est par les pieds , ordinairement très-larges, qu'ils pèchent le plus. On leur reproche de ne pouvoir pas résister à la fatigue, de manger beaucoup , et d'être sujets à un grand nombre de itialadies. Chevaux anglais. — Les chevaux anglais étoient, auparavant leur régénération , totalement impropres à la selle ; et les Anglais venoient en Espagne, et surtout en France, acheter ceux dont ils avoient besoin. S'élant aperçus que le croise- ment de leurs jumens avec des chevaux arabes , turcs , perses , donnoit des productions égales et même supérieures à celles qu ils se procuroient chez l'étranger , ils achetèrent des étalons de ces pays , les accouplèrent avec leurs ju- mens, et se formèrent, par des croisemensbien dirigés , la race qu ils ont maintenant. Ils tombèrent néanmoins dans un excès qui leur a été nuisible , à force de vouloir des che- vaux coureurs et de ne choisir que ceux que leur conforma- lion rendoit plus propres à cette action ; ils ont fait des che- vaux coureurs, mais qui, comme chevaux de selle , ont des défauts qne out homme de cheval ne peut se dissimuler. '< Les plus beaux chevaux anglais, dit Buffon,sont, pour la conformation , assez semblables aux arabes et aux barbes , dont ils sortent en effet; ils ont cependant la tête plus grande mais bien faite , et les oreilles plus longues ; mais la grande, différence est dans la taille ; les anglais sont plus étoffés et plus grands. Ils sont généralement forts, vigoureux , hardis , capables d'une grande fatigue, excellens pour la chasse et la course ; mais il leur manque de la grâce et de la souplesse : ils sont durs et ont peu de liberté dans les épaules. » Ce tableau, tracé dans le milieu du siècle dernier, est encore très -ressemblant aujourd'hui. Les chevaux anglais sont rebelles au manège, mauvais pour la cavalerie, et n'ont pas, en général, la réunion des qualités qu'on doit désirer dans un animal de cette espèce. La régénération des chevaux anglais paroît être aujourd'hui portée à son plus haut point , au dire des écrivains de cette nation. Depuis quelques années , observoit Georges Culley en i794i onn importe plus, ou que très- peu de chevaux ara- bes, ou autres, cnAngleterre : ceux qui élèvent des chevaux de C H E 359 race, ayant reconnu qu'ils obtiennent une amélioration plus marquée , en se servant des meilleurs étalons anglais seule- ment , c'est-à-dire , des étalons anglais de race régénérée , appelés dans le pays chevaux de sang ( Blood Horse). Au reste, le croisement du cheval arabe , ou autre voisin, avec Tancienne race indigène , et le croisement de leurs pro- ductions entre elles ou avec la iiiême race , ont produit une division de tous les chevaux anglais en cinq classes , bien tranchées et bien caractérisées , qui se conservent en se fon- dant successivement Tune dans Tautre. La première est le cheval de course , résultat immédiat d'un étalon barbe ou arabe et d'une jument anglaise , déjà croisée de barbe ou d'arabe, au premier degré ou 1^ résultat de deux croisés au même degré , que les Anglais appellent premier sang , c'est-à-dire, le plus près possible de la souche étrangère. La deuxième est le cheval de chasse , résultat du croise- ment d'un étalon du premier sang et d'une jument d'un degré moins près de la souche. Cette classe est la plus multipliée ; elle est plus membrée que la première, et dun travail ex- cellent. La troisième est le résultat du croisement d'un cheval de chasse avec des jumens plus communes , plus fortement membrées, plus approchant de la race indigène que les pré- cédentes ; elle forme le cheval de chaise ou de carrosse. Ce sont les chevaux de ces deux classes que les Anglais expor- tent le plus particulièrement en France. La quatrième est le cheval de trait, résultat du cheval précédent avec les plus fortes jumens de ce pays. Il y a de ces chevaux qui sont de la plus grande et de la plus forte taille. Leur moule est , en quelque sorte , celui d un cheval de bronze , et les membres en sont bien fournis. On peut les comparer aux chevaux des brasseurs de Paris , et ils sont employés au même service à Londres. La cinquième enfin , qui n'a aucun caractère particulier , qu'on regarde comme bâtarde ou manquée , est le résultat de tous les croisemens des classes précédentes avec des ju- mens communes. Quelque soit, au surplus, le mélange de toutes ces classes, on reconnoît jusque dans les individus les plus médiocres de la dernière , l'influence du sang arabe , malgré l'état plus ou moins avancé de la dégénération. Celte influence se fait apercevoir dans la conformation de certaines parties du corps , ou dans la conservation de quelques qualités. Les chevaux de course ou de la première classe , sont , en Angleterre , un objet de luxe et de dépense. Mais s'ils don- 06o C H E ncnl lieu souvent à de grandes folies , s'ils ruinent quelque- fois leurs propriétaires, ils sont aussi, d'un autre côté, la source d'une richesse immense pour le pays, par l'amélio- ration des classes inférieures qu'ils croisent et qui sont ven- dues à toute l!Europe. La France , plus que toutes les autres nations, a, en abon- dance, des chevauxpropres à tous les genres de services; au- trefois même, quelques-unes de ses races avoient une grande réputation en Europe , et il se faisoit en conséquence un com- merce d'exportation très-considérable. Ces races , par leur mélange avec des races moins parfaites, suite du peu de lu- mières des propriétaires ou des erreurs du gouvernement , se sont beaucoup détériorées; ou mieux, le nombre des indi- vidus parfaits qui les composent en ce moment, est considéra- blement diminué ; mais le type en exlsle toujours: il ne s'agit, comme je crois l'avoir prouvé dans mon Instruction sur lamé- lioralion des chevaux, en France^ impi imée par ordre du ministre de l Intérieur Cliaptal , que de prendre quelques mesures gé- nérales pour les relever. Pour se convaincre de cette vérité , on n'a qu'à passer en revue les races de chevaux que fournissoient ses res, et entretient la santé. L'eau cou- rante est bien préférable dans les endroits où ces .miinaux passent toute l'année , et par conséquent toute la mauvaise saison dans les pâturages ; des hangars doivent nécessairement y être établis pour mettre ces animaux à l'abri des pluies froi- des et continues dans celte saison , et d'un froid excessif, tou- jours nuisibles quand l'animal n'a aucun moyen de s'y sous- traire ou d'en diminuer les mauvais effets. Aussi exigent-ils des soins beaucoup plus grands de la part de ceux qui les gou- vernent. 11 est encore à craindre qu'en ne prenant pas assez d'exercice , ils n'acquièrent pas toute la force , la vigueur et la solidité qu'ils seroient dans le cas d'acquérir, et que leurs mouvemens n'aient pas cette grâce, cette hardiesse que l'on rencontre dans les animaux élevés dans les haras parqués. Pour remédier à cet inconvénient, il est indispensable d'a- voir à portée un enclos où les animaux qui ne travaillent point encore puissent passer la plus grande partie de la journée en liberté, et s'y livrer à tous les mouvemens possibles. Avec ces précautions, ils deviennent tout aussi bons, et plusieurs prétendent même qu'ils sont meilleurs; nos voisins nous don- nent encore l'exemple à ce sujet. Le plus grand nombre des chevaux de prix en Angleterre , est élevé à l'écurie , et on a assez généralement reconnu que, dans cette manière d'éle- ver les chevaux , ils étoient moins sujets à la gourme et à d'autros maladies contagieuses , qui font quelquefois de grands ravages dans les pâtures. C H E 3G7 On peul élever des chevaux partout et sur tous les terrains, excepté sur ceux qui sont trop humides ou inondés; il ne s'agit que d'avoir de l'intelligence, du soin et des sources où l'on puisse puiser de bons principes. En faisant travailler les pères et les mères, en faisant travailler les enfans aussitôt que leurs forces le leur permettent, et en raison de ces mômes forces, il n'est point de ferme un peu considérable où Ton ne puisse élever des chevaux avec quelques avantages. Un travail, même un peu fort, leur est beaucoup moins nuisible qu'un repos absolu. Si cette vérité étoit plus généralement répandue, un plus grand nombre de cultivateurs, qui sont persuadés que les pères et mères destinés à la reproduction ne doivent rien faire, se livreroient à l'éducation de ces animaux, et cer- tainement l'envie d'avoir de meilleurs chevaux ne pourroit que contribuer à l'amélioration de nos races. C'est par le plus absurde oubli de toutes les lois de la nature , que le pré- jugé contraire s'est établi. Choix des Animaux pour la reproduction , etc. Lorsqu'un propriétaire désire se livrer à la propagation des chevaux, il faut qu'il cherche d'abord à se procurer un étalon qui se rapproche le plus de la perfection. Cet étalon , dans la race qu'il se propose de multiplier, doit être exempt de défauts corporels , de toute mauvaise qualité. On a lon- guement écrit sur cet objet, sans produire aucun effet utile, parce que les préceptes indiqués n éloient fondés sur au- cune base solide. En effet, chaque race de chevaux a ses avantages et ses désavantages, et toutes les fois qu'on en prend une pour type, on repousse toutes les autres, peut- être plus intéressantes pour celui qui cherche à s'éclairer. Quel est le cultivateur assez dénué de bon sens, qui, en lisant la description d'un cheval de course anglais, par exem- ple , ne jugeroit que des jambes fines ne conviennent pas à celui destiné à labourer les terres fortes qu'il vient de prendre à ferme ? Il faut donc se borner à conseiller à ceux qui veu- lent se livrer à l'élève des chevaux, de choisir pour étalons et pour jumens poulinières, les individus les plus près de la souche pure, tant par les formes que par le caractère qui la distingue particulièrement. Il n'est pas de propriétaire qui ne connoisse bien la race de son pays, et il n'y a jamais qu'une économie mal entendue qui fasse préférer des animaux in- férieurs. Nos voisins les Anglais, qui, comme on l'a déjà dit, doi- vent une partie de leur prospérité aux soins qu'il se sont donnés pour perfectionner la race de leurs chevaux, savent qu'un sacrifice pécuniaire dans ce cas, n'est qu'une avance 358 e il E qui doit un jour rentrer avec de gros inle'rês ; aussi , donncni- ils souvent des sommes énormes pour le loyer de certains étalons célèbres par leur beauté et leurs bonnes qualités. Par exemple, on sait que les sauls de V éclipse^ fameux coureur , qui avoit partout gagné les prix, d'abord portés a vingt-cinq guinées, le furent ensuite à cinquante-deux par jurneni ; qu'il en a été deinéme de snap, de chijsolilc, de masque; que les sauts de ce dernier et de <;7«7/rt^y , étoient , en 177O, de cent guinées, et qu'à ce prix , ils servirent cbacun trenle- deux jumens, et valurent par conséquent cbacun trois mille deux cents guinées, ou à peu près 70,000 francs à leurs maîtres , cette année. Une indication générale du bon choix des étalons et des jumens, est la vigueur soutenue dans Texercice; et cepen- dant elle est oubliée par presque tous nos auteurs. Quebpie beaux qu'ils soient, ils ne doivent pas être préférés, siis ne sont en même temps les meilleurs. La douceur, la docilité , l'aptitude au travail, sont également dans le cas d'être con- sidérées; car ces qualités se propagent presque toujours par la génération. Le choix varie nécessairement , quant à l'âge , relative- ment à la race et au genre de service. Les chevaux fins étant bien plus long-temps à se former que les chevaux de trait, ils doivent être attendus davantage -, et la règle générale , à cet égard, est de n'employer à la propagation , que des chevaux et des jumens qui ont pris tout leur accroissement. L'expé- rience a prouvé que des étalons et des jumens trop jeunes pouvoient donner de belles productions, mais qu'elles étoient foibles et ne duroient pas long-temps. C'est principalement par cette cause que nos races se sont promptement abâtar- dies. D'un autre côté, ces étalons et ces jumens durent eux- mêmes moins long-temps. Si toutes les tares , si tous les vices de la conformation doivent faire proscrire des haras les étalons et les jumens qui en sont affectes, il est des accidens qni laissent toute l'aptitude nécessaire , et ne doivent pas conséquemmtmt les en faire rejeter; tels que ceux qui les ont rendus boiteux ou aveugles. La nature a fixé aux animaux une époque fixe pour en- gendrer, et elle a été basée sur la plus grande abondance de nourriture que doivent trouver les femelles, ou leurs petits , à l'époque de leur délivrance. Cette loi a été intervertie pour quelques-uns de ceux qui vivent près de l'homme , et qui y trouvent toute l'année une nourriture également abon- dante ; mais le cheval , quoique domestique depuis aussi long-temps peut-être, s'en écarte peu encore. C'est donc ordinairement dans les premiers jours du printemps, que C H E 3G9 les jumens metlent bas , et comme elles portent une année entière , c'est à cette même époque qu'elles entrent en cha- leur, c'est-à-dire, qu'il se fait en elles une révolution qui les rend propres à concevoir. On a beaucoup disserté pour savoir pourquoi un animal entroit en chaleur, et comment il y entroit; mais ces ques- tions , comme toutes celles qui ont trait à l'acte de la géné- ration, ne sont pas encore résolues. Il suffit ici d'indiquer le fait, et d'en développer les suites. Lorsque les jumens sont en amour, elles deviennent fort inquiètes ; elles aiment à s'approcher des chevaux; elles hen- nissent dès qu'elles en voient ; elles lèvent leur queue ; le bas de leur vulve se gonfle, et elles jettent par cette partie une liqueur gluante et jaunâtre. Ces signes s'observent pendant quinze ou Vingt jours, et c'est le temps précis où la nature demande l'accouplement. Beaucoup d'auteurs recommandenUune foule de précau- tions pour exciter la chaleur dans les jumens, et la fécondité dans l'étalon; mais tout moyen contre nature doit être pros- crit dans ce cas comme dans tant d'autres. Il suffit, à cette époque, vd'augmenler la nourriture de l'étalon, ou de la lui donner meilleure. L'acte de la génération , qu'on appelle la monte ^ se fait , dans les haras , en liberté ou à la main. Dans la première , l'étalon est lâché dans le parc avec les jumens , et il les saillit aussi souvent qu'il veut ; on retire les jumens à mesure qu'elles cessent d'être en chaleur. Cette méthode, qui est la naturelle et la plus certaine pour la fécondité, a quelques inconvéniens, principalement pour l'étalon qui s'épuise inutilement. On peut les prévenir en mettant l'étalon dans un enclos, et en lui lâchant succes- sivement les jumens qu'on veut qu'il couvre. En lui en don- nant ainsi deux par jour, qu'on lui feroil successivement re- passer si elles n'avoient pas d'abord conçu, on rempliroit parfaitement le but. Aussi est-ce la méthode qui doit être préférée. Dans la monte à lamain ongarrotte la jument par la tête et par les pieds, on l'attache entre deux pieux de manière qu'elle ne peut se remuer. On amène l'étalon. On conduit enfin tous ses mouvemens, comme si la nature ne savoit pas le guider dans cette grande opération à laquelle elle incite tous les ani- maux. On a prescrit de jeter, après la monte, de l'eau froide sur la jument ; de la faire trotter, de la frotter avec de la paille , l'tc. ; tous procédés aussi ridicules les uns que les autres. 11 faut, au contraire, larenlrer dans l'écurie, et l'y laisser trau- YI. 'A. 370 C H E quille au moins pendant quelqucsheures, pour que la concep- tion ne soit point troublée. Les écrivains ont fixé de vingt à trente le nombre des ju— mens qu'on pouvoit donner par monte à chaque étalon : mais ce nombre doit être subordonné à l'âge de l'étalon, à la nature de sa race, ou au service qu'on se propose d'en tirer. On sent en effet, qu'un cheval, jeune ou vieux, doit être plus ménagé qu'un dans la force de l'âge ; qu'un cheval fin demande des précautions supérieures à celles d'un cheval de trait de peu de valeur. Le premier signe qui annonce que la jument a conçu ou qu'elle est pleine , c'est la cessation de la chaleur. Ceux qui lui succèdent sont l'amplitude du ventre , qui descend en même temps que la partie supérieure du flanc se creuse. Le moyen de s'assurer de la présence du poulain avant le sixième mois, c'est d'introduire la main et le bras, bien huilés, dans le fondement de la mère , et de tâter si la ma- trice est pleine ou non. La durée de la gestation n'est pas plus certaine dans la ju- ment que dans les femelles des autres animaux. Elle porte cependant assez généralement son poulain un an ; c'est-à- dire, qu'elle met ordinairement bas dans le douzième mois ou au commencement du treizième. L'étal de plénitude ou de grossesse ne s'oppose point au travail des jumens, il est même utile de les occuper; mais on doit les ménager, les bien soigner et les bien nourrir. Les jumens pleines doivent être placées plus au large dans les écuries. 11 est même prudent de supprimer les barres. Un travail forcé ou trop fatigant , des coups sur les reins, sur le ventre, des heurts de brancards ou de li- mons, ou contre des portes d'écu^ie, une boisson trop fraîche, etc. , produisent quelquefois l'avorlement. Les ju- mens d'un tempérament lâche et mou, celles qui ne font que peu ou point d'exercice , y sont plus exposées que les autres. Il est dçs jumens pour qui l'avortement est sans consé- quence ; mais il en est aussi pour qui il est une véritable maladie. Lorsqu'il est difficile, il faut aider avec la main la sortie du fœtus et de ses membranes, et fortifier la mère par une ou deux bouteilles de vin ou de bière. Lorsqu'il est accompagné de pulridité, on doit, après qu'il est ter- miné, faire, dans la vulve, des injections avec une infu- sion de plantes aromatiques , aiguisée d'un peu d'eau- de-vie ou de vinaigre. Enfin, lorsqu'il est suivi d'une pro- C H E 3., tluction de lait, il faudra traire la jument pendant quelque temps. L'accouchement ou la mise-bas des jumens esl presque toujours sans accident. L'époque de son arrivée s'annonce non-seulement par le ventre qui tombe entièremcm et par l'amplitude des mamelles, mais encore par rengorc;enient des jan>bes de derrière, par la diflicullé de marcher, par l'agitation continuelle, par le gonflement de la vulve, par l'écoulement d'une humeur séreuse rougeâlre , etc. Alors la jument doit être laissée libre dans une écurie assez grande, garnie' d'une litière épaisse et sèche , et bien se garder de lui donner des breuvages et des alimens inusités. Tout au plus, si elle est constipée, se permettra-t-on de lui donner un ou deux lavemens d'eau tiède , ou de lui retirer les excrémens avec la main huilée. La jument pouline debout ou couchée , et n'a besoin du secours de 1 homme \n danslun ni dans l'autre cas. Le cor- don ombilical se rompt ordinairement lors de la sortie du poulain , si la jument est debout, ou lorsqu'elle se relève , si elle est couchée. La secousse que celte rupture occasione , facilite la sortie de larrlère-faix ou d«i délivre. Si la rupture n'a pas lieu naturellement, la jument mâche le cordon et le coupe. Elle mange aussi, à l'exemple des fe- melles des autres animaux, le délivre. Il suffit, après la mise bas , de bouchonner, de couvrir la jument , et de lui donner quelques seaux d'eau blanche dé- gourdie ; si elle paroît fatiguée, on lui donnera une ou deux bouteilles de vin ou de bière. 11 est important de ne pas la tourmenter. On doit la laisser seule et tranquille. La jument qui a mis bas doit élre bien nourrie, et elle peut recommencera travailler au bout de huit jours , et même plus tôt , sans inconvénient. Aussitôt que le poulain est né , sa mère le lèche , pour le débarrasser d'une espèce de crasse visqueuse qui l'encroûte pour ainsi dire. Il essaie d'abord de se mettre sur ses pieds il a quelquefois de la peine à réussir, cependant ordinaire- ment il y parvient pour peu qu'on l'aide. Il cherche aussitôt la mamelle de la mère. On peut encore l'aider dans cette recherche ; et il est bon, lorsque c'est un premier né, de tenir la mère , qui est plus ou moins affectée douloureusement de la première succion. C'est un préjugé que de ne pas laisser téter au poulain le premier lait, qui est séreux et destiné à purger le mécoTiium, S'il paroît foible et ne tette pas, on peut lui donner un peu de vin et d'eau dégourdis, ou traire la mère, et lui faire avaler le lait. C'est le meilleur de tous les remèdes. Il faut d'ailleurs 3;. C H E le tenir chaudement auprès de sa mère , et ne le point tour- menter. Le poulain peut suivre sa mère quelques jonrs après sa nais- sance , soit au pâturage , soit au travail, 11 tette chaque fois qu'elle s'arrête ; mais quoique souvent on en ait vu faire plu- sieurs centaines de lieues de suite, à six lieues par jour, sans inconvéniens, on sent qu il est bon qu'il ne marche qu'à pro- portion de ses forces. On doit donc éviter de longues traites, et surtout des traites rapides à la mère. Si quelque accident empêche la jument de nourrir son poulain, on peut l'élever sans téter, avec du lait de jument , de vache ou de chèvre. On l'habitue aisément à boire seul. Il suffit , comme au veau, de lui mettre le doigt , ou un chiffon trempé , dans la bouche. La jument qui allaite et qui travaille, doit être bien nourrie. L'économie , dans ce cas , est une véritable perle. Le lait doit être abondant, et il ne peut l'être qu'autant qu'une nourri- tui'e abondante en fournil les élf^mens. A deux meis, le poulain commence à manger des alimens solides, soit à la prairie , soit à Técurie. Dans ce dernier cas, le fourrage qu'on donne à la mère , et dans lequel le petit s'amuse à chercher quelques brins , doit être Im et délicat autant que possible. On sèvre ordinairement les poulains à six ou sept mois; et pour cela, on les séquestre peu à peu de leur mère, en aug- mentant leur nourriture. Le poulain sevré à l'herbe , n'a besoin d'aucun change^ ment dans sa nourriture. Celui sevré à l'écurie, et qui n'est pas encore accoutumé au grain, exige quelques ménagemens. 11 ne faut pas d'abord lui donner l'avoine ou l'orge entières, mais concassées. Il sera bon aussi de lui faire boire de l'eau blanche, etc. Le son-est une mauvaise nourriture pour les poulains ; en conséquence, on abandonnera aux cochons ou aux volailles celui qui a servi à faire de l'eau blanche. Les poulains élevés à l'écurie ne doivent pas séjourner sur le fumier, sous le prétexte qu'ayant encore les pieds tendres, ils seroient fatigués sur le pavé. Celte mauvaise méthode, qui est suivie dans beaucoup d'endroits, est peut-être la seule cause de la mauvaise construction des pieds de beaucoup de chevaux. 11 faut les accoutumer de bonne heure , non à être étrillés et bouchonnés , leur peau trop tendre souffriroit de ces opérations , mais à être brossés au moins tous les deux jours. On ne mettra ensemble, autant qu'il sera possible, dans les pâturages, que des poulains de même âge. On les sépare i a C H E 373 dès qu'on s^ipercevra qu'ils sentent leur sexe. Alors on les attachera ; mais pour les y accoutumer, on leur melira, quel- ques jours auparavant , le licol seul et sans longe. Ils exigent d'être surveillés dans les premiers temps qu'ils sont attachés , parce qu'ils se tourmentent beaucoup , et qu'ils peuvent se tuer ou s'estropier par suite des efforts qu'ils font pour se mettre en liberté. Plusieurs auteurs recommandent de saigner , purger, mé- dicamenter les poulains et leurs mères lorsqu'ils quittent les pâluragcs pour rentrer à l'écurie ; mais toutes ces précautions sonl dangereuses , la nature est le meilleur médecin ; une bonne nourriture et un exercice modéré est ce qui leur con- vient le mieux. De rage auquel Vanimal doit travailler. — L'âge auquel on doit assujettir un cheval au travail , ne peut être fixé d'une manière absolue, parce que cela dépend de la race , du cli- mat et du genre de service. En principe général , il ne faut, pas les faire travailler trop jeunes. L'époque de la cessation de la croissance est assez généralement celle qui doit servir de terme moyen ; mais on gagne toujours à ne la pas devan- cer; les chevaux en seront plus forts, de meilleur service , et dureront plus long-temps. Il est de fait que c'est principa- lement parce que l'on a trop suivi la méthode contraire en France , que l'on en voit chaque jour diminuer le nombre et altérer la valeur intrinsèque. Un bon agronome ne cherchera donc jamais à mettre au travail , avant trois ou quatre ans, les poulains de race commune , et avant cinq ou six ans ceux de race fine. Il les accoutumera lentement au service pour lequel il les destine, de manière à ne pas les rebuter, comme cela arrive souvent lorsque de l'extrême liberté on les fait passer subitement à un travail forcé et à l'excès des mauvais traitemens. En conséquence, les chevaux de selle porteront d'abord de temps en temps une selle légère , puis on leur mettra un bridon. On les habituera à se laisser toucher toutes les parties du corps sans fuir , surtout à lever les jambes en arrière lorsqu'on les prendra à la main. A trois ou quatre ans on commencera à les monter quelquefois, d'abord sans les faire marcher , ensuite en leur faisant faire quelques pas. 'J'oujours il faudra s'arrêter dès qu'on s'apercevra qu'ils s'im- patientent, et les bien caresser lorsqu'on les approchera ou lorsqu'on les quittera. Moyens d'instruire les Chevaux. — Le cheval qui, par sa gran- deur, sa force et sa fierté , paroit devoir être indorri^table , est à peine accoutumé au mors et au harnois , qu'il se prête à tout ce qu'on exige de lui. Il fléchit sous la main qui le gouverne, ne se refuse à rien, se sert de toutes ses forces. £7.' C H E s'excède même souvent, et meurt pour mieux obéir. C'est .surtout au manège qu'il montre son admirable docilité. On trouve dans Elien et dans Pline , que toute la cavalerie des Sibarites étoit dressée à danser au son d une symphonie. Les Perses apprenoient aux leurs à s'accroupir lorsque le ca- valier vouloit les monter. Quelques chevaux turcs, sur l'ordre de leurs maîtres , prennent à terre, avec les dents, une mas- sue, une houssine , un sabre , el le leur présentent. Les Nu- mides couroient à nu sur les leurs , et en éloient obéis comme nous le sommes par ijos chiens. Nous avons vu des Cosaques en conduire avec un simple licou , sans bride ni Lridon , sans rien qui leur passât dans la bouche ; enfin ,. aujourd'hui , ne voyons-nous pas des chevaux dressés à faire toutes les choses qui viennent d'être rapportées , et beau- coup d'autres encore plus incroyables ? et il n'est personne , «fans les diverses capitales de T Europe, qui n'ait pu apprécier par lui-même l'intelligence de ceuxd'Astley et de Franconi. Mais ce n'est pas sans peine et sans efforts qu on y par- vient ; il est des chevaux d'un caractère intraitable , et qui exigent des précautions infinies ; les caresses d'un côté , la privation du sommeil et de nourriture de l'autre, du pain et du sucre , sont en général les moyens de les sou- mettre , surtout pour les chevaux presque sauvages qui n'ont point été habitués dans leur jeunesse à l'homme , et à con- poître sa puissance. Les chevaux communs que nous élevons pour les labours el les charrois , ne sont pas très-difficiles à dresser pour leur emploi. Ces travaux, quand ils sont sagement dispensés, ne pouvant pas nuire aux jeunes animaux et aux forces qu'ils doivent acquérir avec l'âge , on les y soumet de très- bonne heure, auparavant, pour ainsi dire, qu'ils aient la connoissancc de toutes leurs forces , et qu'ils puissent les employer dans des défenses dangereuses ; ils s'y accoutument ainsi insensiblement, et quand ils sont parvenus à l'âge où ils ont toutes leurs forces , ils ne font pas difficulté de les employer à des travaux accoutumés. D'ailleurs , ces ani- maux , par leur genre de service , ne mettant point en danger la vie de l'homme , il n'exige pas d'eux la réunion de toutes les connoissances et de toutes les qualités qu il de- mande aux chevaux destinés au service de la selle. Les chevaux d'attelage exigent un peu plus de soin ; mais comme leur genre de service est à peu près le même que celui des chevaux de trait , et que , dès leur jeunesse , ils y sont également habitués , leur éducation est fort facile ; il n'y a que les vieux chevaux qui ont toujours été au service de la selle qui exigent quelques soins ; encore avec un peu de pa- C II E 375 tience et de bons traitemens , en vient-on à bout: mais ce n'est quelquefois pas sans beaucoup de peines ; quelques che- vaux même s'y refusent constannnent. Le cheval que l'on destine au service de la selle, demande beaucoup plus de soins pom- son instruction que ceux dont nous venons de parler. Comme ce service exige un grand concours de forces , et que Ton ne peut pas y soumettre de bonne heure les animaux , sans les fatiguer beaucoup , sans iijire au développement de ces mêmes forces , on est obligé d'attendre que l'animal ait toutes celles qu'il doit avoir; par cette raison, il est plus long-temps sans être soumis à la puis- sance de l'homme ; il a beaucoup plus de forces pour se dé- fendre , et son éducation exige beaucoup plus de soins , et des soins bien mieux enlendus. Cet art demande beaucoup plus d'études que l'on ne pense , et le peu de chevaux agréa- bles à manier que l'on rencontre , est bien une preuve suffi- sanie de ce que j'avance. L'art de dresser un cheval consiste à lui faire compren- dre ce que l'homme lui commande , et ensuite à le rendre obéissant à tous ces commandemens. L'animal , pour être regardé comme bien dressé , doit donc , pour ainsi dire , être toujours aux écoutes de ce que veut le cavalier , et l'exécuter aussitôt le commandement. Je vais donner aussi brièvement que possible , la méthode que je crois la plus avantageuse pour faire parvenir le cheval à ce degré d'obéissance. On habitue d'abord le cheval à souffrir la selle , la bride , le bridon , à se laisser facilement approcher par l'homme , à ne pas le craindre , etc. Tout cela est l'affaire de fort peu de temps, quand on emploie les caresses et les bons traijemens; comme les chevaux de selle , ceux de race , j'entends , ne doivent commencer à être montés qu'à Tâge de cinq ans , si Ton veut en jouir long-temps , on a tout le temps néces- saire pour les accoutumer à tout cela ensuite. Premières leçons; exercice à la longe. — On passe un bridon dans la bouche du jeune cheval ; on lui pose un caveçon par-dessus ; on y attache une longe assez longue , et l'on fait exercer le che- val autour de soi. Cet exercice se fait dans un manège ou dans une plaine ; mais le manège vaut beaucoup mieux: l'animal ne peut point s'y défendre «omme dans une plaine , ni s'é- chapper de la main de la personne qui le tient. \ oici les avantages qui résultent de cet exercice. L'animal a toujours la tête tournée du côté de la personne qui le guide , et la voit toujours , et il s'habitue à ne s'occuper que d'elle seule, à suivre tous ses mouvemens , et à lui obéir au moindre signe de la voix ou de la main armée de la chambrière. De 376 C II E plus , l'animal obligé d'aller toujours en rond , altornalîvc- ment , sur chaque côlé , et autant sur l'un que sur l'autre , acquiert plus de souplesse, plus de facilité à tourner, plus de grâce , plus d'aisance dans ses allures , et par suite plus d'assurance et plus d'aplomb. Quand le cheval commence , qu'il ne sait pas encore ce qu'on lui demande , craignez de le frapper; les mauvais trailemens le rebutent , et souvent le gâtent pour toujours ; laissez-lui passer son premier feu , en le faisant tourner d'abord à la main , et ensuite éloignez-vous successivement de plus en plus de lui, en ayant soin de pré- venir, autant que possible, les écarts qu'il voudroit tenter de faire , par une légère secousse de la corde du caveçon. Le grand art de l'homme de cheval ne consiste pas tant à corriger l'animal des fautes qu'il fait, qu'à prévenir ces mêmes fautes, en lui ôtant tous les moyens d'en commettre : a-t-il bien trotté, ou marché , ou même galopé? arrêtez-le, faites- le venir au milieu du cercle , flattez-le , donnez-lui un peu de pain ou de sucre , et recommencez à le ûure tourner de l'autre côté ; accoutumez-le petit à petit à prendre telle ou telle allure que vous désirerez. S'il va le galop ou le trot , et que vous vouliez qu'il n'aille que le trot ou le pas , en se- couant la corde du caveçon , vous ralentirez sa marche , et le ferez changer de pas. Aussitôt qu'il a obéi , lors même que vous voyez qu'il va obéir, cessez , et sitôt qu'il a fait quelques pas à celte nouvelle allure , arrêtez-le et caressez-le ; s'il va trop doucement , montrez-lui la chambrière , et souvent un mouvement seulement de la main qui le porte , ou un léger appel de la bouche , suffit pour le faire partir du pas au trot et du trot au galop. Les premières leçons doivent être très-courtes, et l'on doit les prolonger à mesure que le cheval entend mieux ce qu'on lui demande : une caresse à propos fait plus d'effet que tous les châtimens ; le cheval ne fait pas ce qu'on lui demande ^ ou parce qu'il ne le comprend pas , ou parce qu'il ne le peut pas; et dans l'un et l'autre cas , le châtiment ne lui ap- prend rien. Aussitôt qu'il commence à entendre ce que vous lui deman- dez, mettez-lui la selle , et successivement un brldon, un dou- ble bridon , et enfin 1-a bride armée d'un mors très-doux. Leçons des piliers. — Votre cheval est-il bien docile aux leçons de la longe ; ses épaules et ses hanches ^nt-elles bien assouplies; ses allures sont-elles libres et franches dans un cercle raccourci ; s'embarque-t-il franchement du pas au trot, et du trot au galop , et repasse-l-il bien du galop au trot, et du trot au pas ? vous avez déjà fait beaucoup : vous avez gagné une obéissance prompte el facile ; il s'agit main- C H E 3^7 Icnatit d'exiger un peu plus de ranimai. Quand ce premier exercice est fini , on l'attache tout sellé et bridé entre les deux piliers , pris par les deux longes du caveçon. En se plaçant derrière , on lui apprend avec la houssine à fuir ces coups , en le faisant marcher tout doucement d'un côté , puis d'un autre. Il faut aller, dans celte opération, le plus dou- cement possible : le cheval , dans ce cas , ne pouvant ni re- culer , ni avancer , peut facilement prendre de l'humeur , et c'est ce qu'il faut éviter; quand il commence à comprendre ce que l'on veut de lui , alors on lui donne un peu plus de liberté dans les piliers , afin qu'il puisse agir plus fran- chement. Pendant ces leçons , on ne doit pas négliger celles de la longe , et il faut les continuer ensemble , jusqu'à une par- faite connoissance de la part du cheval, de tout ce que l'on exige de lui ; ce qui n'est l'affaire que de quelques jours, quand on s'y prend sagement. Leçons à la longe, aoec unhomme en selle. — Arrivé à celle époque , il ne faut plus faire difficulté de mettre un homme en selle ; mais il faut choisir une personne sage et solide à cheval , afin que l'animal n'en soit pas tourmenté , s'il lui arrive de se défendre ; ce cavalier ne doit pour cela avoir ni éperon, ni bride ; un double bridon ou un simple bridon même suffit : encore le cavalier ne doit-il pas s'en servir, auparavant que le cheval ne soit bien persuadé que celui qui est dessus ne lui veut aucun mal , et qu'il s'en laisse facile- ment approcher et monter. C'est alors que le cavalier commencera à se servir du bridon. Il raccourcira doucement les rênes , afin que le che- val s'accoutume peu à peu à sentir la main , et à s'y laisser conduire. Mais il faut que le cavalier prenne bien garde d'in- commoder l'animal , surtout lorsqu'il se servira de la bride. Il doit agir avec beaucoup de prudence et de discernement , suivant le plus ou moins de sensibilité de l'animal ; puis selon l'obéissance qu'il marquera , il le caressera , le flattera, et le renverra à l'écurie. Toutes espèces de leçons , dans les commencemens , doi- vent être courtes , et suivies d^ quelques friandises : il ne faut pas rebuter les chevaux ; ils ne comprennent plus ce qu'on leurdemande, si on les châtie alors mal à propos, et ils per- dent une partie de l'assurance qu'ils doivent avoir, deviennent craintifs, etc. Quand le cheval souffre la main ; quand il prend un appui ferme et léger, et se laisse conduire facilement au gré du cavalier ; quand celui-ci l'embarque franchement au trot , 3^8 C H K au galop , et qu'il le remet facilement à l'allure qu'il vent , il est à propos qu'il cherche à le faire obéir à la pression du gras des jambes , et à le faire ranger ainsi d'un côté ou d'un autre. S'il s'y présente facilement , il le lui fera sentir par les caresses , et l'entretiendra dans cette cadence de temps en temps , pour l'y habituer peu à peu. Leçons entre les piliers avec un homme en selle. — Si le cheval ne comprend pas ce qu'on lui demande , il faut le remettre dans les piliers; et en même temps que le cava- lier lui approche la jambe d'un côJé, il lui fait légèrement sentir la houssine de ce côté; s'il en est même besoin» l'homme qui tient la chambrière peut l'aider en même temps de cet instrument : au moyen de ces leçons, l'animal s'habi- tuera vite h obéir à la pression du gras de l'une et de l'autre jambe, et en mâme lemps à fuir la gaule avec promptitude et facilité. Ces leçons doivent être continuées jusqu'à ce que le cheval y obéisse, pour ainsi dire, sans s'en douter. Leçons pour apprendre à obéir aux talons. — C'est alors que pour l'embarquer au galop on lui fait sentir pour la première fois les talons. Si cette nouveauté l'oblige de se défendre , il ne faut pas redoubler des éperons, mais bien lui faire peur de la chambrière. \ oici ce qu'il faut faire : On laisse le cheval se remettre , et en cheminant au pas, au moment où le cavalier fera un appui ferme de la main et lui fera sentir les éperons pour l'embarquer au galop , un mouvement de la chambrière , ou même un léger coup , le forcera à partir auparavant qu'il ail fait une défense. Si on pratique cette leçon avec intelligence, le cheval connoîtra bientôt qu'il faut qu'il parte à la pression des talons , et il le fera franchement : le plus souvent même il n'attendra pas que les éperons le touchent , quand il se sentira serrer entre les deux gras des jambes, en répétant celle leçon de lemps on temps et approchant alternativement l'un ou l'autre talon , et en même temps la gaule du même côlé , il s'accoutumera peu à peu à obéir et à se ra/iger d'un côté où d'un autre , selon qu'il se sentira serrer à droite ou à gauche. Bientôt même il fuira les talons avec liberté et grâce, lorsqu'en lui approchant le lahui d'un côlé , on lui tiendra la tête ferme et un peu tournée de l'autre côté. Il ne faut jamais serrer brusquement les talons à un cheval : on approche graduelle- ment la jambe , et le plus ordinairement un cheval bien dressé obéit auparavant d'avoir senti l'éperon: si l'on agit différemment, le cheval perd sa finesse et n'obéit plus. Les éperons sont un châtiment dont il faut être le plus avare pos- sible, qu'il faut ménager pour le retrouver au besoin ; en i;énéral, l'animal qui obéit par douceur, obéit mieux et avec C HE 379 beaucoup plus de grâce", que celui qui n'obéît que par crainte et par châtiment. Quand le cheval est parvenu à ce point, on le fait monter dans un manège ou dans un enclos en liberté , et à chaque leçon, le cavalier doit exiger de lui tout ce qu'il sait faire; et s'il se refuse à quelque chose, il doit recommencer les leçons que nous venons d'indiquer, jusqu'à ce que l'animal n'en ait plus aucun besoin. La meilleure méthode, à ce que je pense, de dresser les chevaux de selle, est celle que jeviensd'indiquer; c'està l'hom- me instruit à en faire un sage et prudent usage; ilparviendra sans danger pour sa vie , sans risque de tarer en aucune manière l'animal, à dresser les plus sauvages au service le plus agréable qu'ils puissent rendre à l'homme : c'est encore à lui , dès les premières leçons , à juger ce que peut faire l'animal qui lui estconfié,et à n'en exiger que ce qu'il peut en attendre. L'art du manège s'étend beaucoup plus loin ; il exige , des animaux, l'emploi de toutes leurs forces pour différens exer- cices dans lesquels on voit leur vigueur et leur obéissance dans tout leur jour, et l'adresse du cavalier dans tout son éclat; mais cet article est déjà long; nous avons indiqué tout ce qu'il est indispensable d'apprendre à un cheval de selle , pour en faire un animal utile et même agréable , nous nous arrêterons là. Soins que fort doit avoir des chevaux. — On a déjà vu les soins que quelques peuples ont de leurs chevaux, et on les a sans doule trouvés exagérés; mais si on peut en blâmer l'ex- cès , il ne faut pas croire pour cela que ce^s, animaux doivent être abandonnés à la nature, lorsque nous exigeons d'eux un genre de vie et des travaux auxquels elle ne les a pas as- treints. L'homme civilisé a besoin que ses chevaux soient constam- ment auprès de lui ; ainsi il ne peut que rarement les laisser en liberté paître dans les champs et dans les bois. Il a donc fallu qu'il les logeât dans des enceintes, ou même dans des bâtimens où il pût les prendre à chaque instant , et où ils fussent en sûreté ; il a donc fallu qu'il se chargeât de les nour- rir et de les servir pendant toute l'année. La plupart des peuples de l'Europe les placent dans des bâtimens construits exprès pour eux, bâtimens qu'on appelle écuries en français. La position et la construction d'une écurie ne dépendent pas toujours du propiiélaiie, surtout dans les villes; mais lorsqu'il y a possibilité de choisir il est bon de faire atten- tion aux considérations propres à assurer la santé des chevaux. Il n'est personne qui ne sente qu'un air humide , froid, et 33o C H E jamais renouvela; le voisinage d'eaux croupissantes ou de ma- tières en décomposition ; une disposition intérieure non cal- culée sur le nombre et les besoins journaliers des chevaux, ne soient des circonstances défavorables. On doit donc cher- cher à bâtir son écurie sur un sol élevé et sec , l'orienter à l'est, la percer d'un assez grand nombre de fenêtres, opposées aux têtes des chevaux, pour que l'air y circule librement. Sa largeur dépendra du nombre de chevaux qu'elle doit conte- nir, et sa hauteur lui sera proportionnée, mais ni trop grande, ni trop petite. Les voûtes sont préférables aux planchers y parce qu'elles entretiennent une température plus égale, et que d'ailleurs elles craignent moins le feu. Le sol peut être pavé, ou simplement battu. Ce dernier moyen, qui est le moins coûteux, est encore le meilleur, lorsqu'on a de bons matériaux à sa disposition, et qu'on a soin de surveiller les réparations. On met ou un seul ou deux rangs de chevaux dans la même écurie. Dans ce dernier cas , il faut qu'elle soit d'une largeur telle que les deux chevaux opposés ne puissent pas se donner de coups de pied , ni à l'homme qui passe derrière eux. Dans l'un et l'autre cas , les murs vis-à-vis desquels sont tournées les têtes des chevaux, seront meublés d'une auge et d'un râtelier, c'est-à-dire, d'un canal en bois ou en pierre , d'environ un pied de large et de profondeur, élevé d'un peu plus de trois pieds, dans lequel on met l'avoine et les autres graines dont se nourrit le cheval, et d'une espèce de grille ou d'échelle de deux pieds de hauteur, dont les fuseaux dis- tans de trois à quatre pouces , tournent dans les trous qui les contiennent, afin que le fourrage que cts râteliers sont destinés à supporter, puisse en être tiré sans efforts par les che- vaux. 11 est bon de disposer ces râteliers de manière que la poussière de ce foin tombe hors de l'auge et loin de la tête du cheval, afin d'éviter les graves inconvéniens qui sont la suite de la construction contraire, malheureusement presque par- tout en usage. Chaque cheval doit être séparé de ses voisins par des barres ou des cloisons, afin qu'il jouisse de tout l'espace nécessaire à ses mouvemens et au besoin qu'il a de se coucher, sans être dans la nécessité de se battre avec eux; ces séparations auront, au moins , quatre pieds de large. Les barres qui les forment sont de gros morceaux de bois bien ronds et bien unis , atta- chés par une courroie à trois pieds de terre, d'un coté au bord de l'auge , et de l'autre à une console ou pieu également rond , de quatre à cinq pieds de haut , solidement enfoncé dans le sol. Ouantanx cloisons, elles sont faites de planches très-épaisses , solidement fixées^ soit dans le sol , soll à des C H E 3g, colonnes qui y sont implantées; leur bord supérieur doit être bien arrondi, et leur hauteur moyenne de trois pieds ; on dit moyenne, parce que quelquefois on élève davantage l'extrémité qui pose sur Tauge , afin que les chevaux ne puis- sent se mordre , ou même se disputer le foin. Ces cloisons doivent être plus espacées que les barres ; la règle générale à cet égard, est qu'elles doivent avoir en largeur un peu plus que la hauteur du cheval, pour qu'il puisse s'y coucher à l'aise. Depuis quelque temps, dans les écuries à double rang, ou place les chevaux tête contre tête , c'est-à-dire qu'on établit une cloison longitudinale en planches , contre laquelle sont fixés l'auge , le râtelier et les cloisons de séparation. Cette méthode , qui nuit un peu au coup d'œii , a l'avantage de permettre de pratiquer un plus grand nombre de jours sans fatiguer la vue des chevaux , et de fournir les moyens de ranger, à des crochets insérés dans les murs, les harnois et autres objets de service. Il est bon qu'il y ait, si cela est possible, en dehors, peu loin de la porte de l'écurie, une ou plusieurs auges de pierre, dans lesquelles on puisse faire boire les chevaux eA puiser l'eau nécessaire pour les laver, lorsqu'on n'a pas uu^ rivière ou un étang à sa portée ; et , à la plus grande dislance pos- sible, un trou où l'on puisse déposer les fumiers. Les écuries doivent être tenues dans un état constant de Tropreté : en conséquence, tous les jours on leur donnera de air, on les garnira de litière nouvelle , on les débarrassera de celle de la veille , on balayera les endroits de pas- sage, etc. , etc. C'est par suite de préjugés, repoussés au- jourd'hui par les hommes éclairés, qu'on a long-temps cru qu'il falloit laisser pourir la litière sous les chevaux , se gar- der de détruire les araignées, etc., etc. Mais des écuries bien saines ne suffisent pas encore pour conserver les chevaux en santé, il faut aussi les entretenir eux-mêmes en état de propreté : c'est l'objet de ce qu'où appelle le pansement à la main. Les instrumens nécessairesàcette opération , sont l'étrille, la brosse , l'ép^ssette , l'éponge, le peigne , le bouchon de paille, le cure-pied , les pinces à poil, le couteau de chaleur, les ciseaux, etc. Les quatre premiers de ces instrumens sont successivement employés pour débarrasser la peau du cheval de la crasse , qui est le résultat de la transpiration insensible, ou qu'il a ramassée dans le travail ou sur le sol de l'écurie : cette opération est aussi avantageuse à la santé qu'à la beauté de l'animal. Ensuite, avec l'éponge, on lave ses pieds, sa tête et ses çrin^î avec le peigne on les démêle ; la cure-pied sert 38 C H E à ôtcr toutes les iiiimondlces qui se sont accumulées entre le fer ou le pied, ou dans la cavité de la fourchette ; les pinces à poils s'emploient pour arracher tous les poils qui dépas- sent les aulres , surtout aux pieds et à la tête ; le couteau de chaleur, à abattre la sueur au retour d'une course ; les ci- seaux, à leur couper le poil des oreilles , du paturon, etc. , ainsi que le crin de la crinière et de la queue , lorsqu'il de- vient trop grand. Toutes les fois que les chevaux rentrent après le travail, oiï doit leur enlever la boue dont ils sont chargés. Les bains de rivière sont toujours excellens, à moins que ces animaux ne soient en sueur, et on ne doit pas les leur épargner lorsqu'on .est à portée ; mais il faut avoir soin de leur abattre Teau à leur retour, et de les bien bouchonner. Les soins qu'exige le cheval en voyage, sont en grand nombre; cependant on ne doit pas les négliger. Il est bon de le metire en train plusieurs jours à l'avance, en lui faisant faire de p^-lites promenades; de n'exiger d'abord que de courtes journées, et pendant lesquelles on ne lui prodiguera pas la nourriture. Si on fait sa journée tout d'une traite , ce qui est préférable, on la commence en été de bonne heure, et en hiver un peu tard , pour qu'il ne soit pas affecté par la trop grande chaleur ou par le froid du matin. A mesure qu'on approche du lieu où on projette de s'arrêter, il faut diminuer la vitesse de son allure, pour qu'il ne soit pas, en arrivant , saisi d'un refroidissement subit. Dans beaucoup d'endroits, les garçons d'auberge ont soin, aussitôt qu'un cheval leur a été remis, de le faire promener jusqu'à ce (jue sa grande chaleur soit apaisée; ensuite ils le dessellent , abattent la sueur avec le couieau, le bouchonnent, le cou- vrent d'une couverture, lui lavent les jambes avec de l'eau fraîche, les sèchent bien ; ensuite, en le frottant avec de la paille, ils lui soufflent quelques gorgées de vin dans les na- seaux. Cette pratique est excellente, et contraste beaucoup avec celle qu'on emploie le plus communément , et qui ne fend qu'à répercuter les humeurs et occasioner de graves maladies. Après que le cheval s'est reposé une heure et plus , on lui donne le foin ; ensuite on le fait boire , et on lui donne l'avoine. Il n'est pas nécessaire de dire qu'on doit rigoureu- sement Inspecter et la quantité et la qualité des alimens. Le soir, il faut que le cheval soit attaché de manière qu'il puisse se .coucher aisément. Le mors de la bride doit être lavé chaque fois, afm d'ôter la fétidité qu'occasione le séjour de la salive. On est divisé sur la qucstioa de savoir s'il vaut mieux lais- G H E 383 scr boirç le cheval sur le chemin , que d'attendre qu'il soit arrivé à l'écurie ; mais il semble que la masse des raisons pour ou contre , doit engager à ne le faire boire qu'après qu'il a mangé. Enfin, le repos, la bonne nourriture, la litière fraîche, l'extraction des deux clous postérieurs de la ferrure , la terre glaise appliquée deux fois par jour sur la sole , de fréquentes lotions d'eau fraîche acidulée sur les jambes, de l'eau blanchie avec la farine au lieu d'avoine , quelques lavemens d'eau simple , légèrement dégourdie , sont les moyens de rétablir promplement un cheval fatigué d'une trop longue course. Nourriture. — Le cheval est essentiellement herbivore ; mais il est plus difficile sur le choix de sa nourriture que les autres aniq^aux domestiques qui le sont également. Dans les prairies , il rejette beaucoup de plantes dont le bœuf se contente. Linno-us a trouvé qu'en Suède il en mange deux cent soixante-deux espèces , et en rejette deux cent douze. Il est probable qu'en France la même proportion a lieu; mais il n'a pas été fait d'observations constantes à cet égard. En général, ce sont les plantes des plaines que le cheval préfère ; il maigrit, et quelquefois même périt en peu de temps dans les pâturages marécageux. L'herbe verte suffit au cheval qui n'est point condamné à des travaux pénibles ; mais elle ne nourrit pas assez celui qui y est obligé : ce dernier demande une nourriture plus substantielle sous un plus petit volume ; c'est ce qu'il trouve dans les diverses espèces de graines qu'on est dans l'usage de lui donner. Le cheval nourri à l'écurie, mange presque exclusivement du fourrage sec, c'est-à-dire du foin ou de la paille; mais il est bon , au printemps surtout, de le mellre quelque temps au vert, soit en l'envoyant à la pâture , soit en lui fournis- sant de l'herbe nouvellement coupée. On trouvera au mot Foin, les qualités qu'on doit désirer dans cette espèce d'aliment. Outre les prairies naturelles, qui sont formées du mélange d'jine grande quantité d'espèces d'herbes, surtout de grami- nées , il y a encore les prairies artificielles qui n'en con- tiennent qu'une ou deux espèces. C'est ici le cas de consi- dérer particulièrement les effets des plantes qu'on y cultive le plus généralement. Donnée en vert, sans mélange, sans discrétion, avant i'épa plus ge La Lu ZERNE {Voyez ce mot) est une des principales. nouissement des (leurs, elle occasione souvent des tranchées, des indigestions, des méléorisations, etc. Le mélange qu'on 384 C H E fait (le cette plante avec de la paille , ne fait que diminuer ces accidens lorsqu'on n'en règle pas la quantité. 11 faut donc habituer petit à petit les chevaux à cette nourriture , qu'ils aiment avec fureur, et ne jamais outre-passer la dose de vingt-quatre livres par jour : il en est de même de ce fourrage donné après sa dessiccation; il produit des effets funestes lors- qu'on le donne en trop grande abondance. On a observé que trente livres suffisent pour le plus fort cheval de travail pen- dant vingt-quatre heures. Le Sainfoin ( Foyez ce mot) n'est pas d'un usage aussi périlleux que la luzerne ; mais il est bon de le mélanger avec des pailles, et de ne le donner, soit en verd, soit en sec, qu'à des animaux qui travaillent. C'est un aliment très-nourris- sant , très-appélissant et très-échauffant. ♦ Les diverses espèces de Trèfles ( Voye'z ce mot. ) pro- duisent à peu près les mêmes effets que la luzerne ; le cheval en est si friand , qu'il en mange toujours avec excès quand il est libre. Cette plante, dont l'usage modéré le rafraîchit lorsqu'elle est verte, et l'engraisse lorsqu'elle est sèche, doit lui être ménagée , et toujours donnée mélangée ; elle con- vient surtout aux jumens poulinières dont elle augmente le lait. Quant à la paille , on en distingue en France de quatre espèces ; savoir : celle de Froment, celle d' Avoine, celle d'ORGE et celle de Seigle. V. ces différens mots. La paille de froment est un excellent aliment lorsqu'elle est blanche et qu'elle se trouve réunie avec les plantes qui croissent ordinairement dans les champs. Si le foin convient mieux aux chevaux qui fatiguent beaucoup, la pailfe est plus propre à entretenir en bonne santé ceux de selle, de carrosse, etc. ; mais il faut qu'elle ne soit pas altérée par la moisissure, la pourilure , etc. Il faut aussi qu'elle ne soit pas trop nou- velle, car dans ce cas elle cause des tranchées aux animaux qui en mangent. Il est proiivé , par l'exemple des Allemands et des Anglais, qu'il y a infiniment plus d'avantages à donner aux chevaux la paille hachée menue et mouillée, que de la donner en- tière ; mais quelques efforts que les agronomes français aient faits pour engager leurs compatriotes à suivre cet exemple , ils n'ont pas encore pu parvenir à les y amener. La cause de cet entêtement est, dans les départemens, l'attachement à la routine , et à Paris l'intérêt des palefreniers, qui ven- dent aux nourrisseurs de bestiaux la paille que perdent cha- que jour les chevaux confiés à leurs soins, ce qu'ils ne pour- roient plus faire si elle étoit hachée. Il faut aussi que les ani- maux y soient accoutumés dès leur jeune âge ; sans quoi C H E 385 elle les incommode quelquefois. On a inventé , pour ac- célérer la coupe de la paille, des machines fort ii;gcnieuses, dont plusieurs ont élé décrlles et figurées dans les Mémoires de r ancienne Société d'Agricullure^ dans le Journal de Ihysi- que , etc. Quoique la paille de froment soit presque la seule dont on se serve , c est cependant un abus grossier que de reje- ter celFes d'orge et d'avoine, que les chevaux margont très- bien quand elles n'ont pas de mauvais goût, et surtoui lors- qu'elles ont été stratifiées avec le foin dès le moment de la récolle de ce dernier. Ces pailles , ainsi que celle de fi ornent, s'imprègnent fortement, par cette opération, de Todeur et du goût du foin. 11 y a trois manières d'employer la paille d'avoine pour la nourriture des chevaux. On la leur fait manger en vert, ou coupée aussitôt que le grain est formé , et séchée en- suite , ou enfin après qu'elle est mûre et qu'on a retiré le grain. Le temps de couper l'avoine en vert est marqué par la floraison. On la donne chaque jour aux chevaux qui l'aiment beaucoup, dont elle tient le ventre libre et qu'elle rafraîchit; mais il faut la leur ménager, car l'excès leur occasione des méléorisations, et autres maladies. • La seconde espèce ne diffère de celle-ci que parce qu'elle est coupée un peu plus tard et séchée; elle offre une res- source très-précieuse aux pays secs et chauds , qui manquent de prairies. C est également un excellent fourrage, que les bestiaux aiment aussi beaucoup. La troisième , dont on a déjà parlé plus haut , n'est pas au?si nourrissante, mais elle est de même mangée avec plai- sir, et entretient en bon état le corps des animaux qui en font usage. Quant aux pailles d'orge et de seigle, elles sont peu en usage, surtout la dernière, pour la nourriture des chevaux. En vert, l'une el l'autre purgent et rétablissent souvent ceux qui sont malades. Dans les pays où on cultive le maïs, on en donne "aux chevaux les feuilles cueillies avant leur dessèchement, soit en vert, soit en sec. Ils les aiment avec fureur, à raison de leur saveur sucrée, et rebutent, tant qu'ils en ont, toute autre espèce d'aliment. En France , et dans tout le nord de l'Europe , l'avoine est le grain que Ion donne le plus fréquemment au cheval; elle lui procure de la force , de la vigueur, le tient en haleine et dispos pour le travail. {Voyez au mot AvpiNE.) Mais quel- qu' ordinaires que soient les bons effets de ce grain, la quan- VI. -ij 386 C H E tité en seroit préjudiciable h des chevaux trop jeunes, à des chevaux trop ardens, etc. Il est convenable de ne leur en point donner, ou de leur en donner peu, lorsqu'ils ne tra- vaillent point , parce qu'alors elle peut provoquer à la four- bure. Toutes les fois qu'on donne de l'avoine aux chevaux , il faut la cribler et la vanner pour la débarrasser des corps étrangers et de la poussière qu'elle contient. L'avoine étant recouverte de sa balle intérieure lorsqu'on la donne aux chevaux, selon la méthode ordinaire, il arrive souvent, lorsqu'elle n'est pas bien mâchée ou que les sucs digestifs ont peu d'énergie, qu'il en passe un certain nombre de grains entiers et sans utilité pour l'animal. Cet inconvé- nient, sans doute grave, a donné lieu à la publication de plusieurs procédés propres à l'éviter, tels que de faire ra- mollir l'avoine dans l'eau , de la réduire en poudre gros- sière sous la meule d'un moulin, même d'en faire du pain ; mais tous ces procédés sont coûteux, et ont produit d'autres inconvéniens encore plus graves : on y a, en conséquence, renoncé. L'orge est préférée à l'avoine dans toutes les parties mé- ridionales de l'Europe, en Asie et en Afrique, pour la nour- riture des chevau». Ce grain, sans doute plus nutritif que l'avoine , ne paroît pas cependant procurer en France autant de vigueur aux chevaux; il est, malgré cela, très-avantageux de leur en donner de temps en temps. Le froment est très-nourrissant, mais il échauffe beaucoup les chevaux, et donneroit lieu à la fourbure s'il étoit employé seul. On en fait manger une ou deux poignées tous les jours aux étalons pendant la monte, et aux vieux chevaux dont l'estomac est affoibli. En France , on donne rarement du seigle aux chevaux ; mais en Italie, en Allemagne, et surtout en Danemarck, on en fait usage, pour cet objet, très-fréquemment. On a remarqué que les chevaux nourris avec ce grain étoient plus gras , mais aussi plus mous et bien moins vigoureux que les autres. Le son a été employé de toute ancienneté pour nourrir el rafraîchir les chevaux; on le trouve mentionné dans les vétérinaires grecs et romains : on en fait encore un très- fréquent usage , soit comme aliment, soit comme remède. Il est plusieurs espèces de son qui sont plus ou moins nu- tritives , selon la quantité de farine qui y reste adhérente. On les nomme gros son , recoupe , recoupette , son gras , ires- siot , etc. _ Les artistes vétérinaires , qui ont suivi les effets du son C H E 387 comme aliment, ont remarqué qu'il est presque entièrement indigestible pour les chevaux, quil donne lieu à des tran- chées, à des météorisaiions, qu il retardoit la cure de plu- sieurs maladies chroniques , etc. , etc. On doit donc ne le donner que modérément , et seulement comme remède. C'est avec lui qu'on fait 1 eau blanche , très-employée dans la mé- decine vétérinaire , et réellement très-bonne ; elle se fait eu agitanl du son dans de Teau qui se charge de la farine qui lui est adhérente ; mais d'après les données précédentes, il faut la décanter de dessus le son , lorsqu'on veutja donner aux chevaux malades ou aux poulains. Dans les pays où l'on cultive le maïs , on en donne le grain aux chevaux en place d'avoine, et on s'en trouve fort bien. Il leur en faut très-peu pour les bien nourrir ; mais peut-être peut-on l'accuser, comme le seigle, de les rendre mous. L'unique but qu'on doive se proposer dans la dispensation des alimens, c'est de maintenir les animaux en chair et en état de travail. Ils ne doivent être ni trop gras ni trop mai- gres , si on veut en tirer tout le service , et même conserver leurs belles formes. On devroit donc les entretenir toujours dans cet état moyen; mais il est difficile de juger ce qu'il convient de faire pour y parvenir. Tel animal mange beau- coup, et se nourrit cependant moins que celui qui mange peu. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il faut avoir égard, dans la dispensation de la quantité et de la qualité des ali- mens, à l'âge, au tempérament et à la taille de l'animal. Le cheval dans la force de Tâge, et qui travaille journelle- ment , doit être plus fortement nourri que le jeune ou que le vieux. Dans ce dernier, les alimens doivent être plus subs- tantiels et de plus facile digestion. Le cheval ardent, vif et sanguin, doit être nourri modérément; il faut lui ménager surtout l'avoine et le foin. On préférera pour celui qui est flegmatique et mou, les alimens secs et peu nutritifs. Quant à la taille , si par exemple on accorde à un cheval de carrosse de cinq pieds, assujetti à un travail continu , mais modéré , une botte de foin du poids de dix livres , deux bottes de paille de même poids, et trois quarts de boisseau d'avoine, on doit en donner davantage au fort cheval de charrette , et moins au bidet. On l'augmentera, en général, à proportion de l'aug- mentation du travail , mais en considérant, cependant, que la surabondance des alimens les plus convenables est plus nuisible que leur manque ou leur mauvaise qualité. Toute fixation précise ne peut être établie, parce qu'elle résulte da climat , du sol, des saisons, de la nature et de la qualité plus ou moins nutritive du fourrage, de la graine, etc. , etc. L'eau est la boisson ordinaire des chevaux. Dès le temps 388 C H E d'Aristote , on croyoit et on croît encore qu'ils aiment mieux Teau trouble que l'eau claire , et on en a conclu qu'ils trou- Lloient l'eau claire avant de la boire. Le fait est qu'ils boivent l'eau telle qu'ils la trouvent, et qu'ensuite ils l'agitent pour en faire jaillir des gouttes sur leur corps ; que même ils s'y couchent si on le leur permet. C'est sans doute ce même instinct qui engage les chevaux à plonger plus ou moins pro- fondément leur tête dans le seau ou dans l'auge qui contient la boisson, lorsqu'ils n'Ont pas très-soif. Pline même assure que plus le c^jev^l a de feu, et plus il plonge profondément ses naseaux. Cette conclusion est très-évidemment erronée ; car le cheval hume en buvant, et il ne peut humer si l'air n'entre dans sa poitrine par ses naseaux , ainsi qu'on peut s'en assurer sur soi-même. Tout doit déterminer à donner aux chevaux une boisson claire et pure; mais il faut leur faire éviter les eaux trop vives ou trop fraîches, parce qu'elles peuvent susciter, sur- tout lorsque l'animal est échauffé , de fortes tranchées , etc. Les eaux de neige et de glace produisent les mêmes effets, et, de plus , ne désaltèrent pas à raison du peu d'air qu'elles tiennent en dissolution. Celles des puits sont souvent chargées de sélénite, de terre calcaire, dont l'effet est nuisible. En général, il faut éviter de donner aux chevaux des eaux de puits qui n'aient point été exposées au soleil ou à l'air, au moins pendant vingt-quatre heures. Il faut, lorsqu'on ne peut faire autrement, les corriger par l'addition du vi- naigre , etc. Le temps et la manière d'abreuver les chevaux sont des points qui intéressent essentiellement leur conservation. Ainsi on ne doit jamais les faire boire lorsqu'ils sont échauffés ^r un exercice violent. L'économie animale en est troublée -, l'action progressive du sang est arrêtée sur-le-champ ; toutes les sécrétions sont suspendues. Il survient des inflammations mortelles dans les viscères vasculeux, comme le poumon , le foie, la rate, des pleurésies, des fluxions catarrhales inflam- matoires , que suit fréquemment la morve ou une fourbure ina manilarid^ Lath., pl.277,fig. 2, des Oise aux d'EdwaflP; alebcc couleur de chair à la base et brun dans le reste ; les -sour- cils blancs ; la tâ^k le dessus du cou et le dos olivâtres et taclietés de noir ;^ts taches sont longitudinales et petites sur la tète, un peu moins sur le dos, et transversales sur les Bcapulaires et les tectrices supérieures des ailes; le croupion et les couvertures supérieures de la queue d'un#livâtre uni- forme ; la gorge et tout le dessous du corps blancs et parse- més de taches noires , ou rondes, ou unpeu cordiformes ; les rémiges de cette dernière couleur , et d'un blanc sale sur les bords ; les pennes intermédiaires de la queue olivâtres avec une bande brune transversale à rexlrémlté ; les autres blanches et rayées de noirâtre; les pieds couleur de chair ; les ongles noirs. Longueur totale , six pouces quatre lignes. La femelle ne diffère qu'en ce qu'elle a moins de mouche- tures , particulièrement sur les parties inférieures. Ces che- valiers se tiennent au bord des eaux courantes, et vivent iso:és dans les petits cantons qivils se sont approprié.'- le lorg d'un ruis- seau ou dune petite rivière. On les trouve dans l'Amérique septentrionale , etenEurope. C est la 5'm'^f?>ûi/deBnffon. Le Chevalier a gros bec, Tolunus a-assirostris ^ Yieill., se trouve à la Louisiane. Il a le dessus de la tcSe , du cou, du corps et ^ii?^ ailes d'un gris uniforme; les couvertures moyennes des ailes grises et blanches ; une moitié des grandes, blanche et l'autre d un gris-brun bordé de blanc ; les pennes pri- maires blanches et noires ; les rectrices blanches à l'origine C H F. i„j Cl ensuite varie'es de gris ; la gorge et toutes les parties posté- rieures blanches; le bec robuste , très-épais, rougeàlre de l'origine au milieu, brun dans le resle et long de deux pou- ces et demi; les pieds noirâtres dans l'oiseau empaillé, et les trois doigts antérieurs à dcmi-pahaés. Longueur totale, douze à treize pouces. Le Chevalier guignette , Tolanus hypolezicos, Yieili. ; Tiinga hvpoleuros, Lath., pi. enl, de Buffon, n.oSSo. Grosseur de Valoudte de mer; longueur, sept pouces et demi; bec brun; les plumes de la tête et du dessus du cou ont leur tige d'un brun foncé sur un fond plus clair; celles des autres parties supérieures ont de plus des lignes transversales et en zigzags, et sont d'un gris-brun à reflets ; celles de la gorge, du devant du cou, de la poitrine, sont d'un blanc pur, ainsi que les sourcils et le reste du corps ; les plumes des côtés du cou et de la poitrine rayées longitudlnalement de brun sur le milieu; les couvertures et les pennes dés ailes brunes, bordées et terminées de blanc ; les quatre intermédiaires de la queue sontpareillesaudos, etlesautresbordées et tachetées de blanc; le bec cendré ; l'iris couleur de noisette; les pieds et les ongl^ d'unbrunverdâtre ; la queue étagée. Les jeunes diffèrcntparti- culièrement des vieux en ce qu'ils ont les plumes du dos bor- dées de roux et de noirâtre ; les couvertures des ailes plus foncées et terminées de roux. La femelle ressemble au mâle; elle place son nid dans des trous sur les rivages, et y dépose ordinairement cinq œufs d'un roux verdâtre , parsemé de petites taches noirâtres, qui se réunissent au gros bout. Cette espèce vit solitaire sur les grèves et rivages sabloncux; comme le bécasseau^ elle secoue la queue en marchant, et elle part de loin en jetant quelques cris; on l'entend aussi crier pendant la nuit d'une voix gémissante, La giil^nelte pé- nètre assez avant dans le Nord ; on la trouve aussi en Sibé- rie et an Kamtschatka. Le Chevalier leucophée , Totanm leiirophœus , Vieill. , se trouve dans l'Amérique septentrionale depuis la baie d'Hudson jusqu'au Mexique. Il a toutes les parties supé- rieures mélangées de gris et de Llancbâlre ; la première couleur domine sur la tête , le corps et sur les ailes ; la deuxième borde les plumes des deux cotés, est presque nulle sur le haut du dos , forme de petites mouchetures isolées sur le corps, les couveriures supcriem'cs et les pennes secondaires des ailes ; celles-ci ont , de plus , des points bruns ; les pennes primaires sont noiràti^es en des- sus et grises en dessous; leurs couvertures inférieures sont blanches avec des taches d'un gris foncé et en forme de fer de lance; celles de la queue d'un blanc pur, si ce n'est àl'es-t o8 C H E trémité des plus longues qui est festonnée de gris ; les reclrices intermédiaires cendrées et rayées transversale- ment de brun et de blanc sur les bords ; toutes les la- térales totalement rayées de même; le loi'um , la gorge j la poitrine et toutes les parties postérieures d'un beau blanc, avec de petites lignes cendrées sur le devant du cou et sur les lianes; le bec brun, long de deux pouces deux lignes ; les pieds d'un rouge orangé. Longueur totale, douze pouces deux à trois lignes. Le Chevalier leucophrys, Totanus leucophrys, Yieill. Bec brim, noir à la pointe; long de deux pouces trois lignes; tête grise et tachetée de brun ; dessus et côtés du cou rayés longitudinalement de noirâtre et de blanc ; dos gris et fine- ment marqué de bnin sombre et de blanc; couvertures et pennes secondaires des ailes pareilles , les primaires noires ; les plumes du croupion brunes et terminées de blanc; lescou- vertures supérieures de la queue rayées en travers de brun ; sourc'.ls , gorge et toutes les parties postérieures d'un beau blanc, varié sur le devant du cou, sur l'estomac etlcs flancs, 4e mouchetures et de raies noires; parmi les couvertures infé- rieures des ailes , les unes sont blanches et tachetées de brun, les autres sont brunes et terminées de blanc ; pieds d'un rouge orangé. Longueur totale , onze pouces six lignes. Le Trlnga noveboracensis de Latham a de grands rapports avec ce chci'ulier ; peut -être les différences qui se trouvent entre eux sont-elles dues à l'âge ou au sexe. Celte espèce se trouve dans l'Amérique septentrionale. Le Chevalier marbré, Totunus marmoratm , Vieill. , a la tête et le dessus du cou noirs et rayés en longueur de blanc ; la gorge et le devant du cou bruns et tachetés de noir; la poitrine, les parties postérieures , le croupion, les couvertures supérieures et les pennes de la queue blancs , avec des raies transversales sur les côtés du ventre -, sur les lectrlccssupérieuresetsurles'rectrices; le dos, les scapulaires, les couvertures supérieures et les pennes secondaires des ailes marbrés de noir , de gris et de blanc ; les pennes primaires noires, le bec de cette couleur, et long de deux pouces trois lignes; les pieds rouges. Longueur totale, treize pouces. li se trouve aux Antilles et dans l'Amérique septentrionale. Le Chevalier mordoré armé. C'est , à Saint-Domingue, le Jacana. (s.) Le Chevalier moucheté, Totamis gutlatus^ Yieill., est d'un gris clair tacheté de blanc sur la tête et le dessus du cou, dune nuance plus foncée sur le dos, les couvertures supérieui'es et les pennes secondaires des ailes, avec des mouchetures blanches; gris sur le devant du cou et mou- C H Fj i(.og cheté de brun; d'un blanc uniforme sur le baut de la gorge, la poitrine el sur toutes les parties postérieures; brun sur les rémiges primaires; rayé transversalement de blanc et de brun sur le croupion , les couvertures supérieures et les pennes de la queue; celles-ci sont totalement blanches en dessous; le bec est brun et long d'un pouce six lignes; les pieds sont orangés; longueur totale, neuf pouces, lise trouve aux îles Antilles et dans l'Amérique septentrionale. Le Chevalier nageur, Totanus nalator , Yieill. , a le lonim noirâtre , avec un petit trait blanc ; la paupière infé- rieure de cette couleur, ainsi que le dessous du corps et les couvertures supérieures de la queue, dont les plus grandes ont quelques raies brunes; les plumes des côtés de la tête et du devant du cou tachetées, en longueur, de brun sur un fond blanc ; le dos, toutes les couvertures supérieures des ailes et les pennes secondaires d'un brun foncé et piquetées, sur les bords, de blanc et d'un peu de noirâtre; les grandes pennes, de la dernière teinte ; les petites couvertures inférieures blanches et traversées de brun dans leur milieu; les grandes de couleur d'argent , avec des bandes brunes peu apparen- tes; la queue barrée de blanc et de brun. Des individus ont les flancs rayés de brun. Le bec est d'un vert noirâtre sur le premier tiers, noir sur le reste , un peu enfoncé à sa base et assez fort. J'ai remarqué que cet enfoncement a lieu sur le bec de plusieurs des grands chevaliers de l'Amérique. Les pieds sont jaunes, et la queue est étagée: longueur totale, douze pouces ui» quart. Ce chevalier se tient, à toute heurte de la journée, dans les lagunes du Paraguay, et entre dans l'eau jusqu'aux genoux. Il paroîl qu'il nage avec facilité ; car un de ces oiseaux, auquel M. de Azara avoit cassé une aile , s'échappa de cette manière, et il eut beaucoup de peine à le prendre. Ce naturaliste l'appelle chorlito paixlo. Le Chevalier îsoir de Belon, me paroit être, d'après sa description, un individu en mue de l'espèce du Cheva- lier BRUN. Il en est de même dniringa aira de Latham , que Ion a trouvé sur les bords du Rhin. Le Chevalier noir de Steller, Scolopax nigra, Lath., est un de ces oiseaux qu'il faut voir en nature pour déterminer la place qui lui convient. Tout son plumage est noir, le bec et les pieds sont rouges. Steller l'a vu dans les îles situées enîre l'Asie boréale et l'Amérique. Le Chevalier noirâtre, Totanus nigellus, Vieill., s'é- loigne des autres, en ce qu'il a les doigts totalement séparés, ce qui le rapproche des iringas; mais son bec pointu, com- primé sur les côtés et fort, ne permet pas de le classer par- mi ceux-ci ; c'est donc encore uu de C£S oiseaux qu'il faut; 4ïo Ç ÎI E voir en nature, pour le placer convenablement. La mandi- bule supérieure étant beaucoup plus grosse que l'inférieure, présente un caractère qui lui est particulier. Il a le front blanchâtre; les plumes de la tête bordées de cette teinte, sur un fond brun ; celles de la partie antérieure du dessus du cou noirâtres et frangées de blanc; le reste du cou, en dessus, les scapulaires, le dos, les couverlures supérieures de la queue, le dessons du corps, une partie du croupion, de la dernière couleur: los grandes convcrtures alaires, les plus proches du corps, terminées de blanc; les autres noi- râtres et à tige noire; les pennes noirâtres cl à tige blanche; celles du milieu, blanches à l'extrémité; la queue de la même couleur à la base et à la pointe, noirâtre dans le reste; le bec noir; les pieds orangés. Cette espèce se trouve au Paraguay. M. de Azara la nomme rhorliio pies roxos. Le Chevalier aux pieds coup.ts, Toianus brevipes, Vieill., a le bec Irès-comprimé, robuste, tendu, un peu courbé seule- ment à la pointe de sa partie supérieure et rougeâlre ; toutes les parties supérieures grises ; les plumes du devant du cou , de la poitrine et des flancs blanchâtres, et terminées par des lu- nules grises ; deux traits sur les cotés de la tête , Tun blanc au- dessus de l'œil , l'aulre brun sur le lonim: les pieds sont gris, dans l'oiseau empaillé ; taille de la manhcrhe. Pays inconnu. Le Chevalier aux pieds jaunes, Tutanns faoipes, Yieill.; Srulopax floi'ipes, Lalh.,se trouve dans le nord de l'Amérique. La tête et le dessus du corps sont variés de blanc sale, de brun , de gris et de noirâtre; lenoir et le blanc d(#ninentsur la poi- trine ; le blanc règne seul sur le menton, le ventre, le crou- pion et les cuisses; il est coiipé sur la queue par huit bandes brunes irrégulières; enfin il borde les pennes des ailes, dont quelques-unes sont brunes et liserées de blanc; iris cendré; bec d'un brun vert à la base et noirâtre à la pointe; pieds jaunes; longueur totale, huit pouces et demi. Cette espèce arnve dans le mois de septembre aux environs de ISew-Yorck et dans la Caroline. Elle fréq^iente les marais où il y a peu d'eau , et s'y tient par bandes peu nombreuses. Le Chevalier aux pieds rouges. jNom que Ton peut appliquer à T^\us\eurs rhei^uliers, mais qui, dans Buffon , in- dique le Chevalier gambette. F. ce mot. Le Chevalier aux pieds verts, Totanus gloUis , Leisler, a été donné pour une barge , par Brisson et Bufton ; mais il suffit de voir les figures que ces auteurs ont publiées, pour s'as- surer que c'est un vr.ii chevalier, d après la forme du bec (V\ pi. 23, fig. 1 de r Ornithologie Je Brisson, et la pi. enl. 876 de Buffon). Ces deux figures présentent ce chevalier sous son plu- niage d'hiver : mais -ce n'est point la barge aboyciise de Buffon , C H E 4,, comme le dit M. Themminck , laquelle est, (le même que la gî-aiule large grise de Brisson , celle à queue rayée , sous son habit de rarrière-salson. Cette espèce , dont le bec est robuste , un peu fléchi vers le milieu et courbé à la pointe de sa partie supérieure , et non pas droit, comme le dit M. Themminck, tient par ce der- nier caractère aux chevaliers ; mais il en diffère par ses at- titudes , ses mœurs et son cri , qui sont les mêmes que ceux des barges (observation que je dois à M. Bâillon). Son plu- mage est, pendant Tété , rayé longitudinalement de noir sur la léle, etsurle dessus du cou; d'un beaublanc, parsemé de ta- ches ovales , sur la gorge et les parties inférieures jusqu'aux couvertures de la queue , lesquelles ont la tige noire ; les plumes du dos et les scapulaires sont de cette dernière couleur , bordées de blanc sur la première partie, et de taches rou- geâtres sur l'autre ; les grandes couvertures et les pennes se- condaires des ailes d'un gris rougeâlre avec des lignes longi- tudinales noires sur le milieu de chaque plume ; les premières ont les bords blancs , les autres de petits traits noirâtres; les deux pennes intermédiaires de la queue sont cendrées et tra- versées par une teinte brune disposée en forme de zigzags ; le bec est gris-brun , les pieds sont verts. Longueur totale , douze f)0uces environ. Elle a, après la mue d'automne, le dessus de a tête et du cou d'un bmn sombre varié de blanchâtre; le haut du dos d'un gris-brun, avec de grandes taches noirâtres; les plumes scapulaires du même gris et bordées de blanchâtre ; la gorge blanche , le devant du cou et la poitrine pareils , avec une ligne noirâtre sur la tige des plumes ; les parties pos- térieures , le bas du dos et le croupion d'un blanc uniforme ; les couvertures supérieures de la queue rayées transversa- lement de brun ; les petites couvertures des ailes brunes et bordées de blanchâtre ; les moyennes d'un gris rembruni ; les grandes noirâtres ; le§ pennes primaires, de cette teinte, les autres d'un gris-bnui ; les pennes de la queue blanches et rayées transversalement de brun ; les pieds d'un gris verdâlre. Ce chevalier vit isolément sur les bords des fleuves et de la mer ; il n'est que de passage en France , et n'y est pas très- commun ; son nid et ses œufs sont inconnus. Nola. C'est par erreur que Ion a renvoyé dans ce Diction- naire la barge hnmc à cet article. Au lieu du Chevalier a PIEDS VERTS , il faut lire Chevalier brun. Le Chevalier (petit). C'est, en Picardie, le Chevalier BÉCASSEAU. Le Chevalier pointillé , Totanus pundatus , Yleill. , se trouve au Paraguay, sur le bord des eaux, où il se lient seul on 4i2 C H E par couple. Son bec est étroit, noirâtre en dessus et d'un vert pâle dans le resie ; les sourcils sont blancs ainsi que le bord des paupières et les parties inférieures ; les plumes des cotés de la tête et du devant du cou brunes dans le milieu et blancbes sur les bords ; les couvertures inférieures des ailes rayées de blanc et de noirâtre , les plus extérieures entière- ment de cette dernière couleur ; des points blancs se font re- marquer sur le fond brun du dessus de la tête , du dos , des couvertures supérieures des ailes et des pennes les plus pro- ches du corps ; les pennes extérieures et intermédiaires de la queue sont brunes, et les autres avec des bandes blanches et uqprâtres ; les pieds jaunes et les pennes de la queue égales. Longueur totale, huit pouces trois lignes. C'est le chorlito pavdo minor àc M. de Azara. Le Chevalier pygmée , TotanuspusUbis, Vleill., a la tête, le dessus du corps, les pennes secondaires des ailes , les cou- vertures supérieures et les huit pennes intermédiaires de la queue d'un brun verdâlre sale et uniforme; les petites couver- tures des ailes terminées par une ligne transversale noirâtre ; les inférieures brunes etblanches; les pennesbrunes; les deux la- térales de chaque côté de la queue blanches et tachetées de brun verdâtrô; toutcsles parties inférieures d'un beaublanc avec une teinte grise sur les côtés de la poitnne et sur les jambes ; les pieds orangés ; le bec noir à la pointe et brun dans le reste ; les ongles bruns : le doigt intermédiaire est uni au doigt exté- rieur par une membrane qui s'étend jusque sur la deuxième arti- culation, elaudolgtlntérieurseulementàlabase. Longueur to- tale, cinq pouces. C'est lapeiife alouefle de merde Sahtt-Dumin^ue^ dans l'Ornithologie de Brisson, rapportée mal à propos au fringa pusilla. Elle est répandue dans toute l'Amérique septen- trionale. Le Chevalier rayé, Trlnga striata , Lath., pi. enl. n.0827 , est un jeune Chevalier gambette, V. ce mot. Le Chevalier rouge. V. Chevalier gambette. Le Chevalier SASASHEW, Totanussasashew^ Vleill., est dé- crit par Forster , dans les Philosoph. Transacl. , sous la déno- niinatlon de spottcd woodr.ock. Latham en fait une variété de son scolopax totunus ; mais je le regarde comme une espèce dis- tincte. Ce chevalier se trouve dans le nord de TAmérique , parli- cullèroiiient à la baie d'Hudson ; les indigènes lui ont Im- posé le nom sous lequel je le décris. Les Anglais de cette colonie l'appellent yellocv shanks, ( pieds jaunes.) 11 y arrive à la fm d'avril ou au commencement de mai , y reste jusqu'au mois de septembre , époque à laquelle il paroît dans l'état de ]New-Yorck; mais il s'en éloigne a l'arrière-saison pour la pas- C H E 4i3 «er dans des contrées plus méridionales ; on l'y appelle humi- Uties, nom que l'on généralise aux petits oiseaux de rivage , tels que les chevaliers , tringas et bécassines. Cette espèce a près de quinze pouces de longueur totale ; le bec brun , long de deux pouces et demi ; les orbites , la gorge et une ligne entre le bec et Toeil , blanches ; les joues , le devant du cou pareils et striés de noirâtre ; le dessus de la tète et du cou brun et rayé de blanc ; les ailes noires , mar- quées de taches triangulaires blanches ; la poitrine et le ventre de cette couleur ; les pieds rouges. Le Chevalier solitaire , Totanus soliUirius , Yieill. , se trouve au Paraguay , où il est sédentaire et rare , et où il se tient seul sur les bords unis des lagunes. Il a treize pouces huit lignes de longueur totale ; le bec long de deux pouces deux lignes ; le tour de Toeil , la gorge , le dessous du corps , une grande partie des côtés et le croupion , blancs ; le reste de la tête et le cou bruns et veinés de blanchâtre ; les plumes scapulaires , les rémiges et les rectrices brunes et bordées de piquetures noirâtres et blanches ; le dessous des ailes et de la queue blanc et varié de brun ; les flancs rayés transversa- lement de noirâtre sur un fond blanc ; les pieds jaunes ; les deux pennes intermédiaires et les latérales de la queue sont égales et un peu plus longues que les autres ; le doigt du mi- lieu est joint au doigt extérieur par une membrane jusqu'à la première articulation et un peu avec Tinlérieur. C'est le rliorlito rabadilla Uanca de M. de Azara. Le Chevalier tacheté , pi. i8, fig. 2 , de Brisson , est un individu de l'espèce du Chevalier gambette. Le Chevalier a tête rayée , Totanus virgatiis , Vieill. ; Tringavirgata, Lath. Taille de la bécassine ;hec noirâtre ; tête et cou blancs, avec des raies nombreuses longitudinales et noirâtres ; dos de cette dernière teinte ; chaque plume bordée de blanc; scapulaires frangées et tachées de ferrugineux; bord du croupion et queue d'un cendré obscur; couvertures des ailes d'un cendré plus clair ; pennes des ailes d'un brun sombre ; couvertures de la queue et tout le dessous du corps, blancs ; flancs tachetés de noirâtre ; pieds teints de jaune sale. Le Chevalier titarès , Totanus tifares, Vieill. ; Scolopax totanus f var., Lath., est commun dans l'Inde, où il porte le nom que je lui ai conservé. Il a le bec noir et rougeâtre à la base ; l'iris bleu ; la tête , le dessus du cou et le dos grisâtres ; le menton, la gorge , la poitrine et le ventre blancs ; les côtés des trois dernières parties avec des petites taches noirâtres ; les ailes de cette teinte; les couvertures supérieures des ailes et les pennes secondaires traversées par des bandes noires et blan- ches sur les bords extérieurs \ la tige des grandes pennes blan- /,i^ C H E che ; le croupion et la queue rayés de noir et de blanc ; les pieds orangés. Les auteurs ont donné cet oiseau pour une variété du che^.mlier gamhette ou à pieds ronges ; niais celui-ci ayant àtoutâgele croupion blanc, ce caractère nie paroît déci- sif pour ne pas les réunir sous quelque dénomination que ce soit- Le Chevalier varié, Tvin-^u littornùy Lath., pi. enl. , n." 3oo deBuffon, est un jeune combattant. V. Tringa combattant. Le Chevalier vert, Rallus bcugalcmis , Gm. V. le genre Chorlitte. (v.) CHEVALIER, Eqms. Qrtnve de poissons de la division des Thor/vCHIQUES , dont les caractères consistent en plusieurs rangs de dents à chaque mâchoire ; deux nageoires dorsales, dont la première est presque aussi haute que le corps , trian- gulaire , garnie de très-longs filamens à l'extrémité de cha- cun de ses rayons , et la seconde , basse et très-longue ; l'anale très-courte , moins grande (}ue chacune des ihorachiques, et couverle , ainsi que les deux dorsales et la caudale , de petites écailles ; l'opercule sans piquans ni dentelures ; les écailles grandes et dentelées. Ce genre ne contient qu'une espèce, le cJievalier américain , que Linnfpus avoit placé parmi les CHETono>s , sous le nom de chœloduu lanceolalits ^ et qui habite les mers de l'Amérique. (F. pi. B. 20.) C'est un très-beau poisson, dont le fond de la couleur est d'un jaune d'or, avpc le dos brun et trois bandes noires bordées do blanc; savoir, une étroite qui passe par les yeux, ime autre plus large en avant des na- geoires abdominjiles, et la troisième encore plus large, qui naît de la partie antérieure de la première nageoire dorsale, et qui se termine «n se rétrécissant à Texlrémité de la queue.(B.) CHEVALIER NOIR. Dénomination donnée par Geof- frov au panui^re grand' croix.. V. Pakagee. (l.) CHEVALIER ROUGE. Nom donné par Geoffroy au carabe hipusUilc àc Fabricius , placé maintenant dans le genre Batiiste. V. ce niot.(L.) CHEVALIERS, Kqultes. Non» donné parLinnseus à une division de son genre pupilio. V. Pai'ILLOn. (l.) CHEVALON. Dans quelques lieux , c'est le Bluet. (b.) CHEVANNE. Poisson du genre Cypriis , qu'on appelle aussi meunier , viiain , tesiard , et qu'on trouve dans les rivières et les ruisseaux ; c'est le rypriuus jeses de Llnnœus , et non le cyprinus cephalusàyxmèma auteur, comme Duhamel et autres l'ont cru. V. au mot CYPR^^•. (b.) (^IHEVAUCH KES. On appelle ainsi, dans quelquescan- tons toutes les Hlrles nuisibles aux moissons, (b.) CHEVAUCHER. (/"«j/^TOHn^ric.) Quand un oiseau s'é- lève par secousses au-dessus du vent contre lequel il vole (_s.) B.:20 (V>,-n,r//er ,i//n-/'/,;r/ii ■ .>. ('<>/>//<• /,rr/i>\//\7/ir/i ((>//,' r//o'G , capra œgagnis , Linn. ; Chèvre du BÉZOard de Kœmpfer ; le paseng, Ménagerie du Mus. ; le houe et la chèvre, Buffon , tom. 6 , pi. i^-iô. Cette espèce, à l'état sauvage , est particulièrement caractérisée par ses cornes comprimées latéralement , tranchantes par-devant , arrondies par-derrière , ridées en travers , légèrement ar- quées en arrière , plus grandes dans les mâles que dans les femelles. C'est Vcegagre des anciens et \c paseng des Persans. Elle habite , dit M. Cuvier (^Ménag.), sur toute la chaîne de monlagnes qui traverse le nord de la Perse et de l'Inde , jusqu'à la Chine , c'est-à-dire , sur le Caucase et le Taurus : on la trouve encore dans les deux presqu'îles de l'Inde et jusque vers le cap Comorin. Le paseng surpasse en grandeur toutes les variétés domestiques , et ses habitudes naturelles paroissent, d'après le peu qu'en ont rapporté les voyageurs, ne pas différer de celles du bouquetin. C'est dans l'estomac de cet animal que se trouvent ces fameuses concrétions con- nues sous le nom de bézoards , et auxquelles on altribuoit une foule de propriétés merveilleuses ; et c'est à tort qu'on a dit qu'elles provcuoient d'une espèce d'antilope (ssource à 'laquelle il lui étoit impos- sible de suppléer, comme s'il n'existoit pas des moyens de ménager l intérêt public et celui de l'iniortune ; comme si des lois qui prescrivent froidement à une classe d'hommes de périr de f;um , n'etoient pas odieuses et barbares ! » Les chèvres craignent les lieux humides, les prairies ma- récageuses, les pâturages gras : on en élève rarement dans les pays de plaines; elles s'y portent mal. et leur chair est de mauvaise qualité. Dans la plupart des climats chauds, l'on nourrit des chèvre^ en grande quantité, et on ne leur donne point d'étable ; en France elles périroient, si on ne l-s inet- toit point à l'abri pendant l'hiver. On peut se dispenser de leur donner de la litière en été,, mais il leur en faut pendant l hiver; et comme toute humidité les iuconunode beaucouu, on ne les laisse pas coucher sur leur fumier, et on leur donne très-souvent de la litière fraîche. On les fait sortir de grand matin pour les mener aux champs : 1 hefbe chargée de rosée , qui n'est pas bonne pour les moutons, fait grand bien aux chèvres. Comme ellessont indociles et vagabondes, un homme, quelque robuste et quelque agile qu'il soit , n'en peut guère conduire que cinquante. On ne les laisse pas sortir pendant les neiges et les frimas ; on les nourrit à l étable, d'herbe et de petites branches d'arbres cueillies en automne, ou de it^a C H E choux, (le navets et d'autres légumes. Plus elles mangent,- plus la quantité de leur lait augmente ; et pour entretenir ou augmenter celte abondance de lait, on les fait beaucoup boire , et on leur donne quelquefois du salpêtre ou de leau salée. On peut commencer à les traire quinze jours après qu'elles ont mis bas; elles donnent du lait en quantité pen- dant cinq ou six mois, et elles en donnent deux fols par jour. La chèvre ne produit ordinairement qu'un seul petit, quel- quefois deux, très-rarement trois , et presque jamais plus de quatre. L'on coupe à l'âge de six mois les jeunes chevreaux mâles, afm de rendre leur chair plus succulente et plus ten- dre. On les engraisse de la même manière que l'on engraisse les moutons. Mais, quelque soin qu'on prenne et quelque nourriture qu'on leur donne, leur chair n'est jamais aussi bonne que celle du mouton , si ce n'est dans les climats très-chauds où la chair du mouton est fade et de mauvais goût. L'odeur forte du bouc ne vient pas de sa chair , mais de sa peau. On ne laisse pas vieillir ces animaux, qui pourroient peut-être vivre dix ou douze ans ; on s'en défait dès qu'ils cessent de produire , et plus ils sont vieux , plus leur chair est mauvaise. Les chèvres coûtent peu à nourrir, et donnent un produit considérable relativement à leur taille. D'abord elles font un fumier qui est chaud comme celui des moutons. Elles four- nissent un lait abondant plus sain et de meilleure qualité que celui de la brebis. On l'ordonne en médecine pour rétablir les estomacs délabrés. 11 tient le milieu entre le lait d'ânesse et celui de vache. Dans les parties méridionales de la France , on fait beaucoup de fromages avec le lait de chèvre ; il n'est pas assez gras pour donner du beurre ; ce qu'il en donne est tou- jours blanc et a le goût de suif Le fromage de chèvre sert d'appât pour prendre le poisson. On assure que des chèvres bien nourries, peuvent donner jusqu'à quatre pintes de lait par jour. Les chèvres se laissent aisément téter par des ani- maux beaucoup plus grands qu'elles, et d'un genre fort éloi- gné , même par des enfans. Le poil de chèvre non filé est employé par les teinturiers, à la composition de ce qu'ils nomment rouge de boiiire; il entre dans la fabrication des chapeaux ; lorsqu'il est filé, on en fait diverses étoffes, telles que le camelot, le bouracan, etc. des couvertures de boutons, des ganccs et autres ouvrages de mercerie. Le suif du bouc et de la chèvre est employé , comme celui du mouton et du bœuf, pour faire des chan- delles. Les corroyeurs s'en servent pour l'apprêt des cuirs. C H E 4o„7 Avec la peau ^e la chèvre , on fait du maroquin, du par- chemin et des outres. Les chèvres sont sujettes aux mêmes maladies que les mou- tons. On en excepte ordinairement Thydropisie, i'entlure et le mal sec. L'espèce de la chèvre est beaucoup plus répandue que celle de la brebis, et Ton trouve des chèvres semblables aux nôtres dans plusieurs parties du monde. Elle renferme un petit nombre de variétés, dont nous allons faire connoîlre les principales. Les Chèvres d'Angora, enNatolie Copra œgagnis angoren- sîs, ont les oreilles pendantes ; les cornes du mâle s'étendent horizontalement de chaque côté de la tête, et forment des spirales à peu près comme un tire-bourre ; celles de la fe- melle sont courtes et se recourbent en arrière , en bas et en avant, de sorte qu'elles reviennent auprès des yeux. Elles ont le poil très-long, très-fourni et si fin , qu'on en fait des étoffes aussi belles et aussi lustrées que nos étoffes de soie. On les élève , dans leur pays natal , avec le plus granb soin; leurs toisons y sont toujours préparées, et n'en sortent que filées ou fabriquées en ces belles étoffes, connues sous le nom de camelots d'Angora. La Chèvre de Syrie , ou Chèvre mambrine , Capra œga- givs manibma, Linn. , a le corps élancé , la tête plus allon- gée que dans les autres variétés et plus arquée en devant, ce qui donne à l'animal une physionnomie plus dégagée, mais en même temps un peu niaise; ses oreilles sont fort longues et pendantes ; ses cornes, qui n'ont pas plus de deux pouces et demi de longueur , sont un peu courbées en arrière ; enfin ce qui la distingue le plus de la chèvre d'Angora , c'est qu'elle a le poil ras et d'une couleur rougeâtre claire. Le nom de chèvre mambrine vient de ce que cette race est commune sur la montagne de Mambré, ou Manrée, si- tuée à la partie méridionale de la Palestine, aux environs d'Herbron; c'est la seule qui soit répandue dans l'Egypte inférieure. On a dit que ses oreilles étoient si longues qu'elles traînoient à terre , et que les Orientaux en cou- poient une , afin que la chèvre pût paître ; mais c'est une exagération et une erreur; ces oreilles ne tombent pas jus- qu'à terre, et on ne les coupe pas. La chèvre mambrine , que l'on nomme quelquefois chèvre duLeiHint., se trouve aux Indes Orientales, aussi bien qu'eu Syrie. Elle donne beaucoup de lait , que les Orientaux préfèrent à celui de la vache et du buflie. Le Bouc DE JuDA, Capra œgagrus rei^ersa ^ Linn., qui est commun en Guinée, à Angole et sur les autres côtes d'Afri- ^.8 c n E que, ne diffère de noire houe qu'en ce qu'il est pins petit, plus trapu, plus gras; sa chair est aussi meilleure à manger; on le préfère dans son pays au mouton , comme nous préfé- rons le jnouton à la chèvre. CeMe race, selon Sonnini, est la seule qui entre dans les troupeaux de la partie supérieure de 1 Egypte. Elle est beaucoup plus petite que la chèvre mambrine , la seule que l'on voie dans la basse Egypte; ses cornes déliées et agréablement contournées, son poil long, bien fourni et presque aussi doux que la soie, de même que quelques autres rapports dans les formes, rapprochent cette chèvre de celle d'Angora. Elle est très-vive et leste, et fait entendre continuellement son bêlement, dont le son ne peut être mieux comparé qu'aux cris d'un petit enfant. La Chèvre naiise, Capra œgagi-us depressa^ Linn., ou Bouc D Afrique, n'est qu'une simple variété de l'espèce de.la chèvre , remarquable par la petitesse de sa taille et par ses cornes qui sont très-courtes, très-rabaltues et presque appliquées sur le crâne. Cette race , transportée d'Afrique en Amérique, s'est maintenue dans le nouveau continent , sans autre altéra- tion que celle de la taille, qui est devenue encore plus petite. La Chèvre cossus, Capra œgagrua cossus^ est une variété de llnde que M. de Blainvillc a fait connoître dans le nou- veau Bulletin de la Société Philomatique , 1816, d'après une description et une belle figure faites sur les lieux , qu'il a eu occasion de consulter à Londres. Elle est entièrement blanche , couverte par tout le corps de poils fort longs, tom- bans , non frisés, soyeux; les oreilles sont horizontales; les cornes courbées en arrière et en dehors à la pointe , sont ser- rées contre la partie postérieure de la tête; le front est assez busqué; il n'y a pas de barbe proprement dite sous le men- ton , et les poils de la face , fort longs , se portent à droite et à gauche, partant de la ligne moyenne du chanfrein. La Chèvre imberbe, Capra imberhis barbara^ du même pays, a été décrite par le même naturaliste, et sur des ren- seignemfns analogues à ceux qu'il s'est procurés sur la précé- dente. Elle a beaucoup de rapports pour la forme générale avec le bouquetin du Caucase; son. corps est épais, allongé, le cou court, très-large; les jambes assez élevées et cepen- dant fortes; la tête a beaucoup de ressemblance avec celle du bélier; le chanfrein est arqué, le front bombé, les oreilles horizontales, médiocres; les cornes très-comprimées, ridées transversalement, se touchant presque à la base, s'écartant ensuite en dehors et en arrière , en se tordant un peu : elles sont plus petites et moins comprimées dans la femelle: la ^ueue est recourbée en dessus; le poil est, en général. C H E 4,y court et serré ; il est plus long et forme une sorte «îe crinière noire sur le cou et la plus grande partie du dos; il n'y a point de barbe sous le menton, mais une espèce de fanon ou de peau pendante sous la ganache; la couleur géuérale est bariolée de noir, de roussâlre et de blanc dispersés d'une manière assez irrégulière; ce qui pourroit faire présumer que l'individu qui a servi à celte observation, étoit à l'état de domesticité, (desm.) CHEVRE DES ALPES. Quelques auteurs donnent ce nom à I'Antilope chamois, (desm.) CHÈVRE BLEUE. C'est une espèce d' Antilope, Jn- tilope leucophœa. (desm.) CHÈVRE DU BÊZOARD. Une espèce d'AîsTiLOPE a été nommée ainsi, parce que l'on supposoit que c'étoit elle qui fournissoit les fameux bézoards orientaux; mais c'est à tort : la vraie chèvre du Bézoard est le Paseng ou AEgagre, type originaire de notre chèvre domestique. (desm.) CHÈVRE DE CONGO, de Kolbe. C'est le roi des Chevrotaiins, ou GuEVEi, espèce d' Antilope, (desm.) CHÈVRE GRISE , gris-hock. C'est, au Cap de Bonne- Espérance, le nom d'une espèce d' Antilope, (desm.) CHEVRE DE GRIMM. V. Antilope grimm. (desm.) CHÈVRE JAUNE des Chinois. C'est I'Antilope goi- treuse {\. guitiirosa) ouDseren des Mongoles, (desm.) CHÈVRE DU LEVANT, Cap?-a orientaUs. C'est ainsi que le Moufflon est désigné dans le Règne animal de Brisson. V. Mouton. La variété de chèvre appelée Chèvre nianbrme , porte aussi ce nom. (desm.) CHEVRE DE LIBYE. Quelques auteurs ont appelé ainsi I'Antilope gazelle, (desm.) CHEVRE MAMBRINE. C'est une simple variété de l'espèce de la Chèvre proprement dite, (desm.) CHÈVRE A MUSC , Capm mosci, Aldrov. C'est le Musc. V. Chevrotain. (desm.) , CHEVRE NAINE. C'est la femelle du bouc d'Afrique, variété du bouc commun. Voyez Chèvre, (desm.) CHÈVRE PALE, bce-hork.i\.nQi\\) de Bonne-Espérance, c'estune variété de l'Antilope nanguer. (desm.) CHEVRE DE PASSAGE des Hollandais du Cap. C'est l'antilope Springbock , ainsi nommé à cause de ses migra- tions, (desm.) CHEVRE PLONGEANTE {Duyker bock des Hollan- dais). Espèce particulière d'ANTiLOPE. (desm.) CHEVRE SAUTANTE du Cap de Bonne-Espérance. V. Antilope springbock. (desm.) ;3a C H E CHÈVRE SAUVAGE du Cap de Bonne-Espérance, de Kolbe. C'est I'Atstilope coesdoes. (desm.) CHÈVRE VOLANTE. Nom que l'on donne à la bé- cassine commune , parce qu'on trouve quelques rapports dans son cri avec celui de la chèvre, (v.) CHEVREAU. C'est le petit de la Chèvre, (desm.) CHÈVREFEUILLE, Lonkera, Linn. {Fentundrle mono- gynie.) Genre de plantes de la famille des caprlfoliacées , et dont les caractères sont : un très-petit calice à cinq dents; une corolle monopétale en tube , plus ou moins irrégu- lière, et à cinq divisions ordinairement inégales ; cinq éta- mines avec des anthères oblongues ; un ovaire inférieur et un style couronné par un stigmate obtus. Le fruit est une baie ovale ou ronde , communément à deux loges , et con- tenant plusieurs semences. Jussieu et Ventenat ont divisé le genre Chèvrefeuille en quatre genres, que j'ai cru devoir réunir de nouveau en un seul , h l'exemple de Linnaeus et de l'auleur de la F/orc fran- çaise. V. Xylosteon , DiERViLLE et Symphoricârpe. Les es- pèces qu'il comprend sont des arbrisseaux indigènes ou exo- tiques , sarmenteux ou droits , qui ont les feuilles simples et opposées , et des fleurs de différentes couleurs, quelquefois d'une odeur suave. Tantôt elles naissent deux à deux, ou plu- sieurs ensemble, sur un pédoncule commun : tantôt elles sont sessiles sur les branches et disposées en verticilles ouentèle; elles forment alors des bouquets à leur sommet. On compte une trentaine de chèorefeuûlcs ., In plupart cultivés dans les jardins , qu'ils embellissent et qu'ils |)arfument. Le Chèvrefeuille des jardins ou d'Italie, Lonirera m- piifoliinn , Linn. , est le plus commun et le plus recherché. C'est un arbrisseau grimpant, qui croît dans les haies du midi de l'Europe. Sa tige, qui n'est qu'une souche ligneuse , pousse une quantité de rameaux cylindriques, longs, lisses, colorés et très-flexibles , qui s'entortillent aisément autour des ar- bres voisins ou des supports qu'on leur présente ; ils sont garnis de feuilles sessiles, entières et glabres, ei leur sommet est couronné de belles fleurs disposées en rayons, grandes , très-odorantes, tantôt blanchâtres , tantôt jaunâtres ou rou- ges. A ces fleurs succèdent des baies molles , semblables à celles du sureau , et divisées en deux loges. Cette espèce a plusieurs variétés, auxquelles les jardiniers donnent les noms de rhhrefeuilhs précoce^ tardif ^ à fleurs ecarlales, et de cheQre- feuille toujours veii. En les réunissant et en les mêlant avec goût dans un jardin, on peut jouir de leurs fleurs charmantes pendant toute la belle saison. Ce chèvrefeuille se multiplie fa- cilement , et croît fort vite ; il s'élève assez haut pour garnir iies murs élèves, des palissades , des berceaux, des cabinets. C H E /,3i On peut aussi le réduire en buisson, l'arrondir en tête, ou en faire des cordons et des haies. Placé au pied des arbres , dans les massifs ou les avenues, il monte et serpente autour de leur tronc, s'entrelace dans leurs branches, et retombe en formant des arcades et des guirlandes qui flattent agréa- blement la vue et l'odorat. Le Chèvrefeuille des bois , velu , glabre ou a feuilles DE CHÈÎJE, Lonkera peridymenum , Linn., arbrisseau sarmen- teux de nos climats , est commun dans les bois ot dans les haies. Il porte , pendant tout l'été , des Heurs grandes et belles , très-odorantes , jaunâtres en dedans , rougcâtres en dehors, et de la même forme que celles du précédent. Ses ra- meaux sont plus ou moins vigoureux , ses feuilles pubescentcs ou lisses , un peu pétiolées , pointues aux deux bouts dans les deux premières variétés, sinuées et panachées dans la troisième , qui est plus curieuse que belle. Le .Chèvrefeuille de Virginie, Lonkera sempeivkens , LInn.*, qui croît dans plusieurs parties de l'Amérique septentriorale, est encore un arbrisseau grimpant, très- recherché pour la belle couleur de ses fleurs et pour leur durée. Elles paroissent au printemps, et se succèdent jus- qu'en automne. Elles sont presque régulières ; leur intérieur est jaune , et Textérieur d'un rouge écarlate très-vif. Cette espèce a l'avantage de conserver, en hiver, une partie de ses feuilles; elles sont entières , ovales et lisses. Ses rameaux ont une couleur pourprée ; ils ne peuvent se passer d'appui, étant grêles et très-foibles. Le Chèvrefeuille de la Jamaïque ou Buisson a baies DENEIGE, Chiococca i-acemosa^ Linn. ; Peiiclymenum racemosunij Mill. Celui-ci a, comme le précédent, des branches minces, longues et sarmenteuses, qui demandent un appui; elles sont garnies de feuilles en forme de lance et opposées ; à chaque nœud naissent de petites fleurs d'un vert jaunâtre , qui, pla- cées par paires le long d'un pédoncule commun , forment des grappes aussi longues que celles des groseilles. Ces fleurs produisent de petites baies qui ont la blancheur de la neige. Cette dernière espèce est délicate, et ne peut être élevée dans nos climats , sans chaleur artificielle. On la multiplie par ses graines ; lorsqu'elle s'est fortifiée , il suffit, en hiver, de la tenir dans .l'orangerie. Mais les trois espèces précé- dentes sont des plantes dures, qui exigent peu de soin. Elles aiment une terre grasse et sablonneuse , et y profitent mieux que dans un sol sec et graveleux. Il ne leur faut ni un grand soleil , ni trop d'ombre. On les multiplie facilement par marcottes. Parmi les chèvrefeuilles qui ne sont point sarmenteux, on 43. C H E distingue le Chèvrefeuille du Chilï, Lonicem corymhosa , Linn. Il fait exception au genre. Ses fieurs n'ont que quatre étaniines ; elles forment des corymbes au sommet des ra- meaux , et sont portées cliacune sur un pédoncule particu- lier, fort court. Leur tube est long, d'un rouge foncé , et dé- coupé sur ses bords en quatre parties. Le fruit ressemble à une petite olive. Dans les Indes espagnoles, on emploie les branches de cet arbrisseau à teindre les étoffes en noir; cette couleur est très-fixe , et résiste parfaitcuient au débouilli. Le Chèvrefeuille J)' Acxbie , Lojn'cera cJiervi//a ^ Linn., vulgairement la dieiville , est un arbuste dont les racines sont traç^^ntes , et qui peut servir à orner les bosquets de la fin du printemps : ses feuilles paroissent en février, et ses fleurs an commencement de juin ; elles sont jaunâtres et disposées par petits bouquets lâches au sommet des tiges et des branches. Le Chèvrefeuille des buissons , le Camerisier, Lonirera xylosleimiy Linn. Arbrisseau de quatre à six pieds, droit, très- branchu , à feuilles entières et pubescentes, croit dans les bois et les haies de l'Europe , et fleurit au commencement de mai. Ses fleurs, d'un blanc sale, viennent deux à deux, et sont remplacées par deux baies rouges. Le ClIÈVREFE LILLE A PETITES FEUILLES DE LA CaROLINE, Lonirera syTiiphoticarpos^ Linn. 11 s'élève à peine à quatre pieds. Ses feuilles sont péliolées, et ses fleurs disposées en petites têtes aux aisselles des feuilles. Il peut servir à orner les bos- quets d'automne. Quelques botanistes le regardent comme devant former le type d'un genre qu'ils ont appelé Xylos- TEON, Le Chèvrefeuille de Tartarie, Lonirera tatarira , Linn. Il est plus élevé que le précédent, et offre un buisson touffu; il a ses rameaux redressés, des feuilles presque en cœur, et des fleurs roses ou blanches, placées deux à deux sur des pé- doncules axillaires et opposés. Ses baies sont de la grosseur d un pois, rouges et distinctes. Il fleurit au printemps; l'hiver, ses rameaux sont d'une blancheur remarquable. Le Chèvrefeuille a fruits bleus , Lonirera rœnika , Linn. Il croît sur l'Apennin et dans les montagnes de la Suisse et du midi de la France. Il fleurit au mois de mai. Le Chèvrefeuille des Alpes, Lonirera alpigena, Linn. Celui-ci se distingue aisément par ses baies jumelles , rouges et marquées de deux points noirs. Ces sept dernières espèces de chèvrefeuilles , qui res- semblent à une cerise , ( la première et la dernière excep- tées) sont très-faciles à élever; elles réussisent mieux à une exposition froide que dans une situation plus chaude. On les cultive dans les pépinières, pour en faire commerce. C H E 0i et on lesnicle à d'autres arbrisseaux h fleurs pour la variété. (B.) CHEVRETTE. C'est la femelle du Chevreuil, espèce du genre des Cerfs, (desm.) CHE\ RETTE. Nom vulgaire de trois espèces d'IJRCHiN. (B.) CHEVRETTE ou GHEVRILLE. C'est la Chante- relle, (b.) CHEVRETTE BLEUE. Nom donné par Geoffroy au lucane carabo'ide de Linna'us. Fl LuCANE et PlatycÈre. (o. L.) CHEVRETTE BRUNE. Geoffroy désigne sous ce nom le trogosite carahouh. (l.) CHEVREUIL. Espèce de mammifère ruminant , du genre des Cerfs. V. ce mot. (desm.) GHEVRILLE. V. Chevrette, (b.) GHEVRIN DES BOIS. Nom du saule-amandier ou d'un autre saule , Saliv amygdulina et Salix tnandva. (ln.) CHEVROLLE , Caprella , Lam. Genre de crustacés , de l'ordre des isopodes , tribu des cystibrancbes , et quia pour caractères : corps et pieds filiformes ; point d'yeux lisses ; der- nière pièce des antennes supérieures composée d'un grand nombre de petits articles ; dix pieds disposés dans une série interrompue ; le second et le troisième anneaux du corps eil étant dépourvus. Ce genre établi, par M. de Lamarck, a subi quelques mo- difications ; les espèces qui ont dix pieds attachés successive- ment par paires , et sans discontinuité , à autant d'anneaux , formant le genre Proton, et celles où les pieds sont au nom- bre de quatorze ayant encore été séparées des chevrolles, et composant le genre des Leptomères. Les chevrolles se tiennent parmi les plantes marines , mar- chent à la manière des chenilles arpenteuses , tournent quelque- fois avec rapidité sur elles-mêmes, ou redressent leur corps , et font vibrer leurs antennes. Nous renvoyons à l'article Cys- TIBRANCHES pour l'exposition des caractères et des habitudes qui leur sont communs avec les autres crustacés de cette sous- famille. I, Tête ooale , point ou peu rétrécie postérieurement. ChevrolLE FRONT-POINTU , Caprella iicutifrons ., Caprella ato- mas , Leach ; C. atomos , Linn. '^ Bast opusc. subs. i , tab. 4 , fig. 2, a. b. c. Antennes inférieures très-ciliées; front ter- miné en pointe ; corps uni ; premier segment cylindrique , de la même largeur ; la seconde paire de pieds courte , insérée près de son extrémité antérieure. Sur les côtes d'Angleterre d'où elle m'a été envoyée par M. Leach. Chevrolle AGUMiNiFÈRE , Caprella acuminifera. Les quatre VI. 2tJ 434 ..^"^- antennes presque sans cils ; corps ayant en dessus de petits tubercules pointus; premier segment rende, en forme de nœud, vers son extrémité postérieure, à l'insertion de la se- conde paire de pieds , avec deux tubercules en dessus ; les pieds allongés, avec leur serre C4;hancrée en forme de crois- sant et armée d'une forte dent en dessous ; leur doigt ayant aussi une dent au même côté. Je l'ai re<^uc de M. Léach sous le nom Ôl acuminifera. II. Tête allongée et rétrécie postérieurement. ChevrOLLE linéaire , CaprelUi linsans , A. 26. q. ; Cancer linearis^ Linn.; JVÎull. , Zool. danic. tah. SÇi ^ Jîg. 4^ , 6 , mâle ; iab. ii^,fig. II , 12 , la femelle. Très-voisine de la précé- dente quant à la forme du premier segment du corps ; se- cond article de la seconde paire des pieds allongé, cylin- drique, avec quelques petites dents en dessus; leurs serres allongées , avec trois dents assez fortes en dessous. Dans les mers du nord de 1 Europe , et sur nos côtes. Chevrolle mvmte, Caprella manlis. La seconde paire de pieds est plus courte ; ses articles inférieurs sont comprimés et anguleux ; leurs fesses ont à leur base et à l'extrémité op- posée , une dent assez forte ; on en dislingue une troisième , mais plus petite, sous celle du bout. Sur nos côtes baignées par l'Océan. Il faut encore rapporter à ce genre le cancer filiformis de Lin- nœus. Forskaél en a décrit une autre espèce , comme une larve d'un genre incertain, Faun. arah.^ pag. 87. (l.) GHEVROTAINO'VfoiJmiO, Linn., Schreb.,Cuv., Lacép.; Tra'gulus, Brisson. Genre de mamuiifères de l'ordre des ru- minans, dont les caractères sont les suivans : point d'inci- sives supérieures; huit incisives inférieures; dans les mâles, deux grandes canines supérieures, arquées en forme de dé- fenses tranchantes sur leur bord postérieur, sortant de la bouche; un mulle ; point de larmiers; oreilles médiocres , pointues; queue courte ; deux mamelles inguinales; point de bois caducs, ni de cornes persistantes; point de loupes graisseuses sur le dos; poil ras; lèvre supérieure non fen- due, etc. Ces animaux, très-semblables aux antilopes et aux cerfs par les formes extérieures de leur corps , sont tous habitans des contrées les plus méridionales de l'Inde. L'un d'entre eux est célèbre par l'humeur grasse et très-odorante , connue sous le nom de musc, qui se rassemble dans une poche située en avant du prépuce du mâle : d'autres le sont par leur très- petite taille. Leur poil est sec et cassant encore plus que celui de Véhm et celui des ùrad/pes oa paresseux. C H E 435 Leur squelelte , ainsi que Ta vu M. Cuvîer, est différent de celui des chameaux et des lamas, qui constituent les deux genres les plus voisins, en ce qu'il présente unpéronc très-grêle. Ces animaux paisibles vivent dans les bois , comme les Antilopes et les animaux du genre des Cerfs. L'un d'entre eux est le plus petit des ruminans connus , puisqu'il n'a que huit à dix pouces de hauteur : c'est une biche en miniature. Première Espèce. — Le Musc ou PoRTE-Musc , Mosrhi ca- preolus, Gesner, Hist. des Quadr.; Capra muschi, Aldrov. , pag. 745; Tragiis moschiferus, Klein; Moschus mosrhiferus , Linn., Erxleb.; le Musc, Buffon, Supplément, tom. 6. pi. 29. Le musc est de la grandeur d'un petit chevreuil ou d'une eazclle; ses deux dents canines de la mâchoire supérieure, sont iortgrandes; son caractère principal, consiste danslaprésencc, au prépuce du mâle , d'une espèce de bourse d'environ deux ou trois pouces de diamètre , et dans laquelle se filtre la li- queur ou plutôt l'humeur grasse du musc , différente par son odeur et par sa consistance de celle de la civette. _ La tête du musc a la même forme que celle de toutes les gazelles; ses oreilles sont longues, droites et mobiles; ses yeux sont assez grands, et ont l'iris d'un roux brun; le bord des paupières est de couleur noire, ainsi que les naseaux ; le corps est moins élancé que celui des antilopes ou gazelles ; les jambes de derrière sont considérablement plus longues et plus fortes que celles de devant. Les couleurs du poil sont peu apparentes; au lieu de couleurs décidées, il n'y a que des teintes de brun, de fauve et de blanchâtre, qui semblent changer lorsqu'on regarde l'animal sous différens points de vue. Le poil est très-gros et très-cassant. Le Musc n'a presque point de queue. Il existe une variété de musc qui est entièrement blanche, mais en même temps fort rare. Elle se trouve dans les contrées d'Abakauks. L'espèce du musc habite dans les royaumes de Boutari et de Tunquin, à la Chine et dans la Tartarie chinoise , et même dans quelques parties de la Tar- tarie moscovite. « Cet animal, dit Sonnini, vit solitaire et ne se plaît que sur les hautes montagnes et les rochers es- carpés ; tantôt il descend dans les gorges profondes et téné- breuses qui séparent les chaînes des monts les plus élevés; tantôt il grimpe à leur sommet couvert de neige. Il est très- leste et très-agile , et il nage aussi fort bien. Farouche à l'excès, il est très-difficile de l'approcher; il l'est également de l'apprivoiser, quoique la douceur forme la base de son caractère. Il entre en rut dans les mois de novembre et de décembre ; cette saison de l'amour l'est aussi de fureur et 06 C H E t\e combat entre les mâles. L'on mange la chair de ces ani- iiiaux ; celle des jeunes seuls est tendre et de bon goût. » Le musc (c'est ainsi que l'on nomme le parfum qui se trouve dans la poche que l'on remarque sous le ventre du Forte-musc) étoit autrefois très-employé par les parfumeurs; odeur qu'il répand est peut-être la plus forte des odeurs connues ; il n'en faut qu'une très-petite dose pour parfumer une grande quantité de matière ; l'odeur se porte à une grande distance ; la plus petite particule suffit pour le faire sentir dans un espace considérable , et le parfum même en est si fixe, qu'au bout de plusieurs années il semble n'avoir pas perdu de son activité. Le parfum qui se tire des animaux du musc , nous vient principalement du Boutan et de la Chine. On le falsifie en y mêlant du sang du même animal; et l'on remarque que ce- lui que l'on apporte du nord de la Chine, n'a pas autant d'o- deur que celui de la Chine même ; aussi vend-on les vessies qui le contiennent à très-bas prix. On rencontre fréquemment le porte-musc dans les montagnes de Kouznelzk, près du lac Tetetzkoï. C'est en hiver que l'on en pfend le plus ; on se sert de lacets et d'assommoirs que l'on place dans les ouvertures des haies, formées entre les rochers elles gradins des montagnes où ces animaux cherchent leur nourriture. Leurs peaux sont employées à des fourrures communes pour les voyageurs ; on les coud comme des peaux de chevreuils , et quand elles sont tannées , elles ont beaucoup plus de moelleux que celles de tous les animaux du même pays. Deuxième Espèce. — Le Musc de l'Inde , Moschus indicus. M. de Blainville, dans son mémoire sur plusieurs rumi- nans {Bull. Soc Phii, 1816), dit qu'il a dessiné à Lon- dres une très-belle tête osseuse, ayant appartenu , seloït ce qu'on lui a appris, à une grande espèce de porte-musc de rinde, décrite et figurée dans \ Oriental Miscellany. Elle esl remarquable par sa grandeur, ayant près de sept pouces de long, et surtout par le très -grand développement de ses canines. Troisième Espèce. — Le Chevrotain, Moschus pygmœus^ Linn. ; Buffon, tom. 12, pi. l^i. La taille de ce joli quadru- pède égale à peine celle du lièvre : il ressemble en petit au cerfparlafiguredumuseau,parla légèreté du corps, la brièveté de û queue et la forme des jambes; ses yeux sont grands ; son nez est aussi avancé que la lèvre supérieure , en quoi il diffère des boucs, à^& gazelles, etc.; le dessus du CQTps est d'un roux sombre, plus clair ou fauve sur les côtés; la ^orge , C ÎI E 4:37 la poitrine , le dessous du ventre et une partie de la face in- terne des jambes sont blancs ; quelques portions du pelage sont plus foncées, et la couleur y forme des bandes. Ses ca- nines sont très - longues , aplaties sur les côtés, dirigées obliquement et recourbées en arrière ; elles sortent hors de la bouche. Le chevrotain est d'une figure élégante, et très-bien pro- portionnée pour sa petite taille; il fait des sauts et des bonds prodigieux; mais apparemînent il ne peut courir long-temps^ car les Indiens le prennent à la course. Ce petit animal ne peut vivre que dans les climats excessivement chauds des Indes, orientales, où il est fort commun ; il est d'une si grande délicatesse, qu'on a beaucoup de peine à le transporter vivant en Europe, où il ne peut subsister, et où il péril en peu de temps; il est très-doux et très-familier. Ses jambes sont si fines , qu'après les avoir garnies d'argent ou d'or, on s'en sert comme de cure-dents. Sa chair, bonne à manger, est fort estimée des Indiens. Les voyageurs désignent ce petit animal par les noms de petite hîclie, petit cerf^ etc. Quatrième Espèce. — Le Memmitsa ou Chevrotain de Ceylan, Moschus memmina^ Linn. , Schrcb. , pi. 24-3. Cet animal , regardé par Buffon comme une simple variété de l'espèce du Chevrotmai, présente cependant assez de ca- ractères pour mériter d'être considéré comme une espèce distincte. 11 est plus grand; son corps est de couleur fauve foncé , surtout sur le cou et la ligne du dos , avec des points et des bandes blanches disposées en forme de livrée. Sa gorge est blanche. Ses sabots sont assez allongés. On le trouve à Ceylan. Cinquième Espèce. — Le Chevrotain DE Java ; petite ga- zelle de Java, Buffon, Suppl., tom. 6, pi. 3o. Il ressemble beaucoup au précédent par les formes de son corps et par sa taille ; mais il n'a point, comme le mem- mina., de bandes blanches ou de livrées sur le corps; le poil est seulement onde ou jaspé de noir sur un fond couleur de musc foncé, avec trois bandes blanches distinctement mar- quées sur la poitrine ; le bout du nez est noir, et la tête est moins arrondie et plus fine que celle du memmina , et les sa- bots des pieds sont plus allongés. Les habitudes de cet animal, qui vit à Java,, sont tout-à^ fait inconnues, (desm.) CHEVROTAIN DE GUINÉE À CORNES ou GUE- YEI. V. Antilope guevei. (desm.) CHEVROTIN, K. Chevrotain. (DESM.) CHEVROTINE. Synonyme de Cu£YRItt£. (b.) C H I CHEVROTINES. En terme de chasse, ce sont de pe- tites balles de plomb dont on se sert pour tirer les chevreuils; il y a cent soixante-six de ces balles à la livre, (s.) CHEYBEH. Nom arabe de TArmoise arborescente, Artemisia arborescent, Linn. , cultivée dans les jardins en Egypte, (ln.) CHEYLETE , Cheyletus. Genre d'arachnides, de l'ordre des trachéennes, famille des hélètres , tribu des acarides. On peut le reconnoître à ces caractères : organes de la mandu- cation formant un bec gros, avancé et conique; palpes courts, très-gros, en forjne de bras, et dont le dernier article est terminé par un crochet en faucille; huit pattes; corps ové. Schranck a nommé l'espèce qui m'a servi de type, Àcarus criidi'tus y parce qu'elle se trouve dans des livres. Elle attaque les collections d'insectes. Son extrême petitesse la dérobe aux regards de l'amateur. Sa couleur est blanchâtre; ejle marche lentement, (l.) CHEYLETIDES, Cheyletîdes. Famille d'arachnides tra- chéennes, établie par M. Léach, et qu'il compose des genres : Cheylète, Smaris, Bdelle et Jarcopte. Ses ca- ractères sont : huit pieds ; bouche en forme de bec ; des yeux distincts, (l.) CHEYLOGLOTTE, ou C?IEILOGLOTTE, Cheilo- glotlis. (ieure établi par R. Bronn , sur une plante bulbeuse de la Nouvelle-Hollande. Ce genre qui est de la gynandrie diandrie et de la f^iille des orchidées, offre pour caractère une corolle presque à deux lèvres et six pétales, les extérieurs e1 latéraux canali- çulés, cylindriques a leur sommet, insérés sous le pétale infé- rieur ; celui-ci onguiculé , glanduleux à son disque , muni à sa base d'un appendice en lanière ; une anthère à deux lobes rapprochés ; deux masses de poussière dans chaque loge. (B.) CHEZE. Nom vulgaire de la Mésange nonette, dans les environs de Niort, (vieill.) CHIA. Nom que les Espagnols donnent à une sauge {Sahia Jii'spanica , Linn. ). (ln.) GHIACCHIALACCA. Lesanciens Mexicains appelaient ainsi une race de poules qu'ils avoient réduite en domesticité, et qui ressembloient en tout à nos poules domestiques, à l'ex- ception quelles sont plus petites et brunâtres. {Foyagesau- iour du Monde, tome 6, page 26.) Celte race de poules n'existe plus en Amérique que dans l'état sauvage. F. Poule, (s.) CHIANTOTOLT. Oiseau du Mexique , de la taille de \' élourneau. Bec un peu courbé et cendré ; poitrine et ventre G Tî î /,3r, blancs et tachetés de roux ; dos brun et varie de bleu; ailes noires et blanches, (v.) CHIAPPARONNE. Nom que porte le Proyer , dans le pays de Gènes. V. Proyer. (s.) CHIAR. Nom arabe d'une variété du concombre cultivé (jCuaimis salmts, L.). Quelques hordes deTarlares nomment ce concombre Chijar. (ln.) CHIARELLA. Nom italien de la sclarée , espèce de Sauge, (ln.) CHIASTOLIN. Nom donné par M. Karsten à la mâdey espèce minérale que M. ^^erner appelle Holspath. Voyez MÀCLE. (ln.) CHIBI. Le Chat domestique au Paraguay, selon d'Azara. D'autres lui donnent le nom de Mbaracaya. (s.) CHIBIGOUAZOU ou MBARACAYA-GOUAZOU, c'est-à-dire, grand Chat ^ au Paraguay. Espèce du genre Chat, (besm.) CHllîOU. Espèce la plus commune de Gomart. (b.) CHIROULE. Altération de Ciboule, (b.) CHIC. Nom provençal , qui semble remplacer celui de Bninnt ; du moins c'est à presque tous les oiseaux de ce genre qu il est appliqué. Le Chic proprement dit est le Mililène et le Zizi. Le Ciiic d'avausse, le Moiichct oulaL Faui'efte d'fiivcr. Le Cllic Farnous , le Bnianifou. Le Chic gaa'OTTE , le Bmant gamué. Le Chic jaune., \q Bmant proprement dil. Le Chic moustache , le Bnuint gavoue. Le Chic perdrix, \e: Bruant proyer. Le Chic de roseaux, le Bruant ou VOrtoIan de roseaux, (v.) CHICA. C'est une boisson que préparent les Brasiliens , les Chiliens , les habitans des Terres Magellaniques, et plu- sieurs autres peuples américains. La manière dont on la fait est fort dégoûtante. De vieilles femmes mâchent les gousses charnues et sucrées d'un arbre appelé algarova , ou les fruits de l'arbre molie , et les crachent dans un vase ; on y ajoute de l'eau , et on laisse fermenter le tout. Au bout de quelques, jours , on obtient un breuvage enivrant. Dans certaines con- trées , on se sert de maïs , de patates , ou d'autres substances végétales un peu sucrées et fermentescibles. On peut y ajou- ter quelques herbes amères , afin d'obtenir une espèce de bière. Plusieurs insulaires de la mer du Sud préparent une sorte de rliica avec diverses plantes. Les Otahitiens font un breuvage avec une espèce de poire sauvage , qu'ils mettent infuser dans de l'eau. Cette boisson est acre , forte , stimu- lante , mais n'enivre pas , quoiqu'elle anime un peu. Tous Uo G H I les peuples de la terre recherchent ainsi des boissons , des substances excitantes ou enivrantes, de sorle qu'on croiroit que la raison leur est à charge. Les animaux ne paroissent point avoir de tels goûts. F. l'article Homme. (virj:y.) CHICAL. Selon Hasselquist, c'est le nom qu'on donne en Turquie au Chacal. V. Chien, (desm.) CHICALY ou CHICALY- CHICALY. Oiseau fort commun dans les bois de T isthme de Panama , et d'une grande beauté , suivant quelques voyageurs. Le son de sa voix approche du cri du Coucou , mais il est plus perçant et plus rapide : l'oiseau est assez gros; sa queue est longue, et il la porte droite comme le Coq ; sou plumage est pana- ché de plusieurs couleurs vives , de rouge , de bleu , etc. ; il vit de fruits sauvages ; il se tient sur les arbres , et on le voit rarement à terre ; sa chair noirâtre et grossière ne Jaisse pas d'avoir assez bon goût; enfin les naturels de l'isthme se font , avec les plumes de son dos, une espèce de tablier. L'on seroit tenté de penser que ce Chicaly est un Ara ; mais il n'est pas , à coup sûr , un oiseau chonieur. (s.) CHICAS, CHOCAS , CHOUCA, CHUCAS. Nom« vulgaires du Choucas, (v.) CHICASAW. Nom que l'on donne, dans le nord de l'A- mérique, à une espèce de Prunier {Pnmus angustifolia.'). (ln.) CHl CHAP HOA. Nom chinois d'une espèce de Car- nianline ( Jusiicia purpuiea , L. ) , qui croît aux environs de Canton, (ln.) CIIICH-CICH. Nom duGoBE-MoucHE gris à Turin.(v.) CHICHE , Cicer. Genre de plantes de la diadelphie dé- candrie, et de la famille des légumineuses, dont les carac- tères sont d'avoir un calice monophylle, persistant, presque aussi long que la corolle et à cinq découpures , dont une seule est située sous la carène ; une corolle papilionacée , composée d'un étendard arrondi et plus grand que les autres pétales , de deux ailes rapprochées , et d'une carène plus courte ; dix étamines , dont neuf sont réunies à leur base ; un ovaire supérieur ovale , chargé d'un style ascendant , à stigmate obtus. Le fruit est une gousse rhomboïdale ou ovoïde, enflée, vésiculeuse, et qui contient environ deux semences presque globuleuses , avec une petite pointe à leur base. Ce genre ne renferme qu'une espèce , qui est connue sous le nom de pois-chklte ., ou àc gaivnnce ^ ai dont les tiges sont droites, les feuilles ailées avec une impaire, les folioles et les stipules dentées, les pédoncules presque uniflores et axillaires. C'est une plante annuelle, que l'on cultive de toute ancien- neté, pour sou fruit, dans les contrées méridionales de l'Eu- C II I 44, rope , clans la Turquie d'Asie et on Egypte , et que Ton a introduite depuis quelques années dans les parties septentrio- nales de la France , pour sa fane. Le chùlie ^ quoique originaire des pays chauds, ne craint point les pluies de Tautomnc ni les gelées: aussi le sèine-t-on avant l'hiver. Plus on ameublit la terre qui lui est destinée , et plus on peut espérer une récolte abondante ; mais comme on le sème souvent sur les jachères , on n'a pas toujours le temps de donner plusieurs labours. Les ;bojW/«V7/^s sont un très-bon manger ; mais les esto- macs délicats ""doivent n'en faire usage qu'en purée. Ils sont bien plus savoureux dans les pays secs et chauds qu'aux en- virons de Paris. Leur fane est un excellent fourrage, surtout pour les moutons. On la coupe plusieurs fois dans le courant d'un printemps , et on la donne en vert aux brebis et aux vaches qui en sont très-friandes, pour augmenter leur lait. On ne connoît pas encore assez généralement tous les avantages de la culture des chiches comme fourrage, mais l'expérience y conduit chaque jour, La plante du rhir/ie, dans les pays chauds, laisse transsu- der pendant sa floraison , à l'heure de midi , et de toutes ses parties, une liqueur acide, assez intense pour corroder les bas et les souliers des personnes qui marchent à travers les champs qui en sont semés. Lamar«A a décrit une seconde espèce de rhirhe ; mais comme elle a les feuilles simples , et les légumes multisper- mes , il est plus convenable de la rapporter aux Crota- LAIRES, (b.) CfilCHE. Le petit Po«r7«V:^^ est une espèce de Ves(;e.(b.) CHICHICTLI. Nom mexicain d'un oiseau de nuit. V. le genre Chouette, (v.) CHICHILTOTOTL. Nom mexicain du Jacap a bec d'argent, (s.) CHICHIN. Nom arabe donné, en Egypte, à une casse cultivée dans les jardins du Caire ( Cassia absus). (ln.) CHICHIVAL. Plante herbacée du Pérou , vantée par Hernandez comme un admirable fébrifuge ; elle paroît être la capraire biflore , Linn. , ou une espèce voisine. (LN.) CHICMLAS. L'un des noms grecs de la DraIiSE , espèce de Grive {turdus viscwojvs), Linn. (desm.) CHICK-WEED. En anglais, ce nom est celui du Mou- ron des petits oiseaux ou morgeline. Il est donné aussi à plu- sieurs plantes ; exemple : Berry-bearing-cuickweed; c'est le CucuBALus eaccieer , Linn. ; Mouse-ear chickweed , ce sont les céraistes; Chickweed wather , c'est le mouron d'eau ou montie des fontaines; Chickweed WINTER-gkee.n t 44. C II ï c'est le trieniale d'Europe; enfin plusieurs véroniques, telles que les V. agreste , des champs , triphylle et THo- LOSTÉE , Holosteum iimheUatum ^ portent aussi ce nom. (ln.) C H I CLI. Nom (Vune Fauvette du Paraguay. V. ce mot.(v.) CHICON. Variété de la Laitue, (b.) CHICORACE, Chicoraceiis. Genre de Coquilles établi par Denys de Montiort auxdépens des Rochers de Linnaeus. Ses caractères sont : coquille libre, univalve , à spire, élevée, en feuilles; ouverture arrondie; columelle lisse; lèvre exté- rieure armée , frisée et crépue ; canal de la base large et recouvert par la prolongation de la columelle. L'espèce qui sert de type à ce genre est le Rocher rAmeux de Linnœus, figuré par Dargenville, tab. i6 C, et Zoomorpb. tab. 4-D- Les marchands la connoissent sous les noms de chi- corée frisée, cliausse-trape ^ chei'al de f lise , pourpre feuillclée. Sa forme est triangulaire. Sa longueur est de trois à quatre pou- ces. Sa couleur est un fauve sale. Onlapêche sur les côtes in- terlropicales d'Afrique el d'Amérique. L'animal qui la forme a deux tentacules qui portent les yeux à leur base extérieure .sur nn tubercule. Lue trompe rélractile leur sert de bouche. Leur pied est pourvu d'un opercule corné, et leur manteau , qui est frangé , se replie en forme de tube dans le canal de la base. 11 vit de poussons et de mollusques, qu'il .suce, (b.) CHICORACÉES. Famille de plantes dont la fructi- fication est composée d'un calice commun , sujet à varier dans sa forme el dans sa structure; de fleurs toutes en lan- guettes et hermaphrodites , à languette entière ou dentée à son sommet ; d'un stigmate à deux divisions roulées en de- hors ; de semences nues ou surmontées d'une aigrette ; d'un réceptacle ordinairement nu, quelquefois couvert de poils ou de paillettes. Les plantes de cette famille sont herbacées et lactescentes; leur tige, quelquefois scapiforme, porte des feuilles alter- nes, souvent pimiatifides ou roncinées; les fleurs, ordinaire- ment de couleur jaune ou bleue , affectent différentes dis- positions. Elles s'épanouissent le matin et se ferment vers le milieu du jour. Ventenat rapporte  cette famille , qui est la première de la dixième classe de son Tableau du règne végétal., dont les ca- ractères sont figurés planche 12, n." 3 du même ouvrage, de qui on a emprunté l'exposé ci-dessus, vingt-six genres, sous cinq divisions. i.° A réceptacle nu et à semences sans aigrettes : la Lamp- SANE et le Ruagadiole. 2." A réceptacle nu et à semences garnies d'aigrettes sim- ples : le PRÉl^!A^THE , U Chondrille , la Laitue , le Lai- C H I 4/,3 TRON , I'EpERVIÈRE , la CrÉPIDE , la DrÉPANE , THÉDY- PNOïDE, I'Arnosère , I'Hyosère et le Pissenlit. 3." x\ réceptacle nu et semences pourvues d'aigrettes plu- meuses : la Lionde>{T, la PicRiDE, I'Helmentie, le Scor- soknère, le Salsifis et I'Urosperme, 4-.° A réceptacle garni de paillettes ou de poils, à aigrettes simples ou plumeuses : le Géropoge, la Porcelle, la Sé- riole et ^A^DRI^LE. 5." A réceptacle garni de paillettes et à aigrettes arisiées ou nulles : la Cupidone, la Chicorée et le Scolyme. (b.) CHICORÉE, Cichorium ^ Linn. {^Syngénésie polygamie égale. ) Genre de plantes de la famille des cynarocéphales, dont les caractères sont d'avoir des fleurs composées de demi-tleurons hermaphrodites, disposés circulairement sur un réceptacle garni de paillettes. Chaque demi-fleuron est roulé en cornet à sa base , et s'ouvre ensuite en une languette plane et linéaire, terminée par cinq dents ; du fond du cornet s'élèvent cinq étamines et un style. Toutes les fleurettes sont entourées par un double calice ; l'intérieur est composé de huit écailles étroites et lancéolées , formant le cylindre avant l'épanouissement de la fleur; le calice extérieur n'a que cinq écailles qui sont courtes, lâches et rabaissées. Le fruit con- siste en plusieurs semences anguleuses , renfermées dans le calice , et couronnées d'une aigrette courte et sessile. Ce genre , qui a des rapports avec lescupîdones et [essérioles^ ne comprend que six espèces , dont deux sont connues de tout le monde , et cultivées généralement pour leurs propriétés alimentaires et médicinales. L'une est d'un grand usage pour la table , et se trouve dans tous les potagers : c'est la Chi- corée des jardins ou I'Endive. L'autre , quoique bonne à manger, est plus particulièrement employée en médecine : c'est la Chicorée sauvage ; on la cultive aussi en grand pour la nourriture des bestiaux. Nous allons d'abord parler de celle-ci. La Chicorée sauvage, Ckhonum infybm, Linn. , ou Chi- corée amèrE', est une plante vivace qu'on trouve commu- nément en Europe , sur le bord des champs et des chemins. Sa racine est en forme de fuseau , fibreuse et remplie d'un suc laiteux. Sa tige s'élève depuis deux jusqu'à trois ou quatre pieds , suivant le local ; elle est simple , ferme , tortueuse , herbacée et rameuse. Les feuilles se trouvent placées alter- nativement sur ses tiges ; leur couleur est dun vert foncé : celles du bas sont oblongues , légèrement velues et divisées jusqu'à la côte du milieu en plusieurs segmens, terminés en pointe ; les supérieures ont à peu près la même forme , mais elles diminuent de grandeur vers le sommet de la plante , et 4« C H I leurs découpures sont moins profondes. Les fleurs grandes , sessiles et communément bleues , naissent deux à deux aux aisselles des feuilles ; les folioles de leur calice sont ciliées : il y a des variétés h. fleurs rouges et h. fleurs blanches. Cette plante acquiert une plus grande hauteur par la culture ; elle pousse une tige plus droite , beaucoup plus rameuse , porte des feuilles plus longues, moins découpées, et à sur- faces presque entièrement lisses; quelquefois ses feuilles sont panachées de rouge foncé. On sème communément la chicorée sauvage au printemps, plus tôt ou plus tard , suivant le climat et le lieu. 11 faut semer dru et à la volée, si on doit la consommer étant jeune; clair ou par rayons, si elle doit passer Tannée. On peut la replan- ter, soit en planches, soit en bordures; pour lavoir tendre et moins amère , il faut la couper souvent. On adoucit la chi- corée sauvage, et on la fait blanchir en la cultivant dans un lieu tempéré et privé du contact de la lumière. Cette plante, cultivée en grand, peut devenir importante dans l'économie rurale. C'est à Cretté de Palluel qu'on doit les premiers essais de cette culture. lien a publié le résultat dans divers mémoires présentés à la Société d'agriculture de Paris. Son exemple a bientôt été suivi par plusieurs agro- nomes, entre autres par Arthur Young. Ce célèbre agri- culteur anglais , ayant vu la culture en grand de la chi- corée chez Cretté de Palluel, s'est empressé de l'établir dans son pays. Après avoir rendu compte de ses expé- riences à "(' sujet dans ses Annales d agriculture (n.° vS), il ajoute : « Je m ^^slime vm peu moi-même d'avoir été le pre- mier qui ait introduit cette plante dans l'agiicullure anglaise; et quand mes voyages sur le Continent n'auroient pas produit d'autre effet , mon temps ne seroit pas perdu : je souhaite que chaque voyageur ait un présent aussi utile à faire à sa patrie. » La chicorée sauvage vient aisément dans toutes sortes de terrains, mais beaucoup mieux dans un bon sol bien amendé; elle exige peu de frais de culture : on la sème après un seul labour, et on la recouvre avec la herse. Elle brave la séche- resse, résiste aux orages et aux pluies, ne craint ni la gelée ni les grands froids ; elle croît d'ailleurs de très-bonne heure , et forme un excellent fourrage printanier. Sa croissance est aussi rapide que précoce : on la coupe chaque année trois ou quatre fois , et même plus souvent. Si les coupes sont faites avant que ses tiges soient trop fortes et trop élevées, elle en sera plus tendre et plus savoureuse ; on peut la donner aux animaux , verte ou fanée , il n'importe. En la fauchant à fur et mesure, selon le besoin, lorsqu'on sera arrivé à l'extré- mité du terrain , la premièrç chicorée coupée sera en état cm ^^5 â'être fauchée cle nouveau; son produit en volume et en poids, sur la même surface, est très-supérieur à celui du trèfle, et même de la luzerne. On n'a pas besoin de préparer les bestiaux à cette nourriture ; elle est pour eux aussi saine qu'abondante , purifie leur sang, les préserve et les guérit même de certaines maladies ; elle donne aux vaches beau- coup de lait qui n'a rien de l'amertume de la plante. Enfin la chicorée sauvage , cultivée en grand , fournit , huit mois de l'année , un bon fourrage vert. Elle forme la première prairie du printemps et la dernière de l'automne. Quelle autre plant<î réunit tous ces avantages.** Cependant , comme elle purge lé- gèrement , il ne faut la donner abondamment ni constamment aux bestiaux. L'infusion des feuilles ou des racines de chicorée sauvage est une boisson très-salutaire dans un grand nombre de ma- ladies; on les emploie dans les bouillons et les tisanes ra- fraîchissantes. Cette plante est apéritive, purgative et fébri- fuge ; elle convient dans les engorgemens des viscères, la jau- nisse, l'obstruction du foie ou de la rate, la goutte, les rhu- matismes invétérés, etc. : avec son suc et la rhubarbe , on fait un excellent sirop vermifuge pour les enfaus. Sa graine est comptée au nombre des quatre petites graines 4'roides , qui sont celles de chicorée sauvage^ à'endwe , de iai/ue et de pourpier. Dans quelques pays, principalement en Allemagne,, on fait sécher et on réduit en poudre ses racines, qu'on mêle ainsi par tiers ou par moitié au café. Elle est , sous ce rap- port, l'objet d'une culture de quelque importance, même en France. Le peuple préfère cette boisson au thé , qui n'esC ni aussi sain ni aussi nourrissant , et qui est surtout plus cher. Ne pourroit-on pas employer à cet usage les racines de chicorée amère qu'on fait blanchir en hiver dans les caves ^ La Chicorée des jardins ou Endive , Cichorium emVwia , Linn. , est une plante annuelle qui offre plusieurs variétés , que le climat , le lieu, l'exposition ou les soins du jardinier font varier encore. Les principales sont la scarole ou scaiiole grande et petite , la chicorée blanche et la chicorée fiisée. Les deux premières variétés n'ont point leurs feuilles découpées; dans la dernière elles sont divisées profondément vers leur base et crépues. L'endive s'élève à environ deux p^^s ; elle a des racines fibreuses et laiteuses, une tige simpWlif lisse, creuse et can- nelée, des feuilles alternes et des fleurs bleues sessiles aux aisselles des rameaux, et pédonculées à leur extrémité ;»ses graines sont semblables à celles de la chicorée sauvage. Elle croît naturellement dans les prés secs, et fleurit tout Tété. On la cultive comme plante potagère. Elle a les mêmes ver- «G C H I lus médicinales que la chicorée anière, mais dans un degré beaucoup plus foible. Comme les endives varient par la cul- ture en grosseur, en tendreté , en précocité , de même la cul- ture de ces plantes et Tépoque des semis varient selon les pays et les climats. En général , les premiers semis sont su- jets à monter, pour peu que le pnntemps soit chaud ; ceux faits à la fm de cette saison ou au commencement de l'été réussissent mieux, et on a alors des salades jusqu'après l'hiver. Ces' planles souffrent très-bien la transplantation, pourvu qu'on ne mutile pas leurs racines ; mais plus on se hâte de les transplanter, plus tôt elles montent en graines. On fait blanchir les chicorées en les liant avant que leurs tiges com- mencent à s'élever. La semence de chicorée, dit Rozier, peut se conserver très-long-temps, pourvu qu'elle soit tenue dans un lieu sec ; après dix ou douze ans elle est encore bonne à semer : m.al- gré cela , on doit toujours préférer la plus récente. Les en- nemis de cette plante sont la couriilîère, le ver du hanneton ; tous deux coupent la racine entre deux terres ; le second s'en nourrit. On est sûr par conséquent de trouver celui-ci en fouil- lant la terre ; mais la courlilière, après avoir fait son dégâl , poursuit sa route souterraine, et il faut toute la vigilance du jardinier pour la découvrir et la détruire, (d.) CHICOREUS. Nom latin des coquilles du genre Chi- CORACE de Denys de Montfort. (desm.) CHICOT, Gymnodadus. Genre de plantes de la dioécie dodécandrie , et de la famille des légumineuses , dont les caractères sont : un calice d'une seule pièce à cinq divi- sions ; cinq pétales un peu inégaux; dix étamines libres dans les pieds mâles, et un ovaire supérieur oblong, chargé d'un style simple dans les pieds femelles; une gousse cylindrique, pulpeuse , divisée en plusieurs loges par des cloisons trans- versales, et qui contient une semence dans chaque loge. Ce genre est composé de deux arbres , dont un faîsolt partie des BoNnucs ; c'est le f^ùilandina dioica de Linnaeus ; l'autre a été décrit par Forskaël sous le nomjd'HiPÉRANTHÈRE. Ce sont des arbres de moyenne grandeur, inermes, dont les feuilles sont une fois allées, les folioles alternes, les Heurs disposées en épis paaiwilés et terminaux. Le premier , le Chicot du Canada ,^K cultivé dans les jardins, où on le multiplie de racines, et où il intéresse par la beauté de son feuillage , qu'il perd tous les ans. Lorsque ses feuilles sont tombées, sa cime n'est plus garnie que de quelques rameaux qui parolssent comme morts , qui semblent être des chicots ; ce qui a fait donner le nom au genre. _ C II I ^ ■ -i^' Le Chicot d'Arabie n'a pas lout-à-fait les caractères du précédent; mais il s'en rapproche assez pour qu'on soit fondé à les réunir sous la même dénomination générique, (b.) CHICQUEKA, r. CuiQUERA. (s.) CHICUALTI. TSom que l'on donne à une bécasse mon- tagnarde des Indes, (v.) CHIDA, Dioscoride. Cette plante est rapportée aux Panicauts. ( Eiyugium ) par Adanson. (lis.) CHIEN, Canis , Linn., Erxlcb. , Cuv. , etc. Genre de mammifères Carnassiers digitigrades , ayant pour caractères : six dents incisives à chaque mâchoire , placées sur une même ligne; des canines plus longues que les incisives, coniques, aiguës et lisses ; six molaires supérieures de chaque côté , savoir : trois petites dents aiguës tranchantes, à un seul lobe, ou fausses molaires en avant ; une grosse dent bicuspide et aussi tranchante ou carnassière , et deux petites dents à cou- ronne plate, ou tuberculeuses au fond de la bouche ; sept mo- laires inférieures ; savoir : quatre fausses molaires^ une carnas- sière^ dont la pointe postérieure est mohsse , et deux dents tuberculeuses : en tout quarante - deux dents. Mâchoires plus allongées et moins robustes que celles des chats ; arcade zy— gomatique médiocrement arquée ; museau pointu , avec une partie nue assez considérable et arrondie ; langue lisse ; oreilles médiocres et pointues (dans l'état dénature); la queue moyenne ; point de poche près de Tanus ; les pieds de devant pentadactyles , les postérieurs tétradactyles; les ongles allongés, aigus, non rélractiles ; les mamelles placées sur la poitrine et le ventre , etc. Ce genre renferme de nombreuses espèces qui sont répan- dues sur toutes les contrées de la terre , et dont une totale- ment asservie par l'homme , est un des plus puissans instru- inens dont il se soit servi pour vaincre et dominer tous les autres animaux. Tous les chiensvivent de proie, qu'ils chassent et qu'il sforcent à la course, et qu'ils n'attendent pas à l'affût comme le fontles mammifères du genre des chats. Tousse re- paissent avec plaisir de chairs corrompues, que les chats , au contraire, n'approchent jamais; tous mangent aussi dans l'occasion diverses parties de végétaux qu'ils triturent avec les dents tuberculeuses qui garnissent le fond de leur bouche. La plupart de ces animaux se réunissent en troupes ou meutes et chassent en commun avec une grande rapidité , les espèces paisibles dont ils font leur proie , tandis que d'au- tres s'introduisent isolément et par adresse dans les habita- tions des hommes , pour dévorer lesvolailles ou enlever les bes- tiaux qu'on y élève. Leur vue est très-bonne ; mais surtout leur odorat est exquis , ce qui est dû au prodigieax développement de 4(8 C H I la surface de la membrane pituitaire, sur les nombreux replis de leurs cornets ethmoïdaux. Les femelles font trois à cinq pe- tits, qu elles élèvent avec tendresse et qu'elles défendent avec courage. Quelquesespccesse creusentdeslannières, ou profi- tent des terriers creusés par d'autres animaux ; mais le plus grand nombre établit son domicile dans les taillis des forêts les plus fournies, etc. Première Espèce. —Le Chien domestique, Canisfamilians , Linn. Le cbien , Buffon , tome 5. Canis famillans , caudâ ( sinistrorsùm ) recwvatâ , Linn. Faim. Suer, cl Syst. naturœ. Les caractères distinctifs des chiens ne sont pas faciles à saisir; ces animaux ont subi tant d'altérations, qu'il est presque impossible actuellement de recounoitre leur forme primitive; on seroit même embarrassé de désigner un seul caractère ex- térieurcommun à toutes leurs variétés; les plus remarquables sont à l'extérieur: les poils dont le corps est le plus ordinai- rement couvert, et qui sont épais, plus durs sur le dos, et à peu près de la même longueur sur toutes les parties du corps ; la tête oblongue se rétrécissant devant les yeux ; le crâne élevé et son sommet en arête; le derrière de la tête terminé par des prolongemens de l'occiput , qui s'étendent en arrière en forme de crêtes, et allongent la partie supé- rieure de la tête ; la lèvre supérieure obtuse, et couvrant de chaque côté celle d'en bas, dont les bords sont dégarnis de poils et comme dentelés par Aes. excroissances molles et charnues ; des muscles très-robustes donnant le mouvement aux mâchoires ; sur la lèvre supérieure , àcs moustaches for- mées de soies roides, recourbées en avant, et implantées sur des espèces de verrues ; plusieurs de ces verrues à soie moins longues , garnissant en devant la lèvre inférieure ; le nez obtus, nu, ridé et toujours humide , du moins quand le chien n'est pas malade ; les ouvertures des narines arron- dies ; six dents incisives et deux canines à chaque mâchoire : six dents molaires de chaque côté à la mâchoire supérieure , et sept aussi de chaque côté à la mâchoire inférieure , en tout quarante-deux dents; mais ce nombre n'est pas constant dans tous les sujets; plusieurs ont quelques dents de moins et quelques-uns en ont davantage ; toutes les dents incisives de la mâchoire supérieure marquées sur leur face antérieure par deux petites cannelures , qui semblent les diviser en trois lobes ou parties distinctes, dont celle du milieu est la plus grande ; une pareille cannelure sur les premières dents , et quelquefois sur les secondes , de la mâchoire de dessous ; les sourcils peu apparens ; plusieurs verrues à la face ; le cou un peu arrpndi et presque aussi long que la tête ; treize C H I 449 côtes , neuf vraies et quatre fausses de chaque côté ; le même nombre de vertèbres dorsales et sept lombaires; les os des hanches en forme de cuiller; les pieds de devant divisés en cinq doigts, ceux de derrière en quatre, et rarement en cinq ; ces doigts séparés les uns des autres , sur la longueur de la seconde et de la troisième phalange, et armés d'ongles con- vexes, obtus, creusés en gouttière, et que l'animal ne peut retirer ni faire sortir à volonté ; sous chaque doigt un petit tubercule arrondi ; derrière eux la pomme est garnie d'un gros tubercule figuré en trèfle ; une callosité au pli du poignet ; dix mamelles, quatre à la poitrine et six sous le ventre ; le mâle n'en a que six placées sur cette dernière partie ; la queue ronde, couverte de poils : l'animal l'agite en signe de joie, et il la laisse pendante entre ses jambes lorsqu'il est affecté par la crainte. « Le chien a le palais profondément sillonné en travers , la langue arrondie et mince à son extrémité , large et aplatie dans sa longueur , et comme partagée en deux par une ligne creusée dans son milieu,; le cerveau assez considérable ; l'estomac d'une assez grande capacité , s'étendant presque autant à droite qu'à gauche , ayaflt sa grande convexité en bas, semblable à celui de l'homme, mais moins épais ; le co-; Ion plus gros et plus ample que les autres intestins ; le cœcum assez grand, oblong, se repliant sur lui-même en deux en- droits ; le cœur placé au milieu de la poitrine , sa pointe tour- née en arrière ; la vésicule du fiel en forme de poire ; la rate oblongue et d'un rouge plus foncé en dedans qu'en dehors; le poumon droit divisé en quatre lobes , et le gauche en deux seulement. » (Sonnini. ) Les chiens naissent communément avec les yeux fermés, et la plupart n'ont les yeux ouverts qu'au dixième ou douzième jour. Dans ce même temps , les os du crâne ne sont pas achevés ; le corps est bouffi , le museau gonflé , et leur forme n'est pas encore bien dessinée ; mais ils prennent bientôt de la force et un prompt accroissement. Vers le quatrième mois, quelques-unes de leurs premières dents tombent , et ne tar- dent pas à être remplacées par d'autres qui ne tombent plus. Dans le premier âge , les mâles , comme les femelles, s'ac- croupissent un peu pour pisser ; ce n'est qu'à neuf ou dix mois que les mâles, et même quelques femelles, commen- cent à lever la cuisse; et c'est dans ce temps qu'ils commen- cent à être en état d'engendrer. Le mâle peut s'accoupler en tout temps , mais la femelle ne le reçoit qu'à des époques marquées ; c'est ordinairement deux fois par an, et plus fréquemment en hiver qu'enflé ; la. 45o C H I chaleur dure dix , clouze , et quelquefois quinze jours. On a reconnu qu un seul accouplement suffit pour que la femelle conçoive , même en grand nombre ; cependant , lorsqu'on la laisse en liberté , elle s'accouple plusieurs fois par jour avec tous les chiens qui se présentent ; on observe seulement que, lorsqu'elle peut choisir , elle préfère toujours ceux de la plus haute taille, quelque laids et quelque disproportionnés qu'ils puissent être ; aussi arrive-t-il assez souvent que de peliles chiennes qui ont reçu des mâtins , périssent en faisant leurs petits. Dans Taccouplemenl , ces animaux ne peuvent se sé- parer , même après la consommation de l'acte de la géné- ration ; tant que Tétat d'éreclion et de gonflement subsiste, Us sonl forcés de demeurer unis , et cela dépend de leur c'onformalion. Le chien a non- seulement , comme plu- sieurs autres animaux, un os dans la verge , mais les corps caverneux forment dans le milieu une espèce de bourrelet fort apparent , et qui se gonfle beaucoup dans l'érection. Dans la chienne , le gonflement des parties dure bien plus long-temps que celui du mâle , et suffit aussi pour le retenir mal- gré lui. Les chiennes portent neuf semaines , c'est-à-dire soixante- trois jours , quelquefois soixante-deux ou soixante-un , et ja- mais moins de soixante ; elles produisent six , sept , et quel- quefois jusqu'à douze petits ; celles qui sont de la plus grande taille produisent en plus grand nombre que les petites, qui souvent ne font qu'uii ou deux petits. La vie du chien paroil ordinairement bornée à quatorze ou quinze ans , quoiqu'on en ait gardé quelques-uns jusqu'à vingt Lon peut connoitre son âge par les dents qui , dans la jeunesse , sont blanches , tranchante^ et pointues , et qui , à mesure qu'il vieillit , deviennent noires, mousses et inégales; on le connoît aussi par le poil , car il blanchit sur le museau , sur le front et autour des yeux. La vieillesse dans les chiens est toujours un état de douleur et d'infirmité ; ils deviennent presque tous aveugles et sourds. Les chiens sont naturellement voraces ou gourmands , et cependant ils peuvent se passer de nourriture pendant long- temps ; mais leau paroit leur être encore plus nécessaire que le^ alimens ; ils boivent souvent et abondamment; on croit même vulgairement que quand ils manquent deau pendant long-temps , ils deviennent enragés. La force digeslive de lestomac du chien est três-rcmar- quable : les os y sont ramollis et digérés avec autant de facilité que les mâchoires en ont à les casser. Les sucs gastriques font .*iout le travail de cette digestion ; la trituration n y contribue G H I /^r;, point. Les chiens sont d'une grande avidité, et ils s'accom- juodent assez bien de toute sorte d'alimens. Cependant ils ont une aversion invincible pour plusieurs espèces d'oiseaux, dont la chair a une odeur forte et sauvage ; mais, par une suite d'un goût plus déprave , ils préfèrent aux viandes fraî- ches, les voiries les plus infectes ; et il n'est pas rare de voirie chien le plus délicatement soigné , quitter les nourritures de choix qu'on lui prodigue, pour courir à des charognes, les déchirer avidement , et se rouler avec délices sur leurs lam- beaux en pourriture. Naturellement carnivores, les chiens ne mangent guère de végétaux crus ; et si quelques-uns ai- ment la salade, c'est plutôt pour son assaisonnement que pour la plante elle-même. Ces animaux , qui d5 leur naturel sont très-vigilans , très- actifs , et qui sont faits pour le plus grand mouvement, de- viennent dans nos maisons , par la surcharge de la nourriture , si pesans et si paresseux , qu ils passent toute leur vie à ron- fler, dormir et manger. Ce sommeil , presque continuel , est souvent accompagné de rêves , où l'ardeur du naturel sem- hfe se retrouver ; car ils paroissent chasser en songe , sont agités , haletans , et aboient d'une voix étouffée. Quand les chiens se sentent malades , ils avalent les feuilles du chiendent , et de plusieurs autres graminées : ce remède les fait vomir , et les guérit. « L'on connoit , dit Sonnini , la manière dont les chiens s'approchent et se reconnoissent en- tre eux ; mais l'on ne sait pas généralement que cette sin- gulière habitude est fondée, d'une part, sur la finesse de leur odorat, et de l'autre , sur deux glandes ou vésicules particu- lières placées de chaque côté de l'anus , et qui y communi- quent par un orifice bien apparent. Elles ont assez de capa- cité , et la forme ovoïde ; leurs parois intérieures sont lisses , et elles exhalent une odeur fétide et pénétrante. » Une autre particularité qui distingue le chien de presque tous les autres quadrupèdes, estla direction de la queue ; elle est leplussouventrecourbée du côté gauche. A l'avis de Sonnini , cette direction vient de ce que le chien marche et court obli- quement , et qu'il porte le côté droit en avant ; de sorte qu'il est nécessaire que sa queue se jette du côté gauche , pour né pas opposer de résistance à l'air. « Le chien , dit l'éloquent Buffon , indépendamment de la beauté de sa forme , de la vivacité , de la force, de la légèreté, a par excellence toutes les qualités intérieures qui peuvent lui attirer les regards de l'homme. JQn naturel ardent, colère , même féroce et sanguinaire , rend le chien sauvage redou- table à tous les animaux, et cède dans le chien domestique iux sentifnens les plus doux , au plaisir de s'attacher et au dé- ^52 C H I sir de plaire ; Il vient , en rampant , mettre aux pieds de sjon maître son com\ige , sa force , ses talens : il attend ses ordres pour en faire usage ; il le consulte , il l'interroge , il le sup- plie ; un coup d'œil suffit , il entend les signes de sa volonté ; sans avoir comme Thomme , la lumière de la pensée , il a toute la chaleur du sentiment ; il a de plus que lui la fidélité , la constance dans ses affections ; nulle ambition, nul intérêt, nul désir de vengeance, nulle crainte que celle de déplaire ; il est tout zèle, toute ardeur et toute obéissance; plus sensible au souvenir des bienfaits qu'à celui des outrages, il ne se re- bute pas par les mauvais traitemens ; il les subit, il les oublie , ou ne s'en souvient que pour s'attacher davantage ; loin de s'irriter ou de fuir , il s'expose de lui-même à de nouvelles épreuves; il lèche cette main, instuument de douleur qui vieait de le.frapper; il ne lui oppose que la plainte , et la dés- arme enfin par la patience et la soumission. Plus docile que l'homme, plus souple qu'aucun des animaux, non-seulement le clxien s'instruit en peu de temps ; mais même il se conforme aux mouvemens , aux manières , à toutes les habitudes de ceux qui lui commandent; il prend le ton de la maison qu'il habite ; comme les autres domestiques, il est dédaigneux chez les grands et rustre à la campagne ; toujours empressé pour son maître et prévenant pour ses seuls amis , il ne fait aucune attention aux gens iudilîérens, et se déclare contre ceux qui , par état, ne sont faits que pour importuner; il les connoît aux vêteniens , à la voix , à leurs gestes , et les empêche d'appro- cher. Lorsqu'on lui a confié pendant la nuit la garde de la maison, il devient plus fier, et quelquefois féroce ; il veille , il fait la ronde; il sent de loin les étrangers , et pour peu qu'ils s'arrêtent ou tentent de franchir les barrières , il s'é- iance , s'oppose , et par des aboiemens réitérés , des efforts ou des cris du chien de berger; son pelage étoit exlraordinalreraent fourni et sa queue touffue. Ses poils, comme ceux de tous les animaux dont les espèces sont exposées aux in- tempéries des climats froids, étoient de deux sortes ; les uns courts, fins, laineux et de couleur grise, recouvroientimmé- iliatement la peau; les autres plus longs, plus grossiers et lisses, coloroienl l'animal. La partie supérieure de la tête, du cou , du dos et de la queue étoit d'un fauve un peu foncé ; les cotés, le dessous du cou et de la poitrine étoient plus pâles ; toute la partie inférieure du corps, la face interne des cuisses et des jambes , et le museau étoient blanchâtres, etc. Quant aux chiens dont les races sont maintenant éle- vées en Europe, « on peut présumer, ditBuffon , avec quel- que vraisemblance , que le chien de berger est , de tous , celui qui approche le plus de la race primitive de cette espèce, puisque dans tous les pays habités par les hommes sauvages, ou même à demi-civilisés, les chiens ressemblent à cette sorte de chiens plus qu'à aucune autre ; que dans le conti- nent entier du Nouveau-Monde , il n'y en avoit pas d'autres ; «ju'on les retrouve seuls au nord et au midi de notre conti- nent , et qu'en France , où on les appelle communément chiens de Brie , et dans les autres climats tempérés, ils srfint encore en grand nombre, quoiqu'on se soit beaucoup plus occupé à faire naître ou à mulliplier les autres races qui avoient plus d'agrément , qu'à conserver celle-ci , qui n'avoit que de l'utilité , et qu'on a , par cette raison , dédaignée et abandonnée aux paysans chargés du soin des troupeaux. Si l'on considère aussi que ce chien , malgré sa laideur et son. air triste et sauvage , est cependant supérieur par instinct à tous les autres chiens ; qu'il a xin caractère décidé , auquel l'éducation n'a point de part; qu'il est le seul qui naisse, pour ainsi dire , tout élevé , et que , guidé par le seul natu- rel , il s'attache lui-même à la garde dos troupeaux, avec une assiduité , une vigilance , une fidélité singulière; qu'il les con- duit avec une intelligence admn'able et non communiquée ; que ses talens font Tétonnement et le r^ pos de son maître ; tandis qu'il faut, au cofttraire , beaucoup de teir;ps et de peines pour instruire les autres chiens , et les dresser aux us.îges auxquels on les destine , on se confirmera dans Topi- nion que ce chien est le vrai chien de la nature , celui qu'elle nous a donné pour la plus grande utilité, celui qui a le plus de rapport avec l'ordre général des êtres vivans, qui ont mu- luellement besoin les uns des autres , celui enfin qu'on doit regarder comme la souche et le modèle de 1 espèce entière. " Buffon, pour donner une idée plus nette de l'ordre des chiens, et du mélange de leurs races, a joint à son travail 456 C H I sur ces animaux, une table , ou, si l'on veut, une espèce d'arbre généalogique , orientée comme les cartes géogra- phiques. " Le chien de berger est la souche de l'arbre. Ce chien, transporté dans les climats rigoureux du Nord , s'est rape- tissé chez les Lapons , et paroît s'être maintenu et même perfectionné en Irlande , en Russie , en Sibérie , dont le climat est un peu moins rigoureux, et où les peuples sont un peu plus civilisés. Ces changemens sont arrivés parla seule influence de ces climats, qui n'a pas produit une grande alté- ration dans les formes ; car tous ces chiens ont les oreilles droites , le poil épais et long , l'air sauvage , et ils n'aboient pas aussi fréquemment ni de la même manière que ceux qui, dans des climats plus favorables , se sont perfectionnés da- vantage. Le chien d'Irlande est le seul qui n'ait pas les oreilles entièrement droites ; elles sont un peu pliées par leur extrémité. » duire ensemble , ou du moins s'accoupler, tenta divers essais qu il dirigea avec toutes sortes de soins, mais qui furent inutiles. Cependant le hasard fi! éclore cette race métive : A^'est chez M. de Spontin que naquirent ces loups-chiens, d'une louve habituée de jeunesse avec un chien braque , avec le- quel, Tantipalhie vaincue, elle avoit fini par saffeclionner. Deux de ces loups-chiens, lun mâle et l'autre femelle, fu- rent envoyés à Buffon , qui observa les nuances et les dé- gradations de leur race en la croisant. « Les chiens mulets de la première génération (F. pi. B. i8, fig. 3. ) , cest-à-dire issus immédiatement de la- louve et du chien, étoient à peu près de la taille d'un fort matin; le mâle avoit le corps épais en tous sens ; il tenoit beaucoup plus du chien que du loup , par la forme de sa tête , qui étoit plutôt ronde qu'allongée. Il avoit , comme le mâtin, le front proéminent, le museau assez gros, et le bout du nez peu re- levé; sa queue étoit presque aussi longue que celle du loup, ses oreilbïs étoient recourbées vers l'extrémité , et tenoient un peu «ic celles du loup , en se tenant toujours droites , à l'ex- ception de la pointe , qui relomboit sur elle-même. Le poil de cet animal ressembloit en tout à celui du loup, La fe- melle avoit beaucoup de rapports avec la louve , par la forme de la tête et la couleur du poil de cette partie ; elle C H I ^^9 avoit, comme lalouve, le museau épais auprès des yeux, le front plat , le bout du nez un peu relevé , les orbites des yeux un peu inclinées , les oreilles courtes et toujours droites : mais elle tenoit du chien par sa queue qui éloit courte et émoussée. » « Le naturel du mâle avoit beaucoup plus de rapports avec celui du loup qu'avec celui du chien ; il conservoit un peu de férocité ; il avoit l'œil étincelanl , le regard farou- che , et le caractère sauvage ; son aboiement n'ctoit pas fort distinct : c'est une espèce de hurlement qu'il faisoit en- tendre dans les momens de besoin et d'ennui. La femelle étoit d'un caractère tout différent de celui du mâle; elle étoit douce , caressante ; elle aboyoit quelquefois à l'aspect d'un objet inconnu, mais sans donner d'autres signes de colère : son aboiement étoit encore moins décidé que celui nu mâle ; le son ressembloit à celui de la voix d'un chien fortement enroué. Souvent elle importunoit à force d'être caressante ; elle étoit si douce qu'elle ne se défendoit pas même des mauvais traitemens de son mâle ; elle se rouloit et se couchoit à ses pieds , comme pour demander grâce. " Ces chiens mulets, de première génération , s'accou- plèrent à l'âge de deux ans et sept mois , et la femelle mit bas soixante-trois jours après l'accouplement, quatre petits, dont un mâle et trois femelles. » « Cette jeune femelle , de troisième génération , ne reçut qu'une éducation demi-domestique ; aussi étoit-elle très- t'imide et très-sauvage ; mais néanmoins elle n'étoit ni féroce ni méchante ; elle étoit, au contraire, d'un naturel loul-à-fait doux et paisible ; elle se plaisoit même à jouer avec les chiens ordinaires , sans chercher à leur faire de mal. Elle avoit, par, son air, sa démarche, sa manière de courir, etlafaculté qu'elle avoit de hurler , beaucoup de rapports avec le loup ; on ne l'a pas entendue aboyer ; elle avoit aussi, comme le loup, le corps fort épais de bas en haut vers le ventre, et plus élevé au train de devant qu'à celui de derrière; le museau épais au- près des yeux , et mince à son extrémité ; les oreilles courtes, droites et terminées en pointe ; ses dents canines étoient plus fortes et plus grosses que celles des chiens ordinaires , et sa queue étoit fort longue et fort garnie de poil. Au contraire , elle se rapprochoit du chien par la couleur du poil et par la position horizontale des orbites des yeux. » « La femelle de la troisième génération, étant devenue en chaleur , fut couverte par son père , et mit bas, au printemps^ quatre petits , tant mâles que femelles , doAt deux furent mangés parle père et la mère ; il n'en resta que deux , l'un mâle, l'autre femelle. Ces jeunes animaux étoient doux et ca- ressans ; cependant ils étoient un peuvoraccs, etattaquoient la volaille qui étoit à leur proximité. » « Le mâle de cette quatrième génération conservoit tou- jours la physionomie du loup; ses oreilles étoient larges et droites , son corps s'allongeoit en marchant, comme celui du loup ; sa queue étoit un peu courbée et pendante entre les jambes ; il tenoit encore du loup par la couleur du poil sur la tête et sur le corps. Sa queue avoit neuf pouces et demi de longueur; elle étoit grosse et garnie d'un poil touffu assez court , noirâtre au-dessus de la queue , jaunâtre en-dessous, et noir à l'extrémité. » « La femelle tenoit de la louve par sa physionomie, son re- gard , ses grandes oreilles, et sa queue pendante entre les jambes ; elle étoit un peu plus petite que le mâle , et plus lé- gère dans les formes du corps et des jambes ; sa lèle étoit aussi plus allongée et plus fine , sa queue beaucoup plus longue, ainsi que les oreilles dont l'extrémité étoit tombante , au lieu qu'elle étoit droite dans le mâle ; les couleurs de son poilte- noient, en général, beaucoup plus de celles du chien que de G 1[ I 46, celles de la Louve , etc. Elle étoit encore plur douce et plus craintive que le mâle , et souffroit plus patiemment les chàti- inens et les coups. » Ces nombreuses observations sur les métis du chien et du loup , nous apprennent que ces animaux sont , dans quelque génération qu'on puisse les prendre, beaucoup plus loups que chiens, tant par leurs caractères extérieurs, que par le naturel intérieur; ils sont sauvages, craintifs et farouches; ils hurlent comme les loups ; ils fouissent la terre avec leur museau pour déposer leurs cxcrémens, ainsi que le font les loups; ils ont aussi leur manière d'attaquer les animaux , et cette odeur particulière qui décèle le loup et qui fait fuir les chiens. Si de cette alliance du loup et du chien , on vouloit conclure l'identité originaire , il faudroit avouer que cette origine est prodigieusement éloignée , et croire que l'éducation auroit, pour ainsi dire , créé une nouvelle espèce , « puisque , dit « Daubentou , c'est une véritable création dans l'ordre des «< êtres , que de donner à l'un d'eux un naturel nouveau et en- « tièrement opposé à celui dont il étolt doué, et tel que celui « du chien comparé à celui du loup , si enfin il est vrai que le « loup soit le chien de la nature. » Des chiens de ch asse. C'est par le secours du chien que le chasseur peut trouver la trace et la retraite de l'animal qu'il poursuit ; et comme il y a différentes espèces de chasses, on dresse les diverses races de chiens suivant l'emploi qu'on veut en faire. Dans les plaines , on chasse avec le clu'en couchant , ou chien d'arrêt^ ou chien ferme. Trois races sont propres à cette diasse , le braque^ Vépagneul et celui que les chasseurs nomment grt^ow; c'est un chien métis , à poil long et un peu frisé , qui tient du barbet et de l'épagneul. Le braque est plus léger et plus brillant dans sa quête ; mais la plupart de ces chiens craignent l'eau et les ronces , au lieu que l'épagneul et le griffon s'ac- coutument aisément à chasser et à rapporter dans l'eau , même par les plus grands froids , et quêtent au bois et dans les lieux les plus fourrés , comme en plaine. 11 y a donc tou- jours beaucoup plus de ressources dans ces deux races de chiens que dans le braque. Pour la chasse dans les forêts , on se sert de limiers et de chiens courans. Le limier est un gros chien qui ne donne pas de la voix, et que l'on emploie à quêter le gibier et à le lan- cer. Les limiers viennent ordinairement de Normandie ; dans le nombre de ces chiens , il y en a de noirs ; mais ils sont plus communément d'un gris tirant sur le brun. Les noirs soyt marqués de feme qu'on donne pour certain qu'un loup, attaqué près de Fontainebleau par le Grand-Dauphin, ne fut pris que le quatrième jour, par la meute qui l'avoil lancé, aux portes de la ville de Rennes. Il est également essentiel au veneur de bien connoître les voies ou 1 image du pied du loup imprimée sur le sable ou la terre. On distingue les voies d'un vieux loup d'avec celles du chien , parce que le loup, quand rien ne l'inquiète et qu'il va d'assurance, a toujours le pied très-serré, au lieu que celui du chien est toujours fort ouvert, et qu'il a le talon moins gros et moins large , et les deux grands doigts plus gVos, quoique les ongles du loup soient plus gros et enfon- cent plus en terre, ce que celui du clùen ne fait pas. Le loup a aussi plus de poil au pied que le chien, cl les allurts 470 C H T ou distances d'un pas à l'autre sont Lien plus longues, mieux réglées et plus assurées. Le pas du loup diffère de celui d.e la louve , en ce que celle-ci a les ongles moins gros. Les jeunes loups se connois- sent aux liaisons des pieds, qui ne sont pas si fortes que celles des vieux; ce qui fait que les jeunes ont le pied plus ouvert, des ongles plus petits et plus pointus , et que leurs allures ne sont pas si réglées ni si longues. Choix iVun limier. — Tl faut qu'il soit beau , hardi , ardent » alerte, et qu'il n'ait pas encore chassé, si cela est possible. On l'accoutume doucement à prendre le trait (ou longe) qui sert à l'attacher, ou à se le laisser mettre avec plaisir; et il faut surtout bien se garder de le rudoyer ou de le frapper, si dans les commencemens il paroissoit faire qufjques pe- tites difficultés ; car alors on risqueroit de le rebuter pour toujours. On le mène sur les voies du loup, et là, sans lui dire un mot, sans l'animer ou l'exciter du geste ou de la voix , on examine , avec la plus extrême attention , la mine , la contenance et les mouvemens du chien : s'il montre de la peur, de la répugnance et de l'éloignement , ou si , au con- traire , il s'échauffe , s'il va bien aux branches , aux ronces , aux fougères , et comment il porte le nez. Si le chien , à l'odeur du loup, se hérisse et revient au ve- neur, il faut l'abandonner, jamais on n'en fera un bon limier- Montre-t-il du feu, de la colère, de 1 impatience ; a-t-il le nez haut , et dès lors évente-t-il mieux le loup , il faut l'adop- ter, le caresser et l'appuyer. Lorsqu'on voit qu'il porte bien le trait , et même qu'il tire dessus et s'efforce d'approcher du rembûchement , le veneur doit favoriser ce courage naissant, lâcher davantage le trait, et lui parler doucement, en mê- lant son nom aux termes de vénerie en usage : Vailla, vail- la-dy, vail^la pillant. Si, à ces mots, le chien s'en rabat., et s'il en veut, c'est- à-dire, s'il témoigne envie de pénétrer dans le buisson, et que le veneur s'aperçoive par le pas, les laissées ou fientes, les traces et autres signes , que le loup y a fait quelque séjour, il doit laisser le limier approcher , le caresser de la main, lui donner quelque douceur, lui dire à voix basse : Ha, ha , tu dis vrai., compagni , voile-cy aller., et suivre le limier jusqu'à ce qu'il trouve la couche du loup, sur laquelle il doit le faire iieaucoup flairer, et répandre sur cette couche quelque nour- riture agréable au chien , afin qu'il en mêle la saveur à l'or deur de l'animal , et dans la suite devienne encore plus ar- dent à la trouver et à se préparer au combat. On a vu des chiens qui témoignent tant d'ardeur pour celte chasse, qu'en C H I 4;, pareille occasion , ils refusent de manger , et ne demandent qu'à être menés à l'attaque. Pendant que le limier se régale sur la couche du loup, le veneur le caresse beaucoup de nouveau , lui parle plus haut , donne du cor, lui crie : Har/ou, har/oit , harlou , après , après , à route, à route ^ à rouie j en prononçant souvent et fort haut le nom du chien. Comme il est rare que l'on puisse voir un loup se remhûcher dans le bois , le chasseur, pour dresser le limier, peut attendre le temps des louveteaux, c'est-à-dire, les premiers jours de juillet; car c'est alors qu'ils commencent à courir dans les bois et à gagner les buissons. Dès que le veneur en sera instruit , il pourra y mener le chien qu'il a choisi pour limier ; et s'il a le bonheur de trouver la couche de quelques-uns de ces ani- maux , il dressera le chien comme il vient d'être dit , et même il donnera à son élève le premier divertissement , en lui lais- sant chasser les louveteaux. Si c'est un temps de neige , le veneur va de grand matin , avec le limier, autour des buissons où l'on sait que les loups ont coutume de se retirer. S'il en rencontre les pas imprimés dans la neige , il met son chien dessus , le dirige , l'anime jusqu'à ce qu'il ait rencontré la couche , et alors il fait en cet endroit tout ce que nous venons d'expliquer pour la première leçon du limier. On prétend avoir bien observé que , dans cette saison, les loups , pour ne point faire connoître en quel nombre ils voya- gent, ont coutume de ne marcher que l'un après l'autre, et de mettre toujours le pied dans la trace qu'a formée celui qui mène la bande , afin qu'on croie qu'il n'y a passé qu'un seul loup. Peut-être, au reste, tout cela se fait-il machinalement et sans dessein ; et il est naturel qu'alors les loups se suivent à la queue , et se servent des premières traces comme toule-s formées dans la neige, qui, quelquefois gelée, est dure, et ne se laisse pas aisément entamer. Choix des lévriers. — Le lévrier desti^ à la chasse du loup doit être gtand, long et bien déchargé. 11 faut cependant ne pas le confondre avec ceux qu'on mène en laisse , qui sont plus reîiiorcés, parce qu'on les dresse à arrêter le loup. Le premier doit avoir la tête un peu plus longue que large, l'œil gros, très-animé de feu, le cou large, les reins hauts et larges, les hanches bien gigottées , la jambe sèche et nerveuse , le pied petit , les ongles gros et sans ergots. Ou préfère à tout autre le lévrier au poil noir, ou rouge et gris, ou gris tisonné. Prenez garde de vous servir d'une autre espèce de chiens , qui sont en état de courre le loup ; ils commencent effective- xftçnt cette chasse ^ mais pour la plupart ils quittent la voift /^73 C H I dès qu'ils ont pi'is le sentiment tlVine autre Létc qui leur plaît davantage , cl à laquelle alors ils s'attachent exclusivement. Choix des chiens roiirans. — Indépendamment de ce qui a été dit des qualités des chiens courans pour le loup, j'ajoute qu'ils doivent avoir l'œil plein de feu ^être grands , bien taillés et fort alertes , et ne les faire chasser qu'à quatorze ou quinze mois. Education des chiens courans pour la chasse du loup. — Cette éducation est bien essentielle; car, faute de la bien soigner, on s'expose à deux inconvéniens lorsqu'on veut se donner le plaisir de courre le loup: ou les chiens n'ayant été ni dressés ni aguerris, reculent, se hérissent , et se sauvent au premier sentiment de la bcte féroce , ou, pour s'être engagés étour- diinent dans le buisson , ils en deviennent la proie ; au lieu que le veneur qui aura pris la peine de leâ dresser à cette chasse, est sûr de n'en perdre aucun, tant qu'ils seront obéissans, et ne s'écarteront point de la route qu'on leur a tracée. Pour procéder a\^ec méthode à cette éducation, il seroit d'abord fort à propos de choisir des chiens de la race de ceux, qui aiment à cliasser le loup, et alors les faire nourrir en- semble , afin qu'en croissant jls deviennent grands , forts et hardis. Lorsque l'âge de la chasse arrivera , vous verrez ces élèves dociles et intrépides, déployer, à la suite des anciens, leur courage , et cependant se soumettre à la voix du maître et aux principes qui leur auront été vivement et fréquem- ment inculqués. Si l'on n'a point de chien de celte race qui puisse servir de chef de meute et d'exemple en chassant , il faut faire l'édu- cation entière de jeunes chiens, et en prendre patiemment toute la peine. Ij'abord on fait mettre vers quehjue moulin , au-delà de la rivière ou du ruisseau «jui le fait aller, une cha- rogne, en plaçant en même temps dans ce moulin un bon ti- reur qui blesse le louj^lès qu'il se sera présenté. Alors on s'empresse d'amener les jeunes chiens, de les mettre sur le sang, de les animer à suivre la trace , de les conduire jusqu'à 1 endroit où le loup sera tombé, et de le leur faire toucher et fouler aux pieds. Ensuite on écorche le loup, on en fait bien cuire quelques morceaux, qu'on mêle avec du pain de froment , du lait et du fromage , et qu'on en- veloppe dansilâ peau du loup, à laquelle on laisse la gueule ouverte. Quand le tout est prêt , on donne du cor pour ap- peler les chiens, qui , dans la peoti de l'animal , sentent l'o- deur du mélange, la déchirent pour en manger; ce qu'on JèHr laisse faire eh toute liberté. 11 convient de leur faire le C H I /_cj même rég-'«l «laus la dépouille du premier loup qu'ils auront pris après l'avoir chassé. Manière de faire iraînée et huîsson pour le loup. — C'est ici la première espèce de chasse au loup à force ouverte, la plus fa- cile el une des plus sûres : la veille , on fait porter une cha- rogne ou une bête tuée exprès vers l'endroit où, d'après le récit des bergers et des gens de la campagne, on croit que les loups ont coutume de venir, et placer cet appât à peu de distance du bois , ou de quelque terre nouvellement labourée. Un homme à cheval ayant lié cette chair a de bonnes et fortes harts , mais sans aucun cordage , en fera la traînée autour des buissons ou du terrain en labour, en se prome- nant jusqu'à minuit et plus tard. On veut par-là faire en sorte que les loups, qui commencent à manger dès qu'il fait nuit , n'aient pas le temps de dévorer sur-le-champ la proie, et dès lors de se retirer proiTiptement au fond du bois ; au lieu qu'en ne les laissant approcher de cette chair qu'un peu avant le jour, ils demeurent plus long- temps auprès du buisson ou de l'endroit qu'on a choisi , et on les retrouve à l'heure de la chasse plus à la portée. On observe que s'il y avoit plusieurs buissons conligus, il seroit fort à propos de faire la traînée autour de tous; de ne point se servir de cordage , comme on vient de le dire, car le loup n'approcheroit pas , à ce qu'on assure ; de ne point faire choix pour la Iraînée d'un homme qui ait coutume de se trouver parmi les lévriers ou les chiens courans, de peur qu'il n'eu apporte le sentiment ; de lui recommander de mener avec lui quelque petit chien qui commence à entamer l'animal mort; ce qui donnera plus d'assui\ance au loup ; de placer la chair près d'un ruisseau ou d'une eau quelconque , afin que le loup s'y désaltère, et ne soit pas obligé daller chercher au loin sa boisson. Si, près de l'endroit, il y avoit quelque arbre, on feroit Lien d'y faire monter un honnne, surtout s'il fait clair de lune, ou si la nuit n'est pas bien obscure; il observeroil de là les loups; il les contempleroit, et il verroit de quel coté ils tirent pour s'aller rembûcher après avoir rassasié leur appétit. * . En pareille aventure, rarement un vieux loup arrive dès le premier jour; très-communement ce sont les jeunes qui, moins défians, se présentent sur-le-champ. Le vieux loup commence-t-il à paroître, aussitôt les jeunes s'éloignent. Je laissent seul, et ne reviennent que lorsqu'il a fini. Maître de la proie, le vieux loup, avant d'en approcher, écoute, re- garde, recule, revient en courant, donne trois ou quatre Voups de dents, se retire et revient plusieurs fois, toujours 474 C T! I ^ en arrachant el en reculant. Dès que le vieux loup ne revient plus à la chair, les jeunes accourent, prennent leur repas en paix et sans se quereller. « J'en ai vu, dit du Fouilloux, jus- qu'à seize sur une même charogne, au mois de janvier, qu'ils dévoroient en bonne intelligence entre eux; ce qui ne con- firme pas cependant, comme il ajoute, le proverbe, que les loups ne se mangent pas. » Aller en quêle et faire le huisson pour chasser le loup. — Si , d'a- près ce qui vient dêlre détaillé à 1 article précédent, le veneur se propose de chasser le loup, il doit auparavant en- tendre le rapport de l'homme qui, du haut de l'arbre , a pu pendant la nuit compter ceux de ces animaux qui auront attaqué la proie, et surtout aura examiné de quel côté ils sont rentrés, afin de diriger en conséquence sa poursuite. vSij par défaut du local, cette spéculation n'a pu avoir lieu, l'homme arrivera à celte proie avant le point du jour, te- nant le limier de court, et s'étant aperçu que la chair a élé traînée hors du lieu ou on l'avoit fait déposer, il en con- clura d'abord que les loups y ont touché , car toutes les espèces de chiens qui auroient pu survenir pendant la nuit, ne traînent jamais la chair morte, mais la dévorent sur la place même où ils la trouvent. Il sera également facile de conjecturer le nombre des loups qui sont venus à l'appât, par la quantité de chair qui aura élé mangée. Si , dans les environs de cet endroit, il y a des lerres labou- rables ou déjà chargées d'épis, qui puissent couvrir la mar- clie des loups, le chasseur est assuré qu'ils ne sont pas loin de là, et à peu de distance dans le bois voisin. Arrivé à l'entrée du bois, si son limier est secret, c'est- à-dire, s'il est calme, et n'est point sujet à s'emporter, ou à doimer prématurément de la voix, il lâchera le trait, di- rigeant le chien par tous les chemins, détours, sentiers et avenues de la lisière du bois, autour du buisson qui lui aura paru propre au rembûchement du loup. Au moment où le limier, ayant trouvé la voie, voudra se présenter vivement aux branches, ronces ou herbes qui environnent le buis- son, on le retiendra en le caressant, lui parlant doucement, sans lui permettre d'avancer plus avant ; car qilelquefois le loup n'est pas éloigné du bord du bois de la longueur du trait; et si déjà il a été chassé, ou que ce soit un vieux loup, il" écoute sans faire le moindre mouvement, mais dès qu'il a le vent du limier, ou qu'il a entendu sa voix, il part plein d'effroi, redouble de vitesse, et ne s'arrête qu'après une course de deux, et quelquefois de trois ou quatre lieues. La sagesse et la bonne éducation du limier ayant permis au veneur de faire ses dispositions eu règle, au moment où C TI I 475 il aura découvert le rembûchement du loup , il mettra à l'en- trée du bois une brisée par terre , et plus avant une autre brisée pendante; ensuite il ira faire l'enceinte, et prendre les de- vants en quelque chemin ou petit vallon, s'il y en a aux environs. S'aperçoit-il que les loups sont passés , il ne fera aucun bruit, se contentant de briser, comme auparavant, afin d'aller, par un autre endroit, plus avant faire les devants. S'il trouve que les loups ne sont point passés, il regar- dera si, près de lui, il voit des forts ou quelque coteau tournés au midi ou au levant , fournis d'herbes , de mousse et de bruyères, surtout en hiver; alors il peut s'assurer que c'est là le lieu de l'asile du loup. En été, au contraire, et durant les chaleurs, l'animal se retire dans les taillis clairs, à l'ombre de quelque hallier, ou dans les bois de haute -fu- taie; dans ce dernier cas, le veneur doit se conduire abso- lument de la môme manière, et surtout modérer constam- ment l'ardeur intempestive du limier. Dans l'hypothèse où les loups n'auroient point tâté de l'a- nimal mort qui devoit servir de proie , ou qu'on ne leur en eût point donné pour les attirer et connoitre leurs allures, le chasseur curieux d'atteindre le loup, doit, dès le soir, dresser le plan d'attaque du lendemain. Pour cela il fera guetter les loups vers les lieux qui paroissent propres à couvrir leurs courses , et s'assurera d'en trouver le lende- main ; car, dans un pays fréquenté par ces animaux , en se plaçant le soir à l'extrémité d'un village ou dans un buisson k la poriec eu bois, il est rare qu'on ne voie pas, à la chute du jour, et à travers les premières ombres, les loups sortir du iileau ou couche qui les a cachés pendant le grand jour. Le lendemain, le veneur, transporté avant le retour de la lumière au même endroit, écoutera avec toute l'atten- tion possible l'aboiement des mâtins et des chiens des vil- lages voisins; car si le loup a passé près de là, leurs cris marqués d'un ton d'effroi, et bien différens des coups de voix ordinaires , annonceront avec toute certitude que les loups ont passé et ne sont pas loin. Le jour venu, il s'agit de découvrir leurs voies. Pour cela, il faut examiner sans cesse si la terre n'offre pas quelque empreinte des pas. S'il a plu, une heure ou deux auparavant, la découverte sera plus facile, et alors on est assuré que le loup n'est pas allé loin. Si dans un temps sec on parvient à reconnoître le pied sur quelque terre fraîche ou sur des tau- pières , et qu'il indique que le loup a pris le chemin du bois, il faut se dépêcher d'aller en quête le long des buis- .sons, et bientôt le limier aura découvert le rembûchement ; alors, également, il faut se hâter de faire les brisées, l'en- 476 C H T ceinte, et prendre les devants, le tout comme on vient de le détailler il n'y a qu'un moment. Difficiilié (le s'assurer des voies du loup. — On ne doit pas oublier d'avertir ici que si les procédés que Ton vient de décrire pour éventer le loup et le détourner, sont depuis long-temps confirmés par l'expérience, ils ont tous pour base la certitude de ne s'être point trompé sur la piste du loup. Or, il n'est pas aisé de la revoir ou de la bien reconnoitre, surtout en temps sec, à cause de la grande légèrelé de l'animal-, car à peine laisse-t-il après lui quelques traces de sa vive allure, excepté en hiver, dans le temps de la gelée blanche, et en été lorsqu'il y a beaucoup de poussière. Dans tous les autres temps, on va pour ainsi dire à l'a- venture ; et à moins d'une longue expérience à la chasse, et de s'être long-temps exercé à reconnoitre la voie du loup, on fait souvent de très-fausses conjectures. Le seul indice bien assuré se trouve dans les mouvemens d'un excellent limier, et c'est en l'observant avec une attention éclairée par un long usage, qu'on peut reconnoitre si c est du loup ou d un autre gibier dont le chien veut se raballre. Si c'est du pre- mier, le chien ne manquera pas daller sentir les branches ou les herbes que le loup aura touchées, et sur-le-champ il se mettra en devoir de suivre. Si le loup est arrivé là, de bon temps, et que le chien en veuille, on le verra suivre plein de feu et de gaîté, surtout si on a soin de l'animer de temps en temps sur les voies. Mais si le loup est rentré de grand matin, et qu'on n'en rencontre pas de bonne heure , il sera difficile au limier d'en emporter les voies, surtout si le loup perce et va demeurer au loin ; car il faut qu'un chien ait un nez excellent pour réussir à détourner un loup qui iroit deux heures et demie ou trois heures ; et de plus, il faudroit, pour qu il ne l'aban- donnai, pas , qu'il ne vint pas à rencontrer dans le buisson quelque bête fauve , ou qu'enfin il eût été dressé à ne vouloir absolument que du loup. Dés qu'on est assnré, par la façon du chien, que c'est un loup qu'il détourne, il s'agit de voir s il est seul ou en com- pagnie. Quelquefois ils vont deux ensemble; et ce n est que par un temps de beau revoir qu'on peut en distinguer le nom- bre et la qualité, en examinant allenlivement les voies, d"a- f»rès ce qui a été dit de la différence des pieds du loup, de a louve et Ac?> jeunes loups. Manière de placer les lévriers. — Avant d"'entrer dans le détail de la chasse du loup, à force ouverte, au moment où il a éié détourné et que l'attaque a été résolue, il convient de parler du placement des lévrier-; qui vont entrer en action, cm ^^^ afin de les mettre à même de se livrer à leur ardeur , sans avoir rien à craindre et sans trop s^épuiser à la poursuite du loup. Les lévriers destinés à cette chasse se partagent en trois laisses différentes; les uns s'appellent léoriers d'estric ^ les seconds , léoriers conipagnons , aussi nommés lévriers du flanc ^ et enfin les lévriers de tête ; ordinairement on mène deux laisses de chaque espèce, chacune de deux ou trois lévriers. Les deux laisses d'estric se placent au hord du buisson où les loups ont été détournés, vers l'endroit où l'on présume qu'ils pourront donner en sortant. Ces deux laisses doivent être séparées l'une de l'autre d'environ deux ou trois cents pas, plus ou moins, selon la situation du lieu de l'attaque. Chaque laisse doit être appuyée d'un cavalier, qui aura grand soin de se cacher avec les lévriers dans le Lord du bois, à bon vent, c'est-à-dire, de manière à rece- voir le vent du buisson, afin de pousser les loups quand les lévriers d'estric seront lâchés, et pour faire enfoncer dans l'accourre. A cinq ou six cents pas de ceux - ci , environ à moitié du chemin entre les deux buissons, on place les lévriers compagnons, de manière que les deux laisses se trouvent vis-à-vis l'une de l'autre , et que le passage du loup soit entre deux. Ces lévriers doivent être encore plus cachés que les autres, de peur d'être aperqus, et les valets ne les lâcheront qu'au moment où le loup est prêt à passer. Enfin , les lévriers de tête doivent être placés près du buisson où l'on pense que le loup doit se rendre, et lors- qu'on le voit s'approcher, poursuivi par les autres chiens, on s'avance avec les lévriers de tête , la laisse détachée, pour les lâcher sur le loup à son ariùvée. Plus grands, plus torts et plus amincis que les autres , ces derniers lévriers ont bientôt fait de réduire le loup. Lorsque tout est si bien covnbiné, ou réussit si heureusement qu'ils puissent le join- dre, les valets doivent alors fortement appuyer ces chiens et s'approcher sur-le-champ du loup. Dès qu il est au pouvoir des chiens , ces valets , munis de gros bâtons courts , doivent s'efforcer de les enfoncer dans la gueule du loup , lorsqu'ils seront à portée de le faire, afin que le loup, qui ne lâche jamais ce qu il mord, exerce sa furie sur le bâton, et ne blesse pas les chiens. Alors les valets se serviront du couteau de chasse , ayant l'attention, en s'appro- cîiunt du loup pour le percer, d'avoir toujours la main sur la pointe du couteau pour ne point blesser les lévriers ; quand le moment est favorable , le loup doit être percé à travers le corps , et le plus près de l'épaule qu'il est possible. 478 C H I Comment on doit choisir Vaccourre pour prendre le loup. — Il est d'abord bien essentiel de connoître la refuile ., dont on peut s'informer à quelques laboureurs et aux autres gens de la campagne; on peut aussi s'enfoncer dans les grands bois voi- sins du lieu où le loup a été détourné , et faire Vaccourre de cette refuile si le vent est favorable , c'est-à-dire , s'il vient du buis- son ; sans cela , le loup , qui a l'odorat exquis , éventant les lévriers qu'on a placés , prendroit bien vite une autre route. Il convient que le lieu où doit se faire Taccourre soit uni et sans buisson, car s'il s'y en rencontrait, bientôt les lévriers , perdant le loup de vue , auroientbien de la peine à le rejoin- dre. Si néanmoins l'accourre se trouve dans un lieu défavo- rable , et que le rent soit bon , il faut laisser dans l'enceinte le sommet de la colline, la faire descendre, de même que le buisson où est le loup; placer les premiers lévriers au pied de la colline , et le reste en haut. S'il se rencontre des buissons, on place autour des cavaliers pour y pousser le loup dans l'accourre, en tirant quelques coups de pistolet en l'air , afin de l'obliger à percer plus vite, et qu'il n'ait pas le temps de la reconnoïtre. Lorsqu'on a ainsi guetté le loup , on place les défenses autour de lenceinte où il est, elles lévriers à l'accourre. Quelquefois on tend, dans cette enceinte , des panneaux de cinq pieds de haut , à grandes mailles , d'un tissu très-fort , en mettant derrière des cava- liers pour les défendre. Lorsque le loup se trouve détourné dans un buisson , on tend des panneaux , s'il est besoin , et l'on place en même temps les lévriers à l'accourre. Ces panneaux doivent être tendus lâches, afin que le loup s'y embarrasse, car, sans cela , après avoir donné contre, il pourroit reculer quelques pas et sauter par-dessus. Ces chasseurs sont à l'entrée du bois où le loup est détourné , et du côté où l'on ne veut pas qu'il aille , afin de le faire voir aux lévriers. Les gens de pied qui seront de la chasse , se porteront à six pas les uns des autres , la têle au bois , un bâton à la main , et à dix ou onze pas du bois , afin de n'être pas surpris par les loups qui en sortiront , avoir le temps de crier, de faire du bruit pour les empêcher de passer eu les menaçant du bâ- ton , et les obliger de retourner sur leurs pas. Les gens à cheval se porteront un peu plus loin du bois , à raison de l'avantage de leur monture ; ils feront bien de tirer de temps en temps quelques coups de pistolet, pour forcer le loup à rentrer, et le faire aller à l'accourre. On relaie les lévriers, dont on a plusieurs laisses, tant de grands que de léger^ ; on lâche ces derniers en queue des C H I 4-, autres laisses. On lâche deux laisses en flanc , Tune vis-à-vis de l'autre , afin de déconcerler le loup et de le mieux embar- rasser. Ceux qui tiennent ces laisses doivent les cacher eî se couvrir eux-mêmes de ramées pour n'être aperçus qu'au moment de les lâcher; alors ils abordent le loup, le bâton à la main , et opèrent jusqu'à la mort, précisément comme on vient de l'expliquer à l'instant. Seulement , au lieu de lais- ser ces lévriers s'acharner sur la proie abattue , il faut se hâler de les retirer en laisse , pour aller chasser les autres loups qui seront restés dans le bois , ou se seront échappés du buisson pendant le combat contre le premier de ces ani- maux. Variations dans la fuite du loup lorsquil est poursuivi. — Quoique la vénerie donne des règles assez sûres pour faire au loup , avec succès, l'espèce de chasse dont on vient de parler, ce- pendant l'instinct de cet animal rusé, et d'autres circonstan- ces , mettent souvent en défaut le chasseur le plus vigilant et le plus expérimenté. Par exemple , il arrive quelquefois que le loup, poursuivi par des lévriers, au lieu d'aller droit en avant , se livre à des refuites qui lui sont assez familières ; d'autres fois, sa défiance naturelle et la finesse de son odorat produisent une infinité de variations dans sa course et dès lors d'incertitude pour le veneur ; cependant ces différences dans sa fuite ne sont qu'accidentelles, et très-communément il ne fait guère de retours, que lorsque quelque blessure a commencé à l'affoiblir. Il est en effet aisé de concevoir pourquoi le loup fait si ra- rement des retours , tandis que toutes les autres bêtes fauves ne manquent jamais d'y recourir; les unes pratiquent le retour par foiblcsse , d'autres par la crainte de s'égarer en pays in- connu en quittant leur paisible retraite. Le loup, au contraire, naturellement entreprenant et hardi , forcé par son instinct de devoir sa nourriture aux combats ou à la rapine, ne s'étonne de rien, et il fera vingt lieues de suite , s'il le faut , ou pour se soustraire à une force supérieure , ou pour trouver et dévorer une proie. Né vagabond et inquiet, il est cosmopolite , et ne peut être arrêté que par l'abondance du gibier, en quelque pays et de quelque manière qu'il puisse s'en rendre maître , et se livrer à ses appétits indomptables. Ne pas s^ arrêter uniquement au buisson oii le loup sera rembilchè. —D'un autre côté, lorsqu'on a rembûchéle loup, il ne faut pas toujours croire qu'il demeure dans le buisson ; souvent plus fin que le veneur, il se dérobe doucement, sans le moindre bruit, sans agiter les branches , en se traînant sur le ventre , et il prend sa course de toutes ses forces dès qu'il ci'oit pouvoir le faire sans être découvert; en sorte que lorsqu'on veut entrer 480 0 H I à la suite du lévrier , qui, à l'ëvcnt des voies fraîches , tnontre la plus vive ardeur, on esl loul surpris de ne rien trouver et Af faire buisson creux. Le plus sage donc et le plus sûr , lorsqu'on a rembAché le loup , est , non pas toujours de ne penser qu'au buisson qu'on a sous les yeux ; mais , pendant qu'on s'en occupe essenlielle- anent, il faut aussi que d'autres chasseurs prennent, dans le bois , les devants de très-loin , pour s'assurer si le loup n'a pas passé plus avant. Pour réussir enfin , on est ainsi forcé quelquefois de faire plusieurs lieues à la suite du loup. Souvent encoi^, d'enceinte en enceinte , on arrive au bout d'une plaine où l'on trouve qu'il s'est déchaussé., c'est-à-dire, qu'il a pissé et gratté comme fait le chien ; alors il est clair qu'il a pris vigoureusement son parti de percer en avant; dans ce cas, la chasse est faite , et il ne faut plus penser au loup. En général , il est extrêuiemenl difficile de forcer le loup, même avec des lévriers , parce qu'il y a bien peu de chiens dont la force , à la course, puisse tenir contre la sienne, (^n y supplée par des gens à cheval , qui cherchent à gagner les ;té leur est encore bien plus favorable, puisqu alors les campagnes , couvertes dlierbages ou d'épis fort élevés . sont pour eux comme des forets, dans lesquelles ils se tiennent cachés toute la journée, pour examiner de là la marche et la situation d«s troupeaux, et tâcher de trouver l'occasion d'en faire leur proie. En hiver c'est tout différent, le bétail renfermé dans rétable ne sortant que pour aller boire ou prendre un mo- ment l'air dans un beau jour; d'ailleurs, les campagnes dé- pouillées et découvertes n'étant nullement propres à cacher les loups, il s'ensuit qu'ils ne peuvent ni sûrement, ni utile- ment, chercher à ravir quelque pièce des animaux nourris et bien gardés par le cultivateur. Dans celle circonstance et dans ce temps de pénurie , le loup est forcé de rôder Iristement le soir autour des villages , pour tâcher d'éventer quelque bète morlcet livrée à la cor- ruption ; conséquemment de courir beaucoup, et souvent d;^ visiter bien des pays avant d'avoir le bonheur de tqniber sur des proies de celle espèce ; d'autant mieux qu'à la dépouille des campagnes , les loups ayant pris le parll de s'enfoncer dans les grands forts , c'est de ces retraites lointaines qu'ils commencent à partir pour se mettre en quêle. C est d'après ces renseignemens essentiels que le veneur doit raisonner pour diriger ses premières r,V'cherches du loup, avant d'en entreprendre lâchasse; les différentes saisons l'ai- deront à se déterminer prudemment, et lui épargneront de fausses quêtes, qui ne font que lasser les chiens , et souvent les rebuter. Quelque générales cependant et quelque sûres que soient C H I 483 les Indications qu'on vient de donner sur les lieux que le hnin habile dans les diilérens temps de Tannée , cependant tout cela souffre encore bien des exceptions, qu il est avantageux de connoître pour en faire usage dans 1 occasion. Par exemple, il arrive quelquefois qu\;!i loup hardi et madré , malgré la nudilé de la campagne à l'arrivée de 1 hi- ver, s'obstine à ne point gagner le grand bois, et qu'il établisse son liteau au fond d'un buisson et au milieu i\es terres. Un autre, n'avant pas encore eu le temps de bien lester son estomac infatigable, prend le parti de s avancer vers quelques vergers isolés à l'extrémité d'un village, dans un jour obscur, couvert de brouillards , ou pendant la chute de la neige, afin de trouver (pielque bonne occasion. Dès que le veneur aura été instruit de Tapparilion de ces funestes so- litaires, il doit se hâter den purger le voisinage d'après les différens procédés dont il a été question jusqu'à ce mo- ment. Epoque (le la quêie du loup. — On quête les loups au mois . de janvier, qu ils commencent à ligner; on les trouve assez aisément à la campagne, au lieu que les trois mois suivans ils quittent tout-à-fait les grands pays. Il est vrai que , dans le premier cas, il est fort difficile de les détourner, parce qu'ils sont perpétuellement sur pied; d'un autre côté, quand on en trouve, ils sont ordinairement plusieurs ensemble ; on les donne à la fois aux chiens, ce qui produit une telle confusion parmi ceux-ci, que souvent les lévriers n'en prennent qu'un à la course , et souvent les man- quent tous. Pendant juin , juillet et août , on ne chasse point le loup; c'est aussi le temps où les louveteaux , encore trop petits , ne donneroient point de plaisir à les chasser ; on attend ([u'ils se soient un peu fortifiés pour les faire chasser par les jeunes chiens , afin de les dresser : on peut aussi essayer d'y dresser les lévriers. On quête les loups en octobre, novembre et décembre, avec des limiers et des lévriers dans les grands fonds et dans les buissons , ou dans les joncs à la queue' des étangs. Dans les premiers jours de septembre, on va relever les loups dans le cours de la nuit , et 1 on fait chasser les chiens courans pour les mettre en haleine et en curée. Les loups n'étant point alors aussi affamés , oh a plus de facilité à les détourner , et ils ne donnent point le change aussi volo#liers, surtout si ce ne sont pas de vieux loups. Chasse du loup aux, chiens courans. — Cette manière de chas- ser le loup, la plus piquante sans doute et la plus sûre , lors- que l'équipage est parfaitement bien monté , suppose surtout 484 C ÎT I une excellente race de chiens , dont l'éducation uniquement dirigée vers cet objet, a été soignée et suirie avec la plus vive et la plus constante attention : les choses à tous ces égards étant dans Tétat où je les suppose , voici la manière d'opérer et de réussir. On commence d'abord par placer les lévriers de la manière et dans le sens qu'il a été expliqué aux différens articles pré- cédens. Puis du côté du buisson où l'on ne veut pas que le loup débouche , sont postés une douzaine d'hommes ayant chacun une crécelle pour s'en servir au signal donné , les- quels à soixante pas les uns des autres , selon la largeur du buisson , en enveloppent tout le côté désigné. Ces dispositions faites , le chef donne Tordre , et à l'instant les chiens sont conduits aux brisées et sur-le-champ décou- plés. Le piqueur appuyant les chiens sur les brisées dans les forts pour les faire quêter , aura l'attention de les diriger tou- jours sur les voies du côté où Ton peut présumer que les loups vont demeurer , et cependant il les animera sans cesse par ces cris : hala lia la tayau , velleci aller ^ et il sonnera de temps en temps pour les faire bien quêter. Peut-être que tout ce bruit et la voix des chiens feront dé- camper le loup avant qu'ils n'arrivent; mais, assez ordinaire- ment , il attend que les assaillans soient très-près de lui pour prendre la fuite. Dès que le veneur l'aura aperçu, il crie aux chiens : velelaii , velelau , Jiarlou , harlou , velleci aller ; il sonne ensuite pour faire prendre les voies, puis il crie : harlou, chiens harlou, vellai aller : à l'instant où les chiens ontpris les voiesf ils ne manquent pas d'aboyer le loup , et de le chasser avec la plus vive ardeur , et néanmoins le piqueur sonne par chiens , afin de les animer de phis en plus. Ainsi poursuivi , il est possible que le loup fasse quelques tours dans le buisson , ne voulant point sortir avant d'avoir le vent ; mais les crécelles placées aux défenses, commençant à jouer, elles empêcheront l'animal de sortir de ce côté , et ne lui laisseront pour toute sortie que Taccourre à bon vent. Ce- pendant tandis que le loup délibère sur la voie qu'il doit pren* dre , les chiens le pressent toujours vivement, appuyés du pi- queur qui criera sans relâche : ha UJidt la, chiens , ilJuU, la , ha , ha ; puis après avoir sonné deux mots , il recommence i crier : hou , velleci aller , velleci aller. Enfui , pressé par les chiens , étourdi du bruit des défenses et de la voix dos chal^eurs, le loup se détermine à fuir par l'en- droit qui lui semble calme et où il n'entend rien , c'est-à-dire, précisément par celui de l'accourre. Arrêté un instant au bord du bois pour voir de tout côté s'il n'y a personne , il part rapi- dement et prend la plaine : après l'avoir laissé avancer d'une C H ï 485 centaine de pas , on lâche vivement les lévriers d'cstric , puis les autres dans l'ordre décrit ci-dessus; deux cavaliers piquent en même temps à lui , pour le forcer de s'avancer dans l'ac- courre c'est là le point essentiel , sans cela il est manqué ; car il est bien rare et bien difficile de forcer le loup à la course vive et en toute liberté. Il faudroit, pour y réussir, avoir de nombreax relais , être bien sûr que les cliiens ont été dressés uniquement pour 1q loup, et qu'aucune voie de sanglier ou de bêtes fauves ne peut les détourner ; et encore avec cet avantage assez singu- lier , on doit se souvenir que cette chasse deviendroit aussi longue que pénible ; car le loup est toujours bien en haleine en quelque temps et dans quelque circonstance qu'on l'atta- que et que l'on veuille le courre ; et très-communément il tiendra les meilleurs chiens et les plus vites , six à sept heu- res de suite , et quelquefois beaucoup plus long -temps , comme on a prévenu dès le commencement de cet article général wr la chasse du loup : au lieu que les lévriers placés aux accourres , et assurés de tomberj^ur la bête, d'après la méthode qu'on vient d'expliquer, abrègent de beaucoup le travail , et procu- rent aussi une chasse bien plus amusante pour les spectateurs. A l'instant où le loup est pris , on Tabaiidonne aux chiens courans qui arrivent presque aussitôt; autrement les lévriers se jetteroient sur les chiens. On les rptire donc prompte- ment, et on les remet en laisse pour quêter \n\ autre loup ; car avec cette pratique, on peut en prendre plusieurs dans le même jour ; dans ce cas , chacun reprend son poste : quant à ceux qui sont placés aux défenses, ils ne doivent point re- muer qu'ils n'en aient reçu l'ordre exprès. Quand le loup est à sa fin , on sonne sa mort par trois mots du gros ton du cor ; on descend de cheval , et on cBire?.sQ les chiens pour les exciter à le fouler; c'est au premier piqueur à lever le pied droit de la bête , d^^l il fait honneur au com- mandant de l'équipage. Manière de rouvre la louve et les jeunes loups. — La chasse de la louve se fait à peu près de la même manière que celle du niàle ; mêmes dispositions , même poursuite et mêmes cris. Quant aux jeunes loups , on ne fait pas tant de façons ; on les attaque plus hardiment et jusque dans leurs forts, avec les chiens; dès que ceux-ci les ont trouvés, saisis de peur, ils s'écartent de tous côtés , mais sans quitter le buisson. Alors les chiens les chassent , selon qu'ils les rencontrent dans les forts; le piqueur doit les suivre et les appuyer par trois mots du premier grêle du cor, et crier vivement, en ces termes : l/arlou, harlou^ hou velleci. Ces cris rehaussent les chiens, doublent leur courage et semblent leur rendre des forces, au ^86 C H I point qu'on les voit se jeter avec fureur sur les Jeunes loups. Quand lis les ont mis à bout , le veneur arrive avec le cou- teau de chasse , toujours avec la précaution de bien prendre garde de ne point blesser les chiens au moment de la victoire. La chasse finie , on sonne la retrilte , on appelle lés chiens et on emporte les loups qu'on a pris. Ohseivatlotis sur la chasse du loup aux chiens courons. — Afin de réussir complètement dans la chasse du loup aux chiens cou- rans, d'après la méthode qu'on vient d'expliquer, le veneur doit encore faire attention à quelques remarques de du Fouil- loux , sur ce sujet. Le loup vivement poursuivi et sentant ses forces diminuer, a quelquefois recours à la rus autour, aune douzaine de pas de distance , pour renvoyer le loup, k force de cris et de huées, s'il se présente pour sortir , et le forcer d'aller du côté des tireurs ; c'est ce qu'on appelle battue ou traque. Il est bien évident que si tout s'exécutoit avec autant d'or- dre que de courage , il ne seroit pas possible à un seul loup du bois de ce canton de s'échapper ; mais, en premier lieu , on ne peut disconvenir que plus l'assemblée est nombreuse , plus la chasse doit rapporter d'utilité ; mais aussi il arrive presque toujours que plus il y a de monde , moins il y a de silence avant d'être posté. Les cris se multipliant à cette épo- que , le loup qui les entend fuit sur-le-champ, et d'autant plus loin qu'il a entendu plus de tapage. D'ailleurs , gardât-on le silence avant la chasse , on a beau se poster avantageuse- ment, on n'est pas toujours suffisamment attentif; l'animal rusé se dérobe , sans bruit , à toutes les embuscades , et il est rare de tuer trois ou quatre loups dans une battue , qui , bien faite, les abattroit par douzaines si , dans le lieu, l'es- pèce étoit abondante. Communément donc , les battues les plus régulières exécu- tées par des gens de la campagne , timides , non aguerris , niai armés , et n'ayant pas l'usage du fusil , n'aboutissent , comme l'expérience l'a cent fois démontré , ou qu'à de mal- heureux accidens entre les chasseurs, qui quelquefois tirent les uns sur les autres, ou à opérer seulement le déplacement des loups d'un canton dans un autre. Je pense qu'une battue bien combinée, sagement conduite par des veneurs expérimentés , mais exécutée au son du tam- bour par des troupes de ligne , commandées et contenues. par leurs chefs , assujetties à une discipline rigoureuse , tanS pour les cris que pour la marche , réussiroit , en un seul jour d'été , de manière à purger une forêt de tous les loups, grands et petits, jeunes et vieux. De là , il est incontestable qu'en appliquant , ou succes- sivement, ou simultanément ce moyen , sur différens points de la France , surtout ceux qui, par leur situation, con- viennent mieux au rembûchement de ces funestes animaux , bientôt notre pays verroit diminuer le nombre des loups. Chasse du loup par les pièges. — La multiplication des divers moyen^connus sous ce nom , peut infiniment contribuer à détruir^es loups. L'un des meilleurs est celui qu'on appelle p-aquenard. i." Le traquenard. — Avant de le tendre , on commence par traîner quelque animal mort dans une plaine que les loups ont coutume de fréquenter , et on le laisse dans un gucret ; i,i cm on pnsse le râieausur la terre des environs, pour juger mieux la vole du loup, et en môme temps le famiiiiiriser avec la terre égalée qui doit couvrir le piège. Durant quelques nuits, le loup, après avoir rôdé , inquiel et défiant ., autour de l'ap- pât sans oser en approcher, s'enhardil à la fin, et on le laisse dévorer en paix plusieurs lois de suite. Alors on tend plu- sieurs pièges autour, avec Tattenlion de les couvrir de Irois pouces de terre , pour en dérober la connoissance au plus défiant de tous les animaux. Cependant le remuement de la terre et l'odeur de l'homme qui demeure quelque temps, ré- veillent d'abord toute son inquiétude , et il ne faut pas espé- rer qu il approche même de plusieurs nuits ; mais enfin Tha- bitude le calme peu à peu, et le fait donner dans les pièges qu'on lui a tendus. On parie d un appât d'un autre genre , et qu'on assure atti- rer bien plus puissamment les loups. 11 faut lâcher de se pro- curer la matrice d'une louve en pleine chaleur ; on la fait sécher au feu et garder dans un lieu bien sec. On place , dans plusieurs endroits du bois ou de la plaine, une pierre, autour de laquelle on répand du sable ; on frotte la semelle de ses souliers de cette matrice, et surtout les différentes pierres qu'on a placées ; l'odeur s'y conserve plusieurs jours, les loups des deux sexes Téventent de très-loin, elle les attire et les occupe fortement. Lorsqu'ils se sont accoutumés à venir grat- ter à quelqu'une de ces pierres , on y tend le piège, et rare- ment , dil-on , sans succès , quand il est bien établi et bien couvert. L'ancienne Encyclopédie fait, à ce propos, sur la défiance naturelle du loup , une observation bien vue et très-bien exprimée , qu'il convient de mettre ici sous les yeux du lec- teur. « Quelque défiant que soit le loup , on le prend avec assez « de facilité partout où les pièges ne lui sont point connus ; « mais lorsqu il est instruit par l'expérience , il met en défaut « tout, fart des louveliers : cet animal, naturellement gros- " si<'r parce qu il esl fort , acquiert alors un degré supérieur « d intelligence , et il apprend à se servir de tous les avan- « tages que lui donne la finesse de ses sens. 11 devient néccs- c< sairè de connoitre les ruses de l'animal, et de varier à « Tuifini celles qu'on leur oppose. » Si quehjue chose peut donner une juste idée de^a finesse de 1 odorat du loup , c'est de songer que cet aniriHHé vente d'assez loin l'odeur d'une corde cjuclconque de chanvre , vieille ouneuve ; et qu'alors, quelque pressé qu'il puisse être de la faim, il n'approcîiera jamais d'un piège où les cordes auront été employées, à moins qu'on ne se serve de la pré- cm 4g3 caution suivante. Prenez dans la Lergerie de la fienle ùc mouton la plus fraîche, délayez-la dans un vase plein d'eau, Irenipez-y la corde vingt-quatre heures , ne la faites point sécher au soleil, mais sur des perches, au vent et à l'air, quand elles ne servent point. On frotte encore la corde de fiente de loup fraîche , ce qui en ôle le sentiment à l'animal comme celle du mouton. 2.*^ La fosse. — Dans les pays couverts de grandes forets et où les loups abondent , on se sert fl'une fosse avec une trappe, qui , étant chargée à un de ses bouts, renverse sa charge dans la fosse, et se referme d'elle-même. Une faut pratiquer celle fosse que dans les chemins écartés , où les loups passent assez ordinairement, et après avoir pris la précaution d'exanùner si vous ne remarquerez pas aux environs quelques traces de loups. Ayant reconnu ce passage , voici comme on travaille. (Creusez au bord du chemin écarté une fosse de douze pieds de longueur , cl large d'environ six à huit, sur neuf de pro- fondeur; elle doit être faite un peu en s'élargissant vers le fond , afin que Taniuial qui s'y précipite ne puisse grimper jii remonter ; placez sur la fosse un chdssis de bois, dont les extrémités la débor les débris de plusieurs levrauts , des plumes de perdrix , de geais , etc. , et dix ou douze taupes fraîchement tuées , et rangées à une égale distance l'une de l'autre. Dans nos climats , les renards entrent en chaleur au mois de février. On les entend alors donner de la voix ; leur glapissement est une espèce d'aboiement qui se fait par des sons semblables et très-précipités ; c'est ordinairement à la fin du glapissement qu'ils donnent un coup de voix plus fort, plus élevé , et semblable au cri du paon. « Le renard , dit Kuffon , a des tons différens , selon les différens senti- mens dont il est affecté ; il a la voix de la chasse , l'ac- cent du désir, le son du murmure, le ton plaintif de la tristesse, le cri de la douleur, qu'il ne fait jamais en- tendre qu'au moment où il reçoit un coup de feu qui lui casse quelque membre ; car il ne crie point pour toute au- tre blessure , et il se laisse tuer à coups de bâton , comme le loup , sans se plaindre , mais toujours en se défendant avec courage. Il mord dangereusement , opiniâtrement , et l'on est obligé de se servir d'un ferrement ou d'un bâ ton pour le faire démordre. » Les rç^ards aiment à se tenir au soleil; ils se couchent 5l2 C II I en rond comme le chien; et pendant les froids, ils cou- vrent leur museau de leur grosse queue ; leur sommeil est profond. Ils grattent la terre pour lâcher leur urine , qui a une odeur très -pénétrante et très-mauvaise, et ils la re- couvrent de poussière. Ces animaux., pris jeunes, s'apprivoi- sent aisément; ils sonl même carcssans, et leur physionomie, qui est celle de la finesse et de la vivacité , les rend assez agréahles. J'en ai élevé plusieurs à différentes reprises, mais j'ai toujours été forcé de m'en défaire , à cause de leur penclnut invincible pour le meurtre et le sang ; quoique nourris très-lorgemenl , ils se jetoient sur les oiseaux domes- tiques et les metloicnt à mort. Il règne une grande antipathie entre les chiens et les re- nards ; Ion cile néanmoins quelques unions intimes et pro- ductives entre ces deux espèces, mais elles sonl extrêmement rares et difficiles à obtenir; elles exigent des soins et des précautions qui les rendent plutôt l'effet de l'art que de la nature , dans le domaine de laquelle de pareilles alliances n'ont jamais lieu. Au reste , l'espèce du renard est répandue sur une grande étendue de pays. On la trouve , non-seulement en Europe, en Asie et en Afrique , mais encore dans l'Amérique sep- tentrionale. Quoique la chair du renard soit un mauvais manger, il est cependant des gens qui s'en accommodent, surtout en au- tomne , lorsqu'il s'est nourri de raisins. Pour faire perdre à cette viande la mauvaise odeur dont elle est imprégnée , on l'expose à la gelée ; elle devient alors un mets passable. L'on fait peu de cas de la' peau des jeunes renards ou de ceux que l'on lue en été, saison dans laquelle leur poil tombe et se renouvelle; mais la peau des vieux renards pris en hiver fait de bonnes fourrures. Chasse du renard. — Lft chasse du renard est un exercice très-agréable. Cet animal est d'autanl plus aisé à découvrir, qu'il répand une odeur très-forte. D'ailleurs, il ne fuit pas avec rapidité , et semble avoir moins de confiance dans sa course que dans ses détours, ses ruses, ou dans la profon- deur de son terrier; aussi cherche-t-il constamment à s"y réfugier , quand il est menacé de quelque danger. Les lieux les plus favorables pour la chasse du renard, sont les bois , les taillis , les boquetaux qui avoisinent les villages et les fermes. On lui fait la guerre de toutes les manières : on le chasse avec des chiens courans pour le forcer ; avec d^ basset* C H I 5i3 pour le tuer à coups de fusil ; avec des bassets sous terre pour le prendre dans son terrier ; enfin on lui tend toutes sortes de pièges. On dresse plus aisément les chiens pour la chasse du re- nard que pour celle du loup. Vers le milieu de la nuit qui précédera la chasse , on aura la précaution de boucher les terriers que l'on pourra dé- couvrir. On choisit cette heure, parce qu'alors les renards sont en course. On se servira, pour cet objet, d'épine noire et de terre, ou bien on placera dans la trace qui aboutit aux terriers, deux bâtons de bois blanc en croix, qui pa- roîlront aux renards quelque piège tendu. Le meilleur temps pour cette chasse est en janvier, février et mars. Alors on voit mieux les chiens , on trouve plus facilement les tanières, et en outre la peau du renard est beaucoup plus précieuse dans celte saison. Mettez d'abord en avant ceux de vos chiens sur lesquels vous pouvez compter davantage , et gardez-vous de les pro- diguer. N'en faites partir qu'un petit nombre à la fols. Il se présentera de nombreuses occasions de les emplpyer tous. Lorsque vous entendrez le chien que vous avez mis en avant pousser un cri de joie , envoyez-lui quelques autres chiens de renfort , et si ceux-ci se réunissent à lui pour ne faire en- tendre qu'un cri simultané , dirigez à cet endroit le reste de votre meute. Les mots d'ordres , cris > appels , etc. ^ sont les mêmes ici que pour les autres chassés. S'il faut en croire quelques Anglais qui ont écrit surla chasse aux renards, que l'on fait dans leur pays avec grand appareil, ces animaux , lorsqu'ils sont poursuivis et pressés par des lé- vriers , pissent sur leur queue et la secouent à l'approche de leurs ennemis ; quelquefois même ils lancent sur eux leurs excrémens , afin de leur faire lâcher prise et cesser leur pour- suite. Ou doit laisser les chiens tuer eux-mêmes le renard, le dé- chirer en pièces , le dévorer avec fureur. Lorsqu'il est com- plètement mort , on le suspend au bout d'une perche , et l'on rassemble autour tous les chiens qui témoignent leur satisfac- tion par de longs aboiemens ; mais il faut de plus les récom- penser avec quelques autres alimens , car la chair de renard est mauvaise , et Us la refusent constamment. Chasse du renard sons terre ou dans sa tanière. — Si, par hasard, le renard se soustrait à vos poursuites et parvient à gagner son trou , vous rassemblerez des paysans que vous ferez ar- mer de pelles, de bêches , de pioches , piques , etc., pour dé- foncer la tanière et en faire sortir le renard, si le sol n'est 5i4 C H 1 pas trop difficile à entamer ; car il faut observer que les re- nards montrent, en pareil cas, une défiance et une industrie extraordinaires. Il choisissent les endroits pierreux, les raci- nes des arbres , etc. Communément leur trou est tout d'une venue ; on n'y rencontre point de séparation ; et ce n'est qu'a- près avoir parcouru un chemin assez long qu'on parvient à son fond. Quelquefois ils emploient la force pour s'emparer «l'un trou de blaireau , et alors ils y laissent les séparations , les loges dont il est composé. Dans ce dernier cas , la première précaution que doit pren- dre le chasseur , est de lancer un ou deux bassets qui bloquent , pour ainsi dire , le renard au fond d'une de ses loges. On s'a- perçoit que le basset v a réussi , lorsqu'il crie ou aboie. J'ajouterai qu'il est fort utile d'attacher des sonnettes à des colliers dont vous garnirez le coude vos chiens. Les sonnettes feront lever plus promptement le renard , et les colliers se- ront pour les chiens une espèce de défense. Les outils nécessaires pour pénétrer dans les tanières des renards sont, une bêche forte et bien pointue, qui sert à com- mencer la tranchée , quand le terrain est dur et ne céderoit point à un instrument plus large -, une pelle demi-circulaire à tranchant très-aigu , pour couper les racines d'arbres ; une bêche large et plate, pour continuer l'ouvrage lorsque la terre est devenue plus tendre ; de fortes pioches pour entam.cr les terrains Irès-résistans qui ne céderoient point à la bêche ; un rable ou fourgon pour nettoyer le trou et l'empêcher de se remplir de nouveau ; des espèces de boîtes pour prendre et renfermer des renards vivans qu'on fait servir ensuite à des parties de plaisir. Il sera utile d'avoir aussi de l'eau pour rafraîchir les bas- sets, lorsqu'ils sortiront des trous pour respirer. De cette manière on peut assiéger la tanière d'un renard, et le forcer jusqu'en ses derniers relranchemens. Il est quel- quefois nécessaire de faire des mines, des contre-mines, en- fin de n'abandonner l'ouvrage qu'après une parfaite réussite. L'on sait que le basset est une race de chiens dont on se sert principalement pour la chasse du renard et du blaireau Œ. l'article des Chiens). La conformation de ses jambes lui permet de pénétrer , comme les furets , dans des souterrains étroits et profonds. Il s'introduit dans les trous des renard.s et des blaireaux, les attaque avec ardeur, tantôt les met en pièces par ses morsures , tantôt les entraîne hors de leurs ta- nières , ou les force de se précipiter dans les pièges qu'on a préparés à l'entrée. On commence à se servir des bassets à l'âge de dix mois ou d'un an ; car si on atlendoit plus long- temps , il scroit C H I j,5 très-difficile , pour ne pas dire impossible , de les dresser. Ils ont besoin d'une longue habitude pour n'être plus épouvan- tés par aucun obstacle. Les chasseurs conduisent ordinairement deux bassets , afin qu'ils puissent se relever tour à tour. Lorsque les renards ont des petits , faites pénétrer dans leurs trous vos anciens bassets , et lorsqu'ils commencent à aboyer , placez à chaque ouverture particulière un des jeunes bassets, afin qu'ils puissent entendre les anciens aboyer. Lors- qu'il ne reste plus dans le tronque les petits, retirez vos an- ciens bassets ; envoyez-en de jeunes à leur place, et encoura- gez-les en criant : à moi\ à moi ! S'ils entraînent au-dehors un jeune renard , laissez-le à leur disposition, et n'oubliez pas de récompenser vos anciens bas- sets , en leur donnant le sang et le foie de leurs victimes , et leur en montrant les têtes et les peaux pour les encou- rager. Quelquefois aussi on prend un vieux renard auquel on en- lève la mâchoire inférieure, ou auquel on arrache les dents , et on le laisse ensuite exercer une fureur impuissante contre le jeune basset qui s'enhardit de sa supériorité. On fait un trou assez profond et assez large pour que le basset puisse attaquer de toutes parts le renard si cruellement mutilé. On ferme l'ouverture extérieure avec des planches et des mottes de terre. Lorsqu'on s'imagine que la guerre a duré assez long- temps , on se sert , connne à l'ordinaire , de pelles et de pioches, pour encourager les chienspar cet appareil. On arra- che ensuite le malheureux renard avec des crochets ou des tenailles , et on le tue en présence des chiens , ou on le fait tuer par eux. Dufouilloux assure que si on frotte un basset de soufre ou d'huile de cade , et qu'on le fasse entrer dans des trous de renards , ces animaux sortiront , et ne reviendront pas de deux ou trois mois dans le canton. Le même auteur, dans son Traite de vénerie , indique le moyen suivant pour attirer les renards. On coupe la vulve et la matrice d'une renarde en chaleur; on les met en petits morceaux dans un petit pot avec du galbanum ; après avoir mêlé le tout, on couvre le pot, et le mélange s'y conserve toute l'année. Lorsqu'on veut s'en servir, on prend du cuir ou de la couenne de lard, que l'on fait griller et que l'on trempe toute chaude dans la drogue ; on en fait des traînées, avec la précaution de frotter de bouse de vache la semelle de ses souliers; les renards, en suivant cette trace, viendront sous le fusil du chasseur à Faffàt, ou dans les pièges qu'il leur aura tendus. 5i6 C II I On lit, dans Aldrovande , la composition d'une autre sorte d'amorce , copiée par le Dictionnaire des Chasses de V Encyclo- pédie mélhodique. On met au fond d'un pot de terre deux livres de graisse de viande rôtie , quatr(; livres de hannetons , puis une livre de graisse d'oie rôtie, une matrice de renarde en chaleur, si toutefois on peut en tuer une en cet état; ou bien on place un hareng saur et deux autres livres de graisse de viande rôlie avec un peu de galbanum et de camphre ; on bouche bien le pot , et on laisse pourir le tout pendant six semaines dans du fumier chaud de cheval. Cette drogue ainsi faite, on s'en frotte la semelle des souliers ; on va ensuite sur les terriers de renards, on se promène dans les routes de la ga- renne ou du bois , et l'on s'arrête dans l'endroit où l'on veut attirer les renards. On les attire aussi avec toute espèce de volaille, qu'on sus- pend à une branche d'arbre, à portée duquel on se place à î'affàt, en se cachant derrière un buisson ou une haie. En Allemagne, on attire les renards à l'endroit où on peut les attendre plus commodément à l'affût , en faisant depuis le terrier jusque-là une traînée de fressure de mouton atta- chée à une ficelle , et en parsemant le chemin de petite mor- ceaux de pain frits dans de la graisse d'oie ou du saindoux. Une autre amorce est de suspendre à une branche d'arbre une poule vivante, à l'un des membres de laquelle on attache une ficelle, que le chasseur perché sur l'arbre tire de temps temps pour faire crier la poule. Ces cris attirent non-seule- ment les renards qui se trouvent aux environs, mais les autres bêtes puantes , telles que fouines, putois , etc. Pour enfumer un renard, il faut bien boucher, avec des branches , des feuilles et de la terre, tous les trous du terrier, à Texception d'un seul, qui soit du côté d'où vient le vent; ensuite on glisse dans ce trou et à la profondeur d'un pied , un morceau de drap soufré , auquel on met le feu. Dès que le drap commence à s'enflammer, on jette dessus des fouilles et des broussailles , qui font une grosse fumée , que le vent pousse dans le terrier; et quand on voit qu'il en est rempli au point qu'elle revient contre lèvent, on bouche bien le trou, et l'on est sûr de trouver le lendemain le renard étouffé. L'on se sert de différens pièges pour attraper les renards : on tend des nœuds ou lacs coulans près des ouvertures des terriers ou dans les passées qu'on reconnoît par leurs fientes. Il faut que ces lacs soient plus forts que ceux employés pour prendre des lièvres et des lapins, et qu'ils soient attachés par des fils de fer. On tend aussi les mêmes pièges pour les re- t C TI I 5i7 nards que pour les loups; on les y attire par les amorces qui ont été indiquées. Enfin, on les empoisonne avec des pâtes de graisse d'oie, de mie de pain , de noix vomique et de camphre en poudre. Ce seroit outre-passer les bornes d'un ouvrage de la na- ture de celui-ci, que de faire une plus longue énumération des pièges , des appâts et des machines inventés ou prescrits- pour prendre les renards; mais l'homme, avec tous ces moyens, a besoin lui-même de beaucoup d'expérience, pour n'être pas mis en défaut par la prévoyance et les ruses du renard. Si , par exemple , toutes les gueules du terrier sont marquées par des pièges, l'animal les évente, les reconnoît , et plutôt que d'y donner , il s'expose à la faim la plus cruelle. «< J'en ai vu, dit M.Leroy, s'obstiner à rester jusqu'à quinze jours dans le terrier, et ne se déterminer à sortir que quand l'excès de la faim ne leur laissait plus de choix que celui du genre de mort. Cette frayeur qui retient le renard, n'est alors ni machinale , ni inactive ; il n'est point de tentatives qu'il ne fasse pour s'arracher au péril ; tant qu'il lui reste des on- gles , il travaille à se faire une nouvelle issue , par laquelle il échappe souvent aux embûches du chasseur. Si quelque lapin renfermé avec lui dans le terrier vient à se prendre dans l'un des pièges , ou si quelque autre hasard le détend , l'animal juge que la machine a fait son effet , et il y passe hardiment et sûrement. » {^Lettres philosophiques sur V intelligence et la per- fectibilité des animaux, par M. Leroy, nouvelle édition , p. 3o etSi.) Jacques Savary, né à Caen en 1607, mort en 1670, a com- posé un poëme latin sur la chasse du renard et de la fouine , in-i2, i658. (s.) Septième Espèce. — Le Renard CHARBONNIER , Canisahpexy Gmel. Herm. Obseiv. zool. p. 34.- La plupart des zoologistes l'ont présenté comme une espèce particulière quoiqu'il dif- fère bien peu du renard commun. Ce renard a le poil plus fourni que T espèce ordinaire , ce qui lui donne l'apparence d'être plus ramassé. Sa fourrure est d'un roux plus foncé ; sa queue est noire à sou extrémité , et ses pieds sont plus noirs; d'où lui est venue l'épithète de charbonnier. Il est moins commun que le renard , aime les lieux mon- tagneux ; se trouve en Bourgogne , en Alsace et dans d'autres contrées de la France et de TEurope. Gmelin ajoute, je ne sais sur quel fondement, mais sans doute à tort , qu'on io rouve également en Europe , en Asie et au Chili, (s.) fluitième Espèce, -r- Le Renard CROrsÉ , Canis âecnssaius. 5i8 - c n I Geoffr. Schreber, pi. 91. A. Il est de la grandeur et de la forme du renard ordinaire ; son pelage est d'un gris qui ré- sulte du mélange de poils noirs etde poilsblanchâ(res;le bout du museau, la partie extérieure des oreilles, les quatre pattes, le dessous du ventre, et un large anneau vers le premier tiers de la queue, sont d'un noir foncé ; le derrière du cou est d'un gris plus obscur que le reste du dos ; la partie intérieure des oreilles est couverte de poils fauves , ainsi qu'une tache à la base. On remarque une teinte jaunâtre sur les flancs et près de l'anus ; rextrémilé de la queue est d'un blanc grisâtre. Cette espèce est du nord de Tancien continent. Selon M. Cuvier elle ne diffère point de celle du renard commun. (DESM.) Neiwième Espèce. — Le CoRSAC ou KoRSAc ou Petit re-^ KARD JAUNE, Canis rorsac ., L. Gmel. , figuré par Buffon sous le nom A'adioe^ suppl. t. 3, pi. 16, Si le corsac n'est pas de la même espèce que notre renard, il est au moins d'une es- pèce très-rapprochéc ; il en a toutes les formes , seule- inent sur un module plus petit , et toutes les habitudes. Il se trouve en troupes innombrables dans les vastes et âpres déserts de la Tartarie , depuis le Volga jusqu'aux Indes. Il vit d'oiseaux et de leurs œufs ; se creuse un ter- rier, cache en terre la proie qu'il ne peut consommer, a une sorte d'aboiement , et répand une odeur fétide. Il ne boit jamais. Son poil est doux, gris en hiver sur le dos , d'un fauve clair en été, et blanc en toute saison sous la gorge et le ventre ; une raie brune sur chaque côté de la tête , va de l'œil au museau ; les yeux d'un jaune verdâlrc , ont leurs orbites d'un blanc sale ; les oreilles courtes et droites sont de la même couleur que le dos , aussi bien que la queue , dont l'origine et l'extrémilé sont noires et les poils très-fournis; sa longueur est la même que celle du corps; les pieds sont d'un fauve clair. La fourrure de cet animal est estimée , et elle sert de monnoie aux Kirguis. (s.) Dixième Espèce. — Le Renard TRICOLOR , Canis cinereo-ar- gcnteiis, Linn. ; le Renard gris, Briss., Quadr., p. 24.1 ; Schreb., pi. 92, Agouara cuay de d'Azara ? Il a deux pieds deux pouces depuis le bout du museau jus- qu'à l'origine de la queue. La portion du museau qui se trouve entre les yeux et le nez est noire ; l'entre-deux des yeux est blanchâtre, mais cette partie blanchâtre est divisée par une ligne noire longitudinale, qui se perd sur le front ; la lèvre supérieure est blanche sous et près des narines. Il en est de même de la partie de la lèvre mférieure qui y corres- pond ; tout le reste du bord des lèvres est noir; le front, le «lessus de la tête cl les ieiwpes, sont gris jaunalrcs; cetie teinte est produite par le mélange de deux sortes de poils; le plus court, et qui est en même temps le plus fin et le plus touffu, est gris à sa base et fauve à son extrémllé -, chacun de ces poils est ondoyé et très-souple. Les poils de la seconde sorte sont longs , droits , roides, noirs à leur base cl à leur cxlrémilé, mais blancs dans leur milieu ; la partie blanche est la plus apparente. Le dessous de l'œil est entouré par une tache obscure qui s'étend en une ligne horizontale sur la joue et jusqu'au cou; tout le dessous de la gorge est blanc ; celte couleur se prolonge en une ligne horizontale, sur la moitié du bord supérieur de la bouche ; la mâchoire infé- rieure a une large tache obscure. Les oreilles sont aussi grandes que celles du renard commun, relativement à la grandeur de l'animal ; elles sont couvertes de poils blancs i. 34 53o C H I minées en pointe , et embrassant la tige de leur base. Au sommet des tiges on aperçoit des épis grêles de trois ou quatre pouces de longueur, formés d'épillets alternes et sessiles, que l'on distingue de ceux des ivraies , parce qu'ils présentent un côté plat à Taxe qui les soutient, et non un côté tranchant. Les calices, pourvus de deux valves très-pointues, contiennent quatre ou cinq (leurs. Cette plante croît en Europe dans les champs, dans les jardins , le long des haies ; comme elle trace beaucoup, elle se multiplie tellement, qu'il est difficile de la détruire ; elle infeste les lieux où elle se trouve. Le hersage fréquent avec des herses à dents de fer, longues , courbées, rapprochées , minces , et les labours au crochet, sont les moyens de l'ex- tirper. On doit la bnller. Elle est printanière, et fournit un assez bon fourrage aux bestiaux. Les chiens, par un instinct particulier , la mangent pour vomir; d'où lui vient son nom. La racine fraîche de chiendent a une saveur douceâtre ; elle contient un principe saccharin et une assez grande quantité de substance atnilacée. Lavée, séchée , broyée, et réduite en farine , elle peut servir de nourriture : les habitans du Nord , dans les temps de disette , en font une espèce de pain. On en fait aussi une gelée très-agréable au goût et très- saine. On prend pour cela de grosses racines bien nourries, on les lave et on les coupe très-menues ; elles sont jetées ainsi dans l'eau bouillante pendant deux à trois minutes; on les passe à travers un tamis de crin, et après les avoir écrasées dans un mortier de marbre , on les fait bouillir dans l'eau pure pendant trois ou quatre heures ; la décoction est passée par une étamine et réduite, sur un feu doux ou au bain-maric, en consistance de gelée ou d'extrait. Cette gelée est sucrée : on la mêle aux opiates, aux pilules, etc. Quelques grains dans une pinte d'eau aiguisée avec le sel de nitre, font une boisson que l'estomac supporte mieux que la tisane ordi- naire de chiendent. Le Chiendent pied-de-poule est moins haut que le pré- cédent. Il ne s'élève pas au-delà de huit à dix pouces. Sa tige , après avoir atteint à peu près cette hauteur, retombe à terre et pousse des racines par ses nœuds : à son sommet se trouvent trois ou quatre épis dig'lés , ouverts, étroits, vio- lets, velus à leur base intérieure. Les feuilles sont roi^ des , courtes , velues et plus longues vers le haut de la tige. La racine est noueuse, genouillée, sarmenteuse et ram- pante. Cette plante croît aux bords des chemins dans les endroits sablonneux. Ses tiges mondées de leurs fcUilles , sont employées en décoction. Avant de s'en servir , on doit «.►u ratisser leur écorce , afin de l'enlever, ou les jeter dans CHI 53i l'eau bouillante , les y laisser pendant quelques minutes , les retirer ensuite, et les remettre bouillir dans une autre eau : cette tisane est rafraîcbissante et apéritive. Celle de chien- dent ordinaire adoucit et relâche ; mais sa vertu apéritive et diurétique n'est pas bien constatée. Pour donner à Tune et à l'autre un peu de goût, on y mêle une petite quantité de ra- cine de réglisse. En Pologne on ramasse les grains de pied-de- poule, dont on fait des gruaux très -délicats. Ces plantes servent aujourd'hui de type à un genre appelé Cynodon par Richard, FiBiCHE par Kœller, et Digiïaike par Jus- sleu. (d.) II y a encore deux espèces de plantes qui portent le nom de chiendent dans quelques cantons de France. L'une, avec les racines de laquelle on fait ces vergettes et ces balais , con- nus sous le nom de chiendent, est le Barbon digite , qui croit naturellement dans les parties méridionales de l'Europe. L'autre , qu'on ne rencontre que dans les eaux Stagnantes, et dont on ramasse la semence pour la nourriture de l'homme , dans quelques parties de la Pologne, est la Fétuque flot- tante. La première espèce de chiendent est quelquefois le fléau de l'agriculture. Elle s'empare des terrains les plus fertiles; et ce nesl qu'avec des peines et des dépenses considérables qu'on parvient à s en débarrasser, (b.) CHIENDENT AQUATIQUE. V. Fétuque flot- tante. (B.) CHIENDENT A BOSSETTES. Le Dactylepelo- tonné porte ce nom. (b.) CHIENDENT FOSSILE. Nom que quelques au- teurs ont donné à l'amiante, (pat.) CHIENDENT MARIN. C'est une espèce de A^arec. (B.) CHIENDENT QUEUE DE RENARD. Espèce de VuLPiN, Alopeciirus agrestis de Linnceus. (b.) CIENDENT RUBAN. V. Roseau panaché, (b.) CHIENNE. C'est la femelle du Chien, (desm.) CHIENDENT A VERCtETTE. J'ai reconnu que c'é- toit la racine du Barbon digité. (b.) CHIEN GTUENDEN. Pietro délia Valle dit que c'est le nom persan du Rhinocéros, (s.) CHIERSSY. Nom que les Epirôtes donnent au Ceri- sier, (ln.) CHIETOTOLT. Nom d'un oiseau du Mexique, que l'on dit être un Étourneau. (v.) CHIGOMIER, Comhrelum. Genre de plantes de l'oc- tandrie monogynie , et de la famille des myrtoïdes , qui a S32 C II I pour caractères : un calice monophylle caduc, à quatre ou cinq dents ; une corolle à quatre ou cinq pétales ovales , attachés entre chaque dent du calice ; huit ou dix étaraines dont les filamens sont très-longs ; un ovaire inférieur linéaire, duquel s'élève un style presque aussi long que les étaniines, et dont le stigmate est simple ; une capsule oblongue, munie de quatre ou cinq ailes très-minces, membraneuses, demi- circulaires ; cette capsule renferme une semence linéaire y menue, à quatre ou cinq angles. Les chigomiers renferment huit h dix arbrisseaux exoti- ques , dont les feuilles sont simples et communément oppo- sées, et les fleurs disposées en grappes ou en épis terminaux. Le plus connu est le Chigomier a épis simples , Comhretum îaxum , Linn. , dont les rame^aux n'ont point de bractées , et dont le calice est intérieurement velu. Il vient dans l'Amé- licjue méridionale. Le plus intéressant est le Chigomier de Madagascar , Comhreluin purpuremn ^ Linn., qui a les feuilles ovales-aiguës; les rameaux des fleurs tournés d'un seul côté et avec des brac- tées plus courtes que le pédoncule ; les fleurs décandres et rouges. C'est un arbuste sarmetiteus qui vient de Madagascar, et qu'on cultive à l'Ile-de-France à cause de la beauté de ses fleurs. C'est le type des genres Pevraée de Commerson , et Cristaire de Sonnerat. Les autres espèces sont le Chigomier a épis composés , qui croît au Mexique ; le Chigomier décatsdre , qui est naturel aux Indes orientales; et le Chigomier a feuilles alternes, qui se trouve dans l'Amérique méridionale, (b.) CHIHUGHINE. Nom vulgaire de I'Ananas karatas, aux environs de Cumaua. (b.) CHIL Nom d'une espèce de Pipi du Paraguay. V. ce mot. (V.) CHIKAL , ou Chacal. Voyez à l'article Chien, (desm.) CHI KEU. Nom chinois d'une espèce de citron nommée Chi xac, et Cay BAON en Cochinchine, Cili-us fuira , Lour. C'est Vitam de Rumph. , Amb. 2 , t. 33. Cet arbre forme de grandes forets dans l'Inde, (ln.) CHIKOURYEH et HENDEBECH. Noms arabes des Chicorées cultivées , Cichorium intybus et endma. (LN.) ClilLiiY. Nom arabe d'un poisson du Nil , qui a été figuré par Sonnini dans son Voyage en Egypte^ pi. 23. C'est le silunis mysus de Forskaël. Il est le moins mauvais à manger des silures du Nil. V. au mot Silure, (b.) CHILCA. Feuillée, t. 37, figure un arbrisseau qui, selon Adansou, serolt la Baccuaiste a FEUILLES d'iya , Baccharb i\'ixfolia, Linn. (l>.) C II I 533 CHILEANAUHTLI. CVst, dans Fernaudez, le nom mexicain de la Sarcelle rousse a longue queue. F. l'ar- ticlc Canard. Il appelle la femelle Coleanauhtll (v.) CHILER. Nom turc du Caméléon, (desm.) CHILIBUÈQUE. Nom du Lama, au Chili, (s.) CHILOB. Nom du Polatouche , on i^eiit Éaneuil volant ; chez les Burètes. (desm.) CHILIODYNAMIS, Dioscoride. V. Chetmodynamis. (LN.) CHILI OPHYLLON, Dioscoride. C'est, suivant Adan- son , une Millefeuille , et peut-être l'espèce commune , AcJiillea millefoUum, (LN.) CHILLI DES MEXICAINS. Cette plante, mentionnée dans l'ouvrage d'Hernandez, est regardée comme un Gin- gembre par Adanson. (ln.) CHILOCHLOÉ, OiUocliha. Genre de plantes de la fa- mille des graminées , établi aux dépens des Alpistes et des Phlexux de Linnœus. Ses caractères sont : baies de deux valves calicinales inégales, aiguës, renfermant deux fleurs, l'une fertile à baies florales cartilagineuses , la valve supé- rieure émarginée ; l'autre avortée, pédicellée , filiforme. L'Alpiste paniculé et le Phleau des sables servent de type à ce genre, (b.) CHILODIE , OiUoâla. Arbrisseau de la Nouvelle-Hol- lande, qui., selon R. Brown, constitue seul un genre dans la didynamie gymnospernue et dans la famille des labiées. Les caractères de ce genre consistent : en un calice à deux lèvres, accompagnées de deux bractées, la supérieure en- tière , l'inférieure semi- bifide; en une corolle labiée; le casque entier et très-court; la lèvre inférieure à trois décou- pures , celle du milieu plus grande et à deux lobes, (b.) CHILOGNATHES , ChUognatha , Latr. Famille d'in- sectes de l'ordre des myriapodes , ayant pour caractères : an- tennes un peu renflées vers leur extrémité , ou filiformes , de sept articles ; bouche composée de deux mandibules et d'une lèvre divisée par des sutures , et couronnée par quelques pe- tits appendices, en forme de tubercules, au bord supérieur ; les deux ou quatre premiers pieds réunis à leur base , rap- prochés de la lèvre , mais semblables d'ailleurs aux autres. Les chilognalhes font partie de ces insectes aptères ou sans ailes , nommés ordinairement mille-pieds , dont le corps très- allongé a une forme linéaire ou cylindrique, et qui est composé d'une suite considérable d'anneaux, portant chacun une ou deux paires de pattes ; ils diffèrent de la seconde fa- mille du même ordre, celle des Chilopodes, par leurs au- 534 (^ TT T tennes un peu dilatées vers le bout, ou de la même gros- seur, et composées seulement d'un petit nombre d'articles, et par la composition beaucoup plus simple de leur bouche. Elle n'offre point de labre, et immédiatement après les man- dibules , elle est fermée par une sorte de lèvre crustacée , formée, suivant M. Savigny, de deux paires de mâchoir»\s soudées, et qui représentent les quatre supérieures des crus- tacés décapodes. Les trois premières paires de pattes répon- dent , par analogie, aux trois paires de mâchoires auxiliaires , ou pieds-mâchoires de ces mêmes crustacés. Le corps des chilognathes est généralement crustacé, et souvent cylindrique. Ils marchent très-lentement, ou se glis- sent, pour ainsi dire , sur le plan de position , et se roulent en spirale, à la manière des serpens, ou en boule, comme les armadilles , les hérissons, cloportes, etc.; leurs pieds sont très-courts. Le premier segment du corps est plus grand, et présente l'apparence d'un corselet ; les trois à quatre sui- vans , et le septième dans les mâles, ne porlenl qu'une paire de pieds ; on en voit deux aux autres, à l'exception cependant des deux ou trois derniers qui en sont dépourvus. Les stigmates sont situés de chaque côté du corps, mais si petits, dans le plus grand nombre, qu'on les distingue à peine , et qu'ils ne paroisscnt que sous la forme d'un petit point; on n'en dé- couvre même pas de vestiges dans les gloinéris. Chaque an- neau en offre alternativement deux ; mais cet ordre change vers le septième ou huitième , de sorte qu'on y voit deux seg- mens de suite , ayant chacun deux stigmates ; l'ordre alter- natif recommence ensuite. On peut ainsi considérer les pre- miers anneaux comme représentanllelhoraxdeschilognathes. Les organes sexuels du mâle sont situés sous le septième , extérieurs, et terminés par deux crochets ; ceux de la femelle se trouvent, à ce qu'il m'a paru, au-dessous du troisième. Lçs deux sexes, dans l'accouplement , s'appliquent l'un contre 1 autre par le ventre, entrelacent leurs pattes et sont couchés sur un côté ; l'extrémité antérieure du corps du mâle dé- passe celui de la femelle. Ces insectes se nourrissent de substances végétales, ou de matières animales corrompues. Us pondent, dans la terre, un grand nombre d'œufs , d'où naissent des petits , qui , sui- vant une observations de Degeer , n'ont d'abord que six pieds et sept ou huit anneaux. Sous le rapport de l'organisation extérieure, les chilo- gnathes sont presque des crustacés , qui semblent réunir les cloportes avec les insectes. Ils ne forment dans Linn?eus qu'un seul genre , celui des Iules , Ju/us^ mais qu'on divise au- jourd'hui ea cinq autres. C 11 1 535 Les uns ont le corps crustacé , sans appendices au bout , et les antennes renflées vers leur sommet. Les genres : Gi.o- MÉRis , Iule , Polydème , Craspédosome. Les autres ont le corps membraneux, très-mou, et ter- miné par des pinceaux de petites écailles. Le genre Polyxène. V. ces mots, (l.) C H ILOPODES, Chîlopoda , La t. (auparavant Syngnathes). Famille d'insectes connue habituellement sous le nom de mille-pieds, de l'ordre des myriapodes, composée du genre scolopemlra de Linnseus , et qui est distinguée de celle des cliilugnnilies du même ordre ou des Iules de Linnœus , par les caractères suivans : antennes sétacées , de quatorze articles et au-delà ; bouche composée de deux mandibules , d'une première lèvre quadrifide ; de deux petits pieds en forme de palpes , réunis à leur base ; et d'une seconde lèvre formée par une seconde paire de pieds, dilatés et joints à leur base , terminés par un fort crochet , percé , sous son extrémité , d'un trou , pour la sortie d'une liqueur vénéneuse. Dans l'opinion de M. Savigny , la première lèvre , celle qui se trouve immédiatement au-dessous des mandibules , représente les quatre mâchoires supérieures des crustacés décapodes ; les deux palpes situés au - dessus de cette lèvre ceux qui forment ensuite la seconde et la première paire de pieds proprement dits , seroient les analogues des mâ- choires auxiliaires ou des pieds-mâchoires. Le corps des chilopodesest déprimé et membraneux. Cha- cun de ses anneaux est recouvert d'une plaque coriace ou cartilagineuse , et ne porte , dans le plus grand nombre , qu'une paire de pieds; la dernière est ordinairement rejetée en arrière , et s'allonge en forme de queue. Ces animaux courent très-vite , sont carnassiers , fuient la lumière , et se cachent sous les pierres, les vieilles poutres , les écorces des arbres, dans la terre, le fumier, etc. Ils se nourrissent d'insectes vivans, qu'ils piquent avec les crochets de leur seconde lèvre , comme le font les aranéides, avec les griffes de leurs mandibules, et distillent dans la plaie un venin très-actif sur ces petits animaux , puisque , d'après mes ex- périences, ils périssent sur-le-champ. Suivant l'idée ingé- nieuse de M. Savigny, les mandibules des aranéides repré- sentent la seconde paire des mâchoires auxiliaires des crus- tacés. Or, dans les chilopodes, la seconde lèvre correspond aussi à ces mêmes pieds-mâchoires, et sert aux mêmes usages. Les habitans des pays chauds redoutent beaucoup ces in- sectes , les espèces qu'on y trouve étant fort grandes, et leur venin pouvant être plus actif II y en a même une {scolopendra cingidula^ Lat. ) dans les départemens méridionaux de la h6b C }i l France , dont la morsure produit quelquefois des accidens assez graves. La scolopendre mordante est désignée aux An- tilles par répithète de malfaisante. On en connoitqui ont une propriété phosphoriquc. Les organes sexuels sont intérieurs et situés , à ce qu'il paroît , à l'extrémité postérieure du corps , comme dans la plupart des insectes. Les stigmates sont beaucoup plus ap- parens que dans les chilognathes. ( V. Scolopendre. ) Cette famille comprend les genres : Scutigère, Lithobie» Scolopendre. Le docteur Léach en a établi deux autres: ceux de Crytops et de Géophile. V. ces mots, (ln.) CHILPANXOCHITL , Hemandez (Mex. 210). C'est une plante qui paroît être la Lobélie acuminée , Lobelia acuminala , \'Villd.,. qui croît à la Jamaïque, ou une espèce voisine, (ln.) CHILÏOTOLT. V. Jacapa scarlate. (v.) CHIIMACHIMA. Nom d'un Caracara du Paraguay. V ce mot. (v.) CHIMALATL. ISfom mexicain du soleil ( Helianthus anmnis , Linn. (ln.) CHIMALOUBA. Nom caraïbe du Mahogoni, Swietenia mahogoni , Linn. (LN.) CHIMANGO. Nom que porte, au Paraguay, un Cara- cara. V. ce mot. (v.) CHIMAPHILE, Chimaphila. Genre de plante établi par M. Pursh dans sa Flore de l'Amérique septentrionale , pour placer les Pyroles en ombelle et maculée, dont le stig- mate est sessile et épais. V. ces mots, (b.) CHIMARRHIS, Chîmarrhis. Genre de plantes de la pen- tandrie monogynic et de la famille des rubiacées , dont les caractères sont d'avoir : le bord du calice entier ; la corolle infundibuliforme ; cinq étamines ; un germe inférieur sur- monté d'un style dont le stigmate est bifide ; une capsule à deux loges , contenant chacune une semence. Ce genre, qui n'a pas encore été figuré, ne renfcnne qu'une espèce. C'est un arbre de l'Amérique méridionale , à feuilles ovales , opposées et pétiolées ; à Heurs petites et disposées en corymbes terminaux et axillaires, qu'on appelle bois lie rioière à la Martinique. (B.) CHIM-CHIM-NHA. Petit arbre cultivé sous ce nom en Cochinchinc , où il croît aussi spontanément. Loureiro le re- garde comme une espèce d'ARALlE , Aralia octophyUa. Son écorce et ses feuilles sont apéritives , diurétiques et diapho- rétiques. Les cendres de la plante sont très bonnes contre l'hydropisie, (ln.) G H I 53; CHIM-CHIM-RUNG. Nom donné, en Cochînchine, à un arbre dont le bois pâle n'est pas sujet à se tourmenter par la sécheresse , et avec lequel les tourneurs font des vases et autres objets que Ton recouvre de vernis. Cet arbre est le rlompanm major ^ Rumph. Amb. 5 , t. 117 ; le caril àts Mala- bares, selon Rheede, 4? t. 36 ; et le steirulia fœtida ^ Linn. V. To>'G-CIlU. (ln.) CHIMÈRE, Chimœra. Genre de poissons de la division des Choisdroptérygiens , dont le caractère consiste à avoir une seule ouverture branchiale de chaque côté du cou , et une queue terminée par un long filament. Ce genre renferme deux espèces dont la forme est très- remarquable , et les habitudes fort singulières. L'une , la Chimère arctique , Chimœra monslrosa , Linn., a des plis poreux sur le museau , et se trouve dans la mer du Nord, où elle est connue sous les noms de «>jg^c de mer^ et de roi des harengs. Ce poisson a le corps comprimé des deux côtés , fort aL longé et couvert d'écaillcs à peine visibles ; sa tête est large , terminée en forme de nez , couverte d'un tégument plissé dans une partie du côté inférieur, et parsemée de petits trous qui fournissent une humeur visqueuse ; ses mâchoires sont antérieurement armées de deux grandes dents incisives ; ses yeux sont grands et brillent comme les yeux des chats ; ses nageoires pectorales sont très-grandes, recourbées et at- tachées à une prolongation charnue ; celle du dos commence par un rayon triangulaire très-allongé, très-dur et dentelé par derrière, et, après s'être beaucoup abaissée , se prolonge jusqu'à la queue , où elle disparoit insensiblement ; le bout de la queue se termine en un filament très-long et très-flexible. Le mâle diffère de la femelle par une petite huppe qu'il porte sur la tête , et par deux appendices ou petits pieds situés au-devant des nageoires , et qui servent à retenir la femelle dans l'accouplement ; de plus , il y a lieu de conclure de quelques observations imparfaites , que cet accouplement a lieu comme dans les serpens , c'est-à-dire qu'il est double, les mâles ayant deux verges , et les femelles deux vulves. La couleur générale est un blanc argenté , parsemé de taches brunes , mais souvent sans taches. La chimère arctique acquiert trois à quatre pieds de long, et un pied de circonférence. Elle vit de mollusques, de crus- tacés et de poissons , surtout de harengs ; elle montre fré- quemment ses dents en remuant inégalement les diverses parties de son museau , et tient sa longue queue dans un mouvement continuel , comme les singes ; de là le nom de singe de mer, qui lui a été donné. Sa tête est trè»-grosse, et 538 C H I a été comparée à celle du lion ; on Ta donc aussi appelé b'on de mer. Elle se pêche fréquemment avec les harengs , et on a dit quelle étojt leur roi; enfin elle a passé pour un mons- tre semblable à la chimère de la Fable. V. pi. B.20, où elle est figurée. On ne mange point sa chair , qui est trop dure ; mais les habilans de la Norwége font des gâteaux avec ses œufs , et tirent de son foie une huile dont ils font usage dans les maladies des yeux , et qu'ils appliquent sur leurs blessures. La Chimère antarctique, Chimera ca//orhinchus , a le museau garni d'un long appendice. Elle se rapproche beau- coup de la précédente par sa forme et ses mœurs -/mais elle en est bien distinguée par l'appendice de son museau, qui la fait nommer poisson coq ^ oix poisson éléphant., selon qu'on l'a comparée à une crête ou à une trompe. Elle constitue au- jourd'hui le genre Callorhinque. (b.) CHIj\[ERE, Chimera. Genre de vers mollusques testacés, établi par Poli , dans son ouvrage sur les coquillages des mers des Deux-Siciles. Son caractère consiste à avoir un siphon unique, allongé, mince, sinueux, avec des varices distinctes, à base épaisse , musculeusc , un peu conique ; des branchies en arc, légèrement réunies par leur partie supérieure; le irtanlcau garni d'un muscle rameux , distinct , et dont le limbe est un peu adné à l'extrémité des branchies ; l'abdo- men très-saillant ; le pied nul , et remplacé par un muscle linguiforme pour filer un byssus qui est toujours simple. Ce genre est formé par les animaux des Pinnes ( V. ce mot ) , dont l'un a été figuré avec de précieux détails anato- miques , pi. 87 de l'ouvrage précité, (b.) CHIM ]\II \'U. Nom d'une espèce de gouet {arum ritciil- latum, Lour.), qui croît dans les environs de Canton en Chine. (LN'.) CHIMONIKO des Grecs modernes. C'est le melon d'eau ou pastèque, Cucurhita ciirullus , Linn. (ln.) CHIIMPANZÉE ou Chinpanzée. F. au mot Or\ng OUTANG. (DESM.) CHINA. Nom qu'on donne , à Almaden , à un mélange de deux qualités intérieures de minerai de mercure, (ln.) C H I N A. C'est le nom d'une espèce de salsepareille (^Sniilax china ^ L. ) qui croit en Chine, et dont la racine porte spécialement ce nom. Elle est employée en médecine. r. Salsepareille, (lth.) CHINARS et CHIACAS. Noms arabes du hêtre {Fagus sylmtica, h ). (lis.) ^ C H T 539 CHINCAPIN. C'est le petit Ciiataigmer de l'Amérique septentrionale , Fagus pumila , Linn. Arbuste tle dix à douze pieds de haut, qui malheureusement n'a pas encore pu sac- climater en France. On dit malheureusement , parce que ses fruits , à peine plus gros qu'un gland , sont beaucoup plus agréables au goût que ceux du châtaignier ordinaire. Les feuilles de cet arbuste diffèrent de celles du châtaignier ordinaire , en ce qu'elles sont très-tomenteuses , et par-là blanches en-dessous. Il est extrêmement commun en Caro- line , dans les terrains qui ne sont ni trop secs ni trop hu- mides , ainsi que je l'ai observé, Michaux a aussi donné ce nom à un petit chêne d'Amérique , dont la feuille ressemble à celle de ce châtaignier. (B.) CHINCHE. Ce mot espagnol désigne la punaise. C'est, sans doute, à cause de leur mauvaise odeur qu'on l'a appli- qué à deux animaux de l'Amérique, dont l'un appartient au genre moufette et l'autre au genre hamster. Ce dernier ou chinchilla a sans doute T odeur moins forte que le premier. CHINCHE I)E AGUA. C'est le nom portugais du No- TONECTE : il signifie Pimime deau. (nESM.) CHINCHILLA. Quadrupède du Pérou, dont les peaux sont trè.s-employées par les fourreurs, et qu'on rapporte jus- qu'à ce jour au genre des Hamsters, (desm.) CHINCHIMALI. C'est la Tagète a petites feuilles , au Pérou, (b.) CHINCHIN. Nom tartare «IuPithèque, selon Sonnini. V. Magot, (desm.) CHINCILLE. V. Chinchilla, (desm.) CHINCO ou CumcHE. V. Moufette, (desm.) ' CHINCOIJ, JVfom que Levaillant a donné au Vautour KOIR dans sa première année, (v.) CHINET. Nom provençal d'une variété dubigaradier(r//7iz5 vulgaris, n.° 9 , Risso) cultivé dans les jardins à Nice : c'est le Chiuotio des Italiens. Le petit CumET , Chinet picoun , est une autre variété de la même espèce, (ln.) CHINGOLO Nom d'un Moineau du Paraguay, (v.) CHIN HL\M. Nom chinois de l'arbre qui, selon Loureiro, produit I'Agalloche , ou bois d'aloës. Voyez Aloéxyle et Agalloche. (ln.) CHINKA. Nom de la Poule sultane , à la Chine, (s.) CHÏNNE. Quadrupède du Chili, qui paroît être le C^m- che. V. Moufette, (desm.) CHINOI. En grec moderne , c'est le nom de l'OiE. (desm.) CHINORODON. Nom du Rosier églantier , dans les anciens ouvrages de médecine, (b.) Ho C TI I CHINOTTE. V. CiiiNET. (ln.) CHINQUAPINE. Nom donné, ajux Etats-Unis , à une espèce de Châtaignier. V. Chincapin. (un.) CHINQUIES. C'est la même chose que le Chit-sé. V. ce mot. (b.) CHINQUIS. Voyez le genre Éperonnier. (v.) CHIN-TCIIIEN-KHI. Nom chinois du Paon du Thibet. Voyez l'article précédent, (v.) CHIOCOAR. Nom qui s'applique, dans l'Amérique méri- dionale , à une espèce de bière qui se fait arec la graine du Mais, (b.) CHIOCOQUE. Toy^z au mot CiocoQUE. (b.) CHIOMA DI GIOVE. Nom vulgaire italien de la Dryade octopétale {Dr^as octopetala , L.) , et de quelques Anémones , dontlesfruits sontsurmontés d'aigrettes plumeuses blanches , qui ont été comparées à une chevelure, (ln.) CHIONANTHE, Chionantims. Genre de plantes de la diandrie monogynie, et de la famille des jasminées, dont les caractères sont d'avoir un calice monophy lie persistant, à qua- tre dents pointues ; une corolle monopétale divisée en quatre découpures fort longues , étroites et linéaires; deux, et quel- quefois trois étamines fort courtes ; un ovaire supérieur ovale , se terminant en un style très-court, dont le stigmate est obtus et trifide ; une baie arrondie ou ovoïde , qui con- tient un noyau strié. Ce genre, auquel celui appelé Linocière doit être réuni, renferme cinq espèces , dont trois de Ceylan et deux d'A- mérique. Toutes sont des arbrisseaux à feuilles simples, op • posées, et à fleurs disposées en grappes. La seule qui soit connue dans nos jardins, est le Chionan- the de Virginie, qui s'élève à plus de dix pieds, quia les feuilles ovales, aiguës ; les panicules terminales et trifides ; les pédoncules à trois fleurs. C'est un très-agréable arbrisseau lorsqu'il est en fleur , parce que ses grappes nombreuses et ses pétales blancs, le font paraître comme couvert de neige. On ne le multiplie en France que de drageons et de marcottes, car il donne rarement du fruii; et sa greffe sur le frêne ne sub- siste que deux ou trois ans. Il vient naturellement dans les bois humides de l'Amérique septentrionale, où je l'ai fréquem- ment observé. Le Chionanthe de Ceylan a les grappes paniculces, axil- 1 a ires, opposées, et les feuilles presque sessiles. Il se trouve à Ceylan. Linnœus fils, par un double emploi, en avoit fait un genre sous le nom de Tiiouinia. Le Chionantue épais a les panicules axillaires trirhofo- mes , toutes les fleurs distinctes, et les anthères obluses. 11 ?e C H 1 541 trouve à la Guyane , et a été établi en titre de genre, sous le nom de Céraîsthe , par Gmelin , et avant , sous celui de Maypea, par Aublet. CHIONIS, C/î/ow5,Forster, Fagintilis, Lath.Genredel'or • dre des oiseaux Eciiassiers, et de la famille des Coléoram- PHES.f^. ces mots. Caractèrçs: bec conico-convexe, plus long que la tête, droit, robuste, épais, comprimé latéralement, courbé àlapointe; mandibule supérieure couverte d'une gaine cornée, mobile, écbancréc, lacérée à l'extrémité ; l'inférieure anguleuse en dessous , plus courte , pointue ; narines en partie couvertes par lagaîne, petites, obliques etouvcrtes; langue cartilagineuse, arrondie en dessus, aplatie en dessous, acuminée à la pointe ; face nue, verruqueuse chez les adultes ; tarses courts , robustes ; quatre doigts, trois devant, un derrière ; les antérieurs calleux en dessous; les extérieurs unis à la base par une membrane ; le postérieur élevé de terre ; pli de l'aile muni d'un bourrelet obtus. Ce genre ne contient qu'une espèce qui se trouve dans r Australasie , où elle se tient sur les bordsde la mer. Sa nourri- ture se compose de coquillages et des animaux marins que les flots apportent morts sur la plage ; sa chair est de mauvais goût et dédaignée par les hommes. Le ChIONI s NECROPH AGE, Chionis necrophapis , Vieil!., Vaginalis Chionis^ Lath. pi. 89 de son Synopsis, est totale- ment d'un blanc de neige ; les joues qui sont nues, ont des petites verrues blanches ou de couleur orangée pâle ; une aulre verrue plus grosse et brune surmonte les yeux; toutes ne sont apparentes que chez les adultes ; le bouton osseux du pli de l'œil est noirâtre, et la gaine cornée tantôt jaune, tantôtnoire ; la couleur des pieds varie selon l'âge ; des individus les ont bruns, d'autres roussâtres; l'iris des yeux est d'une teinte plombée ; grosseur au-dessus de celle du pigeon ; longueur , quinze à dix-huit pouces. Cette espèce vit en troupes sur les rivages des mers australes, (v.) CHIC) HAU. Arbre qui croît aux environs de Canton en Chine. Voy. Ruynchosie. (ln.) CHIOZZO. Nom italien du Goujon {Cyprinus goliiu , Linn. ). (desm.) CHIPE AU. Voyez Canard. CHIPIU. Nom généralisé, par les naturels du Paraguay, à tous les petits oiseaux granivores , comme Pinsons , Char- donnerets , etc. (V.) CHIPOLIN ou CïPOLIN. Marbre blanc veiné de ro- sâtre et de stéatite verte. F. Marbre, (pat.) CHIPU. C'est l'IciQUiER, à Cayenne. (d.) CHIQUAHOHOHL, de Fernandez. Oiieau de la Nou- velle-Espagne. Espèce de Barge, (s.) 54, C H I CHIQUE. On donne ce nom à un insecte , malheureu- sement trop commun dans les Antilles et dans l'Amérique méridionale. Il est extrêmement petit, s'introduit ainsi plus facilement dans la chair , et y excite des démangeaisons très- douloureuses. Il s'attache d'ordinaire aux pieds , sous les on- gles des doigls , et si on ne se hâte, de l'en tirer, il gagne toutes les autres parties du corps ; on éprouve d'abord dans la partie où l'animal a pénétré, une légère démangeaison. L'inflammation succède, la chair se pourit , et on finit par y avoir un ulcère malin, et quelquefois même la gangrène. La chique, qui n'étoit pas plus grosse qu'un ciron, devient en peu de temps de la grosseur d'un pois, et produit un grand nombre de petits qui se nichent autour d'elle. La noirceur de la chique, placée entre la chair et la peau, la fait aisément remarquer. Il est donc facile de remédier au mal dans le principe, en mettant l'animal à découvert par le moyen d'une épingle ou d'un stilet menu et pointu, de la même manière que l'on fait sortir un petit corps qui est entré dans la chair. Il faut prendre garde de ne pas laisser d'œufs dans la plaie; l'on conçoit qu'ils pourroient y éclore , et s'y multiplier ensuite. Il n'y a guère que les personnes allant nu pieds ou négli- gentes, qui en soient particulièrement incommodées. Les In- diens attribuent au rocou la vertu de chasser ces pernicieux insectes. Ils emploient aussi d'autres productions naturelles du pays , du tabac broyé, des herbes amères, pour s'en pré- server. D'ailleurs , ils sont très-adroits à extraire la chique de la chair , où elle s'est logée. Les singes , les chiens et les chais en sont quelquefois attaqués. On fait passer la démangeaison que la chique produit , en arrosant la partie du corps où on la ressent, avec du jus de citron ou du vinaigre. Les ulcères que les chiques produisent lorsqu'on néglige la plaie qu'elles ont faite , sont , dit-on, plus mauvais lorsqu'ils sont ronds , parce que leur con- tour n'est que de la chair morte , et qu'il faut absolument couper si l'on veut détruire le mal. On appelle, dans le pays, malingres , les personnes qui ont de ces ulcères. Marcgrave dit que les Portugais nomment cette chique , hlcho^ et les Brasiliens iunga. Ils se servent contre elle d'huile d'amandes d'acajou , extraite avant que le fruit ne soit mûr. Cet insecte acquiert , suivant lui, au bout de deux ou trois jours, la grandeur dont il est susceptible , et il est facile alors de le tirer de la chair. Marcgrave suppose que la chique est enfermée dans une petite coque transparente et ronde ; il re- commande également qu'on ait soin de la faire sortir de la chair taule entière, et sans qu'elle laisse d'œufs. C II I 543 Cet insecte, qui m'a été envoyé parle célèbre botaniste Pa- von, est la Puce PÉNÉTRANTE, pulex penelrans ào. Linnseus. V. Puce, (l.) CHIQUERA. V. le genre Faucon, (v.) . CRIQUET ou CHIQEÏ. Nom languedocien des Gril- lons, (desm.) CHIQUICHÏQUI. Palmier de l'Amérique méridionale, qu'on ne peut rapporter à aucun genre, (b). CHIRANTHODENDRON. V. Cheirostemum. (b.) CHIRAYITA. Espèce de Gentiane que les sauvages de l'Amérique emploient comme stomachique et fébrifuge, (b.) CHIRI. C'est mal à propos que ce mot malabare est pré- senté dans la synonymie de la mangouste, comme un des noms de ce quadrupède, d'après le témoignage du père Tin- rent-Marie , religieux de Sainte-Catherine de Sienne. Fouché d' Obsonville(£$A«w philosophiques sur les mœurs de di^^ers animaux étrangers , pag. 89 et 90) , donne au mot chiri une significa- tion bien éloignée de celle que lui avoit assignée le père "N incent-Marie ; il présume que des Indiens malabares , soit par plaisanterie, soit pour se débarrasser des questions impor- tunes du moine, lui auront répondu chiri, quand il deman- doit le nom de la mangouste , et il se sera empressé de con- signer ce prétendu nom sur son album; il faut donc rayer de ia liste des noms divers de la mangouste , celui de rhiri, qui , bien que désignant un objet du ressort de l'histoire naturelle, n'a nul rapport à celle de la mangouste, (s.) CHIRICOTE. Nom que porte, au Paraguay, un oiseau du genre RÂLE. V. ce mot. (v.) CHIRIMOYA. C'est le Corossol du Pérou, (b.) CHIRITE. Les stalactites qui ont la forme d'une main , ont été nommées ainsi par quelques auteurs. (PAT.) CHIRIPA. Palmier des bords de l-Orénoque , dont le tronc est épineux, les feuilles tronquées et rongées à leur ex- trémité , argentées en dessous. On ignore à quel genre il ap- partient. L'AlPH ANE semble s'en rapprocher, (b.) CHIRINOLO. Noms de l'ÉcuREUiL, en Italie, (desm.) CHIRIPÉPÉ. Nom d'une Perruche, au Paraguay. F. ce mot. (v.) CHIRIRIA. Noms espagnols des Bergeronnettes, (v.) CHIRIVIA. Nom espagnol et portugais du panais. Les Espagnols nomment le chervis ( sium sisamm) chirwia iudesca ou de Toscana , et les Portugais , çhirimi aquaiica , alcjuenvia , alrhisera, etc. Ces derniers donnent à Y aihamante de Crète., k- nom de chirii>ia di Candia. (ln.") CHIRL ou SCHIRL. V. Schorl. (pat.) 5U G H I CHIRO CENTRE , Chirocentms. Genre de poissons éta- bli pai' Cuvier, pour placer l'ËsocE CHirocentre de Lacé- pède, qui a les mâchoires garnies d'une rangée de dents fortes, coniques, dont les deux du milieu de celles d'en haut et toutes celles d'en bas, sont extraordinairement longues; au-dessus de chaque pectorale , est une longue écaille pointue, (b.) CHIROCERE , Chirocera , Lat. Genre d'insectes de l'ardre des hyménoptères , section destérébrans, famille tles pupivores, tribu des clialcidies , très-voisin du genre chalcis^ et qui n'en diffère que par ses antennes, dont les sept der- niers articles , à partir du troisième , se prolongent d'un côté en forme de rameau, ou en manière de peigne. Je n'en'connois qu'une espèce {C fémoral); elle a été trouvée par mon ami , M. Léon Dufour, médecin , aux îles d'Hyères. Elle a beaucoup de rapports^vec le chalds rufipes d'Olivier. Son corps est d'un noir obscur , pointillé , avec les cuisses postérieures rouges. Le pédicule de l'abdomen est très-court. (L.) CHÏROMYS. V. Cheïromys et Aye-aye. (desm.) CIIIRONE , Chironia. Genre de plantes de la pentandrie monogynie , et de la famille des gentianées , dont le carac- tère est d'avoir un calice monophylle persistant et à cinq di- visions droites et pointues ; une corolle monopétale en roue , tubulée dans sa partie inférieure , et divisée en cinq parties ovales; cinq étamines courtes, qui se contournent en spirale après l'inflorescence ; un ovaire supérieur , ovale , surmonté d'un style incliné , qui est terminé par un stigmate courbé , épaissi , et comme tronqué ; une capsule ou baie ovale à deux loges , qui contient des semences petites et nombreuses. Les chirones comprennent une vingtaine d'herbes ou de $ous-arbrisseaux , dont les feuilles sont simples et opposées , les fleurs axillaires ou terminales. La plupart sont du Cap de Bonne-Espérance ; mais j'en ai rapporté de Caroline six à huit espèces nouvelles, qui, ajoutées à celles déjà décrites comme venant de l'Amérique , rendent le nombre de celles de ce der- nier pays à peu près égal à celui des espèces d'Afrique. Ce genre a encore été augmenté par quelques gentianes , qu'on lui a réunies nouvellement , ce qui porte à cinq les es.- pèces indigènes à l'Europe. La CuiROME BACCIFÈRE , dont le caractère est d'être fru- tescente , et d'avoir une baie au lieu d'une capsule, ce qui fourniroit un motif plus que suffisant pour établir un genre nouveau, si elle n'avoit pas d'ailleurs tous les autres carac- tères du sien , et s'il y avoit d'autres Apèces qui fussent dans le même cas. On la cultive dans la plupart des jardins de bo- tanique. Elle vient du Cap de Bonne-Espérance. C II I :;:r; La ChiROME VELUE , Chîronia frutesrens ^ Liiin. , qui a la tige frutescente, les feuilles lancéolées, velues, et le calice cam- panule. C'est un arbrisseau fort joli , qui fleurit régulièrement dans nos jardins. Elle vient du même endroit. La Chironecampanulée, qui est herbacée, dont les feuilles sont allongées et le calice de la longueur de la corolle; ce qui lui donne une apparence remarquable. Elle se trouve en Ca- roline , et, ainsi que je l'ai observé, dans les lieux un peu hu- mides et découverts. Elle est annuelle. LaCHiROME ANGULAIRE, qui est herbacée , donl la tige a des angles , dont les feuilles sont ovales et amplexicaules Elle vient en Caroline, dans les mêmes endroits que la précédente; mais elle s'élève trois à quatre fois davantage. Elle est également annuelle. Elle sert apjourd'hui de type au genre Sabbatie. La Chiroise centaurée , plus connue sous le nom de ped'le centaurée , et qui , comme on l'a dit plus haut , faisoit partie des Gentianes, sert aujourd'hui de type au genre Erythrée. C'est une plante annuelle , d'un port agréable , qui croît quelqu^is très-abondamment dans les terres sèches et sa- blonneuses, et dont les caractères sont d'avoir les feuilles el- liptiques , à trois nervures ; la tige dichotome et en corymbe ; les divisions du calice étroites , un peu ouvertes , et le limbe de la corolle plane. Ses feuilles et ses capsules sont fort amères , et très-employées contre les maladies chroniques et les fièvres intermittentes. C'est un des ingrédiens des vulnéraires suis- ses. Elle purge quand on la donne à forte dose. On en trouve dans les lieux marécageux une variété plus petite et plus ra- meuse , que quelques auteurs ont regardée comme une es- pèce distincte , et qu'ils ont appelée Chirone des Marais. La Chirone maritime , qui est digyne , et qui croît sur les bords de la mer, dans les parties méridionales de la France. C'est le gentiana manlima de Linnœus. La Chirone en épis , Genfiana spicata^ Linn. , dont la tige est bifide et les fleurs alternes et sessiles. Elle vient dans les prés humides des pays méridionaux de l'Europe, (b.) CHIRONECTE, Antennarius. Genre de poissons établi par Commerson , aux dépens des Lophies. Ses caractères sont : corps et tête très-comprimés ; celte dernière surmon- tée de trois rayons ; le premier terminé par une membrane ; bouche ouverte verticalement ; ouïes très-petites et à quatre rayons ; nageoire dorsale très-prolongée vers la queue ; des appendices charnus garnissant souvent tout le corps. Les Lophies histrion, unie, et huit à dix autres," consti- tuent ce genre, (c.) CHIRONECTE, C/i/ronerfei. Genre de mammifères car- nassiers de la famille des marsupiaux, établi, par iUiger, sur VI. r> 546 C TI î une petite espèce, placée, par les naturalistes, tantôt parnu les loutres, tantôt parmi les didelphes. Il est ainsi caractérisé : dents incisives supérieures, dix; inférieures, huit; canines assez longues; museau pointu; yeux placés sur les côtés de la tête; oreilles nues, arrondies; queue prenante, écailleuse ; des os marsupiaux!' pieds plantigrades et pentadactyles, les postérieursseulement ayarit les doigts réunis par une mem- brane, et les pouces sans ongles; les ongles des autres doigts aigus et recourbés. Le nom donné à ces animaux est composé de deux mots grecs, ^ù , munus., et v^'inif^ nalator^ c'est-à-dire, qui nage avec les mains ; ce qui désigne Tune de leurs habitudes. Ils se trouvent dans l'Amérique méridionale seulement. R'OME plumeux, Chironomus plumosus , Fab. , Meig. 548 C II I dipi. part, ijtab. "i-^fig. 19. Long de trois lignes; verdâtrey avec l'abdomen annelé de noir; ailes blanches, ayant un point noir près de leur milieu. Geoffroy rapporte à cette es- pèce ytipule^ n.o 16), la figure 12 , pi. 14. , tom. 4 , de Réau- mur, comme représentant sa larve, que celui-ci range parmi celles qu il nomme vers-polypes. Mais cette larve est la même que celle dont il donne l'histoire complète dans le tome sui- vant , premier Mémoire , et que Geoffroy cite de nouveau pour synonyme de sa iipule bmne , à quatre points bruns sur les ailes. L'insecte parfait , provenant de cette larve , paroît , d'après la figure de Réaumur {tom. 5 , pi. S,Jig. 10.), être très-voisin du Chironome porte-collier, rhironomus mcin- lis de Fabrlcius et de Meigen , qui se distingue des autres espèces par ses pieds blancs , entrecoupés de neuf taches annulaires blanches , et ses ailes mélangées de blanc et de cendré. Dans la figure de Réaumur , ces ailes ont trois taches noirâtres et le corselet a trois lignes plus pâles. Les larves de cette espèce, qu'on a souvent confondues avec celles du cousin , viennent en grande quantité dans les eaux croupis- santes et dans les baquets remplis de ce liquide , et qu'on a laissés à l'air. Elles y habitent de petites masses terreuses, de figures irrégulières , placées contre les parois , et surtout au fond de ces vases , et dont plusieurs, percées de petits trous, ont quelque ressemblance avec des gâteaux de ruches, mais à ouvertures rondes. lien est cependant qui sont oblon- gues et contournées en forme de ver. Elles sont les entrées des cellules ou des habitations de ces animaux, qui font sou- vent sortir au dehors leur tête ou la partie antérieure de leur corps. Il est long , cylindrique , composé de douze anneaux et d'une tête écailleuse , à figure constante. Il offre , près de cette partie , deux appendices , en forme de moignons inar- ticulés, membraneux , et imitant deux sortes de jambes ; du milieu de son pénultième anneau et de sa jonction avec le dernier, pendent deux cordons (quatre en tout), ordinaire- ment ondes et entrelacés; de là le nom de vers-polypes , que Réaumur donne à ces larves. L'ouverture par laquelle elles rejettent leurs excrémens est située au bout du dernier an- neau, et forme , par son contour, un carré, ayant à chaque angle un petit corps oblong , semblable à une olive ; deux de ces corps sont dirigés vers la tête, et les deux autres en ar- rière ; de l'origine de chacun de ceux-ci part un autre appen- dice, mais une fois plus grand, oblong , ventni à sa base , avec le bout plat et couronné de poils' roides etpiquans. Ces deux parties sont probablement des organes respiratoires. Ces larves sortent quelquefois de leurs demeures, et na- gent assez près de la surface de l'eau , se contournant en ecrcle , dans divers sens , ou se donnant tous les mouvemens nécessaires pour se porter où elles veulent aller. Elles se tiennent, même ainsi , hors de leurs retraites, des journées entières , rassemblées en grand nombre autour de .quelque feuille, ou de quelque petite masse , et s'y fixent par l'extrémité postérieure de leur corps. On voit souvent des centaines de ces larves s'agiter en même temps , et en faisant des contorsions qui paroissent très-forcées ; il en est qui sont appuyées sur le corps des autres. Chacune d'elles se cons- truit son tuyau de ce qu'elle rencontre de plus spfpigieux et de plus léger; et quoique Réaumur n'ait pu apercevoir de fil s'échappant de la bouche de ces animaux , il conjecture néanmoins, parla manière dont ils exécutent alors leurs mou- vemens , qu'ils filent réellement, et que c'est ainsi qu'ils Kent les différentes molécules dont leurs cellules sont com- posées. Les deux fausses pattes antérieures paroissent même leur servir, dans cette circonstance , à retenir les matériaux. Fixés par l'exlrémilé postérieure de leur corps, ils le re- courbent, amènent leur tête tout proche de ce point d'ap- pui, y déposent les petits grains, et renouvellent la même manœuvre jusqu'à ce qu'ils aient terminé la formation de leurs tuyaux. C'est là aussi que ces larves se transforment en nymphes, remarquables par les beaux panaches blancs qui garnissent l«s deux bouts de leur corps; l'antérieur est composé de plusieurs plumets, qui s'étendent même sur les côtés du cor- selet , où on en voit qui forment des espèces d'étoiles à cinq branches. L'abdomen est grêle et fort long; il est terminé par deux crochets , et sa houppe est disposée en éventail. Ces nymphes sont très-vives quand on les tire de leurs four- reaux et, lorsqu'on les met dans Teau, elles s'y agitent et se tourmentent. Le temps de leur dernière métamorphose arrivé^ dix à douze jours après la précédente , elles se rendent à la s.urface de l'eau , y changent de place , font prendre à leur corps différentes inflexions , passent même quelquefois un jour entier dans cette situation, avant de parvenir à changer fig* 9 et I G de ses Mémoires , est probablement celle d'une autre • espèce de chironome. L'extrémité antérieure de son corps n'offre point de fausses pattes; mais l'opposée a six grandes cornes charnues, et quatre autres plus petites, avec deux stig- mates entre elles et les précédentes. La larve de \a tipule noire du fumier ^ de Degeer , rangée par M. Meigen avec les cJiironomcSj n offre aucun appendice,. 55o C II T Elle a la forme d'un petit serpent, et vil dans le fumier. L'insecte parfait (C c/i/'oya/enis , Meig.) est noir, avec les ailes blanches. Telles sont les espèces qui peuvent le plus nous intéresser. CHIROPTERES. V. Chéiroptères, (desm.) CHIROSCELE, Chùoscelis ,, Lam. Genre d insectes , de l'ordre des coléoptères , section des hétéromèrcs , famille des mélasomes, voisin du genre ienel/rion par la foi'inc générale du corps , pliais dont les antennes sont terminées par un article plus gros , en forme de bouton , et dont les jambes antérieu- res sont dentées au côté extérieur, ou palmées. Ces derniers caractères les rapprochent des érodies ; mais ceux-ci ont le corps orbiculaire ou ovale. Ce genre a été établi par M. de Lamnrck, dans les Annales du Muséum d'Histoire naturelle, sur un insecte rapporté de l'ile Maria , par Péron et M. Lesueur , le Chirocèle a deux LACUNES, Chlwsrelis hifeneslra^Aa L. ibid.,ta//. iG,^. 260,/;/. 22, Jig. 2 , etc. ; long d'un pouce et demi, entièrement noir et luisant; ses élytres ont des cannelures longitudinales créne- lées ; on remarque sur le second anneau du ventre deux taches roussâlres , ovales , couvertes d'un duvet très-fin , et dont le dernier paraît être membraneux et non corné , comme celui du reste du corps. M. de Lanunrk soupçonne que ces taches indiquent' quelque organe particulier, et qu'elles sont peut-être phosphoriques. On trouve à la cote d'Angole et dans la Guinée, une seconde espèce , placée par Fabricius dans le genre ténébrion ; c'est celui qu'il a nonnné digilé , dii^itdtus. Celle-ci est de la même couleur; mais les stries sont lisses, et les cuisses antérieures ont trois dents; elle se trouve dans la collection de M. Du- fresne , chef des travaux de Zoologie au Jardin du Roi. (l.) CHIROSTEMUM. Voyez Cheirostemon (ln.) CUIROTHECA MARINA de Rumphius. C'est une Éponge des mers des Indes , rapportée par Pallas, à l'espèce qu'il nomme spongia villosa ^ et par Gmelin, à celle de la spongia aruleata. (desm.) CHIRPUIS. C'est le chervis {Sium sisnmm, L.). (lî<). CHIRQUINCÏIUM ou CIRQUINSON. C'est le Taiou à six bandes, nommé aussi Encoubert par Buffon. V. Tatou. (DpSM.) ClîIRRÎ ou CHIRIRÏ. Nom tiré du cri d'un Coulicou du Paraguay. F. CouLiCOU. (v). CîilKUÏlGIEN. Nom sous lequel Brisson a décrit les Jacanas. F. ce mot. (v.) C H I 55t CHIRURGIEN. Poisson du genre des Chétodo>;s de LTnnrrus, placé par Lacépède dans celui des Acanthures.^b.) CHISMOBRANCHES. Nom donné par BlainviUe à un ordre qu'il a établi parmi les Mollusques céphalopodes non symétriques, (b.) CHISMOPNÉES. Famille de poissons établie par Du- méril , et qui renferme ceux qui sont cartilagineux sans oper- f-^ ■■' *:^^;*î;ï^J?^rCvv-,..^:,'-ui:L:i -, -.Jf ^^ ^>vx.^^.. t :.a:^^ ■V'■^ ->rr^.4;:'':^^f§^' /^ : -/^ ^;::^i>^^^'^i