^>Z-S^. 'Sœs: ■^^^ w..^ss:is^mÊm' ■'::t^^2^M^^^^ ^ LIBRARY OF IÔ85_IQ56 ^' ^^7i;^li#fM^^%:âi ■«v- ■ ■> ^^v ^^:<'.<' '^^ :^-^ :^^^: M NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE, APPLIQUÉE AUX ARTS, A l'Agriculture, à l'Économie rurale et domestigue, à la Médecine , etc PAR UNE SOCIÉTÉ DE NATURALISTES ET D'AGRICULTEURS. Nouvelle Edition presqu'entièrement refondue et considé- rablement augmentée ; AVEC DES FIGURES TIRÉES DES TROIS RÈGNES DE LA NATURE. TOME XVI. DE L'IMPRIMERIE IV'ADŒL LANOE, RUE DE lA nARPE. A PARIS, Chez DETERVILLE, libraire, rue hautefeuille, k» 8. M DCCC xvir. Indication des Pages ou doivent être placées les Planches du Tome XVI, avec la note de ce <]u elles représentent. En. Insectes » . . . . Pag. 87 Hédychre lucidule. — Hepiale du houblon. — Hélé- rocère bordé et son antenne grossie. — Hypophle'e marron. — Ibalie coutelier, — Ichneumon mani- feslateur. — Jchr.fiumon jaune. — Ips célle'rier. — Iule terrestre. — Ixode reduve. — . Kermès de la vigne, E 17. Plantes 74 îcaquîer d'Amérique. — Icîquier à sept feuilles. — Igname ailée. — Illipé à feuilles longues. D l5. Crustacés lo4 Daphnie plumeuse. — Dorippe noduleux. — Dromie de Rumphius. — Ecrevisse de Barton, — Galathée striée, — Grapse cendré. — Hippe sans mains. — Idotée métallique. — Leucosie noix. — Ligie océani- que. — Limule polyphème. — Lyncé sphérique. — Squille mante, . > j^ - * ^>-' ■ E 5, Reptiles • . •• 116 Iguane vulgaire. — Iguane à bandés. — Iguane ga- liote. — Iguane marbré. — Iguane rouge-gorge. — Plature fascié. E 20. Oiseaux 44^ Ibis à masque noir, — Ibis sacré. — Jabiru d'Afrique. — Gros-bec jacobin. E 19. Quadrupèdes mammifères 474 Isatis (chien). — Jaguar (chat). Jocko (orang). E 9. Plantes 4Bo ' Henné blanc. — Houmiri beaumier. — Jambosier domestique, — Jaquier fruit à pain. E 10. Oiseaux SaS Héoro-taire sanguin. — Grue à caroncules, r- Ja- seur. NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE. LAS lABAK. Nom donné, clans les Indes orientales , suivant Camelli, à unç espèce de Sophore. (ln.) lACCHUS. Nom spécifique donné, par Linnseus , à r Ouistiti , petit singe d'Amérique. M. Geoffroy ayant fait de ce singe le type d'un nouveau genre , adopte le nom à'iacrhus pour sa désignation latine, (desm.) lAKAIKACHI. Nom caraïbe de l'arbre qu'on nomme , dans les îles, Acajou-bouge, j^^ajou a meuble. V. Ce- DRÈLE. (ln.) lAMMA-SIMIRA. C'est, au Japon, suivant Ksempfer, une espèce de Cornouiller, Cornus japordca , Thunb, (ln.) I ARON de Dioscoride. Synonyme du draamculus , espèce de GouET. V. Dracuntium. (ln.) lARUMA d'Oviédo. C'est Vamhaiba des Brasiliens , ou Bois trompette , ou Coulequin , Cecropia peltata. (ln.) lASSE , lassus. {Jassus , Fall. ). Fabricius nomme ainsi un genre d'insectes de l'ordre des hémiptères , et dont il avoit placé antérieurement plusieurs espèces avec ses Ci- cales , Cicada , ou nos Tettigones. Suivant lui , le bec ou rostre est à peine plus long que la tête, de deux articles , dont le premier très-court , et recouvert , à sa base , par le char^ peron qui est arrondi et coriace; le labre est presque nul ; les antennes ont la forme d'une soie très-menue , avec le premier article à peine plus épais que les autres. Leur corps est oblong , avec la tête grande , transverse , arrondie en devant, saillante ; les yeux grands, oblongs, un peu proéminens et latéraux ; le corselet petit, transversal , 2 I A T un peu relevé sur les horàs. ; l'ccusson grand, triangulaire , pointu ; l'abdomen comprimé ; les élytres inclinées et à peine plus longues que lui ; les pieds courts , propres à la course , avec les jambes allongées et dentées en scie , et les tarses à trois articles. M. Fallen , dans sa distribulion méthodique des hémiptè- res , caractérise ainsi le même genre : tête penchée, sans rebords ; vertex linéaire, court, de la largeur du corselet ; jambes très-garnies de petites épines. Il remarque qu'il est très-voisin de celui des cigales, et que l'un et l'autre, ainsi que les ccrcopes, sont très-entre- mêlés d'espèces hétérogènes , dans le système des ryngoles de Fahricius, Ces insectes se tiennent plus particulièrement dans les vergers , et sautent à la manière des autres cicadelles. Leurs larves se distinguent , de même que l'insecte parfait, par la forme de leur tête. J'ai partagé, dans le 3.^"'^ volume de mon ouvrage, sur les genres des insectes, pag. i6i et 162 , celui de cicada de Fabricius, en s\r coupes, d'après les variétés de fornaes de la tête de ces insectes. La position des yeux lisses dans la première de ces divisions embrasse les iasses de ce natura- liste; mais, d'ailleurs, les antennes et le bec ne présentent point , malgré ces changemens, de différences appréciables. Il m'a paru que ces modlficalions de la tête intluoient sur la situation des deux yeux lisses, et c'est sur ces déplacernens qu'il faudroil porter l'attention. L'Iasse boucher , lassns laiiiu , Fab. ; Panz. Faim, insect. Germ.^ fasc. Ç>ijîg- 23, elfasc. '02 , tab. 10, est, de nos espèces indigènes, la plus distincte. Son corps est long de trois lignes , un peu incliné et très-obtus en devant , d'un vert pâle , avec le dessus de la tête et du corselet d'un rougeàtre clair; les yeux sont d'unbrun rougeâlre; les deux yeux lisses sont situés sous le bord antérieur du vertex. Il est commun aux en- virons de Paris. Fabricius rapporte à ce genre la cigale des charmilles de Geoffroy , ou la cigale du wsier ( Cicada rosœ) de Linnseus. Elle est très-petite , d'un jaune verdâlre, avec les ailes blan- châtres et vitrées à leur extrémité. On la trouve, en quantité , sur les feuilles du rosier , du tilleul , du groseillier, etc. (l.) lÀTI et CAJU-IATI. Noms que les Malais donnent au Tek, grand et bel arbre qui croît dans les Indes orientales et dans la presqu'île de l'Inde. Sur la côîe du Malabare ; on lui donne le nom de iheka-trkka , selon Rheede {Mal. 4., t. 57). Cesilejalusàc Rumphius, Amb. 6, t. i8. (ln.) I B A 3 IBABIRABA et GUABIRABA. Suivant Pison et Marc- grave , on donne ce nom, au Brésil , à un fruit qui s'appelle aussi araca-min , et qui paroît être une espèce de Gouyave , Psidium. (ln.) IBACUS , Léach. Genre de crustacés. V. Scyllare. (l.) IBAIARIBA. V. Ibiariba. (ln.) IBALIE, Ihalia ^ Lath. Genre d'insectes, de l'ordre des hyménoptères , section des térébrans , famille des pupivores , tribu des gallicoles. Ce genre , que Panzer nomme sagaris^ se rapproche infi- nimentde celui des /^vi/yys de Linn., ou àesdiplolèpes de (ieoff. étd'Oliv. ; mais les antennes des insectes qu'il renferme sont filiformes, composées, du moins dans les femelles, de treize ar- ticles, et dont la forme est cylindrique; l'une de leurs mandi- bules a quatre dentelures au côté interne; l'autre n'en offre que deux; leurs palpes maxillaires ont cinq articles: leur corps est plus allongé que celui des cynips; le corselet est presque de niveau en dessus avec le sommet de la tête ; l'abdomen est surtout remarquable en ce qu'il est très-comprimé dans toute sa hauteur, et qu'il a la forme d'un couteau ; sa tarière est droite et s'étend le long de sa carène iniciljure ; les ailes supérieures offrent d'ailleurs, ainsi que celles des cynips , une cellule radiale et trois cellules cubitales , dont la seconde très-petite, en forme de point, et dont la dernière grande > triangulaire et allongée , atteint le bout de l'aile; les palpes, de ïttême que dans l'autre genre , sont courts et terminés par un article plus gros ; les antennes sont droites. L'insecte qui m'a servi de type pour l'établissement de ce genre , a été d'abord placé par Fabricius avec ses opinons , sous ie nom de cultellalor. Il l'a ensuite {_Sysûme des Piézales) transporté dans son genre hanchus. M. Jurine en fait un cynips. L'Ibalie coutelier, Ihalîa cultellator, pi. E 1 1 , 6, a sept ou huit lignes de longueur ; le corps est noir; le corselet est cha- griné , avec l'écusson proaiinule et.échancré ; les ailes sont obscures; l'abdomen est d'un brun ferrugineux, avec se$ tranches aiguës; la tarière est saillante ; les pattes sont noires. J'ai trouvé cet insecte dans le Midi de la France , volti- geant autour des arbres , et cherchant à y placer sqs œufs. IBAMETARA des Brasiliens. Suivant Adanson , ce se- roili'IcAQUiER , et, d'après d autres auteurs, le MoNBiiî. V. ces mots. (LN.) IBAPEBA. Nom que les Brasiliens donnoient à un fruit de la grandeur et de la forme d'une orange, et qui contient des grains réniformes. Ce fruit paroît incouuu. (ln.) 4 I B E IBDARE. Poisson du genre Cypriis-. (b.) IBE et Ibenbaum. Noms allemands de V If (taxas haccata,\u.) (LN.) IBENHOLTZ. C'est l'If en Danemarck. (ln.) IBÈRE, Iberus. Genre de Coquilles établi par Denys- Monttort , pour placer I'Hélice gualtérienne, qui s'écarie des autres ( Voy. Caracolle ). Ses caractères sont : coquille libre, univalve , ombiliquée , à spire régulière aplatie ; ou- verture enlièie tombante, carénée, à bords Iranchans , à carène remontante ; base bombée, L'Ibère GUALTÉRIE^'NE est grise. Son diamètre est d'un pouce et demi. Elle est ter- restre et originaire de l'Espagne méridionale, (b.) ÏBÉRIDE , Iberis. Genre de plantes de la létradynamie siliculeuse, et de la famille des crucifères, dont les caractères offrent: un calice de quatre folioles ovoïdes, concaves, ouvertes, petites et caduques ; quatre pétales onguiculés , obtus , ou- verts , les deux extérieurs plus grands ; six étamines , dont deux plus courtes ; un ovaire supérieur, arrondi, compri- mé, cbargé dun style court, à stigmate obtus; une petite silique arrondie, légèrementcomprimée, entourée d'un rebord aigu , échaxicré au sommet, qui contient plusieurs semences, et qui est formé de deux valves en nacelle , séparées par une cloison. Les ihérides sont au nombre d'environ trente espèces, pres- que toutes d'Europe. Ce sont des plantes à feuilles alternes, simples ou pinnatifides , à fleurs blancbes ou purpurines, et disposées en corymbes. Leurs principales espèces sont : LIbéRIDE DE Perse, Iberis sempeijlorens , qui est frutes- cente , a les feuilles spatulées, très-entières , obtuses , et les siliques presque didymes. Elle croît dans la Perse et dans la Sicile. ()n la cultive dans les jardins , non parce qu'elle fleurit continuellement, comme son nom latin semble le faire croire, mais parce qu'elle fleurit souvent pendant tout l'hiver , épo- que où les fleurs sont rares. C'est d'ailleurs un joli arbuste , dont les feuilles sont toujours vertes. L'Ibéride toujours verte ressemble beaucoup à la pré- cédente -, mais ses feuilles sont linéaires. Elle est moins belle; cependant on la cultive aussi comme objet d'ornement. Elle vient en Italie et dans les Pyrénées. L'Ibéride de Crète , Iberis umbellaia^ Linn. , a les feuilles lancéolées , aiguës , les inférieures dentelées et les supérieu- res très-entières. Elle croît naturellement dans l'île de Crète. Quoique annuelle, ses larges corymbes, très-garnis de fleurs , souvent de couleurs variées , lui donnent un aspect si agréable , qu'on la juge digne de concourir à rornenunt 1 B i: 5 (îes parterres. On la voit dans tous les jardins , où elle fleurit en juillet et en août. On la sème souvent en place ; mais en général on la transplante lorsqu'elle est à moitié de sa crois- sance. Elle ne demande , au reste , aucune précaution par- ticulière. L'Ibéride amÈre a les feuilles lancéolées , aiguës , pres- que dentées, et les (leurs en grappes. Elle est annuelle , et se trouve très-communément, et quelquefois très-abondamment, dans les lieux incultes et pierreux d'une grande partie de l'Europe. Elle fleurit pendant tout Tété. Ses feuilles mâchées sont amères. L'Ibéride odorante a les feuilles linéaires , dilatées et dentées à leur extrémité. Elle se trouve dans les Alpes du Piémont. Son nom fait connoître le genre d'intérêt qu'elle porte avec elle. L'Ibéride PINNÉE a les feuilles profondément divisées, les découpures éloignées, linéaires et aiguës. Elle est an- nuelle, et se trouve dans les parties méridionales de l'Eu- rope. L'Ibéride a tige nue a les feuilles radicales presque pin- nées , la tige simple , presque nue , et les fleurs en grappes. Elle est annuelle , et s'élève au plus à la hauteur de deux à trois pouces. On la trouve dans les parties découvertes des bois sablonneux, souvent si abondamment, qu'elle en tapisse le sol. Elle fleurit au premier printemps. On la cueille presque immédiatement après là fonte des neiges , pour la manger en salade. Elle forme un aliment aussi agréable que sain dans une saison où les végétaux sont encore rares, et où l'estomac a besoin souvent des antiscorbutiques. Celte es- pèce constitue aujourd'hui le genre appelé Téesdalie par Alton, et (iuÉi'iNiE par Bastard. L'Ibéride a feuilles rondes sert maintenant de type au genre Hutchinsie. (b.) IBERIS. Celte plante, de Dioscoride , est nommée aussi par lui carduniaiitica. Sa tige, haute d'une coudée environ, portbit des feuilles semblables à celles du iiasturiiuni ( cres- son ), mais plus vertes au printemps; ses fleurs très-petites et d'un blanc de lait,paroissoient enété, L'/é^/vsnaissoit dans les lieux incultes, Daniocrate, cité par Gallien , donne une description en vers de cette plante, qui de voit être fort com- mune , si l'on en juge d'après ce qu'il en dit , on la trouvoit sur les vieux murs , sur les anciens monumens , et presque partout; sa racine , très-échauffante , étoit employée pour guérir les sciatiques. Le mérne Damocrate rapporte qu^ Viberis portoit le nom de la contrée dans laquelle un mé- decin de ses amis avoit été guéri avec cette herbe. Prest^ue 6 I B T tous les commentateurs pensent que cette herbe est la plante crucifère que Linnspus nomme lepidium iberis^ à laquelle peut irès-bien s'appliquer une parîie de ce que les anciens di- sent de Xîberh. Gallien , j^lius , etc. , ont cru que Viberis de Dioscoride et le leindium du même auteur, sont la n)ême plante ; mais Pline , qui s'accorde avec Dioscoride, nous ap- prend que le /un défilé. Hérodote prétend avoir vu ce défilé. « 11 y a , dit-il, dans l'Arabie, assez près de la ville deBulo, un lieu où je me rendis pour m'informcr des serpens ailés. Je vis, à mon arrivée, une quantité prodigieuse d'os et d'épines du dos de ces serpens. Il y en avoit des tas épars de tous les côtés , de grands , de moyens et de petits. Ce lieu où sont ces os amoncelés , se trouve à l'endroit où une gorge resserrée entre des mon- tagnes débouche dans une vaste plaine qui touche à celle ^l'Egypte. On dit que ces serpens ailés volent d'Arabie en Egypte , dès le commencement du printemps ; mais que les ibis allant à leur rencontre , à l'endroit où ce défilé aboutit à la plaine , les empêchent de passer et les tuent. Les Arabes assurent que c'est en reconnoissance de ce service , que les Egyptiens ont une grande vénération pour l'ibis, et les Egyp- tiens conviennent eux-mêmes que c'est la raison pour laquelle ils honorent ces oiseaux. » {Eutrop. , n.° yS , traduct. de Lar- chor.) Toutes ces exagérations avoient un but utile , et con- tribuèrent pendant plusieurs siècles à la richesse comme à la salubrité de l'Egypte. IjCs voyageurs modernes, en visitant les débris de la splen- deur d'une contrée jadis si célèbre, aujourd'hui si avilie , mi- rent un grand empressement à connoître un oiseau qui avoit figuré avec tant d'éclat dans la légende sacrée de ses anciens habitans. Presque tous se sont mépris sur la vraie nature de l'ibis, que les uns ont confondu avec la cigogne^ d'autres avec quelques espèces de hérons, quelques-uns avec un vau- tour., etc. C'est à M.^ Bruce, illustre voyageur anglais , que l'on doit la connoissance exacte d'un oiseau au sujet duquel on n'éloit pas d'accord, parce qu'on ne levoyoit plus dans les mômes contrées qu'autrefois; et c'est à M. Savigny, qui a observé les ibis en Egypte , que nous devons les détails les plus iuté- rcssans sur ces oiseaux. Consultez son Histoire naturelle et my- iliologitfue de /'iliis. 11 porte, dans la Basse-Ethiopie, le nom arabe ahou-han- nès^ c'est-a-àire père de Jean, parce qu il paroîî en plus grand nombre vers la fête de saint Jean , époque à laquelle les pluies commencent en Abyssinie, et ou des vols innombrables d'oiseaux aquatiques se réunissent sur les b;)rds du Nil. Cuffon avoit bien senti qu'il ne résultoit qu'incertitude et contradiction des rapports que les voyae;eurs avoienl faits au sujet des ilis sacrés; il me recommanda, lorsque je partis pov,r rÉgyple, de lui envoyer des corps embaumés de cette espèce d'oiseaux. Je lui fis passer plusieurs pots de terre cuite, tirés an puits des oiseaux ^ dans les catacombes de Saccarah; quel- ques-uns contenoient des momies dibis , et Buffon reconnut, par la fonne du bec de l'oiseau, qu'il appartenoit à un genre entre la cigogne et le courlis. Les méthodistes modernes ont adopté ce nouveau genre. Cependant Buffon, qui n'eut à examiner que des momies sur lesquelles le plumage n'existoit presque plus, ne put déter- miner avec précision l'espèce de ces oiseaux; il crut devoir appliquer à son ihis blanc ce que l'on avoit dit de 1 ibis sacré , et c'est en ceci que M. Bruce a rendu un nouveau service à la science. En le laissant parler lui-m.ême, j'observerai que les fragmens de description de l'ibis, qui se trouvent dans les écrits d'Hérodote , de Strabon, etc., se rapportent parfaite- ment avec la description qu'en donne le voyageur anglais; en sorte qu'en ceci, de môme qu'en plusieurs autres circons- tances , l'on ne s'est éloigné de la vérité , que parce que Ton a dédaigné de suivre les indications des anciens. « h' abou-hawics {Vibis sacré), dit M. Bruce, a le bec fait comme le courlis ; c'est-à-dire qu'il est au?: deux tiers droit, et ensuite recourbé, et qu'il a le dessus vert et le dessous noir; ce bec a cinq pouces et demi de longueur; la jambe a six pouces de longueur depuis la jointure de la cuisse jusqu'à celle du pied : l'os en est rond et dur, et c'est une remarque qui a été faite par Cicéron; depuis la jointure de la jambe jusqu'au corps, la cuisse a cinq p )uces et diîmi; quand l'oiseau se tient debout, il a , depuis le bas du pied jusqu'au milieu du dos , dix-neuf pouces ; son œil a un pouce d'ouverture ; ses jambes et ses pieds sont noirs ; il a les pieds divisés en quatre doigts, dont trois en avant et un en arrière; les trois de de- vant sont armés d'ongles très-droits et très forts ; sa tête est brune , et la même couleur s'étend jusqu'au dos , c'est-à-dire sur tout le dessus du cou; la gorge , l'estomac, les cuisses et le dos sont blancs ; il est d'un noir foncé sur les grandes plu- mes des ailes jusqu'à treize pouces de la queue , ainsi que de- 1 B T p:iis l'exlrsmiîJ Je la queue Jusqu'à six pouceà sur le cloS. Cette description ne convient qu'à l'oiseau dans son premier âge. F. ci-après. " Les proportions du bec , du tibia , de l'os de la cuisse et du crâne , compares avec les restes les plus parfaits des ibis qu'on a trouvés dans les tombeaux des momies , sont absolu- ment les mêmes Quoique les plumes des ibis embaumés soient brûlées, il est aisé d'en discerner la couleur, et surtout le noir des ailes ; mais , je le répète , l'accord des proportions ne laisse aucun doute. » (s.) M. Savigny nous a prouvé que les ibis ne sont point relégués en Ethiopie, comme le pensolt Bruce; qu'ils se trouvent dans toute la Basse- Egypte , pendant une partie de l'année , et que tout le monde les y connoit. UiMis hlanc n'y porte pas le nom d aùuu-Jwnnès , comme en Ethiopie; mais on le dislingue sous un autre nom, qui exprime la courbure de son bec; car les Arabes l'appellent mengel , abou-meiigel , ce qui signifie la faucille , ou , à la lettre , le père de la faucille. On doit s'en rapporter à ce savant naturaliste, puisqu'il a étudié et observé Vibis hlanc dans la nature et embaumé. Cet oiseau dans l'âge adulte , après quelques mues , aune partie de la tête et le cou nus; mais dans sa jeunesse, les joues , le bas du cou et la gorge entière sont revêtus de plu- mes petites, rares et cornme semées sur la peau, qu'elles ne recouvrent qu'imparfaitement ; le dessus de la tête et la nuque sont revêtues deplumesplusgrandes, mieuxfournies, assezlon- gues à l'occiput pour y former une sorte de huppe , si l'oiseau avoit le pouvoir de les relever ; ces plumes, celles du sommet de la tête, des joues et du derrière du cou, sont d'un noir à reflets, etquelques-unessontbordéesde blanc; cellesdelagorge portent cette dernière couleur; mais dans un âge plus avancé, à l'époque où ces parties n'ont plus de plumes , la peau nue perd peu à peu sa couleur naturelle pour en prendre une qui tire sur le noir; l'extrémité des ailes est de celte teinte; les grandes pennes sont terminées par un noir cendré, luisant, dans lequel le blanc forme des cchancrures. obliques ; les se- condaires par un beau noir chargé de rellels verts et violets; les troisième ou quatrième pennes internes sont même en- tièrement de ce noir à riches reflets , et les barbes en devien- nent , avec l âge , si excessivement longues et effilées , qu'elles couvrent tout le croupion, et que retombant par-dessus le bout des ailes , elles cachent encore une partie de la queue , dont les pennes sont blanches comme le reste du plumage. Le noir du croupion fait avec le blanc une forte échancrure , laquelle, comme le dit Plutarque , retraçoit aux Egyptiens rimasfe de ia lune dans sou croissant. I B I ,5 n Les ibis, ajoute M. Savigny, ne s'arrêtent en Egypte que peu de temps; ils n'approchent pas du Caire, dont les envi- rons sont trop arides it trop fréquentés; ils se tiennent peu le long du tleuve ; pour les découvrir soi-même , il falloit, à l'époque de leur arrivée , les chercher dans l'intérieur du pays, où des voyageurs eussent souvent risqué leurs jours, loin de pouvoir le parcourir en toute liberté. » Ce savant naturaliste n'a pu les suivre^ s'en procurer et les examiner attentivement que dans les environs de Dainiette et de Meu- zabé, et ne les a retrouvés, en certain nombre, que près de Kafr-Abou— Saïd, sur la rive gauche du Nil, à trois mille mètres de ce fleuve, dans de grandes inondations qui s'éten- doient jusqu'au lac Burlos. h'iôis blanc vit quelquefois isolément , quelquefois par pe- tites troupes de huit à dix; il a le vol puissant et élevé. Ces oiseaux volent le cou et les pattes étendus horizontalement, comme tous ceux du môme genre, et de temps en temps ils jettent tous ensemble des cris très- bas et très-rauques , plus forts que ceux des noirs ( les ibis verts ) ; ils restent des heures entières sur les terres nouvellement abandonnées par îes' eaux, au même endroit , occupés sans cesse à fouiller la fange avec leur bec. Us se tiennent assez constamment pressés les uns contre les autres. On ne les voit jamais , comme nos courlis, s'élancer et courir avec rapidité; mais ils vont tou- jours pas à pas. Ces oiseaux sont aujourd'hui comptés parmi ceux qui ne nichent point en Egypte; et l'on ne sait où ils se propagent. Suivant le rapport des habilans, les ibis blancs ar- rivent dès que le Nil commence àcroître; leur nosnbre semble augmenter comme les eaux du fleuve , pour diminuer ensuite ave c elles , et on n'en voit plus lorsque l'inondation est pas- sée. On peut, d'après cela, fixer leur émigration vers le milieu de juin ; et c'est assez le temps où Bruce indique leur arri- vée en Ethiopie. Quand les inondations font des progrès, que les eaux deviennent plus profondes, et s'étendent chaque jour, les ibis sont obligés de refluer vers des terres plus élevées ; ils s'approchent alors du Nil, viennent autour des villages, où ils se posent dans les rizières, les luzernes, le long des canaux et sur les petites digues dont on environne la plupart des terrains cultivés. Lorsque les eaux, parvenues au terme de leur accroissement, baissent ensuite et se retirent peu à peu, les ibis les suivent et ne s'éloignent de même que len- tement. Les coquillages fliviatiles qae les ibis préfèrent en Egypte , sont des unlvalves de plusieurs genres , des planor- bes, des ampuUaires, des cyclostomes, etc. (Extrait de l'ou- vrage indiqué ci-dessus. ) ,6 T ^ T L'Ibis blanc des pi. enl. de Buffon, n." 089, n' appartient point, à ce genre. V. Couricaca Solleïkel. L'Ibis blanc d'Amérique, îblsalha, Vielll.; Tantalus albus, Lalh., pi. enl. deBuff., n." giS. Cette espèce, commune dans Ips Florides et à la Louisiane, est rare à la Guyane. On peut , d'après son plumage, la confondre avec ïihis /oi/g^e portant encore sa première livrée ; mais elle est un peu plus grande. Les pieds, le bec, le tour des yeux et le devant de la tête sont d'un rouge pâle; tout le plumage est blanc, excepté les quatre premières pennes de Taile, qui sont d'un vert obscur à leur extrémité. La femelle ne diffère pas du mâle, et tous deux ont ia chair et la graisse d'un jaune de safran. Ces oiseaux ne font que paroîtrç à la Caroline; ils y arri- vent au commenceinent de l'automne , fréquentent les terres Lasses et marécageuses, y demeurent environ six semaines, et disparoissent ensuite jusqu'à l'année suivante. L'Ibis des bois, Ibis syhmtka^ Vieill.; Tantabts cayanensis , Lath.,pl. enl. deBuff., n.» 820, est de la taille de notre co.'é'c^€«7-, parce qu'il se nourrit de poissons. L'on dit sa chair bonne à manger. * L'Ibis a masque noir, Ibis melanopisj Vieill.; Tanlalus me/anopis,p\. 79 du Synopsis de Lalh.; estnoirsurle bec et sur la peau nue et ridée de la tête, sur l'espèce de poche plissée et dénuée de plumes , qui pend sous la base du bec; fauve sur le sommet de la tête et sur le cou; les plumes du dessus de cette dernière partie sont plus longues que les autres; le dos et les couvertures des ailes cendrées; une zone de la même couleur et transversale est sur la poitrine ; le reste du plu- mage est d'un noir verdâtre; les pieds sont rouges et les ongles noirs. Longueur totale , environ vingt-sept pouces. Forster a observé cet oiseau à l'île du Nouvel-An , près de la Terre- des-Etats. * L'Ijîis, dit le Matuiti des rivages, Tantalusgnseus, Latb. Il n'est pas certain que ce matuiti soit un oiseau de ce genre , vu que Marcgrave et Pison le disent semblable en petit au curicaca^ lequel s'éloigne des ibis par le caractère du bec. Ainsi donc, l'on se contente de l'indiquer ici, comme l'a fait Buffon. Il est à peu près de la grosseur d'une poule , et il a la partie nue de la tête noire; le reste de. la tête et le cou gris; le dos, la poitrine, le ventre, le haut et les côtés de la jambe, les scapulalres, les couvertures inférieures des ailes et de la queue , blanchâtres; le croupion et les couver- tures supérieures de la queue d'un noir verdâtre ; les couver- tures supérieures des ailes de cette teinte, et blanches; les pennes primaires d'un noir verdâtres en dessus , noires en dessous ; les moyennes blanchâtres; la queue semblable aux pennes primaires; l'iris roussâtre ; le bec d'un brun rou-» geâtre ; le bas de la jambe et les pieds rougeâtres. * L'Ibis nandapoa ou le Camgui, Ihîs nandapoa^ "Vieill.; Mycteria americana , var. , Lath. Cet oiseau a été confondu avec \ejabiiu proprement dit, quoique beaucoup plus petit. Ou lui donne l'épithète de grand {jabiru quacu ) dans quel- ques contrées où le vrai jabiru n'étolt apparemment pas en- core connu; mais son vrai nom brasliien est nhandu apoa. Il ressemble au jabiini en ce qu'il a, de même que celui-ci, la tête et le haut du cou dénués de plumes et recouverts seulement d'une peau écallleuse ; mais il en diffère par son bec beaucoup plus court , et surtout arqué enen bas et obtus à sa pointe , ce qui m'a décidé à le ranger dans le genre de Vibis. Cet oiseau est à peu près de la taille de la ci- gogne ^ et â sur le sonuuet de la tête un bourrelet osseux , I B 1 cl' un blanc grisâtre ; les yeux noirs ; les oreilles larges et très- ouvertes ; le cou long de dix pouces, les jambes de huit ; les tarses de six et de couleur cendrée; les pennes des ailes et de la queue noires, avec un reflet d'un beau rouge dans les pennes aiaires ; le reste du plumage blanc ; les plumes du bas du cou un peu longues et pendantes. Sonnini a rapproché du nandapoa le cangui décrit par M. de Azara ; en effet , ces deux oiseaux ont les plus grands rapports. La longueur totale du cangui est de trente-trois pouces, et son bec en a sept et demi : les ailes et la queue sont noires ; le reste du plumage est blanc; le bec a sa base noire , son bout olive, et le reste marbré d'olive et de noi- râtre; le bas de la jambe et le tarse sont noirs. Quelques na- turels du Paraguay appliquent à cette espèce l'épiihète de floxo ( paresseux ). On ne trouve ordinairement qu'un seul individu , ou deux ensemble ; quelquefois ces oiseaux se réunissent en troupes de soixante et plus. Ils ne sont ni défîans , ni farouches , et ils se laissent plus facilement approcher que les jabirus. On les voit souvent à une très- grande hauteur dans les airs , et il> se perchent sur les ar- bres ; ils fréquentent plus volontiers les eaux stagnantes que les rivières , et surtout les terrains argileux et inondes ; ils y enfoncent leur bec un peu ouvert pour saisir , sans les voir , les anguilles qui s'y trouvent ; quand ils marchent , leur queue est cachée par les ailes , de sorte qu'à une certaine distance ils paroissent presque tous blancs. Des cinq individus que M. de Azara a tués , deux avoient la tête et un pouce du cou dégarnis de plumes et laids , parce qu'on ne voyoit point de peau sur la tête , dont l'os sembloit être à nu, et que la peau du cou étoit remplie d'exfolialions dégoûtantes. Les trois autres avoient quelques plumes courtes et d'un blanc sali par l'argile sur les côtés de la tête et le haut du cou ; la membrane qui réunit le doigt intermédiaire et les latéraux, est de couleur de paille ; le bec est fort, aussi dur qu'un os, droit sur cinq pouces et demi de sa longueur , et le reste > légèrement courbé, avec sa pointe obtuse, comme celui des ibis; ce qui indique fort bien, comme je l'ai déjà dit, que cet oiseau appartient à ce genre , et ne peut être une variété Axxjabim d^ Amérique. Ne seroit-ce pas le représentant modi- fié de Vibis blanc ou sacré dans le Nouveau-Monde ^ * L'Ibis noir, Tanialus niger , Lath, , est moins gros qu'un courlis ; tout son plumage est noir ; le bec , la partie nue de la tête et les pieds sont rouges. On trouve , selon Belon, cet ibis en Egypte; et, suivant Latham , cette espèce vit en troupe» nombreuses dans les marais qui sont aux environs du Volga ; on rappelle karavaikf I B I sur les bords de Tlaïk. M. Savigny s'exprime ainsi au sujet de cetoiseau: ^'Uiùisnoirde Beion à peau nue , bec et pieds rou- ges , d'Egypte, s'y montre si rarement, que Ton n'en a pas seulement la plus légère idée, et que dans le cours de trois an- nées , ni lui ni personne n'y en a vu d'autres que Vibis blanc et son ibis noir ». Celui-ci est TIbis vert. F. ce mot. L'Ibis de Perrault, décrit dans les Mémoires de l'Aca- démie des sciences de Paris , tome 3 , part. 33 , p. 58, pi, i3, est un CoLRiCACA, que Brisson et Buffon ont indiqué sous le nom d'iLis blanc , et qui est figuré sur la pi. enl. SSg ; c'est le tantahis ibis de Linna:us. V. Colricaca solleïKEL. L'Ibis rouge, Ibis ruhra, Vieill. ; Tantalus ruber^ Lath. , pi. enl. deBuff. 8oet 8i . La plus belle espèce des cour/iset la plus commune est celle du courlis rouge; tout son plumage est écarlate, excepté l'exlrémité des pennes des ailes, qui est noire; le bec, les pieds, la partie nue des Joues et des jam- bes, sont d'un rouge pâle ; longueur totale, de vingt à vingt- quatre pouces. La femelle diffère en ce que le bec est d'un gris jaunâtre ; les plumes de la tête et du devant du cou sont terminées de gris ; celles du dessous du cou et de la moitié du dos ont leur extrémité d'un gris rougeâlre ; la gorge est grise avec une légère teinte de rouge ; les pennes des ailes ont leur côte blanche jusque vers leur extrémité, où elles de- viennent rouges; mais la pointe des deux premières pennes , côte et barbes , est d'un gros bleu azuré ; enfin la tige des pennes de la queue est blanche. Ce n'est qu'avec l'âge que l'un et l'autre prennent leur belle couleur; ils naissent couverts d'un duvet noirâtre; ils deviennent ensuite cendrés , puis blancs lorsqu'ils commen- cent à voler, et ce n'est qu'à la seconde et troisième mue qu'un beau rouge les couvre; c'est sur le dos qu'il commence à paroître; il s'étend ensuite sur le cou, et finit par colorer les ailes et le dessous du corps. Ces oiseaux vivent en société , soit qu'ils volent, soit qu'ils cherchent leur nourriture sur les terres basses et les plages de vase qui avoisinent la mer et les fleuves ; on ne les y voit que le malin et le soir ; ils se retirent, pendant la chaleur du jour, dans les criques, s'y tiennent au frais sous les palétuviers, les quittent vers les trois ou quatre heures, et y reviennt^nt pour passer la nuit. Ils commencent à couver en janvier el finissent en mai ; ils déposent leurs œufs dans les grandes herbes qui croissent sous les palétuviers ou dans les hrous- sailles, snr quelques bûchettes rassemblées. Ces œiûs sont verdâtres ; les jeunes ne sont point farouches, on les prend aisément à la main ; ils s'habituent faci!eni;'nt à vivre en do- Bieslicité , et s'accommpdeni volontiers de tout ce qu'on I B T 3:î leur donne. Dans l'état sauvage , ils rivent de petits poissons, de coquillages et d'insectes qu'ils recueillent sur la vase quand la marée se retire. Leur chair est assez bonne à manger. Cette espèce est répandue dans la plupart des contrées chaudes de l'Amérique. Au Brésil, on l'appelle guara^ et à Cayenne Jlammanl. L'Ibis sacré du Manuel d'Ornithologie de Themminck est riBis VERT. F. ce mot. * L'Ibis de Suritsam, Ibis minuta^ Vieill. ; Tantahis minu^ ius^ Lath. , n'est pas plus grand que le corlieu ; il a le Lee, le devant de la tête et les pieds verdâtres; la poitrine , le ventre et le croupion blancs ; le reste du plumage de couleur de rouille , et les ongles noirs, * L'Ibis a tète noire, Ihis melanocephalus ^ Vieill. ; Tan- talus melanocephalus ^ Lath. Taille au courlis; longueur totale, dix-neuf pouces ; iris de couleur brune , ainsi que plusieurs petites taches sur le derrière de la tcle et le dessus du cou; bec , tête et pieds noirs ; tout le reste du plumage blanc. On trouve cet oiseau dans l'Inde , où les Anglais l'appellent huior. L'Ibis A TÊTE nue, Ibis caloa, Vieill. ; Tantahis cahnis^ Lath. , pi. enl. de Buff. n.» 867, a le bec rouge; la tête et une partie du cou dénuées de plumes; le sommet de la tête relevé par une sorte de bourrelet couché et roulé en arrière, de cinq lignes d'épaisseur, et recouvert d'une peau très-rouge , très- mince ; celle du cou et de la gorge vermeille ; l'iris brun; le plumage généralement noir, à reliefs verts sur les couvertures des ailes ; les pieds d'un rouge pâle. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce que le bourrelet du sommet de sa tête est moins relevé. Longueur, vingt-six pouces environ. On le trouve en Afrique , et il s'apprivoise facilement. L'Ibis vert. Ibis faldnellus ^ Vieill.; Tantahis fakinellus ^ Lath., pi. enl. de Buff. n.° 819, sous le nom de courlis d'Italie. Ce bel oiseau a la têle , le cou , le devant du corps et les côtés du dos d'un beau marron foncé ; le dessus du dos , des ailes et de la v[ut;ue d'un vert bronzé ou doré , selon les retlets de la lu- mière ; le bec d'un noir verdâlre avec sa pointe brune ; l'iris brun et les pieds d'un brun yerdâtre. Longueur totale , vingt-trois pouces. Tel est cel ibis après plusieurs mues. Le iantalus igneus , que S. G. Gmelin 'a vu sur les boi^s du Ta- naïs , est d'un âge plus avancé; son plumage est peint des plus riches couleurs à reflets éclatans , bleus, noirâtres, vert doré et rouge vineux ; la tête et le cou so nt noirs; les pennes des ailes et de la queue brillent de vert doré ; le dessous du corps est d'un marron noirâtre ; le b ec et le* :.4 I 15 I pieds sont verdâtres. L'individu que Picot Lapeyrouse a ob-r serve dans les Pyrénées, est du même âge que lesprécédens; mais le iantalus viridis ( le courlis vert), est dans sa première année. Il a dix- sept pouces et demi de longueur totale; les plu- mes de la tête brunes et bordées de blanchâtre ; la gorge et le haut du cou, en devant, d'un brun qui tire un peu au marron, et chaque plume bordée comme celles de la tête ; le reste du cou sans taches ; la poitrine , le ventre, le haut des jambes et les couvertures inférieures de la queue d'un cendré brun , avec quelques reflets d'un vert doré sur l'estomac ; le dos, le. croupion , les plumes scapulaires , les couvertures des ailes et celles du dessus de la queue d'un vert doré obscur , chan- geant en une couleur de cuivre de rosette assez brillante ; les pennes d'un vert foncé à reflets plus sensibles sur les secon- daires ; le bec brun , les pieds noirâtres. La livrée de cette espèce variant depuis le premier âge jusqu'à l'âge avancé , il en résulte nécessairement encore d'autres variétés. Celte espèce se trouve en Italie , en Allemagne , en Danemarck , en Sibérie et en Egypte , où l'a vue Sonnini , ainsi que M. Savigny , qui l'appelle ibis noir, parce qu'en effet il semble être de cette couleur sous un certain aspect; du moins, c'est ainsi que les Arabes le voient, en disant que cet oiseau est tout noir ; ils lui donnent le nom à'hareez , et les Egyptiens celui de leheras ou ieheras ; il s'y plaît autant que Vibis blanc , et y habite en plus grand nombre. Il ne faut pas le confondre avec le courlis noir de Belon, à tête , bec et pieds rouges , qu'on ne connoît point présentement en Egypte. L'ibis blanc et l'ibis verts y étoient également hono- rés , et tous les deux n'y sont que de passage ; le dernier y vient après l'autre , et s'en retourne plus tard. On a re- marqué que celui-ci fréquente les taillis arrosés à une cer- taine époque de l'année ; ce qui, joint aux rapports que pré- sente tout son ensemble avec Vibis des bois de Cayenne , me fait soupçonner que Tun et l'autre sont de la même espèce , ou au moins deux races très-voisines, (v.) IBISCHPAPPEL. La Guimauve, Althœa offidnalis ^ porte ce nom , en Allemagne, (ln.) IBISCUS. Pline. V. Hibiscus, (ln.) IBIÏIN. Nom d'un serpent des Philippines , qui se fixe par la queue au tronc des arbres , et qui attend qu'il passe des cerfs, des sangliers, et même des hommes à sa portée, pour les saisir et les avaler. 11 y a lieu de croire que c'est un Boa. (b.) IBIXÙMA. Nom brasilien du Savonnier , Sapindus sa- ponaria. (ln.) IBIYAU. Nom géoérique des engoulevents au Paraguay. T C A a5 Il signifie, nous mangeons la terres et il exprime le cri de Tes- pèce décrite sous le nom d' ENGOULEVENT A COU blanc. Voy. ce mot. (v.) IBLAU. Nom que les habitans du Groenland donnent au fœtus du phoque à croissant , lequel est tout blanc et couvert d'un poil laineux, (s.) ICACO. Nom américain , sous lequel Plumier désigne la Prune icaque. V. Icaquier. Cet arbre est le Guajera des Brasiliens. (ln.) ICACORE , Icacora. Genre de plante réuni aux Ardi- sies, (b.) ICAQUIER D'AMÉRIQUE , PRUNIER ICAQUE, PRUNE-COCO, PRUNE-COTON, PRUNE DES AN SES, Chrysobalanus icaco ^ l^inn. {Icosandrie monogynie.) Ar- brisseau qui a peu de beauté, et qui s'élève tout au plus à huit ou dix pieds. Il a des rapports avec les Pruniers et les Aman- ï)iERS , appartient à la même famille , et constitue un genre particulier. Sa tige se divise en plusieurs branches latérales, recouvertes d'une écorce brune tachetée de blanc, et garnies de feuilles ovales, fermes, échancrées à l'extrémité ; elles sont placées alternativement. Les fleurs qui naissent en grappes claires aux aisselles des feuilles et aux divisions des rameaux, sont petites, blanchâtres, et légèrement cotonneuses en de- hors ; leur calice est découpé jusqu'au milieu en cinq segmens ouverts ; la corolle est composée de cinq pétales oblongs , attachés par leur onglet au calice, plus grands que lui, et al- ternes avec ses divisions ; elle entoure des ëtamines nombreu- ses, dont les filets aplatis, et velus inférieurement, portent de petites anthères jumelles ; au centre de la fleur est placé un germe ovale, surmonté d'un style court et à stigmate obtus. Le fruit est un drupe ou une prune de la grosseur et de la forme à peu près de celles de Damas ; son noyau est marqué de cinq sillons dans sa longueur ; il contient une semence ovale. On peut voir la représentation de ces caractères dans ce Diction- naire, pi. E. 17. L'icaquier croît naturellement aux Antilles et dans une par- tie de l'Aniérique méridionale, sur les bords de la mer et dans des terrains humides. Il est en fleurs presque toute l'année, et on cueille ses fruits principalement en juin et en décembre : leur couleur varie ; ils sont tantôt d'un rouge pourpré, tantôt violets, et plus communément jaunâtres. La chair de ces fruits adhère au noyau; elle est blanchâtre et pulpeuse, et aune saveur douce, un peu austère, qui n'est pas désagrable. Ils se vendent au marché, dans le pays : on les mange crus, et on les confit avec le sucre ; sa racine est fort astringente. 25 I C H Cet arbrisseau ne peut être élevé en Europe qu'en serre- chaude. (D.) ICARANDA. V. Icarande. (b.) ICARE, V. le mot Papillon, (s.) ICARIBA. C'est le Bâlsamier élémifère. (b.) ICEOS et MIGDONON. Ces deux noms de plantes, rapportés par Dioscoride, semblent appartenir aux CatsIL- LÉES (^kmna). V. Lenticules, (ln.) ICHNANTHE, Ichnanthus. Plante graminée deTAmé- rique méridionale , qui seule, selon Palisot-Beauvois , cons- titue un genre. Les caractères de ce genre 5ont : balle calicinale à valves inégales ; Tinférieure plus courte, plus large, dentée et mu- cronée à son sommet , renfermant trois tleurs; la (leur infé- rieure à balle d'une seule valve mutique; la fleur intermédiaire stérile, à balle de deux valves cartilagineuses, disposéesen sens contraire des autres; la fleur supérieure hermaphrodite, à balle composée de deux valves coriaces et mutiques. (b.) ICHNEUMON , Ichneumon. Genre d'insectes , de l'ordre des hyménoptères , section des térébrans, famille des pu- pivores. Un aiguillon saillant et tripile , tel est le caractère essen- tiel que Linnseus assigne à son genre ICHNEuaiON. Notre famille des pupivores , moins les gallicoles et les chrysides , s'y trouve comprise. Déjà , dans la douzième édition de son Sysiema Naturœ , le nombre des espèces de ce genre s'élevolt à soixante et dix-sept. Si on lui eût conservé son ancienne étendue, cette quantité , par la multitude des espèces qu'on a successivement découvertes , seroit aujourd'hui décuple. Il étoit donc nécessaire , pour en faciliter l'élude, de les dis- tribuer dans plusieurs groupes génériques. Geoffroy confondit avec les ichneumons les5p/iga;de Linnîîeus; mais il en sépara, sous le nom de cinips , ceux que celui-ci appelle les petits, minuti. Degeer partagea le genre ichneumon en neuf familles , et en établit les caractères, non sur des différences de cou- leur des antennes-, delécusson, comme avoitfait Linnseus, mais sur la forme et la composition de ces antennes, de l'abdomen, la présence ou l'absence des ailes. Ces variétés de formes, plus qu'un examen sévère des organes de la man- ducation, ont conduit Fabricius à établir d'abord les genres ophîon et banchus f et ensuite ceux de pimpla , cryptus , bassus^ joppa et hracon. Les nouveaux genres et les autres coupes qui avoient été le résultat de mes propres recherches sur ces insectes {JNouv. Dict. d^Hist. nat^ tom, 34)j ont pu lui être fle I C H 27 quelque 'secours dans son travail. Panzer et Illiger ont en- core cherché , et par les mêmes moyens , à jeter du jour sur le même sujet. Très-circonscrit dans sa méthode, M. Jurine n'a pu séparer des ichneumons que les slephanes, les bmcons , les chelones et les anomalons ; encore ce dernier genre esl-il absolument artificiel , car il n'est fondé que sur l'absence de la seconde cellule radiale ; or cette cellule , dans les ichneu- mons, étant fort petite, avorte souvent, et parmi des espèces extrêmement voisines, les unes en sont privées, tandis que les autres la présentent; la nature attache si peu d impor- tance à ce caractère , que j'ai vu des individus, ichneumons par une de leurs ailes supérieures, et anomalons par 1 autre. MM. Kliig et G ravenhorst s'occupent d'une monographie de ces hyménoptères. Le second en a même publié les pré- mices ; mais il ne nous a fait connoître que les ichneumonides aptères ou sans ailes, division la plus aisée de toutes. Des aperçus généraux ou l'expcsilion de la méthode qu'il se pro- pose de suivre , l'indication des coupes, nous eussent été plus utiles, et c'est ce que j'attendois d'un savant qui, par sa mo- nographie des staphylins, ou plutôt des brachyplères, nous a donné un témoignage irrécusable de sa patience dans l'ob- servation , mais qui effrayeroit Tentomoiogiste le plus cou- rageux qui voudroit donner un species des insectes d'après ce modèle. De ces détails historiques , je passe à l'esposilion des ca- ractères du genre des ichneumons, tel qu'il est restreint dans mon ouvrage sur les genres des insectes. Les pimples , les cryptes , les ichneumons de Fabricius, ses ophions et ses banchus même , considérés quant aux organes masticateurs et aux antennes , ne m'ont point offert de dissemblances bien prononcées et faciles à saisir. Ces. insectes ne diffèrent les uns des autres que par la forme et la proportion de l'abdo- men et la longueur de la tarière. Si on établit des genres sur ces seules données, leurs limites seront souvent confuses, et l'arbitraire s'emparera bientôt de la science. Tel est le motif qui m'a déterminé* à réunir plusieurs ^e ces genres de Fabri- cius , mais en y faisant néanmoins diverses coupes , repré- sentant les genres supprimés. Ainsi , dans ma méthode , j'appelle ichneumons les hymé- noptères térébrans qui ont un abdomen pétiole ; les ailes su- périeures réticulées ; les antennes composées de vingt articles et au-delà , simples et sétacées ou filiformes ; les mandibules terminées distinctement par deux dents ; les palpes maxillai- res sétacés ou filiformes , longs, de cinq articles inégaux, dont le second dilaté , et dont les trois derniers allongés et menus ; les palpes labiaux courts, filiformes , de quatre articles, avec =8 î C H le dernier plus ou moins ovale ; la lèvre presque en forme de cœur , entière ou peu échancrée ; leur bouche n'est jamais prolongée en forme de museau ; leurs ailes supérieures ont trois ou deux cellules cubitales ; la première et la dernière qui atteint le bout de l'aile , sont très-grandes et reçoivent chacune une nervure récurrente, lorsque le nombre de ces cellules n'est que de deux ; s'il y en a trois, et ce qui est le plus commun , la seconde est petite, ronde , et reçoit la se- conde nervure récurrente. Tels sont les caractères essentiels démon genre ichneumon, soit d'après les bases systématiques de Fabricius , soit d'après celles de M. Jurine. Les îchneumons ont ordinairement le corps étroit et allon- gé , souvent linéaire ; la tête ovale , comprimée , tenant au corselet par un cou mince et court ; les yeux ovales et en- tiers ; les trois petits yeux lisses, apparens , et placés en triangle comme dans la plupart des Insectes ; le corselet court, convexe sur le dos , souvent tronqué ou très-obtus postérieu- rement ; son premier segment est très-court ; leur abdomen varie beaucoup pour la forme et la longueur ; dans les uns il est déprimé, tantôt elliptique , tantôt oblong ou cylindrique , quelquefois en fuseau ; dans les autres , il est comprimé sur les côtés , et sa figure approche souvent alors de celle d'une faucille. Ordinairement il tient au corselet par un pédicule plus ou moins allongé ; son insertion se trouve beaucoup plus bas que l'écusson , ce qui distingue ces insectes des évanies et des fœnes , qui ont avec eux de l'affinité. Les femelles portent au derrière une tarière qui, lorsqu'elle est extérieure leur fait une longue queue. Cet instrument estun oviducte consistant en trois pièces, d'où quelques auteurs an- ciens ontpris occasion de XesnovavatT muscatripilis. Ces pièces sont menues, en forme de filets ou de soies ; celle du milieu est la seule qui serve à introduire les œufs dans les différens corps où ces insectes les déposent; aussi est- elle plus écail- leuse , d'un brun plus clair que les deux autres pièces qui l'ac- compagnent, et qui ne sont que des demi-fourreaux dont la réunion forme un étuî. Quoique cet appareil ait de la res- semblance avec un aiguillon , et quoique l'insecte , lorsqu'on le prend dans sa main, essaie d'en faire usage pour piquer , Ton ne doit pas ordinairement en appréhender l'effet ; je dis ordinairement, car les ichneumons^ dont la tarière est courte, et dès lors plus forte , parviennent quelquefois à percer la peau dans les endroits plus foibles , et peavent occasioner une douleur assez sensible. La plupart de ceux dont la ta- rière est en dehors , ont les derniers anneaux de l'abdomen taillés de manière à former pour cet instrument une coulisse; I C H 2Q aussi tette extrémltépostérieure du corps est-elle plus épaisse; et , vue de profil , elle paroît tronquée. Les ailes supérieures sont tendues dans toute leur surface, plus longues que les inférieures , comme dans tous les hymé- noptères. Elles ont plusieurs nervures très-sensibles , ce qui n'a pas lieu dans les cinips ( ichneumones minuti, Linn. ) , in- sectes très-voisins des ichneumons , par la forme , l'usage de la tarière. Les ailes supérieures des ichneumons sont courtes relativement à la longueur du corps , et l'on en doit conclure que ces insectes ne sont pas susceptibles d'un vol très-sou- tenu ; et en effet ils se posent à chaque instant , agitant ces organes ainsi que les antennes ; c'est ce qui les a fait nommer par quelques auteurs , mouches vibrantes : quelques femelles sont même aptères. Les pattes sont déliées : les quatre antérieures sont pe- tites , à peu près égales ; mais les postérieures ont une lon- gueur très-remarquable ; la première pièce de leurs hanches est fort grande. Si nous avons à nous plaindre du nombre des chenilles, de leurs funestes ravages , nous devons nous féliciter de l'exis- tence des ichneumons qui sont leurs ennemis. On sait que les anciens naturalistes désignèrent sous cette dénomination un petit quadrupède habitant des bords du Nil , et qui mérita des Egyptiens les honneurs divins, parce que l'on étoit dans l'opinion qu'il cassoit les œufs du crocodile, ou qu'il le faisoit périr lui-même en s'introduisant dans son corps et en ron- geant ses entrailles. Les arbres de nos vergers ont dans les chenilles des ennemis bien dangereux , et puisque les ichneu- mons des entomologistes détruisent les œufs, d'où seroient sor- ties des chenilles, ou ces chenilles, on leurs chrysalides, qu'ils conservent une dénomination si bien fondée ! Mais comment les femelles de nos ichneumons parviennent-elles à nous déli- vrer de ces insectes pernicieux qui dépouillent quelquefois la nature de ses plus beaux ornemens , et nous ramènent le triste spectacle de l'hiver au milieu des beaux jours d'été ? Ne croyons pas que ces ichneumons livrent un combat à mort à ces chenilles. 11 faut bien qu'elles périssent, mais il est néces- saire qu'elles vivent encore , et cela , pour servir de berceau et de pâture à la postérité de leurs ennemisi Nou^avons dit que les ichneumons femelles sont pourvus d'une tarière ; ajoutons un peu plus de détails à la descrip- tion que nous en avons faite. Nous avons observé que cet instrument étoit la réunion de trois pièces , dont les deux latérales servent d'étui à celle du milieu , étant creusées en gouttière au côté interne , et con- vexes en dessus. Le filet du milieu ou l'oviducle proprement 3o I C H dit , est lisse et assez arrondi dans la majeure partie de sa longueur; mais près de Textrémité , il est aplati et il se ter- mine par une pointe , faite quelquefois en bec de plume. Observée au microscope , la partie de la tige de cet oviducle, qui est épaisse , large et aplatie, présente sur une de ses faces une cannelure qui va depuis la base jusqu'à Textrcmité. Cette gouttière est telle , que la pièce semble pouvoir se di- viser en deux parties, et que les deux bords de la fente ne sont réunis que par une membrane qui leur permet de s'é- carter au moment de la ponte. L'extrémité de la tarière fait voir l'ouverture qui donne passage aux œufs ; on aperçoit en même temps que des parties molles et charnues remplissent l'intérieur de l'oviducte. La membrane qui réunit les deux bords de son canal est plus apparente à cette extrémité. La pointe de l'instrument, qui paroît simple à la vue , ne l'est plus. Au-dessous de la membrane et de chaque côté , s'élève une rangée de cinq à six dents semblables à celles d'une scie. Cette tarière , sous ce rapport, a de la conformité avec celle des cigales. Cet instrument , quoique délicat et flexible , est cependant introduit dansdcs corps très-durs. Lorsque l ichneu- mon n'en fait pas usage , il est renfermé dans l'étui , et sem- ble n'être composé que d'une pièce ; quelquefois encore cet étui ne reçoit qu'une partie de la tige de la tarière , et l'ins- trument alors ne paroît composé que de deux pièces. Voilà ce qui a fourni aux anciens naturalistes l'idée de nommer ces insectes mouches à un , deuv^ trois poils. \ oyons avec Réau- miir la manière dont une femelle à longue tarière fera usage de cet instrument. Si un endroit est favorable à la multiplication de certains insectes , 11 doit l'être également pour celle des ichneumons , puisque ces derniers élèvent leurs petits aux dépens des autres. Voyez ce mur antique exposé, soitausoleillevant, soitau midi; il sert de berceau à la poslérilé d'un grand nombre d'abeilles et deguêpes solitaires; ses fentes, ses enduits sont les retraites hospitalières de leurs petits ; un ichneumon femelle s'en est aperçu ; il vient de reconnoître que Jes larves qui sortiront de Ses œufs trouveront là des alimens convenables ; le voilà r>dant autour des nids de ces insectes. Il se pose sur l'enduit qui cache leurs larves; sa tarière ne paroît être que d'une seule pièce , mais bientôt il la développe , la hausse , la baisse, la contourne dans différentes portions de sa lon- gueur; il est parvenu à la faire passer sous son vc ulre , la pointe étant portée en avant. La manière dont l'ins ctcest posé sur ses pattes , la différence de longueur qu'il y .- enlre ces parties et la tarière, nécessitent ces mouvement e( ;:ette direction. La pointe de roviducte étant ramenée en ay:uii,i a- I C H 3r uimal conduit cette pièce le plus loin qu'il lui est possible , en applique l" extrémité contre l'enduit du mur , fait des mou- vemens alternatifs de gauche à droite , et de droite à gauche. L'opération dure quelques inslans, jusqu'à un quart d'heure ; la pointe de la tarière est alors constamment placée en devant de la tête ; quelques espèces ont, dans cette circonstance, la têle tournée en haut , d autres l'ont en bas. Quelques espèces, celles plus particulièrement dont l'ab- domen est cylindrique et terminé par une longue queue, sa- vent trouver les larves qui sont sous les écorces épaisses des gros arbres et dans l'intérieur du bois même. Leurs fentes. ou leurs crevasses extérieures permettent l'intromission de la tarière; mais la situation de cette pièce, relativement au corps, lorsque l'insecte l'enfonce dans le bois, n'est pas la même que dans les précédens. Ici l'oviducte est dirigé pres- que perpendiculairement, et dégagé en entier de ses deux demi-fourreaiix, qui sont parallèles entre eux et soutenus en l'air dans la ligne du corps. D'autres espèces d'ichneumons femelles n'éprouvent pas la même difficulté pour placer leurs œufs. Les corps que leur tarière doit pénétrer sont moins durs et plus à découvert ; tels sont les chenilles et leurs chrysalides. Le chou nourrit les chenilles de quelques papillons, nommés pour celle rai- son brassicaires. La plus belle de toutes est tréJi-souvent dé- vorée par les larves d une petite espèce d'ichneumons : ces larves vivent en famille dans l'intérieur du corps de la che- nille, et se filent de très-jolies coques qu'elles attachent les unes auprès des autres. L'ensemble de ces coques présente une sorte de boule cotonneuse. Goëdart et d'autres naturalistes trompés par ces apparences, ont dit que ces larves étoient les vrais enfans de ces chenilles ; ils ont même prêté à celles-ci des sentimens bien maternels, comme de filer de la soie, afin d'envelopper et de défendre leur chère progéniture. Mais des hommes qui avolent mieux suivi la marche de la nature et quiconnoissoientl'harmonie constante et invariable de ses lois Swammerdam , Leuwenhoek , Valisniéri , etc. , onl prouvé la fausseté de ces conséquences. Ils ont démontré que les lar- ves qui vivoient dans le corps des chenilles ou dans leurs chrysalides, dévoient leur naissance, à des insectes, soit des ichneumons, des cinips, soit des mouches à des insectes, en un mot, parfaitement semblables à ceux que ces larves produi- soient au dernier terme de leurs métamorphoses. La seule chose qui pouvoit arrêter , étoit l'explication de la manière dont ces larves s'étoient introduites dans les chenilles. Ces larves parasites vivent ou en société, ou solitairement: pour qu elles méritent la qualité de sociales, il faut , suivant 3j I C h I\éaumur, qu'elles soient en grand nombre dans le corps de la chenille, et qu'elles sortent ensemble pour se métamor- phoser les unes auprès des autres : ne s'en trouve-t-il qu'une ou deux, on les rangera parmi les solitaires. La plus grande partie des larves connues d'ichneumons se filent une coque plus ou moins soyeuse et ovoïde, afin de se transformer en nymphes. Les larves sortent tantôt du corps de la chenille, tantôt de la chrysalide, selon que la chenille étoit plus ou moins avan- cée en âge, lorsqu'elle a reçu dans son sein les œufs de l'ich- neumon. Les larves qui vivent dans l'intérieur des chenilles du chou sont rases et sans pattes. A peine sont-elles sorties de soïi corps dont les flancs sont percés , qu'elles commencent à faire leur petite coque. Toutes celles qui sortent d'un des côtés de la chenille , descendent du même côté, sans s'éloigner les unes des autres, ni du corps de la chenille. Par le moyen de leur filière, située à leur lèvre inférieure de même que celle des chenilles, elles jettent quelques fils en différens sens, et bientôt il en résulte une petite masse cotonneuse sur laquelle chaque larve établira sa coque. Le tissu de ces coques est d'une belle soie, qui diffère peu de celle du ver-à-soie pour le tissu, et qui est ou d'un beau jaune, ou très-blanche suivant les espèces. Réaumur a observé des larves qui avoient vécu dans le corps d'une chenille de l'aristoloche. Il a remarqué que celles qui sortoient se rendoient auprès des autres, et choisissoient pour point d'appui de la coque qu'elles alloient faire, le com- mencement d'une autre coque. La masse cotonneuse qui en- veloppe la totalité de ces coques n'est que l'entrelacement général de la bourre que file d'abord chaque larve. La peau de ces insectes étant fort tendre, il étoit nécessaire qu'en quittant leur berceau ils fussent promptement à couvert ; aussi en moins de deux heures la masse cotonneuse est-elle achevée. Mais quel étrange phénomène ! Ces larves ont vécu long- temps et en nombre prodigieux dans le corps de la chenille, sans qu^elle ait paru en souffrir : comment a-t-elle pu ren- fermer dans son sein des ennemis aussi multipliés et aussi terribles, sans succomber de suite à leurs attaques? Ces larves savent que du prolongement de l'existence de la chenille dépend aussilaleur. lîleur importe donc de ne point lui porter d'attein- tes mortelles tout le temps qu'elles ont à croître ; elles ne ron- geront donc pas les organes absolument essentiels. Cette partie appelée le corps graisseux^ qui est d'un volume considérable, et dont l'usage paroît être plus important à l'insecte sous l'état de chrysalide que sous celui de chenille, fournit aux larves I C H 3i leur nourriture habituelle ; mais lorsqu'elles ont atteint toute leur croissance, il faut bien qu'elles tuent la chenille, en dé- chirant ses flancs pour en sortir. Aussi quelques autres larves, dont le corps grossit plus rapidement, abrègent-elles davan-" tagc les jours de la chenille dans laquelle elles ont vécu. Les tiges de différentes plantes, de graminées spécialement, por- tent assez fréquemment des masses de coques à peu près semblables à celles dont nous avons parlé : Tichneumon qui en sort est très-petit. L'intérieur des ruches offre aussi, mais rarement, une espèce de petit gâteau formé par un ichneumon qui a probablement vécu sous la forme de larve dans lintérieur de la chenille de la teigne. Il sembleroit que ces larves aient voulu, en filant leurs coques, rivaliser avec les abeilles, et prendre leur industrie pour modèle. La soie contenue dans les réservoirs des chenilles fileuses est quelquefois de différentes nuances, ce qui peut tenir, et à la qualité de la nourriture, et à la disposition particulière de l'animal ; d'où il suit que l'extérieur de leur coque doit alors différer en couleur des couches intérieures. On trouve aussi des coques d'ichneumons qui sont de deux couleurs dis- posées par bandes ; les unes sont brunes, avec une bande blan- che ou jaune au milieu ; les autres ont plusieurs bandes de ces couleurs. Cette variété ne dépend pas entièrement de la cause qui influe sur les différences de couleurs des coques de che- nilles ; car, si cela étoit, des portions de la matière à soie se- roient, les unes alternativement blanches ou jaunes, les autres alternativement brunes, et ces changemens se répéteroient bien plus que dans les coques d'ichneumons. Tout paroît ici se réduire à ces deux causes : i.° la première soie que file la larve de l'ichneumon, celle qui forme l'enveloppe extérieure^ est blanche, et la seconde, ou celle des couches internes, est brune ; 2.« la coque est davantage fortifiée, et par espaces cir- culaires ou en cerceaux , au milieu et près des deux bouts, que partout ailleurs. Cela posé, il est clair que la couleur brune des couches intérieures dominera dans les endroits où la couche , extérieure de la soie blanche sera foible , tandis qu'au contraire, toutes les parties de la surface extérieure qui auront été renforcées avec la soie de cette dernière ccfuleur, l'emporteront sur le brun ; de là, ces bandes brunes et blan- ches. On peut s'en convaincre en ratissant, avec la pointe d'un canif, quelques portions d'un endroit blanc ; le brun y paraît à mesure que l'inégalité d'épaisseur de la couche su^ périeure diminue. La soie de ces coques est d'une finesse extrême; elle a \\n brillant et un éclat pareil à celui d'un ver- nis ou d'un corps dur des mieux polis. On rencontre ces co- ques au commencement de i automne sur le genêt. La larve 34 I ^' H est d'un blanc verdâtre, passe l'hiver dans sa coque et ne se métamorphose en nymphe qu'au printemps. Certains ichneumons placent leurs œul's dans le corps de quelques chenilles qui sont sur le point de passer à létat de chrysalide, ou qui s'y préparent même. Les larves sortent, par la suite, de la chrysalide, se filent leurs coques, si elles sont du nombre des fileuses, dans l'intérieur de la chrysalide, et y sont ainsi plus en sûreté. D'autres larves se transforment en nymphes nues sous la peau de la chenille ou de la chrysa- lide quelles ont dévorée. Ou rencontre sur le chêne une coque d'ichneumon, singu- lière sous plusieurs rapports. Elle est suspendue à unt' feuille ou à une petite branche, par un fil de soie qui pari dune des extrémités de la coque. Sa forme est presque la même que celle des autres, mais moins allongée ; elle a dans son milieu une bande de couleur blanchâtre : ce n'est cependant pas encore ce qui la rend plus remarquable. Elle offre un phé- nomène qui a fixé l'attention du grand Réaujnur. Les coques qu'il a détachées et renfermées dans des boites, y ont souvent sauté. Posées sur la rnain, elles exécutent le même mouve- ment, et s élèvent à la hauteur de huit lignes, et quelquefois de trois à quatre pouces. Réaumur explique ce fait extraordi- naire, en supposant que la larve, renfermée dans la coque , agit comme un ressort qui se débande, lleprésenlons-nous , avec cet illustre physicien, cette larve logée à l'aise dans sa coque, et couchée sur un de ses côtés : imaginons qu'elle se recourbe ensuite peu à peu, de sorte que le milieu de son dos devienne le milieu de la convexité de cette courbure ; que la portion la plus convexe touche la surface intérieure et la plus élevée de la coque, mais que son ventre ne soit pas contiguà la surface intérieure et inférieure; que les deux extrémités du corps touchent seules la coque ; accordons maintenant à cette larve une force suffisante pour lui faire prendre subitement la même courbure en sens opposé, c'est-à-dire, que le milieu de son ventre, de concave devienne convexe, que le ventre soit porté vers le bas de la coque, et le derrière de la tête à la partie inférieure de cette coque ; supposons ensuite que ce point plus élevé soit frappé brusquement , avant que le ventre n'ait touché la partie supérieure, les deux coups donnés par la tête et par la queue pousseront la coque en haut, la for- ceront de s'élever obliquement, d'aller en avant; et cette di- rection composée résulte de l'obliquité avec laquelle les deux coups ont été donnés. Mais à quelle fin cette larve a-t-elle reçu de la nature la faculté de sauter i* 11 y a lieu de présumer avec Réaumur, que cette situation naturelle d'être suspendue en l'air par le moyen du fil de sa coque, est pour l'insecte un I C H 35 moyen de conservation; que le vent, ou d'autres circons- tances, pouvant déplacer la coque, la porter sur d'autres corps, il étoit nécessaire que Tanimal put reprendre sa situa- tion ordinaire, et c'est pour cela qu'il fait sauter sa coque. Réaumur a, en effet, observé que la larve avoit recours à cet expédient lorsqu'elle se Irouvoii dérangée. Il a obtenu de ces coques une espèce d ichneumon, et une mouche à quatre ai- les, dont le corps est court, d'un bleu-noir, avec les antennes assez courtes, et Tabdomen gros (une espèce de chalddile^. Ce naturaliste n'a pu ainsi savoir au juste quel est l'habitant na- turel de ces coques si singulières. J'ai trouvé au bois de Bou- logne une petite coque suspendue également à une feuille de chêne par le moyen d'un fil ; il en est sorli une espèce d'ich- neumon que j'ai décrite dans un des Bulletins de la Société Phi- lomaikique; mais je ne crois pas que cette coque soit de la même espèce que celle de Réaumur : la mienne étoit d'une couleuruniforme. MuUer, Degeer, ont trouvé des coques sem- blables , et d'où sont nés aussi des ichneumons. Ces insectes en sont donc probablement les véritables propriétaires. Les œufs des lépidoptères sont certainement petits ; ils suffisent néanmoins à la nourriture d'une larve d'ichneumon ; qu'oa juge par là de son peu de volume. Les femelles d'ichneumons sont douées d'un instinct si sur- prenant, qu'elles découvrent les insectes, dans le corps des- quels elles doivent placer leurs œufs, les mieux cachés. Les larves d'abeilles maçonnes, les chenilles rouleuses de feuilles, les mineuses, les teignes, les habitans des galles, les araignées même, ne peuvent s'en garantir, et deviennent la proie de leurs larves. Il étoit digne de la suprême sagesse, d'opposer une barrière à cette prodigieuse fécondité d'insectes nui- sibles. Ce genre, quoique restreint depuis Linn?eus, est encore très-nombreux en espèces, et un de ceux dont l'étude est des plus difficiles ; la forme , la couleur de quelques parties du corps, varient souvent suivant les sexes, et la plupart des es- pèces étant petites, sont peu caractérisées. Linnœus , que l^abricius suit encore, quant à la manière de diviser les genreà de la même famille, a partagé les ichneu- mons en six section? : 1. Ecusson blancKâtre; antennes ayant un anneau blanc» 2. Ecusson blanc ; antennes entièrement noires. 3. Ecusson de la couleur du corselet; antennes ayant un anneau blanc. 4- Antennes entièrement noires, ecusson de la couleur du corselet, 5. Antennes jaunes. 36 I G H 6. Petits; antennes filiformes ; abdomen ové, sessîle. Ces divisions sont très-arlificielles, et la différence des sexes anéantit souvent leurs caractères. Dans le troisième volume de mon Histoire générale des Crus- tacés et des Insectes, j'avois composé, avec le genre ichneu- mon , tel qu'Olivier l'a présenté ( Encycl. méth. ) , ma famille des IcHlSEUMOîS'lDES, que je partageois en deux: les icJineu- monides proprement dites et les ichneumonides spliégiens. Le genre IcHNEUMON formoit la première coupure , et celui des Sigal- PHES (F. ce mot) la seconde. Le genre Ichneumon étoit subdivisé en huit petites tribus. i.o Leptogaslres. Antennes de seize à dix huit articles ; point de bec; palpes maxillaires filiformes; abdomen très-petit, plat, sans pédoncule allongé: tarière courte. 2.° Museliers. Bouche au bout d'un avancement en forme de museau ou de bec. 3.° Mystacines. Palpes maxillaires sétacés, très-longs et pendaus; tête ronde ; portée sur un cou. abdomen ovale ou ofelong; tarière saillante. 4..° Longicoiles. Mandibules sans fissure remarquable ; tête ronde; corselet rétréci en devant; pattes postérieures grandes. 5.° Sphérocéphales. Mandibules sans fissure remarquable ; tête ronde ; abdomen presque cylindrique ; tarière fort sail- lante. 6." Tronqués. Abdomen déprimé ou comprimé, mais dont la hauteur ne surpasse pas plusieurs fois la largeur; une cou- lisse longitudinale , très-marquée et oblique. n.° Fasciés. Abdomen déprimé ou comprimé, et dont la hauteur ne surpasse pas plusieurs fois la largeur; son extré- mité n'ayant qu'une simple ouverture pour le passage de la tarière ; tarière souvent courte et peu apparente. 8.° Cornpnmés. Abdomen très-comprimé, souvent triangu- laire, ou en faucille. J'améliorai ce travail dans les tables du dernier volume de la première édition de ce Dictionnaire. J'y établis quatre nouveaux genres, Agathis, ViPioN, Alysie et Microgas- TRE. Les trois premiers embrassent celui que Fabricius et M. Jurine ont nommé depuis bracon. Les ichneumons pro- prement dits furent distribués dans un grand nombre de coupes , et dont la première a servi de base à l'établissement du genre Stéphane. Dans l'intervalle de temps qui s'est écoulé entre la publi- cation de ce dernier volume du nouveau Dictionnaire d'ÏIis- lolre naturelle , et celle de mon ouvrage sur los genres des K . Il De^feve- fie/ . 7/c/>{tr/e i//i Ai Aaru/aA /,/oy, ,A> / . iio/i {///A'/t//c i//vo\ivi' i> ■ /7iirAt> coif/c/rcr . _ '^jo !/i//<> /e//-e^r//i y<-A//c/f//i(>// //nr/i// /(ru/ic . J2.yï'(','v/iCtre/('/(rif/' î C H 3; insectes , Fabricius a mis au jour son système des picrates ou des hyménoptères. Celui de M. Jurine , sur les mêmes insectes , a paru quelque temps après et dans le moment où je terminai aussi la rédaction àe mon Gênera. Ici, aux genres d'ichneumonides que j'avois déjà établis, j'ajoute ceux de : XoRiDE, Ac.i;! etc., se placent dans la même subdivision. Soncrypie douieiix (duùi- iàtor,fasc. 78 , lab. i4-) est pour moi du genre Ac^nite. 1 C H 39 Les femelles des autres sont aptères, ou n'ont que des ailes très-courtes et nullement propres pour le vol. L'IcHNEUMOlV PÉDtCULAlRE , Oxpliis pedicu/an'us , F ^h . ; Panz. , iùid. fasc. 84 , tab. i5. La femelle de celte espèce ira pas d'ailes ; ses antennes sont jaunâtres , avec l'extrémité noire; la tête est noire et luisante.; le corselet est fauve en devant , noir postérieurement ; il en est de même de l'ab- domen; la tarière est saillante, mais courte; les pattes sont fauves. L'ICHNEUMON DES MITES, Cryphis acarorum , Fab. ; Panz. ibid.^fasc. 109, tab. 10. La femelle est aptère, fauve, avec la tête et les derniers anneaux de l'abdomen noirs. La tarière est un peu plus longue que la moitié de l'abdomen. L'IcHNEUMOK VAGABOND, CrypUis mrsitaus ^ Fab.; Panz. ibid. 109, g. Le corps de la femelle est noir, avec la partie inférieure des antennes , les deux premiers anneaux de l'abdo- men et les pieds fauves. Les ailes manquent entièrement; mais dans le ciypte héniiplère At Fabricius et dans une autre espèce, que PanZer représente sous le nom A''abljrei>iutur ^ ibid. fasc. 77, 17, ces organes existent, mais sous des proportions irès-petites. B. Exlrémité de l'abdomen des deux sexes plus ou moins amincie, sans e'paississement ni troncature remarquables ; tarière cachée ou peu saillante. * Abdomen presque cylindrique, paroîssant presque sessile; se- cond article des palpes maxillaires très-dilaté. (Les MtTO- PiES de Panzer, ou les Peltastes d'Illiger.) L'IciINEL MON MEURTRIER , Mefopiiis neœlorius , Panz. ioid. , fasc. li-'j , tal). 19 ; ichneumon necaloiius , Fab. ; il est noir; son écusson est armé de deux dents; son bord postérieur et ceux du premier anneau de l'abdomen, du troisième et des deux suivans sont jaunes : le second anneau a deux points de la même couleur, il est très-rare aux environs de Paris. UI. amicfortris de Panzer, ibid. fasc. 80, tab. 1^; celui qu'il nomme Jmrc/om/s , ibid. fasc. 98, tab. i4i ainsi que l'J. mlcralonus de Fabricius, et qui est V ichneumon lunalus d'Olivier, sont de cette division. "^^ AbdoiTiriCfn istjue en iii.suau, lélif'ci neu à peu vers sa base. Panzer forme . avec cette coupe , son genre Alomye , et v rapporte le crypte vainqueur {debellaior) de Fabricius; il en a donné la figure dans sa Faune, des insectes d'Allemagne , fast . 78, tab. \'^. Son corps e^t étroit et allongé, noir, avec les quatre anneaux inieriùcelia de Lamarck. (lin.) ICHTHYITE. V. Poissons fossiles, (desjvi.) ICHTHYOCOLLE. Nom donné au grand Esturgeon , adpenser huso, Linn., à raison de la grande quantité de colle qu on en retire, (b.) ICHTYOÏDES. Nom d'une sous -classe proposée par Blainville, pour placer les Batraciens de Brongniart et les genres Protée, Sirène et Cœcilie. Les animaux qui entrent dans cette sous-classe sont formés d'après le plan des Pois- sons, (b.) ICHÏHYODONTES, c'est à dire dents de poissons. Quel- ques naturalistes ont donné ce nom aux dents fossiles de re- quins, connues sous le nom impropre de Glossopètres. V. ce mot et Poissons fossiles, (pat.) ICHTHYOGLOSSES. V. Glossopètres et Poissons fOSSILES. (DESM.) ICHTHYOLITHES. F. Poissons fossiles, (desm.) ICIiTHYOLOGIE. On appelle ainsi la science qui a pour objet l'étude des Poissons. F. ce mot. On trouve des poissons mentionnés dans les plus anciens écrits qui nous soient parvenus; car l'homme a dû les re- marquer, même les employer comme alimentdès les premiers âges du monde. Àristote , cependant , est regardé comme le premier auteur ichthyologique , parce qu'il est le premier qui les ait considérés sous un point de vue général. Ce grand naturaliste parle des mœurs , des facultés et des usages d'un certain nombre d'espèces, sans chercher à les classer métho- diquement ; il leur réunit même des animaux qui leur sont étrangers. I C H 47 Après lui , Pline et ^lian ont aussi traité particulière- ment des poissons , les ont considérés comme tWmaiit une classe distincte; cependant ils ont suivi le môme plan qu'A- ristote ; et s'ils ont ajouté quelques faits à la science , ils ne l'ont pas mieux caractérisée. Au renouvellement des lumières en Europe, c'est-à-dire, dans le milieu du quinzième siècle, parut Belon,qui, le premier, posa quelques-unes des bases de la science îchthyolo' gique. 11 publia un ouvrage où il consacra deux livres aux animaux aquatiques. On y voit les poissons rangés par grou- pes , dont quelques-uns sont assez naturels , tels que le on- zième , qui traite des poissons plats non cartilagineux ; le douzième , qui réunit les poissons plats cartilagineux, le trei- zième, qui renferme les sc^ unies ; le quatorzième, où l'on trouve les poissons allongés , comme les anguilles , les lam- proies , les murènes , etc. 11 est pourvu de figures en bois fort médiocres. Quelques années après , i\ondelet publia un ouvrage uni- quement consacré aux poissons, sous le nom à' Hisluire en- tière des Poissons , avec des figures en bois. Cet ouvrage, supé- rieur au premier sous quelques rapports. Test moins sous celui de l'ordonnance systématique. L'auteur dit au com- mencement , qu'il a long-temps bésité par quelle espèce il commenceroit , et qu'il a donné la préférence à la dorade ( V. au mot Spare ) , parce qu'elle est la plus connue des anciens et des modernes, et qu'elle est très-estimée à raison de l'excellence de sa chair. 11 annonce ensuite qu'il va mettre , les uns après les autres , ceux qui se ressemblent le plus. L'ouvrage de Rondelet, dont les descriptions et les figures sont passablement exactes , a été long-temps le type où on a puisé les meilleures notions sur les poissons ; et encore, en ce moment, on le consulte avec fruit, parce qu'il n'a parlé que de ce qu'il avoit vu, et que sa critique est saine. Dès lors l'élude de richthyologie devint en grande faveur en Europe. On vit successivement paroître les ouvrages de Salvian en i554, Bossveti, Conrard (iesner et Pison en iS58 , etc., etc. , qui ajoutèrent des faits à la science, mais qui ne s'occupèrent pas, ou s'occupèrent peu, de ranger les pois- sons dans un ordre naturel. Aldrovande , au commencement du siècle suivant, c'est-à- dire en i6o5, publia une grande compilation sur l'histoire natu- relle, où il rangea les poissons d'après le lieu de leur habita- tion. Ainsi le livre premier traite des poissons de rochers, le second des littoraux, le troisième des pélasgiens, etc. 48 I C H Plusieurs auieurs publièrent après lui des ouvrages plus ou moins estimables, sur lesquels on ne s'arrêtera cependant pas, pour passer à Willughby , qui fit paroitre en 1686 une histoire des poissons , principalement remarquable par les notions exactes qu'elle contient sur leurs parties internes et externes , et sur les usages de ces mêmes parties. Sous ce rap- port , cet auteur mérite toute notre reconnoissance. Quant à l'ordre suivi dans l'arrangement des espèces, c'est, à peu de choses près, celui de Belon , mais cependant perfec- tionné. De là au dix-septième siècle , on trouve encore plusieurs auteurs qui sont entrés dans des détails plus ou moins longs sur les poissons, dans des ouvrages qui ne les avoient pas unique- ment pour but. Il faut aller jusqu'en 1707 pour trouver Jean Ray où le Synopsis meiliodica pisrîum, qu'il mit au jour cette année. Cet ouvrage n'est que celui de Willughby abrégé et cor- rigé ; mais on y trouve des genres, sinon établis , au moins indiqués ; aussi a-t-il été généralement préféré à tous les au- tres pendant le cours de ce siècle, et son règne a duré jusqu'à la grande réforme que Linnœus, d'après Artédi, fit dans la science ichthyologique , comme dans toutes les autres qui ont pour objet l'histoire naturelle. Artédi , compatriote et ami de Linnpeus , avolt adopté les principes de ce dernier, et avoit été chargé par lui de les appliquer aux poissons. La mort le surprit avant qu'il eût mis la dernière main à son travail. Mais son ami y suppléa , et publia son ouvrage en 1 788, sous le titre de Bibliotheca ichihyo- logica , et de Philosophia ichthyologica , deux //2-8.° qui font suite, et dont Walbaume a donné une nouvelle édition en quatre volumes , en 1792. Ainsi c'est Artédi qui a posé ou est censé avoir posé les bases de la science ichthyologique, qui a créé la nomencla^ ture qu'on suit encore aujourd'hui dans son élude. Le pre- mier , il a divisé les poissons en ordres et en genres, et a in- diqué les véritables caractères d'après lesquels ces ordres et ces genres dévoient être établis. La méthode d'Artédi comprenoit les CÉTACÉS ( Voy. ce mot ), actuellement placés , avec raison, parmi les mam- mifères; ainsi elle ne reste composée que de quatre divisions, savoir: 1,0 Les Malacoptérygiens , dont les nageoires sont tou- tes composées de rayons articulés , c'est-à-dire , n'ont point de rayons aiguillonnés. Elle comprend vingt-un genres ; sa- voir : SyiSGNATHE, COBITE , GyPRIN, ClUPÉE , ArGETSTINS , I C H 4g Exocet, Corégone, Osmère, Salmoîîe, Esoce, 'Ecué^éïs » CORYPHÈ^E, AmMODYTE , PlEURONECTE , StROMATEE, CtiX- DE, Anarrihqle, Murène, Ophidie, Anableps et Gym- Î^OTE. 2.° Les A^,A^'THOPTÉRYGIE^ss , dont les nageoires ont des rayons articulés , et un plus ou moins grand nombre de rayons aiguillonnés. On y compte seize genres, savoir; BlEîsTNIE, GoBIE , XlPHlAS , SCOMBRE , MUGIL , LaBRE, Spare, SciÈNE, Perche, Trachine, Trigle, Scorpène, Cotte, Zée, Ciiétodon et Gastérostée. 3." Les Branchiostéges, dont les nageoires ont des rayons articulés, et point de rayons à la membrane des brancbies , tels que les Balistes , les Ostracions , les Cycloptères et les LopoiES. 4..° Les CnoNDROPTÉRYGiENS, dont les nageoires sont com- posés de cartilages à peine susceptibles d'être distingjnés des membranes , et qui n'ont que des cariilages pour os, comme les Lamproies , les Acipensères, les Squales et les Raies. Voyez tous ces mois. Linnœus qui, dans la première édition du Sysiema Notiirœ^ avoit adopté entièrement le travail d'Artédi, en changea la disposil ion dans la seconde II tira les caractères de ses di- visions de la position des nageoires pectorales relativement à cellesdes ventrales ; et il ota delà classe des poissons, pour les porter parmi les amphibies, sous le prétexte qu'ils respiroient par des ouïes et avoient des poumons, les genres qui font partie des Branchiostéges et des Chondroptérygiens d'Artédi. La méthode de Linnœus étant la plus généralement adop- tée aujourd'liui, et servant de base à tous les ouvrages qui ont été publiés depuis qu'elle a paru, il convient d entrer dans quelques détails à son sujet. Linnœus donc partage les poissons en quatre grandes divi- sions. Les Apodes, ou ceux qui sont privés de nageoires ventrales ; les Jugulaires , qui ont les nageoires ventrales placées devant les pectorales; les Thoraciques, dont les na- geoires ventrales sont placées sous les pectorales ; les Abdo- minaux , qui ont les nageoires ventrales placées en arriérer des pectorales. I." Les genres des Apodes sont : Murène , qui a l'ouverture des ouïes aux côtés de la poi- trine. Gymnote , qui a le dos sans nageoire, Trichure , dont la queue est subulée et sans nageoire. Ammodyte, dont la tcle est beaucoup plus mince que le corps. So I C H Anarrhique, qui a les dents incisives arrondies. Ophidie , dont le corps est ensifoi me. Stromatée , dont le corps est ovale. XiPiiiAS, dont la mâchoire supérieure est terminée en un long bec ensiforme. 2.'^ Les genres des Jugulaires sont: Callionyme , qui a une ouverture branchiale aux côtés de la poitrine. Uranoscope, qui a la bouche plate. Trachine , dont l'anus est près de la poitrine. (jrADE, dont les nageoires pectorales sont terminées en pointe et minces. Blennie , qui ont les nageoires ventrales didaclyles et sans épines. 3." Les genres des Thoraciques sont : Cépole, dont le corps est ensiforme. KcilÉNÉïS , dont le sommet de la tête est plat , marginé. CoRYPHÈNE, dont la partie antérieure de la tête est obtuse ou tronquée. GoBiE , qui a les nageoires ventrales réunies en une seule. Cotte , qui a la tête plus large que le corps. ScoRPÈNE , dont la têle n'a ni épines ni barbes. Zée, dont la lèvre supérieure est enfourchée par une mem- brane transverse. Pleuronegte, qui ont les deux yeux du même côté de la tête. Chétodon , dont les dents sont fines, nombreuses et flexibles, Spare, dont les dents Incisives sont fortes , aiguës , et les molaires serrées, obtuses. Labre , dont la membrane de la nageoire dorsale s'étend au-delà deTextrémité de chaque rayon en forme de filament. SciÈNE , qui a une rainure en dessus pour recevoir les nageoires dorsales. Perche , dont l'opercule des ouïes est dentelée. Gastérostée , dont le corps est cariné de chaque côté de la queue, et qui a des épines sur le dos, distinctes des na- geoires. Scombre , dont le corps est cariné de chaque côté vers la queue , et qui a de petites nageoires surnuméraires entre les nageoires dorsale et anale , et la queue. Mulle , qui a la tête et le corps couverts de larges écailles non persistantes. TRtGLE , qui a plusieurs rayons sans membrane , ou plusieurs doigts près les nageoires pectorales. I C H 5i 4.0 Les genres des Abdominaux sont : CoBiTE, dont le corps est étroit vers la queue. Amie , dont la téta est dure et osseuse. Silure , qui a le premier rayon des nageoirçs dorsales et ventrales denté. Teuthis , dont la tête est antérieurement plate et comme tronquée. LoRiCAiRE, dont la tête est revêtue d'une croûte écailleuse garnie de pointes. Salmone, dont la nageoire postérieure du dos est adipeuse et sans rayons. FiSTULAlRE, dont le bec long et cylindrique porte la bou- che à son extrémité. EsoGE, quia la mâchoire inférieure plus longue et ponc- tuée. Elops , qui a la membrane branchiostége double, l'anté- rieure petite et de cinq rayons. Argentine , qui a l'anus près de la queue. Athérine, dont la ligne latérale est argentée. MuGiL, quia la mâchoire inférieure carinée en dessous. Exocet, dont la nageoire pectorale est presque de la lon- gueur du corps. PoLYNÈME , qui a des appendices distincts aux nageoires pectorales. MoRMYRE , qui a l'ouverture branchiale linéaire et sans opercule. Clupée , dont l'abdomen est cariné et denté. Cyprin , qui a trois rayons à la membrane des ouïes. Tel est l'exposé succinct des genres et de leurs caractères, tels qu'Us se trouvent dans la douzième édition du Systema Naiurœ ^ la dernière à laquelle Lmnaeus ait présidé, ou est censé avoir présidé ; mais depuis, dans celle qui a été donnée par Gmelin , on a reporté parmi les poissons ceux que Lln- nœus en avoit ôlés pour les placer parmi les amphibies, sous le nom divisionnaire de repiilia «««^^5, reptiles nagcans F. au mot Poisson la différence organique qui existe entre ces derniers et les premiers , différence qui n'est pas assez im- portante pour autoriser de les séparer les uns des autres. Les genres des Branchiostéges sont: MoRMYRE , dont les dents sont émarginées et les écailles imbriquées. OsTRACiON , qui n'a point de nageoires ventrales et dont le corps est couvert d'une enveloppe osseuse. Tétrodon , dont l'abdomen est couvert d'épines , qui n'a Si î C îî poiirt (le nageoires ventrales, et qui a deux dehts à chaque mâchoire. DiODON , dont Tabdomen est couvert d'épines , qui n'a point de nageoires venlrak's , et aune seule denl à chaque mâchoire. Syngnathe , qui n'a point de nageoires ventrales , et dont le corps est articulé. Pégase , qui a deux nageoires ventrales, la tête très-allon- gée et dentée, ou pourvue de cirrhes. Centrisque, qui aune seule nageoire ventrale, et le corps couvert d'une cuirasse cpineusci Baliste, qui a une seule nageoire Venirale , en forme de carène. Cycxoptère , dont les deux nageoires ventrales sont dis- posées en rond. LoPHiE, qui a deux nageoires ventrales et la bouche den- liculée. Les genres des CiiONDROPTÉfiYGiENS sont : AciPENSÈRE , qni a deux nageoires ventrales, et la bouche sans dents. Chimère, qui aune seule ouïe à quatre divisions. Squale, qui a cinq ouïes placées en dessous. Raie , qui a cinq ouïes placées de chaque côté. Lamproie , qui a sept ouïes latérales. Après que Linnpeus eut donné l'impulsion , plusieurs aû-^ teurs proposèrent des méthodes qui toutes cédèrent à la sim- plicité de la sienne. Klein , qui s'étoit déclaré l'ennemi de Linnseus , et qui ne manquoit pas d'entrer en lice contre lui chaque fois qu il en trouvoit l'occasion, composa un système ichthyologique qu'il divisa en trois sections; i.° les poissons qui ont des poumons: ce sont les Cétacés ; 2.° les poissons dont les branchies sont invisibles : ce sont les Branchiostéges et les Chondropté- RYGiEiss ; 3.° les poissons dont les branchies sont visibles : ce sont les OssiculÉS. Les subdivisions qui conduisent aux genres sont nombreuses et fort irrégulières. Ce système n'a été adopté par aucun naturaliste. Schœffer proposa ensuite un autre système qui ne réussit pas plus (jue le précédent; mais Gronovius , qui vint après, balança dans l'Europe savante , pendant quelques années , rinfluence de Linnœus. Son système , qui fut adopté par plusieurs naturalistes , est fondé principalement sur la pré- sence ou l'absence , le nombre ou la nature des nageoires. Il réunit, dans sa première classe, tous les cétacés, et dans sa seconde , tous les poissons. 11 adopte les deux divisions des ChondroptéFiYGIENS et des Osseux. lUubdIvise les Csseux , I C H 5a en BRA^*C1II0STÉGES et en BratsichiâUX. Ces derniers , qui sont ceux que Linnteus avolt fini par regarder comme les seuls véritables poissons , forment des groupes d'après les mornes bases que dans le système de Linnaeus, c'est-à-dire, la position des nageoires ventrales , relativement aux pecto- rales ; mais il emploie , dans la formation de ses genres , un caractère que Linnreus avoit négligé , peut-être à tort ; c'est le nombre des nageoires dorsales. Cette considération donne lieu à la formation de quelques genres qui ne se trouvent pas dans le Systenia jSaJurce, tels que Callop.ïiynqUE, Ç yclogas- TÈRE , GoNORYNCHE , EnCHEI.YOPE , PllOLIS , Él.ÉOTRIS , Clarias, Asprède , Albule, Synode, Eryturine , Um- r.RE , CATAt>ilRACTE , SOLENOSTOME, BeLOTSE , AnOSTOME , CiiARAX , Myste, Cali.icthys, Pi.écostome , Mastacem- EÈLE , Chauna, Gasteroplèque, Leptocéphale et Ptera- ci.iDE. F. CCS mois. Brunnicb , en combinant les divisions de Linnreus avec relies d Artédi , voulut améliorer les systèmes ichthyologi- ques ; mais, quelque estimable que fiit son travail, ilna pas. trouvé de partisans. Scopoli crut devoii suivre une route nouvelle dans la même entreprise. 11 prit pour premier caractère la position de l'anus, qui est ou voisin de la tète ou voisin de la queue , ou à égale dislance de Tune et de l'autre , ce qui lui fournit trois grandes divisions. Ses caractères secondaires sont , tantôt ccn\ de Gronovius , c'est-à-dire , le nombre des nageoires dor- sales; et ses tertiaires, tantôt ceux de Linnœu^, ou la position des nageoires ventrales relativement aux pectorales. Les ter- tiaires sont encore fournis quelquefois par la forme du corps, d'autres fois par les dents. Il résulte de ces combinaisons, que la plupart des genres de Gronovius sont rappelés. (xouan, professeur de botanique à Monipellier, à qui les, sciences naturelles ont de grandes obligations , et qui, le pre- mier , osa enseigner les principes linnéens en France , se mit aussi sur les rangs, et composa un système ichthyolo- gique , en combinant sous de nouveaux rapports les carac- tères d" Artédi et de Linnœus. Il forma d'abord deux grandes sections, savoir : celle des poissons à branchies complètes, et celle des poissons à brancbies incomplètes La première fut partagée en deux autres , les Acanthoptérygiens. ou qui ont des rayons aiguillonnés aux nageoires , et les Malaco- PTERYGIENS, ou qui ont tous les rayons des nageoires articu- lés. Les caractères des grandes divisions de Linnœus servent ensuite, dans chacune de celles-ci, de moyens secondaires pour arriver aux genres , c'est-à-dire qu'il y a , dans cha- cun , de^ poissons apodes ^ jugulaires^, thoraciqucs et amjojni-. 54 I C H naiix. Il en fut de même dans la division des poissons à branchies incomplètes, qui renferme les branchiostéges et les chondrojdéiygiens d'Artédi. Gouan cousei-va , au reste , les genres de Linnœus. Tous les auteurs qui viennent d'être passés en revue , ex- cepté Belon , Rondelet et Gronovius , n'ont point donnée ou très-peu donné de figures de poissons; mais pendant qu'ils en décrivoienl, d'autres en faisoient dessiner. Parmi ces der- niers , il faut principalement mentionner Seba et Catesby , ensuite Eloch , qui vint bien long-temps après eux. Dans cet ouvrage de Bloch , on trouve environ six cents espèces de poissons figurés , autant que possible, de grandeur naturelle , coloriés avec soin , et décrits avec une scrupuleuse exactitude. On y trouve, de plus , l'histoire de ceux dont l'homme fait usage comme aliment, ou qui présentent des faits dignes de remarque. Le système de Limiaeus y a été suivi, mais le nombre des genres a été augmenté ; on y trouve de plus , ceux appelés Kurte , Macroure , Bodian , Lutjan , John, Rasplçon , (^ymncthorax, Synbrakche , Sphage- BRANCHE , PlATYCÉPHALE, GyMNÈTRE, ChEVALIER , HOLO- CENTRE , AnTHIAS , EpINÉPHÈLE , GyMNOCÉPHALE , LoN- ÇHIURE , Ophicéphale , Platystacus. Voyez ces mots. Le travail de Bloch , quelques progrès que fasse Vi'rhthyo- logie , passera toujours pour fondamental , parce qu'il a été fait, autant que possible, sur la nature vivante , et qu'il sera facile aux voyageurs de rectifier les légères fautes qu'il peut contenir relativement aux espèces étrangères. On ne peut donc qu'en conseiller l'étude à ceux qui veulent acquérir des connoissances dans cette importante partie de l'histoire na- turelle. L'édition originale devient fort rare et fort chère ; mais Detervillc en a donné une , en petit format , qui peut suffire. Il reste à parler de l'ouvrage le plus étendu qui ait encore paru sur l'objet qui nous occupe, de V Histoire riaiurelledes Pois- sons^ parLacépède, ouvrage digne de la France, digne de son auteur, et d'après lequel les articles de ce Dictionnaire ont été rédigés. Lacépède partage la classe des poissons en deux sous- classes , celle des rarlilaginenx , et celle des osseux. ( Voyez au mot Poisson. ) Chacune de ces sous-classes est formée de quatre divisions, tirées des combinaisons de la présence ou de l'absence de l'opercule , et de la membrane branchiale; iiinsi la première division des cartilagineux est formée des poissons qui n'ont ni opercule ni membrane branchiale ; la seronde , de ceux qui u oui point d'opercule , mais bien une T C H 55 membrane ; la troisième , de ceux qui ont un opercule bran- chial , et point de membrane ; et la quatrième , de ceux qui ont un opercule et une membrane branchiale. Les poissons osseux suivent l'ordre inverse , c'est-à-dire , que la première division renferme Ips poissons qui ont un opercule et une membrane branchiale ; la seconde , ceux qui ont un oper- cule branchial et point de membrane ; la troisième , ceux qui n'ont point d'opercule branchial , mais une membrane ; enfin , la quatrième , ceux qui n'ont point d'opercule ni de membrane branchiale. Outre ces divisions, Lacépède a encore formé des ordres pour l'établissement desquels il se sert des caractères des di- visions de Linneeus, c'esl-à-dire , que le premier ordre de chacune renferme les poissons apodes ; le second , les jugu- laires ; le troisième , les ihoraciiis ; et le quatrième , les abdo- minaux. Lacépède a conservé tous les noms des genres de Linnseus ; mais il a retiré de plusieurs de ces genres un grand nombre d'espèces , pour en former de nouveaux , d'après des carac- tères qui sont, en général , pris de parties importantes. Il a fréquemment fait usage , comme Gronovius , du nombre des nageoires dorsales. Peu de ces genres nouveaux sont suscep- tibles d'être critiqués ; mais les noms qui ont été donnés à plusieurs doivent être blâmés, comme trop rapprochés. Ainsi, on trouvera qu'il faut un effort de mémoire , très-pénible , pour se rappeler les différences qui existent entre les golies , les gohiésores , les gobidides., les gobiomores et les gub'oinordides ; entre les pomacanthes ^ les pomacentres , les pomadasys et les pomaiomes , etc. Mais ce léger défaut disparoît dans un en- semble toujours grand , et dans des détails toujours gracieux. Les genres nouveaux , introduits ou rappelés par Lacépède , sont, dans les carlilagineux , AoDON , PoLYODON , OvoÏDE , SpHiIroïde, Lépadogastère,Macrorhynoue; et dans les os- seux , CÉCILIE , MONOPTÈRE , NOTOPTÈRE , OPHISURE, Aptéronote , Regalec , Odontognathe , Macrogna- THE, CoMÉPHORE, RhOMBE , MURÉNOÏDE, C ALLIOMORE , BaTRACHOÏDE , OlIGOPODE , LÉPIDOPE , HlATULE, T^- NIOÏDE , (iOBlOÏDE , GORIOMORE , GOBIOMOROÏDE , (ioBI- ÉSOCE , ScOMBÉaOÏDE , CaRANX, CaRANXOMORE , CjESIO, Cjï;S10M0RE, CoRIS , (iOMPHOSE , Nason, Kyphose , Os- PHRONÈME , TrICHOPODE, MoNODACTYLE , PlECTORHYNOUE, POGONIAS , BoSTRYCHE, BOSTRYCHOÏDF. , HÉMIPTERO^OTE , CoRYPH^NOÏDE , ASPIDOPHORE, AsPIDOPIlOROÏDE , ScOM- BÉROMORE , CeNTROPODE , CeNTRONOTE , LÉPISACATSTHE , CePHALACAMTHE , DaCTYLCPTÈRE , PRIO^^OTE , Péris- TED10N , ISTIOPHORE , APOGON , LONCHURE , MacROPOûE , 56 î C II ChÉII INE , ChÉILODIPTÈRE, HoLOGVMNOSE , OSTORIHNQUE, DiPTÉRODON , CeMROPOME , T^NFA^OTE , MlCROPTÈRK , Harpe , Pimeleptère , Cheilion , Pomatome , Léiostome, CE^TROLOPHE, LÉlOGÎsATHE , ACANTHINION , CnÉTOniPTÈRE, POMACENTRE , PoMADASlS , PoMACAÎSTHE , HOLACANTHE, ÉnOPLOSE, ACANTHURE, ASPISURE, ACAlSTIlOPODE , SÉI.È^•E, AUGYRÉiOSE, GaL , ChRVSOSTOSE, CaPROS , ACHIRE , Ma- KAIRA, ChUYSOSTOiAIE , CiRRHITE , ClIEII.ODACTyLE , MlS- CURNE , Fu>DUI,E, CoLUBRINE, BuTYRlN, TrIPTERONOTE, OmPOC , MaCROPTÉRONOTE , MaLAPTÉRURE , PlMÉLODE , Doras, Pogo^ate , Plo^ose , Age^eiote , Macroram- PHOSE , Centranodon , Hypostome , Corydoras , Ta- CHYSURE , Osmère , Characin , Serrasalme , Mé- çalope , NoTACATSTHE , Sphyrène , Lepisostée , Por.Y- PTÈRE, ScOMBRESOCE , AuLOSTOME , HyDRAGYRE, StOLE- PHORE , MUGILOÏDE , ChA^OS , MuGILOMORE , PoLYDAC- TYLE , BURO , MySTE , ClUPAT^ODON , SeRPE , MENÉ , DoR- suAiRE , Xystère , Cypri]sodo>' , Sternoptyx , Stylé- PHORE , MURÈÎHOPHIS , MuRÈJÎOBLENNE , UnIBRANCHâPER- TURE. L ouvrage de Laccpède est enrichi d'un grand nombre de figures, la plupart de poissons jusqu'à lui inconnus; niais elles ne sont pas colorées , et sont en général sous une très- peliie échelle , ce qui les rend inférieures à celles de Bloch, quelque bien exéculées qu'elles soient d'ailleurs. Duméril, qui suppléa' avec tant de dislinclion Lacépède, dans la place de professeur d'iclilhyologie au IMuséum d'iîis- (oire naturelle, a depuis publié un travail fort étendu sur les poissons dans sa Zoologie analytique. 11 les caractérise, ani- maiiA) veiiébrés, à hrant.hics et à sang Jroid, sans paumons ., poils, plumes ni mamelles. 11 les sépare, comme Linn^eus, Lacépède, et autres, en Cartilagineux et en Osseux, et chacune de ces grandes divisions en quatre ordres auxquels il donne des noms particuliers, savoir-, les pr,emiers, en TrématopîsÉs , Chismopnes, Eeeutherupomes et Théléobranciies; les se- conds, en UoLObRANciiEs, S'ier!soptyges, Cryptobran- cues , Ophichthyes. Chacun de ces ordres est divisé par lui en familles dont je vais donner les noms, ainsi que celui des genres qui leur appartiennent. L'ordre des Trématopmés en renferme deux, les Cyclos- tomes réunissant les genres Lamproie et Gastrobra>che, et les Plagiostomes, qui sont composés des Squales, des Ao- DOî«s, des Squatines, des Torpilles, des Raies et des Rhi- JfOBATES. L'ordre des Chismopnés n'offre qu'une famille où on trouve. I C H 5; les B.vuDnoiES, les Lophies, les Balîstes elles Chimères. L'ordre des Ei.euthéropomes n'offre également qu'une famille contenant les genres Pégase, Acipensère et Po- lAODON. L'ordre des Téléobranches réunit trois familles , les Aphyostomes contenant les genres Macrohhynque, Sole- KOSTOME et Cenïrisque. Les Plécoptères renfermant les Cycloptères et les Lepadogastères. Les Ostéodermes présentant les Ostracions , les TÉTRODo^'S, les DiODO^vS, les Syingnathes, les Ovoïdes et les Sphéroïdes. L'ordre des Holobranches se subdivise en HoLOBRA^^- CHES apodes renfermant la famille des Péroptères, qui réu- nit les genres Cœctije, Ophisure , Notoptère , Lepto- CÉPilALE, TrICHIURE , GyMNOTE , MONOPTÈRE, ApTERO- KOTE Cl Régalec; et celle des Pantoptères, où se trouvent les genres Murène, Ophidîe, Akarrhique , Comephore, Macrognathe, XiPHiAS, Ammodyte, Stromatée et Rhombe; 2." En Holobranches jugulaires ou Aucheno- ptères, ne contenant qu'une famille où se placent les genres CaLLIONYME, UrANOSCOPE, BaTRACHOÏDE , MURENOÏDE , Oligopode , Bletsnie, Calliomore, Vive, Gade, Chry- SOSÏOME etKuHTE.Les KOLOBRANCHESTHORACIQUEsdansleS- qviels il se trouve douze familles, savoir : i.° Les Pétalo- SOMES réunissant les genres Bostrichte , Bostrichoïde , T^NioïDE, Lépidope, Gymmètre, Cépole; 2.° les Pléco- POdes qui renferment les genres GoBiE et Gobioïde ; 3." les Eleutéropodes où on trouve les genres Echénéïde, Gobio- MOROïDEelGoBiOMOP.E-, 4-" l^s Atractosomes qui fournissent les genres Scomberoïdc , Scombeeomore , Trachinote , Scombre, Gastérostée, Cetstronote, C.îîsiomore, Lepisa- CAKfHE , CÉPHALACAISTHE , C^SIO?^ , CaRAîsXOMORE , Po- MATOME , CeNTROPODE , CaRANX et ISTIOPHORE ; 5." IcS Léiopomes: iis rassemblent les genres Chéiline, Labre, Ophicéphale , Chéilioîv, Chéilodiptère , Hologymnose , MOTNODACTYLE, TrICHOPODE , OsPHRONÈME, HlATULE, Co- RIS, GOMPHOSE, PlECTORHINQUE, POGOISIAS, SpARE, JDlPTÉ- RODON et Mulet; 6." les Osiéostomes : on y trouve les genres Léiognathe, Scare et Ostorhinque ; 7.° IcsLophionotes qui offrent les genres Tœmakote, Coryphène, Cetstrolo- PHE, Hémiptéronote, Coryphénoïde et Chevalier; 8." les Céphalotes ; les genres qui les composent sont: Aspidopho- roïde, Aspidophore, Scorpèke, Gobiésoce et Cotte ; 9.° les Dactyles ; les genres PÉRISTÉDI0^^ , Prioîsote , Trigle, Dactyloptère s'y placent; 10." les H étérosomes n'offrant que les genres Pleurokecte et Achire ; 11° les Acamtho- POMES où se trouvent les genres Holoce^ître , Persèque , 58 I C H T^NIANOTE, BODIAN, MlfROPTÈRE, SciÊNE, LuTJAT^ et CeN- TROPOME; 12.0 enfin, les Leptosomes qui rassemblent les gen- res HOLACANTHE, EnOPLOSE, PoM ACENTRE, PoM ACAMllE , PoMADASYs,AcA]STHl^•lo^', Chétodon, Chétcdiptère, Aspi- SURE, ACANTHURE, GlYPHISODON, ACA^THOPODE, ZÉE, ArGY- reiose,Gal,Sélène,Chrysostose et Capros-Eh HoLOERA^-- CHES ABDOMINAUX dont les familles sont au nombre de buit, sa- voir : les SiPHONOSTOMES dont les genres sont : Allostome, EiSTULAiRE et SoLÉNosTOME; les Cyli^drosomes où se trou- vent les genres Atniableps,Amie,Misgurne,Cocite,Butyrin, FONDULE, TrIPTÉRCNOTE, CoLtERIlSE Cl OmPOLK; les OPLO- PHOREs rassemblant les genres Silure, Macroptércnote y Melaptérure , Cataphracte , PoGONATE, Traciiysure , Pi.oTosE, Macroramphose, Corydoras , CeîS'TRANODON , Doras, Pimélode, Agékéiose, Loricâire et Hypostome ; les DiMERÈDES offrant les genres Chéilgdactyle, Cirrhite, Polynème et Polydactyle ; les LéPidopomes rassemblant les genres Exocet , Mugilomore , Mugiloïde, Chanos et Muge ; les Gymnopomes contenant les genres Hydrargyre, Argentine, Cyprin, Stoléphore, Athérine, Buro, Mené, Xystère, Dorsuaire, Serpe, Clupée, Myste et Clupano- DON ; les Dermoptères dans lesquels se rangent les genres SeRR ASAI.ME , ChARACIN, SaLMONE , OSMÈRE et CORÉGONE ; les SiAGONOTES, rassemblant les genres Elope, Synodon , Mégalope, Ésoce, Lépisostée, Sphyrène, Polyptère et SCOMBRÉSOCE. L'ordre des Sternoptyges ne contient qu'un genre , le Sternoptyx. L'ordre des Cryptobrancues réunit les deux genres Sty- léphore ot Mormyre. Enfin , l'ordre des Ophichthyes rassemble les genres MuRÉNOPsis, Gymnoiwurène, Murènoblenne, Unibran- chaperture et Spiîagebrancue. Les genres nouveaux établis parDuméril sont peu nom- breux , ils se bornent presque à ceux qu'il a appelés Ange, Torpille, Mourine et Céphaloptère. Blainville, dans son Prodrome d'une nouvelle distribution systématique du règne animal, dispose ainsi les Poissons. I C H ( Ordre I ctclostomes. I.re Sous-classe jOrdre II sélaqdes. DERMOuOXTES •^ OU CartilatjiiieDxj Ordre III esturgeons. f Ordre IV poltodûktes. Tribu I. Crcstodermes , ou •rancLiostéges % II.* Sons-classP. GWATHOnOKTBS, ou osseux. Tribu II. on Poissons pro- prement dits. Ordre I. IrÉTRAPODES. Ordre II. lolPODES.. Ordre III. apodes. Sons-ordre I* , A. EDO MIN AUX. Sous-ordre 3. Sons-ordre 3. rfHORACIQDES. Sous-ordre 4. JUGULAIRES. Cuvier , dans son important ouvrage intitulé le Rèp;ne animal distribué d' après son organisation ^ a fait éprouver quelques mo- difications aux résultats des travaux des ichthyoloffistes précé- dens, et a introduit un grand nombre de sous-genres dans cette partie de Thisloire naturelle , comme dans toutes les autres. Il divise la classe <\e.s poissons en CnOiSDROPTÉRYGiENSet et en Poisso]!îs proprement dits. Les CsioNDRiJPTÉRYGiENS se subdivisent en Cyci.ostomes, en Sélaciens et eu Sturioniens. Les Poissons proprement dits offrent trois subdivisions : les Plectognathes, qui renferment deux familles, celle des Gymnodontes et celle de Sclérodermes ; les Lophobran- CHES, qui n'en contiennent qu'une ; les Malacoptérygiens, offrent trois ordres, les Abdominaux, les SuRBRACiiiENset les Apodes; les Agantuoptérygiens, réunissent sept famil- les, celle des Tjenioïdes, celle des Gobioïdes , celle des L\BR0ïDES, celle des Perches, divisée en deux se» ies, les Sparoïdes et les Persèques ; celle desScoMBEROiOES, divi- sée en trois tribus ; celle des Squa3IM1Penn£S, divisée en trois tribus; et celle des Bouches EN FLUTE. Les genres ou sous-genres nouveaux, introduits par Cuvier, 6o I C H sont : Roussette, Lamie, Marteau, Milandre , Emis- soLLE , Grisrt , Pèlerin , Cestration , Aiguillât, Hu- mantin , Leiche , Monacânthe , Alutère , Triacan- the, Curimate, Anostome, PiABUQUE , Hydrocyn, C\- tharine , Saure , ScopÈLE, AuLOPE, Anchois, Tiirisse, Pristigastre, Vastrès, Galaxie, Microstome, Stomias, Salanx, Orphie, Demi-bec, Bareeau, Goujon, Tanche, CiRRHiNE, Brème, Labéon, Lebias, Shal, Iîagre, Plie, Flétan, Turbot, Sole, Alabe, Carape, Opistognathe, . Sillago, Girelle, Sublet, Filou, Rason , Chroinms, PiCAREL, Bogue, Spare, Sargue, Pagre, Lente , Dia- coPE, Serran , Plectropome , Canthere, Pristopome , ScoLOPsis, Diagramme, Grammiste , Priacan^ke, Poly- PRiuN , Gremille, Stellifère , Pteroïs, Paralepis, Sandre, Esclave, Ombrine , Otolithe , Ancylodon, MaLTHEE, (iERMON, CiTULE, SeRIOLE, PaSTEUR , VoMER, GasTRÉE , LlCHE , CiLIAIRE , PoULAIN , AtuOPE , LePTO • PODE, Archer , Anâbas, Fiatgle , Premnade , Temno- DON. Les ouvrages où il est traité des espèces de poissons, qui ont paru depuis celui de Lacépède , se bornent à V Histoire des Puissons de la mer de Nice , par Risso , qui renferme trois genres nouveaux, savoir : Grenadier, Tetra- GONURE et Oligopode ; el celui de la commission de ITnsli- lut d Egypte, qui en renferme deux, BiCHiR et HÉTÉRO- BBANCHE. (]es deux ouvrages se recommandent aux amateurs de leludc de 1 i<:hUiyologie. Acliiellemenl qu'on a passé en revue les principaux sys- tèmes ichlhyologiques, qu'on connoît la marche progressive de la science, il ne reste plus qu'à donner l'explication des termes qu'elle emploie. C'est, comme on l'a déjà dit, Arlédi qui a le premier in- diqué les parties des poissons sur lesquelles on dovoit établir les caractères des divisions et des genres. 11 a en même temps donné des noms à ces parties lorsqu'elles n'en avoient pas. Depuis, on a ajouté quelque chose à ce qu'il avoit fait à cet égard, et Forster, dans un ouvrage intitulé Enchiridion, a fixé la terminologie, en rassemblant ces matériaux épars. On va, d'après lui, donner une énumeration des parties; mais on piévient qu'on ne peut espérer d'en saisir les diffé- rences, qu'autant qu'on les aura bien étudiées à l'article Pois- son, où elles sont décrites et analysées sous tous les rapports. Le corps du poisson est comprimé lorsque le diamètre per- pendiculaire est supérieur au diamètre horizontal; il est dé~ prime, lorsqu'au contraire le diamètre horizontal est plus grand que le perpendiculaire. 11 est cylindrique lorsqu'il csl circulaire I C H 6, (dans la plus grande partie de sa longueur; en epèe, lorsque le dos cl le ventre sont tranchans ; en couteau^ lorsque le dos est platel le venlre tranclianl ; cariné^ lorsque le dos est arrondi et le venlre tranchant; oblong, lorsque le diamètre longitu- dinal est plus long que le transversal; ow/i?, lorsque dans le cas précédent le côté de la queue est plus aigu; orbkulaire ^ lorsque la longueur est presque égale à la largeur; emiforme^ lorsqu'il diminue graduellement de la tête à la queue ; lan- cèolé, lorsqu'il est dans le cas précédent, et de plus très- allongé ; cunéifonne^ lorsqu'il est un peu aplati vers la queue ; tonique^ lorsqu'il est cylindrique et plus mince vers la queue ; vetdniy lorsque le venlre est très-proéminent; bossu, lorsque le dos présente une ou deux saillies ; annulé^ lorsqu'il est en- touré de lignes élevées; articulé^ lorsqu'il est formé de lames osseuses très-rapprochées ; trigonc, iétragone, pentagone, Itexa- gone^ lorsqu'il a trois, quatre, cinq ou six angles longitadinauic saillans ; polygone, lorsqu'il en a plus de six. On dit que le corps est n«, lorsqu'il est privé d'écaillés ; qu'il est écailleux^ lorsqu'il en a; qu'il est glabre ou iini^ quand, n'ayant pas d'écaillés, il est sans angles, sans sillons, sans inégalités ou aspérités quelconques ; g'/mon/, lorsqu'il est en- duit de mucosité; rude ou tuberculeux^ lorsqu'il est couvert d'inégalités saillantes ; mamelonné ^ lorsqu'il est couvert de points charnus ; épineux^ lorsqu'il est couvert d'aspérités plus longues, et pointues à leur sommet; cuirassé, quand il est ren- fermé dans une peau dure, calleuse, et même osseuse ; fascié^ lorsque des bandes transversales l'entourent ; linée , lorsqu'il y a des lignes très-étroites et longitudinales ; viUé, lorsque ces lignes sont très-larges; réticulé^ quand des lignes longitudi- nales coupent des lignes transversales ; ponctué, quand il y a des points disposés en ordre ou sans ordre. La iéle des poissons est ou obtuse, ou tronquée, ou aiguë, ou c/uadrangulaire , ou triangulaire, ou cunéiforme , ou releç>ée, ou terminée par une pointe, ou aplatie, etc. On appelle cirrhes ou barbillons, des appendices filiformes •membraneux, mobiles, qui se remarquent autour de la bou- che de quelques poissons. On les a comparés à la barbe, et on a dit que les poissons qui n'en avoient pas étoient imber- bes. Les tentacules sont des filets de la nature des précédens , qui se remarquent sur le sommet de la tête de quelques pois- sons. Le chaperon est un corps plane, marginé, garni de lames parallèles et pectinées, qui se trouve sur la tête des ÉCHÉ- NÉis. V. ce mot. hts épines sont des osselets simples, allongés, pointus, 62 I C H quelquefois bifides, qui se trouvent sur la tête de quelques espèces de poissons. La bouche est dite supérieure^ lorsqu'elle est située sur la partie supérieure de la tête ; verticale, lorsque, dans le cas précédent, elle descend perpendiculairement; inféiieure^ lors- qu'elle est sous la tête ; iransi>erse ou horizontale, quand elle est parallèle à la surface de l'eau pendant que le poisson nage ; oblique^ quand elle n'est ni verticale, ni horizontale ; tubuleuse onfistulcuse^ lorsque son ouverture est petite, profonde et ar- rondie; camuse^ lorsque cette ouverture est large sans être profonde. On appelle le rostre ou le bec , la partie antérieure ou supé- rieure de la tête depuis les narines jusqu'au bout des lèvres. Les mâchoires sont carinées , lorsqu'elles ont un rebord; elles sont nues^ quand elles sont privées de lèvres; édenlées^ lorsqu'elles sont privées de dents; mobiles, quand elles peuverit avancer ou reculer au gré de Tanimal; engaînées^ lorsque lune recouvre l'autre; en vcilfe, lorqu'elles sont pourvues d'une membrane qui ferme la bouche. Les moustaches sont deux osselets attachés aux mâchoires et oui servent à leur mouvement. Les dents sont granuleuses, lorsqu'elles ont la figure d'une pellte graine ; 6'%we.ces , protuhéraus , globuleux , oblongs , grands^ petits , «us ou coui>erts d une membrane. Les branchies sont rapprochées , éloignées , operculées , k«5s , latérales^ occipitales, peu visibles, simples, tuberculées., pectinées ou aV/m- , épineuses , en demi lune , etc. ïjOUi>eriure des branchies est co'Uferte ou k demi~cou\>erte ^ ou nullement comer'e d'un opercule sinple^ ou de é^^m.c , ou de /rois , ou de quatre parties , qui sont ou osseuses, ou flexibles ^ ou cAar- n(/M, ou courbées en arcs, ou aiguës , ou ciliées, ou couvertes d épines , ou glabres , ou rudes , ou striées, ou radiées , ou sillon- nées , ou dentelées, ou nwe^, ou coui>erles décailles fines , ou d'écaillés faciles à enlever. La membrane des branchies a rm , rfeHi; , ^roils ou un plus grand nombre de rayons ; elle est apparente , demi-apparente , cachée, couverte , épaisse , /arg^e. Le 6?o5 est fl/>'^re lorsqu'il n'a pas de nageoires ; monoptère , diptère, etc., lorsqu il en a zme , deux, etc. ; convexe, droit, plane , sillonné d'une fosse ou dentelé. U abdomen est cariné , denté , plane ou ventru. Tu3i ligne latérale esl droite , ou flexueuse , ou courbe, ou in- 5ee , ou interrompue , ou abaissée, ou supérieure, ou inférieure, ou moyenne , ou nw/Ze , ou solitaire , ou double , ou lime , ou garnie d'épines , ou percée de trous , ou couverte de grosses écailles. ISanus est vo/sm ffe /a ^e/« , ou mitoyen , ou voisin de la La ^«cifc est ou cylindriff ne , ou iétragone , o\ï carinée, ou anguleuse , ou couverte d'épines , ou sans nageoires , ou acec Jeu* nageoires. Ijes écailles sont ou imbriquées, ou écartées, ou nulles, ou ovales, ou orbiculaires , ou anguleuses , ou fortement fi nées , ou faciles à enlever , ou flexibles , ou dures, ou glabres, ou striées ^ ou rudes , ou ponctuées, ou ciliées, ou dentées. Les nageoires sont ou simples , ou doubles, ou composées de rayons articulés , ou composées de rayons aiguillonnés , ou compo- sées des uns et des autres ; elles sont distinctes, ou réunies, ou écartées , ou rapprochées . entières , arrondies, triangulaires , en /àîfx, aiguës, sinuées , bifides, fourchues, lobées, charnues, écail- leiises, ou sélijères. (B.) ICHTFlYOMETIA.Brown,dansson Histoire des plantes de la Jamaïque, donne ce nom au Bois ivrant. (b.) 64: ï c H ÏCIITH YOMORPHES ou ICHTHYOTYPOLÏ- THES. Les oryctographes donnent ces noms aux pierres qui présentent des empreintes de poissons , mais où les arêtes ou les os sont détruits et remplacés par de l'argile , du cal- caire, ou bien par des matières minérales.Telles sont les em- preintes d'Eisleben, de Mansleid , d'OEningen, de Glaris, de Vérone, elc. (desm.) ICHTHYOPHAGES. Oiseaux qui vivent de poissons.(v.) ICHTHYOPUAGIE , IdUhyophagia , des mots iy, 'U , poisson, et 4'6 I C TT fournissent plus de gélalîne que lachairdehœuf; ainsi , cfua(re onces de celle-ci ne produisent que io8 grains de tablette de Louillon , tandis qu'autant de celle de carpe donne i52 grains , et la chair de brochet i68 grains de gélatine sèche. Mais comme la viande de veau donne ly^ grains de cette gélatine , on n'en doit pas conclure , avec les académiciens qui firent ces expériences {Mém. acad. se. ^ Paris, 1780 et 1782 ), que la qualité nutritive de toutes ces chairs suive la même proportion que la quantité de gélatine obtenue. Les viandes de bœuf à Hambourg fournissent moins de matière nutritive qu'à Cadix, et les blés de Barbarie, quoique pe- tits, ont intrinsèquement plus de farine que les gros blés de Pologne. Le volume n'agit pas autant que la masse. Le poisson, quoique fort muqueux, nojarrit donc beau- coup moins que la viande de quadrupède et même d'oi- seau, à pareil poids; aussi l'un est du maigre^ l'autre du gras; et plus on descend l'échelle du règne animal, moins J'aliment qu'on en tire est substantiel; l'écrevisse ou ho- mard, le poulpe, quoique durs à digérer, nourrissent peu; l'huître , la moule, alimentent plus foiblement encore que les poissons ou les reptiles, tels que la tortue , la grenouille , la couleuvre ou vipère , etc. Aussi l'on donne du poisson plutôt que de la chair aux vieillards, aux convalescens foiblcs ( Galien , /. 3, c. 29, alim. fac.^\ et quand on nourrit uniquement de poisson uu manœuvre , quoique à satiété , il se sent moins robuste qu'en mangeant de la viande de boucherie , même en moindre quantité ( Pechlln , Ohs. , p, 5i3 ). Platon nous apprend que les héros des anciens âges , espèce de forts de halle , redres- seurs de torts sur les grandes routes , de même que nos pa- ladins et chevaliers errans, rejetaient l'usage du poisson comme trop délicat. Tels étoient aussi les premiers Ro- mains, qui regardoient les Rhodiens ou d'autres nations pis- civores , comme amollies et même comme efféminées dans leurs mœurs par cette nourriture ; aussi l'on voit Caton le censeur s'écrier en plein sénat qu'une ville où l'on vend un poisson plus cher qu un bœuf, ne sauroit se maintenir long- temps. ^ La vie quadragélfimale et l'ichthyophagie conviennent donc surtout aux personnes fluettes, débiles, ou qui ne sont point astreintes à de forts travaux. Les Orientaux , les anciens Egyptiens, les h(ibitans du Malabar et d'autres lieux de l'Asie, ne pouvant pas se nourrir, à cause de l'ardeur du climat, d'alimens trop substantiels, préfèrent l'usage du poisson , qui tient un milieu entre le régime trop animalisé I C H €7 des carnivores , et la trop affoiblissantc diète végétale «les pythagoriciens. On objectera peut-être que les nations barbares du Nord, les Samoïèdes , les Ostiaques , les Kamtschadales , les Es- quimaux y les Groënlandais et une foule de peuplades de la Sibérie, ont besoin, par la rigueur extrême de leur climat, de se soutenir par l'usage de la chair. Aussi toutes se nour- rissent presque uniquement de poisson, même tout cru, qu'ils dévorent en place de pain ; ils y joignent souvent les chairs grasses des phoques, et boivent en outre Thuile rance et fé- tide des baleines. Les poissons se trouvent tellement abondans à cer'laines époques dans les fleuves de la Sibérie , les lacs de Suède , de Norvvège et de Laponie , au rapport de tous les voyageurs , qu'ils remplissent presque le lit de ces fleuves et de ces lacs ; on ne sait tellement que faire de ces poissons , qu'on ré- pand les esturgeons, les saumons , les éperlans , etc., sur les terres, en place de fumier; qu'on en fait des tas énormes dans des fossés où ils gèlent et peuvent se conserver ensuite des siècles; enfin que les chiens, les animaux sauvages en ont. à satiété. Néanmoins cette nourriture ne donne pas autant de force musculaire , de vigueur et de courage à ces peu- ples septentrionaux, que la chair de quadrupède en inspire aux européens. Nous tenons de Patrin , qui a voyagé en ces contrées , qu'avec une corpulence égale à la nôtre , les Tartares piscivores étoient beaucoup plus légers en poids ; aussi , pour alléger les jockeys destinés aux courses .de che- vaux de Newmarket , on les soumet au régime de poisson. La force et la vivacité sont moindres chez les septentrionaux que dans nous ; ainsi , le régime ichthyophage ne pourroit pas convenir habituellement aux matelots, aux soldats , à tous les hommes de peine ; de là vient l'opinion des anciens que ce régime n'étoit propre qu'aux êtres efféminés , sans courage (^MLlianus^var.Hist.f l. i; Columelle, Re nistic, /. 8, c. 16 ). Les moines astreints au régime de poisson , comme les Chartreux , étoient pâles et de complexion molle ( Pe- chlin , Obs. ). La nourriture de poisson augmente plus la lymphe qu'elle ne répare le sang ; elle forme beaucoup de principe mu- queux, et la plupart des ichthyophages deviennent d'une cons- titution languide , très-flasque , remplie d'une graisse mol- lasse , diffluente. Cet état de pâleur, d'inertie , tend vers la dégénérescence de la lymphe, la langueur, la leucophlegmatie, l'anasarque-, il dispose beaucoup à la diathèse vermineuse. Tous les oi- seaux piscivores et les quadrupèdes aquatiques vivant de 68 I C TT poissons, tels que les loutres, les phoques , fourmillent cle vers, ont une chair pâteuse e.t grasse qui sent le poisson et l'huile rance. Ces effets se reniarqtient plus éminemment, surtout chez les nations vivant de poissons malsains, très-glutineux et peu écaillcux, tels que ceux des ujarécages et d'eau^ stagnantes, cette foule d'anguilles, de lamproies, de murènes, de tan- ches, de lottes , de mais { silurus glanîs , L.), de merluches visqueuses, de molves , de raies, d'anges ou d'autres squales qui se tiennent dans les baies fangeuses, ou rampent dans la vase noire et fétide des criques. Le résultat en sera bien plus nuisibl-e encore , si l'on se nourrit de tels poissons à demi gâtés ou même pourris. De là vient que les législateurs de l'Egypte et celui des Hébreux proscrivirent l'usage des pois- ' sons dépourvus d'écaillés, et qui, par celte raison, sont tous fort muqueux et de pénible digestion ( Léi>ià'(/., ch. ii , vers. lô, et Hérodote, Euierpe^ Plutarque, Syrnpos. , 1. 8» quœst. 8), L'on conçoit que celte abondance de mucosité, introduite dans l'économie animale, rend très-visqueuses nos humeurs, ralentit Ik cours de la lymphe, procure des stagnations fu- nestes; et:siv en outre, on joint à cette nourriture, par né- cessité, des assaisonnemeiis acres, du sel comme dans les poissons salés , marines, fumés, desséchés , etc. , nul doute qu'il n'en résulte l'introduction de principes acres et nui- sibles dans nos corps. Que de là naissent des dispositions au scorbut, des affections cutanées rebelles, des gales, des dartre^ dans l'es climats froids, des ulcères putrides ou ca- coëthes , des fièvres gastriques et adynamiques en été, ou sous des deux ardcns ; rien n'est plus connu et plus ordinaire. C'est aiasi qu'on observe une sorte de lèpre ou dartre tenace chez les habitasis des îles Féroè" et desOrcades; Strœm en a remarqué p.} nui les Norvégiens, Boate chez les Islandais, Steller aux Kamtschadales. Zueckcrt a vu des excoriations et une inflammation des organes génit.iux dans les deux sexes , par suite de ces aîimens. On sait que les mucosités qu'ils portent dans les premières voies favorisent extraordinairement la naissance des ténias et autres vers intestinaux ; Sauvages a vu que le foie du chat radiV\n(sf]ualus galeus ^\j.)ei d'autres pois- sons fait quelquefois tomber l'épiderme après une éruption gé- nérale d'échauboulures-; les habitans des côtes maritimes pois- sonneuses, les bas Bretons, lesBiscayens, tous les limitrophes qui entourent le bassin de la mer Baltique, sont très- exposés aux grosses gales , aux dartres , au scorbut par cette nourri- ture de poisson ( Cheyne , De infirm. valel. tuend. , p. 6i). En Ecosse , les habitans du Lochaber deviennent tous galeux par la nourriture de poisson , dans leurs pèches abondantes , et ï c n 09 l'on a remarqué une g;ile cpidémique à la suite d'une grande quantité de sardines (iVlt Non, a!ià quéun quà Byzantia piitruit orca. Mais surtout le garum des Romains étoit un ass-asonno- menl bien plus puti'ide encore. Le m^eillcur étoit- formé , selon Pline , /. xxxi , c. 8, du sang, des entrailles^ du nia- (^iiereau macérés et pourris dans de la sauniure , Expirantis adhuc scombri , de sanguine primo Acripe faslosum munera cara , Garum. dit Martial, Cet asscvisonnennerit étoit noir cl si reçhercii^ pour exciter l'appétit dans tous les mets ( (salen. , /. 3 t/e Cumposit. medicam. ) , qu'il coûtoit deux mille pièces d'argent Li congé ( mesure de trois pintes ) , et que de belles dames en portoient dans des (laçons d'onyx , en placée de parfum (Martial , /. 2, Epigr. gS , et /. 3, Epigr. 4.9 ) 1 quoique cetle sauce dût puer horriblement dans les habits. ( V. nos, B.c- rherch. sur le régime alijjieutaire des anciens., Jouraal de pharra. an i8i3). Les coulis d'écrevisses et d'autres animaux sont, «gaiement estimés dans l'art, culinaire de nos. modernes si- 70 1 C H barites, comme à la Chine et au Tonquin, le sou'i composé de jus de poissons pourris, salés et épicés (Dampier, Voyag.y l- 2 , p. 28 , et Gervaise, Voyog. à Sium^ p. io5 ). Les Ro- mains mêloient du garum jusque dans leur vin. 11 est impossible que ces substances putrides , quoique stimulantes comme des fromages passés, acres et moisis (le Hoquefort^ par exemple), n'introduisent pas des principes délétères dans l'économie animale , qu'elles ne disposent pas à des fièvres de mauvais type, à des rémittentes mu- queuses compliquées d'adynamie ou d'ataxie , comme on la souvent observé chez de grands mangeurs de poissons , dans les pays méridionaux et humides surtout. Aussi l'em- ploi des acides, tels que le citron, le vinaigre, devient ha- bituel et indispensable chez tous les peuples qui vivent de marée , au point qu'on se sert de crème de tartre , au lieu de sel , dans divers assaisonnemens de poisson chez plusieurs nations maritimes du nord de l'Europe. Une autre qualité de la nourriture de poissons est de sti- muler beaucoup les organes génitaux, et de porter, dit-on, à la luxure. Sans citer les imputations faites à des ordres religieux vivant de poisson , personne n'ignore les nom- breuses sympathies de tout l'organe cutané avec les parties sexuelles , et combien les prurits , l'irritation de la peau , se transrnettent à celles-ci , combien les galeux , les lépreux , les darlreux sont disposés à la lubricité (Lorry, deMorb. cutan. ,• pari. 2). Les poissons cartilagineux , tels que les raies et les squales ( TîXciy,yi d'Aristote ) , passent pour les plus stimula ns. Hecquet ( Traité des disp.de rarf'/Tîg ) rapporte que le sulta.Q Saladin ay?nt fait nourrir deux derviches d'abord de chair , ensuite de poisson , ils résistèrent moins à l'a- mour da'lis la seconde épreuve que dans la première. On sait d'ailleurs que les mollusques nus et les testacés ont tou- jours passé pour des alimens aphrodisiaques ; tels sont le poulpe et la sèche ( Athenaeus , Deipnosoph. , 1. 8, pag. 356 , édit. de Daléchamp ; et Diosrorid. ., 1. 2 , c. 27), et les huîtres, comme dit aussi Juvénal, Sut. vi, vers. 3o2. On en mangeoit ie soir pour s'exciter au coït , chez les Romains. , Grandi;» qiise mediis jam iioctibus ostrea mordet. Des auteurs ont prétendu expliquer cette qualité prolifique des habitans des ondes ( parmi lesquels la mythologie pla- çoit la naissance de Vénus sortie de l'écume de l'Océan), par la salure et les assaisonnemens de leurs préparations culinaires (Paul iVEginet. , de Be medic, L 3 , en effet, dans tous ces actes, ce sont toujours les idées qui sont le sujet ou les matériaux des opérations qui les constituent. Le second de ces principes avoit été reconnu parles an- ciens , et se trouve parfaitement exprimé par cet axiome dont Lorke ensuite nous a montré le fondement ; savoir : qu'il ny a rien dans l'entendement qui nuit été auparavant dans la sensation. 11 s'ensuit que toute idée doit se résoudre , en dernière ana- lyse, en une représentation sensible , c'est-à-dire , qu on doit toujours en trouver la source dans une sensation. On n'en connoît , effectivement, aucune qui ait une source différente; ce que je crois avoir prouvé dans ma Philosophie zoologique (vol. 2, pag. 4iO' ^" j *•' montré que l'imagination de l'homme, quoiqu'elle paroisse en quelque sorte sans bornes, ne pouvoit créer une seule idée sàns eenployer, comme maté- riaux , quelques-unes de celles obtenues par la sensation , ou en d'autres termes, sans modifier et transformerarbitrairement quelques-unes de celles que les sens lui ont procurées. Voyez, dans V Introduction de l'Histoire nat. des animaux sans vetièhres (vol. I , pag. 336) ce qui concerne le champ de l imagination ; et, dans ce Dictionnaire, voyez l'article Imagiisatioî^. En effet , toute idée , soit simple , soit complexe , résulte d'une image tracée ou imprimée dans l'organe de l'entende- ment. Dans l'iW^'e simple , l'image imprimée est celle de l'ob- i'et qui a fait la sensation remarquée ; et da'ns Vidée complexe, 'image se trouve composée de la réunion de plusieurs autres qui y sont toujours très distinctes : en sorte que , dans toute idée quelconque , on retrouve toujours les traits d'objets con— nus par la sensation. Cependant on n'a pas encore généralement admis l'axiome cité ci-dessus; car plusieurs personnes observant des faits dont elles fl'aperçurent point les causes, pensèrent qu'il y avoit réellement des idées innées. Elles se persuadèrent en trouver des preuves dans la considération de l'enfant qui, peu d instans après sa naissance , veut téter et semble cher- cher le sein de sa mère , dont néanmoins il ne peut avoir con- noissance par des idées nouvellement acquises. Sans doute, l'enfant dont il s'agit, ne connoît point encore le sein de sa mère , n'en a nullement Vidée. Mais, ce qu'on ignoroit probablement, c'est qu'une pareille idée ne lui est pas nécessaire pour donner lieu aux faits qu'on lui voit alors pro- duire. Son sentiment intérieur lui suffit ; et ce sentiment , qui n'emploie jamais à'idées dans ses actes , est le propre de l'or- ganisation de l'individu, et ne s'acquiert point. Or, ce même sentiment, ému par le besoin, lui fait faire machinalement des mouvemens divers, pour saisir avec la bouche ce qu'ii XYI. 6 83 IDE peut rencontrer. îlprenddonc le sein de sa mère, d^s qu'on le lui présente , comme il prendroit celui de toute autre, ou tout autre corps ; et il le fait sans l'emploi d'aucune idée , d'aucune pensée , mais uniquement par un acte de Vinstinct. Voyez ce mot. A l'égard des êtres intelligens, dans quelque degré qu'ils soient dans le cas de l'être , Vinstinct leur tient lieu de tout , dans les premiers temps de la vie. Ce n'est que peu à peu qu'ils acquièrent des idées^ à mesure qu'ils donnent de l'atten- tion aux sensations qu'ils éprouvent. Ce n'est aussi que peu à peu qu'ils emploient leurs idées acquises , qu'ils comparent les objets remarqués , et qu'ils s'exercent à juger ces objets. Aussi leur jugement a t-ll d'autant plus de rectitude que l'exercice de cette faculté est plus ancien pour eux. Je reconnois donc , comme un principe fondamental , comme une vérité incontestable , qu'il n'y a point d'idées in- nées; que toute idée quelconque a été acquise après les pre- miers actes de la vie , et qu'elle provient, soit directement, soit indirectement , de sensations éprouvées et remarquées. Avant de montrer comment il est probable que se forment les idées , et quelles sont les conditions nécessaires à leur for- mation , je dois prévenir que tous les actes d'intelligence , qui s'exécutent dans un individu , sont essentiellement le pro- duit de la réunion des causes suivantes ; savoir : i.° De la faculté de sentir ; a." De la possession d'un organe particulier pour l'intelli- gence ; 3.° Des relations qui ont lieu entre cet organe et le fluide nerveux qui s'y meut diversement -, 4..° Enfin , de ce que les résultats de ces relations se rap- portent toujours au foyer des pensées(à l'esprit), Igquel com- munique avec celui des sensations , et par suite au sentiment intérieur de l'individu. Telle est la cbaîne dont toutes les parties doivent être eu harmonie pour que les idées, ainsi que les opérations qui s'exécutent entre elles , puissent se former; telle est aussi la réunion des causes physiques essentielles à la production du plus admirable des phénomènes de la nature. Or, comme tous les phénomènes organiques qui consti- tuent l'intelligence, ne sont pour nous des merveilles que parce que nous n'en avons pas aperçu les causes naturelles, ou que nous n'avons pu étudier à fond l'organe propre à leur Eroduction ; que , cependant, tous ces phénomènes ont pour ase des idées; qu'à leur égard il ne s'agit toujours que d'^- dées, que d'opérations qui s'exécutent entre ces idées ;]' 3ii àù ^ avant d'examiner ce que sont les idées elles-mêmes , montrer IDE S3 comment la nature avoit amené progressivement, d'abonl les organes qui peuvent donner lieu aux sensations, ainsi qu'au sentiment intérieur des animaux sensibles , ensuite ceux qui sont essentiels à la production des idées dans les animaux inlelligens. N'étant pas nécessaire de répéter ici ces consi- dérations, je renvoie à la Philosophie zoologique (vol.»2 , pa- ge 353 et suiv, ) , où elles sont exposées, et je me borne à examiner comment une idée peut se former , et dans quel cas une sensation peut la produire. Afin que l'on puisse concevoir comment une idée peut se former, il faut, avant tout , faire connoîlre la condition essen- tielle à la formation de toute idée quelconque. Condition essentielle à Information des idées. — Un acte orga- nique préparatoire , exécuté par le sentiment intérieur de l'individu, lorsqu'un besoin Ty provoque, est absolument nécessaire à la formation de toute idée et de tout acte d'in- telligence. Cet acte , auquel nous avons donné le nom d'«/- iention , que nous remarquons facilement , et dont nous n'a- vons jamais recherché la nature, n'est point une sensation, une idée ^ une opération intellectuelle quelconque : c'est une simple contention des parties de l'organe , qui met celui-ci dans le cas de recevoir l'impression essentielle à la formation de ïidée^ et qui seule lui donne le pouvoir d'exécuter toute autre opération de 1 intelligence. Pendant la veille, nos sens, tous ou la plupart, frappés par tous les objets qui nous environnent, reçoivent nécessai- rement des impressions diverses de tous côtés. Ces impres- sions néanmoins ne forment pas en nous des idées : nous voyons les objets , nous entendons les bruits et les sons, nous touchons même les corps; et cependant toutes ces impressions que nos sens reçoivent , peuvent être sans résultat pour notre intelligence , et avoir lieu sans nous donner une seule idée. Mais si, à la provocation d'un besoin , notre sentiment inté- rieur exécute l'acte préparatoire aux opérations intellectuel- les; ou, en d'autres termes, si nous nous mettons en état d'ai- iention , et si nous fixons cette attention sur un objet quel- conque qui frappe nos sens , dès lors une ou plusieurs idées se forment en nous ; les impressions que nous recevons , par la voie de la sensation, ne sont plus sans résultat; elles par- viennent dans notre organe , y rapportent les images des ob- quinous ont affectés, les y tracent, jets plus ou moins pro- fondément ; et alors nous avons la faculté de rendre sen- sibles ou présentes à l'esprit , les idées qui en résultent. Par la suite, quoique les objets remarqués ne soient plus présens comme leurs impressions sont gravées dans notre organe , que leur image y est tracée , nous avons encore , pendant uu 84 I T) F. temps plus ou moins long , la faculté de nous les rappeler piir la mémoire ^ c'est-à-dire , de rendre leur image sensible à notre esprit, par un acte que nous nommons pensée. Ai[isi , pour que les traits ou 1 image de 1 objet qui a causé la sensation puissent parvenir dans l'organe de Tentende- ment et être imprimés sur quelque partie de cet organe, il faut que l'acte qu'on noninie alicntion , prépare 1 organe à en recevoir 1 impression , ou q'îe ce même acte ouvre la voie qui peut faire arriver le produit de cî.'tte sensation à 1 organe sur lequel peuvent s'inipri^ner les traits de 1 objet qui v a donné lieu; et pour qu'une idée puisse parvenir ou être rappelée à la comciewe , il faut, à l'aide encore de rcfltcntion , que le fluide nerveux en rapporte les traits , ou excite le rapport de ces traits à l'esprit de l'individu ; ce qui alors lui rend cette idée présente ou sensible , et ce qui peut se répéter ainsi , au gré de cet individu , pendant un temps plus ou moins long. — Philosophie zoologique, vol. 2 , pag. Syb. Jusqu'ici , je n'ai eu en vue que de signaler la condition de rigueur , pour que la formation d'une idéeciiXe toute opéra- tion de l'intelligence puisse avoir lieu ; or, cette condition est assurément ValleiUion. Je puis, en effet , prouver que , lorsque l'organe de l'en- tendement n'est pas préparé par cet effort du sentiment inté- rieur qu on nomme alleidion , aucune sensation n'y peut par- venir; ou , si quelqu une y parvient, elle n y imprime aucun trait, ne fait qu effleurer 1 organe , ne produit point à'idée^ et ne rcîud point sensible aucune de celles qui s'y trouvent tracées. Lorsque notre pensée est fortement occupée de quelque chose, quoi{}ue nos yeux soient ouverts et continuellement frappés par la lumière que les obj(,'ts extérieurs, qui sont de- vant nous , y envoient en la réOéchissant , nous ne voyons aucun de ces objets, ou plutôt nous ne les distinguons pas ; parce que j'effort qui constitue notre al/ention, dirige alors la portion disponible de notre fluide nerveux sur les traits des idées qui nous occujjent, et que la partie de notre organe qui est propre à recevoir l'impression des sensations que ces ob- jets extérieurs nous font éprouver, n est point alors préparée à recevoir ces sensations. Aussi , dans ce cas , les objets exté- rieurs qui frappent de toutes parts nos sens , ne produisent en nous aucune idée. Ce que je viens de dire , à l'égard des objets qui frappent nos yeux, et que nous ne dislii!,guons point lorsque nous som- mes fortement préoccupés de quelque chose, de quelque pen- sée , a aussi parfaitement lieu, dans cette circonstance, re- lativement aux bruits ou aux sons qui frappent nos oreilles, Lesimpressions que nous font ce.>sonsoucesbruits,neparvien- I n E Si, Tient point jusqu'à noire organe d'intelligence , parce qu'il n'est pas préparé aies recevoir; et nous ne les dislinguops pas. Si , en effet, dans ce moment de préoccupation , quel- qu'un nous parle , quoique distinctement et à haute voix , nous entendons tout , et cependant nous ne saisissons rien , et nous ignorons entièrement ce que Ion nous a dit. Qui ne connoît cet étal de préoccupation auquel on a donné le nom de distrarlion^ et pendant lequel toutes les impressions que nos sens reçoivent, sont réellement sans résultat pour notre intelligence , puisqu'elles ny parviennent pas ! Mais , dès que notre sentiment inlérieur , ému par un be-^ soin ou un intérêt particulier, vient tout à coup à exciter no- tre attention sur un objet qui frappe tel de nos sens, à préparer le point de notre organe qui est propre à en recevoir la sensa- tion, à en graver les traits dans ce même organe , alors nous obtenons aussitôt une idée quelconque de cet objet. î^ans ma Philusophie zoo/os;i(f ne {vol 2 , chap. 7) , j'ai déve- loppé plus au long cette théorie , tout-à-f.iit physique des fonc-. tions de l'organe qui sert à l'entendenienl ; et il est évident qu'il n'y a là rien qui ne soit accessible à rintelligence hu- inaine, qui ne soit fondé sur des f;iils d'observation , et qui so'il réehemeni métaphysique. Si des préventions, favorisées sans doute par certains intérêts , n'eussent entraîné à penser le contraire, les idées que je présente aujourd hui sur ces ob- jets , seroient probablement moins nouvelles, et paroîtroient nioins extraordinaires. Il n'y a donc que les sensations remarquées, que celles sur lesquelles Vaitention s'est arrêtée , qui fassent naître àts, idées; et celles-là sont du premier ordre on primaires, parce que ce sont elles qui ont donné lieu à la formation de toutes les au- tres. J'élois donc fondé en raison , lorsque j'ai dit que , si toute «fe paovenoit , au moins originairement, d'une sensation , toute sensation ne donnoit pas nécessairement une idée, puis- qu'il n y a que les sensations rem.arquées qui soient dans ce cas. Les animaux à mamelles (les mammifères) ont les mêmes sons que l'homme , et reçoivent, comuie lui , des sensations de tGut ce qui les affecte. Mais, comme ils ne s'arrêtent point à la plupart de ces sensations, qu'ils ne fixent point leur atten- tion sur elles , et qu'ils ne remarquent que celles qui sont ira- médlateraent relatives à leurs besoins habituels, ces animaux n'ont qu'un petit nombre A^idées qui sont toujours à peu près les mêmes. 11 faut des circonstances extraordinaires à leur égard , pour les mettre dans le cas de varier leurs acliops^ tt. 86 1 D E d'accroître un peu plus le nombre de leurs idées. Ainsi , à l'ex- ception des objets qui intéressent leurs besoins ordinaires , tous les autres sont comme nuls pour ces animaux. La nature n'offre à leurs yeux aucune merveille , aucun objet de curiosité, en un mot, aucune chose qui les intéresse , si ce n'est ce qui sert directement à leurs besoins , à leur bien-être. Ils voyent tout le reste sans le remarquer, sans y fixer leur attention, et conscquemment n'en peuvent acquérir aucune idée. Le dirai-je ! que d'hommes aussi , pour qui presque tout ce que la nature présente à leurs sens , se trouve à peu près nul ou comme sans existence pour eux, parce qu'ils sont, à cet égard , sans attention , comme les animaux ! Que d'hom- mes qui , par suite du peu d emploi qu'ils font de leurs facul- tés , bornant leur attention à un petit nombre d'objets qui les intéressent , n'exercent que très-peu leur intelligence , ne va- rient presque point les sujets de leurs pensées, n'ont réelle- ment qu'un petit nombre d'/J Chaux 33 34 32 Alumine 22,25 i6,25 6 Oxyde de fer. . . 7, 5 5,20 24. Oxyde de mang. o,25 .... un peu i, S Perte i,5o ..... ..... 100,00 . D'après l'opinion admise (quoique si peu vraisemblable) cle la préexistence des cristaux contenus dans les laves et au- tres matières volcaniques, plusieurs naturalistes disent en- core aujourd hui que lidocrase est une substance primilitfe f mais je remarquerai qu'il suffit, pour s'assurer que l'ido- crase est bien certainement un produit immédiat des vol- cans, qu'il ait été démontré par MM. Buch, Salmon et autres- observateurs également éclairés , que la leurite se formoit dans la lave même. Or, rien n'est plus commun que dé voir u» grand nombre de ces/ewaV6'5(amphigène) tellement encastrées, enveloppées dans la substance des idocrases, qu il est im- possible de ne pas reconnoîlre que ta formation des unes et des autres a été simultanée ; et conséquemment , que 1 ido- crase est, comme je l'ai déjà dit , un produit immédiat des volit cans. V. Amphigène, Pyroxène et Làves. (pat.) RoiTié-de-l'Isle est le premier qui ait séparé les crislau.K de. I D O ÇJ7 cette substance de ceux de Vhyacinlhe ou zircon, auquel on les réunissoit. Pallas a reconnu ensuite que les cristaux du Vésuve et ceux de Sibérie appartenoicnt à une même espèce. Le nom d'idorrase , que lui a donné M. Hauy , et qui signifie forme mixte ^ fait allusion aux nombreuses analogies que les cristaux à'idocrase présentent avec ceux de différens miné- raux, soit par leur aspect, soit par leurs angles. F. le Traiié de Minéralogie de ce savant , t. 2 , p. 58i. Depuis la publication de la première édition de ce Dic- tionnaire, on a trouvé Yidocrase dans plusieurs pays et sous des formes assez variées , et notamment en Piémont. Cette dernière , dont la découverte est due à M. Bonvolsin, est,en cristaux transparens , d'un vert clair nuancé de jaunâtre, ana- logue à celui du péridot, d'où lui est venu le nom de perido - idocrase, que ce savant lui a donné. Leur forme ;est quelquefois très-nette; d'autres fois ce sont des prismes cannelés plus pu moins profondément : elle est aussi en masse cprapac.te d'un vert blanchâtre et seulement translucide. On en rencontre aussi d'un noir vif, en cristaux très-nets, dans le même pays , dans le voisinage du pyroxène en masse. Uidocrase existe encore en veines, dans le gneiss , au Mont- Rose, Vallée de Saint-Nicolas , au Valais. M. Cordier Ta observée dans les Pyrénées , où elle a pour gangue une chaux carbonatée subgranulalre bleuâtre , et est accompaguée de grenats; Yidocrase de Sibérie est engagée dans une serpentine. Elle est «gaiement associée à des grenats, dans le territoire de Pltigllano , en Toscane , selon l'observation de M. Santi. Enfin, le même minéral a été trouvé Tannée dernière à Ora- vitza, dans le Bannat, sous la forme de masses opaques , d'un jaune verdâtre , toutes composées de cristaux et engagées dans une chaux carbonatée laminaire bleuâtre. La forme de ces der- niers est celle d'un prisme court à huit pans, terminé par des pyramides à quatre faces (variété unibinaire de Haiiy) : on les avoit pris d'abord pour des grenats d'un vert jaunâtre {Gros- sidaria de Wérner); mais M. le chevalier de Scbreibers , directeur du Musée impérial de Vienne, qui a bien voulu nous en adresser un bel échantillon, a relevé cette méprise, La substance minérale découverte récemment à Eger en Bohème (d'où elle a reçu le nom d'Egeran), et qui s'y trouve en petites masses granuleuses brunes et en cristaux rectangu- laires engagés dans le quarz et accompagnés quelquefois de grammatite, est une idocrase , d'après l'opinion de M. de Mon- teiro, qui a été à même d'en examiner plusieurs échantillons. Les lapidaires napolitains qui taillent et mettent en œuvre des cristaux d'/t/ocrase d'un vert jaunâtre et d'un jaune rous- sâtre , nojaraent les ^^vemiers gemme du Féswe, et lessecon4s XVI. 7 98 I D O hyacinthe. Ceux du Piémont, que l'on taille aussi quelquefois, sont d'une couleur beaucoup plus agréable, (luc.) IDOLE ou Dieu MANITOU. Coquille fluvialile , que les Américains vénéroient comme un dieu; c'est I'Ampullaire. (B.) IDOLE DES MAURES. Quelques voyageurs ont ainsi appelé un poisson du genre des Chetodoîjs, que les nègres vénèrcnl comme un féticbe, et qu'ils se gardent bien de man- ger. On ignore quelle est positivement l'espèce, (b.) IDOLE DES NÈGRES. Nom qu'on a donné dans plu- sieurs voyageurs au Boa devin, qui est l'objet d'un culte chez quelques nations nègres. (B.) lDOTÉ,E, Wo/m. Fab. Genre de crustacés, de l'ordre des isopodes, famille des ptérygibranches, ayant pour caractères-, quatre antennes apparentes, dont les intermédiaires insérées un peu plus haut que les latérales, beaucoup plus petites, fili- forme?, de .quatre articles, et dont les latérales sétacées et composées d'un grand nombre d'articles ; quatorze pattes et toutes à crocliels; queue de trois segmens au plus, dont le tlernîer très-grand, sans aucune sorte d'appendice saillant à son exlrémiîé : son dessous offrant deux feuillets longitudi- naux, parallèles, fixés aux bords latéraux, s'ouvrant au côté intérieur comme deux battans de porte, et recouvrant les branchies, qui sont membraneuses, en foruje de sac ou de vessie et se remplissant d'air. Linnajus et Pailas ont mis ces crustacés dans le genre des cloportes, onîsais. Degeerles associe à ses squilles, et Olivier aux aselles. Fabricius, après les avoir d'abord confondus avec ses çymothoés, les en a séparés, et en a formé le genre Ido- TEA. La forme étroite et allongée de leur corps les fait ai- sément distinguer, au premier coup d'œil, du plus grand nombre des isopodes ; mais l'absence d'appendices en na- geoires ou de stylets articulés à l'extrémité postérieure de leur corps, la forme de leurs branchies et la manière dont elles sont fermées ou recouvertes, caractérisent particuliè- rement ces crustacés. Leur corps est demi-crustacé et quelquefois assez mou, souvent presque linéaire, déprimé, mais plus convexe et ar- rondi le long du milieu du dos. Il se compose d'une tête , d'un tronc, et d'une partie ternùnale, appelée queue ; la tête est de la laigeur du corps ou un peu plus étroite, presque en forme de carré transversal, souvent échancré en devant, et s'adapte au bord postérieur dans une cchancrure ou évase- ment du premier segment. Les quatre antennes sont situées à son extrémité antérieure, très-rapprochées à leur base et |)resque dans la même ligne ; les deux extérieures , tantôt r D O 93 Courtes, tantôt presque aussi longues que le corps, sont sé- tacées, arquées latéralement en arrière, et composées d'une sorte de pédoncule de quatre articles, et d une tige plus mince, sétacée, divisée en un grand nombre de petites articulations ; les deux intermédiaires, insérées très-près du côté interne et supérieur du premier article des précédentes, sont plus grêles, de moitié au moins plus courtes, filiformes ou légèrement plus menues à leur sommet, avancées, un peu arquées, et com- posées de quatre articles, dont les trois derniers presque cylindriques, ainsi que ceux du pédoncule des extérieures. Les yeux sont latéraux , peu élevés et arrondis ; leur cornée présente une multitude considérable de petites lentilles, tan- tôt en forme de petits grains, tantôt représentant une espèce de réliculation alvéolaire. La bouche est petite et fermée par le labre et les deux pieds-mâchoires, qui tiennent lieu de lèvre inférieure; elle se compose, outre ces parties, d'une languette, de deux mandibules et deux paires de mâchoires ; le labre est membraneux, avancé, arrondi en devant, et en- tier; les mandibules sont fortes, dures, blanchâtres, brusque- ment courbées et très-comprimées à leur extrémité , dont le bord interne est tranchant; leur sommité extérieure forme une dent écailleuse, dentelée elle-même transversalement sur les bords ; immédiatement au-dessous d'elle, est une autre dent presque semblable, mais un peu moins forte, et qui semble avoir été implantée dans une entaille ou sinus de cette partie de la mandibule ; les quatre mâchoires sont presque égales, linéaires, comprimées, membraneuses, un peu plus étroites et garnies de cils épineux à leur extrémité ; les deux supérieures m'ont paru avoir au côté interne une petite divi- sion ; leurs cils sont bruns ou comme écailleux; aucune d'elles n'a ni palpe ni autre appendice ; les deux pieds-mâchoires sont membraneux ou foliacés et composés de cinq articles, dont les deux inférieurs, par leur étendue et leur rapprochement, for- ment l'apparence d'une lèvre ; le premier est court et trans- versal; le second est fort grand, arqué ou arrondi au côté extérieur, et bifide à sa partie supérieure ; la division interne s'avance, en manière de languette presque triangulaire et ci- liée à son sommet ; on la prendroit pour un lobe de la lèvre ; les trois autres articles forment un corps ovale, membraneux, un peu concave à sa face interne, et qui est inséré sur le se- ^cond article, au point où commence sa fissure ; ce corps re- présente ainsi un palpe ; le cinquième ou dernier article est plus grand que les deuxprécédens, en demi-ovale, très-arrondi ou fort obtus au bout. Fabricius ayant très-mal observé ces parties, je ne pouvois me dispenser de les décrire avec détail. Le tronc occupe la majeure partie de la longueur du corps; ,oo T D 0 il est composé (le sept anneaux transversaux , presque Jganx et unis ; si l'on en excepte une seule espèce , les côtés du se- cond segment et des suivans, offrent une ligne imprimée et longitudinale ou même quelquefois une fissure qui fait alors paroître les segmens comme articulés latéralement ; les sept anneaux portent chacun en dessous, une paire de pattes ; elles sont insérées près de leurs bords latéraux, de six articles, le tubercule radical non compris, et dont plusieurs munis de poils ou de cils ; le premier se dirige vers la poitrine ; mais à sa réunion avec le suivant, la patte fait un coude , pour se porter vers le côté extérieur; le dernier est corné ou écail- îeux, et forme un crochet plus ou moins robuste, courbé et terminé par un petit onglet très-pointu , sous lequel on dé- couvre dans plusieurs , une petite soie ; les quatre dernières paires de pattes sont plus longues et dirigées en arrière ; les îjutres, ou du moins les antérieures , servent plus particuliè- rement de griffes ou de mains, lorsque l'animal saisit sa proie ou se fixe ; la queue presque aussi large à sa naissance que le tronc, est tantôt parallélogrammique, tantôt triangulaire; elle se compose de trois anneaux, dont les deux premiers très- courts , linéaires, transversaux, et dont le troisième ou der- nier fort grand et la base de celui-ci offre en dessus, de cha- /,//. ■'i. /h-, '////,•,/,■ /■ft////i///f/.i- ~. J//i>^>f .■>///..■ ///////A >•. /y. /,}/nu/,' ^i(>/i//i/ii-/iii- . 4. /:,■/■,•/>/.,:,,■ rfe Sarfvn . ',"> . /,/,>/,';• /ii,'/,r///,///,-. j-2. /.l/n^c .'/i,//,/i/,- . fig, 3; Bast. Opusc. sues. , tom. 2, tab. i3, fïg. a ; cymothoa cht- ]îpes? Fab. ; slenosoma acuminatum? Léacb. Elle est très-étroite et fort allongée; le dernier segment ou celui qui termine la queue est échancré, avec trois dents, dont une au milieu, et les deux autres formées par les angles latéraux. Elle m'a été envoyée des côtes de Noirmoutiers, ainsi que la suivante, par M. d'Orbigny. IdotÉe diodon , Idotea diodon ; sienosoma lineare , Léach ; proportionnellement plus large et moins longue que la pré- cédente ; dernier segment échancré, avec une dent à chaque angle latéral. Le dessus du corps d'un individu est d'un brun noirâtre, avec les côtés blanchâtres. B. Scgmens du corps sans divisions latérales. IdotÉe hectique, Idoiea heciîca; oniscushectlcus^VaW. Spicil. zool.^fasc. g, tab. 4-? fig- 10 ? idotea viridissima ^ Riss., Hist. nat. des criist. de Nice., pi. 3, fig. 8. Cette espèce est jusqu'ici la seule connue, dont les segmens du tronc n'ont point sur les côtés de division articulaire. L'in- dividu que j'ai de M. Risso, a un peu plus d'un pouce de long, en n'y comprenant pas les antennes ; son corps est d'un vert pâle, avec les bords tranchans et une carène aigiiële long du milieu du dos, qui finit vers la base de la queue; la tête est fortement échancrée en devant; le premier anneau est un peu plus petit que les suivans ; il a, de même que les autres anneaux du tronc, une petite ligne transverse, de cinq à six points enfoncés de chaque côté, près du bord postérieur; le segment qui termine la queue est très-échancré ou en crois- sant, avec les angles latéraux prolongés et très-pointus, en manière de dents ; les feuillets recouvrant les branchies, sont notablement plus étroits que la queue, caractère dont Pailas fait aussi mention. M. Risso dit que cette espèce habite les moyennes profondeurs de la mer. L' IdotÉe pinceau , Idotea penicillata., de cet auteur, ibid. , pi. 3, fig. 10, doit former un nouveau genre que l'on placera dans le voisinage de celui des a5e//es. Son corps est linéaire, com- posé de neuf segmens à peu près égaux, presque carrés , dont les sept premiers portent chacun une paire de pattes à cro- chets, et dont les deux autres forment la queue ; le dernier se termine par deux filets longs et soveux, et a de chaque côté un appendice en forme de lame, avec les bords ciliés ; la tête est avancée en pointe obtuse, avec les quatre antennes séla- cées, courtes et presque égales ; le corps est d'un vert gri- sâtre, finement pointillé de brun. Quelques idoiées de Fabricius (/)5o/a , ;?^yjot/«), doivent cire reportées avec les cymothoës. Je ne connois point Tidot^e io6 I F à bandes, vlttala de M. Bosc, ni celle que M. Rîsso nomme lanciforme , ihid. , pi. 3 , fig. 1 1. (l.) IPUMULLI des Malabares. V. Patsjotti. (ln.) lEBLE ou HIÈBLE. Espèce du genre Sureau, (lk) lELEN. Nom polonais du Cerf, (desm.") lELLA. V. Enola. (ln.) lELLOO. C'est ainsi que les Mongous nomment le Gy- paète des Alpes. V. Phène. (v.) lEMURANKA, lEVRASCHKA, AVRASCHKA , Noms de la Marmotte souslic , en Sibérie, (desm.) lEN-CHI-HOA. Nom donné, en Chine, à la Belle-de- nuit {mirabilis jalapa, L. ). (ln.) lENA. L'Hyène en italien, (desm.) lÉNITE ou JENITE. Substance minérale, sur laquelle M. Lelièvre, de l'académie royale des sciences, a le premier attiré l'attention des minéralogistes, et dont la place dans la méthode n'est pas définitivement fixée , les uns la regardant comme une pierre, et les autres comme une espèce particu- lière du genre Fer. Les minéralogistes étrangers la nomment Leliéorile. V. Yénite. (luc.) lERAX PHALLOPHENOS. Nom grec de I'Autour. lERANZUNI DI CANDIA. Nom sous lequel est connu, en Italie, le Lotier comestible {^lotus edulis^ L. ). (ln.) lERBOA, IERBOAH,YERBOAouYERBUA. Voyez Gerboise Gerbo. (desm.) lERVA MORA. V. Bosée. (ln.) lESCE. Nom que les Africains donnoient au GÉRANION mentionné par Dioscoride. (ln.) lESH'. Nom du Hérisson, en Russie, (desm.) lEUSE. V. Yeuse et l'article Chêne, (ln.) IF, Taxus, Linn. {dioécie monadelphie). Arbre de la fa- mille des conifères, toujours vert, d'un aspect triste, qui par »es caractères génériques, a des rapports avec le genévrier, et quelque ressemblance par son feuillage avec le sapin. Il vient naturellement en Europe, dans les lieux âpres et montagneux, et on le cultive pour en orner les bosquets d'hiver et les grands jardins. Sa hauteur, quand on le laisse croître, est de vingt- cinq à trente pieds. Son tronc droit et obscurément rougeàtre acquiert environ un pied de diamètre, etparoît le plus souvent comme dépouillé de son écorce. Ce tronc soutient une cime assez ample, fort rameuse et bien garnie de feuilles entières, petites, étroites, de couleur foncée, très-rapprochées les unes des autres, et disposées sur deux côtés opposés. Lesfruits , d'un rouge vif dans leur maturit é,restent long-temps sur l'arbre avant IF ,07 Je tomber ; ce sont de petites baies ovales et mucilagîneuses , dont la pulpe a une saveur douce, et dont le noyau n'est re- couvert que jusqu'aux deux tiers de sa longueur : il contient une semence charnue et légèrement amère. Les fleurs que porte cet arbre sont unisexuelles, et dé- pourvues de corolles. Elles sortent en grappes sur les côtés des branches , et paroissent à la fin de mai. Les fleurs mâles et les femelles, selon Lamarck, naissent sur le même indi- vidu, quoique rarement sur la même branche. Suivant Lin— nseus et Hailer, elles viennent sur des pieds différens. Les premières ont un calice formé de quatre à sept écailles orbi- culaires et concaves , et plusieurs étamines dont les filets , réunis en colonnes, portent des anthères d'abord arrondies, mais qui, après rémission de leur poussière, prennent la forme d'un bouclier, et ont leur bord partagé en sept à huit lobes peu profonds. Les secondes sont pourvues d'up calice semblable à celui des fleurs mâles, mais plus petit, et d'un ovaire ovoïde, sans style, ayant à son sommet un trou tenant lieu de stigmate. C'est la partie extérieure de cet ovaire qui forme dans la suite le péricarpe charnu, dont le noyau est incomplètement enveloppé ; et Touverture que le péricarpe offre au sommet, et qui laisse voir le noyau, représentant comme un gland dans sa capsule , est le trou même du sommet de l'ovaire, qui s'est agrandi pendant la formation du fruit. L'if forme un genre dont on ne connoît jusqu'à présent que huit à dix espèces. Celle que je viens de décrire est I'If com- mun ou d'EuROPE, Taxus haccaia^ Linn. Cet arbre croît lentement , et vit très-long-temps. Quelquefois il parvient à une grosseur très - considérable. Autrefois on ne le laissoit jamais croître en liberté. Comme il est touffu, et qu'il se tond aisément, on le tailloit de cent manières; on lui donnoit cent formes différentes , plus bizarres les unes que les autres. Ce goût dépravé éloit général. L'if envahissoit tous \t^ grands jardins par la quantité de plants qu'on y admettoil ; il y tenoit la place d'arbres ou d'ar- brisseaux plus agréables; il masquoit les habitations, et pré- sentoit sans cesse à l'œil une masse sombre de verdure d'une uniformité ennuyeuse. Il est peu d'arbres verts qui aient été plus tourmentés que celui-ci par le ciseau du jardinier. Cet usage existe encore en Flandre et en Hollande. On y voit de très-grands ifs représentant des figures colossales, des ani- maux, des globes, des tours, des girandoles, des guerriers ar- més, des chasseurs avec leurs fusils, des hommes fumant leur pipe, etc. En France, il y a long-temps que ce mauvais goût ne règne plus. On y abandonne l'if à lui même, mais l'if y est devenu rare. »o8 I F Après ravoir proscrit des jardins, et même des taillis, on ne s'est point occupé d'en repeupler les forêts. Cependant, c'est un arbre précieux et très-estimé pour la bonté de sou bois, qui est dur, flexible, élastique, fendant et incorruptible. Il le dispute au buis pour le tour, et il est préférable à tout autre bois pour la conduite des eaux et dans le charronnage. Les rameaux d'if font des échalas qui peuvent durer trente ans. Les arcs les plus estimés chez les anciens étoient faits de Gé bois. Cependant, il se tourmente beaucoup ; mais il perd ce défaut par un long séjour dans la vase ou dans l'eau. « C'est, dit Fenille, le plus beau des bois indigènes que les ébénistes puissent employer pour le placage et la marqueterie. Il souffre la comparaison avec la plupart des bois que nous faisons venir à grands frais des Indes pour le même objet. La couche peu épaisse de son aubier, d'un blanc éclatant et très- dur, recouvre un bois plus dur encore, plein, sans pores ap- parens, qui reçoit le poli le plus vif et d'un beau rouge orangé. Sa couleur est d'autant plus foncée, que l'arbre est plus âgé. Elle tire plus sur l'orangé que sur le rouge. Lorsque ce bois est nouvellement employé , l'air et la lumière, en le rembrunis- sant, l'embellissent. 'c Le hasard m'a fait découvrir ( c'est Fenille qui parle) qu'on pouvoit aisément lui donner la couleur d'un pourpre violet assez vif, qui le rapproche encore plus de la beauté du bois des Indes. L'artifice consiste à en faire immerger des tablettes très-minces, que l'ébéniste appelle des feuilles, dans l'eau d'un bassin pendant quelques mois. Cette opération , infiniment simple , développe sa partie colorante au point de produire le changement avantageux que j'annonce. La couleur pénètre le bois assez profondément pour que l'outil ne l'en- lève pas, au travail qui suit le placage . L'opé ration réussit mieux et plus promptement si le bois immergé a toute sa sève. >• Le bois d'if pèse sec soixante-une livres sept onces deux gros par pied cube. Les oiseleurs font, avec l'écorce de cet arbre, une glu pour la pipée. On multiplie les ifs en semant leurs baies en automne aussitôt qu'elles sont mûres, et sans les dépouiller de leur pulpe. On doit les semer à l'ombre dans une terre fraîche et sans fumier, et les recouvrir de six lignes environ de même terre. Au printemps, si la saison est sèche, on arrose le semis de temps en temps pour hâter la germination des semences, plusieurs d'entre elles pousseront alors; mais beaucoup res- teront dans la terre jusqu'à l'automne, et même jusqu'au prin- temps suivant. Le sol où croissent les jeunes plants doit être sarclé avec soin. On peut les laisser deux ans dans le semis; I G E ,09 après ce temps, on les met en pépinière, où ils peuvent res- ter deux ou trois ans, avant d'être placés à demeure. On multiplie encore l'if par marcottes et par boutures. La multiplicité de ses racines est très-nuisible aux plantes de son voisinage. Rozier rapporte que des arbres fruitiers plantés dans un terrain d'où on avoit arraché des ifs qui le couvroient, y ont très-mal réussi pendant plus de vingt ans ; quoiqu'on en plantât sans cesse de nouveaux , ils étoient tous foibles et ianguissans. Le terrain, ajoute-t-il, auroit demandé à être entièrement renouvelé. L'If du Cap, Taxas capensis , Lam. , à feuilles longues , cparses , sessiles , linéaires , plus grandes et moins rappro- chées que dans l'if d'Europe ; à fruits ovoïdes et 'glabres, gros comme ceux du groseillier épineux, sans ouverture à leur sommet ; à pédoncules axillaires et solitaires , terminés chacun par un réceptacle épaissi qui soutient fe fruit. Cet if est du Cap de Bonne-Espérance ; il y forme un arbre mé- diocre ou un arbrisseau. L'If du Japon, Taxas nudfera^ Linn. On le distingue des précédens, parce que son fruit n'a ni le noyau découvert en partie comme dans Vif d'Europe , ni de réceptacle particulier qui le soutienne , comme dans Vif du Cap. On sert ce fruit sur les tables au Japon ; et on en retire une huile employée dans l'apprêt des viandes. Cette espèce pourroitêtre placée dans le genre Podocarpe. L'If A GRANDES FEUILLES , Taotus macrophylla., Linn. Grand arbre qui croît aussi au Japon, dont les feuilles sont solitaires, lancéolées et ouvertes, les fleurs dioïques et axillaires , et les baies grosses comme un pois. Le bois de cet if est estimé. Comme il est blanc, léger et à l'épreuve des vers et de la pour- riture , on en fait des coffres et d'autres vaisseaux analogues. L'If verticillÉ , Taxas verticillaia, Linn., qui se trouve dans le même pays, et dont le caractère spécifique est d'a- voir les feuilles verticillées et arquées en faux, (d.) IF. Coquille du genre Cérite. C'est le marex aculeatus de Linnseus. (B.) IFVETAU. C'est un jeune If, ou le nom de l'if lui- même dans quelques parties de la France, (ln.) IGEL. Nom allemand du Hérisson, (desm.) IGELBJORK. C'est le Bouleau nain , en Norvvége. (b). IGELKLÉE. Nom allemand de la Lampourde (^xan- ihium stumarium ). (ln.) IGELKRAUT. La Benoîte {geum urbanum) porte c^ nom en Allemagne , à cause de ses fruits hérissés, (ln.) IGELSKOLBEN et Igelknospen. Noms du RuBAJSiEa ispai-ganium) en Allemagne, (ln.) I G N IGILMA, Nom du macareux mkchagatchî ^ ixtc les côtes du grand golfe d Ochotsk. (v.) KtLE. C'est le Rossolis (^droseraroiundifoUa'), enNorvvége. (LN.) KiLEGRAES, C'est , en Norwége et en Danemarck , un nom commun à la Pédiculaire des marais , à la Petite Douve, et à I'Anthéric cossifrage. (ln.) IGLITE ou Igloïte. Variété A' aragonite , découverte par Esmark dans la vallée d'Iglo , en Hongrie, et qu'il avoit re- gardée d'abord comme une substance particulière, (luc.) IGLOÏTE. V. ci-dessus, (luc.) IGNAME , Dioscorea Linn. (dioécie hexandrie. Genre de jplantes à un seul cotylédon , de la famille des smilacées ou mieux des dioscoridées, dans lequel les fleurs sontunisexuelles; les mâles et les femelles naissent sur différens pieds, ont un calice , et manquent de corolle à six divisions. Dans les fleurs mâles, on trouve six étamines, courtes , velues , à anthères simples. Les fleurs femelles ont un très-petit ovaire à trois angles , surmonté d'un même nombre de styles. Le fruit est une capsule triangulaire à trois cellules , qui s'ouvre en trois valves, et qui renferme dans chaque cellule deux semences comprimées , et bordées d'une large membrane. On a établi le genre Ubion aux dépens de celui-ci. Les ignames sont des herbes exotiques, la plupart à racine tu- béreuse ; leurs tiges grimpent et s'entortillent à gauche autour des plantes voisines; leurs feuilles sont alternes ou quelque- fois opposées , et leurs fleurs , qui sont très-petites , viennent sur des grappes axillaires. Ce genre comprend dix-sept à dix-huit espèces; quelques- unes sont mal déterminées. Je ne fais mention ici que des es- pèces utiles , et dont les racines se mangent. La plus intéressante de toutes à cet égard est I'Igname ai- lée, Diosroieaalafa, Linn., qui croît naturellement aux Indes orientales, entre les tropiques, et qu'on doit regarder com- me la véritable igname alimentaire. Elle est figurée pi. E 17 de ce Dictionnaire. L'espèce que Linnseus et Mille.r appellent dioscorea saiwa\ et celle qui existe au Jardin des Plantes de Paris sous le mê- me nom, ne sont point l'igname cultivée dans les deux In- des et en Afrique j pour l'ulillté de sa racine. Le dioscorea sa- iîm du Muséum subsiste en pleine terre dans nos climats, et f»ar conséquent ne peut être originaire des pays situés sous a zone torride. La description du dioscorea sativa de Lin- iiseus est confuse, et accompagnée de synonymies qui sem-. blcnt désigner plusieurs plantes différentes^ au lieu d'une. T G N 1,1 On distingue aisément Vîgname ailée à sa tige qui est grim- pante ou rampante , longue de plus de six pieds, quadran- gulaire , et munie sur ses angles de membranes crépues et rougeâtres. Il naît souvent à la partie supérieure de «ette tige des bulbes sessiles , qui ont la faculté de propager la plante. Les feuilles sont en cœur, opposées, pointues, lisses , à sept nervures ; et les fleurs petites et jaunâtres , nais- sent vers les sommités des tiges. Elle est figurée dan;^ Rum- phius , vol. 5, tab. 120, 121, 122, 128 et i25. Cette igname aune racine aussi grosse que la jambe, très- longue , de forme irrégulière , et qui pèse quelquefois jusqu'à trente livres; elle est d un brun sale en dehors, mais blanche, ou tant soit peu violette en dedans, et très-farineuse. On la fait cuire à l'eau ou sous la cendre , et on en fait usage en place de pain. Elle n'a pas beaucoup de saveur , mais elle est nourrissante et en même temps légère à l'estomac ; on peut «en manger beaucoup sans en être incommodé. C'est par celte racine coupée en morceaux, auxquels on laisse un œil, qu'on multiplie ordinairement la plante; chaque morceau produit trois ou quatre grosses racines , qu'on laisse six ou huit mois en terre. Uigname ailée est aujourd'hui très-commune dans nos colonies occidentales. On soupçonne qu'elle a été ap- portée des Grandes-Indes en Amérique , parce qu'elle n'a été trouvée dans aucune partie de ce dernier continent -, peut- être aussi cette plante a -t-elle été introduite dans nos îles par les nègres venus d'Afrique. Elle est aussi cultivée dans les îles de la mer du Sud , au rapport de Cook , et y forme un des principaux articles de subsistance. On connoît trois autres espèces d'ignames utiles , savoir : L'Igname du japon, Dioscorea japonica , Linn. , qui croît dans ce pays , près de Nagasaki. Elle fleurit en septembre , et ses fleurs viennent aux aisselles des feuilles sur des épis plus longs qu'elles et solitaires, ou réunis deux à deux. Les feuilles sont opposées y en cœur , pointues , et à neuf nervures. L'Igname bulbifère croît naturellement dans les îles de l'Inde , où on mange sa racine et les bulbes qui se dévelop- pent à l'aisselle de ses feuilles. L'Igname a trois feuilles , Dioscorea triphylla, Linn. , qu'on trouve aux Indes orientales. Elle a des capsules et des feuilles alternes composées de trois folioles disposées comme celles des haricots. Ces deux ignames ont des racines tubéreuses , qu'on mange après les avoir fait cuire. Neuf espèces nouvelles de ce genre , sont mentionnées IGU dansTouvrage âe MM. Humboldt,Bonplancl etKunlh , sur les plantes de l'Amérique méridionale, (d.) IGNAME d'Egypte. C'est la Colocase. (ln.) IGNARUCU. Nom brasilien de I'Iguane, F. ce mot. (s.) IGNATIANA. Ce genre de Loureiro est le même que ricNATiAde Lin nœus fils. V. Ignatie. (ln.) IGNATIE, /^Tzrt^/a. Arbre très-rameux, dont les rameaux sont grimpans , les feuilles opposées , pétiolées , très-glabres et très-entières, les fleurs penchées et disposées trois par trois , ou cinq par cinq , sur des panicules axillaires , et qui forme seul un genre dans la pentandrie monogynie. Ce genre a pour caractères : un calice à cinq dents; une co- rolle très-longue et infundibuliforme; cinq étamines; un ovaire terminé par un style simple ; un drupe ovale , uniloculaire , de la grandeur et de la forme d'une poire de bon chrétien , et contenantplusieurs semences irrégulières et anguleuses. Cet arbrô, qui se rapproche beaucoup desVoMiQUES, croît dans l'Inde; ses fleurs ont l'odeur du jasmin, et son écorce ainsi que ses feuilles sont amères. Ses semences sont toniques, diaphorétiques, emménagogues et anthelminti- ques. Elles sont employées dans l'apoplexie pituiteuse , la colique , la cardialgie , les fièvres intermittentes et la sup- pression des règles. Lorsqu'on en prend en santé une trop forte dose , on tombe dans l'état que produit I'Opium. C'est cette semence que les jésuites ont beaucoup vantée sous le nom àefève de saint Ignace^ mais dont on ne fait pas usage en Europe, (b.) IGUANE , Iguana. Genre de reptiles de la famille des Lézards , dont le caractère consiste à avoir quatre pattes à cinq doigts longs , inégaux et libres ; un corps comprimé , garni de petites écailles ; une gorge goitreuse ou dilatable ; des trous auditifs visibles à l'extérieur; une langue libre, courte et entière. Les iguanes faisoient partie des lézards de Linnaeus ; mais ils ont toujours été fort bien distingués par les habitans des pays où on les rencontre , à raison de leur forme et de leur ma- nière de vivre. Ils se rapprochent un peu des caméléons par leur corps comprimé, leur gorge renflj;e, et la faculté dont ils jouissent de changer de couleur; mais ils en diffèrent par leur tête , leurs pattes , leur queue , etc. Ils sont d'ailleurs aussi agiles et aussi élégans que les caméléons sont lourds et mal proportionnés. Les iguanes, quoique tous pourvus des caractères génériques ci-dessus , diffèrent entre eux d'une manière assez marquée pour qu'il soit facile de leur en donner de secondaires ; aussi I G U xi3 Daudin a-t-il formé à leurs dépens, ses genres Basilic, Mar- bré , Anolis et Agames, de sorte que, selon lui, les iguanes ne sont qu'au nombre de trois -, mais les autres auteurs en recon- noissent plus de vingt, dont les plus remarquables sont: L'Iguane vulgaire , Lacerta iguana , Linn. , a une crête sous la gorge et une autre tout le long du dos , jusqu'à Tex- trémité de la queue , Voyez pi. E 5 où il est figuré. Il se trouve dans TAmérique méridionale , et dans les îles qui en dépendent; sa longueur est de quatre à six pieds, dont la queue fait un peu plus de la moitié. Sa têle est comprimée sur les côtés, aplatie en dessous, recouverte par de grandes plaques , armée de mâchoires et de dénis aiguës; le dessous du cou est muni d'un énorme goîlre , les écailles de la crête de ce goitre sont colorées; celles de la croie supérieure sont aiguës , très- longues sur le dos , et plus courles sur la queue qui est ronde. Tout le rcsle de la peau est revêlu de petites écailles lisses, excepté celles da dos qui sont surmontées d'une arête. Sous chaque cuisse , il y a une rangée de quinze tubercules. Ses couleurs sont très- variables ; cepen- dant le vert mêlé de jaune y domine le plus souvent. 11 y a aussi des iguanes gris , d'autres bleus , d'autres panachés de toutes ces couleurs. Ces variations tiennent aux mêmes causes que celles des Caméléons. Le mâle de l'iguane, lorsqu'il est en amour, redresse avec grâce les longues écailles de sa crête, gonfle fortement son goitre, se promène avec vivacité , en faisant entendre un sif- ilenient monotone. La femelle est plus gr.osse et dépose ses œufs, qui sont de la taille de ceux des pigeons , et au nombre de quinze à trente, dans le sal)le, où la chaleur du soleil les fait cclore. On dit que le mâle de l'iguane fouette sa femelle avec sa queue pour l'exciter à la copulation. J'ignore jusqu'à quel point ce fait est constaté ; mais l'.inalogie ne permet pas de nier sa possibilité. Cet animal se tient habituellement sur les arbres , se nour- rit principalement d'insectes , sur lesquels il sélance avec une grande rapidité. Calesby dit que dans le printemps il mange des feuilles et des fleurs du Fromager mahot ( V; ce mot), dans l'automne , les fruits à'anones ou d'autres et que sa graisse prend la couleur des substances qu'il a mangées en dernier. 11 descend souvent des arbres pour al- ler chercher des vers de terre et de peliis reptiles qu'il avale sans les mâcher. La chair des iguanec passe pour un des plus excellens mets qu'on puisse offrir à la sensualité de Thomme. On en fait une consommation telle, dans les parties chaudes de l'Amérique, XVI. b „4 I G U que le nombre de ces animaux en est considérablement âi-> uiinué , dans les îles surtout. On l'assaisonne en fricassée , soit au gras , soit au maigre. La chasse des iguanes est un état fructueux dans quelques colonies. On dresse des chiens à les chercher et à les pour- suivre , et lorsqu'il y en a un de découvert, le chasseur, qui porte une longue perche terminée par un lacs de ficelle , cher- che à l'amuser en sifflant, s'en approche, chatouille les par- ties visibles de son corps avec le bout de sa perche , et lors- que l'iguane a assez écarté sa tête de la branche où il est placé , pour espérer que le lacs pourra embrasser son cou , il le lui jette et le fait tomber à terre. Aussitôt il met le pied sur son corps , lui attache les pattes et la gueule , de manière à l'empêcher de mordre ou d'égratigner, et il l'emporte en vie. On les prend aussi à la main, quand ils sont à terre ou sur des buissons. Ils se laissent approcher avec confiance dans ce cas, et ce n'est que lorsqu'ils sont saisis, qu'ils s'irritent , gonflent leur gorge, et cherchent à mordre. Aussi faut-il de la force et du sang-froid pour s'en emparer. Ils ne craignent point les coups de bâton , et le seul moyen de les faire mou- rir lorsqu'on n'a point d'armes , c'est de leur enfoncer une longue épine dans les narines. On les tue rarement à coup de fusil , la balle glissant pres- que toujours sur leurs écailles qui sont dures et lisses. Il n'y a guère que les aînés où elle puisse entrer facilement, et ce lieu n'est point toujours facile à ajuster. Les iguanes s'apprivoisent assez facilement, même lors- qu'ils ont été pris déjà vieux. Beaucoup de colons en tiennent dans leurs jardins pour en régaler leurs amis dans des visites imprévues. Quand ils se promènent , ils dardent souvent leur langue. Ils chassent la nuit comme le jour. On trouve quelquefois dans l'estomac des iguanes des bé- zoards , qui ont joui partout, et qui jouissent même en- core dans l'Inde, de la plus grande réputation. On leur at- tribuoit, à un plus haut degré , toutes les vertus prétendues des autres bézoards , et on les payoit, en conséquence, des prix énormes. Aujourd'hui on n'en fait plus aucun cas en Eu- rope. F. au mot Bézoârd. On trouve des iguanes en Asie , en Afrique et en Amé- rique ; mais il est douteux si ceux de l'Asie et de l'Afrique sont les mêmes que celui d'Amérique , auquel se rapporte tout ce qu'on vient de lire. L'Iguane basilic a une espèce de capuchon sur la tête ; sa crête dorsale ne s'étend que jusqu'au milieu de sa queue. I G U i,5 Il se trouve au Brésil. Sa grandeur totale est de deux à trois pieds. Il sert de type au genre Basflic de Daudin. L'Iguane galéote, Laceria calotes , Linn. , a la queue ronde , trois fois plus longue que le corps, une crête compo- sée d'écaillés épineuses sur la partie antérieure du dos, une tête large et postérieurement dentée. Voyez pi. E 5 où il est figuré, lise trouve en Asie, en Africjue , et même en Espagne. La longueur de son corps est de quatre pouces , et celle de sa queue d'un pied. Ses écailles sont rhomboïdales et carénées. Sa couleur est un bleu clair avec des bandes transversales blanches. Il vit volontiers autour des habita- tions , dans les maisons, courant sur les loils^ et attrapant les araignées et même les souris. L'Iguane marbré, Iguana marmorata , a la queue trois fois plus longue que le corps , la gorge légèrement goitreuse avec un pli denté en scie , et le dos lisse. Voyez pi. Ë 5 où il est figuré. Il se trouve dans les mêmes pays que les précé- dents. Sa tête est dun gris verdâtre , et son corps d'un cen- dré rougeâtre , marbré de bai foncé ; le dessous est gris. 11 est de la grandeur du précédent , et constitue aujourd hui le genre Marbré. L'Iguane d'Amboine , Iguana anihoniensis ^ a une crête dorsale , et une tête quadrangulaire , avec une écaille convexe dans son milieu. U se trouve à Amboine. Sa longueur est d'un pied, et celle de sa queue est de deux. Il a un goître et des écailles quadrangulaires. Sa couleur est verdâtre avec des* lignes blanches sur la tête et le cou. Il se nourrit de fruits. Il habile de préférence dans les lieux aquatiques , et se jette dans l'eau dès qu'il a quelque chose à craindre. Il nage avec là plus grande facilité. Sa chair passe pour supérieure en qualité à celle de Yiguane commun, et on lui fait en conséquence une guerre perpétuelle. Il est encore plus doux que ce dernier, car il se laisse prendre à la main sans chercher à se défendre. î)aubenton l'a appelé le porle-crête et le lézard deJam, Il entre dans le genre Basilic de Daudin. L'Iguane bimaculè a la queue une fois plus longue que le corps , légèrement carénée en dessus , et les doigts lobés. Il se trouve en Amérique. On le connaît dans nos colonies sous le nom de rùquei. La longueur de son corps est de deux pouces et demi. Il est bleu verdâtre, tacheté de noir, aveè deux plus grandes taches également noires sur les épaules. C'est sur les arbres qu'il se tient le plus habituellement le jour, et c'est dans leurs trous qu'il se cache lorsqu il fait froid. Il fait entendre quelquefois un petit sifliement. Brongniart éroit que le iaceria principalis de Linnseus doit lui être réuûi. ii6 II A On le voit figuré par Sparmann , dans les nouveaux Actes de Stockholm^ année 1784.. C'est le type du genre Anolis de Daudin. V. au mot Anolis. L'Iguane rouge-gorge, Larerta fm/laris, Linn. , a la queue un peu plus longue que le corps, les doigts lobés et le corps verdâtre , avec une rangée de petites taches brunes le long du dos. F', pi. E 5 où il est figuré. Il se trouve en Amé- rique. Sa longueur totale est d'environ quatre pouces. Je l'ai fréquemment observé en Caroline, et j'ai remarqué qu'il change de couleur selon qu'il fait chaud ou qu'il fait froid , selon qu'il est tranquille ou agité, positivement comme le Caméléon. Il vit sur les arbres , courant et sautant fort les- tement de branche en branche , et prenant avec une grande dextérité les mouches et autres insectes qui passent à sa portée. Il est d'un naturel fort doux ; on peut le prendre et jouer avec lui sans qu'il s'en inquiète ; mais lorsqu'on le blesse ou qu'on le relient contre son gré , il se met en colère , prend la couleur bleue, enfie sa gorge qui devient alors rouge , et fait entendre une espèce de grognement foible assez singulier. Pendant Ihiver il est tout gris , foible , triste , et n'est plus susceptible de changer de couleur. On l'appelle ano/is dans les colonies françaises des Antilles ; aussi Daudin l'a-t-il placé dans son genre de ce nom. C'est le goitreux de Daubenton, et encore le lacetia strumosa de Llnnœus. On voit dans Seba , dix-huit espèces à'i'guanes différentes de celles qui viennent d'être mentionnées, mais sur lesquelles on n'a que des renseignemens très-circonscrits ou très-incer- tains. En général , ce genre , si intéressant sous plusieurs rapports, est un des plus obscurs de sa classe. Il faudroit que quelques voyageurs voulussent bien s'occuper parllcullère- tnent de son étude , dans les pays même où se trouvent les es- îpèces qui le composent, (b.) IGUANIENS. Famille établie par Cuvier dans l'ordre des Sauriens. Elle renferme les genres Stellion, dont les sous-genres sont : Cordyle, et Fouette-queue; Agame, dont les sous-genres sont : Changeant, Galéote, Loph\re; les Basilics, les Dragons, les Iguanes et les Marbrés, qui n'ont point de sous genres. V. Erpétologie, (b ) IGUANOÏDES. Blainville donne ce nom aux Reptiles qui entrent dans le genre Iguane. F. LeZard. (b.) lIAlMBO.Nombraslllen d'un arbrisseau hérissé d'épines très-petites , garni de feuilles semblables à celles du citron- nier, et portant des fruits presque ronds , jaunâtres en dehors, blancs en dedans , ainsi que les pépins qu il contient. Ce fruit est porté sur un long pédicule, (ln.) E . 6 . 2 . Ja/if/c\f . l) . Jarls ; ainsi Ton trouve des îles dans les rivières , dans les acs, et surtout dans la mer. Le fond de la mer offre les mêmes inégalités que la surr face des conlinens , et les îles ne sont autre chose que les jnontngnes et autres portions de terre plus élevées que les plaineset les vallées sous-marines dont elles sont environnées. Toutes nos montagnes ont formé jadis des îles lorsque l'O- céan couvroit encore les plaines de l'Europe : elles devinrent plus nombreuses et plus étendues à mesure que , par sa di- minution graduelle , l'Océan s'abaissa à la hauteur des col- lines. Alors le nombre des îles diminua , attendu que les espaces qui séparoiept les îles les unes des autres , venant à se trouver à sec , plusieurs îles furent réunies en une seule ; et enfin l'Océan venant à se retirer toul-à-fait de dessus de vastes pays , ils n'offrirent plus aiicune île , et ils formèrent un continent : tel f^t d'abord le continent de l'Asie , dont la parlie centrale es^, le point le plus élevé du globe. Les îles peuvent être formées de deux manières, ou par. le simple abaissement des eaux qui met à découvert des som- mets de montagnes soumarines , ou par l'effort des vagues qui coupent une langue de terre qui joignoit une presqu'île au continent. Si l'action des flots , ou toute autre chose , çoupoit l'isthme de Suez, ou Tisthme de Panama, ou l'isthme de Corinthe, alors la Morée , l'Amérique méridionale et l'Afrique seroient des îles. L'Angleterre étoit jadis attachée au sol de la France , ainsi que l'attestent évidemment les couches calcaires horizontales qu'on observe sur les côtes opposées des deux contrées , qui se correspondent parfaitement , et qui , dans le principe , formoient une suite non interrompue; mais les courans qui, d'une part , venoient du nord-est , entre l'Allemagne et l'Angleterre , et du sud-ouest entre la Bretagne et la chaînç de montagnes de Cornouaille , corrodoient continuellement de part et d'autre l'islhme qui réunissoit l'Angleterre à la France, et ont fini par creuser, à la place de cet isthme, le canal qu'on nomme le Pas-de-Calais. C'est la même cause qui a formé les nombreuses îles de la XCitv des Indes. Ce sont les courans généraux de l'Océan, qui , en même temps , cxcavoient les yastes golfes dont les côtes méridionales de l'Asie sont découpées , et creusoient des canaux autour des ierrains élevés qui forment aujourd'hui les îles de 1 archipel indien ; ils ouvroient les détroits de la Sonde , de Banca , et autres qui séparent des terrains que la çature avoit jadis réunis, Mais la diminution graduelle de U ILE 1 1 fj mer finira par réunir ces mêmes contrées que ses courans ont séparées. Cet abaissement de la mer produit deux effets qui pa- roissent contraires , puisque tantôt il augmente et liintôt H. diminue le nombre des îles ; mais cet effet est réellement le même , puisqu'il ne consiste qu'à découvrir des terrains qui étoient submergés , et dont les uns , par leur apparition aii- dessus des eaux , servent à joindre des îles au continent , ou à *en réunir plusieurs en une seule ; et les autres forment des îles nouvelles en montrant quelques sommets de montagnes qui étoient précédemment couverts d'eau. Nous avons des exemples assez récens de ces deux effets : du temps de Pline on ne comptoit que sept îles éoliennes (que nous nommons îles de Liparî) , quelques siècles après il y en avoit neuf ; aujourd'hui il en existe douze , et l'on voit une multitude de rochers à fleur d'eau qui , dans les siè- cles à venir, formeront encore de nouvelles îles. La plus grande pyramide d'Egypte nous offre un exemple de l'effet contraire : lorsque Hérodote voyageoit dans cette contrée , environ 5oo ans avant l'ère vulgaire , cette pyra- mide se trouvoit dans une île, où l'on n'arrlvoit que par Je moyen d'une chaussée construite à cet effet. Cet historien , témoin oculaire , est d'autant plus croyable sur ce fait , que la description même qu'il donne de cette pyramide, se trouve parfaitement exacte ; et d'ailleurs on voit que la mer a, de- puis ces temps anciens, abandonné une portion considérable du Delta, puisque, dans le temps du siège de Troie , l'île de Pharos, oùestle phare d'Alexandrie , étoit considérablenient plus éloignée du rivage qu'elle ne l'est aujourd'hui. Ainsi le Nil , dont l'élévation étoit proportionnée à celle de la mer^ formoit alors une île du terrain où est la pyramide ; et à me- sure que la mer s'est abaissée , le fleuve lui-même s'est re- tiré , et ce terrain , demeuré à découvert , s'est trouvé réuni aux terrains envlronnans , et a cessé de former une île. D'après les observations de Spallanzani , le détroit de Messine diminue graduellement en profondeur et en étendue, et il y a lieu de croire , suivant cet observateur , qu'un jour la Sicile cessera d'être une île et se trouvera réunie à la Calabre. Il en sera de même de toutes les îles voisines des côtes qui n'en sont séparées que par des détroits peu profonds. Buffon pensolt qu'on ne tçouvoit un grand nombre d'îles que dans le voisinage des contlnens, et qu'il étoit fort rare d'en rencontrer dans la haute mer. Il est , en effet, naturel de penser que les chaînes de montagnes des contlnens qui se prolongent dans la mer , doivent y former une suite d'îles ^ leurs sommets qui s'élèvent au-dessus de la surfaee àtÀ I20 ILE eaux. Mais il n'en est pas moins vrai qu'il exisle aussi de très- puissantes chaînes de montagnes dans le bassin même de rCJcéan , et que les sommets de ces montagnes qui se mon- trent au jour , sont beaucoup plus nombreux qu'on ne Tavoit cru d'abord. Les voyages de découvertes , entrepris depuis un assez petit nombre d'années par de célèbres navigateurs, en ont fait connoîlre une foule dont on ne soupçonnoit pas l'existence, et qui se trouvent, ou disséminées, ou rassem- blées en archipel dans la vaste étendue de la mer du Sud. C'est là qu'existe la Nouvelle-Hollande, la plus grande de toutes les îles , dont on n'avoit précédemment aperçu que quelques portions avancées, et qu'on a reconnu pour ne for- mer qu'une île immense à peu près aussi grande que l'Eu- rope enlière, et que, pour cette raison , l'on doit plutôt con- sidérer comme un continent que comme une île. Indépendamment des îles qui ont été formées par la re- traite des eaux ou par leur séparation d'avec le continent , il y en a quelques-unes qui sont formées subitement par les volcans sous-marins. Mais il ne faut pas penser, comme on le faisoit autrefois , que c'éloit le fond même de la mer qui , soulevé par les feux souterrrains, venoit se montrer au jour. Cette étrange supposition étoit fondée sur les idées absolu- ment fausses qu'on avoit de la cause et de la nature de ces feux. Mais des observations plus exactes nous ont appris que ces îles volcaniques ont été formées de la même ma- nière que le Monte-Nuovo , près du Vésuve, et le Monte- Rosso sur la base de l'Etna , c'est-à-dire , par la seule accu- mulation des matières vomies de l'intérieur même du vol- can ; et comme elles n'ont point de noyau solide, et que les matières dont elles sont composées sont presque toutes in- cobérentcs , elles ne peuvent long-temps résister à l'action des flots , et ne tardent pas à disparoître, comme on l'a vu dans les îles qui se sont montrées momentanément auprès de l'Islande et de Santorin. 11 y a néanmoins des îles qui ne présentent absolument que des matières volcaniques, el qui néanmoins existent de temps immémorial ; mais il est infiniment probable qu'elles ont un noyau de roche primitive ; ainsi, quand parmi les îles éoîiennes, on en voit qui n'offrent que des produits volca- niques, tandis que les autres sont en partie formées d'an- ciennes roches, on peut juger, par analogie, qu'elles ont toutes un noyau semblable. C'est un fait très-remarquable en géologie , que presque toutes les îles ont des volcans , soit éteints , soit encore en activiié. Mais on cessera d'être surpris de ce phénomène , ^uand on aura reconnu que c'est surtout de la mer que les T T. E 121 volcans tirent leur aliment, ainsi que je le prouve dans la nouvelle théorie que j'ai donnée de ces grands phénomènes. F. Tarlicle Volcan et ceux qui y ont rapport. J'observerai, relativement aux îles de la mer du Sud, que, d'après la théorie des marées, T Océan doit avoir plu- sieurs lieues de profondeur , ainsi que nous Tapprend le cé- lèbre géomètre Laplace , d'où il résulteroit que les monta- gnes sous- marines dont ces îlessosit les sommets, doivent for- mer des chaînes d une élévation immense, puisqu'elles mon- tent depuis la profondeur de ces abîmes jusqu'au-dessus des nues; car la plupart des montagnes de ces îles se découvrent à quinze , vingt et trente lieues de distance ; ce qui suppose qu'elles ont une hauteur d'environ deux mille toises. On ne doit donc pas être surpris si j'ai avancé, dans mes divers ouvragfs , que les montagnes de nos conli- nens avoient eu jadis une élévation deux ou trois fois plus considérable qu'aujourd'hui, puisqu'on en trouveroit encore de semblables dans le sein de 1 Océan. Iles principales. — En Europe, les îles les plus consi- dérables sont dans l'Océan : c'est l'Angleterre , l'Irlande et l'Islande. La Méditerranée renferme , du couchant au le- vant, Majorque, Minorque , la Sicile, Malte, Candie et Chypre. Les îles de la mer d'Asie sont les Maldives, remarquables par leur grand nombre : c'est une chaîne de montagnes sous- marines, dont tous les sommets se trouvent à découvert et sont d'une élévation à peu près égale ; l'île de Ceylan , les îles de la Sonde , qui comprennent Sumatra, Java et Bor- néo ; les Moluques, la Nouvelle-Guinée, les Philippines, et plus au nord les îles du Japon , les Kouriles, et enfin les îles Aléoutes, qui forment une chaîne presque continue entre le Kamtschatka et l'Amérique. Dans le vaste océan équinoxial, qui sépare l'Asie de l'Amé- rique , l'on trouvera la Nouvelle- Hollande , la terre de Diemen , et plusieurs archipels, comme la Nouvelle-Calé- donie , la Nouvelle-Zélande, lesîles d'Otahiti et de la Société, les îles de Sandwich, etc., qui, pour la plupart, sont des décou- vertes récentes; et il est probable qu'on en fera de nouvelles. Autour de l'Afrique sont les Canaries, les îles du Cap- Vert, l'île de Madagascar, qui, par son étendue , formeroit un empire; les îles de France et de Bourbon, etc. Les îles de l'Amérique sont: Terre-Neuve, qni est d'au- tant mieux nommée , qu'elle est un produit récent des atter- rissemens du fleuve Saint-Laurent; les îles de Cuba et de Saint-Domingue, qui sont grandes comme des royaumes; la Jamaïque, les Antilles , la Trinité ; et enfin à l'extrémité !2Î I L I de l'Amérique méridionale, la Terre^de-Feu, célèbre par le détroit de Magellan qu'elle accompagne dans toute sa lon- gueur , d'environ deux cents lieues, et qui fut formé par les courans généraux de l'Océan d'orient en occident, qui s'y font encore sentir habituellement, et qui portent, dans la mer Pacifique , une partie des eaux qui viennent du côté de l'Afrique frapper contre les côtes orientales de l'Amérique. (pat.) ILET ou ILOT. On donne ce nom à des îles d'une très- petite étendue, et qui , pour l'ordinaire, ne présentent qu'une roche toute nue. (pat.) ILEX. Ce nom , qui semble tirer son origine du mot hé-. breu elah^ qui signifie Chène, a été donné , par les Grecs et les Latins , spécialement à deux ou trois plantes qui conser- vent leurs feuilles en hiver; deux d'entre elles sont : 1' Yeuse {Quercus ilex) et le ChÊne cochenillifÈre {Quercus coccifera) ; celui-ci est Yilex cocciglandifera de C. Bauhin. Le Houx est le troisième ilex des anciens , celui qui croissoit de préfé- rence aux lieux montueux. Gaza changea son nom ancien en celui d'aquifoliiim. Tournefort conserva le nom d'ilex aux chênes à feuilles persistantes, et dont l'écorce n'est pas fon- gueuse ; Linnseus , au contraire , le donna au genre Houx ^ voyez ce mot, tandis que Tournefort laissa à celui-ci le nom d'aquifolium. On trouve que, sous ce nom d'ilex, Plukenet a décrit et figuré le valentinia ilicifoiia, W. F. Dodonœa , etc. (Lî^.) ILTADA. C'est la (iRivE mauvis. (s.) ILIAQUE, V. PiNSOî^ GRiVELÉ , article Frïngille , sec-, Jîon F. (v.) ILINGGRAESS. Nom d'une Gentiane ( Gentiana cajn- pestris^^ en Norwége. (LN.) ILIODEES. Qn nomme ainsi les plantes composant la première division de la famille des algues. Elles se compo- sent d'une substance molle, muqueuse , enveloppant ou des petits corps ovoïdes sans filamens, ou des filamens articulés et diversement ramifiés. Une des espèces, les plus remarquables de cette section, est cette matière d'un rouge de sang que l'on voit au bas des murs exposés au Nord, et où le soleil donne rarement. C'est la plante connue la plus simple , et qui , par son organisation, se rapproche le plus de certains animaux infusoires. M. Per- spon en avoit fait un champignon sous le noni de thelcphora sanguinea. On en a fait un nouveau genre de la famille. des figues; on l'appelle coccodea sanguinea ., coccodée sanguine. La matière noire que l'on remarque souvent à côlé-ile \\ I L L ,:.5 précédente ou séparément , appartient à la même section , imais à un genre différent. (P. B.) ILIPE des Malabares. C'est le bassia longifoUa , Linn. V, Iliipé. (ln.) ILLA.. Les naturels de l'île Ceylan nomment ainsi un arbre qui est le callicarpaianata de Linnœus , et dont ce natu- raliste avoit d'abord fait un genre particulier. V. ToMEX. (ln.) ILLANKEN, Salmo lacustris. Linn. V. au mot Salmone. (B.) ILLAS, ILIADA, ILIAS. Noms grecs de la Grive MAUVIS. (V.) ILLE. L'Aneth (^ Anethum graveolens) porte ce nom en Allemagne, (ln.) ILLECEBRA des anciens. Suivant I)odonée , ce seroit la Vermiculaire brûlante, Scdum acre, L. Lobel donne aussi ce nom à la Trique-madame , Sedum album , L. (lis.) ÏLLECÈBRE, Illecebrum. Genre de plantes de la pen-- tandrie monogynie , et de la famille des amaranthoïdes, qui présente pour caractères : un calice à cinq divisions, muni en dehors de trois écailles ; point de corolle ; cinq étamines réunies à leur base en un tube urcéolé ; un ovaire supérieur , terminé par un style très-court , à stigmate aplati ; une cap- sule à cinq valves , et à une seule semence. Ce genre ne diffère des Cadelaris que parce que le stig- mate n'est pas bifide et la capsule évalve : aussi Lamarck les a- t-il réunis. Mais les autres botanistes n'ont pas adopté son opinion. Il a les plus grands rapports avec les Panariîses et avec les Lithophiles. Les iltécèbres sont des plantes annuelles , bisannuelles ou vivaces , qui appartiennent à toutes les parties du monde. Leurs tiges sont étalées, leurs feuilles opposées ou alternes , et leurs (leurs rapprochées en paquets axillaires ou terminaux. On en compte une vingtaine d'espèces , dont les plus coni- munes , parmi celles d'Europe, sont : L'Illécèbre VERTictLLÉ , qui a les feuilles verticillées et les tiges couchées. Il se trouve dans les terrains sablonneux que l'eau couvre pendant une partie de l'hiver, tels que quel- ques cantons de la forêt de Fontainebleau. Il est vivace. L'Illécèbre PARONiCHiE a les bractées luisantes, les tiges rampantes et les feuilles glabres. Il se trouve dans les parties méridionales de la France et en Espagne. L'IiLÉcÈBRE entête a les bractées luisantes , les fleurs en tête terminale, la tige droite , les feuilles ciliées , etvelues en dessous. Il se trouve dans les mêmes pays que le précédent. Deux espèces de ce genre, les Illécèbres Javanique et Laineux , forment aujourd'hui le genre ^Erba. (b,) 12^ T L L Illecebrum. Selon Ventenat , ce nom vient proba- bîemenl du verbe latin illicere , attirer. Linnceus Le donne à un genre très -voisin des herniaria, des achyranles , des gomphrœna , et qui comprend les genres paronychia , T. , aerua^ Forsk. , allernanthera ^ Forsk., le conigiola , Forsk. On porte , d un autre côté, quelques espèces à'illecebrum dans les genres celosia (passe-velours) et herniaria. (ln.) ILLECEBRUM de Lœning V. Lœflinge. (ln.) ILLENTRAED. C'est 1" Obier , Vibumum opulus , en Suède, (ln.) ILLERMJOLK et IMJOLK. Noms suédois de I'Epi- lOBE A FEUILLES ÉTROITES. (lN.) 1LL-H\EL. « Nom donné par les Islandais aux cétacés » dont les mâchoires sont armées de dents , et qui sont car- » nassières et dangereuses , Lacép. » (desm.) ILLICIUM. Ce nom, donné par Linnaeus à un genre de plantes décrit dans ce Dictionnaire au mot Badiane , tire peut-être son origine du verbe latin illicere, attirer, et lui au- roil été appliqué à cause de Todeur agréable qu'exhalent les capsules de la Badiane , même lorsqu'elles sont sèches. Adan- son nomme ce genre Skimmi. (ln.) ILLIPE , Bassia. Arbre fort élevé et laiteux, dont les feuil- les sont éparses à l'extrémité des rameaux, pétiôlées , ovales- oblongues , entières et glabres, les fleurs disposées en grap- pes à l'extrémité des rameaux, blanches , et à calice velu. Il sert de type à un genre de la dodécandrie monogynic , et de la famille des sapotiliers. V. pi. E 17 où il est figuré. Ce genre a pour caractères: un calice de quatre folioles épaisses et persistantes, dont deux extérieures; une corolle monopétale , campanulée , à peine plus longue que le calice , un peu épaisse , à tube ventru , et à limbe divisé en huit dé- coupures ; seize élamines sur deux rangs , à anthères sagitlées et velues ; un ovaire supérieur , ovale , arrondi , velu ou to- menteux, et chargé d'un style simple une fois plus long que la fleur; une baie ovale, laiteuse-, contenant cinq noyaux à une seule semence trigone , dont un , deux et même trois avor- tent souvent. Cet arbre croît au Malabar, et est figuré dans le huitième Tolume des Recherches asiatiques imprimé à Calcula. Se& fleurs desséchées ont l'aspect , l'odeur et le goût des raisins secs. On les mange sans préparation , mêlées avec le riz , cuites avec des viandes ; on en mêle avec l'eau destinée à être bue , etc. Ses graines sont si abondantes, au rapport de Roxburg , qu'il n'est pas rare qu'un seul arbre fournisse jusqu'à $rois quintaux d huile concrète propre à l'assaisonnement des I L U ,25 mets et à la lampe. On en fait une grande consommation. Ses feuilles se mangent également cuites. Cet il/ipé est appelé à longues feuilles. Il en est trois aulres espèces, dont l'une est nommée à larges feuilles , l'autre à feuilles ovales, la troisième butyracée. C'est de cette der- nière que provient ce qu'on appelle le Beurre de galaiM ou DE BAMBOUC. (B.) ILLY. Nom donné , au Malabar, à une espèce de Bam- bou , Bambusa arundiuacea , W. (ln.) ILME. Synonyme allemand de TOrme. (ln.) ILMU. Genre de plantes de la famille des iridées, établi par Adanson. Il a pour caractères : corolle tubuleuse, tube court ; limbe à six divisions égales ; pistil cylindrique. Les fleurs sont* paniculées , terminales ; les feuilles demi-cylin- driques ; la racine est un tubercule charnu. Ce genre n'a pas été reçu. Il comprend Yixia bulbocudium , L, et Vilmu de Feuil- lée , plante liliacée du Pérou, (lis.) ILOB , ILOF. Deux noms allemands du Lierre, (lîï.) ILOTE , Ilotes. Genre de Coquilles établi par Denys- Montfort. Ses caractères sont : coquille libre , univalve , cloi- sonnée et cellulée, contournée en disque et presque lenticu- laire ; spire excentrique , apparente , mamelonnée sur les deux flancs ; ouverture linéaire , triangulaire , échancrée sur le dos et cellulée , recevant dans son milieu le retour de la spire ; le dernier tour enveloppant tous les autres ; cloisons unies ; dos caréné. La seule espèce de ce genre qui soit connue , se trouve dans» la mer aux environs de Livourne. Elle se rangeroit parmi les PhOiSÈmes, si son ouverture n'étoit pas cellulée. (b.) ILPEM/VXTLA. C'est, dit Neremberg, une espèce de re- nard de la Nouvelle- Espagne , à pelage varie de blanc, de noir et de fauve , à tête petite , à oreilles de médiocre gran- deur , à corps (luet, à museau mince et allongé. Il ressemble aux renards par les mœurs et les habitudes; on le rencontre partout, mais plus particulièrement dans les cantons les plus chauds {Hisi. nat. lib. 9 , cap. 10 , p. 162). Je crois que c'est le môme animal que le renard du Paraguay , décrit par M. d'A- zara , sous le nom à' agouara-rhay . V. à l'article Chie!*, l'es- pèce du Renard tricolor. (s.) ILTING ou ITING. Le Goulu se nomme ainsi aux Phi- lippines. V. le genre Martin, (s.) ILTIS et Tltnis. Dans quelques anciens auteurs, on trouve ces noms, vraisemblablement dérivés d'/c/«, appliqué aune espèce de Marte, (desm.) ILUANA (Terre). On trouve dans le Dictionnaire des fossiles de Bertrand , que c'est une sorte de bol blanc et lé- 126 ï M A ger , qui , mêlé avec le Jtts ^e citron, est propre , à ce que l'on J)rétend, à détruire les vers des enfans. (desm.) ILU MULLU. F. Ily-Mullu(b.) ILYERT. Sorte de Prune longue , grosse et verte, (ln.) ILY. Plante de Rheede qui n'est autre que le Bambou. F, Illy. (b.) ILY-MULLU. Nom donné, sur la côte du Malabar, à tme espèce de gramitiée à tige ligneuse , Spinifex squarrosus , Linn. (LN.) IMÀ.B. Nom groënlandais des Amphitrites. (desm.) IMAGINATION. Mot par lequel on désigne une des plus belles facultés que l'homme puisse acquérir; celle d'in- venter, d'imaginer, c'eSt-à-dire, de former arbitrairement, avec des idées acquises , des idées nouvelles d'un autre ordre que celles qui proviennent de ses jugemens et de sts raison- nemens ordinaires. En rendant à la fois plusieurs idées présentes à ftotre es- prit , nous les mettons en comparaison , nous en obtenons Mne idée nouvelle à laquelle nous donnons les noms de con- séquence ^ Aç^ jugement ; et l'on sait que des séries de consé- quences constituent nos raisonnemens , et que chaque rai- sonnement amène une conséquence générale relativement aux objets considérés. Or, ce n'est point de ces opérations de noire esprit dont il est ici question ; mais de celles qui consistent à former , avec des idées acquises rendues pré- sentes à notre pensée , des idées nouvelles qui ne sont pas des conséquences directes de celles employées, et qui sont, aui contraire , ou de nouveaux rapports trouvés entre ces idées, ou des transformations opérées parmi elles par V imagination. Quoique souvent peu facile à saisir et à limiter , on sent qu'il y a une distinction à faire entre la faculté d^ invention et celle plus éminente encore qui constitue réellement ï ima- gination. Inventer, c'est trouver des moyens nouveaux de faire où d'exécuter quelque chose. La faculté d'invention se bornant à la recherche de nouveaux rapports entre les objets considérés, peutîe concentrer dans un ordre particulier d'idées, et l'in- dividu qui la possède , peut y exceller sans être doué d'une grande imagination. Cette faculté ne s'appliquant guère qu'à des objets qui nous sont directement utiles , comme aux arts- industriels , aux arts mécaniques , etc. , il suffit , pour l'ob- tenir, d'être très- fécond en idées qui concernent l'ordre de celles auxquelles on s'est adonné , et de s'être exercé aies reri- dre facilement présentes à son esprit. Mais un individu , irès^ I M A uj fertile en inventions dans l'ordre particulier d'objets à l'e'tude desquels il s'est habituellement livré , peut n'avoir pas assez d'imagination pour se distinguer d'une manière éminente dans quelqu'un des arts libéraux , pour composer , soit un poëme riche en idées et en figures diverses , convenablement employées , soit un morceau d'excellent,; musique , soit un tableau bien pensé et bien exécuté. En effet , à part du talent d'exécution , sans une imagination vaste et féconde , dirigée par un goût épuré , les productions de ces ordres sont sans vie , pour ainsi dire , et sans intérêt. \j'' imagination^ plus rare encore que la faculté d'invention , parce qu'elle est moins bornée , exige, effectivement , beau- coup plus pour être de quelque valeur. Elle nécessite une abondance et une grande généralité d'idées diverses , un tact et un goût sûr formés par la comparaison de tout ce qui a été produit de beau par le génie, et surtout l'habitude de ras- sembler les idées acquises , de les rendre présentes à l'esprit, et de s'exercer à en faire des combinaisons différentes , des contrastes , des transformations même , qui amènent, pres- que sans limites , des idées nouvelles. Imaginer, c'est former des images : or, j'ai fait voir que toute idée constitue nécessairement une image qui se fixe en s'imprimant dans notre organe ; sa conservation dans cet organe atteste effectivement qu'il en est ainsi. On sait que , lorsqu'on imagine^ comme lorsqu'on juge , on produit chaque fois une idée nouvelle; conséquemment on donne lieu à la formation d'une nouvelle image qui s'imprime aussitôt dans l'organe. On a donc eu depuis long-temps le sentiment de ce fait , puisque les mots imaginer et imagination ne sont pas nou- veaux dans notre langue. Ainsi , Vimagination est cette faculté créatrice d'idées nou- velles , que l'org-ine de l'intelligence, à l'aide des pensées qu'il exécute, parvient à acquérir, lorsqu'il contient beau- coup d"i Ijes , qu'il est exercé à les rendre présentes à l'es- prit , et que celui-ci, au lieu de chercher à en obtenir des conséquences , les modifie arbitrairement pour en former de nouvelles à son gré. Cette faculté plaît , en général', à l'esprit de Thomme ; lui offre un refuge dans sa pensée , dans ses illusions même , lorsque les peines inséparables de la vie le tourmentent ou l'accablent, et amène les plus beaux produits lorsque ses actes sont dirigés par le goût et avec un discernement con- venable. On l'a considérée mal à propos comme sans limites, parce qu'on ne Ta point approfondie , qu'on n'en a connu ni la nature , ni les moyens qu'elle est obligée d'employer et qui la bornent. 128 I M A Les idées acquises par la voie de la sensation , ainsi que celles qui en proviennent, sont les uniques matériaux des actes de Vimuginatwn. Elle les emploie arbitrairement , comme je Tai dit, pour en former des idées nouvelles; mais elle ne peut employer que celles-là : hors de là , elle est ab- solument sans pouvoir. « Effectivement , que Ton considère toutes les idées pro- duites par ï imagination de l'homme , on verra que les unes , et c'est le plus grand nombre , retrouvent leurs modèles dans les idées simples qu'il a pu se faire à la suite des sensations qu'il a éprouvées , ou dans les idées complexes qu'il s'est faites avec les idées simples , et que les autres prennent leur source dans le contraste ou l'opposition des idées simples et des idées complexes qu'il avoit acquises. »> âtre , etc. , de Linnseus , font partie de ce genre , qui a été réuni par le même Acharius avec celui nommé Lobarie , pour en former un nouveau qu'il a appelé Parmelie. (b.) IMBRICARIA. Ce genre de plante , établi par Commer- son et adopté par Jussieu, est réuni, par Willdenow , au MiMusops , genre auquel Vabl et Lamarck ont rapporté le lineciaria de Forskaëi. V. Bardottier, Smith a nommé im~ hricaria un genre appelé JuNGl A par 'isertner , vmllia par Gme- lin , Syst. nui. , et qui paroît être très-voisin de Vescallonia de Linnœus fils ; il pourroit même lui être réuni, ainsi que le ste- reoxylon de la Flore du Pérou, (ln.) liVIBRlCATA, On a ainsi appelé la Tridacne géante et I'Hyppope chou, (b.) IMBRIM, V. le genre Plongeon, (v.) IM JOLK. C'est TEpilobe , en Suède, (ln.) IMMA, Nom persan dun ocre rouge ou oxyde de fer , qu'on trouve près de Bender-Abassi. (pat.) IMMENBLATT. Nom de la Mélisse bâtarde, Meliiù,: melissophyllum , en Allemagne, (ln.) IMMÈNKRAUT. L'mi des noms allemands de la Mé- lisse des boutiques, Melissaujfinnalis. (LN.) IMMERGRXJN. Ce nom désigne , en Allemagne , plu- sieurs plantes qui conservent leur verdure en hiver; ce sour la Pervenche, les Joubarbes , le Lierre, etc. (ln,) i3i I M M IMMORTELLE , Xeranthemum , Linn. ; Syngènésie po^ lygamie superflue. Genre de plantes à fleurs composées et flosculeuses de la famille des corynibifères, et qui a de grands rapports avec les (iNaphales. Dans ce genre, chaque fleur est composée de fleurons hermaphrodites et de fleurons fe- melles ; les premiers en entonnoir, sont nombreux, fertiles et occupent le Vlisque ; les seconds tubulés , en petit nombre et communément stériles, sont placés à la circonférence ; un réceptacle nu ou garni de paillettes porte les uns et les autres; et leur calice commun est formé d'écaillés persistantes, iné- gales , scarieuses et luisantes , qui se recouvrent, et dont les intérieures colorées et plus longues que les fleurons , font pa- roître la fleur radiée. Les semences sont couronnées d'une aigrette sessile plumeuse ou garnie de simples poils , et quel- quefois soyeuse. Voyez les genres Elychryse , Argyrocome et Elytropoppe, établis aux dépens de celui-ci, et qui, selon Willdenow et quelques autres botanistes , doivent lui en- lever la plus grande partie de ses espèces. De toutes les parties qui composent une plante , la fleur est celle qui dure le moins ; c'est sans doute ce qui a fait donner aux plantes de ce genre le nom à^ immortelles ., parce que leurs fleurs, brillantes dans leur fraîcheur, conservent leur éclal long-temps même après avoir été desséchées. Elles doivent cet avantage à leur calice coloré , et d'une consis- tance scarieuse. Beaucoup de gnaphales ont la même pro- priété, et sont aussi, par celte raison , appelées quelquefois immortelles ; mais dans les gnaphales le calice ne déborde point , ou ne déborde que peu le disque de la fleur. On connoît une quarantaine d'espèces à'' immortelles , qui toutes sont des herbes vivaces ou des arbustes du Cap de Bonne-Espérance et de l'Afrique, à l'exception de l'immor- telle commune qui croit en Europe. Les plus intéressantes sont celles qui suivent ; L'Immortelle lanugineuse , Xeranthemum vestitum , Ijinn. Un duvet dense et lanugineux couvre toutes ses parties. Sa tige est droite et ligneuse ; ses rameaux sont feuilles et uniflores; ses feuilles sessiles, linéaires, en forme de lance, et terminées ordinairement par une petite pointe roide et cal- leuse. L'Immortelle a grandes fleurs, Xeranthemum specio- sissimum, Linn, Arbrisseau élevé de trois ou quatre pieds, dont les feuilles sont lancéolées , amplexicaules et à trois nervures; les fleurs pédonculées , et les fleurons d'un jaune brillant. L'iivj MORTELLE ÉCLATANTE, Xeranthemum fiilgifluni , Lina T M V ,35 Celte espèce se distingue par la bordure blanche et laineuse de ses feuilles qui couvre presque entièrement la tige. L'Immortelle bigarrée , Xemntkemum variegatum , Linn. Celle-ci a des fleurs solitaires , terminales , remarquables par leur calice panaché de blanc et de roux-brun. L'Immortelle vrolifère ^Xeranthemum proliferum^ Linn., à fleurs sessiles et à feuilles arrondies , gi'anuleuses , et se re- couvrant les unes les autres. L'Immortelle hétérophylle, Xeranthemurhheterophyllum , Linn. Arbuste de douze à quinze pouces de hauteur , qui a deux sortes de feuilles ; les inférieures fines , assez longues , rapprochées les unes contre les autres, mais non serrées contre la lige ; les supérieures linéaires, courtes et tout-à-fait appliquées contre les rameaux. L'Immortelle a feuilles de bruyère , Xeranthemum ericdi'des , Linn. Très-jolie espèce qui a une forme «légante et reconnoissable à ses petites fleurs, et à l'extrême petitesse de ses feuilles. L'Immortelle a Corymbe , Xeranthemum corymbosum , Linn. Remarquable par ses feuilles alternes , ovales , lan- céolées , molles , verdâtres en dessus , blanches en dessous , et par ses fleurs rassemblées en un corymbe inégal. L'Immortelle commune , Xeranthemum annuum, Linn. ; à feuilles lancéolées et ouvertes. Elle croît en Autriche , en Italie et dans le Midi de la France. Comme elle est cultivée depuis long-temps dans les jardins , elle offre plusieurs va- riétés à grandes et à petites fleurs simples ou doubles, à fleurs blanches ou variées de blanc et de pourpre. Cette plante se multiplie par le déchirement des vieux pieds en hiver , opération très-facile et très-assurée. On peut aussi la multiplier par le semis de ses graines au printemps. Toutes les autres espèces exigent l'orangerie pendant l'hiver. L'Immortelle leyseroïde de Desfonlaines , constitue au- jourd'hui le genre Leptophyte de H. Cassini. (d.) IMMORTELLE D'AMERIQUE F. au mot Gnaphale. IMMORTELLE JAUNE. Nom de la Gnaphale ci- TRiiNE , qui fait actuellement partie du genre Elychryse. (b.) IMPANGUEZZE. T.Empacassa. (s.> IMPATIENS. Linnseus applique ce nom générique aux Balsamine.s , à cause de lélasticité des valves de leurs cap- sules, qui éclatent pour peu qu'on les touche lorsqu'elles sont mûres. C'est pour cette raison que Dodonée semble avoir nommé ainsi, le premier , la Balsamine des bois, (in.) ÎMPENNES. Illigcr donne ce nom à une famille d*oi- i36 I M P seaux nageurs caractérisés par la brièveté de leurs ailes, qui 5onl recouvertes de petites plumes comme écailleuses, et qui font l'office de nageoires. Le seul genre des Manchots (y^/>/e- nodf/es) compose cette famille, (desm.) IMPERATE, Imperata. Genre établi par Cyrlllo , et adopté par Palisot-Beauvois , pour placer quelques 'spèces de Canamelles, de Lagures et d'ERiAiSïHES , qui s écar- tent des autres. Ses caractères sont: épillets gemmés ; balle calicinale à valves velues ; balle florale à deux valves, l'inférieu- re plus courte de moitié que la supérieure; écailles oblongues et ciliées. La Canameele cylindrique sert de type à ce genre. (B.) IMPERATL\. Calice anguleux à cinq divisions , muni en dehors d'un involucre de quatre pièces; cinq pétales ongui- culés à limbe ovale, échancré ; capsule presque ronde, po- lysperme, s'ouvrant au sommet en quatre parties. Ce genre, créé par Mœnch aux dépens des gypsophilles ^ ne contient qu'ime espèce ; c'est le gypsophila saxifraga. Ce genre et le précèdent sont consacrés à Ferrante Impe- rato , pharmacien napolitain, qui publia, en 1672 , un ou vrage sur l'histoire naturelle, (ln.) IMPERATOIRE , Imperatona. Plante de la pentandrie digynie , et de la famille des ombellifères , dont la racine est épaisse, comme tubéreuse; la tige glabre et creuse; les feuilles radicales pétiolées, divisées en trois parties qui por- tent chacune trois folioles larges , trilobées et dentées ; les feuilles caulinaires courtes et à trois folioles; les fleurs blan- ches et disposées sur des ombelles terminales d'une tren- taine de rayons. Celte plante forme un genre qui a pour caractères : un calice entier peu apparent ; une corolle de cinq pétales échancrés , courbés, presque égaux ; cinq étamines : un ovaire inférieur, chargé de deux styles ouverts, à stigmate globuleux. Le fruit est composé de deux semences ovales, bordées d'une aile membraneuse; elles sont planes intérieurement, et marquées de deux lignes brunâtres ; elles sont munies sur le dos de trois petites côtes. U impératoire croît naturellement aux lieux ombragés des parties montueuses de l'Europe australe. Sa racine est aro- matique, d'u-i 7: Vc icre, très-piquant, et légèrement amer ; elle est siouiuchique , carminalive , incisive , emménagogue, sudonfique et alexipharmaque. Lamarck pense que les Angéliques sylvestre et verti- CILLÉE, font partie de ce genre, (b.) IMPEPiATOR. Nom latin du genre de coquille appelé Emp -REUU par Denys-de-Montfort. (desm.) I M P 13; IMP'ERXT 01M.\, â' imperare ^cgmmander. Nom donné à plusieurs plantes à cause de leurs vertus extrêmement préconisées ; la racine de Tune d'elles, celle décrite au mot IMPÉRATOIRE , étoit fort en usage contre la peste et les em- poisonnemens. C'est IImi'ÉRATORIa de Matthiole, de Gesner de Lobel et de Dodonée. Dans une édition française de THis- toire des plantes, de ce dernier, par Cliisius, Timperatoria y porte le nom d'ostrutium. C'est le magislranlia de J. Ca- merarius,ra5^ran//adeBrunsfelsius, et lestrution de Cordus; on croyoit, du temps de ce dernier, que ce pouvoit être le strution de Dioscoride. Vastrantia major est l'imperatoria al- pina ou minor de J. Camerarius , Bauhin , Chabrée , etc. Plukenet nomme iniperatoria uns espèce d'adonis qui rentre dans le nouveau genre anamenia de Ventenat; cette plante, qui est Yadunis vesicaton'a, croît au Cap-de-Bonne- JEspérance ; les naturels s'en servent en vésicatoires. Tournefort créa un genre imperatoua comprenant la pre- mière des plantes citées plus haut, qui est Vimperatoria de Linnaeus, et quelques espèces d'angéliques. Plusieurs bota- nistes du premier mérite rapportent ces plantes au genre an- gelica , les autres au genre selinum. Voyez Impératoire. IMPÉRATRICE BLANCHE. Pru^e moyenne, oblon- gue , comprimée et jaunâtre, (ln.) IMPÉRATRICE VIOLETTE.C'est une Prune moyen- ne, longuette, pointue aux deuxbouls et d'un beau violet, (ln.) IMPERIALE , Imperialis. Plante de Ihexandrie mono- gynie , et de la famille des liliacées , qui faisoit partie du genre Fritillaïre de Linnœus, mais dont Jussieu a fait, à l'imitation de Tournefort , un genre particulier à qui il donne pour caractères: une corolle (calice selon lui) campanulée, à divisions droites , creusées à leur base d'une fossette arron- die ; six étamines ; un ovaire supérieur , trigone à stigmate triple et obtus; une capsule à six angles aigus très-saillans , à trois loges , à trois valves , contenant des semences planes. Cette plante est originaire de l'Orient, d'où elle a été apportée , il y a déjà long-temps, dans nos jardins , dont elle fait l'ornement dès les premiers jours du priolenips- En effet , elle est des plus remarquables par la régularité et l'élégance de son port , le bel ordre et la magnificence de ses fleurs rougeâlres ou couleur de soufre. Elle est déjà passée depuis long-temps, lorsque les premières ro- ses commencent à éclore. On la multiplie par les cayeux ■ ou petits ognons qui naissent autour de ceux qui périssent t33 I M P .^près avoir fructifié. II est bon de relever ces ognons t6u« les trois ou quatre ans , en automne , pour les séparer et les placer dans un autre local , parce qu'ils épuisent beaucoup la terre. Le miel qui se forme dans les fossettes des pétales est quelquefois si abondant , qu'il coule sur les feuilles. Les ognons passent pour émoUiens , résolutifs et digestifs ; mais on en fait peu d'usage, (b.) IMPERIALE. Nom de deux sortes de prunes : l'une, riMPÉKiALE VIOLETTE, est grosse, ovale et d'un violet foible; l'autre, 1 Impériale BLA^'CHE , est moins grosse et blanche. On nomme aussi Impériale une variété de Laitue, (b). IMPIA, Pline. Herbe cendrée, imitant le romarin, et ra- massée en formedcthyrse ou bouquet, qui donnoit naissance à des rameaux qui portoient d'autres petits bouquets ou capi- tules s'élevantau-dessus de leurmère, c'est-à-dire du bouquet principal, d'où le nom d'iMPiE donné à cette plante, parce qu'elle étoit l'image d'enfans s'élevant aux honneurs aux dé- pens de leurs propres parens. On l'appeloit aussi Impie , parce qu'on croyoit qu'aucun animal n'y toucîioit. On rap- porte cette plante aux filages, et principalement au^î/a^^o g-er- manka. L. (l^'O IMPOOF. Nom que les Cafres donnent à I'Anth-opê canna, (desm.) IMPORTUN. V. Merle importun, (v.) IMPOSTEUR. Nom vulgaire d'un SpaRE, Spanis l'nsi^ iVator, Linn. Voyez, au mot Spare. (r.) IMPRÉGNATION, ïmprœgnaiio, se dit de la fécondation des femelles par le mâle , laquelle les rend propres à déve- lopper les œufs, les germes ou fœtus. Les œufs de plusieurs ovipares, tels (jue les grenouilles, les poissons, les sèches, etc., sont imprégnés de sperme , hors du corps de la mère. Le coït ne produit pas toujours V imprégnation , soit que les ovaires ou l'utérus de la femelle ne reçoivent pas le sperme, ou que celui-ci ne soit pas toujours assez actif, ou que la femelle ne soit pas convenablement disj)0sée , ou échauffée, soit que le sperme soit rejeté , etc. V. Accouplement et Fé- condation. Il y a des animaux chez lesquels un seul accouplement imprègne la femelle pour quelque temps. Ainsi, une poule cochée par son coq peut pondre pendant vingt jours, des œufs tous fécondés de cette seule approche. Vimprégiuition chez plusieurs insectes est plus merveilleuse encore. On dî! qu'une araignée fécondée une fois, l'est pour deux années. Les fcincllcs des pucerons et celles des puces- d'eau, une fois imprégnées par ic înâle, transmettent èette ï N A i39 imprégnation à leur postérité femelle qui n'a pas besoin d'au- tre accouplement pour produire , car elle naît déjà fécondée, jusqu'à huit et neuf générations ; alors il renaît des mâles qui communiqueront une imprégnation nouvelle pour le même résultat. V. Génératiotsi. (virey.) Ii>A^HUS,//2«c/2«s. rabricius,dansle supplément de son Entomologie systématique, nomme ainsi un genre de crustacés décapodes , de la famille des brachyures, qui ont le test trian- gulaire ou presque ovoïde, le plus souvent très-inégal, épineux, rétréci en avant; les dix pattes toujours découvertes, et dont les deux antérieures ouïes serres se dirigent, même dans le repos, en avant, et ne se terminent point par deux doigts courbés en manière de bec de 'perroquet, ainsi que le sont des serres d'un autre genre très-voisin, celui de Parthetvopë du même auteur. M. Lamarck (^Syst. des Anim. sans verlèù. ) n'en forme qu'un seul genre, celui de Maïa. Fabricius divise les inachus en deux sections, d'après les différences des longueurs relatives des pieds. Quelques-uns de ceux qui les ont très-longs et filiformes, et dont le test est très- pointu en avant, composent maintenant le genre que j'appelle Macropode. V inachus maja de ce naturaliste , et qui ne me paroît pas distingué de sa parthenope majà , forme dans ma méthode un autre coupe générique, celle de Li- THODE. M. Léach , dans sa distribution des crustacés, des my- riapodes et des arachnides ( Trans. de la Soc. Linn., tom. xi ) adopte ces deux genres , change la dénomination du premier, comme déjà employée, en celle de Macropodie, en sépare une espèce {sagittarius) pour établir celui de Leptopodie , etforme , en outre, d'après la considération de toutes les parties, ceux qu'il nomme : Lambrus , EuRYNOME , Maja , Pisa , Hyas , et Pactolus. Il faut y ajouter ceux de Blastia, Lissa , Li- BraiA,DocLEA,ÉGERiA, Megalopa, qu'il a publiés soit dans la continuation îles Mélanges de zoologie du docteur Shaw, soit dans l'Encyclopédie d Edimbourg , et son ouvrage sur les crustacés de la Grande Bretagns. L'élude qu'il a faite, l'année dernière , des espèces de maïa du Muséum d'His- toire naturelle de Paris, lui a fourni les matériaux de nou- velles coupes généricjues , qu'il m'a communiquées ; celle d'i- nachusestréduiieà deuxêspèces, qui se trouvent sur nos côtes; l'une a été nommée scorpion par Fabricius ; l'autre paroîtde- voir se rapporter à celle qu'il ai^T^eWe faucheur Qphalangium y Suivant M. Léach , les inachus ont pour caractères essentiels : queue de six segmens dans les deux sexes ; serres didactyles ; les autres pieds semblables, grêles, très-simples; lest trian- gulaire, avec la partie antérieure en forme de bec; antennes i4o I N A intermédiaires logées dans des fossettes , sous le chaperon; yeux rélracliles. Dans les observations en tête du gense , il ex- pose quelques autres caractères. Ce genre , ainsi que les autres du même naturaliste, indi- qués plus haut appartiennent, à celte division des décapodes brachyuresque j'ai désignés sous le nom de triangulaires^ dans le troisième volume de l'ouvrage de M. Cuvier, sur le règne animal. En supposant même qu'il fût convenable d'adopter tou- tes ces coupes, le plan de cet ouvrage m'en interdisoit l'expo- sition. Le genre Egerie, auquel je réunis celui d'inachus , tel que M. Léach le présente , et ceux de Pactole, de Do- CLÉE et de MiTHRAX, sont les seuls que j'ai admis. Je n'ai point distingué les Icplopodes des macropodes, ni les eury- nomes des parthenopes. Les autres ne forment qu'un seul groupe , auquel j'ai conservé la dénomination d'inachus, que Fabricius lui avoit imposée. Celle de Maïa , introduite par M. de Lamarck , à une époque où il ne faisoit qu'un seul genre des inachus et des parthenopes, ayant néanmoins pré- valu parmi les naturalistes français , ayant même été donnée par ceux de l'antiquité à quelques-uns de ces crustacés ou à des espèces très-analogues, je renvoie à l'article Maïa, pour tout ce qui concerne les divers genres de M. Léach, que j'avois réunis en un seul sous le nom d'iNACHUS. A son exem- ple , je désignerai ainsi les brachyures qui ont pour carac- tères: test triangulaire, pointu en avant; queue de six ta- blettes dans les deux sexes ; second article des pieds-mâ- choires extérieurs aussi long que large, tronqué obliquement vers son extrémité supérieure et interne; l'article suivant in- séré près de son sommet ; sur-bouche ou espace compris entre la cavité buccale et les antennes intermédiaires, trans- versal; yeux latéraux saillans, portés sur un pédicule rétréci dans son milieu, courbe , et se logeant en arrière dans une fossette ; antennes sétacées , insérées de chaque côté du mu- seau et avancées; serres didactyles , fortes, surtout dans les mâles , et courbes ; corps allongé ; les autres pieds très-longs, filiformes , simples ; ceux de la seconde paire sensiblement plus épais et plus longs. Les inachus font le passage des doclées et des égéries de M. Léach auxmacropodies. Ils diffèrent particulièrement des derniers, avec lesquels M. Risso les confond, en ce qu'il» ont des fossettes pour recevoir les yeux, et par les propor- tions de cet intervalle du corps compris entre la cavité buc- cale et les antenne? intermédiaires ; il est court et transversal, tandis qu'il se rélrécll, aux dépens de la largeur, dans les macropodies; ceux-ci ont d'ailleurs le bec et les pieds-mâ- choires extérieurs proportionnellement plus longs. I N A ,4i lut cancre à courts bras de Rondelet , Hisi. despoiis.^ liv. i8, chap. 20 , ou le mdia petit bec de M. Risso, est une espèce de ce genre, bien distincte, suivant ce dernier, par la briè- veté de ses serres et les deux pattes suivantes, qui sont fort épaisses et couvertes de poils rudes. Suivant M. Risso , son test est presque en forme de cœur, d'un rouge de corail, garni de duvet roussâtre , armé de six longues épines, avec les bords latéraux lisses et une pointe près des yeux, La fe- melle fait sa ponle au mois de septembre. Ses œufs sont de couleur aurore. Aldrovande, de Crust. , 11b. 2 , p. 2o5, reproduit la figure de Rondelet ; mais il en donne une autre, cancro brachichelo congener , p. 204, dans laquelle, malgré l'exagération de quelques caractères, je crois reconnoître l'espèce suivante. L'Inachus scorpion, Inachus sœrpio, Fab.; inachus dor- setlensis, Léach , Malac. brif.^ tab. 22 , îig. 1-6; maj a scorpion^ Rose , I." édition de cet ouvrage. Son test est long d'environ dix lignes, sur onze à douze de large , à son extrémité pos- térieure ; il est d'un gris jaunâtre, dans les individus secs ; il. est proportionnellement plus large et plus en forme de cœur renversé que celui de l'espèce suivante; son dos est divisé, dans une grande étendue de sa longueur, par deux enfonce- mens et présente plusieurs bosses ou élévations avec une dizaine de petits tubercules pointus ou épineux , dont quatre plus petits , rapprochés sur une ligne transverse, à la partie antérieure , deux le long du milieu du dos , et deux autres à chaque côté , dans le sens de la longueur; près du bord pos- térieur est , de chaque côté , une petite élévation en forme d'un tubercule gros et mousse ; l'angle postérieur des fosset- tes oculaires se prolonge en une dent aiguë ; on en voit une autre, mais en forme d'épine, par derrière; les bords laté- raux offrent aussi de petites dentelures ; le museau est court, sillonné, et se termine par deux dents, séparées par un angle ouvert. Les serres et les deux pieds suivans ont une teinte purpurine; les serres sont grosses, particulièrement dans le mâle , chargées de petits grains épineux, avec l'arti- cle qui précède le carpe et les pinces plus ventrus; les doigts sont allongés , striés, pointus , un peu courbes, avec de pe* tites dentelures au bord interne ; les deux pieds suivans sont une fois plus épais que ceux de la troisième paire, et garnis d'un duvet laineux. Cette espèce se trouve sur nos côtes, tant dans l'Océan que dans la Méditerranée. M. Risso ne la mentionne pas, à moins qu'elle ne soit celle dont j'ai parlé précédemment * d'après lui et Rondelet; ce qui seroit très-possible. ' L'Inachus dorynque, Inachus dorynchus j LéBch, ibid. i42 î N A tab. ead. fig. 7,8; inarJais phaîangiiim , Fab. ; nidi'a arachnide^ Pviss. Elle est plus petiie et d'une foiiue plus triangulaire que ia précédente ; les deux dents qui terminent son museau sont conniventes ^ n'étant séparées que par une fissure li- néaire ; on voit , à sa parlie antérieure et dorsale , trois tu- bercules pointus disposés en triangle, et dont le postérieur ou celui qui en forme le sommet est beaucoup plus fort; dans la même ligne , un peu en arriére du milieu du dos , sont trois autres tubercules disposés de même, mais très-petits, et dont les deux antérieurs très-rapprochés ; chaque côté du test offre aussi, comme dans ïinachus scorpion^ deux tuber- cules, mais dont l'antérieur un peu plus fort; les serres, et particulièrement les pinces, sont beaucoup plus unies et n'offrent que çà et là de petits tubercules. Commune aussi dans les mêmes parages. M. Dorbigny, médecin, me l'a envoyée de Noirmoutiers, avec plusieurs autres crustacés, dont quelques-uns n'avoient pas encore été observés dans cette partie de nos côtes. La queue des mâles est rétrécie près de sa base et surtout vers son extrémité, avec les bords anguleux. Il paroît que ces crustacés, de môme que les macropodies, font leur séjour parmi les algues et les fucus. Le genre Egérie de M. Léach, et dont j'ai parlé à l'arti- cle Doclée, a de grands rapports avec celui d'inachus, et c'est pour cela que je les avois d'abord réunis. Mais si la queue des égéries est composée, de même que celle desmaïas, de sept anneaux, ce genre ne devra pas être confondu avec celui d'inachus. 11 est certain, d'après les renseignemens donnés par ce naturaliste sur les doclées, que le second article de leurs pieds-mâchoires extérieurs a la forme que présente le même article dans les maïas. 11 s'exprime autrement sur le même sujet à l'égard des égéries , mais sans détails snfiisans pour fixer mon opinion. Le mdia longipède de la collection du Jardin du Roi , crus- tacé très-voisin de Végérie indienne, ressemble aux doclées t quant à la conformation du même article ; son angle supé-r- rieur et interne est avancé en pointe , caractère que M. Léach a aussi remai-qué dans les égéries; d'où je présume que ce dernier genre ne diffère pas , à cet égard , des maïas et des doclées. M. Bosc, dans la première édition de cet ouvrage avait réuni les inachus et les parthenopes de Fabricius en un seul gêner , celui de Maja. (l.) INANOENTAPvIA.. L'un des noms donnés par les an- çipns Romains àr^iyQ§cXA.WLVS. V. ce root, (m.) INC ta . INAS. Nom appliqué au Ganga. V. ce mot. (s.) INCARVILLE , Incaroilka. Arbrisseau grimpant , radi- cant , à tige striée , à feuilles alternes , glabres , pétiolées , presque bipinnées , à folioles étroites , à grandes îleurs d'un pourpre violet, placées sur une grappe droite et terminale, qui forme un genre dans la didynamie angiospermie , et dans la famille des bicornes. Ce genre a pour caractères : un calice monophylle , cam- paniforme , dont le bord est divisé en cinq dents linéaires , çt qui est accompagné à sa base de trois bractées étroites et velues ; une corolle monopétale , infundibuliforme , dilatée ou presque ventrue à son orifice, deux ou trois fois plus grande que le calice , et dont le limbe est partagé en cinq lobes iné-' gaux , courts et arrondis ; quatre étamines , dont deux, plus courtes, sont garnies de deux dents droites, sétacées et spi- nuliformes ; un ovaire supérieur, surmonté d'un style simple, à stigmate élargi ou a deux lames inégales et ouvertes ; une capsule linéaire , comprimée, biloculaire, bivalve; à cloi- son opposée aux valves , qui contient plusieurs semences ailées. ISincawiîle croît à la Chine. Loureiro l'a appelé Campsis. (B.) INCENSARIA de Césalpin. C'est I'Inule odorante (^inulaodora)^ présumée être le baccharis de Dioscoride. J. Camerarius donne ce nom àl'AuRONE {artemisia ahvotanum^. (LN.) INCISION ANNULAIRE. V. Arbres (maladie des) (B.) INCONNUE CHENEAU. Sorte de Poire appelée aussi Fondante de Brest, (ln.) INCONNUE LAFARE. C'est la Poire de Saint-Ger- main, (ln.) INCRUSTATIONS. Dépôts pierreux que les eaux, chargées de molécules terreuses, forment à la surface des corps qui s'y trouvent plongés ou qu'elles mouillent habi- tuellement. Les incrustations pénètrent rarement dans le tissu même 4es corps qu'elles enveloppent, elles n'en changent point du tout la nature; c'est en quoi elles diffèrent essentiellement des pétrificaiions proprement dites, dans lesquelles les parties intégrantes des corps organisés sont converties en une subs- tance le plus souvent pierreuse, et quelquefois métallique, sans que leur forme en soit altérée, et par une simple substi- tution de principes qui a àù. avoir lieu de molécjjle à molé-^ cule, y. Pétrification et Pseudomorphose. z4:4 INC L'incrustation , au contraire , conserve les corps dans leur état naturel, et les préserve même de la décomposition, en les mettant à l'abri de Tinfluence des agens extérieurs. Les incrustations s opèrent de deux façons : i.» à la ma- nière dus sla/actiies^ par une cristallisation qui résuite de l'éva- poration du fluide qui contient les molécules terreuses en dis- solution , et qui, en se dissipant, les dépose indifféremment sur toute espèce de corps où elles se fixent par une cristalli- sation plus ou moins confuse , mais toujours très-apparente. 2." Les incrustations s'opèrent dans le fluide même, par l'effet de l'attraction que les corps étrangers, et surtout les corps or- ganisés^ exercent sur les molécules terreuses qui s'y trouvent ou dissoutes, ou suspendues : celles-ci présentent rarement des signes de cristallisation aussi marqués que les premières : ce sont simplement deâ' espèces de tufs. Nous avons un exemple bien caractérisé de la première espèce, dans les incrustations gypseuses qui se forment sur les rameaux des broussailles qu'on emploie dans les bâtimens de graduation des salines, pour accélérer l'évaporation de la muire. Ce dépôt, qu'on nomme schlot , se forme exactement de la même manière que les stalactites des grottes ; c'est ce que démontre sa cassure transversale où l'on voit de nom- breux: filets cristallins qui partent en rayonnant du centre , et les couches concentriques dont il est l'assemblage. Les eaux chargées de molécules calcaires forment, par une cristallisation confuse , des incrustations qui sont de la même nature que l'albâtre oriental. On en voit un exemple remar- quable dans la tête humaine dont parle Romé-Delisle , et qu'on voit aujourd'hui dans la collection du respectable et savant Gilletde Laumont. Elle est toute revêtue d'une couche de cinq à six lignes d'épaisseur d'albâtre oriental susceptible du plus beau poli. Dans les parties où l'on a enlevé l'incrus- tation, on voit que les os n'ont éprouvé aucun changement; etl onreconnoît, par quelques gouttes pendantes que présen- te l'incrustation , quelle a été formée par la distillation d'une eau qui tomboit peu à peu sur cette tête, qui probablement gisoit dans quelque caverne , car on ignore le lieu où elle a été trouvée. L'autre espèce d'incrustation se forme dans le sein même des eaux qui sont chargées de molécules terreuses qui se dé- posent sur des corps étrangers, soit parce qu'elles ont plus d'affinité avec ces corps qu'avec l'eau, soit parce qu'elles ont perdu une partie de l'acide carbonique qui les tenoit en dis- solution. On connoît un grand nombre de fontaines qui ont la pro- .priété de former ces sortes d'incrustations. Celle qui fournit î N C .iS i'eau à'Arcueil^ qui est amenée à Paris par un aqueduc, forme en peu d'années une incrustation de plusieurs pouces dans le canal de cet aqueduc ; et Ton s'amuse quelquefois à mettre, dans ce canal, des touffes de jonc, de volant-d'eau, ou d'au- tres plantes aquatiques, qui sont, au bout de quelques mois , revêtues d'une croûte pierreuse assez solide , et qui con^ serve pour toujours la forme naturelle de ces plantes : on en voit de jolis groupes dans la plupart des cabinets de Paris. La plupart des eaux thermales, et celles qui sont voisines d'anciens volcans, ont plus ou moins cette propriété. Tout le monde connoît la fontaine de Saint-Allyre^ près de Cler- jnont en Auvergne ; elle est fameuse par l'espèce de pont qu'elle a formé sur le ruisseau dans lequel elle se jette. A force de faire des incrustations pierreuses au fond de son canal qui aboutissoit au ruisseau, l'extrémité de ce canal s'est allongée au-dessus de l'eau du ruisseau, et a fini par en attein- dre l'autre bord. Les bains de Saint-Philippe , près de Radicofani en Tos- cane, sont devenus célèbres par l'ingénieux parti qu'on a su tirer de la propriété incrustante de leur eau, pour y établir une espèce de manufactures de bas-reliefs d'albâtre, qui sont l'ouvrage de l'art et de la nature en même temps. On conduit cette eau dans l'atelier par le moyen d'un canal de bois qui est élevé de douze à quinze pieds au-dessus du sol ; l'eau tombe de cette hauteur sur de petites planches disposées de manière à la faire rejaillir contre des moules en creux qu'on a pris sur des bas-reliefs antiques, ou qui sont l'ou- vrage des plus grands maîtres. Chaque goutte d'eau qui re- jaillit contre ces creux y dépose quelques molécules calcaires qui s'y cristallisent en perdant leur acide carbonique sura- bondant ; et ces dépôts successifs finissent par remplir les moules d'un albâtre de la plus grande beauté, d'une blan- cheur égale à celle de l'albâtre gypseux, mais qui a pour le moins la dureté du marbre , et toutes les propriétés de l'al- bâtre oriental : quant à la partie de l'art, ces bas-reliefs ne le cèdent en rien à Toriginal même dont ils sont la fidèle copie. Les incrustations les plus remarquables aux yeux des natu- ralistes, sont celles que forment les eaux bouillantes qui sor- tent des montagnes volcaniques d'Islande. M. de Troïl qui fit, en 1772, le voyage d'Islande avec M. Banks, pour aller observer les volcans de cette île, si fa- meuse par les phénomènes qu'ils présentent, et dont il nous a donné la description, dit, en parlant des sources dont l'eau jaillit dans les airs à une hauteur plus ou moins considérable en sortant d'une espèce de puits creusé verticalement : « Tou- tes les eaux de ces sources ont une qualité incrustante^ de sorte ,46 I ^^ ^' que la surface de l'orlfiGe d'où elles sont sorties est toujours couverte d une croule ou écorce qui resseiu ile beaucoup à des feuilles de métal ciselé à jour ou à filigraue D' abord nous crûmes au Uy avoil de la r/iaux-, inufs nous rer.oiinâ.nes ujlre eireuVy ne ooyaiit point d efjeivescence u^ec V acide » {Ltitres sur l Islande , P !g 34.8. ) M. Slauley, qui fut en Islande en 1789, et qui en rapporta de Teau des deux principales sources bouillantes, dii que, dans le uièuie vallon où est une de ces sources nppjlee le p.'tit Geyser, il y en a une autre «loni leau s élève a la h iuleur de vingt à trente pieds, et que le sol qui reçoit ces eaux liouil- lanles est couvert d'une incruslalion blanche de nature calcaire. « Mais, ajoute t il, dans sa lettre à M. Black, célèbre chi- miste, auprès de lune de ces sources, il nous •sembla qu il y avoil un léger depoi de matière siliceuse : elle resscmbloit» au premier coup d œil, à la calcédoine; mais avec sa trans- f>arence elle n avoit pas sa dureté , car elle se brisoil entre es doigts : c'est là que nous primes l'eau que vous avez ana- lysée. » {^BiU. hrii. n." 3o, p. 253 à 256. ) D'a()rès l analyse que M. Black a faite de ces eaux, il ré- sulte que dix mille grains de l'eau du petit Geyser (qui forme ces incrustations ) contiennent : Soude 0,9s Alumine <^A^ Terre silicée 5,4o Muriate de soude 2,4.6 Sulfate de soude 1,4.6 10,75 M. Klaprolh a également fait l'analyse de l'eau du Geyser, et de ses incrustations. !Nous devons à M. Bruun-Neergaard, si connu par son amour pour les arts et pour la science qui nous occupe , la traduction d'un mémoire très-curieux de M. le lieutenant Ohisen, sur les jets d eau bouillante du Geyser et du Slrok en Islande. On y trouve une foule «le détails intéressons sur ce phénomène remarquable. V. \q Journal des Mines^ tom. 3i, p. 5 à 18. On ne connoît pas les moyens que la nature emploie pour tenir de la silice en dissolution et pour former des incrusta- tions siliceuses dans le sein de la terre. Les unes sont de (juarz ■pur en petits cristaux, plus ou nmins réguliers, comme ceux dont les groupes de spath fluor du Derbyshlre sont quelque- fois revêtues ; d'autres sont de la nature du silejn^ et consé- INC ,^7 quemment elles ne sont jamais cristallisées ; mais elles en- veloppent assez souvent divers cristaux. Les collines volca- niques de la Daourie, près du fleuve Amour, ont fourni une druse de petits cristaux de quarz qui sont revêtus d'une croûte mamelonnée de cornaline dune ligne d'épaisseur, de couleur orangée et d'une pâte extrêmement fine. Les cristaux quar- zeux sont de la variété qui n'a que trois faces à la pyramide, comme sont la plupart de ceux qui tapissent l'intérieur des géodes de calcédoine de celte contrée. Quand les cristaux qui servent de moule aux incrustations silicées sont de nature à pouvoir se décomposer , comme sont les pyrites, alors Tincrusiation quarzeuse présente en creux la forme de ces cristaux qui ont disparu. F.Pseudomorphose, (pat. et LUC.) INCUBATION, Inmbatio. Ce mot désigne l'action de couver des œufs ou de \qs échauffer afin de faire éclore les embryons qu'ils contiennent. Lorsque l'œuf n'a pas été fé- condé auparavant, l'incuLallon le fait putréfier au lieu de développer un animal. La fécondation des œufs s'opère, soit dans le corps de la mère, comme parmi les oiseaux, la plupart des reptiles, les crustacés et les insectes , soit hors du corps, comme dans les grenouilles, la plusgrande partie des poissons et quelques mollusques nus (les sèches et puu/pes). On a es- sayé de féconder artificiellement des œufs de grenouilles et de poissons, et on y est aisément parvenu. Des observateurs prétendent qu'un pareil essai tenté sur des œufs de papilloi;s et d'autres insectes, réussit quelquefois. Consultez les articles Œuf, Gé>!Ération. L'incubation est de deux espèces : ou elle dépend des pa- rcns et surtout de la mère, ou la seule chaleur de l'atmos- phère et des corps environnans suffit pour faire éclore les petits. La seule classe des oiseaux est dans le premier cas ; tous les autres animaux ovipares ne couvent jamais leurs œufs. La raison de cette différence est facile à reconnoître, car l'oi- seau étant d'une nature chaude et la température de son corps s'élevant à près de trente-cinq degrés au thermomètre de Réaumur, il faut nécessairement communiquera l'œuf à peu près ce degré de chaleur pour faire développer l'embryon qu'il contient. Chaque corps vivant est organisé en effet sui- vant un rapport déterminé avec les objets de la nature qui lui sont nécessaires. Ainsi tel aninul vit dans un pays froid, tel autre animal demande une température chaude. Il faut donc proportionner les objets extérieurs avec les besoins d'un corp» vivant pour maintenir son existence. Et la preuve que l'œuf de l'oiseau n'a besoin, pour se dé- velopper, que d'un degré suffisant de chaleur, c'est que l'au- .48 INC truche ne couve point, parce que la températere du sable sur lequel elle dépose ses œufs , suffit pour faire éclore les jeunes autruches. Livle, femme d'Auguste, fit éclore un œuf en le portant constamment dans son sein ; on sait aussi que les femmes font éclore les œufs ou la graine de vers à soie , en les portant sous leur chemise. L'art humain avoit depuis long-temps profité de celte observation. Hérodote nous ap- prend que les Egyptiens de son temps entretenoient des fours à une température égale et graduée, pour y faire éclore des poulets. Un savant naturaliste, Réaumur, apprit à se servir du même moyen, dans son ArL défaire éclore les poulets^ etc. Voyez l'article Poule et Coq. Comme les autres animaux ovipares ont le sang froid , la chaleur de l'atmosphère, pendant l'été, doit être suffisante pour faire développer leurs œufs. Ainsi les poissons déposent leur frai dans les eaux devenues tièdes par la chaleur du so- leil ; les œufs des reptiles, des insectes, ne se développent qu'au printemps lorsque l'atmosphère s'adoucit. Les faux vivipares, tels que la vipère, la salamandre, couvent, pour ainsi dire, leurs œufs dans le sein, et l'on a prétendu, mais sans preuve exacte, que des poules ayant conservé leurs .œufs pendant quelque temps dans leur oviductus^ avoient mis bas des poulets. ( V. le mot Vivipare, ) Comment un froid rep- tile, un poisson, un insecte, dont la température égale celle de l'air ou de l'eau, pourroient-ils échauffer leurs œufs? La nature n'a pas conformé d'ailleurs leur corps d'une manière avantageuse pour l'incubation ; mais la douce température de l'atmosphère supplée à cette impuissance. Ainsi les tor- tues, les crocodiles ne couvent point leurs œufs, mais les en- fouissent dans le sable bien situé à une exposition méridio- nale, sur les rivages des eaux, et ces animaux recouvrent même leurs œufs, de lits de paille ou d'herbe, pour les tenir chaudement. La mère se tient, d'ailleurs, dans le voisinage pour veiller sur ses œufs, et empêcher qu'on ne les enlève, ou que les animaux ne les mangent ; elle les défend alors avec courage. {V. Bartram, Voyag.^ etc.) On peut regarder peut-être comme une sorte d'incubation pour les œufs de certains insectes, les lieux où ils sont dé- posés. Ainsi ceux des oestres enfoncés sous la peau des qua- drupèdes ou dans l'anus, dans les naseaux du cheval, du mou- ton, etc. , sont couvés dans le corps de ces animaux à sang chaud. Les gallinsectes, le cloporte, couvent leurs œufs dans leur sein jusqu'à ce qu'ils y éclosent. Parmi les poissons , le silure ascite, l'éguille de mer, portent aussi leurs œufs dans leur abdomen, et leur communiquent la température de leur corps. La femelle du crapaud pipa recevant les siens sur son dos, les garde ju5^u'à ce qu'ils y éclosent. Enfin, parmi les quadrupèdes vivipares, les didelphes el les latiguroos, pour- vus d'une bourse de peau sous le ventre, y couvent leurs petits sortis jeunes de la matrice. Cette bourse est une espèce de nid dans lequel les mamelles sont renfermées, et l'on peut regarder comme une véritable incubation, l'époque pendant laquelle les jeunes animaux y demeurent. De plus, l'allaite- ment des vivipares, le soin qu'ils prennent de leurs petits naissans, le nid qu'ils leur préparent, la douce chaleur qu'ils leur communiquent, doivent être considérés comme une vé- ritable incubation. Dans l'espèce humaine, l'enfant n'a pas moins besoin des soins que de la mamelle de sa mère , que d'être réchauffé sur son cœur, que de fortifier sa foible et naissante vie de la chaleur des entrailles maternelles. Il ne faut pas penser que cette chaleur d'un corps vivant ressemble absolument en tout à la chaleur du feu, et qu'elle n'agisse que par des moyens mécaniques sur un autre corps vivant. Qui ne sait pas quelles communications s'établissent entre deux corps vivans, réunis dans d'étroits embrassemens? Je ne parle pas de celles de l'amour, mais de celles d'une per- sonne saine avec un infirme, d'un vieillard avec des jeunes gens. Les maladies contagieuses se propagent par le contact, les infirmités peuvent aussi se communiquer, de même que la vigueur vitale. David devenu vieux, se rajeunissoit sur le sein des jeunes Sunamites qui partageoient sa couche. Qu'on mette deux personnes en contact immédiat, il naîtra entre eux un ordre de sympathies et une rapide communication d'affections, de sentimens, de vitalité, etc. Le système ner- veux entre dans une sorte de communauté avec un autre sys- tème nerveux à sa proximité. On en a vu de grands exemples dans le mesmérisme. Quelles sympathies entre les personnes de deux sexes qui s'approchent et se touchent ! Dans la danse allemande, appelée ivalze, un jeune homme et une jeune fille entrelaçant leurs bras, confondant leurs haleines, s'enivrant à longs traits de la magie de l'amour, fixant mutuellement leurs yeux en tournoyant, en respirant la vapeur de la trans- piration, et cette odeur des sexes qui porte dans le système vivant une vive irritation ; dans cette danse, il n'est pas rare, dis-je, de voir naître des symptômes d'amour. J^. l'article de l'HoMME, tom. XV, pag. 3g. Il se passe une action analogue dans l'incubation d'une mère avec son enfant, et je suis per- suadé que c'est à cette communication vitale qu'est due leur mutuelle affection. On voit en effet que les mères qui confient leurs enfans à des nourrices, à des bonnes, conservent moins d'affection, de tendresse et de soin pour eux que les nour- rices elles-mêmes. L'oiseau montre bien toute sa tendresse pour ses œufs dan* ,5o I N C le temps de rîncubation. Il semble déjà sentir sous celte coque un jeune et innocent animal. L'instinct de la nature est ici plus fort que le besoin de se conserver. V. Instinct. La poule si timide devient courageuse, et ne craint pas de sacrifier sa vie au devoir de la maternité. Quel exemple donné par un ani- mal à l'espèce humaine ! quoi de plus digne des regards d'une mère, que cette tendre sollicitude de la poule cherchant avec une espèce de fureur des œufs à couver, au temps de la ponte ! elle court, elle glousse, elle est impaliente et transportée de désirs ; elle ne sait plus ce qu'elle fait, tant qu'elle n'a point d'œufs à couver: une pierre blanche arrondie , un oeuf vidé, suffisent pour la mettre hors d'elle-même. Enfin elle a des œufs : voyez-la sans cesse accroupie sur eux, n'osant ni se lever, ni sortir, se remuant à peine, tant elle a peur de les laisser refroidir; elle souffre la faim, la soif, tous les besoins; clic ne dort plus, elle est toute à son devoir; c'est son seul besoin, c'est sa vie. Quelques espèces, comme les canes, les perruches, arrachent des plumes de leur ventre pour en cou- vrir leurs œufs, lorsqu'elles sont forcées de les quitter pour chercher à manger; mais toutes reviennent en grande hâte se remettre sur leur nid. Plusieurs mâles , tels que ceux de pigeons, des tourterelles, couvent à leur tour, et viennent fidèlement relever leur femelle. Les perroquets mâles, les pics, les loriots, et autres oiseaux analogues, apportent sans cosse des nourritures à leurs femelles qui couvent. L'aigle farouche , le vautour mâle, guettent la pâture pour leur fe- melle et leurs petits ; le rossignol en fait de même, et charme sa compagne par ses douces chansons. Les mâles polygames, comme les oiseaux d'eau et les gallinacés, ne couvent pas, et prennent peu de soin de leurs nombreuses femelles. Les oi- seaux de proie se tiennent par paires, et prennent soin en commun de leur famille naissante. Les parens défendent avec un généreux courage leur progéniture ; ils s'exposent même à la mort pour sauver la vie à leurs petits ; mais si on dérange les œufs d'un oiseau avant qu'ils éclosent, souvent il les aban- donne pour en pondre d'autres dans un lieu plus sûr ; car lors- qu'il arrive quelque accident à une ponte, la nature a donné à l'animal la faculté d'en faire une nouvelle, et même deux s'il est nécessaire, et si la saison n'est pas trop avancée. A peine les petits sont-ils éclos, que la mère entre dans de nouveaux soins : il faut nourrir ces tendres animaux ; la mère, le père, apportent des aliraens qu'ils macèrent dans leur esto- mac, qu'ils expriment et dégorgent dans le bec de leurs foi- bles nourrissons. Plus de repos, plus de tranquillité ; la mère oublie le soin de sa vie ; tout l'épouvante pour ses chers pe- tits. Si Ton approche du nid d'une perdrix ou d'une alouette , T N D ,5i Li mère, contrefaisant la boiteuse, marche obliquement au travers des sillons, et allire I ennemi à sa poursuite pour l'é- loigner de sa couvée naissante ; enfin hors de crainte, elle part so.i.lain, el pir un détour regigne sa famille craintive. Je puis attester ce fait pour l'alouette, car je Tai vu moi-même. On sait que le coucou ne couve pas ses œufs lui-même; il va les déposer dans le nid de quelque fauvette, qui nourrit un ingrat sans le savoir. F. Coucou. Les oiseaux g;iilinacés et les palmipèdes conduisent leurs petits près de leur nourriture et la leur montrent. Ces derniers enseignent aux leurs a ramer dans les eaux, ou plutôt l'instinct les y porte de lui-même. Rien de plus risible et de plus tou- chant que de contempler une poule élevant des jeunes ca- nards , jeter des clameurs de crainte et de détresse en les voyant se jeter à l'eau. Elle a peur qu'ils se noient, elle court désespérée sur la rive, elle entre dans l'eau à mi- jambe en les rappelant. Lorsque le milan circule dans les airs et guette sa proie, quelles craiiiles pour la poule ! ses cris rappellent sa rimllle, elle la couvre de ses ailes, et la défend contre l'oi- seau ravisseur. F. lits mœurs des Oiseaux à leur article. (VIREY.) ÎNDACO. C'est I'Indigo , en Italie, (ln.) INDAYK. Nom d'un oilseau de proie décrit par M. de Azara, et dont je n'ai pu déterminer le genre. V. Oiseaux I)E PROIE, {v.) INDE F. Indigo, (s.) INDÉfl ISCEyÇE.Un Péricarpe est îW^^wr^n/ lorsqu'il ne s'ouvre pas naturellement à l'époque de sa maturité pour donner issue aux graines qu'il contient, et ce cas est extrê- mement couïmun. F. Fruit, (b.) IND£L,£/a/^. C'est un palmier qui paroît extrêmement voisin des Dattier.s, Fuais qui forme un genre dont les carac- tères sont : une spathe bivalve; unspadix rameux, monoïque; un calice à six divisions, dont trois extérieures, très-courtes ; les Heurs mâles à six anthères sessiles , et les (leurs femelles à ovaire simple , surmonté d nn style subulé et de trois stigma- tes ; un drupe ovale, acumioé, monosperme, à semence munie d'un sillon. Ce palmier est peu élevé. II pousse à son sommet un fais- ceau de feuilles plnnées, assez grandes, épineuses à leur base, à folioles ensiformes , pliées en deux longitudinalement et dis- posées par paires. Les spalhes naissent dans les aisselles des feuilles, s'inclinent ou pendent sous leur faisceau , et portent des fruits nombreux, de la grosseur d'un grain de raisin , d'un cou^e brun ou noirâtre , qui , sous une écorce lisse , mince c\ ,5. I N D cassante, contiennent une chair farineuse , douce, qui envi- ronne une coque presque osseuse, oblongue , munie latéra- lement d'un sillon , et contenant une semence blanchâtre et amère. Uindel croît dans l'Inde et dans les îles qui en dépendent. Les pauvres en substituent les fruits à celui de l'AnEC dans la préparation de leur Bétel, (b.) INDIANITE. Substance décrite , pour la première fois , en 1802 , par M. le comte de Bournon, dans les Transactions philosophiques , et qui lui paroît devoir constituer une nouvelle espèce de la classe des pierres. Ce savant , qui en a vu une quantité considérable de mor- ceaux, ne Ta encore observée que sous la forme de masses granuleuses, à grains plus ou moins fins , mais dont le tissu est très-lamelleux. Voici les caractères qu'il lui applique. Elle est blanche , ou d'un blanc légèrement grisâtre , trans- lucide ou légèrement demi - transparente ; assez dure pour rayer le verre quoiqu'elle soit rayée elle-même par le feld- spath ; sa pesanteur spécifique est de 2,7420. Elle ne fait aucune effervescence avec les acides , à moins que la surface n'ait été altérée , ce à quoi elle est fort sujette ; mais si on en laisse digérer un fragment dans l'acide nitrique , au bout de vingt-quatre heures ou environ , sans que sa forme soit altérée , ce fragment peut çtre facilement écrasé entre les doigts , et même y être réduit en une sorte de pâte.: quelque- fois même il s'y convertit en une gelée. Exposée à l'action du feu du chalumeau, cette pierre est infusible quand elle est pure ; ce dont M. de Bournon s'est assuré par de nouvelles expériences. D'après l'analyse qui en a été faite par M. Chenevix, elle contient ; silice , 4^2,5 ; alumine , 37,5 ; chaux, 10 ; oxyde de fer, 3 ; trace de manganèse et perte , 2. Le seul minéral avec lequel on pourroit confondre cette substance , est le feldspath , quoiqu'elle en diffère essentielle- Wient. Uindianite sert de gangue au corindon du Camate ; elle est assez fréquemment mélangée d'amphibole noire et renferme aussi d'autres minéraux , notamment du quarz , de i'épidote , des grenats, du talc, etc. L'oubli que les minéralogistes pa- roissent avoir fait de cette substance , dont s'étonne à juste titre le savant qui l'a décrite , vient probablement de ce qu'il avoit négligé d'abord de lui donner un nom. Voyez son Catalogue , p. 60 et suiv. , ou Journal des Mines , t. l4, p. 81. (LUC.) INDICATEUR, Indicator ,y\t\\\. ; Cuculus ,h^ih. Genre T N D x55 «3e l'ordre des oiseaux Svlvains , de la tribu des Zygodac- TYLES et de la famille des Imberbes (F. cts mots). Caractères: Bec plus court que la tête , un peu fléchi en arc , dilaté à la base, convexe en dessus, entier, un peu rétréci vers le bout ; mandibule supérieure , inclinée à la pointe ; l'in- férieure retroussée à l'extrémité ; narines petites, concaves, à demi-couvertes par les plumes du front ; langue aplatie , courte, triangulaire ; tarses plus courts que le doigt le plus long; quatre doigts, deux devant, deux derrière; les anté- rieurs unis à la base , les postérieurs totalement séparés ; on- gles forts, crochus , acumiués; les première et deuxième ré- miges les plus longues de toutes; rectrices, douze. Ce genre ne contient que deux espèces qui habitent les forêts de l'A- frique méridionale ; elles nichent dans les arbres creux : leur ponte est de quatre ou cinq œufs , et leur nourriture se com- pose d'insectes, de miel et de cire. Le nom qu'on leur a donné vient de ce quMls servent de guide aux habitans pour décou- vrir les ruches d'abeilles sauvages qu'elles indiquent en criant. L: Grat^d Indicateur, Indicator major ^ Vieill. ; Cuculus indicaior^ Lath. , pi. 2^1 , fig. i et 2 des Oiseaux d'Afrique de Levaillant, a six pouces et demi de longueur totale ; l 'iris d'un gris jaunâtre ; les paupières noires ; le bec brun à sa base, et jaune au bout: le dessus de la tête gris ; la- gorge et la poitrine blanchâtres, avec une teinte de rertqui, s'affoiblissantpeu à peu,n'eslpresqueplus sensible sur la poitrine; le ventre blanc; les cuisses marquées d'une tache noire , oblongue ; le dos elle croupion d'un gris roussâtre ; les couvertures supérieures des ailes d'un gris-brun ; les plus voisines du corps marquées d'une tache jaune ; les pennes des ailes brunes ; celles du milieu de la queue, plus étroites que les autres, d'un brun tirant à la couleur de rouille; les deux suivantes noirâtres , avec le côté intérieur d'un blanc sale ; les autres blanches , avec une tache vers leur base; les piedsnoirs et les ongles foibles. Cette descrip- tion, qui est d'après Sparrmann, appaftient, dit-il, à une fe- melle dont le mâle diffère par un cercle noir qui entoure le cou. Selon M. Levaillant , le mâle a le dessus de la tête et du cou, le manteau et les couvertures supérieures des ailes d'un vert olive rembruni, qui, sous certains aspects, prend un ton jaunâtre ; le croupion blanc ; les couvertures supérieures de la queue de cette couleur et variées d'olivâtre ; les pen- nes des ailes d'un brun olivacé et liserées de vert olive en dehors ; les trois dernières pennes latérales de la queue blanches avec une tache brune à leur bout ; toutes les autres d'un bnm olivacé à l'intérieur et en partie blanches en de- hors ; la gorge , le devant àxx cou et la poitrine , d'un jaune pâle , comme onde de gris-blanc sale sur le milieu du cou. i.H T N D et varié de taches noires sur la gorge ; toutes les parties pos- ter! mes d'un blanc sale jaunissant ; le bec , les pieds , les on- gle> n les yeux bruns. Sa taille est à peu près celle de notre pie-grièche^ sans être aussi longue. La femelle est plus petite que le mâle , etdilTère en ce que la couleur vei i-olive de tout le dessus des ailes el du dos est d un ton plus j.iunàire ; que le front est piqueté de bhmc jaunâtre ; que la gorge , le devant du cou, la poitrine et les (lancs sont va- riés de brun-noir sur un fondblanc jaunâtre. Le jeune mâle res- semble à la femelle La queue i]ifim(Jiruieurscs\ , dit M. Levait- lanl .coiii()o>é(' d<' douze reririces, é logées sur les côlcs,et elle est fourrliur dans son milieu. Le nid de cet oiseau, selon Sparr- Tnann, (In moins celui qu'on lui a fait voir comme tel, est compo- sé de foibles filameiis d'écorce d'arbre , artistement tissus en- semble, el au(|nel ces oiseaux doi.nent la forme d'une bou- teille renversée ; ils le suspendent parles deux bouts avec un cordcu lâche, de miinière qu ils peuvent se percher dessus. M Levoillant assure dius son Voyuf^e d Afri(]ue ^ qu'au con- traire cet oiseriu fait son nid d.ins des creux d'arbres, et y grimpe comme les plrs. La ponle es( de trois ou quatre œufs d'un blanc sale. Le mâle partage l'incubation. Cette espèce se trouve dans l'intérieur de 1 Afrique , et ne se rencontre pas dans les environs du Cap de Bonne-Fspé- rjince. Il est vrai qu'elle ne pourroit y trouver sa nourriture, si l'on n'y voii point d'abeilles, du moins Sparrmann dit n'en avoir vu que chez un seul colon qui , en leur présentant des boites ou des caisses, a voit su fixer dans son habitation quel- ques essaims sauvages.Cet oiseau doit probablement éprouver quelques difficultés à se procurer une nourriture dont il pa- roït très-friand ; mais il a l'instinct d'appeler Ihomme à son aide , en lui indiquant le nid des abeilles par un cri fort aigu ^ chirs ^ chirs, et selon d'autres voyageurs, cvuki, wicki , mot qui dans la langue holtentote signifie miel. 11 fait entendre ce cri le matin el le soir, et semble appeler les personnes qui sont à la recherche du miel dans les déserts de l'Afrique j celles-ci lui répondent d'un ton plus grave en s'approchant toujours. Dès qu'il les aperçoit, il va planer sur l'arbre qui renferme une ruche , et si les chasseurs tardent à s'y rendre , il redouble ses cris , vient au-devant d'eux , et par plusieurs allées et venues, la leur indique d'une manière très-mar- quée. Tandis que l'on se saisit de ce que contient la ruche , il reste dans les environs , et attend la part qu'on ne manque jamais de lui laisser. L'existence de cet oiseau est précieuse, pour les Hoitentots ; aussi ne voyent-ils pas d'un bon œil ce- lui qui le lue. I N D ,55 ïiC Petit Indicateur, Indlcator mînor ^ Vieill. , pi, 243 de» Oiseaux d'Afrique ^ de Levaillant est à peu près de la taille da moineau franc. Il a le dessus de la tête d'un gris olivacé ; cette couleur prendun ton plus vert, olive, jaunâtre, à mesure qu'elle s'approche des pennes de la queue ; les pennes des ailes sont d'un noir-brun, et liserées en dehors de vert jaunâtre ; uti trait noirâtre est au-dessous des yeux, disposé en forme de mous- tache ; toutes les parties inférieures sont d'un vert d'olive gri- sonnant ; le ventre est d'un blanc sale , et la queue pareille à celle du précédent ; le bec, les pieds et l'iris sont d'un brun jaunâtre. La femelle ne diffère du mâle qu'en ce que le vert- olive dudessusdesailesestplusbrunâtre.M. Levaillant a trou- vé cette espèce dans les forêts du Swarte-Kop, du Soning, et de là jusque dans le camp de Boo , sur les bords de la rivière des Elépbans et de la grande rivière. Les colons du Cap nom- ment les indicateurs , henning voogel (^oiseaix du miel) ou /?c/in ningwyser (indicateur du miel). Ces oiseaux crient sans cesse ; leur cri exprime les syllabes ket- ket-ket-kit~kit ^ kye ket kye kye ket. La ponte du petit indicateur est de quatre œufs blancs que la femelle dépose dans un trou d'arbre. M. Levaillant fait mention d'un troisième indicateur d'une taille moyenne entre lesdeuxprécédens, et qui a le dessus delà tête , le dos , les ailes , le croupion , le bec et les pieds bruns ; la gorge d'un roux clair, et tout le dessous du corps d'un blanc roussâtre. La peau de ces oiseaux-est épaisse , et le tissu en est si serré que, lorsqu'elle est encore fraîche, on peut à peine la percer avec uim épin'gle. Cette épaisseur la préserve de l'aiguillon des abeilles , à qui ils font une guerre conti- nuelle , non pour les manger, car ce célèbre voyageur n'a trouvé dans leur estomac que de la cire et du miel , et pas le moindre débris de ces insectes ; mais ils en détruisent beau- coup , et ceux-ci s'altachetit de préférence aux yeux de l'oi- seau, et viennent quelquefois à bout de lui donner la mort.fv.) INDICOLITHE ou INDIGOLITHE. Variété de tour- maline., de couleur bleue, de Uton, en Suède, qui avoit été regardée d'abord comme une espèce particulière , et qui ne diffère de cette substance que par sa couleur qui passe du bleu grisâtre au bleu d'indigo, d'où lui est venu son nom , et au noir brillant. M. Haiiy a fait , de cette réunion , le sujet d'un Mémoire inséré dans le premier volume des Annales du Muséum d^ Histoire naturelle. On a trouvé depuis des tourma- lines semblables , aux Etats-Unis, dans la province de Mas- sachussets. V. Tourmaline, (luc.) INDICUM. Nom latin de I'Indigo. (ln.) INDIEN. V. au mot Calliomore. (b.) lî^DlGENE {Botanique). Ce mot exprime qu'une plante i56 I N D croît natnrellement dans le pays où l'on est ; il est relatif comme le mot exolique. Ainsi les plantes qui viennent spon- tanément dans les Antilles sont exotiques pour nous et indi- gènes i^our les habitans de ces îles , et réciproquement, (d.) INDIGO ou INDE, Substance de couleur bleue servant aux teinturiers et aux peintres en détrempe, provenant dune plante nommée indigo par les Français, anil/o par les Espa- gnols , et Indigotier par les botanistes. F. ce dernier mot. (D.) INDIGO. C'est la Crotalaire du Bengale, (b.) INDIGO BATARD. L'AaiaRPHE frutiqueuse porte ce nom en Amérique. V. ce mot. (B.) INDIGO DE LA GUADELOUPE. La crotalaire blan- châtre est ainsi appelée dans nos colonies. V. le mot Crota- laire. (b.) INDIGO SAUVAGE. Plante d'Amérique qui devient une espèce d'arbuste , et dont la racine écrasée et appliquée sur les dents en amortit la douleur, (b.) INDIGOFFLRA, de d^^ux mots latins, qui signifient porter et indigo. C est ie nom donné ptr Linnaeus aux genres qui renferment les plantes d'où î on retire V indigo , substance connue de tout le monde, et dont le nom rappelle celui de l'Inde d'où on nous l'apporte. Celte substance est Vanil^ ou gali ou enger de l'Inde , le nyange du Sénégal , le nil d'Avi- cenne et Vindicum des auteurs postérieurs, La plante qui la fournit , Indigofera tinctoria , est figurée , dans Rheede , pi. 54., avec le nom d'a/Tîm. Le genre indigofera de Lionrp'is comprend le sphœridiopho- rum de Desvaux, qui avoit été placé aussi dans les hedysarum. On trouve dans le genre sophora quelques espèces originaire- ment placées dans le genre Indigotier. V. ce mot. (ln.) INDIGOLITHE. V. Indicolithe. (luc.) ^ INDIGOTIER, Indigojera, Linn. {Diadciphie dècandne. ) Genre de plantes de la famille des légumineuses , qui se rap- proche beaucoup du Galega , et dont les caractères sont : un calice à cinq divisions ; une corolle papilionacée , avec deux appendices latéraux à la base de sa carène ; dix éta- mines réunies en deux paquets à anthères arrondies ; un ovaire cylindrique , chargé d'un style court à stigmate ob- tus ; et pour fruit , une gousse grêle , ordinairement arquée , non articulée , renfermant plusieurs semences. Les espèces comprises dans ce genre , au nombre de plus de soixante , sont des hv/rbes ou arbustes exotiques , à feuilles, citernes , communément ailées avec impaire , quelquefois I N D ,57 ternées , et très-rarement simples ; leurs fleurs petites , et disposées en épis, naissent sur des pédoncules axiliaires. Leurs gousses ne sont presque jamais comprimées comme celles de la plupart des galegas. Ia' indigotier est ainsi nommé , parce que plusieurs espèces de ce genre fournissent Tindigo. Ce sont les seules dont nous ferons mention dans cet article. La plus intéressante de toutes les espèces d'indigotiers^ la plus généralement cultivée dans les Antilles et dans d'autres parties de l'Amérique , est TIndigotier franc , /«- digufera anil , Lam. , qui est figuré pi. E , n.° 18 de ce Dic- tionnaire. Cette plante, qui devient ligneuse avecle temps , présente une racine pivotante, une tige cylindrique qui se divise quelquefois, dès le pied, en petites tiges revêtues d'une écorce de couleur grisâtre entremêlée de vert, et chargées , vers leur partie supérieure, de poils extrêmement petits et couchés. Les rameaux se garnissent de feuilles alter- nes, pétiolées , ailées avec impaire, et composées or- dinairement de neuf folioles à peu près égales entre elles , à l'exception de la foliole terminale qui est quelquefois plus grande. Ces feuilles sont unies , douces au toucher,' et assez semblables à celles de la Luzerne; mais pour la couleur , la figure , la grandeur et la disposition des folioles sur leur pétiole commun , aucune plante n'approche plus exactement de Vindigotier franc , que le GalÉga appelé e» français rue de chèvre. L'Indigotier DES I^des ^ Indigofera indica , Lam.;/«J. Une- toria , Linn. Celte plante , qui a beaucoup de rapports avec celle qui précède , vient spontanément à l'Ile-de-France , à Madagascar, au Malabar, dans les lieux incultes , pierreux ou sablonneux. C'est avec elle qu'on fait de l'indigo dans ces pays. Elle est haute de trois pieds, et diffère de l'indigotier franc , par ses fruits plus cylindriques , non courbés en fau- cille , et à sutures moins relevées. L'Indigotier glauque , Indigofera glauca , Lara. On le trouve dans l'Arabie , en Egypte et sur la côte de Barbarie , où on le cultive pour sa fécule. Sa tige est droite ; elle porte deux sortes de feuilles : les inférieures sont ternées , les supé- rieures composées de cinq ou sept folioles ovales , glauques et argentées sur les deux surfaces. L'Indigotier velu , Indigofera Ursula^ Linn. On pense, dit cet auteur , que cette espèce sert aussi à faire de l'indigo. ,58 T N D E!ic croît dans Tlnde et sur la côte de Malabar , aux lieux sablonneux. Son caractère spécifique est d'avoir sa tige , ses feuilles , ses stipules elles calices de ses fleurs velus. L'Indigotier vert , Indigofera plia , Linn. , F. Le nom donné par Linnaeus fils à cette espèce , indique qu'on rem- ploie , comme les précédentes, à la fabrication de 1 indigo. Elle vient aussi dans llnde , a une tige droite et verte qui ressemble à celle de l'indigotier franc, et des feuilles ternées, dont les folioles sont ovales et aiguës. On cultive beaucoup l'indigotier dans les colonies fran- çaises de r Amérique, principalement aux Antilles, C'est une des meilleures cultures de ces iles ; elle exige peu de dépenses, et donne un produit considérable , mais beaucoup moins as- suré que celui des plantations à sucre , et même plus éven- tuel que le revenu des cotonneries ou des caféleries. Cette plante est tendre et très-sensible aux différentes influence» de l'atmosphère ; les pluies trop continuées la lavent et la pourrissent, si l'eau, surtout, n'a point d'issue pour s'écou- ler , et les vents brûlans la font sécher sur pied. Comme elle est peu élevée, les mauvaises herbes qui croissent aussi vite qu'elle , Tétouffenl , quand on n'a pas eu le temps de les sar- cler -, enfin , elle est attaquée par beaucoup dinsecles, et dé- vorée quelquefois entièrement par les chenilles , à l'époque de sa maturité. Ces obstacles au succès de sa végétation , lesquels se renouvellent assez souvent , exercent la patience du cultivateur , mais sans la fatiguer. Il est chaque année en- couragé par l'espoir d'une récolte abondante, qui, lors- qu'elle arrive , le dédommage presque toujours des pertes an- térieures. La culture de rindigo( c'est le nom que la plante même porte dans nos îles ) , telle qu'elle a Heu à Saint-Domingue, est fort simple. On en sème la graine à différentes époques de l'année , suivant les lieux et les saisons. Dans la plaine du Cap , on sème communément l'indigo vers le mois de novembre ou de décembre , dans le temps des nords. On appelle nords , dans cette partie de la colonie , les pluies qui tombent alors , et qui viennent de ce point de fhorizon. Dans d'autres quartiers de l'île , où les nordi, ne sont point connus, et où la saison de l'hiver est très-sèche, on ne sème l'indigo qu'en mars ou avril , époque à laquelle commencent les pluies d'orage ; car c'est toujours l'arrivée ou l'attente cer- taine de la pluie qui doit régler partout le temps du semis, à moins qu'on n'aitla faculté d'arroser. Quelquefois les circons- ï ^ T> ,59 tances forcent de planter à 5lanJer,que dans les temps qui annoncent une pluie proch;:ine. Lorsqu'elle ; r ive , I h i- tant a la satisfaction de voir lever la p;eniière gr ;in,', dans le moment même où il peut en planter d'autre ; et les inlervaKes qui s'établissent ensuite entre levroupes de ces indigos semés en différens temps , en rendent la recohe moins pénible. Mais aussi, lorsque la sécheresse trompe ses espérances, la gr.Tine qu'il a confiée imprudemment à la terre , s'érhauffe, I cha- leur la racornit , et 11 risque de la perdre enlièiemont. il lii roste alors la ressource de semer de nouveau. La dislance entre les trous qui reçoivent la graine d'indigo, doit étredesix k sept pouces. Lorsque celle graine est bien mûre , cl lorsque la pluie favorise les semis, elle lève com- munément au bout de trois ou quatre jours. Dès que la plante se montre, on doil sarcler le terrain qu'elle couvre ; et celte opération, qui est très importante , doil être répétée avec soin tous les quinze ou vingt jours, jusqu'à ce que rindi^osoit assez haut pour ombrager le sol et étouffer les autres herbes qui voudroient repousser. Ce sarclage se fait de la même manière à peu près que celui du lin parmi nous. Lorsque , après un grain de pluie , il survient tout à coup un soleil chaud , l'indigo , imbibé d'eau , est exposé à être brûlé par les rayons decet astre; ses rameauxs'inclinent alors, se fanent el se dessèchent. Si la terre dans laquelle on l'a se- mé est trop appauvrie par les récoles précédentes , si elle est usée par une ancienne culture , ses tiges sont folbles dès leur naissance , et cette foiblesse les accompagne tout le temps de leur durée. Les venls impétueux secouent , agitent el froissent cette plante. Les fortes pluies, les orages violens l'affaissent et la déracinent quelquefois , en emportant la terre qui chausse son pied. Mais ici le mal est souvent compensé par un avan- tage. Ces pluies mêmes , qui tombent comme par torrens , et qu'on appelle dans le pays avalasses , entraînent et détrui- sent une foule d'insectes toujours prêts à dévorer la feuille de l'indigo. Car il n'est pas , que je sache, une plante en Eu- rope ou en Amérique , qui soit, par sa nature ou peut-être par les circonstances locales, plus exposée que celie-ci aax ravages de ces animaux. Leschenilles, surtout, réduisent quel- quefois cette plante à l état de squelette , en moins de qua- rante-hult-heures , et font un désert du plus beau champ d'indigo. *6o I N D Jusqu'à présent , on n'a trouvé que trois movens pour pré-^ venir ou arrêter , au moins en partie , leurs ravages. Le premier consiste à ouvrir de larges tranchées , d'uit champ à l'autre , pour intercepter toute communication en- tre la partie infectée et celle qui ne l'est pas. Le second moyen , qui est le plus sûr et le plus simple , c'est de couper bien vite Findigo , quand on s'aperçoit que la chenille va s'en emparer. Mais la voracité de ces insectes est quelquefois plus forte que cent bras réunis; et malgré les soins du propriétaire pouf hâter sa récolte , secondé par l'ac- tivité des nègres , une partie de l'herbe qui couvroit son jar- din, devient la proie des chenilles. Pour prévenir de bonne heure leurs dégâts, on a imaginé de lâcher , dans les pièces d'indigo qu'elles menacent , des troupeaux de dindes et de cochons. I^es premiers sont friands des chenilles ; les seconds qu'on tient toujours affames ex- près , mangent avec avidité ces insectes , qu'ils font tomber en secouant la plante avec leur groin. Ce dernier moyen, surtout, exécuté par les cochons , produit toujours son effet ; c'est-à-dire que les chenilles d'une certaine grosseur, qui se trouvent dans le champ au moment où ces animaux y sont introduits , sont dévorées entièrement par eux ; mais les pe- tites restent, sans compter celles qui éclosent chaque jour. Pour détruire celles-ci, les dindes sont préférables aux porcs. La chasse faite ainsi à ces insectes donne quelque répit au colon ; et s'il la recommence souvent et à propos , il peut conserver son herbe jusqu'au moment où elle est bonne à couper. On coupe ordinairement l'Indigo deux mois ou deux mois et demi, quelquefois trois mois après qu'il a été semé. Quand on n'a planté que de ïîndîgo bâtard , il est bon de prévenir le temps où il entre en fleurs. L'indigo franc se coupe quand îl commence à fleurir ; aussi , lorsqu'on les mêle , ce qui arrive quelquefois , c'est la floraison du franc , laquelle devance celle de l'autre, qui décide la coupe. Lorsqu'on laisse la feuille se faner et sécher sur pied, la qualité et la quantité diminuent. Si l'Indigo est coupé avant sa maturité , la couleur en est plus belle , et la fécule moins abondante. En coupant l'indigo , on n'attaque la tige qu'à un pouce et demi ou deux pouces au-dessus de la terre. Elle produit des rejetons qui sont coupés à leur tour six ou sept semaines après ; et cette seconde coupe est suivie d'une ou plusieurs autres, jusqu'à ce que la plante dégénère , c'est-à-dire, jus- qu'à la fin de la seconde année dans les terres neuves et ri- ches, et jusqu'à la fin de la première , dans les terrains mé- diocres ou usés. I N D ,6i Au moment où l'on sépare les rameaux de la souche , on les jette sur des toiles qu'on appelle balandras , ayant une forme carrée , et qu'on noue par les quatre coins. C est ainsi que Therbe est portée en paquets près des cuves , soit sur la têj« des nègres , soit dans de petites charrettes. 11 faut, le plus qu'il est possible , hâter le transport du jardin à l'in^ digoterîe , et ne pas presser ou fouler 1 herbe dans le balan- dras, parce que cette plante est si disposée à fermenter, que pour peu qu'on attendît , la fermentation s'établiroit avant que Tindigo pût être mis dans la cuve. Or, un commence- ment de fermentation hors la cuve , fait perdre beaucoup de parties colorantes , et nuit à leur qualité. Les procédés les plus généralement suivis pour obtenir la fécule de l'indigotier , sont la fermentation et le battage : par la fermentation, on détache de la plante ses molécules co- lorantes ; par le battage , on les réduit à l'état d'un grain dis- tinct et facile à sécher. Ces deux opérations exigent des bâti- temens, des cuves , des ustensiles et des préparatifs que je vais faire connoître. Disposition d'une îndigoterie , Bâtimens , Ustensiles. Dans nos îles , on appelle indigoterie , toute plantation où l'on cultive V indigotier. ()n donne aussi ce nom aux cuves de maçonnerie destinées à la fabrication de ïindigo : c'est de la disposition de ces cuves dont il s'agit ici. Chaque indigoterie est composée de trois cuves construites l'une au-dessous de l'autre , et jointes ensemble par des murs mitoyens ; elles sont disposées de manière que l'eau versée dans la première , tombe , par des robinets , dans la seconde; de la seconde , dans la troisième ; et de la troisième , au- dehors. La plus élevée porte le nom de pourriture, parce que c'est dans celte cuve qu'on fait macérer et fermenter l'herbe ; la seconde s'appelle batterie, parce qu'après y avoir fait passer l'eau de la pourriture qui s'est chargée de la matière colo- rante de la plante , on bat cette eau pour en détacher le grain ; la troisième cuve ne forme qu'une espèce d'enclos , nommé reposoir. Au bas du mur qui sépare cet enclos de la seconde cuve , est un petit bassin creusé dans le plan du reposoir, au-dessus du niveau du fond de la batterie , et destiné à re- cevoir la fécule qui en sort. Ce petit vaisseau se nomme bas- sinât ou diablotin ;i{ est rond ou ovale, et muni d'un rebord qui empêche l'eau du fond du reposoir d'y refluer ; à son fond se trouve une fossette ronde et large comme le cneux d'un chapeau, dans laquelle on puise , avec un morceau de calej XYI. ' 1 \ ,63 I N D Lasse , le reste de la fécule qui y tombe naturellemenl lors- qu'on vide le diablotin. Le fond de ces trois grands vaisseaux est plat , avec une pente d'environ deux ou trois pouces , pour faciliter l'écou- lement. Le premier a une bonde , avec son dalot , de trois pouces de diamètre. La bonde du second vaisseau est per- pendiculaire au bassinot , et reçoit trois robinets élevés de quatre pouces les uns au-dessus des autres ; les deux supé- rieurs servent à écouler, en deux reprises, l'eau qui surnage la fécule après le battage : le troisième est destiné à l'écou- lement de la fécule même déposée au fond de la batterie , au niveau duquel ce robinet doit être , et même tant soit peu plus bas. Le plan du fond du troisième grand vaisseau , au lieu de bonde , a une ouverture au pied du mur , d'environ six pouces en carré , toujours libre , qui répond à un canal de décharge, nommé la vide. Le diablotin et la fossette qui est à son fond, n'ont besoin d'aucune issue , parce qu'on en retire toute la fécule par leur ouverture. Les bondes doivent être de bois incorruptible, équarries, et placées dans le courant de la maçonnerie. Leur hauteur et leur largeur sont proportionnées à la quantité et à la largeur des trous qu'pn y fait, et leur longueur se mesure sur Tépaisi seur du mur. Les habitations où on fabrique l'indigo ont , suivant" leur étendue , plusieurs corps de maçonnerie semblables , proches ou éloignés les uns des autres, pour la commodité de l'ex- ploitation. Si l'herbe qui trempe dans la pourriture éloit abandonnée à elle-même , en fermentant elle en surpasseroit bientôt les bords. Pour empêcher sa trop grande dilatation, on plante , vers les quatre coins extérieurs de cette cuve, quatre poteaux appelés clefs., élevés d'un pied et demi au-dessus de la ma- çonnerie, et ayant chacun une longue et large mortaise dans sa partie supérieure. Ces mortaises sont destinées à recevoir des barres qui passent directement de l'une à l'autre clef par- dessus toute la largeur de la pourriture , et posent sur des étançons placés entre elles et un lit de planches ou palissades qu'on dispose au-dessus de l'herbe pour la contenir. Trois fourches ou courbes de bois, plantées en triangle des deux côtés de la batterie, servent de chandeliers ou d'appuis au jeu des buquets employés à battre l'eau de cette cuve. Le buquet est un instrument composé d'un caisson sans fond, uni à un manche. Ce caisson est formé de l'assemblage . 177 ; Murait, Colleg. anal. , lect. x, etc.). Pour faire preuve de sainteté, plusieurs Santons ou moines mahométans et d'autres dévots personnages de l'Inde , des Bonzes , des Fakirs , se condamnent à une virginité perpétuelle ; et soit afin de ne pas enfreindre leur vœu par quelque tentation charnelle , soit pour offrir le témoignage de leur constance , ils ont soin de charger leur prépuce d'un énorme anneau à^infibulation. Dans ces climats chauds où la nudité ne scandalise pas , les femmes dévotes vont admirer les preuves de ce grand effort de sagesse. On dit plus , et sans doute les voyageurs n 'ont pas menti, ces personnages divins sont tellement vénérés pour avoir gardé ce vœu, que les dévotes Vont saintement , à deux genoux, baiser l'anneau préputial, apparemment pour gagnée les indulgences. Les Romains infibuloientl.e\xrs chanteurs afin de conserver ,76 I N F leur voix, et même aussi plusieurs autres histrions et dan- seurs , ou jusqu'à des gladiateurs afin de maintenir la vigueur de ces ministres des amusemens du peuple- roi ( Celse , ih. Mercurialis, Var. lecl. , /. i , c. 19; et Marsil. Cognât. Var. ohseri>. , /. 2 , c. 8). On voit dans les Monumenti anlichi Inediti de Gior. Winckelmann (Roma, 1767, in-f.« , part. 4, c. 8, pag. 24.7 , fig- 188) , la figure d'un musicien infibulè; c'est une petite statue en bronze, représentant un individu maigre comme un squelette , tordu ou difforme , portant un anneau in enormi meniulâ. Martial , qui plaisante sûr tout , parle de ces chanteurs qui rompoient quelquefois leur anneau , et qu'il falloit remener chez le boudeur. Et cujus refibulavil tuigidum faber penem. Epigr. 81. lib. vii. Heinsius pense que cette coutume à^nfibuler pouvoit bien remonter jusqu'à l'époque du siège de Troie ; car le chanteur Démodocus , laissé près de Clytemneslre par Agamemnon, lui paroît avoir été , soit eunuque , soit tout au moins infibulè. (Voyez Introd. in Hesiod. , mp. vi ,/),'i|, édit. Plantin i6o3 , in voce ùoiè'^ôi). Il en falloit faire autant à Egisthe. Au moins Vinfibulation est plus humaine que la castration. En empêchant la conjonction , elle n'en ôte pas la faculté ; ce n'est qu'une abstinence temporaire forcée. Nous aurions de plus belles basse-tailles, des ténors bien autrement par- faits sur nos théâtres , si cet usage étoit en vigueur dans nos Académies de musique. Nous aurions aussi des danseurs d'un jarret plus nerveux et de plus hautes pirouettes, au moyen de l'anneau ; mais notre indulgence trouve tout bon , à l'opéra. Quelle galère , en effet , ce seroit pour ces nobles acteurs, s'il leur falloit porter le cadenas ? quelles malignes agaceries de la part des actrices ! Mais ce seroit bien pis si l'on condamnoit aussi leur virginité au cloître ! Non , toutes les puissances divines et humaines n'introduiront jamais des lois si barbares dans les doux boudoirs de la volupté ; ce se- roit détruire toute union , tout commerce utile de la vie. On se passera bien de voix et de grands danseurs , et Vinfibula- tion est passée de mode ainsi que les talens. (virey.) INFLAÏA. Nom latin d'une famille d'insectes établie par M. Latreille dans Tordre des diptères. V. Yésiculeux. (desm.) INFLORESCENCE. Disposition des fleurs dans les plantes. Elle est constante et régulière dans les mêmes es- pèces. V. l'article Fleur et Jes mots Cime, Grappe, Om- belle, CoRYMBE, etc. (D.) INFUNDIBULUM. Nom latin du genre de coquille I N G .„ formé par Denys de Montfort, sous le nom d' Entonnoir, V. ce mot. (DESM.) INFUSO IRES (Animaux ou vers infusoires). Leeuwen-; hoeck et Muller ont donné ce nom à une foule d'animaux microscopiques qu'ils ont observés dans les injusions de di- verses plantés , dans les eaux plus ou moins corrompues, etc. Ces êtres ont pris place dans nos systèmes d'histoire natu- relle à l'une des extrémités de la série des animaux , dont ils diffèrent particulièrement, en ce qu ils n'ont point de bouche distincte et en ce qu ils ne présentent aucun organe intérieur constant et déterminable. Us sont gélatineux , trans- parens , polymorphes, Contractiles. Leur génération est fis- sipare, subgemmipare. F. 1 article Vers. Selon M. Lamarck , ils composent la première classe des animaux sans vertèbres. Suivant M. Duméril , ils forment la quatrième famille des animaux invertébrés zoophytes. M. Cu- vier {Règne'mTamal) les range dans sa cinquième classe des mêmes zoophytes qui constituent son' quatrième embran- chement ou grande division des animaux. Enfin, d'après M. de Blaihville , ils appartiennent à la seconde classe du troisième sous-règne des animaux , à celle pour laquelle ce naturaliste propose le nom d'AGASTRAiRES. (desm.) INGA, Inga. Genre de plantes établi par Willdenovv aux dépens des Acacias (Mimosa, Linn.). 11 renferme celles de ces plantes qui ont un grand nombre d'étamines mona- delphes , et dont les semences sont renfermées dans une pulpe. L'Acacia a fruit stjcré, Mimosa inga, Linn., sert de type à Ce nouveau genre , qui renferme cinquante-huit espèces, (b.) INGBER et INGURER. Le Gingembre est ainsi nom- mé par les Allemands, (ln.) INGOGNE. Boisson très-agréable quand elle est ré- cente , que fabriquent lés INègies de la Sénégambie , avec un fruit jaune assez semblable à la pêche, mais dont on ne con- noît pas le nom botanique. (CB.) INGRAÏN. L'Epeautre porte ce nom dans le départe- ment de l'Indre, (b.) IINGROEN, C'est la Bugle rampante {Ajugà repians') ^ en Hollande. (lN.) INGRUN. Nom allemand de la Pervenche, (ln.) IKGHURU. Nom donné au Gingembre , à Ceylan, (LN.) INGWERKRAUT. C'est, en Allemagne, le nom du Passerage a feuilles larges {Lepidium lalifolium, L.). (ln.) ,78 I N O INGUINALIS des Romains. C'est un des noms qu'ils donnoient à Vaster aiticus^ planle dont ils faisoient usage pour la guérison des maladies de l'aine. Une espèce d Inule peut bien être cette plante, (ln.) INGUINARIA. Plante employée chez les anciens au même usage que I'Ingui^alis. C'est, à ce que l'on croit, la Crois'eTTE velue ( Valantia rniciaia). (LN.) INHALATION. F. Inspiration. (D.) IN H AME,. Synonyme d IG^^\ME chez les Portugais et les Espagnols des îles, (ln.) INHAZARAS. Mammifère de La côte de Zanguebar, in- diqué par Purchass, et qui paroît être le cochon de terre ou Or\cterope. (s.) INIAN. Altération d'IcNAME. V. ce mot. (b.) IN 1MB 01. Nom brasilien du Bonduc. (ln.) INlvOORN , ECKOORN et EIKOORN. Noms hol- landais de l'EcuREuiL. (desm.) INO. V. Papillon, (s.) INOCARPE, Inocarpus. Arbre à feuilles alternes, ohlon- gues , un peu en cœur, très-entières, à (leurs portées sur des épis axlllaires, et accompagnées de petites bractées , le- quel constitue, d'après Forsler , un genre dans la décandrie monogynie. Ce genre a pour caractères : un calice monophylle , petit, partagé en deux découpures oblongues , obtuses , égales ; une corolle monopélale , infundibuliforme , à tube cylin- drique et à limbe partagé en cinq découpures linéaires ; dix étauiines sur deux rangs et attachées au tube; un ovaire su- périeur, oblong, velu, dépourvu de style, à stigmate con- cave; un drupe ovale, grand, un peu comprimé, courbe au sommet, contenant un noyau fibreux, réticulé et nio- nosperme. L'inocarpe croît naturellement dans les îles de la mer du Sud , et principalement à Otahiti , où Forster rapporte qu'on en mange les fruits, comme en Europe les châtaignes, dont ils ont le goût, quoique moins agréables et plus durs. Son écorce est astringente et guérit la dyssenterie. On en lire un suc glutineux , qui sert aux sauvages à affermir les liens des pointes de leurs flèches, (b.) INOLITE. Gallizin donne ce nom à la chaux carbonatée, concrétionnée , à structure fibreuse ; stalactite calcaire des anciens minéralogistes , fasrigcr kalksinter des Allemands. INOPHYLLUM , /«i///e veinée, en grec. Nom donné par Burmann aux espèces de Calaba , à raison de leurs feuilles lucides, élégamment striées en travers par des veines nombreuses et parallèles. C'est pour cela aussi que ce genre I N S .,, avoît été nommé , par Vaillant , calophyUoâendron ( arbre à belles feuilles ) , nom abrégé par Linn^eus en calophyllum. L'une des espèces, qpi est le calophyllum inophyllurn, L. , est aussi le halsamaria de Loureiro , le ponnà manim des Mala- bares , le Litangor des Malais , et l'arbre d'où l'on retire la résine tacamahaca dans les îles de Bourbon et de Mada- gascar , où cet arbre est désigné par les noms Aefouraa et de fooraha. Le tsierou ponna des Malabares est Vinophyllon de Burmann , Zeyl., t. 60, et le vrai calaba, qui croît dans les Deux-Indes, (ln.) INONDATION. F. DÉLUGE, (pat.) INORGANIQUE , se dit de tous les corps qui n'ont, en général , point de vie propre , et ne sont composés que de molécules similaires ywjt/ù posées , comme les parties inté- grantes d'une pierre, d'un métal, d'un sel; aussi les rorps organises ( y. cet article ) sont formés de tissus quelconques, fibreux, ou lamelleux, ou celluleux, plus ou moins traversés de vaisseaux remplis de fluides , et il existe dans l'état ordi- naire de la vie un concours d'actions de diverses parties pour faire subsister le tout , pour le réparer par la nourriture ou le multiplier par la génération , toutes cboses qu'on n'ob- serve jamais dans les matériaux purement inorganiques. Ceux- ci sont ou tout solides ou tout liquides, communément ; ils n'ont point de parties spécialement construites pour des ac- tes déterminés ou des fonctions; il n'y a pas une conspira- lion de l'ensemble à un but , mais chacune des parties est indépendante du tout , et peut en être séparée sans incon- vénient. Il n'y a donc point d'organes , lesquels exigent un appareil de pièces et un jeu simultané , ou un concert d'ac- tions pour un but quelconque. Le caillou, le métal , la terre, Teau, l'air , etc. , n'ont aucune fonction ; leurs parties intégran- tes en quelque ordre qu'on les suppose, comme dans les sels les mieux cristallisés, dans les pierres les mieux configurées, dans l'asbeste et l'amiante d'apparence fibreuse , n'ont point un' objet déterminé à remplir comme en a la fleur , la patte ou l'aile d'un insecte, l'estomac d'un quadrupède, etc. On a dit qu'il existoit, dans les corps organisés, des pores inorganiques en leurs tissus, et que le phosphate calcaire de leurs os étoit .ne substance inorganique; sane doute , mais ce phosphate calcaire subit l'arrangement que lui commu- nique l'organisation ; mais ces pores , s'ils peuvent être inor- ganiques^ sont soumis au jeu de \ organisme; la fibre vivante peut les resserrer, les ouvrir, etc. A l'égard de l'organisation, voy. Corps organisés. (virey.) INOUCEN. Nom languedocien du Pigeon, (v.) INSCHI. Nom malabare du Gingembre ( Amomum zin- i8o T N S %iber ^ L.) , I'Ale des brames. Le Katou-ïNSCHi-kuà esl une espèce différente ( ^momum zerumbet ^ L. ). (ln.) INSECTES, Insecta. Classe d'anlipaux ayant pour ca- ractères essentiels : point de colonne vertébrale; un cordon nerveux longitudinal inférieur, présentant des nœuds ou des ganglions de distance en distance; corps articulé et pourvu de pieds articulés ; un vaisseau dorsal , mais sans aucune branche pour la circulation ; deux trachées pourla respira- tion, s'étendant parallèlement, de chaque côté ducorps, dans toute sa longueur, ayant par intervalles , d'une extrémité à l'autre , des centres d'où partent des rameaux , et répondant à des ouvertures extérieures , oudes stigmates , pour l'entrée de l'air; une tele distincte; deux antennes. Tel est le signalement rigoureux des insectes ; mais on peut encore les distinguer des autres animaux par l'ensemble des caractères suivans : Ils n'ont point de cœur, et une li- queur froide, lymphatique et transparente remplace le sang ; leur corps , divisé en plusieurs segmens ou annelé , est recou- vert d'une peau dure, écailleuse, sous laquelle les muscles sont attachés et qui fait l'office de squelette ; tous ont une tête distincte , portant deux yeux composés, toujours immobiles ; deux antennes ; une bouche généralement formée de six pièces disposées par paires et opposées, et des ouvertures pour l'entrée de l'air, nommées stigmates, et situées, de chaque côté , dans toute la longueur du corps ; on compte , dans quelques-uns , vingt-quatre pattes et au-delà ; mais le plus grand nombre n'en a que six , et la plupart de ceux-ci offrent des ailes. Ils sont tous sujets à des mues complètes, ou à des changemens de peau, le plus souvent fort extraor- dinaires, connus sous le nom de métamorphoses ^ et qui déve- loppent de nouvelles parties , les ailes particulièrement, et même dans plusieurs les pieds ; les individus sont mâles ou femelles, et les organes de la génération sont uniques ; l'ac- couplement est nécessaire; les feinelles, qui ne font ordi- nairement qu'une ponte , sont ovipares ou ovo-vivipares , et, le plus souvent, meurent , ainsi que les mâles, peu de temps après leur arrivée à l'état adulte ; ces animaux n'ont ni ouvertures nasales , ni d'organes pour la voix. Les naturalistes , tant anciens que modernes , se sont tous accordés à placer les insectes parmi les animaux dépourvus de squelette ou de colonne vertébrale , appelés d'abord exanœmes ou exsanguia (sans sang), et que l'on distingue plus exactement aujourd'hui sous le nom àHnvertébrés ; mais, selon le sens qu'ils ont attaché au mot insecte , ou suivant la manière dont ils l'ont défini, ils ont plus ou moins étendu cette division du règne animal. Aristote , que l'on a gêné- J N S t8i ralemenl suivi jusqu'à Linnseus, comprit sous le nom dVn- tunia ou d'insectes tous les animaux sans vertèbres, dont le corps est divisé ou incisé , du moins sur une de ses faces, et dont le derme n'est ni osseux ni charnu, mais d'une con- sistance intermédiaire et assez ferme, tant en dehors qu'in- térieurement. Les crustacés en sont exclus , et comme dans le caractère essentiel , l'on fait abstraction des organes du mouvement, les lombrics, les sangsues el les vers intesti- naux sont rangés avec les insectes. Différentes larves et des nymphes, dont on ne connoissoit pas encore les métamor- phoses, y forment des êtres propres ou su/g^neiis. Willughby et Ray mettant à profit les belles observations de Svvam- merdam sur les transformations des insectes, distribuèrent cette classe d'une nouvelle manière, mais sans changer ses limites. Linnseusla composa de tous les animaux invertébrés njunis de pieds , en commençant par ceUx qui ont des ailes. C'est la division que j'ai nommée ( article Entomologie ) En- tomes , Entomo , d'un mot grec qui est synonyme de celui à'insecies des Latins. Les crustacés , dont on en avoit jusqu'a- lors séparé une grande partie , tels que les décapodes et les stomapodes , y furent réunis et associés aux insectes aptères ou sans ailes , ceux du dernier ordre. Il avoit cependant remar- qué qu'ils ont des branchies {ùraurhias sub thorace eleoando fo- vent utî monoculi. Système nal., iom. 2, page 104.) ; mais on n'em- prunloit pas encore de l'organisation intérieure les carac- tères des principales divisions zoologiques; et quoique cette méthode , par le rang qu'y tiennent les insectes aptères, soit opposée à Tordre naturel, elle fut, à quelques modifications près, généralement adoptée. Un naturaliste français. Bris- son, sut mieux apprécier ces rapports ; il partagea (^ Règne animal) les animaux sans vertèbres en trois classes , les crus- tacés, les insectes et les vers. Ceux de la première ont des an- tennes et au moins huit pieds; ce sont les apiropndes de M. Savigny, Les insectes ont des stigmates avant la métamor- phose,etaprèscetemps, des antennesetsixpieds. M. LeFranc de Berkley, qui, dans son Histoire géographique, physique, naturelle et civile de la Hollande , écrite en la langue de ce pays , et dont nous avons une traduction française , pré- sente une distribution générale du règne animal , dislingue , comme Brisson , les crustacés des insectes, et h\s fait venir aussi immédiatement à la suite des poissons. Ce sont , à ma connolssance , les seuls auteurs qui, jusqu'à MM. Ciivieret de Lamarck , aient restreint la classe des in.«;ectes de Lin- nœus. Ces changemens n'étant fondés que sur des caractères extérieurs, pouvoient êtrç censés arbitraires, ei pour fixev ,82 I N s notre opinion , il falloit recourir à une autorité de'cisive « l'organisation intérieure et comparée de ces animaux. 11 ré- sulte des observations du plus profond anatomiste de notre siècle , M. Cuvier, que les crustacés et les aranéïdes diffè- rent des insectes proprement dits , et particulièrement de ceux qui sont ailés , en ce qu'ils ont un système complet de circulation, un autre mode de respirer, et qu'ils nous mon- trent ainsi une organisation plus parfaite. C'est d'après ces motifs que , dans ses leçons d'anatomie comparée , il a formé une classe particulière des crustacés , et qu'il a en- suite admis {Règne animal^ tome 3) celle des arachnides, établie par M. de Lamarck, mais en n'y comprenant que les espèces privées d'antennes , ou les arachnides palpisies de ce savant. Celles qui en sont pourvues , ou ses A. antennistesy composent les trois premiers ordres de notre classe des in- sectes. Les animaux que je désigne ainsi sont distingués i." des crustacés , par l'absence de vaisseaux propres à la circu- lation et parleurs trachées ; 2." des arachnides, en ce qu'ils ont deux antennes , et que leurs trachées forment deux cor- dons dirigés parallèlement l'un à l'autre, dans toute la lon- gueur du corps , offrant de distance en distance des centres de rameaux , en manière de verlicilles , et que les stigmates ne sont point bornés à un certain espace. Nature et dispo- sition des tégumens du corps , absence ou présence des or- ganes ambulatoires, et des antennes, leur nombre , immu- tabilité ou changement de formes, systèmes de la nutrition, et de la respiration , telles sont, ainsi que je viens de l'ex- poser, les considérations qu'on a successivement employées pour établir et limiter la classe des insectes. De toutes les classes de la zoologie , celle des insectes gst, d'un aveu unanime , la plus étendue et la plus variée ; je pourrois même ajouter la plus intéressante. Elle ne le cède point à la botanique , sous le rapport du nombre des espèces; car, malgré l'imperfection de nos recherches , nous en con- noissons déjà plus de vingt mille. Parmi les indigènes , com- bien en est-il , ou qu'on a négligé de décrire , ou qui ont échappé à l'observation.'' A l'égard des exotiques, nos cata- logues sont encore bien plus incomplets; les voyageurs s'é- tant contentés de recueillir, sur quelques poinls isolés de la surface du globe , les espèces les plus saillantes ou les plus agréables à la vue. Les animaux dont je vais esquisser l'histoire générale, sont si petits , que l'on ne peut souvent en reconnoître les formes sans le secours du microscope ; mais à l'œil du philosophe , I N S x83 qu'importent les masses et les volumes? La sagesse du Créa- teur ne brille jamais avec plus d'éclat que dans les êtres organiques, qui semblenl se dérober à nos sens; elle ne s'y concentre que pour mieux développer sa puissance. L'in- telligence suprême est pour moi bien plus incompréhensible en vlvifi.inl cette molécule , en lui donnant , sous des dimen- sions si exiguës, tant d'organes susceptibles de tant de sensations diiférenles, qu'eu formant de grands animaux. C'est cependant au mépris du vulgaire pour tout ce qui est foible et petit qu 11 foule sous les pieds , que l'on doit prin- cipalement attribuer le retard des progrès de Télude des in- sectes ; on a cru que ces êtres éloieut peu importans, et qu'ils ne méritoiont pas qu'on s'occupât d'eux avec une atten- tion suivie. Sans doute on ne doit pas se lasser de répéter que les homntes sont toujours la dupe des idées de grand et de pe- tit. Ceux mêmes qui savent le mieux que le grand et le petit ne sont que de simples rapports , cèdent souvent , sans s'en apercevoir, aux impressions que le grand fait sur eux, « Pour- quoi , dit Réaumur , craindrions-nous de trop louer les ou- vrages de l'Etre suprême? Une machine nous paroit d'autant plus admirable , et elle fait chez nous d'autant plus d'hon-s neur à son inventeur, que, quoique aussi simple qu'il est possible par rapport à la fin à laquelle elle est destinée , il entre dans sa composition un plus grand nombre de parties , et de parties très-différentes entre elles. Nous avons une grande idée du génie de l'ouvrier qui a su réunir et faire con- courir à la même fin , autant de parties différentes et né- cessaires. Celui qui a fait les machines animées que nous appelons des insectes , n'a assurément fait entrer dans leur composition que les parties qui dévoient y être. Combien , malgré leur petitesse , ces machines nous doivent-elles pa- roîlre plus admirables que celles des grands animaux , si est certain qu'il entre dans la composition de leur corps beau- coup plus de parties qu'il n'en entre dans celle des corp^ énormes des éléphans et des baleines ! Pour faire paroître au jour un papillon , une mouche, un scarabée, en un mot tous les iasecles qui ont à subir des transformations, il a fallu au moins faire l'équivalent de deux animaux, faire une chenille dans laquelle le papillon prît tout son accroisse- ment, faire des larves dans lesquelles la piouche et le sca- rabée pussent croître. » La prodigieuse variété des formes des insectes dans les différens ordres ou les différens genres, offre un grand spec- tacle à qui sait le considérer. Quelle variété dans le moule de leur corps , dans la figure et la structure des organes. au mouvement , de ceux de la manducalion et de la géné- ration , en un mot , dans toutes ses parties extérieures ! Ce spectacle seul n est-11 pas propre à attacher agréablement 3Î0S yeux , et à élever utilement notre âme vers la contem- plation de la nature, aussi inépuisable dans la diversité que dans Tabondance de ces mêmes êtres , dont la petitesse même doit être un motif de plus pour nous engager à les re- chercher, à les découvrir et à les observer? Mais combien de merveilles nous sont cachées, et le sont pour toujours! que nous en découvririons si nous pouvions voir distincte- ment tout l'artifice de la structure intérieure du corps des insectes ! Un sauvage, a dit Réaumur, né et élevé dans les plus épaisses forêts du Nord , qui se trouveroit tout d'un coup transporté devant un de nos superbes palais, conce- vroit de grandes idées des hommes qui ont construit de tels édifices. Mais il auroit bien d'autres idées de l'industrie hu- maine , s'il parvenoit à voir tout ce que renferme l'intérieur de ces palais , et à prendre quelque connoissance relative- ment aux commodités et aux ornemens qui y sont rassem- blés. Ainsi , les merveilles prodiguées dans la construction intérieure des insectes nous échappent. On n'a pas laissé pourtant que d'y voir bien des mécaniques surprenantes , et qui doivent fortement exciter ceux qui étudient ces êtres , à pousser encore plus loin leurs recherches. Peut-être est-ce dans lanatomie comparée et perfectionnée des insectes, que nous devons trouver la solution de bien des problèmes rela- tifs à l'anatomie du corps humain. Nous emprunterons encore une fois le langage de Réau- mur pour répondre à ceux qui méprisent l'étude des insec- tes : « Un goût exquis, dit cet illustre observateur, et un ju- gement sur, qui mettent en état d'apprécier toutes les beautés des ouvrages d'esprit , d'en saisir et d'en démêler les défauts , ne sont pas de simples présens de la nature ; ils n'ont pu être formés que par bien des coanoissances acquises et par beau- coup de rédexions et de méditation ; ils donnent à ceux qui en sont doués une grande supériorité sur ces hommes assez bornés pour faire marcher de pair des ouvrages médiocres et des ouvr;!ges excellens. Nous avons attaché , et avec rai- son , une sorte de gloire à savoir connoître les degrés de perfection et les défauts des productions des beaux arts , des ouvrages de poésie , de musique , de peinture , de sculpture , d'architecture. N y a-t-il qu'à connoître l'excellence des ou- vrages du maître de la nature , du maître des maîtres, à quoi nous ne pensions pas, ou nous ne pensions presque pas qu'il y ;:'! de mérite? Ce sont , à la vérité , des ouvr.igcs qui ne ^Qnaeni point de prise à une çriliqi^e raisonnable, où il n'y I N S i85 a qu'à admirer, et où des intelligences comme les noires, et même les plus parfaites intelligences finies, ne sauroicnt voir tout ce qui s'y trouve d'admirable; mais moins les intelligences sont bornées, et plus elles y découvriront de merveilles. Ce- pendant on n'a pas encore osé mettre en honneur, pour ainsi dire, ou presque jusqu'ici regardé que comme des amuse- mens frivoles , ces connoissances si capables d'élever Tesprit, de le porter vers le principe d'où tout part, et vers la fin h laquelle tout doit tendre. Celui qui en est encore au point de croire qu'un insecte peut n'être qu'un peu de bois ou de chair pourrie, ou celui qui n'a aucune idée des merveilleux organes de ces petits êlres animés , n'est-il pas dans une ignorance plus grossière et plus blâmable que l'homme qui confond tous les chefs-d'œuvre des beaux arls avec les pro- ductions les plus brutes et les plus informes P » Mais , quand bien même une organisation animale , aussi singulière et aussi variée que celle des insectes , ne vous pa-* roîtroit pas digne de votre curiosité , que d'aulres motifs , et dont plusieurs même tirés de votre propre intérêt, vous en- gagent à l'observation et à l'étude de ces animaux: les trans- formations surprenantes qu'ils éprouvent dans leur premier âge , et qu'on a désignées sous le nom de méiamorphoses parce qu'elles semblent, en effet, réaliser les prodiges delà mythologie ancienne ; leurs ruses et leur adresse dans la poursuite de leur proie, ou dans les différens moyens de se procurer leur nourriture ; ces ressources ingénieuses que la nature leur a ménagées pour se défendre contre leurs enne- mis, leurs amours et leur reproduction ; cet instinct admi- rable qu'ils nous dévoilent dans la construction du berceau qu'ils préparent à leurs petits , dans le choix du local destiné à les recevoir; ces soins attentifs pour assurer leur conserva- tion ; les sociétés que forment plusieurs d'entre eux et leur régime politique; l'action funeste qu'un grand nombre exerce soit sur des végétaux précieux pour nous, soit sur nos ani- maux domestiques , sur nous-mêmes ; enfin les avantages que nous retiions de plusieurs de ces animaux, tels que les abeilles^ les caniharides, les cinips , les kermès^ le bombyx du minier ou ver-à-soie , etc. On a dit avec certain fondement, que l'étude des insectes an- roit pu seule nous apprendre plusieurs arts utiles. Ainsi , les guêpes composoient leurs nids d'une sorte de papier , long- temps avant qu'on eût pensé à avoir des papeteries. Les mou- ches à scie ou fcnihrèdes , scioient pour ainsi dire les branches de différens arbres , bien long-temps avant que nous eussions inventé l'instrument dont elles ont pris leur nom ; et cet ins- trument que nous possédons , et qui nous est d'une si grande î86 I N S utilité , ne réunit pas , à beaucoup près , autant d'avantages que celui des tenthrèdes^ qui fait en même temps les fonctions dune scie, d'une râpe et dune lime. D'après ce modèle, ne pourrions-nous pas encore perfectionner cet instrument? Ln jtylorope viulelle ( abeille peire-bois ) perçoit et creusoit de la manière la plus simple , de vieux troncs d'arbres; \tsich- peumons iniroduisoicnt leurs aiguillons à travers les parois des nids des guêpes de murailles, formés d une matière très- dure , long-temps avant que nous connussions la tarière , la sonde , et d autres instrumens qui nous servent aux mêmes usages. Les termes , de la grosseur de nos fourmis , bâtissoient avec une promptitude incroyable, en Afrique et en Asie, des nids de la hauteur de quinze à seize pieds, sur les<|uels la pioche n'a aucune prise , lorsque Tart de la maçonnerie n'existoit point encore chez nous. Enfin , l'instrument avec lequel les /^fl/J^V/oHi , les cousins, les mouches, les punaises, pompent ou attirent les différens liquides dont ils se nour- rissent , n'auroil-il pas dû nous donner 1 idée de ces pompes aspirantes, ou autres instrumens auxquels .nous pourrions ajouter de nouveaux degrés 4e perfection , en les comparant ensemble ? Si l'élude des insectes a pu servir à faire disparoîtrebien des préjugés qui ne pouvoient qu'arrêter les progrès des con- noissances , pourrions nous oublier d'en faire mention , et de fournir les preuves qui doivent convaincre de cette vérité ? Combien de fois l'histoire a fait mention de ploies de sang , d'eau changée en sang, phénomènes regardés comme sinis- tres, et qui laissoient toujours après eux l'épouvante ! Eh bien ! cette pluie, ce changement étonnant d'eau en sang, regardé par le peuple et les théologiensj comme l'œuvre impie et redoutable des sorciers et des démons, n'étoit pro- duit que par quelques papillons qui, au moment d'acquérir leur dernière forme, laissoient échapper des gouttes d'une liqueur rouge, laquelle se projetoit sur les murs, les troncs des arbres , et autres objets qui avoient servi de point d'at- tache à la chrysalide. liCS eaux changées en sang ne sont produites , ainsi que l'a reconnu Swannnerdam , que par ua amas d'une multitude de très-petits entomostracés du genre de daphnie et de cyclope ^ dont le corps est d'une belle couleur rouge. Avant que Rhédl , Malpighi , Svvammerdam , Réaumur, eussent porté leur génie observateur dans l'étude des insectes, plusieurs opérations de la nature n'étoient-elles pas livrées à des idées fausses r" Quand on pouvoit adopter la génération cquivoque , à combien d'autres opinions absurdes qui en déri- voienl , ne devoit-on pas donner accès ? Sans doute pn doi^ mettre au même nombre des obstacles qui avolent le plus arrêté les progrès de nos connoissances sur les insectes, cette opinion des anciens, qui les faisoient sertir de la pourrilure de différens corps; car, dès qu'on croyoit qu'ils venoient de corruption, la partie la plus curieuse de leur histoire, tout ce qui a rapport à la manière dont ils ce perpétuent, ne sembloil pas demander à être étudiée. Il en étoii de même à l'égard des transformations des insectes, lorsqu'on ignoroit qu'elles ne sont que de simples développi mens. Pourroit-on penser qu'il est assez indifférent d'avoir des idées saines sur de pareils objets i' Tout bon esprit peut-il Ignorer que , tout comme une erreur tientà toutes les erreurs, une yérité tient à toutes les vérités ? Dès qu'on eut reconnu que les insectes ont besoin de s'ac- coupler pour reproduire , on s'empressa d'établir à leur égard, comme à l'égard des autres animaux, une règle générale dans la nature. Cependant, sans l'étude rétiéchie des insectes , au- roit-on pu penser qu'ils se multiplient sans aucun accouple- ment , au moins pendant neuf générations consécutives ? ( Voyez Puceron. ) N est-ce pas un nouveau phénomène in- téressant que celui que présentent ces mêmes pucerons , qui sont vivipares dans la belle saison, et ovipares aux appro- ches de rhiver.!* Ces insectes ne sont pas les seuls qui dévoient nous apprendre à ne pas vouloir borner la nature dans le cercle de nos conceptions ou de nos connoissances. Li'hippo- losqiie ne noUs a-t-il pas montré qu'il est des pelits qui sont, à l'instant de leur naissance , presque aussi grands que la mère qui les met au jour ? L'on a remarqué que les apparitions de diverses espèces d'insectes, au retour de la belle saison, ayant un rapport di- rect avec la température de l'atmosphère , pourroient faire considérer ces êtres comme àes thermomètres naturels. Il y en a qu'un degré médiocre de chaleur fait développer, d' autres qui ont besoin d'une chaleur plus considérable. 'Quelques- uns pourroient encore mieux servir de baromètres : ainsi , il faut s'attendre à quelque tempête , à quelque pluie , lorsque les abeilles se retirent avec empressement dans leurs ruches ; lorsque les fourmis cachent leurs larves ou leurs nymphes ; quand les mouches piquent vivement ; quand les papillons ne volent pas fort haut, etc. , etc. Combien d'autres recherches, aussi agréables qu'utiles ^ pourroit faire naître l'étude des insectes, si on voulolt s'y livrer avec autant de zèle que de constance ! elle est, pour ceux qui la cultivent , une source inépuisable d'instruction el d un plaisir dont la jouissance s'offre à chaque instant et qui n'eu- traîne ni repentirs ni regrets à sa suite ; elle peut même , paç i88 I N S riieureuse influence de ses charmes, nous distraire au milieu des orages des passions ou les éloigner; elle console les vic- times du malheur ; elle élève noire âme et lui inspire un sentiment religieux : eh ! pourroit-on contempler un spectacle aussi magnifique sans être pénétré du plus profond respeét pour l'auteur de l'univers et sans admirer sa toute-puissance et sa bonté ! Quelques insectes, et toujours sans ailes, tels que les myria- podes ou mille-pieds ^ paroissent, sous le rapport de leur con- formation extérieure, s'éloigner du plan général. Leur corps est partagé en un grand nombre de segmens , portant, pres- que tous, une ou deux paires de pattes, généralement termi- nées par un seul crochet ; de sorte que ces parties qu'on nomme le tronc et i'ahdoinen semblent se confondre ; le nombre des sligmates qui, dans les autres insectes , s'élève au plus à dix- huit , est ici plus considérable ; enfin , les organes de la mas- tication ont , par leur nombre et la disposition , une grande analogie avec ceux de la plupart des crustacés. Les myriapo- des forment ainsi, dans la classe des insectes, un type par- ticulier , se rapprochant des animaux précédens , et c'est pour cela que, dans le tableau de filiation naturelle des animaux sans vertèbres , je désigne cette division des myriapodes , sous le nom A'insectes crustacés. On pourroit cependant considérer comme le tronc cette réunion des premiers anneaux du corps qui diffèrent des suivans , soit parce qu'ils ne portent au plus chacun qu'une paire de pattes , comme dans les chi- lognathes ; soit par l'ordre des stigmates , lorsque tous les seg- mens n'ont que deux pieds, comme dans les chilopodes; les autres anneaux serolent censés composer l'abdomen , et qui , de môme que dans la plupart des crustacés , serviroient de supports à d'autres organes du mouvement ; la situation des parties sexuelles dv'^s chilognalhes confirme ces rapports. Les quatre mâchoires des myriapodes sont placées sur une même ligne transverse , et dans les chilopodes, la première paire de pieds-mâchoires, adossée à leur face postérieure, semble re- présenter les deux palpes maxillaires des autres insectes, de môme que la seconde paire de pieds-mâchoires de ces chilo- podes paroît figurer la lèvre des derniers, avec ses palpes. Les mâchiles, premier genre de l'ordre de ihysanoures ^ et qui vient immédiatement après celui des chilopodes, nous offrent des palpes maxillaires fort grands , très-pointus ou acérés au bout , et des mâchoires bifides : Je serois tenté de croire que la bouche de ces insectes n'est qu'une modification de celle des chilopodes, et dès lors leurs palpes, ainsi que les quatre extérieurs des insectes ailés, seroientles analogues des quatre pieds-mâchoires antérieurs des crustacés; l'abdomen des ihy- I N s .83 sanoures offre d'ailleurs, sur les côtés, des appendices mobiles quiparoissent cire les vestiges des pattes abdominales des my- riapodes et des crustacés. 11 me semble, d'après ces affinités, que les crustacés broyeurs conduisent par avarice aux my- riapodes, aux thysanoures , et aux autres insectes pourvus de mandibules et de mâchoires proprement dites , tandis que plusieurs crustacés branchiopodes et suceurs forment une bran- che latérale qui amène aux arachnides. Des acarldes hexapodes, qui terminent cette dernière classe, nous arrivons à des insectes pareillement aptères, hexapodes et suceurs , les parasùes. Les hémiptères nous paroissent encore un rameau latéral , par- tant des insectes à étuis et broyeurs, particulièrement des orthoptères, et qui prolonge la série latérale commencée par les animaux précédens. Yoiià sur quels principes j'ai établi les divisions générales des entomes, dans le tableau des ani- maux invertébrés , que j'ai présenté à l'article Entomologie. Développons maintenant les caractères extérieurs des in- sectes à six pieds, ou du plus grand nombre des animaux de cette classe , et dont le type commun d'organisation diffère plus sensiblement de celui que nous présentent les myriapo- des , animaux situés sur les limites de deux classes" et qui doivent ainsi participer de l'une et de l'autre , à raison de cette transition. Dans les insectes hexapodes , ou n'ayant que six pieds , la quantité des segmens du corps ne surpasse jamais celle de douze ; il est toujours divisé en trois portions principales , la iéle , le tronc et Vabdomen. La tête ( V. ce mot ) , dont on divise la surface en plusieurs espaces , sous des dénominations particulières , telles que le vertex, \e front, le nez, le chapcron,\es joues, etc., porte les anten- nes, \esyeuxex la bouche. Les antennes ( K. ce mot) varient beau- coup plus , quant à leur composition et leur forme , que cel- les des crustacés. Les insectes aptères , ou ceux de nos qua- tre premiers ordres , et les coléoptères qui forment le cin- quième , n'ont janiais qu'une sorte d'yeux ; mais plusieurs insectes des ordres suivans offrent, outre les yeux composés ou à facettes, de petits /«mo; lisses {ocelli , stemmata) sous la forme de points brillans , tantôt au nombre de deux, tantôt, et le plus souvent, au nombre de trois, et disposés alors en triangle sur le sommet de la tête. Aucune expérience bien décisive n'a encore constaté leur usage ; mais leur ressem- blance avec les yeux des arachnides nous autorise à penser qu'ils servent aussi , du moins secondairement , à la vision. Leur cornée est unie , et c'est ce qui les dislingue des yeux composés, dont la cornée présente une quantité plus ou laoïns considérable de petites lentilles réunies , et ordinai- t9o I N S retnent sous la forme <\e polygones hexaèdres. Les yeux de la plupart des insectes aptères ne sont- que des yeux lisses groupés. Ces organes, tant de Tune que de l'autre sorte , sont toujours immobiles, leur cornée étant immédiatement fixée à l.a tête. La bouche (05) est composée de six pièces principales, dont quatre latérales , disposées par paire et se mouvant transversalement ; les deux autres , opposées l'une à l'autre,' dans un sens contraire à celui des précédentes et remplissaar les vides extérieurs compiis entre elles; Tune est située au-: dessus de la paire supérieure , et l'autre au-dessous de l'infé- rieure. Dans les insectes qui se nourrissent de substances plus ou moins solides , et qu'on nomme broyeurs ^ les quatre pièces latérales font Toffice de mâchoires , et les deux autres sont considérées comme des lèvres. Les deux mâchoires supérieu- res , ordinairement cornées ou écailleuses, semblables à de fortes dents, et sans appendice articulé, ont été distinguées, par Fabricius, sous le nom de mandibules, matidibulœ , gé-' néralement admis; les deux inférieures ont seules conservé le nom de mâchoires , maxillœ. Elles ont sur le dos un ou deux filets articulés , appelés antennules , mais plus communé- ment palpes , palpi , caractère que n'offrent pas les mandibu- les; elles sont ordinairement étroites, allongées, comprimées, coudées inférieuremenl, cornées ou écailleuses jusque près de la naissance des palpes, avec l'extrémité supérieure mem- braneuse ou coriace, en forme de triangle renversé, ciliée ou velue et accompagnée souvent, au côté interne, d'une pièce plus petite , terminée en pointe, et qu'on nomme le lobe. ou la division interne , lacinla inierior ; mais elle n'existe pas dans plusieurs. La pièce ou le lobe formant l'extrémité supérieure de la mâchoire, est quelquefois convertie en un petit palpe de deux articles , que nous désignons alors sous le nom de palpe maxillaire interne ; et dans d'autres , comme dans les orthoptères spécialement , en une pièce vésicu- leuse , nue , voûtée , en forme de casque, appelée par Fa- bricius, gai^a^ la galète ; dans ces deux circonstances, l'extré- mité de la mâchoire , ou la partie recouverte par le palpe interne ou la galète, est toujours cornée , pointue, en forme de dent ou de crochet, armée de petites dentelures ou de petites épines. Ces insectes sont toujours carnassiers ou émi- nemment rongeurs. Quelquefois encore , les mâchoires , sans avoir ni palpe interne ni galète , sont entièrement cornées et armées de dents, et telles sont celles des hannetons. Ce ca- ractère annonce que ces insectes sont très-voraces. Le nom- bre des articles des palpes maxillaires extérieurs varie de deux INS .g. à six. Les deux pièces opposées à ces partieslatérales, ont reru^ ainsi que nous Tavons dit , le nom de lèvres ; la supérieure, labium superiiis , et qu'il ne faut pas confondre avec l'avance- ment antérieur de la tête, appelé chaperon, dypeus^ est généralenient désignée aujourd hui sous la dénomination de labre, labrum. La lèvre inférieure, labium inferius^ ou plus sim- plement la lèvre, labium^ est formée de deux parties , l'une inférieure, ordinairement cornée ou très - coriace, est le Hl^nlon, menlum; la supérieure, membraneuse, tantôt en- tière , tantôt échancrée ou même trifide , portant deux pal- pes , est la languette , ligitla. Ces palpes ont deux à quatre articles et sont appelés labiaux ; leur longueur est ordinaire- ment moindre qne celle des maxillaires extérieurs; la forme et les proportions des uns et des autres varient. Le pharynx est situé entre les mâchoires et la lèvre. L'intérieur de la bouche offre , dans les orllioptères et quelques autres insec- tes , une caroncule charnue , en forme de langue ou d'épi- glotte ; dans les hyménoptères , le pharynx est formé par une pièce triangulaire, nommée epipharynx ou épi'glusse pàv M. Savigny ; quelquefois même, suivant le même observa- teur, le bord inférieur de cette -pièce donne naissance à un autre appendice plus solide que le précédent , s'emboîtant avec lui , et qu'il nomme langue ou hypopharynx. Dans les insectes du même ordre, les mâchoires forment «le petites valvules comprimées , et le menton devient un demi- tube cylindrique ou conique, dont les côtés sont emboîtés par les pièces précédentes. Toutes ces parties, ainsi que la languette, sont souvent très-allongées et composent ensemble une espèce de trompe , qu'Illiger nomme promuscîs ^ et que je rends dans notre langue parle mot de. fausse-trompe ; elle ne sert guère qu'à la succion , et c'est pour cela que M. de Lamarck considère les hyménoptères comme des insectes intermédiaires , à cet égard , entre les broyeurs et les su- ceurs. Ces organes de la manducation se présentent sous deux sortes de modifications générales dans les insectes suceurs ^ ou ceux qui ne prennent que des alimens fluides. Ici, les man- dibules et les mâchoires sont remplacées par de petites lames en forme de soies ou de lancettes , composant par leur réu- nion une sorte de suçoir, hausleîlum, qui est reçu dans une gaîne , tenant lieu de lèvre , soit cylindrique ou conique et articulée, le bec, rosirum ^ (les hémiptères); soit membra- neuse et charnue, terminée par deux lèvres , la trompe , pro- boscis (les diptères ). Le labre est triangulaire ou conique, et recouvre la base du suçoir. Là , ou dans le second mode d'or- ganisation des parties de la bouche, les mandibules sontexceS' 192 T N S vivement petites et sous la forme d'un tubercule plus ou moltià triangulaire et garni de cils au bord interne ; la lèvre n'est plus un corps libre etne se distingue bien que parla pre'sence des deux palpes dont elle est le support ; les mâchoires ont acquis une longueur extraordinaire , et sont transformées en deux filels tubuleux , se réunissant par leurs bords internes , pour former une sorte de trompe ou de langue ( h'ngua) rou- lée en spirale ; son intérieur offre trois canaux, dont Tinter- médiaire est le conduit des sucs nutritifs; à la base de cbaciJf?» de ces filets, est un palpe ordinairement très-petit el peu apparent; le labre est encore très-petit et triangulaire; la bouche des lépidoptères est formée sur ce second plan. F. pour de plus "grands détails, l'article Bouche des insectes. Le tronc (^Iruncus) est cette partie du corps qui unit la tête à l'abdomen , et à laquelle sont suspendus les organes du mouvement. Il est foimé de trois segmens , portant cha- cun une paire de pieds ; mais dans ceux qui sont ailés , les côtés supérieurs des deux derniers , ou ceux de Tintermé- dlalre , servent, en outre, de points d'attache aux ailes, se- lon qu'il y en a quatre ou seulement deux. On a donné le nom de corselet ou corcelèt (thorax) , à la surface supérieure du tronc , et celui de poitrine {peclus)^ à sa face opposée ou le dessous ; la partie mitoyenne de la poitrine s'ctendant entre les pattes et qui présente, dans plusieurs, soit en avant, soit en arrière , un avancement en forme de corne ou de pointe, est le sternum (sternum). On appelle écusson (scu- iellum) utie pièce ordinairement triangulaire, située entre les attaches des ailes , et si grande , dans quelques hé- miptères et orthoptères , qu'elle recouvre la plus grande partie du dessous de l'abdomen. Le segment antérieur du tronc , dans un grand nombre d'insectes ailés , les coléop- tères , les orthoptères et plusieurs hémiptères notamment , est beaucoup plus grand que les autres, et séparé même dti second par une articulation très-marquée ; celui-ci et le troi- sième s'unissent intimement avec la base de l'abdomen et ne paroissent pas en dessus , lorsque les ailes sont douchées sur le corps. Dans la plupart des autres insectes, ce premier segment du tronc est fort court , a l'apparence d'un collier, et forme , avec les deux suivans,qui ont alors une plus grande étendue et sont intimement unis entre eux , une masse plus ou moins arrondie et distincte de l'abdomen. L'application que l'on fait du mot corselet, n'est pas toujours conforme au prin- cipe établi par la définition qu'on en a donnée. Car, dans le premier cas , ou lorsque le segment extérieur du tronc est le plus volumineux de tous, sa partie dorsale est app-lée corselet , quoiqu'elle n'embrasse pas toute l'élendur pé-» TNS ,33 rieure du tronc. On fait abstraction des deux antres segmens, parce qu'ils sont très-courts et couverts dans le second cas ; le dessus de ces deux derniers segmens, qui constituent sou- vent , presque à eux seuls , le tronc , reçoit la même déno- mination. Degcer et Olivier ont proposé d'employer, dans cette circonstance, le nom de dus (dorsum); mais, dans la pratique , ils ont généralement suivi Linnoeus qui désigne sous le nom de thorax ou corselet, toute la portion nue du dessus du tronc , quels que soient les rapports de grandeur de ses parties. V. Troîsç. Les insectes de nos quatre premiers ordres n'ont qu'une seule sorte d'organes locomoteurs et uniquement propres à l'a^nbulation, ou des pieds ; mais tous les autres ont, de plus, des ailes, au nombre de quatre. L'extrémité postérieure du tronc est munie, dans ceux qui n'en ont que deux, de deux appendices qu'on a nommés balanciers, et souvent encore de deux autres appelés ailerons ou cuillerons. Les ailes (a/tE) sont des pièces membraneuses , sècbes » élastiques , ordinairement transparentes, et attachées sur les côtés supérieurs du tronc. Les nervures plus ou moins nom- breuses qui les parcourent, et qui forment tantôt un réseau, tantôt de simples veines anastomosées , sont des conduits aériens ou des trachées. Ces ailes sorit formées de deux membranes très-minces, appliquées l'une sur l'autre ; elles sont au nombre de quatre, dans les demoiselles, les guêpes, les abeilles, les papillons, etc. ; tantôt elles sont nues et trans- parentes {gjmnoptères); tantôt , comme dans , les papillons et autres insectes du même ordre, elles sont couvertes de petites écailles qui, au premier coup d'œil, ressemblent à de la pous- sière, et qui leur donnent leg couleurs dont elles sont ornées ; on enlève aisément ces écailles avec le doigt , et la portion de l'aile qui les a perdues est alors transparente. On voit au microscope , qu'elles y sont implantées au moyen d'un pé- dicule, disposées graduellement et par séries, ainsi que des tuiles sur un toit, qu'elles ont diverses formes et que leur extrémité supérieure offre, le plus souvent, une certaine quantité de dentelures. Les insectes nommés par les Grecs coléoptères, et vagi-' nipennes par les Latins , tels que les hannetons , les cantha- rides, etc., ont, au lieu de deux ailes supérieures ou anté- rieures, deux lames, en forme d'écaillés, opaques, plus ou moins épaisses et plus ou moins solides, qui souvrent et se ferment, et sous lesquelles les ailes sont pliées en travers , dans le repos. Ces pièces sont connues sous le nom A'' étuis ou à'éfytres {elytra); elles sont moins épaisses, plus flexibles et chargées de nervures dans la plupart des orthoptères ; celles «94 IN S de quelques-uns sont même presque transparentes; l'exlré- ntlîe de ces écailles L'st tout à-lail membraneuse, comme les ailes proprement diles, dans un grand nombre d'insectes lié- mlptères ; on les nomme alors des demi-étuis ou héint'lylres {hetnelytra^ alœ Sim-rruslarroe). Ces transitions graduelles nous indiquent que les étais des coléoptères ne sont que des ailes modifiées , maio qui ne contribuent point ou presque pas à l'action du vol. L interposition d un tissu muqueux entre leurs deux membranes, a donne à ces ailes plus d'épaisseur et de solidité, ou les a transformées en étuis. L'extrémité posté- rieure des élytres de plusieurs orthoptères est moins épaisse que l'autre portion, et presque membraneuse, preuve de i'af- fmilé qu'oui les insectes de c«'i ordre, avec les bémiplères, et que confiruienl d'autres rapports, tels que l'identité de la consistance des tégumens, des formes du tronc, la corres- pondance numérique et constante des p.'irties de la bouche» ces organes sonores, au moyen desquels plusieurs mâles des insectes de ces deux ordres appellent leurs femelles, elc Comme les forficules unissent les orthoptères aux coléop- tères, il me paroît dès lors que les hémiptères doivent être placés dans une branche latérale et au niveau de ces insec- tes. Tantôt les ailes sont droites, et soit toujours étendues , et soit doublées ou plissées longitudinalement en éventail, dans le repos ; tantôt elles se eplient transversalement, sur elles- mêmes , et tel est le caraclèr*; propre des ailes des coléop- tères. Quelquefois, ainsi que dans les forlicules ou perce- oreil- les ^ une portion de leur étendue offre cette plication, tandis que l'autre forme l'éventail, comme les ailes des autres or- thoptères. Elles varient pour le plan de position ; les uns les ont inclinées ou en toit; elles sont horizontales, et tantôt couchées ou croisées l'une sur l'autre, et tantôt écartées dans plusieurs autres ; il y en a, teis que les papillons, qui les re • lèvent verticalement : de? petits poils en forme de crochets, placés le long de la côte des supérieures, servent à retenir les inférieures dans le repas ; celles-ci, dans les lépidoptères nocturnes, ont, pour la même fin, une soie roide, écaillcuse et pointue Dans les insectes tétraptères ou à quatre ailes, la forme et la grandeur relative de ces organes varient encore. Souvent ils produisi-nt, par un mouvement rapide , ce son qu on a nommé bourdonnement ( F. ce mot), et quelque- fois encore, comme dans les mâles de quelques orthoptères, un bruit plus fort et souvent très-incommode, une sorte de stridulation désignée vulgairement sous le nom de chant , et qui est l'effet, soit du frotleuient réciproque d'une partie et autrement conformée du bord interne de leurs élytres i soit I ^' s ^5 du frottement de leurs pattes postérieures contre leurs ailes. Les insectes à deux ailes ou les dipières, ont en dessous de chacune d'elles un petit filet mobile , terminé en massue, et qui semble remplacer les ailes inférieures, ce sont les ba- lanciers {halleres). Ces corps sont plus ou moins recouverts par une écaille membraneuse, mais formée de deux pièces réu- nies par Tun des bords, et semblables à deux battans de co- quilles bivalves; on l'a nommée aileron ou cuilleron {squamulu). On observe aussi à Torigine des ailes supérieures de plu- sieurs insectes, une autre écaille pareillement conchiforme, mais plus solide et simple ; celle-ci est appelée tégiile (tegula). M. Kirby la désigne sous le nom de petite écaille ( sguu- miila^. Les pieds (pedes) sont composés d'une hanche de deux ar- ticles, d'une cuisse et d'une jambe, sans divisions , etd'undoigt qu'on nomme ordinairement tarse, et qui est partagé en plu- sieurs phalanges-, le nombre de ses articulai ions est constam- ment de cinq dans quelques ordres ; mais dans les autres, il va- rie d'un à cinq, et quelquefois même les derniers tarses ont un article de moins que les quatre antérieurs. (Geoffroy, auquel nous sommes redevables de celte bonne observation, l'a in- troduite, avec avantage, dans les caractères génériques; les sections principales de Tordre des coléoptères, queJVI. Du- méril a dénommées d'une manière simple et commode (pen- tamèrés^ hétéromérés^ télrumérés, etc. ) , sont même établies sur ces différences. Le pénultième article du tarse est smiple ou divisé en deux lobes ; le dernier se termine presque toujours par deux petits onglets ou crochets, entre lesquels on remarque, dans la plu- part, une à trois pièces membraneuses, que l'on appelle ;?e- loies; la forme des pattes, et particulièrement celle de leurs tarses, éprouve certaines modifications, suivant les habitudes des insectes; Us deux antérieures ont quelquefois le dessous de leurs cuisses canaliculé et armé de petites dentelures ; leurs jambes ou leurs tarses terminés alors par une forte épine , se replient avec prestesse sur ce côté des cuisses, et ces parties font ainsi l'office d'une pince. Les insectes qui ont leurs pieds antérieurs conformés de la sorte, ou ravisseurs , raptoni^ saisissent, par ce moyen, leur proie. D'autres ont leurs tarses postérieurs comprimés, très-ciliés ou fort velus, et propres à ramer ou à nager; ce sont des pieds nageurs, naiaioni. Les mêmes, dans les apiaires femelles ou neutres , ont leurs jambes et le premier article (/>/««/«, Kirby ), façon- nés de manière à pouvoir servir de brosse et se charger du pollen des étamines; ces pieds sont polIinigcres,;7o//zV«y"m. ^'^ esl aussi des insectes dont les jambes ou les tarses des pr.eds «96 T N S antérieurs sonj plus larges , et munis de denlclures ou de petites épines; ils servent à fouir la terre (pieds fossoyeurs, pedes fossorii ) ; quelquefois ces pieds, comme dans plusieurs papillionidcs. sont inutiles au mouvement ( .«^jur/Y, mvtici); enfin, ils différent encore selon les sexes, comme dans plu- sieurs coléoptères pentamères carnassiers, les hydrophiles, les sphéridies, les crabrons, etc. L'abdomen {abdomen), qui forme la troisième et dernière partie du corps, renferme les viscères, les organes sexuels, et se compose de six à neuf segmcns divisés chacun en deux demi-anneaux ou lames, réunis latéralement : on est convenu d'appliquer le nom de ventre h sa partie inférieure ; les par- ties de la génération sont situées à son extrémité postérieure, et sortent par l'anus ; les chilognathes et les libellulines fonC seuls exception à cette règle générale. Des crochets ou des pinces de différentes formes , accompagnent presque tou- jours l'organe fécondateur du mâle. L'oviductc de plusieurs femelles se prolonge au-delà , et forme tantôt une sorte de tube ou de pointe articulée, tantôt une tarière (Jerebni) com- posée de lames ou de filets souvent dentelés à leur bout. Cet oviducte se termine par un aiguillon, aculeus, dans les fe- melles ainsi que dans les neutres de beaucoup d'hyménop- tères; plusieurs auteurs désignent de la même manière la tarière. On a aussi donné le nom de queue à cet instrument, lorsqu'il se prolonge au-delà de l'abdomen ; mais celte dé- nomination est plus généralement affectée, soit aux appen- dices en forme de pince {foificule'), ou de filets {Lépistne éphéi mère), qui terminent cette partie du corps dans les deux sexes, soit à ses derniers anneaux lorsqu'ils se rétrécissent brusque- ment et composent réellement une sorte de queue. Le nom- bre des segmens de l'abdomen et la forme variée du dernier , servent souvent à distinguer les sexes. Les organes de la locomotion , les balancieys, la tarière , l'aiguillon et la queue, tous les appendices , en un mot, du tronc et de l'abdomen, sont désignés collectivement sous le nom de membres ( arius ). On y comprend ainsi les lames peclinées {peciincs), I articulation de la tête sur le corselet pré- sente deux sortes de dispositions principales. Dans lune, les pointsdecontact sont solides, etle mouvementestsubordonné à la configuration des parties; dans l'autre , l'articulation est ligamenteuse : la tête et le thorax sont réunis et rapprochés par des membranes. ée par l'odeur cadavéreuse que répandent les Heurs du gouet ii'rpentaire, y fait sa ponte. D'autres mouches, des chalci- ditcs, des ichneumonides, etc., savent découvrir et distinguer les larves, les chenilles, et les œufs même qui doivent nour- rir leur postérité. Les femelles des insectes herbivores , celles qui déposent leurs œufs dans des liquides d'une nature particulière , nous montrent la même finesse d'odorat et le même discernement. Enfin c'est par Tusage de ce sens, que la plupart des indi- vidus des deux sexes , souvent éloignés les uns des autres , eu cachés et isolés, se rapprochent, pour s'unir et multi- plier leur race. Quel est maintenant l'organe des insectes où réside l'odorat, dont tant d'exemples nous prouvent, non- seulement l'existence , mais l'énergie ? Les naturalistes sont très-dissidcns à cet égard. Les uns l'ont établi dans les an- tennes, et me fondant sur le développement extraordinaire que l'on observe à ces organes , soit dans les insectes qui se nourrissent de. substances cadavéreuses ou en putréfaction , et qui doivent avoir un odorat plus parfait, soit, et pour la même cause, dans un grand nombre de mâles, telle a été aussi mon opinion. D'autres, parmi lesquels je citerai M. Duméril, qui a traité particulièrement ce sujet , ont placé le foyer de ces sensations à l'entrée des trachées ou aux stigmates. Mais quand bien même les émanations odorantes n'auroient d'au- tres issues que celles que la nature a ménagées dans ces ani- maux pour la respiration , il ne s'ensuivroit pas qu'elles sont rigoureusement le siège de l'odorat, puisqu'il pourroit être plus intérieur, et que ces ouvertures , dans ce cas , ne servi- rcwent qu''à rintroductiori du fluide odorlfèrc. L'analogie nous autorise plutôt à penser qu'il doit être circonscrit et situé dans le voisinage d'un centre commun de rapports ou de sensations, le cerveau; les moyens de perception devroient être bornés aux stigmates antérieurs. Accorder cette faculté à tous les conduits extérieurs et principaux du fluide aérien, c'est l'étendre à la plus grande partie du corps , puisque ses côtés nous offrent , dans toute leur longueur, des ouvertures trachéennes. Les émanations odorantes ai-rivant à l'animal par tant de portes et toutes la- térales, comment pourra-t-il discerner le point d'où elles partent, et s'y diriger en ligne droite? Telles sont les objections , ou du moins les doutes, dont je demande la so- lution aux partisans de cette opinion , qui paroît d'abord aussi ingénieuse que plausible. Brunnich et Olivier avoient soupçonné que le siège de l'odorat étoit dans les palpes des insectes. M. Marcel de Serres a essayé , dans un mémoire spécial, d'établir ce s^'n- timent par rapport à un ordre d'insectes , dont il a fait une étude plus particulière, celui des orthoptères. Dans la plupart de ces espèces , ainsi que généralement dans tous les insectes dont les palpes sont terminés par un article dilaté à son extrémité supérieure , ce bout présente une membrane très-mince , souvent même très-molle ou vésiculeuse , et que l'animal peut gonfler et pousser au- dehors , ou faire rentrer par la contraction (i). La consis- tance de cette partie la rend très-propre à recevoir les éma-« nations des corps odorans, M. Marcel de Serres a observé que deux nerfs , qu'il con- sidère comme olfactifs , et partant , l'un du cerveau , et l'autre du premier ganglion venant après et situé dans la tête , parcourent l'intérieur de ces palpes ; qu'il y a entre eux une trachée , formant d'abord une poche pneumatique , et se développant ensuite entièrement, lorsqu'elle pénètre la cavité de ces organes : tels sont les motifs dont s'appuie ce naturaliste, pour fixer le sens de l'odorat dans les palpes. Mais , outre qu'il n'a point confirmé son opinion par des expériences directes et positives , la question ne seroit pas résolue dans son intégrité, puisque beaucoup d'insectes sont privés de palpes ; que d'autres n'en ont que de très-petits , ou qu'ils se terminent d'une autre manière. Il faudroit sup- » ■ ' ' II. Il . f • I m (i) Dans quelques coléoptères, tels que les lathrobies , \g.s pœderes, les bembid'ions y etc. , ravant-dernier est le plus grand de tous, et le dernier, beaucoup plus petit, s'y retire plus ou moiuietdisparoît même presque enlièremoiit. ao6 ' î N S poser que le siège de Todorat varie singulièrement dans cette classe (\ animaux; ce qui n est pas probable. Plusieurs expériences curieuses, faites 'par M. Huber fils sur les abeilles , lui oni donné lieu de présumer que le prin- cipe Les organes qui reçoivent l'air et le distribuent, cour sistent en deux vaisseaux nommés trachées , placés de chaque côté, tout le long du corps, jetant d'espace en espace une infi- nité de ramifications ou de bronches, en quantité d'autant plus considérable, qu'elles appartiennent à une partie qui jouit d'une plu§ grande énergie vitale. 3." Les trachées communiquent avec l'air extérieur par le moyen de plusieurs ouvertures situées de chaque côté du corps , dont le nombre varie , mais ets de dix-huit ordi- nairement , du moins dans- les chenilles , et qu'on appelle stigmates. Ces trachées sont de deux sortes : les unes , nommées élastiques , sont formées de trois membranes , dont l'inter- médiaire se compose d'un fil élastique, d'une couleur ar- gentine produite par le reflet de l'air qui le remplit, et roulé en spirale ûu en tire-bourre , d'une extrémité à l'autre, et formant un tube. Cette sorte de trachée est la plus géné- rale. Dans la seconde , ce soutien élastique manque , et la trachée purement membraneuse est divisée , par inter- valle , en petites vessies : aussi la désigne-t-on par la déno- mination de vésiculaire. On en observe de telles dans les scu' rabées de Linnaeus , en état pai'fait. Ces vessies sont tantôt XYI. 14 3id T N S ovalkis, tantôt déchiquetées , et représentant des arbres char- gés de feuilles. Les larves de ces mômes insectes offrent des faisceaux de trachées irès-fines, argentées, et se rendant de chaque stigmate aux parties voisines. 4..° Les stigmates sont marqués sur la peau de l'insecte par une petite plaque ccailleuse , ouverte par te milieu , en forme de boutonnière , et garnie de membranes ou de filets qui interdisent le passage à des corps étrangers. Réaumur a cru que l'air entroit bien par les stigmates dans les trachées et d'ans les bronches, mais qu'il ne sortoit que par'de peliles ouverlures placées sur la peau. Ainsi, leur ex- piration dlfféreroit de celle des autres animaux. Degcer paroît être du même sentiment que Piéauniur, par rapport à la manière dont les chenilles respirent ; mais il reconnoît une inspiration et une expiration alternatives dans les chrysalides, et s'effectuant par les bronches et les stig- mates. Lyonnet n'est pas de l'opinion de Degeer. D'après les ex- périences sur la chrysalide du sphynx du iroëne, il présume que cette chrysalide vit un certain espace de temps sans respirer , et que ses deux stigmates antérieurs , ceux du corselet, qui sont les plus grands et qui se ferment les der- niers, ne servent alors qu'à faciliter Tévaporation des hu- meurs surabondantes , et à permettre à l'air extérieur de se substituer en sa place. Quelques expériences de Musschenbroëck semblent venir à l'appui du sentiment de Lyonnet, à l'égard de la respiration des chrysalides. Peut-être la Nature, par un-e prévoyance sage et toujours digne d'elle , a conformé la chrysalide de manière à n'ab- sorber qu'une quantité d'air très-petite ; ou peut-être a-t-elle renfermé dans son corps tous les principes nécessaires pour la conservation de son existence. Engourdie , cette chrysalide est alors moins sensible aux impressions extérieures; qui sait même si elle n'a pas le moyen d'empêcher l'action d'un fluide délétère sur les organes de la respiration i* Différentes expériences de Malpighi , de Réaumur, n'en ont pas moins constaté en général le besoin qu'ont les insectes de respirer l'air. De l'huile appliquée sur leurs stigmates fait tomber ces animaux en convulsion, les paralyse en tout ou en partie, ou leur donne la mert. Le célèbre chimiste Vauquelin a fait plusieurs expériences très-curieuses sur la respiration de la sauterelle verte. Le mâle de cette espèce mis dans six pouces cubes d'air vital , dont le degré de pureté étoil connu , y a vécu dix-huit heures. Cet air vital avoit été changé en air carbonique ; il troubloit 1 N s l'eau de chaux, sans cependant éteindre les bougies ; l'acide même en ayant été séparé par 1 alkali fixe , la combustion de ces bougies cloit plus active que celle que produit l'air atmosphérique. L'insecte respiroit , avant l'expérience , de cinquante à soixante fois par minute, et sans discontinuer : placé dans l'air vital, ses battemens ont élé d'un douzième environ plus fréquens , interrompus, enfin presque continuels lorsqu'il a été sur le point d'être asphyxié. Lavé avec l'alkali, le volume d'air dans lequel l'insecte avoit expiré , a ditninué de cinq centièmes : la vapeur de lammoniaque n'a pu le rappeler à la vie. Mise dans dix-huit pouces cubes d'air commun , !a saute- relle femelle y a vécu Irenle-six heures: ses respirations n'ont pas changé pour le nombre et l'intermittence; L'air n'avoit pas diminué de volume à la mort de l'animal; mais il étei- gnit les bougies, même après avoir été lavé à leau de chaux. Nouvelle preuve que le gaz oxygène est indispensable à la vie de l'insecte, et que , dès que l'air atmosphéri(jue n'en contient que très-peu , l'insecte y meurt promptement. Celte sauterelle femelle , placée dans le gaz hydrogène sulfuré, y a été asphyxiée sur-le-champ, et aucun stimulant n'a pu la ranimer. Nous devons en conclure que les insectes ont une nécessité absolue de respirer; que , dans cette res- piration , le gav: oxygène a la plus grande influence, et que l'acide carbonique ou le gaz azote venant à dominer, ces animaux périssent. Dans quelques lépidoptères, dont M. Cuvier a fait l'ana- iomie, les trachées plus minces et plus nombreuses que celles des chenilles , sont garnies presque partout de petits corps elliptiques ,' de substance grasse , et jaunes ou blancs. La base de l'abdomen des hyménoptères et des diptères présente deux grosses vessies aériennes et quelques autres plus petites II y en a quatre volumineuses dans le grand hy- drophile de notre pays {pi'ceus). Tous les insectes n'ont pas leurs stigmates placés et figurés de la même manière. La plupart des larves de mouches ont plusieurs de ces organes , ou du moins les plus sensibles , {)lacés à l'extrémité postérieure du corps, souvent au nom- >re de six , et disposés sur deux plaques ; on en voit encore deux autres à la partie antérieure , un de chaque coté , entre le second et le troisième anneau. (>es stigmates ressemblent à un entonnoir dont une moitié a élé emportée ; leurs bords sont dentelés en espèce de frange; quelques autres larves de diptères n'ont qu'un simple petit bouton sur chaque plaque du derrière du corps ; ces boutons sont dans d'autres autant IN s de petits tuyaux , soit réunis , soil relevés , soit couchés sur le corps. Des larves à tête écailleuse et constante, aussi de Tordre des diptères^ respirent également par leur derrière. Les larves A'oestres ont au derrière de leur corps huit petits trous , rangés comme ceux d'une flûte. Les larves de plusieurs Jiydrophiles , des dytiques, ont à Tex- Iréniité postérieure du corps deux petits filets velus , f.tisant un angle avec le dos, et servant» de tuyau respiratoire. Ces larves, pour respirer, élèvent rextréniité de ces filets au- dessus de la surface de l'eau , et Tair y pénètre par le moyen de l'ouverture située à l'extrémité du tuyau. On voit égale- jnent les insectes parfaits qui proviennent de ces larves , se suspendre par le derrière à la superficie de l'eau pour respi- rer l'air; mais ici les stigmates latéraux donnent seuls entrée à ce (îuide , l'animal , à cette fin, soulevant un peu les ély- ires , et les écartant du dos , sans que l'eau y pénètre dans le vide formé entre ces parties. Cette manière de respirer est commune âus. gj-rins , lorsqu'ils plongent, ainsi qu'aux noto- nectes , aux naucores , et aux sigares ou corises. Les nèpes et les ranalres, dans tous leurs états , ont des tiges capillaires, si- tuées à l'extrémité du corps , lesquelles se réunissent pour composer un tube respiratoire. La larve du cousin est terminée à la même extrémité , par un tuyau ayant les mêmes fonctions. Celle du slrafyome a l'extrémité de sa queue couronnée de poils, imitant des barbes de plumes , et ayant au centre l'ouverture de la respiration ; ces poils empêchent l'eau de s'insinuer avec l'air. Les larves de quelques syrphies ont une queue, consistante en deux tuyaux fort longs, et qu'elles pÂivent allonger ou raccourcir à leur gré. On remarque à l'extrémiié de ces tuyaux, un mamelon avec de petits corps terminés en pointe , et des espèces de petits pinceaux tout au tour ; deux principales trachées en forme de vaisseaux, d'un blanc satiné, partent de la tête de la larve , suivent tout le corps , et se rendent au bout des tuyaux. Beaucoup de larves aquatiques ont, en général , le prin- cipal orifice aérien situé près de l'anus, afin de pouvoir pom- per l'air avec plus de facilité. Les deux troncs de leurs tra- chées sont énormes , et les branches qu'ils jettent sont comme des filets minces et cylindriques. Les larves des g)'rins , des éphémères, àes friganes , etc., ont sur les côtés du corps 'des filets , des appendices en forme de lames , sur lesquels rampent des vaisseaux aériens, qui communiquent avec les bronches et les trachées, 11 se- I N S 2i3 roil possible que ces parties eussent la propriété d'exlraire l'air de l'eau , dans laquelle ces animaux sont souvent et long-temps plongés en entier. « D'autres insectes aquatiques^ sans cœur et à trachées élas- tiques , dil M. Cuvier, respirent véritablement Teau, bien en- tendu que je ne détermine point encore en quelle manière, et que j'entends seulement par celte expression, que l'eau on nature va seule frapper les organes de leur respiration. « De ce nombre sont les larves des libellules; on les voit sans cesse ouvrir leur rectum, le remplir d'eau, et, Tinstanl d'après, la repousser avec force, mêlée de grosses bulles d'air (ce qui facilite leurs mouvemens de progression ). « L'intérieur du rectum de cette larve présente à l'œil nu douze rangées longitudinales de petites taches noires , rap- prochées par paires, qui ressemblent à autant de ces feuilles que les botanistes nomment ailées. Au microscope , on voit que chacune de ces taches est composée d'une multitude de petits tubes coniques, qui ont tous la même structure que les trachées qui régnent dans toute la longueur du corps , et desquelles partent toutes les branches qui vont porter l'air dans les divers points du corps. «... Comme l'appareil contenu dans le rectum est très- compliqué , je suis assez porté à croire qu'il décompose l'eau : il seroit assez facile de vérifier cette conjecture, en examinant si les bulles d'air qui en sortent à chaque respiration , sont de l'air Inflammable. Je n'ai pu encore faire celte expérience facile. » ( Cuvier, Mémoires de la Société d' Hist. nat. an 7.) Les trachées avec lesquelles ces tubes communiquent sont au nombre de quatre. Lyonnet dit que si l'on met ces larves sur le feu, l'air ren- fermé dans les trachées se dilate , sort par fusées, et souvent avec bruit, parles deux stigmates antérieurs du corselet. 11 croit aussi que ces larves ont des organes propres à extraire l'air renfermé dans l'eau. Ces observations sont communes à la nymphe. Mais l'insecte parfait , quoiqu'il ail les quatre troncs de trachées, respire par les stigmates latéraux. La température du corps de tous les insectes est à peu près la Inême que celle de l'atmosphère ; aussi beaucoup de ces animaux, et surtout les larves , passent-ils l'hiver dans un état d'engourdissement. Les insectes inanquant de poumons n'ont pas de voix proprement dite; mais , malgré cela, ils n'en ont pas moins les moyens de produire des sons, et dont quelques-uns ont été désignés d'une manière impropre, sous le nom de chant; ainsi la sauterelle mâle fait retentir les campagnes d'un bruit des plus désagréables, pour attirer sa femelle : les mâles des 3,4 ' I N S cigales, des grillons, (îes saulerelles et des criquets, ont aussi celle même focullé. Dans tous ces insectes, l'organe au moyen duquel ce bruit esl produit , peut être con)paré à un instrument à cordes, ou à un tambour. ( V. les articles Grillon, Sauterelle et Cip.ale. ) Les mâles des grillons et des sauterelles ont une portion du bord interne de leurs élytres formée d'une membrane élastique, transparente-, semblable.à du laïc, et pourvue de nervures saillantes très-fortes , séparées par des espaces en- foncés assez grands. C'est une espèce de violon , dont les ner- vures saillantes représentent des cordes ; les deux élytres étant ainsi formées , la supérieure en frottant l'inféripure à la volonlé de l'animal , en tire ces sons aigus et désagréables, qui font reconnoîlre l'existence de ces insectes à une distance assez considérable. Dans les criquets, la cuisse, garnie de lignes saillantes élevées, sert d'archet , et les nervures longitudinales des élytres sont les cordes. Dans la cigale , l'organe qui sert à produire le bruit, est bien plus compliqué ; c est une espèce de tambour. Le mâle en esl seul pourvu; son abdomen, qui est conique , pré- sente en dessous , près de sa base , deux larges écailles demi-circulaires , quicouvrent une fossette vide, danslaquelle il y a une membrane fine bien tendue, qui représente la peau du tambour; dessous cette membrane, et au fond de la cavité , on remarque d'autres parties , qui, en frottant contre ces membranes et faisant 1 office des baguettes , produisent un ébranlement qui détermine le son. La stridulation que fait entendre le sphinx atropos lors- qu'on le touche , n'est pas , selon M. Lorey , un effet du frot- tement de sa trompe contre les parties intérieures des palpes entre lesquels elle est engagée , ainsi que l'avoit dit Réaumur ; mais elle provient de l'air qui s'échappe par une trachée située aux deux côtés de la base de i abdomen , et fermée , dans l'état de repos , par un faisceau de poils disposés en forme d étoile. Plusieurs coléoptères , ceux surtout de la famille des lon- gico7-nes , produisent par le frottement du pédicule de la base de leur abdomen contre les parois intérieures du corselet, un mouvement de va et vient , on son plaintif et entre- coupé. C'est le jeu de l'extrémité postérieure de la tête qui excite dans d'autres un frémissement semblable. La vibra- tion rapide des ailes paroil être l'origine du bourdonnement que font , en volant , la plupart des insectes. Les insectes se nourrissent de toutes sortes de matières, tant du règne animal que du règne végétal ; il ny a presque 1 IN s 2i5 aucune production de ces deux règnes qui ne serve d'aliment a quelque espèce d'insecte. Chaque i"nsecte connoît les alimens qui lui sont çropios pour la conservation de sa vie et pour l'accroissement de son corps; il sait les cherclier et se les procurer. Il y en a plu- sieurs , et c'est le plus grand nombre, qui n'ont pas besoin d'aller chercher leur nourriture au loin ; leurs mères ont eu soin de pondre leurs oeufs dans des endroits où les petits , à leur naissance , trouveront tout ce dont ils auront besoin pour subsister. Plusieurs insectes, parvenus à leur état de perfection-, se nourrissent de tout autre aliment qu'avant leur transformation ou lorsqu'ils étoient sous la forme de larves , et cependant ils savent pondre leurs œufs sur les ma- tières qui conviennent aux petits qui en naîtront. C'est ainsi que les lépidoptères ^ qui ne vivent ordinairement que du miel qu'ils savent extraire des fleurs , ne manquent jamais de pondre leurs œufs sur les plantes ou auprès des plantes qui sont propres à la nourriture de leurs chenilles : c'est ainsi encore que les cousins savent que leurs larves doivent vivre et se nourrir dans l'eau , et c'est pour cela qu'ils placent leurs oeufs à sa superficie. Il en est de même de plusieurs aiitres insectes , comme les éphémères , les demoiselles ou libel- lules , etc. ■ Parmi les insectes qui vivent en société , il y en a qui , comme les abeilles , sont obligés de se choisir une demeure pour s'en- tr'aider à se procurer les alimens nécessaires , et pour s'en amasser une certaine quantité , dont une partie doit servir de provision pour les mauvais temps. I>'-. I N S 217 Celles des tipules qui habitent sous terre , mangent, avalent le terreau , et en rejettent ensuite tout ce qui s'y trouve d'im- propre pour la nourriture ; elles cherchent de préférence la terre grasse ou le terreau produit par des plantes ou des ma- tières animales décomposées et à demi-pourries. Une foule d'insectes, sous la forme de larves et même en état parfait , vivent dans les excrémens des animaux , s'y plaisent , et les fouillent pour en tirer leur nourriture. Parmi ces insectes f on remarque les aieuchus , lesgêoinipes , les bou- siers , les aphodies , etc. D'autres larves de coléoptères , spé- cialement des lamellicornes, vivent dans le tan. La chair morte de toute espèce, celle des quadrupèdes , des oiseaux, des poissons, est recherchée par un très- grand nombre d'insectes. On n'ignore plus que la viande de nos boucheries est attaquée par des larves qui se tranfor- ment en mouches , et qui viennent des œufs que de semblables mouches y ont déposés. La viande rongée par ces larves se corrompt fort vite ; elles y occasionent une espèce de fer- mentation qui accélère la pourriture et la dissolution. La chair desséchée des animaux, surtout celle qui a été gardée long-temps, est aussi attaquée parles insectes, qui y trouvent de quoi se nourrir ; mais ils sont de genres bien dif- férens de ceux qui veulent de la viande fraîche et molle ; ce sont des larves à six pattes, quise transforment en coléoptères, qu'on a nommées dermestes , anthrènes , ptines , etc. Ces in- sectes , tant sous la forme de Inive que sous celle 'd'insecte parfait, attaquent toute sorte de chair sèche qui n'a point été salée , comme aussi les peaux des animaux ; ils les rongent et s'en nourrissent. Ils ne sont que trop connus des amateurs de l'histoire naturelle , qui font des collections d'oiseaux dessé- chés ; en dégarnissant ces oiseaux de toute leur chair , qu'ils dévorent entièrement , et en ne laissant que les os , ils font des squelettes si parfaits, que la main du plus habile ana- tomiste ne sauroit en faire de semblables, lis sont encore le fléau des cabinets dinsectes ; ils rongent et dévorent les papil- lons , les mouches , les scarabées , etc. qu'on y garde , et n'en épargnent aucune partie. Ces insectes destructeurs se nichent aussi dans les pelleteries et dans les faurrures les plus pré- cieuses ; ils en rongent la peau de manière que tous les poils tombent. Les chenilles de plusieurs teignes font les mêmes ravages. D'autres chenilles , qu'on a distinguées des précé- dentes sous le nom de fausses teignes , rongent les cuirs , le chocolat ; et parmi elles une espèce, celle de la cire , est un fléau pour les abeilles D'autres insect-es attaquent les animaux, non après leur niwypt, mais tandis qu'ils sont pleins de vie. Ils se nourrissent 2i3 ' î ^,^ s du suc et de la substance même de leur chair, comme aussi de leur sang. 11 est surtout une larve singulière qui vit dans le dos et sous la peau des bêtes à cornes , des jeunes vaches , des jeunes bœufs , où elle produit des tumeurs , et qui appar* lient au genre des oestres. Elle s^ nourrit du pus produit par la plaie qu'elle a formée. Des larves du même genre , vivent dans l'estomac des chevaux autour du pylore , et quelquefois encore dans leurs intestins. C'est là uniquement qu'elles trouvent leur nourriture. Elles peuvent, par leur trop grande abondance , être funestes à ces animaux. Les moutons ont aussi, comme le cheval et le bœuf, à nourrir dans leur corps des larves d'une autre espèce àorstre : et qui sont véritablement remarquables , tant .par le lieu où elles sont logées que par les alimens dont elles se nourris- sent. Les sinus frontaux sont les cavités où se tiennent ces larves; c'est là qu'elles prennent leur accroissement, et qu'elles se nourrissent d'un mucilage que les moutons ren- dent par le nez. Parmi les insectes qui se nourrissent du sang des animaux et de celui de l'homme , en le suçant, nous trouverons d'a- bord les ^o?ix , dont il y a un très-grand nombre d'espèces, toutes très-différentes les unes des autres ; les puces , les ridnSf les cousins, les taons, les hippohosques, et autres qui ne nous sont que trop connus. Les insectes eux-mêmes sont sucés par des arachnides de la division des acarides. Il y en a qui vivent dans l'intérieur du corps des autres insectes, et tels sont ceux de la f.Tmillc presque innombrable des ichneumons , la plupart des cinyps de Geoffroy , des sphex de Linnseus , beaucoup d'espèces de son genre musca ou mouche , etc. Quoique les alimens des Insectes soient le plus souvent sous forme fluide , quoique la plupart ne se nourrissent que du suc ou des liqueurs des plantes et des animaux , et doivent trouver leur boisson dans leur manger, on en voit cependant qui mangent et qui boivent dans des temps différens. Les anciens ï)'ont pas ignoré que les sauterelles aiment beaucoup à boire : elles semblent chercher avec leurs antennes les gouttes de rosée qui s'attachent aux feuilles, et quand elles en ont ren- contré , elles les boivent sur-le-champ. Les abeilles, les four- mis et d'autres insectes ont Içs mêmes goûts. Nous avons décrit ci-dessus, et plus en détail encore, à l'article Bouche des Insectes, les organes qui servent à la nianducation ou à la première préparation des alimens. Il ne nous reste plus , pour compléter l'histoire de la nutrition dans ces animaux , qu'à faire connoître les organes de la dégluti- T N S arcj iion, de la digestion, et enfin ceux qui servent à l'excrélion de la partie des alimens qui n'a pu êlre assimilée. Les organes de la déglutition dans les insectes ne présentent r.cn de bien remarquahle ; V œsophage est un canal droit, assez court, passant entre le cerveau et le premier ganglion nerveux, que Ion pourroit regarder comme le ceivelet ; il est entouré par l'anneau de substance nerveuse, qui joint ces deux prin cipaux organes des sensations. Peut-être cette partie de l'œso- phage est-elle le siège de l'organe du goût. Dans les imectes broyeurs , les matières alimentaires , après avoir été incisées et réduites en petites parcelles , par l'action des mandibules et quelquefois même des mâclioires , sont re- poussées au moyen de ces parties et de la lèvre jusqu'au pha- rynx. ï)ans les insectes suceurs ^ les liquides nutritifs y arrivent jpar l'effet de la pression graduelle qu'exercent sur eux les pièces du suçoir. Le canal où ils sont conduits à mesure qu'ils remontent , se resserre , derrière eux et s'ouvre de plus en plus en avant ou du côté du pharynx. Les organes de la digestion coinprennenl Textoinac et le ca- nal intesiinal. Ils sont, suivant M. Marcel de Serres (fo)*:^ son excellent Mémoire sur le canal intestinal des insectes) formés de trois membranes. Lyonnel n'en a vu que deux dans la chenille du saule , mais il en a trouvé une de plus à la por- tion qui sert de conduit fécal. L'estomac , dans les insectes , présente de grandes variétés , nelativement au genre de nourriture propre aux diverses es- pèces ; cependant on peut rapporter ces différentes formes d'esîomac à des règles générales ■: nous les distinguerons eu estomacs simples , doubles et multiples. L'estomac est simple dans la plupart des insectes ; tantôt il est purement menibraneux , tantôt il est musculeux , d'autres fois il est , pour ainsi dire , nul ; c'est-à-dire que Tœsophage ne se dilate pas. Ceux qui ont Testoinac membraneux et dilaté , vivent ordi- nairement du suc des plantes; telles sont les abeilles qui vout pomper le nectar des Heurs, les papillons, etc. Leur estomac est presque toujours dilaté, parce qu il se dégage du gaz des substances qu'ils y placent. Ceux dont les parois de Testomac sont inusculeuses , sont les, punaises , les noionectes ^ et en général tous les hémiptères. Enfin ceux qui ont un estomac sans dilatation, vivent or- dinairement de feuilles ou de racines, qu'ils rongent et qu'ils mâchent; tels sont \tsscnrobées^ les hannetons , les cétoines^ etc. I:s ont un canal intestinal fort long, sans aucun renflement sensible. Les insectes qui ont l'estomac double , sont les coléoptères 220 IN S qui se nourrissent de proie vivante (les hydrocanihares , les cicindelèles et les carabiques ) ; ils sont caractérisés aussi parla présence de six palpes , dont nous avons déjà parlé ( cette particularité leur est essentiellement propre ) ; le premier de leurs deux estomacs est court et charnu , c'est une espèce de j>ésier où les muscles sont disposés en fibres minces ; le second for-iiL- un long canal membraneux qui , examiné au micros- cope , paroil velu. Celte villosilé est assez singulière ; mais si l'on fait attention à la manière dont se fait la nutrition et la digestion des insectes , on trouvera l'explication de cette sin- gularité; car on verra que la circulation étant nulle ou pres- que nulle dans ces animaux , et le fluide nourricier étant en quelque sorte dans un état de stagnation , la digestion ne peut avoir lieu que par Taide de vaisseaux qui vont pomper les sucs contenus dans les différentes parties du corps; or ces villosités qui recouvrent la surface externe du second estomac, ne sont autre chose que des tubes suceurs, qui aspirent dans le fluide ambiant les principes dont se compose le liquide qui rem- place, dans les insectes, le suc gastrique des animaux des classes supérieures. Les brachélytres ou les staphylins de Linnaeus , les abeilles , les œshnes , offrent aussi deux estomacs. Dans les hiachély- ires, le premier est petit et sans plis ; le second est fort long , très-velu, et suivi d'un intestin fort court. Dans les abeilles^ le premier estomac est membraneux, pointu en avant , bi- lobé en arrière, et paroît être le réservoir où s'élabore le miel ; de l'intervalle des lobes , part le second estomac , qfti est allongé et rempli vers le milieu de ses côtés ; les vaisseaux hépatiques s'insèrent immédiatement après le pylore. Les lar- ves de ces insectes , ainsi que celles des guêpes , n'ont qu'un immense estomac , remplissant presque tout l'abdomen , et terminé par un intestin très-court. ÏJœshne grande présente , à la suite d'un œsophage grêle , un premier estomac avale , musculeux, strié sur sa longueur ; ensuite un second, qui est gros , droit et ne s'étranglanl que très-en arrière , à l'insertion des vaisseaux hépatiques. Dans la larve de cet insecte , l'œsophage est boursouflé en anneau, l'étranglement du cardia forme une sorte de valvule ; le ca- nal présente ensuite une belle couleur Jaune , jusqu'à l'at- tache des vaisseaux hépatiques. Sa dernière portion prend une couleur blanche , et son tissu est plus épais ; elle renferme cet appareil respiratoire dont nous avons parlé. Li' eslomac des proscarabées ou meloës^ est ovale et occupe presque toute la longueur de l'abdomen. Sa partie antérieure est garnie de fibres circulaires très-fortes , et l'on voit au car- dia une valvule cylindrique , rentrante , toute semblable à îa valvule de Sauhin du colon de rhomrae. I N s 22] La plupart des orthoptères ^ tels que les sauterelles , les gril- lons-^ les I ourtilièrcs ^ les criquets , etc. , sont remarquables par la multiplicité réelle ou simplement apparente de leur esio- mac. On en attribue quatre à la rourtilière des jardins ^ qui est , de tous ces insectes, celui dont on a le plus anciennement étudié l'organisation intérieure. Son œsophage est en forme de canal allongé ; il aboutit à un premier estomac arrondi , membraneux et d'où part un canal très-court, qui conduit à un sacond estomac plus petit que le précédent, mais muscu- leux et à parois plus épaisses; il est garni de parties que l'on peut comparer aux mâchoires que l'on trouve dans l'estomac des crustacés. Il y a de petites lames en forme de soie dispo- sées sur cinq rangées longitudinales, qui sont composées cha- cune de dix ou douze petites lames exécutant une espèce de mouvement péristahique par l'action musculaire de celte espèce de gésier ; sans doute l'usage de ces pièces est d'agir sur les alimens. Les deux autres estomacs , c'est-à-dire, le troisième et le quatrième , sont semblables 4M^ eux et pla- cés l'un vis-à-vis de l'autre à l'orifice de rinra^n ; ils sont ridés, plus épais que' le premier, moins que le second, de nature spongieuse. Gel in^cte , ainsi que d'autres orthoptères analogues sous • ce rapport, ont été considérés comme ruminans, ou jouis- sant de la faculté de faire revenir à la bouche les alimens con- tenus dans l'organe digestif Mais , suivant M. Marcel de Ser- res, ces poches ou ces cœcums , qu'on a pris pour des esto- macs , n'en sonl point et ne contiennent qu'une liqueur sali- vaire et biliaire que l'animal dégorge ou vomil souvent , lors- qu'on le saisit. Les va^seaux longs et déliés qui adhèrent au canal intestinal , y versent des liqueurs digestives , sécrétées par ceux de la masse commune des humeurs. D'après les observations de M. Cuvier, le jabot des gril~ Ions forme souvent une poche latérale : ils n'ont au pylore que deux gros cœcums , et les vaisseaux biliaires s'insinuent dans l'intestin , par un canal commun. Les sauterelles n'ont aussi que deux cœcums ; mais les vais- seaux biliaires entourent le milieu de l'intestin et s'y insèrent directement. On voit, par comparaison , que les deux par- ties de l'organe digestif de la courtilière^ qu'on a considérées comme leurtroisième et leur quatrième estomacs, ne sont que deux cœcums analogues aux précédens. hes/orficu/es oa perce- oreilles sont les seuls orthoptères dont le pylore n'offre point de cœcum. On en compte cinq à six dans les criquets , et huit à dix dans les blattes ; ici le jabot est longitudinal , et le gésier a intérieurement de fortes dents crochues. L'estomac des mantes est presque semblable. 'IN S M. Dutrochet a observé que celui d'un grand nombre de diptères est accompagné d'une panse latérale et qui sert de dépôt à une partie de leurs alimens. Swammerdam me pa- roit avoir vu le même fait dans les lépidoptères dont il a donné Taiiatonne. Noiij; avons »léjà remarqué que le canal intestinal des abeil- les et des œshnes n'éloit pas le même dans tous leurs états. Les exemples suivans étendent cette observation. Ainsi la chenille a ses organes digoslifs tout-à-fait différens de ceux à\y papillon ; ainsi la larye Au. scarabée nas'icurne ^ celle du hanneton , etc. , ont un estomac qui ne ressemble presque en rien à celui du hanneton et du scarabée clans l'état parfait. Dans les premières , il y a un œsophage qui se dilate subite- ment pour former un estomac cylindrique garni de trois ran- gées transversales de cœcums, qui sont simples à leur extré- mité, libres dans la larve du scarabée^ et divisés en petits Loyaux aveugles dans celle du hanneton Les insectes parfaits n'offrent ri^aj|i|e tout cela , et leur œsophage ne se dilate pas. De mêmHwa larve de {'hydrophile brun a un estomac visi- ble et un canal intestinal très-court. Dans 1 insecte parfait ^ il n'y 3 pas de rentlement, et le canal intestinal est plus long; cela vient de ce que la larve est essentiellement carnassière ^ tandis que î" insecte parfait se nourrit le plus souvent de subs-' tances végétales. Dans les insectes , ainsi que nous venons de le voir par ces exemples, il existe souvent de grandes différences relative- ment au canal intestinal proprement dit ^ entre les larves et les insectes parfaits. Dans la larve de Voryctes nasicome , les intestins , en sor- tant de l'estomac , commencent d'abord par suivre Une ligne droite ; ils forment ensuite un repli , et ensuite prennent plus de grosseur, et se changent, pour ainsi dire , en un colon quatre fois plus long que l'estomac , et sur lequel on remarque deux lignes tendineuses et des Loiirsouffiures assez considé- rables ; après ce rendement , les intestins redeviennent grêles et forment le rectum. Le scarabée né de cette larve n~a cepen- dant rien d'analogue avec cette structure ; le canal intestinal est très-long, Irès-replié sur lui-même, et égal dans toutes ses parties. Les exemples que nous venons de citer sont frappans ; ce- pendant nous devons remarquer que quand la larve à le même genre de nourriture que l'insecte parfait , la différence de leur organisation n'est pas si uiarquée, et que seulement le canal intestinal le plus long est celui de l'insecte parfait. Quant à la division des intestins en gros et grêles , elle n'est pas générale : Xf^s coléoptères, h' s hémiptères, les lépidoptères , etc.. T N S 2^5 ne la présentent pas, mais elle est remarquable dans les or- thoptères. Uanus peut être regardé comme l'organe excréteur ; c'est rouvcriuro inférieure ou plutôt postérieure du canal inles- tinal ; il aboutit à une espèce de cloaque , dans lequel se trouvent aussi les orifices des organes de la reproduction. Quelques larves d'insectes, celles de plusieurs hyuiénoptère* nolrimtnent , ne rejettent point , d'après les observations de M. Dutrochet , des matières excrémentielles. Cette évacua- tion a lieu plus tard. Il n'y a point de rein ni de vessie dans les insectes, et on y chercheroit en vain le pancréas et ces glandes conglomé- rées que Ton observe dans les animaux des classes supérieures. he foie est remplacé par une houppe de filamens déliés et flottans qui entourent le canal intestinal dans presque toute sa longueur, et qlii prennent naissance vers le tiers de la longueur du canal intestinal du côté de Testomac. Chez les insectes, il n'est plus possible d'apercevoir les glandes salivaires que l'on remarque dans les deux premiè- res classes de l'embranchement des mollusques. Ces animaux ont en général une assez grande quantité d'une liqueur noi- râtre et caustique , que l'on pourroit comparer à la salive » mais qui paroît être analogue à la matière biliaire. Celte li- queur n'est pas sécrétée par des glandes conglomérées, mais par des vaisseaux flottans. La salive des scarabées est de cou- leur brune , très-âcre , et d'une odeur infecte ; introduite dans une plaie , elle l'irrite , et produit une inflammation. C'est, probablement., une liqueur analogue que les cousins et d'au- tres diptères distillent dans la plaie , en nous piquant, et qui produit celte démangeaison que l'on éprouve bientôt après. La chenille qui ronge le bois de saule , et qu'on nomme cossus , a deux longs vaisseaux qui fournissent une liqueur ca- pable de ramollir les fibres du bois. Outre les organes sécrétoires propres à la nutrition , dont nous nous sommes déjà occupés, et ceux nécessaires a la gé- nération , desquels nous ne tarderons pas à parler avec quel- ques détails , il en est quelques autres que l'on ne retrouve que dans un certain nombre d'insectes , et dont l'usage est de séparer du fluide nourricier différentes liqueurs {Sécrétions ex- crémentielles , Cuv.) qui servent à la nourriture ou à la défense , ou enfin à protéger ces insectes des intempéries de laiinos- phère lorsqu'ils subissent leur transformation. Nous allons faire connoîlre les principaux. Les liqueurs acres et fétides que quelques insectes répan- dent dans le danger , et d'autres qui paroissent analogues à «ne huile empyreumatique , sont produites par de petits tubes 234 I N S très-repllés , et elles s'amassent dans deux vésicules situées près de Tanus , d'où l'insecte peut les exprimer au besoin. Les carabes et les dyliques en ont d'acides qui rougissent for- tement les couleurs bleues végétales. Nous avons donné, à l'article Bràchine, la description des organes où se prépare la liqueur caustique , que ces insectes font sortir, avec ex- plosion , et en vapeurs, par l'anus. Le blaps inucroné produit une huile brune, très-fétide , qui surnage sur l'eau : d'autres espèces donnent des liqueurs d'un autre genre. On connoît, d'après Malpighi et Lyonnet , les vaisseaux qui produisent la liqueur de la soie dans le ver à-snie et dans les autres chenilles. Il y en a deux assez gros vers leur orifice extérieur, puis diminuant en un fil très-mince et plusieurs fois replié sur lui-même. F. Bombyx et Soie. Dans les hyménoptères, tels que les guêpes^ les sphex ^ les abeilles ^ etc. , l'extrémité de l'abdomen reftferme un aiguillon très-poignant , avec lequel ces insectes se défendent en pi- quant leurs ennemis. Cet aiguillon est un canal creux , muni de muscles dont la contraction le fait sortir ou rentrer à la volonté de l'animal. A sa base se trouve la glande qui sépare la liqueur acre au moyen de laquelle ces insectes produisent cette inflammation douloureuse qui est toujours la suite de la piqûre. Les abeilles , suivant les observations de Swammerdam , après avoir grossièrement broyé avec leurs mandibules le pollen qu'elles recueillent sur les étamines des fleurs, et après l'avoir avalé et placé dans leur estomac, le changent ainsi en un suc huileux, qu'elles rendent concret au moyen de la liqueur.de l'aiguillon. Suivant d'autres observateurs, elles y mêleroient une li- queur qui transsuderoit au travers des anneaux de l'abdo- men, et que ces insectes recueilleroient à l'aide des brosses dont leurs pattes sont garnies. Mais les belles recherches de M. Huber fils sur la formation de la cire et sur les organes où se elle prépare {V. Abeille) , ont éclairci cette partie physiologique et substitué des faits positifs à des hypo- thèses. Dans les insectes qui passent une grande partie de leur vie eu état de léthargie , il y a une grande abondance de graisse qu'on nomme épiploon. Elle forme une masse si con- sidérable dans les chenilles^ qu'elle égale en volume le tiers de celui du corps. Elle est contenue dans des membranes flot- tantes , très-nombreuses , qui remplissent les intervalles des trachées , est très-blanche et ressemble beaucoup , parle goût et la consistance , à la meilleure graisse : tous les insectes qui éprouvent des métamorphoses en sont abondamment pour- I N s ^35 vus; et c'est aux dépens de cette graisse que la chrysalide se développe et acquiert toutes les parties qui lui sont néces- saires pour passera l'état d'insecte parfait. Il est , ainsi que nous l'avons dit au commencement de cet article, des insectes , tels que les ichneumons , qui ontThabi- lude de déposer leurs oeufs dans le corps des chenilles ; mais ils ont toujours le soin de les placer dans des endroits où il n'y a que des organes peu essentiels à la vie. Lorsque les petites larves A'ichneumon sont écloses, elles dévorent la substance graisseuse de la chenille. Celle-ci continue à vivre, se meut et mange comme à son ordinaire ^ et même davan- tage ; bientôt elle file la coque dans laquelle elle doit passer son état de chrysalide ; elle subit cette transformation , mais elle ne peut ensuite se changer en insecte parfait, parce que la matière nécessaire à son développement a été consommée par les larves qu'elle renferme dans l'intérieur de son corps , lesquelles ne tardent pasàse changeren petits ichneumons de la même espèce que celle qui a déposé ses œufs dans le corps de la chenille. Un sujet des plus curieux et qui n'a pas encore été traité ^ la détermination, du moins approximative , des climats pro- pres aux races des insectes , se rattache à celui que nous ve- nons de traiter , et qui a pour objet leur nutrition (i). En effet, puisque l'Auteur de la Nature a répandu, sur tous les points de la surface de notre globe , susceptibles de les nourrir , les corps vivans, puisque ces êtres ont dû varier avec les cli- mats, il faut que les substances alimentaires des animaux dif- fèrent pareillement à raison des lieux où ils passent leur vie, et que dès lors ces substances ainsi quû^es animaux aient une même circonscription géographique. Indépendamment de cette considération, la température qui convient au développement d'une espèce, n'est pas tou- jours propre à celui d'une autre ; ainsi l'étendue des pays qu'occupent certaines espèces a nécessairement des bornes , qu'elles .ne peuvent franchir, du moins subitement, sans cesser d'exister. Ces principes amènent Une autre conséquence : là où finit l'empire de Flore , là se termine aussi le domaine de la zoologie. Les animaux qui se nourrissent de végétaux ne pourroient vivre dans des lieux tout-à-fait stériles, et ceux qui (i) Ces observations sur la géographie des insectes forment la pre- mière partie d'un mémoire que j'ai lu à l'Académie des Sciences, en î3i5. Il est imprimé dans le recueil de ceux du Muséum d^ Histoire naturelle (tom.3), qui se publient chez Belin , imprimeur, à Pari*, rue des Mathurins-Saint-Jacques , n,« 14. XVI. i5 ..6 T N S sont carnassiers y seroîent également privés de matières ali- mentaires, ou des animaux dont ils font leur proie; ils ne peuvent donc s'y établir. L'observation nous apprend que les pays les plus féconds en animaux à pieds articulés, en insectes surtout, sont ceux dont la végétation est la plus riche et se renouvelle le plus promptement. Tels sont les effets d'une chaleur forte et sou- tenue , d'une humidité modérée et de la variété du sol. Plus , au contraire , on s'approche de ce terme , où les neiges et les glaces sont éternelles , soit en allant vers les pôles , soit en «'élevant sur des montagnes , à un point de leur hauteur qui , parl'affoiblissement du calorique, présente les mêmes phé- nomènes , plus le nombre des plantes et des insectes diminue. Aussi Othon Fabricius , qui a publié une bonne Faune du Oroènland , n'y mentionne que 468 espèces d'animaux , et le nombre de celles des insectes, en y comprenant , à la ma- nière de Linnaeus , les crustacés et les arachnides , n'y est porté qu'à iio (i). Enfin, dès qu'on aborde ces régions que l'hiver obsède sans cesse , les êtres vivans ont disparu , et la nature n'a plus la force de produire. Les plaines qui avoi- sinent les pôles , se trouvent , à cet égard, dans le même état d'inertie , que les parties où commence la région des glaces perpétuelles dans les montagnes de la zone torride, ou dans celles des contrées les plus fécondes. Ces montagnes , envi- sagées sous le rapport des végétaux et des animaux qui leur sont propres , forment graduellement et par superposition, des climats particuliers , dont la température et les produc- tions sont semblables à celles des plaines des contrées plus septentrionales. C'es^insi que les Alpes sont l'habitation de plusieurs espèces d'insectes , que l'on ne trouve ensuite qu'au nord de l'Europe. Le prionus depsarius , qui sembloif, jus- qu'ici , n'avoir d'autre patrie que la Suède , a été découvert dans les montagnes de la Suisse. J'ai pris moi - même au Cantal le lycus minutas , qu'on ne reçoit que des provinces les plus boréales de l'Europe. Ainsi encore le papillon nom- mé apollon par Linnaeus , très - commun dans les campagnes et les jardins des environs d'Upsal, ainsi que dans d'autres parties de la Suède , n'habite en France que les montagnes dont l'élévation est au moins de 600 à 700 toises au-dessus du niveau de la mer. Le carabus auratus (2) , Vacrydium gros- (ij Cet auteur n'a probablement mentionné que les espèces les plus saillantes, et n'a point voulu donner une Entomologie complète delà partie du Groëoland dont il a étudie' les productions. Mais on n'en est pas moins en droit de conclure que le nombre des insectes y est très-borné. (2) Les carabes propres ont leur siège principal dans les zones tem- 1 jn s 227 sum . plusieurs Je nos papillons, la vipère commune (coluhet berus') ^ etc. , vivant ici dans nos plaines ou s'élevant peu au- dessus de rhorizonlalité du sol , ont dans le midi de la France , en Italie , etc. , leur domicile sur les montagnes alpines ou sous-alpines. Là ces animaux retrouvent la même tempéra- ture et les mêmes matières nutritives. L'entomologiste éclairé tiendra compte de la hauteur, au-dessus de la mer, à^s lieux où il prend des insectes , et il observera , avec soin , leur température moyenne. Ainsi que les géographes, les naturalistes ont partagé la surface de la terre en divers climats. Ceux-là ont pris pour bases les différences progressives de la plus longue durée du jour naturel ; ceux-ci ont fondé leurs divisions sur la tempé- rature moyenne des régions propres aux animaux et aux végé- taux. Dans la Philosophie entomologique de Fabricius , l'ac- ception du mot de climat est générale et embrasse l'univer- salité des habitations des insectes , ou de tous les animaux à pieds articulés. Il divise le climat en huit stations, ou en au- tant de sous-climats particuliers, savoir: Vindien^ l'austral., le méditerranéen^ le boréal^ Voriental^ ï occidental et V alpin. Mais il est aisé de voir, par i'énumération des contrées qu'il rapporte à chacun d'eux, que ces divisions ne sont pas tou- jours établies sur des documens positifs , et qu'il faudroit , si Ton suit rigoureusement le principe sur lequel elles reposent , la chaleur moyenne , en supprimer quelques-unes. Le sous- climat, qu'il appelle méditerranéen., comprend les pays adja- cens à la mer Méditerranée , et en outre la Médie et l'Ar- ménie. Le boréal s'étend depuis Paris jusqu'à la Laponie. JJoriental est composé du nord de l'Asie , de la Sibérie et de la portion froide ou montagneuse de la Syrie. U occidental renferme le Canada , les Etats-Unis , le Japon et la Chine. Ce simple exposé stfffit pour nous convaincre qu'il y a dans ces divisions beaucoup d'arbitraire. Plusieurs de ces contrées peuvent avoir et ont réellement une température moyenne identique ; elles ne sont pas cependant rangées sous le même climat. Mais, outre que ces distinctions ne sont presque d'au- cune utilité pour la science, puisque des lieux où cette tem- pérature est la même , ont des animaux différens , il est im- possible , dans l'état actuel de nos connoissances , d'assurer sur une base solide ces divisions de climats. Les diverses élévations du sol au-dessus du niveau de la mer , sa compo- sition minéralogique , la quantité variable des eaux qui l'ar- perées, en s'approchant pUis du nord ou des parties élevées, que du sud. On en trouve en Espagne, en Batoaiie; mais les espèces de ce genre y sont en petit aoiabi v-. S.8 I N S rosent, les modifications que les trionlagnes, par leur éten- due , leur hauteur et leur direction, produisent sur sa tem- pérature , les forets plus ou moins grandes dont il peut être couvert, linnuence qu'exerce encore sur sa température celle des climats voisins, sont des élémens qui compliquent ces calculs , et qui y jettent de 1 incertitude , vu la difficulté où Ton est d'en apprécier la valeur, soit isolément, soit réunis. Je considérerai les climats sous un autre point de vue, celui qui nous offre les genres d'arachnides et d'insectes exclusivement propres à des espaces déterminés de la surface de la terre. Nos catalogues, relativement aux espèces exo- tiques , sont trop imparfaits , pour qu'il soit en notre pouvoir de suivre un autre plan ; on n'a même encore qu'ébauché l'entomologie européenne (i). Mais supposé que nous n'eus- sions pas à nous plaindre de cette pénurie de matériaux , irols-je vous fatiguer par d'ennuyeuses nomenclatures d'es- pèces ? par tous les petits détails où ce sujet m'entraînerolt ? ^e faudroit-il pas toujours se fixer à quelques idées som- maires et générales et aux résultats les plus importansi* Tel est le but que je dois me proposer ; et quoique avec plus de secours, je pusse mieux Tatteindre, j'espère cependant qu'un bon emploi des foibles moyens que mes études m'ont fournis me conduira à des vues nouvelles, et que je crois dignes d'in- térêt. Je vais, au reste , frayer la route, ou plutôt je plan- terai le premier les jalons qui pourront servir à la percer, et mes efforts, fussent -ils infructueux, mériteroient , au moins , quelque indulgence. On doit reprocher à plusieurs naturalistes voyageurs de l'incurie ou de la négligence , au sujet de l'indication précise des lieux où ils ont pris les objets qui enrichissent nos musées. Cette première faute commise , on ne doit pas être surpris qu'ils n'aient pas remarqué les qualités particulièr^is du sol considéré physiquement et sous des aperçus minéra- logiques. Ces détails sont cependant une partie essentielle de l'histoire des animaux. Les Ucines , le papillon déopâtre , plu- sieurs dasyies, quelques lamies , etc. , ne se trouvent que dans les terrains calcaires. J'ai observé que la plmélie bîponctuée , très-commune aux environs de Marseille , ne s'éloignolt guère des bords de la mer. Si l'intérJeur des terres , en Barbarie , en Syrie , en Egypte , etc. , offre d'autres espèces du même genre, c'est que le sol y est imprégné de particules salines, ou abonde en plantes du genre soude , salsola ; ainsi ces pi- ^^i) Lùt-on tous les lalens de î\l. de Humboldt, il seroit impossible de faire sur la géographie des insecte* ce qu'il vient d'exécuter rela- tivement à celle des végétaux. I N S ,,9 mélîes habitent toujours un terrain analogue h celui où vit la première. Les insectes des pays qui bordent la Méditerranée, lamerNoire ellamer Caspienne, ont degrands rapportsentre eux, et se tiennent pour la plupart à terre ou sur des plante» peu élevées. Ces contrées semblent être le siège principal des coléoptères hétéromères , des Ihes , des hrachyrères , des hvprestes à forme conique , etc. ; et quoique le Cap de Bonne- Espérance en soit très-distant, «beaucoup de ses insectes ont cependant encore , avec les précédens, des traits de famille. Nous pouvons déduire de ces faits que k terrain et les pro- ductions végétales de ces diverses régions ont plusieurs carac- tères d'affinité natur^le. Il est facile de sentir qu'on doit porter les mêmes soins dans l'observation locale , tant des espèces qui vivent dans les eaux et dont il faut distinguer la nature, q«e de celles qui sont littorales. Toutes ces connoissances accessoires peuvent nous éclairer sur les habitudes particulières de ces animaux, ou faire naître, à leur sujet, des présomptions raisonnables. Ayant ainsi réveillé l'attention des naturalistes voyageurs, et présenté quelques observations préliminaires , je viens di-. rectement à mon sujet. Les propositions suivantes sont établies sur l'élude que i'ai faite d'un des plus beaux musées de l'Europe , des col- lections privées do»Paris , et sur les renseignemens que j'ai pu acquérir , tant par les ouvrages, que par mes recherches et une correspondance très-étendue. i.° La totalité, ou un très-grand nombre des arachnides et des insectes qui ont pour patrie des contrées dont la tem- pérature et le sol sont les mêmes , mais séparées par de très- grands espaces, est composée, en général, d'espèces diffé- rentes , ces contrées fussent-elles sous le même parallèle. Tous les insectes et arachnides qu'on a rapportés des parties les plusi orientales de l'Asie , comme de la Chine , sont dis- tincts de ceux de l'Europe et de l'Afrique , quelles que soient les latitudes et les températures de ces contrées asiatiques. 2." La plu{>art des mêmes animaux diffèrent encore spéci- fiquement , lorsque les pays où ils font leur séjour , ayant identité de sol et de température , sont séparés entre eux , n'importent les différences en latitude, par des barrières na-* turelles, interrompant les communications de ces animaux , ou les rendant très-difficiles , telles que des mers , des chaînes de montagnes très-élevées , de vastes déserts, etc. Dès lors les arachnides , les insectes , les reptiles même , de l'Amé- rique , de la Nouvelle-Hollande, ne peuvent être confondus avec les animaux des mêmes classes qui habitent l'ancien con- tinent. Les insectes des Etals-Unis, quoique souvent très- ■fe5o T N S rapprochés des nôtres, s'en éloignent cependant par quel- ques caractères. Ainsi ceux du royaume de la Nouvelle-Gre- nade , du Pérou, contrées voisines de la Guyane et pareille- ment équinoxiales, diffèrent néanmoins, en grande partie , de ceux de la dernière , les Cordilières divisant ces climats. Quand on passe du Piémont en France parle col de Tende , on aperçoit aussi un changement assez hrusque. Ces règles peuvent souffrir quelques exceptions, relativement aux es- pèces aquatiques. Nous connoissons encore des insectes dont l'habitation s'étend très-loin. Le papillon du chardon {cardiii) ou la belle-dame , si commun dans nos climats et même en Siiède , se trouve au Cap de Bonne-Espérance. La Nouvelle- Hollande offre aussi une espèce qui en est très-voisine. Le sphinx du nérion , le sphinx celerio , ont pour limites septen- trionales notre climat, et pour bornes méridionales , Tlle- de-France. Parmi les insectes aquatiques , le dytiscus griseuSy qui vit dans les eaux de la ci-devant Provence, du Pic- mont, etc. , n'est pas étranger au Bengale. Je ne parle pas d'après les auteurs qui confondent souvent des espèces de pays très-éloignées, lorsqu'elles ont des rapports communs , mais d'après mes propres observations (i). 3.° Beaucoup de genres d'insectes , et particulièrement ceux qui se nourrissent de végétaux , sont répandus sur un grand nombre de points des divisions piiincipales du globe. 4..° Quelques autres sont exclusivement propres à une cer- taine étendue de pays , soit de l'ancien , soit du nouveau con- tinent. On ne trouve point dans le dernier les sulvans : anihîe, graphiptère^ érodie, piméhe, scaure^ -cossyphe , mylabre , brachy- (1) Quoique les animaux de la classe des crustacés soient exclus de mon sujet , voit! néanmoins quelques observations générales à leur égard et qui complètent ce travail. I.» Les genres lithode, coriste , g^laiàée , homolc et phronyme sont propres aux mers d'Europe. 2.° Ceux à'hépale et à'hipjie n'ont encore été trouvés que dans l'Océan américain. 3.° Du même et des côtes de la Chine et des Moluques viennent les limules. 4." Les genres dorippe et leucosie habitent particulièrement la Mé- diterranée et les mers des Indes orientales. b.° Celles-ci nous donnent exclusivement \ii% plagusieSy les orilhyes, les matuies, |es ranines, les albunées et les thalassines. 6.° Les autres genres sont communs à toutes les mers. Mais les ocy- podeswG, se trouvent que dans les pays chauds. \jts grapses les plus f»raiuls viennent de l'Amérique méridionale et de la Nouvelle-Hol- lande. Le genre rémipède n'a été observé que sur les parages de cette dernière contrée et aux Antilles. I N S ,3. th-e, nêmoptère, abeille,, URthophore , ni plusieurs autres de la tribu des scarabêides^ etc. Mais cet hémisphère occidental en présente aussi qu'on ne rencontre pas ailleurs, et dont voici les principaux : agre , galériie,, nilion, ietraonyx , ndèle ^ dory- phore^ alurne^ éroiyle^ cupks^ corydale^ lahide^ pélécine, cenirh, euglosse , héliconien^ éiyiine^ castnie ^ etc. Nos abeilles y sont remplacées par les mélipones et les trigones. On n'a encore ob- servé les genres maniicore, graphiptère^ pneumore, masaris y etc., qu'en Afrique; le premier et le troisième sont même restreints à la colonie du Cap de Bonne -Espérance. Les colliures sont propres aux Indes orientales. Les genres lam- prime, hélée^ céraplère^ paropside^ panops , yieniieni uniquement de la Nouvelle-Hollande ou de quelques îles voisines (i). 5." Plusieurs espèces , dans leur pays natal , affectent ex- clusivement certaines localités, soit dans les parties basses, soit dans celles qui sont élevées et à une hauteur constante. Quelques papillons alpins sont toujours confinés près de la région des neiges perpétuelles. Lorsqu'on s'élève sur des montagnes à une hauteur où la température , la végétation, le sol , sont les mêmes que ceux d'une contrée bien plus sep- tentrionale , on y découvre plusieurs espèces qui sont parti- culières à celle-ci , et qu'on chercheroit en vain dans \e& plaines et les vallons qui sont au pied de ces montagnes. J'ai cité , plus haut , des exemples qui appuient cette règle. S^ , dans le même pays, la température de quelques-unes de ses parties basses, ou au niveau de l'horizon, est modifiée par des circonstances locales , ces cantons ont aussi plusieurs es- pèces que l'on trouve plus fréquemment, soit un peu plus au nord, si la température moyenne s'est abaissée , soit un peu plus au midi, dans le cas de son ascension. C'est ainsi que nous commençons à voir au nord du département de la Seine des insectes spécialement propres aux départemens plus froids, à l'Allemagne , etc. , et que les Jterrains chauds et sa- blonneux situés au midi et à l'est de Paris , nous offpcnt quel- ques espèces méridionales. 6.0 On divisera l'ancien et le nouveau continent en zones, s'étendant successivement dans le sens des méridiens, et dont la largeur est mesurée par une portion de cercle paral- lèle à l'équateur. Les espèces propres à une de ces zones dis- paroissent graduellement et font place à celles de la zone suivante; de sorte que , d'intervalle en intervalle , les espèces dominantes , ou même la totalité , ne sont plus les mêmes. Je compare ces changemens à celte suite d'horizons que le voya- ■ '< _ _ (i) Les plus grandes espèces de cossus , à.^ zeuzeres ., (Hképiales, \icuneBt de ces coulrccs. ^Z2 I N S geur découvre, à proportion qa'il s'éloigne de son premier point de départ. La Suède a beaucoup d'espèces d'insectes qui lui sont par- ticulières, et dont quelques-unes sont reléguées dans ses pro- vinces les plus boréales , comme la Laponie. Mais son midi , la Scanie , par exemple, offre, quoiqu'en petite quantité, plusieurs insectes de TAllemagne. La France, jusque vers le 4-5.^ à 44-* degré de latitude, en a plusieurs que l'on retrouve dans ces mêmes contrées. Mais il semble que le Rhin et ses montagnes orientales forment , à l'égard de quelques autres espèces , une sorte de frontière , qu'elles n'ont point franchie. Les premières de celles qui sont propres aux pays chauds de l'Europe occidentale , se montrent vers le cours inférieur de la Seine , précisément au point où la vigne commence à prospérer dans les terrains en plaine , et sans le secours de quelques circonstances locales. \J ateuchus flagellé ^ \e my labre de la chicorée, la manie religieuse , la cigale hœmatode , Vasca— laphe italique ^ etc., annoncent ce changement. Il est plus manifeste à Fontainebleau, aux environs d'Orléans qui of- frent, outre ces espèces, le phasma Rossii , la maniis pagana , le sphinx celerio , etc. Mais ces insectes, si je puis m'exprimer ainsi , ne sont que les avant-coureurs de ceux qui sont propres aux contrées vrai- ment méridionales. On reconnoît le domaine des derniers à l'apparition de quelques autres espèces de cigales , de manies; a. celle des zoniiis, des akis, des scaures , des ierniès , etc., mais surtout à la présence du scorpion européen et de Vaieuchus sacré {i). La culture de l'olivier, la croissance spontanée de l'arbousier, du grenadier, de la lavande , parlent encore plus sensiblement aux yeux. Ce changement est extrêmement re- marquable, lorsqu'en allant de Paris à Marseille, on atteint le territoire de Montélimart. Les bords de la Méditerranée sont un peu plus chauds ; les mygales , les oniiis , les céhrions , les hreufes , les scarites, etc., y paroissent pour la première fois. Si nous pénétrons dans l'inlérieur de l'Espagne, et si nous y visitons les belles contrées de Test, où les orangers et les palmiers viennent en pleine terre , un nouvel ordre d'espèces d'arachnides et d'insectes , entremêlées de quel- ques-unes déjà observées dans le midi de la France, frap- pera nos regards. Nous y voyons des érodies, àes sépidies , des zygies, des némopières ^ des galéodes çt beaucoup d'autres in- (i) Les papillons de la division des equUes ont aussi leur siège prin- ripal dans les pays chauds, et surtout entre les Tropiques. Ceux d'ent^-e eux qu'on a distingue's sous le nom de troyens, ne se trouvent «jii'aux Indes orientales et dans rAiiîeritjue méridionale. I N S =33 sectes analogues à ceux de Barbarie et du Levant. La con- noissance de ces espèces nous étant devenue familière , l'en- tomologie des contrées atlantiques de l'Afrique , ou de celles qui sont situées sur la Méditerranée, jusqu'à l'Atlas, ne nous causera point une surprise extraordinaire. Nous y découvri- rons cependant des genres dinsectes qui ont leur centre de domination dans les régions comprises entre les Tropiques, comme des anthies y des graphiplères , des siagones ^ etc. Nous n'avons sur les insectes du sud-est de l'Europe que des notions très-imparfaites. Je remarque seulement que le papillon chrysippus de Linnœus , commun en Egypte et aux Indes orientales, paroît déjà dans le royaume de Naples La plupart des espèces d'Egypte sont étrangères à l'Europe , sans qu'elles sortent néanmoins des familles naturelles , où se placent les nôtres. Son extrémité méridionale , en tirant vers la Nubie , offre une de ces grandes sortes de bousier, le midtis, qui, tels que le bucephalus, Vantenor, le gigas •, nlia- bitent que les climats les plus chauds et rapprochés de la ligne équinoxiale de l'ancien.continent. Transportés sur les rives du Sénégal , et gagnant de là les contrées plus au midi , nous ne voyons plus aucun insecte d'Europe. C'est de ces régions brûlantes que viennent les plus grandes espèces du genre goliath de M. de Lamarck ; les autres nous sont fournies par l'Amérique méridionale et Java- La colonie du Cap de Bonne-Espérance abonde surtout en es- pèces des genres anthie et brachycère. On y trouve encore les genres manticore ^ pneumore, dorylc et eurychore. M. Savigny a découvert en Egypte une nouvelle espèce du dernier, et dans les insectes recueillis au Bengale par Macé , j'ai trouvé une espèce de celui de doryle. L'Afrique et les Indes orientales nous offrent encore des sagres, àespaussus et des diopsis. L'Ile- de-France a même une espèce inédite du second de ces genres, M. Palisot de Beauvois a rapporté du royaume de Bénin celui qu'il a nommé pelalocheirus , voisin des reduves , mais très-singulier par la forme en bouclier''ou en rondache de ses deux jambes antérieures. Celui à'encelade est propre à la côte d'Angole. Quelques excursions que M. Desfontaines a faites sur le domaine de l'entomologie , durant son voyage dans les Etats Barbaresques , et qui nous font regretter qu'il ne &e soit pas livré plus long-temps à la recherche des in- sectes de cette partie de l'Afrique, nous ont procuré le genre masaris ^ dont le midi de l'Europe et le Levant nous pré- sentent l'analogue, celui de célonite. Enfin cette grande divi- sion de l'ancien continent a plusieurs lépidoptères qui for- ment des coupes particulières , et beaucoup d'autres insecteS| qui resteront long-temps inconnus. 254 I N s Toutes les successions d'espèces s'opèrent encore gra- duellement de l'ouest à l'est, et réciproquement. Plusieurs de celles que l'on trouve dans les ci-devant provinces de Normandie et de Bretagne habitent encore la partie méri- dionale de l'Angleterre. Les départemens situés sur la rive gauche du Rhin , au Nord, sont, à cet égard , en commu- nauté de bien avec les provinces voisines de l'Allemagne , mais pour une simple portion. Quelques insectes du Levant, tels que la canthande orientale , le mylabre crassicome ^ une belle variété du hanneton occidental, rapporlée par M, Olivier, des lépidoptères diurnes, semblent avoir voyagé au couchant et s'être fixés dans le territoire de Vienne en Autriche. Il me paroît , d'après la collection que ce célèbre naturaliste avoit formée dans l'Asie mineure , en Syrie, en Perse, etc., que les insectes de ces régions , quoique très-affiliés à ceux du midi de 1 Europe , en sont cependant distincts, pour la plu- part, d'une manière spécifique. Je porte le même jugement sur ceux de la Russie méridionale et de la Crimée. Les arach- nides et les insectes de la cote.de Coromandel, du Bengale, de la Chine méridionale , du ïhibet même , dont quelques- uns m'ont été communiqués par mon généreux ami, M. Mac- Leay, secrétaire de la Société Linnécnne, ont de grands rapports entre eux; mais ils sont absolument distincts de ceux de l'Europe, quoiqu'ils puissent être classés, pour la plu- part, dans les mêmes genres et dans quelques-uns de ceux de TAfrique. On n'y trouve point de graphiptères ^ à'ukis, de scaures , de pimélies^ de sépidîes, à'érodies, genres dont la na- ture paroît avoir accordé la propriété exclusive aux parties méridionales et occidentales de l'ancien continent, Fabri- cius donne , pour patrie , à quelques espèces de hrachycères , les Indes orientales ; mais je n'en ai pas vu un seul dans i\cs collections nombreuses qui y ont été formées. Le genre an- ihie se trouve au Bengale , et il est remplacé , dans la Nou- velle-Hollande , par celui àlielluo. L'île de Madagascar se rapproche , sous quelques points, quant aux familles naturelles des insectes , de l'Afrique (i). Mais ses espèces sont très-distinctes , et plusieurs même n'ont pas d'analogues. Les îles de France et de Bourbon offrent aussi des vestiges de ces mêmes affinités ; les insectes de ces colonies paroissent , en général , tenir davantage de ceux des Indes orientales : leur nombre est très-borné. Quoique l'entomologie de la Nouvelle-Hollande forme un type spécial, elle se compose néanmoins, en grande par- tie , d'espèces analogues à celles des Moluques et du sud- (i) Ou y trouve des brackyc'eFCS. I N S ,3S est àes Indes (i). Le genre des mylabres ^ dont les espèces sont si abondantes au midi de l'Europe , en Afrique et en Asie , sembleroit ne pas dépasser Tîle de Timor. La Nou- relle-Hollande auroit , à cet é|;ard , des traits de similitude avec rAmérique. On y trouve pareillemenl des passales, genre dont les espèces habitent plus particulièrement le nou- veau-monde. Je soupçonne que les productions naturelles de cet hémisphère occidental , considérées sous le rapport des groupes génériques , se rapprochent plus de celles de Test de l'Asie que des nôtres. On sait que les animaux à bourse sont confinés dans les extrémités orientales de l'ancien con- tinent, et qu'on en retrouve ensuite dans le nouveau. Je pour- rois alléguer d'autres exemples , et dont quelques-uns se- roient pris dans la classe des crustacés. Les insectes de la Nouvelle-Zélande, de la Nouvelle-Calé- donie, et ceux probablement des îles circonvoisines, me pa- roissent avoir beaucoup d'affinité avec les insectes de la Nou- velle-Hollande. Je présume qu'il en est de même de ceux de quelques autres archipels du grand Océan austral. Ces îles, composées , en grande partie , d'aggrégations de polypiers , forment une chaîne qui les unit à l'ouest aux précédentes , et ont pu recevoir d'elles leurs productions. Celte commu- nication, faute de tels moyens, n'a pu avoir lieu du côté de l'Amérique. Ainsi plusieurs de ces îles sont américaines par le»r position géographique , et peuvent être asiatiques quant aux productions animales et végétales de leur sol. Le nouveau continent présente une marche progressive semblable, dans les changemens des espèces, relatifs aux différences notables des latitudes et des longitudes. Notre collègue , M. Bosc , a recueilli dans la Caroline beaucoup d'espèces qu'on ne trouve point en Pensylvanie , et encore moins dans la province de New-Yorck. Les recherches d' Ab- bot sur les lépidoptères de la Géorgie nous prouvent qu'on y voit déjà quelques espèces de cet ordre , dont le siège prin- cipal est aux Antilles. Les bords de la rivière de Missouri , à une vingtaine de degrés environ à l'ouest de Philadelphie , servent d'habitation à plusieurs insectes particuliers , et dont je dois encore la communication à M. Mac-Leay. J'ai vu aussi une collection formée à la Louisiane, et j'y ai remarqué d'autres mutations. L'entomologie des Antilles , à quelques espèces près , contraste absolument avec celle des Etats- Unis. L'île de la Trinité , à dix degrés de latitude nord, a (i) La Nouvelie Hollande est moin^ riche, son sol, celui du moiiw des parties connues, e'tant plus sec et moins boise', et analogue à celui du C^p de Bonne-Espérance. s35 IN S des espèces éqaatoriales , comme des papillons de la division de ceux qu'on nomme menelaus, teucer^ etc., qu'on n'observe pas à Saint-Domingue. Ici encore se trouvent des tatous^ qua- drupèdes inconnus dans cel^ dernière île. Le Brésil a de» espèces que Cayenne offre également ; mais il en posséda une fouie d'autres qui lui sont particulières. Cependant si Ton compare les parallèles de l'ancien et du nouveau monde , sous le rapport de la température conve- nable aux diverses espèces d'insectes, Ton verra que ces pa- rallèles ne se correspondent point à cet égard. Les insectes méridionaux de 1 hémisphère occidental ne remontent pas si haut que dans le nôtre, ici, comme nous l'avons observé, ils commencent à paroîlre, entre le 48.* et le ^g.* degrés de latitude nord; là ce n'est guère que vers le 4^.*. Les scor^ pions, les ds;alcs ^ les manies^ etc., sont toujours nos signes indicateurs. Qiïand on réfléchit sur la constitution physique de l'Amérique , quand on considère que son sol est très- arrosé, considéral>lement montagneux , couvert de grandes forêts, que son atmosphère est très-humide, l'on conçoit sans peine que certains genres d'insectes de l'ancien conti- nent, qui aiment les lieux secs, sablonneux, très-chauds, tels que les a/ithies , les piméUes ^ les érodies , les IrarJiycères j etc. , n'auraient pu vivre sur le terrain gras, aqueux et om- bragé du nouveau monde. Aussi, proportions gardées, le nombre des coléopîères carnassiers y est-il moins considé- rable que dans l'ancien continent. La grandeur des insectes ayant les mêmes habitudes est souvent inférieure à celle des nôtres. Les scorpions de Cayenne et des autres contrées équinoxiales de l'Amérique na sont guère plus gros que celui du sud de l'Europe qu'on a nommé occitanus. Ils sont donc bien loin d'égaler en volume le scorpion africain , «/t/', qui est presque aussi grand <|ue notre écrevisse fluviatile. Mais aussi l'Amérique ne le cède point aux contrées les plus fé- condes de l'ancien monde , à l'égard des espèces qui se nour- rissent de végétaux, et surtout en lépidoptères, en scara- bêi'des ^ en r.hiysoméUnes^ en rêrambycins ^ etc. , particulière- ment en guêpes^ fourmis, orthoptères et aranéides. Cependant la Chine méridionale et les Moluques semblent conserver une sorte de supériorité, en donnant naissance à des lépi- doptères tels que \e papi/io priamus , \e bombyx atlas , etc., dont les dimensions surpassent celles des lépidoptères de l'Amérique. Un fait que je ne dois point omettre, est que l'Europe , l'Afrique et l'Asie occidentale n'ont presque pas d'insectes du genre phasme ou spectre , et que les espèces qu'on y trouve sont petites, tandis que les Moluques et l'Amé- rique méridionale nous en présentent d'une taille très remap- I N s 287 quable. L'humidité atmosphérique et habituelle du nouveau continent, sa forme étroite et allongée, la vaste étendue des mers qui l'environnent de toutes parts et la nature de son sol, nous fournissent l'explication de la discordance que l'on observe entre ses climats el ceux de notre hémisphère, considérés sous les mêmes parallèles. Le nouveau monde est k l'ancien continent ce qu'est l'Angleterre à une grande partie de l'Europe. La Normandie et la Bretagne, compa-< rées aux provinces de la France situées à leur levant , pour- roient encore nous offrir des rapprochemens analogues. La seconde partie de mon Introduction à /a géographie gé- nérale des arachnides et des insectes a pour objet une nouvelle division de la terre en climats ou zones, dont les limites cir- conscrivent , d'une manière approximative , les lieux d'habi- tation exclusivement propres aux différentes races de ces animaux. Ces coupes géographiques sont fondées sur les ob- servations suivantes : i.° Les extrémités septentrionales du Groenland et du Spitzberg paroissent être , dans notre hé- misphère boréal, le dernier terme de la végétation; elle s'ar- rête, vers le pôle sud, à la terre de Sandwich, le nec plus ultra des découvertes géographiques dans l'hémisphère aus- tral. Le 84..^ degré de latitude nord, et le 6o.« de latitude sud , formeront ainsi les deux extrémités de cette partie de notre globe qui sert d'habitation aux plantes et aux insectes. a." L'entomologie du nouveau continent, à commencer du moins au nord des Etats-Unis et en tirant vers le sud, dif- fère, même quant aux espèces, de l'entomologie de l'ancien continent. 3." La portion du Groenland, dont Olhon Fabri- cius a fait connoître la zoologie , nous offre beaucoup d'in- sectes et même d'autres animaux , que l'on retrouve dans les contrées les plus septentrionales et occidentales de l'Eu- rope. On peut donc considérer le Groenland comme for- mant au Nord, et sous ce point de vue , la limite des deux mondes. 4-° Les insectes de l'Asie orientale , à partir des contrées dont la longitude est d'environ 62 degrés plus orientale que le méridien de Paris , les insectes de la Nou- velle-Hollande , ceux de la partie de l'Afrique qui s'étend depuis l'Atlas et le Tropique du Cancer jusqu'à l'extrémité méridionale de cette péninsule , diffèrent des animaux de la même classe qui habitent les autres contrées de l'ancien con- tinent. 5.° LTn espace en latitude , mesuré par un arc de cercle de la degrés, produit, abstraction faite de quelques varia- tions locales, un changement très-sensible dans la masse des espèces ; il est même presque total, si cet arc est double ou de 24 degrés, comme du nord de la Suède au nord de l'Es- pagne. Etayé de ces observations et de quelques autres moins ^3a IN S générales , je sépare à l'ouest les deux hémisphères par un méridien qui, parlant du Groenland, et suivant une direc- tion moyenne entre les îles Canaries, celles du Cap-Vert, Madère , et la pointe la plus avancée à l'est de l'Amérique méridionale, le Cap Sainl-Roch , finit près de la terre de Sandwich ; sa longitude est de 34 degrés à l'ouest du méri- dien de Paris. Un autre méridien , plus oriental de 62 degrés que celui de cette ville , détache la partie orientale de l'Asie, de ses contrées occidentales , de l'Europe et de l'Afrique ; la différence en longitude de ces deux méridiens est ainsi de 96 degrés (i). Un troisième, plus oriental , de cette même quantité, déterminera à l'est, en traversant le grand Océan, les limites de l'ancien monde et du nouveau. Les autres cent quarante-quatre degrés compléteront le cercle de l'équateur et seront , en longitude, l'étendue de la grande zone propre aux insectes de l'Amérique. Nous le par- tagerons au moyen d'un quatrième méridien , en deux por- tions égales , ayant chacune soixante-douze degrés en lon- gitude. Ces quatre grandes zones seront arctiques ou antarctiques» selon leur situation en deçà ou au-delà de la ligne équinoxiale. Je partage chacune d'elles en climats auxquels je donne douze degrés en latitude ; celui qui est compris entre le 84 " âe latitude nord et le 72 » porte le nom de tropical. Nous aurons ensuite , en continuant toujours la division duodéci- male , les climats suivans : sous-polaire^ supérieur^ intermédiaire , sur-tropical , tropical , équatorial. Les zones antarctiques , di- visées de la même manière , ont deux climats'de moins , le polaire et le sous-polaire^ puisqu'elles se terminent au 60.^ degré de latitude sud. Ces zones considérées dans chaque hémis- phère , sont distinguées en occidentales et orientales. La géographie tirera un avantage de ces connoissances. Elle peut s'en servir pour déterminer auquel des deux hémis- phères appartiennent naturellement plusieurs îles situées sur leurs limites. De telles considérations ne seront pas inutiles aux minéralogistes et aux géologues. On voit , par exemple , que les insectes et même les plantes des pays qui circons- crivent le bassin de la Méditerranée , ceux de la Mer Noire et de la Mer Caspienne , se ressemblent singulièrement quant aux genres et aux familles où ces productions se groupent. Ces rapports paroissent favoriser l'opinion des naturalistes qui supposent que les contrées baignées jadis par les eaux de la mer , ont été découvertes les dernières. iJn passage de Diodore de Sicile (Ap. 2 ,), concernant VMgide^ ce monstre (i) 340 et 6a° font 96» horrible , enfant de la terre , semble nous conserver , sou* le voile de l'allégorie , la tradition de Tétat de ces contrées à l'ép^oque où elles étoient ravagées par àes volcans aujour- d'hui éteints , et plus voisins alors des eaux maritimes. La progression croissante de l'intensité et de la durée du calorique influe beaucoup sur le volume et le développement du tissu nauqueux des arachnides et des insectes. Plus, en général , on s'avance vers les régions équinoxiales , plus on trouve des espèces remarquables parleur taille, les inégalités et les éminences de leur corps , et la variété du coloris. L'aug- mentation de la lumière tend à convertir le jaune en rouge ou en orangé. Les papillons diurnes de nos montagnes ont ordinairement le fond des ailes blanc , ou d'un brun plus ou moins foncé. Ces observations méritcroient d'être suivies , parce qu'elles aideroient à éclaircir nos doutes sur la distinc- tion des espèces et des variétés. La génération est , dans les insectes ainsi que dans les ani- maux des autres classes , et dans les végétaux, la fonction vitale qui , par un excès de nutrition , donne à ces êtres or- ganisés la faculté de pfoduire de nouveaux êtres absolument semblables à eux-mêmes ; et c'est^ tort que les anciens , qui ont regardé les insectes comme des animaux imparfaits, ont cru que la plupart , du moins , ne se multiplioieflt point par la voie ordinaire de la génération , et qu'ils dévoient leur naissance à la pourriture de différentes matières. Des sexes. — Les insectes sont, avec les crustacés , les seuls animaux sans vertèbres chez lesquels , les sexes étant sépa- rés , l'accouplement se fasse par l'intromission de l'organe du mâle dans la partie sexuelle de la femelle , et par l'éja- culalion de la semence dans les ovaires. Tous les individus, dans la classe des insectes , sont mâles ou femelles ; il faut en excepter cependant quelques genres de l'ordre des hymé- noptères , tels que les abeilles, les fourmis , les eryptocères , etc. , dans lesquels , out^e les individus mâles et femelles , il y en a encore d'autres en plus grand nombre , que les naturalistes ont nommés mulets ou neutres , parce qu'ils n'ont aucun sexe apparent , et qu'ils ne sont point propres à la génération ; ces espèces de mulets proviennent eux-mêmes des mâles et des femelles du même genre , qui se sont accouplés , et ne paroîssent être que des femelles, dans lesquelles les organes de la génération n'avoieat poiat été développés , faute d'une nourriture convenable ; mais l'examen des diverses parties qui servent d'instrumens à ces insectes travailleurs , et plu- sieurs autres dissemblances , nous prouvent qu'ils ont été for- més ainsi pour un but spécial , et qu'ils ne descendent point de femelles imparfaites et dont la race abâtardie se seroit î4o I N S perpétuée. Je ferai voir, en traitant des Sociétés des insectes i que l'existence des neutres étoit nécessaire au maintien de ces réunions. Les parties qui distinguent les mâles d'avec les femelles , sont de deux sortes : les unes n'ont point de rapport avec la génération, et les autres sont absolument nécessaires pour la produire. Les différences principales que l'on remarque dans les parties qui n'ont point de rapport direct avec la génération , sont tirées de la grosseur relative du mâle et de la femelle , de la vivacité des couleurs , et de la forme des antennes , des ailes , etc. , comparées dans les deux sexes. Les mâles sont toujours plus petits que les femelles , et la proportion , dans certains insectes, disparoît au point que les mâles sont d'une extrême petitesse relativement à leurs fe- melles. Dans ies fourmis, le mâle est à peu près six fois plus petit que la femelle ; dans les coclieni/les, il est douze ou quinze fois plus petit ; enfin dans les termes , la femelle est deux ou trois cents fois plus grosse que son mâle. Dans la plupart des espèces d'insectes , les mâles sont or- nés de couleurs infiniment plus brillantes que celles qui dé- corent les femelles , et cela se voit surtout dans les lépi- doptères. Dans quelques insectes , les couleurs des deux sexes sont différentes ; les lépidoptères nous en fournissent surtout plusieurs exemples. Les mâles des scarabées , des bousiers , de la plupart des aphodies et des géotrupes^ ont le corselet et la tête garnis de cornes, de tubercules , de pointes souvent très- proéminentes , et que l'on ne remarque point dans les femelles. Les antennes des mâles sont souvent plus longues avec les saillies des articles plus prononcées. Souvent encore les feuillets de la massue qui le termine, sont plus grands et même plus nombreux. Souvent , les femelles manquent d'aîtes , tandis que les mâles en sont pourvus. Parmi les coléoptères , les lampyres nous en offrent un exemple , et nous en retrouvons de pa- reils dans les genres des blattes , des noctuelles , des bombyx , etc. , pris dans les autres ordres. Toutes les différences que nous venons de rapporter , ne sont point essentielles à la génération , elles tie se rencon^ trent que dans un certain nombre d'espèces ; mais la vérita- ble distinction des mâles et des femelles, consiste dans les organes sexuels. Organes des sexes. — Les parties de la génération dans les insectes, SQPt ordinairement placées à l'extrémité du ventre; I N S ,4t dans la plupart , si l'on presse cette extrémité du corps , on en fait sortir les parties destinées à la faculté généraiive. Ce- pendant ces parties ne sont pas toujours ainsi situées. Chez les demoiselles ou libellules^ la partie sexuelle du mâle est pla- cée tout près de la poitrine , au lieu que celui de la femelle se trouve au derrière. Dans nos chilognaihes ou les hdes de Linnœus,run et l'autre sexe ont les organes de la génération situés aussi sur la poitrine , mais plus près de la tête. Nous distinguerons, d'après M. Cuvier , les organes sexuels des insectes ^ en préparateurs^ copulateurs et édiiaiieurs : nous exa- minerons avec soin ces organes dans les deux sexes et dans celles des espèces d'insectes où ils présentent des diffé- rences marquées. Organes préparateurs des mâles. — Dans les insectes, on re-^ trouve des parties qui se rapprochent de celles de l'homme. Tous ont quatre organes préparateurs de la semence , dont deux peuvent être comparés aux testicules, et les deux autres aux vésicules séminales. Les uns et les autres ont des fornics très-variées , selon les espèces , sont très-distincts dans le temps des amours, et disparoissent presque entièrement après ce temps. Les scarabées , les hannetons , et autres coléoptères à anten- nes terminées par une massue feuilletée , ont une verge qui reçoit un canal commun que l'on peut comparer à l'urètre : ce canal reçoit lui-même quatre autres vaisseaux plus gro*; que lui , et dont les deux inférieurs peuvent être regardés comme les testicules; ils sont assez longs, et sont terminés à leur extrémité libre par plusieurs canaux plus petits , qui eux- mêmes finissent par des hquppes de vaisseaux très-fins, réunis entre eux , par un tissu graisseux. Ces houppes , à la. Yue simple , ressemblent fort à des glandes conglomérées , et Swammerdam les avoil prises pour telles , mais le micros- cope fait apercevoir leur composition vasculaire. Les deux autres canaux beaucoup plus longs, font plusieurs circonvo- lutions sur eux-mêmes , et lorsqu'on les si parfaits dans le jeune âge que dans l'c'tat adulte. Ce ca- ractère est un des plus distinclils. I N S 265 expression a déjà été employée , et Je la conserve, quoiqu'elle soit un peu longue, parce qu'elle est caracléristique. La métamorphose ébauchée est propre à plusieurs insectes aptères de Linn?eus, tels que ses genres monociihis ^ juins, sro/upendra , et du moins en partie, à celui A''acanis: car la mitte de la gale, par exemple, ne naît qu'avec six pieds, et il lui en pousse deux autres peu de temps après. Son objet spécial est le développement numérique de ces organes. Ici nous ne ferons point usage des mots de larve et de nymphe , parce qu'il est impossible de poser, d'une manière exacte et précise, les bornes qui séparent ces deux états, par- ticulièrement dans ceux qui ont un grand nombre de pieds. La perfection des organes fécondateurs est, tant pour ces ani- maux que pour ceux qui ne sont sujets qu'à des mues, le signe certain de leur puberté, ou du troisième état. Ainsi, dans les aranéïdes, les parties sexuelles masculines ne paroissent qu'à celte époque , et le boulon de leurs palpes qui les renferme, examiné dans le jeune âge , a une composition très-simple. De toutes les métamorphoses, celle que je nomme ébauchée est la moins sensible, et qui dès lors se rapproche davantage du changement d'état appelé mue. La demi-raélaraorphose a des caractères plus tranchés. La demi-larve est aptère ; la demi-nymphe a des rudimens d'ailes ou d'clylres. Celte sorte de métamorphose est intermédiaire entre la précédente et la suivante. Elle répond à la métamorphose demi-complète de Fabricius. Les hémiptères , les orthoptères et plusieurs né- vroplères offrent ce mode (Je transformation (i). Plusieurs insectes de ce dernier ordre, et de celui des névroptères, ne subissant qu'une demi-métamorphose, méritent de faire une division particulière. Je veux parler des espèces qui pas- sent leur premier et leur second âge dans l'eau. Les organes respiratoires des uns forment des appendices extérieurs, qui imitent des feuillets , soit simples , soit composés ou pinnés, et que nous nommerons fausses-branchies : c'est ce que l'on voit dans les éphémères. Un faisceau pyramidal de petites lames termine l'anus des demi-larves et des demi-nymphes des libellules; elles s'épanouissent pour donner passage à l'eau et se ferment lorsque ces animaux , après en avoir ex- trait l'air qui en faisoit partie , ont rejeté l'eau supertlue,Dan& les divers insectes , en étal parfait , le fluide respirable pénè- tre, comme à l'ordinaire , par ces trous placés à fleur de (i) Les termes suîvans , tires du grer, désignent d'une manière plus laconique et plus expressive, ces trois sortes de métamorphoses : i."* Métamorphose ébauchée , podophanère , pattes manifestées ; 2° Demi-métamorphose , piércyphanère , ailes manifestées ; S."* Métamorphose parfaite ou totale, Lolophanèrc ^ tout manifesté. aCG T N S peau, que l'on connoît sous le nom de stigmates: et c'est aussi de celte manière qu'il s'insinue dans les autres hémip- tères, sans différence d'âge. Ici encore, les antennes, les pieds et généralement tout le corps , considérés dans ces di- vers changemens, ont une plus grande ressemblance que dans les névroptèros aquatiques , examinés à des époques correspondantes. Ainsi les insectes à demi-métamorphose se partagent en doux sections: Point de stigmates; des fausses^ branchies ou des feuillets à l'anus pour la respiration ; voilà le signalement de la première ; des stigmates, voilà le caractère de la seconde. Mais comme les métamorphoses de celle-oci sont encore plus imparfaites que celles de la première, l'or- dre naturel exige qu'elle soit placée avant l'autre. Une étude également soutenue des larves et des nymphes proprement dites, nous donnera aussi le moyen d'établir dans la méta- morphose parfaite des subdivisions commodes. Parmi ces nymphes, celles-ci ressemblent à l'insecte par- fait, mais contracté et comme mort: elles ont les membres, en tout ou en partie, libres, c'est-à-dire saillans et distincts les uns des autres. Celles-là, sous la figure d'une sorte de fœtus, ont cesmembres entièrement recouverts, avec le corps, d'une enveloppe générale ou commune, formée de sa peau, et qui par sa consistance assez solide, sa couleur presque toujours brune ou noirâtre, imite une sorte d'écorce, corticato, pour me servir de l'expression de Linnaius. Elle est immé- diatement appliquée sur le corps, dans les unes; elle en est détachée et lui forme, sous la figure d'une coque , un étui ou capsule , dans les autres. Ce sont des nymphes coléodermes. 11 ne faut pas confondre cette enveloppe avec une autre plus extérieure, et qui, semblable aussi aune coque , renferme un grand nombre de nymphes de cette métamorphose ; celle-ci est composée de fils soyeux, propres à l'animal , ou de par- celles de différentes matières liées ensemble. Les nymphes dégagées à membres libres ou nus ( artus fMlutœ), sont comprises par Fabricius dans sa métamorphose incomplète. Celles que recouvre une enveloppe générale , mes nymphes emmaillotlées (o^c^o/Mte) appartiennent à ces deux sortes de métamorphoses qu'il appelle obtecta et coarc- tata^ ou enveloppées et resserrées. L'expression d'o^/e^*^ con- vient aux deux, ainsi que je viens de l'observer, et celle de coarctata est trop vague. L'existence et le nombre des pieds des larves, la forme permanente ou variable de leur tête, la comparaison des parties de la bouche avec celles de l'insecte parfait, le nom- bre des stigmates et la disposition des trachées , leurs mues, Qula non mutabilité de leur peau, l'immobilité ou l'activité des I N S 267 nymphes , telles sont les considérations d'après lesquelles on peut diviser, en coupes secondaires, les larves des nym- phes à membres libres. I .<* Existence et nombre des pieds. — Les unes n'en ont point , ou ils y sont remplacés par des mamelons ou d'autres appen- dices. Les coléoptères nous en fournissent quelques exem- ples ; mais ce caractère est dominant dans tout Tordre des diptères et dans une grande partie de celui des hyménoptères. D'autres larves, et c'est le plus grand nombre, en ont six. Enfm il y en a où ce nombre est de huit ou de dix-huit à vingt-deux, et on les connoît sous le nom de fausses-che- nilles ( suherucœ ). 2." Constance et vatiiilnlilè de la forme delà tète. — Dans la très-grande majorité de ces larves, cette partie du corps est plus ou moins écailleuse , et sa figure ne change point. Mais dans les larves de beaucoup de diptères, elle est membra- neuse et contractile , comme le reste du corps. On ne la dis- tingue que parce qu'elle en forme le premier segment, et qu'on y observe un ou deux crochets , avec des barbillons ou mamelons , tenant lieu de bouche. Les antennes, les yeux même n'existent point, ou sont à peine visibles. Ccslarves sont les plus imparfaites de toutes, et si rapprochées des vers in- testinaux, qu'on les confondroit avec eux, si on n'apercevoit pas leurs trachées et leurs stigmates. Cependant, parmi les nymphes dégagées, je ne connois encore que le leptis vemiileo de Fabricius et le dolichope bronzé, dont les larves aient une tête variable. Lorsque sa forme est constante , l'étude peut encore faire découvrir des caractères utiles pour la clas- sification. Ainsi dans plusieurs larves, la calotte de la tête est comme divisée en deux hémisphères, tandis que celle des autres n'offre pas cette distinction. L'étude des yeux n'est pas à négliger. 3." Comparaison des parties de la bouche aoec celles de T insecte parfait. Ces organes, dans toutes les larves de coléoptères , de nevroptères, d'hyménoptères, ont, avec les organes corres- pondans de l'insecte , arrivé à son dernier état , des rapports essentiels, et portent les mêmes noms; mais, dans les larves des ordres suivans , les lépidoptères et les diptères , ces mêmes organes , comparés de la sorte , n'ont entre eux au- cune analogie évidente. L'emploi de ce caractère sépare les larves des tipulaires , des taons, des asiles , etc., des autres larves sans pieds , et de la même division des nymphes à membres libres. On pourra m'objecter les observations de M. Savigny , relatives aux lépidoptères ; mais quoique cet habile naturaliste ait vu à la bouche de ces insectes deux pièces qui paroissent correspondre à des mandibules, il n'en 258 T N S est pas moins certain qu'à raison de leur extrême petitesse, de leur éloignement réciproque, elles n'ont , avec les man- dibules des chenilles , ([u'une affinité très-éloignée , pour ne pas dire hypothétique. <3n ne connoît que trop les ravages que font les chenilles avec ces instrumens, et personne ne comparera leurs fonctions et celles des parties qui les accom- pagnent , avec les propriétés des mandibules et de la trompe ou de la langue du papillon, dont Ions les efforts se réduisent à entr ouvrir la corolle ou le calice d'une fleur. La bouche des larves aussi bien que celle de l'insecte par- fait, méritent de fixer l'attention des naturalistes. C'est par leur comparaison que l'on pourra connoître les changemens qui s'opèrent dans le passage du premier état au second. On acquerra également des moyens pour classer les larves, aussi l)ien que les insectes adultes. Celles des myrméléons , des hé- mcrobes, et probablement des ascalaphes,sont distinguées de toutes les autres larves hexapodes par leurs mandibules qui font l'office d'un suçoir, et peut-être par les mâchoires et la lèvre inférieure qui sont très-petites, si même elles existent Ce sont aussi les seules larves dont les filières soient à l'anus. 4-.° Nombre de stigmates et disposition des trachées. Les larves de la plupart des diptères n'ont que quatre à deux stigmates, ou même qu'une ouverture unique pour la respiration. Une seule larve de tipule, d'après tous les faits que j'ai pu re- cueillir à cet égard , en a seize. Or nous savons que leur nombre est de dix-huit dans les autres ordres d'insectes , les myriapodes seuls exceptés; ici il va à vingt et au-delà. Nous distinguerons, par ce moyen, les larves des diptères que la forme de leurs nymphes range dans notre subdivision. Les larves de la tribu des hydrocanthares , de celles des hydrophiliens, des friganites , plusieurs chenilles du genre botys, dans les lépidoptères nocturnes, ont des organes res- piratoires particuliers. Ces chenilles , ainsi que les larves des gyrins et des friganites , ont de fausses branchies ; celles des dytiques , des hydrophiles et de quelques autres genres ana- logues , ont l'extrémité postérieure de leur corps terminée La considération des métamorphoses peut nous êire utile pour former des divisions naturelles dans les ordres. Ici , ou dans quelques-uns , ces changemens sont de même nature ou de même espèce ; là, ou dans d'autres , ils diffè- rent à cet égard ( V. les articles Chenille , Larve, Chry- salide et JNymphe ). M. le chevalier de Lamarck (^Hist. des anim. sans vert. , t. 3, p. 270) a recherché la cause de ces singuliers phénomènes , et en a donné une explication ingénieuse, qui sera exposée à l'article Métamorphoses. Swammerdam a distribué les animaux qu'il appelle insectes en quatre ordres , dont les caractères sont tirés des diffé- rentes transformations ou développemens de ces animaux. Le premier ordre comprend tous les insectes qui sortent de leur œuf parfaitement formés et pourvus de tous leurs memhres, qui croissent ensuite par degrés, et qui devien- nent nymphes {nymphe-animal ) en arrivant à leur dernier degré d'accroissement; dans cet état, ils n'ont plus aucune transformation à subir, mais seulement un simple change- ment de la peau. Swammerdam rapporte à cet ordre les crustacés, les arach- nides , nos insectes aptères , qui ne subissent pas de métamor- phoses , et même des mollusques et des annelides. Le second ordre est celui où l'insecte sort de son œuf muni de six pieds et arrive à l'état de nymphe {nymphe-ver)^ lors- que ces membres ont pris tout leur accroissement dans des gaînes où ils sont renfermés. Les hémiptères, les orthoptères., et plusieurs néoroptères. Le troisième ordre est celui où la larve ou la chenille sort de son œuf, soit avec six pieds ou plus , soit sans pieds ; et lorsque les membres de l'insecte ont pris tout leur accroisse- ment sous la peau qui les cache , la nymphe ou la chrysalide se montre en se dépouillant de sa peau. Cet ordre est divisé en deux genres ; le second est propre aux lépidoptères , et la nymphe prend le nom de cJnysalide. L'autre est composé des insectes qui , dans leur second état , que Swammerdam désigne sous le nom de nymphe propre- ment dite , sont inaclifs et présentent à l'extérieur la forme de l'insecte parfait. Tels sont les coléoptères , les hyménoptères, et une partie des néoroptères et des diptères : c'est la métamor- phose à nymphe incomplète de Linnœus. Enfin le quatrième et dernier ordre nous offre les insectes iVî. ib 274 I N S qui sortent aussi de leurs œufs sous la forme de vers sans pieds, ou pourvus de six pieds ou plus, et dont les mem- bres croissent de même cachés sous la peau du ver, enfin qui passent à l'état de nymphe ( nymphe-vermiforme ) sous celte même peau. La mouche et un grand nombre d'autres dipîères. Cet ordre est divisé en deux genres ; les larves, dont la peau est ferme , dure et tenace , composent le premier ; dans le second , elle est mince , molle et flexible. Lyonnet , Réaumur et Degeer, ont ajouté, par leurs ob- servations , de nouveaux développemens à cette méthode. Willughby, célèbre naturaliste anglais, mettant à profit les découvertes de Swammerdam, divisa lesaniuiaux, aux- quels il donnoit, avec les anciens, le nom à' insectes^ en ceux qui n'éprouvent pas de transformations et en ceux qui y sont sujets. Les premiers sont apodes ou sans pieds; et tels sont les sangsues, les lombrics , les tœnia^ les ascarides, en un mot les vers à sang rouge, ou annelides , et les vers proprement dits ou intestinaux ; les autres insectes intransnmtables ont des pieds, qui, à raison de la variété de leur nombre 6, 8 , i4, 24., 3o, ou indéfini (polypodes) ^ forment, avec les diffé- rences des milieux d'habitations , les caractères des divisions quisiiivv?at. Rai, autre célèbre naturaliste anglais, distribua ensuite les insectes qui subissent des métamorphoses , en trois ordres correspondant aux trois derniers de Swam- merdam. Sa méthode , et celles des deux autres naturalistes prccé- dens, publiées peu de temps après, forment, dans l'Histoire de l'Entomologie , une grande époque , puisqu'elles ont changé la face de cette science, qui, depuis Aristote , étoit restée stalionnaire. Swammerdam , par ses observations sur l'anatomie d'un grand nouibre d'animaux sans vertèbres et sur les métauiorphoses de grenouilles , nous a frayé le premier la roule qui conduit à la méthode naturelle, et dans laquelle les modernes ont fait tant de progrès. Cet élan une fois donné à l'entomologie , un siècle a suffi pour l'élever au degré de perfection qu*elle peut atteindre quant aux bases sur lesquelles elle doit reposer, ou quant à ses divisions prin- cipales etleur disposition. Linnccus, rai'ficius, MM. Cuvier, et de Lam^rck,par des méthodes établies sur des considérations différentes, ont embrassé tous les genres de rapports sous les- quels il est possible d'envisager celte branche de la zoologie, et ce n'est plus que dans les détails qu'elle est susceptible de perfectionnement. Les noms de ces grands naturalistes formeront autant d'ères célèbres dans les fasles historiques I N S 75 de la science. Il me seroît facile de ramener aux méthodes précédentes toutes celles qui ont paru depuis, et qu on a sou- vent données comme nouvelles, ou de faire voir qu'elles n'en sont que des modifications. Parvenus à leur dernière transformation , ou jouissant de toutes leurs facultés, les insectes se hâtent de propager leur race; et ce but étant rempli, ils cessent bientôt d'exister. Aussi dans nos climats, cliacune des trois belles saisons de l'année nous offre-t-elle plusieurs espèces qui lui sont pro- pres. Quelquefois la même reparoît une ou plusieurs fois , dans la même année; ce qui dépend de la rapidité du temps qui s'écoule entre leur premier et leur dernier âge , et de quelques circonstances favorables. Plus la durée des meta-' morphoses est courte', plus le nombre des œufs est grand, plus aussi la pullulation de ces animaux est considérable. Mais, en général , cette excessive multiplication n'a lieu que dans les espèces les plus petites et les plus foiblcs , comme dans quelques hémiptères et plusieurs diptères. Les femelles et les individus neutres paroissent avoir, sous leur dernière forme, une carrière plus longue. Plusieurs individus nés en automne se dérobent aux rigueurs de l'hiver, en cherchant un asile dans les retraites les plus cachées ; c'est ce qu'on ap- pelle \enr hii^ernage {hihernaiio)\ plusieurs, comme des ly^ées^ des hracliines^ etc., se réunissent alors en familles assez nom- breuses. Les hivers humides leur sont plus nuisibles que ceux qui sont rigoureux. Ils ont un grand nombre d'ennemis. Sans parler de ceux de leur propre classe qui leur font la guerre, et de l'homme, beaucoup d'oiseaux, les chauve-souris les lézards, etc., en détruisent une grande quantité. Les reptiles batraciens et les poissons nous délivrent de ceux qui font aussi leur séjour dans l'eau , ou sur les rivages. Les insectes, ainsi que les autres animaux, essayent de se soustraire aux dangers qui les menacent; les uns par la re- traite ou l'inaction , quelquefois même par la ruse , en se laissant tomber , en feignant d'être morts , en se mettant en boule; d'autres s'échappent par la rapidité de leur course ou de leur vol, ou en sautant; d'autres encore trompent [qs regards de leurs adversaires , soit par des formes singulières , soit par des couleurs, tantôt semblables à celles des objets sur lesquels ils sont placés, tantôt éclatantes ou très variées. Il en est qui emploient , dans celte lutte , ou des armes or- dinaires , comme leurs mandibules , ou des moyens spéciaux que la nature leur a donnés, tels que des pinces, un aiguillon des tentacules rétractiles , des excrétions d'humeurs, dont les unes oléagineuses , les autres, soit acides ou alkalines , soit caustiques; quelques-uns se garantissent au moyen de l'odeur .76 ■ I N S «|u'ils répandent; enfin plusieurs trouvent leur salut ôân:^ Peq- pèce de cuirasse dure et écailleuse, souvent même hérissée Je piquans ou d'aspérités , qui protège leur corps. L'étude de leurs mœurs et de leurs habitudes, une extrême vigilance soutenue par quelques sacrifices , divers essais pour arriver à un moyen de destruction, à la fois le plus sûr, le plus général et le plus économique , des réunions formées pour le même but , des primes ou des récompenses accor- dées au zèle ou à l'assiduité du travail ; voilà les seules armes- que nous pouvons opposer à tant d insectes destructeurs : mais ne nous faisons pas illusion ; il n'est pas en notre pou- voir d'anéantir leurs races ; les affoiblir ou en diminuer le jiombre , c'est tout ce que leur auteur, qui veille k leur» destinées , nous permet d'espérer d'atteindre. Exécuteurs de ses ordres, ils contribuent à maintenir l'équilibre général qu'il a établi parmi les corps organisés. L'existence de plu- sieurs de ces petits animaux est même pour nous un bienfait de l'Etre suprême qui doit exciter notre gratitude ; et tels sont les insectes carnassiers et ceux qui se nourrissent de matières cadavéreuses, excrémentielles ou putrides. Quelques-uns, mais en petit nombre y sont employés dans la médecine ( f'^oycs EcREVissE , Cloporte, Caisthahide , Mylabre , Kermès); dans les arts et l'économie domestique ( F. Crus- tacés, COCHEMLLE, BoMBYX , AbEILLE , ClNlPS, etc.). Il en est qui , dans certaines circonstances , deviennent des ins- trumens ou des moyens météorologiques ( V. Araignée ^ Abeille , Stomoxe , Tipulaires ). Des peuplades sauvages de l'Amérique se font des collier» >vec les élytres de quelques espèces de hannetons , de rhij- somélines , etc. Il en est d'autres , parmi celles de l'Afrique , pour qui d'autres insectes, comme des phasmes ^ sont, à Iji honte de l'espèce humaine , un objet de superstition ou de fétichisme. Je n'ai point parlé de la manière de recueillir , de pré- parer, d'envoyer et de conserver dans nos cabinets les in- sectes. On trouvera ces détails à l'article Taxidermie. On a donné, dans la première édition de cet ouvrage,, une notice des principaux auteurs qui ont écrit sur ces ani- maux , ainsi que l'analyse très-succincte des diverses mé- thodes qu'on a successivement proposées à cet égard. Mai» te catalogue bibliographique, quoique assez étendu, étoit alors très-incomplet , et le devient encore plus aujourd'hui , à raison de la multitude d'ouvrages entomologiques qui ont paru depuis la i." édition de ce -Dictionnaire; une exposition des méthodes relatives à cette branche de la zoologie n'est plus qu'une simple nomenclaluie , à peu près inutile , ior*- I N S .77 qu'on n'Indique pas les caractères des divisions , et tel est aussi ile d «"aut de cette notice. 11 me seroit impossible de remplir ces deux lacunes sans étendre considérablement cet article et sans dépasser les limites que nous nous sommes prescrites , conformément aux besoins du plus grand nombre de nos lecteurs. On trouvera aux articles Ailes , Espèces , Arachnides , Bouche , Crustacés , et à celui-ci , un ex- posé comparatif des principales méthodes. Le tableau ci-joint peut d ailleurs suffire aux personnes qui ne s'occupent point spécialement de cette science. Celles qu un goût particulier entraîneroit vers cette étude, trouveront, aux articles sub- ordonnés aux précédens , comme ceux des ordres et des genres, Tindicalion des sources où j'ai puisé. Je me bor- nerai à leur donner les conseils suivans : Lisez d'abord , ou plutôt méditez les ouvrages de Swammerdam, de Réau- niur , de Rœsel , de Bonnet, de I>egeer , de Huber père et de Huber fils ; ils vous formeront dans l'art d'ob- server. Ceux de Degeer , de Linnseus et de Geoffroy, vous rendront familière la connoissance des premières divi- sions et de ces genres qu'on a transformés depuis en familles. Le bel ouvrage d'Olivier sur les coléoptères , son Diction- naire des Insectes, faisant partie de 1 Encyclopédie métho- dique , vous faciliteront cette étude ainsi que celle des es- pèces qu'il a mentionnées. Avec les lumières que vous aurez acquises, celles que vous offriront encore les observations si délicates et si exactes de M. Savigny sur les organes de la manducation de ces animaux ( Mémoires sur les onimaux sans vertèbres ) , les Elémens d'Entomologie de MM. Kirby et Spence , vous pénétrerez plus avant et vous apprendrez à distinguer les genres établis depuis ces grands maîtres, soit par m.oi(^ Gênera cmslaceorum et insecL) , soit par Fabricius. U' Hisloîre des animaux sans vertèbres de M. le chevalier de Lamarck, qui, relativement aux insectes, présente des ca- dres moins nombreux et dressés sur une plus grande échelle , pourra , comme intermédiaire , vous préparer à ces nouvelles études de détail. Avec le secours de Fabricius , vous déter- minerez les espèces : llliger et Schon'ierr vous indiquerons les erreurs qui se sont glissées dans leur synonymie. La Faune prussienne du premier , celle de la Suède par PaykuU et Gyl- lenhal , celle de l'Allemagne par Duflschinid et ranzer, celle de la Toscane par Rossi, et dont Hellwig et llliger ont pu- blié une excellente édition , celle de la Ligurie , par Maxi- milien Spinola , etc. , vous aplaniront , pour un grand nom- bre d'espèces , les difficultés attachées à leur détemiiûation. Jurine vous conduira , par une nouvelle méthode , à la coii- noissance des genres des hyménoptères. Fallen voui seva eu» 278 * I .N s rore utile à cet égard , de même que par rapport aux genres des hémiptères et des diptères, dont plusieurs ont été bien représentés par Schellenberg. Vous ne pourrez vous pas- ser de Touvrage de Meigcn sur les insectes de ce der- nier ordre , ni de celui de Wolff sur les géocorises. Stoll , par les bonnes figures qu'il a données des hémiptères et des orthoptères, niéiite le tribut de votre estime. Celles d'Er- nest, de Cramer et d'Hubner , relatives aux lépidoptères , dont la détermination est souvent si difficile, ne réclament pas moins Tbommage de votre gratitude. Esper et Ochsen- hemier vous aideront encore dans ces recherches. Herbst, Drury , Donovan , Shaw, et Léach son continuateur, mais bien plus éclairé en entomologie, vous offrent de bonnes figures d'insectes de divers ordres. La monographie des abeilles d'Angleterre de M. Kirby, celle des brachélytres ou <\es slaphylins de Linnœus , par (iravenhorst , celle des cho- lèves par M. Spcnce , celle des méloës par M. Léach , et rhistoiie des fourmis indigènes de M. ïluber fils , sont des modèica en ce genre de travail. J'ai présenté à l'article Entomologie , tome 10, pag. 376 et 5zhV. , une distribution méthodique et générale des crus- tacés, des arachnides et des insectes , celle que je suis dans cet ouvrage. En y renvoyant mes lecteurs, je dois les pré- venir qu'il s'y est glissé deux fautes essentielles , Tune page 282 , y^m/Z/e des taxkorncs , où il faut lire : anteimes plus grosses vers le bout et le plus souvent perfoliées , au lieu d'antennes filiformes ou sétacées ; et l'autre page 287, ligne 6.*, où l'on doit lire : femelles ou mulet; on a mis la con- jonction gi à la place de la disjonctive ou. (l.) INSECTES FOSSILES. Linna-us (Re^inim /apideiim) a donné le nom à'entomolUJnis aux pétrifications qui présentent des débris ou des vestiges d'insectes; mais sous ce nom d'in- sectes, ce grand naturaliste comprenoit aussi les crustacés. Ainsi son Entomoliihus cancri renferme tous les fossiles que nous avons décrits dans l'article Crustacés fossiles divisés en deux sections (i) et en un assez grand nombre de varié- lés , qui sont bien réellemeni autant d'espèces différentes. Quant à son EniomoUihus monocuU ., c'est à n'en pas douter le limule fossile des schistes calcaires de Solnhofen, figuré dans Knorr. (^I\Io/ium. des catastrophes ^ etc. tom. i, pi. XIV, fig. 2.), et auquel nous avons appliqué la dénomination de LlMULE BE Walch , Limubis fVulchli. Enfin sous le nom A^Entomo- liihus paradoxiis ., se trouvent citées les descriptions et les figu- res de plusieurs êtres différons, dont les analogues vivans, (() Enttfinolithus cancn Itacky^fL .&t ^ntomolithus cancri macrouri. T T\ C non-seulement d'espèces , mais encore de genres, nous sont encore inconnus , et qui ont reçu des oryctographes le nom commun de trilobites. Ceux-ci ont été rapportés récemment par M. Brongniartàla classe des crustacés et à l'ordre desbran- chiopodes de M. Lalreiile , tandis que ce dernier natureliste croit plutôt retrouverleur place dans le vide qui sépare son or- dre des Insectes myriapodes ( oùsont comprisles cloportes , lesglomeris, etc.), de ses Crustacés branchiopodes (où sont renfermés les ///72M/f.î, \gs apus, les Ijianrhïpes ^ etc.) Ces fossiles avant appartenu, soit à la classe des crustacés, soit à celle des insectes, sont maintenant divisés en quatre genres, savoir: les Ogygies (ce sont les empreintes des schis- tes ardoises de l'Anjou); les Calymètses (ce sont les fossiles communs à Dudley , en Angleterre, et qu'on a aussi retrouvés en France, auxquels Blumenbacli (M«n?/^/ ri7/rs7o//e na/u- relie t. 2.) avoit faussement applique le nom à' Enlomolithus paradoxus ; les AsAPHES , fossiles inconnus, jusqu'à l'époque où MM. de Buch et Haussmann ont trouvé des couches renfermant leurs empreintes sous des roches cristallisées, fort semblables aux granités ( syénites ) , et qui n'en diffèrent par leur composition que parce qu'elles ne contiennent point de mica ; les Paradoxites (ce sont les empreintes décrites particulièrement par Linnœus dans le Miisœmn Tesslniamnn^ 98, tab. 3, fig. 1 et 2, et dans les Afta Stokohn. ^ ''7^9' p. 19, tab. I, fig. 1-4, sous le nom spécial à' Entomolithus paradoxus ). Quant aux nombres d'espèces décrites pour chacun de ces genres , il est encore assez borné. M. Brongniart ne connoit qu'une seule ogvgie, ïogypie de Gueilard; quatre calvmènes; relies de Blumenbach^ de Tristan àulJerbishîre et de Schlutteim ^ deux asaphes, auxquels il a donné les noms de MM. de Buch eX Haussmann, et une seule paradoxite , celle de Linnœus. Quant à l'ordre de dépôt ou à l'antériorité relative de ces fossiles, il paroit de>oir être ainsi fixé: les asaphes, les ogy- gies, les paradoxites et les calymènes; ces derniers se trou- vant dans les terrains immédiatement situés en dessous de la craie, tandis que les premiers paroisscnl avoir vécu avant la cristallisation des derniers granités ou syénites. Si nous quittons maintenant ces premières couches de la. terre renfermant des débris d'animaux pour nous élever jus- qu'aux dernières formations, nous ferons observer que là craie que nous rencontrons d'abord n'a jamais présenté aux naturalistes qui ont étudié ccsfossiles,de corps oud'emprein- tes que l'on puisse rapporter à des insectes. Le système de la montagne de Saint-Pierre de Mae.stricbt ,*qui parbït dé- penciiê de la craie, a seuiemenl offert ces pattes de crusla- 55o I N S ces toujours disposées par paires, l'une étant plus grosse que l'autre, sans aucune trace de tête ou de corps, et que M. Latreille a si judicieusement rapportées au genre des bernards l'hermite, ou pagures. Dans Tordre de superposition, au-dessus de la craie, vienlle calcaire grossier (calcaire à cérithes , ou pierre à bâtir de Paris) mais entre deux se trouve toujours unbancplus oumoins puis- sant d'argile plastique ou de terre à potier. Cette argile estplus oij moins ferrugineuse. Aux environs de Paris elle contient des octaèdres de fer sulfuré ; en Champagne sur toute la lisière occidentale de la craie, et dans le fond des vallées du Sois- sounois , le sulfure de fer y abonde, mais y est mêlé de sable et se trouve en décomposition , ce qui lui donne une couleur foncée, et lui a fait appliquer le nom de rendre noire. Au milieu de ce banc, on a rencontré dans plusieurs endroits, des bois fossiles ou llgnites, accom- pagnés d' Ambre jaune ou Succin, sans insectes. C'est la première fois que l'on a rencontré cette substance en place (i); car le« innombrables fragmens , que les bords de la Baltique et le sol de la Prusse ont fournis, n'ont jamais été observés que dans des terrains remaniés ou d'alluvlon, et si l'on peut supposer que l'enfouissement du succin a eu lieu sur toute la terre, aune même époque ou à 16» ^sb. VI , fig. 34; tab. vii, fig. 2,3); des FniGANES (tab. 11 , fig. 21 et 23); un Bibion (tab. 1 , 18) ; un Empis (tab. i , 19); des Fourmis (tab. 4., fig. 18, 19 , 20, 21) ; des Arachnides, dont les genres sont indéterminables (tab. V,3,4i9>iir i5, 16, 17,18,20, 21, 22 ^. 23, 24.; tab. VII, 27); des Scolopendres (tab. VI , 6. a , 6 , b); des Chenilles (tab. é. v, 26 , 27 , 27 28 a , 28 b , etc. ); un Criquet (tab. m , fig, 16, <^ ) et seulement quatre Coléoptères indéterminables. Quelques fragmens de véritable succin que nous possédons et qui proviennent bien certainement de la Prusse , nous ont présenté des insectes des mêmes genres que nous venons de citer, et notamment des friganes et des bibions ; et nous devons faire remarquer que soit dans ces fragmens, soit dans les figures très-nombreuses de Sendelius, on ne rencontre •nucun insecte dont le genre soit étranger à l'Europe ; que la plupart de ceux qu'on y observe sont des diptères ou 28i I N S des névroptères qui ont l'habitude de vivre dans le voisinage des eaux , ou de petites fourmis. Cependant un grand nombre d'échantillons de succin, mais dont l'origine est inconnue (et nous nous gardons d'insinuer qu'ils n'appartenoient pas aux mêmes gisemens que ceux dont nous venons de parler); un grand nombre de morceaux d'ambre, disons-nous, contient des insectes différens de ceux que nous avons nommés , et qui se rapportent à des genres dont quelques espèces se trouvent dans les contrées les plus chaudes du globe; ainsi nous avons vu dans quelques mor- ceaux, des Platypes , des Taupins, de petits coléoplères qui auroient appartenu au genre Ips d'Olivier , des Termes reconnoissables à leurs longues ailes à bords parallèles et à leur forte tête ; une Mante d'une très-petite espèce ; et par- ticulièrement un insecte fort remarquable, voisin des ly- mexylons, et qui fait partie, à n'en pas douter, du genre AtractocÈue, formé par M. Palissot de Beauvois, sur une espèce qu'il a rencontrée dajis le bois qu'elle ronge , au royaume dOvvare, en Afrique (i). LiCs insectes renfermés dans le succin sont de toutes parts enveloppés par cette substance ; mais elle ne paroît pas avoir pénétré dans leur intérieur, du moins nous avons loujours observé que le corps des espèces de taille moyenne éloit toujours creux; la position de ces insectes est const;îm!tient irrégulière et analogue à celle des mouches qui tombeni dans une matière liquide, épaisse comme une dissolution de gomme ou du sirop. V. au mot Succin. Après avoirconsidéré la couche d'argile plastique, seslignites et ses sables, intermédiaires entre la craie et le calcaire à cé- rithes, comme étant un gisement vraisemblablement analogue à celui qui renfermoit les morceaux de succin pétris d'insectes qu'on ne rencontre maintenant que dans des terrains meu- bles', nous continuerons à remonter dans la suite des couches terrestres pour arriver aux plus superficielles , et nous ne trouverons jusqu'à celles-ci aucune, trace d'insectes fossiles ; )e calcaire à cerithes , les gypses qui le recouvrent , les sables marins qui viennent ensuite, en sont tout- a -fait dépourvus , et ce n'est que dans le terrain d'eau douce de seconde formation que nous rencontrerons des corps qui (i) Cet insecte curieux appartenoit à M. Chre'lien , metierin de Paris , qui vient de vendre s:i collection de minéralogie. Il fait main- tenant partie de celle du Muséum d'Histoire naturelle de Paris. On le reronnoît à sa forme llne'aire , à sa tète ovale et comme portée .sur un col, au nombre des articles des tarses , à ses antennes en ftise »u et courtes, à ses élylres exlrémemeut courtes, à ses ailes étendues et son pliées. ] N S 283 peuvent avoir été formés par des larves aquatiques sembla- bles à celles des friganes, ou tout au moins analogues à ces larves. Ce sont les ItsDUSIES , Iijdusia tuhulosa , que M. Bosc a fait connoître le premier dans le Journal des Mines, tom. 17 , n." ICI, pag. 397. Ces corps affectent la forme de tuyaux cylin- driques, composés parla réunion d'une grande quantité de ma- tières étrangères, etparticulièremcnt de petites coquilles d'eau douce. Ces tubes sont disposés en groupes en forme de coupe renversée, et composent une masse solide; et c'est, jen effet, la disposition que prennent les larves de friganes lorsqu'elles se trouvent dans une eau où les plantes n'ont pas eu le temps de croître: elles se rassemblent ainsi autour des pierres ou autres corps résistans, auxquels elles peuvent attacberleurs fourreaux. Outre les insectes dont nous avons fait mention jusqu'ici, il en est encore d'autres qui se trouvent dans différens dé- pôts dont la position géologique n'est pas encore bien dé- terminée , relativement aux autr?? terrains. Ainsi , par exem- ple , la pierre calcaire fissile. d'-OEningeii en Franconie , qui paroît avoir été déposée dans les eaux douces, renferme souvent des empreintes ou des enveloppes extérieures de larves ou de nymphes de libellules, bien caractérisées par la forme de leur corps , la brièveté des moignons d'ailes , et surtout par les trois épines convergentes qui ter- minent 1 abdomen. On les trouve figurées dans Knorr {Mo- numens des catastrophes ^ etc., tome i , page i5i , planche 33, fig. 2,3el4). Les ardoises de Claris en Suisse, si semblables par leur aspect à nos ardoises ordinaires, sont connues par les em- preintes de poissons plus Ou moins bien conservées qu'elles présentent; elles appartiennent encore à un gisement qui n'a pas été assez étudié. Bertrand {Dictionnaire oijrloiogique universel, tome i, page aSg) dit positivement avoir vu des. insectes semblables au HannetOiS dans des ardoises de ce lieu. M. Faujas Saint-Fond, dans le 12.^ cahier des Mémoires du Muséum, donne une notice sur des plantes fossiles et comme carbonisi es , renfermées dans un sc'iiiste marneux des environs de Chaumerac et de Roche-Sauve , départe- ment de l'Ardèche , situé au-dessous de plus de six cents pieds de laves compactes , de laves poreuses , de tuf et de brèches volcaniques. Ces feuilles avoient les plus grands rapports avec celles du fusiet {rhis rotinus), du jujubier {ziziphus)., du cedrela odorata de la zone lorride , du charme {r.arpinus ùeiulus), de la casse du commerce ; il y avoil aussi l'empreinte d'un rerafoplivllum ou d'un rliara^ voisin du minor ( Faujas), à côté duquel s'est trouvé un insecte exotique (repré- 2^4 I N S sente pi. i5,fig.4), que M. Lalreille a consitlëré, après im exa- men très-attentif, comme une guêpe cartonnière du genre PoLlSTES de Fabricius , et dune division particulière dont les espèces sont propres aux Deux-Indes ; nos guêpes car- tonnières d'Europe ayant Tabdomen plus ovale et plus long. Nous terminerons cet article en disant quelques mots d'un gisement de bois enfouis , découvert sur la côte de la Manche, auprès de Morlaix , par M. de la Fruglaye, en 18 ii ( Voy. Journal des mines ^ tome 3o, page 38c)), à l'époque dos fortes marées de février. Cette plage, qu'on avolt jusqu'alors vue formée d'un sable très-fin et très-blanc, se trouva, à la suite d'un ouragan des plus vlolens, d'un noir foncé , parce que le sable avoit été entraîné par la mer ; elle étoit alors en to- talité couverte d'immenses débris de végétaux liés entre eux et formant une couche épaisse et compacte de sept lieues de longueur; les feuilles étoient assez bien conservées; mais ces arbres étoient, pour la plupart, réduits à l'état de terre d ombre; V'iî, le chêne, le bouleau, étoient encore recon- noissables par leur texture, et dans les fentes que les in- tiuences alternatives de la pluie et du soleil produisirent sur cette couche, il se trouva une chrysalide et des débris d'in- sectes très-bien conservés , et ayant gardé leurs couleurs , lesquels appartenoienl, pour la plupart, aux genres Ca- rabe et Nécrobie ; au bout de quelques jours , la mer, en revenant , ramena sur ce rivage ce beau sable blanc qui la couvroit depuis si long-temps, et il s'écoulera peut-être des siècles avant qu'un pareil événement se renouvelle. Nous ne considérerons point ces insectes comme de vé- ritables fossiles; mais nous ne pouvons nous empêcher de les regarder comme appartenant à un système de fossiles qui se forme maintenant , et qui nous paroît avoir quelque analogie, au moins pour sa position géologique, avec cer- tains gisemens de houilles, qui ont reçu particulièrement le nom de bassins houillers. (desm.) INSECTES PÉTRIFIÉS. V. Insectes et Crustacés FOSSÎLES, (pat.) INSECTIVORES. Ce nom s'applique en général aux ani- maux qui se nourrissent principalement d'insectes. M. Cuvier ( Règne animal ) subdivise l'ordre des mammi- fères carnassiers , en cinq familles , dont la seconde est celle des insectivores. Elle comprend les genres HÉRisSoN , Musa- raigne, Desman,Scalope, Chrysochlore, Tenrec et Tau- pe , qui ont, comme les chéiroptères ou chauve-souris, des mâchelières hérissées de pointes coniques et une rie nocturne tuais de plus souterraine pour la plupart. Il est encfue d'antres I N S 285 animaux insectivores clans la classe des mammifères , et ce sont parlicuiièrement quelques makis, quelques petits singes et plusieurs rongeurs. Tous ont des mâchelières à tubercules cette forme de véritables insectivores ; ce qui apprend que aigus, comme les dent est en rapport constant avec ce genre de nourriture. M. de Blainville (^Prodr.) établit aussi une famille de qua- drupèdes insectivores ; mais il n'y place point les taupes , les chrysoclores et les scalopes , qui sont pour lui des carnassiers anomaux pour fouir ; comme les chéiroptères sont des carnas- siers anomaux pour voler, (desm.) INSECTIVORES. Oiseaux qui vivent d'insectes, (v.) INSENS , Insens. Nom vulgaire de TAbsinthe, aux envi- rons d'Angers, (b.) INSERTION (Botanique'). Cemot eniporte avec lui deux idées , savoir : la manière dont quelques parties des plantes sont attachées sur d'autres parties , et le lieu où elles sont at- tachées, (i).) INSIEGEL. Le Bois gentil {Daphne mezereum) est dési- gné par ce nom chez les Allemands, (ln;) IN SIRE. On a dit que les nègres du Congo appeloienï ainsi le pansire, espèce de Mangouste, Cela ne sauroit être, car le vansire ne se trouve que dans quelques îles des gran- des Indes, (desm.) INSJA ou INTSIA. Nom malabare d'une espèce d'Ac\- CIE {Acacia intsia , W.) , appelée caco esa par les Brames, (ln.) INSPIRATION ou IN H ALATION(Z^o/a«/9«e).Facuhé qu'ont les végétaux de se pénétrer des fluides qui les envi- ronnent, (d.) INSTINCT, Instinctus, qui vient des mots e», dedans Tt%iïy>^>îî-a occiipatœ; Leipsig, 1709, in~4-")- Qu'il seroit à souhaiter de voir les études de la médecine moderne se tourner plus généralement vers ces précieuses indications de Vinstinci, chez l'enfant , l'homme et les ani- maux ! C'est par ces derniers que nous approfondirons même davantage la science de nos efforts conservateurs spontané». Les bêtes ont été les premiers docteurs en médecine , n'en doutons nullement, quand l'histoire médicale ne l'attesteroit pas. Le syrmaïsme ou la purgation par haut et par bas fut in- diquée aux Egyptiens par le vomissement que se procurent les chiens avec le chiendent , dit ^lien {Hist. anim., lib. v , c. 4-6 ) ; f.e peuple observateur apprit aussi l'usage de la sai- gnée, de l'hippopotame (Cicéron , de Natitr. Deor. , 1. 11. ); l'ibis lui enseigna l'emploi des clystères , disent Galien {de Venœsect, c. i), Plutarque (de Brutor. sokriid , et de Isid. et Osir., et Plin. Hist. nat., 1. 8, c. 27). Le bon effet de la salive pour cicatriser les ulcères a été montré par les chiens qui lèchent leurs plaies ( T^lien, lib. viii , c. 9. V. Joh. Schmidii, Diss. de brutisTiominum doctoribus^ Leips., 1684., in-4..°, et Paul Boc- cone , de Solerliâ brutorum in se ipsis curandis , dans Manget , bibl. med. , tom. i , part, i, 25). Les moutons qui ont des vers au foie vont lécher des pierres salées et urineuses; dans les terrains inondés, d'autres bestiaux hydropiques avalent des terres ferrugineuses, comme font aussi par iW/«c/ des filles aux pâles couleurs et des femmes enceintes. La voix in- térieure de l'organisation est si manifeste dans plusieurs ma- ladies, chez les animaux surtout, qu'à cet égard, les ours mêmes nous instruiroient davantage que les gens d'esprit. Une sorte de mécanisme instinctif (ait qu'une plante cour- bée tend à reprendre sa direction originelle; précisément dans la direction ou droite ou rampante que lui assigne sa nature. On la voit tantôt retourner son feuillage pour recher- .88 ' I N S cher la lumière ou se clore de nuit; un pareil mécanistiK? insllnciif détermine l'animal à toute action prédisposée , même quand on le prive des organes qui l'exécutent; ainsi, en coupant les cornes à un taureau, les griffes à un chat, l'ai- gullion à un scorpion, ces espèces ne laissent pas d'agir comme si elles avoient leurs armes ; elles les conservent dans leur âme ; une cause semblable fait clorre étroitement le larynx et la glotte quand nous avalons, et tousser vive- ment si quelque corps y pénètre ; de même, l'estomac se soulève d'horreur contre le poison , la membrane nasale con^ tre le tabac qui la picote , etc. Nos passions naturelles sont toutes des directions instinctioes comme nos appétits , qu'il est essentiel au médecin de connoître : quod autem memhra et varies sigillaiïm in omni motu et omni appetilu concunant, et qua pactû singulœ mo(feantur, scire non facile est ^ immà quàm difficile limum ; ai medicis va/dè necessarium. Hier. Fra castor, de Intellectione y 1. 2 , p*. i36, A. Personne n'avoit plus soin de consulter l'instinct que Sy- denham, et c'est à sa précieuse recommandation que l'on a dû d'abandonner le vicieux traitement de la variole par des remèdes échauffans, diaphorétiques, avec la forte chaleur du lit, qui portoit cette phlegmasie au plus haut péril. Sans doute , on éviteroit un grand nombre de maladies si , suivant mieux les bonnes directions instinctives que la nature indique aux brutes mêmes, on contrarioit moins cette voix de salut qui nous parle au-dedans lorsque nous voulons la consulter. ( V. le Médecin de soi-même , ou lart de se conserver en santé par linstincty La Haye, 1699, in-12 et 2.'"^ édit. 1709 ; ou- vrage de Jean Devaux, qui toutefois pourroit être mieux fait; aussi Hilscher, Programm. 2 de sensu corporis , sanitatis conservandœ et reiniegrandœ consiliario^ léna , 1 72g , et Maizier, Dissert, de Instinciu , H aise , 1796 ). Qui nous a d'abord enseigné les propriétés médicinales de plantes? ce furent les animaux, comme l'affirme Plu- tarque: 0T< «A))7;îf eiTT» Toyraiv ê"i^ttî» (Çua-iv. Les cerfs et les chèvres sauvages de la Crète montrèrent les premiers l'emploi du dictame et des vulnéraires , selon Ci- céron , Virgile et d'autres anciens ; mais en admettant qu'il y ait une supposition gratuite en disant, avec plusieurs d'entre eux , que l'hirondelle saitéclaicir sa vue en frottant sa cor- née avec le suc de chélidoine en guise de collyre , que des serpens ont fait connoître l'usage du fenouil l Malien , Hîst. anim.^ l.iv, c. 49)1 et le crapaud, celui du plantain à feuil- les étroites (Van-Helmont, Tumul. pesiis, etc.); toujours est-il vraisemblable que la nature , loin d'abandonner ses plus foiblcs créatures, leur fournit les moyens de se garaa- îu- des maux. Quand on voit les moindres insectes , au snr^ tir de l'œuf, et sans guide sur la terre, découvrir précisément la plante qui leur convient le mieux ^ le nectar caché au fond d'une fleur, et, s'ils ne trouvent pas le végétal qui leur est natu- rellement destiné, se repaître des autres végétaux d'un même genre ou de la même famille* comme un botaniste exercé(c'es ainsi que le font plusieurs insectes d'Amérique transportés en Europe avec des marchandises), on peut croire que di- vers animaux nous ont dicté l'empirisme médical. C'est une tradition générale dans l'Inde , selon Kempfer, Garcias ab Orto, et d'autres voyageurs , que la mangouste sait se ga- rantir du venin du serpent naja ou à lunettes , au moyen de la racine à'ophiorrhiza mungos^ L. On a dit que les belettes se dé- fendoient de même du venin des aspics au moy«n de la rue , et la cigogne avec l'origan ; que les sangliers guérissent leurs plaies avec du lierre; que l'ours, au printemps, se remet en appétit, soit avec l'arum qui le purge , soit en dé- vorant des fourmis; que les cerfs nous ont appris à manger les cardons , les artichauts ou autres espèces de cynara, etc. Il est certain que les chats et autres carnivores font diète et Loivent de l'eau quand ils sont malades. Stedmann a vu des singes d'Amérique ou des sapajous de la Guyane, dans leurs forêts, appliquer certaines feuilles astringentes mâchées, sur les blessures que leur font les flèches des sauvages , et étancher leur sang avec des gommes d'arbres, etc. Les animaux n'ont-ils pas quelques prévisions hygiéniques, des pressentimens, soit de changemens de la température, de l'approche des orages, et même des tremblemeiis de terre, ou d'autres phénomènes , que n'ont certainement pas les hommes à un pareil degré ? (AElien, Anim., 1. iv , c. i6. Don Ulloa dit aussi qu'à Quito , les chiens pressentent les -tremblemens de terre, etc.). Comment les oiseaux d eaii pronostiquent-lis les approches de la pluie, et particulière- ment les canards, les cygnes, les palmipèdes à plumage blanc, (iElien, 1. 7,0. 7)? Certes les émigrations des oiseaux à des époques fixes, et mille autres remarques, embellies par Virgile des charmes de la poésie, annoncent que les obser- vations des auspices et des aruspices chez les anciens né— toient pas uniquement des objets de superstition. Les sang- sues, les grenouilles rainettes et une foule d'autres animaux qui, très-sensibles à l'état électrique de l'atmosphère, peu- vent servir de baromètres aquatiques, ont été souvent con- sultés avec fruit, non-seulement par leshabitans des campa- gnes, mais encore par des philosophes intruits. ( V. Thomas Hoffmann, de Prœsagiîs iempestatum na/uralihus ^^asil. 1781 , in -4..*, édit, 2.«; et plus anciennement Just. Cellarii, Diss.de XVI. I^ 290 • I N s penetrabili efficadâ efflimonim in afficiendis anîmalium corporih. Resp. Behrens , Helmsl, 1681 , in-4..°Rud. Chr. Wagner, Mefeorologia animal. Brulor. Hcsp.Wahrendorf, Helmst. 1702, ui-4-° Joh. Chr. Ortlob, de Brutor. Prœsag. natural. , Lips. 1702,10-4..° Ger. Loffhagcii , de Valiciniis brutor., dans les NoiK Litt. maris balthici, 1708, p. 255; et Sam. OEdinann , Calendarium Jaiinœ , dans les Neuen olhandl. der K. Schwed. akad.3, B, p. i48, etc.) S II. Des opinions anciennes et modernes des philosophes et des médecins sur l'instinct des brutes et de l'homme. Il y a toujours eu, dans la philosophie, deux opinions sur la nature des animaux ; tantôt on les a regardés comme de purs automates , admirablement construits, à la vérité, mais privés de toute faculté et ne se dirigeant que par le jeu ma- chinal de lems organes; tantôt on les a considérés comme des êtres sensibles et doués de plus ou moins d'intelligence et de raison, quoiqu^en un moindre degré que Thomme. Phérécyde, qui enseigna Pythagore , paroîl avoir établi le premier rautomatisme chez les animaux. Cette opinion aban- donnée fui ressuscitée parmi les modernes par l'espagnol Antonio Pereira, dans sa Margarita philusophice. Elle devint très-célèbre entre les mains de Descartes, qui voulut réduire les brutes au mécanisme le plus complet d'insensibilité. Si Buffon adopta Tidée du mécanisme pour expliquer les actes de l'animal, il lui accorda toutefois le sentiment de douleur et de plaisir et les moyens de se diriger en conséquence. Leibnitz supposa, par son harmonie préétablie , que le corps de l'homme ou de l'animal n'est qu'une machine réglée sur sa monade primilive. Si les brûles sont des machines, il faut qu elles deviennent des instrumens dune mystérieuse influence, ou soient diri- gées par la Divinité, comme dil Thomas Reid, et comme le pensoit Addisson, dans son Spectateur ; l'hypothèse de Mallebranche, que nous voyons tout en Dieu, doit égale- ment y conduire. Locke n'admettoit l'existence d'aucun instinct dans l'enlen- demenî humain; il n'y a , selon lui, que des idées acquises, ou associées, et des habitudes dans ce qu'on croit èlrt instinct; en quoi il fut suivi par Berkeley , par Hume, et surtout par Condillac ; [instinct parut alors banni des régions de la phi- lo.sophie ; à peine daigna-t-on faire attention à celui des in- sectes; malgré les beaux travaux de Réaumur, Degeer et tSuberde Genève, ces merveilleux rayons de cire des abeil- les, ou cette disposition étonnante des cellules hexaèdres qui fournit à Maclaurin et à d'autres savans géomètres de pro- T N s fonds théorèmes sur \esmaooima et les m/m/n« , ne parurent que des résultats tout simples de la pression réciproque des cylindres, comme des pois qui, se rendant dans le pot où ils cuisent, deviennent dodécaèdres. Cependant Locke fut combattu par lord Siiaflesbury et Hulchison de Glasgow, qui distinguèrent en nous un sens moral connoissanl naturellement le beau, le bon , le vrai , le juste. Sjnellie, dans sa Pfiilosopliy of na/ural Iihfoij , montra que Locke n'avoit pas compris Vîiistinrt^ et Thomas lleid, (^Essays on the powers ofinan), Dugald Slewart , toute la phi- losophie écossaise, rétablirent l'existence de ce principe. Le docteur Priestley, quoique disciple de Locke, aduiettoit ce- pendant des actions A/?5('/«r//W'5 chez Tenfant, mais illes consi- déroit comme mécaniques; enfin aujourd'hui l'instinct est généralement reconnu parles philosophes, comme principe essentiel chez les animaux , bien qu'on ne puisse guère en expliquer la source. Il ne reste plus de difficulté qu à l'égard de l'homme, et nous espérons montrer qu'il possède le sien, pareillement. L'autre opinion qui attribuoit jadis auxbrutesl'intelligence et jusqu'à la raison, a été beaucoup plus suivie. Empédocle ne faisoit même pas difficulté d'en reconnoîlre quelques ves- tiges dans les mouvemensdes végétaux pour s'accroître , fleurir ( selon Scxlus Kmpiric, Li7) contr. matJiem.^ fol. 226). La prévoyance et d'autres facultés éloient accordées à un haut degré aux animaux , par Démocrile et Parménide (Stobée , Erïog. physic, 1. i ). Aristole leur trouve des traces évidentes de la raison humaine ou de prudence {Liô. viii, Hi'st. anim., c. T.). Galien va même au-delà; il leur attribue une raison intérieure sv.'J^stsv Aû'/sv, mais qu'ils ne peuvent nous expli- quer faute de langage articulé (^Exhortât, ad bonus artes). Les plus religieux es des actes de l'intelligence des animaux comparés à leur instinct. Il estmanifestc, ainsi que l'a remarqué Buffon,querhomme seroit incompréhensible, s'il n'existoi; pa-s d'animaux, parce que l'intuition de nos pensées ne peut guère se porter que sur les opérations de notre intelligence, et qu'il no ts faut décou- vrir notre instinct che?. les brutes et les idiots. Nous connois- sons et nous gouvernons mieux noi'"-- -. sprit que notre cœur. Condillac, dévcloppanî les principes métaphysiques de Locke , a supposé une statue dont il pouvoit à son gré animer les cinq sens, les uns après les autres, et constituer ainsi un homme capable de penser. Mais ce nouveau Prométhée , en 3'.i T N S composant l'être inlelleclucl tiré tout entier du dehors, a piécisément oublié loul ce qui dépendre Vinstincl ; lits besoins internes, les appétils, les passions, le domainedu cœur, dans tout ce qui le touche. Or l'homme n'est pas seulement esprit pur, il est encore aimant, affectible ou passionné ainsi que l'animal. Fxaminons donc la nature de 1 animal, pris parmi les vertébrés, ouceuxqui possèdent l'intelligence etrinstinct, Nous verrons la première venir de l'extérieur par l'instruc- tion , le second du dedans, par le jeu de l'organisation. Si vous accordez, dira Desrartes et ses sectateurs, la pen- sée aux animaux, il s'ensuivra qu'ils auront une âme comn)e nous. jVlais s'ils se conduisoient par raison, ils agiroient avec choix et liberté , et ne feroient pas tous de même dans des circonstances pareilles , ainsi que nous le remarquons, S'ils avoient le raisomiement , ils feroient des abstractions , et tireroient des conclusions générales, des axiomes sans lesquels on ne peut affirmer ou nier. S'ils possèdent la raison, le discours, comme on le soutient, il faut donc aussi leur accorder la science , la prudence et la sagesse qui r^.ît 'discerner les causes, et le bien du mal. Les voilà donc pourviis du libre arbitre, et capables de pécher ou de méri- ter. On a donc tort de leur dénier les vertus de la volonté telles que justice, courage, tempérance, générosité!^ Que faut-il de plus , doit-on , avec Mahomet , leur faire un para- dis .^ Et Leibnilz lui-même, dans sa Thèodicée ^ ne pense-t-il pas que réternclie justice leur doive quelque rémunération de leurs infortunes .'' ( V. Chr. Souinier, Disseri. depœnis bru- toriirn, resp. Eberhard, lena , 1672, in-l^.." et Joh. Frid. Mayer , de Peccatis et pœnis brutorum^ Wilteb.., 1686 , in-I^.° ; et Job, Hermanson , Dissert, i et 2 de peccatis brutur. , Upsal , 1723, et 1725, in-S°.; Frid, Hermanson, id. resp. Ileden- berg ., Upsal, 1728, 8."; et Joh. Frid. Schradcr, Orat.de sirnulacrisvirtutumîn hrutls animantib. Helmstadt, i6gi, in-^-"; et Joh. Hermanson, Id. resp. Hedenberg , tJpsal , 1728, in-8." et Joh. Frid. Schneider , Dm. de brutorimi religione , resp. Weyhis , Hall,, 1702 , in-l^." ; Joh.Gabr. Drechsler, Bhs. de serriTuiiebrutor. , resp. Rechtenbach. Llps, , 1673. in-/f..'^y etc.) Comme beaucoup de personnes instruites refusent encore l'intelligence aux animaux , soit par un louable scrupule de religion , qui redoute de trouyer dans ce sentiment la con- firmation des hypothèses du matérialisnne , ce qui n'est pas ; 'soit par un orgueil philosophique qui croiroit nous ravaler en admettant les bêtes à une dignité presque humaine ; nous devons citer des exemples bien évidens de cette intelligence sur- ajoutée à l'instinct. Outre qu'ils seront faciles à constater,nou3 ijimons les rapporter d'après des auteurs qui, loin de se piquer I N S 3iîi ïie philosophie moderne, écrivoient au sein de la rhrétienté , sous le règne même de Tlnquisition, à Rome, au xvii/ siècle. Jean Faber (de l'Académie desLynrei), dans son Exposi- tion des animaux de la Nowelle-Espagne , de H e mandez , parle ainsi de Tindustrie des chiens. « Les aveugles qui vont men- « dier à Rome et ailleurs, de porte en porie , sont guidés la «' plupart au moyen dun chien de médiocre taille attaché « par une petite chaîne de fer. 11 est leur conducteur dans les « rues ; dès le matin 11 les mène dans les différens quartiers « de cette grande ville, et les ramène le soir à la maison; « ce compagnon si fidèle ne les quitte pas de toute la journée, « même quand on le détache de sa cl»aîne, après s êire un « peu écarté, il revient à la moindre voix de son maître et « tend son cou, sans murnmre, à la chaîne. 11 dirige ce pau- « vre au milieu d une population si grande, et dans des lieux ♦* très-éloignés , par le cliemin le plus direct, sans détours, « et le ran)ène sans qu'il craigne jamais de précipiter son « maître en quelque trou. Pour prix de sa peine journalière , f< quelle est sa récompense? un peu de pain trempé et d'eau « froide que lui donne le pauvre, et ce qu il y a de merveilr- « leus, il conduit celui-ci jusqu à des églises situées hors de « Rome à la distance de plusieurs milles , comme à la basl- « lique de S.-Paul , sur la route d Ostie. Lorsque lavenglc 1 parvenu à une place publique plus éloignée , trouve plu- « sieurs rues, ou deux à trois , ce qu'il reconnoît par l ouïe « (très-fine d'ordinaire chez les aveugles) , ou par l'eau tom- « bant d'une fontaine, ou par le bruit des boutiques d artisans, « s'il veut se rendre aux églises de S.- Pierre et S.-Paul, Ou « à S.-Jean-de-Lalran , éloignées de plusieurs mille pas et et dont la distance fait un triangle, sans demander le moln- n drement aux passans son cliemln, le pauvre n'a qu à tirer « la corde du chien vers tel ou tel côté , l'animal comprciid « ce qu'on veut, et se dirige vers tel ou tel endroit, puis ramèue « sans détour , le soir, son maître. « Que si l'aveugle, dans une longue rue , a six ou sept « maisons dans lesquelles il va demander l^umône plusieurs « fois la semaine et dire ses patenôtres .j son chien , arrivé à « une des places publiques qu'il coiinoît parfaitement , ne «< manquera pas de conduire l'avpngle à chacune de ces maî- « sons charitables. Pendant i.Mars herbivores, des oies et canards sauvages , pour les stupéfier, les habituera l'esclavage de la domesticité. Or, 1 on saii que l'opium et tous les narcotiques portent principalement leur action sur le système nerveux cérébral. L'animal qui reronnoissoit son maîlre, le caressoit ou lui obéissolt; le chien, le cheval, le bœuf, s'ils deviennent enragés, sont alors furieux, cherchent à dévorer, ou fuient les personnes qu'ils affectionnoient auparavant. Donc ils tombent dans un état analogue à celui dei'homme hydro- phobe , maniaque , etc. S'ils perdent leur sens commun , ils en avoient donc un précédemment ; sans doute, celui- ci est incomparablement moins parfait que dans l'homme ; c'est , en quelque sorte , un œil terni , ridé , myope , à côté de l'œil perçant de l'aigle; mais il est si manifeste que ces animaux jouissent de quelque intelligence , qu'elle se mesure à peu près par le volume de leur cerveau et 1 étendue de ses hémis- phères , comparativement au volume de leur corps. V. Ani^ MAL , Homme. Il n'en est point ainsi de l'instinct pur : on n'a aucun moyen d'en mesurer les degrés ou l'étendue , puisque les plus foiblcs créatures, telles que les insectes , en paroissent le plus richement dotées, en compensation de l'intelligence qu'elles ne sauroient acquérir. Que si l'on croit voir une perfection instinctive dans le chien , le bœuf, le cheval et les autres espèces domestiques qui ont le plus subi le joug de notre civilisation , par leur domesticité ; l'on se trompe , car il est bien facile de faire voir , au contraire , combien leur instinct natif est détérioré malgré tant dinstructioiis. Que l'on abandonne ces esclaves privés à leurs seules ressources dans les forêts ; comme ils seront foibles, maladifs, pauvres, incapables de se suffire à eux seuls , vis-à-vis des mêmes espèces sauvages ! Voyez le loup , se mesurant avec un mâtin de plus forte taille , armé encore dun gorgerin, et avec ses oreilles coupées ; celui-ci redoute toujours le combat. Couchera-t-il sur la neige en hiver.'' se contentera-t-il d'une foible proie , ou même saura- t-il se la procurer à la course, ou par la ruse et l'audace- comme le loup? Comment la molle brebis, le timide agneau 3ao IN S échapperont-ils à leurs ennemis et aux inclémences des sai- sons , aussi-bien que le nerveux nioudon des montagne, sou l'argali sibérien , qui sont la forte souche de nos humbles troupeaux ? Tandis (jue les maladies assiègent ces bestiaux dans nos étables , cl qu ils y pt* rdent la finesse de leurs sens , Tinstinct suffit aux êtres abandonnés à la simple nature, même dans leurs maladies s'ils en ont , et leurs blessures quand ils en reçoivent. Donc ils se détériorent par cette cul- ture ; ainsi les arbres à fruits, devenus dans nos vergers plus délicats que les sauvageons, réclament les secours du jardinier. S VII. Etudes de l instinct dans l homme intérieur pendant le cours de sa vie , comparativement avec les animaux. Du domaine du cœur et des passions, appartenances de l instinct. La même métaphysique qui n'observe que les facultés in- tellectuelles ou les qualités adventices, extérieures, ap- portées par lés sens au cerveau , a fait nier l'existence de l'instinct dans notre espèce. A peine a-t-on du moins supposé qu'il s'en trouvoit quelque trace légère chez l'enfant. Com- ment auroit-on connu l'homme intellectuel, en négligeant les impulsions les plus profondes de notre âme , et les cordes secrètes qui émeuvent nos passions .■* L'homme est un par le cœur, il est multiple par l'esprll. On trouve , en effet , chez les peuplades les plus barbares , nos mêmes sentimens naturels , mieux développés peut-être que parmi les habitans les plus civilisés -de l'Europe. Mais combien de degrés d'intelligence ! quelles disparités inouïes de coutumes , d'opinions, de manières, de procédés, résul- tats d'habitudes contractées par mille situations de climat, de société, de gouvernement, de religion , de modes , partout le globe ! comment retrouver l'homme de la nature au milieu de tant d'accoutremens extérieurs qui le déguisent à lui et aux autres, jusqu'à en faire un monstre pour sa propre es- pèce! Il faut le découvrir dès les entrailles ou la nature le crée , et où peut-être il commence déjà à se détériorer du type originel. Priestley a dit, l'enfant naissant est incapable de terreur, il ne sait pas encore que le feu brûle , il ne connoît point le danger de la chute d'un lieu élevé. Où donc est V instinct qu on lui suppose ? Mais il est facile de répondre que si le senti- ment intérieur de ce jeune animal n'est pas averti ni ému encore par la foiblesse et l'imperfection des sens externes, il ne s'ensuit nullement que ce sentiment intérieur n existe pas. Nous allons voir , au contraire, qu'il détermine tous le» actes primitifs de l'organisme. Prônons l'enfant sortant du sein maternel , au moment où I N S 3.t . de Prœsag. quœ ex somn. du- cuni), rêve que Fune de ses cuisses est devenue de pierre, e^ quelques jours après , cette cuisse devient paralytique. Pline rapporte aussi que Cornélius Ruffmus rêvant qu'il avoil perdu Sa vue, se réveille aveuglé par une amaurose subite (^Hist. nat. 1. 7, c. 5o). Rien n'est plus fréquent que ces sortes de divinations che?, les personnes très-nerveuses , comme les hypocondriaques , les femmes hystériques, les individus goutteux, les épilcpli-: ques, etc. Ils présagent, soit en songe, soit même éveillés, tantôt un paroxysme imminent de leur maladie, tantôt quel- que autre désordre de leurs fonctions. Ainsi, l'imagination qui fç frappe tout à coup d'elle-même, comme de maladie, de mort, etc. , devient souvent un avertissement sérieux de pré- voyance ou une sensation interne de ce qui nous menace sour- dement en nous-mêmes ( V. Imagination ). Un officier, à Thôpital du Val-de-grâce, malade d'un squirrhe à l'estomac, s'écrie tout à coup en pleine connois- sance, qu'il voit la mort, qu'elle entre par la fenêtre, et il supplie qu'on ferme cettç croisée; un instant après il expire. Une femme travailloit tranquillement ; il lui vient dans l'es- prit le souvenir d'une personne paralytique qu'elle a vue ; aussitôt son bras tombe en paralysie, et celle-ci s'étend à toute la moitié du corps. I N S 3a9 Combien de délires, dans les fièvres aiaxlques et les adyna- miques , ne présentent-ils pas de spectres hideux et effrayans qui dénoncent la ruine des l'économie animale et une destruc- tion prochaine? au contraire, si ces images sont plus gaies, elles présagent la guérison. Ces êlres fantastiques de l'imagi- nation, sont le produit des commotions nerveuses internes qui excitent Vinsiinçt, et qui soulèvent des idées analogues à l'état du corps. Il ne faut donc point les mépriser entièrement, puisqu'elles offrent l'image de nos dispositions intérieures. Ii/cst aliquid sapientiœ in summo delirio^ dit Boërhaave, morb. neiv. Qu'il y ait un archée qui préside à l'économie, selon \an Helmont, ou qu'on nomme cet instinct^ âme, nature, '(yoçfcây, avec Hlppocrate , ses directions n'en doivent pas moins être consultées. Comme c'est principalement sur les organes digestifs que r instinct exerce son empire, parce que les ramifications du système nerveux ganglionique ou sympathique y jouent le premier rôle ; aussi, ses affections se manifestent surtout par dos appétits divers. Quand on se sent la bouche pâteuse le matin et de l'anorexie ou défaut d'appétit, on cherche ce qui plaît le mieux ; l'instinct guide alors ( Wigan , Philos, p. 58 ); on désire en cet état , des choses acides ou piquantes pour réveiller le goût. Les salaisons, dans les fièvres intermittentes, désirées avec passion par l'instinct des malades, leur ont été très-utiles, selon l'expérience (Schelhammer, yirsm^af. iom.o, p. 287, Helvvig, 0/js. i55 et Ephemer. nai. cur. an X, obs. Bg, et Breslau. sammlung^ lya^? P- 44o)- Trioen ne les a pas trou- vées moins salutaires en d'autres maladies aussi, comme l'a- voit déjà remarqué j\lexandre de Tralles(///^. XII, yt?. 74.8, etc.) ; de là, l'institution de la drymiphagie,, ou de la nourriture de substances acres, et de la xérophagie, ou nourriture de subs- tances sèches, recommandées en diverses affections par plu-c sieurs savans médecins de l'antiquité. Nous avons beaucoup d'exemples de ces envies salutaires de l'instinct dans les maladies. Un homme tomboit en con- somption, il lui prend un désir violent de ne se nourrir que d'huitres, et il reprend ses forces presque à vue d'œil (Tul- pius , Obs. l. 2, c. 8). Un phthisique désire des fraises qui lui causent un bien-être manifeste (Daniel, Beytnxge., etc., p. 88) ; elles guérirent plusieurs accès de goutte à lilluslre naturaliste Linnœus , qui les cherchoit avec délices alors. La bière qu'on refusoit à un hydropique ascite, devint pour lui un diurétique si puissant qu'il enleva cette maladie (Pechlin, Obs. lib. i, obs. 6a). Un individu atrophié, a la fantaisie de sucer des ci- trons ; il en mange jusqu'à quatre livres et il guérit ( Pana- rola, PentecGst l, 2, obs. 38). Degner a fu une dysenterie bi- 33o I ]\ S lieuse enlevée par une débauche de groseilles que fi» le ma- lade, à l'insu de son docteur; un aulre dysentérique ayant aussi une fièvre adynamique, dévore des cornichons au vi- naigre, et il est sauvé (OEhme, Med. /.a, p. Sg); un autre mapge beaucoup de choux (Fabricius , Siiagraphiu hutishacens. p. 32. Gassendi, dans la ne de Fejresc, ;>• 2 1 , cite une guérison analogue par des potirons ). La bière légère devient une bois- son très-désirée et utile dans des fièvres aiguës, selon Hagedorn (^centur. n." 49)1 ^t nous en avons l'expérience aussi par nous- mêmes. ÎSous renverrons une foule considérable d'autres faits ana- logues aux auteurs qui en ant traité avec détail (van Swieten, Comment, tom. 2, p. 281; Marcell. Donat.,/y/i/. mirab. i. vi , c. 5; Bohn, Offic. med. dupl. diss. 3, n." 6; Brunner, dans \i3xC\^\.^ Beyirœge 11, p. 96, Apperley, Essay of Suciet. Edim— biirgh, tom. v, pari. 2 , n." 4^, obs. i85, ^tc. ). Quoique nous ne croyions pas à la nécessité de souscrire a toutes les envies des femmes enceintes, il est certain cependant que leur éco- nomie dénonce souvent de vrais besoins par ces appétits dé- pravés ( V. Géophages ). Les goutteux entrent souvent en colère ; n'est-ce pas une indication de l'instinct pour expulser le mal et prendre de l'exercice.'' On sait, en effet, combien celui-ci est salutaire contre Tarthrilis. Un paralytique sent réveiller son goût pour la chasse , et ses efforts répétés amènent sa guérison; un homme, fatigué d'une fièvre quarte interminable, se met en débauche, revient ivre, et après avoir cuvé son vin, se trouve guéri ; un aulre avoit un long (lux de ventre qu'aucun re- mède n'arrêtoit, il lui prend fantaisie «je vomir et le voilà guéri ; un épileptique égraligne volontairement ses jambes qui étoient variqueuses, il en coule beaucoup desangnoir, et il est délivré de ses altaciues ; une femme avoil, depuis plus de trois ans, une fièvre quarte rebelle au quinquina et à tous les remèdes; elle devient enceinte , avorte sans cause connue, et elle est guérie ( Lanzoni, Ohs. 284-)- Combien de métastases, de transformations de maladies en affections exté- rieures plus légères, qui s'établissent spontanément et par des impulsions instinctives ! Un homme éprouve une céphalalgie depuis long-temps, et qui ne cède à aucun remède; il sent une démangeaison au nez, s'écorche avec un vif plaisir, et le sang qui ruisselé le débarrasse. ( Mich. Alberli, I)e saluhrilate mur- bot:; Rhodius, cent. 2, obs. 4-i, etc.) D'où partent tous ces actes, car il est manifeste qu'ils ne naissent point du raisonnement, qu'ils s'élèvent parfois con- tre lui ? Us sont suscités sans doute par des stimulans internes du corps qui aspire à reprendre l'équilibre, l'harmonie de la IN s 33i sanlé. Ces instincts se trouvent aussi purs et aussi salutaires chez les fous, les idiots, les enfans, les animaux, que chez l'homme le plus raisonnable , le plus intelligent. Il semble même au contraire, que le concours de l'entendementlyrannise l'instinct, veuillel assujettir à des lois qui ne sont pas les sien- nes ; il lui faut toute son indépendance, c'est pourquoi il opère plus sincèrement le bien , (hiXis les pertes de connoissance ou le délire et chez les sots, quv> par la présence de la raison qui distrait les forces de l'économie animale en les attirant au cerveau. Les efforts instinctifs n'ont donc pas besoin d'être dirigés ; ils suivent la loi suprême qui préside à l'organisation et à la vie des êtres animés ; ils opèrenJ par des senjimens, des pas- sions, des appétits ou des aversions, sans délibérer, sans le concours de notre volonté réfléchie , mais ils n'en agissent que plus svlrement. Tournefort, voyageant dans les monta- gnes escarpées de l'Orient, sur un cheval, lui abandonnoit toujours les rênes dans les pas les plus difficiles; il avoit ob- servé que cet animal posoit ie pied bien plus sûrement quand on ne le guidoit pas, cl qu'il sentoit mieux son aplomb lui- même que le cavalier. Pareillement, l'instinct fait ce qui lui convient, il sent mieux tout seul ce qui le gêne, que ne fe- roicnt tous les raisonnemens du monde. Il est donc souverai- nement nécessaire de l'étudier et de le suivre ; c'est le seul flambeau qui nous puisse conduire dans ces obscurs méan- dres Ae l'organisation ei les profonds mystères de la sensi- bilité et de la vie. ( T. Nature, Vie.) (virey.) IINSTINCT, Nom que Ton donne à cette puissance in- térieure qui fait agir immédiatement les êtres qui en sont doués, à l'une de ces deux sources d'actions que possèdent l'homme et les animaux intelligens , enfin, à la seule dont jouissent les animaux qui nje sont que sensibles , ceux que je nomme apa- ihiquesnGiï ayant en eux d'aucune sorte. Cette puissance in- térieure, reconnue depuis long-temps comme amenant et dirigeant les actions des animaux , leur fut généralement at- tribuée , et on lui opposa ce qu'on nomme la raison dont on fit l'apanage exclusif de l'homme ; mais de part et d'autre , on fut dans l'erreur à l'égard de ces objets , leur source et leur nature n'ayant point été connues. h'instinet est, dans tout être sensible , le produit d'un sen- timent intérieur qu'il possède ; sentiment très-obscur qui, dans certaines circonstances, l'entraîne à exécuter des actions à son insu, sans déterniinalion préalable, sans l'emploi d'au- cune idée , et par suite , sans la participation de la volonté : telle est, pour moi, la véritable définition de Vinstinct. 333 I ?C S Tout être sensible , c'est-à-dire , doué de la faculté de sentir , et ce n'est que dans le règne animal qu'il en exisle de cette sorte , possède un sentiment intérieur ^ dont il jouit sans le discerner , qui lui donne une notion très-obscure dé son existence, ou autrement, qui constitue en lui le senti- ment de son être, et qui y donne lieu à ce moi si connu de nous, parce que nous avons le pouvoir d'y donner de l'attention. Ce sentiment intime d existence , en un mot , ce moi en question nous éloitbien connu , comme je viens de le dire; mais le sentiment intérieur qui y donne lieu , constituant une puissance , d'une part , susceptible d'être émue par tout be- soin senti , et de l'autre, capable de faire agir immédiate- ment , ne me paroît avoir été reconnu par personne avant moi. On ne s'en occupa point ; on n'en rechercha ni la na^- ture , ni la source ; et V instinct demeura pour nous un effet aperçu , provenant d'une cause ignorée , reléguée avec tant d'autres , parmi les mystères de l'organisation, supposés impénétrables. Pour parvenir à connoître la puissance intérieure dont il s'agit , il falloit donner de l'attention au produit naturel (de cette connexion intime de toutes les parties d'un système nerveux déjà assez avancé dans sa composition , pour que toutes les parties de l'individu en reçussent des branches ; il falloit remarquer que cette connexion fait nécessairement participer l'individu entier au moindre ébranlement excité dans ce système ; ii falloit encore reconnoître que toutes les par- ties de ce même système aboutissant généralement àun foyer particulier , il devoit résulter de l'extrême mobilité du fluide subtil qu'elles renferment , que la moindre agitation de ce fluide en produiroitune au foyer commun, et que, par lui, cette agitation se propageroit aussitôt dans l'être entier, se répercutant de tous les^ points jusqu'au foyer même, siège du sentiment intérieur et obscur qui résulte de cet ordre de choses-, enfin , il falloit concevoir que tout besoin ne devient tel qu'à l'instant où l'objet qui manque à Tindividu , ou celui qui le gêne ou lui nuit , a excité un mouvement quelconque au foyer dont il vient d'être question ; et qu'alors , seulement, le besoin est ressenti. Il me reste à montrer comment le sentiment intérieur es,t averti d'un besoin quelconque , c'est-à-dire, par quelle voie tout besoin lui parvient et l'émeut. Pour cela il faut se rap- peler que le foyer des sensations est le même que celui qui est le siège du sentiment intérieur \ et que le foyer de l'esprit , qui en est séparé, communique, par une voie courte, avec celui des sensations. Les choses étant ainsi , il est évident que ies besoins qui appartiennent aux sensations, parviennent I N S 33?. facllemefit au sculunent iiiténeur par la seiisalion elle- même ; car si je me brûle inopinément, la douleur aura bien- tôt amené le besoin de m'y soustraire , et parvenant au senti- ment intérieur ^ ce dernier en sera ému aussitôt. Il jen est de même de tous les autres besoins de l'ordre des sensations. Quant à ceux qui appartiennent à l'ordre des pensées , et qui sont appelés moraux., l'esprit, les ayant jugés , en transmet aussitôt l'impression au sentiment intérieur^ qui , à l'instant , dirige les actes à exécuter , même ceux de l'intelligence. Ou sent assez qu'il en est ainsi des besoins qui appartiennent à Tordre des sentimens ; ordre qui embrasse les penchans et les passions. Or, ces derniers étant des produits du sentiment intérieur même, donnent lieu aux besoins de l'ordre dont il s'a- git, lesquels sont aussitôt ressentis par le sentiment intérieur qui s'en trouve proportionnellement ému ( V. l'article Homme), Je distingue donc les besoins en trois ordres : ceux de Y ordre des sensations , ceux qui appartienner«t à V ordre des pensées^ enfin, cgyw (\\xQm\)Y3iSstï ordre des sentimens. Je n'en connois aucun qui ne se rapporte à l'un de ce? ordres. Il étoit, sans doute, difficile de réunir toutes ces considé- rations parla pensée ; mais il falloit le faire, parce qu'elles s'enchaînent, qu'elles sont dépendantes, etqu'ellesconcernent un phénomène organique très-compliqué dans ses causes et son mécanisme. En effet , les phénomènes divers que pro- duit le sentiment intérieur ., ceux qui constituent la 5e/w«//o// ^ enfin , ceux qui appartiennent à V intelligence , sont dans le même cas; et comme ce sont des phénomènes organiques^ conséquemraent des phénomènes physiques , et que la na- ture n'en sauroit produire d'aucun autre ordre, quelque com- pliquées que soient leurs causes, elles sont susceptibles, néan- moins, d'être saisies; et l'homme ne peut avoir de moyens que pourreconnoître celles-là. Cet éclaircissement donné , je reviens au sentiment inté- yieur , dont ici la considération est importante ; et je dis qu'il constitue une véritable puissance , puisque, dès qu'un besoin l'émeut , ce sentiment a la faculté de faire agir immédiate- ment. Il est, effectivement , susceptible d'être ému partout besoin ressenti ; et , dès-lors , sans le concours d'aucune pensée, d'aucune'volonté, d'aucune cause hors de lui , il fait agir sur-le-champ,et fait exécuter l'action propre à satisfaire au l>esoin éprouvé, ou au moins , celle qui y tend directement. Pour qu'une sensation puisse parvenir à donner une idée , «t pour que tout acte quelconque de l'intelligence puisse s'exécuter , \ attention est préalablement nécessaire ; au con- traire , relativement à tout acte de Vinstinct , l'attention n'a jamais besoin d'être employée , et ne l'est pas effectivement. 334 I N S Les faits qui appartiennent au sentiment intérieur sont <îonc d'un ordre particulier , très-différent de ceux qui donnent lieu aux sensations et aux actes de l'intelligence. Ainsi Vinsiinctn'esi pas, comme on l'a cru, un (lambeau qui éclaire ; puisque les actes qu'il fait exécuter ne sont jamais le résultat de pensées délibérantes , de préméditations , de jugemens qui les terminent, en un mot, de déterminations constituant des actes de volonté. Les actes de ïinstinrt sont, au contraire , des effets toujours parfaitement proportion- nels aux causes qui y donnent lieu, ce qui assure leur rec- titude ; tandis que les actions qui , comme celles que fait exé- cuter la volonté, résultent d'un jugement, sont toujours expo- sées à l'erreur, quoique plus ou moins, selon le degré d'intel- ligence de l'individu, et son expérience plus ou moinsgrande. Tous les actes, en effet , que Vinstinrt fait produire, sont les suites d'émotions excitées dans le sentiment intérieur , par chaque besoin ressenti; émotions fortes ou foibles, selon lanature, l'intensité ou l'urgence des besoins qui les excitent. Ainsi, de même que tout mouvement communiqué àun corps est toujours, dans sa force et sa direction, le produit juste de la puissance qui l'a communiqué; de même aussi, toute ac- tion que fait exécuter Vinstinrt , est toujours le produit juste de l'émotion excitée dans le sentiment intérieur, ainsi que celui de la grandeur , de la nature et des modifications parti- culières de cette émotion. Or, celte môme émotion , devenant cause active, met, dans l'instant, ep mouvement , les or- ganes qui doivent exécuter cette action. F. la Philosophie zoo- logi(/ue, vol. 2, page 4-47 • Je n'ai point de terme pour exprimer cette puissance in- térieure , dont jouissent non-seulement les animaux intelli- gens , mais encore ceux qui ne sont doués que de la faculté de sentir ; puissance qui , émue par un besoin ressenti , fait agir immédiatement l'individu , cest-à-dire , dans l'instant même de l'émotion qu'il éprouve ; et si cet individu est de l'ordre de ceux qui sont doués de facuUésd'intelligence, il agit, néanmoins, dans cette circonstance, avant qu aucune pré- méditation, qu'aucune opération entre ses idées, ait provo- qué sa volonté. C'est un fait positif, et qui n'a besoin q'ue d'être remar- qué pour être reconnu , savoir : que dans les animaux dont je viens de parler, et dans l'homme même , par la seule émotion du sentiment intérieur , une action se trouve aussitôt exécutée, sans que la pensée , le jugement, en un mot, la volonté de l'individu y ait eu aucune part ; et l'on S^ait qu'une impression ou qu'un besoin subitement ressenti, suffit pour produire cette émotion. I N S 335 «Ainsi , nous-mêmes, nous sommes assujettis , dans cer- taines circonstances, à celte puissance intérieure qui fait agir sans préméditation. Et, en effet, quoique très-souvent nous agissions par des actes de volonté positive, très-souvent aussi chacun de nous, entraîné par des impressions intérieures et subites, exécute une multitude d'actions, sans l'intervention de la pensée , et conséquemment d'aucun acte de volonté. Or . cette puissance singulière , qui nous fait agir sans pré- méditation , à la suite d'émotions éprouvées , est celle-là même que, sans connoître sa nature, l'on a nommée instinct dans les animaux : Hist. nat. des animaux, sans vertèbres , In- troduction , vol. I, pag. 17 à 19. C'est elle qui nous arrête et nous fait reculer subitement à l'aspect inattendu d'un danger qui survient, ou lorsqu'un grand bruit nous surprend ; c'est elle qui nous cause la frayeur , selon notre foiblesse plus ou moins grande , à la vue des périls auxquels nous sommes exposés ; c'est elle qui dérange notre présence d'esprit , c'est-à-dire, nos facultés d'intelligence , dans les circonstances difficiles où nous nous rencontrons ; c'est elle , en un mot , qui , dans une émo- tion violente , telle qu'une douleur excessive ou une joie immodérée, trouble nos sens, au point de nous en faire perdre quelquefois l'usage , etc. , etc. , etc. La puissance singulière dont je viens de parler, et qui nous fait agir à notre insu , avant qu'aucune préméditation ait pu concourir à l'action exécutée ; celle, en un mot, que l'on a nommée instinct , n'est donc point particulière aux animaux, puisque nous y sommes nous-mêmes assujettis. Elle ne leur est pas même générale ; car les animaux que j'ai nommés apaûiiques , ne jouissant point de la faculté de sentir^ ne sau- roient avoir de sentiment intérieur , ne sauroient sentir des besoins, ne sauroient en éprouver les émotions qui peu- vent faire agir, enfin, ne sauroient avoir d'instinct. S'il est vrai que les animaux soient des productions de la nature, il l'est aussi qu'elle ne les a produits que successive- ment ; qu'elle n'a pu accroître que progressivement leurs moyens ou leurs facultés ; enfin , qu'elle n'a pu établir que graduellement les organes ou systèmes d'organes particuliers,' qui donnent aux plus parfaits d'entre eux cette réunion de facultés particulières que nous leur conaoissons. Il en résulte que tous les animaux ne possèdent point cette réunion de fa- cultés , ni celle des organes qui le» donnent ; qu'avant d'a- voir amené l'existence des animaux sensibles , la nature en a produit qui ne sont encore qu apathiques ; et qu'ensuite , ayant réussi à établir le sentiment dans un grand nombre d'animaux divers, ce n'est qu'après avoir préparé, en eux, des peifec- 336 I N'S tionnerhcns plus éminens encore , qu elle est parvenue à don- ner à beaucoup d'autres, des facultés à'inleltigence dans dil- férens degrés. Ces vérités, établies dans ma Philosophie zoo- logique , et dans l'Introduction de Y Histoire naturelle des ani- maux sans vertèbres , seront toujours du nombre de celles qu'il sera impossible de contester solidement, parce que l'obser- vation des faits qui concernent les animaux , les attestera toujours. 11 faut donc distinguer nécessairement les actions qui s'exé- cutent à la suite d'une préméditation qui amène une déter- mination, en un mot, la volonté^ de celles qui se produisent immédiatement à la suite des émotions du sentiment intérieur^ c'est-à-dire, par Vinstinct. 11 faut même distinguer les actions de cette dernière sorte, de celles qui ne sont dues qu'à des excitations de l'extérieur; car toutes ces causes d'actions sont essentiellement différentes , et tous les animaux ne sauroient être assujettis à la puissance de chacune d'elles : l'étendue" des différences d'organisation ne le permet nullement. Ainsi , Vinstinct ne sauroit être le propre des animaux apa- tliiquës] il ne peut être que celui des animaux qui ont des sens, qui , conséquemment , peuvent éprouver des sensations , et qui ne sont doués de cette faculté admirable , que parce qu'ils possèdent un système nerveux assez composé pour former un ensemble de parties qui se communiquent et aboutissent tou- tes à un foyer commun , dès-lors capable de faire participer le système entier aux suites du mouvement excité dans une de ses parties. Or, tout animal qui possède un système nerveux ainsi composé , dont les parties s'étendent à peu près partout et vont se rendre à un foyer commun ou principal, jouit alors d'un sentiment intérieur auquel tout son être participe , qu'il éprouve continuellement sans le discerner , parce qu'il est , en quelque sorte, très-obscur, et qui lui donne la conscience de son existence et des différens besoins qu'il peut éprouver. Ce sentiment intérieur est tout-à-fait étranger à toute sensa- tion grande ou petite , en un mot, à la douleur forte ou foi- ble , partielle ou à peu près générale ; mais toute sensation éprouvée et tout besoin ressenti lui sont rapportés et l'é- meuvent. Les émotions que ce sentiment intérieur éprouve alors font agir immédiatement l'individu, soit pour se soustraire à la douleur, soit pour satisfaire au besoin ressenti, ainsi que nous l'avons montré plus haut.Voyez l'Introduction de VHis^ toire naturelle des animaux sans vertèbres , vol, i , pag. 242 et suivantes. L'on sait que les fluides des principaux systèmes d'ofgânes, surtout ceux du système sanguin, par des causes dont plu- î N s 33^7 sîeurs sont dëjà connues, sont sujets à se porter, avec plus ou moins d'abondance, tantôt vers l'extrémité antérieure dii corps, tantôt vers l'inférieure , et tantôt vers tous les points de sa surface externe. Ainsi , quoique renfermés dans des ca- naux particuliers ou dans des masses appropriées dont ils ne peuvent franchir les limites latérales , les fluides de plusieurs de ces systèmes d'organes jouissent, par les communications qui existent entre eux , d'une relation générale , qui les met dans le cas de recevoir des impulsions ou des excitations pa- reillement générales, d'où résultent, dans le système san- guin, les affiuences particulières dont je viens de parler. Ce que je viens de dire des mouvemens singuliers qui s'exé- cutent dans le système sanguin , en certaines circonstances, des afHuences presque générales du sang, tantôt vers certaines parties du corps, tantôt dans d'autres, n'est point unique- iiient le propre de ce système. On connoît d'autres Luineurs que le sang , lesquelles subissent des métastases analogues et plus promptes encore. Mais c'est surtout dans le système ner- veux , lorsque sa composition est fort avancée , que Ton ob- serve des faits de cette nature, bien plus remarquables en- core par leur promptitude et par les phénomènes qu'ils occa- sionent. Or , par suite de l'extrême mobilité du (luide nerveux,' de l'étonnante vivacité ou promptitude de ses mouvemens, et, en outre, de la communication de toutes les parties du système nerveux, les nerfs aboutissant tous à un foyer commun, la pks petite cause produit un ébranlement pro- portionné dans le système entier, et l'individu le ressent dans tout son être, sans pouvoir le distinguer clairement, ni le définir. Telle est la source des émotions du sentiment intérieur; émotions qui sont si remarquables par la puissance qu'elles exercent sur les autres organes (i). Le sentiment intérieur ^ dont je viens de montrer la nature et la source , et dont la découverte m'appartient , puisqu'on n'en trouve la définition dans aucun ouvrage, est quelquefois désigné, seulement, sous la dénomination de conscience. Mais cette dénomination , surtout d'après les idées qu'on y attache, ne le caractérise point suffisamment. Elle n'indique pas que ce sentiment obscur, mais général , soit tout-à-fait étranger^ à toute sensation quelconque, quoiqu'elle lui parvienne ; elle n'indique pas qu'il soit aussi fort étranger à l'esprit , dont, néanmoins, les actes lui arrivent toujours; enfin, elle n'in- dique pas qu'il soit une véritable puissance, capable défaire (i) Qui ne connoît la gravité des dé>ortlres que produit cjuclque- foLs dans l'organisation, l'émotion que cause une grande frayeur ? 338 I N S agir directement, sans la nécessité d'une détermination, d'une préméditation. Ce qui montre que le sentiment intérieur est étranger à la sensation, c'est que tout mouvement qui s'exécute dans le sysième des sensations, commence aux extrémités des par- ties de ce système , et se transmet ensuite au foyer commun , ce qui indique la nécessité d'une répercussion double -, tandis que tout ce qui émeut le senlinient intérieur ^ ne le fait qu'au foyer même de ce sentiment, dont l'émolion ne produit qu'une répercussion simple. D'ailleurs la sensation ne met elle-même aucune des parties du co.rps en action; ce qu'au contraire le sentiment intérieur a la faculté de faire par lui- même. Outre ce que je viens d'exposer sur la nature et les facul- tés du sentiment dont il s'agit , pour montrer que la dénomi- nation de consdenre ne l'a point fait réellement connoître , j'ajouterai que cette dénomination semble permettre la sup- position du concours de la pensée et du jugement , dans les actions que ce sentiment ému fait subitement produire : ce qui n'est pas vrai. L'observation atteste , en effet, que , par- mi les animaux qui possèdent ce même sentiment, les uns, tout-à-fait dépourvus d'intelligence , n'agissent uniquement que par la voie de cette puissance; tandis que les autres, réel- lement intelligens , agissent quelquefois par les suites d'une volonté que leur pensée amène , et , néanmoins , agissent bien plus souvent encore par les émotions de leur sentiment inté- rieur, c'est-à-dire, par l'instinct, que par les résultats de leur volonté. « II. n'y a guère que l'homme et quelques animaux des plus parfaits qui, dans des instans de calme intérieur , se trou- vant affectés par quelque intérêt qui se change aussitôt en be- soin , parviennent alors à maîtriser assez leur sentiment inté-~ rieur ému , pour laisser à leur pensée le temps de choisir et de juger l'action à exécuter. Aussi ce sont les seuls êtres qui puissent agir volontairement ; et , néanmoins , ils n'en sont pas toujours les maîtres. » {llist. mit. des animaux sans vertè- bres ^ Introduct. vol. i , p. 24.5.) Il est donc nécessaire de distinguer, parmi les actions des animaux intelligens et même de 1 honmie , celles qui provien- nent iihmédiatement de cette puissance interne qui constitue \ instincty de celles qui résultent d'une préméditation qui per- met un choix, un jugement , et qui amène les actes de vo- lonté. Pour être entendu , il est nécessaire de dire que je nomme source d actions , la cause excitatrice de la puissance qui exé- cute , ou , en d'autres termes , qui met en mouvement les I N S 339 parties r'u corps qui doivent agir. Or, la cause excitatrice dont il s'agit , est , dans riiomme , ainsi que dans les animaux inlelligcns , tantôt l'impression directe d'un besoin senti, et tantôt celle d'un besoin qui résulte d'un acte de volonté. Dans le premier cas , c'est Vinstinct qui fait agir ; dans le second , l'action provoquée est un produit de i'iiUeiligence; mais, dans l'un et Taulre cas, la puissance qui exécule , celle qui ment et dirige le lluide nerveux vers les parties qui doivent agir, est toujours le sentiment inténeur. Malgré les apparences , et je m'y élois trouipé, les deux sources d'actions citées ne sont des puissances que sous certains rapports, c'est-à-dire, que comme excitantes; mais, comme je viens de le dire, celle qui exécute elle-même et qui est toujours unique dans l'homme et dans les animaux qui la possèdent, n'est autre que le sen- timent intérieur. Uinstinrt n'est qu'une force qui entraîne , que le produit du sentiment intérieur qu'un besoin quelconque a ému. C'est une puissance , en quelque sorte , mécanique et qui n'a point en elle-même de degrés , mais dont les effets sont toujours pro- portionnels aux causes qui la font agir. 1/individu , qui en est doué , la possède en naissant telle qu'il l'aura dans le cours de sa vie; car linslinrt, qui constitue cette puissance, n'est point susceptible de perfeclionnemens , et ne change point à mesure qu'il est exercé. Il ne se trompe jamais a Tégard de.s actions qu'il tend à faire exécuter ; et , en cela , il est fort dif- férent de cette source d'actions que la volon'é constitue. En- fin , il est aussi fort différent des pcnchans , en ce que ceux-ci , dans leurs développemens , sont susceptibles d'acquérir di- vers degrés d'exaltation , au point de se transformer en pas- sions, souvent d'une violence extrême : ce qui fait que l'on ne sauroit trouver alors aucune proportion entre leur cause et leur véhémence. Effectivement, si l'on veut savoir pourquoi les actions qui proviennent des déterminations par l'intelligence , qui résul- tent d'un choix, d'un jugement, et par suite de la volonté , sont souvent inconvenables , troiifipent quelquefois , et n'at- teignent pas alors le but désiré ; tandis que celles que r/«5- iincl fait exécuter, ne trompent jamais , vont directement au but, et sont toujours les plus propres à satisfaire au .besoin ressenti; que Ion veuille donner de l'attention ailx con- sidérations que j'ai exposées dans ma Philosophie zoolop;i<^ue (vol. 2 , p. 44i-4-5o) , et surtout aux suivantes qui en obtien- nent un fondement solide. A l égard des êtres doués d'intelligence , tels que Vhomm?. surtout , qui va nous offrir des exemples dans ce que nous avons à dire sur ce sujet , tout acte de volonté est toujours la 3^o I N S suite d'un jugement. Or, tout Jugement , sans exception , est exposé à l'erreur : nous allons essayer de le prouver. JJn jugement, est un acte organique , une opération qui s'exé- cute entre des idées rendues présentes à la pensée ; et tant que l'organe propre à cette fonction n'est point altéré , son opération est toujours ce qu'elle doit être , son résultat qui constitue le jugement est toujours juste. Cependant ce juge- ment , très-juste en lui-même, est toujours exposé à Terreur, relativement à l'objet auquel on l'applique : en voici la raison. Sans doute , tant qu'un organe n'est point altéré , toute opération qu'il exécute ne peut être fausse , et ne l'est jamais effectivement; il s'ensuit que celle qui constitue un jugement ne sauroit l'être. Cette dernière opération est'toujours le ré- sultat très-juste des élémens qui y ont servi , en un mot, des idées qui y furent employées. On peut comparer un y//(,'e/n^/2/ au résultat d'une opération d'arithmétique : le quotient trouvé est juste , si la règle a été bien faite ; et , néanmoins, ce résultat est faux dans son ap- plication , si l'on n'a point fait usage , dans le calcul , de tou- tes les données qui dévoient y entrer. Voyez à ce sujet , l'ar- ticle Jugement, Ainsi , comme je l'ai dit au commencement de cet article,- l'homme et les ammaux intel/igens possèdent deux sources d'ac- tions très-distinctes : celle qui résulte à' urm préméditation qui peut amener la volonté d'agir ; et celle qui provient de ïins- iinclqa'i peut , de son côté , faire exécuter diverses actions. II n'en est pas de même des animaux qui ne sont que sensibles ; car l'instinct est la seule source de leurs actions, ce que j'ai déjà montré ; et ils n'ont que des habitudes qu'ils conserve- ront toujours les mêmes , tant que les causes qui les ont ame- nées ne changeront point. Quant aux animaux apathiques y' les causes qui les font agir sont absolument hors d'eux : privés du sentiment intérieur^ ils le sont aussi, par conséquent, de celui de leur existence, comme les végétaux, elVinstinct est entièrement nul pour eux. Or, puisque Vinstinct n'est qu'un produit du sentiment inlé- rieur, il étoit donc nécessaire, avant tout, de se former une juste idée de ce dernier, pour parvenir à reconnoître la na- ture et la puissance de la singulière source d'actions qu'il constitue. Je compléterai, en quelque sorte, les idées es- sentielles qu'il convient de se former de ce même sentimtnt, en disant ici un mot de chacun de ses produits. Effectivement, trois sortes de produits appartiennent au sentiment intérieur , savoir : i.° Vinstinct , puissance qui fait agir, et que je crois avoir suftlsamment caractérisée ; 2." les pen~r chans naturels qui existent en même temps que l'individu, mais I N S 34» que le sentiment intérieur seul développe , lorsque les circons- tances dans lesquelles l'individa se rencontre y sont favora- bles ; 3." les senlimens particuliers que chaque individu a pu se former ou éprouver dans le cours de sa vie. Dans les con- sidérations très- resserrées que j'ai exposées à l'article homme , j'ai déjà indiqué ces trois sortes de produits du sentiment in- térieur ; ici, je vais exprimer succinctement ma pensée sur leur nature , leur distinction et leurs caractères. Relativement à Vînslinct , je n'ajouterai rien à ce qui en a été dit ci-dessus. En effet, on y a vu que ce produit du sen" liment intèneur est très-distinct des pcnchans , ainsi que des sentimens particuliers , et qu'il constitue une puissance qui fait agir immédiatement, chaque fois qu'un besoin senti sol- licite une action. Quant aux penchans , je les nomme naturels , parce que c'est , effectivement , la nature qui les a institués , et parce qu'ils existent en même temps que l'instinct , aussitôt même que le sentiment intérieur. Et , en effet , dès qu'un individu a le sentiment intime de son existence , qu'il le remarque ou n'on , il a aussitôt un penchant à la conservation de son être ; et ce penchant est la source de tous les autres , quelque nom- breux qu'ils puissent devenir : ce que je crois avoir mis en évidence dans ï Iniivduction à lliist. nat. des animaux sans ver- tèbres y vol. I , p. 259. Mais si ies penchans furent établis par la nature , c'est au sentiment intérieur seul que chacun d'eux doit le développement qu'il acquiert lorsque les circonstan- ces y sont favorables. Ainsi, les penchans développés sont la seconde sorte de produits du sentiment intérieur. On sait assez que leur développement, lorsqu'il est excessif, les transforme en passions ; celles-ci, par conséquent, étant du même ordre ^ appartiennent donc encore au sentiment intérieur. Enfin, la troisième sorte de produits du sentiment intérieur consiste dans les sentimens particuliers que chaque individu a pu se former dans le cours de sa vie ; sentimens qui peuvent être régis ou dirigés par le degré de raison de l'individu, mais qui , trop souvent, ne le sont que par ceux de «es penchans qui se sont développés. Ayant cité les sentimens dont il s'a- git à l'article homme , nous nous bornerons ici à indiquer leur source ; et nous dirons qu'ils sont tous , en quelque sorte , ac- cidentels, ne sont point donnés par la nature , et sont, en cela , très-distincts des penchans. Ils tiennent à la manière dont l'être qui les éprouve voit ou juge les choses , selon son âge , sa situation , les préventions qu'il a reçues , les presti- ges qui lui imposent, les opinions qu'il trouve admises, etc.; e t nous pensons que leur formation est due aux causes suivantes. Il nous semble , effectivement , que certaines imprcs&ioaiSs. 3> 1 rv s fréquenles cl répélécs de 1^ part de la pensée, opérées sur le sentiment intérieur, y doivent donner lieu à une espèce de hesoin permanenl ^ besoin qui constitue tel des sentimens dont il est question. Ce sentiment a ses paroxysmes , selon les cir- constances ; mais il subsiste tant que les causes qui l'ont éia- bli ne cbangent point , parce que l'espèce de besoin qui en résulte subsiste lui-même. Les paroxysmes du même senti- ment sont les suites de certaines agitations plus grandes du fluide qui occupe le siège du sentiment intérieur ; agitations opérées par le besoin cité , tout à coup devenu plus pressant. Ainsi les sentimens particuliers de Thomme , très-variés parmi les individus de son espèce , ne sont que des produits de son sentiment intérieur, occasionés par des besoins en quelque sorte pcrmanens que certains ordres ou états babituels de sa pensée ont fait naître et entretiennent. Sans trop craindre de se troinper, on pourroil dire des sentimens^ que ce sont des hah'dudes particulières du sentiment intérieur. Maintenant, on recounoîtra , sans doute , que l'espèce de digression que je viens de faire , à l'égard des produits du sen- timent intérieur ^ étoit véritablement nécessaire pour faire en- tièrement connoître ce sentiment, pour lequel nous aurions besoin d'une expression particulière , afin de le désigner sans confusion. On a pu voir , par tout ce qui précède , que le sentiment dont il est question constitue une puissance très- grande , et surtout très-importante à prendre en considéra- tion ; car , sans cette considération , presque tous les phéno- mènes de l'organisation resteront à jamais inintelligibles pour nous. Je crois avoir montré , effectivement : i.° que le sentiment intérieur csi la seule cause qui exécute toute action des parties du corps qui se trouvent dans notre dépendance ; soit les mou- vemens de tous genres que nous pouvons imprimer à ces mê- mes parties, soit la formation de nos idées, de nos pensées, de nos actes de mémoire , en un mot, de tous les pbénomè mes de notre intelligence ; 2.° que lui seul est la cause pro- ductrice de V instinct^ de tout ce qu'il fait exécuter aux êtres qui en sont doués ; 3.° que c'est encore à lui qu'est dû le dé- veloppement de nos penchans ; l^..° enfin , que c'est toujours lui qui donne lieu aux sentimens particuliers si variés , quel- quefois si étranges et si singuliers, qui s'observent parmi les individus de notre espèce. Il est maintenant facile de concevoir l'impossibilité où l'on fut de déterminer positivement la nature de ï instinct ^ et , par conséquent , son pouvoir et ses limites , tant que celle du 5m- iim t intérieur ne fut pas connue. Cabanis iui sur le point de faire la découverte de Y instinct: cependant il n'y put parvenir. Il sentoit la force de l'opinion ancienne qui considéroit la sensibilUé physique commit la source de toutes les idées , de toutes les actions ; il sentoit aussi com- bien étoient fondés ces observateurs qui considérèrent pareil- lement toutes les déterminations des animaux , non comme un produit d'un choix raisonné, de rexpérience mise à profit , mais comme se formant sans que la volonté des individus y puisse avoir aucune part : ce qui est bien là , effectivement , le propre de V instinct. INéanmoins , ainsi que l'avoicnt fait jus- qu'alors les philosophes el tous les physiologistes, Cabanis nç,, reconnut point à quoi tenoit la sensibilité physique ; ne la boriîi point; l'attribua généralement à tous les animaux, comme étant le propre de leur nature ; ne mil nullement à profit Tim- portanle détermination de Virntabilitc qu'on doit à Haller ; en- fin , ne reconnut point véritablement le sentiment intérieur^ et , conséquemment, ne put découvrir l'ms/mf/: il confondit même ce dernier avec les penchans. N'ayant trouvé nulle part la démonstration du sentiment in- térieur^ je crois donc être le premier qui ait mis ce sentiment en évidence , qui ait montré que tout besoin senti peut l'émou- voir et le mettre en action, en un mot, qui l'ait présenté comme une puissance remarquable que la nature est parve- nue à instituer dans un grand nombre d'animaux divers , et qui est très-importante à considérer dans l'homme même. Le sentiment intérieur m é\d.nl connu , la détermination précise de ce qu'est réellement Vinstinct ne m'offrit plus de difficultés ; et je pense avoir exposé clairement , dans cet article , ce qu'il étoit essentiel d'en dire. V. l'article Intelugekce. (lam.) INSTRUCTION DES ANIMAUXDOMESTIQUES {érunumie rurale). Partie essentielle de ce qu'on appelle leur ëducaiion, dans laquelle consistent les plus grands moyens de les rendre utiles à l'homme , en les associant à ses travaux , ou en les faisant contribuer à ses délassemens. On peut, avec les attentions, les soins et les précautions convenables . changer, pour ainsi dire , le naturel de ces ani- maux , en leur faisant contracter des habitudes et des mœurs diamétralement opposées à celles avec lesquelles ils sont nés. On peut aussi , à plus forte raison , étendre beaucoup , de la même manière , les heureuses facultés dont la nature les a doués , et en tirer souvent un parti fort avantageux pour plu- sieurs arts. Mais pour réussir dans ce genre d'entreprise , il faut employer des moyens bien différens de ceux auquels l'i- gnorance el la maladresse ont le plus souvent recours ; il faut être très-patient , très-modéré , très-réfléchi , et jamais em- porté, cruel ni brutal à leur égard ; il faut consulter leurs in- clinations les plus prononcées et s'occuper sérieusenjent d'y S44 I N T satisfaire adroitement pour en obtenir ce qu'on de'sire. Il faut quelquefois aussi les soumettre aux privations , au jtûne , à l'abstinence , et même au châtiment, pour les ren.dre plus do- ciles ; il faut surtout chercber à les habituer à l'obéissance, par la voie si facile , si utile , et cependant si négligée, des caresses et des récompenses qui ont rapport à leurs premiers besoins ; il faut enfin les étudier et s'en rapprocher beaucoup plus qu'on ne le fait ordinairement; et l'on doit consulter à ce sujet les principes que nous avons établis à l'article ani- mal dur» eaiique , auquel nous renvoyons pour déplus amples détails. (YVART. ; INTELLIGENCE. Nom que l'on donne à une réunion de facultés organiques du premier ordre en éminence ; fa- cultés qui constituent les plus beaux phénomènes auxquels le pouvoir de la nature ait pu donner lieu, et qui nous sem- bleroient elles-mêmes des prodiges, en un umt, dont nous chercherions la source ailleurs que dans la nature , ailleurs que dans le pouvoir de l'organisation , si nous n'en obser- vions du même ordre dans les animaux les plus parfaits, La réunion dont il s'agit embrasse quatre sortes de fa- cultés disiinctes; savoir: i." Celle qui constitue ce qu'on nomme V attention \ 2.0 Celle d'acquérir et de se former des idées de différens ordres, et de les fixer ou imprimer dans l'organe ; 3." Celle de rendre, à volonté, présentes à l'esprit, telles des idées acquises dont on veut s'occuper; If.." Celle, enfin , d'exécuter, entre les idées présentes à l'esprit, une opération qu'on nomme Jugement.. Ainsi, les actes à'' attention., ceux qui donnent lieu à la for- mation des idées ., ceux encore qui rendent des idées acquises présentes à r esprit ., et les opérations de la pensée qui amè- nent nn jugement., constituent la réunion de facultés que nous désignons sous le nom à' intelligence. Quelque éminentes et admirables que soient ces facultés, toutes assurément sont le produit du pouvoir de l'organi- sation , c'est-à-dire , de celle qui est assez avancée dans sa composition, pour pouvoir y donner lieu ; toutes, effecti- vement, sont dépendantes de l'intégrité de l'organe dont le propre des fonctions est d'en produire les actes; et toutes, enfin , sont assujetties , comme l'a montré Cabanis., aux in- fluences de quantité de causes physiques diverses, et surtout à celles qui résultent des différens états des viscères. Il s'ensuit, évidemment, que ces facultés sont tout-à-fait organiques , par conséquent véritablement physiques , et que ce sont des produits réels de la puissance de la nature. Or, considérer ï attention j les idées et Usjugcmcns comme des^ I N T 345 objets métaphysiques, seroit la même chose que si Ton re- gardoit les sensations , le sentiment intérieur^ le mouoenienl mus^ culaire, les phénomènes de V irritabilité, etc. , comme des ob- jets pareillement métaphysiques. Ces erreurs serolent d'au- tant plus manifestes , qu'il est certain que rien de ce qui est hors de la nature, de ce qui est indépendant de son pouvoir, ne peut être soumis à Tobservalion. Si l'on examine chacune des quatre sortes de facuhés qui appartiennent à lintelligence , et si on les considère au moins dans leurs principaux détails, on reconnoîlra : i.° Que ïaiiention n'est, à l'inlelligence , qu'un acte pré- paratoire, excité par le sentiment intérieur, qui met l or- gane en état d'exécuter chacune ou telle de ses fonctions , et sans lequel aucune de ces dernières ne pourrolt avoir lieu. Elle est, en effet, une condition de rigueur, un véritable sine quâ non de tout acte intellectuel. Ainsi, quoique les actes d'attention ne s'exécutent que dans l'organe de l intelligence, leur exécution appartient au sentiment intérieur; car c'est lui qui excite dans l'organe où se forment les idées, ou dans telle partie de cet organe , une préparation qui met ce même organe ou l'une de ses parties en état d'exécuter ces actes. On peut dire que Vattention est un effort du sentiment inté- rieur, qui est provoqué , tantôt par un besoin qui naît à la suite d'une sensation éprouvée , et tantôt par un désir qu'une idée ou une pensée fait naître. Cet effort, qui transporte et dirige la portion disponible du tlulde nerveux sur l'organe de l'intelligence, tend ou prépare telle partie de cet organe , et la met dans le cas, soit de rendre sensibles ( présentes à l'esprit) telles idées qui s'y trouvoient déjà tracées, soit de recevoir l'impression d'idées nouvelles que l'hidividu a occa- sion de se former ( Philosophie zoolof;ique, vol. 2 , pag. Sgi). C'est un fait dont il est facile de se convaincre , savoir: que, sans Vattention, qui prépare 1 organe de l'inlelligence à l'exécution de ses fonctions, aucune sensation n'y peut par- venir , ou du moins n'y peut imprimer une idée ; aucune idée acquise ne peut être rendue présente à l'esprit ; enfin , au- cune opération de la pensée ne peut s'exécuter et donner lieu à un jugement. Certes, ces conditions iV ci i\t physique font assez connoître qu'à l'égard des Idées et des opérations qui s'exécutent entre elles, il n'est nullement question d'ob- jets métaphysiques. S'il est vrai que nos idées primaires proviennent unique- ment de sensations éprouvées , et que toutes nos autres idées aient pris leur source d.ms ces premières ; il l'est aussi que toute sensation éprouvée ne donne pas nécessairement une idée , et qu'il n'y a que des sensations remarquées , que celles 346 I N T sur lesquelles notve altention s' esl fixée, qui puissent nous en faire acquérir. Je crois avoir développé suffisamment ce sujet dans ma Philosophie zoologique ( vol. 2 , pag. Sgi ) , à l'article attention^ et j'y renvoie ceux qui peuvent s'y intéresser. Ici , je dirai seulement que si ces admirables phénomènes de l'organisa- tion sont , comme beaucoup d'autres , si peu connus , c'est , d'une part, parce que l'on n'éludie point réellement la na- ture dans ses opérations , quoique Ton ait le plus grand in- térêt à les connoître ; et, de l'autre part, parce que des préventions ont fait attribuer à ces mêmes phénomènes une source qui n'est nullement la leur. Tout le monde sait que Y attention long-temps soutenue de- vient une fatigue ; que la méditation trop prolongée est dans le même cas et nous épuise ; donc les actes de Tintelligence sont, comme le mouvement musculaire, des actions orga- niques qui consument nos forces et auxquelles nous sommes obligés de mettre des bornes , pour les réparer par le repos. 2." Que la faculté d'acquérir et de se former des idées de différens ordres, et d'en imprimer, dans l'organe , les ima- ges ou des traits qui peuvent servir à les rappeler , constitue ce qu'il y a de première importance à considérer dans Vin- 1ellis;ence; car, à son égard, il n'est partout question que d'idées, que d'opérations entre des idées, que de résultats de ces opérations qui sont encore des idées. Ainsi, parmi les facultés dont la réunion constitue Vinielli- gence , la formation des idées éiant la seconde et surtout la principale , il est question de savoir ce que sont ces idées elles-mêmes, et comment on les divise. Ici, je dirai peu de choses sur cet intéressant sujet, parce que je crois l'avoir convenablement traité , dans ce Dictionnaire , au mot idée ( V. ce mot). Je rappellerai seulement que les idées doivent nécessairement être distinguées en trois sortes très-diffé- rentes, telles que : i." les idées primaires ou de sensation; 2." les idées complexes de tous les ordres, qui prennent leur source dans les idées primaires , et résultent de la combi- naison de plusieurs idées, soit primaires, soit même com- plexes ; 3." les idées d'imagination , qui sont le produit de mo- difications arbitraires que nous avons le pouvoir de faire sur des idées acquises. On a vu, à l'article idée, que les idées primaires ou simples sont celles qui ne se forment que par la voie des sensations remarquées ; qu'on les acquiert nécessairement les pre- mières , sans cesser d'en pouvoir acquérir de nouvelles , et qu'elles n'en exigent point d'autres pour leur formation ; que ces idées constituent autant d'images particulières que I N T 3i7 le sentiment intérieur fait parvenir jusqu'à l'organe de l'in- telligence , qui s'y impriment plus ou moins profondément, et qui sont , par-là , plus ou moins long-temps subsistantes ; qu'enfin, ces mêmes idées sont les plus solides, et, par suite, celles sur lesquelles nous pouvons le plus compter, parce qu'elles résultent de faits d'observation , en un mot , d'objets très-positifs. On a vu ensuite , au même article , que les idées complexes de tous les degrés sont celles qui ne proviennent pas direc- tement de la sensation , et qui sont essentiellement compo- sées, parce qu'elles ne sont formées qu'avec des idées déjà acquises ; que ces idées sont nécessairement postérieures à celles qui proviennent de la sensation ; car les idées com- plexes du premier degré en sont immédiatement composées, tandis que celles des degrés supérieurs ne résultent que de la combinaison de plusieurs idées elles-mêmes complexes. Ainsi , les idées dont il s'agit , sont chacune le produit d'une opération intellectuelle qu'on nomme jugement ; et quoique ce jugement soit un rapport découvert entre les idées qui y furent employées , il esl très-exposé à manquer de solidité ou de jusiesse , relativement au sujet que l'on s'est proposé de juger. Enfin , les idées complexes n'offrant qu'un mé- lange de traits de différentes idées réunies , l'image compli- quée qui en résulte , rappelle difficilement les idées parti- culières qui formèrent ces idées complexes, et n'est saisie et ne se fixe qu'à l'aide d'une attention très-profonde. Mais , pour le vulgaire, les idées complexes ne sont rappelées à l'esprit qu'au moyen des noms qu'on leur a consacrés , que par des mots qu'on s'habitue à prononcer, à entendre , et qui, écrits ou imprimés , en obtiennent une forme physique ou des traits qui , par la sensation, peuvent être tracés dans l'organe. C'est ainsi que le mot nature nous est très-familier ; nous nous attachons moins à nous rendre raison de Vidée ires -complexe qu'il exprime, qu'au mot lui-même dont nous nous contentons : il en est bien d'autres qui sont entièrement dans le même cas. Cette faculté d'acquérir et de se former des idées de dif- férens ordres , et d'en imprimer les images ou les traits dans l'organe, appartient sans doute à l'intelligence; mais nous verrons bientôt que l'exécution de ces différens actes est due au sentiment intérieur qui en est la source et les dirige. Aussi, lorsque, sans lui, quelque agitation dans l'organe rend des idées présentes à l'esprit, ces idées, qu'il ne dirige point, se succèdent et se cumulent sans ordre, et constituent alors ce que nous nommons des songes, des délires, etc. 3." Que la troisième sorte de facultés de l'intelligence 348 I N T étant de se rendre , à volonté , présente à l'esprit telle des idées acquises; d'y en rendre sensibles plusieurs à la lois, lorsqu'on a besoin de les comparer, de les examiner: enfin , d'y rassembler même toutes celles qui concernent le sujet dont on veut s'occuper; est, sans contredit, l'une des plus importantes de l'entendement; car elle seule nous procure, selon l'habitude plus ou moins grande que nous avons de l'exercer , et la quantité de nos idées acquises , des moyens proportionnés pour bien juger, pour penser plus ou moins profondément. Aussi c'est à raison de ce que celte faculté est plus ou moins développée , que le jugement a plus ou moins de rectitude. Puisque, comme toutes les autres, la faculté dont il s'a~ gil se développe à mesure qu'elle est plus exercée , et que ses actes alors deviennent de plus en plus faciles ou com- plets ; on peut donc être assuré que, dans le cas contraire , la difficulté de ces mêmes actes est telle, que l'on fait rare- ment effort pour la surmonter, c'est-à-dire, pour penser, réfléchir, méditer, quelque intérêt qu'on ait à le faire. Quant au mécanisme organique qui peut nous donner la? faculté de nous rendre présentes à l'esprit telles de nos idées acquises, on est autorisera penser qu'il n'est que le résultat au fluide nerveux^ que l'on sait être subtil et rapidement dé-' plaçable , et que le sentiment intérieur met en action. En effet , l'acte organique qui donne lieu à cette faculté, s'effectue, comme dans les précédentes , par la voie du sentiment inté- rieur. Ce sentiment, dès qu'un besoin l'y provoque , dirige aussitôt le fluide nerveux sur les traits imprimés de l'idée ou des différentes idées qu'il s'agit de rendre présentes à l'es- prit ; il excite, par cette voie, dans les parties de l'organe qui forment ces traits, des mouvemens qui se propagent jus- qu'au foyer des pensées. Alors, la masse en réserve du fluide nerveux qui occupe ce foyer, recevant, de l'ensemble de ces iinouvemens , une agitation particulière , la transmet aussitôt nu sentiment intérieur^ par la communication qui existe entre le foyer des pensées et celui des sensations; en sorte que, dans l'instant même , l'individu y participant dans tout sou être, ces traits sont rendus présens à son esprit. Je devrois parler ici des iilées d'imagination , qui sont toutes le produit d'arrangemens ou de modifications arbitraires auxquels nous soumettons des idées acquises ; mais cette opération de 1 intelligence appartenant à la seconde sorte de ses facultés , don,t il vient d'être fait mention, je renvoie le lecteur à l'article imagination , où j'ai exposé ce qu'il y a d'essentiel à considérer sur ce beau sujet. Je rappellerai seu- lement ce fait positif, savoir : que ï imagination ne sauroil I N T 3^9 créer une seule idée qui ne prenne sa source dans celles que l'homme s'est procurées par ses sens; en sorte que, sans idées préalables, celui-ci ne sauroit rien imaginer, en un mot, ne pourroit créer une idée quelconque. 11 est donc vrai que ï imagination ^ que l'on regardoit comme sans bornes, relati- vement à la production des pensées, se trouve renfermée , à cet égard, dans le cercle des idées que l'homme s'est ac- quises. Un éclaircissement important est maintenant nécessaire à donner au lecteur, pour qu'il puisse saisir le mécanisme organique des trois sortes de facultés mentionnées ci-dessus: le voici. JJin/eiligence reçoit uniquement du sentiment intérieur tous ses moyens d action ; ou, en d'autres termes, c'est du sentiment intérieur seul que l'organe de linlelligence ob- tient les moyens d'exécuter ses différens actes. Ce fait très-positif, qui n'est point exclusif pour l'organe ^e l'intelligence , car il embrasse toutes les parties du corps qui sont dans la dépendance de l'individu, fut jusqu'à pré- sent généralement inaperçu; il est cependant, de tous les faits qui concernent Forganisation , le plus curieux, le plus important de ceux que l'on puisse connoitre. Ce même fait anéantit le mystère, en apparence impé- nétrable, qui enveloppoit les phénomènes de Tintelligence, dont les causes ne se présentoient à nos yeux que comme des merveilles tout-à-fait hors du domaine de la nature. Et, en effet, quelque profonds penseurs que purent être les philosophes et les moralistes les plus célèbres, il leur étoit impossible de parvenir à en acquérir la connoissance, puis- qu'ils n'avoient pas fait une étude préalable des lois et des moyens de la nature. Ainsi , quoique , sans l'organe de l'intelligence , aucune des facultés qu'il donne ne puisse être produite, c'est par le senlim.ent intérieur qu'une sensation peut former une idée et l'imprimer dans l'organe dont il s'agit; c'est par ce senti- ment qu'une idée inscrite peut être rendue présente à l'esprit ; c'est encore par lui que deux ou plusieurs idées acquises sont mises en comparaison au foyer des pensées , et que s'exé- cute l'opération qui amène une idée nouvelle qu'on nomme conséquence ^ jugement \ c'est toujours par lui que, d'après un jugement obtenu, se forme la détermination ou la volonté de faire quelque chose ; enfin , c'est par lui qu'avec des idées ac- quises et rendues présentes à l'esprit, ['imagination exécute différens actes, et produit des idées , des pensées nouvelle'^ Ces considérations , dont le fondementne serajamais soli- dement contesté , parce qu'elles sont évidentes , qu'elles ne 35o I N T sont pas le proJiùt d'un système imaginaire , mais celui d'ob- servations aitcnlivemenl suivies, nous amènentàreconnoître, dans le fait cité ci-dessus, une généralité plus grande encore, et à apercevoir bientôt après ror«lre des causes pbysiques qui donnent lieu à toutes les sortes d'actions de Thomme et des animaux inlelligens : voici cet ordre. Toute action d'un individu intelligent , soit un mouvement de quelque partie de son corps, parmi celles qui sont dans sa dépendance , soit une pensée ou un acte entre des pensées, est nécessairement précédée d'un besoin^ de celui qui a pu solliciter cette action. Ce besoin senti, émeut aussitôt le sen- timent intérieur; et, à l'instant même, ce sentiment dirige la portion disponible du fluide nerveux , soit sur les muscles de la partie du corps qui doit agir , soit sur la partie de l'organe de l'intelligence où se trouvent imprimées les idées qui doi- vent être rendues présentes à l'esprit , pour l'exécution de l'acte intellectuel que le besoin sollicite. La connoissance de cette vérité de fait est de toute im- portance pour le naturaliste qui veut remonter à la source de toute action quelconque d'un être intelligent. C'est toujours un besoin senti qui nous présente cette source et qui est le premier mobile ou la première cause piiysique de l'action. Si ce besoin parvient directement au sentiment intérieur ^^ar la voie de la sensation , c'est V instinct seul alors qui fait agir ; mais s'il lui arrive à la suite d'une détermination qui cons- titue la volonté d'agir, c'est , dans ce cas , ï intelligence même qui donne lieu à l'exécution de l'action. Telle est la cbaîne curieuse et intéressante qui lie et em- brasse les causes de toute action quelconque , de tout mou- vement qu'exécutent les parties du corps qui sont dans la dé- pendance de l'individu, de toute formation d'idée, de toute pensée , de tout raisonnement que son intelligence opère. Partout, c'est un besoin préalable qui est la première cause de l'action ; et partout aussi , c'est le sentiment intérieur qui la fait exécuter en dirigeant aussitôt le fluide nerveux où il est nécessaire. On sait que , pendant le sommeil, nos sens cessent , en général , de recevoir, ou au moins de transmettre à l'inté- rieur , les impressions des agens externes , à moins que ces impressions ne soient très-fortes ou violentes. Dans cette circonstance , aucun besoin ne parvenant au sentiment inté- rieur^ ce sentiment n'est point ému, et les parties du corps qui sont dans notre dépendance restent toutes en repos. Ce- pendant, si, dans cette même circonstance, le fluide ner- veux, agité, vient à traverser les traits imprimés de diffé- rentes de nos idées acquises , ces idées alors seront rendues I N T 35i présentes à l'esprit , et bientôt transmises au senliment in- térieur. Mais ce dernier ne les aura point dirigées , puis- qu'aucun besoin ne les ayant précédées , ce ne sera pas lui qui les aura mises en action ; aussi lui parviendront- elles , soit sans suite, soit en désordre, ainsi qu'on le remarque dans les songes ordinaires. Enfin , qu'un objet ou une idée nous ait violemment émus ; et même qu'une habitude parliculière , à laquelle nous tenons fortement , attire presque continuellement notre pensée ; il peut en résulter un besoin d'agir assez grand pour propager son influence mém€ jusque pendant notre sommeil. Alors nous agissons réellement , quoique non éveillés ; et , sans l'emploi des sens, l'instinct (le sentiment intérieur) dirige nos actions qui s'exécutent sans erreur. Ce fait, fort singulier , que rarement l'on a eu l'occasion d'observer, a donné lieu à ce que nous appelons le somnambulisme (non celui du ma- gnétisme.) On a vu plus haut que j'admets un foyer particulier pour les pensées, un lieu où les idées viennent se réunir pour être rendues présentes à l'esprit ; et que je distingue ce foyer de cidus d'un pays oïl la civilisation existe. — Dans tout pays où la civilisation existe, et surtout dans ceux où elle a fait de grands progrès , on observe constamment , parmi les hommes qui y habitent, une échelle de degrés, à l'égard de rintelligence des individus. Pour parvenir à trouver la raison de ce fait , il peut être utile de donner quelque attention aux considérations-suivantes : Dans la nature, les animaux, vivant dans l'état sauvage , sont indépendans ; et , dans toutes leurs espèces , les indivi- dus ont les mêmes facultés , et à peu près dans le même de- gré. Il n'y a entre eux , à cet égard , d'autres différences que celles qui tiennent à leur état physique , leur sexe , leur âge , leurs forces , leur état de santé , etc. L'homme , sans doute , vécut primitivement dans l'état sauvage , puisqu'en certaines contrées, on le retrouve encore offrant quelques restes de cet état, dans sa manière de vivre. Probablement , lorsqu'il étolt entièrement dans ce môme état, son intelligence très-bornée , comme ses besoins , ne présentolt guère d'autres différences , dans les individus , que celles qui résultoient de l'état physique de chacun d'eux , de laforce, de la vivacité, de l'énergie des uns, ou de lafolblesse et de l'indolence des autres. S'il se trouvoit des différences dans le développement de leurs facultés intellectuelles, elles étoient , sans doute , renfermées dans des limites fort res- serrées. C'est un fait , maintenant bien constaté , que , dans tout pays où la civilisation fut établie , et où le fut , par consé- quent, le système des propriétés , il s'est formé , peu à peu , dans la situation des hommes qui l'habitent, une différence qui devint, avec le temps , d'autant plus considérable que la civilisation dont il s'agit avoit fait plus de progrès. Une Inégalité graduelle dans la possession des propriétés , des ri- chesses et du pouvoir, fat partout le produit de cet ordre de choses. L immense multitude fut réduite à la pauvreté , fut privée des moyens de s'instruire, et n'eut d'autre ressource , pour son existence , que celle que lui donnèrent des travaux ï N ï 35 1 grossiers et pénibles qui, en employant tout son temps, bor- nèrent considérablement ses idées. Oh sait assez que des situations progressivement plus avan- tageuses , furent, dans ce même ordre de choses, le partage de ceux qui eurent plus d'activité , plus d'industrie , plus de courage. Ces situations plus heureuses leur permirent» pro- portionnellement, d'accroître leurs moyens de commodité ou d'agrément; de satisfaire à leurs besoins multipliés; d'aug- menter leurs relations ; d'acquérir plus d'instruction ; d'a- grandir davantage le cercle de leurs idées ; quelquefois même , à l'aide de certaines circonstances , de multiplier et de va- rier considérablement ces idées. Enfin , dans les situal'.Tns les plus relevées de la société , les richesses , les dignités, le pouvoir, étendent slngulière- meîit les relations sociales des hommes qui les possèdent, et les entraînent à multiplier presque infiniment leurs besoins , et par suite leurs idées. Ce seroitdonc là que l,es facultés in- tellectuelles les plus développées devroient se rencontrer : ce qui, effectivement, s'observe quelquefois. Mais cela n'est pas toujours constant ; parce que les penchans de l'homme le portant à jouir, dès qu'il en a le pouvoir , il préfère son bien- être et ses plaisirs, lesquels emploient presque tous ses mo- mcns, à l'avantage d'accroître ses lumières. Examinons main- tenant ce qui résulte de l'ordre de choses que je viens d'imU- quer rapidement. Puisque nous ne pouvons acquérir des idées qu'à raie dans le corps de l'homme'). L'espèce humaine, comme les autres animaux , domestiques surtout , sont exposés à nourrir dans leurs entrailles et d'autres organes , plusieurs I N T 36i vers sur l'origine desquels nous présenterons quelques ré- flexions. Il a paru, en effet, tellement difficile à beaucoup de naturalistes , tels que Goëze, Leclerc, Bloch, Pallas , etc. , d'en expliquer la formation, que plusieurs ont cru nécessaire de recourir à des générations spontanées. . Rudolphi , dont le traité sur les vers intestinaux est le plus complet (Carol. Asmund. Rudolphi , Entozoorum swevermium intesiinalium hîstor. nai.^ Paris et Argentor. et Amsteld., 1810, m-S.o 3 vol. 6g. ) compte environ quinze espèces de vers qui attaquent Thomme , ce sont : i." Le dragonneau , ^/an« medinensis ^ Gm. ; Rudolph., iom. 2 , parde i , /?. 55 , qui se trouve dans le tissu cellulaire entre les muscles, et on en a vu aussi dans Toeil. Ce ver n'at- taque guère les homme§ qu'entre les tropiques. 2.0 Hamularia subcompressa de Treutler, Obs. path. anat. X , lab. 2, fig. 3 — 7. Cette espèce habile dans les glandes con- globées ou lymphatiques , et dans les ramifications bronchi- ques du poumon. 3.° Trichocephabis dispar , Rud., découvert d'abord par Morgagni, Epist. xiv, art. 4-2. Ascaris irichiuia ^ \j. Mast! godes de Zéder; il se trouve dans les gros intestins ; on l'a vu aussi dans des singes. 4..° Le lombric, ascaris lumbrico'ides , L., décrit d'abord par Tyson, Redi, Valisueri, etc., habite les intestins grêles. Il est fort commun aussi dans le bœuf, le cheval , l'âne , le cochon. 5.° L'ascaride, ascaris vermicularis ^ L. , qui se tient vers le rectum , le colon , passe aussi quelquefois dans les organes génitaux, par l'extérieur. 6.° La douve du foie , distoma hepaticum , Abilgaard et Ru- dolphi ; Jasciola hepatica, L. , et Millier , et Bloch , se trouve dans la vésicule du fiel, d'où elle passe aussidans les intestins par le canal cholédoque. 7." Po/ystoma pinguicola de Zéder, Naiurg.j p. aSo , n.» 2 , hcxalhyiidium pinguicola àt Treutler, ver jaunâtre, long de huit lignes, observé dans le tissu cellulaire de l'ovaire des femmes. 8.» Pofystoma venaruni. de Zéder , /A. p. a3i, hexathyr., Treu- tler, Obs. p. 23 , tab. 4> fig- ï — 3 1 tifé de la veine tibiale an- térieure dans une saignée de pied. Cette espèce de ver est douteuse et mal décrite. 9.» Le cucurbitain, iœnia solium^.Ij, Andry , Carlisle, Soc. Linri., tom. 2., tab. 25,Bréra, etc., est assez commun dans les intestins grêles, où il arrive jusqu'à 20 et 3o aunes de longueur, successivement. 10. o Le ver solitaire, /ix«/a/ûi'<ï, L., Pallas, Bloch, Wer- 362 I N T ner, Jœrdens, Retzius , Brera, Zeder, Schrank, B^tsch, Bonnet, etc., esl le pins vnlgr.ire dans le Nord. II." Lhydotide, cystirerri/s re/lnhsœ , Hudoiphi , a d'abord été découverte p,ir M Ipighi , dans le tissu cellulaire graisseux des cochons , et confirmée par Hartmann et Fabricius au Aquapendente.On la trouve chez l'homme, entre des muscles, quelquefois au cerveau comme dans les moutons, et dans differens viscères. Les espèces de singes, comme le patas, le magot {simia syhimus , L. ") en ont souvent , mais surtout le cochon. Celui-ci est principalement attaqué par Vhydailsjinna de Elumenbach, qui leur cause la maladie appelée ladrerie; cette affection remplit leur lard de ces hydatides analogues à des gl.^ndes scropbuleuses. 12." Lhydaliile du foie , echinocoâciis hominis , Rudolphi ; Polycephuliis hunnnis de Goëze, Jœrdens, Zeder, etc., trou- vée par Merkel dans le foie et d'autres viscères. i3.° Le bicorne rude , direras rude , Rudolphi ; dilrachyceras nidis lie Sultzer, sorti des intestins, enveloppé d'une tunique lâche avec deux cornes dures à la icte. 1^.'^ Sirongyhis ^Igantus, Rud. , se rencontre parfois encore dans les reins et la vessie urinaire. iS." Les crinons, plus communs dans les chevaux, rares chez les enfans, sortant ou du dos , ou de la poitrine , come- dones des anciens auteurs, sont rapportés a.\aijllaria papillosa, Rudolphi ; mais Chabert les croit être une espèce de stron- gylus. Des remèdes anthelmînlhlques , ou qui font périr les vers intesti- naux — L'on peut distinguer trois espèces d'anthelminliques : i.o ceux qui agissent mécaniquement ; 2.'' ceux qui opèrent comme poison sur ces vers; et 3.° les purgatifs. Les vermifuges mécaniques sont d'abord , V étain en limaille , donné à la dose de quelques gros ; il ne semble pas que ce métal agisse autrement que parce qu'il n'offre rien de nutritif pour les vers. 11 a d'abord été employé par Alston , Médical essays of Edimbourg , tom. 5, part, i, p. 89. Ensuite , les soies du légume d un arbuste papilionacé , negretia {Flor. penw. ) , stizolobium de Persoon ,Synops. plant, part. 2 , 1806, p. 289. Il en est de même des soies à\x dulichos prurlens ., L. ; on les mêle avec du miel ou du sirop pour en former des bols qu'on, avale. Ces soies fines et roides percent les vers et les font périr. On en fait usage dans les Indes occidentales, selon Chamberlayne, On the efficflcity 6f coivhage , in diseuses ocrasioned hy worms , to tvirh are added obseiv. on oiher anthelmintics of the west Indies. London , 1785 , 8.° Le charbon pilé est un bon anthelmintique contre les tse- I N T 363 nias, chez les Islandais, selon Pallas , Neue nordisrJie hey- irœge^ t. i, p. Sj. . Les vérilables vermifuges ou poisons des vers , ont été proposés en grand nombre, et l'on a vu même Teau à la glace, ou celle de fontaine prise très-froide à grande dose , expulser les tucurbitains ( Pallas , ibid. p. 63 ). Redi ayant vu mourir des lombrics dans l'eau de Heur d'orange , en conclut qu'elle ctoi! un bon anthelmintique. Les végétaux d'odeur et de sa- veur .'.mère ont été employés avec succès , comme tous les stimulans et les toniques. Ainsi le camphre , l'huile de cajéput véritable , le semen con'rà , ou les graines à' artemisia juda'ica , celles de tanaisie, ^iuiiardumvulguie , les spigelia an/helmiiifliica et nunylandïca , l'écorce An geoffroyu suniiamensis ou cabbage , \e fiiciis helmin- iliocorton , la racine de fougère , aspidîum Jilix mas , Willden., ont tour à (o ir été employés avec plus ou moins de succès, outre l'ail , les amers violens. Cependant Florman (^Diss. de vi venenatâ nucis vomicœ , noo. experim. prohata , Lund.., 1798 , in-l^°^ a vu des vers encore vivans dans des animaux tués parla noix vomique. L'eau dans laquelle a bouilli du mercure n'en contient pas un atome, et cependant elle agit comme anthelminthique. Parmi les substances fétides qui tuent le plus énerglque- ment les vers , il faut compter l'huile animale empyreuma— tique. Une partie mêlée avec deux d'huile de térébenthine et distillées. ensemble forment un remède très-actif contre tous les vers., raênre la douve du foie elles taenias, selon Chabe.rt ( Traité des maladies vermi lieuses dans les animaux , Paris , 1782 et 1787, /rt-S." ). 11 en est de riiême de l'huile animale de Dippel, à la dose de dix gouttes dans une tas.se de thé , ou de l'huile de térébenthine dans du jaune d 'œuf. Le pétrole ou naphte , à la dose de dix à vingt gouttes , réussit aux Egyp- tiens contre les tœnias ( Hasseïquist , Reise nach Falœsiinay Rostoch, 1762 , ^V^-8.'l p. 587). Enfin les anthelminthiques purgatifs sont plusieurs sels, comme le muriate de soude et celui d'ammoniaque , le sul- fate de soude ou de magnésie. On a lire quelque avantage aussi de l'elixir vitriolique de Mynsicht ou de i'élixir acide de H aller. Mais les principaux vermifuges sont l'huile de ricin, vantée par Odier et Dunant, dans le Joum. de mêd. ; t. -^9, contre les vers solitaires; on y peut ajouter, si Ion veut, la racine de fougère. Passerai de la Chapelle, Journ. méd., t. \l, p. 3o5, avoit recommandé l'huile de noix mêlée de vin d'Alicante ; mais les drastiques , tels que la gomme gutte , l'aloës, la scammonée , l'ellébore 364 I N T noir et fétide , la gratiole , la cévadilie , donnés avec pru- dence , sont plus efficaces. On connoît le remède de M.™^ Nouffer, acheté en lyyS, par ordre du Roi, et qui consiste en racine de fougère mâle , en muriate de mercure doux , en scammonée et gomme gulte ; on en fait des bols contre les taenias. Le remède d'Herren- schwands lui est fort analogue. On applique encore l'onguent d'arthanita sur Fépigastre dci enfans. Considérations sur la classe naturelle des vers intestinaux. Il est bien important pour les sciences naturelles de déter- miner avec soin le rangqui appartient à chaque être, afin d'as- signer le degré de son organisation et les rapports de sa struc- ture avec les autres êtres organisés. L'un des ordres les plus singuliers du règne animal, et qui doit nous intéresser d'autant plus qu'il nuit souvent à Thomme et à la plupart des animaux , est celui des vers intestinaux appe- lés entozoaires. La qualité de parasite qui les distingue , leur production dans l'intérieur même des animaux où ils parois- sent uniquement destinés à vivre , la difficulté d'expliquer l'o- rigine de ceux qu'on a remarqués dans des fœtus naissans d'hommes , de mammifères , d'oiseaux, etc.; la mort prompte de ces vers lorsqu'ils sortent de ces demeures, outçe qu'on n'en a guère observé de vivans dans la nature hors des ani- maux ; enfin , le peu d'apparence qu'une hydatide ou d'autres vers volumineux puissent, sans organes de progression , pé- nétrer dans l'intérieur des viscères les mieux enveloppés ^ tels que le cerveau, tout jette un voile mystérieux sur leur forma- tion et leur existence. Aussi de savans naturalistes se croient obligés d'admettre aujourd'hui leur génération spontanée dans nos corps, avec Buffon, Néedham , Treviranus , Rudolphl et plusieurs autres. Le classement de ces vers dans une distribution zoologique naturelle , n'a guère moins embarrassé les méthodistes. Lin- nseus les avoit rapprochés des vers déterre et des sangsues , et il fut imité par Bruguière ; mais l'ouvrage classique de Ru- dolphi sur les intestinaux a semblé devoir rompre ces rap- ports , et cet auteur refusant absolument des nerfs à ces ani- maux, les regardant d'ailleurs comme une production Jfor- tuite et spontanée, a pu les faire rejeter jusqu'aux dernières limites de l'animalité , et comme sans analogie certaine avec les autres classes d'êtres. M. Cuvier a cru devoir les interca- ler parmi les zoophytes dans sa nouvelle distribution du rè- gne animal , d'après l'organisation , et M. de Lamarck les range aussi parmi les animaux apathi(jnes. Sans vouloir rien préjuger ici suc l'origine la plus proba- I N T 365 Lie des entozoaires , il paroît , sinon impossible , du moins extrêmement difficile d'admettre que des mucosités s'organi- sent d'elles seules , de manière à composer des tissus , un en- semble merveilleux, régulier et constant de structure, que différentes parties concourent parfaitement k toutes les fonc* tions vitales , et surtout qu'il se forme spontanément des or- ganes génitaux , résultat d'un hasard aveugle. Une multitude de ces vers intestinaux , les cavitaires de forme allongée ou les nématodes ( tels que les fiUiria , les trichocéphales , les cucul- lans, ascarides, strongles , prlonodermes, et même des iré- matodcs, des douves ou distoma , etc.), ont des sexes distincts ; ils s'accouplent de l'aveu de Rudolphi lui-même. Plusieurs ont des crampons à leur lète , tels sont les hœruca et échino- rhinques, d'autres ont divers crochets et des épines àleurtête , comme plusieurs taenias. On voit que les causes finales , en ces questions , méritent dêtre consultées et décident aisé- ment si de tels états de l'organisation résultent d'un mélange fortuit de mucosités. Les anciens supposoient , sans doute avec aussi peu de fondement, que les champignons , les hy- poxylons étoient le résultat d'une sève coagulée des arbres sur lesquels croissent ces cryptogames. La difficulté de concevoir comment une hydatide ou cys- licerque pénètre au cerveau, ou la douve (distoma hepak'cum) dans, le parenchyme du foie , etc. , n'est pas tellement exces- sive qu'il faille recourir à ces créations spontanées ; car si les poussières séminales des plantes agames sont si subtiles , pour- quoi les ovules de ces entozoaires ne seroient-ils pas d'une té- nuité microscopiqwe telle qu'ils pénétreroient sans peine dans les vaisseaux capillaires , dans les interstices de nos tissus or- ganiques du plus étroit diamètre, tels que les voyoit Lieber- kuhn , et passeroient même jusque dans les foetus, jusque dans l'œuf dune poule', et se développeroienten son poussin.? Car Valisnieri, Pallas et d'autres savans ont fait l'objection que des enfans naissans , apportoient déjà de petits taenias , ce qui étoit aussi connu d'Hippocrate ; comme on a trouvé des dis- toma ou douves du foie dans des poussins sortant de leur coque. Nous considérerons donc les entozoaires ^ non comme une production fortuite , mais comme engendrés et organisés à la manière ordinaire des autres animaux du globe, et nous allons chercher dans leur structure intérieure leurs rapports avec quelques classes d'êtres vivans. La grande disparité des formes de plusieurs entozoaires fera sans doute établir par la suite, en cette classe , déjà fort nombreuse , des divisions autres que celles qu'on a faites. L'on en écartera toutes les le ruées ou d'autres espèces ayant plu- sieurs appendices et des sortes de mâchoires , et les chondra- 366 I N T canthes , pour les rapporter comme nuance ou passage à une autre famille de parasites de l'exlérieur des animaux aquati- ques, les êpizoairës qui ressemblent plus ou moins aux petits crustacés branchiopodes , tels que des calyges, des argules et monocles sucears ou pcecilopes de M. Lalreille. A l'égard du système nerveux, base essentielle de toute bonne division du règne animal , il n'est guère apparent sans doute chez les vers intestinaux proprement dits , puisque des auteurs en ont nié l'existence dans ces êtres. Cependant JM. Cu- vier a remarqué , surtout dans le tœnia lancéolé de Chabert {polystoma iœuidides , Fvudolphi) , deux filets nerveux longitu- dinaux et un ganglion cérébral. Mais quand même on ne pour- roit pas bien apercevoir le système nerveux dans les ento- zoaires , ils ont une tête ou une partie antérieure qui en an- nonce l'existence , et des organes génitaux distincts dans la plupart , ce qui indique des fonctions animales bien détermi- nées. Puisque le cerveau si volumineux dans l'embryon hu- main ne paroîl encore que comme une gelée à demi-limpide, il ne seroit pas extraordinaire que de minces prolongemens nerveux puissent être fluides parmi ces dernières classes du règne animal , dont les espèces ont souvent , au lieu de fibres musculaires , une cellulosiîé molle et transparente. Il ne seroit pas éloigné du vrai de considérer les deux filets jioueux longitudinaux que nous avons vus dans l'ascaride lom- bric , comme des cordons nerveux renfermant dans leur né- vrilème une pulpe médullaire difflucnte parie contact. Ces filets nerveux sont situés entre deux vaisseaux longitudinaux. Cette disposition du système nerveux des vers intestinaux se rapporte en beaucoup de points à celle des vers annelides sans branchies, et en général , à celle des animaux articulés, si l'on excepte en ceux-ci le nombre souvent variable des gan- glions. En effet , le ver de terre a un grand nombre de gan- glions nerveux fort rapprochés l'un de l'autre, le long de son cordon médullaire double ; la sangsue a beaucoup moins de ces ganglions , et ils sont plus écartés ; enfin il ne reste plus , dans les vers intestinaux, que celui de la tête. A l'égard de la séparation des deux branches nerveuses de chaque côté de ces vers , elle résulte de l'absence même des ganglions , car dans la sangsue ou le lombric , les deux branches nerveuses sor- tant latéralement du bulbe cérébral , passent autour de l'œ- sophage de l'animal, l'entourent comme un collier, puis vont se réunir en dessous et se nouer, pour ainsi dire , d espace en espace , le long du ventre. Mais puisque ces ganglions ab- dominaux n'existent pas chez les entozoaires, il éloit naturel que les branches nerveuses se tinssent écartées de chaque côté du corps ; il en seroit de même du double cordon nerveux des I N T 36; insectes, des larves , si la nature ne l'avoit pas noue en di- vers ganglions qui projettent des rameaux latéraux dans le corps , afin d'animer les membres et les trachées de ces es- pèces. Tous ces faits concourent à prouver que les vers intestinaux se rattachent uniquement à la grande division des animaux in- vert ébrésar^/<:H/f.$. Ils se devront rapprocher spécialement des annélides abranchiques , tels que la sangsue, les lombrics, le gordius aquatique , les planaires qui montrent le passage au genre des douves , comme Tavoienl pensé Linnseus et ses successeurs. Pour manifester encore plus ces rapports naturels , nous croyons qu'on doit revoir le genre des planaires de Muller ; car ses p/anaria comuia , bicornis , tentuculata , auriculata, etc. , paroissent être de petites espèces de limaces , Ics/o/. quadran-' gularis^ terrestris et autres, de petites sangsues. De là les passa- ges de ces vers aquatiques aux in eslinaux sont très-fréquens. Une sangsue du tlélan, hirudo hi/jpog/ussi ., une autre couverte de tubercules , hir. muiicata , s attache aux poissons et vit dans eux ; une autre suce les écrevisses , etc. Parmi les vers intes- tinaux habituels, les polystomu de Zcder, tels que Vintegeni- mum, celui du thon , etc. , sinsinuent entre les branchies de» poissons et dans les grenouilles ; le pofystoma venarum de Zé- der paroit être une vraie planaire a Rudolphi ; les trisloma décrits par M. Cuvier, adhèrent extérieurement aux branchies des poissons; le dragonneau aquatique, gordius uquaticus^ nuit beaucoup aux poissons dans lesquels il pénètre, comme le ver de Médiue entre dans les jambes des nègres ; le scolex giqas perce de même la castagnole {sparus Raii); la nemerfes de lior- lase , retrouvée par M. Duniéril, entre dans des mollusques bivalves; V ascaris marina (^goixiius marinus de Millier et d'O- thonFabricius)s'insinue chez les poissons (gadus) du genre des morues et cabéliaux ; les ligu/a décrites par Bloch , percent l'abdomen des poissons pour en sortir, et se rencontrent éga- lement dans les oiseaux piscivores , les harles et les plongeons. Les crinons rapportés à la^laria papillosa sortent pareille- ment quelquefois du poitrail des chevaux. \oilà donc des exemples de vers intestinaux changeant de demeure , et rien ne prouve qu'ils ne puissent pas subsister, comme le soutiennent beaucoup d'helminlhologistes , hors du coi^s des animaux et dans les eaux. Nous pouvons ajouter que ces parasites, ceux même de l'homme , ont des climats d'habitation , ce qui ne seroit pas s'ils n'étoient jamais qu'intérieurs. Pourquoi , en effet , le ver de Guinée ,_^/a7m medinensis ^ n'attaque -i-il jamais les hom- mes que sous les climats chauds d'Afrique , d'Asie et d'Ame- 368 I N T rique ? On en voit surloul aux nègres , marchant nu-piecîs tlaos les fondrières ou les lieux humides. Le iœnia lata esl l'es- pèce de ver solitaire la plus fréquente , et même souvent en- démique, selon Pallas, on Suède et en Russie ; tandis que le solitaire à longs anneaux, ou le cucurbitain {iœnia solium') , est plus commun en Italie, selon Bréra , en Suisse , en Hol- lande, et selon Carlisle , en Angleterre. Nous savons qu'à An- vers par exemple , Tascaride vermiculaire attaque d'abord la plupart des étrangers qui y viennent, parce qu'il est fréquent chez leshabitans de cette contrée marécageuse. Nous n'entrerons pas dans un grand détail pour prouver combien les vers intestinaux abondent partout où les terri- toires sont humides , profonds , les eaux malsaines , limo- neuses, ni que les ovules de ces parasites se développent mieux dans les individus chez lesquels Tassimilation s'opère imparfaitement, comme les enfans, les femmes, les per- sonnes lymphatiques ou muqueuses , pâles , cacochymes , débiles. Mais ce qui doit faire présumer encore que ces vers intestinaux sont originairement aquatiques ou extérieurs , c'est que rien n'est plus abondant qu'eux chez les poissons qui n'en peuvent recevoir que de l'eau , et chez les reptiles , oiseaux, mammifères, aquatiques. Rien , au contraire , n'est plus rare que ces entozoaires chez les bêtes féroces terrestres ou les animaux vivant dans les lieux secs ; les oiseaux de proie et de haut vol n'en ont presque point présenté , ni le foie des quadrupèdes carnassiers. Au contraire , les herbivores pais- sant dans des prairies marécageuses , les cochons qui y fouil- lent la vase sont très-exposés , soit aux douves du foie , soit aux cyslicerques ou hydalides , soit au cœnurus cei-ehralis qui cause le tournis aux moulons. Des genres de vers ne se ren- contrent presque jamais que dans des poissons ; tels sont les cucullans , les ligules , les scolex , à moins que ces vers ne passent dans des oiseaux piscivores comme on l'a remarqué. On a cité un grand nombre de chenilles, de larves de tenthredoet dephryganesy qui contenoient , selon AVeruer et Goëze , des vers intestinaux du genre ^laria. Sans nier ce fait, ne peut-on pas désirer des preuves que ces vers ne sont nul- lement des larves d'ichneumons qui se développent si sou- vent , comme on sait , dans les chenilles , de même que les oestres dans plusieurs quadrupèdes .'' L'objection faite à Linnaeus, à Pallas , qu'on n'a point ren- contré vivans hors du corps des animaux, les entozoaires, ne nous paroît pas bien fondée, pour beaucoup d'espèces du moins; ainsi le dragonneau de l'argile passe, comme on sait, dans l'éperlan ; le ver de Guinée est extérieur d'abord; les trisloma et polystoma s'attachent à l'extérieur de plusieurs I N T 369 poissons, comme diverses sangsues. Ces faits nous semblent même autorisés dans la nature par l'exemple des larves d'in- sectes parasites et par certaines petites lamproies, telles que les gastrobranches {myxine^ L. ) qui pénètrent dans Tinlé- rieur d'autres poissons , et y vivent très-bien en les dévorant. Nous terminons en établissant : i." les vers intestinaux, surtout les némaiodes^ ne se rapprochent davantage d'aucune autre classe que de celle des vers annélides sans branchies , tels que les lombrics, sangsues, dragonneaux, par le genre des planaires surtout , mais en diffèrent par l'absence de tra- chées. 2.« Que la disposition du système nerveux des entozoaires , leur ganglion cérébral ou seulement la structure de leur tête, la distinction des sexes, et l'accouplement de plusieurs es- pèces, les écartent de la classe des zoophytes chez lesquels il n'existe ni nerfs visibles , ni tête proprement dite , ni distinc- tion de sexes bien séparés, ni accouplement, 3.» Que les zoophytes, outre qu'on n en a jamais rencontré encore dans l'intérieur des animaux , ont des formes rayon- nantes fort distinctes de celles des entozoaires; celles-ci sont longitudinales et symétriques; les rayonnantes montrent une incompatibilité avec un centre cérébral et avec des organes séparés de l'un et de l'autre sexe , d'après plusieurs raisons tirées des lois zoologiques. 4..* Que \esvers ùiles/inaux , d'après la génération bien évi- dente de plusieurs espèces et les ovules observés dans la plu^ part des autres, ne doivent point être supposés formés dans Je corps des animaux par des générations spontanées. 5.° Enfin , que si l'on n'a pu trouver encore la plupart àes vers intestinaux et surtout des taenias vivans, hors du corps des animaux, un grand nombre d'observations s'accordent à indiquer leur origine comme étant uniquement aquatique , ainsi que le sont en général les annélides. V. cet article et celui des Vers en général, (virey.) INTESTINS, Quand on vient à considérer le canal in- testinal d'une manière générale , dans ses fonctions et dans sa structure , il est aisé de voir que ce n'est autre chose qu'un repli , plus ou moins profond , de l'enveloppe extérieure de l'animal, dans lequel , au moyen de certaines modifications dans ses parties composantes , la faculté absorbante devient plus développée , au contraire de la faculté sensitive et loco- motile, mais qui du reste offre tout-à-fait la même composi- tion anatomique. Si cette rentrée est peu profonde , irrégu- lière , c'est ce qu'on peut nommer faux-estomac , comme dans les éponges; si elle s'enfonce plus profondément, c'est un estomac proprement dit , que nous avons distingué en esto- XVI. 24 370 I N T mac vasculaire ou borné ( V. Estomac ) ; enrin , si cette ren^ trée traverse entièrement le corps de l'animal, quelque forme, quelque étendue qu'elle ail, on lui donne le nom générique d'intestins. D'après cela, le mot intestin qui , selon son éfy- mologie , devroit désigner tout ce qui est intérieur à Tani- mal , a été restreint à signifier la partie du canal alimentaire comprise entre l'estomac , simple ou complexe , et l'anus ; c'est en effet une des parties les plus intestines , quoique l'é- tant moins que l'appareil circulatoire et incitant, en sorte que pourénumérer et définir successivement chacune des parties du canal alimentaire intestinal ou tube intestinal , le point de rencontre de l'enveloppe extérieure à l'intérieure est la bou- che ; la portion autour de laquelle se développe l'appareil mas- ticateur et salivaire est la cavité buccale ; celle dans laquelle se trouve communément la distinction de l'appareil respira- toire et du canal digestif est le pharynx; la portion intermé- diaire à ce point et au premier lieu de dépôt de la masse ali- mentaire est l'œsophage ; après lui vient Testomac , simple ou composé, armé ou non; puis les intestins proprement dits , dont la terminaison à l'extérieur se nomme anus ou orifice de déjection, comme la bouche est celui d'introduction. De ce que nous venons de dire plus haut sur l'idée qu'on devoit se faire du canal intestinal en général , il est évident qu'on doit trouver dans sa composition anatomique , tout ce qui se trouve dans l'enveloppe cutanée. Or , nous verrons, à l'article Peau , que Tenveloppe extérieure d'un animal par- fait, c'est-à-dire, dans lequel les propriétés du tissu générateur ont été portées au summum dans des tissus particuliers et distincts, mais toujours dérivés, se compose, en allant de dehors en dedans, i.° de Tépiderme; 2.° d'un réseau vasculaire, nerveux et excrétoire ou glanduleux; 3." du derme ou tissu cellulaire condensé; 4-'' enfin, d'une couche musculaire ou contractile. Il en est absolument de même du tube intesti- nal ; mais chaque partie me semble disposée en sens inverse, quoique , au fond, la face libre soit toujours en contact avec les corps extérieurs; la face adhérente, au contraire, a éprouvé des modifications importantes, d'après les usagesi auxquels le canal est généralement ou partiellement appelé. Ainsi, l'épiderme est presque entièrement nul ou d'une ténuité extrême ; on peut cependant dire que , décroissant à mesure que la faculté, et, par conséquent, la disposition absorbante augmente, il croît en sens inverse, et que, par conséquent , il devient d'autant plus sensible que l'on s'approche davantage de l'orifice terminal ou de l'anus. Jamais , que je sache , il n'offre de parties développées sous la forme de dents , car la dernière partie qui se trouve en dessous et qui, dans la peau. I N T 37, est £brmée de trois choses principales , le réseau vasculaire ou absorbant, le corps dit papillaire ou nerveux, et le tissu glanduleux, est ici modifiée considérablement sous ces trois rapports. On lui donne le nom générique de membrane mu- queuse, à cause d'une des propriétés , les plus remarquables, celle de sécréter une matière de ce nom. Le système nerveux paroît extrêmement peu abondant , et en outre il appartient à un système particulier qui n'a pas de communication directe avec le centre nerveux ou sensitif. Il semble être ap- porté avec le système vasculaire. On peut regarder le gan- glion semi-lunaire comme le ganglion des intestins , ce qu'on nomme les splanchniques comme ses filets de communication avec le système nerveux central de la locomotion, et le plexus solaire comme les filets dlvergens ou spéciaux de ce système. L'appareil sécrétoire est au contraire fort abondant, il esi, comme à la peau , formé d'un très-grand nombre de cryptes plus ou moins gros , entassés de manière différente , suivant tel ou tel endroit du canal intestinal , mais dont le produit n'est plus une matière sébacée , mais une substance mu- queuse , quelquefois comme aqueuse , souvent fort abon- dante, dontTusage paroît être de lubréfierle canal et même le corps étranger qui y passe , pour empêcher l'action trop immédiate de l'un sur l'autre. De ce que l'appareil sécrétoire se développe , il s'ensuit nécessairement qu'il en est de même du système vasculaire ; ce qui donne à cette membrane un aspect rougeàtre fort prononcé , quand les animaux sont sanguins , ou argenté, quand ils sont aériens. L'appareil absorbant est également très -développé , puisque c'est cette fonction qui doit être en premier dans tout le canal intestinal. Les auteurs qui pensent que cette partie du système recteur ou circulatoire est indépendante du système veineux , regar- dent comme les bouches ou radicules de ces vaisseaux, une quantité plus ou moins considérable de fines lanugosités , qui tapissent toute la face interne du canal intestinal et qui flottent dans sa cavité ; tandis que ceux qui admettent , avec raison , selon nous , que le système absorbant n'est qu'une simple modification du système veineux, pensent que ces pa- pilles ou villosités du canal intestinal sont presque entière- rement vasculaires. Quoi qu'il en soit , les diverses régions des intestins offrent des différences assez nombreuses , dé- terminées par leur usage dans le développement de telle ou telle partie de cette membrane muqueuse. Le plus souvent elle ne tapisse que la membrane interne ou mus- culeuse d'une manière, exacte , c'est - à - dire , que plus longue qu'elle , elle a dû former , à son intérieur , un plus ou moms grand nombre de replis, nécessairement semi- 372 I N T lunaires , s'Us ne font pas le tour du canal ; c'est ce qu'on nomme valvules connivenles , ou spirales , suivant la forme que ces replis affectent. L'usage de ces replis doit être de retarder plus ou moins la marche du corps alimentaire; et, par conséquent de faciliter son aLsorplion, A cette membrane muqueuse , ainsi nommée à cause de la nature de la subs- tance qu'y sécrètent ses cryptes, est un tissu subjacent,blancliâ- tre plus ou moins fibreux , plus ou moins épais, évidemment celluleux , qu'on nomme quelquefois membrane nerveuse, tissu cellulaire sous-muqueux, et qui n'est évidemment que l'analogue un peu moèlifié de ce qu'on nomme le derme de l'enveloppe extérieure. Très-adhérent et presque insépa-' rable de la membrane muqueuse , il 1' >t beaucoup moins de la dernière partie de l'enveloppe , ^u'on désigne sous le nom de couche ou de tunique musculaire de l'intestin; celle-ci est évidemment l'analogue du système musculaire qui se trouve à la face interne de l'enveloppe extérieure , mais qui est, en général, beaucoup plus simple, si ce n'est dans les animaux où le canal intestinal fait lui-même partie du système de locomotion générale , comme dans les lombrics , sangsues , etc. Les fibres qui composent cette couche n'ont, en général , que deux directions, l'une transverre, d'où résulte ce qu'on nomme des fibres annulaires, l'autre lo'ngitudinale,ce qui forme les fi- bres de ce nom, Le nombre ou l'épaisseur de chacune de ces espèces de fibres, la prédominance d'une espèce sur l'autre , la manière dont elles se rassemblent ou se séparent, offrent un assez grand nombre de variations qui ne peuvent être expo- sées ici. En général, on peut dire qu'elles sont plus nom- breuses, plus actives, et que les longitudinales prédominent davantage , à mesure qu'on se rapproche davantage d'une des extrémités du canal intestinal. De ce que nous venons de dire sur la manière dont on de voit concevoir un animal, ce qui se réduit presque à ima- gln er une membrane séreuse, on voit que les deux enveloppes qui le composent en le pénétrant, doivent laisser entre leurs deux côtés adhérens, une sorte d'espace possible; c'est dans cet espace formé essentiellement de tissu cellulaire, que se dé- veloppe le système vasculaire et que pénètrent les appareils glanduleux, etc. Ces intestins dont nous venons d'analyser la composition, offrent des différences nombreuses pour la disposition géné- rale, leur longueur relative, leur grosseur ou diamètre dans divers points de celte longueur, et enfin, la position des par- ti es qui présentent les différences. Si on envisage le canal intestinal dans les animaux symétri- I N T 373 ques, les plus simples, on le trouve tout d'une venue etëlendu d'une extrémité à l'autre sans aucun repli , en sorte qu'il ne peut presque avoir d'aulre nom que celui-ci; il est parfaite- ment symétrique, médian, etc. D'autres fois, et c'est le plus grand nombre des cas, il est beaucoup plus long que l'animal, et alors il a dû former des replis plus ou moins nombreux , qu'on nomme Circonvolu- iiuns ; elles n'ont lieu, en général , que dans les intestins pro- prement dits, et elles sont d'autant mieux prononcées, qu'elles appartiennent dayantage à sa partie médiane ; l'extrémité re- devient médiane ou symétrique. On croit avoir fait Tobser- vation que la longueur proportionnelle du canal intestinal ou mieux des intestins, est en rapport avec l'espèce de nourriture. Nous allons revenir là-dessus quand nous aurons parlé de son diamètre ou calibre. Si, dans la série des animaux , on trouve des différences considérables sous le rapport de la longueur des intestins , on n'en trouve pas de moindres sous celui de son diamètre. Quelquefois ce diamètre est sensiblement le même dans toute sa longueur , mais cela est fort rare ; le plus souvent il y a des différences nombreuses dans divers points de son éten- due. C'est à cette distinction qu'est due la dénomination d'in- testins grêles et d'intestins gros ; dans l'homme et en général dans les animaux herbivores ou omnivores, les intestinsgrêles sont les premiers et les intestins gros les derniers; dans ceux- ci, les replis de la membrane muqueuse sont plus nombreux, et il se trouve au point de leur jonction une sorte d'appareil. L'usage supposé, la position relative , la longueur déter- minée, ont encore été considérés d'une manière particulière pour imposer des dénominations aux différentes parties des intestins. Ainsi, la première partie de l'intestin grêle a reçu le nom de duodénum , parce qu'elle a daps l'homme à peu près la longueur de douze doigls ; c'est celle dans la- quelle sont versés les fluides spéciaux de la digestion, c'est- à dire la bile et le fluide pancréatique, et par conséquent elle est bornée entre le pylore et les inserlions des canaux de ce nom. Tout le reste de l'intestin grêle, la partie la plus étroite, est divisée d'une manière arbitraire dans les animaux les plus élevés; dans l'homme par exeujple, en deux parties aux- quelles on donne les noms de jéjunum et àHléon ; la pre- mière, parce que dans l'ouverture des cadavres elle se trouve ordinairement vide, et l'autre^ à cause de ses rapports avec les os des iles, entourant ordinairement la masse des intestins grêles dont les circonvolutions occupent le milieu de l'ab- domen. Quant aux gros intestins, ils sont également divisés d'une manière ass'cz arbitraire , en trois parties, auxquelles 3;^ 1 N T on flonne les noms de «œcum , de colon et de rectum. La première , parce qu'elle forme une sorte d'appendice aveugle liors de ligne du reste du canal, une sorte. d'estomac; la se- conde, du mot grec xv^ v qui signifie y '«rr(?/e, je. retarde^ parce que les replis nombreux de sa membrane interne retardent le cours des matières qui la traversent ; et la troisième , parce qu'elle est droite et dans la ligne médiane, en terminant le canal intestinal. Ces intestins contenus dans une cavité abdominale distincte ou dans la cavité viscérale générale, sont toujours en rapport avec le système vasculaire général, le système nerveux, et par conséquent ne peuvent être entièrement libres et flottans dans cette cavité ; ils ont donc, dans la direction de leur lon- îiueur, un pédicule plus ou moins étendu, et qui est composé .e , matière qui est la seule éminemment agissante , et qu'à l'a- venir , on devra seule employer pour éviter l'irrégularité qui est constamment la suite de l'usage de Vipécacuunha en nature. Daubenton, indique l'usage journalier et modéré de l'/- pécacuanha , comme un moyen de prévenir ou de dé- truire les mauvais effets des indigestions, qui commencent à être plus fréquentes pour la plupart des hommes à l'âge de quarante à quarante-cinq ans (n.) IPÉCACUANHA BLANC C'est la racine d'une Vio- LETTE ( Viola iperAiaianha ). (LIS.) IPÉCACUANHA DE CAYENNE. C'est la racine d'une espèce de Tassole ( Boerhaavia diandra^. (ln.) IPÉCACUANHA FAUX. On donne ce nom, à Saint- Domingue, à la racine de trois plantes du genr-e Crustolle, principalement à celle de la cruslolle tubéreuse , qui fait vomir comme le vrai ipécacuanha. (b.) IPECACUANHA DE L'ILE-DE-FRANCE. C'est la racine d'un Cynanque ( Cynanchum vomitorium , L. ). (ln.) IPECA-GUACU du Brésil. V. l'article Canard, (s.) IPECATI-APOA. C'est , au Brésil, I'Oie bronzé, (s.) IPECU. Nom brasilien du Pic noir huppé, ou TOuan- TOU. (V.) IPECLTTIRI. Nom donné , par les naturels du Paraguay , à un Canard, à cause de son cri aigu, iiri ou cutiri. (v.) IPER. Nom allemand de I'Orme a feuilles larges ou Orme d'Hollande, (ln.) IPERUQUIBA ou PIRÏQUIBA de Marcgrave ( IlisL bras. ^ lih. 4-, cap. i8, pag. iSo). C'est un poisson du genre remore ou EcHÉNÉis , peut-être le Naucrates. (desji.) IPHYON de Théophraste. C'est 1' Asphodèle, (ln.) IPO. Arbre très vénéneux de l'île Java; c'est la même chose que I'Upas ou le Bubon upas, (b.) I P s 383 ÎPOM.'ffiA. Genre de Linnseus , très-voisin du comohulus. C'est le QuAMOcLiT de Tournefort. V. Quamoclit. (ln.) IPOMOPSIS , Ipomopsis. Genre de plantes établi par Mi- chaux, pour placer le Quamoclit a fleurs rouges ( Ipomea nibra ^ Linn. ; canfua rorunopifolia ^Wilhl.). Le principal ca- ractère qui le distingue des Quamocllts , est d'avoir le stig- mate tripartite , tandis qu'il est globuleux dans ces derniers. Le genre Gilie de la Flore du Pérou n'en diffère pas. (b.) IPRÉAU. Sorte de Peuplier. F. ce mot. (ln.) IPS. Ips. Genre d'insectes, de l'ordre des coléoptères, sec- tion des penlainères , famille des clavicornes , tribu des pel- toïdcs, ayant pour caractères : tarses à cinq articles distincts, allongés et sans pelotes ; antennes grenues , terminées en unti massue perfoliée , de trois articles ; mandibules peu ou point saillantes, bifides à leur extrémité ; palpes courts , terminés par un article plus gros; les maxillaires plus longs que les labiaux; mâchoires à deux lobes, dont l'interne petit, e;i forme de dent; languette entière; menton carré; corps ovale ou elliptique , assez épais ; corselet presque carré ; massue des antennes oblongue. On désignoit anciennement sous le nom d'//?s, des insectes qui rongent la corne et le bois. Degeer , en 177^, appli- qua cette dénomination à un genre de coléoptères , qu'il dé- tacha de celui des dermestes de Linnaeus , et très-voisin de celui des scolites de Geoffroy. Fabricius , dans son Maniissa l'nsectorum , comprît sous le nom générique d'ips nos nitidules à forme oblongue, nos dacnés, des triloines de (Geoffroy, ou des mycétophages , et d'autres coléoptères analogues. Les ips de Degeer devinrent pour lui des bostrlches. Olivier les réunit aux scolites, et son genre ips fut composé de quelques coléoptères désignés ainsi par Rossi, et de quelques dermestes de Linnœus. Il le plaça dans la section des pentamères ; mais plusieurs espèces qu'il y rapporta appartiennent à d'autres sections. Fabricius en- suite ( Actes de la Soriété d' Histoire naturelle de Paris, entomol. systéin. ) le divisa en plusieurs genres , mais sans presque rien changer à la coupe qu'il avoit ainsi nommée, et à laquelle il conserva la même dénomination. Herbst , dans son ou- vrage sur les coléoptères , éclalrcit encore ce sujet par l'éta- blissement de quelques autres genres, et par la description de plusieurs espèces inédites, M. Paykull {Faim. suecica~) forma , avec des ips de Fabricius, le genre engis {dacné) , et plaça dans la seconde division de celui des cryptophages d'Herbst, nos ips proprement dits , insectes qu'il avoit au- paravant confondus avec les dermestes. Fabricius enfin, dans un ouvrage postérieur, le Système des éleuthéralesy adopta 38; IRA le genre engis, et réunit les cryptophages du précédent soit aux mycélophages , soil aux dermestes. Les ips se trouvent sous les écorres des arbres , sur le bois, et même souvent dans nos habitations. On les voit courir sur les châssis et les vitrages des croisées , dans toutes les sai- sons de Tannée. Leurs larves nous sont inconnues; mais elles vivent probablement dans le bois. Ce qu'on a dit, à cet égard , dans la première édition de cet ouvrage , avoit été extrait de Thistorique qu'Olivier a mis à la tête du genre ips. Mais comme il n'y a pas indiqué les espèces qui lui ont fourni ces observations , nous craindrions, en les appliquant aux insectes que nous nommons ainsi, d'égarer nos lecteurs. Tout ce qu'il rapporte de leurs habitudes convient parfaite- ment aux ips de Degeer , mais qui diffèrent beaucoup des nôtres. L'espèce la plus commune est I'Ips cellerier, Ipscellaris, 01iv.;pl. Eiifig. igdecetouvrage. Ilest très-petit, d'un brun fauve, pubescent, pointillé, avec deux dents de chaque côté du corselet, (l.) IPSIDA. C'est dans Brissonle nom latin et générique dtt Martin^ pêcheur. V. ce mot. (v.) IPSIDES, Ipsides. Insectes formant, parmi les coléop- tères , une division de la famille des clavicornes , et composée des genres Dacné et Ips. V. ces mots, (l.) IQUETAYA. Plante du Brésil qui semble être la ScRO- PHULAiRE AQUATIQUE, commc Marchant, de l'Académie des sciences, paroît s'en être assuré. En effet, ces deux plantes , qui sont bien certainement du même genre , pré- sentent la même qualité, celle de délruire le mauvais goût du séné, sans nuire à ses vertus purgatives, lorsqu'on les mêle à égale dose, (ln.) IR. Nom polonais du Friquet, (v.) IR. Arbre du Sénégal, avec le bois sec duquel les Nègres , en tournant rapidement un morceau aminci ou pointu dans nne cavité creusée dans un autre morceau , allument du feu. On ne connoît pas le genre auquel appartient cet arbre. Au reste , presque tous les bois très-spongieux peuvent être em- ployés au même usage, (b.) IRA. C'est un Souchet. (b.) IRAGNADO, ESTALIRAGNO ou ESTIRAGNO. Noms divers des toiles d'.lraignées, en Languedoc, (desm.) IRAGNO. Nom languedocien de la Yive ( Trachinus draro). (desm.) IRAGNO. Nom des Araignées dans quelques départe- mens du midi de la France, (desm.) T R E 385 IRABULO. Gutnilla {Orinoca) parle , sous ce nom , d'un mammifère de l'Amérique méridionale , qu'Erxleben rap- porte au Cabiai. (desm.) IRANJA. C'est, à Montpellier, TAgaric engaîné de BuUiard. On l'y mange, (b.) IRASEKIA. Ce genre a été créé par F. W. Schmit pour placer le Lysimachia ienella^ L, espèce que ses caractères vagues ont fait aussi placer avec les anagallis. Ce genre n'a pas été adopté, (ln.) IRASSE. Palmier de l'Aftiérique méridionale , dont les caractères ne sont pas connus des botanistes. Il semble se rapprocher des Martinèzes. (d.) IRE, HIRES. V. Gnaphalium. (ln.) IRENE. Nom italien d'une sorte de Pvaisin. (ln.) IRENNUS. Nom d'un Périploque de Ceylan , dont la racine est vénéneuse et purgative, (b.) IREON , Ircon. Arbuste du Cap de Bonrie-Espérance , décrit par Burmann , comme formant un genre dans la pen- tandrie monogynie : ses feuilles sont presque verticillées , terminales, en alêne, ciliées par des dents glanduleuses à leur sommet ; ses fleurs naissent au nombre de trois ou six sur un pédoncule commun , à l'extrémité des rameaux ; cha- cune de ces fleurs a un calice de cinq folioles , lancéolées et persistantes ; cinq pétales ovoïdes , égaux; cinq étamines , dont les anthères sont enflées d'un côté en forme de bourse ; un ovaire supérieur, oblong, muni d'un style cylindrique , à stigmate légèrement trifide ; une capsule presque trigone , triloculaire , trivalve , et qui contient plusieurs semences. Ce nom, dans l'ouvrage sur les plantes de la Jamaïque de Brown, s'applique à la Sauvagèse droite, (b.) IREOS, Dodonée , Lonicerus , etc. C'est l'/m^îo- rentina , dont la racine est employée en médecine, (ln.) IRESINE, Iresîne. Genre de plantes de la dioécie pen- tandrie et de la famille des amaranthoïdes, qui rassemble une. douzaine d'espèces à feuilles opposées , et à fleurs en pani- cules , toutes propres aux parties chaudes de l'Amérique. Les caractères de ce genre sont : un calice de trois ou de cinq folioles avec deux écailles à leur base ; point de corolle. Dans les fleurs mâles, cinq étamines accompagnées d'autant d'écaillés; dans les femelles, deux stigmates sessiles. Le fruit est une petite capsule uniioculaire renfermant quelques se- mences entourées de duvet. L'espèce qu'on cultive dans nos serres, I'Iresine amaran- 'WioïDE , iresine celosidi'des. Linn., est vivace et s'élève k deux 386 I Pi I pieds de haut. C'est de la Jamaïque qu'elle nous est venue. Aucune sorte d'intérêt aulre que celui de former un genre» ne la recommande aux amateurs, (b.) Iresine, d'un mot grec qui signifie Laine. Ce genre a été nommé ainsi par par Brown, Jam.^ parce que les semences sont enveloppées d'un duvet ou d'une laine très-fine. Depuis, 'Linnreus l'adopta ainsi qu Adanson. (ln.) ' mGKI. V. Erg AI. (ln.) IRGRLBEERE. Nom dclAiRELLE des marais (vflc«- nium uliginosum, L. ) en Allemagne, (ln.) Il\GENDIR. Les Tungouzes appellent ainsi la Loutre, (desm.) IRI. Racine qui sert aux naturels du Brésil à fabriquer des arcs. J'ignore de quelle espèce d'arbre elle provient, (b.) IRLV, Iria. Genre établi par Richard pour placer les SouciiETS A UN SEUL ÉPI et DES Indes, qu'il a reconnus être susceptibles d'être séparés des autres. Ses caractères consistent: en un épi simple composé d'é- cailles imbriquées, disposées sur deux rangs ; les écailles supérieures entassées., les inférieures aristées; une seule éta- mine. Fuyez le mot Souchet. (b.) IRIARTÉE , In'ariea. Petit palmier du Pérou, fort rap- proché des Garyotes, et (|ui ne paroîtpas différer da Céro- XYLE. Il forme un genre dans la monoécic dodécandrie qui présente pour caractères : une spathe universelle compo- sée ; un spadix rameux simple , portant les fleurs mâles , mêlées parmi des fleurs femelles ; un calice de trois folioles; une corolle de trois pétales ; quinze étamines très-courtes dans les Heurs mâles; wn ovaire supérieur, à stigmate' ses- slle , formé par trois petits points dans les (leurs femelles ; un drupe presque rond, renfermant une noix anonosperme , striée , osseuse et très-dure, (b.) IRÏRIN, Dapirîus ^ Vieill. Genre d"'oiseanx de l'ordre des AccïPiTRES, de la tribu des Diurnes, de U famille des Vau- TOURiNs. F. ces mots. Curadères : bec droit dès la base , garni d'une cire poilue , épais , robuste , comprimé latéralement , convexe en dessus : mandibule supérieure à bords droits , crochue à la pointe; l'inférieure plus cour;e, anguleuse en des- sous , échancrée vers le bout, obtuse; narines arrondies , tu- berculées en dedans; langue...; orbites, gorge, jabot , ims, tar- ses grêles, rtiédiocres; quatre doigts, trois devant, un derrière, les extérieurs unis k la base par une membrane , linlermé- diaire long , les latéraux plus courts , à peu près égaux; on- gles médiocres, pointus; les extérieurs les plus longs et les plus forts ; ailes longues ; la première rémige courte ; les troisième , quatrième et cinquième les plus longues de toutes ; queue arrondie. Je ne connois que la dépouille de Tespèce qui est le type de ce genre. Elle se trouve à la Guyane et au Brésil; je soupçonne, d'après sa conformation, qu'elle se nourrit principalement de charognes. L'Iribin noir, Daptniis aifir, Vieill. Deux individus de cette espèce sont au Muséum d'histoire naturelle. Tous les deux sont noirs avec des reflets bleuâtres , ont le bec et les ongles d'un noir mat , liris d'un cendré noirâtre , les pieds jaunes et quatorze à quinze pouces de longueur; l'un a les pennes caudales d'un beau blanc à la base , et l'autre les a rayées de noir et de blanc depuis l'origine jusqu'au milieu. M. Cuvier classe ces oiseaux parmi les caracaras.M. Dumont (Dictionn. des Sciences, article Caracara) dit que j'ai nommé l'individu dont la queue est rayée , ddptrius striatus ; cependant c'est la première fois que j'en parle; et certes si je 1 eusse appelé ainsi, c'aurait été de ma part, indiquer une espèce particulière, tandis que je ne le regarde que comme une variété d'âge ou de sexe de la même espèce, (v.) IRIBU. Noms que les naturels du Paraguay donnent aux Vautours de l'Amérique, et particulièrement au Gallinaze URUBU. IriBU ACABIRAY. V. GaLLINAZE AURA, (v.) IRIBURUBICHA. Ce nom, que les Guaranis du Pa- raguay donnent au Roi des Vautours ou Zopilote , signifie chef ou. roi des iribus. V. Zopilote. (v.) ÎRIDAPS de Commerson. Ce genre est le même que V Artocarpus ^ Linn. V. Jacquier, (lis.) IRIDEE, Iridea. Genre de plantes établi par Stackhouse, Néréide hrilunnique , aux dépens des Varecs de Lipnœus. Ses caractères sont : fronde cartilagineuse , cylindrique , très- rameuse , pinnée ; rameaux opposés , décomposés en dessus et capillaires ; fructification inconnue. Ce genre ne contient qu'une espèce , I'Iridée flottante, figurée pi. 17 du grand ouvrage du même auteur sur les Va- recs. (b.) IRIDÉES, Irides^ Jussieu. Famille de plantes dont le ca- ractère consiste en une corolle ( calice , Jussieu ) tubuleuse à sa base, à limbe divisé en six parties égales ou inégales ; trois étamines insérées au mbede la corolle, et opposées aux divi- sions alternes de son limbe , à filamenis distincts , ou rarement 388 I 11 I conncis en un tube traversé par le style; un ovaire inférieur {adhérent, Ventenat), à style unique, à trois stigmates; une capsule triloculaire , trivalve et polysperme ; des semences souvent arrondies, disposées ordinairement dans chaque loge sur deux rangs , et attachées au bord central des cloi- sons ; un périsperme charnu ou cartilagineux ; l'embryon droit. Les plantes de cette famille ont une racine tubéreuse, ou bulbeuse; leur tige rarement nulle, presque toujours herba- cée , comprimée ou aplatie par les côtés , porte des feuilles alternes, engainantes, souvent ensiformes; leurs (leurs, ou solitaires au sommet des tiges , ou disposées en épi et en co- rymbe terminal, sont renfermées en naissant dans des spathes membraneuses, souvent bivalves ; quelquefois elles sont ac- compagnées d'écaillés spathacées. Ventenat, de qui on a emprunté ces expressions, rapporte à cette famille , qui est la huitième de la troisième classe de son Tableau du Règne i>égétal ^ et dont les caractères sont figurés pi. 4-» T^-° 6 du même ouvrage , huit genres sous deux divisions. Les iridés, dont les étamines sont connées, Bermudienne , FeRRARE et TlGRlDIE. Jues iridées dont les étamines sont libres, Iris, Morée , IxiE , Glayeul et Safran. F. ces mots, (b.) IRIDIUM. Ce métal est d'un blanc d'argent, très-dur, difficile à fondre, fixe au feu et cassant. 11 est inattaquable par les acides simples et très-peu attaqué par l'acide niiro- muriatique, s'il n'a pas été préalablement très-divisé. Il est oxydable et soluble dans les alkalis fixes , auxquels il commu- nique tantôt une couleur rouge et tantôt une couleur bleue. Une fois oxydé au moyen des alkalis, il se dissout dans les acides qu'il colore en bleu, en vert, en rouge-brun ou en \iolet selon l'état d'oxydation où il se trouve : de là le nom qui lui a été donné par M. Tennant. Ces dissolutions sont sur- le-champ décolorées par une petite quantité de fer ou de toute autre substance combustible très-divisée , etc. JJ Iridium se trouve à l'état natif, au Choco, en grains ou paillettes , parmi ceux du platine , avec lesquels il a une assez grande ressemblance, mais qui sOnt beaucoup plus durs, point malléables et lamelleux. Leur pesanteur spécifique est de 19,5, celle des grains de platine étant de 17,7 , et ils sont insolubles dans l'eau régale. Il ne contient pas de pla- tine et seulement du rhodium. V. Platine. ! R t 389 Cet alliage, naturel d'Iridium et d'osmium est quelquefois çri^lallisé en prismes à six pans , tantôt simples et tantôt modifiés par des facettes sur les arêtes longitudinales ou ter- minales , d'après les observations de M. le comte de Bour- bon. V. son Catalogue, p. 201. (luc) IRIDORKIS, Iridorkis.Geme établi par Aubert Dupetit- Thouars , dans la famille des Orchidées, et qui ne renferme qu'une espèce , décrite par Lamarck sous le nom d'ANGREC DISTIQUE, (b.) ^ IRIDROGALVIE, Iridrogahia. Genre de plantes de la Flore du Pérou, mais qui doit être réuni au Nartèce, (B.) IRIGENIUM, Synonyme d'HiEROBOTANE, cbez les an- ciens, (ln.) IRINGUM. V. Eryngium- (ln.) IRIO, IRION, des Romains. V. Erysimum. (ln.) 1R10JN[. Fucbsius donne ce nom au Sénevé des champs ( sinapis arvensis ) ; Malthiole k un Sisymbre ( shymbrium po~ lyceratium ), et Ruellius au SarRASIN {polygonumjagopyrum^ L. ). (LN.) IRION. Burmann, l'auteur d'un Prodrome de la Flore du Cap de Bonne-Espérance, donne ce nom à une plante qui ressemble beaucoup, à nos RossOLis par les poils glan- duleux d_ont elle est hérissée. C'est le rorulula dentata , Linn. (ln.) IRIPA. C'est le Cynomètre ramiflore. (b.) IRIS, /m, Linn, {irlandrie monogynie.) (ienre de plantes à un seul cotylédon , de la famille de son nom , qui a des rap- ports avec les JVIorées et les IxiES , et qui comprend plus de quatre-vingts espèces indigènes et exotiques, toutes vivaces par la racipe , qui est ou traçante , ou bulbease , ou tubéreuse. La plupart de ces espèces ont leurs feuilles engaînées par les côtés , à bords tranchaas , et terminées en pointe comme la la lame d'une épée ; dans quelques iris , elles sont planes et linéaires ; dans d'autres , elles sont en gouttière ou à quatre angles. Le port de ces plantes leur est particulier ; elles ont un aspect à la fois triste et noble ; elles sont surtout remar- quables par la forme de leurs fleurs, et par les couleurs va- riées plus ou moins vives qui les nuancent agréablement : ce qui, sans doute, a fait donner au genre le nom d'iris. Ou sait que les anciens poètes appeloient ainsi la messagère des dieux, figurée par r«/v;-e/z-ae/, et qu'ils la peignoient revêtue d'une robe de diverses coulQurs , varias iiidutti colores , (ivid. , Mélaniçrplu Sgo T R I Voici les caractères de ce genre : une spathe membraneuse , enveloppant une ou plusieurs fleurs: dans chaque fleur, une corolle à six divisions grandes et profondes , trois intérieures , trois extérieures , alternativenmnt érigées et abaissées , et réu- nies en tube à leur base ; trois étamines couchées sur les divi- sions , réfléchies et plus courtes qu'elles , avec des anthères adliérentes aux bords des fdets; un ovaire inférieur, surmonté d'un style et de trois stigmates fort grands qui recouvrent les étamines, et qui ont l'apparence de pélalcs : nulle autre plante n'a de tels stigmates ; ils suffisent seuls pour faire connoître les iris. Le fruit est une capsule angulaire et oblongue , ayant trois valves et trois loges, dans chacune desquelles sont renfer- mées plusieurs grosses semences à peu près rondes. Nous allons faire connoîlre les espèces les plus intéressan- tes de ce genre, en commençant par celles qui ont les feuil- les ensiformes et la corolle barbue. Iri.s DE SuZE , /msH5/V7««, Linn. Ses feuilles sont glabres et un peu étroites ; sa tige porte une seule fleur très-grande , dont It^s pétales érigés sont arrondis par le bout, et marqués de points pourpres ou violets sur un fond gris; les pétales toni- bans soûl d'une couleur plus foncée. Quelques jarcilniers don- nent par cette raison, à celle plante , le nom à iris en deuil : on l'appelle aussi iris de CJuticédoine. Elle croît dans le Le- vant, et a été envoyée de Constanlinople dans les Pays-Bas , en l'î?^. On la multiplie en diviant ses racines en été ; elle repousse en automne , fleurit en mai, et ne donne qu'une, ou tout au plus deux fleurs ; elle aime le soleil , se plaît dans «ne terre sèche et légère , et veut être à couvert des gelées. Elle vient mal ea pol , ou, du moins , n'y fleurit pas si fa- cilement qu'en pleliie terre. {ris de Florekce, Iris Jlorenii lia , Linn. Elle a des feuilles droites, glabres, et une tige plus haute que les feuilles, por- tant deux belles fleurs blancht;s , sans pédoncules. Elle croît en Italie , dans la Carnlole et autres parties méridionales de l'Europe. On la cultive dans les jardins ; elle ressemble beaucoup à l'espèce suivante , dont elle n'esl peut-être qu'une variété. Sa racine a un goût acre et amer; elle est incisive, purgative, diurétique ; on peut en prendre depuis un scrupule jusqu'à un gros; elle ne purge que lorsqu'elle est fraîche; quand' elle e.st sèche , «lie a l'odeur de la violette; les parfu- meurs s'en servent pour donner cette odeur à la poudre. luis GERi\lANiQUE OU la Fi.AMiir,, fnsgcrnufTiira , Linn. C'est l'iris ordinaire; sa tige porte deux ou trois fleurs qui s'é- pauouissent allernativemenl ; les divisions abaissées de la co- rolle sont d'un pourpre pâle tirant sur le bleu , les divisions érigées sont d'un bleu clair ; les feuilles , plus larges que celles d'aucune autre espèce , sont courbées en fer de faux, et plus courtes que la tige. Celle espèce croît en Europe, dans les bois , les lieux incultes , et sur les vieilles murailles. Elle fleu- rit en mai. Quoiqjie très-comnuine , elle a beaucoup d'éclat, e» p.) 3rjG î T^ Il IRISouPlERRED'lRIS. Quelques naturalistes donnent ce nom aux cristaux de roche irisés^ c'est-à-dire qui présen- tent dans leur intérieur des zones concentriques , colorées comme l'arc -en-ciel. Ce phénomène est occasioné par un simple éfoilement dans la pierre; et d'un cristal ordinaire on peut faire , avec un coup de marteau ou par le moyen du feu , un cristal irisé ^ une pierre d'iris. Les cristaux de roche qui présentent cet accident, sont employés en bijouteries et se vendent assez cher , surtout quand l'iris a une certaine étendue et que les couleurs sont Lien tranchées, (pat. et LUC.) IRISIOLE. (Genre de Rrovvn). Plantes de la Jamaïque, qui ne diffèrent pas des Acurrs. (b.) IRMISCH. Les Burates dorment ce nom aux chauve- souris, (desm.) IRON. Brown, Jam., figure sous ce nom , 1. 12 , f. 3, le sawa^esia ererta , L. (ln.) IROUCAN, Athenœa. Arbrisseau à feuilles alternes, ovales , dentées^ lisses , à stipules fort petites et caduques, et à fleurs blanches, petites, fasciculées, axillaires, qui forme un genre dans l'octandrie monogynie. Ce genre offre pour caractères: un calice divisé en cinq par- ties pointues; point de corolle; huit élamines, dont trois plus courtes, et en outre huit filamens courts et plumeux . interposés entre elles; un ovaire supérieur, ovale, chargé d'un style oblong, à stigmate à cinq rayons courts ; le fruit est une capsule ovale, globuleuse,d'un vert teintde violet, uniloculairc, et qui s'ouvre en trois ou quatre valves charnues. Elle conlient trois à cinq semences enveloppées d'une pulpe rouge, atta- chées à un placenta central. Cet arbrisseau se trouve dans la Guyane, où il a été observé par Aublet. Son écorce , ses feuilles et ses fruits sont acres et aromatiques. Vahl l'a réuni aux Casœaries de Schreber , qui sont en partie des Anavingues de Lamarck, (b.) IROUDA. Nom. vulgaire des Hirondelles, (v.) IROIJNDOU. Le petit d'une hirondelle, en Languedoc. (desm.) IRRITABILITE. Phénomène caractéristique du corps pnlmal ,. exclusif pour tous les autres , essentiellement dis- tinct de la sensibilité physique , et qui donne lieu à des mou- vemens de certaines des parties de ce corps, auxcpjels l'être entier ne participe pas et même qu'il ne ressent pas. Ce phénomène nous paroîl résulter d'un galvanisme particulier et local, dû à la composition chimique des parties- qui peu- vent l'offrir, et qui produit certains mouvemens dans ces^ parties, à chaque provocation d'une cause cxcitaule. I H R 397 En effet , ce phe'nomène consiste en certains mouvemcns subits, plus ou moins remarquables, et qui s'exécutent loca- lement dans les parties molles ou certaines de ces parties des animaux , chaque fois qu'une cause excitante les provoque. Ces mouvemens n'exigent aucun organe particulier pour leur production , se manifestent effectivement dans des ani- maux tellement imparfaits qu'ils ne possèdent aucun de ces organes , et néanmoins se montrent aussi dans tous les autres animaux, de quelque rang qu'ils soient; mais à mesure que l'organisation se comp-lique d'organes divers,- ils se particu- larisent, c'est-à-dire, deviennent plus remarquables et plus puissans dans certaines parties que dans d'autres. Tels sont ceux qui constituent l'irritabilité musculaire. Le phénomène de l'irritabilité. est tout-à-fait indépendant de celui que constitue la sensibilité , puisque sa source est différente, qu'il n'est point le produit d'aucune fonction or- ganique exécutée, et qu'il n'exige pas, en effet, d'organe particulier pour sa production. Halîer a signalé ce phéno- mène; mais n'ayant pas lui-même une idée claire du méca- nisme organique du phénomène de la sensibilité , il n'a pu établir tellement les différences qui distinguent ces deiuc phénomènes , qu'il ne restât certains faits inexpliqués qui offrirent des ressources aux contradicteurs. On en a effec- tivement profité ; et parmi les objections qui furent opposées au sentiment de Haller, je ne citerai que les deux suivantes. Malgré la découverte- importante de cette différence re- marquable entre la sensibilité et irritabilité , savoir : que Ja sensibilité se trouve anéantie au même instant que la vie , tandis que l'irritabilité subsiste encore quelque temps après la mort , on crut pouvoir nier, quoique sans preuves tirées de faits positifs, que la sensibilité fût réellement détruite, lors même qu'elle ne se montre plus. On prétendit, au con- traire , que dans les asphyxies , les léthargies , les syncopes , elle subsistoit toujours ; prouvant, en cela , que les jugemens que nous portons sur des objets que nous connoissons mal, sont toujours faux et ne peuvent être autrement. F. l'article Jugement. Le sentiment ou la sensibilité n'a lieu qu'à l'instant où le système d'organes qui produit ce phénomène exécute sa fonction. Hors de là , point de sentiment quelconque pour l'individu. Et si ce sentiment intime d'existence nous est per- ceptible dans presque tous les instans de la vie , c'est que les mouvemens organiques intérieurs , tels surtout que ceux de la circulation , donnent lieu perpétuellement à la fonction dont il s'agit , mais dans le foible degré d'intensité que nous connoissons, Or, dans les asphyxies, les syncopes, etc., SgS I R R cette même fonction est tout-à-falt suspendue. Il suffit qu'un vide de fluide nerveux soit opéré au foyer des sensations, pour qu'aussitôt la comaïuaicaliou de toutes les parties du système entier soit interrompue , et pour que toute fonction de sa part soit des lors impossible. La cause du désordre dont il s'afjit venant a cesser, le vide cité, à Tégard du foyer des îsensations, cesse de même bientôt; l'individu jouit alors du sentiment de son existence , et le phénomène de la sensibilité peut se manifester sans obstacle. Enfin, à l'instant même de la mort , c'est-à-dire , de la cessation de toute fonction or- ganique , celle qui donne lieu au sentiment ne le produit plus , et néanmoins l'irritabilité se manifeste encore. C'est même parce que l'irritabilité subsiste encore après la cessa- tion de toute fonction organique , que l'anéantissement du phénomène qu'elle constitue, rend seul la mort irrévocable, à moins que l'organisation ne soit lésée elle-même. On sait qu'une personne asphyxiée peut , dans l'intervalle d'une à deux heures , être rendue à la vie. Quant à la seconde des objections que j'ai promis de citer, et à laquelle il est facile de répondre, d'après des faits con- nus , elle consiste à dire que , par la ligature ou l'amputation des nerfs qui portent la sensibilité dans un organe , cette liga- ture ou celle amputation le rend à la fois insensible et para- lytique, c'est-à-dire , enlève à cet organe la faculté de sentir, et à ses muscles celle de se mouvoir ; et Ton induit de là que l'irritabilité est dépendante de la sensibilité physique. Le raisonnement pèche ici par une inexactitude à laquelle l'apparence seule a donné lieu; car, à la section des nerfs qui pouvoient exciter le mouvement des muscles auxquels ils correspondent ^ ces muscles, en effet , ne se meuvent plus , parce que la cause propre à exciter leurs mouvemens n'agit plus. Mais il n'est pas vrai que ces rtiemes muscles aient perdu leur faculté de se mouvoir, en un mol, leur irrita- bilité. J'ai été témoin du contraire ; et dans des parties d'un individu , séparées de son corps , j'ai vu les chairs palpiter à des provocations étrangères , et des muscles se contracter. Je ne poursuivrai pas cette discussion; le temps, sans doute , n'est pas éloigné où les éludes qui concernent la physiologie prendront une autre marche, et où l'on sentira qu'au lieu de se borner à la considération des organisations les plus compliquées, les plus difficiles à connoîlre , les moins propres à nous éclairer sur les causes réelles des faits organiques que nous observons , il faudra étudier toutes les organisations existantes : je reviens à mon sujet. Ainsi, le phénomène de l'irritabilité est particulier à tous les animaux, tandis que celui du sentiment n'est particulier quà I R R 399 certains d'entre eux , qu'à ceux qui possèdent un système d'organes spécial assez' composé pour pouvoir donner lieu à sa production. Quoique variable en intensité , 1 irrilabilité est commune à toutes les races de ces corps vivans , et carac- térise leur nature animale. Tous ont effeclivement des par- ties contractiles qui se meuvent parla voie d'une excitation; tous en reçoivent la faculté d'agir, et beaucoup d'entre eux celle de se déplacer. Comme ce phénomène est généralement le propre de la nature animale ; que, hors des animaux, on ne Tobserve nulle part ; et qu'en effet , ces êtres sont les seuls qui aient des parties subitement et itéralivement con- tractiles ; il s'ensuit que l'irritabilité qu'ils possèdent , n'est point le produit d'aucune fonction organique particulière , mais qu'elle résulte de l'état chimique des parties; état qui permet à un gabanisme animal et local , de se mettre en ac- tion à chaque provocation d'une cause excitante. Voyez l'In- troduction à \ llist. nat. des anim. sans veii. , pag. 180, où j'in- dique comment ce phénomène paroîl se produire. Par sa nature , l'irritabilité est donc un phénomène fort différent de celui du sentiment , avec lequel cependant on l'a souvent confondu. Aussi avons-nous dit que ce dernier , ^tant le produit des fonctions d'un système d'organes parti- culier (d'un système nerveux) , qui est déjà fort compliqué , n'est point et ne sauroit être le propre de tous les animaux. Son caractère distinctif , le plus apparent , est d'être percep- tible à l'individu , même dans telle de ses parlies'cxtérieures, sans qu'aucun mouvement de cette partie se fasse apercevoir. On peut donc 5(?h/;V sans se mouvoir; tandis que l'irritabilité , mise en action , donne toujours lieu à des mouvemens. Je viens de montrer que l'irritabilité est un phénomène qui s'observti exclusivement dans tous les animaux; que les par- ties ou certaines d'entre elles de ces corp^ vivans sont suscep- tibles de nous l'offrir; qu'ils sont les seuls êtres connus qui soient dans ce cas ; et que ce phénomène n'exige , pour sa production , l'existence d'aucun organe particulier. J'ai mon- tré ,"en outre , que le sentiment , au contraire , est évidemment Tin phénomène particulier à certains animaux; et qu'il n'y a que ceux qui possèdent le système d'organes spécial qui le constitue , et dans l'état de composition propre à y donner lieu, qui puissent jouir de celte faculté. Il en résulte incon- testablement que l'ancienne définition que l'on donnoit de V animal ^ et qui consistoit à lui attribuer généralement la fa- culté de sentir , ainsi que celle de se mouvoir volontairement , étoit complètement fausse , et ne rcposoitque sur l'ignorance de ce qui concerne les différentes organisations animales, et les facultés que les animaux en obtiennent. Il étoit donc né- r.essaire de changer rrîle fléfinîtlon : ce que j'ai fait, effecti- vement, dans la Pliiiosopliîe zuologiijuê, ainsi que dans V Intro- duction de l histoire tiaiiirelle des animaux sans vertèbres ^ où j'ai donné les développemens essenliels qui autorisent une défi- nition nouvelle , dont voici l'énoncé. <' Les animaux sont des corps vivans, doues de parties ir- rilal)les, contractiles instantanément et itérativement sjur elles-mêmes ; ce qui leur donne à tous la faculté d'agir^ et à la plupart celle de se déplacer. » Hist. nat. des Animaue sans vert. , vol. i , p. 124.. Cette définition des animaux est claire , positive , ne ren- contre aucune exception nulle part , ne convient à aucua être qu'à ceux qui appartiennent au Règne animal, et dis-i tingue nettement les animaux des végétaux , ces derniers n'offrant aucune de leurs parties qui soit réellement con- tractile sur elle - même instantanément et itérativement. J'ai montré, effectivement (pag. 98) , que les plantes , dites sensitioes , n'avoient que des mouvemens articulaires qui s'exé- cutent par détente et par plication , dans certaines circons- tances ; que ces mouvemens ne sauroient se répéter de suite par une secousse renouvelée , et qu'aucun d'eux n'apparte- noit à l'irritabilité , puisque les parties sur lesquelles ils s'exécutent ne perdent point leurs dimensions , et ne se con- tractent point sur elles-mêmes. Ainsi, les animaux constituent un règne particulier, parmi les corps vivans , bien séparé de celui qui embrasse tous les végétaux. Assurément, ces êtres sont bien singuliers, puis- que ce sont les seuls connus : \.° qui se meuvent instantané- ment avec la possibilité de répéter leur mouvement ; 2.° qui se meuvent ainsi sans cause mécanique appréciable, sans mouvement communiqué, mais excité; 3.° qui se meuvent encore par excitation , sans altération chimique de leurs par- ties ; 4-° enfin , dont la cause de leurs mouvemens paroîttel— lemeift disproportionnée aux effets produits , qu'elle est absolument incalculable. Certes, ces faits positifs , dont les animaux sont les «euls corps naturels qui en offrent des exemples, doivent nous pa- roître extraordinaires , puisqu'ils ont été jusqu'à présent si peu connus. Il est bien étonnant , en effet , que l'on n'ait donné aucune attention à des caractères aussi singuliers que le sont ceuxmômes de r/m/«i///V/iorè/« apios). Uischas de Théophraste se rapporte au Figuier, dont il est une variété, (ln.) ISCHÈME, Ischemum. Genre de plantes de la polygamie monoécie, et de la famille des graminées, qui présente pour caractères ; une balle calicinale de deux valves transverses, roides , acuminées , laquelle renferme deux Heurs, dont une est mâle el l'autre hermaphrodite. La fleur mâle a une balle bivalve et trois ctamines, et l'hermaphrodite a , de plus, un ovaire supérieur, eblong, chargé de deux styles astigmates nlumeux; une semence oblongue , linéaire, convexe d'un côté, et enveloppée par la balle florale. Ce genre contient dix-huit espèces venant des Indes et de la Nouvelle-Hollande, même en n'y réunissant pas, comme R. JSrown pense qu'on doit le faire , la Colladoa de Cava- tùlics et la Seuime de Eorskacl. Quclijucs-utes , cèpe»- I s I 4o5 dant, en ont été retirées pour former les genres Meoschio» et Arturaxon. (b.) ISCHjŒ^MUM. Nom employé par Pline pour une grami- née qu'on croit être la Sanguinaire {panicum saiiguinale , Linn, ). Le genre que Linnceus a nommé ainsi, appartient bien aux graminées ; mais ses espèces furent inconnues aux an- ciens. Adanson le nomme schœnanthus. Ce nom à'ischœmum tient de deux mots grecs qui signifient: reprimer le sang; il indique l'emploi de l'ancien ischœmum ^ qui peut être encore un Barbon ( andropogon ischœmum , L. ). Voyez IsCHÈME et Meoschion. (ln.) ISCHYS. Synonyme de conyia^ chez les Grecs, (ln.) ISENBART, ISERBABT, ISERICH et ISEN- KRAUT. Noms de la Verveine officinale, en Allema- gne. (LN.) ISERINE, Nom donné à une variété arénacée de titane oxydé ferrifère, qui se trouve dansie litde l'Iser, en Bohème. V. Titane oxydé ferrifère. (luc.) ISERTIE , IseHia. Genre de plantes de l'hexandrie mo- nogynie , qui offre pour caractères : un calice turbiné à sir dents; une corolle infundibuliforme à six divisions; six étami- nes; un ovaire inférieur, terminépar un style à stigmate bi- fide ; une pomme à six loges , contenant chacune plusieurs semences. Ce genre renferme deux espèces , dont l'une , figurée pi. 123 des Plantes d'Aublet, sous le nom de Guettarde, est un arbre de moyenne grandeur, k rameaux télragones , à feuilles opposées, oblongues , entières, à fleurs écarlates, dont le bord est jaune , et qui sont disposées en panicules ter- minales, il croît dans les bois de la Guyane. L'autre vient de l'île de la Trinité. (B.) ISGARUM de Ceesalpin. C'est une espèce de Soude. (LN.) ISIDÉES ( Isiâeœ). M. Lamouroux donne ce nom à uji ordre de polypiers dendroïdes formés d'une écorce analo- gue à celle des gorgoniées, et d'un axe articulé , à articula- tions alternativement cornées ou subéreuses et calcaréo- pierreuses. Cet ordre comprend les genres : Melitée , MopsÉE , Isis et Adéone. (desm.) ISIDION Isidium. Genre de plantes cryptogamies , de la famille des Algues , établi par Achard aux dépens des Lichens de Linnœus. Il offre pour caractères: des tubercules presque globuleux, sessiles aux extrémités des rameaux; une croûte solide, presque orbiculaire, un peu épaisse, irrégu- 4o6 I S 1 lière, formée de petits rameaux coralloïdes, simples ou di- visés. Ce genre , qui a été appelé Stéréocaulon par Hoffmann » a pour type les Lichens corallin et verruqueux de Lin- Hccus. F. au mot Lichen, (b.) ISÏDIS-GENITURA. Nom donné, chez les Romains, à I'Amaracus, espèce de Marjolaitse. (ln.) ISINGLASS. Nom de la Colle de poisson en anglais. (B.) ISIS, Isis. Genre de polypiers, qui a pour caractères d'être branchu, composé d'articulations pierreuses, striées longilu- dinalement, jointes l'une à l'autre par une substance cornée ou spongieuse, et recouverte d une enveloppe corticiforme , molle, charnue, poreuse, parsemée de cellules polypifères. Les espèces de ce genre , comme tous les autres polypiers coralligènes, ont été long-temps prises pour des plantes. KUes sont fixées sur les rochers par un empâtement très-solide, et croissent continuellement en grosseur, en hauteur et en ra- mifications, par la multiplication des polypes qui les habitent et les forment. Cette croissance, dans les isis, est encore plus difficile à expliquer que dans les autres genres de cet ordre ( F. à l'article Corail ), à raison de la différence de nature des diverses parties de leurs tiges. On doit croire qu'elle est analogue à celle des Sertulaires. Il paroît, par des obser-^ vations positives, que celte croissance est très-rapi<îc, surtout dans les pays chauds, où elle n'est interrompue dans aucun temps de Tannée. On a long-temps confondu les isis avec le corail, et Lin- nsfus lui-même n'a pas su les distinguer. Ils ornent, encore aujoilfd hui, sous le nom de coraux articulés, les cabinets des amateurs d'histoire naturelle. Leurs articulations cornées sont tantôt plus étroites et plus courtes que leurs articulations pierreuses, tantôt plus larges et plus longues. Les premières sont presque lisses, demi-transparentes et de couleur de corne. Les secondes sont quelquefois striées, toujours inégales , opa- ques et de couleur différente, suivant les espèces. Tantôt elles sont recouvertes, dans leur état naturel, par une enveloppe TOolle, percée régulièrement de pores, qui contiennent, cha- cun, un polype à tentacules, dont la base est unie à celle deS autres par une membrane; tantôt il n'y a que les articulations pierreuses de recouvertes. Dans l'un et l'autre cas, cette en- veloppe devient friable paria dessiccation, etilestrare qu'elle subsiste sur les isis qu'on voit dans les cabinets. 11 est très-probable que les grains oviformes qu'on a re-» ISO 407 connus 4ans les isîs, ne servent qu'à la reproduction de nou- velles souches. On connoît quatre espèces d'isis, dont une seule est com- mune. C'est ri SIS PESSE, Isîs hippuris^ Linn. , qui a les arti- culations pierreuses striées, et les cornées plus étroites. Elle se trouve dans toutes les mers. F. pi. G 10, où elle est figu- rée. Les autres n'habitent que dans la mer des Indes. Les genres Mélitée et Mopsée, ont été établis, parLa- niouroux, aux dépens de celui-ci. Celui des Adéones , du même auteur , s'en iapproche beaucoup, (b.) ISLE. V. Ile. (pa^.) ÏSLET ou ISLOT. V. Ilot, (pat.) ISNARDE , Isnm-dia. Plante de la télrandrie monogynie, et de la famille des épilobiennes, qui forme un genre dont les caractères sont d'avoir : un calice raonophylle, campanule, à quatre divisions pointues et ouvertes ; point de corolle ; qua- tre étamines non saillantes, et dont les filamens sont attachés au calice; un ovaire inférieur, chargé d'un style simple à stigmate épais; une capsule quadriloculaire, enveloppée par le calice, dont la b'ase est tétragone, et qui contient plusieurs semences dans chaque loge. Celte plante est ailnuelle, a les tiges noueuses, foibles, cou- chées sur la terre ou flottantes sur l'eau, et poussant des ra- cines de tous leurs nœuds. Ses feuilles sont opposées, ovales, entières et un peu charnues ; ses fleurs petites, verdâlres, axil- laires, opposées, sessiles et solitaires. Elle croît en Europe dans les marais, sur le bord des étangs, dans les fossés où il y a peu d'eau. Elle existe également à la, Jamaïque, au rap- port de Svvartz, et je l'ai abondamment trouvée en Caroline. Je pensG, ainsi que ce botaniste et Walter, qu'elle ne doit pas être séparée des LuDWiGiES, dont elle ne diffère abso- lument que par le manque de corolle, qu'elle prend niêrae quelquefois dans les pays ci-des.sus cités. Cinq autres espèces ont été depuis peu réunies à ce genre. (B.) ISTsAPxDIA. Ce genre de Einnaeus est le Dantia de Guetiard, Adanson et Petit, etc. V. Daktia. (L^.) ISOCARDE, Isocardium. Genre de coquilles, établi par Lamarck. Les espèces qui le composent sont cordiformes, à crochets écartés, unilatéraux, roulés et divorgens ; elles ont deux dents cardinales , aplaties et inlrantes ; une dent laté- rale isolée, située sous le corselet. 4o8 ISO Ce genre faisoît partie des cames de Linnseus. Il a pour type le chama cor. V. au mol Came, (b.) ISO KUROGGI. Kcempfer nous apprend que ce nom est, au Japon, celui d'une espèce de Fusain, eoonymus japo- nicus., Thnnb. (lts.) ISORHILE, IsorJuhis. Genre établi par R. Brovyn, pour placer les Cymbidions linéaire et prolifère, qui s'écar- toient des antres par leurs caractères, et une espèce nouvelle figurée dans l'ouvrage de Humboldt, Bonpland et Kunth. Ce genre otlre un nectaire de deux folioles conniventes, presque semblables, (b.) ISOÈTE, Isoetes. Genre de plantes cryptogames, de la fa- mille des fougères, qui comprend deux espèces de plantes aquatiques, vivaces, à feuilles simples, subulces, radicales , ramassées en faisceaux, lesquelles sont monoïques et présen- tent pour caractères : un oigane mâle situé dans la base des feuilles intérieures, et constitué par une écaille en cœur et une anthère arrondie et sessile; et un organe femelle placé dans la base interne des feuilles extérieures, biloculaire et polysperme, formant une sorte de capsule. Ce genre laisse encore quelque chose à désirer dans l'exa- men des parties de sa fructification. Laraarck pense que des lubcrcules qu'il a remarqués entre les racines, pourroient bien être les organes femelles, et ce que Linnseus a pris pour eux, être au contraire les organes mâles. Quoi qu'il en soit, cette singulière plante , qui est presque toujours sous l'eau, y exécute l'acte de la fécondation comme si elle étoit en plem air, puisque le fluide ne peut pas atteindre les parties qui y concourent. Ces parties sont indiquées par une tache carrée qui est une continuation de l'épidcrme et le couvercle de la fossette dans laquelle elles sont placées. La première de ces espèces, I'Isoète des ÉTANGS, se trouve dans beaucoup d'endroits en France, en Angletcre et en Allemagne. Elle a les feuilles subulées et demi-cylindnques. La seconde, I'Isoète sétacée, les a beaucoup plus grêles, et n'a encore été trouvée que dans le lac de Saint-Andréol sur les montagnes du Gévaudan. (B.) ISOLEPIS , Isolepis. Genre établi par R. Brown , aux dé- pens des SciRPES, dont il ne diffère que parce qu'il manque de filets à la base de l'ovaire. C'est le Fimbristylis de Vahl, TEcHiNOLYTRE de Desvaux. L'IsoLEPis UNIOLIDE est figuré pi. 6 du grand ouvrage sur TEgyple , contrée où il croît naturellement. Les SciRPES FLOTTANT, COUCHE et sÉTACÉ , Servent de type à ce genre, qui renferme de plus douze espèces nouvelles, I s O ^^9 décrites dans le bel ouvrage de MM. de Humboldt,BonpIand et Kunth, snr les plantes de l'Amérique méridionale (b.) ISONEMA. Ce genre de plantes , établi par R. Brown dans la famille des apocynées, a pour caractères : corolle hy- pocratériforme , à gorge et tube nus ; et aminés saillantes; filets simples, insérés sur la gorge de la corolle : anthères sa- gittées , soudées au stigmate ; ovaire double ; style filiforme; à stigmate épais et obtus ; point d'écaillés hypogynes ; folli- cules Ce genre ne comprend qu'un arbrisseau à feuilles oppo- sées et à fleurs en corymbes disposés en une panicule termi- nale. Le calice est muni de deux écailles en dedans. La co- rolle , longue d'un demi-pouce , a son tube velu en dedans. Cet arbrisseau croît en Afrique , entre les tropiques, (lis.) ISOODON , Isoodon , Geoffr. ; DIdelphis , Shaw. Nou- veaugenrede mammifères marsupiaux, établi enjuilletiSij, parM. Geoffroy-Saint-Hilaire, dans son courspublicde^oo- logie , au Muséum d'Hisloire naturelle de Paris. Ce genre a pour caractères : dix incisives supérieures égales entre elles ; huit inférieures ; deux canines à chaijue mâchoire ; huit molaires de chaque côté, à la supérieure , dont les qua- tre anlérioures sont tranchantes , comme celles des carnas- siers ; six à l'inférieure, dont les trois premières seulement tranchantes r. en tout , cinquante dents ; cinq doigts aux pieds de devant , l'ongle du doigt extérieur étant le plus court ; quatre doigts aux pieds de derrière ; les deux internes étant réunis sous la peau , jusqu'aux ongles qui sont seuls apparens. Ce genre , par les caractères qu'il présente, fait le passage de celui des Peramèles à celui du Potoroo; aussi M. Geof- froy détermine-t-il sa place entre eux. Il ne comprend qu'une seule espèce, originaire de la Nouvelle-Hollande, et dont les habitudes naturelles sont encore inconnues. Espèce unique. — IsoODON OBÉSULE , Isoodon oèesula , Geoff. ; PoRCULlNE OPOSSUM , Dtdelphis ohesulu , Shaw , NaturalisVs miscellany , n.° 96 , tab. 298 ; et Gen. Zoology ^tom. i , part. 2 « pag. 490- D. subferruginea , siihiits albescens , caudâ longiusculâ , pedibus anticis pentadactyUs , ungue exteriore utrinquè brevissimo ; posticis tetradactylis ; digitis inierioribus unîtis. Cet animal faisoit partie de la collection de Hunter. Shaw , en le décrivant, n'a point parlé du nombre et de la forme des dents. Ce caractère important a été observé sur l'individu même de Hunter,' par M. de JBlainville , dans le dernier voyage qu'il a fait à Londres , et communiqué à /,io ISO M. Geoffroy qui en atirélenomdugenrenouvewqu'Ufûrmç de cet animal. h^Isoodon obémle est de la taille du didelphe marmose , ou de celle du rat ; ses pieds de derrière sont beaucoup plu3 longs que ceux de devant , comme dans les péramèles. So^i pelage est d'un ferrugineux jaunâtre en dessus, et blanchâtre en dessous; sa queue est de moyenne longueur, çl s«s oreille^ médiocrement développées, (desm.) ISOP et IsoPE des Hongrois. Voyez Hysope OFFICI- NALE. (i.N.) ISOPHLIS. Rafinesque-Sclunaltz donne ce nom géné- rique à une production marine, gélatineuse , des mers de Si- cile , qu'il place dans la classe des plantes acotylédones , et qui nous paroît encore insuffisamment décrite et figurée pour être admise dans nos classifications naturelles. Selon le na- turaliste sicilien , elle diffère de ses genres Phlyctis et Pexi- SPERMA, parce qu'elle a les fructifications régulières, et les se- mences disposées aussi régulièrement dans une seulepartle de la plante. \^^ Isoph Us concentrique ( Car. di aie. nuov. (ien. et Sp. di Anim. et Plant , etc. , tab. 20,fig. 3 , a et i) , est gélatineux, transparent , plane , presque arrondi ; les semences sont comme enchâssées , rondes , disposées en lignes circulaires et concentriques , sur la partie supérieure de la plante. Il a été trouvé sur V Orimanihis vesicuîata de Rafinesque , auquel il adhéroit fortement par sabase.Lessemencesrecouvroient presque toute la partie supérieure , et étoient un peu cail- lantes, (desm.) ISOPHYLLE. r. ïsoPHYLLOî^. (ln.) ISOPHYLLON. Ce nom est employé par Cordus, pour désigner I'Oreille de LlÈVRE^Buplei^rum fakalum, h- )• (ï^lS.) ISOPODES , Isopuda. Ordre cinquième de la classe de* crustacés , ayant pour caractères : mandibules sans palpes; pieds uniquement propres à la locomotion; deux paires de mâchoires recouvertes par deux pieds-mâchoires, représen- tant , par leur réunion , une lèvre inférieure ; les deux pieds antérieurs portés sur un segment distinct de la tête ; bran- chies situées sous la queue ; corps déprimé; tronc divisé com- munément en sept segmens ; quatorze pieds ; un à six seg- mens postérieurs , formant une queue. Dans la plupart des autres crustacés , les deux pieds anté- rieurs , et quelquefois même les deux ou quatre suivans, dif- fèrent vlçiblemenldes autres par leur forme et leur grandeur, et se terminent par une sorte de main ou de pince {chela). Mais dans les isopodes , les pieds sont généralement pres- que semblables , et telle est rorigine deladénoI»iB3^lion {pieda î s O 4t» égaux ) de cet ordre. 11 embrasse u»e grande partie de celui àe& PoLYGONATES de FabricHis, et le genre Cloporte , Oniscus , de Linnseus. Le corps de ces crustacés est ordinairement composé d'une tête distincte , portant quatre antennes , dont les latérales , au moins , en forme de soie , et deux yeux grenus ; dun tronc formé de sept anneaux , ayant chacun une paire de pieds ; et d'une queue , dont le nombre des segmens varie d'un à six , et garnie en dessous de lames ou de feuillets disposés par paires, sur deux rangs , portant et recouvrant les branchies, et servant aussi à la natation. Les uns sont aquatiques et se nourrissent habituellement de substances aniinales. Plusieurs d'entre eux sont marins, s'attachent aux cétacés , à divers poissons , pour sucer leur sang , ou se tiennent cachés entre les plantes des rivages. Les autres sont terrestres , se retirent sous des pierres , dans les creux des arbres ou sous leurs écorces , dans les fentes des murs , particulièrement aux lieux sombres et humides. Ils ron- gent différentes matières tant animales que végétales. Les organes sexuels masculins sont doubles et placés, dans ceux ( en petit nombre ) où on les a remarqués , sous les premiers feuillets de la queue , et s'y annoncent par des filets ou des crochets. Les femelles portent leurs œufs sous la poi- trine , entre des écailles , ou dans une poche , en forme de sac membraneux , qu'elles ouvrent afin de livrer passage aux petits , qui naissent avec la forme propre à leur espèce, et ne font que changer de peau en grandissant. Nous partageons cet ordre en deux familles, les Phyti^ BRA>c.HEs et les Ptérygibranches. V. ces mots, (l.) ISOPOGON, Isopogon. Genre de plantes établi par R. Brown , aux dépens des Protées, Ses caractères consistent : en une corolle à quatre divisions longues, rapprochées et persistantes ; point décailles autour de l'ovaire ; un style caduc à stigmate fusiforme; une capsule sessile, ventrue et velue. Une douzaine d'espèces appartient à ce genre, (b.) ÏSOPYRE, hopymm. Genre de plantes, de la polyandrie polygynie, et de la famille des renonculacées, qui a pour ca- ractères : un calice de cinq folioles ovales, pétaliformes et co- lorées ; une corolle de cinq pétales tubuleux, iridentés, plus courts que le calice; un grand nombre d'étamines insérées au réceptacle; pliisicurs ovaires ©vales, à style simple et à stigmate obtus; plusieurs capsules recourbées, uoiloculaires et polyspermes. Ce genre ne diffère de celui des Hellébores que par soa 4t2 ISP port et par ses pe'tales tridentés ; aussi plusieurs botanistes, et entre autres Lamarck , l'onl-ils réuni à ce dernier. Ce- pendant d'autres n'ont pas saisi cet exemple , et en consé- quence on le conserve ici, en observant que ce qu'on appelle calice est la corolle de Linnœus, et corolle, les nectaires du même auteur. Les isopyres, donc, comprennent trois espèces de plantes annuelles ou vivaccs, à feuilles une ou deux fois ternées, sti- pulées, à fleurs terminales, dont deux se trouvent dans les Alpes; savoir, I'Isopyre thalictroïde, qui a les stipules ovales et les folioles du calice obtuses, et I'Isopyre aquilé- GIOÏDE, qui a les stipules à peine visibles. La troisième, TIso- PYRE FUMAROïDE, qui a les Stipules en alêne, et les folioles du calice aiguës, vient en Sibérie, et est annuelle, (b.) ISOPYRON. Dioscoride donne ce nom, que Linnœusfait venir de deux mots grecs qui signifient semblable au froment, à une herbe nommée aussi phaseolus, parce qu'elle ressembloit au haricot. A l'extrémité des tiges, dit Dioscoride, sont des petites têtes qui contiennent les graines. Celles-ci ont le goût du melanthium (nigelle), et les feuilles de la plante sont sem- blables à celles de Tanis. Pline et Galien citent Visopyron, On veut que ce soit I'Ancholie {aquilegia vulgaris), ou la !NtGELLE des jardins {nîgella damascenà)^ ou le Trèfle d'eau i^menyanthes trifoliata ), ou enfin, une espèce de pois {pisum. ochnis, L. ). Dans celte incertitude, Linnseus regardant la plante de Dioscoride comme tout-à-fait inconnue, se crut en droit d'employer le nom à'isopyron, pour désigner un genre confondu par Tournefort avec les hellébores. F. Isopyre. Mais Adanson, en reconnoissant le genre de Linnseus, aima mieux lui donner un autre nom, ol/a, plutôt que d user d'une dénomination déjà employée, (ln.) ISORA-MURRL Nom malabare d'une espèce d'HÉLiC- TÈRE {helicteres isora, Linn. ). F. Hélictère. ISOS, Suivant Adanson , celte plante, mentionnée par Tbéophrasle, seroit un Groseillier, (ln.) ISOTRIA. Genre de plante de la famille des orchidées, établi par Rafinesque - Schmaltz. Ses caractères sont : ca- lice à six parties , dont trois extérieures égales , linéaires , et trois intérieures plus courtes, oblongues, obtuses, presque égales; capsule filiforme. Ce genre ne comprend qu'une es- pèce, Visotria verticillata , qui croît aux Etats-Unis dans les environs de Nazareth. C'est une herbe à feuilles verticillées el à fleur solitaire, terminale et sessile, (ln.) ISPIDA. C'est, en latin moderne, le nom du Martin- pêcheur ; il a été appliqué par Linnseus au Guêpier. V. les articles de ces deux oiseaux, (s.) I s s ^,3 ISQUIERDA. Willdenow écrit ainsi le nom du genre IziQUiERDiA de Ruiz et Pavon. F. Iziquierde. (ln.) ISS AN. Un essaim d'abeilles, en languedocien, (desm.) ISSELE ou ISSUR. Nom donné, à Amboine, à l'arbre que les Malais appellent kaju bessi (bois de fer). Cet arbre peu connu, est le metrosideros amboinensis , Rumph., Amb. 3 , f. lo. Il appartient à la famille des légumineuses, et est voisin de I'Éperu, du Tacuigali et du Baryxyle de Loureiro. Voy. Kaju-bessi. (ln.) ISSOIS, ARTOIS ou LILLOIS. Race de chien. Voyez Artois, (desm.) ISSUS, Issus. Fabricius désigne ainsi un genre d'insectes, de l'ordre des hémiptères , que j'ai réuni aux fulgores. Les antennes considérées quant à leur insertion , leur forme et leurs proportions relatives, et le bec, présentent, en effet , les mêmes caractères essentiels dans les deux genres. Les issus ressemblent plus particulièrement aux Jlaies par leur tête courte, large ; le tronc comprimé et ayant dans le milieu de sa longueur, une ligne élevée; par la grandeur de leurs yeux, ainsi qu'à raison de leurs élytres dilatées extérieure- ment, un peu au-delà de leur base. Mais dans les issus, ces dernières parties sont proporlionnellementplus courts, et vont en se rétrécissant versleurextrémité,pourse terminer enpointe plus ou moins arrondie ; le second segment du corselet n'est guère plus étendu que Tantérieur, et a pareillement la forme d'un triangle, mais renversé, et dont la base est appliquée contre celle du premier. Les issus vivent sur «les plantes: les uns ont des ailes , et tel est l'Issus bossu, j6\$i/5 coleopiraius ; la cigale bossue de Geof- froy. Son corps est long d'environ trois lignes et demie, d'un cendré-verdâtre, avec deux impressions noirâtres à l'extrémité supérieure du front; et les élytres un peu transparentes, char- gées de grosses nervures, parmi lesquelles l'on observe de pe- tites lignes ou veines noirâtres; l'on voit ordinairement près du milieu de chaque élytre, une petite tache ou un point de cette couleur. On trouve cette espèce en France et en Allemagne. D'autres issus sont aptères ou n'ont point d'ailes sous leurs étuis , comme l'Issus grylloïde. Issus grylluides^ Fab. 11 est jaunâtre, avec les élytres mélangées de noirâtre, M. Léon Dufour a trouvé en Espagne une variété de cette espèce, entièrement roussâtre. L'issus aptère de Fabricius , et celui qu'il nomme pédestre, sont très-voisins du précédent. Un des caractères qu'il donne au dernier, celui d avoir des soies à l'extrémité postérieure du corps, est commun à toutes les femelles de ce genre, ainsi qu'à celles des liâtes et des fui- gores. (l.) 4i4 I S U IST. Nom tartare du Chiets, (desm.) ISTERA, Nom de la Be>"Oite, en Espagne, (lx) ÏSTERRIÉ. Nom d'un Saule {sab'x pentandrà) , en Nor- vège. (Liy.) ISTHME. Langue de terre qui joint une presqu'île au con- tinent. Les plus connus sont : V isthme de Païuima, qui joint l'Amérique méridionale à rAmérique septentrionale; 1 isthme de Suez, qui joint l'Afrique à l'Arabie : I isthme de Corinthe, qui joint le Péloponèse ou la Morée au continent de la (àrèce ; i isthme de Mahica y qui joint la presqu'île de ce nom au royaume de Siam, etc. (pat.) ISTIOPHORE, Istiophorus. Genre de poissons, de la division des Thoraciquës, que Lacépède a établi pour pla- cer le ScoMBRE voiLtEa qui doit être séparé des autres. Ce genre n'a point de rayons articulés et libres auprès des nageoires pectorales, ni de plaques osseuses au-dessous du corps : sa première nageoire du dos est arrondie, très-longue, et d'une hauteur supérieure à celle du corps. Il y a deux rayons àchaque nageoire thoracine; deux nageoires anales; .enfin la mâchoire supérieure est prolongée en forme d'épée. L'espèce qui constitue ce genre , s'appelle 1 IsTlO- PHORE PORTE- GLAIVE. Elle est figurée pi. E 3. Les ma- telots la connoissent sous le nom de brochet volant et de hé" casse de mer. Elle a beaucoup de rapports avec les */- phiasy par sa forme et ses habitudes. Elle jouit d'une grande force, d'une grande agilité et d'une grande audace. Elle ha- bite dans les mers , entre les Tropiques, et se tient k la surface de l'eau, au-dessus de laquelle sa nageoire dorsale paroît d'assez loin semblable à une voile. Elle se jette sur de très-gros poissons, ne recule pas devant l'homme, et quel- quefois enfonce son glaive dans le bordage des vaisseaux. Elle ne rentre pas, comme la plupart des autres poissons, dans la profondeur des mers, à l'approche des tempêtes, et au con-* traire elle semble les annoncer par sa présence, comme les marsoiihis. Elle se nourrit de poissons, qu'elle avale entiers, car ses dents sont très-petites. Quand elle est jeune, sa chair est assez bonne à manger; mais vieille, elle est dure, indi- geste, et souvent extrêmement grasse. Ses écailles sont soli- des, oblongues, et ne se touchent pas. (b.) ISTONGUE. Catesby donne ce nom à une espèce de Colibri, qui se trouve à la Caroline. V. Oiseau-mouche Rubis, article Colibri, (s.) ISURUS. Rafinesque-Schmahz forme ce genre aux dépens de celui des Raies. Il est ainsi caractérisé : point d'évent ; deux nageoires dorsales, dont la postérieure est adipeuse; I T E i,5 une anale adipeuse ; cinq ouvertures hranclilales de chaque côte; queue égale, verticale et en croissant. Ce genre est particulièrement distingué de ceux qui ont été séparés des raies, par la forme de sa queue, qui a fourni le nom d'isurus adopté par M. Rafinesque. Une seule espèce est décrite par cet auteur; c'est Vîsurus ojoyrinchus qui se trouve dans la mer de Sicile , et qui est con- nu dans ce pays sous le nom de Pesce tondo. Celte raie a près de dix pieds de longueur; les ouvertures de ses branchies sont très-longues et très-étroites; ses dents sont coniques, aiguè's, dirigées en arrière; son museau est très-pointu; sa couleur est grise en dessus et blanche en dessous. Cette raie ne sauroit être confondue avec la Raie oxy- RINQUE des auteurs, ainsi qu'il sera facile de s'en convaincre par la comparaison des caractères de ces deux poissons. <^uant au genre ÏSURUS, il nousparoît se rapporter au sous- getire des raies proprement dites, de M. Cuvier (Règne ani^ mal ) , et à la première division du genre Dasybatus de M. de Blainvrlle (^Prodr. d'une nouv. classif. desanîm. ). (desm.) ISWOSCHIKI. Nom que les Cosaques donnent à une espèce de pingouin , parce qu'elle siffle comme les conduc- teurs de chevaux. C'est I'Alque perroquet. V. Alque. (s.) ISYRINCHIUM. Plante meiHionnée par Théophraste , et demeurée inconnue (ln.) ITABU.Nomdonné , au Japon, selon Kœmpfer, à tme es- pèce de Figuier, ^6usererto,Thumb. F^.aussilNulTABU.(LN.) ITAIBA. C'e^, au Bréisil, le CourbaRIL, hymenœa cour- baril. (B.) ITAINSB A. Brown ( Jam. ) rapporte ce nom brasilien ; qu'il cite d'après Pison, à un Mûrier, morus iinctoria., que Marcgrave nomme iutai-iba, et Plumier iata-iba. (ln.) ITAM. Variété ou espèce de CitronnieRj( c;Vr«5/i/5r« , Lour. ), qui croît à yVmboine. On le trouve encore dans les îles Philippines, en Chine et en Cochinchine ; c'est le clii keu des Chinois. Ses fruits sont globuleux, rudes au toucher , acides, un peu amers et point mangeables, (ln.) ITASIN. Nom du Fenu-grec, chez les Égyptiens, du temps de Dioscoride. (ln.) ITBAER. C'est , en Norwége , I'Herbe a Paris (Pa/7'5 quadnfolia ). (lis.) ITCHIXPALON. Palmier de l'Inde, dont les feuilles servent à faire à^s paniers si serrés qu'ils conservent l'eau. (B-) ÏTë , Itea. Genre de plantes de la pentandrie monogynie. ii6 I T E et de la famille des rhodoracées;oumieux, comme le pense Jus- sieu, delà famille des saxifragées , dont les caractères consis- tent : en un calice divisé en cinq parties aiguës; en cinq pétales linéaires, attachés au réceptacle; en cinq étamioes attachées à labase ducalice; en un ovaire supérieur , ovale ou pyramidal , chargé d'un style persistant àdeuxstigmatesobtus; en une cap- sule ovale, mucronée, biloculaire par la rentrée des rebords des deux valves qui la forment, contenant un grand nombre de semences. Ce genre comprend deux espèces. La première, I'Ité de Virginie, a les feuilles alternes, 'dentelées, les fleurs disposées en épis terminaux, accompa- gnées de bractées , et les capsules pyramidales et velues. Il croît dans les parties méridionales de TAmérique septen- trionale. En Caroline, où je l'ai observé, il couvre quelque- fois des arpens entiers, dans des terrains frais et humides. Rarement il s'élève à plus de trois pieds. Ses longs épis, dont les fleurs s'épanouissent successivement, lui donnent un aspect fort agréable. Il passe aisément l'hiver en pleine terre à Paris, où on le cultive beaucoup dans les jardins paysages, dans lesquels il forme une des dernières enceintes des mas- sifs. On le multiplie de graines, de marcottes et de rejetons. La seconde, I'Ité de Caroline, Itea cyrîlla, Lhérit. , a les feuilles alternes, entières; les fleurs disposées en grappes axil- laires, accompagnées de bractées; les capsules ovales et gla- fcres. Il croît en Caroline dans les lieux humides, sur le bord, xnais ..^quelque distance des eaux. Il atteint jusqu'à douze ou quinze pieds de haut sur huit à dix pouces de diamètre, et est quelquefois si surchargé de fleurs , qu'on ne voit point les feuilles. C'est un des plus beaux arbres des bois de la Caro- line ; aussi en conserve-t-on des pieds dans le voisinage des habitatious , lorsqu'on défriche le terrain, ainsi que je l'ai fréquemment remarqué. Les fleurs des vieux pieds sont très- exposées h avorter. On cultive ce bel arbuste dans quelques jardins de Paris; mais il s'y multiplie difticilement, et n'y pro- duit jamais un bel effet. Celte espèce, qui formoit le genre Cyrilla de Linnseus , est mal à propos rapportée à celui- ci, selon Richard, puisqu'il n'est pas seulement de la même famille, mais de celle des Bicornes, (b.) ITEA. Nom grec du Saule (K. Salix). Il signifie s'élever promptement, parce que le saule croît vite et s'élève fort haut en peu de temps. Linnseus transporte ce nom à un genre d'Amérique, que Mltçhel avolt nommé ûiconangia. F. Ité. (LN.) I U L 4x7 ITHYTERION. Un des noms du Lierre ou d'une de ses variétés, chez les Grecs, (ln.) ITIANDENDRON. Synonyme à'equisctum chez Dios- coride, (LN.) ITICA. L'un des noms arabes de V aslragalus iragacaniha. V. Astragale, (ln.) ITING. Un des noms du Martin chauve, (v.) ITEUANA. Oiseau du Brésil, à gorge rouge, (v.) ^ ITSIONOKI de Kéempfer. C'est, au Japon, le nom d'un arbre qui croit aussi à Amboine et en Cochinchine ; c'est le pistada oleosn, Loureiro. V. CusSAMBlUM et Cay-d'eau- Triong. (ln.) ITSJO. Nom donné , au Japon , au Ginkgo biloba. (ln.) ITTA et ITTAW.4EL. Noms donnés, à Ceylan, à une espèce de Lierre qui produit une résine semblable à de la térébenthine, (ln.) ITTl-ARE-ALOU. Espèce de Figuier de Tlndc. C'est \eJioiis nîtida de Thunberg. (ln.) ITTl-CANNI. Nom malabare dune espèce de Loran- THE ( lorunthus lonit.ero'ides ) , plante parasite qui ressemble au Chèvrefeuille, (ln.) ITTIDE. V. IcTis. (s.) ITTNERE, lilnera. Nom donné pay Gmelin au genre que Linnffus avoit appelé Najade, najas, genre dont il a corrigé le caractère. Suivant lui, il est de la nionoécie monandrie; la fleur mâle est constituée par une anthère sessile, ventrue, s'ouvrant par son sommet, et la fleur femelle par un ovaire surmonté d'un style à stigmate, bifide ou trifide ; le fruit est une capsule uniloculaire, monosperme et évalve. V. Flora la" densis ^ pi. 3 , où sont figurées les deux espèces qui compo- sent ce genre (b.) ITTY-ALU. Nom donné, sur la côte du Malabar, au^cus lenjamina^ L. , le varinga parvifolia de Rumphius , Amb. 3 , t. 90. (LN.) 1 J ZCEUIN TEPORZOÏLL Espèce de Chien qui, sui- vaut Nieremberg ( Hist. nal. , lib. g , cap. 36, pag. 173), se trouve à la Nouvelle-Espagne. Ce chien ressemble à celui de Malle ; son poil est varié de blanc, de noir et de fauve ; il porte entre les épaules une proéminence ou bosse qui lui couvre tout le cou, qu'il a très-court. Cette sorte de diffor- mité ne déplaît point, et l'animal n'en est pas moins joli ni moins agréable par sa douceur et ses gentillesses, (s.) RICA. V. Yucca, (ln.) IULE,/«/i/i. Ge«re d'insectes de l'ordre des myriapodes , x\i. .• u;7 /,î8 I U L famille des chîlognathes , ayaîit pour caractères : corps ap- teie, composé d'un grand nombre d'anneaux portant pres- que tous deux paires de pattes , crustacé , long, cylindrique^ sans appendices à son extrémité postérieure ; antennes plus grosses vers leur extrémité. Les anciens paroissent s'élre servis de ce nom pour dési- gner les mêmes insectes ou quelques autres qui en appro- cîieat beaucoup , les scolopendres . On les a aussi appelés Tiidie-pieds. Ce genre n'avoit pas été divisé*, quoiqu'il renfermât des in- sectes dont les formes difiéroient essentiellement entre elles. Les espèces qui ont le corps oblong et qui se mellenî en boule , comme les armadilles^ forment mon genre Glomeris; celles qui ont le corps allongé, aplati, el sans appendices à son extrémité postérieure, sont des pofydènies. Les iules» qui sont allongés , déprimés et terminés à l'anus par des appendices en forme de pinceaux , composent mon genre po/- iyxène ; les véritables iules sont donc restreints aux espèces qui ont une forme de serpent ou de ver, c'est-à-dire, qui sont longues, cylindriques, et qui se roulent sur elles-mêmes. De la réunion de ces genres est formé l'ordre des Cuilogna- THES, V. ce mot. Le corps des iules, ainsi que nous l'avons dit, est fort al- longé, cylindrique, composé d'un très-grand nombre d'an- neaux courts, d'une substance dure, un peu calcaire et unie. Le nombre de ces anneaux varie suivant les espèces ; à l'ex- ception des deux ou trois de chaque extrémité , ils sont égaux» et portent chacun en dessous deux paires de pattes , conti- guës ou très-rapprochées à leur naissance, La tête des iules est de la largeur du corps , plaie en dessous, convexe et ar- rondie en dessus postérieurement , un peu plus étroite et pres- que carrée ensuite , à partir des yeux ; le bord antérieur est échancré au milieu. Les yeux se noient dans la surface de la tête ; ils sont ovales , plans , et formés de petits grains à fi- gure irrégulièrement hexagonale. Tout près de leur côté in- terne sont insérées les deux antennes , qui ne sont guère plus longues que la tête , assez grosses , de sept articles , dont le premier très-court, les quatre suivans presque coniques ou cylindriques , et amincis insensiblement à leur base ; le cin- quième un peu plus gros ; le sixième également un peu plus gros , conico-ovalaire , tronqué, et au bout duquel on aper- çoit l'exlrcmilé pointue d'un septième article qui est fort petit. La bouche est composée de deux grandes mandibules et d'une grande pièce crustacée, ou espèce de lèvre inférieurcj «ouvrant transversalement le dessous de la tête. Les mandibules ont des rappovis avec celles des dopoiies^ €l une structure toute particulière , dont on ne trouve plus d'analogues dès qu'on est sorti de Tordre des myriapodes. Elles sont formées d'une tige ccailleuse , à l'extrémité de la- quelle est un article également écailleux et surmonté d'une pièce où sont implantées transversalement de petites parties cornées, tranchantes, qui sont autant de dents; le dos de chaque mandibule est en outre emboîté extérieurement dans une capsule écailleuse , grande , articulée à sa base , angu- leuse, comme formée de deux plans, dont l'extrémité de chacun est échancrée. La lèvre inférieure que M. Savigny considère comme deus paires de mâchoires réunies, est divisée par plusieurs sutures ou lignes Imprimées; on voit intérieurement et au milieu, une pièce dont les bords sont anguleux, au-dessus de laquelle s'élèvent parallèlement deux pièces étroites et en carré long, conliguës à leur bord interne, et dont Textrémité est obtu- sément rebordée ; j'avois pris ces parties pour la lèvre inférieure proprement dite ; de chaque côté , à prendre de la ligne commune servant de base, s'élève , dans le sens des précédentes, une pièce écailleuse de la même figure que les deux du milieu, mais plus grande, un peu élargie, et ar- rondie sur le côté extérieur, au sommet; elle a , vers l'angle interne, deux petits tubercules , que l'on prendroit pour deux palpes. La pièce générale est plate, et ressemble , étant très- mince, à un feuillet membraneux. Je l'ai examinée dans une espèce d'iule exotique, et dans l'iule terrestre; celle-ci, qui est la plus commune parmi nous , a cette fausse lèvre inférieure figurée différemment ; les deux pièces latérales et extérieures qui représentent les mâchoires supérieures sont dilatées à leur base et en dedans. Ces dilatations sont longitudinalement contigué's au bord interne, et au-dessus d'elles sont les deux pièces du milieu , avec une petite partie triangulaire dans leur entre-deux, à leur base. Les deux premiers anneaux du corps ne forment évidem- ment pas le cercle entieft; ils sont ouverts inférieurement; aussi les deux premières paires de pattes ont-elles un support membraneux particulier, qui remplit les intervalles : ces deux premières pattes, et même encore les secondes, semblent être appliquées sous la bouche : aussi remplacent- elles les deux paires supérieures de pieds-mâchoires des crustacés. Le premier anneau est surtout très-ouvert , en forme de plaque, une fois plus long que chacun des autres; c'est une sorte de corselet; le troisième anneau, quoique formant presque un tour entier, est cependant ouvert, et n'a qu'une seule paire de pattes , insérées de même que les précédentes; le qua- trième segment est plus fermé que le troisième , mais a'a 420 I tr L encore qu'une paîre de pattes. La gémination ne commence qu'au cinquième; ainsi, en supposant que le premier, ou la plaque qui répond au corselet, n'a pas de patles, la première paire de ces organes du mouvement répondra au second segment, la seconde au troisième, la troisième au quatrième, et les quatrième et cinquième, au sixième. Celte gémination continuera ensuite sans interruption dans les femelles; mais dans les mâles, le septième segment en est dépourvu, ou n'en a qu'une paire, les organes sexuels entraînant im changement en cette partie. Ces premiers segmens semblent ainsi repré- senter le tronc des autres insectes. La détermination des espèces d iules ayant été établie sur' le nombre des pattes, il doit y avoir de 1 erreur dans les ca- ractères spécifiques : cai' tous les auteurs ont généralement cru que chaque anneau avoit deux paires de pattes. Les deux derniers anneaux en sont absolument privés ; le pénultième a le milieu de son bordpostérieurementavancé en pointe; il re- çoit en partie le segment terminal, qui est formé de deux valves arrondies au bord interne, appliquées Tune contre l'autre, cts'ouvrant pour laisser passer les excrémens et les œufs. Les pattes sont très-petites, disposées sur deux séries, très-rapprochées l'une de l'autre , et dans un sens hori- zontal à leur base , faisant ensuite le crochet ; elles sont composées de six petits articles et d'une pointe conique et cornée. Les iules, malgré leur grand nombre de pattes, ne sont pas agiles; au contraire, ils marchent très-lentement, et semblent glisser comme les vers de terre. Il font alors agir leurs pattes Tune après l'autre , régulièrement et successive- ment ; chaque rangée forme une espèce d'ondulation; ils re- muent en même temps leurs antennes, semblant s'en servir pour tâter le terrain et le corps sur lequel ils se promènent. Dans le repos, ces insectes ont le corps roulé en cercle ou en spirale , la tête étant au milieu : on les prendroil pour de petits serpens. Les iules se trouvent sous les pierres, dans le tan des vieilles souches, sous les écorces des arbres, la mousse , etc. Ils ai- ment, en général , les lieux un peu humides et sombres. Le Midi en offre cepenlant une espèce assez grosse, qui se tient à découvert et (mi grande quantité dans des terrains calcaires. Degeer a vu un iule ronger une larve de mouche et la man- ger çn partie. Il est donc probable que ces insectes ont un naturel carnassier; cependant le sentiment le plus commun est qu'ils se nourrissent de terreau. Plusieurs espèces, mais très-petites , rongent aussi des fruits , des feuilles de plantes potagères , surtout celles qui tombent k terre et qtiî se dé- composent. Les iules sont ovipares; j'ai ouvert plusieurs femelles, et je leur ai trouvé les ovaires remplis d un assez grand nombre d'œufs blancs et assez gros. Degeer n'a vu aux petits , au mo- ment où ils éclosent , que six pattes , qui étoif ni attachées par paires aux trois premiers anneaux ; le nombre total des anneaux du corps n'est même ators que de sept ou de huit ; mais en quatre jours de temps il leur pousse qusire autres paires de pattes et quelques anneaux de plus à l'cxlréinité postérieure. Les antennes, qui n'avoient d'abord que quatre articulations apparerJes, en ont maintenant six. Ce natura- liste n'a pas aperçu de vesiige de dépouiilos auprès de ces insectes ; il est néanmoins probable qu'ils avoient changé de peau pour acquérirle développement de ces parties. L'exac- titude des recherches de Degeer ne nous permet pas de dou- ter de la vérilé de celle obscrvalion. Les iules subissent donc nne véritable métamorphose , puisque le nombre de leurs organes du mouvement et des segmens du corps s'ac- croît avec leur âge , et sans doute par le moyen de mues suc-, cessives. Ce genre est peu nombreux en espèces. L'Amérique nou& en donne une très-remarquable par sa grandeur. Les environs de Paris en offrent plusieurs, comme l'IuLE TERRESTRE, riULE DES SABLES, 1 IULE PALLIPÈDE {Encyclup.^ et quelques autres. Nous ne ferons connoïtre que les deux premières. L'Iule des sables , luJns sahulosns , Linn ; Schnpff. Eleirié eniom. tub. 78; Iiihisfasciatiis^ T^c^.\ ïitlus tfrrestris^ pl.E 11. 10 de cet ouvrage ; long d'environ seize lignes, d'un brun noi- râtre , avec deux lignes roussâlres le long du dos ; cin- quante-quatre segmens, dont Tavant-dernier terminé par une pointe forte , velue et cornée au bout. Iule terrestre, L pi lys. V. Bu OLE. (b.) IVIDyV. Nom donné, par les naturels de la Guyane, à une espèce de Tongchu , Stermlia crinita., W. (ln.) IVOIRE, Ebur. C'est le nom des défenses de l'éléphant ou de «Ks grosses dents coniques qui sortent de sa bouche. Ces défenses sont de véritables dents placées dans l'os incisif de la mâchoire supérieure : on peut donc les considérer comme des incisives; mais leur forme est fort différente de celles des autres animaux. Elles sont arrondies, coniques, et se relèvent de chaque côté de la trompe de réléphanl. C)b I y o 4s3 ^iroltqae ce sorent deux cornes placéesdans la bouche. Leur eitrémilé n'est pas très-poinlue, mais un peu arrondie et aplatie vers les côtés. La partie de leur surface qui se trouve en haut , est plus colorée et plus jaune que la partie infé- srieure. Souvent ces défenses sortent de trois pieds ou plus hors de la mâchoire supérieure. On a trouvé quelques dé- fenses d'un très-grand poids; quelques- unes ont Tépaisseur de la cuisse d un homme, et sont longues de neuf pieds; on prétend même qu en Afrique , il s en rencontre qui pèsent plus de cent vingt-cinq livres chacune. Lopez assure qu'il y en a du poids d'environ deux cents livres , et Drack confirme cette assertion ; celles des élcphans , apportées au Cap de Bonne-Espérance , pèsent soixante à cent vingt livres , sui- vant Kolbc. On rencontre , en Sibérie, beaucoup à'iooirc fossile^ et on en conserve au Cabinet d'Histoire naturelle de Paris , de très-gros tronçons trouvés près de Rome. V. la fin de l'article Elephaî^t. Lorsque l'ivoire est exposé à l'air, il devient jaunâtre. En sciant une défense , on trouve son intérieur teint de diverses liuances ; ce qui a fait distinguer, parmi les ouvriers, diverses espèces d'ivoire. Celui qui a une nuance verdâtre ou olivâtre, s'appelle iv>ûire vert, et c'est le plus estimé; car on prétend qu'il jaunit moins à lair que les autres. L'ivoire vert ne se trouve que dans les défenses enlevées depuis peu de temps à l'éléphant , car en se desséchant ensuite, il prend une teinte blanche et mate , surtout lorsqu'il est exposé à l'air ou k la lumière du soleil. L'ivoire blanc est donc plus sec que l'oli- vâtre ; mais son état blanc est voisin de son état jaunre. Celui- ci est un commencement de décomposition de la matière gé- latineuse de l'ivoire par sa combinaison avec Tair ; car l'inté- rieur de l'ivoire reste blanc. On remarque dans cette sub- stance des fibres qu'on nomme le grain; il est quelquefois très-apparent. Au milieu de la défense règne un canal très- fin , qui s'étend depuis son extrémité jusqu'à la racine de cette dent , où ce canal s'élargit. Les fibres de lix^oire for- ment des losanges , par rentre-croisement des lignes; celles- ci se ramifient à raesure qu'elles approchent de la circonfé- rence de la défense. Il paroît que les défenses de Téléphanl sont formées par de5 couches coniques qui s'emboîtent les unes dans les autres. On nomme écorce , la couche externe qui est plus dure , plus brune et moins exposée à jaunir; on la prend de préférence pour faire des dents artificielles. Les défenses sont creuses à leur base et s'augmentent par couches additionnelles. Les coupes longitudinales de l'ivoire montrent moins de grain que lejs coupes transversales. On en fait ainsi des lames pçnr les peintres en miniature, qui peignent dessus en de'lrempe, .ipiès les avoir dégraissées avec une dissolution de potasse dans l'eau. i^esdéfenses d'élcphans n'ont pas de véritable émail comme les dents , de là vient que l'ivoire n'est pas aussi dur qu'elles, c\ s'altère bien plus facilement. On remplace l'ivoire, pour faire des dents artificielles , avec les grosses dents canines des hippopotames , qui donnent une espèce d'ivoire très-blanc, très-dur et qui ne jaunit pas. Les défenses de la vache marine ou du morse sont aussi fort estimées pour cela , car leur tex- ture est plus serrée et plus solide que celle de Tivoire des ëJéphans. On sait qu il se fait un grand commerce d'ivoire sur pres- que toutes les côtes d'Afrique et dans les Indes. Ces défenses «i'ivoire brut se nomment du morfil ou morphil. C'est pour vendre ce morphil aux Européens que les Nègres font une guerre d'extermination aux éléphans. Dans le Bas-Languedoc , h Simmore , à Laymont , du côté cTAuch , à Castres, on trouve des mines de turquoises qui sont des dents , des os d'animaux ou de l'ivoire pétrifiés et colorés en bleu , par un phosphate ou im oxyde de fer et non de cuivre dont on croyoit ces objets imprégnés. (^Mém. arad. se. 1725 , Réaumur.) La chaleur graduée du feu donne à ces substances une belle couleur bleue. L'ivoire trouvé en Sibérie dans la terre , où il paroît être déposé depuis beaucoup de siècles, n'est cependantpas altéré, et on peut le travailler comme de l'ivoire vert ou récent ; sa couleur n'est pas jaunie. On en a rapporté en France. Il y a même plusieurs lieux dans l'Europe , soit en Allemagne, soit en Italie, en France , en Angleterre , en Espagne , dans les- quels on a trouvé de l'ivoire fossile. On en a même retiré dans la plaine de Grenelle, près Paris. Mais c'est principa- lement en Sibérie et en Tartarie qu'on en trouve en grande quantité. Les Jakules et les autres nomades tartares les ap- pcMeml os de mammout. On les a confondus quelquefois avec les débris des morses ou vaches marines, ou bêtes à la grand- dent. L'ivoire fossile de Sibérie, qui a jadis appartenu à de vrais éléphans , et dont on reconnoît très-bien la ressem- blance avec les défenses ordinaires de ces animaux, cet ivoire , dis-je , est très-abondant et se montre en masses si grosses , qu'elles ont dû appartenir à de très- grands individus. Les dents des animaux sont plus dures que l'ivoire , qui est une dent d'une nature moins solide. Livoire étant d.e la même nature chimique que les os (c'esl-à-dirc du phosphate de chaux uni à une matière géla- tineuse), et n'en différant que par sa texture , sa dureté et sa I V 0 4^5 blancheur, les préparations qu'on lui fait subir dans les arts conviennetit également aux os des animaux. La blancheur que l'ivoire acquiert, dépend d'abord de sa dessiccation ; mais lorsqu'il jaunit, sa matière gélatineuse s'altère par 1 air, et se combine avec le gaz oxygène de l'atmosphère : re qui prouve cette assertion, c'est que cette coloration en jaune ne pénètre pas dans livoire, à moins qu'il ne soit fêlé , mais ne se montre qu'à la surface. L'acide murialique oxygéné ou le chlore peut rétablir la blancheur de l'ivoire, lorsqu'on le fait tremperdans cette liqueur ; mais il ne faut pas qu'il y demeure long-temps. On assure que 1 ivoire de Ceylan ne jaunit jamais ; c'est pour cela qu'on le vend plus cher. Les artisans distinguent deux sortes de morphil ou. woire ^ le blanc et le vert ^ parle moyen de leur écorce de couleur blanchâtre ou citrine à l'un , brune et noirâtre à l'autre ; le vert esl préférable , parce qu'il est d'un grain plus serré, et que cette teinte verte se dis- sipe aisément pour ne laisser que le plus beau blanc, sans jamais jaunir ; mais aussi sa fragilité esl plus grande. La chaleur ne fait point redresser l'ivoire; cependant elle le ramollit, ce qu'elle n'opère pas de même sur les dents; il faut donc le scier, soit à sec, soit plutôt dans l'eau, afin qu'il s'échauffe peu et s'éclate moins. On le polit avec la pierre- ponce et le tripoli. On prétend que livoire trempé dans de la moutarde , s'y ramollit ; mais ce ramollissement est plus sûr dans un acide minéral étendu d'eau, comme l'eau -forte Çar.ide nitrique), ou dans l'huile de vitriol (ar/V/e sulfuricfiie). Les os et l'ivoire se ramollissent aussi dans une lessive alca- line de soude et de chaux vive. Une livre divoire a donné 7 gros I grain de gélaline très-solide à Geoffroy (Hist. acad. se. 1702). Mérat Guillot obtint : gélatine, 24.; phosphate de chaux, 64.; carbonate calcaire, 0,1; eau, ii,i5des dents d'é- léphant {Annal, cliini. , tom. 36 , pag. 70). Morechini décou- vrit du fluate de chaux dans l'ivoire fossile {Blemorie difisica^ Moden, , tom. x , p. 164, an i8o5; et M. Gay- Lussac en observa dans l'ivoire frais {Annal, chim. , tom. SS , p. 264). On prépare le noir d'ivoire en brûlant celte substance dans des vaisseaux fermés qu'on fait rougir au feu. On en retire l'ivoire qui est noir et friable ; on le broyé à l'eau sur un porphyre , et il sert de couleur noire fort belle et veloutée en peinture , soit à Ihuile , soit en détrempe. La corne de cerf hrdlée , et même les os de mouton ou de plusieurs autres animaux , donnent aussi une couleur noire lorsqu'on les fait calciner dans des vaisseaux clos. En exposant l'ivoire à la vapeur de la chaux qu'on éteint dans l'eau, et en le lavant dans cette eau de chaux, on le blanchit lorsqu'il est devenu jaune. Une dissolulion d'alun, i-^G T V R ou la lessive de savon noir, peuvent aussi blanchir rivolrc devenu roux. L'eau de chaux blanchit les os quand on les y met tremper. Les os se peuvent teindre de diverses couleurs , en vert , par le vert-de-gris; en noir, par la lilharge et la chaux ; en beau rouge , par la bourre d'écarlate lessivée dans une eau alcaline, etc. Les os râpés et dissous dans une eau alcaline , cl chargée de chaux vive , peuvent former un magma gélati- neux qu'on moule a volonté tandis qu'il est chaud. En se re- froidissant, il prend la forme du UiOule et la dureté des os. On pourra voir une foule d'autres procédés dans les ouvrages qui traitent des arts et métiers. Dans la médecine, on fait usage de la râpure d'ivoire , comme de celle de corne de cerf. On la regarde comme adou- cissante ; elle arrête les cours de ventre. On la fait bouillir dans de l'eau pour la prendre en boisson, comme astringente, rafraîchissante. Le spûdhim des Arabes est l'ivoire biillé. On appelle encore V hoire fossile ^ unicorne fossile ., et par sa calci- nation, il fournil souvent des turquoises fort belles et fort dures; mais il ne faut pas trop pousser la chaleur. La tur- quoise est , comme on sait, itn os imprégné de phosphate de fer ou d'oxyde de fer, substitué à une portion de chaux; sa cou- leur est d un bleu clair et opaque. Sonnom lui vient de ce que les Turcs 1 ont fait connoîlre les premiers en Europe, en l'admettant aunombre de leurs ornemens. F. Tukquoise;^o/z- jm//^z surtout l'article de I'Eléphant. (virey.) 1\ OlPiE. Coquille du genre buccin Ae Linnsens. Lamarck en a fait un genre nouveau, sous le nom d'EBURNE. (b.) IVRAIE ou IVROIE, Loliiim, Linn. (in'andrie d/^ynie). Genre de planles de la famille des graminées. Un épi tant soit peu fléchi en zigzag, garni d'épillets sessil&s, distiques et alternes ; une balle calcinale persistante, en alêne, placée en dehors de chaque épillet , et comprimant plusieurs fleurs ; une corolle à deux valves lancéolées, aiguës, concaves et uié- gales; trois étaminesà filets capillaires et à anthères mobiles; un ovaire supérieur, chargé de deux styles plumeu.T; une semence oblongue , convexe d'un côté, aplatie et sillonnée de l'autre: tels sont les caractères naturels de ce genre, qui comprend six à huit espèces, savoir : L'Ivraie vivace, Lolium perenne , Linn., à épi sans bar- bes, long environ de sept pouces, et dont les épillets sont formés par plusieurs fleurs. Cette plante, qu'on appelle aussi fausse ioraie^ fleurit tout l'été , et croît naturellement en Eu- rope , le long des chemins et aux bords des champs. C'est le rui-grass deS Anglais, qui le cultivent pour nourrir le bétail, «jui l'aime beaucoup. On l'emploie aussi à faire des gazons. ] V Y ^27 Cette graminéese plaît dans les terrains les plusmaigres; mais elle es» basse et ne fournit qu'un fourrage peu abondant, si on la coupe avant sa floraison, et elle devient dure et peu du goût des bestiaux si on la coupe après. L'Ivraie menue, Lollum ienue^ Linn., à épis sans barbes, à épillets de trois (leurs, et très - menus. Elle fleurit en juillet. L'Ivraie multiflore , Lollum mulflflomm ^ Lam. , à épis munis de barbes courtes, ayant de vingt à vingt-cinq épillets, dont chacun, trois f<;;s aussi long que le calice, et composé de douze à dix-huit fleurs. L'Ivraie annuelle ou enivrante, Loilum iemulentum ^ Linn., à épis munis de barbes et coniposés d'épillets de la longueur du calice, renfermant chacun plusieurs fleurs. Celle espèce, qu'on appelle aussi zlwnle , herhe d'hrogne, est celle qui croît malheureusement dans les champs, avec le blé , l'avoine et l'orge. Ses racines sont fibreuses, étagées et ver- ticillées; elles poussent des tiges ou chaumes de deux à quatre pieds, semblables à ceux du blé, ayant quatre ou cinq nœuds, de chacun desquels naît une feuille longue , étroite , verte , épaisse, cannelée, embrassant la tige par sa base. Ses chau- mes sont terminés par des épis longs de huit à dix pouces, chargés de grains de couleur rougeâtre , plus menus que ceux du blé , et peu farineux. Ces grains tombent à l'époque de leur maturité, et peuvent se conserver sains en terre au moins jusqu'aux semailles suivantes. Voilà pourquoi il est assez dif- ficile d'extirper l'ivraie des champs , et pourquoi , dans ceux qui sont mal préparés, cette mauvaise plante croît à côté du froment, et se récolte souvent avec lui. Le pain et la bière où il est entré beaucoup de grain d'ivraie, enivrent et causent des vertiges, des nausées, des yomissomens. {Jnfdix lollum, dit Virgile. ) Lorsque ce grain a été cueilli peu mûr, ses effets sont beaucoup plus dange- reux quejorsqu'il a été cueilli dans sa parfaite maturité. C'est particulièrement dans son eau de végétation que résident ses qualités malfaisantes. La semence d'ivraie est acide au point de rougir les cou- leurs bleues végétales. Pannentier assure qu'on peut dépouil- ler les graines de cette plante de leur qualité nuisible, en les exposant à la chaleur du four avant de les-faire moudre; on doit ensuite faire bien cuire le pain , et attendre , pour le manger, qu'il soit parfaitement refroidi; ces précautions , ajoufe-t-il, devroient toujours être observées lorsqu'on use de grains trop nouveaux, (n.) IVROIE. V. Ivraie, (s.) IVY. C'est le Lierre, en Angleterre. (r.N.) 428 i X I IWAFICURN. Selon quelques anciens voyageurs , on appelle ainsi, sur les côtes du Japon , une espèce de haleine qui se nourrit principalement de sardines. Voyez au mot Ba- leine, (s.) ■'" IWRCH. C'est le cheorew'l, etlvRCHELL, la cheoreite dans la principauté de Galles , en Angleterre, (desm.) IXA , Jxa. Genre de crustacés, formé par M. Léach avec la leucosie cylindre de Fabricius. V. Leucosie. (l.) IXIA. Théophraste paroît avoir donné ce nom' au gui. Dioscoride et Pline disent que c'étoit un de ceux du Chame- LON BLANC, qui, en certains lieux, laissoit transsuder de ses racines ou de l'aisselle des feuilles, un suc visqueux dont les femmes se servoicnt en guise de mastic : celui-ci est Yixine de Théophraste. Linnœus a appliqué ce nom à'ixia à un genre de liliacées , dont toutes les espèces , excepté une , étoient inconnues aux anciens ( Voyez Ixie). Adanson le nomme helemcanda. (ln.) f IXIE, Ixia^ Linn. (Irmndn'e monogynie). Nom d'un genre »le plantes à un seul cotylédon , de la famille des iridées , et dont le caractère est d'avoir une spathe uniflore et persis- tante qui renferme le germe ; une corolle moi.opétale ( ou calice coloré ) , en cloche, à cinq divisions profondes et éga- les ; trois étamines plus courtes que la corolle *, un style mince avec un stigmate divisé en trois; et un ovaire ovale et à trois angles, placé au-dessous de la fleur. Cet ovaire, après avoir été fécondé , se change en une capsule de la même forme , qui a trois valves et trois loges ; chaque loge contenant plu- sieurs semences à peu près rondes. Les ixies ont de grands rapports avec quelques genres de la même famille, tels que les Iris, les Glayeuls, les Bulbo- CODES, les MoRÉES et les Galaxies. On aétabli à leurs dépens IeSgenresWlTTSENIE,WATS(miE,LAPEYROUSIE,SpyARAXIS,« Trichonème, Hespéranthe, Geissorhize, Romulée et Babiane. La plupart des ixies sont des herbes exotiques, et ont une racine bulbeuse. Dans les quatre-vingts espèces que comprend à peu près ce genre, il y en a beaucoup de très- jolies qui sont recherchées des amateurs, et qui servent à l'ornement des jardins ; les unes fleurissent au printemps, les autres en automne, quelques autres au commencement de l'hiver. Leur patrie est le Cap de Bonne-Espérance. Toutes celles que nous allons décrire, sont .originaires de ce pays, à l'exception de Vixie bulbocode ^ qu'on trouve en Europe. Les plus belles ixies du Cap , et les plus intéressantes à cultiver , sont : I X I 429 L'IxiE ODORANTE, Ixîa cinnamomea 1, Linil,, dont la fleur répand, surtout le soir, une odeur suave de cannelle ; elle s'ouvre à quatre heures après-midi, embaume l'air pendant la nuit, et se referme vers le jour. Son ognon est ovale 'et tronqué à sa base: il pousse deux ou trois feuilles glabresjet lancéolées, à bords crépus ; la tige n'a que cinq à sept pou- ces. Cette ixie croît sur les collines. ^j L'IxiE sÉTACÉE, Ixia setacea ^ Linn. Dans cette espèce, qui, selon Thunberg, offre plusieurs variétés, les feuilles sont linéaires , aiguës , plus courtes que la hampe , et ont une ligne élevée dans leur milieu. ' -i.;;.;'-, ) L'IxiE A FLEURS DE sciLLE , Ixia scillan's , Linn. Son nom lui vient de la ressemblance qu'ont ses fleurç avec celles de plusieurs scilles. C'est une fort jolie espèce qui a une tige droite; des rameaux grêles et nus; des feuilles en glaive; et des fleurs nombreuses, disposées en épis terminaux. L'IxiE PElSDATSTE, Ixia pendula , Linn. C'est, de toutes les ixies connues, celle qui s'élève le plus, et une de celles qui portent les plus grandes fleurs ; elle est encore remarquable par ses longues spathes membraneuses et transparentes. Les sommets des rameaux penchent sous le poids des fleurs, qui sont rougeâtres et disposées en épis. On trouve cette plante dans les lieux humides. L'IxiE BULBIFÈRE, Txîa bulhifera ^ Linn. Celle-ci se dis- tingue des autres par ses petits bulbes qui naissent aux ais- selles des feuilles, et qui, étant plantés, croissent et pro- duisent des fleurs. On cultive cette espèce au Muséum. L'IxiE FRANGÉE , Ixia fimhiiala , Lam. , a quelques rap- ports avec la précédente ; mais elle ne produit point de bulbes aux aisselles des feuilles. L'IxiE TACHÉE , Ixia maculaia , Linn. Ses fleurs varient beaucoup; elles sont jaunes ou violettes, ou d'un rouge foncé, ou panachées de jaune et de blanc, ou jaunes à l'extérieur , avec des bordures pourpres ; toutes ont une spalhe colorée supérieurement, et une tache obscure à la base de chaque division de la corolle. Dans cette ixie , la tige est sim- ple, quelquefois- rameuse et enveloppée dans sa partie infé- rieure par des feuilles linéaires et ensiformes plus courtes qu'elle. L'IxiE A FLEURS VERTES, îxia viridlflora , Linn. Celte ixie qu'on cultive depuis plusieurs années au Muséum et dans le jardin de M. Cels, est très-remarquable par la grandeur , et surtout par la couleur verte de sa fleur, dont la corolle a un diamètre de deux pouces, avec ses découpures ouvertes eu étoile , et une belle tache noirâtre à sa base. 43o I X I L'IxiE ORANGÉE OU SAFRANEE , Ixia crocata , Linn. C'est une des plus belles espèces de ce genre. Il sort de son bulhe trois ou quatre feuilles étroites, minces, et faites en lame d'cpée; la tige est un peu plus longue: elle a un ou deux ra- meaux, quelquefois trois, terminés par des fleurs sessiles, alternes, disposées en épi souvent unilatéral. Ces fleurs ont beaucoup d'éclat. Cette plante fleurit au commencement de mai , et ses semences mûrissent en juin. L'IxiE POURPRE, Ixia purpurea , Lam. Elle n'a pas moins de beauté que la précédente; Thunberg soupçonne qu'elle en est une variété ; son bulbe a des tuniques fibreuses et ré- ticulaires. L'IxiE BULBOCODE, Ixia bulborodiiim , Linn. Cette espèce est remarquable par le très-grand nombre de variétés qu'elle offre, et parce qu'elle croît dans des pays très-éloignés les uns des autres: on la trouve dans le midi de la France, en Espagne, en Italie, en Portugal, sur la côte de Barbarie, et même au Cap de Bonne-Espérance, Ses variétés principales sont à grandes et à petites fleurs bleues, violettes, ou pana- cbées de blanc et de jaune. Son bulbe est ovale, et garni à la base de racines fibreuses ; ses feuilles sont filiformes et sillonnées; la hampe, plus courte qu'elles, est rameuse; et les rameaux ne portent qu'une fleur. L ïxiE DE LA Chine, Ixia chinensis. Ses tiges s'élèvent, dit Thumberg,à la hauteur de cinq ou six pieds; sa racine est char- nue, fibreuse, et de couleur jaunâtre; ses feuilles, longues d un pied, larges d'un pouce, et sillonnées dans leur lon- gueur, embrassent les tiges de leur base et se terminent en pointe aiguë. La ligeet ses rameaux se divisent en deux pé- doncules, dont chacun soutient une fleur, qui est de cou- leur d'orange en dehors et jaune en dedans, avec des taches noires et rouges. En Europe , cette plante ne parvient qu'à la hauteur de deux ou trois pieds; elle fleurit en juillet et août, et produit des fruits dans les années chaudes. On la nmltiplle par ses semences ou en divisant ses racines. II faut l'élever d'abord sous châssis; mais la seconde année on peut la mettre en pleine terre , à une exposition chaude , pourvu qu'on la couvre en hiver pour la garantir des fortes gelées. On la place actuellement parmi les MoRÉES. Voyez. ce mot. Toutes les ixies que nous venons de décrire (les A^mt dernières exceptées) sont trop délicates pour résister au froid de nos climats; il faut les élever dans des pots remplis de terre légère , et les tenir en hiver sous des châssis : on doit les garantir des souris qui aiment beaucoup leurs racines, (d.) 1^0 43. ÏXÎNE de Théophraste. Plante qui paroît êlre la Carline A GRANDE FLETJR. V. IxiA. (LN.) IXOGARPEIA.. Synonyme de Scïiizol.ena. Nom d'un genre déplante, éla'oll par Anbert Dnpetit-Thouars. (ln.) IXOGAULOS. Th.ilius décrit sous ce nom trois espèces de caryophyllées, savoir: its îychnis flos-cucidi et viscaria , et le sÛene niifans. (ls.) IXODE, Ixodia. Arbrisseau de la Nouvelle-Hollande, à feuilles alternes et à fleurs disposées en corymbes terminaux, qui seule constitue un genre dans la syngénésie égale. Les caractères de ce genre sont: calice imbriqué d'écail- les desséchées en leurs bords; réfeptacle garni de paillettes en forme de pétales découpés ; point d'aigrette. JjCs fleurs de cet arbrisseau, qui est figuré pi. iSS; da Botankal magazine de Curtis, ressemblent à celles de lAcHll- LÉE PTARMIQUE. (B.) IXODE, Ixodes, Lat, Fab. ; Cynôrhœstes , Herm. Genre d'arachnides de l'ordre des trachéennes, f:miille des holètres, tribudes aca'fides, division des tiques, et qui a pour caractères: corps aptère , sans distinction d'anneaux , et n'ayant qu'une petite plaque écaiileuse, occupant son extrémité antérieure; huit pattes simplement ambulatoires ; bouche formée d'un su- çoir composé de trois lames cornées , dentelées , i^nfermé entre deux palpes; le tout avancé en manière de bec' Fabri- cius a placé ce genre dans son ordre des Antliates. Le genre des Mites ou Acvres, Acarm , ne présentoit qu'une grande famille ; j'ai essayé de l'analyser. Un examen des plus délicats et des plus attentifs m'a fait découvrir de grandes différences dans l'organisation des parties de la bou- che de ces petits animaux , et je me suis vu forcé de créer un grand nombre de nouveaux genres. Celui A'Ivode est très-na- turel , et c'est sur les insectes qui le composent , que M. Fa- bricius ayoit fondé les caractères du genre acams. D'anciens naturalistes les désignèrent en latin sous le nom de r/«/i«i, que j'aurois adopté avec plaisir, si Dégéer ne la- voit pas déjà affecté à un nouveau genre, formé des poux qui vivent sur les oiseaux. Les ixodes sont appelés , en France , ti'jues. Il en est deux espèces qui sont plus particulièrement connues : l'une tourmente quelquefois les chiens de chasse , et les piqueurs la nomment low^elte , ticjue des chiens ; l'autre nuit beaucoup aux bœufs , aux moutons , si on la laisse se multiplier ; elle est le redwius de quelques auteurs. Les ixodes ont le corps presque orbiculaire ou ovale , très- plat , lorsque l'insecte n'a pas pris depuis long-temps de nournture ; pourvu d'un petit bec , obtus en devant , et de '432 T y O chaque cAté , de quatre pattes courtes et souvent recoquil- lées. La peau est assez ferme , et ne présente aucune distinc- tion d'anneaux ; le corselet est incorporé avec la masse du corps , et n'est remarquable que par un petit espace arrondi , couvert d'une peau éciilleuse , située à la partie antérieure du corps , immédiatement après le bec : les yeux ne sont presque pas sensibles. Ce bec consiste en un support, une gaine et un suçoir; le support ou la base du bec est formé dune petite pièce car- rée et écaiUeuse , serv^mt de boite à la naissance du suçoir, et reçue dans une échancrure pratiquée au-devant du cor- selet. La gaine est de deux pièces fort courtes, ccailleuses, con- caves au côté interne , arrondies, et même un peu plus larges veysleur extrémité. Vues à la loupe , le milieu de leur sur- face supérieure , paroît coupé transversalement par une li- gne , voiià deux arlicles ; la base en a un troisième , et qui est fort petit. Si nous consultons l'analogie , nous pourrons considérer ces deux demi-tuyaux articulés , comme deux palpes. Le suçoir est composé rie trois lames cornées , très-dures, coniques ; les deux latérales sont plus petites , et en recou- vrement sur la troîsiei) e. Celle-ci est grande , large , moins colorée , un peu transparente, obtuse au bout , mais très- remarquable p«r un grand nombre de dents en scie et très- fortes. On ne doit donc pas être ."^urpris de ce que ces in- sectes tiennent si fortement à la cli^ir des .inimaux auxquels ils se sont accrochés. Cette lame a un sillon au milieu dans sa longueur ; les côtés et toute la surface inférieure sont hé- rissés de dents. Les pattes sont placées de chaque côté à peu près à égale distance les unes des autres . et augmentent insensiblement de grandeur, à commencer aux antérieures; elles sont com- posées de six arlicles , dont les deux derniers forment un larse conique et terminé pai un petit corps mobile , une pe- lote, se rejetant sur un des col es , et garni de crochets au bout. Cette partie est à 1 insecte d'un grand secours pour se fixer sur les animaux qui passent auprès de lui. Les ixodes ont d'ailleurs une habitude qui , sous ce r;tpport, les facilite da- vantage ; ils se tiennent dans une siiu;. lion verticale, accro- ., chés simplement avec deux de leurs pattes, et ont les autres étendues. Il m'a semldé que ceux d'Europe habitent de pré- dilection les genêts : ils se iriontrent dès les premiers jours du printemps. On ei> trouve aussi beaucoup en automne. Le dessous de l'abdomen présente un petit espace drcu- î X O ^33 îaire et écailleux, qui paroît indiquer les organes de la géné- ration et l'anus. Ces arachnides pullulent prodigieusement : j'ai vu un bœuf tellement rongé par elles, quilen succomboit presque , étant d'une maigreur extrême , et pouvant à peine marcher. Il faut visiter avec soin les bestiaux que l'on a menés paître dans les bois fourrés, les ixodes y étant plus communs. Le ventre de\ces petits animaux est, comme nous l'avons dit, très-plat, lorsqu'ils ont jeûné ; mais , par la succion , il enfle et aug- mente tellement qu'il occupe un volume considérable, et n'est plus reconnoissable. La couleur et les tachés de la peau disparoissent à force qu'elle s'étend : le ventre est alors entiè- rement cendré ou grisâtre. On doit observer avec soin ces changemens ,^fm de ne pas s'exposer à faire deux espèces du même animal vu dans ces deux états. Les ixodes marchent lentement et avec pesanteur ; mais ils ont une grande facilité à s'attacher, avec leurs pattes, aux objets qu'ils rencontrent, même au verre le plus poli. Degéer a fait sur ÏLvode rédwe^ une observation cu- rieuse. Il a trouvé , sous le ventre de plusieurs , un autre individu de la même espèce, tout noir, et beaucoup plus pe- tit , n'ayant que la grandeur d'une graine de navet , qui leur embrassoit le ventre avec ses pattes, se tenoit là dans un par- fait repos, renversé exactement entre les deux pattes poslé- rieures , et jamais ni plus haut ni plus bas. Sa lête se trouvoit. toujours placée dans cet endroit inférieur du Ventre, où nous avons dit qu'étoient les organes de la génération , dans les femelles du moins. Degeer a vu cet ixode plus pelil y enfon- cer sa trompe. Ses bras éloient alors considérablement écar- tés vers les côtés, et appliqués sur la peau de l'individu plus grand. Il gardoit cette position plusieurs jours sans bouger de place, toujours dans un parfait repos, et se laissoit transpor- ter. Ce petit individu a beaucoup de conformité avec le grand. Degeer conjecture que c'est un mâle, et qu'il est alors accou- plé. M. Chabrierprétend que les œufs sortent par la bouche. Les ixodes sont si avides de sang, et ils enfoncent si fort leur suçoir dans la peau des animaux , qu'il est souvent dif- ficile de les en arracher sans les blesser. L'homme lui-même est quelquefois surpris par ces arachnides. C'est surtout dans plusieurs contrées de l'Amérique , qu'elles sont re- doutées.On en trouve dans les bois une quantité innombrable , et ellesy sontunvraifléau.Ellesse tiennent sur les buissons,les plantes, et surtout sur les feuilles sèches , dont le terrain est jonché. Pour peu qu'on vienne à s'asseoir par terre, on en a bientôt les babils et le corps ensuite couverts. Elles cherchent à l'instant à s'y fLxer , en introduisant leur trompe dans la xvi. V a8 434 ï X O peau. Kalm dit avoir vu un cheval qui avoit le dessous dû ventre , et d'autres parties du corps , si couverts de ces ani- maux , qu'à peine pouvoit-on introduire entre eux la pointé d'un couteau. Ils s'étoient profondément enfoncés dans sa chair, et le cheval fut tellement épuisé , qu'à la fin il en suc- comba , et mourut dans de grandes douleurs. Le même naturaliste observe que quand ces petits animaux sont bien rassasiés de sang, ils tombent d'eux-mêmes de l'en- droit où ils se sont fixés. Le nombre de leurs œufs , suivant le môme , est prodigieux : une seule femelle en pondit sous ses yeux plus de mille , et elle ne s'en tint pas là. Les ixodes ont la vie très-dure, leur peau coriace les dé- fendant ; elles donnent même des signes d'existence long- temps après être privées des parties qui semblent former leur tête. . ' On peut employer , pour détruire ces arachnides , les mê- mes moyens dont l'on se sert lorsqu'on veut faire périr les poux ; mais je pense que l'usage doit en être plus fréquent^ attendu que les ixodes ont la peau plus ferme , et sans stig- mates apparens. Les préparations mercurielles sontj de tous les remèdes , les plus efficaces. IxODE V>.\C:>VA , Ixodes ricinus , Acarus ndmis , Linn. ; Ar.ana ricinus ^ î^cg. Corps d'un rouge de sang foncé ; corselet plus brun ; deux lignes imprimées. La peau du venlre devient très- pâle , presque blanchaire , après la succion. Sa longueur, alors , est de trois lignes , tandis qu'elle éloit au moins de moitié plus petite auparavant. Degeer caractérise ainsi cette espèce : noir-violette , à tête €t pattes brunes , à corps ovale et renflé. IxoDE RÉTICULÉ, Ixodes reliculuUis , Latr. , Fab. ; Ixode re- diwe^ pi. E II, p. II de cet ouvrage', Âcanis redimus, Schrank.; Cynorhœsles piclus , Herm. Degj Degeer caractérise ainsi cette espèce: corps ovale et aplati, avec une plaque ronde, noire en devant, et des pattes noires. Celte espèce est du double au moins, plus grande que l'au- tre , et ses couleurs s'altèrent beaucoup par la succion. Le dessus du corps , lorsque l'animal n'a pas encore pris de nour- riture , est plat, cendré, et marqué de petites taches et dé petites lignes annulaires , d'un brun rougeâtre. IxODE SANGUISUGE , Ixodes sniiguisugiis , Fab. Il est dé la crandeur du premier; son abdomen est d'un rouge pâle ; son corselet et §es pattes sont d'un brun rougeâlre foncé; son bec tst plus allongé que dans les précédens. On le trouve en Europe. IxODE NIGU.\ , Ixodes nigua ; Acarus nigua , Deg. ; Acaru* I 7. Q 4^35 amerir.anus ^ Lînn, Il est long d'environ trois lignes et demie «vale , aplall, rouge , avec une tache blanche sur le dos, et les jointures des pattes blanchâtres. Il se trouve.dans l'Amérique septentrionale. C'est sur cette espèce que Kalm a fait les observations rapportées plus haut. Voyez ^ pour les autres espèces, Fabricius, Hermann fils, et un Mémoire sur les insectes aptères de Linnseus , par M. Léach. (l.) IXORE , Ixora. Gence de plantes , de la tétrandrie mo- liogynie et de la famille des rubiacées , qui offre pour carac- tères : un calice très-petit , à quatre dents ; Une corolle mo- nopétale à tube long , grêle , et à limbe quadrifide ; quatre étamines à anthères presque sessiles au sommet du tube; un ovaire inférieur , arrondi, chargé d'un style filiforme saillant, â stigmate épais et bifide ; une baie arrondie ou globuleuse , couronnée ou ombiliquée à son sommet, biloculaire, et qui contient quatre semences, dont une ou deux sont sujettes à avorter. Ce genre , qui se rapproche infiniment des Pavets et des Chomels , est composé d'une vingtaine d'espèces qui crois- sent dans les parties les plus chaudes de l'Inde et de l'Amé- rique. Ce sont des arbrisseaux à feuilles simples, opposées, accompagnées de stipules; à- fleurs terminales, disposées en cime ombelliforme , et ordinairement virement colorées. La seule espèce qui soit cultivée dans les jardins d.e Paris, èstTIxoRE AFLEURSÉCARLATES,dont les feuiUes sont ovales, en cœur, presque amplexicaules , les fleurs en faisceaux , et les découpures de la corolle lancéolées. C'est le scheiti ou huisson ardent àes Malabares. C'est un très-bel arbuste, lors- qu'il est en fleurs, et il y reste fort long-temps. L'IxoRE d' Amérique , qui est la même chose que le Café d^ Occident , a été établi en titre de genre , sous le nom de TÉ- TRAMÉRIOIS. Jussieu rapporte à ce genre le chèvrefeuille en corymbe de Linnseus et de Lamarck , et le chomel épineux de Jacquin. Plu- sieurs botanistes lui ont réuni celui des Pavets , qui n'en diffère que parce que le fruit n'a que deux semences, (b.) lYNX d'Illiger. V. Yunx et Sittelle. (desm.) IZARATE. Nom mexicain du Quiscale versicolor. (v.) IZARI. C'est le nom oriental de la Garance du Le- vant, (b.") IZQUEPOLT , IZQUIEPATL ou IZQUIEPATH. Noms mexicains d'un aQii,nal du genre des Moufettes, Voyez CQ mot, (desm.) 43G -T A B IZQXJIERBE , îzquîerdîa. Arbre àa Pérou , qui forme un fenre dans la polygamie monoécie , ou dans la dioécie tétran- drie. Ce genre oftre pour caractères : un calice petit , à qua- tre dents; une coroiie de quatre pétales ovalQ;s, concaves ; quatre étamines ; un ovaire. presque rond, supérieur, sur- monté d'un stigmate sessile et ovale; un drupe monosperme. Les (leurs mâles sont sur d'autres pieds que les herma- phrodites , mais n'en diffèrent que par l'avorlement du germe, (b.) IZTAC-COANENE-PILLI. Kom iTiexicain, suivant Hernandez , de la Pareire , Clssampelos pareira , L. (ï.N.) J. JAABLOM. ÎSom de la Parnassie des marais , en iVor- vVéee. (LN.), JAACA de Linschott. V. Jaca. (ln.) J/VAGERB()OjM. Nom que les Hollandais de l'Inde don- nent au BoRASSUS , espèce de Palmier, (ln.) JAAJx\. Espèce de Palétuvier qui croît àSierra-Leone, et qui, comme ceux d'Amérique, s'étend par le moyen des racines qui descendent de ses branches , de manière à couvrir de gr.'inds espaces de terre et d'eau, (d.) JAATS-TA. Suivant Thunberg, ce nom japonais, rap- porté par Kœmpfer, est celui d'une Aralie {Aralmjaponica)^ ie même que Jaaisde. C^n) JAAVOR. Nom du Cerf , en Hongrie, (desm.) JABALÏ , JA\' ALI. Nom du Sanglier, en Espagne. Ja- lalina est celui de la Laie, (desm.) JABANÏAÏE. Nom turc de la Gelinotte ordinaire, (v.) JABEBINETTE. PiAiii qu'on pêche sur les côtes du Bré- sil On ignore à quelle espèce il faut la rapporter, (b.) JABÈDÎ ou JABODl. Noms arabes du Riz, dans AvI- cenne. (en.) JABES. Nom arabe de I'Hysope , suivant Matthiole. (ln.) JABET. Espèce d' Arche, Varche africaine, (b.) JABIL. Adanson appelle ainsi une espèce de Rocher, le l,lnrexsaobUaior,\ÀVLn.{^^ JABÏRU , Mycteria^ Lath. Genre de l'ordre des Echas- SIERS et de la famille des HÉRODions {V. ces mots). Caractè- res : bec très-long, épais , conique , lisse , comprimé laté- ralement , pointu ; mandibule supérieure trigone , droite ; l'inférieure plus épaisse , retroussée ; narines étroites, lon- gitudinales; langue très-courte , enfoncée dans le gosier ; tête et cou plus ou moins dénués de plumes ; quatre doigts allon- cés trois devant, un derrière ; les antérieurs unis à la base J A B 43; par une membrane ; pouce portant à terre sur toute sa lon- gueur ; ongles larges , courts , obtus ; le postérieur le plus court de tous; les troisième, quatrième et cinquième rémiges les plus longues. Les jabirus ont beaucoup de rapports avec les cigognes ; aussi lUiger les a réunis sous la même dénomination générique ; mais ils en diffèrent par leur bec parfaitement lisse , et dont-la partie inférieure est légèrement recourbée en haut , aussi ont-ils le même genre de vie ; ainsi que les cigo- gnes et les hérons, ils ont la facilité de se percher. Les yàô/n/i iBont monogames , construisent leur nid sur les arbres élevés, nourrissent leurs petits dans leur berceau; et ceux-ci ne les quittent que lorsqu'ils sont en état de voler. Le Jabiru proprement dit , MyrJeria ameiicana , Lath. ; pi. enl. de VHisi nat. de Buffon , n.° 817. Jahiru est le nom que porte cet oiseau chez les naturels du Brésil. Les Hollandais l'ont appelé ne^ro ; et on le connoît dans notre colonie de la Guyane , sous le nom de touyouyou , que les sauvages lui don- nent. Cette dernière dénomination a été le sujet d'une forte méprise dans VHisi. nat. des Ois. par Buffon et Guéneau-de- Montbeillard. Ce dernier auteur, faute derenseignemens suf- fisans, a appliqué le nom de touyouyou., et plusieurs traits de l'his- toire de cetoiseau,àune espèce très-éloignée, aune autruche que j'ai appelée Autruche de Magellan (F. Nandu). Mauduyt {Encycl. me'/A.) reproche à Bajon , auteur de quelques Miemo/r^* surCqyenne, d'avoir représenté le toî/joKjoM comme le même oiseau que le jabiru; mais ce reproche est une erreur de Mau- duyt. Toutes les observations , les miennes en particulier , ne laissent aucun doute sur l'identité complète du jabiru et du touyouyou : et Bajon a eu raison de dire : Toutes ces faussetés n annoncent-elles pas que les auteurs qui ont parlé du touyouyou , ne Vont jamais ni vu ni connu F Il n'est pas hors de propos de prévenir que si l'on veut recourir à l'ouvrage du premier naturaliste qui ait fait men- tion du jabiru, c'est à dire , à VHiM. nat. du Brésil t^ax Marc- grave , l'on aura une double erreur à rectifier : l'une , de la gravure incorrecte du jabiru , et l'autre , de transposition par l'effet de laquelle la figure de cet oiseau est placée sous la description du nandapoa, et la figure de celui ci se trouve sous la descripliou du premier. Aux traits principaux de conformation dont les ornitholo- gues méthodistes ont fait les caractères génériques des jabi- rus , et que nous avons rapportés au commencement de cet article , nous eu ajouterons quelques ' uns de détail , non moins importans pour la connoissance de l'espèce dont nous nous occupons. Plus l'oiseau vieillit, plus son bec prend de courbure : elle est peu sensible dans l'oiseau jeune ; la pièce 438 J A R supérieure est un peupluslongue que rinférieure. Les ouver- tures des narines ne sont qu'une tVnte très-étroite; elles pa- roissent s'étendre jusqu'à un pouce de la pointe du bec, par une rainure qui en est la continuation, mais qui ne pénètre pas dans Tintérieur du bec. Sur le front, Ton n'aperçoit que quelques barbes rares. Le cou , dans l'oisè'au adulte , est en- tièrement dénué de plume ; et la peau de cette- partie , de même que celle du front , est ridée , noire et si flasque , qu'elle pend comme le fanon des vaches, et qu'elle pourroit contenir plusieurs cous, d'où leur est peut-être venu le nom de jabirou^ qui , dans le langage guarini , veut dire une chose enflée par le vent. Il y a une petite tache reuge près de l'oc- ciput, et au bas du cou , cette peau «forme un collier d'un rouge vif, large de quatre pouces et parsemé de quelques pe- tites plumes. Le jeune jabiru n'a que la moitié supérieure du cou sans plumes ; elles tombent à mesure qu'il avance en âge , et la peau des poilions qui se dégarnissent est jaunâtre avant de devenir noire ; la queue est courte et n est point éta- gée ; les ailes pliées atteignent presque son extrémité ; les jambes sont nues à six pouces et demi au-dessus du talon , et recouvertes sur cet espace , ainsi que les pieds , de plaques rhomboïdales ; le doigt du milieu est le plus long de tous ; celui de derrière , le plus court. La couleur du plumage des jeunes jabirus est d'abord d'ui^ gris pâle ; elle prend ensuite une teinte de rose , et finit vers la troisième année par être blanche ; le bec, la partie nue des jambes et les pieds sont noirs. Ces oiseaux se nourrissent de poissons et de reptiles ; ils sont très-voraces , et il leur faut une grande quantité de nour- riture pour les rassasier ; mais ils la trouvent en abondance sur les terres inondées de l'Amérique méridionale. On' les rencontre fréquemment dans les vastes savanes noyées de la Guyane ; ils s élèvent haut dans les airs ; leur vol est lent , mais soutenu et de longue durée ; ils construisent un nid spa- cieux sur les arbres élevés, et le composent de rameaux assez longs et gros, entrelacés avec soin; la ponte est de deux œuf?. Les petits sontdéfendus avec courage par leurs père et mère ; ils claquètent du bec, et le même nid sert pendant plusieurs années. Lorsque les jabirus sont jeunes, ils se laissent prendre et s'apprivoisent assez facilement. Bajon rapporte qu'un petit nègre prit un jabiru qui avoit acquis presque toute sa gran- deur, en se cachant seulement le visage avec une petite bran- che d'arbre : par ce moyen, il approcha d'assez près pour saisir l'oiseau par les jambes et s'en rendre maître. La chair «les jeunes jabirus est assez bonne à manger; mais elle contracte, avec l'âge, de la sécheresse, de la dureté, et ujâ goûtfd'huile fort désagréable. Au reste , le jabiru égale à peu près le cygne en grosseur;, son cou, quoique long, est fort gros; l'oiseau a plus de quatre pieds et demi de hauteur verticale , etprès de six pieds de longueur totale. C'est , dans Brisson , la cigogne de la Guyane. Ce jabiru porte , au Paraguay, le nom à'aiaiai et y est fort rare. 11 vit seul ou par paire , et jamais en troupes. Le Jabiru argala , Myctena Argala^it'AX. Ardeu Argala ^ Lath. Cette espèce , qui est prodigieuse par sa corpulence, n'a pas moins de six à sept pieds de hauteur verticale; son bec a seize pouces de tour à sa base ; l'ouverture de sa bou- che est très-considérable ; sa tête et son cou dégarnis de plu- mes , sont parsemés de poils , qui laissent presque à nu une peau rouge et calleuse; du milieu de son cou pend une longue membrane conique , en forme de vessie , et à demi-couverte d'un duvet fort rare ; sa queue a douze pennes^ et des plume» soyeuses et décomposées , semblables à un duvet léger, ei> forment les couvertures inférieures. Les plumes du dos sont dures et de couleur cendrée , celles du dessous du corps Ion- fucs et blanches , les pennes des ailes et de la queue brmies \ e bec est blanchâtre. Ce grand oiseau n'est pas fort rare au Bengale , où il arrive en troupes avant la saison des pluies, et fréquente l'embou- chure des fleuves; on l'y appelle argala., arghilas ou adju-" dant; les Anglais lui donnent encore d'autres noms qui on| rapport à sa grosseur et à sa voracité. A Çalcuta, il est connu soùs la dénoaiination à'hurgill ou (ïargill, et à Sumatra, 60US c&ile de boarong camlmig ou de booreng oolar. !l se trouve également au midi de l'Afrique. Quoique très-gloulon , il est d'un naturel doux , très-disposé à la familiarité et même à Va, docilité. Kn captivité , il iiti refuse aucune sorte d'alimens, et dans l'étal sauvage, il se nourrit de repùlcs, de pois- sons ^ d'oisqau)? et même de quadrupèdes, dont il brise les os , qu'il avale, et que son estomac très-robuste digère é^vcç une grande facilité. * Le Jabiru des Indes , Mycieria asiatka, Lath. Je ne pens^ pas que l'oiseau indiqué sous cette dénomination par M. La- tham, puisse être rapporté avec exactitude augenre dujabiru, dont il paroît s'éloigner par des traits particuliers de confor- mation. Quoiqu'il en soit, cet oiseau qui se nourrit de coquil- lages , a sur le bec une sorte de protubérance cornée , et en dessous un rendement ; un large trait noir sur chaque côté de la tête ; le croupion , les ailes et la queue noirs; le restç d^ plumage de couleur blanche , et les pieds rouges. ^4o J A ]> Le Jabiru abacu a été confondu avec ce jabîru , mais ce sont deux espèces bien distinctes. Il est décrit , dans Brisson , sous le nonri de cigogne du Brésil^ et dans les Ois. du Paraguay^ sous celui de congui. V. Ibis naïsdapoa. Le Jabiru dï; la Nouvelle-Hollande, Mycteria austmlis , Lalh., fig. pi. i38 du second supplément au General Synopsis. Cette espèce, nouvellement découverte à la Nouvelle-Hol- lande , est delà même grandeur que \e jabiru d'Amérique; sa gorge est à demi-nue et rouge , mais son cou et sa tête sont revêtus de plumes d'un vert noirâtre ; les plumes scapulaires et les couvertures supérieures des ailes et de la queue sont noires: c'est aussi la couleur du bec; le plumage est blanc dans le reste , et les pieds sont rouges. Le jeune n'a point de place nue sur la gorge , et sa livrée est variée de blanc , de brun et de gris. Le Jabiru du Sénég al ou d' Afrique , Mycteria senegalemis , Latb., pi. E 20 fig. 3, de ce Dictionnaire. Cette espèce, que le docteur Shavv a décrite récemment, surpasse en grandeur \q jabiru d' Amérique.^We. a le corps blanc; les plumes scapulai- res, le cou et les pieds noirs; le bec rouge vers sa pointe , blanchâtre dans le reste , avec une bande noire à sa base et une tache de chaque côté. (s. v.) JABIRU GUÀCU. r.lBis NANDAPOA. Quoique cettedéno- niination de jabiru guacu signifie , dans la langue du Brésil , grand jabini , le nandapoa est néanmoins plus petit que le. ja- biru , et ce dernier n'est vraisemblablement pas connu dans les cantons où l'on donne au nandapoa le surnom de grand, (s.) JABODI. C'est le Riz, en Arabie, (ln.) JABONERA. Nom de la Saponaire en Espagne, (ln.) JABONEÏAS ou SABONETAS. Noms du Balisier {Canna indica , L.) en Catalogne, (ln.) JABORA. Nom arabe de la Mandragore, selon Avi- cenne. Il appelle /a(^/a/ la racine de cette plante solanée. (ln.) JABORANDI. Pison et Marcgrave indiquent sous ce nom brasilien plusieurs espèces de plantes, dont les plus re- marquables sont , le Poivre en ombelle de Saint-Domin- gue et la M0N1ÈRE TRiPiiYLLE , etc. (ln.) JABOROSE, Jaborosa. Genre de plantes de la pentan- drie monogynie et de la famille des solanées , qui a été éta- bli par Jussieu. 11 offre pour caractères : un calice divisé en cinq découpures pointues ; une corolle monopétale , lubu- leuse , divisée en cinq lobes pointus; cinq étamines, dont les filaiaens sont planes , fort courîs , et insérés au sommet du tube ; un ovaire supérieur, chargé d'un style simple , de la longueur du lubç de la corolje , el à stigmate en tète ; le fruit V] . 2 0 ■1 . //!/./• ,unie ■T A T. „ -r-r • n'est pas connu. Commcrson croit que c'est une baie à trois loges. Ce genre renferme deux espèces , dont l'une a les feuilles entières et l'autre les feuilles rongées. Toutes deux les ont ra- dicales , et leurs hampes sont simples et uniflores. Elles crois- sent naturellement au Brésil, (b.) JABOT, Inglwîes. C'est une dilatation de l'œsophage des oiseaux granivores surtout, qui leur sert de premier estomac. Cette poche membraneuse est placée à Tentrée de la poitrine des oiseaux, au-devant de leur sternum. Elle est intérieure- ment parsemée d'une foule de glandes miliaires , qui sécrè- tent une humeur lymphatique. Les semences déposées dans cette cavité y sont ramollies et macérées par cette humeur, qui les rend plus propres à être broyées dans le gésier , et plus susceptibles d'être digérées. Aussi les oiseaux carnivores ou rapaces n'ont pas de jabot proprement dit , parce que leur noiirriture n'a pas besoin de cette macération prélimi- naire. Chez les pigeons, les poules, les faisans, et une foule d autres oiseaux , soit gallinacés , soit échassiers ou scolo- paces , soit de petites espèces granivores, le jabot est très- dilatable ; ce qui étoit nécessaire , puisque les graines se gon- flent beaucoup dans cette macération ; elles y éprouvent même quelquefois une sorte de fermentation acidulé qui les réduit en bouillie ; telle est la pâtée que les pigeons dégorgent a leurs pigeonneaux , et les autres oiseaux granivores à kurs petits. Ce dégorgement est comparable à l'allaitement chez , les quadrupèdes, et l'amour contribue peut-être à la dig-^s- tion de ces graines dans le temps que les oiseaux ont soin de leur couvée , comme il contribue à la sécrétion du lait dans les mamelles des vivipares. Le jabot des oiseaux de fauconnerie se nomme muletie. Il y a plusieurs analogies entre le jabot des oiseaux granivores et les poches de l'estomac des quadrupèdes ruminans, appe- lées la panse et le bonnet; elles imbibent aussi les alimens d une humeur lymphatique. Les gallinacés sont dans la classe des oiseaux , ce que les ruminans sont parmi les quadrupèdes Lonsultez l'article Oiseau, (virey.) JABOTAPITA. Ce nom brasilien, qui est celui d'un UciiNA de Lmnœus , a servi à Plumier et à Adanson pour dé- signer le genre de Linnœus. Suivant Willdeaow et Decan- dolle ,1 espèce décrite par Plumier appartient au gomphia , JABOTIERE. Dénomination donne'e à Voie de Guinée, dont la gorge est enflée et pendante en manière de poche ou de petit faaon. V. à l'article des Oies, (s.) 4^3 TAC JABOTTPÎDA. F. Jabotapita dont il est un synonyme. JABU. F.J^Pu.(v.) ^ JABOUÏRA. Nom caraïbe d'un crabier d'Amétique. (v.) JABI\AL. V. Jabora. (ln.) JACA et JACKA, Ce nom est donné , dans Tlnde , à TArcre a PAlls {Artocarpus integrifolid) , qui pnroit être le Po- LYPHEMA JACA de Loureiro , le Cay-mit des Cochinchinois. Le voyageur Linschott nomme Tarbre à pain Jaar a et j a qua; mais (iarcias^t Acosta écrivent /Ww. Les fruits de cet arbre sontgros comme des melons et de deux sortes, suivant Bauhin, qui nous apprend qu'on les nommoit barca et papa ou girasol. Le duriun est un autce arbre de Tlnde , qui a été nomme aussi jaca autrefois ; mais il n'est pas du même genre ni de la même famille. Le cachi de Daléchamp , arbre épineux du Ma- labar , dont le fruit a un pied de long , paroît être Tun des deux arbres ci-dessus. F. Jacquier des Indes, (ln.) JACAGAIL. Nom d'un oiseau du Brésil , qui a une pe- tite tête , le bec long de dix lignes , droit et un peu crochu à son extrémité ; la tête et le dessus du cou noirs ; les ailes va-' riées de noir et de blanc ; une tache transversale de cette der- nière couleur entre les ailes et la queue ; le reste du plumage jaune , et la taille de Valouetle. (v.) JAÇ/VMAB , Galhula , Briss. , Lalh. , Alledo; Linn. Genre de Tordre des oiseaux Sylvains , de la tribu des zygodac/yles et de la famille desAuRÉOLEs(F.ces mots). Caractères: bec long, un peu grêle, entier, tétragone, pointu, ou droit, ou incliné ; narines ovales, closes en arrière , ouvertes en devant ; lan- gue courte, cartilagineuse, pointue; bouche ciliée; tarses courts, en partie emplumés; deux doiglsdevant, deux derrière chez les uns, deux devant et un seul derrière chez les autres , les antérieurs étroitement unis presque jusqu'à leur extrémité; ailes à penne bâtarde courte; les premières et sixième rémiges à peu près égales ; la troisième la plus longue de toutes ; queue composée de douze rectrices; l'extérieure de chaque côté très-petite. Ce genre est divisé en deux sections , d'après le nombre des doigts. Dans le système de Linnœus , les jacamars font partie du genre des martin-pêchmrs ; mais le caractère , tiré de la po- sition des doigts , doit les en exclure ; cependant ils s'en rap- prochent par leur bec allongé et aigu , par leurs pieds courts dont les doigts antérieurs sont réunis dans une grande partie de leur longueur. C'est sans doute d'après leur position que Willughby, Klein, etc., les ont placés avec les pics^ etproba- blementencore d'après la forme assezsemblable du bec ; mais il est terminé différement et plus délié ; de plus , leur langue est différente; ils s'en éloignent encore par la conformation des J A C ;a pennes de la queue, et ilsn'en ont point leshabitudes.Lesespèces iqui composent ce genre se trouvent, à l'exccplion d'une seule, dans l'Amérique méridionale, où la plupart vivent isolées dans les vastes forêts de la Guyane et du Brésil. Elles se tiennent or- dinairement sur les branches basses des arbres, et elles vivent d'insectes. A Quatre doigts. Le Jacamar a bec BLA^'c. V. Jacamar vetsietou. Le Jacamar jacammaciri , Galbula grandis , Lath. ; Alcedo grandis, Linn. , éd. i3 , pi. 6 des Oiseaux dorés., Hist. des Jaca- mars. Sa grosseur approche de celle An pic i^erl , et sa longueur totale est de dis pouces ; un rouge cuivré à reflets dorés couvre la tête, le dessus du corps, les couvertures supérieures de la queue , celles des ailes et les pennes secondaires; mais les pri- maires sont brunes ; le dessus des pennes caudales est vert, et le dessous d'un gris changeant en violet ; les plumes de la base de la mandibule inférieure sont de la teinte du dos ; au- dessous de ces plumes on remarque une bande blanche ; la gorge et les autres parties inférieures sont rouges; le bec est noir, un peu incliné et long de vingt-deux lignes; ies pieds sont de la même teinte. On dit que cette espèce se trouve aux grandes Indes. ' Le Jacamar a lotsigue queue, Galbula paradisea , Lath., Akedoparadisea, Linn. , édil. i3. Oiseaux dorés , pi. 3 de VHisli. des Jacamars. Le seul rapport qu'on aperçoit entre cet oiseau et \q jacamar vert , consiste dans la plaque blanche de la gorge ; du reste , il en diffère essenliellemenl. Quoiqu'il se nourrisse aussi d'insectes , il a un tout autre genre de vie ; il fréquente les lieux dérouverts, se perche à la cime des arbres, et se plaît dans la société de ses pareils. On le trouve au Brésil et à la Guyane. Il a onze pouces de longueur totale ; la tête , le dessus du corps, les plumes qui'sonl à la base de la mandi- bule inférieure , les couvertures supérieures des ailes , les pen- nes et celles de la queue , d'un brun violet changeant en vert sur la tête et le croupion , à reflets dorés sur les pennes se- condaires des ailes et les moyennes couvertures , et à reflets d'un bleu violet sur le bord extérieur des pennes alairese diffère que par une queue plus longue. D'autres ont la gorge rousse. Cet oiseau se trouve au Brésil et à Cayenne , ou les créoles l'appellent grand colibri des bois ^ parce qu'il en a les couleurs brillantes , et qu'il ne se trouve qu'au centre des forêts. Ce jacamar, d'un naturel solitaire , et qui ne se piaît que dans les endroits les plus fourrés , est d'un caractère »i indolent, qu'il reste perché pendant la plus grande partie du jour sur la même branche ; c'est de là qu'il s'élance pour saisir au passage les insectes doiit il se nourrit. La femelle n'est pas connue ; peut-être est-ce la variété dont je viens de parler, peut-êlre est-ce le jacamar fig. pi. 2 dans les Oiseaux dures ^ socs le nom Ae. jacamar à gorge rousse , seule différence qui existe entre ces deux oiseaux. On voit encore des indi- vidus où cette partie du corps est jaunâtre ; d'autres ont des couleurs moins brillantes , légères dissemblances qu'on doit attribuer à l'âge ou au sexe. Le Jacamar a ventre blatsc, Galbula leucogastra^ Vieill. , se trouve dans l'Amérique méridionale. Il a les côtés de la tele , au-dessoas des yeux, d'un vert sombre bleuâtre ; la gorge eL ie ventre blancs ; le bord extérieur des pennes alaires et àii toutes les latérales de la queue d'un vert changeant en bleu; .T A r. ^^5 le reste du plumage d'un beau vert doré ; le bec et les pieds noirs ; taille An jacamOr vert. M. Levaillant a publié depuis peu la description et la ligure de ce jacamar. B. Trois doigts. Le Jacamar à trois doigts , Galbuîa tridactyla , Vieil!. , pi. E 32 , n.° 2 de ce Dictionnaire, a les plumes du sommet de la tête assez longues pour pouvoir les relever en forme de happe, lorsqu'il est agité de quelque passion ; ces plumes sont rousses dans le milieu et noires sur les bords ; le reste de la tête , le cou, la gorge , la queue et les ailes sont de la dernière couleur; le dessus du corps est d'un verl-bouteille brillant; un blanc roussâtre règne sur le bas du cou en devant, sur la poitrine et sur les parues postérieures ; taille à\x jacamar venefou. Cette espèce nouvellement découverte se trouve au Brésil, d'où l'a rapportée M. de Lalande, fils, naturaliste attaché au Muséum d'histoire naturelle. Nota. Chez le jacamar et le pic à deux doigts devant et un seul derrière , l'externe tient keu de pouce , tandis que le phytotome et \es martin-pecheiirs ^ dont les trois doigts sont disposés de même, ont un pouce et point de doigt externe , de manière qu'ils peuvent toujours embrasser le juchoir. îî n'en est pas de même dans les gallinacés , les échassiers et les nageurs tridactyles; leurs doigts sont toujours dirigés en avant et c'est le pouce qui leur manque ; aussi n'ontrils pas la fa- culté de se percher. JACAMMACIRI. Foyez l'article Jacamar. (v.) JAGANA, Pana, Lath. Genre de l'ordre des oiseaux Echassiers, et de la famille des Macromyches. V. ces mots. Caractères : bec ou caroncule ou glabre à la base, médiocre , droit, comprimé latéralement, un peu renflé vers le bout ; narines un peu ovales, situées vers le milieu du bec, cou- vertes d'une membrane en dessus, ouvertes en dessous ; qua- tre doigts grêles ; trois devant totalement séparés, un derrière portant à terre sur plusieurs articulations: ongles allongés, cannelés en dessous, aigus, presque droits; le postérieur moitié plus long que les antérieurs ; ailes armées d'un épe- ron pointu; les 2.* et 3.* rémiges les plus longues de toutes. Ce genre est susceptible d'être partagé en deux sections, la pre- mière peut se composer des espèces qui ont le bèc caroncule à la base, et la seconde, de celles qui l'ont sans caroncules. Les jacanas se trouvent en Asie , en Afrique et en Amérique méridionale; le nom qu'on leur a conservé est celui qu'ils portent au Brésil. Ils se rapprochent des gallinules , par leîir naturel, leurs habitudes, la forme de leur corps raccourv"!, la figure du bec et la petitesse de leur tête ; mais ils en diffè- 44S J A G rent en ce qu'ils portent des ëperons aux ailes, et la plupart; en ce qu'ils ont des lambeaux de membrane sur le devant de ia tête ; ils en diffèrent encore par leurs doigts sans mem- brane , totalement séparas , par leurs ongles excessivement longs, droits, ronds et effilés comme des aiguilles, surtout celui du pouce, ce qui probablement les a fait nommer chi- rurgiens; ou peut-être c'est de l'éperon du pli de l'aile que vient cette dénomination vulgaire , parce qu'on l'a comparé à une lancette. Ce sont des oiseaux criards et querelleurs, qui vivent dans les marais des pays chauds, et qui marchent aisément sur les herbes au moyen de leurs longs doigts ; mais ils n'ont pas le pouvoir de nager, quoi qu'en dise M. Them- minck qui donjae ces oiseaux pour de bons nageurs; les jacanas, comme l'assure M. d'Azara,nc nagealjamais, s'enfoncent dans l'eau jusqu'au genou et marchent avec légèreté sur les nénu- phars et les autres plantes aquatiques à feuilles larges que les naturels du Paraguay appellent aguapé\ c'est de là qu'ils ont donné à ces oiseauxle nom d'aguapeazo^ c'est-à-dire î'^/id'a- guapé. Ils ne se cachent jamais, marchent plus durant le jour que le soir et le matin, volent mieux que les, poules d' eau et plus souvent, mais droit et horizontalement. Ces jacanas sont monogames, nichent à terre sur les herbes aquatiques; leur ponte est de quatre ou cinq œufs, et les petits suivent leurs père et mère dès qu'ils sont nés. Le Jacâna proprement dit, Parrajacana, Lath.,pl.enl,Buf. n.° 322, a le bec jaune-jonqnille ; la membrane qui se couche sur le front se divise en trois lambeaux, et deux barbillons tombent sur les côtés ; la tête, la gorge, le cou et le reste du dessous du corps sont d'un noir teint de violet ( le ventre est varié de blanc dans quelques individus); le dos, les couver- tures supérieures des ailes et les plumes scapulaîres sont d'une belle teinte de marron ; les grandes pennes alaires verdâtres ; chaque aile est armée d'un éperon pointu qui sort de l'épaule, et d'une forme absoluinent pareille à ces épines que l'on voit sur la raie boudée ; la queue est courte et arrondie à son extré- mité ; les deux pennes intermédiaires sont mélangées de mar- ron et de brun, et terminées dé noir ; les pieds d'un cendré verdâtre ; grosseur du râle d'eau ; longueur totale, près de dix pouces. On le trouve à Cayenne, au Brésil et à Saint-Domingue ; 11 est très-sauvage, et on ne peut l'approcher qu'en usant de ruses ; il fréquente les lagunes, les marais, le bord des étangs et des ruisseaux, il va ordinairement par couple ; il a divers cris, parmi lesquels on remarque celui de réclame qu'il fait entendre , si quelque accident le sépare de son compagnon, et un autre qu il jette lorsqu'on le fait lever : ce cri est aigu. J A C 44; glapissant, et s'entend de loirt. On appelle cet oiseau à Saint- Domingue, rlieçaUer mordoré aimé; Brisson'Ta décrit sous le nOm de chinirgien brun. * Le Jacana caî^NELLE, P. afrlcana, Lalh. Syn. ôflirds pi. 87. Celte espèce,que Lathani nous dit se trouver en Afrique,a près de neuf pouces de longueur ; le bec noirâtre et terminé d une couleur de corne brunâtre; la peau nue du front d'un rouge vif; le dessus de la tête et du corps d'une teinte cannelle claire ; la gorge blanche ', la poitrine jaune, tachetée et rayée de noir, ainsi que les côtés du cou ; le reste du dessous du corps pa- reil au dos, mais d'une teinte plus foncée ; les grandes pennes des ailes noires ; l'éperon plus court que dans les autres es- pèces ; une bande noire qui part de l'œil, descend le long du cou et finit au dos ; les pieds sont d'un noir verdâtre. Le Jacana coudey, Parra {ndica^ Lath, Ce jacana est connu dans l'Lidostan sous le nom de coudey , et au Bengale sous ceux de peepe ^ de viowa et de duJpee, d'après sa manière de vivre. Il a la taille de la poule d'eau; le bec jaune et d'un bleu sombre à la base de sa partie supérieure ; une tache rouge près de son ouverture; la tête, le cou etles parties in- férieures du corps d'un noir bleuâtre foncé ; le dos et les ailes d'un brun cendré, mais plus foncé, et inclinant au violet sur les pennes primaires; un trait blanc au-dessus des yeux; les. pieds d'un brun mêlé de jaune. Le mâle'et la femelle se res» semblent. Cet oiseau solitaire se tient dans la partie des marais de rinde, où il est difficile de pénétrer; il place son nid sur une espèce d'île flottante et le cache dans les herbes les plus épaisses. Le Jacana de l'île de Luçon , Parra Luzonîensis , Lath. ,■ Voyage à la Nouvelle-Guinée, pi. 4-5. C'est le chirurgien de nie. de Luçon de Sonnerat. Il a, selon cet observateur, moins de grosseur que le vanneau commun d'Europe ; le dessus de la tête d'un brun foncé ; une raie longitudinale blanche au-des-~ sus de l'œil, qui ne le dépasse pas, mais qui reparoît un peu plus loin, descend le long du cou jusqu'à l'aile, où elle prend la teinte jaune du citron ; cette raie est bordée de brun dans toute sa longueur ; la couleur brune, mais sous une nuance plus claire, couvre le dos; la gorge et le ventre sont blancs; une large tache d'un brun clair, ondée de raies transversales noi- res, est sur le haut de la poitrine ; les plus courtes des pennes alaires sont blanches, et les plus longues noires. Ce jacana est surtout caractérisé par trois filets cartilagineux quinaissent des trois dernières grandes pennes de chaque aile ; ces appen- dices sont noirs, étroits, et se terminent en forme de fer de iis J A n lance allongé. Ils ont environ deux pouces «le long, et nais- sent au milieu de chaque plume où ils sont attachés, n'étant qu'un prolongement ou une branche dépassée du tuyau; le bec est grisâtre, et les pieds sont d'un noir lavé. M. Cuvier regarde cet oiseau comme un jeune àujacana à longue queue ou vuppi-pi. Le Jacan\ a longue queue. V. Jacana vuppi-pi, * Le Jacana noir, Paira nigra, Lalh., se trouve au Brésil ; il a la taille du jacana proprement dit; la tête, la gorge, Je cou, le dos et la queue, noirs; le reste du dessous du corps, les couvertures supérieures des ailes, bruns, ainsi que l'extré- mité des pennes qui sont vertes dans le reste de leur longueur : les éperons et le bec jaunes; les pieds et les ongles cendrés ; la membrane de la tête est rougeatre. C'est le rhirurgien noir de Brisson. C'est d'après Marcgrave qu'on a donné ce jacana pour une espèce particulière. * Le Jacana PÉCa, Parra brasiliensis, Lalh. Les Français de la Guyane donnent à cet oiseau le nom de poule d'eau, et les naturels celui de kapoua; au Brésil, il s'appelle agua pe- cara. 11 est de la grosseur et de la longueur àw jacana vert, avec lequel il a beaucoup d'analogie par ses couleurs qui sont ce- pendant moins foncées; ses ailes sont brunes, et sa tête n'a point de coiffe membraneuse ; l'éperon dont chaque aile est armée est droit, très-pointu et jaune. Brisson a décrit celte espèce sous le nom de jacana armé ou de chirurgien. C'est une espèce douteuse, * Le Jacana tuegel, Parra chilensis^ Lath. Nous devons à Tabbé Molina la çonnoissance de cet oiseau du Chili, et des détails intéressans sur ses habitudes et son nriturel. Ce jacana ne vit que dans les plaines, et ne paroît jamais dans les en- droits élevés; il se nourrit d'insectes et de vers , et construit son nid au milieu des herbes; sa ponte est de quatre œufs, et jamais plus, de couleur fauve, picotés de noir, et un peu plus gros que les œufs de perdrix. Ces oiseaux, bien armés, se bat- tent avec une vigueur incroyable contre tous ceux qui les at- taquent. Le mâle et la femelle sont presque toujours ensemble ; lors- qu'ils aperçoivent quelqu'un qui cherche à découvrir leur nid, ils se cachent d'abord dans l'herbe sans marquer la moindre inquiétude; mais aussitôt qu'ils voient approcher la personne de l'endroit où est le nid, ils s'élancent avec fureur dessus pour le lui disputer. Ils ne font jamais entendre le moindre bruit durant le jour, et ne crient pendant la nuit que lorsqu'ils en- tendent passer quelqu'un; aussi les Arauques s'en servent en temps de guerre, comme sentinelles, pour découvrir pendant la nuit ceux qui voudroient les surprendre. J A G U9 La grosseur du thegel est celle de l^pîe; son bec a deux pouces de long, et ses doigts ont moins de longueur que ceux des oiseaux de sou même genre. Une protubérance charnue, rouge et divisée en deux lambeaux, se fait remarquer sur son front. La tête, la gorge et une partie de la poitrine sont noi- res; le cou, le dos et la partie antérieure des ailes, de couleur violette ; les ailes et la queue courtes et d'un brun foncé ; le ventre est blanc ; la pupille de l'œil brune, l'iris jaune, ainsi que l'éperon des ailes, qui est long desixlignesetlargede trois. Sonnini rapproche de ce jacana, la^uapeazo du Paraguay, Comme sa description présente quelques différences, je vais la transcrire ici, d'après M. de Azara, afin qu'on puisse les saisir plus facilement, et avec d'autant plus de motifs, qu'elle complète celle qu'en a donnée Molina. Cet agvapeaso a neuf pouces trois quarts de longueur totale; le bec long de quinze lignes, et jaune ; la membrane qui le couvre en grande par- tie, d'un rouge de sang; l'intérieur de la bouche jaune; la tête, le cou en entier, la poitiine, le ventre, les grandes couver- tures supérieures de la partie extérieure de l'aik et le front sont noirs ; le reste des couvertures et le haut du dos , d'un rouge carmin; les flancs, le bas du dos et la queue, d'un rouge encore plus vif; les dix-huit premières pennes alaires, d'un beau jaune nuancé de vert, avec du noirâtre à leur extrémité; les autres pennes et les couvertures inférieures, roussâtres, à l'exception des couvertures de la partie externe de l'aile, qui sont noirâtres et terminées de blanc ; la partie nue de la jambe et le tarse, d'une teinte de plomb. Cette espèce a les ongles foibles, flexibles et très-élastiques, surtout l'ongle postérieur qui est courbé dans un sens opposé à celui qu'affectent les on- gles de la plupart des oiseaux ; le bec est couvert sur presque la moitié de sa longueur, par une membrane qui s'étend près de l'angle antérieur de l'œil, et remonte sur la tête où elle forme deux déchiquetures arrondies et non adhérentes ; cette même membrane descend circulairement sous le bec ; des tubercules charnus garnissent le dedans de la mandibule su- périeure ; tout le plumage , à l'exception des ailes et de la queue, est à barbes désunies. On ne remarque point de dif- férences entre le mâle et la femelle. Ce sont des oiseaux très- vifs et qui ne voyagent point; ils ne construisent point de nid, et ils déposent leurs œufs sans chercher à les cacher, sur les feuilles vertes des plantes aquatiques qui végètent dans les lagunes où l'eau est basse. La ponte est de quatre œufs un peu plus pointus à un bout qu'à l'autre, de couleur de paille, veinés de noir, et dont les diamètres sont de quatorze et de dix lignes. Ces jacanas se tiennent par couples et quelquefois en petites troupes jusqu'à dix individus. XYI. 2 g 45o J A C * Le Jac ANA VARIÉ, Pana vanaUlis, Lalh/, pi. enl. n." 84^6," est le chirurgien varié de Brisson : il a environ neuf pouces de longueur; une bande blanche sur chaque côté de la têle ; cette bande passe par- dessus les yeux, et s'étend jusqu'à l'occiput; une autre noire, part de l'origine du bec, enveloppe les yeux, et descend sur les côtés du cou ; les joues et tout le iessus du corps sont blancs : cette couleur est variée de quelques taches rougeâtres sur les côtés du ventre et le haut des jam- bes ; le dessus de la tête et du cou est brun, mais plus foncé sur ce dernier; le dos, le croupion et les couvertures supé- rieures de la queue sont d'un marron pourpré ; les petites des ailes de la même teinte, les moyennes brunes, et les grandes noires ; les pennes, excepté les quatre plus proches du corps qui sont brunes, d'un beau vert et terminées de noir; celles de la queue pareilles au dos; l'éperon est assez gros et jaune ; le bec d'un jaune orangé ; le tarse d'un cendré bleuâtre ; sa grosseur est celle du jacana proprement dit. Cet oiseau se trouva euBrésil, dans les environs deCarthagène d'Amérique et à la Guyane. C'est, suivant M. Cuvier, un oiseau de l'es- pèce du jacana proprement dit. Uaguapeazu blanc en dessous, «lu Paraguay, présente peu de différences. * Le Jacana vert, Parra viridis^ Lath. , est de la grosseur ^MXïpigeon. La membrane du dessus de la tête est ronde et d'un l>leu clair. Il a la tête, la gorge, le cou, la poitrine, d'un noir-vert changeant en un violet éclatant, ainsi que les pen- nes des ailes et de la queue ; le reste du plumage d'un vert noirâtre, sans aucun reflet , à l'exception des couvertures in- férieures qui sont blanches; le bec dans une moitié, rouge iécarlate , et dans l'autre jaune : cette teinte prend sur les pieds un ton verdâtre. Il se trouve au Brésil. * Le Jacanavertacrête(grand), Parra cristata^YW\\\., se Irouve à l'île de Ceylan. lladixpouces de longueur, pris du boutdubecàceluidelaqueue, etdix-neuf pouces à Texirémité ides ongles; les ailes longues de six pouces et demi; le doigt postérieur long de quatre pouces, dont l'ongle en tient deux et demi; le bec est jaune; une crête lisse, charnue et d'un rouge cramoisi vif,s'élève perpendiculairement en forme de plastron, sur la base de la mandibule supérieure ; la tête, le cou, le haut du dos, la poitrine, le ventre et les plumes des jambes, Bont d'un beau vert de bouteille, foncé et brillant ; une bande blanche passe sur l'œil en forme - sourcil, et s'étend jusqu'à l'occiput ; une belle couleur de cuivre bronzé et à reflets verts, domine sur le manteau et sur les couvertures des ailes, dont les grandes sont d'un noir changeant en vert foncé ; le crou-» pion, la queue , les flancs et le bas-ventre, sont d'un roux {:Qugeâtre, qui prend une nuance pourpre sur le croupion \ J A C 45i( les pieds et les doigts verts , les ongles sont bruns. Ce jacana fait partie de la collection de M. Themminck , et est décrit dans son catalogue. Le Jacana vuppi-pi, Paira sînensîs, Lath. , pi. 117 du ' premier Suppl. To the gênerai Synopsis of Birds. Tel est le* nom que porte généralement dans l'Inde, ce jacana ;( néanmoins il est connu , dans certains cantons , sous celui de sohna. Il a environ vingt pouces de long, et la gros-: seur da faisan de la Chine ; il est surtout remarquable par la longueur des deux pennes intermédiares de la queue, qui présentent la courbure élégante des grandes plumes de la queue des veuifes. Il a encore une particularité qui ie distingue de ses congénères ; c'est d'avoir deux des grandes pennes de l'aile beaucoup plus longues que les autres. Son bec est lleuâtre ; une coiffe blanche, liserée de noir, couvre le front,; le dessus, les côtés de la tête et le devant du cou ; une grande plaque de cette même couleur se fait remarquer sur les ailes ,] dont les pennes primaires sont brunes et les secondaires bor- dées de blanc; l'occiput est noir; le derrière du cou d'un jaune marron; une bande d'un brun doré sépare le cou du dos^ qui est d'un brun rougeâtre, ainsi que les scapulaires ; une teinte d'un pourpre foncé règne sur tout le dessous du corps ; les pieds sont verts ; enfin une tache blanche est à l'extrémité d'une des deux longues pennes de la queue , qui sont, ainsi que les autres, de la couleur des parties inférieures du corps.' JAGAPA, Ramphocelus, Desm.; Ta«a^a,Lalh. Genre de l'ordre des oiseaux Sylvaitss et de la famille des Péricalles: y. ces mots. Caractères : bec robuste , comprimé latéralement,' conyexe en-dessus, épais; mandibule supérieure couvrant les bords de l'inférieure, entaillée et inclinée vers le bout^ l'inférieure à côtés dilatés transversalement, et prolongée jusqu'au-dessous des yeui; narines rondes, à demi couver-, tes par les petites plumes du front ; langue ; les première et cinquième rémiges à peu près égales ; les deuxième, troisième et quatrième, les plus longues de toutes;' quatre doigts, trois devant, un derrière ; les extérieurs unis à la base. Ce genre correspond à la division des iangaras, que M. Desmarest appelle Ramphocèles. Une contient que deux espèces, qui se trouvent en Amérique , sous la zone torride. Le JacaPA bec d'argetst , Ramphocelus purpureus, Tana^. gra jacapa , Lath. , pi. des tangaras de AI. Desmarest;; a six pouces et demi de longueur ; la mandibule supérieure noire; une plaque de couleur d'argent à la base de l'in— ; férieure; cette plaque paroît être de l'argent le plus bril- lant lorsque l'oiseau est vivant; mais cet éclat se ternit quand l%i J A C l'oiseau est mort. La tête, la gorge et la poitrine sont pouf^ pigées; le reste du plumage est noir ; la femelle diffère du mâle en ce qu'elle est privée des plaques de coaleur argentée ; en outre son corps est brun en dessus et a quelques teintes d'un pourpre obscur et rougeâtre en-dessous; les ailes et la queue sontbrunes. Cette espèce est très- commune à Cayenne et à la Guyane; on la trouve encore au Brésil et au Mexique. Elle se nourrit de petits fruits, fréquente les lieux découverts et ne fuit point le voisinage des habitations; cependant on la rencontre aussi dans les endroits déserts , et même dans lesclairières des forêts. Son nid est cylindrique, un peucourbé et attaché entre les branches horizontalement , l'ouverture vers le bas , de ma- nière que de quelque côté que Vienne la pluie, elle ne peut y entrer; ce nid est long de plus de six pouces, et a quatre pouces et demi de largeur; il ésl construit de paille et de feuilles de balisier desséchées , et le fond en est bien garni intérieurement de morceaux plus larges des mêmes feuilles; la ponte est de deux œufs elliptiques , blancs et chargés au gros bout de petites taches d'un roux léger, qui se perdent eh approchant de l'autre extrémité. Mauduit avoit dans son cabinet un individu dont le plumage étoit d'un rose pâle, varié de gris. C'est probablement une variété accidentelle. Le Jacapa SCARLATTE , Ramphocelus cocciheus , Tanà- gra rubruy var., Lath. -, pi. des Tangaras de M. Desma- rest. Latham fait de cet oiseau une variété du tangara du Canada^ sans doute parce qu'il porte les mêmes couleurs, et (qu'elles ont la même distribution; mais il en diffère en ce que ié rouge est plus brillant et d'une autre nuance; que les plu- mes de sa tête ne sont pas de la même texture; que celles du corps sont noires ou d'un noir verdâtre à l'inlcrieur, tandis que l'autre les a blanches dans le milieu et d'un gris sombre à l'origine ; et enfin en ce que son bec est autrement con- formé ; de plus , il est d'une taille plus forte et plus allongée , dissemblances qui deviennent nulles lorsqu'on compare ces deux oiseaux d'après des descriptions où l'on ne désigne que les couleurs extérieures, sans entrer dans d'autres détails ^ comme l'a fait Brisson , qui le premier a décrit ces oiseaux; mais quand on les rapproche en nature , l'on ne peut douter qu'ils ne soient d'espèce distincte. Les régions qu'habite le scarlalle sont, le Mexique, le Brésil, et les contrées chaudes de l'Amérique septentrionale ; la patrie de l'autre est lé Ca- nada, ainsi que la Louisiane et les Étals- Unis. Je dis sa pa- trie , quoiqu'il ne reste pas toute l'année dans le nord de l'Amérique, mais parce que c'est le lieu de sa naissance ; mais le £car/a//£ n'y paroît jamais, dans telle saison que ce soit. •T A G ^5^ Ceittî-cî a sept pouces de longueur ; le bec noirâtre en des- sus et blanc en dessous ; un rouge éclatant, d'une nuancje qui tient le milieu entre l'écarlate et le cramoisi, est la cou- leur dominante de son plumage; il en jaillit des reflets ar- gentés lorsqu'on pose l'oiseau entre Toeil et la lumière ;.cetieds d'un gris cendré. Buffon rapporte à cette espèce, comme vanélés, le cardinal du Mexique, celui à collier, et le cardinal lucneié de Brisson. L'es méthodistes décrivent les deux derniers comme variétés du premier, dopt ils font une espèce séparée du ir«r/<7//É-.U n'y a pas de doute que le cardinal tacheté ne soit de la race de ce dernier; c'est un jeune mâle tué à l'époque où ii quitte la livrée du premier âge pour prendre celle de l'adulte , ce qui est indiqué par son plumage varié de vert et de rouge. Quant au car(iin(fl à collier, décrit par Aldrovande pour un moineau rouge sans queuCf parce qu'elle manquoit à Toiseau qui 9 Ï54 TAC servi de modèle à la peinture qu'il a vue, il est difficile de se persuader qu'il appartienne à la même espèce que le précé- dent , ni à celle à laquelle l'ont réuni les méthodistes: on lui donne moins de noir dans son plumage , et on le décrit avec les couvertures du dessus et du dessous de la queue de cou- leur rouge , avec les petites plumes des ailes et le bord de i'aile bleus, et sur chaque côté du cou deux taches de même teinte, qui forment un demi-collier. Si ces différences sont réelles, elles me paroissent suffisantes pour constituer une espèce particulière; mais l'existence de cet oiseau est très- douteuse. Il nous reste à parler du cardinal du Mexique , décrit par Hernandez. Buffon le rapporte au scarlatlcy Latham et Grae- lin en font une variété du. iangara du Mississipi, dont il se rap- proche, parce que les jeunes et les femelles de ces deux es- pèces ont un plumage analogue , et qu'ils ne diffèrent guère que dans la taille et la forme du bec. Comme l'on remarque plus de vert et même du jaunâtre dans son plumage , il me paroît moins avancé dans sa mue que le cardinal tacheté ; au reste , il faut voir ces oiseaux en nature pour les bien dé- terminer. Enfin Latham et Gmelin présentent encore le cardinal de Brisson , pag. ^2 , pi. 3 , fig. i , comme une espèce distincte {^tanagra hrasilia^ ; cependant c'est le même oiseau que le scarlatte , comme l'a fort bien jngé Buffon. Ne doit-on pas attribuer ces disparités dans les opinions , aux figures inexactes que l'on a publiées de ces oiseaux? Je suis très-porté à le croire, d'autant plus que j'en trouve encore un exemple dans un autre cardinal^ dont les uns ont fait deux espèces, et d'au- tres des variétés l'une de l'autre, sous les dénominations de iangara du Mississipi, et de preneur-de-mouches ivuge ou gobe- mouche rouge de la Caroline; ce n'est cependant que le même oiseau, mais figuré si différemment dans les ouvrages de Catesby, d'Edwards et de Buffon , qu'il est très-difficile de ne pas s'y méprendre. Il est vrai que dans la nature le rouge est sur certains individus d'une nuance différente; mais les proportions , la taille et le bec ne varient pas au point où ils sont représentés dans ces peintures. S'il m'est permis d'émet- tre mon sentiment sur ces oiseaux, dont j'ai observé deux espèces vivantes dans leur pays natal, et la dépouille du scarlatte m^le, femelle et jeune, je crois qu il y a dans le Mexi- que, trois espèces distinctes : le iangara du Canada, celui du Mississipi, et le scarlatte, et que les autres sont des jeunes ou des femelles, (v.) JAGAPANI. C'est , selon KVein , une espèce de rossignol varié de brun et de jaune , qui vit de mouches, (v.) J A C ^5$ JACAPU. Oiseau du Brésil décrit par Marcgrave ; le- quel a la taille de l'alouette; la queue, les jambes courtes ; le bec un peu courbé , noir et long de six lignes; le plumage tout neir, hors une tache rouge sous la gorge. Gmelin a, je crois,raison de le citer dans la synonymie de son tanagraja— capa ( le bec d argent ) .(v.) JACAPUCAYA et JACAPUCAIO. Suivant Pison et Marcgrawe , les Brasiiiens donnoient ce nom à plusieurs plantes différentes, dont une est le Quatelé (^lecytlds olla- ria). (ln.) JACARA. Nom brasilien du Crocodile caïman, (b.) JACARANDA. Ce nom brasilien est celui d'une espèce de BiGNONE qui a servi de type au genre Jacarande de Jus- sieu. V. ci-après. Barrère l'indique aussi comme celui d'une espèce de Ginseng {panax chysophyllum). Il est donné en- core au Gayac, (ln.) JACARAINDE, Jacaranda. Genre de plantes de la di- dynamie angiospermie, et de la famille des bignonéesy établi par Jussieu pour placer quelques espèces des Bignones de Linnœus , qui lui ont paru avoir des caractères suffisans pour être séparées des autres. Ce genre offre: un calice à cinq dents; une corolle tubuleuse à sa base , dilatée à son orifice, divisée à son limbe en cinq lobes inégaux; quatre ctanvinea fertiles , dont deux plus courtes , et une cinquième stérile f plus longue et velue à son sommet ; un ovaire supérieur , surmonté d'un style à stigmate bilamellé ; une capsule com- primée, orbiculaire, ligneuse, s'ouvrant sur le* bords en deux valves , à cloisons charnues opposées aux valves , et à semences nombreuses, membraneuses sur leurs bords. Les espèces de ce genre sont des arbres à feuilles oppo- sées, bipinnées avec impaire, et à Heurs disposées en pani- cules. Les Bignones bleue et brasilienne de Linnseus en font partie, (b.) JACARD^ C'est, selon Belon, le nom que porte, en Barbarie , le Chacal ; quadrupède du genre Chien. F. ce mot. (DESM.) JACARINL Nom d'un tangara que M. Desmarest est fondé à présenter pour un Bruant ; mais n'ayant point de tubercule à l'intérieur du bec , je l'ai placé dans ma divi- sion des passerines (v.) JACCHUS, F. Ouistiti, (desm.) Jx\CEA de Pline. Cette plante ressembloit à Vintybus du même auteur, si ce n'est qu'elle étoit plus petite et plus âpre au toucher. Suivant ce qu'en disent les commentateurs, il paroit que lejacea se confondoit aisément avec la s câbleuse, puisque souvent onlulen donnoit le nom. Il semble aussi que {^& J A C c'étoit la même plante que Vhyoseris; on l'a appliqué à la Pen- sée {viola iricolor) et à heaucoup d'espèces de centaurées à cause de leurs fleurs pourpre-violet. On donne deux étymo- logies du mot jacea, la première suppose qu'il vient de ia ou ion , noms grecs de la Violette. La seconde étymologie est celle qui tire /acea dnlalin jacere^ couché, étendu, parce que les tiges du jacea sont couchées, ce qui est juste si l'on suppose que le jacea soit la pensée; mais on s'accorde à prendre pour le jacea de Pline, une espèce de centaurée; c'est ce qui fait que ce nom a été étendu à un très-grand nombre d'espèces de ce genre et à d'autres espèces de la famille des composées , appartenant aux genres AWm, serrotula, carduus , cnicus^ stoe- helina^ xeranthemum^ leysera^ goiieria ^ etc., qui ressemblent à la jacée par la forme , ou la couleur de leurs fleurs. Scaliger écrit^€/;'a pourjacea , qu'ilfait dériversans doute de geum, parce que la racine de \a Jacée noire est odorante comme celle du geu?n de Pline. Tourpefort conserva , sous le nom àe jacea, un groupe d'espèces de centaurées et d'autres genres, mais dont les premières constituent le genre jacea de Jussieu , adopté'par Moench. Linnœus nomme jacea la première divi- sion de son genre centaurée, celle qui comprend les espè- ces à écailles du calice lisses , sans cils, et parmi lesquelles ne sont pas les vraies Jacées Ç^centaurea jacea et cent, amara). V. Jacée. (ln.) JACEE, Jacea ^ Juss. Centaurea^ Linn. {Syngénésie pofy' garnie frusiranée. ). Genre de plantes de la famille des cyna- rocéphales , qui a des rapports avec les Centaurées et les Bluets, et qui comprend des herbes devenant quelquefois ligneuses, à feuilles^ simples ou découpées, et à fleurs com- posées flosculeuses. Dans chaque fleur , les fleurons du dis- que sont hermaphrodites; ceux de la circonférence sont fe- melles et stériles; un réceptacle garni de soies roides porte les uns et les autres , et ils sont entourés par un calice formé d'écaillés cartilagineuses, ciliées à leur sommet, et qui se recouvrent comme des tuiles. Lessemences sont garnies d'ai- grettes soyeuses, quelquefois cillées. Jussieu, à l'imitation de Tournefort, a séparé ce genre des centaurées. Il lui rapporte une vingtaine d'espèces; mais ce ne sont pas celles à calice uni qui forment la première division de Linnœus, appelée jaceœ. Les espèces dans le cas d'être citées ici, sont : La Jacée DES prés, Cenlaurea jacea^ Linn. C'est une plante vivace , qu'on trouve en Europe dans les prés secs ; elle a une racine épaisse, ligneuse, fibreuse, et des feuilles alter- nes , lancéolées, quelquefois linéaires: les radicales sontsi- «uées et dentées. Celte plaiite fleurit tout l'été. Elle est bonne J A C 457 à conserver dans les pâturages, parce que tous les bestiaux la mangent ; mais elle est inutile et même nuisible dans les prairies, étant trop dure pour être mêlée avec avantage au foin. Elle fournit une belle teinture jaune, comme lasarrette^ et peut lui «tre substituée. LaJACÉEDE Raguse, JacÉE D'EPiDAtJvRE , Centaurea ragu- sîna , Linn. Plante d'un aspect agréable , remarquable par la blancheur de ses feuilles, et qui croît près de Raguse, dans l'île de Candie etenRarbarie. Elle s'élève rarement au-dessus de trois piedsdans notre climat. Sa racine est vivace et sa tige divisée en plusieurs branches garnies de feuilles molles , co- tonneuses, ailées, à folioles ovales, obtuses, très-entières, terminées par une foliole plus grande. Cette plante mérite d'être cultivée dans les jardins: elle demande à être garantie des fortes gelées. On peut la multiplier de bouture dans tous les mois de l'été , en coupant ses jeunes branches qui ne por- tent point de fleurs, et en les plantant à l'ombre. Ces bou- tures prennent aisément racine, et souffrent en automne la transplantation. La JacÉe blanche ou cendrée, Centaurea cineraria^ Linn., plante vivace qu'on distingue de la précédente aux décou- pures de ?,^?, feuilles qui sont de même persistantes et très- blanches. C'est une beJle espèce qui croît en Italie sur les bords des champs: on peut eu orner les jardins, La Jacée argentée, CcHto/r«a ar^<;«/ea , Linn. Elle croît dans l'île de Candie. Sa racine est vivace. Ses feuilles sont cotonneuses ; les radicales ailées à folioles en forme de spa- tule ; les autres petites et oblongues. La Jacée de Portugal, Centaurea sempervirens^ Linn. Cette jacée, originaire du pays dont elle porte le nom, a ses tiges vivaces et ses^ieuilles toujours vertes. On la multiplie par ses graines qu'on sème en avril sur une terre légère. Rien expo- sée et traitée convenablement , elle peut supporter le froid de nos hivers ordinaires, (d.) JACÉE DE PRINTEMPS. On donne ce nom à la Vio- lette, dans quelques endroits, (ln.) JACEE DES ROIS ou DES TEINTURIERS. C'est la SarreTTE {serratula ù'ncloria). (IN.) JACÉE DES JARDINIERS. C'est le Lychide dioï- QUE A FLEURS ROUGES. (LN.) JACEROS, Nom du fruit du Jacquier des Indes ou Ar- bre a pain, à Calicut. (LN.) JACHANDELRAUM, L'un des noms allemands du Genévrier commun: (ln.) JACHERE , Veivachim. En agriculture, on entend par ce mot l'état d'une terre labourable qu'on laisse ordinairement ISS J A C reposer de deux, de trois ou de quatre années l'une, pour être ensuite cultivée et ensemencée de nouveau. Pendant tout le temps qu'une lerre est en jachère, les herbes qui y crois- sent spontanément servent de pâture aux bestiaux, (d.) JACINTHE, Hyacinihus, Lmn . { Hexandrie monogynie') Genre de plantes de la famille des liliacées , auquel on doit rapporter le genre Muscari de Tournefort. hes jacinthes sont des herbes à feuilles simples et radicales; elles ont beaucoup de resscinblnnce avec les Scilles, dont elles diffèrent princi- palement par deux caractères; i.° par la forme de leur corolle dont le limbe si-ul est ouvert , tandis que dans les scilles elle est ouverte ou deiTii-ouverte en roue ; 2.° par l insertion de leurs étamines à la partie moyenne de la corolle , lorsque les scilles ont les leurs a<]hérentes à la base même des pétales. Ce genre a été divisé par l'établissement de ceux appelés Muscari , Drimie, Dipcadi, Lachenale , Argolasé , Vs-i TERiE et Bellevalie. Une racine bulbeuse ; des fleurs en grappe ou en épi ; un calice coloré , en cloche ou en grelot , découpé au sommet , et quelquefois jusqu'à sa base, en six segmens réfléchis ; six étamines renfermées dans la fleur, à anthères oblongues ; un ovaire arrondi , marqué de trois sillons et de trois pores mel- lifères ; un style surmontant l'ovaire , à stigmate simple; une capsule à trois angles et à trois loges , dont chacune renferme deux ou plusieurs semences : tels sont les caractères de ce genre. 11 comprend une vingtaine d'espèces, parmi lesquelles se trouve la belle Jacinthe orientale , qui fait l'ornement des parterres et les délices des amateurs de fleurs. Comme elle mérite seule une place distinguée dans cet article, nous al- lons en parler tout à 1 heure avec quelque détail , après avoir décrit les autres espèces qui sont les plus remarquables. Ce sont : La Jacinthe des prés ou des bois, Hyacinthus non scripius, Linn.; Hyac. pratensis^ Lam. , Fl.fr.^ qui croît naturellement en France ; elle a des feuilles étroites , linéaires , en partie droites , et point complètement couchées. La tige grêle sou- tient une grappe mince , légèrement penchée , composée d'environ cinq (leurs de couleur bleue et d'une odeur agréa- ble. Médicus la fait servir de type à son genre Ustérie. Cette jacinthe fleurit au mois de mai. Leroux , pharma- cien de Versailles, a retiré de son bulbe , au moyen de l'eau, après l'avoir écrasé , une gomme qui peut remplacer , dans les arts et dans la médecine , celle qu'on tire du Sénégal. On l'a employée avec succès dans les manufactures de toiles peintes et dans la chapellerie. Cette découverte peut deyenir J A C 459 utile et demande à être suivie. La proportion de cette gom- me dans les ognons arrachés avant la fleuraison , est de dix- huit parties sur cent. Les expériences qui ont donné ce résultat, sont consignées dans le n." 119 des Annales de Chimie. La Jacinthe améthyste, Hyacipfluis amethystinus ^Tuinn.f Lam. Elle diffère de la précédente par ses feuilles plus larges et tout-à-fait couchées , et par ses fleurs plus grosses , plus nombreuses , d'une belle couleur d'améthyste. On la trouve en Espagne. La Jacinthe musquée , Ilyacinthus muscari, Linn., qui croît spontanément en Asie et dans le Levant ; elle a peu de beauté ; mais la bonne odeur de ses fleurs la fait rechercher. Sa racine est un assez gros bulbe, composé de beaucoup de tuniques. Ses feuilles sont creusées en gouttière inférieure- ment, presque planes vers le haut, et étalées sur la terre ; au milieu d'elles s'élève une hampe terminée par un épi com- posé de fleurs nombreuses , presque sessiles. Cette jacinthe fleurit an printemps ; les jardiniers lui donnent le nom de mus- cari^ parce qu'elle a une foible odeur de musc. La Jacinthe botryoïde , Hyacinihus hotrydides , Linn. Ses fleurs sont en grelot , ordinairement bleues , quelquefois blanches ou cendrées ; ses feuilles creusées en gouttière , Bans être cylindriques. Celte plante fleurit en avril; elle vient d'elle-même dans les vignes et dans les champs de l'Italie , de la Suisse et du Midi la France. La Jacinthe A feuille j)E30TfC,Hyacinthusjuncifolius, Lam.; Hyac. racemosus, Linn., croît à peu près dans les mêmes lieux que celle qui précède ; elle semble en être une variété. Elle s'en distingue pourtant par ses feuilles plus étroites, plus nom- breuses et plus lâches, par son épi plus dense et par ses fleurs odorantes. Cette espèce fleurit en avril. La Jacinthe a toupet, Hyacinihus comosus, Linn. , qu'on trouve en France , en Piémont , en Suisse, en Allemagne, vient sur le bord des bois et dans les champs cultivés, qu'elle infeste par son abondance. Elle fleurit à la fin d'avril ou au commencement de mai. Sa tige est droite , cylindrique et lisse. Ses feuilles sont étalées sur la terre ; leur surface unie et verte , est creusée en gouttière vers le bas des feuilles , et plane à l'extrémité opposée. Les fleurs d'un brun jaunâtre ou purpurines forment un épi de quatre à six pouces de longueur. On doit, autant qu'il est possible, purger entièrement les champs de cette plante , ayant soin de la faire arracher avant l'épanouissement de ses fleurs. La Jacinthe PAmcvLÉE^ IJyacinfhus paniculatus ^ ham. ; Hyac. monsùosusj Linn. Cette plante a été trouvée aux environi ifio J A G de Pavie , dans les champs. On la cultive pour sa singularité , et on la multiplie par ses bulbes. Ses feuilles ^ont presque planes , couchées sur la terre , et terminées en pointe ob- tuse. Sa tige est terminée par une panicule bleuâtre composée de fleurs toutes stériles , n'ayant ni étamines ni germe. Celte plante fleurit au mois de mai : quand ses fleurs sont passées, les tiges et les feuilles périssent jusqu'à la racijfie, qui enre-; pousse de nouvelles au printemps suivant. La Jacinthe romaine se rapproche infiniment à& 1% Bellevalie de Lnpeyrouse , si elle n'est pas la même. — De la Jacinthe orientale. Les ancicnspoëles racontent -que le jeune Hyacinthe fut aimé passionnément de Zéphirp et d'Apollon. Un jour Zéphire ^ piqué de le voir jouer avec le dieu , qu'il regardoit comme son rival, jeta un palet à la tête d'Hyacinthe , et le tua. Apollon ne pouvant le rappeler à la vie, le métamorphosa en fleur qui porta depuis son Xiom-, changé dans notre langue en celui àe. jacinthe. Dans cette fiction ingénieuse , Apollon paroît être l'em- blème du retour du soleil vers noire hémisphère , et Zéphice semble désigner les vents tièdes du MidL C'est en effet l'ha- leine des zéphyrs, échauffée par les rayons bienfaisans de l'astre du jour , qui , chaque année , donne naissance à la/a- cînihe, et développe ses calices brillans et parfumés. De toutes \q.s, fleurs que les premiers jours du printemps voient éclor« , il n'en est point qui surpasse celle-ci en éclat et en beauté. L'élégance de son épi , ses nombreux grelots que le moindre souftte agite, leurs jolies formes , la richesse et la variété des couleurs dont ils sont peints , et l'odeur suave qu'ils exhalent en entr'ouvrant leurs sommets dentelés, tout plaît et charme les sens dans \^ jacinthe ; tout concourt à la rendre une dea plus agréables fleurs printanières. Elle est digne des soins de l'homme ; elle doit être chérie de tous ceux qui la cultivent , et il ne faut pas s'étonner que les poètes , sous le nom d'Hya- cinthe , lui aient donné Zéphire et le dieu du jour pour amans. Le parfum et la beauté ne sont pas le s€ul mérite de cette fleur; à ces avantages elle en réunit beaucoup d'autres. Elje a celui de former un bouquet parfait d'une seule de ses tiges; elle n'est point sujette à dégénérer ; on peut relarder ou accélérer à volonté son développement ; on la mul- tiplie aisément par ses cayeux ; et ses graines , semées avec soin , donnent au jardinier patient une nombreuse posté- litéde jacinthes, mais enrichies de forme et de parures nou- velles; enfin, cette aimable fleur a la propriété de végéter dans l'eau comme dans la terre; on n'en orne pas seulement les jardins , on en décore aussi les appartemens ; on en couvre J A C 461 les consoles , les cheminées ; elle croît auprès de nous dans la saison des frimas , mêle son éclat à celui du feu qui nous réchauffe , et annonce ou rappelle au sein de l'hiver les beaux jours du printemps. Cette plante est originaire de l'Orient. Sa beauté la fnit rechercher dans tous les pays; tous les jardiniers de l'Europe la cultivent, et les variétés nouvelles qu'ils obtiennent chaque année , sont le prix de leurs peines. Il n'y a cependant que la Hollande qui puisse nous fournir de très-belles jacinthes doubles. La qualité de son sol , la patience, les soins, la per- sévérance de ses jardiniers , la mettent seule en état de nous faire jouir de ce qu'il y a de plus beau dans cette espèce : aussi les fleuristes de ce pays en font-ils l'objet d'un com- merce assez important, C'est principalement à Harlem que la culture de celte fleur est très-perfeclionuéo. On obtient les variétés doubles par les semences , et on les conserve en plantant leurs ognons ou bulbes. Quelques-unes de ces variétés présentent des fleurs si larges , si pleines et si agréablement colorées , qu'on vend les racines à des prix très-considérables. On compte plus de deux mille variétés de jacinthes , qui ont chacune leur nom. La jacinthe , comme toutes les plantes , a un temps limité pour fleurir. La double peut retarder sa fleuraison jusqu'à trois semaines après la simple ; mais l'une et l'autre doivent fleurir dans l'intervalle de mars et avril, un peu plus tôt ou un peu plus tard , selon la température du climat et des lieux où elles croissent. Si les jacinthes avancent beaucoup , la fleur passe avant qu'on ait pu en jouir : si elles sont trop tardives, leur bouton alors reste vert. On peut hâter le développement de ces jacinthes lorsqu'elles sont belles, en les plaçant sous une cloche, aussitôt que les boutons commencent àparoître. Chaque tige doit porter quinze à vingt fleurs , au moins douze si elles sont grandes ; trente sont ce qu'on peut atten- dre de mieux dans les doubles et dans les pleines. On doit rebuter toute jacinthe bornée à six ou sept fleurs. C'est une beauté dans là jacinthe, qu'une tige bien droite et bien proportionnée, forte dans toute sa longueur, ni trop haute , ni trop basse , et dont les feuilles sont dans une direc- tion moyenne entre la droite et l'horizontale ; trop droites , elles empêcheroient qu'on ne vît la fleur ; mais on regarde peu les défauts à cet égard, lorsqu'ils isont compensés par de grandes beautés. Il faut que les fleurs soient larges , courtes , bien nourries, et qu'elles ne passent pas trop vite. Elles doivent se détacher de la tige , la garnir également , et se soutenir à peu près dans une direction horizojotale , à l'exception delà fleur tenni-' 46a J A G nalc , qui doit rester droite. Enfin elles doivent former par leur réunion une espèce de pyramide , et par conséquent il est nécessaire que leur pédicule diminue de longueur par de- grés , de bas en haut. QueWe que soiilci jacinthe pleine qui fixe le plus les curieux,' la simple a un mérite qui lui attire bien des partisans. Elle est plus hâtive ; elle forme un plus grand bouquet , quelquefois de trente à cinquante fleurs : une planche entière de jacinthes simples fleurit d'une manière uniforme , en sorte qu'en l'ar- rangeant avec art , on se procure le spectacle d'un champ cou- vert de Heurs. On ne peut pas attendre le même agrément de li jacinthe pleine. Pour avoir une jouissance complète , il faut donc cultiver des pleines et des simples , afin que les plus hâtives transmettent jusqu'aux plus tardives, une succession de fleurs dans leur beauté. Un des artifices employés par les cultivateurs de Harlem , pour avoir des ognons susceptibles de donner les fleurs les plus grosses et les épis les plus garnis , c'est de les empêcher de fleurir deux ou trois ans avant la mise en vente de leurs ognons. Par ce moyen ces ognons acquièrent une surabon- dance de vigueur qui se fait remarquer dans leurs premières productions ; mais aussi Tognon qui a fleuri avec tant de luxe ne donne Tannée suivante que des épis grêles, ce qui fait dire qu'il a dégénéré ; ce qui fait croire qu'il n'y a qu'Harlem dans le monde où il soit possible de cultiver in jacinthe avec succès. On peut conclure de là qu'il est avantageux de couper les tiges àesjacinthes dès que les fleurs commencent à passer, et c'est ce qu'on fait ordinairement ; mais , pour éviter la déperdition de sève qui a lieu par la plaie , il est mieux de pincer le pédoncule des fleurs un à un. De dix mille jacinthes , à peine en trouve-t-on une bleue qui devienne blanche , ou une double qui dégénère en simple. On en a vu , après une durée de cinquante ans , conserver, encore leur beauté. hai jacinthe se multiplie par ses graines ou par ses cayeux.' Plus on fait de serais et plus on se procure de hasards; c'est aux espèces simples qu on est redevable de presque toutes les jacintlies qui ont une grande beauté. On obtient aussi de belles variétés de la graine des semi-doubles ; mais les se- mences que donnent quelquefois les doubles , produisent ra- rement des espèces parfaites; cependant les curieux les recueillent avec grand soin. La maturité de la graine s'annonce par une couleur noireJ On se dispose à la recueillir quand la pellicule dont elle est environnée jaunit et commence à s'ouvrir. Alors ayant enleva J A C 46^ la tige , on la met dans un vase un peu profond , où le soleil ni la pluie ne puissent pas donner. La semence achève de s'y perfectionner , après quoi on la netloie bien, et on la garde dans un lieu sec. La terre de bruyère, mêlée avec une terre légère, mais «ubstanlielle , paroît être celle qui est la plus propre à re- cevoir soit l'ognon , soit la graine de jacinthe. On semé la graine en Hollande à la fin d'octobre. Si on devançoit ce temps, les jeunes plantes sortant en hiver, seroient surprises de la gelée qui les feroit périr; d'un autre côté , en diffé- rant davantage , la levée seroit fort incertaine , ou au moins assez relardée pour occasioner une année de perte. En France , on peut semer, suivant les lieux, depuis août jus- qu'en novembre , et même en mars. On sème en rayon ou à la volée. La graine étant couverte d'un pouce de terre , on y répand un peu de tan à demi consommé , pour la garantir du froid lorsqu'elle lèvera. On ne lève les ognons qui proviennent de ces semis que la troi- sième année; on doit arrachersoigneusementetavec précaution les mauvaises herbes qui naissent autour d'eux. Aux approches du premier hiver que ces jeunes plantes doivent soutenir, on les fortifie par un demi-pouce de tan. On n'arrose jamais ces jeunes ognons ; durant les sécheresses de Télé , leur végéta- tion est très-lente , et en tout autre temps ils trouvent une humidité capable de faire pousser leurs racines , souvent à six ou huit pouces de profondeur. Quand une fois on les enlève de terre, on les gouverne comme ceux qui sont plus avancés. Il y en a un certain nombre qui fleurissent au bout de qua- tre ans, d'autres au bout de cinq, beaucoup davantage l'année suivante , et communément tous à la septième; on jette alors ceux qui ne donnent pas. A chaque fleuralson Ton observe les degrés de perfection que ces fleurs acquièrent , afin de ne pas garder inutilement celles qui ne paroissent pas promettre jusqu'à un certain point. En Hollande , on regarde les mois d'octobre et de novem- bre comme la saison la plus convenable pour planter les/a- cinlhes. En France , on met leurs ognons en te-re dans les mois d'août et de septembre ; et l'on forme une pépinière de petits cayeux que l'on place à un ou deux pouces de dislance, et qa'on recouvre d'un pouce seulement de terre. En général , on enterre les ognons à quatre ou cinq pou- ces ; on enfonce davantage quelques espèces hâtives , et l'on donne moins de profondeur aux tardives , afin que les unes et les autres puissent fleurir en même temps. L'ognon en 464 J A C terre à plus de cinq pouces , ne produit communément qu'une tige maigre, et des fleurs qui ne sont pas bien pleines. Les ognons doivent être plantés à un demi-pied de dis- tance. Quant au choix , il n'y a point de règles à observer ; il dépend du savoir et de l'intelligence du fleuriste. Entre les ognons qui acquièrent une belle grosseur, ceux qui pèsent depuis une jusqu'à une once et demie , sont en état de fleurir parfaitement ; deux onces et demie annoncent une vigueur extraordinaire et de longue durée. On voit de tels ognons fleurir quelquefois treize ans de suite avant de commencer à s'épuiser en cayeux. J^a Jacinûie est moins susceptible des effets de la gelée que la renoncule et l'anémone , mais plus que la tulipe et l'oreille d'ours. On prévient les fortes gelées en couvrant la terre avec deux ou trois pouces de tan , ou de feuilles d'arbres que Ton a soin de retirer dès que les gelées sont finies. Selon Van- Zompel , un froid qui ne se fait sentir que jusqu'à deux pou- ces dans la terre , n'est pas contraire à cette plante. Les ognons de jacinthe sont fort sujets à pourrir. Degrace a observé qu'en les plantant sur le côté ,1e cul en face du midi, et -au pied d'un mur ayant cette exposition, on en perdoit beaucoup moins que de toute autre manière. Des ognons plantés de la sorte, se conservent très-sains, et l'on peut les laisser en terre pendant trois ou quatre ans sans les relever ; mais cette plantation n'est point agréable à l'œil. L'ognen de jacinthe se reproduit par ses enfans , qui sont les cayeux. Quand leur nombre oblige de les détacher du maître ognon , s'ils sont encore petits , on en forme des pé- pinières ; s" ils sont assez gros, on les distribue parmi ceux d'où ils ont été tirés. La tige de la jacinthe est succulente et foible ; elle ne peut résister aux grands vents ; pour l'assurer contre leur violence, on lui donne un soutien. Si l'on veut jouir pendant assezlong- temps des belles couleurs qu'offrentlesyacm^/zcs, il fautgarantir cestleurs delà ti'op grande ardeur du soleil; autrement elles pâliroient et passeroient bien vite. On conserve leur fraîcheur en donnant à chacune de celles qui s'épanouissent les pre- mières, un parasol en forme de demi-bonnel, fait de bois léger ou de fer-blanc, et supporté par un bâton fiché en terre. Quand la pluçârt des jacinthes d'une planche sont en fleurs, on substitue à ces parasols particuliers un parasol général fait de toile, qui est tendu en pente au-dessus delà planche, et soutenu par deux pieux de bois léger à une hauteur conve- nable , pour qu'on puisse se tenir debout commodément dans les sentiers. J A G 4.G5 Il y a clés fleuristes qtii ne lèvent leUfs ognons âejaa'nihes qu'au bout de trois ans ; mais la plupart les lèvent chaque an-!icc ; c».Mîe dernière méthode est en effet préférahlc. Un ogijon qu'on laisse en terre pendant tout 1 élé , pousse trop en cavciïx, et ne produit souvent, Tannée d'après, qu\mc tige foiblc et peu garnie de fleurs. Le temps de les lever est loisqne la fane est presque jaune et sèche. En les levant , on doit prendre garde de les blesser. Après avoir séparé la fane , qui se détache sans peine , on lève les ognons avec leurs ra- cines, sans en ôter les cayeux ni la terre qui peut y tenir, opération que Ton réserve pour le temps de la plantation. ()n enlève toutes les enveloppes chancreuses. Si quelques ognons sont altérés , il faut les nettoyer jusqu'au vif. Après avoir relevé les ognons de jaàidhes , on les met dans une case étiquetée , qui fait partie d'une grande layette, distribuée exactement comme la planche. Cette layette est ensuite déposée sur une table , à Tombre , et dans un lieu sec et aéré. Chaque ognon doit être renverse , la couronne en 1 air; c'est presque toujours dans cet endroit que la pourri- ture se manifeste. Lorsîeçon afleurs jaunes et radiéks. Cette couleur et celte structure l'ont fait étendre à un très-grand nombre de plantes de la syngénésie de Linn^f iks, et qui appar- tiennent aux genres crépis^ athanasia, conyza^ amku , cotida , othonna ^ pectis^ et surtout senecio dont les espèces à fieurs ra- diées forment Icym-o/ytea de Tournefort, et les espèces iloscu- leuses lejacoôœa de Thunberg. Ni l'un ni l'aulre de ces genres n'a été adopté. (l>\) JACOHi^ASTKU31, Les espèces qui composent ce genre de Vaillant, rentrent dans les genres Séneçon et Ci- néraire, (ln.) JACOlîAKOIDES de Vaillant. Ce genre ne renferme que des espèces de Cinéraires. 11 n'a pas été adopté, (em.) JACOiiEE. Plante du genre des Seneçoms, qui, sous la considération qu'elle a des fleurs radiées, a servi de type à un genre de Tournefort, rappelé par quelques botanistes modernes. (îî.) J\COBÈE MARITIME. C'est laCiNÉRAiRE maritime. (LN.) . JAGOB-EVERTSEN. Poisson du genre Bodian. Ce nom est celui d'un matelot hollandais, fort gravé de petite vérole , et auquel on coinpara ce poisson au moment où il fut pris, (b.) JACOBIN. Nom appliqué à plusieurs oiseaux d'après leur plumage , savoir : au canard morillon^ à un gros-bec des Indes , à un orfolun de V Amérique septentrionale (^ embeiiza hyenialis) , à un coucou, (v.) JACOBIN HUPPE DU COROMANDEL. F. Cou- cou EDOLIO. C'est par une erreur typographique qu'aux ar- ticles coucou huppé de ia cote du Coroniandel et de coucou jaco- bin huppé de Coromandel ., Tou a renvoyé au mot CoULiCOU ; il faut lire Coucou, (v.) JACOBINE. Nom vulgaire de la Corneille mantelée. V. ce mot à l'article Corbeau. On a encore appliqué cette dénomination à un Oiseau mouche. F. ce mol au genre Colibri, (v.) JACOBITE. F. Dauphin DE Commerson. (desm.") JAGODE. Nom de la Grive draine, dans l'Anjou, (v.) JAGOU ou -YACOU. Nom des oiseaux du genre Ma- RAiL, au Brésil, (desm.) JACQUES. Un des noms vulgaires du Geai. F. ce mot. (V.) JACQUIER. F. Jaquier, (b ) J A ri 469 JACQUINIER, Jaquinûi. Genre de plantes de la pen- tandrle njonogynie et de la famille deshllosper mes , qui présente pour caractèr'es : un caliccdecnq tolioie s arron- dies, concaves et persistantes; une corolle monopctale à tube campanule , ventru , une fois plus grand que le calice , et a limbe partagé en dix découpures arrondies , dont cinq sont intérieures et plus courtes ; cinq étamines attachées au réceptacle ; un ovaire supérieur, ovale , chargé d'un style à stigmate en tête ; une baie ovale , uniloculaire , contenant une semence cartilagineuse. Ce genre contient six arbrisseaux de l'Amérique méridionale, à feuilles presque opposées ou verticiliées , et à fleurs dispo- sées en g;-appes ou solitaires , dont le plus commun est : Le Jacquitsier a bracelet, qui a les feuilles ovales , cu- néiformes, disposées six par six, et les fleurs en grappes. Il croît à la Martinique , où il est connu sous le nom de hais à bracelet ^ parce qu'on se sert de ses semonces , qui sont d'un jaune brun et irès-lisses , pour faire des bracelets. L'odeur de ses fleurs approche de celle du jasmin. On le trouve aussi dans le Mexique, (b.) JACUA ACANGA. Espèce d'HÉLiOTROPE ( Heliotro- pium rnth'aim) figurée page y de l'ouvrage de Marcgrave sur les plantes du Brésil, (b.) JACUAïL Nom hébreu de TAutruche. (v.) J VCULUM. L'un des noms des Bélemisites chez les anciens, (desm.) JACULXJS. Nom lalin des rongeurs du genre des (jER- BOISES. (l)ESM.) JACU-PEMA. Nom brésilien du Hocr.o. (v.) JACURUTU. C'est, au Brésil, un Graa;d Duc, selon TNL-\rcgrave. (s ) JACUTA. L'un des noms du (iEAi, en vieux français, (s.) .lADELLE, JODELLE ou JOUDELLE. Noms vul- gaires de la EouLyuE. (v.) JADES. Ce sont des substances minérales , amorphes , compactes, qui jouissent d une grande ténacité , dont les cou- leurs sont le vert et ses nuances , qui font feu au briquet , et qui, à la ilauinie ôa rhalumeau , se fondent plus ou moins facilement en un émail Liane, ou gris ou noir. Les jades ont la cassure conchoïde ou inégale et écailleuse; ils ont un coup d'œil gras et onctueux particulier qui les fait distinguer aisément des pétrosilex ; ils le conservent même au poli ; ils ont une demi-transparence nébuleuse qui leur est propre. La dureté des jades est assez considérable, car ils ne se aissent point entamer par l'acier , et ils rayent même ^7© J A D quelquefois le qnarz. Leur pesanteur spécifique varie entre 2,95 et 3,38. Tous les jades appartiennent aux formations primitives, et paroissent des pierres mélangées, d'apparence homogène On en peut distinguer quatre variétés ; savoir : le Jade te- >ACE, le Jade ascien ou axinien, le Jade néphrite, et le Jade blanc ou oriental, I." Le Jade TENACE estainsi nommé, parce qu'ilsedistingue des autres par son extrême ténacité qui le fait céder très- difficilement aux coups redoublés du marteau. On lui a donné le nom Ac jade de Saussure, parce que ce célèbre géologue fut le premier qui le fit connoître aux naturalistes, IM. Théodore de Saussure, son fils, lui a donné le nom de snussurite; M. Delamétherie , celui de lemanite ^ parce que ce fut, sur les bords du lac Léman , qu'il fut d'abord trouvé ; Hœpfner, celui de magnéUihe et de jnerre muriaiicjiie , sans doute parce que l'analyse indirjue une petite quantité de soude dans ce jade, M. Werner le regarde comme un feld- spath compacte , et le nomme variolît. C'est aussi pour M. Haiiy un feldspath , et il lui donne le nom de feldspath tenace. Enfin , M. Brongniart, en le laissant dans les jades, ïe désigne ^^v jade de Saussure. Les couleurs de ce jade sont le blanc -verdâtre et le vert passant au gris-verdâtre ou bleuâtre , et quelquefois au rou- geâtre et au lilas. On le trouve en masse ou en cailloux roulés. Son éclat luisant est foible en comparaison de celui des autres variétés. Sa cassure est inégale. Il est dur au point de rayer le quarz ; sa pesanteur spécifique , d'après Saus- sure , est de 3,3io , 3^3 19 , et, selon Klaproth , de 3, 20. Ce jade est moins fusible que les suivans , car lorsqu'on en expose un fragment à la flamme du chalumeau , il ne se fond qu'à peine sur les côtés et sur les angles. Il en existe deux analyses, l'une par Théodore de Saussure , et l'autre par Klaproth. Elles indiquent les principes suivans : Saussure. Klaproth. Silice 4-4 4-9 Alumine , , , 3o 24 Chaîis , . , , 4 • io,5o Magnésie , . , o 3,75 Soude . . , , 6 5,5o Potasse. . , . 0,25 o Fer i2,5o 6,5o Manganèse. , . o,o5 o Perte. , , . . 3, 20 ...,.., 0,7$ 100^00 ilUO,U(J J A D 47t Ce jade a été d'abord trouvé dans les Alpes par Saussure ; en cailloux roulés , sur les bords du lac de (ieuèvc; aux en- virons de Turin, dans la montagne du Mussinet; au pied du mont Rose , en gros blocs , dans le pays de Vaud. 11 est com- mun en Corse, en Italie, sur la rivière de Gènes et en. Tos- cane. LeHartz , la Norvvége, et la Finlande en offrent éga- lement , ainsi que l'île de Tyrée. Dans toutes ces localités, le jade ietuue forme , avec la diallage , une roche par- ticulière qui accompagne la serpentine, ou des pierres ma- gnésiennes. Cette roche est connue , en Italie , sous les noms de gabf/w et de verde di cursîra ou de corsico , parce que la Corse en a fourni aux arts une grande quantité. IVI. Haiiy lui donne le nom à'enphotide. On peut lire , dans ce Diction- naire , au mot EuPiiOTiDE , la description et le gisement de cette roche. On peut consulter aussi l'article Gaudho. L'eupholide présente une variété extrêmement jolie lors- qu'elle est polie. Elle est très-compacte et formée de diallage et de jade vert ou violet réduits en particules semblables à des points. Les marbriers lui donnent le nom impropre de jaspe. Elle est fort rare et paroît venir de Corse. On en trouve aussi dans les Alpes ; il en existe un bel échantillon dans le cabinet de M. de Drée, à Paris. Les tables ut autres objets faits avec l'euphotide sont fort chers à Paris; leur beauté consiste à présenter de la diallage d'un beau vert sur un fond de jade gris - bleuâtre , avec filets très-contour- nés , etc. ; le poli de cette pierre est moins vif que celui que prennent les variétés suivantes. 2.°. Le Jade ascien ou axitsien, est ainsi nommé par MM. Haiiy etBrongniart, parce qu'il ne nous est connu que sous les formes de casse-tête et de pierre de hache que lui don- nent les naturels des pays où il se trouve. C'est \e Bieisiein des minéralogistes allemands. 11 est remarquable pai' sa couleur d'un vert d'herbe passant à celui de Fémeraude ou à celui de l'olive, avec les nuances intermédiaires ; il a un coup d'œil luisant particulier, et une translucidité moelleuse qui fait un de ses caractères essentiels ; sa structure est schisteuse le plus souvent , et la surface des feuillets est enduite d'une matière onctueuse , magnésienne. 11 est fusible en verre noir ; sa pe- santeur spécifique, suivant Lichenstein, est de 3,007 ' ^* » d'après Karsten , de 3,ooo à 3,oo8. Ces caractères distinguent parfaitement ce jade du précé- dent. Il n'en existe point d'analyse; inais 11 y a tout lieu de croire que les principes sont les mêmes que dans les ser- pentines , mais dans des proportions différentes. Le véritable yWe axinieu £ut d'abord apporté des îles de la mer du Sud par Foislcr , qui accompagnoit le capitaiuii^ Cook d;ins «on second Voyage autour du Monde , et prin- cipalement de Tavaipunamu, Tune des îles de la Nouvelle- Zélande. Les naturels en font des haclies , des casse-têtes, des idoles. Dans les relations des voyages du capitaine Cook et de Jiougainvillc , on le nomme talc vert. On dit aussi que ce jade se rencontre en Chine. Celui qu'on trouve dans les sa- Ï)1.'S sur les bords du Heuve des Amazones, en Amérique , est connu sous le nom àc pierre des amazones ^ et à cause de ce nom , il ne faut pas le confondre avec le feldspath vert de Si- bérie qui porte le même nom. Pierre Barrere , dans son Histoire de la France equiaoxiale , nous apprend que les naturels de la Guyane et les Galibis en particulier, ont une grande estime pour les lakoitraoes ; c'est ainsi qu'ils nomment les cailloux roulés de ce jade qu on trouve à la Guyane et chez lesTapouyes à l'embouchure dulleuve des Amazones, et les prisent plus que l'or à cause des vertus qu'ils leur attribuent. Barrere les x\on\\m pierres vertes. M. Hum- boldt pense que ces cailloux sont amenés de l'intérieur du pays parle grand fleuve des Amazones qui les charrie jus(iu'à son embouchure. 3.° Le Jade îséphrite est d'un vert sombre ou d'un vert poireau, passant au gris foncé ; quelques variétés sont d'un vert pâle; sa couleur est rarement d'rm ton égal, sur- tout dans la transparence; celle-ci est très-nébuleuse et moins agréable à l'œil que celle de l'héliotrope, des plasma et du silex jadien, avec lesquels on ponrroit le confondre. Il est très-fusible au chalumeau en un émail blanc. Ses principes conslituans sont : Saussure fils. Karstcn. Silice 53,75 . ■ 5o,5o Magnésie Chaux . Alumine. Fer oxydé Manganèse Chrome Soude . Potasse. Eau. . , o 3 1,00 12,75 0,00 i,5o 10,00 5,00 5,5o oxydé 2,00 • o 0,00 o,o5 10,75 o 8,5o o 2,a5 2î75 96,50 99i8o Sa pesanteur spécifique varie entre 2,962 et 3,71. Le gi- sem.'nt de ce jade n'est pas connu , mais il y a tout lieu de croire qu'on le trouve dans les serpenlineiS. Jameson indi- .T A G 47.i que le jade néphrite en Suisse , dans les granhes el le gneiss. Ce jade est irès-commun. Il a élé recherché autrefois pour la propriété qu'on lui atlrihuoit d'être un spécifique contre la colique néphrétique. Les anciens en faisoient grand cas , et les indiens , les Orientaux et les Turcs le recherchent encore. Ils en font des amulettes de toute espèce , des manches de couteaux , des poignées de sabres, et toutes sortes d'objets d'ornement. Les plus beaux ouvrages en ce genre sortent de l'Asie. Ce fut principalement dans les quin- zième et seizième siècles que l'on exécuta, en Europe, les plus grands ouvrages connus en jade. On cite des vasques et des vases d'assez grande dimension, en cette matière qui est rarement en grand volume. 11 ne faut point la confondre avec le jade blanc oriental, avec lequel elle a souvent des rapports de couleurs et de pays. 4-." Le Jade blanc oriental est d'un blanc légèrepient verdâtre ou vert-olive très-pâle ; sa couleur est uniforme ou rarement grumeleuse, et il jouit dune translucidllé semblable à celle de 1 empois. On a long-temps cru qu'il devoit être con- fondu avec le jade néphrite ; mais il est très-distinct , puisque c'est une prehnile compacte. M. le comte de Bournon fit le premier celle découverte, et depuis nous nous sommes assu- rés de la vérité de ce rapprochement, en comparant la preh- nile cristallisée et la prehnite compacte de Chine que nous avons eue à notre disposition , avec au jade blanc de l'Inde. Celte pierre est extrêmement dure et l'on n'a point encore expliqué comment les Chinois peuvent exécuter avec elle ces jolies coupes à branchages, remarquables par la finesse et la délicatesse du travail ; car la supposition que cette matière soit plus molle au sortir de la terre est inadmissible pour la prehnite , de même que sa consolidation par Pair ou au feu, comme on l'a avancé. Voyez PaEHNiTE, (ln.) Jades-faux ou Stéatites vertes. T. ce dernier mot.(LN ) JAEGER. INom suédois de la Canche en gazon {Aira cœspitosa, L. ). (ln.) JAEGGERASE, JAEGGEGUOZ. Noms du Ledum palustre^ en Norwége. (ln ) F. LÉden. JAELSTER. Nom du Saule pentandre , en Alle- magne, (ln.) JAENES. Nom donné , en Espagne , à une sorte de raisin à grosse peau. Il y en a de blanc et de noir, (ln.) JAEREK, JAEREKAXet JAERIEK. Noms du Cassis (^Kibes nigrum , L.), en Norwége. (ln.) JAERT. Nom suédois du Sélfn des marais, (ln.) JAGALBAI. Nom baschklr du Faucon falk. F. Oi- seaux DE PROIE, (v.) i-]!^ J A G JAGAQUE. C'est le Chœtoàon saxatîUs , Linn, , le Gly- PHisoDON MOUCHARA de Lacépède. (b.) JAGELBEERE et JAGERBEER. Deux noms alle- mands de l'AïRELLE des marais ( Vaccinium uliginosum , L.). (LN.) JAGETEUFEL. C'est le Millepertuis perfolié , en Allemagne, (ln.) JACtON, Coquille du genre Vénus, la venus ebumea. (b.^ JAGORACURU. F. Jaguarété. (s.) JAGRA. Sucre qu'on retire de la liqueur du Cocotier. (B.) JAGRA. Ecorce aromatique que les Indiens font entrer «lans la fabrication de leur Arâck. J'ignore de quel arbre provient celle écorco.(B.) JACiUA. Palmier très-élevé de l'Amérique méridionale , qui fournit du vm de pfilme. Ses feuilles sont pinnées , re- courbées , et ses folioles ridées. Il n'a pas encore été ob-: serve par les botanistes, (b.) JAGUACAGUARE. V. Jagaoue. (s.) JAGUACATEGUAC^. Nom du Martin-pêcheur HUPPÉ du Brésil, (v.) JAGUACINI. Nom brasilien du Crabier. (s.) JAGUAR, Poisson du genre Bodian {^Bodianus penta- canlhus, Bloch.) (B.) JAGUAR {Felis oncà), Linn., pi. E 19 de ce Dictionnaire. Quadrupède du genre des chats , à pelage moucheté comme les léopards et les panthères, mais qui est particulier aux contrées méridionales du nouveau continent. Il est le plus grand des chats mouchetés , et se distingue par le petit nombre et l'étendue de ses taches. V. son ar- ticle au mot Chat, (desm.) JAGUAR NOIR, Jaguar a poil tjoir ou Jaguarété de Marcgrave et de Pison. Voyez l'article Chat, espèce de Jaguar, (oesm.) JAGUAR DE LA NOUVELLE-ESPAGNE. Cet ani- mal, décrit par Buffon , lui avoit été envoyé de la Nouvelle- Espagne par M. Lebrun, inspecteur général des domaines- II dit que sa taille éloit petite, que le fond de son pelage ëtoit d'un blanc sale rougeâtre, marqué de taches et de bandes d'un fauve mêlé de gris, bordées de noir. D'Azara pense que ce prétendu jaguar n'est autre chose que le Chibigouazou décrit par Buffon sous le nom A\)celot. ( V. l'article Chat, tome 6, page 102, eso. à\i chibigouazou). E .19 j . 7,m//o- ((7iu/ij 2.Ja//ff(f/- f (Vfa/J 3.Jûcâ-û (Oram/J J A L 475 JAGUARETE de Marcgrave , est un grand chat à pelage noir, marqué de taches encore plus foncées, qu'on trouve au Paraguay , et qui paroît n'être qu'une simple variété du jaguar. V. à l'article Chat, espèce du Jaguar, (desm.) JAGUAROI. V. à l'article Chat, espèce du Jaguar. (desm.) JAGUARUNDI ou YAGUARONDI. Espèce de mam- mifère du Paraguay, appartenant au genre des Chats, dont la taille est moyenne, allongée, le pelage noir piqueté de blanc , et que M. d'Azara nous a fait connoîlre le premier. V. l'article Chat, (desm.) JAGUILMA. C'est le nom d'un perroquet {psittacus chi~ lensis). (DESM.) JAHANA ou JACANA. Nom propre aux Poules d'eau, dans le Brésil, (v.) JAIHAH. Nom abyssin du Caracal, espèce de Chat. F. ce dernier mot. (desm.) JAIPOA. Les habitans d'Otahiti donnent ce nom à U G0BIE STRIÉE , figurée par Broussonnet. (b.) JAIRAN, JARRAÏN ou DSCHEIRAN. Noms turcs employés pour désigner le mammifère ruminantnomméDsE- REN par les Mongoles , et que nous décrivons à l'article An-- tilopc, sous la dénomination d' Antilope GOÎTREUSE. (desm.) JAIS ou JAYET. On traitera de cette substance végéto- minérale à l'article Lignite, (ln.) JAJAMA. Suivant Adanson , ce nom espagnol est celui d'un Ananas, (ln.) JAJ AMADOU. C'est, à Cayenne , le Muscadier. Voy. ce mot. (b.) JAJAUQUITOTOTL. C'esf, dans Jonston , le nom mexicain du Momot varié, (v.) JAKA. V. Jaca. (ln.) JAKAMAR. V. Jacamâr. (s.) JAKASPAPUK. Nom de I'Arbousier raisin d'ours , en Allemagne, (ln.) JAKHAN-SCHONBLOO. Dénomination de la Chouette harfang , chez les Kalmoucks. (v.) JAKIE. V. Jackie, (desm.) JALABRE. L'un des noms du Lagopède ( Teirao lagopus^ Llnn.). (desm.) JALAP , Cowoh'ulus j'alapa , Linn. Plante dont la racine est communément employée en médecine. Son nom lui vient de Xalepa^ ville du Mexique , aux environs de laquelle on la trouve. Oa s'est servi long-temps de celte racine sans con- i7« ' ^ ' noître la plante qui la fournissoit ; Tourneforl et d'autres au- teurs ont cru mal à propos qu'elle appartenoit à une belle-de- niiiL^V. au mot Nictage.) Il est reconnu aujourd'hui que le jalap est une espèce de Liseron. (T. ce mot). Sa racine est fort grosse , dune forme ovale ou oblongue , compacte, jaunâtre en dehors, blanche en dedans, cl remplie d'un suc laiteux; elle pousse plusieurs tiges herbacées et tortillantes, qui s'élèvent, à la hauteur de huit à dix pieds; ces tiges sont garnies de feuilles alternes de différentes formes, mais plus ordinairement en cœur, crispées légèrement ondulées sur les bords , et supportées par de longs pétioles. Les fleurs viennent une à une sur des pédoncules un peu moins longs qu'elles; elles sont axillaires, assez grandes et d'un blanc jaunâtre , et elles produisent des fruits contenant des semen- ces couvertes d'un duvet épais et blanchâtre. Cette plante étant originaire des contrées chaudes de l'A- mérique , ne peut être cultivée en grand que dans celles d'une température analogue. Miller dit que le docteur Houstoun l'avoit introduite à la Jamaïque, où elle avoit très-bien réussi, mais qu'elle y a péri par la négligence de la personne qui avoil été chargée d'en prendre soin et de la propager. Il ajoute que les distillateurs et les brasseurs anglais ayant découvert que sa racine éioit propre à exciter la fermentation , en emploient maintenant dans leur art une quantité considéra- ble, et qu'à raison de cette propriété , jointe à ses proprié- tés médicinales , cette racine pourroit devenir un objet de commerce national assez intéressant pour fixer l'attention des cultivateurs des Antilles, et même des parties méridionales de l'Europe. iiosc , qui a cultivé en Caroline un grand nombre de pieds de jalap , provenant de graines récoltées par Michaux dans la Floride , adopte complètement ces résultats. C'est à ce na- turaliste que sont dus les jalaps qu'on voit en ce moment dans les serres du Muséumd'Histoire naturelle de Paris, les- (juels ont donné lieu à un mémoire du professeur Desfon- laines , imprimé dans les Annales de cet établissement. En France , on ne peut élever et conserver ce liseron sans le secours des serres cliaudes. On répand ses graines au pria temps sur une couche ; on transplante ensuite dans des pots les plantes qui en proviennent , pots qui sont plongés dans une couche de tan. Leurs racines étant charnues et succu- lentes , doivent être très-peu arrosées , surtout en hiver. Si on leur donne trop d'eau , elles pourrissent. Il faut les plan- ter , par la même raison , dans une terre légère, sablonneuse et peu riche. Enfui , on les lient constamment dans la couche de tan de la serre chaude. J A M 477 C'est de la Vera-Cruz qu'on nous apporte la racine de ja- Inp , sèche et coupée en tranches. Elle est de couleur grise , inodore^ et d'une saveur acre. Le jalap est un des mellieurs purgatifs connus; plus doux que la plupart des autres, il peut les remplacer tous; il agit en petite dose , n'a point d'odeur , et n'est point désagréable à prendre. On peut l'employer dans tous les cas, sans dis- tinction d'Age ni de sexe : sa dose est pour les adultes depuis un scrupule jusqu'à deux , et pour les enfans ^ depuis quatre grains jusqu'à vingt, (d.) JALAP BLANC ou MECHOACAN. V. ce mot. (ln.) JALAP A. Tournefort donne ce nom au genre Nictage , parce qu'il croyoit que la racine de la belle-de-nuit , espèce de ce genre , fournissoit le Jalap. (ln.) JALAPA et JALAPIUM. Noms sous lesquels on a long- temps connu la racine du VRAI Jalap. F. Jalap. Le/awa;- jalap on jalap noir ^ est la racine de la Belle-de-nuit. (ltsî.) JALAVE. Suivant Linschott , c'est le nom malais d'un fruit de l'Inde, de la grosseur du gland, et que les naturels mêlent dans les potions. Ce fruit nous est inconnu , ainsi que celui que le même auteur nomme Javanos. (ltm.) JALMA ou ZALMA. Les Calmoucks donnent ce nom à la Gerbolse Alagtaga. (^desm.) JALOUSIE. Nom de T AmxVranthe tricolor. (b.) JALOUSIE. Grosse Poire d'automne , comprimée , et de couleur de noisette. (L^^) JAMAC, JAMACAIL C'est le nom brasilien d'un Ca- rouge. (v.) JAMACARU. Nom brasilien de diverses espèces de Cac- TIERS. (ln.) JAMADOSIN. On rapporte cette plante du Japon , figurée dans l'ouvrage de Cleyer , tab. 3i , à la Fumeterre A grappe {Fumaria racemosa , Thunb. ). (LN.) JAMAICA NIGHT HERON. Nom sous lequel Lathaçi décrit le Bihoreau brun tacheté dans son Synopsis, (v.) JAMAÏQUE. C'est la Vénus pensylvaniqne. Voy. au mot Vénus, (b.) JAMAR. Coquille du genre Cône , le conus germanus de Linn. (b.) JAMASUGE des Japonais. F. Mondo. (ln.) JAINIBE, Tiùia {fémur vulgo). Dans les oiseaux, on ap- pelle ainsi la seconde partie du pied qui, d'un bout, est arti- culée avec la cuisse, et de l'autre avec le tarse. Elle est it']^ J A M charnue ou entièrement, ou seulement à la base, totalement couverte de plumes chez les oiseaux accipiires , syhaîns e.i gal- linacés (i), nue sur sa partie inférieure chez les échassiers et les nageurs (2). JAMBE (Insecte). V. Patte, (o.) JAMBE. Une espèce J'Huître (^ Ostrea isognomon') a reçu ce nom vulgaire, (desm.) JAMBELONGE. C'est le fruit du Jambosier. (b.) JAMBIER BLANC. Agaric qui se trouve, en automne; dans les bois des environs de Paris, et dont le pédicule est très-élevé. Il est fauve-clair en dessus et blanc en dessous. {Quoique de saveur déplaisante , il n'est pas nuisible. Paulet l'a figuré pi. 96 de son Traité des champignons. (B.) JAMBIERS. Famille de champignons établie par Pau- let parmi les Agarics. Elle offre pour cai-actère une tige élevée de couleur brillante qui pénètre dans la chair. On lui rapporte deux espèces , le Jambier blanc et le Cham- pignon RÉGLISSE, (b.) JAMBLE. Nom vulgaire des Patelles, (b.) JAMBOA. C'est le Citron des Philippines. F. au mot Oranger, (b.) JAMBOLANA. Nom sous lequel Rumphius figure ( pi. 4.2 , vol. I ) le Jambolier épineux de Linns^us , réuni au Jambosier par Lamarck , et au Calyptranthe par "Willdenow. (lN.) JAMBOLIER, Jamholifera. Arbre de l'Inde, à feuilles opposées, pétiolées, ovales, aiguës, très-entières et vei- neuses , et à fleurs disposées en panicule ou en corymbes axillaires, qui forme un genre dans Toctandrie monogynie et dans la famille des myrtes , ou mieux des zantoxylées. Ce genre a pour caractères : un calice à quatre dents ,' persistant et très-court; quatre pétales linéaires , lancéolés, courbés en dehors ; huit étamines à filamens aplatis ; un ovaire inférieur, ovale , velu supérieurement, chargé d'un style filiforme, à stigmate simple; une baie ovale', oblongue, ^ui contient une seule semence. Lamarck avolt jeté du doute sur Texistence de ce genre , qu'il rapporte aux JaMbosiers , ou mieax, aux Calyp- ïranthes; mais Wahll'a fixé , en figurant, tab. 61 de ses Symboles , le Jambolier pédoncule. Le Jamboliefi odo- rant et le Jambolier résineux, qui croissent à la Cochin- chine , se réunissent à ce genre. On mange les baies de la (i) Exceptions :\jt% grallaries, guêpiers et iiiarlin-pèclieurs. (2) Le blongios il' Europe , le secrétaire, les Ire'gates et les cormo- rans. (V.) J A M 479 première ; on emploie comme aromates les feuilles de la seconde ; et la décoction des racines de la troisième sert à goudronner les filets des pécheurs et autres objets qu'on veut garantir de la pourriture, (b.) JAMBOLOENS. Nom donné à Macao, suivant Lou- reiro , diVi JamboUfera pedunculnta, Linn. , arbre cultivé dans beaucoup de lieux de l'Inde, et dont les fruits noirs ^ nom- més prunes d'Inde^ sont bons à manger, (lîs.) JAM60L0M. Espèce de Myrte , ou de JamhoUer , ou de Jumhosier qui croît dans llnde , et dont on confit le fruit, qui ressemble à un grosse olive , pour le manger avant le rt': pas et exciter Fappétit. (b.) JAMBOLONGUE. F. Jambosiek. (d.) JAMBON. Nom que quelques anciens naturalistes don- noient à la Pinne ronde, à raison de sa forme, (b.) JAMBON DES JARDINIERS. C'est I'Onagre bi- sannuelle, (ln.) JAMBON DE SAINT- ANTOINE. C'est I'Onagraire bisannuelle, dont les racines se mangent dans quelques endroits. F. au mot Onagraire. (b.) JAMBONNEAU. Nom qu'à raison de leur forme, on a donné aux petites espèces de Pinnes marines. Adanson a aussi appelé Jambonneau un genre dans lequel il a fait en- trer avec une PiNNE, plusieurs Moules, une Chame et l'AviCULE. (b.) JAMBOS. L'on nomme ainsi les enfans d'un sauvage de l'Amérique et d'une m&feVe , c'eSt-à-dire, d'une femme issue d'un Européen et d'une Américaine. (^S.) JAMBOS. Nom indien des Jambosiers. Adanson en a fait celui du genre Eugenia , Linn. V. Jambosier. (ln.) JAMBOS. Burmann a ainsi appelé un arbre qui a fait partie des Goyaviers , et qui constitue aujourd'hui le genre Décasperme de Forster, ou Nélitro de Gsertner. (b.) JAMBOSA. Nom sous lequel Rumphius a décrit plu- sieurs espèces très-intéressantes de Jambosiers (J^u^tma), de calyptranthes^ et la Gmeline d'Asie, Les plus remarquables sont: le Nati-schambu des Malabares {Jambosa domesticày Rumph. I. tom. 37-38 ) , ou Jambosier de^ Malacca ; le Ma- LACCA-sciiambu des Malabares ( Jambosa sylvesiris alba , Rumph, 1. 1. 39 ) , qui est le Jambosier a feuilles longues ou le Jambosier proprement dit. Le Peria njara des Mala- bares {^Jambosa ceramica ^ Rumph. i. t. 4^ )i ou le JaMBO- SIER CARYOPHYLLOïDE de ce Dictionnaire , qui rentre dans le genre Calyptranthes ; et la Gmeline d'Asie {Jambosa syi~ i>esùis pan^ifo/ia, Rumph. i, tab. ^o). V. Jambosier et Gme- line. (ln.) 48o .TA INI JAMBOSIER , Eugenia, lAim. {Tcosandn'e monogynie. ) Genre de la famille des myrtoïdes , qui a de grands rapports avec les Myrtes proprement dits et avec les CiiROFLiERS , et qui comprend des arbres et des arbrisseaux exotiques, dont les feuilles sont entières et opposées , et dont les pédoncules axillaires ou terminaux portent une ou plusieurs (leurs. Cha- que fleur a un calice découpé en quatre segmens obtus et per- sislans , une corolle à quatre pétales, rarement à cinq, un grand nombre d'étamines (trente à soixante), doni les filels attachés à la base du calice portent des anthères sillonnées , et un germe inférieur, fait en forme de poire , surmonté d'un style aussi long que les étamines. Le fruit est un drupe ovoïde ourond, couronné par le calice , et contenant, dans une seule loge, un ou plusieurs noyaux entourés d'une pulpe plus ou moins charnue. Ce genre a été subdivisé en quatre autres , savoir : Grkg- GiE , Calyptramtiie, Stravadion et Syzygie. Le genre du Giroflier lui a été réuni. Ce genre est nombreux en espèces. On en compte près de quatre-vingts. Nous ne citerons que celles qui sont remarqua- bles par la beauté de leurs fleurs ou par la bonté de leurs fruits. Dans les six premières qui vont être décrites , les pé- doncules sont branchus et soutiennent plusieurs fleurs. Ces espèces sont : Le Jambosier de Malacca , Eugenia malaccensis , Linn. C'est un arbre qui croît naturellement aux Indes orientales, où il est fort estimé. On le cultive dans les Deux-Indes pour la bonté de ses fruits. Il s'élève h la hauteur d un beau pru- nier. Son tronc est revêtu d'une écorce grisâtre, porte un grand nombre de branches garnies de feuilles ovales, lancéo- lées , très-entières , longues quelquefois d'un pied. Les (leurs d'un rouge vif, sont réunies au nombre de cinq ou sept sur àes pédoncules latéraux. Le Jambosier domestique , Eugenia jambos, Linn., vul- gairement le jamrosade ^ le pommier ~ rose , qu'on voit figuré pi. E 9 de ce Dictionnaire, il est, ainsi que le précédent, originaire des Grandes-Indes, d'où on l'a apporté dans le continent et les îles de l'Amérique. On le cultive à Saint-Do- mingue. C'est un arbre de la troisième grandeur, qui a un port élégant, et un beau feuillage. Il est presque toujours chargé de fleurs ou de fruits. Ses feuilles ont la forme d'une lance; elles sont unies, et d'un vert foncé et luisant. Ses fruits , d'un blanc jaunâtre , ont l'odeur de la rose ; aussi portent-ils , aux Antilles, le nom de pommes roses. On fait, avec leur suc, une limonade délicieuse et irès-rafraichissante. Les habitans du Malabar ont une grande vénération pour >^_li)l 1 . j/c/t/ic' />/o, suivant Romc-de-l'Isle; 3,070, selon Cuyîon; 3,i65 d'après liaiiy, et de 3, 060 et 3, 122 , si l'on s'en tient à de Voigth. La jamesonite est infusibleii la flamme même la plus vive, produite avec le chalumeau. La variété de Hcrzogau , expo- sée par Buchoiz, à une température égale à celle de l'argent fondu , a perdu , au bout d une heure et demie , sa couleur et son lustre , mais a augmenté en dureté et en fragilité. J A M 483 Les principes de la Jamesonite sont : Vaucjuelin. Guyton. Fuchs. Silice 32 29,12 . 29,64^ Alumine ... 52 ^1,07 24., 80 Potasse .... 8 o, . . Chaux . 35, 3o Oxyde de fer . 2 7,83 ..*..... 6,56 Eau et perte . 6 "i^O^ 3,70 ioo 100,00 ioa,oo La forme prlmilive des cristaux de jaraesonilc, très-difficile àobserver, est présumée un prisme rectangulaire qui se subdi- vise dans le sens d'une des diagonales de sa coupe transversale. M. fiaiiy rcconnoît encore un joint plus difficile à observer. Suivant M. le comte de Bournon , le cristal primitif de la jamesonite seroit un prisme rectangulaire, à base carrée, dont la hauteur seroil aux bords des faces terminales , dans le rapport de 17 à 24. Les formes cristallines secondaires sont peu nombreuses : ce sont principalement, i." h prî- mithe N, le prisme droit ; 2.° ïemoussée N , \its quatre an- gles solides des bases remplacés par autant de facettes trian- gulaires inclinées sur la base de i^G^ 16' ; 3." ïepoiniée'N , même forme que la précédente , mais les facettes addition-- nelles ont une inclinaison de i35'^ environ ; 4-'' ^3 pèridodé- caèdre N , les arêtes longitudinales du prisme remplacées par deux facettes linéaires inclinées d'environ 161" 33' sur le plan adjacent du prisme. On observe encore d'autres fa- cettes additionnelles dans les cristaux de jamesonite ; mais comme elles sont moins bien déterminées, nous n'en parle- rons pas. On peut distinguer trois variétés de couleur dans la jame- sonite , savoir :1a rouge-violette, la gris-verdàtre et la fibreuse, i.o La jamesonite rouge-violelle est Vandaluusile propre- ment dite , et la variété qui a été la première connue , celle qui a été confondue avec le corindon, mais qui s'en éloigne par ses formes et par beaucoup d'autres caractères; eniin , celle qu'on rapproche du feldspath, et qui en diffère par son infusibililé , sa dureté , sa pesanteur spécifique, ses principes chimiques , etc. Elle appartient aux terrains granitiqiies , et se trouve exclusivement dans Ips roches micacées et schis- teuses , dans les veines qui traversent le granit ou le gneiss, avec le quarz , le ralca , le feldspath, l'amphi- bole, etc. Elle y est en cristaux quelquefois très-gros; sa sur- face est , dans certaines localités, recouverte d'une couche micacée , très-adhérente. L'intérieur offre aussi parfois le 484 J ^ ^ï niêine mica interposé dans les lames. Les longs prismes offrent souvent, de distance en distance, des espèces d'articulations ou fentes remarquables, et dont nous parlerons à rarlicle MÀCLE. La jamesonite est quelquefois amorphe, et comme pâteuse ; alors il est difficile de la distinguer du grenat ; sa couleur est généralement le violet ou le lilas ; mais elle est aussi brune-rbugeâlre, et même tout-à-fait brune à l'ex- térieur. Celte variété a d'abord été trouvée, comme nous l'avons dit , dans les granits d'îmbert , près de Montbrisson en Forez. On l'a découverte ensuite dans les montagnes de l'Andalousie et de la Castille , accompagnant le quarz , le disthène et le mica ; elle y est amorphe ou en gros cris- taux à angles très-arrondis. La jamesonite d'Espagne est celle qui a servi à l'établissement de cette espèce miné- rale, dont les autres gisemens sont les suivans : Braunsdorf, près de Freybcrg en Saxe ; Herzogau, dans le Haut Pala- linat ; le Fichtelgcbirge; en Bavière, à Bodenmaïs , dans le groupe de montagne dite Lissen- Alpe -, aux environs de Kalkeilh, dans la montagne de Stanza , etc. C'est de la Bavière que viennent les plus beaux groupes de cris- taux connus , qu'on débite à Munich , sous le nom impro- pre de Scapolit. L'Ecosse et l'Irlande présentent aussi cette substance, la première à Killeny, dans le comté de Dublin; la seconde, dans rAberdeenshire; dans lîle de Unst et dans \c comté de Wicklow. On trouve aussi celle substance en France , dans les gneiss qui forment la lisière maritime du département du Var , entre Toulon et Antibes : c'est prin- cipalement à la Molle et à la Chartreuse de la Verne , ré- gion curieuse qui offre aussi le disthène et les staurotides , qu'on rencontre la jamesonite. Enfin , on l'indique en Amé- rique, aux Etats-Unis, et à Fahlun en Suède. 2.0 La seconde variété de jamesonite ou la grise verdâtre, est une découverte faite récemment dans les montagnes du Tyrol , près de Salzbourg. Quelques minéralogistes la regar- dent comme une espèce particulière qu'on a nommée gehle- niie ; mais la dureté de cette substance, son infusibilité et ses formes cristallines la ramènent à la jamesonite. Elle est ex- trêmement curieuse , en ce qu'elle se trouve disséminée et empâtée dans du calcaire spatliique ; elle est en petits cris- taux souvent plus réguliers que ceux de la variéié précédente , et dont la structure est cependant beaucoup plus difficile à étudier. Ses couleurs sont le gris-cendré, le grls-brun-foncé , le gris-jaunâtre , le vert foncé , etc. Dans les morceaux qu'on voit dans nos cabinets , les couleurs sont souvent altérées , pnrce qu'on profite de ce que la jamesonite n'est point alla- J A M ^85 quable parles acides, pour l'y plonger et opérer la destruction du calcaire , et dégager ainsi les cristaux Gehlen crut le pre- mier que celte pierre devoit constituer une espèce. La mort Tempêcha d'en publier l'analyse. M. Fuchs de Landsliul !a publia dans les ^rt/za/eypour la physique et la chimie (1816) ,, par Schweigger , et s'empressa de dédier cette substance à Gehlen. Cette analyse est celle indiquée plus haut sous le nom de Fuchs ; il est à présumer que les 35,3o de chaux proviennent de la gangue dont il est difficile de débarrasser entièrement la gehlenitc. La pesanteur spécifique est de 2,58 , un peu moindre que celle des autres jamesoniles. 3.° La jamesonite fibreuse ne diffère des précédentes que par sa structure ; mais, du reste, elle offre les couleurs de Tune et de l'autre. Celle de la Castille est lilas ; relie de Bavière est blanche ou gris de cendre : on lui a donné le nom de Fibrolite, mais ce n'est point la Flbi-oUts de M. de Bournon. Celle de la vallée de la Willder en Aï- sace , est blanche ou rosée comme celle d'Ecosse, mais à çontexlure lâche; enfin celle de la Westphalie est dun rose ioncé , tirant sur le brun. Nous reviendrons sur la jamesonite , à l'article de la MÀ-. CLE ; car si cette dernière substance n'en est point une va- riété , du moins , elle s'en rapproche beaucoup par sa du- reté , son infusibilité , sa pesanteur spécifique semblable à celle de la variété dite gehlenite ; sa forme , les espèces cl'élranglemens qu'offrent les prismes , la couleur lilas , le clivage dans les prismes bien sains et son gisement dans les gneiss ( Nantes) , et dans les schistes qui ne sont eux-mêmes, comme l'a fait voir M. Daubuisson, qu'un composé de mica déduit en particules extrêmement ténues , etc. (ln.) JAMBONGUE. V. Jambosier. (d.) JAMMA-BUKL Nom japonais d'une espèce de Corette (Cliorchoriis japonicus , Thuiib.). Les Japonais emploient cette plante en poudre , contre les hémorragies -, dans le sai- gnement du nez, ils introduisent cette poudre dans les nari- nes à l'aide d'un tuyau de plume, (ln,) JA?»'irvIALAC. On donne ce nom, à l'Ile-de-France, à une espèce de Jamerose ( Eugenia racemosa , Linn. ). (s.) Jx\MMA Mi()(iA. Suivant Keempfer, c'est, au Japon, lii nom vulgaire du glohba japonica. (ln.) JAMMA NINSIN. Suivant Kœmpfer, c'est un nom qui désigne, au Japon , une espèce, de Cerfeuil (^Chœrophyllum scabrum, Thunb. ). Cette plante croît aux environs de Jédo. (LN.) JAMMA-SIMIRA. Nom japonais d'une espèce de Cor- nouiller { Cornus Jupoiiicay. (ln.) 486 , .1 A î\ JAMMA-TADSi-BANNA. Suivant Kaempfer, c'est le nom vuii^aire qu'on donne, au,)apon, à un arbrisseau qui croît iiur les montagnes. C'est le bUidhia japonica^ Th. (ltm.) JAMMER ELUME. C'est le Pavot des blés {Papayer rhccas^j ^ en Allemagne, (lk.) JAMMES. Nom d'une Igname { Dioscurea satîm) , dans les colonies hollandaises, (lm.) JAMOGI. ISom donné, au Japon, à une espèce d'AR- moiSE (Aiiemi'sia japonitM, Th.). (LN.) JAMROSADE ou JAMVERMEILLE. F. Jambosier. (B.) JANDIKOBE. Plante rampante de l'Amérique méri- dionale. Son fruit contient trois amandes , dont on retire une huile qui est d'un grand secours contre les rhumatismes. On ignore à quel genre appartient cette plante, (b.) ^ JANFRÊDÉRIC. F. Merle jakfrédéric. (v.) JANGOMAS, Garcias et Bontius ( Jav. m). C'est le nom javan de l'arhre sur lequel Loureiro a fon»1é son genre Siigmarota. Ce même natitralisîey rapporte le Spina- spinurnm de Rumph. , Amh. , tab. 19, f. i. 2. / '. Damna- cantiius. (ltn.) JANIE, Jania. Genre de polypier établi par Lamou- roux aux dépens des Corallines. Ses caractères sont : polypier muscoïde , capillaire, dicholome, articulé, à ar- ticulations cylindriques , à axe corné , à écorcc semblable à celle iWs corallines. (b.) J ANIPABA. C'est la même chose que le Get^fpayer. (b.) JANIPHA. Espèce de î\Iéuicinier ( Ja^/oys/^a) , dont Lœriing avoit fait un genre particulier, (ln.) JANLOPES. C'est la I'assole diffuse , à Ceylan. (b.) JANOUARA ou JANOUARE. Les premiers historiens Je l'An^érique ont ainsi appelé le Jaguar; cependant d'A- zara soupçonne que le mot j'anuuara est une corruption de guazouara , nom que le Couguar , autre espèce de Chat, porte au Paraguay. V. ce dernier mot. (s.) JANOVARE de Seba. V. Jaguar, (desm.) JANRAJA. Ce nom est composé du nom et du prénom d'un célèbre botaniste anglais, Jean Rai; il fut donné par Plumier à un genre de plante. Linnseus, en l'adoptant, re- tourna les noms Jean Rai en Rajana, V. Rajane. (ln.) JANSGORDEL. Nom de FArmoise vulgaire , en Hol- lande, (ln.) JANSLOOK. Nom hollandais de I'Ecualotte ( AUùim mscalonkum^ L. ). (ln.) 1 A N 4S7 JANSOUNE. Nom des Gentianes, dans le Midi, (ln.) JAINTHINE , Janihina. Genre de coquilles qui a pour caractères : coquille presque globuleuse , presque diaphane , à ouverture presque triangulaire , avei; un sinus aiiguleuxau Lord droit. La coquille qui, seule, forme ce genre, avoitélë confondue avec les hélices par Linnceus. Elle est très-mince , à quatre tours de spire , striée transversalement et longiludinalement, et d'une couleur bleue plus ou moins intense. Son ouverture est presque triangulaire, avec un sinus assez profond à l'angle du côté droit , et une légère échancrure du côté de la lèvre; sa columeile n'est pas visible. L'animal qui l'habite a une lêle qui paroît demi-cylin- drique , mais qui , développée , est claviforme , enveloppée par deux membranes ou deux lèvres allongées , presque ovales, ciliées postérieurement. Ces lèvres cachent une bou- che ronde , et s'implantent, ainsi que le corps claviforme , par un pédicule très-épais et très-court , sur un col cylin- drique encore plus épais et tronqué circulairement, Forskaël dit qu'il a de plus quatre cornes recourbées. Le pied ne sort jamais en entier de la coquille, li est plat du côté qui regarde la tête , arrondi du côté opposé. La par- tie plate est garnie d'une membrane transparente qui se pro- longe bien au-delà de son extrémité , qui saiile du côté op- posé, et qui est composée d'une grande quantité d'ulricules d'inégale grandeur (celles du milieu étant les plus larges). Ces utricules se remplissent d'air et se gonflent à la volonté de l'animal. La liqueur contenue dans le réservoir de la pourpre est bleue , teint de cette couleur toutes les parties de l'animal et la coquille même. 11 peut l'évacuer à volonté en assez grande quantité pour colorer l'eau à la dislance d'un demi-plcd et plus. J'ai fait des observations sur la janthine; je l'ai dessinée sur le vivant et fait graver, pi. G i4 de ce Dictionnaire. Lorsque la mer est calme , on aperçoit les janthines, sou- vent en très-grandes bandes, nager, la coquille renversée, sur la surface de l'eau au moyen des vésicules aériennes dont il vient d'être parlé. Alors leur tète , qui est située à l'échan- crure de la lèvre, est très-saillante, et le pied se porte dans le sinus du côté droit, de manière que la ligne des vésicules forme un angle avec le uiikieu de la coquille. Lorsque la mer s'agite , l'animal absorbe l'air de ses vési- cules , change la direction de son pied , oosUiacte toutes ies parties de son corps, et se laisse couler à fond. Il fait la même manœuvre â l'apparition duu poisson vorace j et de ^SS .T A O plus , lâche $a liqueur, qui , obscurcissant P-eau , lui fourni* les moyens de se sauver. J'ai remarqué, sur des janthines que j'avois rassemblées dans un baquet à bord du navire qui me portoit de France en Amérique , que cette liqueur ne se re- produisoit qu'après plusieurs heures de repos. Les janthines ne se trouvent que dans la haute mer. Elles sont éminemment phosphoriques pendant la nuit , et leur marche est quelquefois un spectacle brillant. Leurs ennemis sont nombreux, non-seulement parmi les poissons, mais encore parmi les oiseaux , qui les enlèvent avec une grande dextérité , malgré la vivacité qu'elles peuvent donner à leur retraite. La couleur qu'elles fournissent est fort voisine de celle de la pourpre, etpoiirroit certainement être employée de même à la teinture. Un linge , sans préparation , taché par celte couleur, a conservé une partie de la vivacité de sa suance. . Cuvier a réuni ce genre aux Phasianelles, aux Ampul- LAIRES et aux MÉLAisiES , pour former son genre Conchylie. Ce que je viens de mettre sous les yeux du lecteur semble prouver , en le comparant à ce que je dirai des autres , que , quant à la janthine , celte réunion n'est pas fondée sur des motifs sufâsans. (b.) JAOUBERT. C'est le Persil , en Languedoc, (lis.) JAOUBERTASSE. Nom de la Grande Ciguë, en Languedoc, (ln.) JAPACANL r. le genre Troupiale. (v.) JAPARANDIBA. Nom brasllien de la Gustave ( Gus- iada angusta , Linn. ). Adanson le donne au genre, (ln.) JAPOARANDIBA. T. Japarandiba. (ln.) JAPON. C'est une perche de Linnaeus, qui fait partie des LuTJANS de Lacépède. (b.) JAPOTAPITA de Burmann ( Zeyl. , tab. 56 ). C'est une espèce d'OcHNA { Och. squanosa ^ Linn.). Ce nom est le jabotapita^ mal écrit, (lis.) JAPPEMENT. Cri ou Aboiement du chien, (s.) JAPU , JAPU-JUBA. V. Cassique yapou. (v.) JAQUA de Linschott. T. Jaca. (ln.) JAQUA FALSA. Nom donné par les Portugais à la Nauclée d'Orient, (ln.) JAQI3ARZO et XAGUARZQ. Nom donné, en Espa- gne , à une espèce de Ciste ( Cisius umbellaiiis^. (ln.) JAQUE-PAREL. Nom que le Chacal , quadrupède du genre des Chiens , porte dans le Bengale , scion quelques yoyageurs. (s.) J A O 489 JAQUEROTE. C'est la Gesse tubéreuse, aux environs 4'Angers.(B.) JAQUES. Nom populaire du Geai dans quelques par- ties de la France, (s.) JAQUETTE. L'un des noms de la Pie , en vieux fran- çais, (s.) JAQUIER, .-^r/oraryt?/«. Genre de plantes de lamonoécie monandrie, et de la famille des urlicées, ou mieux de son nom, c'est-à-dire des Artoearpées, dont une des espèces est très- connue sous le nom à' arbre à pain. Ce genre , auquel il faut réunir celui appelé Polyphème par Loureiro , a pour caractères : des chatons mâles et fe- melles portés sur le même individu, mais renfermés, chacun séparément , dans leur jeunesse , entre deux écailles ca- duques. Le chaton mâle cylindrique , épais, entièrement couvert de fleurs nombreuses, sessiles , à calice bivalve, et à une seule étamine fort courte. Le chaton femelle épais et en massue , couvert dans tous les points de sa surface de fleurs sessiles, très-serrées; ayant un calice allongé, prismatique, hexagone, presque charnu, et un ovaire à style filiforme , persistant, terminé par un ou deux stigmates. Les semences , en nombre égal à celui des ovaires , sont aristées à leur sommet , entourées chacune d'une arille pul- peuse, enfoncées dans une masse charnue, et formant, par leur réunion, une baie ovale, arrondie, raboteuse, et par- semée à sa surface extérieure d'aréoles pentaèdres ou hexaè- dres dues à la partie supérieure des calices, qui s'est entière- ment fermée. On compte cinq ou six espèces dans ce genre. Ce sont des arbres laclescens, à rameaux terminés par un bourgeon pointu , formé de deux grandes écailles ou stipules caduques, dont les feuilles sont simples, alternes , entières ou découpées , à chatons axillalres ou terminaux, à fruits d'un volume con- sidérable , et situés ordinairement sur les grosses branches , ou sur le tronc , ou à l'extrémité des rameaux ; la plus impor- tante est, sans contredit, le Jaquier découpé , VArlocarpus incisa, dont les feuilles sont ovales, très-profondément dé- coupées et velues.Il croît naturellement dans les îles de la mer du Sud, dans les Moluques, les îles Mariannes et à Batavia. Il est actuellement cultivé à l'Ile-de-France , à la Jamaïque et à Cayenne , etc. F. pi. E 9 où il est figuré. C'est cet arbre qui fournit itifruità pain ou rima. Il s'élève à quatre ou cinq toises. Son tronc est droit et de la grosseur d'un homme ; son écorce est grisâtre , gercée ou crevassée , parsemée de petits tubercules; sa cime est ample, arrondie ou hémisphérique, et composée de branches rameuses. Les 49rt J A O petits rameaux portent les feuilles , et sont marqués de cica- trices circulaires, indicatives des anciennes îeuiHes. Ces feuilles sont longues d'environ deux pieds , larges d'un , et divisées à leur sommet en sept ou neuf échancrures pro- fondes. Le fruit est rond ou globuleux , gros au moins comme les deux poings , et souvent comme la tête, verdâlre , raboteux à l'extérieur, avec des aréoles pentagones ou hexagones. Il contient , sous une peau épaisse , une pulpe qui d'abord est très-blanche , comme farineuse et un peu fibreuse, mais qui dans la maturité devient jaunâtre et succulente ou d une consistance gélatineuse. Cette pulpe est épaisse et couvre de toutes parts un axe ou un réceptacle allongé , épais, fibreux et fongueux. Dans les individus fertiles, on trouve dans la pulpe des fruits, des graines ovales, oblongues, légèrement anguleuses, un peu pointues aux deux bouts , de la grosseur d'une forte olive , et recouvertes de plusieurs membranes ; mais par la culture ces graines avortent , et le fruit est en- tièreipent pulpeux ; c'est cette dernière variété, si préférable à l'autre , qu'on multiplie exclusivement , par drageons , aiix îles des Amis et autres lieux où les hommes en font leur prin- cipale nourriture. Lorsque le fruit du jaquier est parfaitement mûr, sa pulpe est succulente, fondante , et d'une saveur douceâtre; alors il est très-laxatif et se corrompt facilement ; mais avant sa ma- turité , sa chair est ferme, blanche, comme farineuse, et c'est dans cet état qu'on le choisit pour l'usage ordinaire. Toute la préparation qu'on lui donne, consiste à le faire rôtir ou griller sur les charbons ardens, ou bien à le faire cuire en entier dans un four ou dans l'eau. Alors on le ratisse et on mange le dedans qui est blanc et tendre comme de la mie de pain frais, et qui constitue un aliment sain et agréable. La saveur de cet aliment approche du pain de froment avec un léger mélange de goût de cul d'artichaut ou de topinambour {^liélianihe tubéreux). Les habitans jouissent de ce fruit frais pendant huit mois consécutifs, et pendant les quatre mois qu'ils en sont privés, ils mangent une pâte fermenlée et acide qu'ils préparent avec sa pulpe , et qu'ils conservent pour la faire cuire à mesure du besoin. Dans quelques endroits , et principalement dans les îles Célèbes et les Moluques , les habitans mangent les noyaux môme ou les semences du fruit, en les faisant rôtir ou cuire dans l'eau, comme nos châtaignes. Ils leur trouvent une sa- veur agréable. Le bois de cet arbre sert à construire tes maisons , les ba- teaux. Les habitans savent se former des vêlemens avec sa ] A O 4f)i seconde écorce , c'esl-à-dlrc , avec la partie qu'on nomme le liber. Ses chatons mâles tiennent lieu d'amadou. lis enve- loppent leurs alimens avec ses feuilles ; en un nu)l , ils font avec son suc laiteux, épaissi, une excellente glu pour prendre les oiseaux. Deux ou trois de ces arbres suffisent pour nourrir un homme pendant l'année entière, et sa culture se réduit, comme celle de nos pommiers , presque à rien. Aussi les ha- bitans des pays où il croît, en tirent-ils d'innombrables avantages , au rapport des voyageurs qui les ont fréquen- tés. Cook, le plus célèbre d'entre eux, ne tarit pas sur les éloges qu'il donne à cet arbre, dont le fruit servoit, dans toutes ses relâches à Otahiti et autres îles de la mer du Sud , de principale nourriture végétale à ses équipages , et réta- blissolt promptement ses malades. Quelles obligations a-t-on donc à ceux qui ont entrepris de l'introduire dans les colo- nies de rinde et de l'Amérique ! Les Français dabord , et les Anglais ensuite , ont fait des expéditions dans ce but, et elles ont réussi. On cultive à l'Ile-de-France, des pieds que Lahaye a rapportés de son voyage dans la mer du Sud : on en cultive également à Cayenne , à la Guadeloupe, à la Jamaïque, et autres colonies d'Amérique, et ils y réussissent si bien, qu'ily alieude croire que leur culture y fera des progrès rapides. Déjà on en sent les avantages à Cayenne, où le sol leur est on ne peut plus favorable. On ne fmiroit pas, si onvouloit entrer dans toutes les con- sidérations que présente cet arbre , qu^n ne doit pas déses- pérer de voir naturaliser dans les parties méridionales de l'Europe y puisqu'il peut subsister partout où l'oranger prospère. Les autres espèces de jaquiers sont : Le Jaquier hétérophylle, dont les feuilles sont, les unes très-entières, les autres munies de deux ou trois découpures profondes , et dont les chatons mâles sont relevés el garnis à leur base d'un involucre en anneau. Il se trouve dans l'Inde, et surtout aux Moluques et aux Philippines. Ou nsange la chair et les noyaux de son fruit, mais c'est un alinietit gros- sier et difficile à digérer. Le Jaquier des Indes , ou le jaquier proprement dit, Ario- carpusjaca^ qui a les feuilles ovales , toutes entières, et le fruit ovale, très-gros. 11 vient dans les Indes, et est cultivé à 1 Ile- de-France. On mange sa pulpe, qui est jaune, etdonl !e goût est sucré ; on fait rôtir ses graines comme les châtaignes , el elles ont un très-bon goût. Il découle de son tronc une li- queur qui, en se desséchant , ^devient une résine élastique, semblable au caout-chouc. Giesuner eu a fait un genre sous 4<)a J A R le nom de Sitodion , et Loureiro sous le nom de Poly- PHÈME. Son bois sert à la construction des maisons et des ba- teaux. Le Jaquier VELU aies feuilles larges, ovales, très-peu divisées , hérissées en dessous , le chaton mâle pendant , et les bourgeons velus. C'est un très-grand arbre qui croît à la côte de Malabar, et qui vit fort long-temps. Il rend un suc laiteux, plus abondant que dans les autres espèces. Ses fruits, à peine gros comme le poing, sont acides, et se mangent lors- qu'ils sont murs. Son bois sert à différens ouvrages de me- nuiserie. C'est avec son tronc que les Indiens font ces pi- rogues appelées mansjous , dont quelques-unes ont jusqu'à soixante pieds de long sur deux de large , mais qui sont su- jettes à la pourriture et aux vers, surtout dans les eaux douces. Le Jaquier dourian, qui a les feuilles entières, glau- ques, et les fruits couverts de tubercules épineux. 11 croît, au rapport de Lahaye , à Java et autres Moluques. Son fruit est rempli dune pulpe douce , d'une odeur désagréable , que Von mange à la cuiller , et qui plaît beaucoup aux habitans. (B.) JAR. C'est, en Basse-Rretagne , le nom de la Poule. JARA , JARILLA et XARA. Noms espagnols du Ciste ladanifère , nommé chara et cliarasca par les Bas- ques, (ln.) JARA-ESTEPA. C'est, en Espagne , le nom du Ciste A T-RUILLES DE LAURIER. (l,N.) JARACATI de Pison, Espèce de Cactier qui croît au Brésil. Selon Marcgrave , c'est aussi le nom d'une espèce de Papayer ( Carka spinosa, Linn. ) , et un arbre particulier au Brésil , qui , par ses feuilles et ses fruits , a des rapports avec Vallasia de Loureiro. (ln.) JARAK. Nom hébreu, -synonyme d'HERBE, (ln.) JARAMAGO.Nom espagnol du \élar officinal ^Ery- dmum officinale , L. ). (ln.) JARAMO et JAMONAGO-MENOR. Noms donnés, çn Espagne , au Radis sauvage {Raphanus raphani'simm ) , appelé Rabanissa en Catalogne, (ln.) JARARACA. Vipère du Brésil, figurée par Pison. On l'appelle aussi CouROACOCO. Elle passe pour très-redoutable. (B.) JARARE. Nom brasilien d'une légumineuse qui paroît être un dolichos. (ln.) » J ARAVAEA. Genre établi par Scopoli , pour placer les, J A R 493 espèces ^e mélastomes dont la capsule est à deux ou cinq loges , à autant de valves, et dont les graines sont attachées sur un seul réceptacle. Scopoli cile pour exemple les mêlas-' toma hwams^ tvwahis ^ viUosa ^ aquatica et scandens d"Aul)let. (LN.) JARAVE , Jaram. Plante vivace du Pérou , à feuilles rudes et à fleurs disposées en épis , composés d'épil- lets rapprochés dans leur Jeunesse et écartés dans leur maturité, qui forme un genre dans la monandrie digynie et dans la famille des graminées. Ce genre offre pour carac- tères : une balle calicinale uniflore et bivalve ; une balle florale d'une seule valve aristée et garnie de longs poils à son sommet-, une étaniine ; un ovaire surmonte de deux styles plumeux. Il rentre dans les Stipes de Linnœus. Les tiges de celle appelée vulgairement icha^ servent à faire des nattes, à couvrir les maisons, etc. (b.) JARDA. Nom espagnol du Maquereau , espèce de SCOMBRE. (DESM.) JARDIN. On appelle ainsi toute enceinte où l'on cultive certaines espèces de plantes utiles ou agréables, ou qu'on, plante d'arbres propres à donner du fruit ou seulement de l'ombre pendant la chaleur du jour. Il en est de plusieurs sorles, savoir : Le jardin potager ou légumier, IjC jardin a fndt. Le jardin à fleurs. ïuC jardin de botanique. Le jardin français. Lie jardin anglais ou jardin paysager. Ces divisions ne sont cependant rien moins que rigou- reuses; car il arrive presque toujours que le jardin potager est en même temç s Jai-din à fruits et à fleurs. On a voulu seule- ment dire, en les indiquant , que chacune exige une culture particulière. Un jardin oh on ne cultive des arbres que pour les greffer et ensuite les planter autre part ou les vendre, se nomme une Pepitsière. V. ce mot. Tout jardin doit être entouré par des murs, des haies ou des fossés, pour qu'il soit à l'abri de la rapacité des voleurs et de la dent des bestiaux; mais il en est quelques-uns pour qui les murs sont d'une nécessité absolue, ainsi qu'on le verra plus bas. Les jardins potagers sont les plus communs et certainement les plus utiles. C'est en conséquence ceux qu'on doit soigner davantage, et dont il faut chercher à perfectionner la culture avec le plus d'euipressement. 494 J A R Ces sortes de jardins, lorsqu'ils ne sont pas en plaine, doi- vent être, autant que possible, au bas d'un coteau exposé au levant. Ceux qui sont placés au nord, sont désavantageux sous tous les rapports. 11 faut, lorsqu'on en établit, faire attention aux vents dominans , aux moyens naturels d'arrosement , etc. ; il n'est donné qu'à Lien peu de personnes de jouir à cet égard de toute la liberté nécessaire, car des circonstances étrangères au jardin mcme, décident presque toujours de sa position. L'eau , si l'on peut employer ce terme trivial , est l'âme d'un jardin potager. Sans eau, on ne peut avoir ni de beaux, ni de bons, ni de nombreux légumes. Il faut donc s'en pro- curer à tout prix, soit de source, soit de puits, soit de pluie ; les localités seules décident ordinairement, mais la dernière est préférable ( V. au mol Eau). Les eaux de source et de jpuits doivent toujours être exposées à l'air dans des bassins plus larges que profonds, au moins vingt-quatre beures avant leur emploi, afin qu'elles prennent la température de l'at- mosphère et déposent une partie de la sélénite ou de la pierre calcaire qu'elles tiennent fréqucmuient en dissolution, et qui sont essentiellement nuisibles aux plantes, autour des feuil- les et des racines desquelles elles se fixent. Lin propriétaire éclairé dispose, lorsqu'il le peut, la prise de ses eaux de ma- nière à ce qu'elles soient conduites par des tuyaux souter- rains, dans les différentes parties de son jardin, afin qu'on la répande plus facilement et plus économiquement partout où il en est besoin, soit avec des arrosoirs, soit avec des pompes, soit enfin avec des tuyaux de cuir. Cette dernière méthode est certainement la meilleure sous tous les rapports; mais aussi c'est celle à laquelle les localités se prêtent le plus rarement. Il est utile, dans un grand nombre de cas, de mettredes fumiers ou des matières végétales et animales dans les eaux destinées à l'arrosement ; mais il n'est pas vrai, comme quel- ques personnes le prétendent, qu'il soit nécessaire d'arroser toujours avec des eaux ainsi surchargées de graisse et de féti- dité, r. au mot Engrais. Lorsqu'on n'est point gêné par àt% propriétés voisines, on donne ordinairement à son jardin la forme rectangulaire , comme la plus naturelle et la plus agréable à la vue. On le subdivise, selon son étendue, en un plus ou moins grand nombre de parties, par des allées destinées au passage et aux transports; ces parties portent généralement le nom de car- rés ou carreaux , quoiqu'elles n'aient pas toujours rigoureu- sement la forme que ce mot indique. La terre des allées est rejelée sur les carrés, qui se sub- divisent eux-mêmes, après leur labourage, en longs parallé- J A R 495 logrammes qu'on appelle planches^ el qui ne doivent avoir qu'une largeur de quatre à cinq pieds au plus, afin que l'on puisse atteindre, des deux côtés, leur milieu avec la main. Ces allées sont ensuite /emplies avec de petits cailloux ou des plâtras recouverts de gros sable, qui permettent de les fréquenter en tout temps sans craindre la boue. On gratte leur surface trois ou quatre fois par an pour détruire les plan- tes qui tenteroient d'y végéter. Ordinairement on garnit les bordures des carrés avec des plantes propres à retenir le terrain, telles que l'oseille , la ciboulette , le persil, le cerfeuil, la pimprenellc, le fraisier, etc. , etc. Quelquefois aussi on emploie le gazon, le buis, la sauge, la sarriette, etc. Rarement on l'encaisse avec des pier- res, parce que celte opération est trop coûteuse, et n'a d'au- tre utilité qu'une plus grande propreté. Ordinairement ces bords sont accompagnés d'une plate-bande qui leur est pa- rallèle , et où l'on plante des arbres nains, ou des arbres en éventail, ou des arbres en buissons. V. au mot Arbre, La terre dyxjarxlin potager doit être profonde et très-meu- ble ; aussi, lorsqu'elle n'a pas ces deux qualités, faut-il les lui donner, quoi qu'il en coûte. On y parviendra en la remuant au moins à trois pieds de profondeur, en y transportant des terres sablonneuses ou de la marne, en y répandant annuel- lement une grande quantité de fumier non consommé, el tous les débris de végétaux qu'on aura à sa disposition. En général, les légumes qui croissent dans un terrain trop fumé acquièrent un volume qui dispose en leur faveur, mais ils perdent d'autant plus en qualité. C'est pourquoi ceux que l'on mange en Hollande et aux environs des grandes villes, paroissent si insipides, et souvent même si désagréables aux personnes qui sont accoutumées à faire usage de ceux venus dans leurs jardins. Cependant, on l'a dit depuis long-temps, et le fait est vrai, sans l'abondance des fumiers il n'est point àc jardin légumier , parce que les plantes qu'on y cultive, et dont l'amélioration est due à la main de l'homme, ne tardent pas à dégénérer , à revenir à un état voisin du sauvage, lorsqu'on ne continue pas à leur fournir cette surabondance de sucs qui les a mo- difiées d'abord, et dont elles épuisent la terre plus rapide- tnent que celles qui sont dans l'état naturel. 11 faut donc mettre du fumier tous les ans, et même quelquefois plusieurs fois dans l'année, mais juste ce qui est nécessaire. Le iuinier de cheval est en général le meilleur ; cependant dans les terres très-sèches et très-légères , le fumier de vache doit être pré- féré, parce qu'il les divise moins, ou plutôt, leur donne la con- sistance qui leur manque. 49^ J A R C'est, penâanl l'hiver, et au commencement du printem pï^ que l'on donne ordinairement les grands labours aux jardins potagers; mais un j;irdinier entendu n'en doit pas laisser eii iachère une seule partie, pour peu qu'il soit assuré du débit de ses productions. Il faut qu il imite les cultivateurs des lé- gumes des faubourgs de Paris, qu'on appelle maraîchers^ c'est- à-dire qu'il laboure et plante un carré ou même une planche de son jardin aussitôt qu elle est vide. Par cette méthode, il entretient la terre toujours meuble, ne perd point d'espace et gagne beaucoup de temps. L'époque des semis, dans les jardins légumiers, ne peut être fixée puisqu'elle varie suivant le climat, les abris, Tétat de l'atmosphère, le but du propriétaire et la nature des plantes. En général, elle dure pendant presque toute l'année, c'est- à-dire le temps des gelées seul excepté ; mais c'est au prin- temps que cette opération se fait le plus généralement et avec le plus de succès. La manière de semer varie selon les lieux et l'espèce des plantes. Elle n'est cependant pas indifférente, car des plantes qui étalent leurs feuilles doivent être moins rapprochées que celles qui ne les étalent point ; il en est de même de celles dont les racines doivent être arrachées les unes après les au- tres; il en est encore de même de celles qui s'élèvent à une grande hauteur, et ont besoin de beaucoup de soleil ou d'air pour acquérir toute leur perfection. On trouvera aux articles particuliers de chaque plante, les notions qu'on pourra désirer sur ces différens objets ; ainsi il est superflu de les mentionner ici, 11 est un accessoire dans les jardins légumiers dont on peut se passer à la rigueur dans les parties méridionales de l'Eu- rope, mais qui est indispensable dans celles du nord, toutes les fois qu'on veut cultiver des légumes d'une certaine déli- catesse : ce sont les couches. On en distingue , dans ce cas, de deux sortes, les vieilles et les nouvelles. Les premières se font avec les restes de celles de l'année précédente, et sont destinées à recevoir la semence des plantes qui demandent peu de chaleur et un bon terrain. Les secondes sont cons- truites avec du fumier de cheval et de vache, mêlé ensemble dans des proportions variables. Elles donnent une clialeur moins forte, mais plus durable que si elles étoient composées uniquement de fumier de cheval. On les emploie pour semer toutes les plantes dont on veut avancer la végétation, et qui,' la plupart, doivent être ensuite transplantées à demeure eu pleine terre. Ces couches sont couvertes au moins d'un demi- pied de terreau. Leur longueur est indéterminée, mais leur largeur est au plus d.e cinq pieds pour U facilité des sarclages, j A R 4g^ serfouîssagés ; etc. Leur hauteur est généraleînent de trois -pieds , dont un ou deux seulement hors de terre. On place. toujours les couches dans la partie du jardin la plus exposée au soleil du matin ou du midi, et surtout la plus à l'abri des vents froids ; on les couvre pendant la nuit, avec des toiles ou des paillassons ; certaines espèces de plantes plus délicates, et qui demandent plus de chaleur, restent constamment sous des cloches de verre. Les châssis sont des couches placées dans des encaissemens de pierre ou de bois, et couvertes d'un vitrage à larges car- reaux. C'est une couche renfoncée , qui se conduit positi- vement de même que les couches ordinaires, si ce n'est qu'il faut tous les malins, lorsqu'on ne craint pas la gelée, lui don- ner de l'air , en levant le châssis en tout ou en partie. Les couches, comme les châssis, se réchauffent en les en- tourant de nouveau fumier de cheval dans toute sa force. Les plantes levées, soit sur terre, soit sur couche, doivent être sarclées avec soin, arrosées fréquenmient, et serfouies le plus souvent possible. Ces trois opérations iuduent singu- lièrement sur leur accroissement et sur leur beauté ; aussi n'y a-t-il que les jardiniers paresseux qui les négligent. L'époque de la journée où il convient d'arroser n'est pas indifférente. Le matin au lever du soleil, et le soir à son cou- cher, sont les instaiis les plus avantageux. Lorsqu'on le fait pendant la chaleur du jour, on est exposé à perdre considé- rablement de jeunes plantes qui sont saisies par le froid, ou dont les feuilles sont brûlées par les rayons du soleil qui se réfractent dans les gouttes d'eau qui font, dans ce cas , l'effet d'un verre convexe. La foixe et le nombre des arrosemens dépendentde la nature du terrain, de l'espèce delà plante, et de l'époque de sa croissance. En effet, on sent qu'un terrain sablonneux, qui laisse facilement imbiber ou évaporer l'eau qu'on lui donne, en demande davantage que celui qui est ar- gileux et compacte; qu'une jeune plante dont les racines sont à fleur de terre, souffre plus de la chaleur que celle dont \a même partie va chercher l'humidité à plusieurs pouces de profondeur-, que celle qui est succulente a plus besoin d'eau que celle dont la contexture est sèche et aride. Les pieds qu'on a transplantés, en ont également plus besoin que les autres, attendu que leurs racines ne sont plus disposées de manière à pouvoir remplir leurs fonctions, et qu'il leur faut ordinairement plusieurs jours pour reprendre la position et la direction qui leur conviennent. D'ailleurs, ces arrosemens tassent la terre autour d'elles, et la mettent en contact avec îa totalité de leurs suçoirs. V. au mot Racine. Outre ces objets, un vigilant jardinier doit veiller sur hs /,jS .T A R taupes, lescourlillères, les larves de hannetons, les chenilles et autres insectes, les limaces et autres vers, quitous, sépa- rénfient ou ensemble, causent beaucou de dommage aux jardins. he jatdin fruitier est celui qu'on consacre le plus particu- lièrement à la culture des arbres à fruits. Il diffère du verger, également destiné à cet objet, parce que les arbres de ce dernier, une fois plantés et greffés , sont abandonnés à eux- mêmes, tandis que ceux du premier sont annuellement pa- lissades , taillés , ébourgeonnés , etc. , et que leur pied est labouré, déchaussé, fumé, etc. F. au mot Yerger. C'est à La Quinlinie qu'on doit la connoissancedes prin- cipes qui guident aujourd'hui dans la direction àes jardins frui- tiersy et c'est aux habitans de Montreuil qu'on doit celle de ceux qui méritent la préférence dans la taille des arbres. V. au mot Arbre. L'enceinte d'un Jardin fruitier peut être , et est générale- ment semblable à celle à'' un jardin légumier; mais comme ri est plus important, surtout dans les pays du nord, d'y former des abris, pour pouvoir y établir un grand nombre d'espaliers, on doit la fermer avec des murs, en modifier la forme. Celle qui a été proposée par Dumont-Coursel, dans son excellent ouvrage intitulé le Botaniste cultivateur, est un trapèze, dont le plus grand des côtés parallèles, où est l'entrée, est au midi, et dont les côtés divergens sont les plus longs. 11 ré- sulte de cette construction, que les espaliers placés le long des murs de ces deux derniers côtés ont, les uns le matin et les autres le soir, le soleil perpendiculaire, et que tous deux l'oiït peu obliquement au milieu de la journée, tandis que dans la forme ordinaire, les expositions n'ont de soleil que la moitié de la journée. Dans beaucoup de jardins on construit des murs intérieurs parallèles à ceux exposés au midi, uniquement pour multi- plier les moyens de placer plus d'espaliers. Les matériaux dont on construit les murs des jardins frui- tiers ne sont point indifférens. Les pierres noires sont préfé- rables aux blanches, en ce qu'elles absorbent et conservent mieux la chaleur du soleil. Le plâtre vaut mieux que la chaux, parce qu'il reçoit plus facilement le poli et les clous ; mars on n'est pas toujours le maître de choisir. Les murs en pisé , qu'cvn peut construire partout, seroient les meilleurs, s'il étoit {acile de les entretenir en bon état à travers les branches des arbres qui leur sont adossés. La hauteur des murs de jardins varie de huit à dix pieds ; rarement ils en ont moins ou plus, il est bon qu'ils soient re- couverts de tuiles ou de Urges dalles de pierre, qui formeni J A R^ 4^.,j wne saiHîe propre à empêcher la pluie àe les dégraderi C'est contre ces murs que Ton place tous les arbres appe- lés en espaliers, c'est-à-dire ceux qui sont les plus délicats, où dont on veut avoir les plus beaux fruits. Le choix des espèces de ces arbres n'est pas indifférent , car de lui dépend ordi- nairement le succès de la plantation ; mais il est impossible de donner des règles à cet égard, ce choix dépendant de la la- titude du lieu, de son exposition, de la nature du sol ; il n'est pas possible d'indiquer des bases positives pour le détermi- ner. Il faut donc se contenter de dire ici que la meilleure exposition doit être destinée aux abricotiers, aux pêchers et aux poiriers les plus précieux. On trouvera à l'article de cha- que espèce d'arbre les liotions qu'on peut désirer à cet égard, et au mot Arbre, celles qu'il est nécessaire d'avoir pour les planter, les tailler dans leur jeunesse, et en général les con- duire pendant toute leur vie. L'intérieur d'un jardin fruitier se divise comme celui d'un jardin potager , excepté que le long des murs et sur le bord des carrés , il y a toujours une plate-bande qui leur est paral- lèle > et qui est plantée d'arbres , savoir celle qui est le long des murs conlre-espaliers , et celle qui est autour des carrés, d'éventails, de buissons, de quenouilles, etc. Tantôt, et c'est le plus ordinairement , l'intérieur des carrés est cultivé eri légumes, et alors le jardin devient potager et fruitier en même temps ; tantôt il est planté d'arbres de différentes for- mes et grandeurs. Quelquefois il est transformé en demi- verger, c'est-à-dire qu'on y sème de l'herbe, excepté au pied de chaque arbre , où on conserve un espace de trois à quatre pieds carrés en état continuel de culture. Les jardins fïidiiers ont moins besoin d'eau que les jardins potagers ; en conséquence il est possible de les établir avec succès dans un grand nombre d'endroits. On peut surtout profiter des coteaux exposés au levant , et dont la pente est rapide , parce qu'on y établit facilement des terrasses , que les fruits y sont toujours plus savoureux et plus colorés que dans les plaines, et qu'ils sont moins sujets aux accidens at- mosphériques. Ces espèces de jardins se contentent de peu de labours ; cependant il leur en faut au moins un à la bêche , et cinq à six binages ou sarclages à la houe , par an. Mais lorsqu'on en forme un , il est nécessaire de défoncer le terrain bien plus profondément que pour un jardin potager : les racines des arbres, surtout lorsqu'on leur conserve le pivot , comme la raison le commande , s'enfonçant et s'étendant bien plu, que celles des légumes ; aussi un remumenl de terre de troii à quatre pieds de hauteur p'est-ii jamais de trop à celte épo- 5oo J A R que ; c'est alors aussi qullest bon de fumer à fond le terrain, car les engrais annuels doivent être ménagés, comme influant trop en mal sur la saveur des fruits. Un propriétaire en- tendu préférera même de renouveler la terre au pied de ses arbres , par des enlèvemens faits dans les bois , dans les fri- ches , sur les grandes routes, dans sa cour, etc. Il évitera surtout d'y mettre des fumiers trop consommés et fétides. Le meilleur engrais pour les arbres est sans contredit celui qui résulte des cornes, des ongles , ou des poils des animaux ; le seul sabot d'un cheval, par exemple , enterré sous le pied d'un jeune arbre qu'on plante , suffit pour lui servir d'engrais pendant dix ou douze ans , parce que sa décomposition est progressive , et qu'elle se ralentit pendant l'hiver, à l'époque où l'arbre n'a pas besoin qu'elle agisse. Quelques espèces d'arbres demandent à être déchaussées à la fin de l'hiver, pour fournir des fruits hâtifs et abondans ; d'autres, au contraire, demandent à être butées. Tous doivent être débarrassés des lichens qui croissent sur leur écorce , des chenilles qui mangent leurs feuilles , etc. Quant aux travaux successifs qu'exige chaque espèce d'ar- bre , on renvoie à leur article particulier et au mot Arbre. Lies jardins àjleiits peuvent être placés à toutes expositions; cependant il est bon qu'ils soient abrités des vents les plus dangereux, c'est-à-dire de ceux du nord. Les eaux y sont né- cessaires ; mais leur abondance peut être moindre que dans les jardins potagers ^ attendu qu'on ne les emploie guère que dans les très-grandes sécheresses , ou lorsqu'on sème et qu'on transplante les objets qu'on y cultive plus spécialement. Gé- néralement, ces jardins sont les plus petits de tous , et c'est principalement dans les villes ou dans leurs environs qu'ils se trouvent. Dans les campagnes, on ne les sépare pas des Jar- dins potagers ou fruitiers , c'est-à-dire qu'on plante dans les bordures des carrés ou carreaux , les fleurs qui plaisent le plus au propriétaire , ou qu'on consacre, sous le nom de parterre, à les recevoir exclusivement , la partie du terrain qui est la plus voisine de la maison. Il paroit même qu'aujourd'hui cette sorte de jardin , qui étoit un objet de luxe chez nos pères , tombe de mode ; car il est rare qu'on en construise de nouveaux dans les lieux où les progrès des lumières et du goût se font le plus sentir ; les gens riches y donnent la pré- férence aux jardins dits anglais. La forme de l'enceinte àes jardins à fleurs est soumise aux mêmes considérations que celle àes jardins légumiers et frui- tiers', mais les distributions y varient plus fréquemment , c'est- à-dire y sont presque toujours subordonnées au goût ou au caprice. Cependant on plante ordinairement les fleurs dans J A R Soi des plate-bandes , tantôt parallèles , tantôt iinitant des com- partimens de toute espèce. lues jardins à fleurs en terrasse ont quelques avantages qui ne doivent pas être négligés. Quelle que soit, au reste , la dispositio» des plate-bandes de ces sortes de jardins , elles n'ont jamais que quatre à cinq pieds de large , sont bordées des deux côtés , soit de dalles de pierre ., soit de planches de chêne peintes à l'huile , soit de buis , soit de plantes vivaces à fleurs durables , comme le sta^ tice vulgaire , V œillet plumeux, elc, et la terre qu'elles contien- nent doit être composée et former un dos d'âne saillant , au moins de six pouces, dans son milieu. La composition de la terre dans les jardins des fleuristes est une des opérations qui influent le plus sur la conservation et la beauté des objets qu'on y cultive spécialement. Les plan- tes àognons, telles que les Jacinthes, les tulipes , etc. , à tuber- cules , comme les renonn-les , les anémones , etc. , demandent une terre très-légère, fortement amendée par des' débris de végétaux, mais privée de fumiers; elles pourriroient dans une terre for-te et humide, tandis que les primeoères , les œil iets , etc. , pousseroient beaucoup en racines dans une pareille terre et très-peu en fleurs ; en conséquence il leur faut une terre substantielle et souvent fumée. Pour remplir ces objets , on consacre dans un coin du jar-< din un lieu destiné au mélange des terres. On les prépare deux ans avant de les employer, et pendant cet intervalle on les remue, on les combine au moins quatre f^is , c'est-à-dire à chaque automne et à chaque printemps. Il seroit difficile de donner ici des règles pour guider un amateur dans cette opération , car elles doivent varier dans chaque localité, d'après la nature de la terre du jardin , et la possibilité de s'en procurer d'autre facilement et sans trop de dépense. On trouvera quelques données à cet égard aux articles des plantes que les fleuristes cultivent le plus habi- tuellement, il suffira de dire que, en général, il faut rendre plus légères les terres fortes , et plus fortes les terres lé- gères. L'expérience est dans ce cas préférable à tous les rai- sonneniens. Un jardin à fleurs doit avoir des couches et des châssis , pour semer quelques espèces de plantes qui fleuriroient trop lard sans cette précaution , et un local destiné à conserver à l'àbri de l'humidité et de la gelée les ognons ou les bulbes des plantes qu'on ne laisse pas en terre pendant toute l'année. Il doit être pourvu de quelques instrumens aratoires de plus que dans les autres jardins , tels que des cribles en fil de fer ou en bois, et des claies pour passer les terres , des pots de dit- r,o3 j A R férentes grandenrs pour y placer cerlalnes fleurs qui pro-- duisent plus d'effet sur les gradins , ou celles qui demandent à être rentrées dans l'orangerie pendant 1 hiver. Les gradinsdontil vientd'être parlé sont des espèces d'esca- liers en bois , que l'on démonte ordinairement pendant l'hiver, et qu'on place contre les murs de la maison, ou presque vis- à-vis, à peu de distance, etoùl'onne met les pots qu à l'époque où les plantes qu'ils contiennent sont en (leur , de sorte que leur aspect change presque tous les quinze jours. Souvent on couvre les plantes de ces gradins, pendant la plus grande chaleur du jour, d'une espèce de tente ou de rideau mobile, qui intercepte les rayons du soleil , et prolonge la conserva- tion de leurs fleurs. On recouvre aussi de la même manière îes plate-bandes où sont plantées les tulipes, les jacinthes , les renoncules , les anémones, et autres plantes qu'on cultive rarement dans des pots. On ôtc ou on plie tous les soirs ces ioiles , qui, doivent être suffisamment éloignées des fleurs pour que l'air puisse librement circuler autour d'elles. Plus qu'aucun autre, \e jardin à fleurs a besoin d'être en- tretenu dans la plus grande propreté. Il ne faut pas qu'on voie une pierre ou une mauvaise herbe dans les plate-bandes; les allées doivent être ratissées au moins tous les huit jours; les ï)uis taillés plusieurs fois dans l'année ; enfin , tout doit y être peigné, comme on le dit vulgairement, aussi complètement que possible. On trouvera les indications sur le temps de semer, de planter et de soigner les fleurs , aux difîérens articles qui les concernent : j'y renvoie le lecteur. Le jardin de Itutanique proprement dit, est un espace con- sacré à la culture des plantes uniquement sous le point de vue de leur étude comme objet d'histoire naturelle ; en consé- quence , c'est presque toujours un établissement public situé dans ou très-près d une grande ville ; mais on appelle souvent de ce nom les jardins où les pariiculiers cultivent des plantes indigènes ou exotiques par amour pour la science oji par goût pour la variété, et alors ils peuvent être placés dans le sol et l'exposition la plus favorable. Ces deux sors es de jardins sont assez différentes pour mériter chacun un article particulier: les uns et les autres ont besoin d'être pourvus d'eaux abondantes ; le dernier surtout. Les distributions intérieures d un jardin de botanique pro- prement dit, doivent toutes être subordonnées à trois de ses Ï orties ; savoir , V école, les couches simples ou à châssis , et es serres. On appelle Ye'cole , le lieu où les plantes sont rangées a çàté les unes des autres , et où les élèves vont, le livre à \n J A îl 5o3 main , les ctuclier , les comparer les unes aux autres , et pren- dre à leur égard toutes les notions qui peuvent êlre acquises parle simple regard, ou au plus la dissection de leurs fleurs et de leurs fruits. Ce lieu étant destiné à recevoir des plantes de tous les climats , de tous les sols et de toutes les expositions, ne peut être approprié aux besoins de chacune d'elles : mais il faut qu'il soit , autant que possible , dans une situation in- termédiaire qui permette l'application de quelques moyens particuliers de conservation souvent contradictoires dans des distances très-rapprochées. En conséquence , l'école doit toujours être placée au levant ou au midi, formée d'une suite de plate - bandes parallèles d'aumoins deux et d'au plus quatre pieds de large, lesquelles auront leurs bords garnis de dalles de pierre, de buis ou de toute autre chose propre à empêcher l'éboulement des terres. Ces plaie-bandes seront en dos-d'âne , défoncées au moins de trois à quatre pieds, et formées d'une terre composée, moyenne entre les terres appelées / après l'hi- ver, celles de ces dernières qui n'ont pas besoin de rester tout l'été dans la serre. Ainsi ces plantes se trouvant dans des circonstances presque semblables à celles où la nature les a destinées à végéter, ne souffrent point de leur transplan- tation. Elles poussent avec force; elles se conservent, et même se multiplient comme dans leur pays natal. Là, on ne trouve point \e populage svlt nne colline, nW anémone puhatile au milieu d*un marais; mais la parlseUe se voit à côté du iril- lon , parce qu'ils demandent tous deux une terre forte et om- bragée; là, enfin , les plantes aréncuses ne sont pas dans un sol humide, et les aquatiques sur le sommet d'un monticule de sable, etc. Un grand nombre de plantes, même indi- gènes, telles que les orchides, telles que les mousses, qui se refusent à la culture dans les jardins ordinaires , peuvent y être introduites avec succès. Mais celte manière de cultiver les plantes suppose et beaucoup de connoissances et beau- coup de fortune de la part du propriétaire. Elle n'est nulle part en activité en France. C'est en Angleterre , dans les superbes jardins de Kevv, appartenant au roi, qu'il faut aller jouir des avantages immenses qu'elle présente. On croit, en parcourant ces jardins , être dans un pays de féerie, tant la variété et la vigueur des plantes qui s'y voient frappent rimagination. Les amis de la belle nature et de la botanique doivent donc faire des vœux pour que quelque jardin du même genre s c- tablisse autour de Paris, où le climat est doux, et où les sites favorables sont très-multlpliés. Le$ jardins dits français , sont €eux que faisoient cons-^ J A R 5î3 truire nos pères. Ils sont remarquables par la sdvcre symétrie et le luxe d'apparat qui y règne. Tout y est soumis à i'art. lis présentent toujours des lignes droites , des allées à perte de vue, des quinconces , des éioiles régulières , des bosquets peigr)és , des aibres taillés au ciseau, etc. , etc. On les com- pare à une vieille coquelle qui doit son faux éclat aux frais immenses d une toilette raffinée. En effet, le premier coup d'œil de ces jiirdins frappe , m«is le second est pl:'s tranquille , et au troisième , l'an paroit et le prestige s'évanouit. Aussi, s'y ennuio-t-on bientôt, et ^eurs propriétaires mêmes leur pré- fèrent la promenade des champs , où ils trouvent la simpli- cité et la variété de la nature , et par conséquent des beautés toujours nouvelles. Ces sortes de jardins doivent en conséquence être réservés pour les promenades des Iiabitans des villes. C'est là qu'on peut jouir de leur sempiuosite , sans se dégoùlei de leur mo- notonie, parce qu'on n'y va que pourvoir ou être vu, et que tout y favorise ce double but. Les jardins des Tnileties de Paris, pour ceux dont les bornes ; ont très-circonscrites , et de Versailles , pour ceux qui om une très-grande étei. lue, peuvent être cités c(fmmf aiodèles en ce genre. Jl n'es' per- sonne qui n'ait été frajtpé de la grandeur et de la majesté qu'ils présentent lorsqu on y entre pour la première fois , et de la science qui a présidé à leur plantation , lorsqu'on les étudie en détail. Leblond, élève de Lenôtre , a publié sur la formation des jardins français , des préceptes ou des règles générales. On renvoie à son ouvrage ceux qui désirei oient les connoiire. L'étendue du jardin doit être proportionnée à la «grandeur de la maison. 11 faut toujours y d.^scendre par un perron de trois marchi^s au moins, d'où 1 on découvre la totalité ou au. moins la majeure partie de son ordonnance. Un parterre est la première cboséqai doit se présenter à la vue. 11 occupera les places les plus voisines du bâtiment, soit en face, soit sur les côtés , tant parée qu'il met le bâtiment à découvert, que par rapport à sa richesse et à sa beauté , qui sont sans cesse sous les yeux , et qu'on découvre de toutes les fenêtres. On doit accompagner les côtés d'un parterre, de parties qui le fassent valoir, comme dr bosquets , de palissades, à moins qu'il n'y ait une belle vue a cons'Tver , dans lequel cas on les remplacera par àt:^ boulingrins ou des pièces plaies. Les busquets sont le capual des jardins , et on ne peut ja- mais en trop pb.nter. On choisit, pour accompa.^ner les parterres , des bosquets découverts, à compartimens, des quinconces, dessalles vertes, avec des boulingrins, des treillages, et des fontaines dans le m.- 5i4 J A R lieu. Ces accessoires sont d'autant plus précieux près du bâ- timent , que l'on trouve tout à coup de Tonibre sans l'aller chercher loin , ainsi que la fraîcheur si précieuse en été. 11 seroit bon a:,ssi de planter quelques petits bpsquets d'arbres verts ; ils feront plaisir pendant l'hiver, et leur ver- dure contrastera très-bien avec les arbres dépouillés de leurs feuilles. On décore la tête d'un parterre avec des bassins ou pièces d'eau; et au-delà, avec une palissade en forme circulaire , percée en patte d'oie , qui conduit dans de grandes allées. On remplit l'espace , depuis le bassin jusqu'à la palissade , avec des pièces de broderie ou de gazon , ornées de caisse§ ou de pots de fleurs. Dans les jardins en terrasse , soit de profil ou en face d'un bâtiment d'où on aune belle vue, il faut, pour continuer cette belle vue , pratiquer plusieurs pièces de parterre , tout de suite , en broderie ou en compartimens , ou par des pièces coupées , qu'on séparera d'espace en espace par des allées de traverse , en observant que les parterres de broderie soient toujours près du bâtiment , comme étant les plus riches. On fera la principale allée en face du bâtiment , et une autre grande de traverse d'équerre à son alignement. Bien entendu qu'elles seront doubles et très-larges. Au bout de ces allées , on percera les murs par des grilles afin de prolonger la vue , et on tâchera de faire coïncider plusieurs allées se- condaires à ces mêmes grilles. S'il y avoit quelque endroit qui fût bas et marécageux, et qu'on ne voulût pas faire la dépense de le remplir , on y pra- tiquera des boulingrins ou des pièces d'eau ; on pourra même y planter des bosquets , en se contentant d'en mettre les al- lées de niveau avec celles qui y conduisent par des relèvemens de terre. Après avoir disposé les maîtresses allées, ainsi que les prin- cipaux alignemens , et avoir placé les parterres et les pièces qui accompagnent ses côtés et sa tête , suivant ce que de- mande le terrain , on pratiquera dans le haut et le reste du jardin , plusieurs différens dessins , comme bois de haute-fu- taie , quinconces, cloîtres , galeries, salles vertes, cabinets, labyrinthe , boulingrins, amphithéâtre , ornés de fontaines , de canaux, etc. Toutes ces pièces distinguent fort un jardin, et ne contribuent pas peu à le rendre magnifique. On doit observer, en traçant et en distribuant les diffé- rentes parties d'un jardin , de les opposer toujours l'une à l'autre. Par exemple , un bols contre un parterre ou un bou- lingrin , et ne pas mettre tous les parterres d'un côté et tous les bois d'un autre ; comme aussi un boulingrin contre ua J A R 5i5 bassin ; ce qui feroit vide contre vide. Il faut de la variété non -seulement dans le dessin général, mais encore dans chaque pièce séparée. Si deux bosquets , par cxtmple, sont à côté l'un de l'autre, quoique leur forme extérieure et leur grandeur soient égales, il ne faut pas pour cela répéter le même dessin dans tous les deux. La variété doit s'étendre jusque dans les parties séparées. Par exemple , si un bassin est circulaire , l'allée du tour doit être carrée ou octogone. Il en est de même des boulingrins et des pièces de gazon qui sont au milieu des bosquets. On ne doit répéter les mêmes pièces que dans les lieux découverts, comme les parterres, où l'œil, en les comparant ensemble , peut juger de leur conformité. En fait de dessin , évitez les matières mesquines. Il vaut mieux n'avoir que deux ou trois pièces un peu grandes , qu'une douzaine de petites. Avant de planter un jardin, il faut considérer ce qu'il de- viendra quand les arbres seront grossis et les palissades éle- vées. Un plan qui a paru quelquefois beau, et dans les pro- portions requises, lorsque le jardin étoit nouvellement planté, devient quelquefois petit et ridicule par la suite. Après toutes ces règles générales, il faut distinguer les dif--' férentes sortes de jardin. Elles se réduisent à trois : \e jardin de niveau parfait^ le jardin en pente douce ^ et le jardin dont le ter-* rain est entrecoupé de terrasses, de glacis , de talus ^ de rampes, etc. Les jardins de ni\>eau parfait sont les plus beaux , soit à cause de la commodité de la promenade dans les longues allées et enfilades où il n'y a ni à monter ni à descendre , soit à raisoa de l'économie de l'entretien. Les jardins en pente douce ne sont pas si agréables ni si commodes , en ce qu'on y fatigue beaucoup, et que les pluie» y forment des ravins et occasionent des réparations conti- nuelles. Les jardins en terrasse ont leur mérite et leur beauté parti- culière , en ce que de leur point le plus élevé on découvre tout leur ensemble ; que les pièces des autres terrasses for- ment autant de différens jardins qui se succèdent, et enfin que les eaux semblent se multiplier en tombant d'une ter- rasse sur une autre. Mais ils sont d'un entretien très-dis- pendieux. Les travaux de culture dans ces sortes de jardins, n'exi-. gent pas beaucoup de talens dans celui qui les dirige ; mais ils demandent beaucoup de bras. Les allées nombreuses et très-larges qui les divisent doivent être recouvertes de sable tous les deux ou trois ans , et grattées rinq à six fois dans un été pour empêcher l'herbe de croître. Tous les «irlires de ce» 5iG J A R allées doivent ôlre taillés ^au moins deux fois avec le crois- eantou les ciseaux, pour conservera leurs branches la forme et rallgnement qu'on leur a primitivement imposés. Il en est de même des arbres des bords des bosquets et de ceux de leurs allées, auxcpjels on ne permet pas qu'une branche dépasse une autre. Les buis qui entourent les parterres, et tous les arbustes à fleurs qui les ornent , y sont encore plus sévère- ment tondus; car dans ces sortes de jardins Tart se plaît à modifier la -nature, à la contrarier perpétuellement. On a vu des ifs surtout , arbres qui autrefois y étoient en grande faveur, et qui supportent facilement la tonte , prendre sous le ciseau les formes les plus compliquées et les plus ridicules, représenter des maisons, des hommes , etc. Quant aux ga- zons, il faut également qu'ils soient coupés plusieurs fois dans le cours d'un été , mais d'ailleurs on s'inquiète peu de leur heauté et de leur fraîcheur. Les espèces d'arbres que l'on plante dans les jardins fran- çais se réduisent à un très-petit nombre , presque au mar- ronnier d'Inde pour les grandes allées , au tiileul pour les petites, et à la charmille pour le bord des bosquets et les palissades. On ne permet aux autres arbres de nos forêts de croître que dans les massifs. Quant aux plantes à fleurs des parterres , elles ne sont guère plus variées. Ordinairement le milieu de chaqueplatfi -bande (qui sont formées comme celles âa jardin à fleurs) contient quelques arbustes taillés en boules ou d'autres formes, entre lesquels sont des touffes de grandes plantes vivaces ; des deux côtés sont des plantes vivaces plus petites, entre lesquelles on en place d'annuelles, qu'on re- nouvelle une ou deux fois dans l'année. Les mêmes espèces se répètent partout avec la plus constaflte régularité. Les eaux, quelque abondantes qu'elles soient, ne four- nissent jamais que des pièces d'une petite étendue, d'une forme toujours régulière, ordinairement pourvues, lorsque la localité le permet, d'un jet d'eau dans leur milieu; ou bien ce sont des fontaines sortant d'une maçonnerie très-coûteuse, et décorée par des sculptures , des rocailles, des coquillages, etc.; car il n'y a qu'un petit nombre de ces jardins où la ri- chesse des propriétaires ait permis d'entreprendre cesgrandes cascades, et ces jets d'eau compliqués qu'on admire à Salnt- Cloud , et qui ont réellement quelque chose d'imposant par leur effet, et par l'idée que l'imagination se forme des dé- penses que leur établissement a dû occasioner. Les jardins français sont ordinairement remplis de sta- tues et de vases régulièrement alignés avec les arbres ou pla- cés dans les parterres, et toujours symétriquement, soit pour le lieu , soit pour le sujet. Ces statues représentent prescjue partout des objets de mythologie ou des allégories, et par conséquent n'ont aucune action sur le cœur, et ne se regardent pas lorsque, comme cela arrive trop souvent, elles n ont au- cun mérite du côlé de l'art. 11 en est de même des vases avec leurs bas-reliefs et leurs nombreux ornemens. 11 n'y a que les étrangers qui y jettent un coup d œil. Mais il est temps de quitter ces jardins où l'art surmonte la nature , pour entrer dans les jardins mal à propos appelés anglais, et auxcjuels le nom àe jardins paysagers convient très- bien , jardins où l'art ne se présente nulle part, et où, comme dans la campagne , on trouve de vertes prairies , de silen- cieux bocages, et ici de tranquilles, là de murmurantes eaux ; jardins où tous les âges de la vie , excepté celui de l'ambition, se promènent avec plaisir, parce que le cœur s'y trouve disposé aux douces affections , et l'esprit à la méditation. C'est aux Chinois qu'on doit la première idée de ces sortes de jardins, qui ont été d'abord imités en Angleterre, d'où la mode en est passée en France et dans le reste de l'Eu- rope. Leur essence consiste à imiter la nature dans toutes ses irrégularités , et à rapprocher les scènes qu'elle présente dans un espace plus ou moins circonscrit. Ainsi , une étendue de quelques lieues carrées , prise dans un pays montagneux, arrosé et boisé , ne porte pas le nom àe jardin anglais., parce que cette étendue est trop considérable pour qu'on puisse la parcourir dans le cours d'une promenade ; mais qu'on en réduise toutes les parties, qu'on les imite fidèlement dans une enceinte de quelques arpens, c' tsi un \é\-\i^\)\e jardin anglais. La perfection de ces jardins consiste dans la beauté et la diversité des sites. Pour cela , ils doivent rassembler les ob- jets les plus remarquables de la nature , et les combiaier de manière qu'ils paroissenl avec plus d'éclat , et que leur en- semble forme un tout agréable et frappant ; cependant il ne faut pas qu'on s'aperçoive des efforts de l'art. On doit faire en sorte que tout paroisse à sa place , et que cependant tout excite ta surprise. Les lignes droites si estimées dans les jar- dins français y sont proscrites. On ne voit jamais que ce qu'il faut pour compléter une sen- sation; mais on dispose l'ordonnance de manière que cette sensation soit suivie d'une sensation opposée. Ainsi , en quit- tant un riant gazon émaillé de fleurs, on trouve , derrière le bosquet qui le borne, un rocher stérile qui menace de sa chute; ainsi, lorsqu'on a traversé l'obscure caverne qu'il renferme, on arrive sur le bord d'un lac dont les eaux pures et tranquilles réfléchissent les rayons du soleil , et peignent à rebours les îles verdoyantes qu'elles entourent ; ainsi, au milieu d'un bois sombre , on monte insensiblement sur un Si8 J A R tertre au sommet Juquel est un petit ternpie à ramilié, d'où la vue s'élenil indéfiniment d'un côié sur une riche campagne, et de l'autre sur de fertiles coteaux; ainsi, enfin, en descen- d.mi de l'autre côlé du même tertre, on rencontre un assem- blage de rochers, d'où tombe une bruyante cascade dont les eaux, après avoir serpenté encore quelque temps sous les arbres, à travers des pierres couvertes de mousses, vont se rendre dans une vaste prairie animée par des vaches mugis- santes , et y continuent lentement leur cours. Un autre artifice qu'il ne faut pas négliger, c'est de cacher une partie de la composition par le moyen d'arbres , de col- lines, de bâtimens ou de rochers. 11 faut exciter continuelle- ment la curiosité du promeneur, lui ménager une surprise, ou laisser à son imagination de quoi s'exercer sans cesse. Dans les bosquets, il faut varier les formes, même les cou- leurs des arbres , et les mettre en opposition les unes avec les autres, sans cependant contrarier la nature. On dispo- sera les arbres ou les plantes de manière qu'il y en ait tou- jours quelques-uns en îieur sur les premiers rangs. Ces sortes de jardins, loin de repousser les statues , en retirent un grand intérêt ; mais il faut qu'elles y soient peu nombreuses , et que le sujet soit ou concordant avec le lieu , ou donne matière aux douces rêveries , ou ait un rapport direct avec le propriétaire. Par exemple, une Diane , demi- nue, endormie sur le bord dune fontaine , sous des arbres élevés, produira un bon effet ; un Amour silencieux placé dans un réduit, au milieu d'un bocage, y joue un rôle con- venable ; des bustes d'amis, rangés dans un petit temple , y sont vus avec plaisir, même par les indifférens. Les monu- mens qui rappellent de tristes souvenirs s'y mettent aussi avec avantage. On aime à penser à un père , à une épouse , à un fils, devant l urne qu'on a élevée à leur mémoire dans un local qui dispose à la mélancolie, ou sur le modeste monu- ment qui recouvre leurs restes. Les inscriptions , soit en vers ,, soit en prose , lorsqu'elles sont bien choisies, qu'elles parlent au sentiment plutôt qu'à l'esprit, n'y sont pas inu- tiles ; mais il faut les ménager, sans quoi on manque son but. On voit , d'après cet exposé, quil est absolument impos- sible de donner des règles pour construire un jardin anglais y applicables à tous les cas. C est au propriétaire qui a du goût, ou à l'architecte en qui il a confiance, à en dessiner l'ordon- nance d'après la localité et la dépense qu Du veut faire. Il est des lieux où, avec fort peu de travail, on peut former des jjardins de toute beauté, et d autres où on emploieroit des sommes énormes pour ne rien faire de bon. C'est être fou, par exemple , que de se ruiner, comme tant d'hommes, pour J A R 5iQ entasser montagnes sur montagnes, roches sur roches , bâli- mens sur bâtimens dans une enceinte (îe quelques arpens : c'est être ridicule que de multiplier les ponis sur nn » uisseau qu'on peut enjamber sans peine ; de creuser des rivières et des lacs , lorsqu'on ne peut disposer que de l'eau dun puits. Une pelouse iriégulière entourée de quelques bouquets d'arbres où serpentent des sentiers , sera toujours plus agréable dans un petit jardin situé en plaine , que tous c<'s colifichets que la sottise multiplie aujourd hui à si grands frais dans les maisons de campagne voisines des grandes villes. La vue â'un jardin anglais dans le bon genre fera mieux con- noître ce qu'ils doivent tous être , que le détail des règles qu'on doit suivre dans leur formation. En conséquence , on conseillera aux amateurs d'aller parcourir celui des environs de Paris qui remplit le mieux son but, c'esl-à-dire celui d'Er- menonville , construit par Girardin, et célèbre surtout depuis que les restes de J. J. Rousseau y ont été déposés. Il est, dit-on , en Angleterre, des jardins plus beaux quç celui d'Ermenonville. On cite particulièrement le jardin de Stoive , qui a quatre cents arpens , et , qui , par conséquent , est beaucoup plus grand. ' La plantation mécanique des jardins anglais demande des connoissances assez étendues en histoire naturelle , surtout depuis qu'on y a introduit un grand nombre» d'espèces d'ar- bres étrangers. Il faut savoir quel sol et quelle exposition con- viennent à tel arbre , pour ne pas être exposé à le voir périr, et par conséquent à faire des dépenses superllues. Il faut ne pas ignorer quelle est la hauteur à laquelle il parvient ordinai- rement , pour fixer la place où il doit être. Il faut pouvoir apprécier l'effet que produira la disposition de ses branches, la couleur de ses feuilles et de ses Heurs , , l 'époque de T épa- nouissement de ces dernières, relativement aux arbres voisina, et même à l'intention locale. Il faut enfin faire attention à un grand nombre de considérations de diverses sortes, quil se- roit trop long de détailler, et que même on sent le plus souvent sans pouv%ir lesrendre.il est donc donné à peu de personnes d'en savoir diriger en même temps la composition et la plan- tation. En général , plus on introduit d'espèces d'arbres ou de plantes dans un jardin anglais ^ et plus ou le rend agréable. Le plus séduisant de tous est certainement le jardin de Ke', vulg. Caillou d'Eg)pte {quarz-agathe, onyx-opaque Haiiy). 11 est très-aisé à distinguer des précé- dens par ses couleurs et les dessins qu'il présente. Ses cou- leurs sont le châtain ou le fauve , ou le brun en teintes claires; sur ces fonds sont des lignes ou raies brunes concen- triques , onduleuses, ou mêlées et semblables à des fils em- brouillés entre lesquels sont de petits dcndrites noires qui imitent de la mousse ou des petites arbres, ou des rochers. L'imagination se plaît à chercher dans les dessins que for- ment toutes ces lignes des paysages, des figures, etc., qui donnent du prix à ce jaspe. Ses couleurs intérieures ne sont ni bien brillantes , ni bien variées. Mais ^es diverses nuances sont nettement tranchées, point nébuleuses , et présentent quelquefois de jolis accidens. Pour l'ordinaire, vers les bords de la pierre on voit une suite plus ou moins nombreuse de couches très-minces, mais bien distinctes, d'une teinte noirâtre, qui sont assez irrégulières, mais parallèles entre elles, et qui, malgré leurs sinuosités, sont en total parallèles à la surface du caillou, ce qui prouve clairement que la forme ovoïde de ces pierres n'est point due au frottement, comme celle des galets, et qu'elles l'ont eue dès leur origine. Le centre offre communément des teintes beaucoup moins rembrunies. On trouve le jaspe égyptien en cailloux roulés et oblongs qui ont une croûte brune. Il a la cassure largement con- choïde et ses fragmens ont les bords très-aigus , quelquefois un peu translucides. Il est aussi dur que le quarz. Sa pesan- teur spécifique varie entre 3,56 eta,8a,Il est absolument in- fusible au chalumeau. Ses principes sont: Silice 74? 58. Alumine i5,4o. Magnésie o5,oo. Perte 5, 02. Total , 100,00. 54o J A S L'alumine y est en quantité plus conside'rable que dans le Jaspe. On y trouve de plus la magnésie. Le véritable jaspe égyptien n'a été encore rencontré qu'en cailloux roulés dans les sables des déserts de T Egypte, non loin de Suez; ces cailloux sont détachés de couches im- menses d'une brèche dure , qui forme une grande étendue du sol de ces déserts; cette brèche ne conlient que des débris de roches plus anciennes , des cailloux quarzeux de toutes cou- leurs et de j aspe unis le plus souvent par une sorte de grès lustré très-compacte. Nous avons été assez heureux pour trouver des preuves (jue le jaspe égyptien est secondaire et que ses cailloux ont dû appartenir à la formation du cal- caire à camerines, qui se trouve dans la même contrée et qui a servi à la construction des fameuses pyramides; ils s'y sont formés par infiltration à la manière des silex coquil- liers qui se rencontrent à Sèvres et dans d'autres points des environs de Paris , dans les bancs de calcaire coquillier marin, et dont les coquilles sont les mêmes que celles du cal- caire dans lequel gisent ces silex. Dans la collection de M. de Drée,que je citerai souvent, se trouve une suite de plaques de jaspe égyptien qui prouve ce que nousavançons. Dans une pre- mière pièce, qui est une boîte, ce jaspe est farci de camerines siKceuses d'un blanc opaque ; dans une deuxième , qui est une plaque, on voit l'intérieur d'un caillou; son centre n'est qu'un composé de petits globules semblables à ce qu'on nomme ooli- the et qui ressemblent aux pareils globules calcaires qui for- ment çà et là le ciment du calcaire à camerines. Le tout est enveloppé par les lignes et les taches particulières à ces ïaspes. Nous avons vu assez souvent, comme M. Patrin, des cail- loux d'Egypte dont le centre est géodique et tapissé dequarz cristallisé ; accident qui est, dans son opinion et celle de plu- sieurs minéralogistes, la preuve que les cailloux d'Egypte sont produits par des infiltrations. Le jaspe égyptien est susceptible d'un très-beau poli; on. en faisoit autrefois des garnitures de boutons. Maintenant son principal emploi est en boîtes , cachets et autres bijoux «ie cette espèce. On voit dans les cabinets , un jaspe très-voisin de rclui-ci , mais il n'est point en cailloux roulés et sa surface est luisante . Ses filets bruns n'ont pas la disposition concentrique parti- culière au jaspe d'Egypte; il est d'un fauve très-clair. Il vient, dit-on , de Hongrie. Nous avons déjà fait observer que le jaspe égyptien rouge , de Jameson, n'appartient pas à l'Egypte , et que ce n'est pas une variété du jaspe égyptien. §• }^ *• Jaspe porcelaine {porzellanjaspis, W., thermantidt jaspuide , H. , vulg. Porcelanite ). L'origine de ce jaspe est loin d'être douteuse comme celle du précédent on ou ont sait qu'il est dû aux schistes argileux qui accompagnent torment les salbandes, dans les mines de houille qui ^ éprouvé une combustion spontanée et longue; ceci nous pa- roit hors de doute lorsqu'on jette un siuiple coup d'œil sur la i)elle suite que M. Patrin avoit recueillie à Saint-Chamant près de Saint-Etienne , en Forez. On y voyoit tous les pas- sages du schiste argileux, avec ou sans empreintes végétales, jusquau jaspe porcelaine le mieux caractérisé aussi avec el sans empreintes végétales ; celles-ci sont alors rouge de bri- que. La presque totalité de ces pièces est passée dans le ca- binet de M. de Drée , à Paris. Les couleurs ordinaires de ce jaspe sont: le bleu plus ou moins voisin de celui de la fleur de lavande, et le gris-perlé II y en a ausside jaune , de vert , de rouge et même de noir • ces couleurs et les teintes qui en résultent sont rarement reunies , ce jaspe étant généralement unicolore. Cependant Il y en a de rayé, de gris et de rouge. La cassure du jaspe porcelaine est inégale et conchoïde par petites parties; les fragmens sont petits, aigus et opaques- son éclat est vif, luisant et brillant comme celui de la ré- sine , ou mieux , comme celui de la porcelaine , à laquelle ce jaspe a été comparé et d'où il tire son nom. Il est moins dur que les autres jaspes, et plus fragile ; souvent il fait feu sous le choc du briquet. Sa pesanteur spécifique varie entre 2,^j et 2,04. Il est infusible au chalumeau ; cependant Liiik est parvenuà le fondre en un verre blanc; et, suivant Kirwai; lorsquon l'expose à une chaleur de i5i°de Wedgewood' il fond en un verre spongieux , gris jaunâtre. ' L'analyse faite par M. Rose, indique les principes sui- rans : * f."" 60,75. Alumine 27,25. ^%nésie 3^'^^' ^^^o'^y^é 2,5o. Pot^s^e 3,66. P'^'^te . 2,84. Total ~~ ioo,oo. D'après cette analyse , il est évident que le jaspe porcelaine est tres-dislinct des vrais jaspes, par la magnésie et la po- 542 J A s tasse qu'il contient, et par la proportion des autres principes. On peut donc être autorisé à regarder le jaspe porcelaine comme une espèce très-distincte du jaspe. C'est à Werner qu'on doit la première connoissance exacte de cette pierre , dont la première localité signalée est en Bohème , entre l'Erzgeljirge et le Miltelgebirge, où existent d'immenses couches de houille. On en trouve à Carls- fcad et Schlagenberg, en Bohème; à Planilz, près de Zwickau, en Saxe; dans les environs de Ziitau, dans la Haule-Lusace ; à Étérode et au Meisner, en Hesse; à Dulweiler, dans le département de la Sarre ; dans le Forez, comme nous l'a- vons dit plus haut ; dans le département du Cantal ; en- fin en Islande. Dans tous ces lieux, les jaspes porcelaines accompagnent les couches de houille qui ont éprouvé pu qui éprouvent encore une combustion spontanée. Ils provien- nent, comme nous l'avons dit, des schistes argileux qui sont ainsi convertis par ce feu naturel en une sorte de porcelaine , qu'on ne doit pas regarder pour cela comme un produit vol- canique. Les géologues la placent au rang des produits pseu- (lo volcaniques qui sont en partie des produits nouveaux for- «lés par les incendies naturels de lahouille.K.THERMANTlDES. §. lY. Le Jaspe schisteux , Gemeiner kiehelschifer , W. ; Qiiarz argilifère schistuide ou phtanite , Haliv ; Schiste jaspo'i'de j Êelameth. ; Quarz agatheschistdîde^ Lucas. Ses couleurs sont le tioir de fumée, le gris, le brun, le gris-noir, le brun rou— geâtre , le rouge de chair et le rouge cerise. Quelquefois ces couleurs forment des raies , des flammes ou des nuages ; mais Jes teintes ordinaires sont le noir et le gris. Cette pierre a une structure fissile qui ne s'observe que flans les grandes masses ; elle existe rarement dans les petites pièces. On y voit très -souvent des veines de quarz •d'un beau blanc. Le jaspe schisteux a la cassure écailleuse et terne. Ses fragmens sont anguleux et plus ou moins aigus , à bords quelquefois translucides ; il est dur, difficile à casser et assez pesant , sa pesanteur s,pécifique étant de 2,64- 11 est absolument infusible au chalumeau , ce que nous avons reconnu nous -même. D'après une analyse de Wie- gleb, rapportée dans le Traité de Minéralogie Je M. Bron-r gniart , les principes constiluans àa jaspe schisrci-x sont : Silice 7^ Magnésie 5 Chaux lo Fer 4 Perte - . 6 lOQ J A S 54.3 D'après cette analyse , on voit que le jaspe schisteux ne contient point d'alumine. 11 diffère en cela et par son gise- ment , des jaspes dont nous avons parlé ci-dessus. On le rencontre dans la nature eu lits ou en gros rochers constituant des monticules isolées, dans les montagnes d'an- cienne formation et dans les terrains de transition ; il existe aussi en rognons dans ces terrains, et il accompagne souvent la houille et le calcaire de transition. M, Varina , cité par Ja- meson , indique du jaspe schisteux sur le gneiss et les roches micacées fissiles qui sont en Saxe. On le trouve fréquemment roulé dans les fleuves et les terrains d'alluvion qni avoisinenS ces terrains. On trouve du jaspe schisteux dans un grand nombre d'en- droits ; il est commun dans la Belgique et dans les terrains houillers environnans. M. d'Omalius d'Halloy fait la remar- que que dans cette contrée on observe tous les passages du, jaspe schisteux au quarz à cassure vitreuse. L'Allemagne est riche en cette substance ; elle se présente dans les terrains de transition, à Garlsbad en Bohème; à Ochsenberg près de Goé'rlilz dans la haute Lusace , près de Freyberg, eu Saxe; de Saska , dans le Bannat ; en rognons , dans le calcaire , à Frankenberg , dans la haute Saxe; enSilésie, au Hartz , ea Norvvége et en Ecosse près d'Edimbourg et dans la grande chaîne de transition qui s'étend depuis Saint-Abb's Head, à Ne>v Gallovvay. Les Pyrénées offrent aussi injaspe schisteux , ainsi que la Grèce , etc. La Pierre de Lidyk , Lydischer-kieselchiefer y W. , n'esf qu'une variété du Jaspe scbisteux, qui est en masse moin* fissile, de couleur noire plus ou moins obscure, à grains plus fins et plus serrés, et dont la cassure conchoïde est lisse et uix peu luisante , surtout vue à la lumière du soleil. Suivant Hura- boldt, elle contient une petite quantité de carbone. On la trouve fréquemment avec le jaspe schisteux ci-dessus 'et dans les mêmes circonstances , notamment auprès de Garlsbad et de Prague, en Bohème; à Hainchen près de Freyberg, eri Saxe ; au Rammelsberg ; au Hartz; à Scheideck en Suisse ; dans les montagnes de Moorfoot et de Pentland , près d'E- dimbourg, etc. On s'en sert dans les arts comme pierre de touche; mais il paroît , d'après ce qu'en dit M. Brongniart, que ce n'est point la vraie pierre de touche , et que les essayeurs d'or et d'argent la rebutent comme trop dure , et qu'ils emploient de préférence la roche qu'il nomme cornéenne lydienne. L'on croit que c'est la pierre qui se trouvoit en Lydie et dont parlent Théophraste et Pline , et dont l'emploi étoit de servir de £ierre de touche. V. ce mol. (ln.) S44 J A U JASPE-OPAL, Opaï'jaspis. Werner donne ce nom aux variétés de quarz résinite qui soni opaques ou à peine trans- lucides sur les bords minces. V. Quarz résinite. (ln.) JASPE-POUDINGUE ou Cailloux de Rennes. V. au mot Brèche , (ln.) JASPEE. Nom d'une Phalène ( Phalœna syringaria ). (desm.) JASSEMANNI. Nom géorgien du Lilas. (ln.) JASTPiEZAB. Nom polonais de I'Autour. (v.) JASWETZ. Nom russe, et JAZWIEC, nom polonais de rOuRS. (desm.) JATARON. Coquille appelée , par Linnseus, chama gry- pho'ides, et chez les marchands, Vieille ridée. F.Came. (b.) JATAVI. Nom espagnol d'une sorte de Raisin blanc. (ln.) JATITARA. Nom brasilien d'une espèce de Rotang. (LN.) JATOU. Espèce de Rocher {Murex decussatus ). (b.) JATROPHA. Nom formé, selon Linnseus, de deux mots grecs qui signifient viedicamentum ^ edo. Ce naturaliste en fait le nom générique des MémciNiERS , au nombre desquels il plaçoit Tarbre qui produit la gomme élastique. Voy. Hévé et SiPHONiA, Moënch sépare de ce genre quelques espèces dont il fait le genre Ricinoïdes. (ln.) JATROPHA. Nom latin du Manioc, (b.) JATUS. C'est le Tectone. (b.) JAU. On appelle ainsi le CoQ , dans le département des Deux-Sèvres, (b.) JAUBE. L'Ajonc se nomme ainsi dans les landes de Bordeaux, (b.) JAUCOUROU. Nom de la Couleuvre daboie. (b.) JAUGE. Nom de T Ajonc, dans quelques endroits, (ln.) JAUMEA. Nom donné par M. Persoon , au genre kleinia de Jussieu , parce que ce dernier nom a été employé par Willdenow , pour désigner un autre genre. Les caractères du Jaumea sont : calice presque rond, composé d'écaillés imbri- quées , arrondies , disposées sur un triple rang ; réceptacle nu; aigrette courte , plumeuse. Ce genre ne comprend qu'un arbrisseau (/ai/mea linearis") qui croît à l'embouchure de la Plata. Ses feuilles sont li- néaires , opposées et réunies à la base, et les fleurs portées sur des pédoncules terminaux pendans. (ln.) JAUN AR. C'est , en Auvergne , le nom de la Rouge- gorge, (s.) JAUNATRE. Poisson du genre L^bre { Labrus ru/us , Lian. ). (b.) J A U S4S JAUNAU. Nom de la Renoncule ficaire, aux environs d'Angers (b.) JAUNE-AIN TIQUE. Nom que les artistes donnent à un Marbre que les anciens liroient de Numidie , et dont on voit divers monumens à Rome et dans d'autres villes d Italie. Sa couleur est vive et approche quelquefois du souci. Voyess Marbre, (pat.) JAUNE DE MONTAGNE. On donne ce nom à une; ocre ou argile de couleur jaune, chargée doxyde de fer, qui est fort bonne à être employée, soit en peinture , soit pour colorer les peaux chamoisées, mais ({ui seroit trop pauvre en métal pour être exploitée comme mine de fer. On en trouva des dépôts considérables dans plusieurs contrées de laFranccy, notamment dans les provinces de Brie , de Nivernois, et sur- tout dans le Berri, où elle est disposée par couches de quel- ques pouces d'épaisseur, qui reposent sur une couche de glaisfc un peu jaunâtre, et qui ont pour toit une couche de sable quarzeux blanc et pur. Ces couches d'ocre jaune ont été for- mées par la même cause qui a produit les couches de mine de fer en grains qu'on trouve dans les mêmes contrées. Les parties métalliques s'y troUvoient seulement dans une pro- portion bien moins considérable, (pat.) JAUNE DE NAPLES , Giallolino des Italiens. On a cm long-temps que cette matière jaune , qui a une apparence terreuse , étoit un produit naturel des volcans ; mais on sait aujourd'hui que c'est un ouvrage de l'art. Pour le préparer, on a deux méthodes : la première , qui est usilée en France , consiste à faire un mélange de deux parties de cénise ( ou oxyde blanc de plomb), deux parties d'âf»- timoine diaphorélique (^o\i oxyde blanc à^ antimoine), une partift de sel ammoniac (ou muriate d^ammuniaqae), et une demi-partie d'alun calciné. On passe le tout ensemble au tamis, et l'oit fait calciner ce mélange , à feu doux , dans une capsule dé- couverte , jusqu'à ce qu'il ait acquis une belle couleur jaune- C'est cette matière qu'on emploie dans la peinture en émail et siir les belles porcelaines de Sèvres. ( Collect. acad.^ t. i4» page 207. ) Le procédé qu'or suit à Naples est plus simple, mais la couleur a beaucoup moins d'intensité. On fait un mélange de trois parties de litharge et d'une partie d'antimoine ; on en met l'épaisseur d'un pouce dans des capsules très-évasées qu'on expose à la réverbération de la flamme dans la partie supérieure des fours à poterie. (PAt.) JAUNE D'OEUF. (F. l'article de I'OEuf et les mots Ovipare, Ovaire.) On trouve quelquefois des œufs qui ont à^nx jaunes dans la même coque ; et lorsqu'ils opt été couvés, XVI, 35 546 J A V ils produisent des poulets monstrueux , des embryons dou-^ blés et accolés, comme certaines monstruosités des quadru- pèdes et des fœtus humains que l'on conserve dans les cabi- nets comme des curiosités ; mais ces objets ne sont pas plus clonnans que deux cerises, deux prunes, deux poires, ou tout autre fruit, soudés ensemble. Voyez à ce sujet, Chr. Frid. Oarmann, Oologia cwiosa^ i^%i > i"-4-°? et Rosinus Lenti- lius , Oo/ogiœ curiosœ sciagraphia ^ Noriberg, 1681, dans les Ephemer. nat. cur. , déc. 1 1 , arm. 3 , pag. 5^9 1 ainsi que les observations de Marcell. Malpighi, sur la formation du pou- let, et Harvey, Maîtrejean , Haller, etc. Le jaune d'œuf contient de Talbumine , de la gélatine, de rhuile, de l'eau, un peu de phosphate de chaux et de soude (^P/iilos. irans. ), selon Halchelt, et le blanc ne contient que de l'albumine pure ; cependant on y a remarqué aussi des traces de soufre. John , dans son Analyse des corps anim. végét, et miner. , i8i i , tome 3 , page 22 , a trouvé , en outre , dans le jaune , une matière d'un brun-rouge , soiuble dans l'éther et l'alcool , et aussi du soufre. V. OÈuF, (virey.) JAUNE D'ŒUF. Coquille du genre Natice, qui est figurée dans Gualtiéri , pi. 67 , lettre L. (b.) JAUNE D'OEUF. C'est le fruit du Caï^tier. Il paroît aussi qu'on donne le même nom à celui d'un arbre du genre LUCUMA. (B.) JAUNE ÉCARLATE. On a donné ce nom à I'Agaric ORANGÉ de Jacquin , Mise, i , iah. xt^^fig. 3. (b.) JAUNE-LISSE. Sorte de Pèche, (ln.) JAUNET D'EAU. C'est une espèce de Nenupha» ( Nymphœa luiea^ Linn.). (L^^) JAUNGHILL. Nom que porte , sur les bords du Gange v un CouRiCACA. V. ce mot. JAUNISSE. Maladie des arbres (ToU.). V. Arbre, (v.) JAUNOIR DU CAP DE BONNE-ESPÉRANCE. V. Merle roupenne. (v.) JAUNOTE. Champignon du genre Agaric, qui est jaune esis , et en arabe, hadgine. Voy. Dromadaire, (s.) JELEK. Nom de Vhermine^ espèce de Marte, chez les Tunguses , selon Erxleben. (desm.) JELIN. C'est le serpida intestinalis. Voyez au mot Serpule. (b.) JELSEMINUM. V. Jasme et Jasminum. (ln.) JELVE. Nom turc de la Bécassine, (v.) JEMELA. Nom donné, en Espagne, au Sambac ou Jas- min d'Arabie, (ln.) JEMIOLA. Nom polonais du Gui. (ln.) JEMURANTSCHIK. Nom russe de la petite variété de Valagtaga de Pallas , notre Petite Gerboise, (desm.) JENAC. Coquille du genre Crépidule de Lamarck, C'est le patella goreensis. (B.) JENAPE et JENABLE. Noms des Sénevés ou Mou- tarde , en Espagne, (ln.) JENCIANA et JENJÎBA. Noms des Gentianes, en Pis pague. (lï^O J E R 5^9 JENDAYA. Nom brasilien d^ la Petite Perruche JAUNE. (V.) JENETÏEKENS. Nom hollandais du Lyciinide dioï- QUE. (lN.) JENIPAPO des Portugais. V. Janipaba. (ln.) JENITE. V. lÉNITE et YÉNITE. (LN.) Jï:NJIBA. F. Jenciana. (ln.) JENTJE-BIBI. Nom que porte , dans quelques cantons cle la colonie du Cap de Bonne-Espérance , un oiseau que Levaillant a appelé bachakiri. Voyez l'article GoNOLEK. (v.) JERAIN. Nom arabe de la Criste marine, (ln.) JERBO ou GERBO. Nom de la Gerboise d'Egypte. JERBOA , YERBOA , JERRUA ou JERBUAH. Au- tres manières d'écrire le nom du même animal, (desm.) JEREPOMONGA. V. Jek. (s.) JERF. V. Jarf. (desm.) JERFALCO. C'est, dans le Synopsis de Latham , le nom de l'AuTOUR. (v.) JERGA. Nom du Laitron alpin, en Suède, (ln.) JERGERIE. F. Ivraie, (ln.) JERIFALTE ou JIRIFALTE, en espagnol, le Ger- faut (fa/co gyrfako): (desm.) JERINGUILLA. Nom du Seringa {philaâelphus corona- rius , Linn.), en Espagne, (ln.) JERKIN. Nom anglais de TAutour mâle, (v.) JERKONN. r. Jargon, (pat.) JERNEK. C'est le Houx, dans quelques provinces de Suède, (ln.) JERNIOLUCHA. Nom polonais de la Grive draine et du Jaseur. (v.) JERNORT. La Verveine et la Centaurée scabieuse reçoivent ce nom en Allemagne, (ln.) JERNOÏTE. Nom vulgaire de I'OEnanthe pimpinel- loïde. (b.) JERNROT. Nom qui désigne , en Suède , la Centaurée sCABiEuSEetlaBuGLOSEOFF[CiNALE(a/ie/«wao//îc<«a^/5,Linn.)' (LN.) JÉROFLÉE. V. Giroflée, (ln.) JEROSE, Anastatica. Petite plante annuelle , à rameau.Y composés , à feuilles alternes , ovales , spatulées , un peu obtuses, munies de quelques petites dents , à fleurs blanches, ramassées par paquets , qui forme seule un genre dans la iétra- dynamie silicuîeuse , et daos la famille des Crucifères. 55o J E S Ce genre a pour caractères : un calice de quatre folioles ovales, obiongues, droites, concaves et caduques; quatre pé- tales oLlongs, obtus, unguiculés et ouverts en croix; six éta- mines létradynaniiques , dont les filamens subuiés portent GERMANMEJULACÉE, dont IcS tiges sont oylindriqucs, las feuilles imbriquées tout autour , et les fleurs pédonculécs. Elle se trouve en Angleterre et en Allemagne , dans les lieux montagneux et humides. Parmi les Jongerm ATONES delà seconde division, c'est-à- dire qui n'ont point de tiges , il faut noter comme les plus communes : La JoNGERMAlSNE FOLIACEE , Jungermannia epîphylla , Linn. Ses feuilles sont membraneuses, presque rameuses, lobées, ayant les lobes florifères dans leur milieu. Elle est commune sur la terre humide, sur le revêtementdes fossés où coule une eau vive. Elle varie d'aspect selon les saisons. La JoNGERMANNE FOURCHUE a les feuilles membraneuses , linéaires, rameuses, fourchues à leur extrémité. On la trouve sur les pierres , sur les troncs d'arbres voisins , ou même dans l'eau des sources et des ruisseaux des montagnes. Lies jiingermama rupestiis et alpina de Linnseus , servent de type à un nouveau genre que Ehrhard a appelé Andrée, ScKweegrichen, professeur de botanique à Leipsrck, a publié J 0 P 563 le Proâtome (Vime Histoire complète de la fjamille des Hépa- tiques ; prodrome dans lequel il porte à cent une, le nom- bre de ses espèces. Il \es divise tn jojigermaimes à tige , et jongermannes sans tige. Les premières , beaucoup plus nom- breuses que les secondes , sont subdivisées d'après la présence ou l'absence des stipules , d'après la forme des feuilles, etc. Deux espèces peu connues , les Jongermannes de Mâgel^ LAN et de FuMK , y sont figurées, (b.) JON(jIE, Jongia. Genre de plantes qui a été réuni aux SïEREOXYLONS. (B.) JONOPSIS , Jonopsis. Plante parasite du Pérou, à ra- cines filiformes, à feuilles linéaires , à fleurs en épi, qui seule, selon Humboldt , Bonpland et Kunth , Nom gênera et species plcmiaiiim^ constitue dans la gynandrie diandrie et dans la fa- mille des orchidées, un genre fort voisin des Onchidies. Les caractères de ce genre sont : calice de cinq folioles presque égales, ouvertes, les deux latérales réunies parleur base et formant un éperon; labelle très-grande, plane, sans éperon, cl tuberculeuse à sa base; gistil ailé à sa pointe, qui porte une anthère operculée, contenant deux masses de pollen. V. La figure de cette plante, pi. 83 de l'ouvrage précité. (B.) JONOR. Synonyine de Gomuto, aux Philippines, (b.) JONQUILLE. Plante du genre des narcisses, qu'on cul- tive dans les jardins, à raison de l'agréable odeur et de la belle couleur de ses fleurs. F. au mot Narcisse, (b.) JONQUILLE DU CHÊNE. Agaric à pédicule latéral, qui croît sur les vieux chênes, et que Paulet a figuré pi. 22 de son Traité des champignons. Sa surface est velue et couleur jonquille. Il ne paroît pas dangereux, (b.) JONSONIA. Adanson nomme ainsi le genre Gedrela, L. (LN.) JONTAL. Synonyme de Outai. (b.) JONTHLASPI de Tournefort. Ce genre, qui comprend la clypeola jonihlaspi , L. , est réuni par quelques auteurs aux Al\SSES. Columna décrit sous ce nom Valysse de montagru et la clypéole ci-dessus; et Barrelier, le. a54, la hiscuielle sub^ spatulée. (ln.) JOOSIE. Espèce de graminée du Japon, estimée bonne contre la pierre, (b.) JOPPE, Joppa. Nom donné par Fabricius à un genre d'insectes, de l'ordre des hyménoptères, famille des pupi- vores, tribu des ichneumonides. Il a, selon lui, pour carac- 564 J O S lères essentiels : quatre palpes inégaux, filiformes ; les anté- rieurs ou'maxillaires, plus longs, formés de six articles, dont le troisième en forme de hache ; lèvre courte , tronquée , pres- échancrée; antennes sétacées, composées d'un grand nombre d'articles. Il complète ainsi son signalement "énérique : chaperon court, corné, arrondi, entier ; mandibules courtes, cornées, voûtées, largement échancrées ; mâchoires unidentées; lè- vre membraneuse, comprimée, plus épaisse au bout; les palpes composés de quatre articles ; antennes en scie dans les femelles ; abdomen pétiole , ovoïde , voûté en dessous ; tarière cachée ; corps varié de noir et de jaune. Tous ces ca- ractères conviennent à notre division I, 8. *** de notre genre IcHNEUMON (tom. XVI, pag. 46). La plupart des espèces citées par Fabricius, sont de l'Amérique méridionale, (l.) JORD. Ce mot, dans les langues suédoise et danoise, si- gnifie Terre, (ln.) JQRDAIN. Valentyn décrit ce poisson qui se trouve à Amboine ; Gronovius en fait une Sciène ( mus. ichthyol. , n." 91 ). (desm.) JORDBAER. En Smoland, province de Suède, on nomme ainsi le Fraisier, (ln.) JORDGALLA. Nom de la Gratiole officinale, en Suède. (LN.) J0RDŒ:PAR0N. Un desnoms suédois delaPoMMEDE TERRE, (ln.) JORDROTTA. Nom suédois d'une espèce de Mar- motte, le SousLiC {mus cidllus). Linn. (desm.) JORENA. (xenre de plante très-voisin du swiana^ et qui ne paçoît en différer que par les feuilles opposées et les grai- nes ovoïdes et assez grosses. Adansony rapporte Valsindides de Lippi^ 248. (ln.) JORIADA. Nom donné, à Ténériffe , au Buphthalme soyeux, (ln.) JORISKRAUT. Nom allemand d'une espèce de Valé- riane {valer. phu.) (ln.) JORO. Nom japonais du Deutzie a feuilles rudes, dont le bois sert à la menuiserie, (b.) JOROPA. Palmier de l'Amérique méridionale, dont les fruits se mangent. On ignore à quel genre il appartient, (b.) JOSCHIN. Nomtartare du ledum palustre. V. LÈde.(ln.) JOSEPH. Poisson de mer du Cap de Bonne-Espérance. C'est la chimère au museau lisse, (b.) JOSEPHBLOME. C'est, en Allemagne, le Salsifis des ^Tés{iragopogonpratensej L. ) (ln.) J O U 565 . JOSEPHSWEIZEN. C'est, en Allemagne, le nom An Froment A épi rameux (^triticum compositum, L. ) (l>!.) JOSEPHIE, Josephia. Genre établi par Salisbury, mais qui ne diffère pas assez du Driandre pour en être séparé.. Il contient quatorze espèces, toutes de la Nouvelle-Hollande , et fort rapprochées des Banksies. (b.) JOSEPHINIE, Josephinia. Genre de plantes de la di- dynamie angiospermie, et de la famille des bignones, établi parVentenat (Jardin de la Malmaison) et qui offre pour ca- ractères : un calice de cinq parties droites et égales; une co- rolle monopétale, à gorge renflée et limbe divisé en deux par- ties, dont la supérieure est relevée et bifide, et l'inférieure horizontale , trifide , à division intermédiaire plus longue ; quatre étamines, dont deux plus courtes, avec le rudiment d'une cinquième; un ovaire supérieur variqueux , à style ter- miné par un stigmate quadrifide. Le fruit est une noix armée d'épines, percée de quatre à cinq trous à son sommet, qui se prolongeant dans son entier, forment autant de loges ren- fermant plusieurs semences. Ce genre, qui se rapproche beaucoup des Sésames et des Pédalions, ne renferme qu'une espèce, la Joséphinie im- pératrice , qui est une plante bisannuelle d'Australasie à feuilles opposées, pétiolées, ovales, aiguës, fortement den- tées, et à fleurs grandes, pédonculées, rougeâtres, solitaires dans les aisselles des feuilles supérieures, ^. pi. 167 de l'ou- vrage précité, (b.) •JOSME et JOSMINUM. V. Jasmi>X]m. (ln.) JOTA, Viilàir Jota, Molina et Lath. Cet oiseau depraie.se trouve au Chili, et a été décrit par Molina ( Hisl. nat. du Chili). C'est un individu de l'espèce du Gallinaze aura. V. ce mot. Xv.) JOUA. Sous ce novn ^V Histoire générale des Voyages fait mention d'un oiseau d'Afrique, gros comme une alouette^ et qui dépose ordinairement ses œufs sur les chemins. Les nè- gres de Sierra-Léone ont une grande vénération pour le joua, et sont persuadés que si quelqu'un d'eux cassoit par mégarde les œufs de cet oiseau, il perdroit bientôt ses enfans. Une pareille notice est bien loin de donner une connoissance pré- cise de cet animal sacré chez les Africains, (s.) JOUALETTE. Nom des racines de I'CEnanthe pimpi- l^ELLOÏDE, aux environs d'Angers, (b.) JOUAISTAN. Mom de pays du Vantanéa d'Aublet. (ln), JOUBARBE, Sempen>ii>um. Genre de plantes de la dodé- candrie dodécagynie , et de la famille des succulentes , qui 566 J O U présente pour caractères : un calice persistant , divisé pro- fondément en six à dix-huit découpures ; une corolle de six à dix-huit pétales, connés à leur base, et même monopétales dans quelques espèces; douze à Irente-six élamines: six à dix- huit ovaires oblongs, pointus, disposés en rond, et se termi- nant cfiacnn par un style simple , courbé en dehors , à stig- mate en sillon longitudinal, adné à la face interne du style ; six à dix-huit capsules oblongues, pointues, un peu compri- mées sur les côtés, uniloculaires, s'ouvrantlongiludinalement dans leur milieu , et contenant plusieurs semences attachées a la suture. Ce genre renferme des plantes herbacées ou frutescentes à feuilles éparses ou imbriquées, ou disposées en rosettes ra- dicales , toujours très-simples, très-épaisses, succulentes, charnues et tendres, et à (leurs en panicule terminale, ou en cime rameuse. On en compte quinze à vingt espèces, Ja plu- part d Europe, et les autres des Canaries. Les plus remarquables de ces espèces sont : La Joubarbe en arbre , dont la tige est arborescente , unie et rameuse. Elle croît dans les parties méridionales et orientales de 1 Europe. On la cultive dans les jardins, à raison de son aspect remarquable ; mais elle craint les fortes gelées- La Joubarbe des toits a les feuilles inférieures disposées en rosette et ciliées en leur bord , et la tige terminée par des rameaux en épis recourbés et hérissés. Elle croît sur les toits de chaume, les vieux murs, dans les lieux pierreux. Ses feuilles sont rafraîchissantes, un peu astringentes et très -anodines: leur suc exprimé se donne dans les fièvres intermittentes et dans toutes celles qui sont accompagnées d'une grande cha- leur. On en fait cependant plus usage à l'extérieur qu'à l'in- térieur, principalement p0ur amollir les cors des pieds, cal- mer les douleurs de la goutte ou celles des hémorroïdes. Aubert du Petit Thouars a observé que, dans quelques cas, les étamines de celte plante se changeoient en pistil; fait fort remarquable et dont l'état de la science ne permet pas de donner la raison. La Joubarbe arachnoïde a les feuilles inférieures dispo- sées en rosettes, et chargées de longs filelsblancs, cotonneux, qui se croisent. Elle se trouve sur les montagnes des parties méridionales de l'Europe. On la cultive à cause de la singu- larité de ses filets, qui semblent être une toile d'araignée. (b.) JOUBARBE. On donne ce nom au Stipe empenné, aux environs d'Angers, (b.) ludi joubarbe {peille') des herboristes est I'Orpin blanc, (b.) . Xià joubarbe des vignes est I'Orpin télèphe. V. ce mot. (b.) ' .ï O V 567 JOUBARnE PYRAMIDALE. C'est la Saxifrage py- hamidale. (ln.) JO UD ARDE. Dans Belon , C'est la Foulque. V. ce mot. (s.) JOUDELLE ou JUDELLE. Noms de la Foulque , en Picardie. F. ce mot. (v.) JOUETYF, (chasse). Les chasseurs appellent yozi^Z/e, un, trou peu profond que le lapin creuse en jouant, (s.) JOUGRIS. y. Grèbe aux joues grises, (v.) JOUL Espèce de liqueur nourrissante et fortifiante que font les Japonais , et dont ils tiennent la composition secrète ; ils la vendent fort cher aux Chinois et autres orientaa.x; qui en font grand cas , et la regardent comme un puissant restau- • ant. Cette liqueur, ou plutôt ce jus, car elle ressemble à du bouillon épais, a pour base, selon Lemcry, du jus de bœuf exprimé après qu'il a été rôti. Il peut se conserver pendant plusieurs années. Valmont de Bomare dit avoir goûté da joui à la table d'un grand, à Paris, et lui avoir trouve l'odeur d'ambre et la propriété d'exciter l'appétit, (s.) JOURDIN. C'est I'Holocentre habaji de Lacépcde. (B.) JOURET. C'est la vcmis nioea. Voyez au mot VÉisus. (b.) JOUSION. On appelle ainsi le Squale marteau, (b.) JOUTAI, Outea. Arbre élevé de la Guyane, à. feuilles alternes, ailées sans impaire , stipulées à leur base, con\- posées de deux folioles ovales, obtuses, et à Heurs violettes , muni'es de deux bractées ovales , opposées . naissant sur des rameaux axillaires, lequel forme un genre dans la triandrie monogynie. Ce genre, établi par Aublet , a pour caractères: un calictr monophylle , turbiné, très-petit, à quatre ou cinq dentelu- res; une corolle de cinq pétales inégaux , dont un supérieur est relevé , très-grand, et les quatre autres inférieurs et très- petits, tous arrondis et attachés à la paroi interne supérieure du calice ; trois étamines fertiles, à filamens très-longs et à anthères vacillantes , et en outre un filament stérile ^ velu , court, attaché à la base de l'onglet du pétale supérieur; n\\ ovaire supérieur, ovale, oblong, porté sur un long pédicule, (jui naît du fond du calice , et se termine par un style simple , 4 sligniaie arrondi et concave. Le fruit n'est pas connu, (b.) JOVELLx\NE, Joodiana. Genre de plantes de la dian- drie monogynie et de la famille des calcéolaires, dont lesca- 555 J U A ractères consistent en un calice persistant, divisé en quatre parties , dont les inférieures sont plus larges ; une corolle ' régulière , retournée, à tube presque nul, à limbe com- ; posé de deux lobes presque égaux, dont le supérieur est con- ■ cave et l'inférieur renfié; deux élamines recourbées, oppo- ; sées, et à antbcres biloculaires, persistantes; un ovaire su- ' périeur, à style recourbé et à stigmate pelté ; une capsule ovale, conique, à deux sillons, à deux loges, à deux valves bifides dans sa piartie supérieure. Ce genre diffère peu des Calcéolaires. Il contient trois • espèces, dont 1 une a les feuilles opposées et les Heurs dis- posées en panicule spiciforme , et l autre les feuilles radica- les et les barnpes unidores. La troisième à les feuilles pintia- tifides et les (leurs triahdres. Elles se trouvent toutes au Pé- rou, (b.) JOVIS-BARBA de Pline. Quelques botanistes pensent que ce naturaliste romain donne ce nom à Tarbrisseau que nous nommons Olivier de Cohème (^eleagmis curopœus); mais un plus grand nombre d'autres croient que c'est de Van- ihyllis barba- Joi'is, dont il a voulu parler. Ce nom, qui en grec se dit dlospogon ^ est cité comme un de ceux donnés par les (irecs au Chrysocowe de Dioscoride. (ln.) JOVIS-COLUS des Latins, Dios hélacaté des Grecs. Ce sont deux noms de I'Herbe sacrée. V. Hiérobotai^e. -: ^ (LN.) JOVIS-FLOS, Dlosanlhos des Grecs et de Tbéophrasle. C'est le lyr.hnis coronaria de Dioscoride, c'est-à-dire une es- pèce d'AcROSTÈME. Ce nom fut donné encore à I'Ancholie Xaqiûlegia') : si l'on s'en rapporte à Daléchamp, Atbénée ^auroit désigné ainsi cette plante, (ln.) JOVIS-GLANS. Adanson cite ce nom comme celui donné à la Châtaigne par Tbéophrasle, celui-ci nommant JuGiANS, le Châtaignier, (ln.) ' JOVIS-RADIUS. Ce nom éloit donné, par les anciens, à la Gaude, espèce de Réséda, (ln.) JOYEL. L'un des nomsespagnols desHALiOTiDEs.(DESM.) JOYO. Nom espagnol des Ivraies, (ln.) JOYO - LINO ou JOYO -RETAMA ou JOYO TOMILLO. Divers noms de la Cuscute , en Espagne. (LN.) . JOZO. Poisson du genre Gobie. (desm.) JUA-RUNG. Nom donné, à la Cochinchine, h une espèce de Bacquois (^pandunus humilis , Lour. et Rumph. 6, t. 76) , qui y croît naturellement et qui paroît être le Kada- taddi des Malabares ( V. Rheed. t. 2 , f. 6 ). (ln.) J TT D 5G9 JUAN-DE-NOCHE. Nom de la Belle de-nuit , en Espagne, (ln.) JUANULLE, JuanuIIoa. Vlaoie frulesrente, parasite, à racines fibreuses, à rameaux pendans, à feuilles pétiolées, oblongues, aiguës, très-enlières, épaisses, blanchâtres en dessous, et sortant plusieurs ensemble du même point; à fleurs rougeâtres, disposées en panicuies dichotomes et pen- dantes, qui forme un genre dans la pentandrie mona- gynie. Ce genre offre pour caractères: un calice grand , ovale , enflé, coloré, persistant, divisé en cinq parties lancéolées; une corolle tubuleuse, rctrécie à son ouverture, et divisée en cinq lobes arrondis; cinq étamines Insérées à leur base; un ovaire supérieur à style filiforme et astigmate émarginé; une baie ovale recouverte par le calice , biloculaire, ei con- tenant plusieurs semences réniformes. LajuanuUe, qui a été aussi appelée Ulloa, croît au Pérou, sur le tronc des vieux arbres. Ses feuilles sont acres et astrin- gentes, (b.) JUATI. Nom brasillen d'une espèce de Morelle épi- neuse, (ln.) JUB. F. le mot Spare jub. (b.) JUBARÏE ( Balœnoptera jubaiies , Lacép. ) V. l'article Baleinoptère. (desm.) JUBASQUE , JusBAQUE , Jeuzbave et Jausibâtsd, arabes de l.i Noix muscade, cités par Sérapion. (ln.) JUBÉE, Juhœa. Palmier du Chili, à feuilles pinnées, décrit et figuré dans le superbe ouvrage de Kumboldl, Bon- pland et Kunth , sur les plantes de l'Amérique méridio- nale. 11 forme seul un genre dans la polyandrie trlgynie. Ses caractères sont : Fleurs hermaphrodites; calice double, à trois divisions chacun, l'extérieur plus court; un grand nombre d'étamlnc s à filamens libres; ovaire surmonté de trois styles; drup-o oval , sec , à trois trous. L'amande de ce palmier se mange sous le nom de co- quilo. (b.) JUBIS. On donne ce nom, dans le Midi, aux grappes de raisin séchées au soleil, (ln.) JTIBOPEBA. Nom brasillen de IAubergine (ln.) JUCCA. Nom de la racine du Manioc, à la Havane. (b.) JUCERI. Nom brasilien d'une espèce d'AcACiE ( /n//no- sa ) , suivant Adanson. (ln.) JUDIA etJUDlHUELA. Nom des Haricots communs, en Espagne, (ln.) Sjo J U G JUEIL, Nom <îe I'Ivraie, dans quelques endroits, (ln.) JUFA ou JABES. Noms arabes de I'Hysope , suivcint Matthiole. (ln.) JUGAS. Nom suédois de la Tadorne , espèce de Ca- nard, (desm.) JUGAR(;EN. Nom lurc du Pigeon, (v ) JUGEMENT. On nomme ainsi le résultat d'une opéra- lion qui s'exéculé dans l'organe de l'intelligence entre deux- idées ou davantage, rendues à la fois présentes à l'esprit ; résultat qui constitue une idée nouvelle et souvent plusieurs. L'opération qui amène ce résultat consiste en ce que plu- sieurs idées étant à la fois rendues présentes à l'esprit, les traits de chacune d'elles, mis en mouvement, se réunissent alors, soit en mélange, soit plutôt en opposition, et forment aussitôt, dans l'espace que je nomme \q. foyer de l'esprit ^ un ensemble de traits divers; ensemble qui constitue une figure, une image nouvelle. Or , cette image offrant les rapports entre les idées employées, et faisant ressortir les différences qui les'dlstinguent, caractérise Vidée nowel/e, amenée par l'opé- ration. A l'instant, cette idée devient sensible ou perceptible à l'individu, étant transmise à sonsentimentinférieur parla commu- nication qui existe entre le foyer de l'esprit et celui des sens?- tions; et aussitôt le sentiment dont il s'aj^il la fixe et l'imprime dans l'organe. C'est aux rapports, aux différences, aux particu- larités que présente cette même idée , que nous donnons le nom de conséquence , de jugçmeni; et c'est à l'acte particu- lier qui s'exécute dans l'organe de Tintelligence, et dont je viens d'esquisser l'ordre probable, qu'est dû le résultat qui constitue tout jugement quelconque. Pour saisir ma pensée à cet égard, voyez ce que j'ai dit à l'article idée , en ti'aitani des idées complexes , et surtout l'article intelligence. Le jugement, pour l'homme, ou autrement son pouvoir de juger, est, de toutes ses facultés, celle qui est la plus im- portante ; celle à laquelle il peut parvenir à donner 1 étendue la plus considérable ; celle alors qui peut mettre entre lui e t tous les autres êtres intelligens de notre globe, une distance énorme en l'élevant infiniment au-dessus d'eux; celle qui constitue seule le but de l'intelligence, laquellctend à tout connoître, à yi/g-er convenablement tous les objets; celle, enfin, qui peut lui donner une supériorité, une dignité , qu'aucun autre être ici connu ne sauroit égaler. Mais la dignité dont je parle, n'est pas le propre de tout homme ; comme je le montrerai. En naissant, l'homme n'apporte aucune idée acquise , et n'a encore exécuté aucun jugement; il ne possède ab^rs qu'une seule source d'action, que celle que consliluc Vias- J U G 571 t'tnrt{V. ce mol). Mais, bientôt oprès, il en acquiert une se- conde; car, parmi les objeis divers qui frappent alors ses sens, son attention, excitée par les sensations qu'il reçoit, commence à s'exercer. Il la fixe , effectivemeni, sur tertains de ces objets , les compare à d'autres, ci juge enfin. Le voilà donc possesseur d'une idée ; de celle d'un des objets qui ont frappé ses sens, qu'il a remarquée et comparée à d'autres ; d'une Idée , en Un mot, qui s'est imprimée dans son organe, et qui, dès lors, peut délerminer sa volonté d agir. Il possède donc maintenant la seconde source d'action qui lui manquolt lorsqu'il étolt privé d'idées; il peut j^ou/o/'r. Non-seulement toute sensation ne donne pas une idée , car j'ai fait voir qu'il n'y a que celles sur lesquelles notre attention s'est fixée qui puissent nons en faire obtenir ; mais en outre , Il faut qu II y ait eu comparaison entre l'objet re- marqué et d'autres objets aussi remarqués, et qu'il en soit résulté un jugement. Par exemple, s'il élolt possible , ou s'il arrivoit qu'un individu , après sa naissance , ne reçut qu'une seule sensa- tion, que son attentionné pût se fixer que sur un seul objet , et même que sur une face ou une parllcularilé de cet objet, ilnepourroit faire aucune comparaison, ne y//.^f/oi7 point , et sans doute n'obtiendrolt aucune idée de l'objet dont il est question. Aussi est-il reconnu que nous ne Ji.'grons que par comparaison; que,conséquemment , nous ne distinguons les objets qu'après les avoir remarqués , les avoir compares à d'autres , et les avoir y^^râ. C'est donc toujours par le jugement que nous obtenons des Idées et des connoissances diverses. Puisque nous ne jugeons que par comparaison, il s'agit de sa,voIr si nos comparaisons sont toujours justes, toujours bien faites, toujours complètes. Or, l'observation nous apprend que toute action est susceptible de perfectionnement, et que ce perfectionnement s'acquiert non-seulement par l'exercice, comme première condition, mais, en outre, à l'aide de moyens particulier^ et de circonstances qui sont nécessaires pour l'accroître. En effet, comme nos autres facuUe's, celle de yM^ç^er s'accroît, s'étend et se perfectionne en nous, à mesure que nous l'exerçons davantage; elle s'étend et se perfectionne surloutà mesure que, variant et multipliant nos idées , nous les rectifions successive- ment l'unepar l'autre, ainsi que lesjugemens qui nous les ont l'ait obtenir. Ceux-ci acquièrent donc graduellement une rectitude d'autant plus grande, que nos idées et nos connolssances sont plus multipliées, plus diversifiées. Celte considération est Irès-jmportante: elle trouve déjà des applications dans beaucoup de nos jugcmens de faits ; mais c'est surtotjt pour 573 J U G , ceux de nos jugemcns qui emploient des idées complexes ^ qu'elle offre une application essentielle; et tous nos raison- iiemens sont dans ce cas. Il résulte de celte vériîé, partout constatée par ToTjser- vation, que, dans tout pays où la civilisation existe depuis long-lemps , la reditude et l étendue du jiif;ement^ dans les indi- vidus de notre espèce qui y vivent, s'offrent nécessairement en une multitude de degrés divers, qui sont tous en raison de cequelcs individusdontil s'agitont plus exercéleur jugenienJ, ont plus acquis d'idées et de connoissances diverses. Or, comme la différence de situation de ces individus varie exlrê- mement dans la société, par le fait même de l'ordre et de l'élat deVhoses que la civilisation a établis; comme les uns , r.c possédant rien ou presque rien, sont obligés d'employer tout leur temps à des travaux en général grossiers et ioujours les mêmes, afin de pouvoir subsister; ce qui borne extrême- ment les idées qu'ils peuvent acquérir et les réduit à n'en posséder que dans un cercle fort étroit qui leur suffit ; tandis que d'autres , dans des situations graduellement plus aisées, ont proportionnellement plus de temps , plus de moyens pour étendre et diversifier les leurs; il est donc de toute évi- dence que, parmi les hommes d'un pays dans le cas cité, la rectitude et ïéteudue du jugement des individus doivent offrir une suite fort grande de degrés tous différcns les uns des au- tres, présentant des supériorités de plus en plus considérables entre ces mêmes individus. De là' , l'existence réelle d'une échel/e relative à l'intelligence des individus de l'espèce bu- maine, depuis que celle-ci est sortie de 1 état sauvage; échelle dont j'ai parlé dans mes oiïvragés, et qui offre, à cet égard, une si grande disparité entre ceux qui appartiennent aux deux extrémités qu'elle présente. A quelque degré de l'échelle qu'appartienne un individu quelconque, ce degré en est pour lui le ternie supérieur; son jugement le lui montre ainsi et ne lui laisse rien voir au-delà. 11 conçoit, à la vérité , qu'on peut l'emporter sur lui en con- noissances d'objets particuliers dont il ne s'est pas occupé; mais il ne sauroit croire que le jugement d'aucun autre puisse avoir quelque part plus de rectitude que le sien. Presque tout le monde ignore , en effet, que le jugement est d'autant plus imparfait, d'autant plus borné, qu'on l'a moins exercé, que l'on a moins d'idées , moins de connoissances, etc. ; en sorte qup, hors du cercle des idées que l'on a pu acquérir, le juge- ment , sur lequel on compte néanmoins, est essentiellement sans solidité. Le jugement est à l'esprit , ce que les yeux sont au corps ; de part et d'autre, l'on ne voit, soit les objets, soit les choses, J U G 573 que par ces moyens ; tout paroît donc réellement tel qu'on l'aperçoit. Mais, dans tous les hommes, l'organe de la vue est à peu près au même niveau; el si les yeux tes abusent quel- quefois, en général ils les trompent peu , et chacun a des moyens pour corriger les grandes erreurs qu'ils occaslonent- Onest loin depouvolr dire la même chose du jugement. Les degrés de rectitude de cette belle faculté sont si variés, si nombreux, et distinguent tellement les individus entre eux , que, lorsque l'on considère les extrêsnes, on trouve une dif- férence énorme entre un homme et un autre. Sans doute, une catégorie de situation, à peu près la même dans la société, comme dans la classe tout- à-fait po- pulaire de tout pays civilisé , classe qui embrasse la princi- pale partie de ses habitans , réduit le jugement de ces derniers à un degré très-inférieur, et les rapproche beaucoup , à cet égard, les' uns des autres; mais, hors de cette classe, l'é- chelle s'étend graduellement en degrés très-différens, rela- tivement aux supériorités de jugement qui distinguent les individus. Or, c'est là qu'il faut chercher la source des con- tradictions dans l'émission des idées; celle des opinions et des manières de voir si différentes ; celle des fausses routes obsti- nément suivies dans certaines sciences; celle des obstacles qui entravent les progrès de nos connoissances ; c'est là aussi ce qui donne tant de facilité à maintenir des piéventions et des préjugés dont on profile, en un mot, à abuser les hommes , à les dominer, etc. Il est si vrai que ce n'est qu'à une grande diversité d'idées et de connoissances que le jugement doit l'étendue et la rec- titude qu il est susceptible d'acquérir , que des hommes très- habiles dans une étude particulière à laquelle ils se sont ex- clusivement livrés, et où ils ont pénétré jusque dans les plus petits détails, n'ont, en général, qu'un jugement très-mé- diocre sur tout ce qui est étranger à leur objet, et souvent même apprécient fort mal le degré d'intérêt qui lui appar- tient, comparativement aux autres parties des connoissances humaines. Les hommes dont il s'agit, peuvent être satisfaits de leur manière adjuger^ dans ce qui concerne le cercle or- dinaire de leurs idées et ce dont ils se sont particulièrement occupés ; mais ne les en sortez pas , car ils ne seroient plus en état de vous entendre. Ce n'est pas là le propre assurément de ceux qui ont beau- coup varié leurs idées et leurs connoissances; qui ont tou- jours et partout exercé leur jugement; qui ont pris l'habitude de réfléchir et de penser profondément; qui se sontconstam- ment consacrés à l'observation des faits, sans exclusion d'ob- jets; enfin, qui se sont efforcés de distinguer nos connoissan- 574 . -T '^\ G ces les plus certaines, des pensées admises comme lelles et qui ne sont que le produit de ropinion. Ceux-là estiment généralement toutes les connoissances positives que l'on peut obtenir par l'observation des faits , et s'intéressent également à toutes les sciences, les appréciant chacune, soit sous le rapport de leur utilité directe pour l'homme, soit sous celui des moyens qu'elles lui procurent pour parvenir à la con- noissance de la vérité (i). Tels sont, dans les deux exemples que je viens de citer, les résultats si dllïérens de la faculté àc juger, entre les hom- mes qui, peu exercés à rendre à la fois beaucoup d'idées présentes à leur esprit, et dont le jugement, conséquemment, ne varie que peu ou presque point les sujets de ses actes, ne peuvent que s'occuper de menus détails, et ceux dont les idées, très-diverslfiées , donnent à leur jugement une éten- due telle quelle leur permet d'enibrasser à la fois, parla pensée, les sujets les plus vastes. Ces derniers remontent à îa source des choses; les voient bientôt ce qu'elles sont réel- lement; et, mieux qu'aucun des autres hommes, reconnois- sent, dans l'ordre admirable qu'ils observent, dans l'enchaî- nement et rimmulabilité des lois qui régissent cet ordre, la puissance infinie du Sublime Auteur de tout ce qui existe ! Le degré de rectitude qu'acquiert le jugement de Ihomme, dans l'intervalle qui se trouve entre l'enfance et l'âge mûr, où il parvient à peu près à son terme de développement et de force; ce degré, dis-je, étant alors fort remarquable, a été nommé raison. On a considéré celle-ci comme une fa- culté particulière; tandis que ce n'est qu'un degré acquis, à l'aide de l'expérience, dans le perfectionnement du jugement; degré très-variable dans les individus. Or, ce degré acqué- rable de perfectionnement , quelque folble qu'il soit, se re- marque aussi dans les animaux inielllgens , entre ceux d'en- tre eux qui sont très-jeunes encore, et ceux qui ont obtenu leurs développemens complets. Je distingue les jugemens de l'homme en deux sortes prin- cipales, remarquablesetfortinjportantesàconsidérer: ce sont ceux que je nomme \t s jugemens défaits et les, jugemens de raison. (i) Coiiuritnt ne pas reconnoilre comme première et principale , puisque toutes les autres sciences en dérivent et y sont liées , celle qui a pour objet l'étude de la Nature et de ses productions! et n'est-il pas remarquable que cette science si importante n'ait encore obtenu qu'un nom {Histoire Naturelle^ , et que son e'tude ne soit pas même commencée ; enfin , que les observateurs se soient épuisés en dis- tinctions d'objels . de formes , de nombre , de composition et de si- tuation de parties; et que la nature, ses moyens, ses lois, soient restés dans l'oubli l J TJ G 5;5 Les jugemens de faits sont généralement bornés à nous (donner la connoissance des faits ; c! nous avons vu que toute idée, touîe connoissance ne nous est acquise qu'à la suite d'un jugement qui nous la donne. La connoissance des fails ne peut cire positive pour nous que lorsqu'elle résulte directement de nos propres observa- tions; elle peut, néanmoins, acquérir plus de certitude en- core, lorsque l'observation des autres la confirme générale- ment , parce que nous pouvons avoir nous-mêmes mal ob- servé. Mais , parmi les connoissances de faits que nous pos- sédons , il peut s'en trouver beaucoup qui ne nous soient par- venues que par la communication de diverses observations. Or, comme ceux qui les ont faites , peuvent aussi s'être trompés ou avoir mal observé , quelque fondés que puissent être les faits qu'ils nous apprennent , on sent qu'ils sont réellement moins positifs pour nous. Au reste , les jugemens de faits n'employent que des idées simples , que celles qui proviennent immédiatement des sensations remarquées. Ce sont , en général , les plus so- lides, parce qu'ils n'exigent point l'emploi d'idées complexes. Ils se bornent à nous faire connoîlre les corps , leurs qualités diverses, les phénomènes que certains d'entre eux produisent, le mouvement sous tous ses rapports , des portions mesurées de l'espace et du temps , etc. Nos premiers jugemens, tels que ceux que nous faisons dans l'enfance , ne sont que des jugemens de faits ; ils nous procurent la connoissance des corps qui nous frappent le plus , ainsi que celle de leurs qualités qui sont les plus ap- parentes. Pour rectifier ces jugemens, nous avons souvent alors besoin de nous aider de l'usage de plusieurs de nos sens. Plus tard , nous avons souvent encore occasion, dans le cours de la vie , d'exécuter des jugemens de faits ; et , par eus , nous pouvons parvenir à connoître quantité de corps , leurs qualités, leurs propriétés, les nombreux phénomènes <|ue divers d'entre eux nous présentent , etc. , etc. Tels sont les jugemens défaits : et j'ai déjà dit que ce sont les plus solides «t peut-être les seuls sur lesquels nous puissions réellement conipter. J'ai dit aussi ailleurs , que \qs résultats de toute ■opération mathématique nous donnent des connoissances de cet ordre ; car chaque résultat , simple ou compliqué , est toujours un fait , et ne dépend jamais de nos raisonnemens. Les règles , les méthodes , les formules , en un mot , les moyens qui nous font parvenir à la connoissance de ce fait , sont seuls des produits de l'art et du génie. Les jugemens de raison n'employent que des idées com- plexes , et fiont , en cela même , d un ordre bien différent 576 J U G def celui auquel appartiennent les jugemens de faits. Quoique s'appuyant sur des faits connus , ils ne sont pas le produit de l'observation, mais celui de notre manière de voir , de juger, de raisonner; manière qui est tout-à-fait dépendante de nos idées et de nos connoissances acquises , ainsi que de nos pré- ventions, nos sentimens , nos pcnchans et nos passions. Toutes nos idées s'enchaînent plus ou moins ; toutes con- courent de même à la plus ou moins grande rectitude de nos jugemens ; aussi avons-nous dit ci-dessus, que notre faculté de /«^-er s'étend , s'accroît et se perfectionne en nous , à mesure que nous l'exerçons davantage , et que , variant et multipliant nos idées , nous les rectifions successivement Tune par l'aulre , ainsi que les jugemens qui nous les ont fait obtenir. S'il en est ainsi , nos idées complexes, et surtout nos Juge- mens de raison , en un mot , nos raisonnemens , n'obtiennent une parfaite rectitude que de Tinfluence d'une multitude d'autres idées qui ont dû diriger l'opération de notre intelli- gence en les formant. Ayant défini nos jugemens de raison^ et ayant montré ce qu'ils peuvent être , je crois devoir les distinguer entre eux par quelques divisions principales, afin de les faire mieux connoître. En conséquence , je les divise : i.° en jugemens altérés; 2.'» en jugemens incomplets; 3° en jugemens par- faits, he Jugement n'est ici considéré que rel. livement à l'objet jugé ; car , quant à l'opération organique qui amène un juge- mentquelconque,j"ai déjà dit que celle opération est toujours juste. Les Jugemens altérés sont ceux qui, outre qu'ils peuvent être incomplets , qui le sont même ordinairement, se trouvent altérés par l'influence : i.° des préventions de l'individu ; 2.° de ses sentimens , ses penchans , ses passions ; S." d'élé- mens étrangers , admis parmi ceux qui ont servi à leur opé- ration. Ces jugemens sont donc eux-mêmes de trois sortes ; et tous doivent leur principale altération, soit aux influences citées, soit à l'addition d'un ou de plusieurs élémens étran- gers qui ne dévoient pas entrer dans l'opération. Ce sont là les jugemens déraison les plus erronés, et malheureusement les plus communs. Ceux qui les font ne sauroient s apercevoir qu'ils ne sont pas justes : ce que j'ai déjà expliqué plus haut. Je nomme jugemens incomplets ^ ceux qui ne sont point al- térés par des influences particulières , ni par laddition d'élé-' mens étrangers; mais dont les élémens employés à leur opé- ration , quoique très-convenables à l'objet ou au sujet con- sidéré, ne sont pas complets, c'est-à-dire, que toutes les idées qui dévoient entrer dans cette opcî-ation ne s'y sont pas trouvées réunies. Ces jugemens ne soî:t ^omt Justes , etnéan- J U G 577 moins ce sont ceuK qui approchent le plus de la vérilc. ils sont déjà peu communs ; et ce sonl , en général , des hommes d'un sens droit , souvent fort instruits d'ailleurs , qui les pro- duisent. Mais il leur maiiquoif des idées à l'égard du sujet sur lequel ils ont cru pouvoir prononcer, puisqu'ils n'ont pas fait usage de toutes celles qui dévoient servir à l'opération. Enfin , j'appelle jus-emens parfaits , ceux qui ne sont point aliérés par des prévet; lions , des préjugés , des passions quel- conques, ni par l'addiiion d'élémens étrangers, et ([ui , en outre , sont le résultat de la réunion de tous les clémcns qui dévoient servir à l'opération. Ce sont là les jugemens qui nous font connoitre des ventés. Ils sont bien rares , sans doute ; mais il n'est pas hors du pouvoir de l'homme de par- venir à en produire de cette sorte. En différens temps , il a pu ou dû en paroitrc de tels «ians les discours ou les écrits des hommes qui furent les plus grands observateurs et à la fois les penseurs les plus profonds ; mais les vérilés qu'ils ont probablement énoncées n'ont pas élé reconnues , ou ne l'ont éîé que par un très-petit nombre. Cela pouvoit - il être au- Ireuient ? D'après ce qui vient d'être exposé , on doit reconnoitre : i.** que nos jugemens de faits ne sont que des aperçus de faits réels distingués ; aperçus qui n'ont besoin que de peu de con- sidérations accessoires pour être solides , et qui ne peuvent être erronés que lorsque nos sens nous troinpent, ou que nous observons mal ; 2." qu'au contraire , nos jii^emeiîs de raison., auxquels nous donnons le nom de conséquences , sont généralement très-exposés à l'erreur, puisqu'ils exigent que toutes les considérations essentielles au complément et à la rectitude de ces opérations de notre intelligence , aient été épuisées et mises eu œuvre en les formant. Or, puisque nos conséquences sont si exposées à l'erreur, combien nos raison- nemens, de tout genre, ne doivent-ils pas l'être, ces raisonne-* mens n'étant, comme l'on sait, que des suites de conséquen- ces! Enfin, quoique les premières de celles-ci soient tirées des faits, même de ceux bien observés, quine sait qu'entre cesfaits considérés et les conséquences que l'on en tire , il y a pres- que toujours une hypothèse interposée et en quelque sorte cachée ;' 11 est donc évident que l'on peut réellement compter sur les faits bien constatés , tandis qu'on ne le peut pas tou- jours sur les conséquences qu'on en tire. he juf^emeni étant la plus importante des facultés de l'hom- me , puisque c'est celle qui peut l'amener à reconnoitre ce que les choses sont réellement, qui peut l'empêcher d'être dupe de l'erreur , en un mot , qui peut lui donner la dignité laquelle il est le seul être qui puisse parvenir; et cette fa-t 5^8 J IT G culte si avantageuse, obtenant d'autant plus de rectitude et d'autant plus d'étendue et de solidité qu'elle est plus exercée et que les sujets de ses actes sont plus variés; l'homme , dls- je , devroit donc sentir qu'il a le plus grand intérêt à l'exer- cer, à l'étendre, en un mot, à la perfectionner en variant les suj'ets de ses jugemens. Or , ce n'est pointyug'er, lorsqu'on s'en rapporte aux autres, aux autorités mômes. Il faudroit que chacun s'efforçât déjuger soi-même , fit en sorte d'en contracter de bonne heure Ihabitude , et eût la sagesse de ne le faire toujours que provisoirement ou conditioiinellemenl ; c'est-à-dire , relativement'à la somme de connoissances qu'il peut avoir de l'objet qu'il jiige ; car on ne doit presque jamais être sûr d'avoir épuisé toutes les considérations qui se rap- portent à cet objet , et l'on doit encore être assuré qu'un plus grand nombre de connoissances , sur le même objet , nous le montrerolent alors sous un autre point de vue , c'est- à-dire , nous le ÎQT oïe.(\i juger différemment. Voilà pourquoi nous voyons toujours les choses telles que notre jugement nous les présente. Au lieu de nous porter de bonne heure à exercer notre jugement^ dès Tenfance , au contraire, on nous force à le soumettre à l'autorité sur une multitude de sujets, et l'on nous en fait contracter l'habitude. Il en résulte que , dans le cours entier de notre vie , les suites de celte habitude nous maîtrisant, nous devenons paresseux à juger nous- mêmes ; nous trouvons qu'il est plus facile , plus expéditlf , souvent flus politique de nous en rapporter aux autres \ l'autorité et opinion en crédit remplacent presque partout noire juge- ment : en sorte que l'importante faculté que l'homme tient de la nature , et qui pouvoit lui être si avantageuse , étant, pour la presque totalité des nations civilisées , rarement exercée par les individus, ou ne Tétant que sur des choses de peu d'importance , devient presque nulle pour lui , ou du moins n'acquiert que très-peu d'extension , et ne lui sert qu'à l'égard d'objets usuels et de détail. Certes, cet état si remarquable, dans lequel l'homme lui-même s'est laissé entraîner , n'est pas d'une médiocre conséquence parmi les causes qui retar- dent les progrès éminens qu'il pourroit faire dans la civilisa- tion. Maintenant , si l'on considère cette immense diversité de degrés d'intelligence qui constituent l'échelle dont nous avons parlé , échelle dont les degrés inférieurs sont toujours occupés par la grande majorité de toute population civilisée ; si l'on considère ensuite cette habitude si générale de ne juger tout ce qui a quelque importance que d'après les autres, d'après les opinlQBS admises, de uianicie que l'on n'ose presque .Tîît • % examiner soi-mcmc le fondement tle celles qu'on adople; si Ton considère encore que rien n'est plus rare que de ren- contrer un homme qui ail l'habitude de penser, "de méditer, d'approfondir le fond des choses, de bien juger ses intérêts généraux , ce qu'exie;ent de lui sa position dans la société et ses devoirs envers elle ; enfin , si Ton considère que tous les hommes ont les mêmes penchans , quoique chacun de ces penchans ne se développe qu'en raison des circonstances qui s'y trouvent favorables; que tous sont dirigés, dans leurs ac- tions , par l'intérêt personnel , l'amour-propre , etc. ; en un mot , que tous tendent à dominer à\ine manière quelconque , et par tous les moyens ; sera-t-il donc si difficile de recon- noître les causes de létat où Ton voit les habitans de tout pays civilisé , et d'assigner celles de leurs actions, selon la position des hommes dont il s'agit, et selon les circonstances dans lesquelles ils se rencontrent ?manquera-t-on , enfin , de moyens pour déterminer les causes de celle extrême diversité dans la manière de sentir, de juger, diversité ([ui est une source inépuisable de contradictions, de discordes, de des- tructions, de maux infinis et de toutes sortes qui accablent l'humanité? Je ne le crois pas. (lam.) JUGLANDEES. Famille de plantes, proposée pour sé- parer quelques genres des Térébinthacees, auxquelles ils se rapportent imparfaitement. Elle auroit pour type le genre Noyer, (b.), JUGLANS (Diosbalanos des Grecs). Ces deux noms , qui signifient , gland des dieux , gland par excellence , au- roient désigné le châtaignier chez les anciens, il paroit qu'ils le donnoient aussi au Noyer, qui est \q carya de Théo- phraste et de Pline. Ce dernier auteur nomme le châtaignier tastanea. Linnaeus a fixé le nom de Juglans au genre qui contient le noyer. V. ce mot et Nux. (ln.) JUGO. Nom donné , k Sofala, au fruit du glycine subier- ■ranea , appelé mandobi dans quelques autres parties d'Afri- que , et Pois d'Angole, (ln.) JUGOLINE. Nom du Sésame d'Orient, (lts.) JUGULAIRES (les). On appelle ainsi des poissons dont les nageoires ventrales sont placées à la gorge, et par consé- quent plus près de l'ouverture de la bouche que les nageoires pectorales. Ils forment la seconde division de cette classe d'animaux. V. au mot Ichthyologfe et au mot Poisson. Duméril rapporte à cette famille, qu'il appelle AucHENO- PTÈRES, les genres Callionyme , Uranoscope , Batra- CHOïDE , Murénoïde , Oligopode , Blennie, Callïomore , yiVE, (jADE, ChRYSOSTOME et KURTE. (b.) JIHF. Nom par lequel les oiseleurs de'Paris désignent 58o .î IT >ï le BruaîvT de roseaux. C'est aussi un des noms vulgaires du Martinet inoir. (v.) JUIF. On donne quelquefois ce nom au squale marteau. (V. au mol Squale) , cl à un autre poisson d'Afrique dont on ne connoît pas le genre , mais dont on dit la chair excel- lente, (b.) JUJUBA. Nom qui , chez les Latins, étoit synonyme de zyzypha., et désigiioic la Jujube et le Jujubier. Depuis il a servi à indiquer plusieurs espèces voisines , que Linnaeus réunit au RhamnuSy mais qu'on en sépare de nouveau. Voyez Jujubier et Zizypîius. (lî>.) JUJUBIER, Ziz-yphus., Linn. ( Peniandrie iligyine.) Genre de plantes de la famille des rîiamnoïdes , couiprenant des arbrisseaux épineux, à feuilles simples et alternes, et à (leurs planes et axiliaires. Chaque fleur est composée: d'un calice à cinq divisions, de cinq pétales ouverts en étoile, de cinq élamines à anthères arrondies, et d'un disque charnu, dans lequel est enfoncé un ovaire , surmonté de deux styles à stig- mate obtus. Le fruit est un drupe ovale ou oblong , conte- nant , sous un brou charnu ou pulpeux , un noyau à deux loges et à deux semences. Le genre Cokdalie se rapproche infiniment de celui-ci. Il renferme une vingtaine d'espèces connues. Les plus inté- ressantes sont : Le JuJULlER commun , Rhamnus zizyphus., Li^jn. C'est un grand arbrisseau dont la tige est tortueuse et l'écorce rude et gercée. Les jeunes branches sont pliantes , et garnies, à leur insertion , de deux aiguillons durs presque égaux. Les feuilles sont pétiolées , ovales , oblongues , simples , à trois nervures, dentées en scie , luisantes et unies ; elles tombent tous les hivers. Les fleurs s'épanouissent communément dans le mois de juin. Elles sont jaunes , et les fruits qui leur succèdent sont d'un beau rouge dans leur maturité; ils ont à peu près la forme et la grosseur d'une olive. On les nomme JuJuUs ; ils sont nourrissans et agréables , quoique un peu fades. On en compose des tisanes pectorales. Ce jujubier croît naturellement dans le Languedoc, la Provence, et en général dans le Midi de l'Europe. On le cultive dans ces pays, et même à la côte de Barbarie, pour son fruit, qu'on y sert en hiver sur les tables, et qui est em- ployé en médecine. Dans les contrées septentrionales de la France , on peut élever cet arbrisseau en pleine terre ; il supporte les hivers ordinaires, pourvu qu'il soit abrité et à une bonne exposition; mais il y fructifie rarement. Le .Iujubier des Lotophages , Wiamnus lotus , Linn. , Desf. , qu'on voit figuré pi. Ë i8 de .ce Dictionnaire. Celte 1 T" T 58i espèce forme un arbrisseau de trois à cinq pieds de haîjteur, dont les rameaux sont nombreux , (léctjis en zigzag et d'un gris blancbâtre ; ils sont armés, à chaque nœud, de deux piqtians inégaux, l'un court et courbé enciocliet, l'autre droit et un peu plus long, et ils portent des feuilles ovales , obtuses, entières, à trois nervures et presque sessiies. Les fleurs petites et d'un blanc jaunâlre, viennent une à quatre ensemble sur des pédoncuics communs; elles sont rem- placées par des fruiis presque ronds, d'une couleur rous- sàtre dans leur maturité, et d'une saveur agréable, mais non délicieuse. Cet arbrisseau, qui fleurit en mai, et dont les fruits mû- rissent en août ou septembre , croît sponlanemenl sur la côte septeniriouale d'Afrique , dans le royaunse de Tunis s et principalement aux environs de la Petile-Syi the , où il est fort abondant, et où Desfonlaines, pendant son séjour dans ce pays, a eu occasion de l'observer. Ce savant profes- seur en a donné une description fort détaillée, dans un mé- moire qu'il a lu à l'Académie des sciences , en 1788, et qui a été imprimé dans le Juutnal de Physique de la même année. 11 a prouvé que ce jujuhier étoit le vrai lotus des anciens. « Les habitans de la Petite-Syrlhe, dit-il , et surtout ceux de l'île Gerbl , étoient nommés anciennement io/t/pZ/c-^eî, parce qu'ils se nourrissoient avec les fruits du lotus om juju- bier ^ dont il est ici question; et l'île Gerbi portoit le nom de Loluphagile ^ parce que le lotus y croissoit en abondance. « Tbéophraste raconte que le lotus étoit si commun dans l'île Loiophagits ^ et surtout sur le continent adjacent , que l'armée d'Orphellus ayant manqué de vivres en traversant rAfri;es, Rhamnus l'guaneus, Linn. , vul- gairement croc de chien. C'est un arbrisseau peu élégant qu'on trouve dans les Antilles et dans l'île de Curaçao , où on rap- pelle arbre des iguanes ., parce que \ iguane., espèce de lézard, se repose souvent sur sa tige. Les aiguillons qui défendent ses rameaux, sont ouverts et légèrement courbés; chaque îiœud inférieur n'en a qu'un , et il y en a deux dans les nœuds supérieurs. Le Jujubier cotonneux, Rhamnus jujula., Linn., vul- gairement le masson. On le trouve aux Indes orientales. 11 est peu garni de piquans , et a des fi^iuilles ovales, obtuses, presque entières, dont la surface inférieure est , ainsi que les jeunes rameaux, couverte d'un duvet cotonneux, serré et blanchâtre. Le Jujubier a épines hkoit es, Rf i amnus spina C/?nW,Linn. Celui-ci varie , à rameaux droits, munis ou dépourvus dç piquans , et à rameaux fléchis en zigzag. 11 a des épines éri- gées, postées par paires à chaque nœud , et des feuilles beau- coup plus grandes que celles An jujubier commun et du jujubier des Lotophages. Elles sont ovales , un peu dentées , et mar- quées de trois nervures. On trouve ce jujubier en Syrie , en Kgyple et à la Chine. 11 porte de petiles fleurs jaunes ; ses fruits sont arrondis, gros comme de petites noix, et d'une saveur agréable. On les mange crus. Le Jujubier soporifère a les épines éparses, les feuilles lancéolées, sans nervures , et les (leurs solitaires. Il se trouve à la Chine. C'est un puissant narcotique, dont les médecins chinois font fréquemment usage. Dans notre climat , on ne voit ces arbrisseaux que dans les jardins des curieux ou dans ceux de botanique. On multiplie la première espèce ( le jujubier commun ) en plantant les drupes , dès qu'ils sont mûrs , dans des pois remplis d'une terre fraîche et légère. Ces pots doi- vent i}tre tenus, en hiver, à l'abri des fortes gelées. Au printemps, on les plonge dans une couche tiède, qui fait J U L 583 germer les semences. Quand les plantes paroisscnt , on les accoutume , par degrés, au plein air, auquel on les ex- pose tout-à-fait au mois de juin, en les plaçant contre un mur ou une haie , dans un temps fort sec , et on les arrose souvent. L'hiver on les lient dans une serre ou sous châssis , pour les garantir du froid. On les traite ainsi chaque année , pendant leur jeunesse , parce qu'elles sont alors fort déli- cates. Mais après trois ou quatre ans, on peut les mettre en pleine terre , à une exposition convenable. D^s les pro- vinces du Midi, on n'a pas besoin d'employer tomes ces pré- cautions. Le jujubier commun est planté tout simplement avec les arbres fruitiers ordinaires. On ne le multiplie point par ses noyaux , mais par les jeunes pieds qui sortent de terre, autour du tronc. Sa végétation est lente , mais il n'exige au- cune culture particulière. On pourroit, dit Rosier, faite des hiiles impénétrables avec cet arbrisseau, en plantant près et en inclinant ses jeunes branches, (d.) JUJUBIER BLANC DE CAPPADOCE. C'est le Chalef (Eiœagtms angustîfoUus , L. ). (ln.) JUJUBU. Espèce de Giraumont qu'on cultive dans l'Amérique méridionale. V. au mot Courge, (b.) JUKA. Nom caraïbe du Manihot. V. Ketmie. (b.) • JUKBOOM. Nom du Charme en Hollande, (ln.) JULAN. C'est le P/zo/a5yG»î/5z7/a de Linnseus. F. au mot. Pholade. (b.) JULE. V. Iule, (l.) JULIA. Les Espagnols appellent ainsi I'Opuidie im- berbe, (desm.) JULIANNE. V. Julienîïe. (ln.) JULIBRISSIN. Nom spécifique d'un Acacia, (b.) JULIENNE ou JULIANE, Hesperis ,lAnn. {Tëtmdyna- miesiliq lieuse. Genre de plantes que l'on confond souvent avec le genre Giroflée , dont il se rapproche beaucoup. Il appar- tient, comme ce dernier , à la famille des crucifères. Ses ca- ractères principaux sont : un calice serré, à quatre folioles caduques , beaucoup plus courtes que les onglets des pétales; quatre pétales ouverts en croix , et souvent fléchis oblique- ment; sixétamlnes, dont deux moins longues, ayant des an- thères linéaires ou en fer de flèche ; un ovaire supérieur , sans style , et surmonte d'un stigmate à deux lames , plus conni- ventes au sommet qu'à leur base. Ce stigmate persiste dans le fruit , lequel est une silique cylindrique , quelquefois légè- rement comprimée , ayant deux valves, deux loges , et une cloison de la longueur des valves. Elle contient plusieurs se- mences nue» et sans rebord membraneux. Dans les giroflées > 004 J U Ju au contraire, les graiiica sont toujours entourées d'une mem- brane. L>es Juliennes sonl desîierbes à feuilles alternes et simples, et à racine annuclie , bisannuelle ou vivace. On en compte prt'S de cinquante espèces, parmi lesquelles on doit distin- guer, comme plantes utiles ou d'agrément, celles qui sui- vent , savoir : La JuLIE^'NE DES JARDINS , Hesperis matronalis , Linn, Elle est sauvage ou cultivée , et originaire des parties australes de l'Europe ,mi elle croît dans les prés et les lieux un peu cou- verts. Ses fleurs simples ou doubles, blanches ou purpurines, exh;.'X'^.à^ ^••;^k-:y -i>^ ^*i''