4 THE UNIVERSITY -# OF ILLINOIS | LIBRARY md s— > di c] À PER a 2 ed 75 Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Illinois Urbana-Champaign http:/www.archive.org/details/nouvellesdcouvOineed NOUVELLES DÉCOUVERTES FAITES AVEC LE MICROSCOPE Par T. NEEDHAM, Traduites de l'Anglois. Avec un M E M OIRE SUR LES | POLYPES à BOUQUET, Et fur ceux en Entonnoir. Par LEE A TREMBLE on “a Tiré des Transafions Phiofiphiques. L | A H'PCT D E, DE LImr. D'ELIE LUZAC, Fics. : MDCCXLVII. RU PS Ne" C4 % te : à À. lea) En l'A, o À à > su unes de VA À 3 07 ” # , N 24 a | CES DECOUVERTES > ” MICROSCOPIQUES F. Sont dédiées j- N 2 MONSIEUR * MARTIN FOLKES, Préfident de la Société Royale < de Londres. Æ Et à Fe # Tous Les AuTres MEMBRES DE. \ CETTE ILLUSTRE SociETE’ s Ÿ Par leur très bumble € K très obéïffant fer- 2 Vileur » TursErvizz NEEDHAM 212241 En . AVERTISSEMENT D U LENS RE ÉOL petit Livre con- NA C X4 tient des Décou- FAX #äX vertes fi intereflan- BREL tes, que j'efpère qu’il fera auffi bien reçu des François qu’il l’a été des _ Anglois, &cela fur-tout dans un tems, où les excellens Ouvrages de Mr, De Reaumur ont fi fort ES mis > AVERTISSEMENT. mis en crédit l’étude de PET naturelle. La manière fimple & Te dont Mr. Needham raporte les faits dont il a été témoin , ou propofe fes conjectures , doit nous engager à fouhaiter qu’il continue fes recherches. Ia fi bien com- mencé, qu’on a tout lieu d’efpe- rer encore de lui des chofes plus confiderables que celles-ci, qu’il vient de publier pour fon coup d’eflai, & dont quelques unes fe- roient cependant honneur aux plus grands Maîtres. La décou- verte de l'action des Vaifleaux hiteux du Calmar, de la Pous- lière qui féconde les Plantes, des Anguilles qui font dans le Blé gaté par la Nielle &c., nous eft un für garant qu'il a toutes les qua- AVERTISSEMENT. qualités qui caraCtérifent un Ob- fervateur attentif & judicieux. S'il y a quelque chofe à defirer dans fon Ouvrage, ceft un _ peu plus d’étendue en certaines occalions. Ce qu'il dit, par exemple, fur les Oeufs delaRaye, auroit befoin de quelque éclair- ciflement : ces Oeufs font d’u- ne figure fi extraordinaire, -qu’il n’auroit pas mal fait de lés dé- érire plus au long ; & cela au- roit été d'autant plus à propos, que tout ce que lés Naturaliftes en ont dit jusqu'a prefent eft as- fez imparfait. - J'ai pris La liberté d’infèrer des notes dans quelques endroits, pour éclaircir certains faits; afin qu'on ne les confondit pas avec celles de lAuteur, je les ai tou- "4 jours AVERTISSEMENT. jours terminé par ces Lettres R. d, T. Quant au Texte, jai rendu fidelement celui de POri- ginal; & par rapport aux Plan- ches , ai eu foin qu’elles fuffent exactement femblables à cellesde l'édition angloife ; à l'exception de quelques Lettres, que je leur ai ajoutées, pour faciliter les ren- vois, qui ne font pas aflez di- fincts dans Original. Je leur. ai joint auffi, dans la Planche VIL. les Figures de deux Bernacles, qui vérifient une con- jecture de Mr. Needham , favoir que ces Animaux fe multiplient par végétation, comme les Poly- pes d'Eau douce à bras en forme de Cornes. Ce fait étoit trop intéreffant, pour que je perdille l'occafion de l'établir folidement, A- AVERTISSEMENT. Après l'Ouvrage de Mr. Need. bam,, j'ai fait fuivre un Mémoire de Mr. Trembley, fur les Poly- pes à Bouquet, qui f trouve imprimé en Anglois dans les Transactions Philofophiques de PAnnée 1744. N°:474. pag. 169, Ce Mémoire aufli digne d'être lu parce qu'il eft un modéle de la méthode qu'il faut fuivre lors qu'on veut écrire fur l’Hiftoire naturelle ,; fans donner de {im- ples conjectures au lieu deréalités, que pour les nouvelles décou- vertes qu'il renferme, n'elt pas un médiocre ornement pour cet ouvrage. Il nous fait connoitre de nouveaux. Animaux, dont on n’a presque pas eu d'idée jus- qu'a prefent. Les uns font des Fleurs animées, fur lesquelles Mr. #5 Trem- AVERTISSEMENT. Trembley continue à faire des ob- fervations, qu’il communiquera j'efpère au Public, dans un Ou- vrage plus étendu, & qui nefera pas moins intereflant que celui qu'il a publié fur les Polypes à bras en forme de Cornes. Les autres font des Animaux qui ont la forme d’un Entonnoir, & dont la Multiplication s'éloigne , aufli bien que celle de ceux à Bouquet , de toutes les efpèces de générations dont les Naturali- fes ont parlé, & eft un Phèno- mène qui n'eft pas Moins Curieux qu’extraordinaire. Aux Figures qui accompag- nent ce Mémoire dansies Trans- actions, j'ai cru devoir ajouter la Figure 6. de la Planche VIT. Elle repréfentel Appareil que Mr. Trem. AVERTISSEMENT. Frembley emploie pour obfer- ver les InfeCtes dans l'Eau, j'en connois toute lutilité par ma propre expériences; & je ne fau- tois affez le recommander à ceux qui voudront faire de fmblables obfervations ; j'ofèé même dire qu'ils ne fauroient s’en palier. On auroit difficilement compris la defcription que jen aidonnée, fi jé ne lavois pas éclaircie par une Figure. Ceux qui ne feront pas à portée de faire conftruire Jes portes-loupes , qui font la principale pièce de cet Appareil, en trouveront ici à Leide, chez Mr. Jean van Mufichenbroek ; dès que cet habile Artilte en a connu l'utilité, il s’eft appliqué à en faire avec tout le foin poffible. Je ne dois pas oublier non plus qu’on AVERTISSEMENT. qu'on peut encore acheter chez lui des Microfcopes de nouvelle invention , faits à Londres par Mr. Cuff, & qui furpailent à tous égards ceux qui ont été en ufage jusqu’à prefent. On peut les rendre fimples ou compoiés ; fans aucun embaras ; tous leurs mouvemens s’opèrent avec beau- coup de facilité & de jultele, & cela fans qu’il foit néceflaire de mouvoir l’objet qu'on examine, & qui peut être indifferemment opaque, transparent, folide, où fluide. Je ne doute pas que fi ces Microfcopes font une fois gé- néralement connus, ils ne con tribuent à augmenter le nombre des découvertes microfcopiques, 2 caufe de la facilité avec laquel- le chacun pourra s’en fervir. : | PRE: PRÉFACE DAC'T EUR, XKSOZXK] nimporte pas au Use Lebleur de rooir S | GS que l'Auteur de cet | ZX Ouvrage étoit for£ PEOËX incommodé, dans le tems qu'il étoit occupé aux obfer- wations qui en font le Jujet: cette confideration pourroit cependant Lui Jervir d'excule pour les fautes dans lesquelles il eft tombé. Il ej£ fi convaincn de l'imperfeltion de {on travail, qu'il ne Je feroit ja- | mais PREFACE. snais déterminé à mettre.ce livre Jous la prefle, s'il n’avoit pas es- peré d'engager par la de plus ba- biles gens a corriger € finir ce qwiln'a gwébauché. La nou- veauté €ÿ la fingularité desfujers qw’il traite, font frinconteftables, qu'il na pas bejoin d'une autre apologie. pour Je jujtifier- de ce qu'il S’elt baté d’en faire part au Public; à la vérité il a encore été encouragé à cela par des per- fonnes de mérite € de favoir ; à qui il a eu l'honneur de faire voir quelques unes de es préparations ; mais fi cette dernière raifom a- «voit été Jeule, elle #'auroit pas été Juffifante pour lui. I] ne s'eft propolé ii que: de donner un fimple narré de faits; quand. il balarde quelques conjec- tures , C'ejl avec toutes les pré- cautions d'un Auteur qui propole Jes idées, fans déroger an “04 ( qu'i PREFACE : 8 doit avoir pour le fentimént ? ceux qui ont écrit avant lui. Si S'et trompé; il a cela de com- mun avec des Perfonnes qui, avec beaucoup plus de génie £ÿ d’'expé- rience que lui, ne peuvent pas Je fiatter d'étre exemptes d'erreur, Jur-tout fur des Jujets de la natu- re de ceux dont il eft parlé dans cet Ouvrage. Il recevra avec reconnoiflance les avis de ceux qui lui indiqueront des fautes, £> il ne manquera pas de les corriger dans une nouvelle Edition, fi cet Effai parvient à être r'éimprümé. Au cas que Jon travail ne foit pas délagréable à ceux qui ont du gout pour l'Hijtoire naturelle, ce fera la pour lui un motif qui l'engage- ra a continuer fes recherches ; £> s’il fait quelques découvertes in- tereffantes, 1l ne négligera rien pour les faire paroitre aux yeux du Public, d'une manière qui les : fa KE F AC E Jaÿle lire avec plaifir. S'il avoit eu le bonheur d'avoir: plutot des liaifons avec quelques Savans ; feurs confeils €ÿ leurs lumières l'auroient vraifemblablement ga- ranti d'une partie des fautes ; que fs Lelleurs pourront lui repro- cher. | I N- INTRODUCTION. CSSS uoique la Nature, dirigée par fon Créateur , foit ES Q 3 d’une fécondité qui s’é- Gras tend au de-la des bornes DE de nôtre Imagination, & qui fe manifefte continuellement par un développement fucceflif de Corps organifés, infinis dans leur variété aufli bien que dans leur nombre; ik règne cependant une telle uniformité dans toutes fes produétions, que non feulement l’Echelle des diverfes efpè- ces d'Etres vifibles eft compofée de gradations aifées & presqu’imperce- pübles; mais qu'encore l'harmonie, qu'il y a entre les divers Individus des Mondes, s'il m’eft permis de donner ce nom aux diférentes por- tions de la Matière qui font habitées, | À n'eft 5 INTRODUCTION. n’eft pas moins furprenante que celle es efpèces, fous lesquelles on ran- ge ces Individus. | Suivant cette Théorie , qui eft quelque chofe de plus qu’un Syftème fpécieux, ou qu’une fimple faillie de nôtre Imagination, puisqu'on en voit plufieurs preuves dans la Nature ; fuivant cette Théorie, dis-je, une goute d'Eau, d’une ligne de diamè- tre, peut être une Mer, non feulement parce qu'elle contient, comme l’ex- périence nous l’aprend tous les jours, des millions d’'Animaux , auxquels elle fournit la nourriture; mais aufli à caufe de la reflemblance que ces Animaux peuvent avoir aveC CeUx des diférentes efpèces , qui fe trou- vent dans ces parties de l'Univers, que nous apercevons à l'oeil nud. Si nous pouvions poufler nos dé- couvertes dans le Monde microfco- ique , au de-là des bornes que la ature a jugé à propos de nous pres- crire ici, ou fi feulement nous les avions portées aétuellement aufi loin qu’on pourra les porter dans la fuite, je me perfuade que la vérité de cette | Théo- INTRODUCTION. 3 Théorie feroit mife dans un beaucou plus grand jour , que celui où elle e mife à prefent par le petit nombre d’obfervations qui ont été faites: ob- fervations qui fuffifent cependant pour prouver qu'on ne doit pas la regarder comme une fuppofition dénuée de fondement. . Et même, quelqu’im- parfaites que foient nos connoiïflan- ces à cet égard, nous ne manquons pas de raifons pour démontrer, que les Habitans des diverfes portions de Ja Matière ont fouvent beaucoup de reflemblance les uns avec les au- tres, quoiqu'ils difèrent fort en gran- deur. Les extrémités du grand & du pe- tit, pouflées aufli loin que nôtre Ima- gination, aidée de l'expérience, peut les concevoir , font à une diftance immenfe l’une de l’autre ; cependant il n’y a aucune abfurdité à fuppoñfer que toute l'étendue de nos connoiffan- ces, mefurée depuis les plus grands objets que nous connoiflons, jus- qu'aux plus petits Animalcules, que nous découvrons par le Microfcope, . & dent un million n'égalent pas un de: A 2 grain # INTRODUCTIOM. grain de fable, ne paroitroit qu’un point, fion pouvoit la comparer avec l’efpace compris entre les bornes, par lesquelles la Nature eft véritablement renfermée ; c’eft ainfi qu’une four- millière, qui feroit habitée par des Fourmis, douées de raïfon, ne feroit regardée par fes Habitans, que com- me une partie infiniment petite du globe terreftre. Ainfi un Animal, que nous ne voions qu'a l’aide du Microfcope, peut ê- tre à l'égard d’une infinité d’autres, ui lui font inférieurs du coté de la Aérire & de la grandeur, ce qu’un E- léphant, une Autruche, ou une Ba- leine font dans les diverfes clafles des uadrupèdes, des Oifeaux, ou des Poiflons ; & cela peut 2ller fi loin, que par rapport à notre Imagination l'Echelle des Etres naturels n'eft pas moins infinie en defcendant qu’en montant: d’un coté elle s'étend jus- qu’à l’immenfité, & de l’autreelle di- minue en s’approchant de plus en plus du néant, fans cependant y at- teindre jamais. Quelques reflexions générales de | cet- INTRODUCTION. 5 cette nature, que j'ai faites après les découvertes des étonnantes propriétés des Polypes d'Eau douce, dont le Pu- blic eft redevable à Mr. Trembley, m'ont engagé à examiner fi l’on ne pourroit pas trouver dans la Mer des efpèces de Poiflons, qui, femblables à ces Polypes, fuflent en grand ce que ceux-ci font en mignature, ou nous ferviffent au moins à répandre plus de jour fur des Phénomènes qui écha- pent à nos obfervations, à caufe de la petitefle des objets qui nous les of- frent. FERME | .… La propriété fingulière, qu'ont ces Polypes de reproduire les parties de Jeur Corps qu'ils ont perdues, doit dépendre fans contredit, même dans ceux qui font les plus grands, d'un Mécanisme de Vaifleaux fi petits, que nous, ne risquons rien en la met- tant au nombre des chofes , que nous ne faurions expliquer. Mr. De Reay- mur, a foupçonné avec raifon que cette faculté n’étoit pas particulière à ces Animaux, & enfuite Mrs. Ger- rard de Villars, de Juffieu ,& autres, l'ont démontrée en grand dans quel- A 3 ques 6 INTRODUCTION. ques produétions marines , telles’ que les Orties & les Etoiles de Mer. Je puis même pour furcroit de preu- ves faire voir un rayon d'une de ces Etoiles, que je conferve dans u- ne liqueur fpiritueufe, & qui, quand il y a été mis, étoit occupé à reparer une perte qu'il avoit faite. On voit l'extrémité qui repoufle, & qu'il eft aifé de diftinguer, parce que fon dia- mètre n’eft pas encore égal à celui du refte du rayon. Il y a quelque- tems que, pour fatisfaire la curiofité de diverfes perfonnes, j’envoiai en Angleterre cette Etoile de Mér, avec quelques autres préparations de cette efpèce, dont il fera parlé dans le Corps de cet Ouvrage, J'ai enfuite . eu l’honnenr de prefenter le tout à YIlluftre Préfident, & à plufieurs au- tres dignes Membres de la Société Roiïale. Ces Meflieurs aiant exami- né avec attention ce que je leur ai fait voir, & particulièrement les Vaiffeaux, qui contiennent la Laite du Calmar, ont eu la bonté de m’en- courager à publier cet Effai. . La manière extraordinaire dont | ces INTRODUCTION. 7 ces Polypes fe multiplient, & qui femble être une véritable Végétation; en quoi je fuis convaincu qu'ils diffé- rent des Etoiles de Mer, puisque la difleétion m'a fait voir des Laites dans les Males , & des Oeufs dans les Femelles de celles-ci; cette manié- re, dis-je, dont ils fe multiplient, eft une propriété de même nature, & auffi furprenante que celle qu'ils ont de reparer les pertes quils ont faites. Il pourra arriver que dans la fuite on en trouvera des exemples dans d'au- tres Animaux ; mais jusqu'a prefent on n’en a découvert aucun; fi ce n’eft peut-être dans les Bernacles (a); pe- mr tits - (a) Le Bernacle eft proprement un Oifeau marin, qui a quelque reffemblance avec le ” Canard: maïs on a donné le même nom aux Produétions marines, dont il s’agit ici, parce qu'on s’eft imaginé que cet Oifeau leur devoit la naiffance; peut-être parce qu’il pond fes oeufs dans leur Coquille, après avoir mangé le Poïffon qui y eft. Quoiqu’il en foit, cette opi- nion a engagé les Naturaliftes à appeller ces Poillons Conques anatifères ; nom générique, fous lequel on comprend aufi les Glands de Mer , & les Pouffe-piés : c’eft pourquoi je lui ai préféré celui que notre Auteur leur donne en À 4 An- 8 INTRODUCTION. # JLAN- tits Animaux tubiformes , * qu’on E VI Fig. 1. trouve adhérens par groupes aux Ro- chers, & au fond des Vaifleaux, où ls multiplient prodigieufement. Leur propagation, autant que j'en puis juger par un petit nombre, que ke hafard m'a fait voir morts fur les côtes de la Mer, femble avoir quel- que analogie avec celle du Polype d'Eau douce. J'en ai trouvé fix ou fept en groupe , intimément joints enfemble par leur extrémité, & qui reffembloient, non à des petits, qui fortoient du Corps de leur Mère, comme des branches, qui pouflent d'un même tronc, mais à des rejettons qui fortent d’une même racine (b). Cependant je ne puis rien déterminer avec Anglois, & qui leur eft donné auffi par les habitans des côtes de Provence & de Bre- tagne. R. d. T. . (b) Le hazard m'a été à cet égard plus fa- vorable qu’à Mr. Needham. Il m'a fait tom- ber entre les mains quelques groupes de ces Animaux, confervés dans de l’Efprit de Vin, parmi lesquels il y en a plufieurs joints par l'extrémité de leur tube, & quelques autres, qui pouflent des rejettons par HAT en- roits INTRODUCTION. 4 avec certitude la-deflus , jusuà ce que j'aie eu,plufieurs occafions d'exa- miner ces Animaux en vie; à la vé- rité j'en ai vu fouvent de vivans, mais c’étoit durant les chaleurs de l’Eté, & lorsqu'ils avoient acquis toute leur grandeur ; aufi les ai-je toujours trou- vé éloignés dé deux ou trois pouces les uns des autres. | . Leur Corps, ou pour parler plus exattement , l’Etui dans lequel ils font ren- droîts de leur Corps; enforte que je ne dou- te point, qu’ils ne fe multiplient par Végeta- tion; & que l’Analogie, que nôtre Auteur foupçonne, ayéc autant de prudence que de pénétration, entre eux & les Polypes d'Eau douce, B’ait réellement liey. Comme ce fait eft aufi curieux qu’intéreffant, j'ai cru faire plaifir au Leéteur en le lui mettant fous les yeux par les Figures 1. & 2. de la Planche w11. Dans la Fig. 1. abc eft un Bernacle, £hargé de deux autres qui fortent de fon Corps en b, & qui font joints par leur partie bd... :La Fig. 2, repréfente un autre Bernacle ab, qui pouffé en b, par l'ouverture de fa Coquille, un petit c. Au refte il faut remar- quer,que ces Bernacles font ici repréfentés ans la fituation qu’ils ont, lorsqu’ils font fi- xés contre le fond d’un. Vaiffeau , ‘car lors- qu'ils font adhérens à un roc, leur Coquille eft ep baut, E, d, Nr | A°5 £ INTRODUCTION. renfermes, (c) eft un Cylindre, qui, fèché par le Soleil ; comme ceux que j'ai trouvé, ha que deux pouces de fie (d); il eft fort compaéte, noir & rude comme du chagrin ; une de fes extrémités eft garnie d’une Coquille, bivalve en apparénce, mais compo: fée réellement de Cinq parties difé- rentes, qui femblent être fufceptibles d’une extenfion & d’une contraétion confidérable, lorsque l’Animal eft en vie. La Tête de ce Poiflon eft armée de diverfes petites Cornes, ou Bras, dont la longueur diminue par dé- grés, & qui, vus. au Mifcrofcope, paroïflent joliment frangés. Ces Bras ne font pas rangés circulairement au- tour de la Bouche, mais ils partent tous des environs d’un même point: | ra d np | 27 > ,b oré ) Cet Étui éft vuide, & le Poïffon eft tenfermé tout entier dans fa Coquille. C'eft ce que notre Aûtebr a reconnu lui-même, comme il.en aveïtit dans la fuite , au Chap. LR D ni. OT fie UE . (4) Jef ai vu qui, confervés dans MS de Vin, avoiént plus de fix pouces dé 10n- gueur. R. d, T. . M: tif . INTRODUCTION: r*f lorsqu'ils fe contraétent, ils forment des courbes irrégulières, enfermées les unes dans les autres. Ea Tête, chargée de cet appareil, peut fortir, ou rentrer à volonté dans la cavité de fa Coquille ; dont chaque batant eft compofé de deux pièces * jointesx rLaw- enfemble par une fine peau , qui s'in- CE finue dans chaque divifion , & qui «5 eft mobile fur une autre pièce, * qui* rLAN- eft entre les deux batans, & qui leur 5 "à: fert de charnière (e). La première fois que j'eus occafion d'examiner cette Produétion marine, je n’avois qu’une idée imparfaite des Polypes à panache de Mr. Trem- bley; aufli ne fis-je que foupçonner que celle-la pouvoit être en grand ce que ceux-ci font en petit Mais aïant eu enfuite le bonheur de m’en- tretenir ayec Mr. Trembley, & d’é- à tre (e) La Fig. 1. de la PI. vit. fera mieux comprendre cette defcription : e ett la char- nière; f & g font les deux pièces, qui forment chacun des batans de la Coquille ; b eft la divifion qui eftentr’elles , & dans laquelle s’in- finue la membrane qui les tapifle intérieure- ment. R. d.T, ii Dot | | À 6 x3 INTRODUCTION. tre témoin oculaire de fes découver- tes à cet égard, en même tems que j'eus l’honneur de lui faire voir les Vaiffeaux qui contiennent la Laite du Calmar, je me fuis convaincu qu’il y a ici quelque chofe de. plus qu'une Analogie aflez éloignée. Mr. Trem- bley dit que ce panache eft compofé de cinquante ou foixante petites Cor- nes ou Bras: & que, quand l’Animal eft tranquile, ces Bras fortent d'un fourreau, ou d’une cellule, & qu’en fe recourbant fubitement , ils occa- fionnent dans l'eau une forte de tour- nant, qui entraine dans la bouche du Polype la proie dont il fe nourrit. Mr. Baker, (f) que j'aurai occa- fion de citer encore dans la fuite, en parlant de cette efpèce de Polypes, Æ - = s'ex- (f) Voiez fon Hiftoire naturelle du Poly- pe, & remarquez en même tems qu'il s’eft trompé, quand il a cru que Animal décrit par Leeuwenhoek étoit un Polype à pana- che; c’eft unInfeéte diférent, trés bien connu de-Mr. Trembley, qui lui donne le nom de Polype Teigne; les deux roues, dont parle Leeuwenhoek, n’ont rien de commun avec Je panache du Polype. R. d. T. INTRODUCTION. 12 s'éxprime de la manière fuivante ,, la » defCription qu'on en donne, m'in- » duit à croire, que c’eft le même » Animal dont Mr, Leeuwenhoek a » parlé, & qu’il a dit vivre dans un » fourreau ou cellule, qu'il attache ; aux racines de quelques plantes a- » quatiques. : 1] a fur fa tête deux » €fpèces de roues , ornées d’un grand > nombre de dents ou entamures ; » & ces roues tournent en rond, » Coinme fi elles étoient fur des axes. » 11 remarque aufli, qu'au moindre “ attouchement. l’Animal renferme » dans fon Corps tout cet appareil, » & fe retire luimême dans fon four- » reau”. En éfer, quoique les Ani- maux , que décrit Mr. Leeuwenhoek, foient beaucoup plus petits que ceux qui ont été découverts par Mr. Trem- bley, ils ne femblent guères en difé- rér qu'en grandeur, comme une efpè- ce peut diférer d'une autre. La petite variété , qui refulte du nombre & de arrangement de leurs Bras, qui fem- blent être des roues,.ne fait pas ici une diférence eflentielle. : . .*. . À 7 Ces 14 INTRODUCTION. Ces Roues apparentes peuvent n’ê-: treen éfet qu’un appareil de Cornes. ou de Bras, femblables aux pana-. ches des Polypes, & analogues aux. Cornes, qui ornent la Tête du Berna-. cle, & qu’il fait auffi fortir de fa Co-. quille; pour former dans l’eau une. efpèce de tournant. : Si cela paroït auffi probable aux autres qu'a moi, nous pourrons nous en fervir à éclair cir plufeurs difficultés, qui femblent découler de ces Phénomènes micros- copiques , au cas que nous fuppoñfions, avec quelques Auteurs, qu'il y a réel- lement ici une rotation, qui fe fait par le mécanisme d’une pièce 'déta- chée, qui tourne fur un axe ; & qu’ainfi ce n'eft pas une fimple apparence de mouvement, caufée par le jeu & l'aétion du groupe-de Bras. - : On a un autre exemple ‘d’un .Ani- mal, qui eft en grand cé que quel- ques Animaux microfcopiques font en mignature, dans une efpèce de petit Poiflon à Coquille, un peu plus grand qu'un grain de gros fable. ’ | 3 . ., J'en af vu dans de l'eau de pluie, qui F | ’# ra INTRODUCTION. 1:15 avoit croupi en quelques endroits bas du rivage de la Mer prés de Lis- bonne. J'en ai obfervé aufli dans de l’eau de fontaine a une grande diftan- ce de la Mer. Ce Poiflon, vu au Microfcope , paroit être renferiné dans une Coquil- le bivalve, tranfparente, & d'u- ne figure femblable à celle d’un Moule. Il a'aufff un appareil de Cor- nes ou de Bras, qu'il peut avancer ou retirer, quand 1l le trouve à pro- pos. I s’en fert pour former dans Jéau un tournant qui lui amène fa proie, ou pour changer de place, en avançant tantôt en ligne droite, & tantôt circulairement ; &'alors il don: ne à fa Coquille une ouverture d'en- viron trente dégrés. ‘On trouve aflez communement dans l'eau, corrompue un petit Ani- malèule ovale ; qui m'a fait voir fou- vent des Phénome ênes parfaitement 2° falogues à ceux que j'ai iobfervés dans ce Poiffon. J'ai tou heu dé croire qu'il n’en difère qu'en grandeur. Car quoi- que je'ne pulfe pas afurer pofitive- meD£ 16 INTRODUCTION. ment que j'aie vu la Coquillebivalve,. où je le crois renfermé, & qui eft trop petite, & trop tranfparente pour étre vue diftinétement ; j j'ai cependant re- marqué que, comme ce, Boiflon, il avançoit & retiroit fouvent fes peti- tes Cornes , ,&, que fa figure étoit. tout-a-fait la même. Ainfi je me perfuade que ceux , qui voudront fe donner la peine d'obferver ces Ani- maux avec attention, penferont com- me moi à cet égard, On me pardonnera, j'efpère, cet- te petite digreflion, dans laquelle je n'ai pour but que d'engager les. Cu- rieux, qui croiront que la chofe en vaut la peine, à examiner les Objets L dont j'ai parlé, avec plus deprécifion que je ne _pretendT' avoir fait; fachant bien que je n’ai pas toute l'expérience néceflaire, dans. des. obfervations de cette nature. Je reviens à mOn, PE mier fujet.: ., RE fes fon Hifare na- RAA FA du. Polype, où nous trouvons un grand nombre d'Expériences, Va- tiées d' une façon : ués propre à fa- * Us INTRODUCTION. :7 üsfaire nôtre curiofité ; Mr. Baker, dis-je, remarque, ,, que la forme or- »» dinaire du Bras d'un Polype, quand » ileft parfaitement tranquile, à » paroit a fon aïfe, refflemble fort à un rayon d'une Etoile ‘de ;, Mer, qu’en examinant ce dernier 3; nous pouvons former des conjeétu- tes vraifemblables fur plufieurs par- » ticularités qui regardent le pre- » mMier, que nous ne faurions diftin- 5» guer ‘parfaitement à caufe de fa si petiteñe ”. Enfuite il confirme ce qu'il a avancé, en entrant dans le dé- tail Suivant “Jui la conformation de ces Bras, vus au Microfcope, & ce qui arrive à un Ver, qui fe colle con- tre leur extrémité, dès qu'il la tou- che, donnent lieu de croire qu'il y a dans toute leur longueur des rangées de petits tuiaux mobiles, & propres à fuccer, comme on en voit aux rayons de l'Etoile de Mer, & qu'ils fervent au Polype à attraper & à re- tenir fa proie, avant même que fes Bras fe foient pliés pour l’envelop- per, & pour s'en emparer, de ma- | niê- 18 INTRODUCTION. nière qu’elle ne puifle pas échaper. Cette reflembiance de conforma- tion eft fi exaéte, & la comparaïfon que fait Mr. Baker eft fi jufte, que je ne crois pas qu’il y ait rien à ajou- ter pour plus grande confirmation, qu’un exemple de même nature, ti- ré du Calmar , de la Sèche, & du Po- lype de Mer; trois efpèces de Pois- fons, qui ont un réfervoir plein d’en- cre, ou d’une liqueur noire; & qui reflemblent même plus au Polype d'Eau douce, que l'Etoile de Mer, comme il eft aifé de s’en convaincre en les obfervant attentivement. En examinant avec toute l'exaéti- tude dént je fuis capable, la ftruétu- re & le mécanisme des tuiaux pro- pres à fuccer , qui font très remar- quables dans ces Produétions mari- nes; & en les obfervant dans le mê- me but, que Mr. Baker a eu en vue dans la defcription qu’il nous donne des rayons des Etoiles de Mer, je fuis parvenu infenfiblement à découvrir dans le Calmar d’autres particularités beaucoup plus attrayantes; j'ai de des- ner INTRODUCTION. xr9 finer ce que j'ai vu, aufli exattement qu'il a été poflible de le faire fous la direction d’un homme, qui a aufii peu d'expérience en cela que j'en ai; & enfin je me: fuis déterminé à publier mes obfervations. Je laiflerai à mes Leéteurs le foin d’en faire l’applica- tion au Polype d'Eau douce, là où ils le jugeront convenable. Car à cet égard, je ne préviendrai point leur jugement; je me-Contenterai de dé- crire fitlèreale cette Produétion marine : elle eft très commune, & cependant.les Auteurs quien Ont par- lé, ne me paroïflent pas Favoir dé- crite avec toute l'exactitude néces- faire. NS A' ce que je dis’ du Calmar, j'ai joint quelques autres Découvertes mi- crofcopiques , que j'ai faites autres fois. Je les crois entièrement nou- velles, & je me flatte qu'a caufe de cela elles feront du gout du Public. Leur nouveauté & leur fingularité feront peut-être qu'on me pardonne- ra mon ftile, de l’inexattitude duquel je fuis fi fort convaincu , que tout EU Pa ue 0 INTRODUCTION. ce que jofe alléguer en ma faveur fur cet article, fe reduit à dire que c'eft ici le premier Effai d’un jeune Au- teur, qui par cette raifon efpère quelqu’indulgence de la part de ceux qui Lront fon Ouvrage. NOU- ZI NOUVELLES DÉCOUVERTES Faites avec le Microfcope. CHAPITRE ÎI Du Colmar, & de fes Dimenfrons. 4 Calmar * ne difère qu'en peu* PLAN- de chofes de la Sèche & du Po- Fig à lype de Mer, & il eft auffi bien qu'eux dé l’efpèce de ces Poiflons, qui ont un réfervoir plein d'une li- queur noire comme de l'encre. Au lieu de cette partie blanche, friable, & opaque, qui couvre le Corps de la Sèche, & qui eft connue vulgaire- ment fous le nom d'Os de Sèche, le Calmar a une fubftance élaftique, f- ne, tranfparente, & qui reffemble à du Talc: lorsqu'elle eft étendue, elle a la forme d'un ovale long, mais dans fa fituation naturelle elle eft pliée fui- vant la longueur de fon grand se 22 DuCalmar & defes Dimenfions. & elle eft placée immédiatement en- tre la partie intérieure du dos, ou de l’étui de l'animal, & entre fes inte- ftins, qu’elle enferme & garantit dans la cavité qu’elle forme. Le Corps même du Calmar eft auffi d’une figu- re oblongue; & la ftruéture de cet- te curieufe partie, qui forme fa jan- gue & fon gofier, paroit être toute autre que dans la Sèche, fi on l'exa- mine avec le Microfcope, Je n'ai jamais vw de Polype de Mer. Mais autant que j'en puis ju- ger par les meilleures defcriptions que nous en avons, ce qui le diftingue principalement du Calmar, & de la Sèche, eft un Corps long, fait en tuiau, qu'il porte fur le dos, & qui lui fert de gouvernail quand 1l nage; car les Naturaliftes ont obfervé qu'il le fait pancher tantôt à droite , & tantôt à gauche, fuivant les endroits où.il veut aller, Quant au refte ces Poiflons fe reflemblent fi fort, que je crois pouvoir borner mes obferva- tions au Calmar; perfuadé que tout ce qu’il renferme de curieux & de digne de notre attention, fe Heure # au DuCalmar ES de fes Dimenfions. 23 aufli dans ces deux autres efpèces, quoi qu'avec quelque légère diféren- ce. Le Calmar a dix Cornes ou Bras, rangés à égale diftance les uns des autres autour d'une forte Lévre *, cir-* PL. L culaire & ridée ; qui enferme fon ‘#"* - Bec, & qui reflemble à celle dans 1a- quelle une Tortue de terre fait en- trer fa tête, lorsqu'elle la retire fous fon écaille. Le Bec * de ce Poiffon* PL- mx eft d’une fubftance, qui-approche de ‘* * celle de la corne. Les deux parties, dont il eft compofé, font crochues, & emboitées l’une dans l’autre. Cette Lèvre ridée, qui fe ferre autour d’el- les, comme une bourfe, lesempèche de fe disloquer, & n'en laïfle paroi- tre qu'une très petite portion. Le jeu de ces deux parties fe fait de droit a gauche; & l’ouverture, qu’el- les laiffent entr'elles, eft perpendicu- laire, & non parallèle, commeil feroit naturel de le croire, au plan qui pañle par fes deux yeux. Ces yeux font pla- cés aux deux cotés de la Tête à une petite diftance l’un de l’autre, au.des- fous de la racine des Bras de l’Animal. Ces D'PL. + Fig.1.b.b, Cecc, 24 DuCalsmar € de es Dimenfions. Ces Bras ne font pas tous de la la même longueur. Il y en a deux * qui font égaux à tout le Poiflon, tandis que les autres huit * n'ont qu'un peu plus du quart de fa lon- gueur. Ces derniers vont en dimi- nuant depuis leur racine jusqu’à leur extrémité, où ils feterminent en poin- te: leur coté intérieur, celui qui re- garde la Bouche, eft un peu con- vexe , & garni de diverfes rangées de petits fucçoirs mobiles ; mais leur coté extérieur eft terminé par deux plans, qui forment un angle en fe réu- niflant; de forte que la coupe trans- verfale de ces Bras fait voir un trian- gle, dont la bafe eft curviligne. Les deux longs Bras font parfaitement cylindriques, depuis leur origine jus- qu'aux cinq fixièmes de leur lon- gueur; là ils prennent la forme des petits Bras, @& comme eux ils font garnis de fucçoirs, mais dont la plu- part font plus grands. Ces Bras font compofés d’une ma- tière qui reflemble aflez à celle qui forme les Tendons, dans les Ani- maux terreftres. Ils font fi élaftiques, | que Du Calmar E3 de fes Dimenfions. 25 que quand on les coupe transverf4- lement , les extrémités de la partie coupée s’arrondiflent d’abord d'elles mêmes, & deviennent convexes, fans qu'il en puifle découler aucune hu- meur. La même chofe arrive fi l’on coupe une partie de l’Etui cartilagi- neux, qui forme les trois quarts dela longueur du Corps du Poiïflon, & qui femble être fait d’une fubftance de la même nature que celle des Bras. On comprendra mieux cette defcription, & celles que je donnerai dans la fuite, fi l'on a foin de les comparer avec les figures, que j'ai ajoutées à la fin de ce livre, & auxquelles je renvoie le Leéteur dans tout le cours de cet Ouvrage. RRRAFRARENERAEREN | CHAPITRE IL Du Nombre, de la Figure, & du Mé- canisme des Sucçoirs des Bras du Calmar. dus, is reflemblent affez au Ca- EEE Qu ces Sucçoirs * font éten- + PLAN - 4 Iy- # PL. L Fig. 3, Fig. 2. 26 _. Des Sacçoirs des Bras lyce d’un Gland. Leur mécanisme leur aétion dépendent en partie de leur figure, & en partie d’un anneau cartilagmeux : Cet anneau * eft ar- mé de petits crochets, &affermi dans une fine membrane ; un peu trans- parente, qui l'environne jusqu’à la moitié de fa hauteur: on ne peut le tirer qu'avec quelque éfort. | Chaque Sucçoir eft adhérent au Bras de l’Animal par un pédicule tendineux *, qui conjointement avec cette membrane s'élève & remplit la cavité du Sucçoir, lorsqu'il fecon- traéte pour agir. Tout ce qu'il tou- che alors eft arrêté par les petits cro- chets de l'anneau ; & enfuite pour retenir plus fortement fa proie ; il retire fon pédicule, avec la partie inférieure de la membrane dont je viens de parler. Par là il produit une efpèce de fuétion affez femblable à ce qui arrive, quand on applique-un cuir mouillé fur une petite pierre ; en retirant le cuiron enlève la pierre. On comprend aïfément, que l’ap- plication de plus de mille Sucgçoirs femblables, que l'Animal fait agir.en mê- du Calmar. 27 même tems , en approchant & en entrelaçant fes petits Bras les uns dans les autres, comme j'ai vu qu'il le faifoit , pour bien environner ce qu'il veutfaifir ; on comprend, dis-je, qu’une telle application doit l’empor- ter fur les éforts, que fait fa proie pour lui,échaper. J'aiquelques fois compté plus de cent Sucçoirs à un de fes pe- tits Bras, & plus de cent vingt à l’ex- trémité de fes longs Bras. Mais il eft impoffble d'en déterminer exaéte- ment le nombre, fur-tout dans les huit petits Bras, où de la grandeur de +; de pouce, ils vont endimi- nuant jusqu'a une petitefle incroïa- ble, en s'approchant de l'extrémité du Bras; & là il n’y a plus moïen de les compter. | | Les plus grands de ces Sucçoirs fe trouvent fur les longs'Btas: dans les Calmars de feize pouces, ils ont.en- viron trois dixièmes de pouce en dia- mètre, G à-peu près autant en pro- fondeur , lorsque leur cavité eft au- tant élargie que là Membrane, dont elle eff tapiflée , peut le permettre. . … En-examinant cette-cavité à l'oeil | | B 2 nud, 28 DesSucçoirs des Bras du Calmar. nud, elle femble être ouverte dans l'endroit qui répond au pédicule ten- dineux, qui eft au-deflous, Cela m’a fait dabord foupçonner, qu’elle avoit SE Si communication avec le Corps u Bras, & que cette communica- tion pouvoit s'ouvrir & fe fermer, fuivant le befoin, par le moïen d’u- ne valvule: mais je fuis bien-tôt revenu de cette idée; car aïant fépa- ré ce pédicule, j'aitaché a diverfes re- prifes de faire pafler de Air par cet- te prétendue ouverture; mais, quel- que éfort que j'aie fait, jen’ai pas pu en venir à bout: ainfi il n’y a réelle- ment aucune apparence quil fe trou- ve ici une telle communication. . GOSESGESZESCEZOSD CHAPITRE IIL De la Langue € du Gofier du Calmar. à u dedans de la cavité du Bec que jai décrit ci-devant, il y * pLan- à une Membrane *, garnie de neuf CHE Il. rangées de Dents , qui fert au Cal- Fig. z, ar à hacher les alimens, dont il fe QOUr- De la Langue & du Gofier du Calm. 29 nourrit. Cette Membrane en s’élar- giflant par en-haut, & en fe contour- nant par en-bas , forme une Langue & un Gofier. Lorsqu'elle eift tou- te étendue fuivant fa largeur & fa longueur , elle a presque la figure d'un rettangle. Dans le Corps de Animal, fa partie la plus large eft recourbée & inclinée, de façon qu'elle fait un Angle de 45 dégrés, dont les cotés font joints enfemble par un mince ligament ; c’eit la la partie, qui tient lieu de Langue ; celle qui eft contournée au -deflous forme par le fimple contaét de fes cotés, un Gofier qui va en s’étréciflant. Lors- qu’elle eft ainfi pliée, elle reffemble aflez à un champignon *. rt Pour examiner cet objet au Mi-Fie. #7 crofcope, 1l faut l’étendre fur un ver- re objectif concave ; & comme il eft fort petit , le meilleur moïen d’en venir à bout eft d'infinuer une fine aiguille dans la cavité, qui forme le Gofier, pour rompre le petit liga- ment, dont je viens de parler: on peut féparer ainfi les deux cotés qu’il tient unis, & les dispofer aufli com- BE 3 mo- * PLAN- CHE lIIl. Fig. 1. + PLAN- CHE lil. Fig. 4. 30 De la Langue ES du Gofier modement qu'on veut , fans lés en- dommager. Quand cette Membrane eft ainfi developpée, 1l faut la laver doucement à diverfes reprifes dans deux ou trois goutes d'Eau , qu’on au- ra mifes dansja cavité du verre ob- jeétif, & fe fervir de la pointe de l'aiguille, qu'on promènera d’une ex- trémité à l’autre, en fuivant la direc- tion des Dents, pour en féparer tous les petits morceaux de chair qu'il peut y avoir entre deux. Cette opé- ration doit être continuée jusqu’à ce que la Membrane paroifle claire & transparente à l'oeil nud. Cela fait, le verre, n°. 5, d'un double Mi- crofcope à reflexion, fuflra pour en decouvrir la beauté, & la fymé- trie. Je vai la décrire aufli exaétement qu'il me fera poflible ; mais pour mieux comprendre ma penñfée, que je ne pourrai exprimer qu’imparfaite- ment, je prie le Leëéteur de conful- ter la figure * que j'en ai donnée à la fin de ce Livre, G de la compa- rer avec celle f que j'ai ajoutée de cette même partie tirée de la 7e da Caimar. SI & qui vue au Microfcope, difère con. fideérablement de la pécédente par la figure & l'ordre de fes Dents. Neuf rangées de Dents, occupent d'un côté toute l'étendue de cette fi- né Membrane. Quoique dans les plus grands Calmars elle n'ait qu’un demi pouce en longueur, & un dixié- me de pouce en largeur *; elle eft* PLAN- >* CHE Ji. cependant aufli grande qu'il le faut: pour contenir fans confufion 504 Dents, chaque rangée étant compo- fée de 56 Dents. En comparant ces Dents avec un cheveu, long d'un dixième de pouce , que j'avais placé entre deux rangées, les plus longues vues au Microfcope ne m'ont pa- ru avoir qu'un dixième , & les plus courtes qu'un trentième de pouce. Leur Diamètre moïen étoit à peu près égal à celui du cheveu. Elles fontrangées de façon qu’elles correfpondent exaétement les unes aux autres. (Celles des rangées cor- refpondantes font précifément de la même figure, afin que quand elles fe rencontrent, elles puiffent s’ajufter enfemble. Les Dents des deux ran- B 4 gées 32 De la Langue & du Gofier gées extérieures font émouflées, & reflemblent affez à des Dents mache- lières ; celles qui les fuivent font plus longues, coniques, & terminées en une pointe fine ; leur figure approche de celle des défenfes d’un Sanglier. Celles des deux rangs, qui viennent en- fuite, font des efpèces de griffes coudées, qui ont aflez l'air de petites faux. Les deux rangées fuivantes font compofées de Dents, terminées par trois pointes, dont celles qui font aux extrémités font inégales entr’el- les & fort courtes, & celle du milieu eft la plus longue. Enfin les Dents de la rangée du milieu, refflemblent aflez à celles des deux rangées voifi- nes; la feule chofe en quoi elles en difèrent, c’eft que les pointes de leurs extrémités font de même hauteur , tan- dis que la pointe du milieu, comme dans les précédentes, les furpañle lu- ne & l’autre, & fait que la Dent a la forme de certains Bateaux , qui rerminent en bec aux deux extrémi- tés, & qui ont un petit mât au mi- lieu. | Les Dents qui revêuiffent la Mem-. bra- da Calmar: 33 brane, qui forme la Langue & le Gofer de la Sèche *, ne diférent de” Er celles du Calmar, qu’en ce que celles Fig. de des trois rangées du milieu reflem- blent à des cones creux, dont les fommets font fitués vers la bafe de ceux qui les fuivent immédiatement. Cet Animal n'a que fept rangées de 44 Dents chacune (a) ; par confé- quent il n'a que 308 Dents, & en- core font elles plus petites que dans le Calmar ; l'étendue de la Mem- brane. à laquelle elles font adhéren- tes , @fE aufli plus petite , puisque fa longueur n'eft que detrois dixièmes de pouce, & fa largeur d'un cin- quièémede fa longueur, La figure, que jen- (a) Il y a une affez grande diférence, en- tre ce que dit ici nôtre Auteur, & ce que rapporte Swammerdam , qui nous a donné une exaéte defcription de la Sèche, à la fin ‘ de fon Hiftoire des Infeétes, intitulée Bible Nature. Ce dernier prétend avoir compté fur cacun des fept offelets cartilagincux , qui forment fuivant lui la Langue de la-Se- che, plus de 60 Dents; ainfi le total en mon- teroit à plus de 426, Il eft aifé de fe trom- per fur le nombre d'objets auf petits; & de quelque coté que foit l'erreur, elle eft de pes de conféquence, R, d.T, à g. # PLAN- CHE F: 34 Dela Lange €? du Gofier jenai donnée , n’en repréfente qu’une petite portion, maïs qui fuffit pour é- claircir la defcription précédente, & pour faire comprendre la diférence vil y a à cet égard entre le Calmar Ja Sèche. Il faut remarquer ici une chofe, qui eft fur-tout fenfible dans le Cal- mar, c’eft que ces rangées de Dents font tellementinclinées vers ceiles du milieu, fuivant qu'elles en font plus ou moins éloignées , que les Dents étant prolongées felon leur direc- ton, elles fe rencontreroïient à peu près au centre du pañlage, où le Go- fier s'ouvre & s’iInfère dans un con- duit long & étroit, qui tient lieu d’é- fophage , & qui aboutit au ventri- cule de Animal ; Ainfi lorsque les alimens descendent, ils ne font point arrêtés dans les intervalles des Dents; au contraire, pendant qu'ils font ma- chés , ils reçoivent continuellement une direétion, qui les degage infen- fiblement, & les détermine vers l’ou- verture, par laquelle ils doivent pañler. Dans la Figure * on ne voit que HT vingt-quatre Dents dans chaque ran- 2° D 2 EE du Calmar. 35 gée, au lieu que dans l’Animal, il y en'a réellement cinquante fix, com- me je l'ai remarqué ci-devant. Je me fuis borné à ce nombre, parce qu’il fuffit pour donner une jufte idée de ce dont il eft queftion ; & d’ailleurs une perfonne de ma connoiïffance , qui defline fort bien , aïant vu cet objet, fans le fecours du Microfcope, m'a afluré qu'il étoit impoffible de repréfenter exa€tement toutes les cin- quante fix Dents, de chaque rangée, avec les proportions qu’elles fuivent dans leur diminution. Elles vont en décroiffant d'une manière impercep- tible dans les Dents voifines , mais qui eft très remarquable, fi lon compare enfemble des Dents éloi- gnées. Les plus grandes font celles qui fe trouvent dans la cavité, qui fert de Gofier. J'ai remarqué, il n’y a qu’un mo- ment , que ce Gofier s’infère dans un conduit étroit , qui s’ouvre dans feftomac de l'Animal. Or près de cette infertion, j'ai trouvé une fois gene alimens tout machés, pen- t'que ce qui étoit dans leftomac B 6 n’é- 36 De la Langue € du Gofier du Calm. n’étoit qu'a moitié digéré. Cette circonftance, jointe à la ftruétu- re de la Langue & du Gofier, me porte à croire, que dans ce Poiflon il fe fait quelque chofe d’analogue à l’ac- tion de quelques Animaux terrefttes, qui ruminent. Mais ce n’eft là qu'un fimple foupçon , fur lequel on ne peut pas faire grand fond, jusqu’à ce qu’il foit confirmé par un plus grand nombre d'obfervations. CHAPITRE IV. Du Corps & des Inteflins du Calmar. Le Corps de ce Poiflon eft un Etui * PL, IL cartilagineux * , garni de deux pr, INageoires *. Au dedans de cet Etui Mipa dd font renfermés les In teftins, adhérents K.K, à fa partie fupérieure, & placés en- tre une fine membrane, qui leur tient lieu de Méfentère, & ce cartilage mince, roide, & transparent , qui res- femble à du talc, & que j'ai décrit dans le premier Chapitre. La figure + PL. 11]. que je donne de cet Animal, vu par Du Corps ES des Intefiins du Calm. 37 par deflous, avec fon Etui ouvert, & étendu pour laiffer paroitrece qu’il renferme ; fera peut-être mieux com- prendre ce que je veux dire, que les expreflions dont je me fervirai. Le Bec de cet Animal, * tiré hors* PL. 112 de cette Lèvre ridée, dans laquelle “* * - ileftrenfermé, paroit avoir une f- gure ovale. * Immédiatement au-des- fous eft un conduit ou canal *, qui* PL. 118, a la forme d’un Entonnoir, ouvert à fes deux extrémités pour donner iflue à une liqueur noire, (a) dont le Cal- mar fe fert pour troubler l'Eau; & cela je crois dans la vue d'empêcher fa proie de lui échaper, & non pour fe dérober à la pourfuite de fes Enne- mis, comme on l’a cru aflez généra- lement. Au moins eft-il fur que les fragmens des alimens, qu'on trouve dans fon Eftomac, prouvent qu'il fe nourrit d'Animaux, & qu’entr'autres (a) Dans la Sèche le Canal, qui eft ana- logue à celui-ci, donne iffue aux excrémens, & à la femence, ou aux oeufs du Poiffon. Voiez Swammerdam Biblia Nature. p. 884. Il-eft vraifemblable que dans le Calmar à fert auf au même ufage, n Gi Us’: 7 38 Du Corps €S des Intefins il va à la chafle des Pelamides & des: Melettes, petits Poiflons , qu'on trou- ve en très grande quantité, dans des basfonds, près de l'embouchure du Tage, & où il efk apparent qu'ils fe retirent pour éviter les Calmars _ & les Sèches , qui les y pourfui- # PL, 11, CC. vent en foule; au moins y en pé- che-t-on beaucoup. Les deux cotés de ce Canal font foutenus , & écartés Yun de l’autre par deux Cartilages * parallèles & cylindriques , (2) qui s'étendent affez confiderablement au- deflous. Lerefervoir , qui contient la | Ji- (b) Ces deux Cartilages fe trouvent auffi dans la Sèche, où fuivant la conjeéture de Swammerdam, ce font deux Mufcles, qui, outre l’ufage que nôtre Auteur leur attribue ici, fervent encore à mouvoir deux Mam- melons , qui font dans l'enveloppe extérieure du Poiflon, & qui s’emboïtent dans deux cavités, qui fe voient aux côtés de FEnton- noir. Ces cavités font aufli vraifemblable- ment dans le Calmar, & il femble que Mr. Needham les a voulu indiquer PL. IE là où jai mis les Lettres bb; quant aux Mamme- lons peut-être en voit-on quelque trace en aa; s’ils fe trouvent réellement dans le Calmar, la conjeéture de Swamimerdam', ne feroit elle point auf applicable ici? R, d. Fi du Calmar. 59 liqueur noire * , eft placé entre ces*PL 11. » _ Cartilages, (ec) de façon que fon cou pénètre & s'ouvre dans le Canal, que je viens de décrire. Quant à cette fiqueur même, tout ce que j'en puis dire , c'eft que fi on l'expofe en plein air, en la forçant à fortir du refer- voir, ou en Ôtant ce refervoir du Corps du Poiflon , aufli-tôt elle fe condenfe & devient une fubftance dure & fragile, femblable à du char- bon de bois; on peut la difloudre aifément dans l'Eau. Examinant un jour quelques Cal- mars, vers le milieu de Décembre, je remarquai près de la racine de ce tefervoir, deux taches ovales *, qui? FL, IL avoient environ un quart de pouce en diamètre, & qui fembloient être des Sacs membraneux , remplis d’une fubftance gluante, où étoit contenu le frai de l'Animal. Ce frai ne pa- 4 | TOÏS- … (c) La partie marquée D dans la Planche, paroit moins être le Refervoir de la liqueur noire, que fon conduit excrétoire, Au moins dans la Sèche ce Refervoir eft-il fitué dans L'us inférieure du ventre de l'A- nimal. KR. d.T. | 40 Du Corps ES des Inteftins roifloit être à la vue fimple qu’un compofé de petites taches d’une belle couleur de cramoifi ; mais en l’exami- nant au Microfcope, on y diftinguoit des oeufstrés diférens les uns des autres en grandeur & en figure; particula- rité que je ne crois pas avoir été ob- fervée jusqu'a prefent dans le frai des autres Poiflons, dont les oeufs font toujours parfaitement femblables. Ces oeufs du Calmar étoient tous oblongs, mais quelquesuns étoient plus de trois fois plus longs que les autres; j'ai cru remarquer à l’une de leurs extrémités quelques veftiges confus de Rayons ou de Bras, comme fil’ Animal commen- çoit déja à y prendre la forme qu'il doit avoir ; mais ils étoient fi peu di- ftinéts, qu'il n’y a aucun fond à faire fur cette particularité. Dans une fe- melle, que j'ai obfervée enfuite, ces deux Membranes ovales étoient ft fort augmentées en Diamètre, & s’étendoient tellement en tout fens vers l'ouverture du conduit, par où pañle la liqueur noire, qu’elles étoient adhérentes par plus des deux tiers de leur longueur au refervoir de cet- te du Calmar, 4I te liqueur. Peut-être devoient elles encore s'étendre davantage , avant que le frai fût en état d’être dépofé hors du Corps. Mais avant que de rien déterminer là-deflus, il faut at- tendre qu'on ait des obfervations plus pouflées. | | -_ Je reviens à l’objet que j'ai devant moi, en écrivant ceci, & duquel on a tiré la figure de la Planche IT. Au deffas du cartilage gauche, qui fert à foutenir & à étendre le conduit par où pafle la liqueur noire, on voit deux tubes creux *, fortement ad-* PL. 11... hérens l’un à l’autre, quoique leurs* cavités fojent féparées. Je ne fau- rois dire de quel ufage ils peuvent être, a moins qu'ils ne fervent à don- ner iflue au frai, lorsqu'il eft prêt à for- tir. . Ce que je fais furement, c’eft qu'il y adans le corps du Calmar male deux Vaiffleaux de la même nature, & fitués de la même manière, par ‘où l’Animal fait fortir fa laite (d). Rp De (4) Ces deux Vaifleaux fe trouvent auffi dans le male dela Sèche, mais fuivant Swam- merdam la femelle n’en a qu’un, fitué affez | près r PL. I]. 6 G, # PL, 11, 42 Du Corps 9 des Inteflins De chaque côté ,: & un peu au- deflous des deux Cartilages , eft un aflemblage de Vaifleaux * entremèlés & disperfés dans une fubftance grafle & huiieufe ; ils paroïffent remplis d’une matière noire & opaque; ce qui m’a fait foupçonner qu'ils pour- roient bien être les Vaïfleaux où fe forme la liqueur noire (e). Mais ce n'eft là au’une conjecture, Entre ces deux affemblages de Vaifleaux , il y a une couche de graiffe * blanchâtre, qui couvrel'es- tomac. Celui-ci eft un petit fac, fait d’une membrane transparente , & qui reflemble à une Veflie: il a _deux pouces en longueur, & un en largeur ; fon extrèmité fupérieure fe termine en un long canal, qui a un dixième de pouce en largeur, & qui monte jusqu'a la tête de l’Animal, | où près de l’Inteftin Refum. Peut-être que cet Inteftin eft un de ces Tubes dont parle ici nôtre Auteur R. d. T. (e) On voit dans la Sèche deux pareils as- femblages de Vaifleaux, fitués de la même manière & qui font les ouïes du Poifflon. Ne feroit-ce point le même Organe du Cailmar, que nôtre Auteur décrit ici? R. d.T. du Calmar. 43 eù il fe joint avec le gofier. Au de- dans eft renfermé un autre canal, qui, vu au Microfcope, paroit être compofé de fibres longitudinales, & qui eft fufceptible d’une dilatation & d'une extenfion très confiderable ; car après l'avoir allongé deux fois plus qu'il ne l’eft naturellement , de forte que fon diamètre ne furpañoit pas celui d’un cheveu, j'en coupai une petite portion, que je mis dans une goute d'Eau, & je la dilatai tel. lement avec deux inftrumens poin- tus, que fon diamètre devint dix fois plus grand: il ne s'ouvre point dans l'eftomac, mais il s’infère dans le Ca- nal qui l’environne extérieurement, environ à la fixième partie de fa hau- teur, & de là il monte, pafñle au de- là de la racine du Bec à laquelle il eft adhérent | & va s'attacher, par des ligamens, presque imperceptibles, à peu près au milieu de la langue & du gofier, & fe perd enfuite dans le Corps de Animal. Enfin la partie inférieure eft cou- verte d'une Membrane * fine G trans-*PL,IL 3. parente, qui fe joint à nage”: [A 44 Du Corps E des Inteftins du Caïm. l'étui, & deflous laquelle il ya une Ves- fie, qui contient uneEau claire & limpi- de, mais dont je ne faurois dire l’ufage. GNT CN CN CN CHAPITRE V. Des Vaiffeaux, qui contiennent la laite dans le Calmar male, tels qu'on les découvre avec le Microfcope. ers le milieu de Décembre j'ai découvert pour la première fois quelqu’apparence de laite, ou quelque commencement des Vais- feaux , où elle eft renfermée. Avant ce tems j'avois examiné & diflequé: plufieurs Calmars , mais fans remar- quer aucun veftige de laite dans les males, ou de frai dans les femelles. Javois bien vu quelque tems aupa- ravant les deux conduits, par où fe fait l’ejeétion des Vaifleaux laiteux ; mais alors ces conduits ne paroiffoient être que deux tubes, placés à côté l’un de Pautre, ouverts à une de leurs ex- trémités, & fort reflemblans aux parties féminines de la générauon dans Des Vaiffeaux laiteux dans le Calm. 45 dans les Limaçons : ils ne fe termi- nolent point en un long refervoir o- vale, étendu parallèlement à l’efto- mac, & occupant plus de la moitié de la longueur du Poiflon ; comme je trouvaienfuite qu'ilsfe terminoient, lorsque la laite, dont ils étoient rem- plis, avoit le dégré de maturité né- ceflaire pour être dépofée hors du Corps. Je ne pouvois donc pas alors porter un jugement plus décifif fur leur ufage, & cela d'autant plus que ces mêmes conduits , fans le refer- voir ovale, fe trouvent dans la fe- melle , où ils fervent peut-être à donner pañfage au frai. C’eft une chofe remarquable, que le Refervoir & les Vaifleaux, qui con- tiennent la laite, fe forment d'eux mê- mes infenfiblement. Ces derniers *,* EL: 11 en fe developpant, ferangentparpa- °°” quets, plus ou moins éloignés descon- duits déferens, fuivant qu’ils doivent fortir du Corps plus ou moins prome tement ; & ils font dispofés de fa- çon, que, quoiqu ils n'aient pas tous la même direétion, is ne fauroient etre 46 Des Vaiffeaux laiteux être dérangés ou mêlés par aucune préflion ordinaire. Comme j'avois obfervé ces Ani- maux perdant quelques mois, avant de remarquer aucune apparence de laite , je fus fort furpris de trouver ce nou- veau Refervoir , qui fe formoit de foi- même dans un endroit aflez vifible, & qui étoit rempli d’un fuc laiteux. Il me paroifloit fort étrange, que par- mi le grand nombre de Calmars, que j'avois difflèqué , je n’eufle trouvé aucun male ; cela m'auroit presque fait douter, que leur multiplication refflemblât à celle des autres Poiflons, fi, dans la fuite de mes obfervations, le hafard né m’avoit pas fait remar- quer les progrés réguliers de lex- pañnfion du Refervoir, & la forma- tion des Vaiïfleaux laiteux. tt - Avant que ces Vaiffeaux foient en- tièrement formés, la femence eft ré- pandue dans la partie du Refervoir, qui s’eft déja developpée ; :& avec les Verres, qui groffiflent le plus, on n'y diftingue que de petits globules opaques , qui nagent dans une efpèce de dans le Calmar. 4? de matière fereufe, fans donner au. cun figne de vie. La première fois que je fis cette découverte , je ne foupçonnoiïis guères, qu'il fe formât un nouvel appareil de Vaifleaux, (a) deltinés à recevoir la femence ; ainf je fus fort furpris de trouver en diférents endroits du Refervoir des petits Reflorts, * faits en fpirale, &* PL. ur. renfermés dans un étui cartilagineux & tranfparent ; je ne pouvois pas concevoir quel étoit leur ufage. Ils me parurent dabord aufi parfaits, qu’ils m'ont paru dans la fuite, avec cette feule diférence, c'eft que quand HOT - ils (a) Swammerdam a déja vu des Vaiffeaux, pareils à ceux-ci, dans la Sèche: il les a bien décrits, &-il.en a donné une figure aflez ex- aéte ;.il a même wu leur mouvement, & leur aétion; & judicieux, comme il étoit, il a conjeéturé, qu'ils pouvoient avoir le même ufage qui leur eft attribué ici. Voiez Biblia Nature. p. 896. Cependant le mérite de cette intéreflante découverte eît auffi dû à Mr. Needham; car je fai que, quand il a-pu- bliécet Ouvrage, il n’avoit point lu la dis- ferçation de Swammerdam fur la Sèche; & nage il 2 décrit beaucoup mieux que lui l'organifation & laëtion des Vaiffeaux dont s’agit ici, Rd, T, | Fig. 71 & 18 Des Vaifleaux laiteux ils ont acquis toute leur maturité, les tours de leurs fpirales s’approchent davantage, & les font reflembler à une vis ; au lieu que, quandils ne font pas fi avancés, les pas de la vis font plus diftants, & onles prendroït pour un fil’ tordu aflez: groflièrement en fpirale. Ces Reflortsparoïflent , avant qu'on découvre aucun veftige de quel- que autre partie, Ils font donc la première chofe, qui fe forme ici. Dans un Calmar male, que j'exa- minai quelque tems après, le Reflort fpiral étoit parfait , & s’oppofoit à l’ac- tion de la partie inférieure avec toute la force qu’il devoit avoir. Les Vais- feaux laiteux étoient à peu près ache- vés ; mais, comme ils n’avoient pas Ce- pendant encore tout le dégré de ma- turité néceflaire, ils n’agifloient pas commeils auroient agi, s’il ne leur a- voitrien manqué. Toute leur aétion fe terminoit conftamment à rompre leur vis, où elle eff jointe avec une efpé- ce de fucçoir ou pifton, qui eft reçu dans une coupe ou barillet , adhérent a une autre partie, dont il fera parlé dans le moment, Cette rupture ar. Ti= L dans le Caimar, 49 rive cependant quelques fois par ac- cident dans ceux qui paroiflent d’ail- leurs entièrement finis, & dont l’o- pération aboutit ordinairement à ce ue le pifton eft ciré hors du baril- C. “re * Au fond de l’étui des Vaïffleaux laiteux de ce Calmar, j'ai découvert diftinétement une valvule, qui s’ou- vroit en dehors, & par laquelle j'ai fait fortir fouvent, par une legé- re preflion, la moitié de l’appareil in- térieur , pendant qu'une autre val. vule-donnoit paflage à la femence. Je conçois que c’eit par ces valvu- les; que: la femence eft attirée dans _ Pintérieur de l'étui , & eft abforbée par une -fubftance fpongieufe * qui s’y *?1- nr 3: . IS, 74e trouve , d’où elle eft exprimée en- fuite par l'aétion que je décrirai bien- tôt. Car dans ce Calmar la femence n’étoit point répandue dans la capa- cité du Reférvoir, comme dans le précédent; mais elle avoit été com- me fuccée par tous ces petits Vais- feaux laiteux , qui étoient déjà for- més, & dont Je nombre pouvait al- ler à plufieurs centaines. “ei C Dans 59 Des Vaifjeaux laiteux Dans un troifième Calmar, qui é- toit le plus grand que j'aie vu durant ke cours de mes Obfervations , les Vaifleaux laiteux me parurent par- faits, & fi murs pour l’aétion, que plufieurs s’ouvroient d'eux mêmes, avant que j'eufle le tems de les pla- cer au foïer de mon Microfcope, C'eft d’après eux que jai fait tirer les figures 6. 7. 8. 9. de la Planche IL que je prie le Leéteur de vouloir bien confulter dans toute la fuite de cette Defcription. L'étui extérieur eft transparent , cartilagineux , & élaftique; fon ex- trémité fupérieure eft terminée par une tête arrondie, qui n’eft autre chofe, que le fommet même de lé- tui, contourné de façon qu'il ferme l'ouverture , par où l'appareil intérieur s'échappe dans le tems de fon aétion: Au dedans eft renfermé un tube transparent, qui eft élaftique en tout fens , comme il eft aifé de s’en convaincre par les phénomènes qu'il offre. Ce tube fait éfort pour: pas- fer par les ouvertures qu'il trouve: Quoiqu'il ne foit pas par- tout éga . Ce dans le Calmar. SI Jement. vifible , diverfes. Expérien- ces prouvent cependant qu'il, ren- ferme la vis, le pifton, le barillet, & la fubftance fpongieufe, qui s’im- bibe de-la femence. La vis a b * en * PLAN- occupe le haut, & fait fortir au delà °F. de fa partie fupérieure deux petits li- gamens, par lesquels elle eft adhé- rente, aufli-bien que tout le refte.de l'appareil, auquel elle eft jointe, au. fommet de l’étui extérieur. Le pi- fton » & le barillet c font placés au milieu de ce tube; la fubftance fpon- ieufe d e.dilate fa partie inférieure, & eft jointe au barillet, par une efpèce de ligament dc. Tout cela fe comprendra aifément par l'infpeétion de la figure. rat die | Je vai expofer à prefent les difé- rens phénomènes qu’on obferve dans J’aétion de ces petites Machines. Ils m'ont paru fi furprenants & fi inex- plicables, que je ne me fens point en état de repondre à toutes les con- féquences contradiétoires, qui femble- ront peut-être découler des faits que je rapporterai. Tout ce que je pre- tend & que je puis affurer ici, c’eft 4 C2 que 52 Des Vaifjeaux laiteux dans le Cal. que ces faits font vrais à la lettre, & que plufieurs perfonnes les ont vus aufli bien que moi. Je conferve dans de l’efprit de vin quelques uns de ces Vaïilleaux lai- teux, qui y ont retenu leur aétivité pendant plus de vingts jours, fans aucune diminution fenfible ; à pre- fent ils-l’ont entièrement perdue, -quoique leur forme extérieure ne pa- roifle avoir fouffert aucun change- ment, lorsqu'on les examine avec le Microfcope. Si donc l’on veut vé- rifier les faits dont je parle, il faut avoir ces Vaifleaux lorsqu'ils font en: core frais, & qu'ils ont acquis toute Jeur maturité; s'ils ne‘font:pas tout- à-fait murs , ils feront bien voir la “plus grande partie des phénomènes en queftion, mais non pas tous. : CA PA FA ra "*,, © 33 DEeho end ehedehDe CHAPITRE VE Des Phénomènes qu'offre l'action des Vüis- | Jeaux laiteux du Colmar. lufieurs de ces Vaïffeaux parve- nus à leur maturité, & debaras- fés de cette matière gluante, qui ies environne pendant qu’ils font dans le Refervoir de la Laite, agiflent dans Jemoment qu'ils font en plein air; & peut-être que la légère preflion, qu'ils fouffrent en fortant, fuffit pour les déterminer à cela. . Cependant la plus-part peuvent être placés com- modement pour être vus au Micro- fcope, avant que leur aétion com- mence; & même pour qu'elle s’exé- cute, il faut humeéter avec une goute d'eau l'extrémité, fupérieure de l'étui extérieur ; qui commence alors à fe développer pendant que les deux. petits ligamens,, qui fortent hors: de l’étui, fe. contournent & s'entortillent en diférentes façons. En mime tems la vis monte lentement, C 3 NE $4 A&ion des Vailjeaux laiteux les volutes qui font à fon bout fupé- iieur fe rapprochent & agiflent con- tre le fommet de l'étui ; cependant celles qui font plus bas avancent aufñli, & femblent être continuellement fui- vies par d’autres , qui fortent du pi- Îton ; je dis qu’elles femblent être fui- vies, parce que je ne crois pas qu'el- les le foient éfeétivement : ce n’eft qu'une fimple apparence produite par la nature du mouvement de la vis. Le pifton & le barillet fe meu- vent aufli fuivant la même direétion; & la partie inférieure, qui contient Ja femence, s'étend en longueur, & fe meut en même tems vers le haut de l’étui, ce qu’on remarque par le vuide qu'elle laifle au fond. Dés que la vis, avec le tube dans lequel elle eft renfermée, commence à paroitre hors de l’étui, elle fe plie parce- qu’elle eft retenue par fes deux liga- mens ; & cependant tout l'appareil intérieur continue à fe mouvoir len- tement, & par dégrés, jusqu’à ce que Ja vis, le pifton & le barillet foient entièrement fortis : quand cela eft fait, tout le refte faute dehors en | un du Calmar. k, 4x unmoment; le pifton * fe fépare du” PL- 111. barillet *; le ligament apparent, qui+ «* ” eft au-deflous de ce dernier , fe gonfle, & acquiert un diamètre égal à ce- Jui de la partie fpongieufe qui le fuit. Celle-ci quoique beaucoup plus large que dans l'étui, devient encore cinq fois plus longue qu'auparavant ; le tube qui renferme le tout s’étrécit dans fon:milieu, & forme ainfi deux efpèces de nœuds *, diftants environ* PL. 115. d’un tiers de fa longueur de chacune FE.i-#2 de fes extrémités. Enfuite la femen- ce s'écoule par le barillet *, & elle* FL. 11. eft:compofée de petits globules opa- **"" ques , qui nagent dans une matière féreufe, fans donner aucun figne de vie, & qui font précifément tels que j'ai dit les avoir vus, lorsqu'ils é- toient repandus dans le Refervoir de la Laite. Dans la figure la partie * comprife entre les deux nœuds pa:* 4 « roit être frangée; quand on l’exami- ne avec attention on trouve que ce ui la fait paroitre telle, c’eft que la ubftance fpongieufe, qui eft en de- dans: du tube eft rompue & feparée en parcelles à peu près égales. Les C 4 Phé- 56 ÆAftion des VailJeaux laiteux Phénoménes fuivants prouveront ce- la clairement. : £ Quelques fois 1l arrive que la vis, & le tube, fe rompent précifement re su -defus du pifton * , lequel refte te dans le barillet , *. Alors le tube fe ferme en un moment, & prend une figure conique , en fe contraétant autant qu'il eft poñlible par deflus l'extrémité de la vis, *, Cela dé- montre qu’il eft très élaftique dans cet endroit ; & la manière dont il s’accomode à la figure dela fubftance qu’il renferme, lorsque celle-ci fouf- fre le moindre changement, prouve qu'il l’eft également par tout ailleurs, Au premier coup d'œil on feroit porté à croire, que l’aétion de toute cette Machine eft due au reflort de la vis. Cependant les Expériences fuivantes, que j'ai faites dans la vue de me fatisfaire fur cet article, ne prouvent pas feulement la faufleté de cette opinion, en faifant voir que la vis ne peut faire autre cho- fe que refifter à une force cachée, qui agit fur elle ; mais elles: nous offrent encore une fuite de Phéno-: " me- .. du Caïmar, . 5? mèêènes fi furprenants, qu'ils ont fait évanouir: touces les hypothèfes que j'avois imaginées. Ces Expériences ont été faites avec des Vaifleaux lai- teux, qui n'avoient pas acquis toute la maturité néeeflaire pour la fépara- tion du pifton, a dilatation du liga- ment apparent, qui eft au-deffous du barillet, & l'expreflion de la femen- ce; mais qui avoient cependant tou- te la force requife pour faire fortir l'appareil intérieur hors de l'étui. Ces Vaïfleaux pouvoient répondre aufli parfaitement à mon but que ceux, qui étoient entiérement muïS , & ils ont reparé la perte que j'ai faite d'un petit nombre de ces derniers , qui étoient les feuls que j'eufle trou- vé propres à mon deflein, durant le cours de mes recheïches, & que : _j'avois mis à part pour les obferver. Pour qu’on put aifément diftinguer Ces Vaifleaux les uns d'avec les au- tres j'ai fait repréfenter Ceux qui on£ atteint leur maturité dans la Planche . III, Mg, 6. 7.8, & 9., & ceux qui n'y font pas encore parvenus dans la ‘Planche IV, La figure 1. de cette D soit ‘ Rs w PI, 1V. Fig. 1. # PL, IV. Fig. 2. 4 æ 4 % DIT, IV. Fig. 3. 4. Le # PL. IV. ig-+ “rompre & frapper avec une telle for- 58 AGion des Vaifeaux laiteux derniére Planche * en fait voir un, tel qu'il eft après qu'on en à fait fortit tout l'appareil intérieur , en appli- quant fimplement de l'éau à la tête de létui extérieur. | Si l'on divife un Väifleau laiteux précifément au-deflous du barillet *, la fubftance fpongieufe * qui con- tient la femence , fe dilate au mo- ment méme ; & quoiqu'elle ne forte pas d'abord entièrement, comme cela lui arrive, lorsqu'elle n’eft pas fépa- rée du refte de l'appareil, fi cepen- dant on l’humette avee une goute d'eau, elle fe meut lentement & par dégrés, jusqu'a ce qu’elle foit pres- que tout-a-fait hors de l’étui. … Silon coupe l'extrémité inférieu- re de l'étui *, le ligament apparent, qui eft au-deflous du barillet, s’allon- ge, devient prodigiéufement mince, & enfin fe rompt, fans caufer au-. cun dérangement dans la vis, ni dans. Je refte de l’appareil qui eft au-deflus: &. cependant la fubftance fpongieufe ort par l'ouverture, qui a été faite. . Jaivu une fois ce ligament * fe. ce ‘e vu ve Canari. :: :. 59 ce contre les parois de étui carti- Jagineux, quilerenfermoit, qu'il s’ou- vrit un paflageau travers, & y ren- tratenfuite en fe tortillant. Pourexpli- quer la chofe il faut fuppofer que ce ligament eft fort élaftique, & lui at- tribuer dans cette occafion une force, analogue en quelque façon à celle d'un fil de foie, qui perce une feuille de papier aflez épais, lorsqu'après Pavoir tenu tendu, on le lache tout d'un coup, en lui donnant une cer- taine direétion par un tour de main particulier: : Si l’on coupe un Vaïfleau laiteux au-deflus & au-deffous de la fubftance fpongieufe *, celle-ci fort par l’une & autre extrémité , mais Comme elle s'étend également des deux cotés ,une force détruit l’autre, & ainfi elle refte dans l’étui, avec cette diféren- ce, c'eft qu’elle rend plus vifible le tube qui la renferme, parce qu’elle fe fépare * dans quelques unes de* #.+.f. fes divifions. Par ces divifions j’en- tend des efpèces d’anneaux , qui la coupent dans toute fa longueur, & qui reffemblent à ceux d’un Vers, C 6 quoi * PL. 1V. Fig.s. 4 & 6 F PL EN Fig, 6.4 be. 65 Aétion des Vaiffeaux laiteus quoiqu'ils ne paroiflent pas fi régu- hers , lorsqu'on les regarde avec le Verre qui groflit le plus dans un Mi- crofcope double; mais vus avec le Verre, marqué N°. 3,. dont on s’eft fervi pour deffiner toutes ces figu- res , ils femblent avoir plus de ré: gularité; ce font ces franges dont j'ai déja parlé. J'ai compté quelques fois neuf de ces féparations, quoique je n'en aie fait repréfenter 1 ici que qua- tre, parce qu'il n'y a rien de con- ftant à cet égard. Si l'on fait une petite ouverture, avec une lancette, au coté de l’étui extérieur, aufti-tôt la fubftance fpon- gieufe s’y “infinue, & fort en fe pliant en double * Il faut remarquer que dès que Îa vis eft féparée ‘du refte , elle ceffe d'agir, & perd entièrement toute fon activité, ce qui prouve manifefte» ment que toute la force d'un de ces Vaifleaux laiteux eft due à l'aétion de la partie inférieure. J'ai déja dit que pour l'ai ate les Vaifleaux laiteux devoient;être humeétés d’eau pour agir ; cepen- dant +4 a 15 ae: SAN SG CPE du Caïmar. . 61 dant ils agiflent quelques fois fans ce- la, & même au lieu d'eau on peut emploier de l’efprit de vin ÿ mais a- lors l’éfet eft beaucoup plus lent, & la partie inférieure ne faute point hors de l'étui tout d'un coup, com- me cela arrive quand l'aétion eft ré- gulière; & encore ce que jé dis ici ne doit-il s'entendre que d'un feul Vaifleau placé pour être vu par le Microfcope ; car fi lon plonge le Re- fervoir entier. dans. l’efprit de vin , tout le changement qui arrive alors fereduit à ce que la partie inférieure des/Vaifleaux s’allonge, & s'éloigne tant foït peu du fond de Fétui exté- rieur. L'huile ; quoique plus pro- pre qu'aucune autre liqueur à amol- lir4Sz à rendre gliffant , ne produit abfolument ici aucun éfet. + _ : _ «+ Enfaifant la recapitulation de ces diférens Phénomènes, & en les com- parant enfemble, il m'eft venu dans Pefprit d'examiner pourquoi le hga- ment apparent , qui eft entre Je baril- let & la partie fpongieufe , ne fe plie poine-lorsque celle-ci agit régu- hèrement fur tout l'appareil, qui eft “1: fa C 7 au G2 Altion des Vaiffeaux laiteux au- deffus : pourquoi alors tout le vuide qui eft autour de ce ligament ne fe remplit point, & pourquoi en- fin cette même partie fpongieufe , qui s’ouvre un paflage , par la plus petite ouverture qui fe prefente, lais- fe un efpace vuide au fond de l'étui? Pour m'éclaircir la-deflus, j'ai mis fucceflivement plufieurs Vaifleaux laiteux , fous un petit Récipient, d’où j'ai tiré l’air avec tout le foin poffible. Je m’imaginois que dans chacun de ces efpaces vuides, 1ly avoit un volume d'air condenfé Mais je fus fort furpris de ne voir arriver aucun changement dans les Vaifleaux fur lesquels je fis cette Ex- périence. Après que je les eus oté de deflous le Récipient, vus au Mi crofcope ils me parurent les mémés qu'auparavant; & quand je les hu- meétai-d’eau , je ne remarquai pas que leur’ action s’opérat avec une force moindre, que celle que m’a- voient fait voir ceux qui n’avoient point'été dans le vuide.. 2 ! Si j'avois vu les Animalcules qu’o# pretend être dans la femence d’un du Caïmar. 63 Animal vivant, peut-être ferois-je en état de déterminer avec quelque certitude , fi ce font réellement des Créatures vivantes , ou fimplement des Machines prodigienfement peti- tes, &quifonten mignature, ce que les Vaifleaux laïteux du Calmar font en grand. A en juger par le cal- Cul que Mr. Leeuwenhoek a fait du nombre & de la grandeur des A- nimalcules, qui font dans la femen- ce du Cabiliau , un million de ces Animalcules égaleroit à peine un feul de ces Vaifleaux laiteux ; par conféquent quand on peut voir avec Je Microfcope 25 de ceux-ci à la fois, on pourroit voir 19625000 de ceux- à (a). Dans la fuppoñition donc ae ces Animalcules ne font autre ofe que des Machines, dont le jeu s'opère en diférens tems ®& en di- férentes circonftances , fuivant (a) Je foupçonne ici une faute d’impreffion ont Car fi un Million de ces oeufs égalent à peine un feul de ces Vais- Sceaux laiteux ; là où l’on peut voir 25 de ceux- R' rois 25 willions de ceux-Hi 64 Aftion des VaifJeaux laiteux les obftacles , qui s’oppofent à leur ac- tion font levés plus ou moins vite: dans cette fuppofition, dis-je, con- cevons que parmi ce grand nombre il y en a dix mille, qui agiflent & fe développent en même tems, ils fuf- firont au milieu d'une telle confu- fion pour nous déterminer à croire que tous vivent: concevons de plus que leur action, de même que celle des Vaifleaux laiteux, dure environ trentes fecondes.: alors comme il y aura une fucceffion de ces aétions,, tout le mouvement ne fera pas fini dans l’efpace de feize heures, & les pretendus Animalcules paroitront mourir fucceflivement ; auff efl-ce là ce qu'on voit quand on continue d’ob- ferver long-tems la même portion de femence ; ; & même. les Animalcules qui y font paroiflent mourir en moins de tems.- Si cette fuppoñition n’eft pas vraie, on aura de la peine à diré pour quelle raifon on ne voit pas auffi-bien des Animalcules. dans la Laite du.Çalmar ; que dans la femen- ce des ‘autres Animaux ; lors même qu'on examine cette Laite immédia- du Calmar. 65 tement après qu'on vient de la tirer du Corps du Poiffon vivant (b). | Pour (b) Ce que Mr. Needham dit ici fur l’ana- logie , qu’il y a fuivant lui entre les Vaiffeaux laiteux du Calmar, & les Animaux fperma- tiques; -eft très ingénieux. Cependant c’eft là une de ces chofes fur lesquelles il ne faut pas prononcer définitivement avant que d’a- voir vu les objets dont il s’agit. Quiconque a examiné attentivement les Animaux fper- matiques , aura de la peine à fe perfuader que ce ne font que de pures machines. La rapidité de leur mouvement, le foin avec le- uel ils s’évitent les uns les autres, foit en fe détournant, foit en s’enfonçant dans la matière dans laquelle ils nagent ; leur figure; tout en un mot nous autorife à les ranger dans la claffe des Animaux. Les Vaiffeaux laiteux ont à la vérité du mouvement, mais qui difére beaucoup de celui de ces Animal- cules, autant au moins que je puis en juger par la defcription que nous en donne notre Au- teur; çar je n'ai jamais vu ces Vaiffeaux. Et comme lui de fon coté n’a pas vu les Ani- malcules ; nous devons attendre l’un & Vautre qu'un troifième, qui aura examiné at- tentivement ces deux objets, nous apprenne ce qu’il en faut penfer. La chofe eft affez intereffante pour que d’habiles obfervateurs s'appliquent à cet examen. Notre Auteur y réuflira peut-être mieux que qui que ce foit, s’il continue à s’appliquer à l’Hiftoire naturelle ; il a toute la fagacité néceffaire dans les obfervations, & en même tems tou- te 66 Alrion des Vaifjeaux laiteux Pour donner plus de force à ce que je dis ici, ajoutons encore cette confideration , c’eft que quand les Vaifleaux laiteux reftent dans le Corps du Calmar, fans être expoñés à l'Air, ils retiennent leur aétivité encore quelque-tems après la mort de l’Ani- mal ; car fi au bout de quelques jours on les en tire, on les voit operer a- vec la même force dès qu’on les hu- mette d’eau, foit que celle-ci agifle fur eux comme un menftrue , foit qu’elle écarte fimplement les obfta- cles , qui s’oppofent à leur aétion. En- fin pour mieux fentir la juftefle de Ja comparaifon que je fais ici, 1l faut voir foi-même par le Microfcope , les inflexions variées de ces Vais- feaux, leurs tournoiemens, leurs di- latations, leurs extenfions, & leurs divers mouvemens , durant le. tems de leur opération. Cependant je re- pête ce que j'ai déja infinué ci-de-: vant: c'eft que je ne me reconnois point te la prudence dont on a befoin pour ne pas donner inconfiderément dans des fyflèmes peu fondés, KR. d T. | “ du Culmar, : 67 point ici pour un juge competent ; je ne‘fais que propofer ma penfée en forme de queftion, daus lefpe- rance que des Naturaliftes, plus ac- coutumés que moi à faire ufage du Microfcope, & plus propres par là même à tirer des conféquences fures de leurs obfervations, voudront bien lever mes difiicultés. CHAPITRE. VII Sur la Pouffière qui féconde les Plantes. e que j'ai avancé fur la fin du Chapitre précédent, touchant analogie qu'il y a entre les Vais- feaux laiteux du Calmar, & les pré- tendus Animalcules qui fe voient dans la femence des Animaux males, peut pañlèr, ce me femble , pour quelque chofe de plus qu’un foupçon ou qu'une fimple poflibilité , fi l'on examine attentivement les obferva- tions de Mr. Leeuwenhoek. Ce que : cet Auteur dit de la manière dont | quel- C8 Sur la Pouffiere qui féconde quelques-uns de ces Animalcules fe rompent (a) ou fe developpent; ou fur celle dont d’autres changent (2) de figure, lorsqu'ils femblent être (a) » J'aipris, dit cet Auteur en parlant de la femence du Cabiliau” ces particules » Ovales, pour des cadavres c’Animaleules » Crevés & diftendus, parce qu’elles paroïs- » foient quatre fois plus grandes que les » Corps des Animalcules vivants. Dans » d'autres endroîts, où il y avoit plufieurs » de ces Animalcules près les uns des au- : tres, on en voioit un grand nombre, qui » reflémbloient à une fphère tranfparente, | » & qui étoient comme environnés d’ane » autre fphère ; on auroït dit que la fphére + transparente étoit renfermée dans l'Ani- » malcule, & que celui-ci étoit enveloppé » dans une matière aqueufe, maïs qui avoit > Cependant quelque viscofité, & qui étoit elle-même entourée d’une membrane. Cet- » te imembrane venant à fe rompre, la fphère » intérieure, & la matière qui étoit autour, » devenoient vifibles. Leetauenboek Conti- # Muatio Arcanorum Nature. p. 306. - (b) En parlant des Animalcules qui font dans la femence du Chien, le même Auteur dit ,, di fouvent remarqué qu’ils changent 3 de figure, fur-tout quand la liqueur dans »; laquelle ils vivent & ils nagent s’évapore. » Dettant de milliers d’Animalcules, dit- il dans un autre endroit”, que j’ai tiré des » tefticules du Belier, & que j'ai féparédles 5» UNS les. Plantes. ” 69 être morts, ou enfin fur leur mou- vement progreflif , qui ne s'étend pas au delà de Pépaifleur d’un che- veu (c) ; tout cela, dis-je, confi- deré foigneufement ; avec les con- fequences, qui en découlent, paroit confirmer ma penfée ; fur-tout fi l'on fait reflexion , que ces Changemens dépendent d’un mécanisme intérieur & caché , & non del'extrème dé- licatefle de ces Animaux , comme Mr: Leeuwenhoek la foupçonné. Car ce qu'u dit, que les Corps de ces _ Animaux placés fur une lame de ver- re, fe {ont confervés pendant cinq mois entiers (4), prouve que leur enveloppe extérieure eft fort dus )- ble, » uns des autres, & dont la plus-part font » ençore chez moi, je n’en ai jamais pu 3 Voir aucun qui fe foit rompu; mais j’en ai . »» trouvé fouvent dont le Corps s’étoit ap- _ plati par l’évaporation de la liqueur. Ibid, _» PAZ: 309- | à (c) ,, Leur mouvement progreffif ne s’é- » tend pas au delà de la longueur du dia: »» mètre d’un cheveu. Id. pag. 310. (4) ;, Il m’eft arrivé de laiffer, pendant » cinq mois de fuite, des Animalcules de » la femence de Belier, expoñés furun verre » du 20 Sur la Pouffière qui féconde ble, & que peut-être elle eft'carti- lagineufe comme l’étui des Vaifleaux Jaiteux du Calmar. D Mg 2Q Si ma conjeéture fe trouve vérita- ble, ce qu'on pourra déterminer a- vec le tems par des obfervations plus exactes ,: Fanalogie entre le Règne végétal , & le Règne animal, pa- roitra encore plus grande à cet. €- gard, qu'on ne l’a cru jusqu'a pre- fent. On trouvera une aflez grande refflemblance entre l’aétion qu’on voit lorsqu'on humeëte d’eau la Pouflière, qui féconde les Plantes, & celle des Vaifleaux laiteux dont-il à étè parlé: ce qui prouve que. les globules de la première ont été deftinés au:même ufage que ceux de ces derniers, & que leur mécanisme fe reffemble as- {ez. | ni | . C'eft | » au foier d’un Microfcope; & enfuite de » frotter légèrement leur Corps avec un. » pinceau trempé dans de l’eau de pluye, dans l’efperance qu’en emportant leur épi- s derme je pourrois y découvrir quelque # chofe de plus que quand ils étoient en- » tiers: mais. j'ai été trompé dans mon at- 2] tente. Hd, ibid, Dag, 309: Da Fe D | : ; les Plantes. ZE -C'eft ici une curieufe: particularité d'Hiftoire naturelle; il y a déja quel- que-tems que je l'ai obfervée, & je ne doute pas qu’elle ne foit fufcepti- ble de plufeurs éclairciflemens, dont on-pourra l’enrichir dans la fuite ; fur- tout: {i l'on parvient à découvrir fur quelque Plante une Pouñlière, qui foit aufli grande à l'égard de celle qu'on trouve communement, que les Vais- feaux laiteux du Calmar le font à l'égard des Animalcules fpermatiques. Alors on fera en état de faire des ob- fervations beaucoup plus exaêtes fur la nature de cette Poufliére, & de voir par fes propres yeux des chofes fur lesquelles on ne peut à prefent raifonner que par conjeétures ,. à caufz de la petitefle des globules dont cette Pouflière eft compofée. ’ + Les Naturaliftes fe s'accordent pas fur lufage de cette Pouflière , qui eft far les Etamines des Fleurs. Mr. Tour- nefort a pris ces Etamines pour une efpèce de conduits excrétoires, & la Pouffète, dont elles font char- gées, pour l'excrément du fuc defti- _né à la nourriture du jeune or RE HIT CS 22 Sur la Poufjière qui féconde Meffieurs Morland , Geoffroy, & autres , attribuent à cette Pouflière un ufage plus noble, &: plus confor- me, ce femble, à la vérité; ils la re« gardent comme la matière, qui fécon- de la graine, ou le fruit qui eft ren- fermé dans le Piftille; & c’eft pour cela qu’on lui donne le nom de Pous- fière fécondante. Es ji: Ce dernier fentiment eft fondé far de très fortes raifons, Cette Poufiié- re fe trouve dans toutes fortes de Fleurs fans exception; elle eft logée foigneufement dans des capfules qui font au fommet des Etamines, tout autour du Piftille ; les globules qui compofent celle d’une même efpèce, ont tous une figure régulière & uni- forme ; les capfules qui les renfer- ment font fufpendues f1 délicatement aux fommets dés filets qui les fou- tiennent, que le moindre foufile les met en mouvement; CeUX qui $ aps | pliquent à l’agriculture éprouvent conftamment, que rien n’eftplus nuis fible à leurs recoltes que la pluie qui tombe fur leurs blés ou far leurs-ar- bres , lorsqu'ils fonten fleurs ; divérfes mes Frs Cx< ù les Plantes, De L expérieñces ont appris qu'on privoit une Plante de fa fécondité, lorsqu'on coupoit fon Piftile, avant que la grai- ne, qu'il contient, eut été impregnée de cette Pouflière; dans les Plantes, qui portent leur Fleur droite, ce Pi- file eft plus court que les Etami- nes, & 1l eft plus long dans les au- tres; fon fommet eft garni de diver- fes rangées de petits Mammelons , qui ont chacun une ouverture pro- portionnée à la grandeur des globu- les de la Pouffère; il eft fitué com- me il faut pour recevoir ces globu- les ; & enfin l’on y découvre des con- duits ou trompes très propres à don- ner pafage à la partie fécondante de la Pouffiére, pour qu’elle parvienne dansia Matrice ou l'Ovaire de ja Plan- te. Toutes ces confiderations, join- tes aux obfervations, quiont été fai- tes avec le Microfcopefur l’'Embryon de Ja femence, avant & après fa fé- condation, concourent fi éficacement à établir le fentiment dont il s’agit, & mettent fous les yeux, d’une ma- mière fi fenfible, l’admirable unifor- mité. que la Nature femble affecter Don: | D dans R'PL UM Fig. 1. * PL, V. # PL. LA +4 Sur la Pouflière qui féconde dans lesmoiens, qu'elle emploie pour parvenir aux fins de la mêmeefpèce, qu'il y a peu de fyftèmestoù l’on dé couvre autant de caractères de vérité. Pour rendre la. chofe aufli claire [a] que je crois qu’elle peut l’être par les : découvertes que j'ai faites, j'ai choi- fi le Lis commun. J'ai fait repréfen- ter * l'appareil contenu dans fon ca- lice, favoir les Etamines avec leurs fommets, l’Ovaire & le Piftile. Cet- te figure eft tirée d'après nature , fans l’aide du Microfcope. Dans la figure 2. *’on voit un des Mamme- Jons du Piftile, qui contient un glo- bule de Pouflière, & tel qu’il paroïc lorsqu'on le regarde avec le Verre, N°. 3. d’un double Microfcope à re- flexion. La figure 3.* fait voir une feétion transverfale de l’Ovaire. La tête du Piftile eft compoñée de trois lobes, qui par leur réunionextérieure forment un angle rentrant obtus, & fe rencontrent en un centre coms mun, en s'appliquant exaétement les uns contre les autres fans laïfler aucu- ne ouverture entr'eux. Les lèvres de ces lobes font garnies jusqu'à une | Ë Cer- PAT, dd des Plantes. - 7 95 certaine profondeur de Mammelons, tels que celui que j'ai fait reprefenter *aypart. Ces Mammelons ne font}.'T: V. pas feulement fitués extérieurement ; il y en a aufli intérieurement, com- me on le voit fur la tête du Piftile de la Fig. 1. * dont un des lobes ou- vert & féparé des deux autres , lais- 4e paroitre fes Mammelons intérieurs. Le Corps du Piftile eft auffi divifé -€ntrois parties, unies par une membra- ne extérieure, qui enveloppe le tout. Cette divifion. eft une continuation de celle qui diftingue la tête en lobes, avec cette diférence, c’eft que l’ex- cavation extérieure s’évanouit infen- fiblement, pendant que les angles, par lesquels les lobes fe touchent in- térieurement, s’'émouflent ; ce qui fait que le Piftile devient peu à peu rond, & qu'il fe : forme dans fon intérieur un efpace vuide & triangulaire, qui ‘commence un peu au deflous de la tête. .‘ Chacune de ces parties eft un faifceau de tubes longitudinaires , qui font des produétions des Mam- melons, ‘& qu'on peut diftinguer dans toute la longueur du cities D 2 e * PL, Ye 76 Sur la Pouffiére qui féconde lemoiïen du Microfcope ; Car én quel- que endroit qu’on le coupe transver- falement, 1l paroit percé d’un pro- digieux nombre de petits trous. Ces tubes longitudinaires aboutiflent & font concentrés dans la moëlle de lOvaire, où ils communiquent avec ‘chaque grain de femence par des pe- tites produétions, qu’ils pouflent de tous cotés. Cette moëlle eft une fub- ftance beaucoup plus denfe que le Placenta, au milieu duquel elle eft fi- tuée; quand on la coupe transverfa- lement, & qu’on l’examine au Micro- ‘fcope , elle femble (e) n’être autre cho- fe qu’une éxpanfion des tubes du Pi ftile, répandus dans toute la capa. cité de l'Ovaire, comme le Placen. ta, Ce) Dans les Fleurs de la Mauve fauvage, qui ont leurs Etamines fur leur Piftile même, on peut füivre à l’oeil nu la continuation des tubes longitudinaires du Piftile, & voir . comment ils fe concentrent dans la moëlle; on peut mëme les féparer les uns des autres; comme les poils d’une brofle, qu’ils ége- lent en diamètre, Ainf on peut commode- ment vérifier, pat l'examen de ces Fleurs, ce que je dis ici, ARE 4 Todd | L | À les Plantes, 77 ta, qui environne les cellules, où font les graines, paroit n'être que lexpanfion des tubes du Pédicule. Il fuit de ces obfervations, & de ce que nous dirons fur l’aétion de la Pous- fière des Etamines, que cette Pous- fière entre dans les Mammelons, & qu’elle y pénétre auffi avant que leur cavité conique peut le lui permettre ; mais que quand elle fe trouve arretée, elle lance une fubftance, qui fertilife la graine de l'Ovaire, à laquelle elle peut aïifément parvenir, par les tu- bes: qui y: aboutiflent. C’eft donc une erreur de croire, avec quelques Auteurs, que la cavité qui-femble s'étendre tout le long du Piftile de certaines Fleurs , eft un canal deftiné par la Nature à porter cette Pouflière dans l'Ovaire. Car fans parler de di- vérfés Fleurs, dont le Piftile , au lieu d’une telle cavité, n’a qu’un pe- tit enfoncement au milieu du groupe de fes Mammelons , il eft évident que dans le Piftile du Lis, dont il s’a- git ici, les trois lobes font ajuftés de façon, & les Mammelons tellement entrelacés dans l'interieur de leurs is D 3 Je. , * PLV. Fig. 2 58 Sur la Pouffière qui féconde lèvres, qu'il n’eft pas pofñlible que la: Pouflière rende fécondes les graines: contenues dans l’'Ovaire , autrement. que je viens de le dire. - Cependant la ftruéture de ces mê- mes Mammelons eft encore une plus forte preuve de ce que je dis ici que Jeur arrangement fur la tête du Pifti- le. On peut les voir, tels que je les ai fait reprefenter *, par le Verre N°. 3. d’un double Microfcope à re- flexion. Pour cela il en faut déta- cher quelques uns délicatement avec la pointe d’une lancette, & les pla: cer au foyer du Microfcope dans deux ou trois goutes d'eau, & alors, s’ils font expofés à un jour favorable, on peut diftinguer, malgré leur transpa- rence, l'ouverture, & la cavité defti- née à recevoir les grains de Pouffie- re; & même, files fommets des E: tamines ont été auparavant appliqués à la tête du Piftile, de façon qu'ils y aient laïflé quelque Pouffière adhéren- te par le moien de l'huile quien fort, ou autrement , 1l arrive aflez fouvent qu’on voit des grains de cette Pous- fière qui font entrés, dans quelques D. uns vu. des Plantes, 79 uns de-ces Mammelons, comme ce- la eft reprefenté dans la figure (f). J'ai fouvent fair ufage de cette mc- thode avec fuccès. . . Si la tête du Piftile a été humectée auparavant d'eau, peut-être que cet- te eau n'agit pas feulement comme un menftrue, mais qu’elie fert encore ici de véhicule, & fait que les glo- bules de Pouffière s'infinuent en plus grande quantité dans les Mammelons, que je ne l'ai remarqué. | Ce qui me fait {oupçonner cela, (g) {f) Ce que dit ici notre Auteur m’a en- gigé à examiner les Piftiles de diférentes Fleurs, où j'ai toujours trouvé quelque confirmation de ce qu'il avance. Il eft même aifé de s’en convaincre fans enlever un Mammelon, ce qui eft une opération aflez délicate : il fuffit de confiderer atten- tivement avec le Microfcope la tête d’un Pi- ftile, on y découvrira aifément les Mam- melons en queftion; & on verra à l’ouver- - ture de plufeurs des grains de pouffière, dont les uns font encore-à lentrée, & les autres plus ou inoins enfoncés. La chofe fera {ur-tout fenfible fi l’on choifit des Fleurs, dont les grains de pouffère foient ovales, parce qu’il. eft plus: aifé de diftinguer jus- qu’à quelle profondeur ils font entrés. R. D.T. 4. so Sur la Pouffière qui féconde. {g) c’eft que voulant examiner fi, au moins dans les Plantes qui ne diffé- rent que peu en grandeur & à divers autres égards, la Pouflière d’une es- pèce ne pourroit point féconder la graine d’une autre, je coupai les E- tamines d’une Fleur , avant que fa graine fut fécondée, & enfüuite j’ap- pliquai à fon Piftile une grande quan- tité de la Pouffière d’une autre Fleur. L'éfet -de cette opération fut que je trouvai que durant l’efpace d’une nuit il étoit forti du Piftile une grande quantité de fuc, qui formoit une gros- fe goute de liqueur j’aune, & qui de- voit fa couleur, fi je ne me trompe, à la Pouflière que j'y avois appliquée, Les autres Pifliles, de la même es- pêce, (g) Je dois remarquer ici que ma con- jecture n’eft pas aufi jufte que je l’avois cru dabord; car aiant dans la fuite appli- qué une grande quantité de la Pouffière du Lis à fon propre Piftile, je ne vis point l'éfet dont je parle ici, & que j’avois ob- fervé en appliquant à un Lis, la Poufliè: re de la Fleur d’une efpèce de Glayeul rou- ge. Ainfi la chofe mérite d’être encore examinée. les Plantes. 81 pèce, qui n’avoient point été char- gés de cette Pouflière, ne fouffrirenc aucun changement, & reltérent par- faitement fecs. Il eff naturel de conclure de ce qui vient d'être dit, que la Poufière qui tombe fur la tête des Pifliles, fe diffout dans les Mammaelons, & qu'il n'y a que fa partie la plus fubti- le, qui pénètre dans les tubes. Il y a déja long-tems que Mr. Geoffroy a foupçonné (h) cela ; je dis qu'il la foupçonné, parce qu'en éfet il n'a propofé la chofe que comme une fimple conjeéture. Car jusqu’à pre- fent l’aétion de cette Pouilière, lors- qu’elle eft humeétée d’eau, a échapé à tous les Obfervateurs; comme cela paroit par ce que difent quelques Na- turaliftes, favoir que l’eau ne caufe aucun changement dans cette Pous- fière. : Leur erreur eft venue de ce qu'ils n’ont pas été prefents quand CELC- _ (h}) Voiez fes Obfervations fur la ftru- fture & l’ufage des principales parties des Fleurs, dans les Mémoires de l Acad, Royals des Se, 1714, KR. D, I, 82 Sur la Pouflière qui féconde cette ation a eu lieu; & céla n’eft pas furprenant, Car Ja pluspart des es- pèces de Pouflière, furtout lors qu'el- é ont été cuelllies tout récemment ; qu'elles font bien müûüres, commen- cent & finiflent d'agir dans l'efpacé de quatre ou cinq fecondes, & pour qu’on les puifle voir alors, il faut que Je Microfcope, auquel on les expofe, foit placé, avant qu’on fafle Pappli- cation de l’eau (3). J'ai découvert pour la premiére } 7 fois (:) Il eft même affez difficile de faire" cette application, fur-tout quand on emploie des verres qui groffiffent beaucoup & dont le foyer par conféquent eft fort court: car alors comme on ne peut guêres appliquer Peau, fans regarder à ce qu'on fait, fou- vent il arrive que l’aétion des grains de Pous- fière eft finie, avant que l’oeil ait eu le tems, de revenir au Microfcope. Ce qui m'a le mieux réuffi a été de placer la Pous- fière, que je voulois voir operer , dans le fond d’un verre objeétif concave, & aprés que mon Microfcope étoit en fituation , de mettre une goute d’eau fur le bord de la concavité : cette goute defcendant lente-. ment , me donnoit tout le tems néceffair. pour appliquer mon oeil au Microfcope, avant qu'elle eut atteint la pouflière. R. D. F, ———_—— les Plantes. : 7 8% fois l’aétion de cette Pouflière dans celle de cette efpèce de Lis, qui eft connue des Botaniftes fous le nom de Lilium flore reflexo. KRegardant un jour une infufion de cette Pouffière dans l'eau commune, je crus remar- quer quelque changement dans les grains dont elle étoitcompofée ; com- mé fi chacun de ces grains avoit fait fortir par une petite ouverture, de fa coque ou de fon étui, une trainée _ de petitsglobules*, qui vus au Micro-*.PL- v- fcope ne paroifloient que des points, "5 * * enveloppés dans une fubftance mem- braneufe ; à peu près comme les oeufs de quelques Infeétes aquati- ques, avec lesquels ils avoient éfeéti- Vement aflez de rapport. Cette par- ticularité auroit déja du s'offrir à moi longtems auparavant; car fouvent il m'étoit arrivé d’obferver des infufions de la Pouflière de différentes Fleurs : mais apparemment je n’avois regar- dé cette fubftance membraneufe, que comme une matière étrangère , quele hafard avoit placé fous mon Micro- fcope; où qui avoit été apportée avec Teau; & je me perfuade que la mé- 15124 D 6 me 84 Sur la Pouffière qui féconde me chofe eft arrivée à d’autres a- vant moi. Quoi qu'il en foit, dès -que j'eus fait cette découverte, je plaçai dabord de la Pouffière frai- che au foyer de mon Microfcope, que je difpofai comme il devoit être ; enfuite je mis fur l'objet une petite goute d’eau avec le bout d'un pin- ceau ; & alors, dans l’efpace de quelques fecondes, j’apperçus diftin- ttement une trainée de globules, en- veloppés dans unefübftance membra- neufe, & qui étoient dardés hors des grains de Pouflière: ces globules s’a- gitoient de coté & d'autre, fuivant des direétions diférentes, pendant le tems de l’aétion, qui ne duroit qu’u- “pr, v. ne féconde ou deux. Les figures ® Tig.+ &s. feront aifément comprendre Ce que je dis’ ici; il eft vrai qu’elles repre- fentent des grains de Pouflière de la Mauve, mais à cet égard les diver: fes Pouffières difèrent peu les unes des autres ; leur aétion en général reflemble aflez à celle d’un Eolipile violemment échauffé, pre. Fai repété enfuite cette Expérien- çe {ur un très grand nombre de Pous- | vd fières Les Plantes. 8$. fières diférentes, & toujours avec le même fuccès. Mais la Poufiére des Citrouilles eft celle qui m'a donné le plus de fatisfaétion, non feulement parce que fes globules étant plus grands que ceux de plufieurs autres Fleurs, je pouvois mieux les obfer- ver avec un verre qui ne groflifloit pas extrèmement, & dont par confé- quent le champ étoit plus étendu; mais encore parce que je pouvois ap- percevoir clairement leur mouvement intérieur par le moien de deux ou. trois tâches lumineufes, qui chan- geoient continuellement de place pen- dant l’aétion ; & parce qu’aufli leur é- jaculation fe faifoit avec plus de force. Le refultat de mes obfervations a- boutit à ceci. Premièrement, quoi- que toutes les diverfes efpèces de Pouflières agiflent & fécondent leurs graines refpectives de la même ma- nière, comme j'ai lieu de le croire par les Expériences que j'ai faites fur diférentes fortes, cependant il eft plus aifé d’obferver ce fait dans les Pouflières opaques; la fubftance qui elt dardée par celles qui font trans- D 7 pa- 36 Sur la Douffièfe qi féconde parentes ne paroit dans l'eau que com me une fine vapeur pellucide; telle. eft par exemple celle du Creflon. On comprend donc qu'il peut y en avoir de fi petites, de cette dernière for- te, que leur ation ne fera vifble que très difficilement, fi mêmeelle left en aucune façon; car la matière qui en fort eft à proportion plus fine & plus transparente (k). Ainfi (7) quoi _(k) Si l’on ne voit pas diftinétement la matière qui fort de ces grains de Pouflière ; l'on en eft dédommagé par le mouvement qu’on remarque dans leur intérieur, & qui offre un fpeétacle charmant. Dans ceux que j'ai examiné, j'ai vu des taches qui par- toient des extrémités du globule ovale, qui groflifloient en s’approchant l’une de Pau- tre, & qui fe confondant dans le centre, difparoifloient parce que le globule perdoit fa transparence, & peut-être aufli parce que c'étoit la matière , qui étoit dardée hors du. grain. À l’endroit où elles s’étoient réunies; j'ai presque toujours obfervé la cicatrice’ dont notre Auteur va parler, & qui a l’air d’une crevafle formée dans la membrane ex- térieure du globule. R. D. T. 1 (1) Qu'il me foit permis de hafarder ici une conjeéture ; c’eft que quand il arrive que le Vin pouffe au Primtems, lorsque les vi: 40 ‘gnes _ Tes Plantes. | 8 quoi que je n'aié pas remarqué que l'eau caufàt aucure altération fenfi- ble dans les Pouffières des Grenades, des Afperges, du Houblon, & quel- ques autres Pouflières transparen- tes, cependant, plutot que de füppo- fer que la Nature n’eft point unifor- me dans le choix des moiens qu’elle emploie pour parvenir aux mêmes fins , je fuis porté à croire, qu’on n’apperçoit point l’aétion de ces Pous- fierès, foit à caufe de la petitefle de leurs globules, dont dix égalent à peine un feul des grains dela Mauve; foit à caufe de la figure & de la ftru- ture de ces globules, qui font tous Dvales, & fort legers, quoique ce- pendant plus pefants à leur petit bout, ce qui fait que leur plus large éxtré- mité fort hors de Feau. Si donc là | 53 m& es font en fleurs, cela peut être attribué une fermentation, qui y eft excitée par la matière fubtile qui fort des globules de la Pouflière de ces fleurs, & dont je fuis per- fuadé que l'Air eft alors rempli: cette ma- tière, , vue au Microfcope , paroit prodi- gieufement fine , fubtile & pénétrante, ce qui rend ma conjeéture- aflez vraifemblablé, 88 Sur la Pouffière qui féconde matière qui doit être jettée, fort par le petit bout, vers lequel il eft natu- rel de fuppofer qu’elle eft placée à caufe de la transparence & de Ia lé- gèreté du gros bout, il eft clair que l'aétion de Ja Pouflière ne fauroit ê- tre remarquée par un Obfervateur; & ce peut être la le cas de toutes les efpèces dans lesquelles cet éfet n’elt point vifible. AE En fecond lieu, il n’y a que péu de grains qui agiflent, fi la Pouffière n’a pas. été cueillie recemment ; & mèê- me encore alors n'agiflent ils pas tous ; la raifon de cela, comme je le foupçonne, c’eft qu'ils ne font pas tous également murs, & prets pour l’action. En troifième lieu, il y a quelques efpèces de Pouflières qui agiflent a- vec tant de force, que quand il y a deux grains contigus, l’aétion de la matière qui eft dardée par l’an-re- poufle l’autre à une diftance qui éga- le fix ou fept fois fon diamètre. | En quatrième lieu, quelque efpè- cé de Pouffière qu'on obferve ,-on y voit toujours quelques grains 42 Ont les Plantes, 89 font crevés & entr'ouverts ; mais cependant dans la pluspart l’ouvertu- re , par où pañle la fubftance intérieure, eft imperceptible, lors même qu’on les regarde avec les verres qui gros- fiflent le plus. En cinquième lieu, la femence ne contient point, avant que d'être fé- condée, la Plante en mignature , com- me quelques Auteurs l'ont cru: mais c'eft la Pouflière de la Fleur qui ren- ferme le premier germe ou bouton de la nouvelle Plante; ce germe pour fe développer & pour croitre n’a be- foin que du fuc, qu'il trouve tout préparé dans l’'Ovaire. Car fi l’on re- flechit fur les conféquences d’une ob- fervation qui a déja été faite par di- vers Naturaliftes , c’eft qu'avec les meilleurs Microfcopes, on ne décou- vre rien dans la graine d’une Plan- te, jusqu'a ce que les fommets des E- tamines fe foient dechargés de leur Pouflière ; que jusqu’à ce tems la cette graine eft tout à fait vuide, & qu'on n'y Voit rien que fa peau, ou fon enveloppe extérieure, mais que dès qu'elle à été impregnée de la Pous- 7 fière, 96 Sur la Pouffière qui féconde fière, on y aperçoit un véritable ger- me, ou une petite tache verdatre qui nage dans une liqueur limpide. Si dis-je l’on reflechit fur les conféquen- ces de cette obfervation, & fi l'on compare cette tache verdatre, avec les globules qui font renfermés dans Ja fubftance membraneufe qu fort d'un grain de Pouflière, il paroitra; je penfe, très vraifemblable que cha: cun de ces globules eft un germe réel, & qu’il n’eft pas impoffible qu’un feul grain de Pouffière fuflife pour : fé- conder toutes les graines contenues dans l’Ovaire. | En fixième lieu, la véritable rai: fon pour laquelle la Pluie eft fi nui- fible aux Plantes & aux Arbres qui font en fleurs, ne confifte pas en ce qu’elle entraine la Pouflière, mais en ce qu'elle diflout les grains de cette Pouffière fur les Étamines mêmes ,a- vant qu'ils puiflent atteindre le Piftis ke, par lequel la matière fécondante, qu'ils renferment, devroit pafler pour parvenir à l'Ovaire. C’eft pour cela peut-être , qu'on ne trouve jamais que ces grains foient également ne: les Plantes. ,) et & prets à agir en même tems, com- me j'ai déja eu occafion de le remäir- quer. + En fepuëme lieu , c’eft par la for ce de l'aétion de ces grains, que la fubftance fécondante eft dardée dans les conduits du Piftile qui aboutis- fent à l’'Ovaire. On peut découvrir avec le Microfcope ces conduits dans les Piftiles de plufieurs Plantes, mais particulièrement dans ceux du Citron- nier. Si l’on coupe un de ces der- niers transverfalement, & qu’on en place une tranche au foyer d'un Mi- crofcope, elle paroitra rayéecomme le Citron même, & l’on y diftingue- ra les conduits, qui aboutiflent à cha- cune des cellules où les graines font Jogées. Quant aux Mammelons qui forment la tête de ces conduits dans plufieurs Fleurs, 1! faut remarquer que la Nature n’eft pas uniforme à cet égard, puis quil y a diverfes Plantes ou l’on ne trouve nices con- duits ni ces Mammelons. Mais alors il y ad’autres parties qui y fuppléent & la fécondation s'opère en général de la même manière dans toutes. On: 2 — en 92 Sur la Pouffière qui féconde en peut citer pour exemple le Maïz: ou Blé des Indes, où l’on voit au lieu de conduits des filamens , qui fuivant les obfervations de Mr. Lo- gan, dans les Tranf. Philef. N. 440. p. 192. répondent fi exactement au nombre des graines, que fi l’on en ote une partie, l’on trouvera que le nombre des graines fécondées que portera la Plante, égalera précifement celui des filets qu’on aura laïflé. En huitième lieu, quoique l’eau commune fuflife pour exciter l’action: des globules de Pouffière, cependant: l'application du fuc qui eft exprimé: de l'Ovaire; produit un éfet plus im- médiat , & femble être plus éficace . à cet égard, Enfin, quant à la véritable raïfon, qui eft caufe que l’eau produit cet é-| fet fur les grains de Pouffière ; je crois qu'elle reftera un fecret. J'a- vois dabord conjeéturé que la fub-. ftance membraneufe, qui enveloppe les parties qui font dardées, étoit compofée d'une efpèce de filaments fecs & élaftiques, qui fe dilatoient quand l'eau entroit dans la F1 | e Lks Plantes. 93 dé la coque ou goufle extérieure, & que c'étoit là ce qui occafionnoit lé- lancement {ubit de la matière fécon- dânte. Mais aïant effayé par hafard d'emploier quelque liqueur acide, comme du jus de Citron & du vinai- gre, au lieu d’eau, l'action ne s’o- péra-point, & je m'imagine que tout autré acide, auroit été également 1in- éficace : cela m'a convaincu que cet- te action dépend d'un mécanifme ca- ché ; auquel il n'y a pas moien de parvenir , même par conjeétures, vu la petiteffe des Corps dont il s’agit. . Voila tout ce que j'aipu découvrir touchant le Phénomène que nous of- fre la Pouffière qui féconde les Plantes. Mais avant que de pañler à une autre matière , & pour ne rien omettre de ce qui peut avoir ici quelque rela- tion, faifons encore la remarque fui- vante. Ceux qui pretendent que les Animalcules fpérmatiques, font réel- lement des Animaux, & non des pe- tites machines, femblables aux vais- feaux laiteux du Calmar;, & qui croient ainfi détruire l’analogie que Jes découvertes précedentes nous au- torI- S4 Sur la Pouffière qui féconde torifent, ce femble, à établirentre le: règne animal & le règne végetalz ceux , la-dis-je, ne doivent ‘pas feule- ment refoudre les objeétions que di- vers Auteurs ont avancées contre le fyftème de Mrs. Leeuwenhoek & An- dri; il faut encore qu'ils répondent » aux queftions fuivantes. 1° Si les petits Corps qu'on voit dans la fe- mence font réellement des Animaux de l’efpèce de ceux qui habitent dans l'eau , pourquoi vivent-ils dans un. élement qui eft fi peu propre pour « eux, à Caufe de fa vifcofité, que, comme Mr. Leeuwenhoek même le … remarque, s'il n'eft pas délayé avec de l’eau, fa confiftance fait que ces » Animaux font abfolument privés de. ! ri tout mouvement, dans lesendroits où il eft le plus épais (m) ? 2°. Gagne:t+ # 25 ‘où. -:(m) La manière modefte.avec laquelle | notre Auteur propofe ici fes doutes, témoi- | gne chez lui tant’ d’amour pour la vérité, & fi peu de prévention en faveur de fes ; propres idées, que je fuis fur qu'il ne trou- vera pas mauvais fi j’eflaie de répondre en peu de mots à fes queftions : je le ferai les Plantes. : o$ on.quelque chofe, ou éclaircit-on da- vantage la matière en foutenant que les Animalcules contribuent en quel- que manière à la géneration, puis qu'on peut toujours demander, com- ment ces Animaux fe produifent; à moins qu'on ne veuille en poufler le nom- donc, non que je croie pouvoir refoudre parfaitement fes diflicultés, mais afin de l’engagér à examiner la chofe encore plus murement, au cas que cette Traduétion par- vienne, jusqu'à lui. Je commence donc par cette première queftion. Pour la re- foudre avec plus de connoiffance de caufe j'ai examiné le fperme de divers Animaux, & fans qu’il fut néceflaire de le délaier avec de l’eau, j'y ai toujours vu un très grand nombre de ces petits Corps, qu’on prend pour des Animalcules, fe mouvoir de tout coté. Ainfi cet élement n’eft pas auffi con- traire pour eux que la queftion femble le fupofer. A la vérité is paroifflent quel- ques fois fans mouvement dans les endroits où la liqueur eft plus épaifle ; mais eft-on fur qu’il en foit de même dans le refervoir d'où ils fortent? Renfermez là dans un plus grand efpace, ils peuvent aifément éviter ces endroits où ils ne nagent pas à leur aife; au lieu qu’il n’en eft pas de même d’une goute de liqueur , qu’on place au Foier d'un Microfcope. Ces Animalcules n’ont pas été faits pour être vus de cette façon. R, D. T. 96 Sur la Pouffiére qui féconde nombre jusqu’à une fuite infinie (x) ? | 3°. Sans rien déroger à ce que nous connoïflons de la Sagefle du Créa- teur, ne fommes nous pas autant au-. torifés à dire que le Foetus tire fon origine d'un point de matière fans vie, que d’aflurer qu’il nait d'un A: nimacule (0)? 4°. Dans les Je U- (n) Cette queftion ne fait proprement rien au fujet. Ilne s’agit pas ici de l’ufage de ces Animalcules, mais de leur réalité. Quand même on démontreroit que-ce n’eft point d’eux que le Foetus tire fon origine, : on ne prouveroit pas par là qu'ils n’exiftent point; & c’eft contre leur exiftence qu’on. argumente. Cependant pour repondre à cette même queftion, je ne vois pas qu’il y ait aucune abfurdité à fuppofer ici une fuite infinie, ou pour parler plus exaétement, une fuite compofée d'un très grand nombre de dégrés. Quand il s’agit de Etre fuprème,,. créer une fuite de dix Animalcules, ou en créer une d’un million , c’eft la même: chofe. R. D. T. de. (e) Enne confultant que la puiffance du Créateur, fans contredit nous fommes au- tant fondés à dire que le Foetus tire fon ori: « gine d’un point de matière fans vie, que d’un | Animalcule. Mais il s’agit ici de ce que lé Créateur a fait, & non de ce qu'il auroit pu M faire, Si les Animalcules exiftent réelle- M | . ment, | 4 les Plantes 97 _ fujets , pourquoi les Animalcules , - fuppolé qu'on puille fe fervir de ce mo , reftent-ils long-tems imparfaits, & de façon que, fuivant les obfer- - vations de Mr Leeuwenhoek, ils ne …pairoiflent pendant plufieurs années que comme des points ou des glo- bules fans vie, qui flottent dans une liqueur (p) ? Ne pourroit-on es 6 | Le - ment, & font les principes du Foetus, ce. - feroit déroger à fa Sageffe que de dire qu’il auroit pu faire que la multiplication de j’es- pce animale s'opérat par un autre moien: celui qu’il a choïfi eft le plus convenable, & {a Puiffance ne fauroit executer , que ce que fa Segeile trouve le meilleur. Et d'ail- leurs , pouvons-nous aflurer que ce ne fe- roit point déroger à cette même Sagefle, que de dire que Dieuteft obligé de créer de nouvelles Ames, pour tous les Animaux Ÿ qu miens ce qui eft cependant une con- équence , qu'il faut digérer lorsqu'on n’2d- met point l'exiftence des Animalcules? KR. - (p) Si dans les jeunes fujets ces Animal- cules ne donnent aucun figne de vie, cela re peut-il pas venir de ce que, n’y trou- … vant pas un Elément qui leur convienne, ‘ils reftent dans un état de Nympbe, jusqu'à ce que cet Elément'ait acquis le dégré de perfection, qui leur éft néceffaire ? R. D. T: 98 Sur la Pouflière qui féconde déduire de cette obfervation , qu’il ya ici quelque chofe d’analogue à | la formation graduelle des Vaifleaux . laiteux dans le Calmar, dont j'ai parlé ci-devant, plu-tôt que d'en conclure qu'un Animal eft le prin- cipe de la génération? En un mot pour prouver la réalité de ces Ani- malcules, il faut quelque chofe de plus que leur mouvement dans la li- liqueur où ils font, car cette raïfon eft fort équivoque , puis qu'un fem-. blable mouvement a lieu dans les Vaïfleaux Jaiteux du Calmar, (q) qui font inconteftablement de pures machines. La durée du mouvement qu'on a obfervé dans quelques uns de ces Animaux, & qui furpañle peut- être celle de l'agitation des Vaifleaux laiteux , & cela à caufe de l’efpace qu'ils ont à parcourir, avant que de parvenir dans l’Uterus au point où fe fait l'impregnation; cette durée, dis- Je (q) Parce que j'ai dit ci-devant pag. 65. ii paroïit qu’il y a quelques diférences entre le mouvement de ces Animalcules, & celui des Vaifleaux laiteux. R. D.T. les Plantes. CE) je, à moins qu’elle ne furpafle de beaucoup celle des Vaifleaux laiteux , n'ajoute aucune force aux argumens, . par lesquels on tache d'établir l'exi- Îtence des Animalcules; car elle peut dépendre de Ja nature de ces peti- tes Machines, aufli bien que de plu- fieurs autres circonftances, que nous ne connoiflons pas aflez bien. ROC LOC LOG. MOGY. LOG. ROUY, OO. MD. 20 SE te OO HDGN HOGW SES SE CHAPITRE VIIL Des Anguilles qui font dans le Blé à gaté par la ANiclle. ? a Nielle eft une maladie du Blé, À; dont elle détruit la fubftance farineufe, qui eft au-dedans, & in- troduit à fa place une matière étran- gère, qui ternit & noircit le grain, au moins extérieurement. Cette ma- tière eft ou une Pouflière noire & fort fine, mais dont les parties, vues au Microfcope, n'ont point une fi- gure uniforme ; ou C’eft une fub- | ce blanche, toute compofée de longues fibres , * empaquetées en- E 2 fem- PEL 'E Fis. 6. 100 Les Anguilles qui ont dans le BI£ femble, & qui ne donnent aucun figne de vie ou de mouvement, fion les ex- pofe au Microfcope, telles qu’on les ti- re du grain, fans leur appliquer de l’eau, La premiere fois que je les décou- vris, je n'avois d'autre deflein en leur appliquant de l'eau, que de dé- . velopper ces paquets , afin que je pufle examiner les fibres plus commo- dement ; je fus par conféquent bien fur- pris de les voir en un inftant prendre vie, & fe mouvoir régulièrement, non d'un mouvement progreflif, mais en cortillant chacune de leurs extrémi- tés, & perfeverer dans cette agita- tion jusqu’au lendemain. J'ai repété cette obfervation en divers tems, avec cette diférence . feulement ; c'eft qu'au commence- ment , lorsque les grains étoient cueil- lis récemment, & qu'ils étoient en- core mols , il fufhfoit d’en’tirer les Animalcules, & leur appliquer de” l'eau, pour les voir remuer ; mais enfuite, lorsque ces grains ont été gardés quelque tems, ïl m'a fallu les macerer dans l'eau pendant-quel- » ques heures, & alors quand j'en ti- TOIS gaté par la Nielle. ot rois les Animaux, je les voiois s’ani- mer peu à peu, lorsque je les expo- fois au Microfcope dans une goute d'eau; au lieu que fi je ne prenois pas cette précaution , il n'y en avoit presque aucun qui donnat quelque figne de vie. Comment ces Anguilles, car je . puis leurdonnercenom, parce que ce font des Animalcules aquatiques, qui reflemblent affez aux Anguilles d’eau douce, avec cette diférence cepen- dant, c’eft que leurs deux extrémi- tés font tout-a-fait femblables *, fans* PL. v qu'on y remarque aucune apparence *# 7 dé bouche ou de tête; comment ces Anguilles, dis-je, fubfiftent-elles ; d’où viennent-elles; fi elles fubiflent quel- que changement, en quoi fe conver- tiflent-elles ;ou comment multiplient- elles? Je n'ai rien pu découvrir là- deffus :. tout ce que je fai, c’eft que jen ai obfervé pendant fept ou huit emaines de fuite, que j'ai confervé en vie uniquement en leur fourniflant de la nouvelle eau : fouvent j'en ai auñli laïflé fècher, pendant quelques jours après que l’eau s’étoit évapo- E 3 rées 102 Des Anguilles qui font dans le Blé rée , &enfuite elles ont repris vie des que je leur ai redonné de l’eau fraiche. Mais ce qui m'a furpris le plus, c’eft que j'ai aétuellement des grams de ce Blé gaté par la Nielle, qui ont été cueillis il y a plus de deux ans ici en Angleterre, où je les ai confervé fecs pendant un été dans une boëte, & enfuite je les ai porté avec moi dans un climat beaucoup plus chaud, je veux dire en Portugal, où ils ont pañlé un fecond été , & cependant ils m’offrent encore x prefent les mê- mes phénomènes, fans que j’y puifle remarquer aucun changement (a). (a) Un de mes Amis aiant eu l’avantage de voir à Londres Mr. Needham , en a re: çu quelques grains de ce Blé dont il s’agit ici, & il a eu la bonté de les partager avec moi. J'ai vu avec admiration les Anguilles qui font dans leur intérieur; & comme ce fpectacle m’a paru fort furprenant, j'y fuis revenu plufieurs fois, toujours avec le mé- me piaifir. Quoique le mouvement de ces Anguilles foit très fenfible, je n'oferois ce- pendant pas aflurer pofitivement que ce font des Animaux. Peut-être ne font-elles que des Etuis qui renferment d’autres petits Animalcules. Ce qui me le feroit en c'e gaté par la Niclle. 103 La Nature fingulière de ces Ani- malcules, quelqu'inexplicable qu'’el- - je foit en elle-même, nous fert de confirmation & nous met en état de rendre raïfon d’une obfervation qui a été faite par plufieurs habitans de la campagne , & dont parle Mr. Bradley ; c’eft qu'entr'autres cau- fes, ce qui occafionne la Nielle dans les c'eft un phénomène dont j'ai été témoin plufieurs fois, & dont je dois la décou- verte à une perfonne à qui j'avois donné uelques grains de ce Blé. Voici le fait. Il arrive affez fouvent à ces Anguilles de fe rompre, & alors on voit fortir de leur Corps a eurs petits globules, noiratres ; enve- oppés dans une fine membrane; or j'ai obfer- vé plufieurs fois que de ces paquets de globules, il fortoit de petits Corps qui na- geoient dans l’eau avec beaucoup de viteffe, Ces globules, qu'on peut même découvrir dans le Corps de lPAnguille à caufe de fa transparence, font-ils donc de petitsanimaux, renfermés dans l’Anguille , comme dans un Etui? Pour être en état de refoudre la ques- tion, il faut obferver de fuite une Anguille jusqu'à ce qu'on ait vu tous les globules en fortir; examiner ce qu’elle devient alors, & fuivre les progrès de ces derniers. Mais quoi qu'il en foit, le merveilleux de la Ê ES fubfiftera toujours dans fon entier. JE L E 4 104 Des Anguilles qui font dans le Blé les Blés, eft que parmi les grains qu'on fême, il y en a qui font infec- tés de cette maladie. Car fi l’on fup- pole que ces Animaux trouvent dans la Terre une humidité fuffifante pour . leur donner la vie, fi je puis m’ex- primer ainfi, eux ou leurs oeufs peu- vent aifément s’infinuer dans le jeu- ne Blé, & croitre avec lui. En conféquence de ccla Mr. Bradley ordonne une forte faumure avec de J'Alun diflout, où l’on mettra trem- per le grain pendant trente heures; après quoi on le lavera dans l’eau fraiche, & enfuite l’on écumera foigneufement les grains qui furna- geront, parce que ce fera une mar- que qu'ils feront gatés : par la on par- viendra à garantir la nouvelle recol- te de cette mfeétion. L’éfet de cet- te macération eft dû vraifemblable- ment aux parties falines qui péné- trent dans les grains, & qui détrui- fent les Animalcules par tout où ils en trouvent, Mr. Bradley aflure en même tems, que fi cette macération n’a pas quelque-fois le fuccès qu'on en attend, cela vient ou de ce quela fau- mure gaté par la Nielle, 305 mure n’a pas été aflez forte, ou de ce que le Blé n’y a pas trempé aflez long-tems. En éfet, axant, fait trem- per des grains gatés dans une forte faumure, compofée exactement fui- vant l'ordonnance , & les aiant exami- né au bout de douze, ou quinze heu- res, jen urai des Animaux vivans, mais je n’apperçus aucun figne de vie dans ceux que je laïffai macerer pen- dant trente heures ou plus. J'ai faitre- prefenter dans la Fig. 6. de la Plan. che V. une goute d'eau, remplie de ces Anguilles , telle qu'on la voit avec le Verre N. 3. d'un double Microfcope à reflexions & dans la Fig. 7. on voit une de ces Anguilles, telle qu’elle pa- roit avec le Verre qui grofiit le plus. RD do Oo do D Jo D. | CHAPITRE IX. * D'un petit Infècte, de l’efpèce des Scarz- - bées , trouvé fur le Narciffe. | M: de Reaumur a cbfervé avee raïon, dans le cinquième de Les Mémoires pour fervir à l'Hiftoire x 1 : des Le + PEL Fis. 8. 9. 39, Ile 1z. PE Ÿ. Fig. 13. 14. LSe 166 D'un Scarabée trouvé des Infeétes, Tom. 4. que les Pous- fières qu'on trouve fur les ailes des Papillons , méritent moins le nom de Plumes que celui d'Ecailles, aux: quelles elles refflemblent affez. Quoi- qu’elles fervent à fortifier les ailes du Papillon, & qu’en ce fens elles foient utiles à cet Animal, 1l femble cependant qu’elles font plu-tôt defti- nées à l’ornement, qu'a aucun ufage réel. Un petit Infeéte *, de l’efpé- ce des Scarabées, qui fe nourrit de la Pouflière des Etamines du Narcifle, paroit confirmer cela: c'eft je crois un Animal fingulier en fon efpèce; N au moins je n'en ai pas vu d’autres qui lui reflemblent, Toute la furfa- ce extérieure de fon Corps eft ornée ” & couverte d’écailles *; celles qui. font fur les foureaux de fes Ailes font : de couleurs diférentes, & font dis- pofées de façon qu’elles forment des” taches ou mouchetures fur toute l’é- tendue du foureau. Cet Infeéte eft « f petit, comme on en peut juger par la fig. 8. où il eft repréfenté de grandeur naturelle, que je n’aurois pas fait attention à cette particulari- té, EE Jur le Narciffe. 107 té, fi je n’avois pas remarqué par hafard, que quand je le maniois il changeoiït de couleur, & perdoit de fes mouchetures. Les écailles dont il eft couvert font les plus petites que jaie vues. Je les ai fait reprefenter ici telles qu’elles paroïflent avec le verre qui groflit le plus, dans un double Microfcope à reflexion ; à peine font-elles vifibles avec un Ver- re qui groflit moins. Pour reprefen- ter l’Animalmême, *je me fuis con-* PL- v- tenté d'emploier une forte loupe. Dans les fig. 9. & 10. on le voit par deflus & par deflous, avec la tête dres- fée, &lesfig. 11. & 12. le font voir de Ja même manière, avec cette feule di- férence , c’eft que fa tête eft dans fon attitude naturelle. Peut-être que fi l'on examinoit les petites taches fur plufieurs Infeétes de ce genre, & fur quelques autres, on trouverait qu’elles font dues, à un arrangement d'écailles de la même nature. E 6 Czs- 194 g. TCs Il. 22 # PL. Ps Fig. 160 108 GOTOGOTELCOTOSDO CRLXPITRENR Des Oeufs de la Raye. Raye, autant que nous en pou- vons juger par la confideration de fes Oeufs, ne multiplie pas fon efpèce de la même manière que la plus-part des autres Poiflons ; on fait que ceux-ci fe raflemblent par troupes dans les endroits où les Fe- melles dépofent leur fray, qui eft dabord fécondé , fans qu'il fe fafle au- cune copulation des deux fexes. Les Oeufs de la Raye, au contraire, font vraifemblablement rendus féconds, avant que de fortir du Corps de l’A- nimal. ‘Leur coque eft mince, d’un brun obfcur ,. quelque peu transpa- sente , & fort dure; & leur figure eft telle que je l’ai fait reprefenter *. Ils font. remplis intérieurement . de méme que les autres Oeufs, d'un blanc qui environne une fubftance « analogue au jaune ordinaire, excepté qu'elle eft blanche: durcic dans l’eau EU ù à chau- Des Oeufs de la Raye. 109 chaëde ; elle paroit auffi être compo- fèe de globules, qu'on fuppofe être de petites veficules , qui contien- nent ce qui fert de nourriture au foe- tus; & de même encore que dans les autres Oeufs, toute cette fubftan- ce intérieure a uné enveloppe com- mune , favoir une Membrane qui tapifle la cavité de la coque : outre cela le blanc, & la matière analogue au jaune, ont leurs enveloppes par- ticulières ; mais cette derniére matié- re n’eft point fufpendue par fes po- les, apparemment parce que dans les Oeufs de cette forme les ligamens qui fe trouvent dans les autres ne font pas néceffäires. On peut découvrir aifément, même à l'oeil nud, leur cicatricule, qui paroit rayée, & qui a quelque reflémblance avec la cou- _ pe transverfale d’un Citron; elle prouve que l'Oeuf eft fécondé avant que d’être dépofé hors du Corps. La defcription & la figure que j'ai don- né de ces Oeufs, ont été faites d’a- près des Oeufs tirés tout récemment de l'Ovaire ou del’Uterus de la Raye, E 7 Ceas 1:0 CNED GNAI GKUD CN CHAPITRE XI. Du Bernacle. * ’ai déja fait connoïtre en quelque: J manière cette Produétion mari- ne, & j'en ai donné une defcrip- tion générale dans l'Introduétion , qui eft à la têce de cet Ouvrage. Depuis lors j'ai eu occafion d'examiner cet À- nimal avec plus d'attention, de façon que je fuis en état d'en donner à prefent une defcription plus exaête , accom- pagnée de figures qui m'ont paru né. ceffaires , pour éclaircir ce que j'ai à di- re. Cependant jene fuispasencore par- venu à découvrir quelque chofe d’aufñi fatisfaifant que je le fouksiterois, fur Ja manière dont il fe multiplie (a), En ouvrant Ja Coquille qui eft à lextrémité de la longue queuë cy- lindrique de tous les Bernacles, j'ai trou« -_ (a) Voïez ce que j'ai dit làä-deflus dans Pintroduétion p. 8. n. b. & confultez les fig. x, & 2. de la PI VIL KR, D. T. Du Bernacle. rit trouvé dans plufieursuneexcrefcence bleuë, placée de chaque coté & im- médiatement au deflous du groupe de Cornes. Ces excrefcences, vues au Microfcope, m'ont paru être un fac membraneux , rempli de petits globules bleus, d’une figure ovale & uniforme , & aflez femblables au fray des autres Poiflons; mais cette reflemblance , n'étant accompagnée d'aucune des autres obfervations qui feroient ici néceflaires, ne forme tout au plus qu'un argument qui a quelque probabilité : ainfi je ne fau- rois déterminer avec certitude fi leur adhéfion par troupes, & l'union in- time des racines de leurs Pédicules, eft due à quelque analogie entre leur multiplication & celle du Polype, ou fielle vient de ce que les parties du fray, dépofé hors de leur Corps, reftent & croiflent unies les unes aux autres, @& cela par la même caufe qui fait que l’Animal, dès le tems de fa nativité, eft fixé aux vaifleaux ou aux rochers, dont il paroit fortir. Nous pouvons diftinguer dans cet- te Production marine;vus à l'oeil nud, ; tro1S 112 Du Bernacle. trois parties remarquables ; favoir +pr. v1.& le Pédicule noiratre * & cylindrique, PL. VII. Fig. 1.4, b, + PL. Va Fig: LE LT par la baze duquel elle eft-adhéren- te aux vailleaux ou aux rochers , fur lesquels on la trouve; la Coquil- le * dont ce Pédicule eft armé, & le " Poiflon même *, renfermé dans cette Coauille. Le Pédicule eft creux dans toute fa longueur, mais de façon que le diamètre de fa cavité intérieure n'eit pas proportionné à celui de fa circonference extérieure ; & cela à caufe de l’épaifleur de la fubftance de ce Pédicule; car il eft formé de diverfes membranes , renfermées les unes dans les autres, &:compo- . fées de fibres. longitudinales. Ces fi- bres font fufceptibles d’une grande extenfion, . de forte que quand l’Ani- mal eft en vie , il peut acquerir une longueur à peu près double de celle qu'il anaturellement, mais quand elles fe fèchent , elles fe contraétent, fe dur- ciflent, & dévierinenie rudes comme du chagrin. J’aicru dabordquecePédicu- Je étoit l'Etui qui contenait le Corps du Poiflon ; mais après avoir bien exami- né la chofe, j'ai vu que çe dernier étoit sen Du Bernacle. 113 renfermé uniquement dans la Coquilie, fans avoir aucune communication fen- fible avec ce tuiau cylindrique, que j'appelle à caufe de cela Queue ou Pé- dicule, & non une partie de l’Etui, pour laquelle je l’avois pris dabord, La Coquille, qui contient le Pois- fon, eft bivalve en apparence, mais fi on l’examine un peu attentivement on découvre bien-tôt que chacun de fes cotés eft compofé de deux piè- ces *, adhérentes l’une à l’autre par x p1, y. une fine Membrane, qui en tapifié Fis-2-+.#. toute la furface concave, & qui s’in- Fig. r.f. finuant entre chaque divifion*, joint& ur ces pièces enfemble de façon quel’'A- Fig. 1.# nimal a l'avantage de pouvoir attirer à foi l’eau & la nourriture; & pour cela il n’eft point néceflaire que les deux battans de fa Coquille s’éloignent l'un de l’autre, comme ceux des Hui- tres & des Moules; ils en font em- péchés par une charnière * courbe * pP1. y1. & concave, dans les bords de laquel- ,Fis: 3.88 le ils font engrainés , & qui s'étend rig.1.«, au delà de la moitié de leur circon- férence ; mais ils forment un angle a chacune de leurs divifions, & . | à 114 Du Bernacle. là ils laïflent entr’eux une ouverture qui a à peu prés la figure d'un rhom- » pr, yr.boïde *. ÂAinfi tout ce qui efk atti- Fig-2.c ré par le jeu des Cornes du Poifion eft aifément retenu dans cette cavi- té. Lorsque l’Animal eft tranquille, fa Coquille eft toujours ouverte, parce qu'il a continuellement befoin de nouvelle eau, qu'il fucce & qu'il rejette alternativement ; ce quon peut remarquer par le jeu de deux Antennes correfpondentes , qui res- femblent à celles de quelques Infec- tes, & dont le mouvement répond . afflez bien à celui des Ouïes des au tres Poiffons. La tête de cet Animal eft gar- * pL. vi. nie d'une vingtaine de Cornes *, 8. où même de plus. La longueur de ces Cornes diminue par dégrés, & elles forment des courbes irrégulières enfermées les unes dans les autres. Leur coté concave eft partagé par di- x pu. vi Verfes incifions *; danslesintervalles Big-+ compris entre ces incifions , il y ades touffes de poils , qui ontaflez la figure de petites broffes. Le Poiflon peutles faire fortir ou lesretirer à volonté, & en Du Bernacle. 115 en les agitant foit dans l'intérieur de fa Coquille, foit dehors, 1l forme dans l'eau un courant qui entraine à Jui la proye dont:il fe nourrit. Ce qui me por- te à croire cela, c’eft qu'en expoñfant au Microfcope la tête de cet Animal 2- vec fes Cornes, pour en mieux exami- ner l’arrangement, j'ai trouvé quel- quefois deux fortes d’Animalcules, pas plus gros qu'un grain de fable, dont les uns reflembloient à des Crab- bes , & les autres à des Pucerons d’eau, & qui étoient engagés dans les longs poils, qui garmiflent la concavité des Cornes. Ces Cornes vues au Microfcope, pa- roïflent un peu opaques, mais on peut les rendre transparentes en tirant hors de leur cavité intérieure un paquet de longues fibres, qui s'étendent d’u- ne de leurs extrémités à l’autre; & à cet égard ces Cornes paroiffent reflem- bler à celles des Chevrettes, &des E- crevifles, tant derivière que de mer, Au milieu du groupe de ces Cor- nes, précifément au-deflus de la bou- x 3 x d che, il y a une Trompe creufe » Fig. 1. f. qui confifte dans un Tube chargé de 116 Du Bernacle. de poils, & coupé par des jointures z elle renferme une efpèce de lan- -gue ronde & longue, aflez fem- blable à celle d’un Pivert, & queje crois pouvoir être dardée hors de fon foureau, ou retirée au dedans, fui- vant que les befoins de l’ Animal l’exi- gent. f'ai fait reprefenter cette’ [ rom- # PT. vi. pe * telle qu'elle m’a paru au Mi- Hg. s crofcope, immédiatement après l’a- voir féparée de la tête d’un lernacle vivant; & j'ai pu même diftinguer alors l'extrémité de la langue, qui fortoit & rentroit dans fon étui par un mouvement convulfif, qu'elle con. ferve long-tems , après avoir été fé- parée. U «pi. vi : La Bouche * de cet Animaleft fin- Fig. 1. 4. sulière dans fon efpèce. Elle confi- Îte en fix lames, qui peuvent s’écar- ter les unes des autres, & qui font: # PL. vi. dentelées * comme une fcie fur leur F8 & bord convexe. Ces lames font dis- pofées en cercle, & fixées par l’ex- trémité, à laquelle on voit encore, dans la figure, les reftes des Nerfs qui leur communiquent le mou-. vement ; leur arrangement eft tel, qu'en Du Bernacle. 117 qu'en s'élevant & s’abaïffant alter- nativement , leurs dents fe correfpon- dent en agiflant fur ce qui fe prefen- te à leur action, Elles font appli- uées les unes contre les autres, de çon qu'elles forment une ouverture phflée, qui reflemble à celle d’une bourfe dont les cordons font tirés, & quand elles concourent à faifir leur proie, on comprend aifément qu'armces comme elles font, elles ne Ja laïflent pas échaper. La figure d'une de ces fix lames, que j'ai fait reprefenter, telle qu’elle paroït avec le Verre N. 3: d'un Microfcope, eonnera une plus jufte idée de leur firuéture, que tout ce que je pour- roisendire;ainfi j'y renvoie le Lecteur. - Le Corps même du Poiflon ne m'a rien fait voir de remarquable; tout ce que jen dirai, ceft que pour la figure il reflemble aflez à celui d’une petite Huitre. . IL y à une autre efpèce de Berna- cles, mais plus petits que ceux que je viens de décrire. On les trouve aufli adhérents aux Vaifleaux ou aux Rochers; :& ils diférent principale- ment # PL, VI. Fig. 7. © di PL, VI, Fig. & 118 Du Bernacle. ment des autres en ce que la Coquil- le * qui renferme immédiatement leur Corps, avec le Pédicule fur lequel il eft fixé, eft logée dans une autre Coquille * univalve, qui a la forme d'un Cone tronqué, qui s'attache contre le fond des Vaïfleaux, com- me celle d’un Gland de Mer, avec Jaquelle il eft aifé de la confondre. Le Pédicule dans cette derniéreefpe- ce, eft à proportion plus court que dans l’autre forte : il n’a précifément que la longueur qui lui eft néceflaire pour que l’Animal puifle faire fortir fon appareil de Cornes , hors, de fa Coquille univalve. Ces petits Berna- cles ont auffi une Trompe *, que j'ai fait repréfenter, telle qu’elle pa-- roit au Microfcope *, afin qu'on puis- fe voir en quoi elie difère de celle des grands Bernacles. Elle renferme une langue qui eft beaucoup plus longue que celle de ces derniers, à proportion de la taille de l’Animal, & qui, quand elle eft retirée dans fon étui, eft pliflée & contournée en fpirale, | 1] ne me refte plus rien à ajouter fur Du Bernacie, 119 fur ces Animaux; ainfi je finirai ce Chapitre en repetant l'obfervation que j'ai déja faite dans l'Introduétion a cet Ouvrage ; c’eft qu'il paroit qu'il y a une aflez grande analogie, entre ces Produétions marines, & ces À- nimalcules à rouës, dont Mr. Leeu- wenhoek a découvert deux efpêces diférentes: les uns, qui fe trouvent dans des goutières de plomb, reti- rent leurs rouës au dedans de leur Corps, dès qu'ils font inquiettés ; les autres fe fixent fur des Plantes aquati- ques, & ils ne retirent pas feulement leurs rouës dans leur Corps, mais tout leur Corps même fe contraëte , & fe ca- che dans un étui. Il n’eft pas néceffai- re de rapporter encore ici ces parti- cularités qui fe trouvent dans mon In- troduétion, & par lesquelles j'ai ta- ché de prouver, que la rotation ap- parente de ces Animaux n'eft qu'un éfet analogue au jeu du groupe des Cornes des Bernacles. Je fuis per- fuadé que fi l’on confidère attenti- vement la defcription que je viensde donner de ces derniers, & fi l’on en fait l'application aux Animalcules de 120 Du Bernacle. M. Leeuwenhoek, en aiant égard à la petitefle de ces derniers , qui eft telle que les meilleurs Microfcopes ne nous les font voir qu'imparfaite- ment; je fuis perfuadé, dis-je, que la plus-part des Phénomènes qu'ilsnous ofrent , pourront être expliqués à l'aide de leur analogie avec les deux fortes de Bernacles dont j'ai parlé, fur-tout fi l’on compare ceux-ci avec les Polypes à pannache de Mr. Trem- bley, dont ils ne femblent differer qu'en grandeur. Ce mouvement de rouËs, qui femblent tourner autour d'un axe, ne peut s'expliquer qu’en deux manières : ou en fupofant qu'il eftréel, mais alors il ne fercit guêres compatible avec l’économie anima= le ; ou en difant qu'il n’eft qu'appa- rent, & ocafionné par le jeu d'un groupe de Cornes; car s’il étoit réel, il ne fauroit avoir lieu, comme je l'ai déja remarqué ci-devant, que quand l'appareil de ces rouës feroit tout à fait détaché; & dans ce cas JAnimal ne pourroit pas diriger fon mouvement ,. & l’on compréndroit difficilement, comment 1l nat & ub- Du Bernacle. {ot fubffteroit ainfi féparé du Corps au- quel 41 appartient. Le mouvement circulaire qu'un Homme peut donner a fes bras, difère fi fort de celui d'u- ne rouë qui tourne fur fon axe, qu’on ne peut pas même lui fuppofer une analogie éloignée avec celui de l’A- nimalcule en queftion, CICRDATEDIDUPAIENTEEN CHAPITRE XII. Examen de prétendus Embryons de Se- | Ls, gu'on trouve fur une efpèce de + Chevrettes. O° croit communément fur les côtes: d'Angleterre & de Fran- ce, que les Soles font produites par une efpèce de Chevrettes, ou par u- ne autré forte de petites Ecrevifles, ne diférent dés Chevrettes qu’en cesqu'elles font plus transparentes & d'une couleur moins brune. J'aitrou- _vé que ce même fentiment étoit aufli tépandu-parmi les Pécheurs de Por- tugal ,. qui «donnent à ces derniers Animaux Je nom de “ep a du: Q= 122 Des Embryons de Soles Soles. Ce feroit quelque chofe d’aflez furprenant, qu’une opinion, ainfi reçue par des gens qui ne fe livrent guères aux faillies de leur imagination, fut cependant faufle. J'ai peine à me perfuader, qu’elle eut pu devenir fi générale fur des côtes aufli éloignées les unes des autres, fi elle n’avoit pas été appuiée par des preuves plus for- es & plus fenfibles, que ne l’eft la figure extérieure de ces Corps qu'on a pris pour des Embryons de Soles, & qui vus à l'oeil nud paroïflent avoir tout au plus une reflemblance fort imparfaite avec ce Poiflon, Mr. Des- landes, comme :il paroit par ?Hi- ftoire de l'Academie des Sciences, An- née 1722., alant fait pêcher une grande quantité de Chevrettes, les . conferva vivantes dans une Baille pleine d’eau de Mer. Au bout de 12 à 15 jours, il y vit huit ou dix petites Soles. Il répeta l'Expérience plufieurs fois |, & toujours avec le même fuccès. Enfüite 1l mit desSo- les dans une Baiïlle, où il n’y avoit aucuné Chevrette ; elles y frayoient en perfeétion ; mais 1l ne Fee de ‘ve eur qu'on trouve Jur des Chevrettes, 129 leur fray aucune petite Sole. De là 1l conclut que les petites Veflies qu’on trouve fur les Chevrettes, font des oeufs, dont l'intérieur, vu au Micros- cope , paroit contenir un Embryon de Sole , qui ne peut éclorre fi ces Oeufs ne s’attachent pas à des Chevret- tes. Mr. Deslandes auroit pu mettre cette conféquence dans un beaucoup plus grand jour, & il auroit prévenu toute objection, s’il avoit pris la pré- caution de compter le nombre de ces prétendus Embryons fur une petite quantité de Chevrettes, & de com- parer l'augmentation du nombre des Soles vivantes avec la diminution de celui de ces Embryons, fuppofé qu’il eut vu disparoitre ceux-ci au bout d'un certain tems; & fi fon fenti- ment eft fondé, il en auroit fur-tout démontré la vérité, s’il avoit mis à part un certain nombre de ces Em- bryons, pour les examiner tous les jours au Microfcope, & pour être par là en état de nous inftruire fur leurs progrès fucceflifs , jusqu’au tems qu'il les auroit vu éclorre. Car il n'eft pas impoflible qu’une certaine F 2 quan- 124 Des Ernbryôns de Sules quantité d’eau de Mer, ne contienne! quelques petites Soles qu’on n'apper-: çoit pas dabord. Quant à moï jern'ai pas pu faire ces obfervations, parce. qu'après avoir examiné au Microfco- pe ces Veflies, que j'avois enlevées a des Chevrettes vivantes, je fus o- bligé de m’éloigner à quelque diftan- ce de la Mer: cependant la defcrip- tion que j'en donnerai, jointe à une particularité qui a échapé à Mr. Des- landes, fera, je penfe ,un motif fuf- fifant, pour engager ceux qui habi-- tent près de la Mer à les obferver avec plus d'exaétitude: & ce fera la tout ce que je dirai fur ce fujet , qui eft encore bien éloigné d’être autant éclairci qu'il devroit l'être. Au coté gauche de la Chevrette, précifément au-deflous de la tête , ik y a une éminence circulaire, d’en-, viron un quart de pouce en diame- tre, qui renferme une autre exCres- cence concave en fonmilieu, & cet- te cavité eft remplie d’une certaine quantité de fray , qui pouile à une de fes extrémités une queuë , & à l'autre une fubftance offeufe ; ce qui D TeS= qu'on trouve fur des Chevrettes. 125 reflemble aflez à la queuë & à la tête d'une petite Sole. Quandonnettoye la cavité, en otant le fray qui la rem- plit, le petit Corps qui y refte *, pa- roit être divifé dans toute fa longueur -par une ligne articulée , qui poufle de coté & d’autres des branches, qui forment avec elle des Angles aigus, à peu près comme les arrètes qui partent de l'épine du dos dans la plu- part des Poiflons: les efpaces que ces branches laïflent entr'elles font remplis: d'une fubftance légèrement colorée , & qui tient de la nature du Poiflon. Mais ce qu’il y 2 ici de plus . remarquable, c’eft que fi l’on enlève une petite portion du bord circu- Jaire de la cavité, qui eft fur le dos de l'Embryon, . & fi on l’expofe au Microfcope , on y découvre di- ftinétement les petites arrètes qui _fortifient les Nageoires, qui reve- tiflent, comme l’on fait, toute la circenference du Corps de la Sole, - & qui reflemblent aflez aux dents d'un peigne. Cependant à l'exception de cette dernière particularité, il fant avouer, que tout ce qu’on voit de " | ÔL. plus * PL VI Fig. 9. # PL. VL Fig. 10. + PL VI Fig. IL 1226 Des Embryons de Soles plus eft fort confus, & ceux qui croient que c'eft ici un véritable Em- bryon de Sole, peuvent fe tirer d’af- faire en difant, qu’on n’en voit enco- re que les premiers traits, qui font toujours fort imparfaits. Le fray, qu'on peut tirer hors de cette cavité, eft jaunatre fur quelques Chevrettes, & fur d’autres il eft d’un brun obfCur ; peut-être cette diféren- ce vient elle de ce qu'il eft plus a- vancé fur les unes que fur les autres. uand on le regarde au Microfcope, il paroit compofé de globulesronds *, comme le fray des autres Poiflons, avec cette diférence feulement, c’eft qu’on y voit plusdiftinétement l’'Em- bryon au-dedans de fa coque, ou de fon étui transparent, & que cet Em- bryon a l'air d'un foetus plié dans fes enveloppes. Mais ce qu’il y a ici de plus fin- gulier, & qui a échapé à Mr. Des- . landes, eft un petit Infeéte * à peu près de la groffeur d’un gros grain de fable, qui a feize jambes, deux pe- tites antennes, deux yeux qui s’élè- vent comme ceux des Gers qu'on trouve fur des Chevreties, 127 & un Corpsarticulé de la même manië- re que celui des Poux de bois. Je foupçonne , fans en avoir pourtant ‘aucune preuve fure, que cet Animal- cule eft affermi fur la queuë de l'Embryon Sole par un petit ligament, qui doit lui porter la nourriture ; car laïant examiné dans toutes les fi- tuations poflibles , je n'y ai rien vu qui reflemblat à une bouche par la- quelle il put fe nourrir. Ii ne faut pas oublier de remarquer que, quel- que précaution que j'aie prife, pour ne point me tromper, je n'ai jamais vu qu'un feul de ces Animalcules à la fois fur l'Embryon Sole, & qu’aufi je nai jamais trouvé aucun de ces Embryons, qui fut fans cet Animal. Tous les Infeétes de cette efpèce que jai vus, mont paru les mêmes à tous égards; & ce qu'il y a de plus remarquable , c'eft qu’ils font con- ftamment fitués de laméme manière, non dans une ligne parallèle à l’epine du dos du prétendu Embryon, mais dans une ligne inclinée, qui forme a- vec elle un angle aigu. Je n’ai pas pu obferver qu'ils variaflent leur fi- F.4 tua- 128 Des Embryons de Soles tuation autrement que par un mMmou- vement d'ondulation fortlent, que fe donnoit leur queuë, & qui étoit à pei- ne vifible avec une loupe ordinaires quoique fi on les détache, & qu’on les place dabord au foyer d'un Microfco: pe , dans une où deuxgoutes d’eau de Mer; fans quoi ils périflent da: * bord , on apperçoive qu'ils remuent leurs antennes © leurs jambes avec beaucoup de force, ce qui prouve qu'ils font à tous égards des Animaux parfaits. LA ; ue doit on donc penfer de cet In- fete, de ce prétendu Embryon So- le, & de l’origine de ce fray-qui eft placé dans la cavité de: fon dos? Je ne crois pas qu'aucune des circonftances, que je viens de rap- porter, puifle nous fervir à déter- miner. quelque chofe fur: cetté ma- : tière , jusqu'à Ce que nous:aïons quelques autres obfervarions ‘plus exaétes , qui demanderont beau- coup de foins & d'attention, & qu'on ne pourra pas faire com- modément , .fi l’on n'habite près de la Mer. Quant à moi, fi je n’avois pas : qwontrouve fur des Chevrettes. 119 pas à combattre l'autorité de Mr. Deslandes, l'opinion commune des pêcheurs qui demeurent fur des cô- tes fort éloignées les unes des autres, la forme & la ftruéture de ce pré- tendu Embryon Sole , la croïance où l’oneft que toutes les Chevrettes, à moins peut-être quon n'excepte lefpèce dont 1l s’agit ici, portent Jeur fray entre leurs jambes, comme les Ecrevifles de mer & de rivière, jusqu'a ce que leurs petits foient é- clos ; & enfin la grandeur de l'A: nimalcule, ‘dont j'at parlé, qui eft toujotrs- invariablement la même: fi, dis-je, je n'avois pas tout ce- la à combattre ; le fray renfermé dans fa cavité & vu au Microfcope, PAnimalcule; fa fituation, la folitu- dedans laquelle il vit, fixé conti: nuellement à'la même place par un ligament, ou par une efpèce de cor- don ombilical, qui lui fert à tirer fa mourriture ;. ce feroient la tout au tant de raïfons, qui me porteroient à croire que cet Animalcule eft une » Chevrette/dans fon premier état, © | qui fembJlable peut-être: à plufieurs : TR F $ In- 590 Des Embryons de Soles Infeétes terreftres, doit pañler par divers changemens, avant que d’ar- river à fon plus haut point de per- feétion : que ce prétendu Embryon Sole n’eft autre chofe qu’une Matri- ce, & qu'a mefure qu'un Animalcu- Je fe détache, 1l eft remplacé par un autre, qui fort de la provifion du fray , dont tous les globules font des Oeufs, qui donnent fucceflivement les uns après les autres iflue aux Em- bryons qu'ils renferment. Ce qui me confirmeroit dans cette penfée, c'eft qu'une perfonne de ma connoiflance, a fouvent remarqué que ce fray di- minuoit infenfiblement, & que la ca- vité qu'il occupoit fe remplifloit par une autre matière, au lieu de fe vui- der en fourniflant la nourriture au … prétendu Embryon Sole, comme cet- … te même Perfonne s’y attendoit a- vant la découverte de l’Animalcule, qui lui a fait fufpendre fon jugement … aufli bien qua moi. Au refte ces. deux fentimens peuvent avoir quelque chofe de vrai. S’ily a ici un véritable Embryon Sole, il peut fer vir à la naïs- fance de la jeune Chevrette, de la mé- me qu'on trouve Jur des Chevrettes. 137 me manière que la Chevrette mère contribue à la fienne. Mais quoi qu’il en foit, cette matière mérite, à mon a- vis, d’être mieux examinée , & d’être éclaircie par de nouvellesobfervations. Avant que de finir ce Chapitre je ne dois pas oublier une particularité dont parle Mr. Deslandes ; fuivant lui, ce quil appelle Embryon Sole eft contenu dans plufieurs petites Ves- fies , qu’on trouve entre les jambes des Chevrettes, & qui font fortement coilées contre leur eftomac. Quoi- que je ne puille pas affirmer politi- vement que j'aie examiné la même efpèce de Chevrettes qu’il a vue, je fuis très afluré que le plus grand nom- bre de celles que j'ai obfervées, pour ne pas dire toutes, n’avoient qu'une feule excrefcence de cette efpèce du coté gauche, précifément au-des- fous de la tête, & encore reflembloit- elle plus à une excoriarion de l'écail- le extérieure de la Chevrette, qu’à une Veflie. Je dis fimplement que cela eft vrai du plus grand nombre, parce que je n’oferois pas affurer que je n’en aie vu quelques unes qui a- F 6 volent 132 Des Embryons de Soles &c. voient une telle excrefcence des deux cotés, vis à vis l’une de l’autre: c'eft ce que je fuis aflez porté à croi- re, quoique dans le‘tems que j'a10b- fervé cer Animal , Jaie fait fi pea d'attention à cette particularité, qu’el- le eft presque entièrement fortie de ma mémoire, RIRRRRRIMENENRIES CHaAPiTRrREe XIII De la Langue du Lézard 1° Lézard eft un Animal fort com- mun en Portugal, & vraifem- blablement aufli dans tous les païs ere , où il_eft très utile en dé- iruifant .un grand nombre de Mou- ches, & d’autres Infeétes incommo- des, qui fe multiplieroient, exceflive- ment fans de tels Ennemis. Sa figure eft trop connue, pour que je doive m'arrèter à la décrire ; je me contente- rai de remarquer que tout fon Corps eft couvert d'écailles, qui vuesauMi- crofcope nous offrent un fpeétacle fort De la Langue du Lézard. 193 fort agréable. Cet Animal eft ovi- pare, & il dépofe fes Oeufs, dans de vieilles mazures, où il fe retire Jui même pendant l'hiver ; & la chaleur ,de lAir fufhit feule pour les ‘faire éclorre. Mr. Marchanc a remarqué dans les Mémoires de l'A- cademie Roiïale dest Sciences , An. 1718. que ces Animaux avoijent quel- quefois deux queuës ; & c’eft ce que Pline & plufieurs autres avoient déja obférvé avant lui. On en trouve quelquefois de tels en Portugal, mais comme rien n’eft plus:commun dans ce païs-la, que de voir les enfansles tourmenter de toutes fortes de façons, peut-être arrive-t-il que leur aïant fendu la queue fuivant fa longueur, chacune des portions s’arrondit , & devient une queuë complette: car il eft très ordinaire que fi toute leur queuë, ou feulement une partie, fe perd par quelque : accident, elle recrois- 4 d'elle-même: j'en ai vuuneinfinité d'exemples; & c’eft la une perte à laquelle ils font expofés tous les jours, Jors même qu'ils ne font que jouer entreux; car les petites vertèbres | F 7 ofleu- 394 De la Langue du Lézard. offeufes , qui forment leur queuë, font très fragiles, & fe féparent aifément les unes des autres : auffi voit-on très fouvent des queuës de toutes fortes de longueurs à des Lézards, qui font d’ailleurs de même taille. Au refte Mr. Marchant nous apprend qu'aiant voulu être témoin de Cette reproduc- tion, l'Expérience ne lui a pas réus- fi, fans qu'il ait pu découvrir à quoi il tenoit. Suivant lui cette nouvel- Je queuë eft une efpèce de tendon, & n’eft point formée par des vertébres cartilagineufes, comme la vieille. #4 Quoique cette particularité foit é+ trangère à mon but principal, qui eft de donner une defcription de la Langue du Lézard, je me fuis ce- pendant fait un plaifir d’en parler, parce qu'elle a quelque analogie as vec la vertu reproduétrice du Poly- pe, qui depuis quelque tems occupe fi agréablement l'attention de tous les curieux, & parce qu’elle eft, je penfe , le feul exemple decette efpé- ce, connu jusqu à préfent dans un A- nimal terreftre. | La Langue du Lézard eft four- chueé*; De la Langue du Lézard. 153$ chue *; 1l la lance avec une trés*Pr. vi. grande vitefle, & elle eft admirable- Ÿ# ‘7 ment bien travaillée pour faifir la proye dont il fe nourrit. Vue au Mi- crofcope, elle paroït dentelée fur fes bords comme une fe, & l’on re- marque des fillons fur toute fa furfa- ce convexe ; cela lui fert vraifem- blement à mieux retenir fa proye, qui étant ailée, pourroit lui échaper aifément.- Au refte c’eft ici un fujet qui n'a pas befoin d’être décrit am- plement: la feule Figure à laquelle je rénvoie le Leëteur, en dognera une idée beaucoup plus jufte , que tout ce que je pourrais en dire: je dois feulement avertir qu’elle a été tirée d’après une Langue, que j'ai preflée & féchée entre deux glaces, pour la rendre plus transparente, & pour obliger les dents à fe montrer : autre- ment celles-ci reftent appliquées con- re les bords , au moins quand l’Animal eft mort ; car lorsqu'il eft en vie, il y a grande apparence qu'il peut les faire fortir, ou les retirer à vo- lonté. À la vérité, en préparant ainfi cet objet pour le Microfcope, j'ai 136 De la Langue du Lézord. j'ai éfacé en partie les fillons dont il : eft entrecoupé, & il n’en refte plus que de légères traces : c’eft ce dont il eft à propos d’être averti, pour qu'on ait une idée plus jufte de fa figure, dans fon état naturel. BSLERE | D E Mr. A. TREMBLEY a TOUL RE S, Préfident de la Société Royale de Londres. AVEC DES Obfervations fur diverfes efpèces de PoLyPpEs d'Eau douce, nouvelle- ment découverts. AAA Ken ot Fe \iinærs i LE fs i N | HAEHTE # 8 >, à 49 91h: où rod “aameaod, ob 299$ SUSNEON * ,E .2060b* 1e a s'RNTEEU MBA ob, * fs : 47 NASA «4 / ATX * + L e Fur . À r@ EL 3 - 4 1 x « LIFE 14 (TE D CET. PIS à * 454: * # 2 S : F 4 n . r # V2 | R 2° PET Ÿ 4 nà GA es ! 1 à nl "L OA * FL € « FrE ‘ RE ) + FA D? » 4 vs Th ‘ XL Lo KL XA KZS CHR CL ET CNT ET CL END Us UY VUS UV. SO LUIJ VI US MONSIEUR FOLKES, Préfident de la Société Royale, MONSIEUR, NÉASMOe Memoire que j'ai TS l'honneur de vous LKR 2 XX envoier » renferme ue le précis des Oëjer- valions , que j'ai faites pendant cet Eté fur de fort petits Animaux. C'efl de ces Animaux ; dont ÿ] eff parlé dans le paragraphe troifième de la 140 Lettre à. Mr. F OLKES. la page 207 des Memoires pour Jérvir à l'Hifloire des Polypes à bras en forme de cornes. Mr. de Reaumur a jugé qu'ils’ devoient étre rangés dans la Clafle géné- rale des Polypes; il en a méme déja: défigné des: genres par des dénominations particulières, dont Je me Juis Jervi dans l'extrait de ques Objervations, que je joins à cette lettre. fe prévois queidi- vers endroits de ce Memoire fe- ront peu intelligibles pour ceux, qui ne connoiffent pas les Ani- maux dont je par le. Je naurois pu prévenir ce défaut qu'en entrant dans le détail de plu eurs faits que je n'ai pas affez vus. * D'ail- leurs je ne pourrois faire enten- dre ces détails fans le fecours d'un très. grand nombre de Fi ai Lettre à Mr. FoLRESs. f4t | gures. Ce que je dis Juffira ; j'es- père, pour faire Jentir combien les Animaux dont il s'agit mé- | ritent d'être obfervés. Ÿe ne ne- > gligerai rien pour tacher d'apro- Jondir leur Hifloire; €? pour me mettre en état de publier ce que nues Recherches n'auront appris. | Mais ceft ce qui ne Je peut faire “en peu de tems. . Il en faut beau- À coup pour faire dés Obfervations | vip L variées , Ed Juivies. En attendant je me ferai toujours un plaifir E? un devoir de ne rien » négliger pour Jatisfaire la curio- | fité de ceux qui aiment l Hilloire - Naturelle, Jur ce que je pourrai Louer. qui me paroïtra digne d'attention. J'ai déja fait voir les prin- LÉ ci- 142 Lettre à Mr. FOLKES, cipaux Faits, dont il eff parlé dans ce Memoire, à diverfes per fonnes, qui les ont obfervés a. vec beaucoup d'attention. J'ai l'honneur d'étre très Te-. bettueufement , MONSIEUR, Votre très humble & très obéïflant {erviteur. À, TREMBLEY, ME: SUR LES POLYPES BOUQUET, &c. ABGEMn trouve aflez communé- n? O ment en divers endroits, ie) fur les Plantes aquatiques, NOÉ & fur les autres Corps, qui font dans l’eau, quelque chofe de blanc, que l’on feroit porté à prendre au premier coup d'oeuil, pour une forte de Moïfiflure. Il y a quelquefois des Plantes, des brins de bois, des feuilles, des coquilles de Limaçons &c. qui en font entière- ment couvertes. Si l’on met quel- ques uns de ces Corps dans un verre @ plein 144. : Memoire Jur les. - + plein d'eau, & fi l’on examine à la loupe ce qui eft deflus, on apperçoit dans tous les petits corps, dont l’as- femblage forme cette matière. bjan- che, des mouvemens, qui donnent lieu de penfer que ce font des Ani- maux. C'eft ce qüi paroit encore plus fenfiblement quand on les obfer- yè avec le Microfcope.! Or voit dé petits Corps à l'extrémité d’une tige, branche ou pédicule. Souvent plu- fieurs de ces branches font réunies enfemible, & forment üné éfpéce de Bouquet, C’eft ce qui: a determiné Mr. de Reaumur à donner aux Anï-. maux qui y font attachés ,lé-nom de Polypes à: Bouquet. ( _. Ces Bouquets font plus ou moins grands , fuivant l'efpèce des Poly- pes dont ces Bouquets-font formés; & fuivant nombre d'autres circon- ftances. Pour fe faire ‘une di nette . la Figure de ces Animaux, il convient de n’obferver que de petits Bouquets ; _parce que quand'il y a beaucoup. de Polypes enfemble, ils fe cachent les uns les autres. 1107) 222 95 eu es D | Es PT ent Ve PE DER | " Polypes à Bouquet, Éÿc. 145 - Ily a un cas, dont je ferai men- tion ci-deflous , où les Polypes font feuls. 11 eft bon de les obferver 2- lors; d'autant plus que c’eit le moïen de voir comment les Bouquets fe for- ment. Je vais d'abord décrire un des Po- lypes feuls, pour donner une idée gé- nérale de la figure de ces Animaux. Je m'attacherai fur-tout à décrire ceux que j'ai le plus obfervés. Leur longueur eft environ -:; d'un pou- ce. Ils ont à peu près la forme d’u- ne cloche. C'eft ce dont on peut juger par la Fig. * qui en repréfente* PL. vir. un extrèémement groffi, La partie antérieure ac paroit ordinairement ouverte, quand elle fe prefente par de- vant, & le bout poftérieur 2 eft attaché à un Pédicule bd. C'eft par le bout 4 de ce Pédicule que le Po- lype fe fixe contre toutes fortes de | Corps. Tout le Polype paroit ordi- nairement brunatre , quand on l’obfer- ve au Microfcope, excepté le petit - bout », qui eft transparent, de même que le Pédicule bd. Lorsque la par-: ue antérieure ac eft ouverte, on re- MAT» 146 Memoire Jur les marque dans les bords un mouvement fort vif: & lorsque le Polype fe pre- fente d’une certaine manière, on dé- couvre de côté & d'autre des bords de la partie antérieure quelque chofe , que l’on compare volontiers à unpe- tit moulin, & qui fe meut avec une très grande vitefle. Ces Polypes peuvent fe contraëéter. C'eft ce qu'ils font tout d'un coup, & aflez fouvent. On peut les y for- cer en les touchant, ou en remuant. le Corps auquel ils font attachés, Quand ils fe contraétent, les bords de la partie antérieure rentrent en dedans du Corps; & lorsqu'ils fe re- ettent dans leur premier état, (ce qu'ils font aufli-tôt après «s'être con- traétés,) on voit diftinétement les bords qui reflortent, & qui recom- mencent à fe mouvoir comme ils faifoient auparavant. Sr l’on regar- de au-deflus des Polypes qui font ouverts, & dont les bords de la par- tie antérieure font en mouvement , on a fouvent occafion de remarquer, que nombre de petits Corps, qui nagent dans l’eau , tombent avec ailez Polypes à Bouquet, Éc. 14% aflez de vitefle fur cette partie anté- rieure. Quelquefois ils font repous- fés. Pour voir d’üne manière bien fenfible ces petits Corps, qui tom- bent fur les Polypes, il faut obfer- ver non un feul Polype, mais un Bouquet de plufieurs Polypes. J'ai dit que les Polypes , de l'efpèce dort ils’agic, paroïfloient brunatres, quand on les obferve au Microfcope : je dois ajouter qu’en atant laïflé pendant quelque tems dans la même eau, ils ont peu a peu perdu leur couleur brune; & font devenus transparens, exceptés quelques grains bruns où noirs, qui fe faifoient encore remar- quer dans leur Corps. Aïant enfuite mis ces Polypes dans de l’eau tirée nouvellement d’un foffé, ils ont en peu de tems repris la nuance de co: leur brune qu’ils avoient auparavant, On remarque ordinairement que lors- que les Polypes font dans de nouvel- le eau, il tombe fur leur partie anté- rieure un beaucoup plus grand nom- bre de petits Corps, que lorsqu'ils ont été pendant quelque tems dans la même eau. | G 2 J! 148 Memoire fur les Il eft fort vraifemblable que ces petits Corps font des Animaux ; qu'ils fervent de nourriture aux Polypes ; & par confequent , que l'ouverture qui eft à la partie antérieure de ces derniers eft leur bouche. | Les Polypes, qui font devenus transparens, & que j'ai laïflés quel- que tems fans les mettre dans de l'eau, dans laquelle ils pouvoient redeve- nir bruns, ces Polypes, dis-je, ont ceflé de multiplier. J'en ai obfervé que j'avois enfuite remis dans de l'eau tirée nouvellement d’un foflé ; & ils ont recommencé à multiplier. Ces Polypes peuvent nager. Quand ils nagent ils ne font point raflem- blés en Bouquets : ils font toujours feuls ; & ils n'ont pas la même figu- re que lorsqu'ils font fixés & ouverts. C'eft en nageant qu'ils vont fe fixer fur les différens Corps qu'ils rencon- trent. 1] faut commencer à obferver un Polype, peu de tems après qu'il s'eft fixé, pour voir de fuite la ma- nière dont les Bouquets de Poiypes fe forment; & pour découvrir com- ment ces Animaux fe muluplient, | Le Polypes à Bouquet, Éc. 149 * Le Pédicule d’un Polype, qui eft éncore feul, & qui n’eft fixé que de. puis peu de tems, eft d’abord afiez Court, mais enfuite 1ls’alonge. A- près cela le Polype multiplie, c’eft- a-dire , 1l fe partage en deux fuivant fa longueur. On voit d’abord fes lèvres entrer en dedans de fon Corps, & fa partie antérieure fe fermer & s'arrondir. Ce mouvement , qui s'y faifoit remarquer avant que les lèvres fuflent rentrées en dedans ne paroït plus: mais filon obferveavec attention, on voit, pendant tout le tems que le Polype eft fermé, on voit, dis-je, en dedans de fon Corps, un mouvement aflez lent. Peu à peu la partie antérieure du Polype s’ap- platit; l’ Animal s’accourcit d'autant, & devient plus large à mefure qu’il s’accourcit. Il fe partage enfüuite infen- fiblement par le milieu: favoir, du milieu de la tête, jusqu'a l'endroit ** PL. vix, où le bout poftérieur tient au Pédi- F5°#* cule : de forte qu’au bout de quel- que tems, on voit deux Corps fepa- rés & arrondis par leur partie anté- rieure, attachés à l'extrémité du Pé- \ G 3 dicu- * PL, VII, Fig. 4. 150 Memoire [ur les dicule où il n'y enavoitqu'un aupa- ravant. La partie antérieure de ces deux Corps s'ouvre enfuite peu à peu; & à mefure quelle s'ouvre, les lèvres des nouveaux Polypes fe montrent d'avantage. C’eft alors qu'il faut obferver ces lèvres avec attention, pour fe former une idée de Ja manière dont elles font faites, & du mouvement dont j'ai parlé ci-deflus. Ce mouvement eft d'abord fort lent. I] augmente peu a peu à mefure que les Polypes s'ouvrent : enfin, peu de tems après qu’ils ont achevé de s'ou- vrir ,ce mouvement devient aufli vif, que celui des lèvres d'un Polype par- fait : & c’eft alors que les deux Polypes paroiffent entièrement formés *. Ils font d'abord plus petits que le Poly- pe, dont ils ont été formés, mais ils parviennent à la même grandeur en peu de tems. Un Polype eft une heure, ou en- viron , à fe partager. Pour fe faire une idée un peu ex- acte de cette opération, a1l faut la voir plufieurs fois, & il faut que les différens Polypes dans see on Polypes à Bouquet, Ec. 151 l'obferve foient. fitués de différentes manières. Les lèvres de ces Poly- pes paroïflent compofées de quatre ou cinq bandes transparentes, qui ont un mouvement ondulatoire. Pen- dant que les Polypes s'ouvrent , & que le mouvement de leurs lèvres eft encore lent, on voit de coté & d’au- tre, lorsqu'ils font dans certaine fi- tuation, ce que l’on eft porté à pren- dre pour de petits moukins dans les Polypes entièrement formés, & dont les lèvres fe meuvent fort vite. On diroit alors que ces Polypes , qui s’ou- vrent, ont, decoté & d'autre de leur bouche, quatre ou cinq doigts, qui fe courbent & fe dreflent d'un in- ftant à l’autre, & auxquels les ban- des transparentes paroïflent attachées. Il faut obferver cela fouvent & de bien des manières , pour ne fe pas faire illufion ; & pour ne pas risquer de prendre des apparences pour des réalités. C’eft ce qui arri- ve d'abord plus ou moins lorsque l'on commence à cbferver. Avañt que d'ofer m'expliquer da- vantage fur cet article, je dois re- 4 pe- r52 Memoire Jur les peter & poufler plus loing des Ob- férvations que j’ai commencées. Lorsque le premier Polypeeft par- tagé, & que les deux Polypes produits par cette féparation font entièrement formés , on voit fur le Pédicule *PL, vi.g b * deux Polypes, qui font atta- P&# chés à fon extrémité par leur bout pofterieur 2, & qui font à coté l’un de l’autre. La proportion qu’il y a d’ordinai- re entre la longueur des Polypes, & celle du Pédicule, eft exaétement obfervée dans cette Figure. Peu de tems après que la fépara- ion eft achevée, on remarque déja, que chacun des deux Polypes com- mence à avoir un Pédicule à part. J'ai eu fouvent occafion d'obfer- ver que les deux Polypes avoient , le jour après celui de leur féparation, chacun un Pédicule aflez long, & que ces Pédicules ou branches, fe réunifloient à l'extrémité du premier Pédicule, comme les branches d'un arbre fe réuniflent au tronc. Plufieurs des Polypes, fur lesquels j'ai fait des Obfervations fuivies, 3 mul- ns ) 4 Polypes à Bouquet, Éc. 153 multiplié pour le plus tard vingt-qua- tre heures après la première fépara- on. Le Bouquet a été alors de qua- tre Polypes , à chacun desquels il eft auff venu un Pédicule, de même qu'à tous ceux qui fe font formés par de nouvelles féparations. La Figure 5. * repréfente un Bou- quet de 8 Polypes. Elle peut fai- re concevoir la manière dont fe dis- pofent les Pédicules des Polypes, a mefure que leur nombre augmente, Ces Pédicules deviennent autant de branches du Bouquet. Cette Figure a été deffinée d’après un Bouquet, dont j’ai fuiviles progrès dans le mois de 71e, 1744. Leodece mois-la 1l n'étoit compofé que d’un feul Polype, qui étoit en Z. Ce Polype fe partagea le foir, &a8 h. & il fe trouva en bdeux Polypes parfaits, dont les Pédicules ou branches be, bc, crurent jusqu’au lendemain ma- tin 10 de Septembre. Vers les 9 h, & : du matin dece jour-là, ces deux Polypes qui étoient en c, c, com- mencérent à fe partager, & à 11 Bb, & un quart il y avoit quatre G 5 Po- * PL. VIL Fig, £e #54 Memoire fur les Polypes parfaits, dont les Pédicules c?, ci, ci, ci, fe formèrent enfuite. Le 11. Sept. à 7: du matin, je trouvai que ces 4 Polypes s'é- toient déjà partagés, c’eft-à-dire qu’il y en avoit huit en #,:,1,5. Le Bouquet de 8 Polypes eft repréfenté tel qu’il étoit le 12. Sept. entre 10 & 11. h. du matin. Les Polypes ne font pas toujours rangés comme ils font repréfentés dans cette figure. Les Pédicules & les Polypes font fouventlesuns devant les autres, & forment un groupe, dont quelques Polypes font cachés en tout ou en partie. Cette Fig. 5. eft groflie fur la mê- me échelle que les Fig. 3. & 4. Jai obfervé des Bouquets dont le | nombre de Polypes eft toujours allé en doublant, de 2 24, de 4248, de 8 à 16, de 16 à 32, après quoi il ne m'a plus été poflible de comp- ter exaétement les Polypes. Ceci fuffit pour faire comprendre comment fe forment les Bouquets, : & combien ces Animaux multiplient. Aufli en trouve-t-on quelquefois dans Polypes à Dorquet , Ée. , 155 dens les eaux une très grande quen- tuer. 2 Jai de grands Verres dans les- quels ils ont extrèmement multiplié. Il y à entr’autres dans un de ces Ver- res, un Bouquet, compofé de quel- ques Bouquets réunis, qui a plus d'un pouce de diamètre en tout fens. Il fe détache de ces Bouquets des Polypes, qui vont en nageant, fe fixer chacun à part fur quelque Corps; & de chacun de ces Polypes, il peut venir un Bouquet de Polypes, de la manière que nous venons de le dire. Les branches dont les Polypes fe font detachés, tiennent encore au Bouquet, mais elles ne portent plus de Polypes. Après que tous les Po- lypes du Bouquet fe font détachés, lamas de branches refte encore, mais il ne fert plus à rien. Je connois quatre autres efpèces de Polypes, qui multiplient com- me.ceux dont j'ai parlé jusqu’à pré- fent: c’eft-2-dire, que le Polype fe partage en deux fuivant fa longueur. Les Polypes qui ARR ERE le RE 6 c L 4 156 Menioire fur les de ceux dont je viens de parler, font plus minces que ces derniers. . Les! branches des Bouquets qu'ils forment font transparentes; mais elles parois- fent d’un violet changeant, quand il y en a plufieursenfemble, & qu’onles regarde dans certain fens. Les Bou- quets de cette efpèce de Polypes reffemblent à une jolie aigrette de ver- re filé. Lorsque ces Animaux font en- tièrement formés, on ne voit pas aufli diftinétement le mouvement de leurs lèvres, que celui des lèvres des Poly- pes dont il a été fait mention ci-des- fus : mais 1left très facile à remar- quer, lorsque les Polypes, qui vien- nent d’être produits par la féparation , s'ouvrent, & achèvent de fe former. Âlorsce mouvement eft lent, au lieu qu'il eft extrémement vif, dans les Polypes qui font parfaits. Les Polypes des autres efpèces , que j'ai obfervées, fontencore plus petits que les derniers dont je viens de parler. Ils font plus courts , mais plus ouverts, plus evafés. Ils ont un caractère , qui les. diftingue d'une manière bien fenfible des deux au Tres Polypes à Bouquet, Ec. 157 tres efpèces. Leurs tiges ou bran- ches ont un mouvement, qui ne fe trouve pas dans celles des autres Polypes. Elles fe retirent fouvent tout d’un coup , & fe difpofent en forme de tire-boure , en faifant di- vers tours de fpirale: & le moment d'aprés elles fe remettent comme ek les étoient auparavant. Toutes les efpèces de Polypes, dont j'ai parlé, multiplient prodigieu- fement: mais elies ont des ennemis qui peuvent en détruire une grande quantité en peu de tems. J'ai auffi obfervé de fuite pendant cet été de petits Polypes, d'un genre différent de celui des Polypes à Bou- quets. Ceux dont je veux parler à préfent , ont à peu près la figure d'un entonnoir aflez long, à propor- tion de la largeur de fon embouchure. C’eft pour cela que Mr. de Reaumur leur a donné le nom de Polypes en entonnoir. Je connois trois efpèces de ce gen- re de Polypes: favoir des verts, des bleus, & des blancs. I} faut obferver ces Animaux fou- G 7 vent, 158 Memoire [ur les vent, & dans bien des fituations dife férentes avant que d'avoir une idee un peu exacte de leur ftruéture.. Leur partie antérieure eft plus compofée qu'elle ne paroit d'abord. . On découvre aux bords de cette partie antérieure un mouvement très fenfible. Quand on les confidère dans une certaine fituation, ces bords en mouvement reflemblent à une rouë dentelée, ou à une vis fans fin, qui fe meut très vite. Les Polypes en entonnoir ne for- ment _point de Bouquets. | J'ai remarqué que les petits Corps, qui paflent en nageant près de leur partie antérieure , font en quelque manière attirés, & tombent dans l'ouverture de cette partie antérieure, c'eft-a-dire ; dans l’embouchure de l'entonnoir. J'ai même vu plus d’u- ne fois, un nombre confidérable de petits infeétes ronds, tomber les uns après les autres dans cette ouverture. Une partie de ces Animaux fortoit par une autre ouverture, que je ne pourrois pas encore décrire avec as- iez d'exactitude, J'ai vu qu'ilien Les- Polypés à Bouquet, &t. 159 reftoit plufieurs dans le Corps des Polypes. Il eft très apparent que ces petits Animaux leur fervent de nour- riture. Les Polypes en entonnoïr multi- plient auffi en fe partageant en deux ; mais ils fe partagent autrement que les Polypes à Bouquets. Ils ne fe partagent, ni fuivant leur longueur, ni transverfalement, mais en biais, en écharpe , fi je puis parler ainfi. De deux Folypes en entonnoiïr, qui viennent dela féparation d’un Polype, lun a l’ancienne tête & un nouveau bout poftérieur, & l’autre une nou- velle têté & l’ancien bout poftérieur. Jappeilerai Polype fupérieur celui qui a l’ancienne tête, & Polype in- férieur, celui qui a la nouvelle tête. La première chofe quon apper- coit dans un Polype en entonnoir , qui commence à fe partager, ce font les lèvres du Polype inférieur , fa- voir Ces bords transparens , qui fe meuvent fi vite dans les Polypes en- tiérement formés. Ces lèvres de la nouvelle tête fe font remarquer fur le Polype, qui commence à fe par* ta 160 Memoire fur les tager, un peu au-deflous des lèvres, jusqu’environ aux deux tiers de la longueur du Polype, à compter de- puis la tête. Ces lèvres de la nou- velle tête ne font pas difpofées en ligne droite fur la longueur du Poly- pe; mais elles font difpofées en biais. On reconnoit ces lèvres à leur mouvement, qui eft aflez lent. Cette portion du Corps, qui elt bor- dée par ces lèvres, fe ramañle peu à peu; ces lèvres fe rapprochent 1n- fenfblement ; & il fe forme, fur un. coté du Polype, un renflement, qui fe trouve enfin être la nouvelle têtes & qui eft bordé par les nouvelles le- vres. Avant même que ce renfle- ment ait fait des progrès fort confi- dérables, on commence à diftinguer les deux Polypes, qui fe forment ; & lorsqu'il eft fort avancé, ces deux Polypes ne tiennent plus guères l’un a l’autre. Le Polype fupérieur ne tient plus au Polype inférieur, que par fon extrémité poftérieure, qui -eft encore attachée à coté de la tête du Polype inférieur. Le Polype fu- périeur fat alors des mouvemens, qui Polypes à Bouquet, Ée. 16% qui paroiflent tendre à fe détacher. Enfin , il fe détache, & va en nageant fe fixer ailleurs. J'en ai vu un, qui lt venu fe fixer à coté du Polype Inférieur dont il s’étoit fcparé. Le Polype inférieur refte attaché à l’en- droit où étoit le Polype, qui s’eit partagé, & dont il eft une moitié. Je ne faurois à préfent entrer dans un plus grand détail fur la manière dont ces Polypes en entonnoir mul- tiplient, parce que je ne le pourrois fans le fécours de plufieurs figures, & fans faire mention de Faits que je n'ai pas encore vus aflez fouvent. Je me propofe de tâcher d’appro- fohdir en même tems l'Hiftoire de tous les Polypes dont j'ai parlé; & peut-être de quelques autres; parce que je trouve que les Obfervations que je fais fur ceux d'une efpèce, facilitent à divers égards celles, que je fais fur ceux d’une autre efpèce, & reciproquement. Comme ces Animaux font fort pe- tits , je n'ai pu obferver qu'avec le Microfcope la plupart des Faits dont j'ai parlé, Si dE sé PL. VII, Fig. 6. 162 Memoire ur les &c. Si l’on tiroit de l’eau ces petits ob- jets, pour les expofer au Microfco- pe, comme on le fait ordinairement, on risqueroit de les perdre, ou pour le moins de les déranger. J'obfer- ve donc ces Poiypes avec les lenulles d'un Microfcope , fans les tirer des poudriers dans lesquels je les tiens, & qui font à peu près femblables à ce- lui qu’on voit en A *. Pour cet ef- fet, je fais en forte qu’ils foient fort près des parois du Verre, afin que le foïer de la lentille puifle y attein- dre. On verra dans l'explication des Figures, de quelle manière je viens à bout de cela par le moien d’une plu- me de Paon, telle que bcd. Je fixe enfuite un porte-loupe f, g, b, 1,k, a coté de ce Verre; j'y ajufte une lentil- le 6 d’un Microfcope , & je l’appro- che de l’obiet, La lentille étant fou- tenue par le porte-loupe, je n'ai plus befoin de la toucher, dés que l'objet eft bien au foïer: & toutes les fois que je le veux obferver, je n'ai qu'a mettre l'oeuil devant la lentille, : J'éclaire ordinairement mon objet avec la lumière d'une bougie, Da, € EXPLICATION D E S FIGURES. PEAANCEHE.TL ZEÉMOK a Figure I. fait voir un &) Calmar, avec fes bras dé- LT e) ploiés, & fon bec plus vi- REX fible qu'il.ne lJ’eft ordinai, renfent.. 4. Lèvre circulaire qui ef autour de fon bec. b,b. Ses deux grands bras ouCornes. c,c &c. Ses petits bras. d, d Ses Nageoires. La Figure 2. repréfente un Sucçoir des grands bras du Calmar. 4 eft le Corps du Sucçoir. b le Pédicule par lequel il eft adhérent au bras de l’A- nimal. Daus la Figure 3. on voit un An- neau, Cartilagineux & armé de cro- chets. Cet Anneau eft inferé dans la Membrane .qui forme la cavité du Sucçoir. PLAN- 164 Explication PLANCHE II . Cette Planche repréfente aufli un Calmar, mais vu par deflous, & aïant fon Etui ouvert , pour laifler paroitre fes Inteitins. AA. Etui cartilagineux, qui for- me le Corps du Poiflon, & qui eft ouvert ici, afin qu’on puifle voir ce qu’il renferme. a, a. Paroïflent être deux efpèces . de Mammelons, qui font dans l'en- veloppe extérieure du Poiflon , & qui s’emboitent dans deux cavités, qu’il femble que l’Auteur a voulu re- préfenter en b, b. B. Canal, qui a la forme d’un En- tonnoir, & par où pafñle la liqueur noire que le Calmar fait fortir de fon Corps. C, C. Cartilages parallèles & cylim driques qui tiennent écartés l'un de Fautre les deux cotés de l’Entonnoir. D. Le Refervoir qui contient la liqueur noire. Dans la Sèche ce Re- fervoir eft fitué dans la région infé- rieure du Ventre de l’Animal; & | peut- des Figures. 165 peut-être qu'ici l’'Auteur na voulu repréfenter que le conduit excrétoire de cette liqueur. E, E. Deux Sacs membraneux , remplis d'une fubftance gluante, où eft contenu le Fray de l’Animal. FF. Deux Tubes parallèles , qui dans le Calmar male fervent à don- ner iflue à la Laite; & par lesquels il eft apparent que la femelle fait for- ur fon Fray. G, G. Aflemblage de Vaifleaux, _ remplis d'une matière noire & opa- que. L'Auteur foupçonne que ce font les Vaifieaux , où fe forme la liqueur noire. On voit dans la Sèche un pareil aflemblage de Vaïfleaux qui font les Ouïes du Poïflon. H. Couche de graïfle, qui couvre J'Eftomac. I. Membrane fine & transparente, qui couvre la partie inférieire du Corps de l'Animal. K, K. Les deux Nageoires, Pb Nc Hæ -TII La Figure I, repréfente une Mem- bra- 166 Txplication brane, placée au dedans de la cavi- té du Bec du Calmar, où elle forme la Langue & le Gofier ; élle eft gar- nie dé neuf rangées de dents; on la voit. ici telle qu'elle paroit avec lé Verre N°. 3. d'un double Micros- cope à reflexion. $ Dans la Figure 2. cette Membra- ne eft repréféntéé de grandeur natu- rélle. La Figure 3. fait voir cette même Membrane, fous la forme qu’elle a lorsqu'elle eft dans le Corps de l’Ani- mal. Dans la Figure 4. on voit cette même Membrane tirée de la Sèche: elle difère de celle du Calmar par la figure & l'ordre de fes dents. | La Figure 5. repréfénte le Bec du Calmiar, tiré hors de la Leévré ridée qui lenvirohhe? °° Dans la-Figüré 6: on voit un Vais- feau laiteux du Calmar de grandeur naturelle. La Figure 7. repréfente un de ces Vaifleaux laiteux, qui a acquis toute fa maturité, & qui eft vu avec le Verre N°. 3. d’un double Microfco- à pe des Figures. x67 pe à teflexion. C'eft un Etui carti- lagineux , dans lequel on voit les parties fuivantes. 45. Vis ou petit Reflort, fait en fpirale. b efpèce de Sucçoir, ou Pilton, adhérent au Reflort. c Barillet dans lequel ce Pifton eft reçu. cd Ligament par le- quel le Barillet eft joint: à Ia Subftan- ce fpongieufe de ; comme cette fub- ftance eft opaque, on l’a repréfentée ici noire, quoiqu'elle foit blanche. La Figure 8. fait voir un Vais- _ feaux laiteux, tel qu'H paroit après fon aétion. 4 eft l’Etui ou Corps du Vaïfleau. à le Pifton. c le Barillet, féparé du Pifton, & d’où la femen: ce fort. d, e, deux efpèces de noeuds formés par le rétréciflement du Tube dans lequel la Subftance fpongieufe eftrenfermée. Quand cette Subftance eft hors de l'Etui, elle devient cinq fois plus longue qu'auparavant. Sa partie qui eft entre d & e paroit frangée, parce qu'elle eft rompue & feparée en parcelles à peu près égales. La Figure 9. eft celle d’un Vais- feau laiteux dont la Vis s’eft rom- pue 163 Explication pue précifément au-deflus du Pifton. a eft le Corps du: Vaïfleau. + le Pifton,encore engagé dans le Barilletc. En d, & e. on voit les deux noeuds for- més par le rétréciffement du Tube, où lamatière fpongieufe eft renfermée. f. eft l'extrémité de la Vis; elle fe ter- mine en pointe parce que le Tube, dans lequel elle eft renfermée, s’eft contraété, & a pris une figure coni- que. PLANCHE IV- Toutes les Figures de cette Plan- che repréfentent des Vaifleaux .lai- teux, qui ne font pas encore parve- nus à leur maturité. La Figure LI. montre un de ces Vaifleaux tel qu’il eft, aprèsqu'onen a fait fortir tout l'appareil intérieur, en appliquant dé l'eau à la tête de fon Etui. | | La Figure 2. eft celle d'un Vais- feau , dont l'Eeui a été coupé pré- cifément au-deflous du Barillet. a eft le Barillet, b eft la Subftance fpon- gieufe fort dilatée, & fortant à moi- ué de lEtui, La des Figures. 169 … La Figure 3. fait voir ce qui arri- ve fi lon coupe l'extrémité inférieu- re d’un Vaïfleau. a l'ouverture par où fort la Subftance fpongieufe, à- près que le Ligament, par lequel elle étoit adhérente au Barillet , a été rom- pu; b partie féparée de l’Etui. La Figure 4. montre un Vaifleau dont on a aufli coupé la partie in- férieure; mais le réfultat de cette o- pération diffère de ce qu’on voit dans la Figure 3. en ce que le Ligament, qui joignoit la partie fpongieufe a- vec le Barillet, .a frappé avec une telle force contre les parois de l’Etui, qu'il s’eft ouvert un paflage au tra- vers. aeft ce Ligament. à eft la par- tie féparée de l'Etui. La Figure 5. eft celle d’un Vais- feau lareux , coupé au deflus & au- deffous de la Subftance fpongieufe. a eft la partie fupérieure de l’Etui. eft la partie inférieure. c,d,e,f, fé- parations qui fe forment dans la Sub- ftance fpongieufe, lorsqu'elle fait é- fort pour fortir par les deux ouver- tures faites à fon Etui. H PLanN- 170 Explication Pit Nc HER La Figure 1. repréfente l’'Ovaire, les Etamines avec leurs Sommets, & le Piftile d’une Fleur de Lis. Un des lobes du Piftile eft un peu écarté des deux autres, pour laifler voir fes Mammelons intérieurs. La Figure 2. eft celle d’un de ces Mammelons, groifi au Microicope, & contenant un globule de Pouflière, La Figure 3. montre une feétion transverfale de l'Ovaire du Lis. La Figure 4. repréfente une gou- ie d’eau, qui contient plufieurs glo- bules des Etamines de la Mauve. On voit quelques uns de ces globules occupés à darder la Pouffière qu'ils renferment. Cette Figureeft le champ du Verre N°. 3. d’un double Micre- fcope à reflexion. La Figure 5. eft celle d’un feul globule de la Mauve, qui darde aufii la Pouffière qu'il contient. Il eft re- préfenté tel qu’on le voitavec le Ver- re, qui groflit le plus dans un double Microfcope à reflexion, Dans des Figures. 171 - Dans la Figure 6. on voit une gou- te d’eau, remplie de petites Anguil- les, qui fe trouvent dans le Blé gaté par la Nielle. Cette Figure eft telle qu’elle paroit avec le Verre N°. 3. d'un Microfcope. La Figure 7. eft une des Anguilles de ce Blé gaté, vue avec le Verre qui groflit le plus.’ | La Figure 8. eft celle d’un petit Scarabée trouvé fur le Narcifle, & repréfenté dans fa grandeur naturelle. Dans les l'igures 9. & 10. ce mê- me Scarabée eft repréfenté tel qu'il paroit quand on le confidère avec une forte loupe ; la Figure 9 le fait voir par deflus le dos, avec la tête dreflée ; dans la Figure 10 on le voit par deflous le ventre, & avec la tête aufli dreffée. Dans les Figures 11 & 12. on voit ce Scarabée , comme dans les deux Figures précédentes, avec cet- te feule diférence, c'eft que fa tête eft repréfentée dans fon attitude na- turelle. Dans les Figures 13. 14. 15. On voit les écailles qui couvrentie Corps H 2 de 172 Explication de ce Scarabée. Ces écailles font repréfentées telles qu’elles paroiflent avec le Verre qui groffit le plus dans un Microfcope. La Figure 16. eft celle d’un oeuf de la Raye, de grandeur naturelle. On a coupé & renverfé une portion de fa Coque pour laïfler paroitre ce qui eft en dedans. PLANCHE. : VE La Figure 1. eft celle d’un Berna- cle, de la plus grande efpèce. On a enlevé une partie de fa Coquille, pour laïfler voir ce qui eft en dedans. ab le Pédicule du Bernacle. bc un des Batans de la Coquille de ce Pois- fon. d. fa Bouche. e, e, e, fes Cor- nes ou bras. f. fa Trompe. La Figure 2. eft celle d’un des Batans de la Coquille du Bernacle, vu féparément. a eft une des pièces dont ce Batant eft compofé. 2 eft Jautre pièce. La ligne blanche qui eft entre ces deux pièces, eft celle où elles font jointes l’une à l'autre PA des Figures, 173 par une Membrane, qui tapifle l'in- térieur de la Coquille. | La Figure 3. eft celle d’une efpé- ce de Charnière, qui joint enfemble les deux Batans de la Coquille du Bernacle. La Figure 4: eft celle d’une Cor- ne du Bernacle groflie au Microfco- pe, pour faire mieux voir les inci- fions, qui en partagent le coté conc2- ve , & les touffes de poils qui font entre chaque incifion, La Figure 5. repréfente une Trom- pe d'un Bernacle de la grande efpé- ce, groflie au Microfcope. La Figure 6. eft celle d’une des fix lames dentelées, qui compofent Ja bouche du Bernacle; on voit à fa baze les reftes des Nerfs, qui lui communiquent le mouvement. La Figure 7. repréfente de gran- deur naturelle un Bernacle de la pe- tite efpèce. 4 la Coquille qui renfer- me immédiatement le Corps de l’A- nimal. à autre Coquille univalve , dans laquelle la Coquille a eft logée, & la Trompe de ce Bernacle. - La Figure 8, eft di même Trom- 3 pe 174 Explication : pe du Bernacle de la figure précé- dente, mais groflie au Microfcope. La Figure 9. eft celle d’un préten- du Embryon-Sole, repréfenté de gran- deur naturelle: on y diftingue une ligne articulée, qui a quelque reflem- blance avec l’épine du dos de laplus- pat des Poiffons. | La Figure 10. repréfente le Fray, qu'on a tiré d’une cavité qui eft au deflous de la tête de certaines Che- vrettes. La Figure rr. eft celle d’un In- fette que l’Auteur à vu conftiamment fur les prétendus Embryons-Soles : on le voit ici par deffus le dos. Cet Infeéte eft de la grofieur d’un grain de fable; ainfi l’on comprend aifé- ment qu’on l'a repréfenté tel qu’il pa- roit avec le Microfcope. ; La Figure 12. eft celle d’ureLan- gue de Lézard, vue au Microfcope, Elle eft fourchue à une de fes extré- mités: fes bords font dentelés, Ge Jon remarque des fillons fur toute fa furface convexe, qu’on n’a repré- fenté ici qu'imparfaitement ; parce qu'on les à éfacé en partie, en pre- 6 pa- | - des Figures. 175 parant cet objet pour le Microfcope, PLANCHE VII. Les Figures 1 & 2 de cette Plan- che ont été ajoutées dans cette Edi- tion, pour faire voir que les Ber- nacles fe multiplient par végétation. La Figure 1. repréfente un Berna- cle chargé de deux autres qui fortenc de fon Corps. ab le Pédicule du Bernacle. bc la Coquille dans laquel le }Animal eft renfermé. b endroit où le Pédicule pouffe une branche bd, en d cette branche fe divife pour former les Pédicules de deux autres Bernacles. : Celui de ces deux Berna- cles, auquel on à joint des lettres, fera mieux comprendre la defcription de la Coquille de cet Animal que les Figures 1. 2. & 3. de la Planche VI. e laCharmère qui tient unis les deux Batans dont la Coquille eft compo- fée. f & g les deux pièces qui en- trent dans la compofition d’un deces Batans. b. ligne dans laquelle ces deux Batans font adhérens l’un à l'au- tre par une Membrane , qui tapille - H 4 l'in 176 Explication l'intérieur de la Coquille ;: & qui leur laiïfle affez de jeu, pour qu’en s’écartant, ils forment une ouvertu- re de figure rhomboïdale. La Figure 2. eft celle d’un Berna- cle qui n’eft chargé que d’un feul pe- tit, ab eft le l’ernacle Mère. bc eft le petit qui poufle hors de fon Corps en b, & dont la Coquille eft ouverte en c. Les 4 Figures fuivantes apar- tiennent au Mémoire fur les Po- lypes. La Figure 3. repréfenteun Polype, qui après s’être feparé d'un Bouquet, & avoir nagé, s’eft fixé contre quel- que Corps. abc le Polype. ac fon bout antérieur, qui eft evafé & ou- vert: c’eft la bouche du Pelype. 2 fon bout poftérieur , qui tient au Pé- dicule 2d. Ce Pédicule eft très court, quand le Polype fe fépare du Bou- quet. d l'extrémité du Pédicule, par laquelle 1l fe fixe contre les Corps qu'il rencontre. La Figure 4. repréfente les deux Polypes, qui fe font formés par la fé- paration du Polype de la Figure pré- *. Ce des Figures. 177 cédente. ba, le Pédicule, qui s’eft allongé depuis le jour précédent. Il étoit alors comme dans la Figure 3. On voit en b de la Fig. 4. le com- mencement des Pédicules particu- liers des deux Polypes: ces Pédicules s’allongent affez promptement après la féparation des Polypes. La Figure 5. repréfente les progrès du Bouquet, dont le commencement fe voit dans les Fig. 3. & 4. ba le premier Pédicule , mais allongé. b l'endroit où étoit le Polype repréfen- té Fig. 3. le 9°. Sept. 1744 Ce Polype fe divifa à 8. h. & : dufoir, & 1l y eut alors en b deux Polypes, comme cela eft repréfenté dans la Pis. 4 bc, bc, les Pédicules de ces deux Polypes. Ces Polypes fe parta- gérent le 10. environ à 9.h. & : du imatin."[l y eut alors quatre Polypes, dont les Pédicules s’allongérent. Is font repréfentés en ci, ci, ci, ck Les quatre Polypes fe partagèrent le 11. environ à 7, h. & : du matin. “Ils font repréfentés avec leurs Pédi- cules alongés, qui partent de 7,5, 2,1, * La Figure 6. .repréfente l’Appareiïl é H 5 né- 178 Explication, néceflairé poût obferver un Polype a Bouquet commodement & de fui- te, au Microfcope. Dans le Ver- re À, eft un bout de plume de Paôn _b, c, d, qui eft courbée en 6, & dont les extrémités font aflujetties de coté & d'autre contre les parois du Verre, par le moien du reflert de la plume. À l’un des bouts de Ja plume on a laiffé une barbe, qui eft aflez lon- gue pour qu’on ait pu y attacheren d un brin de prêle aquatique, fur lequel eft un Polype, qui fe trouve fort près des parois, du Verre , en forte qu'on peut l’obferver facilement avec une Jentille d'un foyer court, telle que e. Cette lentille eft viflée dans un an- neau, dont la branche f g porte à fon extrémité une boule , qui s’ajufte dans un vafe & forme un genouil. Il y a encore des genouils en h & en 5. Par le moïen de ces genouils on peutmou- voir la lentille en tout fens, & l’ap- procher.commodement de l'objet. Le pied 5, k, eft enfoncé dans le bord de la tablette de la fenêtre ; fur la- quelle le Verre repofe, Le jour qui vient par la fenêtre peut fuffire ee re des Figures, 179 LU obferver dans le Verre l'objet, à l’'oeuil, ou à la loupe ; mais, lors qu'on veut l’obferver avec une lentil- Je d'un foyer court, il faut intercep- er ce jour, & mettre derriére le Verre une bougie, dont la lumière foit à la hauteur de l'objet. La len- tille peut facilement refter plufieurs jours de fuite devant l’objet, fans étre derangée; de forte que pour obfer- ver les progrès du Polype, on na qu'a placer de tems en tems la bou- gie derrière le Verre, & mettre l'oeil devant la lentille. On peut avoir ce Livre. à Amfterdam , Chez Châtelain. à Rotterdam, - - + Beman. à La Haye, - - - Van Tol. & Dort, - - = - - Van Braam. à Delft, - - - -- Grauwenhaan, a Haarlem, - - - Bos. & Gouda, = - - - Bellard. à Middelbourg, - - Bakker. a Utrecht, - - - - Broedelet, & Deventer, - - - Van Wezel. a Zutphen, - - - Van Hoorn. à Harderwyk, - - Mooyen. à Harlingen, -°- - Varnder Plaats, à Leuwarde, - + - Ferwerda. à Groningue, - - - Hajo Spandaw. ä Breda, - - - Van den Kieboom, mn PLANCHE.I. MR EN ASE REG NUE EN Fe T ? + LA Di | Le 4 | 4 k | > PLANCHE. II. 7 AAA a DS C2 “ Li | >= == à ta née Ce ji NEA LI PLANCHE III. n D CT» Le Sp7k Sub. 27 rte LE co. PLANCHE IV. pe AA Pre Fe phster NE PLANCHE V. Fk #7: . = re Fe : + de 7 doug P. dne DUREE ES à à DIR on D El UT "non Te son An “. di S 2 ot te à on mentir 2 PL - pe en ne me AZ El “0 mm ns . PLANCHE VI. | (0272071072 | il | | | | SES | | | | PLANCHE VII.