a [a < = [=] Lu = (2) El < L œ LT en me en Æ #8 À OBSERVATIONS D'HISTOIRE NATURELLE; AVEC LE MICROSCOPE. ROLME PUR EM I.E 2 ———_——— Digitized by the Internet Archive in 2010 with funding from University of Illinois Urbana-Champaign http://www.archive.org/details/observationsdhis12jobl OBSER VATIONS D'HISTOIRE NATURELLE, FAMME ES AVEC LE MICROSCOPE, Sur un grand nombre d'Infeëtes , & fur les Animalcules qui fe trouvent dans les liqueurs préparées, & dans celles qui ne le font pas, &c. avec la Defcription & les Ufages des différens Microfcopes, &c. Partie déjà publiées par feu M. Jo BLoT, Profefleur en Mathémariques de l’Académie de Peinture & de Sculpture : partie rédigées fur fes Obfervations poñté- rieures. Avec un grand nombre de Figures. TOME) PRE MILLER. Be PA RAS, Chez BRIASSON, Libraire, rue Saint Jacques, à la Science. M. DCC. ETV. AVEC APPROBATIONS ET PRIVILEGE DU ROT, En ! "awo CAT VAE. ù 4 | aa DiAS! 4 A Dec >ADRA TEA ner est 4 5 RAS mdnea, bus edf © Rabat ie ap ju AL baba Vi 1 dote AL ET OS RE a HE SE Ep | 58 Do PRÉ BH 290 | Et 4 à 0 qu HD Be PONT ee LA LT ut pubs Fi je RUE pe) Pt nr aunslss Ale 2ouprssei Ê nn : Ve rnobwvrsil est #5 aber net stat | 2 Re AN a Fe Ste LE f ‘ PA ER JtaÀ tte 7 En à M à nier En RER ne D _—— OV ER ETES SEME N T DE L'ÉDITEUR. Eu M. JosLor fit imprimer en 1716 fon Livre intitulé Deftription de plufieurs nouveaux Microfcopes | avec dis Obfervasions fur une grande multitude d’Infeëles qui naiffent dans les liqueurs, &c. Les applaudiflemens que reçut cet Ouvrage , engagerent l’Auteur à continuer {es recherches fur l’'Hiftoire naturelle , & à travailler fans relâche à perfec- tionner fes Microfcopes.. Il mit par écrit fes opérations nou- velles & fes obfervations microfcopiques ; & il efpéroit s’en fervir pour améliorer la feconde édition de fon Livre , qu'il préparoit lorfque la mort l’interrompit. Les embarras qui fuivent toûjours ces fortes d’évenemens , ont fait oublier long-temps ce manufcrit, qui à la fin, après des traverfes fans nombre , nous eft heureufement parvenu ; & nous avons. crù rendre un fervice important au Public, de donner nos foins à le mettre en ordre & à le faire imprimer. Nous n’a- vons rien ajoûté de nous à ce que l’Auteur avoit préparé, que “pass notes dans les endroits où elles nous-ont paru néceffaires. - L’Auteur a beaucoup enrichi la partie de fes obfervations fur les Infeêtes & fur l'Hiftoire naturelle; il femble avoir prévû que le temps d'écrire fur cette Science étroit arrivé : car avant lui peu d’A uteurs- parmi nous s’étoient appliqués à cette matiere. Pour fuivre en quelque forte ce qui lui étoit fi heureufement infpiré , & l’ordre où il nous a paru nécef- faire de difpofer les matieres, nous avons placé dans le pre- mier Volume toutes les obfervations fur l'Hiftoire naturelle & fur les Infeétes, en commençant par les animaux les plus gros , tels que le Pou , la Puce , la Mouche, &c. Ceux qui font bien inférieurs en petitefle , & que nous appellons animaux microfcopiques , parce qu'ils s’échappent à œil , & qu'on ne peut les appercevoir qu’à l’aide du Mi- crofcope, compofent la feconde partie du Tome premier. On trouve à la fuite quelques Chapitres fur les Plantes & * ij vj AVERTISSEMENT DE L'ÉDITEUR. les Sels, avec les figures qui y fontrelatives. La plus grande partie de ce Tome premier eft du manufcrit de l’Auteur, le refte avoit paru dans fon Livre en 1716. Le Tome fecond eft tout deftiné aux Microfcopes , à leur ufage & à leur conftruétion ; il eft aufñli divifé en-deux par- ties, & fuivi de beaucoup de figures. Il y a beaucoup de chofes nouvellement traitées par l’Auteur , ainf qu’au Tome premier ; le refte avoit vû le jour avec une partie du précé- dent Volume. _ Pour conferver à M. JoBLor tout ce qui lui appartient, nous donnerons à la fuite de notre Avertiflement , celui qu'il donna lui-même au-devant de fon Livre en 1716 ; & nous ferons imprimer à la fuite l'Approbation dont lAca- démie de Peinture & de Sculpture décora fon Livre pour lors. AVERTISSEMENT D'ÉCCE UMR E CR: NE partie de cet Ouvrage n’eft, à propre- f! ment parler, qu’une efpece de Journal des obfervations que J'ai faites fur une litude infinie de très-petits animaux, dont la plus grande partie eft invifible à la portée ordinaire de nos yeux. , La facilité que j'ai trouvée dans l’ufage de mes nouveaux Microfcopes , m’a conduit infenfiblement plus loin que je ne penfois, & m'a fait defcendre dans un détail dont il n’y a que ceux qui font accoû- tumés à fuivre la Nature dans fes opérations, qui connoîtront tout le prix. Ils fçavent par expérience que trop de négligence fur des circonftances qui ne femblent préfenter rien de confidérable , a fouvent privé les Phyficiens du fruit qu’ils auroient tiré d’une plus exacte application. J'ai ajoûté à mes obfervations des conjectures fur les productions des différentes efpeces de petits ani- maux qui fe trouvent dans les liqueurs : je ne puis applaudir à ceux qui les attribuent à la putréfaction. viij AVERTISSEMENT . Cette opinion eft d'autant moins concevable, que ce feroit abandonner aux irrégularités du hafard , des Ouvrages qui fe font toûjours dans un ordre qu’on ne peut jamais aflez admirer. J’en ai donc fubititué une autre, qui me femble répondre nettement à la multitude prefqu’infinie de toutes mes expériences. On trouvera à la fuite de mes obfervations , un traité fur la conftruction & les ufages de plufieurs Microfcopes plus commodes & plus parfaits qu’au- cuns de ceux qui font venus jufqu’à préfent à ma connoiflance. On les voit mis en perfpective fur un grand nombre de Planches , avec les plans & les profils qui font nécellaires pour en bien faire com- prendre la méchanique & l’ufage. Il y a deux ou trois de ces Microfcopes qui font d’une étendue pref- qu'univerfelle, & particulierement celui qui a été repréfenté dans les Planches 20 & 21, Tome 2, fur lequel on pourra monter en très-peu de temps & tout de fuite , non-feulement des lentilles de différens foyers , mais aufli de très-petits Microfcopes à deux & à trois verres, depuis un pouce de longueur juf- qu’à trois , dont les plus courts ont des avantages confidérables , comme de faire paroître les objets dans leur fituation droite ou naturelle, en les repré- fentant clairement & diftinétement ; faifant d’ailleurs l'office de plufieurs loupes dé différens foyers, & tellement conftruits , que la lentille objective y de- vient oculaire quand on veut, fans changer fenfible- ment la diftance des deux verres qui le compofent , ni le lieu qu’ils occupent dans la monture. Et DE’ L'AUTEUR. ix Et à ce dernier Microfcope univerfel on pourra très-facilement & fans embarras appliquer des poife ons de différentes longueurs & grofleurs , & même de diverfes efpeces , comme des Tétards , des Gre- nouilles , des Lamproies, des Anguilles , des Bro- chetons , des Tanches , des Carpes , des Goujons, &c. en la queue defquels, & ailleurs, on aura le plaifir de voir les divers mouvemens du fang dans des vaifleaux diverfement courbés , formant entr’eux comme des fyphons dorit les branches fe rencontrent de telle maniere, qu’elles forment tantôt un arc de cercle, tantôt un angle droit , tantôt un obtus ou un aigu. On y verra de plus de deux fortes de vaifleaux de traverles très-menus & très-courts , fitués différem- ment entre deux plus gros vaifleaux qui font paral- leles entr’eux , de l’un defquels on voit le fang s’é- chapper par ces vaifleaux de traverfe , pour pafler dans Pautre à angles droits, aigus ou obtus: & il faut remarquer qu’on né voit dans ces vaifleaux ni anaftomofes ni valvules qui empêchent le fang de retourner en arriere. Toutes ces diverfes obfervations , & plufieurs au- tres dont je ne parle point ici, ne peuvent être con- firmées que par un grand nombre d’expériences réi- térées, & faites avec beaucoup de foin fur les divers fujets dont on vient de parler ; & j'efpere que lufage des Microfcopes fe répandant de plus en plus, on découvrira par la fuite des chofes nouvelles, & plus fingulieres peut-être que je n’ai pà faire. Tome I. Part, I, e 2 AVERTISSEMENT Outre les nouveaux Microfcopes dont je parle, je donne encore des defleins & des explications de plufieurs autres que j'ai perfectionnés , en étendant leurs ufages fans en augmenter confidérablement la dépenfe. On verra, par exemple , dans la dixieme Planche, Tome 2 , le deflein d’un Microfcope à tiges qui n’eft pas de mon invention ; mais les addi- tions & les changemens que j'ai jugé à propos d'y faire, pourront peut-être plaire à ceux qui ont quel- qu’eftime pour cet inftrument , que nous faifons {er- vir-aux obfervations des animaux de plufieurs di- queurs. En corrigeant quelques défauts des Microfcopes ia canon de verie ,. qui ont.encoré été nommés tom- beaux! :ÿ'en,ai aufhi étendu luniverfalité: plus loin w’on n’avoit fait jufqu’à préfent. On parle de plus d'un petit Microfcope à trois verres, Planche 15, Tome,2, qui peut aufli fervir à deux verres.convexes dés deux côtés , en fuppri- mant celui. du-milieu , avec lequel_on fera ; f lon veut, en un moment une petite lunette d'approche qui fera paroître les objets dans leur fituation droite ou. naturelle. :, ss}do 32488 E 0 Le même verredu milieu de.te Microfcope: ; & fon oculaire, étant placés ,commeon le dit, dans {on lieu, ferviront à faire une petite lunette d’appro: che qui fera voir les objets dans une fituation toute çontraire. à la précédente, n’employant pour cela que le corps: du Micrôfcope mème avec:ce-qu'il:con- tient ; & ce même inftrument, étant monté {ur un DEV L'AUTEUR. x) ié qui lui convienne , pourra encore fervir à rendre vifibles les animaux de quelques liqueurs , & la cir- culation du fang dans la queue & ailleurs , de tous les poiffons qui feront d’une grandeur & d’une grof. {eur commode pour être appliqués fans peine à cette petite machine. En expliquant les ufages de chacun des Microfco- pes qui font repréfentés dans le Tome fecond , jai dit la maniere de préparer une même chofe diffe- remment pour y être appliquée & obfervée. Ces ré- petitions m'ont. paru néceflaires en ces endroits , uifqu’elles fervent à rendre l’ufage de ces machines plus univerfel , & à fatisfaire ceux qui ne veulent avoir qu'un feul Microfcope, accompagné d’une explication fufffamment étendue pour les inftruire des ufages qu'ils en peuvent efpérer. L’Hiftoire anatomique de la plüpart des animaux nouvellement découverts , donne lieu d’efpérer que cet Ouvrage pourra être agréable au Public , tant par fa nouveauté, que par lutilité que les Phyfi- ciens , les Medecins , les Chirargiens , les Anato- miftes , les Chymiftes & d’autres perfonnes en pour- ront retirer. D'ailleurs la partie inftruétive fur les Microfcopes & leur ufage , fera très-uctle aux Deffi- nateurs, Peintres, Graveurs , Fabricateurs d’inftru- mens de Mathématiques ; aux Jouailliers , Lapidai- res ; aux Médailliftes, Antiquaires; aux Vérifica- teurs d’écritures , Horlogeurs , Lunetiers , &c. puif- que par le fecours des verres de nos Microfcopes, les Artiftes dont on parle auront d’âvantage de dé- € 1] Xi) AVERTISSEMENT couvrir jufqu’aux moindres défauts de leurs Ouvra- ges, & même le moyen de les éviter, ou du moins d'approcher de plus près du point de perfection; ce qu'ils ne pourroient faire fans ce fecours. Je n’ai pû décrire les petits animaux qui fe trou- vent dans toutes les infufions dont j'ai parlé , fans leur donner des noms qui en fiffent connoître la dif- férence. Pour cet effet j'ai cherché dans la Nature des chofes qui me fuflent affez connues, & qui euf- fent quelque rapport de reflemblance avec les poif- fons que J'ai vüs dans mes liqueurs, pour leur don- ner les mêmes noms qu’on a donnés à ces diverfes chofes : mais n'ayant pas toûjours été aflez heureux pour rencontrer de quoi me fatisfaire , fans doute faute d’avoir une connoïflance aflez étendue des di- vers êtres de la Nature , jai été contraint de nommer d’autres poiflons autrement , en leur donnant des noms qui en marquaflent lesinclinations particulieres, ou leurs mouvemens les plus ordinaires : ainfi jai nommé les premiers Cornemufes , Ovales , Chenilles aquatiques, Entonnoirs, Poules Aupées >Rognons,&c. & j'ai donné aux autres les noms d'Aveugles , de Pirouetteurs, de Goulus , d’Inconftans, de Bouffons, d'Elégans, &c. li Enfin on verra une Diflertation fur la maniere dont les objets font vüs dans les Microfcopes & dans les lunettes d'approche, contenant plufieurs expérien- ces nouvelles , qui donnent occafion-de fe détermi- ner en faveur de la meilleure des deux opinions qu'on s’y propofe. Et A UT EUR: xij « Je ne veux pas finir cet Avertiflement fans in- » viter mes Lecteurs à faire avec moi la réflexion que » Papplication aux matieres traitées dans cet ouvra= » ge, m'a occafionnée. Les plus petits ouvrages des » mains de Dieu ne font petits que par leur peu de » volume ; mais ils n’en font pas moins pour cela » des preuves éclatantes de fa puiffance fuprème & » de fa fageñle infinie. Rien n’eft petit ou grand que » par comparaifon ; & le moindre moucheron an- » nonCe au moins aufli énergiquement la grandeur » de Dieu que la Baleine & l'Eléphant ; ou, s’il y a » quelque différence , elle eft à l’avantage des ani- » malcules , dont l'organifation , aufli parfaite dans » leur petitefle que celle des plus gros animaux dans » leur grofleur , étonne encore plus l'imagination». EE | APPROBATION de la premiere Edition. Fr Iù par l’ordre de Monfeigneur le Chancelier, un Manufcrit quia pourtitre: Défcriptions 6 ufages de plufieurs nouveaux Mi- crofcopes , avec de nouvelles Obfervations , &c. par M. JogLorT, Pro- fefleur Royal en Mathématiques. Outre les nouveaux Microfcopes que l’Auteur y décrit, il en perfeétionne plufeurs autres, & rapporte quantité d’obfervations fort curieufes qu’il a faites avec beaucoup de foin ; ainfi cet Ouvrage peut être utile & agréable au Public. À Paris ce trentieme Novembre 1716. GAUGER. APPROBATION DE L'ACADEMIE ROYAL E:- de Peinture 6 Sculpture, AP Samedy cinquieme Décembre mil fept cent feize, l’Académie s’eft affemblée à l’ordinaire pour les Conferences ; M. JOBLOT y a apporté un Ouvrage qu’il a compofé, qui a pour titre: Defcriptions 6 ufages de plufreurs nouveaux Microfcopes, tant férrples que compofés , avec de nouvelles Obfervarions faites fur une mulri- tude innombrable d’infééles & d'autres animaux de diverfes efpeces, qui naiffent dans les liqueurs préparées, 6 dans celles qui ne le font point. La Compagnie, après avoir écouté la leéture de la divifion de tout l'Ouvrage , fait en deux Parties, & avoir examiné plus de trente Planches 7-4°. remplies de Figures definées & gravées élégamment, repréfentant fes nouveaux Microfcopes mis en perfpeétive , & ac- compagnés de tous les plans & profils néceffaires pour en bien faire comprendre la méchanique & l’ufage, a auffi remarqué que dans la feconde Partie l’Auteur met en ufage fes nouvelles Machines , pour faire l’hiftoire anatomique d’une multitude prefqu’infinie de très- petits animaux qui ont été juiqu’à préféntinconnus , à caufe de leur petitefle, & des grands défaûts qui font inféparables des Microf- copes ordinaires. C’eft pourquoi la Compagnie ayant confideré que cet Ouvrage pouvoit être très-agréable au Public, tant par fa nouveauté, que par l'utilité que les Phyficiens, Medecins, Anatomiftes, Chymiftes & autres en pourroient retirer, elle a bien voulu lui accorder la permiffion de fe fervir du Privilége que le Roi a accordé à ladite Académie. Fait & extrait par moi Secretaire de l’Académie, ce cinq Décembre mil fept cent feige. Signé, TAFERNI1ER. EEE — AP PER OLB ANT LION: Ar lù par ordre de Monfeigneur le Chancelier, un Ouvrage J intitulée Obfervations d'Hifloire naturelle, par P. TJOBLOT, &c. dans lequel je n’ai rien trouvé qui puifle en empêcher l’impreffion. À Paris ce 29 O&tobre 1754. P. DEMOURS. EE PART ALL EE GLEN DIT RON: OUIS, par la grace de Dieu , Roi de France & de Navarre : A nos amés & féaux Confeillers | les Gens tenans nos.Cours de Parlement , Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil, Prevôt de Paris, Baïllis, Sénéchaux, leurs Lieute- nans Civils, & autres nos Jufticiers qu’il appartiendra, SALUT. Notre amé ANTOINE-CLAUDE BRIASSON, Libraire à Paris à ancien Adjoint de fa Communauté, nous à fait expoler qu'il defire- roit faire imprimer & donner au Public un Ouvrage qui a pour titre Obférvations d’Hifloire naturelle, s’il Nous plaïfoit lui accorder nos Lettres de permiflion pour ce néceflaires. À CES CAUSES, voulant favorablement traiter l’'Expofant , Nous lui avons permis & permettons par ces Préfentes , de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera ; & de le vendre, faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant le tems de trois années confécutives, à compter du jour de la date des Préfentes. Faifons défenfes à tous Imprimeurs , Libraires & autres perfonnes, de quel-* que qualité & condition qu’elles foient , d’en introduire d’imprefion étrangere dans aucun lieu de notre obéiffance ; à la charge que ces Préfentes feront enresiftrées tout au long fur le Resiftre de la Com- munaute des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l’impreflion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier & beaux caraéteres, con- formément à la feuille imprimée , attachée pour modele fous le contre-fcel des Préfentes ; que l’Impétrant fe conformera en tout aux Réglemens de la Librairie | & notamment à celui du dixieme Avril mil fept cent vingt-cinq; qu'avant de l’expofer en vente, le Manufcrit qui aura fervi de copie à l’impreffion dudit Ouvrage, fera remis dans le mème état où lApprobation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier, Chancelier de France, le Sieur DE LAMOIGNON; & qu'il en fera enfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliotheque publique , un dans celle de notre Château du Louvre, & un dans celle de notredit très-cher & féal Chevalier, Chancelier de France , le Sieur DE LAMOIGNON , - & un dans celle de notre très-cher & féal Chevalier, Garde des Sceaux de France , le Sieur DE MACHAULT, Commandeur de nos Ordres : le tout à peine de nullité des Préfentes , du contenu def- quelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes ayans caufe pleinement & paifiblement , fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. Voulons qu’à la copie des Préfentes , qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin dudit Ouvrage, foi foit ajoûtée comme à l'original. Comman- dons au premier notre Huïfier ou Sergent fur ce requis, de faire pour l'exécution d’icelles tous aêtes requis & néceflaires, fans de- mander autre permiffion, & nonobftant clameur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contraires : CAR tel eft notre plaifir. Donné à Verfailles le huitieme jour du mois de Février, lan de grace mil fept cent cinquante-cinq, & de notre Regne le quarantie- me. Par le Roi, en fon Confeil. Signé PERRIN. Regiftré fur Le Regiffre XIII. de la Chambre Royale des Libraires & Imprimeurs de Paris, Num. 472. Fol, 363. conformément aux anciens Réglemens ; confirmés par celui du 28 Février 1723, 4 Paris le 14 Février 1755, Signé DIDOT, Syndic. OBSER V. XVij ES TABLE DES CHAPITRES DU PREMIER VOLUME. PARTIE PREMIERE. CHAPITRE I. 1 PAT RS page J CHAP. Il. De la Mouche commune. 9 CHAP. IL. Defcription d’une forte'de Mouche qui Je voit ordinairement [ur la furface du Vin & fur celle du Vinagre. cé 12 CHAP.IV. De la Licorne ornée de deux efpeces d’aigrettes. 15 CHAP. V. Des petits Papillons qu’on voit en hyver fur des choux de Milan. 16 CHAP. VI. De la Mie vagabonde. 19 CHAP. VIL Defcriprion d'une efpece de Mouche aquatique & terreftre qui nage fe Le dos , qui faute & marche étant hors de "eau. 22 CHAP. VIII. Defcriprion d'une autre efpece de Mouche aqua- 26 tique & terreftre. CHAP. IX. Anatomie des Plantes en général. 27 CHAP. X. Des Racines des Plantes, & de leurs accrorffemens. 32 CHAP. XI. Des Sels en général. 34 PART LME: SECOND: E, CHAPITRE I. Es Anguilles, Serpens ou petits Vers que l’on trouve dans le vinaigre. page 2 CHAP.II. Du Vinaigre commun. CHAP. IT. Des Vinaigres compojés. 7 CHAP.IV. Nouvelles obfervarions fur les Anguilles du vinai- gre, faites avec le Microfcope repréfenté en la Planche Je {ieme. Tôme I. Part. L, É Xväÿ TAB DE CHAP. V. Obférvarions faites fur plufteurs fortes d’infufions de Poivre en grains, mis à froid dans de l’eau commune. LZ Du Poivre blanc. rs Du Poivre long. la même. CHAP. VI. Obfervations faites durant une année entiere, de ce qui s’efi trouvé dans une infufion à froid de Sené. 16 CHAP. VIT De l’eau qui Je trouve dans les huîtres à l’écaille , 6 de ce que l'or. y appercoit en peu de jours ou d’heures après être ouvertes. 20 CHAP. VII. Des infufions d’œillets mis dans de l’eau com- mune , chaude € froide. 27 CHAP. IX. D'une infufion à froid d’un Bouquet compofé de rofes , d’œillers € de jaffemin. 30 CHAP. X. De l'infufion des Barbeaux ou petites fleurs bleuës qui viennent parmu les bleds. 31 CHAP. XI. Du Thé mis en infufion. 34 CHAP. XII. Des infufions de queues de Framboifes mifes à roid dans de l’eau commune. 35 CHAP. XIII. Des infufions de fenouil, de fauge, de melon, de verjus , dé n9es de fouct avec Les fleurs. 36 CHAP. XIV. D'uneinfufion de foin nouveau mus à froid dans de l’eau commune le 4 Juin 1721. 38 CHAP. XV. Seconde infufion de foin nouveau. 39 Troifieme expérience faite fur de femblable foin. 40 CHAP. XVI. Compofition de plufieurs infufions mifes enfemble dans un feul vaiffeau. la même. CHAP. XVII. On prouve dans ce Chapitre qu'il y a.de très= petits animaux qui en dévorent de plus gros. 41 Qu'il y en a de fi petits, qu’ils échappent aux meilleurs yeux armés de Microfcopes. la même. Qu'au bout d’un certain temps en été on découvre de petits pof Jons dans l’eau de riviere ou dans celle de fontaine, fans s’être corrompue. AI 3 » A D . Qu’au bout de quatre heures, € méme en moins dë temps, on trouve plufieurs efpeces de poiffons dans l’eau. que l’on. donne à boire à des oifeaux. la même. Er enfin comment les graines & les-plantes doivent être m'Jes en DES CHAPITRES. xjx infufion ge produire de bons effets par rapport aux expé- riences dont nous parlons. la même. CHAP. XVIIL: Hyporhefe pour Jervir à rendre raifon de la naiffance , du progrès & de la mort des animaux que l’on ob- ferve dans les liqueurs préparées, € dans celles qui ne le font oint. 44 CHAP. XIX. Continuation des expériences fur les liqueurs. 54 D'un ver de terre trouvé parmi des herbès potageres. lamême. CHAP. XX. D'une infufion de Rhubarbe. 47 CHAP. XXI. De l'infufion d’un championon mis à froid dans de l’eau commune. 48 CHAP. XXII. Des petites fleurs colorées diverfement, qui fe zrouvent dans les prés. 49 CHAP. XXII. Du petit bafilic qui « une odeur de citron. $ CHAP. XXIV. D'un fédiment de vinaiore détrempé d’eau commune. SI Remarques importantes. s2 CHAP. XXV. De l'infufion des barbeaux. la même. CHAP. XXVI. D'une infufion de foin vieux. 53 CHAP. XXVIT. De l’infufion des fleurs d’un citronier. 57 : CHAP. XXVIIL. D'une infufion d'anémone , furnommée l& Royal. la même. CHAP. XXIX. Des infufions de trois différentes portions d'une tive de celeri, mufes & part dans divers vaiffeaux de verre, 58 CHAP. XXX. De plufieurs infufions de paille € d’épis de bled. 6 Des Signes. 66 Des Grenades aquatiques , couronnées & barbues. 68 €HAP. XXXI. De la paille d'orge, de celle du feigle, de celle d'avoine & du bled de Turquie ; chacune de ces chofes miles féparément en infufion dans de l’eau commune. 7} €CHAP. XXXIL De l'écorce de bois de chéne qui porte le land , mife en infufion dans de l'eau commune. 72 CHAP. XXXIIL. Sue des Obfervations faues fur la même écorce de bois de chêne , qui étoit venu flotant fur l'eau depuis Montarois jufqu’à Paris. 81 CHAP. XXXIV. Des nouveaux poifflons trouvés dans une xx. TABLE DES CHAPITRES. . infufion d’écorce de bois de chêne neuf. OT CHAP. XXXV. Differtation fur la maniere dont on appercoit Les objets qui font vüs au-travers des Microfcopes & des lu- nettes d'approche. 8 CHAP. XXXVI. Nouvelles découvertes d Animaux trouvés dans une infufion d’amadou. 96 CHAP.XXXVIL D'un Poifjon nommé Coquille ou Cy- clope , qui s’efl vi dans la premiere infufion d’amadou. 100 CHAP. XXXVHI. Seconde infufion d'amadou. 103 CHAP. XXXIX. D'une nouvelle Poule hupée , vüe dans une © infufion de bors de chène flotte. 104 CHAP. XL. Des Poiffons nommés Deftouches. la même. CHAP. XLI. Des Poux aquariques. 105 CHAP. XLIT. Du Pou terreftre Ë aquatique. 108 CHAP. XLIII. D'une apparence de Chenille dorée, couronnée & mafquee. 109 CHAP. XLIV. Des Doguins trouvés nageans dans une in- fufion de paille de blé, qui y étoit en expérience depuis dix MOIS Ou environ. Fi 0 CHAP. XLV. Defcription de certains petits Wers rouges qui ont été trouvés dans de l’eau de puits. 1a2 CHAP. XLVI. De l’Araignée aquatique. 114 CHAP. XLVIL. Defcription d'un petit Infeëte des plus curieux gui fe puiffe obferver, tant pour la diverfité des chofes qu'on y découvre extérieurement , que pour celles qu’on y appercoit dans les parties tranfparentes. 115 CHAP. XLVIIL. Des Sauterelles aquatiques. 116 CHAP. XLIX. Des Limas aquatiques trouvés dans une infu- fion faite d’un, bouquet compofé de plufreurs fortes de fleurs miles dans de l’eau de riviere. 120 CHAP. L. Defcription d’un nouveau Poiflon que j'ai trouvé dans de l’eau du baffin de S. Magloire du Fauxbourg Saint Jacques à Paris, qu'on peut nommer Chenille aquatique. 121 CHAP. LI. Du Poiffon que j'ai nommé Bélier , v4 dans une eau crouple. 123 Fin de la Table des Chapitres du premier Volume. OB D'HISTOIRE NATURELLE, FAITES AVEC LE MICROSCOPE. BÉÉEEEREGEERÉRE ES SERRE REEREERETE PREMIERE PARTIE. CH A PuE FU Ev:L Introduéion ou Difcours fur l'utilité des Microfcopes. 3] N des plus grands obftacles (difent les Au- RÉ] teurs du Journal des Sçavans , 1666 ) qui fe Ë foit rencontré au progrès de la fcience natu- NES relle , c’eft que les Anciens s'étant entiere- MSN) ment occupés à perfettionner le raifonne- » ment, ont pégligé la connoiffance des {ens , & 90 mieux Tome I, Part, L 2 OBSERVATIONS » aimé deviner la plüpart des chofes que de les voir. Cepen- » dant comme l'ame ne connoiît rien que par l’entremife des » organes du corps , les opérations des fens ne fervent pas # moins pour acquérir une parfaite connoiflance de la Nature, » que celles de l’efprit ; elles font même d’autant plus nécef- » faires , que la fageffe de Dieu étant infiniment au-deffus de » la portée de notre imagination , il eft beaucoup plus facile » de connoîïtre ce qu’il a fait, que de s’imaginer ce quil a » voulu faire. » Pour remédier à ce défaut les Modernes ayant travaillé » à perfeétionner l’opération des fens , particulierement de » celui de la vüe, qui eft le plus néceflaire de tous, comme » il eft le plus noble, ont inventé deux fortes de lunettes ; » le Télefcope pour approcher les objets qui font invifibles » à caufe de leur éloignement ; & le Microfcope pour groflir » ceux qui font imperceptibles à caufe de leur petitefle : & » avec ces deux inftrumens ils ont découvert plus de chofes » en peu d'années, que les Anciens n’avoient fait avec tous » leurs raifonnemens pendant le cours de plufieurs fiecles. » Par ce moyen toute la Nature nous a paru nouvelle ; car » le Télefcope nous a fait voir dans le ciel de nouveaux mou- » vemens, de nouvelles étoiles & de nouveaux météores ; » & le Microfcope nous a découvert fur la terre un petit » monde tout nouveau, & nous a fait appercevoir dans cha- » que chofe une infinité de petites créatures qui ne font pas » moins admirables que toutes celles qu'on avoit connues » jufqu’à préfent. » L'ingénieux M. Hook ayant fait plufieurs obfervations » très-curieufes avec l’un & l’autre de ces inftrumens, mais » particulierement avec le Microfcope , les a ramañlées en- » femble , & les a communiquées au Public dans un livre » qu'il a intitulé Micrographie , c’eft-à-dire, defcription des » petits corps , parce qu'il y examine principalement ce qu'il » y a de plus petit dans la Nature. » Il commence par la pointe d’une aiguille très-fine, qui, » bien qu’elle femble imperceptible , paroit avec le Microfco- » pe dont il s’eft fervi , large comme la quatrieme partie d’um » pouce. L’extrémité de çette pointe ne fe termine pas en D'HISTOIRE NATURELLE. 4 y cone , comme l'on s'imagine ; elle n’eft pas non plus ni » ronde ni plate, mais elle eft obtufe , inégale & irréguliere, » & reflemble à une cheville dont on auroit rompu le bout. » De plus fes côtés ne font pas unis, comme nos yeux nous » les repréfentent , mais raboteux , & pleins de cavités & » d'éminences. » Il dit aufi qu'ayant confidéré avec fon Microfcope le » tranchant d’un rafoir bien afhilé, il l’a vü épais comme le » dos d’un canif, & y a remarqué plufeurs dents : que la » furface d’une glace dé miroir bien polie, lui a paru au foleil # pleine de raies , & compofée d’une infinité de corps iné- » gaux qui réfléchifloient une lumiere de plufieurs couleurs » différentes : & que les points les mieux faits, qui fervent » dans les livres imprimés à la féparation des périodes , ne # paroïflent pas pl®s ronds que des chataignes ; & il ne s’en » faut pas étonner , parce que les limes, les pierres , & les »# autres chofes dont on fe fert pour polir ou pour arrondir, » étant compofées de parties inégales , il faut néceffairement » qu’elles laiflent auffi plufieurs imégalités fur la furface des » corps fur lefquels elles agiflent. » Il a encore examiné de la toile très-fine , dont les fils au- » travers du Microfcope lui ont paru aufli gros que des cor- » des ; & il aobfervé que ce qui rend cestoiïles deliées fitranf- » parentes , c’eft qu'il ya entre les fils quantité de rrous pref » que femblables aux treillis qu'on met aux jaloufies. » Il a reconnu que les ondes qui paroiffent dans plufieurs » étoffes de foie , viennent de ce qu'il y a dans ces étoffes » des parties plus élevées les unes que les autres , qui caufent » une différente réflexion de lumiere : & il a remarqué dans » les fiphons & dans les larmes de verre , plufieurs chofes » curieufes que l’on peut voir dans fon ouvrage , mais qu'il » feroit trop long de rapporter ici. » Après avoir parlé des ouvrages de PArt, il vient à ceux » de la Nature , auxquels le Microfcope eft beaucoup plus » avantageux qu'aux autres : car il y a cette différence en+ »treux, que les ouvrages de l’Art étant toûjours fort im » parfaits, ne veulent être vûs que de loin ; & plus on les » confidere exaftement , plus on y trouve de Mb Maïs ' ij Planche 1. 3 OBSERVATIONS » cornme les ouvrages de la Nature font des effets d’une fa: » geffe infinie , ils ne craignent point d’être examinés, & » paroiflent toûjours d'autant plus admirables, qu’on les re- » garde de plus près. M. Hook en donne dans fon livre plu- » fieurs defcriptions , dont il n’y en a pas une qui ne foit fur- » prenante ; mais comme je ne les peux pas ici rapporter » toutes , j'en remarquerai feulement quelques-unes des plus » curieufes. 3. » Il fait la defcription du pié d’une mouche : il expli- »# que pourquoi ces petits animaux peuvent fe fufpendre con- » tre le haut d’un plancher, & fe promener ainfi fans tomber, » Quelques -uns ont erû que leurs piés étoient pleins d’une » humeur gluante , par le moyen de laquelle elles demeurent » attachées à tout ce qu’elles touchent ; mais la véritable » raifon et, comme l’on a reconnu avec le Microfcope , » que les mouches ont au bout de chaque pié deux grifles » qui entrent facilement dans les plus petits pores de toutes » fortes de corps ; & que de plus les plantes de leurs piés font » couvertes d'une infinité de petits poils ou pointes fembla- » bles aux peignes des Cardeurs , avec lefquelles elles s’at- » tachent facilement aux moindres inégalités des corps. les. » mieux polis. | 2. » Il n’y a rien de fi vilain qu'un pou ; & cependant la » maniere dont'il nous eft repréfenté par le Microfcope, eft » aufli curieufe que cet infeéte eft hideux en lui-même. En » voici la figure , que j'ai fait graver exaétement de la même + maniere que M. Hook l'a deflinée , afin de montrer préci- » fément comme on la voit avec le Microfcope ; & ce qui » me l’a fait particulierement choifir entre plufeurs autres, » c’eft qu'étant la plus grande de toutes celles qui font dans » ce livre, & ayant plus d’un demi-pié de longueur , elle » fait mieux voir que les autres jufqu’à quel point cet inftru- » ment peut groflir les objets. » Cette figure qui repréfente un pou couché fur le dos, » & tenant un cheveu avec fes pattes , fait beaucoup mieux » comprendre que le difcours quelle eft la forme de cet in- » feéte. Il a les yeux 8 B placés derriere les cornes CC, » tout au contraire des autres animaux, de peur que , comme D'Historre NATURELLE. # »iln’a point de paupieres, les cheveux au-travers defquels » il pale, ne lui bleflaflent continuellement la vüe, A l'en. » droit marqué £ , il femble qu'il y ait quelqu'apparence de » mâchoires. Ses pattes font couvertes d'une écaille , comme » celles des écrevifles , & ont deux griflesab , avec lef- » quelles il embrafle le cheveu FF, lorfqu'il fe promene fur » la tête. Il a fur la poitrine une fubftance déliée & tranfpa« » rente , femblable à de la corne , au-travers de laquelle on +» voit que la tache blanche 77, qui eft peut-être le foie de » cet infeéte , eft agitée d'un mouvement continuel. M, » Hook ayant enfermé dans une boite un de ces animaux » pendant deux jours fans lui rien donner à manger, & » l'ayant enfuite mis fur fa main, infeéte enfonça fon » mufeau D dans la peau , fans qu'il femblàt ouvrir aucune » forte de gueule, & aufli-tôt on apperçut un petit ruifleau » de fang qui pañloit direétement & promptement de fon » mufeau dans fon ventre, par le moyen d’une efpece de » pompe qui étoit à l'endroit marqué 4 , & qui fembloit » être le cœur ou le poumon. Au-travers de l’écaïlle de la » poitrine on voyoit manifeftement plufeurs vaifleaux s’en- » fler par ce fang , qui étoit porté & diftribué en diverfes » parties. M. Hook remarque que la digeftion fe fait dans » le corps de cet infette avec une merveilleufe promptitude, » car on voyoit le fang noir & épais, lorfqu'il le fuçoit 3 » quand il étoit dans fes boyaux , il paroifloit d’un beau rou- » ge , & la partie qui étoit diftribuée dans les veines, étoit . » toute blanche. Il ajoûte que bien que fon mufeau D ne füt » pas plus long que la vingt-cinquieme partie d’une ligne, » & qu'il ne l’enfonçät pas encore tout entier dans la peau, » néantMmoins on en voyoit fortir du fang : d’où il s'enfuit » qu'il y a du fang non-feulement dans la peau , mais même » jufque dans la cuticule. 3- » La ftruéture de l’aiguillon d’une mouche, qui eft re- » préfenté dans la deuxieme figure (PI. 1. fig. 2.) , n’eft pas » moins merveilleufe. Il eft compofé de deux parties , dont » la premiere dE a plufieurs nœuds ou jointures fo h1, & » outre cela plufieurs piquans pq 752, qui reflemblent par- 2 faitement aux griffes d'un chat, & que la mouche étend 6 OBSERVATIONS » ou refferre quand elle veut. L'autre partie eft la pointe de » l'aiguillon a , qui eft enfermée dans la premiere , comme # une épée dans fon fourreau , & qui eft auffi armée de cha- » que côté de plufeurs griffes y x y. Ce font elles qui arré- # tent l’aiguillon dans la plaie que la mouche a faite, & qui » empêchent qu'elle ne le puifle retirer. Mais ce qui fait prin- » cipalement la douleur , c’eft une liqueur corrofive & ve- » néneufe qui eft renfermée dans le fourreau ; & qui étant » pouflée dans la plaie, ronge les fibres & caufe l'inflamma- # tion. 4. » La feuille d’ortie a beaucoup de rapport avec l’aiguil- » lon ; car cet Auteur remarque qu’elle eft couverte de pi- # quans re , dont la bafe , qui eft un petit fac ou vef- » fe d’une fubftance flexible, & prefque de la figure d’un # concombre fauvage , enferme une liqueur acre & vené- + neufe ; mais la pointe eft d’une fubftance très-dure & très- » forte, & a un trou au milieu , par lequel cette liqueur » venéneufe fe coule dans la partie qui eft piquée , & y ex- » cite de la douleur: ce qu’on peut aifément appercevoir » avec un bon Microfcope, fi l’on prefle du doigt le bout de » ces piquans contre la bafe ; car pour lors au-travers de ces # piquans , qui font tranfparens, on voit manifeftement mon- » ter & defcendre cette liqueur , comme M. Hook aflüre en # avoir fouvent fait l'expérience. 5. » Cet Auteur ayant examiné avec le Microfcope plu- s fieurs de fes cheveux , a trouvé qu'ils étoient tous prefque s ronds ; que par le bout ils étoient plus gros que vers la ra- » cine ; que depuis un bout jufqu’à l’autre ils paroiflent tranf- » parens comme de la corne , & qu’on ne voit point de fila- » mens dans leur racine , comme dans celle de plufieurs # plantes. Îl ajoûte qu'ils font folides, & qu'il n’y a pù dé- # couvrir aucune cavité , non plus que dans les foies des co: # chons ; mais que la barbe d’un chat étant coupée, a, de # même que le fureau, une large moëlle dans le milieu , » comme elle eft repréfentée dans la figure (PI. 1. fig. 3.) # Le tiflu eneft néanmoins fi ferré, qu’on n’y fçauroit apper- # cevoir aucune apparence de pores. 6. » Comme les opinions des Philofophes font fort diffés D'Hi1STOIRE NATURELLE. ytentes touchant la maniere dont le feu eft produit lorfqu’on » bat le fufil, cet Auteur a fait plufieurs expériences pouren » reconnoître la vérité. Ayant donc à ce deflein battu le » fufil fur une feuille de papier blanc , il a trouvé à l’endroit » où les étincelles étoient tombées, de petites taches noires, » mais lumineufes ; & les ayant confidérées chacune en par- » ticulier avec un bon Microfcope, il a reconnu que c’étoient » de petites boules rondes & brillantes, entre lefquelles il y » en avoit deux différentes des autres, dont l’une étoit atta- » chée par un bout à un petit morceau d'acier aflez long ; » l'autre n’étoit qu’une petite lame d’acier fort déliée. Là- » deflus cet Auteur fait plufieurs raifonnemens , & enfin il » conclut que ces étincelles ne font autre chofe que des par- » ticules d’acier ou de caillou qui font quelquefois feulement » rougies , d’autres fois fondues , & fouvent même vitrifiées, » felon les différens degrés de chaleur que le mouvement pro- » duit : & pour confirmer cette opinion il dit qu'ayant pañlé » la limaille d’acier fur la flamme d’une chandelle , il en vit » tomber des particules brillantes , femblables à des étincel- » les de fufil , fi ce n’eft qu’elles étoient un peu plus groffes. 7. » Mais il n’y a rien de plus admirable , ni qui fafle » mieux voir l'excellence du Microfcope , que ce que cet » Auteur dit de la moïfflure. On ne croiroit jamais que ce 9 fût un amas de petites plantes; que toutes les chofes qui » paroiflent moifies , fuflent autant de petits prés émaillés de » diverfes fleurs. Cependant M. Hook aflüre qu'ayant re- » gardé avec le Microfcope une tache de moiïfiflure qui étoit » fur la couverture d’un livre, il a vù diftinétement que c’é- » toit une touffe de fleurs, comme elle eft repréfentée par » la figure (P1..2.) Les unes avoient des boutons ronds , 8 Planche » » qui bles cat n'être pas ouverts ; les autres étoient à demi » épanouies : quelques-unes étoient tout-à-fait fleuries , &e » il y en avoit dont le bout paroifloit être rompu , comme » fi elles euffent commencé à défleurir. Quoiqu’elles fuflent » très-proches les unes des autres, chacune avoit fa racine à » part. Leurs tiges étoient rouges, longues, cylindriques, » & tranfparentes. Leur fubftance étoit fort tendre, & pref- » que femblable à celle des champignons ; car en les rouchant 5 Planche 3. Planche 4. 3 -OBRBSERVATIONS » avec une épingle , elles fe rompoient facilement ; & ayant » été mifes à la flamme de la chandelle trois ou quatre fois, * elles demeuroient en leur entier. Pour leur odeur , elle » étoit forte & defagréable , auffi-bien que leur goût. 8. » La figure de la puce ayant déja été décrite par d’au- » tres , je ne rapporterai ici que ce que M. Hook dit du ref- » fort de fes jambes. Cet infeéte en a fix qui ont chacune # trois jointures , dont la difpofition eft toute différente; car » les articles des deux jambes de devant entrent & s’enfon- » cent entierement l’un dans l’autre: ceux des jambes du » milieu ont leur étendue tout-à-fait féparée ; mais les jam » bes de derriere ont leurs articles pliés l’un fur l’autre ; » comme la jambe.& la cuifle de l'homme. Quand la puce » veut fauter, elle étend en même temps toutes fes jambes 3 » & les différens articles venant à fe débander enfemble , » comme autant de reflorts, caufent ce faut, que quelques- » uns ont attribué à des ailes imaginaires ». ‘. La punaife dont on voit la figure repréfentée dans la PI: 4. eft la punaife domeftique. Cer infeéte eft très-commun , fur-rout dans les villes, parmi le petit peuple & les gens mal propres. Il eft connu de tout.le monde par le tourment qu'il caufe la nuit, fuçant notre fang avec une très-grande avi< dité. La figure À repréfente la punaife vüe du côté du dos, & la figure 2 la repréfente renverfée ; pour faire voir le côté du ventre. Cer infeéte a fix pattes, qui chacune font com- pofées de quatre articulations, dont la derniere eft terminée par deux ongles crochus : fa tête eft ornée de deux petites antennes qui ont aufli quatre articulations, & d’une trompe qui eft appliquée le long de la poitrine ; lorfque la punaife ue s'en {ert point pour prendre fa nourriture. Le corps, ainft que les antennes & les patres, paroiïflent , lorfqu'on les re= garde avec un Microfcope , rout couverts de poils, Le corps de cetinfelte , fur-tout lorfque ce font des jeunes , eit aflez tranfparent pour laifler appercevoir au dedans le mouvement périftaltique des inteftins , & des liqueurs qui paflent au-tra- vers ; ce qui préfente un fpeétacle fort agréable à examiner. 9. » C'eft une chofe furprenante de voir la quantité de # petits-pores que le Microfcope fait voir dans le share k D'HrSTOIRE NATURELLE: # ils font difpofés par ordre , & traverfent toute fa lon gueur ; » de maniere qu'il n’y a point de charbon, quelque long qu'il » foit , au-travers duquel on ne puifle aifément fouffler ; & » fi l’on en rompt un morceau un peu court, on voit le jour » au-travers avec le Microfcope. Leur nombre eff fi grand, » que dans un rang long de la dix-huitieme partie d’un pouce, » M. Hook en a compté jufqu’à cent cinquante ; d’où il con- » clut que dans un charbon d’un pouce de diametre il n’y en » doit pas avoir moins de cinq millions fept cents vingt- » quatre mille. C’eft à cette grande quantité de pores qu'il » attribue la noirceur du charbon ; car il dit que quand un » corps a beaucoup de pores dans lefquels la lumiere n’eff » point réfléchie , il paroit néceflairement noir , d’autant que » la noirceur n’eft autre chofe qu’une privation du lumiere, » ou un défaut de réflexion ». GHCA PFTRE'RT De la Mouche commune. À Mouche commune , dont on voit la figure dans la Planche ; , eft trop connue de tout le monde pouren faire la defcription. Lorfqu’on l’examine avec un microfcope, on y découvre des beautés infinies ; tout fon corps paroit mêlé de noir & d'argent ; fa tête eft ornée de deux calottes hémifphériques qui paroiflent compofées d’un nombre infini de petits creux femblables à un réfeau, chacun defquels eft un œil: ces calottes font entourées de poils qui paroiflent d'argent. Elle a deux petites antennes , & une trompe velug qui lui fert à prendre fa nourriture. Cette trompe fe plie en deux parties , & elle la renferme dans fa bouche lorfqu'elle le veut ; l'extrémité en eft aufli tranchante qu’un couteau , pour lui fervir à féparer les différentes parties de fes alimens ; elle peut aufli en former une efpece de tuyau , lorfqu'ellé veut fucer les liqueurs fucrées , les fucs des fruits, ou les au- tres liqueurs. 11 y'a destefpeces de Mouches qui font plus tranfparentes que d’autres , & dans celles-là on peut appesg Tome I, Part, L B Planche ÿ4 4o OSSERVATIONS cevoir diftinétement les mouvemens des inteflins depuis l'eftomac jufqu’à l'anus. Leurs ailes qui font membraneufes & fortifiées par des nervures , font aufli garnies tout autour de poils aflez roides : leurs pattes font velues , & compofées de plufieurs arricles; l'extrémité en eft terminée par deux griffes ou ongles cro- chus, au milieu defquels on apperçoit deux parties rondes hériflées de petits piquans , comme la coque d’une cha- taigne. lus on examinera les Mouches avec le microfcope, plus on y découvrira de beautés ; je laifle aux Curieux le plaifir d’en faire eux-mêmes l'expérience. Il refte à dire quelque chofe de la facilité avec laquelle ces Mouches marchent fur les corps polis & luifans, en quelque fituation qu’ils fe trouvent. Les Anciens, qui n’avoient aucune connoïflance des mi- crofcopes ni de leurs ufages, ne pouvant examiner les par- ties infenfibles des petits corps, fe font perfuadés que les Mouches ne fe foûtenoient contre ces divers corps , qu’à caufe qu'il fortoit de chacune de leurs pattes une efpece de matiere gluante Si les y attachoit ; mais ils ne faifoient pas réflexion à la difficulté qu’elles auroient à les en féparer, ni à la grande quantité de cette matiere qu'il auroit fallu à ces animaux pour en fournir à toutes leurs pattes , afin de la diftribuer à chaque pas qu’ils font fur la furface de tous les corps qu’ils parcourent. Cette fuppofition a été reçue par des Académies célebres, fans qu’elles fe foient mifes en état de faire aucune expé- rience qui pût les aflurer d’une chofe qui étoit fi facile à examiner. S'il eft vrai qu’à chaque pas que fait la Mouche fur les carreaux de verre du chaflis d’une chambre , elle y laïfle par fes fix pattes autant de cette humeur gluante qu'il en faut pi la foûtenir , on en doit voir une traînée fur ces carreaux e verre ; ce qui ne fe remarque pas, même en l'obfervant avec une loupe. Si l'on objeéte qu’on apperçoit des taches de Mouches fur L furface des carreaux de verre, fur celle des miroirs , &cc. o’Hrsrorre NATURPLLE. 15 & que ces taches pourroient bien être la matiere gluante que les Mouches y appliquent en y marchant; nous répondrons que cette matiere que l'on voit fur les diverfes furfaces de ces corps polis, n’eft pas ce qu'on s'imagine : au contraire, ce ne font que des excrémens grofliers {ortis des inteftins de la Mouche; & c’eft de quoi on pourra s’aflürer , fi lon fuit de vûe la marche de quelques-unes, car on verra fortir de leur anus les excrémens dont je parlé. Si l’on objeéte encore qu'il y a aux extrémités des pattes d’une Mouche , de très-petites pelotes d’où fort la matiere gluante qui la tient ma fur les divers corps qu’elle parcourt ; nous répondrons que le microfcope ne nous fai fant rien découvrir de ce qu’on fuppofe, il vaut mieux penfer que l’ufage de ces petites pelotes eft d'empêcher que les corps raboteux fur lefquels la Mouche marche , ne l'incom- modent. Enfin, comme il fe voit un grand nombre de petits ani- maux qui marchent fur tous les corps polis, aux pattes def. quels on ne voit aucune pelote ; on doit être perfuadé que cette opinion n’a été reçue que faute d'en avoir une plus vraiflemblable. Maintenant fi l’on fait réflexion fur l'inégalité des parties qui fe remarquent avec le microfcope fur la fuperficie des corps polis , fur les éminences & fur les enfoncemens qu'on y découvre ; fur la légéreté des Mouches, fur le nombre de leurs pattes , fur leur grande longueur, fur la multitude des poils qui les environnent de toutes parts, & fur les petites griffes très-aiguées qui les terminent , nous aurons, ce me femble, de quoi fatisfaire à la queftion , en difant que ces petites créatures appliquant, comme elles font , environ le tiers de la longueur de leurs pattes fur la furface des corps qu'elles parcourent , & cette longueur contenant au moins quatre à cinq cents petits poils qui entrent dans les vuides que laiflent entr'elles les petites éminences raboteufes des corps fur lefquels elles marchent , cela fuffira pour faire compren- dre que ces petits infeétes peuvent fort bien fe foütenir par cette difpofition méchanique , fur les corps même les plus polis , en quelque fituation qu'ils foient. 2 , y Planche 6, ?£ OBSERVATIONS C' HA PEER 0 EP TT AE Déefcription d’une forte de Moucheron qui fe voit ordinairement fur la furface du Vin & fur celle du Vinaigre. & qu'on l’examine au microfcope monté d'une feule lentille d'environ trois lignes de foyer, on y découvrira non-feulement tout ce qui eft exprimé dans les deux figures qui font repréfentées fur cette Planche , mais encore plu- fieurs autres chofes que des defleins , quelqu'élégamment traités qu'ils foient , ne peuvent repréfenter. La premiere figure repréfente le Moucheron vû par le dos , & la feconde le repréfente vû par le ventre. En le confidérant d’abord, on le pourra divifer en trois principa- les parties ; fçavoir, la tête , la poitrine , & le bas-ventre, La tête de cet infeéte eft des plus difficiles à examiner, parce qu'étant.en vie, comme il doit être pour le bien voir, il la remue continuellement ; & d’ailleurs elle eft compofée de tant de parties , & d’un arrangement fi extraordinaire , qu’on a de la peine à les bien examiner pour en expliquer la méchanique. Cette tête, qui eft très-mobile ; eft vüe ornée de deux gros yeux ,; de deux efpeces de cornes rondes & oblongues qui portent deux aigretres, & d’une face des plus furpre- nantes qui fe puiflent voir. Sa poitrine eft chargée de fix grandes pattes & de beau coup de poils. # Enfin la troifieme partie de cet infeéte eft.d’une rondeur oblongue , plus grofle par le haut qu’elle n’eft par le bas. Voilà en gros ce que j'y ai remarqué , & voici en détail toutes les parties extérieures qui font repréfentées dans la premiere & feconde figure. Les yeux de ce Moucheron font fort gros, & bien con- vexes ; on les voit placés aux côtés de fa tête, & autant éloignés l’un de l’autre qu'ils le puiflent être : leurs furfaces 6 l’on faifit à la pincette un de ces petits Moucherons D'HisrToire NATURELLE. +3 aroiffent d’un beau rouge-brun , & diviftes par un grand nombre de lignes courbes qui fe croifent en partageant cha- que cornée en un fi grand nombre de petits rhombes ou lo- fanges égaux entr'eux ; qu il n’eft pas poflible de les compter exactement. M. de Puget, dans une Differtation qu'il a faite fur l'œil de la Mouche , nous aflure qu'il contient environ huit mille cryftallins. Toute la convexité de chaque cornée du Moucheron eft parfemée d’une infinité de très-petits poils d'égale hauteur, #plantés très-régulierement dans les fillons ou enfoncemens -qui terminent les rhombes ou lofanges , du milieu defquels on voit élevés les cryftallins dont je viens de parler, qui couvrent toute, la cornée de chaque œil ; & ce qu'il y a de particulier en ceci , eft qu’on ne remarque point de fembla- bles poils dans les fillons de l'œil de la mouche ordinaire. Chaque œil de ce Moucheron eft vû quelquefois comime enchâffé dans un petit bord étroit & argenté qui lui fert d’or- nement: ce bord de l'orbite ne paroït pas toujours de cette couleur argentée, ni Ds du péricräne , qui eft une membrane charnue qui fert d'enveloppe au crâne. On ne remarque point de paupieres en ces yeux, qui n’ont aucun mouvement ; cependant ils ne laiflent pas d’ap- percevoir tous les objets qui les environnent & qui n’en font «pas trop éloignés , parce que la rête de ce petit animal tour- nant librement fur {on col, chaque petit cryftallin faifarit l'office d’un œil, le mouvement total de la tête rend ces objets vifibles. On voit une partie du péricrâne entre les yeux de cet in- feéte , dont le fommet eft orné de deux efpeces de cornes ‘rondes , oblongues , & émouffées par le bour , qui portent “chacune une efpece d’aigrette fortant du milieu de leur hau- teur, placées l’une à droite & l’autre à gauche de ces deux cornes , qui fe voyent terminées de même que le bout d’une faucifle. Sa bouche eft fort grande, & prefque toujours ouverte’, «comme on le peut remarquer en la feconde figure. On en “voit fortir comme une groffe langue qui fe fépare vers le bout £4 OBSERVATIONS en deux parties convexes par-dehors , plattes & raboteufes en-dedans, pour entraîner plus facilement ce qu’elles peu- vent détacher d'une partie des corps fur lefquels elles les appliquent, pour lui fervir de nourriture. On apperçoit quelques petits poils fur les côtés convexes de ces langues, qui font fituées d’une maniere toute contraire à celle des au- tres animaux ; c'eft-à-dire que leurs furfaces intérieures qui fe joignent en fe fermant , font pofées verticalement, com- me on le peut remarquer en la feconde figure de cette Planche. Le dos de ce petit infeéte repréfente à-peu-près le derrier& d'une hotte ; il eft couvert de gros & de petits poils ; il pa- roit compolé de deux parties articulées par le bas , comme on le peut remarquer en la premiere figure. Sa poitrine , qui fe voit en la feconde figure , a prefque la forme d’un cœur ; elle eft munie de longs poils, & de fix grandes pattes compofées chacune de fept pieces, & d’au- tant d'articles ou de jointures , ornées de quantité de poils , & d’une griffe à chacune de fes extrémités. On voit auffi deux ailes qui ont leurs infertions au milieu de cette poitrine, & dont les bords extérieurs font munis de gros poils, & les intérieurs de très-petits , difpofés régulierement en forme de paliffades , pendant qu’on en remarque une infinité d’autres qui font plantés obliquement fur la furface mince & déliée ui forme le tiflu de l'aile, qui fe voit foûtenue d’une efpece e charpente. L'ufage de tous ces poils qui environnent l'aile de la Mou- che, ft d'empêcher d’autres animaux d’en ruiner la ftruc- ture , & de leur fervir de défenfe contre l’infulte de quelques autres. Ces petits Moucherons ne font pas toüjours exempts d’a- voir fur leur corps d’autres plus petits infeétes qui les déva- rent tout vivans ; car on trouve fouvent fous les ailes d’un miférable hanneton trente à quarante petits infeétes , qui font comme autant de poux qui les mangent , fans qu'il puifle les chaffer de ces lieux de refuge. La troifieme partie de ce petit Moucheron eft à-peu-près Æmblable à un œuf de pigeon , étant vüe par le dos , comme D'HISTOIRE NATURELLF, ï en la premiere figure. On y compte huit petites bandes de peu delargeur , & autant d'articles qui n’environnent pas tota: lement cette partie , mais qui finiflent après avoir couvert une très-petite partie de fon ventre , comme on le voit dans la figure. On voit quantité de poils rangés en ordre dans les endroits où ces bandes font articulées ; mais on n’en remarque point fous le ventre , à moins qu’on ne l’obferve étant éclairé du foleil : car alors il paroît tout velu , & d’un mélange bril- lant de diverfes couleurs. CE Al LE RE. LV De la Licorne * ornée de deux efpeces d’aigrettes. E petit animal terreftre ne paroît avoir environ qu’une Planche 74 ligne de longueur, étant regardé des yeux nuds ; mais en l’examinant avec une lentille de cinq à fix lignes de foyer, on l’apperçoit à peu-près de la groffeur que je Pai Re ré dans ce deffein. Son corps qui eft de figure ovale , eft un peu élevé au- deflus de fix pattes très-déliées , chacune defquelles eft com-. pofée de trois articles mobiles, dont le dernier eft terminé PE deux petites pelottes & trois griffes très-fines ; ce qui it qu'il marche très-librement fur la furface plane qui eft au fond d’un canon de verre & de même matiere, dans le- quel je l’ai enfermé. Tout le dos de l'animal , qui eft de couleur brune & un peu luifant , eft rayé par des lignes un peu élevées , qui font conduites à peu - près parallelement entr'elles depuis la têre jufqu'à l’autre extrémité de fon corps , fans fe toucher ; ce qui donne occafion de remarquer quelques petits enfonce- mens dans l’efpace qui fe trouve entre ces lignes. I part une longue trompe du milieu de fa tête , qui eft * M. de Reaumur appelle ce petit fait tant de tort dans les sreniers où infete le f£arabé à tête en forme de trom- Vonconlerve des grains, eftune efpece pe; il eft connu par les Naturaliftes fous de ce genre, lequel efttrès-nombreux, le now de cureulio, Le charanfon qui ‘ 16 à OBSERVATIONS aflez ferme & roide pour foûtenir elle -même deux petites: cornes , chacune defquelles eft compofée de deux articles très - mobiles qu'on voit toùjours en mouvement , & dont les extrémités fe trouvent ornées de deux petites houpes ou aigrettes qui touchent tout ce que cette Licorne rencontre dans fa marche ; pendant que la trompe demeure immobile en elle-même. Le ventre de cet infeéte eft vü compofé de plufieurs arti- cles formés en anneaux emboîtés en partie les uns dans les autres, ce qui me fait penfer qu'il a deux ailes qui couvrent tout fon dos, d’autant plus que l’on voit une féparation au milieu de ce dos , que j’ai marquée dans ce deflein par une ligne plus forte qu'aucune de celles qui fe voyent à côté. On apperçoit une efpece de poufliere blanche femée très-légere- ment fur le dos de cet infeëte , ce qui l'empêche de paroître noir. Il y a lieu de croire que fa trompe eit creufe , & qu'il ne refpire que par ce canal, qui donne un libre paflage à Pair qui fe communique par-là dans fes poumons. On voit deux petites éminences noires aux deux côtés de la tête de ce petit infeéte, qu’on peut juger être fes yeux; fa tête eft emboitée dans fon col , qui eft fait comme un bour- relet, un peu enfoncé dans fes épaules. Je l'ai vù vivre au moins trois femaines , fans prendre au- cune autre nourriture que celle de l'air contenu dans le mi- crofcope à tombeau qui le tenoit comme en prifon , & où il eft mort. CHAPITRE V. Des peuits Papillons qu’on voit en hiver fur des choux de Milan, | Papillon eft un infeéte volant , qui tire.fon origine d’une chenille ou d’un ver ; il a des piés & des ailes. Morin , fameux Fleurifte , a obfervé avec beaucoup d'exac- titude durant plufeurs années , que chaque plante avoit fa chenille & fon papillon particulier ; il en a nourri exprès un grand nombre fous des cloches de verre , qu'il a fait enfuite defliner fur du vélin, Swam- D'HISTOIRE NATURELLE, 17 Swammerdam a décrit cent quatorze efpeces de Papillons de fuit, avec leurs nymphes dorées ; il y en a de toutes unies , de velues, de colorées , & de tranfparentes : il les appelle en latin papilio nodurnus ou phalæna. Aldroandus en décrit de cent dix-huit fortes. Moufet en repréfente de qua- tre-vingts-fix fortes; Hoefnagel, de cinquante ; Goedart, de foixante-dix-fept fortes de ceux qui voleng de jour, & huit qui volent de nuit. Cet Auteur les a repréfentés avec des ‘couleurs qui imitent celles des Papillons qu’il a examinés. Les ailes de certains Papillons font femées de trés-petites plumes , qui étant vûes des yeux nuds , paroïflent comme une poufliere ; & lorfqu'on examine cette poufliere au mi- crofcope monté d'une feule lentille d'environ une ligne ou deux , chaque petit corps paroît comme une tulipe , dont les feuilles fe terminent en pointes. La tête des plus gros Papillons étant dégarnie des plumes ui la couvrent, on voit au-travers du crane le niouvement de deux vaifleaux qui s’approchent & qui s’éloignent l’un de l’autre alternativement , en fe fervant d’une petite loupe d'environ fept à huit lignes de diametre & d’autant de foyer. Si l’on enferme une chenille dans un microfcope à canon de verre, on aura le plaifir d’obferver que le Papillon qui en viendra n’étoit pas feulement enfermé dans la chenille, com- me un animal dans l’autre ; mais que la chenille eft le Papillon même , revêtu d'une membrane qui nous le cachoit fous fes membres. Il y a une infinité de chofes très-curieufes, & tres- différentes les unes des autres, à obferver dans ces animaux, dont l'attention n’eft pas indifférente aux perfonnes qui ai- ment la folitude , & à méditer fur les ouvrages du Créateur qui les a formés. N'ayant aucune idée d’avoir Rà dans les ouvrages de Swam- merdam ni dans ceux de Goedart, aucune chofe touchant le Papillon dont on voit ici deux repréfentations , peut-être à caufe du peu de groffeur qu'ils ont naturellement , je me trouve en quelque forte obligé d’en parler, pour faire con- noître que Morin a eu quelque raïfon de dire que chaque plante avoit fa cherille & {on Papillon particulier ; cepen- dant il me femble qu'il auroit mieux fait de dire que chaque Tome I, Par, 1. Planche 8. 1$ OBSERVATIONS chenille ou chaque Papillon a fa plante particuliere & € vorite. ; Paflons maintenant à l'explication du Papillon Milanois , velouté ou enfariné : chacun de ces trois noms me femble aflez lui convenir, comme il fera facile d’en juger , fi l’on fe- donne la peine de l’examiner. Le deflein qu’on en voit (PI. 8.) au-deffous dela lettre 2), le repréfente vû par le ventre ; & celui qui fe voit au-deflous de la tête e, Le fait voir pat le dos. Dans la premiere de ces deux repréfentations on remarque: une tête dont le fommet fe voit orné de deux cornes aflez longues & mobiles, compofées de plufieurs parties articu- les ; de deux trous qui répondent prefqu’au-deflous de ces cornes , que je crois être fes oreilles ; de deux gros yeux irré- gulierement terminés, & des plus enfoncés dans cette tête que j'aye vûs jufqu'à préfent ; & enfin d’une trompe compo- fée de plufeurs pieces mobiles , affez longues , & terminée en pointe un peu émouflée qui defcend fur fa poitrine , d’où Pon voit partir trois grandes pattes de chaque côté , compo- fées chacune de trois pieces articulées , & mal terminées : tout le refte de fon corps eft d’une rondeur oblongue. Ce: petit infeéte a quatre ailes, deux petites & deux grandes, qui n'ont aucune tranfparence , non plus que les cornes, les pattes, & le corps, qui n’a au plus qu'une demi-ligne de longueur , parce que toutes ces parties-là font totalement couvertes d’un duvet farineux & épais , qui ne permet pas: le paffage aux rayons de lumiere qui tombent deflus. Onpeut conferver ces petits Papillons aflez long-temps .. ‘& même en hiver, en les mettant dans une boîte avec les. feuilles de chou qui leur fervent d’aliment. Lorfque la boîte tft découverte, on en voit qui s’envolent , mais ils ne vont pas loin du lieu d’où ils partent. Pour les bien examiner , il les faut faifir au bout de la pointe d’aiguille, qui fe monte fur là machine nommée porte-pincette , en employant un peu d’eau gommée dans laquelle on trempe le bout de cette poin- te d’aiguille ; laquelle étant montée au microfcope , on fe fervira d’une lentille d'environ trois lignes de foyer : par ce #ecours on pourra voir exattement toutes les parties de cæ petit animal, D'HISTOIRE NATURELLE, 49 GHAALPAEPRLE. VI. De la Mie vagabonde. Mite peut pafler pour un des plus petits animaux que la fimple vûe puiffe découvrir ; on la voit marcher, & fe détourner de quelque petit corps dont on traverfe fon chemin: par-là on juge feulement qu’elle peut avoir des jambes & des yeux ; mais ce n’eft que par le fecours du mi- crofcope qu'on peut exaétement connoître toutes fes parties, & que c’eft une,efpece d’infeétes qui fe trouvent quelquefois fi menus, que la vüûe n’eft pas capable de les appercevoir, quoi- que blancs , & qu'ils fe meuvent fur une furface noire. Les œufs d’où ils font fortis font fi petits, qu’un feul ne furpafñle pas la centieme partie de celui d'une Mite ordinaire ; les -Mites mêmes d’une grandeur moyenne , & bien nourries, n'ayant CE plus de largeur que la centieme partie d’un pouce. Nonobftant cette extrème petitefle, notre microfcope nous apprend que ces petits infeétes ont une figure des plus jolies qui fe puifle voir, &c que chacun d'eux eft muni de huit jambes d'une belle figure & bien proportionnées, arti- culées & pliables en fept ou huit différens endroits, la plus grande partie de chacune defquelles eft couverte d’écailles tran{parentes , dont le bout inférieur eft frangé de plufieurs petites foies , & terminées chacune par une griffe trés-aigué, Le corps de la Mite eft divifé en trois parties principales : la partie poftérieure ou le ventre À, paroiït couvert d’une feule écaille ; mais la répion moyenne ou la poitrine eft cou- verte de deux écailles P, €, qui coulent l’une dans l’autre ; de maniere que la Mite s’y peut en partie retirer quand elle veut , ainfi que fon grouin D , qui a pareillement la facilité de.fe raccourcir & s’allonger , felon qu'il fe refferre ou qu'il s’érend fous fa couverture , dont les parties peuvent s'enga- ger ou rentrer les unes dans les autres, & s'en dégager. Tout fon corps eft d’une belle tranfparence ; enforte qu'é- tant regardé à une lumiere direéte , comme on regarde les C Planche o, fig. 1, D OBSERVATIONS objets du ciel dans une lunette d'approche, on peut apper- cevoir divers mouvemens qui fe font dans fon corps; & dans cette pofture toutes fes parties font plus aifees à être élégamment repréfentées. Les écailles , principalement celle ui couvre le derriere de l’infeéte, eft fi exatement polie, u'il eft facile d’y voir l’image de tous les objets d’alentour, qu’elle repréfente comme fait un miroir convexe. Au haut, au bas & en divers endroits de ce corps , on remarque quan- tité de poils longuets & blancs, qui femblent fortir de ces écailles , parmi lefquels il s’en voit de plus longs que n’eft tout le corps de l'animal. Tous ces poils font pliables , hormis feulement les deux que l’on voit fur la partie antérieure de cet infeéte., & qui lui fervent de cornes, ainfi qu’on le peut voir dans les figures, dont la premiere eft le deflein d’une petite forte de Mite qui va çà & là, & qui pour cette raifon peut être nommée Mite vagabonde ; à la différence de quelques autres qu'on peut nommer Mites domeftiques | parce qu'elles reftent toüjours dans les mêmes lieux. La feconde figure eft la repréfentation d’une Mite fixée fur fon dos par le moyen d’un peu d’eau gommée mife fur un corps noir, pour faire voir de quelle façon toutes les jambes naïflent du corps , & comment elles y font attachées ; & donner le moyen d’obferver le jeu & les mouvemens admi- rables des parties qui les compofent. Ce petit infeéte eft très-diverfifié , non-feulement dans fa forme , dans fa couleur, &c. mais aufli par différentes pro- riétés conformes à la nature de la fubftance dans laquelle il a été engendré & nourri. Il y en a qui font leur réfidence ordinaire fur toutes fortes de fubftances moifes ou pourries. On en voit roder fur quelques matieres mifes en infufion dans de l’eau commune , après leurs fermentations & leurs végétations. On trouve de ces infeétes fur des tonneaux d’où il eft forti quelques gouttes de vin, dont le féjour a donné occafon aux œufs que leurs meres y avoient dépolés , de s’éclorre en peu. de temps. D'HISTOIRE NATURELLE. 2% On en découvre quelquefois entre les feuillets des gros champignons tout nouvellement tirés de terre : il s'en voit aflez fouvent fur les taches de pourriture des "s: fruits , fur les figues feches , fur les limas de cave : enfin ©n en trouve une pépiniere avec leurs œufs fur de certains fromages, dont je parlerai plus loin. Si l’on fe donne la peine d'examiner quelques limas de cave avec une petite loupe , on les verra chargés ou cou- verts d’un grand nombre de petites Mites qui ne les aban- donnent qu'après leur mort. Ces Mites parcourent le corps des limas avec beaucoup de vitefle , quoique très-vifqueux & gluant ; & parce qu'il n’eft pas facile de les fixer pour les bien voir, je dirai comment je m'y fuis pris afin de les exa- miner à loifir. Pour cet eflet je prends un morceau de glace coricave , ou un verre plane des deux côtés, que j’enduis légerement d’un peu d’eau gommée , d’une confiftence aflez épaifle pour que les Mites que je fais tomber deflus, sy puiflent attacher : je place enfuite ce morceau de glace à un microfcope monté d’une lentille d'environ trois lignes de foyer ; par ce moyen je me trouve en état de voir ces petits animaux , & de choïfir ceux dont les attitudes me paroiffent les plus propres à être repréfentées. Vous en voyez trois fur la Planche 8. Celle qui eft au-deffous de la lettre À, eft vûe. de front par le ventre ; celle qui eft au-deflous de 2 , eft encore vûe par le ventre , mais un peu de côté; & celle qui fe voit au-deffous de la lettre C ,.eft vûe par le dos. Ces animaux font blancs , mais ils font trop épais pour être tranfparens : leurs corps ne font pas fi unis & fi luifans que ceux des Mites précédentes. Ils ont quatre pattes à droite & autant à gauche de leur petit corps, compofées chacune de cinq membres , & d’autant d'articles ou de jointures. Ces pattes ne font pas efpacées également ; car on voit que la diftance des quatre premieres aux quatre autres, eft beau- coup plus grande que n’eft celle des deux premieres aux deux fecondes , & des deux troifiemes aux deux quatriemes. On voit deux longs poils aux côtés de fa tête, qui peu- ‘vent pafler pour fes cornes , parce qu'ils font beaucoup plus gros & plus longs que ceux qu’on voit en petite quantité Planche 10 Planche 114 s2 OBSERVATIONS autour de fon corps. Enfin on voit encore un petit mufeau rond, court & émouflé par le bout; mais on n'y découvre point De Enfin les Mites dont je parle , vivent très-long-temps de la fubitance huileufe qui fe voit fur le corps des limas de cave ; mais dès qu'ils font morts elles les abandonnent , faute d'y trouver de quoi fe nourrir. Il n’en eft pas de même d’un grand nombre d’autres animaux , qui ne font dévorés par d’autres Mites que lorfqu'ils font morts. On a repréfenté fur la Planche 10 une Mite de fromage, ‘8 une Mite ou pou de ferin , telles qu'on les voit avec un microfcope. Il fuffit de jetter les yeux fur cette Planche, -pour s’appercevoir de la différence qu'il y a dans la figure de ces deux petits animaux , fans qu'il foit befoin d'en donner une defcription plus détaillée. CHA PAIE TRE OVARME Defcription d’une efpece de Mouche aquatique & terreftre , qui nage fur le dos, qui faute & marche étant hors de l'eau *. (di ETTE efpece de Mouche, qui fe pêche ordinairement. dans des bañlins de fontaine , eft des plus curieufes , & d’une conftruétion des plus fingulieres qu’on en puifle voir. Elle paroît aux yeux nuds avoir environ trois lignes de lon- gueur, & une bonne ligne & demie de largeur : fa couleur, quoique variée, paroît d’un verd pâle & un peu luifant : fa tête paroit avoir plus de largeur qu’elle n’a de hauteur : on la voit ornée de deux gros yeux qui ne font pas ronds, quoi- que convexes : elle a fix pattes , favoir quatre petites & deux grandes , qui lui fervent de nageoires : enfin un corps com- pofé de plufieurs bandes articulées qui le terminent en dimi- nuant de groffeur, & plufieurs petites maffes de poils rangés proprement tant à droite qu’à gauche des derniers anneaux qui terminent fon corps. Voilà en gros ce que nous avons pû obferver fans le fecours du microfcope ; & voici ce qu'on +* C'eft une efpece de punaile aquatique, NoroneGa Linnai, 688, D'H1S5TO1RE NATURELLE, >} én peut découvrir de plus en fe fervant d'une petite loupe d’un pouce de foyer, montée d’une maniere commode, Comme la fituation la plus ordinaire & la plus naturelle 4 cette Mouche vüe dans l’eau , eft d’y être prefque toûjours couchée fur le dos , fes deux grandes pattes étendues, & fa tête un peu plus bafle que le refte de fon corps ; & qu’elle demeure ainfi aflezlong-temps, & bien tranquille : c’eft dans cet état que je vais l’examiner. Sa tête eft affez plate ; on la voit ornée de deux gros yeux, autant écartés l’un de l’autre qu'ils le puiflent être, & dont les cornées paroiflent brunes : la partie du péricrane qui {é- pare fes yeux eft bien large, & d’un verd pâle. On apper- çoit qu'il tombe de fa face, ou qu'il en fort , comme d'une éfpece de bouche , une trompe compofée de trois ou quatre pieces, & d'autant d'articles qui vont diminuant de groffeur depuis fa racine , qui paroït fort large , jufqu’à fon extrémité. Cette même largeur femble être féparée de haut en-bas par une groffe ligne noire , qui eft interceptée par plufieurs au- tres lignes de même couleur. Cette trompe qui paroît immo: bile, ne l’eft pas toüjours ; elle paroït avoir environ trois lignes de longueur, étant confidérée des yeux armés de la loupe , ou d’une lentille, qui fait voir les objets un peu plus &ros que la précédente. 3 La poitrine de cette Mouche par-devant tellement unie au-deflous de fa tête, qu’elle en cache le col. Les fix pattes dont j'ai parlé , ont leurs infertions tout le long de cette poitrine : chacune des quatre premieres eft compofée de qua- tre pieces & d'autant d'articles ; elles font munies de quelques petits poils noirs, & de deux griffes de même couleur. Chaque He patte n’eit compofée que de trois parties, & d’autant ‘articles ; elles font munies d’un grand nombre de poils d’une délicatefle extraordinaire : ces deux dernieres pattes n’ont point de griffes ; aufli n’en ont-elles pas befoin, parce qu’elles fervent de nageoires à cet infeéte , quine voyage dans l’eait que par fecoufles , de maniere que fon nager n'a rien d'élé2 gant. Toutes les pattes &c les nageoires fe frotrent l’une l’au- tre de temps en temps, de même que celles des Mouches ordi: faires, La premiere-piece de chacune des pattes eft comme 24 OBSERVATIONS arboutée d’une autre piece convexe extérieurément , & longue d'environ trois lignes , fe terminant en pointe émouflée, & s'étendant le long de la piece, fur laquelle elle eft très-intimement attachée, & qui en femble féparée par une ligne noire dont elle eft environnée. On remarque que lés deux premieres pattes fe touchent prefqu’à l'endroit de leurs infertions, où elles font garnies de poil, ce qui ne fe voit pas aux mêmes endroits des autres pattes. ; La troifieme partie, ou le bas-ventre , nous paroït com- pofée de huit ou neuf bandes, ou d’autant de portions d’an- neaux qui fe terminent aux côtés du ventre, qui eft partagé de haut en-bas en divers rangs de poils très-fins, appliqués les uns contre les autres, paroiflant d’une couleur dorée , &c luifans ; formant trois petites éminences à droite & autant à gauche ; efpacées également le long des bords du ventre de cette Mouche, dont l'anus paroît prefque toûjours ouvert, & comme sl en fortoit une bulle d'air; & aux côtés de cette ouverture on voit plufieurs mafles de longs poils très-fins , dont l’aflemblage forme une efpece d'ornement. Les deux griffes qui fe voyent à l'extrémité de chaque patte fe joignent quelquefois fr exattement, qu'il n'y en pa- roit qu'une feule. Après avoir obfervé cette Mouche vüe par le ventre, je l'ai confidérée de front & par le dos, & j'ai vû que les cor- nées de fes yeux étoient compolées d’une infinité de petites éminences , qui font comme autant de cryftallins femblables à ceux de la Mouche ordinaire , mais en bien plus grand nombre , & plus petits de moitié : d’où il faut conclurre que fi les yeux de la Mouche ordinaire en contiennent environ feize mille, au rapport de M. de Puget, ceux de cette Mou. che aquatique en doivent contenir le double. N’eft-ce pas là de quoi faire révolter l'imagination la plus forte ? On voit quelques petits poils aux endroits de l'orbite, où ces yeux font comme fertis ; mais l’on n’en découvre aucun dans les fillonnages des cryftallins de la Mouche aquatique. Pendant que je la tenois entre les deux premiers doigts de la main gauche , pour en bien confidérer les yeux , je me {entis piqué vivement de fon aiguillon , qui me caufa une grande D'HiSsTOtREe NATURELLE: 35 grande douleur , que je fis heureufement cefler en peu de temps, avec un peu d’efprit-de-vin que je mis deflus. Je repris après cela cette Mouche , que j'avois remife dans l'eau, pour continuer à l’'examiner , & j'apperçus deux pe- tites ouvertures rondes un peu au-deflus de fa bouche, que l'on peut prendre pour {es nafeaux. On voit remuer fa tête, qui n’eft féparée de fes épaules que par très-peu de largeur : la partie du péricrane qui ré- pond à fon fommet, paroit blanche ,*8& piquée de plufieurs petits enfoncemens : fes épaules font couvertes d’une mem- brane blanche & deliée , divifées en deux bandes infépara- bles par une ligne courbe, concave du côté de la tête, paf fant d'une épaule à l’autre. Cette membrane ou cette efpece de colletparoïtun peu tranfparent & de deux fortes de couleurs ; il eft un peu mo- bile, & couvre le derriere de fa poitrine. Les ailes de cette Mouche font dures & fermes ; elles paroïflent de plufieurs couleurs , & formentavec la bafe du collet un efpace trian- gulaire. k | La marche de cet infe6te eft aflez agréable à obferver : on voit qu'il appuie les extrémités des deux pattes de devant fur la furface horifontale des corps qu'il parcourt : les deux fecondes pattes font à-peu-près la même chofe ; & les deux dernieres , qui lui fervent de nageoires , la font avancer, en pouffant en arriere la partie de ees nageoires qui eft munie de poils ; & lorfqu'il fe trouve fur le dos , il fait un faut en ouvrant quelque peu fes ailes, pour fe remettre promptei ment fur fes pattes. Enfin il arrive qu’on voit quelquefois cette Mouche nager fur le ventre, puis fe tenir comme debout & immobile la tête hors de l’eau ; ce qui eft firare , que je ne l'ai apperçue qu’une fois ou deux dans ces diverfes fituations. On la peut conferver durant plus d’un mois en vie, pourvû qu'on lui donne de nouvelle eau de temps en temps : Le plus fouvent eft le meilleur, Ce Tome I, Part, L D Planche 7 6e. 1 23: 26 OBSERVATIONS C Er A DIR FERRAND Defcription d’une autre efpece de Mouche aquatique & terreffre* à =) CTIP garLq ETTe Mouche vüe des yeux nuds, peut avoir un peu plus de deux lignes de longueur, & la moitié en largeur. Sa couleur eft compofée de plufeurs efpeces de bandes interrompues , courbes & noires , fur un fond d’un jaune verdâtre : elle a deux gros yeux en forme de triangle curviligne , dont les cornées font convexes , & compolées d’un très-grand nombre de cryftallins f:mblables à ceux des Mouches ordinaires, mais beaucoup plus petits & en plus grand nombre. Le péricrane qui fépare fes yeux eft d’une couleur blanche ; en paffant du derriere de fa tête en-devant, on le voit defcendre & finir en pointe , d’où il fort, comme d’une bouche , une trompe très-aiguë qui tombe jufqu’en- decà des racines des premieres pattes de cette Mouche, qui ne font compofées que de deux parties , de trois articles & de deux griffes chacune. La longueur des pattes du milieu eft au moins du double des précédentes ; on les voit compofées de quatre grandes pieces munies de quelques poils, & de deux efpeces de grif. fes à chaque extrémité. Les deux dernieres pattes font plus gone: que les précédentes ; on les voit compofées chacune le trois pieces d’une grofle griffe , & de quelques poils. Tout le corps de cette Mouche eft environné de cinq ou fix bandes ou anneaux emboités l’un dans l’autre , comme on le peut voir dans la figure repréfentée au-deffous de la lettre 4. . Le derriere de cette Mouche fe voit environné de plu fieurs petits poils : étant vûüe par le dos, comme on l’a re- préfentée au-deflous de la lettre 2, on apperçoit que fes épaules font couvertes d’une piece mobile qui joint fa tête, & dont le bas forme un angle très-obtus. Au-deffous de cettg efpece de collet , il fe voit deuxautres pieces qui en defcen- dant forment un angle aigu. Enfinil part de deflous ces pieces * Autraefpece de Punaife aquatique. Noroneta Linnai, 689. J V'D'HESTOIRÉ, NATURELLE. 27 deux ailes tacherées de plufieurs petites bandes interrompues & noires , comme j'ai déjà dit, formant des petits arcs de cercle dont la convexité eit tournée du côté de la tête de cette Mouche, qui marche & faute étant hors de l’eau. ŒUHAPITRE IX. Anatomie des Plantes en général. « H Left aïfé de connoïître (difent les Auteurs du Journäl » D des Savans, ann. 1676 ) par les nouvelles découvertes » que l’on a faites en ce fiecle dans la Phylfique , que les An- » ciens n’ont pas épuifé les fecrets de la Nature, & qu'ils ne » fe font fouvent donné la peine de connoître que ce qu’elle # ne prenoit pas beaucoup de foin à leur cacher. Ceux qui » nous ont parlé de Plantes , fe font contentés d’en décrire » l'extérieur ; ils n’ont pas été jufqu’à la diffeétion &c à l'a- » natomie , & ils ne fe font guere mis en peine de décou- » vrir par la connoïflance de fe parties intérieures & ca- » chées , la raifon de plufeurs effets qui ne peuvent s'expli- » quer que par ce moyen. ‘ » M. Grew, favant Botanifte, s’eft attaché à cela dans un » ouvrage , qu'il appelle pour cet effet Anatomie des Plantes. » Il y décrit toutes les parties dont elles font compolées, il » en marque les ufages ; il rend raïfon de plufieurs chofes » particulieres qu’il eft aifé d’obferver dans diverfes Plantes, » & que perfonne n’avoit encore pris le foin d'expliquer : & » parce que la méthode eft l’ame de tous les OUVrages ; & » qu'il n’eft point de plus bel ordre que celui que la Nature » Obferve en toutes chofes , cet Auteur fuit en parlant des » Plantes , celui que la Nature garde en les formant. Aiïnfi » il commence par la graine, il vient enfuite à la racine , de » la racine il pañfe à la tige ; & parce que la tige poule des # branches , des feuilles , des fleurs & des fruits, & enfin »# d’autres graines propres à être femées , il continue & finit » par-là fon ouvrage. » Il a choïf entre les graines une groflé feve de jardin, D ï 4% OBSERVATIONS » comme une des plus propres à faire connoître les parties » qui la compofent. Il les décrit toutes en particulier ; mais » ce qu'il dit de leur ufage eft d'autant plus beau, qu'il y » explique tous les degrés de la végétation, & toutes les » démarches que la Nature obferve pour faire croitre & pour » faire groflir une Plante. 1. » On y voit comment le fuc qui nourrifyla feve ayant » été renfermé dans les peaux de la feve, comme dans au- » tant de refervoirs où la Nature le conferve jufqu’à ce qu’elle » en ait befoin , pañle à-travers les peaux qui enveloppent » les deux lobes, c’eft-à-dire les deux parties qu’on voit fe » féparer aifément dans la feve lorfqu’elle eft encore verte, » qui font marqués dans la fioure ( ci-devant Planche 7. » fig. 4.), avec leur parenchime, par les lettres aaa , uaa; » & qu’ainfi il n'arrive à la feve que peu-à-peu , & qu'autant » qu’elle en a befoin , après s’y être filtré comme dans un » coton très-fin, & s’y être fermenté, comme la biere & » les autres liqueurs fe fermentent dans les bouteilles ou dans » les vaifleaux dans lefquels on les enferme. » Ce fuc ayant recçù fa derniere préparation dans le paren- » chime, entre dans toutes les branches de la racine /émenals » bb; & de-là continuant toûjours fon mouvement , il va fe » rengre à la radicule c, dans la même partie où aboutiffent » les groffes branches d. La radicule érant ainfi imprégnée, » devient la racine de la Plante ; & alors la plumee, qu'on » nomme ainfi à caufe qu’elle reffemble à un petit bouquet -» de plume , fortant des cavités dans lefquelles elle étoit ren- » fermée, croit à fon tour , devient la tige de la Plante, & » ne laiffe déployer & paroître les petites feuilles qui la com » pofent , que lorfque la feve poufle & fort de la terre. .‘» Le cours de la feve dans la racine n’eft pas moins admi- # rable que dans le corps de la graine. Cet Auteur l'explique » par une circulation à-peu-près femblable à la circulation: » du fang qui fe fait dans les animaux ; car faifant pañler ce: » fuc à-travers les infertions, pour aller de l'écorce dans la » moëlle & de la moëlle dans l'écorce , d’où il et chaflé » plus d’une fois par un nouveau fuc qui y entre encore , 1} » fuppofe qu’enfin les parties crues du fuc retournent de l& D'HisToire NATURELLE. # même maniere de l'écorce dans la moëlle; & que celles # qui fe trouvent aflez volatiles n'ayant plus befoin de cir- » culation , montent en droiteligne vers la tige de la Plante. » Ce qu'il dit du corps Lgneux qui fe trouve dans la tige, » eft encore particulier ; car il remarque que fes pores ne » paflent que fort rarement les uns dans les autres ; mais que » s’érendant en long , ils demeurent toüjours diftingués com- » me autant de divers petits canaux. Les uns ne font que les » creux des fibres, dont chacune eft percée par plufieurs de » ces pores, jufqu'au nombre de trente, de cinquante, ou » même de cent ; & les autres font les efpaces qui fe trou- » vent entre les diverfes parties du bois. Ainfi ce qu’on ap- » pelle proprement Dors dans un végérable , dans une Plante » ou dans un arbre , n’eft autre chofe , felon cet Auteur, » qu'une infinité de canaux fort petits , ou de fibres creufes. » La figure qui fuit (PI. 7. fig. 5.) le fait voir aifémenrt. » Elle repréfente un petit morceau de tige de gloutiron exa- » miné d'abord avec les yeux, & enfuite avec le microfcope. » aa, ef la figure , telle qu’elle paroït aux yeux : #, fa gran- » deur & fa figure , comme on le voit par le microfcope : » cc, les infertions du parenchime de l'écorce : dd, dd, dd, » les fibres du corps ligneux qui font diftribuées dans la tige. » Les diverfes fortes de points noirs qui y paroïflent , mar-+ » quent les différentes fortes de pores. , » Ceux de la moëlle , principalement dans un fureau., » font par-tout également entre-coupés, au contraire de ceux » du corps Zgneux. Cet Auteur avoue que M. Hook le lui a » fait voir, & qu'il l’a pleinement convaincu que la moëlle » n'eft autre chofe qu'un amas de plufeurs petits Zouillons , » lefquels fe dilatent ou fe ferrent , fuivant la dilatation ou la » compreflion du corps Zoneux ; & c’eft la raifon pour » laquelle la moëlle n’eft pas fi large à proportion dans les » tiges des arbres, que dans celle des autres Plantes qui » font de même âge , parce que le corps Loneux fe trouve » beaucoup moins dilaté dans les arbres que dans les herbes, » par exemple , où l'on voit que les derniers rejettons pout- » {ent fouvent jufqu’à la peau à laquelle ils fe joignent ; & » cette moindre dilatation du corps ligneux dans les arbres, 30 OBSERVATIONS » vient de cè que dans la plüpart le fuc n’eft pas fi impétueüx #» ni fi fort que dans les herbes. : » Iln'y a rien de plus méprifable qu'une paille, cependant #äln'y a rien de plus admirable lorfqu'elle ferr encore de » tige au blé. La defcription qu'on en trouve ici eft très- » Te ; car l’Auteur y explique comment l'élévation de ‘» la tige du blé fert à mürir le fuc ; comment le peu d'épaif- » feur de fes côtés fert à le ménager, & à en empêcher la » trop grande diflipation ; & enfin comment la difpofition #» de certe tige, qui eft ronde & creufe , fert à le rendre fer- » me, & à lui donner aflez de force pour fupporter le poids -» de l'épi, de même que les nœuds, qui font encore comme » des tamis, qui filtrent, & qui purifient le fuc lorfqu'il s’é- » leve vers l’épi pour le nourrir. » La Nature n'eft pas moins admirable dans la formation » des branches qui fortent des tiges , des bourgeons & des » nœuds. Les premieres viennent ordinairement du centre » de la tige, & ne font que des faillies du fuc qui fe fermente » dans la moëlle ; d’où il arrive que les Plantes qui ont moins » de moëlle que les autres, pouffent moins de branches ou » de plus petites ; & que celles qui n’en ont point du tout, » ne pouflent point de branches , comme nous le voyons » dans la tige du blé. Les bourgeons fe forment des parties » les plus légeres & les plus volatiles de ce fuc , en partie » par une extenfion pareille à celle de l'or qu'on tire pour » étrefilé, & en partie par une dilatation femblable à celle » de l’eau qui s'éleve en bouillons : ils s’allongent & fe dé- # ployent à-peu-près comme une lunette d'approche ; & for- » tant ainfi de la circonférence de la tige, ils fe changent » peu-à-peu en branches. Mais comme toutes les parties au » compofent les bourgeons & les branches , font portées » collatéralement vers la circonférence de la tige , elles ren- » contrent celles qui s’élevent direétement vers le haut, & » S'embarraflent fouvent enfemble : il fe forme des nœuds » qui arrêtent encore les parties les moins fubriles du fuc, » & qui filtrent les autres ; de forte qu'il n’en pañle dans les » bourgeons & dans les branches qu’autant qu'il leur en faut, -# 8 dans toute la pureté néceflaire. D'HISTOIRE NATURELLE. 3t » Il n’en eft pas de même de ces nœvds pierreux , dont » l’amas forme ce qu'on appelle /a carriere dans les poires » nommées ordinairement poires d’étranguillon ; car ces » nœuds ne font autre chofe, felon cet Auteur, que plufieurs » parties du fuc endurcies & coagulées de la même maniere » que celles qu'on voit fouvent dans les urines, dans les ton- » neaux de vin , & dans plufieurs autres liqueurs , par la pré- » cipitation que caufent quelquefois le mélange & la force » des fucs qui fe trouvent dans le corps Zoneux &dans le » parenchime , qui agiflent les uns fur les autres, | » [l attribue à la diverfe difpofition des fibres que la tige » poufle pour former les feuilles, leurs diverfes grandeurs &z » leur figure particuliere : il veut même que ce foit la caufe » pour laquélle elles font plattes ; & il remarque que la Na- » ture donne à chaque bourgeon, outre les feuilles dont il » eft compolé , plufieurs membranes qui le couvrent, & » qu'il appelle des fur-feuilles, qui lui font fort utiles, parce » que ne S'ouvrant que peu-à-peu, elles ne laiflent entrer » Fr ds le bourgeon le vent, la pluie & le foleil que par de- » grés , & à proportion qu'il les peut fouffrir. » En parlant des fleurs , il rend raifon pourquoi certains » fruits, comme les pommes, les poires, &c. fe forment * fous les fleurs; & quelques autres , comme les cerifes, » les abricots , &c. fe forment en-dedans. Il en attribue la » caufe à la folidité ou à la délicatefle de la pulpe. Les pre- » miers ayant la pulpe fort folide , n’ont quafñ rien à craindre, » ainfi la Nature ne fe met pas beaucoup en peine de les » mettre à couvert ; au lieu que les cerifes , les abricots & » les autres fruits pareils fe formant au commencement du » printemps , qui eft quelquefois aflez froid , périroient in- » failliblement , s'ils n’étoient enveloppés dans les fleurs. » Il explique de même pourquoi le fruit devient générale: *ment meilleur à manger que les autres parties des Plantes. x Îl croit que fa fituation y contribue beaucoup, parce que » les parties les plus groffieres du fuc demeurant dans les » feuilles , il n'entre dans le fruit que les plus pures & les » plus délicates. La figure du fruit n’y eft pas non plus inu- » tile ; car la plüpart des fruits étant ronds , ou à peu-près , » 32 OBSERVATIONS Planche 12. » il y entre une grande quantité de fuc, qui fe trouvant éga- » lement répandu dans toutes les parties, s’y mürit & s’y # purifie plus doucement & mieux qu'ailleurs ; & c’eft aufli » pour cette raifon qu'il marque que les fruitsdes plus ronds » font les plus délicats ; que les pommes duracines & les poi- » res de bergamote font ordinairement fort bonnes, & que » les raifins font les plus agréables de tous les fruits ; & enfin ” ‘2 parmi les grains de raifin, Les plus ronds font les meil- n leurs »: C'H AP D'T RER Des Racines des Plantes, € de leur accroiffemenr. AS avoir donné dans le chapitre précédent une idée générale de l’anatomie des Plantes , je vais dans celui- ci entrer un peu plus particulierement dans le détail des par- ties dont elles font compofées, & que le microfcope nous met à portée d’appercevoir. Cet inftrument nous fert à dé- couvrir dans les racines des plantes , les différentes parties organiques dont elles font compofées, & au moyen def- quelles la végétation s’opere. La Planche 1 2 repréfente une racine d'abfinthe , & celle d’une rave coupée tranfverfale- ment , telles qu’on les apperçoit à la vüe fimple, figure 1 & figure 3, T. Les deux quarts de cercle, figure 2 & figure 4, repréfentent une partie des mêmes racines vûes au microfco- pe, ou avec une forte loupe. Dans la figure 2, qui repré- fente la racine d'abfinthe , 1°. 48 eft la peau ou membrane extérieure qui enveloppe la racine : 2°. depuis 4 jufqu’à C dans la racine d’abfinthe , eft l'écorce , qui eft une fubftance membraneufe compofée en partie d’un grand nombre de pe- tites véficules À, 8, B : 3°. le bois de la racine eft toute cette partie qu'on voit entre À & E dans la racine de rave, & depuis C jufqu’au centre dans la racine d’abfnthe : 4°. le bois de la racine eft auffi compofé de deux fubftances diffé. rentes, dont l’une eft ligneufe, & proprementlebois £, £,£; & l'autre parenchimeufe & femblable à celle de l'écorce, commeé D'HISTOIRE NATURELLE. 33 comme D, D, D, qui s'infere régulierement entre les por- tions du bois. Ces différentes fubftances fe diftinguent fort aifément dans la racine d’abfinthe ; mais on ne les appercoit pas fi bien dans la rave & dans les autres racines : 5°, on voit dans le bois les orifices de différens tuyaux &,a, a, qui forment l'embouchure des conduits à air : 6°. depuis C juf- qu’en Æ dans la rave, on apperçoit un autre petit cercle de vaifleaux femblables à ceux de l'écorce : 7°. enfin depuis £ jufqu’au centre de la rave-fe trouve la mcelle , compofée d’une même fubftance parenchymeufe & fpongieufe , que les veficules qui forment l'écorce & une partie du bois. Mais la moelle n’eft pas commune à toutes les racines, on n’en ap- perçoit point dans la racine d’abfinthe. Quant à l’ufage de ces différentes parties , les veficules qu’on voit dans l'écorce , font qu’on peut la confidérer com- me une fubftance fpongieufe , propre à recevoir & à fucer Jes parties aqueufes de la terre, qui font imprégnées du prin- cipe de la vie végétative. Cette eau imprégnée que boit l'écorce , eft ce que l’on appelle /eve. La peau de la racine fert comme d'un filtre pour pafler la feve , & la purifier à fon entrée dans la racine. La feve ainfi filtrée & introduite dans la racine , fermente dans la fubftance de l'écorce, & devient par- là plus travaillée ; elle s'infirue plus aifément d'elle-même dans la fubftance parenchymeufe de la racine, après quoi cette feve eft fixée, tant par l'impulfion de la nouvelle feve, que par le mouvement des veficules rendues du parenchyme , à entrer dans les autres parties de la racine, & elle eft toûjours filtrée de plus en plus en pafñlant d’une veficule à l’autre. Cette feve ainfi diftribuée dans toute la racine , fournit à fes parties organiques les principes de nu- trition dont chacune a befoin ; & ainfi par l'application conf: tante de ces principes nourriflans, la racine reçoit dans cha- cune de fes parties fon accroiflement , fa folidité , &c. Le même méchanifme eft continué de la racine au tronc de la plante, pour y porter cette fubftance végétable, com- me il eft aifé de le voir dans la Planche 13, 4 1, que j'ai tirée de l’Anatomie des Plantes du Doéteur Grew, où 7 repréfenre le quart d’une feétion de branche de noifetier, Tome I, Pare, I 34 OBSERVATIOXS telle cu'elle paroïr à la vôe fimple, 4G B eft une poffion de 14 même branche , telle qu'elle paroït au-travers d’un bon microfcope ; À B en eft la peau , 4 B C D Fécorce, QQQ le parenchyme des veflies ou vaifleaux de la feve; H J éftun cercle de vaifleau d’une efpece particuliere ; P P font les conduits ordinaîtres de la feve ; C D F la fubftance du boïs de trois ans,  LFE le bois de deux ans, MNEF Île bois d’un an, X X les infertions parenchymeufes , O la moelle pleine de veficulés : les parties noires font le bois {o- kde ; le grand nombre de trous qu’on y apperçoit ; font les embouchures des conduits à air. La feve nourricieére monte la premiere année de la naïf fance d’une plante , par les vaifleaux de la moelle , après quoi la moelle devient féche , & continue toûjours à le de- venir de plus en plus. 2°. La partié fuivante , à-travers la- quelle la féve monte, eft le bois ; C’eft par Les conduits à air qu’elle pañle, & ce n’eft que dans la faifon du printemps. 3°. La troifieme partie par laquelle la féve monte dans la plante , eft l'écorce, & certe opération fe fair la plus grande pärtie de Fannée. Ceux qui voudroit un plus grand détail fuf cette matiere, doivent confulrer l'ouvrage du Doëteur Grew , dont j'ai tiré ce que je viens dé rapporter, @c la ftatique des végétaux par M. Hales. CHA PR TRES AUR Des Sels en général. - | ERSONKE ne contefte, à ce que je crois, qu'ilne fe rencontre des Sels dans tous les corps, & que les diffé- rentes figures &z les diverfes impreffions de ces Sels occafon- nent des changemens furprenans dans les fluides aufli- bien que dans les folides , dans lés corps animés & dans ceux qui font inanimés. Les particules falines venant à frapper lse nerfs des animaux , excitent la fenfation du goût & de l’odo- rat; & comme la forme & le degré d'impulfon de ces Sels D'HISTOIRE NATURELLE. 3 fe diverffient prefqu'à l'infini, fuivant le plus ou le moins de délicatefle des organes fur lefquels ils agiflent , il eft donc d’une très- grande conféquence de découvrir ce que nous pourrons fur la nature de ces Sels. Le microfcope fait connoître que le piquant du vinaigre eft occafionné par une multitude de Sels longs, ayant quatre angles , qui flottent dans cette liqueur. Chacun de ces Sels s'éleve en pyramide dans fon milieu , & il a deux bouts ex- trèmement pointus. On ne peut pas découvrir ces Sels faci- lement , parce qu’ils font extrèmement petits, à moins que J’on n’expofe à l'air une goutte ou deux de vinaigre , pour qe la plus grande partie en foit évaporée avant d'eflayer e les examiner. On voit dans la Planche 14, figure 1 , la figure des Sels du vinaigre. Si on fait infufer des yeux d’écrevifle dans le vinaigre , lorfque la fermentation fera ceflée, & qu’on examine les Sels, on les trouvera tout changés ; les pointes fembleront rom- pues , & ils paroïtront avoir différentes formes quarrées , telles qu’on les voit repréfentées dans la figure 2. Les différentes efpeces de vins donnent des Sels de forme différente ; il y en a qui reflemblent à ceux du vinaigre, mais ils n’ont pas les pointes fi aiguës : les uns ont la forme d’un batteau , les autres celle d’un fufeau. 11 y en a qui ref- femblent à la navette d’un Tiflerand , d’autres font quarrés, &c. On a repréfenté dans la figure 3, a, b, les Sels du fucre candi. Pour extraire les Sels des végétaux , il faut faire brûler les bois, les branches & les feuilles de quelqu’arbre ou de quel- que plante que ce foit, pour les réduire en cendres : on fait enfuite pañler de l’eau au travers de ces cendres. Cette eau étant filtrée , on la met évaporer dans un lieu frais, & les Sels s’y formeront fuivant leurs différentes formes. Pour tirer les Sels des métaux & des minéraux , il faut les faire rougir au feu & les éteindre dans l’eau ; filtrer certe eau, la faire évaporer, & enfuite cryftalh{er. De fort jolis Sels à obferver , font ceux de la passée d’An- a 36 OBSERVATIONS | gleterre & de celle de Mofcovie ; le Sel d’abfnthe , le Sel ou fucre de faturne , le Sel de tartre, le Sel ammoniac, le Sel d’ambre , &c. On examinera d’abord ces Sels lorfquls font fecs, & enfuite lorfqu’on les aura fait difloudre, pour avoir le plaifir de les voir fe former fous les yeux. Les Sels qu’on trouve dans tous les corps qu’on analyfe ‘par le feu , peuvent être confidérés comme autant de petites chevilles ou de clous qui pénetrent & s’infinuent dans les pores des autres corps, & qui collent enfemble leurs par- ties: mais comme les chevilles ou les clous, lorfqu'ils font trop gros & en trop grand nombre, fervent feulement à {é- parer & à déchirer les parties des corps , de même les Sels peuvent fouvent percer, divifer & difloudre , au lieu de joindre & de raffermir. Les Sels font véritablement de fim- ples inftrumens qui ne peuvent pas plus agir d’eux - mêmes dur les corps, qu'un elou ne peut agir s’il n’eft chaflé par le marteau. Les Sels font chaflés dans les corps ou par la pref fion des autres corps, ou par le reflort de l'air qui agit fur eux. De même que les Sels entrent dans les pores de tous les cofps , l’eau pareillement s'infinue dans ceux des Sels; elle en détache les particules , les fépare, & elle les foûtient fuf- pendues dans fes interftices ; jufqu’à ce que les particules de l'eau fe trouvant en repos, les Sels fe précipitent & fe réu- niflent en mafle : par ce pouvoir de diflolutionqui fe trouve dans l’eau, elle devient le véhicule des Sels, & elle les in- troduit dans les pores des corps, où elle les abandonne pour y agir fuivant leur deftination.. On peut aufli, par le moyen du microfcope , découvrir quelles efpeces de Sels fe rencontrent dans les eaux minéra- des ; ce qui peut nous faire juger dans quelles occafons ces eaux peuvent être employées utilement. ! Les quatre efpeces de Sels fofliles les plus connus , font le vitriol , l'alun, le falpetre , & le Sel marin, auxquels on en peut ajoûter un cinquieme qui ef moins connu, quoi: qu'il foit plus commun qu'aucun autre; fçavoir le Sel de chaux. Le vitriol eft produit par des marcaflites ferrugineufes. Loriqu'ii eft à fon point de maturité & de perfeétion, fes D'HISTOIRE NATURELLE. 37 cryftaux font roùjours pointus à chaque bout ; ils font com- potés de dix plans dont les cÔtés font inégaux , c’eft-à-dire que les quatre plans du milieu font pentagones , & que cha- que pointe eft compofée de trois plans triangulaires , tels u’on les voit repréientés dans la figure 4. L’alun brûlé & diflous dans de l'eau , que l’on fait filtrer enfuite , donne des crityaux dont le haut & lé bas font deux plans à fix angles ; leurs côtés paroiflent compofés de ttois lans qui ont aufl fix angles , & de fix plans quadrangulaires, efquels font placés alternativement ; de forte que chaque cryftal parfait eft compofé de onze plans, fçavoir cinq fexan ulaires, & fix quadrangulaires, tels qu’on les voit fig. $. L'eau des fources falées, ou Sel gemme , donne des crÿ£ taux dont la forme eft parfaitement cubique : il y a un des plans quidans le milieu paroit avoir une partie plus brillante, comme sl y avoit quelque chofe de manque en cet endroit ; les cinq autres côtés font blancs & folides , fig. 6. Si l’on fait bouillir de l’eau de mer jufqu’à ficcité, & que lon en fafle difloudre le Sel dans un peu d’eau , on aura auffi des cryftaux cubiques ; mais ils ont une différence remarqua- ble avec ceux du Sel gemme ; car dans les cryftaux du Sel marin, tous les angles du cube paroïflent abattus, & les coins font triangulaires , figure 1 1 au lieu que les cryftaux du Sel gemme ont tous leurs angles aigus & parfaits, fig. 6. Le nitre ou falpetre fe met de lui-même en cryftaux qui ont fix angles , ils font longs & déliés ; leurs côtés {ont des parallélogrammes, dont un des bouts fe termine toùjours, foit en prifme , foit en angle, fuivant la pofition des deux plans inégaux ; l’autre bout eft toûjours raboteux , & il paroît comme sil étoit rompu. Voyez fig. 7. a, b. Le Sel foflile le plus général , quoique le moins connu parmi nous, eft une efpece de Sel de chaux que l’on tire du mortier des anciennes murailles ; fes cryftaux font longs & déhiés ; leurs côtés font formés de quatre parallélogrammes inégaux ; un de leurs bouts eft formé de deux plans dont les côtés font triangulaires ; l’autre bout fe termine en deux plans quadrangulaires , quoique ces deux bouts fe trouvent rarement fans être rompus, Il y a de çes cryftaux qui fe 38 OBSERVATIONS D'Hi1srT. NAT. trouvent quelquefois avoir cinq côtés; toutes les variétés qui s'y peuvent rencontrer , font repréfentées fig. 8. a, b, c,d,e,f,g- Le vitriol imparfait, & qui n’a point encore acquis toute fa perfettion , eft un Sel blanc , dont les cryftaux font des He rhomboïdes , comme on les voit repréfentés fig. 9. Les cryftaux du Sel des fources falées , qui ne font point encore à leur maturité & à leur perfection , font de la forme qui eft repréfentée dans la figure 10. a, b,c. Les particules de chacun de ces Sels, foit en tombant les unes fur les autres , foit en s’uniflant fur une même bafe, fe forment en mafles qui font toùjours invariables , & elles con- fervent toùjours une même figure réguliere , laquelle eft par- ticuliere à chaque différente efpece de Sel: mais lorfqu’on veut les examiner au microfcope , il vaut mieux que les mañles foient plus petites , leurs figures y étant toüjours plus parfaites & plus diftinétes. DU ER 2 bons =. SRE" = To ,I, Part.I, PL, 2, 26.1 Part.I. Pl.z. L, vu par ET E . Haussard Sculp, 26.1 Part.I. Pl.z. Le Fou, vu par Le ventre. To I ParC ELLES: ’ #3 a Puce vie de cote . ad Seulp. To,1 Part I. PL.3. Ja Fice vie de côte: = ER ————_——— —— RE ——— RE ——_—_—_— ë To I. Part]. PI te par le ventre , LES PURES a J'urasé “Vi Haussard Seulp. To.TZ. Part, I.PL. 4- VENUE , 5 Punaise vue par Le A a ji Al ALL À : \ fe 74 75. Part. PL. S&. 3 D Q ouche COMME. . Hauss ard fEulp = TT PartL PL. 5. COMMUNE. . JL! 2 j ï k RS 7, € Lu > à C0 re à V = è Q ES a ni Ÿ = Q x, | À #, P\ Le] À à à Ÿ Le e Mouch NS IL EL, eEnÂE.. / LEZ. ETOT VIL p ar Le Mouckh S À Èù K Ÿ à A [74 | il ll e M oucheron » / z- A | Planche 7 | Ant aspec de mouche juiudique él Lrrestre Plane Gi | Autre CS PE de mouche aqualique ed Lrrestre. {| N A | ML \ | Ni | \\N AL \ll es Mites de Linas de ca ve, et des Tapillors oil nouriwssent sur des choux, deMilan. Tes Nites De lunas de cave, et des qui Se / nourissentsur dés choux, dDeMMilan \ , \ | ji 5 " A | LFP À e \\ \ NL 4 0 N\ Ù \ Le / À , t /1 ZPartLP L.g < FE VUE far > COS, C£ l'autre Jar le MELLE ON Hauss ar d Seuly : AM tea ve iyabondes lune œuë puar le doset l'autre Jtar le e 75.2 Parti. P L.g VEUTE. = FAR Souby. e RE TT ns dns ut To.I. Part. 1 Cf? : . ) . ou de Jerin de Canarte. 77 Ju le dos. € e F Hausrard Jeu lg To TL ler, Cf? ES ) You de Jerin de Canarie, A vu par Le dos. 1 \ ! MAL j ps ie hit 1 nent - . To I. Part.Zs Pl.z et Ces reste qui JA E SU le d JS, JUL SAULE et nu che : Ç £ étant hors de l'Eau > . H auss ar d Seul . ñ / / ° To I Part.Iy Pl. et terrestre qui Nage SU Le AO, qua saute el che étant hors de l'Eait . Planche 12 g2 Te (1118 Mir CA 740 Rawe [e oupee 7 Transver/alement ‘ Planche 12 Racme d'Absinthe coupte Transversalement. Vie. au Microscope Rawe Coupce 7/ Transverlalement- 2% To.I. Part. I. Planche 13. B ranche de Norseker Gt ’upree Lans Perfa (0710977 0 Le Fra Fig. 7 D | \ OBSER VATIONS D'HISTOIRE NATURELLE, AVEC LE MICROSCOPE. SECONDE PARTIE EU, (TOME PREMIER. QTAM HMOTEI er OAI RATÉ AO A OR UT SAUT SAN JURA AURAS ANR OI ru LOS me carpe Li brteisz etes Le el Fest L'AVAIS Ci T | | 1 [1 [1 ÿ ï de p % D'AISTOIRE "NATURELLE; FAST "ES AVEC LE MICROSCOPE. RS Re A ARS Aer Ar An AS PAC O NID EGP ARTE: GHAPIUTÉRE PREMIER. Des Anguilles, Serpens ou petits Vers que l'om trouve dans le vinaigre. AÈ TE ses E neft pas d'aujourd'hui qu'on eft afluré que 1 vinaigre Contient en été beaucoup de petites Anguilles , "Nr ® 2 DES ANIMAUX AERIENS, TERRFSTRES mais ce n’eft que depuis l'invention du Microfcope que l’on s’eft apperçû que ces Serpens * ont une queue fort aiguë ; & c’eft ce qui a donné occafion à plufieurs perfonnes de croire que le vinaigre ne piquoit que par l'imprefhon que ces petits animaux faifoient fur la langue : mais les diverfes expériences que nous avons faites fur ce fujer, nous perfua- dent que ce n'eft point à ces animaux qu'il faut attribuer l'acidité qui fe remarque dans cette liqueur , mais feulement à fes parties invifibles, puifque nous avons vü de bon vinai- gre fans Anguilles. Au commencement du mois d'Avril de l’année 1680, nous n’apperçumes aucun de ces infeétes dans du vinaigre: .qui avoit été expofé au foleil durant quelques heures. Vers la fin du mois de Juin de la même année , & tout le refte de l'été, il éroit difficile de trouver dans Paris du vinaigre dans lequel il n’y eût point d’Anguilles ; & cela fit que bien des gens qui les avoient vûes dans nos Microfcopes, difcontinuerent de manger de la falade. J'avois beau leur dire qu’elles étoient environ cent mille fois plus petites qu'ils ne les voyoient par ces inftrumens ; que la chaleur de l'eftomac les faifoit mourir en un inftant ; & que puifqu'ils avoient mangé de la falade jufqu’à préfent , fans en avoir reffenti aucune incommodité , ils pouvoient continuer fans danger l’ufage d’une chofe qui leur faifoit plaifir : & quoi- que toutes ces raifons leur paruffent-aflez folides & aflez * Les conjeétures, dit un Auteur a crédulité des hommes; maïs ces fameux, & les hypotheles que l'on a formées fur la produétion, la généra- tion, la ftruture & l'ufage de ces pe- tits animaux, ont été aufh differentes; & peut-être auf éloignées de la vé- rité , qu'aucune qui ait jamais été for- mée par le caprice ; ou embraffée par conje@ures, cette obfcurité & ces té- nébres ont été bannies depuis qu'on a découvert par le fecours des Microf- cgpes, non-feulement que ces petits animaux exiftent, mais encore leurs diflérentes figures & leurs diflérens degrés de mouvement. James. convain- ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. I. . convaincantes pour les tirer de l'erreur où ils étoient ; la plüpart ne pouvoient comprendre que des ferpens qui leur avoient paru plus gros que le doigt , & plus longs que le bras, ne fiflent quelque mauvaife impreflion fur les membranes in- terieures de l'eftomach. | Ce qui nous engagea à faire quelques experiences pour feparer ces animaux d'avec le vinaigre , & le purger d'une chofe qu'on s'imaginoit capable de nuire à la fanté. La premiere experience que je fis fur de pañler le vinaigre au travers d'un tamis aflez fin; mais je connus que les pecites anguilles pañloient aufli avec la liqueur. 2°, Je fis chauffer du vinaigre fur le feu fans Le faire boüil- hr ; toutes les anguilles perirent fans que la force du vinaigre fut confiderablement diminuée. 3°. J'expofay encore de certe liqueur durant deux heures au Soleil , & la même chofe arriva , de maniere qu’au bout de quelque tems la plus grande partie de ces animaux furent précipitez au fond de la bouteille. Enfin faifant pañler le vinaigre au travers d’un papier broüillard , ou d'une chaufle , l'on aura cout d'un coup la li- queur comme on la veut. : Les animaux dont nous parlons fe multiplient , & groffif- fent en peu de tems jufqu'à un certain point; & on remarque que l'air leur eft fi néceflaire , qu'on les voit s’'amañler en beaucoup plus grand nombre vers la fuperficie de la liqueur, que par tout ailleurs; & s'ils defcendent quelquefois au fond du vaifleau , ils remontent bien-tôt aprés jufqu'au haut pour felpirer. Si l’on prend deux bouteilles au commencement du mois de May, & qu'on les remplifle d’un vinaigre pur , bouchant lune des deux bouteilles , & laiflant l’autre ouverte, on ver- ra dans la fuite des anguilles dans celle-cy , & point dans Pautre , au moins pendant tout le tems qu’elle aura été bien bouchée. Ceux qui croyent que toutes les generations fe font par les œufs , difent qu'au commencement des chaleurs certains petits animaux imperceptibles à nos yeux, qui volent où na- gent dans l'air , étant comme attirez par les parties fpiritueu- Bjanche 1, 4 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES {es qui s'exalent continuellement du vinaigre , laiflent tom= ber des œufs dans cette liqueur, où recevant une chaleur moderée , & caufée par une douce fermentation, ils y peu- vent Éélore » & fournir ainfi en peu de tems les petits ani- maux dont je parle. : Cette maniere de faire naître les anguilles du vinaigre ; ne s'accorde pas avec ce que deux de mes amis ont obfervé dans quelques petites g gouttes de vinaigre mifes dans un Mi- crofcope ; ; ni AVEC ce que j” ay vû dans deux femblables expe- riences , dont Je parleray à la fin de cette feconde Partie , où je rapporte exactement les obfervations que j'ay faites fur deux petites anguilles qui alloient & venoient dansles corps de leurs meres. Cela fuppolé, il ne paroît pas qu'on puifle rapporter l'ori- gine des anguilles du vinaigre à aucune corruption quon pourroit fuppofer y être furvenuë , puifqu'on ne trouve en cette liqueur aucun changement faible foit avant ou aprés leur naïflance, Monfieur Amontons , de l'Academie Royale des Scien- ces, m2 apporta un jour une petite bouteille de vinaigre dif- tilé , qui étoit d’une force extraordinaire , & qui contenoicun He prodigieux de petites anguilles d'une tres - grande vivacité. Je confervay cette liqueur durant quinze mois OÙ environ , fans boucher la bouteille ; de forte que s étant éva- porée, + ne refta pius au fond de cette bouteille qu'un fedi- ment fort € Cpais , & d’une odeur aflez defagreable. Ces animaux meurent fouvent d'une efpece de paralyfie qui attaque d’abordune partie de leurs petits corps ; fouvent auffi on voit qu'elles en guériflent en peu de tems , particu- lierement durant les chaleurs de l’efté , pourvû que la tête ne foit pas attaquée de cette maladie. Il'eft aflez rare de voir vivre ces anguilles durant une an- née entiere ; foit parce qu elles manquent de nourriture , foit parce qu elles ne refpirent pas un air affez chaud , où elles fe confervent bien mieux qu’elles ne font ailleurs, En À , on voit deux de ces anguilles figurer enfemble , de telle TRE qu'elles sactordent à faire des vadbise die pareilles; on en voit méme quelquefois juiqu'à cinq fe mou- voir ainfi. £T AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. I. $ En B,B,B,B,on en voit quatre autres courbées diver- fement , & qui fe débandent avec autant de vicefle que fe- roit un reflort de pendule qu'on auroit plié de même qu'elles le font. EnCil s’en voit une dont la queuë eft divifée en deux par- ties ; ce qui eft fi rare , qu'en plus de 36. années d'obferva- tions , je n'en ay vû que deux à la queuë fourchuë. Celle qui eft marquée D, a la bouche toute ronde de mé- me que les précedentes , quoy qu'elles ne foient pas repre- fentées de même. On a jugé à propos d'en varier ainfi les defleins , pour fatisfaire ceux qui fe perfuadent que ce font veritablement des ferpens. Comme ces anguilles font d'une vivacité extraordinaire , & qu'elles fe mouvent avec beau- coup de vitefle , on eft oblige d'attendre qu'une bonne par- tie de la liqueur que l’on met fur le concave de verre foit évaporée ; afin que leur mouvement foit confiderablement rallenti , pour appercevoir leur bouche , & plufieurs autres circonftances particulieres qu'on remarque en ces petits potflons. Le peu d’étenduë qu’à cette Planche ne nva pas permis de les reprefenter de la groffeur ni de la longueur que je les ay vüës & fait voir à des perfonnes qui en ont été effrayées. Je ne la détermine point icy cette grofleur ; car cela dépend du foyer de la lentille dont on fe fert pour les obferver. Quelque attention que j'aye pû donner à obferver la tête de ces anguilles pour en découvrir les yeux, je n’ay jamais pô en venir à bout, foit à caufe de leur petitefle , ou à caufe que la liqueur venant à s'épaiflir & à fe deflécher , elle les couvre & y forme un voile qui ne permet pas qu'on les ap- perçoive au travers : je fuis cependant tres-afluré qu'elles en ont; car les détours qu'on leur voit faire pour s'éviter les unes les autres , ne permettent pas d'en douter un moment. Si l’on veut conferver les anguilles du vinaigre durant plus d'un an , il faut avoir foin de remplir la bouteille où elles font , à mefure que l'évaporation s’en fait. Ï'eft tres-rare de voir dans le bon vinaigre d’autres ani- maux mêlez avec les anguilles ; maïs on en trouve aflez fou- vent dans Îles vINaIgres cofrompus où gâatez À dr en à] 1} 6 Ds ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES tres-grand nombre, particulierement fi l’on y mêle beaucou d’eau commune , & qu'on le garde débouché durant plufieurs femaines ; & ce qu'il y a de particulier à obferver eft, que fi l'on ajoûte une tres-petite goutte de vinaigre ordinaire avec celuy où il fe trouve de ces animaux, ceux-cy perillent en un inftant, & les premieres anguilles fubfiftent , & même elles paroiflent avoir plus de vigueur qu'elles n'en avoient aupa- ravant,. On verra dans la fuite de cette feconde Partie beaucoup d’autres anguilles , qui ont pris naïflance dans des infufions toutes differentes les unes des autres , & qui font d'une autre nature que celles du vinaigre. Enfin nous avons encore obfervé que les anguilles du vi- naigre fubfiftoient dans une infufion de poivre en grain mis dans de l'eau commune ; & que les animaux de cette infu- fion meurent tout fubitement étant mélez avec quelque peu de vinaigre. CHAPITRE IL Du vinaigre commun. Es Vinaïgriers font un fi grand myftere de la maniere de faire le vinaigre , qu'ils ne l'enfeignent à leurs ap- prentifs qu'au bout de fept années. Peut-être fera-c’on fur- pris de ce qu’ils en ufent ainfi , lorfqu'on fçaura le peu de précaution qu'il faut prendre pour faire de bon vinaigre ; car 1] fuit d’échauder un baril neuf avec de l’eau commune tou- te boïillante , & de mettre en fa place , le plus vice qu'il eft poflible , le meilleur vin qu'on puifle avoir , & quelque peu de fel; car c'eft principalement de la bonté du vin que dé- pend celle du vinaigre. Il faut obferver que le vinaigre fe perfeétionne mieux & fe fait plus promptement quand le vaifleau eft dans un lieu chaud & débouché, que lorfqu'on le tient bouché & dans un lieu froid : on aura aini au bout d'un mois ou deux d'excel: ET AQUATIQUES. SECONDE DaRTIE. Chao. IL 7 fent vinaigre ; & pour l’entretenir il faudra avoir {oin de rem lir de bon vin le même vaifleau , à mefure que l'évaporation ou la confommation s’en fera. Si l’on veut que le vin s’aigrifle promptement, il faut met- tre le baril dans un lieu chaud , & y mêler de tems en tems la partie la plus claire de la lie du vin , tirée par exprefion. Monfieur Hombert , de l'Academie Royale des Sciences ; a propofé une maniere nouvelle de faire du vinaigre avec du bon vin, la plus prompte de toutes : elle confifte à attacher une bouteille , ayant environ les deux tiers de fa capacité pleine de vin, à un cliquet de moulin : les frequentes es fes que la liqueur y reçoit brifent tellement fes principes , & ce qui luy donnoit de la douceur , qu'elle devient en peu d'heures un vinaigre tres-fort, qui fe garde long -tems dans Je même état. SR RER QE RR C'ERACPRIER ER ML Des vinaigres compofez. Ous les vinaigres compofez fe préparent , en y ajoû- tant feulement des rofes , ou des fleurs de fureau , de l'ail, ou de l'eftragon, &c. avec quelques clous de gerofles, & un peu de poivre , fi on l'aime. Cette compofition donne de l'agrément à ces vinaigres ; mais elle ne les rend pas exempts de la produétion des an- cuilles ; tout au contraire, j'en ay plus trouvé dans ces fortes de liqueurs compofées , que dans le vinaigre commun. b ii 8 DEs ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES ee - a CHAPITRE Ie Nouvelles obfervations fur les anguilles du vinaicre , faites avec le Microfcope reprefenté en La Planche feptréme. E 25. Septembre 1710 , fur les neuf heures du foir, je mis une petite goutte de vinaigre ; qui contenoit des anguilles , fur un petit concave de verre qui fert de porte- objet au Microfcope ; & je m'avifay de couvrir d'un petit verre plan des deux côtez le deflus de ce concave , afin d'empêcher l'évaporation fubite de la goutte de vinaigre ; ce he me réüflit parfaitement. °, Il fe forma d'abord au milieu du concave un petit cer- dE d'air extrémement rond , qui n'occupoit qu'une partie: du petit enfoncement , dans lequel il ne parut aucune an- guille. 2°, Toute la liqueur fe plaça dans une efpece de zone ; comprife entre la circonference de cet air , & celle qui ter- mine le concave de verre : tous les animaux qu'on avoit mis dans le concave , fe trouverent rangez dans cette zone com- me dans une prifon. 3°. On apperçüc le lendemain, dans la même zone , un grand nombre de petites boules de divérles grofleurs , qui paroiïfloient ombrées & éclairées avec tant d'art, que plus on les confideroit, plus on les admiroit. 4°. La rondeur de ces boules , qui femblent être de fer où d ae paroît fi exacte , & leurs furfaces fi polies , qu'il fe- roit impofible au plus Labilé ouvrier d'atteindre à une fi grande jufteffe. Parmy toutes ces boules d'air , on en remarque qui ont bien un pouce apparent de dmmetee : d’autres un demi pou- ce ; & encore de fi petites, que l’on à de la peine à les bien défier. Quoyque ces boules n’ayent d’elles-mêmes aucune agita- tion, on ne laïfle pas d'y remarquer deux mouvemens parti- ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. IV. 9 euliers; celuy que la liqueur leur communique, & celuy qui leur eft caufé par les allées & venuës des anguilles qui les pouflent en les rencontrant; ce qui produit un fpeétacle aflez agréable , pour récompenfer du tems que l'on employe à les obferver. . Les raifons de toutes ces chofes m'ont paru fi faciles à trouver , que je n'ay pas crû les devoir rapporter. J'omet aufi plufeurs circonftances dont je ne dis rien , afin de donner aux fpeétateurs la fatisfaction de les découvrir. Il y a cependant une remarque à faire , qui peut , ce me femble , fervir à decider une queftion ; qui eit de fçavoir , fi les objets que nous voyons dans tous les Microfcopes en ge- neral , font apperçüs fimplement par une lumiere refléchie de deflus ces objets ; comme il arrive dans les Microfcopes où l’on regarde les objets de haut en bas: ou fi on les apper- çoic dans les Microfcopes à liqueurs , par les rayons qui les ont craverfez fimplement , & qui pañant enfuite au travers de la lentille , vont peindre leurs images fur la retine ; ou en- fin fi on voit ces objets par des rayons de lumiere , qui n’ar- rivent à l'œil qu'aprés avoir traverfe les objets, s'être reflc- chis à la rencontre des parties folides de la lentille , & de celles des corps qui les renvoyent à l'œil. Pour réfoudre folidement toutes ces queftions , nous join- drons les experiences de ce Chapitre qui les regardent avec plufieurs autres que l’on verra à la fin de cet Ouvrage , dans une Diflertation particuliere. . En couvrant , comme j'ay dit, la petite goutte de vinaigre qui fe met furde concave, on pourra facilement tranfporter le Microfcope ainfi préparé , & faire voir les boules d'air & les anguilles quand on voudra. Si pendant que l’on tient le Microfcope , & que l'on obfer- ve ce qui s'y pafle , on vient à le tourner rondement avec les doigts & avec aflez de vitefle , les boules d'air feront apper- çüës s'y mouvoir d'un fens tout oppofé ; ce qui doit néceflai- rement arriver: car puifque le volume d’air qui compofe chaque boule , eft plus leger qu'un égal volume de la liqueur où elle nage , il s'enfuit que ces boules d’air doivent être re- pouflées vers Je lieu d’où ce mouvement circulaire les éloi- gnoit, Jo DEs ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES Le tranfport qui fe fait du Microfcope , fert à multiplier le nombre des boules , en diminuant leur grofleur par l'agi- tation qu'on leur donne. Quand la chaleur diminué fenfiblement , on apperçoir que le mouvement des anguilles diminuë aufli ; de forte que le matin elles fe remuent plus difficilement que vers le refte du jour ; ce qui vient fans doute de la réfiftance des parties du liquide où elles nagent , qui fe trouvent differemment agi- tées en differentes parties du jour , & du plus ou du moins de fouplefle des organes deftinées au mouvement de ces pe- tits animaux. Quand j'obferve dans ce Microfcope les petits globules qu'une pierre à fufil vient d’arracher d’un morceau d'acier par un mouvement tres-violent, ils me paroiflent clairs & lumineux du côté qui fe prefente à mon œil , en les regardant à la lumiere d’une chandelle, quoyqu'ils foient d’eux-mêmes tres-opaques : d’où je conclus, que c’eft par refléxion qu'on les voit ainfi dans ce Microfcope à liqueurs , de même qu'on les verroit avec un Microfcope à deux ou à trois verres, s'ils y croient regardez comme on y regarde ordinairement les objets. Pour comprendre comment fe forment les globules d'air qui s'obfervent dans la petite portion de vinaigre où fe trou- vent les anguilles ; il fufira de remarquer que le verre plan ;: & le verre concave qui en eft couvert , ne fe touchent pas fi parfaitement , qu'il ne s'échape d’entreux peu à peu quel- ques particules de la liqueur qui déterminent une égale quan- tité d'air à s'infinuer dans le lieu qu'elles abandonnent ; & cet air fe trouvant là également preflé de routes parts , eft contraint de prendre la figure d’une fphere , tres-petite d’a- bord , mais qui groflit en peu de tems, par l'addition de plu- fieurs autres qui fe joignent enfemble , par le mouvement continuel des anguilles de ce vinaigre qui les pouflent l’une contre l’autre , & qui fouvent eft aflez confiderable pour dif- fiper les plus gros de ces globules. i» Nous n'avançons rien icy qu'on ne puifle obferver avec at- tention ; mais il eft à propos d’avertir que toutes ces circonf- tances. ne fe manifeftent pas en un moment , & que ce qui ne 1c ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. IV, 11 fe peut appercevoir dans un tems ,fe pourra remarquer dans un autre. L'efpace du concave terminé par la pétite circonference de la zone , he contient ordinairement que de l’air , dont la figure eft ronde en un fens, & platte en un autre. Cer air s'y enferme naturellement, en y laiffant tomber le petit ver- re plan des deux côtez, qui fert de couvercle au concave ; & ilne fe trouve dans le milieu ni liqueur , ni anguilles , ni boules ; parce que cet air, par fa compreflion ; les en à éloi- gnez pour en occuper la place ; d’où il fuit que le vinaigré qui l'environne doit comprimer ce peu d'air , & l'arrondir comme on le voit. Le jour fuivant , à huit heures du matin, j’apperçüs deux ou trois de ces anguillés dont le mouvement n'étoit pas bien libre; leurs corps paroiïfloient roides, comme fi elles euflent été attaquées d'une efpece de paralyfie : enfuite la chaleur de ma main ayant un peu échauffe l'air qui les environnoit, & la liqueur où elles nageoïent; la maladie fe diffipa , elles reprirent vigueur , & enfin on leur remarqua autant de force & de fouplefle qu'aux autres. Jobfervay aufli en même rems que le nombre des globules d'air s’y évoit multiplié durant la nuit , & qu’une anguille ayant ébranlé la plus grofle , l’avoit diflipée en des particu- les invifibles. Une heure après il fe produifie dans la liqueur une fort grofle boule d’air , qui comprimoit celuy qui étoit au milieu du concave , en s y enfonçant à proportion de fx rofleur. Le lendemain ,environà pareille heure, j’obfervai les an- guilles. qui fe tranfportoient aflez librement dans cette li- queur , accompagnées d'une vingtaine de tres-belles boules d'air, dont le tiers me fembloit avoir environ fept à huic li- gnes de diametre, & les autres plus petites, ne paroiffant avoir au plus qu'une demie ligne chacune. Pendant que l'on obferve toutes ces chofes à la lumiere d'une bougie , fi l'on frappe du doigt la partie exterieure du Microfcope qui porte les objets ; on s’apperçoit fouvent qu'il vient du dehors de tres-petites boules d'air qui s’introduifent dans la zone ; en fe gliflanc entre Le porte-objet & le petit € 12 DES ANIMAUX AFRIENS, TERRESTRES verre qui fert à le couvrir ; d'où l’on doit conclure quil fort néceflairement de cette zone tout autant de liqueur qu'il y entre d’air groflier. Mais fi l'on donne encore quelques pe- tits coups à la piece du Microfcope dont je viens de parler, pour y faire entrer davantage d'air , il n'y en entrera pas ; parce qu'alors tout eft plein, & quil faut donner le tems à uelque nouvelle portion de la liqueur de s'évaporer, pour faire place à de nouvel air. Le premier & le fecond Oétobre je m'apperçüs que la li- queur s'étoit épaiflie , que l'efpace circulaire du milieu du concave s'étoit augmenté , & que les anguilles avoient plus de difficulté à s'y mouvoir. Le troifiéme , de cinq anguilles qu'il y avoit encore en vie le fecond , il ne s’y en trouva plus qu'une feule vivante , qui mourut léfmême jour troifiéme à midy. Ainfi ces animaux ont demeuré en vie neuf jours du- rant enfermez dans cette zone. Jay réïteré plufeurs fois ces mêmes experiences, & j'y ay coujours remarqué à peu près les mêmes chofes. Toute la difference la plus remarquable que j'aye obfervée dans une même quantité de vinaigre, a été l'inégalité de tems qu'elle a employée à s’évaporer entierement ; une de ces gouttes ayant été évaporée en neuf jours , une autre en douze, & une autre en quinze , felon le degré de la chaleur de l'air, de la faifon , & du lieu où étoit le Microfcope durant ces experiences, G'ÉLEANPIL DIRE TRE Obférvations faites fur plufieurs [ortes d'infifions de poivre en grain , mi à froid dans de L'eau commune. L y a au moins trente-huit ans que Monfieur Hartfoeker apporta, de Hollande en France, un nouveau Microf- cope à liqueurs , monté d’une feule lentille foufflée, avec le- quel il nous fit remarquer qu’en mettant infufer à froid des grains de poivre noir dans de l'eau commune , on y voyoit ET AGUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. V. 13 au bout de quelques jours un nombre innombrable de petits animaux, qui nous ont donné occafion d'obferver plufieurs chofes tres-fingulieres que nous n'avions point encore yüés. Premierement, par le moyen de cette lentille de verre, ona vü des animaux de couleur d'or pâle, à peu près de la grandeur & de la figure qu'on les voit reprefentez dans cette Planche , aux endroits marquez B, D,K,H,O,R, L, avec de petites taches plus trañfparentes que le refte de leur corps. ; 2°. La figure ovale & réguliere fous laquelle ces animaux paroiflent ordinairement , & leuf mouvement rapide , ne permettent pas de déterminer d’abord l'endroit de leur corps où eft la tête ; mais avec un peu de patience on le découvre bien-tôt, par la direction fuivant laquelle ils continuent à fe mouvoir. D'ailleurs ; la liqueur où ils nagent s'épaifliffant in- fenfiblement par l'évaporation de fes parties les plus fubriles & les plus agitces, fait diminuer peu à peu la vitefle de ces poiflons ; & c’eft alors que l'on peut à loïfir obferver plufieurs chofes , qui donnent occafion d'admirer la fagefle du Créa- teur jufques dans la moindre partie des petites créatures que nous entreprenons de décrire. 3°. On s'apperçoit que deux des animaux de cette infufñon avançant direétement , l'un de À en B, & l’autre de Cen D s'en retournant , le premier fuivant la ligne ponctuée BE, & le fecond de D en F. 4°. Jay quelquefois obfervé que deux de ces poiflons , après avoir parcouru l'un la ligne GH , & l'autre la ligne TK, laiflent entr'eux un efpace trop petit pour permettre à un troifiéme marqué L, de le traverfer ; celuy-cy pris & ferré contre l'un & l'autre , s’allonge en fe courbant pour fe fauver vers M. 5”. [ll y en a qui après avoir parcouru une ligne droite , comme NO, tournent fi vite autour du point O , où eft la tête , que leur figure ovale femble devenir circulaire , après quoy ils s'élancent vers p avec une promptitude extrême. Et Yon en remarqueaufli d'autres, qui après avoir parcouru une ligne droite , femblable à QR , tournent fur leur centre de grandeur & de pefanteur marqué R, traçant ainfi un grand ci Planche 2, 14 Des ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES nombre de circonferences de cercles concentriques les unes aux autres ; puis s'élançant avec une vitefle extraordinaire , on les voit parcourir une autre ligne droite marquée ST, Voilà ce que nous avons remarqué de plus confiderable dans la premiere infufion ,-dans laquelle il ne paroifloit que des Ovales ; c'eft ainfi que je nomme ces poiflons : & voicy ce qui nous a paru dans une feconde , obfervée avec des lentilles travaillées à la main, & taillées au tour , qui eft la maniere de les faire beaucoup plus parfaites que les précedentes. La premiere figure reprefente un poifion, que je nomme la Poule hupée, dont la tête eft garnie de poil au lieu de plu- mes : fon mouvement le plus ordinaire étoit circulaire. Ce poiflon eft le feul que j'aye vû dans cette infufon, &je n’en ay Jamais apperçû de pareil dans aucune de celles que j'ay préparées. La feconde efpece de poiflon , reprefenté à l'endroit mar- qué 2 , font des animaux que je nomme Corsemules argen- tces , & dont je parleray dans la fuite de cette Hiftoire. La troifiéme , eft une grofle araignée aquatique , dont la bouche s'ouvre aflez grande pour engloutir les cornemules précedentes. La quatriéme figure reprefente deux de ces araignées ac- couplées , qui tournent enfemble fur leur centre commun de pefanteur. La cinquiéme figure en reprefente deux autres aufli accou- plées , mais dont le nager s’execute en ligne droite. Nous décrirons plus exaétement ces grofles araignées aquatiques vers la fin de cette feconde Partie, en parlant des animaux que nous avons vûs dans une infufñion dun peu d'écorce de bois de chêne , qui porte le gland. La fixiéme figure reprefente un autre poiflon , dont le corps eft à peu près femblable à la navette d’un Tiflerand, Ïl a de grands poils au derriere qui luy fervent de nageoires, Enfin au-deflous de l'endroit marqué fept, on y a repre- fenré une fourmiliere de petits infectes de diverfes figures & groffeurs qui viennent de naître, & qui fervent ordinairement de nourriture aux plus gros. gt AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. V, 1$ Du poivre blanc. E poivre blanc en grain mis en infufon , produira des poiflons d’une grande beauté ; mais ce ne fera peut- être pas en aufli peu de jours que les précedens. Les grofles cornemufes de cette infufion avancent & reculent prefque également pendant leur nager. Peu de tems avant que la li- queur où on les voit foit totalement deflechée , on s’apper- çeit qu'elles deviennent plus grofles qu'elles n’étoient aupa- ravant ; & dans ce moment-là on a le plaifir d'obferver un ben nombre d'œufs dans leurs corps , & de remarquer qu'un moment après quelle eft defléchée , leurs corps changent tellement de forme, qu'ils ne paroiflent plus que comme une mafle confufe , à caufe de leur grande délicateile. Du poivre long. Ne infufion de poivre long mis en entier dans de l'eau commune , ne donnera pas moins de fatisfaétion que les deux précedentes; car dans les premiers mois cette infufion eft fi nette , qu'elle facilite le moyen de découvrir jufqu'aux parties interieures des poiflons que l’on y trouve en grande quantité : & ce qui merite quelque attention, eft que cette infufion, ni les deux précedentes , n'exalent au- çune iauvaife odeur , quoy qu'elles foient confervées en ex- perience durant plus de quatorze mois. On trouve quelque- fois dans cette infufion , un peu vieillie , des animaux que pous ayons nommez Chenilles aquatiques ; & de nouvelles an- guilles , plus grofles & plus courtes que celles qui fe voyent ordinairement dans le vinaigre ; mais elles n’y vivent pas fi long-tems à beaucoup prés. En confervant ces infufions le plus de tems qu'il eft pofli- ble , & en les réïterant dans des faifons & dans des années differentes , on apperçoit des animaux differens de ceux qui font reprefentez dans cette Planche. Nous finirons ce Chapitre , en ayertiflant que ces poiflons foutiennent les rigueurs d’un hyver tres -rude & tres-long , Ch } c i 16 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES & qu'ils fe confervent en vie au-deflous d’une glace d’envi- ron deux lignes d° cpaifleur 5 Car à mefure que là furface de l'eau du vaileau fe gele , les poiflons s’y enfoncent davan- tagc. Mais fi vous faites fondre cette glace , & que vous gardiez cette infufion , vous y verrez ces poiflons , au bout d'environ quinze Jours d'un tems plus doux , en beaucoup plus grand nombre qu'ils n'y étoient avant que cette eau fur gelée. CHAPEIT REUMIE Obfervations faites durant une année entiere, de ce qui s'ef? l 2 D) S # trouvé dans une infufion à froid de [ené. Nviron le 15. Juillet de l'année 1710. je mis infufer à froid une bonne pincée de fetüilles , de queuës & de branches de fené ; & je m'apperçüs qu'au bout d'environ huit jours il y avoit dans cette liqueur quantité de tres - peus corps longuets , feparez les uns des autres fans fe toucher ; & fans avoir d'autre MOUVEMENT que celuy qu'ils pouvoient avoir receu de la liqueur où ils étoient. Et par plufieurs obfer- vations que J'en ay faices à diverfes repriles , je me fuis per- fuadé que ces corpufcules ; que vous voyez en À de la troi- fiéme Planche , n'étoient autre chofe que de tres-petites parce Iles de Fécorce des branches du fené, & non pas les parties des fels contenuës dans ces chofes , comme le vouloie un Medecin à qui je les fis voir ; ÿ parce que les fels diflous dans autant d'eau qu'il y en avoit, ne s$’ ÿ. font point apper- cevoir , non plus que les parties de Vs qui font éparfes dans cette infufion. Tous ces petits corps étant devenus les uns plus pefans ; par l'union de quelques autres ; les autres plus legers , par leur divifion ; ceux-là fe précipiterent au fond de la carafe , & ceux-cy monterent à la furface de l’eau, pour y compofer une pellicule cpaile , molle & opaque, for laquelle je vis paroître de petits vers blancs, aflez fenfibles aux yeux nuds, ET AQUATIQUES. SECONDE Pare. Chap. VI. ï Environ huit jours après ces vers difparurent , & je fu allez furpris d'en appercevoir de nouveaux , beaucoup plus petits que les premiers : ces petits vers vivoient dans la li- queur , & nageoient un peu au-deflous de fa furface ; j'en mis un dans un petit Microfcope monté d’une feule lentille de deux lignes de foyer : fa longueur m'y parut d'environ neuf lignes : il étoit compofe en partie d'onze petits anneaux : fa tête croit ronde à fon extrémité; & par l’autre bout fon corps fe cerminoit quelquefois par un plan perpendiculaire à fa longueur ; & d'autres fois, par trois petites éminences arron- dies ; de maniere que celle du milieu avoit quelque peu plus de faillie que les deux autres. I paroifloit au - deflous de fa peau un filet tres-blanc , & ployé; de maniere que fes deux bouts finifloient vers la queué, d'où ils s’étendoient en droite ligne vers la tête , où ce fil étoit recourbé. I M, reprefente le ver , dont la tête eft en I, & le derriere en M. Le fil dont je viens de parler eft vü en NO; & l’on re- marquoit qu'il s’allongcoit & fe raccourcifloit alternative- ment ; & par ces divers mouvemens il obligeoit les anneaux de ce ver à s'approcher , ou à s'éloigner un peu les uns des autres. Une partie de la liqueur s'étant évaporée pendant plu- fieurs jours , J'augmentay le refte par l'addition d'une eau commune , ce qui détrempa tellement la pellicule qui s’étoit formée à la furface de l'infufion , qu’elle fe précipita quelque tems après au fond du vaifleau , ce qui rendit l'infufon plus belle & plus tranfparente qu'elle n'étoit auparavant ; & me donna en même tems occalion d’obferver un nouveau fpec- tacle , dont je vais vous parler. Trois fortes de nouveaux poiflons fe faifoient appercevoir dans la moindre petite goutte que je mettois au Microfcope ; fçavoir de tres-petits, des moyens & des gros. D,E,F, en font les Figures. Les gros reflembloient afflez à une Cornemufe , chacun d’eux ayant la tête recourbée , comme vous voyez en F ; j'y remar- quois aufli deux mouvemens differens , l'un droit & l’autre girculaire ; celuy-cy fe faifoir pour l'ordinaire de F par P & _ / s Plarche 3° 18 Des ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES Q. Ces deux mouvemens qui fe fuccedoient l’un à l'autre étoient aflez lents pour être facilement obfervez. Dans la fuite , Je découvris une fixiéme forte de poiflon ; mais en petite quantité, dont la figure fe voit en G: ce poil {on ayant aflez de reflemblance à à une carpe , peut étre ainfr nommé. Son mouvement s'executoit en ferpentane , décri- vant une ligne courbe à peu près femblable à la ligne abcd, pour arriver de a enr, où eff la tête. Après pis jours , il parut un autre _poïffon affez fem- Pelle aucodilen d'un Oublieur ; fans qu'on pôt deviner de quel côté étoit la tête, finon lorfqu’on le voyoit fe mouvoir ;. parce que les extrémitez de fa longueur étoient en tout fem- blables en apparence. Jay vûs ces poiflons fous les formes reprefentées au-def- fous des lettres K , L : le mouvement de ces animaux s’exe- cute par and Bons & aflez lentement. Tous ces animaux , excepté les vers, mouroiïent dés que Jenfonçois dans la goutte de liqueur qui les contenoit , je bout d’une plume trempe dans du vinaigre ; & cette infufon de fené ne faifoit pas. pe les anguilles ie vinaigre le même effet que ce vinaigre faifoic {ur celles de l'infufion. Les animaux de forme ovale , & de moyenne grofleur ;. s'accouplent comme les hannetons , & étant ainfi attachez ; le plus fort entraîne le plus foible d’une vitefle furprenante.. Ces poiffons ne s’éloignent pas du haut de ces liqueurs ,, parce qu ‘is y refpirent de tems en tems un air qui leur con- vient, & y trouvent plus de nourriture qu'en aucun autre en- droit e vaifleau où 1ls font ; & s'ils defcendent en bas, ils: ny reftent pas long-tems. On ne peut pas douter de ce que Javance à l'égard ‘des anguilles du vinaigre ; ; & on le peut tres-facilement obferver dans la bouteille où elles font , avec une loupe. Les animaux des autres letRRe. étant trop petits pour être ainfi apperçüs ; je me fuis avifé d'y enfoncer un petit tuyau Capillaire , ayant pris auparavant la précaution d'en boucher le haut avec le pouce , que j'en Otois lorfque le bout inferieur étoit au fond du vaifleau ; je retirois enfuite ce tuya1 , aprés l'avoir rebouché , & je moettois fur le porre- objet ÊT AQUATIQUES. SECONDE Partie. Chap. VI 19 objet beaucoup plus de cette liqueur qu'à l'ordinaire , prife au fond du vaiffeau qui la contenoit ; cependant je ne voyois dans cette grofle goutte que quatre ou cinq animaux , au lieu que fi j'eufle pris autant de la même liqueur au haut du vaif- feau , j'en eufle trouvé peut-être cent fois davantage. L'eau tiéde ne fait pas mourir en hyver les poiflons dont nous parlons, au contraire ils femblent s'y mouvoir beaucoup plus librement qu'auparavant ; ais lorfqu'elle eftun peu plus chaude, ils y periflent tous. Il y a donc un certain degre de chaleur qui les fait vivre , & un autre un peu plus fort qui Jestuë. : Le 30. Janvier 1711. j'obfervay une autre forte de poiflons, qui vinrent en aflez grand nombre dans cette infufion de fe- hé, dont le nager me parut fingulier ; car en avançant di- reétement , ils fe balançoient à droit & à gauche, de même que feroit un petit bateau conduit par le fil d'une eau cou- tante ; pendant qu un homme debout au milieu de ce bateau, panchant tantôt d'un côté & tantôt d'un autre, le feroit ba- lancer pour fe divertir. J'ajoütay de l'eau commune pour la feiziéme fois, afin d’en augmenter le volume , & d’en diminuer l’épaifliflement , & fournir aufli en même tems quelque nouvelle fubftance aux animaux qui s'y trouvoient. Je vis le lendemain que ces animaux s’y mouvoient beau- coup plus vite qu'auparavant , & fans s'y balancer ; dont la raifon ne peut, ce me femble , être attribuée qu'au plus de facilité que ces poiflons trouvoient à divifer ce liquide. Ce même jour-là, & le premier Février , je remarquay d'autres infectes fi petits , & fe mouvans fi vite, que je n’en püs découvrir la figure. Peu de jours après j'y découvris d'au- trés poiflons femblables à celuy qu'on voit en H: la cête finif- foit prefque en pointe , &fervoit de gouvernail à tour le ref- te de fon corps , qui s’accordoit parfaitement avec elle , en avançant aflez lentement , pour donner la facilité d’obferver plufieurs chofes qui feroient trop longues à décrire. Enfin fes grandes chaleurs qui furvinrent fur la fin du mois de Juillet 1717, durant trois ou quatre jours , firent mourir prefque vous les animaux de cette infufion , qui avoit été une 29 DES ANIMAUX AERIENS; TERRESTRES annee entiere en experience ; & dans le tems que-Jje da vou- lus fupprimer , je m avifay d'en prendre encore une fois, & de la mertre fur le porte-objet du Microfcope dont je m'é- rois fervi , afin de voir s'il y auroit quelque nouveauté ; & j'y apperçûs un ver compofé en partie de treize à quatorze an- neaux , femblables chacun à un bourlet. À B, eft fa longueur apparente. À , en eft la bouche toute ronde , d’autour de laquelle partent trois filets qui s’étendent d'une extrémité à l’autre, & quien s’enflant & fe défenflant font rentrer les anneaux les uns dans les autres, des.extré- mitez a & b, vers le milieu D ; & par cette méchanique ral- jongent & raccourciflent fucceflivement.le corps de cet in- fete. C, marqué fa longueur vüë aux yeux nuds, CHÉPIPREINIT De l'eau qui Je trouve dans Les buifires à l'écaille », © de ç que l'on y apperçoit en peu de jours ow d'heures après être owvertes. N fçait qu'il y a des huiftres de diverfes efpeces , tres- ! differentes les unes des autres , tant par le goût que par la grandeur, & la compofition du corps de ces animaux. L'huiftre dont nous parlons icy eft un poiflon de mer qui fe nourrit entre deux écailles ; il eft fort eftimé d'un grand : nombre de perfonnes , & onle mange tout en vie. « Ces huiftres jettent leur fray au mois de May, c'eft-à-dire leurs œufs , d'où les petites huiftres doivent fortir. On a re- marqué qu'au bout de vingt-quatre heures ces petites huif- tres avoient de l'écaille, & que les meres fonc malades aprés *avoir bien frayé, n'étant bien guéries que vers la fin du mois : d'Aouft fuivant. : Cu AREAS es - Monfieur Mery fameux Anatomifte, premier Chirurgien de l'Hôtel-Dicu de cette Ville, & Penfionnaire de l'Acadé- * nue Royale des Sciences , lut en public un difcours tres-cu- - sieux fur les buïftres des étangs ; mais il marque à re difcours fois à A - STE 3 / é + à is a N - 114% 1 ‘ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. VIL 25 les curicufes obfervations que nous avons faites fur ces fortes d'huiftres ou moules des étangs , ou de celles qu'on trouve ‘dans les canaux de Seaux & ailleurs. Samedy 15. Novembre 1710. à midy, je fis ouvrir une de- mie douzaine d'huiftres , j'en mis l'eau dans un petit verre à boire , & je l'y laïiflay repofer environ deux heures : cette ‘gau me parut trouble & d'une couleur de perle fine, ou ti- rant plutôt fur la couleur du petit lait, & un peu plus Cpaif- fe , portant au nez une odeur de marée. J'en oblervay une tres-petite goutte avec diffcrens Microfcopes à liqueurs , & je n'y apperçüs rien de particulier qui merite d'être di. Je n'y découvris rien le fecond ni le troifiéme jour ; mais le quatriéme au foir je commençay d’yÿ voir une aflez grande quantité de petites huiftres , belles, tranfparentes , & dont quelques-unes n’avoient pasun mouvement trop rapide pour m'empêcher de voir la tête & le refte du corps. Leur grof- feur me parut avoir fait un grand progrès en peu de tems, . par rapport à celle des animaux que Jj'ay obfervez dans d'au- tres liqueurs. En voicy une réprefentée en ab cd, donc a eft la tête, & b c d le refte du corps, qui n'étoit pas égale- ment tranfparent. La forme de leur corps eft changeante ; on les voit fe plier & replier en differentes façons : leur mou- vement eft quelquefois direét , & d’autres fois circulaire : on les apperçoit fouvent s’éentre-choquer , & par-là interrompre leur courfe , tres-vîte en plufieurs , & moins en d’autres. Ces animaux étoient aflez gros dés le quatriéme jour de leur naiflance , pour fe faire voir avec un Microfcope à trois verres d'environ quatre pouces de hauteur., dont la lentille objeétive n'avoir pas moins de cinq lignes de foyer. Le cinquiéme & le fixiéme jour , je vis plufieurs de ces animaux parfaitement en repos , de forte que je les crus morts ; mais en continuant dé les obferver, je fus détrompé, les voyant nager avec beaucoup de vitefle , les uns allans d'un côté & les autres d'un autre, s’entre-frolant fouvent , &'s’arrétant quelquefois pour un moment l’un contre l'autre; puis étant écartez par d'autres qui faifoient effort pour pai- fer entr'eux, & changeoient de figure fuivant leur manicre de fe rencontrer , ou le retrecifflement du lieu qu'ils vouloient + travétier. Sd Planche 4, Figure 4 43 D£Es ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES On s’apperçoit quelquefois qu'une de ces petites huiftres paile fur un groupe de plufieurs autres fans les ébranler ; ce qui marque qu “elles n'en font pas touchées , & qu’elles font environnées d’aflez de liqueur pour faciliter le mouvement de celles qui nagent par- -deflus. Ces animaux s'allongent & fe raccourciflent confiderable- ment; & même ils s’accouplent , comme on le peut voir en a & c : ils fe mouvent ainfi accouplez d’a vers b, & de c vers de long- cems avant qu'ils fe feparent; de forte que le plus fort entraine le plus foible. Ces petits animaux tournent beaucoup plus lentement que ne font ceux de l'infufion du poivre en grains, ni même ceux du fené. Le mouvement circulaire des petites huiftres s'execute en deux façons toutes differentes ;la premiere les fait voir tour- nant aurour de leur centre ; & la feconde les fait paroître rourner comme fur un point qui feroit vers l'extrémité de leur tête. L'eau de ces poiflons fe trouve au bout de quelques j jours d'une odeur infupportable , mais dans la fuite elle s’adoucit confiderablement ; & parce qu elle eft falée naturellement, il y avoit lieu de croire qu'elle fe conferveroit Jong-tems ; ce qui n'eft pas arrivé. L'experience nous a appris que la feule odeur du vinaigre eft un poifon qui tué ces petites huiftres. Quoyqu'on ne puifle pas voir les yeux de ces animaux , on peut néanmoins aflurer qu'ils apperçoivent Îles objets qui fe prefentent à à eux ; puifqu'on remarque certainement qu ils s’en écartent en fe mouvant , & qu'ils font des détours tres- frequens pour les éviter. | Le 21. je mis une grofle goutte de cette liqueur fur le por- te-objet du Microfcope, que je portay & rapportay de fort loin durant cinq heures au moins, qu'elle employa à 2 Si évapo- rer entierement ; pendant ce tems-là les petites huiftres qu'elle contenoit firent l'admiration de plufieurs perfonnes à qui Je les montray. Le 22. au foir je trouvay cette eau plus tranfparente qu'el- le n'avoit été cy-devant , quoy quelle fut devenuë plus £ païñle , du moins elle ne s’étendoit pas fi facilement fur le ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. VI. porte -objet , qu'elle faifoit auparavant. _ Je m'apperçüs d’ailleurs que la même: eau avoit perduë cette odeur forte & defagréable qui s’y faifoit fentir dés les premiers jours ; que les animaux s'y étoient confiderablement multipliez ; qu'ils fembloient être devenus un peu plus gros qu'ils n’toient ; & enfin il ne m'en parut plus à accouplez. Le lendemain 23. J'obfervay encore les mêmes chofes, à quoy l'on peut ajoûter ces particularitez. Que jufque icy je n'ay vû dans cette eau qu’une feule ef- pece d'animaux , prefque tous d’une même figure , & d’une groffeur aflez uniforme, fe mouvans tous d'une maniere aflez égale. Comme il eft difficile de porter, avec le plus petit bout d'une plume à écrire , un peu de l’eau où nagent ces poif- fons, fans enlever en même tems quelque petite portion d’u- ne legere pellicule qui fe forme dés le commencement fur certe liqueur ; on eft tout étonné de voir que cette parcelle, refque infenfible aux yeux nuds, paroît dans le Microfco- pe d'une étenduë extraordinaire ; en forte qu'elle reffemble à une grofle mafle de rocher , chargce d'une multitude ex- traordinaire de petites creatures. Ces animaux femblent fe plaire davantage , & trouver fous cette pellicule une nourriture plus propre à leur tempe- rament que par tout ailleurs , vû le nombre prodigieux que nous y appercevons : ils y fourmillent les uns fur les autres, de maniere que cet endroit-là devient beaucoup moins tranf- parent que les autres. Le Samedy 13. Decembre 1710. il évoit refté tres - peu d'huiftres vivantes , & même elles parurent diminuées de groffeur. Le 16. je ny en or aucune ; ainfi mes pre- micres obfervations fur ces fortes d’animaux-là, finirent. Mais ayant prévû ce qui devoit arriver, j'avois déja mis en experience de nouvelle eau ; deux jours aprés J'apperçûs de ces animaux tout naïflans , qui paroïfloient avoir environ deux lignes de longueur & une ligne de largeur. Le 16, & le 17. j'apperçüs ces huiitres en plus grand nom- bre , & j'en vis quelques-unes fous la forme d’un huit de chif- fre ; c'éroient apparemment deux petites huiftres accouplées, d ü 25 24 Des ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES L'augmentation du froid, l'épaifliflement fufvenu à cette eau par l’'évaporation des parties les plus fubtiles & les plus ‘agitces , Joint à cela le défaut de nourriture , les fit enfin perir environ le 30. Janvier 1711. Dés ce même jour je recommençay pour la troïfiéme fois une femblable experience ; mais depuis ce jour-là jufqu’au 22. Février, je n’y apperçüs rien que je n’y eufle déja remar- qué. En voyant dans la moindre goutte de cette eau un f grand nombre de ces poiflons , qu'il y en avoit , je ne püs _ diftinguer les uns d'avec les autrès , tant cette eau en étoit obfcurcie ; c’eft pourquoy ; afin de l'éclaurcit , j'y ajoûtay un peu d'eau commune , & J'obfervay que ce mélange avoit fait . diminuer fubitement la longueur des huiftres , en les ren- dant prefque toutes rondes ; mais dans la fuite elles reprirent _ {eur forme ovale & leur longueur ordinaire. Durant l'efpace de deux heures confécurives , j'appliquois fept ou huit fois de l’eau fraîche fur le porte-objet, à mefure que la liqueur s'évaporoit ; & j'aurois même pü continuer plus long - tems ce manége , fi j'eulle voulu prolonger davantage la vie de ces animaux : ainfi cette eau commune , bien loin:de leur nuire, les accommode fort. Il n'en eft pas de mêmie du mié- lange d'uné tres - petite goutte d’eau de l’infufion du fené avec celle des huiftres , qui les fait mourir en un inftant. ” On remarque encore que le mélange de l’eau commune avec celle des petites huiftres , les faut devenir plus grofles & plus claires, pourvû qu'elle ne foit ni trop froide ni trop chaude , ce qui les tuéroir , ou du moins arrêteroit leur mou- vement pour un tems. Dr EE UT Dans une femblable experience que je fis enfuite , J'ap- perçüs une chofe finguliere que je n'avois pas encore obfer- vée ; fçavoir , deux cornes mobiles à la rêre de chacun de ces animaux , lefquelles formoienc enfemble un eroïflant ; comme on k voit en e , & ces cornes mobiles paroifloient auir quelquefois comme on. les voit en d; mais elles étoient fi courtes en de certains tems, qu'on avoit de la peine à les voir. Je n'avifay enfuite d'ajoûter à une goutte de l'eau des huiftres une tres -petite goutte de vin avec le bout d'une ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap, VII 25 plume , & je vis expirer.ces petits animaux. prefque fur le champ , & à mefure que le vin fe méloit avec cette eau , où que les animaux pafloient de l’eau dans le vin. _ Le 19. Mars , dans un téms aflez chaud , je remarquay que les petites huiftres fe manifeftoient dans leur eau beau- coup plutôt qu’elles n’avoient fait dans les tems moins chauds; & que quelques heures auparavant on y avoit remarque un grand nombre de petits corps ronds & tranfparens, qui peu- vent pañler pour les œufs de ces poiflons. Le 29. du même mois , il paroifloit dans cette eau tres- peu de petites huiftres ; & quoy qu'elles fuflent devenuës bien maigres, elles ne laifloient pas de fe mouvoir tres-vîte : ce fut pour lors que l'on cefla de vendre dans Paris des huïftres à l'écaille , à caufe qu'elles n'étoient plus bonnes à manger. … Le 15. Juillét 1517. à midy , je mis dans un vaifleau de verre de l'eau de fix à fept huiftres ; & le 16. à fept heures du foir jy obfervay une bonne quantité de petites huiftres _nageant dans cette eau , quoyque le vaifleau eût été bouché; ce qui femble donner occafiôn de penfer que ces animaux font produits des œufs des huiftres mêmes, & qu'ils ne vien nent pas des autres animaux qui volent ou nagent dans l'air que nous refpirons. _ Le 22, je vis dans cette même eau de deux fortes de nou- veaux animaux , dont plufieurs me parurent de la figure & grofleur qu'il paroît en f, s’allongeant & fe raccourciffant alternativement d’un inftant à l’autre. Ceux de la feconde “efpece , dont un feul eft vû en g, fe mouvoient aflez lente- .Ment pour qu'on püt remarquer en eux les particularitez fui- yantes. On apperçoit vers la tête & au derriere un mouvement d'ondulation , dans une matiere blanche, lumincufe & tranf- parente , laquelle étant bien confiderée , on s’apperçoit qu- _elle eft caufce par les pattes , tant du devant que du dertiere de ces animaux. On les voit marcher fur le porte -objet du Microfcope , fans fortir de l’eau où ils ont pris naiïffance ; & l'on remarque que les pattes de derriere Pur plus longuës que celles du devant: Jay auffi yä dans le même tems ; & » . 6 = 4 ny 46 Des ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES dans Ia même goutte de cette liqueur, d’autres animaux ur peu plus gros que les anguilles du vinaigre , ayant la partie du derriere de leur corps aflez grofle & arrondie , & la tête un peu plus longue que celle de ces anguilles : leur corps: éroit moins tranfparent & plus court de beaucoup que celuy des anguilles du vinaigre. Ces nouveaux poiflons , dont on voit la figure en h, changent de figure à tout momens. Leur nager s'execute aflez lentement ; le mouvement de leur tête , qui eft plus menuë de beaucoup que le refte de leur corps , approche aflez dé eeluy que f'ay remarqué dans les vers de quelques autres liqueurs ; ils l’'avancent & la reti- rent alternativement, ils la portent à droit & à gauche, s’ar- rétant tres-fouvent , comme s'ils avoient peur de quelque objet qui traverferoit leur route. Le 22. Aouft je fus furpris de ne trouver plus d'huiftres dans cette eau, ni même aucun des animaux de figure ovale; & ce ne fut pas manque de nourriture, puifque les dernieres. anguilles dont je viens de parler y vivoient. Enfin le 3. Sep- tembre, à peine pouvoit-on voir deux animaux dans cette liqueur ; ce qui me la fit abandonner. Le 21. Oobre 117. nous vîimes dans de nouvelle eau d'huiftres , jufqu'au 4. Novembre , les animaux reprefentez nu, m,n,0p; d° La figure m reprefente un ver, dont la têre eft en pointe ; & le derriere rond. Celles qui font en n &o, reprefentent deux de ces vers qui fe tiennent enfemble de deux façons differentes , le plus fort entraînant le plus foible. En p, vous en voyez un plus gros d’un autre genre, & d'u- nc autre figure. Enfin au-deflous de la lettre q, il y en a deux plus petits qui fe tiennent par le bec, allant ainfi na= geant de compagnie. CHAP, tT AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. VIIL 27 me CERAPIVRE CNVTT TL Des infufions d'œillets mis dans de l'eau commune, chaude ©: froide. E 14. Juillet je mis infufer à froid dans de l'eau com: mune des œillets qui n'étoient pas encore épanoüis ; & e 19. je commençay d’appercevoir de tres -petits animaux nageant dans l'eau ; dont voicy à peu prés la grofleur & la figure apparente , marquée en B, Planche 4. Figure 2. Quelques perfonnes prennent ordinairement les animaux de cette grofleur pour de pctites mouches ; mais c’eft une erreur qui provient ou de ce que l’extréme petitefle de ces infeétes rend leur efpece équivoque à nos yeux, ou de la mauvaife figure de la lentille du Microfcope , défaut tres- commun aux lentilles foufliées ; ou de ce qu'elle eft mal pla- cée entre les diaphragmes ; ou enfin de ce que l’objet n’eft pas placé au point de vûé où il faudroit qu'il fur. e 20, je commençay d'en appercevoir de tres-gros ; mais en petit nombre , ayant le corps bien tranfparent , & par- femé de petites caches, comme on le peut remarquer en A. Le 22. les gros me parurent plus beaux & plus longs qu'au- paravant ; ils fe mouvoient aufli d’une maniere nouvelle. Le 29. j'apperçûs fur la furface de la liqueur de petits vers blancs ; & un peu au-deflous de cetre même furface , j'y vis un nombre extraordinaire de tres-petits animaux. Le u. Aouft , la mañle compofée d'une multitude prefque infinie de ces animaux ; étoit fi épaifle & fi fourmillante , qu'à peine y pouvoit-on difcerner leur figure ; & l’on remarquoit parmy eux quelques gros vers fous la forme reprefentée en C. Le 20. du même mois j'apperçüs dans une goutte de cette infufion des efpeces d’anguilles, dont on voit la reprefenta- tionnenE&enF, plus grofles & plus courtes que celles qu'on voit ordinairement dans le vinaigre; ce que je n'avois point € 28 Des ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES encore vû dans aucune des infufions ou liqueurs préceden- tes : leur mouvement s'executoit à peu prés comme celuy des ferpens du vinaigre. Ces nouvelles anguilles paroiflent cres-blanches vers la tête & vers la queuë, qu'elles ont tres- courtes; tout le refte de leur corps étant d’une couleur d’am- bre plus ou moins claire, felon le temps qu'elles avoient de- meurces dans cette infufion. Le 22. j'obfervay un petit ver blanc, que j'avois pris en la furface de cette eau, dont le corps étoit aflez tranfparent pour me donner la facilité d’obferver au dedans de fon corps plufieurs filets blancs , dont les deux du milieu qui étoient un peu écartez l'un de l’autre, & paralleles entreux, fe recourboient vers la tête pour s'unir là, & s'étendre juf- qu'à l’extrémité pofterieure du corps, au-delà de laquelle ils paroifloient avancer de plus d’une ligne. De chacun de ces filets droit & gauche , partoient de diftance en diftance d’autres filets blancs qui defcendoient de haut en bas, & du dos vers le ventre, où ils pouvoient fe joindre. Ces animaux ont aufli à la tête deux petits points noirs, qui font de veritables yeux ; puifqu'ils fe détournent à la pre- fence de quelques petits objets dont on fe fert pour traverfer leur chemin. Au devant de la tête on remarque deux efpeces de cro- chets, dont ils fe fervent comme d’appuis pour avancer leur corps , par un mouvement femblable à celuy des vers que nous yoyons ordinairement fe traîner fur la terre ; car ils n'ont point de pieds , leur corps étant diftinguez par plu- fieurs anneaux , qui s'approchent & s’éloignent fucceflive- ment les uns des autres, par la contraétion des fibres dont nous avons parlé. Vous voyez la figure de cet infeéte en D. Le dernier Aouft 1711. je vis au moins une douzaine d’an- guilles dans une tres-petite goutte de cette infufion , bien grofles & bien courtes , en comparaifon de celles du vinai- gre , dont le mélange les fait mourir en moins de trois mi- nutes. Et ce qu'il y a de particulier eft , que la crête de ces nouvelles anguilles devient immobile , pendant que le refte de leur corps fe meut encore, ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. VIII. 29 L'effer de ce mélange prouve , ce me femble aflez , que ces dernieres anguilles font d’une efpece differente de celles du vinaigre ; & fi cela ne fuit pas, voicy dequoy convain- cre parfaitement de ce que J'avance. Prenez deux Microfcopes montez de lentilles d'ün même foyer , afin de découvrir par la vüé les differences qui fuivent. 1°. Les anguilles du vinaigre font beaucoup plus longues , plus dégagées , plus blanches ; & plus également tranfparen- tes dans toute leur longueur , que celles qui fe trouvent dans linfufion d’œillets. 2°. Celles du vinaigre figurent fouvent plufeurs enfemble, de maniere qu’elles accordent les mouvemens de leur corps avec tant de juftefle , que les convexitez & les concavitez des unes fe trouvent répondre exaétement à celles des au- tres; ce qui n'arrive pas aux anguilles de l'infufion dont je parle. 3°. La tête des anguilles du vinaigre n’eft pas fi grofle que celle de l'infufion d’œillets. 4°. Ces mêmes têces different encore en autres chofes. s°. Le mouvement de celles du vinaigre paroît plus libre & plus aife , que celuy des anguilles de l'infuñon d'œillets. 6°. Celles du vinaigre ne {ont jamais entierement en re- pos, qu'elles ne foient mortes; & j'en ay vû des autres y de- meurer comme immobiles durant plus d'un quart-d'heure , & fe remettre enfuite dans un mouvement aflez prompt, qui durera autant de tems que la goutte de liqueur où elles na- geoient demeurera à fe deflécher. 7°. Ces anguilles font beaucoup plus fenfibles au froid que celles du vinaigre ; car quand les matinées font fraîches on a de la peine d'en prendre ; & pour en trouver je fus obligé de mettre au Soleil le vaifleau qui contenoit l'infufion où clles étoient , & de luy laïffer environ un quart-d’heure , aprés quoy J'en trouvay deux tout à la fois. Enfin lorfque les anguilles du vinaigre font mortes depuis quelque rems , leur corps paroîc d'ordinaire comme plu- fieurs noyaux d'olives , enfilez à peu prés comme des grains de chapelets ; au lieu que le corps des autres anguilles m'a toujours paru en fon entier, ù € 1} Planche 5. Figure f. va 30 DrS ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES Le 14. Juillet je mis infufer dans de l’eau boüïüllante une portion des mémes œillets dont je viens de parler, dans la- quelle je ne commençay à découvrir des animaux que le 25, du même mois ; ils étoient tres-petits & en fort grand nombre, Le 20. je ne trouvay plus de petits infectes ; mais je vis des vers aflez fenfibles aux yeux nuds, rampans fur la furface de l'infufion , où il s’étoit formé une épaifleur d’une matiere molle , mais aflez ferme pour les foutenir. La grande cha- leur qu'il avoit fait durant quatre jours , fut la caufe de la mort des pour infeétes , ce qui m'obligea à fupprimer certe infufion, beaucoup plutôt que je n’aurois fait fans cela. C'ÉPAPANRSE RES D'une infufion à froid d'un bouquet compofe de rofes d'aillets € de jaffemin. l E nm. May 111. je mis infufer à froid , dans de l’eau commune , un bouquet de rofes , d’œillers & de jafle- min, coupé par morceaux, pour le faire entrer plus facile- ment dans un petit vaifleau , tenant environ demi-feptier , mefure de Paris ; & je trouvay au bout de trois ou quatre jours un grand nombre de petits animaux parmi quelques gros : ils fe multiplicrent confiderablement , & donnerent durant un mois un fpectacle agréable à plufeurs perfonnes. Je ferois trop long fi j'entreprenois de décrire la figure, la couleur & les mouvemens de ces animaux ; il vaut mieux vous laïfler la fatisfaétion de remarquer toutes ces merveilles en les examinant comme j'ay fait. Je ne juge pourtant pas à propos de pañler fous filence une forte de nouveaux animaux que je n'avois point encore üs, & qui commencerent à fe faire appercevoir dans cette même liqueur le fecond jour de Septembre : c’éroit une ef- pece de limace que je vis , en me fervant d'une lentille d’en- yiron une ligne de foyer. Toute fa longueur , dans laquelle ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. IX. si 1e diftinguay trois parties confiderables , me parut d'environ dix à douze lignes , & fa plus grande largeur de fix à fepe li- gnes ou environ. s La premiere partie marquée À en eft la tête, qu'elle reti- re & avance par fecoufles lorfqu'elle va lentement; ce qu'elle ne fait pas lorfqu'elle nage aflez vire. La feconde partie marquée B eft le tronc , & C reprefente ja partie du derriere, que cet animal retire fouvent , & à l'extrémité de laquelle on apperçoit comme deux grands pois blancs marquez D , D, qui luy fervent de nageoires. out fon corps , qui eft blanc & tranfparent , femble n'être qu'une mañle charnuë compofée de mufcles, & de filets pref- gue imperceptibles , qui s'allongent & fe raccourciflent fi ai- ement , que d'une forme ovale aflez longue , cet animal fe change promptement en boule. Il cache fouvent fes nageoires D, D fous luy, de maniere qu'on ne les apperçoit plus, fans cefler néanmoins de nager, Son corps eft mal terminé , de forte qu'on le voit fouvent fous une forme incertaine , à caufe du changement qui s'y pafle par les divers mouvemens de fes mufcles ; & même lorfque cette limace approche de fa fin , fa figure devient fi inégale & fi irréguliere , qu'on ne la peut autrement exprimer que par le deflein marqué en E, demeurant quelque cems tranf- parente , ainfi qu'un gros grain de fable vû au Microfcope à liqueurs , ou dans un Microfcope à plufieurs verres , en y re- gardant comme on fait dans une lunette d'approche pour obfervgr les Aftres. CHAPIERE" De l'infufion des barbeaux ; ou petites fleurs bleuës qui vien- nent parmi les bleds. E fecond Juin je mis infufer à froid , dans de l’eau commune , les queuës d’un gros bouquet de barbeaux, ayec quelques fleurs ; & en même tems je jetray dans une € li Planche f, Figure À 32 Drs ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES carafe de verre des mêmes fleurs feules , fur lefquelles je répandis de l'eau en fufñfante quantité. Environ douze heu- res aprés j'apperçüs dans ces infufions des animaux de la grofleur & de la figure qu'on les a reprefentez en F, par le moyen d'un Microfcope , où J'avois nus une lentille d'eee ron une ligne de foyer. Le lendemain au foir j'y vis de qua- tre Moètes d'atimaux bien tranfparens , de figure ovale , & d'inégale grofleur , fe mouvans diverfement. Le cinquiéme du même mois je me fervis d'une autre len- ülle, qui n a qu'un quart de ligne de foyer , & J'apperçüs les plus gros animaux comme en EX ; mais avec beaucoup plus de confufion que je ne les avois obfervez au travers de la lentille précedente; ce qui arrive néceflairement , quand on fe fert des lentilles dont le foyer eft tres-proche L l'objet , & par confequent fort court. Ces gros animaux changent de figure , & même de mou- vement en un inftant ns ‘allongeant & fe raccourciflant de manicre qu'on les méconnoît d'un moment à l’autre ; ce qui fait qu'on prend fouvent en divers tems le même animal pour un autre. Leère: j'apperçûs une nouvelle efpece d'animaux , dont vous voyez icy toute la groffeur & la figure en H, qui s’al- longeoit & fe raccourcifloit en nageant “dans une tres- petite goutte d’eau , fans que j'aye pô remarquer. de difference en- tre la cêre & la queuë de ce poiflon , que je nomme infecte des barbeaux ou chabot : mais parce qu'il doit y avoir une partie conftante où fe trouve la tête de cet animal ; je la juge à l'extrémité qui précede où devance toujours l’autre dans Îe tranfport de tout fon corps. Le feptiéme , j'obfervay une chofe tres-curieufe en quel ques-uns des plus gros ; ils avoient une figure ovale terminée aflez irréguliérement, traînant après eux une longue queuë d'environ deux pouces , d’une fubftance beaucoup plus blan- che & plus tranfparente que n’eft leur corps , depuis lequel elle s'étend direétement en diminuant de groffeur, & finif- fant comme en pointe , ainfi qu'on le peut voir reprefenté en H. Le bout de cetre queué , qui eft fouvenc cinq on fix fois plus longue que le corps, eft ordinairement attachée à une ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap, X. 3; mafle de la matiere grofliere de l'infufon , qui fe colle au concave de verre où la goutte de liqueur eft en obfervation; & alors il y a du plaïfir à voir l'animal tirer cette molecule, fans la pouvoir entraîner , comme en T; ce qui l'oblige à s’en rapprocher de tems en tems à reculons , en repliant fa queué, comme en L, qu'il redrefle en s'en écartant avec beaucoup moins de vicefle qu'il ne s'en étoit rapproché , allant d'un mouvement aflez égal ; d’autres fois on voit cinq ou fix de ces infeétes attachez autour d’une groffle malle qui tient fer- mement attachée au porte-objet, dont ils fe rapprochent & fe retirent tour à tour , comme nous venons de dire. On obferve que durant cet exercice , il change & reprend alternativement fa premiere figure , & que cette queué na- turellement droite , comme en I, reprend fa direétion , à mefure qu'il fait des efforts pour s’écarter en droite ligne de la mafle qui l'enchaîne au concave de verre , & qu'il entraîne quelquefois après luy allant direétement. Jay remarqué que l’exceflive chaleur de l'air en fit perir une tres-grande quantité, & que cinq ou fix jours après ilen revint d'autres. Il ne m'eft pas permis de douter , après ce que j'ay vû de ces derniers animaux , qu'ils n'ayent des yeux , & qu'ils ne voyent ; Car on en remarque fouvent deux qui figurent en- femble l’un proche de l'autre fans fe coucher , tournant tous deux d'une viîtefle fi grande autour d’un même centre , que les deux , quoy qu'ovales , ne paroifloient que comme un {eul , & tout rond. On voit au-deflous de M un petit poiflon , dont les extre- mitez fon£ terminées par deux furfaces planes, tellement pa- ralleles entr'elles , qu'on n'y apperçoit rien de diftinét qui puifle faire juger du lieu où eft fa cêce : pour le connoître , il faut obferver fon mouvement , qui s'execute en courbant differemment tout fon corps , qui va en avant, formant des ondulations tres-lentes; de forte qu’il fait peu de chemin er beaucoup de rems, Planche Figure 3. 5- 34 Des ANIMAUX AERIENS, TÉRRESTRES CHAPITRE XL Dax The mis en infufion. s. Juillet 1717. après avoir mis dans urie théhere au: À sr de thé & d'eau boüillante qu il en falloit pour fix grandes prifes ;j'en mis dans une caraife de verre, d'environ 2 mi- feptier , les feüilles qui refterent aprés l'infiion chau- de ; & ayant rempli d'eau ‘de fontaine le vaifleau , je laiflay repoier cette feconde infufion qui s'en faifoit à ae dix jours aprés J'apperçûs dans la moindre goutte que je pufle prendre de certe liqueur , une fourmilliere de tres-petits ani- maux de figure ronde , & dont le mouvement étoit cres-lent. Quelques jours enfuite , ces petits animaux y parurent en moindre quantité , Mais beaucoup plus gros , plus clairs & plus diftinéts qu'auparavant : leur figure Éroit ovale , & com- me on en voit un feul reprefenté au-deflous de N. Le con- tour apparent de leur corps paroifloit noir , & le refte tres- blanc & tranfparent ; on les voyoit nager d'une vitefle fur- prenante. Le corps de ces infectes étoit d’une confiftance fi délicate; qu ils n'ont confervé leur figure naturelle que deux ou trois minutes aprés leur mort. Le 23. Septembre j'apperçüs dans la même liqueur de trois {ortes d'animaux , fçavoir de tres- petits , & en grand nom- bre ; de moyens , En moindre quantité ; & de gros encore cn: plus petite ; mais ils nageoïent beaucoup plus vite que les autres. Aujourd’ huy 8. Decembre ils’ y en trouve encore de tres-beaux ; & j'ay vû par hazard une srofle anguille dans une tres-petite goutte de cette infufon; on la voit iCY rEpre- fentée toute entiere : elle differe des angrrilles du vinaigre ; en ce que fon corps eit plus court & plus g gros, & que fon nager eft de beaucoup plus lent. L infufion qu'on fait des feüilles de thé, tel qu'il vient des Indes, étant mifes à froid dans de l’eau commune , n'a rien fair voir d’extraordinaire. CHAP: ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XIL 35 CHEAP LALNRIES XI 1 Des infufions de queuës de framboies , mifes à froid dans de l'eau commune. ‘Infufion des queuës de framboifes , dans de l’eau com- Es, mune , cft une de celles qui n’acquiert aucune mauvai- fe odeur , depuis le commencement jufqu'à la fin, c'eft-à- dire durant deux mois ; cependant elle produifit en moins de vingt-quatre heures les plus beaux animaux que l’on puifle voir dans les liqueurs , & en tres-grand nombre ; vous en verrez icy les Figures reprefentées en O. Ces poiflons pa- punche s. roiflent tres-blancs & nee dans le commencement de rigure 4. leur naiïflance , avec de petites marques fur le corps ; plus diaphanes en des endroits qu’en d’autres : cette grande blan- cheur fe change dans la fuite en une couleur jaunâtre , & toujours aflez tranfparente. On les voit s'allonger & fe raccourcir , devenant ovales ou ronds , felon qu'il leur convient , par rapport aux obfta- - cles qu'ils trouvent dans leur route. J'en ay vû fouvent deux fe tenir enfemble comme par le bec, ainfi que font ordinai- rement deux tourterelles , ou deux pigeons mâle & femelle qui fe carcflent ; & on voyoit ces animaux fe mouvoir aflez vite , fans quitter cette attitude reprefentée en P, dans la- quelle on les voit même jufqu'aprés leur mort. Le premier Septembre de l’année 1711. j'en vis un groupe de huit d'une belle couleur d’ambre , & d’une groffeur re- marquable , figurant enfemble comme feroient plufieurs dan- feurs qui prendroient plaïfir à divertir une compagnie : dans de certains momens ils nageoient, & marchoient aflez len- tement pour fe faire obferver à loifir : je n’ay pà cependant -jufqu'icy parvenir à découvrir leurs nageoires ou leurs pat- tes; mais le 8. Septembre fuivant, je vis dans cette infufion quantité de gros animaux fans aucun petit; & parmi eux j'en appercüs deux ronds qui ne fe quittoient point; l’un des deux £ Planche $. Figure $. 36 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES avançoit fur l'autre , comme font deux jettons fans être cous verts totalement ; d’autres fois ils fe touchoient feulement par leurs Ed itrences | tournant ainfi enfemble comme s'ils n'en faifoient qu'un feul , tantôt en un fen$ & tantôt en un autre. Enfin le 27. du même mois J'apperçûs dans cette infufion » pour la premiere fois, des aniinaux femblables à celuy qui eft reprefenté par Q, ayant une matiere tran{pa- rente & agitée aflez regulierement, dont je ne püs difcerner la figure à éaute de la vicefle de fon mouvement. Cette ma- tierce cft fituée entre le milieu du corps de l'animal , & fa tête , qui eft immédiatement fous la lettre Q. Peut-être que c'eft fe cœur de ce poiflon, & que les agitations qu'on y ap- perçoic en font le {yftole & le diaftole : ces mouvemens ne peuvent être remarquez que dans le tems que l'animal fe meut tout entier & tres-lentement. SRE MESA Li CEA TP PP E ESRI Des inffions de fenoiil , de fauge , de melon, de verjus, de tiges de foucy avec Les fleurs. E 11. Aouft 1711. je mis infufer à froid , dans de l'eau commune , du fenoüil avec fes tiges , grofles & menues; & le 13. enfuivant j'obfervay que dans la re goutte que l'on puifle prendre de cette liqueur ,on découvroit une four miliere compofce d'un nombre prefque innombrable de pe- tits animaux , que nous avons reprefentez en R, parmi lef- quels il y en avoit d’autres de figure ronde , & environ cinq ou fix fois plus gros, Le 22. Aouft 1711. je mis infufer à froid des feüilles de fauge , qui ont confervé leur odeur naturelle durant tout le tems de leur infufon : dans l'intervalle de douze jours ou cuviron , Je n'ay và dans cette liqueur que quelques petits animaux de la grofleur d'un grain de miller , & une infinité de plus petits , qui ne paroifloient We comme des points marquez fur du papier ; ayec une plume à écrire taillée des ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XIII 37 plus fine ; & un peu au-deflous de la furface de la liqueur, jy apperçûs de tres-perirs vers blancs. ; Le 28. Septembre je vis dans une goutte de cette même eau deux fortes de petits poiflons reprefentez en S , & com- me ils paroïfloient vès avec une lencille d’une ligne de foyer. La goutte de liqueur venant à fe deflécher , on voit mourir les gros avant les petits , qui prennent autour des gros des arrangemens femblables à celuy qui fé voit icy. Le 22. Aouft je mis infufer à froid des bayes ou fruits d'é- pine-vinette , & au bout de vingt-quatre heures j'apperçûs des animaux de la grofleur & figure reprefentée en T , dont le corps étoit blanc & cranfparent ; mais ils n'ont vécu que tres-peu de tems. _ Ec25. du même mois , au foir , je mis infufer à froid de petits morceaux de la côte d’un melon, avec un peu de la chair & de fa graine; le lendemain au matin j'apperçus quel- ques animaux aflez beaux & tranfparens , dont on voit la figure en V. * Le jo. au matin je ne vis plus dans cette infufion que de petits corps longuets , blancs & tranfparens ; comme on les peut voir reprefentez en X , dans une goutte de la liqueur mile au Microfcope , parmi lefquels on apperçoit d'autres petits corps moindres que celuy qu’on voit marqué T , fans aucun mouvement fenfble ; ce qui me fit fupprimer cette infufion. Ayant mis infufer le 14. Aouft des grains de verjus en grappe , dans de l’eau commune & froide , j'y apperçüs le 20. un grand nombre de fi petits poiflons , que je n'en pus diftinguer la figure. = Le25. du même mois j'y découvris de deux fortes de poif- {ons ; les uns de la figure & groffcur reprefentée en Ÿ , & les ausres fi petits , que Je n'en pus voir la forme. Le 4. Septembre je trouvay les petits animaux de ce ver- jus confiderablement mulripliez ; & les gros augmentez de volume : j'en vis de ronds qui paroïfloient avoir une bonne ligne de diametre , & qui éroient joints enfemble , en for- Mant comme un 8 de chiffre , fe mouvant ainfi tantôt circu- lairement , & tantôt en ligne droite. fi Figure Ge Figure 7 Figure 8. 33 DEs ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES Le 8. Septembre j'apperçüs quantité de petits vers fur uné croute formée en la furface de certe infufion, & des anguil- les en aflez grande quantité dans une feule petite goutte de la liqueur. Enfin le $. Decembre J'apperçüs encore dans cette infu- fion de trois ou quatre fortes de petits poiflons , de diverfes grofleurs , de differentes figures, fe mouvans tres-lentement, à caufe de l’épaiflifiement de la liqueur , & de l'augmenta- tion du froid. Le 25. Aouft 1711. je mis infufer à froid, dans de l’eau commune , des tiges & des fleurs de foucy , & huit jours après J'y vis de trois fortes d'animaux , dontles plus petits fe voyent reprefentez en Z 2, les feconds en &, &les derniers, qui n'ont pà trouver de place icy , étoient de grofles anguil- les , differentes en efpeces de celles du vinaigre , & differen- ces aufli de celles que Jj'ay vûës dans l'infufion d'œillets. Enfin le 8. Septembre je ne trouvay plus dans cette infu- fon qu'une feule efpece de poiflon; les anguilles même é- toient devenuës invifibles , & l'infufion avoit acquis en peu de jours une odeur d'urine fi forte & fi défagréable , que je fus obligé de la fupprimer, CEÉTA PI ER EN XIVe D'une infufion de foin nouveau , ms à froid dans de l'eau commune ; le 4. Juin 1711. Ette infufion de foin nouveau n'eft pas vingt-quatre heures en experience , fans donner des marques avan- tageufes de ce qu'on peut voir en elle : En effet, au bout de cinq ou fix jours on découvre dans une tres-petite goutte de cette eau, jufqu à cinq ou fix fortes d'animaux vivans, dif- ferens en couleur, en groffeur , en figure & en mouvement. L'extrême délicateile du corps de ces poiflons les fait mé- connoître , dès qu'ils font morts , fur le porte-objet du Mi- crofcope. ET AQUATIQUES. SECONDE Partie. Chap. XV. 39 L'odeur de certe infufion , durant les grandes chaleurs , eft tres-forte dans les premiers Jours ; & j'ay remarqué qu’- elle avoit un fi grand rapport avec celle des crotins du che- val, que fans voir cette infufñon, on aflureroit que ce font des crotins qui la caufent ; mais elle diminué en vieillifant; de forte qu'elle devient dans la fuite tres-fupportable. Dans la plüpart des liqueurs que J'ay vüës , Je n'y ay gué+ res trouvé de plus gros animaux , de plus tranfparens & de plus nets, ni qui durent plus long-trems que ceux-ci ; puis qu’au mois d'Oétobre j'y en apperçûs encore une aflez gran- de quantité de gros & de petits. << GÉCAPTTR FU X AN. Seconde infafion de foin nouveau. E 4. Oëtobre 1711. je mis infufer à froid , dans de l’eaw cemmune , un peu de foin nouveau, dans deux difte- rens vaifleaux ; j'en bouchay un le mieux que je pus avec du velin bien moüillé , & je laiflay l'autre ouvert. Deux jours après j'apperçûs dans l'une & dans l’autre infufion de trois fortes d'animaux , & en aflez grand nombre : cette expe- rience femble tres-propre pour perfuader que ces animaux étoient produits des œufs que d’autres animaux avoient dé- pofez {ur ce foin, & non de ceux qui étoient répandus dans J'air. Le 10. du même mois je trouvay plus d'animaux dans une goutte de l'infufion qui avoir été bouchée , que je n'en vis dans une pareille quantité de celle qui ne l'etoit pas. On peut penfer que la fermentation & l'évaporation de la li- queur débouchée , y étant devenuës plus grandes qu'en celle de l’autre , elles furent les caufes occafionnelles du plus grand nombre de poiflons qui s'y font trouvez, 40 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES Troifiéme experience faite fur de femblable foin. E 8. O&tobre je fis boüillir de femblable foin nouveau dans de l'eau commune, durant plus d'un quart-d'heu- re; jen mis enfuite une égale quantité dans deux vaifleaux , à peu près de même grandeur ; j'en bouchay un fur le champ, & même avant que le tout fut refroidi : je laïflay l’autre dé- couvert , & jy apperçus des animaux au bout de quelques jours ; & pas un dans l'infufion qui avoit été bouchée ; & après l'avoir gardée ainfi fermée un tems confiderable pour y trouver quelque infeëte vivant, s'il y en eût dû venir ; mais n'y ayant rien trouvé , je Ja laiflay enfin débouchée , & au bout de quelques jours jy en remarquay : CE qui fait com- prendre que ces’ animaux avoient pris naïflance des œufs ré- pandus dans l'air; puifque ceux qui s'étoient pû rencontrer fur ce foin avoient été ruinez totalement dans l’eau boüil- lante. & CHAPITRE.X VI Compofition de pluficurs infufions mifes enfemble dans un feul varffeau. Eflez enfemble des parties à peu prés égales de l'in: fufñon de fené , de l'infufñion de queuës dE framboi- boifes , de l'infufon de foin , &c. & demic heure après pre- nez à l'ordinaire une feule petite goutte de ce mélange ; pour la mettre fur le porre-objet du Microfcope , afin de l'y obferver ,'& vous aurez le plaïfir de voir dans cette goutte de Hqueur des aniniaux de toutes les infufons, dont vous aurez faic le mélange. ‘À l'occafion de cecy, il eft à propos de FOMArqUerque tous ces petits polos ne fublifteront pas ainfi dans ce mélange fi long-rems , à beaucoup prés qu ils auroient fait, s'ils fuflent demeurez chacun dans 2] premiere infufñion. Je croy encore devoir avertir que toutes fortes * 4 pr AQUATIQUES, SECONDE PARTIE, Chap, XVHE 4r d'infufions ne font pas propres à donner le plulir de ce fpeétacle , vü quelles doivent avoir un certain rapport pour y faire fublfter les animaux en vie ; & c'eft ce que nous avons far voir dans pluficurs des Chapitres de certe feconde Partie. Re en nm en 2 mnenenue memes CHAPITRE XVII. On prouve dans ce Chapitre qu'il y 4 de tres-petits animaux qui en devorent de plus gros. Qu'il y en a de fi pessss qu'ils échappent aux moilleurs yeux armez de Microfcopes. Qu'au bout d'un certain tems en cffé on découvre des petits poif- Jens dans l'eau de riviere , ou dans celle de fontaine, fans s'être corrompue. ŒQu’au bout de quatre heures ; ©* même en moins de tems , on trouve plufieurs efbeces de poiffons dans l'eau que l'on à donné à boire à des oifeaux. F Et enfin comment les graines € les plantes doivent être mifes en infufien , pour produire de bons effets ; par rapport aux experien- ces dont nous parlons. D His notre vûë foit à prefent portée par les Microf- copes aufli loin qu'elle peut aller ; & que nous ayons comme forcé la nature à nous découvrir une grande partie de ce qu'elle avoit de plus caché dans les infufons dont nous parlons dans cette feconde Partie ; je ne doute pas neanmoins qu'une infinité d’efpeces d'infeétes , & d’autres animaux , ne demeurent toujours invifibles , foit par le dé- faut des inftrumens , foit par la foiblefle de nos organes, foit par le manque d application à fuivre & à épier ce qui fe pafle dans une infufon ; foit enfin parce qu'il eft difficile , & mé- me impoflible de prendre avec le plus menu bout d’une plu- me à ccrire, ou autre femblable corps , de toutes les diffe- rentes efpeces des petits animaux qui fe peuvent rencontrer dans une infufion. Je fuis perfuade , par ma propre expe- sience , qu'il y en a qui échapent aux plus attentifs ; puif- 42 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES u'il m'eft arrivé plufeurs fois de n’en trouver qu’un d’une feule efpece , dans quelque infufion particuliere. L'on découvre , mais rarement, de tres-petits animaux fur le poux & fur la puce ; & je ne doute pas qu'il ne s'en puifle voir encore de bien plus petits fur le corps de ces der- niers , qui les incommodent, & qui les devorent enfin ; com- me je l'ay fouvent obfervé , en examinant de certaines mou- ches qui ctoicnt mangées par des animaux environ deux mille fois plus petits qu'elles. Les infufions d’œillets , de queuës de framboiles , de fené ; de tabac de toutes les fortes , font éelore les œufs d'une mul- titude vifible d'infeëtes , qui dans les premiers jours font fi menus que l'on a de la peine à les appercevoir, quoy qu'on fe ferve d’une lentille qui groffifle confiderablement : & cela nous fait penfer , qu'il peut y en avoir de fi petits dans les liqueurs , que nous manquons de Microfcopes pour nous les faire appercevoir ; ou plutôt, qué le peu de lumiere que ces petits animaux font capables de refléchir dans nos yeux, n'eft pas fuflifante pour caufer un ébranlement capable de les faire {entir. L'eau commune expofée à l'air durant une quinzaine de jours, d'un tems aflez temperé, nous prefente aux yeux ar- mez d'un Microfcope quantité de petits poiflons , de grof- feur , de figure & de mouvemens differens, qui ne fubfiftent que tres-peu de tems, en comparaifon de la plüpart de ceux qui s'obfervent dans les infufions des plantes, ou dans celles des drogues telles qu’elles puiflent être , à caufe du peu de nourriture qu'ils y trouvent. La même eau dont je viens de parler étant donnée à boire aux ferins de Canarie , ou à d’autres oifeaux, nous en pre- fente d’un jour à l’autre : il s'y en voit fouvent de quatre à cinq efpeces tres-differentes les uns des autres , & tres-pro- pres à divertir agréablement le fpectateur ; parce qu'en un moment il y obfervera des anguilles à peu près femblables à celles du vinaigre , mais plus courtes : Des limafles qui s’é- tendent & fe raccourcifilent confiderablement , en fe traînant & s'appuyant tantôt fur la tére, & rantôc fur le derriere, où l'on voit deux pointes faites en forme d'un foflet, pis alicz ETAOUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap XVIL 43 affez lentement ; ce qui fournic le moyen d'obferver plufeurs chofes aflez curieufes. D'autres fois on voit ces animaux na- ger tres-vire ; & alors ils paroïflent avoir deux têtes , qui s'é- cartent & fe rapprochent alternativement l'une de l’autre : leur couleur reflemble à celle de l’ambre jaune. Le contour du corps de ce poiflon fe voit mal terminé; il reflemble à la mafluë d’un Géant , particulierement quand il étend quelque peu fon corps du côté de la rête feulement. On voit aufli dans cette même eau de petits vers longuets; d'une apparence d'environ quatre à cinq lignes de longueur, ui changent de figure en nageant ; & d'autres animaux aflez Lu à une Cornemufe : enfin j'y en ay vü encore de figure ovale , à la referve de l'endroit où eft la tête , qui eft un peu applatie; traînant aprés eux une longue queuë blan- che & tranfparente , qui fe rermine en une pointe tres- aiguë. Nous avons toujours mis les tiges des plantes, leurs feil- les , leurs fleurs, & les fruits en infufion , fans les réduire en poudre , & fans les macerer ; parce qu'étant autrement pré- parées & mifes en infufon, elles rendroient la liqueur opa- que & trop épaifle, & l’on ny pourroit rien voir de diftinét. L'écorce des arbres fe met en infufion par petits mor- ceaux, de même que le bois des gros arbres, & les gros fruits. Les pepins de ces fruits, les grains de poivre , & autres cho- {es femblables s’y mettent tout entier. La fuie de nos cheminées ; le tabac grainé, le râpé, & ce- luy qu'on pañle au tamis, produifent de petits animaux; mais on les voit fi confondus avec les menuës parcelles de tous ces corps, qu'on n'a aucune fatisfaétion des obfervations que l'on fait fur ces poudres. Ec à l'égard des fucs , tant des fruits que des plantes, on en feparera la partie la plus grofliere pour mettre le refte en infufion dans de l’eau commune , qui les éclaircira fuffifam- ment pour y faire appercevoir fucceflivement coutes les pro: duétions dont ces fucs feront capables. Les experiences précedentes me paroiflent en aflez grand nombre , pour _ofer entreprendre de jetter les fondemens d'une nouvelle hypothéfe, qui puifle fervir à rendre raïon œ o 44 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES de tous les Phénomenes qui regardent les infcétes , & les au: tres animaux contenus dans les: infufions précedentes ; & même dans routes celles que nous examinerons cy-aprés. CE APTIAR CE" NP … Hypothéfe pour fervir à rendre raifon de la naïffance , du pro. grès ; © de la mort des animaux que l'on oblérve dans les liqueurs préparées | © dans celles qui ne le font pount. N a crû autrefois que tous les infeétes, & d’autres pe- tits animaux s’engendroient de corruption ; mais de- puis que plufieurs celebres Philofophes ont de fur cette maticre les obfervations qu'ils ont faites avec beaucoup de foin & d’exattitude , on eft revenu de cette erreur: Ils ont prouvé par un grand nombre d'experiences , & par des rai- fonnemens inconteftables, que tous les animaux , de quel- que nature qu'ils foient , viennent des œufs. Eneffet, com- ment peut-on comprendre que l’alteration & la pourriture ; qui naïflent de la divifion & de la feparation des parties d’un corps en d'autres parties plus petites , puiflent jamais s’ajan- cer les unes auprès des autres, & s'unir comme il le faudroit, pour compofer des corps vivans , qui devinffent capables de chercher de quoy fe nourrir en marchant , en rampant & en nageant , & même de produire leur femblable , comme lon voit que font ceux qu’on trouve dans les infufons des plantes ? C’eft ce que je ne penfe pas qu'un homme capable de reflexion puifle s'imaginer , quelque effort qu'il fafle pong en venir à bout. ; Mais afin d'avoir de quoy combattre ce préjugé fi dange- reux à la Religion , en attribuant au hazard, c'eft-à-dire , à une caufe qui n'eft ni apparente ni néceflaire , ce qui eftaflu- rément l'ouvrage le plus parfait d’une puiflance infinie ; il ny a qu'à faire attention aux experiences contenués dans ectte Hiftoire, & aux raiforninemens qui fuivenrt. La corruption n’eft pas la caule de la generation des pes pT AQUATIQUES. SECONDE PantTIE. Chap. XVII. 43 tits animaux qui {e voyent,; avec le Microfcope , dans l’eau des moules , dans celle des huiftres à l'écaille ; puifaw’on les découvre avant que ces mêmes eaux foient corrompus. Elle n’eft pas non plus la caufe de la generation d’une in- finité de tres-petits poiflons que nous avons vûs dans diffe- tentes infufñons ; puifque les matieres de toutes ces infufions n'étoient point encore alrerées ni corrompuës , lorfqu'on à commencé à les y voir. ) Si la pourriture étoit [a caufe de la naiïflance des infeétes qué nous appercevons dans une feule infufion , on les y de- vroit Voir tous , dés que la matiere infufée feroit pourrie ; ce qui n'arrive pas, puifqu'on les y voit fe fucceder les uns aux autres durant plus de treize à quatorze mois: … Si la pourriture contribuoit à la generation des infeétes dont nous parlons ; plus un corps feroit pourri , plus on y de- vroit voir d'animaux ; Cependant on voit arriver tout le con- traire dans l'urine que l’on garde plufieure jours. Dans une infufion de poreaux mis dans de l'eau commune, les cham- pignons , une coque d'œuf remplie d'eau, &c. font des cho- fes que lon eft obligé de fupprimer en peu de jours durant les grandes chaleurs ; parce qu’elles choquent l’odorat d’une maniere infupportable. ; Le fang humain, fans aucun mêlange , ayant été expofé à Fair durant prés d'un mois , & dans un tems aflez chaud , ha fair fentir qu'une odeur infupportable ; & quoyque j'aye mis de l’eau commune dans le même vaifleau où il étoit, & examiné ce mélange aflez de tems, je n’y ay rien và qui m'ait paru avoir aucune apparence de vie. On peut encore ajoûter , qu'il y à des corps qui ne chan- gent que peu ou point d'odeur ; qui fourniflent des animaux differens les uns des autres , durant tout le tems qu'on les garde en infuforn. Voilà ce me femble des experiences en fufante quantité; pour montrer que ni l’alceration , ni la corruption, ni la mau- Vaife odeur , ne font point la caufe de la gencration des ani- Maux , tels qu'ils puiflent être : cela fuppofé, paflons a l'éta- Bliflemenc d'une hyporhéfe , pour expliquer ce qui fe voit ëc plus furprenant dans les infufions des plantes. Je fuppo- 8 1 46 Des ANIMAUX AERIENS; TERRESTRES feray qu'il vole ou nage dans l'air voifin de la terre, un noma bre innombrable de tres-petits animaux de diverfes efpeces, qui s'appliquant fur les plantes qui leur conviennent, s’y re- pofent, y prennent quelque nourriture , & y mettent au jour leurs petits, pendant que d’autres y dépofent des œufs , où de nouveaux infeétes font renfermez. Etenfin que ces mêmes animaux laiflent aufli comber dans l'air qu'ils parcourent, des petits & des œufs , particuliere- ment dans les lieux où ils font arrêtez par des corpufcules fpiritueux qui s'échapent continuellement des plantes , & ges neralement de tous les autres corps , dont les parties ont en- tr'elles quelque mouvement capable de les fubrilifer aflez pour en faire l’évaporation, À De plus, il eft à propos de remarquer qu'une même plan- te peut être la favorite de diverfes efpeces d'animaux, & par-là devenir en même tems la dépoficaire des œufs & des petits tout vivans de plufeurs efpeces d'infeétes ; d'où il fuit que fon infufion fera fuffifante pour faciliter la naïflance , & fournir tout ce qui fera néceflaire à l’accroiflement de tous les differens animaux que nous y appercevrons fucceflives ment, pendant tout le tems que durera cette infufion, RS CHAPILIREN TX Continuation des experiences fur les Liqueurs. D'un cuer de terre trouvé parmi des herbes potageres. T'Ay mis dans un vaifleau de verre , de figure cilindrique; d'environ trois pouces de diametre, de l’eau commune, & un ver qui s'étoit rencontré parmi des herbes potageres ; long d’environ deux pouces & demi , & d’une ligne de dia- metre : je le changeay de vaifleau , & je luy donnay de nou velle eau commune, Au bout de trois femaines ou environ, il y fit de nouveaux excremens , ce qui me fr juger qu'il avoir trouvé dans cette çau quelque nourriture propre à le ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XIX. 47 faire vivre durant tout ce cems-là. Je pris alors une tres-pe+ tice goutte de cette eau; je la mis fur le porte-objet de mon Microfcope à liqueur , & j'y vis de deux fortes de poiflons qui nageoient dans ce peu d'eau ; les uns brillans , & de fi. gure ovale, n'ayant au plus qu'une demie ligne de longueur apparente , & les autres un peu plus gros, faits comme de petites cornemufes blanches & tranfparentes. Tous ces pe- tits poiflons difparurent au bout de quatre ou cinq jours ; peut-être que cela vint de ce que le ver les avoit mangez, ou de ce qu'ils étoient morts faute d’avoir trouvé dans cette eau de quoy fe nourrir plus long-tems. Six femaines aprés je jettay l’eau de ce vaifleau pour y en mettre d'autre ; trois jours aprés j'y apperçüs de deux fortes de petits poiflons : enfin au bout de trois mois ce ver me parut comme lié ou tors en un feul endroit de tout fon corps, ce quile fit mourir aprés s être bien tourmenté durant un jour. Cette experience , & une feconde toute femblable , que Je fis long-tems aprés , fur un autre ver de terre de même nature , femblent fuffire pour prouver qu'il y a des animaux qui ne laiflent pas de vivre dans l'eau , quoy qu'ils ayent pris aaïflance fur la terre , où ils fubfñftent ordinairement. Voicy encore une belle experience qui prouve la même chofe. Ayant mis de la poudre , que l’on trouve fur de cer- gains fromages , parmy laquelle il y avoit beaucoup de mit- tes vivantes dans de l’eau commune , je m'apperçus qu'elles y vécurent depuis le 20. Février jufqu'au 15. Mars fuivant, durant lequel tems il s'y forma de trois fortes de poiflons, qui ne meritent pas d'être décrits. CTP RE XX D'une infufion de Rhubarbe. À Rhubarbe eft une des drogues purgatives qui de: meure le plus de tems en infufion dans de l’eau com- mune , fans quon y apperçoive aucun poiflon , ny quelle | g iÿ 48 DES ANIMAUX AERYENS, TERRÉSTRES rende aucune odeur défagréable : je l'av obfervée durant un * mois fans y avoir vü aucune chofe de confiderable. Enfin aw bout de cinq femaines je commençay d’y femarquer une feule forte d'animaux, qui ne merite pas que j'en fafle une defcription particuliere ; nous dirons feulement que le mélan- ge d’une goutre de cette infufon , avec autant de celle du fené , ne ai pas perir les poiffons de lune ny de l’autre efpece ; 5 & qu'au bout de quinze jours , les animaux de line fufñon de la Rhubarbe fe font trouvez morts. CHAPITRE XXI De l'infufion d'un champignon; mis à froid dans de l'eau commune. ‘Infufon à froid d’un gros champignon, produilit d’urt jour à l’autre une multitude étonnante de tres-petits animaux de figure ronde , de la grofieur d’un grain de na vette ; vÜS au Microfcope , -qui multiplie Cu vingt-cinq} mille fois l'apparence dre de ce grain. Le troifiéme jour de cette infufion , j'y en découvris qui étoient plus gros , & dont la tête un peu courbée fe termi- noit en pointe , & dont cout le COrps toit aflez approchant d'une larme de verre. Une troifiéme efpece parut bien- -tôt parmy les deux pré cedentes s’y tremouflant extraordinairement fans pourtant ÿ parcourir plus de deux lignes apparentes de chemin ; ; ils en de figure ovale , dont le grand diametre n'avoit aw plus que deux lignes de longueur : : & une quatriéme forte fe. prefenta à mes yeux, n ayant au plus que la douziéme partie d'un pouce de dite , formant un contour parfaitement rond en apparence. Cette infufion devint au bout de cinq ou fix jours d'une odeur tres-forte , & difficile à fupporter : ce fut alors qu'on APPCFGUE de petits moucherons s'amafler & voltiger au-def- fus de fa furface , où ils demeuroient aflez de tems pour y ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXI. 49 dépofer un grand nombre de tres-petits vermifieaux , qui fe nourrifloient dans la pellicule qui s y Ctoit formée. Cette mauvaife odeur fe diflipa peu à peu : les morceaux de champignon fe precipiterent au fond du vaifleau ; la pel- licule épaille qui s'étoic formée à fa furface y tomba aufli, & les vers n’y parurent plus. Mais l’on continua de voir dans une tres-petice goutte de cette infufion, de petits animaux de figure ovale , les uns prefque en repos , & les autres en grand mouvement. J'examinay ce champignon avant que de le mettre en infufon ; je le trouvay beau, vermeil , & frais ceüilly; jy apperçüs avec une loupe d'un pouce de foyer, deux petits animaux blancs , ayant chacun pour ornement deux belles cornes au-devant de la tête , plus longues que n'étoir le refte de fon corps. Chacun de ces petits animaux paroifloit avoir au plus la grofleur d’un ciron; ce qui me femble prouver qu'il y a des animaux qui dépofent leurs petits fur des végé- taux ; & confirmer en même tems une partie de ce que nous avons avancé dans notre hypothéfe. CHAPTTRKRE" XXE Des petites fleurs colorées diverfement ; qui fe trouvent dans Les prex. Ï vous mettez infufer à froid , dans de l’eau commune ; de ces menues fleurs diverfement colorées & ceüillues dans un pré , lorfqu'elles font nouvellement épanoüies; vous aurez dans l'infufñon, au bout de quelques jours, une efpece finguliere de poiflon qu'on peut nommer femelles , à caule de la reflemblance qu'il y a On en voit un reprefenté at haut de cette Planche , placé entre les lettres ABC; dont le nager n'a paru aflez lent , & sexecuter en dandidant, Cette lenteur qui fe remarque en luy, nous donne occafion de conjeéturer que ces SOHIDÉE font tournez en forme d’une gourde allongée ; parce que l'apparence de leur largeur BG $o DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES eft toujours égale à elle-même , dans le tems que la partie C s'abaifle , & que B s’éleve. Sa téce eft immédiatement au-deffous de la lettre À ; elle s'incline vers B & vers C: elle s’allonge aufli & fe raccourcit. On voit quelquefois tout fon corps devenir rond comme une boule , dont la fuperficie paroît inégale & raboteufe. Le dedans de leur corps eft marqueté de taches longuettes, en chacune defquelles on à remarqué un mouvement pe- riftaltique. On voit fouvent ces animaux fe frôler les uns contre les autres, en fe mouvant aflez lentement ; & on les appercçoit rarement fe choquer par la tête, qu'ils dirigent durant le nager d'une maniere tres-agréable , en s'évitant les uns les autres , comme feroienc des danfeurs figurant enfemble , dans une entrée de balet. Leur corps eft fi cranfparent qu'on y diftingue toutes les parties interieures qui font plaïir à voir , par le changement de figure & de couleur qu'on ap- perçoit dans ces vifceres , qui brillent lorfqu'ils fe mouvent d'une certaine maniere. Et lorfque la goutte de liqueur , mife fur le porte-objet du Microfcope, vient à s'épaiflir par l'évaporation qui s’en fait, on apperçoit des agitations fur- prenantes , qui les écartent & qui les rapprochent les uns des autres. Ces gros animaux paroiflent tout feuls dans le commence- ment de l'infufion; & ce n'eft qu'au bout d'environ quinze jours que l’on commence d’y en appercevoir un aflez bon nombre reprefentez en 2; ce qui eft tout le contraire de ce que Jay obfervé dans la plûpart des autres infufons , où les petits paroïflent avant les gros. Au bout d'un mois ou environ tous ces gros poiflons perif- fent dans l'infufion , où l’on continué d'obferver les petits autant de rems , aprés quoy on n’y voit plus rien qui ait vie. Or ileft à propos que j'avertifle que cette infufion avoir été feparée des fleurs , & comme tirée au clair , pour la mettre dans un autre vaifleau , afin de la pouvoir plus facilement æranfporter en divers endroirs de cette Ville, CAE ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXIIT. çr GAP TITRE CERN TT L Du perit bafilic qui a une odeur de citron. Ous avons obfervé quelques jours aprés l'infufion à N froid de ce bafilic , trois fortes de poiflons ; les pre- miers font vûs au-deflous du chiffre 1; les feconds au-deflous du chiffre 2 ; & ceux de la troifiéme efpece font vüs à peu prés comme celuy que l'on a reprefenté au-deflous du chif: fre 3. Le nager de ce dernier poiflon s'execute en ferpentant ; liant & repliant fon corps diverfement , & en tout fens. L'odeur de cette infufion a quelque agrément , qui diminuë de force de jour en jour ; & cette liqueur ne conferve fes animaux qu'environ quinze jours ou trois femaines. Nous avons reprelenté dans cette Planche les poiflons marquez quatre & cinq , qui fe fonc trouvez dans une infu- fion de foin nouveau. La couleur des uns & leur figure m'o- bligent de les nommer Cornemufes dorées ; & celles des au- tres , Cornemufes argentées. Le poiflon marqué cinq , fera nommé Mañluë, dont la tête eft en D. Ces animaux s’allongent & fe raccourciflent : ils fe plient & replient diverfement en nageant. EE | CAP L'EREENMUREX NV: D'un fediment de vinaigre detrempé d'eau commune. I l'on met dans le fediment du vinaigre , qui fera refte dans un vaifleau après l'évaporation prefque entiere de cette liqueur , environ dix fois autant d'eau commune que de matiere fedimenteufe ; lon y trouvera au bout de trois Ou quatre jours des anguilles , & une infinité d’animaux tres- petits, dont la figure m'a paru incertaine , & difficile à dé- h Ü. SE ILL ULB. Planche €. Planche 6, Fiançhe 6 ss Es ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES terminer. La lettre À , du groupe marqué 6, en eft Ja cête: les autres figures du même groupe font des efpeces de Cor- nemules , découvertes dés le lendemain de cette experience, Les anguilles de ce vinaigre d’eau m'ont paru plus grofles que celles du vinaigre ordinaire , vüës l'une & l'autre avec la même lentille. Remarques importantes. T1 arrive qu'on mette infufer , par exemple , du foin dans un vaïfleau où il y avoit eu quelque tems aupara- vant une infufion d'une plante , ou de quelques drogues aro- matiques tres-fortes en odeur , & que ce vaifleau n'ait pas été bien lavé aprés cette premiere infufion , la feconde ne réüMira pas bien ; car cette feconde pourroit ne pas convenir avec la premiere. D'ailleurs , l'eau qu'on tire d’une fontaine de cuivre mal étamée , ne convient pas pour bien entretenir la vie de 14 plüpart des animaux de nos infufions ; parce que cette eau acquiert par le féjour qu'elle fait dans ce vaifleau , une qua- lité particuliere qui les empoifonne. Jay même autrefois oùy dire à Monfieur l'Abbé Bourdelot , Medecin de Mon- feigneur le Prince de Condé, que les eauës qui féjournoient dans ces fontaines de cuivre mal étamées , étant bûës routes pures, caufoient des cours de ventre, CELAPITR EST UN Ce De l'infufion des Barbeaux. E 6. O&obre 1712. je vis pour la premiere fôis un nou- veau poiflon dans une infufion de barbeaux, dont la f- gure marquée 7, reprefente le premier. À , marque la tête de ce poiflon, B la queuë, € D la largeur de fon corps, qui paroïfloic divife fuivant {a longueur par une ligne courbe arée de B vers À, 2T AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXVI. «4 La partie du corps de cet animal qui fe voit du côté mar- qué € , fembloit être remplie de plufieurs petits globules , moins tranfparente en cet endroit que du côté marqué D, Le col de ce poiflon qui eft fort long , fe raccourcit de tems en tems , de même que le derriere marqué B: fon nager eft d'une lenteur extraordinaire , ce qui me faifoit douter dans le commencement que ce fur quelque chofe de vivant. Ce poiflon ne dura pas plus de cinq à fix minutes en vie ; & quoy qu'il fut difficile d'en rencontrer dans cette infufion où il y en avoit tres-peu ; puifqu’en cinq ou fix coups de fi- lets, je n’en pus découvrir que deux, & je m'apperçus que le fecond marqué 8. n’y dura en vie qu'environ autant de tems que le premier : ce dernier me parut un peu different du premier ; car fon corps BC , garni de petits globules , le D D tendoit moins tranfparent qu'il n'étoiten À B, & en C D. CERA PARENT ORNE D'une infufion de foin vieux. E 16. Oétobre 1#12 , ayant jetté un coup de filet dans | DE d'un foin vieux , qui avoit été mis en expe- rience le 20. Aouft précedent; j'y trouvay des animaux de plufeurs efpeces , parmi lefquels il s'en trouva de deux for- tes qui meritent une explication particuliere , dont les moin- dres en longueur & en grofleur paroïfloient au Microfcope , monté d’une lentille d’une ligne & demie de foyer , comme il eft reprefente à côté du chiffre ». À ,eftle côte où l’on apperçoit la tête , & B la queuë, qui fe termine par deux pointes , formant une efpece de fourche blanche & tranfparente, & dont les pointes luy fervent d’ap- puy pour le faire avancer plus facilement , en rampant fur le porte-objet du Microfcope où on le met. Ces animaux ont encore une autre allure qui s'execute en nageant tres-vite ; fans qu’on puifle s’appercevoir d'aucun raccourciflement, ni d'aucun allongement fenfible de eur corps. de 1 Figute 6 $4 DES ANIMAUX AFRIENS; TERRESTRES Les feconds font des animaux des plus furprenans & des plus extraordinaires que j'aye encore vûs dans les infufions des plantes , tant pour leur groffeur que pour les autres Cir- conftances qui les accompagnent: en voicy deux que J ay re- refentez en 10, 10, fous deux diverfes formes marquées À C DB,&ACEEB. L'endroit qui repond au-deflous de À en défigne la tête , B la queué qui eft fourchué, € le cœur qu'on YOIT MOUVOIT régulierement ,& Dlesinte Fins de cet animal, que J'appelleray Chenille aquatique , à caufe de quelques pe- tics rapports de reflemblance qu'elles paroiflent avoir avec nos chenilles terreftres. Il y en à de deux differentes cou- leurs , les unes font blanches & tranfparentes ; les autres font d’un jaune pâle ; celles-cy paroiïflent d'ordinaire un peu plus grofles que les autres. Leur allure s’execute en appuyant les pointes B fur le por- te-objet du Microfcope , pour s'étendre en avant tant qu'el- les peuvent ; puis en appuyant l'extrémité anterieure de leur corps fur un autre endroit , elles en rapprochent le derriere, & continuent ainfi de fe mouvoir en rampant. On les voit fouvent s'arrêter fur un endroit du porte-objet , où fixant les pointes B, elles allongent & raccourciflent tout le corps à diverfes reprifes , fans changer fenfiblement le lieu où elles appliquent ces pointes. On. voit aufli quelquefois tout leur corps fe courner à l’entour du point B, comme un de nos fau- teurs fait tourner tout le fien fur fa tête, en faifant mouvoir fes pieds comme fur une circonference de cercle , dont le centre eft à l'endroit où eft fa tête. Cette forte d’allure n'eft pas la feule qu’on apperçoit en ees chenilles ; elles s’élancent quelquefois avec tant de for- ce , quelles parcourent en un inftant une étenduë confidera- ble & apparente du porte-objet , où elles nagent fans fe rac- courcir ni s ‘allonger davantage qu'elles ont fait dans le mo- ment de la premiere fecoufle. Quand ces chenilles s'arrêtent , an apperçoit pour l'ordi- dinaire qu'elles ouvrent une grande bouche marquée À dans Ja pluss grofle des deux , dont on voit les lévres garnies de poils quif patoiflent noirs , & müs avec beaucoup de vitefle ; £e qui fait voir avec étonnement que les FEES poiffons ; & ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXVI. «s les autres corps qui fe trouvent n'être éloignez de l'ouverture de leur bouche , que d'environ un pouce apparent, femblent s'y précipiter. Dans les premieres obfervations que je fis de ces chenilles, J'apperçüs un petit corps marqué C, qui fe mouvoit aflez vite & regulierement ; je crüs d’abord que c etoit un petit poiflon encore vivant qui s'étoit Jetté dans fon eftomac; mais en con- rinuant mes obfervations , je fus obligé de croire que c’étoit le cœur de la chenille, dont le mouvement égal executoit ce qu'on nomme fiftole & diaftole. J'apperçus aufli en même tems les inteftins de cet infeéte marquez D , qui formoient une mafle de matiere qui étoit dans un mouvement aflez irrégulier. Quand ces chenilles s’ar- rondiflent , ce qu'elles font aflez rarement , & qu'elles de- meurent ainfi quelque tems en repos, on voit briller le de- dans de leur corps , qui paroît fouvent d'une couleur dorée tres-belle. Il y en a d’autres qui paroiflent toutes blanches & rranfparentes , fans qu'on puifle diftinguer les parties inte- rieures , comme on les diftingue dans celles dont je viens de parler, qui apparemment font les mâles , & celles-cy les fe- melles. Dans de certains momens on les voit avoir le derriere tout berifle de poils, couchez de EE en B. On les voit auffi avoir le corps mal terminé, & comme s'il étoit façonnc en dents de fcie. Et en examinant bien ce contour , on apperçoit que ce fonc des anneaux qu'on voit rentrer les uns dans les au- tres ,& fortir enfuite avec une promptitude merveilleufe. On apperçoit encore dans de certains momens des filets de nerfs prefque imperceptibles, qui s'étendent de la tête à la queuë de ces chenilles , qui s'enflent & qui fe défenflent alternati- vement dans le tems qu'elles rampent ; & font ainfi le jeu , curieux à voir , des anngaux qui compofent en partie le corps de ces infeétes. Enfin nous avons encore obfervé que le mélange des infu- fions de foin & du celery, dont je parleray bien-tôt, ne fai- foient point perir les animaux de ces deux liqueurs , & que ce compofé donne lieu à un fpeétacle tres-réjoüiffant ; puif- que dans la moindre goutre de ce compolé le Le H ü sé Des ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES peut découvrir en un inftant une douzaine de poiflons diffe- rens les uns des autres, & fi curieux à voir & à obferver ,que je ne penfe pas que le divertiflement de la Comédie , celuy de l'Opera avec toute fa magnificence , ceux des Danfeurs de cordes , des Sauteurs , & des combats d'animaux , que nous voyons dans cette fuperbe Ville ; doivent leur être pré- ferez. Et il eft certain que l'étude de ce que nous remarquons dans ces infufions durant une année , remplit davantage la capacité de l’efprit , que ne font tous les grands appareils d’un feftin des plus magnifiques. Voicyle deflein d'une autre efpece de chenille aquatique, qui a été pêchée dans une infufion à froid de la queué d'un bouquet, compofe d'œillets, de jaffemin, de tubereules , & de quelques autres fleurs ; qui n'ayant pà trouver place dans la fixiéme Planche , a été deflinée & gravée de toute fa lon- gueur apparente dans la cinquiéme. Celle-ci differe de la pré- cedente ; 1°. En ce qu'elle eft beaucoup plus longue : 2°. Que fa queuë marquée r eft compofée de trois pointes , au lieu de deux. 3°. Que l'on obferve deux petits bras à côté du cœur marqué 3, qui luy fervent d'appuis pour ramper , & pour s'élancer quand elle veut nager ; ce que je n'ay pû re- marquer dans l’autre. 4°. Que fes inteftins marquez 4 ne for- ment qu'une mañle , fans aucune divifion ou feparation qui foit apparente. Enfin l’on ny découvre ni anneaux , ny filets de nerfs; ny dents de fcie , ny poils dans la longueur de fa queuë. Tout le refte eft icy de même que dans la chenille préce- dente. LT AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXVIL «y = CRAPITRE XX VIL De l'infufion des fleurs d'un Citronier. E 14. Aouft 1713. un de mes Amis ayant mis infufer à froid des fleurs d’un Citronier , dans de l’eau commu- ne , il y apperçut de trois fortes de poiflons en peu de jours, qui ne meéritoient pas d’être reprefentez par des figures : mais en continuant fes obfervations, il en vit d’autres qu'on peut appeller Tortuës. En voicy une reprefentée en11, com- me il l'a vüé. Sa tête , que l'on voit aflez large, cft bien courte ; elle eft ornée de deux cornes, à peu près femblables au bois d’un cerf, & comme emboëtée dans l’une des extré- mitez de fon corps, qui paroifloit comme couvert d'écailles. Sa queuë eft tres-longue , & compofée de plufieurs pieces emmanchces l'une dans l’autre ; & quoy qu'on n'ait pû dc- couvrir de pieds ou de nageoires autour du corps de cette tortué , neanmoins les divers mouvemens que l'on a obfer- vez dans fes démarches , font aflez juger qu'elle en étoit munie, Planche 6. CHAPITRE XXV ILE D'une infufion d'anémone , furnommée la Royale, TE nature qui fe plaît à diverfifier fes productions , & qui fe fait admirer dans tous fes ouvrages, continué à nous en donner des preuves dans cette infufion d’anémone , Planche 6 préparée à l'ordinaire avec de l’eau commune ; puifqu'au bout d'environ huit jours on apperçut dans une goutte de £erte infufion un animal nouveau, de la grofleur & de la fi- gure qu'on l'a reprefenté à l'endroit de cette Planche mar- UE 12, Tout le defflus de fon corps ef couvert d'un beau mafque Flanche 7. 53 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES bien formé , de figure humaine , parfaitement bien fait; comme on en peut juger par ce deflein , où lon voit fix pat- tes & une queué , fortant de deflous ce mafque , qui eft cou- ronné d'une coëflure finguliere. On voit enfin dans cette Planche, & à côté du nombre 13, une anguille d'une conftruétion particuliere , que je péchay un jour dans l’eau commune qu'on avoit donné à boire de- puis quatre heures à un de mes ferins de Canarie. Cette an- guille paroïfloit blanche & bien tranfparente , n'ayant rien dans l'étenduë de tout fon corps qui fut capable d'empêcher fa parfaite diaphaneïté. Elle me parut plus grofle & plus courte que celles du vinaigre , & d’une compofition bien dif- ferente ; puifque fa longueur fembloit étre couverte d'une membrane tres-délice , tournée en fpirale , formant des an- neaux qui rentroient les uns dans les autres , & qui en for- toient avec une facilité merveilleufe. CHAPITRE OIOXTE Des infufions de tros differentes portions d'une tige de celeri , mi[es à part dans divers vaiffeaux de uerre. E premier Novembre 1712, je pris une plante de celeri que je mis infufer à froid dans trois vaifleaux de verre, ainfi que nous l'allons dire: Je mis dans le premier vaifleau une partie de la tige D 0 en petits MOrCEaUux , pour ÿ être mieux rangez ; je verfay par-deflus de l'eau commune ; dont J'achevay de remplir le vaifleau : je ne mis que de l'eau commune dans le fecond vaifleau , par-deflus des feüilles vertes de cette plante ; & dans le troifiéme vaifleau je nus quelques morceaux de la tige de cette plante , avec des feüil- les & de l'eau. Le feptiéme jour de ces préparations , j’apperçüs pour la premiere fois des poiflons dans chacune de ces liqueurs ; jen vis de deux fortes dans le premier vaifleau, & d'une feule efpece dans les deux autres. Mais ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap XXIX. 59 Mais un mois aprés , en examinant exaétement chacune de ces liqueurs , je remarquay que ces trois infufons conte- noïent environ dix fortes d'animaux de diverfes grofleurs , de diverfes figures , & de differens mouvemens, dont je vais donner une explication particuliere; car il en eft de ce- cy comme d'un Tableau d'hiftoire qu'un Peintre celebre vient d'achever, & qu'il fait voir à fes amis, qui felon le plus ou le mois de connoïffance qu'ils ont de la Peinture , y dé- couvrent plus ou moins de beauté. Ceux qui font marquez 1 & 2, font les plus petits ; mais ils furpañlent en nombre ceux de toute autre efpece qui fe trouvent dans les trois vaifleaux. Je les reprefente icy de la figure & de la groffeur que je les ay vûs avec la lentille d'une ligne & demie de foyer:les plus petits reflemblent à un 8 de chiffre , quand ils font accouplez , & le plus fort des deux encraîne , en nageant , le plus foible. Ceux qui font reprefentez en 2, que je nomme Cornemu- fes, s'accouplent par le bec, qu'elles ont un peu courbé & aflez aigu ; on voit que nonobitant cet accouplement , elles ne laiflent pas de nager tres-vite : leur allure eft aflez agréa- ble à voir; elles voyagent dans la goutte de liqueur en s’en- fonçant & fe relevant alternativement , & fe tenant ainf, el- les s'écartent & fe rapprochent l'une de l'autre , fans s’arré- ter un feul moment. Toutes ces Cornemufes ne font pas entierement fembla- bles ; il en eft de cela comme des animaux d'un même genre, qui a fous luy differentes efpeces. Les unes nagent feules avec une rapidité extraordinaire ; pendant que d'autres avancent d’une vicefle mediocre , & qu'on en voit qui vont tres - lentement : quelques autres de- meurent aflez long-tems en repos ; mais la plüpart font dans une agitation perpetuelle. Il y en a de longues & de courtes, de blanches argentées , de jaunes dorées, & de brunes. Une curiofité des plus fingulieres , c'eft d'obferver ce qui fe pañle au-dedans , & tout autour d’une mañfle de matiere formée d’une tres-perite pellicule , que les meilleurs yeux ne peuvent découvrir fans Microfcope , & qui fe prend au ha- zard à la furface de l'infufon , s’attachant au bout de la tige i Planche 7. 60 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES la plus menuë d'une plume à écrire , pour les mettre fur le porte-objet du Microicope ; car on y voit fourmiller tous les animaux dont nous parlons : ils y font en fi grand nombre , & ils sy remuent avec tant de virefle , qu'on a de la peine à détourner fa vüë d’un fpeétacle fi nouveau & fi furprenant : aufi croit-on difficilement ce que j'en dis, fi je n'étois prêt de faire obferver toutes ces chofes à ceux qui en voudroient douter. Il s'en voit dans de certains endroits quelques-uns d’accouplez differemment ; ailleurs il y en a qui s'arrêtent faifant le guet comme des fentinelles , qui femblent appré- hender d'être furprifes , tandis que d’autres pour aller à la découverte, s'éloignent de la mañle, puis s’en rapprochent, comme s'ils avoient quelque chofe à faire entendre à ceux qui demeurent aux environs. On voit fouvenr dans une autre goutte de la même infu- fion, prife dans un autre endroit du même vaifleau , un fpec- tacle tout nouveau, qui donne beaucoup plus de plaifir que lon n'en a eu auparavant. On y découvre, par exemple, des efpeces de poiflons longs & plats , que j'appelle des fol- les : les voicy reprefentées dans les endroits marquez 3, 3, comme nous les avons vüës. L'endroit de ce poiflon le plus aigu , eft la cêce ; le refte de fon corps eft tranfparent, à la referve de quelques petites taches brunes que l’on y voiren dedans. Les changemens de poftures, & la varieté des mou- vemens que l'on remarque en ces infectes , font beaucoup plus de plaifir à voir , & donnent plus de fatisfaction, que ne feroit cout ce que l’on en pourroit lire dans une defcription articuliere. Dans le vaifleau où il n'y a que des feüilles en infufon ; on y découvre entr'autres animaux, des poiflons femblables à ceux qui font exprimez dans les endroits marquez 6. On voit immediatement au-deflous , au-deflus , & à côté de ce chiffre , une ouverture aflez confiderable qui paroît tanrôt ronde & tantôt ovale, felon qu'elle fe prefente à nous. Cette grande ouverture eft la bouche de ce poiflon, qui diminuë {i fort dans de certains momens , qu'on ne la peut plus ap- percevoir. Le nager de ce poiflon s'execute en dandinane, , le) e A . . A de forte qu'on le voir balancer , tantôt à droit, puis à gaus 1 0°” ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXIX. 67 che , fe conduifant en par des mouvemens circu- laires qu'il fait de fa tête. L'on s apperçoit encore qu'il chan- ge de figure en fe pliant & rephant , en S'arrondiflant tout à coup en forme de boule , puis s allongeant tres-vite pour fe remettre dans fon état naturel. On voit par ces defleins qu'il va en diminuant de grofleur depuis la tête jufqu'à la queué, qui le plus fouvent n'eft pas terminée en pointe ; car il ref- femble à un pain de fucre coupé vers le fommer par un plan parallele à fa bafe. Ce poiflon meurt le premier de tous ceux qui fe trouvent dans la petite goutte de la liqueur , mife en experience fur le porte-objet du Microfcope ; & un peu avant que d'expirer, on le voit fe mettre en un petit peloton, dont la fuperficie paroît raboteufe & inégale. Les animaux dont je viens de parler font fi délicats, qu'ils perdent entierement leur confiftance , dés que la goutte de liqueur où ils nageoient fe trouve évaporée. Et quoy que tous ces poiflons nagent tres-vîte dans une étenduë qui n'a pas plus d’une ligne de diametre, & qu'ils y foient en tres-grand nombre, neanmoins les uns & les autres s'évitent avec tant d’adrefle , qu'on n’en voit point s’entre- choquer ; ce qui marque qu'ils ont des yeux. Il n'en eft pas de même d’une autre efpece de poiflons ; qui fe découvrent parmy ceux dont j’ay déja parle, & dont ka a femblent n'avoir ny tête ny yeux : nous les avons feprefentez aux endroits marquez 4, 4,4; on voir leur corps fe terminer par une longue queuëé blanche & tranfparente. Nous fommes portez à croire que ces animaux n'ont point d'yeux ; parce que faifant roue ils n’évicent aucun des corps qui fe trouvent dans leur chemin : on s’apperçoit qu'ils recu- lent dés le moment qu'ils ont couché à ces obftacles ; aufli femarque-t-on qu'ils avancent fouvent tres-lentement, ainf que font les aveugles des Quinze-vingts, lorfqu’ils marchent dans les ruës de cette Ville , où il y a d'ordinaire beaucoup d'embarras. Au bout de la queuë de ces fortes de poiflons , on y voit fouvent une petite portion de la pellicule qui fe forme fur B furface de l’infufion d’où on les à tirez: ils la traînent aprés ii € Drs ANIMAUX AERIENS; TERRESTRES eux quand elle ne tient point au porte-objet où l'on met la liqueur ; mais lorfqu'elle y tient de maniere que ne pouvant l'en détacher, ils reculent vers elle tout à coup, & s en éloi- gnent de nouveau tres-lentement. Dans la moindre goutte de liqueur que j'aye pû prendre dans le troifiéme vaifleau où font mêlces les feiülles , la tige & la racine ; J'y ay trouve une fi grande multitude de petits animaux marquez 1 , que ceux dont on a parlé cy - devant avoient de la peine à les traverfer en nageant entreux. Et voilà ce que Jay pû obferver depuis le commencement de ces infufions, jufqu'au troifiéme Decembre 1712. Trois jours aprés l'examen des experiences précedentes je remarquay que tous ceux à qui J'avois fait voir une partie des chofes que nous venons de décrire , prenoient un plaifir fi grand à les confiderer , qu'ils avoient peine à quitter le Microfcope préparé d’une feule goutte de l’une ou de l’autre des infufñons du celeri, dont je viens de parler ; en forte que pour examiner ce qu'ils appercevoient dans ces trois diffe- rentes infufions , il auroit fufh d'un feul Speétateur pour n'oc- cuper durant une heure, & quelquefois plus , à préparer le Microfcope , & à répondre aux difficulrez qu'il m'auroit fait honneur de me propofer fur ce qu'il voyoit , ce qui m'obli- gea de penfer à une experience que voicy; en forte que s’il arrivoit qu'elle pût réüiir , elle feroit tres -commode pour diminuer des deux tiers le tems qu'il falloit employer pour obferver les infufions qui étoient dans les trois vaifleaux de verre que je failois voir l’une aprés l'autre ; & même pour tranfporter dans un feul vaifleau une liqueur où il y auroit dans la moindre goutte qu'on en puifle prendre , de toutes les diverfes efpeces d'animaux qui feroient dans les trois in- fufions de celeri. Pour voir fi cela réüfliroit , comme je me l’étois imaginé; je pris avec une petite cuëilliere à caffe, une portion de l'eau de chaque infufion, que je verfay fur un linge fin mis au-def- {us d’un petit verre pour l'y recevoir , aprés avoir traverfe les pores de ce linge ; & immédiatement aprés Je mis une petite goutte de cette eau fur le porte-objet de mon Microfcope, & j'y apperçüs des animaux d’une beauté à faire plailir , & ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXIX. 64 de toutes les efpeces que j'avois vûés dans les trois infufons examinées féparément, à la referve de ceux en qui j'avois obfervé une longue queuë , & que J'ay nommez Aveugles ; dont je ne fus pas furpris; car cette queuë & la pellicule qui sy attache tres-communément , fufhfoient pour faire obfta- cle à leur pailage , au travers des pores tres-petits du linge dans lequel je les mettois comme dans un tamis. Le plaiir que m'avoit d’abord caufc la reüflite de cette experience ne dura pas long-tems , puifqu'environ trois heu- res aprés Je m'apperçûs par une feconde épreuve que pref- que tous les poiflons de deux efpeces étoient déja morts , & qu'il y en étoic refté tres -peu des autres à proportion de ce quil y en devoit avoir. Enfin le lendemain en examinant cette même liqueur , je la trouvay encore dénüce d’une par- tie de ceux qui y étoient reftez le jour précedent. Je ne fuis pourtant pas fâché d’avoir imaginé ce mélange ; car quoy quon ne puille pas conferver tous les animaux qui s'y remarquent d’abord , on ne laïifle pas d’avoir bien du plaïfir à obferver le fpeétacle qu'elle rous prefente ; & l'on peut dire qu'il en eft de cela comme d'une Piece d'anatomie qui paroictres-belle , & tres-propre à faire admirer l'adrefe de l'anatomite , pour nous faire voir tout d'un coup des beau- tez furprenantes , qui ne fubfiftent fouvent qu’autant de tems qu'il en a employé dans fa préparation. On voit encore de gros poiflons ovales , comme en$, dont on ne peut diftinguer l'endroit où eft la rêre , que par leur divers mouvemens , à caufe de l'égalité de figure & de grof- feur qui fe remarquent aux extrémitez du plus grand diame- tre du profil de ces poiflons. Dans une feconde infufion des feüilles du celeri j'y ay vû yn nouveau poiflon, dont on voit la figure & la grofleur ap- parente au-deflous du chiffre 7 : la tête répond au chiffre 8, où l’on découvre comme des poils mouvans de tems en tems, Son allure eft tres-lente , & fa figure inconftante , paroiflant tantôt fous la forme d'une Cornemufe , & tantôt fous celle d'un Croiflant. On apperçoit auffi fouvent des mittes dans l'infufion de la bec du celeri, mile fur le porte-objer du Microfcope, où ; ë 1} 64 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES on les voit marcher d’une grande vitefle. Dans une troifieme infufion de celeri je n'ay point apper= çû tant de fortes d'animaux, qu'il y en avoit dans les deux premieres , à caufe que les deux vaifleaux où je mis infufer ce dernier celeri , avoient fervi à mettre en infufon de loi- gnon dans l'un des deux, & un poreau dans l’autre ; quoy- que ces deux vaifleaux euflent été bien lavez auparavant d'y mettre le celeri. Les poiflons , que je nomme Aveugles , ouvrent fouvent de grandes bouches, & alors on apperçoit que tous les petits corps , qui n'en font qu à un pouce de diftance apparente ; femblent s'y précipiter ; enfuite on voit qu'ils s'en écartent par les côtez , comme fi cet animal les repoufloit avec vi- telle. On voit aufli aflez fouvent qu’en quelques-uns de ces der- niers poiflons , une partie de leur queuë eft cournée comme un tire-boure. Entre 9 & 10, on voit un autre poiflon de figure fphéroï- de ; il prend aufli de tems en tems celle qui eft au-deflous du chiffre 1 , & d’autres fois celle que l'on voit au -deflous de 12 ; & c'eft dans cette derniere qu’on le voit commencer à {e mouvoir d'une vitefle fi extraordinaire & fi furprenante , qu'il n'eft pas poflible de la pouvoir exprimer ; & de rems en tems on leur voit faire des culbutes qui ont du rapport avec quel- ques-unes de celles que font nos Sauteurs , qui mettent leur têtes entre leurs genoüils , pour tourner en roulant fur une fuperficie plane , ou fur un chemin uni pratiqué fur le pen chant d'une montagne. Nous fîimes enfuite diverfes autres infufions de celeri ; dans lefquelles nous apperçümes quelques autres poiflons dif- ferens des précedens : on en voit un au-deflous du chifire 5; qui reflemble affez à une bouteille. À l'endroit marqué 14, on y voit trois cornemules aflez grofles , deux defquelles paroïflent accouplees d'une autre façon que celles qui font en 2. Enfin au-deflous du chiffre 15, on y voit un poiflon des plus extraordinaire que l’on en puifle voir : il eft prefque tout rond, & fon corps eft tout couvert de poils : fon mouvement ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXX. 65 cft à peu pres femblable à celuy d'une piroüette qui tourne fans guéres changer de lieu. Jay remarque que l'intufion du celery fe géle plus difici- Îement que celles du foin , du poivre, des écorces de plu- fieurs fortes de bois infufées féparément , &c. d’où l'on peut conjeéturer que le mouvement particulier des parties de cette eau de celery, eft plus grand que n’eft celuy de celles des infufions dont je viens de parler. << CHA LIRE DOXX. De plufieurs infufions de paille > d'épis de bled. U commencement du mois de Mars de l’année 1714, je mis infufer à froid de la paille de bled & deux épis, dans de l'eau de fontaine ; & dés le fecond jour de cette in- fufion , j'y apperçûs des poiflons reprefentez fous le chiffre r, que je nomme Cornemufes. H sy en trouva aufli plufieurs autres femblables à celuy qui eft marqué 2, que je nomme Urinal, dont la bouche eit au-deflous de la lettre À: le dedans de leurs corps étoit rem- pli de quantité de petits corpufcules , les uns: blancs & tranf- parens , & les autres bruns. Parmi ces deux fortes de poif- fons , jy en apperçüs d'une troifiéme efpece , que J'ay nom- mez Rognons argentez : on les voit reprefentez au nombre de quatre , formant un roupe autour du chiffre 3, & tour- nant chacun fuivant ue des lettres ACB. Ils fe mouvent aufli d’un mouvement dire& & aflez lentement. Le corps de ce poiflon eft de couleur d'argent mat ; & quoyqu il foit parfemé de petits corps bruns en des endroits, & rout-à-fait opaques en d’autres , il ne laifle pas d'étre aflez tranfparent : la tête fe voir en À, le derriere en B , & fon dos en C. Une autre efpece de petit poiflon fe fic voir fous une for- me ovale , de la longueur d’une ligne ou environ. Peu de Jours aprés j'y en apperçûs d’une quatriéme efpece , que j'ay Planche $£. 66 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES nommé Bouteille dorée ; à caufe de fa figure la plus conftan: te , & de fa couleur. La bouche À de ce poiflon s'applique quelquefois fur un corps rond qui s’y attache fortement, de maniere qu'ils pa- roiflent enfuite ne compofer qu'une mañle , qui reflemble à une gourde figurée en 6. Et ce qu'il y a de plus furprenant , eft de voir ce poiflon continuer fon nager avec fa proye. Une cinquiéme efpece de poiflon que j’ay nommé Solles dorées , à caufe de fa figure & de! fa couleur , eft vüë icy dans toute fa longueur , qui eft tres-confiderable ; puifque depuis fa tête qui eft en À, jufqu’à fon autre extrémité B, il y a environ vingt lignes : fa forme n'eft pas conftanre , puifqu'on le voit fe raccourcir & s’allonger de moment en moment pendant fon nager , qui s'execute tres-vite , & en diverfes façons. On juge facilement que ce poiflon eft plat, à peu prés comme une folle ; parce que durant fon nager on voit fenfi- (e) blement augmenter & diminuer la largeur de fon corps. Voicy une feptiéme efpece d'infeéte que nous avons nom- mé Aveugle , mais qui differe en quelque chofe des préce- dens. L'endroit À défigne leur bouche , qui eft quelquefois fi grande , qu'elle furpañle la largeur de leur corps. BC eft la queuë de ces poiflons , au bout de laquelle on voit une pellicule qu'ils traînent aprés eux. On découvre encore de petits poiflons de figure ovale ; qui font de diverfes groffeurs , parmi lefquels il y en a qui font en tres-grand mouvement, pendant que d'autres fem- blent être dans un repos fi grand, qu'on n’auroit pas de pei- ne à croire qu'ils font morts , fi on ne les vOyOIt pas , comme on fait, prendre tout à coup l'effort : vous les voyez repré= {entez entre les queuës de deux aveugles. Des Sygnes. E donne le nom de Sygnes à de certains poiffons que Jay vûs dans cette même infufion de paille ; parce que J'y trouve quelque reflemblance exterieure : en voicy trois à côte des chiffres 8,8, 8. L'endroit À marque l'extrémité de leur ÉT AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXX. 7 leur têre; B, l'extrémité de la queuë; & C , un gros ventre. Il s'en voit fouvent de deux efpeces dans une même petite outte de cette infufion; les uns étant tres-tranfparens, & les aurres aflez bruns au-dedans du corps, où l'on voit leur vifceres en mouvement. Leur nager s'execute aflez lente- ment, & d'une maniere grave , foit en avançant, foit en re- culant , ou en tournant. Is retirent fouvent la tête vers l'endroit marqué 8, com- me s'ils avoient peur de ce qu'ils apperçoivent , En tournant leur tête d'un côté & d’autre : j'en ay vû un dont le milieu du corps fembloit être reflerré ou diminué de largeur. Les poiflons 9, 9, font ceux que j'ay nommez Araignées aquatiques , ou Goulus , & dont je dois parler aflez au long dans le Chapitre XXXII. de cette feconde Partie. À l'égard de celuy qui eft marque 10 , ibeft le feul de fon efpece que j'aye vû dans l'infufion de pailie de bled ; fa f- gure approche aflez de celle d'une bourfe , ou d'un pot au lait que nos laitieres portent fur leur tête : fa bouche qui eft fort grande , & qui fe voit ouverte , fe ferme totalement lors qu'il s’allonge pour nager , de maniere qu'on perd de vüë fes deux cornes , que l’on voit courbées en dedans. Au - deflous du chiffre 1 ; on voit un poiflon qu'on peut nommer la petite Soile. 12 & 14, font deux poiflons de couleur d'eau , dont le mouvement écoit des plus lents & des plus difficiles à voir, à caufe de leur petirefle , qui eft environ mille fois au-deflous de celle d’un cheveu. Enfin 13 eft un poiflon , ou plutôt un ver compofé d’un grand nombre de tres-petits anneaux tournez fpiralement , & dont les extrémitez font terminées en pointes tres -lon- gues & tres-fines. Le corps de ce ver eft prefque immobile , c'eft pourquoy il eft befoin d'une grande attention pour le fuivre dans fon allure ; & l’on a befoin d’un Microfcope aufli parfait que l'eft celuy dont je me fers pour cela. Voilà tout ce qui eft contenu dans cette huitiéme Planche, Et voicy maintenant l'explication de ce qui fe voit reprefen- té dans la neuviéme. Planche ». 68 DES ANIMAUX AEBRIENS,; TERRESTRES Des Grenades AQUATIQUES » couronnees €> barbuër. *Ay donné ie nom de Grenades aquatiques , courennées & barbuës, aux poiflons que nous avons reprefentez dans cette Planche ; parce qu'ils m ont paru avoir quelque reflem- blance exterieure à ce fruit. Je commençay à les appercevoir le matin du premier Juillet , dans une tres-perite goutte de Finfufion de paille de bled , en me fervant d'une lentille d’u= ne ligne & demie de foyer. Ces animaux me parurent d'une belle couleur d’ambre ; claire & tranfparente ; ce qui me donnoit le moyen d’obfer- ver toutes les parties interieures de ce poiflon, que j'apper- cevois des plus brillantes que J'aye encore vüës. La divertité des formes fous lefquelles ce porflon s’eft fait voir, m'oblige de dire quelque chofe de chacune en particulier. Dans la premiere figure on voit quatre petites éminences au-deflous des lettres ABCD, garnies de poils , qui ne reftent pas long-tems dans cette fituation: celle qui répond immediate- ment au-deflous de B, fe joint à celle qui eft marquée par À; & celle qui eftau-deflous de € fe joint à D, & fi intimement, que le tout paroît alors, ainfi que-cela eft vü en la deuxiéme figure au-deflous des lettres AD. Ces éminences oroflies , forment les lévres écartées de la bouche de ce poiflon, dont le jeu des poils, que l’on voit mouvoir d'une maniere aflez uniforme , oblige tous les petits corps , qui font à peu de dif- tance de ces lévres, d’entrer dans fa bouche , & d'où la plü- part font repouflez avec autant de vitefle , qu'ils en avoient eu pour y entrer. Toutes les éminences marquées À BCD, de la premiere figure , ou les deux de la feconde , fe retirant quelque peu vers E, découvrent une efpece de couronne à quatre poin- tes, femblable à ce qui paroïit au-deflous du chiffre 3; mais cette couronne fe voit bien-tôt recouverte des mêmes ému nences À BCD, qui font tres-mobiles. On apperçoit un corps en E , dans chacune de ces figu- res, que je crois étre le cœur du poiflon ; parce qu'il paroit goujours dans un mouvement égal, & qu'on y remarque , pt AOUATIQUES. SECONDE Partie. Chap. XXX. € eomme au nôtre, un fyftole & un diaftole. Ce cœur a une liaifon tres-étroire avec le corps marqué F, qui eft plus gros que luy , & qui peuvent pañler pour les inteftins de cet infec- te, qui font toujours dans un mouvement qui me paroît af- {ez régulier : & il faut obferver que cette mutuelle corref- pondance qui cft entre le cœur & le vifcére F, vient de ce qu'il y a deux filets de nefs , ou deux petits ligatens en G, qui vont de l'un à l'autre , comme on le peut remarquer avec un peu d'attention. Le cœur femble être divifé en deux lobes ; que l'on apper- çoit s'écarter & fe rapprocher l’un de l'autre , en de certains tems ; ce qui pourroit bien donner occafion de penfer que ce font les poulmons de ce poïflon qui environnent fon cœur ; & c'eft ce que je laiffe à deviner aux fameux Medecins, & à nos plus illuftres Anatomiftes. Le derriere de ce poiflon paroît rond & fermé en de cer- tains momens , & ouvert en d'autres ; & alors on apperçoit deux petites émmences pointués ; comme on voit en H de la premiere figure. J'en ay vû un feul , reprefenté en la quatriéme Figure , qu? avoit quatre de ces petites éminences aigués , placées deux d'un côté de l'anus , & deux de l'autre. C'eft par cette ouverture que lon voit fortir & rentrer, avec beaucoup de virefle , une loñgue queué i 1, qui eft beau- coup plus grofle vers la racine i, qu’elle n’eft ailieurs. L’ex- trémité L de la queuë de quelques-uns de ces poiflons ; pa- roît fourchuë : cette queuë eft fi blanche & fi tranfparente , qu'on en peut tres : facilement découvrir la méchanique , & expliquer tous les mouvemens qu'on y remarque , avec au- tant de facilité qu'un bon Anatomifte en a pour expliquer tous ceux que nous faifons faire volontairement à la plüpart des parties qui compofént notre corps. Cette queuë qui eft tres-mobile rentre toralement dans le corps de ce poiflon ; de maniere qu'y étant, les intéftins qui fonc en F la cachent entierement; d'ailleurs les petits anneaux qui la compofent fentrant les uns dans les autres, ne permettent pas un libre paflage à la lumiere ; ce qui fac qu'elle n’eft plus vifible. n voit de gros œuf attachez au derriere de cét animal , LT: 70 D£s ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES par le moyen de quelques filets prefque impercepribles : il # a de ces femelles qui nen portent qu un, 1ly en a qui en portent deux, & quelques-unes jufqu'à fix , ce qui cft aflez rare ; & lorfqu’ on y en voit tant , ils font plus petits que quand il y en a moins. La queuëé de ce poiflon frotte ces œufs à l'entrée & à la fortie de fon corps ; tournant de côté & d'autre avec beau- coup de fouplefle : ces œufs paroïflent tres-réguliers , & bien brillans pendant qu'ils font pleins ; mais Here qu'ils as vuis des , on les voit tout plats & fans rides , fous une forme ova- le, plus cranfparens qu'ils ne l'étoient étant pleins; & quoy- que vuides , les merés les portent prefque toujours attachez en croupe , & en nageant , COMME elles les portoient aupa- ravant : j'en ay vû un feul feparé du corps de ce poiflon, flo- tant dans la petite goutte d'eau mile en experience fur le porte- objet du Microfcope : cec œuf paroifloit immobile de même que tout ce qui évoit au-dedans, Jay aufi vû deux de ces œufs dans le corps d'un de ces poiflons , qui paroiïfloient comme on les voit au-deflous des lettres GG, Fig. 6. Ces poiflons font tres-réjoüiffans à voir , particulierement quand 1ls font des culbutes » parce qu ils les executent avec beaucoup d’ adrefle. Il s’en voit quelques - uns qui TOUrnEnr circulairement , tantôt d’un côté & tantôt d’un autre , à l'en- tour du point F , qui eft le centre de pefanteur de PL Dés que la liqueur eft mife fur le porte-objet du Microf- cope, on les voit nager tres-librement en avant; quelques- uns s'arrêtent enfuite. , & c'eft dans ce moment qu'ils donnent le tems de bien obferver toutes les circonftances dont nous parlons. Ils fe frottent quelquefois l'un contre l’autre; ils fe détour- nent fans fe choquer , & on les voit éviter tout ce qui $’ Op- pofe à leur chemin d'une maniere fi adroite , que bien qu ‘on ne VOÿC pas leurs yeux , on ne peut pas tee qu'ils n'en foient munis, & de Res Le De tems en rems ils appuyent le bout de leur queué fur le porte- objet du Microfcope , & dés ce moment-là on voit qu'ils avancent tout le corps au-delà de ce point ; qu'ils l'en approchent enfuice & l'en éloignent; puisils reprennent leur ET AQUATIQUES. SECONDE Partis. Chap. XXXT. #71 allure ordinaire en nageant , fans qu'on puifle remarquer au- cune patte ni aucune nagcoire autour de leur corps. Le 22. Juillet japperçus, dans une goutte de l'infufon dont je viens de parler, une chenille aquatique ; & j'ay re- marqué que les Grenades aquatiques dont je finis icy lhif- toire , foutiennent mieux les grandes chaleurs qu'aucun des plus gros poiflons que j'aye cy-devant obfervé dans les infu- fions précedentes ; puifque pour l'ordinaire les gros meurent dans ce tems-là plutôt que les petits, ce qui neft point en- core arrivé à ceux de cette infufion , où je viens d'en voir jufqu'à quatre dans une tres-petite goutte , quoyque la cha- leur foit fort grande ce jour 28. Juillet. RE CESR EX XX CT De la paille d'orge, de celle du fécle, de celle d'avoine ; © du bled de Turquie ; chacune de ces chofes mife [rparément en snfufion dans de l'eau commune. E n’ay pas rapporté dans le Chapitre précedent tout ce que j ay vû dans les differentes infufions que J'ay faices de la paille de bled ; je me fuis contenté de dire ce que j'y ay decouvert de plus remarquable , m'étant refervé d’avertir dans celuy-cy, que l'air contient dans une faïfon ce qu'il ne contient pas dans une autre ; & que les animaux qui régnent dans un même lieu durantune année entiere , font fouvent differens de ceux qui s’y voyent dans un autre. Ce font ces Varietez qui occupent agréablement les perfonnes qui fe don- nent la peine de continuer leurs obfervations , & même d'en faire en differens lieux, confiderablement éloignez l'un de l'autre. Par ces diverfes experiences on s’éclaircira de plu- ficurs faics, & l'on ne fera pas furpris fi l'on ne découvre pas toujours les mêmes chofes dont je parle, ni pourquoy on en découvrira d'autres dans une femblable infufon dont je n'ay tien dit; parce que les nouveaux infeétes qu'on y aura apper- cûs me feront échapez, ou peut-Être à caufe que durant lg K ii FU [ècA anche 10, 7 DES ANIMAUX AFRIENS, TERRESTRES faifon que j'avois prife pour faire cette experience, il ne s’y en trouva point de la même efpece. J'ay remarque , par exemple , dans toute l'année 1914, & dans une partie de 171$, un grand nombre de grofles arai- gnées & de chenilles aquatiques, dans fepe où huit infufions differentes ; ce qui ne n''étoit pas encore arrivé. Les differentes imfufons à froid de paille d'orge , d’avoi- ac; de fégle , & d'eau commune , faites féparement dans des vailleaux bien nets , nous ont fournies de tres -beaux poiflons ; de méme que deux autres infufons de bled de Tur- quie faites en divers tems. CHAPITRE XXXIE De l'écorce de boss de chêne qui porte le gland 3 mife en infu= fion dans de l'eau commune. Nviron le quinze Decembre de l'année 1914, je mis in< fufer à froid de l'écorce de bois de chêne dans de l’eau commune , dont je remplis un grand verre à boire , & du- rant l’efpace de plus d'un an j'y apperçüs fucceflivement tous les poiflons reprefentez dans cette Planche , à chacun def- quels j'ay donné un nom particulier ; de forte que j'ay jugé à propos de nomimer le premier , la Tortuë , ou le poiflon à la queuë umbilicale : cet infeéte s’allonge & fe raccourcit tres-facilement ; il prend de tems en tems une figure ronde qu'il ne conferve qu'un moment : on luy voit quelquefois ou- vrir la bouche d'une grandeur furprenante , par rapport à la grofleur de fon corps; & fes lévres , qui forment à peu prés la circonference d'un cercle , font garnies de petits poils , dont le jeu fait plaïfir àvoir , À caufe que ce mouvement par- ticuhier oblige une partie des petits corps , qui fe trouvent correfpondre vis-à-vis de luy , d'aller fe précipiter dans fon eftomac , où vray-femblablement la partie qui doit fervir à le nourrir, demeure ; tandis que le refte eft vû s'en éloigner avec vitefle. Son allure eft des plus finguliere que l'on puiffe ET AQUATIQUES, SECONDE PARTIE. Chap. XXXI. 3 voir ; VOUS en jugerez vous-même par Ce que Jen vais dire : fa queuë que l’on voit attachée à fon corps , à peu prés com- me le cordon l’eft au nombril d’un enfant qui vient de nat- tre , luy fert comme d'un gouvernail pour luy procurer pref- que tous les mouvemens qu'on luy voit faire. Cette queué eft fort grofle vers fa racine , & bien aiguë par fon autre ex- trémitée , où elle fe divife en deux parties encore plus aiguës, qui fe joignent fi exattement, qu'il femble aprés cela ne faire plus qu'un tout fans aucune féparation. Il arrive quelquefois que ce poiflon attache les bouts écar- vez de cette queuë fur le porte-objet du Microfcope ; & fur ce lieu-là il tourne tout fon corps ,er prefentant aux yeux du Speétareur tantôt fon dos qui eft convexe , comme le deflus de lécaille d’une tortuë, & tantôt fon ventre qui paroîtcon- cave, comme le deflous de la même écaille. Et il faut remarquer que l'extrémité d’en-bas de ce poif- fon eft fi tranfparente , que fa queuë eft également vûë, come me fortant de fa partie convexe ou de la concave. La feconde figure eft un autre poifion à ia queuë umbilica- le, qui ne differe du premier qu'en ce qu'il a la bouche fer- mée , & que fa queuë paroît n'avoir aucune féparation. Ec la croifiéme reprefente encore un autre poiflon de la même efpece que le précedent, quoyque fous une forme un peu differente. Ce poiflon paroît ainfi à caufe qu'il retire en arriere la partie fuperieure de fa tête qui eft double , & dont les deux avances , en forme de cornes, étoient entierement couvertes. Le quatriéme poiflon fera nommé le rat d’eau, à caufe de quelque reffemblance qu'il à avec cet animal: fa têce paroît fort bien marquée , & fes lévres garnies de longs poils , dont le mouvement produit le même effet que plufeurs autres, dont on a parlé plus haut. Le cinquiéme poiflon fera nommé la patte d'écrevifle , à eaufe des deux becs recourbez qu’on luy voir, dont le mou- sement eft tres-lent , de même que l'eft celuy de tout fon £orps, qui fait tres -peu de chemin en bien du temps; ce qui facilite Je moyen de l’obferver exactement , & de re- marquer dans prefque route Ja jonsueur de fon corps un aflez 74 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES bon nombre de petits globules dorez & brillans. Le fixiéme poifion ayant à peu prés la figure d'une maflué, fera ainfi nommé : fa tête eft fort grofle par rapport au refte de fon corps qui fe rermine en pointe : le dedans de fon corps cft femé de petits grains tranfparens & opaques , qui fe font voir diverfement felon la maniere dont ils renvoyent la lumiere qu'ils ont reçüë. Je nommeray celuy qui eft marqué 7 , la féve de vers à foye ; parce que le corps de ce poiflon eft compofé de plu- ficurs anneaux , & de plufieurs fibres longitudinales , qui fer- vent à le faire allonger & À le raccourcir avec beaucoup de facilice. La figure de fa tête paroît peu differente de celle de fa queué , & on ne la diftingue guére que par fon nager. Le huitiéme poifflon fera nommé Spheroïde , à caufe qu'il reflemble exterieurement à un œuf, dont les bouts font égaux & bien arrondis. Sa cêre ft vûë en haut, & un peu au-deflous on y voit un petit corps qui fe meuc tres-régulierement , ce qui me fait penfer que ce pourroit bien étre le cœur de ce poïflon ; & plus bas on apperçoit plufeurs petits corps ronds & de di- verfes grofleurs , qui font peut-être des œufs, que l’on voit agitez par les divers mouvemens du poiflon, qui s'allonge & fe raccourcit, qui fe plie & déplie diverfement en nageanr, Lorfqu'on donne quelque attention à confiderer le grand nombre d'œufs que l’on voit dans le corps de ces poiffons , Fon n'eft pas furpris d’un autre nombre prodigieux de ces animaux , qui fe voit dans la moindre goutte que lon puifle p'endre de cette infufion , & l’on cefle par-là d'admirer cet- te multitude étonnante qui paroît & qui difparoît en peu de tems ; puifque l’on cefle d'en voir de cette nature au bout d'environ huit jours , & qu’en leur place il s’en prefente de nouveaux aux yeux des fpectareurs attentifs , qui n'en font pas moins touchez qu'ils l'ont été des précedens. En voicy de pluñeurs fortes qu'on peut nommer anguilles ; qui difierent entrelles , & qui different encore de celles du vinaigre ; en forte que l’on pourra inferer de-là que ce font des poiflons d'un même genre , & de differentes e{peces. Celle qui fe voir reprefentée au-deflous du chiüire 9 , ma paru ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XX XII. a paru blanche & tranfparente , quoyque prefque toute la lon- gueur de fon corps fut parfemée d’un grand nombre de pe- tits grains brillans. Sa grofleur éroit bien confiderable , par rapport à fa lon- gueur , qui paroïfloit n'avoir au plus que deux pouces ; & la grande vitefle de fon mouvement, qui ne luy faifoit parcou- rir que cres-peu d'efpace en aflez de cems , marque bien en quoy celle-cy differe des autres. J en ay vû deux d'une même efpece dans la feconde infu- fion que Jj'ay faite d'une femblable écorce , qui appuyoient de rems en tems l'extrémité de leurs queuës fur le porte-ob- jet du Microfcope , & qui failoient autour de ces points fixes plufieurs mouvemens aflez agréables à obferver. La longueur apparente de chacune de ces anguilles étoit d'environ deux pouces, & la grofleur à peu prés comme celle du tuyau d’u- ne plume de corbeau. Au - deflous du chiffre 10. il s’en voit une autre , dont la longueur apparente étoit d'environ cent lignes, & fa groffeur dans l'endroit le plus épais de cout fon corps, pouvoit étre de quatre lignes de diametre. Sa bouche , qu'elle ouvroit de tems en tems , paroiïfloir ronde , & toute la longueur de fon corps étoit munie d'un bon nombre de filets tres-menus qui ne fe faifoient pas voir à tous momens ; & au lieu de ces filets on découvroit dans d’autres rems une ligne fpirale qui occupoit une étenduë con- fiderable de la longueur de fon corps ; ce qui fuffit pour ex- pliquer le mouvement de cette grofle anguille , qui étoit aflez lent pour donner le tems de l'obferver agréablement à la lumiere d’une chandelle , & de voir une belle varicté de couleurs dans l'étenduë d'une partie de la longueur de fon corps, & particulierement un rouge tres-vif tirant fur le pourpre : mais lorfque cet animal venoit à fe raccourcir , en rapprochant l’un de l’autre tous les contours fpiraux du filet dont je viens de parler ; toute cette varicté admirable de couleurs s’effaçoit, & dans ce moment le tout devenoit brun. Au-deflous du nombre 11, on y voit une autre anguille d'une grande vivacité , qui plie , déplie & replic tout fon corps en arc , fe débandant d'un fens tout contraire au pre- } 76 DES ANIMAUX AERIENS, TÉRRESTRES mier , pour reprendre fubitement la courbure qu’elle avoit auparavant , continuant aïnfi ce manége fans changer que: eres-peu de place , n'en occupant qu'autant qu'il luy en falloit pour executer fes courbures. Le nombre 12. reprefente une grofle anguille morte de- puis peu de tems; je l'obfervay le 9. Mars 1715. à la lumiere d'une chandelle : fa longueur me parut d'environ fix pouces, & fa plus grande épaifleur étoit d'environ trois lignes. Ce fut comme par hazard que je découvris vers fa queué une petite anguille d'environ deux pouces apparens de longueur , qui fe tremoufloit beaucoup pour fortir du ventre de fa mere ; mais n'en pouvant venir à bout, elle y mourut enfin. Cette obfervation femble fufire , pour nous aflurer que les œufs de ces anguilles font couvez au-dedans du corps des meres, & qu'il n'eft pas facile de parvenir à de femblables découver- res , à .caufe de la vîtefle du nager de ces poiflons ; cepen- dant voicy un moyen für pour y arriver ; car il n'y a pour cela qu'à attendre que la petite goutte de vinaigre foit pref- que toute évaporée , afin que la lenteur du mouvement des anguilles facilite la découverte de ce qu'elles contiennent. Ces obfervations étant faites à la lumiere d’une chandelle ; {à diftinétion de l’objet en fera plus belle qu'elle ne feroit à celle du jour; parce que pouvant s'appuyer fur une table , le Microfcope en fera tenu plus ferme ; & d’ailieurs on reçoit moins de faux rayons de lumiere , que fi l'on obfervoir ces mêmes chofes à celle du jour. Par ce moyen nous eûmes le plaifir d’obferver dans la fui- te deux anguilles , durant prés de deux heures , parcourant une étenduë interieure du corps d’une même mere, où elles alloient de la queuë vers la tête, puis revenant de-là vers la ucuë, Le 13°. poiflon ayant quelque reflemblance avec la navette d'un Tiérand , on luy pourra donner ce nom : fon nager s’execute également, foit en avançant foit en reculant: lors quil s'eft allongé on le juge avoir à peu prés deux pouces de longueur , & environ quatre lignes de grofleur, prifes vers le milieu de fon corps, où l'en voit d’autres petits corpufcys les qui femblent étre des œufs, gr AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXXIL Les extrémitez de ce poiflon fe courbent differemment , de forte qu’elles femblent luy fervir de gouvernail , & en même tems de nageoires. Le 14°. poiflon peut être nommé le bec de Corbin, par rap- port à la courbure de fa tête, qui fe termine en pointe : l’au- tre extrémité de fon corps cft groile & arrondie en forme d'une larme :on voit de longs poils fous la gorge de ce poiflon qui luy fervent de nageoires , en forte qu'en les remuantla ré- fiftance du liquide où il nage le fair tourner du côté de fon dos. Le 15° poiflon fera nommé la petite Araignée aquatique : la figure de ce poifon eft femblable à un fphéroïde , fur le quel on remarque plufieurs lignes brunes & paralleles entr”- elles , qui s'étendent du fens du plus grand diametre de ce poiflon ; & entre ces lignes paralleles on y voit plufieurs cor- pufcules plus bruns que le refte de fon corps. Jay aufli remarqué que les pattes du devant de fa tête étoient plus longues que celles qui font au bout oppofe , & que celles du milieu de l’une & l'autre extrémité de tout fon corps font plus longues que celles qui font à côté. . Le 16° reflemblant à une larme , fera nommé de ce nom : fon corps eft uniforme & tranfparent, de maniere qu'on n’y remarque aucune inégalité fenfible : fon col eft long & un peu courbé ; & fa tête qui va diminuant de grofleur , fe ter- mine par une petite rondeur. Éeuy es fera nommé Limas : fa tête eft ronde, & fa queuë aiguë : le refte de fon corps eft aflez gros par rapport à fa longueur , qui devient plus courte dans {on allure qui pa- roît aflez réguliere. Le 18° poiflon à été nommé Chenille aquatique : il s’en trouve de diveries efpeces dans plufieurs infufions de plantes toutes differentes ; & j’ay remarqué en quelques-unes que les poils que nous avons dit ailleurs être comme plantez aux deux lévres de certe chenille, femblent tourner dans de certains momens , comme une molette d’éperon tourneroit en luy donnant un coup de doigt ; & c'eft ce mouvement qui déter- mine une partie des corps qui font d’une certaine grofleur à fe précipiter dans fa bouche, d’où ils font enfuite chailez en Païtie , avec autant de vicefle qu'ils en avoient eu pour y ar- river, l'ij 78 DEs ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES Jay de plus obfervé deux petits corps cilindriques longs d'environ une ligne chacun » & d'un peu moins de grofleur, ac droie & l'autrelà gauche du corps de cette che- nille , & immédiarement à côté de fon cœur : ces corps fer- vent d'appuy à la partie anterieure de l'animal, pour luy don- ner la facilité d'avancer dans le rems qu'il rampe fur le porte- objet du Microfcope. On à bien de la peine à découvrir ces fortes de petites pattes , à caufe qu'elles font tres-courtes, & qu'elles font prefque toujours fous le corps de cette chenille , ne les en écartant que tres-rarement. Le 19° poiflon fera nommé la grofle ÂAraignée aquatique !: fa figure approche de celle d'un ovale ; & {a bouche un peu cnfoncée femble quelquefois fenduë juique vers le milieu de fon corps. Ses lévres font garnies de petits poils en mouve- ment , dont la vicefle femble fe communiquer interieurement à un petit corps qui eft peut-être le cœur , & les poulmons de ce poiflon qui l'environnent. Le derriere eft aufli garni de poils, qui femblent former une efpecc de queuë ; & l'on voit immédiatement au-deflus de l'anus , un amas brin de matiere que je crois être les ex- cremens de ce poiflon , qui fe nourrit d’autres plus petits poiflons , que nous avons appellez Cornemufes , & qui pa- roiflent fe mouvoir dans leurs corps durant quelque tems. Le refte du corps de ces araignées eft d'ordinaire rempli de plufieurs petits corpufcules allez irréguliers, qui peuvent pañler pour des œufs, On découvre auffi de ces efpeces de poiflons dans les in- fufions que lon prépare avec de la paille de froment , de celle d'orge mélce de quelques épis; dans celle que l'on fait avec du bled de Turquie ; dans la canne d'Inde ; dans celle du bois & de l'écorce d'acacias; ; dans celle de poivre en grains, &c. Toutes ces araignées , qui different les unes des autres en quelque chofe , ont du poil tour autour de leurs corps , couché un peu obliquement de la tête vers la queué; ce qu'on peut facilement obferver avec une lentille de Mi- erofcope d'une ligne ou environ de foyer. Le 20° poiflon fera nommé, le poiflon à à la grande gueu: ET AQUATIQUES. SECONDE PaRTIr. Chap XXXIL. 9 le ; parce que fa bouche occupe environ la moitié de toute la longueur de fon corps : fa'levre fuperieure furpañle de beaucoup en longueur celle de l'inferieure ; l'une & l’autre {ont garnies de petits poils , & rout le dedans de fon corps eft rempli de petits corpuicules d’inégale tranfparence : en- fin le derriere de ce poiflon eft terminé par une queuë aflez finguliere , & dont le mouvement eft peu fenfible. Le 21° poiflon fera nomme l'Antonnoir , parce que fa f- ure la plus conftante luy reflemble : on le voit paroître icy es trois formes differentes ; dans celle du milieu on apper- çoit fa bouche ouverte & ronde ; fes Iévres font interieure- ment garnies de petits poils qui fe mouvent tres-vite : fon corps eft feme au-dedans de plufieurs petits corps tres-irré- guliers : fa queuë, qui eft fort longue , traîne fouvent aprés elle une petite pellicule attachée à fon extrémité : on en voit un fecond à gauche qui a la bouche fermée ; & un troifiéme du côté droit dont le corps eft plus rond : fa queué forme dans de certains tems une efpece de tire-boure , qui ne de- meure pas long-tems dans cet état ; car la tête de ce poiflon s'éloignant de fon extrémité , les fpires qui paroiflent au mui- lieu fe redreflent. Le 22° poiflon , qui à la tête faite en trefle , & la queuë : fourchuë , fera nommé le Poiflon à la tête treflée , & au der- riere fourchu : fa bouche eft tres - petite & bien ronde : la moitié de fon corps , qui eft du côte de la tête , femble don- ner le mouvement à tout le refte qui paroîc immobile : cette partie qui eft du côté de la tête eft plus rranfparente que l'autre, & on l'a vû fe plier tres-facilement en rous fens, Eos; poiflon reprefenté en AB, fera nommé Chauflon ; parce qu'il en à la figure , & que la courbure À C , peut paf- fer pour l'entrée du chauflon : le dedans du corps de ce poif- {on eft muni de plufieurs corpufcules tres-tranfparens , que l'on croit étre des œufs. | Dans le tems que je me propofois de fupprimer totale- ment cette infufion , je mavifay d'en mettre une tres-pe- tite goutte fur le porte -objet de mon Microfcope , croyant que ce feroit la derniere fois que j’examinerois cette liqueur; mais en l'y regardant je fus tout étonné d’y voir un prodige Plenchers } ü Planche 11, $8o Des ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES des plus fingulier que j'aye obfervé dans toutes les infufons précedentes. C’étoit une efpece particuliere de chenille aquatique , & des plus rares, n en ayant pû voir que fept ou huit en diver- fes repriles, durant trois Jours feulement ; ce qui a fufñ pour en faire des defleins qui occupent une Planche entiere , dans laquelle Monfieur de Vigneux l’a reprefentée en huit formes, differentes en quelque chofe l'une de l’autre, ainfi que nous l'avons vüé. À B , eft l'une des reprefentations de cette efpece de che- nille aquatique , où l’on voit que fon corps eft compofe de pluficurs anneaux en forme de bourlets , qui rentrent les uns dans les autres, en s'approchant du milieu marqué €. Ce qu'il y a de plus fingulier dans ce nouveau poiflon , eft qu'on voit fortir de fa bouche une efpece de trompe, com- pofée de pluñeurs pieces engaînées l’une dans l’autre , qui fe découvent en A,D,H,N,R,YŸ,et&. L'extrémité de cette trompe fe voit percée en D, en ES enN,enŸ,eten &, où elle eft route ronde: elle eft refen- due en deux parties en R , &en trois en À , où elles forment deux ou trois petites éminences : en LL , on apperçoit deux lévres garnies de poils tres-mobiles ; & en TT ,onn'y voit aucun poil apparent. Pendant que nous obfervions toutes ces chofes , nous ap perçûmes tout d'un coup fortir du milieu de la poitrine de cet animal une efpece de corne, reprefentée en F & en PP}; dont la longueur nous parut compofée de trois efpeces. de falanges d'inégales grofleur , qui rentroient l’une dans l’au- tre , comme font les tuyaux d’une lunette d'approche que l’on veut raccourcir ; & cette corne mouvante décrivoit par June de fes extrémitez F, P, un arc de cercle , en paffant | tantôt de droit à gauche , & tantôt de gauche à droit; aprés quoy elle difparoiïfloit entierement. Nous vimes au derriere de ce poifflon deux pointes tres- aiguës , comme on les a marquées en B,enE ,enO, en S,enZ,& ent. Er lorfque cet animal donne à fa queuë une certaine fituation particuliere , il en découvre juiqu'à trois , ainfi qu'on les peut voir reprefentées en . ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXXIIL 81 ‘ Entre RS, on apperçoit cette chenille de toute fa lon- sueur; & en V, Ÿ et &, elle y cft vûë plus ou moins rac+ courcie. CÉHXRMAERE? IX X XIEIE Suite des Obfervations faites für la même écorce de bors de chêne , qui étoit uen flottant [ur L'eau depurs Montargis jufqu à Pari. N fupprimant l'infufñon précedente , je confervay une partie de l'écorce , que je fis bien fécher au feu; & l'ayant remife en infufion dans un vaifleau de fayence bien net , avec de l'eau de la Seine, j'apperçûs en diverfes fois, & durant l’efpace d'environ deux mois , les nouveaux poif- fons marquez 1, 2 & 3. Jay nommé Gland cornu , le premier de ces poiflons , à caufe que {2 figure approche aflez de celle de ce fruit : fa tête que l'on voit en haut eft ornée de deux efpeces de cor- ñes, longues , roides , blanches & tranfparentes , aufli-bien que le refte de fon corps, dans lequel on n’apperçoit aucun vifcere , ni aucune tache , le tout étant parfairement égal : & l'animal dans un mouvément tres-lent. Le fecond , que je nommeray le Piroüetteur concave & convexe , a fon mouvement circulaire : toute fa partie con- vexe eft garnie d'une feule rangée de poils , plus longs vers la queuë qu'ils ne font ailleurs : le mouvement de ces poils cf fi rapide & fi particulier , qu'il fait tourner circulairement ce poïflon , avec tant de vitefle , que les autres n'en fçau- roient approcher durant fon piroüettement , qui dure aflez long-tems. Enfin le troifiéme poiffon fera nommé Volute , à caufe qu'il eft tourné fpiralement , de même que le reflort qui eft renfermé dans le barillet d’une montre de poche : tout fon eorpseft attaché à une membrane tres-fine , blanche & tranf- parente , fe terminant en pointe du côré de la crête , & fe Planche 1r% 82 DEs ANIMAUX AERIENS; TERRESTRES mouvant circulairement avec aflez de lenteur, dont Îs raifon eft aflez évidente pour n’avoir pas befoin d'être ex- pliquée. CHA ETRIEN TX X AN, Des nouveaux poiflons trouvez dans une infufion d'écorce ê x de bors de chêne neuf. Nviron le 25. Decembre de l'année 1716, je mis infu< fer à froid , dans de l'eau de riviere , plufieurs petits morceaux d'une écorce tres-épaifle d'une grofle bûche de bois de chêne neuf, environ deux heures aprés j'y apperçüs de petits poiflons , que j'ay nommez Cornemufes argentées : & le 15. Janvier 1717. je commençay à voir dans une tres- petite goutte de cette eau cinq ou fix nouveaux poiflons d'un même genre ,qui me parurent aflez confiderables pour meriter une place dans cette Hiftoire , tant à caufe de leur couleur, de leur grofleur , figures & mouvemens differens ; qu'à caufe qu'ils fonc les feuls de cette nature , que j'aye ap+ perçüûs durant tout le cours de mes obfervations. Pour écrire l’hiftoire anatomique de ce poiflon , j’ay fait ce que Jj'ay p pour trouver un nom qui luy convint ; mais ni moy ni ceux à qui je l'ay fait voir , n'onc pü y réüflir ; la raïfon en eft, que cet infeéte ne conferve pas durant une minute la même figure fous laquelle il paroïfloit un peu au- paravant ; de forte qu'en tres-peu de tems on le voit fous routes les diverfes formes reprefentées en cette Planche : cependant le defir d’être , pour ainfi dire, le parrein d’un petit animal aufli rare que l'eft celuy-cy , & auffi curieux à voir pendant fon nager, a fait que plufieurs perfonnes fe font efforcces de le nommer; mais parce que les uns l'ont apper- cûs d'une forme particuliere , les autres d’une autre, cela luy a fait donner le nom de Chenille ; celuy de Chaufle ou de Chauffette , de Guêtre , ou d’Elegant : de Nañle ; de poiflon à deux têces : de Cornet à bouquin ; & enfin de Rognon. Ceux Planche 12. ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXXIV. 8; Ceux qui l'ont vù fous la forme reprefentée en A , ont appellé Chenille dorée , à caufe de la reflemblance qu'il peut avoir avec cet animal , & de fa couleur d'ambre jaune, On voit dans fon corps des fibres longitudinales qui s'éten- dent d’un bout à l’äutre , entre lefquelles on apperçoit de peuts corpufcules aflez irréguliers , & d'inégale grofleur , qui font peut-être les œufs de cette chenille aquatique. On en voit une autre en B, qui a été nommce Chauflette ou Guêtre , dans l’une des extrémitez de laquelle j'avois bien de la peine à déterminer l'endroit où pouvoir être la tête : cependant comme ce poiflon faifoit fouvent voir en € , une grande ouverture qui changeoïit à tout moment de forme ; Je crus devoir prendre cette partie-là pour la bouche de ce poilon , dont les lévres étoient quelquefois fi étendués & fi mobiles , qu'elles pouvoient luy fervir comme d’un gouver- nal pour fe conduire en partie dans fa progreflion; je dis en partie , parce que comme il paroît avancer & reculer égale- ment bien , & fe tourner & retourner en fe pliant & repliane de toutes les manieres imaginables ; cet infeéte doitavoir en luy de quoy fatisfaire à tous ces divers mouvemens. On remarque à l'entour de fon corps de tres-perits poils , des plus déliez qu'on puifle voir , & dont le mouvemene m'a paru peu fenfible , à caufe de leur grande délicateile, qui ne permectoit pas d'en bien faire voir le jeu. n autre qui fe voit en D , aflez raccourci , gonfie, plié & replié , a été nommé Cornet-à-bouquin, à caufe de la forme particuliere qu'il a pris pour un moment. , … Celuy qui cft reprefenté en E , s'eft fait voir fous la forme d'une-Nañe , qui eft un inftrument fait d’ozier , dont on ie {ert pour prendre des poiflons. FGH, eft un autre poiflon , dont la partie G H reflemble à une jambe mal faite : le milieu de fon corps paroît comme s'il étoit noùüe d'une ligature invifble. Âu-deflous de la lettre I, il y en a un autre qui paroït d'u- ne grandeur extraordinaire , par rapport aux précedens : on y apperçoit la forme d'un pied , d'une jambe & d'une curfle caflce : je l'ay nommé Bouffon, à caufe qu'il femble fe plaire dans fes divers changemens ; qui s executent aÿec tant de MA 84 Des ANIMAUX AERIENS; TERRESTRES vitefle , qu'on a eu de la peine d'en fixer une feule attitude, Celuy qui fe voit au-deflous de la lettre K, peut être ap- pellé la Mafluë ; parce que fa bouche qui eft en bas eft tota- lement fermée , & que fon corps cft aflez étendu & gonflé dans fon milieu pour recevoir ce nom. On voit fes œufs que l'on y a reprefentez par quelques petits globules un peu irré- guliers. Au-deflous de l'endroit marqué L , il s’en voit un autre, tellement courbé , que reflemblant à une faucifle pliée en deux, on luy a donné ce nom. Au-deflous des lettres M, M, on y voit deux de ces poif- fons morts fubitement ; y paroiflant fous une forme qui ap- proche aflez de celle d'un Rognon , & qui ne font vûs ainfi, qu'à caufe qu'ils ont été fais dans cet état au moment de Pévaporation totale de la liqueur où on les avoit vûs fe trai- ner un peu avant leur mort. Dans l'inftant que ces fortes d'animaux ceflent de vivre, on les voit devenir blancs & tranfparens , de jaune päle qu'ils étoient auparavant : la raifon en eft évidente , puis qu'elle eft la même que celle des liqueurs qui paroiflent colorées , étant en gros volume , & qui ceflent de le paroître lorfqu'el- les fe trouvent en petite quantité dans des vaifleaux de verre de peu d’épaifleur. N , eft encore un poiflon de même genre , qui pour la reflemblance qu'il à avec une racine appelle Carorre , fera nommé de ce nom. Il s’en voit un autre en O , que j'ay nommé l'Elegant, à caufe qu'il m'a paru nager avec tant de grace, & fe tranf- porter d’une maniere fi grave & fi majeftueufe durant fes divers changemens , que Je n’ay pü luy refufer ce nom. P,Q,R,S,T,V,et X, font encore des poiflons de même nature , vûs immédiatement aprés leur mort, fous toutes les diverfes formes exprimées au-deflous de ces mé- mes lettres, Enfin fous la lettre Ÿ , on y voitun poiflon d'un autre genre , dont la forme approche aflez d’une efpece de bou- cille , pour luy donner ce nom, & qui en nageant parmi les précedens , comme parmi un grand nombre d'autres , doné ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXXV, gs jé ne diray rien , faïfoit rentrer pour un moment l'extrémité de fon col en dedans. Le froid s'étant augmenté confiderablement , peu de jours aprés la naïffance de ces gros infcétes, & le vent du Nord s'étant fait fentir de plus en plus dans l'endroit où je demeu- re , le nombre de ces poiflons eft diminué peu à peu ; de forte qu’au bout d'environ quinze jours J'ay ceflc d'en tirer de cette infufion. EE | CAR LR Er Xe Ve Différtation fur la maniere dont on apperçoit les objets qui font vûs au travers des Microfcopes ; > des Lunettes d'approche. Es fentimens des Philofophes fe trouvant partagez fur la maniere dont nous appercevons les objets quand nous les regardons au travers des Microfcopes & des Lunet- tes d'approche; j'ay crû qu'étant muni d'un nombre fuffifant de ces machines , je pourrois par diverfes experiences par- venir à connoître aflez exaétement la matiere en contefta- tion, & donner par-là les moyens de décider en faveur des uns ou des autres. Pour nous conduire avec quelque ordre dans la recherche que nous voulons faire , il eft, ce me femble , néceflaire de bien faire comprendre de quoy il s’agit : pour cet effet, je diray premierement qu'en difcourant un Jour avec M° *** fur la differente maniere de voir les objets differemment po- fez dans les Microfcopes ; il remarquoit que dans ceux qui font montez d'une feule lentille d’un court foyer , l’objet étoit toujours placé entre la lumiere & l'œil; & que dans les autres Microfcopes montez de deux ou de trois verres , l'ob- jet y étoit ordinairement fitué un peu au-delà , ou au-deflous de la lumiere qu'il recevoit pour être renvoyée à l'œil du Spettareur. Ces obfervations étant fuppolées , nous convinmes encore m ij 86 Des ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES que les objets opaques ctoient vûs par reflexion dans les Mi- ce à deux & à crois verres, en les y regardant de haut en bas. Niais on ne peut pas accorder à à Montieur * ** que dans les Microfcopes à liqueurs on y apperçoive les objets tranfparens par les rayons de lumiere qui pafient des pores de ces corps fur la retine, où faifant dan impreilions ils donnent occafion à l'ame de les appercevoir. Il faut avotier que cette maniere d'expliquer l'apparence des objets tranfparens , qui font vûs dans les Microfcopes à liqueurs , eft tres-fimple ; cependant il n’eft pas difiicile d'en démontrer la faufleté , en prouvant que la lumiere agit dans ce dernier Microfcope de mêtne que dans le premier ; c'eft- à-dire , qu'elle y fait encore voir les objets par refléxion ; mais d'uñe maniere un peu plus compofée : & que quand nous recevons des rayons qui viennent à nos yeux fans s'être refléchis , aprés avoir traverfé les pores des corps tran{pa- rens , & des rayons refléchis tout enfemble , le corps d'où ils étoient partis nous en paroïfloit à la verité plus clair ; mais toujours avec moins de diftinttion qu il n’auroit paru , fi nous nu euflions point receu de rayons, qui n'auroient fimplement fait que traverfer les pores des corps tranfparens. Et pour ne pas confondre les idées differentes que j'avois à l’occafion des mots de clair & de diftin& Je les définis en cette forte, afin d'éviter les conteftations qui pourroient naître , en les employant cy- aprés dans mes preuves , fans avoir pris cette précaution, Je dis donc qu'un objet paroît feulement clair, lorfqu'il envoye beaucoup de lumiere dans nos yeux. Qu'un objet pa- roît diftinét, lorique tous fes points exteriCUrs ENVOYENT UNE quantité fufffante de rayons , qui s'aflemblent féparément en autant de divers points de la retine , qu'il y en a dans Fobjet. Et qu'un objet paroit en même tems clair & diftiné , lors que chaque point de fa fuperficie refléchit dans l'œil le plus de rayons de lumiere qu'il ef pofible ; & que les rayons qui parrent de tous ces poings de l'objet , fe réüniflent en autant de divers poinrs de la retine qui leur répondent. ‘Cela fuppofe , je paflay aux preuves & aux experiences ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXXIV. 87 qui fuivent , en faifant premicrement comprendre que les rayons de lumiere qui ont fimplement trayerié les pores des COrps tranfparens , ne font pas ceux qui nous font appercc- VOIr CES COTPS ; puifque de tels rayons ne peuvent nous faire fentir que ce qu'ils rencontrent en leur chemin , & que ne rencontrant que la matiere fubtile contenué dans ces pores, laquelle ne nous eft nullement fenfble , il s'enfuit qu'ils ne nous fçauroient faire appercevoir aucune partie de ces corps. °. Quand par la fenêtre d'une chambre nous regardons les ‘objers de dehors au travers d’une glace de miroir qui fert de vitre, nous ceflons de voir cette glace des le moment que nous nous appliquons à bien confiderer ces objets , & nous les appercevons _prefque aufli beaux & aufli diftinétement qu ils nous paroitroient fi cette glace n'éroit pas pofée en- tr'eux & nous ; d'où il fuit que la glace, fi elle eft bien net- tes n'interrompt que tres- foiblenmenc Fe rayons de lumiere qui viennent des objets exterieurs ; puiiqu elle ne change rien dans l’apparence de ces objets, fi ce neft qu'elle les “a, paroître en des lieux où ils ne font pas, & quelque peu plus bruns qu'ils ne paroîtroient , fans linterpoñtion de certe vitre. . Si au lieu de porter notre attention au-delà de ce ver- d » Nous nous bornons uniquement à le confiderer ; il eft certain qu'en l'obfervant avec application > NOUS pourrons découvrir s'il a été bien adouci , Sil eft bien poli , Silnya point de rayes, sil ne s ‘y wouve ni bules d'air, ni points, ni ondes , &c. en un mot, nous y remarquerons Juiques aux moindres particularitez PATES Hs agit donc maintenant de fçavoir comment nous par- yenons à la connoiflance de toutes ces choles; fi c’eft par le moyen des rayons de lumiere qui nous viennent immédia: tement des objets de dehors ; ou fi ce font d’autres rayons de lumiere que la glace a reçüûs du dedans de la chambre , & qu'elle nous renvoye enfuite , pour nous faire diftinguer cou- tes ces particularitez ; ou eee fi ceft tout snfemble de l’une de l'autre maniere que nous les obfervons. °. Ce n'eft pas par la lumiere immédiatement envoyée des Pie exterjeurs que J'apperçois tout ce que je remarque , m il] sh 88 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES puifqu'en les regardant attentivement, je cefle d'appercevoir la glace, & tout ce qu'elle contient. 2°. Ce ne font point non plus les rayons de lumiere qui venant du Ciel, vers lequel je porte ma vüë, qui me la font appercevoir avec fes défauts de tranfparence , puifque je ne vois que le Ciel par cette façon de regarder. Il en faut donc premierement conclure , que j'apperçois cette glace par les feuls rayons de lumiere qu'elle a reçûs du dedans de la chambre , & qu’elle refléchit enfuite dans mes yeux , avec les modifications néceflaires pour me faire fentir tout ce que J y diftingue. D'ailleurs , fi pendant que je vois ainfi la glace par des rayons refléchis du dedans de la chambre , il arrive que j'en reçoive encore d’autres qui viennent immédiatement du Ciel ou de quelque autre objet, ces derniers rayons ne font qu'interrompre l'aétion des rayons refléchis , & m'empêchent d'obferver ce verre aufli exaétement que je le ferois. Et je fuis d’ailleurs perfuadé , que s'il étoit poñlible de tapifler d'un noir parfait toute la chambre où eft cette glace , on ne pour- roit voir du dedans de cette chambre , que les objets qui ferotent au-delà, & non la glace : car fi vous arrêtez à l'ex- trénuté d'un tuyau d'environ trois pouces de longueur , & d'un pouce de diametre , dont le dedans foit'le plus noir qu'il eft poflible , un morceau de glace bien tranfparente , pendant que votre œil fera appliqué à l’autre extrémité du MÊME tuyau , regardant par un trou qui occupe le centre de cette extrémité , & qui foit plus petit que l'ouverture de la prunelle ; en forte qu'aucun rayon, s'il eft pofible , ne puifle fe refiéchir de l'interieur de ce tuyau ; vous ne diftinguerez rien de ce verre , & votre vûë fe terminera entierement à l'objet exterieur où vous la dirigez. Après ces obfervations , il ne fera pas difficile d'expliquer comment nous voyons les objets par le moyen des Microf- copes à un ou à plufieurs verres , ni de prouver que tous les objets n'y font bien vüs , que pat la feule lumiere ré- fléchie. 1%. Quand au travers d’une feule lentille d'environ trois lignes de foyer , montée dans le Microfcope , dont vpicy le ET AQUATIQUES. SECONDE PARTIE. Chap. XXXV. 89 deflein , nous regardons de haut en bas de petits objets, comme des grains de fable répandus fur un corps noir, qui fert de portes-objets ; il eft indubitable que nous les apper- cevons par la lumiere que leur furface renvoye à l'œil ; & que s'il étoit poflible d'empêcher que les rayons qui pour- roient les avoir penetrez , ne vinflent fe mêler fur la retine avec les rayons refléchis dont je parle , nous en diftingue- rions incomparablement mieux cette fuperfcie tournée de notre côté. Et comme ces objets regardez de cette même maniere avec un Microfcope à plufieurs verres , ne font point apperçüs autrement, on en doit conclure , qu'ils font toujours vûs dans de pareilles experiences , par des rayons refléchis; ainfi que nous les verrions de nos yeux nuds, & nullement par des rayons qui fe rompent ailleurs, que dans les verres de ces fortes d’inftrumens. Il refte maintenant à montrer que la même chofe arrive quand nous regardons des objets au travers des Microfcopes à liqueurs , tenus dans une direétion femblable à celle que nous donnons à une Lunette d'approche , pour obferver ce qui fe pañle dans le Ciel. Pour cer effet , il faut fe fouvenir de ce que nous avons dit touchant la glace de miroir appliquée à la fenêtre d’une chambre ; fçavoir , que nous ne l’appercevons point par les rayons qui nous viennent immédiatement des objets du de- hors, en la traverfant fimplement ; mais par ceux qui, ayant penerré les pores de ce verre , font retournez de la furface interieure de la chambre fur les endroits folides de la glace, pour entrer dans nos yeux aprés une feconde refléxion; ainfi les objets ou les parties de ces objets ne font point apper- çüés dans ce Microfcope , par les rayons de lumiere qui viennent d’abord du dehors, paflant au travers des endroits tout tranfparens de ces corps ; mais par ceux qui ayant paflez par ces mêmes endroits , reviennent du fond du Microfco- pe; c'eft-à-dire , de la partie de la lentille , que l'ouverture du diaphragme laifle découverte fur leur furface tournée de notre côte , & s'en refléchiflent enfuite jufqu'au fond de l'œil, oùils peignent l'image de ces objets. Tour cela fe peut encore confirmer par d’autres experien- Planche 7. de la pre- maicre Par- te, 90 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES ces ; en voicy une que le hazard me fit un jour naître , qui me femble tres-propre pour montrer que nous voyons les ob- jets dans le Microfcope à liqueurs par la feule réflexion de la lumiere. Un tres-petit corps opaque s'étant heureufement trouvé dans une goutte de liqueur placée au milieu du concave ou porte-objet de verre, fe fit voir d'une belle couleur atgenti- ne dans une aflez grande étenduë de fa furface tournée de mon côté ; & cette étenduë ne pouvoir étre vûé que par des rayons de lumiere refléchis , pendant que les endroits qui en Ctoient un peu éloignez me paroifloient tres-opaques ; parce que la rondeur de cet objet ne permertoit pas que la lumiere refléchie de ces mêmes endroits , vint vers mon œil. Le même hazard qui a fait trouver le corps opaque dont je viens de parler , pofé au milieu du concave ou porte-ob- jet, pourroit bien en faire trouver un autre dans le même lieu , dontles parties feroient fi defunies & {iinterrompuës en fa furface , que les rayons de lumiere refléchis fur luy s’y ab- forberoient entierement ; d'où il s’'enfuivroit que n’en reve- nant pas dans l'œil du Speétateur , ce petit objet paroîtroit toujours opaque. Ou enfin ce corps opaque occupant trop d'efpace vis-à-vis de la lentille, & empêchant par-là l'entrée des rayons de lumiere , il ne pourroit être vi. Mais fi l'on veut faire reüflir cette experience , il ny a qu'à prendre une lentille d’un foyer un peu long , comme d’un pouce , & donner au diaphragme , dont on doit la cou- vrir , une ouverture qui furpañle celle du diametre du corps que l'on veut obferver ; alors fi ce corps opaque eft propre à seflechir la lumiere qu'il aura reçûé far fa furface tournée vers nous, il ne manquera pas d'être vi. On m'objectera peut-être qu'en faifant rencontrer le corps opaque vis-a-vis le milieu de la fâme d'une chandelle , on l'y voit fi noir , que l'on ne diftingue rien du tout en fa fuper- ficie; ce qui ne devroit pas arriver. s J'avouë que fi le corps opaque eft crop petit, par rapport à la grofleur de la flâme de cette chandelle , il paroîtra noir, a caufe que la grande quantité de rayons de lumiere , qui viendræ ET AQUATIQUES. SEC, PART. Chap. XXXV. o1 viendra dans l'œil , fera capable d'effacer l’impreffion des foibles rayons qu'il reçoit de l'objet que l’on veut voir. Pour preuve inconteftable de cette vérité , fi nous pre- nons un objet plus gros pour faire cette expérience , notre œil recevant alors moins de rayons direéts de la flamme de cette chandelle , ce peu de rayons ne nous empêchera pas de voir ce corps ; & c’eft une des principales raifons qui doit rous obliger fouvent à diminuer l'ouverture des diaphragmes que nous mettons fur les lentilles des microfcopes & ailleurs. Une autre expérience qui prouve certainement que les ob- jets , comme les anguilles du vinaigre, font vüs par la feule réflexion de la lumiere , qui retourne du fond du microfcope fur eux-mêmes , c'eft que fi l’on applique au côté plat du concave ou porte-objet , un diaphragme qui couvre même une partie du concave où font ces anguilles , on ne cefle pas pour cela de voir celles qui ne fe trouvent pas dans les rayons de lumiere qui traverfent le milieu du concave ; & même celles qui permettent par leur tranfparence le paflage de la lumiere , qui fouftre réfraétion en traverfant le centre du concave & les endroits voifins , ne paroïflent pas à beaucoup près fi diftinétes que celles qui ne reçoivent la lumiere que par réflexion ; & l’on eft même fouvent obligé de détourner quelque peu le microfcope , pour ne pas recevoir dans ce moment tant de rayons direëts qui nous empêchent de voir Pobjet le plus diftinétement qu'il eft poñlibie, quoique ces rayons le faflent paroître avec plus d'éclat. Et il faut remarquer qu’en vous fervant d’une lentille d’en- viron trois lignes de foyer , vous rendrez l'expérience dont je viens de parler , plus fenfible que fi vous vous ferviez d’u- ne lentille d’un foyer plus petit; à caufe que celle-ci faifant découvrir un moindre champ que l’autre , les objets un peu écartés du trou par où pañle la lumiere , n’en pourroient pas être apperçüs. 3°. Lorfqu'on obferve exa€tement les plus groffes bulles d'air formées dans la goutte de vinaigre qui occupe la con- cavité du porte-objet, & que pour cet effet on fe fert de la flamme d’une bougie au lieu du jour, on apperçoit l'image €n petit de cette flamme qui paroït fur la convexité de ia Tome I. Partie IL, n 92 : DES'ANIMAUX AERIENS , FERRESTRES bulle d'air tournée versnos yeux ; ce qui marque infaillible: ment que,c’eit par réflexion que nous appercevons cette pe: tite image , comme nous la verrions par le réflexion de def- fus un miroir convexe de métal, Tout au contraire on appercevra cette flamme plus grofle au-delà de cette bulle d’air qu’on ne la vûe en-decà , parce que la concavité du vinaigre qui touche immédiatement le derriere de la bulle d'air ,a la propriété de faire paroître plus grofle l'image de l'objet qui lui eft'oppofé. 449,$i l’on met des grains de fable fur le verre concave du microfcope ouvert par les côtés pour donner paflage à la lumiere , & qu’on regarde ces objets de haut en-bas avec ce microfcope élevé à - plomb au -deflus d’un corps qui ren- voye à l'œil des rayons de lumiere au-travers de ce concave.,, pendant. que ces mêmes. grains de, fable en réfléchiffent auf, on les verra avec moins de diftinétion qu’on ne feroit fi on les. regardoit.en mettant à la place de ce corps un mor- ceau de drap noir aflez près du trou inférieur de ce même inftrument ; d’où il fuit que la lumiere rompue venant à l'œil immédiatement. , après avoir fouffert quelques réfraétions: dans ce verre aoncave & dans ces grains de fable , trouble: lation des rayonsréfléchis , en caufant une fenfation con- fufe de ces objets ; de même que tout ce-qui eft, peint dans. un tableau bien éclairé , y eft vû avec moins de diftinétion: & de beauté qu'il ne le feroit fi les objets qui l’environnent. ne lui envoyoient pas par réflexion: une partie de la lumiere: qu'ils reçoivent. : Enfin fi c’étoit la-lumiere rompue , qui vient immédiate ment dans Pœil du Speétateur après avoir, traverfé les objets: tramfparens , qui nous lesfit voir diftinétement , il s'enfuivroit. que plus l'œil recevroit de rayons rompus , plus il décou- vriroitde parties diftinétes dans l’objet ; & c’eft précifémenr tout le contraire de ce qui arrive , puifqu’à mefure,que l'on augmente l'ouverture objeétive du microfcope , pour don- ner paflage à plus, de rayons. de lumiere qui entrent immé- diatement dans l'œil après avoir. été rompus , plus l’objet paroit confus. - On objeéte que pour voir fi un. verre de lunette eft biens ET AQUATIQUES. SEC. PART, Chap. XXXV. 03 adouci, ou s'ileft bien poli, on le regarde en le plaçant en- tre la lumiere & l'œil , & qu’ainfi nous en jugeons mieux qu'en le regardant de toute autre maniere ; d'où l'on veut conclurre que nous voyons les défauts d'adouciflement de ce verre par la feule lumiere rompue qui vient immédiatement dans nos yeux , après l'avoir traverfé. Cette conféquence me paroît tirée avec un peu trop de précipitation , & fans avoir examiné les circenftances qui accompagnent l'expérience dont il s’agit , puifque bien loin de faire contre nous , elle va nous fervir d’un nouveau moyen pour combattre l’opinion'en faveur de laquelle on l'apporte, en faifant comprendre qu'il n’eft pas toujours vrai de dire que pour voir fi un verre de lunette eft aflez adouci & aflez poli , on le place entre la lumiere & l'œil, puifque ceux qui taillent ces verres n’ont pas befoin de les démaftiquer pour connoître s'ils ont l’adouciflement & le poliment requis ; ils ne font pour cela que regarder ce verre en tournant le dos à la lumiere , pendant qu'ils la font recevoir au verre qui eft attaché à la molette. On reconnoit même encore aflez bien fi un verre de lu- nette a les perfeétions qu'il doit avoir du côté du travail, lorfquil eft détaché: de deflus la molette , en le regardant ET fur un morceau de drap noir , pendant qu'il reçoit. lalumiere prefqu'àa-plomb , & qu'elle revient de même dans nos yeux, ayant le dos tourné à la lumiere du jour , afin de n'en recevoir par réflexion que de la furface du verre qu’on examine , en le remuant doucement pendant qu’on le tient ainfi en expérience. Il nous refte enfin à prouver qu’en mettant le verre entre la lumiere & l’œil:, pour le regarder comme on le propofe , nous le voyons encore par réflexion ; car pendant que nous lobfervons dans cette fituation , une partie des rayons de: lumiere qui l'ont traverfé , lui eft renvoyée par les objets qui font en-decà , & d’où lui viennent en même temps d’au- tres rayons ; enforte que ceux-ci 8 ceux-là retournent de ce verre à nos yeux, par une feconde réflexion. De plus , il faut remarquer que ff dans cette expérience nous tournons le verre que nous voulons obferver exaéte- nl 1] 94 DEs ANIMAUX AERIENS , TERRESTRES ment , vis-à-vis le bois d’une croifée de fenêtre , afin de rece: voir moins de lumiere, qui fe rompt en traverfant ce verre, nous le verrons certainement avec plus de diftinétion que nous ne ferions fans cette précaution. Enfin les objets que nous appercevons par le moyen des lunettes d'approche, ne fe voyent aufh que par la lumiere qu'ils réfléchiflent à nos yeux ; & toutes les réfraétions que les rayons fouffrent en traverfant les verres de ces inftru- mens, ne fervent qu’à nous augmenter l'apparence de l’ob- jet , à nous le faire paroître plus proche , plus gros & plus diftinét , mais moins clair qu'il ne paroîtroit aux yeux nuds, & fans le fecours des lunettes. Nous pouvons donc maintenant conclurre que tous les objets apperçûs , foit par les microfcopes en général , foit par les télefcopes , ne font vüs bien diftinétement que par les feuls rayons réfléchis. S'il arrivoit , Monfieur, qu'après avoir examiné cette pe- tite Diflertation vous ne fufliez pas de mon fentiment , je vous prie de me faire la grace de mettre par écrit ce que vous y aurez trouvé de défeftueux , tant dans mes raifonne- mens que dans les expériences dont je les ai accompagnés, afin que j’eflaye fi je pourrai parvenir à rendre plus claire & plus intelligible la matiere en conteftation. Vous aurez aufli la bonté de nous faire comprendre , 12. comment , en fuivant votre hypothefe , nous voyons les grains de fable pofés fur le porte-objet du microfcope à li- queur , femblable à celui qui eft repréfenté en la figure , PL 7. ci-après , Tome 2. lorfque nous les regardons de haut en- bas. 2°. Comment nous appercevons les mêmes grains de fable par ce même microfcope , en lui donnant une fituation ho- rifontale. 3°. Pourquoi nous les voyons mieux dans l’une de ces fi- tuations que dans l’autre. 4°. Et pourquoi encore ces mêmes grains de fable paroif- fent plus bruns étant vûs dans la direétion horifontale du microfcope , que dans fa verticale. s°. Pourquoi il faut moins donner d'ouverture aux dia- ET AQUATIQUES. SEC. PART. Chap. XXXV, 05 phragmes des lentilles d’un court foyer , qu’à ceux des len- tilles dont Le foyer eft plus éloigné du verre. 6°. Pourquoi les plus petits animaux vifibles des liqueurs, & les plus petits atomes qu'on y découvre , {ont mieux apperçüs lorfqu'ls font hors du rayon principal, que lorf- qu’ils font dans ce même rayon , ou tout proche. 7°. Et pourquoi il y en a de fi petits, qu'il n’eft pas pof- ble de les appercevoir dans la lumiere qui les traverfe direc- tement en paflant par l'axe de la vifion, ou auprès ; & qu'ils font vûs dans l'ombre , ou hors le cône des rayons qui paf- fent par toute l'ouverture objeétive du microfcope. :! 8°. Pourquoi nous n’appercevons pas le concave ou porte- objet de verre, que l’on fuppofe être des plus parfaits , avec autant de diftinétion que nous appercevons les anguilles du vinaigre, par exemple, qui font fur cette concavité , puifque ce concave eft plus tranfparent que ces mêmes anguilles. 9°. Pourquoi certains corps opaques font-ils vüs dans le microfcope à liqueur, en les y regardant comme on regar- de dans une lunette d'approche , quoiqu'il ne pañle aucun rayon de lumiere au-travers de ce corps. Vous verrez, Monfeur, qu'il n’y a aucun phénomene contenu dans les difficultés que j'ai l'honneur de vous pro- pofer ici, qui n’ait été rélolu ci-devant, ou qui ne le puifle être facilement par l’hypothefe de la double réflexion des rayons de lumiere ; & que de plus il n’eft pas néceffaire d’a- voir recours aux réfractions que la lumiere fouffre en les tra- verfant, fi ce n’eft après qu'ils font réfléchis ; & enfin que ces réfraétions font très-nuifñibles en un fens, puifque les rayons ainfi rompus , & reçus dans l'œil immédiatement après, nous empêchent de voir les corps avec la même net- _teté & la même diftinétion que nous les verrions fans cela. 3 - E2 Planche 13. 96 . DES ANIMAUX AERIENS |; TERRESTRES ré CHAPITRE XXX VI. : Nouvelles découvertes d’Animaux trouvés dans une infufion: d’amadou. E petit infeéte repréfenté en la figure D & Æ de là Planche 13. eft tout couvert d’une nymphe ou peau écailleufe , que j'ai fouvent obfervé naître dans de l’eau de pluie *, comme aufli d'érang & de riviere. Je l'ai nommé Malezieu , parce que M. de Malezieu , de l’Académie Royale des Sciences, eft le premier qui l'ait vû. Quelques-uns croyent qu'il tire fon origine de l'eau de pluie, dans laquelle; fi elle eft expofée quelque temps à l'air, on ne manque pas pendant tout l’été d'en trouver une grande quantité d’une vivacité extrème: Cet infeéte eft tout-à-fait différent ,, quant à la forme, de tous ceux que j'ai vüs , & dont le mouvement eft très -furs prenant : il a une fort grofle tête, à proportion de tout: le refte de fon corps: il a en plufieurs endroits du corps, des houpes de poil placées comme on les voit dans cette figure: il a deux cornes qui paroiflent femblables à celles d’un bœuf tournées en-dedans, & , Comme je crois, creufes, avec'des houpes de poil aufli aux bouts ; 1l les remuoit avec facilité & en tous fens : peut-être que ce font fes narines. La bouche eft large, & femble être faite comme celle d’un crabbe ou amare , & par laquelle je les ai vûs fouvent fe nourrir Es , où de quelque matiere nutritive contenue enicelle. : J'appercevois fort diftinétement au-travers de fa mem- brane ou peau tranfparente , l'animal étant vivant, plufeurs mouvemens divers dans la tête , dans l’eftomac & dans le ventre , defquels je pourrai peut-être traiter plus amplement ailleurs , pour montrer la grande utilité des microfcopes pour découvrir la maniere d'opérer de la Nature dans les corps des animaux , lorfqu’elle agit dans toute fa force & libre- * Par des obfervations poftérieures on a reconnu que ce petit infecte n’eft autre chofe que le.coufin dans fon état de ver, qui eft très-commun par-tout. LL ET AQUATIQUES. SEC. PART. Chap. XXXVI. 0 ment ; au lieu que quand nous travaillons pour découvrir ce qu’elle a de plus caché, en la forçant par la difleëtion de que qu'animal encore en vie : nous voyons à la vérité que la Nature opere encore , maïs elle eft troublée par la violence qu'on lui fait. La forme de ce poiflon paroît très-diftinéte par le deflein qui eft ici repréfenté , la partie poftérieure étant compofée de huit articles différens , qui font marqués des lettres a, b, c,d,e,f,g,h, figure £. Du milieu de chaque article, & à chaque côté, fortoient trois ou RE marqués 2, 2, t, la queue féparée en deux parties de différentes façons , l'une detquelles eft marquée 3 ,; armée de poils , qui paroît fer- vir de queue & de HR , pour faciliter & répler les mouvemens très-vifs de l'animal. L'autre partie 2 m'a paru être comme le neuvieme article du corps, armée pareille- ment de poils ; au bas de laquelle partie, marqué z, il ya une efpece de boyau marqué 7, m, m, d’une couleur plus obfcure, qui pe par toute la longueur du corps de l’ani- mal , dans lequel on remarquoit une efpece de matiere noire qui montoit & defcendoit par des mouvemens périftalriques depuis la partie orbiculaire x , qui me paroifloit être fon efto- mac, jufqu’au bout z, & de-là remontoit encore en-haut ; lequel mouvement périftaltique j'ai pareillement obfervé densun pou , dans un moucheron, & dans plufieurs autres mouches dont les corps étoient tranfparens. La poitrine marquée 0, 0, 0, o, étoit épaifle, courte & tranfparente ; de façon que je voyois le cœur blanc, qui eft auff la couleur du fang de cet animal, comme elle l’eft de la plüpart des infeétes qui nagent dans l’eau. Ce cœur avoit fes mouvemens de fiftole & de diaftole , comme l'ont un grand nombre d’autres animaux. On y remarquoit encore plufieurs houpes de poils en forme de petites aigrettes marquées p, p, &c. 1l s’en voit de femblables fur fa tête, qui fe remarquent aux endroits marqués s,#,s. Cette tête eft large & courte , munie de deux gros yeux noirs, marqués 7, Z°, qui ne m'ont pas paru de differentes couleurs, comme cela eft arrivé dans la fuite; & de deux petites cornes À, À, dont j'ai déjà parlé, 08 DES ANIMAUX AERIENS , TERRESTRES Son mouvement & fon repos font fort particuliers & fort divertiflans à voir. Ils font très-différens de ceux que j'ai obfervés dans beaucoup d’autres animaux ; car quand il ne remue plus fon corps , la queue qui paroit la plus légere, & même que l’eau dans laquelle il nage , le fait monter dans Pinftant à la furface de l'eau dans laquelle il nage, où il fe voit fufpendu la tête en-bas. Si par quelque vivacité il arrive qu'il defcende plus bas que cette fuperficie , il y remonte bientôt après, jufqu'à ce qu'il ait la queue au-deflus de cette furface. La pofture pendante de cet infeéte me fait fouvenir d’un certain animal que j'ai vû ici à Londres, qu’on avoit apporté de l'Amérique, qui fe tenoit aufli fufpendu par la queue la tête en-bas ; & on difoit quil avoit coûtume de dormir en cette pofture , avec fes petits dans un faux- ventre ou ma- trice que la Nature lui avoit formé pour la produétion , la nutrition & préfervation de fes petits, dont on trouve la defcription dans le Livre V. chap. 24. de l'Hiftoire naturelle du Bréfil, par Pifo. Le mouvement de cetinfeéte fe faifoit la queue en-devant; trainant fon corps à reculons , par le mouvement çà & là de cette houpe qui fort d’une partie de fa queue. Il avoit aufñii un autre mouvement qui avoit plus de rapport à celui de quelques autres animaux , car il alloit la tête en-devant ; & par le mouvement de fa bouche il avoit la facilité de def- cendre doucement vers le fond du vaifleau où il étoit, fe faifant un chemin en mangeant, pour ainfi dire , l’eau. Mais ce qui étoit plus digne d’être obfervé touchant cet infeéte , étoit fon changement ou méramorphofe ; car en ayant gardé plufeurs dans une phiole d’eau de pluie , dans laquelle ils avoient été produits, j'ai trouvé , après les avoir gardés en- viron quinze jours ou trois femaines, que plufieurs s’envo- loient en moucherons , laiflant leurs peaux derriere eux dans l'eau , nageant au-deflus de la furface , dans le même endroit où ils avoient coûtume de faire leur réfidence quand ils vi- voient encore dans l’eau. Ceci me les a fait obferver encore avec plus de circonfpeétion, pour voir fi je ne pourrois pas les trouver dans le moment de leur changement ; & peu de temps ET AQUATIQUES. SECT: PART. Chap: XXXVI. 69: terhps après j'en obfervai plufieurs changés dans une formes: extraordinaire , & tout-à-fait différente de ce qu'ils étoient"! auparavant ; leur corps & leur tête étant devenus beaucoup: plus gros & plus profonds , fans être plus larges , & leur: ventre ou partie poftérieure plus menue , & entourée, pour ainfidire , au tour de ce gros corps, à-peu-près de la maniere qu'on l’a repréfentée dans les figures 7, 4, Z , de la Planche 13. La tête & les cornes nageoient alors en-haut ,:& toute la mafle de l'animal me paroifloit être devenue beaucoup. plus légere ; car après lui avoir fait peur , il s’enfonçoit au- deflous de la furface vers le fond , en pouflant ou allongeant: promptement fa queue , de forte que le corps remontoit avec plus de vitefle qu'il ne faifoit lorfqu'il étoit dans fa pre- miere forme. | HE Jobfervois de plus fon progrès de temps en temps, & je trouvois que fon corps augméntoit toujours ; Ja Nétaré le préparant ainfi pour un élement plus léger , & dont il alloit devenir habitant : car en l’obfervant avec le microfcope, je. voyois fes yeux tout-à-fait différens de ce qu'ils paroifloient auparavant , y remarquant plufieurs petites bofles ou émi- nences rondes , femblables à-peu-près aux yeux d’une four- mi. Enfin je voyois une partie de cet infeéte nager au-deflus de la furface de l'eau , 8& une autre au-deflôus ; & quoiqu’en lui faifant peur 1l fe plongeât entierement , néantmoins il remontoit tout aufli- tôt , fe remettant dans fa premiere fi-’ tuation : & après avoir attendu encore quelque temps , je voyoisque la tête & le corps d’un moucheron commençoient à paroïtre & à fe montrer tout-à-fait au-deflus de la furface de l'eau, & petit - à-petit fes pattes font forties de fanym- phe; premierement les deux de devant , puis après les au- tres , & enfin le corps tout entier hors de fa nymphe du laifloit dans l’eau , demeurant fur fes pattes & fur la furface de l'eau ; & petit-à-petit il commençoit à remuer, & en-” fuite on voyoit dans la phiole un moucheron parfait. Si je fuis defcendu dans un grand détail par rapport à la tranfmutation de plufeurs de ces petits animaüx que j'ar ob-. fervés', c’eft parce que je n’ai encore trouvé perfonne Le lait fait ; & parce que la chofe eft fi furprenante & fi diffé- Tome I. Part, IL, (a) lanche 13. 10o .! DES ANIMAUXTAERIENS, TERRESTRES rente delaproduétion ordinaire des autres animaux, que je l'ai jugée non- feulement devoir être agréable au Eeéteur’, maismême utile & néceflaire pour perfeétionner l'Hiftoire natutelle des Animaux. + Touchant la génération & la produétion de ces infeétes , ilpeut arriver ou que les moucherons ayent: laiffé. tomber leuts œufs immédiatement dans l'eau , ou peut-être d’abord dans l'air ;.& quele vent & le mouvement continuel de cet air les auroit fait voler çà & là, & retenus dans air pen- dant quelque temps , & à la fin la pluie les aura fait def- cendre. br “CHAPITRE XXXVIL D'un Poiffon: nommé Coquille ou Cyclope , qui s’eft vu tioMs | dans. la premiere mfufion d'amadou. AT 'AvanTiencore rien vù dans la Nature qui m’ait paru N avoir quelque rapport de reflemblance avec les poif- {ons dont j'ai parlé dans le chapitre précédent , j'ai été porté à les nommer Malefieux ; du nom de celui qui les a peut- être le premier apperçûs en France ; & je nommerai coquilles ou cyclopes , les feconds poiflons , que je ne commençai à voir qu'environ quinze jours après ques m'eut fait préfent de:la phiole où étoit l’infufion d’amadou *. Le nom de coquille ne leur convient pas mal , parce que quand leurs queues environnent leurs têtes , ce qui leur eft aflez ordinaire; ils en ont à-peu-près la figure , & même la couleur. On peut aufli les nommer cyclopes , parce qu'ils pa- roiflent n'avoir qu'un œil, tellement enfoncé dans leur tête, qui eft tranfparente en cet endroit-là , que cet œil peut en apparence voir à droite & à gauche , comme s'ils en avoient deux. .La.groffeur naturelle de l’un de ces poiflons regardé des yeux nuds., approche aflez de celle d’un très-petit grain de. 1% Cet animal eft encore le coùfin , mais dans un état différent de celui où l'Aw- teur l'a examiné au chapitre précédent : ici il eft en nymphe. ET AQUATIQUES. SECT. PART. Chap. XXXVII. 1or millet ; mais en l’obfervaut avec une loupe d'environ un pouce de foyer , il nous a paru ainfi qu’il eft repréfenté fous les lettres F,G : & lorfque nous l'avons confidéré avec une lentille d'environ cinq lignes de foyer , nous l’avons vû fuc- ceflivement fous les différentes formes & grandeurs appa- rentes qu'il a été repréfenté au- deflous des lettres Æ, 7, Z. Sa tête , fon col & fa poitrine fe trouvent tellement ramaf- fés , que ces trois chofes ne paroïflent compofer qu'une feule mafle de matiere, fur laquelle on ne voit qu’un œil affez gros & noir , environné de quelques petits poils inégalement dif- tribués fur les bords de fes paupieres, qui paroiflent immo- biles. On remarque encore deux efpeces d'oreilles longues, rondes , & creufes comme de petits tuyaux courbés en arcs: tout le refte de fon corps fe voit compofé de fix ou fept pie- ces en forme d’anneaux articulés , qui vont en diminuant de grofleur , ornés de plufieurs petites aigrettes formées de poils, On voit encore fortir du dernier de ces anneaux deux efpe- ces de plumes bien tranfparentes , qui fervent de nageoires à ce poiflon, qui eft repréfenté de côté en À, vù par der- riere ou des trois quarts en Z , & en forme de coquille au- deflous de la lettre Z. Nous ne dirons rien des parties contenues fous la fuperfi- cie de la nymphe écailleufe ou membraneufe de ce poiflon, parce qu'il nous a toujours paru tellement ramañlé , que la lumiere ne les pouvant pénétrer , elle n’en pouvoit peindre les images dans nos yeux. Les Malezieux , dont j'ai parlé ci-devant , ayant quitté leur peau, fe font admirer fous la forme de cet infette , qui ne differe pas tant du premier , que ce fecond difiere du troi- fieme dont on va parler ; car en examinant de près ce cyclo- pe , on le voit nager la tête en-haut , pourremonter du fond de la caraffe vers la furface de l'eau , en pouflant fa queue avec vitefle vers le bas de l’eau , pour faire monter fa tête en-haut. En obfervant fon progrès de temps en temps , on s’apper- cevoit que le volume de fon corps s’augmentoit de plus en plus , la Nature le préparant ainfi pour luifaciliter lesmoyens oi, 102 DESs ANIMAUX AERIENS , TERRESTRES: d'aller vivre dans un élement beaucoup plus léger , & dont il alloit devenir l'habitant ; car en Pobfervant avec le mi- crofcope à deux verres , on voyoit nager une partie de fon corps au-deflus de la furface de l'eau , & une autre au def fous : & quoiqu’en lui faifant peur il s’enfonçât dans l’eau , on l'appercevoit bientôt remonter avec beaucoup plus de vitefle qu'il ne faifoit lorfqu'il étoit dans fa premiere forme. Enfin en continuant de l’obferver , on fut tout étonné de voir la tête & le corps d’une petite mouche qui commencæ à s'élever petit-à- petit au - deffus de la furface de l’eau , en s'y dégageant de fa nymphe ; pouflant fes pattes de devant au-dehors de cette peau , enfuite celle de derriere , & enfin fon corps entier , fe difpofant petit-à-petit à prendre l'eflor & s'envoler en l'air. On me demandera peut-être comment il eft pofhble que cette mouche qui a commencé à vivre dans l’eau , étant en- veloppée de deux nymphes dont elle a fù fe débarafler, peut. après cela continuer à vivre dans l'air. Pour répondre à cette demande , il n’y a qu’à faire réfle- xion qu'il y a des animaux qui n’ont befoin que de peu de nourriture pour vivre , & d’autres aufquels il en faut beau- coup ; que ceux dont l’eftomac digere facilement & en peu d'heures, ont befoin de beaucoup d’alimens pour les foûte- nir , comme l’homme , le cheval, &c. tout au contraire ceux dont l’eftomac digere difficilement en employant beaucoup de temps, comme les marmottes, les viperes , &c. n'en ont befoin que de peu. Nous tirâmes un jour une vipere hors d’une groffe & large bouteille , où elle repofoit fur un lit de fable depuis environ fix mois , fans avoir ufé d'aucune nourriture apparente du- rant tout ce temps-là : on la préfenta à la tête d’un chien: qu'on avoit lié fur une planche pour le difiéquer , elle le mordit à une oreille ; un moment après ce chien tomba dans une fi grande convulfion, qu'il.en mourut en un inftant. On louvrit, & l’on trouva fon fang déjà figé dans les vaifleaux fanguins. Je fuis, perfuadé qu’elle auroit encore vécu quel- ques mois fans prendre d’autre nourriture. L y a un grand nombre d’autres animaux qui vivent long- SE ———————— ET AQUATIQUES. SEC. ParT. Chap. XXXVIL 103 temps dans l'air , fans leur donner que peu ou point de nour- riture. Une araignée que javois enfermée dans un microfco- pe à canon de verre, que j'ai nommé rombeau , ÿ a vécu lus de quatre mois , fans y avoir pris d’autres alimens que e fang de deux mouches ordinaires que je lui jettai en deux différentes fois , & qu'elle piqua à la gorge après s’en être faifie , pour en fuccer le fang feulement , car elle ne les man- ea pas. Enfin ayant appliqué plufieurs mites d’un ferin de Canarie fur le porte-objet d’un microfcope à liqueur, & les y ayant colées avec un peu d’eau gommée, pour les y faire tenir, je m'apperçus qu'au bout d'environ trois mois il s’y en trouva encore quelques-unes en vie, quoique colées fur le dos. Ces expériences, & un grand nombre d’autres que je pour- rois rapporter ici, s'il étoit néceflaire , prouvent qu'il y a dans l'air, comme dans l’eau , des parties nutritives qui fer- vent d’alimens à ces animaux ; ainfi les moucherons fortis des nymphes qui enveloppoient les Malefieux & les cyclo- pés , pouvoient y vivre aufli. Le dernier poiflon que j'ai vü dans la phiole où étoient les Maleñeux & les cyclopes , eft repréfenté fous la lettre » ; fa figure nous a paru femblable à celle d’une poire de bon- chrétien , couverte d’une infinité de petits poils : fa tête étoit couronnée d’un bandeau , dont la largeur étoit termi- née d’un côté par quelques petits ornemens , & l’on apper- cevoit fortir de fon front plufieurs gros poils longs & tranf- parens. Cet animal qui eft repréfenté vû par le dos, n’eft point tranfparent : on voit à gauche de longues pattes mu- nies de poils qui lui fervent de nageoires. CHABMIERE, XXNNIIL Seconde infufion d'amadou. E 18 Août de l’année 1718, je préparai une infufion de grofle amadou ; environ 24 heures après j'y apper- çus quelques petits animaux , dont Le contour ne me paroif- Planche 13, 104 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES foit pas bien terminé : peu de jours après j’y vis des corne- mufes blanches & tranfparentes. Le 12 Septembre il s’y trouva un grand nombre de poiflons , que j’ai nommés enfans en maillots, qui moururent huit jours après leur naïflance ; en la place defquels il fuccéda beaucoup de chenilles aqua- tiques : il y vint aufli des cloportes & des fphéroïdes , fans aucun mouvement fenfble. Cette infufon , qui étoit encore en expérience le 28 No- vembre de la même année 1718 , ne fit rien voir de plus. Cette expérience fait voïr qu’une feconde infufion de mé- me nature que la premiere , n’aide pas toûjours à produire les mêmes chofes : la raifon en paroitra évidente à ceux qui fe feront donnés la peine de lire le chapitre 18 de cette {e- conde partie, qui eft au fol. 44. CHAPITRE SRE D'une nouvelle Poule hupée, vüe dans une infufion de bois de chéne flotte. Ous avons repréfenté un poiflon avec des ailes, dans N dans la feconde Planche de la deuxieme partie de ce Livre, que nous avons nommé Poule hupée. En voici une autre que je nomme du même nom, qui n'a point d’ailes ; on la voit repréfentée fous la lettre V. La premiere n’avoit point de corps qui fût vifible ; celle-ci en a un fort gros, qui fe termine en pointe aflez longue , & fi mobile , qu’elle fert de gouvernail à ce poiflon pour le diriger durant {on nager, qui m'a paru aflez élégant. CHA PIIPRIE PEL; Des Poiffons nommés Deftouches. OxsiEur Camus Deftouches ayant eu la bonté de m'envoyer d’une eau tirée de fon puits , après avoir été mife dans un réfervoir de pierre, & expolée à un air ET AQUATIQUES. SEC. PART. Chap. XL. 10$ libre durant plufieurs jours , je l’examinai avec beaucoup de plaifir, & j'eus la fatisfattion d'y appercevoir plufeurs ani- maux marchans , rampans & nageans , qui m'ont paru affez finguliers pour mériter d’être repréfentés dans cette Planche. FF nommerai grain de mille: celui qui a été repréfenté au- deffous de la lettre O , parce qu'il en a à-peu-près la Fo & la couleur. Il paroït aux yeux nuds environ de la groffeur d'une très- petite épingle : je l'ai trouvé nageant de côté armi de petits vers rouges , dont je dois parler ci-après. Lorrain l'obferve avec une lentille d'environ cinq lignes de foyer, & qu’on l’expofe à la lumiere du jour , de maniere qu'elle revienne à l'œil par une fimple réflexion , on s’apper- çoit que l'animal eft enfermé comme dans une double co- quille, comme les moules ; qu'il a la liberté d'ouvrir & de refermer , de même que l’on ouvre une tabatiere à charniere ; & qu'il poufle de temps en temps de longues pattes au - de- hors , qui fervent à le faire mouvoir fur le côté feulement, ne l'ayant jamais vü pofé fur fon ventre, qui eft un peu cour- be-concave ; ni fur fon dos, qui eft courbe-convexe. Cette convexité paroït polie & un peu luifante ; elle eft d'un jaune-pâle , & munie de quelques petits poils affez éloignés les uns des autres. Cette efpece de furtout n'étant pas tranfparent , il ne m'a pas été poflible de pouvoir décou- vrir la forme particuliere du poiflon ; qu’il cache de toutes parts. Son nager n'eft pas élégant ; il ne tourne & n'avance : par les diverfes fecoufles de fes pattes, qui font munies e trés-longs poils tranfparens , & aflez gros du côté de leurs racines. | COHAPEILTRE XLTL Des Poux aquatiques. N découvre dans l'eau commune qui fe donne de temps en temps aux tétarts pour leur fervir de nour- cure , plufieurs fortes d'animaux, parmi lefquels il s’en trou ve quelques-uns d’aflez finguliers pour mériter que l’on eg fafle l’hiftoire anatomique, Planche 13e PJanche 13. 106 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES Celui dont je vais parler eft de ce nombre. Sa groffeur naturelle & ordinaire approche aflez de celle d’un ciron; mais étant mis fur le porte-objet d’un microfcope à liqueur, monté de plufeurs lentilles de différens foyers , qui s’y pla- cent l’un après l’autre , on l’apperçoit à-peu-près tel qu'il eft vû au-deflous des lettres P, Q , R; & parce que fa figure approche quelque peu d’un des animaux domeftiques qui nous incommodent quelquefois , je lui donnerai le nom de pou aquatique *, en attendant que quelque Naturalifte mieux inftruit que je ne le fuis des différens êtres de la Nature, lui en donne un autre qui lui convienne mieux. Si l’on confidere ce pou couché fur le dos & tout étendu ; ainfi qu'il fe voit en À, on apperçoit que fa tête eft couron- née de plufeurs petits globules blancs & tranfparens , qui paroïflent comme autant de petits animaux qui s’attachent à fon corps pour le dévorer. J'ai reconnu depuis , que ces animaux reflemblent fort aux enronnoirs qui fe rencontrent dans les infufions de paille & d’épis de blé , quoique plus petits; & qu’au milieu il y a un petit corps noir & mobile en lui-même , environné en partie de plufieurs globules tranf- parens, qui femblent être attachés fur une partie de fa cir- conférence , tandis que l’autre partie fe voit environnée de plufieurs petits filets noirs qui le font mouvoir tour-à-tour de différens fens. Comme ces animaux préfentent toüjours cette tache noire aux yeux des fpeétateurs , il y a lieu de croire que c’eft l'œil de ce poiflon ; & parce qu'il eft tout feul , on peut nommer cet infeéte fecond cyclope, pour le diftinguer du précédent. On voit en celui qui eft marqué À, deux longs bras com- potés de plufeurs articles très- mobiles, qui font munis de gros & de petits poils blancs & tranfparens ; & l’on apper- Goit encore que ces bras ainfi conftruits , fervent de nageoires à ce poiflon. Prefque toute la largeur de ce petit animal pa- roît divifée en deux parties égales par une bande un peu lar- ge , fous laquelle & à la faveur de fa tranfparence , on dés couvre vers le haut un petit corps que j'ai pris pour fes pou- * Selon la defcription de l'Auteur , je crois que c’eft l’infete que Swammer= dam appelle pulez aquaticus arborefcens, puceron d’eau branchu. maons ;, ET AQUATIQUES. SEC. PART: Chap. XLI. 10% mons , à caufe de deux mouvemens égaux & réglés qu'on y eut obferver très-diftinétement. A droite & à gauche de la bande dont je viens de parler , j'ai vû deux corps longs, de figure femblable à deux portions de cercle aflez égales entrelles , qui fe meuvent enfemble dé’haut en - bas & de bas en-haut , fans que j'aye pü d’abord juger ce que ces corps pouvoient être ; mais en continuant de les obferver , j'ai remarqué que l'animal avoit aflemblé trois jambes d’une part, & trois d’une autre part , garnies de longs poils ; s’allongeant toutes enfemble ;:& fe raccour- ciflant de même ; continuant ainfi ces divers mouvemens , jufqu’à ce que la liqueur dans laquelle il étoit , füt entiere- ment defléchée. Nous avons auffi remarqué dans un autre poiflon de même Er mais d'une efpece aflez différente du précédent , que oflice de fes jambes étoit de fervir à le tranfporrer d’un lieu en un autre, non en marchant , mais en nageant. : On voit le long de fon corps une efpece de boyau courbé du côté de fa tête, dans lequel on apperçoit une matiere en mouvement , qui va & vient en ne changeant que très-peu de lieu : on apperçoit à côté deux autres corps aufli en mouvement , dont l’un eft plustranfparent que l’autre. Au-deflous de ces corps il y a deux efpeces d'ailes qui fe meuvent très-vite & très-régulierement , ne céflant ce ma- négeque quand la liqueur fe trouve totalement defféchée ; car alors l'animal n’y pouvant faire aucune fonétion , il y meurt collé fur le porte-objet du microfcope. On remarque aux endroits marqués 4, 4 , comme deux petites cornes , compofées l’une & l’autre de deux cornes articulées de quelques petits poils à leurs extrémités. Enfin le derriere de ce poiflon eft terminé par deux longs poils blancs , tranfparens & mobiles , dont l’ufage m’a paru être à-peu-près le même dans cet animal, qu’un gouvernail eit à un vaifleau de tranfport. | HT 271 Tome I. Part. IL, p Planche 14. 108 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES CELA P EL TRE SCEUTE Du Pou terreftre & aquatique, FH NANS une eau prife.dans le tonneau qui eft au jardür fupérieur du Collége de Boncourt , je trouvai plu- fieurs animaux que je n’avois point encore vüs dans les eaux de cette nature que j'avois ci-devant examinées. Je plaçai celui dont voici le deffein ; fur le concave ou porte-objet de: verre d’un microfcope monté d’une feule lentille , dont le foyer eft d'environ une ligne & demie de longueur ; & par ce fecours je vis cet infette à- peu-près comme je l'ai repré- fenté au - deffous de la lettre 2 , & d’une couleur d’ambre jaune peu tranfparent ; ayant Ka tête plus large que haute, & comme enchäflée dans fes épaules , qui forment une efpe- ce de bourrelet , & tout le refte de fon corps fe voit compofé de fept ou huit articles emboïtés en partie les uns dans les autres. Le devant de la tête de cet infeéte eft orné de deux cornes: d’une longueur & d’une ftruéture des plus extraordinaires qu'on He voir. Chacune de ces cornes eft compofée d’en- viron dix à onze articles , qui femblent n’avoir entr'eux que très-peu de liaifon : ces articles font munis & environnés de très- petits poils. Ce qui m'a paru de très-fingulier dans la ftru@ure de ces cornes, ç’a été d’en voir les extrémités ter minées par des parties plus grofles & plus pefantes que ne font celles qui les précedent. On apperçoit deux gros yeux placésà droite & à gauche de la tête de cetinfecte , dont la cornée eftraboteufe , & fem- blable à celle de l’œil d’une punaife. Vous voyez cet infeéte avec fix longues pattes très mobiles, munies de poils & ar- mées de griffes bien aiguës , s’'approchant & s’éloignant l’une de Pautre , fuivant les divers mouvemens quil procure à fon corps , tant en nageant dans l’eau, qu’en marchant fur fa furface & ailleurs ; car il abandonne quelquefois totale- ment, pour fe promener durant quelque temps fur celle du vaifleau qui la contient, ET AQUATIQUES. SEC, PART. Chap. XLII. 109 La trop grande épaifleur & le peu de tranfparence du corps de cet animal, nous ont empêché d'en pouvoir décou- vrir les parties intérieures. - | Pendant que je fus appliqué à examiner l'infeéte dont je viens de parler , fes compagnons fe préparoient pour pañler d'un élément aqueux dans un plus léger ; de forte qu’en paf- fant de l’eau dans l'air , & s’échappant ainfi à mes yeux , je fus privé en peu de temps du plaïfir que je m'étois propoté d’avoir , & de celui que j’avois deflein de procurer au Pu- blic , par la defcription anatomique que j’en aurois pù faire. CHAPITRE XLIIL D'une apparence de Chenille dorée, couronnée & mafquée *, P OuR continuer l'explication des chofes qui font con- tenues dans la treiziéme Planche , nous parlerons d’une produétion de la Nature des plus fingulieres , & des plus curieufes à obferver : ce font trois différentes repréfenta- tions d’une apparence de Chenille qui paroît en forme de co- que , qui n’eft attachée que par le derriere à une petite bran- che de fureau chargée de feuilles & de fleurs , qu’un de mes amis fe donna la peine de m'apporter de la campagne l'été dernier. Elle a été repréfentée en S , ayant la têre en-haut, & vüe par-devant ; elle eft vüe en 7 par-deflus , ayant la tête en- bas , & le corps un peu tourné de côté ; & on la voit en Ÿ” de profil, pofée fur la petite branche de fureau. On la peut nommer Chenille malquée , parce qu'il paroît un véritable mafque au - devant de fa tête , fur lequel on voit comme deux yeux, un nez, un menton, un front ; maisil n'y paroit point de bouche. Ce mafque femble être environné d’un voile qui ne cache aucune partie du vifage , laiflant les joues prefqu’entierement * La Chenille que décrit ici PAu- l'eûc gardée aflez de temps , ou qu’elle téur, doit étre une chryfalide angulai- eût pû conferver la vie, il en auroic te, de l’efpece de celles qui fe fufpen- vû naître un papillon. dent par leur partie pofiérieure : s’il à P1 Hifi. nat. L. 2. tab. 12 & 2346 hifl. pif- cium, tab, 27, 110 DEs ANIMAUX AERIENS , TERRESTRES découvertes ; n’en cachant qu’autant qu'il faut pour enchàf- fer ce mafque , comme on enchäâfle une pierre précieufe dans {on chaton, afin de l’y arrêter. On remarque encore à droite & à gauche de ce mafque | comme deux oreilles qui paroif- fentappuyées fur ce voile , ce qui fait que le vifage et entie- rement découvert. Sa coeflure eft une efpece de bonnet à deux cornes pointues , compofée de plufeurs pieces qui fe joignent fi exattement l’une auprès de l’autre , que leur af- femblage n’en eft bien vü que par le fecours d’une loupe. Le corps de cette Chenille eft compofé de fix ou fept ar- ticles qui fe voyent un peu emboités l'un dans l’autre, & diminuer de grofleur à proportion qu'ils s’approchent de fon extrémité. À droite & à gauche de chacun de ces articles, on y compte douze efpeces de mammelons , fix d’un côté & autant de l’autre, également efpacés {ur deux lignes droi- tes qui feroient tirées de haut en-bas. Le voile ou les ailes de l'animal , qui fervent comme de fertiflure au mafque, defcendent le long du dos de la Chenille , & fe terminent immédiatemeut au - deflous des trois premiers articles qui font du côté de la tête. Lorfqu'on m’apporta cette Chenille , je vis fa coeffure & une grande partie du devant de fon corps , d’une belle cou- leur d’or luifant : dans la fuite elle s’eft changée en celle des feves de caffé à demi torréfié, fans avoir perdu que très-peu du luifant qu’on y avoit remarqué. Cette derniere couleur eft encore changeante , à-peu-près comme elle létoit au commencement , fuivant les diverfes expofitions du jour qu'on lui faifoit recevoir. Ou voit dans l’'Hiftoire naturelle de Jonffonus , Medecin Anglois , des effets merveilleux de la Nature , qui font en- core plus furprenans que tout ce que j'ai dit du poiflon maf- qué repréfenté en la fixieme Planche de cette feconde partie, fous le chiffre 12. Nous avons vü une agathe afez petite , taillée d’une for- me un peu convexe & ronde , fervant d’une pierre précieufe enchâflée dans le chaton d’une bague qui repréfentoit le vi- fage d’une Religieufe avec fon voile , d’une beauté fingu- liere. ET AQUATIQUES. SEC. PART. Chap. XLIIL. 111 C'eft une chofe aflez commune , de voir des formes de têtes différentes fur des boëtes de racines de buis , fur celles de bois d’olivier , fur des tables de marbre , fur de certains cailloux qu’on fcie pour faire des tables de marqueterie, &c. & cela fufhit pour guérir l’efprit de certaines perfonnes , qui ne veulent pas croire qu'il y ait dans la Nature des chofes qui puiflent avoir quelque rapport de reflemblance à l'homme. Voyez encore là-deflus ce qui eft rapporté par Jean Struys dans fes Voyages de différens Pays. CPP ITR X LT, Des Doguins trouvés nageans dans une infufion de paille de blé, que étoit en expérience depuis dix mois ou environ. Ous avons parlé dans le trentieme chapitre de cette N feconde partie , des animaux trouvés dans diverfes in- fuñons de paille & d’épis de blé, dont on peut voir les def- feins fur les Planches 8 & 9 de cette même partie ; mais nous n'avions alors aucune connoïflance du nouveau poiflon qui fe voit ici repréfenté au-deflous de la lertre X, que M. Ca- mus Deftouches nomma doguin dès le moment que j'eus honneur de le lui faire voir au-travers d’une lentille d’en- viron dix lignes de foyer , par le moyen de laquelle nous vimes fa tête comme emmanchée dans fes épaules , au-delà defquelles il lavançoit & la retiroit fucceffivement ; il la tournoit aufli & la mouvoit très-librement en tous fens, remuant diverfement fes levres, qui paroifloient très-mobiles & garnies de poils aflez courts, & dont les mouvemens particuliers faifoient pirouetter d’autres animaux très-petits ui fe trouvoient à portée de fa bouche , dans laquelle il en aifoit entrer quelques-uns pour lui fervir de nourriture : fon corps que nous appercevions aflez mal terminé & changer fouvent de forme , nous paroifloit très-gros par rapport à fa longueur : nous en découvrions quelques-uns qui étoient tout tranfparens , & d’autres dont le bas-ventre étoit rempli de petits corpufcules bruns, qui ne permettoient pas un libre pañlage à la lumiere. Planche 13. 112 DES ANIMAUX AERIENS ; TFRRESTRES On apperçoit au derriere de ce poiflon deux corps longs & ronds, qui vont en diminuant de groffeur jufqu’à fe ter- miner en pointes aflez fines. Ces deux efpeces de queues, qui font blanches & tranfparentes, fervent de gouvernail & de nageoires à ce poiflon. Pendant qu'il fe tranfporte très- vite en nageant, on voit qu'il s'arrête de temps en temps au milieu de fa courfe pour faire plufieurs culbutes , en faifant pañler fon corps par-deflus fa tête d’une maniere adroite & très-agréable à voir. Je trouvai le 8 Septembre 1718, une autre efpece de Doguins dans une vieille infufion d'un bouquet compofé de plufeurs fleurs de différentes efpeces , qui avoit trempé dans de l’eau de riviere dès le 24 Août 1717, qui n’ont pü trouver de place dans cette Planche. Le corps en étoit fi blanc & fi tranfparent , que je pouvois difcerner les mouve- mens du cœur, des poumons, & de tout ce qui étoit con- tenu dans la capacité du bas-ventre de cet animal. Ces der- niers Doguins different des précédens , en ce qu'ils font plus tranfparens ; que leurs queues font rrès-courtes & prefque immobiles ; qu'ils fe meuvent très-lentement ; & enfin que leurs bouches font plus petites de moitié que celles des pre+ . miers. Planche 13. CHEAP TR EX EN Defcription de certains petits Vers rouges qui ont été trouvés dans de l’eau de puits. O N voit trois de ces petits infeétes qui ont été repré- fentés au bas de cette Planche , au-deflous des lettres V5 Y5.33 un peu plus gros qu’on ne les a vüs des yeux nuds. Il y en avoit de gros & de petits dans l’eau de ce puits ; les plus gros avoient environ quatre lignes de longueur &z demi- ligne de diametre | étant vûs fans autre fecours que celui d’une lunette à nez , dont chaque verre avoit fix pouces de foyer. Par ce moyen je les apperçüs nager dans cette eau d’une maniere toute extraordinaire, n’y avançant que par les ET:AQUATIQUES. SEC. PART. Chap. XLV. 113 différentes fecoufles de chaque moitié de leur petit corps , dont ils formoient un 8 de chiffre, ou une s toute femblable à celle que je viens de repréfenter ; fe pliant & fe dé- pliant avec tant de fouplefle & de promptitude , qu'on fe trouvoit obligé de donner toute l'attention dont on étoit capable , pour bien juger de la forme qu’il prenoit à chaque moment ; & après quil s’étoit bien fatigué , on le voyoit def- cendre au fond de l’eau, où il étoit vù marcher & ramper par le moyen de quelques pattes très-courtes qu'il avoit vers la tête & vers la queue. Mais parce que ce vers a beaucoup de longueur par rapport à fa groffeur, il eft obligé de ram- er après avoir marché quelque peu , & pour cela il faut qu'il fe ferve des parties en forme d’anneaux qui font au mi- lieu de fon corps , pour fe tranfporter plus facilement d’un lieu en un autre ; ce qu'il ne pourroit faire s’il n’employoit que fes pattes toutes feules. J'ai trouvé la méchanique de ce tranfport fi belle , que j'ai crû la devoir expliquer pour la faire comprendre ; & cela fuffit pour nous affürer qu'un feul infeéte peut marcher, ramper & nager. Les vers de terre de la couleur de ceux dont je viens de parler, ne font que ram- per ; les Chenilles aquatiques rampent & nagent , & les an- guilles du vinaigre nagent feulement. Pendant que le ver repréfenté en cette Planche avance fa tête & qu'il la retire , il ouvre une grande bouche bien différente de celle des vers ordinaires , qui eft toute ronde ; au lieu que celle de l’infeéte dont je parle , a la levre fupé- rieure beaucoup plus longue que l'inférieure , & on les voit l'une & l’autre munies de petits poils aflez courts. Sa tête eft ornée de deux petites cornes qui paroiflent émouflées par leurs extrémités , & de deux yeux trés-brillans ; le derriere eft terminé par plufeurs efpeces de feuilles aflez longues & tran{parentes : enfin on apperçoit un ou plufieurs mufcles qui forment un cordon qui regne depuis fa tête jufqu’au der- nier des anneaux qui compofent toute l'étendue de l’animal , à la réferve de fa tête & de fa queue. Ces petits infeétes amaflent une efpece de fédiment qui fe forme au fond du vaiffeau où ils font ; ils s’en font un petit tas qui paroît de couleur verte , dans lequel ils fe logent Planche 14. 114 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES après s'être bien tourmentés ; & l’on remarque en la furface extérieure de cette mafle , des entrées rondes qui s’y confer- vent , quoique la matiere qui les environne foit très-délicate. Si on la remue en l’agitant pour l’éparpiller , & rompre ainfi toutes leurs cellules, ces animaux la ramaflent tout de nou- veau en un petit peloton, pour y former de nouvelles cel- lules dans lefquelles ils fe gliflent , & où ils demeurent au- tant de temps qu'il leur en faut pour faire de nouveaux ef- prits, & recommencer à nager de la même maniere que nous l’avons décrit. Je devrois parler ici de ce que deviennent ces infeëtes , en marquant de quelle maniere ils paroiïflent fe transformer en mouches que l’on nomme des coufins ; mais j'ai befoin pour cela de les examiner encore , afin de ne rien avancer que de certain fur ce changement , qui m’a paru des plus curieux que l’on puifle voir, & même des plus furprenans. (| CHA PUMA EPE "NET De l’Araignée aquatique. 1 JÉS donné le nom d’Araignée aquatique au poiflon qui eft vû repréfenté fur cette Planche au-deflous de la lettre £; Je l'ai pêché par hafard dans une très-vieille infufion d’écorce de bois de chêne. Son corps eft de figure ovale , & fans au- cune apparence de tête ; on voit pourtant quelquefois remuer de très-petits poils qui bordent fes levres , dont le mouve- ment particulier donne occafion aux petits corps qui fe trou- vent dans cette infufion , d'entrer dans fa bouche pour fervir de nourriture à ce poiflon. À droite & à gauche de cette bouche, on y voit deux petites cornes articulées & mobiles, dont les extrémités font terminées par des efpeces de petits poils qui forment comme des aigrettes. On lui remarque qua- tre pattes toutes femblables à fes cornes, mais un peu plus lon- gues & plus grofles. Ces pattes & ces cornes fervent de na- geoires à ce poifon , qui fe tranfporte par des fecoufles fi promptes & tellement fuivies , qu'on a de la peine à le bien examiner ; ET AQUATIQUES. SEC. PART. Chap. XLVI. 115 examiner ; 1l faut pour cet effet attendre patiemment qu’une grande partie de la goutte d’eau où il nage , foit prefqu'en- tierement defléchée : alors on fe trouve en état d'en pouvoir obferver toutes les parties dont je viens de parler, & de re- connoître qu'il eft terminé par une efpece de queue faite de poils. CHAPITRE XLVIL Defcription d'un petit Infeële des plus curieux qui fe paille obferver, tant pour la diverfité des chofes qu'on y découvre extérieurement , que pour celles qu'on y appercoit dans les parties tranfparentes *. C E petit poiflon fe pêche dans nos baflins de fontaine , où on le voit nager parmi les têtars; ila environ deux hgnes de longueur , & une ligne de diametre par le milieu de fon corps. Sa conftruétion eft toute finguliere ; on le voit ici repréfenté au-deflous de la lettre Æ, PI. 15 , à - peu - près comme on l’a vù avec un petit microfcope à deux verres, qui n’a qu’un pouce de longueur : par fon moyen on voit les objets dans leur fituation naturelle. Le dos de cette infeéte eft convexe , & couvert de plufeurs efpeces d’anneaux écail- leux & mobiles. Chacune de ces écailles eft piquée de plu- fieurs petites cavités , qui fe voyent repréfentées par des points. Sa tête eft ornée de deux yeux noirs , de deux cor- nes , & de deux efpeces de bras qui fe découvrent un peu au - deflous de fes yeux : fa queue eft compofée de quatre efpeces de nageoires , chacune defquelles eft divifée en plufeurs articles emboités les uns dans les autres , & garnis de poils aflez gros vers leurs racines : fes jambes , qui font au nombre de cinq ou fix de chaque côté , lui fervent auff de nageoires, & font encore garnies de poils à-peu-près fem- blables à ceux qui fe remarquent aux jambes d’une puce. Outre ces parties extérieures , on apperçoit encore vers le derriere du corps de ce poiflon , deux efpeces de bras plus * Cet Infe@te eft connu fous le nom de füille aquatique , ou fous celui de cre- vette. Tome I, Part. IT, q Planche 15. 116 Des ANIMAUX AERIENS , TERRESTRES menus que les précédens , qui battent la mefure très -réou- lierement & avec beaucoup de vitefle , s’accordanr entr'eux à s'élever & à s’abaifler , de même que cela s’obferve aux pattes de devant d’un chien qu’on fait tenir debout , & qui a été dreflé à faire ce petit manége. Pendant que le mouve- ment de ces bras dure , on voit circuler l’eau qui environne ce poiflon placé fur le porte-objet d’un microfcope , & qu’on y laïfle exprès pour l'empêcher de mourir durant le temps que l’on employe à lexaminer. Mais ce qui paroït de plus furprenant , c’eft de voir cir- culer le fang de ce poiflon dans les veines & dans les arteres des quatre nageoires qui compofent fa queue ; dans celles des cinq ou fix pattes qui font du côté de la lentille ; dans les vaifleaux des deux bras , lorfqu'ils ceffent de battre la mefure ; dans les deux cornes qui font fur fatête, & dansles deux autres bras qui fe voyent au-deflous de fa tête. On peut nommer ce poiflon crevette , parce qu'il reflemble en quelque façon à un poiflon de mer qui eft de la longueur d’un doigt ou environ, & à qui lon a donné ce nom. x LOS RE EEE CE NE EE PEN CHA PET RCE NX EVIIL Des Sauterelles aquatiques Dé ADAME la Duchefle du Maine s'étant appliquée aux Mathématiques & à la Phyfique d’ufage , s’eft heu- reufement trouvée avoir beaucoup de fagacité pour les dé- couvertes qui fe font avec le microfcope ; de forte qu’elle seit fait un plaifir , après la leéture de mon Livre, de poufler aflez loin cette matiere , pour trouver de nouveaux infeétes dans des eaux préparées , & dans celles qui n’ont point d’autre préparation que celle qui leur vient naturellement de l’air par fucceflion de temps. Cette Princefle m’ayant fait l’hon- neur de m’appeller à Sceaux , elle envoya prendre de l’eau . dans un canal. Cette eau lui ayant été apportée , elle en mit une très-petite goutte fur le porte objet de fon microfcope | # C’eft la nymphe de la mouche éphémere, ET AQUATIQUES. SEC. PART, Chap. XLVIIL. 117 univerfel , avec autant d’adrefle que l’auroit pà faire un ex- coller Microfcopifte. Aufli-tôt qu'elle l’eut porté à fon œil & mis au point de diftinétion , elle s'écria en difant : En voici un des nouveaux que j'a découverts ! En me préfentant le mi- crofcope , Son Altele Séréniflime me pria de l'examiner, de le defliner quand je ferois de retour à Paris , pour le faire graver, & d'en donner une defcription de fa part à Mefheurs de l’Académie Royale des Sciences. J'éxaminai donc cetinfeéte , que je trouvai d’abord digne d’admiration ; & parce qu'il éroit néceflaire de lui donner un nom qui lui convint, pour en faciliter la defcription , je pris la liberté de dire à S. A. S. que fr elle avoit pour agréable d’en être la maraine , j'en ferois le parain ; elle mérépondit, très-volontiers , de forte qu'il fut nommé /auterelle aquatique. Après avoir paflé environ deux heures à faire diverfes ex- périences avec les microfcopes de S. A. S. je pris congé de cette Princefle pour m'en revenir à Paris ; où j'apportai la bouteille pleine de l’eau du canal dont je viens de parler , & d’un nombre fuffifant de Sauterelles aquatiques , afin de les examiner à loifir. - Le lendemain je les mis en expérience , pour les faire defliner par M. de Vigneux , qui les repréfenta dans les trois différentes artitudes exprimées élégamment au - deflous des lettres 4 , 8, C. La premiere de ces repréfentations la fait voir par le dos , la tête en-haut, & pofée fur le ventre : la feconde la fait voir de côté, le dos en-haut, & étendue de droite à gauche : enfin celle qui eft vüe au-deflous de C , eft couchée fur le dos, ayant la tête en-haut , & le ventre tourné du côté du Speétateur. Cet infeéte nous a paru avoir environ deux lignes de lon- gueur , étant vü des yeux nuds , fans y comprendre l’éten- due de fa queue , divifée dès fa racine en trois branches clai- res & tranfparentes ; dont chacune eft compofée de plus fieurs articles qui vont diminuant de grofleur depuis le commencement jufqu'a la fin. La tête de cette efpece de Sauterelle étant vûe de front ; paroït à1peu-près feriblable à celle d’un jeune agneau; on y voit deux gros yeux bruns , & fur le milieu de chaque cornée une petite tache noire , qi Planche 1$. Plancherf. ru8 DES ANIMAUX AFRIENS , TERRESTRES au-deflous de laquelle il y a deux trous qui donnent paliee à l'air qui entre dans fes poumons. Au-deflous de ces naféäux on voit une petite tache noire & deux cornes , dont cha- cune furpafle en longueur tout le corps de la Sauterelle. Ces cornes font très-menues , bien blanches & tranfparentes , chacune defquelles eft compoñée d’un fi grand nombre d’ar- ticles, que je n’ai pù les compter , non- feulement à caufe du mouvement rapide de la Sauterelle , mais aufli à caufe de la diminution extraordinaire qu’ils ont à mefure qu’ils fe trou- vent approcher de plus en plus de l'extrémité. Sa bouche qui eft fortgrande , réflemble affez à celle d’un petit agneau ; on la lui voit ouvrir & fermer de temps en temps, remuant les levres comme pour mâcher quelque cholfe. Son corps qui eft de couleur d’ambre jaune , eft compote de plufieurs pieces mobiles & écailleufes, à- peu-près fem- blables à celles qui couvrent le dos d’un cloporte ; on y re- marque fix pattes , chacune defquelles eft compofée de trois piéces & d’autant d'articles très - mobiles. Ces pattes font fuivies de dix ou douze petites rames toutes femblables à des plumes de certainsoifeaux ; leur ufage eft de fervir au tranf- portde ce poiffon, par le moyendes diverfes fecoufles qu’elles donnent à l’eau qu’elles pouffent dans le temps qu'il y nage. : On voit fouvent cet Infeéte marcher au fond de l’eau , & s'élever vers fa furface par les diverfes fecoufles qu'il lui com- munique. . À mefure que la petite goutte d’eau qu’on a mife fur le porte-objet du microfcope , s'évapore , elle s'y épaiflit; & animal y trouvant alors plus de réfiftance , y nage moins vite , & donne plus de facilité de remarquer les mouvemens des poumons étendus tout le long de fon corps : on les y voit avec beaucoup de plaifir s’enfler & fe defenfler avec autant de régularité qu'on en peut remarquer dans les vibrations d'un pendule mis en mouvement. Une feconde Sauterelle repréfentée diverfement fur cette même Planche fous les lettres D, E , F, eft celle que M. Paris m’apporta un jour pour l’examiner * ; elle ne fe trouve 4 Celle qui eft repréfentée au-deflous de la lectre D , eft vûe par le ventre. ET AQUATIQUES. SEC. PART. Chap. XLVIII. 119 pour l'ordinaire que dans les baflins de jardin , oùil s’en voit de grandes , de moyennes & de petites ; les plus grandes femblent aux yeux nuds avoir environ trois lignes de lon- gueur: celle-ci eft une des plus petites & des plus tranf- parentes. On s’eft fervi pour l’examiner, d’une lentille d’une ligne & demie de foyer; fa tête eit ornée de deux belles cornes fort longues , compofées de tant de par- ties & de jointures, qu'il eft très -difficile d’en compter le nombre : elles font auffi munies de poils d’un bout à l’autre. On apperçoit au-deflous de ces cornes deux petites ouver- tures qui peuvent pañler pour fes nafeaux ; un peu à côté on remarque deux beaux yeux noirs: mais fi après avoir pris une lentille d'environ trois lignes de foyer , on incline le mi- crofcope , afin de faire tomber les rayons de lumiere fur le corps de l'animal, les yeux , de noirs dont ils étoient vûs auparavant, paroiîtront d’un jaune -obfcur, & feront vûs couverts de cryftallins , de même que l’œil d’un petit mou- cheron. Son corps eft compofé d'environ dix à douze an- neaux, qui diminuent infenfiblement de groffeur depuis la tête jufqu'à l’autre extrémité de fon corps. Les fix pattes dont elle eft pourvüe, font divifées chacune par trois ou qua- tre articulations, & garnies de poils dans toutes leurs lon- gueurs. Ces pattes onr leurs infertions dans les trois anneaux qui font les plus proches de fa tête ; elles font chacune ter- minées par une petite griffe qui fert à s’accrocher le long des bords du baflin où on les pêche , comme on l’a remarqué plufieurs fois. A chaque jointure des anneaux , depuis le quatrieme juf- qu'à l'onzieme inclufivement , on voit de petites nageoires compofées de houpes de poils qui font enfermées dans des membranes très-fines & tranfparentes, qui fervent à fon tranfport le plus commun, en les agitant avec une rapidité extraord naire. Elle a trois longues queues qui paroif- fent femblables à fes cornes , par le grand nombre de pieces , d'articles & de poils qui les compofent. Sa fituation la plus ordinaire eft d’être fur le ventre , foit qu’elle nage ou celle qui eft repréfentée au deflous de la lettre £ , eft vüe de côté; & celle qui eft au deflous de la lettre F, eft vûe par le dos, 120 . DES ANIMAUX AFRIENS, TERRESTRES qu’elle marche fur le porte-objet du microfcope ; elle fe met {ur le côté lorfque la goutte d'eau dans laquelle elle eft , com- mence à fe deflécher : c'eft dans cette fituation que l’on dif- tingue deux mâchoires , l’une fupérieure & l’autre inférieure, qu'elle ouvre de temps en temps , ce qui donne lieu d’apper- cevoir fes dents, & fa langue , qu’elle poufle quelquefois au-dehors : la circulation du fang fe voit fort bien dans fes pattes , fes cornes & fa queue ; on la voit aufli des deux cô- tés de fon corps. Il eft à-propos de faire remarquer à ceux qui auront de ces dernieres fortes de Sauterelles aquatiques , & qui feront bien-aifes de les conferver quelque temps, qu’il ne faut point remplir la bouteille pour fuppléer à l'évaporation qui s’en fera, car elles mourroient peu de temps après ; 1l les faut laifler dans la même eau où elles ont été prifes, jufqu’à ce qu'elles meurent d’elles-mêmes , ce qui arrivera au bout de peu de jours. CHAPITRE XLIX Du Limas aquatique trouvé dans une infufion faite d'un bouquet compofé de plufieurs Jortes de fleurs mifès dans de l’eau de riviere. Planche 14. J * A1 nommé le poiffon repréfenté au-deffous de la lettre 4, limas aquatique, parce qu'il a à-peu-près la figure du limas terreftre , & qu'il nage dans l'eau. On le voit ici étendu de toute fa longueur, vü avec une lentille d’environ une ligne & demie de foyer ; il paroïît rond , mais d’une rondeur iné2 ‘gale & fort irréguliere : il eft d’une belle couleur d’ambre jaune , plus claire vers la fuperficie de tout fon corps , qu'il ne l’eft au milieu , où lon voit fes vifceres un peu plus bruns. Cet animal s’allonge & fe raccourcit fouvent dans toute l'étendue de fon corps ; quelquefois il n’étend & ne raccour: cit que fa partie fo. Toute fa tête paroïît brillante , & rem- plie d’une infinité de petits corps em mouvement , que j'ai repréfentés par des points : fa partie extérieure eft munie de cé A" ET AQUATIQUES. SEC. PART. Chap. XLIX. ‘1271 plufeurs petits corps ronds , & de très-petits poils que l’on 'apperçoit qu'avec peine ; quoique la lentille dont je me fuis fervi pour examiner le tout , augmente l'apparence de l'objet environ cinquante-deux mille-fois plus que nos yeux. Ses levres font munies de poils, dont le mouvement rapide oblige tous les petits corps qui n’en font éloignés que d’un pouce ou environ, d'entrer dans fa bouche pour fervir de nourriture à cet infeéte. Je nomme Zmas cet infeéte , parce que tout {on corps et compofé d’anneaux mufculeux qui fe meuvent à tous les mouvemens qu’on lui voit faire. .… Toute l'étendue : & eft remplie de vifceres de ce limas, dans lefquels on ne diftingue aucune partie qui femble être féparée d'une autre. Le nager de ce poiflon eft fi uniforme, qu'on n'y remarque aucune inégalité , fi ce n’eft qu'il tourne {a tête de côté & d'autre , fuivant les divers lieux vers lef: quels il veut fe mouvoir. Je n'ai remarqué aucune nageoire , aucune patte, ni queue ; ni gouvernail , qui puïfle fervir à fon tranfport ; fon mouvement n'eft ni trop lent ni trop prompt pour empêcher de découvrir exaétement tout ce que j'en dis. CHAPITRE: EL. Defcriprion d’un nouveau mi que j'ai trouvé dans de l'eau du baffin de S. Magloire du Fauxbouro S. Jacques à Paris, qu'on peut nommer Chenille aquatique *. E nouveauPoiflon , quieft vürepréfenté au-deflous de la lettre 2, eft bien différent de la feconde fauterelle aqua- tique dont jai parlé dans le chapitre 47. Etant vû des yeux nuds, il femble avoirenviron deux lignes de longueur ; & lorf qu'on l'examine avec une lentille qui a un peu moins de trois hgnes de foyer, il fe fait voir fous une longueur d'environ trente-fix à trente-feptlignes , fans y comprendre une efpece de queue compofée de plufieurs longs poils, & de deux efpe- * Ceft le ver du coufin, dont l’Auteur a déjà parlé dans les chap. 36 & 37 : k figure en eft gravée Planche 144 Planche 14, 122 DES ANIMAUX AERIENS, TERRESTRES ces de nageoires triangulaires qu’on peut facilement remar- quer à fes côtés. Sa rêre , qui a plus de hauteur qu’elle n’ade largeur, eft très-mobile tournant à droite & à gauche comme fur un pivot, fe voit ornée de trois grands poils, de quatre cornes d’inégale longueur , de deux petits yeux noirs , & de quelques petites taches de même couleur ; on la voit termi- née par une aflez grande bouche dont les levres font mobi- les ; la fupérieure eft couronnée des trois grands poils dont je viens de parler , & de deux petites cornes faites de poils très-fins , preflés les uns contre les autres, & plus larges à leurs extrémités qu'ailleurs. Un peu en-deçà de ces petites cornes on en voit deux autres, chacune defquelles eft com- pofée de trois petites pieces mobiles, & d'autant d'articles ou de jointures : chaque extrémité eft terminée par plufieurs petits poils d’inégale longueur , qui en font l’ornement. Un peu au-deffous de ces dernieres cornes on y apperçoit deux petits yeux noirs, divifés , comme ceux de la fauterelle aquatique, en un très-grand nombre de cryftallins , fans poils & fans paupieres. On voit entre ces yeux trois petites taches de même couleur , qui forment avec eux comme un arc de cercle ; & au-deflous du milieu de fa concavité on en voit une quatrieme de figure triangulaire & de même cou- leur. Sa poitrine qui eft bien ample , forme comme un gros bourrelet , des côtés duquel , tant à droite qu’à gauche, on voit fortir des houpes de poils d’inégales longueurs & grof- feurs , dont les plus grands font munis d’un feul côté d’autres poils plus petits. Au-deflous de cette poitrine on y voit huit autres efpeces de bourrelets irréguliers, moins hauts que larges, qui vont en diminuant de grofleur en s’en éloignant. À droite &c à auche de chaque bourrelet il y a deux petits mammelons Éoù fortent de longs poils. Enfin la derniere partie de certe Chenille aquatique a beaucoup plus de hauteur que de lar- ae cette partie eft terminée par quantité de poils très- ongs, à côté defquels on voit deux efpeces de queues blan- ches , aiguës, & fort larges vers leurs infertions , qui ref- femblent à un triangle ifofcele , dont l'angle du fommer eft fort aigu. Le ET AQUATIQUES. SEC. PART. Chap. L. 123 Le nager de cette Chenille s'exécute par les diverfes fe- coufles qu’elle communique à l’eau, en {e fervant du grand nombre de poils qui l'environnent , & de deux efpeces de nageoires qu’elle a à côté de fa queue. a nymphe qui l'enveloppe totalement , eft très-fine & bien tranfparente ; mais le milieu de route la longueur de fon corps eft fi brun , que je n'en ai pù voir les vifceres , ni les divers mouvemens qui s’y font. Je me fens obligé d’aver- tir que ces fortes de Chenilles-ci font fi rares, qu'elle eft la feule que j'aye vûe jufqu'à préfent. MERS PIRE LL D'un Poiffon que jai nommé Bélier , vé dans une eau croupie *. Ezrer eft le nom que j'ai donné au Poiflon que Fon B voit repréfenté au-deflous de la lettre C ; fa tête eft ornée de deux grandes cornes élégamment contournées , compofées de plufeurs pieces bien articulées , qui diminuent infenfñblement de grofieur , & qui enfin fe terminent en pointes. On voit fortir de la partie fupérieure & inférieure de chaque jointure , plufeurs petits poils formant entr'eux comme des aigrettes , dont les poils qui les compofent dimi- nuent de grofleur à mefure qu'ils fe trouvent plus éloignés de la racine des cornes , dont le contour eft affez agréable à la vûe. Il fort auff de la tête deux petites cornes qui femblent fervir d'appuis aux deux cornes , parce qu’elles partent immé- diatement de deffous les racines de ces mêmes cornes. Enfin on voit partir du fommet de la tête de ce Poiflon, une ef- pece de trompe compofée de trois pieces qui s’emboîtent l’une dans l’autre , comme font les tuyaux d’une lunette d’ap- proche. Cette trompe eft peut-être une bouche allongée qui ferr de conduit aux alimens de ce Poiflon, & à l’air qui eft pouflé dans fes poumons. Nous avons encore obfervé un très-petit corps rouge * Je füis porté à croire par tout ce LE dit l’Auteur, que c’eft ici l'infe‘te dont parle Leuwenhoeck n°. 288. Tranf. Phil, & dans la 121€, de-fes Lertres. Tome I, Part, IT, R Planche 14 124 DES ANIMAUX AFRIENS, TERRESTRES , &c. placé au milieu de la tête, entre les racines des deux grandes cornes ; mais nous n'avons pû deviner fi ce petit corps eft le cerveau de l’animal, qui ne paroït aux yeux nuds que de la grofleur d’un ciron ou environ. Le corps de cer infeéte , tout petit qu'il eft, fe voit compofé d'environ onze à douze an- neaux tellement emboités les uns dans les autres, que les divers mouvemens de l'animal n’étoient point interrompus par les poils qu'on peut remarquer fortans des parties droite & gauche des articles de ce Poiflon. On voit fortir une queue fourchue de la partie inférieure du plus petit de ces anneaux , terminée par deux aigrettes faites de plus longs poils que ne font ceux qu’on voit autour des deux fourchons. Mais ce qu'il y aicide plus remarquable, ce font comme deux efpeces de grapes de raifin qu’on voit at- tachées par deux filamens un peu au-deflus de la racine de la queue de ce Poifflon , & dont les grains font autant d'œufs qui retardent la viteffle de fon nager , que nous avons vû augmenter immédiatement après leur féparation. M. Ferrand, Confeiller au Parlement de cette Ville, & l'un des plus curieux & des plus célebres Microfcopiftes que je connoifle, a yù ; comme moi, cette grape fe féparer totalement de ce Poiflon , les œufs quitter les grapes , & les petits éclorre, qui fe mirent à nager dès le moment qu'ils furent fortis des œufs. Enfin on remarque un vaifleau de couleur jaune, quiregne tout le long du corps de ce bélier , au-dedans duq el on ap- perçoit une matiere en mouvement, pouflée de haut en-bas de bas en-haut avec aflez de régularité. Fin de la feconde Partie & du Tome premier j rs OUTI Z I. Part. PL 1. || tulles, Set ENS, OU Uers cu LARG ToT. Par : {ngiulles, Ses Rens, OÙ Uers du 22707/4 . To.I. Part I PL .1. |} d 7 " ) . 24 LOT ACTUS US 1 dut Poturtrée € ——_— —— 7.1. Part.IL. FL. à. " “ To.Z Part. PL. 2. er du Porureé. [421 f 7/1 æ LOrt AM lent: ——- . - - roms obseruez dans une infurion de Sene To. Part I PL 5 | ‘ | (De Porsson.s ob. ref itecZ AANS UE ifarion 2e FAN £ To1 Part. I PL. 3. ——— — , 3 7 , 9. E F . » UAIAULX CDS ETUEZ dans Leaut des outres « Lesca Le To Lhart IT. 1 £. + leur que lon arw dans des ZJUSTONS d oeillets / £ - © . 71 1], TolhrtIT PL. 2% Des. Animaux obseruez dans leau des Oufbres à Lescaulle?! j: L . É , A . . y n . L 22 Ar de ceux que lon arr dans des znfustons d oeillets . ton ad, ToZ Part I. PL. ES 1-Infusion deRoses, d oeillets, et deJassemin Nr Infusion de Barbeaux . ton de queues de Framboises- paie IN ARE = : = = = = nfusion depine vinctte : g-Infusion de fenoüil et de Sauge : LL”. Le Le _ ETS Er + V — LS. En S } T ER — ES . = Ke, = E ER ET ——— 2 | usion de fleurs de Soucy: < £ E ad . 0 E . 7'infusion dune grape de Verpus - ? AL. Lane à ve à L : TR er L =! L 4 r 5 7 ee LP = E | & PE x To Part / = OL > NÉ ES Æ 5% nfuston de Barbeaux. (=) pi. \ œ | Ô ; 3-Infusion de fenoüil et de Sauge > “ ADS ais . 75 .Z Port IT PI 6’ Manche contient tout ce qui Sest vu de plus remarquable ) dans neuf sortes dinfustiens. | . Hit Plé | Cette Planche contient tout ce qui SesE vu deplus rem arquable > dans neuf sortes dinfusions. [#4 LA 4 7 , x . ! de Infusion di Celery mis dans de l'eau commune.RIPrtr Ly Bille CA COMINLUNE., dans de le Le Celery MES } tSTOTL € Infi — APE nel Rs pan 25.1 Part IT PL8. € nfusion de paille et deptis de bled . « . À de bled. S de paille et LO To.I. Part.I| 4 Fes À qu att ques, couronnees et Barbues LES Sn) 8 ñ = à À ÿ à Ÿ | & (@\ Y © T Le) À RS Ÿ LR 2 Je QG SQ Ÿ 2 VU t + ÿ pu S s L S | TT S À = pe È _ D Le (ES DE 2 _ Foy « I, Part. To PA (SX x Ÿ Le È 10e} s D S fe A SO eco VCe de I nfus ion d ToZ Part.A.PL 51 si con Lécorse debois de Chesne ? de NN NN Le) Ë (AN à à S î à Ÿ Si & À : | © TR Ÿ È S Suite des Animaux trouvez dans linfi de Lécorse debois de Ches ion I Port PLi. À 7 » 3 ME Te TI. Part I PT 3 Sons (OUPLCL) OUNS UE infusten a froid decorce a’ Le de bots de chesne neuf. Des Posons trouvez dans une imfuston afrord decorce de bots de chesne neuf. ce E | Due \ + VE Ne : ANSE À : / SU NAS S =" à ES ‘ Æ OPLE LP }) # < 74 Fac Vioneux delet ee | ï F El Dr DE To I Part. A . Pl 14. A 4 ia : HE LE À. (6 | | \ ji NU) ) N L] n / # V qui / Haussard Jeu 2 B & ns / ee S' | ) AE CFA 15 I. Part 11 . L -14 - a RO: 75.1. Part. 11. Ces Jauterelles aquatique“ À > . 70.1. Part. IT. [e Des Jauterelles aquatiquelt pe 2. \ | 1, Ë L Haussar d Jeulp . x < me LE À . OBSER VATIONS D'HISTOIRE NATURELLE; EMVMETES AVEC LE MICROSCOPE, Sur un grand nombre d’Infeëtes , & fur les Animalcules qui fe trouvent dans les liqueurs préparées, & dans celles qui ne le font pas, &c. avec la Defcription & les Ufages des différens Microfcopes, &c. Partie déjà publiées par feu M. Jo 8LoT, Profeffeur en Mathématiques de l'Académie de Peinture & de Sculpture ; partie rédigées fur fes Obfervations pofté- rieures. Avec un grand nombre de Figures. HOMME SE) G:0: ND: : A DER A RUES, Chez BRIASSON, Libraire, rue Saint Jacques, à la Science, M» DC'C:.LV: AVEC APPROBATIONS ET PRIVIELEGE DU ROY. AMP 45: 2RNUR D aGENO(L RE 4 | ! et FL CHAMENL , 29 at3b UE ' QUE E Sn SUHSUEOPX kr 890 f IE AR UN TS UE RUN POV ETS EUR TEN | Sanne hay PH x ten ape à Huet den 8 à KA DE o D 'He | M OT mexn Fri RE + EU { à © 11 À ch : M ; : AR ET OT NA 54 iif RARE - — TABLE DES CHAPITRES DUMSECOND :FOLUME. PREMIERE PARTIE. CHAPITRE r D) Efcription des Microfcopes dont je me Jus fervi. page : Defcription & ufage des nouveaux Microfcopes dont on peut fe fervir à la lumiere du jour ou à celle d’une chandelle. 2 Des ufages de ce Microfcope. 6 CHAP. IL Defcriprion d’un autre nouveau Microfcope à L- queurs. 10 CHAP. II. Defcription d’un troifieme Microfcope à liqueurs. 12 CHAP. IV. Defcriprion & ufage d’un quatrieme Microfcope très-fimple. 14 CHAP. V. Conftruttion d'un cingquieme Microfcope à liqueurs , par le moyen duquel on pourra employer des lentilles foufflées, & de celles qui ne le font point, depuis les plus petits foyers jufqu'aux plus grands. 19 CHAP. VI. Defcniprion d’un nouveau Microfcope à liqueurs, d’une conftruétion fort finguliere., pour mettre en ufage les len- ulles d’un très-petit foyer. 22 CHAP. VII. Defcriprion & ufage d’un nouveau Microfcope à ti0es , très-commode pour obferver toutes fortes de perits objets, foi de jour ou de nuit , à la lumiere d’une chandelle. 2$ Des ufages de ce Microfcope. 28 CHAP. VII. Defcription & ufage des Microfcopes à canon de verre , que quelques perfonnes nomment Tombeaux ; & d’au- tres, Cimetiere de divers animaux. 30 Fg ij iv. TABLE, Defcription du fecond Microfcope à canon. 31 CHAP. IX. Des ufages que l’on peut tirer des Microfcopes dont je viens de parler. 32 CHAP. X. Defcription € ufage d'un très-petit Microfcope monté d’une feule lentille. " CHAP. XI. Defcription d’un très-perit Microfcope à deux ver- res , qui repréfente les objets dans leur fituation droite & natu- relle. 43 CHAP. XII. Defcriprion & ufage d’une nouvelle machine très- utile aux Aantomifles , aux Déffinateurs ; aux Graveurs, aux Peintres qui travaillent en migniature ; & généralement à tous ceux qui veulent découvrir ce que les yeux feuls ne peu- vent appercevoir, & pouffer leurs ouvrages au point le plus haut de perfeélion. 44 Des ufages de cette machine. 45 CHAP. XIII. Explication de toutes les parties qui compofent un Microfcope à trois verres convexes des deux côtés. 46. Explication du profil de ce Microfcope. gr Du foyer de chacun des trois verres de ce Microfcope , & des di- verfes diffances qui font entr'eux. 43 Des ufages que l’on peut tirer de ce Microfcope à trois verres. 48 CHAP. XIV. Defcripion d’une petite machine nouvelle qui contient trois Jortes de Microftopes & deux petites lunettes d'approche. so CHAP. XV. Defcriprion d’un nouveau Microfcopeuniverfel. s 2 Des ufages de ce Microfcope univerfel. 58 De la circulation du fang, & d'une nouvelle invention pour la faire voir dans la queue d’un petit Poiflon nommé Tétard ou Chabor. 6x Profil d’un petit Microfcope compofé de deux ou de trois lentilles convexes des deux côtés. 63 CHAP. XVI. Autre nouveau Microfcope univerfel, 66 0 DES ACTA PIITT CR] E {5° v CHAP. XVII. Explication d'un troifieme & dernier Microfcope + nouveau & univerfel. 68 CHAP. XVIII. Comment on doit ajufler une Lamproie, une Anguille ou un Tétard dans un tuyau de verre , d argent ou de laiton. Comment on applique ces tuyaux dans la machine re- préfentée en la PL 22, fig. 4. Et enfin comment cette méme machine doit être placée dans la capacité du corps de ce Mi- crofcope. | 74 Comment € fur quoi 1l faut fasfer es poiffons dont la groffeur ne permet pas de mettre en ufage la machine précédente. 76 Comment on pourra conferver durant plufieurs mois ious ces poiflons. 78 SMÉAGOIEN DE SP A RIT E. CHAPITRE ue à Efcription & ufage ide deux nou- veaux Microfcopes univerfels à plufieurs verres , & de peu de longueur. 4 CHAP. XX. Defeniprion & ufage d’un nouveau Microfcope univerfel ,à deux , à trois & à quatre verres. 9 CHAP. XXI. Des avantages qui fe tirent de la proximité de deux Verres d'inégales convexités | appliqués auprès de l’æil. j Gr L CHAP. XXII. Conffruion d’un nouveau Microfcope à deux verres , qui n'a qu’un pouce ou environ de longueur & autant de diametre ; par le moyen duquel on pourra voir un objet très- clairement & très-diflinélement dans [a fituation naturelle | & de huit groffeurs différentes , fans être obligé d'augmenter nt diminuer la longueur du corps de ce Microfcope. 13 CHAP. XXII. Nouvelle méthode pour monter les Microfco- es à canon de verre. 14 CHAP. XXIV. De combien les Lentilles groffiffent. 16 CHAP. XXV. Proportions des verres du Microfcope de Mon- fesgneur le Maréchal d'Eftrées | dont les effets font très-agréa- bles à voir , l'ayant rendu univerfel, c’eft-a-dire propre à faire voir les petits objets ordinaires , les animaux des liqueurs , & la circulation du fang dans plufieurs fortes de poiffons de y) TABÉETDES:CHAPETRES. diverfes efpeces. 17 CHAP. XXVI. Proportions des Verres d'un perit Microfcope qui n'a que deux pouces & demi de longueur , très-commode pour étreappliqué à notre Microfcope univerfel. 19 CHAP. XXVII. Des Verres concaves que l’on fait fervir de porte-objets aux Microfcopes. 22 CHAP. XXVIIL. Ofjeélons E réponfes faites au fujet de la nouvelle hypothele propofée par M. Joblot au fujet de fes nou- veaux Microfcopes , & des expériences qu’il en a faites avec ces Microfcopes. 26 Fin de la Table des Chapitres du fecond Volume. AVIS AU RELIEUR. On placera les quatorze Planches, Tome I. Partie I. à la fin de cette Partie, avant la feconde Partie de ce Volume. Les quinze Planches, Tome I. Partie II. après cette feconde Par- tie. Les vingt-quatre Planches du Tome IT. en une feule fois , après le Tome fecond. Et on obfervera toûjours de laifler les papiers blancs , pour que les Figures fortent en-dehors du Livre, OBSERVATIONS D'HISTOIRE NATURELLE. MOK LORS IK NS EME HS DS DE DEMO MOMENT SN OR EME PE ae M0 MT Te CONTENANT la Déeftriprion € les Ufages des differens Mrcrofcopes. CHAPITRE PREMIER. Defcription des Microfcopes dom l’Auteur à fait ufage. #e PRÉS avoir rapporté tout ce que j'ai obfervé de Din fingulier & de plus imperceptible à la fimple vüûe dans divers mixtes , foit folides, foit liquides, & fur-tout 2 NOUVEAUX MICROSCOPES les petits animaux que les yeux armés d’excellens Microf- copes y apperçoivent, j'ai crû qu'il falloit expofer à la fuite toutes les pieces des inftrumens que j’ai employés à ces re- cherches. + Défcripuion & ufage des nouveaux Microfcopes dont on peut Planche r. Planche 2. Je fervir à la lumiere du jour ou à celle d’une chandelle. Ha Qu Microfcope me paroit avoir fes ufages partis | -culiers , de forte que je ne penfe pas qu’on en puifle M invénter aucun qui renferme feul toutes les propriétés de M ceux qüe je vais propofer. En voici un qui paroît exempt des défauts qu'on remar- que dans les autres, & plus univerfel que ceux que j'ai vüs:: {eul , il fervira à toutes les expériences qu’an fait-ordinai- rement avec beaucoup d’autres diverfement conftruits ; & quoiqu'il paroifle d’abord fort compofé , on avouéra qu'il eft très-fimple par rapport à la diverfité de fes effets : il a même cet avantage , que lon peut comprendre en un inf- tant la maniere de s’en fervir dans l'examen d’une infinité de nouveaux objets-très-agréables à la vûe , & très-propres à prouver la puiflance infinie du Créateur, en expofant à nos yeux tant d'efpeces d'animaux, qui font peut-être un million de fois plus-petits que le ciron , que l’on peut regar- der comme l'éléphant de la plüpart de ces infeétes. Ce Microfcope repréfenté tout entier en À , eft compofé de quatorze à quinze pieces principales, . , ,. B, qu'en s: le profil, fait par la feétion d’un-plan qui l'a divifé en deux parties égales, pour en faire -voir le.de- danS ÿ & les différentes épaifleurs des pieces qui le com- pofent. C, eft la repréfentation d’un manche qui fe monte à vis fous le petit canon cylindrique du Microfcope , où l’on a foudé une virole dans laquelle il y a un écrou , comme on voit-dans le profil B. 5 ei sp où D , eft-le deffein d’une petite boëte ou Ro il! , em PREMIERE PARTIE. Chap. I. 3 E ,eneftle un 5 F, l'entrée ; & G , le deffous, où il ya un petit rebord pour foutenir un diaphragme qui doit por- ter la lentille marquée 2. 1, eft une virole au bord fuperieur de laquelle on à refervé une moulure pour la tenir plus facilement ; elle eft refenduë en quatre dificrens endroits également efpacez , pour faire l'effet d'un reflort. 3, eft le plan du deflous de cette virole : fon ufage eft de retenir la lentille qui fe met dans la boëte D ,& de l'y affermir entre deux petits diaphragmes de plomb placez au centre. H, eft une platine vûë par devant , au milieu de laquelle il y a un trou de quatre lignes de diametre , pour recevoir plufieurs boëtes l'une après l’autre , comme D , dans chacune defquelles il y a une lentille , dont le foyer eft different de celuy de chacune des autres; ce qui eft tres -avantageux our réüflir dans les diverfes obfervations que l’on fe pro- pofe de faire. I, reprefente la même platine vüé par derriere ; L, eft le profil de la platine H, où on voit l’épaifleur de la queuë qui y eft rivée & fourenué par une rofette , comme on le remar- que au bas de la platine H,, où eft fon profil L:; M , eft le deflein d’un verre taillé en forme d'un quarré long , creufe fpheriquement au milieu , pour porter les gout- tes de liqueurs qu'on y met , en forte quon puifle aflez l'approcher de la lentille. Ce verre M, qu'on peut nommer porte-objet , & qui doit avoir tres-peu d'épaifleur dans le milieu , eft taillé en bi- feaux des deux côtez les plus longs , afin qu'il entre jufte- ment dans une coulifle reprefentée fur la platine N ; & qu'il y foit encore retenu , fi l'on veut, par un levier à reflort qui s'appuye deflus ; ainfi qu'on le voit exprimé dans le deflein marqué N ,& mieux encore dans fon profil P ©. O , cft le plan tout uni du derriere de cette même pie- te N. P, eft le profil du reflort de la coulifle , où l’on fait en- trer les portes - objets , qui doivent être differens & nom- breux , pour faire voir en peu de tems plufieurs fortes de chofes. À Planche 3. Planche 3. Nogveaux Microscopes. Q, eft le deflein d'une autre piece vüë par devant, qu'on peut nommer porte-pincerte , à caufe qu'on y en peut met- tre plufieurs l’une après l’autre ; tenant l'une un poux , l'au- tre une puce , &c. que l'on conduit vis-à-vis de la lentille du Microfcope , pour y être obfervée de tous côtez , par les mouvemens divers de la pincette , qu'on y tourne comme on veut; foit en l’avançant , foi eu la reculant. RS, eft Ie profil de la pincette qu'on voit arrêtée fur la piece marquée Q. T,T,T,T, font differens defleins de pluñeurs pincettes à reflort , plus commodes que la précedente , pour pincer facilement les petits infeétes vivans ou morts qu'on y veut attacher. X, eft la reprefencation d'une platine foudée par le bas au petit canon cilindrique. Cette piece a deux ou- vertures , la plus grande eft de onze lignes de diametre; on y voit l’autre reprefentée dans fa jufte grandeur , & dont les ufages feront cy-après expliquez. V ,X &Z, font trois pieces qui doivent être jointes & attachées enfemble , de chacune defquelles 1l faut donner une idée aflez claire pour en faire comprendre la méchani- que & l’ufage. V ,eft le deflein de la premiere des trois pieces dont je viens de parler , vüé par devant ;elle a une ouverture ronde de fix lignes de diametre, & crois petits écrous autour d'el- le , également efpacez : & fur le même plan on y a rivé deux pieces un peu élevées pour former une coulifle. Au derriere de cette même piece marquée par Ÿ , & tout à l'entour de fon ouverture , on y a fait une élevation en forme de parapet ou d’une virole épaifle d'une ligne , qui fe loge & rourne librement dans l'ouverture ronde de la platine X. Cette platine X, qui eft la feconde & la plus grande des trois pieces qui doivent être liées enfemble , a onze lignes de diametre pour fon ouverture. Z , eft la troifiéme qui cft toute ronde par fes bords , & de peu d’épaifleur , aufli-bien que les deux précedentes ;elle cit vûë feulement du côté pofterieur du Microfcope , & ca- chée du côté où font les reflorts d’acier , dont nous parles PREMIERE PARTIE. Chap. I. $ tons bien-tôt. L'ouverture qui eft au milieu n’a que fix li- gnes de diametre : il y a vers le bord de cette circonference trois petits trous qui répondent Juftement aux trois écrous de la platine V. On à de plus pratiqué autour de cette platine Z , & vers le bord exterieur de fa circonference , un petit canal de deux lignes de largeur , & de peu de profondeur, pour y loger à des diftances égales trois petits reflorts d'acier trem- pez , qui font fixez par un boutur le fond de ce canal. Cela fuppofe , il faut maintenant aflembler ces trois pla- tines ; & pour cet effet , appliquez le derriere Y de la pla- tine V fur le devant de la platine X ; & celle qui eft mar- quée Z , fur le derriere de la même platine X, en forte que les reflorts la touchent , faifant aufli répondre les trois trous de l'une aux trois trous de l’autre ; & arrêtant enfuite ces trois platines ainfi pofées, avec trois petites vis , on aura le mouvement de la piece V , doux , égal & uniforme , en forte qu'elle demeurera fixe dans rous les endroits où il fera né- ceflaire qu'elle refte. & , repréfente le deflein d’une piece compofce d’un petit canon cilindrique , d'une autre piece à coulifle, d'une virole au-dedans de laquelle il y a un écrou pour y faire entrer à vis le manche qui fert à foutenir le Microfcope entier ; & enfin d'une petite rouë marquée b , au milieu Fe laquelle 1l y a un écrou. a , eft la repréfentation du profil de toutes les pieces dont nous venons de parler dans le deflein marque &. c , eft le plan de la largeur du reflort attaché interieure- ment au-dedans du canon , par le moven de deux petites vis , dont on voit les têtes & le corps dans le profil a. $ > 6,7, font trois defleins d’une même piece creufe, qui eft faire en forme d'un parallelepipede reétangle , à laquelle on a attaché un reflort qui regne le long de fa partie fupe- rieure , comme on voit en la figure 6, & une vis à fon extré- mité qui entre dans l'écrou de la rouëé b , dont l'ufage eft d'approcher ou d’éloigner les objets de la platine H, par un mouvement uniforme. s & 7 font deux profils de cette même piece; l'un de ces À ij Planche 4; ë Nouveaux Microscorré: profils marqué 7 , fait voir le dedans de la piece , & l'autre qui eft reprefenté par le chiftre $, la fait voir par le côté & par dehors, afin de voir l'épaifleur du reflort. d , eft la reprefentation d'un gros canon , garni par de- dans d'un tuyau de velours ou de drap noir , & de deux diaphragmes appliquez à fes extrémitez. c, eft le prohl de ce gros canon cilindrique : f& g,en repréfentent les diaphragmes. h , eft une efpece de virole ou de boëte ouverte des deux côtez, qui fert à arrêter les diaphragmes de diverfes ouver- tures , qui fe placent à Fextrénuté objective du gros canon, auquel font attachez deux tenons à jour , par où pañle une elpece de regle à coulifle , foudée à la partie fuperieure du petit canon &. Entre les deux tenons de ce gros canon cilindrique , on apperçoit un petit reflort d'acier trempé , dont l'ufage eft de rendre le mouvement du canon plus égal. La plus grande partie des pieces de ce Microfcope fe peut faire d'argent ou de laiton. Les portes-objets doivent être faits de beaux morceaux de glace des plus tranfparens, & des mieux choifis. On peut aufli en faire quelques-uns de carton , ouvert par le milieu , ou de quelqu'autre matiere qui convienne aux divers objets qu'on y veut mettre , com- me aîles de mouches, plumes menues de ferins de cana- IC," LE. Nous avons negligé de déterminer par des mefures parti- culieres, la me de chaque piece de ce Microfcope ; parce que les Figures les repréfentent aflez bien & aflez jufte , dans les mêmes proportions que Monfieur le Febvre, tres-habile Ingenieur pour la conftruétion des inftrumens de Mathematiques , les a executées, Des ufages de ce Microfcope. E n'aurois jamais fait fi je voulois rapporter tous les ufa- ges de ce Microfcope ; c'eft pourquoy , pour ne pas en- trer dans un détail trop long , je me contenteray de dire en general , qu'on le peut employer tres-avantageufement à J'examen des petits animaux , de leur fang , & des autres PREMIERE PARTIE Chap. I. 7 liqueurs contenuës dans leurs differens vailleaux ; & à la découverte des moindres particules, tant des mineraux que des plantes, où l’on apperçoit une infinité de chofes nou- velles dans leurs graines , dans leurs tiges , dans leurs feüil- les , dans leurs boutons , dans leurs fleurs; & enfin dans tou- tes les infufions de chacune de ces parties , ou de pluficurs enfemble , dont la moindre goutte contient fouvent une mul- titude prodigieufe de créatures vivantes d'une petitefle qui échape aux meilleurs yeux deftituez du fecours de l'art. Lorfque l'on fe propofe d'examiner quelques-unes des i- queurs dont il eft parle dans cette Hiftoire, il faut enfoncer le petit bout d'un menu bâton, ou l'extrémité la plus menuë d'une plume , jufqu’à profondeur de deux lignes au plus , & vers les bords du vaifleau , y faifant même toucher ce bout de plume , pour le porter enfuite charge d'un peu de liqueur far le milieu du concave fait fur le porte-objet de verre en- gagé dans la coulifle , de la piece du Microfcope marquée N , qui eft décrite cv-devant : par ce moyen une partie du peu de la liqueur, qui s'étoit attachée au bout de la plume, coule dans cette cavité du porte-objet, & y forme une gout- telette du diametre d’une ligne ou environ , qui paroït au Microfcope comme un lac d’une vafte étenduë, dans lequel on voit nager une quantité furprenante de tres-perits poif- fons de diverfes grofleurs , figures & mouvemens. Nous expliquerons plus loin une nouvelle maniere d’ap- pliquer le vinaigre fur le porte-objet du Microfcope , plus convenable que celle-cy , parce qu'on y peut mettre tres- facilement beaucoup plus d’anguilles ; nous dirons feulement icy que les lentilles qui grofliflent le plus font les moins pro- pres à obferver ces infeétes , à caufe que la grandeur monf- crucufe fous laquelle ces lentilles les font paroître , empêche de les voir toutes entieres ; de forte qu'il fuffic de les obfer: ver avec une lentille d'environ une ligne & demie de foyer, pourvû qu'elle foit excellente, Nous avons déja dit que les poux, les puces , & d’autres animaux de pareille grofleur , pouvoient s’y obferver cout vivans , par le moyen des pinçettes qu'on ajoûtoit à la pla- finç marquée Q, & nommée porte-pincettes ; À nous ajoû- ii] Planche 2. Planche 2. 8 Nouveaux MICROscOPESs. cons de plus , que ces mêmes infectes peuvent être enfer- mez en un des portes-objets de verre creufe fpheriquement, & couvert d'une lame fort mince de verre ou de talc , afin de les empêcher de fortir de leur prifon. Pour faire tenir ce couvercle plat & tranfparent fur le concave , on fe fervira d'un peu d'eau gomcée , ou de la fim- ple humidité de l'halene qu'on y pouflera de près. On peut encore attacher ces efpeces d'inteétes , comme les mittes de fromage , les fourmis , &c. fur un petit verre plan , ou fur un concave de même matiere , au moyen d'un peu d'eau gomée dont on le moüille legerement avec un pinceau , ou avec le bout du doigt. Les cheveux, les aîles de mouches, les petites plumes des oifeaux, &c. fe peuvent attacher à des portes-objets de carton fin percez à Jour, qui entrent dans la coulifle de la platine N , où eft atraché le petit levier à reflort qui les y fixe , pour y être plus facilement obfervez. Les mouches, & d’autres animaux de femblable petitefle ; s’y peuvent obferver toutes entieres, en les traverfant d’une aiguille , & les regardant dans cet état avec une lentille d'un foyer proportionne au volume de ces animaux. Les rubans & les étoftes de foye s'attachent en petits morceaux à l'une des pincettes dont on a parlé , ou au bout d'un poinçon emmanché , qui doit entrer dans le petit bras cilindrique & creux du porte-pincette. Les grains de fable , les petites graines, la poufliere qu'on trouve dans les fleurs , & generalement tous les corps durs de pareille groffeur , tranfparens ou non, s’y peuvent aufli voir & obferver tres-exaétement. Les grains de fable y paroiïflent diverfement , felon les differentes façons de les préparer pour les y regarder. Premierement , On les peut répandre fur le concave ou porte-objet , humeëté fimplement de l’halene , en obfervant e n'y en mettre qu'autant qu'il y en faut pour n'être pas les uns fur les autres, & les regarder avec une lentille de deux lignes de foyer feulement ; tantôt au jour, & rantôt à la lu- miere d'une chandelle ; car de ces lumieres differentes 1l naitra differentes fenfations. | K PREMIERE PARTIE Chap. L a Secondement. Si fur ces mêmes grains de fable vous y faites romber une petite goutte de vinaigre, dans lequel il s'y trouve des anguilles , elles vous fourniront un nouveau fpetacle aflez divertiflant , par rapport à l'embarras où elles r: trouvent de fe dégager d'entre les mafles de rochers for- mées par ces grains de fable qui leur tombent fur le corps, par les fecoufles qu'elles leur donnent , en les écartant les uns des autres , pour fe faire un paflage libre. Troifiémement. Mais cemme cette préparation du grais, ou du fable mis feul fur le concave du verre, ou avec les an- guilles , demande beaucoup d’adrefle pour éviter qu'il ne fe faile des rayes fur ce concave ou porte-objet , qu'il faut tä- cher de conferver le plus long-tems qu'il eft poflible , à caufe de la difficulté qui fe trouve à le bien faire ; j'ay jugé à pro- pos de chercher un autre moyen de donner le même plafir, en évitant le danger dont je viens de parler. Pour cet effet il n’y a qu’à fe fervir d’un porte-objet fait d'une lame de laiton , au milieu de laquelle on fait un trou d'une demie ligne de diametre , dans lequel vous mettrez une petite goutte de vinaigre , que vous pourrez obferver feule , ou avec les grains de fable , en les y répandant en petite quantité. Quatriémement. Ces grains de fable fe peuvent encore obferver , en les mettant fur un porte-objet d’ébene noire, fait comme une petite dame , au bord de laquelle on y a re- fervé deux petites élevations qui les empêchent de tomber, & un petit trou fait dans l’épaifleur de cette piece , où l'on fera entrer un manche d'argent ou de laiton , qui fervira à la tenir comme en l’air , en le fourrant dans le bras du por- te-pincette , & regardant ce qui fera deflus ce porte-objer de haut en bas |, comme on regarde ordinairement les mé- mes chofes avec un Microfcope à trois verres; puis compa- rant cette façon de voir à la précedente , on remarquera plufñeurs circonftances qui feront peut-être le fujer d'une diflertation aflez propre pour nous inftruire de plufieurs faits nouveaux fur l'optique, Toutes les graines & les autres corps d'une certaine gran- deur fe placeront de même , en obfervant de mettre fur Planche ÿ. 10 Nouveaux Mrcroscopes. une dame noire ceux qui feront blancs, & ceux qui auront de la tranfparence , & les opaques fur une autre dame blanche. CÉPAPIFRRCE" "TT Defcription d'un autre nouveau Microfcope à liqueurs. d’être un des plus commodes que l’on ait jufqu'à pre- fent inventé ; & principalement en ce que le porte-objet conferve à l'égard de la lentille le même point de diftance qui ne fe dérange pas, en y mettant de la liqueur nouvelle. 1 eft compofé d'environ quinze pieces que l'on a deflinées féparement , afin d'en mieux faire connoître la conftruétion & l’ufage. La Figure À eft la repréfentation du Microfcope entier , compofe de toutes fes parties. B, eft une piece d'ébene façonnée , vûé par-deflous , & percée à jour dans fon milieu ; comme il paroït dans fon rofil D , où l'on voit un petit rebord x x, abaiflé au-def- fous de fon plan inferieur, plus où moins haut, felon lépaif- feur de la lentille qu'on y veut arrêter. Cette piece d'ébene , dont le deflous eft vû en B, pour exprimer non-feulement le plan qui s'applique fur la piece marquée F , de laquelle on va parler , mais aufli la largeur du rebord x x , celle de la virole , & l’un des deux dia- phragmes de plomb qui doit couvrir la lentille , font ce qu'on nomme ordinairement le porte-lentille , dont le cir- cuit x x doit entrer avec juftefle dans l'ouverture pratiquée en F, & s'y arrêter ainfi montée par le moyen de deux pe- tits tenons tournans , qui fe peuvent remarquer à droit & à gauche de cette piece F. IL eft à propos d’avoir deux montures d’ébene ainfi conf- truites , & de les garnir de lentilles d'inégales convexitez , pour augmenter plus où moins l'apparence des objets. La Figure E ou F , reprefente une plaque de laitén , qui doit G E Microfcope, quoyque de petit volume , ne laifle pas PREMIERE PARTIE. Chap. IL RO doit être attachée avec deux vis fur le corps du Microf- cope , comme on le peut voir en À. Cette même piece eft vûë en F par-deflus, & en E par le deflous , où l’on voit le reflort courbé qui y eft attache avec deux petits rivez. Ce reflort que l'on a feparé de la piece E , eft reprefenté tout feul au-deflous de la lettre H; le corps de ce Microf- cope , qui eft une virole de laiton aflez épaïfle pour pouvoir être viflée par dehors , & avoir un écrou en dedans , eft repréfenté par la Figure O ou N : il doit avoir deux petits bras qui débordent la circonference de fon extrémité fupe- rieure , pour y attacher la piece E avec deux petites vis, comme elle paroît dans certe Figure N. Cette même virole , au bas de laquelle on à fait une vis; doit aufli avoir un écrou en dedans qui luy réponde, comme on le peut remarquer dans fon profil N ; elle doit aufli avoir deux ouvertures quarrées à fes côtez oppolez, de la largeur chacune d'un peu plus du quart de fon circuit , pour rece- voir la piece de laiton repréfentée en T M, qui y doit haufler & baifler librement , lo.fqu’elle eft pouflée par la piece re- prefentée en Q, ou repouflée le reflort H; & c'eft entre cette piece & le reflort que fe place le porte - objet creufé fpheriquement , de maniere que la concavité de ce verre Pie tournée vers la piece R, dont je parleray bien-tôt. La Figure Q eft une autre virole dans laquelle il y a un écrou pour recevoir la vis de la piece © , qui ef Le corps du Mob Cette virole a un rebord dentelé, pour empêcher que les doigts ne gliflent deflus en la tournant. Cette piece étant mûeé en un fens , force le reflort , & poufle la plaque T M vers F ; & par confequent approche £ la lentille le porte- objet qu'elle foutient , & qui s'éloigne au contraire de cette même lentille , en tournant la virole Q d'un autre fens. La Figure marquée par la lettre P , eft le profil de la vi- role dont on vient de parler , où l'on voit un écrou en dedans. S, repréfente un canon cilindrique d'ébene tres-noire , façonné au tour & enrichi de quelques moulures , ayant en- Planche €. I£ Nouveaux MicroscOopes. viron vingt lignes de longueur : il eft percé à jour, d'un bout à l'autre , pour laifler pañler la lumiere , comme on le peut remarquer par fon profil marque KR. Il y a une vis à l’un de fes bouts qui doit entrer dans l'écrou interieur du corps du Microfcope , & à l’autre bout quelques moulures qui ne fer- vent que d’ornemens ; & un petit enfoncement qu'on y a pratiqué , pour y arrêter un diaphragme marqué V , au mi- lieu duquel on fait un trou plus ou moins grand , fuivant le plus ou le moins de lumiere qu'il faut , pour bien voir les objets qui font tout le fujet de notre attention, Pour fe fervir de ce Microfcope, la lentille étant arrêtée où nous avons dit quelle devoit l'être , & le porte-objet I placé entre la piece T M & le reflort ; il n'y a qu'à ôter le canon S , & dans le milieu du concave qui fe prefente , mettre avec le bout d'une plume un peu de la liqueur où font les animaux que l’on veut obferver ; puis ayant remis le canon , approcher ou éloigner le porte-objet de la lentille, en tournant ou détournant la virole Q., jufqu'à ce qu'il foit au foyer. FRS, CHAPREERE LIN, Defcription d'un troiféme Microfcope à liqueurs. ,; Repréfente le Microfcope tout entier vü de côté, B, eft le profil de ce Microfcope , fait par la fection d'un plan qui divife toutes fes parties en deux également , pour en voir les diverfes épaifleurs. C, eft le deflein du même Microfcope vü par-devant. a,a,a,a, reprefentent quatre defleins du porte-lentil- le, dans l’un defquels il eft vü de côté ; dans un autre il eft vû par-devant ; & les deux autres en font des profils, vês dans deux fituations differentes , l’une verticale , & l’autre horifontale, ; b, eft une platine de laiton bien dreflée des deux côtez , un peu recourbée par en bas , & ouverte par le haut d'un grand crou rond où s'enchäfle le porte -lentille , quon y PREMIERE PARTIE Chap. II. 13 atrêce fermement par le moyen de deux petits tenons , rivez & mobiles au-devant de cette platine. On a aufli rivé ou foudé au bas de cette même platine , une vis d'acier d'environ quinze lignes de longueur , & de deux lignes au moins de diametre , qui s'engage à angles droits dans l'épaifleur de cette même piece. c,c,c,c, eft la reprefentation du profil & des plans les plus larges d’un reflort d'acier trempé , & recourbé à peu prés comme font les pincettes de même matiere qui fervent à arracher le poil, & duquel les branches inégales contri- buent à approcher & à éloigner parallelement au porte- objet f, la platine b. Ce reflort qui n'eft attaché à aucune des pieces du Microfcope , s’y applique pourtant tres-avan- tageufement , comme on le va dire. On fait entrer le bout recourbé de la branche la plus courte de ce reflort dans une entaille ou fente faite vers Vextrémité fuperieure de la virole , où s'engage le manche du Microfcope. Et l’autre bout recourbé du même reflort entre dans deux petites coches taillées aux côtez du bas de la platine marquée b. d,d, d, eft une feconde platine qui fait l'office d'un ref fort , fendué en fa partie fuperieure , ouverte par fon milieu d'un grand trou rond , coudée un peu au-deflous de fon extrémité d'en-bas , où elle eft entaillée en demy cercle , pour embrafler la moitié du petit canon cilindrique , étant arrêtée d’ailleurs par une vis qui fe fait voir entre les deux canons du profil B , de tout le Microfcope. e,e,e,e, reprefentent une troifiéme platine, ouverte comme la précedente dans le milieu de fa plus large partie, étant foudée par fa bafe à la virole qui reçoit le manche du Microfcope. On voit au bas de cette même platine e , un petit canon cilindrique & creux , d'environ huic à neuf lignes de lon- gueur , & de deux ou trois lignes au plus de diametre ; on l'y voic appliqué à angles droits & foudé : il eft de plus traverfé de bout en bout d'une vis attachée à la platine b. Au derriere de la platine € ; on y voit deux petits tenons en forme de crochets , qui fervent à arrêter fermement le Bi Planche 7. t4 Nouveaux Microscorzs. gros canon au bout duquel on met les diaphragmes de diver- {es ouvertures. f, eft le porte-objet de verre , plan d’un côté , & concave de l’autre, pour y appliquer les liqueurs & les autres objets que l’on veut obferver. Ce porte-objet fe fourre entre les deux platinesd, e, de maniere que le côté plan regarde la lentille ; & dans cette fituation on le peut mouvoir felon le befoin. gS, g, eft une petite roué dentelce , fervant d'écrou à une vis attachée à la platine b, dont l’ufage , joint à celuy du reflort , eft d'approcher & de reculer la lentille de l'objet. h,h,h,h, eft un gros canon d'ébene qui fert de dia- phragme , & qui fe monte derriere la troifiéme platinee , à peu près comme le couvercle d'un fucrier , fur le fucrier même, Des Defleins aufi correéts & aufli élegans que le font ceux-cy , de toutes les diverfes pieces qui compofent ce Microfcope , ne me paroiflent pas avoir befoin d'une plus ample explication , particulierement fi l'on fe reflouvient de ce que nous avons déja dit de quelques pieces qui entrent dans la compofition des Microfcopes précedens , lefquelles font femblables , ou ont beaucoup de rapport à celles de ce- luy que je viens de décrire, CHA PIRE PEN Defcription € ufage d'un quatriéme Microftope tres-fimple. ÂÀ BC, font les profils des crois pieces DEF, qui com- pofent le Microfcope , que je fais ordinairement d’é- bene. La pe E du milieu , qu'on peut nommer le corps du Microfcope , contient deux écrous, l’un fuperieur, & l'autre inferieur , qui fe découvrent dans fon profil B , pour recevoir les vis des pieces DF, € , eft le profil d'une autre piece percée à jour , fur la- quelle il y a une vis , & un verre qui eft concave d'un feul PREMIERE PARTIE. Chap. IV. 1$ côté , dont l’ufage eft de porter les objets qu’on met deflus pour y être obfervez. À , eft le profil d'une autre piece , où l’on voitune vis qui fe monte dans l’écrou fuperieur de la piece du milieu mar- quée B. Cette piece À peut être appellée porte -lentille ; ‘th qu'on y en met une entre deux diaphragmes repre- entez en G,G ; & on les y fixe avec une petite virole de laiton H, qui fait reflort. Cette lentille I étant ainfi portée proche de l'œil, fait découvrir un champ d'autant plus grand , qu'elle en eft prés. Il ne faut pourtant pas que ce verre foit fi proche de l'œil, qu'il en puiñle être terni par la tranfpiration de cet organe. Il y à un trou au-deflus du porte-objet F, d'environ une ou deux lignes de diametre , qui permetle paflage aux rayons de lumiere qui fervent à éclairer les objets que l’on met fur le concave F, Le diaphragme de laiton ou de plomb qui fe met entre la lentille & l'œil , doit avoir une ouverture proportionnée au foyer de cette lentille ; & il faut ee foit d'autant plus petite que la lentille aura moins de foyer. Je mets aufli fouvent un femblable diaphragme O , au-def- fous du concave F, & j'en proportionne l'ouverture aux ex- periences que j'en veux faire, & ne ou moins de foyer de ce concave, & même à la tranfparence plus ou moins grande des objets placez au concave F , où on les attache differemment. Par exemple , fi vous y voulez mettre du fable , de menues graines , ou quelques poudres tranfparen- tes , vous les y ferez fuffifamment tenir , en humcétant de votre haleine ce porte-objet, Les aîles de mouches ou leurs pattes , les fourmis , les poux , les puces , les mittes de fromage , les plus petites plumes des oifeaux , les cheveux , &c. s y arrêtent avec un peu d'eau gomée , ou quelque chofe d'équivalent , qu’on y applique en petite quantité , & aux endroits convenables, On peut aufi enfermer des animaux yivans , comme des mittes avec leurs œufs , entre le concave F & un verre plan des deux côtez, qui foir de peu d'épaifleur, Re 1} 16 Nouveaux Microscorzes. Le fang des animaux s'y mec tout chaud , avec le plus petit bout d'une plume à écrire. Les gouttes de l'eau des huiftres à l’écaille , & toutes les infufions qui contiennent des animaux aflez gros pour y être vüs, sy attachent pareillement d’elles-mêmes. Les anguilles de vinaigre fe prennent & s'y mettentavec un petit tuyau de verre en forme d’antonnoir , de la gran- deur & de la figure qui eft icy reprefentée ; ce qui fe prati- que tres-facilement en cette forte. J'enfonce dans le vinaigre a partie MN de l’antonnoir, & après l'avoir pofée fur mon concave , J'y fais defcendre la petite goutte de vinaigre contenué dans l'efpace MN , en boûchant la plus large ou- verture avec le doigt, pour prefler l’air contenu depuis L jufqu'en M , après quoy on met ainfi ce vinaigre aflez près de la lentille pour y voir les anguilles à loifir ; puifque cette goutte doit être aflez grofle pour n'être évaporée qu'en une heure ou environ dans un tems temperé. On peut, fi l'on veut, les y conferver durant fept ou huit jours en efté , & pendant quinze en hyver, en mettant fur le concave où elles font un petit verre plan des deux côtez, qui empêchera que ce peu de liqueur ne s’évapore entiere- ment durant tout ce tems-là , & donnera lieu à un fpeétacle des plus curieux , par les differentes chofes quon y verra, & dont nous devons parler dans la fuite de cet Ouvrage. Pour faire aufli que ce Microfcope ferve à diftinguer les petits objets qui ne font pas tranfparens, & à les obferver comme on le fait avec les Microfcopes à deux ou à trois verres ; il ny a qu'à faire une ou deux ouvertures quarrées à côté de la piece E , qui fert de corps au Microfcope , & mettre ces objets fur le concave, ou fur un autre porte-objet qui leur conviennent , tournant au jour l’une de ces ouver- tures. On peut tourner plufeurs pieces femblables à celle qui fe voit marquée par F, & garnir de differens petits corps choi- fis cous les portes-objets comme F qui doivent les foutenir , & être aifément fubftituez les uns aux autres, afin de faire voir plus promptement à une ou à plufeurs perfonnes ce qu'on y aura appliqué. PREMIERE PARTIE. Chap. IV. 17 Ce n'eft pas une neceflité de multiplier les portes-objets , il fuffira d’en avoir feulement deux , fçavoir un pour y fixer le verre concave C , & l'autre marque F, qui ait un petit rebord pour mettre dedans plufieurs cartons fur lefquels on aura arrête divers objets , que l'on placera l’un après l’autre fur la piece marquée F, afin de les y obferver. Le defir que j'ay eu de fatisfaire la curiofité de plufieurs perfonnes de merite , & la neceflité où je me fuis trouvé de tranfporter dans des lieux éloignez quelques-unes des infu- fions , dont je parle dans la feconde Partie de ce Traité , pour y faire voir dans la moindre goutte de chacune les di- vers animaux qu'elle contenoit, m'ont obligé de chercher une invention commode pour fervir à ce tranfport. En méditant là-deflus il fe prefenta plufieurs moyens ; dans chacun defquels je trouvois des défauts confiderables, qui ne me permettoient de m'en fervir , que parce que de meilleurs me manquoient. Je defirois toujours d'en trouver un, tel que le vaifleau où feroit la liqueur fut fort petit, & déboûché même dans le tranfport , fans pourtant que la liqueur qu'on y auroit mule en püt fortir d’elle-même , en quelque fituation qu'il fe trouvât ; que ce vaifleau fût facile à préparer , & enfin fi commode qu'avec peu’ d’adrefle on pûc facilement garnir de liqueurs les portes-objets des Mi- crofcopes dont Je me fers. Toutes les conditions de ce Problème me parürent d’a- bord tres-difficiles à remplir; & je puis aflurer qu'il n’y eût que la néceflité où j’étois d'en venir à bout qui fut capable de n'obliger à pourfuivre mes recherches. Et enfin je n'a- vifay d’une machine la plus fimple & la plus aifée de routes celles qu’on pourroit fabriquer pour l'ufage auquel on la deftine. P Q, eft le profil d’une petite phiole de verre à long col, faite par un Emailleur : elle a environ trois pouces de lon- gueur , & la boule fix lignes ou environ de diametre : l’ou- verture de l'extrémité P eft d’une bonne demie ligne , & cela fufit pour empêcher la liqueur d'en fortir d’elle- an£ince. Maintenant pour faire entrer la liqueur dans une de ces 38 Nouveaux MiICcRosSCOPESs. petites machines , qu'on peut regarder comme une efpece particuliere de Thermomérre ; il faut fourrer en dedans ur fil de laiton RS, plus menu que fon ouverture, après l'avoir moüillé dans toute fa longueur , en forte qu'y étant enfon- cé, fon extrémité d’en-haut furpafle de deux lignes l’ouver- ture qui eft en P , afin qu'ayant plongé le menu bout du petit antonnoir dans la liqueur dont on veut garnir le Ther- mométre , on porte enfuite fur l'extrémité R du fil ce même bout N par où la liqueur s’eft infinuée à la hauteur MN , de deux ou trois lignes , de maniere que ce fil de Jaiton y entre ; puis preflant du doigt l'ouverture fuperieure de l’antonnoir , l’on fera defcendre la liqueur dans le Ther- mométre P Q; ce qui fe réitérera autant de fois qu'on le jugera à propos : & ce Thermométre ainfi préparé fe pourra tranfporter par tout. Lorfque l'on voudra garnir d'une goutte le concave ou porte-objet du Microfcope , il n'y aura qu'à pofer le bout P du Thermométre dans ce concave , & envelopper fa boule avec les doigts, afin qu'en échauffant & rarefant quelque peu l'air qu'elle contient, il en puifle faire fortir un peu de liqueur. Er il faut remarquer que quand on aura mis du vinaigre , par exemple dans l’un de ces Thermométres , il n'y faudra pas mettre d’autre liqueur, parce que la feule vapeur du vinaigre feroit mourir fubitement les petits infec- tes de cette liqueur. Enfin fi l'on veut que ces petits Thermométres fervent plufieurs fois , il faudra en faire fortir la liqueur qui y fera reftée après s'en être fervi durant quelque tems ; parce que venant à sépaiflir par l'évaporation, ce qui reftera ne man- queroit pas de faire une crafle aflez cpaifle pour rendre cette petite machine incapable de fervir une autre fois. CHAP. ES PREMIERE PARTIE Chap. V. ns EE GRAVATRI TIRE 2, V Conffrufion d'un cinquième Microfcope à liqueurs , par le moyen duquel on pourra employer des lentilles foufflées , > de celles qui ne le font point ; depuis les plus peties foyers jufqu'aux plus grands. [2 #7 E Microfcope , qui fe voit reprefenté cout entier en À, eft vü à peu près de la grandeur que nous l'avons conftruit ; 1l eft à la verite un peu plus compofe que le pré- cedent ; mais il a en récompenfe de plus grands ufages , comme il fera facile de le comprendre par l'explication que nous en allons donner. La premiere piece de cet inftrument contient deux vis; dont les pas font égaux : elles font faites fur des cilindres de differens diametres , comme on le peut voir dans le profil marque L Cette piece, qui cft creufée interieurement dans toute fa hauteur , a deux diaphragmes , l'un en B & l’autre en C, afin de ne laïfler pafler que les rayons de lumiere qui la tra- verferont direétement par le milieu de C en B. La feconde piece marquée 2 eft cilindrique & creufe dans toute fa hauteur , qui n'eft pas confiderable ; puifque trois lignes au plus fuffifent pour y faire un écrou d'un pas de vis femblable & égal à celuy de la. plus petite vis de la premiere piece fur laquelle cet écrou doit être monté. E , reprefente le profil d’un verre concave d’un côté , & lat d’un autre; fi mince à l'endroit creufé , qu'il n’y ait pas plus d'épaifleur de verre , que la lentille la plus convexe dont on fe fervira aura de foyer. On attache ce verre concave , ou une feüille de talc bien tranfparente , avec un peu d'eau gomée , en forte que le côté lat du verre concave foit exterieur ; ainfi qu'on l'a repre- fenté en E : il eft à propos d'avoir au moins deux pieces fem- blables &égalés à cette feconde , fune qui porte un mor- C Planche 8, a Nouwuvraux Mricroscores. ceau de talc , & l’autre un verre plan concave , pour fervir à diverfes experiences. ” 3 , eft une autre piece cilindrique creufe , & aflez haute pour faire qu'étant montée à vis, au moyen d'un écrou qu'on y aura formé , fa bafe L L puifle defcendre jufqu’au dernier pas qui eft fous mm, diametre de la plus grofle vis faire fur la premiere piece , aprés avoir monté la feconde fur la plus petite vis qui eft au haut de cette premiere pie- ce ; de forte qu'elle ferc comme de furtout aux pieces pré- cedentes 1. & 2. On pratique au haut de cette piece un rebord trés-mince & fort ouvert dans fon milieu, comme on peut voir en GG; afin que ce peu d’épaifleur n'empêche pas d’approcher aflez la lenrille des objets que l'on voudra obferver. La quasriéme piece eft un porte-lentille qui a peu d'é- paifleur ; il eft percé d'un trou rond d'une grandeur conve- pable à la lentille, & aux pieces qui luy fervent de monture. Quand les lentilles font d'un long foyer , par exemple de deux à trois lignes, on les y monte à peu prés comme nous l'avons dit dans l'explication au Microfcope précedent; & lorfqu'elles font d’un tres-court foyer , il les faut arrêter entre deux petites platines de laiton gratté tres-mince , où entre deux platines de plomb qui foient de peu d’épaifleur , & qui fe colent l'une contre l’autre vers les bords en dedans avec un peu d’eau gomée , ou plutôt avec de la cole dont les Menuifiers fe fervent. Cette monture fe doit enchâfler dans une petite piece d'ébene tournée proprement, qui foit d’un diametre un peu plus grand que celuy de la troifiéme piece , ainfi qu'on la voit reprefentée en la quatriéme Figure , où 1 , 1 marquent les extrémitez de tout le diametre de cette piece qu'on ap» plique à l'œil, & dont le milieu H eft l'endroit où la lentille eft placce. Tout cela fuppofé , nous pañlerons à l'explication des ufages de ce Microfcope. Si l’on veut premierement exa- miner les anguilles du vinaigre , il faudra prendre tres-peu de cette liqueur avec la petite machine de verre faite en forme d’anconnoir, dont on a déja parlé, & faire defcendre PREMIERE PARTIE Chap. V. 2E cette goutte dans la concavité du porte-objet de verre at- taché à la piece 2 , puis monter cette piece fur la plus petite vis de la premiere ; enfuite on mertra le furtout par-deflus, & au haut de celle-cy le porte-lentille marqué 4, que l'on promenera fur GG, avec les deux premiers doigts d'une main, tenant en même tems avec les deux doigts de l’autre l'extrémité D D de la premiere piece , qu'on tournera d'un côté ou d'un autre , afin de mettre les objets qui auront été ofez dans le concave , au point de diftinétion où ils doivent étre arrêtez pour y être apperçüs comme il faut; à l'occafon dequoy il eft necellaire d’avertir, qu'on ne voit bien exac- tement ces animaux , que lorfque toute la goutte de vinai- gre eft prefque entierement évaporée , particulierement fi l'on fe fert d'une lentille d’un tres-court foyer , à caufe de l'extrême vicefle avec laquelle ils y nagent au commence- ment que la liqueur eft trop fluide. En fecond lieu , fi l'on veut examiner les animaux des aucres liqueurs , il vaut mieux fubftituer au verre concave la piece où ef la feüille de talc, à caufe de la difficulté qu'il y a à creufer le verre comme il le doit être , pour bien faire ces fortes d'obfervations avec les plus petites lentilles. D'ailleurs , comme il faut moins de liqueurs pour decou- vrir ces derniers animaux , que pour les premiers, l'évapo- ration s'en fera plutôt, & l’on ne tardera pas à appercevoir ce qu'il y a de plus confiderable dans cette petite portion de liqueur appliquée fur ce talc. e Microfcope a cet avantage par-deflus les autres , quon peut en un inftant connoître exactement tous les foyers de differentes lentilles qu'on y applique l'une aprés l'autre ; & quoy qu'on ne l'ait imaginé que pour les obfer- vations des liqueurs , il peut aufli fervir à examiner tous les ctits corps tranfparens ; & parce qu'on peut mouvoir aifc- ment la lentille pendant l’obfervation , on a le plaïfir de fuivre un animal dans fon allure , durant tout le temps qu'il parcourt l’étendué de la goutte de liqueur qu'on a mife fur le porte-objet du Microfcope. Si l'on veut fe fervir de ce Microfcope pour examiner les ehcveux , les aîles de mouches , les grains de fable ,» Les Ci flanchc9. quatre li 22 Nouveaux Mrcroscorrsé. mittes , &c. il faudra faire plufieurs pieces femblables à {a deuxiéme , garnie chacune d'une petite fetülle de valc bien tranfparente qui tienne en E, & attacher aufli de même ce qu'on veut voir, y employant les lentilles qui convien- nent le mieux à chacun des objets qu'on y aura attachez. L'on fçaura au refte qu'il y a des objets qu'il faut exami- ner à la lumiere d’une chandelle , plutôt qu'à celle du jour pour les bien appercevoir. Que la feconde piece de ce Microfcope doit avoir une ouverture aflez fpacieufe pour pouvoir facilement ôter la fa- leté que laïflent les liqueurs qu'on y avoit mifes en expe- rience , tant fur le verre que fur le talc, ce qui s’execute en moüillant d'un peu de falive un petit linge dont on couvre le doigt pour détremper & efluyer ces endroits , qui doi- vent être tres-nets avant que d'y remettre de nouvelle liqueur. Et qu'enfin la plüpart des pieces de ce Microfcope peu- vent être conftruites d'argent ou de laiton, d’ébene, &c. Pour peu que l’on fafle de réflexion fur tout ce que nous avons dit de la conftruétion & des nfages des Microfcopes , Jon jugera de la necefité qu'il y a d’en avoir de plus dune que fi l’on defire de fatisfaire pleinement fa curiofité là- eflus, G'H'ANP LAORT EP WRE Defcription d'un fixiême Microftope à liqueurs , d'une conf: trubtion fort fésguliere , pour mettre en ufage Les lentilles d'un tres-petit foyer. H Edeflein APO, reprefente ce Microfcope tout en: tier. B , eft une petite platine d'argent ou de laiton de peu d'épaifleur , au milieu de laquelle eft un trou rond d'environ gnes de diametre. On voit au haut de cette platine une petite entaille d’une PREMIERE PARTIE. Chap. VI. 23. ligne en quarré , pour loger un tenon dont on va parler. Au milieu du bas de cerre platine on y voit une referve longue d'environ une ligne ou deux , & d’un peu moins de hauteur, pour fervir en partie à fixer cette platine fur celle dont je yais parler. C, D, font deux diaphragmes de plomb. E, cft une feconde platine un peu plus grande que la pré- cedente , & de même matiere, au milieu de laquelle on 2 fait une ouverture ronde égale à celle qui a été faite au mi- lieu de la premiere ; & au-delà de fa circonference on y a pratiqué un petit rebord creufé dans l'épaifleur de cette pla- une E , pour y pofer les diaphragmes C, D, comme on pofe un tableau dans fa bordure. On voit au fommet de cette même platine , & immedia- tement fous la lettre E, un petit tenon qu'on peut haufler & baiïfler , ou le tourner , fi on le fait autrement, pour fervir à arrêter le, haut de la premiere platine B. Il y à encore au bas de la platine E un petit trou quarré plus long que large , où l'on fait entrer la petite piece re- courbée. qui a été refervée à l’extrénuté inferieure de la premicre platine B ; ainfi on arrête fermement les deux dia- phragmes C, D, & la lentille du Microfcope que l’on place adroitement entre ces deux platines. Cetre feconde platine E , dont on voit l'épaiffeur dans fon profil au-deflous de G, eft foudée à angles droits fur l'extrémité d’un petit canon F, qui doit couler librement & avec juftefle dans un autre canon plus court marqué P. Le canon F eft ouvert par-deflous dans toute fa longueur, afin que la vis attachée à la rouë H puifle appuyer fur la fourchette I, qui faic reflort, & tourner en avançant & en reculant , pendant que l’on approche de l'œil, ou qu'on en éloigne la lentille du Microfcope. H , eft une roué au centre de laquelle on à rivé une vis d'environ un pouce de longueur , qui fert à faire mouvoir l& platine E , que l’on peut nommer porte-lentille. 1,1, eft une piece de laiton ou d'argent, vûë de front à droit , afin que: l’on en puifle découvrir la largeur ; & de edté à gauche, pour en bre voir l'épaifleur, h C ii 24 Nouveaux Mrcroscopres. Cette piece eft courbée en équerres , & au-deflus de fa courbure on a fait un eécrou dans un trou rond, dont on a retranché la partie fuperieure , pour former du refte une efpece de fourchette qui fe voit à l'endroit marqué Ï, dont on va parler. Cette petite fourchette s'introduic par -deflous la vis R , qui en cft pouflce de bas en haut , à caufe du point d’appuy qu'elle a fur le haut de la virole du manche © ; ainf cette fourchette fait l'office d’un reflort attaché par fon extrémité d'en-bas, au moyen d’une petite vis qui entre dans la virole de ce manche , à l'endroit marqué N. Le deflein L , qui eft à gauche , eft la reprefentation d'un porte-objet vû par derriere ; & celuy qui eft du côte droit le reprefente vü par devant. On voit bien par ces deux figures que le verre concave où l’on met la liqueur que l’on veut oblerver , entre à cou- life dans une piece de laiton ou d'argent de peu d'épaifleur, dont la conftruétion en découvre aflez la méchanique , pour qu'on puifle fe pañler d'une explication plus étenduë que ce que j'en viens de dire, pour en donner l'intelligence. Ce porre-objet fe place au-devant d’une troifiéme petite platine ; au milieu de laquelle ( comme au milieu des préce- dentes) il y a un trou rond. Cette petite platine eft foudée fur l'extrémité exterieure du gros canon qui fe voit immediatement au-deflous de la lettre À, par le moyen d'une ouverture qu'on à faite à cette platine , & de deux efpeces d'oreilles qui font reflort, com- me on le de facilement juger , en jettant pour un moment les yeux fur les endroits marquez Q,, Q,, dans le deflein qui reprefente le porte-objet L. On voit en Mun diaphragme façonné au tour , qui fe met au bout exterieur du gros canon À de ce Microfcope. Il eft bon d'en avoir de plufieurs ouvertures , parce qu'une feule ne fuffit pas toujours pour qu'on puifle bien diftinguer les animaux de diverfes grofleurs & de diverfes tranfparences. O , eft la reprefentation du manche qui fert à tenir le Mi- crofcope d’une main, pendant que l'on obferve les liqueurs gui fe mettent l'une aprés l’autre fur le porte-objet ou con- ” PREMIERE PARTIE. Chap. VII. 25 cave de verre reprefente en L , qui s'approche de l'œil ; ou qui s'en éloigne en tournant d’un côte ou d’un autre, avec le fecond doigt de la même main qui tient le manche du Microfcope , la petite rouë marquée H. Enfin il n'eft pas difficile de comprendre , que ce Microf- cope a encore l'avantage de faire partir le porte-lentille dés le moment que l'on commence à tourner cette rouë H, à caufe que le levier T, pouflant continuellement la vis R de bas en haut, elle l'empêche d’avoir d’autre jeu que celuy dont elle a befoin pour faire le bon effet que les habiles gens defirent icy. RAP IRO ES CAT Deferiptios © ufage d'un nouveans Microfcope à tiges » tres commode pour obferver toutes fortes de petits objets ; fort de jour ou de nuit , à la lumiere d’une chandelle. (© Ette petite machine eft faite de trois ou quatre gros fils de laiton ou d'argent tirez à la filiere , ayant cha- cun environ trois pouces & demi de longueur , & un peu plus d’une ligne de diametre ; de deux doubles équerres ; de deux petits refiorts ; de plufeurs lentilles de differens foyers, & de quelques autres pieces dont je vais parler. On voit ce Microfcope placé debout fur un petit pied au milieu de cette planche , & environné des pieces qui doi- vent l’aflortir. La premiere tige E, E , eft refenduë pour former une pincette , fi commode que chacun s’en peut fervir; car en preflant les deux petits boutons qui font rivez aux branches de la petite pincette , elle s'ouvre facilement , & lorfque J'on cefle de les prefler , elle fe ferme d'elle-même. La feconde tige B G eft recourbée en équerre , afin qu'elle puifle porter d’une façon convenable les pieces que nous 1vons nommées portes-lentilles , & les approcher ou éloigner des objets que l'on veur obferver, Planche 1e, 26 Nouveaux Microscorzs. La troifiéme tige H H porte une pointe d’éguille à l'une de fes extrémitez , pour fervir aux divers ufages dont je par- leray ci-aprés. Chacune des doubles équerres , que l'on voit en DCD, eft percée en crois endroits ; fçavoir, d'un trou bien rond à chacune de fes extrémitez , & d’un autre trou aufli tres-rond dans le milieu. Ces équerres font adoffées l’une fur l'autre , & attachées enfemble par le moyen d’un clou rond , fi bien rivé par fes extrémitez , qu'on les puiflent tourner autour de ce même clou , comme on tourne les deux jambes d’un compas autour de celuy qui les lie enfemble. Les deux petits reflorts courbez en façon d'un arc, font deux pieces minces de laiton ou d'argent battués à froid , de la longueur de l'efpace interieur compris entre chaque dou- ble équerre. "> Ces reflorts ainfi courbez doivent étre un peu creufez en rond & en long fur leurs extrémitez pour recevoir une par- tie des tiges , les engager en quelque façon, & les empêcher de couler trop librement dans les yeux des équerres. Enfin l’on pañle deux tiges , par les yeux de chacune de ces équerres , après avoir placé entr'eux les reflorts qui doi- vent poufler ces tiges, & compofer ainfi ce qu'on peut ap- peller le corps du Microfcope. Il faut maintenant parler des autres pieces qui entrent dans la compofition de cette petite machine ; pour cet ef- fer, nous dirons premierement que la lentille eft un petic morceau de glace bien choïfie , taillée de façon qu'elle de- vienne tranchante par fes bords , afin que l'axe commun à fes deux convexitez foit perpendiculaire aux furfaces con- vexes de certe lentille. Le porte-lentille eft une piece d'ébene , au milieu de la- quelle on à pratiqué un trou rond , que je nomme l'orbite de l lentille , parce qu'il la reçoit & qu'il fert à l’enchâfler ; de même que la partie de notre crâne , nommée de ce nom, fert à enchâfler l'œil qui contient le criftalin , figuré de mé- me que la lentille dont nous parlons, & qui a de femblables proprietez. Le PREMIERE PARTIE Chap. VII 27 Le petit trou qui eft au milieu d’un diaphragme de plomb, ou d’une autre matiere convenable , qui fe place fur la len- tille , & dont la petite ouverture doit être tournée du côté de l'œil , reprefente la prunelle , parce qu'elle en fait iCy l'office. Le trou qui eft fait dans l'épaifleur du bord du porte- lentille , fert à mettre le bout G recourbé de la tige BG. Le porte-objet fimple, reprefente en ], eft une piece d’é- bene noire d’un côté, & blanche de l’autre, à peu prés fem- blable à une dame à joüer , ayant autour de fa circonference une petite élevation en forme de parapet , pour empécher que le fable , ou quelque petite graine qu'on y aura mufe, ne tombe de deflus. Cette cfpece de dame eft percée dans le milieu de fon épaifleur ; & le trou rond qu'on y à fait eft rempli d'une pe- ute cheville de liege , pour y enfoncer la pointe d’une grofle aiguille que l'on voit reprefentée au bout de la tige HH. Le porte-objet MNO, qui doit fervir à l'examen des animaux qui fe trouvent dans les liqueurs , eft un petit tuyau cilindrique d’un pouce ou environ de longueur , & de huit à neuf lignes de diametre , garni comme on le va dire. L'une des extrémitez de ce tuyau , & la plus éloignée de l'œil , eft bouchée d'une piece de bois dur , au milieu de la- quelle on à fait un petit trou rond d'environ une ligne de diametre , pour fervir de diaphragme. On ferme aufli l'ouverture M, de ce même tuyau cilindri- que ; d’une feconde piece de bois tournée , & tellement conftruite , que l’on puifle enchâfler dans fon milieu un petit verre concave d’un feul côté feulement , dans le milieu du- quel on met les liqueurs que l’on veut obferver. Il y a un petit trou fait au-deflus de la fuperficie cilindri- que de ce tuyau , tellement accommodé à la grofleur de la pointe d’aiguille qui eft enchâffe en H , qu'il puifle étre ar- rêté fermement fur cette pointe , afin de fervir aux divers ufages pour lefquels on deftine ces pieces. La Figure P reprefente un diaphragme qui doit êrre placé 28 Nouvraux Microscorrs, fur les lentilles d’un long foyer , qui s'enchâflent dans des portes-lentilles femblables à celuy qui eft marqué par F; & on l'y fixe au moyen d'une petite virole à reflort , marquée par la lertre Q. Le deflein reprefenté en R eft un petit carton à jour , dans l'épaifleur duquel on a placé l'aile d'une mouche, pour faire comprendre comment on peut arrêter certains objets , afin qu'on les puifle facilement obferver étant placez dans la pincecte. S , eft un petit tuyau de verre fait en forme d’antonnoir, pour fervir comme on l'a déja dit. EtT , eft une petite bouteille à long col , de l'ufage de laquelle on a aufli parlé. Des ufages de ce Microfcope. E Microfcope , quoyque tres-fimple , ne laifle pas d’a4 voir beaucoup d'ufages. Il peut fervir à obferver des animaux tres-pecits , qui marçhent ou qui rampent fur ja terre; & même ceux qui volent dans l'air , ou enfin qui na- gent dans des liqueurs préparées , & dans celles qui n’ont aucune préparation. Il ferc aufli pour obferver de tres-perits corps, dans lefquels on ne remarque aucun mouvement ap- parent , quoyque toutes leurs parties foient dans une agita- tion continuelle. Si l'on bat le fufil fur une feüille de papier blanc ,& qu'on ramañle une partie de ce qui fera tombé avec une lame de coûteau aimantée , en obfervant ces petites particules mifes fur un porte-objet blanc , on aura le plaifir d'y voir de pe- tites boules d'acier tout pur , pendant que l’on en découvrira qui font moitié acier & moitié verre ; & enfin d'autres qui feront de verre toutes pures. Er fi l'on fe donne la peine d'examiner le papier , les endroits où font tombées les bou- les paroïtront noirs & brülez. Je ne m'arrête pas icy à ren- dre raifon de ces effets , parce qu'il eft facile de les ex- pliquer. L'aîle d’une mouche ordinaire nous manifefte des chofes digne d'admiration, Si on l’obferye exaétement , an verra PREMIERE PARTIE Chap. VII. 19 que fes bords font garnis de deux fortes de poils roides & aigus , artiftement rangez, & efpacez également. Qu'elle a des veines & des arteres , & par confequent qu'il s'y fait une circulation de la liqueur qui les remplit. Que le tiflu fin & délié de la membrane qui fe trouve entre ces veines & ces arceres , cft parfemé d’un grand nombre d’autres poils plus petits que ceux qui environnent l’aîle de la mouche ; & qu'ils font plantez obliquement dans l'étenduë de cette membrane d'une maniere tres-finguliere. La moindre petite plume d'un oïfeau , comme par exem- ple celle d'un ferin de Canarie , étant obfervée avec ce Mi- crofcope monté d'une lentille d'environ deux lignes de foyer, nous fait voir que fa compofition eft telle , que chaque petit brin de fa barbe eft une plume toute entiere, qui a fon tuyau & fes brins femblables à ceux de la groffe plume ; & ainfi de fuite. Le fu d’un morceau de toile , celuy des rubans de diver- fes couleurs , & des taffetas changeans , étant bien obfervez, il nous fera comprendre en un moment ce qui feroit devenu peut-être le fujet d'une meditation de plufieurs années , fi nous n euflions employez que nos feuls yeux , pour regarder toutes ces chofes. Pour obferver le poux & la puce tout vivans , durant plu: fieurs jours de fuite , il les faut pincer par la croupe avec la pincetre à boutons ; par ce moyen on aura le plaïfir d’obfer- ver toutes les parties exterieures du corps de chacun de ces animaux domeftiques , que l’on voit quelquefois inquietez par d’autres animaux qui parcourent leurs corps , & quon peut nommer le poux du poux , & la puce de la puce; tant par le rapport de groffeur des uns à celle des autres , que par Ja figure des petits , & celle des gros. Les mittes de fromage & leurs œufs ; les poux des ferins de Canarie , les mittes des poires & celles des pommes un peu vieilles , s’attachent fur un porte-objet noir avec un peu d'eau goméc , ou avec la pointe d’une aiguille motüillée de cette même eau, afin de les y voir tout vivans durant plu- fieurs jours de fuite. Les mouches un peu grofles , & plufeurs autres ani maux, D 1 Pnche 11 Figure Je 30 Nouveaux Microscopes. s'empalent au moyen de la pointe d’aiguille qui eft au bout de l'une des tiges de ce Microfcope ; & par ce moyen l’on pourra tres-facilement en examiner toutes les parties exte- rieures , & découvrir par-là l'erreur des Anciens , & de quel- ques Philofophes modernes, qui fe perfuadent que!les mou- ches ne fe tiennent fufpendués contre les corps fur lefquels elles marchent, qu'à caufe qu'il fort continuellement de leurs pattes une efpece d'humeur gluante qui les y attache. Pour obferver les anguilles du vinaigre , il faut fe fervir du petit antonnoir marqué S , afin d’en prendre un peu pour le porter dans le concave de verre qui eft au bout du canon ci- lindrique , qui fe monte fur la tige qui porte une pointe , pour y être obfervé. k Et à l'égard des autres liqueurs , on les placera l'une après l’autre dans ce concave de verre , en prenant la précaution de le rendre net à chaque experience que l'on voudra faire, CEVAP IT REV LITE Defcription © ufage des Microfcopes à Canon de verre ; que quelques perfonnes nomment Tombeaux : e> d'autres, Cimetiere de divers animaux. Es Microfcopes , qui font au nombre de trois, & qui 'E ne different entr'eux que dans la façon de les monter, font tres-commodes & tres-utils pour obferver une partie de ce qui fe pañle tant dans les animaux vivans, que dans ceux qui font morts, depuis la grofleur d’une puce jufqu'à celle d'un haneton. Le plus fimple cft compofe de fix pieces , fçavoir d’un pied ou bafe , d'un canon de verre , d’un couronnement , de la piece de l'œil ou porte-lentille , d’une lentille de verre, d’u- ne vis ou d'une petite virole pour arrêter cette lentille. ABCDE, eft le deflein de ce Microfcope entier. À , eft l'endroit où s'applique l'œil, pour voir les objets que l'on à mis dans ce Microfcope. PREMIERE PARTIE Chap. VIII 31 BB , reprefente la piece de l'œil , ou le porte -lentille qui fe monte à vis dans le couronnement CC , au moyen d’un écrou qu'on y à fait pour la recevoir. D, eft la reprefentation du canon de verre qui eft collé ou enchâflé par fes extrémitez dans la partie fuperieure de la bafe EE de ce Microfcope, & dans l'inferieure du couron- nement CC. G , eft la lentille d’un foyer convenable à la hauteur du canon D ; elle s’enchäfle dans une cavité pratiquée dans la iece de l'œil B , où on l'y arrête le plus fermement qu'il eft poñlible par le moyen d’une virole H , au défaut de la- quelle on peut employer une vis, qui fera même plus com- mode à monter & démonter la lentille , lorfqu'il fera necef- faire de la nettoyer. 3 F, eft le plan de la piece ABB, vûüë par-deflus. EtG, reprefente la lentille. Defcription du fecond Microfcope à Canon. GC: fecond Microfcope , qui eft monté d'une maniere tres-fimple , eft compofe de fepr pieces , fçavoir d'une bafe , d’un canon de verre , d'un couronnement , de la pie- ce de l'œil, d’une lentille , d'une virole, & d’une boëte qui luy fert de pied. ABCDE , eft le deflein du Microfcope tout entier, en- vironné des pieces qui le compofent. EE , eft la bafe de ce Microfcope , ornée au milieu de quelques moulures , au-deflus & au-deflous defquelles on a reprefenté deux vis pour y monter l’étuy F, qui fe voit à gauche du Microfcope , & dont F qui eft à fa droite en eft le profil, pour en faire voir le dedans. , réprefente le canon de verre ,enchâfé & collé par fes extrémitez dans les cavitez pratiquées au-deflus de la bafe EE , & au-deflous du couronnement CC ; & au haut de ce couronnement on y à fait un écrou pour recevoir la piece de Jœil marquée BB, qui porte la lentille, ‘BB, eft le plan fuperieur de la piece de l'œil vüë par- PA Figure 1. Planche xr, Figu TE 2e 32 Nouveaux Microscopes. deflus, dont le milieu H eft occupé par la lentille , que l'on voit feule du côté droit ; & G eft la virole qui arrête cette lentille ; parce qu'elle eft propre à faire reflort. La piece F, qui eft à gauche du Microfcope , eft fa boë- te , qui luy fert aufli de bafe, pour le tenir plus facilement. Le deflein aufli marqué F, qui fe voit du côté droit du Microfcope , eft le profil de cette même boëte , pour en faire voir le dedans & fon épaifleur. Le troifiéme ns 2 à canon eft conftruit comme le fecond , à la referve feulement qu'il pafle une bafe viflée au travers de la piece ÊE , dans laquelle on à fait un écrou ; & c'eft fur le deflus de cette piece viflée que fe pofent les ob- jets pour y être examinez , en hauffant ou en baïffant la vis qui les foutient. GE | CHABERRENLX: Des ufages que l'on peut tirer des Microfcopes dont je viens de parler. Près avoir expliqué les diverfes manieres de montef les Microfcopes à canon de verre, il faut dire quelque chofe des principaux ufages que l’on en peut tirer ; & quoy- que ces Microfcopes ne puillent point in à voir les ani- maux des liqueurs, on ne les doit pas negliger pour cela. Ce que Je vais dire de leurs proprietez, fervira à perfuader de la neceflité qu'il y a de s'en fervir. Pour obferver les petites graines des plantes, & pour en découvrir facilement toutes les beautez , il les faut répan- dre chacune à part fur des petits portes-objets blancs & noirs , OÙ VOUS aurez mis un peu d’eau gomée pour les y at- tacher proprement ; afin de mettre après cela ces portes- objets l’un après l’autre fur le fond du troifiéme Microfco- pe ; car il eft cres-commode pour faire l'examen de ces graï- nes , & d'autres petits corps femblables en groffeur que l'on veut conferver long-tems. PREMIBRE PARTIE Chap. IX. 33 Les poux des ferins de Canarie , ceux des poulés, les mit- tes de fromage & leurs œufs, les petits infeëtes vivans , qui font à peu près de cette grofleur , peuvent fervir à former des groupes dans des Tableaux couverts de ces petits ani- maux vivans ; fur chacun defquels on pourra appercevoir des chofes furprenantes , tant dans la groffeur apparente , dans les couleurs , figures & mouvemens des parties de ces pe- tites creatures , que dans l’inégalité de la durée de leur vie. On méprife ordinairement ces.infeétes , & d’autres petits animaux , que les hommes difent devoir leur naïflance à une matiere corrompué ; mais il eft facile de montrer que ce mé- pris eft injufte , & qu'il n’eft fondé que fur l'ignorance de la chofe qu'on méprife, & fur le préjugé , qui fait que l’on s'i- magine voir les corps tels qu'ils font en eux-mêmes. Il n'y à rien de méprifable dans la nature , & tous les ouvrages de Dieu font dignes qu'on les refpeéte & qu'on les admire ; principalement fi l’on prend garde à la fimplicité des voyes par lefquelles Dieu les a faits & les conferve. Les plus petits moucherons font aufli parfaits que les animaux les plus énor- mes : les proportions de leurs membres font aufli juftes que celles des autres; & il femble même que Dieu ait voulu leur donner plus d'ornemens qu'il n'en a donné aux plus gros, afin de récompenfer par-là la petitefle de leur corps. Ils ont des couronnes , des aigrettes , & d’autres ajufte- mens fur leurs têtes qui effacent tout ce que le luxe des fem- mes peut inventer : & l'on peut dire que tous ceux qui ne fe font encore fervis que de leurs yeux , n'ont jamais rien vü de fi beau, de fi jufte , ni même de fi magnifique dans les Pa- lais des plus grands Princes , que ce qu'on voit avec le Mi- erofcope fur la tête & fur le corps d’une fimple mouche. Il eft vray que ces chofes font tres-petites, mais elles en font plus furprenantes, puifqu'il fe trouve tant de beautez ramaflées dans un fi petit fujot ; & quoyqu'elles foient com- munes , elles n'en font pas moins eftimables. Si l'on enferme dans ce Mierofcope à canon de certaines chenilles , & qu’on les y examine durant quelque tems & à diverfes reprifes, on les apperçoit toutes veluës , & couver- tes de longs poils brillans , de couleurs variées & difperfécs 84 Nouveaux MiICROsSCOPES. avec tant d'art, que ce qui nous effrayoit d'abord , fe trouve enfuite un fujet d'admiration ; car au bout d'environ cinq ou fix femaines on les voir quitter un charmant furtout , qui conferve tres-long-tems la beauté des couleurs qu'on y avoit vüës , pour fe faire voir fous la forme de plufieurs coques à peu prés femblables à celles des vers à foye, fans qu'on puifle remarquer en ces coques aucun mouvement apparent : mais au bout de quelque tems notre étonnement femble de- voir fe redoubler , en voyant fortir de ces nouvelles prifons, qui paroifloient bien fermées , des papillons bien aîlez & tout vivans. Cette métamorphofe apparente , quoyque belle , ne con- tient pas tant de faits furprenans , que nous en avons remar- quez durant près d’un an , à l’occafion d’un petit infeéte dont je vais parler. Le dixiéme Juin de l’année 1692. je trouvay à terre dans mon cabinet un petit ver , dont les diverfes formes fous lef- quelles je le vis dans un Microfcope à canon de verre , me- ritent bien que j'en fafle une defcription particuliere , pour donner lieu à l'explication de tour ce que nous en dirons de fingulier. Ce petit ver me parut d’abord de couleur brune, tirant fur celle d’un caffé qui n’eft pas encore aflez torreñié. Son corps, qui avoit fix lignes de longueur & une & demie de diametre , étoit prefque rond dans toute cette dimenfion. 1 paroifloit compofé de onze anneaux , fans y compren- dre la tête, ornée d’une efpece de cocluchon arondi par le bas. Le dernier des anneaux qui terminoit fon corps, finifloit par deux aiguillons courts & obtus, qui reprefentoient une queuë fourchuë. Tous ces anneaux beaux & luifans étoient attachez à une membrane tres-fine & blanchâtre , que fes contraétions & fes cxtentions alternatives pouvoient approcher & écarter les uns des autres , en rendant cet animal tantôt plus court & plus gros, tantôt plus long & plus menu. On remarquoit trois petites pattes de chaque côte de fon corps, & une feule griffe au bout de chacune, Rent une PREMIERE PARTIE Chap. IX. 35 d’une couleur d’ambre bien foncée ; celles des deux pattes les plus proches de fa rêre , luy fervoient comme de main pour prendre fa nourriture , & pour la porter à fa bouche. Sa tête voir ornée de deux yeux bien noirs , placez des deux côtez , au-devant defquels étoient plantées deux peti- tes cornes , compofées de plufieurs articles. Les premiers Jours que Je confideray ce petit animal, il étoit d'une vivacité merveilleufe , faifanc des fauts qui mar- quoient beaucoup de force & de fouplefle dans le fujet qui les executoit. | Depuis le dix Juillet jufqu'au deuxiéme de Septembre, cet infeéte en produifit dix autres tres-menus qui luy reflem- bloient tous , & qui dés le premier moment de leur naïflance marchoient d’une virefle furprenante. J'en garday un en vie durant dix jours fans luy donner aucune nourriture ; ce qui ne paroïtra pas trop extraordinaire , lorfqu'on fçaura que fa mere, pendant une année ou environ, n'en confuma pas plus ue de la grofleur d'environ un pois. Cet infeéte aprés avoir fait fes petits , quitta entierement fa peau durant vingt-quatre heures , aprés quoy il parut d’u- ne blancheur vive & plus gros qu'auparavant , marquant même plus de force & de mouvement, qu'il n’en avoit mon- tré depuis plufieurs jours. On peut dire que cette peau luy tenoit lieu de furtoue pour envelopper toutes les parties exterieures de fon corps; puifqu'on remarquoit dans ce furtout jufqu'au moule des yeux , des jambes & des griffes de cet animal. J'employai aflez de tems à confiderer cet ancien fourreau, fans pouvoir deviner comment l’infeéte avoit pü faire pour s'en dépoüiller ; parce que ce vétement étant tout d'une piece , & tres-intimement appliqué fur fon corps, je ne com- prenois pas comment cette nymphe fi irréguliere , fi fine & {i délicate avoit pü être tirée fans fe rompre. Mais peu de tems aprés je revins de mon étonnement , & je ceflai d’ad- mirer cette méchanique , en découvrant fa fimplicité ; car cette membrane venant à fe ficher , les fibres qui la com- pofoient fe reflerrant laiflerent voir tout l’artifice , qui con- fiftoic en une fente étendué depuis le bec de l'animal jufqu’à 36 Nouveaux Mieroscopes. l'anus ; laquelle, à mefure que le ver en fortoit , fe refermoit en rapprochant par le reflort de la pellicule , fes bords lun de l'autre , qui fe joignoient fi juftement qu'il n'étoit pas poflible d'y appercevoir aucune feparation. Dés le foir même du jour que ce ver eût quitté fon fur- tout , fa couleur me parut changée; car de blanc qu'il étoic, en deux jours il redevint aufli brun qu'il avoit été ; & je luy vis pañler cout l'hyver en cet état. Il fut aflez en repos durant tout ce tems-là, ne remuant qu'infenfiblement ,ne mangeant point , ni ne rendant aucun excrement vifñible : maïs étant furvenu quelques beaux jours de Soleil , & l’y ayant expolé, il commença à s'y mouvoir un peu plus qu'il ne faifoit favant, & même il mangea quelque peu d’un carton qui fer- voit de bafe ou de fond au Microfcope dans lequel je le con- fervois. Sur la fin du mois d'Avril je ne luy remarquai, pendant neuf jours qu'il demeura couché fur le dos , aucun figne de vie , aprés lequel tems je fus furpris de voir qu'il travailloit fortement à quitter un fecond furtout , qu'il poufloit tout le long de fon corps , de la tête vers la queuë , où il en refta jufqu'au fixiéme Juin , durant lequel tems je le crus mort : cependant le même jour au foir je m'apperçüs qu'il avoit en- tierement quitté cette derniere peau, & qu'il paroïfloit fous une forme nouvelle, qui ne differoit pas moins de la préce- dente , qu'un ver differe d’une mouche. En effet, le fixieme Juin à fept heures du matin il s’étoit métamorphofe en une mouche tres-finguliere , ayant environ cinq lignes de lon- gueur, & une ligne un quart de largeur par le milieu de fon Corps. En obfervant cette mouche, je remarquai qu'entre la tête & fon corps il y avoit une autre partie en forme d’anneau mobile; que la couleur étoit differente en divers endroits du corps ; le deflus de la tête, & cette partie en forme d'an- neau , étant d'un rouge brun , & le refte ayant une blancheur cirant fur le roux ; mais cette couleur blanchâtre fe diflipa en peu de tems ; car deux heures aprés le tout parut d'un rouge brun, À la place des onze anneaux qui fe diftinguoient dans la PRÉMIERE Partie Chap. IX. 37 longueur du ver , on voyoit alors tout fon corps long de huit lignes, couvert de deux aîles fermes & dures. Au lieu de fix pattes courtes dont j'ay parlé, on en voyoit fix autres , chacune defquelles avoit pour le moins quatre fois la longueur des premieres , & étoit compofée de trois articles ; étant terminées par deux griffes aflez foibles , au lieu d’une feule un peu forte. Les cornes qu'il avoit au - devant des yeux étoient extré- mement courtes, & celles d'aprés tres-longues; en forte que lon y remarquoit onze articulations en chacune , dont il y en avoit huit qui reflembloient à des grains de chapelets un peu ovales. Le huitiéme Juin au matin , il me parut d'une couleur brune , femblable à celle des féves de café bien correfiées. Le neuviéme cette couleur devint noire , & les pattes de cet animal fe firent voir d’un rouge brun. Enfin le treiziéme il fit paroître quelques excremens d'un jaune pâle, au lieu que ceux du ver étoient fort bruns, les uns & les autres aflez durs , & provenans du carton qu'il avoit rongé , & qui faifoit, comme j'ay dit, le fond du Mi- crofcope. Nous finirons l'explication abregée des ufages de ce Mi- crofcope , en ajoûtant encore , que l'on découvre fur le corps des groffes mouches de tres-petits animaux qui les incom- modent durant leur vie, & qui les mangent aprés leur mort : ce qui fufñit pour faire comprendre , que ce qui arrive aux uns peut arriver de même aux autres. Les araignées que l'on y enferme y font leurs œufs; elles les y ramaflent par pelotons, qu’elles enveloppent de leur foye pour les conferver de la rigueur du tems ; elles vivent fcules enfermées dans ce combeau durant plus de trois mois ; fans y prendre aucune nourriture apparente. Et fi une grofle, s'y trouve enfermée avec plufeurs petites , celles-cy en font mangées; ainfi l'on remarque que les unes fervent de nour- riture aux autres. Si vous enfermez dans ce Microfcope une groffe araignée avec une mouche ordinaire , aufli aflez grofle , vous aurez le plaifir d'y voir l2 mouche dans une grande ee > pen- 1] 33 Nouveaux Microscopes. dant que l’araignée y demeure comme immobile , couchée fur le dos , les pattes en l'air & écartées les unes des autres ; actendant ainfi avec beaucoup de tranquilité que la mouche, laffe de voltiger çà & là , luy tombe fur le corps, pour l’en- vironner de fes pattes , la piquer à la gorge , & la faire mou- tir fubirtement , fe contentant d'en tirer le fang fans endom- mager le refte de fon corps , qui demeure tres-long-tems dans fon entier , & jufqu à ce que d’autres tres-pecits infeétes blancs la viennent devorer & manger en partie. Nous ne dirons rien icy de la conitruétion de la mouche ordinaire , ni de celle de l'araignée ; parce qu'il en a été parlé ailleurs , & que ce Microfcope à canon ne fuffit pas our en faire voir aflez exactement les petites parties , qui ont d'ailleurs été examinées avec d’autres Microfcopes , & reprefentées élégamment par des Figures deflinées tres-cor- rectement par Monfieur de Vigneux. On va voir que trois differens portes-objets étant mis l'un aprés l’autre dans un même Microfcope à canon de verre, cauferont trois differentes fenfations d'un même objet qui y fera placé fucceflivement , étant regarde au travers d'une même lentille & d’une méme diftance. Premiere Obfervation. Si dans l'un de ces Microfcopes à canon de verre, au lieu du fond noir que l’on y met ordinairement au-deflous des objets blancs , on en met un fait d'un morceau de glace ou de verre un peu épais , duquel le deflous foit brute ou dépo- BE , & mis fur une bafe d’ébene noire fous le canon du Mi- crofcope ; les objets qui feront pofez fur le côté poli de ce morceau de glace, paroîtront comme étant en l'air, & avec d'autant plus de relief que ce porte-objet de verre fera plus épais , à caufe que la lumiere qui tombe fur la furface polie du verre , qui fert de porte-objet , ne vient pas en aflez grande quantité dans l'œil du fpectateur , pour y faire une impreflion aflez forte, pour nous faire juger que les objets y font placez ; & c'eft ce qui fait paroître ces mêmes objets conume vüs en l'air. PREMIERE PARTIE. ‘Chap. IX. 39 Seconde Obfervation. Les objets blancs doivent être pofez fur un fond noir ; afin qu'en refléchiflant le moins de lumiere qu'il fera poffi- ble , la fenfation que nous avons des blancs , n’en foit point tant alterce. Troifiéme Obférvation. Les objets noirs & les bruns doivent être pofez fur des fonds blancs ; afin que les parties folides de ces corps noirs & bruns , puiflent nous renvoyer plus de lumiere qu'elles ne feroient s'ils étoient pofez ailleurs. Il fuit des mêmes experiences , qu'il n'eft pas indifferent de préferer un fond de couleur à un autre , fi l'on veut don- ner un grand relief aux figures peintes d'un Tableau. Un Chrift , par exemple, qui fera peint fur la furface d’une gla- ce de miroir , qui ne foit point éramée , étant pofée fur un fond des plus noirs, paroîtra en l'air ; & fon relief fera vû d'autant plus grand , que la glace, fur laquelle on aura peint ce Chrift , aura plus d'épaifleur. Aprés avoir parle des avantages confiderables qu'on peut ürer des Microfcopes à canon , il faut aufli dire quelque chofe des défauts qui les accompagnent ordinairement; puis eflayer d'y remedier ,afin de n'être pas privé des bons ufages qu'on en peut faire, Ces défauts font au nombre de trois ;le premier , qui n'eft pas confiderable , vient de ce que l'ouverture de la monture, où l’on fait un écrou , étant trop petite, par rapport à la grofleur du canon , on a de la peine à le bien nettoyer par dedans ; à quoy on pourra remedier , en faifant cette ouver- turc la plus grande qu'il fera poflible ; ou bien il faudra faire en forte que la piece entiere qui couronne le deflus du canon puifle s’ôter & remettre quand on voudra. Secondement. La matiere dont le canon eft fait fe trouve quelquefois fi mauvaife, qu’elle poufle un fel au-dehors qui J'engraifle , qui le cernit , & le rend comme fêlé en mille en- E ii 40 Nouveaux Mrcroscores. droits , de forte que perdant fa tranfparence , il devient inutile. L'unique remede à ce défaut , eft de râcher d’en trouver un autre qui convienne ; mais parce que cela eft prefque1m- poñfible , il faudra fe fervir du moyen que je vais donner pour en faire un de carton, qui fervira comme le précedent. Enfin, fi le canon que l’on deftine à faire un Microfcope eft beau , & que fa monture foit faite d'un bois qui ne Die as bien fec , il change de figure par la fecherefle ; de rond qu'il évoit il devient ovale , & le canon fe trouvant alors plus pretle en des endroits qu'il n’eft en d’autres , il cafle , à moins que fa réfiftance ne furpañle l'effort du bois qui fe ref- ferre. Pour empêcher que les montures ordinaires ne caflent les canons de verre, il ny a qu'à les environner par le haut & par le bas de deux petites bandes ou ceintures de carton fin d'environ deux lignes de largeur , pour en coller la moitié autour de chaque canon, laiflant déborder l’autre moitié qui fervira d'entrée aux montures de bois, dans lefquelles on ne l'enfoncera que tres-peu; afin que fi le bois vient à fe refler- rer , il nagiile que fur la moitié des petites bandes de car- ton , qui obéïront aflez pour éviter le fracas du canon de verre. Voicy deux nouvelles méthodes pour fe pañler de canon de-verre , en faifant de gros Microfcopes, dont les corps du- reront tant que l’on voudra. La premiere de ces méthodes confifte à faire un gros tuyaw de bois ou de carton bien rond , & à l'ouvrir par un feul ou par plufieurs endroits, pour donner un libre pañlage à la lu- miere : puis. montant ce tuyau préparé , comme fi c'étoit un tube de verre , on aura un Microfcope , dont les ouvertures pourront, fi on le juge à propos , être fermées par des pie- ces.de verre blanc, qu'il y faudra coller tres-proprement par dedans. Au lieu de ce canon rond , on peut en conftruire d’une autre maniere , qui fera plus agréable à la vüé, & même plus prompte dans-l’execution que la précedente. Pour cet effet, prenez un carton fin, duquel vous couperez une bande aflez PREMIERE PARTEE. Chap. ?X. sat longue & aflez large pour y tracer fix ou huit quarrez longs, que vous ouvrirez par autant de petites fenêtres de même figure , fur chacune defquelles il faudra coller en dedans des pieces de verre blanc coupées proprement, & des plus min- ces qu'il fera poflible de trouver ,que l’on couvrira par aprés d'un fecond carton plus petit que le premier , &.ouvert de même. Cet efpece de canon, ou plutôt ce corps de Microf- cope , étant ainfi préparé , il n'y aura plus .qu à tourner une monture qui luy convienne , & l'on aura un Microfcope pref- que parfait dans fa maniere, CÉPAPITSR ET 2 Defcription ©* ufage d'un tres-petit Microfcope, monté d'une feule lentille. E petit Microfcope , qui n’a pas plus de neuf lignes de hauteur , eft vû tout entier au-deflous de la lettre À , ou de fon profil marqué B : il eft fait comme une petite boë- te cilindrique ouverte par-deflus & par-deflous , pour donner un libre pañlage à la lumiere qui fe refléchit de l'objet que l’on regarde au travers de la lentille, qui fe place comme on Ja voit dans le profil B de ce Microfcope. Des nfages de ce Microfcope. Ï vous obfervez un chiffre gravé fur la furface d'un ca- chet d'argent , vous l'y verrez d’abord enfoncé , de mé- me que nous le voyons de nos feuls yeux ; & fi l’on continuë de le regarder fans changer de fituation , on verra ce même chiffre d'un beau relief, éclairé & ombré du même côté que les enfoncemens l'étoient auparavant qu'on eût la fenfation de cette derniere apparence. 2°. Si vous continuez à obferver ce chiffre avec la même attention que vous avez fait , ce qui vous paroïfloit de relief deviendra enfoncé comme il étoit auparavant, & ainf de fuite, Planche 12° Figure Es ‘42 . Nouveaux Microscopes. 30. Îl arrive fouvent qu'ayant obfervé ces chofes, fi vous difcontinuez pouf un moment, & qu'enfuite vous recommen- ciez la même experience ; vous ferez furpris de voir que ce chiffre , au licu de commencer à paroître comme la premie- re fois, c’eft-à-dire enfoncé , il paroît de relief. 4°. Si pendant que l’on eft tourné du côté que vient le jour , on fe releve en continuant de regarder la furface du cachet , ce qui paroifloit enfoncé femble fe relever tout à coup , & l'ombre paroît fouvent de part & d’autre du relief; mais fi l’on continuë d’obferver ce relief apparent, pendant que l'on fe tourne comme il faut pour recevoir le jour du côté droit , on voit l'ombre du côté d'où vient le jour , ce qui ne furprend pas peu. Et au contraire l'ombre fera à gau- che , fi le jour donne fur le chiffre , en venant du côté gauche. s°. Si vous obfervez ce qui eft de relief fur la furface d’un loüis d’or , par exemple, vous le verrez toujours de relief en quelque ficuation que vous foyez , & de quelque jour qu'il foit éclairé. 6°. Il y à un grand nombre de perfonnes qui obfervent les mêmes chofes que j'ay vüés. 7°. Il y en a qui voyent toujours enfoncé ce qui l’eft effec- tivement ; & d’autres qui apperçoivent roujours le contraire. De toutes ces obfervations , que j'ay faites avec autant de foins qu'il m'a été pofñlible , il en faut conclure que les diver- fes fenfations que l’on a de cer objet ne font produites qu'à loccafon du plus où du moins de délicarefle des filets du nerf optique, qui font le tiflu de la Retine; puifque le moin- dre changement qui arrive dans ces filets , eft capable de faire changer l'apparence des concavitez du chiffre : & à l’é- gard de ceux qui voyent toujours enfoncé , ou toujours de relief une même chofe ; cela n'arrive qu’à caufe de la fitua- tion conftante & uniforme qui fe trouve toujours la même fur la Retine , pendant qu'ils regardent le chiffre. I eft inutile de s'étendre davantage fur les ufages de ce petit Microfcope ; puifqu'on peut juger , par ce que j'en viens de rapporter, qu'il peut tres-utilement fervir à obfer- ver tous les petits corps qui peuvent être tenus avec les doigts PREMIERE PARTIE. Chap. XI. 4$ doigts d’une feule main , ou avec des pincetres , pendant que l'on tient le Microfcope de l’autre main, He ne CARE PET RE SX Defcription d'un tres-petit Microfcope à deux verres , qui reprefente les objets dans leur fituation droite © naturelle. Onfieur de Puget , dont le mérite eft aflez connu des Sçavans par les divers Ouvrages qu'il a donnez au Public, nous aflure , dans fa premiere lettre écrite au KR. P. Lamy Religieux Benediétin , touchant les obfervations qu'il a faites fur la ftruéture des yeux de quelques infeétes , en parlant des divers effets de deux Microfcopes ; “ Que Monfieur Lecvuenhoec raconte , que tous les objets qu'il voyoit multipliez par la cornée d’une mouche , luy paroif- foient à rebours. Les hommes, par exemple, avoient la tête en bas & les pieds en haut ; & que cela ne fe pouvoit faire autrement , puifque tous les objets qu'on voit au travers de deux lentilles , paroïflent toujours renverez. Nous allons faire voir tout le contraire dans un Microfco- e à deux verres convexes, dont voicy les proportions. AB , eft le Microfcope reprefenté dans fon entier, & à peu prés de la longueur & de la groffeur qu'il a été executé. C, eft la piece de l'œil, & D fon profil , où eft enchañlé le verre oculaire. E, eft le porte-lentille, & F fon profil. G & H,, font deux viroles qui fervent à arrêter les deux verres. Le foyer du verre oculaire n'a que quatorze lignes ; ce- luy de la lentille eft d'un peu plus de quatre lignes ; & la diftance d’entre ces deux verres eft de dix lignes ; d’où il fuit que deux lentilles femblables à celles dont je viens de parler , & de differens foyers , étant montées dans deux tuyaux , de maniere que l’un des deux puifle être tellement enfoncée dans l’autre, que le foyer de l’une des lentilles F ce ce ce ce L44 ce cc Planche 12. Figure 2, Planche 1 3. Nouveaux MicrRosecopes. paile au-delà du foyer de l'autre. : Ces deux verres aïnfi montez compoleront un Microicope , par le moyen duquel on verra les objets dans leur fituation droite & naturelle. Jen ay fait depuis plufieurs autres à deux verres plans con- vexes, qui font l'effet de trois Microfcopes , & de 4. Loupes, CELA PL CRGE NC Defcription Œ ufage d'une nouvelle Machine, tres-utile aux Ana- tomifles , aux Definateurs , aux Graveurs , aux Peintres qui travaillent en Mignature ; © generalement à tous ceux qui veulent découvrir ce que les yeux [euls ne peuvent appercewoir ; € pouffer leurs Ouvrages au point le plus haut de perfeition. B , eft le pied d'un inftrument , que je nomme Porte- loupe , qu'on peut faire de bois & de laiton. C D, eft un porte-objet , qui peut fe monter à vis ou au- trement , fur la furface plane du pied À B , tellement conf- truit, qu'on le puifle haufler & baïfler facilement quand on voudra, & même le fixer où il fera befoin. E, eftune petite tige de laiton , élevée à plomb fur le bord fuperieur du pied À B, d'une force & d'une hauteur convenable aux differens ufages aufquels on deftine le por- te-loupe. F,F,F, font crois genoüïils qui fe fuivent , & qui ont une celle liaifon entr'eux, que chacun peut être müû diverfement, pour concourir à produire enfemble un même effet. Au lieu de ces genoüils , on peut faire trois efpeces de £harnieres femblables à peu prés à celles d'un compas com: mun qui s'entrefuivent , & qui foient affermies par le moyen de trois vis, & d'autant d’écrous. G, eft une virole de laiton, tournée proprement, & d'u- ne ouverture qui loit telle qu'on y puifle enchaffer juftement, & l’une aprés l'autre , les Joupes de differens foyers ; & mé- me de petits Microfcopes à deux ou trois verres, pour fervir a des ufages particuliers, PREMIERE PARTIE Chap. XII. 45 Des ufages de cette Machine. , Reprefente un œil placé au-deflus de la Loupe que . lon a mife dans la virole G , regardant un petit ani- mal pofe fur le porte-objet € D , où l'on place tout ce que Fon veut diflequer , pour defliner d’après les préparations qu'un habile Anatomifte aura mifes en état d'être repréfen- tées fur le papier. : On voit bien que l'on pourra par ce moyen parvenir à connoître la ftruéture de la peau, celle des ongles, des poils, & la tiflure de prefque toutes les membranes du corps des animaux. Avec ce fecours on peut entreprendre de faire l'anatomie des gros infeétes , & de les reprefenter avec autant d'exaéti- tude , qu'on en aura employé à les bien préparer. On a déja découvert la femence de plufieurs plantes, qu'on s'étoit perfuade , fans raïfon , n'en avoir point, comme celle de fougeres , des moufles, des truffes , &c. On à obfervé que le fang eft compofé d’une ferofire blan- che & tranfparente , où nagent des globules rouges de diffe- rentes grofleurs. On l'a vû circuler diverfement dans les vaifleaux de plufieurs animaux vivans , & l’on a reconnu que les veines & les arteres ne font que des tuyaux ou des fy- phons recourbez. La facilité que l’on aura de changer de porte -objet, de Loupes , de Microfcopes à deux ou à trois verres, & de po- fer fucceflivement differens petits Tableaux préparez, au-def- fous de cette Loupe ou de ces Microfcopes , fourniront des moyens nouveaux pour voir PE , & en peu de tems , une grande varieté de chofes bien differentes les unes des autres. Enfin il eft facile de comprendre que cette machine ren- ferme aufli tous les ufages des Microfcopes à canon de ver- re; & que ces canons n'ayant pas befoin de montures , ils ne feront pas fujets à fe rompre. Fi Planche 14. 46 Nouveaux Microscopes. GHAPICRE., XL Explication de toutes leS parties qui compofént un Microfcope à trois verres convexes , des deux côrex. N voit d'abord dans cette Planche deux grandes Fi- ures deflinées l’une à droite au-deflous de la lettre À, qui repréfente l’élevation geometrale du Microfcope tout entier ; & l’autre qui eff placée à fa gauche en eft le profil , fait par la feétion d’un plan vertical , qu'il faut concevoir pañler par l'axe du Microfcope, pour le feparer en deux par- ties égales, découvrant dans l'une de fes moitiez tout le de- dans de cette machine. ABB, eftun bouton qui fert de couronnement au Microf- cope. CC, eft la piece de l'œil , dans laquelle on a fixé le verre oculaire. D D, eftune autre piece , où l’on a enchañé le verre du milieu. Cette piece eft colée à un petit bout de tuyau, qui porte un diaphragme à fon extrémité d’en-bas. E, eft le corps du Microfcope couvert de chagrin, qui fert à recevoir le bout du tuyau colé à la piece D D. F, eft la bafe du corps de ce Microfcope. G, eft une bonnette ou porte-lentille , qui fe vifle fur la bafe F, pour y demeurer fermement attachée. H , eft une petite virole de laiton , ornée de quelques mou- lures , foudée à un petit bras, qui eft aufli {oudé au coulant reprefenté à côte de la lettre I. C’eft dans cette virole que l'on fait entrer le milieu de la bafe F, pour foucenir à plomb tout le corps du Microfcope. 7, eft le coulant qui peut être mû fur la tige d’acier LR emeurer à l'endroit de cette tige, où l'on voudra, par le moyen d’un petit reflort d'acier placé entre la tige & le cou- lant, M, eft le peti vafe tourné, qui fert d'ornement à la tige, PREMIERE PARTIE Chap. XIII. 47 Immediatement au-deflus de l'endroit L, on y voit une petite pincette à boutons marquée N. O , eft un verre concave , pour fervir de porte-objet aux liqueurs qu'on mettra dans fa concavité. P , eft une efpece de porte-objet de laiton , compo& de plufieurs pieces , tellement ajuftées les unes avec les autres, quon le peut promener fur le pied du Microfcope marque Q, R , eft une petite boëte de laiton en forme d'une virole, dans laquelle on met des diaphragmes de differentes ouver- tures. S,S,S, font trois petites boules affaifces , & attachées au-deflous du pied pour luy donner plus de grace. T, eft une platine de laiton, fur laquelle on à attaché trois petits reflorts, qui rendent égal le mouvement du porte-ob- jet marqué P. Explication du profil de ce Microfcope. bb, eft le profil du bouton qui fert de couronnement au Microfcope. cc, cft le profil de la piece de l'œil, où l'on voit le verre oculaire placé immediatement au-deffous du couronnement. dd, reprefente une autre piece qui porte le verre du mi- lieu, & qui eft attaché à un bout de tuyau, au bas duquel cft un diaphragme. e , cft le corps du Microfcope , dont on voit l'épaifleur , que nous avons dit être couvert de chagrin , & fervir à rece- voir le tuyau enchafle & collé avec la piece f , qui fert de bafc au Microfcope. g , eft le profil de la bonnette ou porte - lentille, qui fe monte à vis he le bout d’en-bas de la piece f. h , ef le profil de la virole de laiton , foudée au bas de I soulifle marquée 1. l, eft un quarré ou verge d'acier, au haut de laquelle on voit un petit vafe qui luy fert de couronnement. n , eft le profil d'une petite pincette à boutons. o , eft le profil d’un verre concave , où l'on met les li- queurs en plus grande quantité que celles qu'on met fur un falc , ou fur un verre plan, | Fi 43 Nouveaux Mreroscores. p; eft le porte-objet compofé , dont il a été parle. q> eft le profil du pied du Microfcope. a r , eft celuy de la petite boëte ou virole , qui porte [es dia- phragmes de differentes ouvertures. S, S,S; font trois petites boules affaiffces , pour fervir d'or- nement au picd du Microfcope. tr, cft le profil d'une petite platine de laiton attachée x ane virole , où l’on fait entrer la petite boëte marquée r. Du foyer de chacun des trois verres de ce Microfcope , &* des drverfes diflances qui font entr eux. ‘Oculaire , qui eft un verre convexe des deux côtez, à huit lignes de foyer; on l'a placé au-deflous de l'œil, à une diftance d'environ fix lignes. Le verre du milieu, qui eft aufli convexe des deux côtez ; a dix-huit lignes de foyer ; fa diftance de l’oculaire eft de douze lignes. Et la lentille , qui eft de quatre à cinq lignes de foyer, eft placée au moins à la diftance de trente lignes du verre du milieu ; & cette même lentille s’en peut éloigner de trente- quatre à trente-cinq lignes , fi l’on veut que ce Microfcope fafle paroître l'objet plus gros qu'il ne fait à la moindre dif- tance : mais il eft à propos d’avertir que l'objet ne paroîtra pas fi bien éclairé , étant vü d'une grande diftance , que s'il letoit d’une moindre. Des ufages que lon peut tirer de ce Microfcope à troë verres. EF N confiderant , par exemple, la lettre À d’un loüis d'or avec ce Microfcope à trois verres, dont l'effet ordinai- re cft de faire paroître à la renverfe tous les objets qu'on y obferve ; on remarque 1°. que cette lettre qui eft de relief y paroît enfoncée. 20, Que cet effet n'arrive pas toutes les fois qu'on le de- fire. 3°. Que fouvent en regardant cette lettre avec beaucoup d'attention , & durant quelques momens , ce qui paroïfloit Premusre Pantie. Chap. XIII. 43 enfoncé , paroît enfuite de relief. 4°. Qu'un certain mouvement de tête apporte quelquefois du changement dans la maniere de voir l’objet. 5°: En faifant avancer le Microfcope fur une table, pen- dant qu'on y regarde le lois d'or , ce qui paroifloit de relief s'y enfonce en apparence , & peu de tems aprés avoir été ainfi obfervé , on apperçoit tout à coup que le relief revient. 6°. Si l'on pañle d'un côte d'une table à l’autre , on eft tout furpris de voir que ce qui venoit de paroître en relief, paroît enfoncé, & au contraire. 7°. Ces effets differens ne font pointapperçüs de tous ceux qui font ce petit manége , dans lequel on remarque des bi- zarreries extraordinaires, fuivant la force ou la foiblefle des yeux de l'obfervateur ; car fouvent une même perfonne ap- perçoit le même objet differemment, en le regardant tantôt d'un œil & tantôt de l’autre, & cela fucceflivement. 8°. Il meft arrivé quelquefois qu'ayant obiervé le relief du loüis d'or, & l'ayant vü comme enfoncé , étant d’un côté de la table où étoit pofé le Microfcope , la même chofe m'’eft £ncore apparuë l’étant allé obferver de l'autre côte de certe méme table. 9°. Il arrive fouvent que quand on regarde l'objet tantôt d'un œil & tantôt de l'autre, les objers qui font naturelle- ment de relief y paroïflent creux. 10°. Un de mes amis , Officier d'artillerie, a toujours vè enfoncé ce qui étoit de relief, quelque fituation qu'il ait pris pour obferver la lettre À, dont nous parlons. 11°. Le même caractere alphabetique d'une piece d'argent, produit fur mes yeux les mêmes effets que nous avons remar- quez touchant le loüis d’or, 12°, Ï arrive fouvent qu'en faifant une de ces obfervations; il fuffit d'approcher ou d’éloigner l’oculaire du verre du mi- lieu , pour appercevoir un changement contraire à celuy qu'on apperçoit auparavant, 13”. Voicy une autre experience qui n'eft pas moins cu- rieufe que les précedentes ; elle confifte à mettre un cacher d'argent, qui reprefente un chiffre fur le porte-objet du Mi- grofcope : ce chiffre , quoyque gravé protondement ù parof- 55 Nouveaux Microscopes. tra de relief & fans aucun enfoncement ; ce qui ne furprend pas peu. 14°. Quand j'obferve le chiffre gravé far ce cachet, à la lumiere d’une chandelle , vis-à-vis laquelle je fuis tourné , je vois d’abord le creux comme il eft naturellement ; un moment aprés je le jugerois volontiers de relief, fans chan- ger de fituation ; mais en raïfonnant fur les ombres qui pa- roïflent , je me trouve obligé de penfer autrement ; parce que ces mêmes ombres me paroiïflent toujours où elles doi- vent être ; & il en eft de même des effets de la lumiere ré- pandué fur ce chiffre. 15°. Mais quand je releve le cachet & ma tête, pendant que J'en obferve la furface , je vois de relief ce qui eft en- fonce ; parce que je ne vois plus d'ombre, à caufe du peu de lumiere que je reçois alors par la refléxion d’un bonet rouge que Jay fur ma tête. Et fi je regarde obliquement la furface de ce cachet, pen- dant que la lumiere de la chandelle y tombe à plomb ; je ne le vois point de relief , parce que je ne reçois point de lu- nuiere de fes enfoncemens. Ceux qui préferent les Microfcopes à deux verres à celui dont je viens de parler, n’ont qu'à fupprimer le verre du milieu , fans y apporter d’autre changement ; fi ce n’eft que lorfqu'il s'agira de faire voir la circulation du fang dans la queuë d’un tétart, dans celle d’une lamproye, &c.il n’y aura qu'à mettre une lentille objeétive d’un foyer plus court que celle qui y eft. CÉTDATISRORPE CINE Defcription d'une petite Machine nouvelle, qui contient trois fortes de Microfcopes , €> deux petices lunettes d'approche. E deflein que l'on voit icy au-deflous de la lettre À ; reprelente un Microfcope monte fur fon pied ; & celuy qu eft reprefenté au-deflous de B en eft le profil, fait par la PREMIERE PARTIE Chap. XIV. sr la feétion d'un plan vertical qui le divife de haut en bas en deux parties égales , pour en faire voir le dedans ; par ce moyeri l'on découvre les lieux où font placez les trois verres qui compofent le premier des trois Microfcopes. Celuy de ces verres qui répond à côté de la lettre c, eft un oculaire d'environ huit lignes de foyer. Le verre du milieu , qui fe voit à côte de la lettre d, à foixante lignes de foyer ; & la diftance d'entre ces deux ver- res €, d, pourra être depuis fix lignes jufqu'à dix ou douze ; de forte que pour faire ce changement de diftance, il fera à propos de monter le verre d ; dans un bout de tuyau qui puille être facilement haufle & baïfe ; afin de l'arrêter dans le lieu où fon effet fera le plus convenable aux obfervations que l'on voudra faire , & de mettre un diaphragme à l’autre bout d’en-bas de ce tuyau ; comme cela fe peut voir à côté de la lettre f. La lentille objective qui répond à côté de la lettree, a environ fix lignes de foyer : fa diftance ordinaire du verre du milieu fera d'environ quarante-trois lignes. Ainfi s’achevera le premier Microfcope , dont les effets ont été rapportez dans les Chapitres précedens. Si l'on veut maintenant faire un fecond Microfcope , dans lequel il n’y aura que deux verres , il fufhra de fupprimer celuy du milieu marqué par la lettre d ; ce qui fe fait en otant le tuyau où 1l eft enchäïle , laiffant feulement c , & la len- tille e. Et pour faire un troifiéme Microfcope qui puifle fervir à découvrir ce qu'il y a de plus beau & de plus fingulier dans les liqueurs ; il faudra ôter la lentille e , & mettre en fa pla- ce une autre lentille de trois lignes au plus de foyer , en re- glant l'ouverture de cette derniere fur ce nouveau foyer ; ce qui n'eft pas de peu de confequence , quand on veut mé- nager la clarté & la diftinétion , qui font deux chofes tres- differentes , & qu'il eft néceflaire d’avoir dans tous les Mi- crofcopes. Si l'on veut maintenant faire une lunette d'approche , qui fafle paroître les objets dans leur fituation naturelle , il ny a qua fupprimer la lentille marquée c , & la lentille e, puis Plancher. s: Nouveaux Microscopres, mettre en la place de cette derniere lentille e , un oculaire concave , qui convienne à la longueur du foyer du verre d, qui dc l'objectif de cerre lunette. Ét il faut remar- quer que le concave eft dans une partie de fa monture , placé dans une petite boëte ve au-dedans de la foli- dité du couronnement B g h, comme on l'y peut remar- quer. Enfin s'il étoit néceffaire , on pourroit encore poufler la curiofité plus loin ; & trouver dans cette machine dequoy faire une feconde lunette d'approche , fans augmenter le nombre des verres que nous y avons employé jufqu’à prefent, laquelle lunette feroit paroître les objets renverfez , à l'imi- ration de celles qui s appliquent aux niveaux , aux quarts de cercles, &à celles qui fervent aux A fionones pour faire les obfervations celeftes. Pour l’executer, iln'y auroit qu'à fe fervir de l'oculaire c, & du verre du milieu marqué d ; & parce que cette lunette deviendroit plus longue que la précedente 1! faudroit qu'elle contint un fecond bout de tuyau , à l'une des extrémitez du- quel il y aura une petite monture , qui fervira à mettre l'o- eulaire marqué c. Il ne refte plus qu'à ajufter au bas de la tige du Microf- eope une petite pincette , pour y attacher les. animaux tout vivans ; & à faire des portes- objets qui conviennent aux li- queurs & aux autres objets qu'on veut obferver. CHAPI LR EM XIE Deftription d'un nouveaw Microfcope univerfel, © de Jes ufages. N à defiré depuis long-tems d’avoir un feul Microf- cope qui fut portatif & univerfel, c'eft-à-dire un inf trument qui puifle fervir à obferver toutes fortes de petits objets ; les durs , les mols, & tout ce qui fe peur voir dans les liquides, En voicy un que l'on croit capable de renfer- PREMIÈRE PARTIE Chap. XV. $ er tous ces avantages , parce quil Contient toutes les cho- fes qui font néceflaires pour faire l'effet de plufieurs Mi- crofcopes ; c'eft pourquoy il n'a pas été poffible d'éviter d'y faire entrer un grand nombre de pieces tres- differentes les unes des autres , de chacune defquelles il faut parler aflez exactement pour en faire comprendre la méchanique & l'u- fage. Mais afin d'entrer facilement dans ce détail, nous efti- mons qu'il eft bon de Jjetter les yeux fur la premiere des deux Figures reprefentées dans la feizieme Planche , qui nous montre le Microfcope vü par-devant , & dans une éle- vation geometrale , de la même grandeur qu'il a étc executé par Monfieur le Febvre Ingenieur en inftrumens de Maché- matiques ; & où l’on voit d'abord trois reflorts d'une conftruc- tion particuliere. Le premier de ces reflorts eft appliqué au haut de la pie- ce marquée À , fes montans fe voyent en BB, preflant le porte-lentille F, quieft derriere eux. Le fecond marqué c eft attaché en D. EE, font les montans du troifiéme reflort que l’on voit attache en H, fur une platine I qui eft au-delà. Il faut premierement remarquer que les fommets des montans de ces trois reflorts font un peu courbez en devant pour faciliter l'entrée de quelques pieces plattes & minces que l’on mettra derriere eux , comme on l'expliquera cy- aprés. Ces trois reflorts font aufli un peu courbez vers le milieu de leur longueur , pour faire place aux pieces qu'on doit introduire derriere eux. F , eftle premier des deux portes -lentilles nouveaux , qu'on peut nommer Eprouvette ; parce qu'il peut fervir à éprouver de fuite des lentilles de diverfes grofleurs & de dit- ferens foyers. Ï, eft une piece de laiton qui fert à foutenir une partie des pieces dont on vient de parler. Cette piece doit avoir plus d’épaifleur que les précedentes, & s'enfoncer un peu dans le milieu fuperieur de la piece à coquille où elle eft foudée. LL, eftun morceau de glace qui doit être des plus beaux & des plus tranfparens qu'on puille trouver, au milieu du- Gij Planche 16 Figure 2. SA Nouveaux MrcrRoscopPEs. quel on a taillé un petit concave , pour y mettre les liqueurs que l’on voudra obferver. M M, eftune grande piece de laiton, au haut de laquelle on a fait une ouverture en forme d’un quarré long , pour faire pañler par-deflus & à coulifle le morceau de glace LL, que nous avons appellé ailleurs porte-objet, ou porte-liqueur. NN, eft une grande rouë à dents , qui fert à conduire la lentille au point où elle doit être , pour qu'on puifle voir les objets le plus diftintement qu'il eft pofible. O, eft une virole attachée au manche du Microfcope, au haut de laquelle eft un écrou qui reçoit une vis d'acier fou- dée au-deflous de la piece à coquilles , qui termine le bas du Microfcope. à Voilà l'explication abregée de toutes les pieces vifibles de cette premiere Figure ; & voicy celle des pieces que l’on voit dans la feconde, qui en eft le profil. aaa, eft le profil d'une piece courbée en équerre , dont les dimenfions font exaétement obfervées dans cette Figure, & dans la précedente, b , eft le premier des trois reflorts qui font au-devant de la premiere Figure; il n’eft pas vû dans celle-cy, à caufe de lépaifleur du haut de la piece a a a, où elle s'enfonce. c , eft le fecond reflort que l’on voit attaché en d par une vis, & fixé en partie par une petite pointe fichée dans la pie- ce À de la premiere Figure , afin qu'il ne puile tourner d'au- cun côté, e , eft le fommet de l’un des montans du troifiéme reflort que l’on voit attaché en h, & s’infinuer dans un petit trou fait au haut de la piece à coquilles. f, eft le premier des nouveaux portes-lentilles. 1, reprefente la hauteur & l’épaifleur d’une platine de lai- ron, qui cft foudée par en bas dans le milieu de la piece à coquilles qui répond au-deflus de la virole O , & qui fert à foutenir & affermir la plus grande partie des pieces préce- dentes. 1, eft un verre concave ou porte-objet, taillé en bifeaux, pour étre fermement arrêté dans une coulifle faite fur la piece marquée m, PREMIERE PARTIE Chap. XV. 55 n , eft le profil d'une grande rouë à dents, & d’une vis rivée à fon centre. o, eft la virole qui s'attache au manche du Microfcope , comme il à été dit. p, eft une regle d'acier rivée en deux endroits de fa lar- geur fur la piece du milieu marquée I. Cette regle , dont on voit icy la longueur & l’épaifleur ; cit ouverte par le milieu en forme d’un quarré long quia peu de largeur ; & elle en doit avoir moins que le côté horifontal de l'équerre aaa, qui luy eft parallele. q, eft une piece façonnée proprement , au bas de laquelle il y a un écrou par lequel on fait pañler une vis, dont le bout r eft forme en pivot bien rond , pour être mû avec juftefle dans un trou fait au bas d’une efpecc de confole marquée t, le haut de laquelle entre quarrément dans l'ouverture de la regle d'acier p, & y eft fixé par le moyen d'une vis, dont là rêre fe perd dans l’épaifleur de cette regle. Il faut maintenant remarquer que l'extrémité fuperieure de la piece q eft en partie quarrée , & en partie viflée ; & que celle qui eft quarrée fe termine dans l'épaifleur de la re- gle d'acier p, où elle peut couler librement; & ce qui eft viflé traverfe le bras horifontal de l'équerre aa , fe terminant comme on le voit en s, où l’on peut remarquer qu'une peti- te rondelle de laiton en eft enfilée , & qu'on à encore mis par-deflus une petite rouë à dents qui a un écrou à fon cen- tre , pour ferrer cette rondelle , plus ou moins, fuivant le befoin. u x, eft un quatriéme reflort de laiton fermement attaché avec deux petites vis qui entrent dans la piece marquée I. y, eft le profil d'une piece de laiton mince , courbce & recourbce en équerre double , pour foutenir par fon extré- mité fupericure la virole & qui fait reflort ; parce qu'elle eft fenduë en fa partie fuperieure , & dans laquelle on fait en- trer le canon z noirci en dedans , & garni de diaphragmes de diverfes ouvertures. Voilà l'explication de toutes les parties du Microfcope vü de côté ; & voicy celle de chacune de ces pieces deflinées à part, & marquées de lettres femblables à celles des Figures Gi 6 Nouveaux Microscorgs, précedentes ; afin qu'on y puifle avoir recours , fi l'on juge que cela foit néceflaire. Explication de tout ce qui eff contenu dans la Planche 7 ; qui a rapport avec les Figures de la précedente. , Eît le deflein de Ia partie verticale du devant de la piece de laiton courbee en équerre ; au derriere de Hiquelle , & fur fes deux montans , on a rivé une piece de laiton mince , pour fervir d'appuy aux portes - lentilles qui s'adoflent contre. Mais auparavant que d’attacher cette piece, il faut avoir creufé en talus le devant de la piece À , laïflant la partie élevée du côté de la vis , pour loger l'extrémité de la queué du reflort BB, afin que fes montans approchent plus prés de la piece mince qu'on aura rivée derriere. Cette préparacion étant fuppofée , voicy la méthode que lon a fuivie pour attacher les deux premiers refforts qui font fur je devant de ce côté de l'équerre. On y a premierement fait deux trous qui fe voyent au bas de la queuëé de cette piece À, dont le fuperieur , qui eft un peu plus grand que linferieur, fert d'écrou , & l’on a rivé un petit tenon dans l'autre trou , le furpaflant feulement de Fépaïfleur des deux reflorts ; enfuite de cela on a encore fait deux trous ronds au bas de chacun des deux reflorts B, C, qui conviennent tellement aux précedens , que la queuë du premier s’appli- quant dans la cavité faite au-deflous du milieu des montans de la piece À , on puifle mettre par-deflus ce premier ref- fort B , le fecond C, & attacher enfemble ces pieces avee la vis, dont la tête paroît au-deflous de la lettre D , Figure ï. & 2. de la Planche 16. EE, eft le troifiéme reflort qui s'applique & s'attache au- devant de la piece de laiton marquée Ï. F, eft le premier des deux portes-lentilles , où lon voit une tetine pour loger la lentille ; on le fait d'une piece de laiton gratté tres-mince, dont une moitié eft pliée fur l’autre. G , eft le fecond porte-lentille , qui eft auffi fait de laiton un peu plus fort que le précedent. Le deffein en fait aflez Premiere ParTie Chap. XV. s7 connoîtte la conftruétion ; il fufhira de dire, que la partie du deflus eft de même largeur que la queuë , & que le coulant fert à retenir la lentille en place. LL, eft un morceau de glace , au milieu duquel on a taillé un concave, qui fert à y retenir une petite goutte de vinaigre , Où nagent des anguilles. On peut faire d’autres portes-objets de verre mince & de même grandeur fans le creufer, au-devant defquels, fi la len- tille dont on fe fervira eft d’un tres-court foyer , on mettra les liqueurs pour les obferver. M M, eft une platine de laiton, où il y à une coulifle pour recevoir des portes-objets précedens. On en fait plufeurs autres avec du petit carton mince ; au milieu defquels on fait une ouverture femblable à celle qui fe peut voir au-deflous de la lettre K, où l’on attache des objets pour être vüs l'un aprés l'autre, avec des lentilles de foyers convenables. x x, €ft le quatriéme reflort qui eft attaché par deux vis derriere la pieccÏ, & immediatement au-deflus du côté ho- rifontal de l'équerre a a a, de la feconde Figure Planche 16. Ce reflort eft un peu courbe au fommet, pour faciliter l'en- trée d’une platine pliée & replice en double équerre, & il left encore par en bas , comme on le peut voir exactement exprimé dans fon profil, Planche 16. NN, eft le profil d'une grande roué à dents, & d’une vis rivée à fon centre. o , eft le deflein de la virole attachée au manche du Mïi- crofcope , au haut de laquelle on à fait un écrou pour y faire entrer Ja vis qui fe voit reprefentée en o, au bas du profil , feconde Figure de la Planche 16. p, eft le plan fuperieur de la regle d'acier que nous avons mis iCy, pour faire voir tout ce qui n'a pù être reprefenté dans les Figures de la Planche 16. | q : cette piece eft aflez vifible dans le profil de la Planche 16. pour n'avoir pas befoin d’une plus ample explication que celle qui en a été donnée. y ; CR la reprefencation perfpettive dela largeur d’une piece de laiton courbce & recourbée en double équerre ;, 53 Nouveaux MICROSCOPES, au fommet de laquelle on a foudé une virole marquée &. z z, eft un canon cilindrique qui coule dans la virole &, qui fait l'office d'un reflort. Ce canon eft garm de diaphrag- mes , & noirci interieurement pour en éviter le lutfant. Le deflein qui eft marqué des chifires 1,2,3,4,5,6,7, eft une machine particuhere à ce Microfcope > que nous avons nommée porte-pincette. On voit qu'elle eft compofce de fix principales pieces ; fçavoir , d'une petite pincetre à boutons marquée 1 ; d'un petit canon vû en 2 , dont l'un des bouts eft à reflort ; d'une charniere chiffrée 3, qui tour- ne fur une petite bande de laiton marquée 4 ; d’une tige ronde $, qui entre dans deux petits canons 6,6, pratiquez à l'extrémité de la piece 7 , qui doit être de laiton mince. De forte que par cette difpolition de pieces, toutes diffe- rentes les unes des autres , on pourra aifément mouvoir la pincette en tous les fens que l’on voudra. 8, eft une tige de laiton, à l’un des bouts de laquelle on a monté à vis ou autrement une pointe d’aiguille, pour fervir aux ufages dont il fera bien-tôt parlé. 9, eft un porte-objer d’ébene, noir d’un côté & blanc de l'autre ; il doit être fait à peu prés comme une dame à joüer, vers la circonference de laquelle on a dû avoir refervé un petit rebord élevé en forme de ee , pour empêcher que les petits corps qui fe mettront fur la furface, tant fuperieu- re qu'inferieure , ne puiflent rouler en bas. 10 , eft le profil de ce porte-objet , où l’on voit un petit trou rond qui fe remplit d’une cheville de liege , afin quen A gs la pointe de la tige 8 , la dame 9 y tienne atta- chée. Des ufages de ce Microfcope univerfel. N Ous fuppofons d’abord que certe Machine ainfi conf- truite, foir encore accompagnée de plufeurs lentilles de differens foyers parfaitement bien raillées, & bien mon- tées dans des pieces de laicon femblables à celles qui font feprefentées au-defous des lertres F, G; Planche 17. aprés quoy on fera en état de faire les expériences qui fuivene Mais pere = - PREMIÉRE PARTIE Chap. XV. 9 Mais auparavant que j'entre en matiere , je me trouve obligé d'avertir , qu'une explication par écrit, quelque am- ple qu'elle foit , ne donnera jamais l'intelligence qu'il faut avoir pour bien conduire toutes les pieces de ce Microfco- pe, pour préparer les objets qu'on y peur obferver ; & qu'en moins de deux heures de converfation avec une perfonne qui en aura l'intelligence , on apprendra plus de chofes , que lon ne feroit durant huit jours , d'une lecture qui rebuteroit ceux qui ne font pas accoûtumez. à lire ces fortes d’'explica- tions ; c'eft pourquoy je ne diray précifement que ce qu'il faudra dire pour ne point ennuyer. Des Cartons préparez pour [ervir de portes-objers fixes. E deffein que l’on peut voir au-deffous de la lettre K,; Planche 17, reprefente un des petits cartons , au nu- lieu duquel on a pratiqué une ouverture ronde ou quarrée, pour y faire répondre divers corps durs & tranfparens , com- me des aîles de mouches, des cheveux, de tres-petites plu- mes d'oifeaux , des tranches de bois tres-minces, &c. qu’on y atrache avec un peu d’eau gomée , ou quelque autre chofe d'équivalent. Ces cartons étant ainfi préparez & mis de fuite dans la piece à coulifle de la platine M M, pour y étre vûs avec des lentilles qui conviennent , divertiront agréablement les fpeétateurs par un grand nombre d'objets tous diffcrens les uns des autres. « n . 3 Du Porte-prncette ; CE» des pieces qui l accompagnent. C Etre Machine eft d'un grand ufage pour fervir avanta- geufement aux diverfes obfervations que l’on fe propo- fera de faire fur une infinité de petits corps durs ou mols : fi ces corps font durs , on les attache à la pincette à boutons marquée 1, 1, Planche 17 ; s'ils font mols, comme les poux, les puces, &c. on les pince par la croupe , pour être obfervez toutvivans. Les mouches d une certaine grofleur fe peuvent empaler avec la pointe de la tige 8, qui fe monte par aprés dans les deux petits canons 6, 6 , de la platine 7. Si ce font #Planc. 16. Figure 2. Éo NouvEaux Microscopres: ; des poux de ferins de Canarie qu'on ait deflein d’obferver ; on trempe la pointe de cette même tige dans na ces d'eau gomée , aflez épaifle pour y faire tenir ces poux, On en fait de même pour les mittes de fromage , qui paroïlenc bien differentes les unes des autres. On peut aufli enduire la petite dame 9 de cette eau go- mée , & répandre deflus ces petites bêtes vivantes qui s'y attachent , & qui y demeurent en vie tres-long-tems ; & pour les obferver fur cette dame , on fait entrer dans le trou qui eft à fon côté la pointe qui eft au bout de la tige 8, qu y demeure ferme au moyen de la cheville de liege qui le rem- lit exatement. Les petices graines les plus menuës fe pla- cent fur de femblables dames , blanches ou noires , fuivant là couleur des graines qu'on y veut voir , & l'on employe à cet effet des lentilles convenables, Cette platine 7. fe place au même lieu qu’eft placée celle qui eft marquée M M, dans la premiere Figure de la Planche 16. Et il faut remarquer que cette piece & la pincette s’y peuvent mouvoir de haut en bas, de bas en haut, & de côté, foit à droit, foit à gauche : mais pour faire avancer la lentille vers l'objet, ou pour l'en éloigner, il faut tourner la petite rouë * S d’un certain fens, puis poufler en avant ouen arriere la partie bafle de l'équer- re marquée 224 , l’arrétant par le moyen de cette même rouë où l'on juge à propos de l'arrêter , prés ou loin de la lentille fuivant fon foyer ; & pour achever de la mettre pré- cifement au point où elle doit être pour bien voir l'objet ; il faut appliquer l'œil tout proche de la lentille , pendant qu'on tient le Microfcope d'une main ; puis faire tourner avec un des doigts de la même main, dont on tient le Microfcope , la grande rouë marquée NN, à droit ou à gauche , & l'arré- ter dans le moment que vous appercevrez l’objet le plus dif- unctement qu'il fera poffible. À limitation des as tiges précedentes , marquées 1. & 8 , on pourra en conftruire de diverfes fortes de même lon- gueur & grofleur ; mais de formes toutes differentes en cha- cune de leurs extrémitez , fuivantle befoin que l’on en pour- ra avoir, Par ce moyen l'on étendra l’univerfalité de ce porte-pincetre , & en même rems celle du Microfcope , qui PREMIERE Partis Chap. XV. 6x tire tous fes avantages de fa bonté, & de l'induftrie de celuy qui s'en fert. De l'ufage de ce Microfcope pour les liqueurs. I l'on veut maintenant obferver ce qui fe peut découvrir dans une liqueur , il n'y a qu à rremper le plus petit bout d'une plume à écrire dans une infufion de quelque plante , pour en moüiller le milieu du perte-objet de verre qui fera enchaflé dans la coulifle de la piece marquée M M, en la premiere Figure de la Planche 16. afin de la faire répondre vis-à-vis de la lentille qui luy conviendra , & de la mettre au point de diftinétion. Ainfi l’on verra dans diverfes li- queurs des animaux qui y nagent , d’autres qui y rampent & nagent , & d autres enfin qui y marchent & qui y nagent. 1 faut remarquer que pour mettre beaucoup d’anguilles en experiences , il faudra employer le verre concave, & y mettre une aflez grofle goutte de vinaigre avec le petit an- tonnoir dont nous avons parlé , dans l'ufage des Microfcopes précedens. De la circulation du [ang , &* d'une nouvelle invention pour la faire voir dans la queuë d'un petit poiffon ; nommé Tétart ou Chabot. L "Une des belles découvertes que l’on ait faites dans a Medecine, eft celle de la circulation du fang , qui eft dûë à Hervée fameux Medecin Anglois, qui la publia en l'année 1628, ou plutôt au Pere Frapaulo , celebre Ecrivain de fon tems. Quelques bons qu’ayent été les raifonnemens & les expe- riences de ces deux fçavans Hommes , pour établir cette opinion ; tous les vieux Doéteurs de ce tems-là s’éleverent contre cette nouveauté , & firent tout ce qu'ils pürent pour la combattre ; parce qu'ils manquoient alors d'experiences aflez évidentes pour la preuve d’une fi belle découverte. En voicy une qui met le fait hors de conteftation. Pour cela, vous n'avez qu’à préparer une plaine de laiton H 3 Plancher8, 62 Nouveaux Microscopes. mince , de la figure & de la grandeur qu’eft le deflein mar- qué À BB ; préparez aufli une bande de parchemin de la figure d'un quarré long , dont la hauteur foit d'environ 18. lignes , & d’une longueur fufhfante pour environner: les mon- tans BB de cette platine , & coller fes deux bouts l’un fur l'autre : après cela collez aufli les deux extrémitez de deux petites bandes de même matiere, d'environ trois lignes de largeur au devant de cette piece , comme cela paroît aux endroitscc cc, laiflant libre & dégagé tout le derriere des bandes ; afin que le tout étant bien fec , vous puifliez pañler Hibrement entre ces bandes , & le derriere de la piece de parchemin doublée , les montans B,B, de la platine de lai- ton À. Ayez enfuire un petit morceau de glace de verre de peu d'épaifleur , taillé proprement , d'environ huit lignes en quarré, dont vous ferez entrer la moitié entre les deux côtez d'en-bas de la machine de parchemin , dont je viens de par- ler , pour la coller contre fa partie anterieure feulement , ainfi qu'il paroît en D D : coupez adroitement une piece du devant de cette machine , qui foit de la figure du tétart, & faites que cette piece tienne par en haut , comme cela fe voit au-deflous de la lettre E : pañlez enfuite un bout de fil à l'extrémité du bas de cette piece libre , que vous venez de préparer , dont les bouts s'étendent à droit & à gauche, ainfi qu'il paroîc en F ; en forte qu'il y en ait autant d'un cô- té qu'il sen trouve de l’autre ; comme on le peut remarquer dans ce deffcin. Lorfque vous voudrez faire voir la circulation du fang dans les veines & dans les arteres qui font en la queuë d’un tétart, vous n'aurez qu'à en placer un au-deflous de la piece de par chemin, que vous avez feparée en partie du refte de fa ma- chine , aprés y avoir fait plufieurs grands trous d'épingle , & humeété d'un peu d’eau l'endroit où vous le voulez enfer- mer , au moyen de la piece qui s’abaifle deflus , & du fil marqué GF G , dont vous le lierez doucement , afin qu'il puifle refpirer dans cet état. Cette machine étant ainfi préparée, il la faudra porter à la place de celle qui eft marquée M M, en la Fig. 1. Planche PREMIERE PARTIE Chap. XV. 63 16 , faifanit répondre la queuë du térart fur le verre qui eft au- deflous, après l'avoir efluyé, l'approchant enfuite d’une len- tille d'environ deux lignes de foyer , vous aurez le plaifir de voir au jour , ou à la faveur d’une chandelle allumée, le fang ruifleler dans un aflez grand nombre de veines & d’arteres; , découvrant en même tems plufieurs autres Phénoménes aflez curieux à obferver. Cette nouvelle maniere d’obferver la circulation du fang, & les animaux des liqueurs , eft préferable à toutes celles où l’on employe un miroir plan, que l’on ajufte dans une boëte préparée à cer effet ; car le mélange qui fe fait de la lumicre refléchie par les parties folides du devant de la glace , de celle qui part de la furface du vif-argent mélé avec l’étain , & de celle de l'air qui fe trouve dans les pores de cet amal- game, ne produit qu’une lumiere confufe , qui empêche le {pectateur d'avoir une parfaite diftinétion de l’objet qu'il re- garde. Nous fupprimons auffi la Loupe pus entre la lumiere & l'objet , que l'on y place dans le deflein d'éclairer davan- tagc une petite étendué de la queué du poiïflon ; parce que cette grande quantité de rayons de lumiere differemment modifiée , bien loin d'être avantageufe dans cette occafion, elle y nuit beaucoup , en empêchant le fpeétateur d’avoir une diftinétion parfaite de l'objet éclairé de cette maniere. On peut aufi voir la même chofe , en découvrant un plus grand champ , ou une plus grande étenduë de la queuë du rétart, en fe fervant d’un petit Microfcope à deux ou à trois verres convexes des deux côtez, dont voicy les proportions, Profil d'un petit Microftope , compofe de deux ou de trois lentilles convexes des deux côtex. N voit au haut de cetce Planche le profil des trois len- tilles HIK., qui doivent être des plus parfaites, & montées dans le corps du Microfcope , dont ie profil fait par la fe&tion d’un plan , paffant par l'axe de toute fa longueur, eft réprefenté au bas de cette même Planche , avec les ver- ges qui le compofent, H ii Plancher?s 64 Nouveaux Microscopzs. L'oculaire marqué H , doit avoir fix lignes de foyer : le verre Ï du milieu fera d'un pouce ; & K , qui reprefente la lentille , aura pour le moins deux lignes de foyer. La diftance de oculaire au verre du milieu fera de quin- ze lignes ou environ ; celle du verre du milieu à la lentille , fera de deux pouces; & la diftance de l'œil à l'oculaire , fera d'environ quatre lignes. Enfin fi l'on veut faire un Microfcope à deux verres, il n aura qu à fupprimer celuy du milieu, & laïfler le refte en l’é- tat qu'il fe trouve. Ce Microicope à deux ou à trois verres , étant ainfi conf- truit , s'enchaflera dans la virole reprefentée en L ; en forte qu'il y foit fermement arrêté. M eft le profil de cette virole, qui eft un peu ouverte du fens de fa largeur , afin qu’elle fafle l'office d'un reflort : fon épaifleur , qui eft vûé en N, doit être imaginée plus haute que le plan O , fur lequel fa ca baile eft enchañée de dix lignes ou environ en profondeur. Ce plan O reprefente une petite platine mince de laiton d'environ quatorze lignes en quarré , percé au milieu d’un trou rond qui a cinq lignes de diametre , dont l'ufage eft de recevoir la bonnerte qui fixe la lentille du Microfcope , com- me cela fe peut remarquer au-deflous de la lettre P , qui eft le profil de l'épaifleur de cette platine ©. : Cela étant ainfi préparé , on engagera cette platine PQ; entre la piece À & le reflort € de la premiere Fig. Planche 16 ; par ce moyen on aura le plailir d'appercevoir tout ce qui fera dans une petite goutte d’une infufion mife fur le porte- objet du Microfcope , & d'y découvrir un champ beaucoup plus grand que n'eft celuy que l’on découvre ordinairement avec une feule lentille , mais avec moins de clarté. Ïl a encore un avantage particulier , qui eft de fervir à dé- couvrir les objets d’une diftance plus grande que l'on ne fe- roit avec une lentille d'un tres-court foyer. Ce Microfcope à deux ou à trois verres, étant monté de même que ceux qui font compofez d'autant de verres , {er- vira aux mêmes ufages. En continuant de parler des ufages du Microfcope univer- fel, nous dirons que pouvant écarter , tant & fi peu qu'on le PREMIERE PARTIE Chap. XV. cs veut, le porte-lentille de l'objet qu'on veut voir , on a la fa- cilité de mettre en ufage des lentilles de divers foyers ; & par confequent celuy de faire , avec cette nouvelle montu- te, un grand nombre d'experiences qu'on ne peut pas faire avec plufieurs autres d’une conftruétion differente. Comme on peut approcher en un inftant la lentille de l'objet , avant que de porter le Microfcope à l'œil, & ache- ver de la mettre affez prés ou aflez loin de l'objet, par le moyen de la rouë NN, que l’on tourne avec un feul doigt de la main qui le tient, cela donne le moyen de promener l'objet avec l’autre main , & de découvrir toute l’étenduë de la petite goutte d'eau mife fur le porte-objet , & en même tems ce qu'elle contient. Cette rouë NN, fa vis, & la piece marquée q s, dans le profil de la Planche 16 , font que ce Microfcope a une pro- prieré qui confifte , en ce que dans le moment que l’on com- mence à tourner la rouë NN , la lentille part pour s’appro- cher ou pour s'éloigner de l'objet , ce qui fait juger de fa bonté ; car étant excellente , fon meilleur effet paroît à une feule diftance de l’objet ; au lieu que fi elle n’étoit que me- diocre , fon effet fe feroit voir le même en des diftances in- égales, Le nouveau porte-lentille , marqué F , eft fi commode ; qu'on peut par fon moyen employer des lentilles d’un fi court foyer que l’on voudra , & mettre les liqueurs au devant ou au derriere du porte-objet de verre ; ce qui donne occalion d'obferver les poiflons qui nagent dans ces liqueurs par de- vant ou par derriere , & de découvrir s'ils rampent ou s'ils marchent fur le porte-objet, ou enfin s'ils nagent dans l'eau que l’on examine. On voit bien que ce Microfcope ainfi conftruit , & accom- pagné de courtes les pieces qui en doivent faire l’aflortimenrt, eft préfque univerfel , & qu’on peut faire avec cet inftrumenc toutes les experiences dont j'ay parlé dans ce Traité , à la referve de quelques-unes qui fe font commodement avec les Microfcopes à canons, & le porte-Loupe ; car il eft évident qu'on ne le peut employer dans les difleétions des petits ani- maux vivans où morts; qu'il ne peur fervir à les defliner ni à Planche 16, Plancheré, & 17. 66 Nouveaux MicROSCOPESs, les graver élégamment , ni même à les tenir enfermez du- rant pluficurs mois dans de petites prifons bien éclairées , comme on fait dans les Microfcopes à tombeaux , où l'on voit comment les uns y font leurs œufs, & d'autres leurs pe- tits tout vivans ; comment ils s’y nourriflent ; comment ils y changent de couleur; comment ils y combattent ; & où en- fin l'on découvre avec beaucoup de plaifir plufieurs efpeces de métamorpholes, qu'on ne fe lafle point d'admirer. CHAPITRE. EX VEL Autre nouveau Microfcope univerfel. Oicy un fecond Microfcope univerfel , plus fimple que le ‘précedent , & qui a par-deflus cela quelques avantages qui ne s’y rencontrent pas. On le voit reprefenté dans cette dix-neuviéme Planche , en deux politions. toutes differentes ; la premiere , eft une élévation géometrale du Microfcope tout entier vü par devant ; & la feconde le re- préfente vû de côté. Ce Microfcope étant conftruit de plufeurs pieces fembla- bles à celles du précedent , & ces pieces ayant icy les mé- mes ufages , nous paflerons lésérement par-deflus , nous con- tentant de nous étendre autant qu'il le faudra fur celles qui font d’une nouvelle conftruétion , & dont les fonétions font plus parfaites & plus commodes. Explication de la premiere [éconde Figure , qui repréfentent le Micro/cope tout entier vi par devant € de côté ; où il faut re- marquer que les groffes lettres ftrvent de renvoy à la premiere Figure ; @ les perires, à la feconde. À ,cft une piece de laiton foudée paren bas, àune pe- Qure piece ronde & platte, ornée de quelques moulures pour fervir de bafe à cette maîtrefle piece , & de couronne- ment à la virole du manche fur laquelle elle fe monte à vis, comme on le peut remarquer au bas de la feconde EN CTCIE PREMIERE PARTIE Chap. XVI. 67 Cette piece À À , qui reflemble en quelque façon à une petite palette , dont les enfans fe fervent pour jouér au vo- lant , eft nommée la maïîtrefle piece ; parce qu'elle fert à foutenir & à porter les autres parties de ce Microfcope : fa longueur , fa largeur & fon épaifleur font exaétement repré- fentées dans la premiere & feconde Figure. b, eft un canon en forme de quarré long, repréfenté en la feconde Figure , foudé par un bout au-deflus du milieu de la maîtrefle piece À À , ou à a. cc, eft un autre petit canon creux & de même figure , qui entre juftement dans le précedénc: ce petit canon cit foudé à une petite piece de laiton marquée D ou d. E,ouee, repréfentent une vis qui tient à la piece d , fur laquelle tourne la rouë FF, ou f. G, ou g, eft un reflort d'acier trempé , dont le bas eft at- taché fur la maïîtrefle piece À À, ou a a. Le bout d'en-haut de ce reflort eft feparé en deux par- ties , formant une efpece de fourchette platte par fes extré- mitez , pour laïfler un pañlage libre à la vis ee; de maniere que les deux extrémitez du haut de ce reflort appuyans con- tre le milieu de la piece marquée d , elles la pouilent conti- nuellement en avant. On voit en la feconde Figure , tant au-deflous de la lettre h , qu'au-deflus d'i, les bouts de deux petits reflorts d'acier placez , l'un dans le gros canon b , & l’autre dans le petit marqué c , pour rendre uniforme le mouvement du petit canon & du bras horifontal de l’équerre 111 , dont on va parler. L,ou 111, eft une grande piece de laiton, formant une efpece d’équerre , dont la branche horifontale eft toute fim- ple, au lieu que fa verticale eft plus compofée. La branche la ‘plus fimple eft femblable à une petite regle ordinaire , dont toutes les furfaces oppofces font paralleles entr'elles ; afin qu'étant ainfi d’égale épaïfleur, elle puifle couler libre- ment, & d'un mouvement égal, dans le conduit qui aura été pratique au-dedans du petit canon marqué c. La branche verticale de cette équerre eft conftruite de pieces femblables à celles du Microfcope univerfel préce- 638 Nouveaux MicrRoscoprEs, dent , “eprefentces dans la Planche 16. Figure 1. & 2, par les lettres À, BB, C, & expliquees dans le Chapitre XV. qui précede celuy-cy. MM, font deux reflorts de laiton attachez fermement l'un à droite & l’autre à gauche , de la largeur de la piece À À , par le moyen de deux vis dont on voir les têtes , & de deux petites goupilles invifibles , qui font rivées aux extre- mitez d'en-bas de ces reflorts , courbez en deux fens diffe- rens , comme on le peut remarquer en h & en m , afin de faciliter l'entrée , & l'enfoncement des diverfes pieces qui doivent s'introduire derriere ces mêmes reflorts. Au milieu de l’épaifleur , & à l'extrémité fuperieure de la maitrefle piece À À , ouaa, il y a une ouverture faite en forme d'un petit quarré long , dont les moindres côtez font également diftans de la largeur de la platine À À, dans la- quelle on fait entrer le bras vertical d'une petite regle de laiton d'environ vingt lignes de longueur, & de trois lignes de largeur , plice par le milieu pour former une équerre , dont le bout horifontal n porte la virole p, qui fait reflort, dans laquelle on fait mouvoir le canon O , garni de même que celuy du Microfcope précedent. Les portes-lenuilles , les portes -objets ; les portes-pincet- res, &c. sexccutent de même qu'ils font septéees dans les Planches du premier Microfcope univerfel; & les ufages de routes ces pieces doivent être icy les mêmes , c’eft pourquoy nous n'en parlerons pas. | * CAPTER E A XNILE Explication d'ur troifiéme € dernier Microfcope nouveau ex univerfel. Ë vais finir la premiere Partie de ce Livre, par l'expli- cation d’un troifiéme Microfcope nouveau , & un peu plus univerfel que le précedent , où nous n'avons employé que des cétarts pour faire voir la circulation du fang; au leu PREMIERE PARTIE Chap. XVII. Eo que dans celuy-cy on y pourra ajufter des poiflons de plu- fieurs efpeces, de differentes longueurs , & de diverfes grof- feurs. Et parce qu'il a d’ailleurs tous les avantages du préce- dent , on l'y doit préferer ; mais comme il contient beaucoup de pieces qui ont un grand rapport à celles de ce Microfco- pe-à, & qu'elles ont été expliquées dans le Chapitre préce- dent, nous ne devons prefque parler icy que de celles qui en font differentes. Et afin d'abreger cette defcription au- tant que nous le pourrons , nous avertiflons que les grofles lectres qui fe voyent fur les parties de ce Microfcope, repre- fenté en la premiere Figure de la Planche 20 , fervent de renvoy aux petites lettres de même nom, qui font fur les mêmes parties du profil de ce Microfcope , Figure 2; afin que par ce moyen on puifle avoir une intelligence plus par- faite de la conftruétion & des ufages de toute cette machi- ne. Mais parce que les proportions de la hauteur , de la lar- geur , & de l'épaifleur du corps de ce Microfcope , dépen- dent de la longueur , de la largeur & de l'épaifleur des poif- :fons , dans la queuë defquels on voudra voir circuler le fang ; cela fait qu'on ne peut déterminer toutes ces chofes qu'à peu près , & en donner des mefures qui répondent à celles des animaux dont le choix eft plus convenable ; & d'autant que les petits poiflons ont la queuë plus mince & plus tranfpa- rente que neft celle des gros, il les y faut préferer, & ré- duire la grandeur des parties du Microfcope dans le moin- dre volume qu'il fera poflible , afin d'en faciliter le tranf- port. Pour cet effet, nous avons jugé à propos de donner en- viron huit pouces de hauteur à toute la machine; mais cette Planche n’en ayant pas aflez pour la contenir toute entiere, nous avons réfolu d'en marquer toutes les dimenfions par des mefures exactes , afin que fur ce détail on la puifle faci- lement executer. Ainfi nous dirons que le corps du Microf- cope eft fait de laiton ; que fa hauteur AB eft divifée en deux parties ; que la poignée C D à quatre pouces de hau- teur ; que fa largeur FF eft de vingt lignes , & fon épaifleur GH de treize ; que certe poignée eft creufe & de figure ci- lindrique un peu applatie , en forte que fes extrémitez font 11 70 Nouveaux Microscopes. de venuës ovales, demeurans dans les mêmes proportions cy: deflus marquées. La feconde partie fuperieure AT, eft faite à peu près comme un parallelepipede reétangle , dont la hauteur a vingt-fept lignes ; la largeur par le bas , tant du devant : que du débriere!, “et de foire lignes , & par le haut des mêmes côtez de dix-huit; & que chacun des autres plus petits co- tez na que dix lignes. Cette même partie A I cft inégalement divifée en deux autres ; celle de deflous a feize lignes » & celle de deflus on-. ze : les deux côtez de la premiere partie qui touchent la poi- gnce , fonc ouverts ; & ceux de la feconde , qui répondent immédiatement au-deflus , font fermez. À peu près vers le milieu de la partie fupericure du de- vant , & du derriere du corps du Microfcope , on y a atta- ché deux plattes-bandes marquées 11, dans le profil Figure 2 , qui en occupent toute la largeur , & dont les extrémitez ne entaillées pour fervir de eau ; & au milieu de la platte-bande du derriere du Microfcope , on y a foudé une vis m d'environ un pouce de longueur , de deux lignes de diametre, & d’un pas aflez gros. Maintenant dans les Ces: des des deux pieces à coulifles dont on a parlé, on y fait entrer les côrez creux d'une dou- ble équerre 00 , dont la concavité eft faite en forme d'un quarré long. Cette double « équerre oo entre à coulifle par le devant du Microfcope , & fes extrémitez pofterieures , qui font faites en tenons percez, reçoivent une piece de laiton platte mar- ne pp, qui eft retenuë par deux goupilles ; & il faut re- narquer 1°. que la vis m dont nous venons de parler traverfe ro le milieu de cette piece de lairon ; 2°. Que cette piece de laiton jointe à la double équerre fee un chaflis quarré qui environne le COrps du Microfcope , & qui pourra être mû en avant & en arriere , pour fervir aux ufages dont on parlera cy-après. Et enfin qu'au derriere du corps de ce Microfcope on y a attaché un reflort d'acier marqué q, Q, dans la feconde & troifieme Figure , d'environ trois pouces de longueur & de huit lignes dei largeur , dont l'effec eft de 2) | PREMTERE PARTIE Chap. XVII. ji pouffer le chäflis en arriere ; & ayant monté une rouë den- telée rr fur cette vis m, dont le diametre excede un peu les côtez de la double équerre, elle fervira à poufler le châflis d'un fens oppofe à celuy du reflort marqué Q, Dans les deux côtez creux des pieces à coulifles, & par le devant du corps du Microfcope, on fait entrer deux lames d'acier ss , aux extrémitez defquelles eft rivée une piece platte marquée T ,c, Figure r. & 2 , Planche 20. recourbée en double équerre , comme on le voit dans le profil de la fe- conde Figure , & dans celuy de la cinquiéme , Planche 2r. Le haut de cette partie platte , ainfi recourbée , eft com- pofe de pieces toutes femblables à celles du haut du Microf- cope precedent ; & ces pieces doivent avoir icy & là à peu près les mêmes proportions & les mêmes ufages. On voit paroître au-deflous des lettres V , V , le haut de deux reflorts d'acier , dont les extrémitez inferieures font at- tachées interieurement au corps du Microfcope , par le moyen de deux vis dont les têtes paroïflent en X X , & ces reflorts font retenus fermement en la fituation qu’on les voit par deux petits tenons, dont les bouts paroïflent quelque peu plus bas que ne font les têtes de ces vis. : Au deflus, & au derriere de la partie fuperieure de tout le corps du Microfcope , on y a pratique, dans le milieu de fa longueur & de fon cpaifleur , une cavité reguliere d’environ dix lignes de ra , de huit lignes de longueur , & d'un peu moins d'une ligne d’épaifleur , pour v faire entrer la queuë & d’une virole 1. qui fair reflort , & dans laquelle on introduit le canon 2, garni de diaphragmes. La troifiéme Figure de la 21. Planche, reprefente le Mi- crofcope vû par derriere , & dans une élevation géometra- le, où l’on peut voir la hauteur de la poignée IB couverte de chagrin , le grand reflort d'acier marqué Q, la vis qui lattache à peu près au milieu de cette poignée , la rouë den- celée R , montée fur la vis M qui en craverfe le milieu ; le refte du corps du Microfcope , le derriere du canon garni d'un diaphragme , & d’une virole qui le retient fur le bord de ce canon ; & enfin une petite partie de rout ce qui fe voit reprefente au-deflous de la quatriéme Fig. Planche 21. l iÿ Planchee. Figure 2e 72 Nouveaux MicroscoPres,. Cette quatriéme Figure reprefente une machine compo- fée d'un porte-canon z z, concave d'un côté & convexe de l'autre : on voit au milieu un petit anneau marque & & , que l'on a refervé de part & d'autre de la même piece dont le canal eft fait, fur le milieu duquel on à attache un reflort d'acier trempé marqué F, qui fe voit terminé en ŸY Ÿ , dont les extrémitez font recourbées d’un fens contraire à celuy du canal de laiton marqué z z qui luy répond , afin que ces deux corps ainfi figurez concourent enfemble à retenir les tuyaux de verre, d'argent ou de laiton, gros & menus , dans la ca- vitc defquels on introduira les poiflons qu'on y voudra mettre. La partie fuperieure 2 2, de ce porte-canon , ef faite de laiton mince, & elle eft de la même grandeur & de la même figure que le deflein la reprefente. On y voit en haut & au milieu une ouverture en forme d’un quarré long , fur laquelle on poule à couliffe un verre plan de même figure & de peu d'épaifleur , mais un peu plus grand , taillé en bifeaux tout le long de fes plus grands côtez. Enfin la Figure $, qui eft au bas de la Planche 2r, eft le profil d'une piece qui tient à la platte-bande T , Kg. 1. Plan- che 20 , recourbée en double équerre , & fur le devant de laquelle on voit deux doubles reflorts d’inégales largeur & hauteur, derriere lefquels on introduit le porte-lentille , & la piece qui doit fervir à foutenir nn petit Microfcope à deux ou trois verres convexes des deux côtez , comme il a été ex- pliqué dans l’ufage de l’un & de l’autre des deux Microfco- pes précedens. Outre les pieces dont je viens de parler , qui accompa- gnent celuy-cy , on doit encore l’aflortir d’un porte-pincet- we, d'un porte-tétart , d’un porte-objet à coulifle , pour y introduire des verres taillez diverfement, & d’autres portes- objets , qui doivent fervir à des ufages differens, & dont il a cté parlé ailleurs affez au long , pour n'avoir pas befoin d'une plus ample explication. J'avertiray feulement que la curiofiré & le defir de rendre cet Ouvrage autant parfait qu'il nv'a été poflible de le faire , @ ont engagez à rechercher les moyens de fatistaire pleime- Premiere Partie Chap. XVIL 3 ment ceux qui voudront fçavoir fi le fang circule d’une mé- mme maniere dans des poiflons d'une même efpece ; s'il fe meut differemment dans ceux qui {ont de diverles natures ; s’il va plus vite dans les vaiffleaux des uns que dans ceux des autres ; s'il y eft plus ou moins rouge ; fi les globules du fang qui pañlent d’une artere dans une veine, fe divifent en d’au- tres globules plus petits ; fi toute la mafle du fang eft unifor- me , ou fi on la voit compofée de parties héthérogenes ; fi les arteres & les veines ne font que des tuyaux recourbez, comme les fyphons ; fi l'on voit le fang s'arrêter dans quel- ques vaifleaux d’un même poiflon , pendant que fon mouve- ment fe continué en d’autres ; fi tour le fang d’un petit poif- fon , ou de quelque autre animal , comme d'une mitte de ferin de Canarie, peut cefler de fe mouvoir pour quelque tems feulement ; sil eft plus épais en de certains poiflons qu'en d’autres ; pourquoy il paroît blanc en quelques-uns, & rouge en d’autres , &c. C’a donc été pour fatistaire ceux qui nous font l'honneur de nous propofer de femblables quef- tions , & pour faciliter la Dion d'un nombre prefque infini d’autres , qui rendent la Phyfique tres -utile & tres- agréable , que j’ay fair conftruire ce troifiéme Microfcope univerfel, dans lequel on pourra facilement appliquer quand on voudra , & durant toute l’année , tantôt des tétarts ou chabots , tantôt de petites anguilles , quelquefois des lam- proyes , d’autres fois de petites tanches ou des carpes , dans la queuë defquelles on aura le plaifir d’obferver , comme on le va dire , à la lumiere du jour ou à celle d’une chandelle, routes les chofes dont je viens de parler. Et avec ce feul Mi- crofcope , accompagné des pieces qui doivent l'aflortir , on pourra auffi faire toutes les experiences dont les deux préce- äens Microfcopes font capables, 74 Nouveaux MICROSCOPES. CHAPITRE :XNAERr Comment on doit ajufler une Lamproye , une Ançuille, ou un té- tart, dans un tuyau de verre, d'argent ow de laiton. Comment on applique ces tuyaux dans la machine reprefentée en la Plan- che 21. Fig. 4, Et enfin comment cette même machine doit être placée dans La capacité du corps du AMicrofcope. Our cet effet prenez un de ces tuyaux, qui foit un pew plus court que la lamproye , ou l'anguille que l’on y voudra faire entrer, & tellement conftruit , que l’un de fes bouts foit taillé à peu près comme celuy d'une plume à écri- re , pendant que l'autre bout du même tuyau fe termineræ en pointe un peu émoullée & percée , afin que l'animal qu'on y fera entrer y puifle facilement refpirer. Il faut obferver: que le tuyau dans lequel on fera entrer le poiflon ne doit pas étre crop grand , parce qu'il en pourroit fortir de luy- même , aprés l'y avoir fait defcendre , en commençant par la tête. Cela fuppofé , arrêtez la queué de l'animal aprés lavoir: q P fait furpañler de quelques lignes , le bout d’en-haut du tuyau taillé obliquement, avec ua peu de papier ou de linge , que vous ferez entrer dans ce tuyau fans beaucoup prefler la queuë de l’animal , qu'il faudra faire répondre fur le verre à coulifle ; enfuite de quoy il n’y aura plus qu'à mettre cette: machine, ainfi préparée , dans l'efpace vuide du corps de ce: Microfcope , en ly arrétant du fens qu'il faut, derriere les: reflorts d'acier que l’on voit reprefentez en V V, de la pre- micre Fig. Planche 20. faifant encore répondre le bout de la. queué de ce poifion vis-à-vis la lentille que lon mettra faci- lement au point de diftinétion, par le moyen de la grande rouë à dents ; alors vous aurez le plaifir d'obferver à loïfir le mouvement du fang à la lumiere du jour , ou à celle d'une chandelle. Je ne devrois rien dire icy de la préparation du tétart , patce que j'en ay parlé dans l'ufage du premier Microfcope univerfel, PREMIERE PARTIE Chap. XVIII. 7 univerfel , ni de plufieurs autres chofes qui ont été cxpli- quées ailleurs ; cependant je me fens obligé de parler d'une nouvelle maniere de les failir avec beaucoup plus de facilité quon ne peut faire en fuivant la méthode précedente. Elle confifte 1°. à prendre un tuyau de verre comme ab , qui foit un peu plus long que n'eft le poiflon qu'on y voudra faire en- trer , pour tailler l'extrémité b, ainfi que cela fe voit en la Fig. 6. de la 21. Planche. 2°. De faire un autre tuyau c de, de carton ou de papier, qui puifle entrer par le bout a du premier tuyau , afin de fer- vir à poufler l'animal qu'on y mettra jufqu'au point où il doit être , pour que fa queuë réponde au imilieu de la largeur du verre dont il a été parlé ci-devant , afin d'y obferver le fans en mouvement. Ces deux tuyaux doivent être ouverts d'un bout à l'autre ; afin de donner moyen au poifion, qui fera placé dans le premier ab, d'y pouvoir refpirer facile- ment. Pour l’arrêter dans ce tuyau de verre , on peut tres-utile- ment fe fervir d'un petit morceau de linge fin & moüillé , une partie duquel doit être dans le tuyau , l'autre partie s'y mettra aufli après y avoir placé l'animal : enfin ce tuyau étant ainfi préparé , on le fait entrer , comme on l'a dit , dans la machine qui eft au-deflous de la Figure 4. Planche 2r. Ec s'il arrivoit encore qu'aprés avoir ainfi faifi l'animal , il vinc à feparer fa queuë du verre fur lequel on l’avoit ajuftée , on l'y fxeroit une feconde fois mieux qu'elle n'étoit , en appli- quant fur fa partie la plus épaifle une petite bande étroite de linge fin moüillé , afin qu'elle s'y attache , & qu’elle y fafle demeurer ftable cette partie du poiflon, durant le tems des obfervations qui s’en feront. Cette nouvelle méthode de fixer les lamproyes , les an- guilles , les cétarts , &c. dont la grofleur ne furpañle pas le diametre interieur des tuyaux de verre qu'on peut faire en- trer dans la machine dont je viens de parler , eft préferable à celle dont on s'eft fervi jufqu'à prefent , parce qu'elle évite des défauts confiderables , qui naïflent de l'impoñlbilité où Von fe trouve d’avoir des tuyaux de verre aflez minces , aflez 2 K 76 Nouveaux MicROSCOPES. tranfparens , & qui foient d’ailleurs exempts des filets qu'on ÿ voir étendus d’un bout à l’autre de leur longueur , ce qui empêche le bon effet des meilleurs Microfcopes. li ne reite plus qu à dire comment & furquoy il faut faïür les poiflons , dont la grofleur ne permet pas de merrre en ufage la machine qui eft reprefenree au-deflous de la Figure 4. Planche 21. Pour cet effer, il n’y a qu'à préparer un porte- objet de laiton , dont la hauteur & la largeur égalent celles des poiflons qu'on y doit appliquer : pour le faire , tirez fut un carton fin, ou fur du laiton qui foit environ de l'épaifieur de deux cartes à jouër , une ligne droite , longue de deux pouces huit lignes , à l'une des extrémitez de laquelle vous éleverez perpendiculairement une autre ligne droite d'un pouce , afin que par ce moyen vous puifhez achever un quar- ré long , duquel vous diviferez le plus grand côté fuperieur en deux parties égales, prenant enfuite de part & d'autre de ce milieu deux longueurs chacune de fepr lignes, & fur leur extrémitez vous y éleverez deux perpendiculaires , cha- cune de deux pouces fix lignes , pour terminer la hauteur des montans du porte-objet : après cela vous prendrez à droit & à gauche de ces montans une largeur de quatre li- gnes au plus , & par les points qui la rermine vous tirerez deux autres lignes paralleles aux deux précedentes, Divifez enfuite en deux parties inégales route la hauteur de l'efpace qui fe trouve entre ces deux montans , qu'il fau- dia vuider pour en ôter le fuperfiu , donnant un pouce à celle d’en-bas pour la hauteur d'un morceau de glace des plus tranfparens qu'on pourra trouver , lequel étant taillé en bifeaux à droit & à gauche, on le fera entrer à coulifle dans deux rainures bien faites qui feront pratiquées dans l'épaif- feur des montans de ce porte-objet ; & fur ce verre on def- cendra encore à coulifle une piece de laiton d'environ qua- tre pouces fix lignes de longueur , dont la partie qui doit toucher le fommet du morceau de glace, & fe terminer aux extrémitez des montans , fera plane , & le refte un peu creux, & plus large que la partie qui eft au- deflous ; afin que le corps de chaque poiflon qui eft convexe , & qu'il y 47 PREMIERE PARTIE. Chap. XVIII. 7 faudra coucher de toute fa longueur , sy puiile mieux ajuf- ter quil ne feroit fi cette piece croit platie dans coute fon erenduë. En ôtant aprés cela le fuperflu qui fe trouve à droit & à gauche de cette nouvelle machine , on aurale porte-objer, dont les montans feront plus fermes fi l'on referve aflez de matiere par le bas pour les terminer par deux doucines , ac- compagnées de filets quarrez, qui leur ferviront comme de bafes, & d'un couronnement des plus gracieux qu'on puifle faire. On voit bien que la hauteur & la largeur de toute cette machine , doivent être proportionnées à celles des poiflons qu'on y veut faifir , & que moins ils auront d'a age , plus la queuë en fera mince & tranfparente, ce qui de lieu d'y obferver plus agréablement la circulation du fang , que l'on ne feroit , fi la queuë de ces poiflons étoit plus épaille , dont la raifon eft fi évidente que chacun la peut appercevoir, pour eu d'attention qu'on y donne. Cela fuppofé , lorfqu'il s'agira d'appliquer fur cette ma- chine une tanche , une carpe , un brocheton , &c. vous n au- rez Qu à y coucher un de ces poiflons tout de fon long, en faifanc répondre fa queuë fur le milieu du morceau de gla- ce , Jectant enfuite fur la longueur de tout fon corps une pe- tite bande de moufleline , moüillée où non; puis arrétant le tout avec un petit ruban étroit, vous tranfporcerez le porte- objet ainfi chargé entre les Pen reflorts d'acier qui fe voyent au-deflous de V V , Figure premiere de la vingtiéme Plan- che » pour faire ee bienations avec des lentilles qui leur conviennent, Et parce que cette explication pourroit paroître crop dif- fcile à comprendre , n'étant pas accompagnée d’un deflein qui reprefente la machine dont je parle ; j'ay jugé à propos de la reprefenter icy telle que Je l’ay décrite, & d' ajoûter en- Planchezz. core que À BC, eft le porte-objet de ton, BC , les montans à rainures. D, É morceau de glace taillé en bifeaux , pour entrer à bte dans les rainures des montans. FE, eft une feule piece de laiton qui eft plane depuis F 78 Nouveaux Mrcroscopes. jufqu'en € , & concave depuis C jufqu’en E; & que c’efttoue le long de certe derniere piece que l'on applique les poiflons, en les y faififlant la rêce vers E , & la queué etenduë fur le milieu du verre marqué D. Je crois devoir encore dire comment on pourra conferver durant plufieurs mois les poiflons dont je viens de parler , afin d'en avoir toujours de plufieurs fortes , foit en efte, foit en hyver, pour fervir à faire voir la maniere dont le fang cir- cule dans les vaifleaux des uns & dans ceux des autres. Les jattes de bois un peu profondes feront tres - propres pour y conferver les tétarts , en leur donnant tous les Jours de l'eau nouvelle , de riviere où de fontaine. Et pour faciliter ce changement fans les toucher , on n'aura qu'à verfer tout ce qui fera dans la jatte, dans une pañoire de terre vernif- fée ; afin que l'eau s'étant feparée des tétarts , on les puile remectre dans leur vaifleau avec de l'eau nouvelle , & quel- ques petits morceaux de petit pain. J'en ay gardé ainfi dans mon Cabinet depuis le commencement de l’efté dernier juf- qu'à prefent ». Fevrier 1718. que J'avois fait pêcher dans les baflins des Thuilleries , & dans celuy du Jardin qui eft au Palais de Luxembourg. Les lamproyes ne font pas fi communes que les tétarts, il Jes faut faire pêcher aflez loin de cette Ville , & les confer- ver dans des vaifleaux de terre ou de grais , où l’on met de l'eau commune & du fable de riviere, dans lequel elles s'en- foncent & s’y cachent pour quelque tems. Erquoy qu'on foit oblige de changer d’eau aflez fouvent, parce qu'elles y trou- vent leur nourriture , on ne l’eft pas d’en faire de même du fable , qu'il fufira de laver une fois ou deux durant huit jours. Les petites tanches , les carpes & les brochetons, fe peu- vent conferver aflez de tems, en les mettant dans un vaif- feau qui leur conviennent , avec autant d’eau de riviere & de pain qu'il en faudra pour les nourrir durant deux ou crois jours. Fin de la premiere Partie. CET BESCRIPTION EVESQU SAGE DES MECROSCOPES. SELCON;D:F:.P-ART TE: Tome IL, Part, LL. (4) ARGIL LR ER Q HO SA 144 | var Bnenas- hier BE HA MUR Le DSP ES A PONTS : — nee (tee RME pit OS ne, D, “| n - PALA Te, LE lines à Ê t J ni LT ls a Et bi > L bes tre fr Et 18e + ? D x ve (5) XX at dt (1 DESCRIPTION EF US AGE D:E S MICROSCOPES. RRAR RCA ORAN MORE AO MO AE ACCRO AO AO SEÉCOND-E: PARTIE: EHAPIFRE. XIX. ss PRÉS être entré dans un auffi grand détail fur la # conftruétion & fur la monture des Microfcopes, és que je l'ai fait dans les chapitres précédens, je me contenterai dans celui-ci & les fuivans , de donner la proportion des verres qui entrent dans la compofition des nouveaux Microfcopes dont je parle, croyant en avoir aflez dit pour que les Curieux puiflent les faire exécuter. (A ÿ) Planche 23. 4 DESCRIPTION ET USAGE Defcription & ufage de deux nouveaux Microfcopes univer/els a plufieurs verres, & de peu de longueur. Le premier Microfcope , qui n’a environ que deux pouces de longueur, eft vû repréfenté tout entier dans la vingt- troifieme Planche de cette feconde Partie, au-deflous de la lettre 4, de la longueur & de la grofleur qu'il a été exécuté. Sa conftruétion eft telle , qu’on le peut allonger d’un pouce; fon corps € eft un petit tuyau couvert de chagrin, & cou- ronné d'une piece d'ébene repréfentée entre les lettres 24. Le bas de ce tuyau couvert de chagrin, eft monté fur une feconde piece aufli d’ébene , marquée e, au bas de laquelle ‘onvoit la bonnette marquée f. La feconde figure qui eft repréfentée au-deflous de la let- tre P, eft le profil de ce Microfcope fait par la feëtion d'un plan, qui pañlant par la longueur de fon axe, le divile en deux parties égales pour ap fañe vui Ie dulanss où l’on peut remarquer les épaifleurs des tuyaux cc & d d; celles des trois verres #, », 1, qui font partie de fa compofition , & les dif- tances qui fe trouvent entre ces mêmes verres, La troifieme figure qui eft au-deflous de la lettre Z, eft le profil de toutes les parties qui compofent le Microfcope, ofées de fuite les unes au-deflus des autres, pour faire com- prendre dans le détail comment toutes ces pieces s’emboï- tent l’une dans l’autre. bb, eft la piece de l'œil , dans laquelle jai fait un écrou: Æ eft un petit cylindre de bois creufé dans toute fa lon- gueur, qui a deux vis à fes extrémités, pour y monter la piece de l'œil #8, tantôt d'un côté & tantôt de l’autre, fui- vant les ufages que l’on en pourra faire. g, À, font deux verres de figure lenticulaire , taillés d’iné- gales convexités , afin que leurs foyers foient inégaux. m, eft une piece de bois que l’on monte à vis au bas du cylindre À, pour y arrêter le verre . * n, eft le profil du tuyau qui reçoit le petit cylindre À, & qui fe met dans le tuyau couvert de chagrin , pour fervir à allonger le Microfcope d'environ un pouce, quand on juge à-propos d'augmenter la grandeur apparente des objets. Des MicroscoPes. Sec. PART. Chap. XIX. $ 0, eft le profil du tuyau couvert de chagrin, dans lequel on fait entrer le haut de la piece d’ébene marquée des lettres epe, qui fe voit immédiatement au-deflous , portant la bon- nette f, que l’on y monte à vis, après y avoir mis une len- tille qui eft marquée par la lettre z, Cetre piece epe doit être collée au bas du tuyau marqué o, Comme on eft obligé d'employer des lentilles de diffé- rens foyers , il faut aufhi des bonnettes qui leur conviennent pour y monter ces lentilles l’une après l’autre, afin de ren- dre l’univerfalité de ce Microfcope d’une plus grande étendue qu'il ne feroit autrement. Les lentilles les plus convexes, comme font celles d’une ligne ou d’une demi-ligne de foyer, y feront facilement arrêtées par le moyen d’un petit tuyau cylindrique marqué f, ouvert dans toute fa longueur, & dont les bords appuyant fur la lentille , l’arrêteront dans le fond de la bonnette de maniere qu’elle s’y placera, enforte que fon axe concourt avec les axes des autres verres. Proportions des verres de ce Microfcope. L'oculaire marqué g , monté dans le petit cylindre À, n’a que neuf lignes de foyer : le verre z en a trente. La diftance de la convexité extérieure de loculaire 2 à celle de l’oculaire k, eft d'environ fept lignes. Cette diftance peut être plus grande ou plus petite ; fi elle eft plus grande, le Microfcope fera voir les objets plus petits & plus clairs : au contraire fi elle eft plus petite, l'objet paroitra plus grand & moins clair ; & s’il y a quelques défeétuofités apparentes dans le verre du milieu , la grande proximité les fera difparoïtre. Par ces dé- feétuofités je n’entends pas celles qui pourroient provenir d’une mauvaife forme qu’on auroit fait prendre à ces verres en les taillant , mais feulement de quelques petites raies qui s’y feroient faites en les poliflant. Des ufages de ce Microfcope. Premierement, cette petite machine à trois verres étant montée d’une lentille objeétive d’environ une ligne de foyer, fervira à faire voir les animaux d’une liqueur deux fois plus longs & deux fois plus larges qu’on ne les verroitavec cette 6 DESCRIPTION ET USAGE feule lentille : on les verra auffi ayant quatre fois plus de fur- face, & huit fois plus de folidité, 2°. Le champ que nous découvrons avec ce petit Mi- crofcope eft d’une étendue fi vafte , que l'œil a de la peine à l'appercevoir toute entiere ; ce qui fait que les animaux des liqueurs y nageant, l’œil les y apperçoit avec plus de fatis- faétion qu'il ne feroit s'ils étoient vüs à l’ordinaire par une {eule lentille d'environ une ligne de foyer. Cette grande & vafte étendue qu'on nomme Ze champ du Microfcope , furprend tous ceux qui ont un peu de connoif- fance de l'effet des Microfcopes ordinaires , qui font compo- {és de trois verres, particulierement fi l’on compare la peti- tefle de l’un avec la grandeur des autres ; & ce qui mérite d’être obfervé , eft que toute cette grande furface eft vûüe par le peu de lumiere qui traverfe le petit trou qui eft au bout de la bonnette , qui n’a environ qu’un quart de ligne de dia- metre. Cette petite ouverture que je fais à cette bonnette, eit fuflifante pour des lentilles qui ont depuis un quart de ligne de foyer jufqu’à une ligne ; mais elle ne left pas pour celles qui font au-deflus de cette longueur. 3°. Les anguilles du vinaigre font vües quelquefois de la grofleur du petit doigt, particulierement lorfque la liqueur acheve de s’évaporer : c'eft dans ce temps-là qu’on peut re- marquer quelques petites anguilles en mouvement dans le corps de leurs meres, cherchant une iflue pour en fortir. 4°. Les cheveux y paroiflent plus gros que les petites an- guilles du:vinaigre ; & fi on les regarde par leurs bouts bien éclairés, on pourra découvrir les cavités & l’épaifleur de ces efpeces de tuyaux , qui paroïflent d'une grofleur éton- nante. On avertit feulement que les cheveux blonds & fé- parés de la rête depuis long-temps, font plus. propres à ma- nifefter leurs cavités, que ceux qui font d’une autre couleur & nouvellement coupés. s”. Le petit tuyau cylindrique À , qui entre dans celui qui eft marqué N, du profil qui eftfous la lettre Z, s’y pou- vant retourner bout pour bout, & les deux verres étant de différens foyers, fourniflent un autre Microfcope qui a: les mêmes avantages que le premier dont je viens de parler ; mais les objets y paroiflent plus ou moins éclairés. pres Microscopes. SEC. Parr. Chap. XIX. # 6°. Siles deux verres qui font dans le petit tuyau cylin- drique Æ, étoient d’égales convexités , enforte que le foyer de l’un fût de même longueur que le foyer de l’autre, ces deux verres produiroient un bon effet; mais l’univerfalité du Microfcope n’en feroit pas fi grande qu’elle eft. 7°. En ôtant la lentille objeétive d'une ligne de foyer, & mettant en fa place d’autres lentilles l’une après l’autre , qui foient de foyers inégaux & plus longs , on aura le plaifir de pouvoir obferver tous les autres petits corps. 8°. Si l'on ôte le verre du milieu de ce Microfcope à trois verres, on aura un autre Microfcope à deux verres. 9°. En remettanten place la lentille que l’on a ôtée , & fupprimant l’autre , l’on aura encore un autre Microfcope à deux verres , qui diflerera du précédent en ce qu’il fera voir les objets plus ou moins grands & plus ou moins clairs. r0°. Le petit tuyau cylindrique Æ étant féparé de fon coulant V, pourra {ervir de deux autres Microfcopes à deux verres; & en le montant fur notre Microfcope univerf{el re- préfenté en la vingtieme Planche , par le moyen d’un porte- lentille fait exprès, on pourra obferver un très-grand nom- bre d'objets vivans ou morts, attachés à la pincette ou au- trement , dans chacun defquels on verra une plus grande étendue qu'on ne feroit avec une feule lentille. 11°. Les cinq ou fix lentilles dont ce Microfcope doit être aflorti, étant montées chacune à part dans autant de porte- lentilles de laiton , pourront tenir lieu d’une partie de celles que l’on applique ordinairement au Microfcope univerfel, & par ce moyen en diminuer le prix. Ce n’eft pas une néceffité d’avoir un Microfcope univerfel pour fervir de pié au petit Microfcope dont je parle, on lui en peut conftruire un très-fimple, d’un prix médiocre , & l'aflortir des pieces qui font néceflaires pour le rendre com- mode, & propre à exécuter toutes les expériences que l’on voudra faire fur les petits corps durs ou liquides, vivans ou morts ; & examiner les divers mouvemens du fang dans les moindres vaiïfleaux d’un grand nombre d’animaux d diverfes efpeces, & y remarquer des chofes dignes d’admiration. Ayant trouvé des avantages confidérables dans le peu de Figure 4. Figure s. $ DESCRIPTION ET USAGE longueur de ce Microfcope , j'ai eflayé d'en faire un fecond qui fe voit repréfenté en la quatrieme figure , Planche 23, qui füt encore plus petit en confervant les mêmes avanta- ges ; de forte que n'ayant que dix-huit lignes de longueur entre l’oculaire & la lentille objeétive , il ne laïfle pas de fatisfaire pleinement les connoiffeurs. J'ai voulu poufler la petitefle de ce petit Microfcope en- core plus loin , & j’aitrouvé qu’on en pouvoit faire plufeurs à trois verres de différens foyers , pour fervir feulement à l'examen de ce qui fe trouve de plus beau dans les infufions des plantes & dans les eaux croupies. Ce dernier petit Mi- crofcope eft fi facile à faire, fi utile & de fi peu de dépenfe, que j'ofe me promettre qu'il fera agréablement reçù du Pu- blic : l'application qu'on en pourra faire à une nouvelle monture , lui fera peut-être mériter de tenir le premier rang entre tous ceux qui ont été inventés jufqu'à préfent. En at- tendant cette nouveauté , je donne ici les proportions de deux que j'ai exécutés. L'oculaire marqué par la lettre 9, a douze lignes de foyer ; le verre du milieu marqué r, n’en a que dix ; & la lentille qui eft à côté de la lettre /, n’a qu'une ligne de foyer : on pourra lui en donner quelque peu davan- tage , fi l’on veut avoir plus de lumiere ou de clarté pour examiner les animaux des liqueurs ; & lorfqu'il s’agira d’ob- ferver d’autres objets, on pourra employer des lentilles ob- jeétives de trois , de quatre , de cinq & de fix lignes de foyer. La diftance des deux verres g, r, marque leur éloignement. Proportions des verres du troifieme Microfcope repréfenté dans le profil de la cinquieme figure. L'oculaire de ce Microfcope a fix lignes de foyer ; il eft marqué par la lettre /. On avertit que la diftance de l'œil à ce verre eft très-petite. Le verre du milieu n’a que quatre lignes de foyer : il eft marqué de la lettre s. Ces deux verres doivent être très-pro- ches l’un de l’autre. Et la lentille objettive qui fe voit à côté de la lettre w, n’aura qu'une ligne de foyer , à la place de laquelle on pourra en mettre d’une ligne & demie , ou de deux au plus. ie e Des Microscopes. SEC. Parr. Chap. XIX. oo Il eft facile de comprendre que ce dernier Microfcope ne pourra fervir utilement que pour examiner des corps tranf. parens , puifqu'il refteroit trop peu d'efpace entre les corps opaques qu'on y placeroit, & la lentille objeétive marquée 4, pour que la lumiere y püt tomber & s’en réfléchir en aflez grande quantité ; & qu'après la perte qui s’en feroit faite à la rencontre des verres du Microfcope, il en arrive encore aflez dans l'œil du Speétateur, pour y faire une im- preflion fuffifamment fenfble. CHAPITRE XX Defeription & ufage d’un nouveau Microftope univerfel, a deux , à trois 6 à quatre verres. Le CULAIRE que l’on voiten À, peut avoir environ feize lignes de foyer ; fa diftance à l'œil eft à-peu-près de dix lignes. Le verre du milieu qui fe voit en B , PL. 24. figure 1. a trente lignes de foyer ; fa diftance à l’oculaire eft de treize à quatorze lignes. Ce verre eft monté dans un bout de tuyau qui entre dans celui qui contient l’oculaire , en forte qu’on peut l'en approcher ou l'en éloigner , pour l'arrêter dans l'endroit où l’on le jugera capable de produire le meilleur effet qu'il fera poflible. La lentille qui fe voit en C , peut être de trois , quatre ou cinq lignes de foyer ; fa diftance au verre du milieu eft d’en- viron quatre pouces neuf lignes : & parce que les deux ver- res À, B, font montés dans un tuyau particulier qui entre dans un plus gros & plus long , ces deux verres peuvent être approchés plus ou moins de la lentille € , pour faire paroïtre l'objet plus ou moins gros. Il y a deux autres petits verres repréfentés en D, PI. 24. fig. 2. qui font montés dans une petite piece d'ébene, pour fervir comme d’un feul oculaire , qui fe monte quand on veut en la place de celui quieft en 4. Ce Microfcope eit bon à deux verres, à trois, à quatre, à cinq, & fes effets font dif- Tome IT. Part. IL. (8) 10 DESCRIPTION ET USAGE férens , felon les diverfes combinaïfons qui feront faites des mêmes verres dans les mêmes lieux qui leur feront deftinés. 1°. En fupprimant le verre du milieu & les deux oculai- res qui tiennent enfemble, on aura un Microfcope à deux verres qui fera paroitre les objets renverfés. 2°, Si l'on tient feulement d’une main les deux oculaires qui font attachés enfemble , on aura un autre Microfcope nou- veau qui fera paroître les objets dans une fituation droite, même de deux grandeurs inégales. Avec ce petit Microfco- pe, qui n’a tout au plus que quatre lignes de hauteur, & environ huit lignes de diametre , on fait des expériences très-curieufes , & en très-grand nombre. 3°. Maintenant fi vous remettez en fa place le verre du milieu , vous aurez un Microfcope à trois verres, qui fervira à l'examen des corps opaques & tranfparens , à la lumiere du jour ou à celle d’une chandelle. 4°. En fupprimant le verre du milieu & l’oculaire , puis mettant en la place de ce dernier verre les oculaires qui tien- nent enfemble , vous ferez un nouveau Microfcope à trois verres, qui fera paroître les objets d’une groffeur extraordi- naire, avec un champ beaucoup plus grand que le précé- dent ; & par ce moyen les animaux des liqueurs paroîtront fe mouvoir en nageant dans un lac d’une belle & vañte éten- due. 5°. En remettant le verre du milieu en fa place, vous au- rez un nouveau Microfcope à quatre verres, qui fera voir un champ de dix pouces ou environ de diametre, & les ani- maux des liqueurs encore plus gros qu'ils n’ont paru, & avec tout autant de diftinétion qu'il foit poflible de voir dans une machine fi compofée. 6°. Vous ferez deux nouveaux Microfcopes Fun après l’autre de cinq verres chacun , en laïffant les trois premiers dans les endroits qui leur conviennent , en mettant enfuite fur le tout les deux oculaires attachés enfemble, que l’on retournera pour obferver un effet tout nouveau. 7°. Enfin les deux grands verres du milieu étant mis dans ce même lieu l’un fur l’autre, feront avec la lentille un Mi- crofcope d'environ quatre pouces de longueur , qui fera un DEs Microscopes. SEC. PART. Chap. XX. 1 excellent effet. Ces deux verres étant de différens foyers, feront paroître les objets d’inégales groffeurs. GERASP TE RES NT Des avantages qui fe tirent de la proximité de deux Verres d’inégales convexités , appliqués auprès de l'œil, #. Er champ que l’on découvre de l’objet que l’on re- garde, paroit beaucoup plus grand qu'il ne feroit, fi ces Verres étoient placés à une plus grande diftance l’un de l’autre : mais cette partie de l’objet eft vüe moins claire u’on ne la verroit, fi ces Verres étoient plus éloignés l’un de l'autre. 29. La lentille fe trouvant dans ce Microfcope beaucoup plus éloignée de l’objet que ne feroit une feule lentille qui feroit paroître l'objet aufh gros , on évite de la plonger dans la liqueur que l’on obferve ; ce qui eft un avantage confidé- rable. 3°. En approchant l’un de l’autre les deux oculaires, on évite de faire voir les défauts du Verre du milieu, ce qui n’eft pas une chofe de peu de conféquence. 4°. Cette nouvelle méthode de placer ainfi à très-peu de diftance les deux Verres d’un Microfcope qui en contient trois , a des avantages confidérables par - deflus l’ancienne. D'abord elle raccourcit beaucoup la longueur du Microfco- pe , dont les plus petits peuvent être utilement appliqués à notre Microfcope univerfel ; on peut par fon moyen obfer- ver tout ce qui fe trouve de plus remarquable dans les infu- fions des plantes, dans les eaux croupies ; on peut voir dans un grand nombre de poiflons qui fe trouvent nageant dans ces eaux , non-feulement la circulation du fang , que leur petitefle extraordinaire ne nous permet pas d'y remarquer , mais encore le mouvement particulier d’un liquide blanc & tranfparent, qui, quoique fans globules, peut pañer pour le fang de ces animaux. 5°. Nous trouvons dans la conftruétion des Verres de ce (By) 12 DESCRIPTION ET USAGE Microfcope un autre avantage confidérable , qui eft'qu’ayant très - peu de diametre , ils fe peuvent facilement tailler au tour , en bien moins de temps qu’on ne taille les grands Ver- res des autres Microfcopes , & par conféquent la dépenfe en eft bien moindre. 6°. D'ailleurs la monture de ces petits Microfcopes coûte très-peu de chofe , au lieu que celle des grands revient à dix fois davantage. 79. Les oculaires d'en-haut d’un de ces petits Microfcopes étant taillés de différentes convexités, auront leurs foyers. de différentes longueurs ; d’où il fuit que chacun de ces Ver- res étant placé l'un auprès de l’autre du côté de l'œil , le Speétateur aura deux fenfations de groffeurs différentes en la préfence d’un même objet ; ce qui n’eft pas un avantage qu'on doive négliger. Par exemple, fi le Verre 4 B , Plunche 24. fig. 3. placé du côté de l'œil, n’a que fix lignes de foyer, & que le Verre C D en ait neuf, il eft évident que l’objet apperçû lui paroïtra plus grand qu’il ne feroit fi l’on retournoit la ma- chine de maniere que le Verre C D fût placé du côté de l'œil. Ceux à qui les élémens de l'Optique ne feront pas in- connus , n'auront pas de peine à m’accorder ce que j’avance. 8°. On peut faire un petit Microfcope à trois Verres, qui n'aura au us es deux pouces de longueur , que l’on pourra appliquer au Microfcope univerfel , en donnant cinq lignes de foyer au Verre oculaire , fept lignes au Verre qui eft tourné du côté de la lentille ; & à cette lentille, depuis deux lignes & demie de foyer jufqu’à trois ou quatre lignes, & même davantage , fi l'on veut voir de gros objets. Wouci d’autres Proportions. Donnez douze lignes à l’oculaire, Quatorze lignes au Verre du milieu, Et fix lignes de diametre à chacun de ces Verres, la len- tille peut être depuis trois lignes jufqu’à fix. pes Microscopes. SEC. Part. Chap. XXI. 1; Autres Proportions. Donnez fept lignes de foyer à l’oculaire, Neuf lignes au Verre du milieu, Et trois , quatre ou cinq lignes à la lentille, Cela fera un Microfcope d'environ trois pouces. ge EEÈEÈEÈEÈEÈEEÈEÈEÈEÈEÈEEÈEÈEÈEÈLEEEE QC CT | PAPA ER EX XI. Conftruttion d'un nouveau Microfcope à deux verres , qui n'a qu'un pouce ou environ de longueur € autant de diametre ; ar le moyen duquel on pourra voir un objet très -clairement & très- diflinélement dans fa fiuation naturelle, 6 de hui groffeurs différentes , fans être obligé d'augmenter ni diminuer la longueur du corps de ce Microfcope. OUR le conftruire, prenez deux oculaires plans con- vexes, l’un de vingt-trois à vingt-quatre lignes de foyer, & l’autre de dix-huit : placez-les dans une petite boite d’ébene qui foit ouverte des deux côtés , enforte que les convexités fe regardent ; & cette premiere difpoñtion de verres fera l'office de deux Microfcopes , ou de deux loupes de différens foyers. à Tournez enfuite ces mêmes verres de façon, qu’étant re- mis dans la boîte les côtés plats fe regardent , fig. $. vous aurez deux autres Microfcopes quifferont l'office de deux nouvelles loupes , puifque la diftance d’entre les furfaces planes fera différente de celles des deux convexités fituées comme elles étoient en premier lieu. Remettez après cela la iconvexité de l’un des verres en dehors, laiffant l’autre en fa place, figure 6. vous aurez un troifieme Microfcope , ou deux loupes qui feront paroître l’objet d’inégale groffeur , puifque les diftances de leurs fur- faces feront différentes de ce qu’elles étoient dans les fitua- tions précédentes. En fupprimant enfin l’un des deux oculaires , laïffant l’au- tre où 1l eft, vous aurez de quoi produire l'effet d’une feule loupe , fig. 7. Pjanche 24, fg. 4 14 DESCRIPTION ET USAGE Puis Ôtant celle-ci de fa place, en mettant l’autre dans la fienne , vous en aurez un autre qui fera un autre effet, puif- que fon foyer eft différent de celui de l’autre verre, fig. 8. Voilà donc un moyen infaillible de faire paroïtre un objet de huit groffeurs différentes. J'oublhois d’avertir que la diftance d’entre le repos des deux verres n’a tout au plus que fix lignes , & que cette dif- tance peut être plus ou moins grande , en obfervant feule- ment de n’éloigner ces deux verres l’un de l’autre, qu’autant qu'il faut pour que le foyer de l’un fe trouve plus près de l'autre verre, que n’eft la diftance de ce verre-ci à fon foyer. C’eft-à-dire de faire enforte que l’un des foyers pafle au- delà du foyer de l’autre. Sur ce fondement l’on pourra faire avec les deux oculai- res dont nous venons de parler, tant de Microfcopes que l’on voudra avec d’autres verres de foyers différens, qui au- ront de femblables propriétés. Je ne dis rien des autres avantages de ces Microfcopes , l'expérience les fera aflez connoître : il fuffit d’avertir feule- ment que les trois premieres figures font voir la fituation des verres des trois premiers articles, & que les deux autres re- préfentent les deux verres qui fervent feuls pour les loupes. Si les repos ou feuillures qui font dans la boîte ont trop de diametre , il y faudra mettre des diaphragmes dont les ouvertures foient proportionnées aux foyers des oculaires qui feront pofés deflus ; par ce moyen l’objet qu’on voudra examiner, en fera vû plus diftinétement qu'il ne le feroit fans ce fecours, GA PAL TE RSA Nouvelle méthode pour monter les Microfcopes à canon de verre. l "EXPÉRIENCE m'ayant fait connoître qu'il étoit difficile d_, de conferver long-temps un Microfcope à canon de verre , fans avoir le chagrin de le trouver café au bout de pes Microscopes. Sec. PART. Chap, XXII. #3 quelques jours , j'ai crû qu'on pouvoit très-utilement en conftruire de cette forte , en évitant le fracas que font les montures ordinaires : en voici la maniere. Préparez le canon du Microfcope que vous voulez mon- ter, enforte que les deux ouvertures rondes fe trouvent pa- ralleles entr’elles ; collez enfuite une bande de velin au bas de ce canon , d'environ trois à quatre lignes de largeur, qui en fafle le tour entier, faifant enforte qu'une moitié de la largeur de cette bande foit appliquée fur le canon de verre, & l’autre moitié fur l’'épaifleur du bord d’un morceau de glace bien arrondi, pour le faire fervir de fond au canon du Microfcope : faites faire après cela un pié d’ébene, ou de uelqu’autre bois qui foit le plus fec qu'il fera poflible. Le detie de ce pié doit être creufé , pour y loger feulement l'épaiffeur du morceau de glace qui fervira de bafe au canon. Pour en faire le couronnement , voici comment il s’y faut prendre. Préparez un cercle de bois bien fec, épais d’envi- ron une ligne : de ce cercle ôtez-en un autre qui ait deux lignes ou environ moins de diametre; pofez le refte fur la partie fupérieure du canon, & l’y collez , afin que la piece d’ébene qui aura un écrou, fe puifle coller fur fa furface fu- périeure , en n’embraflant feulement que l’épaifleur de la piece platte qu’on a attachée avec la bande de parchemin. La vis qui doit enchäffer l’oculaire , fe fera à l’ordinaire , & la plus groffe qu'il fera poflible , afin de laifler une grande ouverture à l’entrée du canon , pour y mettre les objets qu’on y voudra obferver. Il eft facile de juger que ce Mi- crofcope ainfi conftruit, pourra fubfifter très-long-temps, & qu'il fera facile de le nettoyer quand on voudra , tant au- dedans qu’au-dehors , à caufe de la grande ouverture qu’on y aura laiflée libre. KR 16 DESCRIPTION ET USAGE CHAPITRE XX1Y, ç © De combien les Lentilles groffiffenr. N cheveu étant appliqué fur le porte-objet d’un Mi- crofcope, & obfervé avec une des plus petites Len- tilles que l’on puifle travailler des deux côtés , nous avons trouvé que fon diametre apparent étoit d'environ quinze lignes. Cette groffeur énorme m’a donné occafion de cher- cher combien 1l faudroit de ces cheveux placés à côté les uns des autres, pour faire un corps cylindrique de quinze lignes de diametre, & d’autant de hauteur; & j'ai trouvé par le calcul que j'en ai fait, 71583750 lignes. 1°. Pour faire ce calcul j'ai tiré une ligne droite a b, de quinze lignes, pour repréfenter le diametre apparent du che- veu vû au Microfcope. 2°. J'ai examiné enfuite combien il falloit d’épaiffeurs de cheveux qui fuflent à-peu-près d’une même grofleur, pour occuper la longueur d’une ligne, & j'ai trouvé qu'il en fal- loit environ 30; d'où j'ai conclu qu’en multipliant les 15 lignes ab par 30, on auroit 450, nombre des cheveux quil faudroit pour occuper toute la longueur ab d'un cylindre, que je fuppofe maintenant avoir la même hauteur. 3°. Pour trouver la circonférence de ce cylindre , duquel a b eft le diametre, je dis : Si 7 lignes de diametre donnent 22 de circonférence , combien 450 , valeur de la ligne a 4? le quatrieme terme s’eft trouvé être de 1414 lignes. J'ai en- fuite multiplié 707, moitié de cette circonférence, par 225$, moitié du diametre ab, & j'ai trouvé 15907$ pour la fur- face du cercle ; laquelle étant multipliée par 450, hauteur du cylindre ab, il eft venu 71583750 pour la folidité en- tiere de ce cylindre. Remarque. Plus une Lentille eft convexe, plus fon foyer eft court; plus le foyer d’une Lentille eft court , moins il faut lui donner d'ouverture ; moins cette Lentille a d’ouver- ture , plus l’objet paroïr obfcur : d’où il fuit néceflairement que pes Microscopes. Sec. Part. Chap. XXIV. 17 que les Lentilles qui augmentent le plus la grandeur des ob- jets, font celles qui les rendent moins clairs. Ainf les Lentilles d’un foyer très-court ne font bonnes que pour faire voir jufqu'où l’on peut pouffer l'augmentation apparente d'un objet, & nullement pour en découvri clai- rement & diftinétement jufqu’aux moindres parties , parce que l'ouverture qu'on leur donne doit être fi petite , que le peu de lumiere qui la traverfe , ne peut l’éclairer aflez pour fatisfaire l'Obfervateur. De tout ce que je viens de dire on en peut conclurre que le Microfcope monté d’une feule Lentille à la fois , & taillée à la main , eft à-préfent au point le plus haut de perfeétion. CHAPITRE XX VY. Proportions des Verres du Microfcope de Monfeisneur le Maré- chal d’Efîrées , dont les effets font très-agréables à voir, l'ayant rendu univerfel , c’eft-à-dire propre à fatre votr les petits objets ordinaires , les animaux des liqueurs , 6 la circulation du fang dans plufieurs fortes de poiffons de diverfes efpeces. E Microfcope a environ quinze pouces fix lignes de hauteur, y compris la monture , qui eft d’un bois de gayac des plus beaux qui fe puiflent voir. L’oculaire de ce Microfcope a environ deux pouces de foyer ; fa diftance à l’œil eft de feize lignes. Le verre du milieu a trois pouces fix lignes de foyer, & deux pouces fix lignes de diametre. Sa diftance à l’oculaire eft de quatre pouces. La lentille peut être de quatre, de cinq ou de fix lignes de foyer. Sa diftance au verre du milieu eft de fept pouces fix lignes. Cette diftance peut devenir plus grande, par le moyen d’un tuyau qui fe peut haufler & baïfler. Lorfque ce Microfcope eft dans fa moindre hauteur , un feul petit grain de millet y paroît d’une longueur apparente de quatre pouces ; & parce que fur la longueur d’un pouce on y en peut mettre jufqu'à dix, il s'enfuit que les quatre Tome 11, Part, IL. r3 . DESCRIPTION ET USAGE pouces en contiendront quarante ; lefquels étant multipliés par ce même nombre , la furface fera de 1600, & la folidité de 64000 : ainfñ ce Microfcope fait paroïtre un feul grain de millet 64000 fois plus gros que nos yeux. Maïs cette grof- {eur apparente furpañlera confidérablement ce nombre , en Fexhauffanr d'environ quinze lignes , puifqu’alors un feu grain de mille y paroïtra fous une longueur apparente de fix pouces, ou foixante fois la longueur du grain de millet ; d’où il fuit que fa furface fera de 3600 fois plus grande , & que {a fohdité fera de 216000. Cette mafle apparente contiendra donc deux cens feize mille fois celle du grain de millet vüû de nos yeux fans le fecours de ce Microfcope. Pour faire une belle fuite d'expériences avec ce Microfco- e à trois verres, & pour donner aux Speétateurs une agréa- ble idée de fon univerfalité, on pourra commencer , fi l’on veut, à faire obferver la beauté du grez réduit en poufliere, que l'on verra être à-peu-près femblable à des morceaux d’alun de roche taillés à facettes, qui paroiflent brillantes & colorées lorfqu’elles font expofées aux rayons du foleil. La femence de perle, & celle des coquilles qui fe trou- vent dans le fable de certaines rivieres & fur les bords de quelques mers , étant mifes fur la dame-noire de ce Mi- crofcope , on y remarque des beautés furprenantes. Toutes les petites graines des plantes s’y peuvent obfer- ver, pourvü que leur groffeur ne furpafñle pas celle d’un grain de millet. Toutes les couleurs dont les Peintres fe fervent, y peu- vent être obfervées. Les fleurs des plantes nous y font remarquer une infinité de chofes que nos feuls yeux n’y apperçoivertpas. On remarque dans les étoffes de foie, dans les rubans tif fus d’or & d'argent , des ouvrages de l'Art & de la Nature d’une beauté parfaite. Les ailes des mouches & la ftruéture de la cornée font dignes d’admiration, quand on lés voit au Microfcope. Les plumes des oifeaux , l’écaille du ventre d’une folle, la pouffiere que l’on fépare de l’aile d’un papillon , les che- veux , le poil d’un rat, & une infinité d’autres petits corps, font beaucoup de plaifir à voir. Des MicroscoPrs. SEC. Part. Chap. XXV. 19 Les moindres gouts d’eau prifes féparément dans lés di- verfes infufñions des plantes, nous préfentent un nombre immenfe d'animaux différens qu'on y apperçoitnager, ram- per, & marcher. : Les eaux croupies en contiennent une grande quantité de diverfes efpeces. Le vinaigre de vin , celui de biere , &c. nous manifeftent des anguilles de différentes efpeces. La circulation du fang fe voit dans la queue d’un tétard, dans celle d’une petite tanche , dans celle d’une carpe, dans celle d’une petite anguille , d’une lamproie ; dans le dia- phragme d’une grenouille , &c. | ILy a des manieres différentes de préparer toutes ces di- vetfes chofes, de les faifr, & de les appliquer au Microfcope pour les y obferver , dont il feroit difficile de donner des explications meilleures que celles qui font traitées au long dans mon Livre. La fimple vûe d’une préparation fait bien plus d'impreflion fur lefprit qu’un difcours par écrit n’en peut faire, quelqu’étèndu qu'il puifle être. DRE PNA TOET PC RIVTE Proportions des Verres d’un petit Microfcope qui n’a que deux pouces & demi de longueur, très-commode pour être appliqué a notre Microfcope univerfel. C E petit Microfcope eft compofé de trois lentilles con- vexes des deux côtés , & tranchantes par les bords. Le verre de l'œil & celui du milieu font d’une égale con- vexité , ayant chacun dix lignes de foyer. Ces deux verres fe touchent prefque , n'ayant entr'eux qu'un gene diaphrag- me qui n’a pas une ligne d’épaifleur ; & la diftance du verre fupérieur à l'œil n’eft que de trois lignes. La lentille objeétive a trois lignes de foyer. On pourra mettre une lentille de deux lignes & demie de foyer , ou d’un peu moins , lorfqu’on voudra examiner les animaux des li- queurs. Lorfque l’on employera une lentille qui augmentera (C y) 20 DESCRIPTION ET USAGE confidérablement la groffeur des objets, il fera plus avanta- geux de les regarder à la lumiere d’une chandelle qu’à celle du jour. Proportions d’un petit Microfcope à trois verres , de la facon de M. Villette. L’oculaire de ce Microfcope a cinq à fix lignes de foyer. Le verre du milieu a douze lignes de foyer, & la lentille deux lignes. La diftance de l’œil à l’oculaire eft de quatre lignes. La diftance de l’oculaire au verre du milieu, eft d'environ uinze à feize lignes. La diftance du verre du milieu à la lentille, eft de vingt- quatre à vingt-fix lignes. Les verres de ce Microfcope font montés dans trois tuyaux , ce qui ef un avantage très-confidérable. Toute la hauteur de ce Microfcope, fans y comprendre le pié , eft d'environ trente-fix lignes. Îl y a dans le pié une petite monture qui contient deux oculaires plans, convexes, un peu diftans l’un de l'autre , pour fournir plus de lumiere. Ce Microfcope ainfi monté d’une lentille objeétive de deux lignes de foyer feulement , ne peut fervir que pour voir les animaux des liqueurs , à caufe quil y faudroit ajoûter une lentille de quatre à cinq lignes, pour fervir à l'examen des autres objets , &c. Autres proportions d ’un petit Microfcope à trois verres. Un oculaire de fix lignes de foyer, Un verre du milieu de douze lignes, Et une lentille de quatre lignes : Le tout monté dans trois différens tuyaux. Autres P roportions. Une lentille d'environ fept lignes de foyer, Une autre de huit lignes, montées à quatre lignes de dif- tance l’une de l’autre , qui étant dans un éloignement d’en- viron trois pouces d’une petite lentille de trois ou trois & pes Microscopes. SEC. PART. Chap. XXVI. :1 demi-lignes de foyer , font un bon effet pour examiner les animaux des liqueurs, & la circulation du fang. Chacun des deux oculaires étant pris féparément avec la lentille objeétive , feront un bon effer. Proportions des verres d’un Microfcope que M. le Bas a vendu à Madame la Ducheffe du Maine , que j'ai rendu uriverfel ; de maniere qu'il peut maintenant fervir à faire voir la crrcu- lation du fang dans diverfes fortes de poiffons, & les perits poiffons qui Je trouvent dans des infufions préparées | & dans 2 3 L. d’autres liqueurs qui ne le Jont point. L’oculaire À a huit lignes de diametre : Sa diftance à l’œil eft de quatre lignes, Le foyer de ce verre eft d'un pouce : Sa diftance au verre du milieu eft de douze lignes. Le verre du milieu, À, a dix lignes de diametre : Son foyer eft de feize lignes ou environ. La diftance de la furface fupérieure du verre oculaire, à linférieure du verre du milieu, eft de douze lignes. Ces deux verres ainfi montés, forment un Microfcope particulier qui fait l'office de plufieurs Microfcopes , & dont M. le Bas n’a- voit aucune connoiflance. Depuis le verre du milieu jufqu’à la lentille €, il y a trois pouces ou environ. Îl faut remarquer que le tuyau qui con- tient les deux oculaires , doit être hauffé & baiflé facilement, afin de pouvoir fervir utilement à trois lentilles de différens foyers , qui font montées dans trois différens porte- lentilles qui fe viflent l’un après l’autre au bout d’en-bas du corps de ce Microfcope ; & que la lentille du plus court foyer eft très- propre pour faire voir la circulation du fang dans la queue des tétards, & dans diverfes parties de plufieurs infeétes aqua- tiques, &c. Li Planche 24, fg. 19. 22 DESCRIPTION ET USAGE GÉAPITRE XX VE. Des Verres concaves que l'on fait fervir de porte-objets aux Microfcopes. N fair que la néceffité occafionne fouvent les nouvel- les inventions, & que fans elle nous ferions privés d'un grand nombre de belles connoiffances trés-utiles & très- agréables, Les Microfcopes que nous avons rendus univerfels & commodes, doivent être accompagnés d’un nombre fufi-° fant de diverfes pieces féparées du corps, pour en rendre luniverfalité plus étendue , parmi lefquels il y en a deux que plufieurs perfonnes voudroient fupprimer ; mais ne les ayant imaginées que par une néceflité indifpenfable , je me trouve obligé d’en faire fentir les bons effets. Ces nouvelles pieces font l’entonnoir ou pompe, & les verres concaves de diverfes fphéricités. L’entonnoir ou pompe eft un petit inftrument de verre fait à la lampe d’Emailleur, dont le deffein fe voit répréfenté en la PL. 7. de la premiere partie de ce Livre, & fon ufage en la page 16 de la même partie. Le verre concave fe voit taillé diverfement , & repréfenté fur les Planches 2, $, 6, 7, 9,10, 17, &c. En voici quel- ques ufages. 1°. Une groffe goutte de vinaigre y peut être vüe durant une bonne heure dans un temps aflez tempéré ; ce qui n’ar- rive pas à la même quantité appliquée fur un verre plane, parce qu'elle y coule & s’y étend fi confidérablement , qu'on ne la peut obferver. 2°. Lorfqu’on met le vinaigre dans un petit concave de verre, on a la liberté de promener le porte-objet à volonté, fans qu'il y ait lieu d'appréhender de goûter les platines qui le faififlent ordinairement dans de certains Microfcopes. 3°. On pourra conferver , fi l’on veut, une goutte de vinaigre mile dans ce concave , durant fept ou huit jours en pes MicroscopPes Sec. ParT. Chap. XXVII. 23 été, & durant quinze jours en hyver, pendant lefquels on obfervera plufeurs circonftances très-utiles & très-curieufes À rapportées en divers endroits de ce Livre. Ces verres con- caves doivent être tailiés diverfement, fuivant les diverfes expériences pour lefquelles on les aura deftinés. Si l'on veut avoir le plafir de découvrir d’un feul coup d'œil toute l'étendue d'une petite goutte de vinaigre, par exemple, qui aura été mife avec la pompe dans un de ces concaves , 1l faut qu'il foit taillé fur une fphere ou portion de {phere d’un petit diametre , dont le foyer foit proportionné à celui de la lentille que lon employera à cet efler. Ce fpeétacle eft beaucoup plus curieux qu'il n’eft utile ; cependant on peut découvrir dans une petite cavité qui n'aura pas plus d'une ligne de diametre , une cinquantaine d’anguilles, dont la moindre aura en apparence plus d’un pouce de longueur, & dont le mouvement paroïtra fi rapide, qu'il fera peut-être l’étonnement le plus furprenant qu'on ait jamais.eu en d’autres circonftances , quelque fingulieres qu’elles ayent été. Quand les concaves font d’une très-petite portion de {phere , on ne ls doit creufer qu'autant qu'il eft néceffaire pour empêcher que la liqueur qu’on y mettra n’en puiffe {or- tir; & encore afin que les animaux qui fe tranfportent vers des bords, n'en paroïflent guere moins beaux que les autres. Il'y a des expériences particulieres qui obligent à les creu- fer davantage , comme , par exemple, lorfqu’on y veut en- fermer un animal vivant : il fufiira pour l’ufage que la boule fur laquelle on les taillera , s’y enfonce environ d’un tiers de fon diametre. Les Lunetiers ,| qui ne raifonnent que très-peu fur ce qu'ils font , ne font guere propres à exécuter ces fortes de concaves ; tout ce qui demande quelque précifion &-beau- coup de propreté , ne leur convient pas. Les méthodes qui font en ufage parmi eux, & dont ils fe fervent prefque tous, font peu propres pour faire de beaux & de bons ouvrages ; ils fe bornent à ce qui expédie , & négligent ainfi ce qui peut tendre à acquérir de la réputation : de forte qu’on ne doit pas être furpris fi le travail d’une vie affez longue n'a fouvent 24 DESCRIPTION ET USAGE rien ajoûté aux connoiffances qu'ils ont lorfqu'’ils fortent d'un apprentiflage de plufieurs années. Un Tourneur, par exem- ple, ne fait pas faire une vis & un écrou au bout d’un an d’apprentiflage ; un Lunetier pendant le même temps ne fait pas une bonne lunette à mettre fur le nez : cependant on peut par d’autres méthodes particulieres enfeigner à l'un & à l’autre à faire une bonne vis, un bon écrou & une bonne lunette à nez en moins de huit jours. Revenons à nos concaves. Sion en creufe de maniere qu'il ne refte que très-peu d’épaiffeur entre la concavité & la fur- face plane du verre, on aura l'avantage de pouvoir em- ployer des lentilles d’un très-court foyer, parce qu'en met- tant la petite goutte de liqueur au milieu du concave , & le tournant dans le Microfcope , enforte que la furface plane du verre foit du côté de la lentille, cette lentille pourra s'approcher très-proche de l'objet, fans courir le rifque de s’y falir, puifque par ce moyen on évite de la plonger dans la liqueur , ce qui ne doit pas être compté pour rien. Nous avons par ce moyen l'avantage que l'on tire des feuilles de talc , fur lefquelles on a coûtume de mettre la liqueur, & nous évitons en même temps deux grandes in- commodités qu’on y apperçoit en peu de temps, defquelles tous ceux qui s’en fervent fe plaignent. La premiere eft que ce talc eft rempli de raies ; & la feconde, qu'il ne peut fer- vir qu’une feule fois pour voir les anguilles du vinaigre, & guere davantage pour examiner ce qui fe trouve de confi- dérable dans les autres liqueurs , à caufe qu’en efluyant la crafle que les gouttes de liqueurs y laïflent , on le dépolit en peu de temps , ce qui le rend après cela inutile. On employe les grands concaves très-utilemeut ,-pour y conferver en vie plufieurs gros animaux enfermés entre deux concaves, ou entre un concave & un verre plan, ou enfin dans un concave fans être couvert. Quand les concaves à mettre le vinaigre ou quelqu’autre liqueur , font parfaitement polis, ces liqueurs ont beaucoup de difpofitions à fortir des cavités de ces fortes de verres; c'eft pourquoi il y faut apporter un remede: en voici un parfaitement bon, par le moyen duquel on évitera ce défaut, qui pes Microscopes. Sec. PART. Chap. XXVII. 25 quieft très-confidérable. Pour cela il n’y a qu’à effacer le poli qui eft du côté du concave, en rendant brute toute la furface qui l’environne. Pour cet effet vous n'avez qu’à travailler ce côté-là fur une forme platte , avec un peu d'éméril fin & de Veau, jufqu’à ce que le morceau de glace foit d'un grain fin & égal, & cela fera capable d'arrêter la goutte de liqueur que vous aurez mife dans ce concave. On objeéte que le verre concave eft capable de changer la forme de l'objet que l'on y met pour y être appercü. Réponfe. Le verre concavene change pas la forme de l’ob- jet qu'on met deflus ; car ne fervant ici que de porte-objet, il ne peut ni l’augmenter , ni le diminuer , ni l’eftropier, puif que ce n’eft pas le verre concave qui le fait voir, mais feu- lement la lentille, qui eft l’ame du Microfcope , pour ainfi dire , à laquelle ce pouvoir eft réfervé : & fi l’on voit quel- Le. l’objet eftropié & difforme , il en faut attribuer la aute à la lentille qui eft mal travaillée , n’ayant ni la forme, ni l’adouciflement , ni le poli qui lui convient pour qu’elle produife le bon effet qu’on en pourroit defirer. Il y a feulement une chofe à obferver , qui eft qu’une len- tille ne peut avoir fon foyer exaétement correfpondant à tous les points de la furface du concave où l’on met une goutte de liqueur ; c’eft pourquoi on eft obligé d'approcher ou d’éloigner cette lentille , fuivant l'endroit du concave que lon voudra regarder. Lorique l’on fe fert d’un verre plan des deux côtés, & qu'on le promene pour découvrir toute l'étendue d’une goutte de liqueur qu'on y aura mife en expérience , il y aura moins à changer la diftance de la lentille, que fi l’on fe fer- voit d'un petit concave pour cet effet , & cela fuppofe qu’on fafle ces expériences avec une lentille d’un court foyer ; car fi elle avoit trois ou quatre lignes de foyer, & que la goutte de liqueur füt très-petite , il ne feroit pas néceflaire de chan- er la diftance de la lentille pour voir diftinétement toute l'étendue d’une très-petite goutte de liqueur ; à caufe que plus la lentille a de foyer , plus on découvre de champ. Tome II, Pan, 11. (D) 26 DESCRIPTION ET USAGE CHAPITRE XXVHIL Objeions & réponfes faites au fujet de la nouvelle hypothefe propofée par L. Joblot, au fujet de fes nouveaux Microfcopes, & des expériences qu’il a faites avec ces Microfcopes. P p O N peut former plufieurs difcultés contre cette hypos thefe : en voici une qui fe préfente d'abord à ceux qui n’ont que peu ou point d'ufage des Microfcopes à li= queurs. On demande pourquoi on n’apperçoit pas les œufs & les très-petits animaux qui ont été dépolés fur les plantes, avec les lentilles de nos Microfcopes à liqueurs , de même qu'on les voit dans l’eau où ces mêmes plantes ont été mifes en infufion. Réponfe. Si l'on obferve les feuilles ou les fleurs d’une plante, avant qu’on les mette en infufion , en fe fervant pour cet effet d’une lentille d’un grand foyer , on ne pourra apper- cevoir que les gros infeétes, ou leurs œufs qu'ils y auront dépofés, parce que ces lentilles, qui font d’un grand foyer, n’augmentent pas aflez l'apparence de l’objet ; & lorfquon LA eflayer de voir les plus petits, en fe fervant.d’une lentille d’un court foyer, il l’en faudra approcher de fi près, que la monture qui enchäfle cette lentille ne permettra pas le paflage à la lumiere ; d’où il fuit qu’on ne les pourra voir. Pourquoi de certains corps mis en infufion, font-ils dé- couvrir de petits poiffons une heure on deux après être mis en infufion; & que d’autres corps ne fervent à en faire voir qu’au bout d'un temps très - confidérable ? | Réponfe. C’eft parce que les petits animaux étoient déjà tout vivans fur les premiers corps mis en infufion, & qu'il n’y avoit encore ni petits ni œufs fur les feconds. Et fi on les vouloit regarder en les expofant entre l'œil & la lumiere du jour ou d’une chandele , les corps fur lefquels font les œufs & les petits tout vivans, n'étant pas tranfpa- rens on ne les y pourroit voir. pes Microscopes. SEC. PART. Chap. XXVIIL 27 On objeële encore contre notre hypothefe , que les animaux qui volent ou nagent dans l'air, pouvant y laifler tomber leurs œufs & leurs petits tout vivans, & cet air s'appliquant continuellement fur la furface de la liqueur contenue dans nos vaifleaux mis en expérience , y abandonne les œufs & les petits. Réponfe. Cette opinion qui paroît d’abord aflez probable, perd toute fa vraiflemblance en l'examinant avec attention ; car, premierement , fi elle étoit véritable , il s’enfuivroit qu'on appercevroit toùjours les mêmes poiflons dans toutes les infufions, quoique différentes, & placées en un même lieu les unes auprès des autres , puifque l'air qui tranfporte les œufs & les petits tout vivans, n’agiroit pas moins fur la furface de l’une de ces infufions, que fur la furface des autres. 2°. 11 s’enfuivroit encore que les poiflons de deux infu- fions différentes qui auroient été préparées en même temps, & mifes l’une auprès de l'autre , y devroient paroître à-peu- près en un même jour, ce qu'on ne remarque pas : tout au contraire, on obferve qu'il y ena quinefe manifeftent qu’au bout de quinze jours , tandis que d’autres fe font voir le même jour de la préparation. 3°. On ne devroit jamais voir d'animaux dans une infu- fion bouchée immédiatement après la préparation , puifque Pair ne s’appliqueroit pas fur la furface de la matiere mife en infufion ; ce qui eft contraire à l’expérience. Voyez le chap. 15. fur le Foin nouveau. D'où vient que les mêmes plantes , les mêmes oraines ne produifent pas toüjours de femblables animaux ? Réponfe. Ce ne font ni les plantes ni les graines mifes en infufion , qui produifent Îles animaux que nous appercevons dans les liqueurs ; mais ce font les meres de ces poiflons qui nagent dans l'air qui répond au-deflus de ces infufons , où étant attirées par les vapeurs diverfes des chofes infufées , y pondent leurs œufs, & y dépofent même leurs petits tout vivans. Fin de la feconde Partie du Tome fecond.. td ke RE AO paf dde Au D: " } “ne Rue net #0 cap Æ actes PE ER foutue !! trio na nr à RAR PANNE) prie asile su DORE NT y Wa vo: 5 ot A 1 APT ui * 4 Y! 1 ER es MATSUS 3C5r a ain; 2: LE & re au AY FÉERIES Late ETAPE “8 culpsit Lucas j QUITTER & Ë È #) Le È M AU LU D. h) j | | —————— TL Lucas Jeulp A C.Lucas Seulp, [@2 PA To.2. PI .10 Z.2. F1 rm CDessein Dur Lorte rouge L TH! T.2.P1.15 Z.2.P1.15 À To.2, Pl. 16° È Ê à FE à Fs Ÿ TRE : à Zo.2. Nouvel Microscope Universel Ml -od 24098007 np 212mus apnop A7PINTY D.2.Pl.22. } Lou V EAUX 177 L #74 SC d: CA UM versels a Wous Verres. Jecond Muicri "SCOpPé louveaux Nlicroscopes universels, a trois verres. Second Mucroscope: 000 “4 Zo.2.PL.24, L. 79271. 17 > » RAR pt has à uruver fe Dreces Pa heulieres du Mici OS COF. Dejseins des pieces par hculieres du Microscope univerfel. To2.11. 17 < c —_——— 2 des pieces qut achevent tem {CT OS Cope univerfel To.2. Pl. 18 {1 : UE pa) pi 2 > ; 5H B 5 ie “ / 3 . . of dun petit nucroscope a lrois verres É f em TES RS meref AAAAARAAAAN A / 5 ‘ 5 Profil dun peitnucroscope a {rois verres louveau ATICIOSCOpe Uri verset. Autre Nouveau AT Croscope Universel. C2 TE — Nouveau Microfco pe 2? atver el. T2. PI. 20. « | « {Il | F1g . 2 | RE — le Univerfel. dE F19.2 { : Tofieme Nouveau Microfco À LA din