LIST SL TES PDT IS LI SC SES PTS PRESS RE TRS ES ES RE LEE ÉTERS A DLL T4 ds RTE PRIT PPES de Ru 4 HE à SF+-804 / FA ‘Ro. 139 ) | | NL 1h > HONEORTS SUD ! | LM int . We Le LEO, 1 NE n K Lg Mr Dia, dr qi sui MUC a" n Te, ae 2 t * OBSERVATIONS. PR: : Le À Arcaho 2 MÉMOIRES |, SAT TR LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE;s DÉDIÉ A Me... LE G.OMTE P'ARTOES, / Par M. l'Abbé ROZIER, Chevalier de l'Eglife de Lyon ; de l'Académie Royale des Sciences , Beaux Arts & Belles Lertres de Lyon, de la Socicte Impériale de Phyfique & de Bocanique de Florence, Gc. ancien Directeur de L'École Royale de Médecine Vétérinaire de Lyon. TOME PREMIER, A'ÉREESS Hôtel de Thou, rue des Poitevins. M DEC LXXIIL AVEC PRIVILEGE DU ROL DES obflacles quon n’a pu prévoir, ont empêché l'envoi de ce Volume, quoiqu’imprimé ; & prét à être expédié depuis le 25 Jan- vier. Meffieurs les Soufcripteurs excuferont un retard involontaire. On Leur promet pour l'avenir la plus grande exailitude. On a cru aulfi devoir fe borner à l’ancien Titre, & fupprimer celui de Tableau du Travail annuel de toutes les Académies de l'Europe, zivre crop général pour an Journal de Phyfique. OBSERVATIONS MÉMOIRES SAUTER APCE Pool OU-E: SUR L'HISTOIRE : NATURELLE ET SUR LES ARES PIMET FES: PHYSIQUE. EUX PLÉURIE EN) COENS PARTIR ENT O MEN NUE SU S TN AGE UIRTIAII AE LR ES, - Sur la communication de la chaleur , par M. Braun, de l'Académie de Saint-Pétershoursg. Ce Mémoire préfente des expériences dont les réfultats font en général peu connus; elles mettront nos Lecteurs fur la voie d'examiner de plus près des points de Phyfique ; léurs travaux ferviront peut-être ün jour à établir une théorie complette , fondée fur des faits, pour expli- quer les progrès & la communication de la chaleur , objet dont on ne s’eft point encore aflez occupé. Tome I, Part, I, À (a 2 Pal ROLE MSNETEMON TRE: 2 Tandis que je faifois, dit M. Braun, les recherches les plus exactes fur les degrés de la chaleur du mercure bouillant , j'ai obfervé que ce mème métal, contenu dans un vafe , bouilloit long-tems avant que celui qui étoit renfermé dans un thermometre , éprouvât le premier degré d’ébullition. Je jugeai que l’intervalle qui fe trouve entre l’ébulli- tion de ces deux mercures féparés, étoit néceflaire, ou parce que la chaleur a befoin d’un certain efpace de tems pour fe communiquer , ou parce que le degré de chaleur du mercure dans le vafe & du mercure dans le thermometre, difféçent entr'eux non-feulement dès lecommen- cement, mais encore pendant les progrès de l’ébullition, & ainfide fuite. La premiere de ces deux caufes ne me paroïffoit pas admiflible, puif- que la communication de la chaleur , quoique fucceflive , n2 devoir pas exiger un fi long efpace de tems; la feconde qui fuppofoit une différence dans la chaleur du mercure contenu dans le vafe ou dans le thermometre, offroir une efpece de paradoxe, puifque les degrés de chaleur du thermometre , celui de l’air ambiant ou des autres Auides, font cenfés être les mêmes. Dans certe perplexité , j’eus recours à l'expérience pour difliper mes doutes, & c'eft la feule voie que le Phyficien doive reconnoître. Les thermometres remplis de mercure, ne peuvent fervir pour les expériences faites avec l'argent vif bouillant; j'ai cherché des liqueurs dans lefquelles le mercure du thermometre n'éprouvât pas fon degré d’ébullirion , quoiqu'elles fuffent elles-mêmes bouillantes. L'eau à été le premier fluide employée pour mes nouvelles épreuves. Un grand vafe de cuivre en fut rempli ; & dans fon milieu , fur placé un autre vafe du même métal, contenant ce même fluide, à la hauteur des deux tiers ; de forte que l'eau du plus grand vafe étant plus élevée que celle du petit, routes les parties d’eau contenues dans ce dernier , étoient environnées par celles É l’autre. Un feu très-actif fut pouifé fous cet appareil pendant plus d’une heure, l’eau du grand vafe bouillit avec violence, & celle du petit ne donna pas le moindre figne d’ébullition. Il ne m'éroit plus permis de douter que le degré de chaleur de l’eau bouillante, dans le grand vaifleau , ne für différent de celui de l’eau du petit vailfeau, puifque cette eau ne put parvenir au point de l’ébullition par la communication de la chaleur, il refloit donc à déterminer quelle évoit cetre différence ; le thermometre conftruit au mercure m’en four- nit les moyens. Le thermometre de M. de Lifle, plongé dans l’eau bouil- lante ; marquoit zero ou le cent cinquante-huitieme degré au-deffus de la congellation; (1) & la chaleur de l’eau du petit vaifleau , éprouvée avec (1) L'écheile de graduation du thermometre de M. de Lifle , dont M. Braun s’eft fervi , n'eft fans doute pas exacte. Voyez dans le Volume du mois d'Oftobre 1772, le tableau du thetmometre univerfel de comparaifon ; dans lequel on découvre , au pre= mier coup-d’œil , la concordance des dix-fept thermometres connus. NET SS } FE 2 LÀ BL RE Ÿ St ENG E RS SRE {ie RSS OBSERVATIONS MÉMOIRES SAAURUR LAPHYSLOUT, SUR: L'HISTOIRE.: NATURELLE ÉE. SURULESMARTIS ET MÉTIERS. —— — "ss — 7) P'H'YSEOU &. EXPÉRIENCES Er Pl UN e are N Es LsATINCGL UE IVE R S;, Sur la communication de la chaleur , par M. Braun, de l'Académie de Saint-Pétersbourg. Ce Mémoire préfente des expériences dont les réfaltats font en général peu connus; elles mertront nos Leéteurs fur la voie d’examiner de plus près des points de Phyfique ; leurs travaux ferviront peur-être un jour à établir une théorie complette , fondée fur des faits, pour expli- quer les progrès & la communication de la chaleur , objet dont on ne s’eft point encore affez occupé, Tome I, Pare, I. A £ t o s 2 BRUNE Pal SL ON UPIME ue 4 Tandis que je faifois, die M. Braun , les recherches les plus exaétes: fur les degrés de la chaleur du mercure bouillant , j'ai obfeivé que ce mème métal, contenu dans un vafe , bouilloit long-tems avant que: celui qui étroit renfermé dans un thermometre, éprouvât le premier degré d’ébullition. Je jugeai que l'incervalle qui fe trouve entre l’ébulli- tion de ces deux mercures féparés, étoit néceflaire, ou parce que la chaleur a befoin d’un certain efpace de tems pour fe communiquer , ou parce que le degré de chaleur du mercure dans le vafe & du mercure dans le thermometre , différent entr'eux non-feulement dès le commen- cement, mais encore pendant les progrès de l’ébullition, & ainfi de fuite. La premiere de ces deux caufes ne me paroilfoit pas admiflible, puif- que la communication de la chaleur , quoique fucceflive , ne devoit: pas exiger un fi long efpace de tems; la feconde qui fuppofoit une différence dans la chaleur du merçure contenu dans le vafe ou dans le thermometre, offroit une efpece de paradoxe, puifque les degrés de- chaleur du thermometre , celui de l'air ambiant ou des autres fluides, font cenfés être les mêmes. Dans cette perplexité , j’eus recours à l'expérience pour difiper mes doutes, & c'eft la feule voie que Île Phyfcien doive reconnoître. Les thermometres remplis de mercure, ne peuvent fervir pour les expériences faires avec l'argent vif bouillant; j'ai cherché des liqueurs dans lefquelles le mercure du thermometre n'éprouvât pas fon degré d’ébullition , quoiqu’elles fuffent elles-mêmes bouillantes. L'eau a été le premier fluide employée pour mes nouvelles ‘épreuves. Un grand vafe de cuivre en furrempli ; & dans fon milieu, fur placé un autre vafe du mème métal, contenant ce mème fluide, À la hauteur des deux tiers ; de forte que l’eau du plus grand vafe étant plus élevée que celle du perit, routes les parties d’eau contenues dans ce dernier , étoient environnées par celles de l'autre. Un feu très aétif fur poullé fous cet appareil pendant plus d'une heure, l’eau du grand vafe bouillir avec violence, & celle du petit ne donna pas le moindre figne d'ébullition. Il ne m'éroit plus permis de douter que le degré de chaleur de l'eau bouillante, dans le grand vaiffeau, ne für différent de celui de l’eau du petit vaiffeau , puifque cette eau ne put parvenir au point de l’ébulhrion par la communication de la chaleur, il reftoir donc à dérerminer quelle étoir cetre différence ; le thermometre conftruit au mercure m'en four- nit les moyens. Le thermomerre de M de Lifle, plongé dans l’eau bouil- lante, marquoit zero ou le cent cinquante-huitieme degré au-deflus de h congellation; (1) & la chaleur de l’eau du peut vailieau , éprouvée avec a © Pr (1) L'écheile de graduation du thermometre de M. de Life , dont M. Braun s'eft fervi , n'eft fans doute pas exacte. Voyez dans le Volume du mois d'Oftobre 1772, le tableau du thermometre univerfel de comparaifon , dans lequel.on découvre , au pr&- muer coup-d’æil , la concordance des dix-fept thermometres connus. PRE IOT ds Prob. PU. : Je mème thermometre, indiquoit neuf degrés de moins : cette diffé- rence fut conftamment la même ; elle n’augmenta ni ne diminua per.- dant tour le temps que dura l’ébullition de l’eau du grand vaiffeau. Cette expérience a été plufieurs fois répétée dans toutes les circonf- tances nécellaires pour conftater le fair , & les réfulrats en ont tou- jours été les mêmes. Pour cet effer, j'ai employé des vaifleaux de ver- te, de rerre , de fer, &c.; la diverlité des vaiffeaux ne produifit au- cun changement; mais au contraire, la différence étoit marquée quand j'opérois dans des vaifleaux fermés. Je la ferai connoître dans fa fuite de ce Mémoire. Je penfois que les expériences que je pourrois faire fur les autres flui- des, me fourniroient la mênie fingulariré dans leur réfulrat. J’ai com- mencé par l’efprit-de-vin le plus rectifié ; il a bouilli au trente-deuxieme degré de mon thermometre (1), tandis que femblable efprit-de-vin ren- fermé dans un petit cylindre de verre, n'eft jamais parvenu à l'état d’é- builition, quoiqu'il für plongé dans l’efprit de vin bouillant , contenu dans un vaiffeau de cuivre. La différence de chaleur qui s’eft trouvée entre l'un & l'autre, a été de quatre degrés. Aiïnfi l'efprit-de-vin très-rectifié, à préfenté les mêmes phénomenes que l’eau. La feule différence a été de quatre degrés. Si on excepre ces deux fluides, aucune autre liqueur n'a préfenté les mêmes phénomenes. L’efprit-de-vin de France , mais marchand , a communiqué fon ébullition après un petit intervalle , à celui qui étoit placé au milieu de lui; & la différence de chaleur de lun à l’autre évoit de douze degrés. Le meilleur efprit de-vin de Ruflie a produit le même phénomene; c'eft-à dire , qu'une portion de cer efprit-de-vin bouillant dans un vafe de cuivre , a fait bouillir une partie de la même liqueur renfermée dans un petit cylindre, & un autre renfermé dans un plus grand. La différence de chaleur de l’un & de l’autre éroit à-peu-près égale à celle de l’expérience précédente ; c’eft-à-dire , de treize degrés. L'ef- prit-de-vin de Ruflie produifit le même effet ;-mais la chaleur fut portée au quinzieme degré. Les mêmes eflais furent répérés fur les vins; les réfultats furent les nèmes; les vins bouillans faifoienc bouillir ceux qui éroient placés au milieu de leur fphere d'aétiviré, la variation de la chaleur fur de quatre à cinq degcés ; & dans le lait elle fue de fepr. Les huiles diftillées pré- fenterent les mêmes phénomenes & les mêmes réfulrats. L'huile de térébenthine commença à bouillir au cent vingt-cinquieme degré au-deflus de zéro , qui défigne le degré de l’eau bouillante , celui (x) Sile chermometre employé par M. Braun, ft celui de M. de Life, les rrenre- deuxiemes degrés de ce thermomerre correfpondent au cent foixante-treizieme degié de Fahrérheit, & à celui du quarre-vingt-huicieme de M. de Réaumur. A ij 4 PB ,R Y «8 -I -QO VW E. eui éroit contenu dans une petite bouteille, plongée dans le grand vaif- feau , commença a bouillir un peu après. L'huile de ferpolet bouillit au cent cinquantieme degré au deffus de zéro , fuivant mon thermometre {1)3 l’ébullition de l'huile de fuccin fut fixée à peu près au mème degré, & celle de l’huile de la petite bouteille < commença peu après. Le pétrole diftillé eft entré en ébullition au cinquanrieme degré au- defflus de zéro; & dans routes ces huiles, la chaleur a augmenté par la continvation de l’ébullition Leur conliftance & leur couleur changeoïent alors. 11 ne m’a pas été poflible de remarquer exactement la différence des degrés de chaleur des huiles contenues dans les grands ou dans les peus vaiffeaux , ni de fpécifier parfaitement la précipitation avec laquelle le mercure montoit dans le thermometre. Je crois cependant pouvoir fixer cerré différence entre quinze & vingt degrés (2). Il me refte à parler des épreuves faites dans les vaiffeaux fermés, Les phénomenes de la machine à papin montrent aflez que l’eau eft fufcep- ble d’un degré de chaleur beaucoup plus confierable dans les vaifleaux fermes. Il eft conftant que les méraux , tels que le plomb, l'erain, &ce fe fondent à la chaleur de eau bouillante, par le moyen d: cerre ma chine. Perfonne n'ignore que l’eau bouillante eft fufceprible d'un degré d2 chaleur , en raifen de la plus où moins forte preflon de l'achuwof- phere, & par conféquent l'élévation du mercure doit augmenter en mère temps. Jai pis une bouteille dans laquelle j'ai mis de l’eau jufqu'au tiers de fa capacité , & un thermomerre à mercure y a été plonge Un cylindre d: verre fur enfuite rempli d’eau & garni d'un femblabl thermemetre; à iervoit de pieces de comparaifon. La bouteille fur bouchée & lurée avec de la pâte de farine : ces deux vaiffeaux furent placés fur des chat- bons peu ardens L'eau contenue dans la bouteille commença bientôt après à bouilir : celle du cylindre, renfermée dans cette même boureilie ne c'onna encore aucun figne d’ébullirion , & le mercure de fon ther- mometie n'étoit pas monté au point qui l'indique ; il s’en falloit de deux (tr) ILauroirété à defirer que M. Braun eùt indiqué de quel thermometre il parle, quand 11 l'appelle I£ fien. On ne peur entendre les degrés 125 & 150 pour être ceux du thermomerre de M. de Lifle, puifque fuivant les principes de cer Auteur, le terme de Jeau bouillante commence à zéro , & que les nombres vonr en augmentant jufqu'à 150 , terme de la congellarion. Le degré 150 de M. de Lifle répond à zéro de M. de Réaumur; & celuide 125, au degré r8, où certainement l'huile quelconque ne fau- roit bouillir. Si au contraire il s'eft fervi du rhermometre de M. de la Hire, le degré 150 cortefpond au déevré 75 de M: de Réaumur , & le point 125 au degré 60 ; ce qui paro:t iflez probable. (2). Il feroit bien important d'avoir une dérermination fixe : nous efpérons.que ls Phyfciens s'en occuperont ; & nous les prions de communiquer leurs procédés & leurs. réfultats. RORAINENS IENQ: HSE s degrés. Pendant cet intervalle , [a chaleur de l’eau bouillante awemerntoir de plus en plus; le mercure de fon thermometre éroit déjà parvenu à vingt degrés au-deflus de zéro ; & il feroit fans contredit monté beau- coup, plus haut, fi les vapeurs ne s’éroient fait jour à travers le lur. Dans ce remps , l'eau contenue dans le cylindre qui étoit ouvert, com- mençÇa à bouillir : la même chofe eft arrivée à l’efprit-de-vin très-reétifié, Celui qai étroit contenu dans une bouteille lutée , a augnrenté de cha- leur pendant fon ébullition, & a fait bouillir une portion de la même liqueur contenue dans un petit cylindre placé dans la bouteille. Comme ces deux fluides font les feuls qui, à l’air libre, n’avoient pas pu com- muniquer leur ébullition , il feroit fuperfu de répérer les mêmes expé- riences fur les autres liqueuts , parce qu'il eft aife de prévoir le méme rapport dans le réfulrar. De ces phénomenes , pafons aux conféquences qu'on peut en tirer. On doit , autant qu’il eft pofble , remonter aux caufes pour trouver l'explication des effets, qui , dans cette circonftance , fe réduifent à deux points. 1°. Un fluide bouillant ne peut faire bouillir un autre Auide plongé dans le vaifleau qui le contient. 2°, Ün autre fluide produit un effet oppofé. L'eau & lefprit-de-vin crès-reétifié , éprouvés dans des vaif- feaux ouverts , font du premier genre; & toutes les autres liqueurs com- pofent le fecond. Comment peut-on rendre raifon de cette différence > La caufe de l’eau & de l’efprit très- retifié, confifte en ce que ces fluides retiennent conftamment , pendant leur ébullition , le même degré de chaleur. La différence qui eft entre l'eau bouillante & celle qui eft plongée dans le mème vaileau , étant de neuf degrés, il s’en- fuir que l’eau contenue dans le petit vafe, ne fauroir parvenir au degré réquis pour l'ébullition, ni par conféquent bouillir (1) à lair ouvert & dans un vaiffeau non fermé. La raifon du phénomene de Pefprit- de-vin très-reétifié eft la même. Cette liqueur , ainf que l'eau, retient pendant fon ébullition , le même degré de chaleur. Or, comme la différence de la chaleur de l’efprit-de vin bouillanr avec celle de celui qui ne boûr pas , eft conftimment de quatre degrés , il eft vifble que ce dernier ne fauroit parvenir au degré de chaleur nécellaire à fon ébul- lition. , C'eft par une raifon toute oppofée , que les mêmes Auides bouillenc dans des vaiffeaux fermés; ils contraétent alots un degré de chaleur beaucoup plus confidérable. Il n’eft donc pas furprenant qu'ils commu- niquent leur ébullition à ceux qu'ils environnenr. L’eaw, par exemple, peut alors être tellément échauffée par celle qui l’entoure , qu'elle par- - a . () Il refte toujours à expliquer pourquoi certe différence de neuf degrés exifte ; & pourquoi elle eft conftante dans ces deux fluides, & non pas dans les autres. 6 PNA EST NO IMEU IE vient au degré débullirion; ce qui s'applique également à l’efprit-de-vin très-rectifié. Les autres liquides que j'ai foumis aux mêmes expériences , ne fe fou- tiénnent pas au mème degré de chaleur pendant l'ébullition; mais plus celle-ci continue, plus l’autre augmente , parce que ces fluides font héré- rogenes, & que leur confiftance change finguliérement pendant ce temps. Telle eft la raifon pour laquelle ces liqueurs , en bouillant, fonc bouillir celles qui les environnent. Quoiqu'il y ait toujours une différence entre la chaleur du fluide environnant, & celle de celui qui eft environné ; & que certe différence foic plus ou moins grande , fuivant la diverfité du fluide ; cependant ce dernier peut acquérir , après un court inrervalle, le degré de chaleur requis pour fon ébullition, & doit bouillir en effer : par conféquent, on peut toujours prévoir & prédire les effers que pro- duiront divers fluides ; par exemple , fi les environnans feront bouillir ou non , les environnés. S'ils font hétérogenes , ils produiront le premier effet : fi, au contraire, ils font homogenes , & s'ils coniervent pendant leur ébullition le mème degré de chaleur, les Auides environnés ne parviendront jamais à l’ébullition. £ C'’eft donc un étrange paradoxe, que les fluides bouillans ne commu niquent pas à ceux qu'ils environnent leur propre degré de chaleur. On a toujours regardé comme une loi univerfelle , que la chaleur des fluides eft la même que celle des corps ambians. Le degré de chaleur indiqué par le thermomerre fufpendu à l'air, paffe pour être de même que celui de l'air ambiant. Il en eft de même des autres Auides dans lefquels on plonge le thermomerre ; & l’on croit communément que tous les corps expolés à l’air pendant un certain efpace de temps, fe mettent à la Li p. même température. Il paroît réfuiter de ce qui vient d’être dir, que c'eft mal à-propos qu'on regarde le degré de chaleur d’un fluide ou de tout autre corps en général, comme le mème de celui du corps environné. Par con- féquenc, les thermometres n’indiquent jamais le degré de chaleur de l'air ou de tout autre fluide dans lequel on le plonge. Ainfi le degré défigné indique un peu moins de chaleur. S1 cette différence eft con{- tante non-feulement dans les Auides bouillans , mais encore dans tous les autres degrés de température , entre le corps environnant & le corps environné , on peut & on doit même regarder comme une loi univerfelle que le corps environné a moins de chaleur que le corps gnvirosñnant, On ne fauroit inférer cette loi générale de ces expériences , à moins de vouloir conclure du particulier au général : c’eft pourquoi j'ai penfé que c'étoir aux expériences à dérerminer jufqu'à quel point elle pouvoic avoir lieu. J'ai enfin trouvé, après des eflais plufiours fois répétés , que cette loi n’eft pas univerfelle ; mais qu'elle fe borne aux phéno- CE Qt NE OT NC A 7 menes de l’ébullition. En «effec , l’eau tiede ou freide , ou bien dans tout autre degré de chaleur au-deflous de celui de l’ébullition , en eft une preuve. Quoiqu'il y eût d'abord quelque différence entre l’eau envi- ronnante & l'eau environnée , elles fe mirent cependant peu après à la même température. Îl eft vilible que le même effer doit avoir lieu pour tous les autres fluides. J'ai pris de l’eau tiede dont j'ai rempli un cylindre de verre ; j'ai introduit celui-ci dans un grand vafe plein d’eau froide, & fort peu de temps après j'ai trouvé le même degré de chaleur , foit dans Feau ambiante, foit dans l’eau environnée. Cette expérience a été diverlifiée en tout fens ; de maniere que le fluide environnant & environné , avoient au commencement, des degrés différens de chaleur ; mais dans peu de temps, l’un & l’autre fe trou- voient à la même température. Lorfque les fluides avoient différens degrés de chalear , il en réfultoir un degré mixte ; ou qui tenoit le milieu entre celui de l’un ou de l’au- tre, ou qui devenoit commun à tous les deux : par conféquent , Finé- galité de la communication de la chaleur du fluide contenant à celle du fluide contenu , paroït n’appartenir à ces fluides , que dans le temps de leur ébullition , & faire une exceprion à la regle générale. De plus , tous les autres corps qu’on laifle expolés pendant un temps fuffifant à l'air, ou plongés dans un autre fluide, acquierent parfairement le même degré de chaleur, parce que les parties ignées en mouvement, font abondantes dans le corps plus chaud , que dans l’autre ; elles palfent de celui-là dans celui-ci, jufqu’à ce qu’elles aient acquis un équilibre parfait. Il fuir de-là qu'on peut regarder les degrés de chaleur indiqués par un bon thermo- metre , comme femblables à ceux d2 Pair ambiant, ou du fluide dans lequel il eft plongé : cependant il faut donner le temps néceflaire, pour que la communication de la chaleur du fluide ambiant & du fluide envi- ronné puille avoir lieu , quand mème le uide environné feroit naturel lement plus froid , & qu'il faudroit que ce froid diminuar. On demandera avec raifon quelle eft la caufe de cette exception : pourquoi l'équilibre & l'égalité de la célérité ne peuvent & ne doivent- al$ pas s’érablir lors de l’ébullirion. Je penfe que la différence de la cha- leur du Auide environné par un fluide bouillant , d'avec celle de ce der- nier , vient de ce que le Huide bouillant eft contenu dans un vaifleau placé immédiatement fur les charbons ; ce qui peut & doit mème donner plus d'agitation , plus de développement à la mariere ignée. J'ai en effet re- marqué une petite différence dans le thermomerte plongé dans l’eau bouillante , lorfqu’il rouchoir le fond'du vafe , & quand il ne le couchoic pas. Plus la partie de la furface inférieure, touchée par le thermomerre, eft grande , plus aufi le degré de chäleur eft confidérable : fait qui peur être confirmé par pluñeurs expériences nouvelles. ai indiqué le motif qui m'a engagé à faire ces expériences defquelles: 8 DIET RTS ET AO NU CIRE j'ai cru pouvoir me regarder comme l'inventeur, & le premier qui ait obfervé ces phénomenes. Je ne connoiflois aucun Phyficien qui en eût fait mention, lorfque j'ai découvert , par hafard , que O/aus Borrichius avoit parlé d’un de ces phénomenes ; c’eft-à-dire , de celui de l’eau non bouillante, environnée d’eau bouillante. Cer Auteur a fait inférer dans les Mémoires de l’Académie de Copenhague: ,une Diferration intitulée : Aqua in medio aqua bullientis non cbulliens. J'évois fort curieux de lire certe differtation, pour juger en quoi je fuis d'accord ou je differe avec ce Savanr. Mes recherches ont été vaines , & je n'ai pu trouver cet ou- vrage, ni dans les Bibliocheques publiques , ni chez les Particuliers (1). Dans la derniere édition de la Chymie de Neuman, il eft légérement fait mention de ces phénomenes. C’eft ainf que plufieurs découverres anciennes font perdues pour le Public, & qu'on les préfente enfuité comme nouvelles. On accorde ordinairement la gloire de l'invention à celui qui, le pre- mier a publié une découverte, quoiqu’à bon droit tout autre puiffe la dif- puter & avoir réellement découvert la mème chofe ; & en même temps, je ne veux cependant pas ravir aux Phyficiens que je viens de citer ,l hon- neur dû à leur découverte. Je me conrente de dire que mon Mémoire renferme des détails & des expériences qui m’appartiennent réellement, & que mon travail n’eft pas abfolument inutile, TS (x) Le cas où s'eft trouvé M. Braun & tant d’autres, avant ou après lui, démontre jufqu’à l'évidence la néceflité d'un dépôt général pour les découvertes. Nous l'offrons aux Savans. Cer Ouvrage déjà répandu dans les plus grandes villes de l'Europe, conf- rarera leurs travaux. Si, par des raifons particulieres , ils ne veulent pas nous commu- niquer leurs diflertations , nous leur demandons au moins le fimple expofé du fair, le lat clair & précis de leurs expériences. On leur répond de la fidélité de la traduc- tion en quelque Langue qu'ils écrivent : cependant on les prie, fi, pour eux la chofe eft facile, d'écrire en Launouen François. 1 RÉF LE X 10 N°5 pe M BEAUMÉ, Apothicaire de Paris ; & Démonftrateur en Chymie , fur l'attrattion & la répulfion qui fe manifetent dans la cryflallifation des fels. | DRE , ou cet effer d’une puiffance par laquelle routes les par- ties , foit d’un même corps , foit de corps différent, tendent les unes vers les autres , n’eft plus conreftée aujourd'hui. Newton a démoniré les doix & les phénomenes de l’artraétion. Ce Philofophe a cru aufli recon- noitre PAR N SE IRINENONUVS E. 9 noître dans les corps naturels une faculté par laquelle ils fe repouflenc les uns vers. les autres. Newton, après avoir établi la force attractive de la matiere fur les obfervations & l’expérience , en conclud que, com- me en Algèbre, les grandeurs négatives commencent où les politives celfent ; de même dans la Phyfique , la force 1cpulfive doit commen- cer où la force attractive celle, Que ce principe foit vrai où non, comme Newton n'a pu démontrer [a répulfion avec la même évidence que l’artraétion , plufieurs Phyfciens ont penfé qu'ils devoient la rejeter. Cependant, on trouve beaucoup d'exemples de répulfon dans les corps. Si l’on jette les yeux fur les phénomenes de la cryftallifation des fels, on verra que la répulfion y joue, ainfi que l'attraction , un très grand rôle. M. Beaumé a conftaté , par plufieurs expériences , qu'à la faveu- de ces deux propriétés , on peur forcer un fel à fe cryftallifer à volonté dans un des côtés du vafe. Alors , il ne fe forme point de cryftaux dans les autres côtés de ce même vafe. Si on y en trouve de formés, ceci n'a dû s'opérer qu'à la faveur de quelques circonftances difficiles à prévoir, & qui dérangent un peu le fuccès de l'expérience. Nous allons rapporter celle que M. Beaumé a faire. Ce Chymifte a mis dans une cucurbite de verre, une difolution de fel de glauber au point de cryftallifarion , & il a placé à un -des côtés du vailleau une bouteille remplie du même fel de glauber. Il a remarqué que, quand rien d’étranger ne s'oppofe aux effets qui arrivent, le fel de glauber de la boureille, agit même au travers du verre, fur celui qui eft en diffblution ; il l’attire & l’eblige de fe cryftallifer de fon coté. Certe attraétion eft fi bien marquée, qu'il ne fe forme que peu ou point de cryftaux dans les côtés oppofés. Si au contraire on place , aû lieu d'une boureille de {el de glauber , une bouteille de fel de rartre, à un des côtés de la cucurbite , il y a pour lors répulfion; c’eft-i-dire , que les cryftaux de fel de glauber , qui fe forment dans la cucurbite par le refroidiffement de la liqueur, ne fe raffemblent plus du côté de la bouteille ; ils fe réuniffent au contraire dans la partie oppofée. M. Beaumé a fait les mêmes obfervations fur plufieurs autres fels; mais il n’a pu encore , faute de tems, reffembler un nombre fufifant d’expériences pour conftater tous les phénomenes fur lefquels cette découverte peut nous éclairer, & pour connoître quels font les fels qui ont la propriété de s’attirer, & quels font ceux qui ont celle de fe repouffer. Il y auroit fans doute une belle fuire d'expériences à faire fur cette matiere. Ces expériences nous conduiroient néceffairement à quelques découvertes intéreffantes pour la Chymie & pour la Phyfque ; elles répandroient beaucoup de lumieres fur l’attraétion en général , & pourroient être très-favorables au fyftème de la répulfñon. Elles nous apprendroient du moins à mieux connoicre la chéorie de la cryftallifation des fels. Au refte, l'expérience qui vient d'être rapportée , eft fuffifante pour faire voir que l'attraction & la répulfion fe manifeftent d’une maniere Tome 1, Part, I, B 10 ÿ PVAIS OS TION EUTIAEE fenfble dans la cryftallifarion des fels. Ces deux effets, qu'ils foient ou ne foient pas dépendans de la mème caufe, agiffent fur les fels, comme Faimant agit fur le fer au travers du papier, du bois & d’autres corps. Il n’eft pas mème nécelfaire que le vaiffeau qui tient la liqueur à cryf- tallifer, foir dans la plus grande proximité du fel qui doit attirer ou repoulfer les cryftaux prèts à fe former. Ces effets fe manifeftent très- bien, même lorfque les vaiffeaux font à un pied de diftance l’un de l'autre. Il eft affez vraifemblable que ces effets auroient lieu à une plus grande diftance; mais M. Beaumé n'a point fait les expériences nécelai- res pour dérerminer quelle eft la diftance où ces mêmes effets cefferoient de fe manifefter. EE mm memes eee | oo orme eee 7 O BASE MIROIR ET NO NINEES Lues par M. Lavoifier à l’Académie Royale des Sciences, Jur quelques circonflances de la cryftallifation des Sels. Uelqu’éloigné que foit un fait des idées reçues & accréditées , quel- qu contraire qu'il paroiffe aux loix de la Phylique , ce n’eft qu'avec la plus grande circonfpection qu'il ef permis de le nier; ce ne doit jamais être fur de fimples afferrions, & le Phyfcien ne doit entrer en lice pour le conrefter qu'autant qu'il elt muni , & comme environné de toutes parts d’un appareil d’inftramens & d'expériences. Cette même circonfpeétion qui doit porter les Phyficiens à fufpendre leur jugement lorfqu'il eft queftion de nier , devient plus importante encore, lorfqu'il eft queftion d'affirmer ; ce n’eft que d’après une fage critique qu'ils doivent admettre les découvertes nouvelles , & certe critique même doir être d'autant plus févere , que les faits nouveaux, qu'on préfenre, font plus difficiles à accorder avec des vérités qu’on regarde comme démontrees, Ces principes m'ont paru applicables à un article de l’Avant-Cou- reur, feuille 46, intitulé : Réflexions de M. Beaumé, Apothicaire de Paris & Démonftrateur en Chymie, fur l'attrattion & La répulfion qui fe manifeflent dans la Cryfallifation des fels. On y lit ce qui fuic : » Sion jette les yeux ; &c. jufqu'à ces mots : 47 eff vraifemblable que ces effets auroient lieu à une plus grande diflance.. Si ces faits étoient bien conftatés , s’il éroit prouvé, comme on Pannonce, qu'ils fuffent l'effet d’une puiffance qui fe fic fentir à plus d’un pied de diftance; la Phyfique & la Chymie n'offriroient point de phénomene auffi fingulier. Il m'a donc paru de la plus grande importance de répéter les expériences attribuées à M. Beaumé dans cet article, & je m'emprefle de rendre compte au Public du réfulrar que j'ai sbtenu. 11h40) : L'eiln AS ES MR OT LR - r J'ai fair diffoudre , dans fufhfante quaprité d’eau , Gx livres de fel'de glauber, & j'ai fait évaporer au point de cryftallifation. J'ai verfé la liqueur très-chaude dans des bocaux de verre de quatre pouces & demi de diametre, & plats par le fond. Il y avoit environ trois à quatre doigts de liqueur dans chacun. J'ai placé féparément ces bocaux fur de petites tables, & des guéridons féparés, éloignés au moins de trois pieds les uns des autres, & de tous corps environnans. J'ai enfuite placé fur cha- cun de ces guéridons , à côté du bocal dans lequel étoit la liqueur à BONE IR SD @ UR 1L . cryftallifer, & à deux ou trois pouces de diftance ; favoir, fur l'un un bocal contenant quatre livres de fel de glauber en cryftaux ; fur un fecond, un grand facon rempli d’alkali fixe concret ; fur un troifieme, un bocal contenant près de deux pintes d'alkali fixe en déliquefcence : enfin, fur un quarrieme, j'ai placé le bocal contenant la liqueur à cryftallifer , entre du fel de glauber cryftallifé , & de l’alkali fixe en déliquef- cence. J'avois en outre mis féparément, fur deux autres tables ou gué- ridons , deux bocaux de fel de glauber à cryftallifer feuls , afin qu'ils puffenc fervir de point de comparaifon , & j'avois pris la précaution d’ifoler l’un d'eux dans le fens que les Phyficiens l’entendent dans les expériences électriques. J'ai fermé foigneufement la chambre où tour cet appareil éroit difpofé, & je n’y fuis rentré que quatre à cinq heures après ; le fel de glauber s’écoic cryftallifé, pendane cet intervalle , dans chacun des bocaux ; mais dans tous, il eroit difpolé de la même manie- re, & la cryftallifation ne préfentoic que les différences accidentelles ordinaires ; c'eft-à-dire, que les cryftaux étoient très-également repar- tis dans le fond & fur les parois des vafes. J'ai répété cetre expérience un grand nombre de fois, & je l'ai variée en pouflant plus ou moins loin, le degré d’évapotarion, jamais” fé"n'ai apperçu que le fel de glau- ber en cryftaux & l'alkali fixe , placés à deux & trois pouces de diftance, même plus près , euffent eula moindre influence fur l'ordre & l'arrange- ment des cryftaux. | Ces premieres expériences m'ont conduit à d’autres , & leur réfultat a été, que toutes les fois qu'on garantifloit un des côtés du vafe du con- tac de l’air froid , autrement dir, toutes les fois qu’on appliquoit fur un de fes côtés, une matiere propre à retarder le refroidiffement , il en téfultoit conftamment que les cryftaux, au lieu de fe former uniformé- ment dans la liqueur, fe jettoient du côté où le refroidiffement éroit le plus prompt. C'eft ainfi qu’en environnant des bocaux de fable d’un côté, & les laiflant expofés de l’autre à l’action de l'air libre , je fuis parvenu à faire cryftälli£er tout le fel du côté oppofé au fable, mais cet effet n'a tien de merveilleux, il n'eft pas particulier au fable ; toure fubftance en produit un femblable ; & le fel de glauber lui-même en poudre, appliqué à un des côtés du vafe, tandis que l’autre demeure expofé à l'air, loin d’arti- rer les cryftaux, les oblige ; comme le fable & par la même raifon, à fe porter du côté oppofé, B ij F POIDP M) 70 UN Quelques concluantes que fuffent ces expériences, je n’ai pas cru devoir m'en contenter; & pour obtenir des réfultats plus frappans, j'ai cru devoir varier la même expérience de la maniere qui fuit. J'ai placé un bocal contenant de la diffolution de fel de glauber , au point de cryftallifation , dans un petit fceau de verre de capacité plus grande, & je l'ai environné d'un côté avec du fel de glauber tombé en eflorefcence; de l’autre, avec du fel de tartre, les cryftaux ne fe font pas portés pour cela d’un côté plus que de l’autre; mais en répérant cette expérience à plufeurs reprifes , j'ai obfervé que fi l’on entafloit un des deux fels plus que l’autre, on obligeroit le fel à fe cryftallifer au côté oppofé , en raifon de la plus grande mafle qu'on procureroit à la matiere qui rouchoit le bocal , & qui devenoit par-là plus propre à retarder le refroidiffement de la liqueur. Il fuit de ces expériences que, loin que du fel de glauber ou du fel de tartre agiffent à un pied de diftance fur les cryftaux de fel qui fe for- ment par le refroidiflement dans une diffolution de fel de glauber évaporée au point de cryftailifation , leur aétion au contraire paroît abfolument nulle , lors mème que ces fels touchent & environnent le bocal. Puifque la circonftance m’a donné occafion d’entretenir l'Académie de la cryftallifation des fels, je rapporterai ici un phénomene qui en dépend, & qui je crois , n’a pas encore été obfervé. ; J'ai fait évaporer une diffolution de fel de glauber jufqu’au premier degré de cryftallifarion , je lai mife à cryftallifer, en plaçant dedans un thermomerre à l’efprit-de-vin. Le thermometre eft defcendu infenfible- ment à mefure que la liqueur frapprochoit de la température de l’en- droit où fe faifoit l'opération ; mais lorfque les premieres molécules du fel ont commencé à fe former , le thermometre eft demeuré ftario- naire , quoique l’air environnant füc de plufieurs degrés plus froid que la liqueur; & lors même que les cryftaux ont commencé à fe former en abondance , le thermometre, au lieu de defcendre , eft remonté d’un degré , & il n’eft defcendn tout au plus que de ce qu'iléroir monté, juf- qu'à ce que la cryftallifation für entiérement achevée, alors il a repris infenfblement la température de l'air environnant. Cette expérience prouve que de même qu'il y a refroïdiffement lors de la diflolurion du fel de glauber dans l’eau, de même il y a chaleur dans le moment de la cryftallifation de ce fel ; & certe chaleur eft d'autant plus forte, que la cryftallifation eft plus rapide & plus abondante. Il eft aifé de fentir que certe circonftance combinée avec les caufes que j'ai indiquées pour obliger les fels à cryftallifer d'un côté d’un verre, plutôt que d’un autre, doit y apporter une infinité de modifi- cations : le mème fable en effer, qui, appliqué d’un côté du bocal retarde fon refroidiffement , peut retarder , aufli dans quelques circonftances de ce même côté, l’augmentarion de chaleur que prend la liqueur dans le moment de la cryftallifarion; alors le fable ; au lieu de repoufler en 12z MRC US u DO): ONUE: +9 apparence les ctyftaux , fembleroit au contraire les attirer. Àu refte, comme ces variétés rentrent dans les loix connues de la Phyfique, & qu’elles tiennent toutes à la même caufe ; il fera toujours facile au Phy- ficien de les expliquer. Il fuflira qu'il fe rappelle qu'elles dépendent du rapport de la chaleur de la liqueur à cryftallifer avec celle des corps envi- ronnans dans le tems que fe forment les cryftaux. (1) (x) Que doit-on conclure des expériences de MM. Beaumé & Lavoifier 2 elles fe conrredifent formellement; &le Phyfien ne peut prendre un parti qu'après les avoir répétées. M. Beaumé ne dit pas fi les fels attirés ou repouifés, l'ont été pendant l’éva- poration infenfible ; & M. Lavoifier emploie une diflolution de fel au point de cryftal- lifation, circonftance cependant qui exigeroit de nouvelles expériences, & dont les Phyfciens ne rarderont sûrement pas à s'occuper. CH ME. L'hBesl An Nr aR TS dE ÉorRiITE A L'AuTeEurR pe çcE REcUEIz;, Par M. Rouelle, Démonffrateur de Chymie au Jardin Royal des Plantes; fur la préfence del'alkali minéral tout formé dans les végétaux, & fur Le moyen de l'en retirer immédiatement fans le fecours de la combuftion & de l’incinération. MonstïTEUR; V'orre Ouvrage eft un dépôt dans lequel ceux qui s'occupent des Sciences, ont droit de prendre acte de leurs découvertes; c'eft ainfi que l’année derniere, vous l'avez annoncé au Public. A ce titre, je vous prie d’inférer l’article fuivant. Je ne chercherai pas à vous faire un compli- ment fur le choix des matériaux que vous raflemblez, fur la concifion avec laquelle vous les préfentez , je dirai feulement que cet Ouvrage manquoit à la Nation, & qu'il devient un livre de Bibliotheque auquel j'ai eu plufieurs fois recours. Les éloges que je lui donnerois , feroient au-deffous de ceux que le Public lui prodigue. Je faifis avec empreffement cette occalion pour vous prouver, @ Paris, le 9 Décembre 1774 14 #5 RCI MT Ten Ë On trouve dans le Recueil des Œuvres de M. Margraff (1), une obfervation de cet Auteur , qui l’a conduit naturellement à la découverte qu’il a rendue publique, fur da préfence de Palkali fixe végétal, tout formé dans les plantes. Ce Savant a fait voir en effet qu’il y avoit des moyens pour retirer ce fel des végétaux, & pour l’obtenir féparément indépendamment de ceux que procurent la combuftion. Cette décou- verre, qu'il a publiée le premier, lui fait, à jufte titre , le plus grand honneur. Le 14 Juin 1769, je lus un Mémoire à l’Académie Royale des Sciences fur le même fujer. Je puis affurer, avec confiance , que le fait m'étoit connu ; que la plus grande partie des expériences que j'y ai rap- portées , étoient faices plufeurs années , mème avant la publication de ce premier Mémoire de M. Margraff. Dès l’année 1748, j'avois com- muniqué ma découverte & mes expériences à M. Venel , Profeffeur royal à Montpellier; & quelques années après, j'en fis part à MM. Roux & d'Arcer, Médecins de la Faculté de Paris. Je ferois très-mortifié qu’on inférât malicieufement de ce que je dis que mon deflein eft de diminuer la gloire de ce grand Homme que je refpecte, & dont je lis Les favans écrits avec un véritable plaifir. Sa décou- verte eft à lui , & M. Maroraff a encore fur moi l'avantage toujours facteur de l’antériorité. Comme j'étois parvenu à ce même but , j’ofe le dire par une route plus fimple, c’eft-à-dire , par la combinaifon des acides minéraux avec la crème de tartre, je me trouvai tout d’un coup à portée de voir Le fait plus en grand, & d’appuyer la démonftration de la préfence de cer alkali dans les plantes, par un grand nombre d’expériences , telles qu’elles fonc détaillées dans mon premier Mémoire , & dans un fecond qui en eft en partie la fuite. L'un & l’autre ont été lus à l’Académie en 1770. C’eft d’après ces expériences que j'ai conclu, dans ces deux Mémoi- res, que L'ALKALI FIXE VEGETAL n'étoit pas , comme on le croyoit communément , l’ouvrage du feu ; que s’il s’en forme dans l’incinération des plantes , il n’y a jufqu’ici rien de démontré à ce fujer; & qui plus eft, c’eft que cet alkali fe décompofe aufli lui-même par la combuftion, J'ai rapporté entr'autre , à l'appui de cette affertion, une expérience qui , quoique fimple & fort connue, n’en eft pas moins concluante & fans replique. Parmi les Chymiftes, foit anciens foit modernes , plufieurs ont prétendu que l’alkali fixe étoit tout formé dans le Regne végétal ; ils n’ont donné cette aflertion que comme une conjeéture, & je ne fache pas qu'ils aient publié des faits concluans pour fervir de bafe à leur ER (x) Differtation XXV. Vol, IL, page 413, D'RTPELT mms té ! H Y MIE, x5 opinion. Glauber , il eft vrai, reconnoiffoit la préfence du nitte dans les végéraux; mais cet Aureur ne paroït pas avoir jamais porté fes vues plus loin; de forte, que M. Margraff & moi fommes les premiers qui avons fixé les idées , & donné des preuves directes & formelles de cetre vérité, F L'alkali fixe ordinaire n’eft pas le feul fel qui fe trouve ainfi tout formé dans le Regne végétal. J'étois perfuadé , depuis long-tems , que l’alkali fixe minéral, le fel de foude, la bafe du fel marin, éroit l'ou- vrage de la végétation, & devoir fe trouver rour formé dans les plantes qui le fourniflent ; de forte que , dans ce cas, il n'eft pas plus l'ouvrage de la combuftion de ces plantes, que l'aikali fixe végétal, dont nous avons déja parlé. Je viens enfin d’avoir occafion de faire, fur ces plantes , quelques expériences projertées depuis long-tems. La difficulté de me les procurer, m avoit contraint jufqu’à ce jour, de les différer. La premiere & la plus fimple de toutes ces expériences, confifte à faire macérer & digérer , à un degré inférieur , une certaine quantité de ces plantes avec l’eau aiguifée d’une très-petite quantité d’acide minéral quelconque. Filtrez , évaporez, & faites cryftallifer , vous obtiendrez un fel neutre, rel qu’il réfuleroit de la combinaifon du fel de foude avec celui des acides minéraux, que vous aurez employé. Ce moyen n’eft pas le feul; mais les bornes de votre Recueil ne me permettent pas d'entrer dans un plus grand détail. D’ailleurs, je me propofe de donner inceffamment une analyfe des foudes, je puis le dire ; plus exaéte & plus fuivie que celles qui ont été publiées jufqu’à ce jour. Mais fi l’alkali fixe minéral ou la bafe du fel marin exifte, ainf que l'alkali fixe ordinaire , cout formé dans les plantes , d’où on ne le retire communément que par incinération, 1l en faut conclure qu'il n’eft pas le produit de la combuftion ,| & qu'il ne doit pas mieux fon origine à cette opération que l’alkali fixe ordinaire, qui , par cette voie, éprouve au contraire une notable décompofition ; il a cela de commun avec tous les fels neutres qu’on trouve dans le Regne végétal , qui tous fe décom- pofent aufli en grande partie par la combuftion de la plante qui les a produits. Ce que je viens de dire de l'origine des deux alkalis, je l'annonce aufli non-feulement des fels neutres, mais encore des trois acides minéraux qu'on retrouve dans le Regne végétal. Des Chymiftes ont prétendu que quelques-uns de ces fels fe formoient dans les plantes avec leur accroillement; mais l'opinion de la plüpart eft, qu'ils font étrangers au Regne végétal, & qu'il les doit aux fucs de la terre, dont chaque plante fe nourrit. Je dis, au contraire, qu’ils y font eux-mêmes, comme tous les autres principes des végétaux, l'ouvrage de la végétation; enforte que la terre ou le fol n’en fournit immédiate- as 297! ù POS EARENTNES Rene DENT EN Av * x6 CRE PAMMRETAUEN ment aux plantes, de tout formé, que très-peu , ou plutôt point ‘du tout. Tels font les faits que je fuis en état de démontrer dès-à-préfent , non-feulement par des expériences qui me font particulieres ; mais encore par plufieurs autres qu’on trouve éparfes dans plufieurs Ouvrages imprimés, Il ne s’agifloit que de les réunir & d’en faire une jufte appli- cation. L'exemple de cet habile Démonftrateur confirme ce que nous avons dir dans Avis placé à la tête de ce Volume ; puiffe-t-il ; pour l'avantage des Sciences, être fuivi par ceux qui s’en occupeur! Nous nous préterons avec empreffement à leurs vues ; & nous leur prometrons la plus grande célérite, Nous ferons connoître dans les Volumes fuivans , les rapports fairs à l Aca- dérnie , de deux Mémoires dont parle M. Rouelle. NAONRUMVMEMEL ENS TIEUP ME IRUIMENNAEGNELS StoR Tr A OM TE DE MP ro BU IEBE A NICE. Here & Vallerius regardent la mine de plomb blanche comme une mine arfenicale. M. Sage foutient que le plomb y eft minéralifé par l’acide marin. Cronfted ne la regarde que comme du plomb dans un état de chaux. Cette diverfité d'opinion a fait naître à M. Laborie, ancien Démontftrateur de Chymie au Jardin des Apothicaires de Paris, le defir de favoir à quoi s’en tenir. La mine de plomb blanche , qu’il a foumife à fes elais, a été tirée de la mine dé Poulla-Ouen en Bretagne. Les cryftaux de cette mine font aflez gros , prifmariques, irréguliérement ftriés dans leur longueur, d’un blanc dé nacre, demi tranfparens. Cette mine donne par quintal quatre-vingt livres de plomb tenant un peu d’ar- gent. On trouve également de la mine de plomb blanche dans la mon- tagne de Pipet, faifant partie de la ville de Vienne en Dauphiné. Le minéral, expofé à un très-petit feu de charbon, fond avec la plus grande facilité ; la fonte de Poulla-Ouen à befoin d’être aidée par un flux. M. Laborie démontre que cette mine eft foluble dans tous les aci- des; que ces différentes diflolutions donnent des produits femblables à ceux qu'on obtiendroit du plomb ofdinaire s’il étoit foumis aux mêmes diffolurions ; enfin , que certe mine n’eft point minéralifée pas l’arfenic. Ces faits font entiérement oppofés à l’affertion d'Henkel & de Vallerius. L’Auteur pouffe plus loin fes recherches par lefquelles il prouve que la mine de plomb blanche n’eft point minéralifée par l’acide marin, & qu'elle n’en fournit aucun atome, tandis que M. Sage dir qu'il en a retiré près de Zo livres par quintal, M. Laborie At cd : PRERTENNTE CRAN M I E 17 M. Laborie a lu ; à l'Académie des Sciences de Paris, fa differtation fur la mine de plomb blanche; fa marche, fes procédés , fes expériences, leur réfultat , font, nous dit-on, conformes aux loix de la plus faine Chymie. Sur le rapport qui en a été fait à l’Académie par les Commiffai- res qu'elle avoit nommés , cette Compagnie voyant la contradiétion réelle qui fe trouve entre les affertions de M. Laborie & de M. Sage, l’un de fes Membres, a nommé toute la Clafle de Chymie, pour répéter les expériences de M. Laborie ,afin de favoir de quel côté fe trouvera la vérité. La prudence & la circonfpection , font l'appanage de cetre illuftre Compagnie. Comme cette conteftation intérefle les Chymuiltes, nous donnerons dans les Volumes fuivans un réfumé des divers fenti- mens; nous rapporterons les expériences fur lefquelles ils font fondés ; enfin, nous ferons connoître celui qui fera juftifié par le nouvel examen qui doit en décider, EXPERIENCES NOUVELLES, Sur la deftruëtion du Diamant dans les vaiffeaux fermés , par Meffieurs d’Arcet & Rouclle. (1) Veni, & vide, RuyscH. 1 que la difcuffion qui s’eit élevée au mois d’Avril dernier au fujet de mes expériences fur le diamant, & qui a fi fort occupé le Public pendant quelques mois, fe réduit à trois points principaux. 1°. Le diamant fe détruit-il dans les vailleaux fermés , comme je l'ai avancé d’après les expériences multipliées que j'ai faites dans mes boules de porcelaine ? (x) Il eft inutile de rapporter dans ce moment les expériences qui ont été faites antérieurement fur le diamant, quoique certaines paroiflent contreiire en quelque forte celles de MM. d'Arcet & Rouelle; nous nous contenterons d'indiquer , pour éviter des répéritions faftidieufes , qu'on trouvera dans les Volumes que nous avons publiés , l'hiftoire complette de routes les expériences faites fur cette fubitance fingu- liere, depuis l'Empereur François Premier, jufqu'à çe jour. Ceux qui defireront en avoir une idée précife, pourront confulter dans les Volumes de la premiere année ; c'eft-à-dire , depuis le mois de Juillet 1771 , jufqu'au même mois 1772, le Tome IV, Part. I, p- 1315 le Tome VI, Part. I, p. 93 & 105$ ; Tome VI, Part. Il, p. 1125 & dans les Volumes, depuis le mois de Juillec 1772, jufqu'en Janvier 1773, le’T. II, Parc. I, p. 65, 89 & p.224; ce qui forme la Collection la plus complette qui ait encore paru en ce genre. TomeZ, Part. I. G 18 CCE FA MNT NIGRES 2°. Sile diamant fe détruit dans les vaifleaux fermés , eft-ce une véritable décrépitation, un fimple écartement méchanique de fes par- ties, qui font féparées les unes des autres, & pouflées au loin par l’expanfion d’une caufe quelconque ; comme cela arrive lorfque les fels, le fel marin entr’autres, décrépitent au feu, ou, comme font les quartzs & certaines poteries, lorfqu’on les expofe à un feu fubit ? 3°. Enfin , le diamant fe conferve-t-il dans la poudre de charbon, comme on l’a conclu affirmativement d’après le procédé de M. Mail- lard, célebre Joaillier , & de la plüpart de mefieurs les Joailliers fes confreres ? Comme toute cette difcuflion n’eft venue que d’après ce que j'ai avancé dans mon dernier Mémoire , & que tour ce qu'on a écrit depuis à cefujet , a rendu la queflion plus embarraflée & plus obfcure , j'ai cru qu’il falloit d'abord répéter & retourner mes expé- riences avec foin & à tête repofée; c'elt ce que j'ai fait avec M. Rouelle, qui a bien voulu fe joindre à moi pour cet objer. Je demande feulement qu'on me permette de faire ici , avant tout, une réflexion bien importante d’abord pour la chofe en elle-même, & très-intéreflante aufli pour moi; c’eft qu'il feroit d’une extrème injuf- tice de juger des expériences que j'ai touisurs faites avec beaucoup de tems & de patience, à un feu qui cuit une porcelaine très-dure, à un feu de pluñeurs jours & quelquefois d'une femaine entiere , par d’autres expériences faites avec une étonnante précipitation , dans des vaifleaux mal fermés ou grofliérement lurés, & dans un feu de deux & trois heures, quelqu'intenfité qu’on lui ait donnée, avec quelqu'intelligence qu'on l'ait conduit : c'eft pourtant ce qui ef arrivé en public dans le fein même de l’Académie. IL eft à propos aufli de connoïtre les vaiffeaux dont nous nous fer- vons , & de quelle maniere nous les avons fermés. * Nous faifons des boules & des creufets de porcelaine, tels qu’ils.font repréfentés dans la planche r. qui fe trouve à la fin de ces obfervations; ces vaifleaux ont communément l’épaiffeur de deux ou trois lignes; leur diametre intérieur varie depuis la groffeur d'un pois jufqu'à un grand pouce, plus ou moins. Ils ne font percés que d’un trou dont le diametre eft depuis une ligne & demie jufqu'à quatre lignes tout au plus. Ce trou fe bouche exaétement avec une cheville aufli de porcelaine cuite, ufée dedans , précifément de la maniere qu'on bouche les flacons de cryftal. Ce manuel eft néceffaire, lorfqu’on veut travailler sûrement , pro- prement & avec facilité. Mais ce n’eft pas aflez d’avoir des creufets qui bouchent exaétement, il faut aufli des précautions pour les bien fceller, & pour ne pas laiffer dans l’intérieur , de l’air qui briferoit les vaiffeaux lorfqu’il entreroit en expanfion , ou feroit erreur dans l'expérience. Cr Æ Y\M nr. 15 Le moyen conffte à les chauffer affez fortement lorfqu'ils font chargés , afin de les boucher à chaud ; alors on frotte trés-légerement le bouchon d’une matiere vicreufe très fufble ; on l’arrère & on l’afflu- jertic extérieurement en l’enduifant d'une autre matiere , qui fond affez facilement, & réfifte enfuice au plus grand feu; quelquefois nous les fcellons à la lampe d’émailleur , ou fous une moufle au fourneau de coupelle. PREMIERE QuEesTiron. Le diamant fe détruic-il dans les vaiffeaux fermés , comme je l'ai avancé d’après les expériences multipliées que j'ai faites dans mes boules de porcelaine crue? C'’eft à de nouvelles expériences à répondre pour moi. 1. Trois petits diamans pefanc enfemble, un quart de grain, poids de marc, ontété enfermés de la maniere indiquée dans une petite boule de porcelaine bien cuite , du diametre dans l’intérieur d’une petite balle de piftolet; la boule a été mife quarante-cinq heures dans un fourneau où la porcelaine n’a pas bien cuit. Lorfque nous l'avons eaflée , nous avons d’abord reconnu nos trois diamans; ils étoient alors blancs, mats , & avoient l’air d’être décompofés; on diftinguoit par- fairemenc, fur-tout à la loupe, qu’ils étoient formés de lames appli- quées les unes fur les autres (1) , & dans un état abfolument différent de celui où nous les avions mis; cependant ils confervoient leur dureté premiere , & coupoient encore le verre aufli facilement qu'avant d’aller au feu; nous avons jugé à l'œil qu'ils avoient perdu la moitié de leur volume. 2. Nous avons remis ces trois diamans , avec un quatrieme aufli très-petit , qui avoit déja été au feu, dans une nouvelle boule de por- celaine bien cuite & parfaitement lutée ; elle a été fept heures au grand feu dans un fourneau à vent : nous l’avons enfuite caflée ; &, quoique l’intérieur füt blanc , néanmoins tous les diamans étoient noirs, & ne paroifloient pas avoir perdu grand chofe de leur poids. Nous rendrons compte ailleurs de cette fingularité dans la couleur; ce font les feuls que nous n’ayons pas pefés. 3. Nous avons enfermé un petit diamant pefant 9 trente-deuxieme de grain dans une boule de porcelaine, de la capacité dans l'intérieur d’une petite balle de piftoler; elle a été d’abord au mème feu que les précédentes , & depuis, encore fix fois vingt-quatre heures de plus; (1) Nous n'avons pas toujours trouvé la même difpofition dans l'arrangement des parties du diamant; quelquefois ce font des filets , fouvenc ce n'eft qu'un amas de petites parties fans ordre, Ci 20 CNT +, MO JTÈNRES la boule en eft fortie faine & entiere : nous l'avons caffée avec Le plus grand foin ; mais, quelque recherche que nous ayons faire , même avec la loupe , nous n'avons jamais pu découvrir le plus petit veftige de diamant. Un diamant peu brillant , très-brun, trouble en quelques endroits, & d’une vilaine eau , pefant deux grains , a été mis dans un creufer de porcelaine parfaitement bouché ; il a été près de quatre fois vingt- quatre heures au feu ; le creufet n’a rien fouffert, mais nous avons retrouvé le diamant terne , dépoli, & comme s’il eur été égrifé; ily a perdu un 32° de grain de fon poids. s- Nous l’avons renfermé de mème, & foumis au même feu dans un nouveau petit creufer de porcelaine bien cuite, & lutré avec grand foin : le creufet n’a peint fouffert; mais il n’en eft pas de même du diamant , il n’a confervé que fa forme & fa dureté : du refte, il eft noir, troué en plufieurs endroits; on y voit fur-tout deux cavernes ou grands trous, comme s’il eût été carié & vermoulu : il ne pefe plus qu'un grain 31 quatre-vingtieme, 6. Nous avons mis dans un fourneau à vent, & à onze heures de grand feu, un diamant du Brefil, pefant 23 trente-denxieme & un quatre-vingrieme de grain ; il éroit fcellé à la lampe d'Emailleur dans une boule de porcelaine cuite ; il a perdu à ce feu 2 quarre-vingtieme de grain de fon poids. Non-feulement une demie-once de gyps fond en cinq heures de rems à ce fourneau, mais encore la zéolite; nous en avons mis un peu en poudre dans un creufet de porcelaine au même feu que ce diamant ; elle a fair un verre d’émail. 7. Un diamant du Brefil, pefant $ huitieme de grain un peu fort, a éré enfermé dans une boule de porcelaine cuite , bouchée à l'ordi- maire & fcellée à la lampe d'Emailleur : cette boule a été huit jours au feu ; elle en eft fortie parfaitement faine , maisle diamant y a été détruit, enfoite qu'il n’en reftoit pas même de veftige. 8. Trois diamans du Brefil ont été mis dans une boule de porce- laine cuite, vernie en dedans , bien lutée & fcellée à la coupelle, avant d’aller au grand feu; ces trois petits diamans pefoient enfemble 3 hui- tieme de grain, moins un quatre-vingtieme foible; ils ont été huit fois vingt-quatre heures au feu : nous avons retrouvé la boule faine & entiere , les trois diamans éroient détruits; &, quelque foin que nous ayions apporté à les chercher , il nous a été impoflible d'en retrouver la moindre trace parmi les débris. 8. Un diamanr brillant, d’une belle eau & bien blanc, pefant un grain un trente-deuxieme, a été enfermé dans une grande boule de porce- laine fortement dégourdie, & dont le diametre étroit environ de cinq quarts de pouce en dedans ; nous l’avons placé dans le centre de la boule , au milieu de la corne-de-cerf en poudre lavée & calcinée, dons [NE AIN AN EN | 2t elle étoir remplie : cette boule a été mife d’abord au mième feu de por. celaine que le n° 1 , & a fubi enfuice fept heures de grand feu au fourneau à vent. Nous avons trouvé la corne-de-cerf déja fortement fritée dans la circonférence qui touchoit à la boule; le centre éroit encore en poudre; le diamant, que nous avons retrouvé au milieu ; avoit perdu fon poli ; il fembloir égrifé , & fes angles étoient ufés & comme vermoulus ; ce diamant a perdu à ces deux feux demi-grain & un trente-deuxieme. On croira pouvoir dire que le diamant n’a fouffert cette perte qu’au premier feu, parceque la boule, n'étant encore que dégourdie , aura donné lieu à cette deftruétion ; mais je fupplie le Leéteur d'aller juf- qu’au bout, & de ne pas précipiter fon jugement. 10. Nous avons remis ce diamant dans une boule femblable , mais parfaitement cuite , que nous avons remplie de boules de porcelaine cuites, & groffes comme du plomb à tirer; cette boule a été fept fois vingr quatre heures au feu ; elle en eft fortie entiere & bien bouchée, mais le diamant que nous avons retrouvé ne pefoit plus qu’un huitieme de grain; ces petites boules ont été mifes pour faire le plein. 11. Nous avons renfermé un diamant plat, & vinblement formé par des lames couchées les unes fur les autres dans une boule de por- celaine cuire &pleine de pierres à fufñl en poudre fine qu'on a auparavant fait rougir ; le diamant éroit placé dans le centre : cette boule a été fepr fois vingt-quatre heures au feu ; nous n’avons plus retrouvé de veftige de diamant , & la pierre à fufl n'a donné aucun figne de vitrifi- cation. 12. Nous avons refait la mème expérience au fourneau à vent, &, après onze heures de grand feu, le diamant , qui pefoit auparavant un grain moins 9 trente-deuxieme & 3 quatre-vingrieme , ne pefoit plus, après le feu, que 5 huirieme & un quatre-vingtieme de grain; le dia- mant y eft devenu un peu jaunâtre. 13. Nous avons placé deux boules de porcelaine, du diametre, en dedans , d'une petite balle de piftoler , à l'entrée de la cheminée du fourneau à vent & à feu nud. L’une de ces boules étoit feulemenc dégourdie , mais l’autre étôit cuire, & routes deux bien fcellées; cha- cune conrenoit un diamant; celui de la boule qui n’éroit que dégour- die, pefoit un grain moins $ trente-deuxieme & 2 quatre-vingtieme. Cerre boule n’a pas eu affez de feu pour cuire en vraie porcelaine ; le diamant à perdu 4 trente-deuxieme & un quatre-vingtieme de fon poids, & eft forti terne , comme s’il eüt été couvert d’une pelure d'oignon , mais très-blanc. 14. Celui qui éroit dans la boule cuite, pefoit 23 trente-deuxieme & un quatre vingtieme de grain : il a perdu à peu près un quatre- vingtieme. 15. Un diamant du Brefil , pefant 27 trente-deuxieme & 3 quatre- °2 CHAT YMOMNET ES . . Q LA L LA - vingtieme de grain, a été enfermé dans une boule de porcelaine crue, fuivant le premier procédé ; elle a été à un feu de trente-fix heures , qui a cuit la porcelaine; ce diamant n’y a perdu que la moitié de fon poids. 16. Un autre diamant du Brefil, du poids de demi-grain & un quarantieme de grain, a été enfermé de même dans une boule de porcelaine crue ; il a eu vingt-fix heures de feu; la boule étant caffée, nous avons reconnu le diamant, qui étoit terne, mais très-blanc, & fi petit, qu'on a négligé de le pefer. Il faut obferver que la boule avoit un peu poullé fur la jointure d’un côté , & qu’en cer endroit elle étoit moins compaéte que du côté oppofé. 17. Un diamant du Brefil , du poids de 15 rrente-deuxieme & un quatre-vingtieme de grain, a été bien enfermé dans un creufet de Heffe (1), bouché & luté avec le plus grand foin; nous lui avons fait fubir onze heures de grand feu au fourneau à vent; le creufet eft forti très-fain & bien entier; mais le digmant a perdu plus d'un quart de grain; c'eft-à-dire, la moitié de fon poids. 18. Un diamant du Brefil, pefant un grain , un huitieme moins un quatre-vingtieme, a été enfermé dans un creufet de pâte ce gazette fait exprès; ce creufer avoir déja été cuit au feu de porcelaine , & failoit feu avec le briquet : fes parois avoient quatre lignes d’épaif- feur ; il étoit bouché comme Îles autres. Après trente-fix heures de feu, nous l'avons caflé, mais’, quelque foin que nous y ayons apporté , nous n'avons jamais pu découvrir le moindre veftise du diamant. D'après ces expériences , faites avec beaucoup de foin & d'atten- tion , il eft aifé de fe décider fur la premiere queftion. Dans les huit premieres expériences, les diamans ont été enfermés feuls dans les boules de porcelaine cuites & bien fcellées ; il n’y en à qu'une feule, & c'eft la feconde où la perte ait été peu de chofe : dans routes les autres, les diamans ont fouffert des pertes plus ou moins con- fidérables ; 1l y en a trois où le diamant s’eft diflipé ou détruit tout entier, favoir dans les expériences 3, 7 & 3; & qu’on fafle attention que dans cette derniere entr’autres, la boule étroit vernie en dedans, & fcellée avec un verre tendre à la lampe d'Emailleur, Les diamans renfermés au milieu de la corne-de-cerf & de la pierre à fufil , ont , toutes chofes égales, perdu un peu plus que ceux qui étoient feuls; & , dans l'expérience 11, le diamant a tout-à-fait dif- paru; il en faut conclure que ces intermedes ont beau le défendre du (1) Il n'y a rien de fi incommode , rien de fi difficile à fermer que ces creufets ; nous dirons , en parlant des calcinations , ce que nous avons été forcés de faire pour ga venir à bout, CL HUE, M à 24. contadt , & l’éloignet des parois brülantes du vaifleau , ils ne peuvent cependant garantir le diamant de fa deftruction. Concluons donc que le diamant peut fe détruire & fe détruit en effet dans tous les vaiffeaux, quelqu’exaétement qu'ils foient fermés , depuis les creufets les plus poreux, jufqu’à ceux qui font faits d’une porcelaine très. dure, très-compacte, & amenée à fa parfaite cuiflon. SECONDE QuEesTion. Si le diamant fe détruit dans les vaiffeaux fermés , efl-ce par décré- pitation , eft-ce un fimple écartement mechanique de fes molécules, qui Jont féparées les unes des autres ; & pouffées au loin par l'expanfion d'une caufe quelconque, comme cela arrive lorfque les fels, & le fel marin, entr'autres ; décrépitent au feu , & comme font les quartys €: certaines pote- ries ; lorfqu’on les expofe à un feu fubir ? Nous en appellons encore à l'expérience ; elle va décider la queftion. Si le diamant fe volaille, s’il brûle, s’il fe détruit d’une maniere quelconque , il eft démontré , par ce que nous avons vu jufqu'’ici , que les vaifleaux, mêmes les plus compacts & les plus folides , font per- méables à fes principes, & qu'ils ne peuvent le garantir de fa décom- pofition; mais fi cette deltruétion n’eft qu'apparente , lice n’ell qu’une pure décrépitation , un fimple écartement de fes parties , il n’y a rien de plus aifé que de les retenir & de les retrouver. 19. Nous avons pris un creufet de porcelaine, muni de fon couver- cle à gorge rentrante, ufé & cuit fur le creufet mème. Au-deflus de fon bord nous avons percé quatre petits trous oppofés , ayant une direc- tion horizontale, & dont l'ouverture intérieure étoit tout au plus de trois quarts de ligne, afin de donner de l'air. Ce creufer a été placé fous une moufñle dans un fourneau de cou- pelle qui tire bien ; le creufer y a effuyé trois heures de bon feu ; il contenoit deux diamans du Brefil , du poids d’un grain & d’un huirieme de grain fort. Lorfque le creufet a été refroidi, nous n’avons plus trouvé de veftige de diamant : l’intérieur du creufer étoit fans tache, parfaitement blanc & fans un atôme de poufliere ; cependant un grain de poudre de diamant , prife chez le lapidaire, fait déja un volume fi confidérable, que la 200° partie de ce grain y eût été très-fenfble, A plus forte rai- fon , celle que le feu auroit divifée , étant plus ténue, autoit dù foifon- ner davantage. Dira-t on que le diamant s’imbibe dans la porcelaine? Mais , s'il s'y imbibe, 1l la pénetre & peut fe difliper. Il y à mieux , qu'on pefe le creufet avant l’opération, qu’on le repefe enfuice , & l’on faura à quoi s’en tenir. 24 CAVE 0 ORATENRNRES Cette derniere expérience eft fi fimple, fi facile, 6 immanquable ; que ce feroit abufer du rems que de la répéter. Que devient donc le dia- mant ? Voyons ce que l’expérience va nous apprendre. 2e. Nous avons placé au fond de la moufle du fourneau à coupelie , quatre petites écuelles de pâte de porcelaine , un peu inclinées en devant : afin de mieux voir & obferver , nous avons mis un diamant dans chacune des deux premieres , dans la troifieme de l'or, & de l'argent dans la quatrieme. DR Il s’agiffoic 1° d'obferver ce qui arrive au diamant, lorfqu'il s’éva- pore ou qu'il fe difipe; 2° de voir fi les diamans du Brefil préfentent ici, comme dans les vaifleaux fermés, les mêmes phénomenes que les diamans de l'Orient; 3° enfin de déterminer précifément le degré de feu auquel ie diamant commence à fe détruire. Nous avons obfervé que les diamans éroient déja refplendiflans, ou, pour mieux dire, embrâfés au moment & mème un peu auparavant que l'argent fin foit entré en fufñon; mais l'or a réfifté à ce degré de feu, & n’a pas fondu. Nous avons vu une véricable flamme ondulente, & qui léchoit mollement la furface du diamant : nous en avons retiré un à deux reprifes , afin de l’obferver de plus près. Ces diamans font du Brefil, comme je l'ai dir; S. A.S. Mar. le Duc de Chartres a eu la bonté de m’en confier un nombre aflez corifidéra- ble , qu'il a bien voulu demander à Lisbonne , & qu'il a fait venir exprès, pour les foumettre à des expériences. Ils fe détruifent, ou plurôr ils brülenc à l'air libre, & ils brülent dans les vailfeaux fermés, précifément de la mème maniere que les dia- mans qui viennent d'Orient. Leur dureté eft aufi la même; M. Carnay, Lapidaire de Paris , très-expérimenté, s’en eft affuré par des épreuves répétées; il en vient également de durs & de tendres des deux Indes, & il m'a affuré que les défaurs & Îles avantages leur font communs & réciproques. Ainfi, lorfque j'ai dit, page 105 , expérience 4, de mon troifieme Mémoire , que la pierre ou diamant qui a été fondu, étoit vraifem- blablement un diamant du Brefil ; jai vifiblement été induit en erreur , ainfi que le Lapidaire; je ne doute plus que cette pierre ne für un péridor. 11 eft à remarquer, au fujet de cette pierre finguliere , que le dia- mant ne fe trouve jufqu'ici dans les deux Indes, qu’à peu‘près au même. degré & à la même diftance de l'équateur ; c’eft-a-dire, jufqu'à environ dix huit degrés de chaque côté de la ligne, avec certe différence remar- quable pourtant, que, dans l'Orient, les mines connues font au nord de la ligne; & en Amérique, elles font au contraire, au midi. 21. Nous avons placé en mème rems dans une coupelle très-propre, un demi-grain de poudre de diamant ; à peine a-t-elle commencé à rouoir , qu’elle a brülé comme le diamant; il y avoit des endroits a elle RUE: QE M Mi I E x + 2$ elle fcintilloit & brilloic comme une étoile : cette combuftion va ici très vire ; nous en avons remis encore un peu avec la pointe du cou- teau , & tout a été confumé de mème en un inftant. Il ne refte fur la etire écuelle que quelqu’ordure légere qui peut fe trouver mêlée avec k poudre de diamant, mais dont le volume, lorfque la poudre eft pure, n’eft rien; nous n'avons point fenti d'émanation. La dix neuvieme expérience prouve démonftrativement que le dia- mant ne décrépite pas , & ne fe réduit point fimplement en pouflere ; il eft certain qu'il difparoït, de maniere qu'il n’y a pas de vailleau, même de porcelaine , qui puiffe Le retenir. Par la vingrieme & fur-tout par la vingt-unieme expérience , on voir ce qu'il devient : il paroît qu’il brüle effectivement. La premiere fois que je foumis le diamant fous la moufle , je vis cet éclat refplen- diffant que n’ont jamais les autres pierres , ni même les métaux fon- dus, comme nous venons de l’éprouver , en plaçant en même tems fous une moufle un diamant, un rubis , un faphir & une émerande, avec de l'argent & de l'or en fufon; mais je n’apperçus pas alors certe lumiere phofphorique que nous avons cru depuis obferver-chez M. Macquer. Le diamant qu'on y avoit mis en expérience étoit plus gros que celui que j’avois employé , & cela étoit un peu plus fenii- ble ; il en eft fait mention dans le procès - verbal , mais tout cela étroit encore aflez douteux. Enfin, M. Roux, Profeffeur de Chymie aux Ecoles de Médecine, & notre ami commun , eft le premier qui a bien déterminé certe com- buition. Le 23 Avril dernier, il mit en public, dans l’amphithéatre des Ecoles, deux diamans bien plus gros en expérience, & ayant voulu faire voir le progrès de cette évaporation à M. le Lieutenant général de Police qui avoit honoré la leçon de fa préfence , ainfi qu’à l’aflemblée des Auditeurs , qui étroit très - nombreufe, à peine eut-il ouvert la porte de la moufle, qu'il vit diftinétement une flamme; il annonça hautement à l’aflemblée que le diamant brüloic effeétivement, & 1l le fit remarquer à deux ou trois perfonnes qui fe trouvoient alors à côré du fourneau. Comment M. Mitouart, lorfqu’il fait mention d'un pareil phénomene obfervé chez lui, & qu'il rapporte à cetre occalion ce qu’on n’avoit encore qu'entrevu chez M. Macquer at-il pu oublier ce qui fut annancé décidément comme un fait, en plein amphichéa- tre, & lui préfent , .par M. Roux ? TROISIEME QuesTion. Enfin , le diamant fe conferve-t-il dans la poudre de charbon ; comme on l’a conclu affirmativement, d’après le procédé de M. Maillard, célebre Jouaillier ; & de la plépart de MM. fes confreres ? Nous ctoyons qu'on peur répondre négativement fur cette quef- TomelI, Pare, I. 26 CARAADINNMN TONER tion, & nous comptons avoir l'expérience pour nous. Il eft pourtant vrai que le charbon le défend jufqu’a un certain point, & que la deftruction du diamant eft ici plus lente, plus tardive qu'avec les autres interme- des, & fujette à plus de variations. 22. Nous avons mis un diamant du poids de 3 huitiemes de grain dans le centre d’une boule de porcelaine cuite , du diametre d'un grand pouce dans l’intérieur, & pleine de poudre de charbon ; elle aété quarante-cinq heures au feu dont nous avons parlé ; nous lui avons encore fait fubir fept heures de grand feu au fourneau à vent, ‘ Nous avons trouvé le diamant dans le milieu de la poudre de charbon ; il n’a prefque rien perdu de fon poli ; ileft devenu feule- ment un peulouche, mais, lorfqu’on le regardoit à la loupe, & mieux encore au microfcope , on ayoit bien qu'il commençoit à être atta- qué par le feu & à perdre de fa fubftance ; il y avoit même des facettes entieres qui étoient déja comme fi on aveit commencé à les égrifer ; mais la diminution dans le poids étoit infenfible. 23. Nous avons remis ce diamant dans une boule de porcelaine plus petite & pleine de poudre de charbon, au centre duquel on l'a placé ; il a fouffert huit fois vingt-quatre heures de feu ; lorfqu’on a retiré le creufet , il étoit entier & bien bouché; la poudre de char- bon n’avoit point fouffert , mais le diamant étoit vout noir : nous l'avons fait rougir légerement fous la moufle pour le blanchir , ce qui a été bientôt fait ; fon poli qui avoir à peine été altéré au premier feu, s'eft totalement détruit ici; il ne pefoit plus qu'un huitieme de grain; c’eft-à-dire , qu’il avoit perdu les deux tiers de fon poids ; il étoit blanchi, mais. terne & comme égrifé. Nous avons obfervé, dans ces deux dernieres expériences , que l'intérieur de la boule étoit enduit d'un beau vernis très-noir & très- luifant , qui avoit pénétré dans la porcelaine de l’épaiffeur d’une demi-ligne : le vernis noir paroît être toujours la preuve d’un grand feu ; car, lorfqu'il n’eft pas violent , à peine l’intérieur eftAl noirci. 24. Un diamant rofe du poids d’un huitieme de grain a été mis dans une petite boule de porcelaine, d'un petit diametre intérieur , pleine de poudre de charbon ; nous l'avons expofé deux fois au feu, en même tems que celui de l’expérience 22. La boule ayant été caf- fée, une partie du charbon avoit fair couverte fur l’intérieur -de la boule qui étoit enduit d’un beau vernis noir ; le diamant étroit aufli tout noir & chagriné : vu à la loupe , il paroifloit couvert de petits corps ronds comme des galles : cette enveloppe noire y croit for- tement attachée : on ne l’a pas pefé, parce qu'il éroit confidérablement diminué de volume & très - vifiblement altéré ; nous l'avons blanchi comme le précédent. 25. Un diamant rofe du poids de 13 trente- deuxiemes & 4 quatre- CUP EM LE Es 27 vingtiemes de grain , a été enfermé dans une boule de porcelaine lutée à la moufle : nous l'avons mife au fourneau à vent où elle à eu onze heures de feu; le charbon s’y eft confervé ; l’intérieur de la boule à été verni en noir , mais le diamant n’a rien fouffert : le diametre intérieur éroit de trois quarts de pouce. 26. Nous avons mis un diamant du Brefil , pefant un grain moins 7 vente deuxiemes dans une boule de porcelaine fimplement dégour- die, pleine de poudre de charbon : la boule a été lutée à l'ordinaire; le feu n’a duré que trente-fix heures, mais il a été très-violent : la boule n’a point fouffert; le charbon s’eft bien confervé, & le diamant y a perdu unhuitieme de fon poids. 27. Nous ayons mis au même feu & dans une boule de porcelaine cuite , pleine aufi de poudre de charbon , un diamant du poids d’un grain moins un huitieme & un quatre - vingtieme. Le creufer s’eft bien confervé, ainfi que la poudre de charbon; mais le diamant a perdu un trente-deuxieme & un quatre-vingtieme de fon poids. Comme cés deux diamans étoient du Brefil, qu'ils n’avoient pas été taillés, & qu'ils avoient cependant toujours un certain brillant, qu'ils confervoient encore comme cela leur arrive, même après l'épreuve du feu, nous avons cru , au premier coup-d'œil , qu'ils n’avoient rien perdu, & ce n’eft que la balance d’eflai qui nous à détrompés. 28. Nous avons mis trois diamans du Brefil dans une boule de por- celaine cuire, dont le diametre intérieur étoit d’une groffe balle ; les diamans pefoient un grain 7 trente-deuxiemes & un quatre-vingtieme. La boule à eré bouchée & fcellée avec foin au fourneau de cou- pelle; elle a été aux mèmes feux que celle du n° 8. Nous avons retrouvé la boule faine, entiere & bien bouchée ; la poudre de char- bon s’eft confervée , & ne s’eft pas même attachée aux parois de la boule ; de forte que, malgré ce long feu , il n’y a eu ici ni-enduit, ni vernis noir : aufli les diamans n’ont-ils rien fouffert, & fe font-ils retrouvés du même poids. Des fept expériences que nous venons de rapporter, il y en a dure favoir , n° 23, 24, 26 & 27, où les diamans ont fouf- ert des pertes plus ou moins grandes, mais toujours aflez confi- dérables. i Il eft vifible à la loupe & même à l'œil, maïs fur-tout au microf- cope, que le n° 22 commençoit aufli à s’altérer. Dans l'expérience vingt-quatre , le diamant n'a été au feu qu’onze heures dans le Ent à venc; & il faut obferver que le feu a été moins fort dans les trois dernieres heures, parce que le fupport du creufer & les briques du fourneau ayant commencé à couler, la grille s’eft trouvée prefque obf- truce. Enfin, dans la vingt-huitieme & derniere expérience , les trois D ij 28 CPE SA UM EME diamans n’ont rien fouffert , mais nous avons lieu de croire que le feu n'étoit pas affez fort , premiérement parceque l'intérieur de la boule n’a pas été attaqué par le charbon , & qu'il ne s’eft point fait ici de vernis noir, comme cela arrive ordinairement au grand feu. En fecond lieu , parce qu'ileftarrivé des accidens au fourneau , qui ont confidéra- blement dérangé l'expérience. Le vaiffeau où la boule étoit renfermée , a été enterré fous le débris. Il eft bon d’avertir avant d’aller plus loin , que nous nous fommes toujours fervie de charbon de bois blanc, & que nous avons eu grand foin de le faire rougir auparavant dans des vaifleaux fermés. Ceux qui font accoutumés à voir &à conduire de grands feux, favent combien il y a de variétés & de bizarreries étranges dans les réfultats des expériences qu’on foumet à l’aétion de ce terrible agent, ils favent combien il faut être en garde fur le parti qu'on prend d’après une expérience même politive ; à plus forte raifon lorfque les réfulrats qu'on obtient ne font que négatifs. Une potion plus ou moins élevée dans le fourneau , ou plus ou moins proche du courant de la flamme ; que dis-je, une place différente dans une même gazette , font fouvent que , de deux pieces de la même forme, l’une ne vaut rien, & l’autre eft de la plus grande beauté. ù | Nous croyons donc être en droit de conclure ici que le diamant qui eft effectivement plus défendu par la poudre de charbon que par les autres intermedes qu'on a employés , ne peut pas être abfolument garanti de l'action du feu , lorfqu’il eft poufflé avec une grande in- tenfité, & qu’il eft foutenu pendant un efpace de tems affez confidé- rable. Elt-ce le phlogiftique du charbon qui rend au diamant ce qu'il pour- roit perdre? Il femble qu'on feroit fondé à le croire, fur-tout main- tenant qu’on fait que la décompofition du diamant eft accompagnée d’une flamme qui confume, & que la matiere du feu entre vifiblement dans fa compolition. Mais pourquoi le charbon ne le défend-il pas tou- jours, & mème au plus grand feu? L'expérience 26 mérite ici la plus grande attention. Ne pourroit-on pas croire aufli que, comme la poudre de charbon eft une matiere tres-légere & très-fpongieufe , elle ne prend que très- d'ficilement un grand degré de chaleur , tandis que la corne-de-cerf & la pierre à fuñl en poudre en prennent davantage, à caufe de la foli- dité de leurs parties, & accélerent d’autant la deftructios du diamant renfermé dans leur fein ? Il eft donc bien prouvé que le diamant fe confume en brülant à l'air libre ; 1l l’eft encore qu'il fe décompofe & fe détruit tout entier dans les vailleaux fermés , & nous pouvons à coup sûr regarder comme cels , ceux dont nous avons donné les modeles. ! ON AM M 7 E 29 Les vaifleaux défendent aufli les diamans de l'action du feu, en raifon de leur épaifleur , & fur-rout de la denfiré & de la fineffe de la pâte dont ils font formés. Cela eft fi vrai, que , dans l’expérience dix- fept, un diamant renfermé dans un creufet de Helle , dont les parois font minces, a perdu, en onze heures de tems au fourneau à vent, plus de la moitié de fon poids ; tandis qu'un pareil diamant renfermé dansune petite boule de percelaine fort épaille, n’a perdu au même feu qu'un quatre-vingtieme de grain. De-là vient qu'il s’alcere & fe détruit bien plus facilement encore dans les creufets qui font faits d’une pâte grofliere , comme dans l'expérience dix-huic , que dans les vafes, je ne dis pas de porceläine cuite, mais même dans les vaiffeaux de pâte crue. Les expériences quinze & feize viennent à l'appui des deux qui font indiquées dans mon troifieme Mémoire , fous les n° 2 & ;, pag. 107 & 109. On y voit un diamant renfermé dans une boule crue, qui échappe deux fois à fon entiere deftruction , quoique le feu ait été au moins de quarante-deux heures chaque fois ; & la deftruction de cette pierre a dù s’y continuer, même lorfque la porcelaine avoit déja acquis fon entiere cuiffon. D'ailleurs, il faut obferver que la por- celaine à déja pris une dureté & une folidité extrèmes, & même infiniment fupérieures à celles de tous les creufets connus, long- tems avant d’avoir acquis ce degré de vicrification qui la conftitue porcelaine. De ce que le diamant fe détruit dans les boules de pâte crue, on a conclu que l'air athmofphérique y pénétroit, fur quoi fondé ? Quelle raifon folide empèche de croire que le diamant ne puifle fe détruire fans le concours de cet élément? &, s’il y pénetre, eft-ce avec les propriétés que nous lui connoiflons ? & fans fes propriétés peut-il concourir à cette deftruétion ? De ce que le charbon fe détruit aufi dans les boules crues , on a conclu que l'air les pénetre; fur quoi fondé encore ? Quelle expérience prouve que le concours de lait, de cet air qui nous environne , eft abfolument nécellaire à cette def- truétion ? Lorfque j'ai dit que les diamans étoient hermétiquement fermés dans mes boules, je n'ai pas prétendu que ces boules n’euflent pas des pores : quels font les” corps qui n’en ont point? Le verre même a les liens. Ceux qui ne font pas perméables à l'air, le font à l’eau, aux huiles, enfin à la lumiere & tous à la matiere du feu. Un vaifleau, quel qu’il foit, également fermé de toutes parts, & qui n’a aucune com- municarion directe avec l'athmofphere , qui a une denfité éoale, & n'eft en un mor perméable que par fes pores, peur ètre appellé à jufte titre, un vaif/eau hermétiquement fermé. Les diamans n'’éroient donc expofés dans les boules , ni à lation d’un air élaftique logé dans l’intérieur, puifqu'il n'y avoit pas de vui- 30 CMEAUE. M TRE: de, ni à l’action de l'air du dehors, puifqu’il n’y avoit pas d’ouver- ture fenfible par où fon courant y peut avoir accès, Le diamant s’y détruit comme dans les boules cuites ; c’eft-à-dire, par l’action & les courans de la matiere du feu; ces courans font d'autant moins libres, que les parois des vaifleaux font plus épaiffes , qu’elles font formées d’une matiere plus compaéte , & dont les parties font plus liées entr’elles, comme dans la porcelaine cuire comparée avec la pâte de porcelaine crue , & avec les autres creufets faits d’une pate encore plus grofliere. Les expériences deux & cinq nous offrent des diamans qui ont noirci dans les creufets fermés , tandis que l'intérieur du vaiffeau s’eft confervé crès-blanc. , Cette matiere étrangere eft fournie par le diamant même ; elle eft logée dans quelques petites crevaffes, ou coulée entre fes lames. Lorf- qu’elle vient à être mife à nud par le progrès du feu, elle brüle elle- même, & forme cette matiere charbonneufe qui s’attache à l'extérieur de la pierre & la noircit. Nous avons vu des diamans bruts & fales aller plufieurs fois au feu, & s’y détruire chaque fois davantage , fans perdre leur couleur ; mais, ayant été détruits jufqu’à l’endroit où la matiere colorante értrangeré éroit logée , ils devenoient purs alors , & fortoient du feu très- blanc, Cela rend raifon de la difficulté qu’il y a à blanchir les diamans, & des tentatives infruétueufes qu'on a faites de tour rems & qu'on fait encore tous les jours. Cela explique aufi pourquoi certains Arriftes ont eu le bonheur d’yréufir & d’en blanchir un par hafard. Il y a une attention à avoir lorfqu'on veut répéter ces expériences , c’eft de préférer toujours les diamans les plus petits à ceux qui font plus gros. Nous avons dit que les diamans fe défendoient du feu d’abord par leur poli, mais ils réfiftent aufli par leur mafle ; enforte que moins la maffe eft confidérable , plus leur furface eft éren- due, & plus ils prèrenr, roures chofes d’ailleurs égales, à l'action du feu, 6 Ona demandé fouvent dans le monde à quoi fervoient les expériences qu'on à faites fur le diamant ; & qu'importe, a-t-on dit, de favoir s’il fe détruit au feu ou non; nous répondrons à rien fi l’on veut : c’eft pourtant un fait phyfique très-fingulier, Mais ce que nous regardons comme une chofe plus importante, c’eft d’avoir appris qu’à peine il faut le degré de feu qui met largent fin en fufion, pour opérer la deftruétion du diamant. Il arrive quelque- fois dans les incendies des grandes maifons, qu'il fe fait des pertes plus ou moins confidérables de diamans; que de foupçons ne naïflent pas naturellement de l’opinion, où l’on étoit que le diamant étoit une pierre indeftruétible ; ou, filon veut, qu’elle ne fe détruit qu'au plus ONE UM UM ANIME 31 grand feu; on prendra dorénavant d’autres mefures ; onne s’abandon- nera pas néceflairement à des foupçons injurieux qui pourroient même être funeftes. Mais , avant de finir, qu'il nous foit permis de faire quelques réflexions fur tout ce qui s'elt pañlé , & fur le bruit qu'on à fait à l'Académie & dans le Public au fujet de mes expériences fur le diamant, Jettons un coup d'œil fur les expériences qu'on m'a op- pofées. 1° Dans la premiere expérience, 19 grains & $ huiriemes de dia- mans font foumis à la diftillation dans une cornue de grès garnie d'un récipient luté avec du lut gras. Après trois heures d’un feu très- violent dans un fourneau , dont on avoit plus d'une fois éprouvé leffer dans leffai des mines ; on retire les diamans de la cornue ; il n’en fort que feize grains ; on cafle la cornue, & on retrouve quelques petits diamans forrement adhérens au moyen de je ne fçais quel fable & quelle terre difpofés à la fufion. Les petits diamans rapprochés des autres , refont, pour ainf dire, le même poids du total : cependanr, ils étoient dépolis pour la plüpart, & couverts d’un enduit brunâtre ; & , comme ils avoient perdu deux grains & 22 trente-deuxiemes, on a conclu : : Donc le diamant n’eff pas véritablement volatil, comme on l'avoir conclu des expériences de M. d’Arcet ; mais il eft au contraire abfolument fixe dans les vaiffeaux fermés (1). 2° Deux diamans , du poids de dix grains , ont été mis dans un creufer de Hefle, couvert d’un autre creufet plus petit, renverfé dans le premier , dont on a fimplement /uté Les bords avec un peu d’argille ; on l'a mis à une forge dont le feu étoit animé par un fort foufllet; & , après deux heures d’un feu fi violent, que la plaque de fer de fonte de la forge a été fondue & a recouvert les creufets. . .... les diamans fe font con- fervés entiers; le feu les avoit feulement blanchis & dépolis ; ils reffem bloient à deux grainsdefel blanc mat, & on voyoir à leur fuperficie des bulles dont quelques-unes éroient crevées : ils avoient perdu près d’un feizieme de grain de leur poids. Donc le diamant n’eft pas véritablement volatil , comme on l’avoic conrlu des expériences de M. d'Arcet; mais il eff au contraire abfolument fixe dans les vaif[eaux fermes. 3° Douze katats de diamant ont encore été traités pendant deux heures au feu de forge animé par trois foufflets ; le couvercle à été percé & fcarifié. Malgré cet accident, on a retrouvé les diamans qui 22 (x) Extrait de la Séance publique de l’Académie, Gazette de France, du lundi 1x Mai 1772. \ Le L 32 CENT" DM 1 TAIRER éroient devenus noirs, mais qui n’avoient perdu en tout qu'un vingt- quatrieme. Donc le diamant n'eft pas véritablement volatil, comme on l'avoit concle des expériences de M. d’'Arcet ; mais il eff au contraire abfolument fixe dans les vaifleaux fermés. 4° Dans une autre expérience , on difpofe tellement une cornue de grès & un creufet, contenant chacun deux diamans d’onze grains, qu'on peur, à l’aide d'un tuyau de cuivre qui entre dans leur intérieur & qui eft luté avec de l'argile, y introduire un courant d’air avec un fouf- flet pendant l'opération, Cependant, la cornue eft chauffée vigoureu- fement dans un fourneau de réverbere , & le creufer à la forge , pen- dant deux heures; malgré cela, cette opération n’a pas de fuccès, tout ce courant d'air, bien loin d'accélérer , a au contraire rallenti l’éva- poration ; on croira bonnement que l'air introduit par le fouffler , refroidiffoit les vailleaux, mais non; c’eft l'air ambiant , dit l’Auteur , qui ; en s'échauffant, perdoic à chaque fois tour Le reffort , la force & l'aëtion que j'ofois en attendre. Le diamant, malgré cet appareil, refta opiniâtré- ment fixe & entier; il n’a prefque rien perdu; il n’eft pas même parti en éclats, malgré l’occafñon unique qu’il avoit de faire ici la plus bril- lante décrépiration. Donc le diamant n’eft pas véritablement volatil , comme on l’avoit conclu des expériences de M. d'Arcet ; mais il eff au contraire abfolument fixe dans les vaifleaux fermes. j 5” On remplit un réfervoir à pipe de poudre de charbon, dans le milieu de laquelle on place un diamant, du poids de deux grains ; on recouvre l'ouverture de cette pipe d'un rond de rôle luté avec du fable de Fondeur détrempé avec de l’eau falée ; on l’enferme ainfi difpofée dans deux creufets de Heffe abonchés l’un à l’autre, & lutés aufli avec du Sable de Fondeur , détrempé d’eau falée; le vour eft placé dans un creufer plus grand, de pâte de gazette , & envoyé à Sève pour y efluyer, pen- dant vingt-quatre heures, Æ plus grand feu connu. Après la fournée , on atrouvé les creufers de Hefle ; qui renfermoient la pipe très-endom- magée, le lut avoit fondu de toutes parts ; la pipe elle-même étoit dans un bain de matiere , qui avoit fondu fans la détruire ; le rond de tôle étoit fondu aufli, & avoit coulé dans la poudre de charbon, qui , d’ail- leurs s’étoit confervée; enfin, on a retrouvé le diamant chatonné , fans être adhérent , dans un affez gros morceau de fer fondu. Le diamant, qui , avant l'opération , pefoit deux grains & trois feiziemes , ne s’eft plus trouvé pefer qu’un grain & neuf feiziemes. - L R Cette perte a caufé bien de l'embarras à l’Auteur; mais enfin il a repris courage ,- & il a conclu: Donc M. d'Arcet n'a pas opéré dans des vaifleaux exaülement fer- ES 5 GCCe Telles Li \ CET M à E 33 Telles font les expériences qui ont été lues à l’Académie, & d’après lefquelles on ya conclu que je me fuis trompé; que mes boules crues font perméables à l'air, que l'eau qui en fort y laifle des pallages qui donnent au diamant la facilité de s’évaporer. Cependant mes boules étoient pleines; elles étoient enfermées & cuifoient dans des gazert:s lacées elles-mêmes dans un grand fourneau , & au milieu d’une flamme immenfe. On y a conclu enfin que le diamant, qui peut fe détruire à un feu très-médiocre , au moyen du contact de l'air , réfifte pourtant fans ce contact au feu le plus violent. N Nous ofons le dire, ces expériences font tellement faites, que, d'une quinzaine à peu près qui font rapportées dans la brochure, il n’y en a pas une que nous puiflions invoquer en notre faveur ; quoiqu'il y en ait au moins douze qui paroillent concluantes pour nous; & la raïon, c'eft qu'elles ont été faites dans des vailfeaux très-mal fermés. M. Macquer 2 aflifté à ces opérations; mais fes talens & fon expé- rience nous font connus ; il eft vifible qu'il n’a concouru à ce travail, ni pour le confeil, ni pour l'exécution, & A feroit injufte de lui en faire le reproche : pour avoir aflifté à une bataille perdue, on n’encourt pas le blâme de mauvais général. ; Nous ne voulons rien dire de l'appareil de M. Maillard; nous ref- pecterons toujours les procédés des artiftes , fur-rour lorfqu'ils rem- pliffent ; comme dans celui-ci, l'objet qu'ils fe font propofé; 1l s’agif- foit ici de garantir le diamant, & il faut convenir qu'il n'y a pas de meilleur moyen. ; k Mais que des Chymiftes qui prétendent donner le ton, adoptent cet appareil , qu'ils fcellent une pife avec une plaque de tôle; qu'ils la placent dans un creufer de Hefle, couvert d’un plus petit renverfé dans le premier ; qu’on lute & la pipe & les creufets avec un fable de Fondeur , détrempé avec une folution aline; qu’on répete ce manuel , qu’on s'y tienne fans y changer ; qu'on diftille dix-neuf grains de dia- mans dans une cornue de grès fale , mal-propre , & garnie d’un réci- pient de verre luté avec du lut gras; que , dégoûté du fourneau où fe faifoient ces opérations, on en envoie fur le champ chercher un autre fort loin; qu’arrivé précipitamment, rec mora , nec requies, on vuide foudain le fourneau brûlant & profcrit, pour charger le tout dans le fourneau élu; que tour cela fe fafle dans un après-midi, le2$ Avril dernier ; que ces expériences ainfi faites foient rédigées en trois jours, & deviennent la matiere d’un Mémoire à lire , & lu à la rentrée publique de l'Académie des Sciences , le 29 du même mois ; qu'on com- pare des feux de cetre durée , & ainfi conduits , avec un feu gradué & tranquille, qui cuit une porcelaine dure ; que, pour étaler de l'éru- dition, on tombe dans la même erreur où je fuis tombé; qu’on dife auffi que Boyle a évaporé le diamant, & qu'il avoit une opinion la- deffus , parce qu'il a parlé de fes émanations & de quelques-unes de Tome I, Partie I. F E . 34 Gr TA 10 a fes propriétés; qu'on prète gratuitement des opinions à l'Empereur 3 qu'on confonde ce Prince avec Cofme III, pere de Jean-Gafton de” Médicis, qui fit faire en 1694 & 1695 les expériences de Florence ; voilà ce que les Savans de l’Europe n’ont jamais entendu ,ce qu'ils ne croiront pas; & cependant , toutes les Gazettes , les Journaux publics atreftent le fair, & Parisenrier dira, je l'ai vu. Je me ferois interdit ces réflexions, fi tout ce travail n’eût pas reçu le feeau de l'authenticité dans une affemblée publique; la prééminence de l’Académie eft tellesen Europe, qu'ilnyani talens , ni travaux pat- ticuliers fur lefquels fon nom feul ne puiffe en impofer avec la plus grande autorité dans l'opinion publique. Mais je quitte la plume ; les égards qu’on doit toujoûrs à une Compagnie auffi célebre & auñi ref- pectable , m'empèchent d'aller plus loin. Nous donnerons dans peu quelques obfervations fur les phénome- nes que préfentent les différens chatboris traités dans les vaifleaux de porcelaine cuite, & dans ceux de pâte de porcelaine crue , exaétement fermés ; nous ferons voir que tous les vaifleaux cuits n’ont pas toujours l'avantage de les défendre de la décompofition. On trouve dans l’Avant-Coureur du lundi 4 Mai 1772 ; n° 18, ur article de M. Beaumé, dans lequel il explique avec fa facilité ordi- naire, la calcination des métaux & l’évaporation du diamant dans les boules de porcelaine crue ; il affure décidément que cela fe fait par Le moyen de l’eau qui fait fonction d'air ; & de l'acide vitriolique , toujours contenus dans les argiles : deux caufes puiffantes de ces calcinations > que M. d’Arcet , ajoute M. Beaumé, n’a pas feu découvrir. J'avoue ingénument que je nai découvert rien de femblable ; mais en atten- dant le fruit de mes recherches fur la préfence de cette caufe , nous annonçons, M. Rouelle & moi, une fuite d'expériences fur la calci- nation des métaux dans les vaiffeaux fermés & bien cuits, & nous difons qu'il n’yen a aucun, fi lon n’en excepte l'or, qui ne puifle y fubir cette altération, M E DE CINE, 33 aa) MÉDECINE. TMD ETS ROUE F'C'RATTE AS LA ULTE AR DEC EURE CIULE IL, par M. Haram , Maître en Pharmacie à Chartres ; dans laquelle il annonce les acides végétaux comme contrepoifon de la Ciguë. INNOELRN IS RIT DEURS, Je vous fais part d’une expérience fur les effets de la ciguë , & fur le remede qu’on doit employer dans les cas où une perfonne auroit mangé de cette plante. J'entends parler de la grande ciguë ou conium macula- tum. Lin. Sr. ou cicuta major. C B. P. Ce fur du dangereux breuvage fait avec le fuc de cette plante dont on fe fervit pour faire mourir publiquement le Philofophe Socrate , faut- femenc accufé par Anitus & Melicus , d'avoir mal parlé des dieux. On lit au mot cicur, dans le Diétionnaire Encyclopédique , que lorfque le Bourreau préfenta à Socrate la coupe empoifonnée , il avertit ce grand Homme de ne point parler, afin que le poifon qu'il lui don- noit opérât plus promprement. On ne voit pas comment les effets pou- voient être accélérés par le filence; mais que ce füc un fait ou un préjugé, le Bourreau n’agifloit ainf que par avarice , dans la crainte d’être obligé, fuivant la coutume , de fournir à fes dépends une nouvelle dofe de ce breuvage. Plutarque remarque dans la vie de Phocion , que comme tous fes amis eurent bu de la ciguë , & qu'il n’en reftoir plus qu'une dofe pour ce grand homme, l'Exécuteur dit qu’il n'en broyeroit pas davan- tage, fi on ne lui donnoit 12 drachmes, (à-peu-près o liv. 10 fols mon- noie de France. C’éroit le prix que chaque dofe coûtoit alors. Phocion voulant éviter tout retard, fit remettre cette fomme à l’Exécureur , Fe ei dit:il , il faut tout acherer dans Athenes , jufqu'à la mort. Laiffons les faits hiftoriques pour venir aux objets plus importans. - J'ai voulu m'affurer de la force de ce poifon ; pour cet effet , je retira le fuc de cette plante dans le mois de Juillet , rems auquel elle eft dans fa plus grande vigueur, J'en ai cueilli fur Les hauteurs , dans les endroits E ij 36 NÉDE D EC TONI 3 bas; enun mot, dans tous les lieux où elle croît, pour juger la diffé rente intenfité de fa force. Je girai une affez grande quantité de fuc & de la plus grande pureté. J'en fis avaler à un chat de groffeur ordinaire, une forte cuillerée, elle ne produifit aucun effet; il en prit une feconde quelque tems après , & fur le champ il parut un embarras vifble fur la région des reins de l'animal. J'atrendis un peu de rems. Enfuite l'ani- mal chanceloit & ne tomboir pas. Je lui fs encore avaler une troifieme cuillerée ; fur le champ l'animal fe fauva avec une vitelfe extrème , & je le perdis de vue. Entrant un quart d'heure après dans la cour où l’ex- érience avoir éré faire, je trouvai ce chat étendu {ans mouvement fur le feuil de la porte, fes patres éroient roides. Je lui fs avaler demi-gros de thériaque délayé dans deux fortes cuillerées de vin, ce qui ne pro- duifit aucun bon effet. Je remarquai que ce genre de poifon coaguloit les liqueurs , occafionnoit l’affaiflement des mufcles; enfin, qu’il devoic contenir un fel alkali ; d’où je conclus qu’au moyen d’un acide végétal, je pourrois réaflir à divifer les humeurs coagulées, à leur procurer leur cours ordinaire par l’afnité que l’acide & l’alkali unis enfemble, ont de former un fel neutre & de détruire l'alkalicité qui renoît ce chat dans une inaction générale , & comme dans un état léthargique.( 1) Je fis avaler à ce chat une grande cuillerée de fuc de citron récem- ment exprimé; à peine l'animal l’eutavalé, qu'il fe remit à l'inftant fur fes pattes, parut ne fentir aucune douleur, & rentra dans la maifon auffi tranquillement que s’il ne lui étoic rien arrivé. Certe épreuve a duré environ demie heure; & depuis ce tems, l’animal paroît jouir d’une bonne fanté. L'on voir par cette expérience que ce poifon n'a pas dérangé la cireu- lation du fang, puifque l'animal n'a pas perdu la vie , ce qui feroit peut- être arrivé fans le fecours prompt qui lui a été donné. Les effers du fuc de la ciguë paroïffent avoir beaucoup de rapport avee ceux de l'opium, puifqu’il condenfe & coagule les fluides de la même maniere. Je fuis, &c. | . oo (x) Sans chercher à difcuter avec M. Haram, le méchanifine de l’aétion des acides dans le cas de l’empoifonnement occafionné par la.ciguë, nous dirons feulement qu’on ne fauroit trop multiplier ces expériences, quoiqu'on fait déja que les acides font recommandés contre les effets des moffetes, des vapeurs du charbon , de l'ufage da nacnel. & nv'ils ont.été fouvent donnés avec le rie grand (ice. CE nr des Foûts MEMIBDINEM CT ENITE, 37 HOME MBUE: RS TE Ecrire A M. PorraAr , pe L'AcADemtE RovALe Des Sciencxs, Par M, Macorudan , Médecin à La. Jamaïque , fur linocularion 2 ? n du Pians, |. ! , MÉoiN ST EUR, . Jai fait pendant mon féjour à la Jamaïque quelques obfervations fur les maladies qui regnent dans ce pays. Celle au’on appelle le yans ou pians , eft des plus particulieres ; c'eft ce qui m'a engagé à la fuivre avec plus d'application. J'ai vu, en examinant de près , que cette mala- die étoit vraiment contagieufe ; & que lorfqu'une perfonne en avoir été attaquée completement , elle ne la reprenoit plus quoiqu'elle commu- niquat avec les autres perfonnes qui en étoient affectées. Cette confidé- ration m'a donné lieu de penfer qu’on pourroit inoculer çette maladie, comme l’on inocule la petite vérole. L'effet a répondu à mon attente. En effer, j'ai inoculé plufieurs Negres, qui , depuis ce jour n’y ont plus été fujets. Cette obfervation & celles fur l’inoculation de la petite véro- le , m'ont paru affez intéreffantes pour vous en faire part ; & vous pour- rez, fi vous le jugez à propos , les communiquer à l’Académie Royale des Sciences. Le Mémoire que je vous envoie vous inftruira mieux que je ne faurois le faire dans certe lertre. Je fuis, &c. Oëfervations faires à la Jamaïque, fur l’inoculation de la petite vérole des Nepres, vulgairement nommée pians. Le pians eft une maladie indigene, particuliere à la plüpart des natu- rels de Guinée, il eft rare qu'ils ne l’aient pas au'moins une fois dans leur vie. Cette maladie fe communique aifément, fur-tout fi l’on couche dans le même lit avec une perfonne qui en eft infectée. Du pus fortanr de deflus un corps pianifé, apporté par une mouche ou autrement fur quelque bleffure ou ulcère d’un homme fain, fafhit pour lui communi- quer cette maladie. Le tems de fa durée n’eft point certain. Le mal fe manifefte d’abord par de petites puitules qui s’accroiffent de jour en jour : lépiderme s’enfle; & lorfqu'il fe dilate , il en fort une efpece de protubérance-ou verruë blanche , qui produit un fangus confdérable ; 38 MEN D LE" IC ENINRRES il reffemble parfaitement à une mére. Cette mûre à la fin devient blan- che, ainf que le poil qui l’entoure. Lorfque la peau eft enlevée , on ap- perçoit une matiere puante, fous laquelle croit le fungus. Cette maladie refflemble d’abord à lagerite vérole, par la forme & la multiplicité des boutons qui font quelquefois en fi grand nombre, qu'ils tienwent les uns aux autres fans féparation. Lorfque le mal eft à fon période ; c’eft-à-dire, lorfque tout le venin morbifique eft forti du fang, les tumeurs font plus larges. Alors elles perdent la couleur rouge livide qu’elles avoient d’abord , elles deviennent blanchätres , puis tout- à-fait blanches. Ces, diverfes gradations fe fuccédent plus ou moins rapidement, fuivant l’âge , le fexe & la bonne ou mauvaife conititution des malades ; le traitement y influe aufli beaucoup. Quelques perfonnes guériffent après un an; d'autres à la feconde ou à la troifieme année, & quelques-unes beaucoup plus taid. . Pendant rour lé cours de la maladie, le fujet eft fans fievre , il a bon appétit, fes fonétions fe font bien; en un mor, il ne paroît pas la moindre altération dans fa fanté. Mais s'il néglige fa maladie, ou s’il ne la guérit qu'imparfaitement , il furvient à la fin un épuifement total de fes forces , une phrhifie, enfuite une hydropifié ou une lienterie qui fe termine d’une maniere fatale. Lorfque le pians a été communiqué par inoculation , de la maniere que j'ai expliquée ci-deffus , l’ulcère fur lequel a éré appliqué le venin éprouve un changement fubit. Ses bords deviennent livides , la chair fpongieufe, & Le pus qui en découle , eft une efpece de fang corrompu, peu chargé , mais d’une odeur infupportable. Autour de certe même plaie maillent une quantité de petites puftules, qui ,au bout de quinze jours, font de vrais boutons varioliques. Enfuire le mal fe répand, & fon expanfon fe fait fentir, principalement aux aiflelles, aux aînes & aux parties naturelles ; alors le malade éprouve des douleurs dans routes les jointures , il devient parefleux , inquiet & indolent. La tumeur diftille une liqueur purulenre, fouvent mème il en fort du fang , fur-tout fi cetre tumeur eft aux cuiffes , & fi le malade s’agite. Quelques individus font attaqués d’un vomiffent fuivi de la lienterie , dont j'ai parlé ci-deflus; alors leur érat demande les plus grands foins. La fituation de l’ulcère , par où le mal s’eft communiqué , donne lieu à plufñeurs fymptômes différens. Si l’ulcère eft placé fur le rarfe ou le meratarfe , le poifon s'infinue à travers les tendons & les articula- tions, & il détruit l’épiphife ; dans ces cas l’on eft fouvent obligé d'en venir, à l’'ampuration. Si au contraire l'ulcère fe trouve placé près de quelque gros vaiffeau fanguin, le virus le ronge , le corrode ; j'ai vu une hémorrhagie dangereufe en être la fuite. Il y a uñ autre inconvénient lorfque le virus vérolique féjourne fous la plante des pieds ; comme les Negres vont toujours pieds nuds , leur peau devient aufli dure que de la corne ; ce qui fait que le virus ne trouve aucune iflue. 0 ME DE CU NE. 39 Si le mal attaque un fujet foible & indolent , tous les fymprô, mes que je viens de décrire, paroiffent plus promptemenr, Les boutons varioliques font plus petits & en plus grand nombre, ils difparoïflent & reparoïflent facceflivement. Le malade perd fa couleur & fon appétit ; il devient cacochime ; il a des goûts bizarres ; il mange de laterre, du charbon, de la craie, &c., & fur-tout des cendres de tabac ; enfuite furvient une hydropifie & la mort. Tels font les effers de la maladie africaine fur les Negres, & à peu de chofe près fur les Blancs qui ont le malheur d’en être infeétés. On à adopté différens traitemens pour cette épidémie; mais il fem- ble que les Gens de l’Art fe foient peu fouciés d'en rechercher les reme- des , foir qu'effectivement ils craigniflent de fe gangrener eux mèmes , foit enfin qu'ils fuffent rebutés par l'infuffifance des traitemens employés jufqu’à ce jour. C’éroit la coutume dans l’Ifle, aufi-tôt que le pians commencoit à fe déclarer , de donner tous les matins aux malades une cuillerée de fleur de foufre , jufqu'à ce que les boutons euflent acquis leur matu- rité ; on avoit foin en même tems de les baigner une fois par jour dans l’eau froide. Alors fi l’état du malade réfiftoit à ce régime , on le renfermoit dans une chambre, & on lui adminiftroit l'aquila alba, jufqu'à ce qu'il furvint une falivation, que l’on n'interrompoit point pendant cinq à fix femaines ; enfuite on lui faifoit prendre pendant fix autres femaines les décoétions fudorifiques. Ce traitement réuflifloie quelquefois , mais il étoit plus fouvent fans effet. Quelques perfonnes s’en tiennent à l’ufage conftant de l'échiops minéral. Ce remede opere aflez bien, mais il faut du tems; & pendant le traitement , le malade doit être à la diete & faire peu d'exercice ; ce qui eft très-incommode pour les Maîtres. . Ce fut la méthode que je fuivis à mon arrivée à la Jamaï- que , ayant foin feulement de donner à mes malades une déco“tion de bois fudorifique , jufqu'à ce qu'il n’y eut plus de retour à craindre : mais les Propriétaires des Efclaves trouvoient ce remede trop lent, & il fallut chercher une méthode plus prompte. Je commençai par une dofe de jalap à laquelle j’ajoutai quelques grains de mercure doux , fuivant l’âge & le genre d’occupations du ma- lade. Ceci me fervoit pour débarrafler les premieres voies des vers qui ont coutume de s’y rencontrer; & par ce moyen , je les préparois à recevoir l'éleétuaire fuivant, que je faifois prendre tous les foirs en fe° mettant au lit. Prenez de la thériaque d'Edimbourg quatre onces. Fleurs de foufre , deux onces. Soufre doré d’antimoine , trois gros. Syrop d'orange, ce qu’il en faut pour faire un éleétuaire mol, = . 40 PRE MN VEN D) ME) NC. TN ENMNRE. J'avois grand foin que mon malade ne mangeît que des chofes faciles à digérer, & qu'il ne s’occupêt que de légers travaux, pourvu toutefois qu’il ne foufftit point des intempéries du rems. Je le renoïs à ce régime jufqu'à ce que les puftules devinffent larges, blanches, & qu’elles commencçallent à s’écaillet. Enfüite je ren- fermois le malade dans l'appartement le plus chaud & le plus com- mode que je pouvois trouver, & lui excitois une douce falivation par le moyen de quelques friétions mercurielles , lui donnant -pour toute noutriture une bouillie dé farine de froment ou de ris. Je continuois cette falivation jufqu’à ce que les puftules m'indiquaffent qu'il étoir tems de la ceffer, J'avois remarqué qu'il eft très-dangereux d’arrèter cette falivation tant que les ulcères continuoient à couler. Enfuite je prefcrivois à mon malade les décoétions fudorifiques, & un régime nourriffant, qui ne tardoit pas à lui rendre fes forces. Quelquefois les malades éroienc incommodes de charbons fous les pieds , à caufe que la matiere vérolique y féjournoit ; alors il falloit qu'il les baignär dans l’eau chaude, &'avec le biftouri je faifois une incifion aflez profonde, pour que le pus en fortit. Quelquefois j’érois obligé d’y appliquer un peu de fublimé corroff que j'y laiflois pendanc dix à douze heures, ayant attention que ce topique n’excédat pas la largeur du charbon ; après quoi j'y appliquois du bafilicum , jufqu'à ce que le pus en fortit ; & enfin je panfois cette plaie avec de la char- pie trempée dans une teinture de myrrhe jufqu’à ce qu’elle fut guérie.. Dans une lettre adreflée au Chevalier John Pimple , Médecin de la Princelle de Galles, par le célebre Baron Van Swieten, on recom- ‘imande fortement une folution de fublimé corroff, comme le meilleur fpécifique contre le mal vénérien. Les Chirurgiens de notre armée s’en font fervi utilement pendant la derniere guerre dans leurs hopi- taux. On effaya le mème remede pour la vérole des Negres ; mais à caufe de la chaleur du climac, il-fit beaucoup de mal, Je l'effayai par petites dofes ; je remarquai qu'il caufoit des dou- leurs violentes dans l’eftomae & les inteftins , accompagnées de nau- fées & de purgations. Il eft vrai que la maladie ne tardoit pas à difpa- roître, mais elle renaïfoit quelque tems après ; ce qui obligeoit de répéter encore le traiteinent , & fouvent il réduifoic le malade au point qu'il ne pouvoit plus fe rétablir. Je pourrois citer plus d’un exem- ple des abus de ce r:mede, Un Particulier qui m’avoit confié le foin de fon Habitation , infifta à ce que j'adminiftraile le fublimé à fix de fes Negres; je le fis malgré moi & avec répugnance, tant à caufe du danger de ce remede, que parce qu'il n'y avoit point de logement commode pour un pareil trai- tement. Deux de ces Efclayves éroient de jeunes Nevres vigoureux , dont les boutons véroliques étoient murs & prèts à s’écailler ; je leur don- x nai _ DPÉCRIND RE CE NN 2, at pai tous les matins pendant fix femaines une cuillerée de quinze grains de fublimé corrofif diffous dans une pinte d’efprit de rum ; après quoi ils buvoient environ une pinte de décoction fudorifique ; en fix femaines ils furent guéris. Deux Négrefles , eurent une fuppreflion de regles pen- dant les premiers progrès de la maladie ; elles prirent le remede l’efpace d’un mois , mais il les réduifit au point que je fus obligé de leur en faire abandonner l’ufage avant qu’elles fuffentguéries. Deux autres négrelles, fujettes à des maladies, éroient fingulierement affoiblies par la vérole , l’une éroit cacochime & l’autre avoit une anorexie. Leur maître voulut abfolument qu’elles priffent auffi le fublimé ; mais pour empêcher la violence de fes effets , j'y ajoutai deux onces de gom- me de gaïac; je leur en donnai demi-cuillerée le matin & autantle foir, fans pouvoir obtenir la guérifon. Il y avoit encore deux jeunes enfans attaqués de la même maladie; l'un avoit un ulcere à la jambe, & éroit fingulierement affoibli par les pertes qu'il faifoit par cette plaie ; l’autre fe plaignoit de douleurs dans l'eftomac & dans la poitrine , il avoit en outre , une forte inclination à manger de la craye ; il en avaloit en quantité quand on n’avoit pas foin de le veiller de près. Tous deux prirent la folution avec une addition de gomme & de chériaque pendant trois femaines , & je fus obligé de celler; celui-ci vomifloit continuellement, celui-là avoit une diarrhée qu'il fut impoflble d’arrèter , & qui le conduifit autombeau. Deux des Négrefles trainerent pendant fix mois , l’une mourut d’hydropifie, & l’autre de chifie; les deux autres femmes fe rérablirent par le changement d'air & à force de foins. Je pourrois citer encore de femblables malheurs arrivés dans mon voifinage par l’ufage du fublimé ; dans une feule habitation cette médecine fit périr trente Négres en deux ans. D'après ces expériences , je ne confentis plus à adminiftrer le mer- cure , à moins que je n'eufle les Négres entierement fous ma direétion dans un appartement chaud où on les nourriffoit avec de la farine , du ris, & avec de légers bouillons ; je leur défendois févérement toute nourriture falée ou affaifonnée avec le poivre de l’ifle dont ils font très- gourmands. De cette façon, j’en ai guéri plufieurs centaines, en procédant par petites dofes, en recommençant lorfque le mal reveñoit. La feconde attaque n’eft point confidérable , il vient peu de puftules aux aiffelles, aux aînes & aux parties, & elles ne réfiftent pas long-tems au remède ; mais je continuai l’ufage des décoctions plus long-tems qu’à l'ordinaire , juf- qu'à ce que la peau redevint douce & polie. -_ Senfbiement touché des ravages que faifoit cette maladie , je defirois fouvent trouver une méchode certaine à laquelle je pufle me fixer. Ayant avec fuccès prévenu les fymprômes les plus dangereux de la petire vérole en préparant le corps du malade & en l’inoculant , il me yint fouvent à l’efprit d’effayer la mème opération pour la vérole Afri- TomeI , Pare, I, ni #2 (1 MUR RUE "TC TANNE: 5 caine. Je commençai cette expérience fur un jeune Négre vigoureux qui men pria, &fur un enfant encore à la mamelle. Je faignai le jeune homme deux fois, & le purgeal avec du jalap & quatre grains de mercure ; après quoi je communiquai l'infeétion par le moyen d'un fil de coton imbibé de virus que j'appliquai far une petite inafñon que je fis fur le bras ; ce fil fut laifé far l’incifion pendant deux jours ; enfuie je panfai la plaie avec de la charpie féche & un bandage pour empècher qu'elle ne s’échauffât par le frottement du linge. Je l’en- courageai en lui promettant qu'il feroit exempt des mauvais fymptomes qui accompagnent cette maladie lorfqu'’elle eft naturelle. Il me crut , & efpéra qu'il feroit aufli heureux dans ce cas , qu'il l'avoit été avec la petire vérole que je lui avois inoculée deux ans auparavant. Le feizieme jour , j'appetçus plufieurs petits boutons autour del’inaifion, ilsaugmen- terent graduellement fous la forme de fungus vérolique. Auflitôt que j'eus remarqué qu’il étoit infecté, je lui fis prendre les pilules fuivan- tes , compoiées De Soufre doré d’antimoine. De Calomelas (1), de chacun un gros. De Gomme, ou Réfine de Gayac demi-once. De Baume de Copahu, une quantité fufhifante pour faire uné maffe qu’on divifoir en pilules de cinq grains. Le malade en prenoit chaque fois deux pilules en fe couchant; trois femaines après l’inoculation , les fungus étoient allez confidérables & ne paroiffoient pas devoir être très-nombreux. Il fe plaignoit beaucoup de douleurs dans les jointures , & de ne pouvoir dormir. Je me fervis pendant quelques jours d’une fomentation de plantes aromatiques avec une embrocation qui le fou- lagea beaucoup. Huit jours après, les douleurs revinrent; alors je le faignai, & me fervis encore de l’embrocation & d’une fomentation.J’or- donnois des pédiluves chaque Loir , & le forçai à fe fervir de fouliers ; lorfqu'il marchoit pendant le jour. Bientèc il parut de nouvelles puftu- les véroliques aux jambes & aux pieds. Ê En peu de rems les premieres devinrent confidérables , & il en forteit du faug fans le moindre frottement de fes habits, ce qui lui étoit fort incommode & l’empêchoit de fe mouvoir. Les puftules qu'il avoit aux parties naturelles, à l'anus & aux aînes croient très douloureufes. Comme nous penfons que le repos eft préjudiciable aux vérolés, je (x) Le Calomelas eft un mercure dulcifé, fablimé plus fouvent que le mercure doux, & moins de fois que la panacée, : F4 SET x'O NIARISE dont il s’agit, eft due aux eaux de la mer ou des marais où elles croif- fent, & que ces eaux fervent feulement à les perfectionner & à les éla- borer (1). Ce qui me confirme dans certe opinion eft que les huiles s’u- niffent à l’eau par l’intermede d’un fel alkali: or, ce mélange fe trouve tout fait dans les eaux de la mer ou des marais, lieu natal des Ziffus , des tremella, &c. fans qu'il foit befoin de recourir à ces idées, il fufhr pour 12 préfent d’avoir établi que ces plantes jouiflent toutes d’une qualité favonneufe. Leur odeur & leur faveur ex font la preuve. . Il y a une autre famille de plantes imparfaires, qui renferme les lichen, plantes fi analogues avec plufieurs fxcus, qu'il eft tès-difficile de les dif- tinguer ; par exemple, le Zichen rocella. Lan. Sr PL. p.1622, a relle- ment l'apparence d’an fucus , qu'on s’y méprendroit, fi on ne connoif- foit pas Le lieu où il croit; il en eft de mème de plufieurs autres qui poulfent des tubercules. Les Zichen font rampans, & leur fubitance ref- femble beaucoup à une matiere calcaire : on ciroir qu'ils font tout cou- verts de lepres; ils paroïffent avoir les parties de la fruét-ficarion déjà bien développées , de même que les parties de la génération des deux fexes. Le port de cette plante eft en général affez fingulier. Si on écerte de fon idée, lareffemblance qu'il y a entre les lichen & les fucus, on les diftinguera facilement. On n’a fait jufqu'à préfent aucune expérience fur les lichen ; & on ignore abfolument leurs vertus. Je ne fache pas non plus qu’on les ai foumis à aucune analyfe chymique (2). Je crois cependant appercevoir dans ces plantes une mariere âcre , faline , réfineufe fixe ;, enfin, un fel, une terre, & du phlogiftique intimément combinés enfemble. Il doit naturellement réfulrér de ce mêlange une vertu incifive ,, flimu- lance, échauffante & irritante ; par conféquent , elles peuvent être em- ployées utilement dans Îles maladies chroniques , les obfiruétions,. &c. Ce qui vient d’être dir n’eft point une fimple hypothefe, puif- qu'on recommandoir autrefois très-expreffément pour les obftructions du foie & de la velbe , le marchantia hemefpherica. Lin. Sr. Pr. ; le marchantia polymorpha dans la fievre hectique , les maladies cutanées 5 le marchantia conica dans les inflamimations , la jaunifle & toutes les maladies du foie. Ces vertus s'accordent avec les principes que j'ai écablis. Le lichen pulmonaire eft utilement employé dans la phchilie , les ulceres du poumon , dans les pertes de fang des femmes, dans l'hémophthifie , la dyffenterie & les vomiflemens bilieux. Ces vertus ne dépendent - elles pas d'un principe balfamique ? N'et- ce pas à ce principe qu'on doit autribuer la vertu du lichen d’Iflande pour réfou- me (1) Certe wpinion contredit la premiere. hs (2) On verra le contraire dans la Matierc médicale de M. Geoffroy , &c. INANPARN TN UE RM ENT PEN E, 53 dre les obftruétions, celles du lichen cocctfere contre les toux convul- fives ? . Des expériences réitérées , faites fur les autres efpeces de cette famille , démontreront qu'elles jouiffent des mêmes propriétés, puif- qu'elles contiennent les mêmes principes. C’eft aux expériences entre- prifes par M. Model à juftifier ce que j'avance ; cependant on doit tou- “jours avoir égatd à la qualité de l’efpece pour décider fon plus où moins d'activité , parce qu'il ne faut pas oublier , que telle ou telle efpe- ce , outre la versa qui eft commune à la famille entiere , peut en ou- tre en pofféder une autre, relativement à quelque principe différent qui entre dans fa compofition ; par exemple, on regarde le lichen ca- ninus , comme un fpécifique contre la rage (1); & le Zichen roccellus , comme la bafe d’une excellente teinture (2). D'où vient donc cette : rétine balfamique des lichen? 11 eft très-probable que les lichen implan- tés fur les écorces des arbres, leur doivent cette qualité. On fait que ces écorces contiennent une réfine fluide très-abondante , puifqu'elles en donnent fouvent par une feule incifion. Certe réfine pale donc des ar- bres dans le lichen , & fe conferve dans leurs vaiffeanx. On doit même regarder que les arbres les plus vieux font ceux qui font les plus char- gés de lichen , comme fi ces végétaux avoient befoin, pour croître & fe fourenir , d’une réfine accumulée (:). Il n'eft pas aufli aifé de décider d'où les lichen qui rampent fur les rochers, où qui furnagene les eaux , tirent leur réfine. Il nous fuffit de favoir qu'ils la contien- nent, jufqu à ce que nous ayons acquis des connoiffances plus étendues fur ce fujer. Je pale a@uellement aux moufles, genre de plantes très-naturel. Ces végétaux font prefque pendant toute l’année l’ornement de nos forêts & des prairies ombragées, Leurs feuilles font difpofées en faifceaux très épais; leurs tiges rampent fur la terre, fur les pierres plates & à larges (urfa- ces. Leur forme & leur port, (facies propria ) font fi particuliers, qu’on les diftingue fans peine au premier coup d'œil. Il eft temps de parler de leurs propriétés. Toutes les moufles ont une faveur auftere ; elles contiennent un acide joint à un principe terreux ; de-là vient leur qualité aftringente. Tels font les principes que l’analyfe chymique démontre dans les plan- ——.—.———— (1) Vertu plus que douteufe. (2) C'eft avec certe efpece qu'on prépare l’orceille , fi connue pour Les teintures. M. Bernard de Juflieu a démontré que plufeurs efpeces de lichen pouvoient être em- ployées au même ufage. (3) Ces phntes parafites font en plus grand nombre fur les vieux arbres, parce qu'elles ont eu plus de temps pour s'y accumuler ; & il leur a été plus facile de s'y #ulriplier par femences, 4 PNR OTAMTONTTERRLNE res; telles font les qualités que le goût feul fait appercevoir. Or, ces qualités une fois bien conftatées , on ne demandera plus à quoi fervent les moufles ? On doit obferver que ce principe auftere n’eft pas également fort dans toutes les efpeces de moufles ; il eft beaucoup plus fenfible dans les 6ryum, les Aypnum , les mnium ; il eft plus foible dans les polyrrics , quoique quelques-uns foient très-aufteres. Le /ycopodium felago eft un purgatif porte , tandis que la poufliere qu'il renferme eft aftringente. Les autres icopodes font plus ou moins toniques : c’eft pourquoi an les prefcrit dans les dyffenteries. Nous avouons cependant que certe famille exigeroit encore une fuite d’obfervations bien faites , pour avoir des idées plus exactes fur fes vertus. Je place les fougeres dans le quatrieme ordre : ces plantes fonte toutes les cryprogames les plus parfaites. Elles ont des racines très-vifi- bles & des feuilles bien diftinétes. La nature leur a accordé une vertu fruétifiante ; aufli , exemptes de routes qualités nuifbles , elles font univerfellement employées pour réfoudre les obftruétions , divifer , atténuer Jes humeurs; enfin , donner du ton aux vailfeaux relâchés. Perfonne n'ignore les propriétés des capillaires , des a/plenium , de la fcolopendre, &c., dans les maladies œdémateufes , l'hydropifie, la cachexie ; dans les affeétions hypocondriaques eu hiftériques qui en réfulrent. Ces efpeces de fougeres ne font pas les feules dont l’ufage foit falu- taire, je n’en connois aucune qui n'ait la mème efficacité. Elles n’ont pas toutes été foumifes à l’expérience ; mais leur faveur & leur analyfe chymique en général, prouvent affez ce que j’avance. Toutes celles qu'on a examinées , contiennent des parties gommeufes , mêlées avec des réfineufes ; & elles ont pour bafe un principe terreux; duquel, à l'aide de l’aimant , on retire quelques portions ferrugineufes. Par con- féquent, la vertu tonique doit être la principale , & elle eft plus ou moins forte, felon que ces principes font différemment combinés; elles font quelquefois fimplement réfolutives ou diurétiques , quelque- fois purgatives comme le polypode, & d’autres fois anthelminriques comme le polypode ou fougere male. La variété & l'efficacité de ces ver- tus dépendent de la différente combinaifon des principes. Aïnfi , on peut établir cette regle générale. Toutes les fougeres font fortifiantes à caufe de leur principe martial, & défobftruantes à caufe de leurs fels. Par con- féquent , le caractere botanique découvre cette faculté cachée. Toutes les plantes graminées forment un 6rdre naturel : vérité géné- ralement reconnue ; la conformité de leurs tiges, de leurs feuilles , de leurs fleurs ; de leurs femences & de leurs difpolitions , le démontre, Leurs femences font toutes tarineufes, compofées d'une partie muci- lagineufe & h&ileufe , d'où réfulte leur vertu nutritive & émollienre. NRA TANUIURILESA TAN ENTRE. cs Qui eft-ce quisne connoît pas la vertu nourriffante du froment ,de l'orge, du feigle, duriz, & des autres grains qui fervent de nourriture à tant de Peuples différens ? Qui n’admirera pas la merveilleufe fécondirétde la nature >? L'homme ne peur pas faire un pas fans qu’elle lui préfenre une nourriture affurée. J'avoue que l’ivraie fait une exception à cetre regle, qu'elle poflede une vertu narcotique ; cependant en fait que les troupeaux s’en nourriflent impunément fans qu'elle leur caufe la plus légere incommodité (#). Les feuilles des plantes graminées ont un caraétere favonneux ; elles fourniffent un excellent pâturage pour les bêtes de fomme , & font d’un ufage falutaire pour les perfonnes d’une complexion délicare , qui font dans le cas de faire ufage des médicamens favonneux. Il eft bon de favoir que ce principe favonneux eft très-doux ; par conféquent, fon efficacité left également. La racine de ces plantes contient plus de par- ties réfineufes, aufli leurs vertus font plus fenfibles. Telle eft la raifon pour laquelle elles aident plus puiffamment les fécrérions & les excré- tions, fur-tout celles des reins ; &, fuivant quelques Auteurs , elles dif- folvent ke calcul (2). Certaines plantes graminées ont encore de principes aromatiques ou ambroliarques , & dont l'odeur eft très-fuave. Le foin en eft la preuve. L'ivraie poffede certe qualité à un degré rrès-éminent. Les plantes légumineufes formeront le fixieme ordre. Je les unis aux plantes graminées, à caufe de l'analogie de leurs vertus. Les femences & leurs enveloppes ont les mêmes propriétés que les femences des gra- minées ; elles n’en different que par la plus grande quantité d'huile qu’elles contiennent; ce qui les rend plus nourriflantes ;. mais prifes immodérément , elles incommodent , caufent des vents, & plufieurs maux qui en dépendent. Tous les bleds ont la prérogative de fournir un aliment plus convenable au corps humain; mais les autres parties des plantes diadelphes ou légumineufes ont aufli des qualités différentes. Leurs feuilles, leurs racines & leurs fleurs contiennent des principes favonneux , gommeux & réfineux, plus où moins combinés ; & de la diverfité de leur modification dépend leur vertu dérergente, réfolurive , diurérique, & autres femblables. On en emploie déjà quelques-unes dans certe vue; & on peur y fuppléer par les autres avec le mème fuccès. On doit cependant avoir égard à l’activité de leurs principes ; par exemple, la vertu adouciffante & peétorante du fuc de reglifle , eft due à l'abondance de fon mucilage. Les liliacées forment le feptieme ordre; elles font unies avec les $ ———— (x) Cette obfervation eft trop générale, (2) C'eft encore une découverte à faire, 56 PTE SA TN ON TONRIRRE graminées par le moyen des joncs. Toutes ces plantes contiennent des {els , foir fixes, foir volarils; des parties gommeufes & réfineufes , mêlées avec des principes terreux; de-là leur vertu apéritive. Les lilia- cées nous fourniffent un exemple bien fenfible des différens degrés de vertus, réfultants de la différente combinaifon des principes. Quel- ques-unes contiennent une fi petite quantité de ces principes , & ils font tellement alliés enfemble , qu'ils nous fervent de nourriture ; tels font les oignons. D’autres contiennent plus de phlogiftique, d'où ré- fulre une odeur ftimulante & nauféabonde : vel eft l'ail, par exemple, ou bien une odeur forte comme dans la narcifle & la hyacinthe. Quel- ques-unes purgent doucement , & quelques autres font de puiffans matu- ratifs, comme le lys; & celles-ci fonc émériques , comme la fcille : enfin ,il y a plufieurs degrés & plufeurs vertus intermédiaires. Il fuffic d’avoir démontré que les qualicés générales s'accordent avec le caractere botanique. Les fcitaminées qui croiffent dans les pays très-chauds, font toutes aromatiques. Eiles contiennent un principe aromatique très-chaud, fou- vent réfidant dans les femences , & quelquefois dans les racines. Ce principe eft uni à une buile éthérée , d’où dépend leur volatilité ; & avec des parties rélineufes & rerreufes. Cette clafle comprend routes les plantes qu'Hypocrare nommoit irritantes : elles irritent en effet par la chaleur qui ranime les principes engourdis du fuc vital, à qui elles rendent fon activité, foit qu'on reçoive fimplement les vapeurs par la voix de l'odorat, foit qu’on prenne leur fubftance intérieure- ment; ces remedes doivent être employés avec la plus grande cir- confpection , crainte de mettre un poignard dans la main dun fu- rieux. * Ces plantes croiffent fous la Zone torride ; elles font par conféquent, pour ainfi dire, deftinées à des hommes accoutumés à la plus grande chaleur. Les habirans des pays froids ou tempérés , doivent s’abftenir de leur ufage. Ils ont chez eux des aromates préférables à ces plantes (1); & s'ils s’en fervent, ce doir être à petites.dofes , crainte qu'ils n'agif- fenc trop vivement. Toutes les ombelliferes font chaudes & fudoriñiques. Elles font compofées de parties huileufes , mêlées avec des parties gommeufes , (x) M. Gmelin eft très-prudent dans le confeil qu'il donne. Il eft certain que cha- que pays fournit les plantes néceffaires à nourrir fes habirans & à rétablir leur fanté. Souvent le grand mérite des plantes étrangeres n'eft dû qu'a l’imaginarion, qui fe per- fuade , que ce qui vient de loin doit l'emporter fur les productions du pays ; la sise cl une bonne mere qui a pourvu dans tous les climats à la confervation des ndividus, réfineufes Lu 11‘: LM ROSES s L IA TURN EC EI ILE. 7 réfinenfes & falines. Elles ont une vertu aromatique , qui n'agit pas feulement fur les premieres voies, mais qui atténue les humeurs ; de-là vient qu’elles font carminatives , alexipharmaques & fébrifuges ; elles font encore emménagogues , diaphorétiques & diurétiques. Il y en a de très-venimeules ; elles font des poifons ou des médicamens trop forts. Un fait conftant, eft que toutes les ombelliferes qui croilfenr naturellement dans les terreins aquatiques , font de vrais poifons; la ciguë , l'œnanthe , &c. en font la preuve. Toutes les plantes à feurs compofées , font falutaires. Les principes £avonneux & amers qu'elles contiennent, leur communiquent une propriété réfolurive & apéritive. Ces plantes fonc divifées en un grand nombre d’efpeces ; aufli, elles fourniffent une quantité conlidé- rable de remedes. L'expérience & l'ufage journalier ont prouvé leurs bons effets. Les plantes à fleurs compofées, arrêtent les progrès de la phthi- fie cachée, réfolvent les obitructions , expulfent la matiere pécante , ou l’afimilent ou la pouffent enfin dans les vaifleaux fecréroires. Je ne citerai point ici d’exemples douteux. J'invite les Médecins à foumettre à leurs expériences , les Aieracium , les picris, les /onchus , les leucan- chemes , les chryfanthemes ; les obelifcotheca , les doronic, les conyzes , & ils reconnoitront l’activiré de leurs vertus, vantées à fi jufte titre; de mème que celle du saraxacon ou piffe-en-lit, de la mille-feuille, de l'eupatoire. S'ils fe donnent la peine d'examiner toute cette famille , ils trouveront par-tout les mêmes propriétés. Mes expériences , l’ana- lyle chymique & l’analogie , déterminent ma certitude. Elles font toutes plus où moins réfolurives; les radiées agiffent plus doucement; les capitées , avec plus de force ; les corimbiferes ont une chaleur intrin- feque & particuliere; aufli leur vertu eft très-puiffante. Les plantes cucurbiracées ; qui compofent ma onzieme claffe, con- tiennent un mucilage rafraichiflant. Elles donnent leurs fruits préci- fément dans une faifon où le corps a le plus befoin de rafraichifle- ment ; ce qui indique les fecours qu’elles fourniflent. Leur ufage immodéré affoiblit, caufe des tranchées , des dévoiemens. On trouve dans le fein de cetre famille, la bryone , la pomme de merveille, qui contiennent le remede parfaitement développé pour ces maladies , & à un degré très-éminent. On peut obferver Ja mème propriété dans la plante feuillea cordi folia, & dans la coloquinte. Elles purgent vio- lemment & fariguent beaucoup les inteftins. On fait que l'extrait de concombre fauvage eft un draftique très-puillant & très-efficace dans l'hydropifie. Cette particularité paroït faire exprès pour indiquer quelles font les plantes dont nous devons faire nos délices, K celles qui peuvent nous fournir des purgatifs nouveaux dans leur efpece. Les orchis compofent ma douzieme clafle. Leur odeur puante annonce d2 loin leurs propriétés. Leurs racines ou plutor leurs bulbes, TomeI Pi + H 55 HO TS NT CNEMUNE contiennent un micilage nourrifflant & une huile échauffante , ce qui les rend propres à provoquer à l'amour. (1). Les parties nutritives réta- bliffentles forces épuifées; les huiles donnent du ton, du reffort, & excitent les defirs. Ces bulbes font donc très-uriles aux hommes foibles. & ufés, & je les ai vu faire des merveilles. En pareil cas , on leur recon- noît encore la propriété de fortifier l'utérus ; & de le difpofer à la con- ception. L’orchis à feuilles rachetées, n'eft pas le feul qui produife cet effer ; rous ceux d'Europe ont à-peu-près la même odeur. Quant aux erchis exotiques , il y a lieu de préfumer que leurs vertus font encore plus efficaces, puifque la vanille communique au chocolat toute la vertu cordiale de cer excellent remede. ” Les plantes coniferes ont entr’elles une exacte reffemblance dans leur port extérieur; elles contiennent toutes une réfine balfamique , qui fe mêle avec beaucoup de facilité au fang infeété d’un virus quel- conque, & fur-tout du virus vénérien ; de maniere qu’elles font pour ainfi dire le contraire des. orchis ;.elles augmentent la circulation & les fecrérions , & pouflent par conféquent par les urines , par les fueurs, la maffe qui vicie les‘umeurs. Ce qui eft confirmé par une fuite conftante d’obfervations. La réfine eft fi abondante dans ces. plantes , qu’elle tænfude fouvent par leur écorce, rémoin celle qui découle du meleze, &c. cette réfine fe trouve dans toutes ces plan- tes : dans quelques-unes , fon activité eft fi forte , qu’elle peut pro- duire l'avortement; par exemple , dans la fabine : il faut donc la plus grande circonfpection & toute la prudence d’un Médecin pour en prefcrire l’ufage. On regarde l'if comme un poifon , quoique fa réfine differe peu de celle du genevrier. Les noix de cyprès, quoi- qu'aftringentes , contiennent une réfine à-peu-près douce des mêmes vertus. Les plantes à fleurs amentacées font aftringentes. Elles renfermenr. toutes des. principes falins , aufteres & gommeux , alliés avec une terre martiale, dont on démontre l’exiftence par Le moyen de l'ai- (x) La reffemblance des bulbes avec destefticules d& chien a fait imaginer qu’elles pourroient être utiles dans les cas que M. Gmelin ist Ce que Paracelfe, Théo: phrafte, Gallien , & fur tour après lui, Crollius dans fon Traité de Signatura Plan- tarum , avancent fur les vertus de ces plantes , ne fauroit accréditer des fables, dont- l'illufon difparoît au flambeau de l'expérience. Le meilleur parti qu'on puiffe tirer des bulbes d’orchis, eft pour la préparation du falep, remede très-adouciffant , qui-réprime l'acrimonie de la-:lymphe, & quieft prefcrir, avec fuccès, dans les maladies de poi- trine, la phthifie , & les dyflenteries bilieufes. Voyez le Volume de Juiller 1777, Part. I, p. 140, où j'ai parlé de la maniere & de la facilité de le piéparer en. France, NANAPIETDENUN PRISES Al LIRE. so mant. (1) J'appelle plantes amenracées celles dont les fleurs font renfer- imées dans un même calice commun , inégal, & fait en forme de gou- tiere , & qui font par des liens diftinéts. L'écorce du platane eft aftrin- gente; & au contraire, c'efl dans la racine du contrahierva ; que réfide certe qualité , qui fubfifte aufli dans les feuilles & la moëlle de l’amboiba ou cebropia. Lin. Sp. PL. Les Negres s’en fervent pour guérir leurs plaies & leurs blefures. L'écorce dæhètre la poflede également. Cette écorce a produit d’aufli bons effets que le Quinquina dans les fievres intermitten- res. Le fruit & l'écorce du chätaignier , ont la mème propriété; c’eft pourquoi, on les prefcrit avec fuccès dans les diarrhées & le flux de fang ; les galles de l’aulne & du chène ant une vertu femblable, ainfi que le fimarouba. Sans vouloir cirer.un plus grand nombre d'exemples, je finiraï par dire que les boutons de peupliers , que les feuilles de faule, font aftringens. Toutes les plantes malvacées font émollientes. Chacun reconnoît en “eux cerre qualité ; & elle eft portée à un fi haut degré, qu'il eft inurile d’en citer des exemples. Tous les folanum font vénéneux & narcotiques. Cela vient de la grande quantité de fels très - âcres , mêlés avec des parties fulfureu- ies , qui leur donne une propriété analogue à celle de l’opium. Le Jolanum à racine tubéreufe où pomme de terre, ne fait pas une excen- tion à cette régle. Ses racines fourniflenc , à la vérité, une nourri- ture faine & agréable; mais fes bayes font très-fufpectes, quoique leur activité, comme poifon, foi moindre que dans toutes les aurres efpe- ces de folanum ; on peut s’en convaincre & foumettre ces bayes à la fermentation, on en obtient une liqueur fpiritueufe , âcre & enyvrante dont l'odeur nauféabonde indique une plante d'une famille vénéneufe. Cependant, ces poifons peuvent être des remedes très - faluraires , adminittrés par des Médecins habiles. Je le répete , tout poifon n’eft autre chofe qu'un remede violent; par conféquent, tout remede n’eft qu'un poifon plus adouci. Je ne connois point de limites entre ces elpeces. Les plantes a/clepiadees qui forment la dix-feptieme famille, font une autre efpece de poifon ; compofé de principes falins très- -acres ; les uns fixes, & les autres volarils, mélés avec des parties réli- neufes. De ce nombre font toutes les plantes qui répandent, par les jncilions qu'on leur fait, un fuc corrofif, de couleur verte pour l’or- dinaire. On emploie cependant en Médecine la racine de l'hyrondi- naire comme un médicament diaphorérique ; mais fa vertu eft extrè- (1) Il n’y a aucune plante dont, (brülée & incinerée, ) on ne puifle féparer des portions ferrugineufes par le fecours.de l'aimanr. C'eft donc de la plus grande quan- zité que M. Gmelin a voulu parler. H ij 60 ANTON SAN TU IONNTER TE ‘ mement puillante; elle augmente prodigieufement le mouvement des humeurs, & on peut la regarder comme un alexipharmaque très- puifflant; fa qualité eft plus foible, mais plus virulente que celle de toutes les plantes de la mème famille. Les plantes o/éracées , qui ne différent pas de lefpece des amaran- tes, contre l'opinion de M. Adanfon , ont dans leur même famille des reffemblances & des différences que je n'ai pas toujours eu le bonheur de découvrir. Elles font mucilagineufes, nitreufes , huileu- fes ; aufli, on les ferc prefque toutes fur nos tables, Les poirés, les polygones en font un exemple; on les emploie encore comme reme- des émolliens , tempérans , digeftifs; ce qui a engagé à claffer parmi les plantes officinales , le botris, le bon-henri , l’arroche fauvage, la pariétaire , &c.; on peut leur fubftituer, dans les mêmes cas, toutes les autres plantes de la même famille. La vulvaire, ainfi appellée à caufe de fon odeur, palle pour aphrodifiaque. Les plantes afperifoliées ont les mêmes propriérés que les oléracées, fans en excepter une feule; elles contiennent peut-être plus de prin- cipes mucilagineux. La confoude & la pulmonaire, font peétorales ; l'afperugo , le lichofpermum , adouciflent l’acrimonie des humeurs; Clufius regarde les héliotropes comme fébrifuges; le cerinrhe où meli- net, a les mêmes vertus que la bourrache ; l’ono/ma échiaides amer eft regardé comme un fpécifique contre les vers plats , nommés tœnia. Les gentianes, & les plantes qui en approchent, par exemple, ke ménianthe & l’exacum , ont une faveur amere , & une odeur aroma- tique. Elles contiennent des principes martiaux, aëriens & falins ; elles ont une vertu fortifiante; & par cette feule propriété, elles don- nent du ton aux fibres relächées de l’eftomac & du canal inteftinal; elles corrigent les acides des premieres voies , guériffent les fievres & chaffent les vers. Les plantes anagales font analepriques , réparantes & excitantes; de-là vient que l’anagalis eft fpécifique dans la mélancolie ; de-là vient que le cortufa de mathiole, dont l'odeur eft douce & très-agréable , répand des exhalaifons très-fubriles , dont l’odeur approche de ceile qui s’exhale d’un rayon de miel, elles pénétrent jufqu'au cerveau & le for- ufent. Je n’en dirai pas davantage à ce fujet ; je me contenterai d’ajou- ter feulement deux exemples pris dans la famille des plantes /abiées & cruciformes ,. ou autrement à quatre pétales. Les plantes nommées vulgairement labiées ; font celles dont l'odeur eft la plus forte, la plus aromatique & la plus pénétranre. Cette odeur s’infinue & fortiñie finguliérement le genre nerveux. Certe vertu dépend des principes falins, huileux & volatils, contenus dans ces plantes, Elles abondent en matieres inflammables, qu'on nommera e/prir - reéleur ; peut. ètre ce principe eft:il diffécemment modifié dans les diverfes plantes ; la NAMAEOTH OT RUNE IL) DE. Gi vertu des pläntes de cette famille, fe manifefte & irrite l’organe de l'odorat, tantôt fous une forme , tantôt fous une autre. Il fufhir de favoir que le phlogiftique eft le principe des odeurs. Quoique ces plantes foient routes volatiles , cependant elles ont un certain degré de fixité, de maniere que leur odeur ne fe diflipe pas tout de fuite; mais elles agiffent fur les nerfs avec tant de çonti- nuitée, que l’impreflion qu’elles font fur eux , n'eft pas inftantanée ; ce qu'on doit attribuer à l'abondance des particules odorantes réduites à un crès-petir volume. Quelques-unes ont une odeur très forte; tels font la moldavique, le romarin, la marjolaine, la me!lifle , la men the, les fauges , les ferpolets, les matrubes , &c. Plufñeurs autres plantes de cet ordre, ont encore beaucoup d’odeur ; cependant , elle eft plus foible que celle des précédentes. De ce nombre font les reu- crium , la lavande, le marrube noir. Il y en a enfin dans lefquelles les principes odorans font fi foibles, qu’ils deviennent comme infenfibles. On le voit dans les phlomis, le galeopfis , la brunelle, &c. ce qui prouve très - évidemment que la même vertu domine dans certaines efpeces d'une mème famille, trèsforre & très manifeltée dans les unes, très-foible & prefqu'imperceptible dans les autres. IL eit peu néceflaire de défigner les vertus réfulranres du principe odoriférant des plantes. On fair qu'alors elles font routes fortifiantes , nervines , réfolutives , diaphorétiques , diurétiques, anthelmintiques , fébrifuges., anti-apcplectiques ; enfin, qu'elles font excellentes toutes les fois que le genre de maladie indique l'emploi des fubftances aromatiques &c échauffantes, Les plantes perfonnées auxquelles plufieurs Ecrivains ont attribué les mêmes qualités, me paroifent en avoir de très oppofées. Je com- prends dans cette famille, non feulement les perfonnées de M. Adan- fon; mais encore les verbénalacées, plafeurs chevre-feuilles. Toutes les plantes perfonnées contiennent des principes favonneux ; c’eft-à- dire , un fel uni avec une huile & le phlogiftique, auxquels des par- ties rérreufes fervent de bafe ; c’eft pour cela que ces plantes fon réfolutives , déterfives, diurétiques & fudorifiques ; elles font encore foiblement toniques; elles ont beaucoup d’analogie avec les plantes fyngenefes , dont les fleurs font difpofées en corymbe. Qui ne con- noît pas l’efficacité de la véronique dans les obftruétions ? qui ignore fa vertu pectorale & tonique? On fait que les verveines ont à-peu- près les mêmes propriétés; l’euphraife leur reffemble, mais elle eft un peu moins efficace. Les Anciens eftimoient beaucoup l’orobanche , à caufe de fa qualité favonneufe ; ils la prefcrivoient en nourriture comme des légumes, #caufe de fa vertu diurétique, & l’employoienc même contre la colique. La linnée eft diurétique , la cymbalaire eft aftringente; la grariole eft un purgatif violent. Si les autres efpeces de planes de cette famille éroient foumifes à de nouvelles expériences, Ll 62 HAT ST ITS ONG NE ve au plus où au moins de principes favonneux qu'elles con- inent. k Enûn, je place ici les creffons , les plantes à fleurs en croix, àgrande ou à pure filiques. Parmi toutes les plantes qui compofent cette nom- breufe famille; il n’en exifte peut-être pas une feule en Europe , qui ne foit anti-fcorbutique. Toutes font compofées de principes falins, vola- cils, âcres, unis à un alkali atténué par une huile. C’eft pourquoi, fi on les emploie fraîches, elles réfolvent les humeurs épaiflies & ftagnan- res, & guériflent le fcorbur. Elles augmentent le cours des urines, aufli les prefcriron dans les hydropifies; & comme puiflamment diurétiques, contre le fable & la pierre. Elles foulagent les paroxifmes goutteux , chaflent les vents, les atuofités ; enfin, elles diflipenc les obftructions des vifceres. Je crois avoir rapporté affez d'exemples pour prouver combien Île caractere botanique fert à nous faire connoître les vertus des plantes. Je ne voudrois cependant pas donner trop d’étendue à certe idée, de peur qu'on imaginât que la connoiflance de ces caracteres fuflir. Il y a certai- nes bornes qu’on ne doit jamais franchir. Le figne caractériftique des plantes, indique en général leurs vertus; mais comme ces vertus font tantôt plus foibles & tantôt plus exaltées , fuivant la différence de leurs paities, on ne parviendra jamais que par l’expérience à avoir des idées précifes fur le degré de leur aétivité. Quoique toutes les plantes qui ornent la furface de notre globe, ne foient pas féparément chacune néceffaire à la Médecine, leur connoiffance fera toujours d’une très- grande utilité ; le caraétere boranique indiquera au moins, au premier coup d'œil, une plante malfaifante ou falutaire, & quel eft le principe de fes vertus. DESCRIPTION D'UNE CONYZE, Dont la femence a été envoyée des Ifles de France & de Bourbon , au Jardin Royal des Plantes de Paris. Nous déterminerons cette plante par cette phrafe botanique : Cozyx arborefcens caule multiplici foliis lanceolatis acute dencatis, floribus in tribus capitibus accumine congeflis ; & pour dénomination triviale: Conyza vifcofa. Voyez PI IL. Freunr. Le calice À, divifé en cinq parties, compofé de dix folioles à peu-près égales en grandeur, & de cinq beaucoup plus peri- ces , coutes difpofées en maniere d’écailles B. C. D. E. repréfentent les autres caracteres indiqués par le Chevalier Von Linné, dl: Lt 1, Hsgiuge à LT ARS. OR ES Fr nié NRA TRID ARMY ES Lie LN Es 63 ÉeurLzLEs, font placées alternativement fur les tiges, marqnées d’une forte nervure dans leur longueur; elles font ovales , lancéolces, dentées en maniere de fcie , les dentelures aiguës tournées vers la pointe. Racines fibreufes. Porr, des tiges très-nombreufes , menues, droites , s’élevenc des racines à-peu-près à la hauteur d’un pied & demi; elles fe divi- fenc en plufeurs rameaux; chaque tige fe partage à fon fommet en trois parties , dont une eft feule & féparée, & les deux autres fur le même fupport. Les fleurs de couleur dorée, naiflent au fommet de ces divifions , prefque difpofées en corymbe ; chacune à fon pédi- eule particulier, Les viges & les feuilles font gluantes & vif- queufes. RAEVG ONE) CAN TIM AT Obfervations fur L Animal qui porte le mufc, & [ur fes rapports avec les autres Animaux. (1) 1 L Ov: forte & pénétrante du mufc eft trop fenfible , pour qe ce parfum n'ait pas été remarqué en mêème-tems que l'animal qui le porte ; aufi leur a-t-on donné à tous les deux le même nom de mufc. Cet animal fe trouve dans les Royaumes de Boutan & de Tunquin , à la Chine, & dans la Tartarie Chinoife, & même dans quelques parties de la Tartarie Mofcovite. Je crois que de tems immémorial il a été recherché par les habitans de ces contrées, parce que fa chair eft très- bonne à manger; & que fon parfum a toujours dû faire un objer de commerce. Mais on ne fait pas en quel tems le mufc a commencé à être connu en Europe, & mème dans la partie Occidentale de l’Afe. Il ne paroït pas que les Grecs ni les Romains ayent eu connoiffance de ce parfum, puifqu’Ariftore ni Pline n’en ont fait aucune mention dans: leurs écrits. Les Auteurs Arabes font les premiers qui en ayent parlé. Sérapion donna une defcription du porte-mufc dans le huitieme fiécle. RS QG) Ces chbfervations ont été lues le 14 Novembre 1772 , à la Séance publique de la rentrée de l'Académie Royale des Sciences de Paris, par M. d'Aubenton, un de fes Membres ,. & Démonftrateur du Cabinet d'Hiftoire Naturelle. On yÿ reconnoi- tra la touche de ce grand Naruralifte, & l’œil perçant de l'Obfervateur qui faiGt avec force les points de réunion ou d'éloiguement d'un individu à un aures 64 HT AS T LONMARRNRE Depuis ce tems déja fort éloigné, un grand nombre d’Auteurs ont décrit cet animal, on l’a comparé pendant plus de dix fiécles au che- vreuil, au bouc, au cerf, au chamois , à la gazelle, au chevrotain ; fans pouvoir déterminer fon genre & afligner fa vraie place parmi les autres quadrupédes. Nous ferions encore dans la mème incertitude , & il y a toute appa- rence que de long-tems on n’auroit pu éclaircir ce point intéreffant de lHiftoire Naturelle, fi M. le Duc de la Vrilliere n’avoit eu la bonté de nous faire voir le porte-mufc vivant. Jamais on n’en avoit amené en France, C'eft un préfent qui méritoit par fa rareté d’être envoyé du fond de l’Afie, & d’être offert à un Miniftre qui favorife toutes les fciences , & l’Hiftoire Naturelle en particulier , autant par fa propre inclination que par fon zèle pour l'utilité publique. J'ai vü au mois de Juillet le porte-mufc (1) dans un Parc de M.le Duc de la Vrilliere à Verfailles. L’odeur du mufc qui fe répandoit de tems en cems fuivant la direction du vent autour de l'enceinte où étoit le porte-mufc , auroit pu me fervir de guide pour trouver cet animal. Dès que je l’apperçus , je reconnus dans fa figure & dans fes attirudes beaucoup de reflemblance avec le chevreuil , la gazelle & le chevro- rain. Aucun animal de ce genre n’a plus de légereré, de foupleffe & de vivacité dans les mouvemens que le porte-mufc. Il ne pe encore aux animaux ruminans, en ce qu'il a les pieds fourchus & qu'il man- que de dents incilives à la mâchoire fupérieure. Mais on ne peut le comparer qu'au chevrorain pour les deux défenfes ou longues dents canines qüi tiennent à la mâchoire du deflus & fortenc d'un pouce & demi au dehors des lévres. La fubftance de ces dents eft une forte d’yvoire comme celle des défenfes du babiroufla & de plufieurs autres efpèces d’animaux, mais les défenfes du porte-mufc ont une forme très-particuliere ; elles reffemblent à de petits couteaux courbes placés au deflous de la gueule, & dirigés obliquement du haut en bas, & de devant en arriere, leur bord poftérieur eft tranchant. Quelques Auteurs ont comparé ces dents aux défenfes du fanglier pour l’ufage que le porte-mufc en peut faire; leur fituation a fait aufli préfumer qu’elles fervent à couper des racines, qui font de la groffeur da doigt, & qui font la principale nourriture du porte-mufc, mais je crois qu'il s’en fert à différens ufages , fuivant les circonftances où il fe trouve , foic pour couper des racines , foir pour fe foutenir dans des endroits où il ne peut pas trouver d’autres points d'appui, foit enfin pour fe défendre ou pour attaquer. Plus on AR EDR PRE 9 ER REED (1) Planc. IT, Fig L, le porte-mufc vu de côté. Fig. II, le porte-mufc vu çn face. obferve NM ANTANUNCRINES Le LILE, 65 obferve les mœurs des animaux , plus on les voit employer dans le befoin , toutes les parties de leur corps qui peuvent leur fervir. Le porte-mufc n’a point de cornes; les oreilles font longues, droites & M les deux dents blanches qui fortent de la gueule & les renflemens qu’elles forment à la lévre fupérieure, donnent à la Phyfio- nomie du porte-mufc , vu de face (fig. 2.) un air fingulier qui pourroir le faire diftinguer de tout autre animal à l'exception du chevrotain. Les couleurs du poil font peu apparentes ; au lieu de couleurs déci- dées , il n’y a que des reinres de brun , de fauve & de blancheätre, qui femblent changer lorfqu'on regarde l’animal fous différens points de vue , parce que les poils ne font colorés en biun ou en fauve qu’à leur extrémité; le refte eft blanc, & paroït plus ou moins à différens afpects. La teinte blancheâtre domine fur les poils les plus longs , parce qu'ils s'écartent davantage les uns des autres & par conféquent laiffent pa- roître plus de blanc. Cette apparence de changement dans les couleurs du poil n'eft pas particuliere au porte-mufc , on la voir fur tous les animaux qui ont différentes couleurs fur un mème poil; 1l y a du blanc & du noir fur les oreilles du porte-mufc, & une étoile blanche au milieu du front. Cette étoile me paroîr être une forte de livrée qui difparoitra lorfque l'animal fera plus âgé; car je ne l'ai pas vue fur deux peaux de porte- mufc qui m'ont été adreflées pour le cabinet d'Hiftoire Naturelle du jardin du Roi, par M. le Monier, Médecin du Roi, de la part de Madame la Comteffe de Marfan. Ces deux peaux ont été envoyées des Indes par M. l'Abbé Gallois, qui a déja rapporté plufieurs fois en ce pays-ci des chofes curieufes & utiles de la Chine & d'autres contrées de l'Orient ; les deux peaux dont il s’agit m'ont paru venir d'animaux adultes, l’un mâle & l’autre femelle. Les teintes des couleurs du poil y font plus foncées que fur le porte-mufc vivant que je viens de décrire: il y a de plus, fur la face inférieure du cou deux bandes blancheätres , latges d'environ un pouce, qui s'étendent irrégulierement le long du cou , & qui forment une forte d’ovale allongé en fe rejoignant en avant fur la gorge & en arriere entre les jambes de devant. Le poil a près de trois pouces & demi fur quelques parties du corps. On l’a comparé à des tuyaux de plames parce qu'il eft en partie creux, mais il étoit inurile de prendre un objet de comparaifon fi éloigné ; ce poil ne me paroït pas différent de celui de plufeurs animaux ruminants. Le mufc eft renfermé dans une poche placée fous le ventre à l'en- droit du nombril. Je n’ai vû fur Le porte-mufc vivant que de petites éminences fur le milieu de fon ventre; je n’ai pù les obferver de près, parce que l’animal ne fe laiffe pas approcher , & qu’on ne pourroit pas le faifir fans rifquer de le bleffer. La poche da mufc tient à l’une des peaux envoyées par M. l'Abbé Gallois, mais cette poche eft defféchce , Tome I, Part. I. 66 HMETNSE TMO TTAMERALE il m'a paru que fi elle étoit dans l’état naturel , elle auroit aù moins un pouce & demi de diamètre. Il y a dans le milieu un orifice très- fenfible dont j'ai tiré de la fubftance de mufc très-odorante & de couleur rouffe. La poche eft revètue de poils blancheâtres très-légere- ment teints de fauve , fur-tout à la poitrine. M. Gmelin ayant obfervé fa fituation fur deux mâles, rapporte dans le quatrieme Volume des Mémoires de l’Académie Impériale de Pétersbourg , que cette poche étoit placée au devant & un peu à droite du prépuce. Le porte-mufe différe de tout autre animal par la poche qu’il a fous le ventre & qui renferme le mufc. Cependant quoique ce caraétère foit unique par fa fituation, il me paroït peu important pour l'anatomie comparée ; il ne contribue nullement à déterminer la place du porte-mufc parmi les quadrupedes , parce qu'il y a des fubftances odoriférantes qui vien- nent d'animaux très-différents du porte-mufc. Je pourrois citer beaucoup de ces animaux, car j’en ai décrit un grand nombre qui ont des poches où il fe fait une fecrétion de fubftance odoriférante , folide ou liquide, dans différentes parties du corps, comme le dos du pécari, le prépuce du caftor , le deffous de l’anus de la civette, dont l’odeur a tant de rapport à celle du mufc, qu'on à donné à ce parfum le nom de mufc d'Afrique. Cependant il y a autant de différence entre la civette & le porte-mufc, qu'entre un chat & un chevreuil. Les caraétères extérieurs du porte-mufc qui indiquent fes rapports avec les autres quadrupédes , font les pieds fourchus, les deux longues dents canines, & les huit dents incifives de la mâchoire du deAus , fans qu'il y en ait dans c2lle du deffous. Par ces caractères, le porte-mufc reffemble plus au chevrotain qu’à aucun autre animal. IL en différe en ce qu'il eft beaucoup plus grand , car il y a plus d’un pied & demi de hauteur , prife depuis le bas des pieds du devant, jufqu’au deflus des épaules ; tandis que le chevrotain n’a guère plus d’un demi pied. Les dents molaires du porte-mufc font au nombre de fix de chaque côté de chacune des mâchoires; le chevrotain n’en a que quatre, il y a aufli de grandes différences entre ces deux animaux pour la forme des dents imolaires & des couleurs du poil. La poche du mufc fait un caraétère qui n'appartient qu’au porte-mufc male. La femelle n’a ni poche de mufc, nf dents canines fuivant les obfervations de M. Gmelin que j'ai cite. Le porte-mufc que j'ai vu vivant, paroït n’avoir point de queue. M. Gmelin à trouvé fur trois individus de cette efpèce, au lieu de queue, un petit prolongement charnu, long d’environ un pouce. La plüparc des Auteurs qui ont décrit cet animal & qui en ont donné la figure , ne font aucune mention de cette partie ; mais d’autres ont fait repré- fenter le porte-mufc avec une queue bien apparente , quoique fort courte. Grew dit qu’elle a deux pouces de longueur, mais il n’a pas obfervé fi cette partie renfermoit des vertebres. ANA NT AU ACRLAEUIL QE: 4x: 67 Dans la defcription que M. Gmelin a faire du porte-mufc , les vifceres m'ont paru reflemblants à ceux des animaux ruminans , fur- tour les quatre eftomacs , dont le premier a trois convexités , comme dans les animaux fauvages qui ruminenr. Si l'on joint ce caractere à celui des deux-dents canines dans la mâchoire de deflus, le porte- mufc reflemble plus par ces deux caraéteres au cerf, qu’à aucun autre animal ruminant, excepté le chevrotain en cas qu'il rumine , comme il y a lieu de le croire. . Rai dit qu'il eft douteux que le porte-mufc rumine. Les gens qui foignent celui que j'ai décrit vivant , ne favent pas s'il rumine. Je ne lai pas vu afflez long-tems pour en juger par moi-même; mais je fais, par les obfervarions de M. Gmelin, qu'il a les organes de la rumination, & je crois qu’on le verra ruminer. On, faura aufli, dans la fuite, s’il produira du mufc dans ce pays ci. J'efpere qu'il y vivra, parce qu'il eit bien foigné, parce quil a réfiflé à la fari- gue du tranfport, & que notre climat eft au moins aufli bon que celui de la Tarrarie Mofcovite , vers le lac Baikal, autour duquel on trouve le porte-mufc, fuivant le rapport de Corneille ,- le Brun, & de M. Gmelin. On ne fait pas affez de tentatives pour naturalifer, dans notre climat, des animaux étrangers & utiles, ou des races mieux con- ditionnées que celles que l'on a déja. La nature fe prête à ces fortes d’émigrations d'animaux, comme aux tranfplantations des végétaux lorfqu'on fait la ménager ; en ne lui donnant pas de trop grands obf- tacles à furmonter par rapport aux différences des climats du fol & des alimens, 65 A RTS ET M ENTUIEUR IS: ARTS ET MÉTIERS. RÉ AUTRPA TPE OR: UE Fair À L’AcADEMïE rAR M. Baizriy, Sur la premiere Partie de l’ Art du Coutelier en Ouvrages communs >; par M, Fougeroux ; le 3 Juin 1772. (1) Ce Arta été lu à l’Académie en 1767. M. Fougeroux a différe de le donner à l’impreflion jufqu’à ce que l'Art du Coutelier eür paru, afin qu'il pût connoître les pratiques communes à ces deux Arts, aux- quelles il convenoit de renvoyer pour évirer‘une répétition inutile & faltidieufe. Les couteaux dont il eft queftion, font connus fous les noms de Jamberres, d’Euftache Dubois & de Couteaux à la Capucine. On les fabrique dans la Manufacture de Sr. Etienne en Forez, & dans une petite Ville voifine, nommée Chambon. À On les vendoir il y a $o ou 6o ans , trente fols la groffe. Aujourd’hui que routes les marchandifes font plus cheres, le prix de ces couteaux eft d'environ jo f. ou 3 liv. la groffe; on a peine à con- cevoir qu'un couteau dont le manche de bois eft à la vérité tout au plus fimple , mais dont la lame eft bonne; qui, outre la valeur des matieres premieres, coûte encore à l'Entrepreneur les façons de plu- fieurs Ouvriers, puifle être donné pour moins de cinq deniers. L’éco- nomie eft le mérite de cet Art. L’induftrie humaine a accumulé dans d’autres Arts les dépenfes & les travaux pour atteindre à la perfection : le prix de la façon fait fouvent difparoître le prix de la matiere. Dans Ja fabrique de ces couteaux , elle n’a en vue que l’ufage qu’on en veur faire; elle s’interdir tout ornement , & même route commodité fuper- flue : elle tend à Pépargne du travail & du rems, & au bon marché qui en réfulte, Ces couteaux font faits pour le peuple. Le gain du (x) Nous ferons connoître dans le Volume fuivant , le Rapport de la feconde Partie de cet Arr, 2 DRE NETNMATIERE Co Manufacturier dépend de la modicité du prix ; aufi, le commerce de ces couteaux à cinq deniers la piece, eft un objet de $ à 6o000o liv, par an pour St. Etienne. Les lames font d'un acier qu'on tire de Rives en Dauphiné ; on l’apporte en barres de quatre pouces de longueur fur un pouce & demi de large , & un demi pouce d’épailleur. Le barreau eft d’abord mis à la forge par un Ouvrier qu’on nomme le Chauffeur; celui-ci le pale , quand il eft fuffifamment chauffé , au Forgeron qui le travaille. Le marteau du Forgeron , ainñ que le fouf- flet de la forge, font mis en mouvement par une roue que l’eau faie tourner. L'Ouvrier précipite ou ralentit la chüre du marteau , en éle- vant plus ou moins une vanne qui régle la quantité d’eau. Le Forgeron fait glifler , fous les coups du marteau , les différen- tes parties de la barre d’acier, jufqu'à ce qu’elle fe foit étendue & amincie à l’épaifleur d’une lame de couteau. Pour cela , il faut le plus fouvent que le barreau retourne plufeurs fois à la forge. 11 faut ici que le Forgeron & le Chauffeur travaillent de concert, & pour ain dire d’un mouvement égal, pour que l’un ne fafle pas attendre l’autre; cat chaque moment perdu augmente le prix de la marchandife , ou diminue le gain de l’Entrepreneur. Le travail du Forgeron s'appelle étirer les barres. Le Chauffeur y met la derniere main, en les battant fur une enclume avec un marteau à main. Il fait refouler l’acier quand il y a des parties où l’épaiffeur n’eft pas égale. Alors le barreau eft devenu une lame dont les dimenfons font à- peu-près , ( car on juge bien que cela doit varier) une demi ligne d'épaifeur , deux pouces de largeur, fur trois à quatre pieds de longueur. On partage ce barreau en lames, au moyen d’une mortaife prati- quée fur la table de l’enclume, dans laquelle on a placé une efpece de cifeau , appellé rrancher, C’eft l'affaire d’un coup de marteau. Il s'agit enfuite de rabattre la lame; c’eft-à-dire, de la frapper, mais inégale- ment pour amincir un côté plus que l’autre, & former le dos & le tranchant. On forme le talon de la lame, en forgeant à fon extrémité un petir appendice, que l’on releve enfuite jufqu'à ce qu'il foir d’é- querre avec le dos de la lame. On place cette extrémité de la lame dans une efpece de moule d’acier trempé, nommé tas ; de maniere que l’appendice déborde de quelques lignes, On lui donne alors, avec le marteau, la forme d’un bouton ou tête de clou , & le talon eft fair, L'ufage de ce talon eft d'appuyer fur le manche , & d'empêcher que la lame ne fe renverfe. Le même Ouvrier perce la lame d'un trou, où doit pafler la goupille qui attachera la lame avec le manche. Ce trou fe fair à froid & fans foret. L'Ouvrier fe fert d’un poinçon. Du premier coup , il éleve une boffe de l’autre côté de la lame ; un fecond coup donné en fens contraire, fuflit pour ouvrir le trou. Il imprime 70 ANROENS RER TIME RTEIERRUS: enfuite à la lame la marque de la Manufacture aufi à froid, & aveo un poinçon où cette marque eft en relief. Ces couteaux à deux clous, font une efpece de luxe, ou du moins de recherche en ce genre. Le bouton qui fait le talon des autres lames , déborde le manche quand le couteau eft fermé. Ce bouton peut blefler, ou du moins incommoder ; il eft fupprimé dans les lames des couteaux à deux clous. Le talon de celles-ci eft moulé dans un sas ou étampe, difpofé exprès pour y former un appendice avec un quart de rond, percé d’un trou. Ce quart de rond permet à la lame de tourner fur le premier clou fans rencontrer le fecond; & l’appen- dice en s'appuyant fur ce fecond clou, permet à la lame de s'ouvrir fans qu’elle puiffe fe renverfer. Il s'agit enfuite de tremper l'acier des lames, & de le réduire, Quoique M. Fougeroux renvoie à l'Art du Courellier , où cette ma= diere à été traitée , il ajoute ici ce que fes propres obfervations lui ont appris fur ces deux opérations eflentielles. Les Coureliers en ouvrages fins ont à cet égard une infinité de pratiques & d’attentions que la célérité au travail de St. Etienne ne permet pas. Mais une expé- rience habituelle fuffit à tout. On fait que la trempe eft différente, felon les différentes efpeces d'acier , & felon les différens ouvrages qu’on en fait. Les Ouvriers de St. Etienne ont ici un grand avantage, c'eft toujours le même acier qu'ils emploient , & c’elt toujours aux mêmes ouvrages , & les mêmes Ouvriers qui les trempent. Il faut pour l'acier de Rives un degré de chaleur qui foit entre le couleur de cerife & Le couleur de rofe. Voilà la nuance que l'Ouvrier attentif & exercé ne laiffe jamais paller. À l'égard du recuit, les Coureliers de Saint- Etienne font revenir leur lame au couleur de paille; & s’ils les laiffoient plus long-tems expofées au feu, elles n’auroient pas la dureté convena- ble , & ne couperoient pas aflez. Ces lames fonc fujettes à fe déjetter dans/la trempe ou dans le recuit : Il fauc les battre à froid pour leur rendre la forme qu’elles ont perdue; c’elt ce qu’on appelle dreffer les lames. La lame étant ainfi préparée, on la porte aux meulieres ou meules de grès, qui font en grand nombre & muës toutes enfemble par une roue & par un ruiffeau. Ces meules font d’un grès très-fin. Elles ont huit à neuf pouces d’épaifleur , & plus de cinq pieds de diametre quand elles font neuves. L'Ouvrier tient la lame avec une pince, & la lame ainf que la pince font enfermées dans un morceau de bois d’une cer- taine épaiffeur , afin que l'Ouvrier , fans rifquer de fe bleffer la main, puifle appuyer toutes les parties de la lime fur la meule qui fe meurt avec rapidité. Mais il eft expofé , comme tous les Emonteurs , à un danger plus grand, à celui de perdre la vie quand il y a quelque félure dans la meule; alors, il s’en détache des éclats , qui, étant lancés pas MIRATISNOENT METIERS 73 la force centrifuge, eftropient & tuent ceux qu'ils rencontrent. Il n'y a pas d'année où il ne périffe à Sr. Etienne , quelques Ouvriers par cet accident, La lame eft enfuite portée aux polifloirs ou meules à polir, qui font de bois de noyer. On polit avec l’émeri, la mouline ou les écail- les d'acier prifes à la forge; enfin, avec la potée d’érain broyée & délayée avec de l'huile. La lame eft finie, il faut pañler au travail des manches. Ces manches font faits le plus communément de hètre. Un premier Ouvrier taille les rondelles de bois en chevilles d'une groffeur proportionnée au manche que l’on en doit tirer. Un fecond désrofli le manche avec un inftrument tranchant , nommé plane. Ce manche eft enfuite aflujetti dans un étau, où un troifieme Ouvrier le travaille avec les écouennes , qui font des rapes plus ou moins fortes. L'art de cette opération confifte à ôter affez de bois pour que le manche puifle entrer dans le moule; mais cependant à le tenir aflez gros pour qu'il n'y entre qu'à force, & qu'il puille en prendre la forme, Tout cela fe fait à l'œil & avec une certaine précifion. Ce moule eft de fer : on le chauffe à la forge. La chaleur , jointe à l'action de la preffe,. attendrit le bois, au point qu'il prend la forme du moule , celle des ornemens qui peuvent y être gravés en creux, & qu'il s'échappe, ou du moins s'étend par les intervalles que laiflent entr'elles les deux parties du moule qui ne font pas exactement join- tes, On appelle ceci des bavures ou des côtes. On fait chauffer le mou le, & on le remet fous la prefle , jufqu’à trois fois pour chaque manche. La prefle eft faite de maniere à éviter à l'Ouvrier tous les foins qu'on peut lui épargner. Il n’a que celui de placer le moule, & de ferrer au moyen d'une vis qu'il fait marcher par une manivelle , & à l’aide d’un long lévier pour avoir plus d'avantage. Lorfqu'il defferre la vis, la piece mobile qui a preflé le moule , remonte d’elle mème par le moyen d’un lévier recourbé qui porte un poids à fon autre extrémité. L'Ouvrier a plufeurs moules & pluñeurs preffes , qu'il fair travailler à la fois; il feroit trop long de décrire |, mais il eft intéreffant de voir l'ordre qui regne dans les opérations , & comme le tems y eft ménagé. Les manches ont, en fortant des moules, un poli qu'on ne pourroirt leur donner avec des outils, qu’en employant beaucoup de tems & de travail. È On fait auf des manches avec l’ergot de la vache & du bœuf, avec les cornes de bœuf , & celles de belier. On fait venir ces dernieres de Barbarie par la voie de Marfeille. On a afluré à M. Fougeroux qu’on en employoit dans une année pour plus de 50000 liv.; c’eft-A-dire, trois à quatre mille quintaux. Les rognures de ces cornes ne font point per- dues ; on en revend à St. Etienne pour plus de 1200 liv. Elles fervenc à £umer les verres, & c'eft un des meilleurs engrais. 92 ANRT S ENT M'É TUNER), Les cornes font chauffées au feu de forge pour les amollir. L'Ouvrier les porte aufli-tôt dans un étau , où il les plie à la forme droite qu’elles doivent avoir pour en faire des manches. Elles font alors dans l’état où eft le bois de hêtre coupé en chevilles, & elles fubiffent les mêmes opérations. On enieve les bavures ou les côres de manches de bois & de cornes avec les écouennes , & les manches fontfinis, il ne s’agit plus que deles monter. On pratiqué d’abord une rainure dans la longueur du manche qui doit recevoir le tranchant de la lame , & une autre dans la largeur où doit fe loger le talon. Deux coups de fcie fuftifent pour cela , & la précifion eft telle que dans le peu de rems employé à certe opération, les Ouvriers donnent aux rainures exaétement la longueur & la largeur qu'elles doi- vent avoir. Il ne s’agit plus que de placer les goupilles, qui font de fil d’archal; de les river, & d'y ajouter deux roferres ou œils de cuivre. Telles font les opérations & les façons multipliées, que doit fubir un couteau que la Manufaéture livre à cinq deniers la piece. Les rofertes de cuivre que l’on mer fur les couteaux , fe font à Paris chez les Couteliers mêmes, avec un emporte-piece. À Sr. Etienne, c’eft un petit Art patticulier , qui fe partage entre deux Ouvriers différens. L'Ouvrier qui les fait prend une lame de laiton très-mince, que l’on tire d'Allemagne ainf préparée ; il la porte chez un autre Ouvrier, dont l'unique occupation eft de percer cette lame d’une infinité de trous éga- lement efpacés, qui doivent être le centre des rofettes. Le premier Ouvrier établit devant lui, verticalement contre un appui de bois , cette lame percée d’une infinité de trous. Il a des mèches à trois pointes : celle du milieu eft la plus longue , & fe place dans les trous de la lame ; elle fert de point d'appui & de centre aux deux autres, qui font plus courtes & tranchantes ; & qui en tournant circulairement, coupent les rofettes , qui rombent à mefure dans le tablier de l'Ouvrier. La diftance de ces deux points détermine la grandeur de la rofette. M. Fougeroux a cru devoir ajouter ici ces détails, parce qu'ils tiennent de trés-près à la Courellerie. Il a joint à l'Art du Courelier, la Fabrique des bayon- nettes qui fe fait aufli à St. Etienne. Je mentrerai dans aucun détail à cet égard, tant pour ne pas allonger davantage cer Extrait, que parce que les prariques de ce dernier Art, font à-peu-près les mêmes que celles dont je viens de donner une idée. CD 4 LU NOUVELLES 75 ET NOUVELLES LITTERAIRES. ILE. -DLE M A.iLePl.1.6G.H.1I: M cet. Mätpighi (x) naquit d’une famille honnête en 1628 , à Crévalcori, dans le verritoire de Bologne. La Nature prodigue à fon égard, le doua d’un efprit excellent & d’un goût paflionné pour les fciences. Porté de lui-même à l’étude, fes condifciples furent bientôc fes inférieurs. Ilperdit fes parens étant encore fort jeune , & cette perte coûta beaucoup à fon ame fenfble ; cependant fa douleur fut un peu modérée par l’efpérance de fe confacrer totalement au foin de s'inf- truire. Îl fixa dès-lors fon féjour à Bologne où il fit fes humanités. Ses progrès en philofophie furent fi rapides fous la conduite du célebre Natali, le plus fameux Profefleur de fon fiecle, qu'il ne tarda pas à donner des preuves de l'étendue de fes connoiflances. Le jeune Mal- pighi finit fon cours de philofophie ; & comme afluré de réuflir dans routes les fciences , il balança long-tems s'il fe livreroit à plufeurs objets à la fois; mais craignant de trop entreprendre, il fuivit le con- feil des perfonnes les plus éclairées , & s’abandonna tout entier à l’étude de la Médecine. Barthélemi Mafari, Anatomifte célebre , & André Mariani , Pro- (1) Les Savans ont des droits à nos éloges, La Poftérité les juge avec moins de partialité que leurs Contemporains. La cabale & l'envie n’exercent plus aucun empire fur leurs travaux, & ils paroïffent alors dans tout leur jour ; le voile de l'illufon eft diffipé , le grand Homme refte quoique le Savant ne foit plus. Nous donnerons fuc- ceflivement la Vie des Phyficiecs , des Naturaliftes célebres, & nous nous attache- rons fpécialement à faire connoître leurs Ouvrages & les découvertes qu'ils auront faites, Nous commencerons par celle de Malpighi ; elle fera fuivie de celle de Vafal- va fon éleve, & de celle de Morgan , diféiple de ce dernier. Nous parcourrons fucceflivement les diverfes Contrées de l'Europe , pour couvrir de fleurs les combeaux des Savans qui en ontété la gloire & l’ornement. Nous avouons avec plaifir que nous devons à M. l'Abbé Fabroni, la Vie de Malpighi. 11 l'a publiée dans un Ouvrage qui a pour vitre : Witæ italorum doëlrina “excellentium , qui feculo XVIII florusrunt. Cet Ouvrage fut imprimé à Rome en 1769. Le ftyle en eft clair, précis ; la latinité exacte , gracieufe & pleine de dignité. Les objets préfentés avec ordre, & fous le point de vue qui les caractérife mieux. En un mot, cet Ouvrage eft, à tous égards, digne des Hommes dont il contient l'éloge. On ne conçoit pas fur quel fondement M. l'Abbé Bandini a pu en parler avec tant d’aigreur dans les Nouvelles Littéraires de Florence ; mais les réponfes qu'on lui a faites, ont démontré la partialité de fa critique, Tome I, Part. I, HN 74 NMIOAIT NP E | DUMENRENTS feffeur en Médecine , homme de la plus grande réputation , furent les Maîtres fous lefquels Malpighi étudia l'anatomie & l’art de guérir. La beauté de fon ame égaloit celle de fon efprit ; il ne parloit jamais de fes Maîtres qu'avec refpect , & leur mort même fembla donner une nouvelle aétivité à fa vénérarion pour eux & à fa reconnoiflance. La profonde érudition de Malpighi, fixa bientôt fur lui tous les regards : aufli le Sénar de Bologne toujours attentif à récompenfer le mérite , le nomma Profelleur de Médecine quatre ans après qu'il eût recu le bonnet de Doéteur. Ferdinand de Médicis , Grand Duc de Tofcane , lui donna la chaire de Médecine théorique de Pife, où il trouva le célebre Jean Alphonfe Borelli avec lequel il fe lia de amitié la plus étroite. Ces deux amis fe communiquerent mutuellement leurs connoiffances, & cette intimité fur avanrageufe à l’un & à l'autre. Borelli attentif aux travaux anatomiques de fon ami, & témoin d’une partie de fes découvertes, entre autres de celle de la figure de la fibre mufeulaire que plufieurs envieux ont voulu lui ravir, le prefloir vive- ment de les publier; mais ilne put jamais l'y réfoudre : enfin le feu ayant pris à la maifon de ce grand homme, fes manuferits furent la proie des flammes, La pefanteur de l'air qu'on refpire à Pife , nuifoit à la fanté de Malpighi : certe raifon le fit revenir à Bologne; il-y reprit fes anciennes fonétions, & s’y diftingua de plus en plus. Il eût pour adjoints dans l'anatomie Silveftre Bonfilioli & Charles Fracaffati. C’eft à ce dernier qu'on eft redevable de la connoiffance exacte de la ftructure du poumon. 11 découvrit en 1559, que ce vifcere éroit compofé de membranes très-minces , formant de petites véficules & de perires cavités. Fracaffari n’étoit pas encore entierement sûr de fa découverte, lorfque Malpighi l'ayant examinée avec la plus grande attention , le confirma dans fon idée. Il en fit part auffi-tôt à fon ami Borelli, dans deux lettres où il développe la conformation & l’ufage du poumon. Ces lettres dignes de leur Auteur furent accueïllies des Savans. Néanmoins plufeurs d'en- tr'eux prérendirent que cette découverte étroit faufle ; d’autres, qu’elle étoit plus ancienne. Borelli qui dans le commencement avoit applaudi au travail de fon ami , fe déclara bientôt contre fon opinion dans fon livre fur le mouvement des animaux: mais on lit dans les Œuvres pofthumes de Malpighi , une lertre écrire à Borelli, dans laquelle il répond à routes les objections. Peu de rems après, Pife fur ravagée par la pefte. Cette rerrible calamité l’engagea à écrire une noûvelle Jertre à Borelli; 1l y traite de certe cruelle maladie , & de l'ufage de l'anatomie & de la médecine. Le Sénart de Mefline nomma d'une commune voix Malpighi, quoi- qu’abfent, à la chaire de Profelleur de Médecine de cette ville, vacente par la mortde Pierre Caftel. El y commença fes leçons le 15 Novem- TOIATN TA EN Ra A" IG RO EUS. 75 bre 1662; & Rufus, Vicomte de Ville-franche, protecteur des Savans, & Savant lui-même , devint bientôt fon ami, Il profeffa la Médecine dans cette ville, & l’exerça avec fuccès : il s’y appliqua particulierement à l’écude de l’Hiftoire Naturelle. Parmi les découvertes dont nous fommes redevables à ce grand homme , on compte celle des crachées des plantes , au fujer defqueiles il écrivit une favante lettre à Borelli. Nous avons encore de lui plulieurs obfervations intéreffantes fur l’'Omen- um où enveloppe des inteftins , fur les vaifleaux de la graiffe des poif- fons. Ji publia enfuire fon traité du cerveau & de la langue fans le faire paroître fous fon nom : la ftruéture finguliere du nerf optique du thon & du poiflon nommé l'épée, et une découverte de ce grand. Homme ; elle fut enfuite obfervée dans tous les autres poiffons, par Fracaffati , depuis peu Démonftrateur d'anatomie à Pife. Malpighi , malgré fes occupations & fon étude, foutenue de l’Hiftoire Naturelle, fe propofa un, nouvel Ouvrage: il entreprit de préfenter route l'anatomie dans des difcours familiers, en commençant par le cœur, pour palfer de-là aux autres parties qui en dépendent ; mais à la follici- tation de fes amis , de Borelli fur-rour & de Fracaflari , il abandonna ce projer, & fe livra tout entier à un autre travail. Il reprit l'examen de la langue qu’il avoit déja commencé, & enrichit cette partie de plufeurs obfervations nouvelles : il découvrit enfuire la ftruéture des nerfs, la féparation du fluide nerveux, lufage des houpes nerveufes qui s'erendent jufqu’à la fuperficie de la peau , & qui conftituent l’or- gane du taét. Il reconnut en même tems les vaiffleaux fécréroires de l'humeur de la tranfpiration , la formation de la peau, & l’origine des corps étrangers qui naiflent à fa fuiface. Malpighi communiqua fes découvertes à fon ami Ruffus , & les développa beaucoup mieux par la fuite dans un autre Ouvrage. Après avoir profeffé la Médecine pendant quatre années à Meñine, ce grand homme réfolut de retourner à Bologne. Ce fut dans cette ville qu'il publia fon traité de la ftruéture des vifceres, du polype du cœur , & de la fubftance corticale du cerveau : cer Ouvrage lui attira beaucoup de contradictions de la part des Anatomiftes auxquels il ré- pondit , en confirmant par de nouvelles preuves, ce qu’il avoit avancé. Le Sénat de Mefñine ne voyant qu’à regret l'éloignement de Mal- pighi, fit de nouveaux efforts pour engager ce Profefleur à venir reprendre fes fonétions : mais le Sénat de Bologne craignant de perdre ce Savantilluftre, redoubla fes inftances, & le conferva par des follici- rations aufli preflantes que flatteufes. Livré plus que jamais à l’ana- tomie, Malpighi reconnut les vaifleaux qui pénetrent par les trompes jufques dans l’urerus des femelles pleines, le canal des trompes même , & les véficules des œufs dans ces conduits. Ces découvertes font con- fignées dans uue lectre à Sponi : il ft encore un grand nombre d'obs K ij 76 NADONNIU pee EN) DNPPRRETAS fervations fur les glandes conglobées , fur les embryons , & fur la ftructure des dents & des os. Le nom de ce grand homme devint fameux dans toute l'Europe. La Société Royale de Londres le fit prier par Ondelbourg fon Secré- taire, de lui communiquer à l'avenir les découvertes qu'il feroit dans lHiftoire Naturelle. Ce fut pour répondre aux vues de cette illuftre affemblée qu'il commença fes obfervations fur les vers à foie, & s’y appliqua avec tant d’ardeur que fa vue s’afloiblit. Après quelques dé- Jatfements , fa fanté s'étant rétablie, il acheva cet Ouvrage, & l'enrichit d’un grand nombre de figures qu'il avoit lui-même deflinces. Ce traité fut reçu avec applaudiffement par la Société de Londres , qui ; pour témoigner fa reconnoiffance , fit imprimer à fes frais l'Ouvrage de Malpighi, & lui accorda le titre d'Académicien , dont le brevet lui fut remis le 14 Novembre 1669. + Pour mieux conftater fes découvertes fur le ver à foie, notre Savant recommença fes obfervarions. De nouvelles vues, de nouvelles vérités en furent le prix. Il-en fr part à fon ami Bonfilioii dans une lettre imprimée après la mort de fon Auteur, avec fa réponfe à Swammerdam, qui éroit d’un fentiment oppofé au fien. Ce fut à cette même époque qu'il envoya à fa Société de Londres, fon Traité fur l'anatomie dés plantes , travaillé avec beaucoup de foin. Certe Société le fr imprimer. L’Auteur ne voulut jamais faire paroitré de fon vivant, ce qu'il avoit écrit fur la végétation des graines , & fur d’autres parties concernant la ftruéture des plantes, ainfi que ce qu'il avoit fait pour défendre fes opinions à cet égard. Malpighi publia en 1662, un Traité fur la formation de l’œuf dans la poule : il le confidere depuis fon origine & fon accroillement jufqu’à fon point de perfection. Cet Ouvrage eft un de ceux qui faic le plus d'honneur à ce grand Obfervateur. Il fit la mème année, en préfence de Bonflioli, plufieurs découvertes dans la diffection des aigles : il en fit aufli fur les vers luifans , les papillons , les chenil- les, &c.; mais ces obfervations n’ont point éré rendues publiques avant la mort de leur Auteur : celles qu’il avoit faites depuis long-tems fur la fécondité des femmes, fur la formation de l’uterus, fur le vaiffeau qui y pénétre par le moyen des trompes ; furent imprimées en 1681, dans une lettre à Sponi. Toujours ardent pour le travail , toujours attentif à la marche de la mature , il commença fes recherches fur les grenouilles, dans lefquelles il vit fpécialement la circulation du fang. La démonftration en fur fi complete, qu'il ne fut pas poflible d'en nier l’éxiftence. Il donna encore un Traité plus étendu fur la ftruéture des plantes qu'il avoit jufqu’alors effleurée, fur les poils , les ongles, & les corps qui naiffent de la peau. Enfin, le dernier Ouvrage publié du vivant de notre Auteur, fut une LM Si LORS di Le: bu ea LANTERNE A UN RIVES. 77 lettre fur les glandes conglobées , dans laquelle il met au nombre de ces glandes, le péricarde, le péritoine, la plevre, la tunique vaginale des relticules , les inteftins , le ventricule & les cotyledons. La réputation de Malpighi, le grand nombre de fes découvertes , éxcirerent la jaloufie de fes adverfaires : les uns les lui difputoient, & les autres les nioient malgré leur évidence : Pour remédier aux incon- véniens qui auroient pu naître des clameurs des envieux, il écrivie lui-même fa propre Hiftoire , dans laquelle il rendit compte de fes occupations, de fes travaux, de fes découvertes , des opinions de fes Contemporains à fon égard , & des réponfes qu'il avoit publié contre eux. Cer Ouvrage étoit adreffé à la Société de Londres, & la plus grande partie étoit achevé , lorfqu’il parut une lettre latine avec ce titre : De Recentiorum Medicorum fludiis, écrite à Gottingue , par Jérôme Sbaralea. Le but de cer Auteur étoit de prouver que l'étude de l’anatomie des plantes ; des animaux, & même celle de toutes les parties du corps humain, prifes féparément , étoit inutile pour un Médecin , fur-tout quand il la poufloit trop loin. Cette alrercation empècha Malpighi de continuer l'Ouvrage qu'il avoit commencé, pour réfurer les aflertions contenues dans cette Lettre; mais l’Hiftoire de fa Vie, & fa Réponfe, ne furent imprimées qu'après fa mort. Les occupations maltipliées de ce grand Homme ne lui empècherent pas de fe livrer à la pratique de la Médecine , & l’affluence des Mala- des qui fe rendoient auprès de lui, pour le confulter, prouvoir la haute idée qu'on avoit de fes connoilffances. Malpighi , toujours livré au tra- vail & au foin de foulager l'humanité Dee mena ce genre de vie jufqu’au jour où Pignarelli fut élevé au fouverain Pontificat , fous le titre d'Innocent XII. Ce Pontife, étroitement lié avec notre Savant pendant qu'il étoit Légat à Bologne , l’appella à Rome , & le revèêcit de la place de fon Chambellan & premier Médecin. Cette nouveile dignité chan- gea tellement fes habitudes, qu'il ne trouva plus un moment favorable pour fe livrer à fes travaux ordinaires. Enfin, en 1654, il fentit fes for- ces s’affoiblir , fa fanté confidérablement diminuer; & le 14 Juiiler, il fut frappé d’une violente attaque d’apoplexie, fuivie d’une hémipligie complette. Les foins des plus favans Médecins de Rome , prolongerent pour quelques mois fes jours languiflans; mais fentant approcher fa derniere heure , il fe hâta d’envoyer à fon ami Bonfilioli, les Ouvrages qu’il n’avoit pas encore fait imprimer. Une feconde atraque termina fa carriere à l’âge de 67 ans, le 3 d'Oétobre 1654, regretté de l’Europe entiere, & principalement du fouverain Pontife. Son corps fut ouvert , & l’on vit clairement que la caufe de fa mala- die conffloit dans deux onces de fang épanché dans le ventiicule gau- che du cerveau, & d’une grande quantité d’une humeur jaunâtre , qui remplifloit le ventricule droit. Lancifñi , Médecin de la plus grande 75 SNAMONEUE NP, ET LUE 51 réputation, & témoin oculaire de ce fair, le rapporte dans fes Ouvrae ges. Bonfilioli treduifit en Latin les Ouvrages non imprimés & écrits en Italien par fon Maître, & il les envoya à la Société de Londres, qui les fit imprimer. Malpighi étoit d’un caractere doux, d’une prudence rare , ardent pour le travail & avide de gloire : fa taille éroit médiocre, fon vifage animé & brun : il avoit époufé Françoife Maflari , dont il n’eur pas d'enfans; elle furvécut peu de rems à fonilluftre époux. De tous les portraits de Malpighi que l'Italie poffede, aucun ne lui reffemble plus parfaitement que celui qui eft fur la médaille frappée à Bologne , en honneur de ce grand Homme, & après que la mort l’eûr ravi au fiecle dont il füt l’ornement. Malpighi eut plufieurs Difciples , dont les noms font devenus céle- bres, foit dans l’Anatomie, foit dans la Médécine. On cite principa- lement Louis Donnelli, Dominique Guillelmini, Saudrini, Albeclini; mais fur-tout l’illuftre Vafalva, Ses Eleves firent ériger , en l'honneur de leur Maître, un Monument en marbre, dans la galerie fupérieure du College de Bologne. camper PRÉ RMNONGAIR EEE A NTINTURE De l'Académie Royale des Belles - Lettres , Sciences & Arts de Bourdeaux. Qusrre eft la caufe des Bulles , des Fils ,jou Stries , que l’on obferve dans prefque tous les verres optiques ; & quels feroient les moyens d'y remédier, & de rendre par-là'ces verres plus propres aux opérations pour . defquelles on les emploie? Elle invite ceux qui voudront concourir , à lui envoyer dans le rems avec leurs Ouvrages , des épreuves de leurs travaux, qui puillenc la mettre en état de pouvoir en juger. Pour fujet du Prix courant que cette Compagnie aura à diftribuer en 1774, indépendamment du Prix qu'elle à annoncé pour cette même annce , /ur le raffinage du Sucre, par fon Programme du 2$ Août 1771, elle propofe aujourd’hui certe autre queition : Expofer Le traitement des maladies qui enlevent avant le feptieme jour de couche , la majeure partie des femmes dont l'accouchement a été fort laborieux & contre nature ; & déduire d’une pratique heureufe , & de l'ou- vYerture des cadavres , une théorie de ces maladies , affez lumineufe pour faire fentir pourquoi les moyens employés d'ordinaire dans les cas des vifceres contus & enflammés , (les anti-phlogiftiques de toute efpece,) fonc ff peu efficaces dans ces cas-ci, el) ji DE DE NE SRG NS TR 79 Les Pieces fur ces différens fujets ne feront reçues que jufqu’au premier Avril exclufivement , des années pour lefquelles les Prix leurs font aflignés. ’ Les Auteurs font priés à l'ordinaire, d’avoir l'attention de ne point fe faire connoître , & de mettre feulement leur nom & leurs qualités dans un billec cacheté, joint à leurs Ouvrages. Les Paquets feront affranchis de port, & adreflés à Monfieur le Secretaire perpétuel de l’Académie. TRANSACTIONS DE LA SOCIÉTÉ PHILOSOPHIQUE D'AMÉRIQUE, établie à Philadelphie pour l'avancement des Sciénces utiles. À Phila- delphie, chez William; & chez Thomas Bradfort, au Café de Londres. FT Sciences parcourent fucceflivement toutes les parties du globe ; Philadelphie devenue la métropole du Nouveau monde , apprend à fes habitans que la feule envie de s'enrichir ne doit pas être l’appanage de l’homme, & que les richeffes qu’ils accumulent doivent être appli- quées au moins en partie pour le progrès des arts utiles. Il fufhit de rapporter le titre des articles contenus dans ce premier Volume, pour juger du travail de ces célebres Infulaires, Cette table eft divifée par fections ; la premiere comprend dix mé- moires ou diflerrations fur le paflzge de Vénus ; une table des mefures terreftres entre les Obfervatoires de Noriron & de Philadelphie, avec les différences de longitudes & latitudes ; l'amélioration du quart de cercle de Geoffroi , ordinairement appellé le quart de nonante d'Hadley; eflais fur les comètes & fur leur apparence lumineufe , & quelques conjectures fur l’origine de la chaleur ; obfervations fur les comètes de Juin & de Juillet 1770, les élémens de fon mouvement & de l’efpace qu’elles parcourent; relation fur la même comète ; relation du pallage de Mercure; la parallaxe du foleil déduire de la comparaifon des obfer- vations faites à Noriton en 1769 , fur le paflage de Vénus, avec les diverfes obfervations faites à ce fujer en Europe ; obfervations mété- rcologiques. On lit dans la féconde feétion un effai fur la culture de la vigne; fur la maniere de faire & de préparer des vins, fuivant les divers climats de l'Amérique feprentrionale ; méthode de cultiver les figues , & ob- fervations fur la maniere de cultiver & de préparer le lin; obfervarions far la calandre qui détruit les grains, fuivies de plufeurs méthodes pour les en préferver ; obfervations fur le mème fujet, par le comité d’agriculeure , fur des vers à foie de l'Amérique feprentrionale ; mé- 85 NUONE VE LINE. moire fur la dütillation des perfimons ; obfervation fur une huile extraite de la femence de tournefol & fur la maniere d’en exprimer l'huile , de mème que de la femence de behen, méchode pour détruire l'ail fauvage , pour préferver lespois des vers , pour conferver des fujers dans des efprits ardens ; maniere de faire du vin de grofeilles, ou avec du raifin de corinthe ; obfervations far le climat & fur quelques produc- tions végétales de la Floride occidentale ; catalogue des plantes étran- geres qui méritent d’ètre encouragées dans les colonies de l'Amérique, pour la médecine, l’agriculrure & le commerce ; moyens de conferver des femences & des plantes dans leur état de végétation, de maniere à pouvoir les tranfporter dans les pays étrangers ; effai fur des change- mens qui fe font faits dans le climat des colonies mitoyennes de l'Amérique feptentrionale. à La troifieme fection comprend une relation de l’éruprion du Mont- Véfuve arrivée en 1767; la defcription d’une machine à pomper l’eau dans les vailleaux fans le travail d'homme ; des extraits de quelques projets fur la maniere de perfectionner la navigation intérieure de Penfilvanie.& de Margland, par l’ouverture d’une communication des eaux du reflux de la mer, entre delaWare & la Baye de Chefopeake , &c. defcription d’une machine propre à couper des limes. La quatrieme fection renferme lanalyfe des eaux ferrugineufes de Briftol en Penfvalnie; des obfervations fur un tetanos (ou mâchoire fermée) guérie par une dofe confidérable d’opium, fur les effets du fframonium ou pomme épineufe ; des recherches fur la nature, la caufe & les remedes de l’angine fuffocative ; une relation d’une aurore boreale; La defcription d’un moulin à vent horifontal ; enfin celle d’une nou- velle efpece de raifin qui croit fur les bords de la riviere Indienne, COLLECTION Le 26 ta RT "PI COLE FC TION: ACADÉMIQUE. A Paris ; chez Panckoucke ; Libraire , Hôtel de Thou ; rue des Poireyins. Cr Ouvrage important manquoir à la France ; & il étoit difficile, pour ne pas dire impofñlble, que des Particuliers même très riches, puffent fe procurer la Collection entiere de roues les Académies érran- geres; d’ailleurs, quelques-unes publient leurs Mémoires dans l'idiome du pays ; de forte que ces Recueils précieux deviennent inuuiles à ceux qui ne l’entendent pas. Les Sue, Eur: ne font pas les feuls qui doivent fe féliciter & encourager l’entreprife du fieur Panckoucke ; fon zèle a également des droits à la reconnoiflance des Savans Etrangers , puifque la Langue Françoife eft aujourd’hui celle des Hommes éclairés de l'Europe. Cette entreprife immenfe & difpendieufe pour l'Editeur, devient très-économique pour l'Achereur. Le volume de la Colleétion de Suede en ef un exemple frappant , puifque M. Keralio a réduit :8 volumes in-8 en un feul in-4 , fans que le texte ait été altéré par certe réduétion, On oferoit mème dire que les découvertes, que les vérités , que les faits y paroïflent dans un plus grand jour, parce qu’ils font dépouillés des épifodes , des écarts que les Auteurs fe permettent très- fouvent pour ouffler leurs Mémoires; ou peut-être , parce que trop pleins de l’objet , ils croient devoir faire rentrer dans leur plan , tout ce qui y a un rapport indirect. Ces inutilités nuifent & grofliffenr l'Ouvrage, fans lui donner une valeur réelle. La vie entiere d’un homme ne fuffiroit pas pour lire la millieme partie des volumes imprimés en Europe ; & c’elt cependant dans leur immenfité qu’il faut raflembler quelques vérités éparfes, & perdre en recherches toujours faftidieufes , fouvent coûreufes, RUE inuti- les , un tems qu'on auroit fruétucufement employé à méditer ou à compofer un bon Ouvrage ; de forte que , l'on pent dire que l'homme d'étude qui n’eft pas riche, & fur-tout celui qui vit en Province , eft dans la diferte au fein mème de l’abondance, En effet, qu’eft-ce qu’un Traité fur une Science, fur un Art ? finon le Recueil de ce que les hommes ont imaginé de plus avantageux dans cer Art & dans cetre Science : mais avant de-parvenir au point de perfection, dont toute découverte eft fufceptible, il a fallu multiplier les expériences & les obfervations. L'un a propofé un moyen nouveau, l'autre a reétifié ce qui avoir éré fair avant lui; un troilieme, un quatrieme furviennent , qui font encore un pas vers la perfeétion; enfin, l'homme de génie Tome I, Part. I. i L 2 ND ir % EEE recueillant ces morceaux épars, forme un tout qu’on appelle complé- ment de l’art où de la fcience. Avant ce moment heureux , ces vérités” répandues çà & là, ont été pour ainfi dire enfevelies fous un amas d'idées mal conçues , mal préfenrées , & il a fallu perdre un tems immenfe pour en faire un enfemble correfpondant avec toutes fes parties. Tel eft l’enfemble précieux que préfente la Collection Académique dont nous parlons. Nous ne difons pas qu’elle contienne la derniere perfection de chaque Art, puifqu'il n’en eft aucun qui ait encore été porté à ce point fi defiré, mais les matériaux font dégroflis, préparés » taillés , arrangés ; enfin, ils n’attendent plus que des mains habiles pour être mis en place. De toutes les entreprifes faites en Librairie , même depuis le commencement du fiecle dernier , iln’en eft point de moins coûreufe pour le Public, s’il confidere fon étendue, de plus précienfe pour le Savant , de plus utile pour le progrès des Sciences ; en un mot, celui qui poflédera la Collection de routes les Académies , aura dans un feul corps , une Bibliotheque complete. Ce n’eft pas dans la quantité de volumes qu’on doit faire conflter fa bonté , mais dans le choix d’après ce qu'ils contiennent; autrement on priferuit une Bibliocheque à la toife. Peut-il y avoir dans le monde une Collection plus riche , plus inftruétive que celle de ronres les Académies ? Ces traduétions , ces rédactions exigeoient un grand fonds de con- noiffances de la part de ceux qui ont commencé & qui continuent cette laborieufe entreprife; mais il eft certain que toures les fois qu'un Libraire voudra exécurer des projets aufli étendus & aufli utiles, s’il eft lui-même Homme de Lertres , s’il fait voir les chofes en grand , il eft sûr de trouver des Savans qui feconderont fon zèle, & même qui, par le feul amour de la gloire & du progrès des Sciences , iront au-delà de fes vues. Cette Collection eft déja compofée de onze volumes in-4. Le pre- mier contient ce qu'il y a de plus intéreffant dans les Mémoires de l'Académie Dec Crmenro , & plufieurs Articles extraits du Journal dés Savans , depuis l’année 1665, jufqu’en +686. Le fecond , les Tran- faétions Philofophiques de Londres, depuis 1665 , jufqu'en 1678. Le troifieme , les Ephémerides des Curieux de la Nature , depuis 1670, jufqu’en 1656. Le quarrieme , des morceaux féparés d'Hiftoire Naturelle , tirés des Tranfaétions Philofophiques, dela Colleétion Philofophique de Robert Hook , des Ephémerides des Curieux de la Nature, du Journal Etré- raire de l'Abbé Nazari, PExtrait des Aes de l’Académie de Copenha- gue ; les Differtations de Stenon, les Expériences de Rhedi ; enfin, Le Defcription de quelques Animaux , par Willis, F Lui wit?r dit 4 ) LU VAR le QAR IR TE TE 7 TE £s Lecinquieme, ou fecond tome de l’Hiftoire Naturelle féparée, com- prend les Obfervations de J. Swammerdam fur les Infectes, Le fixieme, ou le premier de la Phyfique expérimentale féparée , contient le Supplement des Tranfaétions Philofophiques , l’Extrait des rincipaux articles du Journal des Savans, depuis 1688 jufqu'en 1694; e Supplement des Ephémerides des Curieux de la Nature , depuis 1670 jufqu'en :686. Le feptieme, ou le premier de la Médécine féparée , renferme des Extraits rapportés dans le Journal des Savans, dans les Tranfaétions Philofophiques , dans le Journal Littéraire de l'Abbé Nazari, dans les Actes de ral dans ceux de Leivfk, dans: les Mémoires de l'Académie de, Brefle (Brifcie), dans les Nouvelles de la République des Lettres, dans les Ephémerides d'Allemagne; enfin, dans celle des Cu-, rieux de la Nature. Le huirieme ;les Mémoires abregés de l’Académie de Berlin , depuis 1745 jufqu'en 1753 ; & le neuvieme, depuis 1754 jufqu’en 1760. Le dixieme , les Mémoires de l’Académie des Sciences de j'Inftitut de Bologne; Ze onxieme , les Mémoires de l'Acadénue des Sciences de Srockolm. LA NATURE DÉVOILÉE DC TA lIOMRE EU DIN M SU AN ANT ALT DR, Dans laquelle on démontre , par une analyfe exaële , de [es opérations ; comment & de quoi toutes chofes prennent naiflance ; comment elles fe + = £L ‘ . 4 . confervent, fe détruifenc , & fe reduifent de nouveau à leur effence pri- mordiale. À Paris, chez Edme, Libraire , rue St. Jean de Beauvais , 2 vol, in-12. Po importe peu au public que le livre qu’on lui préfente foit traduit ou original, pourvu qu'il y trouve des objers d’inftruction ou d'agré- ment ; mais il n'aime pas à être trompé , & il pardonne rarement certe perire fupercherie du Traduéteur ou du Libraire. L'Ouvrage que nous annonçons eft dans ce cas. Il fut d’abord compofé en Allemand ; enfuite traduit en Latin, & en 173$ on comptoit déja plus de vingt éditions Latines fous le titre de Carena aurea ; on à Pi plufieurs changemens & beaucoup de fuppreffions dans l'édition Françoife. Les Cabaliftes , les Adepres, les Alchimiftes , le regardent comme un ex- cellenr Ouvrage en ce genre; tous fe plaignent de ce que l’Auteur y parle avec trop de précifion ; parce que les grandes vérités, difent-ils, ne Li 84 DNONTOOTINE | C'INLIMEUS doivent pas être mifes à la portée du profanne vulgaire, Si l'éleve fuit exactement l’Auceur dans les procédés qu'il indique, il créera non- feulement des végétaux , des minéraux ;, mais encore des animaux , de forte que le premier principe de la nature fera dans fes mains, & il la forcera à produire tel ou tel être à volonté. Cependant malgré fes promefles fouvent réitérées , voici comment l'Auteur s'explique. Tom. I. p. 82.» J'enfeignerois volontiers ici une manipulation (1) >» par laquelle on pourroit produire toutes fortes d’animaux de l’efpece » qu’on voudroit; mais afin qu’on ne me taxe point de m'ingérer dans les fonctions du Créateur , j'aime mieux en garder le filence. On » devroit pourtant raifonnet avec plus de folidité , & penfer que Dieu » a créé tout de rien & fa”s matiere ; au lieu que nous, en voulant » limiter foiblement nous ne faurions nous pafler de la matiere déja » créée. Dieu ne nous a pas défendu de nous récréer dans fes Ouvrages » & fes créatures, mais il le commande plutôt à fes élus & le leur a » revélé en fecrer , comme une fcience cabaliftique par laquelle ils » peuvent parvenir de plus en plus à la connoiffance de Dieu «. Ce trait feul fait connoître la nature de cet Ouvrage mal écrit, chargé de beaucoup de répétitions inutiles , mais mvins mulripliées” que dans l'original Allewiand vu Latin. € (1) On a fingulierement adouci & changé ce paffage dans cette édition, HONS MINOR RME RAIN A ETUI RMEMIENL TE Die NC tD Er Bivtet rio: Le fieut Panckoucke vient d’acheter une édition entiere contrefaire de l'Hiftoire Naturelle, 4 vol. &7-8°. de quarante feuilles chacun. Ces quatre volumes comprennent les treize volumes ir-12. de l’édition de l’Imprimerie Royale. Il vient de les mettre en vente, & a fait imprimer un cinquieme volume qui comprend les quatre volumes des oifeaux. On a adapté à certe édition toutes les figures de l'édition du Louvre aw nombre de 265. Le prix de ces cinq volumes en feuilles, qui com- prennent la totalité du Difcours de M. de Buffon, fe vendent chacur s liv. On la complettera à mefure qu’on publiera de nouveaux vo- lumes. Mémoires fur les Tubes ou Lunettes d'approche dioptriques , par le Pere Bofcowich. À Milan, chez Marelli. Nous ferons connoïtre cer Ouvrage, écrit en Italien, dans les volumes fuivans, DABLET RUE GR NA NTI MERE 5. 8 Le Fumifuge , ou Remede contre les inconvéniens de l'air & des tour- billons de fumée qui obfcurciffent Londres. À Londres, chez White. Cette Differrarion fut anciennement compofée fous Charles Il, Roi d'Angleterre. M. Evelyn, fon Auteur, exige qu'on éloigne de la Capitale les Manufactures qui confument beaucoup de charbon de terre. Outre cet inconvénient très-confidérable en lui-même; l’Auteut fe plaint de toutes les exhalaifons putrides qui corrompent l'air, C’eft un vice qui appartient à toutes les Villes trop peuplées. Méthode aifée pour effayer © claffer les fubftances minérales , Ouvrage écrit en Anglois par M. Reïhold Forfter , Membre de la Société Royale de Londres. Chez Dilly. Elémens d’une Phyfique d'Agriculture , Ouvrage Allemand pat M. Leyfer. À Fulde, chez Stachel. Parler Phyfique aux Laboureurs, c’eft démontrer les couleurs devant un aveugle. Il leur faut des exemples palpables & pratiques : leur donner des élémens, eft encore plus difi- cile. Cependant M. Leyfler a mis dans cet Ouvrage toute la fimplicité dont il étoit fufceprible. Traité de la Culture de la Vigne dans l'Eleëtorat de Saxe , écrit en Allemand par M. Offenfeldera. À Drefde, chez la Veuve Gerlac. Nous fommes fichés de ne éonnoître: cet Ouvrage que par le ritre. On nous aflure qu'il renferme une belle pratique appuyée par une excellente théorie, Démonflrations de Botanique à l'ufage de l'Ecole Vétérinaire ; nou: velle édition revue & corrigée. À Lyon, chez J. M. Bruifet, 2 vol. in-8°. Les corrections & prétendues additions faites à cet Ouvrage fe réduifent à un tableau de l’analyfe végétale extrait des Leçons de Chymie de M. Rouelle. Si le Libraire avoit confulté, avant de faire cette édition, les Auteurs qui y ont travaillé , ils lui auroient indiqué des corrections bien plus importantes & des additions plus néceffaires, On travaille aétuellement à un Traité à peu près dans le mème genre qui fera beaucoup plus complet & encore plus à la portée des Etudians en Botanique. Il paroïtra inceflamment, Pharmacopea Danica ; regiä dutoritate ; a Collegio Medico Haunienfii confcripta. À Copenhague. Elle eft divifée en trois parties: la pre- miere fait connoître les fubitances qui entrent dans la compofñtion des remedes; la feconde , les formules des remedes compolés ; la troi- fieme donne le tarif du prix des remedes dont on 2 prefcrit la conr- polition. Il feroic important d'établir dans chaque Royaume un fem- 86 Nr ORNON PEUR. LL. HN sQUE blable tarif, & qu'à l'inftar de Paris on fit chaque année des vifites pour faire jetter les remedes altérés. Obfervations fur la maniere d’agir & l'ufage du mercure dans les ma- ladies vénériennes , par M. André Dancan, Docteur en Médecine. À Londres, chez Cadell. Ouvrage écrit en Anglois , dans lequel l'Aureur réfure la plus grande partie des opinions reçues fur les effets du mercure. : Préceptes de Santé, ou Introduëtion au Diétionnaire de Santé, con- tenant les moyens de corriger fon tempérament & de le fortifier par le Jeul fecours du régime & de l'exercice ; ou l'Art de conferver la fanté & de prévenir les maladies. x vol. in-8°. À Paris, chez Vincent. Ces vitres mulripliés ne donnent aucune valeur à un Ouvrage qui ne contient que ce qui a fouvent été dit , & ce que tout le monde fçait. Effais pratiques fur les fievres intermittentes , l'hydropifie , les mala- dies du foie, l'épilepfie ; la colique ; la dyffenterie , & la maniere d'agir du calomel ; par M. Lyfons, Doëteur en Médecine. À Londres, chez Wilkie. Cet Ouvrage eft écrit en Anglois , & on nous l'annonce comme rempli d'excellentes obfervations. E I N, jh bn LAB LE DUE, SV A RELANCUE ES Contenus dans cetre premiere Partie. EE roérunces & phénomenes finguliers fur la communication de la chaleur ; par M. Braun , de l Académie de Saint-Pétersbourg , page # Réflexions de M. Beoumé , Apothicaire de Paris, & Demonjtrateur en Chymie , fur l'attrailion & la réprlfan qui fe mursfeficnt dans lg cryflallifation des [els , $ dObfervations lues par M. ,Lavoifier à l’Académie Royale des Sciences, Jur quelques circonflances de la cryftallifation des Sels, 19 Lettre écrite à l' Auteur de ce Recueil , par M. Rouelle, Démonftrateur de Chymie au Jardin Royal des Plantes , fur la préfence de l’alkali minéral tout formé dans les végétaux , & [ur le moyen de l'en retirer immédiatement fans le fecours de la combuflion & de l’incinéra- tion , 13 Nouvelles expériences fur la Mine de plomb blanche , 16 Expériences nouvelles [ur la deftruëtion du Diamant dans les vaiffeaux fermés, par MM. d'Arcet & Rouelle, 17 Lettre écrice à l’ Auteur de ce Recueil , par M. Haram , Maître en Phar- macie à Chartres , dans laquelle il annonce les acides végétaux comme contrepoifon de la Ciguë, 3$ Lertre écrire à M. Portal , de l’Académie Royale des Seiences, par M. Macgrudan , Médecin à la Jamaïque, fur l’inoculation du pians , 7 Nouvelles expériences d'agriculture , par M. Tüller , de l’Académie Royale des Sciences , 47 Differtation de M. Gorlieb Gmelin ; fur les moyens de connoftre Les vertus médicinales des Plantes par leur caraëtere botanique 43 Defériprion d'une Conyze, dont la femence a été envoyée des Ifles de France & de Bourbon ; au Jardin Royal des Plantes de Paris, 62 Obférvations fur l Animal qui porte le mufc, & fur fes rapports avec les autres Animaux , par M. d’Aubenton de l’Académie Royale des Sciences , 63 Rapport fair à l'Académie Royale des Sciences, par M. Bailly , fur la premiere Partie de l'Art du Coutelier en Ouvrages communs ; par M. Fougeroux , . 68 Nouvelles Litéraires. Vie de Malpighi, 73 [Li TD LE Programme propofe par l Académie Royale de Bourdeaux ; page 78 Tranfaëtions de la Société Philofophique d'Amérique , établie à Phila- delphie; pour l'avancement des Sciences utiles ; 79 Colleëlion académique ; 81 La Nature dévoilée , ou la Théorie de la Narure, 83 Hifloire Naturelle de M. de Buffon, 84 Annonce de quelques Livres nouveaux , 84 Fin de la Table. Go IPB IP ROLE LA. Tu lcOi LE fu, par ordre de Monfeigneur le Chancelier , un Ouvrage ayant pour titre: Tableau du travail annuel de toutes les Académies de'Europe. où Obfervations fur la Phyfique, fur l'Hifloire naturelle & furles Arts, &c. par M. l'Abbé ROZIER, TA & je crois qu'on peur en permettre l'impreflion, A Paris, ce 30 Janvier 1773, GARDANE { | 7. à « Le: . . # x . AT CSSS ere. 2e * 20D/ 0p PNA Co CNED * L [l / | —_——— ++ *PJ2 NL) FOp P'UOYONO "AIX LL ° adno ) Uo FE 79 Pnau) AET | = La este y ee EE PE re Lu ef Dates, Li ‘ AE LE L 1 LEpre rg Ps Bille Se: p. PLANT, = 3 Janvier 1779 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, OR L'HISTORREL NATURELLE EPST LES "AART 5: "AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; DÉDIÉES Av MEL RAC OM T ED ART OLS, Par M. l'Abbé ROZIER, CheYalier de l'Eglife de Lyon , de l'Académie Royale des Sciences, Beaux Arts& Belles. Lettres de Lyon, de Villefranche, de Dijon, de la Société Impériale de Phyfique & de Botanique de Florence, &c. ancien Direcleur de l'Ecole Royale de Médecine Vétérinaire de Lyon. OMR PAR: EME. R. À FEFRLER. Œ, AUPARIS, Hôtel de Thou, rue des Poitevins. MIADIGIC Lx XIII AVEC PRIVILEGE DU RO (oo (RÉ S OFUŸS'E RFI PITTO N DE ce JourNAzL DE PHyYsiQue. TL paroîtra chaque mois un Volume de dix à onze feuilles än-4 enrichi de gravures en taille-douce. On pourra à la fin de chaque année relier ces douze Volumes, & ils formeront deux Volumes in-4 de 60 a 70 feuilles. On foufcrit pour cet Ouvrage à Paris chez Pancxoucxez , Hôtel de Thou, rue des Poitevins , & chez les principaux Libraires des grandes villes de ce Royaume & des Pays étrangers. Le prix de la foufcription eff de 24 liv. pour Paris, & de 30 liv. pour la Pro- vince, franc de port. On a cru auffi devoir fe borner à l'ancien titre & fupprimer celui de Tableau du travail annuel de toutes les Académies de l’Europe, titre trop général pour un Jour- nal de Phyfique. Les Savans qui voudront faire inférer quelques articles dans ce Journal, font priés de les adreffèr à l Auteur place & quarré Sainte-Genevieve, au coin de la rue des Sept-voies. On trouve chez le mème Libraire le Mémoire de M. l'Abbé Rozrer, couronné par l’Académie de Marfeille , fur la meilleure maniere de faire € de gouverner les Vins > foit pour l'ufage , Joit pour leur faire paller La mer. x vol. in-8 avec figures. Prix 3 liv. 12 fols. | Ta BB L.E DUNE. SAR CENENGNIES, EE Contenus dans cette premiere Partie. Erin far l'éleëtricité athmofphérique ; adreffées à la Société Royale de Londres , par le Pere Beccaria, page 89 Expériences fur La forme de la Neige, par M.]J. a Wilke, 106 Problémes de Phyfique à refoudre , 107 Extrait d’une Lettre du P.Cotte ; fur les as effets d'un Miafme, 109 Mémoire de M. Hyacinthe Fabri, fur ur Monftre humain, 110 Obfervation fur l'Opération faite à un Chat né aveugle, par M. Perret , 118 Mémoire contenant l’Analyfe d'une Eeau Minérale de Mont-Cénis er Bourgogne, par M. de Morveau ; 119 Précis raifonné du Mémoire de M. Jacquin , dans lequel cet Auteur difcute la doëtrine de M. Meyer fur l’acidum pingte, & établit, par une fuite d'expériences , celles du Doëteur Black fur L air fixe, relativement * à la chaux & aux alkalis caufliques , pour fervir à l’hifloire de l'air fixe & de l'air confidéré comme élément des corps folides , 123 Defcription d'une Dent foffile, 135$ Eclairs produits par la fleur de Capucine, 137 Modele d'une nouvelle Ruche à miel ; par M. de la Nux , 138 Rapport fair à l’Académie par M. Morand , de la feconde Partie de l Are du Courelier , 141 Précis d'une Machine de M. Ramsdem , pour divifer toutes fortes d’Inf- crumens de Mathématique , 147 Vie de Valfalva, 148 Prix propofés par les Académies de Dijon & de Befancon , 153 Réflexion fur le rrifle fort des perfonnes , qui, fous une apparence de mort ; ont été enterrées vivantes , & fur les moyens qu’on doit mettre en ufage pour éviter une telle méprife , par M. Jannin F, 154 Hifloire univerfelle & raifonnée des végétaux , troifieme Centurie ; par M. Buchoz , ns7 Précis du Mémoire de M. Parmentier , couronné par l'Académie de Befancon , dans lequel l’ Auteur indique les végétaux qui podrroient 166 M Re LE. 5 fuppléer en tems de diferte à ceux qu'on emploie communément pour la nourriture des hommes , & quelle devroit en être la prépara- tion » 158 Livres nouveaux , : 159 Fin de la Table, D AR P R.OQ BA: TION. Jx lu, par ordre de Monfcigneur le Chancelier , un Ouvrage ayant pour titre : Obfervations fur la Phyfique, fur l’Hifloire naturelle & fur les Arts, &c, par M. l'Abbé Roz1ER, 66, & je croisqu'on peut en permettre l'imprefon, A Paris, ce 30 Janvier 1773, GARDANE. LS Rs 212: ED o PHYSS TO UE; RON PRE EuNsChE:S ri Sur L'EÉLECTRICITÉ ATHMOSPHERIQUE, Adreffées à la Société Royale de Londres ; par le Pere Beccaria, des * Ecoles Pies à Turin. di TR FOR EIM E 21 Lu Le corps B. nullement éleétrique , placé de quelque maniere que ce Joit dans l’athmofphere du corps À. électrique , tandis qu'il communique avec le terrein, acquiert une électricité contraire à celle du corps À. (r). e LA , A = A se » 2. Soit un életrometre; c’eft à-dire , un bâton de cire d'Efpagne, d’un pied & demi de longueur ; qu’on ajoute à une de fes extrémités deux filets de lin très-minces qui aient à peine un vingtieme de ligne d’épaiffeur ; qu’ils aient environ vinec-huit pouces de longueur , & qu'ils cb ) : D POS: i A * foient rendus par de petits morceaux de liege ou de papier très- fin. 3. Je prends une extrémité du bâton de cire d’Efpagne, j’approche (1) Cette differtation exige la plus grande attention de la part de nos Leéteurs, & elle préfente une chaîne de vérités & d'expériences ; la moindre diftraétion leur en feroit perdre la fuite. Pour bien entendre ce que dit le Pere Beccaria, il eft nécef- faire d'expliquer ce que fignifient, dans le fens de l'Auteur, ces mots éeéfrifer en plus ou avec excès ou pofitivement , & éleétrifèr en moins ou par défaut. Ainfi , ima- ginez-vous , ou foyez perfuadé que toute portion de matie: , c’eft-a-dire , rout corps contient uve quantité de fluide éleétrique ; que fi par un procédé quelconque, on vient à augmenter la portion naturelle de ce fluide éleëtrique dans un corps , il eft alors éle&trifé en plus. Si au contraire on diminue, où on enleve, ou fi enfimon met ce corps dans le cas de perdre une portion de cette quantité de matiere qui lui cft pro- pre , il eft alors éleérifé en moins ou par défaut. A ces définitions , il eft effentiel d'en ajouter deux autres. Le corps déférent n'eft autre chofe que l’athmofphere d’un corps éleétrifé en plus, ou fouvent le conduéteur qui cranfmet l'éleétricité d'un corps à un autre. Le corps retenant défigne l'état 2e corps confidéré comme chargé de l'électricité de quelque maniere que ce oit: : Tome I, Partie II. M 90 PA HAN SV TETENO NNUARES es filets de la chaîne pour qu'ils la touchent; fi le bout de ce bâton attire véritablement le feu électrique par fa féchereffe & fa rempéra- ture , les deux filets s’écarteront du côté de la chaîne, ils deviendront l’un & l’autre électriques par excès. 4. Quand même ils ne toucheroient pas à la chaîne, ils acquierent fon électricité, pourvu qu'ils foient plongés aflez profondément dans fon athmofphere. s. Cet effer arrivera encore plutôt & plus certainement fi on humecte les filets fans diminuer la ficciré du bâton; ils contraëteront plus promp- tement l'électricité urgente que la comprimante. J'appelle urgente, cette électricité qui s'accroît toujours par le nouveau mouvement du feu électrique, comme par exemple lorfque l’on continue le frottement du verre ; l'électricité comprimante au contraire , eft celle qui, une fois communiquée , ne s'accroît pas pareillement. 6. Il fuit de là, que , lorfque je place les filets de mon éleétrometre dans l’athmofphere de la chaîne , dont l'électricité eft fur-rout compri- mante, ils fe dirigent vers la chaîne, foit qu'auparavant ils fuffent dans une pofition pendante, foit qu'ils fuffent rendus dans un fens con- traire ; s'ils font tendus de ce côté là, ils s'y étendent encore davan= tage. 7. Si, après avoir touché les filets dans cet état, je les laiffe dans l’ath- mofphere après en avoir retiré mon doigt; fi j'approche mon doigt pour la feconde fois, ces filets fuiront & s’éloigneront d’un côté oppofé ; mais cette fuite fera recardée par leur direction vers la chaîne, & ce mouvement fera en raifon de la force avec laquelle ils s’écartent du doigr. $2 Si au moment que j'ai touché les filets dans l’athmofphere de la chaîne, je prends la chaîne même dans le rems que fon électricité fe diffipe, alors les filets s'écartent davantage l’un de l’autre, & ils s’ap- prochent beaucoup plus vers la chaîne ou vers le doigt ; mais fi on les approche de la machine qui eft électrique , ils s’en éloignent , & au contraire ils s’en écartent également quoiqu'on les éloigne de la chaîne avant que fon électricité foit diflipée. 5. C’eft pourquoi ces deux filets étant touchés dans l'athmofphere de la chaîne éleétrique en plus, acquierent l'électricité de la machine, & deviennent éleétriques en moins. 10. Le doigt plongé dans l’athmofphere doit également devenir élec- trique par défaut, tant qu'il refte plongé dans cet athmofphere. La caufe étant la mème, les effets doivent fe refflembler. Comme l'éleri- cité des filets produit leur divergence, de même l'éloignement de ces filets démontre l'électricité dans le doigt. 11. Si on fait l’expérience dans l’athmofphere de la machine, on obtiendra les mêmes effets; Les filers & le doigt deviendront électriques PAPAID VIE SUD) OÙ ut 91 en plus; ces filets s'empareront de l'électricité de la machine, & ils s’approcheront d’elle où du doigt; mais approchés de la chaîne, ils s’en LA écarteront. 12. On faic plus facilement & plus commodément ces expériences dans les athmofpheres de la bouteille éleétrifée par l’explofion. Tandis qu'un aide tient cette bouteille par le crochet , je plonge mon cleétro- metre dans l’athmofphere de la face externe , exaétement enduite. ( Je l’appellerai le ventre de la bouteille.) Je rouche les filets plongés , mon aïde prend en mème tems la bouteille par le ventre (1), les filers fe réfugient vers Le crochet, qui eft environné par l’athmofphere de la face intérieure. Je pourfuis mon expérience & je touche les filets plon- gés dans l’athmofphere du crochet , ils fe redreffent vers lui ; alors mon aide abandonne le ventre de la bouteille pour prendre le crochet, & dans ce moment les filets s’écartent du ventre. 13. Il eft donc évident en général, que le corps B plongé dans l'athmofphere du corps À, tandis qu’il communique avec le terrein , acquiert une électricité contraire à celle du corps À. Nous verrons que ces expériences conviennent également aux autres corps déférens ,comme aux filets dont nous venons de parler, TuEeorEeME IL 14. Le corps B placé dans l'athmofphere du corps À éleëtrique en plus , tandis qu'il communique avec le terrein, devient électrique en moins ; parce que fon feu eft communiqué au terrein par l'athmofphere éleétrique en plus ; & le corps B placé dans l’athmofphere du corps À éleëtrique en moins , candis qu'il communique avec le terrein, devient éleëtrique en plus, parce que le feu fe communique du terrein dans ce corps contre lathmof- Phere environnant & éleétrique en moins. 15. J'appelle puits électrique, un cylindre de fer-blanc creux, bou- ché par fa partie inférieure, & ouvert dans la partie fupérieure. Sa hauteur eft de quinze pouces, & fa largeur de fix pouces & demi. Toutes les fois qu'il eft employé dans mes expériences , je le place fur une petire table ronde, foutenu par un point d'appui de verre affez long. \ 16. Je nomme l'ame du puits, un cylindre de bois folide, de quinze lignes de diametre, fur dix-neuf pouces de hauteur ; enveloppé de tout (x) Je fais prendre la bouteille par le ventre toutes les fois que j'exécute l'expé- tience fur le crochet; ce qui s'accorde parfaitement avec les principes de M. Franklin. On doit fcrupuleufement obferver de ne pas prendre la bouteille par le ventre, & par le crochet en mêmetems, Mi; 1] 92 BURN CE SUN NO en ‘E: côté par une feuille de papier doré, Je fufpends ce cylindre par des cordons de foie ; de façon que fon axe réponde à l’axe du puits, & qu'il foit éloigné en tout fens, de quatre pouces & fix lignes , foit de la circonférence du puit , foi de fon fond. 17. Les chofes ainfi difpofées, je dirige avec la main droite, la pointe raboteufe d’une verge de métal vers la partie de lame du puits, ui fort de fa cavité ; je tiens de ma main gauche le ventre d'une bou- teille éleétrifée pour l’explofion ; j-approche fon crochet du côté du puits ; il part une érincelle du crochet vers le puits, & une autre étin- celle part de l'ame du puits à l’extrémité de la verge. Tout le feu de l'ame étant épuifé , l'ame eft éleétrifée en moins par l’athmofphere du puits électrique en plus. Elle repouffe les filets de mon aréometre , qui touchoient le ventre de la bouteille , & qui font attirés par le puits. 18. Si: j'enleve avec mon doigt l’éleétricité en plus du puit, fon ame continue à ètre électrique en moins; fi j'ôte l'électricité en moins de l’ame , les filets continuent à être électriques en moins , mais ils s’approchent alors du doigt duquel ils s’écartoient dans cette athmof- phere. Les filets étant ifolés du terrein par le moyen du bâton, demeu- rent électriques en moins , pendant que l’athmofphere fe diflipe; & le doigt perd aufli-rôt cetrel électricité, parce qu'il communique avec le terrein. ; 19. Je réitère mon expérience , mais j’approche du puits le ventre de la bouteille que je tiens par le crochet ; il. part une aigrette de la verge que j'approche de l’ame ; l'ame eft électrifée en plus par l'ath- mofphère: du ‘puits éleétrique en moins. L’ame repoufle les filers de mon électromietre , éleétrifés par Le crochet de la bouteille, & le puits leboartire. : 10) 20. Ces expériences confirment-le premier théorème, & démontrent ce fecond. Rail TREOoREME Ill. 21. Le corps B. placé dans l’athmofphere électrique du corps À. quoi- qu'on ne l'y touche pas ÿ acquiert cependant un certain degré d’éleëtricité contraire à celle du corps À , mais plus foible felon qu'il eft plus exac- rement ifolé. du terrein. 212. Je fufpends cet appareil , de maniere que le bâton réponde à l'axe du puits prolongé en dehors , & que les filets aboutiflent tout auprès de fon orifice; alors j’envoie une étincelle dans le côté du puits par le crochet de la bouteille; les filets commencent aufli-tôt & conti- nuent à s’écarter l’un de l’autre, & à s'éloigner du doigt préfenté de loin. 23. Or, nous avons vu (10, 18.) que dans cet athmofphere élec- P'IVE MENISIUe MO, AU l'E, trifé en plus ,.le doigt s’éleétrifoit auflitôt en moins; il faut donc auffi que ces filets qui s’éloignent du doigt foient éleétrifés en moins. 24. Tant que ces filets demeurent dans le même athmofphere , ils s’écarrent à la vérité du ventre de la bouteille électrifée en moins. 25. Il eft aifé de voir pourquoi ils s’éleétrifent en moins étant ifolés du fol par l'intermede du bâton qui les retient. J'obferve qu'il eft rare que les corps qui font les plus propres à retenir le feu életrique , le retiennent entiérement. Ce fait eft connu à tous ceux qui font familiers avec ces fortes d’expériences. 26. J'ajoure enfuire que lors même qu'ils le contiennent le plus exactement, ils n'empèchent pas tout-à-fait le mouvement de la matiere électrique. Les cordons de foie avec lefquels je fufpends la chaîne, les tuyaux de verre qui fervent de point d'appui à la machine, les bords nuds des miroirs de M. Franklin , dans le tems même qu'ils arrêtent le plus le feu éleétrique, contraétent cependant quelqu'éleétricité ; c’eit- à-dire, cette partie de l'électricité qui fe répand par fa propre force d'un milieu déférenc dans les limites du corps contenant, & qui, s’avançant dans ces bornes en proportion de fa force, diminue par degrés; c’eft cette feule partie qui perfeétionne la propriété de cou- tenir. 17. On peut donc dire que les filets, quoique féparés par le baton de cire d'Éfpagne , peuvent cependant renvoyer une partie de leur feu pouflé par l’ation de l’athmofphere électrique en plus , dans les parties de l'air plus éloigné, où dans celles du bâton même , auxquelles , ou l’achnofphere n’aboutit pas tout-à-fait, ou, s’il y tou- che , il eft moins denfe; & par la mème raifon , il peut fe faire une légere augmentation d’éleétricité dans les filets. 28. Je dis légere; car, au premier mouvement que font les filets, ils s’écartent du doigt qu’on approche; mais à mefure qu’on avance le doigt un peu plus près, ils s’en rapprochent; & c'eft-là le caraétere des corps qui ont à la vérité une éleétricité commune, mais très-foible dans l’un, & affez forte dans l’autre. 29. En effer, les filers's'écartent moins l’un de l’autre par l'électricité qu’ils acquierent pat la feule immerfion dans l’athmofphere éleétrique , que par celle qui s’augmente lorfqu'on les touche. La premiere dure moins que la feconde. Si je touche le puits avec la main, & fi j'ap- proche aufli-tôt le doigr des filets , ils avancent encore contre le doigt ; mais fi mon doigt eft dirigé un peu plus tard vers les filets , alors ils demeurent immobiles dans leur direction naturelle , parce qu'ils font déja dépourvus de cette électricité , qu'ils confervent dans route fa force hors de l’ahmofphere éleétrique mème, lorfqu’ils fe font contraétés à caufe de l'attouchement. 94 Far se Ne HET EN OR MEME MINE 30. Un corps placé dans un athmofphere électrique , peut être dépouillé par ce même athmofphere de fon électricité analogue quoi- que plus foible, & recevoir de cer athmofphere une électricité con- traire. 31. Je fais mon expérience en touchant le côté du puits, tantôt avec le crochet , tantôt avec Le ventre de la bouteille, & ainfi alternative- ment. Comme cette expérience peut avoir plufieurs différences, felon la diverfité de l’athmofphere & felon la variété de l’effai, je la décris premiérement dans fes parties , & j'obferverai enfuite les variétés que préfenre chaque partie. 32. 1°. Lorfque je touche le côté du puits avec le crochet, les filets de l’électrometre s’écartent l’un de l’autre; 2°. lorfque je touche enfuite le puits avec le ventre de la bouteille, les filets fe rapprochent; 3°. enfuire , ils s'éloignent de nouveau. 4°. Si je retouche le puits avec le crochet , les filets fe rapprochent pareillement , & s’écartent enfuite. 33. J'ai dir & affez démontré au fujet de la premiere partie de cette expérience , dans le théorème précédent, comment les filers s’écartent l’un de l’autre, & tous les deux du doigt & de la bouteille , quelles limi- tes circonfcrivoient ces écartemens; enfin , quelle en eft la caufe:ainfi, on doit appliquer ce que j'ai dit, au fujer de ces phénomenes, à ceux qui arrivent lorfque les filets commencent par s’écarter, ou lorfqu'ils s'écartent une ou plufieurs fois, après s'être approchés. 34. Il ne me refte donc plus ici qu’à donner la raifon par laquelle ces filets fe rapprochent , lorfque les éleétricités produites auparavant dans le puits, éprouvent des changemens ; effer fujet à plufieurs varié- tés , felon la différence des accefloires. 35. Car fi les filets couchés avec le crochet avoient contracté une forte électricité en moins, aufli-tôt qu’ils ont été plongés dans l’athmofphere électrique, lorfqu’on produit enfuite dans le puits une éleétricité en moins par le moyen du ventre de la bouteille, alors les filets confervent la même électricité que les corps pareillement éleétrifés , ils font repouf- fés par le puits , & s'élevent vers une région oppofée à fon orifice. Alors ils demeurent fufpendus dans une direétion droite, ce qui dure en rai- fon du tems que le bâton eft plus retenantr. 36. Il arrive quelquefois, (& même toutes les fois que les filets font plongés dans le puits jufqu’à une certaine profondeur , ) qu'un des filets s’éleve, tandis que l’autre demeure dans une direction perpendicu- laire , comme pour fe rendre plusaptes à répandre le feu éleétrique, plus PRE UNE NUE Ou. er: s denfe dans les lieux plus voifins du/puits, & plus rare dans les endroits plus éloignés. 37. Lorfque les deux filets , ou un des deux feulement , font defcen- dus, ou foit qu’un des deux ait refté élevé, ils continuent à s’écarter l’un de l’autre. Ils ne fe rapprochent enfuite que très-lentement; mais il fauc que le ventre de la bouteille continue à être auprès du puits, & l'électricité du puits, quoiqu’en moins, plus forte, abforbe enfin celle des filets qui eft plus foible. 38. Lorfqu'’on fait l'expérience de cette façon, les filets , ou encore élevés ou defcendus, s’approchent toujours du doigt avant de fe réunir entr'eux, & ils demeurent électrifés en moins. Dans cet intervalle , le doigt qui fe trouve dans une athmofphereélectrifée en moins , s’électrife par excès , ou en plus. 39. Les effets font contraires fuivant la différence des adjoints ; c’eft- à-dire, fi l’athmofphere a produit dans les filets une foible électricité en moins par le moyen du crochet, & que le bâton de cire d’Efpagne ne contienne pas aflez exaétement la vertu communiquée aux filets ; alors les filets fe réuniffent aufli-tôt qu'on approche le ventre de la bouteille, & ils s’écartent enfuite; le plus fouvent ils ne s’uniflent pas, fur-tout dans l’orifice du puits ; mais pendant un petit inftant, ils- diminuent tant foit peu l’angle de leur divers genre, & l’augmentenc auffi-rôt après; c’eft-à-dire, que l'électricité en plus de l’athmofphere , eft détruite dans un inftant, tandis que l'électricité en moins augmente, abforbe aflez promptement la foible électricité en moins des filets, & fufcite en eux un certain degré d'électricité en plus. 40. Je prouve facilement la vérité de mon théorème par les expé- riences fuivantes. J'atrache au côté du puits un fil de lin d’un pouce & demi de longueur, j’approche de ce fil le ventre de la bouteille, je fais enforte que l'électricité en plus du puits fe difipe lentement & peu à peu, de même que celle en moins des filets; & que l’éleétricité en moins augmente très-lentement dans le puits, de même que celle en plus dans les filets, Tandis que le premier de ces effets s’exécure , les filets continuent à s'éloigner du doigt, mais de moins en moins ; car tandis que l'éleétricité en plus va roujours en diminuant dans le puits, l'électricité en moins diminue également dans les filets & dans le doigr. Par conféquent , l’écartement des filets du doigt s’affoiblira proportion nellement à cette diminution. 41. Il arrive pour l'ordinaire , avant la réunion totale des filets, qu'ils fe dirigent conjointement vers le doigt. En effet, il faur que roure l'électricité du puits fe renouvelle avant que les files aient perdu toute l'électricité en moins ; que le puits leur avoit commu- niquée. | 41. Après que les filets font revenus à la direction des corps 96 RUE MSN ON NE: graves, l'électricité en moins qui augmente dans le puits, en produit une en plus dans les filets. Ils s’écarrent de nouveau l’un de l’autre de la même maniere qu'ils s'écartoient dans le commencement , à caufe de leur électricité en moins qui venoit d’éleétricité en plus, produite dans le puits. 43. Si je touche encore le puits tantôt avec le crochet & tantôt avec le ventre de la bouteille, les filets s’écartent & fe rapprochent alterna- tivement, & ofcillent, comme je-l’af expliqué , felon que les éleétri- cités produites , périffent & font remplacées par d’autres éleétricicés con= trairess Tin rorREemE.V. fe 44. Les corps plongés un peu profondément dans une cavité affex étroite d’un corps déférent, rane qu'ils font exaëlement féparés de tous autres corps , r'acquierent aucune éleëtricité de celle qui eft excirée dans le corps déférent creux ; foit qu'ils rouchent à la furface de certe cayité, foit qu’ils foient éloignés de cette furface. WE ® Ceux qui font fufpendus dans la cavité & éloignés de fa furface ; contraëtent, auffi-t6t qu'ils communiquent, une éleétricité contraire à celle qui eff communiquée à la cavité ; mais proportionnée à la «capacité du corps extérieur avec lequel ils communiquent. IPIPT C’eft alors feulement que l'éleëtricité communiquée au corps creux ; s'applique par parties égales fur la furface intérieure de la cavité, & fur Les corps qui la touchent comme parties de fa furface. 45. La cavité de mon puits eft allez étroite pour cette expérience , fur-tout fi la bouteille eft fortement électrifée, & pour qu’elle puifle exciter en elle une électricité alez forte. Les corps feront fuffifamment enfoncés dans cette cavité, s’ils font plongés au-delà de la moitié de fa profondeur. 46. J'atrache d’abord au fommet de la cavité du puits un fil très-mince, qui pend dans le puits. Un petit morceau de papier eft attaché à ce fil, . afin de le diftinguer facilement. 47. Je place enfuite mon éleétrometre , ayant eu auparavant la pré- caution de faire fécher exaétement le bâton auprès du feu, & je choifis un tems bien fec pour faire cette expérience. 48. sil 178 1200857200 sl.) 00 CAT A/R 2 97 48. Tout étant ainfi difpofé, & le puits exaétement ifolé , je lui envoie une érincelle qui part du crochet; j'en tire enfuite une autre par le ventre de la bouteille , j'en envoie une feconde par le crochet ; j'en tire une plus forte encore par le ventre de la bouteille, & ainfñ de fuite. 45. Je regarde dans le même tems avec attention dans le puits, & je crois que, ni les filets de l’életrometre , ni le fil attaché au puits, n'ont aucun mouvement. Bien plus , étant approchés des parois du uits , ils ne s’y attachent point; c’eft-à-dire , qu'il ne paroït aucun Dre d'électricité, ni dans les filets de l’éleétrometre , ni fur celui qui eft actaché au puits; ni enfin dans la furface interne & fupérieure du puits. so. Je réitere les expériences en envoyant les électricités dans le puits lentement & peu à peu, en approchant tour à tour le crochet & le ventre de la bouteille du petit bout du fil de lin, qui eft attachée au puits extérieurement, Tout refte également tranquille; il n’y a aucun mouvement dans les filets de l’éleétrometre, ni dans celui du puits, ni aucune propenfion des filets de l’éleétrometre vers le puits. Enfin, lorfque les filets de léleétrometre éroient fufpendus dans l’orifice du puits, ( comme ils contraétoient quelqu’éleétricité de la part de l’élec- tricité du puits, ) ils s’écarroient l’un de l’autre , & enfuice ils fe réunifloient ; lorfque l'électricité du puits étoit changée en une électri- cité contraire, ils fe réunifloient & fe féparoient de nouveau. $ 1. Donc les corps plongés dans une petite cavité, ne font point mus ni par l'électricité communiquée, ni par l'électricité acquife, ni enfin par l'électricité changée en une contraire; il paroît évidemment que ces corps ne contractent abfolument aucune électricité. s2. En effect , après avoir communiqué au puits une éleétricité, je la retire toute; je retire aufli-tôt les filets, & ils ne s’approchent du tout point de mon doigt, à moins qu'ils n’aient contraété quelqu’éleétri- cité , à caufe que le bâton ou l’air n’étoient pas exaétement fecs. Si cela eft , les filets montrent une électricité correfpondante , mais contraire à celle du puits. $3- Ajoutez que, les filets de l’éleétrometre plongés, loin d’acqué- rir quelqu’électricité de la part de celle du puits, ne peuvent pas même changer la leur, fuppofé qu'ils en euffent déja une. Je rouche les filets de l'életromerre avec le crochet ou le ventre de ma bouteille , alors je les fufpends en divergence au milieu de la partie fupérieure de la cavité ; je touche enfuite le puits extérieurement, tantôt avec le cro- cher, & tantôt avec le ventre de la bouteille, fucceflivement & plu- fieurs fois tour à tour , les filets ne bougent pas & reftent dans leur di- vergence. Je retire le refte de l’éleétricité communiquée au puits (s’il y en a.) Les filets retirés continuent à ètre divergens; fi on les a Tome I , Parc. II. 98 PMOIT IN N SU TR OMITRENE touché au commencement avec le crochet , ils continueront à éviter le crochet; fi c’eft avec le ventre de la bouteille, ils perfifteront à le fuir. ” 54. C'eft-à-dire, que l'électricité communiquée au commencement aux filets de l’éleétrometre , n’eft du tout point changée par celle qui eft excitée dans le puits , lors mème qu'elle eft contraire. 55. Mais l'électricité envoyée dans le puits par les parois extérieu- res , ne fe manifefte pas davantage fur les parois internes, & au fond de fa cavité. Je defcends dans le puits un petit cylindre creux de deux pouces de hauteur, & de trois pouces de largeur; mais bouché de tous côtés, & il eft fufpendu par trois cordons de foie. ( Je l’appellerai le Jceau ,) de maniere qu'il touche ou qu’il ne touche pas le fond. J'ai envoyé auparavant ou j'envoie après, l'électricité dans le puits , par le crochet ou par le ventre de la bouteille. Je retire alors le feau droit felon l'axe du puits ; je l’éprouve avec le doigt , avec le dos de la main, avec la joue mème, & je n’en obriens aucune étincelle; j'approche les filets de l’aréometre, à peine bougent-ils , & le plus fouvent ils ne bou- gent point du tout. Si j’approche ce feau , incapable de prendre l'élec- triciré dans l’intérieur du puits ; fi dis-je , je l'approche de fes parois extérieures , il s’électrife une fois, deux fois & même trois fois, il renvoie au puits les étincelles qu’il en a reçues, & elles font aufh fortes; alors il reçoit celles qui font envoyées dans le puits. 55. Mais venons à préfent à notre feau en état de puifer l’éleétricité. Je le plonge de nouveau dans le puits, & de façon qu'il ne touche point aux parois. Je le rouche avec une verge de métal à l'orifice du puits qui eft fuppofé éleétrifé , il paroït une étincelle entre la verge & le feau. Je la vois & j'entends le bruit qu'elle produit, je le retire du puits, j'en approche le doigt, & l'éincelle y imprime une fenfa- tion. 57. Je réicere l’expérience. Le feau ayant été plongé dans la partie fupérieure du puits , touché avec la verge de fer & retiré, j'approche de lui les filets de l’éleétrometre éleétricifé par le crochet de la bou- teille, les filets s’approchent du feau; s'ils s’en écartoient , il faudroit qu'ils euffenc été électrifés par le ventre de la bouteille ; & de même, fi le puits a été éleérifé par le ventre , il faudroit que les filets fuffenc électrifés par le crochet , pour qu’ils s’éloignaffent du feau. 58. C’eft pourquoi le feau fufpendu à la partie fupérieure du puits, s’électrife lorfqu'il communique avec un corps extérieur , mais il acquiert une éleétricité contraire à celle qui a été excitée dans le puits. nr i Fe 59. Dans cette expérience, le feau a contraété une éleétricité affez forte parce qu'il communiquoit avec le rerrein ; car j'ajoutois une verge de métal tandis que je n’étois point 1folé. PNA NE MENT NO. 0 *É: 29 Go. Je répete l'expérience en rouchant le feau moi-même & érant placé fur un banc qui retenoit l'électricité. Le feau devient cleétrique , mais bien plus foiblement. 61. Je la répete encore ; mais je touche le feau avec une verge de métal de dix-huit pouces de longueur, que je riens par le moyen d'un bâton de cire d'Efpagne , dans la rère duquel elle eft implantée. Je ne vois ni n'entends le bruit d'aucune érincelle ; les filets doucs d’une électricité contraire à celle du puits, s'écartent à la vérité du feau , mais de très-peu, à caufe de la foible éleétricité du feau , qui eft proportion- née à la petite capacité de la verge. 62. Ce qui eft démontré par les filets de l'éleétrometre plongés; lorfque je les touche avec la verge métallique, ils s’écartent fur le champ & s'éluignent de la verge dans la cavité du puits; parce que la partie fupérieure de certe verge, ainf que les filets de l'éleétrometre, contrac- tent une électricité contraire à celle du puits. 63. Si on plonge les filers déja électrifés & divergens , alors on pro- duit l'électricité dans le puits; fi elle eft homologue à celle des filets, ceux-ci s’approchent de la verge plongée, & ils fe réuniflent , touchés de nouveau pour fuir la verge; mais fi l'électricité du puits eft contraire à celle des filets, ceux-ci s’éloignent de la verge aufli-tôc qu'elle eft plongée ; fi je les pourfuis, ils s'écartent encore davantage, & fuient encore plus fortement la verge. 64 Il s’agit de démontrer actuellement que, tandis que la commu- nication d'un corps extérieur produit une électricité contraire dans un corps fufpendu dans la cavité du puits , dans ce même tems, cette électricité répand du périmetre & de la partie fupérieure du puits, fur les corps qui le touchent, gore" d’éleétriciré excitée dans le puits. F 65. J'approche la verge de métal , que je tiens par le moyen d'un bâton de cire d’Efpagne , du filet fixé à la partie fupérieure du puits, il s'approche de la verge , & beaucoup plus vivement fi je couche la verge avec la main, parce que l’éleétricité devient plus forte dans la par- tie de la verge plongée. L’éleétricité du puits devient pareillement plus active dans le filet dont nous parlons. 66. Mais cette expérience laiffe quelques foupçons , & on demande fi le filer eft agité par la feule éleétricité qui naît contraire dans la par- tie de la verge plongée ? foumettons donc ceci à l'expérience. J'ajoute au feau , dont je me fuis fervi jufqu'à préfent , un fecond feau parfai- tement égal; je Le fufpends aux trois mêmes cordons de foie, à un pouce & demi de diftance l’un de l’autre; je les plonge dans le puits, de maniere que le feau inférieur couche le fond du puits , & l’autre conferve fa diftance d’un pouce & demi. J'envoie enfuite l'éleétricité dans le puits, je la retire, je la change, je la retourne; M SO » je retire 1] 100 PAPE Cr US CRTIMO UE; mes feaux le long de l'axe du puits, en prenant garde qu’ils ne com- muniquent pas avec fes parois, mais je n’apperçois dans eux aucune électricité affez fenfible. 67. Je répete l'expérience ; & auffi:tôt que le feau inférieur touche le fond du puits , je plonge ma verge de métal avec laquelle je touche le feau fupérieur ; il fort une étincelle. Je retire la verge , & je remonte les feaux ; ils font tous deux électrifés, mais l’intérieur a une éleétri- cité femblable à celle que j'ai communiquée au puits , quoique très-foi- ble, tandis que le feau fupérieur a une électricité contraire & plus forte. à 63. En effet, la furface inférieure du puits & fa partie fupérieure , répandent une portion d'électricité égale à l'électricité contraire , qui peut être excitée dans le feau fupérieur par la verge plongée : cetre clec- tricité eft allez forte dans le feau fupérieur, parce qu’elle répond feule & qu'elle égale route l'électricité qui fe répand de la furface inférieure du puits. Certe électricité eft plus foible dans le feau inférieur , parce que ce feau acquiert feulement la portion d’éleétricité propre du puits qui fe répandoit de toute la furface inférieure de la partie fupérieure du puits, & le feau inférieur correfpondoit par une très-perite partie à cetre furface. 69: Pour prouver que la portion d'éleétricité propre du puits, cor- refpondante à route l’éleétricité contraire à laquelle je fraie un paflage par le moyen de la verge, il faut dis-je , que cerre portion fe répande de toute la pattie fupérieure de la moitié du puits pour qu'elle puifle s’introduire dans le feau fupérieur ; & que dans le même tems que je le touche , les filets attachés à la partie inférieure & fupérieure du puits , doivent s’écatter de la paroi mêmes. CoROLLAIRE ÎI. 70. Il n’y a ici d'autre différence entre la face intérieure & extérieure du puits, finon que l’efpace renfermé par celle-ci, eft environnée de toute part par l’athmofphere éleétrique qui entoure le puits extérieure- ment ; tandis que dans la face qui environne le puits extérieurement, c'eft l’athmofphere électrique ouverte de tout côté, terminée par l'air ambiant qui n'eft point éleétrifé. D'où il fuit que les corps plongés dans la cavité fupérieure du puits, ne contractent aucune électricité comme les corps plongés dans l’athmofphere de la face extérieure, ou dans l'embouchure du puits. En effet, j'ai conftruit un puits avec du papier doré , femblable au précédent , mais fufpendu par des fils de foie. Tout étant ainfi difpofé, l’une & l’autre face produifirent une éleétricité égale; & Les corps plongés dans l’athmofphere de l’une ou de l’autre face , indi- quoient une électricité contraire. P'IHUR ISLE © YU EH 10% Clo'siors Arr IL 71. Le feu furabondant peut fe répandre dans l’athmofphere éleétri- ue autour de la furface extérieure du puits, MES fe répandre dans la furface de l'air contigu , de maniere qu'il puifle lancer fon feu natu- rel des couches fuivantes dans les autres couches fuivantes; ainfi de proche en proche , ou dans le terrein, ou même dans les corps plongés ; au contralre , il ne peut paroître aucune portion de ce mème feu dans l'air contigu à la partie intérieure, G'orLo, LrrADrR al 72. L'éleéricité qu'on appelle er moins ou par défaut , paroît dépen- dre d’une mème caufe. L'air conrigu à la face extérieure du puits , peut lui enlever une portion de fon feu naturel, par la raifon, que le feu natif peut fe répandre dans les couches fuivantes, tant que l'air eft dif- pofé à recevoir Le feu éleétrique des couches de plus en plus éloignées , ou du terrein , ou des corps déférens. Au contraire, aucune portion du feu naturel ne peut être fouftraite dela face de l’air conrigu à la furface interne du puits, parce que cet air efl également preflé fupé- rieurement & latéralement par l’achmofphere de la face fupérieure, & qu'il eft contraint de dépofer fon feu naturel. Par conféquent , puifqu'il ne peut s’écouler aucune portion de ce feu dans les parties de l'air, aucune portion du feu de l'air contigu ne peut être fouftraite. G'oPrloN run A entries NIV 73. Pour qu'il ne refte aucune incertitude dans cette explication , je ne veux pas qu'on l’étende au-delà de ce que les expériences l’exigent. 11 réfulte de ces expériences, 1°. que le feu furabondant qui fe déploie à l’entour de la furface extérieure des corps, s'efforce & vient à bouc de lancer le feu naturel des corps plongés dans les couches qui fe fuc- cédent ; 2°. que le feu naturel , enlevé à l’air contigu à la furface exté- rieure des corps, fait que le feu furabondant fe répand dans les corps plongés dans les couches fucceflives ; 3°. qu’il ne peut fe répandre aucune partie du feu furabondant dans l'air contigu à la face intérieure & fupérieure du puits, à moins que la communication des corps plon- és avec les corps extérieurs, ne leur fafle perdre une égale partie du A 4°. que l'air contigu à cette même face interne & fupérieure du puirs, ne fauroit perdre aucune portion du feu naturel, à moins que le feu furabondant ne fe répande en égale quantité dans les corps plongés dans cet air intérieur & plus éloigné, 102 È PH À 8 FE Q EE &%. Go R 0 L 4 À 1 & € 0V. 74. Ne pourroir-on pas dire aétuellement, que les pores des corps reffemblent à autant de cavités ou à des puits infiniment petits, mais très-propres à tranfmettre le feu éleétrique , lorfqu’il a une libre com- munication avec les autres corps, ou pour mieux dire, avec l'air qui environne les autres corps ? ne peut-on pas dire encore que la verge ou le doigt plongé dans le haut du puits, fait fortir une étincelle ; mais qu'ils n’admettent aucun feu furabondant, ni ne dépofent aucune partie du leur propre ; enfin, qu'ils confervent leur électricité en plus ou en moins dans la face extérieure du corps ? Cor 'o'rtrta0reRte VIT. 75. On conçoit, dans cette hypothèfe , pourquoi l’éleétricité des corps répond à leurs furfaces & non pas à leurs mafles. J'ai confirmé en 1755 cette opinion de M. Franklin, & elle exige cetre hypothèfe. C\BER ONE L'AUTRE VAI 76. Si les pores des corps contrattoient quelqu’éleétricité, elle auroir lieu , fur-tout lorfqu'on plongeroit le fean dans le fond du puits; c’eft- à-dire, que l’éleétricité du puits & celle qui conftitue l’athmofphere extérieure , fe reprendroient également dans les pores du feau, & fe- roient fenfibles fur celui-ci quand on l’a retiré : cependant , lorfque le puits eft affez haut & affez étroit, & le-feau exaétement ifolé, il ne puife aucune électricité. C'ohrtolrtir Apr E a NII 77. Ajoutez, à ce que nous venons de dire, qu'un corps déférent peut avoir quelqu’eleétricité fur une de fes parties , & n’en avoir point fur les autres, ou bien en avoir une contraire. Cet effet fe manifefte lorfque je porte une de mes mains dans l’athmofphere de la chaîne, & l'autre dans l’athmofphere de la machine. De même, lorfque placé fur mon banc éleétrique , je plonge ma main dans le fond du puits, je fuis éleétrifé en moins par le moyen de ma main & de mon bras enfoncé dans l’athmofphere du puits, & je fuis électrifé en plus par tout le refte de mon corps : c'elt-à-dire , que l'excès ou le plus, envoyé dans le puits, peut fe répandre dans l’air qui environne le puits extérieure ment; parce que tout le refte de mon corps, fitué hors du puits, peur lancer dans l’air environnant une égale quantité de feu de l'air plus éloigné qui environne ma main. Ces différentes électricités font en BIUHAAASYLIF (QI UX EE: 103 raifon inverfe des parties auxquelles elles appartiennent, ainfi que la chofe l'exige & que l'expérience le confirme: c’eft-à-dire , que l’élec- tricité en moins , a plus de force en raifon de l'électricité en plus du refte du corps, en raifon du feu que l’air ambiant envoie vers Le corps; enfin, en raifon de la plus vafte ifue qui environne le corps. "De même, lorfque je rouche avec ma verge de métal le feau plongé dans le haut du puits, le feau retiré paroït avoir une légere électricité en moins , en fuppofant toujours le puits éleétrifé en plus ou par excès. La verge que je tiens , par le moyen de mon bâton, a une légere élec- ticité en plus. CoRoLLAIRE IX. 78. Les expériences que M. Canton oppofa à celles de M. Franklin, fuppofent la mème hypothèfe , de même que l’ingénieufe expérience de M. Franklin fur l'athmofphere qui fe répand autour d’une chaîne qu'on déroule fur un fyphon de verre. Enfin, mes expériences , conte- nues dans ma feptieme lettre fur l’électricité, adreflées à M. Beccaria, dans laquelle j'appelle cette électricité aërienne de couleur de la même efpece. Je lui avois donné ce nom , parce que je la communiquois aifément à l'air vaporeux, tel que celui d’une chambre fermée , chargé des vapeurs qui s’exhalent ou de la cheminée ou d’un poële, ou enfin du corps humain. J’obtiens même plus aifément cesre efpece d'électri- cité lorfque je brûle de l’encens au milieu de l’appartement ; alors, en pouffant l'éleétricité de la chaîne, j’obferve 1°. que les filets de mon éleétrometre s’écartent à peine tant qu’ils demeurent féparés de tout autre corps, par le moyen d’un bâton très-fec ; 2°. qu'ils s’approchent de mon doigt éleétrifé enmoins ; 3°. fi on les rouche alors, ils s'écar- tent l’un de l’autre, & ils s’éloignent du doigt & du ventre de la bou- ceille. CoroLLAIRE X. 79. Dans cette hypothèfe, électrifer un corps déférent en plus, fera la même chofe, qu'envoyer dans l'air contigu un feu éleétrique plus abondant que fon feu naturel , mais de maniere qu’il chafle le feu des couches fubféquentes. Electrifer en moins fera la même chofe que retrancher le feu de l'air contigu , mais jufqu’à ce que le feu fura- bondant fe répande dans les couches fuivantes. C'oro1:iLzAITRE XI. $o. En conféquence, cette affection de l’éleétricité aërienne, eft la mème que celle que M. Franklin a découverte dans les verres, & que j'ai moi-même démontré, dans le talc , le foufre , la poix, la colo- 104 PER HCTO SU II ON IUR ET phane, dans toutes les réfines ; enfin, dans tous les corps affez cohibans; c'eftà-dire, que l'air, de même que tous les autres corps retenans, quoiqu'il foit Huide , retient également lui-même, autant que fa flui- dité le permet; lorfqu'il admet dans fa face contigue.à un corps (qu'on nomme électrifé en plus où par excès) une partie de feu fura- bondant. Il chaffe le feu naturel des couches fuivanres; & lorfqu'il dépofe fon feu naturel par fa face contigue à un corps éleëtrifé en moins, il attire le feu furabondant des couchés fuivantes. Bien plus, ce qui confirme l’analogie , eft que l'air n’admet jamais le feu furabon- dant, fans qu'il n’aie dépofé fon feu naturel felon l’ordre que nous avons expliqué; & il ne dépofe jamais fon feu naturel fans attirer le feu furabondant. Cl''o R 0 114AULR Et XIE 8r. Ainf, toute érincelle paroît tre une efpece d’explofion impar- faire. Lorfque j'attire avec mon doigt une étincelle de la chaîne , le feu farabondant de l’athmofphere de la chaîne paffe dans mon doigt. Pen- dant ce tems , le feu furabondañt qui étroit pouilé par ce feu furabon- dant dans les couches fuivantes ; reflue vers fa place par les petits efpa- ces par lefquels il éroit expulfé. Lorfque j’envoie avec mon doigt une étincelle dans la machine, le feu naturel fe répand dans l'air conrigu, & le feu qui avoit reflué par des petits intervalles dans les couches fuivantes , retourne à fa place. CorozzaArRrREeE XIII. 82. Lorfque je plonge mon doigt dans l’athmofphere de la chaîne , le feu eft lancé dans mon doigt par l'air qui l'environne , avant que le feu furabondant dans l’air contigu à la face de la chaîne s'approche de mon doigr. Lorfque je le plonge: dans l’achmofphere de la machine , fon feu naturel fe répand dans l'air qui le couche avant d'arriver à la machine, ce qui empèche d’appercevoir la direétion de l'éincelle, GNOURAO LEL EAPEUREE XIV. 83. En général, B ne s'approche jamais de A, à moins que À & B n'aient une électricité contraire à la fienne. Ain , de petites lames très-minces, pofées fur des couches de verre ou de réfine très-féches, ne s’avancent vers la chaîne pourrlaquelle elles ont de la tendance, que lorfque le doigt eft pofé fur les couches contre les places des lames. Ces lames dépofent leur feu naturel dans la face contigue du verre, lorfque la face oppofée peut le lance dans le doigt, ce que j'ai appris par expérichce; car à-peine ung dame quitroir-elle le verre : que je / arrètois # PPRAMISIT. 0.0 E. 10$ l'arrêtois avec un fil de foie, afin qu'elle n'arrivât pas jufqu'à la chaîne , & je la rrouvois éleétrifée en moins. CHORRTONLILIAUT RME TX 84. J'ai obfervé le même fait dans les rubans. Le ruban de foie B, nullement éleétrifé, mais exaétement féché au feu , eft fufpendu dans fa direétion naturelle auprès d'un autre ruban fortement éleétrifé en plus ou par excès. Dès que B peur dépofer fon feu naturel dans un corps déférent voifin, alors il s’approche enfin de À & fe cole contre lui. Dans cette union, le feu furabondant du ruban A , fe répand dans le ruban B, pour donner une éleétricité contraire à ce dernier. C’elt-à- dire , les éleétricités contraires périffent en tant qu'égales ; mais la difpofition communiquée par le frottement d’une autre maniere, fublifte pendant quelque rems, puifque les rubans étant féparés , découvrent cha- cun leur électricité , celle-ci en moins , celle-ci en plus. C’eft ce que j'ai appellé éfeétricité revendiquée , dans une lettre que j'ai adrefféeà M. Fran- klin. $5. P. S. Depuis cette lettre écrite à M. Franklin, j'ai obfervé que la même électricité revendiquée commencçoit dans les verres avant l'explofion. En voici un exemple. Deux lames de verre électrifées fépa- rément, étant féparées avant de toucher nulle part , perdent quelques parties des électricités qu’elles ont fur les faces, & qui font féparées ou défarmées mutuellement ; parce que tout verre montre , fur l’une & l’autre de fes faces, une électricité correfpondante à celle de fa face externe , & ce qui arrive une, deux & même trois fois ; mais les par- ties des éleétricirés qu’elles perdent dans les fois fuivantes vont toujours en diminuant. Ainfi à a quatrieme, & même à la troifieme féparation, les éleétricités qu’elles acquierent par cette défunion, font prefque nulles fur les faces oppofées. Enfuite, elles recommencent à en mon- trer quelques-unes; mais contraires À celles qu’elles avoient au com- mencement , quoiqu'elles confervent la force de produire l'explofion, & quoiqu’elles ne foient pas touchées en même tems fur les deux faces oppofées : c’eft-à-dire , que tout verre commence d’abord à montrer une éleétricité répondante à celle de la face interne qu’on défarme. AinG, les verres continuent long-rems après l’explofion, à recouvrer les électricités perdues après leur défunion , leur réunion & leur atrou- chement. 86. Quant au changement de l'électricité qui eft produite par l’'in- verfion des lames de verre, je fuis convaincu de la vérité du réfulrar toutes les fois qu'on tourne les deux lames en même tems; mais lorfqu'on ne tourne que la petite lame , l’inverfion des éleétricirés quelquefois n'a pas lieu. Je ferai dans la fuite des recherches plus exac- Tome I, Part. II [e) 306 PIN Y16 1'Q U €. tes fur la caufe de cetre différence que je publierai dans un Traité plus érendu fur l'éleétricité revendiquée. (1) à oo (x) Nous prions l’Auteur de nous le communiquer; ce fera nous rendre fervice, . À » . + - & obliger en même tems les Phyficiens qui le liront avec empreflement & admi- xation. Lo RC PE RRENTE = NA CES US D'ÉNMEATNCR WI RTE), Sur la forme de la Neige, Gi on fait diffoudre dans l’eau de fontaine, ou encore mieux dans de la neige fondue, autant de favon qu'il eft néceffaire pour former des bules de favon , en foufilant avec un chalumeau ou une paille : f on forme ces bules à un air affez froid pour les congeler, on y voit les petices particules de neige qui fe condenfent & fottent librement far la bule , fous la figure de petites étoiles. L’eau de neige fondue & le favon le plus fin, tel que le favon de Venife , font beaucoup mieux réuflir l'expérience. Le rems le plus propre à foufler les bules, eft le moment où l’eau de favon commence à geler. Les éroiles paroiflent d’abord fous la forme de petits points, d’où l’on voit enfuite fortir les rayons peu à peu. Ces étoiles font ordinairement héxagones. On voit ici la même étoile pafler pat une fuite de figures différentes, dont la plüpart ont déja été obfervées dans la neige naturelle , & prifes pour des compofés différens entr'eux. Il paroît que ces changemens font moins dûs à la différence des parties intégrantes , qu’à celles du degré de froid qu’elles éprouvent , & à l’évaporation des parties aqueufes. Plus le mélange eft clair & le favon diflout , plus les étoiles font déli= cates & nombreufes ; elles croiffent alors promptement & les bules éclatenr. Celles qui font faites avec un mêlange plus épais, font moins éroilées ; mais elles durent plus longtems , & on les obferve mieux, quoique les figures foient moins diftinctes. Ces figures ne reçoivent ni changement m1 altération des différens degrés de froid, ou des différen- tes portions de matiére mêlangées. Ceux qui répéreront ces expérien- ces, y découvriront une infinité de petits détails curieux & amufans. PONNrY ST QU +, 107 Re nnp Es, PROBLÈME A RÉSOUDRE. ja Cr demande quelle ef? la caufe phyfique qui fait découvrir de la ville de Lyon , même des montagnes du Lyonnois & du Beaujollois , les mon- zagnes des Alpes, au moment que le vent doit tourner au fud | & même avant que les girouertes & les barometres aient annoncé le moindre chan- &ement de tems , randis qu'on n'appercoit point les Alpes quand les autres vents dominent, ni dans leur changemene ? LE On apperçoit quelquefois, pendant un jour ou deux les montagnes des Alpes avanr que les girouettes aient pris leur direction par le vent du fud; mais la vue de ces montagnes annonce d'une maniere infalli- ble ce changement. L'heure de midi eft prefque toujours l'heure à laquelle la girouette qui annonçoit le nord , tourne au fud. L'ALAT Il règne dans cette Contrée, au tems des équinoxes, un vent du fud qui fouffle avec la plus grande impétuofité, péndant le jour & pendant la nuit. On demande pourquoi l'impétuofité de ce vent fe rallencie 4 Ê même ceffe entiérement pendant une demie heure ou une heure avant & après le lever du foleil, avant & après fon coucher ? Cette derniere fin- gularité fe manifefte également dans pluñeurs autres Contrées. Nous donnons ces faits comme crès-politifs, & nous les avons obfervé pendant plus de vingr années confécutives. Ils font fi conftans 4 fi déterminés, qu'il n’eft aucun Ouvrier , & fur-rour aucun Payfan, qui ne les connoiffent aufli bien que nous, Pour avoir la folution de ces problèmes, de ces faits sûrement très- remarquables, il eft important de mettre fous les yeux du Lecteur la policion de la ville de Lyon, fon éloignement des Alpes, & la direc- tion de ces montagnes relativement à cette ville, Lyon ef fitué au 12°. degré 25 minutes 53 fecondes de longitude, & fa latitude eft au 45°. degré 45 minutes $1 fecondes. Une partie de cetre Ville, eft adoflée à une petite montagne qui tient à une chaîne de montagnes plus élevées , dont la direction eft à Fa du midi 1) 1038 PAR ET SUN TOM UAME au nord; elles correfpondent par le midi à celles du Vivarais & du Languedoc, &c.; & par le Nord , à celles du Beaujollois , de la Bour- gogne , &c. On voit au nord de cette ville, le commencement d’une nouvelle chaîne de montagnes fe propageant dans le Bugey , vers Gene- ve, &c. La riviere de Saone qui vient du nord relativement à Lyon, coule dans une plaine confinée à l’oueft par les montagnes du Beaujol- lois , & à left par le commencement de la chaîne de montagnes dont je viens de parler. Le Rhône eft à left de la Ville, & la direction de fon courant eft à Lyon du nord au midi , & prefque parallele à celui de la riviere de Saone, Ce fleuve , après avoir fuivi les montagnes du Bugey dans un cours à l'eft tirant un peu au fud , décrit un peu plus d’un quart de cercle au-deffus de Lyon, en fuivaut toujours la mon- tagne. Il roule rapidement fes eaux à l’eft de la Ville, & mouille dans toute leur longueur fes quais tracés prefqu’en ligne droite. Une plaine très-variée , parfemée de très-petites monticules , s'étend depuis Lyon jufqu’à la naïffance des premieres montagnes des Alpes , dont la direction, relativement à Lyon, eft du nord au midi. On compte quinze ou dix-huit lieues de leur bafe jufqu’à cette Ville. Ea riviere d’Ifer a coupé cette premiere chaîne près de Grenoble ; ce qui forme une gorge, dont l’ouverture a tout au plus une demi lieue à fa bafe. On voit certe coupure dans le tems que foufile le vent du midi. La coupe finguliere d’un côté de cette chaîne, lui à fait donner, par rapport à fa forme, lé nom de Dent, & on a ajouté le nom de Moi- rand , à caufe de la petite Ville fituée près de cet endroit. Le terri- toire de Saffenage, fi connu par l’excellence des fromages qu'on y fair, confine à cette montagne. Dans la circonftance dont nous parlons , on voit dans un grand éloignement ; & à travers l'entrée de cette gorge ; & comme dans un cul-de fac, les hautes montagnes du Dauphiné & de la Savoye , beau- coup plus élevées que celles de Moirand. Si la vue fe porte à droite ou à gauche en s’éloignant de la Dent de Moirand , & en s’élevant au-deflus de la premiere chaîne des Alpes , on diftingue fur une longueur de plus de 30 lieues , un fuperbe amphithéatre, où les rochers amoncelés les uns far Îes autres, préfentent toutes leurs faillies & leurs dégradations. Ces mafles énormes, dont le fommer de quelques-unes eft perpétuellemenc chargé de neige , contrafte agréablement avec l’obfcurité que préfentent leurs vallons & avec celle qui regne dans quelques endroits du pied des prenmeres montagnes, PAL VEN SAUT SOU LEE. 109 | à un”. Héi (TE) : CÉeRT, ER Spb Divine ML ETIREMDU PERNEL COTTE, De la Congrégation de l'Oratoire , écrite de Montmorency , en date du 15 Janvier 1773 fur les funefles effets d'un Miafine. Ux Fofloyeur creufant aujourd’hui une foffe dans notre cimetiere, donna par mégarde un coup de bèche fur un cadavre à moitié confu- mé ; il fortit aufli-tôt une vapeur infeéte qui le fit friffonner & lui fit drefler les cheveux. Comme il s’appuyoit fur fa bèche pour fermer l'ouverture qu'il venoit de faire, il tomba mort dans le moment le vifage contre terre. Trois perfonnes témoins de ce malheur l’emporte- rent & le mirent fur un lit où on le réchauffa , mais 1l ne donna aucun figne de vie, Je fis appeller le Chirurgien qui lui ouvrit la veine; il en fortit quelques gouttes de fang noir & corrompu. 1 y a apparence qu'il a été fuffoqué par un miafme femblable à ceux qui tuent quelquefois les Ouvriers dans les mines. Les trois perfonnes témoins de l'accident fentirent aufli une fort mauvaife odeur j mais pas afez pénétrante , pour qu'ils s'en crouvaflent mal. Le fait que nous venons de rapporter , quoique terrible , n’eft pas rare, les Colleétions Académiques en citent plufeurs. Nous lifons dans le volume de l’Académie Royale des Sciences de Paris pour l’année 1745 , qu'à Rochefort , lors du déchargement de la Flûte du Roi /e Chameau , revenant de Cadix, un Marelot ayant débondé une futaille remplie d’eau de mer, qu’on avoit imprudemment bouchée , fut tour d'un coup frappé d’une vapeur qui le renverfa roide mort. Six de fes camarades qui étoient dans la même cale, mais un peu éloignés de la futaille, furent renverfés , perdirent connoïffance , & parurent agités de violentes convulfions. Le Chirurgien-Major averti de cet accidenr, voulut aller les fecourir; mais aufli-tôt qu'il fut entré dans la cale, il s'évanouit & éprouva les mêmes accidens. On les tira tous de ce lieu empoifonné; & dès qu'ils eurent pris l'air , ils revinrent : M. Dupuis, Médecin de la Marine, qui a communiqué cette obfervarion , voulut examiner le cadavre du mort; il étoit extrèmement enflé & fort noir ; Je fang lui fortoit par les narrines , la bouche & les oreilles; mais il étoit déja fi corrompu, qu'il ne fut pas poflible d'en faire l’ou- verture. Un Particulier des environs de Marfeilla fit, il y a environ quinze ans, ouvrit des foflés pour planter des arbres. On avoit , en 1720, J19 PME MANS ULITQUUULUE. époque de la Pofte de Marfeille , enterré dans cet endroit un grand nombre de victimes de ce fléau deftruéteur. À peine eurent-ils donné quelques coups de bèches, que trois d’entr eux furent fubirement fu£- foqués, & leurs cadavres préfenterent les mèmes fymprômes que ceux dont nous venons de parler. On ne peut fe contenter ici d’une admiration ou d'un étonnement fériles. C’eft l’intérèr de l'humanité qui doit afleéter & engager les Maîtres de l'Art à propofef les remedes qu’ils croient les plus propres & les plus falutaires dans des circonftances rerribles. Leur bonté dépend de la prompritude de leur action , & fur-tour de celle de leur application. Les remedes une fois trouvés , éprouvés , & d’une réuflire démontrée ,on pourra alors s'occuper de la recherche de la nature de ces miafmes , de leur mécanifme pour procurer une mort aufli prompte, & fur-rout com- ment dans un efpace de tems fi court, le corps d’un homme fain & vi- goureux éprouve une corruption totale. Chacun de ces objets confidérés féparément , fourniroit le fujer d'une excellente differtation. M É DE CCI NE. Mi E:-MO UENRUNE De M HiAcinNTumEe FABR':1, Sur un Montre humain, JT: y a encore beaucoup d’obfcurité dans la philofophie, & la formation des monftres occupe depuis long-temps l’efprit des Phyficiens ; ils étu- dient la nature , & méconnoiffent la caufe de fes erreurs ; l’ignorant , au contraire, a recours au merveilleux , & aufli -rôr toutes les dificultés difparoïffent à fes yeux. Deflillons , s’il eft poffible, les yeux de ceux-ci, & préfentons de nouvelles idées à ceux-là. Un favant a publié fur certe matiere un excellent traité, mais comme l’occafion m'a procuré un montre fingulier dont je n’ai jamais vu la defcription dans aucun auteur , je crois devoir la donner pour augmenter le nombre des exemples en ce genre , & rapporter ma façon de penfer à cer égard. Une jeune fille robufte & bien confttuée , des environs de Bologne, LR LE LÉ ELU à 22, la circonférence entiere de cet arc fera de 18 5 -de pouces d’An- gleterre, ou 212-“£, de lignes de France : mais 360 degrés font 21600 minutes, ou 108000 fois 12 fecondes. Tij 148 INSAO UN EU NL UIELIMER NS Divifant 182$ pouces par 108000, on aura resesces POUCES. 100 Divifant 212 #£ lignes par 108000, on aura 222227 Agnes. 100 Ainfi puifqu’avec une forte loupe on peut diftinguer la troifieme divi- fion qui marque 24fecondes , il s'enfuit que la 2865°. partie d’un pouce anglois ou la 2$4°. partie d’une ligne de France, eft fenfible dans cette divifion , & fi l’on pouvoit obferver 12 fecondes, on appercevroic la $730°. partie d’un pouce anglois , ou la $o8e. partie d’une ligne de France. NB. M. Le Chevalier de Borda , de l’Académie Royale des Sciences de Paris, a examiné dernierement un fextant de Hadley qui a trois pouces & demi anglois de rayon, divifé par la même machine de M, Ramfden, & il a vu qu’on pouvoit y diftinguer avec la loupe, chaque demi-minute, qui à caufe de la double réflexion de cer inftrument ne contient réellement que 15 fecondes. Ainfi les 12 fecondes dont on a parlé ci-deflus feront diftinguées avec une forte loupe. " NOUVELLES LITTERAIRES. PODÉNEDNE! OP LANS CA EN AS Ecrite par le célebre Morgani. Atoine Marie Valfalva naquit en 1666 à Imola dans la Romagne , de l’ancienne famille Linia & fa mere Catherine Tofia étoit le dernier re- jetron de cette illuftre maifon. L'éducation du jeune Valfalva fut cor- fiée aux Jéfuites, qui découvrant en lui les plus heureufes difpofirions & les érincelles du génie, ne négligerent aucun des moyens pour les développer. La reconnoiflance de l’Éleve égalaf pendant toute fa vie les foins que ces Religieux prirent de fon enfance. Son efprit étoit facile, ouvert, propre à embraffer toutes les fciences , & le cems que les jeunes gens de ba âge perdoient en occupations frivoles, il l’employoit à fuivre les impulfons de fon génie , à étudier l'Anatomie fur les oifeaux & fur les autres animaux qu'il difféquoit. Le méchanifme admirable de leur ftructure excitoit fon admiration & augmentoit fon empreflement à s’inftruire. Enfin fes parens, fes amis voyant un goût aufi décidé, fe dérerminerent à l'envoyer à Bologne , pour fe livrer totalement à une étude pour laquelle il montroit tant d’ardeur. Le célebre Læœlius Trionfetti lui donna les premieres leçons de Phi- lofophie & de Botanique. Mengoli & Rondelli furent fes Maîtres pour les Mathématiques ; & l’illuftre Malpighi, le plus grand Naturalifte de L'RTONT ATOME MRIPANEI DR LE 8. 14 fon fiecle, lui enfeigna l’Anatomie & la Médecine. Son application affura fes fuccès; & ils furent fi rapides , qu'à l’âge de vingt & un ans, il fur inferit dans l'Inftitut de Bologne , fur le Catalogue des Philofophes & des Médecins. ‘ Valfalva convaincu que les difputes de l’école fervent plus à faire des Raifonneurs que des Médecins , à donner ce ton tranchant & décifif fur les queftions les plus épineufes , réfolut de fe livrer tout entier à l’étude de la Nature & À l'obfervation. Il s’attacha pour cet effet à examiner près du lit du Malade , la maladie, fes fympromes , fes progrès & fa fin; la marche & les effets des remedes qu'il ordonnoit; enfin, fi l'individu ui étoit l'objet de fes méditations payoit à la nature le tribut indifpen- Éble. il ouvroit aufli-tôt le cadavre pour reconnoître le fiege & l'ori- gine du mal, & fur-tout afin de s’avouer à lui-même fi fes conjectures étoient fondées. Telle étoit la maniere de voir & d’étudier de ce grand Homme. Son exemple fera une leçon utile pour ceux qui fe confacrent à l’Art délicat de guérir. Les plus petites circonftances fervent à donner l’idée que l’ondoit avoir des goûts & furrour de l’ardeur avec laquelle un homme s’ap- plique à un objer. Valfalva coupa au haut de la cuiffe d'un cada- vre , l'endroit qui avoit été le fiege d’une lougue & cruelle maladie. Il le fic, fuivant fa coutume , tranfporter dans fa maifon pour l'examiner plus attentivement & avec plus de loifir. On vint l’aver- tir dans ce moment , qu’une perfonne de la plus haute confidéra- tion l'appelloit pour fa fanté dans une Ville voifine. Il facrifia au devoir de fon état, fon goût pour l’obfervation , & revint à Bologne beaucoup plus tard qu’il n’avoit efpéré. À peine eft-il de retour, qu'il vole aufli-rôt où fon penchant l’entraîne, & continue fon examen; mais il s’apperçut alors qu’il ne rerireroit aucun fruit de fon expérience & de fes recherches, s’il n’avoit encore la partie qui lui manquoit. Quoique les chaleurs fuffent très-grandes , & qu’il y eut déja feize jours que le cadavre fut inhumé , il chargea les Foffoyeurs de le déterrer , ceux-ci le refuferent , & ne céderent enfin qu’à la vue de la récompenfe qui leur fut préfentée. Ce cadavre tomboit en pourriture , & l’odeur qu’il exha- loit étoit fi infupportable , que le Foffoyeur fe retira avec précipitation ; mais Valfalva emporta froidement ce cadavre fœtide , continua fes obfervations , & ne les finit que lorfqu'il fut pleinement initruit de ce u’il recherchoit. Valfalva eft peut-être, de tous les Anatomiftes , celui dont la pafion pour certe En ait été aufi vive , aufh durable & aufli foutenue ; fur- tout dans un âge avancé; ce goût cependant ne fut point excluff. IL culriva avec le mème fuccès, tous les objets du reflort de la Médecine & de la Chirurgie. C’eft avec une égale activité qu'il étudia la matiere médicale. La Chymie, cette premiere clef de la Phyfique, lui fervit à 150 INRUO NU PT UPEE ALT ETS pénétrer dans les lieux les plus cachés de ce fanétuaire. Des connoiffan- ces fi écendues & réunies dans un feul homme, excicerent bientôt la jaloufie. Tel eft le trifte appanage du mérite; mais notre Phyficien rou- jours grand , toujours fupècieur à lui-mème, força l'envie au filence, & couvrit fes détracteurs de honte & de confufion., Ce célebre Médecin fut le premier qui s’éleva à Bologne, contre la barbare coutume d’employer le feu pour arrèrer le fang dans les ampu- tations. C’eft à lui qu'on eit redevable de la méthode de lier les arteres. Il eft encore le premier qui ait prouvé que l’on pouvoit quelquefois guérir la furdité par le fecours de la Chirurgie. Les inftrumens dont on fe fert pour les opérations , lui doivent plufeurs changemens avanta- geux, & par conféquent les cures font devenues moins longues & moins douloureufes. Sa méthode varioit fuivant les traitemens ; & com- me il joignoit aux plus vaftes connoïffances, une grande dextérité & une fouplefle merveilleufe dans la main, il inventoir & exécutoit avec une facilité furprenante , des inftrumens dont on n’imaginoit pas la poflibilité. L'infcription que les Adminiftrateurs de l'Hôpital des Incu- rables à Bologne firent graver après fa mort, confirme ce qui vient d’être avancé. Valfalva éroit fi familier avec l’obfervation, fon coup d'œil étoit fi jufte fur la nature de la maladie, qu'il en prefcrivoit les fuites, les crifes qui devoient furvenir, qu'il indiquoit les vifceres & les parties du corps où le mal avoir fixé fon fiege : il éroit fi sûr de fon fair, qu'un jour plufieurs Médecins perfiftant à dire qu'une perfonne étoit morte d’une maladie de poitrine, Valfalva, d’un fentiment oppofe , foutint que le fiege du mal étoit dans la tête, & l'ouverture du cadavre juf- tifia pleinement fon opinion; aufli fes décifions furent regardées comme autant d’oracles & forcerent les Médecins mêmes à lui prodiguer des éloges d'autant plus Aatteurs, qu'on ne pouvoir pas les regarder comme diétés par la complaïfance. La réputation de ce grand Homme ne fut pas circonfcrite dans les murs de Bologne ; Mantoue, Parme, Plai- fance , Ravennes , Uibin , Rimini, l'Italie entiere, furent témoins de fes fuccès. Cerre eftime générale & fi juftement méritée , le plaça à la rète des Chirurgiens du vafte Hôpital des Incurables de Bologne; elle engagea l’Inftitur de certe Ville à le choifir trois fois pour être fon Préfident , & le Ségar de cetre Ville à lui confier le foin de la süreré publique, en le chargeant de vérifier fi les marchandifes , qu’on tiroir des Pays fufpectés de pefte , éroient fufifimment purifiées. Une cruelle épidémie peu de tems après, enlevoit aux Laboureurs leur premiere richefle, les beftiaux fuccomboient de tous côtés par la violence de la contagion; les Culrivateurs d’une voix unanime , implorerent fon fe- cours, il céda à leurs prieres , prefcrivit des remedes, & l'épidémie fur difipée, L'ORNATONT LE (R' A TA RMS, 151 Ce qui mer le comble à la gloire dè Valfalva , eft le décret publie pallé en 1697 par les Habitans de Bologne , pour le nommer Démonftra- teur d'Anatomie ; ce Peuple reconnoiffant & appréciateur du vrai mérite, lui fit préfent d’une maifon auprès de l’amphithéatre anato- mique , honneur qui n’avoit été rendu à perfonne avant lui. La répu- tation de Valfalva ne fut pas limitée en Italie , la Société de Londres voulut le compter au rang de fes Aflociés , & les Médecins , les Savans de l’Europe entiere lui prodiguerent des éloges , dont l’univerfalité eft le fceau du talent. Tandis que les Etrangers rendoient ainfr hommage aux connoiflan- ces de Valfalva , les Habirans d'Imola lui décernerent la Préfidence de la Magiftrature nommée des Pacifiques | & furent jufqu’au point de lui affurer une penfion annuelle & prife fur les deniers publics , s’il venoit fe fixer dans fon pays natal. Cependant, quoique Valfalva fur fort attaché à fa Patrie , il refufa les offres flatreufes de fes Concitoyens; Bologne avoit pour lui des attraits augmentés par l'amitié étroire qui le lioic avec Falerius Zani, Patricius , & fur-vout avec le célebre Mal- pighi. La réputation de ce grand Homme attira à Bologne un nombre pro- digieux de Difciples , les fuccès de quelques-uns furent étonnans ; mais ce qui caraëtérife plus particuliérement la beauté de l’ame de Valfalva , eft le foin paternel qu’il prenoit des Eleves dénués de for- tune ; il les aidoit, les foutenoit, & quêtoit même pour eux. Jamais l'intérèt ne fut le motif déterminant de fes démarches ; guidé par Pamour du bien, l’eftime publique étroit l’obiet de fon ambition. Mede- cin prudent, il ne fe décidoit que lorfque la nature du mal lui éroit parfairement connue; d’un caraétere naturellement doux , il favoic allier la fermeté & le courage dans les occafons où ces vertus font quel- quefois néceflaires ; fans ètre téméraire , il étoit intrépide & incbran- lable : le tonnerre tomba un jour dans fa maifon & l’effleura pour ainfi dire; alors Valfalva , fans être effrayé, & fuivant les premieres impul- fions de fon ame compatiffante, demanda auflitôt fi aucun de fes Domeftiques n’étoit bleffé. Le caractere de ce grand Homme étoit peint fur fa phyfionomie, fon front étoit grand & élevé; fes yeux noirs, vifs & perçans , le nez bien formé , la bouche petite, les levres colo- rées , L peau blanche & le teint vif & animé. Bien proportionné dans une taille moyenne , fon extérieur éroit agréable. Il devint fort repler les fix dernieres années de fa vie, & elles furent un enchaînement d’infirmités. Il fut d’abord tourmenté par une toux violente , accom- pagnée d’une féchereffe de gofer : fon embonpoint augmenta au lieu de diminuer ; fes digeftions devinrent laborieufes ; il rendit bientôt les alimens qu'il prenoit ; de violentes douleurs fe firent fentir dans le Colon ; une attaque d’apoplexie furvenue dans le mois de Janvier de 152 INMO QU) PALESNLAULA EMIS l'année 1723, termina fa vie a l’âge de cinquante-fept ans; & Les cinq monumens publics qui furent élevés à fa gloire , prouvent combien elle étoir méritée. L’enthoufiafme, le fanatifme , ou la cabale , peuvent ériger des monumens à l'Homme vivant; mais les honneurs qu'on lui rend après fa mort, font toujours l’exprefhon de la vérité. Valfalva, non content d’être utile pendant fa vie, voulut encore l'être après fa mort, il donna par fon teftament à l'Hôpital des Incu- rables de Bologne, tous fes inftrumens de Chirurgie, dont le nombre éroit confidérable & exécutés avec la plus grande précifion. L’inftitut de Bologne hérita de fon Cabinet d’Anatomie, un des plus complets & & des plus précieux , fur-tout pour les préparations de l'organe de l'ouïe ; il y travailla pendant feize ans, & difféqua plus de mille rèces humaines. C’eft d'après ces expériences & ces recherches que Valfalva publia fon excellent Traité fur l'oreille. Nous avons encore de lui trois Differ- tations intéreffantes. La premiere , fur les ligamens de l’inteftin trop relâché , des finus de la grande aorte, des nerfs qui viennent de la moëlle épiniere à la pervague, des anneaux modérateurs du nerf opti- que, & du moteur de l’œil. La feconde traite de quelques maladies des yeux, naturelles & contre nature, de la cataracte. Enfin, il parle dans la troifieme , des conduits excrétoires & des reins fuccintu- rjaux. Morgani a donné une nouvelle édition des Ouvrages de fon Maître à laquelle il a ajouté plufeurs autres Differtations & Obfervarions que Valfalva n'avoit pas publiées. Cette édition eft crès-exacte & crès- foignée. ‘ SUJET POARPEUITÉSENIRE UE l'E EE S. 153 SULTLE T'D'E P'REX Propolé par l'Académie Royale des Sciences | Arts & Belles-Lettres de Dijon. dradie a déja fait annoncer le Sujet de Prix qu’elle diftribuera en 1774 Elle renouvelle aujourd'hui ces avis, & fair fçavoir : Que n'ayant pas été pleinement fatisfaite des Ouvrages qui avoient été envoyés au concours pour l’année 1771, elle propofe le même Sujer pour 1774 , & donnera un Prix double à celui qui auta déter- miné , L'ailion des acides [ur les huiles , le méchanifme de leur combinaifon, © la nature des différens compofés favonneux qui en réfulrent. Cetre Compagnie defire que ceux qui concourront pour ce Prix, indiquent dans les trois regnes les productions naturelles les plus fim- pies qui participent de l’état favonneux acide ; qu’ils effaient en ce genre de nouvelles compofitions ; qu'ils expliquent leurs propriétés générales & leurs caracteres particuliers, & ne préfentent leur théorie qu'appuyée de l’obfervation & de l'expérience. On fera libre de donner aux Mémoires l'étendue qui paroîtra nécef- faire ; mais l’on n’abufera pas de cette liberté , & l’on évitera avec foin toute diffufon. Les Ouvrages feront adreffés francs de port à M. Marer, Docteur en Médecine, Secretaire perpétuel, qui les recevra jufqu’au premier Avril inclufivement de l’année pour laquelle ce Prix eft pro- pofé. Frroae des Sciences , Belles-Lettres & Arts de Befançon , pro- pofe pour Prix de Phylque , D'indiquer les meilleurs plâtres & albâtres qui fe trouvent en Franche- Comté; le degré de calcination & Les autres préparations qui leur con- viennent, pour être employés dans la conftruitlion & décoration des Bâti- mens: fur-tour au-dehors, fans dangers des impreffions des pluies & des elées. Une Médaille d’or du prix de 200 liv. fera la récompenfe du Mémoire couronné. Les Ouvrages feront remis francs de port a M. Droz, Secre- taire perpétuel , avant le premier Mai 1773. Tome I, Pare, IL, V 154 MAO VENT UE LENS RE DE XX TUON'S Sur Le trifle fort des Perfonnes , qui, fous une apparence de mort, one été enterrées vivantes , & [ur les moyens qu’on doit mettre en ufage pour prévenir une telle méprife ; où Précis d’un Memoire [ur les caufes de la mort fubite & violente, dans lequel on prouve que ceux qui en font les viélimes , peuvent être rappelles à la vie ; par M. Janrins Maïtre en Chirurgie, Oculifle de Lyon, &c. À Paris, chez Didot; Libraire de la Faculté, brochure in-8. de 94 pages. Pre confirme qu'un grand nombre de perfonnes ont été & font encore aujourd’hui les déplorables victimes de la précipitation avec laquelle on enfevelit les morts. A peine eft-on réputé avoir ceffé de vivre, qu'un homme mort d:vient un fujet d'horreur , & on n'afpire qu'après le moment de le voir porter au cercueil Cerre horreur tient à nos anciens préjugés, dont on ne nous montre point affez le ridi- cule dans l’enfance. Des Nourrices mercénaires , des Domeftiques grofliers infinuent à l’enfant confié à lurs foins , les puérilités dont eux-mêmes ont été imbus, & les préjugés de la premiere jeuneffe font dans la fuire les plus difficiles à furmonter. Voilà fans contredit une des raifons pour laquelle on fe hâte d’enfevelir les morts. Des abus multipliés, & donr le feul récit fuffroir pour faire frémir , pour arracher des fentimens de compallion & d’attendriffement à l'ame la plus féroce , ont enfin renouvellé l'attention des Gouvernemens ; ils ont cherché à reprimer ces abus, en ordonnant de prolonger l’inter— valle pendant lequel les perfonnes réputées mortes , devoient refter expofées avant d’être enfevelies. Les Magiftiats chargés de veiller à la sûreté publique dans la Capitale de ce Royaume , ont érendu leurs foins encore plus loin; ils ont établi divers entrepôts où font tranfportées les perfonnes qu’on retire de la riviere, dans lefquels on leur predi-- gue les fecours convenables. Ils ont mème promis des récompenfes à ceux qui contribueroient à rappeller un noyé à la vie. Plufieurs mal- heureux ont déja éprouvés les avantages d’un. érabliffemenct aufli pré- cieux. Il fait l'éloge de la beauré de l’ame du Minüitre & de la fageffe des Magiftrars , à qui le Public en £ft redevable. Un tel exemple devroie être fuivi dans routes les Ville du Royaume, & les inftruétions qui y font relatives, répandues & mulripliées dans les Campagnes ; les Curés. mêmes des plus peuts Villages, devroient êrre tenus à les lire à leurs: Paroifiens , à les inftruire à la fortie de la Melle, Quoi de plus con- EUVENNOMNTNRENCR MATE OR LE 5. 155 forme aux occupations des Miniltres d’un Dieu de bonté & de com- mifération ! Malgré les foins paternels de nos Magiftrats ; combien de malheu- reux fonc encore chaque jour renfermés pleins de vie dans les horreurs du rombeau ! Le rerme de vingt-quatre ou de trente-fix heures, qui eft le plus long intervalle mis entre l’inftant de la mort & celui de la fé- pulture, n'eft pas toujours fuflifant pour établir une preuve complette de la ceffation totale de la vie. Les léthargiques, les catalepriques fur-rout reviennent à la vie après un tems beaucoup plus long. Il fufit pour fe convaincre de certe trifte vérité, de jerter un coup-d'œil fur les ouvrages de M. Bécher & de M. Louis fur l'incertitude des fignes de la more. Plufieurs Auteurs ont étendu leurs vues patriotiques pour chercher les moyens les plus prompts & les plus. efficaces pour fecourir ces infor- £unés. : ‘ M. Jannin eft de ce nombre, & il donne dans le petit ouvrage que fous annonçons , une preuve de fon amour pour l'humanité, Cer Ecrivain s'attache à chercher quelle eft la caufe des morts fubites. Il croit l'avoir trouvée dans l’inertie où tombe le fluide éleétrique , dans les perfonnes qui meurent fubitement. La fuffocation eft la caufe prochaine des morts fubites. Il s’agit, pour fecourir les perfonnes dans cet état, de rétablir le jeu des organes de la refpiration ; on ne fauroit y parvenir fans avoir relticué au Auide‘ électrique fon mouvement naturel. Ces moyens, fuivanc M. Jannin, conviennent également aux noyés, aux perfonnes frappées de la foudre , érouffées par la vapeur du charbon, du vin nou- veau, ou frappées d’apopléxie, & mème aux pendus. Pour rétablir le mouvement du fluide électrique , il fuffit de frotter conftamment & pendant long - tems les parties du corps avec des linges chauds , fouffler de tems en tems dans le nez du malheureux, de la fumée du tabac, & en introduire par le fondement dans les inteftins; mais le fecours que M. Jannin propofe comme le plus efhcace , eft d’enterrer tour le corps dans des cendres chaudes. Il cire à ce fujet une obfervation de M. Du- moulin , à qui l’on eft redevable de ce dernier moyen; & l’Auteur appuye encore cette obfervarion par l'exemple d’un pendu qu'il a rappellé à la vie. Il a eu le même fuccès fur un enfant étouffé dans le lit de fa nourrice. M. Janmin conclud d’après ces obfervations , que la mème pratique feroit également avantageufe dans une infinité de cas, & qu'on pourroit par ce moyen bien fimple , conferver la vie à un grand nombre de ci toyeus qui périffent chaque jour, par la privation des fecours néceilaires, ou par la précipitation avec laquelle on les enfevelir. Nous ne détaillerons pas les principes théoriques donnés par l’Auteur; mais avant d'expliquer l’action des fecours fur le Auide électrique, il auroit fallu démontrer l'exiftence de ce fluide électrique. Pluñeurs Vi 1,6 INA ION MAP ITEMMLN ITR ETS phénomenes cependant paroiffent l'indiquer; mais une probabilité ne paffera jamais pour un principe. La Médecine , fi riche , fi féconde en raifonnemens , l’eft bien peu en vérités premieres & démontrées; elle a pour bafe un empirifme raifonné. L’Aureur auroit donc dû fe con- tenter de rapporter des faits; leur réuflire parle aux yeux, & les difcours les plus fpécieux perdent leur mérite à ceux de la raifon , quand leur bafe eft fondée fur une hypothefe. Le temps eft venu , ou plutôt la mode d'expliquer les phénomenes de la nature par l’éleétricité. Quand on aura bien difcuté , plaidé pour ou contre, onfe laffera , & la quef- tion reftera indécife. Il en fera de celle-ci -en Médecine , comme il en a été de la fomentarion : fi on jette un coup - d'œil fur les écrits du commencement de ce fiecle, on fera convaincu de la vérité que nous avançons. Bornons-nous donc à la connoiffance exacte des faits; râchons d'en faire des applications heureufes, & d’après l’analogie , multiplions les expériences , mais avec la plus grande circonfpeckion , puifque la vie du dernier des citoyens eft précieufe à l'Etat. D'après les effets de l'électricité dans la paralyfie, M. Jannin préfume qu'on pourroit l’employer avec fuccès pour les perfonnes noyées ou étouffées dans une foule, ou par la vapeur des charbons, &c. Cette idée n’eft pas abfolument dénuée de fondement ; un Médecin Hollandois nous a afluré que la commotion de Leyde avoit produit quelquefois des merveilles dans ce dernier cas; & nous croyons que M. de Haer, dans fon ouvrage intitulé Rario medendi, en cite plulieurs exemples. Nous ne garantiflons cependant pas ce dernier fait , parce que nous n’avons pas actuellement fous les yeux l'ouvrage de ce grand obfervateur ; mais, à l'exemple de M. Jannin , nous prions & invitons les gens de l'Art, de multiplier les expériences. L’Auteur termine cer opufcule par une idée vraiment patriotique : il demande que les mA condamnés à la mort foient les individus fur lefquels on rentera des expériences, dont l'utilité & la réuflite paroïîtront au moins très - probables. Ce feroit un bon moyen de rendre les crimes avantageux à l'humanité. Dans ce cas la Médecine gagneroit en faits , ce qu’elle n'a pas gagné en principes depuis Hypocrate. Au furplus cette compilation n’offre aucune découverte nouvelle pour les gens de l'Art; mais il y a un grand nombre de vérités qu’on ne fauroit préfenter trop fouvent aux yeux du vulgaire. Leur importance & leur utilité juftifient le travail de l’Auteur ; & fi l'ouvrage n'eft pas ca- ractérifé par le génie de l'invention, il left du moins par le zele pour le bien public. LAUTRETINTAUEN RS ANTIS RUE LS. 157 HISTOIRE UNIVERSELLE ET /R'A rs 0 N NÉE Des végétaux connus fous tous les différens afpeëts poffibles, &c. par M. Buc’hoz, Doëteur en Médecine , &c. A Paris, chez; Lacombe, Libraire , rue Chrifline. Nos avons fouvent parlé dans les volumes précedens, de certe en- treprife immenfe, & fi capable d’affurer la réputation de l’Auteur qui l’exécurera auffi fupérieurement qu’elle l'exige. M. Buc’hoz , toujours zélé, toujours infatigable , vient de donner au Public les gravures qui forment la troifieme centurie. Elle eft, pour la majeure partie, com- pofée de celles que Rumphe fit exécuter fous fes yeux. Leur formac in-fol. laifle affez d’efpace pour détailler avec foin toutes les parties d’une plante , au moins celles qui font abfolument effentielles aux Bota- niftes, favoir : celles de la fructification & le port de la plante , ou fon facies propria. On compte dans les planches nouvelles que M. Buc’hoz fait graver , la‘tournefort, ou pirronia arborefcens , deflinée par Mile. Baffeporte ; le martynia foliis [erraris; les blataires à fleurs jaunes & à fleurs ferrugineufes; l’alecris capenfis ; le cedre du Liban ; la verveine d'Amérique. J'ai fait connoître cette plante , rome III. part. L. p. 204. M. Lemonier en a reçu la femence de l'Amérique feptentrionale , il y a environ quatre années; ilen a fait un genre particulier, fous le nom d’axbletia verbenalacea. Voyez la defcription qui en a été donnée. De- puis cette époque , la nouvelle édition du Syfema Nature de l'illuftre Chevalier Suédois m’eft enfin parvenue, dans laquelle, fi je ne me trompe, il la défigne ainf dans le Mantiffa Plantarum : buchnera Cana- denfis foliis laciniatis caule dichotomo. À la fuite des gravures nouvelles de M. Bac'hoz, on trouve le guaffia amara ; le bocconia frureftens ; le mirabilis floribus longiffimis ; la fumaria fpeëtabilis , & la fumaria bulbofa ; le lythrum Carthagenenfe. Jac., l’hoctonia paluftris ; le panax trifolium & quinque-folium ; le cereus Jflagelliformis ; le vinca rofea ; le volkameria aculeata ; le cacalia àtri- plici folia; le plumbago Europea ; enfin la commelina zanonia. On connoît la beauté & la précifion des gravures de Rhumphe, celles-ci ne leur cedent en rien, & on doit même dire qu'elles font fupérieures to la beauté du burin ; d’ailleurs les parties de la fruétificarion y fonc eaucoup mieux détaillées, Les volumes de difcours ne tarderonc pas à paroître. . \ 15$ NIORT IPUNEN TE AES ETS MEPUE MM IN RRONNE Qui a remporté le Prix des Arts, au jugement de l’Académie des Sciences , Belles-Lerrres & Arts de Befançon, fur cette Quef- tion : Indiquer les végétaux qui pourroient fuppléer, en tems de difette, à ceux que l’on emploie communément à la nourriture des hommes, & quelle en devroit être la préparation ? par M. Parmentier , Apothi- caire-Major de l’Hôrel Royal des Invalides. Pro de ce Mémoire ne s’eft pas feulement borné à indiquer les végétaux que l’on pourroit employer dans des tems malheureux, il a fait encore des recherches pour favoir quelle étoit la partie vraiment nutritive des farineux , & après avoir reconnu que c’éroit l’amidon, il ’eft afuré par beaucoup d'expériences de l'identité de la fécule des plantes avec l’amidon du bled. Voici les végétaux defquels M. Parmen- tier a retiré de l’amidon. Le maron d’inde , le gland, les racines de bryonne , de flambe ou iris, de glayeul, de colchique, de pied-de-veau, de ferpentaire , de petite chélidoine, de filipendule , des femences de la nielle des bleds , les racines d’ellébore à feuilles d’aconir, de la fumererre bulbeufe de mandragore & des chiendens. La méthode dont M. Parmentier s’eft fervi pour obtenir l’amidon de ces diférens végétaux, eft très-fimple, 1l fut de néroyer & éplucher les racines, de les raper, & de les foumertre à la prefle , de prendre enfuire le marc, & de le délayer dans beaucoup d’eau ; il fe dépofe un fédiment blanc, qui lavé & féché eft un véritable amidon. Cette mé- thode, dit l’Auteur, n’a rien de nouveau pour ceux qui favent que les Infulaires n’en ont pas d’autres pour enlever au magnoc & à l'yacca, des fucs très vénéneux , & eobrenir enfuire une fubftance farineule dont ils fe nourriflent dans quelque tems que ce foit. M. Parmentier a pris ces différzns amidons, & les a converti en pain , en les mélant avec partie égale de pommes de terre réduires en pulpe & la dofe ordinaire de levain de froment; le pain s’eft trouvé fans aucun mauvais gout & de très-bonne qualité. Il paroïît réfulrer des expériences de M. Parmentier, que la ma- tiere glutineufe découverte dans le bled pa M. Beccari, s'y trouve en trop petite quantité pour étre la partie qui nourrit ; qu'il ny a que PANTIN TIR OR A GR E $ 159 l'amidon qui ait cette propriété dans les fubftances farineufes, & que les végéraux font d'autant plus nourriffants , qu'ils en contiennent une plus grande abondance ; qu’enfin quelque part où fe rencontre l’ami- don , c’eft toujours une fubftance diftinéte & à part dans le végétal qu’on peut extraire fort aifément par la voie de l’expreflion & des lotions, & la convertir enfuire en pain , en l’affociant avec un corps propre à lui donner le mouvement de fermentation néceflaire pour la rendre di- geftible & nourriffante. Il feroic à fouhairer que les Académies propofaffent toujours des fujets aufli intéreffants : M. Parmentier eft bien louable fans doute de diriger fes travaux vers des objets utiles, & d'appliquer la Chymie aux befoins les plus.prelfants de l'humanité, M. le Contrôleur Général a maintenant fous les yeux un travail fur les pommes de rerre par le même Auteur , en faveur duquel la Faculré de Médecine à fait le rapport le plus avantageux au Miniftre; ce travail défiré depuis quelque tems, achevera de difüper les craintes mal fondées qu'on avoit fait naïtre fur ce genre d’aliment, A —————……—— ——. ET V RE SINIO UAVLE À U_x. T raie d'Odontalgie , où lon préfente un fyftème nouveau fur l’ori- gine & la formation des dents, une defcription des différentes mala- dies quiaffectent la bouche , & les moyens de les guérir , par M. Auzebi, Chirurgien Demrifte. À Lyon, chez Roller ;à Paris , chez Didor Le jeune, K vol.in-12 1772. Traité du Rachitis où l'Art de redreffer les enfans contrefairs, par M. le Vacher de la Feurrie , Docteur-Régent de la Faculré de Paris. 1 vol. in- 8. chez Lacombe. Cetre maladie étroit peu connue. Gliffon eft le feul qui en ait parlé. Les Commilfaires nommés par la Faculté de Paris, déclarent la méthode du trairement propofée par l’Auteur |, comme infaillible, On lira avec plaifir les recherches curieufes dont cer Ouvrage elt rempli. La Médecine pratique , rendue plus f£mple , plus sûre & plus méthodi- que, Tome fecond en deux Parties , par M. le Camus, Docteur Régent de la Faculté de Médecine de Paris. A Paris, chez Ganeau, rue Saint-Severin. Le premier Tome de cer Ouvrage à paru en 1769». 169 DR OI OMR TE IE NU TIR ERNS Cours de Médecine Militaire pour le fervice de verre ; Ouvrage ucile aux Officiers , néceffaire aux Médecins des Hôpitaux des armées, par M. Colombier , Doéteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, s vol. in-12. Chez Coftard 1772. Cer Ouvrage eft divifé en trois Parties. L'Auteur traite dans la premiere , de la fanté des Gens de guerre; dans la feconde, des Hôpitaux militaires dans la troifieme , des maladies des Gens de guerre. L'Anatomie du corps humain , traitée fur un plan exaëtement neuf, te) d'après une méthode qui differe entiérement de celle de rous Les Aratomif- res , Ouvrage écrit en Anglois par M. Guill. Northcote, À Londres, chez Becket1772.Les defcriprions font claires & laconiques ; la méthode finguliérement fyftématique. A Treatife on the purpurat fever, ouTraité de la fievre des Accouchées, dans lequel on expofe, fous un nouveau point de vue, la nature & la caufe de cette maladie , fi funefte à plufeurs femmes, par M. Natgan-. net Balmer, Médecin ordinaire de l'Hôpital des Accouchées. A Lon- dres, chez Cadell. 1772, Richerche intorno alla diftribuzione delle velocita nelle fezioni de fumi, pat M. Lorgua, Profelfeur de Mathématiques au College militaire de Véronne. 1 vol. À Véronne, chez Marc Moroni 1771. L’Auteur examine dans cet Ouvrage pourquoi dans quelques fleuves la vitefle eft plus grande vers la furface de l’eau; & pourquoi dans les autres, la plus grande viceffe eft vers le fond de l’eau , ou au milieu. Cet Ouvrage nous a paru très bien fait. Specimen de Hifloriä Martis Naffovico Siegenenfis ; par J. H. Jung. x vol. in-4. 1772. À Strasbourg , chez Heriz. Cer Ouvrage n’eft qu'un foible effai d'un autre beaucoup plus étendu , auquel l’Auteur travaille actuellement. 11 contient beaucoup de vues neuves, & fair defirer la fuite que M. Jung ne tardera pas à publier, Inftruition Tothe Knowledge of infeëts.…. By curtis Apothecari. 1772 à Londres. C’eft une traduction de l'ouvrage de M. Linné , intitulé Fundamenta Entomologie , mais enrichi de pluñeurs gravures & de plu- fieurs additions. FRAIS UN: Bille Seul. Len Ævriuer 1778. 7) ù = » + — UT SON FU Ver. Les D ic ete : — ep tr à PTT MR ne or] PAISARETS À ï “ : de w A - 2; > = ‘ o « ï Û A < ” CARRE: . 5 ae F ‘ ÿ = + CL 183 r” ' a = © 7 4 É = ya " : ‘ : + R ne : . + . » Î * … < : À :e + # - 2 x _ Tv 4 = : s + Ps 57 $ : o LS Ta à L = "] 570 Eee È ; . : pois « L 5 =. = = es, NL + : D EC 2 7 + . 4 ï n + vw : z ' : + à | 5 L = = À, 2 à " 7 £ 7 ï = “ E 7, É ë "2 | : F2 pu L à % x À r ; à < j = È e ' # 2 = ” D > t 7 = > "4 De o , De ne) - = " Re. < - | - 2 ,- s ptite "70 LL 41 ee | e- - . ls | RE "s J : è OBSERVATIONS SAUTER L'AOPHIY SI QUE, DURE MTISTOIRE :NATURELL:E ET: SUR MES AR TS: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE, DÉDIÉES AOME. L'E:C OM TE PPT TONTSS: Par M.l Abbé ROZIER, Chevalier de l'Eglife de Lyon , de l Académie Royale des Sciences , Beaux Arts& Belles-Lertres de Lyon, de Killefranche, de Dijon, de la Société Impériale de Phyfique & de Botanique de Florence, &c. ancien Direéleur de l'Ecole Royale de Médecine Vétérinaire de Lyon. L TOME PREMIER. AP A RES; Hôtel de Thou, rue des Poitevins: M D'CGUVEXINT IL AVEC PRIVILEGE DU ROLL | OC SOL UE Se ART RIT ON Dz ce JourNAL DE PHysi1QUE. Iz paroîtra chaque mois un Volume de dix à onÿe feuilles in-4 enrichi de gravures en taille-douce. On pourra à la fir de chaque année relier ces douze Volumes , & ils formeront deux Volumes in-4 de 6o à 70 feuilles. On foufcrit pour cet Ouvrage à Paris chez PancxoucxE , Hôtel de Thou, rue des Poitevins , & chez les principaux Libraires des grandes villes de ce Royaume & des Pays étrangers. Le prix de la foufcription eff de 24 liv. pour Paris, & de 30 liv. pour la Pro- vince, franc de port. On a cru auffi devoir fe borner à l'ancien titre & fupprimer celui de Tableau du travail annuel de toutes les Académies de l'Europe, titre trop géncral pour un Jour- nal de Phyfique." P* Les Savans qui voudront faire inferer quelques articles dans ce Journal, font priés de les adreffer à l Auteur place & quarré Sainte-Genevieve, au coin de la rue des Sept-votes. On trouve chez le mème Libraire le Mémoire de M. l'Abbé Rozier, couronné par l’Académie de Marfeille , fur la meilleure maniere de faire & de gouverner les Vins , foit pour lufage, foit pour leur faire paffer la mer. 1 vol, in-8 avec figures. Prix 3 Liv. 12 fols. OT MI PET À) RTE NT: OT PR RU RAR MERNE D'PERS QAR TN TIAC LEAELSS Contenus dans cetrce troifieme Partie. Probléme de Phyfique à réfoudre , page 161 Premier Mémoire fur le probléme de M. Molineux , par M. Meiran , ibid. Æ xpériences fur l'artraëlion ou la répulfion de l'eau & des corps huileux pour vérifier l’exaétitude de la méthode par laquelle le Doéteur Taylor eflime la force d’adhéfion des furfaces , & déterminer l'aëlion du verre Jur le mercure des baromêtres ; faires en préfence de l’Académie des Siences, Arts & Belles-Lectres de Dijon, dans fon Affemblee du 12 Février 17735 par M. Morveau, 172 Cas d’un Tetanos ou d’un ferrement de la mâchoire ; guéri par de fortes dofes d'opium, par le Doëteur Archambault Glofler , de Saint-Jean d’Antigua ; communiqué à Jean Morgan, Doiteur en Médecine Ê Membre de la Société Royale , Profeffeur de Médecine au College de Philadelphie, qui en a fait la. leëlure devant la Societé philofophique de l'Amérique, 174 Differtation fur l'origine des Fontaines en général , & fur celles des Eaux minérales en particulier ; préfentée à la Société académique , par M. Jean-Guillaume Baumer , 177 Maniere de faire du vin avec des groféilles , 184 Obférvations fur l’origine du miel, par M. Boifier de Sauvage, 187 Obfervations fur le tableau du produit des affaires chymriques , par M. de Fourcy , Maître en Pharmacie 3e) 197 Lertre ou Obfervations fur les effets & les Juites du tremblement de terre de Saint-Paul- Trois-Châteaux , communiquées à M. de la Lande , de l'Académie des Sciences , par M. F...,, Lieutenant - Général de Montelimard , le 11 Février 1773 ; 20$ Expérience fur F3 magnéfte blanche , la chaux vive, & fur d’autres LE tances atkalines ; par M. Jofeph Black, Docteur en Médecine, 210 Obfervations tirées du voyage en Californie , de M. l'Abbé Chappe, de l’Académie Royale des Sciences , ©” 220 Obfervations tirées d'une lettre écrite de Mexico à l Academie Royale des Sciences , par Dom de Alzale y Ramyres, 221 Defcription d’une produëtion extraordinaire, formée fur la tére d'une 246 TAB TM abeille : conjeëlures fur cette maladie ; par M. de Lat.**, 223 ‘Additions & correétions nouvelles faites aux machines pneumatiques & éleétriques , 2 200 Defcription d’une machine pour pomper l’eau des vaiffeaux ; fans em- ployer le fecours des gens de l'équipage ; par M, Richard Wells , 228 Eloges des Académiciens de l Académie Royale des Sciences ; morts depuis 1666 jufqu'en 1699 ; par M. le Marquis de Condorcet , de la même Académie. A Paris, hôtel de Thou, rue des Poirevins , x vol.in-12, 231 Eloge de Perrault, ie Rapport fait à la Faculté de Médecine concernant le Mémoire [ur les Pom- mes de terre , 238 Livres nouveaux , 242 Fin de la Table. ARE PIEPINR ON REA IEP OT EN Jx lu, par ordre de Monfeigneur le Chancelier , un Ouvrage ayant pour titre: Obfervations fur La Phyfique, fur l’Hiftoire naturelle & fur les Arts, &c. par M. l'Abbé Rozier, @c, & je crois qu'on peut en permettre l'imprefion. A Paris, ce 31 Mars 4773: GARDANE, dés € c 16» CO) PHYSIQUE. PROBLÉÈME.A RÉSOUDRE. O: demande pourquoile vent, lorfqu’il s’éleve fur mer, au nord ou au nord-elt fe rend-il à l’oueft par le fud, où va toujours expirer; & jamais par le nord? Ce fait eft conftant & régulier fur la Méditerranée & dans les mers. de l'Amérique. Si ce vent du nord ou du nord-eft fe rend par le nord à l’oueft (cas exceflivementrare) , pourquoi eft-il toujours foiblér, ou fuivi du calme, tandis qu’il eft très-violent, quand il pafle par le fud ? PREMIER MÉMOIRE Sur Le probléme de M. MOLYNEUX, par M. MERIAN. GC: problème tient dans la Philofophie moderne une place diftinguée. Acap. px Les Locke, les Leibnitz, les hommes les plus célebres de notre fiecle Berzin, en ont fait l’objet de leurs recherches. IL a été le germe de plufeurs 177e. découvertes importantes qui ont produit des changemens confidérables dans la fcience de l’éfprit humain, & fur-tout dans la théorie des fenfations. L Enoncé du Probléme. « Suppofez un aveugle de naiffance , qui foit préfentement homme » fait, auquel on ait appris à diftinguer par l’attouchement un cube & » un globe de mème métal, & à peu près de la mème groffeur; enforte ‘ » que lorfqu'il touche l’un ou l’autre, il puiffe dire quel et le cube & » quel eft le globe. Suppofez que le cube & le globe étant pofés fur une Tome I, Partie III. X 146 PER TNESTIETMONEUNRE: » table, cet aveugle vienne à jouir de la vue : on demande fi, en les » voyant fans les toucher , il pourroit les difcerner , & dire quel eft le » globe & quel eft Le cube »? : LI. Points de vue généraux en forme de queflions. Comme on fuppofe ici deux corps , qu’il s’agit de difcerner pat leurs figures, tout dépend de la notion de la figure , & en particulier de l'ori- gine de-cette notion. Selon les principes que l'on fe fera fait à ce fujet, le problème fe préfentera fous un point de vue différent. 1°. Les figures font-elles les objets immédiats de la vue ? 2°. L'œil, en paffant à la lumiere, voit-il du premier coup les corps comme étendus & figurés ? Ou lui faut-il du temps & de l'exercice pour les voir ainfi ? En ce dernier cas peut-il s'exercer & s’expérimenter lui - même fans aucun fecours étranger, & fans lintervention des autres fens ? 3°. La figure vifble & la figure tangible d’un corps , eft-ce la même figure ? Cette identité fe manifefte-t-elle aux fens? Ou du moins y a- r-1l entre les figures vifible & tangible des traits de reffemblanceMf#frap- pans qu’on ne puiffe les méconnoïtre ? 4°. Si cela n’eft point , y a-t-il des termes aux yeux, d’où l’on puiffe inférer par le raifonnement que la figure vue & la figure touchée font la mème figure? s°. Enfin y a-t-il des figures vifibles ; ou bien la perception ou l’idée de la figure n'entrent-elles dans notre ame que par le fens du ta& © JUNE Conditions du probléme. La premiere chofe à confidérer, font des conditions fous lefquelles MM. Molyneux & Locke ont propofé ce problème. De ces conditions, les unes font formellement énoncées , & les autres ne le font pas. L'aveugle, en ouvrant les yeux , voit le cube & le globe comme deux objets féparés. Premiere condition qui n’eft point exprimée , mais qui néceffairement doit être fous-entendue. Il y a même beaucoup d’appa- rence que les Philofophes ne fe doutoient pas que cela püt être autre- ment; car ils faifoient alors les premiers pas dans cette nouvelle car- riere, & n’en étoient qu'aux élémens d’une doctrine qu’ils n’ont ni l’un ni l’autre pleinement approfondie. Locke fentoit bien que les figures folides ne pouvoient être les objets propres & immédiats de-la vue, parce que ces figures ne tracent au fond de l'œil que des furfaces planes , diverfement ombrées & colorées. Il MoR SE 5 2 6 B &. 167 dit que nous ne parvenons à appercevoir les contours folides des corps , qu'en fubitituant la caufe à l'effet, par un jugement habituel , mélé à l'acte de la vifion. Quand nous cherchons quelle eft cette caufe , & de quelle habitude peut nous venir ce jugement qui confolide les figures plates , nous fom- mes obligés de recourir au feul fens qui, felon Locke, nous donne l'idée de la folidité : c’eft le fens du toucher. C’eft donc du toucher com- biné avec la vue, ou de la combinaifon habituelle des idées reçues par le toucher avee l'acte de la vifion , que naîtroit ce jugement de lefprit qui nous fait appercevoir des reliefs où la vue feule ne nous montre que des plans. Cette réflexion ainf développée , eft digne de la fagacité de Locke, & les efforts qu’on a fait jufqu'à ce jour pour la combattre, ont été im- puilfans. Le Philofophe qui a prétendu que, quoiqu'il ne fe crace dans l'œil, que les plans éclairés & colorés, l'impreflion qui fe fait dans l'ame en conféquence de ces images , ne donne pourtant pas la perception d’un plan , mais celle d’un folide, a été réduit à fe rétracter dans un ouvrage poftérieur , où il renchérit encore de beaucoup fur Locke, & où loin d'accorder que nous voyons les figures folides , il ne croit même plus que nous puiflions voir les figures planes : mais c’eft de quoi nous parle- rons en fon lieu. Ce qu’il importe ici d’obferver , c’eft que , fuivant Locke, quoiqu'il n’en dife rien, l’aveugle, en ouvrant les yeux, ne devroit donc voir ni un globe , ni un cube, mais un cercle & un quarré ; ou bien l’on aver- tiroir l'aveugle que les furfaces qu'il voit , appartiennent aux corps qu’il a touchés. Après tout, feroit-il fort à craindre que cette transformation des folides en furfaces lui caufàt de l’embarras ? Ne lui faudroit-il point pour cela des connoiffances qu’il eft encore bien éloigné d’avoir ? Com- ment fauroit il que c’eft un corps folide ou un plan vifible , & en quoi ils different , lui qui voir ee la premiere fois, & ne connoît jufqu’ici que des folides & des furfaces tangibles 2 En effer, foit qu'il voie des furfaces, foit qu'il apperçoive des foli- des , il eft indifpenfable de lui dire que ce font là les mêmes furfaces ou les mêmes corps qu’il a touchés. Cette feconde condition eft encore fupprimée dans l’énoncé du problème ; mais vraifemblablement on doit la fous-entendre aufli bien que la précédente. On fuppofe peut-être qu'aufli-rôt que l’aveugle vient à jouir de la vue, elle eft dirigée fur ces deux corps que peu auparavant il avoit tenu entre fes mains : en ce cas , la queftion mème qu’on lui fait, fuffit pour l’inftruire : au lieu que fi on négligeoit de l’en avertir, rien au OA ne pourroit feulement lui faire foupçonner qu'il püt recevoir par deux fens , une perception ou la per- ception d’un mème objet. Xi) 168 BRUN EC OMNNUMILES D'un autre côté, fi la vue tomboit d’abord fur une forte d’objets de toutes fortes de figures, il lui feroit bien difficile , pour ne pas dire impoffible, de déméler parmi cette multitude, fon globe & fon cube, quand mème on fuppoferoit qu'il pût parvenir à les reconnoître , & à les diftinguer en les voyant feuls. C’eit donç feul qu'il doit les voir ; & ce feroit embarraffer le problème fans né Gré , que de les lui offrir confondus avec d’autres objets. On exige que le globe & le cube foient de même en étar, & à peu près de même grolfeur. La premiere de ces conditions paroit fuperflue. La vue ne donne que la couleur du métal, qui ne décide rien par rap- port à la figure , & ne fauroit fournir , à cet égard , aucune indication ni directe , ni indirecte. Il n’en eft pas de même de la groffeur. Je conviens qu’elle ne dérer- mine pas plus la figure que ne fait la couleur; mais elle peur fournir une indication indirecte. Nous fuppofons ici que l’aveugle-né voit les corps comme des êtres féparés les uns des autres. Il voit donc des dif tances , & il voir à diftance. Il voit donc l'étendue, & il diftingue une grande étendue d’une petite, Ainfi, fi le globe eft d’un volume confidé- rablement plus gros que le cube , ou le cube beaucoup plus velumineux que le globe, il laura reconnu à l’attouchement. Lorfqu’enfuite fes yeux s'ouvrent , quand mème il ne pourroit rien prononcer fur la figure, il devineroit au moins que le plus grand corps rangible répand un plus grand corps vifible ; je dis qu'il le devineroit , car il n’y a point de né- cefité abfolue que cela foit ainfi ; mais il fufhroit qu'il püt le deviner our faire manquer l'expérience , ou pour en faire de faufles conclu- fions. Il eft donc bon que les deux corps foient d’un volume à peu près égal. Ce font là les conditions préliminaires auxquelles il faut nous prèter pour entrer dans le fens de l'inventeur du problème , & de Locke qui l'a répété après lui. Notre unique affaire , dans ce moment, eft de voir comment , ces conditions étant pofées , le problème fe ré{our. IL V. Solution négative du probléme, donné par MM. MOLYNEUX GAL YOICIKIE. La folution donnée par M. Molyneux, eft négative. « C’eft, dit-il , » quoique l’aveugle ait appris par expérience, de quelle maniere le globe » & le cube affeétent fon attouchement ; il ne fuit pas encore que ce » qui affeûte fon attouchement de telle ou de telle maniere , doive » frapper fes yeux de telle ou de telle maniere , ni que l’angle avancé » d’un cube, qui preffe fa main d’une maniere inégale, doive paroiître » à fes yeux, tel qu'il paroït dans le cube ». \ PRE ETS UT OUNTUNE. 169 Locke nous affure qu'il eft entiérement du même avis; mais il fem- bleroit au premier coup d'œil que ce n'eft pas pour les mêmes raifons. Immédiarement avant de parler du problème, il avoit établi que les per- ceptions fenfibles font fouvent altérées par un jugement de l’efprit, lequel nous fait appercevoir les corps comme folides , quoique leurs images vifibles ne foient que des plans. Or, comme ce jugement ne peur réfulcer que de la combinaifon du raét avec la vue; combinaifon que l’aveugle-né n’a jamais été à portée de faire, on croiroit que c’eft là ce qui, felon Locke, empèchera de diftinguer le globe du cube. Cependant d'un certain côté, Locke approuve en entier la folution de fon ami Molyneux , qui néanmoins eft tirée de principes différens , puifqu’elle a lieu dans la fuppofition même que l'œil difcerne la folidité des deux corps; & que M. Molyneux , loin de faire entrer dans fa preuve les images planes que ces corps peignent für la rétine dé l'œil, non-feulement n'en fait aucune mention, mais femble fuppofer le contraire, Pour nous, nous avons vu plus haut que le problème peut également avoir lieu, foit en fuppofant ces images planes, foit en les fuppofant folides. + . En général, quoique M. Locke foit pour la négative, comme M. Molyneux, il ne laiffe pas de s'exprimer avec de certaines reftric- tions, Il croit que l’aveugle-né ne feroit point capable , à /a premiere vue , de dire avec certitude, quel eft le globe & quel eft le cube. Par-là que faut-il entendre ? Eft-ce qu'à la fimple vue , & fans le fecours du toucher , l'aveugle-né ne faura difcerner deux corps ? Veut-il infinuer qu’en les confidérant plus long-temps ou de plus près , fans cependant les roucher , l’aveugle-né les difcernera ? Veur-il dire enfin qu’il pourra les diftinguer au moyen de la réflexion & du raifonnement, fans avoir befoin d’une confrontation de la vue avec le tract? Et quand Locke ajoûte que l’aveugle-né ne fauroit dire avec certitude quel elt le globe & quel eft le cube , penfe-r-il que cet aveugle-né pour- roit au moins le foupconner avec vraifemblance ? Quoiqu'il en foic, Locke eft beaucoup moins péremptoire fur ce fujet que M. Molyneux. Je me perfuade avec peine que Locke ait voulu foutenir qu'il n’y auroit pour fon aveugle-né abfolument aucun moyen de reconnoître le globe & le cube, parce que par une telle affection , il heurreroir fes pro- pres principes, & fe jerteroit dans des inconféquences trop manifeftes. Cetre allertion ne feroit-feulement que dans l’hyporhefe, qu’il n'y eût pas le moindre rapport entre la figure vifble & la figure tangible. Mais Locke nous dit dans fon Livre , que les notions d'étendue & de figure, s’acquierent également par la vue & par le toucher , & il ne con- 170 Puy Us QUE çoit pas qu'on puifle le révoquer en doute (1). A le prendre ainfi, la figure vifble & la figure tangible, foit du cube , foit du globe, feroient donc la même figure inhérente au même corps, accompagnée feulement de qualités vifuellés d’un côté , & de qualités tactiles de l’autre. Il fau- droit donc néceffairement admettre quelque moyen de découvrir cette identité de figure à travers les qualités des deux fens dont elle éit comme enveloppée. 1l faudroit en un mot que par la vue feule , nous puifions reconnoître la figure que nous avons touchée , & après le toucher feul , la figure que nous'avons vue : fans quoi, il feroit faux que nous apper- cevons les figures , & les mêmes figures , par la vue aufli bien que par le toucher. Si donc Locke avoit voulu le nier, fa folution du problème de M. Molyneux eût contredit fa propre doctrine ; & pour rendre cette folution conféquenté , il eûc fallu la bâtir fur une toute autre chéorie que la fienne ; ainfi, il fe modele ou trop loin dans fa folution , ou pas aflez loin dans fes principes. Si au contraire Locke fe borne à foutenir que l’aveugle-né ne difcer- nera pas le cube du globe de la premiere vue , il cefle d'etre en contra- diction avec lui-même ; & fans fortir de fes principes ; fon afferrion peur être juftifiée par des raifons plaufibles. L’aveugle-né , peut-on dire , lorfque fes yeux admetrent la lumiere du jour , eft tranfporté dans un monde nouveau. Les objets qui frappent fon nouveau fens , doivent d’abord lui fembler n’avoir rien de commun avec ceux qu’il connoît par le miniftere des autres fens ; 1l doit les regar- der comme étant d’une nature toute différente ; & quand on lui dit que ce font les mêmes, il doit fentir une forte répugnance à le croire. Il feroit donc bien difficile que dès fon premier acte de vifion, il puiffe diftinguer le globe du cube. Comment le diftingueroit-il ? 1l ne comprend pas encore ce que font l'étendue & les figures qu'il voit. Dans l’ha- bitude où il eft de rapporter ces perceptions au tact, il lui paroîtra d’abord tout aufli abfurde de vouloir voir les figures, que de vouloir toucher les odeurs ou flairer les fons. Quelle reffemblance y a-t-il en effet entre la lumiere , les couleurs & les ombres , qui dominent les corps vilibles & le folide , le dur ou le mou, le chaud , le froid, ou les autres qualités qui dominent le corps tangible ? Ce n'eft donc qu'après avoir fait abftrac- tion de toutes ces chofes , qu’il parviendroit à cette perception de figure commune à la vue & au toucher. Il faudra qu’il réfléchille, plus qu’on ne penfe , pour mettre feulement en état de faifir le fens du problème. Défions nous ici de nos préjugés d'habitude ; tout cela ne nous paroît rien à nous qui dès notre plus (1) Livre II, chap. 3, 6, 2. D. UM UÉISNR © 0 Er 171 tendre enfance , avons aflocié la vue au coucher, & à qui , par un exercice continuel, cette aflociation eft tellement devenue familiere, qu’elle nous a fait oublier le rems de notre apprentillage ; au lieu que la nature vient de parler pour la premiere fois par le fens de la vue ; à l’aveugle-né dont il eit fait mention dans ce problème. Voilà comment j’imagine qu’on pourroic interprérer & juftifier Locke : d’autres iront peut-être plus loin. Ne fe pourroit-il pas, diront-ils, que cer aveuge-né jugeär plus fainement des chofes que nous ; & cela préci- fément parce qu'il jette fon premier coup d'œil dans l'univers vifble : placé fur les limites, entre le fens de la vue & celui du toucher , il n’a pas encore appris à les confondre , & nous ne fommes, à cet égard, plus aveugles que lui , que parce que nous voyons depuis plus long-tems. L'aveugle-né , inffteront-ils, ne conçoit point que les objets qu’il voit, & ceux qu'il touche , puiflent être les mêmes. Vous l’attribuez à fon inexpérience ; mais peut-être y a-t-il dans ce jugement plus de vraie philofophie que vous ne croyez ; & n’eft-ce pas la nature elle-même qui le lui a diété. Les objets que je vois, dit-il, ne font pas ceux que je touche; & il a raïfon ; ces objets ne font pas les mèmes , à parler exaétement, Nous ne voyons ni nous ne touchons les fubitances externes ; nous ne les connoifons que par des perceptions qui font en nous , & ces per- ceptions font nos objets. Or, une de ces perceptions n’eft point l'autre; & celle qui eft excitée dans un fens , n’eft point celle qui elt excitée dans un autre fens : ce que je vois n’eft donc pas ce que je rouche. Nous reviendrons à ces queftions dans un fecond Mémoire ; mais quoi- qu'il en faille juger, nous pouvons remarquer ici en général qu'on ne fauroit voir clair dans ce fujet fans fecouer fes préjugés d'habitude , & fans fe replacer à l’époque même où notre aveugle fe trouve. Il faut fe aa les yeux , a dit un Philofophe, pour connoître comment fe fait la vifion, At 172 BEEN TESN TM IOMAUMLES vice de la méthode Docteur Taylor; & avant de les avoir obfervées, j’érois déjà bien porté à le ‘penfer , par la raifon toute fimple que le poids de l'athmofphere ne peut produire aucun effet, aucune réfiftance fenfible , que quand il y a un vuide , ou que quand l'effort que l’on fait tend à en produire un, quelqu'étroit , quelqu’inftantané qu’il puiffe être. Or je ne vois aucune deces circonftances dans le procédé du Dr.Taylor.Si la furface plane que l’on pofe horizontalement fur le liquide, le touche en tous fes points, 1l n’y a tres-furement aucun vuide actuel ; il n’y en a pas davan- tage lorfqu'il le rouche moins exactement, parce que cela n'arrive qu’à raifon des globules d’air , renfermés entre leurs furfaces , parce que ces globules ne peuvent avoir ni plus ni moins de denfité & d'action que le refte de la couche d’air dont ils font partie , puifque l’eau les comprime autant qu’elle eneft elle-même comprimée parle poids total de l’athmof- phere. Il eft de même certain que l’eflort que l'on fait pour féparer le corps folide du corps liquide, ne tend à produire aucun vuide mème inftantané ; & cela eft évident en quelque point que l’on place l'effort , dans quelque direction qu’il agiffe. Si c’eft par les bords, l’air fuccédant immédiatement , il n’y aura jamais de vuide, & il ne pourra par confe- quent apporter d'autre réfiftance à la féparation, que celle que tout fluide oppofe au mouvement d’un corps qu’il environne. Si c’eft par le centre du corps folide , il ne pourra fe former aucun vuide , mème en fuppofanc que l'effort Le difpofe à devenir concave , parce que le poids de l’athmof- phere forcera l’eau à fuivre la courbure qu'il prendra ; ce fera donc rou- jours l’attraétion & l’adhéfion qu’elle produit qui opérera la réfiftance en faifant un feul corps des deux, jufqu’à ce que cette force foit vaincue par le poids qu’elle fufpend. Tout fe paffera enfin comme dans la rup- ture du filet vifqueux dont j'ai donné l'exemple dans mon eflai fur la diffolution. Ainf , l’analogie eft d’accord avec l’expérience pour établir que la mé- thode du Docteur Taylor , donne une aflez jufte évaluation de la force: avec laquelle deux corps adhérent en vertu de l'attraction de leur furface , & l’on peut ajouter que l'inégalité mème de certe force, fuivant les différens corps que l’on emploie, prouve fon indépendance de l’action toujours conftante de l’atmofphere : & que l’on ne penfe pas que cette variété foit le produit de la plus ou moins grande quantité de bulles d’air interpofées entre les deux furfaces , il eft facile non-feulement de les appercevoir, fur-tout lorfque l'expérience fe fait avec une glace, parce que ces bulles y forment des taches auf fenfibles que le plus léger défaut dans l’éra- mage, mais encore de les prévenir , faifant gliffer la furface du corps folide fur le corps fluide , à-peu-près comme l’étameur pouffe fa glace fur le mercure. Il feroit bien important, fans doute , d’avoir une table exate de certe adhéfon des différentes furfaces : en attendant que quelqu'un veuille 11H PO IEYINS UT NO ÉU UE. 173 rendre ce fervice à la phyfique, je propoferai les obfervations fuivantes, qui , par le choix des marieres employées , peuvent fervir à faire connoître que fi l’attraétion que les Chymiftes nomment affinité, a néceffairement quelque part à cetre adhéfion , à raïfon du plus où moins de points de contaét que produit la figure des parties conftituantes , la denfité ou la malle du Auide foulevé influe aufli confidérablement fur l’effer : je dis, du fluide foulevé, parce que réellement on le voit fuivre le corps folide , à mefure que l’on charge le levier qui l’entraîne jufqu’au moment de la féparation. Cette remarque n’eft pas étrangere à la queftion. Un morceau de glace de deux pouces + de diametre, adhere au mercure avec une force égale, : : À : L : : 756 grains, à l’eau . . : è . : 258 à l'huile de tartre, par défaillance . 210 à l'huile d'olive . : - : 192 à l'efprit de vin . : CHROME 162 Un morceau de fuif pareil diametre adhere à l'eau . . . - c = 334 à l’huile de tartre . ; : : 294 à l'huile d'olive . : - : 280 à l’efprit de vin . L è ; 226 Cela pofé , l'expérience qui avoit indiqué à M. Cigna que le verre à une action marquée fur le mercure , & dont il avoit cru devoir fe défier, reprend toute fa force & devient décifive : cela eft d'autant plus facile à ‘croire , que dans les variations du baromètre, on a fouvent obfervé que la colonne du mercure fe trouvoit alternativement convexe ou concave à fon extrèmité fupérieure; & je me rappelle que M. de Feligonde com- muniqua , il y a quelques années, à l'Académie un Mémoire dans lequel il faifoit fervir ces accidens à prédire les changements de l’athmofphere , mème avant l'élévation ou l’abaiflement total de la colonne. Si l'on plonge dans du mercure un tube capillaire dans la rigueur du terme , c'eft-à-dire qui puiffe à peine recevoir un crin de cheval, à la vérité il n’y montera pas ; mais on auroit tort de fe hâter d’en conclure qu’il n’y a aucune attraction entre ces deux corps. En voici la preuve : je fais monter du mercure dans un pareil tuyau , de la hauteur de fix lignes, en afpirant l'air par le deffus avec force, & le mercure s’y foutient à la même hauteur , tant que le tube touche la maffe de la liqueur. Ce n’eft pas tout ; fi on retire le tube, la portion du cylindre capillaire , qui eft à l’extrèmité , retombe fur le champ, & laïfle un vuide d’une ligne & un quart; mais le furplus demeure fufpendu , & ces deux effets démon- trent encore l’attraétion, parce que d’une part il eft vifible que la fomme des points qui attirent, eft moindre à l'extrémité du tube que dans fon milieu; & que d’autre côté, fi la preflion de l’air avoit eu quelque aétion, le cylindre ne fe feroit pas divifé, ACAD.DE PHILADEL- PHIE,ann. 1771. 174 P + sx © v €. CAS D'UN TETANOS, ET D'UN SERREMENT DE LA MACHOIRE, Guéri par de forces dofes d’opium , par le Doëteur Archambault Glofter, de Suint-Jean d'Antigua ; communiqué à M. Morgan , Docteur en Médecine , Membre de la Société Royale , Profeffeur de Médecine au College de Philadelphie, qui en a fait la leélure devant la Société phi- lofophique de l'Amérique. UE Negre, âgé de quarante ans, s'étant expofé pendant le jour à l'ardeur du foleil, eut l’imprudence de fe coucher & de s'endormir dans un endroit très humide , où 1l paffa toute la nuir. Il reffentit le lende- main marin une roideur dans les mufcles de fes mâchoires , & une efpece de douleur , ou plutôt de fenfarion incommode dans ceux du des. Comme il ne reffenroit d’ailleurs aucune autre incommodité, on fe contenta de le faigner, d'appliquer un liniment émollient fur les parties affectées , & de le purger avec de la manne & du fel de Glauber. Ces remedes n'o- pérerent pas l'effet qu’on s'en étoit promis. La douleur des mâchoires augmenta le lendemain; les mufcles du dos & du cou furent attaqués à plufieurs reprifes par des fpafmes violens qui s’érendirent jufqu’aux mufcles des jambes & des cuifles, & les priverent de leur mouvement. Les douleurs étoient fi fortes, qu’il fe plaignoit amérement & fes dents étoient tellement ferrées, qu’on ne pouvoit paffer la lame d’un couteau entre deux. Il avoit, heureufement pour lui, la mâchoire inférieure plus avancée que la fupérieure , de maniere qu'il mangeoit & buvoit, fans beaucoup s’efforcer. Son pouls étoit lent & petit, & la peau beau- coup moins chaude qu'à l'ordinaire. Il ne pouvoit pas dormir, & il ne commençoit pas plutôt à fommeiller, que les fpafmes le reprenoient avec plus de violence que jamais. Ayanc lu dans les Eflais de Médecine de Londres, que lopium pris à fortes dofes, éroic excellent pour ces fortes de maux ; & l’ayant moi-mème employé avec fuccès, avant d’avoir eu connoiflance du cas dont il s’agit, je crus ne pouvoir mieux faire que de l’employer. Dans cette vue je lui prefcrivis la veille du fecond jour le remede que voici : PR Is1IRQU SE. 17$ Le 7 Juin. Prenez poudre de contrayerva compofée trois gros & : ; de nitre , de camphre & d’opium , de chacun 2 gros. Mèlez le tout , & divifez-le en fix parties égales , dont vous en don- nerez une au malade toutes les trois heures. 3 Le8, le malade n'éprouva aucun foulagement; la roideur continua ; les fpafmes & les douleurs redoublerent. Je réitérai les poudres , y ajoutant deux fcrupules d’opium. On n’apperçuc en lui aucun fymptôme qu’on püt attribuer à l'opium : l'infomnie continua ; fon efprit ne fut point altéré. Je donnai au ma- lade les mêmes poudres que la veille , & il fur réduit aux bouillons légers, au gruau & à la tifane. Je lui ordonnai un bain général, & lui fis frotter l’épine du dos avec un liniment compofé d’un gros de cam- phre diffout dans fix onces d'huile d'olive, & trois gros de teinture thé- baïque , mêlés enfemble. Le 10, Je lui fis donner toures les deux heures les prifes dont j'ai parlé ci-deflus; & j'y ai ajouté un gros d’opium. Pour appaifer les convulfions des mufcles des mâchoires & du cou, car les Maffeters étoient aufli durs que du bois ; je les fis bafliner avec une décoétion d'herbes émollientes & difcuffives. Le 11, le malade n’éprouva aucun foulagement ; & je commençai à défefpérer de fa guérifon. Comme l’opium & la maladie l’avoient conf- tipé, on lui donna foir & matin des lavemens émolliens & les dofesd’o- pium furent diminuées; mais je ne m'apperçus point qu'il eüc produit aucun effet. Comme je comprois fur ce remede , quoique je l’euffe em- ployé plus long-tems qu'on n’a coutume de le faire, jen augmentai la dofe jufqu’à un gros & demi , dont je fis fix portions égales, & dimi- nuai celle du nitre & du camphre. ; Le 12, après qu'il eut pris les fix dernieres prifes, les fpafmes furent moins fréquens ; mais m’étant apperçu que les mufcles des mâ- choires confervoient leur rigidité, & que le malade n’éprouvoit aucun changement favorable , j’eus de nouveau recours aux lavemens, aux bains , aux linimens & aux poudres. Le 13, les chofes refterent dans le mème état. L’infomnie continua ; je n’apperçus aucun relâchement dans les mufcles. Les matieres qu'il rendit après avoir pris les lavemens , étoient dures & feches. Il s’éveil- loit de bonne heure, & s’afloupifloit le foir ; mais les fpafmes étoienc trop violens pour lui permettre de dormir. Partagé entre l’efpérance & la crainte, je lui fs donner de trois en trois heures fix prifes avec deux drachmes d’opium, c'eft-à-dire, vingr grains d'opium pur & folide dans chaque dofe. Le 14, ces remedesle foulagerent ; les fpafmes furent moins fréquens; 176 PRURNIFNSECEEN QU NUE F je n’apperçus cependant aucun relâchement fenfible dans les mufcles de la mâchoire inférieure ; les lavemens opérerent à l'ordinaire ; le bain & le liniment lui procurerent du foulagement ; & ne jugeant pas à pro- pas de poufler plus loin l’ufage de l’opium , je Le lui donnai de la ma- niere fuivante Prenez poudre de contrayerva compofée de cinnabre d’antimoine, de chacune r gros & 3. d’opium pur , de mufc de la Chine un demi gros. Vous partagerez le tout en fix parties, dont toutes les trois heures vous en donnerez au malade. Le 15, le malade fe fentit foulagé ; il repofa quelque peu ; les fpafmes furent moins fréquens ; fes forces revinrent, ce qui me fir efpérer qu'à la fin j'appaiferois ces fpafmes cruels, qui avoient été fi funeftes à tant de perfonnes. Je revins aux premieres dofes d’opium , dont je mis deux gros dans les poudres , fans oublier le mufc nj le cinnabre. Le 16, le malade fe rrouva dans le mème état que la veille. Je réitérai les bains, les linimens, les lavemens, les friétions & les poudres. Le 17, s’éranttrouvé ce jour-là plus foulagé, je lui redonnai les poudres, & les fpafmes ceflerent par-tout , excepté dans la jambe droite , dans laquelle il fentoit de grandes douleurs : les Maffeters fe relâcherent tant foit peu. : Le 18, comme il fe rrouvoit un peu mieuxque la veille, j’'employai les mêmes moyens, & réicerai les prifes. Le 19, les douleurs fe calmerent ; il fur en état de fe lever, à caufe du relâchement qui furvint dans les mufcles du dos. La mâchoire inférieure reprit fon mouvement naturel , fur quoi je réitérai les mêmes remedes. Le 20, fa bouche s’ouvrit affez pour pouvoir y placer mon petit doigt ; mais la grimace qu'il fit, me Da craindre que les fpafmes ne revinflenr, comme c’eft affez l'ordinaire , j'eus de nouveau recours aux mêmes remedes. " Le 21, les chofes refterent dans cet état; les fpafmes furent moins fréquens , & lui permirent de repofer quelque tems. Il témoigna avoir envie de manger , & je ne jugeai pas à propos de le facisfaire. Je con- tinuai à lui donner des alimens liquides ; je réitérai les mêmes remedes, & me conduifis en tout, comme je lavois fait par le pafle. Le 22, il alla de mieux en mieux; il dormit quelque peu ; les Maffe- ters fe relâcherent , les fpafmes furent moins fréquens. Se fenranc abattu , il demanda la permiflion de fumer; ce qui lui fut accordé . Je lui ordonnai pour boiffon quatre cuillerées de vieux rum dans une chopine d’eau chaude, & de quatre en quatre heures, les poudres avec un gros d'opium & la même quantité de mufc. Le PUHI NY :S 2 0Q VU E. 177 Le 22, il fe trouva beaucoup mieux ce jour là ; il dormir, il mange, & eut l’efprit libre. J'ajontai aux poudres deux gros d'opium , ce qui fe monte à 1 500 grairfs d’opium folide dans l’efpace de dix-fept jours. Le 24, il dormit beaucoup mieux la veille qu'il ne l’avoit fait par le pallé. 11 mangea un morceau d'agneau; fa bouche ne s’ouvrit pas mieux que la veille, mais les fpafmes furent moins fréquens : fur quoi j’ajoutai deux gros d’opium à fes poudres. 25°. Il fe crouva beaucoup mieux à tous égards; il dormir pendant la nuit, & fesbras & fes jambes reprirent leur mouvement ordinaire; mais le fpafme des mufcles mañérers, ne lui permit point d'ouvrir la bouche. Je m'en tins fimplement aux bains, aux linimens , aux lavemens & aux frictions. Il reftoit cncore une partie des poudres de la veille. 26°. Il continua d’aller de mieux en mieux, quoiqu'il n’eut pris que 20 grains d'opium les deux jours précédens. Je ne remarquai aucune altération dans fes forces ; les fpafmes s’appaiferent. Je Le vifitai moins fouvent, & ne l'affujertit point aufli réguliérement aux remedes que je lui avois prefcries ; mais les fpafmes ayant durés jufqu’au 1 $ de Juillet, il continua les bains, & pris un gros & demi de mufc, & 96 grains d'opium dans cet intervalle. 20 Juillet. Il fe porte aujourd’hui très-bien , & ne fe reffent ni de fa maladie , ni de la quantité d’opiumqu'il aprife. On obfervera qu’à com- mencer du 16 , je lui prefcrivis des pilules compofées avec l’afla-fétida & Le cinnabre de l’antimoine , fans aucun opium. Se ) À re MER MR CPR 2 Pr: Be: Te: SR Or 5 à | Sur l’origine des Fontaines en général, & [ur celles des Eaux minérales en particulier ; préfentée à la Société académique par M. Jean-Guillaume Bauer. pret hé Phyfciens da ont voulu expliquer l’origine des fontaines, font Ève" en deux fentimens différens ; les uns les attribuent aux brouil- lards, à la rofée , à la pluie & à la neige, qui pénetrent dans la verre ; les autres à des cavernes foutérraines remplies d’eau, que la chaleur centrale fait exhaler fous la forme de vapeurs , & qui étant conden- féeslpar le froid de l’athmofphere , fe convertillent en eau. MM. Ma- riotte & Perrault ont foutenu la! premiere opinion. Le premier Fa dans fon Traité du Mouvement des Eaux , qu'il tombe dans la Pro- Tome I, Part, LIL, F ACAD. DE GIESSEN, 1771, 1-3 PDT AE AS MAT IEO PAIVIVE: vince où la Seine prend fa fource dix-fepr pouces d’eau, & par confé- quent plus qu'elle n'en reçoit dans fon lit. On ne peut nier , à moins de vouloir démentir l'expérience, que les fontaines, les rivieres & les fleuves font quelquefois groflis par les pluies & par la fonte des neiges , au point d’entrainer les pierres , les arbres, les beftiaux, & même des villages entiers. Le contraire arrive en été pendant les grandes chaleurs , & en hiver dans le temps des fortes gelées ; de-là vient queles fontai- nes tariffent, & que les rivieres font guéables. STE Il ÿ a cependant quelques fontaines abondantes qui ne tariffent ja- Mais en été. On prétend que celles-ci ont leurs fources dans les en- trailles de la terre, où la chaleur ne fçauroit pénétrer ; ce qui leur a fair donner le nom d’eaux fouterreines, pour les diftinguer de celles qu'on dit être formées par les eaux des pluies & des neiges. M. de la Hire , ainfi qu'on peut le voir dans les Mémoires de l’Académie Royale des Sciences de l’année 1703, prouve par diverfes expériences qu'il a faites , que l’eau de la pluie ne pénetre jamais au-delà de 16 pouces dans la terre ; or comme les fontaines intariffables fortent du fein de la terre, on a cru qu'il a voulu favorifer l'opinion de Defcarres , qui prétend qu'elles font formées par les vapeurs que la chaleur fouterraine - fait élever. ; SEL Ce qui femble favorifer cette opinion, eft qu'il y a près de la mer quel- ques fontaines , qui s’élevent & diminuent avec le Hux & le reflux , & cela par une fuite de la communication qu’elles ont avec elle. Jean Egede , dans fon Hiftoire naturelle du Groënland , rapporte que dans les nouvelles & les pleines Lunes , où les marées font les plus for- tes, on voit fortir des fontaines de certains endroits où il n’y en avoit jamais eu. Ces raifons n’empèchent cependant point qu'on ne puiffe affigner une autre origine aux fontaines qu’on trouve dans le fein de la terre, dans des endroits éloignés de la mer , ainfi que je vais le montrer en peu de mots, en comparant les expériences qu’on à faites fur ce fujer. SUV: Je dis d'abord qu'il eft faux’ que la terre foit creufe & remplie de cavernes , comme quelques-uns le prétendent. Le noyau de la terre ferr de bafe à routes les montagnes, qui font compofées de pierres dures & folides , dans lefquelles on ne trouve ni cavernes ni crevailes PRES TP OMUNIE, 179 leur dureté eft telle , {qu’elle réfifte aux efforts des Mineurs. Le fameux Leibnitz, qu'on peut appeller avec raifon l'interprète de l« nature, regarde ce noyau comme formant pous ainfi dire la partie of- feufe de la terre. Les Mineurs ont obfervé que. plus ils creufenr, & plus les eaux diminuent; d’où 1l fuit qu’elles font plus abondantes vers fa fuperficie, & que ce font les mêmes que l’athmofphere a attirées dans les grottes & dans les cavernes qui s’y rencontrent. $. V. Je conviens qu’on trouve dans l’ancienne mer des montagnes com- pofées de différentes couches homogenes & hérérogenes, & remplies de crevafles & de grottes plus ou moins grandes ; mais je nie qu'elles tiennent lieu d’alambics, & que l’eau s’en éleve en forme de vapeurs pour produire des fontaines. Suppofons une montagne compofée de différentes couches, par exemple, de pierres, de plâtre, de marbre, de fable, d’argille , de chaux , &c. La plûpart de ces couches font fépa- rées & interrompues par d’autres couches d’argilles, qui s’oppofent à l'élévation perpendi&ulaire & à la chûte de l’eau , quand même Île feroit réduite en vapeurs, mais ces couches contribuent, par la fage économie de la nature, à former les fontaines qu’on trouve , tant fur la furface que dans le fein de la terre, ainfi que le fameux Becher l'a montré, & que je vais le prouver dans les paragraphes fuivans, & VI. Mais auparavant, je dois dire un mot de ces montagnes & des couches dont elles font compofées ; ces couches font pofées les unes fur les autres, & forment un plan plus où moins incliné, La premiere commence au pied de la montagne, & eft la moins épaifle eu égard à fa hauteur ; celles qui fuivent vout en augmentant jufqu’à fon fom- met, de mañiere que pour juger de la ftruéture d’une montagne, il fuffit de les compter, en commençant par celle du bas. J’aidit ci-deflus que la plûpart de ces couches étoient féparées par d’autres couches d’argille. SV LE à. La plüpart des montagnes hétérogenes font paralleles à l'axe de la terre, & fituées les uhes derriere les autres, du feptentrion au midi , à com- mencer de la grande plaine qui eft le long du Mein. Elles dominent l’une fur l'autre, de maniere que la plaine eft bordée des deux côtés par des monticules remplies de fubitances teftacées, les plus élevées font calcaires ; celle-ci fontfuivies par d’autres montagnes compofces d’argille, de fable, de marbre,les plus bafles font formées de pierres see après lefquelles 1} 180 PSE PIN SM ON UNE: viennent d’autres compofées de pierres aifées à fendre, rouges , blanches , bleues & noires; & enfin des montagnes de pierres extrèmement dures, qui ferventcomme de frontieres. Nous enavons un exemple dans les contrées feprentrionales de la Weftphalie. Il fuit de-là que les chai- nes des montagnes répondent à la diftribution des couches dont chacune eft compofée. Je veux dire qu’elles s’amoncelent & dominent les unes fur Jes autres fur une ligne parallele à l'axe de la terre ; que ces couches font féparées par d’autres couches d'argille, dont les plus hautes font minces, & les plus baffes très-épailles. $& VIIL Ces principes établis, il n’eft pas difficile d'expliquer l'origine des fontaines. Suppofons , par exemple , que la fuperficie d’une mon- tagne foit arrofée & même imbibée par l’eau qui provient de la pluie, des brouillards , de la rofée, de la neige, &c. Cette eau pénétrera toutes fes couches fans qu’il foit befoin qu’elle prenne une direc- tion perpendiculaire, ainfi que M. de la Hire l'a prétendu, pour n'avoir pas fait attention à la diftribution de ces couches, ni à la ma- niere dont les montagnes font fituées. Cette eau étant naturellement fluide, & cherchant toujours à defcendre, elle s’infinuera dans les in- tervalles que les couches laiffent entrelles ; & comme l’argille l'empè- che de prendre fon cours vers le centre de la terre, elle coulera le long d’un plan incliné ou d’une diagonale , entre les couches des ro- chers, & fa force venant à augmenter, elle fe fera jour dans les en- droits de la montagne, où elle trouvera le moins de réfiftance ; là, elle formera ces fontaines fuperficielles que les Allemands,ont affez heureu- fement nommées Schicht-Waffer, eaux decouches. C’eft la raifon pour laquelle l’eau de ces fortes de fontaines participe toujours aux quali- tés des pierres & des terres par où elle pale, & qu'elle eft pure ou impure felon les particules des couches qui fe mêlent avec elle. L'autre partie de l’eau que la pluie a fournie, fe frayant un chemin entre les couches, fert à nourrir les arbres & les plantes, ou fe jette dans les plaines par les ravins qu’elle a formés. $. NX. Mais que ditons-nous des fontaines dont la feurce eft plus profonde & l’eau plus abondante ? Leur origine n'a rien qui doive nous arrêter. L'eau qui tombe fur le fommer des montagnes, s’infinue dans les in- rervalles des couches les plus hautes & les plus folides, & ne pou- vant fe faire jour à travers, à caufe de la réfftance qu’elles lui oppo- fent , elle prend fon cours par les montagnes les plus bafles , & delà dans les plaines , par les endroits où elle trouve le moins d’oppofition, Dans RATE HU Où VU: "E: 181 le cas où elle rencontre des couches argilleufes , il eft aifé de lui procu- rer une iflue , ou avec la beche , ou avac la trariere, Ceux qui font occu- és à ces fortes de travaux , affurent qu’ils trouvent toujours des cail- je & du gravier dans ces endroits; & que l’eau, en fortant , en entraîne une certaine quantité avec elle. C'eft de quoi j'ai été moi- même témoin il y a quelques mois dans la Vétéravie. À peine eut-on tarraudé le terrein , qu’il en fortit pendant plufieurs jours üne eau rem- plie de fable & de cailloux ; elle s'éleva à la hauteur de huit pieds & plus , & elle s’éclaircit enfuite infenfiblemenr. SX Je pourrois alléguer ici d’autres preuves en faveurde ce que j’avance au fujet de ces efpeces de fontaines. Leur eau participe toujours des qualités des montagnes qui la fourniffent, & qui font paralleles à l’axe de la terre. Pline a obfervé, il y a long-remps , que les eaux fe reffentent des qualités des terres par où elles paflent. Par exemple , on trouve dans les plaines de la Véréravie , qui font prefque paralleles à l’Equateur , des eaux de fali- nes & alcalines, que l’on peut fe procurer par art, en creufant dans les endroits convenables , & dont on ne doit attribuer l’origine qu'aux cou- ches de marbre & de chaux par où elles paflent ; je défie à qui que ce foit de m'en montrer de pareilles dans cette chaîne de montagnes qui s'étend jufqu’à la Weftphalie, & qui borne au feptentrion le pays. des Cartes. Si quelqu'un m'en montre de telles , j’avouerai mon tort, fans héfiter. Ceci peut fervir aufli à expliquer ce que dit Hoffman dans fes Opufcules Phyfico-Med. Tome IL, part. VI; que les eaux médicinales reçoivent toujours leurs qualités des ingrédiens qu’elles renferment ; & n’ont aucune qualité nuifible , parce que les montagnes argilleufes & calcaires ne contiennent que du vitriol & de l'alkali minéral. SA On trouve pareillement des fontaines d’eau pure dans les montagnes remplies, d’ardoife, de fable, d'argile, &c. à moins qu’elles n’aient paffées par des endroits où il y a des pyrites ou du virriol , ou de l’alun, &c., car alors elles contiennent ua acide vitriolique ou du mars, ou de l’alun. Il fuit de-là, que les eaux dont la fource et profonde, paflent par des montagnes hétérogenes , dont la chaîne eft interrompue; & j'ai pour témoin de ce que j’avance, l'expérience & ceux qui travaillent aux mines. CAS ON at Je juge ‘que les pays fitués dans l’intérieur des terres n'ont aucune communication avec la mer par des cavités fouterreines , tant par leur 182 PENTIER SP TINONURUE: fituation , qui eft beaucoup plus haute , que par la connexion que les couches dont les montagnes font compofées, ont les unes avec les autres. Il n’y a point de montagne qui occupe plus de deux degrés de lacitude ; celles qui fuivent n’ont aucune connexion avec elle, quoiqu’elles aient pour bafe le même noyau de la terre. SÉRIE C'eft ici lelieu de répondre à différentes queftions qu’on pourroit faire au fujet des eaux fouterreines. On me demandera, 1°. ôù font fituées les fources qui les fourniffent ? Je réponds que ces montagnes font toujours précédées d’une plaine , & que ces eaux participent toujours à leurs qualités. Par exemple , les eaux falines & alkalines prennent leur fource dans un rerrein calcaire, pañlent par des couches fabloneufes , argilleufes, & fortent dans la plaine même ou dans les environs. Ce que je viens de dire peut fervir à découvrir plufieurs autres fources falées & alkalines. Il ne s’agit que de les chercher dans la latitude fous laquelle les chaînes des montagnes font prefque toutes fituées. Ceux qui à ce fujer auroient quelque doute n'ont qu’à voir dans la Carte de la Véteravie les endroits où on rencon- tre ces fortes d'eaux , & à obferver leur fituation. Pourquoi ne trouve- t-on point des fources alkalines dans les pays dont le fond n’eft point calcaire ? C’eft qu’il y a à fa bafe une matiere gypfeufe, qui , conte- nant un acide minéral , ne fauroit impregner les eaux d’un alkali na- turel, ni d’une terre calcaire. Pourquoi cetre fubftance calcaire , étant à découvert, ne fourhit-elle point des eaux calcaires & falines ? Parce qu’il faut plus de tems pour préparer cette lefive naturelle , au lieu qu'après que l’eau a paflé fous une cotiche argilleufe & fablonneufe , la nature acheve en peu de tems ce qu’elle n’auroit pu faire dans une couche pure- ment calcaire. C’eft ce qui fait dire à Henckel, dans fa Pyritologie, p.678, que la nature qui agit dans le fein de la terre, à l'abri du foleil & du vent, opere plus efficacement fur les minéraux qu’elle ne le fait en plein air, & acheve des folutions & des compofitions, qu’il n’eft pas en notre pouvoir d’imiter. 2°, Où doit-on placer les fources des eaux fouterreines ? Non point dans l'endroit d'où elles fortent , mais dans celui qui leur eft analogue; quand même il feroit éloigné de trois milles & plus. On trouveune fource, par exemple, fur le fommet d’une petite montagne : l'origine de la fource n’eft point là, mais dans une montagne plus haute &plus éloignée, d’où elle defcend à travers les couches argilleufes , & continuant fon cours, elle vient fortir par le fommer de la petite montagne, fur lequel elle eft montée, conformément aux loix de l’hydroftatique. , 3°. Quelles font les paities contenues dans l’eau d’une fontaine ? Celles PAPE St EE AO" LUN *E: 183 que lui ont communiquées les rerreins par où elle a pallé ; ce qui fait qu’il y ena de bonnes & de mauvaifes, comme je l'ai dit ci-deflus, $.9. « LEA SSS ; 4°. D'où vient l'abondance de ces fources ? Cer endroit feul ne les fournit pas , quantité d’autres y contribuent. s°. Pourquoi ces eaux fortent-elles avec rant de force , quelques pro- fondes qu’elles foient, au point, non-feulement de bouillonner , mais encore de s'élever de plufieurs pieds au-deflus du niveau du terrein ? Parce qu’elles viennent d'un endroit plus élevé , & que , fuivant les loix de lhydroftatique , l’eau monte à la hauteur d’où elle eft defcendue. Je conviens néanmoins que l’air & les efprits minéraux qu’elles contiennent, fur-tout lors qu’elles font falées , peuvent faciliter leur élévation. 6°. Pourquoi ces eaux font-elles fi froides , même dans le plus fort de l'été ? Parce qu’elles viennent du fein de la rerre , où les rayons du foleil ne peuvent atteindre. La chaleur des autres eft occañonnée par les feux fouterreins, les pyrites, le fouffre, &c., qu’elles rencontrent en chemin; elles font favoureufes ou infpides, felon qu’elles contiennent plus où moins de fel. . 7°. Pourquoi ces fources fouterreines fe reffenrent -elles moins de la féchereffe, que celles qui font fuperfcielles ? Parce qu’elles ont quan- rité de couches à parcourir , avant d'arriver à l'endroit d’où elles for- tent, & qu’elles font enfermées comme dans des citernes, où la chaleur ne fauroit pénétrer. À quoi l’on peut ajouter que les montagnes ne font pas toujours également couvertes de, brouillard & de rofée pendant la Auit, quoique je convienne qu’une tf6p longue féchereffe peut contribuer à les faire diminuer. s XIE V. Je vais joindre ici quelques autres problèmes , que le lecteur ne fera pas fâché de connoître. Pourquoi les eaux falines ne fe mélenr-elles point avec les acidules, ou avec ce vitriol demi-volatil, qui produit ce fel amer qui fe trouve dans quelques fontaines ? Ce vitriol n’exifte point dans la couche calcaire inférieure , mais il fe mêle avec l’eau falée , dès qu’elle a touché la couche argilleufe qui renferme du mars. On peut em- pècher certe union , en enfonçant des conduits de bois aflez avant dans la terre pour qu'ils pénétrent ces couches argilleufes , & en les enduifant tout autour de terre glaife pure , pour empêcher que d’autres eaux ne fe mléent avec elle ; ou bien‘en conduifant ces fources dans un endroir'où cetre couche aroilleufe foit interrompue. Gi LV: Voici l’autre problème. Comment doit-on s’y prendre pour opérer Société philo(o- phique de Philadel- phie,1771. 184 PURES SH EL AIG CURE: le mêlange du vitriol demi - volatil , avec les eaux aikalines ? De la mème maniere qu’on le prarique à l'égard des eaux de Schwalsbach , & de quelques autres; on fait enforte que leau qui palle par des couches argilleufes martiales , fe rende à ces fontaines , au lieu d’inter- rompre leur cours avec une muraille, ou des conduits de bois, comme quelques-uns l'ont fait mal-à-propos. Il ya aufli des eaux acidules, ou des eaux faturées de vitriol , qui filtrent à travers des couches argil- leufes & impregnées de mars. Il ne faut point creufer ces fources trop avant , de peur qu’elles ne fe mêlent avec de l’eau douce, ni les revèrir de pierres calcaires, mais les entourer fimplement de pierres fur lefquelles l'eau vitriolique n’aye point d’aétion, pour que les eaux acidules puiffenc y aflluer, & pour ne point härer la précipitation du principe martial. On reconnoiît ces fortes d’eaux à la quantité d’ocre de mars qu’on trouve dans les environs, à leur couleur, qui imite celle de l'iris , à leur odeur & à leut faveur, parle moyen de la Chymie , par les couches d’argilles qui font autour & qu'on apperçoit dans les endroits élevés, & qui ne con- tiennent aucun fel. à MANIERE DE FAIRE DU VIN AVEC DES GROSEILLES. O N a commencé depuis plufeurs années à Béthléem , à faire du vin avec des grofeilles , & on le fubffitue aux vins que l’on tire de l’étran- ger. Ce vin ne revient qu'à fix fols la pinte à celui qui le fait. Le grofeillier eft aifé à cultiver, & ilne manque jamais à porter du fruit. Je penfe que ces confidérations engageront les habitans de cette Province à en faire ufage; ce fera-le moyen d’empècher l'importation des mauvais* vins, & de procurer une boiffon faine, fur-cout dès qu'elle eft bien faite, ‘& qu’on l’a confervée un tems fuffifant avant de l’employer. Quoique legrofeillier foit indigene à ce pays, il exige cependant une certaine culture. Il demande à être planté autour des planches des jar- dins , pour qu'il profite de l’engrais & de la culture qu’on leur donne. Alors les grains en font plus gros, plus mulripliés & plus fucculens. Les fruits des grofeilliers rouges donnent plus de fuc que ceux des grofeilliers blancs. Cet arbriffeau fe multiplie par rejetons; on les féparera du pied. Les plus forts, les mieux enracinés feront préférés pour la plantation. Chaque pied ou rejeton fera enterré à huit pouces de profondeur, & efpacé l’un de l’autre de deux pieds. Ces réjerons donnent du fruit à la feconde année : au furplus, on les ménagera comme les efpaliers , avec cette différe nce cependant , qu'ils.ne feront point adoffés contre les du oh attachera EME MTS ET TANT) 185 arrachera foigneufement les mauvaifes herbes , parce qu'elles nuifene ellentiellement à leur végétation. La bonté du vin dépend en grande partie de l'expoftion qu'on leur donne : la plus méridionale eft à préférer; mais il faut un grand courant d'air. Procédé pour faire le vin de grofeilles. Cueillez les grofeilles lorfqu’elles font parfairement mûres ; pilez-les dans un tonneau, ou placez- les fous un preffoir ; tirez le jus à clair ; ajoûtez-y les deuxtiers d'eau, & mettez croislivres de fucre de mofcouade dans une mefure de ce mélange. On peut à fon défaut fefervir du fucre brüt, bien clarifié. Remuez le tout jufqu’à ce que le fucre foir entiérement fondu , & jetrez-le dans un tonneau. Ce mélange avec le fuc des gro- feilles , doit être exécuté promptement , de peur que ce fuc n’eut com- mencé à fermenter. Les tonneaux doivent fur-tout être bien nets, & n’avoir contenu ni bierre ni cidre; mais s'ils font neufs , on doit les préparer à la ma- niere accoutumée, pour que le vin de grofeilles ne contracte aucun mauvais goûc. Ce tonneau ne doit point étre exactement rempli, parce que ce fuc fermentant fortiroit par le bondon , ce qui pourroit le gâter. Quand dans la fuite on tire du, vin de ce tonneau , il faut en ajoüter d'autre pour le tenir exaétament plein. Ayez foin de couvrir légérement l'ouverture du tonneau , pour que les mouches & les autres infectes ne s'y jettent pas ; vous pourrez la ‘fermer tour à-fait au bout de trois femaines ou d’un mois, & lailfer l’évenr ouvert jufqu'à ce que Le vin ait ceifé de fermenter , ce qui arrive ordinai- rement à la fin d'Oétobre. On le fourirera alors dans d’autres vaiffeaux, fi on le juge à propos, parce que l'expérience à montré que le vin qui refte fur la lie, jufqu’au printemps acquiert plus de force , & perd ce goût fade, qu'ont pour l'or- dinaire les vins faétices : ce vin , confervé fur la lie pendant deux ans, n’en devient que meilleur. Lorfqu’on voudra Le tirer on percera le ton- neau à un pouce au-deffus de la lie ; ce vin donnera par la diftillation , de . l’efprit ardenr. Quelques perfonnes en ajoûrent à ce vin, mais je n'ap- prouve point cette méthode. Obfervez de n’employer que le tiers du fuc de vos grofeilles ; fans cela, au lieu de donner plus de corps au vin, on le rendroit dur & défa- gréable : fi on y ajoûte trop de fuc, il perd fon goût piquant. En procédant comme je viens de l'indiquer, & donnant le rems néceflaire au complément de la fermentation änfenfble , on aura un vih approchant de celui de Madere, ou du moins, fupérieur à la plüpart de ceux qu'on nous apporte, & il coûtera beaucoup moins. Lorfqu'on voudra faire une quantité de ce vin, il faut fe fouvenir Tome I , Partie III. Ata 186 PU ST QUE: qu’on doit employer douze livres de fucre fur un gallon de liqueur (1) : fi on en veut faire 30 gallons , on prendra 8 gallons de liqueur 16 d’eau, & foixante & douze livres de fucre, qui équivalent à fix gallons d'eau ; & ainfi à proportion, pour telle quantité qu’on defirera. .. + + 4: 24 gallons de mélange. N.B. L'efprit ardent qu’on peut tirer de ce vin, eft excellent pour l'ufage de la Médecine; fi on ajoute une pinte de melaffe à chaque gallon de fuc, pour le faire fermenter. Ce procédé exige quelques réflexions de notre part. Il peut être utile pour quelques-unes de nos Provinces, où le vin eft fort cher, & pour tout le Royaume dans les années de difetre. Toutes les fois qu’on aura un corps renfermant un muqueux doux & fucré , on fera du vin. Le cidre , le poiré, la biere en font la preuve. On peut donc faire du vin avec tous les fruits doux. Toutes les fubftances fucrées peuvent donc donner du vin quelconque. Le fucre diffous dans l'eau, & mis-à fermentet , produit un vin, mais nullement aromatifé, Le miel délayé dans fuffifante quantité d’eau (il doit fupporter un œuf] forme l’hydromel qui, en vieilliffant , reffemble parfaitement aux vins liquoreux d'Efpagne; & quand la manipulation a été bien faire, il eft très-difficile de les diftinguer. Le vin donrileftici queftion , n'eft point un vin de grofeiïlles , mais un vin de fucre aromatifé par un quart de fuc de grofeilles. Par l’ha- bitude de travailler fur les vins , & furtout d’après une expérience de lus de vingt années , pour en faire de routes les qualités ; nous pouvons préfenter la méthode fuivante , comme plus aifée & plus conforme aux loix de la faine Chymie. Prenez des grofeilles , telle quantité qu'il vous plaira (plus la maffe fera forte, plus le vin qu'on en obtiendra fera parfait). Cueillez-les dans leur parfaite maturité , c'eft-à-dire, lorfque la grappe fera brune: Commencez la récolte, quand la rofée ou le bromllard fera difipé, & lorfque le foleil commencera à être ardent. Laiflez ces fruits expofés au foleil au moins pendant quelques heures ; enfuite féparez-les de leurs grappes dans un grand tonneau défoncé d’un côté , qui fervira de cuve ; avec des pilons écrafez-les autant qu'il fera pofhible. Si vous voyez que le fue foit vifqueux ou trop épais , ajoutez quelques pintes d’eau, mais modérément & feulement pour lui donner de la fluidité; parce que fans fluidité, point de fermentation tumultueufe qui eft abfolument néceffaire pour divifer les principes des corps qu’on EE É (x) Le gallon d'Angleterre tient quatre pintes, mefure de Paris, Par Sr on = 187 veut faire fermenter, & pour leur aider , par la divifion qu'ils éprou- vent à en créer de nouveau , c’eft-à-dire l’efprit ardent qui eft l'ame de tous les vins. Si au contraire le fuc eft trop uide, & s’il ne contient pas affez de muqueux doux *4jourez-y quelques livres de fucre ; remuez & agicez pour bien incorporer le tout. Remplilfez le tonneau à trois ou quatre doigts près de fa haureur , & placez le dans un endroit ni trop frais ni trop chaud , mais tempéré. C'eit la chaleur de la faifon qui doit décider le local. Dans un lieutrop chaud , Ja fermentation tumultueufe feroir trop rapide, & le vin feroit bientôt gâté. ee — 4 Couvrez légérement ce tonneau vec une toile, & placez par deffus fon couvercle. Au bout de quelques heures on-entendra un fiflement qui annonce la fermentation tumultueufe , alors la mafle des fruits com- mence à occuper un plus grand efpace ; elle monte vers le comble. Levez ce couvercle de temps en temps, & aufli-côt que vous vous apper- cevrez que la malle vineufe commence à baifler, tirez aufli-tôt votre vin doux dans de petits tonneaux, que vous ferez fur le champ encaver , à caufe de la trop grande chaleur de la faifon. L Laïiffez ces tonneaux débouchés pendant quelques jours, & à mefure qu'ils dégorgeront, ayez foin de les remplir avec le mème vin que vous aurez réfervé pour cet effer. Dès que la fermentation tumultueufe du tonneau commencera à diminuer , bouchez peu à peu votre tonneau avec fon bouchon , fans l’enfoncer exaétement ; mais avilliez toujours. Enfin , quand elle fera ceflée, bouchez exattement , & ne laiffez aucun évent, comme on le confeille dans le Mémoire de Philadelphie. Ce vin reftera deux mois fur fa lie; onle foutirera , pailé ce tems, & il Forriera alors une boiflon vineufe, légérement acidule qu'il faut bien diftinguer d’une boiffon aïgre. Ce fera un véritable vin de grofeilles, qui aura confervé tout fon ur | CMS RE VE AU EC RI ONE S Sur l’origine du Miel, par M. l'Abbé Bojfier de Sauvages. P. uR faire connoître d’où le miel tire fon origine, il fuffira de déve- lopper celle d’un fel végéral doux ou fucré qui en eft la matiere, & qui paroït fous une forme ou fluide ou vifqueufe & en petites gouttes con- ques fous le nom de miellée. En effet la miellée, qu’on appelle auffi miellure ou micllar, eft bien fou- . gent l'unique fubftance que cueillent les abeilles pour compofer leur Aa ij 188 PAANGEN SI INLO MÉRCE: miel ; & il ne paroît pas qu’elles y faffent autre chofe que d'en rafflem- ble: les parcelles de différens endroits , pour les mertre en réferve dans leurs cellules : le remps feul , ou le féjour dans la ruche, perfectionne cette matiere , & lui donne la confiftance requife. La partie des fleurs que les Botaniftes nomment eélarium ou vafe à neélar ou neétaire , eft le réfervoir le plus connu où les abeilles vont puifer une liqueur, qui au fond , eft la mème que la miellée ; mais après que les fleurs , ou au moins que le plus grand nombre eft pale , la miellée pro- prement dite, fournit à ces mouches induftrieufes une récolte abondante : qui excede à certains jours leurs befoins ou leur avidité. J'aiobfervé deux fortes de miellées, qui paroiffent d’ailleurs de même nature, & dont les mouches à miel s’accommodent également. On verra pat la fuite que l’une & l’autre tirent leur fource des végéraux , quoi- que d’une façon bien différente. La premiere efpece, la feule connue des Agriculreurs, & qui pale pour une forte de rofée qui tombe fur les arbres, n’eft cependant autre chofe qu’une tranfudation , une tranfpiration fenfible de ce fuc doux & mielleux qui, après avoir circulé avec la fève dans les différentes parties de certains végétaux, s’en fépare & va éclore rout préparé , foit au fond des fleurs, foit à la partie fupérieure des feuilles (ce qui eft notre miellée }, & qui, dans quelques plantes , fe porte avec plus d’abon- dance , tantôt dans la moëlle, telle que celle de la canne à fucre & du maïs; tantôt dans la pulpe des fruits charnus qui, dans leur maturité , ont plus ou moins de faveur douce, felon que ce fuc mielleux eft plus ou moins bridé par d’autres principes, ou plus ou moins développé. Telle eft l’origine de la manne des frènes & des érabes de Calabre & de Briançon. Lorfqu’elle eft fluide , elle découle abondamment des feuilles & du tronc de ces arbres, & elle prend , en s’épaifliffant , la forme con- crete fous laquelle elle eft communément employée. J'avois depuis long-tems conjeéturé que la miellée répandue fur les feuilles des aibres de ce pays, n’éroit qu'une tranfpiration , quoique Ja forme des gouttes n’y reffemblât gueres , & imirät plutôt celle d’une efpece de pluie. En examinant de près différens arbres miellés, le hazard me fit reconnoîtte fur un chène-verd , de la miellée récente, & dans fa forme primitive, qui eft celle d’une humeur tranfpirée. Les feuilles étoient couvertes de milliers de globules, ou de menues gouttes arrondies & ferrées fans fe toucher, ni fe confondre; telles à peu-près comme lorfqu'un brouillard épais s’y eft longtems repofé. La polition de chaque globule fem- bloit déjà indiquer, & le point d’où il étoir forti , & le nombre des pores ou des glandes de la feuille dans laquelle ce fuc mielleux eft préparé. Je naflurai que celui-ci avoit toute la douceur du miel, ce qui fufhfoit feul pour déceler fon origine , fans lever cependant les doutes qu'oppofe ua préjugé contraire, PNA ATISS ET QC "IT NE: 189 La miellée d'une ronce voifine n’écoit pas de même : les petits globules ayant fans doute conflué, ou s’étant joints l’un à l’autre , foit par l’humi- dité de l’air qui les avoit délayés, foic par la chaleur qui avoit aidé à les faire érendre, ils formoient de groffes goutres ou de larges enduits, dont la matiere defléchée éroit devenue par-là plus vifqueufe. C’eft fur ces dernieres formes qu’on voit communément la miellée ; il n’eft pagéron- nant qu'on n’y foupçonne pas de la tranfpiration. Dans la faifon où je rencontrai la miellée en globule fur le chéne a, cet arbre portoit deux fortes de feuilles; les vieilles d’un tiflu ferme , relles que celle de houx &c., qui aux approches de l'hyver ne fe dépouillent pas ; & les nouvelles , encore tendres , & qui avoient pouffé depuis peu : Il n’y avoit conftamment de miellée que fur des feuilles d’un an ; cepen- dant, ces feuilles étoient couvertes par les rouffes de la nouvelle poule ; & par conféquent à l'abri de toute efpece de bruine qui auroit pu tomber ; ce qui prouve affez bien, je penfe, que la miellée n’eft point étrangere aux feuilles des arbres qui en font mouillées, ou qu’elle n’y tombe pas d’ailleurs , comme on le croit communément, puifque la nouvelle pouffe de nos chênes, qui auroit dû en ètre couverte la premiere, comme étant plus expofée , n’en avoit cependant pas la moindre goutte. La même fingularité me frappa dans la miellée de la ronce : quoique par la conformation de cer arbriffeau , toutesles feuilles foient à-peu- près expofées également à l'air, ou à la chûte qui s’y feroit verticalement, il n'y paroifloit de miellée que fur de vieilles feuilles ; les récentes n’en -avoient pas plus que la nouvelle pouffe du chène dont nous avons parlé, le fac mielleux n'ayant pas eû fans doute un tems fuffifant pour être formé dans la partie rendre de ces végéraux; ce n’eft probablement que l’effec d'une longue expofition à l'air , peut-être à fes intempéries , & fur-tout au foleil; ils doivent être regardés comme les vrais agens de cette fécrérion, I y a plus:les plantes & les arbriffeaux du voifinage de nos arbres miellés, mais d’une autre efpece, & d’une nature peu propre fans doute à la forma- tion dufuc dont nous parlons, n’en portotént pas le moindre veftige. Il n’en paroifloit point alors autour de ces arbres, fur les pierres, fur les rochers, où la miellée , quoique defféchée, laiffe long - rems des taches, comme nous le verrons plus bas en parlant d’une autre miellée qui tombe , mais dont la chûte ne fe fait jamais de plus haut que des feuilles des arbres; ce qui ef une nouvelle preuve que cette premiere efpece de manne liquide ne vient point du ciel ( 1 ) ou des nuages, comme la bruine , puifqu’elle fe répandroit indifféremment fur toute efpece de corps , & qu'elle n’af- (1) Voyez la Differtation de M. Ek, fur la Rofée , inférée dans le volume du mois de Décembre 1771, c'eft-à-dire, tome III, part, Il, p.25. 190 PRE AE UNTNIONNUUILE fecteroit point certains végétaux, & mème quelques-unes de leurs par- ies , à l'exclulion de tout autre. Il eft vrai, & c’eft la feule objeion qui fe préfenre , que la rofce, fuivant les expériences de M, du Fay, eft attirée par certains corps, tandis qu’elle ne l’eft point par d’autres : mais on fair que ce météore , qui s’éleve le plus fouvent de terre, voltige toujours dans l'air, où il obéit au moindre foule à la plus foible attraétion, & qu'il s'attache au-deffous comme au-deffié des feuilles des arbres. S'il romboit comme la bruine , il mouil- leroit indifféremment tous les corps ; l’accélération de fa chüte lui fe- roit furmonter l’obftacle des petites répulfions , qu’il trouvoit en fon chemin. On verra d’ailleurs he la fuite de ces obfervarions , que la miellée réduire en de très-menues gouttes par une autre voie bien natu- relle, & que je crois jufqu’ici inconnue , n’affecte en tombant , aucune forte de corps par préférence à d’autres , & qu’elle adhere fur tous également. D'anciens Naturaliftes, dont les Hiftoriens éroient les échos, ont long-tems bercé leurs crédules lecteurs de pluies de fang, & d’autres matieres plus folides ; celle de la miellée qui rient moins au merveilleux, étroit encore plus aifée à fe perfuader , puifqu'on ne l’apperçoir pueres fur les arbres, & entr’autres fur nos müriers (1), que dans le rems où 1l paroït de gros nuages dans l'air, pendant les chaleurs de Juin & de Juillet : ce n'eft cependant pas de la que part la miellée; les nuages ne concourent dans ce cas à fa produétion, qu’en ce qu’ils occafionnent un furcroit de chaleur, en réfléchiffant vers la terre les rayons du foleil. Les chaleurs ordinaires ne font tranfpirer que les fucs les plus volatils des plantes, au lieu que celle qui eft pouffée à un plus fort degré en exprime les fucs fixes ou plus vifqueux , tel que celui de la miellée (2), Ce qui aide encore à l'illfon fur la chhte prétendue du haut de l'air, c'et qu'il n’y a que la partie fupérieure des feuilles qui en foir mouillée, Mais on a vu d’abord, que la mouillure n'arrive que fur certaines feuilles, c'eft-à-dire , fur les nouvelles & les moins expofées, & cette affectation n’eft pas l'effet du hazard. Onfait d'ailleurs que c’eft fur ce côté de la feuille où les pores font plus ouverts & plus marqués, que fe fait la plus grande tranfpiration des végétaux ; c’eft là qu'abouriffent les vaif- feaux excréroires par où s'échappent les humeurs de la plante; de même (1) Cet arbre eft bien moins fujer que les autres à être miellé , heureufement pour les vers à foie pour qui la feuille miellée eft un poifon fubit & mortel. (2) Les couloirs par où le fuc mielleux fe filtre au fond des fleurs , font probable- ment plus larges & autrement difpofés que ceux des feuilies , puifqu’il y a toujours de ce fuc dans les vafes à neétar dans quelque temps que la plante fleurifle, & dans la faifon la plus défavorable à la tranfpiration. J'en ai trouvé dans les fleurs de l’arbou- fer des champs dans les froids de Novembre ; & les abeilles y alloient butiner , poug peu qu'elles y fufent invitées par quelques rayons de foleil, É PAUL NS Tr. Q WE. 191 que les vaiffeaux abforbans qui fervent à fa nutrition, en attirant l'eau de la pluie & des vapeurs répandues dans l'air. Si l’on raffemble les différentes preuves que je viens de rapporter , il affera pour cnftant que cette premiere forte de miellée tranfpire des tetes de certains arbres, & au'elle n’y tombe pas. Mais il eft une autre miellée dont je vais parler. On n’avoit_ point encore obfervé cètre feconde efpece , l'unique ref- fource des abeilles , ou peu s’en faut, lorfque le printemps eft palfé , avec la plüpart des fleurs qui l'embelliffent , & que la miellée par tranfpiration ñe donne qu'à certains jours de fortes chaleurs. L'origine de certe feconde miellée n’eft rien moins que célefte étant immédiatement produite par un infecte vil & hideux, ou du moins, qui nous paroît tel. C’eft, puifqu'il faut le nommer , d'un chérif puceron qu’elle vient, & ce n’eft encore que la déjection qu’il rend par le derriere, & cerre déjection fait cependant partie du miel le plus délicat dont on fe régale; mais fans s’arrèrer avec le vulgaire aux noms & aux préjugés, il eft certain que cet excrément, qui eft Huide , & qui mériteroit plutôt le nom d'elixir , ne céde en rien à ce que l’autre miellée peut avoir acquis de doux & d’agréable. Nos pucerons extraient cette liqueur , ou ce qui en fournit la matiere à travers l’écorce de certains arbres , fans leur nuire d’ailleurs, fans y caufer mème de difformité , telle qu’en produit l’efpece qui fait recro- quiller les feuilles, & celle dont la piqüre fait croître fur les bourgeons de l’orme & du térébinthe , des galles creufes : ils y reftent immobiles plufeurs mois de l’année, occupés de leur travail, ou à attirer la feve dont ils fe nourriflent, Nos infectes , inftruits de bonne heure de l’efpece de rameau qui leur convient, dédaignent ceux qui font tendres ou récens, quoiqu'ils foient lus faciles à percer, & ne s’attachent qu'aux rameaux d’un an, dans fes ils enfonçent un aiguillon qui leur fert en mème tems de trompe & de fuçoir. C'eft dans leur eftomac, ou peut-être dans les dernietes voies, que ce fuc , d'abord äpre & revèche fous l’écorce , prend une faveur douce toute pareille, à en juger par le goùt, à celle de la miellée végérale, rant celle qui tranfpire des feuilles , que celle qui naît dans les vafes à neétar ; & fi cette derniere a quelque chofe de plus , c’eft qu’elle fe méle avec l’huile effentielle des Aeurs, qui donne au miel fes différens parfums. Les pucerons font les feuls animaux que je connoiffe , qui fabriquent réellement du miel : leurs vifceres en font le vrai laboratoire; ce mixte L où une bonne partie de fa totalité , n’eft que l’excédent ou le réfidu de leur nourritare, dont ils fe déchargent, comme nous l’avons dir , pas les voies ordinaires. Les abeilles, à qui on voudroir en faire honneur , n’y ont de part qu’en qualité de manœuvres, dont l'emploi eft de ramaflex 192 P'RANENSIRTIMO MU RE: les différentes efpeces de miellées : elles la mettent, comme on fait, en entrepôt dans une efpece de jabor, qu’elles ont près de la bouche , pour la reverfer de là dans leurs alvéoles qui en font le magafin, fans y faire d’ailleurs de changement ou d’aitération qui foit au moins fenfble. Je l'ai éprouvé bien des fois, en preffant entre mes doigts le corceler des abeilles qui revenoient de leur tâche. J’en ai pris de mème à la gorge de ces gros bourdons velus & bariolés de deux ou trois couleurs , qui gagnent leur vie au même métier ; en me tenant toujours en garde contre laiguillon, je les obligeois à rendre la liqueur qu'ils venoient de cueillir & d’avaler : la groffe goutte qui leur fortoit de la bouche , & que je fuçois far l'animal même, éroit d’un jaune clair, tranfparent , & me paroïfloit de mème qualité que les miellées ordinaires , donc le goût m'’étoir familier. J'ai obfervé deux efpeces de pucerons qui vivent à découvert fur l'écorce des jeunes branches; ils font nus & fans ailes; je parle des femelles ( quoi- que j'emploie le nom vulgaire qui défivne l’autre fexe); elles font le gros de la peuplade , & font les feules qui travaillent à [a miellée : chaque famille à d’ailleurs deux ou trois mâles aïlés à fa fuire; ce font des bouches inutiles, qui vivent du travail de leurs compagnes ; au moins les ai-je toujours vu fe promener nonchalamment fur le dos de la troupe femelle , fans s’embarrafler comme eile de futer l’écorce. L'une & l’autre efpece vit en fociété , & habite par pelotons dans dif- férens coins du mème arbre. Les pucerons s’y tiennent ferrés l’un contre l'autre , tout autour du rameau, dont ils cachent ordinairement l'écorce, & l’on remarquera qu’ordinairement ils y prennent une attitude qui nous paroïtroit fans doute gènante; mais chacun a fes ufages ; celui de ces infec- tes eft de s’accrocher fur la branche , le ventre en haut & la rète en bas : lon doit mème préfumer qu'ilsont , pour en ufer ainfi, des raifons que je tâcherai de deviner dans un inftant. Nous obferverons en attendant que la plus petite des deux efpeces participe de la couleur de l'écorce fur laquelle ces infectes vivent, & qui eft le plus fouvent, verdätre. On le diftingue fur-rout à deux cornes ou filets charnus, droits, immobiles, qui s’élevent perpendiculaire- ment des parties latérales & inférieures du ventre ou abdomen , une de chaque côté : c’eft l’efpece qui habite fur les tiges de ronce & de fureau. L'autre plus groffe du double, & que j’ai ici principalement en vue, puifqu’elle diftille la miellée que les abeilles cueillent , eft noirâtre & n'a point de cornes comme la précédente ; mais elle eft marquée dans cette partie de la peau d’un peur-bouton noir & luifant comme du jais. Prévenu de ce qu'avoient avancé quelques Naturaliftes, & que j'ai vu depuis répété par d’autres, je croyois que ces cornes portoient au bout, comme ils l’affurent, une liqueur que les fourmis y alloient fucer : mais pee mie POP N OT ET NO UT E: 193 mais en y regardant de près, je reconnus que ce qui attiroit Les four- mis fortoit d'ailleurs dans les grands & perits pucerons, & qu’il n’en fuintoit pas plus des cornes de ces dermiers que de celles que les chenil- les portent fur la queue. Quelques abeilles me donnerent lieu d’éclaircir ce fait : leur bour- donnement , au milieu d’une rouffe de chène-verd, me fit foupçon- ner que quelque intérèc preffant les y attiroir. En effet, quoique ce ne fut ni la faifon de la miellée que je connoïflois, ni fa place ordinaire, j'en vis avec furprife des feuilles & des branches toutes couvertes au centre de la rouffe : c’éroic une perire fère pour ces mouches qui cueil- loient tout en bourdonnant les gouttes mielleufes. La forme finguliere de celle-ci attira mes regards & occafonna la petire découverte que je rapporte : au lieu d’être arrondies comme celles qui feroient tout fimplement rombées , elles formoient chacune un petit ovale fort allongé : il ne me fut pas difficile de découvrir d’où elles pou- voient partir; les feuilles engluées étoient placées au-deffous d’un de ces effains ou fourmillieres de gros pucerons noirs. J'en appercevois, en les examinant de temps à autre, qui redreffant leur abdomen, fai- foient paroître au bout une petite larme de liqueur tranfparente & de couleur d’ambre , ils la lançoienc l’inftant d’après à quelques pouces au- delà : j’éprouvai , en portant à la bouche celles que j'avois recueillies fur ma main , qu’elles avoient le même goût que celles des feuilles où il en étoit déja tombé. J'eus occañon de voir la mème manœuvre dans la petite efpece, ou chez les pucerons à cornes ; ils lancent la goutte du même endroit, de la même façon & dans une fituation toute pareille. Cet élancement, au refte, qui donne feul à la goutte une forme allongée, n’eft point d’ailleurs pour les pucerons une chofe indifférente ou faite au hd ; il paroît au contraire avoir été reglé par une fage police pour entretenir la propreté chez ce petit peuple, ou pour garan- tir de toute faliflure, & l’infeéte lui-rème chalfant au loin cet excré- ment , & fes camarades preflés contre lui, qui fans cette manœuvre, feroient englués & hors d’état d'agir. On comprend en effet que fi la goutte fortoit fans effort, l’infecte qui s’en délivre étant pofté, comme nous l’avons dir, le ventre en l'air & la rète en bas, cer excrément retomberoit fur lui le premier avant que fes compagnons en fuflent éclablouffés. Mais auf, dira-t-on, à quoi bon une pofture fi bifarre ? Il y a coute apparence que dans les mœurs des pucerons elle n’a rien de choquant, qu’elle leur eft même nécefaire ; au moins leur eft-elle très-commode pour lancer la goutte avec avantage. Pour en juger, on n’a qu’à faire attention que leur ventre ou abdo- men étant vingt fois plus gros que le relte du corps, c’eft-à-dire, la Tome I, Partie IL, 194 DR INN NN SNETIN ON LIN dE: tère & le corcelet pris enfemble, c’eft tout ce qu’ils fauroienr faire que de le trainer lentement après eux ; or fi l’infecte étoit dans une atti- tude contraire à celle que nouS avons vue, il lui feroit plus difficile de foulever de bas en haut cette lourde male, lorfqu’il s’agit de la dé- gager de la prelle , pour que l’expulfion de la goutte franchilfe la troupe & palle par-delà ; au lieu qu'ayant la rère en bas, & le large ventre y portant à plein, nos pucerons font un bien moindre effort pour le pencher un peu en avant lorfqu’ils fentent quelque befoin : cependant avec tout l'avantage que certe fituation leur procure, il paroïr qu'ils fe donnent encore un trémouflement comme pour réunir toutes leurs forces. Je n'ai obfervé ceci conftamment que dans la belle faifon; lorfque l'hiver approche, le froid & les pluies obligent les pucerons à fe ran- ger du côté de la branche où ils font plus à l'abri : comme ils ne tirent alors que peu de fuc de l'écorce & que les déjections font rares , ils fe placent indifféremment le ventre en haut ou en bas ; tant-pis pour celui qui eftenglué ; dans cette fâcheufe faifon, où la plupart des puce- rons ne fait plus que languir, chacun vit & s'arrange comme il peut, ou comme il l’entend. Les gouttes de la liqueur élancée tombant à terre au défaut des feuil- les & des branches, les pierres en font long-remps tachées, fi la pluie ne vient les laver : c’eft la feule efpece de miellée qui tombe; mais fa chüte n'arrive jamais au-delà de la portée des branches où les fourmillieres de pucerons font appliquées. Cette derniere circonftance , & ce qui la précede immédiatement, m'ont donné l'explication d’un phénomene qui m'’avoit autrefois em- barralfé. Je paflois fous un tilleul du Jardin du Roi à Paris , lorfque je fentis tomber fur mes mains de très-menues gouttes, que je prenois d’abord pour de la bruine ; je devois cependant en être à couvert fous l'arbre , & je l’évirois au contraire en m'en éloignant ; un banc placé au- deffous en éroit tout luifant ; je fentis, en y tâtant, une matiere gluante , c'éroit de la miellée. Mais ne connoiffant alors que celle qui tranfpire des végétaux ; com- ment me difois-je à moi-même , une fubftance aufli vifqueufe peut-elle tomber immédiatement des feuilles en de fi petites gouttes, tandis que Veau de la pluie ne peut s’en détacher & furmonter fon adhérence na- turelle que lorfqu’elle eft en de bien plus groffes mafles. Je n'imaginois point alors la miellée élancée par les pucerons ; celle-ci étoit surement de leur façon , ayant fu depuis que le tilleul eft très fujer à cette vermine, & que c’eft un des arbres qui abondent le plus en cette forte de fuc mielleux. La mouche à miel n’eft pas le feul infecte , comme nous l'avons déjà RAT NS PEN OU UE 195 infinué, qui en faffe fes délices ; les fourmis ont à ce neétar des droirs auf bien établis, & en font tout aufli friandes. Des Naruraliftes avoient déjà obfervé l'appétit de ces dernieres , fans connoïtre le réfervoir de ce qui en fait l’objet : elles tournent autour des effaims des pucerons, pour épier le moment où tombe leur manne ; bien différentes des abeilles, les fourmis qui vivent au jour la journée, ne travaillent, de plus , que pour leur compte ; au moins ne profitons-nous pas d’un excédent de récolte qu'elles faffent. Deux fortes de fourmis vont en quête des pucerons ; chacune a fon diftriét féparé, & ne va point chaffer fur les plaïfirs d’une autre , quoique plus foible. Les groffes fourmis noires des bois ont leur département fur les pucerons noirs des chènes & des châraigniers ; des fourmis plus petites vont faire leur cour aux pucerons verds du fureau : les pinces des unes & des autres ne font pas propres à ramafler la miellée qui eft appla- tie fur les corps où elle tombe ; elles l’abandonnent aux abeilles dont l’attelier eft par deflous, & s’établiffent elles-mêmes pour faifir l’inflant, comme nous l’avons dit , où la liqueur defirée paroît en forme de goutte au bout de l'anus. On n’accufe point les fourmis d’être parelfeufes ; les nôtres fe tien- nent aux aguets fans relâche aurour des pucerons ; elles en attendent les momens de faveur avec inquiétude, & la bouche béante ou les pinces ouvertes, pour fe précipiter fur la premiere goutte qui fe préfentera : fi elle leur échappe, il faut fe réfoudre à patienter jufqu’à l'apparition d’une nouvelle , où l’on fe promet de mieux faire. Certaines plantes fourniflent peu d’extraits à leurs pucerons ; & ce que ces infectes en rendent, eft mème prefque rout enlevé par les perites fourmis, Il eft d’autant plus aifé à ces dernieres parafites de ne laiffer rien perdre de l'excrément liquide que celui des petits pucerons demeure un peu de temps arrêté à la pointe de l'anus, avant d’être pouifé au dehors ; Fe qui Ôte toute efpérance aux abeilles de pouvoir glaner après les petites ourimis. Quelques arbres , tels, par exemple, que le chène & le châtaignier, four- niffent beaucoup plus de cet élixir aux gros pucerons noirs, fur-tout lorf- que ces arbres font en pleine feve ; mais, en revanche, la goutte excré- menteufe ne s'arrête prefque pas; elle part tout aufli-tôt, & les groffes fourmis n’y trouvent pas autant à gagner que dans la petite récolte pré- cédente. C’eft ane chofe plaifante que leur empreffement : on les voit courir , s’agicer , aller d’un puceron à l’autre, tâcher d’atteindre par - tour, & attraper prefque rien : aufli y a-t-il moins de prefle pour les pucerons noirs : la plupart des fourmis de leur fuite fe reburent ; & l’on en voir à peine trois ou quatre où il en pourroit vivre une trentaine Fe à l’aife. Bbij 196 PHP EU VALLEE CONNUE: Les mouches à miel, qui ne femblent vivre que de la defferte, ou de ce qui échappe à la vigilance & à l’adreffe des groffes fourmis , font cepen- dant beaucoup mieux fervies : ayant des outils propres à ramafler la miel- le tombée, elles en font d’amples provifions qu’elles ne fauroient con- fommer elles feules : fi ce defir d’accumuler ne tournoit à notre profit, nous ferions portés à les taxer d’avarice , & l'abeille, bien plus que la fourmis , feroit l'emblème de cette paflion. Le plus grand amas fe fair dans la feve abondante de Juin oùles pucerons trouvant de leur côté une nour- riture plus facile, fuçent d’autant à travers l'écorce ; delà leur vigueur s'accroît, la population augmente ; & par une fuite naturelle, les déjec= tions deviennent plus fortes & plus fréquentes. Au refte, quoique nos infeétes percent en mille endroits toute l’é- paifleur de l’écorce jufqu’à l’aubier, & qu'ils privent les rameaux d’une partie du fuc nourricier, l’arbre ne paroït pas s’en reflentir , ni les feuil- les rien perdre de leur verdure ; l’aiguillon ou le fuçoir dont on s’eft fervi, eft fi délié qu’on en diftingue à peine les traces fur les endroits percés : ce ne font que de légeres faignées fur un corps plein d’humeurs & d'em- bonpoint. Ce n’eft pas , comme on voit, l’hiftoire des pucerons que j'ai entre- pris de faire : je n’en ai rapporté que ce qui appartenoït à mon fujet. MM. de Réaumur & Bonnet de Geneve, ont expofé dans de favans mémoires ce que la génération de ces infe£tes offroit de curieux & d'in- téreffant. On fait en particulier , d’après ce dernier , que la race puceronne fe produit non-feulement par l’accouplement entre les deux fexes; mais ce qui dut alors bien éronner , eft que les femelles deviennent fécondes , fans avoir eu pendant plufeurs générations de mere en fille ( car il fauc ici changer les expreflions vulgaires) fans avoir eu , dis-je , la compagnie du mâle. Ce font de vrais androgynes ; & ils le font beaucoup plus que les limaçons qui, ayant chacun les deux fexes à la fois , ne laiflent cepen= dant pas de s'accoupler réciproquement; & comme fi ce n’étoit pas avoir déjà pouffé la fingularité affez loin , il femble qu'il foit indifférent à nos pucerons d’être ovipares comme les oifeaux ou vivipares comme les qua- drupedes ; ils pondent des œufs dans une faifon ,ils mettent bas des petits dans une autre. i } a Mais l’efpece dont nons parlons, joint à ces propriétés fingulieres un avantage ou plutôt un mérite qui doit bien plus nous toucher, c’eit celui de nous être utile ; puifque fans nuire à nos arbres, elle compofe un mèêc qui fait fouvent l'honneur de nos tables, & que les abeilles, feules char- gées de le préparer, ne refufent pas de partager avec nous. Les gros pucerons noirs qu'on dédaigne, & que les Agriculteurs dé- truifent même fans pitié &indiftinétement avec les efpeces malfaifantes mériteroient fans doute un aurre traitement de leur part , ou même une partie de la faveur qu'ils accordent aux abeilles pour la fabrique du miel. REPAS EN: UE, 197 Si l’on cherchoït au contraire à favorifer la propagation de ces petits ani- maux donton méconnoît les bienfaits , on multiplieroir les fervices qu’ils nous rendent , & l’on augmenteroit la récolte que font les abeilles, Plus on s’appliquera à connoître les différentes productions de la na- ture, mieux on s’appercevra que fi elles ne tournent pas toutes à notre avantage, elles rendent au moins à d’autres fins qui fuppofent dans l’au- teur fouverain qui en eft le principe, une intelligence profonde & une fagefle infinie. OM BASE RONEATE" T'ON: S Sur le tableau du produit des affinités chymiques ; par M. de Fourcy 4 Maître en Pharmacie (1). 17 RM) Geoffroy à fans doute rendu un grand fervice aux Chymiftes, en publiant fa Table des Rapports : on ne peut rien de mieux imaginé que de raffembler plufieurs fubitances, pour en indiquer les affinités les plus proches , & celles qui font les plus éloignées. Il a fait encore tous fes efforts pour rendre raifon de la tendance que quelques corps ont à s'unir, tandis que d’autres corps s’y refufent abfolument : cependant , tout ce que M. Geoffroy a dir pour établir ces afhinités & ces rapports , n’a pû nous en offrir des idées bien nettes. M. Grofle eft venu enfuite; il a donné quelque extenfon à la table de M. Geoffroy , fans mieux expliquer les mots rapports & affinités. MM. Rudigër, Gellert, de Limbourg & de Machy, ont également publié des affinités chymiques; mais la caufe des combinaifons n’en eft pas moins reftée inconnue. Je n’examinerai point le mérite de chacune de ces tables en particulier , mais je dirai en général que les termes de rapports & d’afhnités ne préfentent à l’efprit que des mots vuides de fens ; ainfi, un Chymifte explique mal la combinaifon d’une fubftance avec une autre, en difant que ces deux fubftances ont une analogie, un rapport ou une affinité qui fait les unions : Obfcurum per obfturius. TT (1) On trouve ce tableau chez Collard Graveur, quai de la Mégifferie , Image Saine Michel. Nous aurions peut-être dû donner le précis de la doctrine de M. Meyer, fur l'acidum pingue , avant de publier dans le volume du mois dernier la differtation de M. Jacquin. Mais comme cette doétrine a fait dans le remps beaucoup de bruit en Allemagne , nous avons penfé que nos lecteurs étoient au fair de la queftion , {ur-rour depuis que la doétrine de M. Meyer a ére traduite en François , & publiée par M. Dreux, Les réponfes de M. Krans à MM. Jacquin, Black, Macbride, &c. ferviront dans la fuite à mieux développer cette doétrine, Le tableau du produit des affinités chymiques plaira sûrement aux feétateurs de M. Meyer. Les autres Chyimiftes le verront - ils du même œil, 195 ROMANS LT VON IUIIVE: Depuis que l’on s’eft apperçu que la combinaifon des corps , n’étoit pas fuffifamment expliquée par le mot affinité, &c. on auroit dû prendre une autre voye : la Chymie, dans fon principe , étoit purement fynthétique, & l’eft encore aujourd’hui parmi les Alchymiftes. Par la fuite des tems on a voulu examiner les corps compofés ; à cet effer , il a fallu Les décom- pofer, cette décompolition a été nommée analyfe. De-là eft venue la Chymie analytique , à laquelle on s’eft trop attaché, & qui d’ailleurs eft infuffifante jufqu’à un certain point , pour rendre raifon de toutes les parties qui compofent un corps; car fi un ou piulieurs principes de ce corps viennent à fe perdre dans l’analyfe , l’on n'en dit pas moins que le corps n’eft compofé que du réfulat de l’analyfe ; de maniere que lorfque l’on veut prouver par la fynthefe , l’opération de l’analyfe , l’on échoue fouvenr. Stahl ne feroit jamais venu à bout de démontrer par l’analyfe , que le foufre eft une combinaifon de l'acide vitriolique & du phlogiftique : ce qu'il n’a pu faire par l’analyfe , il Pa fait par la fynthefe ; & c’eft en faifant du foufre , qu'il a démontré le foufre. ; Quand on veut examiner un métal ( par exemple le plomb), qu’on le fafle diffoudre dans une fuffifante quantité d’acide nitreux, on obtiendra un nitre de faturne; que l’on précipite ce nitre de faturne par l’alkali fixe, on aura d’une pait, du nitre avec toutes fes propriétés; de l’autre , il reftera la terre du plomb à examiner ; en l’examinant , on s’apperçoit que cette terre eft plus pefante que le plomb que l’on a employé ; qu’on l'expofe enfuite au feu , l’on verra avec furprife , que cette mafle prend des couleurs plus ou moins fortes , fuivant le degré de chaleur qu’on lui fait éprouver ; mais la pefanteur fubfiftera toujours. Par la calcination , cette terre devient plus facilement foluble dans les acides les plus foibles, & forme différens fels , fuivant l’acide qu’on a employé. Toutes ces opérations ne nous apprennent rien fur la nature de cette terre métallique, ni fur ce qui la conftitue métal; mais ce que ne peut faire l’analyfe, la fynthefe le fait : car en ajoutant à la terre métallique, le phlogiftique de Stahl , on reffufcite le plomb avec toutes fes propriétés : mais la pefanteur excédente refte toujours à expliquer, & la nature de la terre métallique n’en eft pas mieux connue. Aiïnfi , les métaux doivent leur état métallique au phlogiftique , fans lequel ils ne feroient qu'une terre. : Nous avons des métaux qui ne perdent jamais leur état métallique : tels que l'or & le mercure; nous en avons qui le perdent difficilement , comme l'argent ; & les autres enfin le perdent tous, plus ou moins faci- lement ; le fer qui le perd le plutôt eft en même tems un de ceux qui le recouvre le plus aifément & le plus promptement ; il n’a pas befoin , comme les autres métaux, d’entrer en fufion pour être réduir. Les métaux ne font attaquables par les acides , à ce qu’on prétend, . 1 GÉÈÉS PA HEIN ES IS Or LV: | 199 ue par le Zarus du phlogiftique. Je ne puis comprendre comment le phlogiftique facilite l'union d'un acide avec un métal, tandis que lui- mème n’a de rapport avec les acides que par fon laus d’acidum pingue (1): Le phlogiftique, au contraire, eft un obitacle qu'il faut vaincre avant de pouvoir pénétrer la terre métallique; & routes les fois qu’un métal à été diflous par un acide , le phlooiftique eft toujours détruit, & le métal devient abfolumentchaux ; c’elt ce que l’on nomme calcination immerfive. Si à une diffolution métallique quelconque , on ajoute une fubitance alkaline, le métal la précipite toujours fous la forme d’une chaux plus ou moins cauftique, relativement au précipitant que l’on aura employé. - Par exemple , fi cette précipitation fe fait par la chaux vive, ou bien par la pierre à cautére, la chaux métallique fera pour lors plus cauftique que par l’alkali fixe ordinaire & par l’alkali volaul ; elle fera par conféquent bien moins cauftique par une terre abforbante : fi au contraire , on pré- cipite cette même diffolution métallique, par un métal dont le phlogif- tique foit moins adhérent que celui qui ettendiflolution ; alors le premier recouvre le phlogiftique que le fecond perd , par l’union qu'il contracte avec l'acide, & il fe précipite fous fa forme métallique ; & ainf de fuite en parcourant la colonne des métaux avec les acides. Le phlogiftique de Stahl eft une fubftance végétale ou animale , réduite dans l’état charbonneux ou fuligineux, & qui , à la faveur de l’acidum pingue, entre dans les chaux métalliques, & les révivifie avec toutes les propriétés & l’éclat du métal, fans que pour cela, il ait perdu fon état de charbon : car quand on expofe de nouveau ce métal à l’action du feu , le phlogiftique fe confume, & la chaux reparoit telle qu’elle éroic avant fa réduction. Les fubftances métalliques privées de leur phlosiftique , fe diffolvent dans les acides les plus foibles. Par exemple, le plomb dans fon état de métal, n’eft que corrodé par l'acide végétal; fi au contraire on lui donne fon phlogiftique, foit par la calcination féche (comme dans la préparation de la Zirarge & du minium) , foit par l’immerfive ( comme dans la préparation de la cérufe ) , alors l'acide végétal le diflout facile- ment, & forme avec lui des fels cryftallifables. Le cuivre même, ne fe diflout jamais mieux par les acides les plus foibles, que lorfqu'il a perdu fon phlogiftique par une efpece de corru- fion qu’on lui a fait fubir, & que l’on nomme ver-de-pris. Les terres métalliques différent entre elles par le plus ou le moins d’adhérence qu’elles ont avec le phlogiftique , & celles qui le perdent le plus facilement , font celles qui ont en mème tems, la propriété d'en (1) L'auteur fuppofe fans doute que le principe de M. Meyer eft inconteftablement établi, & qu'il eft reçu de tous les Chymiftes, C’eft à eux à juger de la doétrine de l'auteur, 200 Ph RMYI NS LI OUR E prendre une quantité beaucoup plus grande. Le fer eft dans ce cas : il devient acier par une furabondance de phlogiftique. Les fubltances métalliques qui n’ont que peu ou point de phlogiftique, deviennent folubles dans les acides les plus foibles , à la faveur d’une furabondance d’acidum pingue. Par exemple , le mercure n’eft point atta- quable par le vinaigre ; mais fi on lui ajoute cette furabondance d’acidum pingue , foit par la calcination féche ( comme dans l'opération du mercure per fe }, foit par la préparation du précipité rouge ordinaire , foit enfin par la calcination immerfive (comme dans la diffolution du mercure dans l'efprit de nitre, & précipitée enfuite par un alkali fixe); alors le vinaigre le diflout facilement & entiérement , & l’on obtient un fel cryftallifable, Une diffolurion d’or par l’eau régale , faite fans le concours du fel ammoniac, précipirée enfuite par la chaux-vive ou par l’alkali fixe, donne un précipité connu fous le nom d’or fulminant; il a la pro- priété de fe diffoudre entiérement dans le vinaigre , & la diffolution eft d'autant plus parfaite, qu’on peut la précipiter en bleu , par la liqueur teignante de Meyer. . Ainfi, l'on voit par tout ce qui a été dir, que le phlogiftique eft le mème par-tout, & que les métaux qui ont befoin du concours du phlogiftique pour leur conftitution métallique , ne different entre eux que par leur terre, & que ceux qui n'ont point de phlogiftique , comme l’or & le mercure, reftent toujours tels qu’ils font, fans qu'il foit poflible de leur faire fubir la moindre altération, par la raifon qu'il n'entre aucune partie deftruétible dans leur compofition. Ce que l’on vient de dire des métaux à phlogiftique, peut s’appliquer aux demi-métaux; fi quelques-uns d’entre eux ne font pas fufcepribles de réduction, c’efl dans leurs terres qu'il faut en chercher lesraifons. Le feu n'agic pas fur la terre calcaire comme fur l'argile : par exemple , la terre calcaire devient foluble dans l’eau par l’aétion du feu; l'argile , au con- traire, devient pour ainfi dire impénétrable à l’eau : par la fuite des tems, l'une & l’autre laiffent échapper ce qu’ils ont reçu du feu, (c’eft-a-dire , l'acidum pingue ), mais l'argile le retient beaucoup plus long-tems. Pour fe convaincre de la différence des terres métalliques, on n’a qu'à fe repréfenter qu'il y'a des chaux métalliques, qui font folubles par les acides les plus Libls. tandis que d’autres ne s’y diflolvent abfolumene point. Deux fubftances, comme l'huile & l’eau, n’ont point de rapport enfem- ble : mais en ajoutant à l’une des deux l’alkali fixe , chargé d’acidum pingue , (connu fous le nom de leflive des favonniers), on parvient à les unir , & le produit de cette combinaifon fe nomme Savorr, lequel eft foluble dans l’eau. Voilà une opération fynthétique qui ne peut pas être démontrée par l’analyfe ; car par elle, on ne trouvera que de l’eau , de l'huile & de l’alkali fixe, & l'acidum pingue, qui eft Le medium je ans . F | PAM VINS PT OU" E, 201 dans cette fynthefe, échappera toujours aux Chymiftes les plus attentifs. On extrait la matiere colorante du bleu de Pruffe par l'alkali volatile, comme on peut le voir dans les Efais de Chymie de M. Meyer. On peuc l'extraire ézalement par l’alkali fixe : mais il faut une plus grande quantiré de bleu de Pruffe pour faire l’alkali phlogiftiqué , que pour faire la liqueur teignante , parce qu'une partie de la matiere colorante eft employée à volarilifer l’alkali fxe , & que ce n’eit qu'après ce changement qu'il agit fur la matiere colorante. Certe expérience eft de M. Deyeux, très-habile Chymifte. Il feroir à fouhaiter qu’il pouffit fes recherches plus loin ; elles pourroient fervir à jetter un grand jour fur la théorie des alkalis volatiles. D'après cer expolé, & beaucoup d’autres raifons qu'il feroit trop long de déduire ici , je conclus que l’acidum pingue eft le feul intermede propre à unir les corps, & que par ce principe on peut rendre raifon de toures les difficulrés, & expliquer tous les phénomenes que leur combinaifon préfente. Mon opinion eft conforme au fentiment de M. Meyer ; je préviens cependant que je fuis difpofé à en faire le facrifice , aufli-tôt qu'on m’aura démontré qu’elle eft erronnée. J’ajouterai mème que je verrai avec joie les preuves de mon erreur , & que l’Auteur aura des droits à ma recon- noiffance : je ne cherche que la vérité, & je m’eftimerai toujours heureux d’avoir donné lieu à fa découverte, Le tableau des affinités chymiques que je préfente ici, a l’avantage de la dénomination des produits ; il fe rapproche un peu de la fynthefe ; mais il ne difpenfe pas de chercher la raifon pour laquelle un corps fe combine avec un autre corps , mème à l’exclufion d’un troilieme ; l’on verra que c'eft toujours à l'acidum pingue qu’il faut avoir recours; foit qu'il fe trouve dans l’un ou l’autre corps, ou dans les deux, foit qu’on l’y introduife par quelque opération préliminaire, comme il a été dit ci-devant : on par- viendra plutôt à rendre raifon par cet intermede, des caufes qui combinent deux fubftances enfemble , que par les mots d’affinités ou de rapports. Ce tableau eft compofé de trente-fix colonnes , à la cère defquelles fe trouvent la fubftance & tous les corps avec lefquels elle peut fe combiner. On n'a pas craint les répétitions; elles font mème devenues nécefaires pour donner tous les produits de la fubitance fans interruption. Par exem- ple, dans la premiere colonne le mercure fe trouve en tère avec toutes fes combinaifons & fes produits ; mais cela n’empèche pas qu'aux colonnes qui ont pour premiere fubltance les acides ou les métaux, &c., on ne retrouve le mercure & fes produits , & aiafi- des autres. Toutes les fubitances ne s’y combinent pas toujours direétement ; c’eft- à-dire , que la fubftance qui fuirimmédiatement celle qui eft en rère de la colonne, n’a pas toujours un rapport direct avec elle. Par exemple , Valkali phlogiftiqué qui précipite les diffolutions métalliques , ne fe Tome I, Part. III, . Cc 202 PONTS: TO NNUNNES combine avec les métaux , qu’autant que ceux-ci ont été auparavant diflous par un acide quelconque. * La teinture de foufre par l’efprit de vin , ne fe fait pas non plus immé- ‘ diatement. Il faut faire le foye de foufre avant que cette combinaifon puiffe avoir lieu , & pour lors une partie de l’alkali fixe refte unie avec le foufre & l’efprit de vin. Cet exemple n’eft pas unique : la teinture d’or ou l’or potable contient de l’eau régale. L’éther participe auñli de l'acide employé pour le faire ; de mamere que l’éther nitreux a une odeur différente de celle de l'éther vitriolique, &c. La vingt troifieme colonne eft compofée de divers précipités métal- liques par l’alkali phlogiftiqué. Si l’on pouvoit juger de l’änalogie des méraux , par la couleur des précipités qui en réfultent , ne croiroit-on pas que le fer, l'or , le mercure & le régule d’antimoine feroient de même narure ? La doctrine de M. Meyer fur l’acidum pingue , fe trouve attaquée dans un écrit, dont l'extrait a paru dans le Journal de Phyfique, du mois de Février dernier : on promet une réponfe par un autre extrait tiré de la défenfe de l’acidum pingue par M. Cranz (1). M. Jacquin , d’après la doftine de M M. Black & Macbride, vient de donner une théorie fur la nature de la chaux-vive : il prétend que c’eft à la privation de l'air fixe, que la chaux doit coute fa corrofion, & qu’en ajoütant à Ja chaux un alkali fixe, celui-ci devient cauftique par la perte de fon air fixe , qu'il aban- donne en faveur de la chaux, laquelle redevient terre calcaire par la préfence de l’air fixe qu’elle reçoit de l’alkali. Ce raifonnement, tour fpécieux qu'il eft , ne pourra pas fe fourenir : qu'on demande à M. Jacquin d'où vient la péfanteur des chaux métalliques ; répondra-t-il que c’eft à la privarion de l’air fixe qu’elles la doivent { Ces chaux métalliques jouent pourtant le même rôle que la chaux ordinaire; c'eft-à-dire, qu’elles déconi- pofent le fel ammoniac, rendent les alkalis cauftiques, &c. Ces mêmes chaux métalliques perdent leur pefanteur , & certe perte viendroit donc, fuivant M. Jacquin, de l’addition de l'air fixe qu’elles auroient reçu de l'alkali ? + Cette hypothefe n’eft ni vraie ni vraifemblable , & l’on ne parviendra jamais à faire croire que la privation d’une fubitance puifle donner de la péfanteur. La terre calcaire expofée au foyer du miroir ardent, ne devient pas — Ê (2) Nous l'avons promis, & nous tiendrons parole ; mais, pour que le leéteur foic à même de bien juger cette queftion, il cft néceilaire de mettre fous fes yeux les principes de M. Black & des auteurs qui attribuent à l'air fixe les effets que M. Meyer prend pour ceux de l'acidum pingue. Nous ne tarderons pas à les publier, PRESS LE - 0. À PNTMANS HIT OUT ve. 203 chaux , (ou pour m’exprimer fuivant la doétiine de ces Mefieurs) , n’eft pas privé de fon air fixe; je dirai avec M. Meyer , que c’efl parce que le pingue de la lumiere ne peur pas fe combiner aveclaterre calcaire, & que pour qu'il s’y combine , il lui faut le concours d’un acide :les rayons concentrés du Soleil ne font pas les mêmes que ceux que produifent les matieres com- buftibles ; c’eft comme fi l’on difoit que l'or eft réfractaire , parce qu'il ne peut être fondu au foyer du miroir ardent (1) : cette expérience feule fufhiroit pour démontrer la différence de ces deux feux. M. Jacquin dira- t-il que cetre différence vienr de ce que par cette opération , le feu eft placé au-deffus de la matiere , au lieu que par l'opération ordinaire , il eft placé deffous ? Les rayons du foyer pourroient-ils obliger l'air fixe à refter dans la pierre calcaire , & par là l'empêcher de s’échapper ; ou bien par Fopéaron ordinaire, rien ne retenant l’air fixe peut-il s’en aller librement £ M. Jacquin a mal obfervé quand il a dit que ce qui s’échappoit de la terre calcaire éroir de l'air; s’il avoit ramaflé foigneufement tout ce qui fortoit par le trou du balon, & qu’il eût donné à fes vapeurs le tems de fe condenfer , il auroit vû que c’étoit de l’eau & non de l'air, & que lorfque la terre calcaire eft intimément pénétrée par le feu, elle eft privée de toute humidité ; c’eft alors qu’elle eft chaux-vive parfaite, & qu'elle a reçu du feu tout l’acidum pingue qui la conftitue telle. L’acidum pingue , uni à laterre calcaire , n’a pas befoin d’intermedes pour en être féparé : l’accès de l'air libre fuffic, & plus l’air eft denfe , plus 1l s’échappe promprement. Ainf, il n’eft pas étonnant que l’eau de chaux , renfermée dans un vale qui communique avec un autre , dans lequel on combine un acide avec un alkali, fe précipite ; car l’effervefcence qui fe fait par l’union de ces deux fels, remplit l’athmofphere des deux vafes , à caufe de l’acidum pingue qui fe dégage de l’alkali & de l'acide. L’acidum pingue , qui tient la terre calcaire en diffolution , eft le même que celui qui s'échappe par l’effervefcence excitce dans le vafe de communication; il abandonne la terre calcaire pour fe joindre à celui qui provient de l’effervefcence ; alors l’eau de chaux fe trouble , la rerre calcaire cefle d’être foluble par la perte de l’acidum pingue , & elle fe précipite au fond de la liqueur. Si l’on fubftitue l'huile de tartre bien filtrée à l’eau de chaux, & que l'on procéde comme il a été dir ci-deflus, la liqueur de tartre fe trouble, .& il fe fait un dépôt terreux. ; L’alkali fixe & la chaux ne font folubles dans l’eau qu’à la faveur de l'acidum pingue; ces deux folutions abandonnées à l'air libre perdent cet acidum pingue , fe troublent ; & dépofent leur cerre abforbante. La terre abforbante qui contitue lesalkalis fixes, eft route formée dans (x) L'or fond lorfqu'il eft au foyer du miroir ardent, Voyez le volume du mois de Décembre dernier , p. 93. d Cci 204 PORTA SI UTC UE, les plantes ; les alkalis fixes doivent leur caufticité à la méthode qu'on em- ploie pour les retirer , c'eft-à-dire , à la combuftion & à la calcinarion : quand on fature les alkalis préparés, comme on vient de le dire , l'acide s’y joint avec violence; une partie de l’acidum pingue s'échappe pendant l'effervefcence , & l’on obtient un fel neutre de l’acide combiné avec la terre abforbante, telle qu'elle exiftoit dans la plante avant fa combuition ; l'autre partie de l’acidum pingue eft reftée dans l’eau, & c’eft elle qui mer obftacle à la cryftallifarion des fels , fur-tout aux dernieres portions , connues fous Le nom d’eau-mere : délayez cette eau-mere dans une grande quantité d’eau , expofez certe leflive à l’air, pour donner le tems à | acidum pingue de fe dégager ; rapprochez enfuire cette leflive par évaporation , vous aurez des cryftaux que vous n’auriez pu obtenir fans cette précaution, ou bien il auroit fallu expofer la lefive un rems confidérable à l’air. Ce n’eft pas ici le lieu de traiter de la hallorechnie ; mais je dirai en pafant , que plus les cryftaux de fels font long-tems à fe former, plus ils font compactes ; tous les cryftaux qu’on trouve dans les eaux meres font dans ce cas là : ils font fort long temps à fe former , parce que les molé- cules de fels ne peuvent s'appliquer les unes contre les autres, qu’à mefure que l’acidum pingue s'échappe des eaux-meres, ce qu’il fait fort lentement. L’acidum pingue n'entre point dans la combinaifon des fels neutres. D'après cela , il eft aifé de déduire les véritables raifons de l’opération par laquelle la terre calcaire devient chaux-vive. Elles font bien différentes de celles de M. Jacquin, qui prétend que c’eft par la privation de fon air fixe : je foutiens au contraire que lorfqu’on précipire une diffolution de terre calcaire faite dans l'acide nitreux, par un alkali rendu cauftique', l'acide nitreux abandonne la terre calcaire pour s’unir à l’alkali ; par cette union de l'acide nitreux & de l’alkali, l'acidum pingue devient libre, s'applique à la terre calcaire, & la rend chaux-vive. C'eft ainfi qu’on peut expliquer par l’acidum pingue tous les phénome- nes qui arrivent aux corps qui ont éprouvé un grand feu, foit que ces corps le reçoivent immédiatement du feu (comme par la calcination ), foit qu'il leur foit tranfmis par d’autres corps auxquels le feu l’a précé- demment communiqué ; ce qui fera toujours plus clair que de les expliquer par un prétendu air fixe, qui n'opere, fuivant M. Jacquin, que parce qu'il n'eft pas fixe, PAU IN SNUIAUG: VU, E 265 LETTRE OÙU OBSERVATIONS Sur les effets & les fuites du tremblement de terre de Saint Paul-Trois- Châteaux , communiquees à M. de la Lande , de l’Académie royale des Sciences, par M. F..., Lieutenant- Général de Monrelimard, le 11 Février 1773. plis l’inftant même où j’allois vous faire parvenir des détails circonf- tanciés fur l’hydrofcope , & que je merrois la main à la plume, pour éra- blir, en quelque forte d’une maniere légale, l’authenricité de plufieurs fourberies du petit Parangue , des affaires relatives à la place que j'occupe, m'ont obligé à un petit voyage du côté de la Ville de Saint-Paul T rois- Châteaux. J'y arrivai le 17 Janvier dernier, & j'y appris avec furprife , que le famedi 16 de ce mois on y avoit reflenrr vers les quatre heures & demie du foir une fecouffe d’un tremblement de terre, aflez violente pour faire fonner le timbre de l’horloge de la Ville,& pour caufer l'épouvante. Le 18 du même mois, entre 7 & 8 heures du matin on y avoit encore efluyé cinq fecoulfes très-fenfibles, & à huit heures du foir une feconffe beaucoup plus violente. Les habitans ajouterent que tous ces tremblemens partoient du village de Clanffaye , “CIE d’une petite lieue ; & que les fecoulles y avoient été beaucoup plus fortes qu’à Saint Paul-Trois Châteaux. Je craignis que la frayeur encore récente , caufée par un événement fi imprévu , n’eût beaucoup grofli les objets ; &, pour évirer toute furprife, je me mis en garde contre la prévention & contre moi-même, afin de mieux examiner , à mon retour , ce qui s’étoit pallé. Mes affaires m’appellerent dans ce moment dans un bourg voifin du Comtat, appellé Tuletre , & éloigné de deux grandes lieues de Saint- Paul-Trois-Châreaux. Je fus le premier à inftruire les habirans de l'évé- nement de la ville voifine & de Clanflaye. Je vaquai dans ce bourg aux affaires qui m'y avoient appellé. Le 23 , je fus dans l’après-midi rendre vifite au Prieur du lieu, qui réfide au château. Nous failions la conver- fation auprès du feu , dans une cuifine , lorfque vers les quatre heures nous entendimes un bruit extraordinaire, aflez femblable à celui de plu- fieurs voitures qui rouleroient avec fracas fur le pavé. Ce bruit étroit ra- pide , & reffembloit affez bien à celui du tonnerre; ce qui nous engagea à mettre la rête à la fenêtre ; mais le remps étoit fans nuage & le foleil brillant. Je conjeéturai que ce bruit annonçoit un tremblement de terre ; & nous fümes bientôt confirmés dans certe opinion, lorfque nous apper- çûmes une rangée de fauciflons fufpendus par des fils à une perche qui 206 Po Ha YniS i 14 0: UR Es traverfoit la cheminée, s’agirer d’une manière très-finguliere; & peu de temps après nous NOUS fentimes vigoureufement fecoués par trois com- motions différentes rrès-forres & capables d’effrayer. Tout le bourg en fut agité, & fes craintifs habirans s’emprefferent à fortir de leurs maifons, La frayeur peinte fur le vifage , chacun racontoir les fenfations qu'il avoit éprouvé. Ce tremblement dura trois fortes fecondes , & heureufe- ment ii n’eut aucune fuite fâcheufe, Croiriez-vous, Monfieur , qu’au lieu d’être effrayé par ce phénomene très-nouveau pour moi, je me plus à le contempler d’un œil curieux , & m'occupai dans ce moment à en faifir les circonftances , fans penfer au danger qui auroit pu auginenter , fi les fecoufles euffent été plus redou- blées. Je fs obferver à M. le Prièur la nature extraordinaire du mouve- ment qui agitoic les fauciffons fufpendus à la perche qui traverfoit la che- minée, Si j'ai bien vu , & fi mes yeux ne m'ont pas trompé , ce mouve- ment avoit le caractere de l'électricité la plus décidée. Ce mouvement précéda au moins de quatre fecondes les fecouffes du tremblement de terre , & fe manifefta en même-remps que le bruit; mais ce qui m'enga- gea le plus à le regarder comme électrique , c'eft que les fils qui étoient alfez longs , fembloient vouloir garder leur à-plomb dans la partie la plus rapprochée de la perche, tandis qu'un mouvement d'attraction & de répul- fion agitoit les fauciflons dans un fens cour-à-fair femblable à celui qu'é- prouventles battans fufpendus dans le carillon électrique. Les commorions du tremblement de terre finies, les fauciflons éprouverent encore le même mouvement , avec le mème degré de force, pendant quatre ou-cinq fe- condes au moins. Et ce qu'il y a de fingulier, c'eft que ce mouvement ne fe rallentit pas infenfiblement & par degré, comme dans les agirations d’un corps ordinaire mis en mouvement ; mais il cefla fubirement, & d’une maniere /èche ( fi je puis m'exprimer ainfi ) qui tenoit tout-à-fait de l'électricité : mon œil affez exercé aux phénomenes électriques, ne m'a, je crois, pas trompé dans cette circonftance ; cependant, Monfieur, ne croyez pas que je fois guidé par aucun efprit de fyftème. Plufieurs per- fonnes de la campagne , qui éprouverent ces fecoulles en plein champ , m'aflurerent qu’ils avoient reffenti en mème temps un vent frais qui for- toit de terre. Perfuadé que le tremblement que je venois d’efluyer , devait avoir été plus fort encore à Saint Paul, & particuliérement au village de Clanf- faye où l’on fuppoloit le foyer, je fus curieux de favoir ce qui s’y étoit pallé ; mais mes occupations ne me permettant pas de m’abfenter alors, je priai M. le Chevalier de Lacofte, qui évoir avec moi, de faire ce voyage, Je pouvois compter fur fes lumieres & fur fon exactitude. Il partit le len- demain , & ferendit à Saint-Paul , & de-là à Clanffaye:1l fic fur les lieux un mémoire circonftancié de ce qu'il avoit vu, & recueilli les inftruétions qu'on lui donna. La leéture de ce mémoire augmenta mon envie de me er mu BARRE NE 0 A. 207 tendre à ces endroits, dès que l’objet de ma mifion à Tulette feroit rempli. Mon départ fut différé jufqu’au premier Février. Je me rendis ce jour-là à Saint-Paul, & mon après-midi fut confacré à vifirer Clanffaye. Mon premier foin fut d’aller voir le Curé, que je trouvai dans fon Eglife, rempliffant les fonétions de fon miniftere. Il avoit été forcé de pures fon Presbytere , prêt à écrouler. Ce digne Pafteur avoit réfifté aux follici- tacions de fes amis & de fes parens , qui le prefloient avec inftance de quitrer un lieu où fa vie n’éroit pas en sûreté. « Pouvois-je, me dit-il, » abandonner mes Paroilliens, dans le moment où je leur étois le plus » nécellaire. Je fuis réfigné à cous les événemens , & réfolu de ne quitter » ce lieu qu’à ma mort ». Cet homme refpeétable a eu la bonté de me conduire par-tout, de me montrer les différens ravages des tremblemens & le déplorable état de ce malheureux village , qui étant perché fur une montagne allez élevée, & bâri fur des fondemens peu folides, y eft d'autant plus expofé, que les maifons elles-mêmes font ou fort ancien- nes ou mal conftruites. Je pris rouc de fuire les renfeignemens qui pouvoient rendre à me donner des éclairciffemens :d#poñrion des lieux , la nature des terres , des eaux & des matieres que j'étois à portée de confidérer; l'élévation de la montagne ; la fituation des dunes, leur forme, leur qualité, tout fut mis en note avec foin, de mème que le journal fimple & fidele de ce qui s'étoic pallé. Le Curé, les Officiers municipaux & les principaux habitans du lieu ont dreffé, d’un commun accord, le mémoire dont je joins ici l’extrait , avec des corrections & des remarques que j'ai cru in- difpenfables d'y ajouter, après avoir vérifié une partie des faits qui y font rapportés. Journal des tremblemens de terre qui fe font fait reffentir dans le village de Clanffaye, Eleëlion de Montelimart , & dans [es environs ; depuis le huitieme Juin dernier jufqu'au feptieme Février 1772. Le 8 Juin dernier , feconde fête de la Pentecôte, entre midi & une heure, le village de Clanflaye fur agité par un petit tremblement de terre: le mème jour, entre trois & cinq heures du foir , on reffentic trois fecoutfes bien marquées. Le 9, quelques fecoulfes dans la journée, toutes fenfbles dans le von finige”; mais elles n'occalñonnerent aucun dommage. Le 19, rien. Le 11, (même mois à cinq heures du matin, les fecoufles fe renou- vellerenc, & furent très-violenres ; des pierres du mur du rempart, qui elt vieux & en mauvais état, fe déracherent. Dès cette époque on en- rendit de remps en semps us bruit femblable à celui de plulieurs coups de to8 US ET YARIS TN ORCITINE: canon. Le bruit, qui s’encendoit d’affez loin , dura tout le mois de Juin, & fur fuivi de quelques légeres fecoufles , dont la direction étoit alors du couchant au levant. Juiller, Août, Septembre, Oétobre , A la Touflaint, de temps en temps du bruit & de légers ébranlemens qui durerent jufqu’à la fn de Novembre. Le 29 Novembre, une fecouffe un peu violente. Depuis le 29 Novembre jufon’au 16 Janvier 1773 , quelques légeres fecoufles & un bruit prefque journalier. Le 16 Janvier , jour de Samedi, à quatre heures & demie du foir, deux ébranlemens violens , qui firent une fente à la voüte de l'Eghfe, dans la partie attenante au frontifpice; la terre fur fouvenr agitée pendant cette nuit. Le 17, la terre trembla fouvenr; mais à petites fecouffes. Le 18, jour de Lundi, vers les fept heures du matin ,il y eut une forte fecoufle une heure & demie après, quatre fecoulfes fi violentes , qu'elles mirent l’alarme dans le pays, fivent ébrfiler certains murs du village , & détacher beaucoup de pierres du rempart , auffi bien que de plufieurs maifons ; la fente de la voûte de l'Eglife fe prolongea & s'agrandit; la mailon curiale eut plufieurs pieces endommagées : ces fecoulles étoient accompagnées d’un tourbillon frais qui duroit autant que le tremble- ment. Toute cette journée jufqu’au foir fe pafla en de légéres fecoutles, accompagnées de beaucoup de bruit : à huit heures & un quart du foir, une nouvelle fecouife fut fi forte & fi effrayante , que rout le monde fe rendit, comme de concert, dans l'Eglife, où la plupart palferenc la nuit, en criant miféricorde : toutes les maifons furent ébranlées , & plufieurs fe trouverent confidérablement endommagées. Les 19,20, 21 & 22 tour fe paffa en de légeres fecouffes & en beau- coup de bruit. Le 23, à quatre heures & quelques minutes du foir on reffentit les rrois plus terribles fecoulfes qu’on eut encore éprouvé : le couron- nement du clocher , qui étoit en’ pierre de raille, fut abattu; la voûre de l'Eglife & celle de la nef fe fendirent en plufieurs endroits ; la chaire à prècher, conftruite en maçonnerie, fe déjointa du mur contre lequel elle étoit appuyée; la maifon curiale devint pour lors tout-à-fait inhabitable , aufli bien que plufieurs autres maifons ; nombre d'habirans furent obligés d’aller coucher a Saint-Paul ou dans les environs. ( C'eft là le mème tremblement qui fe prolongea jufqu’à Tulette, Valreas , Suze , Saint Paul , la Garde, Donzere & Montelimart ; il fe fit refentir même au-delà du Rhône). Le 24, petites fecoufles & petic bruit, Le rien. _Cs ! PU ANIME 2:10 À, 209 Le 25, peu de chofe. Le fieur Alliafle , Entrepreneur de bâtimens, fe rendit par ordre de M. le Subdélégué de Saint-Paul à Clanffaye, pour y vifirer routes les maïfons : dix Maçons y ont étayé ou démoli pendant deux jours les maifons qui menaçoient ruine. Les 26,27,28 &29, du bruit & quelques ébranlemens légers pen- dant la nuit. Le 30, à fix heures du matin, deux fecoulles ; la derniere affez forte, mais toujours du bruit de temps en temps. Dans la nuit du 30 au 31, quelques fecouffes ; une entr'autres , ter- rible vers une heure & demie du matin. Ce bruit cette fois-ci partit em même temps que la commotion. À onze heures du matin, autrefecoulle , mais moins conlidérable, Le 31 Janvier, 1, 2 & 3 Février, quelques fecouffes peu fortes dans le village , mais beaucoup plus fenfibles dans les granges fituces du nord au couchant. Le 4 de ce mois, à deux heures après midi , les granges qui fe trou- vent dans cette premiere pofition, ont éprouvé un ébranlement très-forc qui a été à peine fenfible au village. Le $ & 6, rien. Le 7, à une heure trois quarts du matin, nouvelle fecouffe auff forte, à peu de chofe près , que celle du 23 Janvier , & qui a duré trois fois autant dé temps. Le village & fes environs ont été cruellement ébranlés ; les dommages s’aggravent de jour en jour , & le péril paroît augmenter. Toutes les fecouiles, depuis la Touffaint jufqu’à ce jour , ont leur direétion du levant.au couchant. On croit que le foyer eft à mille pas au plus du village du côté du levant. Lorfque les fecoulles font violentes, perfonne ne peut travailler à la campagne. Les payfans difent éprouver fous leurs pieds un frémiffement pareil ägcelui qu’occafñonneroient mille carroffes qui rouleroient tous à la fois non loin d'eux. Les grandes fecoulfes font encore accompagnées d’un tourbillon frais & fi fort, qu'il arrête les beftiaux & les hommes qui marchent. Ces fecoulfes ont un mouvement d’ofcillation horifontal , précipité , brufque & inégal, plus ou moins grand , en raifon de la force & de l'é- tendue des commotions. Il ne s’éleve aucune exhalaifon dans le jour ni dans la nuit. On ne refpire point d'odeur étrangere dans l'air, Les puits & les fontaines ne fe troublent point ; le goût des eaux n’eft point changé ; elles n’acquierent non plus aucun degré de chaleur, J'aurai attention de vous faire part de ce qui pourra encore arriver , & je hafarderai dans une autre lettre quelquesconjectures fur ce phénomene, que l’infpeétion des lieux m'a fait naître. Tome I, Part, III, Dd Société philofo- phique d’E- dimbourg. 210 BU ir Us TO VU VE. EXPÉRIENCES Sur la magnéfie blanche , la chaux vive, € fur d’autres fubflances alkalines ; par M. Jofeph Black, Doëleur en Médecine (1). L E célébre Hoffman donne dans une de fes Obfervations l’hiftoire d’une fubftance appellée magnéfe blanche , long-remps employée comme un purgatif doux & facile à prendre ; mais la préparation de ce remede n’étoit pas généralement connue avant qu'il en eût parlé. On la tiroit originai- rement d’une liqueur appellée eau mere du nitre , qu'on obrient par le procédé fuivant. L'on fépare le falpètre de la faumure qui le produit , ou de l’eau avec laquelle on le retire des terres nitreufes, en faifant évaporer cette eau comme pour la cryftallifation des fels. La faumure diminue fenfiblement pendant l’évaporation , & à la fin elle fe trouve réduite à une petite quan uté de liqueur faline, amere & onétueufe, qui ne produit plus de falpètre par évaporation. Si on l’expofe à un feu ardent , elle fe féche , & forme une maffe confufe qui attire fortement l’eau , de forte que fi on l’expofe à l'air , elle ne tarde pas à reprendre fa fluidité. On a nommé cette liqueur eau-mere du nitre. Hoffman ayant obfervé qu’elle eft compofée de terre , réunie à un acide, il en fit la fépararion par le feu qui difipa l'acide, & ne laïffa pour réfidu qu’une terre blanche ou Hate Cette méthode eft la plus facile & la meilleure, IL fir encore des recherches fur la nature & les propriétés de cette terre, & il obferva que comme terre abforbante, elle s’unit à tous les acides, & qu’ainfi elle doit néceffairement détruire les acides-qu’elle rencontre dans l'eftomac. Sa vertu purgative n’eft donc que conditionnelle & relative au plus ou moins d’acide auquel elle s’unit dans ce vifcere , dont elle forme un fe] neutre ; elle n’eft donc, à proprement parler, qu'une terre infipide, (1) M. Black peut être regardé comme le Patriarche de Ia doëtrine fur l'air fixe. ou du moins comme un des Auteurs qui s’eft attaché le premier à en déterminer les effets. MM Macbride, Cullew , Jacquin , Rutherford ont enfuite embraflé fes principes. Les Phyficiens s'occupent beaucoup aujourd’hui de ce point fi important : il nous paroît uil eft eflentiel de produire à nos lecteurs les mémoires qui l'écabliffent. Il auroit de à defirer que M. Black eût mis plus de difcuflion dans les faits, & plus de logique dans l'appréciation des réfaltats. Nous ne changerons rien au texte de l'Auteur que nous allons traduire littéralement, Nous donnerons la feconde Partie dans le volume fuivant. Elle renferme des faits beaucoup plus intéreflans; mais il faut connoître celle-ci, pour mieux juger de la fuivante, & de la marche de l'Auteur. : PRE ET RAEAET ET O. PE (E, 27 Il ne paroit pas , d’après ce détail , que l’ufage de la magnéfie puifle être dangereux : cependant, Hoffman ayant remarqué que les Hypocondriaques qui s’en fervent font fujets à des vents & à des fpafmes , foupçonna qu’elle avoit des qualités nuifbles. Ses foupçons ne font peut-être fondés que fur l’imprudence des malades , qui fe ‘fiant trop fur la magnéfie, qu'on doit regarder dans ces fortes de maladies comme un palliatif, négligerent les autres remiedes con- venables, J'avoue que la magnéfie n’eft pas propre aux rempéramens froids, & qu'en général les purgations falines agiflent peu fur de pareilles conf- titutions ; mais je ne vois pas pourquoi on l'interdiroit aux eftomacs robultes & chargés d'acides. Dans ces fortes de cas, les purgations , mêmé les plus douces, font les plus efficaces , & il n’y en a certainement point de plus douce que la magnéfie , puifque c’eft une terre infipide. Lé mème Auteur, ayant enfuite remarqué que toutes les eaux qui contiennent du fel marin donnent une liqueur faline & mere , allez femblable à celle dont nous venons de parler, voulut examiner fi cette liqueur contenoit également de la magnélie. Il réuflit, & trouva un moyen d'extraire cerce rerre : le produit fur exaétement le même. À l'exemple d'Hoffman, la curiofité me porta, il y a quelquetems, à faire des recherches fur la nature de la magnéfie , & à comparer fes quali- tés avec celles des autres terrés abforbantes. J'ai obfervé que ces terres font d'efpeces bien différenres, quoiqu’on les comprenne fous la même dénomination. Mon but étoit alors de découvrir une eau qui put diffoudre plus efficacement le calcul que les remedes employés jufqu’à ce jour, & mon atrente fur vaine. .Je n’avois point encore eu occafon de voir la premiere magnéfie d'Hoffman , ni la liqueur dont on la tire ; je fus donc obligé de faire mes expériences fur la feconde. A cet effer, je me fervis de cette liqueur faline & amere, qui refte après l'évaporation de l’eau de la mer; mais comme on ne fe procure pas toujours aifément cette liqueur , je pris du fel d’epfom , que l'on en fépare par la cryftallifation, & qui eft évidem- ment compofé de magnéfie & d'acide virriolique. Il y a encore une efpece de faux fel de glauber , qui tient beaucoup de la magnéfe, & fem- ble n’être autre chofe que le fel d’epfom , réduit en cryftaux un peu plus larges qu’ils ne le font communément. Le fel d’epfom donne lui-même une quantité dé certe poudre, parce qu'étant féparé de la liqueur faline par une prompte cryftallifation , il contient nécefairement une portion de cette liqueur. Ceux qui voudront tirer de la magnéfie, du [el d'epfom , procéderont ainf qu'il fuit : Faites diffoudre, par proportion égale, & féparément dans fufhfante quan- Dd ij 212 PIVOT UOTE tité d’eau, du fel d’epfom & des femences de perles réduites en poudre ; puriñez chaque folurion des ordures qu’elles peuvent contenir; mêlez- les enfuite par l'agitation, & faites bouillir la mixtion fur un feu bien ardent. Ajoutez enfuire le triple ou le quadruple d’eau chaude ; laiffez tomber la magnélie au fond du vafe , & retirez le plus d'eau qu’il vous fera pof- fible : remettez la même quantité d’eau froide ; laiflez repofer , & retirez l'eau. Répérez douze à quinze fois ce lavage d’eau froide ; la magnéfie n’en fera que plus pure & plus propre aux expériences chymiques. Lorfque vous aurez lavé, vous prefferez dans un linge , & il s’échappera peu de magnéfie. L'alkali, qui dans le mêlange s’unit avec l'acide , le fépare de la ma- gnéfie , parce que n’érant pas d’elle-mème diffoluble dans l'eau, elle doit fe montrer décidément fous une forme folide. Cependant la poudre, dont je parle, n’eft pas de la magnélie pure ; c'eft en partie un fel neutre formé de l'union de l’acide & de l’alkali. Si on examine ce fel neutre , il paroir à plufeurs égards renir du tartre viriolé : il faut une prodigieufe quantité d’eau chaude pour le diffoudre. Ileft, dans mon opération, autant dilfous que la quantité d’eau l'a permis , & le refte fe trouve difpofe dans 12 mêlange:fous la forme d’une poudre ; c’eft pourquoi on ne doit point épargner le lavage. La premiere non d’eau chaude ne fert qu’à diffoudre la totalité du fel , & les additions fuivantes d’eau froide nettoyent cette folution. ÿ , J'ai dir qu’il falloit faire bouillir la mixtion ; fans cette précaution , la magnéfe ne feroit pas bien féparée ; elle fe figera au contraire en la laiffant repofer , & donnera feulement de petits grains, qui , examinés au microfcope , reffemblent à de petites aiguilles difpofées aurour d’un centre commun. Le mème inconvénient arrive lorfqu’avant le mélange on fait diffoudre le fel d’epfom & l’alkali dans une trop grande quantité d’eau. Par exemple , mettez une dragme de fel d’epfom & de fel derartre, chacun féparément dans quatre onces d’eau ; mêlez-les enfuite, & laiflez- les repofer; la magnéfie paroîtra fous la forme des grains dont je viens de parler. Si vous filrrez le mélange aufli-tôt qu'il elt fait , & que vous échauffiez enfuite la liqueur filtrée , elle fe troublera , & vous donnera encore de la magnéfie pour rélidu. J'ai fait fur la vertu purgative de la magnéfie, & d’après l'opinion d'Hoff- man, l'expérience fuivanre. Je compofai un fel neutre de magnéfie & de vinaigre diftillé. Cet acide fut choifi comme étant le produit de la fermentation dans les eftomacs foibles. J'en fis diffoudre fix dragmes dans l’eau , que je donnai à un jeune homme pour prendre par degrés. Lorfqu'il en eur pris environ le tiers , il cela , & 1l fut purgé très-doucemenr. Je donnai le refte de la dofe à une fenmme d'un tempérament robulte, elle fut purgée dix fois fans éprouver RMS TM ON UE. 213 le plus léger mal-aife. Ce fel n’eft point défagréable à prendre, & il paroit plutôt raffraichiffant qu'irritant. Il eft tems de parler des qualités chymiques de la magnéfie. Le but de mes premieres expériences étoit de découvrir quelle forte de fels neutres on pouvoir tirer de l’union de cetre poudre avec les acides ordinaires : en voici le réfultat. On diffout promptement la magnélie avec une effervef- cence violente & une explofion d'une quantité d'air, par les acides vitrioliques, nitreux & marins, & même par le vinaigre diftillé. Les liqueurs falines neutres qui en réfultent ont chacune leur propriété par- ticuliere. Celle produite par l'acide vitriolique peut fe condenfer en cryftaux exactement femblables à ceux du fel d’epfom. La liqueur à laquelle on ajoute de l’efprit de nitre eft jaune, & contient des cryftaux qui ne tombent pas en déliquefcence dans les lieux fecs , mais qui fe fondent dans les endroits humides. è Celle produite par l’efprit de fel n’a point de cryftaux : fi on la féche par évaporation , l'air lui rend fa fluidité. A Celle produite par l'union du vinaigre difillé, ne fe cryftallife point pat l’évaporation ; elle fe condenfe en malle faline qui , lorfqu'elle eft encore chaude, eft finguliérement vifqueufe , & parfairement femblable à de la glue , foit par fa couleur & par fa confiftance ; lorfqu’elle eft froide elle devient fragile & caffante. I réfulte de ces obfervations que la magnéfie différe beaucoup de cetre claffe calcaire, dans laquelle je place indifféremment toutes les fubftances qui, par la force du feu , peuvent fe convertir en chaux-vive , telles que la pierre à chaux, le marbre, les marnes diffolubles par les acides, toutes les coquilles des animaux & les débris des lithophites. Ces corps pris fépa- rément, & unis à des acides, donnent une fuite d'individus compofés & configurés d’une maniere différente de celle que je viens de décrire. Par exemple , fi on réduit en poudre une matiere calcaire, fi on la précipite dans l’efprit de vicriéllcet acide fera effervefcence , mais il n’en fuivra point de diffolution. La matiere calcaire abforbe l'acide qui y demeure uni fous la forme d’une poudre blanche , précipitée au fond du vafe, tandis que la liqueur ne conferve aucun goût , & fi on y ajoute un alkali, il fe forme une efpec: de nuée fort légere. x Cerre même poudre blanche réfultera de l'union de l'efprit de vitriol avec une terre calcaire, diffoute dans un autre acide, L'efprit de vitriol chaffera l’autre acide, & par une attraétion plus puiffante , il s’unira infail- liblement à la terre. C’eft pourquoi la magnéfie d’eau de mer paroît dif- férente des deux efpeces décrites par Hoffman. Cet Auteur dir en termes exprès, que la diffolution de chacune de ces poudres, ou ce qui eft la même chofe , les liqueurs qui les produifent , formerent un coagulum , & dépo- ferent une poudre blanche lorfqu'il y jeta l'acide vitriolique, J'ai tenté, 214 PARA EST O TOI UE: & vainement répéré certe expérience fur le fel marin. Le coagulum formé dans l’eau-mere du nitre , provient peut-être d’une certaine quantité de chaux-vive qu’elle contient; cat la chaux-vive ferr à extraire le falpètre de fa matrice. Il feroit plus difficile de donner la raifon de la différence de la faumure amere d’Hoflman avec la nôtre , à moins de fuppofer qu'il l'a prife dans des fources d’eau falée ; qui peuvent très-bien différer de l’eau de la mer. On diftingue aufli la magnéfie des terres calcaires, en l’uniffant aux acides nitreux & végétaux. Une terre calcaire , combinée avec l’efprit de nitre, ne fe réduira point à une forme cryftalline dans du vinaigre diftillé , le mélange ne tardera pas à fe deffécher en fel. Après avoir trouvé la différence qu’il y a entre la magnéfie & les rérres abforbantes, mon premier foin fut de chercher un degré d'attraction, relatif aux acides, & examiner quelle place elle doit tenir dans la Table des affinités, publiée par M. Geoffroy. Je mêlai à fix onces d’eau trois dragimes de magnéfie en poudre très-fine, & une once de fel ammoniac. Je laiffai le tout digérer pendant fix jours dans une retorte adaptée à fon récipient. Pendant ces fix jours, le col dé la rerotte fur relevé un peu haut, & la ER de la vapeur qui y étoit condenfée , reromba dans le corps du vafe. n felvolaril & très-fec fe raffembla dans le récipient au commencement de l'expérience, & dans la fuite il fur diffout en efprit. Je trouvai dans la retorte, lorfque le cout fut refroidi, un peu de ma- gnéfie qui n’éroit pas encore diffoure, & du felammoniac cryftallifé. La liqueur faline fut féparée des deux autres corps, & elle fur mêlée avec de l’alkali volail. Il fe forma fur Le champ un coagulum , & j'obrins de la magnéfie. Après avoir féché & péfé exaétement la magnéfie , reftée dans la rerorte, fon poids alloit à deux ferupules & quinze grains. La derniere partie de cette expérience nous apprend que l’affinité de l’alkali volaril, relativement aux acides , eftplus force que celle de la ma- gnéfie, puifqu’elle fépare certe poudre de LécideMuel je lavois jointe ; mais il paroît auffi qü'une chaleur modérée feroit fupérieure à cette atrrac- tion, en enlevant l’aikali par degrés, tandis que celui-ci a laïffé la plus petite partie de l'acide volatil pour la magnéfie. Faites diffloudre une fubftance quelconque dans l’acide nitreux ou iarin ; ayez foin que la folution foit parfaitement neutre, c’eft-à-dire, qu'il n’y ait point d'acide fuperflu ; jettez dans certe folution une dragme de magnéfie en poudre, très-fine ; digérez pendant vingt-quatre heures ce mêlange fur de l’eau bouillante; ajourez-y le double de la quantité d’eau, délayés & filtrés : la plus grande parrie de la terre reftée fur lé filtre, fera calcaire. Si vous joignez de l’alkali à la liqueur qui aura été filtrée, elle vous donnera une poudre blanche, dont la plus grande partie fera de la magnéfie. BULIOE 1827 0: NE 218 Il paroît par certe expérience qu’un acide quirrera une terre calcaire pour s’unir à la magnéfie ; mais cet abandon fe fair lentement » de forte qu'il refte un peu de magnélie non-difloute , & une portion de la terre calcaire jointe à l'acide. Si l'on jette une petite quantité de magnéfie dans une folution de fublimé corrofif , elle fe diffoudra facilement après avoir féparé une partie du mercure fous la forme d’une poudre dont la couleur approchera de celle du rouge-noir. ; Comme je m'imaginai enfuite appercevoir quelque reffemblance entre les propriétés de la magnéfie & celle des alkalis , je voulus examiner quel changement elle éprouveroit par l'addition de la chaux-vive , fubftance qui attire fi confidérablement les alkalis. Je mèlai vingr-fept grains de magnéfie en poudre , avec dix-huit onces d’eau de chaux; elle fut mife dans un vafe exaétement bouché, & pendant quatre jours je l’agitai de rems en rems. Je trempai fouvent pendant les trois premiers jours de petits morceaux de papier enduits de fyrop de violette : à peine touchoïient-ils l'eau qu'ils devenoient verds. Ils ne changerent plus de couleur au quatrieme jour. Alors je renverfai l’eau; elle me parut entiérement infipide, & j'eus beau faire des épreuves différentes, je n’apperçus dans fes qualités aucune différence avec celles de l’eau pure. La poudre , après avoir été parfaitement defléchée , pefoit trente fept grains. Je ha la diffoudre entiérement dans l’efpric de vitriol; mais après une effervefcence fenfible , une partie refta dans le réfidu , comme cela arrive aux terres calcaires lorfqu’on y mêle un acide. Je commençai cette expérience par digérer le mélange à la chaleur de l'eau bouillante , & j'ignorois fi elle auroit également lieu, s’il étoit fim- plement expofé à la chaleur de l'athmofphere ; mais le Doéteur Alfton, qui a fait des découvertes fi curieufes fur la chaax-vive, m’apprit que la chaleur n’eft pas néceffaire , il a même de plus indiqué une propriété de la magnéfie que nous ne connoiflions pas; c’eft celle d’adoucir l’eau de la mer, dans laquelle on a mêlé de la chaux , pour en empêcher la cor- ruprion. ' Certe partie de poufliere feche , qui ne fe diffout pas dans l’efprit de vitriol , n’eft autre chofe que de la chaux féparée de l'eau. On a égalément adouci la chaux par la magnéfie en les mêlant, & les faifanc Dre dans une petite quantité d’eau. Je centai, par les expériences fuivantes , de découvrir fi cette fubftance pouvoir être réduite en chaux-vive. J’expofai à cer effet une once de ma- gnéfie dans un creufer, pendant l’efpace d’une heure, à un degré de chaleur fuffifanc pour fondre du cuivre : lorfque je la retirai , elle pefoit trois dragmes & un fcrupule; ainf, elle avoit perdu fept douziemes de fon premier poids. Je répétai avec de la magnéfie , ainf préparée , plufeurs des premieres 216 : RS : (0 MIROIR UN AE expériences faires avant la calcination , & le réfulrat fut tel que je vais l'indiquer. | La magnéfie diflout tous les acides , & en compofe des fels entiérement femblables à ceux qui ont été décrits dans les expériences dont j'ai parlé ci-deffus; mais il eft effentiel de remarquer, 1°. qu’elle fe diflout fans la moindre effervefcence. 2°, Elle précipite lentement le mercure du fublimé corrofif en forme d’une poudre d’un rouge noir. 3 ®. Elle fépare dans le fel ammoniac l’alkali volatil de l’acide, fur-tout lorfqu'on la jetre dans une folution chaude de ce fel; mais elle ne fépare point l’acide des terres calcaires, & ne produit pas la moindre altération fur l’eau de chaux. J 4°. Enfin, fi on en met digérer une dragme dans une once d’eau , elle ne fera aucun changement à l’eau. Lorfque la magnéfie fera feule, elle aura perdu dix grains; mais elle ne fera point d'effervefcence avec les acides, & elle n’alterera point fenfiblement l’eau de chaux. Obfervanc donc que la magnéfie perdoit au feu une aufli grande partie de fon poids, j'ai cherché à connoitre fes parties volatiles. A cer effet je rentai plufeurs expériences, & celle que je vais rapporter répandra du jour fur certe matiere, Trois onces de magnéfie furent diftillées dans une retorte de verre, garnie de fon récipient; la chaleur fut augmentée par degré, jufqu’à ce que la matiere fur prefque rouge. Lorfqu’elle fur refroidie, je ne trouva plus dans le récipient que cinq dragmes d’eau blanche , dont l'odeur éroir affez femblabie à celle de l’efprit de corne de cerf. Cette eau verdif- foit le fyrop de violette, & troubloir finguliérement la folution du fublimé corroûüf, celle de l'argent , & elle ne faifoit point d’effervefcence avec les acides. La magnélie retirée de la rerorte, & pefée, avoit perdu plus de la moitié de fon poids , & n'en avoit confervé qu’une once trois drag- mes & trente grains. Elle faifoir alors une légere effervefcence avec les acides , mais beaucoup moins apparente qu'avant l'opération. Le feu avoit été aflez vif pour la calciner entiérement , & il eft évident que l’eau forme la plus petite partie des portions volariles contenues dans cette poudre. Le refte ne peut être confervé dans les vaiffeaux fous une forme vifible, Les Chymiltes ont fouvent obfervé dans leurs diftilla- tions, qu’elle fe diflipe malgré les foins qu'ils prennent pour la retenir ; ils ont vu que c’étoit de l'air emprifonné dans le corps foumis à l’expé- rience ; que le feu l’en dégage, & qu'alors il reprend fa fluidité & fon élafticité. Nous pouvons donc conclure que la matiere qui s’évapore pen- dant la calcination de la magnéfie , n’eit autre chofe que de l'air. C'eft pourquoi la magnéfie calcinée ne donne point d’air , & ne fait aucune gffervefcence lorfqu’on la mêle avec les acides. L'eau qui refte dans cette opération paroît contenir une petite portion d’alkali ot Le EME NET AO IE re: 217 d'alkali volatil, qui probablement à été formé de la terre, de l'air, ou de l'eau , ou peut-être par la combinaifon de ces trois élémens, peut-être mème d’une certaine matiere inflammable, accidentellement adhérence à la magnéfie. Lorfque les Chymiftes rencontrent ce fel , ils attribuent fon origine à quelque fubftance animale ou végétale putride ; cependant il n’eft pas douteux qu’il peut être produit par d'autres caufes , puifque le rartre & les végétaux frais en contiennent beaucoup. Comment pour- roit-on fuppofer une matiere animale ou végétale adhérence à la magnélie, lorfqu’elle eft diffoute par un acide , divifée enfuite par un alkali, & lavée à plufieurs eaux. J'ai calciné comme ci-deflus, dans un creufet , deux dragmes de magnéfie ; elles ont été réduites en deux fcrupules & douze grains. Je l'ai enfuire diffoute dans l’efpritde vitriol, puis féparée de l'acide par beau- coup d’alkali; alors , bien lavée & bien féchée, la magnéfie pefoit une dragme cinquante grains. Son effervefcence fut violente , 1l en fortit beaucoup d’air ; en y ajoutant des acides, elle forma une poudre rouge, qui, mêlée avec du fublimé , fépara les terres calcaires des acides, & adoucit l’eau de chaux. Par ce procédé, je lui rendis tout ce qu’elle avoit perdu par la calcination, & même jufqu’à fon poids. Si donc, par cette opération, elle fait effervefcence avec les acides , il eft évident que la petite portion qui manquoit étoit de l'air. Cet air a pu être fourni par l’alkali après avoir été féparé par l'acide. Le Docteur Hales a démontré que les fels aikalis contiennent beaucoup d'air fixe ; qu'il s’en dégage abondamment & avec précipitation lorfqu’on unit ce fel avec un acide pur. Dans la circonftance préfente, l’alkali eft réellement joint à un acide , il n’en fort point d’air, & cependant il ne retient point cet air; la preuve en eft que le fel neutre qui en réfulte, eft le même en quantité aue fi l’acide n'eut point été abforbé par la ma- gnéfie. Il eft donc raifonnable de conclure que l'air chaffé de l'alkali par lacide , s’eft logé dans la magnéfie. Ces confidérations m'ont conduit à tenter d’autres expériences , pour me mettre en état de connoître la quantité d’air qui fort d’un alkali par l’action de la magnéfie , ou par l’union d'un acide. J'ai mis dans un flaton, ou bouteille allongée de Florence, une once d'eau & deux dragmes de fel alkali fixe; le tout pefoir deux onces & deux dragmes. J'y jetcai de l'huile de vitriol délayée dans l’eau, jufqu’à ce que Le fel fur entiérement digéré, il Le fur effectivement , & j'eus deux dragmes, deux fcrupules & trois grains de cet acide. Le flacon, avec fon contenu , pefoit alors deux @nces quatre dragmes & quinze gros. Pen- dant l’ébullition , il s'évapora un fcrupule huit grains. La plus petite partie de cerre perte eft vraifemblablement de l’eau, ou quelque fubftance à-peu- rès de la mème nature ; le furplus eft néceffairement de l'air. Le célébre Homberg à effayé de dérerminer la quantité de fel contenue Tome I, Part. 111. Ee 218 EMA SACNO TNUAOURS dans une portion déterminée de différens acides. Il fit digérer féparément des quantités égales d’alkali dans chacun des acides, & par l’obfervation du poids que l’alkali avoit acquis , après avoir été defféché, il fixa la quantité de fel contenu dans l'acide. J'opérai fur deux dragmes de magnéfie de la mème maniere dont je m'érois fervi pour les alkalis : elle fut diffoute par quatre dragmes, un fcrapule & fept grains d'acide, & par l’ébuilition, elle perdit un fcrupule & feize grains. Je réduilis deux dixiemes de magnéfie par la violence du feu , à deux fcrupules & douze grains, & il me fallut quatre dragmes, un ferupule & deux grains du mème acide, pour completter la diftiilation ; il n’y eut point de perte. . Comme dans la féparation des parties volatiles & fixes des corps, par: le moyen du feu, le volatil entraîne roujoufs un peu de fixe , de‘ même aufli dans mon opération l'air & l’eau contenus originairement dans la magnéfe , avoient fans doute , en fe diflipant, entraîné une partie de erre fixe; voilà aufli pourquoi il faut moins d’acide pour difloudre la magnéfie calcinée, que lorfqu’elle ne left point. C’eft par la même raifon que la diffolurion & la précipitation ne peuvent lui rendre le poids qu’elle a perdu. J'eus foin de délayer l'acide vitriolique , afin d'éviter la chaleur & l'ébullition qu'il auroit exciré dans l’eau; & je choifis un Aacon de Flo- rence, parce qu'il me ie plus propre à mon opération : effectivement les vapeurs élevées par l’ébullition , circulerent pendant un perit efpace de tems dans le vuide de la phiole, & elles fe fixerenr bien-tôt fur les cotés comme une efpece de rofée, rien ne s’éleva vers Le col, & 1l fur exacte- ment fec jufqu'à la fin de l'expérience. Il eft aifé d’appercevoir pourquoi la magnéfie crue , & la magnéfie cal- cinée, qui différent tant entr'elles , compofent cependant le même fel lorfqu’on les diffout dans un acide ; effectivement la grande différence entre ces deux efpeces , eft que la premiere contient beaucoup d’air qui fe difipe pendant la diflolution. Il paroît probable, d’après mes expériences , que l’augmentarion de poids que quelques métaux acquierent, lorfqu'après être diffous par un acide on les fépare encore par des alkalis, provient de l'air que ces alkalis leur fourniffent. Dans /’or fulminant que l'on prépare de cette ma- niere ,4 l'air tient à l'or d’une façon particuliere ; il ne faut qu'un petit degré de chaleur pour lui rendre toute fon élafticité. Ainfi, c’eft au choc violent qu'il donne à l'air qui l’environne , que nous devons attribuer le bruit de fon explofion. Ceux qui s’imaginent que l’explofion d’une aufli perire quantité d’air fixe que celle contenue dans l'or fulminant , ne peut fuffire pour caufer un aufli grand fracas , font priés de confidérer que ce n’eft pas Le volume des fecoulles , mais leur vivacité qui produit le fon, & PPT IOE UT (OL. LE: 219 que des particules prefqu'infenfibles d’air fxe, feront un bruit terrible fi leur exploñon eft foudaine. Je dis encore que, lorfque les alkalis volatils, & les terres abforbanres communes, privées de leur air par les acides , le recouvrent lorfqu’on les fépare par les alkalis, qu’alors ils le reçoivent des alkalis mêmes qui l’a- voient perdu dans l’inftant de leur jonétion avec les acides. Je vais rapporter quelques expériences fur trois efpeces de rerres abfor- bantes ; je les ai faites feulement pour les comparer entre elles, & les comparer enfemble avec la magnélie. Soupçonnant que la magnéfie pouvoit n'être qu’une terre calcaire ordi- naire, qui avoit changé de nature par fa combinaifon avec l’acide, je pris une petite quantité de chaux, que je fs digérer avec l’acide muriarique; j'en féparai enfuire l'acide au moyen d'un alkali fixe, & lavai le fel avec foin. La chaux, après fa deflication , ne me parut pas avoir fouffert la moindre altération ; elle fit effervefcence avec l’acide vitriolique , mais cet acide ne put la diffoudre. Je l’expofai au feu , & elle devint chaux- vive. Je répérai la même expérience avec l'acide vitriolique , le réfulrat fut le même. Une matiere calcaire quelconque réduite en poudre, & jertée dans une folution d’alun, fait fubitement une violente effervefcence ; mais la poudre ne fe diffout point ; & fi l’on continue l'opération jufqu'à ce qu'il n'y ait plus d’efervefcence , la liqueur perd alors fon goùt aluné, & elle ne fait plus qu’une légere effervefcence par fon union avec l’alkali. Cette expérience nous apprend que les acides ont plus d’afhinité avec les terres calcaires qu'avec la rerre d’alun; & comme l'acide eft exacte- ment le même dans ce fel que dans le vicriol , il compofe avec la terre une fubftance neutre, qu’il eft très-difficile de difloudre dans l’eau , & qui conféquemment rerombe au fond du vaiffeau avec la terre d’alun qui vient de perdre fon acide. La petite effervefcence formée par l'alkali, vient des petits compofés calcaires que l’eau à féparés. La verre des os des animaux réduite en poudre , & jertée dans un acide vitriolique délayé , abforbe graduellement l'acide comme les terres cal- caires, mais fans effervefcence. Si on y ajoute un acide nitreux ou muria- tique, la diflolution eft très-lente. La liqueur qui en réfulte eft extrèmement âcre ; elle change en rouge le fyrop de violette, même après être entiére- ment diffoure avec l’abforbant. Le vinaigre diftillé a peu ou point d'effet fur cette verre , puifqu'après une longue digeftion , elle retient un goût acide, & ne donne qu'une légere effervefcence par l'addition d’un alkali. En verfant un alkali fixe, diffous dans une folution chaude d’alun, je retirai la terre de ce fel; ce fel, après être phfficement lavé & féché , avoit les propriétés fuivantes. Il fe diffout dans tout acide, quel qu'il foit, mais lentement, fi l’on Een) 220 AMP SN TI NO MATINERNUCE n’employe pas le fecouis du feu. Ses diverfes folutions font aftringentes , elles ont un goût acide, & elles reffemblent à la folution d’alun, en ce qu’elleschangent en rouge l’infufon de tournefol. Le feu le plus violent ne peut convertir cette terre ni celle des os d’ani- maux : l’une & l’autre de ces terres femblent n’attirer que foiblemenc les acides , & changer beaucoup moins de qualité lorfqu’on les y joints, que lorfque l’on les unit aux autres abforbans. HISTOIRE NATURELLE. OBS ER RAA EEE OPEN ES Tirées du voyage en Californie , de M. l'Abbé Chappe ; de l'Académie Royale des Sciences, £: Es animaux quadrupedes que l’on trouve à la Vera Cruz & dans le Mexique, font les mêmes qu’en Europe ; mais parmi les infeétes il en eft un particulier qui mérite d’être remarqué. On l’appelle »igua (1). La nigua eft noire, & a quelque reffemblance avec la puce, dont elle n’excede point la grôffeur ; elle s'attache communément aux pieds ou aux mains, & s’infinue petit à petit dans la chair qu’elle ronge, en caufant d’abord des démangezifons très vives. Elle s’enveloppe d'une membrane ronde, de la groffeur d’un pois : elle y pond fes œufs. Si on la laïffe trop Jong temps féjourner dans la plaie , ou fi, en l’arrachant, on‘a la mal- adrefle de la créver, la partie attaquée fe trouve remplie des œufs de cet animal ; & l’on eft alors obligé de couper toutes les chairs infeétées de cette vermine ; mais ce qu’il y a de plus dangereux , c’eft que la plaie de- (1) Ce que l'Auteur dit de cet infeête, ne défigne point aflez fes caracteres parti- culiers pour décider fi c'eft une efpece différente de celle que le Chevalier Von-Linné définicainfi dans le SysT. NAT. Ep1t. x111, p. 1021 : Pulex penetrans probofcide cor - poris longitüdine. Acarus fifcus probofcide acutiori. BRow. 1AM. 418. Ileft connu en Amérique fous le nom de chique , où, pour s’en garantir , on fe frotte les pieds avec des Feuilles de tabac broyées, ou avé@tla décoétion de quelques plantes ameres ; ce qui feroit penfer que le nigua du Mexigüe differe des chiques , puifque les Mexicains ne font pas ufage d'un remede fi fimple, & qui préviendroit les fcarifications & les &mputations qui rendent leurs pieds monftrueux, UN AE TNT RS (EU D) DE. 221 vient, dit-on, mortelle , fi l'on y laiffe couler de l’eau. Auf le premier foin , après avoir arraché la nigua , doit être de boucher avec du fuif le trou qu'elle a fait en s’enfonçant dans la chair. Cet infecte eft très-com- mun aux environs de la Vera-Cruz. Les Indiens en ont les pieds rongés & tout difformes par les coupures & les incifions qu’ils font obligés de fe faire chaque fois qu’ils font mordus d’une nigua. Il paroi que ce même animal fe trouve aufli dansune province du Pérou Frezier, dans fa relation du voyage de la Mer du Sud , en parle à peu près dans les mêmes termes, fous le nom de pics ; mais celui-ci eft fans doute moins dange- reux que la nigua de la Vera-Cruz. Ce voyageur ne dit point que l’eau puiffe rendre fa morfure mortelle. a OA BARONNE Re OV A ET- HO: N13S Tirées d'une lettre écrite de Mexico à | Académie Royale des Sciences , par Dom de Alzace y Ramyres. J: vous envoie des poiffons vivipares à écailles. Voici les fingularirés que j'ai obfervées en eux. Si, en preflant avec les doigrs le ventre de la mere, on en fait fortir les petits avant le remps, en les examinant au microfcope , on y obferve la circulation du fang, telle qu’elle doit être dans un poiffon déja grand. Si l'on jette ces petits poiffons dans l’eau, ils * nagent aufli bien que s'ils avoientc vécu long-remps dans cer élément. Les g q mâles ont les nageoires & la queue plus grandes & plus noires ; de forte qu'à la premiere vue on peut facilement diftinguer les deux fexes. La maniere de nager de ces poiflons eft finguliere. Le mâle & la femelle nagent enfemble fur deux lignes paralleles, la femelle au deflus & le mâle au deflous : ils confervent toujours ent®eux une diftance con[- tamment uniforme & un parallelifme parfair. La femelle ne fait pas un feukmouvement , foit de côté, foi vers le fond qu’il ne foit à l'inftant imité par le mâle. Entre les infectes les plus finguliers , on trouve ici une araignée qui mérite une attention particuliere : elle reffemble par la figure aux taren- tules du royaume de Naples. Elle peut avoir huit lignes de long; elle eft velue, fa couleur eft cendrée. Jamais on ne la voit le jour ; elle ne paroît la nuit qu’en temps ferein , mais elle annonce une pluie prochaine : c’eft un baroimetre infaillible. ; Je crois avoir dir que j'ignorois qu’il y eût des pétrifications dans le royaume du Mexique : je me fuis afuré depuis qu'il s’en trouve quel- ques-unes dans le perit lieu de Cha/ma. J'ai vu des coquilles rrès-précieu- fes trouvées à Souyra. La matiere eft précifément celle dont on tire l’ar- 222 HR TES EE TA lOUNT OURAVE gent & l'or. On m'aflure aufli que dans la province de Roucra on a trouvé, en creufant dans une mine des corps humains pétrifiés, dont on a tiré beaucoup d’argent ; & entr’autres , le corps d’une femme tenant fon en- fant dans l'attitude de lui préfenter le fein. Les deux corps font par- faitement pérrifiés ; ils ont rendu une quantité confidérable d'argent. Ce fur me paroiffant fingulièr , j'ai voulu en être affuré par la dépofition des témoins oculaires. J'ai écrit en conféquence à des perfonnes de cette province. Je parlerai ici d’une fingularité qui fe trouve dans le domaine royal des mines de Paëlucca : c’eft une montagne formée de pierres qui ont toutes les figures imaginables. On trouve les pierres taillées de la groffeur & de la figure dont on peut les defirer. On n'a que la peine de les détacher du monceau. Ces pierres ne font pas rangées horifontale- ment, mais perpendiculairement à l’horifon; & telle qu’eft une de ces pierres, on peut être affuré que routes celles qui font au-deffus ou au- deffous lui reffemblent (1). Ce que je vais rapporter n’eft pas de mème efpece, mais ne mérite peut-être pas moins d’attention. Il s’agit d’une pierre dont je ne puis fpé- cifier la grandeur, parce que la plus grande partie fe trouve enfoncée dans la terre : fa furface extérieure eft de plus de trois pieds ; fa couleur eft celle du marbre noir, à l'exception d’une tache, ou plutôt d’une in- cruftation de matiere différente qui s’y trouve comme amalgamée. La fingularité de certe pierre confifte en ce que le coup Le plus léger qu'on lui donne avecle doigt, y occafonne un fon avec des vibrations de longue durée : aufli cette pierre a été nommée la pierre-cloche , tant le fon qu’elle rend, reemble à celui d’une cloche. Elle fe trouve dans le lit d’une riviere qui ne coule pas toujours, & qui traverfe la ville de Cuanrla. On trouve dans une des mines du domaine royal de Huajannato , des pierres , ou, pour mieux dire , dans toutes les pierres qu’on tire de certe mine , de quelque maniëte qu’on les divife, la repréfentation d’un cedre admirablement imité. 11 y a dans quelques-unes de ces pierres une parti- cularité remarquable ; la partie, qui forme l'image du cedre , eft de pur argent, & le reite de la mine eft propre à en fournir. On connoït cette mine fous le nom de mine de cedre, tant à caufe du cedre repréfenté fur ces pierres, que parce qu’à l’enrrée de la mine 1l y a réellement un très- beau cedre; rencontre affez finguliere. Les vicrifications naturelles que les Indiens appellent pelifles , abondent à Mexico, fur -tout dans la partie boréale ; mais le lieu où elles fe trouvent en plus grande quantité , eft le village de Zuia- Pequaxo , près de Valladolid, On y voit des montagnes qui ne (x) Ceci paroït être une pierre de bafalte , de mémenature que celle de la Comté 'Antin en Irlande, que l'on appelle payé des géants. NIMAUPT TOR ES 16 /EÛ 2 113 font pas d'autre matiere. C’eft de-là que.ce village a tiré fon nom, qui eft celui que l’on donne à ces vitrifications dans l’idiome de Mi- choacan ( 1). Il me refte à parler d’un fait fingulier qui me paroît avoir un grand rapport avec les expériences électriques. Un domeftique, percla de fes deux bras, ( je ne fais fi c’étoit de naïffance ) occupé à y garder des ânes, & revenant un foir des champs à la maifon, fuéfurpris par un orage furieux. Il fe réfugia fous un arbre, pour fe mettre à couvert de la pluie, Là il fut frappé d’un coup de foudre ,,qui le laiffa quelque remps éva- noui. Îl ne fut point bleflé d’ailleurs ; au contraire, revenu à lui, il eut la fatisfaétion d’avoir retrouvé le libre ufage de fes bras & de fes mains, DO RPO AR NTERT E L TO EN D'une produëlion extraordinaire , formée [ur la tête d’une abeïlle : con- jeilures [ur cette maladie , pañ M. de Lar. **, Nos confidérions de près, M. Bruyfer & moi , une ruche en l’année 1771, dans les premiers jours du mois de Juin, avant qu'aucun effain eût pris l’effor. Au milieu d’une troupe d’abeilles, qui, après une pluie pallagere, venoient s’ébattre fur les bords de la ruche , & ranimer leurs forces aux rayons du foleil, nous diftinguâmes une abeille ouvriere qui portoit fur la partie antérieure de larère , un corps fingulier, une excroif- fance qui fixa notre attention, nous nous faisimes de la mouche, pour l’obferver avec foin. Elle n'offroit rien de particulier dans fa conformation générale. Elle nous parut feulement un peu plus petite que les autres ouvrieres de la même ruche; &, à la couleur des poils de fes anneaux, nous préfumäa- mes que c'étoit une jeune abeille de l’année. Comme elle avoit laiffé fon aiguillon , en piquant celui qui l’avoit rife , nous ne pouvions efpérer de la conferver long temps envie; dans É crainte d'accident qui la diftinguoit, ne fe difipât après fa mort, je la deflinatur le champ; j'en joins ici la figure ; l’infeéte eft vu à la (1) Les vitrifications que Dom Alzate a envoyées à l'Académie, font un laitier de volcan , un vrai verre ferré . pefant , d'une couleur noire; c’eft la pierre de galinace des Efpagnols, & peut-être la vraie pierre ob/fdienne de Pline. Ce que dit Dom Alzate, prouve qu'aurrcfois 1l y avoit un volcan au lieu ou près du lieu où fe trouve bâtie la vilie de Mexico. Tout ce pays en général offic des reftes d'anciens volcans qui fans doute y ont été très-communs. 214 ; ; PL DIS M TROT ROME ) loupe ; toutes fes parties ont plus que le double de leur grandeur natu= celle. ( Voyez la planche IT, fig. I.) Le corps qu’elle porte à fatète, prend naiffance entre les deux anten- nes, & près de leur infertion, dans la partie écailleufe & antérieure de la tête. Ce corps, obfervé à la loupe & à l'œil nud, paroït compofc de qua- tre petits pédicules jaunes, d’une ligne de long , terminés chacun à leurs fommets par un bourôn d'un jaune verdâtre, dont le diametre a près d’une demi ligne. Les pédicules font à demi tranfparens; leur confittance eft molle, Aexible ; ils cedent & plient crès-facilement lorfqu’on les touche avec le doigt ou avec la pointe d'une épingle. Les boutons paroiffent à l'œil , opaques & folides ; mais vus à la loupe , on reconnoit que ce font des efpeces de houpes, compofées de petits fleurons ou d’excroifflances velliculaires, alongées , raffemblées en boule. La forme de ces corps peur ètre comparée à celle des éramines de quelques fleurs, par exemple, de l’épine-vinette (berberis ). Ce font en effet des filers furmonrés de leurs fommets. Ils font défignés dans la figure ar la lettre A; la lettre B indique les antennes de la mouche avec lef- quelles on ne doit pas les confondre. Ces petits corps , dans l'infecte vivant, quoique flexibles, n'avoient aucun mouvement fpontané. Ils ne perdirent point leur foupleffe après {a mort; ils l'ont mème confervée depuis près de deux ans que je le garde dans mon cabinet. Je dois ajouter qu’au premier inftant nous foupçonnâmes que ce pou- voit être quelques corps étrangers , comme des fragmens de fleurs , des étamines , du pollen ou cire brute, qui s'étoient accidentellement collés à la tête de la mouche , ou engagés entre fes machoires; l’obfervarion la plus atrentive , faire avec de fortes loupes, nous affura que ces corps étoient réellement adhérens , & qu’ils prenoient naïffance dans la partie écailleufe de la ère, où ils font encore comme implantés. … Quelle conje@ure former fur l'origine & fur la nature de cette pro- duction ? A la premiere infpection elle rappelle, par fa couleur & par fa forme , quoiqu’en petit, certains champignons alongés en maflue , du genre des clavaria , qui adherent aux prérendues mouches végétales de Saint-Domingue & de la Martinique. Ces infectes font très-connus au- jourd’hui : ce font les 2ymphes d’une petite cigale, nommégfgaraibe. La nymphe s’enterte pour fe métamorphofer ; & comme elle meurt fouvent avant fa transformation , de petits champignons prennent naiflance fur fon cadavre , à la maniere de plufieurs plantes de certe famille, qui ne naiffent que fur des corps putrides. De là eft venue la fable des souches végétales (1). x) Le Docteur Hüll eft un des premiers Naturaliftes qui ait dévruir cette fable. Voyez I: Journal encyclopédique, Février 1765. Voyez aufli les Obfervations fur la Phyfi- que, l'Hiftoire naturelle & les Arts, premiere année, rome I, part. IL, p. ee ‘ AVlAIs D 2 ct NU A TOM ER BEN LE. 215$ Mais la production dont il s’agit ici, tenoit à un infeéte vivant, & qui jouilloic de toute fa force , ainfi qu'il eft prouvé par l'acte de ven- geance qui lui coûta la vie. D'ailleurs elle wa point la confiflance folie des clavaria : ainfi nul rapport à chercher entre ces objets. Peut-on penfer que l'infeétéayant étéprécédemment bleflé à la tère, il en foir forti d’autres efpeces de champignons ou produétions végéra- les ? Il eft vrai, qu'après des fractures d'os , en Otant les bandages & les éclifles , on a quelquefois trouvé des champignons formés pendäne la cure ; mais il paroît conftant qu’ils n’adhéroient pas au corps de l’animal , & feulement aux éclifes, parce que tous les bois pourgis peuvent pro- duire des champignons ou des mucor. Enfin , comment fuppofer dans la tête d’une abeille une fracture qui ne lui eût pas’ coûté la vie? Il paroït plus naturel de confidérer les petits corps nés fur fa tête, comme des produétions purement animales, comme une maladies une forte de loupe , comparable aux polypes qui naïffent dans le nez de l'hom- me, & à ces excroiflances fongueufes que certains virus occafionnent en d’autres parties du corps. 11 eft néanmoins fingulier que depuis près de deux ans ces excroïflances fe foient confervées , fans perdre leur fou- pleile , fans fe détacher de la vète de l'abeille , & fans altération dans leur couleur , fi ce n’eft que les petits boutons ont pris une légere teinte rou- geatre. Il paroït réfulter de ces obfervations que leur confiftance eft uni- quement membraneufe. . Si une pareille maladie fe multiplioit dans les ruches , il feroit très- intéreffant d'en chercher la caufe, pour en prévenir les effets. Un corps aufli confidérable , relativement au volume de l’infeéte , doit l'épuifer , l'inquiérer , le fatiguer, & vraifemblablement le conduire à la mort. Lorfque le hafard & nos recherches nous feront rencontrer un pareil ac- cident, nous ferons nos efforts pour conferver l'abeille en vie : en la nour- riflant dans un botal, nous nous propofons d'examiner s’il eft quelque moyen facile de la délivrer de ce corps , s’il prend un prompt accroiffe- ment , & en combien de remps il fair périr le laborieux infecte qui four- nit dans les arts des matieres fiutiles , & en morale tant d'exemples à imiter. . Quelques perquifitions que nous ayions faites dans les écrits de MM. Swammerdam, Réaumur, de Linné, Bafin, Geoffroi, nous n’a- vons trouvé aucune indice de cetre petire obfervarion. Nous avons cru devoir la conftarer, parce qu'il n’eft point de petirs faits dans la na- ture, qui ne puilfent devenir intéreffans , ou par eux - mêmes , ou par leur comparaifon avec d’autres, Se Tome I, Part. IIT, Ff 226 ARSRNATINS, AR Ses ADDITIONS ET CORRECTIONS NOUVEELES Faites aux machines pneumatiques & éleëlriques. \ Ffs les fciences approchent de la perfection, plus les moyens fe mul- tiplient , même en fe fimplifant. Nous avons vu dans le cabinet de Phy- fique expérimentale de M. Sigaud de la Fond, un des plus complets en ce genre , deux machines , dont la defcription fera néceffairement plaifir à ceux qui ne connoiflent que les anciennes machines pneumatiques & éleétriques , & à ceux qui voudront en faire exécuter de femblables : toutes deux font fous la forme angloife, mais beaucoup plus exactes que celles qui nous viennent de cette Ifle. MYANC'H IIN ES PEINE AU, M AMI QUU.E, PlancheT, figure I. Cette machine eft à deux corps de pompe AA, dont les piftons font mis en mouvement par deux grues à crémaillieres BB , conduites par une manivelle C, qui fait mouvoir une roue dentée, dont des pivots paroiflent en D, au milieu de deux platines de cuivre EE. Ces deux platines fervent en même temps avec les deux piliers FF à contenir toutes les parties de la machine , & à lui donner toure la ftabilité qu’elle doit avoir. Sous la platine G, regne un canal qui communique avec les deux corps de pompe , & qui vient s'ouvrir en H, centre de cetre platine. Vers le milieu de ce canal, entre les pompes & la platine , eft placé un robinet dont la clef I convenablement percée fert à trois ufages , 1°. à établir une communi- cation entre les corps de pompe & le récipient K, dans lequel on fe propofe de faire le vuide ; 2°. à fermer enfuire d’une maniere exacte cette communication, & à contenir le vuide dans l’état où on l’a amené par la fuccion des pompes ; 3°. à ouvrir enfin une communication entre l'air extérieur de la capacité du récipient, pour le détacher de la platine. Ce robinet, dont l'application induftrieufe eft due à M. Sigaud de la Fond , eft pofé de maniere qu’il ne fait que les trois quarts d’une révo- lution pour produire ces trois effets , & la perfonne la moins inftruite ARTS. 27 en conçoit aufli-tôt le mouvement. Il remédie à l'inconvénient des fou- papes qui laiflent toujours quelque efpace à l'air, & qui ne peuvent con- té vuide auffi long-temps. Les foupapes , qui ne font autre chofe qu’une peau très-fexible bien préparée À l'huile & exactement liée fur les deux portées qui reçoivent les bafes des corps de pompes, font appliquées de maniere qu’elles livrent palfage à l'air du récipient , au moment où les piftons montent dans l'in- térieur des pompes, & elles lui refufent la faculté de réntrer dans le réci- pient lorfque les piftons defcendent. Ces piltons font eux - mêmes perforés dans toute leur épaiffeur, & portent de femblables foupapes fur leur furface fupérieure. Ces denniers cedent au moment où les piftons defcendent , & s'ouvrent fuffifamment pour donner iflue à l'air que les piftons viennent d’évacuer. Cette machine réunit plufieurs avantages. Elle eft aufli exacte que les meilleures faires felon la forme ordinaire , qui font munies d’un robinet qui fonctionne dans l’action. Il eft plus facile de manœuvrer avec celle que nous venons de décrire ; elle tient beaucoup moins de place , & on la fixe aifément fur une table par le moyen des écrous ; enfin elle pré- fente un crès-bel effer dans un cabiner de Phyfique. MACHINE ÉLECTRIQUE. Planche IT, figure I 1. à La machine éleétrique eft faite d’un plan de glace circulaire Fig. ZT. A percé dans fon centre ; à travers l'ouverture pale un arbre de cui- vre B, qui fe meut circulairement, à l’aide d’une manivelle C. Le mou- vement de cette glace s'exécute entre les couffiners DDD , remplis de crins & recouverts de bafane. Ces couflinets font poullés & maintenus contre les deux furfaces de la glace par des refforts à boudins, logés dans l'épaiffeur des montans EE folidement établis fur une planche GG, & fourenus par en haut à l'aide d’un ceintre F. HH eft un gros tube de cui- vre terminé de part & d’autre par des boules de mème métal. C'eft le conducteur : il eft communément monté & ifolé fur une colonne de cryftal, à la place de laquelle on a fubititué dans la gravure une boutcille de cryftal revêtue intérieurement & extérieurement de feuilles d’étain. Du bouchon de ce vaifeau vend fur le fond une petite chaîne qui tranf- mer l'éleétriciré du conducteur à ce vailleau; c'eft ce qu’on appelle le foudre éleétrique. ts Le conducteur HH reçoit la matiere éleétrique de la glace, à l’aide de quelques pointes implantées dans deux efpeces de baflins qui terminent les extrémités de l'aire Il, adaptés à l'extrémité antérieure du con- duéteur. K eft une colonne de bois dont l'axe eft fait d’une tige de métal qui FF ij Société Philofo- phique de Philadel- phie. 228 A R TS. touche pat fon extrémité fupérieure à une vis L, qui :traverfe la tête de la colonne. Cette machine fait l'office d'éleéfromerre ; elle fert à mefurer la diftance à laquelle l’érincelle éleétriqué fe porte : M eft une .petire échelle parallele à la vis qui mefure certe diftance. Si les pas de la vis font d'une demi- ligne, & que la roferte N foir divifée en douze parties éga- les, on conçoit aifément qu'on peur mefurer cette diftance jufqu'à la vingt-quatrieme partie d’une ligne. Cerre machine ainft appareillée s'établit fur une table folide , par le moyen de deux petits éraux O , qui fesplacent vers les extrémités de la -planche G. P eft une efpece de plateau de bois coupé quarrément d'un pied ou environ de face, établi fur quatre colonnes de cryftal : il fert à ifoler les perfonnes qu’on fe propofe d’électrifer. M. Ramfdem , célébre Artifte, à Londres, parvint, il y a trois ans, à donner à cetre machine la conftruétion que nous venons de décrire, & à la fouftraire à ces verribles accidens que caufent fi fouvent les machines à globes. On doit cependant dire que dans les machines envoyées par M.Ramfdem ou par fes éleves , d'Angleterre en France , les couflinsn'é- P 3 5 » toient pas allez aujertis & le conducteur tropfoible ; ces deux irréguralités nuifoient effentiellement à l’éleétricité des effets. M. Sigaud de la Fond a parfaitement reméedié à ces deux défauts. On lui doit la difpofition d’une efpece d’armoire de 32 pouces de longueur , 16 de largeur, & de 18 dehauteur , dans laquelle on renferme les pieces nécelfaires pour répé- ter toutes les expériences de l'électricité, & la machine pneumatique qui vient d’être décrite fe trouve également renfermée dans cette même armoire. On peut en voir la difpoñtion dans fon Cabinet de Phyfique, & cet habile démonftrateur fe fait un plailir de donner les renfeignemens . que l’on demande, DiEs SG RE ISP AT; EE OùN D'une machine pour pomper l’eau des vaiffeaux , fans employer le fecours des gens de l'équipage ; par M. Richard Wells. Luxe les traverfées immenfes que l’on fait aujourd’hui d’un pôle à l'autre, les vaifleaux font continuellement expofés à faire eau , & quel- quefois elle devient fi abondante, que l'équipage peut à peine fuffire à la pompe. Cet excès de travail épuife les forces du matelor, qu'il eft cependant néceflaire de ménager pour la manœuvre journaliere. Lorfqu'un vaiffeau fait eau en pleine mer, & fur-tout lorfqu'on ne peur découvrir la voye par où elle s’infinue, au lieu d'épuifer l'équipage AURA LS: 229 il eft poffible de conftruire à peu de frais une machine pour la vuider , & fans occuper les matelots. Prenez un mât de Hune de rechange , de huit ou dix pieds de longueur, au plus, fuivant la grandeur du vaiffeau ; pratiquez dans le bout le plus épais quatre mortaifes , dans lefquelles vous ferez entrer quatre avirons de maniere qu'ils forment une croix ; vous clouerez fur les autres extré- mités quatre pales, ce qui formera une très-bonne roue, fi les avirons ont du corps. À l’autre extrémité , fxez une manivelle femblable à celle d’une meule à aiguifer , ou à fon défaut , prenez un morceau de fer, auquel vous donnerez cette forme, en obfervant de le bien aflujettir pour qu'il ne vacille point. Clouez en{uite deux tenons fur la partie antérieure de la poupe , pour..y placer une feconde manivelle, dont la face extérieure doit regarder l'avant du vaiffeau. La partie faillante de cette manivelle doit ètre fort courte, mais répondre cependant au diamètre de la pompe , pour que le, pifton plonge plus avant, & ait plus de facilité dans fom jeu. Le manche doit être aflez gros pour pouvoir y pratiquer une ouver- ture affez grande pour recevoir une piece en travers qu'on afujettira avec un boulon de fer, fur lequel elle puille jouer. Cette piece doit être percée à l'extrémité pour recevoir le bout de la manivelle. Fixez enfuite le bras auquel font attachés les avirons fur deux fuppôts faits en forme de four- ches, dont l’un doit être fur le plat-bord , & l’autre près de la pompe , obfervant d’arrondir les échancrures par le bas, pour diminuer le frotre- ment, & faciliter le jeu de la machine. Un bouion de fer fera pallé en travers pour l'empêcher de fortir. La roue n'aura pas plutôt touché l’eau, qu’en tournant elle fera jouer le pifton de la pompe. Si l'ouverture de la pompe a quatre pouces de diame- tre, & quela verge ou le pifton parcoute à chaque coup un efpace de dix- huit pouces , il vuidera deux cents vingt pouces cubes d’eau, & en fuppo- fant que le bras de la roue foi éloigné de fix pieds du centre , la roue tournera environ cent quarante-fix fois dans l’efpace d’un mille, ou fept cent cinquante fois par heure , tandis que le vaifleau file cinq nœuds ; ce qui revient à neuf muids. Si la furface de l’eau eft éloignée de quinze pieds de l'endroit où la pompe fe vuide, un homme pourra fans fe fariguer enlever environ trente muids par heure; mais ce calcul-n’a lieu que pour les pompes de la gran- deur ordinaire. Je ferois donc d'avis qu’on en employät de plus grofles , à caufe de l'avantage qu’on en peut retirer , comme on va le voir par la table fuivante. Une pompe, dont l'ouverture à quatre pouces de diametre, vuidera par heure pour chaque cinq nœuds . . . . . 9 muidsd’eau, cinqpouces ps NEA 14-+ fr pouces LME IRN En. | '. MERDE Épepouces ete 2 MN PRE CL LS Le. LP HMPIPOUCES ++ = Ne Ml ot | + 7 re 230 CAF"ER . DOTE: Ou voit par-là qu’une pompe dont l'ouverture eft de huit pouces,ivuidera, par le moyen de ma roue, autant d’eau qu’un homme en enleve com- munément : Si l'on fait agir les deux pompes à la fois par le moyen dela manivelle, elles vuideront le double, ou 74 muids. Que fi on fixe une roue d'environ trois pieds dix pouces , avec fix autres à l'extrémité de l’axe , & qu'on fafle paller la manivelle par une lanterne d’environ deux pieds de diametre, & à dix crans qui fe meuvent avec l'axe parallélement au pont, & qui tienne à la pompe, la manivelle fera environ quatre tours , dans le tems que la grande roue en fait un; alorselle donnera 296 muids par heure : néanmoins comme la réfiftance que font les pompes, rallentit le mouvement de laroue, elle ne tournera pas 730 fois par heure , & fuppofé qu'il s’en manquât d'untiers, ce qui eft beaucoup, elle vuideroit par heure environ 200 muids, ce qui excéde la quantité que cinq hommes peuvent én vuider. Si donc dans un vaiffeau qui file.cinq nœuds par heure , cette pompe vuide 200 muids dans cer efpace de tems , & ce qui équivaut au travail de cinq hommes, donc les fix nœuds en vuideront 240 LES ÉTERNEL DÉS MA E NE SAN ERA SNS 320 Je m’attends qu'on m’objectera que les pompes dont l'ouverture eft de huit pouces de diamètre, font trop groffes pour pouvoir les faire jouer lorfqu’on ne peut y appliquer la roue; mais je réponds à cela qu'il ne faut pas plus de force pour vuider un gallon d’eau d’un coup de pifton, avec une pompe de huit pouces , qu'avec une de quatre pouces; car, comme l'extrémité la plus courte du levier n’eft pas un quart plus longue que celle du levier de la feconde, le marelot qui agit fur l’autre extrémité peut élever la verge ou le pifton, un quart de la hauteur qu'exige une pompe de quatre pouces. La raifon en eft qu’un pifton, qui parcourt trois pouces dans une pompe de huit ou de douze , éleve la même quantité d’eau dans une de quatre. On m'objeétera en fecond lieu que dans les tems orageux , qui font ceux ou les vaiffeaux font le plus d’eau , on ne peut fe fervir de la roue dont je parle. J'avoue que certe objection eft fondée , mais j'ofe affirmer qu’on peut remédier à cet inconvénient dans certains cas , & par confé- quent ce n’eft point affez pour faire rejeter cette machine. 1l fe forme plufieurs voyes dans les tems modérés , & celles mêmes qui furviennent dans une tempête continuent après que l'orage a ceffé. Il arrive fouvenc que les marelots qui travaillent à la pompe font emportés par les vagues, & que ceux qui les remplacent ne font plus en état de vuider l'eau qui entre dans le vailfeau , encore moins de vaquer à la manœuvre. Pour lors la machine dont je parle deviendra abfolumenit néceffaire. On n'objectera éncote que le vent peut venir de l'avant du vaiffeau , & empècher le vaiffeau de filer autant qu'il eft néceffaire pour que les pom- Gs CAO TT 53 231 pes agiffent. Je répondrai à cela que, lorfque le danger eft preffant, & que le péril eft devant les yeux, on doit bien moins fonger à diriger le vaifleau vers le port où il veut aller , qu’à gagner le premier endroit commode pour faire agir les pompes & l'empêcher de couler bas. Je voudrois donc que les vaiffeaux euflent des pompes de huit pouces, mais encore une machine pareille à celle que je viens de décrire , pour l'employer dans le befoin. J’invite les amis de l'humanité à lui donner la derniere perfection dont elle eft fufceprible. Explication de la Planche II, fig. II. À. Mârde hune ou aiflieu de la roue. B. Avirons, ou rayons de la roue. C. La manivelle. D. La pompe. E. Pieds droits fur lefquels l’aiflieu porte. NOUVELLES LITTÉRAIRES. EL FEES Des Académiciens de l Académie Royale des Sciences ; morts dspuis 1666 jufqu’en 1699 ; par M. le Marquis de Condorcet, de la même Aca- demie. À Paris, hôtel de Thou , rue des Poitevins , 1 v0f. in-12. 17 RSQUE Fontenelle écrivoit ces admirables Eloges qui font à jamais la plus belle partie du fien , il avoir à faire aimer la philofophie. Les comparaifons , les images, les épifodes , les digreflions, les détails, les expreffions & les cournures les plus propres alors à piquer l'attention & a plaire à l’efprit ; en un mot, tour ce qui pouvoit fervir à faire pailer dans le monde poli le goût des fciences, conceutré jufqu'alors dans l'om- bre dé quelques Académies, devenoit permis & même nécellaire. Mais aujourd'hui, entreprendre de donner une fuite au travail de Fontenelle , c’eft s’impofer les mêmes obligations , fans pouvoir em- ployer les mèmes reflources. Il s’agit toujours d'appeller une fcience au fecours de l’autre ; de comparer, d’éclaircir réciproquement les fujets & les méthodes; de pénétrer dans l'ame & dans l'intention des Auteurs; de nettoyer & de fixer leurs idées ; de diftinguer les circonftances & les tems; de démêler une vérité perdue ou égarée dans une foule d’erreurs; d'attaquer & de combattre des préjugés d'autant plus difficiles à déraciner, 232 IN = ON UP VAN ERMINNLUPEINNS qu'ils appartiennent à des têtes plus inftruites & plus éclairées ; de manier avec aifance , avec grace , des matieres le plus fouvent très-abitraites ; & cependant de fe renfermer dans des bornes plus étroites, de l’aflujertir à une précifion beaucoup plus rigoureufe ; enfin d'inftruire, d'intéreller & de plaire fans emprunter des ornemens étrangers où même recherchés , fans recourir ni à l'entithefe, ni à l'épigramme , ni à aucune des parures trop artificielles du ftyle. Ces conditions qui, pour être remplies , deman- dent des connoiffances profondes, variées, & furtour foutenues d’un goût exquis, nous femblent lavoir été d’une maniere diftinguée dans l'ouvrage que nous venons d'annoncer. M. de Fouchi, Secrétaire actuel de l’Académie des Sciences , a demandé l’Auteur pour Adjoint; nous ne craignon$, pas d'avancer que le vœu de M. de Fouchi deviendra néceffairement celui de tous les gens d’efprit & de goût qui auront lu l'ouvrage de M. le Marquis de Condorcet. x Pour que nos lecteurs foient plus à portée de juger du ftyle de M. de Condorcet, de fa maniere philofophique de préfenter fon objet, de peindre l'Auteur dont il parle , nous allons rapporter l’Eloge de Perrault , aufli connu par fes talens fupérieurs que paï les Satyres de Boileau. Lac enorme D EPA DEEE FUINONC EU Di EUNP DEMRNR MA AURIANTE (GE AuDe PERRAULT naquit à Paris vers l'an 1613, de Pierre Perraulr Avocat, originaire de Tours. Il fe fit recevoir Docteur en Méde- cine de la Faculté de Paris 3 mais il n’exerça jamais cette Profeflion que pour les pauyres & pour fes amis. Ceux qui ne le connoïflent que par les Satyres & les Epigrammes de Boileau , le regardent encore comme un Médecin, ridicule par fon ignorance & fes bévues. Il y a peu d'hommes qui foient en état de juger par eux-mêmes ; un plus petit nombre encore juge d’après fon avis. Ainfñ , un Satyrique eft toujours für de nuire, lors même qu'il parle de ce qu'il entend le moins ; & c’eft en partie ce qui rend ce métier fi facile & fi méprifable. La Faculté de Médecine , meilleur juge du mérite de Perrault, a vengé fa mémoire, en plaçant fon Portrait avec celui de fes plus illuftres mem- bres. Les corps , naturellement oppofés à rout ce qui fort des regles ordinaires, ne fe portent qu'avec une forte de répugnance à difcerner les hommes à talens ; & puifque la Faculté a accordé certe diftinétion à Perrault, c’eft une preuve qu'il en étoic bien digne, &'que Boileau a été bien injufte. Peut-èrre verra-t-on, avec plaifir , quelles caufes rendirent ennemis deux hommes qui autoient dû refter unis, puifque tous deux avoient un mérire réel. D'abord, ils ne pouvoient avoir l’un pour l’autre une eftime fentie. L2 Loir DE RER NP RI AS NII RAR Er à 2:3 fentie. Boileau qui n'éroic que pour les Vers, Port-Royal & les Añtiens, ne pouvoit fentir le prix de l’efprit Philofophique & des talens de Perrault; Perraulr regardoit Boileau avec la fupériorité que les hommes qui ont des idées à eux affectent quelquefois fur ceux en qui ils ne voient d'autre mérite que celui de donner aux idées des autres une expreflion plus heureufe. Cer orgueil feroit peut-être fondé, fi les hommes n’étoient que raifon- nables , mais ils font fenfbles ; il ne fuffit'has de leur prouver une vérité pour qu'ils la croyent , il faut la leur faire aimer , Matter leurs fens, & parler à leurs paflions. Ainfi, on doit regarder la Poéfie comme un moyen d'éclairer les hommes & de les rendre meilleurs. Mais alors auffi , il faudra placer au premier rang des Poëtes l'homme fupérieur , qui, fachant fe rendre maître de nos opinions & de nos paflions , joindra au génie de la Poéfñe le don, peut-être plus rare encore, d’avoir de grandes penfées. Le Philofophe Perrault auroit donc eù tort de ne pas eftimer un grand Poëte; mais Boileau qui eft un grand Poëte pour les gens de goût & les amateurs de la poéfie, n’eft prefque qu’un Verfificateur pour ceux qui ne font que Philofophes. D'ailleurs, lorfque Defpréaux & Perrault commencerent à fe connoître , le Poëte n’avoit donné que des Saryres ; & Perrault, occupé fans relâche à chercher ou à développer des vérités nouvel:s , ne pouvoit ni concevoir qu’on paflät la vie à rourmenter celle de Cortin & de l'Abbé de Pure, ni attacher aflez de prix au bon goût pour croire que Boileau eut Le droit d'aflliger ceux qui en manquoient. Ainf Perrault parla des Satyres avec un mépris bien offençant; celui d'une ame fenfble & honnète, qui ne peut regarder comme innocente des plaifanreries cruelles pour ceux qui en font l'objet , & inutiles aux autres. Enfin, comme Perrault étoit plus frappé des erreurs des Anciens dans la Phylque, que fenfble à leurs beautés poétiques , il voyoit le culte rendu pat Defpréaux à Homere ou à Pindare , du mème œil que le refpect des Scholaitiques pour les erreurs d’Ariftote. Boileau, qu'offenfoient également les opinions & les difcours de Per- rault , devoit donc le haïr. Cette haine le rendic injufte. On a oublié fes injultices contre des gens obfcurs , qu’il a eu la foiblelfe d’atraquer ; mais le fouvenir de fon injuftice envers Perrault fera éternel, comme la Colo- nade du Louvre, dont il a voulu lui dérober la gloire. Il manquoit à la Capitale de la France un Palais qui répondit à la Gran- deur de Louis XIV , & à la Puiflance de la Nation Françoife. Louis XIV voulut qu’il fut élevé par l'Archireéte le plus célébre de l'Europe, & il appella de Rome le Cavalier Bernin, qui, chargé de décorer la Bafilique des. Pierre , avoit ofé avec fuccès mêler fes rravaux à ceux de Michel- Ange, & qui réuniffoit comme lui des talens rares pour tous les Ars dépen- dans du deflin, Jamais, depuis le beau fiécle de la Grèce , aucun Aruifte Tome 1, Partie III, Gzg 234 MO D) 8-22, D EN BANANE. n’avoit reçu des honneurs comparables à ceux que le Roi prodigua au Chevalier Bernin. Son voyage n’eût pas le fuccès qu’on en avoit attendu. Ce grand Arrifte avoir vieilli; fon génie avoit perdu de fes forces , & il ne pouvoir fe le cacher. De-là vinrent, & l’impatience avec laquelle il fouffroit les con- tradictions , & fa répugnance à prolonger fon féjour , & les louanges ridicules qu'il fe donnoit à luf-mêème. C’eft parce que fon génie ne l'inf- piroit plus, qu'il difoit que c’éroir la Vierge qui lui avoit infpiré le deflin du Louvre. On jetta, avec beaucoup de pompe , les fondemens de cet Edifice; mais quoique le deffin de Bernin eut de grandes beautés, 1l étoit bien loin de cette majefté que devoit avoir le Palais de Louis XIV. Après le départ de Bernin, on voulut comparer de nouveau fon deflin avec ceux des Architectes François. Perrault, qui n’étoit point connu comme Architecte , en avoit donné un avant l’arrivée de Bernin ; il fut mis en concurrence avec celui de l’Architeéte Italien, ainfi qu’un troi- fieme, dont Dorbay, éleve de le Vau, étoit l’Aureur. Heureufement pour la gloire de notre Architecte, Louis XIV, qui dans les Arts avoit furrout le fentiment de la grandeur , préféra le deflin de Perrault; & ce périftile fi majeltueux & fi fimple, fut élevé far fes deflins & avec des machines de fon invention. On reproche maintenant à Perrault d’y avoir accouplé les colonnes; mais de fon temps on prérendoit, que malgré cette difpofirion, l’efpace de douze pieds, qu'il laifloit entre les colonnes & le mur , étoir incom- patible avec la folidité de l'Edifice. Blondel même , que fon favoir en Géométrie & en Architecture faifoit regarder comme un excellent juge, & que le Monument de la porte de S. Denis devoir préferver de l'envie, Blondel avoit joint fon fuffrage à la voix du peuple des Architectes. Comment Perrault auroit-il donc pu propofer de fimples colonnes ? C’éroit mème beaucoup que d’avoir vu que les colonnes accouplées feroient fuffifantes. Ainfi, comme tous Les hommes fages que leur génie pouile à tenter des chofes hardies, il refta en deça de ce qu’il auroit pu ofer. Quelques Arultes jaloux, dont Boileau n’auroit pas dû fe rendre l'écho, ont accufé Perrault d’avoir pris à le Vau l'idée de fon périftile : mais le Collége Mazarin élevé par le Vau, femble être placé fi près de la colonnade du Louvre , pour empêcher tous ceux qui les voyent à la fois d'attribuer au même Architeéte deux Monumens d’un goût fi oppofé. Une autre preuve inconteftable en faveur de Perrault , eft le filence qu'a gardé fur ce foupçon Blondel , qui dans fes Ecrits faitrde l'Ouvrage de Perrault une critique où la réalité fe fait trop fentir, pour qu'il ait pu y négliger un reproche bien plus terrible que toutes fes objeétions. Ainfi c’eit l'ennemi de Perraulc, qui , fans le vouloir , a mis fa gloire hors d’ar- teinte. Si ceux qui attaquent les grands hommes font infenfbles à la honte, que du moins ils fentent l’inuulité de leurs efforts. Un jour viendra , où D MORIN EN AENCRI OZ (U ‘R, D.$. 2255 de tout ce qu'ils auront écrit contre un homm: de génie, il ne reftera que ce qui peut conftarer fa gloire. L'Obfervaroire eft encore un des Ouvrages de Perrault; on y admire, comme dans la Colonnade, ce goût noble & pur que Perrault avoit puifé dans fon génie , & dont aucun de nos Monumens n’avoit pu lui donner de modele. Il avoit été chargé de conitruire l’Arc de Triomphe de la Barriere du Trône ; mais il ne le fit en pierre que jufqu'aux Colonnes; le refte fur élevé en plâtre; on l’a détruit depuis; & lorfqu'on voulut abattre la partie qui étoit en maçonnerie , il fallut brifer les pierres. Un homme qui favoit concevoir des Monumens d’une beauté vraie, indépendante des opinions, devoit auf favoir bâtir pour l'éternité. Perrault fe chargea dans l’Académie naïffante de prélider aux travaux de l’Hiftoire Naturelle. Il en dreffa le plan, & c’elt à lui qu’elle doit furtout cet efprit de circonfpetion & de fagelle, qui rejette tout fyftème, & n’admet les faits que lorfqu’ils font conftarés. Cet efprit, qui ne s’eft point démenti depuis , a valu à l’Académie des Sciences une autoriré & une réputation attachée au corps même de l’Académie , & indépendante du génie des favans qui la compofenr. On a de Perraulr trois volumes de Mémoires fur l’Hiftoire des Ani- maux : ce ne font prefque que des defcriptions anatomiques , qui même ne peuvent fervir à l'anatomie comparée, parce qu’elles ne fonc point faites fur un même modele; mais ces Mémoires contiennent beaucoup de faits particuliers intéreffans & nouveaux , & furtout, ils ont fervi à détruire une foule de préjugés accrédités chez les anciens les plus refpec- tables. Il n’y avoit point de fcience où il fut plus néceffaire de détruire la défiance aveugle pour l'antiquité. Les Livres des anciens fur l’Hiftoire Naturelle, ne font remplis que de miracles , & 1ls les rapportent fur le même ron que les chofes les plus vraifemblables : L’exiftence d’une race d'hommes fans tête , ou à tête de chien , n'étonne pas plus leur critique que celle d’une race d'hommes d’une couleur différente de la nôtre. Peut-être doit-on attribuer ce défaut de critique à la rareté des manufcrits : un Naturalifte qui étoit parvenu à s’en procurer aflez pour ramafler un grand nombre de faits incroyables, avoit droit, pour cela feul , à la reconnoiffance des hommes , naturelle- ment amis du merveilleux Perrault eut le bonheur d’avoir à difléquer trois des animaux dont l’hiftoire éroit le plus remplie de miracles ; le Caméléon, la Salamandre & le Pélican. On fait que le Caméléon des anciens fe noutrifloit d'air, & prenoit la teinte de l’éroffe dans laquelle on l’enveloppoit ; 1l étoit l'emblème de ces gens qui changent à chaque inftant de caraëtere & d'opinions par foiblefle ou par intérêt. Perrault obferva trois Caméléons ; il ne trouva que des animaux qui vivoient long-temps fans manger, comme la plupart Gyij 2 36 DNA O CU PP M ENNENNIENR TE des reptiles, qui fe nourriffent d’infeétes , & dont la peau changeoït comme change celle des hommes avec leur régime ou leurs affeétions. Dans la Salamandre , qui eft incombutible , felon Ariftote , Perrault ne vie qu'un léfard qui, fi on a la barbarie de‘le jetter au feu, y réfifte quelque rems, parce qu’il découle, des glandes qui abourtiffent à fa peau, une liqueur affez abondante. | Ress #2 Le Pélican enfin eft une efpece d'oifeau de proie aquatique. Au-deffous du bec & de la partie antérieure du cou , eft un fac membraneux qui s'ouvre dans le bec, & où cet oifeau peut conferver les poiffons qu'il a enlevés, & les rendre énfuice à fes perits. De-là les anciens s’imaginoient que lorfque fes petits manquoient de nourriture , le Pélican s'ouvroit l'eftomac , & les nourrifloit de fon. fanz: Les Peintres lui ôrerent la poche, & lui donnerent la figure d’un Aigle; fa figure naturelle leur paroïfloit trop ignoble. Les peres tendres ; les Rois bons ; éroient com- parés fans celfe au Pélican ; & comme tout cela n’avoit pas encore été allez merveilleux, quelques Ecrivains des fiecles d’ignorance avoiene avancé dans des ouvrages férieux , que le Pélican reffufcitoit fes enfans morts, en les arrofant de fon fang. Qu'un vrai Philofophe eft heureux lorfqu'il peut détruire! de relles abfurdités, qui paroiïffent indifférentes en elles-mêmes, mais qui, entou- rant Les hommes d'erreurs & de merveilles , les difpofent à en adoprer de plus funeftes à leur bonheur ! comme font , par exemple , ces remedes auxquels on attribue des vertus chimériques, & qui , s'ils ne font pas nuifñbles , empêchent du moins qu’on n'ait recours aux remedes vraiment falutaires. Il étoir impoñlible qu'un efprit auffi philofophique que celui de Perraulr, fe für occupé fi long-remps de diffection , fans avoir eu des vues générales & importantes fur l'économie animales, il les a propofées dans fes Œuvres de Phyfique. Elles renferment un Traité fur le Son, fort étendu, mais où l’on trouve trop d'explication vagues & crop peu de géométrie. Dans la defcriprion détaillée de l’organe de l’ouie , & de fes différentes parties; l’Auteur fait un ufage heureux de l'anatomie comparée ; il y remarque qu'il faut des jugemens , des raifonnemens mêmes, pour apprendre à voir, à enten- dre, à éviter les erreurs des fens. Cette efpece de méraphyfique expéri- mentale , inconnue aux anciens, & introduite par Defcartes dans la philofophie , avoit fait des progrès rapides , & fervoit déjà à combattre fon fyftème fur les animaux, comme elle a fervi depuis à détruire fes autres erreurs méraphyfiques. ; Le Traité fur la Méchanique dés animaux contient une foule d’obfer-- vations curieufes fur leurs divers organes , & fur l’ufage qu'ils ont fu faire de ces organes. Tous ont des fens, fe meuvent , fe nourriffent , & fe reproduifent ; mais leurs moyens font différens; en forte que ces êtres EC ND ÉDUNE MR INE AT M WE 237 n'ont rien de commun entr'eux que la faculté de fentir , & cette difpos fition inconnue de leurs élémens , qu’on nomme organifarion. ne On voit avec peine, dans ces différens morceaux de phyfique , une teinte de cer efprit fyftématique, qu'on confondoit alors avec l’efpric hilofophique. L'un cherche des vérités, l’autre met des chofes plaufbles ala place des vérités qu’il n’a pu trouver, & fe débarralle ainf de l’inquié. tude & de la honte de l'ignorance. Il faut être bien riche en connoiffance réelle , pour avoir le courage de convenir de ce qu’on ignore , comme 1l faut qu’une femme foit très-belle , pour qu'elle ofe parler des défauts de fa figure. Quoique Perrault ait été quelquefois trop fyftémarique , cependant il s'éleva avec force contre une des plus dangereufes produétions de l'efprie de fyftème, la transfufon du fang. Il l'avoit niée dès le moment où elle fut annoncée : Il feroit plaifant, difoit-il, qu’on put changer de fang comme de chemife. {1 combattit enfuite les raifonnemens & les expé- riences des partifans , & furtout par des expériences faites avec plus de foin. Perrault étoit né avec un talent diftingué pour la méchanique. 11 a donné les deflins de pluñeurs machines, dont la plüpart ont été em- ployées dans les travaux qu’il a dirigés. La Traduétion de Vitruve manquoit à l’architeéture, & fans Perraule elle lui manqueroit peut-être encore. IL réunifloit le goùr , l'érudition & le favoir nécellaire pour réüflir dans certe entreprie , où il falloit un homme qui connûr également bien les anciens, les arts & la méchanique. Le texte de Vitruve avoit été défiguré par des Copiftes ou des Commen- tateurs qui ignoroient les arts; douze fiécles de barbarie avoient anéanti toute tradition fur les procédés que les anciens employoient; fouvent il falloit fonger moins à entendre ce qui étoit dans l'original, qu'à fuppléer ce qui auroit dù y être. Perrault joignit à fa traduétion des remarques , qui forment un ouvrage aufli urile pour le moins que celui de Vitruve; il fit jufqu'aux deflins des planches dont ce livre eft orné, & ces deflins fonc regardés comme des chefs-d'œuvre en ce genre. Perrault avoit trois freres ; l’un Doéteur en Théologie, qui fut exclus dela Sorbonne en même remps que le fameux Arnaud; le fecond , Rece- veur-Général des Finances de Paris, Auteur d’un Traité fur l'Origine des Fontaines , & de la Traduétion de la Secchia Rapira ; l'autre enfin, premier Commis de la Surinrendance des Bârimens , connu dans fon temps par fes poélies, & qui ne l’eft plus maintenant que par la hardieffe qu'il eut de critiquer les anciens, de montrer à quel point d'imperfeétion ils avoient laiffe les Arts, & de prétendre qu’iln’elt pas abfolument abfurde de confulrer quelquefois la raifon avec les jugemens , même fur les chofes de goût. Certe opinion étoit celle de tous les Perrault, & c’eft en quoi confiftoic cetre bizarrerie de famille, que Defpréaux Leur reproche. Les N 238 IN MHO RU BE OL INT SENS trois Philofophes n'oppoferent jamais qu’une fage modération aux er- portemens du Poëte. Ce font eux principalement qui ont infpiré à Colbert de protéger les fciences d’une maniere fi atteufe pour les favans , & fi honorable pour Jui-mème. Le Cardinal de Richelieu n’avoit vu dans les Gens de Lertres, que des hommes utiles à fa gloire, Colbert, dirigé par Perrauir , les traita comme des hommes utiles à l'humanité, dont la gloire honore leur pays & leur fiécle. Certe juftice, rendue aux talens par la puiffance, a rappelle les Gens de Lettres à la dignité de leur état ,qu'ils avoient oubliée, S'il regne main- tenant une concorde refpectable entre trous ceux qui ont des talens ; s’ils ont obtenu l’eftime & les hommazes des Nations étrangeres ; s’ils ont l'honneur d'être haïs des hommes méprifables, ils le doivent à l’efprit qu’a répandu dans la littérature le prix que Colbert attachoic aux travaux litté- raires ; ils le doivent peut-être à Perrault. ; Je me fuis arrêté long-temps fur Charles Perrault, en faifant l'éloge de fon frere ; mais ils s’étoient toujours rendrement aimés, & c’eft un hommage à la mémoire de notre Académicien , que d'avoir confacré quelques lignes à défendre celle d'un frere qui lui fur fi cher. Claude Perrault mourut à Paris en 1688, d'une maladie qui l’attaqua en fortant de la diffection du cadavre infecte d’un Chameau; & peut-être doit-on le compter parmi les favans qui ont été les victimes de leur zele: ces exemples ne font pas rares; & les hommes de tous les états ont égale- ment bravé la mort, lorfqu’elle eft furle chemin qui les mene à la gloire, RE mi mr nf mms este Ro AGDE HE OPERIÈME Fait à la Faculté de Médecine concernant le Mémoire fur les Pommes de terre. e Mémoire fur les pommes de terre que M. Parmentier, Apothicaire Major de l'Hôtel Royal des Invalides a adreffé à M. le Contrôleur-Géné-: ral, & que ce Miniftre vous a renvoyé pôur l’examiner , contient une fuire nombreufe d'expériences que l’Auteur a faites , tant furtce végéral que fur la nature des principes contenus dans la farine du froment. Nous ne vous parlerons que des premieres qui concernent l'objer fur lequel M. le Contrôleur-Général defire que vous donniez votre avis. * : M. Parmentiera , dans fes opérations, eu en vue deux objets princi- paux : le premier, d'examiner la nature de cette partie colorante verte qui fe trouve en abondance dans les pommes de terre , & dont on a peine à l’en priver, mème après plufieurs ébullitions ; Le fecond , de s’af- | Î | EC ATP ER SA A) ms. 139 furer , s’il étoit poflible de faire prendre à la farine ou à la pulpe des pom. mes de terre le mouvement de fermentation , dont plufieurs grains ou fe- mences farineufes & fur-tout le froment font fi fufcepribles, & quiles rend propres à faire du pain & des boiffons fpiritueufes , celles’que la bierre. M. Parmentier a commencé fes opérations fur le premier objet , par plonger dans une eau acidule des pommes de terre dont il avoit enlevé exactement la peau; & elles lui ont communiqué une belle couleur rouge que les acides relevenc, & que les alkalis ne détruifent point. Les pellicu- les féchées ou non féchées n'ont donné que de foibles couleurs à l’eau , à l'efprit de vin & à l’éther ; cependant la portion inférieure de cette der- niere infufon étoit plus rouge, ce que l'Auteur attribue à l'acide que contient lécher. ; Lorfque M. Parmentier a traité les pommes de terre avec l’eau bouil- lante , il a toujours eu une couleur verte qui s’eft trouvée plus où moins forte, fuivant qu'il Les avoit fair bouillir avec ou fans leur peau , ou qu’il leur avoit laiflé plus ou moins de ces raies ou taches rouges que l’on re- marque dans l’intérieur de ces tubercules. Mais ce qu'il eft plus important d'obferver eft, qu’en perdant leur par- te colorante , elles perdoient à proportion l'âcreté qu'on leur reproche; enforte que la décoétion de la feule partie blanche, exactement privée de tous ces points ou taches ou raies rouges que l’on trouve parfemées dans ces racines , étoit douce , blanchâtre & mucilagineufe. Malheureu- fement cettte partie colorante , & par conféquent l'âäcreré qu’elle donne aux pommes de terre leur eft tellement inhérente, que cinq ou fix ébul- Bitions , n’ont pas fuffi pour l’enlever. À Ces expériences font exactement conformes à ce que M. Muftel a déjà avancé dans fon Mémoire , & à ce qu'obfervoit l’Aureur de la Lettre qui a donné lieu à la queftion que M. le Contrôleur-Général vous a pro- pofé pat fa premiere lettre. M. Parmentier a aufli obtenu de la décoétion des pommes de terre un extrait très-falin, & qui attire puifflamment l'humidité de l’air, Il a enfin foumis ces racines à la diftillation & à la prefle. On penfe aifément qu’une fubftance qu’on a tant de peine à deffécher , a fourni une grande quantité d’eau : il eft venu enfuite par la diftillation une liqueur acide , une huile téès-épaille , rénace, & qui adhéroit fortement aux parois des vailleaux. Les cendres leflivées ont donné à l'ordinaire un fel alkali fixe & cauftique. Par le moyen de la preffe il eft forti de la pulpe des pommes de terre un fuc trouble , brun, vifqueux, & dont il s’elt féparé un fédimentr blanc, Le marc délayé dans l’eau à plufieurs reprifes , en frottant avec les mains, l'a rendu laiteufe ; & toutes ces eaux décanrées & repofées ont lailfé précipiter une fécule blanchâtre qui, raffemblée & lavée plufeurs fois, S'eft divifée en une poudre très-fine, & a formé deux couches diftinc- ‘240 NPNONEUTPNERIN TAN LIN ERNS tes; linférieure croit plus blanche , la fupérieure lPéroit moins. . M.Parmentrier s’eft affuré par routes les épreuves poflibles de la parfaite conformité de cette fécule avec l’amidon du bled. La diftillation ,une di- geftion longue & à froid dans l'eau, l'efprit de vin , le vinaigre diftille , l'éther , le toucher froid, la fineffe, la blancheur de la poudre , le cri qu’elle fait entendre lorfqu'on la preffe entre les doigts jufqu'à l'écarter , tout s’elt trouvé femblable : enfin il en a fair de l'empois , de la poudre à poudrer ; & cet amidon a foutenu routes ces épreuves fans céder en rien à celui. du bled. Une livre de pommes de terre lui a fourni jufqu'à deux onces & demie de cette fécule ou de cet amidon. M. Parmentier expofe enfuite fes tentatives pour exciter dans la pâte faite avec les pommes de terre la fermentation néceffaire pour en faire du pain ; comme il ne nous eft pas poflible de le fuivre dans vous les pro- cédés dont il s’eft fervi pour faire lever cette pate, nous obferverons feuiement qu'il a eu foin de répéter tous ceux qui avoient éré employés jufqu’à préfenc, pour parvenir à faire du pain avec les pommes de terre, & qu'ils ont tous eu le fuccès que leurs auteurs avoient annoncé. Tant que la farine de froment a été mêlée à la fubftance des pommes de terre, & qu'il a employé un levain de froment, ila réufli à faire du pain plus ou moins beau & bon , fuivaut les différentes proportions du froment ; mais moins il y avoit de ce dernier , plus le pain éroit grof- fier, bis, mat, lourd & ferré. Cependant, comme M. Parmentier ambitionnoir de faire du pain avec ces racines , fans aucun mélange de farine de froment ; il a d’abord eflayé de faire du levain avec quatre onces de farine de pommes de.terre dont il a formé une pâte avec de j'eau chaude & une cuillerée de vinaigre. Cetre mafle à conftamment refufé de lever ; elle s’eft au contraire delféchée. Au bout de douze jours, quoiqu’elle n’eût pas encore l'odeur d’aigre , il l’a mêlée avec de la farine de bled d’une part , & de la farine de pom- mes de terre de l’autre. 1l a réufli à faire du pain avec la premiere, l’autre n’a point levé. Enfin il a fait un levain avec parties égales de l’une & de l’autre farine. Une partie de ce levain , mêlée avec le double de fon poids de farine de pommes de terre, a fair du pain. L'autre partie a été nufe à part, & pendant une huitaine , il lui ajouroit tous les jours une nouvelle quantité de farine de pommes de terre. Ce levain, qui après ce temps ne pouvoir plus ètre cenfé qu’un levain de cette farine feule , a toujours con- fervé fon odeur d’aigre , a fait, avecla farine de froment, du pain, quoi- que bis, qui étroit de bon goûr & bien levé. Il ne s’agifloit plus que de le méler avec la farine de pommes de terre; & fi la pâte avoir levé & formé du pain, les defirs de M. Parmentier croient remplis. Elle a, à la vérité, levé un peu ; mais le’pain qu'il en a obtenu étoit bien éloigne de la perfection qu'il cherchoit à lui donner. Il obferve cependant qu’en donnant à la farine de pommes de rerre partie égale de ces racines rédui- res de nd me mt Érne à… fulhée dl bé à Se SC CE né DIPIATASTN ER AN TE RD ENS. 241 tes en pulpe , il a obtenu du pain moins bis , plus léger & d’une faveur agréable. Il penfe même que ce dernier procédé eft celui qui mérite la préférence. M. Parmentier n’a pas oublié dans fes expériences la levure de bierre : mais quelque tentative qu'il ait fait, on voit qu’il n’a jamais eu de fuccès fatisfaifans. S'il en a eu quelqu’apparence , c’eft toujours lorfqu'il eft entré dans le mêlange une partie de farine de bled. Il réfulre de fes expériences multipliées, que l’on peut regarder comme une vérité inconteftable ce que MM. Becari & Keyfel-Meyer ont avancé, & ce que d’autres après eux ont confirmé : favoir, qu'il y a dans la farine de froment deux fubftances très-diftinétes ; une fubftance amilacée qui, féparée par le travail de l’amidonnier, fournit cette poudre blanche que tout le monde connoît fous le nom d'amidon, & une fubftance glutineufe animale qui, avec la partie extraétive , paroît être une des caufes de cette fermentation, néceflaire pour faire lever la pâte de froment, & en former le pain léger & agréable aui fert de nourriture aux hommes, C’eft elle qui retenant l'air qui s'échappe pendant cette fermentation , en cédant néanmoins à fon action, s’éleve, fe gonfle, & forme ces cellules dans lefquelles elle l’enferme par fa vifcofiré. La partie amilacée qu’elle tient comme collée & attachée à elle, la fuit dans ce mouvement; elles s’afinent toutes deux enfemble, & forment enfuite par la cuiffon une fubftance légere, d'une confiftance foible , & qui obéit facilement à l’action de notre eftomac & de nos vifceres , pour former la matiere la plus pure & la plus faine de la nutrition. C'eft ce que MM. Becary & Keyfel-Meyer nous avoient déjà fait con- noître , & ce que les tentatives de M. Parmentier achevent de démontrer. Le refte de fon mémoire contient différentes expériences fur cette par- tie glutineufe du froment , qui nous ont paru faites avec la mème intel- ligence. On voit dans cer écrit le travail d’un Chymifte inftruit & guidé dans fes opérations par un jugement für & éclairé. En conféquence , nous penfons que la Faculté doit à M. le Contrôleur-Général une réponfe qui rende juftice au travail & aux opérations qu'il a détaillées dans fon mémoire , pour lequel il n’a épargné ni foins, ni peines, ni dépenfes, & qui foit honorable pour l'Aureur. Ouï le rapport des Commiffaires , la Compagnie a vu avec plaifir un citoyen zélé s’occuper d’une matiere dans laquelle les recherches réfen- tent au public les plus grands avantages Il eft fans doute intéref ant que le peuple foit inftruit des reflources qu'il peut trouver dans un aliment aufli commun que les pommes de terre, & qu'il eft à portée de fe procurer avec autant d’abondance que de facilité. La Faculté qui avoit déjà pro- noncé en leur faveur , ne peut qu'approuver le travail d'un artifte inftruit, ui a confirmé par fes expériences un jugement qui doit être univerfel- Tome I, Part. III, Hh 242 IN ONQU MP EMILE: lement adopté. C’eft pourquoi elle a arrêté que l’ouvrage de M. Parinen- tier feroit envoyé au Miniftre, avec le témoignage d’eftime & de diftinc- tion qu'il a mérité à fon Auteur. L'ouvrage en faveur duquel la Faculté de Médecine prononce fi avanta- geufement, vient de paroïtre ; il contient les principes d’ane culture nou- velle des pommes de terre, & des expériences nombreufes fur la ma- tiere glutineufe du frotment. Il fe vend chez Didor le jeune, Libraire, Quay des Auguftins. BUDVS RE SUN OU VE ER AMOR H. D. Gencbii adverfariorum varii argumenti. 1 vol.in-4°. A Leyde, chez Luéthmans 1771. Dix Differtations compofent ce Volume. Elles ont pour objet quelques parties de la Chymie & de la Phyfique , & toutes font dignes de la réputation de leur Auteur. Novum Maris fluxus fyflema. 1. vol. in-12. 1770. Varia Arflus Marini Phœnomena. 1. vol. 1771. Ab Aloyfio de Sangro Marchionis S. Lacidi. Neapoli ex Typographia Raymundiana Syflema Neutonis de fluxu Maris confutatur ab eodem 1772. Neapoli ex Typographia Greffari. I eft beau à un Particulier , d’une naifflance auñi diftinguée, de fe livrer aux Sciences; mais l’Auteur, avant de publier fes Ouvrages , auroit peut-être mieux fait de ne pas contredire les idées reçues d’après Newton. Recueil de Mémoires & d’Obfervations fur la perfeëtibiliré de l'Homme par les Agens phyfiques & moraux, par M. Verdier, Docteur en Méde- cine du College Royal de Nancy. 1 vol. 1772. À Paris, chez Lacombe. Le premier Mémoire renferme un Précis hiftorique fur l’origine de l'Art de l'Education & de la Morale chez les Anciens. Le fecond, un Précis hiftorique fur le renouvellement & les progrès de l'Art de l'Education & de la Morale en France. L’Aureur promet de nou- veaux Mémoires. Les deux que nous indiquons font remplis de vues & de rechetches utiles. Obfervations fur lé Véfuve, l'Etna & quelques autres Volcans , Lettres adreflées à la Société Royale de Londres , par M. Hamilton, Membre de cette Sociéré. Perfonne n’a fuivi avec plus de conftance & d'exacti- tude , les erruptions de ces volcans , & mème le méchanifme de ces io 4 PRIRENT RCA LUE CRUE 14% erruptions. C’eft l'Ouvrage le plus complet que nous ayons en ce genre. Il eft écrit en Anglois. On le trouve à Londres , chez Cadel. 1772. Plan général & raifonné des divers objets, & des découvertes qui compofent l’Ouvrage intitulé : Monde primitif, analyfé & comparé avec le Monde moderne, ou Recherches fur les Antiquités du Monde, pat M. Court de Gebelin. À Paris , chez l’Aureur , rue Poupée; chez la veuve Duchefne , Libraire, rue Sr. Jacques. 1772. Effai fur la culture des Terres , & [ur l'augmentation des Revenus du Bengale, par M. Henri Patulo. À Londres, chez Becker. 1372. La réputation des Quvrages que ce grand Agriculteur a publiés , augmente nos efpérances, & nous fait delirer de voir cet Ouvrage écrit en Anglois traduit dans prefque toutes les Langues de l'Europe. Il fera sûrement accueilli avec autant d’ardeur que l'ont été les autres Traités de cer Âgronome, Anonces de la Société de Leipfick , avec des Extraits des Mémoires qui > q lui ont été communiqués dans le femeftre de Pâques. À Drefde, chez Wal- cher. 1772. On trouve dans ces Extraits d’excellens principes fur pref- que toutes les parties de l’Aoriculrure. Nous invitons les perfonnes qui entendent l'Allemand , de traduire en François ce Recueil inté- reffant ; cette entreprife eft digne de l’atrention de nos Sociétés d’Agri- culture, Confidérations fur les avantages & les défavantages de clorre des terres vagues & des champs ouverts. À Londres, chez Almont. 1772. Cette queition a été fouvent agitée en France; & des Arrêts du Confeil ou des Parlemens , ont interdit le droit abulf du parcours établi dans quelques unes de nos Provinces. Confultez les Journaux d'Agriculture, & vous y trouverez l’Expofé fidele des motifs qui l’ong fait prohiber. L'Ouvrage Anglois ne préfente que ce qui a été dir en France. Index Foffilium que collegit in claffes & ordines difpofuit. Ign. S.R. J. Egon. À Prague , chez Gerler. 1772. L'Auteur a adopté le fyftème de Cronftedr, & la nomenclature du Chevalier Von Linné. Théorie des Etres fenfibles , ou Cours complet de Phyfique fpécula- tive , expérimentale, fyflématique & géométrique , mife à la portée de tout le monde, avec une Table alphabétique des Marieres , qui fait de tout cet Ouvrage , un vrai Dictionnaire de Phyfique , par M. l'Abbé Para du Phanjas. À Paris, chez Jombert pere. 4 vol. in-8. 1772. 24i O0 VON AU EI LS Voyage en Californie pour l'obfervation du pafflage de Vénus fur le difque du Soleil, le 3 Juin 1769, contenant les Obfervarions de ve’ Phénomene, & la Defcription hiftorique de la route de l’Auteur à travers le Mexique, par feu M. Chappe d’Aureroche, de l’Académie Royale des Sciences; Ouvrage rédige & publié par M. de Cañini fils, de la même Académie , Directeur en furvivance de l’'Obfervatoire Royal. Elementorum univerfalis Affronomie Pars prior, à J. Frederico Hen- nert ex Officinà van Paddenburg à Paderbon. 1771. 1. vol. in-8. C’eft un des meilleurs Livres que nous connoiflions en ce genre. Tables & Inffruétions propres à la determination des Longitudes en mer pour l’année 1773 , publiées par ordre de l’Academie Royale de Marine, À Breft, chez Malafis. 1 vol. in-5. 1772. An experimental enquirÿ concerniny the caufes Which Have Generolly Beca Said, re produce putrid difcafes, ou Recherches fondées fur l’ex- périence touchant les caufes auxquelles on attribue les maladies putrides. 1. vol. in-12. À Londres, 1772. Principi della Mechanica. Lettre de M. Riccati au Pere Cavina , fur les Principes de Méchanique. À Venife, chez Coleri. 1772. ‘Bechfledis Land und Geflenbuch , &c. ou Livre complet d’Agricul- ture & de Jardinage, par M. J. Bechfted, A Flensbourg , chez Kortin, L772s F I N. TAUPE [ S Se A Mars 1778 . 210 1 / | MS, Cr trs (2, ES Se ns $ oi w ÿ ML BTe Su. FX cp Li ê 4 OBSERVATIONS SMUE KR MP HYSIQUE, SUR LHISTOIRE NATURELLE ET SUR LES ARTS: AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCES; DÉDIÉES A Mg LE DUREE B'HACGERT'ORT-S) Par M.? Abbé ROZIER, Chevalier de lEglife de Lyon , de l Académie Royale des Sciences, Beaux Arts& Belles-Lettres de Lyon, de Villefranche, de Dijon,de la Société Impériale de Phyfique & de Botanique de Florence, 6e. ancien Direëkeur de l'Ecole Royale de Médecine Vétérinaire de Lyon. E'OLM'EUP RUE M TE K: APE RULS Hôtel de Thou, rue des Poitevins. MMDICACE TEE OTINT. AVEC PRIVILEGE DU RO. EE SOU; S CREME IONN Ds ce JourNAL DE Physiques. Iz paroîtra chaque mois un Volume de dix à onge feuilles in-4 enrichi de gravures en taille-douce. On pourra à la fin de chaque année relier ces douze Volumes , & ls formeront deux Volumes in-4 de 6o à 70 feuilles. On foufcrit pour cet Ouvrage à Paris chez PancxoucxE , Hôtel de Thou, rue des Poitevins , & chez les principaux Libraires des grandes villes de ce Royaume & des Pays étrangers. Le prix de la foufcription eff de 24 liv. pour Paris, & de 30 liv. pour la Pro- vince, franc de port. On a cru auffi devoir fe borner à l’ancien titre & fupprimer celui de Tableau du travail annuel de toutes les Académies de l’Europe, titre trop général pour un Jour- nal de Phÿfique. Les Savans qui voudront faire inférer quelques articles dans ce Journal, font priés de les adreffèr, à l? Auteur place & quarré Sainte-Genevieve, au coin de la rue des Sept-voies. On trouve chez le mème Libraire le Mémoire de M. l'Abbé Rozter, couronné par l’Académie de Marfeille , fur la meilleure maniere de faire € de gouverner les Vins, foit pour l’ufage , foit pour leur faire palfer la mer. 1 vol. in-8 avec figures. Prix 3 Liv. 12 fols. r AE EE Du os Suis die R TT LT: CE UE: , € DA HR ISNUTUO À M: 253 X. Les informations prifes hors de Samoëns , auprès de diverfesper- fonnes qui doivent être bien inftruites de ce qui s’y pale ; ont eu en- tiérement le même fuccès. Je ne parlerai pas d’un habile Chirurgien & d'un Curé refpeétable ; natifs de Samoëns, & établis ailleurs. Mais je ne dois point pafler fous filence, le fuffrage négatif de M. Esruvenr, confulté là deffus par M. Devc : c’eft le Prieur de l'Abbaye de Six, qui n'eft qu’à une lieue de Samoëns. Et je crois pouvoir y joindre celui du P, Gerpi , très-diftingué à plufieurs égards ; mais que je n’envifagerai ici que fous trois relations : celle de natif de Samoëns ; celle, de véritable ProfelTeur à Turin ; & celle d'Auteur d'une Differçation fort intéreflante, Jar l'incomparibilité de l’Attraëtion & de fes différentes loix avec les Phé- nomenes , &c, publice à Paris en 1754. XL. Je pale à la perfonne du fieur Courraup. L'homme d’efprit qui nous en a donné à garder fur fon compte ; fe figne Jean ; & rapporte, qu'il s’eft fair aider par un de fes freres. Or, on ne connoît à Samoëns, qu'un feul homme nommé CourrauD ou Couteau, & fon nom de bap- tème eft François. XIL. Il fe dit, ancien Profeffeur en Phyfique à Turin. Or M. ArzioNe, Profefleur en Botanique à Turin, a mandé à M. Decuc: qu'il n'y a ja- mais eu à Turin ; aucun Profeffeur de ce nom là, ni rien qui en appto- che. Et le véritable Coucraup, n’a jamais éré Profeffeur nulle part. XIII. Le Pfeudonyme, prétend avoir cultivé pendant long-temps par 1æ 12 . e . état, les Mathématiques & la Phyfique. Mais le fieur CourraAup, ne fait de Mathématiques ; que le peu qu’exige fon écar d'Entrepreneur de bâri- mens, ponts & chauflées ; peut-être encore Arpenteur : & il n’a jamais cultivé la Phyfique. XIV. Cet Auteur ajoute : qu’il s’en eff fait un objet de récréation, depuis dix ans qu’il vit retiré au pied des Alpes. Mais le fieur Courraun, fait de fes eonnoiffances, un objet de lucre ; ne pouvant mème pas faire autrement : &, depuis long-temps, 1l vit prefque toujours dans le Viva- rais. XV. Il affure avoir fait fes expériences, au-deffus d'un terrein où il à une petite ferme : & cela, pendant deux étés confécutifs. Or, le feul vrai Courraup , n’a abfolument aucune Ferme, ni autre profeflion dans le pays : & il n'y a pas mis le pied en été, depuis uu grand nombre d’an- nées. XVI. L'Auteur dit : s'être pourvu , de deux excellentes pendules, exé- cutées par un des plus habiles Horlogers de Geneye : & il fpécifie Les favan- Tome I, Parc. IF. Kk 254 NU BRUIT ES F0 Vive. tes précautions qu’avoit prifes cet Horloger, ue les rendre parfaire: ment ifochrones entr’elles, & pour prévenir les inégalités qu’auroient _pô produire les alrérations du chaud & du froid. Or, j'ai demandé, aux principaux Penduliers de Geneve : s’il étoit vrai ; qu'ils euflent vendus deux pendules, en 1766 ou 1767, à des MM. CourrTauD ou AnDrier, & en général à quelqu'un du FAucieny. Mais, ils m'ont tous répondu négativement. XVII. Enfin, le faux CourrauD nous conte : que M. AnbrIER; homme inffruir, fe chargea d’une partie des opérations ; & en particu- lier, de tenir Ze lieu qu'il occupoit , au degré de chaleur convenu. Or, il n’y a dans Samoëns ni aux environs , aucun homme inftruit qui porte ce nom 3 que le Doéteur en Médecine, & fon frere l’Archi- tecte : qui font beaucoup trop occupés dans les plaines voifines ; pour avoir le loifir d’aller fe percher des mois entiers , prefque au fommet de Ba pointe la plus élevée , des Alpes. Et le Médecin en particulier, a affuré pofitivement M. Dervc ; que ni lui ni fon frere, n’ont point fait ni pù faire aucune expérience femblable. X VIE. Si quelqu'un étoit tenté d'expliquer, comment ces expériences font fi parfaitement ignorées, tout auprès du lieu où on prétend qu’elles ont été faites ; en fuppofant que dans le fieur CourrAu», une extrème taciturnité & une rare modeftie. Je puis l’affurer , d’après un grand nom- bre de perfonnes : que le vérirable Courrau», païle très-volontiers ; principalement de tout ce qui peut lui faire honneur. D'ailleurs : les dif- Jiculiés incroyables, que le Couzraup dit avoir rencontrées à faire tranf- porter les matériaux ; n’auroient-elles pas dù faire quelque bruit dans les habitations voifines ; comme je l'ai déja remarqué ? Enfin : loin de faire & de rédiger en cacherte, des expériences qui contredifent une théorie fi généralement reconnue : n’auroit-on pas dû fe pourvoir, des témoigna- ges les plus authentiques ; par exemple, de ceux auxquels je me fuis adreffé pour m'éclaircir de ces prérendus faits ? XIX. J'efpere, qu’on comptera entiérement, fur l’exaétirude de ces informations : quand on fera attention ; que je fuis redevable de la plus grande & de la meilleure partie d’entr’elles, à l'amitié active de M. Dervc; dont les moindres titres pour infpirer la confiance la plus com- plette, font d’être Correfpondans de l’Académie des Sciences de Paris & de la Société des Sciences de Montpellier. Ces informations , ont été fi bien prifes : qu’elles ont rendu prefque fuperfues la plupart de celles que =, j'avois déjà raflemblées péniblement de toutes parts. Quoique je puilfe PPT (ST 0 0 «EE 25$ dire , dés perfonnes qui m'avoient fourni celles-ci : que fi elles étoient également connues du Public; 1l auroit auf la plus grande confiance dans l'authenticité de leur témoignage. XX. Aux trois lettres mentionnées ci-deffus ; M. Drcuc a joint des converfations, avec des Chanoiïnes de Sixt, avec la famille Anprier, & avec d’autres perfonnes de Samoëns ; favoir , dans un petit voyage de Phyfique , qu'il fit en Faucigny au mois d'Août & de Septembre der- niers; avec deux perfonnes très-éclairées , & généralement reconnues auffi pour être entiérement dignes de foi; je veux dire M. fon frere, & un jeune Philofophe nommé M. DEnrTAn. Voyage, au retour duquel ; ces trois Meflieurs , m'ont rapporté exactement les mêmes chofes. XXI. J'ai encore l’obligation au mème Phyficien; d’un autre indice ; bien déafñf , de la fauffeté de toute cette relation. C'’eft que la hauteur moyenne du barometre , à Samoëns ; y eft indiquée plus grande, d'un pouce au moins, que ne l’a trouvée M. Deruc; qui a fait beaucoup d'expériences de ce gente, dans le même pays. Je n'inffterai point , fur la maladreffe qu'a eu notre impofteur ; d'attaquer la loi des dégradations de la denfité de l’athmofphere , fi bien établie depuis long temps, con- firmée & perfectionnée par M. Decuc : prétendant, d’après des expé- riences chymériques ; que cette denfité , eft uniforme. XXIT. On demandera peut-être , comment il a pu fe faire; qu'un Ecrivain , qui vraifemblablement habite loin des montagnes du Fauci- gny , ait pu deviner : que dans un certain Bourg de ces montagnes ; 1l y avoit des perfonnes nommées Courraup & ANDRIER À Entre plufieurs conjeétures affez plaufbles; je me contenterai de rap- porter la réponfe fuivante. C’eft que le Bourg de Samoëns, étant fort peuplé de Maçons; qui vont gagner leur vie loin de chez eux , & parti- culiécement à Paris : notre Poe d'expériences , en aura queftionné quelqu'un , qui maçonnoit dans fa maifon ou dans fon voifinage, XXII. Paflons à la petite piece. Une démonftrarion morale fi com- plerte, de l’infidélité de la premiere relation ; rend affez fufpeéte , la fidé- lité de la feconde : pour qu’on für en droit de la tenir pour nulle ; tant que fon Auteur ne l’appuieroit pas, fur quelques témoignages authenti- ques , rendus ou à ces expériences ou à fa perfonne. On me difpenfera donc bien, d’entrer fur cette feconde , dans autant de détails, que je l'ai fait fur la premiere. XXIV. La lettre du foi-difant Mercier à M. Gessner ; commence ain : Comme vous m'avez fait parc de vos doutes ; fur l’exaülitude des réfultats fournis par les expériences ; &c. Kk ij 256 PORT SLT ES. U..E Or, M. le Chanoine Gessner , effectivement Profeffeut à Zurich ; (comme le prétendu Mercier peut l'avoir appris par le frontifpice de quelqu'un de fes favans ouvrages), & dont j'ai l'honneur d’être un peu connu ; m'a fait aflurer pofitivement, par un homme des plus dignes de foi : « Qu'il ne connoiffoit aucun MERcIER, qui fur Phyficien ; qu'il » ne connoifloit aucun Phyficien dans le Valais ; qu'il n’a jamais reçu de » lettre, datée de Sion & lignée de ce nom ; & que, n’ayant jamais lu le » Journal des Beaux-Arts & des Sciences , il avoit complétement ignoré » l’exiftence de certe lettre jufqu'au moment où je lui en avois fait de- + mander des nouvelles. XXV. Un de mes parens, Magiftrat de Vevey, Ville qu’on fait être très-voifine du Valais; a pris de foigneufes informations, auprès de plu- fieurs perfonnes de ce pays-là; particuliérement , auprès d’un ancien Grand Bailli du Valais, & auprès du Bourguemaïtre aétuel de Sion. Et ces perfonnes, fe font toutes accordées , à témoigner : qu’il n’exiftoit aucun homme nommé Mzrcier , ni à Sion, ni dans les environs ; & qu'on n’y avoit pas entendu parler, de la moindre expérience faite fur les montagnes. XXVI, Un autre homme de lettres de Vevey, fort diftingué par fes pi ; a pris les mêmes informations , auprès de M. pe Nucé , Chate- ain de Saint-Maurice; Gentilhomme fort inftruir , & qui connoît toutes les perfonnes tant foit peu confidérables de Sion : & il en a obtenu les mêmes réfulrats. Avec cette addition : qu’il ne connoît aucun Phyfcien à Sion: & que les amis qu'il y a, ayant pris fur fa requifition , des infor- mations plus polirives ; ils n’ont rien pu découvrir de pareil à ce qu'on nous a débité R-deffus. XXVITL. Enfin. Un favant Anglois de mes amis ; avoit fait quelque féjour à Sion, à l’occafon d’une maladie d’un de fes compatriotes ; & il y avoit contracté quelque liaifon, avec le Médecin & Pharmacien du Heu, nommé le Docteur NatERER. Je l'ai prié d'écrire d'ici, à ce Méde- cin; pour lui faire les mêmes queftions : & ilen a reçu des réponfes toutes pareilles. XXVIIL. Voici deux confidérations, qui rendent abfolament incroya- ble, que ce M. Mercier & fes expériences , euffent échappé à la con- noïffance des gens du lieu , s’ils avotent eu quelque réalité. C'eft 1°. qu’il eft parlé ( entr’autres aux pages 397, 400 & 401 du Journal); d'une maifon ; comme lui appartenant : & du Valais, (page 399 ) ; comme de fa Patrie , ou de fou féjour ordinaire. 2°. Qu'il aflure avoir fait, p/ufieurs opérations de Trigonométrie ; pour mefurer l'élévation d’une laicerie,, où 1l fe prapofcit de faire fes expériences : ne: La St-HE AM Th le 257 XXIX. Enfin. Il regne , dans cette petite Piece , comme dans l'autre; un profond filence , fur les traits qui auroient pu lui concilier quelque authenticité. L’Auteur y parle bien, des titres militaires d’un M. Mur- LER & d’un de fes parens; qu'il dit lavoir aidé dans fes expériences. Mais il n’a garde; de nous citer des réfhoins juridiques ou connus; ni de nous nommer les montagnes qu’il dit avoir choifi pour être le théatre de fes opérations. XXX. Je préfume , que voilà bien affez de témoignages , & affez de caracteres de fuppofition ; pour défabufer rout lecteur raifonnable, fur la réalité de ces deux fuites d'expériences. Et j'efpere qu'il n’y en aura au- cun , qui ne fe rende à l'évidence de ce concours : vu les étranges fuppo- fiions qu’il faudroit digérer ; pour pallier routes les fauflerés qui fe trouvent dans les circonftances ; ou pour prétendre, qu’on peut faire quel- que fond fur des expériences, quand elles font rapportées par des Au- teurs fi inñideles dans Le récit des circonftances externes. XXXI, J'ai obligation, à l’Auteur ou aux Auteurs de ces deux Pieces; de m'avoir engagé à développer , dans ma folurion des doutes ; un cas, d’une théorie que perfonne je crois n’avoit encore ébauchée : je veux dire ; l'attraction des corps terminés par des furfaces planes ; qui pourra fervir un jour , à déterminer la denfité moyenne du globe terreftre , rela- tivement à celle de certaines montagnes (1). Car, dans cette Piece; j’af- figne la quantité de l'attraction , exercée par une pyramide de forme quelconque , & de denfité uniforme , perpendiculairement à fa bafe, fuc une particule placée à fon fommer : ce qui s'applique aufli ; au cas où cette pyramide , feroit tronquée parallélement à fa bafe ; & à celui ; où, au lieu d’une fimple particule , on auroir une fphere , dont la denfité feroit uniforme à diftances égales de fon centre | & dont le centre occu- peroit Le fommer de la pyramide, XXXIIL. Je fuis bien aife aufli : que ces expériences prérendues , m’aiene donné occalion , de manifefter mon zele pour la Philofophie de Nrw- TON. Parce que, croyant avoir fait un pas de plus que ce grand génie, dans la carriere qu’il a fournie avec tant de fuccès ; & m'en étant vanté a (1) La Société Royale de Londres , s'occupe actuellement du projer de faire quel- ques expériences fur la Déviation caufée par les montagnes, dans le deflein de dérer- miner ce rapport de denfités. Et Mylord CaveNpiex, a déja donné des Directions & des Tables , fur cette matiere , au moins à l'égard des montagnes coniques & de celles qui font des Æomens de fpheres ou de fphéroïdes .. ... Mais, ces Direétions & ces Fables ; ne contiennent rien , fur les montagnes terminées principalement.par des {ur- faces planes : quoique de telles montagnes, foient allez fréquentes. 258 POUND L FE DS plus d'une fois : je cours rifque, auprès de quelques perfonnes ; d'être confondu , avec ceux, qui ne favent pas employer l’impulfion, dans l’ex- plication des phénomenes , & de la pefanteur en particulier ; fans médire de l’artraëtion Newtronienne ; c’eft-à-dire, de l’univerfalité ou des loix de cetre même pefanteur, Imputation 4 dont j'ai fort à cœur de prévenir jufqu’aux plus légers prérextes. XXXIU. Il y a toute apparence : que nos deux Pfeudonymes; font au nombre de ces Impulfionnaires , avec lefquels je defire qu’on ne me con- fonde pas. C’eft-à-dire : que la netteté de leur efprit , leur ayant fait concevoir une jufte répugnance , contre les vertus immatérielles; imagi- nées par quelques Newtoniens pouf n’y avoir pas affez réfléchi , & aufi chimériques qu’elles font inconcevables : ils auront cru , que tout leur éroit permis; pour travailler à bannir de la Phyfique, ces principes fi propres à la replonger dans les ténebres de la Philofophie Périparéticienne. Et qu'ils n'auront pas fu s’avifer , d'aucun autre Moyen pour y réuflir , que celui d’attaquer la loi même de la gravitation : ignorans ; de cette loi , prife dans un fens mathématique , eft un phénomene abfolument inexpugnable ; & qu'ils ne devoient attaquer, que les notions déraifon- nables, qu’on voudroit nous donner de fa nature. XXXIV. On ne peut qu'applaudir, à cette intention ; de purger la Phylfque, des chimeres méraphyfiques dont quelques Auteurs l'ont fouil- lée : je veux dire; des corps, qui agiffent là où ils ne font pas, & qui pourroient donner du mouvement fans en avoir ; des Attributs , préten- dus effentiels, quoiqu'ils dépendent de la préfence d’autres corps, & qu'ils varient par les diftances ; des influences, qui traverfent le vuide, fans y réfider dans aucun fujer; des qualités, qu’on nous donne pour ab- folues , quoiqu’elles jouiffent d'une certaine grandeur déterminée. Mais il ne falloit pas, pour détruire ces chimeres ; attaquer une analogie fi conftante ; & cela, par des armes fi indignes de la Philofophie. XXXV. Au refte :le choix de ces armes, doit donner aux vrais New- toniens , une plus grande confiance dans la Philofophie de leur chef. Car, un des fignes les moins équivoques , d’une caufe défefpérée ; c'elt quand fes partifans , ont recours à la fition. Ce font là , leurs derniers abois. C’elt ainfi, que les adverfaires de l’Inoculation ; ont fini par fe permettre contre elle, des récits entiérement fabuleux. Car on fair : que quelques Médecins, intérellés ou jaloux ; ont feint & répandu; que plufieurs inoculations, avoient été meurtrieres , ou n'avoient pas pré- fervé de la perite-vérole naturelle : favoir, pour foutenir une caufe dé- fefpérée ; qu'ils avoient eu l’imprudence d'embraffer , par prévention peut.être , ou par antipathie contre quelques-uns de leurs Coufreres. … BP ME: S'EUQUU EE 2$9 XXXVI. II n’eft a douteux : que le but de nos Romanciers , pour compofer cette double Table; n'ait été celui que je viens d'indiquer; & euc-être aufhi, le plaifir de fe jouer de notre créduliré. Cependant, s’il pa convenir ; qu'ils ont pris une peine , bien difproportionnée à ces motifs là. On conçoit bien, pourquoi les Hiftoriens Chinois ont fuppofé d'anciennes Eclipfes de conjonétions, comme ayanr été obfervées chez eux : favoir; pour donner une idée plus relevée, de l’antiquité de Icur Nation. On conçoit, pourquoi de pauvres Polonois; ont fait dorer fur la place , une des dents de leur enfant : favoir, afin de gagner quelque argent : en la montrant dans toute l’Europe, comme fi certe méralli- fation étroit naturelle, Au lieu qu'on ne voit pas auñli clairement : quel avantage peut revenir à un Phyfcien; de décrier un fyflème purement fpéculatif; par d’autres moyens , que ceux qui ont été fuffians pour le lui faire rejetter. D XXXVIL Quoique fouverainement blimables dans leurs moyens; ils font très-louables dans leur principe. Mais : ils pouvoient fatisfaire à cette répugnance contre l’attraétion ; en prenant la gravitation, à la façon du fage Newron, comme un fimple Fait : & fatisfaire à leur goût pour le Méchanifme ; en tâchant de découvrir celui de ce Fair. XXXVIIL. Jofe leur prédire un fuccès complet dans certe recherche: s'ils renoncent au fyftème du plein , qui a été fi bien réfuté ; pour em- braffer un vuide prefque ‘parfait : s’ils abandonnent en conféquence , tout mouvement forcé , c'eft-à-dire out tourbillon; pour des mouve- mens libres, & par-là rectilignes : enfin, s'ils rejettent les Auides élaf tiques , ou électriques &c; pour une matiere exempte de toute qualité fecondaire (1). XXXIX. Mais quand une fois, ils auront découvert un Méchanifine pro- pre à expliquer la pefanteur univerfelle & fa loi : il ne faut pas, qu'ils fe repofent auflirôr,fur l'accord de ce méchanifme avec cette loi, Cetre caufe, devant être fi répandue & fi conftante : elle doit influer fur tout le refte UE TPS de la nature. Ils doivent donc, la comparer avec foin , à tout ce qu’on STONE P ; 2 Eh connoît bien d’ailleurs en Phyfique : pour favoir fi elle n'eft en oppof- (1) M. Lefage parle ici & dans les articles fuivans , relativement à un fyftême done il eft fortement occupé depuis plufieurs années : il confifte à expliquer l'attradtion & tous les phénomenes de l'Univers , par le mouvement reétiligne de Corpufeules ultra- montains, mus en tout fens. I] eft parvenu à farisfaire & à répondre à routes les ob- jcétions ; & il fe propofe de donner fur cette matiere un Ouvrage intéreffant. On en peut voir déjà un efquiffe dans fon Effai de Chymie mechanigue, qui a remporté le prix de l'Académie de Rouen ; & dans le Mercure de Mai 1756. LA 260 FRS TN 1) CS NPC. U. Er tion, avec aucunes de ces vérités; & fi, par exemple, elle ne gène point le jeu , de quelques fluides , dont la fuppofition eft indifpenfable pour rendre raifon des autres claffes de phénomenes. XL. Ils doivent encore chercher , dans tous les Ouvrages où l’on a prétendu prouvet l’impofhbiliré d’une explication méchanique quelcon- que de la pefanteur; fi quelqu'un des argumens qu’on emploie, ne por- teroit point contre la leur, en donnant d'autant plus d'attention à ces objections ; qu’elles fe trouveront dirigées contre des méchanifmes plus femblables à celui qu'ils ont rencontré, Et n’employer aucun fubrerfuge , ni aucun agencement improbable , pour éluder la force de ces diflicultés. XLI. Ils feront bien encore : de propofer leur fyftème , par des cor- refpondances privées ; aux Phyfco-Mathématiciens les plus habiles de toute l'Europe, & les plus prévenus contre la poflibilité de femblables explications : fans que l’accueil glacé, que leur Ecrit efluiera , de la part de ces Savans (qui, fans daigner le lire, leur adrefferont des compli- mens généraux & des lieux communs); doive les rebuter, & les décou- rager de frapper à d’autres portes. Et de ne publier ce fyftème ; que quand ils auront pleinement fatisfaic aux objections de ces Phyficiens : de peur d’être tentés, de le foutenir , malgré la folidité des atraques ; [ni une fois leur amour-propre y devenoit intéreflé par la publication. XLIL Lors même qu'ils auront tari , toutes les fources où ils auroient pu s'avifer de puifer des objections. Ils feront bien, de garder leur Ou- vrage , quelque temps encore. Parce qu'il arrive très-fouvent : que des difcultés , qui ne fe préfentoient pas, lorfqu'on les cherchoit le plus ; viennent à s'offrir tout à coup, quand on les cherche le moins : pourvu qu'on ne cefle pas, de s’occuper du même fujer général ; en y apportant toutes fes lectures & médirations. Je ne crois pas être trop févere ; en confeillant , aux Phyficiens mêmes qui fe croient les plus habiles , la même neuvaine , qu Horace prefcrivoit aux Poëtes. XLIIL J'ofe dire enfin, à ceux dont les talens font bornés : qu'ils fe trouveroient bien; de doubler la dofe de ce f£lence , déjà plus que Pytha- goricien ; comme le fentiment de ma propre médiocrité, m'a engagé à la tripler. IL eft vrai ; que j'ai eu l'imprudence , de le rompre en quelque façon , de loin à loin. Mais, ç'a été fi briévement & fi foiblement : que mon opinion , n'a dû faire aucune fenfation dans le Public. Vu qu'on a befoin, de lui bien articuler les chofes folides en ce genre; fi l'on ne veut pas, willes confonde , avec un déluge d& fanfaronnades phyfiques ; dont il et inondé; & que (par cette raifon ) il parcourt très-fuperficiellement. ue SUITE EC CE ME F0 EG ER SE | 261! ARS RENE EEE EEUTAR RD A FAN ES ET EURPES END SERIE RC D 7 NE NP ENUEENREN e0PERS n © D OUEQT EE DES E, <'b SÉUR 1 MPNNC ES De M. le Doteur Black, fur la magnéfie ; la chaux-vive, & [ur d'au tres fubftances alkalines. SH CON DK 0 P /ACRET,J E. J. réfléchiflois fur les expériences dont je viens de rendre compte (1), lorfque je conçus une idée fur la nature de la chaux vive, qui paroït démontrer les propriétés de certe fubftance. I eft prouvé que les terres calcaires dans leur état primitif, les alka- lis & la magnéfie dans leur état ordinaire, contiennent une grande quan- tité d’air fixe. Cet air fixe y eft tellement adhérent, que la feule violence du feu peut le féparer de la magnéfie. Le feu mème le plus vif ne fufhit pas pour l'expulfer entiérement des alkalis fixes, ou ce qui revient au même , pour empêcher leur effervefcence avec les acides. Je conclus d’après ces confidérations, que le rapport qu’il y a entre l'air fixe & les fubftances alkalines, eft à-peu-près le même que celui qui exifte entre les alkalis & les acides ; que comme les verres calcaires & les alkalis attirent puiffamment les acides , elles attirent également l'air fixe ; que, lorfqu’on mêle un acide avec un alkali ou avec une terre abforbante, cet air fe met en liberté, & s'échappe avec violence, foit parce qu'il eft attiré moins fortement par l’alkali que par l'acide, foit parce que l'acide & l'air ne peuvent pas s'unir en même temps & au même corps. - J'ai également penfé que les terres calcaires expofées à l’aétion d’un feu violent & changées par ce feu en chaux vive, n’éprouvent d’autres aitérations que la perte d’une petite quantité d’eau & d’air fixe. La caufticité, fuire de cette opération, n’elt pas due à une nouvelle matiere acquife dans le feu ; cette caufticité ne peut être qu’une qua- lité effentielle à la rerre pure & fimple, qui dépend de l'attraction des différentes fubftances qu’elle eft fufceprible de corroder ou de diffoudre ; & certe attraction a refté infenfble, & n’a produit aucune caufticité tant que l'air a adhéré à la terre ; la caufticité n’a commencé à fe manifefter qu’à l’inftant de la fépararion de l'air. J'ai établi cette fuppoñtion fur les réfultats fréquemment obtenus + + MR à (1) Voyez le cahier précédent, page 210. Tome I, Part. IV, LI Société philofo- phiqued’E: dimbourg, 262 PIRBUYASAIROMUMRE. dans mes expériences chymiques. En général, lorfque nons mélons deux corps , leur caufticité ou leur atrraétion à l'égard des autres fubftances paroït aufli tôt d’une maniere , ou fenfible , ou infenfible, quoiqu’elle fur diftincte avant leur union, & quoiqu’on puiffe la leur rendre en les féparant. Un fel neutre, formé d’un acide & d’un alkali, n’a pas la cauf- ticité des deux fubftances qui le conftituent ; diffout dans Peau, il n’a que peu ou point d'effet fur les nitreux, 1l ne peut s'unir aux corps in- fammables , il ne corrode poinr les animaux ni les végétaux ; il eft donc certain que l’action de l’acide & de l’alkali fe trouve effectivement fuf- pendue dans le mêlange , jufqu’à ce que la féparation en foit faite. Il faut en conféquence regarder la chaux crue comme une terre natus rellement cauftique, mais dont la caufticité eft adoucie par fon union avec Fair fixe. Ainfi la chaux n’eft autre chofe que la mème verre dans laquelle (après en avoir féparé l'air) nous découvrons cette caufticité ou certe attraction , relativement aux fubftances animales, végétales & inflam- mables. Il n’eft pas douteux que les terres calcaires perdent réellement une prodigieufe quantité d’air lorfqu’on les réduit en chaux vive, ce qui paroît fuffifamment prouvé & mème démontré par l’expérience du céle- bre Margraff, (1) Cet habile Chymifte fit diftiller huit oncés d’ofteocole dans une retorte de terre , à laquelle il appliqua à la fin de l'opération le feu de reverbere, pouffé au plus haut degré de chaleur , il ne pafla que deux dragmes d’eau, dont la qualité & l'odeur indiquoient leur alkalicité ; il ne nous dir pas, il eft vrai, quel fut le poids de l’ofteocole qui tefta dans la retorte. Il obferva feulement gx”i/ fe changea en chaux vive ; mais comme une terre calcaire, de quelque nature qu'elle foit, ne peut être convertie en chaux vive, ni même fupporter le degré de chaleur requis pour fa converfon, fans perdre plus du tiers de fon poids, on peut conclure que la perte faire dans cette expérience, a été en raifon de la regle générale, & que cette perte n’eft autre chofe que la difiparion de l'air fixe. Suivant la théorie que j'ai établie, le rapport qu'il y a entre la terre, l'air & l’eau, paroît femblable au rapport de la même verre avec les aci- des vitrioliques & végétaux. La chaux , par exemple, attire plus forre- ment l'acide vitriolique que l’acide végétal. La chaux eft plus difhcile- ment diffoure avec le premier qu'avec le dernier , mais elle attire plus l'air que l'eau, & on la diffour moins aifément lorfqu’elle eft combinée avec l'air que lorfqu’elle eft combinée avec l’eau. Une terre calcaire dépouillée de fon air, ou dans l'état de chaux vive, abforbe évidemment une quantité confidérable d’eau ;, elle devient folu- (1) Mémoires de l'Académie de Berlin , 1748, page fte. PNR UT SR LT) SU 2X: 263 ble dans ce fluide, & l’on dit alors qu’elle eft délayée ; mais fi elle trouve de l’air fixe, on fuppofe qu'elle quitte l’eau pour s’y unir, alors elle redevient indifloluble dans l’eau. Lorfqu'on mêle de la chaux délayée avec de l'eau, l'air fixe qui eft dans cette eau fe trouve attiré par la chaux , alots une partie devient in- diffoluble ; il eft vrai qu'une partie de la chaux délayée qui refte fe dif- fout & compofe de l’eau de chaux. Si l’on expofe ce fluide à l’air , les particules de chaux vive qui fonc les plus près de la furface , attirent par degré les portions d’air fixe qui flottent dans l’atmofphere , & du moment qu’une-particule de chaux fe trouve imprégnée d’air, elle recouvre fon indiflolubilité; mais comme ce changement s’opere fur la furface, de-là vient que la chaux s’y raffemble en partie, fous la forme d’une terre calcaire ; c’eft ce que nous nommons crême ou croûce d’eau de chaux vive. La chaux vive elle-même, lorfqu’elle eft expofée à l'air, abforbe les particules d’air fixe & d’eau qui fe rencontrent à la fphere d'activité de fon attraction. Comme au premier abord il s’en préfenre une grande quantité, de-là vient que la plus grande partie prend la forme de chaux délayée , & le refte rerourne à fon état primitif. Nous avons déja fait voir que la magnéfie blanche eft un compofé d'air fixe & d’une terre d’une efpece particuliere. Lorfque l’on mtle cette terre avec l’eau de chaux, cette chaux paroît attirer plus fortement l'aic fixe que la magnéfie même ; l’air certainement quitte cette fubftance pour fe joindre à la chaux. Ainfi comme ni la chaux lorfqu'elle eft combi- née avec l'air , ni la magnéfie lorfqu’elle er eft privée, ne font diffolubles dans l’eau , il en réfulte que l’eau de chaux devient parfaitement pure &c infipide, parce que la chaux qu’elle contenoit s’unit avec la magnéfie : mais fi la magnéfe eft privée d’air par la calcination avant d’être mêlée avec l’eau de chaux, ce Auide ne fouffre point d’altération. Si l’on unit de la chaux vive avec un alkali diffour, elle attire l’air fixe plus vivement que ne le feroit l’alkali. Elle dépouillera ce fel de fon air, & par cette raifon elle s’adoucira, tandis que l’alkali devenu plus cauf- tique, manifeftera fon degré naturel de caufticité, & une forte attraction pour l'eau, pour les corps inflammables, de mème que pour les animaux & les végéraux. Lorfque l’alkali volatil eft privé de fon air, il manifefte encore fon degré naturel de volatilité, qui fe trouvoit, pour ainf dire , réprimé par l'air qui y adhéroit, de la mème maniere qu'il fe trouve effectivement réprimé par l'addition d’un acide. La fimplicité de ce fyftème fur la nature de la chaux & fur celle des alkalis, ne rarda pas à me féduire, parce qu’il fembloit réfoudre plu- fieurs phénomenes fort obfcurs, & en l'examinant de plus près, il me réfenta des conféquences tellement neuves & fi extraordinaires, que je us fur le point de douter des principes d’où je lestirois. Tue déterminai LI ij 264. PUS NL NT Ov PE cependant à les examiner d’une maniere plus particulière, & je crois pouvoir Les réduire aux propofitions fuivantes : 1°, Si nous féparons feulement une certaine quantité d’air de la chaux & des alkalis, nous verrons qu’en les rendant cauftiques, ils perdront une! partie de leur poids, mais ils pourront recevoir autant d'acide qu'auparavant , fans que cette faruration produife aucune efferve{- cence. 2°, Si la chaux vive n’eft autre chofe qu'une terre calcaire privée de fon air, & dont l'attraction par l'air fixe eft plus forte que celle des alka- lis, il faut conclure qu’en y ajoutant une quantité fufhfante d’alkali im prégné d'air, la chaux recouvrera tout fon air, qu’elle reprendra fon pre- mier poids & fon premier état. Il fuir de-là que la terre féparée de l’eau de chaux par un alkali , eft exaétement la chaux diffoute dans l’eau & xendue à fon état d'indiffolubilité. 3°. Si l’on fuppofe que la chaux délayée ne contient point de parties. plus fubriles & plus aétives que les autres, que ces parties plus fubtiles &c plus aétives ne foient pas la caufe principale quicommunique fes qualités à l’eau, fi, dis-je, on fuppofe que ce n’eft qu’un compofé uniforme d’eau & de chaux , il faut aufli conclure que puifque l’eau en diffour une par- tie, la totalité eft également fufceprible de diffolurion.. 4°. Si l’acrimonie de l’alkali cauftique ne dépend d’aucune partie de chaux adhérente, on ne trouvera point de chaux dans un cauftique de leffive de Savonnier (1), à moins que la quagtité de chaux. employée pour le faire n'ait été plus que fuffifante pour extraire l'air de lalkali. En ce cas le furplus de la chaux pourroit aufli aifément être diffous par la leffive de Savonnier que par l’eau pure , ou bien cette leflive contiendroit autant de chaux que l’eau de chaux en contient. 5°. Nos expériences précédentes démontrent que les rerres abforbantes perdent leur air lorfqu’on les joint à un acide, mais qu’elles ne tendene as à le recouvrer lorfqu’on les fépare de cet acide par le moyen d'un alkali, L'air fe communique de l’alkali à la erre en même temps que Pacide paffe de la terre à l’alkali. Si donc l’alkali cauftique n’a point d’air, il féparera la magnéfie d’avec un acide fous la forme de magnéfie privée d’air , & cette magnéfie ainf féparée, ne fera plus d’effervéfcence. Le même alkali opérera une fem- blable féparation,. & fous la même forme, fur les terres calcaires. Telles font les conféquences néceflaires des fuppolitions que je viens: la IS RIT EN SNS SERR ERA LE PERS EUEn Re VERNIS PT RP RS (1) On entend ici par.leffive des Savonniers, fa liqueur alkaline aiguifée par la chaux que les Savonniers préparent pour faire le-favon. Nous n'avons trouvé aucun autre mot François pour exprimer ceux foap ley , qui font dans l'original Anglois,;; ainfi. nous nous. (ervirons du mot .de leffive., ou de la périphrafe, de. lefäive de Sa=- vOAALTS. PRET SNIONNT E- 216$ d'expofer. Plufñeurs me parurent trop difhciles à prouver pour que je crufle devoir m'y arrêter , cependant un grand nombre a femblé étre juf- tifié par l'expérience. Hoffman a obfervé que la chaux vive ne fait point d’effervefcence avec le vitriol, & l’on fair que l’efprit cauftique d'urine, ou de fel ammoniac ne reçoit point d’air lorfqu’on y mêle des acides. Certe confidération a piqué ma curiofité, & m'a déterminé à pourfaivre la recherche de la vérité. A cer effet j'ai entrepris une fuite raifonnée d'expériences , dont je vais tracer la marche. Le Lecteur y trouvera des faits nouveaux, aucun ne fera hafardé, & lorfque je négligerai de dé- crie particulièrement une opération, c'eft qu'il lui fera aifé de la deviner & de la faire. Pour favoir combien une terre calcaire peut abforber d'acide, & quelle eft au jufte la quantité d’air qui en fort pendant la diffolution, je fis dif- foudre deux dragmes de chaux avec de l’efprit de fel délayé. A cet effec je me fervis d’un facon de Florence, femblable à ceux employés dans mes expériences fur la magnéfie. Sept dragmes & un grain d'acide finirent la diffolution, & la chaux perdit deux ferupules & huit grains d’air. Cette expérience me prépara à une feconde, pour connoitre la vérité de la premiere propofition, relativement à la chaux vive. Je convertis deux dragmes de chaux en chaux vive. La perte fur de deux fcrupules, douze grains. Je délayai cette chaux vive, & j'en fisune efpece de lait avec une once d’eau. Elle fur enfuire diffoute de la même maniere , & avec le mème acide que dans l’expérience précédente. Six dragmes, deux fcrupules, quatorze grains d'acide finirent la diffolution. mais il n’y eut ni effervefcence, ni perte de poids. Je conclus de ces expériences, que l'acide ne fépare point l'air de la chaux vive, & que la chaux abforbe autant d’acide lorfqu'elle eft con- vertie en chaux vive qu'auparavant fon changement. Pour la feconde propofition j'opérerai ainfi. Je réduifis en poudre très-fine une portion de chaux vive , pefant une dragme & huit grains. Je la jetrai dans un mèlange filtré de deux onces d'eau & d’une once de fel alkali fixe. Après la digeftion, je lavai la poudre & ia fis fécher ; fon poids étoit d’une dragme & cinquante— huit grains. Elle reflembloit exaétement à la poudre de chaux ordinaire, ain{i l’alkali lui avoit fourni de l'air. Je fis difloudre une dragme de fel de tartre très-pur dans quatorze: livres d’eau, je ramaffai avec foin la poudre précipitée par cette opéra- tion ; je la fis fécher , alors elle pefa cinquante-un grains. Je l'espoir au feu, elle fe convertit en chaux vive, & acquit toures les qualités d’une terre’ calcaire. La même expérience fut répétée, foir avec l’alkali volatil, foir avec Le fel marin ; le réfulrat fut le mème. La troifieme propofition paroifloit moins probable que celle dont jg: 266 PAS PNEU IAONEUNIE: viens de rendre compte. Je réduifis huit grains de chaux vive parfaire, formée de chaux en poudre extrèmement divifée, en la délayant dans deux dragmes d’eau diftillée & bouillante. Ce mélange fut jetré fur le champ dans dix-huir-onces d’eau diftillée , & le tout renferme dans un Hacon. En agitant le flacon, il fe forma un léger fédiment, flottant dans la liqueur, & ilfe fixa à la fin. Je le ramaflai, & le fis fécher avec foin; il peoit 1 + de grains. L'eau avoit le goût & la qualité de l’eau de chaux, & elle contenoit douze grains de précipité, en y ajoutant autant de fel de tartre. Cette expérience fut fouvent répétée , mais la qualité du fédi- ment varia, quelquefois plus foible, quelquefois plus forte, elle pefoit un demi grain. Ce fédiment eft formé d'une portion de terre, qui fait la plus vive effervefcence avec l'acide nitreux, & d’une portion de poudre ocreufe qui ne fe diffout point dans cet acide. La poudre ocreufe , telle qu’elle paroît ordinairement à l'œil dans la chaux , fous la forme de petires veines difpofées dans cette fubftance, ne doit être confidérée que comme un mêlange accidentel & étranger. Quant à la petite portion qu compofoit le refte du fédiment , on ne peut pas fuppofer qu’elle eut été originairement diftinéte du relte , que, par fa nature , elle foit incapable d’être convertie en chaux vive, ou d’être dif- foute dans l’eau. On eft plus porté à croire que c’étoir une portion de chaux unie avec fon air, & que cet air y étoit refté adhérent, foit parce que le feu n’avoit pas été fuffifant pour le chaffer tout-à-fait , foit parce que l’eau diftillé le lui avoit fourni. Je comprois, il eft vrai, trouver une plus grande quantité de fédiment, produit par la chaux vive, à caufe de l’air que l’eau contient , & afin de voir fi l’eau retient effectivement fon air, lorfqu’elle eft imprégnée de chaux. A cer effet je fis la plus forte eau de chaux qu’il me fut pofble, je plaçai dans une phiole de même grandeur quatorze onces de certe eau de chaux , fous le récipient d’une machine pneumatique , avec quatre onces d’eau commune. Je pompai l'air, alors celui qui étoit Re dans l’une & l’autre fubftance s’éleva à peu-près en même quantité , d’où je conclus que l'air attiré par Ja chaux vive eft différent de celui qui eft avec l’eau. Nous éprouvons aufli tous les jours qu'il differe également de l'air élaftique commun, puifque l’eau de chaux qui attire fi prompte- ment l’air, & forme une croûte lorfqu’elle y eft expofée, fe conferve également dans les bouteilles, quoi qu’elles ne foient pas exaétement bouchées, & quoique dans ces vafes 1l y ait un vuide propre à contenir & à recevoir l’air élaftique. Il fuit de-là , que la chaux vive n’atuire point l'air dans fa forme ordinaire , mais qu’elle ne s'unir qu’à une efpece d’air difpofé & répandu dans l’atmofphere , foit fous la forme d’une poudre extrèmement fubrile, ou peut-être fous celle d’un fluide élaftique. C’eft getre efpece d'air que je nomme air fixe, peut-être aflez mal-à-propos , Re, RU l's Ed 0) 2 167 mais j'aime mieux me fervir d’un mot déja connu en phyfique, que d’en inventer un nouveau avant d’être parfaitement inftruit de la nature & des propriétés de cette fubftance. Il n’eft pas néceffaire d’obferver ici que les fabftances calcaires em- ployées dans les expériences dont nous venons de parler, doivent être de la nature la plus pure, & que l’on doit les expofer au feu le plus violent , fans quoi elles ne fe convertiront jamais en chaux vive. La chaux dont je me fuis fervi avoit été cuire jau feu le plus ardent, pendant plus d’une demie heure dans un petit creufet des plus réfractaires. Ma réuflite dans ces premieres opérations me porta à rechercher les propriétés de l’alkali cauftique. Je compofai donc un cauftique ou une Jeflive de Savonnier de la maniere fuivante. Vingt - fix onces de chaux vive furent délayées & réduites en une efpece de pâte fluide avec onze livres d’eau bouillante ; le tout fut mêlé dans ua vafe de verre avec dix-huit onces de fel alkali fixe, très- pur , que j'avois eu foin de diffoudre dans deux livres & demie d’eau, Ce mélange fur remué fréquemment pendant l’efpace de deux heures, jufqu'à ce que l’action de la chaux fur l'alkali fut parfaite. Il ne me ref- toit plus qu’à féparer ces deux fubftances l’une de l’autre. À cer efter, j'ajoutai douze livres d’eau , j’agitai la chaux , la laiai repofer, & vui- doit autant de lefive qu’il fut poflible. La chaux & l’alkali éroient mêèlés enfemble , fous la forme d’une pâte fluide, ou d’une liqueur laiteufe, très-épaifle. Ces deux fubftances fe con- fervent en cer état jufqu'à ce qu’elles ayenc fuffifamment agi Pune fus l'autre ; en fe fervant au contraire, d’une grande quantité d'eau, felorr Vufage ordinaire, la chaux fe précipite au fond du vafe, & quoi qu'on le remue & qu'on l’agire , elle n’exerce jamais fi parfaitement fon aétion fur l’alkali, qui fe trouve univerfellement difperfé dans toute la liqueur. Il s’agifloit d'examiner fi l’alkali avoit perdu en devenant cauftique. Je me propofai de le découvrir, en fixant la force de la leflive du Savon- nier , ou la quantité de fel qui pouvoit être contenue dans une quantité donnée de cette matiere. Je fis, à cer effer, évaporer une partie de cette leflive, mais je ne car- dai pas à m'appercevoir que certe opération ne me conduiroit à aucune découverte , parce que pendant l’évaporarion , elle abforboit une quantité confidérable d'air. Le fel faifoit une effervefcence très-vive, & certe lef- five paroiffoit beaucoup plus forte qu’elle ne left en effer : cependanr calculant d’après l’imperfeétion de certe expérience , je vis que le fel em devenant cauftique , pouvoit très-bien avoir perdu un fixieme. J'examinai de plus près les changemens que l'alkali avoit foufferr, & je trouvai que la leflive n’avoit donné à l’eau de chaux qu'une légere teinte de lait, parce que l’alkali cauftique manque de cer air , par lequel le fel de tartre précipite la chaux. J'en expofai quelques onçes dans ui 268 PE ETS TR ON CURE vale découvert ; elles prirent un peu d'air, & l’effervefcence avec les acides , ne fut pas confidérable. Après avoir été quinze jours expofée à Fair, elle devint entiérement douce, & fon effervefcence , & fon action fur l'eau de chaux fut la même que celle d’une folurion ordi- naire d’alkali. J’y trouve même un rapport avec l’eau de chaux; c'eft qu'elle fe conferve très-long-temps dans des vafes peu couverts, fans abforber beaucoup d'air. Pour favoir combien il contenoit de chaux, j'en évaporai dix onces dans un petit vafe d'argent fur une lampe , & je fon- dis le fel, après avoir diflipé l’eau. Le cauftique ainfi produit fut encore diffout dans une petite quantité d’eau; & il dépofa d’abord un très-petit fédiment, que j'imaginai être de la chaux ; mais voyant qu’il pouvoit fe diffoudre aifément dans une plus grande quantité d’eau , je conclus que c'étoit du tartre vitriolé qui accompagne toujours l’alkali des végétaux. Je mêlai enfuite cette folurion de fel cauftique avec de l'efprit de vitriol, comptant par ce moyen découvrir la chaux, parce que cet acide précipite toujours une terre calcaire de fes folutions. Il fe forma pendant l'opération une grande quantité de poudre blanche ; & cette poudre étoit un vartre vitriolé qui s’étoit préfenté en forme de poudre , parce qu'il n'y avoit pas affez d’eau dans le mélange pour le diffoudre entié- rement. Enfin j'expofai quelques onces de leflive dans un vaifleau ouvert, où elles refterent jufqu'à ce que l’alkali eùt perdu fa caufticité, & qu'il parût abfolument rendu à fon état ordinaire d’alkali fixe ; mais il ne dépofa pas un atome de chaux. Pour m'afarer que cette leflive n’étoit pas d'une efpece particuliere , je répétai ces expériences avec de la leflive com- mune ; j'en fis mème un compofé d’une partie de fel alkali fixe & très- pur, & de trois'parties de pierre à chaux commune & fraîchement dé- layée ; je ne pus y découvrir la moindre particule de chaux. Ces expériences prouvent ma quatrieme propofition. Elles démontrent que l’alkali cauftique ne contient point de chaux, comme ilparoît probable par la promptitude & par la facilité avec laquelle l’alkali avoit été rendu cauftique, que la chaux employée éroit en quantité plus que fuffifante pour extraire la totalité de fon air. Ce n’eft pas fans furprife que je ne trouvai point de chaux diffoute dans l'eau. Ce phénomene fe rencontre fouvent en Chymie. L'eau peut dépofer un fel ,en y mêlant une fubtance avec laquelle elle a plus d’affinité qu'avec ce fel, par exemple, de l’efprit-de-vin. Le même principe féparera la chaux de l’eau ; puifque fi on mêle une égale quan- cité de cet efprit-de-vin à l’eau de chaux , alors le mélange fe trouble & dépofe un fédiment qui, féparé de nouveau & diffour dans de l’eau dif- illée , compofé de l’eau de chaux. Il faut donc conclure à l'égard du phé- nomene dont il s’agit, que l’eau n’avoit pas diffout la chaux , parce qu'elle contenoit déjà un alkali cauftique avec lequel elle a plus d’afhinité. ; e PRES NAT OUT 263 Je rendis également cauftique l’alkali volatil, afin de connoître quelle alrération il éprouvoit dans cette opération. J'en tirai un efprit extrème- ment volatil & acrimonieux qui ne faifoit point d’effervefcence avec les acides, & ne changeoïit point la tranfparence de l’eau chaude. Quoique cer efprit füc très-fort, 1l étoit beaucoup plus léger que l’eau , 1l y ot- toit comme de l’efprit-de-vin. Je m'y pris de la maniere que je vais indiquer pour établir la vérité de la cinquieme propolition. Je fs difloudre deux dragmes de fel d’epfom dans une petite quantité d’eau, & j'y jertai fur le champ deux onces de leflive cauftique. Le mélange s’épaiflit comme une décoc- tion d'orge , par le moyen de la magnéfie qui fe précipita. J'ajoutai en- fuice par degrés de l’efprit de vitriol jufqu’à ce que le mélange füt très- clair, & toute la magnéfie fût encore difloute ; ce qui arriva fans effer- vefcence ou émiflion d’air. Je fis diffoudre une demi - once de chaux dans de l’efprit de fel, que je mis en telle quantité que le mélange n’avoit plus aucun degré d’aci- dité. Je jertai la folution dans douze onces de leflive cauftique : cette quantité fut fufhfante pour précipiter prefque toute la chaux. Je filtrai la liqueur , & le dépôt reftant fur mis fur du papier afin de le fécher exac- tement, & de le réduire en une poudre plus compaéte. Je la jertai en- fuice dans un Hacon fur vingt onces d’eau pure, & après avoir laille pré- cipiter la poudre, je vuidai l’eau , & lui trouvai routes les qualités de l'eau de chaux. Cette mème poudre lavée & précipirée dans huit eaux différentes , produilit toujours le même effet; mais, à la huitieme répé- tition , je Lai l’eau avec la chaux; elle fut fréquemment agitée pendant deux jours confécutifs , & enfuite filtrée. Il fe forma, étant expofée à l'air , une croûte fur fa furface ; le fycop de violette s y reignit en verd; elle fépara une poudre de couleur orangée ; elle fe troubla en y ajoutant de l’alkali, & enfin devint tour-à-fait douce par la magnéfie. Son goût éroir tel que je ne pus le diftinguer de l'eau de chaux ordinaire; enfin je jettai du fel ammoniac dans la chaux qui reftoit, & aufli côc il s’éleva une vapeur d’alkali volatil. L'air, dans cette expérience , eft chalfé par un acide; & alors , pour en féparer l'acide, nous ajoutons un alkali privé de fon air , au moyen de quoi la chaux elle-même paroïît fous une forme cauftique. Nous avons aufli plufeurs expédiens pour obtenir de l'alkali volatil dans une forme caultique. Il fuffir de le tirer dans un état de pureté, c'eft-à-dire , dépouillé d’air fixe. Le premier de ces moyens eft de féparer l'alkali d’un acide, fimple- ment par la chaleur : on a à ce fujet une expérience de M. Maigraff (1). (x) Mémoire de l'Académie de Berlin , année 1746 , page 87, Tome I, Part. IV. M m 270 APPEL S OT O. AUTRES 11 prépareun fel ammoniac urineux, dont l'acide eft la bafe du phofphore: Cet acide a pour qualité effentielle & particuliere , celle de fupporter le plus grande chaleur , fans fe diffiper. Ce Chymifte mit feize onces de fel neutre dans fa diftillation ; l'acide refta dans la rérorre, & il trouva dans le récipient huit onces d’un efprit alkali très-volatil, qui reffembloir à l'efprit de fel ammoniac diftillé avec la chaux vive : expofé à l'air, ilne forme point de cryftaux. On peut également tirer de lalkali volatil, en mêlant deux parties de fel ammoniac avec une partie d’alkali fixe, cauftique , ou de magnéfie dépouillée de fon air par le feu ; il faut foumettre ce mélange à la diftil- lation. On peut encore ajouter un alkali volatil ordinaire à une quantité de lefise de Savonnier. Dans ce mélange l’air pañle de l’alkali volatil à l’alkali fixe, & la compofition contient un efprit femblable à celui que l’on obtient du fel ammoniac & de la chaux vive. li eft donc probable que fi nous avions une méthode de féparer l'al- kali fixe d’un acide, fans qu'illy entrât d’air , nous le tirerions fous une forme cauftique ; mais je n’en ai pas encore vu d'exemple en Chymie. Il y a effectivement deux expériences qui, au premier coup d'œil, pa- roiflent y avoir du rapport. 1°. La fépararion de l’alkali fixe de l'acide nitreux, par le moyen da charbon enfammé , en faifant le nitre fixé : 2°. du même alkali des aci- des végéraux feulement par la chaleur; mais, en examinant le produit de ces deux opérations, nous trouvons que l’alkali n’eft pas depouillé d’air. Dans la premiere expérience, foit la braife, foit l'acide, foit tous les deux enfemble, fe convertiffent prefque entiérement en air, & partie de cet air fe joint vraifemblablement à l’alkali. Dans la feconde , l'acide n’eft pas proprement féparé par le feu , mais détruit. La plus grande par- tie fe convertit en fubftance inflammable ; & le Docteur Hales nous apprend que les corps de cette claffe contiennent une grande quantité d'air fixe. Lorfque nous confidérons que les alkalis attirent l’air fixe plus facile- ment que les terres calcaires, & que nous réfléchiffons fur les effers de la chaleur dans les opérations de Chymie , nous fommes portés à croire qu'on poutroit dépouiller les alkalis de leur air , ou les rendre parfaite- ment cauftiques en les expofant à un feu plus foible que celni qui eft né- ceflaire pour produire la mème altération fur la chaux ; mais cette opi- nion ne s’accorde pas avec l’expérience. Les alkalis acquierent un degré de caufliciré dans un feu violent : la preuve en eft, qu'on les unit plus facilemens à l’efprit-de-vin , après les avoir gardé quelque temps en fufion; puifque ce fluide, qui ne peur étre teint par un {el doux de tartre , prend bientôt une couleur chargée , lorf- qu’on y laifle tomber une petite partie de leflive de Savonniers. Les cau- fes qui nous empèchenr de rendre ces fels. parfaitement cauftiques par CRT UT 6 D 271 h chaleur, font 1°. leur propenfon à fe difliper pendant la violence du feu; 2°. leur extrème acrimonie; 3°. l’imperfection des vaifleaux que nous employons : cat avant que la chaleur foit à fon plus haut degré , les alkalis ou s’évaparent ou diflolvent une partie des creufets qui les con- tiennent , & fouvent ils s’échappent par leurs pores, ce qui arrive fur- tout dès qu'ils ont acquis un nouveau degré d’acrimonie par la perte de leur air. Les Chymiftes n’ignorent pas que la fufion qu’éprouvent ces matieres, eft un obitacle à la féparation des parties volatiles d'une compofition quelconque. C’eft pourquoi nous fommes obligés dans la plupart de nos opérations d'ajouter à la compofition fufible une fubftance poreufe , inca- pable de fufon, afin de retenir le tout fous une forme fpongieufe, & faciliter par-là la diflipation des parties volatiles. Pour favoir fi un alkali perdroit fon air & acquertoit un degré de cauf- ticité en l’expofant à l’action du feu, avec les précautions dont je viens de parler , je mêlai une once & demie de fel de tartre avec trois onces de plomb noir. Ce mélange fut expofé pendant quelques heures dans un creufet à un feu un peu plus fort que celui qui eft néceffaire pour tenir ‘le fel de tartre en fufon : lorfque le tour fut refroidi, je retrouvai la RES dans la mème forme; j’en retirai la moitié que je délayai dans ‘eau, & en le filrrant, j'en obtins une leflive de Savonniers ; je jettai certe leflive dans une folution de marbre blanc, opérée par l'eau forte; elle précipita le marbre fous la forme de chaux vive , mais foible, Ce mè- lange changeoit effectivement en verd le fyrop de violette, & donmnoir une croûte femblable à celle de l'eau de chaux. La poudre précipirée fut mêlée avec le fel ammoniac , & par cette union j obtins un alkali vo- latil. » Afin qu'on ne foupçonne pas ici que les qualités alkalines de mon mêlange & du marbre précipité provinflent de l’alkali que j'y avois ajouté, & non de la converfion du marbre en chaux, je crois devoir obferver que la quantité de leflive des Savonniers , que j'avois mife dans la folution du marbre, éroit fi foible , qu'il n’y a point de doure que tout l'alkali fe füt épuifé dans la précipitation; & que conféquemment il fe fût converti en fel neutre, en s’uniffant avec l'acide : ainfi je fuis fondé à conclure que les qualités découvertes dans mon mêlange font produites par là chaux. Ma conclufion eft fuffifamment prouvée par la croûte qui eft particuliere à l’eau de chaux. Cette expérience m’a démontré que l’alkali perd réellement une partie de fon air, & acquierrun degre de caufticité par la chaleur ; mais apperce- vant que ce degré de caulticité, ainfi acquis, éroir bien foible, & que la chaux vive produite s’épuifoir & devenoic douce, en y mêlant une petite quantité d’eau , j'expofai à un feu plus violent mon creufet, avec cetre moitié d’alkali qui reftoit, afin d'en chafler une plus grande quantité Mu ij 872 FM» Sr @e vw E d'air, & de le rendre plus cauftique ; mais la chaleur diffipa tout ; & ce qui reftoit fous la forme d’une poudre très-fine ne renoit point à l’eau, Nous découvrons dans cette expérience la raifon pour laquelle l’alkali- cibilité des cendres des végétaux eft généralement de l’efpece la plus acri- monieufe; parce que c’eft le feu qui la forme, & qu’elle eft le réfulrat d’une combinaifon particuliere de quelques-uns des principes des végétaux. Un de ces principes eff l’air toujours contenu en grande quantité dans routes les matieres végétales ; mais aufli-tôt que la plus perite partie d’un végé- tal eft réduite en cendres & que l’alkali eft formé , ce fel fouffre néceflai- rement une calcination pendant laquelle les cendres le confervent en une forme fpongieufe ; & fion l’applique immédiatement fur le corps d’un ani- mal , il donnera des fignes fenfibles d’acrimonie ; mais fi on expofe pen- dant quelque temps ces cendres à l'air, ou fi on en fépare l’alkali par le fecours de l’eau & de l’évaporation , ce fel attirera l’air fixe de l’ath- mofphere. Le borax a éré quelquefois claffé dans l’ordre des alkalis , à caufe de certains rapports qu'il a avecces fels ; mais l'expérience nous a démontré qu’il devoit être confidéré comme un fel neutre, puifqu'il eft compofé d’un alkali & d’une fubftance particuliere , appellée /edarif, qui adhere à l’alkali de la même maniere que l’acide , mais qu’on en fépare aufli par addition d’un acide quelconque , parce que cet acide s’unit à l’alkali, our y remplacer le fel fédatif. Comme cette conjonétion d’un acide avec l'alkali de borax fe fait fans effervefçence , nous devons conclure que cet alkali n’a point d’air , puifqu'il ne peut s'unir en même temps avec l'air fixe & le fel fédatif. IL fuir de-là que fi nous mélions du fel fédatif à de l'alkali rempli d’air , cet air en fortiroit à l’inftant; ou , ce qui eft la même chofe, l’union de ces deux fels produiroit une effervefcence. Je l’ai prouvé en mêlant une petite quantité de fel fédatif avec une quantités égale de chacun des trois alkalis : j'écrafai le tout dans un moïtier, & j y ajoutai un peu d’eau. I faut obferver que fi ces expériences font faites d’une maniere diffé- rente, elles donneront des ie finguliers. Jetez une petite quantité de fel fédatif en une grande quantité d’alkali fixe & diffous ; le fel féda- tif difparoît peu à peu & s’unit à l’alkali fans effervefcence ; mais fi on répere fouvent cette projection , il y aura à la fin une violente effervef- cence qui fe manifeftera de plus en plus jufqu’à ce que l’alkali foirentié- rement imprégné de fel fédarif. On peut expliquer ce phénomene, en confidérant les alkalis fixes, comme n'étant pas entiérement remplis d'air. Cetre fuppolition paroïc affez raifonnable , puifqu’on ne peut les former que par l'excès de la cha- leur qui diflipe difficilement le peu d’air volatil qui s'y trouve. Si donc on: jette une petite quantité de fel fédatif dansune liqueur alkaline, comme: l'eau la diffout lentement , ce ne fera que par degrés impercepuibles que: MN UP EUTI @ 0 173 fes particules fe méleront aux atomes de l’alkali. Ces petires parties font plas fortement attirées par les atomes defitués d'air ; c’eft pourquoi elles s’uniflent fans produire d’effervefcence : ou s’il en fort quelques petits globules d’air , ils font immédiatement abfoibés par de petits cauftiques privés d’air ; & l’effervefcence ne fe manifefte que lorfque l'alkali qui étoir fans air, fe trouve entiérement rempli de fel fédarif. - J'expliquerai de la mème maniere-mn phénomene à peu près fembla- ble qui fe montre fouvent lorfqn’on pénetre un alkali avec des acides. RRervalaacé eft moins confidérable au commencement, & elle n’eft fenfble que lorfque l’alkali eft entiérement pénétré. On obferve fur-rout ce phénomene dans la compoftion du fel diurérique ou du tartre régé- néré. Les particules d’acide végétal qu’on y emploie, étant toujours dif- erfées dans une grande quantité d’eau, s'appliquent plus lentement à celles de l’'alkali, & elles ne s’uniffent d’abord qu'à celle où il y a le moins d'air. L'expérience fuivante prouve que l’alkali fixe dans fon état ordinaire eft rarement pénétré d'air. J'expofai à l’air une petite quantité d’alkali pur, fixe & végétal, dans un vafe large & ouvert ; il y refta pendant deux mois; je trouvai après ce temps beaucoup de cryftaux folides qui reffembloient à ceux d’un fel neu- we, c’eft-à-dire qu’ils confervoienc leur forme étant expofés à l'air, & qu'ils produifoient un froid bien marqué, lorfqu’on les faifoit difloudre dans l'eau : leur goût étoir plus doux que celui du fel de rartre ordi- paire ; cependant ils ne paroïfloient compofés que de l'alkali, mais ils étoient plus chargés d’air que ce fel n'en contient ordinairement. Cer air avoit été attiré par les cryftaux, & ils l’avoient abforbé de lathmof- phere. La preuve de ce que j’avance fe tire de la prompte effervefcence qu'ils éprouverent avec les acides. Je ne pus y mêler une goute de vinai- gre, ni même la plus légere dofe de fel fédatif, fans qu'il ne s’exécurât fur le champ une violente effervefcence. Après m'être affuré que les fubftances alkalines attiroient l’air fixe , je voulus me convaincre de leurs divers degrés d’affinité. A cer effer, vingt- quatre grains de maghéfie en poudre furent mélés avec cinq onces de lef-- five de Savonnier, dans une petite phiole que l’on eur foin de chauffer fur le champ & de remuer fréquemment pendant quatre heures ;on retira: la lefive des Savonniers, on lava la magnéfe à plufeurs reprifes, & on la fit fécher : elle avoit perdu moitié de fon poids, & en la réduifant en poudre , elle fur promptement difloute par les acides fans effervefcence , preuve que l'alkali s’étoit emparé de fon air. Je jettai aufi un peu de magnéfie dans la leflive de Savonnier , que j'avois retiré du mêlange ; elle: devint exactement femblable à ma folution de fel de tartre , & elle ft une violente effervefcence avec les acides. À une once d'efprit doux de fel ammoniac, j'ajoutai une dragme de 274 PER YASUrT QT TE magnéfie en poudre, que j'avois eu foin de priver de fon air par le feu ; mais obfervant que la magnéfie avoit quelque difpofition à fe figer , à devenir folide, je remuai fréquemment la phiole. Quelques jours après la poudre étoit augmentée de moitié, & lorfque je débouchai le vafe , il fortit de l’akali une odeur infupportable. L’efprit alkali furnageoirt leau, mais il n’étoit pas encore parfaitement cauftique ; il contenoit de l'air quand on y jertoit des acides, & il troubloit l'eau de chaux. Ces phénomenes n’euffent pas eu lieu fi j'avois employé plus de magnéfie ou laiflé la compoftion plus long-temps dans la phiole. Je lavai enfuire le mélange dans un baflin, & fis fécher la Éauatie jufqu'à ce qu'elle eût perdu l'odeur de l’alkali. Elle pefoit alors une dragme & cinquante-huit grains. Elle faifoit effervefcence avec les acides, par conféquent elle con- tenoit plus d’air qu’elle n’en avoit retiré de l’'alkali. s Après avoir remarqué que la magnéfie pénétrée d’air fépare un acide d’une terre calcaire, ce qu'elle ne fait plus lorfque par le moyen du feu on lui a enlevé fon air, je foupçonnois que l'air éroit la caufe de cette féparation ; pour m’en aflurer, je fis l’expérience fuivante. Je fis dilloudre deux dragmes de magnéfie dans l'acide marin ; il ré- falta de cette diffolution un compofé d’acide & de terre, parce que l'air attaché à la magnéfie en fortit pendant la folution. J'y ajoutai trente grains de chaux vive très-forte en poudre , j’agitai le mélange & le fil- trai. La poudre qui refta fur le papier, après avoir été bien lavée, fe trouva dans la magnéfie dépouillée de fon air ; elle fut diffoute fans effer- vefcence par l'acide vitriolique. La liqueur filtrée contenoit la chaux unie à l'acide , & en y jettant quelques gouttes d’efprit de vitriol , il fe forma aufli tôt une poudre blanche. Nous fommes donc forcés de conclure qu’il y a plus d’affinité entre les terres calcaires & les acides , qu'entre ceux-ci & la magnéfie ; mais com- ment cette terre calcaire; unie à l'acide fe fépare-r-elle lorfqu'on y. mêle de la magnéfie ? Pourquoi, dis-je , l’alkali va-t-il s'unir à la magné- ie, & la terre calcaire à l'air, puifque cet air eft moins attiré par l'acide ? C'eft que la fomme des forces rendantes à unir la magnélie à l’acide, & la terre calcaire à l'air, eft plus forte que celle des forces qui tendent à joindre la terre calcaire à l'acide & la magnéfie à l’air : c'eft parce qu'il y a une répulfon entre l'air & les acides & entre les deux terres : en un mot , c'eft qu'il n'y a point d’analogie entre l'air & l'acide , ni entre la magnélie & la terre calcaire, La premiere partie de cette hypothefe eft prouvée par nos expérien- ces : le défaut d’analogie & de répulfion dont je viens de parler, eft peut-être moins certaine , quoique démontrée en grande partie par les décompofitions que j'ai décrites; mais les bornes que je me fuis pref- crites dans certe Differtation, ne me permettent pas de traiter cette ma- tiere dans route fon étendue. | MP ADM) MARI 00 UE 17 Nous rencontrons les mêmes difficultés àl’égard-de l'alkali volaril, Une terre calcaire pure & dépouillée d’air attire plus fortement les aci- des qu’un alkali volatil pur. C’eft ce que l'on éprouve en mélant de la chaux vive avec du fel ammoniac. L’alkali fe détache immédiatement de l'acide. L'expérience m’a démontré qu'un alkali volatil pur & cauftique ne fépare point une terre calcaire d’un acide. Cependant fi on méle un alkali volatil doux, qui n’eft autre chofe que de l’alkali de l'air, avec une compolition d'acide & de terre calcaire : ces deux dernieres fubf- tances , qui cependant s’attirent réciproquement avec le plus de force , fe fépareront ; l'acide s’unira à l’alkali, & la terre à l’air. | + Cet la mème chofe relativement au mercure. Ce métal attire l'acide vitriolique ; mais cette attraétion elt plus forte que celle de l’alkali &xe par le même acide. Cependant fi, à une compofition de mercure & d’a- cide nitreux , l’on ajoute un mélange d’alkali fixe & d’acide vitrioli- que, ou de tartre vitriolé, l'acide vitriolique ne reftera point avec l’alkali, mais il s’unira au vif argent , quoiqu'il y ait moins d’attraétion entr’eux. Ces expériences nous prouvent qu’on peut faire des changemens dans la colonne des acides, inférée dans la Table des Affinités , publiés par M. Geoffroi, & qu’on pourroit y ajouter une nouvelle colonne , ainfi que je vais l'indiquer, en confidérant les fubftances alkalines dans leur état pur , & privées d'air. AMGSINDUE?S: AMI DRM ME TEXTES Alkali fixe. * Terre calcaire, Terre calcaire. Alkali fixe. Alkali volatil & magnéfie, Magnéfie. PANNE MES) La do a Alkali volatil, » . , , - , . -- On pourroit faire fuivre à la bafe de la premiere colonne plufieurs m&: taux, & enfuite la terre d’alun ; mais comme j'iguore le nombre des métaux qui doivent précéder cette terre, je remets à de nouvelles expé- riences à prouver les additions que l’on doit faire. Je place l’alkali volatil & la magnéfie au mème degré & dans [a même colonne , parce que leur force attraétiye me paroït à peu près égale, Quand nous faifons diftiller un mélange de magnéle & de fel ammo- niac , l’alkali s'éleve & laifle l'acide avec la magnéfie, parce que cette terre , en attirant l’acide, réprime fa volatilité : elle femble même dimi- nuer la cohéfion de l'acide & de l’alkali, & les rendre féparables à l’aide de la chaux. Si la magnéfie eft pénétrée d'at, fa nature volatile & fon affinité pour lalkali, fair qu'elle eft entrainée à lui, & qu'elle le préfente fous une forme douce ; de la même maniere, l’alkali & l'air s’élevent enfemble d'un mélange de fel ammoniac & de terre calcaire crue. OCB' SET RENE ANTER. ON De M. PALLAS, fur le froid de Krafnojarck (1). | ÉNBEE habile Profeffeur marque dans une de fes lettres , en date du 7 Décembre 1772, que depuis le 10 Novembre fon thermometre, qui avoit été conftamment à :6 & mème 35 degrés au-deflous du point de congellation , fuivant l'échelle de M. de Réaumur, avoit fubirement baillé le 6 Décembre jufqu’au $o° degré ; que ce froid épouvantable avoit duré pendant tout le jour; & qu'ayant expofé à l'air libre une taffe de porcelaine avec un quart de mercure bien dépuré , le mercure, au bout de trois ou quatre heures , avoit commencé à geler, & qu’en deux heures toute la mafle étoit devenue fi folide , qu'il avoit pu l'applatir, comme fi elle avoit été d’étain , avec un marteau qu’il avoit eu foin d’ex- pofer pareillement au grand froid pour lui faire acquérir le mème degré. M. Pallas affure qu'il a pris toutes les précautions imaginables , & que rien n'a pu l’induire en erreur. Aufñli le froid, quoique furprenant, n'a rien d'impolfible & de contradiétoire. S’il faut un degré de froid artificiel de près de 6o degrés pour faire geler le mercure dans un lieu dont le froid naturel n’eft que de 2$ degrés, un froid naturel de $o , s’il s étend par toute l’athmofphere, & qu'il dure aflez long-temps , peut bien & doit même produire un femblable effet. Une certaine quantité d’eau, par exemple, expofée à l'air libre, lorfque le thermometre de M. de Réau- mur elt à zéro , gelera au bout de quelque temps; mais dans une chambre où Le thermometre eft de $ à ro degrés au-deflus de zéro , 1l faudra pro- duire au moins un froid artificiel de $ degrés autour de cette eau , avant qu’elle gele. Quoi qu’il en foir , le froid obfervé par M. Pallas , n’en eft pas moins étonnant encore par un autre endroit : cell la ficuation du lieu où 1l s’eft fait reffenrir, qui eft à $ $ degrés environ de latitude. Si l’on exécute les voyages intéreffans projettes pour découvrir un paffage au Nord , il y a toute apparence qu'il fe préfentera bien des cas où l’on fera de femblables obfervarions entiérement imprévues , qui changeront (1) Cet article eft viré de la Gazerre univerfelle de Littérature de Deux-Ponts; Ou- vrage d'une utilité réelle par la connoiffance étendue qu'il donne, fur-tout de la Lic- térature étrangere, & par la maniere favante donril eft fait. Il préfente dans l'Auteur un homme de Lettres impartial, un jugementfin & éclairé, un goût délicar & fur, une critique noble & jufte; enfin un efprit philofophique & une plume élégante. On fouferit pour cer Ouvrage à Deux-Ponts, & chez les principaux Libraires de l'Europe, les tome D et BMIFUETONS OUT": OUI CE 29° les idées reçues à une infinité d’égards, & qui étendent confidérable- ment la fphere des connoiffances , toujours bien reflerrée maloré tous les efforts & tous les progrès d’un fiecle où l'on femble marcher à pas de géant, en comparaifon des temps de l’ancienne Phyfque. PASS S54S: PUUROETA A AE" 1I!: ON Sur les maladies falutaires, par M. THÉODORE VAN-VEEN (1). I. lire caufes des maladies n’ont point une puiflance déterminée & abfolue pour nuire, Les remedes n’ont qu'une vertu relative & limitée pout foulager. Le mouvement fans lequel le remede ne peut agir , n'eft point l'effet proprement dit de cette fubltance ; il dépend de l’aétion & de la réaction de plufeurs autres fubftances. | IL. Lorfqu'il s'agit de traiter des maladies falutaires, il faut avoir égard, non-feulement à la maladie , mais encore au fujer. Telle eft la méthode que je me propofe d’obferver , & j'aurai foin d'indiquer les caracteres généraux que les maladies doivent avoir pour être confidérées comme falutaires ; d'examiner pourquoi celles qui l’auroient été, de- viennent quelquefois très-dangereufes , & fouvent conduifent au tom< beau. Je décrirai enfuite ces mèmes maladies, enfin j'indiquerai leur ori- gine , leurs progrès , leur état, leur déclin ; enfin je râcherai de donner des raifons plaufbles pour expliquer ces phénomenes, UT. Il faut obferver qu'une maladie ne peut être appelée falutaire , à moins qu'elle n’occafñonne dans les Auides & fur les folides un mouve- ment plus fort que celui qu'ils éprouvent dans l'état de fanté. Ce mou- vemént peut être univerfel ou particulier. Suppofons une caufe morbi- fique que la circulation ordinaire du fang n’a pu chafer ni détruire ; com ment pourra-t-elle l'être, fi la circulation fe rallentir ? IV. Il réfulte de ce que je viens de dire, qu’on doit exclure du nom- bre des maladies faluraires celles qui font accompagnées dabartement (x) L'objet de la Differtation du Médecin Hollandois n'eft pas nouveau. Le pere de la Médecine , le célebre Hyppocrate ne ceffe de parler des maladies faluraires , quoique fous des noms différens. Nos le@eurs , qui defireront de plus-grands détails {ur ce fujet, doivent confulter les Ouvrages de Sydenham &-ceux de M. Bordeu, fur les crifes & fur les moyens de les connoître par le pouls. Comme la Differcation de M. Van-Vé contient des obfervations intérelantes , nous avons cru devoir la faire conno Tome I, Part. IF. Nn 278 PAU ST FDIQY UE des forces vitales , du relâchement & de l’atonie des folides , du tempé= rament froid , aqueux vifqueux des fluides ; telles que les cachexies, les leucophlegmaties , les anafarques , l’hydropifie , le fcorbut , la mala- die hypocondriaque, le fquirrhe, la confomprion , le marafme, &c, V. Toutes les maladies accompagnées de l’intenfité du mouvement, ne doivent pas être regardées comme falutaires; elles font au contraire quelquefois funeftes & fuivies de maladies chroniques dont la guérifon eft prefque impofñfble. Il faut donc prendre ce imot /alutaire dans un fens reftreint & limité. VI. L’obfervation eft le moyen qui m'a paru le plus propre pour dé- couvrir ces maladies, & pour les diftinguer de celles qui ne le font pas : à cer effer, j'ai cru devoir les réduire en une efpece de fyftème. VIL. L'obfervation apprend qu’il y a des maladies accompagnées d’un mouvement violent qui ne font cependant point falutaires , parce que le mouvement progrellif des humeurs eft trop fort, ce qui arrive dans les maladies inflammatoires, aiguës & fimples ; dans les fievres aiguës, telles que la phrénélie, l’efquinancie , la péripneumonie , la pleuréfie, la paf- fion iliaque inflammatoire, l'hépatite, la néphrétique , l'inflammation de la veflie , de la matrice, des mammelles, &c. L’excès du mouvement a deux défauts qui lui font propres; l’un eft de furmonter la réfiftance des folides d’où réfultent des folutions de conti- nuité , des épanchemens de fang , de lymphe qui font fuivis de la mort ; de la trop grande diiararion des folides, d’où réfultent des aberrations des humeurs , des obftructions, des inflammations , des compreflions &c. fuivies d’apoplexie, d’épilepfe, de convulfons , d'hémophtifie, de dyflenterie , de paralyfe, &c. Le fecond défaut confifte en ce que difli- pant les parties aqueufes , & le phlogiftique exaltant les parties fali- nes, les humeurs acquierent une dyfcrafie acrimonieufe & alkaline qui, s’oppofant à la libre circulation du fang & à la nourriture du corps , caufe bientôt une mort inévitable, fi on ne fe hâte d’y remédier par les médica- mens antiphlosiftiques , ou les délayans, &c. VIIL. Ondbfervera en fecond lieu , qu’un autre défaut du mouvement dont je parle, eft d’occafonner des maladies contagieufes , relles que les fievres malignes , la pefte , la rage canine, la gangrene , & la mortificarion qui furvient principalement dans la pefte dont le miafme infeéte les hu- meurs, & qui venant à fe communiquer au Cœur, ou au cerveau , OU aux premieres voies, tue Le malade à l’inftant (1). En effet, on a obfervé, en (1x) Voyez page 109. É POHANT/ SU 0: D +. 279 difféquant le cadavre de ceux qui ont été la victime de ces maladies, que le ventricule , les inteftins , le cerveau , fes meninges & les autres vifce< res font prefque toujours fphacelés & remplis d’une matiere corrompue, IX. En troifieme lieu, AE que le mouvement progreffif des humeurs, lors même qu’il eft plus fort que dans l'état de fanté, ne fuffit pas tou- jours pour détruire le levain morbifique , parce que fes effets font trop foibles , relativement à la caufe & à la force du mal. On peut rapporter à cet article les fievres intermitrentes, continues, vraies ou faufles, fui- vies de rechütes : les crifes imparfaites, qui font propres à certaines ma- ladies, & accidentelles dans d’autres ; les métaftafes imparfaires qui af- foibliffent la nature, & qui annoncent fouvent une mort prochaine, X. En quatrieme lieu, parce que le mouvement inteftin,quelque fort qu’il foit, ne l’eft cependant point aflez, ce quiempèche que la coétion dela ma- tiere morbifique ne s'exécute pas à temps, ou du moins ne fe fait qu’en partie : elle ne paroît jamais mieux que dans les petites véroles régulieres, confluentes , comparées avec les petites véroles difcreres : dans celles-ci l'éruption ne fe manifefte que le quatrieme ou le cinquieme jour , à com- mencer de l’attaque de la maladie, &rarementavant le quatrieme; au lieu que dans la petite vérole confluente, elle fe fait le premier ou le fecond , & rarement le quatrieme ou le cinquieme jour , à moins qu'il ne fur- vienne quelques fympromes fâcheux. L'inflammation dans la petite vé- role difcrete continue environ huir jours , au lieu que dans la confluente elle dure douze jours. On obferve une femblable différence dans la fup- puration ; elle commence dans la petite vérole difcrere dès le feprieme jour , & elle eft dans fa plus grande force le onzieme , après quoi les puf- tules commencent peu à peu à fe fécher; deflication qui s’acheve fur le vifage le quatorzieme ou le quinzieme jour ; tandis que dans la petite vérole confluente les puftules du vifage commencent à fécher vers le onzieme jour , & vers le vingtieme lorfqu'elles font en grand nombre. Il faut ajouter à cela, que dans la petite vérole difcrere, la coction de la matiere eft beaucoup plus parfaite , puifque les puftules font plus élevées & remplies d’un pus mieux conditionné. Les mêmes effets ont lieu dans la rougeole, & font approchant les mêmes que dans la petite vérole difcrere : ces fymptomes fe manifeftent,ou ceflent le quatrieme jour, ou diminuent fouvent confidérablement ; il faut cependant excepter les fueurs qui ne ceffent pour l'ordinaire dans les adul- tes que lorfque les puftules commencent à mürir. Les fymptômes qui accompagnent l’éruption , au vomiflement près, qui n’a jamais lieu dans la rougeole, ceflent également. La fievre & la roux augmenrént la difh- culté de refpirer. La foibleffe de la vue , les Auxions, l'affoupiffement & l'inappétence font les mèmes qu'avant léruption. Ces effers prouvent que . nij 280 PI EAI INAN ST TNQUIUMIE: toute la matiere morbifique n’a point fubi une fuffifante coction, & ne s’eft pas portée vers la furface du corps, quoique les fymptômes aient diminué ou celfé; mais il refte une acrimonie qui infeéte les humeurs, augmente la fievre, la roux & entretient les autres fymptomes. On re- gardera peut-être ce que je dis ici comme une fimple hypothefe ; mais ce que je vais ajouter, prouvera encore mieux la vérité de ce que j'a- vance. Les caches du vifage & des autres parties du corps , lorfqu’elles font régulieres , difparoiffent entiérement le huitieme ou le neuvieme jour ; mais les fymptomes continueront; la fievre, la difficulté de refpi- rer & la roux augmentent, l’infomnie continue; ce qui donne lieu à penfer aux perfonnes peu verfées dans l’art de guérir , que c’eft la petite vérole qui rentre , quoiqu'il foit aifé de diftinguer la rougeole de celle-ci par l’augmentation des fympromes qui furviennent dans le temps de l'éruption, comme les taches rouges & larges qui paroiffent fur la poi- trine, & qui font de niveau avec la peau ou par Le larmoiement continuel qui précede l’éruprion. Voilà donc une maladie qui fuit réguliérement fon cours , fans que la matiere morbifique qui l’a caufée, & qu’elle a produite à fon tour , ait été ni cuite ni évacuée. C’eft à cette caufe qu'on doit attribuer les dangers de la rougeole. Sydenham 4 obfervé que ceux qui en meurent , périffent d’une péripneumonie plutot que de la petite vérole ou de rel autre fymptome qui y ait rapport ; ou d'une diarrhée qui furvient dès le commencement, & qui dure plufeurs femaines, mais elle n’atraque que les enfans. - XI. En cinquieme lieu , parce que le mouvement progreffif des hu- meurs eft inégalement dirigé. Cependant, comme cette inégalité de direction n’eft pas toujours un mal, je ne confidere ici que le mouvement qui fe porte avec plus d’impétuofité qu’il ne faut vers les parties nobles. Cela arrive routes les fois que la réfiftance diminue ; pour lors les forces motrices venant à augmenter, elles obligent les humeurs à fe jeter fur une partie quelconque , & plus abondamment qu'il ne faut : de-là naif- fent quantité d’érofions ou des congeftions contre nature. Perfonne n’i- gnore que c’elt à cette caufe qu'on doit attribuer l'origine de plufieurs maladies chroniques. XIL. Après avoir rapporté quelques caufes qui changent certaines ma- ladies, d’ailleurs falutaires , en d’autres maladies dangereufes ou fuivies de la mort , il eft temps d'expliquer clairement ce que l'on doit entendre par maladie falutaire. XIII. Je mets au premier rang l’inflammation & fes fuires; au fe- cond , les fievres ; au troifieme ; les fpafmes qui font encore plus fré- 4 » 0 . . . quens. SF l'on prend la peine de fuivre ces maladies depuis leur com- | PRORMEN SIT OUUN ES 281 mencemnent jufqu’à la fin, on connoîtra aufli-tôt la marche fuivie par la nature , pour détruire leur caufe & mème celle des maladies qu’on occa- fionne par le traitement. XIV. On donne le nom d’inflammation à une tumeur dure , réni- tente, rouge , accompagnée de chaleur, d’une douleur poignante, de l’aug- mentation & de l'accélération du pouls , de la foif , de l’infomnie, &c. comme le moyen le plus court & le plus facile de définir une maladie , eft de la confidérer plutôt relativement à fes effets qu’à fes caufes ; & que rien , fuivant Hyppocrate , ne prouve plus l'ignorance des Médecins, que d’y avoir recours , il me fuffira d’afligner avec les maîtres de l’art , l’obf- truétion pour une de fes caufes. Ceci pofé , voyons actuellement en quoi l’infammation confifte. ( XV. Lorfqu’il furvient une légere inflammation dans une partie du corps dont les humeurs font faines , dont leur mouvement de circulation ef réglé, dont les vaifleaux ont l#fcapacité néceffaire pour les contenir, & qui enfin ne font ni trop tendus, ni trop relâches , alors le cœur, en fe contraétant , oblige ces humeurs à fe porter vers la partie enflammée, où elles trouvent le moins de réfiftance. Il réfulre de-là un choc conti- nuel contre la partie enflammée qui divife & atrénue enfin la matiere qui caufe l'obftruétion, Comme je fuppofe l’inflammation légere , les vaif- feaux flexibles & doués d’une force convenable , enfin une fuffifante quantité d'humeurs aqueufes , il en réfulte que ces parties ainfi atté- nuées doivent abandonner leur place, devenir plus Auides, à l’aide de ce véhicule ; & rentrer dans l’état dont elles s’étoient écartées ; effer qui conftitue la fanté. Cette marche de la nature s'accorde avec les caufes, les fymptomes , ‘les événemens & les découvertes que Leuvenhoeck & d’autres ont faites avec le microfcope. En effet , que prouve cette tumeur rouge , fi ce n’eft l’obftruétion & la diftenfion des artérioles , occafionnée par le fang qui s’y eft fixé ! D'où proviennent la rénitence & la dureté de la partie, fi ce n’eft la folution de continuité dans les folides, oc- calionnée par l'amas du fang ? De la diftenfion qu'éprouvent les petites fibres nerveufes naît la douleur poincinante ; de la mariere phlogiftiquée dans les vaiffeaux obitrués , provient cette chaleur brülante qui accom- pagne l'inflammartion. Sans parler ici de la foif, de l'infomnie, de l’abat- tement & des autres fympromes inféparables de la fievre , que dénotent ces pulfations violentes qu'en éprouve , finon que le fang envoyé par le cœur dans les arreres , dont les extrèmités font obftruées, faireffort pour les dilater, & y excite des vibrations plus fréquentes ? Que la douleur produire par la diftenfion des vaiffeaux & l'itritation qu’elle caufe dans le cœur & dans les arteres , eft fi violente qu'il en réfulte une fievre uni- verfelle, Que prouve enfin cet accident falutaire qui n’eft fuivi d'aucun 282 PE UUS UTC MIDANE fymptome morbifique , fi on en excepte la perfoiration atgmentée dans la partie, finon que la nature veille non-feulement à la confervation du corps , mais qu'elle poflede en outre le précieux avantage de remédier elle-même, fans le fecours d'aucun maïtre, à quelques maladies qui l'afligent : elle fait ce qui convient , & nous donne des leçons bien fupérieures à celles que dite l'intelligence humaine. Cenfidérons ac- tuellement fa marche lorfqu’elle eft plus vivement attaquée. XVI. Suppofons 1°. que les molécules obftruantes engorgent tellement les extrémités des vaifleaux , qu'aucun véhicule ne puifle y pénétrer pour les délayer & les faire circuler dans Les veines ; 2°. que le fang qui aflue continuellement , poufle cette matiere obftruante dans les rameaux les plus étroits des vailfeaux ; & que les arteres érant plus diftendues qu’elles n'ont coutume de l'être, ne puiflent repouller ces particules obftruantes dans un endroit plus fpacieux ; 3°. que le corps eft fain, non cacochyme ; que les vaifleaux ne font pas trop tendus. Voyons à quoi la nature s'oc- cupe ; le cœur, d’après l'hypothefe que j'ai établie , poulfe le fang avec plus d'impétuofité vers la partie enfammée & obftruée qui lui oppofe une réfiftance ; mais ne pouvant y pénétrer , il forme une efpece de tourbillon dont toute la force agit fur les parois de ces vaiffeaux & les diftend ; les déchire & les détache des extrémités des vaifleaux obf- trucs. Ces extrémités ouvertes, il en découlera une humeur qui, venant à fe mêler avec la matiere contenue dans les vaifleaux obitrués , & à fer- menter à l’aide de la chaleur naturelle , fe comgompra & diffoudra les vaiffeaux, ainfi que la matiere qu’ils contiennent. Cette même matiere, par le moyen de l’aétion des mufcles & des vaifleaux voifins , fe con- vertira en une efpece de bouillie parfaitement homogène , d'un blanc jaunâtre , d’une confftance pareille à celle de la crème; grafle ,; onc- tueufe , homogène, non putride, pareille à celle qu'on trouve dans le ventricule des animaux qu'on vient de tuer. C’eft à cette matiere que les Médecins donnent le nom de pus ; c’eft là ce baume de vie naturel qui guérit les plaies, les ulceres , les inammations, qu'on ne peut fe procurer par art, & fans lequel aucune des maladies dont j'ai parlé , ne peut aveir une iffue favorable. Examinons de plus près la nature. Voyons l’ufage qu'elle fait de ce pus ; l'avantage qu'elle en retire, & les fympromes qui en réfultenr. Les Médecins & les malades favent que lorfque le pus eft formé, les fymptomes qui accompagnoient l'infammation difparoiflent peu à peu, & que la partie fe ramoll. La raifon en eft, que l'inflammation dégé- nere en une autre maladie'à laquelle on donne le mot d’abcès, & elle n’a rien de commun avec la précédente. Voici les fympromes qu'on ob- ferve lorfque l’inflammation eft violente & la quantité de pus confidéra- ble, Les malades fenrent une pefanteur & une fluétuation dans la partie PRES PES SE RE QUAKE VENT QU. 283 qui indique la préfence d’un abcès. Il s’engendre tous les jours fous ce pus une nouvelle fubftance dans laquelle on apperçoit avec le microfcope , fur-tout après que le pus eft établi , une efpece de pulpe formée des dé- bris de l'extrémité des vaifleaux. Examinons comment ce changement s'exécure. Suppofons un abcès placé près des tégumens ; ils fe macerent dans ce pus chaud & humide ; ils s’'aminciflent & acquierent une couleur blanche que leur tranfmer celle du pus logée en deflous. Ces tégumens ainfi amincis cedent au pus qui les preffe : ils s’élevent en pointe, fe diften- dent & fe rompent enfin d'eux-mêmes. Cette rupture eft fuivie d’un épanchement de pus qui perfifte tant que les vaifleaux reftent ouverts, c'eft-ä-dire jufqu’à ce que leur fubftance foit entiérement rérablie. On apperçoit alors dans le fond de la plaie un amas de petits vaiffeaux qui fe reproduifent , s’uniffent à ceux qui pouffent des levres de la plaie, & qui contribuent enfin à réparer la fubftance qui avoir été détruite (1). La fuppuration ceffe alors ; & lorfque la déperdirion de la peau & du pan- nicule adipeux n’a pas été confidérable , les levres de la plaie fe rejoi- gnent fi parfaitement qu’il n’en refte pas le moindre veftige. Lorfqu'au contraire la déperdition de ces deux fubitances eit confidérable , la nou- velle peau qui s’eft formée, eft plus blanche, plus dure , plus unie , moins poreufe , & quelquefois plus enfoncée que la premiere. On lui donne le nom de cicatrice. XVIL Telle eft l’hiftoire de l’inflammation & de la victoire , fi je puis m’exprimer ainfi , que la nature a remportée fur la maladie dans le pre- mier cas , mais comme elle ne l’obrient pas toujours aufli aifément, il n'eft donc pas étonnant que dans le fecond cas elle y trouve plus de réfiftance. Il eft remps d'examiner la feconde claffe des maladies falutai- res, qui comprend les fievres. Suivons encore la nature dans la marche qu’elle tient à leur égard. XVIII. La fievre eft une maladie qui commence par le friffon, le bäillement , la laffitude , la foif, la pâleur , les rremblemens, le reflerre- (x) M. Van-Véen paroît fuppofer ici qu'il fe fait une régénération des chaits par la reproduction des petits vaifleaux ; mais cette régénération eft aufli gratuite & idéale que les vieux fyftêmes de régénération par adapration ou par juxtapoñtion du fuc nour- ricier. Si effcétivement il y en avoitune, pourquoi verroit-on des cicatrices , des en- foncemens? Les chairs devroient revenir au méme niveau qu’elles étoient aupara- vant. Elles fe réuniflent, il eft vrai , mais c’eft par le fecours feul de la peau qui fe régénere ou qui s'étend réellement , & dont les parties fe collent les unes aux autres ; ce qui forme la cicatrice ou l'enfoncement , fi la plaie a été confdérable, I réfulre de cette obfervation , que le Chirurgien doit avoir Le plus grand foin de ménager la peaw dans le traitement des plaies quelconques. 284 BUT MS: DUO Oh LE ment de la peau, le froid , la féchereffe , la difficulté de refpirer , le pouls fréquent , ferré & fouvent intermittent ; la chaleur augmente en- fuite , la peau fe relâche , la refpiration devient moins fréquente , la vi ceffe du pouls augmente : cette chaleur fe termine par la moëteur de la peau , ou par une fueur abondante occafionnée par la chaleur qui fe porte vers la fuperficie du corps ; le pouls devient plus fréquent, plus plein & plus libre. Ces fympromes cellent peu à peu, & le malade recouvre prefque entiérement la fanté : ces efforts de la nature font fuivis de lafi- tude , de foibleffe , de difficulté de digérer ; quelquefois auf ils ceffenc ou redoublent comme ils avoient commencé. Je fais que certe définition ne convient pas à toutes les efpeces de fievres; mais je fais aufli que les maîtres de l'art ne la défavoueront pas, s'ils font attention que je me fuis feulement propofé d'indiquer les dif- férens périodes de cette maladie. Les Médecins donnent le nom de fievre aux maladies qui fuivent le mème cours , quel que foit le nombre des fymptomes qui l’accompagnent. Confidérons aétuellement les trois périodes de la fievre. Le premier eft Le froid qui eft le plus fort & le plus dangereux dans Les fievres intermittentes ; le fecond, eft la chaleur qu’on éprouve dans les fievres continues , effer également dangereux ; le troi- fisme enfin, eft la crife commune à toutes deux, j XIX. Certains fymptomes qui furviennent dans le premier période de la fievre, tels que lapâleur ;'ia féchereffe , le froid, &c. prouvent quepref- que toute l'habitude du corps eft privée d'humeurs : les autres, comme la couleur livide des ongles , des levres, indiquent au contraire que les humeurs y font trop abondantes : ceux ci, comme le bâillement, &c. que . les molécules des fluides ne circulent point; ceux-là enfin, qu'elles cir- culent avec trop de rapidité , ce qui eft indiqué par les trembiemens in- fenfibles que le malade éprouve. Ces principes fuppofés, on me deman- dera ce que l’on doit en conclure ? Je réponds que cette complicarion de fympromes dénote que la circulation ne fe fait point réguliérement dans les parties extérieures , parce que le mouvement des fluides eft dérangé, Ce dérangement confifte en ce qu’une partie fe porte vers l'intérieur du corps , tandis que l’autre forme des ftafes , & n'obferve aucun mouve- ment réglé, Ces accidens divers doivent leur origine aux obftacles qui fe reuconrrent dans les parties extérieures ; ils proviennent du reflerrement des vailfeaux capillaires, de leur obftruction , ou de tous deux enfemblie. Les opinions des Auteurs ne font point uniformes fur ces effers. Il feroic faftidteux de les rapporter. Mon unique but eft de confidérer ce qui fe pafle dans l’intérieur du corps, dans le cœut, le cerveau, les poumons, &c. pour :que l’on puifle fe former une idée de la falubrité de ces fortes de fievres , je dis d’abord que la palpitarion de cœur , la difficulté de refpirer ; la vicelle, La pe celle. Poe 812 Q 10 "8. 28$ telle, {a contraétion & l'intermittence du pouls ; en un mot, que tous ces fymptomes proviennent des obitacles que j'ai indiqués. Ils obligent le fang des veines à fe porter dans le cœur ; & comme 1l s’oppofe au cours de celui des arteres , il s’accumule dans ces vifceres en trop grande abondance. Mais , comme certe plénitude de fang furcharge la nature , elle fair efogc pour la détruire; d’où il réfulte un combat inteftin entre elle & la caufe morbifique. 11 eft actuellement aifé de découvrir l'origine de ces accidens, mais mème de prévoir ce qui doit arriver dans ce pé- riode de la maladiz. LA XX. Ce fecond période eft celui de la chaleur qui commence peu à peu dans les parties internes d’où il s'étend jufqu’à la fuperficie du corps. Les Phyfologiftes prétendent que cette chaleur provient de deux caufes ; fa- voir, du phlogiftique & du frottement. H s’agit d'examiner quelle eft celle de ces deux caufes qui fait augmenter la fievre. À cet effet , on doit fe rappeller ce que j'ai dit, N°. XVIHIL, du combar inteftin qui fe pafle entre la nature & la caufe morbifique , de même que de la pro- priété du froid à condenfer & à refferrer les corps. Lorfqu'on aura une fois bien {aifi la marche de ces effets , il ne fera pas difhcile de décou- vrir la caufe de cette chaleur. Je dis d’abord qu’il faut , pour que le ma- lade échappe , que la nature triomphe de la maladie; que le cœur , par fon mouvement , doit pouffer le fang qu’il contient dans les arteres que le froid a-refferrées ; ce qu'il ne peur exécuter fans que le frottement augmente , parce que Le fang étant épaiñli , 1l faut une plus grande force pour le faire circuler dans les vaiffeaux refferrés. I fuit delà que la cha- leur doit confidérablement augmenter, & qu’il doit y avoir une cer- taine proportion entre elle & le froid. C’eft aufli ce qui arrive dans les fievres intermittentes, puifque plus le froid eft fort au commencement : de l'accès, plus la chaleur l’eft enfuite; & ainfi tour à tour. Le même effer a lieu dans les autres efpeces de fievres. Il eft vrai que dans les fievres ardentes, le froid , quelque léger qu'il foit, eft fuivi d’une violente chaleur ; mais on a obfervé que cette chaleur augmente à proportion que le froid qui l’a précédé , a éré plus léger. Il s’agit donc de découvrir la caufe de ce phénomene. Si l’on confidere que les per- fonues d’un tempérament fanguin & chaud , font ordinairement les feules que les fievres attaquent, & qu'il faut encore que leur fang ait été épaifli & rendu‘crimonieux par le dépouillement de fa lymphe, on devinera aifément la caufe ‘de cette chaleur. On m’objeétera peut-être que ces eflets ne peuvent avoir lieu dans lés fevres putrides, puifque dans ce cas, le fang n’eft niépais, ni phlogiftiqué , mais äcre, diflout & cor- rompu. Je conviens que ces fievres font dans leur commencement ac- compagnées de chaleur ; mais on obfervera aufli qu’elle eft foible, &c qu'elle ne fe fait fencic que dans la région du diaphragme. Cerre chaleur Tome I, Pare. IF. Oo \ 286 Bb Ori ts rio lletE. doit être attribuée à la rapidité de la circulation du fang , dont l'exalra- tion de fon phlogiftique le porte avec violence dans des vailleaux dont les parois font rétrécies. Prenons des exemples pour affermir certe vé- rité. On fait que les tourbes de Hollande s’enflamment plus aifémenc que celles qui ont été réduites en charbon; que le café légérement tor- réfié , rend une huile aromatique , âcre, qui affecte l’odorat ; mais cette huile fe confume, lorfqu'on le torréfie trop. L’ébullition foutenue donne au lait une âcreré, fuite néceffaire de l’exaltation du beurre , de la crème & du fel qu'il contient, de même, que de l’évaporation de fa partie aqueufe : la fermentation & la corruption produifent le même effet. Les vins gras & oléagineux filent lorfqu’on les garde trop long- temps : les viandes, en fe corrompant , rendent une efpece de matiere grafle & huileufe. La fermentation , le frottement , la chaleur & la pu- tréfaétion qui produifent ces effets, fuffifent pour difpofer le fang à s’é- chauffer par le moindre frottement & fans l'intervention d'aucune ma- tisre phlogiftiquée. Ce que je dis ici paroïtra un paradoxe à ceux qui penfent que la cha- leur augmente , en raifon compofée de la matiere du phlogiftique & du frottement ; mais fi on daigne réfléchir, on découvrira fans peine la vérité de ce que j'avance : les anciens Philofophes prétendent que les corps n’agiffent point felon la fphere de leur activité , mais felon celle de leur récepribilité. 11 fuit de-là que la matiere phlogiftique ne s’échauffe qu'en conféquence du frottement , & qu’elle n’eft fufceprible du frottement qu'après qu’elle eft développée. Ce développement eft in- fenfible dans l’état de fanté, mais la putréfaction l’augmente; & plus elle eft confidérable , plus elle a de difpofition à s’échauffer , fans cepen- dant que fa quantité foit augmentée. Si, comme je l’ai dit , le frorte- ment & la chaleur font très-confidérables dans les fievres ardentes ; il n’elt donc pas! étonnant que le phlogiftique fe développe, & que la cha- leur augmente. Suppofons pour un inftant que les fievres putrides ne foient accompa- gnées ni de corruption totale des humeurs , ni de l’abattement des for- ces , ni de la diffolution entiere du fang, mais d'une acrimonie particu- here, à laquelle la corruption n’a aucune part : cette acrimonie fufira pour exciter le frotrement, Sappofons que les humeurs viennent totalement à s’altérer par la fuite ( non pas au point de caufer la mort du malade ) fes forces. s’épuiferont tout-à-coup, le fang fe diffoudra, & l’acrimonie pu- tride particuliere augmenteront, Ceux-là feuls qui favent que la vireffe des humeurs qui circulent , eft en raifon directe des forces, & en raifon indireéte des diftances , peuvent concevoir que le. frotte- ment ne peut avoir lieu que dans le cas préfent, en admettant comme um principe démontré qu'un frottement léger peur exciter dans ce cs | DR OÙ Aù DL @N AL EE À 287 ‘une chaleur légere. On verra pourquoi elle fe fait fentir avec plus de vio- lence dans la région du diaphragme. Les Anciens prétendoient que la putréfaétion engendroit la chaleur ; maïs, fans m'arrèter à difcuter leurs préjugés , j'obferverai feulement , que quelque degré de corruption qu'on fuppofe dans les corps , il ne peut y en avoir d'abfolue qu'après la mort; qu’elle aide le mouvement inteftin qu'elle développe le phlogiftique, ex- cite une chaleur’ plus forte que la chaleur ordinaire, mais non pas excef- five. Cette chaleur provenant de l’acrimonie des humeurs , eft poignan- te, corrolive, & très-incommode aux malades. Telles font les caufes de la chaleur ; & il eft inutile d’en chercher d’autres. XXI. Après avoir indiqué les caufes de la chaleur qui accompagne les fievres, il ne reftelplus qu’à parler de fa falubrité. Je dis d’abord que la chaleur fébrile eft en général faluraire & préférable au froid. La raifon en eft, que le froid eft l’effer de la caufe morbifique ; au lieu que la cha- leur eft celui de la nature qui cherche à furmonter les obitacles que la maladie préfente. J’ajouterai que la chaleur fébrile écarte les humeurs morbifiques des fources de la vie , & les poulfe vers la furface du corps, au lieu que le froid les concentre. On ne doit cependant pas s’imaginer que la chaleur n'ait rien de dangereux : tout a fes limites ; & lorfque la chaleur fébrile excede celles que la nature lui a aflignées , elle caufe des maux confidérables, & fouvent la mort. Cependant il eft rare qu’elle ex- cede fes limites, fi ce n’eft dans les maladies aiguës. Comme la chaleur eft occafonnée par le frottement, & celui-ci par Le mouvement; fes fympromes & fes effets font les mèmes que ceux que j'ai indiqué ( VIH, n°. 2 & VIII). L'on doit tenir pour regle générale que la falubrité de la chaleur dépend de la moëteur & de l'humidité qui Paccompagnent , & de ce qu’elle eft répandue fur toute l'habitude du corps, & non pas dans ure feule partie. Alors on peut dire que la force du malade n’eft pas épuifée , & qu'il refte une fufffante quantité d'humidité dans fes hu- meurs. Deux objets extrèmement efentiels dans les maladies aiguës. XXI. Nous fommes arrivés à la folution critique des fievres. Il y a deux efpeces de crife; lune , qui fait cefler rous les paroximes de la fievre intermittente ou rénitente; & l’autre, qui procure une fanté parfaite, ou fait dégénérer la maladie en une plus dangereufe qui fe termine par la mort. Je ne parlerai point de la premiere , parce qu’elle confifte feu- lement dans des évacuations naturelles un peu plus fortes , connues fous la dénomination d’évacuations critiques. On obfervera que ces évacua- tions débarraffent le corps , non-feulement des matieres qui avoient dégénéré de leur premier état, à caufe du mouvement déréglé des flui- des & d’une partie de la caufe produétrice de la fievre , & qui l’a entre- tenue. La nature de ces fievres et telle , qu’elles attaquent & détruifent Oo ij 288 PONS © ON TRE - la matiere morbifique à plufeurs reprifes ; &.que lorfqu’il ne doit point y avoir de crife, elles la difpofent à en former un abcès ( ce qui n'arrive que dans les fiévres intermitrentes } ou à être évacuée en partie à chaque: nouveau paroxifme , puifque les grandes évacuarions n’ont pas lieu dans les fievres inrermicrentes, t Onobfervera que les fievres qui furviennent-dans le printemps ; font quelquefois fuivies dans le quatrieme où feprieme paroxifme de l'Iétere;, alors ellés diminuent confidérablement, & ne chaflent que par intervalle là matiere morbifique. Ces mèmes fevres font fouvent accompagnées d’eflorefcences fur les levres & fur le menton; après quoi elles ceffenr. Sydenham a oblervé que l’enflure œdémateufe des pieds eft fouvent la fuite des fievres intermitrentes qui regnent dans l'automne. Ces accidens ne mérirent point le nom de crife. Elle n’a lieu que loifqu'il furvient de grandes altérations & de nouveaux fympromes. Ces fortes.de crifes, quoi- que propres aux maladies aiguës , n'arrivent pas dans toutes; & pluñeurs continuent où diminuent fans qu'ilen furvienne aucune. Les vraies crifes arrivent dans la force de la maladie , temps auquel la maladie travaille à furmonter la matiere morbifique. Elles font falutaires , lorfqu’elles font, dominantes & parfaites ; funeltes , lorfqu’elles font plus foibles & im- parfaites. Les jours critiques fontle 4, 7, 11, 14,:17, 20 : d’autres ajoutent le 21 & le 24, & elles arriwenc rarement le 27, 30 & le 40° jour. Comme les fymptomes des maladies aiguës fe manifeltent fouvent tout-à-coup & avec beaucoup de violence par la faute du malade ou du médecin, 1l arrive fouvent que la nature contrariée s'oublie, de maniere que laccrife arrive le 3, 5,6 & 8° jour; ce qui a fait appeller ces épo- ques, jours corncidens, & ils font dangereux. La crife, qui furvient le 6% jour , n’eft pas faluraire : il faut craindre une rechüre. Il arrive aufli quel- quefois, quoique plus rarement, que la nature étant affoiblie par les évacuarions exceflives qui ont précédées , differe la crife jufqu’au jou coïncident; pronoftic fâcheux , parce que la maladie aiguë dégénere en une maladie chronique. Alors on l’appelle aigue par decidence. Il eft bon de favoir que les coctions ont un temps marqué, de même que les crifes. On nomme jours indicatifs ceux où l’on apperçoit les premiers jours de certe coétion; le 4° du 7° , le 7° du 1° font de £e nome bre ;les autres s'appellent médicinaux , parce quils font choifis pour don- ner des remedes. On faura encore qu'il eft des maladies qui fe jugent par les jours pairs, & quelques-uns les impairs ; d’oùil réfulte une férie de jours critiques. Le premier des jours pairs eft le 4,le 6,8, 10, 14, 20, 28, 30, 40:, &c. Le premier des impairs eft le 3 , enfuite le gs 8, 2705 3meLes crifes. parfaites , qui font les. plus faluraires de toures , fe font par des évacuations ; & ces évacuations font ou natu-- telles ou contre nature, Les naturelles fonc la fueur , l'urine , fa diars PNY) y) 2e Où we En 289 rhée, le Aux méhftruel.; Les non naturelles font la falivation.; l'hémor- rhagie , le vomiffement. | convient de dire féparément un mot de ces évacuationss Pour que la fueur foit falutaire , elle doit être critique, c’eft-à-dire précédée de la coétion abondante, chaude & également répandue fur tout le corps. L’urine doit être abondante , épaifle , avec un fédiment blanc, léger, égal, qui fe précipite promptement après que la coétion efkfaire : fi, au contraire, elle s'écoule avant la coétion ; & qu'au lieu de fédiment, elle ne contienne qu’une crème , elle marque que la coction n'eft pas faite. La diarrhée eft critique & falutaire , 1°. lorfqu’elle fur- vient après la cotion , c’eft-à-dire quand elle n’eft point fympromatique ; 2°. lorfqu’elle n’affoiblit point le malade. Le flux menftruel eft de bon augure dans un jour critique , lorfqu’il eft abondant, & qu'il fe mani- felte au temps ordinaire. : Les évacuations contre nature font quelquefois falutaires.. On peue mettre de ce nombre la falivation des adultes dans la petite verole con- fluante. Si on l’arrète à contre-temps , & fi une fois arrêté , les pieds & les mains ne s’enflent pas, ou s’il ne furvient pas une diarshée , le ma- kde court rifque de perdre la vie. Le vomiflement eft critique lorfqu'il eft précédé de lignes de coétion , & faluraire s'il évacue les marieres qui demandent à être évacuces ; cequ'on ne connoît que par l’effer. La plus faluraire de routes les hémorrhagies eft celle par le nez; mais, pour qu’elle foir réputée telle , il faut qu’elle fe déclare, non- feulement un jour indicatif, mais encore qu’elle foit abondante ; autrement elle ne dénote qu'un vain effort de la nature , pour prouver l'évacuation ceri- tique. Il convient d’avertir ici que les crifes parfaites font rares, & que les plus rares font celles qui ne procurent qu'une évacuation critique ; mais poar l'ordinaire ; il furvient dans certains jours indicatifs, un faigne- ment par le nez, un écoulement d'urine bien cuite , qui deviennent faluraires , non-feulement comme fignes, mais encore comme caufes.. Ces accidens font fuivis, dans un des jours critiques , de différentes éva- cuations qui font ceffer la maladie. Les crifes imparfaites font beaucoup plus fréquenres. Elles confiftent non-feulement dans les évacuations dont je viens de parler, mais encore dans un dépôt de la matiere peccante dans différens endroits du corps. Je mets l’abcès au premier rang de ces: dépôts critiques. La nature, toujours admirable , après avoir furmonté: cette matiere, lavoir rendue mobile, la convertit en une fubftance entiére- ment analogue au pus. On ignore la maniere dont elle exécute ce change ment , & il eft d'autant plus difficile à expliquer que les vaifleaux ne fou£- frene aucune léfion. Il nous fuffit de connoitre les effers fans nous mettre en peine des caufes qui Les produifent. Tant que cette mariere purulenre: seftç dans le corps , elle irrice les parties qui ont de la feufbilité, & la 290 PH OST T4 0 UN €: réaction de celles-ci eft fuivie de contractions fpafmodiques, qui obli- gent cette humeur contre nature à fortir par les urines , les felles, ou par la bouche, fous la forme de crachats purulents, ou enfin à fe jetter fur différentes parties du corps, où elle forme des dépôts. Quoique ces dépôts puiffent également & indiftinétement fe former dans routes les parties du corps, on a cependant obfervé que toutes les parties extérieu- res y font plus fujettes que les autres. La nature, dont les reffources font innombrables , chaffe les humeurs contre nature , & même celles quine font pas encore cuites. Témoins les exhanthèmes , les bubons , les char- bons , les fquirrhes, qui ne font autre chofe qu’une matiere inflamma- toire, gangréneufe, & que la violence de la flevre oblige à fe jetter fur l'habitude du corps. XXIIL Telle eft l’hiftoire des fievres, que j'ai cru devoir préfenter pour donner une idée de leur falubrité. C’étoit ainf que penfoit Hyp- pocrate; voici ce qu’il dit dans le premier livre des Epidemiques , vexte 4. La fievre quarte, quoique de longue durée , eft la moins dangéreufe &c la plus facile à guérir, & mème elle guérit plufieurs autres maladies confidérables, comme l’apoplexie. Si la fievre, ajoute-t-il, ne furvient point , le malade meurt après fept jours, & il guérit au contraire fi elle fe manifefte.... Si un homme perd la voix pour être pris de vin, il la recouvre aufli-tôt que la fievre paroït, où bien il meurt le troifieme jour. Il dit dans fon traité de Locis in homine , ch. 3, que les fievres appaifent les convulfions & même le teranos, &c. De pareils traits font fréquens dans les ouvrages d’Hyppocrate. M. de la Hire étoit fujet à de violentes palpitations de cœur, dont on ignoroit la caufe, & qui avoient réfifté à tous les remedes; il en fur guéri par une fièvre quarte. On voit par cer exemple, & par une infinité d’autres, que nous pourrions rap- porter que la fievre quarte guérit les maladies invétérées ; ainfi que Boer- haave l’aflure dans fon aphorifme , $. 754. XXIV. Après avoir ainfi prouvé la falubrité des fievres, il me refte à examiner la troifieme claffe des maladies faluraires qui comprend les fpafmes ; mais pour procéder avec clarté, il faut définir ce qu'on entend par fpafme. Le fpafme eft un mouvement violent, involontaire, déréglé, des fi- bres motrices, occafñonné par une humeur acrimonieufe, qui agace les chairs vives, ou par la feule intenfité des forces virales , ou pour m'ex- pliquer plus fimplement, c'eft un mouvement violent des folides , con- traire aux loix de l’économie. J'ai démontré que la matiere morbifique ne pouvoit être dérruite ni évacuée qu’à l’aide d’un mouvement violent, & que c’éroit le feul inftru- ment propre à extirper des maladies, Il fuit de-là, que fous ce point de P Wr/ Cr M A0 Æ. 291 vue on peut regarder les fpafmes comme des maladies falutaires. Les fpafmes érablifient leur fiége dans toutes les parties du corps, & une ifinité de caufes peuvent irrirer ces parties, de-là vient qu'ils font vrès- fréquêns , propres à calmer les maladies , ou à les guérir entierement. Il ne fufnr pas au Médecin de fe former une idée fuperficielle des fpafmes, 1l doit avoit une connoiffance exaéte pour diftinguer ceux qui font réguliers de eeux qui ne le font pas. Par exemple , les parties qu'il faut reilerrer dans le vomiffement ne font pas les mêmes qu'il faut ref- ferrer dans la toux , en excirant les fpafmes. Le Médecin doit encore favoir que routes les parties ne fympatifent pas également, & c’eft par cette difparité qu’eft fondée la théorie des fpafmes. Ceux qui ne recon- noiflent pour caufe qu’une mauvaife habitude , ou plutôt une nature effrénée , font toujours mortels ; ceux au contraire qui font occafñonnés par un amas de matiere morbifique, & qui tendent à en procurer l’éva- cuation, font toujours fulutaires , lorfqu'ils font réglés : voyons com- ment ces fpafmes occalionnent des hémorrhagies faluraires & critiques , & qu'on ne doit jamais arrêter. C’eft par leur moyen que le fang des jeunes gens pléchoriques & qui ont de la difpofition à la phthylie , s’éva- cue par le nez. Plufieurs obfervations proavent que des perfonnes nées de parens phthyfiques, ou qui avoient de la difpofition à le devenir ,.e ont été préfervées par cette feule évacuation. On ne croiroit pas, (fi le fait n'étoit attelté par un grand nombre d’obfervations), qu'aulfine évacuation artificielle n’eft compagable à celle que la nature opere elle-même. Cerre même évacuation naturelle contri- bug à la fanté des femmes & des vieillards ; elle eft occafionnée dans celles-là par la contraétion fpafmodique des vaiffeaux de l’urérus, & dans ceux-ci par celle des vaiffeaux hémorrhoïdaux. Si le fang eft trop abon- dant, s’il a une qualité morbifique, s’il forme des ftagnations dans des fujers foibles , c’eit alors qu’il occafionne les contractions fpafmodiques, & l’excrérion qu’il occafionne et falutaire , quoi qu’on puifle aflurer avec raifon que toutes les contraétions qui affeétent ces vaiff:aux doivenc néceflairement faire reluer le fang & les humeurs dans l'intérieur du corps, & arrèter les excrétions en refferrant les vaifleaux émonétoires : cependant lorfque ces émonétoires fe relâchent dans certaine faifon de l'année, lorfque la circulation devient plus libre, que la tranfpiration augmente , que la fuèur fe manifefte, que les urines fonc épaifles & abondantes, enfin les felles copieufes , alors ces accidens doivent être regardés plutôt comme falutaires que mufibles , fur-tout s'ils contribuent à l'évacuation du fang acrimonieux & fuperflu. Repréfentons-nous pour un inftant la nature occupée à exciter ces évacuarions fanguines, voyons quelles font les vifceres qui fe refferrent, & ce qu'il réfulte de leur comtrattion. J'ai obfervé à ce fujer que le volume du fahg augmente dans les jeunes gens, fur-vout dans le printems &@eu automne, parce 292 PRRONROAS LT EO0) VAE que l'habitude de leur corps eft lâche & fpongieufe ; il en eft de mème dans les vieillards , dont le corps eft furchargé de parties terreftres, comme il paroït par des lafitudes auxquelles ils font fujers. De-là réful- teroïent des fpafmes qui reflerrent le bas-ventre, le ventricule & Tes vaif- feaux"curanés , des douleurs dans la région des lombes, des flatuolités dans leftomac, des conflipations, un froid dans les extrémités, enfin la fuppreflion d'un écoulement abondant d'urine. Ces fpafmes occalñonnent le reflerrement des vailleaux du bas-ventre , & les vailleaux de ces vif- ceres font comprimés par des humeurs qui y affluent ; de-là, la pléthôre des vailleaux de l’urérus dans les femmes, des vaiffeaux hémorrhoïdaux dans les hommes , enfin de ceux du cerveau dans les jeunes gens. Ces vailleaux fouffrent une diftenfon confidérable, ils s'ouvrent & laiffenc couler une grande quantité de fang. Il eft bon d’obferver que l'es perfonnes fujettes & habituces à ces for- tes d'évacuations s’en reffentent moins que les autres, parce que les vaiffeaux étant plus diffendus, le fang y circule plus aifément, & que l'excrétion fe fait plus facilement. Il y a donc des évacuations falutaires , mais aufli on en reconnoit qui ne le font point , telles fonc l'hémoph- chylie, & plufieurs hémorthagies, foit internes, foit externes. OBS ER V A T®#O NS HIT EXP ÉEUR TE LNECIENS Sur différentes efpeces d'air ; par M. JoserH PRIESTLEY , Doëleur en Droit, & Membre de la Société Royale de Londres ; lues dans Les Affemblées de cette Société , les $ , 12, 19 & 26 Mars 1772. Tra- duites de l’Anglois. £ Q uoique les Obfervations fuivantes fur Les propriétés de différen- ces efpeces d'air, ainfi que la plupart des expériences que j'y ai jointes , foient incomplettes ; quoique les réfultats n’en foient pas fufhfammenct développés, cependant les faits multipliés que je rapporte , & qui me paroilfent aufli nouveaux qu'importans , n’en foñt pas moins certains. Comme je me flatre que les Phyficiens en feront aflez de cas pour les fuivre, même avec plus d'avantage que moi, je me fuis déterminé à mettre fous les yeux de la Société Royale le détail de mes tentatives & de mes progrès. Je ne manquerai pas de lui communiquer les nouvelles lumieres que j'acquerrai fur cer objet , lorfque je continuerai mes re- cherches. ? En traitant cette matiere délicate, j'avouerai que je manque de termes propres PH y s 1 Q vU # 293 propres pour diftinguer les différentes efpeces d'air dont je parle ; & que ceux dont je me fus fervi ne les caractérifent point allez. Les termes qu'on emploie communément font ceux d'air fixe ; d'air mephitique , d'air inflammable. Cette derniere dénomination diftingue fort bien l’ef- pece d’air qui prend feu & fait explofon à l'approche dela flamme : mais on auroit pu de mème l’appeller air ffxe, puifqu’il entre dans la com- pofition des corps, fans jouir de fon élafticité , ainfi que l’efpece d'air * que le Docteur Black & d’autres Phyficiens ont nommé f£xe : on pour- roit l’appeller aufli faéice, d’après le Docteur Hales. Le rerme de mephi- tique feroit également applicable à l’air fixe comme à l'air inflammable & aux autres efpeces d'air, parce qu’elles font également nuifibles aux ani- maux qui les refpirent ; cependant , pout ne pas introduire de nouveaux termés, ou changer la fignification de ceux qui ont été jufqu’à préfent en ufage , j'emploierai celui d’air fixe dans le fens qu’on lui donne actuelle- ment ; & je diftinguerai les autres efpeces par leurs propriétés. Je ferai cependant obligé de donner une nouvelle dénomination à une efpece d'air qui n’a pas encore été délignée par aucun terme. ARE TU CILTEN., PIRUEUMÉ ER: De l'Air fixe. L'air fixe eft celui qui fe dégage par le feu des fubftances calcaires , lef- quelles deviennent chaux vive, dès qu'elles en font totalement dépouil- les. Il eft contenu aufli dans les fels alkalis : 1l fe forme en grande quan- tiré lors de la fermentation des végétaux : uni avec l’eau, il lui commu nique les principales propriétés qu'a l’eau de Pyrmont. Tous les Phyli- ciens ont reconnu qu’il étoit funefte aux animaux qui le refpirent : enfin le Doéteur Mac-Bride a démontré par des faits curieux , qu’il arrête ou prévient la putréfaction. Ayant demeuré quelque temps dans le voifinage d’une brafferie, cela m'a fourni l’occafon de faire quelques expériences fur cette efpece d’air. Il flotte à la furface de la liqueur fermentante, & occupe un efpace qui a depuis neuf pouces jufqu’a un pied d'épaiffeur. Ce volume fuffit pour y plonger un grand nombre de corps qu’on defire mettre en expé- rience. Il eft vrai qu’en fe mêlant continuellement avec l'air ordinaire, l'air fixe n’eft pas entiérement pur ; mais comme la liqueur fermenrante en fournir continuellement, il eft affez pur pour remplir une infinité de vues de rechérches. Ceux qui ne feroient pas prévenus fur les propriétés de cette efpece d'air, feroient agréablement farpris de voir une chandelle allumée & des morceaux de bois enflammés s’éreiñdre promptement , dès qu'on les ap- proche de la furface de la liqueur fermentante ; car la fumée s'unir aifé- Tome 1, Pare, IV, Pp \ 294 PR EN NS FANOL | DANE ; ment à cette efpece d'air, fans doute à caufe de la portion d’eau qui entre dans fa Dr :elle s’y unit même fi complétement, qu'il ne s’en échappe que fort peu ou point du tout dans l'air de l’athmofphere qui l'environne : ce qu'il y a de remarquable, c’eft que la furface fupérieure de cette fumée qui flotte dans l’air fixe, eft parfaitement unie & très-bien terminée , au lieu que l’inférieure eft pleine d’inégalités. Plufeurs de ces parties étant détachées de la mafle , prennent la forme de pets globes qui paroiffent fufpendus par de petits filets fort longs à la couche fupé- rieure. La fumée prend aufli la forme de grands flocons femblables à des nuages qui fe diftribuent parallélement à la furface de la liqueur, & à quelque diftance de certe furface. Ces phénomenes durent quelquefois plus d'une heure fans aucun changement ; lorfque l'air fixe eft abon- dant , il faifit toure la fumée d’une petite quantité de poudre à canon qu'on y enflamme fans qu’il s’en échappe la plus petite partie dans Pair ordinaire, Lorfqu'on agite l'air fixe, fa furface, quoique parfaitement bien ter- mince , forme des vagues extrèmement amufantes; & fi, en l’agitant de la forte , une partie de l'air fixe franchit les bords du vaifleau , la fumée qui y ottoit n'étant plus foutenue , tombe à terre, comme de l’eau : cet effet a lieu , parce que l'air fixe eft plus pefant que l’air ordinaire. La partie rouge d’un morceau de bois enflammé s’éteignit dans l'air fixe ; mais je ne me fuis pas apperçu qu’un fourgon ardent s’y refroidit plutôt que dans l’air ordinaire, L'air fixe ne fe mêle pas tout-à-coup avec l'air ordinaire ; car on con: çoit qu'il ne formeroit pas une mafñle diftinéte à la furface d’une liqueur fermentante. Une chandelle enfermée dans un large récipient que l’on plonge tout-à-coup l'ouverture en haur, très-profondément au - deffous de la furface de l’air fixe continue de brüler pendant quelque temps : mais il n’en eft pas de même fi l’on emploie des vaiffeaux dont l’orifice eft très-étroit, ou qu'on les plonge l'ouverture en bas dans l'air fixe. L'air ordinaire qu'ils contiennent fe mêle à l'inftant avec l'air fixe. Si l'on renferme la liqueur qui fermente dans un vaifleau bien clos, l'air fixe y acquiert plus de force, & fe mêle aifémenrt avec l'air commun dès qu'on lui laiffe la liberté de le toucher. La preuve en eft, qu'après avoir débou- ché le vaiffeau qui le contenoit , il éreint fur le champ la chandelle qu'on préfente à une certaine diftance de l'ouverture. Les Braffeurs m'ont affuré que cet accident leur arrivoit quelquefois, lorfque la chandelle étroit à plus d’une demi-verge au-deflus de la furface du vaiffeau. L'air fixe s’unit avec la fumée de la réfine, du foufre & des autres fubftances életriques ; de même qu'avec la vapeur de l’eau : mais ce qui m'a beaucoup furpris , c'eft qu'ayant préfenté à ces fumées le fil d’archal d'une phiole chargée, je n'ai pu former un athmofphere éleétrique, quoiqu'elles fuffent abondantes , & qu'elles ne pullent s'échapper. Je: ; PIN EAST TI NO O0" Es 29$ plongeai auf dans l'air fixe une phiole où j'avois mis de l'huile de vitriol, dans laquelle je trempai un morceau de verre rougi, qui en fit élever une quantité de fumées épailles : ces fumées flotrerent à la furface de l'air fixe , comme les autres fumées , & aufli long-remps. Envifageant l’affinité qu’il y a entre l’eau & l'air fixe , je préfumai que fi je plaçois près de la levure de biere , pendant qu'elle fermente, une cer- taine quantité d’eau, elle ne pouvoit manquer de s’imprégner d'air, & d'acquérir par-là les principales propriétés de l’eau de Pyrmont & de plu- fieurs autres eaux (aériennes) médicinales. J'ai trouvé par ce moyen, que lorfque la furface de l’eau étoit confidérable , elle acquéroit le goût aigrelec & agréable de l’eau dont je viens de parler. La maniere la plus prompre de communiquer à l’eau cette vertu , eft de prendre deux vaif- feaux & de tranfvafer l’eau de l’un dans l’autre , le plus près qu’on peut de la levure de biere ; car, par ce procédé on préfente à l'air une plus grande furface qui change continuellement, J'ai quelquefois obtenu, en manipulant ainfi pendant deux ou trois minutes , de l’eau extrèmement agréable qu’on avoit de la peine à diftin- uer de la meilleure eau de Pyrmont. La méthode la plus füre au refte d'imprégner l’eau d'air fixe , eft de placer les vailfeaux qui contiennent l’eau dans des cruches de verre rem- plies d'air fixe qu'on a dégagé d’une diffolutionde pierre calcaire par l’acide vitriolique , & plongées dans du mercure. Au bout de deux jours une cer- taine quantité d’eau étoit imprégnée d'air fixe au-delà du double de fon poids ; de maniere que fuivant les expériences du Docteur Brownrigg, elle devoit être beaucoup plus forte que la véritable eau de Pyrmont : car , quoiqu'il les ait faites à la fource mème , il ne s’eft jamais apperçu qu’elle contînt la moitié de fon volume d'air fixe. Au défaut de mercure on peut employer l’haile qui s'imbibe d'air fixe très-difficilement. On peut conferver ce dernier dans des vaiffeaux placés au milieu de l’eau recouverte d’une couche d’huile d’un demi pouce d’é- païfleur : l’eau de Pyrmont imitée par cette derniere methode ne differe en rien de celle qui à féjourné au milieu du mercure. La maniere la plus prompte de préparer cette eau, lorfqu'on en a be- foin, eft de l’agicer forcement en préfentant fa furface à l'air fxe , comme je l'ai déjà dir. On lui communique aufli par ce moyen plus que fon pa- reil volume d'air. J'ai détaillé cette méthode dans un petit Ecrit que j'ai publié pour les Marins , perfuadé qu’elle peut aufli efficacement les garantir du fcorbut dans les voyages de long cours, que le moût de biere recommandé , à certe intention, par le Doéteur Mac-Bride , en ce qu’il produit beaucoup d'air fxe lorfqu'il fermente dans l’eftomac. L'eau ainft imprégnée d'air fixe diffout promptement le fer, ainf que M. Lane l’a découvert; de telle forte, qu'en mettant dedans de la limaille P p ij 296 B-%-Y $ EI Q UV Ë! de fer, celle dévient une eau chalibée rrès-forte & très -agtéable à, boire. J'emploie la craie & l'huile de vitriol ge préférence à d’autres corps , parce qu'ils font mieux & qu’ils coûtenr,moins. Mais comme quelques perfonnes fe font imaginées que ce procédé contribuoit à volatilifer l'huile de vitriol, j'ai voulu m'en affurer par tous les moyens connus en Chymie, & je n’ai point trouvé que l'eau imprégnée d’un air fixe pro- duit par cette dilfolution.conrint le moindre atome d’acide. Cependant M. Hey, qui m'a aidé dans mes expériences, a trouvé que l’eau diftillée & imprégnée d’air fixe ne fe mêle pas aufi promprement avec le favon que l’eau diftillée fimple : mais la même chofe arrive après que l'air fixe a pallé à travers un long tube de verre rempli d’alkalis ; quoiqu'on doive fuppofer que ces fels abforbent l'huile de vitriol que - l'air fixe peut contenir (:). Il y a lieu de croire que l’air fixe n’eft qu’une efpece d’acide fort foi- ble. M. Bergman d'Upfal , qui m'a fait l'honneur de m'écrire à ce fujer, lui donne le nom d'acide aërien. Une des preuves qu’il en fournir , eft qu'il rougit la teinture de Tournefol. Tout l'air fixe fe dégage de l’eau contenue dans une phiole qu’on ex: pofe à l’ation de la chaleur de l’eau bouillante : mais cette opération demande fouvent plus d’une demi-heure pour ètre completre. Le Docteur Percival , toujours attentif aux progrès de la Médecine , & qui a fait ufage de certe eau imprégnée d'air fixe dans plulieurs cas, m'a afluré que lorfqu’on la gardoit quelque temps , elle fembloit acqué- rir plus de force, & pétiller davantage que la véritable eau de Pyrmont qu'on a confervée quelque temps. Cette circonftance prouve cependant, qu'avec le temps, l'air fixe fe dégage plus aifément de l’ean ; & quoi- qu'il affeéte alors plus fenfiblement l'organe du goût, il ne peut être aufli utile à l’eftomac & aux inteftins que lorfqu'il eft retenu plus for- tement dans l'eau , c’eft-à-dire, lorfqu'étant moins exalté , il a moins de faveur. Au moyen du procédé indiqué dans l'Ecrit dont j'ai parlé ci-deflus, on peut incorporer l'air fixe dans le vin, la biere & prefque routes les autres liqueurs Et lorfque la biere, le vin & le cidre font éventés ; ce qui arrive après que l’air fixe s’en eft féparé , on peut leur redonner leur premiere force ; maison obferve que , comme le vin & les autres liqueurs de mème efpece font naturellement piquantes , on n'y apperçoit pas auffi aifément que dans l’eau cette faveur aigrelette , délicate & agréable que l'air fixe leur a communiquée. (1) On trouvera les expériences de M. Hey dans l'Appendice qui eft à la fin de cet Ouvrage, ' Pom SN n © vw 257 Je ne doute point que l'eau imprégnée d'air fixe n'ait les mêmes vertus médicinales que celle de Pyrmont , puifque celles-ci dépendent de l'air fixe que cette eau contient : & fi la vérirable eau de Pyrmont ne devoir réellement fes propriétés qu'à fon état d’eau chalibée naturelle , on pour- roit encore s’en procurer de femblable & de factice. Cette eau de Pyrmont artificielle m'ayant réufli , je crus pouvoir pro- curer lamème vertu à la glace , parce qu'on fair que le froid augmente beaucoup la propriété qu'a l’eau de s’imprégner d'air fixe; mais je fus trompé dans mes efpérances : je mis plufieurs morceaux de glace dans une quantité d'air fixe que j'avois confervé au milieu du mercure ; au bout de ‘deux jours & de deux nuits ils n’avoient abforbé aucune por- tion d'air fixe; mais après qu’ils furent fondus , l’eau l’abforba à l’ordi- paire. Je mis enfuite une quantité d’eau de Pyrmont artificielle très-forte dans une bouteille de verre mince, que je plaçai dans un pot rempli de neige & de fel : ce mêlange ayant fait geler à l'inftant l'eau contiguë aux parois de la bouteille de verre, il en fortit une crès- grande quantité d’air que je ramalfai dans une veflie attachée au goulot de la bouteille : je pris aufli deux parties de la même eau de Pyrmont, & j'en plaçai une dans un endroit où elle pouvoir geler ; & l’autre, dans un lieu froid, mais non pas au point de la réduire à l’état de glace : celle-ci conferva toujours fon goût aigreler, quoique la phiole ne für point bouchée; au lieu que l’autre ne différoit en rien de l’eau ordinaire : celle que j'avois réduité en glace avec un mêlange de neige & de fel étoit fi remplie de bulles d'air, & fon volume avoit fi confdérablement augmenté, qu’elle reffembloit à de la neige glacée. La preffion de l’athmofphere contribue beaucoup à concentrer l'air fixe dans l’eau ; car l’eau de Pyrmont mife fous un récipient dont on a pompé l'air, bouillonne confidérablement , à mefure que fon air fixe fe dégage : c’eft encore la raifon pour laquelle la biere fe couvre fi con- fidérablement d’écume dans le vuide. Je ne doute donc pas qu'on ne parvienne très-facilement au moyen d’une machine à condenfer l'air, à augmenter de beaucoup les vertus de l’eau de Pyrmont, qu’on aura com- muniquées à l’eau ordinaire. La méthode dot j'ai fair ufage dans plufieurs expériences, pour m'af furer de l’abforprion de l'air fixe par les différentes fubftances fluides , à été de les mettre dans un plat & de les renir dans la malle d’air fixe d’une brafferie, en y plongeant un vaiffeau de verre dont l'ouverture étroit en bas; ce dernier vailfeau étant néceflairement rempli d'air fixe, (il’aic étoit abforbé d'une maniere quelconque, la liqueur devoit s'élever lorf- qu'on tranfportoit l'appareil dans l'air commun. En foumettant l'éther au mème procéde , 1l s’éleva quantité de bulles fous le vaiffeau de verre occafionnées par l'élévation facile de la liqueur en forme de vapeur; de forte que je ne pus découvrir s’il abfôboir l'air 198 PNA ST SO TRE. ou non. Il y eut cependant une circonftance qui me convainquit que l’u- nion de l'air fixe & de l’éther s’éroit faite; ce qui me dérourna de tenter à l'avenir de pareilles expériences : ce fut que la biere fur laquelle j’avois - fait celle que je viens de décrire, contraéta un goût particulier qui prove- noit , je penfe de ce qu’elle avoit repompé l'air fixe, de même que l’éther dont il étoit imprégné. J'ai encore obfervé que l’eau qui avoit féjourné long-remps dans l'air fixe , avoit contraété un goût très-défagréable , affez femblable à celui de l’eau de goudron. Je voulois m’aflurer par des ex- périences de ce qui concourroit à communiquer à l'eau ce goût défa- gréable ; mais la crainte de garer la biere m'en détourna. Je crois cepen- dant qu'on ne peut l’attribuer à l'air fixe comme caufe unique. Comme je préfumois que l'air fixe coaguloic le fang dans les poumons des animaux, & que c’étoit ainfi qu’il les faifoit mourir fur le champ, j'étouffai un chat dans l’air fixe; & ayant examiné aufli-rôr fes poumons, je les trouvai affaiflés & blancs , & prefque vuides de fang. M'étant propofé , d’après ces mêmes idées, de prouver l'effet de ce même air fur le fang lui-même, je pris celui d’une poule qui venoit d’être tuée; & l'ayant partagé en deux parties, j'en mis une dans l'air fixe , & l’autre dans l’air ordinaire; & je remarquai que la premiere fe coagula beaucoup plus vite que la feconde. Mais avant de compter fur ce réfulrat, j'aurois fouhaité de pouvoir répéter fa mème expérience plufieurs fois. Les infectes & les animaux qui refpirent peu , font fuffoqués dans l'air fixe, mais moins promprement. Les papillons, les mouches tom- bent en langueur & paroiffent mortes , après avoit été expofées pendane quelques minutes à la vapeur de la biere qui fermente ; mais elles revien- nent aufli-tôr qu’elles prennent l’air. I y 4 au refte beaucoup de variété par rapport au temps dans lequel les différentes efpeces de mouches commencent à languir & meurent dans l'air fixe. Une groffe grenouille s’enfa au point que je la crus morte au bouc de quelques minutes, mais elle revint dès qu’elle fur à l'air ordinaire : un limaçon mourut à linftant. L'air fixe eft aufi funefte aux végétaux. Un perit jer de menthe aquati- que , expofé à la vapeur de la biere qui fermente , eft mort au bout d’un jour, & mème en moins de temps, & ne végeta pl#fs après qu’on l’eut tranfporté dans l'air ordinaire. On m'a affuré cependant que quelques autres plantes ne mouroient pas aufli promptement. Une rofe rouge qu'on venoir dé cueillir, tenue fur la liqueur fermen- tante , perdit fa couleur rouge, & prit une teinte de pourpre au bout de vingt-quatre heures ; & les exrrèmités des feuilles furent encore plus alrérées. Une autre rofe devint même entiérement blanche ; mais la mème vapeur ne produifit aucune altération fur d’autres fleurs. Je n'ai point répété ces expériences, & je voudrois qu’on le fit dans un air fixe pur , tiré de la craie par le moyen de l'huile de vitriol. Ver. 7 MURAT. 2 Qu EE 199 Voici le moyen que j’emploie pour obtenir un air fixe dans toute fa pureté , ce qui eft fouvent néceffaire pour certaines expériences. Je verfe de l'huile de vitriol fur la craie qui trempe dans l’eau, & je recois l'air fixe qui fe dégage , dans une veflie que j'attache au col de la phiole , ob- fervanc d’en faire fortir l’air commun, de même que la premiere par- tie de l'air fixe ; outre cela , de l'obtenir le AE re qu'il eft poffible , en agitant la phiole : d’autres fois je le fais pafler de la phiole dans un tube de verre fans me fervir de vellie , parce que l'expérience m'a appris qu'une veflie eft infuffifante pour tenir long-remps l'air ordi« naire féparé de toutes les autres efpeces d’air. J'ai effayé de me procurer de l'air fixe pur, en calcinant de [a craie ou d'autre pierre à chaux pilée dans un canon de fufil, & en la faifane palfer par un tuyau de pipe ou de verre, que j'avois luré avec beaucoup de foin à fon orifice. Cet expédient m'a fourni une grande quantité d’air : mais l'ayant foumis à l'épreuve, j'ai été furpris de ne trouver qu'une moi- tié d’air fixe qui pür être abforbé par l’eau : l'autre s’enflammoit quel- quefois lentement, d’autres fois promptement; je ne fais à auoi attribuer l'inflammabilité de cette partie d'air, vu que la pierre à chaux femble ne contenir que de l'air fixe. Je crois cependant qu’elle provient du fer, & qu'on peut attribuer la féparation de ce fer d’avec la chaux à laquelle il eft uni, à la petite quantité d'huile de vitriol qui fe trouve, m’a-t-on dit, dans la craie, & peut-être même dans d’autres pierres à chaux. On objecte à cela que l'air inflammable qu’on obtient par cette voie a une couleur bleuâtre, & ne reffemble en rien à celui qu'on tire du fer ou de tel autre métal, par le moyen d’un acide. Il a outre cela l'odeur de l'air inflammable qu’on tire des végétaux. J'ajouterai que l’huile de vitriol ne fauroit diffoudre le fer qu'avec le fecours de l’eau, & qu'on ne peut en tirer un air inflammable, à moins que l’acide ne foit confidérable- ment affoibli par l’eau. De même ayant mêlé du foufre avec de la craie, je ne me fuis pas apperçu que ce mélange ait alréré la quantité ni 14 qualité de l'air; en effet, on ne fauroit tirer du fouffre ni de l'huile, un air, ni une vapeur élaftique permanente. En fuivant la méthode que je viens de décrire, & que j’employe ordinairement, à moins que je n’avertifle du contraire ; c’eft-à dire, en me fervant d'huile de vitriol um pe affoiblie, & de craie, j'ai trouvé que l’air fixe qu’on obtient eft aufli pur que celui de M. Cavendish. Je m'en fuis affuré en le faifant paffer én forme de petites bulles dans une grande quantité d’eau qui l'a ab- forbé à + ou ; près. Pour accélérer cette opération, j'ai verfé l’air d’un vaifleau dans un autre, plongé au milieu de l’eau froide , & j'ai trouvé que la plus grande quantité poflible en étoit abforbée en moins d'un quart d'heure. Pendant que je m’affurois ainft de la pureté de mon air fixe, j'ai eu l curiofité d’éprouver fi la partie qui ne fe mêle point avec l’eau n’éroir 300 RE MR "ST AU A pas également répandue dans toute:la maffe, & pour cet effet, j'ai partagé un gallon{(x)1 d'air fixe en-trois parties , dont la premiere étoit compos fée de celui qui eft dans le haut, & la derniere de celui qui eft au bas & qui touche à l’eau : mais chacune de ces portions ont été diminuées éga- lement en paffant par l'eau, de maniere que toute la malle s’eft trouvée contenir uniformément de l'air mifcible, & non mifcible à l’eau. Jai trouvé qu'il en eft de mème des différentes efpeces d’air qui ne s’incor- porent qu'en partie. Une fouris vit dans le réfidu de l'air fixe pur, comme je l'obriens , quoiqu'il éteigne une chandelle. Je m'en fuis procuré une très-grande quantité pour avoir le plaifir de répérer cette expérience. Il femble qu'on ait ici un exemple de la maniere dont s’engendre l'air ordinaire , encore qu'il foit vicié à quelque égard : ce qui prouve que le réfidu de l'air fixé, n’eft du moins en partie qu'un air ordinai- re, c'eft qu'il devient trouble & diminue en fe mélant avec l’air nitreux, ainfi que je le dirai plus bas. Ce qui me perfuade qu'il ne faut qu'ajouter quelque chofe à l’air fixe pour le rendre, finon à tous égards de l'air ordinaire, du moins un être permanent & immifcible avec l’eau , ce font les tentarives que j'ai faites pour le mêler avec l'air auquel j'avois expofé un mêlange de limaille de fer, de foufre & d’êéau, & j'ai cru voir que dans de femblables mêlan- ges, il n’y avoit que la moitié de l'air fixe qui pür étre abforbé par l’eau. Mais comme la même expérience ne m’a pas réufli la feconde fois que je lai faite, j'ai conclu que je m’étois trompé, ou que j'avois omis quelque circonftance eflentielle au fuccès. Ces expériences , vraies où faulfes, m'ont engagé à effayer fi je n'al- térerois pas l'air fixe avec le mélange de limaille & de foufre. Pour cet effet, j'ai mis ce mélange dans une certaine quantité d'air fixe, le plus pur que j'ai pu obtenir, & j'ai plongé le cout dans du mercure-, pour empêcher que l’eau ne labforbât avant que le mêlange eut produit fon effet , l’air fixe a diminué, & le mercure a monté dans le vaifleau, & en a occupé la cinquieme partie : ce procédé m’a toujours réufli, autant que j'en ai pu juger, de même que fi l'air intérieur eur été de l'air ordi- naire. Ce qu'il y eut de plus remarquable dans le réfulrat de certe expé- rience , c'eft que l'air fixe dans lequel je mis ce mélange, & qui avoit en partie diminué , ne fut plus mifcible à l'eau, Je répétai cette expé- rience quatre fois de fuice, avec le plus de foin qu'il me fut poñible, & j'obfervai qu'il y en eût deux dans lefquelles l'eau ne püt abforber qu'un fixieme, & dans les deux autres un quatrieme de la quantité pri- mitive, & qu'il conferva fon élafticité primitive. Comme je pouvois m’ètre trompé par rapport à la pureté de l'air fixe, dans la derniere expérience que je fis, je mis une portion de cet air à lle 1e + PSE JC Er 226 CEA A OS PS RS ARR 4 EE (1) Un gallon contient environ quatre pintes de Paris, païts FE EUUY: SX ON Uk. 3ot pare, & le trouvai fi pur , que l’eau l’abforba prefque tout , au lieu qu'il n'en fut pas de même de l’autre portion dans laquelle j'avois mis le mèêlange. Dans l’un de ces cas où l'air fixe n’a pu fe mêler avec l’eau, il n'a paru qu'il n'étoit pas nuilible aux animaux, mais il y en eut une autre dans lequel une fouris mourut fur le champ. Comme le fer eft réduit en chaux par ce procédé, j’en ai conclu qu'il ne faut qu'ajouter un phlogiftique pour en faire de l’air ordinaire : je fuis perfuadé que cela eft ainfi, quoique j'ignore la maniere de les combiner enfemble, Ayant calciné une quantité de plomb dans l'air fixe, de la maniere qu'on verra ci-après, je n’ai point trouvé qu’il eut moins de peine qu'auparavant à fe difloudre dans l’eau. AnRUT! tic cl 51e De l'air dans lequel on a fait bräler une chandelle É un morceau de foufre. 3 Perfonne n’ignore que la flamme ne fauroit long-temps fubfifter dans un lieu où l'air n’eft point renouvellé, & qu'elle ne peut s’en paller : cependant il faut exceprer de cette regle les fubftances dans la compo- fition defquelles le nitre encre, Celles-ci brûülent dans le vuide , & mème dans l’eau ; quelques fufées nous en fourniflent la preuve. La quantité d’air néceflaire pour entretenir la Aamme , quelque petite qu’elle paroifle, eft cependant prodigieufe. On préfume que celle d’une chandelle ordi- naire en confume ( c’eft ainfi qu’on s’exprime ) environ un gallon dans quatre minutes. Cette confommation d'air, occafionnée par les feux de toute efpece , tels que ceux des volcans , &c. mérite que les Philofophes s'appliquent à déterminer l’alrération que l'air éprouve de la part Li la flamme, & qu'ils nous indiquent les moyens employés par la nature, pour réparer les pertes que cette altération caufe à l’athmofphere. Les expériences fuivantes répandront du jour fur cette matiere. On ne peur fixer au jufte de combien diminue l'air dans lequel on a allumé une chandelle où un morceau de foufre. Je crois cependant que cette diminution eft du quinzieme ou du feizieme de fon volume, & qu'elle eft environ le tiers de la déperdition qu'il éprouve, foit par la refpiration , foit par la corruption des fubitances animales & végétales , ou par la calcination des métaux , ou par le mêlange du foufre & des limailles de fer qu'on y expole. Je me fuis quelquefois imaginé que la flamme difpofoit l’air ordi- naire à dépofer l'air fixe qu'elle contient , fur-tout depuis que j'ai ob- ferve que l’eau de chaux le troubloir. On obferve cet ee lorfque , dans un vailleau de verre bouché & plongé dans l’eau de chaux , on allume ou Tome I, Partie IF. Qq FO :. Pa a FA Sr où VU € une bougie, ou une chandelle, ou de l’efprir de vin, de l’éther & telle autre fubftance , à l'exception du foufre. Cette précipitation de l'air fixè (f tanc eft qu’elle ait lieu } peut être occafionnée par les particules qui s’exhalent des corps qu’on brüle , & qui ont une plus grande affinité avec les autres parties qui compofent l’athmofphere. Lorfqu’on brüle du foufre dans les mêmes circonftances , l’eau de chaux conferve fa tranfparence , la précipitation de la partie d’air fixe pouvant toujours avoir lieu , mais avec cette circonftance , que, venaat à s'unir avec l’eau de chaux & avec l’acide vitriolique , elle forme un fel félé- niteux, foluble dans l’eau. Ayant fait évaporer une quantité d’eau ainfi chargée de ce fel, en brûlant du fouffre par deflus & à plufieurs reprifes, elle a dépofé une poudre blanchâtre d'un goût acide. Cette poudre na aucune acidité lorfque l’évaporation eft plus prompte ; & pour lors elle ne differe prefque pas de la craie ordinaire. Lorfqu’on ne brüle qu’une feule fois du foufre fur l’eau de chaux , il l’affeéte de maniere qu’elle ne trouble pas, comme cela arrive dans les expériences précédentes. M. Hales a penfé que l'air diminuoit à proportion qu’on brüloit du foufre par deflus ; mais l’expérience m'a convaincu du contraire. Il eft vrai que lorfque la combuftion eft imparfaite, on augmente fon effet, en rallumant le foufre une feconde fois ; mais cette opération a un terme. L'air diminue fouvent fans que l’on s’en apperçoive , même lorf- qu'il eft dans l’eau ,-& quelquefois cette diminution n'alieu d'une ma- niere bien fenfble , qu'après qu’on a fair pañler l’air à plufieurs reprifes. à travers un volume d’eau , pour donner à celle-ci le temps d’abforber la partie fluide de l'air qui n’avoit pas été parfairement detachée du refte. J'ai fouvenc opéré la réduction d’une grande mafle d’air, en la faifant pañfer une fois dans de l’eau froide. Lorfque Fair a féjourné dans du mercure , cétte diminution eft en général peu confidérable , jufqu'à ce qu'il ait fubi l’opération précédente , parce qu’il ne s’eft trouvé aucune fubftance qui ait pu l’abforber au milieu du mercure. : Je n'ai jamais remarqué une alrération confidérable dans la pefanteur foécifique de lair , après y avoir fait brüler une chandelle ou du foufre: mais ce qui me porte à croire qu'il n’eft pas plus pefant que l'air ordi- naire, c’eft que je me ferois apperçu , s’il étoit vrai, comme le Docteur Hales & d’autres le prétendent, que cette diminution provient de la perte de fon élafticité. Plufieurs expériences m'ont convaincu que l'air dont le volume à diminué, eft plus léger que Pair qui conferve fon vo- lume ordinaire , ce qui tend à me confrrmer que la partie fixe ou la plus. pefante de l'air fe précipite alors. ! Les animaux vivent prefque auñfi long-temps dans l'air où on a allumé: une chandelle , que dans l'air ordinaire: Ce phénomene m'a furpris, parce que j’avois toujours penfé que la qualité nuifible que l'air acqué- roit par la amme , étoit la mème que celle qu'il reçoit par la refpira= Dm + “ès ‘ PH UTS SIT OT Ur 303 tion. J'ai appris depuis , que cette différence avoir déjà été obfervée par plufieurs Phyficiens, & mème par Boyle. J'ai encore remarqué que l'air dans lequel on a brülé du fouffre, n’eit point nuifible aux animaux lorf- que la fumée en eft diflipée. | Après avoir lu dans les Mémoires de la Société de Turin, vol. Le 41, que l'air dans lequel on avoit allumé des chandelles , fe rérablif OC au point de pouvoir y en allumer d’autres, après l'avoir expofé à un feu vio- lent, ou l'avoir comprimé dans des veflies, (on a penfé que le fioid produifoit cer effet par la condenfation), j'ai réitére les mêmes expérien- ces, & j'ai effectivement trouvé, à l'exemple du Comte de Saluce , à qui l'on doit cette obfervation , que ces expériences réufliffoient Jorfqu'on comprimoit l'air dans une veflie. Comme je me méfiois des vefues , j'ai cherché à comprimer l'air en plongeant un vaifleau de verre dans l’eau; mais cette opération ne m'a point réuili, j'ai comprimé cet ait plus fortement & plus long-tems que je n’avois encore fait , fans y appercevoit la plus légere altération. .M. de Saluces dit encore dans le mème Mémoire, pag. 41 , que la cha- leur feule peut empècher cet air de conferver une chandelle allumée par l'effec contraire à celui du froid , mais mes expériences à ce fujet ne m'ont pas donné les mêmes réfultats qu’au Comte de Saluces. Je me fouviens que je remplis, 1l y a quelques années, un récipient vuide, avec de l’ait qui avoit pale par un tube de verre rougi, & qu’une chandelle mife fous ce récipient y brüla parfaitement : d’ailleurs, la raréfaétion qu'il éprouve fous la machine pneumatique, n’altere en rien fes qualités. Quoique cette expérience ne m’ait point réufli, je me flarte cependant d’avoir trouvé par hazard une méthode pour rétablir l'air que la Aamme a altéré , ou du moins j’ai par là reconnu un des moyens dont la nature” fe fert pour le mème effet; c’eft la végétation. Au refte, je ne prétends oint avoir découvert la maniere dont la nature opere cet effet remarqua- ble , mais mon hypothefe eft fondée fur une quantité de faits. Je rap- porterai d’abord ceux qui ont rapport à la végétation des plantes en- fermées dans l'air fixe, & qui m'ont conduit à cette découverte. L'on croiroit naturellement que puifque l’air eft néceflaire pour entre- tenir la vie des animaux & des végétaux, les fubftances de ces deux regnes devroient l’affeéter de mème maniere , & je Le croyois moi-même, lorf- que je mis, pour la premiere fois , un rameau de menthe dans un vaifleau de verre renverfé dans l’eau; il y pouffa pendant quelques mois, fans éreindre une chandelle, ni caufer le moindre mal à un rat que j'avois mis fous le vaiffeau. La plante n'éprouva d’autre altération que celle qu’éprouvent les autres plantes renfermées. Toutes celles qui ont pris leur accroiffement dans plufieurs autres efpeces d'air, ont été affectées de la même maniere, La grandeur des feuilles diminue chaque fois qu'il en repoulfe de nouvelles, Qai 304 INA PA HS OST 7 EN E & elles parviennent à la fin à ne pas excéder enlargeur celle de la tête d’une épingle, La racine & la tige fe fanent; cependant la tige continue à croître, quoiqu’elle rire fa nourriture d’une tige noire & gâtée. La troifieme ou la quatrieme fois que les feuilles poufferent, il fortit de l’infertion de chacune , &'même du corps dé la tige , des filets de deux pouces, plus ou moins , de longueur, felon la grandeur du vaiffean. Ce fut ainfi que mon rameau fe conferva pendant tout l’été : de nouvelles tiges fuccéderent à celles qui fe fanerent, mais elles furent toujours de plus en plus faibles. Il faut avoir foin, en répétant cette expérience , d’arracher les feuilles mortes de la plante , de peur qu’elles ne corrompent l'air. J'ai éprouvé qu’une feuille de chou , mife dans uñ vaiffeau de verre, renipli d’air ordi- naire , l’altéra fi vivement, dans l’efpace d’une nuit, qu'il éreignit le len- demain matin une chandelle allumée que j'y plaçai , quoique la feuille n'eut aucune mauvaife odeur. Comme je voyois que les chandelles reftoient allumées dans Pair où les plantes avoient long-remps végété , & comme je foupçonnois que Ja végétation avoit la propriété de rétablir l'air altéré par la refpiration, je penfai que l’on pourroit également employer la végétation, pour lui ren- dre les qualités que la flamme de la chandelle Ini avoir enlevées ; je fis les expériences fuivantes pour m’aflurer de la vérité du fair, Le 17 Août 1771, je mis un jer de menthe dans une quantité d’air où Favois allumé une bougie :le 27 du même mois, j'y plaçai une feconde bougie enflammée, qui ne s’éteignit point. La même expérience fut répétée huit ou dix fois pendant le relte de l’été. .… D'autres fois je partageai la quantité d’air dans lequel la bougie avoit brülé, & je plongeai les vaiffeaux qui le contenoient, au milien de l’eau. Dans celui où la plante végétoir, la bougie brüloit ; & elle s’éréignoit dans l’autre où il n’y avoit point de plante. J'ai obfervé que l’efpace de cinq ou fix jours fuffit pour rétablir l'air Jotfque la plante a route fa vigueur. Cértte efpece d’air a été renfermé dans des vaifleaux de verre plongés dans l’eau pendant plufiéurs mois de faite , fans qu'il'ait éré poflible d'y apperceveir la plus légere altération. Je l'ai condenfé, raréfié , expofé à la lumiere ; à la chaleur &aux émana- tions de différentes fubftances animales, fans qu’il en réfultât aucun effet qui annonçât l’alrération. ) L Les expériences faites en 1772, ln’ont parfaitement confirmé dans l’opinion où j'étois qu’on pouvoit rétablir l'air dans lequel on avoit allumé des chandelles, en y faifant végéter des plantes. La premiere expérience fut faite dans le mois de Mai, & répétée les deux mois fuivans avec le même fuccès. ‘J'ai employé, pour altérer l'air, la Hamme de différentes fubftances , mais plus ordinairement celle d'une bougie ou d’une chandelle. L’expé- PAU HUIT. SUN) QE Es 305$ rience me réufirle 24 Juin, avec de l'air dans lequel j'avois allumé de l’efprit de vinÿ & le 27, avec celui dans lequel j'avois fait brûler des allumettes fouffrées, Cette expérience ne m'avoit point réufi l’année récédente, J'ai obfervé que ce rérabliffemenr de l’air dépend de la végétation de la plante, car quoique j'aye renu plufieurs feuilles de menthe fraîche dans une petite quantité d'air, où j'avois allumé des chandelles, & que je l:s eulfe changées plufieurs fois , je ne m'apperçus point que l'air für rétabli. Cet effet ne dépend point de la menthe employée jufqu’au mois de Juil- ler 1772 , puifque je trouvai beaucoup de certe efpece d’air parfaitemenr rétabli le 16 du même mois , par le moyen de quelques rameaux de baume qui y avoient végété depuis le 7. Ce qui me perfuade que ce rétabliflement de l'air n’eft pas l’effet des émanations aromatiques de ces deux plantes, c'eft que l'huile effen- rielle de menthe n’en produit point de femblable, & qu'on rétablit également l'air avec le ‘its , dont l’odeur eft foible & défagréable. Tel fut le réfultat de mon expérience du 16 Juillet, avec de l’air brûlé, dans lequel j’avois tenu une plante depuis le 8. L’épinars me parut pré- férable aux autres plantes foumifes à mes expériences , parce que fa végé- tation et prompte, quoiqu'il ne fe conferve pas long-temps dans l’eau. J'ai rérabli, par fon moyen, la contenance d’une cruche d'air brülé, une fois en deux jours, & l’autre en quatre jours. C’eft ce que j'obfervai le 22 de Juiller. Je crois en général qu’on poutroit obtenir le mème effet, & en moins de temps, fi l’on avoit l'attention de choifir l'air qu’on employe ; c’eft auf ce que j'ai toujours fait , après m'être afluré de mon expérience, de peur qu'en remettant dans le vaiffeau l’air dont je m'étois fervi, il ne vint à fe mêler avec l'air ordinatre, & qu’en conféquence on ne jugeat l’expé- rience incomplette. Je n'ai cependant jamais rien négligé pour fuppléer à ce qu'il pourroit y avoir de défeétueux à cer égard. AR rNTicretE tt I TT. De P Air inflammable. * Je fuis venu à bout de me procurer de l'air inflammable, en employant les moyens indiqués dansles Tranfactions Philofophiques, par M. Caven- dish : favoir , avec du fer, du zinc ou de l'étain ; les deux premiers font préférables aux autres, parce qu’ils facilitent l'opération. Lorfque j'ai voulu le tirer des fubftances vegérales ou animales , ou du charbon de terre, je les ai mis dans un canon de full, à l’orifice duquel j’ai lutté un tube de verre ou un tuyau de pipe. L'autre extrémité de ce dernier tuyau éroit adapté à une veflie qui devoit recevoir l'air inflammable. 306 POMPES TÉION UNE. Je penfe qu'il n’y a jamais aucune fubitance végétale , animale, miné- rable & inflammable, qui ne puille denner un air de mème qualité, lorfqu’on les traite de la maniere que je viens d'indiquer, & qu’on em- ploye une chaleur forte; mais pour avoir la plus grande quantité d'air poffible , il faur que le feu foit prompt & violent, car le luc & les pré- cautions étant d’ailleurs égales, on obtient fix ou fept fois plus d’air par une chaleur rapidement appliquée, que par une chaleur lente, quand même on poulferoir celle-ci à la fin auñfi loin que la premiere. Un copeau de bois de chêne fec , du poids de dix à douze grains, donne ordinaire- ment environ plein une veflie de mouton d’air inflammable, quand la chaleur eft prompte, au lieu qu'il n’en donne que deux ou trois onces lorfqu'elle eft appliquée graduellement. J'ignore d’où vient cette dif- férence. Lorfque le procédé eft prompr, l'ait inflammable, de quelque fubf- tance qu'on le tire, a une odeur forte & défagréable : cette odeur a trois caracteres différens, fuivant la fubftance végétale, minérale ou animale qui la produit. Le dernier eft extrêmement fétide, foit qu’on le tire d'un os, d’une dent feche, d’un mufcle fucculent ou charnu , ou de toure autre partie animale. L’odeur des autres fubftances eft la même , car la fumée épaille qui en fort avant l’ignition, n’eft autre chofe que l'air inflammable qu’elles contiennent, & que la chaleur fait difliper. L’odeur de l'air inflammable m'a paru exaétement la même , de quelque fubftance qu’on l’obtienne. Peu importe, comme je l'ai dir ci-deffus , que ce foit du fer, du zinc, de l’étain, du bois ou d’une partie animale. Si on enferme une quantité d’air inflammable dans un vaiffleau de verre plongé dans l’eau, & que fa génération ait été prompte, fon odeur pénétrera à travers l’eau , & 1l fe formera fur celle-ci une pellicule mince de différentes couleurs. Si on l’a tiré du fer , cette pellicule fera de cou- leur d’ocre , oude la terre du fer, ainfi que je l’ai éprouvé en en ramaffanc une quantité confidérable ; fi c’eft du zinc, elle fera blanchätre, comme doit être la chaux de ce métal , elle fe précipite au fond du vaifleau , & reffemble, lorfqu’on la remue , à de la laine. Dès que l’eau eft une fois impregnée , elle donne cette écume pendant un temps confidérable, après qu’on ena tiré l'air; c’eft ce que j'ai fouvent remarqué à l'égard du fer. J'ai pareillement obfervé que l’air inflammable qu'on obtient par une prompre effervefcence , s’enflamme beaucoup plus promptement que celui qui provient d’une effervefcence lente, foit que l’eau, ou l'huile de vitriol dominent dans le mélange. ù L'odeur eft plus fétide dans le premier cas que dans le fecond. On juge de fon plus où moins d’inflammabilité, par le nombre d’explofions qui furviennent lorfqu’on préfente une bougie allumée au col de la phiole dans laquelle il eft contenu : cependant il eft poflible que la diminution d'inflammabilité provienne du féjour plus confidérable de l'air dans la _ Lidil HUBF | / PET PEU SCT D A 307 vellie, lorfqu’il n’a été produit que lentement ; quoique je penfe que la différence de ces deux effets eft rrop fenfible pour être totalement produite par certe caufe. Il faudroit peut-être, pour s’en afurer , employer un autre procédé , où l’on ne feroit point ufage de veflie. On croit que l'air inflammable n’eft point mifcible âl'eau ; & qu'après qu'on l'a gardé plufieurs mois , il ne perd rien de fon inflammabiliré. Cependant , lorfqu’on l’a tiré des animaux ou des végétaux , l’eau en abforbe une partie, ce qui vient apparemment de ce qu'il eft mêlé avec une portion de l’air fixe de la fubftance d’où il eft tiré. J'ai néanmoins des preuves évidentes , que celui qui a {éjourné dans l’eau, ne s’enflimme plus & éreint plus promprement la Aamme que celui dans lequel on a fait brüler une chandelle. Son volume diminue en conféquence de certe altération , & il tue les animaux que l’on met dedans. Je fis pour la premiere fois cette importante obfervation Je 2$ Mai 1771, en examinant une quantité d'air inflammable qui avoit été ex- traite du zinc depuis environ trois années. le remplis une bouteille contenant une pinte d’air inflammable tiré du fer, & nne autre d'air inflammable tiré de la mème quantité de zinc. Je trouvai la premiere diminuée environ de la moitié, fi je ne me trompe; car elle étoir à moi- tié remplie d’eau , au lieu qu'elle l’étoit d'air quand je la mis à part = l'autre étoit entiérement pleine , & n’avoit fouffe# aucune altération. La même chofe arriva le 19 Juin 1772 : un mélange d'air donc 12 moitié éroit inflammable & tirée du zinc ; & l’autre moitié étoir un air dans lequel j'avois fait mourir une fouris, ayant été: fait le 30 Juillet 1771, ne fe trouva point inflammable, & éteignit aufli promptement ja Hamme d’une chandelle qu'aucun autre air que j'euffe eflayé. Voilà donc quatre faits qui prouvent que l’air inflammable perd fa propriété em féjournant dans l'eau. Quoique cet air corrompu éteigne la flamme ; je ne me fuis cepen- dant point apperçu qu'il perde fon inflammabilité à l’occafion des ani- maux & des végéraux qui fe putréfient dedans : on obfervera néanmoine qu'une quantité d’air inflammable que j'avois mélé, dans le mois de Mai 1771, avec les autres airs dont j'ai parlé ci-deflus , & dans lequel il y avoit eu de la viande corrompue , avoir perdu fon inflammabiliré , lori- que je l'examinai dans le mois de Décembre fuivant. La bouteille dans: laquelle je l’avois mis, avoit exatement la même odeur que l’eau de Sanowgare : & je crois même qu’on auroit eu bien de Ja peine à les dif tinguer. J'ai mis végérer des plantes pendant plufeurs années dans l'air inflammable tiré du zinc & du chêne, & il a confervé fa qualité fans re- tarder leur végétation. Il eft vrai que le premier ne fe trouva pas fi ir- fammable que dans le moment qu'il fut extrait; mais le fecond l’ércir tout antant ; & j'atcribue la diminution de l’inflammabilité du premier à toure autre caufe qu'à la plante que j'y ayois mife. 308 LL RS A TACAPNE PATIO 1e 5 : Aucune des efpeces d'air que j'ai employées dans mes expériences, n'eft propre à fervir de conduéteur à la matiere éleétrique ; mais le cou- rant de l’étincelle varie dans les différentes efpeces d’air , ce qui prouve qu’elles n’ont pas routes au mème point, ni de la même maniere, la qua- lité de conducteurs. Dans l’air fixe, l’érincelle eft crès- blanche, & dans l'air inflammable elle eft de couleur pourprée ou rouge. Or, comme les étincelles les plus fortes font toujours les plus blanches, & que celle qui eft rouge donne lieu de foupéonner que la matiere éleétrique circule plus difficilement & avec moins de rapidité, il peut fe faire que l'air inflam- mable contienne des particules qui conduifent lélectricité , quoique d'une maniere imparfaite, & que la blancheur de l’étincelle dans l'air fixe provienne de fon mélange avec d’autres qui ne font point propres à tranfmertre l’electriciré. Lorfque l’explofion fe fit dans une grande quan- tité d’air inflammable, j'apperçus une blancheur dans le centre , mais les bords éroient d’une belle couleur de pourpre. Le degré de blancheur dont je parle , provient vraifemblablement de ce que la matiere éleétri- que agit avec plus de violence dans l’explofion- que dans une étincelle ordinaire. L'air inflammable agit fur les animaux aufli promptement que l'air fixe, & autant que j'ai pu Le voir de la même maniere, je veux dire qu'il leur occafionne des mouvemens convulfifs, roujours accompagnés de la mort, Je croyois qu'il devenoit moins nuifible après que les animaux étoienc morts dedans ; mais je reconnus que je m'étois trompé. Une petite quan- ticé de cet air tua un grand nombre de fouris dont j’avois fait provifion depuis plufieurs mois, & que je deftinois à cette expérience, fans rien perdre de fa mauvaife qualité; car la derniere fouris que j'y mis, mourut auffi promptement que la premiere. Après avoir obfervé que l'air fixe & l'air inflammable avoient quelques propriétés oppofées, je m'imaginai que je pourrois en faire de l'air or- dinaire en les mêlant enfemble. Je crus y avoir réufi en faifant ce mè- lange dans des veflies, mais je reconnus depuis qu’elles ne font point affez épailles pour empêcher l'air qu’elles contiennent de fe mêler avec celui de dehors. Les bouchons de liége ne réuffiffent pasmieux, pour prévenir ce mêlange, à moins qu'on ne renverfe des bouteilles fans deflus deffous, & qu'on ne mette un peu d’eau dans leur goulor. L'effet du liége eft pour lors le mème que fi on plongeoït ces bouteilles dans l’eau : en employant ce moyen, j'ai confervé différentes efpeces d’air pendant plufieurs années. Les méthodes que j’ai mifes en ufage pour effectuer le mélange de l'air fixe avec l'air inflammable, ne m'ont point réufli ; je me crois ce- pendant obligé d’inftruire le Leéteur d’une ou deux expériences, ou j'ai confervé parties égales de ces deux efpeces d’air mêlées enfemble pendant près de trois années, & dont j'ai conclu qu’elles avoient agi l’une fur J'autre dans cer efpace de ceins. J'examinai eh ue PE Gén RIRES OT TOINIUE 2 309 Jexaminai ces mélanges le 27 Avril 1771, j'avois tenu l’un dans du mercure , & l’autre dans une-phiole bouchée, après avoir mis dedans quelques gouttes d’eau. J’ouvris la derniere dans l’eau, l'eau s’éleva à l'inflant, & remplit prefque la moitié de la phiole, le refte de l'air fuc abforbé,. Il y a toute apparence que dans le cas préfent l’eau abforba une partie confidérable de l'air fixe, & que l’air inflammable fe raréfia con- fidérablement , & néanmoins , la quantité qui auroit dù perdre fon élafticité , étroit dix fois plus grande que le volume d'eau. Or on n'a pas encore trouvé que l’eau puilf® contenir au-delà de*fon volume d'air fixe, J'ai trouvé dans d’autres cas que la diminution d’une quantité d'air, & fur-tout d’air fixe , excédoir de beaucoup celle que l’eau en avoit pu 2bforber. ë La phiole que j’avois plongée dans le mercure avoit très-peu perdu du mélange dont je l’avois remplie, & après l'avoir ouverte dans l'eau, & ly avoir laiflée avec une autre phiole que je venois de remplir, moitié d'air inflammable, comme j'ai fait la premiere, il y a trois ans, j'obfer- vai qu’elles diminuerent dans la même proportion à mefure que l'air étoir abforbé par l’eau. Ayant approché une chandelle des phioles'que je gardois depuis trois ans, celle qui avoir été dans le mercure détonna de même que fi elle eùt contenu un mêlange d’air ordinaire & d’air inflammable. Comme le fuccès de cette expérience dépend de l'ouverture des phioles, dans lef- quelles l'air inflammable eft contenu, je mêlai portions égales d'air dif- férens dans La même phiole, après lavoir laitfée quelques jours dans l'eau pour que l'air fixe eût le cemps d’être abforbé , j'en approchai une chandelle allumée, & elle fit dix ou douze explofñons( je tenois la bouteille bouchée à chaque fois ) ; avant que la matiere inflammable füt épuifée. L'air de la phiole que j'avois bouchée avec du liége produifit la même explofon ; je fis cette expérience aufli-tôt que l'air fixe eut été abfoibé ; il me femble donc qu’on peut conclure que les deux efpeces d'air n’a- gfoient point l'un fur l’autre. Ayant confidéré l'air inflammable con un air chargé de phlogif- tique , ou uni avec lui, j'y expofai diverfes fubftances , qu’on prétend avoir beaucoup d’affinité avec ce dernier, telles que l'huile de vitriol (1), l'efprit de nitre, mais elles n'y produifirent aucune altération. J'ai cependant obfervé , que l'air inflanrmable, étant mêlé avec la vapeur de l’efprit de nitre fumant, s'échappe avec explofion, de même que le mélange d’une moitié d'air commun, & d’une moitié d'air in- fammable. J'ai répété pluñeurs fois cette expérience , en verfant l'air inflammable dans une phiole pleine d’efprit de nitre, que je renverfai (x) La premiere y refta expolée plus d'un mois. Tome I, Part. IF. R: 310 PM. M) S F4 dans un bañfin où j’avois mis de ce même efprit, & je préfentai à fon goulot une chandelle allumée , au moment que je l’eus débouchée & retirée de ce baflin. Je conclus aufli-tôt que cer effet pravenoit de ‘ce que l'air inflammable avoit été dépouillé en partie de fon inflammabi- lité, par une fuite de l’affinité que l’efprit de nitre a avec le phlogifti- que. Je crus par conféquent qu'en les laiffant mêlés enfemble plus long- temps, & en les agitant fortement, je viendrois à bout de dépouiller V'air de fon inflammabilité. Mais ces opérations ne me réuflirent point , & l'air s’enflamma tout-à-coup avec exploffon ; comme la premiere fois. Enfin , ayant fait pafler une quantité d'air inflammable ; mêlé avéc les famées de l’efprit de nitre, à travers une mafle d’eau, & l'ayant reçu dans un autre vaifleau , il me parut n'avoir éprouvé aucun changement, & il fortit à diverfes reprifes avec explofion, de mème que l'air inflam- mable le plus pur. J’attribuai cer effet à ce que les fumées de l’efprit de nitre fuppléent à l'air ordinaire, quant à l’ignition, ce qui s'accorde avec les autres expériences qu’on à faites fur le nitre. J'eus la curiofité le 25 de Juillet 1772, d’expofer différentes efpeces d'air à de l’eau, que j'avois fait bouillir pour en chaffer l'air, fans au- cune vue particulere ; ilen réfulta des He auxquels je ne m'atrendois point , & qui me fournirent plufieurs nouvelles obfervations fur les pro- priétés & les affinités des différentes efpeces d’air avec l’eau. Je remar- quai entr’autres chofes, que les trois quarts de l’air inflammable furent abforbés par l’eau au bout de deux jours, & que le refte ne s’enflammoit que foiblement. Après cela je commençai à agiter une quantité d’air très-inflammable ; dans une cruche de verre, plongée dans une grande auge pleine d'eau, dont la furface étoit expofée à l’air commun, & je trouvai , après avoir continué l'expérience environ dix minutes, que le quart du volume d'air avoit difparu, J'ai obfervé que le refte fermentoit avec l'air nitreux, je conclus qu'il étoic devenu propre pour la refpiration, au lieu que cette efpece d’air eft par lui-même aufh nuifible aux animaux qu'aucun autte: que ce foit. Pour m'en aflurer , je mis une fouris dans un vaifleau qui en conrenoit deux onces & deinie, & j'obfervai qu’elle y vécut pendant vingt minutes, qui eft le temps que cet animal peut vivre dans la même ‘quantité d’air d'ordinaire. Je la retirai, & elle reprit fa premiere vi- gueur, L'air où elle avoit été, conferva fon inflammabilité, mais dans un degré plus foible ; la mèrue chofe arrive lorfque la fouris meurt » dedans. L'air inflammable , ainfi affoibli par fon agitation dans l'eau ne fair qu’une feule explofion à l'approche d’une chandelle, de même qu'un mélange d'air inflammable & d’air ordinaire. Je conclus de cetre expérience , qu'en continuant le même procédé, je: viendrois à bout de dépouiller cet air de toute fon inflammabilité, & j'y séuflis ainf; car après lavoir long. temps agité , une chandelle y refla Pair nl QU zur allumée, de mème que dans l'air ordinaire : fa flamme éroic feule- ment plus foible. J'ai reconnu par l’effai que j'en ai fair avec l'air nitreux, qu'il n’eft pas aulfi pur que l'air commun. Je continuai le même pro- cédé, & l’air, qui peu auparavant étoit inflammable, éreignit une chan- delle, de mème que celui dans lequelreile avoit brülé, je ne pus mème les diftinguer en les mêlant avec l’air nitreux. J'ai reconnu par plufzurs expériences, qu'il eft crès-diffcile de faifir le temps où l’air inammable, tiré des métaux , acquiert en éteignant une chandelle la propriété de l’air ordinaire, ce qui me donne lieu de croire que le ÉeRièe de l’un à l’autre eft rrès-court. La chofe m'a cependant réufli avec une quantité d’air inflammable, tirée- du chène , que je gardois depuis un an, & dans lequel j’avois mis végérer une plante pendant quelque temps, ce qu’elle ne fit que très- foiblement. J'agirai une partie de cer air avec de l’eau , jufqu’à dimi- nution d'environ la moitié; alors une chañdelle s’y conferva parfaite- ment bien allumée , & j’eus de la peine de le diftinguer de l'air ordinaire en le mêlant avec de l'air nitreux. J'examinai avec beaucoup de foin combien il falloir que l'air très- inflammable & nouvellement tiré du fer diminuât , pour perdre cette qualité ; & je crouvai qu’il cefloit d'être inflammable après avoir dimi- nué d’un peu plus de la moitié. Car celui dont la diminution eft exaéte- ment de la moitié, conferve encore une partie de fon inammabilité, mais au plus petit degré poflible, Ayant obfervé que l’eau abforboit l'air inflammable, j’effayai de l'en imprégner, par le mème procédé dont je m’étois fervi pour lui faire abforber l'air fixe. Je trouvai que l’eau diftillée abforboit environ + du volume de l’air inflammable, maïs je n’apperçus aucune altération dans fon goût. ART re 5e UV De l'Air corrompu ; ou infeëté par la refpiration des animaux. Perfonne n’ignore qu'une chandelle ne brûle qu'un certain temps, & que les animaux ne peuvent vivre qu'un temps limité , dans une quantité d’air donnée ; on ne connoît pas mieux la caufe de la mort de ceux-ci, que celle de l’extinétion de la Hamme dans les mêmes cir- conftances : lorfqu’une quantité d'air a été corrompue par la refpira- tion des animaux qu'on a mis dedans ;'je ne fache pas qu’on ait juf- qu'ici découvert lasmérhode de le rendre de nouveau propre à la refpi- ration. Îl eft : évident que la nature doit avoir quelque ref- * fource pour cer effet, de mème qu’elle en a une pour difpofer l'air à entretenir la Aamme. Si cela n’étoit pas, toute la mafle de l’athmofphere deviendroit après un certain temps inutile pour la confervation des ani- Rrij 312 - PS dr ds 10 AP NE maux, & cependant il n’y a pas lieu de croire qu'il foit aujourd’hui moins propre pour la refpiration quil l'étoit par le paflé. Je crois avoir découvert deux des moyens que la nature employe pour cette fin ; j'ie guore s'il y en a d’autres. Lorfque les animaux meurent dans un air ou d’autres font déja morts, après lavoir refpiré aufli long-temps qu'ils le peuvent, il eft clair que leur mort n’eft point Gccafionnée par le défaut de certe nourriture vitale (pabulum vite) qu'on prétend être contenue dans l'air, mais par l'effet des particules irritantes qui s’y trouvent, & qui affectent leurs poumons ;, car ils meurent prefque toujours dans des convulfons , & fouvent avec tant de promptitude, qu’on ne peut plus les rappeller à la vie, après une feule infpiration , quoiqu’on les retire auflitôt , & qu'on emploie tous les moyens poffibles pour les faire revivre. Ils font tous affectés de la mème maniere , lorfqu'ils meurent dans toute efpece d’air nuifible, tel que l'air fixe , l'air inflammable, l'air imprégné des vapeurs du foufre , infecté par une matiere corrompue , dans lequel on a mis un mélange de limaille de fer & de foufre, dans lequel on a allumé du charbon, dans. lequel on a calciné des méraux , dans l'air nitreux, &e. Lorfqu'une fouris, qui eft l'animal dont je me fers communément dans ces fortes d'expériences , a réfifté à ce premier choc, ou s'y eft in- fenfibiement accoutumée , elle vit un temps confidérable dans un air où une autre mourroit à l’inftant. J'ai fouvenr éprouvé que , lorfqu'on a es fouris dans une quantité d’air donnée pendant la moi- tié moin de temps qu’elles n’ont coutume d'y refter, & qu’on y en met une autre, elle tombe dans des mouvemens convulfifs, & meurt à l’inf- tant qu’elle les approche. Il eft donc évident , que fi l’on répétoit l'ex- périence de la caverne noire, un homme qui y entreroit, courroit moins de rifque de mourir dans la premiere heure que dans la feconde. J'ai encore obfervé qu'une jeune fouris. vit plus long-temps dans la même quantité d'air qu'une fouris vieille, ou qui eft déjà parvenue à toute fa groffeur. Par exemple, j’ai vu une vieille fouris qui vécut fix heures dans. pus ‘ ANUS à a : l'air, où une autre plus jeune mourut en mains d’une heure. C’eft ce qui rend les expériences faites fur les fouris, & pour la même raifon fur les. autres animaux , fort incertaines. Il faur donc les répéter plufeurs fois avant-de pouvoir compter fur leurs réfultats. Comme la découverte des moyens que la nature emploie pour rétablir l'air que la refpirarion des animaux a corrompu, m'a toujours paru un des problèmes les plus importans de la Phylfque , j'ai effayé diverfes méthodes pour limiter. Je me fuis principalement attaché à examiner les influences auxquelles l’athmofphere eft expafffe ; &-.comme quel- ques-uns de mes effais, quoiqu'infruétueux , peuvent être uriles à ceux qui voudront aller plus loin, je vais en rapporter les principaux. Les émanarions nuifibles dont lair eft chargé par la refpiration des PRIT US NT LOUE: 313 animaux , ne font point abforbées ni par l’eau douce, ni par l’eau falée, lorfqu'on n’a pas foin de les agiter. Je les ai gardées plufieurs mois dans de l’eau douce, mais elles ne font devenues que plus nuilibles, de ma- niere qu'il m'a fallu plus de temps pour rétablir lair par les méthodes que j'indiquerai ci-après , que je n’en ai mis pour redonner à l’aic nou- vellement chargé de ces vapeurs les qualités qu’il avoit perdues. J'ai fou- vent pailé plufieurs heures à tranfvafer cet air d’un vaifleau de verre dans un autre, & au milieu de l’eau, quelquefois aufligfroide , & quelque- fois aufli chaude que ma main pouvoit le fouffrir. J’ai même eu foin, dans le cours de ces expériences, de nettoyer plufeurs fois mes vaif- feaux pour en détacher la matiere nuifible qui s’attache à leurs parois , & qui les fait fentir mauvais; mais ces manipulations n’ont produit au- cun effer fenfible. Je me fuis même apperçu que l'agitation que l'air éprou- voit , devenoit inutile. Cerre efpece d'air ne fe récablit point lorfqu’on l’expofe pendant plu- fieurs mois à découvert dans une phiolé de verre mince, à la lumiere, où à telle autre influence. F J'ai employé dans mes expériences différentes efpeces d'émanations qui fe répandent continuellement dans l'air, notamment celles des fubftan- ces qu'on prétend être incorruptibles ; mais elles m'ont été inutiles pour corriger la mauvaife qualité de cette efpece d'air. Ayant lu dans les Mémoires de la Société Impériale, qu’un village où Pon purifoit le foufre en grand , a été garanti de la pefte, tandis que les autres en étoient infeité , j'expofai aux fumigations de foufre une quan- tité de cette efpece d’air ; ou, ce qui revient au même, comme on le verra ci après , d'air corrompu, fans pouvoir le corriger. Je foupçonnai une fois que l'acide nitreux qui elt répandu dans air, pouvoir bien être le correctif général que je cherchois ; & ma conjecture fe trouvoit appuyée par la remarque que je fis, que les chandelles ref- toient allumées , & que les animaux vivoient dans l'air extrait du fal- pêtre. J'émployai donc beaucoup de temps pour tâcher', avec un miroir ardent, & par d'autres moyens qu’il feroit trop long de détailler , d’im- prégner cet air nuifile des vapeurs du falpètre. J'y introduifis même la vapeur de l’efprit de nitre fumant ; mais ces mélanges furent inutiles = voulant m'affurer des effers de la chaleur, je mis une quantité d'air dans lequel une fouris éroit morte , dans une veflie atrachce à l'extrémité d'un tuyau de pipe , à l’autre bout duqel éroit une autre veflie , dont j'avois: foin de faire fortir l'air. Je pofai le tuyau ‘par le milieu fur du charbon: ardent , que j’animai avec un fouflet , obfervant de comprimer alternati— vement les veflies , pour faire paffer l'air dans la partie du tuyau qui étoir fur le feu. Je l’ai faic auffi chauffer, en le mettant dans de l’eau bouil- lnte; mais aucune de ces méthodes ne m'a réu. ; J'ai également employé les inffrumens dont on fe fer pour !z 314 Piéiey ie TO NUvNTE raréler & le condenfer , fans pouvoir en tirer aucun parti. Ayant juge que la rerre pouvoit abforber la mauvaife qualité de l'air, ou fournir aux racines des plantes la matiere putride qui les nourrit , je mis une quantité d'air , où j'avois fait mourir une fouris , dansune phiole à moitié remplie de terreau; mais il y refta deux mois, fans devenir moins nuifible. Je m'imaginai une fois , que puifqu'on ne pouvoit féparer plufeurs efpeces d'air ordinire , en les enfermant dans des veflies, dans des bouteilles bouchées avec du liege, ou avec des bouchons de verre, il y avoit une fi grande afhnité entr'eux , qu’on pouvoit les mêler en interpo- fant entre deux un volume d’eau, qui rendroit à l’une ce qu’elle auroit reçu de l’autre. Je me fondois fur ce que l'eau s’impregne des différentes efpeces d'air qui l’environnent. Mais je ne me fuis point apperçu qu’on pür effeétuer ce mêlange. J'ai renu féparément de l'air dans lequel javois fair mourir des fouris , de l’air où des chandelles avoient brûlé, & de l'air inflammable d’avec l'air ordinaire , par le moyen de la plus petite quan- cité d’eau qu'il m'a été poñlible, de maniere que je ne püfe m'apperce- voir de quelque évaporation , au bout d’un jour ou deux , au cas que je vins à les oublier; mais je n’y ai apperçu aucun changement au bout d’un mois ou de fix femaines, L'air inflammable refte toujours cel : une fouris mourut à l’inftant dans l'air où une autre étoit morte ; & les chandelles ne brülerent point dans l'air où elles avoient brülé. Comme l'air infecté par la corruption des animaux & des végétaux, ne differe en rien de celui que la refpiration a corrompu , il convient de rapporter ici les obfervations que j'ai faites fur cette efpece d’air , avant d’enfeigner la maniere de les rétablir. -Ce qui me fait croire que ces deux efpeces d’air font les mêmes, c’eft que plufieurs propriétés remarquables leur font communes, & qu'ils ne different en rien, autant que j'ai pu l’obferver : tous deux éteignent également la flamme ; rous deux font également nuifibles auxyanimaux ; tous deux également puans; tous deux diminuent également ; tous deux enfin fe précipitent également dans l’eau de chaux , & fe rétabliffent par les mêmes moyens. Puifque l'air qui a paffé par les poumons , eft le même que celui qui eft corrompu par la putréfaétion animale , il y a lieu de croire qu’un des ufages des poumons eft de procure® l'évacuation d’une émanation pu- tride, qui corromproit peut-être un corps vivant aufli promptement qu'un corps moït. Lorfqu’une fouris vient à fe corrompre dans une quantité donnée d’air , fon volume n’augmente pour l’ordinaire que les premiers jours. 11 diminue enfuite , & environ huit ou dix jours après , lors fur-rout que le cemps eft chaud , on le trouve diminué d'un fixieme ou d'un cinquieme de fon volume. Dans le cas où cette diminution ne paroït pas après ce Pa rs eur. 315 temps-là , il ne faut que le faire pafler à travers l’eau , pour la rendre fenhble. Cette diminution totale a fouvent eu lieu , après qu'il a eu paffé une ou deux fois à travers l’eau. Il en eft de mème de l'air dans lequel les animaux ont long-temps refpiré. On peur également diminuer par le même moyen l'air dans lequel on a allumé des chandelles. Tous ces pro- cédés , comme je l'ai obfervé ci-defus , paroillent difpofer l’air mixte à dépofer quelqu’une des parties qui le compofent : or , celle-ci fe mêlant avec l’eau, a befoin de fe rapprocher , pour pouvoir fe mêler avec lui d’une maniere avantageufe, fur - tout quand fon union avec les autres principes qui conftituent l'air , n’eft interrompue qu’en partie. J'ai mis des fouris dans des vaifleaux dont l’orifice étoit plongé dans du mercure, & je ne me fuis point apperçu que l'air ait été confidéra- blement condenfé , après qu’elles ont été mortes ou froides. Mais je n'ai pas eu plurôt retiré les fouris , & introduit de l’eau de chaux dans le vaifleau, qu’elle s’eft troublée & condenfée à l'ordinaire. Je répétai la mème expérience avec l’air infecté par la putréfaétion, Pour cet effet, j’enfermai une fouris morte avec une quantité d’air com- mun dans un vaiffeau dont l’orifice trempoit dans du mercure, & l'ayant retirée à travers du mergre après une femaine , je trouvai! que le volame d’air-augmenta pendant quelque temps d'environ un vingrieme, U refta enfuite deux jours avec le mercure, fans éprouver aucune alté- ration fenfible ; mais je n'y eus pas plutôt mis de l’eau, que celle-c& commença à l’abforber , au point qu'il diminua d’un fixieme. Si je me fulle fervi d’eau de chaux au lieu d’eau commune, je ne doute poine qu’elle ne fût devenue trouble. Si l’on met une phiole qui contienne une certaine quantité d’eau de chaux dans un vaifleau de verre plongé dans: l'eau, elle ne fe troublera point, & paroïtra toujours la même pendant un certain temps, que je ne faurois fixer ; pourvu qu’on empêche lair commun d'y pénétrer. Mais f on laiffe une fouris dedans jufqu'à ce qu’elle foic pourrie, l’eau dépofera après quelque jours toute la chaux qu'elle contient. J'attribue cer effet à l'air fixe qui a paffé de la fouris putréfiée dans l’eau, mais il eft cependant évident qu'il y à une émana- tion putride enriérement diftinéte de cette efpece d'air, & dont les propriétés font différentes. J'ai cependant des raifons de douter fi cetre exhalaifon putride ne feroit point en grande partie un air fixe, mêlé avec une autre émana- tion qui a la propriété de diminuer l’air commun. La refemblance que j'ai trouvée entre la vraie émanation putride & l'air fixe, dans l'expé- rience fuivante , qui femble des plus décifives, m'a paru plus grande ue je ne l’avois crue. Je mis une fouris morte dans un vaiffeau de verre _ haut , que j’achevai de remplir de mercure, & que je renverfai dans un pot où il y en avoir. Je trouvai au bout d'environ deux mois, que lémamation putride qui s’étoit exhalée de la fouris , avoit entiéremens 316 PSE MP ISO 7 DOM AME: rempli le vaiffeau , & qu’une partie du fang diffout, qui furnageoit à la furface du mercure, commençoir à s'en féparer. Je remplis enfuite un autre vaiffleau de même grandeur & de même forme avec de l'air fixe, le plus pur que je püs avoir, & je les expofai tous deux à la fois à une quantité d’eau de chaux. L’eau fe troubla également , & s’éleva à la mème hauteur dans les deux vaiffeaux, de maniere qu’il y en eut à peu- près une mème quantité qui ne füt point abforbée. L'un de ces airs avoit une odeur extrèmement douce & agréable, mais l’autre fentoit twés-mauvais. L’un auroit augmenté le volume d’air commun avec lequel il auroit été, l’autre l’auroit diminué. Ce dernier effet auroit eu lieu , fi la fouris fe für putréfiée dans une certaine quantité d'air. Les fubftances animales & végétales qui fe corrompent , foutniflent des émanarions putrides , de l'air fixe, ou inflammable , felon le temps & les circonftances ; mais mes expériences faites à ce fujet ne font pas aflez nombreufes pour que je puiffe établir quelque chofe de certain fur ces différences ; le chou pourti, foit qu'il foit crud ou cuit, infeéte l'air de la mème maniere que les fubltances animales putrides. L'air ainfi infecté diminue également, éteint la Aamme & tue les animaux ; mais leurs «effets font différens felon le degré de chaleur à laquelle on les expofe. Lorfqu'on préfente du bœuf, du mouton crud ou bouilli à un feu dont la chaleur égale ou même excede celle du fang , il s’engendre au bout d’un jour où deux une quantité confidérable d'air , dont j'ai trouvé qu'en général un feprieme éroit abforbé par l’eau, & le refte eft inflammable. L'air qui s’engendre des végétaux dans les mèmes circonf- tances, eft prefque tout fixe, & ne contient aucune partie inflammable. C'eft ce que j'ai éprouvé plufieurs fois avec le mercure, en empêchant que l’eau ni l'air commun n’agiflent fur la fubftance que j’employai ; ce qui m'a mis en état de remarquer la génération de l’air, ou des émana- tions de route efpece , à l'exception de celles que le mercure ou la fub- tance elle-même abforboient. Une fubftance végétale , après avoir refté un ou deux jours dans cer état, donne à-peu-près tout l'air qu’on peut en tirer par ce degré ne chaleur, au lieu qu’une fubftance animale continue d’en*donner pendant plufeurs femaines, foit de cette efpece, foit d’une autre , avec très-peu d’alrération. On obfervera cependant , que quoi qu’un morceau de bœuf au dé mouton, plongé dans du mercure , & expofé à ce degré de chaleur, donne de l’air qui eft inflammable, & nefent point mauvais, (du moins pendant un jour ou deux), une fouris traitée de la même maniere four- nit des émanations putrides, qui fe décelent fuffifamment par leur odeur, & éteignent la Hamme; foit qu’elles aient cette propriété par elles-mêmes, où qu'elles la doivent à l’air fixe qui peut s’y trouver uni. Voici une expérience qui prouve que les émanations putrides fe Le ent æ PRES UNIQUT Æ, 317 lent avec l’eau. Si l'on met une fonris dans une cruche pleine d’eau renverfée dans un autre vaiffean rempli d’eau , il s’engendre en peu de temps une quantité confidérable de matiere élaftique , à moins que l'eau ne. foit affez froide pour l'empêcher de fe corrompre, Peu de temps après, l'eau contracte une odeur infeéte, qui paroît indi- quer que les émanations putrides ont pénétré dans l’eau & fe font ré- pandues dans l’air environnant ; mais comme il arrive fouvent que Pair n'augmente point dans la fuite, il paroît qu’on en peut conclure que les émanations dont je parle font la fubftance même qui pénetre à travers l'eau à mefure qu’elles s’engendrent, & fa mauvaife odeur prouve qu'elle n'elt point un air fixe. Celui-ci ayant une odeur agréable, foit qu'il foit produit par la fermentation, ou qu’on le tire de la craie par le moyen de l'huile de vitriol : il picorte au furplus agréablement le palais & les natines , comme il eft aifé à tout lesmonde d'en faire l'expérience. Lorfqu'on change l'eau dans laquelle on a mis la fouris, & qui eft farurée d'air putride, une grande partie de ce dernier eft abforbée au bout d'un jour ou deux, quoique l'animal continue de fournir les mêmes émana- tions. Cette nouvelle eau n’en et pas plutôt imprégnée , qu’elle com- mence à fentir mauvais , & que la quantité d’air putride répandue fur fa furface augmente. Une fouris m'a donné de l'air putride pendant plufieurs mois. Une fouris que j'avois laiffé en putréfattion pendant onze jours dans un air infecté, avant de la mettre dans un vaifleau plein d’eau, m'a donné fix onces d'air que l’eau n’a pu abforber. L'air ainfi dégagé d’une fouris qu'on mer putréfer dans l'eau, fans aucun mélange d’air commun, éteint la Aamme , & tue les animaux ,ni plus ni moins que l'air ordinaire qui eft fimplement corrompu. Il eft ex- trèmement difhcile & ennuyeux d’amalfer une quantité de cet air pu- tride, qui ne fe mêle point avec l’eau , parce que celle-ci en abforbe beaucoup , mais dans une proportion que je n’ai pas cherché à déterminer. Quoique les fubftances qu’on met putréfer dans l'air diminuent fon volume , je n'ai cependant pas trouvé que le mélange de l'air putride avec l'air ordinaire, produifit L& même effet. Par la maniere dont j'ai fait mon expérience , j'ai été obligé défaire pailer l'air putride à travers une malle d’eau qui put abforber tout ce que la fubftance putride contenoit de propre à diminuer l’air ordinaire. Les infectes vivent parfaitement dans l'air corrompu, foit par les ani- maux , foic par les végétaux , & qui, à la premiere infpiration , auroit tué un autre animal, J'ai fouvent fait certe expérience fur des mouches & des papillons. J'ai aufli obfervé que les pucerons vivent également fur lesh plantes qui ont végété dans certe efpece d'air, que fur celles qui ont crû en pleine campagne. J'ai mème fouvent été obligé de retirer ces plan- tes de l'air putride , pour en détacher ces infectes ; mais quelques- Tome I, Pare. IF. Ss 318, BR US RIT OO MPAVES unes fe cachoient fi bien , & fe multiplioient fi promptement , que j'ai rarement trouvé des plantes qui en fuffent délivrées. .… Lorfqu'on met des jets de menthe dans de l’air affez fraîchement &c aTez foitement corrompu pour tranfmettre fon odeur à travers l'eau, ils meurent à l’inftant, & leurs feuilles deviennent noires , finon ils poulfent d’une maniere furprenante. Je rai vu nulle part une végétation aufli prompre que dans cette efpece d'air, qui eft fi funefte aux animaux. J'ai.eu beau amonceler ces brins de menthe les uns fur les autres, ils ont tous pouflé des branches dans différentes direétions , & même plus promprement que d’autres plantes femblables que j'avois mifes dans de l'air commun à la même expofition. ; J'ai conclus de certe obfervation , que les plantes, au Heu d’infecter l'air , comme la refpiration animale, purifient l’athmofphere,& le rendent falubre, en le purgeant des miafmes provenant des animaux qui vivent, refpirent, meurent & fe corrompent fur la terre. Pour m'en. affuter , je pris une quantité d’air que j'avois rendu très- puifble , en y laiant mourir une fouris, & je le partageai en deux par- ties. J'en mis une dans une phiole plongée au milieu de Peau , & j'en- fermai dans l’autre, qui étoit dans une cruche de verre, aufli plongée au milieu de l’eau , un brin de menthe. J’entrepris cette expérience vers le commencement d'Août 1771 , & je trouvai vivante huit ou neuf jours après , la fouris que j’avois enfermée avec le brin de menthe ; mais elle mourut auflitôt que je l’eus mife dans l’autre quantité d’air où 1l n'y avoit point de menthe, & que j’avoistenue à la même expofition. J'ai répété plufieurs fois la même expérience , tantôt avec de Pair où j'avois fair mourir des animaux ; rantôr- avec de l'air corrompu par la pu- tréfaétion végétale ou animale, & elle m'a généralement reufñi de la même maniere. ’ Je fis mourir une fois une fouris dans une quantité d’air infeéte, mais que j'avois corrigé par la méthode que je viens de dire, &elle y vécut prefque auf longtems qu'il me femble qu’elle l'auroit fair dans une égale quantité d'air pur; mais ce phénomene varie fi fort., qu'il eff dif- ficile d'en rien conclure de certain, On obfervera feulement que la diff culré de refpirer parut commencer pllrôt que dans l'air ordinaire. Puifque les plantes dont je me fuis fervi croiffenr & végerent dans Fair putride ; puifque la matiere putride fournit, comme on fait ; aux racines des plantes, la nourriture dont elles ont befoin, & que celles-ci la reçoivent par leurs feuilles , aufli-bien que par leurs racines , il y a lieu de croire qu’elles attirent jufqu’àun certain point à elles les miafmes pu- rides qui font répandus dans l'air, & qu’elles rendent le refte plus propre à la refpiration. Quelques expériences de cette efpece que j'avois faites au commence- ment de. l’année, ne me: réuflireut pas fi, bien à la fin, & je m'apperçus: | | | | DIN AY LG NEO AU VE. 319 que fair que j'avois récabli reprenoit fa qualité infeéte. Je fufpendis l'idée que j'avois que les plantes le corrigeoient, jufqu'à ce que j'eulle fait d’autres expériences. Les ayant reprifes dans l'été de l'année 1772, j'en virai des preuves convaincantes du rétabliffement de l'air purride par la végétation. Comme ce fait eftimportanr, & le changement de l'écat de certe efpece d’air aflez remarquable , je crois devoir entrer ici dans un détail un peu plus circonftancié de quelques-unes de mes expériences, Je rendis lait que j'employai dans ma premiere expérience très- nuifble , en y faifant mourir une fouris le 20 de Juin. Je mis un jer de menthe dans une jatte prefque remplie d’une partie de cet air, & je mis l’autre à patt dans une phiole. Je l'éprouvai le 27 du même mois, en mettant une fouris däns un vaifleau de verre qui contenoit deux onces & demie de chaque efpece d'air ; & voici ce qui arriva. Ayant placé une groffe fouris dans le vaiffeau où étoit l'air dans lequel ui brin de menthe avoit végeté , elle y refta cinq minutes, après quot elle commença à s’agicer, Je la retirai, & la trouvai aufli force & aufli vigoureufe que lorfqu’elle y entra. Il n’en fut pas de même d’une jeune fouris que j’avois mife dans de l’air où il n’y avoit point eu de menthe : elle mourut au bout de deux ou trois fecondes, & je ne pus jamais Ja fairerevenir. Demie heuresaprès que la groffe fouris fur revenue ( car j'avois eu foin de la garder, pour pouvoir faire mon expérience avec lés deux efpeces d'air fur le mème animal, & ce rems éroit fufhfant pour la rétablir , en fuppofant qu’elle eür été incommodée de la premiere expé- rience ) je la mis dans le même vaifleau, & quoique je l'en euffe retirée avant qu'une feconde fe fur à peine écoulée , elle éroir fi foible, qu’elle fut une minute fans pouvoir bouger de fa place. Je mis deux jours après la même fouris dans la même quantité d'air commun, & elle y refta fepc minutes fans témoigner la moindre inquiétude ; mais voyant, trois mi- nutes après , qu’elle commençoit à s’agiter, je la retirai. Je conclus de ces expériences qu'il s’en falloit environ d’un demi quart que l’air rétabli ne fut aufli fain que l’air ordinaire, Il m’arriva la même chofe avec l'air nitreux. Pendant les fept jours que la menthe refta dans cette jarre d’air in- fecté, trois vieux jets poulferent d'environ trois pouces , & d’autres plus jeunes poullerent auf. M. Franklin & M. Pringle fe rrouverent chez moi , & furent farpris que la végétation eùr été aufli prompre & aufli vigoureufe dans un terme aufli court que celui de trois ou quatre jours. Le 30 du même mois , une fouris vécut quatorze minutes, & refpira naturellement, fans témoigner beaucoup d'inquiétude , excepré les deux dernieres minutes , dans de l'air où j’avois enfermé une fouris un an auparavant, & de la mauvaife qualité duquel je m'étois apperçu le 18, à J'occafion d’une plante qui y avoit végeré foiblement pendant onze jours Ss ij 310 PÉAPIDYOUS ITIRO NIUE qu’elle y étoit reftée. Ayant mêlé cer air ainfi rétabli avec du nitre, il em fut prefqu’autant affecté que l’air ordinaire, Ea facilité que j’eus de rétablir cer air putride, jufqu’à le rendre très- propre à la refpiration , au moyen des plantes que j'y avois mifes, me fit efpérer que je pourrois le reétifier au point d’y conferver une chan- delle allumée. Pour cet effer, je laiffai mes plantes dans cer air jufqu’au milieu du mois d'Août fuivant, mais fans avoir la précaution d’arracher les racines & les feuilles pourries. Elles avoïent fi bien végeté, que je ne doutai point que l'air ne fut fucceflivement corrigé. Je fus extrème- ment furpris le 24, de voir que quoique l'air d’une des jarres n’eut point empiré, il n’en étoit pas meilleur, & que celui de l’autre jarre étoit devenu fi mauvais, qu'une fouris n’y vécur que peu de fecondes. J’ob- fervai encore qu'il ne faifoit plus d’effervefcence avec l'air nitreux, comme auparavant. Soupconnant que la mème plante ne rétablifloit l'air putride que juf- qu'à un certain dégré , & que les plantes pouvoient produire des effers contraires dans leurs différentes crues , je retirai la vieille plante, & en ayant mis une nouvelle à fa place , je trouvai au bout de fept jours, que l'ai éroit parfairement rétabli. Ce fait eft d'autant plus remarquable , & plus digne d’être l’objet d’une fuite de nouvelles expériences , qu'il . peut fervir à jeter beaucoup de lumiere fur les principes de la végé- tation. Je ne me fuis cependant pas borné à l'examen de ce feul fait ; cat javois été témoin de plufeurs autres de la mème efpece l’année précédente; mais je trouvai fi extraordinaire que l'air fe corrompit par le mème procédé qui l'avoir corrigé, que lorfque je fis certe obfervation, je ne pus m'empêcher de conclure que je n’avois pas pris roures les pré cautions fufffantes pour être perfuadé que je l’avois bien rérabli. Ce qui me fait croire que les plantes ont la propriété de: rérablir par- faitement l'air que la refpiration a infeté , c'eft que je rectifiai parte moyen celui qui avoit paflé par mes poumons , de maniere qu'il entretint une chandelle atlumée , quoiqu'il eût auparavant éteinte , & qu’une partie de la même malle de cer air continuât de le faire. C’eft de quoi j'eus une preuve dans l’année 1771. Le jer de menthe que j'avois mis dans une cruche remplie de cet air , y végéta depuis le 25 de Juiller, jufqu'au 17 d'Aoûc fuivant. Un autre jer végéra de mème depuis le 29 Juin 1772, jufqu'au 7 de Juillet. J’obfervai encore que cer effet ne pro- venoit point de la vertu qu’avoiencles feuilles de menthe, car je lestcon- ferve changées à plufieurs reprifes , & pendant un tems confidérable , dans cette efpece d’air , fans y appercevoir la moindre altération. Ce rétabliffement partiel de l'air par les plantes, quoique dans une fituation génée & peu naturelle, donne la plus grande force à cette con- jeéture , que le rot que font continuellement à l'athmofphere la refpiration des animaux , & la puiréfachion des fubftances animales & PAAMTAASAINOMUNME. . 321 végétales, eft en partie réparé par la végétation. Il eff vraï que les canfes dont je viens de parler, corrompent une malle prodigieufe d'air ; mais fi l'on fait atrention à larquantité de végétaux qui croiflent fur la furface de la terre, dans des lieux convenables à leur nature, & qui par confe- quent déployent leurs vertus en pleine liberté , tant dans l’abforprion , que dans l’évaporation de la féve , on ne doutera plus que {a putréfadtion ne foit contrebalancée , & quele remede ne foir proportionné au mal. Le Docteur Franklin qui , comme il a été dit ci-deflus , fut témoin de la végération rapide de mes plantes, a bien voulu me marquer dans une réponfe à une de mes lettres, la farisfaction que mes expériences lui ont procuré. Voici comme il s'explique. » Le fyftème qui prétend que la création végétale corrige l’air que les » animaux corrompent par leurs émanations , me paroïc raifonnable, & » S'accorder avec rour le refte. Par exemple, le feu purifie l’eau qui eft » fépandue dans l'univers. Il la purifie par Ja diftillarion , en la faifane » élever en forme de vapeurs, & en la faifant retomber fans celle en » pluie. Enfin il la puritie encore par la filtration, en entrerenant la » Huidité dont elle a befoin pour pénétrer dans la terre. On favoit déja » que les fubftances minérales putrides nourriffent les végétaux, étanr » mèlées avec la cerre en qualité de fumier; & il paroît maintenant que » ces mêmes fubftances produifent le même effet fur l'air. La prompti- rude avec laquelle votre menthe a pouffé dans de l'air putride, prouve » qu'elle le corrige, en attirant à elle ce qui s’y trouve d’infeéte, plutôt » qu'en lui communiquant quelque chofe de nouveau. J'efpere, ajoure- » t-il, que cette découverte corrigera la fureur qu'ont nos Jardiniers mo- » dernes d’arracher les arbres qui croiffent autour des maifons , dans la » croyance qu'ils les rendent malfaines. Je fuis convaincu par ma propre » expérience , que l’air qu'on refpire dans les bois , n’a rien de mal fain. » Nous avons quantité de bois dans l'Amérique ; nos habitations font » au. milieu, & cependant il n’y a point de peuple au monde qui jouiff& » d'uue meilleure fanré que nous', ni qui foit plus porté à la M plica- » tion de fon efpece. » Ayant trouvé le moyen de corriger entierement l’air inflammable, en l’agirant continuellement dans une auge pleine d’eau, dont j'avois tiré l'air, j'en conclus que je pouvois corriger de mème les autres efpeces d'air nuifible, & j'ai trouvé que cela avoit lieu à l'égard de l'air putride que je gardois depuis plus d'un an. J’obferverai une fois pour toures , que ce procédé m'a toujours réufhi, fur quelque efpece d'air nuifible que je l'ayétemployé, rel que l'air infecté par la refpiration ou la purréfaction, par les vapeurs du’charbon allumé & des métaux que l’on calcinez l'air dans lequel on a mis un mélange de limaille de fer & de foufre, dans lequel on a peint avec du blanc de plomb & de l'huile, où quia diminué par fon mêlange avec l'air nitreux. Je parlerai ailleurs de l’effer remar- quable que ce même procédé a fur l'air nitreux lui: même. ÿ : 322 PLAT AS NT ONE TM EN Lorfqu’on fait cetre opération fur de l’eau qu'on dépouiile de fon: air, foit avec la machine pneumatique, foit par l’ébullition, foir par la diftillarion , ou qu'on fe fert d’eau de pluie, on diminue toujours le volume de lair en l’agitant fortement. C’eft la meilleure maniere de faire cette expérience. Lorfqu'on fe fert d’eau de puits nouvellement tirée, l’air augmente toujours en agitant cette eau, parce que celui qu’elle contient, fe détache & fe mêle avec celui qui eft dans la cruche. Dans le cas préfent, l'air n’a jamais manqué de fe rétablir ; mais il y a lieu de croire que cela eftvenu de l’addition de quelque ingrédient plus falutaire. Comme ces agirations ont éré faires dans des jarres, dont l'ouverture étoit fort grande, ou dans une auge dont la large furface étoir expofée à l'air ordimaire, je fuis petfuadé que l’eau abforbe les émanarions nuifibles, de telle nature qu'elles puiffent être, & les tranfmer à l'achmofphere. Je m'en fuis quel- quefois apperçu à la mauvaife odeur que j'ai fentie pendant l'opération. J'appris, après avoir fait ces expériences, qu’un Phyficien ingénieux avoit gardé une poule vivante pendant vingt-quatre heures dans une quantité d'air, où une autre poule de la même groffeur n’en avoit vécu qu'une, en faifant paller l'air qu’elle refpiroit à travers une quantité d'eau acidulée , dont la furface n’éroit point expofée à l'air commun. Ilobferva même que locfque l’eau n’éroit point acidulée, elle vivoit plus longtems qu'elle ne l’auroit fair, fi l'air qu'elle refpiroit n'eut point paffé à travers l'eau. Commé je n'érois pas afluré que cette expérience réuflit auffi par- fairement, d’après les obfervations que j’avois faites, je pris une quan- tité d'air dans lequel une fouris étroit morte, & je l’agitai fortement, . d’abord dans environ cinq fois fa quantité d’eau diftillée, de mème que j'avois imprégné l’eau avec l’air fixe; mais quoique j'eufle continué longtems l'opération , je n’apperçus aucune alrération fenfible dans les propriétés de l'air. Je répérai la même opération avec de l’eau de puits, mais avec aufli peu de fuccès. Il eft vrai que dans ce cas-ci , j'agirai l'air dans unefbhiole , dont le col étoit étroit, mais la furface de l’eau du baflin étoit fort grande, & par conféquent expofée à l'air commun; ce qui contribuoir un peu-à faciliter l'expérience, Pour mieux juger de l'effec que produifent ces différentes manieres d’agiter l'air, je mis l'air infecté que je n’avois pu corriger par la premiere méthode, dans une jarre de verre ouverte, pofée dans une auge remplie d’eau , & après l'avoir agité , jufqu'à ce qu'il fut diminué d’environ un tiers , je le trouvai ineilleur que l’air dans lequel j'avois fair brüler des chandelles , comme cela parut par l’effai que j'en fis avec l'air nitreux. Une fouris védit un quart-d’heure dans deux onces un quart de cer air, & ne s’en rellentit aucunement dans les dix ou douze premieres minutes. Pour m'aflurer fi l'acide qu'on ajoutoit à l’eau ne le rendoit pas plus propre à corriger l'air putride, j'en agitai une quantité dans une phiole ET PR TT. et) nt BANENAM IS UT LOU LE: 23 remplie de vinaigre extrèmement fort, & enfuire dans de l’eau forte , affoiblie de moitié d'eau , mais l'air n’en devint pas meilleur , quoique je l'euffe agité rout le jour à différentes reprifes, & que je l'y eulle lauffé pendant route une mur. Cependant comme l'eau doit néceflairement abforber une cer- taine portion des émanations nuilibles , avant qu’elles fe communiquent à l'air extérieur, je ne doute point que l'agitation de la mer & des grands lacs ne ferve à purifier l'athmofphere, & que la matiere putride que l'eau contient, ne foic abforbée par les plantes aquatiques , ou qu’elle ne fe dépofe de quelqu’autre maniere. Ayant reconnu par les différentes expériences que j'ai rapportées ci- deflus , que les émanations putrides proprement dites, font différentes de l'air fixe ; & m'étant apperçu par les expériences de M. Macbride , que l'air fixe corrige la putréfaétion , j'en ai conclu que cer effer pro- vient, non point de ce qu'on empèche l’évaporation de l'air fixe, ou de ce qu'on rend à la fubftance putrétiante , la matiere qui s’en étoit dé- tachée, & qui lioit routes fes parties, felon l'hypothèfe de cer Auteur ingénieux, mais de l'afhinicé qu'il y a entre l'air fixe & les émanations purrides. Il me vint donc dans l'idée ; que l’air fixe & Pair cor1ompu ,, quoiqu'également nuifibles lorfqu'ils font féparés , pourroient former un mélange falutaire , en fe corrigeant l’un l’autre. Je me. fuis confirmé dans cette opinion par cinquante ou foixante cpreuves , dans lefquelles l'air que la refpiration ou la putréfaétion avoient altété, set tellement bonifié en le mélant avec environ quatre fois autant d'air fixe, qu'une fouris y a vécu prefqu’aufli longtems que dans l'air ordinaire. J'avoue qu'il eft plus difhaile de rétablir l'air purréfié par ce moyen; mais il ef très rare qu'il ne n'ait pas réufli, lorfque les deux efpeces d'air ont été longtems mêlées enfemble, c’eft-à dire environ quinze jours ou trois femaines. Ce qui m'empêche de conclure que le rérabliffement de l'air , dans le cas dont il s'agir, eft l'effet de l’air fixe, c’eft que lorfque j'épfouvai ce mélange , j'agitai quelquefois ces deux efpzces d'air enfemble dans une auge pleine d’eau, ou bien je les fis paller plufeurs fois à travers l'eau d'une jarre dans l'autre , pour qu’elle put abforber l'air fixe qu'ily avoit de crop, ne foupçonnant point que l'agitation put produire un autre- effer. Mais ayant remarqué depuis que l'agitation , lorfqu’elle eft vio- lente & longrems continuée , fans aucun mêlange d’air fixe , n’a prefque jamais manqué de rendre propre à la refpiration (1), jufqu'à un certain: LE TTL TT TE NT Re EI TE 2 Li ne eee + Gi) Il m'eft arrivé une fois, qu’en fusvuidant fimplement l'air d'un vaifleau dans Vautre , à travers l'eau, plus long-temps que je n’avois fait pour méler d'autres efpc- ces d'air, certe opération fi fimple fut cependant més-ucile pour Ja purification douar je parle. 324 PME GTS CIO UN PE: point, l'air infecté. J'ai commencé à douter que l'air fixe produifit cer effet. J'ai encore obfervé dans quelques occafons, que le mélange d’aic fixe n’agifloit pas aufli efficacement fur l’air putride, que j'avois lieu de l’arcendre de mes obfervations. : J'ai toujours prévu qu'on pouvoit m'objeéter que le réfidu de l'air fixe n'étant point extrémement nuilible , une pareille addition doit nécef- fairement contribuer à corriger l'air putride. Pour obvier à cette ob- jection , j'ai mêlé à plufñeurs reprifes autant d'air fixe que j'ai jugé qu'il en falloit pour rétablir uné quantité d’air putride, avec une égale quan- tité de celui-ci , fans pouvoir le puriñer. En un mot, je fuis difpofé à croire que ce procédé n’auroit jamais aufli bienréufli, & à tant de reprifes différentes, fi l'air fixe n’avoic la propriété de corriger celui que la refpiration ou la putréfaction ont cor- rompu. Ce procédé s'accorde parfairement avec les découvertes de M, Macbride ; & il y avoit lieu de croire qu’il produiroit le mème effer. J'ai trouvé le fecret , au moyen de ce mélange , de corriger le réfidu d’un air engendré par la putréfaétion d’une fouris que j'avois plongée dans l’eau. On s’imagineroic, à priori , que cet air doit être infiniment plus nuifible qu'aucune efpece d’air que ce foit; car puifque l’air com- mun ; lorfqu’il vient à fe corrompre , eft fi funelte, à plus forte raifon celui qui a é engendré par la putréfaction , doit-il l’être aufli ; mais il ne paroît être autre chofe qu’un air commun corrompu, & par con- féquent il peut fe purifier par la même méthode. Nous avons cependant dans ce cas-ci, un exemple de la génération de l’air commun, mais mêlé avec quelque chofe qui lui eft étranger. Il peut fe faire que le réfidu de l'air fixe foit un autre exemple de la mème nature. L'air fixe eft également répandu dans la mafle de Pair putride avec lequel il eft mêlé; & la preuve en eft, qu’en divifant le mélange en deux portions égales , on les réduit au mème volume, en les faifant pafler à travers l’eau. Il en eft de même de quelques autres efpeces d'air qui ne peuvent s’incorporer , tels que l’air inflammable, & l’air dans lequel on a fait bruler du foufre. | Puifque l’air fixe corrige celui qui a été vicié par la refpiration ou la putréfaction animale, il s'enfuit que les fours à chaux , qui rendent une grande quantité de cet air, font extrèmement falutaires aux villes dont l’athmofphere eft rempli d’émanarions putrides. Je croirois même que les Médecins pourroient l’employer pour la guérifon de plufieurs ma- ladies putrides , vü qu’on peut l’adminiftrer en forme de lavement à ceux dont le corps eft rempli de matieres putrides. On n'a rien à craindre de la diftenfion qu’il peut caufer dans les inteftins , parce qu’il eft à l'inftanc abforbé par les fubftances humides qu’il rencontre. Puifque l'air fixe n’eft poînt nuifible par fa qualité , comme le feu, mais par fa quantité , je ne crois pas qu'on rifque beaucoup à le refpirer. On l’'introduit Es ans VERNIS "ONU: A 325 dans l’eftomac, au milieu de l’eau naturelle ou artificielle de Pyrmont , des liqueurs fufceptibles de fermentation , ou avec des végéraux. On pourroit encore faire enforte qu’il füt pompé par les vailfeaux abforbans de la peau , en fufpendant le corps , à l’exception de la tête, fur un vaiffeau dans lequel une liqueur fermente, & qui feroit extrêmement falutaire dans quelques maladies putrides. Quand mème le corps feroit nud , on n’auroit point à craindre qu’il fe refroidit dans cette ftuation ; & l'air produiroit d'autant plus d'effet, qu’il affecteroit la peau avec plus de facilité. Comme je ne fuis point Médecin, je ne propofe ces moyens extraordinaires qu'avec une extrème réferve. Ayant communiqué mes obfervations fur l'air fixe , & furtout l’idée qui m'eft venue de l’employer en forme de layement dans les maladies putrides, à M. Hey , un fameux Chirurgien de cette Viile ; eur bientôt occafion d’en faire l’effai. Il en parla au Docteur Gird & au Docteur Crowther , qui foignoient le malade , ils approuverent fon projet, qui fut bientôt mis à exécution, en employant l'air fixe en forme de lave- ment , & en faifant boire au malade des liqueurs qui en étoient im- prégnées. Le fuccès fur rel , que je priai M. Hey de détailler le traite- ment qu'il avoit employé, pour que le Public fçùt que cette nouvelle application de l’air fixe, n’a rien de dangereux , & qu’elle produit l'effet que j'en attendois. Comme cette méchode eft nouvelle, & peut avoir une utilité fort étendue, on me permettra de rapporter à la fin de cet ouvrage la lettre que M. Hey m'a écrite fur ce fujet. Tome I, Part. IV. Te 526 HISTOIRE NATURELLE. M EM OS TORE SUR LE THÉ; Par M. FOUGEROUX DE BONDARO1, de l’Académie Royale des Sciences de Paris. Es ché dont nous faifons une infufon, & que nous prenons entifane, eft la feuille d’un arbriffeau commun en Chine & au Japon. L'on fait en Europe une grande confommation de thé, puifqu'on eftime que ce commerce produit annuellement à la Chine vingr-un à vingt-deux millions. Les Anglois en confomment annuellement plus de trois millions de livres pefant; & l’on prétend qu’ils ont (en 1773) en magafn feize millions de livres pefant de thé (1). À ne confidérer cette plante que fous ce feul point de vue, c’eft-à-dire du côté de l’ufage que lon en fait , elle mérite d’être particuliérement connue. Quoique la plante du thé vienne en Chine & au Japon, cependant on n'importe en Europe en général que le thé de Chine : les feuls Hollan- dois vont au Japon; & l’on fait qh'ils nous:en apportent très-peu. On avoit tenté de multiplier l'arbre de thé par des graines tirées de l'une ou de l’autre de ces deux Provinces ; mais, faute de précautions fans doute , ces graines nous font toujours parvenues rances & hors d'état de lever. On ne peut pas penfer que les habirans de ces contrées , jaloux de cette polfefion, ne laiffent fortir les femences de ces arbres qu'après les avoir fait fécher , & s'être afluré qu’elles ne germeront pas ; puif- qu'ayant effayé depuis quelques années de mettre dans le fable ces grai- nes aufli-rôt qu’elles ont été recueillies , & les ayant fair germer pendant la craverfée , cet expédient a très-bien réufli. M. le Chevalier Von- Linné , dont les connoiffances en Botanique rendront le nom immor- (4) On peut confulter les Gazettes de France , du 19 Janvier 1773 5 & celle dU- wech,, du premier Janvier. INAVAPT'ROEMAN EN IELTENE. 327 tel, a reçu de Chine en 1763 , des femences de ché qui commençoient à pouffer. Nous en parlerons dans la fuite. Les Anglois , qui s'occupent vivement de cet objet , ayant adopté ce moyen, tirent aujourd’hui de Chine des pieds & des femences de thé; & il réufliflent à mulriplier cette plante chez eux : ce qui leur a le mieux réuffi, a été de mettre ces graines dans du fable humide, contenu dans une caifle, qu’on a foin d’arrofer pendant la traverfée. Ils apportent également de Chine de jeunes pieds de thé qu'ils confervent dans de la terre humide ; maïs les femences leur ont paru jufqu’ici plus propres à feconder leur entreprife , & à multiplier cet arbre précieux. L'on peut donc croire avec raifon qu’il eût été facile d’avoir employé cés précau- tions , fi l’on n’avoit pas réufli à tranfporter cette plante en Europe. Cet arbriffeau , que les Anglois mettent en efpalier , commence à permettre qu'on en falfe de$ marcottes, & par conféquent à devenir plus com- mun (1). M. le Chevalier de Janffen , connu par fon zele pour enrichir nos contrées de nouvelles plantes, en a tiré un pied d'Angleterre. Le commerce immenfe & prefque incroyable auquel le thé donne lieu; cette plante , qui femble permettre qu’on la cultive dans notre hémifphere , & qui, fuivant toutes les apparences, pourroit réuflir dans nos Provinces méridionales , m'ont engagé à confulter les Auteurs Bo-- taniftes, les voyageurs , ceux qui ont traité de la préparation de fes feuilles , enfin les Mémoires dans lefquels on a parlé du commerce du thé. M. Antoine de Juflieu m'a permis de profiter de fon herbier. J'ai com- paré plufieurs efpeces de thé qui lui font venues de Chine & du Japon, & j'ai cru faire plaifir aux curieux de raffembler & de leur préfenter mes remarques. J’ai defliné la plante , les caracteres de la fruétification , & la variété de fes feuilles. Les Botaniftes, pour qui j’écriségalement , ver- ront que dans l’exämen que j'ai fair des fleurs de thé, j'ai reconnu des caracteres qui avoient échappés aux Botaniftes qui m'ont précédés. Nous ne nous propofons point de traiter ici de l'utilité de la boïffon qu'on prépare avec les feuilles de cet arbriffeau. Nous laïflons aux Méde- cins à décider en quelle circonftance elle peut être faluraire ; fi elle eft nuifible , ou fi l’on peur en faire un ufage modéré, Ces queftions ne font point de notre reffort. M. l'Abbé Galois, entre plufeurs raretés, a apporté de Chine, fous le nom de thé, un arbriffeau qui s’eft fort multiplié, & qui, par des caracteres particuliers , differe du véritable thé. Simon Pauli , Médecin & Botanifte de Coppenhague , s’eft trompe , en difant que le thé devoir être placé dans le genre des myrica ou (1) Le Duc de Northumberland a eu dans fes jardins un pied de thé qui a euri , & d'après lequel on à gravé une branche & fa fructification. Tri; 328 MUR ROT- OU NE galé (x); d’autres ont cru que c’étoit un acacia ; enfin quelques-uns font tombés dans l’erreur, en publiant que le thé éroit la feuille d’un prunier fauvage , ou des feuilles d’une efpece d'origan, de la ronce à trois feuil- les, de la ponie , &c. Nos François en Amérique aiment la décoétion du cupraria biflora (2), décrit par le Pere Plumier , & que l’on appelle le rhé des Antilles (3). Les Efpagnols prennent en infufon les feuilles de la plante que nous nommons chenopodium ambroftoides Mexicanum ; connue fous la déno- mination Françoife de thé du Mexique ou d'Ambroifie , ou thé defanté.. M. de Jafieu a dir que la feuille de l’apalachine des Américains (4) pouvoic 6ffrir une tifane agréable ; mais en Amérique Pr le ca- praria , & en Efpagne le chenopodium. Comme nous choififfons les feuil- les du capillaire ou le thé d'Europe (5), ou la eur du bouillon blanc (6), fachant bien que ce n’eft point du thé; & le favant Botanifte que nous venons de cirer, a feulement annoncé l’apalachine comme une nouvelle plante propre à faire une infufion (7). Le mot rhé paroît dériver des noms que les Chinois ont donné à cette plante. Elle eft appellée rHEn en Chine, dans la Province de Fo- kien, & rema dans les autres Provinces de cetEmpire. On fair que les Européens , paffant par la Chine pour aller au Japon, aborderent à Fokien où ils prirent connoiffance du thé. Cet arbrifleau fe nomme ts1A dans le Japon. Il feroit difficile de fixer le temps où les Chinois ont commencé à faire ufage du thé. L'on fait feulement que les Hollandois l’apporterent en Europe, dans le commencement du dernier fiecle ; & que dès 1660 on avoit mis des droits confidérables en Angleterre, fur le commerce qui s’en faifoit. Le thé n’éroit qu’indiqué par les anciens Botaniftes. C. Bauhin l’a nommé chaa herba Japonica. Pin. 147. Plukenet, the frurex Evonimo affinis., arbor orientalis nucifera ; flore rofeo : mais c’eft à Kæmpfer, amæ- aitates , pag. 60$., que nous devons une defcription plus exaéte de cette plante, & d’une bonne figure. Il l'a défignée par cette phrafe, chea frutex a ———_—_—_————— (1) Voyez fon Traité de abufu tabaci & herbe thée, que ut ipfiffima chamaleagaos Dodonei 3 & celui intitulé : Quadripartitum Botanicum , du même Auteur, (2) Lin. GEN. 875. (3, C'eft mal à propos que le Pere Labat a dir que le thé des Antilles étoit de la claffe du thé de Chine. (4). Prini glabri.. feu apalachine. Cs) Veronica mas fupina & vulgatiffima. C. B. (6) Verbafcum. n (7) Le thé de la Mer du Sud eft le caffine. On l'appelle auffi thé du Paraguai. Le thé de la Nouvelle-Jerfey eft le Ceanothus ; enfin le thé des Suiiles eft des plantes. xulnéraires cucillies dans les montagnes , où elles ant plus de vertus qu’ailleurs,. < PT ET DURE Pt Me ONE NO ARE CE LE 329 folio ceraf, flore rofe fylveftris , fruëlu unicocco , bicocco, & ut plurimum tricocco. : Le Pere du Halde, tome INT, page 474, parle du thé dans fa Def- cription de l’Empire de la Chine. J'ai profité encore de plufieurs faits intéreffans fur le commerce du ché , inférés dans l’Hiftoire des Etablif- femens & du commerce des Européens dans les deux Indes, tome II, page 2143; imprimé en 1770. Boccone , page 130, Mufeo di ficica & di Experienze, Venetia 1697, a donné une Dhifferration fur le thé ou rée ; il a cité une Differtation du Pere Alexandre de Rhodes, qui a voyagé en Chine, & qui a décrit certe plante. Cette Differtation a été traduite & imprimée à Paris en 1666, chez Sébaftien Mabre Cramoify. La figure qu’en donne Boccone , PL. 94, n'eft pas exacte; les feuilles y font oppofées , & le pédicule eft trop long. Je ne cite pas ici beaucoup d’autres Auteurs qui ont parlé du thé, & qui n’ont fait que copier ce que d’autres en avoient dit avant eux. Nous allons décrire le thé d’après le Chevalier Von-Linné: 4mæni- tates Academie , vol. VII. Holmie où ce célebre Botanifte a inferé une thefe, page 2:6; porus theæ, dans laquelle il donne l’hiftoire de certe plante, & fon ufage en boiffon. M. Von-Linné avoit déjà publié les ca- racteres de fa eur 8: de fon fruit dans fes genres , page 233, dans fon Sy/lema nature, n°. 668 , page 365. Ce célebre Boranifte Suédois ne parle que de deux efpeces de thé qui croiflent en Chine & au Japon ; encore penfe-t:il que dans l’un & l’au- tre de ces deux Empires, 1l y a deux arbriffeaux qui ne font que deux variétés ; mais la différente forme des feuilles que nous avons été à portée d’examiner , les groffeurs différentes de libère fruits de ché, & fur-cout les fleurs qui, dans plufieurs individus ne fe reffemblent pas, en rangeant ces thés dans le mème genre, nous font penfe qu’il convient d’en admettre plufeurs efpeces. M. Linné croit qu’il n y a que deux variétés de thé ; celle connue fous le nom de thé bout; & celle fous celui dethé verd. | Le thé verd a un calice à fix découpures, fix petales égaux & grands. Le thé bout differe peu du thé verd ; fon calice eft divifé en fix par- ties ; fa eur eft compofée de neuf petales , dont trois extérieures fonc plus grands : ces petales font difpofés en rofe, & la fleur eft blanche. On voit dans le difque de la fleur un grand nombre d’étamines , envi- ron 200 ou 230, dont le filet eft fin, un peu plus court que la eur. L’éramine eft rerminée par un anthere fimple. Le piftile eft compofé d'un ftyle furmonté de trois fligmates obtus , il porte fur un embryon qui devient un fruit ou goufle divifée en trois loges ; elles s'ouvrent chacune en deffus de la capfule , & renfermenc une noix ronde , angulaire fur une feule de fes parties. Cette coque où 330 HT 8 T0 18 IE noix ligneufe, contient une amande huileufe (1) Kæmpfer dit aufli que la Aeur de thé a fix pétaies, dont un ou deux extérieurs font comme fannés, quaff fphacelo taëla | & plus petits que les autres. Paffons aétuel- lement aux différences que nous avons remarquées dans les fleurs de thé, Les fleurs de thé de Chine que nous avons examinés, naïffent une , deux ou trois enfemble, dans l’aiffelle des feuilles. Le pédicule des fleurs eft court, mais il s’allonge à mefure que le fruit parvient à fa ma- curité, Les fleurs ont toutes un calice divifé en cinq petites pieces ou écailles creufées en cuillerons & obrufes, PJ. 1, Fig. 1, 2,3, 453ce ca- lice, Fig. 6, qui eft fort petit, fubfiite jufqu’à la maturité du fruit. Dans une des efpeces de thé venue de Chine, la fleur, à-peu-près de la gran- deur de celle du fringa ou du pècher, Fig. 3, eft compofée de trois ou fix petales ; de trois petales, fi on regarde trois feuilles qui recouvrent les vrais petales comme formant un fecond calice. Ces trois feuilles Fig. 2, a font velues, placées extérieurement, & très-différentes des trois autres dont nous allons parler ; elles font arrondies & concaves. Il y a une de ces trois feuilles qui eft prefque toujours beaucoup plus petite que les deux autres, ce qui a fait croire à plufieurs que la fleur n'avoit que cinq feuilles. Breynius (Plant exot. centu. 1, cap. 52.) qui avoit reçu des fleurs de thé du Japon, croit qu’elles n’ont que cinq petales. Lémery dans fon Dictionnaire des Drogues, la dit compofce de cinq feuilles. La fleur eft formée de trois petales minces , difpofés en rofe ; ils font blancs, Fig. 2, b, on voit, entre ces perales attachés fur un difque charnu , placé au-deflous de l'ovaire, un grand nombre d’étamines, dont les filets font plus courts que la fleur ; l’étamine à fon anthere figurée en cœur, elle s’ouvre en deux, Fig. 8, a, b, les filets des éramines réu- nis à leur bafe fe féparent environ aux deux tiers de leur longueur, Fig. 8, le piftille eft compofé dans cette efpece d’un ftyle de la longueur des éra- mines qui fe divife vers les trois quarts de fa longueur en trois parties terminées par des ftigmates obtus, Fig. 5. I porte fur un embryon qui devient une gouffe à-peu-près femblable à celle du ricin, Fig. 10, & à une feule loge, Fig. 11, ou a deux, Fig. 13, trois, Fig. 12 & 14, ou même à quatre loges, Fig. 10 ; chaque loge s'ouvre en-deffus du fruit, Fig. 14, & elle renferme une graine quelquefois prefque ronde, Fig. 16 & 17, fouvent applatie fur une de fes parties, du côté où elle s’appuye fur la cloifon de la loge voifine, Fig. 15. Cette coque contient une amande, F9. 18, couverte d’une coquille li- (1) L'huile de l'amande rend fans doute cette femence peu propre à être tran{por- tée faine dans des climats éloignés , parce qu'elle: rancit & qu'elle fe gâte. On en verra la preuve, lorfque nous parlerons de la, façon de femer & de cultiver certe plante, PO 7 MANTMONREE ZI L'E 331 neufe comme celle de la noiferte, mais moins épaifle & moins dure. Êlle varie en groffeur depuis l’aveline, jufqu’aux plus petites noiferres des bois, Fig. 16 & 17. Dans une autre efpece de thé également venue de Chine, nous avons vu la fleur, Fig. 4, a, à peu-près de la grandeur de celle de la premiere efpece, compofée de neuf pétales, & elle avoit encore deux écailles plus épailles & velues. On remarquoit cinq découpures au calice ; Le piftil étoit terminé aux trois quarts de fa longueur par trois filets & trois ftigmates, Fig. 7. Kæmpfer en a décrit un pareil à celui-ci ; il eft du double plus long que les éramines. i Un troifieme thé envoyé de Chine par M. Poivre , fous le nom de ea hoa, à la fleur bien plus grande, & compofe de fix petales minces. Cette fleur à en outre cinq feuilles plus extérieures, épaifles & velues , & un calice compofé de plufeurs petices écailles. Cette fleur eft deflinée dans fa grandeur naturelle, PI. 1, Fig. 19. Ces deux thés ont les filets de leur étamines réunis à leur bafe, mais ils font féparés un peu au-deflus de leur origine. Le fruit des thés, au lieu d’être à quatre loges, n’en a fouvent qu'une ou deux, parce que les autres avortent. Nous avons plafieurs plantes qui font dans ce cas. Cette goulfe eft verte dans le thé, & devient noirâtre a mefure qu’elle meurt, & l'enveloppe ligneufe de l’'amande eft couleur de bois. Il nous manquoit pour avoir le véfitable caractere du thé, de lever des doutes fur la pofition des étamines de fa fleur , & l’on voit qu’elles font attachées au fupport du piftil. M. Adanfon, dans fes familles des plantes, penchoit à croire les étamines attachées au réceptacle de l’o- vaire, puifqu'il a placé.le ché dans la famille des liftes qui ont ce carac- tere; je ne crois pas que l’on eut dit que les filets des étamines dans les fleurs de thé es réunis à leurs bafes ; c’eft cependant un caractere dont on devoit faire mention. Les fleurs de thé piquent vivement la langue, & Kæmpfer dit qu’elles ne peuvent point être prifes en infufiun ou autrement. En 1763, M. Linné reçur des graines de thé qui germoient. La graine qui tenoit en ‘ore à la tige de l’une de ces plantes naiffantes, prouvoit que le thé eft dans la. claffe des difcoriledons, c’eft-à-dire , de celles dont les femences font à deux lobes ; ainfi que l’amande l’indiquoit dans le thé. Les goulfes & les graines repréfentées dans la PL 1, Fig. 10, 12,17, 14, 15, 16 & 17, font deflinces un peu plus petites que nature. J'ai déja dit que j'en avois vu de plus du double de groffeur. # ig. 17 ; feroit- ce encore des efpeces dans le genre des thés. Le boïs des sonffes eftun peu aromatique, mais d'un gout défagréable. Dans la Province de Fokien 532 HOT SSMT PONT RICE ; on tire de l’huile de l'amande des graines de thé, les Chinois l’employent en aliment & pour les peintures. Dans des deffeins venus de Chine, fur la façon d’y travailler les vernis, qu'a bien voulu me montrer M. Delatour, Imprimeur ; j'ai vu un Ouvrier occupé à rendre deflicative l’huile de ché, il la remue dans une bafline mife fur un fourneau. La plante qui portele thé, eft, fuivant le plus grand nombre des voya- geurs, un abriffeau qui n’excede pas 4, $ ou 6 pieds de hauteur, & dont le tronc a peu de grofeur, P/. 11, Fig. 1, quelques-uns ont cependant dit qu'il y avoit des rhés qu'un homme ne pouvoit embraffer. Sa racine eft noirâtrè, branchue. Son bois eft dur, d’un verd pâle, & il a de fortes & grofles fibres. Son écorce eft mince, feche , d’un gris brun, d’un goût amer ; elle fe détache quelquefois du liber, lorfquelle eft feche. Cet arbriffeau fe garnit abondamment de feuilles , quelquefois placées ans ordre, cependant que l’on reconnoîït pour être pofées, Fig. 1,b, alternativement fur des branches ; elles n’ont point de ftipules. Il paroït qu'il y a plufieurs variétés, dont les unes ont la feuille plus ou moins allongée, elle eft ou plus large ou plus ovale. La grandeur de la feuille peut cependant dépendre de la qualité du cerrein dans lequel larbriffeau a pouflé. Toutes les efpeces ont la feuille épaifle & denrelée ; les den- telures profondes fe terminent en pointes moufles, quoique la feuille. foir praile & épaille, le pédicule des feuilles eft court & charnu, PL. I, Fig. 1. La nervure principale eft Er PA , creufe en dedans, un peu relevée en dehors, convexe en deffous, en deffus un peu creufée. Les nervures qui s’embranchent fur la principaie, fortent de deflus les feuilles. + Ces feuilles font d'un verd foncé , cependant elles le font un peu moins à la furface inférieure. Ten Rhine (1) compare l’épaiffeur & le luifant des feuilles de ché à celles du laurier-tin, elles reflemblenc encore plus à celles de l’alarerne. Il refte toujours verd & garde fes feuilles pendant l'hiver. : Le thé pouffe fes feuilles nouvelles, & elles fuccedent aux anciennes vers le mois de Mars ; c’eft le moment où l’on en fait la meilleure ré- colre. L'arbre fleurit au commencement de l’automne ; les fruits reftent une année fur l'arbre avant de parvenir à leur maturité. Cer arbrifleau croît ordinairement dans les vallées & au pied des montagnes ; il paroit qu'il n’eft pas délicat, & 1l aime les rerres légeres; le thé crû , dans les rerreins pierreux & expofés au midi ,eft celui qu'on eftime le plus. Kæmpfer rapporte que les Japonois entourent les terres de riz & de bled avec des plans de thé. 11 faut obferver que ces terres font labourées oo (x) Obfervat. ad Cregn. Plant, exot, ça s NAANTAIUQERTEN TL. L| E. 333 en fillons profonds, dans la vue de donner un égout aux eaux de pluie. Le mème Auteur ajoute que les. graines de thé font fujerres à ne pas germer, parce qu’elles ranciflent très-promptement ; aufli a-t-on la précaution de mettre plufieurs graines dans la même foffe, dont il ne leve fouvent qu’un ou deux pieds , & de les femer prefque auffi-rôt qu’elles font recueillies. ) Ten Rhyne dit que l’on abandonne enfuite les plans de thés à eux- mêmes , ayant feulement le foin d'ôter les mauvaifes herbes près le lieu où ils croiffent ; il femble donc que le thé aime les terres légeres & fraîches, 1 Les Auteurs paroiffent fe contredire fur la culrure de cette plante, puifqu’après avoir annoncé que cet arbriffeau aime les terres légeres, 1l ajoute qu’on les fume au moins tous les ans ; ne femble-t-il pas que fi on fume ces plantations , c’eft pour augmenter la récolte des feuilles aux dépens de leur qalité , comme losfque dans nos Provinces on fume les vignes. On laiffe l’arbriffeau parvenir à une certaine hauteut avant d’entre- prendre la récolte des feuilles, & ce n’eft gueres qu'à la troifreme année qu'on la commence. La quantité des feuilles diminue lorfque l'arbre vieillit, & à la feptieme ou dixieme année, on eft obligé de rajeunir les pieds. On coupe le tronc, pour lors les rejets & les nouvelles branches donnent une ample récolre de feuilles. Le ché eft commun dans les Provinces fituées au nord de Pékin & de Canton, & l’on fait que ta température du Japon eft a-peu-près la même que dans nos Provinces méridionales, où les politions à l'abri des mon- tagnes le font beaucoup varier. Le Pere du Halde rapporte que Chinnong, Auteur Chinois, dans le Chuking , dit que le thé, dans deux parties du territoire de la Chine, vient fur les bords des chemins, & que les plus rudes hivers ne le font pas périr. Un autre Auteur Chinois ajoute que le teha porte des feuilles en hiver. Les Voyageurs paroiffent s’accorder fur ces faits 3 s’ils nous ont laiffé des doutes, c’eft fur la groffeur, la hauteur de cet arbre, & fur la culture qui lui convient. Lonyu, dans fon traité furle thé, cité par le Pere du Halde, dir que la fleur de thé eft compofte de fix feuilles en haut, & de fix feuilles en bas ; que la gouffe eft aromatique. Il ajoute encore que les efpeces de thé qui ont les feuilles longues & grandes, font les plus eftimées, qu'au contraire celui qui les a petites & courtes eft le moins bon. Le Pere du Halde dit encore qu’il y a une efpece de thé très-eftimée , dont les feull- les font longues d’un pouce & plus, Tome I, Partie IV, V v 334 HU AIN SUR IONNTE RNIE , Récolte & préparation des feuilles de the. L'on cueille les feuilles de thé avec plus ou moins d’attention. Quel- ques perfonnes font défignées pour faire la récolte du thé deftiné à l'Em- pereur ; on exige d'elles la plus grande propreté, & on porte le fcrupule jufqu'à ne leur donner que certaine nourriture, de peur que leur ha- leine ne porte quelques préjudices aux feuilles qu’elles doivent cueillir ; elles les coupent avant le lever du foleil. On fait un choix dans les feuil- les que l’on détache de l'arbre une à une, & l’on ne cueille que les naif- fantes au moment, & qu’elles fe dégagent de leur bouton. On a le plus grand foin de ne les pas froiffer & de Les garantir de la poufliere, enfin l’on devine aifément les atrentions que l’on peut prendre quand on veut les porter jufqu’au fcrupule. 1] paroît feulement que le choix des feuilles, la faifon où on les récolte peuvent produire de grandes différences dans Ja quantité du thé. Quand on preffe l’ouvrage, un Ouvrier peut en cueil- ler dix à douze livres dans une journée ; nous avons dit que le thé ne s'élevoir qu’à la hauteur de quatre ou cinq pieds, ce qui donne la faci- licé de cueillir fes feuilles aifément; cependant quelques eftampes Chi- noifes repréfenrent ceux qui cueillent les feuilles avec des bâtons qui portent à une de leurs extrémités un crochet, dans la vue fans doute de tirer les branches, & de fe mettre plus à portée avec ce moyen d’en dé- tacher les feuilles facilement. Comme l'arbre fe garnit de nouvelles feuilles vers le mois de Mars ; c’eft le moment de la récolte, & celle qui eft la plus eftimée , parce que ces feuilles font rendres & pleines de feve. La feconde récolte fe fair au mois d'Avril, & elle eft moins bonne ; enfin le thé récolté dans les au- tres mois, eft le plus commun. L'on donne le nom de thé Impérial à celui dont on à fait la récolte avec Les plus grands foins, que l’on a cueilli fur des plantes cultivées dans le rerrein le plus convenable, & le mieux expofé , & dans la meil- leure fifon. Il porre ce nom. parce qu’il elt principalement deftiné pou l'Empereur ; on le connoît aulli fous Le nom de f£eco de thé. Lorfqu'on n'apporte pas autant de foins à cueillir les feuilles, lorf- qu'on n'eft pas fcrupuleux, fur les efpeces qut fonc reconnues pour four- air le meilleur thé, & dont les feuilles ont plus de penchant, enfin quand on les fait fécher fans précautions, on à des thés de différentes qualités, quoique venus d’arbres de la même efpece, peut-être aufli leur donne-t-on alors des noms différens. Les Provinces de la Chine qui ré- coltenr du thé, peuvent encore varier dans les noms des thés qu’elles vendent aux Européens ; de forte que l’on le tromperoit, fi l'on croyoit qu'il ÿ a autant d’efpeces de thé que nous connoiffons de dénominations Rs On trouve dans nos magañns le thé #houe , le ché Pecko le MARAIS!) EI: 2 335 théverd , le thé Heyfvan, le thé Saot-Chaou , &c. celui poudre à canon ; c'eft un thé roulé, mais dont les feuilles font feches , & qui fe cafle en petis grains. On differe un peu dans les moyens pour la préparation des feuilles de thé. Les voyageurs conviennent en général que pour faire fécher conve- nablement les feuilles de la premiere récolte , 1l fuffit de les mettre à l'ombre. Les autres demandent à être expofées à la vapeur de l’eau bouil- lante, pour les amolir , peut-être mème pour leur ôter une âpreté nuifible u'elles auroient fans cette précaution ; car des voyageurs aflurent que ces Éuilles feroient défagréables fi on les prenoit fraîches , mais qu’elles per- dent étant féchées une vertu narcotique qui artaqueroir les nerfs. C’eft pour leur ôter ce qu’elles auroïent de nuifible, qu’on les plonge un moment dans l’eau chaude , ou qu'on les laiffe expofées à fa vapeur. Sitôt qu’elles font humedtées & amolies , on les place fur des platines de fer, échauffées à un point convenable , & placées fur le deffus du fourneau, de façon que la fumée ne puifle pas retomber fur les feuilles. Ce fourneau eft une efpece d’étuve, d'où on les retire pour les rouler dès qu’elles font très- chaudes. On les prend une à une , & les pofant fur une efpece d’éroffe fine , on les roule avec la paume de la main. C’eft un travail difficile ; parce qu'il faut que l’ouvrier leur laiffe prendre fur le feu une vive chaleur , pour pouvoir les bien rouler.*On leur enleve une humidité qui les empècheroit de fe conferver, en les expofant plus ou moins, & à différentes fois , fur les plaques chaudes ; il ne faut pas dès la premiere fois les trop fécher. Les jeunes feuilles qui ne doivent point être roulées , & que l’on deftine à être réduites en poudre , exigent une plus forte deffication. I] paroît que ces préparations ne font pas indifférentes, par la qualité du thé , & que fa bonté en dépend en partie; il n’en eft pas ainfi de celle de ployer les feuilles, qui ne peut fervir que pour les conferver ; mais qui ne paroït pas leur donner plusou moins de qualité. On étend ces feuilles fur une table, pour mettre à part celles qui ont été trop féchées ou grillées ; celles-ci rentrent dans les thés communs. Il faut préparer les feuilles dès qu'elles font cueillies, car une intervalle entre l’une ou l’autre de ces opérations, perdroit les qualités du thé; fi les feuilles avoient fermentées|, elles fe noirciroient, & diminueroient beaucoup de prix. Kæmpfer croit que le thé fraichement cueilli, nuiroit à ceux qui le prendroient ; il ajoure que la rorréfaétion n’ôte pas entiérement aux feuil- les leur qualité narcotique , & qu’elle ne fe perd qu'avec le remps. Les Japonois n'en font ufage qu’au bout de dix mois, & encore le mélenr-ils avec du vicux che. Enfin, on mer le thé dans de grandes boîtes quarrées, vernies en de- hors , couvertes d’une lame de plomb mince , & le thé eft enveloppé d’un papier. On met encore le thé, lorfqu’il eft en petite quantité, dans des Vvi 336 SET RASTR NX OUIN LAN LE x boîtes d’érain , dont le couvercle, rétreci & étroit, ferme à vis, &hfur lequel on colle du papier. Le point important eft d'empêcher l’évaporation des parties aromatiques du thé ; cependant , malgré les précautions des Chinois, il perd fon parfum en vieilliffant. Les Chinois joignent au thé quelques autres plantes , pour le rendre plus ftomachal. Ils en font des tablettes, ou en compofent des bols. Ils tirent encore un jus des feuilles de thé , qu'ils font épaiffir fur le feu en extrait, comme nous travaillons , à peu-près, le jus on fucre de régliffe. Ou mer , gros comme une petite feve , de cer extrait, dans l’eau bouil- lante; & les perfonnes de qualités , en Chine, en font un grand ufage. J'ai vu à Paris de ce jus de thé, venu de Pekin, qui avoit été moulé dans un rofeau, & qui éroit en bâton. Les Japonois coupent les fommités de la plante de thé : ils les trem- pent dans l’eau ; plient les feuilles, & en font de petits paquets , fo, €., pl. 11, qu'ils lient & retiennent avec une foie. Les Chinois préparent aufli feulement le bouron de la feuille du thé, dès qu’il fort des branches , & avant qu'il foit ouvert; ce bouton eft fim- plement féche ; il eft d’un gris aryenré & un peu velu. Ce thé eft fort rare ici ; j'en ai vu que j'ai fait ouvrir dans l’eau, Voyez les fig. 3,a,b,c, de la planche 25°, Il eft inurile de s'élever ici contre un propos répété fans fondement en France. On y dit communément que les Chinots ne nous envoient que lethé, qui, pour leur ufage, a déjà fouffert une infufon. Il faudroit que cet arbre füt bien rare dans ces Provinces, pour que ceux qui en font un commerce immenfe le ménageaflent à ce point. Ce qui peut avoir donné lieu à cette fable , c'eft peur-être l'opération de la vapeur de l’eau bouil- lante qu'on lui fait fubir, & qu'on a mal-à-propos pris pour une infufon. Explication des Figures de la premiere Planche. Les neuf premiers chiffres expriment les dérails de la fleur de deux efpeces de thé de Chine, les plus communes, Fig. 1. Le bouton de la fleur. Fig. 2. a. Les trois écailles du calice de la premiere efpece de thé tirée de l’herbier de M. de Jufieu : elles font arrondies & plus épailles que les petales, b. Les trois petales blancs de la fleur font minces. Fig. 3. a. La fleur ouverte : on y voit les trois petales & les trois écailles du fecond calice. Les étamines font réunies par le bas. b. La même fleur pour faire voir.le premier calice qui fubfifte jufqu’à la maturité du fruit, NATURE LL 337 Mg. 4. Une fleur d’une feconde efpece de thé venue de Chine : elle a neuf petales & deux feuilles plus épailles & extérieures. a. La fleur de fa grandeur naturelle. b. La mème plus grande d’un quart. Fig. s. Le piftil de la fleur, n°. 3 , avec trois ftigmates. Fig. 6. Le premier calice à fix découpures : celui-ci fublifte jufqu’à la maturité du fruit. Fig. 7. Le mème calice avec un ftyle , comme dans la fleur, n°.4, avec fes crois ftigmates. Kæmpfer en avoit defliné un pareil dans la figure du thé qu'il a donnée. Fig. 8. Les étamines réunies en a jufqu'aux trois quarts de la lon- gueur de leurs filets. 5 b. Les étamines féparées. Fig. 9. Les étamines qui entourent l'ovaire & le piftil, Les parties du fruir. Fig. 10. Un fruit ou gouffe à quatre loges :on reconnoît les divifions de la gouffe formée par les cloifons aaa3 & en bb, le lieu où s'ouvrira chacune de ces cloifons. Fig. 11. Un fruit à une loge, ne contenant qu’une feule femence, avec fon calice fubfiftant. Fig. 12. Un fruit à trois loges. Fig. 13. Uu fruit à deux loges, & ouverr: Fig, 14. Un fruit à trois loges, & ouvert, Fig. 15, Une noix applatie. Fig. 16. Une noix ronde, Fig. 17. Une noix beaucoup plus groffe d’une efpece de ché. Fig. 18. L’amande de cette noix. Fig. 19. La fleur d’un thé envoyé des Indes, par M. Poivre. Elle eft deflinée de la grandeur naturelle ; elle a fix perales : la feuille de ce thé eft deffinée PL, IT, fig. 4. PULL ASNECLHNE EL. Fig. 1. Une branche de thé deflinée d’après l’herbier de M. de Juflieu. a. La fleur. (Voyez la Planche premiere pour les autres parties de la fruification ). b. La feuille de ché. Fig. 2. Feuille de ché, envoyée par M. Linné, 338 Ho 1, 92T. 6, 1-2 ,E Fig. 3. Feuille d’un autre thé venu des Indes. L Fig. 4. Thé envoyé par M. Poivre. Sa fleur eft deflinée Fig. 19, PLI. Fig. s. Thé du Japon. Ce font de jeunes poulfes , dont les feuilles font roulées , & dont les Japonois forment des paquets, Fig. 6, qu'ils retiennent avec des foies. On voit par cette extrèmité de branches, que les feuilles font longues & pofées alternativement fur les branches ; le pédicule en eft court. Fig: 6. Ce thé mis en paquet , tel que le préparent les Japonais. Fig. 7. Thé très-eftimé en Chine, envoyé de Pekin à M. de la Tour. a. Le bouton ; il eft d’un verd gai & un peu velu, & très-pointu. b. Ce bouton ouvert dans l’eau. c. Un autre bouton ouvert. ÆFougeroux del. CE Paussard Seul OBSERVATIONS SUAURLR: PAPPHVSIQIUE, SOUL UETISLOERE. NA TU RELL E E AUPSNIERSEEE SERA RTS AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; DÉDIÉES AL ME ŒUE GO M TE: D’ A R F0 ES, Par M.l Abbé ROZIER, Chevalier de l'Eglife de Lyon ; de l’Académie «Royale des Sciences ; Beaux Arts& Belles-Lettres de Lyon, de Villefranche, de Dijon, de la Société Impériale de Phyfique & de Botanique de Florence, ec. ançien Direëleur de l'Ecole Royale de Médecine Vétérinaire de Lyon. FO Mr PREMIER. AO PIA RU S, à Hôtel de Thou, rue des Poitevins. MMMACICNIL X X ILE AVEC PRIVILEGE DU RO A) Messieurs les Soufcripteurs, en date du mots de Juillet 2772, dont le terme de la Soufcription finit à pareille cpoque en 1773, 6 qui n'ont pas encore fait tenir le montant de leur Jfoufcription, font priés de le faire remettre à Paris, & dans le courant de Juin de cette année , chez le fieur Pancxoucxe, Hôtel de Thou, rue des Poitevins Saint-André des Arts. Les feuls Soufcripteurs du mois de Juillet 1772, qui ne voudroient pas continuer à recevoir cet Ouvrage, font encore priés d’en donner avis dans le courant du mois de Juin. Les Savans qui voudront faire inferer quelques articles dans ce Journal, font priés de les adreffèr à l Auteur’ place 6 quarré Sainte Genevieve, au coin de la rue des Sept-votes. On trouve chez le même Libraire le Mémoire de M. l'Abbé Rozrer, couronné par l’Académie de Marfeille , fur la meilleure maniere de faire & de gouverner Les Vins , foit pour l'ufage, foit pour leur faire paffer La mer. 1 vol, in-8 avec figures. Prix 3 liv. 12 fois. D'ART EVE RLUE VS Contenus dans cetre cinquieme Partie. Co. optiques , tes page 3 Mémoire fur La décompofition de La lumiere dans le phénomene des 2 colorés entre deux lames de verre ; par M.* XX 3 Correfpondant de 1 WAcadémie Royale des Sciences, ibid. Appendice, 363 Art.l. Deéviations refpeëtives des rayons héterogenes du faifceau de lumiere dans l’appareil des verres réunis gui procu- rent les images colorées, ibid, ARE Il. Tableau des déviations de la lumiere dans deux verres plans ; crès-inclinés l’un à l’autre, s Méthode pour déterminer la force 6 la direélion des rom béaens dererre., par M. WARK, Miniffre à Haddington, 376 Le Sommeil des Prérsse É la caufe du mouvement de la fenfitive expli- quée par. M. HILL, Ps une Lettre écrite" M, le Chéÿalier Von- | Linné, é 38 91 317 | : I. Sommeil des Plantes, : 379 II. De la Struëlure des Feuilles en général, 35© LUI. Obfervations faites dans différentes contrées, fur les Plantes dormeufes, 387 IV. Srruëlure d’une feuille de L'Abrus , 382 V. Caufe du changement qu'éprouvent Me Plantes ; & auquel on donne le nor: de fommeil, 384 VI. Expériences fur une Plante d’Abrus , WE VII. Autres Expériences [ur la même Plante , ke. 386 VI. Du mouvement de la Senfitive, 357 IX. Rapport qu'il y a entre la Senfitive & Les Plantes dormeufes, 388 X. Srruëlure d’une feuille de la Senfitive ; & caufe de fon mou- | vement , 389 XI. Maniere de faire les expériences, 392 Suite des Obférvations & Expériences Jar diff érentes e fpeces d'air ; par M. Joféph Priefliey , Doëteur er Droir, & Membre de la Société À oyale de Londres ; lues dans les Af[emblées de certe Société s LESNSE T2 TO 413 TJ ANMBAULIRE: & 26 Mars 1772. Traduites de l’Anglois, ART. V, De l'air dans lequel on a mis un mélange de limaille de fer & de foufre, ibid. Art. VI. De l'Air nitreux,, 396 Art. VIL De /’Air infeilé par la vapeur du charbon de bois , 404 Arr. VIN, De l'effes que produifent fur l'air de la calcination des métaux , 6 Les émanations de la Peinture à l’hurle avec la cérafe, 406 Art. IX. De l'air qu'on obtient par le moyen de lefprit de fel, 410 Art. X. Obfervations diverfes ; 415 Appendice , 4120 Expériences qui prouvent qu'il n'y a point d'huile de vitriol dans l'eau imprégnée d'air fixe ; 1bid. Expérience I, ibid. Expérience I1, ibid. Expérience III , ibid. Expérience IV, ibid. Expérience F, 421 Expérience VI, ibid, Expérience VIT, ibid, Expérience VIII, 1bid, Expérience IX, ibid, Lettre de M. Hey au Doëleur Prieflley ; touchant les effers de l'air fixe appliqué en forme de lavement ; 422 Correction , 425 Livres nouveaux , 426 Fin de la Table, A! PUB RON PIS A ET MONEN J lu, par ordre de Monfcigneur le Chancelier , un Ouvrage ayant pour titre: Obfervations fur la Phyfique, fur l'Hifloire naturelle & fur les Arts, &c. par M. l'Abbé RozrEr, @c, & je crois qu'on peuren permettre l'impreflion. A Paris, ce 29 Mai 3773: GARDANE, 339 HT Y SOU L, CONSIDÉRATIONS OPTIQUES. M." MO I RL'E Sur la décompofition de la lumiere dans le phénomene des anneaux colorés entre deux lames de verre ; par. M. * **, Corre/pondant de l'Aca- demie Royale des Sciences (1). LD es idées fines & bien préfentées, un calcul hardi & bien conduit caractérifent la théorie que M. Newton a donnée de ce phénomene, Cependant on peut être étonhé de n’y trouver la lumiere que réfléchie ou tranfmife , puifque l'appareil qui procure les anneaux colorés , réu- niffant des milieux de différentes refringences , & dont les plans de fé- paration font mutuellement inclinés , elle ne peut manquer d’y être réfracée. Voilà bien une caufe de décompofition. Si les effets de cette caufe , & ceux de la caufe de décompofition qu’afligne ici M. Newton ( linégale te- nuité des lames réfléchiffantes ) font diffemblables , ou feulementne s’exé- cutent pas affez exactement dans le mèmeordre , la confufon dans l’appa- rence eft inévitable; & en fuppofant que les effers refpeétifs de ces deux caufes puffent être uniformes, & s’exécuter précifément dans le même ordre , ne refte-t-il pas à objecter que l’influence de la réfraétion géné- ralement reconnue par-tout ailleurs, étant fufhfante ici pour décompo- fer la lumiere, celle de l’autre caufe feroit fuperflue , & fa réalité par conféquent douteufe , puifqu’elle n’a été imaginée que pour l'explication (1) L'Auteur de ce Mémoire nous a prié de taire fon nom, & nous cédons à regret à fes inftances. Des vues très-neuves , des expériences bien faites , bien fuivies, des réfultats exaéts & des applications directes font autant de traits de lumieres qui dif- tinguenñt ce Mémoire. Quelque nouvelle que foir la chéoris qu'il développe , quel= qu'oppofée qu'elle foic aux idées du célebre Newton , elle fera le plus grand plaifir aux Phyficiens éclairés , qui ne font point efclaves des préjugés, & qui faxent lorf- qu'il convient de fecouer le joug de l'autorité. Nous invitons le leéteur à répéter les judicieules expériences que l'Auteur propole, Tome I, Parc. V. X x 34 PRENONS A TANONQUAMME de ce phénomene? On voit au refte, qu’en ceffant de recourir à celle-ci; on n’en conferveroit pas moins encore pour guide M. Newton de qui nous tenons la belle découverte des loix de la réfrangibilité à laquelle le phénomene feroit direétement rapporté. Plus rafluré par-là contre les rifques de m’écarter du vrai , j'ai cherché avec plus de confiance , s’il ne feroit pas pofible de fe procurer des indices fenfibles de la maniere dont les déviations des rayons hétérogenes peuvent être déterminées par la réfraction dans les verres qui fourniffent cette belle apparence des an- neaux colorés. J’ai confulté l’obfervation. IT. Dans une chambre obfcure j'ai fait tomber fur deux verres réunis ; tels que les a employé M. l'Abbé Maféas (1), un trait de lumiere admis par un trou de deux ou trois lignes de diametre , qu'à l’aide d’une len- tille de verre j'avois rendu fort divergent au-delà du point de décuffarion des rayons , & dont l’axe coincidoit avec celui de l’apparence étalée entre les verres. J'ai obtenu fur le volet de la fenêtre, où le trou étoit percé , une copie complette & exacte de cette apparence , mais plus ample , & dont les couleurs qui compofent chacune des iris annulaires, étoient mieux développées & plus diftinétes, quoique peut-être un peu moins vives qu’elles ne Le font fur les verres. Dans chacune , la bande bleue étoit la plus rapprochée du centre commun qui coincidoit dans l'axe du trait de lumiere , & le diametre en étoit plus grand que celui de l’anneau cor- refpondant tracé entre les vèrres. IL. Si on incline les verres réunis, de façon que le trait de lumiere s’y dirige obliquemenr, les rayons réfléchis fur l’apparence n’en produi- ront pas moins une pareille copie fur le voler plus ou moins loin du trou L, (f£g. 1, ) felon le plus ou le moins d’inclinaifon du trait de lu- miere incident , & où les anneaux colorés feront aufli plus amples qu’en- tre les verres & les couleurs prifmatiques difpofées dans le même ordre, la bande bleue de chaque iris étant tournée du côté du centre. Voyez la figure I, où GG repréfentent les deux verres réunis. K, l'endroit où ils fe rouchent immédiatement, & qu’occupe la tache noire centrale. ACD, acd, les portions de l’efpace annulaire, voifin de cette tache où tombent les rayons qui , réfléchis au-deffous , forment l'iris annulaire la plus interne fur le voler. VTS, us, les portions de cette iris annulaire étalée fur le volet oùS, s défignent la bande bleue V, & x la bande rouge. ; LA, LC, LD, 4,4c, Id, les rayons de lumiere incidens qui abor- (2) Mémoire des Savans étrangers, vol I. PNOMIDYIESAETTONUNE. 341 dent fur les diverfes bandes colorées de cette iris annulaire la plus in- terne de l'apparence formée entre les verres. MS,NT, OV, ms,nc, ou les rayons réfléchis correfpondans à ces rayons incidens , & qui vont peindre fur le volet la bande bleue en S & s, la rouge en V &'4 de la copie de l'apparence qui y eft repréfentée. IV. Si dans l’une ou dans l’autre de ces deux difpofitions des verres, relativement au trait de lumiere, on fait gliffer une carte le long de la furface antérieure du premier verre, afin d'intercepter les uns après les autres les rayons réfléchis qui des verres fe rendent fur le volet , ombre s'avance toujours fur les anneaux colorés qu’ils y produifent dans le fens de la progreflion de la carte. V. Il en réfulte , & des diverfes circonftances énoncées ci-devant, que les rayons introduits par le trou L, & réfléchis au plan de féparation des deux verres, tout autour de l’efpace occupé par la tache noire , divergent tous , en fe portant de la furface antérieure du premier verre au volet de l'axe KF de l’apparence tracée fur le volet, & auili entr'eux en gé- néral. VI. Suivons la marche d’un de ces rayons feul & pris à part. J'ai collé fur la furface antérieure du premier verre au-deffus d’un des endroits où fe manifeftoient des'anneaux colorés, la portion DB ( fg. II) d’une bande de papier ADB, percée en D d’une fente d’un tiers ou d’un quart de ligne de largeur fur une ligne & demie de longueur , & dont l’autre portion AD roulant comme fur une charniere, fur un pli fait en D contigu & parallele à la longueur de la fente , étoic aifément difpofée , de façon qu’elle ne laifloit parvenir dans les verres que la portion du trait de lumiere CD, rendu moins divergent par la fuppreflion de la lentille qui pouvoir pañler par cetre fenre, c'eft-à-dire, qu'un filer fort menu. Il fe forma alors fur le carton , au lieu de l’ample apparence des anneaux colorés, trois petites images; la premiere F, qui étroit tournée du côté du rayon incident CD , étoir blanche ; les deux autres éroient teintes des couleurs prifmatiques ; mais la derniere N bien moins dif- tinétement que l'intermédiaire 1; la derniere N difparoifloit , lorfqu’on mouilloit la furface poftérieure du fecond verre ; ce qui indique qu’elle étoit due à des rayons réfléchis fur la couche d’air contiguë à cette fur- face. Il eft évident aufi que la premiere étoit produire par des rayons réfléchis fur la furface antérieure du premier verre, &l'intermédiaire par ceux qui l’écoient fur le plan qu’occupe l’apparence entre les verres ; & que cette image étroit une petite portion de la copie que j'avois obre- nue en premier lieu fur le voler. Les rayons réfléchis fur ce plan, font les mêmes que ceux qui en pleine lumiere peignent per dans nos x ij PVR Ph SU TR OAUUE. yeux. Cela m'a conduit à l'expérience fuivante, qui me paroît établir allez clairement quel eft précifément ce plan. VIE. J'ai fixé l'appareil verticalement, & de façon qu'il fe maintint abfolument immobile pendant la durée de l'expérience. Le carton où étoient reçus les rayons réfléchis du trait de lumiere que je dirigeois fur les verres au-delà de l’endroit K de leur conraét immédiat , relativement à fa direction CD, fur fixé de mème, & à une diftance à laquelle l’image intermédiaire & la derniere coincidoient l’une fur l’autre, & étoient cependant féparées de la premiere (1) par un intervalle d'environ un fixième de ligne; elles fe rencontroient toutes fur une divifion en pouces. & lignes, tracée fur le carton. J'appliquai enfuite une goutte d’eau fur l’épaiffeur des verres au deffus de l’intérvalle très-reffèrré qui les fépare. Elle s’infinua peu-à-peu en- tr'eux ; & quand elle fur parvenue à l'endroit d’où étoient réfléchis les rayons auxquels l'image intermédiaire eft due, les deux images coinci- dentes, c'eft-à-dire, l'intermédiaire & la derniere s’éloignerent enfem- ble de plus d’une ligne fur le carton de la premiere (2) qui ne s'écarta pas le moins du monde de la place qu’elle occupoit auparavant fur la di- vifion. Cette derniere circonftance prouve que la direction du rayon incident CD éroit encore la même, & qu'il abordoit toujours fur le même endroit de la furface antérieure du premier verre, ( La fente de la bande de papier, qui y éroit collée , l'exigeoit d’ailleurs ; ) & comme les poñtions des verres & du carton étoient aufli toujours précifément les mêmes , le déplacement de l’image intermédiaire , ainfi que celui de la derniere, n'a pu provenir que des déviations que Les deux gerbes de rayons , qui les produilent , avoient effuyées dans l’eau , & qui éroienc différentes de celles qu’elles effuyoient avant dans le fluide que l'eau à remplacé dans l’efpace qui fépare les verres. J VIIL. En effet fi la gerbe , qui produit l’image intermédiaire , étoit ré- fléchie (conformément aux idées reçues ) fur le fluide logé dans cet ef- pace , fa direction à fon émergence des verres ne fauroit jamais varier, malgré la fubftiturion d’un fluide quelconque à un autre ; & le change- ment de direétion qu’elle éprouve à l’occalion d’un fluide d’une réfrin- gence différente , qui, eft introduit dans cer efpace , démontre que cette (1) La largeur des images augmente, & leurs intervalles décroiffent 2. mefare qu'on éloigne le carton des verres. (2) Quand Ie trait de lumiere incident — eff dirigé dans un fens uniforme SE , en deça de l'endroie K d1 contaët immédiat des vers, vers E; par exemple, l'image in- termédiaire , qui fè déplace auf lois de l'introduction de l'eau, fe rapproche alors. de. la premicre image , ay dieu,de s'en éloigacr Ë £: 1 / ‘ À pe } ee 0-00 2P LR RC 2 3 gerbe y pénetre , y eft réfractée , & eft enfuite réfléchie au-delà fur la fur- face antérieure du fecond verre, IX. N'en réfulre-t-il pas que dans le phénomene des anneaux colorés, les rayons décompofés , qui les produifent, ne font point réfléchis non plus fur le fluide logé entre les deux verres ; & par conféquent , que la décompofition de lalumiere n’y eft point due à la propriété qui a été accordee aux lames de ce fluide de réfléchir par préférence , tels ou rels rayons d’une certaine couleur , en tranfmettant tous ceux des autres cou- leurs, felon qu’elles font plus où moins minces, & qu'il faur néceflaire- ment attribuer cette décompolition aux réfractions diffemblables que les rayons hérérogenes y efluient , conformément aux loix connues de la réfrangibilité ? X. Revenons à l’obfervation rapportée au N°. IT ; & pour nous faire, d’après ces dernieres conféquences , une idée de la difpoñition refpeétive des déviations des rayons qui y out lieu, confidérons d'abord que la gerbe des rayons qui contribuent à former fur le volet chaque petite portion quelconque annulaire, eft diftinéte & bien féparée de la gerbe des rayons d’une iris de la même divifon du trait de lumiere qui eit réfléchie fur læ furface antérieure-du premier verre,comme on peut le diftinguer très-aifé- ment, en ne laiflant aborder fur les verres qu’un trait de lumiere qui foit extrémement menu ( fg. 2.) & qu'ainfi les points M, N:, O, »m,#,0 de certe furface , par lefquels paffent les rayons refpettifs LA, LC, LD, la ; lc, Id, après leur réflexion font différens & un peu éloignés des points ÀA,C, D,4,c, d où ces rayons ont abordé dans leur incidence, & placés chacun au-delà refpectivement de chacun de ceux-ci. Chacun de ces rayons incidens a dù fe réfracter à fon entrée dans le premier verre , en s’approchant de la perpendiculaire ; comme, par exemple , le rayon LD qui à fuivi la ligne DE; & chacun des rayons réfléchis , avant de fortir du même verre, y fuivra, comme le rayon OV correfpondant au rayon incident ED , une ligne telle que la ligue PO, plus inclinée à la perpendiculaire que le rayon OV. Et puifque , comme il a été établi ci-devant, la réfletion des rayons auxquelsfont dusles ar= neaux colorés, s'exécute , non fur la furface du fluide intermédiaire con= tigué au premier verre; mais au-delà , le rayon LDE déjà réfracté en D, a dû fe réfracter encore en E, en pénétrant dans ce fluide, & après la: réfection fur la furface du fecond verre en X, aller en P fur les confins du mème fluide & du premier verre ; d'où, après une nouvelle réfrac- tion , 1l pourfuivra fa route felon la ligne POV pliée.en O , comme nous: venons de le dire, & aboutira fur la bande V, peinte en rouge : & de: même du rayon /d, qui, après des déviations analogues , sbordera au volet fur la bande x aufli peinte en rouge ; & des rayons LC , &:, ELA, 44 PHARES TENUE: la qui pareïllement , après des déviations analogues , fe rendront au voler les premiers fur les bandes T & z peintes en jaune ; les feconds, fur les bandes bleuss S & 5. XI. Confidérons de plus, que fi trois faifceaux de lumiere s’avançoient vers ces deux verres réunis felon les directions SM, TN, VO conver- gentes alors , relativement au fens de leur progreflion , ils fe décompofe- roient néceflairement, en conféquence des réfractions qu'ils efluyeroient aux divers paffages où ils changeroient de milieu, de façon qu’à leur rentrée dans l'air ambiant , les rayons bleus du premier SM fuivroient la direction AL; les jaunes du fecond TN fuivroient la direction CL; & les rouges du troifieme VO fuivroient la direétion DL ; & qu’ainfi ces rayons bleus’, ces rayons jaunes & ces rayons rouges fe croiferoient au point L. D'où il fuit que, fi l'œil de l’'Obfervareur fe rencontroit en L, la portion ACD de la furface du verre lui paroîtroit compofée de trois bandes bleue , jaune & rouge , dont la premiere feroit la plus éloignée de lui, & la rouge tournée de fon côté, il eft fenfible qu'il devroit certe apparence aux rayons SM, TN, VO convergens dans leur incidence, & aufli convergens après leur réflexion qui a eu lieu fur la furface du fecond verre; & il en réfulre , que généralement les rayons qui, hors de la chambre obfcure & en pleine lumiere, viennent peindre dans nos yeux les anneaux colorés de l'apparence procurée par les verres réunis , & que nous difcernons tous à la fois , éroient aufhi tous convergens dans leur incidence , & ont aufä confervé leur convergence après leur décom- poñrion & leur réfleétion , en fe rendant des verres à nos yeux ; & qu'ainfi chaque bande colorée des images tracées dans nos yeux, eft le produit d'un faifceau autre que celui qui produit une autre bande d’une diffé- rente couleur. XII. Cependant , dans les circonftances énoncées ci-devant , les rayons bleus , jaunes , rouges , qui ont tracé dans l’œil de l'Obfervateur placé en L un are d’une iris annulaire , & qui ont été fournis dans cet ordre par les traits de lumiere SM, TN, VO décompofés dans les verres , ont dù être chacun accompagnés des rayons de différentes couleurs de leurs faif- ceaux refpeétifs qui , fous des directions différentes , mais peu divergen- tes de celles des rayons AL, CL, DEL & aflorties à leur développement mutuel , ont été paler tout près aux environs du point L. XII De même aufi les décompofñrions que les traits de lumiere LA, LC, LD, qui du point L fe dirigent vers les verres, y efluyent, & qui en amenent, comme nous l'avons ci- devant expliqué, les rayons d’une certaine couleur en plus grande abondance à certains points du voler; les bleus, par exemple au point S , les rouges au point V, doivent “SJ PH 0x MS TI VO-VU VE; 346 amener près & aux environs des mêmes points les rayons des autres cou- leurs de ces faifceaux refpectifs fous des direétions refpeétivement peu divergentes des direétions MS , NT, OV. Il eft donc probable que lorfque , par exemple, des rayons jaunes NT provenant du faifceau ou trait de lumiere LC, fe portent fur le point ou petit efpace T ; les autres rayons différemment réfrangibles du même trait de lumiere LC fe dirigent fur les côtés ; & que ceux-ci fe recou- vrant même mutuellement plus ou moins, ils s’écendent fur les petits efpaces voifins V teint principalement par les rayons bleus du trait de lumiere LD, & S teint principalement par les rayons bleus du trait de lumiere LA, & ainf réciproquement de la part de ces traits de lu- miere LD & LA, ence que les autres rayons hétérogenes de chacun d'eux fe recouvrent mutuellement plus ou moins fur les perits efpa- ces V ou S, & s'étendent en même temps de part & d'autre fur le petit efpace T. On en jugera que , s’il ne parvient fur le volet que des rayons décom- pofés , & dont les faifceaux ont été développés , 1l n’en doit pas moins tomber par-tout comme pêle-méle des rayons hérérogenes de toutes les efpeces, Et cela , comme nous le verrons ci-après (N°. 3 5 )a lieu effeéi- vement, quoiqu'il puifle paroître éronnant qu'en même temps diverfes bandes affez larges des iris annulaires aient des couleurs tranchantes, rouges , bleues , &c. . Cet expofé & le tableau des déviations des rayons que préfente la figure 1, font déjà appercevoir la poffibilité que de telles déviations aient lieu dans les verres de M. l'Abbé Maféas. D'autres faits m'ont paru éta- blir qu’elles s’y exécutent de cette maniere. XIV. Selon ce qui a été expofé au N°. VI, après la réfleétion d’un trait de lumiere , qu’on a rendu aflez menu & dirigé fur ces verres , fous une obliquité quelconque , & dans un fens quelconque , relativement à l’en- droit du contaét K (fg. 11) où fe rencontre la tache noire, tel que AB ou CD, ceux des rayons FG ou f g qui ayant traverfé le premier verre, fe font réfléchis fur la furface antérieure du fecond verre , reviennent toujours produire fur le carton placé à une médiocre diftance une portion d’arc ou image colorée G ou g. 5 XV. De mème que fi on fait tomber fur deux lames de glace exaéte- ment planes plus ou moins inclinées l’une à l’autre, & qui ne font nulle part contigués, mais par-tout féparées par un intervalle affez large , des traits de lumiere dontles direétions foient obliques ; l’un AB (f£g. 17) dansun fens qui cende à le rapprocher du fommet de l'angle d'inclinaifon mu- tuelle des furfaces internes de ces lames; l’autre CD, dans un fens con- traire qui tende à le rapprocher de l'ouverture de cet angle d'inclinaifon : 246 PRE CY 19 2 T7 MOT EUÉE. les portions dé ces deux traits de lumiere , qui font réfléchies fur la furface antérieure de la feconde lame en M & », & effuienc inconteftablement diverfes réfraétions , tant dans la premiere que dans l'air logé entr'elles, vont après leur rerour dans l’air ambiant peindre fur un carton des ima- ges non colorées & feulement blanches, fi les furfaces du premuer verre font paralleles entr'elles & planes , ainfi que la furface antérieure du fecond verre. ‘ XVI. Ces réfulrats , conformes du moins , quant à la production des images, opérée par les déviations des rayons, tant dans les verres de M. l'Abbé Maféas, que dans les derniers qui font aflez féparés l’un de l'autre, pour ne pas laïfer douter que ces déviations y font dues unique- ment à l'influence ordinaire & connue. Les loix de la réfraétion annon- cent que cette même caufe opere feule & uniformément fur les dévia- tions qui ont lieu dans l’appareïl de M. l'Abbé Maféas. XVII. Dans celui-ci, les rayons réfléchis fur le fecond verre, qui du premier ont pailé dans le fluide intermédiaire, & qui de ce fluide retour- nent dans le premier verre, ne peuvent éviter fans doute d’efluyer aufii autant de réfractions , indépendamment de celles qu'ils efluient en en- tranc de l’air ambiant dans ce verre, & à leur émergence de ce verre dans l'air ambiant. Et ajoutons que tant de réfractions auxquelles fe joint leur réfection fur la furface du fecond verre , érant des caufes bien natu- selles de leur décompolition dans un appareil de M. l'Abbé Mafcas, où les furfaces internes des deux verres doivent néceflairement être cenlées convexes, fournifloient d'avance des indices trop concluans d’une telle décompolition , pour qu'on puiffe la méconnoitre. Mais, en attribuant aux réftraétions modifiées par cette difpofition des furfaces , le développement des rayons qui fe manifefte dans l'image colorée de l'expérience du N°. XIV, faite avec l'appareil de M. l'Abbé Maféas , il y avoir lieu de préfumer dès-lors que dans celle du N°. XV, où les deux verres font féparés l’un de l'autre par un intervalle aflez con- fidérable , ils n’ont procuré des images feulement blanches & non colo- rées ,-que parce que ces verres étoient aflez exaétement plans , & que fi leurs furfaces internes eullent eu une certaine convexité , ces images auroient été décorées des couleurs prifmatiques. XVIII. En conféquence de cette préfomption, j'ai adoffé l’un à l'autre deux verres plans dont les bords éroient taillés en bifeaux ; & fur ces bifeaux, qui éroient convexes des deux faces, j'ai fait romber ( toujours dans la chambre obfcure ) fous des directions inclinées des traits de lumiere que je rendois aflez menus, au moyen de la bande de papier percée d’une fente étroite & appliquée fur la furface antérieure du pre- MmIeL . PATENT) Ov, 2: 347 smiet bifeau, laquelle bande de papier , lorfqu’elle eft mobile & non collée, peut aifément être fucceflivement appliquée fur différens endroits de cette furface. Et ainfi les traits de lumiere AB ou CD (fig. $ ) pou- voient être dirigés fucceflivement fur divers points de la furface anté- rieure B ou D des bifeaux , & l'être aufli fur chacun de ces divers points fous des obliquités différentes. Par toutes ces combinaifons varices j'ai toujours obtenu quatre images fur le carton où je recevois les rayons réfléchis. La premiere , produire par ceux EF , ef qui l’étoient fur la furface antérieure du premier bifeau. , La feconde , par ceux GH, g4 qui l'étoient fur la couche d’air conti- guë à la furface poftérieure de ce premier bifeau. La troifieme, par ceux IK , && qui l’étoient fur la furface antérieure du fecond bifeau. La quatrieme enfin , par ceux MN, mn» qui l’étoient fur la couche d’air contiguë à la furface poftérieure de ce fecond bifeau. Je continuerai à donner à ces images ces défignations numéraires qui font relatives à l’ordre de priorité des réfleétions efluyées par Le trait de lumiere dans la traverfée de l'appareil. Il eft aifé de diftinguer le plan de réflection d'où partent les gerbes de rayons qui produifent chacune de ces images. En mouillant la furface poftérieure du fecond bifeau , on fait difparoïtre la quatrieme image. Si on introduit une petite bande de papier entre les deux bifeaux , la troi- fieme celle de fe manifefter ainf que la quatrieme : la premiere differe des trois autres par la teinte. Je donnerai à ces gerbes de rayons les mêmes défignations numéraires. Lorfque la direétion du trait de lumiere, telle que CD tendoit à le faire rapprocher du fommer de l’angle d’inclinaifon des deux bifeaux , les quatre images projettées fur le carton y étoient rangées fur une même ligne dans l’ordre fuivant; la premiere la troifieme, la deuxieme la qua- trieme, defqueiles la premiere étoit tournée du côté du rayon incident AB. Et quand la direction du trait de lumiere , telle que CD tendoit à le faire rapprocher de l’ouverture de l'angle d’inclinaifon des bifeaux , les quatre 1mages étoient rangées fur le carton dans l’ordre fuivant : la qua- trieme , la deuxieme, la troifieme, & la premiere ; & c’étoit alors la qua- trieme qui étoit rournée du côté du rayon incident CD (1). De ces quatre images la premiere étoit toujours blanche , les trois au- tres plus ou moins vivement colorées. C’étoient de petites iris où l’on (1) Comme ces difpoftions des images dépendent de la convexité des bifeaux & de leur inclinaifon mutuelle , on pourra en avoir de différentes, en employant des verres à bifeau qui différeroient des miens à ces égards, Tome I, Partie V, ty 348 Elie mt os! got oi ne diftinguoit cependant quelquefois bien nettement que les deux barr- desextrèmes , la bleue & la ronge. Dans les iris produites par le trait de lumiere AB , la bande rouge étoit tournée du côté de ce rayon incident AB; & dans les iris provenans du trait de lumiere CD, c’étoit la bande bleue qui étoit tournée du côré de ce rayon incident CD ; enforre que, fuppofant que les deux traits de lumiere AB , CD abordaffent à la fois fur un appareil de verres taillés en bifeaux par les deux bouts (comme dans la figure $ ) les trois images colorées, produites par le premier AB , au- roient leürs bandes bleues rournées vers les bandes bleues des trois ima- ges colorées, produites par le fecond CD, L’intervalle entre la premiere & la feconde image fur le carton, étoit à-peu-près égal à l'intervalle qu’il y avoir entre latroifieme & la quarrieme. La largeur des quatre images croilloir à mefure qu'on éloiguoit davan- tage des verres le carton. La figure repréfente les décuffarions des axes des gerbes de rayons auxquelles ces images font dûes. On y voir que d’un côté la feconde gerbe GH, & fa troifieme IK fe croifenr; & de l’autre la premiere gerbe ef, & la feconde g À fe croifent , ainfi que la troifieme 2, & la quatrième mx, & quoique certe derniere paire croife l’autre paire en partie. XIX. J'ai fair gliffer une carre tout joignant la farface du premier bifeau dans le fens DB, pour interceprer les uns. après les autres les rayons réfléchis, & j'ai vu que du côté D la quatrieme image difparoif- foit la premiere , enfuite la troifieme, enfuite la feconde, & enfin la premiere, ce qui indique que les décuffarions des gerbes, auxquelles: elles appartiennent, fe font en-dehors & à une certaine diftance des. verres. Du côté B, la quatrieme image difparoifloit aufli d’abord, & la premiere difparoiffoit la derniere. Mais la troifiemme & la feconde dif- paroiffoient enfemble , apparemment parce que la décuffatiou des ger- bes, qui produifent celles-ci , s’y faifoit extrémement près de la furface antérieure du premier verre, ou en-dedans. XX. Pour rendre raifon de la difpofition contraire des couleurs dans les iris qui proviennent des traits de lumiere dirigés dans les fens con- traires ÀB & CD, relativement à l’inclinaifon des verres aux endroits où ils abordent , il fuffit de remarquer : 1°. à l'égard des gerbes réfléchies far le Auide intermédiaire , qui forment de part & d'autre la feconde image, que chaque faifceau de celle de ces deux gerbes , qui provient du trait de lumiere C D, étant décompofé , & les rayons les plus refran- gibles s’approchant plus de la perpendiculaire , que les moins refran- gibles , ces rayons hétérogenes , qui après la réfleétion fur le uide inter- médiaire, & à leur émerlion du verre , devroient rentrer dans l'air pa- | | PPT UT QUI LE.. 349 talleles entr'eux, fi les deux furfaces du verre étoient planes & paral- leles entr'elles, doivent y être divergents, parce qu'en conféquence de l'inclinaifon mutuelle de fes deux furfaces , l’'antérieure fe trouve être moins inclinée à la direction de ces rayons hétérogenes développés, que dans le cas où ces deux furfaces feroient paralleles (1). Er que chaque faifceau de celle de ces deux gerbes, qui provient du trait delumiere AB, étant décompofé aufli , & les rayons les plus refrangibles s’approchant plus de la perpendiculaire, que les moins refrangibles, ces rayons hé- térogenes , qui après la réflection fur le fluide intermédiaire, devroient à l'émerfion du verre, rentrer dans l'air paralleles entr’eux, fi les fur- faces du verre étoient planes & paralleles, doivent y être d’abord con- reve parce qu’en conféquence de l’inclinaifon mutuelle de fes deux furfaces, l’antérieure fe trouve alors être plus inclinée à la direétion de ces rayons hétérogenes développés, que quand elles feroient paralleles entr’elles (2). 2° A l'égard des gerbes réfléchies fur le fecond verre , & fur la couche d'air contigue à fa furface poltérieure , lefquelles forment de part & d'autre la troifieme & la quatrieme image , que comme dans le premier verre les rayons les plus refrangibles de chaque faifceau de ces gerbes s’approchent plus de la perpendiculaire, que les moins refrangibles , il en doit arriver qu’à leur paflage de ce verre dans le Huide intermédiaire, les rayons hérérogenes de la gerbe qui provient du trait de lumiereCD, lefquels, dans le cas du parallelifme des deux furfaces de ce verre, fuppofées planes , entreroient paralleles dans le fluide intermédiaire , y entre divergents , parce qu’en conféquence de l’inclinaifon mutuelle de fes deux furfaces , l’antérieure fe trouve alors être moins inclinée à la direction de ces rayons , que fi ces deux furfaces éroient paralleles ; & que les rayons hetérogenes de la gerbe, qui provient du trait de lu- miere À B, lefquels, dans le cas du parallelifme des deux furfaces du verre , füppofées planes, entreroient aufli paralleles dans le Auide intec- médiaire , y entrent convergents , parce qu'en couféquence de l'incli- naifon mutuelle de fes deux furfaces, l’antérieure fe trouve à être plus inclinée à la direction de ces rayons hétérogenes, que fi elles étoienc paralleles. à La divergence des uns, la convergence des autres à leur immerfion dans le Auide intermédiaire , fixent leur fort ultérieur dansles déviations refpeétives , qu'ils effuyent enfuite aux divers changemens de milieu, jufqu’à leur retour dans l’air ambiant (3) , où les premiers continuent à diverger fans s’ètre croifés nulle part auparavant, & où les feconds en- (x) Voyez Appendice , art, 1, cas 2 & 5, & la fig. 8. (2) Tbid. Cas 3-6, (3) Ibid. Cas 7-26, Re Yyij 350 Pr AY NS ET NOIMUANE. trent convergents & fe croifent bientôt, s'ils ne fe font déja croifés: avant leur émerfon de l'appareil. XXI. Des verres convexes de: lunettes appliqués de mème l'un fur l'autre , & foumis aux mêmes épreuves que les verres à bifeau , ont donné à peu-près les mêmes réfultats , le même nombre d'images, tant d’un côté que de l’autre, la même difpoñition des iris relativement aw rayon incident, un arrangement femblable. Ces iris cependant, moins: éclatantes que dans l'expérience précédente , étoient blanches dans le: milieu , & liferées de bleu d’un côté ,.& de rouge de l’autre.. XXII. Si au lieu d’un trait de lumiere fort menu, comme l’étoit celus des trois dernieres expériences, on endirigeoitun beaucoup plus. ample foit fur les bifeaux , foit fur les deux verres lenticulaires, ce crait de lu- miere, dont chaque faifceau eut produit feul & à part de petites iris, & dont tous ces faifceaux réunis enfemble,. fembloient par conféquent de- voir produire une ou plufieurs fuites d'iris, ouallongées , ou annullaires ; ne fourniffoit que des projections de larges images blanches , qui fe recouvroient & fe débordoient mutuellement , & dont les bords feule: ment avoient une foible teinte tirant fur le bleu ou fur l’orangé. L’effec de la décompofirion des faifceaux particuliers , étant produit prefque out enpure perte, & effacé apparemment par la déculfarion mutuelle de la multitude de ces rayons décompofés & réfléchis fous tant de directions différentes, par les divers plans de féparation des milieux de l'appareil. XXII. ai préfenté à leur tour de nouveau Îes verres de M. l'Abbé: Maféas, dans une polition inclinée au trait de lumiere ( rendu fort mince de la mème maniere queci-devant, & qui y abordoïs fur un en- droit fufceprible de procurer des bandes colorées:) , dans lavüe d’obferver les-directions refpectives des gerbes de rayons réfléchies fur les divers plans de féparation des milieux qui compofent cer appareil. Au lieu de quatre images , il ne s’en manifefta, ainfi qu’il a été dix au n°. 6, que trois feulement, dont la premiere F ( Fig.6) produite par ceux des rayons du trait de lumiere, qui font réfléchis fur la furface an- térieure du premier verre, et blanche. La fuivante I, qui ordinairement eft bien-décidément colorée, tient lieu de la feconde & de la troifieme de l’expérience du n°. 18, exécurée avec les verres à bifeau , doit-elle être cenfée le produit de deux images qui coincident fur un même efpace , & qui feroient dues, l’une à la gerbe de rayons réfléchie fur la furface du fecond verre, l’autre à une gerbe de rayons réfléchie fur le fluide logé entre les deux verres ? Ou: cette image n’eft-elle que fimple, & dûe uniquement à l’une de ces deux: gexbes? Nous l'avons déja appelée l’image intermédiaire, Firm N OU: QU E 351 Etla dernieré image N, également & déjà défignée par cétte qualifi- cation , eft produite par des rayons réfléchis fur la couche d'air conri- gue à la furface poftérieure du fecond verre. La teinte en eft foible , & fouvent équivoque. Ces trois images font difpofées fur le carton, dans l’ordre que je viens de leur donner en les nommant; & en quelque fens que fe dirige: le rayon incident, foit en s’approchant comme AB vers le fommer de l'angle d'inclinaifon des verres, immédiatement contigus vers le point K, foi en s’approchant comme C D de louverture de cer angle d’incli- naifon, & quelle que foi fon obliquité, la premiere image eft conf- tamment celle qui eft tournée du côté du rayon incident refpectif, L'inrermédiaire & la derniere ( à moins que la fente du papier ap- pliqué au premier verre pour regler la groffeur du trait de lumiere qu’on y laifle parvenir, ne foit trop large , } ne fe montrent teintes ordinaire ment que d’une feule couleur. Mais ordinairement aufli là teinte de l2 derniere peut être jugée différente de celle de l’autre. Les axes des gerbes de rayons, qui produifent les trois images , font prefque paralleles entr'eux, quelquefois un’peu-convergents, quelque- fois un peu divergents (1); l'œil même à une affez grande diftance des verres , embrafle les trois gerbes à la fois; & les deux images, qui y fonv feules bien fenfibles , la premiere & l'intermédiaire ;. y font difpofées de même que lorfqu’il eft bien rapproché des verres. Les rayons , qui compofent chacune de ces gerbes , divergent un peu entreux. À une certaine diftance des verres , les images qu'ils produi- fent , devenues plus larges:, anticipent l’une fur l’autre, Comme quand le trait de lumiere eft menu, l'image intermédiaire eft d’une feule couleur , owde deux couleurs tout au plus, on n’en fçau- roi peur-être inférer rien de pofitif à l’égard dela difpoñzion des cou- leurs prifmatiques , qui doit rélulter de l’ordre ou du fens felon lequel s'opere la décompofition de la gerbe à laquelle elle: eft dûüe. Mais par la diliribution des couieurs dans les iris annulkires, produites fur le volez par les expériences des n°°. 2 & 3:, il nous eft aflez indiqué que la-dé- compofñtion doit s'opérer de façon que pour la gerbe G 1 , provenant du’ trait de lumiere À B; qui dans-fon-incidence , fe dirige vers-le fommer de l'angle d’inclinaifon-des deux verres, les rayons les plus refrangibles doivent s’écarter Le plus du rayon incident ; &: que pour la gerbe GI, provenant du trait de lumiere € D, qui dans fon incidence , rend à fe rapprocher de l'ouverture de l’angle d'inclinaifon des verres, ce fonr les rayons Les moins refrangibles qui doivent s’écarter le plusidu rayon in- cident, Et ainfi en fuppofant que.les: deux traits de lumiere tombent à IEP, UP (1) Voyez ci-après, N°, 274 3152 PA 86 M SN TM OMIUNME: la fois fur les vérres de M. l'Abbé Maféas , felon ces deux fens AB, CD différents relativement au point de contact K des verres , ou à leur inclinaifon mutuelle , les bandes bleues des images de plufeuts couleurs ou iris , qu'ils peuvent produire , .devroient être tournées l’une vers l’autre , ou vers l’axe de l’apparence , conformément à celles qui font tracées fur le volet dans les expériences des n°5. 2 & 3. XXIV. Nous avons vu par ces mêmes expériences, que c'eft par l’ap- titude du trait de lumiere qu’on fe procure fur le voler une apparence fort étendue, & où on diftingue nettement plufieurs fuites d’anneaux colorées. XXV, Si on compare les réfulrats uniformes des expériences exé- cutces fur les verres à bifeau, & fur les verres convexes de lunettes , avec ceux de l’expérience précédente faire avec les verres de M. l'Abbé Maléas , on y trouvera des différences, dont la plupart font dûes au plus ou moins d’inclinaifon mutuelle & de convexité des furfaces in- ternes des deux verres qui terminent le fluide logé entr'eux , mais dont il y en a une qui tient peut-être à d’autres caufes (1). Parmi ces diffc- rences , on remarquera furtout les fuivantes : . 1°. Qu’avec les verresà bifeau, & mesverres convexes , l’arrangement refpectif des images fur le carton, n'eft pas le mème qu’avecceux de M. PAbbé Mafcas, - 2°. Qu'avec les premiers, file trait de lumiere eft ample à un certain point, les images, que les faifceaux qui le compofent peuvent produire chacun en particulier , font confondues ou effacces, & ne fe manifeftent point fur le carton , au lieu qu'il en eft tout autrement avec les feconds , qui diftribuent les faifceaux de façon que les rayons hétérogenes bien démèlés ne s’entrenuifent gueres , & qu’ils concourent à donner une apparence réguliere compofée de la réunion des petites images produites par ces divers faifceaux, & où les couleurs prifmatiques font aflez nette - ment développées. 3%. Que dans les premiers , il fe réfléchit de deflus les plans qui ter- minent le fluide intermédiaire qu'ils féparent du verre antérieur & du poftérieur, deux gerbes diftinétes de rayons qui produifent deux images féparées , au lieu que dans les verres de M. l'Abbé Mafcas , l'image unique produite par des rayons qui ne peuvent être réfléchis que par l'un ou l’autre de ces plans , ou par tous les deux à la fois , indique, ou qu'il n'y a qu'une feule de ces deux gerbes qui foit réfléchie, ou que lessdeux gerbes le font affez précifément dans la mème direction. 4°. Enfin qu'avec des verres à bifeau & ævec mes verres convexes, la (1) Voyez N°. 34 & 41, Ps 0 st 10 7 357 feconde , fa troifieme & la quatrieme image , font nñifornies pour leurs couleurs, chacune d'elles étant une petite iris complerte , & qu'avec ceux de M, l'Abbé Maféas, l'image intermédiaire qui répond à cette feconde & à cette troifieme, &la derniere qui répond à cette quatsieme , font diffemblables en dégré de teinte & mème en couleur. XXVE. Mais d'un autre côté, on aura auffi remarqué fans doute qne malgré les différences de ces divers réfulrats , il en eft un effentiel qui eft commun aux expériences faites avec les verres taillées en bifeau, & mes verres convexes , & à celle où j'ai employé les verres de M. l'Abbé Maféas ; fçavoir , que les iris produites par les rayons réfléchis, ont toutes , quelle qu’ait été l’obliquité des traits de lumiere incidents, & le fens de leurs direétions , leurs bardes bleues rournées vers l’axe qui pafle par le centre du contaét des verres, & par conféquent que celles du côté B, & celles du côté D fe préfentent mutuellement leurs bandes bleues, quand deux traits de lumiere , tels que AB & CD tombent à la fois fur les verres en différens fens. XXVIL. Un autre point de convenance entre les réfulrats des expé- riences faites avec les verres à bifeau & ceux de M. l'Abbé Maféas, c’eft qu'à l'émergence des verres , & au retour dans Fair ambiant , quelques- unes des gerbes qui ont été réfléchies fur les divers plans , qui féparent les différens milieux, convergent entr'elles , tandis que d'autres font d’abord divergentes. XXVIIL. Cestraits de conformité, joints à celui qur a été fpécifié au n°. 16, concourent à confirmer que dans routes ces expériences indiftinc- tement, la décompoftion des rayons doit être attribuée à l'influence d'une feule & mème caufe; & qu'il ne fant chercher à l'expliquer dans les verres de M. l'Abbé Maféas, que par les fimples loix de la réfraétion & de la refrangibilité, puifqu'on ne peut méconnoître qu’elles fuffifent feules pour lopérer dans les autres verres. Auvrefte , pour achever de lever les doutes à ce dernier égard , & de ne laifler aucun lieu de penfer que la ténuité des lames réfléchiffantes , ait pu y entrer pour quelque chofe, j'ai répété l’expérience du n°. 18 , en mettantentre les deux verres taillés en bifeau, trois doubles d’une carte à jouer dans l'endroit où ils étoient le plus rapprochés, & où ils font plans; & les réfulrats relarifs à la difpofition des couleurs dans les images ou iris, n’ont point varié, non plus que les autres. Mais il y He , après avoir féparé ces deux verres l’un de l’autre, je n’en expofai qu'un feul au trait de lumiere rendu affez menu par le moyen déja indiqué, les rayons réfléchis fur Lx couche d’air contigue à fa furface poftérieure , donnerent une perire iris, dont la bande bleue { quel que fût le fens de la direction du trait de 44 BRUT LS TANONNMTIUES lumiere incident ) étoit tournée du même côté qu’elle l’étoit quand Îes deux verres étoient réunis; & certes la lame d’air réfléchiffante & con- tigue à la furface poftérieure du bifeau , avoit bien alors une belle épaiffeur. XXIX. Venons cependant à l'examen des différences des réfulrats des deux expériences comparées : la premiere de ces différences fur l’arran- gement refpectif des images fur le carton , dépend évidemment de ce que les furfaces internes & en partie contigmés des verres de M. l’Abbé Ma- féas , font prefque planes ou extrèmement moins convexes , & aufli plus inclinées l’une à Pautre que ne le font celles des autres verres dont j’ai fait ufage. XXX. Quant à la deuxieme différence, fi on compare les directions xefpectives prefque paralleles des axes des gerbes de rayons réfléchies par ‘les verres de M. l'Abbé Maféas , telles qu’elles font repréfentées dans la figure 6, avec les directions refpeétives des axes des gerbes de rayons réfléchies par les verres à bifeau , & qui doivent s’entre croifer près de leur furface, comme on en peut juger par les déviations des gerbes qui proviennent des feuls deux traits de lumiere AB, CD , repréfentées dans la figure ç$ , on ne peut manquer de s’appercevoir que cette différence eft due à la moindre inclinaifon & à la plus grande convexité des plans séfléchiffans dans les verres à bifeau , que dans ceux de M. l'Abbé Maféas. XXXI. Je palle à la troifieme différence, par rapport au nombre des . images. Après ce que l’obfervation nous apprend que dans les verres à bifeau il fe réfléchit fur les quatre plans de fépararion des milieux qui compofent cet appareil , quatre différentes gerbes de rayons qui produi- fent chacune une image fur le carton, il faut, pour expliquer comment les images font réduites à trois avec les verres de M. l'Abbé Maféas ; { appareil où il y a au moins lemême nombre de milieux différens:) ad- mettre apparemment, ou que des deux plans qui féparent le fluide in- termédiaire du premier & du fecond verre, 1l y en a un qui.ne réfléchit pas affez de rayons pour procurer une image fenfble, ou que les deux images produites par les rayons réfléchis par l'un & par l’autre de ces deux plans coincidens, auquel cas la réduction ne feroir qu’apparente & non réelle. La premiere de ces deux alternatives n’eft peut-être pas faire pour être admife fans difcuflion ; & la feconde cependant n’eft pas non plus , à beaucoup près exempte de difhcultés. En conféquence de la feule inclinaifon des plans qui rerminent le fluide intermédiaire , la feconde & la troifieme gerbe de rayons réfléchis (c’eft-à-dire celle qui peut fe réfléchir fur la furface du fluide intermédiaire, & celle qui fe réfléchit fur 3 x PACE NH NUIT Qu Et 355 fur la furface antérieure du fecond verre) qui font les feules qui , enfem- ble ou l’une à l’exclufion de l’autre , peuvent produire l’image intermé- ‘diaire, procurée par les verres de M. l'Abbé Maféas, devroient nécelfai- rement n'être pas paralleles entr’elles à leur émergence des verres , quelle que foit l’inclinaifon mutuelle que l’on fuppofera à ces verres. La conca- vité du plan fur lequel la feconde doit être réfléchie , & la convexité de celui fur lequel l’eft la troifieme, doit de plus mettre obftacle à ce paral- lelifme. Elles ne fauroient donc prendre abfolument la même direétion; & les deux images qu’elles formeroient, ne fauroient coincider exac- tement, X XXII. Nous avons vu dans l’expérience du N°. 7, que lors de l’intro- duction de l’eau entre les deux verres, l’image intermédiaire s’eft déplacée & seit éloignée bien fenfiblement de la premiere. Si l'intermédiaire qui eft due à la troifieme gerbe réfléchie fur le fecond verre , & l’image que peu- vent produire les rayons réfléchis fur le‘Auide logé entre les verres, avoient auparavant coincidé enfemble , n’aurois-je pas dû m’atrendre, lors du déplacement de l'intermédiaire , à diftinguer l’autre , dont la po- fition n'a pu aucunement varier, malgré l’introduétion de l’eau entre les verres , n’aurois-je pas dû m'’attendre, dis-je, à la diftinguer (fi elle eût été fenfble) dans l'intervalle qui fépare alors la premiere image produite par la gerbe réfléchie fur le premier verre, de celles qui fonc dues à la troifieme & à la quatrieme gerbe , efpace que ces images-ci ont abandonné ? Il paroït donc par là que les rayons réfléchis par la lime d’eau qui occupoit alors l'intervalle des deux verres, ne produifoient pas une image fenfible, XXXIHI. Il n’y a peut-être pas trop lieu d’être furpris fi les rayons qu'on peut préfumer avoir été réfléchis par la lame d'eau, du moins en partie, vers un endroit du carton, où ceux des autres gerbes n’abor- doient point, ne l'ont pas illuminé fenfiblement. On fait que l'image affez lumineufe, produite par des rayons réfléchis fur la couche d’air contiguë à la furface poitérieure d’une lame de verre d’une certaine épaif- feu ; devient extrèmement rerne , & même quelquefois très-difhaile à diftinguer , comme j'en ai fait l'épreuve, fi on vient à fubftituer à cer air une lame d’eau , foit mince , foit épaille ; ce qui a fait dire que l’eau ne réfléchiffoit pas fi bien la lumiere que le faifoir l'air. L'eau introduite entre les verres, alrere aufli l’image intermédiaire, produite par la gerbe , réfléchie fur le fecond verre, Les couleurs en per- dent au moins beaucoup de leur vivacité : fouvent elles y font toralement effacées. M. l'Abbé Maféas a obfervé que les couleurs de l'apparence en devenoient ténébreufes ; & M. Newron ayant fair glifler un peu d’eau entre les objettifs qu'il employoit pour produire les anneaux colorés, Tome I, Parc. V. Zz 356 DA NET) MT NO EURE: avoit eu le mème réfultar, On ne peut s’en prendre, je croïs , de ce défa- vantage qu'a l’eau, par comparaifon à l'air, qu'on lui fair remplacer dans l'intervalle des verres , à ce qu’elle eft plus fufceptible que l'air d’épar- piller en tous fens , & de difperfer la lumiere. À l’égard de ce qu’on n’apperçoit aucune trace de l’image que pour- roient former les rayons réfléchis fur le fluide intermédiaire auquel on a enfuire fubftitué de l’eau ; malgré la raifon de penfer que cette image ne fauroit être couverte en entier par celle qui eft due à la troifieme gerbe, on pourroit, fans dépouiller tout-à-fait ces rayons de la faculté d’en produire de fenfibles à un certain point, diminuer au moins la diff- culté, en préfumant que dans les circonftances de cette expérience , l’i- mage qui en provient, & celle qui eft produite par la troifieme gerbe , approchent fort de coincider l’une fur l’autre (fuppofition que la grande inclinaifon mutuelle des verres, qui ne differe gueres du parallelifme & leur courbure infenfible permettent affez d'adopter). Er qu'il ne refte à découvert de la premiere que le bord où il doit aborder bien moins de ces rayons que vers fon centre. Peut-être d’autres faits nous fourniront de plus amples éclairciffemens. En attendant, j'ai cru devoir m'en tenir à ces préfomptions, fans rien déterminer d’après des obfervations peut- être équivoques à ce dernier égard. XXXIV. Par tout ce qui vient d'être expofé fur la troifieme différence des réfulrats des deux expériences comparées, relative au nombre des images , il paroït que les différences qui diftinguent les deux appareils par rapport à l’inclinaifon mutuelle des verres & à leurs courbures , peu- vent y contribuer pour beaucoup; & qu’en même temps elle peut tenir encore à la différence des qualités du fluide logé dans l’efpace intermé- diaire. Car il eft refté des raifons de douter fi la lame de celui qui occupe communément l'intervalle des verres de M. l'Abbé Maféas, ainf que la lame d’eau que j'y ai fubltitué , réfléchiffent aufli énergiquement la lu- miere que le fait l’air logé entre mes verres à bifeau. XXXV. Il ne nous refte à préfent à examiner que la quatrieme & derniere des différences mentionnées au N°. 25 , avec les verres à bifeau, la deuxieme image , la troifieme & la quatrieme font de petites iris qui annoncent que tous les rayons différemment réfrangibles du faifcean concourent à les former, & qu'ils y font diftribués felon l’ordre naturel de leurs réfrangibilités , conformément au développement qui auroit lieu dans un prifme. Avec les verres de M. l'Abbé Maféas , qui ne donnent que trois images , l'intermédiaire & la derniere ont chacune communé- ment leur teinte uniforme ou d’une fenle couleur, quoique la fente qui tranfmet les rayons, foit égale à celle qui a été employée pour ces au- tres verres; ce qui d’abord femble donner à juger qu'il n'y a que les 7 AN HN ER SGE T QU RER 357 rayons d’une feule efpece de couleur, qui foient réfléchis alors pat cha- cune des petites portions des plans réfléchiffans correfpondans dans la direction qui les tranfmet aux efpaces occupés par ces images. Il n’en eft pas ainfi cependant fur chacune de ces images colorées ; il parvient des rayons de routes les efpeces de réfrangibilités ; & il eft aife de s’en aflurer, en faifant tomber les trois images enfemble fur l’une des faces d'un prifme difpofé convenablement pour opérer la réfraétion & la décompofition des trois gerbes qui les produifent, & le traverfent en- fuite; lefquelles on reçoit fur un carton placé au-delà , à une médiocre diftance du prifme , qui n'eft éloigné lui-mème que de fix à fept pouces des verres. Quelqu’étroite qu'on ait rendu la fente percée dans le pa- pier appliqué au premier verre, en quelque fens que le trait de lumiere y ait été dirigé, il s'étale fur le carton trois fpeétres dont les couleurs font très-éclatantes , quoique celles du fpectre provenant de la premiere gerbe d’abord réfléchit fur la furface antérieure du premier des verres réunis, le foient le plus; & celles du fpeétre produit par la quatrieme gerbe réfléchie fur la couche d’air contiguë à la furface poftérieure du fecond verre le foient le moins : & quoique les images que ces gerbes euffent formées, en ne paflant pas par le prifme, foient quelquefois fort ternes , fur-tout la derniere ; on reconnoït aifément que chacun de ces fpectres raffemble routes les couleurs du fpeétre ordinaire. On doit re- marquer cependant qu’elles font peut-être toutes plus complettes dans celui qui correfpond à l’image blanche. Il y a dans celui qui correfpond à l'image intermédiaire, ordinairement une des bandes extrèmes, qui eft moins étendue ou moins fenfible , la rouge, fi l’image intermédiaire eût été colorée en bleu; la violette au contraire, fi l’image intermédiaire eut été colorée en rouge. Ce petit affoibliffement ou rétréciffement d’une des deux bandes, qui termine Le fpeétre , eft bien moindre encore dans celui qui correfpond à la derniere image. XXXVI. De ce que tous les rayons différemment réfrangibles fe ren- contrant dans les gerbes qui forment les images colorées, rant en em- ployant les verres de M. l'Abbé Maféas, qu'en employant les verres à bifeau , & y font au moins à peu près dans la mème proportion ; & que d'un autre côté avec ceux-ci , ces images font des iris bien décidées , tan- dis qu'avec les premiers elles n’ont communément qu’une feule couleur, il réfulre que as les verres à bifeau, les rayons font par les réfraétions qu'ils y efluient , plus développés & mieux démêlés, & diftribués relati- vement à l'ordre naturel de leurs réfrangibilités refpectives qu'ils ne le font dans ceux de M. l'Abbé Maféas. En effer, 1°. quant au développement des rayons , il doit être bien moindre dans l'appareil de M. l'Abbé Maféas , où la courbure des fur- faces internes des verres eft infenfible , que dans l’autre appareil oùelles Zz ij 358 PARTONS TIR OMIUARE; ont beaucoup de convexité. Nous avons vu au N°. 26 , que les difpoli- tions contraires des couleurs dans les images produites avec les verres à bifeau dépendent des déviations refpeétives , convergentes ou divergen- tes que prennent les rayons hérérogenes du faifceau , en paffant du pre- mier verre dans le fluide intermédiaire. Il eft naturel d'en conclure, que le plus ou le moins de développement qu’on a à leur derniere émer- gence des verres , & à leur retour dans l’air ambiant, les rayons décom- pofés auxquels forit dues les images colorées, qu’on fe procure avec les verres de M. l'Abbé Maféas , & avec ceux à bifeau , dépendent du plus ou moins de développement qu'ils ont pu acquérir , en paffant du pre- nier verre dans l’efpace intermédiaire. Or, comme la concavité du plan de féparation fur lequel ils fe dirigent, & qu'ils ont à traverfer pour fe rendre de l’un de ces milieux dans l’autre , eft prefqu’infiniment moindre dans les verres de M. l'Abbé Maféas, que dansles verres à bifeau ; ceux de ces rayons qui proviennent du trait de lumiere AB, doivent entrer, toutes chofes égales , d’ailleurs moins convergens (1) dans le fluide in- rermédiaire des premiers dans celui des feconds. Er dès-lors , à leur re- rour dans l’air ambiant, être moins développés après leur décuffation à leur fortie des premiers qu’à leur fortie des feconds ; & ceux qui pro- viennent dutrait de lumiere incident , dirigé felon le fens CD, doivent, toutes chofes égales d’ailleurs , acquérir moins de divergence (2) en en- trant dans le fluide intermédiaire de ces verres de M. l'Abbé Maféas, qu’en entrant dans celui des autres; & par conféquent à leur retour dans l'air ambiant être aufli moins développés en fortant des premiers, qu’en fortant des derniers. 2°, À l'égard de la diftribution refpective des rayons hétérogenes , il eft certain que les différentes caufes qui peuvent contribuer à y produire de la confulion , en procurant à quelques-uns de ces rayons, des dé- viations irrégulieres (comme le pourroit faire le poli non aflez exact des plans où s’exécutent les réfraétions & la réfléétion des rayons, quel- que arrêté dans leur courbure, &c. ) font fufcepribles d'opérer un effet plus marqué, c’eft-à-dire de rendre cette confufion plus complerte, & de nuire davantage à la manifeftation des couleurs prifmatiques fur les images dûes aux verres de M. l'Abbé Maféas, où ceux des rayons qui font régulierement réfraétés , font peu développés , que fur les iris dues aux verres à bifeau , où ils le font beaucoup plus, & dont les différentes bandes teintes d’une couleur plus homogene & plus tranchante, font moins expofées à être altérées à un certain point par l'intervention des rayons d’une autre efpece qui peuvent être irrégulierement détournés vers elles. (x) Append:art. 1, caso, 12. (2) Ibid. Cas 8, 11, PNEU Le er 10 uw E. 359 XXXVIL De plus, ne peut-il pas fe faire qu'en conféquence de Ia courbure des furfaces des verres, qui n’eft point uniforme partout, & dont on doit confidérer la coupe , non comme une portion de cercle , mais comme une portion d’ellipfe applatie & formée de petites lignes qui forment entr'elles des angles rant foit peu inégaux, & de moins en moins obtus, à proportion de leur éloignement du plan du contaét im- médiar des deux verres ; ne peut-il pas fe faire, dis-je , 1©. que tandis que la plupart des divifions de rayons hétérogenes d’une gerbe , font re- plices les unes fur les autres, comme nous venons de le dire, au peint qu'elles s'enrrenuifent & s’effacent mutuellement, fans qu'aucune d'elles puilfe prévaloir affez fur les autres, pour que fa couleur fe manifefte 4 quelques autres divilions tranfmifes par une petite portion de la furface des verres, un peu plus ou un peu moins inclinée aux autres portions de cetre furface , que celles-ci ne le font entr’elles, croifent un peu les pre- mieres divifions , & coinçident fur l’efpace qu’elles embraffent fur le carton, décident alors feules de la couleur qu’il acquiert, & lui donnent alors la leur à l’exclufion des autres ? 2°. Que ce foient rantôt des divifions des rayons les plus refrangibles qui eroifent ainfi les autres divifions qui fe font mutuellement effacées, & tantôt des divifions des rayons les moins refrangibles qui ayent à leur tour cet avantage ; 3°. Et que tandis que ce font des divifions des plus refrangibles de la troifieme gerbe , qui donnent ainfi leur teinte à l’image intermédiaire, où d’autres divifions tombent trop repliées les unes fur les autres pour produire un effet fenfible, & y concourir; ce font au contraire des di- vifions de rayons les moins refrangibles de la quatrieme gerbe , qui donnent la leur à la derniere image qui n’en reçoit aucune des autres divifions qui n’y font pas affez développées , & vice ver/ä. XXXVIIL Et c’eft à quoi il faut vraifemblablement attribuer l’uni- formité de couleur de chacune des deux images , la diverfité de celles de l'intermédiaire & de la derniere, & la dégradation de teinte dont elles font fufceptibles , & qui va jufqu’à les rendre d’un gris terne & obfcur. Ajoutons à cela que s’il eft réel (n°. 33) qu’une image produite par une gerbe de rayons réfléchie fur le Auide intermédiaire , fe rencontre avec l'image intermédiaire produite par la gerbe réfléchie fur le fecond verre, _ilen doit arriver que les deux images ne s’ajuftant pas aflez exactement l'une fur l’autre , & que chaque petite bande d’une couleur quelconque de l’une , correfponde à caufe de la non exactitude inévitable de leur coincidence , avec une petite bande d’une couleur différente de l’autre image. Et c’en feroit affez pour altérer, & même pour faire évanouir les 468 PRAVOrPALSATTANONNTANE couleurs prifmatiques de deflus l’image intermédiaire , fi la gerbe de rayons que le fluide intermédiaire y réfléchiroit , étoit un peu abon- damment fournie. XXXIX. Au refte l'éclat du fpeétre, que les mêmes rayons, qui pro= duifenc la derniere image dont la couleur eft le plus fouvent fi équi- voque ou fi terne, produifent, lorfqu’ils ont été rranfmis par le prifme, en fortant des verres réunis , ne permet pas qu’on exclue les rayons d'aucune couleur, du nombre de ceux qui concourent à le former : il eft évident que ceux de toutes Les couleurs y ont part. Cer éclat du fpectre faic fentir en mème-tems à quel point l’irrégularité & la confufion dans la diftribution des rayons hétérogenes , tout développés qu'ils font, font capables d’altérer dans l’image les effets de leur décompofition, de donner le change, & de la faire méconnoître. XL. C’eft fur les réfultats de l'expérience du n°. 7, où l’image inter= médiaire occupe des places différentes fur le carton , felon que le fluide logé entre les deux verres , eft plus où moins refringent, & fur la com- paraïifon des expériences où je me fuis fervi des verres de M. l'Abbé Maféas , avec celles où j’en ai employé d’autres , où il eft bien sûr que / 2 / . A J \ “ P hf À 4 4 3 d les réfulrats étoient dûs à l'unique influence des loix ordinaires de la q réfraction & de la refrangibilité , que j'érablis l'idée que je viens de donner du méchanifme en vertu duquel s'opere la décompofition de la lumiere dans le phénomene des anneaux colorés entre deux lames de verre. Nous avons vu 1°. comment on peut concevoir que des rayons de lumiere convergens réfléchis vers le plan de féparation des deux verres, où ils ont été décompofés par les réfraétions qu'ils y ont efluyeés, pei- gnent (n%.2,3,4, $,10,11,12, 13) dans l'œil où ils fe raffem- blent , des portions d’iris annullaires, & par conféquent y peuvent-pein- dre des iris annullaires complettes, dont les couleurs font difpofées felon l'ordre qu’exige le phénomene. 2°. Que les rayons réfléchis entre les verres de M. l'Abbé Maféas, & d’autres rayons réfléchis entre d’autres verres difpofés de même, (n°%. 14, 1$, 16) mais où on ne peut méconnoître que leurs déviations ne font déterminées que par les feules loix de la réfraétion, produifent à leur rerour dans l’air ambiant, également des images fur un carton où on les reçoit, & qu'on en peut augurer que les déviations de ceux qui font décompofes dans les verres de M. l'Abbé Maféas, font dûüs unique- ment à la même caufe. 3°. Que cette conféquence elt évidemment confirmée par ce qui a été conftaté ( n°. 18 ) que les images produites avec l'appareil des verres à bifeau , font colorées comme celles que procure celui de M. l'Abbé PEN YEN Se 13 QUE 361 Maféas , & que dans les premieres, la bande bleuc eft tournée vers l'en- droit du contact des verres , comme dans les iris annullaires elle eft toujours tournée en-dedans. 4°. Que dans ce dernier appareil , les rayons qui produifent les images colorées, ( n°%. 8, 9) font réfléchis , non fur le fluide intermédiaire, mais {ur la furface du fecond verre. 5°. Que les rayons que peur réfléchir ce Auide intermédiaire ( n°°,31, 32, 33), ne paroillent pas fufcepribles de produire des images bien fenfibles. 6°, Que les gerbes de rayons auxquelles font dûües l’image intermé- diaire & la dermere ( n°. 35 ) , font compofces de tous les rayons diffé- remment refrangibles du faifceau. 7°. Que les différences qu’on remarque dans les réfultats des deux expériences comparées , dépendent , non de la diverfiré du méchanifme qui les opere, mais des différentes difpoftions des deux appareils quant à la courbure & à l’inclinaifon des verres, & peut-être quant à la qualité du fluide qui en occupe l'intervalle. Tant de points de conformité qui ont lieu d’ailleurs entre ces deux expériences ; tant de preuves que les rayons fonc réfractés & décom- pofés en vertu de ces réfraétions dans l’une comme dans l’autre , me pa- roiffenc ne laifler aucun doute qu’elles font abfolument analogues par rapport à leurs caufes , comme par rapport à leurs réfultats, Et quelle raifon pourroit fubfifter encore d’exiger pour les phénomenes qu'offrent les verres de M. l'Abbé Maféas , l'intervention d’une caufe différente de celle qui en opere de pareils dans les verres à bifeau, & qui ne peur manquer d'exercer fon aétion dans les premiers ? Dans ces expériences , je n’ai confidéré que les déviarions d’un feul trait de lumiere. Mais comme aucun de ceux qui concourent à produire la belle spparure des anneaux colorés , ne peut manquer d'efluyer les mêmes réfraétions & des déviarions analogues , il eft aflez évident que la décompolition de tous ces rayons y doit être l’effer de ces réfractions & de ces déviations. XLI. Je viens de donner à entendre dans le n°. précédent, que le fluide intermédiaire pourroit n'être pas le mème dans les deux appareils. Ce font les réfulrats donc il eft queftion au n°. 31 , felon lefquels il paroit que les rayons qui peuvent être réfléchis fur celui qui eft logé entre les verres de M. l'Abbé Maféas , ne font gueres capables de produire des images fenfibles, tandis que ceux qui le font fur l’air contenus entre les verres à bifeau, en fourniffent d’aflez brillantes ; ce font ces réful- rats, dis-je, qui donnent lieu ici de préfumer que le fluide fi refferré dans l'intervalle prodigieufement rétréci des prenuers de çces verres, dont d'ailleurs, en les préparant , on fait tout ce qu'on peut pour dé- 362 PAM MEYES UTINORMUIMRE: tacher l’air adhérent à leurs furfaces internes, & qui , fans cette pré- caution, ne donneroient point d’anneaux colorés , n’eft pas le même ge celui qui, cantonné à l’aife entre les verres à bifeau , communique 1 librement avec l’athmofphere, & en eft sûrement une expanfon. On fçair que M. l'Abbé Maféas à jugé d’après fes obfervarions, qu'il diffé- roit de l'air. Ce qui eft expofe à ce fujer dans fon Mémoire, femble établir aflez clairement que l’apparence qu'on fe procure avec fes verres, & qui fe manifefte en pleine lumiere , ne dépend pas direétement de l'extrême rétréciflement de l’efpace qui les fépare, ni de la ténuité af-- fortie de la lame du Auide qui l’occupe , mais plutôt de ce qu’au moyen des précaurions qu'on prend , en réuniffant les deux verres, il ne fublfte dans cer efpace qu'un Huide autrement difpofé que l'air. Et cette difpo- fition peut confifter , en premier lieu , en ce qu'il ne fçauroit réfléchir une quantité de rayons fuffhfante pour faire difparoître ou pour ternir à un certain point les images colorées produites par ceux qui fe font ré- fléchis fur la furface antérieure du fecond verre : car ces premiers abor- dant fur les mêmes efpaces , les effaceroient , fi le fluide intermédiaire en réfléchifloit une certaine quantité. XLIIL Voici une autre raifon de le penfer. Comme en pleine lumiere les faifceaux qui fe dirigent de toutes parts & en rous fens fur un ap- pareil quelconque de verres réunis , doivent s’y réfracter, s’y décom- pofer , & s’y réfléchir fur les plans qui en féparent les divers milieux, il n’eft pas douteux qu’à leur retour & à leur émergence des verres , ceux qui ont été réfléchis fur le fecond verre, devroient former fur un carton qui les arrêreroit en quelqu’endroit que ce foic, des images où les rayons , différemment refrangibles , feroient pius ou moins démélés & féparés , & qui fe manifefteroient par leurs couleurs, fi rien n’y nuifoit d’ailleurs, c'eft à-dire fi on interceproit ou on dérournoit trous les autres rayons réfléchis fur les autres plans de féparation des milieux , fur- tout ceux qui , réfléchis fur la lame d’air logée entre les deux verres , le font dans les mèmes directions que les premiers. Ce font ces rayons réfléchis fur certe lame d’air logée entre les verres À bifeau, qui, par les brillantes couleurs de la feconde image, qui leur eft uniquement due, & qu'on obrient dans la chambre obfcure ( n°. :8) aeftent fi bien la propriété qu’a effectivement l'air de les réfléchir abondamment, Mais ne fonr-ce pas ces mêmes rayons qui, hors de la chambre obf- cure & en pleine lumiere, ne laiffent diftinguer aucune trace de l’appa- rence ( qu'on pourroit attendre de ces verres à bifeau) , en effaçant les images colorées que les autres réfléchis fur le fecond verre , produifent, tandis que ceux-ci effacent en revanche celles qui proviennent des premiers 2 N'eft-ce BARRETTE. 363 N'eft ce pas au moyen de l’exclufion de la furabondance deces rayons, dont le Huide logé dans l'intervalle des verres de M. l'Abbé Maféas , ne pourroit réfléchir au plus qu’une très-petite quantité , que ceux qui font réfléchis fur le fecond verre, produifent efficacement leur effet fur nos yeux en pleine lumiere ? Et n’eft-ce pas parce que l’eau réfléchit moins de ces rayons que l'air, quoique plus que ce fluide auquel on l’a fubftitué dans ces derniers verres , que l'apparence qu'on fe procure alors n’eft que ternie, ou ne difparoît pas toujours en pleine lumiere ? XLIII, C’eft donc bien à propos que M. l'Abbé Maféas faifoit chauffer les verres qu'il deftinoir pour le phénomene des anneaux colorés, qu'il les frottoir , & Les laifloir gliffer l’un fut l'autre pendant quelque tems, en les preffant convenablement ; tous ces moyens font propres à les dé- pouiller des Aocons d'air qui y font naturellement adhérens, & à exclure de l'intervalle qui fépare toujours ces verres en quelques endroits , parce qu'ils ne font jamais parfaitement plans , cet air qui empêcheroit que le phénomene fe manifeftir. Peut-être, dira-t-on , que ce procédé qui répondoit fi bien à fes vues, en expulfantla plus grande partie de cerair, en laille , malgré tous les foins qu'on fe donne , quelque peu qui, ex- trèmement rarñé , n'occafonne pas les mèmes inconvéniens que l'air denfe. Mais voici une difficulté. On a obfervé que la réfection de la lumiere eft auffi forte & même un peu plus forte de la part de l’air qu’elle rencontre au-delà d’une lame de verre, quand il eft raréfié, que quand il eft denfe ; & nous venons de voir que le Auide contenu entre les verres de M. l'Abbé Maféas , ne la réfléchit pas à beaucoup près aufli bien que le faic l'air cantonné entre les verres à bifeau. XLIV. Le fluide de l'appareil de M. l'Abbé Maféas ne doit-il pas, en fecond lieu, différer de l'air par le désré de refringence ? Si lecrair de lu- miere qui, de l'air, paife dans le premier verre, dont les deux furfaces ne different que prefqu'infiniment peu d’être paralleles entr'elles , fi ce trait de lumiere trouvoir au delà un fluide dont la refringence fur égale à celle de l'air, fes rayons hétérogenes qui, dans Le cas où il feroit tombé oblique- ment fur le premier verre, feroient développés & divergens dans la traver- {ée du verre ,redeviendroient prefque paralleles entr'eux en entrant dans le fluide intermédiaire; & la réfection qu'ils effuyeroient fur la convexité du fecond verre , ne pouvant leur donner des directions différentes re- lativement à leurs différens dégrés de refrangibilitésg ils ne feroient pas mieux démèêlés à leur recour dans l'air ambiant. Ils n'y laifferoient donc pas entrevoir les couleurs prifmatiques. Leur décompolrion entamée dans le‘premier verre, l’aura été en pure perte. Au lieu que fi l’efpace intermédiaire eft rempli par un fluide plus ox Tome I, Parc. F. Aaa 564 LR IONUIES RME DE LE moins rofringent que l'air à un certain point ( par exemple par de l’eau) ; les rayons hétérogenes rendus divergens à leur entrée dans le premier verre, font , après avoir franchi fa furface poftérieure , dans le cas , on d'acquérir plus de divergence , ‘ou d’en conferver affez pour re pas cefler d’être encore divergens & développés à leur retour dans l’air ambiant. Auf felon les expériences de M. l'Abbé Maféas , fes verres qui, pré- parés avec les foins convenables pour détacher de leurs farfaces internes les flocons d’air, & qui alors féparés & remis tout de fuire l’un fur l’autre aflez preftement pour ne point laiffer à l'air le tems de s’y coller de nouveau , font toujours également propres à donner des anneaux colorés ,ceffent d’en donner fi on ne les a remis l’un fur l’autre qu’au bout d’un tems fufffant pour que l'air y reprenne fon pofte, & qu'on ne l'en ait pas délogé de nouveau par leur friétion mutuelle. Auf ai-je éprouvé de mème que dans la chambre obfcure, aucunes des images qui , dans ces dernieres circonftances, font produites par un trait de lumiere affez menu , ne font pas colorées, On ne s’appuyera pas fans doute fur la différence que d’habiles Phy- ficiens ont fçu découvrir entre les vertus réfraétives de l'air denfe & de l'air raréfié , pour rendre raifon , en fuppofant encore l’efpace intermé- diaire.occupé par-de l’air raréfié , de ce que dans l'appareil de M. l'Abbé Maféas, le développement & la divergence des rayons hétérogenes ont lieu dans cet efpace intermédiaire , & même après leur derniere émerfon des verres. Cette différence de leurs vertus réfractives , qu'on a calculée telle que le finus d'incidence en un finus de réfraétion , comme 100036 eft à 100000 , au paffage de l'air raréfié dans l'air denfe , peut être ici cenfée comme nulle, puifqu’elle ne peut produire aucun effet fenfble dans le plus ou le moins de divergence des rayons. Mais en mème-tems. de c& qu’elle a été conftarée fi légere , & de ce que la décompofition de la lumiere dans l’appareil de M. l'Abbé Maféas, annonce & exige que la refringence du fluide qui y eft cantonné, differa à un certain point de celle de l'air denfe , 1l fembleroit qu'on pourroit conclure que ce fluide eft d’une autre nature que l'air. XLV. Il feroit intéreffant de déterminer quelles font les refringences refpectives de ce fluide & de l'air. Celles de ce fluide & de l’eau nous font indiquées par la mème circonftance de l’expérience du n°. 28 , qui nous a appris que la gerbe qui produit l’image intermédiaire, eft celle qui eft réfléchie fur la furface antérieure du fecond verre , comme nous allons l’établir. Le trait de lumiere incident étant dicigé felon le fens CD ( Fig. 7), foit la trace des déviations de la gerbe qui produit l’image irermédiaire- repréfenrée par la ligne DOPQRS , lorfque l'intervalle des deux verres HUMIPOSII CE 365 eft occupé par un fluide quelconque , & par la ligne DOpars, lorf- qu'il contient un fluide plus refringent que le premier. Er le trait de lumiere incident étant dirigé felon le fens AB, foit la trace des déviations de cette gerbe repréfentée par la ligne BEFGMN, lorfque l'intervalle des deux verres contient le Auide moins refringent , & par la ligne BEfg mn, lorfqu'il ett occupé par le plus refiingent. On conçoit aifement que dans le premier cas, au retour de la gerbe, les portions refpectives QR , gr de fes déviations dans la traverfée du premier verre , feroient paralleles, fi les furfaces internes des deux verres éroient paralleles entr’elles; & dès-lors que de ce que les direc- tions PQ, p g font plus inclinées à la furface interne du premier verre, ( inclinée dans le fens CC à celle du fecond ) qu'elles ne le feroient fi ces furfaces éroient paralleles , les directions QR , gr doivent être con- vergentes , puifque le rapport du finus de la direction QR , au finus de la direction gr, doit devenir plus petit que dans le cas du parallelifme où ces deux finus font égaux; & par conféquent que des direétions RS, r s à l'émergence de certe gerbe dans l’air , la premiere doit s’écarter moins de la perpendiculaire, & en mème-tems auf du rayon incident CD, que la feconde rs. On voit de même , que dans le fecond cas , au retour de la gerbe , les portions GM, gm de fes directions EIRE dans la traverfce du premier verre feroient paralleles, fi Les furfaces internes des deux verres éroient paralleles entr'elles ; & dès-lors , que de ce que les directions FG, fg font moins inclinées à la furface interne du premier verre (in- clinée dans le fens DD à celle du fecond;) que fi ces deux furfaces éroient paralleles , les direétions GM, g m doivent être divergentes, puif- que le rapport du finus de la direétion GM au finus de la direétion g doit être plus grand que dans le cas du parallelifme où ces deux finus fe- roient égaux; & par conféquent , que des direétions MN, mn à l’émer- gence de cette gerbe dans l'air, la premiere MN doit être plus écartée de la perpendiculaire , & en mème temps du rayon incident AB que la feconde mn. Et conformément, felon la table (1) que j'ai calculée des dévia- tions de la lumiere, & où j'ai fuppofé l’angle d'incidence du trait de lumiere de 45°, & l’inclinaifon mutuelle des verres d’une minute, & celle des deux furfaces de chaque verre de 30"; on trouvera qu’au retour dans l'air, l'angle de réfringence de la gerbz réfléchie fur le fecond verre, elt pour le trait de lumiere dirigé dans le fens CD. Quand l'intervalle des verres eft occupé par de l’air ,de 45° o! Quand il left par de l’eau, de , . . . e) 4 nt (G) Append. art. 2. Aaa ij 366 HU TN SU EE CNT Fe Et pour le trait de lumiere incident, dirigé dans le fens AB. : Quand l'intervalle des verres eft occupé par de l'air, de 44° 50! 41% : Quandil Pet par detl'eau idee: Main: 0 RMS Ainf la gerbe , qui produit l’image intermédiaire , quand elle dérive du trait de lumiere CC, s’écarte plus à fon retour dans l’air du rayon incident , quand le fluide intermédiaire eft plus réfringent que quand il eft moins réfringent : & au contraire, quand elle dérive du trait de lu- miere AB, elle s'écarte moins à fon retour dans l'ait ambiant du rayon: incident, quand le fluide intermédiaire eft plus réfiingent que quand il left moins. Or, dans l'expérience du N°. 28 , l’image intermédiaire eft plus éloi- gnée de la premiere ; & par conféquent la gerbe qui la produit plus écar- tée du trait de lumiere incident dirigé felon le fens CD après l’intro- duétion de l’eau qu'avant ; & pour le trait de lumiere dirigé felon le fens AB, l’image intermédiaire eft plus rapprochée de la premiere ; & par con- féquent la gerbe qui la produit moins écartée de ce trait de lumiere inci- dent après l’introduétion de l’eau qu'avant. Donc l’eau eft plus réfrin- gente que le fluide qu'elle a remplacé dans l'intervalle qui fépare les verres de M. l'Abbé Maféas, XLVI. Peut-être feroit-il pofible de parvenir aufi à reconnoître , fi la réfringence de ce fluide eft moindre ou plus grande que celle de lai ambiant , par de femblables expériences faites fucceflivement d’abord avec les verres préparés avec les précautions convenables pour dépouil- ler leurs furfaces internes de l’air qui y adhere naturellement (au moyen de quoi ils deviennent propres à donner des anneaux colorés, ) & enfuire avec les mèmes verres, qu'après avoir détaché l’un de l’autre, pour y laifler de nouveau appliquer des flocons d'air, on réuniroit enfemble , fans employer aucun frottement ni aucun autre moyen d’expulfer l'air qui les rend inhabiles à procurer des anneaux colorés, & en ayant en même tems attention, 1°. que les mèmes points refpecifs des furfaces internes des deux verres qui fe correfpondoient dans le premier cas, fe correfpondiffent encore exaétement dans le fecond; 2°. que le trait de, lumiere fût toujours dirigé felon la même obliquité, & tombât toujours fur un même endroit des verres ; 3°. quele carton où feroient reçus les rayons réfléchis & leurs images , für toujours à la même diftance des verres , & qu’enfin toutes les autres circonftances des deux expériences fuffent abfolument uniformes. Alors fi la différence qui pourroit fe trou- ver entre les fluides, qui dans ces deux cas occuperotent l'intervalle des vertes , éroit affez confidérable par rapport à larefringence, ne fe mani- fefteroir-elle pas , comme dans l'expérience rappellée au N°. précédeur., BheHN AE SUIS ON UE. 367 par [a différence des diftances qu’on obferveroit dans ces deux cas entre l'image intermédiaire & la premiere ? L’exécurion de cette expérience combinée ne peut être que très.diff- cile à caufe de l'exactitude fcrupulenfe qu’elle exige dans les précautions à prendre , pour que les difpoltions de l'appareil dans les deux cas foient uniformes , autant qu'il eft néceflaire pour obtenir des réfulrats con- cluans. Aufli ai-je moins compté fur ceux que je pouvois me propofer de me procurer par moi-même , que fur ceux qu'on peut attendre des Phyfi- ciens exercés qui font à mème d'y employer des inftrumens propres à y mettre toute la précifion poflible & requife. Je les invite à faire des ten- tatives pour déterminer l’idée qu’on doit fe faire de ce fluide, s’il dif- fere eflentiellement de l'air, ou fi c’eft de l’air autrement modifié que l'air ambiant. XLVII. Au refte, d’après les faits raffemblés dans ce Mémoire, il y a tout lieu de préfumer que l’inclinaifon mutuelle des deux furfaces de chacun des verres , celle des furfaces internes des deux verres qui, à caufe de leur courbure, varie à différentes diftances du centre du contra immédiat, & la différence des refringences du fluide qu'ils senferment, & de l’air ambiant font les principales difpoftions qui operent efficace ment la décompolition de la lumiere dans l’appareil des verres réunis. La différence des refringences des deux Auides ne fauroic procurer des anneaux colorés qu’à l’aide de linclinaifon des furfaces internes des deux verres , ou de l’inclinaifon des furfaces de l’un des deux. L’inclinaifon naturelle des furfaces des deux verres ou celle des fur- faces de l’un des deux , lorfqu’elle n’eft que médiocre, en peut pro- duire fans le concours de la différence des refringences des deux fluides. Ees verres à bifeau en fourniflent un exemple. Ces inclinaifons trop grandes, & qui approchent trop du parallelifme ne produifent point d'anneaux colorés, fi ia refringence des deux fluides eft la mème ;.on ne s’en procure point avec les verres de M. l'Abbé Ma-- féas , appliqués l’un fur l'autre , fi on a négligé de dépouiller leurs fur- faces internes des flocons d’air adhérens. Ces inclinaifons , quoique très-grandes, procurent des anneaux colo- rés, quand les refringences des deux fluides font différentes, puifqu'on: en obrienr avec les mêmes. verres. de M. J'Abbé Maféas, préparés con venablement. XLVIHT. Et quant aux conféquences que j'ai tirées des mêmes faits: far la part qu'a la réfraction à R produétion de ces phénomenes , je prie les Savans qui les difcuteront , de vouloir bien en même rems répéter € vérifier les expériences (1) auxquelles j’em dois l'indication, & qui leur (1) Elles ont été exécutées dans la chambre obfcure, & les morceaux où lames.deæ glace que j'y aremployés, avoient trois lignes d'épaifleur.. POLE PSE RS IT l'ONU fourniront des éclairciffemens farisfaifans que je puis leur avoir laiflé à defirer, & peut-être bien des réfultats intéreflans que je n'aurai pas failis. a ——— ee AP DUB NID Le CGUE ART TICUT EE PNREUMCDIENRS Déviations refpeëlives des rayons hétérogenes du faifceau de lumiere dans . / : . : / l'appareil des verres réunis qui procurent les images colorées. I Cas. S: un trait de lumiere SG ( fg. 8 ) pafle d’un milieu dans un autre plus refringent ( parexemple de l'air dans le verre ) contenu entre des fur- faces planes & paralleles entr’elles , fe réfléchit à fa furface poltérieure, & vientärentrer dans le premier, les rayons différemmentrefrangibles feront féparés en conféquence des réfraétions diffemblables qu'ils efluyeront ; & cependant les rouges, les violets , ainfi que ceux des autres couleurs, feront à leur retour dansle premier milieu, paralleles entr'eux; leurs finus de réfraction à leur rentrée dans ce milieu étant tous égaux au finus d’in- cidence du faifceau SG , à fon premier abord fur le fecond milieu, & par conféquent tous égaux entr'eux. Si la furface poltérieure du verre eft inclinée à l’antérieure, le paral- lelifme des rayons ne fubffte plus. IL. Si cette furface poftérieure comme CC, eft moins inclinée aux rayons décompofés que la précédenre EF , parallele à l’antérieure , ces rayons , à leur retour dans l'air , feront divergens ; car , après la réflec- tion , les directions zx du plus refrangible , & re: du moins refrangible dans le verre, qui y font également divergentes , quelle que foir la pofi- tion de ia feconde furface du verre par rapport à la premiere , font moins inclinées au plan de refringence xx, que lorfque ces deux furfaces éroient paralleles ; & dès-lors le rapport du finus de réfraétion du plus refrangible à celui du moins refrangible, à leur palfage du verre dans l'air, doit être moindre que dans le cas du parallelifme des deux furfaces, & par conféquent le premier de ces deux linus, moindre que le fecond ; au moyen de quoi les dernieres direétions xy , :7 de ces rayons dans l'air , doivent ètre divergens. IH. Si, au contraire ; cette furface poftérieure du verre, comme DD, eft plus inclinée que la précédente EE aux rayons décompofés, ces rayons >: 3 \ 1 . à leur retour dans l’air feront convergens ; car , après la réfleétion, les Per arsenT NOT GE, 36 direêtions VX du plus refrangible, & RT du moins refrangible dans | verre , font plus inclinées au plan de refringence Xx , que lorfque ces deux furfaces font paralleles : & dès-lors le rapport du fus de réfrac- tion du plus refrangible à celui du moins refrangible eft plus grand que dans le cas du parallelifme des deux furfaces; & par conféquent, le pre- mier de ces finus eft plus grand que le fecond. Au moyen de quoi les der- nicres directions XY=, TZ de ces rayons dans l’air doivent être con- vergentes. 7 e mr: IV. Si la furface poftérieure EE eft concave , les rayons décompofes devenus après leur réflection fur fa concavité moins divergens qu'ils ne l'étoient auparavant , ou mème convergens, felon qu’elle eft plus ou pre grande, rendront à fe croifer ou avant ou après leur émergence du verre. V. Si la furface poftérieure CC eft concave , & ne left qu'à un certain point feulement , les direétions x , r £ que ces rayons différemment re- frangibles fuivront dans le verre, & celles xy, 17, qu’ils prendront enfuire dans l’air , feront feulement moins divergentes que lorfque la furface CC é:oit plane. Il en réfulte, qu'après leur émerfion du verre, le rayon violet x y du faifceau doit moins s’écarter du faifceau incident SG que le rouge 1x ; ce qui fait voir comment, dans l’expérience du N°. 18, faite avec les verres à bifeau , lorfque la direétion du trait de lumiere incidenr eft felon le fens CD (fig. 5 ) la bande bleue de l'iris , produite par la feconde gerbe de rayons qui eft réfléchie fur la furface un peu concave de la cou- che d'air contigué à la furface poftérieure du premier verre , eft tournée du coté du trait de lumiere incident CD. VI. Si la furface poftérieure DD (fig. 8) eft concave & l’eft médio- crement , les directions VX , RT , que les rayons différemment refran. gibles fuivront dans le verre, feront moins divergentes que quand certe furface eft plane , & les directions XY , TZ qu'ils prendront dans l'air à leur émergence du verre, en feront plus convergentes que dans l’au- tre cas. Il en réfulte, qu'après leur émergence du verre , le rayon rouge TZ du faifceau s’écarte moins du faifceau incident SG que le violer XY ; ce qui fait voir comment dans l'expérience du N°. 18, lorfque la direction du trait de lumiere incident eft felon le fens AB; (fig. s ) il arrive, qu’au moyen de la décuflation des rayons différemment refrangibles amenée par leur convergence mutuelle, la bande rouge de l'iris, pro- duite par la feconde gerbe de rayons réfléchie fur la couche d’air logcæ eutre.les verres , eft rournée du côté du rayon incidenr AB. 370 PAT MST. 20 MU MNE: VII. Si un faifceau de lumiere SG entre d’un milieu dans un autre plus refringent (de l'air dans le verre) contenu entre deux furfaces Xx, EE ( fig. 8 ) planes & paralleles entr'elles; & pafle au-delà dans un mi- lieu femblable au premier, fes rayons hétérogenes féparés à leur émer- fion dans le fecond milieu, & divergens , deviendront paralleles dans le troifieme , puifque leur finus de réfraction à leur entrée dans celui-ci, doivent tous être égaux au finus d'incidence du faifceau SG fur le fecond miliey , & par conféquent égaux entr'eux. Si la furface poftérieure du premier milieu (du verre ) eft in- cliné eà l’antérieure , le parallelifme des rayons émergens ne fubliftera plus. VIIL. Si la furface poftérieure, inclinée comme CC, l’eft moins aux rayons décompofés que ne l’eft la furface EE , parallele à l'antérieure , ils divergeront en entrant dans l'air, car la direction G« du plus refran- gible, & celle G7 du moins refrangible , étant moins inclinées au plan de refringence CC que dans le cas du parallelifme des deux furfaces , le rapport du finus de réfraétion du plus refrangible à celui du moins refrangible, à leur paffage du verre dans l'air , doit ètre moindre que dans le cas du parallelifme de ces furfaces | & par confequent le pre- mier de ces finus être moindre que le fecond; au moyen de quoi les dernieres directions 4h, r f (fig. 9) de ces rayons dans l'air feront di- vergentes. IX. Si la furface poftérieure inclinée comme DD (fig. 8) l’eft davan- rage aux rayons décompofés que ne l'eft la furface EE, ils feronr con- vergens à leur entrée dans l'ait ; car de ce que les directions GV du plus refrangible , & GR du moins refrangible font plus inclinées au plan de refringence DD , que quand les deux (urfaces du verre font paralleles , le rapport du finus de réfraction du plus refrangible à celui du moins re- frangible , à leur paffage du verre dans l'air, doit être plus grand que dans le cas du parallelifme de ces furfaces; & par conféquent , le pre- imier de ces finus doit excéder l’autre , au moyen de quoi les dernieres directions VH, RF (Jég. 9) de ces rayons dans l'air feront conver- gentes. X. Si la furface poltérieure du verre, parallele comme EE (fig. 8) à la premiere, eft concave du côté oppofe à celle-ci , les directions des rayons décompofés , qui dans l'air ultérieur, étoient paralleles entre elles, quand elle étoit plane, y deviendront convergentes. XL. Si la furface poftérieure , inclinée comme CC eft concave, | les Li FPUr Or or To Iv +: 37Y les direétions x, rf, (fig s) qui, felon le huitieme cas font déja divergentes ; quand certe furface eft plane , divergeront encore da- vantage. XII. Si la feconde furface inclinée comme DD, eft concave, les di- rections VH, RF qui , felon le neuvieme cas , font convergentes, quand cette furface eft plane , convergeront encore davantage. Il réfulte des onzieme & douzieme cas, que dans l’expérience du N°. 15, les axes des diverfes divifions de rayons hérérogenes , qui com- IP la portion du trait de lumiere , qui pénetre dans l’air logé entre es deux verres, doivent, en y entrant, être divergens , quand le rayon incident eft dirigé felon le fens DC, (fig. s ) & convergens quand il eft. dirigé felon le fens AB. XII. Si les rayons décompofés & divergens A , rf, (fig. 9) parvenus dans l'air, qui efl au-delà de la lame de verre, y rencontrent un nou- veau plan de réfleétion f A, incliné en fens contraire à l’inclinaifon du plan CC, & qui foit convexe, les directions Ar, fm de ces rayons ré- fléchis feront plus divergentes que les directions 24, r f. XIV. Si de mème les rayons décompofés & divergens VH, RF, pat- venus dans l’air au-delà de la lame de verre , rencontrent un autre plan de réfection FH , incliné en fens contraire à l’inclinaifon du plan DD, & qui foit convexe, les directions HN , FM de ces rayons réfléchis feront moins convergentes que les directions VH, RE. " C’eft ainfi que dans l'expérience du N°. 14, les axes des divifions de rayons hérérogenes du trait de lumiere , après leur réfleétion fur le fe- cond verre, font divergens, quand le trait de lumiere incident eft di- rigé felon le fens CD (fig. 5) , & convergens quand il eft dirigé felon le fens AB. r XV. Si les rayons décompofés réfléchis & divergens , cas treizieme ; hn, fm, (fig. 9) font ramenés fur la furface CC, qui leur préfente fa convexité , & pénetrent de nouveau dans le verre, leur divergence n'y doit efluyer que peu d’altération, parce que fi d’un côté la plus grande refringence du verre & la convexité qu'il leur préfente , font propres à la diminuer , d’un autre côté , la propriété , en vertu de laquelle à leur immerfion dans le verre le plus refrangible À» tend à s'approcher davan- tage de la perpendiculaire que le moins refrangible fm, eft Pepe ici à l’augmenter. Ainfi les directions 2x , me qu'ils y prennent, oivent être à-peu-près aufli divergentes que les direétions An, fm. Tome I, Part, FV, Bbb 87 P.-£# + 5-1 Q_U €. XVI. Si les rayons décompofés , réfléchis & convergens , cas quatot* zieme, HN, FM font ramenés de mème fur la furface DD qui leue préfente fa convexité, & pénetrent dans le verre , leur convergence doit n’y fubir non plus que peu de changement, parce que fid’un côté la plus grande refringence du verre, & la propriété , en vertu de laquelle à leur immerfon dans le verre le plus refrangible HN tend à s'approcher da- vantage de la perpendiculaire que le moins refrangible FM font propres à diminuer leur convergence ; de l’autre côté, la convexité que le verre préfente à ces rayons, eft d'autant plus propre, qu'eile eft plus grande à l'augmenter; & par-là les directions NX, MT de ces rayons dans le verre peuvent être auf ou plus convergentes que leurs direétions HN, EM. XVII. Si les rayons décompofés & divergens , cas quinzieme 7x, mt abordent fur la furface antérieute : G du verre , & paffent au-delà dans Vair, ils y doivent diverger encore plus, quoique la propriété, en vertu de laquelle le plus refrangible rx tend à leur immerlion dans l'air à s’écarter davantage de la perpendiculaire que le moins refrangible ze ;. tende par-là à diminuer. cette divergence; & les dernieres directions xy3 tx dans l'air ne peuvent manquer d'être divergentes. XVIII. Si les rayons décompofés & convergens, cas feizieme NX ;. MT parviennent à la furface antérieure TG , & paflent au-delà dans l'air, ils y doivent converger encore davantage & d'autant plus que la ropriété, en vértu de laquelle le rayon le plus refrangible NX tend à Lil immerfion dans l'air, à s'écarter davantage de la perpendiculaire que le moins refrangible MT , tend ici à augmenter cette convergence ;, au moyen de quoi leurs dernieres directions XY , TZ dans l'air ne peuvent manquer d'être convergentes & de fe croifer. On voit par les dix-feptieme &c dix-huitieme cas comment dans l’ex- périence du N°. 14 la bande bleue de l'iris, produite par la troilieme gerbe qui eft réfléchie fur la furface du fecond verre , eft tournée du côté du rayon incident lorfqu'il eft dirigé felon le fens CD, (fig. s) & comment c'eft la bande rouge de cette iris qui eft tournée du côté du rayon incident dirigé felon le fens A B.. XIX. Si les rayons décompofés & divergens , cas onzieme uk, r f; (fig. 9) pénetrent au-delà du plan fA dans un milieu plus refringent , que je fuppofe êrre une lame de verre qui leur préfente une furface un: peu convexe, & ce font lescirconftances du quinzieme cas. Ainfiles di- rections Ap, fk qu’ils prendront dans le verre , doivent être à-peu-près: aufli divergentes que leurs directions u A rf. PHIM IEP US ter Lo ur en 373 XX. Si les rayons décompofes & convérgens, cas douzieme VH, HF paflent au-delà du plan FH dans un milieu plus réfringent ( dans Ja feconde lame de verre) qui leur préfenté une furface convexe , c’eft le feizieme cas ; leurs directions HP, FK dans le verte pourront donc être aufli, ou plus convergentes que leurs diréctions VH, RF. - XXI. Après la réflection des rayons divergens , cas dix - neuvieme hp, fk fur la couche d'air contigue à la furface poftérieure de la fe- conde lame de verre , qui conferveroient leur même divergence, fi cette couche d'air étoit plane, ils en perdront une partie fi elle eft un peu concave ( cas cinquieme ). XXII. De même , après la réfleétion des rayons décompofés & con- vergens , cas vingtieme HP, FK fur la conche d'air contigue à la fur- face poftérieure du fecond verre, qui continueroient à l'être également, fi elle étoit plane, ils Le feront davantage, XXII. Si les rayons décompofés p/, ki & divergens, cas vingt- unieme , traverfant le plan fA paflent dans l'air qui leur préfente une furface concave , ce qui elt comme dans les huitieme & onzieme cas, leurs direétions /, im dans l’air , divergeront encore davantage. XXIV. Si les rayons décompofés en convergens , cas vingt-deuxieme, PL, KI traverfant le plan FH, fe rendent dans l'air qui leur pré- fente une furface concave, ce qui eft comme dans les neuvieme & douzieme cas ; leurs direétions LN , IM dans l'air feront encore plus convérgentes. XXV. Dans le reftant de la route que parcourent les rayons décom- pofés & divergens / n, im, ils fe trouvent au paffage du plan LC dans les circonftances du quinzieme cas , & au paflage du plan £G dans celles du dix-feptieme cas ; & par conféquent leurs dernieres directions à leur émergence dans l'air xy , cz doivent être divergentes, XXVI. Pareillement, dans le reftant de la route que parcourent les rayons décompofés & convergens LN , 1M, ils fe trouvent au paflage du plan D D dans les circonftances du feizieme cas, & au Fe du plan TG dans celles du dix-huirieme cas; & par conféquent leurs der- nieres directions XY, IT Z à leur émergence dans l'air ambiant, doi- vent être convergentes , & fe croiferont. On voit par les vingt-cinquieme & vingt-fixieme cas comment, dans Bbbij 374. { PQ. PRE SACACHÈS 2e PL AU l'expérience du NS. 14, la bande bleue de l'iris, produite par la qua- trieme gerbe , qui eft réfléchie fur la couche d'air contigue à la furface poftérieure du fecond verre , eft tournée du côté du rayon incident , quand il eft dirigé felon le fens CD , (fg. 5) & comment c’eft la bande rouge de cette iris qui eft tournée du côté du rayon incident, quand il eft dirigé felon le fens AB. \ Anricre Il. Tableau des déviations de la lumiere dans deux verres plans, très inclinés l’un à l’autre, E A u. * PRFAUr IR. Rayon incident diri-[Rayon incident dirigé . fRayonincidentdirigé| Rayon incident dirigé gé vers le fommer delvers l'ouverture de cer vers le fommet de cet|vers l'ouvereure de cer l'angle d'incinaifon fangle: ) A Angle. angle. % | des verres, FGR 45 o 2.0" "0"! FGR gs" o!°0o!! 45° o! o!" HGR Z2SUN IT 7 3E90%. ll CHGR SLR 1128 ei 5 Gas 28 7 hs 8 10420) GHS 18 7 139 26.4 1ft3 HS 2RSv7 85 a -IHS 28 7-1 \£8 x Fr {HIT 8 6 8 1 $ +30 SHIT 18 Gui 32h ÿ jait3o BIT 44 53 whsotbsie BIT 44 58 6 45 1 50 ee 23 7 SIQUE Sais DAT EP: 28 1 KHS 33 6 7 491_,1 ||CKHS 44 59 2 par 45 9 S#?_r EKV 33 7 6 49 HKV 45 © 44 59 54 LRV=HKV3 7 6 49 = 1 |, LKV=HKV 45 o RUE ie KLX 33 8 s 49 SOS PANNE LE 44 58 54 MLX 28. 5 6 + ul MX 28 8 si "23 652) Lao : Le 28 S$ AE LMY 28 735% 3° |28 PEN YMC 45 1 58 45 1 YMC 45,0 $ 44 59 41 Sr 33 7 6 49 re AS TE 44 59 #, 26,2 77 7 10 mg, K 2 7 321 ;\25 Des PT CNV 28: 7 7 oo CNV 28° 7 m3 18 7 58) 4 …| CNO 281710 7 40 a CNO 28 402 28 7 58 cn Rinoz 28. 6 8 108 +30" FNOZ 28 6 Fi DL 18 8 HSE | POZ 23116 8 ste POZ 44 58 8 + |+5 145% r ‘ ea 337 7 © Rs 14 55 s } 45 © 45 z 7 7 20 U E 7 | 28 CS #1 ) Ho 28: 7 7 30 PQB 28 G Me 23 #4 29 trQD [és o33 Mr@D assis [is 5 Cette Table eft calculée d’après les élémens fuivans : 19. Que les furfaces GQ, PH ( Voyez la figure 10) du premier verte font planes , & forment un angle de 30”, ainf que* les furfaces OK & N du fecond: 4 } 2°, Que l'angle d'inclinaifon de ces .deux verres eft d'une minute. 3°. Que l'obliquité du rayon incident FG eft de 45 degrés. ° J'en ai fair le calcul pour deux cas différens ; favoir celui où l'efpace intermédiaire PEO feroie occupé par de Pair, & celu£ où il feroit occupé par de l'eau. l J'avois le rapport du finus d'incidence au! finus d'infraétion au paffage de la lumiere de l'air dans le verre, comme Paz à fon paflage de l'eau dans le verre, comme 12+à 11. J'ai fait auffi le calcul dans chacun de ces deux cas pourun rayon FG, qui fe dirigeroït fur les verres dansun fens qué endroit à l'approcher du fommer de l’angle E de l'inclinaifon des deux verres, fig. 10 , & aufli pour un rayon qui s'ydirigeroit dans un fens qui endroit à l'approcher de l'ouverture de cet angle, ffg. 11. Obfervat. d’'Edim- bourg , 1771, M É TH OD'Æ Pour déterminer la force & la direétion des tremblemens de terre, par M. WARK, Minftre à Haddington (1). Le 26 Décembre 1764, étant alors à Lisbonne , je fus éveillé entre deux & trois heures du matin par une forte pluie accompagnée de vents furieux & d’une quantité prodigieufe d’éclairs , dont la couleur tiroit fur Le pourpre: les ronnerres furent très-fréquens jufqu'à midi, cepen- dant fur les onze heures le foleil parut. Demi-heure après nous effuyames une fecouffe violente, qui fut précédee d’un bruit fourd , & le calme fuccéda pendant une demi-heure. Plufeurs perfonnes m'ont affuré que cette fecouffe fut aufli violente que celle du grand tremblement de terre qu'on éprouva au commencement du mois d'Oobre précédent, & différente de celles qui précéderent. Les premieres confiftoient dans une efpecé d’ondulation.. Le mouvement de celle-ci étoic perpendiculaire; comme elle ne dura que deux fecondes, elle ne caufa aucun dommage, à Fexceprion de quelques crevafles qui fé formerent dans les murs des Eplifes & des autres bâtimens conftruits avec folidité. J'ai imaginé depuis cetre époque une: méthode pour déterminer la force & la direétion d’un tremblemenc de rerre. On prendra à cer effet un vaifleau qui fafle portion d’une fphere de trois à quatre pouces de diametre. On le pofe fur le plancher, & on poudre fes paroïs intérieures avec une houpe à poudrer , après quoi on verfe dedans & peu à peu d’eau commune. La moindre fecoufle fait monter l’eau dans le vaiffeau ; & comme l’eau entraîne la poudre avec elle, elle indique par là la force & la direétion du tremblement de rerrer Cette méthode fimple & facile engagera peut-être quelques curieux à pouller plus loin leurs recherches. S'ils renotenr un regtftre exaét de la force & de la direction des tremblemens de terre dans tous les lieux du globe qui y font fujers, peut-être parviendroit-on à des découvertes utiles. Comme l’eau eft fujette à une prompte évaporation , on pourra la fubftituer par du mercure; alors on couvrira le vaiffeau avec un carreau de verre bien traufparent, afin que la poufliere ne puiffe y entrer. qq (1) La méthode de M. Wark eft l’oppofé de celle que nous avons publiée dans le Yolume de Juiller 1771, Tome I, p.1, préfentée à l’Académie Royale des Sciences, par M. Duvaucel. Ces deux méthodes concourentiau même but, & nous paroiffenr auf utiles & auf fimples l'une que l'autre. PH Tv tr QU 399 PE CN DE ESP I IP D MR 4/0 ECS MOD DENT LE SOMMEIL DES PLANTES, Et la caufe du mouvement de la fenfitive expliquée par M. HILL , dans une Lettre écrite à M. le Chevalier Von-Linne. A va NT de préfenter la Differtation de l’Auteur Anglois , il eft efferr- tiel de faire connoître ce qui avoit été écrit avant lui. Certe efpece de précis eft conforme au plan que nous nous fommes propofé, & nous devons tracer la marche de lefpric humain dans les Sciences, & le point où elles font reftces. Peu d’Auteurs fe font appliqués à déterminer la caufe d’un phénomgne qui devoir depuis long-remps fixer leur admira- tion. M. le Chevalier Von-Linné, après avoir enrichi la Botanique hiftorique d’une foule d’obfervations neuves , a encore la gloire d’avoir créé plufeurs parties effentielles de la Botanique philofophique. Nous lui devons beaucoup de Differtations qui offrent des vues rrès-précieufes. Le fommeil des plantes n’a pas échappé à fa fagacité. Ce phénomene s'eft préfenté à lui par un hafard-aflez ordinaire dans les recherches-philo- fophiques. Intéreflé à obferver le lotus ornirhopoïdes que lui avoit envoyé fon illuftre ami M. de Sauvages, il le recommanda à fon Jardinier, fous prétexte qu’il n’avoit donné que deux fleurs , & parce qu'il n’avoic pu les examiner dans la journée. Il fur très-éconné fur le foir de ne plus découvrir ces Aeurs : le lendemain matin elles reparurent , & fe cache- rent de nouveau fur le foir , de maniere à ne pouvoir être remarquées. Le troifieme jour , mème phénomene. Enfin notre Naturalifte obfervz que trois feuilles les enveloppoient tellement pendant la nuit, qu’elles les déroboient aux yeux les plus clairvoyans. Ceux qui favent avec quel zèle le Chevalier Von-Linné pourfuit fes obfervations:, doivent penfer que celle-ci ne fut pas ftérile. En effec, il entrepric bientôt dans le jardirm d'Upfal des herborifations noéturnes, &, la lampe à la main , chaque plante fur foigneufement examinée. Il vit avec cette joie qe les Bota- niftes feuls peuvent goûter, que chaque plante eft affectée d’un fommeil particulier , & qu'elles imitent en quelque maniere par leur attitude: celles que les différens animaux offrent depuis long-temps aux obferva- teurs. Bientôt un examen plus réfléchi augmenta les réfultats. 1°. Notre Naturalifte s’aflura que les jeunes plantes éroient plus dor- meufes ( 1} que celles qui tendoient à la vieilleffe. 1°. Que l'abfence feule de la lumiere caufoir ce phénomene, (@}), M Hilln'eft pas d'accord fur ce point ayec M. le Chevalier Von-Linné, 1375 SP er 7 ss à 0 w appelléimproprement fommeil des plantes ; que le froid de la nuit n’en étoit-pas la feule caufe, puifque celles qui étoient dans les ferres chau- des étoient foumifes comme les autres à cette efpece de repos. 3°. Que les feuilles, fuivant qu’elles éroient fimples ou compofées , difpofées en anneaux ou confufes, ou alternes , préfentoient différentes formes: pendant le fommeil , c'eft-à-dire, fe replioient d'une maniere différente. 4°. En examinant la fituation des bourgeons des feuilles ou des fleurs, prèts à fe developper refpeétivement aux feuilles déja épanouies , 1l crut faifir l'intention de la nature dans ce mouvement des feuilles , appellé fommeil. Notre Auteur penfa que par la les jeunes poulfes éroient fure- ment mifes à couvert des injures de l’air , des rofées nocturnes, des froids brufques, imprévus, &c. Nous devons efpérer qu’à dater du milieu de l'été 1755 (1) jufqu'à ce jour, le Botanifte Suédois aura muliplié fes reéherches, qu'il aura fourmis à fes obfervations toutes les plantes du jardin d'Upfal, & une grande partie de celles qui font défignées dans fon Ouvrage intitulé : Flora Suecica. Mais dans fa Differtarion publiée en 1755 , il ne coni- dere ce fommeil que fous dix points de vue différens , & 1l applique ces dix formes générales feulement À cinquante-une efpeces de plantes. Ces modifications font rendues fenfbles par des gravures , auxquelles nous renvoyons nos Lecteurs, de même que pour la Differtation qui mérite d’être lue. M. Adanflon, de l’Académie Royale des Sciences de Paris, dans un Ouvrage intitulé : Farrille des Plantes ; imprimé à Paris en 1763, t. Lys pag. ’55 , s'explique ainfñ, N°. II, Mouvement de plication : » Dans » l'état de l’air le plus favorable à la végétation, c. à d. d'une chaleur » ümide & vaporeufe, come dans les tems couverts difpofés à l'orage , » les feuilles pinnées de plufieurs plantes , teles que les légumineufes , > s‘érendenc fur le même plan que leur pédicule comun. La mème chofe » arrive à la fenfitive tenue plufeurs jours dans une çave. | » Lorfque le foleil donne vivement deflus, eles fe redreffent & fe » relevenr verticalement en deffus en formant un angle droit avec leur » pédicule comun, & en s'appliquant par leur face fupérieure contre » celes qui leur font oppofées. La füurface fupérieure de plufeurs feuilles » fimples érant expofce pareillement à un foleil ardent, deviennent de » même concaves, Ce qui faic voir leur analogie avec les feuilles pin- » nées; cela fe remarke dans la figesbekia ; Purena, &c. La chaleur ar- » tificiele d’un Fer rouje ou rès-chaud , fait Le même efer fur les unés ëc 5 — I Fi (x) L'Auteur publia, le ro Décembre 175$, fa Differtation intitulée : Somnus Plan- arüm. Ellé a été inférée dans le quatricme Volume des Aménités académiques , pige 533° » les Pa x SU TO AN LE. 379 » les autres ; maïs la plante en fouffre. J'ai remarqué que plufeurs ef- # peces de chenopodion élevoient ainfi leurs feuilles rous les foirs après le foleil couché , & les érendoient tous les matins après fon lever, » lorfqu’il agit immédiatement deffus. » Dès que le foleil eft couché, & pendant la fraîcheur de la ofce, » eles s’inclinenc & pendent verticalement en bas, en formant un angle » droit avec leur Heule comun , & en s’approchant par leur face infé- » rieure de celles qui leur font oppofées. Une rofée artificielle produit » le même efer. Ce mouvement a été remarqué non-feulement dans » les légumineufes, mais encore dans l’ufééroforus , la balfamina impa- n tiens ; BC. » Nous ne favons pas fi d’autres Botaniftes ou Phyficiens ont fair des obfervations neuves fur le fommeildes plantes.Plufeurs ont répété ce qui a été dit par le Chevalier Von-Linné , & il eft inutile de le rapporter 1ci. Mais il feroit important , après avoir dérerminé les caufes du fommeil des plantes, d'expliquer pourquoi quelques Beurs s’épanouiffent feule- ment après le coucher du foleil ou pendant la nuit : cel eft le mrirabilis Ja- lapa. Lin. Syst. NAT. p. 168 , vulgairement nommé belle-de-nuit des jardins. Paons actuellement à la Differtation de M. Hill. L. L2 Sommeil des Plantes. Ox a obfervé depuis long-temps que les feuilles de certaines plantes prennent pendant la nuit une difpoñtion différente de celle qu’elles ont pendant le jour. Acosra a remarqué cette propriété dans le camarin. ArrNus, dans ce mème arbre, dans l’abrus (1) & dans plufeurs autres plantes d'Egypte , & vous avez la mème obfervation fur plufieurs plantes de l’Europe. , : Cet Auteur croit que la nature a employé cet expédient pour garantir des injures de l'air les parties les plus nobles , telles que les fleurs & les fruits, & il fe fonde fur ce que les feuilles du ramarin fervent comme d'enveloppe aux bourgeons. À R ay a rejetté cette opinion , quoiqu'il convienne du fait, & vous l'avez adoptée. Il me paroït que ce changement eft un effect naturel qui réfulte des propriétés communes des corps & de leurs opérations réci- proques, & que l’Auteur de la nature l'emploie dans plulieurs cas pour certe fin importante. s Les Auteurs modernes ont poulfé plus loin cette découverte , mais ee ee RSR | (x) Efpece de pois d'Egypte (*). j (*) Glycine foliis pinnasis conjugatis , pinnis ovatis, oblongis, obtufis. Tome TI, Parc. F. Ccc 339 PU TEE AIS MT MIONETNCE: vous l'emportez fur eux à cet égard ; & je fuis perfuadé que vous vous: ferez un plaifir de m'aider dans cette recherche. Le Public ne peut que vous favoir gré d’avoir fuivi les pas de la na- cure, & de lui avoir communiqué vos obfervarions. Rapporter ces faits, c'eft donner l’hiftoire de la nature ; mais on peut aller plus loin ; & malgré la foibleffe de l’efpric'humain, il ne faut quelquefois que de la: hardiéffe pour découvrir leurs caufes. Plufieurs Naturaliftes fe font efforcés de découvrir la caufe de cette: propriété des végétaux, mais fans pouvoir y réuflir. Quelques-uns Font regardée comme l’effer du froid & du chaud; mais on efkrevenu de certe erreur depuis qu’on s’eft apperçu qu’elle a également lieu dans les ferres, où fa température de l’air eff roujours la méme. - D'autres l’ont attribuée à la bonne & la mauvaife difpofition de la: plante ; mais cette opinion n'eft pas plus vraie que ce que vous avancez ;. qu’elle eft plus fenfble-dans les jeunes planres que dans les vieilles. On va voir par les expériences fuivantes , que les plantes dormeufes & les plantes fenfitives ont beaucoup d'affinité entr'elles ; que leurs mou- vemeus, quoique différens , dépendent du mème principe; que:plulieurs: dormeufes ont à-peu-près les mêmes qualités que les fenfivivès ; enfin, que ces dernieres en ont qui leur font propres. Ce que je viens de dire prouve la connexion des fujers; & cetre con-- nexion conduit à la découverte de la caufe de leur mouvement, ainf: qu’on va le voir par les expériences fuivantes : Si je puis fermer les feuilles de l'Abrus à midi ,. & les rouvrir lorf- {, qu'il me plaira, vous conviendrez , je penle , que je connois la caufe de- leur changement de poñtion, Si je puis fermer de mème celles de la fen- fitive fans les toucher, en écartant la caufe qui lestienr droites & ouver- tes, vous conviendrez aufli que je connois ia caufe de leur mouvement. Nous connvilfons toujours la caufe des effets que nous fommes em état de produire ; -& les expériences font la véritable pierre de rouche- du raifonnement. ET: De la Struëlure des Feuilles en général. Nous voyons plufieurs plantes dont les feuilles fe ferment à l’entrée- de la nuir. Le fair eft auffi évident qu'il eft extraordinaire ; mais on fait que tout effer a une caufe, & il fauc la découvrir, non: point par des con- jectures vagues, mais par la connoiïffance qu’on à des propriétés des corps, & de l'influence qu'ils ont dans différens cas les uns fur les autrés. IL eft aifé de connoître la ftruéture des plantes, & fur-rout celle de feurs feuilles; 11 ne faut pour cet effer qu’un bon microfcope :on décou- ve, par fon moyen, leurs plus petits vaiffeaux, PANIER AR 00, AU 381 * Entre les deux pellicules de la feuille, qui font des continuations de l'enveloppe extérieure de la tige, rampent une infinité de groffes fibres, & quantité de petites dont la forme eft extrémement variée. Les plus gros vaiffeaux font d’une fubitance ligneufe , creux, & vont en diminuant , à commencer de la bafe de la feuille. Ils fe réuniflent dans le périole, & c’eft la moëlle de l'arbre qui.les fournit. Ils fervent à foutenir la feuille dans fa pofition naturelle; & cette pofi- tion change lorfque quelque caufe externe ou interne les affecte. Telle eit la ftructure de la partie foumife à l'influence dont je parle; il ne s’agit plus que de connoîïtre ce qui l'affeéte ; & pour y parvenir, 1l nous refte à examiner ce qui a le pouvoir de le faire. Les feuilles ainf conftruites, font toujours environnées d'air, & fou- mifes à l'action de la chaleur , de la lumiere & de l’humidirée. Comme l'air varie fans celle , on doit regarder les altérations qu’il éprouve comme les caufes fubordonnées de ce changement. Ce font. là les feules chofes qui agiffent & influent fur les plantes. Les corps n'agiflent fur les corps qu'en les touchant ; & c'eft parnu ces agens qu'on doit chercher la caufe du changement dans les feuilles. Ils font naturellement compliqués, & il y a des occalions où ils agiflent tous enfemble. IL faut donc obferver les effets qui réfulrent de leurs combi- naifons mutuelles dans leur état naturel; & après avoir afligné dans ces cas l’efer qui provient de cette caufe particuliere , en déduire les opé- rations de l'agent , quel qu'il puifle être , qui agit de concert avec les autres. PAT Obfervations faites dans différentes contrées , [ur les Plantes dormeufes. C’est dans les feuilles aîlées , qui font compofées de plufieurs lobes, ou de feuilles plus petites portées par un mème pétiole , que ce change- ment de pofñtion eft fur-tout remarquable. Tenons-nous donc à celles-ci. ; Les quatre agens dont je viens de parler font répandus dans tout l’u- nivers ; mais leurs opérations varient felon la différence des climats. Dans le nôtre, qui eft tempéré ( l'Angleterre ), les plantes qui ont des feuilles aîlées, ont leurs lobes paralleles à l’horifon , & montrent peu de fenfbilité à cet égard. Dans les régions orientales , où la chaleur eft plus grande, ces lobes ont la pointe rournée en haut, & changent aifé- ment de polition. La plupart de celles d'Egypte en changent. Dans les contrées ne, au contraire , leur pofition n’elt prefque jamais horifontale, & ne change prefque jamais. : Telles font les différentes 4âpparences de ces parties des plantes dans les climats chauds , tempérés & froids. Les mêmes obfervations nous montrent qu'elles ne font pas mojns affectées dans le même Royaume Cccij 352 BACH ST SON AUUNIE dans les faifons feches & pluvieufes. Dans les endroits où les pluies fone fort fréquentes, un changement de pofition dans les plantes aîlées , eft sür & immanquable. Celles dont les lobes forment dans le beau temps un angle obtus en deffus , en forment un pareil en deffous dans les remps plavienx. Telles font les obfervarions des voyageurs , & elles ont éré confirmées per les Botaniftes qui ont été fur les lieux. Les premiers attribuent ces effets à la chaleur , & les feconds à Fhumidité; mais on s’eft convaincu du contraire. On a vu ci-deffus qu'il arrive [a même chofe aux plantes qui font dans des ferres où la chaleur eft toujours la mème ; & j’ai éprouvé que l’humi- dité ne produit aucun effer fur elles. J'ai arrofé quelques plantes au point de les noyer , j'en ai lailé d’autres à fee , & je n’y aï apperçu aucun changement. Leurs feuilles fe font onverres & épanouiesle marin, & fe font fermées le foir à la mème heure & dans le mème degré. Il fuit delà que deux de ces.quatre agens naturels; favoir , la chaleur & l’humidiré , n’ont aucune part à cer effer. L'air eft trop univerfel, & dépend trop de celles-ci pour pouvoir l'admertre dans notre examen. FI faur donc s'en tenir à la lumiere, & je me fuis convaincu par plufieurs expériences , que le changement de pofition dans les feuilles des plantes dans les différens périodes du jour & de la nuit, provient de cer agenr. Telle eft la découverte que je me fatre d’avoir De & je vais tâcher de prouver qu'elle eft fondée fur la raïfon , & appuyée des expériences, Cet effet n’a rien d’extraordinaire lorfqu’on l’examine avec attentiorr. E: excluant les caufes fuppofées , j'ai découvert la vérirable ; car il n'y en a point d'autre; & fi l’on examine le fujer > d'après les principes que je viens d'établir, on fe convainora que l’effer dent il s’agit n’eft que: celui de la lumiere. Ce font la les découvertes marquées du fceau de la vérité ;que la raïfom dite , & que les expériences confirment, E V. Struëlure d’une feuille de lAbrus: Je mefuis propofé de découvrir le principe caché de ce changemenr.,. dans les qualités des corps , & de leurs opérations mutuelles. J'ai montré quelle eft la ftruéture des feuilles en général; & il con- gient maintenant de s'attacher à quelqu’une en particulier. Prenons pour cet effer une plante d'Egypte , puifque c’eft dans celles-ci que l’effer ef le plus fenfble , & entrautres l’abrus, dont les anciens Botaniftes. ont tant parlé. La. feuille de cette plante eft compofée de treize paires de fobes ; attæ PAS HAEESN TO GAL IE EE chées par des périoles coutts & minces, à la côte du milieu; & à la principale tige de la plante. En examinant la ftruéture interne avec le microfcope , on anperc nombre de fibres délicates, qui naiffent du centre de la principale tive, & qui monrent obliquement à travers les parties intermédiaires, jufqu'à la furface extérieure de l'écorce. Elles grofliffent dans cet endroit, & fe répandent en défcendant de chaque côté , & forment , fous l'enveloppe de la tige , la bafe du pétiole commun, ou de la côte du milieu de la feuille, De-là elles montent fous la forme d’un petit faifceau ferré vers l'ex trémité de la côte; & , comme il n’y a point de lobe impair pour ter- miner la feuille, elles fe terminent en une pointe couverte par les tégue mens communs. De chaque côté de cette côte du milieu naiffent les périoles des lobes féparés : ils font formés d’ane multitude de petits vailfeaux exrrème- ment ferrés, & enfermés dans une enveloppe qui eft une continuation de l'écorce de Ha plante. Il ya à la bafe de chaque lobe an autre faifceau de fibres qui vont dboutir à fon extrèmiré , & qui envoient des branches minces dans les différentes parties de la feuille. Telle eft la ftruêture particuliere de la feuille de Pabrus, lorfqu’après lavoir difféquée, on l’examine avec un bon microfcope. Elle eft con- forme à celle que j'ai décrite ci-deflus, de même qu'au cours ordinaire de la nature dans ces parties, & elle fert à expliquer le changement qu'é- prouvent les lobes dans leur poftion , fous les différenres influences de la lumiere. La lumiere eft un corps fubril, actif & pénétrant; la petireffe de fes parties fait qu’elle pénetre Le corps ; & fon mouvement eft fi violence , qu’elle produit fur eux les changemens les plus étranges. Ces effets ne font point durables, parce que les rayons qui les occafñonnent fe perdenc & s’amorriffenr. Les corps peuvent agit fur la lumiere fans la coucher , parce que les rayons fe réfléchiffent lorfqu’ils en approchent : il n'en eft pas de même de la lumiere, & fes rayons fe perderx lorfqu’elle vient à les toucher, Le changement que produit la lumiere dans la pofition des feuilles des plantes, eft l’effer du mouvement qu’excitent les rayons dans leurs Bbres;, mais il faut pour cela faire que la lumiere les touche ; & dans ce cas, elle: s’inçcorpore avec le corps , & s'éreint. re 384 P M NS TO E%: VE Caufe du changement qu'éprouvent les Plantes , & auquel on donne le rom de fommeil. Ce font là les propriérés invariables de la lumiere; & en confé- quence, les changemens qu'on lui attribue ayant une fois lieu , ils doi- vent fublfter aufh long-remps qu’elle fubfifte. L'élévation des lobes de ces feuilles eft l'effet dessrayons qui les frap- pent : ceux-ci fe diflipent à la vérité, mais ils font remplacés par d’autres pendant tout le cemps que l'air qui environne la plante ,-eff éclairé : auf voit-on qu’en plein jour les lobes reitent droits, & qu'ils penchent à mefure que le jour baille. Ce que je dis ici eft l’effet de l’action de la lumiere & de la ftructure des feuilles. On a vu que les pétioles de ces lobes font des faifceanx de fibres qui naïflent du centre de la tige’; qui pénetrent dans les lobes, & les fou- tiennent dans la potion où elles fe trouvenr, L'effet de la lumiere fur ces fibres eft de les tenir dans une vibration continuelle. C'’eft là l'effet naturel de limpulfion continuelle & de l'ex tinction des corpufcules dont elle eft compofée , & de la nouvelle impul- fion de celles qui leur fuccedent. j Il eft impoflible que ces fibres ainf ébranlés ; n’éprouvent une vibra- tion ; & certe vibration eft plus ou moins forte , felon que la lumiere eft forte ou foible. , Cette vibration eft fimple dans les fibres détachésÿ mais elle varie dans les groupes qui font placés à la bafe de la principalé côte & des pé- dicules des lobes. C'eft de l’action de la lumiere fur ces faifceaux de fibres que dépen- dent le mouvement & les différentes poltions que les feuilles prennent; & , en conféquence , ce mouvement varie , felon la ftruéture de ces faif- ceaux. ; À Ces faifceaux font épais & lâches dans l’abrus ; & de-là vient que les lobes font fufceptibles de trois pofitions différentes Ils font plus compactes dans le tamarin & la robine (1) à larges feuilles ; ce qui fait que le mouve- ment de leurs feuilles fe réduit à s'épanouir & à fe fermer de côté; à quoi contribue la direétion des fibres. Ils font plus petits & plus com- pates dans la parkinfon (1); aufli tout le mouvement de leurs lobes fe réduit-il à s'épanouir & à fe fermer par deflus. PRE Ie PEUT 0 PER p PEER), LRU EN ER UE un Ent AS RENE CS (x) Robini. (2) Parkinfonia aculeata. tin 1 ” PH Y S 1Q ur. Il fuir de-là que les effers de la lumiere varient felon la différence re feuilles ailées. Elle fait dreffer les lobes de quelques-unes , par exemple, de l'abrus ; elle ouvre & dilate celles de quelques autres , tellesique celles de la parkinfon. L'impulfon de la lumiere & les vibrations qu’elle excité font les mêmes dans rous ces cas; mais la direction du mouvement qu’elle produit dans les lobes , dépend de la direétion des fibres ; & fa quantité dans un degré égal de lumiere, de la ftruéture des faifceaux rériculés des feuilles des plantes. C'eft de quoi l'on s’apperçoir ; en examinant ces faifceauxavec le mi-- erofcope & le mouvement des lobes. Ce mouvement eft plus grand’, à proportion qu'ils font plus longs & moins compactes , & moindre dans le cas où ils font plus courts & plus ferrés. On fait que l'effet de la lumiere fur les corps eft d’excirer un mouve- ment de vibrarion dans leurs parties. La ftruéture des feuilles aîlées eft telle qu’elle eft fufceprible de certe influence , & capable de la perpé- tuer. Les faifceaux fibreux font des efpeces de jointures difpofées de maniere que les lobes font fufcepribles , lorfque la lumiere les frappe .. d’un certain mouvement limité. Comme lérar de l'eau, lorfque la chaleur ceffe d'agir fur elle , eft de’ fe convertir en glace ; de même la pofition naturelle de ces feuilles aîlées eft de pencher. C'elt-là leur étar de repos ;. mais l'intention de l’Auteur de la Nacure n’a point été qu'elles y reftaffent, parce qu'il s’oppofe à. la végérarion. L'effet de la nie cette vibration & le changement de poñtion de ces lobes. C'eit là la doctrine que j'avance ; & elle eft con- firmée par les expériences fuivantes. « VI Expériences fur une Plante d’ Abrus, Jr retirai, le 7 Août au foir une plante d’Abrus de fa Serre , & la pla-- gai dans mon cabinet, dans un endroit où le jour étoit modéré, pour que- le foleil n’agit point deffus. Ce degré de lumiere eft le plus égal & le plus naturel, & par confé- quent, le plus propre pour les premieres expériences. Les lobes des feuilles penchoient alors perpendiculairement, &-étoient: fermées par deffous. Elles refterent dans cet état pendant la nuit, & dans un parfait repos. Demi-heure avant le point du jour, elles commencerent à s'ouvrir, & un quart d'heure après le lever du foleil , elles prirent une pofition hori- fontale, & s’épanouirent entiérement, Elles pencherent long -remps: avant le coucher du foleil, & à l’entrée de la nuit ,.elles fe renfermerense par deffous.. 386 Par Or: 9S Tr FONMAME: Je tranfportai le lendemain la plante dans une chambre qui n'étoit prefque point éclairée. Les lobes s’ouvrirent le main, fans prendre une poñtion horifonrale, & elles fe refermerent à l'entrée de la nuit. Je la plaçai le troifieme jour fur une fenêtre fituée au midi, & fur laquelle le foleil donnoit à plein. Dès le matin, les feuilles prirent une potion horifontale ; elles fe redrefferent confidérablement à neuf heu- res , & elles refterenc dans cet état jufqu’au foir qu’elles reprirent peu à peu leur fituation horifontale , & fe refermerent de nouveau. Le foleil ne parut point le quatrieme jour. Les lobes prirent fur le matin leur fituation horifontale , fans fe redreffer , & ferefermerent vers le foir à leur ordinaire. VIRE Autres Expériences-fur la même Plante. Ces expériences montrent les effets des différens degrés de lumiere, & que c’eit elle feule qui produit le changement dont nous parlons. L'effet d’une lumiere modérée , je veux dire celle d'un jour ferein , dans un endroit où le foleil ne donne point, eft de faire prendre aux feuilles une pofirion horifontale. Une lumiere plus foible leur fait for- mer en deffous un angle obtus ; & fi elle eft plus forte , un angle obrus en deffus. Je plaçai , le cinquieme jour, la plante dans une chambre moins éclai- rée ; & fur les neuf heures , fes feuilles pencherent & formerent un angle obtus par deffous. Je la pe dans un endroit où le jour éroit plus grand ; &après un quart d'heure, elles prirent une pofition horifon- tale. Je la mis alors fur une fenêtre où le foleil donnoit, & les feuilles fe redrefferent comme auparavant; mais , l'ayant tranfportée dans la chambre , elles retomberent de nouveau. Tous ces changemens fe palie- rent depuis neuf heures du matin jufqu'à deux heures après midi : le temps étoit le même , & je ne fis que changer de place. Je la rins le fixieme jour dans un jour modéré, & fes feuilles prirent une pofition horifontale. Je fis le 7 ma derniere expérience. Il me paroît que, fi la lumiere étoit la feule caufe du mouvement des feuilles & du changement que leur poftion éprouve , il feroit aifé de la produire , en plaçant la plante dans un endroit obfcur. La chofe eft aifée à faire; & il réfulteroit des principes que je viens d'établir, au cas qu'ils foient vrais, qu’on pourroit opérer ce changement à toute heure du jour. Cette expérience prouve la jufteffe du raifonnement précédent. Si l'obf- curité fait pencher les feuilles , la caufe de ce mouvement eft vraie; & elle eft faufle , fi cela n’eft pas. C’eit à quoi tout le monde eft obligé d'acquiefcer. On pent révoquer en- PMAVYSSNLILONVME. 387 en doute les conféquences qu’on tire d'un raifonnement ; mais perfonne ne fauroit nier que nous ne connoiflions la caufe d’un changement que nous fomumes en état de produire. Le fixiéme jour au foir je plaçai ma plante fur une tablette de ma bibliotheque , où le foleil donnoit; je fermai la porte , & abandonnai le tout à la nature. Le cemps fur très-beau le lendemain : les feuilles qui s’étoient inclinées le foir, & qui étoient reftées dans cet état pendant la nuit, commencerent à s'ouvrir dès le point du jour ; elles quitterent à neuf heures leur poñcion horizontale, & fe redrelferent à l’ordinaire. Je fermai alots la porte de ma bibliotheque , la plante refta dans l’obf- curité; & l'ayant ouverte une heure après, je trouvai les feuilles auf inclinées qu’elles l’étoient à minuit. Elles changerent de pofition dès que j’eus ouvert la porte, & elles fe redreflerent au bout de vingt minutes. Jai répété plufieurs fois cette expérience , qui m'a toujours réufli. Il fuit de là qu'il dépend de nous de procurer au“ plantes cet érar de repos, de faire pencher leurs feuilles & de les redreller en les expofant à ï, lumiere, ou en les tenant dans l’obfcurité. Ces expériences prouvent que la lumiere feule eft la caufe de ce chan- gement; & nous fommes par confequent affurés que ce qu’on appelle le Jommeil des plantes n’eft que l'effet de l’abfence de la lumiere, & leurs états intermédiaires , celui de fes diflérens degrés. Vu LIT Du mouvement de la Senfitive. L’exPLICATION que je viens de donner conduit naturellement à une feconde découverte. Le mouvement de la fenfitive, dont aucun Philo- fophe n’a découvert jufqu’ici la caufe, dépend en grande partie des mé- mes principes ; & fon explication, qui, avant qu’on connût l'effet de la lumiere fur les feuilles des plantes , étoit obfcure, eft maintenant aifée à concevoir. La fenftive , outre la propriété finguliere qu’elle à de fermer fes feuilles & de les ouvrir, lorfqu’on la touche, eft fujette aux mêmes changemens que l’abrus & les autres plantes dont j’ai parlé. J'ai obfervé ces mouvemens narurels & accidentels dans la fenfirive commune ; mais ; avant d'entrer dans le détail de ces obfervations , il convient d'obferver que quelques autres plantes partagent avec la fenfi- rive la propriété qu’on avoit cru jufqu’à préfent qu’elle poffédoit feule. Cerre propriété finguliere eft l’eftec du mouvement qu’éprouvent les feuilles & leurs pédicules. Les parties ne peuvent changer de poftion qu'elles ne fe meuvent, d'où il fuir que l’abrus & toutes ces autres plantes font fufceptibles de mouvement. Tome I, Partie F, Ddd 388 PRAHVYNSTIMOUUME Elles ont encore cela de commun avec la fenfitive, qu’elles doiven® leur, mouvement à la lumiere; & la feule propriété qui lai eff-propre , eft qu'elle fe meur par une autre caufe, je veux dire par l’ébranlement de fes parties. MX: Rapport qu'il. y. a entre la Senfitive & les plantes dormeufes. CerrE mème propriété eft commune à quelques autres éfpeces., quoi- FE dans un degré inférieur; & j'ai eu dernierement un ramarin dont les: euilles. fe fermoient lorfque je le fecouois:. On en tranfporta un en fleur, de cinq pieds de hauteur, de ja pépi- niere de M. Liefe , à Sammerfmino, dans la rue Saint-James, où je loge : il étoir midi, &ilavoir fes Feuilles fermées, comme:ellesile font à minuit, & dans le mème état que celles de la fenfitive, lorfqu'on la: touche, Un abrus n’éprouva aucun changement dans les mêmes circonftances. Je conclus de là que les parties du ramarin font conftruites-de:meême! que celles. de la fenftive; mais qu'étant moins délicares, il faur les fecouer plus rudement pour leur faire changer de poñtion. Cette difpolition à fe mouvoir eft auffi moindre dans l'abrus , puifque: la lumiere ne produit ces effers qu’autanr qu’on le fecoue. Les plantes qui éprouvent ce changement de la part de la lumiere, léprouvent aufli, quoique moins univerfellement de la part du mouve- ment ; & toutes celles qui font fufcepribles de ce dermier, changent lorfque la lumiere vient à leur manquer. La lumiere donne à lears Feuilles cette potion que le ra@& leur fair perdre, & fon abfence produit le mème effet que le toucher ,. quoique. d’une maniere plus foible. La fenlirive a fes feuilles droites & épanouies à midi : les pédicules forment un angle aigu avec la principale tige, & les deux feuilles qui naiffent de chaque côté des premieres ou des plus baffes , font écartées lune de l’autre. Les lobes qui: compofent celle-ci font au nombre de: douze paires, dont la potion eft pareillement horifontale. Telle eft l'apparence de la jeune plante à midi : vers le foir les feuilles commencent à fe redrefler, comme dans la parkinfon , & leurs côres fe rapprochent : la nuit venue, les feuilles fe ferment parle haut, de même que celles de l'abrus par le bas; les deux côtés fe joignent... & le pédi- cule qui les fourient fe fane. Tel eft l’étar de repos dans lequel la fenfitive fe trouve naturellement tous les foirs, & on peut le lui procurer À midi ,.de même-qu'à l'abruss en la mettant dans un: endroit obfcur.. Por, Ts iu px L 389 X. Struëlure d’une feuille de la Senfitive , & caufe de fon mouvement. LA lumiere étant , comme on vient de le voir, la caufe du change- ment qu'éprouve l’abrus , il fuir qu’il en eft de même de la fenfrive. Il y a à la bafe du pédicule , qui tient à la tige principale, un faifceau de fibres qui naïfent de la partie médullaire, & qui percent les parois ligneufes de la tige. Les fibres montent de là en droite ligne jufqu’à l’extrémité du pédi- cule, d’où naiflent deux feuilles , & où fe trouve un autre Faifceau pa- reil. Ces dernieres fibres rampent le long de la côte principale, & forment de chaque côté d’autres faifceaux à la bafe de chaque lobe. D'autres fibres plus déliées aboutiffent à la feuille , & jettent des jets de côté & d'autre. C’eft ce qu’on découvre avec le microfcope; & ce que je viens de dire prouve non-feulement que les mouvemens naturels de la fenfirive font les mêmes que ceux de l'arus & d’autres plantes, maïs encore que la ftructure eft la mème, quoique plus compliquée. Pendant la nuit le taét ne fair aucune impreflion fur la fenfitive, parce que fes feuilles font déja fermées comme fi on les avoit touchées. Elles fe redreflent & s’épanouiffent pendant le jour , & c’eft alors qu'on s’ap- perçoit de l’effer dont il eft queftion. La lumiere développe les feuilles, fépare les côtes & redreffe les pé- dicules , en y excitant un mouvement de vibration. On à vu que cet effer eft produit dans l’abrus par les faifceaux de fibres placés à la bafe des pédicules. Comme ces faifceaux font au nombre de trois dans cette plante , le mème principe doit produire de plus grands effets que dans l'abrus , où il n’y en a qu'un. C'eft la vibration des parties qui fait épanouir & redrefler les feuilles de la fenfirive, & cela par l’effer du mouvement qui fe communique à chacune de leurs fibres. En touchant la feuille , on lui imprime un mouvement qui arrête le premier, & qui fait cefler la vibration : les feuilles fe ferment, leurs pédicules fe courbent ; parce que la vibration qui les tenoit ouvertes celle rout-à-fait. Une preuve que le mouvement de la fenfitive eft occalionné par la lumiere, eft que fes feuilles ne changent de poftion que lorfqu'elles font entierement ouvertes. Les jeunes, lors mème qu’elles ont fix lignes de long, n'éprouvent aucun mouvement, quelque fort qu’on les touche. Pour que ce mouvement fe perpétue dans les feuilles qui font en état de l’éprouver , il faut que les fibres qui font à leurs bafes aient acquis la olidiré requife : cela eft évident. En effer , lorfque les jeunes Dddij 330 ELHIUT STU RUN TE. Feuilles font une fois ébranlées , elles fe ferment à l'inffant qu'on Îles touthe; mais le pédicule n’éprouve cer effer qu'après qu'il a acquis plus de force. Le raét, quelque rude qu'il foit, n’agit fur le pédicule que lorfque la jeune feuille eft déyeloppée ; d’où il s'enfuit qu'il faur, pour que les fibres fituées À la bafe des lobes & celles qui font au fommer de la principale tige fe meuvent, qu’elles aient acquis leur confiftance. Comme les fibres ont befoin d’une certaine folidiré pour être fufcep- tibles de mouvement & pour le tranfmertre , il faut aufhi un concours de circonftances favorables pour les maintenir dans l’état où elles doivent ètre pour agir. Le froid durcit les fibres & les rend moins fufceptibles de mouve- ment: de là vient que la fenfitive perd une partie de fa fenfibilité lorf- qu'on la tire de fa ferre. Cet exemple prouve Îa correfpondance qu'il y a entre ce mouvement & ce que vous appelez le fommeil des plantes , lequel confifte à fermer leurs feuilles pendant la nuit; car comme la fenfive, lorfqu'on la ire de fa ferre, perd en partie la propriéré qu’elle a de fermier fes feuilles lorfqu’on la touche ; de mème le ramarin perd celle qu’il avoir de fermer fes feuilles fur le’foir. Cela viene probablement des fucs qui féjournent entre les fibres, & de ce que le froid rellerre fon écorce. Certe communication de mouvement des lobes à la tige eft moindre: que celle de la tige aux lobes. La fecouffe la plus rude qu’on puiffe don- ner à la plante, eft de frapper fa tige; mais elle n’influe point fur les jeunes feuilles qui ne font point encore développées. Voici encore une chofe qui prouve l’analogie qu’il y a entre l'effet d’un mouvement fubir & l’abfence de la lumiere : car à mefure que celle-ci diminue naturellement le foir, ou lorfqu’on ferme les fentrres de la chambre où eft la plante, Les feuilles fe ferment, & leurs pédi- cules fe renverfenr. . Une obfcurité totale fait plus d'impreffion fur la fenfirive que le taéë le plus rude. Celui-ci ne fait que fermer les feuilles féparées & recour- ber leurs pétioles ; les deux feuilles reltenr écartées l'une de l'autre: L'effet de la premiere eft infiniment plus fort: les deux feuilles fa collent & paroiffent n’en former qu'une. Cela prouve que lexpanfon de ces parties dépend entierement de l’effer de la lumiere, & que ; quoiqu'on puiffe la retarder par le moyen d'un coup violent, il n'y a que l’obfcurité qui puiffe Pempècher. Chacun peur faire lui même ces expériences & fes obfervations que je viens de dire au moyen d’un poële : elles font fures & invariables, &z les conféquences qu'on en tire certaines , n’y ayant point d’antre caufe. L'effet de la lumiere eft continue! rant qu'elle exifte. La plante dont les feuilles fe font fermées par le choc qu’elle à fouffert, elt inrimédiaz wment affectée par la lamiere dès que le jour commence à paroître , ou PES EE SAT h OL W”. À: za qu'on la tire de l'obfcurité où elle éroit : les vibrations commencent ; & fi le jour eft dans toute fa force, l'expanfion & l'élévation des feuilles fonc fi prompres, qu'on s'en apperçoit au bout de quelques minutes. Une preuve que le toucher n’affecte les feuilles qu'en leur imprimant un mouvement plus grand que leur vibration interne , c'eft que lorfqu'oit fe contente de les toucher avec le doigt fans les remuer, elles re fe ferment point, & que le contraire arrive lorfqu'on les agite. Si on fecoue le por fans toucher la plante , les feuilles fe ferment & leurs périoles fe courbenr : le vent produit le mème effer. Il paroît par là que l’expanfon des feuilles & l’élevation de leurs pé< tioles, dans les plantes ailées, ne font occalionnées que par la vibration que leur caufe la lumiere, & qu’elles ne fe ferment que lorfqu'elle leuc manque , ou qu'on les agite de maniere à arrèrer certe vibration. On peut rendre raifon par là des différentes apparences qu'ont les plantes ailées dans différens climars, & en afligner la caufe, qui n’elt autre que les différens degrés de lumiere. Dans les pays orientaux les feuilles font étendues, non point à caufe de la chaleur, mais parce que la lumiere y eft forte. Dans les contrées du Nord elles fe ferment , non point parce qu'il y fait froid , mais paice que le jour eft plus foible. Elles fe ferment pareillement dans les remys pluvieux, non point à caufe qu'il fait humide, mais parce que le temps eft fombre. Si elles reftent onverres en Egypte, c'eft moins parce qu'il n’y pleut jamais, que parce que le temps y eft roujours ferein. Pour fe convaincre de ce que j'avance , on n’a qu'à placer l'aérus fus une fenêtre expofée au midi : on verra que l’expanfon & l'élevation de fes feuilles font toujours proportionnées au degré de la lumiere, qu'elles fe reflentent également du beau & du mauvais remps, quoiqu'on laifle la plante dans le mème endroit. Les feuilles commencent à s'ouvrir avant que le foleil foit au-deffus de l'horizon, parce que l’air eft éclairé à proportion; elles commencent à fe fermer avant qu'il foit couché, parce que la fenêtre étant au midi la plante fe trouve dans l'ombre que forme le bâtiment, Dans les remps pluvieux que nous avons eu dernierement, les feuilles avoient la mème apparence que dans un pays fujer aux pluies : elles ne prirent jamais une pofition horizontale ; elles fe fermerent de meilleure heure le foir , & elles s’ouvrirent plus tard le marin. Une fenfirive qui étoir près de l'abrus éprouva la même altération; & je me fuis convaincu par plufieurs expériences que dans ces plantes-ci e mème que dans les autres, le degré d'élevation & d’expanfon des feuilles eft exactement proportionné au degré de la limiere, & qu'elles sx dépendent entierement. 2 que la fenfitive a été pendant quelques jours hors de Îa ferre , à perdu une partie de fa fenfbilité , on peut la toucher à pla 332 EU My DS 1 LME fieurs-reprifes fans que fes feuilles fe retirent; mais pour peu qu'on frappe deflus , elles fe ferment à l'inftant. On peut également déterminer par ce moyen l'étendue & les progrès du mouvement , felon la force qui le caufe. On fait , par exemple, qu'un coup léger n’agit que fur les lobes qu'on couche, & qu’un plus fort agit fur les lobes oppofés & fur toute la plante. Comme la ftruéture des plantes eft la même, & que le mème agent exifte par-tout, toutes leurs feuilles doivent avoir la même pro- priété, quoique dans différens degrés, fuivant la ftruéture de leurs parties. L’obfervation confirme, dans ce cas-ci & dans les précédens, les principes que j'ai établis. Certe évidence, il eft vrai, eft plus grande dans les unes que dans les autres; mais j'ai trouvé, après un mûr exa- men , que tous les arbres & routes les plantes font foumis à la mème loi, X I. Maniere de faire les expériences, Pour que les curieux, qui voudront faire les expériences qu’on vient de citer , ne trouvent aucune difficulté, je vais leur indiquer les plantes & les inftrumens dont je me fuis fervi. L'abrus étoic en fleurs , & avoit deux pieds & demi de hauteur ; le tamarin étoit un peu plus grand ; la fenfrive éroit jeune, & n’avoit que deux feuilles ailées fur chaque pétiole. Une pareille plante eft plus aifée à manier, & de là vient que je l'ai choifie par préférence; mais les mêmes expériences réufiflent également fur les fenfrives plus fortes. Je les ai venues fur une fenêtre expofée au midi, & je ne les en ai tirées que pour faire mes expériences. L’abrus fe conferve parfaitement dans cette faifon de l’année , étant placé comme je viens de le dire, & l'on peut garder la fenfitive quinze jours ou trois femaines , quoiqu’elle foit plus délicate que l’autre. L'appareil pour les expériences , indépendamment du microfcope , confifte en un canif & nn petit ais couvert de liege , de fix pouces de long fur trois de large. Pour fuivre la direction des fibres, & voir diftinétement les faifceaux qu’elles forment , il faut arracher une feuille d’abrus, en la tirant en bas, pour conferver les fibres qui fe trouvent à fa bafe. On la pofe à plat fur le liege, & on l’arrête avec une petite épingle plantée dans la côte du milieu, au-deflus de l'endroit d’où fort la pre- miere paire de lobes. 3 IL faut avoir une bougie qui éclaire bien , la main fure & un canif bien pointu. RE QMASUT LE ou €. On s’en fert pour fendre la côte du milieu, À commencer de l'endroit où s’inferent les premiers lobes , jufqu'à fa bafe. É L'objet n’eft point trop petit , ni pour la main, ni pour les yeux, & par conféquent on peut fe palfer de loupes. On verra par ce moyen le faifceau de fibres qui eft à la bafe de la prin- cipale tige, coupé en deux , fuivant la divifion de la tige , de même que leur direction & leur entrelacement. C'eft là la premiere expérience, & il eft heureux qu’on puiffe voir leur ftruéture fans difficulté , parce quelle facilite la connoiflance du refte, dont l'examen eft plus épineux. On verra la direction des fibres & leur réunion à la bafe des lobes, en Fendant un peu plus la tige; mais, comme la chofe n’eft pas aifée , j'ai coutume d'enlever le: haut & le bas de la feuille, & de ne laïffer que le morceau où font les deux lobes, & de le couper à travers le centre de leurs bafes. Cette opération demande de l'attention & de la dexérité ; mais on peut toujours réuflir , lor:qu'on le veur. On voit à la bafe de chaque lobe un réfeau rout-à-fair femblable au premier, mais plus déhicar, dont les fibres s’érendent en droite ligne le long de la côte du milieu, de même que celles du premier s'étendent le long du périole, Onapperçoit alors les fibres en queftion & le réfeau régulier qu’elles forment. Le fait eft certain; mais , pour mieux connoître la ftruéture dont ce mouvement dépend , il faut les féparer de la mariere qui les environne , & les examinér dans l’eau avec un microfcope double, Voici la maniere dont on doit opérer. Arrachez une feuille d’abrus , comme jai dit ci-deflus, & coupez la en deux ou trois morceaux, de façon qu'il refte deux lobes à chacun. Fendez le périole à fa bafe, enfuite à travers chaque nœud les bafes de deux lobes & la côte du milieu de chacun par le,centre. Coupez les extrémités des lobes, & merrez en un certain nombre dans une écuelle pleine d’eau , avec quelque chofe de pefant par deffus pour les aflujertir. Il faut les laiffer deux ou trois jours dans cet état, felon que le remps eft plus ou moins chaud, & enfuite les preffer contre le fond de l’écuelle avec un morceau de mouffeline attaché au bout d’une lame ou telle autre: chofe femblable. Cette opération doit fe faire légérement & à plufeurs reprifes: On dérachera par ce moyen la matiere qui les environne , fans que leur tifu: en fouffre. On les remettra dans de l’eau fraîche, où on les laïffera cinq à fix heures , pour leur donner le temps de fe gonfler & de reprendre: leur premiere difpolition. Prenant enfuite un microfcope: double , on: découvrira la direction de leurs fibres dans leur érar fimple &compliqué,, de même que le méchanifme du mouvement des feuilles. 394 PROS TUSONQUMNES L'opération eft la même pour la fenfiive, On arrachera le pétiole qui foutienc les deux feuilles, & on les atrachera avec des épingles fur le morceau de liege. On fendra enfuite la bafe du pétiole avec un canif, la bafe de chaque feuille qui eft au haut, & enfin la bafe de chaque lobe. La ftruure de cette partie eft très-vifible , parce qu’elle fe gonfle confi= dérablement ; & elle paroît être une efpece de charniere qui fert à faci- liter le mouvement. L'érar de ces faifceaux fibreux , après qu'on a ouvert le pétiole, eft plus ou moins vifble felon l’âge de la plante, la place de la feuille & le degré de nourriture que la plante a reçu : il eft très diftinét dans une feuille prife dans la partie inférieure d’une jeune plante, mais non pas celle qui eft le plus près de la terre. De mème, on voit beaucoup mieux la ftructure des fibres fituées à la bafe des lobes de la feconde paire, à compter du pied de la tige. Ne * Ces avis font utiles à ceux qui ne veulent pas fe donner la peine de nettoyer les parties dans l’eau; & en les fuivant, ils découvriront faci- lement leur ftruéture, D TE PRE IT PP EE EEE RE CESR QE S SAUTER SE p£Es OBSERVATIONS ET EXPÉRIENCES Sur différentes efpeces d'air ; par M. Jofeph Prieflley , Doëleur en Droit, & Membre de la Société Royale de Londres ; lues dans les Affemblées de cetre Société, les $, 12, 19 & 26 Mars 1772. Traduires de l’'An- glois. A2 OCT EEE EN De l'air dans lequel on a mis un mélange de limaille de fer & de foufre. O N a vu par les expériences du Docteur Halles, que l'air dans lequel on avoir placé une pâte faire avec du-foufre pulvérifé , de la limaille de fer & de l'eau , diminuoir confidérablement. Je répérai cette expérience, & je trouvai cette diminution plus grande que je ne l’avois imaginé. Cetre diminution eft exaétement la même dans le mercure que dans l'eau; & on peut la mefurer avec la derniere précifion , parce que l'air n’augmente ni ne diminue avant qu'on l’emploie, & parce qu'il eit quel- que remps à produire fon effet. La diminution de l’air n'eft pas toujours la même dans ce procédé ; mais j'ai trouvé qu'elle évoit en général à peu près entre un quart & cinquieme du tout. ne air EE DO I PARU ES EPS R "D 0: 395$ L'air aiofi diminué eft plus léger que l’air commun; & s’il ne trouble point l’eau de chaux , on doit l’artribuer à-un fel félénireux , de même que dans le cas où l’on y brüle fimplement du foufre. Une preuve que le foufre affecte l’eau , c'eft qu’elle acquiert la mème odeur forte que l’ef- prit volatil de vitriol; ce qui me porte à croire que cette diminution de l'air dans ce procédé , eft la mème que celle qu’on obferve dans les au- tres, eft que, lorfqu’on met ce mélange dans de l'air qui a déjà dimi- nué, foit par la flamme des chandelles , foit par la purréfaétion , fa di- minution , quoiqu'un peu plus forte ; n’excede point celle que l’on auroit obtenu par le procédé rout fimple. Lorfqu’on mer un nouveau mélange dans une quantité d’air qui a été réduit par un mélange antérieur , il ne produit que peu ou point d'effet, J'ai obfervé que lorfqu’on retire ce mêlange d’une quantité d’air dans lequel on a fait brüler une chandelle , & où 1l eft refté plufieurs jours, il eft aufli froid & auf noir que fi on l’avoit tenu dans un endroit enfer- mé. Il s’échauffe un moment après; il jette beaucoup de fumée; il fent très-mauvais : & après qu'il eft refroidi, il a la mème couleur que la rouille de fer. Je mis une fois un mélange de cette efpece dans une quantité d’ait inflammable, fait avec le fer; & il diminua d’un neuvieme où d'un dixieme ; mais, autant que j'en pus juger , il refte également inflamma- ble. Je réduifis une autre quantité d'air inflammable au mème degré, en liant putrefier une fouris dedans ; mais il conferva fon inflamma- bilité. L'air ainfi réduit par le mêlange de limaille de fer & de foufre, eft très-nuifible aux animaux; & je ne me fuis point apperçu qu'il s’'amé- lire, lorfqu'on le tient dans l’eau : fon odeur eft extrèmement pi- quante & defagréable. J'ai employé depuis deux jufqu’à quatre mefures (1) d’onces de ce mélange dans les expériences précédentes ; mais je ne me fuis point ap- perçu que la diminution de la quantité d’air , qui eft pour l'ordinaire d'environ vingt mefures d’onces, fut plus grande avec quatre mefures qu'avec deux. Je n’ai fait encore aucune expérience pour reconnoître la plus petite quantité néceffaire pour produire la plus grande diminution dans un volume d’air donné. Dès l'inftant que ce mêlange de limaille de fer & de foufre commence à fermenter à & noirair , il fe gonfle infenfiblement au point d'occuper deux fois plus d’efpace qu’il ne faifoit auparavant. Il fe dilate aufli avec beaucoup de force , mais j’en ignore le degré. (1) M. Pricitley ne s'exphique point fur la grandeur de ces melures d'onces. On foupçonne que ce font des mefures contenant une once pefant d'eau, NB. À la derniere Ligne de la page précédente, lifez entre un quart & un cinquieme du tout Tome I, Partie W. Eee 396 ENONFES UV: DIMOY QU Es A Ce mélange étant mis dans l'eau, n'engendre point d'air, quoiqu'il noircifle, & qu'il fe bourfoufle, AR TIC Le VOL. De l'Air nitreux. La premiere fois que je lus les Effais de Statique du Docteur Hales, je fus frappé de l'expérience qu’il rapporte dans laquelle l'air commun & l'air engendré des pyrites de Walton, par l'efprit de nitre, forment un me- lange trouble & rougeâtre qui abforbe une partie de l'air commun. Je m'atrendois d’autant moins à revoir ce phénomene remarquable, que je le croyois particulier à ce minéral. En ayant parlé à M. Cavendish , lorf- que j’étois à Londres au printemps de l’annce 1772, il me dir qu'il ne doutoit point que les autres efpeces de pyrites ne produififfent le même effet que celle dont M. Hales s’étoit fervi ;:& que la rougeur du mélange ne provint de l’efprit de nitre. Cela m’encouragea à m'en affurer ; & comme je n’avois point de py- rites , je commençai par faire diffoudre différens métaux dans de l'efprit de nitres & ayant ramaffé l'air qu’ils donnerent, je trouvai au-delà de ce que je pouvois efpérer. La folution de cuivre aue je fis le 4 Juin 1772, me donna cette efpece: que } 4 7725 P remarquable d’air. Cet air, que M. Hales a connu, mais auquel il n’a pas fair toute Fattention qu'il mérite , ef fi nouveau, que je me fuis trouvé dans la: néceflité de lui donner un nom. Je l’ai appellé air nitreux', parce que je me le fuis procuré par le moyen de lefprit de nitre; & quoique ce nom ne me paroiffe pas trop bon , parce qu'on. ne tire pas cer air de tous les: métaux , par le moyen de cet efprir, ni moi ni mes amis n'ayant pu en trouver un meilleur, je ferai obligé de m’en fervir. J'ai obfervé qu'on rire aifément cet air du fer, du cuivre, du laiton .. de l’étain, de l’argent, du mercure, du bifmuth & du nikel (1) avec l’a- eide nitreux, & de l'or & du réoule d’antimoine , par le moyen de l'eau régale. Les circonftances qui accompagnent la folution de ces différens métaux varient , mais méritent à peine qu’on y fafle attention, lorfqu'on: traite des propriétés de l'air qu’ils donnent, vü qu’elles font les mêmes. de quelque métal qu’on le tire.. Une des principales propriétés de certe efpece d'air, eftla diminution qu'il caufe dans l'air commun avec lequel on le mêle, & qui eft accom- pagné d’un rouge trouble ou d’une couleur orangée foncée , & d’une cha- EE (x) C'eft une nouvelle fubftance: minérale qui n’a-pas encore été trop bien exami-= née; L s'en trouve dans les mines d'érain de Cornouailles,. «fe PaRNYUSYIrONU TE. 397 eur confidérable. Son odeur forte a quelque chofe de particulier ; ce: pendant elle reffemble à celle de l’efprit de nitre famant. La diminution du volume de l’air cotal dans ce mélange , qui eft tout ce que M. Hales a pu en obferver , n’eft point l'effet d'une diminution égale des deux efpeces d’air mêlés enfemble , maïs en grande partie, quoique pas en totalité , de l’air commun; car fi l’on mêle une mefure d'air nicreux à deux d’air commun, au bout de quelques minutes (qui fuffifent pour que lefferyefcence cefle , & que le mélange redevienne tranfparent) , les deux premieres mefures fe trouvent diminuées d’un neuvieme. Je ne connoïs point d'expérience plus furprenante que celle ci , où l'on voit un air qui abforbe & dévore , pour ainfi dire , une quan- tité d'air moitié plus grande que la fienne , & avec cette circonftance , qu'il diminue fon volume, au lieu de laugmenter. Si, après que l'air commun eft entiérement faturé de l’air nitreux , on y en ajoute davan- tage, 1l augmente le volume exaétement dans la proportion du volume ajouté fans le rougir , ni fans produire aucun effet fenfible, Ce qui prouve que cette diminution n'appartient qu’à l'air commun , c'eft que fi l’on mêle la moindre quantité de celui-ci avec une plus grande d'air nitreux, quoique tous les deux réunis n’occupaflent pas autant d’ef- pace qu’ils faifoient auparavant ; cependant la quantité eft plus grande que ne l'éroit celle de l’air nitreux avant ce mélange. Une mefure d’once d'air commun fur vingt d’air nitreux, donne environ demi-once d’aug- mentation, Cette demi-once, qui eft beaucoup plus grande que celle de l'air commun, dans la premiere expérience, eft prefque une preuve qu'une partie de cette diminution, dansle premier cas, n'a lieu qu’à l'é- gard de l'air nitreux. De plus, on verra bienrôr que ce dernier lt fujer à une diminution remarquable ; & comme l'air commun diminue dans plufieurs autres cas depuis un cinquieme jufqu’à un quatrieme ; je con- clus de-là qu’elle ne va pas plus loin dans ce cas-ci, & que le furplus de la diminution elt pour l'air nitreux. Pour m’aflurer fi l’eau contribuoit à la diminution de ce mélange de l'air nitreux avec l’air commun, jai répété plufieurs fois mon procédé dans du mercure , en mettant un tiers d’air nitreux fur deux d’air com- mun , comme j'ai fait auparavant, La rougeur a continué long-temps ; la diminution a été moins grande que lorfque je faifois mon mélange avec de l'eau , & la quantité enfin d'air fe trouva augmentée d'un feprieme, Je Jaïffai ce mèlange pendant toute la nuit fur le mercure, & j'obfervai le lendemain matin qu'il ne reçut aucune nouvelle diminution, ni par l’eau que j'y introduifis, ni en le faifant pafler à plufeurs reprifes au travers de l’eau. Il en fur de même en le laiffant au deflus de l'eau pendant plu- fieurs jours. . Un autre mélange que je laiffai environ fix.heures fur le mercure, di- imiaua un peu lorfque j'y ajoutai de l'eau, mais ne fe trouva jamais Eeeij 398 Pere SN TIONEIE moindre que la quantité primitive d’air commun ; cependant , dans une autre occafion, le mélange n'étant refté que peu de temps fur le mercure, la diminution que l’eau occafionna fut beaucoup plus grande , & à peu près la mème que fi j'euffe fait mon procédé au deflus de l’eau. Il paroït évidemment par ces expériences , que la diminution dontje parle, vient en partie de la portion du mêlange que l’eau abforbe ; mais que lorf- qu'on le tient dans un endroit où il n'y en a point qui puifle produire cet effer, il acquiert une qualité qui empêche l'eau de l'abforber dans la fuite. Voulant m’affurer fi la partie fixe de l'air commun, fe dépofoit à l’oc- cafion de la diminution qu’il éprouve de la part de l'air nitreux, j’enfer- mai un vaiffeau rempli d'eau de chaux dans la jarre dont je m’étois fervi dans mon procédé; mais la chaux ne fe précipita point; & lorfque je vins à retirer le vaifleau au bout de vingt-quatre heures, elle fe précipita fort aifénienr comme à l'ordinaire, en fouflant deflus. Il elt très remarquable que certe effervefcence & cette diminution , produite par le mêlange de ces deux airs, appartiennent particuliérement à l’air comman ou à l'air propre à la refpiration ; & autant que j'en puis juger , d'après un grand nombre d'obfervarions , ces effets font propor- tionnés à très-peu près , fi ce n’eft pas exaétement à un degré dont fair eft propre à la refpiration : par là on peut juger beaucoup plus aifément de la bonté de l’air, qu'en y enfermant une fouris ou tek autre animal que ce puiffe être. Cette découverte a été aufli agréable pour moi, que j’ef- de qu’elle fera utile pour le public. Elle m'a fait d'autant plus de plai- î r, qu’elle m'a difpenfé de faire provifion déformais d'une auffi grande- quantitéde fouris.Je ne m'en fuis plus fervi que dans certaines expériences décifives, & j'ai rarement manqué de prévoir l’effer que cer air produi- roit fur elles. On obfervera encore que, par quelque caufe que l’air ne foit pas propre à la refpiration, cette mamiere de s'en aflurer eft également applicable; ainfi, par exemple , il n’y a pas la moindre effervefcence entre l'air mitreux & lair fixe, ou l’air inflammable , ou telle autre efpece d’air réduit ; & comme certe diminution s'étend depuis zéro jufqu'au tiers & plus du volume d’une quantité quelconque d’air , elle nous fournit une échelle d’une prodigieufe étendue , au rapport de laquelle nous pouvons recon- noître de très petites différences dans la pureté de l'air. J'ai eu peu d’é- gard à cette cairconftance , ne m’étant fervi de cette pierre de touche que pour juger de grandes différences ; mais, fi je ne me fuis pas trom- pé, j'ai apperçu une différence réelle entre l'air extérieur & celui de mon cabinet, après que quelques perfonnes y: avoient paflé quelque tems avéc moi. J'ai encore obfervé que l’air qu'on m'avoir envoyé des environs d’York dans une phiole, n’éroit point aufli bon que celui de Leide, je veux dire que l’air uureux n’y caufa pas une dimtwaution auf PARATNSITUOQUNE 359 confidérable que dans ce derniet, quoique je n’euffe rien négligé pour que les autres circonftances fuient les mêmes : on pourroit peut-être diftinguer par ce moyen , mais je ne l'ai pas encore eflayé , quelques- uns des différens vents, ou l'air des différentes faifons de l’année. Cette expérience m'a mis à portée de déterminer une chofe donr je n’érois pas afluré; fçavoir, le genre ainfi que le dégré. d’alrération ou de corruption que caufent à l’air fes chandelles qu’on y brûle. Les fouris m'ont été inutiles pour juger fi l'influence de ces chandelles l’altéroient relativement à la refpiration ; cependant fi on peut compter fur l'air nitreux pour fournir une preuve exacte en ce cas, il eft un tiers plus mauvais que l'air commun , & fon volume fe réduit par la même caufe générale, qui diminue les autres efpeces d'air. Après plufieurs épreuves, ayant mis dans un vaiffeaa une mefure d'air putride & infe& avec deux de bon air, & la même quantité dans un autre vaiffeau ; favoir , trois mefures d’air où j’avois lailfé brüler une chandelle , & enfuite la même quantité d’air nitreux dans chacun; je m’apperçus que le volume d'air du premier avoit plus diminué que le fecond : ce qui eft d'accord avec cette obfervation, que l'air brülé perd plus de fon volume par la putré- faétion & par un mélange de limaille de fer & de foufre , que les autres airs , d'où je conclus qu’il en eft de mênre de toures les autres caufes qui peuvent le réduire. H y a donc lieu de croire que l'air brûlé eft un air tellement chargé de phlogiftique, qu’il eft capable d’éteindre une chandelle ; ce qu'il peut faire longtems aVant d’être parfaitement faruré, L'air inflammable, mêlé avec l'air nitreux, jette une flammeverre; & certe expérience eft fort agréable lorfqu’on fçait la ménager. Comme j'ai employé pendant quelque rems le cuivre pour avoir de l'air nitreux, j'attribuai d’abord cette circonftance à la propriété qu’a ce métal de jeter une flamme verdarre, lorfqu’on le calcine; mais j'ai reconnu depuis qu'elle provenoit de l’efprit de nitre, l'effet érant le même de quelque anétal qu'on tire l'air nitreux ; car je les ai effayé tous fans en excepter l'or & l'argent. L'huile de vitriol & l’efprit de nitre, lorfqu’on les mêle en mème quantité, diflolvent le fer, & donnent de l'air nitreux. Une moindre portion de nitre donne un aïr inflammable, dont la flamme eft verdâtre ; il rougit aufli l'air commun, & le diminue quelque peu. La diminution de l'air commun qui réfulte de fon mélange avec le nitreux, eft moins extraordinaire que celle que ce dernier éprouve lui- même de la part d'un mêlange de limaille de fer & de foufre pêtris avec de l’eau. Ce mélange , comme je l’ai obfervé ci-deflus, diminue l'air commun depuis { jufqu'à ? ; mais il ne produit pas le même effec fur l'air qu’on a diminué & rendu nuifible par un autre procédé ; ce- pendant lorfqu'on y ajoute une quantité d’air nitreux , celui-ci diminue: ü fort , que fa, premiere quantité fe trouve réduire à un quart. Un s'p- perçoit pour l'ordinaire de l’effec de ce procédé au bout de cinq ou Lx 409 ROME AY SIT COMMUNE: ‘ heures ; l’effervefcence du mélange devient alors vifible, & augmente avec tant de rapidité, que tout l'effet eft produit au bout d'environ une heure. Un ou deux jours après, la diminution de l'air eft encore pius grande, mais cependant beaucoup moindre qu’elle ne devoit l'être , eu égard à la premiere. La jarre de verre dans laquelle on met cer air & ce mélange, s’échauffe fi fort, que je n’ai pu la toucher fans me brüler. L'air nitreux, ainfi réduit , n’a plus l'odeur qui fui eft propre , mais celle de l'air commun dans lequel ce mélange a féjourné, & ne dimi- nue plus, lorfqu'on y met un nouveau mélange de limaille de fer & de foufre. L'air commun faturé avec l'air nitreux , ne diminue pas non plus par le mélange dont je viens de parler , quoique ce mélange faffe effer- vefcence , s’échauffe & fe gonfle confidérablemenr. Les plantes meurent en peu de rems, foi dans l’air nitreux, foit dans l'air commun qui en eft faturé , maïs furtout dans le premier. L'air nitreux , non plus que lair commun qui en eft fature , ne differene pas beaucoup pour la pefanteur de l'air ordinaire , où du moins la dif- férence eft fi petite que je n’ai pu la connoître ; trois chopines de cet air pefant tantôt un demi-grain de plus, & tantôt un demi-grain de moins que l’air ordinaire, Ayant expofé une quantité d’air nitreux far de l’eau dont j’avois fait évaporer lair en la faifant bouillir; ce qui eft une expérience à laquelle j'ai fouvent renvoyé le Lecteur , parce qu’elle na fourni plufieurs ob- fervations importantes, j'ai trouvé qu’elle en abforboit =. Surpris de ce phénomene , j'agitai une quantité confidérable de cet air dans une jarre pofée dans une auge pleine de la même eau, & après trois ou quatre reprifes , l’eau l’abforba au point qu’il n'en refta qu’un 5°. Ce réfidu éteignit la Aamme, & fut nuifible aux animaux. Ayant enfuite réduit une quantité confidérable de cé mème air à un 8° de fon premier vo- lume, le réfidu conferva prefque route fon odeur , & diminua quelque peu l’air commun. Il fit mourir une fouris, mais moins promptement que l’air nitreux. L’odeur de Pair nitreux eft très-fenfible dans cetre opération, parce que l’eau , après s’en être impregnée , la tranfmet à l’athmofphere, Cette experience m’engagea à impregner de l’eau avec de l’air nitreux, de mème que je l’avois ci-devant imprégnée avec de l'air fixe ; & je trouvai que l’eau difullée abforboit environ un dixieme de cet air, & acquéroit un goùt acide & aftringent. L’odeur de l’eau ainfi impregnée eft d’abord piquante ; je n'ai ofe en avaler , quoique je la croie inno- gente , & mème faluraire dans plulieurs cas. L'eau retient certe efpece d’air avec beaucoup d’opiniâtreté : en ayant mis une quantité dans un récipient dont j'avois pompé l'air, elle jetta une fumée blanchâtre, pareille à celle qui s’éleve des bulles de cer air, * - PNEU IMMSNT MONT ME 407 la premiere fois qu’il s’engendre , & il fe forma enfuite quelques bulles d'air; mais quoique je l'euffe laiffée long-temps dans cette fituation elle conferva fon goût. Après que cette eau eut refté la nuic auprès du feu , elle prit un goût fade , & dépofa une pellicule pareille à celle que j'ai fouvent trouvée dans l’auge où j’avois mis les jarres qui conteyoiéenc de cer air. Cette pellicule m’a paru être un précipité du métal dont la folution à produit Pair nitreux. Je n'ai pas fait aflez atrention à cette expérience, pour m'aflurer dans quelles circonftances ce dépôt & la ma- tiére de l'air inflammable dont j'ai parlé ci-deffus, fe forment ; je n’en ai fouvent eu qu’une petite quantité, lorfque j’aurois voulu en avoir beaucoup ; au lieu que j’en ai trouvé beaucoup dans le temps que je n’en attendois point du tout. L'air nitreux dont je me fervis la premiere fois pour impregner l’eau, avoit été ciré du cuivre; maïs lorfque je l’imprégnai avec de l'air tiré du mercure, elle eut le mème goût, quoique fon dépôt für différenc: il étoit blanchâtre , au lieu que l’autre étoit jaunâtre. Je n'ai jamais pu dépouiller cette eau du goûr qu’elle avoit pris ; fi l’on en excepte la pre- miere quantité que j'impregnai de la forte. Je lai laiffée plus d’une fe- maine dans des phioles débouchées, & quelquefoïs même auprès du feu, fans qu’elle ait éprouvé la moindre altération. J'ignore encore fi l’air nitreux contient un efprir qui fe mêle avec l’eau dans cette opération; mais ce qui me le fair croire, c’eft que l’efpric de nitre eft extrèmement volatil. On croira peut-être que la propriété la plus utile & la plus remarqua- Ble de cette efpece extraordinaire d'air, eft de garantir les fubftances animales de la putréfaction , & de rétablir celles qui font pourries dans leur premier état, beaucoup plus promptement que ne le fait Pair fixe, La premiere obfervation que j'ai faire à ce fujer a été purement cafuelle, Ayant obfervé , comme on l’a vu ci-deffus, que l’air nitreux diminuoie lorfqu’on y enfermoit un mêlange de limaille de fer & de foufre , je voulus effayer fi les mêmes caufes qui diminuent l'air commun, fur- tout la putréfaction, ne le diminuoient point égalemenr. Pour cer effer, je mis une fouris morte dans une quantité de cet air, & je lapprochai du feu pour qu’il fe corrompiît plutôt. La diminurion fut confidérable, favoir, depuis cinq quarts & demi jufqu’à trois quarts & demi, mais moins grande que je ne la croyois ; la vertu antifeprique de l’air nitteux ayant empêché la putréfaétion. La fouris ayant été retirée une femaine après, je fus fort furpris de ne lui trouver aucune odeur défagréable. Je pris deux autre fouris, dont l’une venoïit d’être tuée, & dont l’autre étroit en putréfaétion , & je les mis toutes deux dans la même jarre &’air nitreux , expofées comme à l'ordinaire à la température de l'air , dans les mois de Juillet & d’Aoùût 1772 ; & n'ayant obfervé au bout. de quinze jours aucun changement dans le volume de l'air ,.je revirai Les fouris, &: 402 FORMS EE pi FA NE) ME 2 je les trouvai entierement faines dans toutes les parties de leur corps; & la premiere étoit très - ferme, & la chair de l’autre n’avoit aucune mauvaife odeur. Pour pouvoir comparer la vertu antifeptique de cette efpece d’air avec celle de l'air fixe, j’examinai une fouris que j’avois enfermée dans une phiole pleine d’air fixe , aufli pur qu’il pouvoit l'être, & que j’avois bou- chée avec foin. L’ayant débouchée dans l’eau, environ un mois après, je m’appercçus qu’il s’étoit engendré une grande quantité d’émanations putrides qui fortirent de la phiole avec beaucoup de violence, & dont l'odeur étoir infoutenable. A la vérité, M. Macbride aflure qu’il n’a jamais pu rétablir que des mor- ceaux de viande très-menus au moyen de l'air fixe : peut être la vertu anti- feprique de ces efpeces d’air eften proportion de leur acidité. Si l’on prenoit la peine d'examiner cette matiere avec attention, on pourroit peut-être employer cette vertu antifeptique de l'air nitreux à différens ufages, & s'en fervir, par exemple, pour conferver les plus petits oifeaux , les poiffons , les fruits, &c. en le mêlant en différentes proportions avec de l'air commun ou fixe. Les Anatomiftes pourroient même s’en fervir avec avantage ; car les fubftances animales fe conferveroient par fon moyen dans leur érat de foupleffe naturelle : mais pendant combien de temps ? C'elt ce que l'expérience feule peut apprendre. Je calcinai du plomb & de l’étain, de la maniere que je le dirai ci- après , dans une quantité d’air nitreux , mais fans qu'il en réfultät au- cun effet fenfible. Cela me furprit d'autant plus, que je m'atrendois , après l’effer qu’avoient produit la limaille de fer & le foufre, à voir di- minuer confidérablement l'air nitreux , vu que le mêlange de limaille de fer & de foufre, & la calcination des métaux produifent cer effer fur J'air commun, & le diminuent à peu près de même, On tire l'air nitreux de tous les méraux avec l’efprit de nitre, à lex- ception du plomb, ainfi que de tous les demi-métaux que j'ai eflayés , excepté du zinc. J'ai employé pour cet effet le bifmuhr & le nickel avec l'efprit de nicre feul, & le régule d'antimoine & la platine avec l'eau régale. Je n’ai prefque point tiré de l'air du plomb avec l’efprit de nitre, ni fait d'expériences pour m'aflurer de la nature de cette folution. Je connois un peu mieux le zinc. Quatre penny-weights & dix-fept grains de zinc diffous dans un mê- Jange compofé de parties égales d’eau & d’efprit de nitre , m'ont donné environ douze mefures d’air, qui avoient , jufqu’à un certain point , les mêmes propriécés que l’air nitreux ; je veux dire qu’il faifoit une légere effervefcence avec l’air commun, & le diminuoit prefqu’autant que l'air nitreux, qui avoit été réduit lui-même de moitié, en le lavant dans l'eau. Leur odeur éoit auffi la même; d'où j'ai conclu qu'ils ne différoient point DS 1:4,2- 102 AT NO SC EU2E 403 point ; la partie de l'air nitreux que l’eau abforbe étant reftée dans la fo- lurion. i - Pour m'aflurer fi le-cas étroit le même, je fis bouillir la folution au k s ue s J k À E bain de fable; il en fortit de l'air qui me parut être le même que l'air s SR TU DURE , pitreux diminué d’an fixieme ou d’un huitieme, en Le lavant dans l’eau. . Après que la partie fluide fut évaporée , il refta une matiere fixe noirä- tre , pareille à celle donc M. Hellot a donné la defcriprion dans les Mé- moires de l’Académie des Sciences de Paris, de l’année 1734, pag. 35. J'en mis une partie dans un petit creufer rougi, & l'ayant couverte avec un récipient pofé dans l’eau , j'obfervai que ce récipient feremplir d'une fumée: rouge fort épaifle. Cette rougeur continua prefqu'aurant de remps que celle qui réfulre du mélange de l'air nitreux avec l’air commun, & l'air diminua aufli beaucoup dans le récipient. Je conclus de là que cette fubftance contenoit le principe dont dépendent les pro- priérés de l'air nitreux. On remarquera que quoique l'air contenu dans le récipient eût diminué d'environ un huitieme , il fut aufli affecté par l'air nitreux que l'air commun, & qu’il entretint une chandelle allumée; ce que j'attribue à l’effec de l’efprit de nitre qui entre dans la compoli- tion de certe fubftance noirâtre. J'ai obfervé que l'air nitreux diminue confidérablement lorfqu’on le laifle long-temps au-deflus de l’eau, & prefqu’autant que l'air inflam- mable dans les mêmes circonftances. Pour m’en affüurer, j'ai gardé pen- dant quatre mois une bouteille de pinte pleine de ces deux efpeces d’airg mais comme les différentes quantités d’air inflammable varient beaucoup à cer égard, il peut aufli fe faire que l'air nitreux varie aufli, J'ai conclu, d'après une expérience que j'ai faite, que l'air nitreux pouvoit fe conferver beaucoup mieux dans une veflie que la plupart des autres efpeces d'air. Celui que j'ai en vue fut gardé pendant quinze jours dans une veflie, à travers laquelle on fentir pendant plufieurs jours l'odeur particuliere de l'air nitreux : au bout d’un jour ou deux la vefie devint rouge, & fe contraéta ou diminua beaucoup de volume , cepen- dant l'air qu’elle contenoit n’avoit prefque pas perdu fa propriété parti- culiere de diminuer L'air commun. ‘ Je ne tentai point de déterminer la quantité exacte d'air nitreux en- gendré par les poids donnés de tous les méraux qui en produifent; mais je mettrai ici le peu d'obfervations que j'ai faites à ce fujer. (x) Penny-weighe [Se 6 Oo d'argent ont donné 17 =, mefure d'once. SZ ro’ detercure .e. ae (:) C’eft un petit poids qui contient Vingt-quatie grains, & qui eft la vingticme partie de l'once de la ivre Troy d'Angleterre. Cette livre n'a que douze onces, Tome I, Parc, V. FFE 404 PAR LE 18 D ONIUL Er TNA TE CUIVTe et eee Tue 2 de laiton Here re O2 0er en ROME dr Es: x side DIMM Ge o æ21+ de nickel = 1971251004 APR EURE LE" MENT. De l'Air infeélé par la vapeur du charbon de bois. Perfonne n'ignore que rien n’eft fi dangereux que la vapeus du charbon allumé ; & M. Cavendish m’a donné le détail de quelques ex- périences, dans lefquelles il a réduit cent quatre-vingt onces d'air com- mun à cent foixante deux, en les faifant paler dans un tuyau de fer rougi, dans lequel il avoit mis de la poufliere de charbon. Il attribue certe diminution à la deftruétion de l'air commun que le Doéteur Hales dit être l’effer de l’uftion. M. Cavendish a encore obfervé qu'il s’engen- dra de l'air fixe dans ce procédé, mais que la leflive des Savonniers Pabforba. J'ai répété cerre expérience , en variant très-peu les circonf- tances , & j'ai eu à peu près le même réfultat. Je tâchai enfuite de reconnoître, par une méthode qui me paroîr plus: aifée & beaucoup plus sûre , de quelle maniere la vapeur du charbon al- gere l'air. Pour cet effer, je fufpendis des morceaux de charbon dans des. récipiens de verre, qui éroient plongés dans d’autres vaifleaux où il'y avoit de l’eau, enforte qu’elle montoit à une certaine hauteur dans ces récipiens, & je fis tomber le foyer d’un verre ardent fur ces charbons. Je parvins de cette maniere à diminuer l’air d’un cinquieme , ce qui et à peu près la même proportion de diminution qu'on obferve dans les autres airs. 11 m'a paru que ce charbon contenoit une quantité d’air fixe , dont il fe détachoir par ce procédé ; & en effet, toures les fois que j'ai em- ployé Feau de chaux, elle n’a jamais manqué de fe troubler du moment que la chaleur s’eft faic fenrie, quel qu’ait été le degré de feu qu'on ait employé pour faire le charbon, Cependant lorfque le charbon ne fe fair que par une chaleur médiocre , cet air eft toujours mêlé d'une portion d’air inflammable, ce qui s'accorde avec ce que j'ai obfervé , que lorf- qu’on réduit le bois fec en charbon il y en a une grande partie qui fe réduit en air inflammable. J'ai quelquefois obfervé que le charbon qu'on fait avec le feu le plus vif d’une A , continué pendant plus d’une demi-heure, & qui vicrifie le creufet dans lequelon le mer, ne diminue point l'air d’un récipient dans lequel on Fexpofe au foyer d’un verre a- _ Hétu DAT VOUS PPT OUT: E: 40$ dent, parce qu'il s’engendre autant d'air er A pas ce procédé u’il y a d'air commun d'abforbé ; au lieu que dans d’autres cas, & lorfque le charbon n’étoit pas fair avec une chaleur fuffifante, je n'ai va qu'une diminution d’air commun , fans appercevoir la moindre pro- duction d’air inflammable. Ce fujer mérite d’être examiné plus atrenti- yement, Pour faire cette expérience avec plus d’exaétitude , je lai répétée avec le mercure, & j'ai remarqué que l'air a augmenté quelque peu par la génération ou de l'air fixe , ou de l'air inflammable ; mais je crois plutôt que c’eft par celle du premier. Il refta dans cet étar pendant coute la nuie & une partie du lendemain , fans éprouver aucune altération. Lorfqu'on y mêloit de l’eau de chaux, elle fe troubloit dans l’inftant ; & au bout de quelque remps toute certe quantité d'air , qui étoit d'environ quatre mefures d'une once , parut diminuée d’un cinquieme comme ci-devant. Je pefai foigneufement le morceau de charbon, dont le poids étroit exac- tement de vingt-neuf grains, & je n’y obfervai pas la plus légere dimi- nution de poids par cette opération. L'air ainfi réduit par la vapeur du charbon non-feulement éteint la flamme, mais encore eft funefte au plus haut degré aux animaux. Il ne fait point effervefcence avec l'air nitreux, & ne diminue point non plus, quoiqu’on ajoute de nouvelles vapeurs du charbon, non plus que par le mêlange de la limaille de fer & de foufre , ni par aucune des caufes que je connoille qui réduifent l’air. Cette obfervation , qui a lieu par rapport à toutes les autres efpeces d'air diminué, prouve que M. Hales s’eft trompé dans ce qu'il a dit de l'abforbrion de l’air , dans les circonftances où il l’a obfervée ; car il fup- pofe que le réfidu étoit dans tous les cas de même nature que l'air qui a été abforbé , & que la même caufe agiffanc de nouveau n'auroit pas manqué de produire un femblable effec. Cependant toutes mes obfer- vations prouvent non-feulement que l'air qui a été une fois réduit pat une caufe quelconque , ne peut plus fubir aucune diminution par cette caufe, mais encore par toute autre, & qu'il a pareïllement acquis de nouvelles propriétés fingulierement différentes de celles qu'il avoit au- paravant , & qui font dans tous les cas prefque les mêmes; ce qui me fait foupçonner que cette caufe de diminution eft en général la mênse : les obfervations fuivantes pourront peut-être la faire connoître, 2e FFF 404 PAR SYLS 7 AOUAU JE. TUE Viet ca Tetra 1e LIN De EST LE De l'effet que produifent fur l'air la calcination des métaux , & Les éme- nations de la Peinture à l'huile avec La cérufe. Ayant eu lfeu de foupçonner, par les expériences que j'avois faites avec le charbon , que la diminution de l’air dans ce cas-ci, & peut- être dans tous les autres, provenoit de ce qu’il contenoit une plus grande quantité de phlogiftique qu’à l'ordinaire , il me vint dans la penfée que ka calcination des métaux qu’on croit ne contenir qu’une terre métallique unie au phlogiftique, pouvoir fervir à m’aflurer du fair , & donner dans cette occafon une efpece d’experimentum crucis (1 ). En conféquence , je fufpendis des morceaux de plomb & d’érain dans des quantités don- nées d'air , ainfi que je l’avois fait à l'égard du charbon; & ayant dirigé deflus le foyer d’un miroir ardent ou d’une lentille, de maniere à en faire élever des vapeurs abondantes , j'apperçus bientôt une diminution de l'air. Dans le premier eflai que je is, je réduifis quatre mefures d’une once d'air à trois, ce qui eft la plus grande diminution dans l’air com- mun que j'eufle jamais obfervée. Je l’attribue à ce que dans d’autres cas ïl y avoit non-feulement une caufe de diminution, mais encore d’addi- tion, foit d’un air fixe ou inflammable , ou de quelqu’autre fubftance élaftique ; au lieu que l'effet de la calcination des métaux confiftant fim- plement dans l’évaporation du phlogiftique qu’ils contiennent, la caufe: de la diminution étoit unique, & n’étoit contrebalancée par aucune autre. Je mis l'air ainfi réduit par [a calcination du plomb dans une autre phiole bien nette ; mais je trouvai qu’en calcinant dedans une plus grande quantité de ce métal, l’air n’en étoit pas plus altéré. Cet air. ainfi que celui qui a été infecté par la vapeur du charbon ,.eft crès-perni- cieux ; il ne fait point effervefcence avec l'air nitreux, ne diminue point lorfqu’on met dedans un mêlange de limaille de fer & de foufre , & non- feulement perd en le lavant dans l’eau ce qu’il pouvoit avoir de per- nicieux, mais encore reprend en grande partie les autres propriétés de lair commun. On croira peut-être que la mauvaife qualité de l'air dans lequel on 2. calciné du plomb , provient des vapeurs qui font propres à ce métal ; mais je n’ai pu trouver de différence fenfble entre És propriétés de cet air & celles de l’air dans lequel on a fait calciner de l’étain. (1) Bacon appelle de ce nom les Expériences tranchantes, capables de décider une queftion. Inter prærogativas inflantiarum ponemus inftantias crucis, tranflato voca- bulo à crucibus que ereélæ in biviis indicant & Jignant viarum feparationes. Has etiam änflantias decifiorias & judciales appellare confuevimus. Nov. Organum. aphoris. 36, PIRELLI IT O EE 407 L'eau au-deffus de laquelle on fait calciner les méraux acquiert une teinture jaunâtre , & une odeur & un piquant aflez femblables au goût & à l'odeur de l’eau fur laquelle on à fait brûler fouvent du foufre , au- tant que je puis comparer de mémoire deux fenfations. La furface de l'eau & les parois de la phiole dans laquelle on a fait la calcination , font couvertes d’une pellicule blanchätre , mince , qui, lorfqu'on n'a pas foin d’agiter l’eau, s’épaillit au point que les rayons du folcil ne peu- vent pañfer à travers en aflez grande quantité pour calciner le métal. Je foupçonnai cependant qu’en tranfvafant cet air dans une phiole nette, les métaux ne s’y fondroient & ne s’y calcineroient pas aufli aifé- ment que dans l’air commun : & la raifon en eft que lorfque l'air eft une fois faturé du phlogiftique , il eft difficile qu’il en reçoive davan- tage, ne fut-ce que pour le communiquer à l’eau. Je foupçonnai encore que les métaux avoient peine à fe fondre & à fe calciner dans l'air in- flammable , dans l’air fixe , dans l’air nitreux , ou dans celle autre ef. pece d’air diminué. Cette opération n’a produit en effet aucune altéra- tion fur ces différens airs, & il ne s’eft fait aucun précipité de chaux lorfque j'ai échauffé le charbon dans ces efpeces d’airs au-deflus de l’eau de chaux. ‘ Quesrion. L'eau ainfi impregnce du phlogiftique par les métaux calcinés, ou par telle autre méthode, ne peut-elle pas avoir fon utilité dans la Médecine ? L’effer de cette impregnation eft très-remarquable ; mais le principe qui l’impregne eft volatil, & s’évapore au bout d’un jour ou deux lorfque l’eau eft expofce à l’air. Il femble que le charbon rerienne plus fortement fon phlogiftique que ne le font le plomb ni l’érain; car ayant entierement faoulé une quantité donnée d'air du phlogiftique du charbon, la plus forte chaleux n'a pu produire aucun effet fur lui; au lieu qu’on peut continuer de cal- ciner le plomb & l'étain dans les mêmes circonftances. IL et vrai que l'air ne peut en recevoir davantage , mais l’eau en reçoit, & l’incrufta- tion qui s’eft formée fur les parois de la phiole augmengg. Cette in- ctuftarion eft une efpece de poudre blanchätre qui mérite d’ètre exami- née. Je tâcherai de le faire larfque le temps me le permettra. Les métaux qu'on calcine fur l’eau de chaux ne la troublent jamais : mais ils alrerent fa couleur , fon odeur , fa faveur , & il fe forme fur la furface une pellicule jaune femblable à celle dont j'ai parlé. Lorfqu’on fair cette expérience au deflus du mercure, l'air ne diminue que d’un cinquieme; & lorfqu’on y met de l’eau , elle n’en abforbe pas davantage. Cet effter eft le mème que celui du mélange de l'air nitreux avec l'air commun dont j'ai fait mention. Ces expériences fur la calcination des méraux me fuggérerent [a ma- miere d'expliquer la caufe des niauvais effets que produit la peinture à l'huile nouvellement faire avec du blanc de cérufe, que je regarde 493 PALM LUS NE. TE NON NME. comme une chaux de »lomb imparfaite, Pour vérifier mon hypothefe , je mis d’abord un petit pot plein de cetre efpece de peinture, & enfuite plufieurs morceaux de papier peints de certe couleur, ce qui valoir mieux, en donnant plus de furface à la peinture; jeles mis, dis-je, fous un ré- cipient, & je m'apperçus au bout de vingt-quatre heures que l'air avoit diminué entre un cinquieme & un quatrieme ; car je ne mefurai point exactement cetre diminution. Cer air étoic aufli comme je m'atrendois à le trouver extrèmement pernicieux ; il ne fr point effervefcence avec l'air nirreux , le mélange de limaille de fer & de foufre ne le diminua poine, & je le dépouillai de fes mauvaifes qualités , en l’agitant dans de l’eau dont j'avois Ôté l’air. H paroît , par les expériences que j'ai faites fur la calcination des mé- taux , & dont je viens de parler, que la diminution de l'air provient du phlogittique dont il eft chargé ; & qu’en l’agitant dans l’eau, il fe réta- blir, l'eau abforbant une partie de fon phlogiftique. Rien ne prouve mieux l’aflinité que l'eau a avec ce phlogiftique , que la facilité avec laquelle elle l'abforbe. Les plantes ne rérabliroient-elles point l'air diminué par la putréfaétion , en abforbant une partie du phlo- giftique qu'il contient ? La plus grande partie des principes d'une plante feche , ainli que d'une fubftance animale confifte en cer air inflammable ou en quelque chofe qui eft capable d’être transformé dans cet air; & il peut très bien fe faire que les racines & les feuilles des plantes abforbent cette matiere phlogiftique , & la convertiffent en leur propre fubftance , par l’effer de la végétation. Cerre mariere phlogiftique ne feroit-elle pas mème la partie effentielle de la nourriture des animaux & des végéraux ? La diminution de l'air que j'ai obfervée dans les expériences que j'ai faires fur la calcination des métaux , ne vient, je crois, que de-la fépa- ration du phlogiftique ; & je fuis perfuadé qu’elle n’a point d’autre caufe dans tous les autres cas qui peuvent fe préfenter. Lorfqu'une fubftance animale ou vé rérale vient à fe dilfoudre par la putréfaétion, l'évaporation du phlogiftique ( qui fe dégage alors, ainfi que toutes les autres parties coniticuantes ) peut èrre la veritable caufe de la diminution de l’air dans lequel fe vrouve la matiere qui fe purréfie. Al eft impofhble que ce qui relte d'un animal , après qu'il a éré entiérement diflous , puitle fournir la même quantité d’air inflammable que celle qui n’eft que fimplement defléchée Je n'ai point encore fait d'expériences fur cet objer, que je me propole d’examiner plus en détail; mais je ne doute point que la conféquence que j'en tire ne foit vraie. Le fer, faifant effervefcence avec le foufre & l'eau, fe convertit en chaux; ainfi il doit avoir perdu fon hlouiftique. Le phlogiftique doit aufB fe féparer, lorfqu'on brûle du charbon ; & je crois que ce phlogiftique eft le même que la matiere qui s'exhale de la: peinture à l'huile avec le blanc de cérufe. Enfin ; puifque l’efpric de Lil, L PNEU PEG EL Ie OV) 409 pire a tant d'affinité avec le phlogiftique, il y a lieu de croire que l'air nitreux peut produire le mème effet , en employant les mêmes moyens. On objeétera à certe hypothefe, que s'il éroit vrai que l'air diminué ne für autre chofe qu’an air faturé de phlogiftique , il devroit être in- flammable ; mais cette conféquence n’eft pas jufte , car fon inflamma- bilité peut venir d’une certaine combinaifon où d’un degré d’afinité qu’on ignore, Il me paroït d’ailleurs que l'air inflammable contient, in- dépendamment du phlogiftique ou de l'air commun , quelqu'autre prin- cipe, du moins à en juger par le dépôt qu’on obtient du fer & du zinc, r le moyen de l’air inflammable. : Quoi qu'il en foi, il n’eft peut-être pas impoñlible qu’un plus fort degré de chaleur n’enflammär l'air qui éreint une chandelle fi on l’ap- pliquoir comme il faut. L'air inflammable , ainfi que je lai obfervé, éreint un morceau de bois bien allumé ; & il n’y a d’autres fubftances in- flammables que celles qui, dans un certain degré de chaleur , ont une moindre affinité avec le phlogifique qu’elles contiennent , que l'air ou les autres fubftances contigués n’en ont avec lui. Il fuit de-là que le phlo- giftique ne quitre une fubftance avec laquelle il étroit combiné > que pour entrer dans une autre à laquelle il s’unit d’une maniere très-diffé- rente : mais foit que cette fubitance foic de l'air , ou autre chofe, étant eriérement faoulée de phlogiftique , & ne pouvanten recevoir davantage dans les mêmes circonftances , elle doit néceffairement éteindre le feu, & s'oppofer à l'inlammation des autres corps, c’eft-à-dire , empêcher qu'il ne s’en décache une plus grande quantité de phlogiftique. Les plantes purifient l'air, en abforbant le phlogiftique dont il eft chargé : c’eft une chofe qui fe rapporte affez avec les conjeétures de M. Franklin, qu'on trouve dans l'extrait fuivant de fes Letires, p. 346 de la derniere édition. « J'ai été affez difpofé à penfer que ce fluide le fe auffi- bien que » ce fluide l'air eft attiré par les plantes lorfqu’elles croiffenr, & parvient » à faire corps avec les autres matériaux dont elles font formées, & » forme une grande partie de leur fubftance : que lorfqu’on les mer en » digeftion , & qu’on les fait fermenter , une partie du feu , de mème » qu'une partie de l'air , reprend fon premier état d'aétiviré & de fluidité, n & fe répand dans le corps où elle éroit combinée , en opérant la digef- » tion & la féparation de fes parties. Je crois auii que le feu ainf repro- » duit par la digeftion & la féparation qui s'en fait , eft renouvelé par um » autre qui fe dégage de même & prend faplace, à mefure qu'ilabandonne ñ le corps où 1l Éroit ; que tout ce qui augmente le mouvement des flui- » des dans les animaux , comme l’exercice hâce la féparation du. feu , & » en même tems en reproduit de nouveau : que le feu qui fort du bois & » dés autres corps combultibles qu'on brûle , y éroir auparavant das un » ctat folide ; & ne fe manifelte qu'après qu'il s’en eft détaché : que « ex Cr 419 PAPE NY MS A TO ONU PRES #» tains fofliles , tels que le foufre', le charbon de terre, &c. contiennent » beaucoup de feu & d’air folide; en un mot , que ce qui fe dérache & fe À x ; A » fépare des corps que l’on brûle , n’efl autre chofe indépendamment de » l'eau & de la terre ; que l'air & Le feu , qui auparavant en faifoiene » partie n. AR ETC DIF ATEN De l’air qu’on obticnt par le moyen de l’efprit de [el. Ayant lu dans les Tranfaétions Philof. vol. 46, pag. 157, que M. €Cavendish ayant inutilement effayé de retirer de l'air inflammable du cuivre, au moyen de l’efprit-de-fel, il obtint une efpece d’air beaucoup plus fingulier, en ce qu'il perdoit fon élafticité dès qu'il parvenoit en contact avec l’eau ; j'en fus fort frappé , & je réfolus de m'en inftruire par moi-même. Pour cet effet, je fis ma premiere expérience dans du mercure ainfi que je l'ai roujours fait, lorfque j'ai cru que l’air pouvoit être abforbé par l’eau , ou en être affecté d’une maniere quelconque, & j'obtns bientôt par ce moyen une idée beaucoup plus diftinéte de cette diffolution curieufe. Je mis de la limailie de cuivre dans une petite phiole avec une quan- tité d’efprit-de-fel, & ayant fait monter l'air qui, fe dégageoit en abondance par la chaleur, dans un tuyau ou long vafe de verre plein de mercure , & placé également dans du mercure , le produit continua pen- dant un tems confidérable fans diminuer ni augmenter ; j’y introduifis alors un peu d’eau, & aux environs des trois quarts , ( le tout fe mon- tant à quatre mefures d’une once } difparurent par dégrés ; le mercure montant continuellement dans le vafe, j'introduifis une nouvelle quan- tité d'eau, mais qui ne diminua en rien l'air qui reftoit , & que je trou- vai inflammable. Ayant fouvent continué ce procédé, longtems après l’introduétion de l’eau , j'obfervois avec plaifir de groffes bulles d’un air nouvellement produit, qui montoient au travers du mercure ; la diminution foudaine de ces bulles, quand elles arrivoient à l’eau , & leur extrème petitefle quand elles la traverfoient , cependant elles formoient , quoique len- tement , une augmentation dans l'air inflammable. L'air fixe ne produit aucun effec fenfible fur celui que le cuivre en- gendre. Je n’eus pas plutôt introduit l’eau, qu'une grande partie du mélange , qui n’étoit vraifemblablement autre chofe que l'air le plus fubtil du cuivre , difparut à l’inftant. L'autre, que je crois être de l'air fixe , fut abforbé peu-à-peu , & le réfidu ne s’enflamma point , peut être fe feroit-il enflammé , fi fa quantiré eût été plus confiderable, L'eau de chaux que je verfai fur l'air que j'avois ainfi tiré du cui- vre blanchit , mais je foupçonne que ce fut l'effer de quelqu’autre circonftance ” f 1 RS AO SN 2 ati circonftance que de celle du précipité de la chaux qu’elle contenoit, Le plomb diffout dans l’acide marin , produit les mêmes phénomènes que le cuivre. Le volume de l'air diminue des trois quarts , dès que l’eau le couche, & le refte eft inflammable. Les folurions du fer, de l’étain & du zinc , dans l'acide marin, pro- duifirentencore les mèmes phénomènes que celles du cuivre & du plomb, mais cependant en un moindre dégré ; car dans celle du fer il ne difpa- roït par le contact de l’eau qu’un huitieme de l'air, & dans celle de l’érain & du zinc qu’un fixieme & un dixieme, Dans ce dernier cas, le réfidu de l’air tiré du fer , jette une flamme verditre ou bleuatre pile. J'avois toujours regardé comme une chofe extraordinaire , qu’une ef- pece d'air perdit fon élafticité par l’approche d’une fubitance quelcon- que , & je foupçonnai dès le commencement qu'il avoit été abforbé par l'eau qu'on y avoit introduit ; mais une fi grande quantité d’air difpa- roifloit par l’admiflion d’une fi petite quantité d’eau, que je ne pouvois m'empêcher de conclure que les apparences éroient en faveur de la pre- miere hypothefe. Quoi qu’il en foit, je trouvai cependant que quand je n’introduifois qu’une quantité d’eau beaucoup plus petite , & contenue dans un tuyau de verre très-étroit, il n’y avoit qu’une partie de l'air qui difparoiloit , & mème très-lentement , & qu’il en difparoifloit davan- tage lorfqu'on introduifoit une plus grande quantité d’eau. Or, cette obfervation prouve fans replique que cet air étoit réellement abforbé par l’eau , qui en étant une fois faturée, ne pouvoit plus en recevoir davantage. Cette eau ainfi impregnée avoit un goût très-acide , après même qu'on l’avoit étendue dans beaucoup d'autre eau , elle diflolvoit promp- tement le fer & engendroit de l'air inflammable. Cette dernière obfer- vation , jointe à celle qui fuit, m1 mis à mème de découvrir la nature de cette efpece d’air remarquable , ainfi qu'on l’a nommé jufqu'ici. Ayant une fois fait diffoudre une bonne quantité de cuivre dans une petite quantité d’efprit-de-fel , pour obtenir cette efpece d'air , je fus furpris de voir que l'air avoit été produit longrems après que je devois croire que l'acide avoit été faturé par le métal ; je remarquai encore que la proportion entre l'air inflammable & celui qui étoit abforbé , dimi- nuoit continuellement, jufqu’à ce qu’au lieu d’en être une quatrieme partie , elle n'en étoit plus que la douzieme, Je remarquai encore que l'air inflammable diminuoit , à proportion de celui que l’eau abforboir, beaucoup plus qu'il ne l’avoit fait ; fçavoir, d’un peu moins d'un + au lieu d’un =; je conclus de-li que cer air fubtil ne provenoir point du cuivre , mais de l’efprit-de-fel , & ayant répété fur le champ l'expérience avec l'acide feul, fans cuivre ni autre métal , il s’engendra la même quan- rité d'air qu'auparavant. Il fuit de-là que cerre efpece remarquable d'air Tomel , Pare. V. Ggg 412 REIN UNS MN ONAUNNRES n’eft , dans le fair, autre chofe que l'air uni à l'efprit-de-fel, dort la nature eft de ne pouvoir être condenfé par le froid, comme l'eau & les autres fluides. Cette vapeur femble, quoi qu'il en foit, per- dre fon élafticité, à moins qu'on ne penfe qu’elle foit affectée par le mercure avec lequel elle eft en contact ; car elle diminuoit toujours plus ou moins en Ja gardant. Cette vapeur acide élaftique éteint la famme & eft beaucoup plus pe- fante que l'air commun ; mais de combien ? c’eft ce qu'il n’eft pas facile à déterminer. Ayant rempli de cet air un vaiffeau, de verre cylindrique d'environ À de pouce de diametre, & de quatre pouces de long , on peut y introduire une chandelle allumée plus de vingt fois avant qu'il brûle dans le fond. La couleur de la flamme dans certe expérience eft agréable à voir ; car avant qu’elle s’éreigne, & même lorfqu'on la rallu- me , elle eft d’un beau verd, ou plutôt d’un bleu clair , femblable à celle qu’on voit quand on jette du fel commun fur le feu. Après que cette vapeur élaftique de l’efprit-de-fel eft entierement Évaporée, ce qui arrive lorfque le froid la condenfe, le réfidu n’eft qu'un acide foible, qui ne peut diffoudre que le fer. Me trouvant poffelleur d’un nouveau fujet d'expériences ; fçavoir , d’une vapeur acide élaftique , fous la forme d’un air permanent , que je pouvois me procurer avec facilité, & que je pouvois tenir renfermée dans des vaifleaux de verre au moyeu du mercure , avec lequel elle ne paroiffoit avoir aucune affinité; je commençai par y introduire diverfes fubitances , pour m’affurer de fes propriétés & de fes affinités particu- lieres, de mème que des propriétés de ces fubftances, par rapport à elle. Ayant commencé avec l’eau , que je favois avoir la propriété de l’ab- forber , je trouvai que deux grains & demi d’eau de pluie abforboient trois mefures d’une once de cette vapeur, après quoi elle pefoit le dou- ble & avoit un tiers plus de volume, par où il paroït que cette vapeur concentrée eft deux fois plus pefante que l’eau de pluie. L'eau impre- gnée de cet ait forme l’efprit-de-fel le plus fort que je connoiife ; il diffour le fer avec une promptitude étonnante : on voit par-là que les deux tiers du meilleur efprit-de-fel ne font que du phlegme ou de l’eau pure, avec de l'air. Certe vapeur diffout en peu de tems la limaille de fer ; la moitié dif- paroît , l’autre moitié eft un air inflammable que l'eau n’abforbe point , & lorfqu'on y met de la craie, il en réfulte de l’air fixe. : Je n'avois pas encore introduit beaucoup de fubftances dans cette va- peur , que je m’apperçus qu’elle avoit beaucoup d’affinité avec le phlo- giftique , de maniere qu’elle en dépouille les autres fubftances , & forme en s’uniffant avec lui un air inflammable; cela femble prouver que l’air inflammable provient en général de l'union d'une vapeur acide avec le phlogiftique, : PRE MOST O 0 VE: 413 J'eus auf de l’efprit inflammable , lorfque je verfai fur cette vapeur de l’efprit-de-vin , de l’huile d'olive , de térébenthine , du charbon , du phofphore , de la cire & même du foufre. J'avouerai que cette derniere obfervation me furprit; car l'acide marin étant reconnu pour être le plus foible des trois acides minéraux , je ne le croyois pas capable de déloger l'huile de vitriol de cette fubftance. Je trouvai cependant qu'il produifoir exaétement le mème effet fur l’alun & le nitre ; l'acide vi- triolique dans le premier cas, & l'acide nitreux dans le fecond, cédent à la vapeur plus forte de l’efprit-de-fel. La rouille de fer & le précipité du cuivre fair par l’air nitreux , abfor- bent aufli cette vapeur en très-peu de rems, le peu qui en refte eftun air inflammable ; ce qui prouve que ces chaux contiennent un phlogiftique. Il paroît encore par cette expérience , que le précipité dont je viens de parler eft une vraie chaux du métal, dont la folution engendre l'air nitreux. L'abforbrion de cette vapeur de l’efprit-de-fel par les fubftances dont je viens de parler , étant fuivie de quelques circonftances remarquables, je vais les rapporter en peu de mots. L'efprit-de-vin abforbe cette vapeur aufli promptement que l’eau , & augmente de volume. Après qu'il en a été faturé , il diffout le fer avec la même rapidité que l’eau, & continue d’être inflammable. L'huile d'olive abforbe cette vapeur très-lentement, & en mème- tems devient noire & gluante, Elle fe mêle plus difficilement avec l’eau & acquiert une odeur très-défagréable, Lorfqu’elle féjonrne longtems fur la furface de l'eau , elle blanchit, & fa mauvaife odeur s’évanouit au bout de quelques jours. L'huile de térébenthine abforba promptement cette vapeur , & de- vint prefque noire. Il ne s’engendra point d'air inflammable, qu’a- près que j'eus fait élever plus de vapeur qu’elle ne pouvoit en abforber , & que je l’eus laiflée un rems confidérable ; mais l'air perdit une partie de fon inflammabilité ; il en für de même de l'huile d'olive dans la derniere expérience. Il y a route apparence que plus cette vapeur féjourne avec l'huile d'olive , plus celle-ci abforbe de phlogiftique ; il eft allez pro- bable que cer air, avant d’être devenu inflammable , approche beaucoup de l’air commun. La cire abforba cette vapeur très-lentement. En ayant mis un mor- ceau de la groffeur d'une noifette dans trois mefures d’une once de cette vapeur , celle-ci diminua de la moitié dans l’efpace de deux jours, & après que j'eus verfé de l’eau deflus, l'autre moitié difparutL'air éroic très-infammable. Le charbon abforba cette vapeur très-promprement ; il n'y en eût guères qu'un quart qui ne püt fe mêler à l’eau, & dont Finflammabilité füc très. foible, Un petit morceau de phofphore d’environ un demi-orain , fuma & Gegi 414 ENTÉRNE OS) TANONITA EE jetta de la lumiere dans la vapeur de l'efprit-de:fel, de même que s'il eüc été dans l'air commun; 1l ne dinunua point fenfiblemenr pendant douze heures qu'il y refta, & la diminution de la vapeur fur peu con- fidérable. L'eau l’abforba, à l'exception d’un cinquieme , qui étoir mé- diocrement inflammable. Ayant mis plufeurs morceaux de foufre dans cette vapeur , ils l’ab- forberent très-lentement. Elle diminua d'un cinquieme au bout de vingt- quatre heures, & ayant verfé de l’eau fur le refte, elle en abforba un peu plus. Le reftant étoit inflammable, & fa flamme étoit bleue. Malgré l'afinité que la vapeur de l’efprit-de-fel paroît avoir fur le phlogiltique, elle ne fçauroit en dépouiller toutes les fubftances où il fe trouve. J'ai obfervé que le bois fec, la croûte de pain, & la viande crue , abforbent promprement cette vapeur acide , mais fans lui com- muniquer aucune partie de leur phlogiftique. Toutes ces fubitances noir- ciflent apres avoir été quelque rems expofées à cette vapeur, & ont un goût acide extrèmement fort ; mais lorfque la viande a été lavée dans de l’eau , elle devient blanche, fes fibres fe féparent aifément, & même plus vite que celles de la viande bouillie ou rôtie. Ayant expofé un morceau de falpètre à cette vapeur , il fut à l’inftanc entouré d’une vapeur blanche , qui remplir tout le vaiffeau , & qui ref- fembloit parfairement à celle qui s’élève des bulles de Pair nitreux , qu'engendre l’effervefcence violente qui furvient lorfqu’on mêle de l’air nitreux avec cette vapeur d’efprit-de-fel. Toute la vapeur fur abforbée au bout d’une minute, à l'exception d’une petite quantité , qui n’étoit peut être autre chofe que l’air commun qui étoit fur la furface de l’ef- prit-de-fel. Un morceau d’alun que j’expofai à cette vapeur devint jaune ; il l’ab- forba aufii promprement que l’avoit fait le falpètre , & fe réduifit en une efpece de poudre. Je fais perfuadé que la furface du nitre & de l’alun fut convertie en fel ordinaire par ce procédé. Le fel commun ne produi- fic aucun effler fur cette vapeur. L’affinité de cette vapeur avec le phlogiftique, m’engagea à eflayer l'effec qu’elle produiroit en la mêlant avec l'air nitreux. En conféquence, je mêlai deux parties de cette vapeur avec une d’efprit-de-nitre, & au bout de vingt-quatre heures la vapeur diminua tant foit peu , & refta dans le mème état , en y introduifant de l’eau deffus. Ayant expofé la flamme d’une chandelle à cet air , elle me parut verte au bas, & il ne fe fit aucune explofion. Je ramaffai deux + mefures d’une once de ce mêlange d'air ; mais après que je l’eus agité dans de l’eau de pluie , je le t'ouvai réduir à une mefure =; 1l fit effervefcence avec l'air nirreux , & diminua confiderablement, mais moins que l’air commun. Il faue en déduire les perites quantités d’air commun qui éroit au haur des phioles ; lorfque je tirai la vapeur de l’efprit de fel; mais cette déduc- ___.… ah ans en PE ATEN SUT NO NU MEE: AIS tion fe réduit à peu de chofe, à caufe des précautions que je pris. Je crois que cette expérience peut conduire à la régénération de l'air com- mun , ou de l'air propre à la refpiration. Je m'imaginai encore aue Etat Pair , ainfi diminué parles procédés ci-deffus décrits éroit affecté par fa faturation du phlogiftique ; il pouvoit fe faire qu’un mélange de cette vapeur eût la propriété d’abforber le phlo- giftique , & de rétablir l’air dans fon premier état; cependant, je mis un quart de certe vapeur fur une quantité d'air, dans lequel j'avois calciné des métaux, fans qu'il éprouvat aucune altération fenfible. Je ne con- clus cependant point de-là , que l’air ne puifle diminuer par le moyen du phlogiftique, vu que l’air , de même que les autres fubftances , peut le retenir affez fortement, pour ne point s’en défailir, lorfqu’onl’expofe à cetre vapeur acide. Je conclurai cer expofé de ces expériences , en obfervant que l’étin- celle éleétrique , eft aufli vifible dans la vapeur de l’efprit-de-fel , que dans l'air commun, & que quoique je l’aie tirée pendant un tems con- fidérable dans cet air , je n’y ai apperçu aucune altération ; il en réfulra yne petite quantité d'air inflammable , mais pas davantage que ce qui en auroit pu être produit par les deux clous dont je me fervis pour tirer les érincelles. ART COUR FX Obfervations diverfes. Plufieurs des expériences précédentes regardant les fermentations vineufes & putrides, j'eus la curiofité de reconnoître de quelle maniere l'air feroit affecté ou alréré par l: fermentation acéreufe. Pour cet effet, j'enfermai une phiole remplie de petire bierre dans un jarre pofée dans l'eau , & j'obfervai que, durant les deux on crois premiers jours, air augmentoit dans la jarre , mais que depuis ce remps l'air diminua gra- duellement, tellement que je remarquai à la fin une diminution d’en- viron un dixieme, de toute la quanriré. Pendant ce tems là , route la furface éroir couverte d’une écume dont les bulles formoient des figures allez régulieres ; l'air augmenta enfuirs: ce que j’attribuai à un air fixe qui ne s’étoit point incorporé avec le relte de ja malle ; car au bout de dix huit on vinge jours , ayant retiré la bierre que je trouvai aigrie, & ayant pale l'air plufieurs fois dans l’eau froide. 1l diminua d'environ un neuvieme. Ce qui en reftoit auroit éteint une chandeile , & une fouris y feroit morte. Cet air avoit une odeur rrès piquante , mais différente de celle des émanations putrides. Une fouris vécut dans cet air , ainf affsété de la fermentation acéteufe , après qu'il eût refté mêlé plufieurs jours avec quatre fois autant d’air fixe. Toutes les efpeces d’air faétice avec lefquelles j'ai fait mes expérien- 416 PU FANS NII ONN UNIES ces jufqu’ici, font extrèmement nuifbles aux animaux , à l'exception de celui qui eft tiré du falpêtre , ou de l’alun. Un chandelle fe conferva allumée dans ce dernier, de mème que dans l'air ordinaire. Uue chan- delle que je mis dans de l'air tiré du falpètre , non-feulement y refta allumée , mais fa flamme augmenta & fit entendre un fiflement affez femblable à la décrépitation du nitre qu’on jette dans le feu. Je fis certe expérience lorfque l'air, étant nouvellement dégagé, contenoir proba- blement quelques particules de nitre, qu’il auroit dépofées dansla fuite; je cirai l'air de ces fubftances en les mettant dans le canon d’un fufil qui fur bientôt corrodé. J'ignore l’effec que certe circonftance a pu produire fur l'air. Le 6 Novembre 1772, j'eus la curiofité d'examiner l’état d’une quan- tité d’air que j'avois extraite du falpètre depuis plus d’un an, & qui éroit d’abord très-fain ; mais je fus fort-furpris de le/trouver nuifble au plus haut point. Il ne faifoit point effervefcence avec l'air nitreux, & une fouris y mourut dans l’inftant que je l’y mis ; cependant je ne l’eus pas plutôt lavé pendant l’efpace de dix minutes dans de l’eau de pluie, qu'il fe rétablit entiérement. Il ft effervefcence aufli parfaitement avec l'air nitreux, qu'il auroit pu le faire avec l’air ordinaire, & un chan- delle y refta allumée ; ce qu’elle n’avoit jamais fait dans-aucun air nui- fible amélioré par fon agitation dans l’eau. Cette fuite de faits relatifs. à l'air tiré du nitre , me paroïît extraordinaire, & peut conduire à des découvertes importantes entre les mains d’un habile homme, Il y a quantité de fubftances qui impregnent l'air d’une maniere re- marquable , mais fans le rendre nuifible aux animaux. J'ai effayé entr'au- tres les fels alkalis volarils & le camphre , que je fondis avec un miroir ardent dans de l’air enfermé dans une phiole. Une fouris que je mis dedans toufla & éternua beaucoup, furtout après que je l’eus retirée ; mais ces fymprômes ceflerent enfin, & elle ne parut pas avoir reçu le moindre mal. Ayant fait plufeurs expériences avec un mélange de limaille de fer & de foufre pêtris avec de l’eau , je voulus effayer l'effet que produi- roit la limaille de cuivre fubitituée à celle du fer. Le réfulrat fut que ce mélange noircit après être refté environ trois femaines dans une quan- tité donnée d’air, & fans avoir augmenté de volume. L'air n'augmenta ni ne diminua , mais il changea de nature , car il éreignit la Hamme & il auroit tué une fouris ; enfin 1] ne fe rétablit point par fon mélange avec l'air fixe pendant plufeurs jours. J'ai dir plufieurs fois qu’il m'éroit une fois arrivé d’expofer des quan- tités égales de différentes efpeces d’air dans des jarres placées dans de l’eau bouillante. L'air commun dans cette expérience diminua de +, & le refte éreignit la Hamme. Cette expérience prouve que l'eau n'abforbe pas l'air également, mais qu’elle le décompofe en en abforbant une par= PNA MUST ON TUE: 417 tie, & en laïflant l’autre. Pour être plus sûr de ce fait, j’agitai une quan- tité d'air commun dans de l’eau bouillante, & après l’avoir réduit de onze mefures à fept, je trouvai qu’il éteignoit la Aamme , mais qu'il ne faifoir aucun mal aux fouris. Une chandelle s’éreignir une autre fois, après qu'il eûr diminué d'un tiers; & j'ai obfervé dans d’autres qu'il produifoir le même effet avec différens dégrés de diminution J'at- tribue cette différence à l’état où fe trouve l’eau , eu égard à l'air qu'elle contient ; car je l’ai quelquefois gardée plus ou moins de tems avant de m'en fervir. J'ai employé l’eau diftillée , l'eau de pluie, & l'eau dont on avoit tiré air indiftinétement avec l’eau de pluie. Je ne doute même pas que l’eau , dans un certain état, ne puifle occafionner une différence fenfible dans le volume de l’air qu’on agite, fans qu’il cefle pour cela d’éteindre une chandelle à la fin du procédé , parce que lair qui en fort, fupplée à la partie d’air commun qu’elle avoir abforbe. Il eft cerrainement extraordinaire que ce même procédé corrige l’air putride , au point de le rendre femblable à'celui dans lequel on a tenu des chandelles allumées; & que néanmoins il corrompe l'air commun le plus fain, jufqu’à le diminuer de la même quantité ; mais le fait eft vrai. Si l'air éteint la Aamme à caufe du phlogiftique qu'il contient, c’eft appa- remment parce que l’eau le lui a tranfimis. Je mis dans une quantité d'air commun que j’avois diminué en l’agi- tant dans l’eau , jufqu'à ce qu'il éreignît une chandelle , une plante ; mais elle ne le rétablit pas affez pour pouvoir entretenir une chandelle allu- mce. Ce phénomene me furprit d'autant plus, que je ne le trouvai pas plus altéré que celui dans lequel j'avois allamé des chandelles; & que j'avois rétabli par les mêmes moyens. Je n’eus pas un meilleur fuccès avec une quantité d'air permanent que j'avois tiré de mon eau de puits. 11 eft vrai que je commençai ces expériences avant que je connulle la propriété de l’air nitreux , par lequel on peut juger de la bonté des au- tres efpeces d'air ; & l’année éroit peut-être trop avancée lorfque je fis mes expériences. Ayant négligé ces deux jarres d’air, les plantes que jé mis dedans , moururent & fe pourrirent ; l’air devint extrèmement nuili- ble , & ne fit plus effervefcence avec l’air nitreux. J'ai trouvé qu’une chopine de mon eau de puits contenoit environ un quart de mefure d'once d'air, dont la moitié fut enfuite abforbée per de l’eau nouvellement tirés du puits. Il éteignit une chandelle , mais une fouris y vécut; & en général il me parut être dans le même état que l'air qui éteint les chandelles. J'ai quelquefois penfé que la fimple ftagnarion fuffifoit pour corrom- pre l'air au point de nuire à la refpiration & d’éteindre une chandelle; mais au cas que cela foit, & que ce changement s'opere peu à peu, ce ne peur être qu'après un temps confidérable, Car ayant examiné , le 22 de Septembre 1772, une quantité d'air commun que je gardois dans 418 PRET TT ONPEAUCES une phiole depuis le mois de Mai 1771, & en ayant fait l’effai avec l'air ritreux , je ne le trouvai pas plus mauvais que celui que je refpirois. La cryftallifation du nitre ne caufe aucune altération fenfible fur l'air dans lequel on l’opere. Pour m’en affurer , je fis diffoudre autant de nitre qu'une quantité d’eau chaude peut en contenir, & je la mis refroidir fous un récipient pofé dans l’eau. J'obfervai, le 6 Novembre 1772, qu’une quantité d’air inflammable qui , à force d’être gardé, éteignoit une chandeile , avoit la mème odeur que l'air commun dans lequel j'avois mis un mêlange de limaille de fer & de foufre. Il eft vrai qu’elle étoit moins forte , mais il n’en étoit pas moins nuifible. On diflout le bifmuth & le nickel dans l'acide marin avec un degré de chaleur confidérable, mais on n’en tire point d’air; & ce qu’il y a de remarquable , eft que tous deux ont la même odeur que l’eau d’harrou- gate. J'ai fenti plufeurs fois la même odeur dans le cours de mes ex- périences, & dans des procédés fort différens les uns des autres. Comme je me fuis toujours fervi de fouris dans les expériences relas tives à la refpiration, & que quelques perfonnes feront peut-être bien aifes de les répéter, & de les pouffer plus loin que je n’ai fair, je crois devoir leur apprendre que je les ai gardées dans des récipients de verre , ouverts par le haut & par le bas, avec des morceaux de papier & de l’étoupe dedans, que j'avois foin de changer tous les trois ou quatre jours, en obfervant de laver les vaifleaux où elles étoienr. II faut les tenir dans un endroit tempéré, parce que le trop de froid & de chaleur les fait mourir. Je les ai prefque toujours tenues fur des tablettes élevées à une certaine diftance du feu de la cuifine, qui ne s'éteint jamais, comme c’eft l’ufage en Yorck-Shire, enforte que la chaleur varie très- peu. J'ai trouvé que le rerme moyen de cette chaleur éroit environ le foixante-dixieme degré du thermometre de Fahrenheit. Après qu'on les à trempées plufieurs fois dans l’eau , pour changer l’air qu'elle con- tient, il faut un degré confidérable de chaleur pour les fécher & les ré- chauffer, J'ai vu avec étonnement dans le cours de mes expériences, que les fouris pouvoient vivre fans boire. J'en ai gardé quelques-unes trois ou quatre mois, qui n’ont point voulu boire, lorfque je leur ai préfenté de l’eau , & qui n'ont pas laïflé de fe bien porter. On peur en mettre deux ou trois dans le mème vaifleau. J’en ai cependant vu une qui en déchira une autre avec laquelle je l’avois mife , quoiqu’elles euffent routes deux \ à manger, à L'appareil dont je me fuis fervi pour faire mes principales expérien- ces , elt fort fimple & peu coûteux. Il ne faut, pour s'en inftruire , que confulter la Planche II. A Eft une auge de figure oblongue d’envirou huit pouces de Pot eur ;, L L « L Pia Mie) Tv E&. 479 deur , prefque remplie d’eau : BB, des jarres d'environ dix pouces de long , & de deux & demi de large , pareilles à celles dont je me fers pour les batteries électriques. CC, font des pierres plates , enfoncées d’environ un pouce & demi dans l’eau, fur lefquelles on pofe les vaifleaux dont on fe fert. DD, font des pots prefque remplis d'eau, dans lefquels on renverfe les phioles qui contiennent l'air auquel on expofe les plantes & les autres fubftances : leurs ouvertures font plongées IE l'eau, pour empêcher que l'air de dedans ne communique avec celui de dehors. E , elt un petit vailfeau de verre dans lequel on mer la fouris , pour s’aflurer de la bonté de l'air qu'il renferme. F, eft un vaifleau de verre cylindrique , de cinq pouces de long, & d’un de diametre, dont on fe fert pour éprouver fi l’air entretient la flamme d’une chandelle. Pour cet effet, on attache un morceau de bougie à l’extrêmité d’un fil d’archal , de maniere qu'après qu'on l’a mis dans le vaifleau , la amme foit tournée en haut. Il faut avoir foin de couvrir le vaifleau jufqu’au moment qu’on met la bougie dedans. J'ai fouvent éteint par ce moyen une chandelle plus de vingt fois dans un de ces vaifleaux rempli d'air , quoiqu'il foit impoñlible de la mettre dedans, fans que l'air de dehors ne fe mêle avec celui qui y eft. I, eft un entonnoir de verre ou de fer blanc, pour mettre l’air dans les vaifleaux dont l’orifice eft étroit. K , eft un fiphon de verre dont on fe fert pour tirer l'air d’un vaiffeam dont l’orifice eft plongé dans l’eau, &élever celle-ci à la hauteur que l’on veut. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup à compter fur la foupape que M. Hales met au haut du vaifleau dont il fe fert , depuis que je me fuis apperçu qu'on ne pouvoit entiérement empêcher la communication de l'air intérieur avec l’air extérieur, à moins de mettre entre deux un verre , un volume d’eau, où même du mercure. L, eftun bout de canon de fufl, fermé par un bout, à l’autre extrè- mité duquel on a lutté un tuyau de pipe. On attache quelquefois au bout de celui-ci une vefie, pour recevoir l'air qui fe dégage de la fubftance qui eft dans le canon. Mais lorfque l'air tarde à s'engendrer , j'ai cou- tume de metre certe extrèmiré du tuyau de pipe fous un vaifleau plein d'eau , & d’en tenir l’orifice renverfé dans un autre où il y a de l'eau, pour que la fépararion du nouvel air d’avec l'air extérieur foit plus par- faire. M, eft une petite phiole dans laquelle eft le mélange propre à enven- drer l’air, Cet air fe tranfmer par un tube de veire recourbé , dont un bout entre dans un morceau de linge , & l’autre pafle fous la jarre N, dont l'ouverture déborde les pierres CC fur lefquelles elle eft pofée. Tome I, Part. Y. Hhh 410 Por EYIUNS: 17 LOTAUUVE AP'PN'PUNENN DA" CES ConTENANT le détail de quelques expériences de M. Her, qui prouvent qu’il n’y a point d’huile de vitriol dans l’eau ampregnée d’air fixe qu’on tire de la craie, au moyen de l'huile de vitriol ; & une lettre de M. Hey au Dodkeur Prieflley , touchant les effets de l’air fixe appliqué en forme de lavernent. EXPÉRIENCES qui prouvent qu'il n'y a point d'huile de vitrio® dans l’eau imprégnée d'air fixe. Quelqu'un m’ayant dir que l'air qui provient d’un mélange de craie & d'huile de vitriol , contenoit une petite portion d’acide vitriolique que leffervefcence avoit rendu volaril : je fis les expériences fuivantes , pour m'affurer fi le goût acidule de l'eau qui eft imprégnée de cer air , venoir de cet acide ou de l’air fixe qu’elle a abforbé. FN teMMENNIciE EL Je mélai une cuillier à thé de fyrop violat avec une once d’eau diftil- ke , faturée de l’air fixe que j’avois tiré de la craie, par le moyen de Vacide vitriolique ; mais je trouvai , au bout de vingt-quatre heures ,que le fyrop n’avoit prefque point changé de couleur , excepté feulemenr parce qu’il fe trouvoit étendu dans plas de liqueur. ME XP IR TIENN CI ENNIL Je mêlai une portion de certe eau diftillée , fans l’imprégner d’air fixe avec la même quantité de fyrop, & je n’apperçus aucune différence entre la couleur de ce mélange & celle du premier. ExPrÉR:3ENCE IIl Ayant mêlé une goutte d’huile de vitriol avecune chopine de la même eau diftillée ,; je mis fur une once de cette eau une cuillier à thé de fyrop. La couleur de ce mêlange fur fort facile à diftinguer des deux premieresy ayant une nuance pourpre qu’elles n’avoient pas. Exp £ R 1 E Nc E NIV. L'eau diftillée, imprégnée d’une petite quantité d’acide vitriolique ayant un goût plus agréable que lorfqu’elle eft fimple, & rougiffant le fyrop violar, je le foumis à plufieurs autres épreuves d’acidité ; elle forma des grumeaux avec le favon ; elle ne moufla prefque point, ne fit point effervefcence , ni avec l’efprit de fel ammoniac, ni avec la folution de PAPE ErAS TT IONMUN\E: 411 tartre, quoique j'eufle ôté à ce dernier fa qualité cauftique , en l'impré- gnant avec de l'air fixe. Etiir iinir tn c mt NV, L'eau diftillée , faturée d'air fixe, ne fait point effervefcence , ni ne fe trouble point, lorfqu’on la mèle avec un alkali fixe ou volatil. END ER OMS NN CE WT, Cette eau ne caille point Îe lait avec lequel je la fis bouillir. Erre RIDE N CE Ville Ayant agité cette eau avec du favon, elle forma des grumeaux , & ne moulla qu'avec difficulté , mais moins cependant que l'eau diftillée que javois mêlée avec l'acide vitriolique dans la perite quantité déjà indi- FES Cette même eau diftillée , qui n'avoir point été imprégnée d'air xe, écuina avec le favon , fans former aucun grumeau. Je comparai ces eaux avec de l'eau de riviere & de puits : la premiere forma des gru- meaux avant d'écumer, mais moins que l’eau diftillée , imprégnée d'air fixe ; la feconde forma plus de grumeaux qu'aucune des précédentes. EXPPÉE OR TeE UN GE 0 Vel II. Ayant foupconné que l'air fixe dont l’eau diftillée étoir imprégnée, occalionnoit la coagulation ou la féparation de la partie huïleufe du fa- von , en détruifant la qualité cauftique de la leflive, & en défuniflant celle qu’elle a avec la graifle, fans que l’acide y eût aucune part; j'impré- gnai une petite quantité de la mème eau diftillée avec de l'air fixe , qui avoit paflé par un gros tuyau de barometre de trois pieds de long , rem- pli de fel de vartre ; mais cette eau cailla Le favon tout comme la pre- miere , & parut être exactement la même. EX PIENRT E NTCHE MIX Ayant mêlé de l'eau diftillée farurée d'air fixe avec une folution de fucre de faturne, elle forma un nuage blanc & un précipité. Je trouvai pareillement que l'air fxe, après avoir paflé par un tube rempli de fel alkali, précipitoir le plomb fous la forme d’une poudre blanche , lorf- u’on l'introduifoit dans une folution de fel métallique avec de l'eau diftillée. Après que ce précipité fe fut formé , l’eau ne fe troubla plus, lorfque je mis dedans les fubftances qui lui avoient ôté fa limpidité, 7€ Hhhij 411 Ps HO r0)S 1 QIVNE. qe (3 En Et At E ii ATTAQUE De M. HEY au Doëleur PRIESTLEY , touchant les effets de l'air fixe appliqué en forme de lavement. Leeds, le 15 Février 1772. Monsieur, Ayant eu occalion d’éprouver derniérement les bons effets de l’air fixe dans une fievre putride, en l’appliquant d’une maniere dont perfonne ne: s’eft encore avifé , j'ai cru devoir vous faire part de cet heureux événe- ment , d’autanc plus que je dois l’ufage de ce puiffant correctif de la pu- tréfaction aux expériences & aux obfervarions que vous avez faites fur: l'air factice, & conformément à ce que vous me demandez. Je vais vous: donner les éclaireillemens néceffaires fur tout par rapport à la maniere: d’adminiftrer ce remede. Le 8 Janvier 1772, un jeune homme, appellé Lightbonne , logé chez moi , fut atraqué d'une fievre qui , au bout de dix jours , fut accom- pagnée de ces fymptomes. qui indiquent un état de putréfaétion dans- les fluides. Je fus.le voir le 18 dans la matinée ,, & lui trouvai la langue noire; mais cette noirceur fe diflipa dans la journée , après qu’il eùr bu. Iavoit- commencé à fommeiller le jour précédent ; & il ne connoifloit plus per- fonne lorfque j'arrivai : il étoit dévoyé, & l’avoit été depuis quelques: jours : fon pouls bartoit cent dix fois par minute, & éroit petit. For- donnai qu’on lui fît prendre toutes les cinq heures vingt cinq grains de: quinquina & huit grains de racine de tormentille en poudre ;, & pour fa: boiffon ordinaire , de l’eau & du vin rouge. Le 19, on m'appella le matin de très-bonne heure, à l’occafñon d’un faignement de nez qui lui avoit pris, & par lequel il perdiraux environs: de huit onces de fang qui avoir peu de confiftance. On arréra l’hémor- thagie, non fans quelque difficulté , au moyen de tentes très-douces,. trempées dans de l’eau froide imprégnée d’une teinture de fer qu’en: introduifit dans les narines jufqu’a leurs ouvertures poftérieures ,( mé thode qui m’a toujours réufli en pareil cas). I] avoir la langue couverre d’une pellicule noire & épaiffe , que la boiflon ne put jamais diffiper. Il avoir les dents & le golier couverts de la même matiere :la diarrhée & la ftupeur continuoienc, & 1l marmotoit fans cefle entre fes dents: IE puis ce jour-là toutes les trois heures un ferupule de quinquina avec dix. PE NN Er Qt UE 413 grains de tormentille. Je lui fs donner le matin & le foir un lavemenr dans lequel je fis mettre une drachme de poudre de bol, compofée fans opium. Je fis ouvrir une fenêtre de fa chambre , quoique le froid für très-vif , & répandre du vinaigre far le plancher, à plufeurs reprifes. Je le rrouvai le 20 à peu près dans le même érar. Quand on le tiroir de fon affoupiffement , il répondoit affez pertinemment aux queftions qu’on lui faifoit, mais il recomboit aufli-tôt dans fon premier érar, & continuoit de marmorer entre fes dents. Il avoit la peau féche & rude, mais fans pétéchies. Il lchoit quelquefois fon urine & fes excrémens dans fon lit, mais pour l’ordinaire il avoit affez de fentiment pour de- mander le baflin. Voyant que le quinquina en fubftance l’avoit reburé , je lui fubftituai la teinture d’'Huxham , dontil prenoit une cuillerée routes les deux heures dans une raffe d’eau froide. 11 buvoir de temps en temps de la teinture de rofe; mais fa boiffon ordinaire éroir le vin rouge trempé, ow de l’eau de riz & de l’eau-de-vie , acidalées avec Péhixir de vitriol. Je lui avois ordonné , avant de boire, de fe laver la bouche avec de l’eau dans laquelle on avoit mis un peu de miel & de vinaigre. La diarrhée augmenta, & fes felles éroient aqueufes, noires & férides. Comme elle l’abbatoit beaucoup, je mis dans chaque lavement une drachme de thériaque d'Andromaque. Le 2r,les mèmes fymptômes putrides continuerent , & furent ac compagnés de foubrefauts des tendons. Ses felles éroient plus férides , ‘ & (i brülantes , que la Garde me dit qu’elle ne pouvoir endurer la chae leur de fon por de chambre. On réitéra le remede & les lavemens. Réfléchiffant fur la néceflité où j'érois de retenir cette matiere pu- tride dans les premieres voies, de peur que de trop grandes évacuarions ne l’épuifaffent entierement avant que je puffe y remédier, & furmonter fes mauvais effers par les moyens que j’employois, je confidérai que fi je pouvois immédiatement corriger ce ferment putride ; j’arrécerois probablement l'écoulement qu'il occafionnoir , ou du moins qui fembloir enêtre augmenté, & que je deétruirois pareillement le levain de la ma- ladie. Je jugeai que j'en viendrois à bout en introduifant de l'air fixe dans les inteftins, d’autant plus que j'avois appris par les expériences du Doéteur Mac-Bride, & par celles que vous venez de publier, que c’étoit le meillenr correctif de la putréfaétion que Fon connût. Je me reffouvins que vous nraviez confeillé d’en ufer en forme de lavement dans les maladies putrides, & je jugeai que c’éroit 1ci l’occafion de le faire. : Je communiquai le lendemain matin mes réflexions €Eromwther, qui foignoient le malade; je leur prot 3 à MM. Hird & fai la méthode que T = L es javois deffein gemployer , & ils l’approuverent trous deux. Nous:com> nençimes par lui dorer sinq grains d'ipécacuacha pour évacuer nne partie de la faburre putride, Nous lui permines de boire à difuréiiosde 424 ! POFFYAES UT ONU E vin d'orange impregné d’air fixe, qui n’avoit pourtant pas perdu fa douceur. Nous continuâmes à lui donner la teinture de quinquina & de l’eau impregnée avec l’air fixe qui s’élevoit d’une cuve de biere en fermentation, ainfi que vous me l'aviez appris. Au lieu de me fervir d’aftringent , je lui injeétai l'air provenu d’un mêlange de craie & d’huile de vitriol. I but dans le courant de la journée une bouteille de vin d'orange , mais il refufa toutes les autres liqueurs, à l’exceprion de l'eau & de fa médecine. Je lui injectai l'après-midi deux veñlies pleines d'air. Le 23, fes felles furent moins fréquentes, moins brülantes & moins férides: il ne marmota plus tant, & les foubrefauts difparurent. M'érant apperçu qu'une partie de l’air que j’avois injecté avec une vefie reffor- toit, j'imaginai un expédient pour prévenir cet inconvénient. Je pris le tuyau flexible d’une pipe à fumer, & j'attachai une veflie à l'extrémité qui entre dans la noix. Je mis enfuite quelques morceaux de craie dans une phiole de fix onces , jufqu’à ce qu’elle für à moitié pleine. Je verfai deffus la quantité d'huile de vicriol que je crus fufifante pour faturer la craie, & j'arrachai la veflie qui tenoit au tube au col de la phiole, J'introduifis dans l’anus la canule qui étoit à l'autre extrèmité du tube, avant de verfer l'huile de vitriol fur la craie. Par ce moyen l'air s’infinua dans les inteftins à mefure qu'il s’engendroit. Le malade ne le rendie plus, ou du moins en conferva la plus grande partie , & je ne fus point obligé de le découvrir pendant l’opération. I fe trouva fi bien le 24, que je ne jugeai pas à propos de réitérer les lavemens, Je continuai les autres remedes, & je fis fermer la fenêtre de fa chambre. Le 25, tous les fymptômes de putréfaétion difparurent ; fa langue & fa bouche fe netroyerent ; fes felles furent moins férides , & reprirent leur premiere confftance; l’affoupifflement & le marmorement ceflerent; fon haleine ne fentit plus fi mauvais : il mangea ce jour-là avec appétit, & refta une heure aflis dans l'après-midi. La fievre continua, ce que j'attribuai au froid qu'il avoit éprouvé pen- dant que la fenêtre de fa chambre étroit ouverte; fa toux augmenta; il fut enroué pendant plufieurs jours , & fon pouls devint plus vif. A la fin ces fymprômes difparurent, & il eft aujourd’hui parfaitement guéri, Je fuis, &e, Votre, &c. M. Hey. Le 29 O&obre 1772. POS T-SICR 1 P T' UM. Les fievres putrides font devenues fi rares dans cette Ville & dans fes environs , depuis le commencement de cette année, que je n'ai plus sil PANANYNSMMEO UAE. 415$ eu occafon d'effayer les effets de l'air fixe en forme de lavement. Dans un cas pareil à celui de M. Lightbonne, j'ai deux fois employé de l’eau faturée d’air fixe dans une fievre putride , & mes malades s’en font tou- jours bien trouvés. Je donnai à l’un , qui avoit la diarrhée, des lavemens acriens, mais les déjeétions n’étoient point noires, & re fentoient point mauvais. Les lavemens n’arrèrerent point la diarrhée, mais ils rendirent les felles moins fréquentes. Le malade ne fe plaignit d'aucune diftenfion dans les inteftins , & l’on ne doit point en être furpris, vu que de la maniere dont je donne ces lavemens, l’air a le temps d’étre abforbé par les matieres aqueufes & les autres Auides qui s’y trouvent. Ces deux ma- Jades guérirent, mais l’ufage de l’air fixe n’avança pas la crife , & elle fe fit à l'ordinaire. Ils n’eurent pas occafion de boire le vin que je donnai à M. Lightbonne ; & je fuis perfuadé que s'ils l’avoient fair, ils s’en fe- roient trouvés mieux. Je trouve les méthodes que vous employez pour obtenir de l'air fixe, & pour en impregner l’eau, préférables à celles dont je me fuis fervi pour M. Lightbonne. Le tube flexible dont on fe fert pour injecter la fumée du tabac dans les inteftins, me paroît fort commode dans ce eas-ci, pourvu, comme vous le confeillez, qu’on arrofe [a craie avec de l’eau , avant de verfer deffus l'huile de vitriol. On peut continuer l'injection de l'air fixe aufli long-remps qu'on veut, fans qu’il en réfulre d'autre inconvénient pour le malade que la pofture gènante dans laquelle il eft obligé de fe tenir pen- dant l'opération. Lorfque j'ai dit dans ma lettre que l'air fixe me paroifloit être le meilleur antifeprique que l’on connût, j’ignorois encore que l’air nitreux poffédoit la même propriété; mais depuis que vous me l'avez fait con- noître, j'ai conçu de grandes efpérances que cette efpece d’air peut être très-avantageufement employé dans la Médecine, ENO'RERFENC IT EF TONN, AYANT examiné de nouveau les expériences que le Docteur Hales à faites pour déterminer la diminution que l'air éprouve de la part de la refpiration , ( Effai de Statique, vol. [, p. 238$, quairieme édition} j'ai trouvé que l’Imprimeur avoit mis trois treiziemes pour un treizieme, ce qui me perfuade que la diminution de l'air que la refpiration occa- fionne , eft moindre que celle qui réfulte de la putréfaétion & aatres caufes femblables. Il eft vrai que j'ai dit que cette diminution étoir égale à plufeurs autres, inais cela ne fait rien à la chofe, vu que ka qualité de l'air qui a été ainfi diminué eft la même à tous égards, quoique la caufe de fon augmentation foit plus grande que je ne l'ai fuppofée. Je n'ai pas renté de mefurer la quantité de la diminution de l'air par HA CNE PA FLSWIN QUI E: la refpiration , comme je l’ai fait lorfque cette diminution eft produite par d’autres caufes, parce que je fuis perfuadé que les expériences qui ne été faices fur cet objet, fur-tout celles de M. Hales, fonc fufi- antes. LT V'REÆS..N O'U:V E ANULX. L'Académie Royale des Sciences de Montpellier propofe de nouveau pour fujet de prix pour l’année 1773 : De déterminer les différens titres ou degrés de fpirituofité des eaux-de-vie ou efprit-de-vin par un moyen fimple & applicable aux ufages du Commerce. Les Mémoires déja couronnés fur certe queltion feront imprimés par ordre des Etats de Languedoc. La mème Académie propofe pour l'année 1774 les fujets fuivans : Quels font Les caraëleres principaux des terres en général? Affigner les défauts de celles qui font peu propres à la produëlion des grains ; & les moyens d'y remédier. Quelle eft l'influence des méréores Jur la végétation , & quelles confe- quences pratiques peut-on tirer, relativement à cer objet des obfervarions météorologiques faites jufqu'ici ? Prix extraordinaire propofé par l'Académie Royale des Sciences de Paris, pour l’année 1774: Donner‘ un procédé d’une réuffice conflante pour obtenir un cryflal de la denfité demandée , & en mêmertemps éxempt de Jiries ou filandres, & du coup d’œil gélatineux auquel font Jujets tous les cryflaux de cecte efpeces & nommément le STRAS d'Allemagne Ë le FLINT GLASS d’Angletrre, Les ouvrages feront reçus jufqu’au premier Décembre 1773. Prix propofé par l’Académie Royale des Sciences de Paris pour l’année 1775 : Quelle eff la meilleure maniere de fabriquer les aiguilles aimantées ; de les fufpendre , de s’affurer qu’elles font dans le vrai méridien magnéti- que ; enfin de rendre raifon de leurs variations diurnes régulieres ? Les ouvrages feront reçus jufqu’au premier Septembre 1774. Traité des Vertus dés Plantes, ouvrage pofthame de M. Antoine de Jufieu, Docteur-Régent de la Faculté de Paris, Membre des principales Académies de l’Europe, Profeffeur de Botanique au Jardin du Roi; édité & augmenté d’un grand nombre de Notes par M. Gandoyer de Foigny, Médecin - Confultant du feu Roi de Pologne. À Paris, chez Merlin, Libraire, rue de la Harpe, à St. Jofeph, in-12, 412 pages. Le nom de J'Auteur répond de la bonté de l’ouvrage. F I N. JUESS :: % Me ET tres +: enbtie- de ampres A he er are qr-mgnà rre OBSERVATIONS MAPS IQ U EF; SUR L'HISTOIRE NATURELLE ENS IENRANE'E)SWPA RETIS: TF\ONME PEARL EU MATUENR: SE: NA | 9 à sie OBSERVATIONS SOU KR HA PHYSIQUE. SUR L'HISTOIRE NATURELLE BÉDISIUERMMES TA RTS" ConTenaAnT l’Abrépé de l’Hiftoire & des Mémoires des Académies étrangeres de Berlin , de Londres, de Bologne , de Suede , &c. à commencer par l’année 1270 © fuivantes, pour fervir de fuite à LA COLLECTION ACADEMIQUE ; AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE» DÉDIÉES ARE ER COMME ED A "DR 'T OUT S, Par M. l'Abbé ROZIFER, Chevalier de l'Eglife de Lyon , de l'Académie Royale des Sciences, Beaux Arts& Belles-Lertres de Lyon, de Villefranche, de Dijon, de la Société Impériale de Phyfique & de Botanique de Florence, &c. ancien Directeur de l'Ecole Royale de Médecine Vétérinaire de Lyon. ne f NOM EN PREMIER: AUNEAURIIS;, Hôtel de Thou, rue des Poitevins, MIMDICICHA XXE TE AVEC PRIVILEGE DU ROI. “ÆU ue. ji AU oter ha 1 me À saatauran HAIOT 21H ave CT HA 2 È LE Her TA Re #à agi esïtibbns À 20b aim 22b #siofill sb Snbad Al tt) | issus last mananiion $ 55%, bout ob,-canolofl db robaoï sb. nilisf ab A tvonearrok HOT AB ÈD 42 $ Mn tek ot eantie) à sprl Hs uote: ATATARC rs no H'RGR 2ha dan 14 40 ME EE D Ne DE Na 8 EEE e LOT A AS + TWO 9 Fe SNL: LA NE mi Ein D 4 OS RAT pie LI AURONT M nu 12 JET SPL EE PERS PUCES Sani eine ne [UE Sr: Dies LESC SG as Sp sbèqtt Mob als ROUTE dE : ea JS avait PAUSE SM % exo RES % rs à RAT = La) À A EME S MOT 3 dr canivaiot eoblonr . soil 35 ft EN NVEL | emmeiiatenementtnee ITLXX A 294 ?\_; OUR ds MO SI SOBAINLES 21, CRT) LÉ. ut, PARRUY ST QUE: MA TANIOUULE CRUE Très-fimple de faire les Obfervations météorologiques. L Es Phyfciens s'appliquent depuis longtemps à faire des obferva- tions météorologiques, fans que la Société en ait encore retiré un avan- tage bien décidé. Doit-on conclure qu’elles font inutiles? Ce feroit le comble de l'erreur! Nous ne faurions trop inviter les Phyfciens à les répéter dans les divers climats. Peut-être un jour, en comparant celles dela même année , ou celles de plufieurs années confécutives, parviendra-t-on à voir la lumiere fortir du fein des rénebres , & à faire d’heureufes appli- cations. Pour cet effer, il feroit néceflaire qu’un Phyficien raffemblât toutes les tables météorologiques qui paroïffent chaque année, & qu’il les com- parât avec la fienne. Il trouvera dans les Collections académiques de Saint- Pétersbourg , de Berlin, de Londres, de Philadelphie , de Paris, &c. celles qui auront été faites dans ces différens pays; dans le Journal de Médecine , celles de Lille en Flandre dans les porte-feuilles de l’Acadé- mie de Lyon, celles de M. l’Abbé Lacroix, &c. Ce travail deviendroit long , pénible , faftidieux , & il feroit difficile de comparer dans un mo- ment ces tables mulripliées. M. Beguelin , de l’Académie de Berlin, en préfente une très-fimple & très-expédirive dans la colletion des Mé- moires de cette Académie. Sans nous attacher à copier fon Mémoire pour l'année 1770 , nous allons décrire fa maniere d’obferver. 1°. L'échelle du barometre eft divifée en pouces & lignes de Paris. 2°. La graduarion des thermometres de mercure de M. de Réaumur, dont le zéro répond au 32° degré de Fahrenheit & au 150° de M. de Lifle, eft le degré de chaleur de l’eau fous la glace. Celui de l’eau bouil- lante eft 80 (1); & il correfpond à 212 de Fahrenheir, à zéro de M. de Lifle; & à 156 de M. Sulzer (:). Ces thermometres font expofés au nord, en plein air. oo (1) Voyez dans le volime du mois d'Oétobre 1772 , c'eft-a-dire tome Il; part. IE, p- 147, les motifs qui nous ont engagé à fixer le terme de l'eau bouillante du ther- momerre de M. de Réaumur à 110 , dans le tableau du thermometre univerfel de com- paraifon que nous avons publié. + (2) Nous prions l'Auteur de nous communiquer la graduation & les principes fur lefquels il a conftruit fon thermometre. Nous publierons l'échelle qu'il a donnée 2 côté de celle des dix-fept autres cthermometres, Tome I, Pare, VI. ii Acad. des Sciences de Berlin. 428 IPÉNATETENS TN TONNUNSE STE 3°. Les heures ordinaires des obfervations , font fept heures du matin; deux heures de l'après-midi, & dix heures du foir. 4°. L'Auteur , dans l'extrait de fes tables , rapporte la plus grande & la plus petite hauteur du barometre pour chaque mois, avec le milieu entre ces extrèmes, & de plus la hauteur moyenne qui réfulre des trois obfer- vations journalieres. La Planche I repréfente le mouvement du mer- cure pendant toute l’année; & fi la gravure n'offre le tableau que d'un feul mois, on peut facilement fe figurer celui des autres. Nous pré- fenterons ci-après la defcriprion de cette Planche, & les additions qu'on ? pourroit faire. °, 11 donne pareïllement un tableau de la plus grande & de la moin- dre chaleur de chaque mois, obfervée à la même heure , tant pour le midi que pour le matin & le foir. Ces deux derniers termes ne différants que très-peu entre eux, ne font qu'un feul tableau. 11 joint le milieu entre les extrèmes & la chaleur moyenne qui réfulte de la fomme des degrés obfervés , divifée par le nombre des obfervations. Voici un exemple. , To A y Bs1Eio En AU Des hauteurs barométriques extrêmes & moyennes de chaque mois pour l’année 1770. [M Tô URS LepzusnAuT Jours.| Le prus |VARrATION|LE MILIEU. HavurTEuR | | DEGRÉ. BAS DEGRE.| TOTALE. MOYENNE. | Janv. |] x “é Re te 28" 7" s [Le s 27" 29 1” on 25 27" 9! 9,27" 111! FévrierLe 9,10,13,15|28 6, $s|Lez:8 |26 11 kr 7 27 NS 28 oo Mars |Le25 NE Lerstn 270626 807 2720 T0 NN) 2720 Avril ÎLe 25 203 ts MMEN6 RON) 27 RIT DE 0 Mai [|Le2o,21 8 EMILE RAA IS ES ICONS SET ENS | 2 RIRE Juin {Le 6 & 14 D SRE ENT IC Ie 0 I 27 ENS CREARTE 2 AL PTMNS | 27 TEL Juiller |Le 14 LE A EL ONE Or EC AE en: 28 o 28 oo Août |Le 6 & 7 28.3, USrilee33l27 to ile} 51 O2 no rie SeptalÉerr7 TRANSAT NE | 2710671 0 MRRU CRIE 27 RRET 27000 Oétob.|Le 2 & 3 2 Fr Len 2700 25 ORPI nr ES 7 NE Nov. |Le 2 D OR Vera Sr FE) 527 527527 09 Dec. Le 2 28 nus Lenoir) route 9 4127 : année | Le 26 Janvier. |28" 7" $ | Le18 |26 11 sh" 8" 27/10" 4327" 10" 98} ENTIE- Février. RE. : 00200000 PER ONENEE 0 V 419 IREM 4 R QU E. La hauteur moyenne du baromerre à Berlin éroit en 1769 = 28/0, 1! : elleeft en 1770—27" 10,95". Le milieu donne une hauteur moyenne = 27" 11, $25/. L’Auteur préfente de cetre mème maniere le tableau des hauteurs thermométriques extrèmes & moyennes de chaque mois pour l’année 1770, à deux heures après midi, & un femblable Tableau pour Les heures da matin & du foir. La Planche I, Fig. [, confidéree tranfverfalement , repréfente dans fes divifions les 30 ou 31 jours de chaque mois. La hauteur de ces divifions eft de deux pouces, fubdivifés en lignes; & cette hauteur de deux pouces défigne l’élévation ordinaire du mercure dans le barometre. Il l’excede rarement , & defcend quelquefois un peu plus bas; variations qu’on peut fixer, en fuppofant quelques lignes de graduations en deflus ou en deflous de$ deux pouces donnés, qui commencent à 27 & finillent à 29. Les graduations tranfverfales de ces deux pouces font marquées par des lignes, & les divifions des jours par des lignes perpendiculaires ; celles qui les partagent de trois en trois , font beaucoup plus faillantes. I fuffit donc, d’après ce Tableau, de tracer avec le crayon , & encore mieux avec la plume, & jour par jour la hauteur où le mercure aura refté dans le barometre. L'on verra, par ce moyen, du premier coup d'œil, l’éléva. tion ou l’abailfement que le mercure aura éprouvé pendant tout le mois, & enfin pendant toute l’année en traçant pour chaque mois le même ta- bleau que je préfente pour un feul ; & ce feroir encore mieux, fi le tableau des douze mois étoit fur la mème ligne. Comme il eft effentiel de mulciplier les obfervations , & fur-tout d’en fimplifier les opérations , nous penfons que, pour qu’elles puffent fervir de points de comparaifon , il feroit convenable de faire un feul tableau out les obfervations rhermometriques. On verroit par ce moyen la mar- che de la chaleur ou du froid, Planche, fig. IL. Ce rableau eit divifé en lignes qui correfpondent à celles de l’échelle de graduarion du thermo- mometre. Nous n'avons pas indiqué les degrés relatifs à chique cli- mat , ceux qui habitent fous la ligne, n’ont pas befoin d’avoir un tableau dans lequel doivent ètre marqués les degrés au-deffous du terme de la glace ; & ceux qui habitent la Laponie , ne font pas dans le cas d’é- prouver la chaleur de Syrie , qui monte à $o degrés de la divifion de Réaumur. Ainfi chacun doit divifer fon tableau relativement au pays qu'il habite. On pourroit encore réduire en un feul les deux tableaux que nous avons cru devoir repréfenter féparément pour nous expliquer avecplus de netteté, Par exemple, dans la fig. 1, ha colonne À indiqueroit les deux pouces des lin ij Tranf de l'Acad. de Philadel- phie. #30 PF SANT oO NTUINE divifions du barometre, & la colonne B les divifions du thermometre: Alors la graduation , pour indiquer l’état de l’athmofphere, feroit mar- quée par an trait C, & par une fimple ponctuation D , pour défigner le degré de chaleur ou de froid. Ce mème tableau ferviroit à deux ufa- ges différens qui formeroient mutuellement des points de comparaifon. Si on connoît une méthode plus fimple & plus facile, nous prions de nous la communiquer, PAS TSNTAUTE Dans lequel on tâche de rendre raifon du changement de climat qu’on a obfervé dans les Colonies fituées dans l'intérieur des terres de l’Amé- rique feptentrionale ; par M. HUGUES W1ILLIAMSON , Doéleur en Médecine. ce: u x qui réfident depuis long-temps dans la Penfylvanie & dans les Colonies voilines ,ont obfervé que leur climat a confidérablement changé depuis quarante à cinquante ans, & que nos hyvers ne font point aufli froids, ni nos étés aufli chauds qu'ils l’étoient autrefois. Pour expliquer ce phénomene , il faut nécelfairement dire un mot de la caufe générale des vents, & de la différence de froid & de chaleur qu'on éprouve dans différentes contrées fituées fous les mêmes paral- leles. Quoique le foleil foit la caufe générale de [a chaleur, on remarque cependant qu’il n’échauffe pasles pays à proportion de la diftance où ils font de cet aftre, ni mème de celle où ils font de l'Equateur. Les ha- T birans des Cercles polaires ne font pas éloignés d'E— de plus du foleil , que ceux qui vivent entre les topiques; & cependant les premiers éprou- vent un froid continuel, pendant que les feconds font continuellement dévorés par la chaleur. Lorfque les rayons du foleil tombent à plomb fur la terre , ils réfle- chiffenc dans la mème direction fur les particules de l’air qu'ils ont tra- verfé, & augmentent par conféquent leur chaleur ; & plus leur nombre eft grand, plus leur force eft fupérieute à celle qu'ils auroient ,s’ils éroient obliques. Il fuit de là , que plus la direétion du foleil approche de la perpendiculaire, plus la chaleur doit augmenter, quand même toutes chofes feroient d’ailleurs égales. C’eft ce qui fait que les paÿs fon plus froids , à proportion qu'ils approchenrt des poles. On obferve que la chaleur varie dans différens pays fitués fous le même degré de latitude, felon qu'ils fenferment des montagnes, des plaines fertiles au des défeuts fabloneux, qu'ils font environnés de terre ow BIDHIPANS TU GNU LE. 431 d’eau, ou felon les différens vents qui y regnent. La température de l'air dans la Penfylvanie eft différente de celle du Portugal, & celle d’Angle- terre de celle de Saxe, quoique ces contrées foient fous les mêmes parals léles, Pour juger de la fee d’un pays, il faut non - feulement avoir égard à fa latitude , mais encore à fa fituation & aux vents qui ont cou- tume d’y régner ; puifque ceux-ci ne fauroient changer , fans que le cli- mat ne change aufli. La face d’un pays peut entiérement être métamor- phofée par la culture; & l’on fe convaincra, en examinant la caufe des vents, que leur cours peut pareillement prendre de nouvelles direétions. On croit généralement que la plupart des vents fonc occafionnés par la chaleur du foleil, Si cet aftre pouvoir s'arrêter fur une partie particuliere de la furface de la terre , le vent y afflueroit conftamment de tous côtés, La raifon en eft, que l’air de cette partie étant raréfié par la chaleur, il fe dilateroit & deviendroit par conféquent plus léger ; il monteroir, & celui du voifinage , qui eft plus pefant, occuperoit aufli-tôt fa place. Celui ci étant à fon tour échauffé par le foleil & par la chaleur qu'il a communiquée à la terre, céderoit pareillement fa place à celui qui eft plus froid. Mais, comme le foleil fe meurt , ou patoît fe mouvoir entre les tropiques d’orient en occident, il doit y avoir un courant d'air con- tinuel qui fe rend vers le foleil du nord, du midi & de l'Orient , tandis que celui qui vient du couchant , eit repouffé par cet aftre, qui fe meur avec beaucoup de rapidité dans une direétion contraire. Le courant, qui vient du nord & du fud , rencontrant celui qui vient de lorient, fuir à linftant la même direction. C’eft de-là que proviennent les vents que les marins appellent alizés | qui regnent dans l'Océan atlantique &z dans la grande mer du Sud. Si la furface de la terre étoit homogene ; fi elle étroit toute couverte d’eau , ou enriérement feche & unie, les vents du levant régneroienc conftamment autour du globe, à quelque diftance entre les tropiques, Mais les mers fituées le long de l’Equareur, font divifées par deux ou trois portions de terre confidérables , qui confervent la chaleur tout autrement que l’eau; qui réfléchiffent les rayons du foleil d'une autre maniere, & qui s’oppofent non feulement au courant d’air qui vient de lorient , mais encore ils lui font prendre une direétion oppofée. Par exemple , les vents d'ouelt regnent conftamment fur les côtes de l'Afrique & de l'Amérique méridionale. Je veux dire , qu'ils vienent d’une furface froide dans une plus chaude ; ils fouflent de la mer vers les rerres. Dans les pays chauds, pendant l'été, la furface de la terre eft plus chaude que celle de Peau. Durant l'hyver des pays tempérés, la furface de la cerre eft plus froide que celle de l’eau. L La furface d’un globe terreftre érant continuellenrent oppofée zu foleil,, reçoit & retient fa chaleur , & s'échauffe à chaque nouveau rayon qui le 432 PRE PAUSIN TIM ONE AE frappe. Cela ef fi vrai, qu'on ne peut quelquefois tenir la main fur une farface dure & unie; mais la chaleur ne pénetre les corps qu'après un temps confidérable. La furface de la mer s’échauffe plus lentement , parce que les parti- cules les plus chaudes fe mélenr à l'inftant avec d’autres plus froides , & ainfi fucceflivement. De-là vient que, quoique la furface de la mer foic moins chaude en été que celle de la rerre dans le même climat , la cha- leur la pénetre plus promprement , & s’y conferve plus long temps. Appliquons ces raifonnemens généraux à la fituation de nos Colonies placées dans l’intérieur des terres ,eu égard à la terre & à l’eau. Nos côtes giflent à peu près du nord-eft au fud-ouelt ; de maniere ques’il arrivoit que la terre für plus froide que lamer, & qu’un courant d'air froid prît fon cours vers la mer, il pafferoir du nord-oueft au fud-eft. Ce font là précifément les vents qui regnent chez nous en hyver. La raifon eneft, que l'Océan atlan- tique du côté du fud-eft eft confidérablement échauffé pendant l'été, & conferve long-tems fa chaleur, lorfque le foleil s'approche du midi en hy- ver. Ajoutezà cela une circonftance remarquable , favoir, qu’il regne conf- tamment fur notre côte un courant d'air, lequel, étant pouflé vers le couchant par les vents alizés orientaux qui regnent près de l’Equateur, fe trouve arrêté dans le solfe du Mexique, & eft obligé de s'échapper vers le nord-eft, pour faire place au courant qui fuir. La furface de ces Colonies fe refroidir dès que le foleil ceffe de les éclairer ; & de-là pro- viennent ces torrens de vents violens qui fe portent en hyver vers l'O- céan atlantique, & dont la violence augmente , à proportion que l'air du continent eft plus froid. Connoiflons nous quelques circonftances capables d’affoiblir la force de ces vents de nord-oueft ; ou de les calmer entiérement? Tout le monde fait qu’une furface dure & unie réfléchit davantage la chaleur que celle qui eft inégale & raboreufe : par exemple , celle d’une glace, plus que celle d’une planché. Nous voyons de même , que les rochers & les dunes réfléchiffent davantage la chaleur, qu'une furface de terre glaife rabo- teufe ; un champ uni & pelé , plus que celui qui eft couvert d'arbres & de buifons. Si donc l’on pouvoit égalifer la furface de ce continent, de ma- niere qu'elle communiquât à l’athmofphere un degré de chaleur , égal à celui de l'Océan atlantique, on rétabliroit l'équilibre , & nous n'aurions plus des vents du nord-oueft. Nous y fommes déjà parvenus en partie ; & plufieurs membres de la fociéré peuvent s'être apperçus, que pendant l’hyver ces vents font moins fréquens, moins violens & moins durables qu'ils ne l’étoient jadis. Les marins, qui font les plus inté- reflés à cette affaire, nous ont dir qu'il leur falloir autrefois quatre ou cinq femaines pour aborder fur nos côres, tandis qu'aujourd'hui ils y abordent dans la moitié moins de cemps. On convient encore que | : PAM YQSUEN QU UV" 433 Je froid eft moins rude, la neige moins abondante & moins continue qu’elle ne l’a jamais été depuis que nous nous fommesétablis dans cette province. On objeéte que l’altération caufée par le défrichement & la culture des terres fur la furface d'un pays, n’eft point aflez confidérable pour opérer ce changement de climat qu'on a remarqué dans plufieurs con- trées. Je ne nie point qu'un pareil changement ne puifle provenir d’au- tres caufes que de cellesque je viens d'indiquer. left certain que la fimple réfolution de l’eau en air, produit un froid qui augmente pat la folution du fel nitreux. 11 y a plufeurs autres caufes qui peuvent augmenter & diminuer la chaleur de l'air; mais on ne fauroir m’alléguer un feul exem- ple du changement de climat, qu’on ne puiffe attribuer au défrichemenct du pays où il a eu lieu. On m'objecte celui qui eft arrivé depuis 1700 ans dans l'Italie & dans quelques contrées de l'Orient , comme une ex- ception à cerre regle générale. On nous dit que l'Italie éroit mieux cul- tivée du temps d’Augulte, qu'elle ne left aujourd'hui; & que cependant le climat y eft beaucoup plus tempéré. Cet exemple paroît démentir l'opinion dans laquelle on eft, que l'air d’un pays devient plus rempéré, à proportion qu’on le cultive davantage. Cette obfervation mérite d'autant plus que je m'y arrête , qu’elle vient d'un homme célebre par fon érudition (1). Je conviens que l’hiver étoit beaucoup plus rude en Italie, il y a dix- fept cens ans, qu'il ne left aujourd'hui. Virgile décrit avec beaucoup de foin la maniere dont il faut mettre le bérail à couvert, pour que le froid ni la neige ne le faffe point Poe Il nous dit que le vin fe geloit dans les tonnsaux , & rapporte pluñeurs autres exemples qui nous frap- pent. Il eft certain encore que les Italiens connoiffent aufli peu le froid & la gelée que les habitans de la Géorgie ou de la Caroline Méridio- nale. Pour expliquer un changement aufli furprenant, il faut franchir les bornes étroites de l'Italie, & traverfer la Hongrie, la Pologne & FAlle- magne , qui font au nord de Rome. Les Allemands ont furement fait des progrès immenfes dans la population & dans l'agriculture, de- puis que Jules Céfar envahit leur pays. Quelques élégantes que foienr les defcriptions qu’il donne de fes victoires, 1l n'eut à faire qu’à des peuples vase & barbares, dont le pays étoit aufli peu cultivé que leur efprit. Cette contrée étoit couverte de forêts immenfes, qu’on a prefque toutes détruites, Le petit nombre de tribus qui les habitoienr n’avoient fait aucun progrès dans l’Agriculture. Il s’élevoit de ces dé- ferts incultes des vents du nord perçans qui fe répandoïent comme un corrent dans l'Italie , & y caufoient un froid exceffif, quoiqu'elle fûe à (1) Voyez les Tranfaétions philofophiques , vol. LVIIT. 434 PE HAS ENNIQNAUMETFe très-bien cultivée. Perfonne n'ignore que la Hongrie, la Pologne , l’Af- Jemagne, &c. font anjourd’hui très-peuplées & parfaitement bien cul- tivées jufqu’aux bords de la Mer Baltique & de l'Océan Germanique : fi tout le monde convient que le froid eit aujourd’hui plus modéré dans l'Allemagne & dans les autres contrées da nord , à plus forte raifon doit-il l'être encore plus dans l'Italie, depuis que les vents du nord ne s’y font plus fentir. L'air éroit autrefois fi froid dans ces régions incultes , qu'il devoit détruire la balance dans l'athmofphere de lfralie, ce qui n’eft plus de nos jours. Puifqu'il fuit donc des principes que je viens d'établir que le défri- chement d'un pays contribue à la chaleur de lathmofphere, qu’il affoi- blit les vents du nord qui caufent ie froid, & rend les hivers plus tem- pérés, & que mes raifonnemens fur ce- fujet font confirmés par les faits, on peut raifonnablement en conclure que dans quelques années d'ici, & lorfque nos defcendans auront défriché la partie intérieure de ce pays, ils ne feront prefque plus fujers à La gelée ni à la neige, & que leurs hivers feront extrèmement tempérés. On m'objettera que le mème moyen que je propofe pour adoucir la rigueur des hivers, doit nécefTairement rendre les étés plus chauds; mais on trouvera, fi l’on y fait attention, que la mème caufe doit produire des effets différens dans cette faifon , & que l’été doit être moins chaud chez nous qu'il ne l'étoit par le pallé. On fair que dans les plus grandes chaleurs de l'éré, celle de l’athmof- here ne monte jamais à un degré extraordinaire. Il ef continuellement froid dans les régions fupérieures , tant parce que l'air eft trop éloigné de la terre pour fe reffentir de fon ardeur, qu'à caufe qu’étant moins com- primé par l’athmofphere , il n’eft point fuiceptible d'un fi grand degré de chaleur. Celle de l'air, & de tel autre corps que le foleil échauffe , dé- pend non-feulement de l’action des particules de la lumiere fur celles de l'air, mais encore de l’aétion réciproque de ces mêmes particules, qui par leur élafticité, entretiennent & communiquent le mouvement auquel on donne le nom de chaleur , qui avoir été excité par les rayons du foleil. Il s'enfuir donc que plus l’athmofphere eft raréñé, moins il fe reffent de la chaleur du foleil, & vice ver/ä. De là vient que dans les pays les plus chauds les fommers des montagnes font toujours eouverts de neige; que lurfqu’on porte un thermometre par un temps chaud au haut d’un clocher, le mercure baïffe de pluñeurs degrés, & remonte de nouveau à mefure qu'on defcend. Ii paroît par là que pour rendre un pays frais dans le cœur de l'été, il ne s’agit que de faire en forte que l'air froid de la rézion fupérieure fe mêle dans une proportion conve- nable avec celui qui eft près dela terre, & il fuffit pour cer effet que les vents d'été augmentent : car quoique le fimple mouvement de l'air ne fuffife point pour produire le froid, cependant les bouffées de vent ne r sn. ui dé ras) Paie Der to Tor. 435 ne laifent pas de rafraîchir l'athmofphere, fur - tout lorfqu'elles paf- fenc fur des montagnes, ou fur des furfaces inégales; elles détruifent alors l'équilibre de l’athmofphere , parce que l’air froid tend toujours à s'approcher de la furface de la terre. C’eft ce qui fair que les coups de vent qui s'élevent dans l'été, changent tout-à-coup la température de l'air. Les bois de haute furaie empêchent la circulation de l'air, en ral- lenriffant le mouvement de celui qui eft près de la furface, & qui étant le plus échauffé à caufe de fa fituation & de fa denfité, produit ces agita- tions qui arrivent dans les régions fupérieures. Cet air eft fouvent chaud & pefant dans les endroits entourés de bois , tandis qu'il eft frais & léger dans les plaines. On peut donc conclure des circonftances précédentes, que lorfque ce pays aura pris dans quelques fiecles d'ici une face nou- velle , que fes plaines feront défrichées , entrecoupées par des chaînes de montagnes incultes , alorsces plaines réflchiront un plus grand degré de chaleur que les montagnes voifines, & l’air y circulera plus aifémenr. Les vents de terre qui y regnent dans l'été, pour ne rien dire de ceux qui s’élevent de la mer ou des lacs, feront plus frais & plus fréquens ; & par conféquent nos étés plus tempérés. Cette altération dans la rempérature de nos faifons influera néceffai- rement fur les productions des terres. Nos prairies feront plus fertiles, & les pâturages plus abondans, pourvu que Îles pluies ne nous manquent point ; mais cela ne fauroit arriver , puilque ce pays elt rempli de mon- tagnes. La diminution des frimats & des neiges ne peut manquer de nuire pendant plufieurs années à nos grains d’hyver. La gélée & le dégel fe fuccedent fi fréquemment depuis quelques années, qu'il eft remps que nos Fermiers cherchent un moyen pour empêcher que l’hyver ne dé- truife leurs femailles. Le changement qui doit arriver dans la température de nos faifons , obligera un jour ceux qui culrivent le tabac, à fe tranfporter dans la Ca- roline & dans la Floride; & les habirans de la Virginie à cuitiver le fro- ment & le bled d'Inde. La vigne, qui ne peut aujourd’hui réfifter aux frimats de l’hyver, fournira dans quelques années , différentés fortes de vins aux habitans de l’Amérique feptentrionale. Nos defcendans ne manqueront pas de tranfplanter de l'Orient plufieurs plantes aromati- ques & médicinales, qui croïtront d'autant plus aifément, qu’elles y trou- veront un fol & un climat favorable. La vue des avantages qui en réfulteront pour la fanté , doivent inf- niment plus flatrer les amis de l'humanité , que les richeffes que peu- vent nous procurer les deux Indes. Nous éprouvons journellement les bons effets qu'a produit le foin qu’on a eu de paver & de balayer les rues de Philadelphie ; de mème que ceux qui réfultent de la culture de nos Colonies. Pendant que le pays étoit couvert de bois , les vallées remplies des vapeurs qu'exhaloient les arbres & les plantes, & infeétées des exha+ Tome I, Part. VI. Kkk Acad. des Sciences de Dijon, 1773: 436 PHRYT LS LE QUE LE laifons des étangs & des marais, l'air conftamment chargé d’un fluide épais & purride, occafionnoit quantité de fievres irrégulieres , nerveu- fes, bihicufes, renitrentes & intermittentes qui commencent à dimi- nuer depuis quelque remps. Les pleuréfies, les fievres inflammatoires ,, & plufeurs autres maladies qui font l'effet du froid , font beaucoup moins violentes depuis que nos hyvers font devenus plus rempérés. Puis donc que le défrichement des Colonies , & le changement du cli- mat qui en réfulte , influent fur les maladies du corps humain, un Mé- decin ne peut mieux faire que de nous donner une hiftoire exacte de chacune, obferver les différens caangemens qu'elles éprouvent , & marquer avec foin celles qui furviennent vers Le déclin des autres , pour que nous foyons en état de foulager les perfonnes qui peuvent avoir befoin de notre fecours. NOUVEAU MOYEN De purifier abfolument & en très-peu de temps une maffe d'air infeëlée ; par M. DE MORVEAU. io Es caves fépulcrales de l’Eglife Sainr- Médard de certe Ville, s’érant trouvées pleines au mois de Février dernier , la Fabrique de certe Paroiffe,, fuivant l'ufage prefque général, & que l’on ne peut juftifier que par la néceflité, ordonna une opération dont le but étoit de rendre libre une partie de l’efpace de ces fouterreins. Je ne m’occuperai pas ici à en raf- fembler toutes les circonftances & les fuites funeftes ; elles font très-bien. préfentées dans une lettre de M. Mare, deftinée à être inférée dans les Papiers publics , pour effrayer ceux dont les préjugés retarderoient en- core la ceffation de l'abus des inhumations dans les Eglifes, & mème dans les Villes. Le récir de cet événement lui appartenoit, puifqu'il vé- tifie en partie ce qu'il avoit annoncé quelques mois auparavant dans un très bon Mémoire à ce fujer. Je n’en rappellerai donc que les circonftan- ces qui peuvent fervir à faire juger des moyens de purifier une mafle- d'air infectée , & à en aflurer la théorie. Les Foffoyeurs , qui furent chargés de l'opération , imaginerent de jetrer de la chaux fur les corps qu'ils venoient de remuer; mais cette précaution qui auroit pu être efficace , fi l’on eut en même-temps donné une iffue aux vapeurs par un tuyau de conduite jufqu'à la hauteur du: faîre (1), ne fervit qu’à dégager fur le champ une fi grande quantité d’al- (x) Elie auroit pu également être efficace, fi la putréfaétion n’eüt pas été auf: avancée; car, fuivant les expériences de Macbride ;, deuxieme Effai, Expérience 5,3; Poor Eee PE LOUE 437 kali volaril, & avec lui des molécules cadavéreufes , qu’elles fe frayerent des paflages au travers des pendans de la voûte & des pavés ; & l'odeur devint bientôt fi infupportable , qu’il fallut abandonner l'Eghfe ; & que MM. du Chapitre de la Cathédrale à qui elle eft commune, furent obli- ges de transférer leurs Offices dans la Chapelle du College. De ce moment on ne cefla de travailler d’une part à interdire toute communication entre l'Eglife & le caveau ; de l’autre , à corriger l’infec- rion de l'air qui fe portoit déjà dans les maifons voifines, même dans celles qui en font féparées par la rue , fuivant la direction des vents. On avoit d abord eilayé de donner un libre cours aux émanatiens du caveau par un trou pratiqué dans la fondation du mur de l’Eglife du côté du Cloitre, Mais l’incommodité qui en réfulcoit , obligea bientôt de le fer- mer : on cut recours à un autre expédient beaucoup plus fimple & plus avantageux , ce fut de couvrir tout le monceau de corps de terre glaife , de rh En de fix à huit pouces. Je m’arrête un peu fur ce procédé , pour en faire connoître tous les avantages, & pourquoi il ne produit pas tout l'effet qu’on en devoit atrendre. | La terre glaife eft très-compacte ; & , pour peu qu'elle ait éré détrem- pée & corroyée , elle le devient , à proportion du defféchement qu’elle éprouve; ce qui eft bien démontré par la retraite qu’elle prend. Elle eft de plus aftringente , & durciffant les corps qu’elle touche , elle rerarde néceflairement leur diffolution. Mais ce n’eft pas par ces feules propriétés qu'elle peur intercepter les émanations putrides. Les Phyliciens favent qu'elle eft compofée de terre vitrifiable & d’acide vitriolique. Ils favenc que cer acide y eft dans un état qui ne change point l’ordre de fes affini- tés , puifqu'ils s’en fervent tous les jours pour dégager les acides nitreux & marins de leurs bafes alkalines. Or, s’il peut décompofer ces fels à l'aide du feu , il eft évident qu’il ne peut manquer d'arrêter au paffage l'alkali volatil ñon engagé , qui tendroit à parcourir un efpace dont il occupe tous les points. L'humidité de la terre facilite la diffolution ; & d’ailleurs l’érat de vapeur de l’aikali fuffiroit pour produire cette Auidité, & entretenir cette équipondérance , qui font , comme je l'ai dit ailleurs, les feules conditions eflentielles de l’action des affinités. C'eft fans doute en conféquence de ces principes , que M. le Cheva- lier de Jaucourt, frappé des fuites funeftes des inhumations dans les Eglifes, confeille d’enfermer du moins les corps dans de la terre glaife ou dans du plâtre, qui eft encore une efpece de fel vitriolique (1). Il n’y a donc pas à douter, que fi les corps euflent été enfermés de & troifieme Eflai, Expérience 12, l'eau de chaux, ou la chaux vive & l'eau qui pro- curent une diflolution fans odeur, qui réfftent puiflamment à la putréfaéhion , n'eut aucune vertu pour la coruiger. Fe . 7 < (z), Diftionnaire encyclopédique , article Embaumement, Kkk à 4358 PE sr Qu € toute part dans une couche fuffifamment épaiffe de terre argilleufe., lo- -deur fe feroit décompofée avant de la traverfer, & que l'huile fétide feroit retombée par fon propre poids ; à mefure qu'elle auroit perdu fon principe volatil. Mais , dans ce cas particulier , les corps putrides étoient gifans fur une terre animale , légere, prodigieufement fpongieufe ; de forte que l'odeur arrêtée par la couche fupérieure «’argille s’eft frayée une autre route à travers cette terre animale, & n’a été que retardée par le changement de direction & la différence d’un nulieu un peu moins perméable que l'air libre. Cependant l’effec fut affez fenfble pour donner lieu de penfer que la plus grande partie des émanations éroit interceptée : on fcella exacte- ment la clef du caveau. On jointoya les pavés dans toute la furface du fouterrein, & l’on ne s’occupa plus qu’à purifier l'air de l'Eglife. Pour y parvenir , on fit déconner fucceflivement une grande quantité de nitre. Onemploya , à diverfes reprifes, près de quarante mefures de braife pour brüler différens parfums, des herbes odorantes , du ftorax, du benjoin, &c. On effaya la fumigation du vinaigre ; enfin on avoit ré- pandu fur le pavé une grande quantité de vinaigre antipeftilenriel , connu fous le nom de vinaigre des quatre voleurs. Tout cela n'avoir rien produit ; & l’on ne doit pas en ètre furpriss L'acide acéteux foible par lui-même s’alkalife fi aifément par le feu, qu'il en détruit réellement plus qu'il n’en volatilife. L'acide du nitre feroit plus puiffant; mais comme on l’a très-bien remarqué dans le Difcours qui fert de Préface au Mémoire de M. de Boifieux, fur les mé- thodes nes & échauffantes, cet Auteur s’eft trompé lorfqu'il a cru que la détonnation dégageoit l’acide du nitre, il eft bien reconnu qu’elle le décompofe abfolument. Seroit-ce donc en mettant en liberté une grande quantité d’air.fixe , que la déflagration de ce fel pourroit dé- truire l'odeur putride? M. de Boiïflieux paroït prendre plus de confiance: dans certe explication au nombre 30 de fa Differtation fur les antifepri- ques; mais fi les expériences de Pringles & de Macbride ne permettene gueres de douter de l’effer régénérateur du principe qui s'échappe des corps pendant leur diffolution , il y a encore bien des raifons de douter que ce principe foit de l'air fixe. J'en ai raflemble un affez grand nom- bre que je pourrai communiquer par la fuite, D'ailleurs , on n’a aucune preuve de l'exiftence de cer air fixe dans le nitre dont les uns expliquent la détonnation par la formation d’un foufre nitreux, & les autres fimple- ment par la prodigieufe raréfaétion de l’eau qu'il contient. Jufqu’à ce que ces grands problèmes foient réfolus, je ne puis lui attribuer d’autre action pour la purification de Fair que lation méchanique de fon ex- plofion , elle pouffe au dehors une certaine portion de la mafle fluide dans J'efpace donné ; & comme l'air qui y rentre ne peut être le même, la quantité des molécules putrides , & conféquemment l’intenfité, de: PTH CENTS 7 4O VO VE: 439 l'odeur fe trouvent diminuées dans cette proportion; mais on fent com- bien elle doit être peu fenfible dans un très-grand vaiffeau , ou lorfque l'odeur eft très-forte, indépendamment de ce que l’effec de ces déronna- tions décroîr: à chaque répérition , & qu’il devient nul fur les parties éloignées du foyer de l’explofon. Par rapport aux aromates, leur aétion fe réduic à diftraire un momenc l'organe de l’odorat , & peut-être à nous endormir fur le danger donc 1] nous avertifloit, & qu’elle ne peut faire celler. Macbride fervé dans fon Effai fur les vertus antifeptiques, Expér. 11& 13, que la féridité. des corps putrides n’étoit pas diminué , même par leur immerfion dans une forte décoétion de rormentille , de balauf- tes , d'écorces de grenades & de rofes rouges, que les efprits ardens eux- mêmes n’avoient pas plus la propriété de détruire la puanteur, & qu'ils pouvoient tout au plus effacer un peu par leur odeur particuliere. C'’eft bien ce que j'éprouvai le Jeudi 4 Mars, dans l’Églife cathédrale, où je m'étois rendu à l'invitation de Meflieurs de la Fabrique & du Cha- pitre. Le pavé avoit été arrofé récemment de vinaigre des quatre vo- leurs ; & comme fon odeur n’avoit pu couvrir celle de la putréfaétion , il n’en réfultoir qu’une fenfation mixte d’autant plus défagréable , que la fétidité y éroit plus dominante. J'annonçai à ces Meflieurs j que je croyois pouvoir me flatter de purifier entiérement l'air de leur Eolife, par un moyen fort fimple , peu difpendieux , & fondé fur une théorie avouée. Mais, comme il éroir intéreffant auparavant de s’aflurer fi les miafimes putrides dont je ne leur promettois pas de tarir la fource , ne eommuniquoient plus du caveau dans l'Eglife , il fut convenu que l’on y brüleroic fur Le champ de la poudre, pour difperfer tous les aromates; & qu'on la tiendroit enfuite fermée l’efpace de trente-fix à quarante-huis heures, pour pouvoir juger par l’état & les progres de l'odeur , fi elle fe renouvelloit. . Je m'y retrouvai Le Samedi G : la féridité étoit infupportable ; l’ou- verture que l’on fr alors d’un autre caveau où l’on n’avoit rien remué , me donna lieu de juger & à tous ceux qui étoient préfens , que l'odeur qu'on refpiroit dans l'Eglife, étoit bien de même nature que celle du caveau; & que cette derniere n'avoit fur l’autre qu’un degré d’intenfité peu confidérable ; cependant rien ne manifeftoit précifément la tranfpi- ration de nouveaux corpufcules putrides , on avoit mème obfervé des viciflitudes d'odeur plus ou moins fortes dans l'emplacement même du caveau, qui fembloient répugner à la continuité des émanations,& artefter au contraire la feule impreflion de la chaleur ou de l’athmofphere fur læ malle d'air infeétée , on jugea donc qu’il étoit temps de la purifier; & voici comment on y procéda. Je fis mettre fix livres de fel marin non décrépité & même un peu hu- mide dans une de ces grandes cloches de verre, dont on fe fert dans Les 440 PATENTS. Er OUNU ME. jardins. Cette cloche fuc placée fur un bain de cendres froides, dans une chaudiere de fer fondu : on plaça la chaudiere fur un grand réchaut qui avoit été précédemment rempli de charbons allumés. Je verfai fur le champ dans la cloche deux livres de l’acide, connu fous le nom impropre d’huile de vitriol ; & je me retirai. Je n’érois pas à quatre pas du réchaut, que la colonne de vapeurs touchoit déjà la voûte du collatéral. Il étoit alors fept heures du foir; tout le monde fortit précipitamment , & les portes furent fermées jufqu’au lendemain, C'eft un principe généralement avoué, qu’il fe dégage une quantité confidétable d’alkali volacil des corps qui font dans un état de fermenta- tion , putride (1). Dès-lors, pour purifier une maffe d'air qui en eft in- fectée , il n’y a point de voie plus courte & plus sûre que de lâcher un: acide qui, s’élevanc & occupant tout l’efpace , s'empare de ces molé- cules alkalines , il les neurralife & réduit l’odeur ainfi décompofée à fes parties fixes que l’air ne peut plus foutenir. Le procédé que je viens de décrire, remplit parfaitement ces deux objets. 1°. Perfonne n’ignore que dans cette opération l'acide marin eft mis en liberté & volatilifé d’abord par la feule effervefcence , & enfuite très-aifément par Le feu : auñi trouva-t-on le lendemain l’Eglife entiere remplie des vapeurs de cette diffolution ; & l’un de Meflieurs les Fabriciens m'a affuré que s’é- rant préfenté à l’une des portes de l’Eglife environ deux heures après lopérarion , il avoit été faifi par cette vapeur qui s'échappoit par le trou de la ferrure. 2°, Cette vapeur a neutralifé l’alkali & décompofé l'odeur ; il n’y eut aucun de ceux qui y entrerent le Dimanche matin, qui n’avoua avec éronnement qu’il n’y avoir plus aucun foupcon d’odeur quelconque & l'effer eft ici d'autant plus marqué, qu'il a été reconnu depuis que le foyer de la fermentation putride n'éroit pas éreint dans le caveau , & que les émanarions n’en étoient que rallenties & non inrerceprées. Je crois donc pouvoir propofer avec confance ce nouveau moyen de purifier abfolument, & en peu de temps une mafle d’air infectée de miafimes putrides : quelque grand que puiffe être le vaifleau , la dofe de deux livres d’acide vitriolique fur fix livres de fel marin fera plus que fufifante, puifque ce mélange a fourni aflez de vapeurs pour remplir une Eglife très-vafte, & que je trouvai encore dans la capfule plus de moitié du fel marin qui n'avoir pas été décompofé, ce qui venoit de ce que le feu ne s'écoit pas foutenu aflez long-temps ; & 1l n'auroit pas été pru- dent de tenter de la renouveller pendant l'effervefcence. L’on peut donc (x) Quoi qu'en dife Macbride, trente-quatrieme Experience de fon Eflai {ur l'Air fixe, cer alkali volatil et exactement femblable à celui que produit Ja combuftion des fubftances animales, n'en differe par l'odeur qu’autant qu'il en differe par le degré de ureté : au refte , cela eft ici fort indifférent, puifqu'il a lui-même fourni les preuves de fou analogie & de fes affuurés, + PH Ex € x x 44% réduire ces quantités fuivant la grandeur des appartemens, & en obfer- vaut toujours les proportions des trois parties de fel neutre pour une partie d'acide ; ainf trois onces d’acide vitriolique, & neuf onces de fel marin peuvent fuflire pour route chambre de grandeur ordinaire. L’opé- ration fe feroit du moins en grande partie fans feu , fi l’on employoit du fel décrépité ; mais pour peu que les dofes fulfent confidérables , it y auroit tout à craindre que celui qui en feroir le mélange , n’eût pas le temps de fe retirer, & ne für fuffoqué fur le champ par l’activité des vapeurs acides, Voilà pourquoi je me fuis fervi de fel ordinaire nom féché, & mème un peu humide, Le peu de dépenfe que cette méthode exige , eft encore un de fes avantages : ceux qui voudront la rendre plus économique , retrouveront une partie des frais dans le réfidu qui , étant diffout dans l'eau ; filtré & évaporé , donnera du fel de glauber & quelques cubes de fel marin : ou: s'ils veulent s’épargner ce travail , ils pourront remplacer dans le pro- cédé l'huile de vitriol par de l’argille. On mélera alors des parties de cette terre à une partie de fel marin pulvérifé ; on humectera le mélange: pour en former de petires boules, & pour que l'acide fe dégage plus: facilement à l’aide de la vapeur aqueufe , on placera ces boules dans un: vaiffeau de terre non verniffé ; & l’on fera attention que dans cerre der- niere opération, le feu doit être beaucoup plus vif que dans la pre- miere. IL eft évident que ni l’une ni l’autre ne peuvent fe faire dans une chambre où il fe trouveroit actuellement des malades ; mais combien d'autres occafions où l’on peut avoir befoin de purifier l'air des miafmes. cadavéreux , des vapeurs alkalefcentes dont il eft infe&é ! C’eft pour celles-là que je propofe ce nouveau moyen dont la théorie eft généra- ment avouée, dont l'efficacité eft prouvée par l'expérience , donr læ dépenfe , les ingrédiens & le procédé font à la portée de tour le monde. Acad. des Sciences de Paris. 44% PUR EST OUT D'LE SCA SRI /O"TIN Des effets éleëtriques du Tonnerre, cbfervés à Naples’ dans la maifon de Mylord Tüney ; par M. DESSAUSSURES, Profeffeur de Philo- fophie à Geneve : : Luce à l'Académie des Sciences de Paris, le 22 Mai. L E Lundi quinzieme Mars, il y avoit à Naples chez Mylord Ty ney , une affemblée de deux à trois cents perfonnes, compofée de No- bleffé Napolitaine & d'Etrangers, & difperfée dans un appartement de fept pieces ; les domeftiques , foit de fervice , foit ceux qui attendoient leurs maîtres dans les anti-chambres , pouvaient aller au nombre de * deux cents cinquante ; enforre qu'il y avoit environ $oo petfonnes dans la totalité de cet appartement. Tout ce monde étroit occupé, où à jouer , ou à caufer , lorfque vers les’ dix heures & demie du foir, on fut frappé au même inftant dans toutes les chambres d’une lumiere extrémement vive, qui parut à quelques perfonnes comme une boule rayonnante , & à d’autres comme la Hamme d’une arme à feu ; chacun entendirt dans le mème moment un bruit que beaucoup de gens & moi en particulier ju- geîmes être l’effec d’un coup de piftoler uré dans une chambre ; mais le plus grand nombre & les dames fur-tout le reconnurent pour un coup de tonnerre ; quelle que pût ètre l'opinion particuliere de chacun des individus, il eft cerrain que l'éronneément & l’effroi furent univerfels; tous ceux-qui étoient au jeu fe leverent ; la plupart desgens frappés’ d’une lumiere inftäntanée, & perfuadés que cet accident n'étoit arrivé? que dans le lieu où ils étoient , fuyoient dans une autre chambre , & l'on vi tout le monde courir fans fçavoir où , fe rencontrer avec des vifages où éroient peints l'effroi & la confternation. Tous ceux qui avoient dans la mème affemblée quelqu'un qui les intérefloit , inquiets de fon fort , coutoient pour le chercher ;-d’autres paroifloient faifis par Ja crainte, & demeuroient avec des yeux égarés dans une immobilité parfaire; d’autres enfin regardant cét évenement comme un avertile- ment du Ciel, faifoient des aétes de dévotion. Ceux qui étoient moins allarmés cherchoienr la caufe de ce phénomene ; bientôt on s'apperçut que les rables & les habits éroient couverts d’une poufliere brillante que l'on reconnu pour être le produit des écailles de la dorure dont les appartemens éroient ornés , & du vernis qui la recouvroit ; car la do- rure à Naples n’eft autre chofe qu'une feuille d'argent recouverte d’un vernis jaune & tranfparent; en effec la grande corniche dorée qui en- touroit PK VUS F 0-6 445 touroit les plafonds, & la plüpart des autres dorures étoient fondues, noircies , écaillées en cent endroits : la cerreur fembloit s’accroître à mefute que l'on faifoit des découvertes , lorfqu’on put réflechir au danger qu’on avoit couru ; remarquer fur le fiège qu'on occupoit dans le moment du coup, les traces évidentes du feu qui y avoit pallé, & qu’on fut convaincu que la foudre avoit traverfé , rempli & entouré tout l'appartement qu'on occupoit ; alors on fut furpris que de plus de $00 perfonnes qui éroient,foit dans l'appartement de Mylord Tylney, foit dans les autres étages de la même maifon , aucune n'eüt été tuée ni même bleffée dangereufement. La perfonne la plus maltraitée fut un domeftique qui fe trouva avec trois contufions, une au bras, une à la poitrine, & une au côté. Un autre domeftique appuyé contre le chambranle d’une porte, reçut une commotion qui le fit tomber fur fon derriere ; quelques perfonnes reflentirent de légeres commotions foit dans les jambes , foit aux pieds ; d’autres eurent les yeux forte- ment éblouis par la vivacité de la lumiere qui les affeéta ; mais enfin perfonne n’en a rèçu d’incommodité durable. Le lendemain matin j'allai avec M. le Chevalier Hamilton, dont tout le monde connoit l’efprit d'obfervarion & les lumieres, parcourir & examiner toute la maifon pour parvenir à déterminer , s'il étoic poflble , la roure qu’avoit fuivi ce fingulier météore. Nous avions déjà vu la veille, que l’étage au-deffus de celui qu’occupe Mylord Tylney, meublé & décoré de dorures , à peu-près comme celui de ce Seigneur, avoit été frappé de la mème maniere. Prefque toutes les dorures, les corniches des plafonds, les baguettes qui encadrenr les tapifferies, étoient fondues ou noircies ou écaillées ; ces fairs prouvoient que la foudre n’étoit pas entrée dans l’appartement de Mylord Tylney par la fenè- tre comme quelques perfonnes fe figuroient l'avoir vu, mais qu’elle venoit du haut de la maifon. Nous montämes donc fur le roir , ou comme on dit à Naples l’affrico; c’eft-à-dire fur une terraffe plate gar- nie d’un ciment impénétrable à la pluie que l’on forme d’un mêlange de chaux, de pozzolane & d’eau. Malgré les recherches les plus exac- tes, nous ne pümes y découvrir aucunes traces du pese e la fou- dre : nous trouvâmes feulement qu’un des fils de fer qui retiennent les goutieres de l’affrico étoit rompu; & que Ja caflure terminée en demi-rond parfait fembloit être l’effer d'une fufon ; mais comme certe caffure ne paroifloit pas bien fraîche, qu’elle étoit même ua peu rouillée nous n’osimes pas décider que ce fut un effet récent du tonnerre. Ce- pendant ces goutieres étant les corps métalliques les plus faillants de la maifon ayant deux ou trois pieds en dehors du toit, & érant rete- nues par de longues brides de fil de fer, & fourenues par des confo- les du même métal, il nous parut probable que c’étoit par-là que la matiere électrique étoit entrée dans la maïfon ; je dis /a matisre élec- Tome I, Parc, VI, au 44 PP SF, OÙ OVE rrique ; patce que, c'eft une chofe aétuellement reconnne pont certaine que la foudre n’eft autre chofe que lexpiofion d’une grande quantité de matiere électrique , palfant, rantôt des nuées à la terre, & ranrôr de la rerre aux nuées. Tandis que nous étions fur le toir de cette mai- fon, Mie Chevalier Hamilton & moi , nous eumes occafon d'ob- ferver combien M: Francklin à raifon de recommander que les con- duŒæeurs deftinés à préferver les bâtimens de la foudre , foyent fort élevés au-deffus d'eux , & qu’on les multiplie lorfque ces mêmes bä- timens ont une grande érendue. Nous vimes que la maifon de Mylord Tylney étoit environnée de tous les côtés à quatre ou cinq cents pas de diftance par des Eglifes dont les coupoles & les tours éroient plus élcvées que cette maifon. On auroïit donc pu s'attendre que ces corps élevés , mouillés dans ce moment par la pluie auroient fervi de con- ducteurs , épuifé & foutiré l’Electricité des nuages , & ainfi préfervé la maifon de Milord Tylney. Lors donc que cette maifon a été ar il faut conclure que les conduéteurs placés à certe diftance ne font pas fufifants ; & d’ailleurs des corps qui n’abforbent l’Ele&ricité qu’à rai- fon deleut humidité extérieure ne peuvent jamais égaler l’effer des con- ducteurs métalliques ; au refte il n’eft pas impoflible que ces Eglifes n’ayent contribué à épuifer une partie du fluide & à rendre le coup auffi modéré qu’il la été. Connoiffant donc avec quelque probabilité par où la foudre étroit entrée , il s’agifloit de fçavoir par où elle étroit fortie. Nous defcendi- mes.dans les appartemens fitués au deffous de celui de Mylord Tylney, & comme la chambre du Maïtre-d’hôrel de ce Seigneur avoit été la plus malrraitée , nous allämes d’abord à celle qui lui répondoit dans l'étage inférieur , nous y trouvames des traces du paflage de la foudre , analo- gues à celles qui fe voyoient dans la chambre du Maitre-d’hôtel , & nous trouvimes encore plus bas un, puits dont la corde mouillée pafloit par une poulie fufpendue à un bras de fer planté dans le mur : ce der- er atrirail paroifloit très-propre à donner pañlage au courant du fluide élé&rique , & à lui ouvrit une communication avec la mafñle entiere dé la térre ; les traces que nous avions fuivies indiquoient cette di- rection ; on n’en appercevoit plus aucune dans les parties de la mai- fon fituées au-deflous de ce puits; nous conclümes donc que c’étoir- B l'iffue que nous cherchions* Je ne crois pas au refte que toute la matiere électrique qui compofoit le tonnerre fe foit diflipée par cet unique pallage ; il paroït que les murs même de [a maifon ont en par- tie fervi à la conduire & à la faire pafler dans la terre où elle tendoit à fe rendre; car dans toutes les pièces , foit de l’appartement de My- lord Tylney, foir des étages fupérieurs & inférieurs , toutes les. do- rüres. appliquées contre les murs, & communiquant de quelque ma- niere que ce für avec la corhiche dorée dw plafond , offroient des.tra- IN PH xs v 4 ces dupaflage de la foudre , non-feulement celles qui pouvoient favori- fer fon écoulement du côté du puits , mais encore celles qui pouvoient lui aider à defcendre du haut de la maifon en bas, en paffant le long des murs. Quelques perfonnes qui étoient appuyées contre les murs où qui en éroient près , ont reflenti en conféquence des commotions aflez vives, Ces mêmes effets fe remarquerent dans les anti-chambres & dans l’efcalier où, quoique l’on n'ait d'ailleurs apperçu aucune trace du feu, des domeltiques appuyés contre les murs éprouverent quelques fecoules. .»:Je crois donc que le courant de matiere électrique ou fulminante , qui » efl entré par les gouttieres de l'aftrier , a pénétré & parcouru toute la » maifon; que la plus grande partie en eff fortie par le puits , & que » tout le refle s'eft filtré du haut en bas par les murs. Les détails dans lefquels je viens d'entrer fufhroient pour établir cette affertion ; je crois pourtant que Les Phyficiens verront avec plai- fic quelques autres détails plus précis, d'autant plus qu'on n’a peut- être jamais.eu d’occafon.d’obferver les traces du tonnerre dans un ef- pace aufli étendu & dans un pays comme celui-ci , où les dorures pro- diguées jufques dans les. appartemens les plus reculés , donnent la fa- cilité de faire de femblables obfervations. Je me bornerai cependant aux principaux traits , en m'attachant particulierement à l'appartement de Mylord Tylney , que la quantité de monde dont il étoit rempli rend plus intéreflant. Les pieces de cet appartement dans lefquelles [es effets de la foudre ont été fenfibles, font.au nombre de neuf , dont cinq forment une enflade dirigée du nord au midi, & une autre en- fflade qui ,s’écend du levant au couchant. Cetre feconde enfilade fe joint à la premiere en forme d’équerre vis-à-vis La quatrieme piece ; enforte que la cinquieme piece de la premiere fe rouve hors de l’é- querre, 1,2,3, 4,5 6 7 3 9 la fituation de ces chiffres par lefquels je défignerai les différentes pieces de cet appartement , peut donnerune idée de leur poñtion refpeétive. Dans la pièce n°. 1, & la plüs au nord de la premiere enfilade , ‘huit baguettes montantes ou verticales , qui portoient des traces évidentes du feu électrique ; celles qui étoient à l’angle au nord-eft, étoient marquées de huit ou neuf grandes taches noires. La partie dorée de ces baguettes, qui fonc les mêmes dans tout l'appartement où elles fervent de cadre aux tapifleries , a une furface dont la largeur eft de deux pouces & demi; toutes les baguertes horifontales, appliquées au bas de la tapiflerie , cn Lili; Y4C D. Die à Vo y E étoient auf matquees en plufieurs endroïts , auf bien que deux pieds d’un fopha de bois doré , dont le dofffer touchoir à cette baguette. La cor- niche du plafond, qui eft la même dans tout l'appartement , & dont la furface dorée a neuf pouces & un quart de largeur, n’en paroifloit frappée que dans un angle; & nous remarquames que par-tout où les effets de la foudre mavoient été que peu fenhñbles, les jointures . les endroits où la communication étoit interrompue, en avoient le plus foufferr. Ce phénomene s’eft montré conftamment par-tout où les effets de la foudre ont été vifibles. Il n’eft pas néceffaire de rappeller à ceux qui connotffent les effets de l’électriciré , que c’eft une analogie que la matiere du tonnerre a encore avec elle. La piece fuivante, ( n° 2 ) eft une gallerie de 33 pieds & demi de lonzüeur. Le fi de fer d’une fonnetre court le long de la corniche oppofés aux fenèrres. Ce fil de fer a indubitablement fervi de conduc- teur à la plus grande partie du courant qui cheminoir horifontalement pour aller grgner Fautre extrémité de l'appartement fous laquelle eft fitué le puirs ; on a vu de femblables fils conduire une quantité bien plus confdérable de matiere fulminante ; cependant comme il y avoit aufli une autre portion de cette mème matiere qui defcendoit perpen- diculairement le long des murs, route la corniche dorée du même côté , deux fofas au deflous de certe corniche , deux chaifes, les pieds. de deux tables placées contre les trumeaux des fenêtres, & dix des baguetres verticales ont eu leur dorüre endommagée en divers endroirs, Dans la piece n° 3 de [a même enfilade , la corniche auprès de [a- quelle paffe le fil de fer de la fonnette a éré fort endommagée ; les autres parties ne l’ont été que dans les angles, mais neuf baguettes verricales , un fofa & deux chaifes ont été touchées très fenfiblement le n° 4. éroit à-peu près de mème. La piece , n° $ la derniere de cette enfilide eft une chambre à coucher qui eft moins décorée que les: autres ; une corniche dorée regne autour du plafond ; mais il n’y à point de baguertes dorees qui aillent du haut en bas. La matiere élec- rique n’a donc pas trouvé dans celle-ci des conduéteurs pour defcen- dre aifément ; elle s’eft route condenfée dans la corniche qui en a été extrèmement endommagée. La piece n° & eft la feconde de lenfilade qui va du levant au couchar, Le n° 4 étant commun aux deux enfla- des , il n'y avoit pas dans cette piece non plus que dans le n° $ , des. baguettes dorées qui allaffent du haut en bas; aufli la trace du courant a-t-elle été comme dans les numéros $ , toute horizontale; mais. comme il fe trouvoit un fil de fonnette qui alloic dans la chambre du numéro 8 , fituée perpendiculairement aa deffus du puits, le courant a pallé par le fil, l’a fondu & coupé, & la corniche eft demeurée intacte , à l'exception de quelques petites taches dans les angles, ” PR ETES NT AQU LE 44 Le numéro 7 difpofé comme le précédent , a été traité de mème” Le fil de fonnette qui le traverfe dans la même direétion à été auili fondu & coupé, & la corniche entierement préfervée. Ainfi en fuivanc toujours le fil de cette fonnette , le courant éleétrique eft arrivé dans la piece fuivante numéro 8; & comme le puits par lequel il devoir s’é- chapper eft fitué direétement au-deflous de cette même piece , il fal- loit changer fa direction ; & au lieu de l'horizontale qu'il venoit de fuivre, en prendre une verticale ; mais il ne trouva point ici de ba- guerres dorées par lefquelles il put defcendre ; il n’y avoit que les jam bages dorés de la porte qui puflent lui fournir un paflage; la partie la plus élevée de cette porte étoit encore féparée de la corniche du plafond par un intervalle de quatre pieds cinq pouces , qu'il eûr ésé difficile de franchir. Heureufement 1l s’eft rrouvé là un tableau dont le cadre doré rouchoit par en haut à la corniche & s’approchoir par en bas du chambranle doré de la porte jufqu'à la diftance de deux pouces & demi. Le courant a donc pailé du fil de la fonnette à la corniche, de la corniche au cadre du tableau , & du cadre a fauté aux jambages de la porte ; de-là il eft defcendu au plancher. Comme dans ce trajer il éroit extrèmement condenfé, la dorure des quatre côtés du cadre & toute celle du chambranle en ont été prefqu'entierement détruites; quoique cette derniere eut une furface Re de plus de dix pouces , l'explofon paroît avoir été fi forte, que les environs de la dorure font enfumés & noircis fur une largeur d’un demi-pied. 11 n'y avoir perfonne dans cette chambre lors de l'explofion ; mais la chambre précédente numéro 7 fuc celle où l’on entendit le coup le plus fort, & où la lu miere fut la plus éblouiffante. Nous nous atrendions à trouver far le plancher que toute cette matiere dut traverfer , quelques traces de fon paflage , mais nous n’en apparçumes aucune ; peut-être la brique dont certe chambre eft pavée, s’eft elle laiflée pénétrer ; peut-être aufli le fluide électrique aura-t-il profité de quelque clou ou de quelqu’autre ferrement caché dans l’épailfeur du plancher; ce qui me donneroit lieu de le conjecturer , c’efl que le pied d’un des jambages de la porte dont les trois ou quatre derniers pouces ne font pas dorés a été fendu & détaché , & que dans le fond de la fente , le bois à été noirci & brûlé; ce qui fembleroit prouver que la matiere clectrique seit condenfée dans cer endroi-là pour fe jetter fur quelque conducteur qu’elle y aura trouvé à quelque diftance. La piece qui répond à celle-ci dans l'étage inférieur, a au-deffous de [2 porte que je viens de décrire, une porte à peu près femblable , mais il ne s’eft point trouvé de tableaux dont le cadre établit une communication entre la corniche du plafond & les jambages dorés de la porte ; il 2 donc fallu que pour franchir cet intervalle , la matiere électrique passär, foic À La furface du mur, foit dans {on épauleur ; mais elle a produir 445 PNA SUNPT | 'ONNUALE: fur ce mur leffet qu'elle produit ordinairement fur Îles corps qui ne lui donnent pas un libre paflage; elle l’a comme déchiré, en en dé- tachant un morceau de deux pouces d’épaileur , & de fix à fept pouces de diamètre qui a été lancé à l’autre extrèmiré de la chambre. Ici en- core il faut que le plancher & le mur ayent fervi à conduire la matiere du ronnerre jufqu’au puits qui eft , comme je l'ai déjà ditimmédiatement au-déffous ; car depuis la dorure qui touche jufqu’à ce plancher , & qui a éré prefqu’entierement détruite , on n’en apperçoit plus aucune trace. L’humidité que le mur doit pomper du puits qui lui eft adoffé , aura fans doute facilité ce paflage. Pour terminer ce qui concerne l'appartement de Mylord Tylney , je dirai qu’il étoit naturel de croire que dans la chambre numéro 9, fituée au-delà du numéro 8 , il n’y auroit pas des traces du mème météore. Cependant nous trouvames qu’il éroit comme dans le numéro 8, def- cendu de la corniche dorée du plafond aux jambages dorés d’une pe- tite porte , en profitant des cadres de deux petits tableaux pendus entre la corniche & la porte, & avoit fauté au travers de trois intervalles qui demsuroient vuides ; l’un de quatre pouces , l’autre de treize, & Le troi- fieme de fix. Les cadres de ces deux tableaux & la dorure de la porte étoient comme ceux de la chambre précédente , prefqu’entierement noircis & leur contour enfumé; on remarquoit mème dans le mur au- près de la porte un petit trou qui paroiffoit l'effet de la matiere élec- trique ; on voyoit aufli fur d’autres cadres de tableaux pendus aux murs de cette même chambre, Les traces du mème fluide qui étoit defcendu du haut en bas, en fautant d’un cadre à l’autre. S'il eft donc vrai , comme je crois lavoir prouvé , qu’une grande partie de la matiere du tonnerre fe foit filtrée au travers de coute cetre maifon , on doit juger de quelle grandeur étoit la colonne du fluide qui a formé ce courant. L’enfilade du nord au fud ( depuis le numéro 1 juf- qu'au $ )} a 91 pieds 8 pouces de longueur fur 23 pieds & demi de large , & celle de l’eft à l’oueft, depuis le numéro 6 jufqu'au 9, a 73 pieds 2 pouces de long , fur 14 & demi de large. La fection horizontale de la colonne du fluide qui a craverfé cet appartement a donc plus de 3000 pieds quarrés de furface. Il eft très-fingulier que le bruit n’ait pas été plus grand & qu’on ait pu le prendre pour celui d'un coup de piftolet tiré dans une chambre ; peut-être la matiere électrique produit-elle une ex- plofion moins forte quand elle fe divife comme elle fit dans un efpace fort étendu , que lorfqu’elle fe réunit dans un feul courant ; & il eft très- remarquable qu’il n’y eut prefque perfonne qui ne vit & n’entendit le coup comme s’il eut été tiréprès de lui &e vis:à vis lui; peut-être auffi, com- me ie croit M. le Chevalier Hamilton , le courant dont nous apperçümes les effets n’étoic-il qu'une portion d’une plus grande colonne qui fe fera déchargée dans le mème remps en quelqu’autre endroit : en effet le bruit PA MSC, 0: ni 449 parut beauconp plus fort dans la rue ; on dit même que quelques per- fonnes furent renverfées par l’éronnement qu’il caufa. On n'en a cepen= dant point apperçu de tracés dans aucune autre maifon, Quelques perfonnes fachant que le tonnerre fe jerre de préférence fur les métaux ont été étonnées de ce qu'il n'avoir point touché à des tas de pieces d'or éralées fur les tables : on en fentira la raifon, fi l’on D atrention que le tonnerre ne pafle par les métaux que quand ils fe trouvent firués de façon à faciliter fon paflage du ciel à la terre; ainf il paffa par les dorures des fieges contigus aux baguettes dorées des tapifferies , parce qu'il s’en fervit pour defcendre de ces baguettes au plancher ; mais il ne roucha point aux chaifes qui étoient au milieu des chambres. 7 Je dois avertir que quoïque je parle toujours comme fi j’érois sûr que la matiere du tonnerre eft réellement defcendue des nuées à la terre, je n'ai cependant aucune preuve qu’elle ne foit pas au contraire mon- tée de la terre aux nuées comme cela arrive tout aufli fouvent; mais dans l’incertitude je me fuis fervi des expreflions les plus en uafage & les plus intelligibles , d’autant plus que l'explication des Phénomenes de- meure la même dans l’un & l’autre cas. Je n'ai pas donné le détail des traces de la foudre dans l'appartement fitué au-deffus de Mylord Tylney, parce que les effets ont été géné- ralement les mêmes ; nous remarquâmes feulement avec quelque furprife que la chambre dont la dorure éroit la plus endommagée ne répondoit pas au numéro 8 qui, chez Mylord Tylney & au-defous, en portoir les traces les mieux marquées ; mais au numéro 7 il fe trouva vraifem- blablement dans le plancher ou dans l’épaiffeur du mur quelque con- duéteur qui dérermina le courant à pafler directement du numéro 7 d'en haut au numéro 8 d’en-bas. Nous n’obfervâmes rien qui mérirât ane atrention particuliere dans Jes érages inférieurs à celui qu'occupe Mylord Tylney , excepté dans læ chambre dont nous avons parlé qui eft firuée entre le numéro 8 & le puits. I y avoit pourtant fur les dorures de quelques autres chambres des traces de l’explofion; mais on comprend que la plus grande partie s'étant déchargée par le puits, il n’en reftoit plus aflez pour faire ailleurs des ravages confidérables. ‘Quand on voit , en examinant les traces de ce méréore , avec quelle exactitude fa marche &rous fes effers répondent aux loix & à la marche connue de l'électricité ; quand on voit avec quelle régularité 1l s’emparede tous les conducteurs métalliques ; avec quelle avidiré il déchire & brûle le bois , ou fair éclater la muraille dans les endroits où les conduéteurs lu manquent, n’eft-il pas évident que s’il y avoir eu fur le fomumer de la mai fon une barre de métal, élevée & pointue, communiquant par de gros fils de fer jufqu’aw fond du puits de la même maifon , soure la matiere Gs 450 Pr mn ir QU", E° feroit déchargée par ce conduéteur, qu’elle n'auroit pas même été apper- çue dans les appartemens , & n’auroit pas mis unf grand nombre de per- fonnes dans le péril éminent oùelles furent toutes ? car il eft évident que fi tous les appartemens de cette maifon, fans exceprer ceux des domeftiques, n'euffenc pas été garnis en tout fens d’une quantité de dorures , (1) la matiere éleétrique forcée à paller en entier par les murs qui ne lui ac- cordent comme on le fait qu’un paflage difficile, les auroit crevés & ren- verfés comme elle à fait en tant d’autres occafions ; & au lieu de def- cendre au plancher par la dorure des chaifes, des portes & des tables, elle auroit au défaut de cette dorure paflé par les hommes , au travers def- uelles elle pafle moins aifément qu'au travers du métal , maïs bien plus PE me qu'au travers des murs. Qu’on juge donc de la quantité de perfonnes qui auroient pu périr par la chûte des murs, de l’embrafement de la maifon , & du coup même immédiat de la foudre. Puilfe cet évenement qui femble être un avertiffement deftiné à ou- vrir les yeux fur l’ufage des conducteurs , puiffe l'exemple d’une des nations de l'Europe les plus éclairées, rendre univerfelle la pratique d’un préfervatif cour à la fois fi facile & fi sûr. a" (x) La maniere done la foudre à circulé & s'eft dirigée le long des corniches & des baguettes dorées des différentes pieces de l'appartement de Mylord Tilney, & par laquelle, comme l'obferve très-bien M. Defauflures , cette foule de perfonnes répan- dues dans cet appartement, a été préfervée de fes funeftes effets, confirme d'une maniere bien évidente la néceflité de pratiquer dans le pourtour des chambres à coucher, où autres , des conducteurs métalliques, communiquant avec le terrein inférieur, ou avec un puits, s'il s'en trouve dans la maifon. Il fuit delà ; que fi par hafard [a ma- ticre de la foudre entroit dans ces chambres, elle pourroit facilement être tranfmife au fol en bas, fans fe jetter (ur les meubles ou fur les perfonnes qui fe trouveroient dans ces chambres, Nous croyons devoir renvoyer à ce fujet au favant Mémoire de M. le Roy, qui fait partie de ceux de l'Académie des Sciences pour l'année 1770 , où toute cette matiere cft difcutée, & où l'on donne le plan d'une efpece d'armure extérieure, pour préferver les bâtimens de la foudre. EEE | DT TR ESS MER EU AG TT = ON Sur l'Air méphitique , où dont la circulation eft interrompue ; par M. DANIEL RUTHERFORD (1). Ox donne le nom d'air à ce fluide tranfparent , léger & mobile qui nous environne, dans lequel nous vivons : il compofe l'athmofphere (x} Nous avons en général fait connoître ce qui a été publié fur l’air fixe confi- déré [ous des formes différentes ; de maniere qu'on voit aujourd'hui les principes & les A ou "4 PAU, À À v € 4sr 6ù fortent les nuages, & où fe répandent les différentes émanations qui s'élevent de ces corps terreftres. Les hommes ont fenti de tour temps fa nécefité pour maintenir la vie des animaux, & pour entretenir le feu ; mais ils ignoroient fes autres qualités ; c’eit depuis le commencement du fiecle dernier, qu'ils fe fone livrés à l'étude de la phyfique expérimentale, & elle leur a dévoilé fa pefanteur , fon élafticité, fa denfité, &c. L'air environne non-feulementtous les corps fublunaires ; mais parun effec de fa fubrilité , il s’iufinue encore dans leur fubitance , & fe mêle avec la matiere dont ils font compofés. Les Philofophes modernes ont travaillé pour découvrir fa nature d’où dépend la conititution des animaux , des végéraux & mème des foffiles. [ls ont également voulu fa- voir s’il peut contracter quelque mauvaife qualité , faure de mouvement ou bien de la part des corps dans lefquels ii eft enfermé. Ces fortes de recherches ne doivent point paroïtre inutiles, fur-tout depuis qu’on s'eft apperçu que cer air ainfi renfermé, & auquel on a donné affez À propos le nom de méphitique , differe entiérement, après qu'il s’eft dé- veloppé, de celui de l’athmofphere que nous refpirons , & fans lequel nous ne pouvons vivre. Je vais donc tâcher d'indiquer en peu de mors fon origine & fa nature, conformément à ce que j’en ai appris de MM. Cullew. & Black auxquels je fuis redevable des lumieres que j'ai acquifes fur cette matiere. Pour ne point m'écarter de la briéveté qu’exigent ces fortes de difer- tations académiques, je ne rapporterai point ici toutes les expériences que j'ai faites, ni les procédés que j'ai fuivis, je me bornerai fimplemenr aux effets généraux qui en font réfultés. . J'entends ici avec M. le Profeffeur Black , par air méphirique, cette efpece d’air qui caufe la mort aux animaux, qui éreint le feu & la am me, & qui eft attiré avec force par la chaux vive & les fels alkalis. Cet air renfermé, pour ainfi dire, dans les entrailles de laterre, & comme retenu particuliérement en certains endroits, poflede les qua- lités malfaifantes dont je viens de parler : il s’en échappe quelquefois, ainfi qu’on le voit dans l’ancien averne, dans la grotte du chien, près de Naples; il fe mêle avec certaines eaux minérales , telles, par exem- le , celles de Pyrmont ; & il prend fon cours avec elles. Il fort aufli des poumons des animaux, & à force de refpirerun air conféquences de cette chévrie, Cette differtation fera la derniere fur ce fujer , à moins que celles qui paroront , préfentent des vues & des idées nouvelles. Nous nous occuperons dans le volume fuivant de la théorie oppofée, c'eft-a-dire, de celles des partifans de l'acidum pingue de M. Meyer. Nos le&teurs pourront alors fe décider À laquelle des deux ils doivent donner la préférence, Tome I, Part. VI. Mmm 452 Brrsroux Ê qui poffédoit auparavant une qualité falutaire *. Cet aïr contraéte ne qualité dangereufe ou méphirique. Le feu le produit auñi; & l’on a obfervé que l'air le plus pur étant tranfimis par des corps ardens, acquiert une certaine malignité **. Cerair réfulre aufñli quelquefois de certains procédés chymiques , dans lefquels on fe propofe de réfoudre les corps dans leurs premiers principes, foit que cela provienne de l’activité du feu ou de quelque mouvement inteftin, comme on le voir dans la fermentation du vin, ou de l’action du menftrue qu’on emploie, par laquelle quelques - unes des parties font abforbées par d’autres, comme cela arrive lorfqu'on verfe une li- queur acide fur de la craie ou de la pierre à chaux; on peur en faire foi- même l'expérience. Cer air méphitique ainfi produit, ou, comme on dit, régénéré, pof- fede quelques qualités fingulieres qui le diftinguent de l'air ordinaire, & dont il eft aifé de s’appercevoir. Par exemple , fa pefanteur fpécifique eft à celle de l'air, comme 1; :ou 16 à 93 & de-là vient que lorfqu’il s’exhale de la terre , il ne s’éleve pas au-delà d’un ou de deux pieds. De-là vient encore , que fi après en avoir rempli un vaiffeau cylindrique , on le renverfe fur une chandelle allu- mée, elle eft aufli-rôt éreinte par fa pefanteur (1). Si l’on donne *** entrée àl'air ordinaire , 1l l’attire avec tant de promptitude, qu'il perd aufli-rôt fa qualité ; ce qui eft caufe qu’on ne peut le conferver long-remps dans fa pureté (2) dans un vaiffeau profond , quoiqu'on le lanfe découvert. Il exhale une odeur affez agréable , pareille à celle de la bierre qui fermente. Il rougit la ceinture de violette ; ce que l’air pur ne fait point (3). : I poffede enfin une qualité antifeprique , & garantit de la corruption les corps qu’il touche ,ou avec lefquels il fe mêle , quoique j'ignore encore s’il détruit ou corrige la corruption qui a déjà commencé ; car 1l ne réta- blit ni les viandes, ni les liqueurs corrompues , dans leur premier état. La principale différence qu’il y a entre l'air pur , ou telle aurre efpece d'air, & celui dont je parle, confifte dans la facilité avec laquelle il s’unit avec la chaux , les fels alkalis & quelques autres corps femblables. Comme la préparation de la chaux peut fervir à expliquer quantité de phénome- nes relatifs au fujet que je traite , il convient de favoir les moyens qu'on * Præle&. D. Black. ** Præleét. D. Black, ***X Prælet. D. Black. (x) Eff-ce par fa pefanteur que la chandelle s'éteint > on peut en douter. (2) Ne feroit-ce pas plurôr à caufe de fes mélanges ? (3) Toutes ces propriétés qu'on donne à l'air fixe tiré des corps, ne lui conviennent qu'a raifon des principes qu'il enleve de ces corps, & non en conféquence de ce qu'il a été fixe & de ce qu'il a ceflé de l'être. on di j RUX Dur © 0 453 peut employer pour convertir en chaux les matieres calcaires ; par exem- ple, la craie, aufli bien que les nouvelles qualités qu'elles acquierent. La craie , telle qu'on la tire de la terre, eft une fubftance douce, pref- ue infipide & fans acrimonie , qui abforbe l’eau, fans exciter aucune fl re , & fans fe fondre. Mais elle fe diffout aifément dans un menftrue acide avec lequel elle fair effervefcence avec beaucoup de vio- lence. Elle ne produit aucun changement fur les fels alkalis, & n’en éprouve aucun de leur part. Cette craie étant calcinée , fe convertit en chaux; & celle-ci a plufeurs propriétés qui la diftinguent de la premiere. Elle eft plus légere & plus friñble ; ellea une acrimonie cauftique ; & fi l’on verfe de l’eau deflus, tandis qu’elle eft nouvelle , elle s’échauffe en rendant une efpece de fifle- ment, elle fe gonfle & fe diffout enfin entiéremenr. Elle communique fon acrimonie aux fels aikalis , s'unir intimement avec les acides , & ce qu'il y a de particulier , fans qu’ilen réfulre aucune fermentation. Les Chymiftes & les Phyliciens ont imaginé différentes hypothefes pour expliquer ces phénomenes; mais cet honneur étoit réfervé à notre célebre Profeffeur de Chymie, M. le Doéteur Black qui , fans recourir à une vaine théorie ; nous a développé ce myftere , à l'aide de quelques expériences ingénieufes qui ne laïflenc rien à defirer à ce fujer. Il a découvert, après avoir attentivement examiné la nature de la craie & de la chaux, qu’on peut aifément les convertir l’une dans l’autre; & que ces différens changemens ne proviennent que de l’expulfion & de l'admifion de l'air : par exemple, que la craie , dépouillée de l’air qu’elle contient , fe convertit en chaux, & celle-ci en craie, après qu’elle l’a repompé. Il à découvert encore que la craie contient beaucoup d'air méphitique, & ne renferme aucune partie volatile, lorfqu'’elle eft pure & feche ; & que lorfqu'on la calcine , elle ne perd rien de fa fubftance (1), à l’exception de l'air ; la cerre ayant la propriété de réfifter au feu le plus violent ,fans éprouver la moindre altération. Par exemple, s’il faut une quantité dérerminée d'acide pour diffoudre une drachme de craie, on ne pourra diffoudre ce qui en reftera, qu’en y ajoutant la mème quantité d'acide. On obfervera que la craie qu’on diffout de la forte, perd autant de fon poids, que lorfqu’on la calcine. Le feu ne communique à la chaux aucune particule filine ni acide ; elle fe diffout entiérement dans l’eau, fans rien perdre de fon homo- énéité. Lorfqu'on l'expofe à un air méphirique, elle l'abforbe à l'inftane , & la terre reprend la pefanteur & la qualité qu’elle avoit auparavant. Si l'on (1) Je crois qu'elle perd de l'eau auf, Voyez le Précis que nous avons donné de la doétrine de M. Jacquin. è Mnnm ij 454 PME NUL COMTE introduit dans l’eau de chaux le mème air dont je viens de parler , elle fe trouble à l’inftant, & dépofe en peu de temps une poufliere terreufe qui ne differe en rien de la craie pure. On peut découvrir par le moyen de cette expérience, fi l'air contient quelque chofe de méphitique. Cetre même chaux étant mêlée avec une folution de fel alkali qui contient pout l'ordinaire beaucoup d’air méphitique, perd fa caufticité ; & le fel, dé- pouillé de fon air, fe convertir en un alkali cauftique. De même, la chaux étant long-temps expofée en plein air , perd quelques qualités par- ticulieres qu’elle avoir, après avoir abforbé les particules méphitiques qui s’y trouvent (1). Les acides, en diffolvant la craie, chaffent l'air qu'elle contient, & lotfqu’on précipite la terre qui provient de cette folution fans rendre l'air, elle acquiert la nature de la chaux, & devient cauftique, de mème que fi on y ajouroit un alkalt. Toutes les pierres calcaires ont cela de commun, qu'on peut les con- vertir en chaux, au moyen d’une chaleur convenable ; mais elles diffe- rent par rapport à la quantité d'air qu’elles contiennent, Plus elles font dures , & moins elles en renferment , & vice versa. Par exemple, le mar- bre noir le plus dur perd au feu la feptieme partie de fon poids ; & le blanc , qui eft plus cendre les #; le fparh calcaire les +, & la craie pref- que la moitié. e La craie n’eft pas la feule fubftance qui attire l'air méphitique ; la ma- gnéfie blanche, qui eft une autre efpece de terre abforbante , a la même propriété; mais cer air fait moins d'impreflion fur elle ; car , foit qu'il y en ait ou qu'il n'y en aivpoine, elle refte infipide & ne fe diffout point dans l'eau ; la feule différence qu'il ya, c’eft que la premiere ne fer- mente point avec les acides , & que celle-ci y excite une fermentation, 1 paroït que les magnélies préparées contiennent Z- d'air. La mème attraction à lieu entre l’air dont je parle & les fels alkalis : ceux-ci en érant dépouillés , deviennent plus âcres, & abforbent une plus grande quantité d’eau, de maniere qu'il eft impoñhble de réduire un alkali fixe , & encore moins un alkali volatil, fous une forme feche; au lieu qu'étant faturés d’ais , ils fe convertiffent aifément en cryftaux foli- des. L'un & l’autre contiennent alors beaucoup d'air, le fixe environ =, & le volatil Z. C’eft la raifon pour laquelle 1l furvient fouvent une lé- gere effervefcence, lorfqu’après avoir diflout une terre calcaire dans un acide, on emploie un fel alkali pour la précipiter : & la raifon en eft, que la rerre ne peut abforber tout l'air (*). EEE (1) Eft-ce de l'air fixe que la crème de chaux abforbe , ou plurôt ne feroit-ce pas l'air de l'athmofphere qui devient fixe par le changement de l’eau de chaux en crême de chaux. (*) Le Docteur Cavendish eff le premier qui ait obfervé ces propriétés de l'air mé- phitique , ainfi qu'on peur le voir dans les Tranf. philof. ann. 1766 & 1767. L EUR TO Er. D !v x: 455$ On obfervera au refte que l'air méphitique ne fe mêle pas indiftinéte_ ment avec tous les corps dont je viens de parler. Ily en a quelques-uns qu'il préfere aux autres, la chaux, par exemple, & enfuire les alkalis fixes, la magnéfie blanche , & les alkalis volatils. Ceci peut fervir à ex- pliquer plufñeurs procédés chymiques , de mème que les phénomenes qui en réfulrent. J'ai parlé jufqu’ici de l'union de l'air méphitique avec les fels alkalis & les terres calcaires avec lefquelles il paroît avoir beaucoup d'intimité; & je ferai obferver ici qu'il fe mêle aufh de lui-même avec quelques Auides, & fur-rout avec l'eau , où du moins qu’on peut obtenir ce mélange par différens moyens. Par exemple , fi on l’introduit dans nn vafe plein d’eau , à l’aide d’un fiphon, dont l’extrèmiré defcende jufqu’au fond , l’eau bouillonne , à mefure qu’il remonte ; mais il ne s'évapore pas entié- rement, & 1l en refte une partie qui fe confond , pour ainf dire , avec l'eaus La quantité de cet air que ce fluide abforbe , varie; & plus Parh- mofphere eft chaud & raréfié, & moins il en refte dans l’eau. On eft fondé à dire cependant en général , que l'air qui fe dérache de l’eau, peur excé- der de quelque chofe fon volume ; l’eau ainfi imprégnée de cet air , ac- quiert un goût aigrelet fpiritueux , affez agréable, & poffede quelques autres qualités approchantes de l’acide. Elle diffour plufieurs corps, qui ne peuvent fe diffoudre dans l’eau fimpie ; par exemple, la magnéfie blanche & Les terres calcaires. On voit par là comment l'air méphitique, en s’infinuant dans l’eau de chaux , précipite la terre qu'elle contient; & pourquoi certe même terre étant de nouveau abforbée , difparoît entiéremenr. Cette même eau ainli imprégnée, diffour en pattie quelques métaux , principalement le fer & le zinc, & en acquiert la faveur & les qualités, quelque petite que foit la portion du métal. Par exemple, la folution du fer noircit , lorfqu'on y met de la noix de Galles. Il y a donc toute appa- rence que l’eau imprégnée de la maniere que je viens de dire, s’infi- nuant dans les couches métailiques & minérales qui fe trouvent dans la terre, en détache quelques particules qui lui en communiquent les qua- lités. Telle eft l’origine de quelques eaux qui pétrifient les corps qu'on y jette. De-là vient encore qu'il y a de Peau de puits & de fontaine qui ne cuit les légumes, qu'après en avoir féparé par la coétion la terre cal- caire qui s'y trouve, ouj en la laiffant repofer. 11 n’eft donc pas éton- nant qu'on ne puille retirer un grain de vitriol en fubftance des eaux chalybées, quoiqu’après les avoir fait bouillir , elles dépofent du fer en forme d’ochre. Cela vient de ce que le feu a diflipé le menftrue qui défa- mifloit les parties métalliques. Comme les vertus des eaux minérales dépendent de cet air , l’art peut aifément les imiter. L'air méphirique que l'eau contient eft pour l'ordinaire G fpiriteux & fi volatil, qu’il s’évapore pour peu que l'air extérieur l’aff eéte ; &c’eft PATA P Er LY UNS ON 10 AUVIÉE ce qui fait que tôut ce qu’elle diflout , s’en dérache fous la forme d'une pellicule , ou fe précipite au fond , s'il eft plus pefant qu'elle. Un moyen sur de la conferver eft de la mettre dans des cruches bien bouchées & de les renverfer fans deffus deffous. On peut non-feulement faire évaporer ces airs en donnant entrée à l'air extérieur, & par les moyens du feu, mais encore avec le fecours de la machine pneumatique , & y mettant du fel ; ce dernier expédient eft beaucoup plus court. Il y a d’autres liquides qui abforbent également l'air méphitique ; entr'autres l’efprit-de-vin, les huiles tirées par expreffion , &c. Comme leurs qualités ne fouffrent aucune altération fenfble , je me difpenferai d'en pañler ici. Après avoir traité de l'air méphirique qui fe reproduit des fubftances calcaires , il me refte à dire un mor de celui qui provient d’ailleurs, & en premier lieu de celui qui doit fa malignité à la refpiration des ani- maux. Îl eft étonnant que ceux-ci ne pouvant vivre fans le fecours de l'air , il fe corrompe au point de l'emporter fur trous les autres poifons que l’on connoir. Les animaux les plus vifs qu'on y plonge périffent prèfque dans l'inftane. Il y a plus, fi l'on enferme un animel fous un vaiffeau de verre, deimaniere qu'il n'ait aucune communication avec l’air extérieur , il commence par s'agirer , il fe débat & fe tourmente, & tombe plus ou moins promprement en apoplexie, felon la grandeur du vailfeau dans lequel il ett, & fuivant le volume plus ou moins grand de l'air qu’il contienr. Cet air que la chaleur de l'animal avoit d’abord raréfié, perd en peu de remps une partie de fon élafticité ; & il n’eft pas plutôt mort qu'il reprend infenfiblement fon premier volume ; ildiminue enfuire & ac- quiert une qualité méphitique. Par exemple, l’air dans lequel une fou- ris mourut, perdit environ -} de fon volume; — environ de ce volume avoit été abforbé par l’alkali. Une bougie qu'on y avoit plongée s’érei- guit à l’inftant , mais Le lumignon refta quelque temps allumé. Il ya lieu de croire que les animaux infectent plus l’air à proportion de la quantité qu’ils en refpirent ; & que le mème animal fe corrompt plus ou moins promprement felon les circonftances .En effecon fait par expé- rience que le volume d’air dans lequel on enferine différens animaux di- mioue plus ou moins ; tantôt d'-, & tantôt d'—. L'expérience nous ap- prend encore au’entreles animaux de la même efpece , quelques-uns réfif- tent plus que d’autres à la malignité de l’air. Par exemple, fi l'on en- ferme deux fouris dans le même air, l’une vir ordinairement plus long- temps que l’autre, & 1l y a lieu de croire: que la mème chofe peur lui arriver en différens temps; de-là vient qu'on ne peut déterminer exaéte- ment la quantité d'air méphitique qu'il faut pour corrompre l'air que les animaux refpirent , & la même chofe arriveroit peut-être fi celui-ci n'en contenoit qu'une fixieme ou huitieme partie. AUP PUR Pinir € vw + 457 L'air pur & falutaire que nous refpirons devient non-feulemenr mé- phitique , mais éprouve encore une autre altération dont il convient que je dife un mot; car apiès qu’on en a féparé tout ce qu'il contient de malin par le moyen d'une lefive cauftique, ce qui en refte n’en eft pas meilleur ; & quoiqu'il ne forme aucun précipité dans l'eau de chaux, il éteint cependant la famme & fair périr les animaux. On ignore fi l'ait dont je parle s’engendre ou non dans les poumons , où ce qui pa- soit plus vraifemblable , fi après que les alimens l'ont engendré , il ne fe fépare pas de lui-même de la maffe du fang à l’aide de la refpiration. On a obfervé que plus les animaux font d’un tempérament chaud , plus ils refpirenr & communiquent à l'air une qualité maligne. Ne pourroit-on pas conclure de- là que la chaleur des animaux & cette altéra- tion de l'air proviennent de la même caufe, L'air n’eft pas moins néceflaire à l'entretien du feu qu'à la conferva- tion des animaux; & cependant le feu & la refpiration lui communi- quent une qualité également contraire à l’un & aux autres. Comme leurs effets fonc entiérement les mêmes, je me bornerai à rapporter ici ceux qu’il produit fur le feu. 3 Certains corps enflammés fupportent plus aifément l'air méphirique que d’autres. Par exemple, le phofphore d'urine continue de luire dans Pair qui avoit éteint une bougie. L'air qui a fervi à entrerenir le feu, perd moins de fon élafticité, qu'il n'en perd par la refpiration des animaux ; fon volume diminue d’un vingrieme : il augmente lorfqu’on jette du nitre fur les corpsenflammés; ce qui vient de l'air qui éroit dans le nitre, & que le feu a chaffé. La quantité d’air méphitique qu’ergendre une chandelle (1) enfermée dans un vaifleau de verre , eft la mème par rapport à la malle totale de Pair qui y étoit, que fi l'animal y étoit mort, La même quantité d'air que contient l'air que nous refpirons fuffie pour éteindre également la flamme & la vie, L'air qu'a engendré le charbon ardent , & qu'on à agité avec um foufflet , quoiqu'il ne paroïle contenir aucune particule méphirique, ren- ferme encore une certaine malignité , & ne differe en rien de celui queles animaux infectent par leur refpiration. Il paroît mème par les expériences qu'on a faites, que c’eft la feule alrération de l'air qu’on puiffe attribuer à l’inflammation. Si l’on allume une mariere quelconque compofce d’ur phlogiftique & d’une fubftance fixe & fimple , l'air qui en provient pa- roit ne contenir aucune partie méphitique, par exemple , l'air dans lequel on a allumé du foufre & du phofphore d'urine, quoiqu’extrèmement malin ne précipice point la chaux qu’on a éteinte dans l'eau. Quelquefuis (1) La chandelle engendre-t-clle l'air méphicique > 453 Bi ip Se de Qr AUTRE celui qui eft provenu du phofphore forme par-deffus une pellicule mince, qu'on ne doit nullement attribuer à l'air méphitique , mais plutôt à l'a- cide que le phofphore contient, qui, comme les expériences nous l'apprennent,, a la qualité dont je viens de parler. Il paroît par ce qui précéde que ce n'elt point l'inflammation qui rend l'air méphirique , mais plurôr que certe qualité qu'il acquiert , eft la fuite de la réfolution du corps ; il fuit encore de-là, que cet aix malin eft compofé de l'air de l'achmofphgre combiné avec le phlogiftique; & ce qui le prouve eft que l'air qui a ervi à la calcination des métaux, & qui ena éktrait la partie phlogittique , a la même qualité. La derniere efpece d'air méphitique dont il me refte à parler , eft celle qui provien: de la réfolurion des corps, du moins pour la plus grande par- tie; la preuve en eftqu'il n y a aucun procédé chymique qui ne produife une grande quantité d'air élaftique. Le Docteur Hales s’en eft alluré par un fi grand nombre d'expériences qu'il en a conclu que cet air étroit une efpece de lion qui fervoit à unir les principes des corps. lufñieurs favans fe fondants fur fes expériences & fur celles du Docteur Black , ont non-feulement adopré cette opinion, mais ont encore pré- rendu que l'air vraiment méphirique , tel que celui que les alkalis ab- forbent, eft le lion univerfel d:s élémens, & qu'il ne pouvoir s'en fé- parer que les corpsne fe décruififfence à l'inftanr : ils en font mème venus jufqu'à lui attribuer la caufe de plufieurs maladies , & les propriétés de quelques médicamens. Quoique l’opinion de M. Hales paroilfe affez vraifemblable , en ce qu'il fuppofe que la cohéfion des corps dépend d’un certain fluide élafti- que , cependant on ne s'efl point encore alluré par des expériences que l'air méphirique ait cette propriété ; on pourroit par la même raifon l'at- tribuer à l'acide , à l'alkali , à l'huile & à celle autre fubftance qui réfulre de l’analyfe que les Chymiftes font dés corps, Sans m’arrèter ici à plufieurs obfervations qu'on a faites fur la nature : de l'air méphitique qui combattent cette hypothèfe , je me contenterai d’obferver que les corps n'en produifent jamais une aufli grande quantité que ces auteurs le fuppofenr, à l’exception des végétaux qui fermentent & en produifent beaucoup ; en effec fi on prendla peine d'examiner cet air, que les Chymiftes ont trouvé le moyen de féparer des corps furrout dans lestexpériences de M. Hales qui fervent de fondement À cette hypothèfe, on trouvera qu'il ne contient fouvent rien de méphitique, & que fa plus grande partie a des qualités entiérement oppofées. Par exemple, la vapeur élaftique, qui s'éleve des méraux qu'on diffout dans un acide , n’a aucune qualité méphitique , & elle varie felon le phlogiftique qui en provient, & fuivanc qu'elle eft plus ou moins im- pregnce de celles de l’acide. Elle ne s’enflanme jamais, elle éteint quel- quefois à la vérité la Hamme, mais les alkalis ne l’abforbent jamais. Celle à PH IRUILE 0 À : Celle qui provient de la fermentation des acides avec les huiles , ne dif. fere de celle dont je viens de parler , qu’en ce qu'elle contient quelque peu d’air méphitique ; car celle qui fe dégage de l'acide vitriolique s’en- flamme, au lieu que celle qui provient de l'acide nitreux , éteint le feu. On tire par le moyen du feu des fubftances animales & végétales , de même que des fofliles bitumineux, un air élafique, qui, lorf- qu'on l'approche de la flamme d’une chandelle détonne avec bruit, quoïqu’elle contienne peu d'air méphitique , relativement à fon volume, Celui que donnent les autres fubftances fofliles que j'ai employées dans mes expériences , telles que le fel marin , le nitre, &c. ne differe pref- que point de l'air ordinaire , lorfqu’on fe fert de vaifleaux de verre ou de terre. Enfin, l'air qui provient des chairs qui fe corrompent , s’enflamme ai- fémenr, & eft en partie méphitique ; mais on ne doit pas plus attribuer cetre corruption à fa féparation , qu’à l’inflammation du charbon. J'ajou- terai qu'il y a quelques phénomenes de la putréfaction, qui imitent la flamme lente, qu’il y a lieu de croire que tous deux proviennent de la même caufe , mais différemment modifiés; favoir , de la différente agita- tion du phlogiftique qui s’exhale du corps. J'ajoutérai encore que l'air dans lequel la viande s’eft corrompue , devient en partié méphitique, & en partie de la mème efpece que celui qui provient de l'infammation d'un corps. J'avois deffein de dire un mot de la compoftion de l'air méphiti- que, & d’enfeigner les moyens de corriger Ê malignité; mais je n’ai pu encore acquérir les connoiffances néceflaires. Quelques obfervarions que j'ai faites , me donnent cependant lieu de croire qu'il eft compofé d'une matiere phlogiftique , & d’un air athmofphérique ; & la raifon en eft, qu'il ne fe trouve que dans les corps qui contiennent des matieres inflammables (x). H paroït aufli communiquer un phlogiftique aux autres corps ; & c’eft la raifon pour laquelle il diffour la chaux des méraux. Je dis qu'il eft compofé d'une matiere phlogiflique , parce que , comme je l'ai obfervé ci deflus, l'union du phlogiftique avec l'air pur, paroît com- pofer une autre efpece d'air. J'ai appris que le Docteur Jofeph Prieft- ley , qui vient de nous donner l’hiftoire de l’Eleétricité, a prouvé , autant que la chofe eft poñible , que les végétaux, qui croiffent dans un air méphitique , détruifent & attirent à eux route fa malignité; & que ce même air, en fe mêlant avec celui quis’exhale des viandes corrompues, perd une partie de fes mauvaifes qualités. Je n’ai point encore eu l'oc- cafñon de m'affurer fi ce qu'il avance, eft vrai ou faux. (x) Lapierre à chaux ne contient point de matierc inflammable, elle renferme l'air dan l'état de fixité , & le rend en fe calcinant, TomeI , Parc. VI. Nan 460 DUR Ur STI QUEUE: SHAUUMOUTE EF Des Expériences faites en préfence de l'Académie de Dijon, par M. de: MorvEAU , fur la force d’adhéfion des furfaces ; & l’ailion du verre fur le mercure (1). œŒ foic bien certain que les parties du mercure font beaucoup plus attirées fur elles-mèmes, qu’elles ne peuvent l’érre par le verre, il n'eft plus pofible de fe refufer à croire qu’elles éprouvent cepen- dant une forte d’attraction de la part du verre ; ou, fi l’on veut qu’elles l'exercent elles-mêmes fur lui. Si quelqu'un trouvoit encore quelque: difficulté à admertre cetre conféquence, il feroit facile de l'en convain- cre, en répérant l'expérience de M. Ciona, fuivant la méthode du Doc- teur Taylor, foit dans le vuide, foir dans l’eau; c’eft-à-dire, en rem- plaçant la colonne d'air par une colonned'eau, parce que comme dans le premier procédé il n’y auroit plus de preflion, comme dans le fecond il y en auroit une différente, il feroir aifé de déterminer précifément quel eft l’effer qui lui eft propre. é Je choifs le premier de ces procédés comme le plus fimple : je com- mence à mettre en équilibre une balance exacte , portant à l’un de fes bras un morceau de glace rvaillé en rond, de deux pouces & demi de- diametre, & fufpendu par un crochet maftiqué fur la furface fupérieure ;; je fais enfuite defcendre cette glace jufqu'à ce qu’elle touche immédia- tement la furface du mercure que contient un vafe placé au-deffous; j'ajoute fuccelivement plufreurs poids dans le baflin oppofé de la ba- lance, jufqu’à ce qu'il y en ait affez pour détacher la glace & vaincre l'adhéfon , & je vois que la glace tient encore à neuf gros, qu'elle eft emportée par dix-huit grains de plus. Cette force ainfi déterminée, je néglige les dix huir grains, je porte tout l'appareil fous le récipient de la machine pneumatique ; je place à côté une jauge ou portion de barometre qui fert à indiquer le vuide ou: la ceffation rotale de la prellion de l’athmofphere ; je pompe l'air juf- qu’à ce que la colonne fafpendue dans la jauge foit entiérement defcen- due : cependant la glace continue d’adhérer au mercure du vafe, & de fourenir par cette adhéfion les neuf gros qui chargent l'autre bras de la balance. em ————_— (1), C'eft par inadvertance que ce morceau a été omis lors de l'impreflion du Mé- moire de M, de Morveau, dans.le volume de Mars, page 172, dont dl forme la der-- niere Partie, Por “TS Ur ‘© VE; 467 Tenons donc déformais pour bien conftant que la pteffion de l'air n'eft abfolument pour rien dans cette adhéfion , qu’elle eft due route entiere à l'accraction (*); que la méthode du Doéteur Taylor , pour en eftimer la force, eft exacte; qu'il y a attraction plutôt que répulfion entre l’eau & les corps huileux ; enfin, que le verre a une aéhion très- fenfible fur le mercure. (#) Voyez Leçons de Phyfique de Defagulliers, premiere Leçon, n°, 19 & 235 & Mufchembrock , de la Vercu actraétive des corps, $. 603 & fuiv. HISTOIRE NATURELLE. Eh EH AR ANNE 20% Du Journal d’un voyage fait par ordre de la Cour de France en 1772, par M. de la Borde, Médecin à Cayenne, dans l'intérieur des Terres de la Guianne , vers le Cap Cachipour ; dans la dépendance d’Aya- poque ; par M. MAUDUIT, Doékeur-Régent de la Faculté de Paris. : bee du voyage dont nous allons rendre compre , étoit la recherche de deux arbres utiles ; l’un, par fes propriétés médicinales ; l'autre , par la matiere qu'il pouvoit fournir aux arts. De ces deux axbres, l'un eft appellé en latin, Quaffia amara, Lan. fpec. pag. 553; & en françois , Quassr; l’aurre, Seringat par les Américains, & par les François (1), l'arbre qui donne l2 gomme élaftique. Le premier eft un aibilleau; & le fecond , un arbre rrès-élevé. L'Aureur ne put parvenir à découvrir dans fon voyage le Quaffia ; mais il nous apprend dans fon Mémoire , qu'on a rranfporté dans l'Ifle de Cayenne plufieurs jeunes plants de cer arbrilfeau ; qu'ils y ont bien réull ; que vers la fin de 1772 ils avoient déjà fleuri & fiuétifié ; qu’ils fe plaifent dans les lieux frais & humides; & qu'en les plantanc fur les bords des rivieres , il y a lieu de préfumer qu'on les verra multiplier autant qu'on peut le defirer. L’Auteur ne donne point de defcriprion du Quaffia ; il a cru fans doute inutile de répéter ce.qu'à écrir à cer égard le Chevalier Von Linné; mais il auroit fallu nous apprendre de quelles (1) M. d: la Borde auruir dù donner les caracteres boraniques de ce dermier. Nnaij #62 PTUE UT SO TE Re parties de la Guiänne on a tranfporté à Cayenne les’ jeunes plants qui femblent promettre de s’y multiplier. Les propriétés du Quaflia rélident principalement dans fon bois. IE eft très-amer ; on l’emploie en infufñon ; en décoction eu en fubitance, Il peut fuppléer au défaur du kinkina. Il a les même vertus , & fouvent même le quaflia termine des fievres qui avoient été rebelles au kinkinaz mais ce qui rend fon ufage plus précieux, c’eft qu'il ne convient pas moins dans les fevres continues que dans celles qui font intermitrentes; on en éprouve fur-rout d'heureux effets dans les fievres malignes. Il auroit été à fouhaiter que l’Auteur fe füt appliqué à fournir plus de dé- tails far les cas , le temps, la maniere d'employer le quaflia. Ce font des articles importans qu'il eft plus à portée qu'aucun autre, de vérifier & de pous fournir pat la fuite, H femble , dans fon Mémoire , avoir été entrainé par fon admiration pour une plante dont la découverte deviendra une reflource de plus pour la Médecine : fes idées fe font aggrandies à la vue des avantages qui pourront en réfulrer, & les détails lui ont échappés. Le Seringat, ou l’arbre qui donne la gomme élaftique devient très- haut ; fon tronc acquiert neuf à dix pieds de circonférence par le bas. Le tronc ne produit de branches que vers fa fommité : les feuilles , qui onc quelque reffemblance avec celles du manioc , font verres en deflus, blanchâtres en deflous : les femences font contenues dans une capfule à trois loges, qui reffemble aux fruits duricin , mais qui elt trois fois plus groffe. Le feringat croît au bord des lacs & des rivieres. On lediftingue difficilement dans les bois : fa ère élevée s’y cache & s’y perd parmi les arbres touflus qui l’environnent. Mais fi, au lieu d’élever fes regards, on les abaiffe vers la terre , on eft averti qu’on eft proche d’un Seringat, par la quantité de jeunes plants que produifent fes femences , qui, tom- bées à terre, y germent, croiflent quelque remps, & meurent peu après étouffées paï l'ombre des forèrs. Tels font les féuls détails que nous trouvions dans le Mémoire de M: de la Borde fur la parte botanique du Seringat ; l’Aureur s'occupe enfuite à décrire la maniere d'en retirer le fuc qui produit.la gomme élaftique: Nous allons lé fuivre dans ces détails qui font curieux. Le fuc du Seringat peur en découler en tout tems, mais celui de le ramafler eft la failon des pluies , parce que le fuc eft alors beaucoup plus abondant ; c’eft le rems que choififfent Les Indiens. Ils commencent par laver le tronc de l'arbre depuis trois pieds de terre jufqu’à la hauteur de fept à huit ; ils lient enfuie le tronc de l'arbre , à l’endroit où ils ont commencé à lé laver par en bas, avec une liane de la groffeur du petit doigt ; puis ils établiffent fur certe liane, qui fert de fupport , une cou- che de terre détrempée avec l'eau; ils ménagent, entre le tronc de l’ar- bre & la couche de terre, une rigole, & ont foin d’obferver que Le roue Le L NÉUAN LAN IR, BU EL LUE. 463 incline & aille en baiffant d’un côté. Dans le point le plus bas de la cou- che de terre , ils placent une feuille de palmier, qui, roide , concave , ferr de goutiere; fon extrémité répond à une moitié de calebaïle pofée par terre. Les chofes ainfi difpofées, celui qui les a prépapées incife le tronc de l'arbre au-deffus de la couche de terre en dix à douze endroits différens , depuis un peu au-deffus de la rigole donc nous avons parlé , jufqu’à la hauteur de trois pieds ; le fuc coule par les plaies ,il s’'amafle dans la rigole dont la pente le conduit vers la feuille de palmier , d'où il coule dans la calebaffe. Lorfqu’il s’y eft accumuié , & que l'arbre épuifé n’en fournit plus, l'Indien lui donne une préparation dont il fair un fecrec , & le verfe ‘enfuice dans des moules , où en fe defléchant, ce fuc épaifli & devenu folide , prend la forme du moule qui le contient. Mais ce fuc ramaflé à la façon des Sauvages , épaifli par la feule évaporation & fans avoir été préparé à leur maniere, ne devient qu’une fubftance qui , femblable à la cire par quelqu’unes de fes propriétés, fe ramollit comme elle par la chaleur , s’érend fous le doigr qui la pétrit, & donc les fragmens peuvent être refloudés en les chauffant. Ce même fuc au contraire préparé par les Sauvages , devient une fubftance élaitique , in- foluble à l’eau, fur laquelle une chaleur modérée n’a point d’aétion, C’eft dans cer étar qu’on nomme cette fubftance gomme élaftique. Les Amé ricains en font des figures groffieres de fruits , d’oifeaux , d’objers de route efpece , qui peuvent être jertées de loin par terre , avec effort, contre la pierre, diftendues ,comprimées , fans fe brifer , fans ètre même alrérées, & qui reviennent à leur premiere forme & leurs premieres dimenfons auflitôt que la force qui les contraignoit cefle d'être en action. On en fait encore des botines ou efpeces de chauflures très-con- venables dans un pays coupé de ruifleaux & couvert d’eaux , que le voya- geur eft fouvent obligé de traverfer. Les perfonnes qui connoiflent les Arts fentiront quel ufage ils pour- roient faire d’une fubftance infoluble dans l’eau , qui réfifte à une cha- leur affez confidérable , au choc, aux effets de la chûte, de la compref- fion, & qui céde à l'effort qu’elle éprouve fans fe brifer , ni rien perdre de fes dimenfons auxquelles elle revient aulliror qu’elle eft libre. Il fans préfumer du zele qui anime M. de la Borde, qu'il faura dérober aux Américains un fecrec dont la polleflion leur eft de fort peu d'utilité, & la privation eft une perte réelle pour l'Européen, qui en pourroit tirer un parti avantageux. Après avoir parlé du Quaflia & du Seringat , qui faifoient l'objet des recherches de M. de la Borde, nous allons rendre compte des différen- tes Obfervarions qu'ila eu lieu de faire pendant fon voyage. Nous par- lerons d’abord de l’afpeét du pays en général , & enluite du bien & du mal qu’yreffentenc fes habitans, Avant de traiter cer aruicle:, il eft né— sellaire de fe appeller que la Guianne, fusiour la partie que M. de Le AG4 ET SAT OU DEMRQNE Borde a parcourue , eft un Pays bas , coupé par beaucoup de rivieres ; traverfé par des ruifleaux fréquens , & couvert par des lacs formés par les eaux qui s’amalfent dans les lieux creux & enfoncés ; que ce pays elt bordé par la mer, que de fes bords jufqu’à vingr lieues, & quelquefois davantage dans la profondeur des terres ; le fol n’eft qu'un limon dépofé par les eaux ; qu'au-delà le rerrein s'éleve, & que plus loin il eft cou- ronné par des montagnes ; qu’enfn il y pleut pendant fepc & quelque- fois huit mois de fuite ; que la pluie y tombe pendant deux, trois jours de fuite fans interruption , & que Le ciel la verfe par torrents. Pour fe former d’après ces notions une idée , non pas de la Guianne en général, mais des parties les plus bafles, non des terres élevées, de celles que le tems ou l'induftrie ont améliorées , enfin de celles qui font en valeur, ou qui peuvent y être mifes aifément , mais des terres enfon- cées, incultes & abandonnées ; il faut d’après le Mémoire de M. de la Borde, fe repréfenter une terre baffle , bordée par la mer, coupée par des ruilfeaux , traverfée par des rivieres, converte par des lacs , inondée pendant fept mois des bords de la mer jufqu’à vingt, vingr-cinq lieues de profondeur. La mer courroucée , qui ne rencontre ni dunes ni pro- montoires qui s’oppofent à fes efforts, verfe fes flots foulevés fur cetre cerre ouverte & fans défenfe , elle mêle fes eaux à celles des lacs , des torrents, des rivieres , & la malle rorale de l’eau qui s'étend fur toute la furface du pays, rendue jaunâtre par le mélange des flots de la mer, eft inutile au premier des befoins dont l'eau eft pour l'homme , à celui de le défaltérer. Cependant quelques portions de ce mème terréin plus hautes, s’élevent au-deflus de l’eau , dans le tems même des plus gran- des inondations & femblent autant d'ifles qui fortent d'une vafte mer ou s’élévent, fil'on veut, au milieu du continent. Ce mème terrein inondé n’en entretient pas moins des plantes de route efpece, des ar- bres, des Forêts ; il nourrit de nombreux troupeaux de Quadrupédes, - des efpeces d'oifeaux prefqu'innombrables , des infeétes & des reptiles qu'on ne connoît point ailleurs , & qui ; nulle part, n2 font aufli grands & aufli variés. Li, fous l'ombre impénétrable des forêts, pailert , pour fuivis par les Jaguards & les Cougards , des troupeaux de Pécaris, des pe 8 f S 5 > ; Acouchis, des Agoutis ; là, fe jouent fur les branches des arbres des 2. NON # : ’ : - Singes , à coté de qui courent des Lézards de trois & quatre pieds de longs , tandis que des Crabes qui montent & defcendent fe fufpendent per leurs pinces aux mêmes branches. Des oifeaux aufli frappans par leur forme que par l'éclat de leurs couleurs , fe repofent fur les arbres ou planent dans l'air, les uns pour y fair leur proie, les autres pour la découvrir dans les eaux quand elle s'éleve à leur furface : des amphi- bies, des reptiles, des poiffons nagent entre le tronc des arbres & parmi 5 E ; è ! à ! Jes plantes. Toures les richelfes de la nature, routes fes productions font confondues & prodiguées. L'homme feul qui Les confomme , ou quila L INA ETIQURERNE GITE: 465 force à les divifer , manque fur cette terre féconde, ou n’y paroît que rarement : on y apperçoità peine , & de loin en loin quelques canots d'A- méricains voguants à l’aide de la pagaie , foit qu'ils aient pour objet un voyage qu'ils ont entrepris , ou qu'ils foient attirés par l'envie de chalfer ou de pêcher. S'ils veulent fe repofer , ou que le féjour leur plaie , ils. attachent lenr canot au tronc d’un arbre, & fufpendent leurs hamacs. à fes branches , & quand le foleil fe leve , le matin avant qu'ils foient defcendus , ils ajoutent au fpeétacle de la nature celui de l'homme qui fe: repofe couché entre les branches des arbres parmi les oifeaux , au-deffus: de la terre & de la furface des eaux ,au milieu de tous Les êtres fur le[- quels 1l femble dominer. La defcription que nous venons de faire d’après le Mémoire de M. de la Borde, ne convient , comme on l’a déja obfervé , qu'aux terres les plus balles, à celles qui font incultes & abandonnées ; elle ne repré- fente Fétat des chofes que tel qu’il eft pendant la faifon des pluies. Quand celle de la fécherefle, qui dure quatre mois, a commencé , les eaux décroiffeent , le fol fe découvre, les rivieres & les ruiffeaux cou- lent dans leurs lits ; les endroits les plus bas & les plus enfoncés reftent: feuls inondés. Les poiffons , les amphibies tous les animaux qui vivenr dans les eaux ou fur leurs bords , fuivenc léurs cours, fe retirent avec: elles, & font confinés alors dans les feuls endroits qui reftent toujours: inondés. Cette mème defcription qu’on vient delire étonnera peut-être ine partie de nos Lecteurs, & effrayera l’autre fur le fort d’un Européen tranfporté fur cette terre nouvelle pour lui: ils ne verront que l’image de la mifere, là même où la nature étale routes fes richefles ; mais: fans examiner f c’eft une magnificence digne du génie qui préfide à fes: opérations, de pourvoir aux befoins de tant de millions d'êtres qu'il + créés, & de leur conferver un afyle contre l'homme deftruéteur , nous: obferverons que cette même terre n’attend que les révolutionsfque le tems amene , & des mains qui les fecondent , pour fe couvrir de moif- fons & nourrir des troupeaux abondans.. Les rivieres , les torrents , la mer qui poufle fans ceffe fur 1es bords: les corps qui ont roulés parmi fes Aots , dépofent lentement à la vérité, mais fans interruption, la terre, le fable , les fubltances de toute efpece: que leurs eaux ont entraïnées. Le terrein s’éleve , le lir des Aeuves fe: forme , il. fe creufe ; la mer elle-même accumule fur fes bords des dé— pots qui deviendront des digues infurmontables à fes flots. Alors la rerre: fera découverte, les fleuves feront renfermés dans leur lit, chaque élé ment occupera une place féparée ,. & nourrira les animaux qui lui font propres. Mais quelle ne fera pas la fécondité d’un fol neuf ,. engraillé: par des. dépôts. formés. pendant des fiecles ? Loin donc d'accufer l& na ture ,n2 dévrions-nous pas regarder ces yaltes portions du Continenr, “ 466 HOT SET ON PP RUE donc notte avarice lui reproche l'abandon, comme des réferves que fa Prévoyance ménage poar les tems où le fol qui nous nourrit épuifé de fes fucs, ceffera de pouvoir fournir à nos befoins? Mais fi nous voulons accélérer ces temps, qui n'éroient pas réfervés pour nous, & cultiver une terre deftinée à notre poltérité , la nature ne nous défend pas de con- courir à fes travaux & d’en précipirer le rerme. L’Européen tranfporté à la Guianne , y verra le fol fe deffécher, fe découvrir , devenir fertile fous fes mains laborieufes; il dirigera le cours des rivieres crop long ou trop tortueux ; il ereufera leur lit , ilen élévera les bords pour les y enfermer; il le néroiera des bois, des rochers , des obftacles différents qui lembarraffent; il abattra les forêts dont l’om- bre empêche l’action du foleil, & dont la mafle attire les nuages. C'eft ainfi que dans les diverfes parties du globe , les fruits que l’homme cueille dans des terres nouvelles & qui n’éroient pas façonnées à fon ufage, fontle prix de fes travaux & de fon induftrie. Le travaileft grand, mais la récolte eft immenfe. Confidérons à-préfent les biens & les maux de l'Américain, qui nous femble abandonné fur cette terre que nous venons d’entrevoir. Nous plai- gnons fon fort. Examinons-le. L'habitude rend nuls pour lui lafolitude, le filence des forêts , la vue d’une terre inondée , tous ces différents traits du tableau dont l’afpeét nous effraye, & dont le concours nous acca- bleroit : il parcourt des forêts, mais il y erre à fon gré; il n'y trouve ni barrieres ni réferves ; toutes les parties lui en font ouvertes ; il com- mande & difpofe en maître partout où il arrive ; il couche dans un hamac fufpendu au-defflus des eaux, mais il eft libre de l’attacher où il veut; fa main & fon caprice pouffent & dirigent fon canoc. S'il fent les atteintes de la faim , il trouve aufhtôt fous fa main de quoi la fatis- faire. Jamais pourfuivi par la crainte de manquer , il ne s'occupe pas en s'éveillant des moyens de pourvoir à fes befoins; mais il fonge aux lieux où il lui fera plus agréable de les fatisfaire. Des fruits , de ceux inême dont nous ne pouvons orner nos tables qu’en les payant chere- ment; des oranges, des limons de plufieurs efpeces , des ananas , s'of- frent à fa main pour les cueillir ; il ne lui en coûte que la peine , ou peut-être l'amuafement, de lancer fes flèches pour fe procurer des poif- fons , des quadrupédes , des oifeaux; & ces derniers, outre leur chair dont il fe nourrit, lui fourniffent leurs plumes pour en compofer fa parure. Libre, dans l'abondance , fans idée de la propriété , & par con- féquent fans ies paflions cruelles qu’elle produit , fans envie , fans ava- rice ; quels biens a-t-il à défirer ? Mettra-t-on en parallele avec la rran- quillité dont il jouit , avec la certitude de ne jamais manquer , avec la calme de l'ame, (car ces Nations font douces , fe font rarement la guerte, & font affez heureufes pour manquer de fujers de fe la faire.) méttra-t-on, dis-je , cet état d’une paix intérieure en-parallele avec quel- ques colin gun … NAT: 0 R 2 LE pr». ques maox phylques ? Loin donc que la nature ait refufé fes dons à l'habitant pailble de la Guianne , s’il a un reproche à lui faire, c'eft de l'avoir accablé. De cet état d'abondance, de cette facilité à pourvoir à fes befoins , naît fa nonchalance habituelle, & cetre apathie où fon ame eft plongée. S'il manque quelque chofe à fon bonheur, c’eft de connoî- tre les defirs qui mettent la valeur à la jouiffance. Mais pourfuivons & voyons les maux auxquels il eft expofé. Un des plus frappant, le plus grand de tous, peut-être, eft caufé par un foible infeéte , par un être qui femble vivre à peine , mais que le nombre prodigieux des individus rend redoutable , enfin par les Maringouins , ces infcétes que nous con- noiflons fous le nom de Coufins. La Guianne, fous un ciel toujours échauffé , couverte d'eaux ftagnantes , dans lefquelles les Maringouins fe mulriplient & vivent longremps avant de fe répandre dans l'air, eft un des climats le plus convenable à leur propagries auf n’eft:il point de pays où l’on en voie des nuages plus fréquents, plus épais, plus incommodes. L'habirant de la Guianne, pour fe garantir de leurs atrein- tes, eft obligé de fe couvrir la peau d'un vernis de Rocou , d'allumer du feu fous un ciel brûlant, dans les endroits où il s’arrète , fi c’eftun terrein fec , ou de fufpendre fon hamac le plus haut qu’il lui eft poffible, fi c'eft au-deffus des eaux , parce que ces infeétes ne s’élevent qu'à une hauteur médiocre. Mais ce Héau n’eft pas particulier à la Guianne ; on l'éprouve dans vous les climats couverts d’eaux , de forêts , & que l’hom- me habite rarement ; dans ceux même qui, condamnés par la nature à un froid & àune ftérilité perpétuels , n’offrent au voyageur aucun avan- tage en dédommagement. Nousmêèmes dans nos champs plus heureux, nous ne pourrions fupporter pendant une nuit d'été , palée dans une forèr, au bord d’un étang ou d'une marre, le bourdonnement & les piquures des Coufns. Ne nous grofliffons donc point les objets , n’en changeons pas le point de vue , & rappellons-nous que dans les cam- pagnes délicieufes de l’Iralie , dans toutes celles qui font au midi de l'Europe, on eft obligé ou de repofer ,entouré de rideaux de gaze , fi l'on veur jouir du frais , ou de s'enfermer au fond des habitations, fans laiffer d'ouverture, ni aucun accès à l'air extérieur. Avec les mèmes précautions , on fe garantiroir des mèmes défagrémens dans la Guianne. Un infeéte fans furce eft partout fur la furface de la terre le éau de l'homme qui veut jouir de la vue dela campagne, de l'ombre des forèrs, de la fraîcheur que les eaux répandent dans l’air ; il boit fon fang depuis un pôle jufqu’à l'autre, fous les deux zônes rempérées, & fous celle que le fuleil brûle de fes rayons. Par-tout la mifere eft attachée à nos pas au milieu de l'abondance; par-rout le mal eft à côté du bien, & notre vie eft accompagnée de traverfes ou de dangers. Un des plus à craindre dans la Guianne eft la morfure des vipères : elles y font grandes, nombreu- fes, & leurs efpeces y font varices, Plufeurs caufent en peu d'heures une Tome I, Part. VI. Ooo 365 * H BB ST © 1°R'E mort inévitable qu’on tâche envain de retarder par des remedes inuti= les. Le malade , frappé d'un froid qui va toujours en augmentant, eft fai de convulfions que la mort termine au bout de quatre à cinq heu- tes. Du nombre de ces éfpeces meurtrietes eft le ferpent ou plutôt la vipere à fonnetres, & celle qu’on nomme dans le pays le ferpent à gorge. D'autres efpeces, quoique dangereufes , ont un venin moins fubtil : on furvit pluñeurs jours à leurs morfures , & fouvent on én guérit par des remedes appliqués à propos. Mais c’eft encore ici qu'il faut fe prévenir contre la prévention , & furtout contre l’épouvante qui confond & grofit tous les objets.’ On tranfpotre de la Guianne d’énormes dépouilles de reptiles : on éni apporté un grand nombre d’efpeces différentes , efftayäntes par leur volume ; on juge par leur grandeur de l’activité de leur venin. Cepen- dant , quand on examine de plus près, on trouve que parmi cette grande variété de ferpents , les feules viperes font dangereufes, que leurs efpe- ces font moins fécondes & moins variées que celles des autres ferpents; que ces reptiles énormes dont les feules dépouilles développées à nos regards , épouvantent encore l'imagination , font des coulenvres qui peuvent mordre pour fe défendre , mais qui n'ayant point de venin , he fauroient infeéter la maffe du fang ; qu’elles fervent à purger le pays de rats, de crapeaux, de mulots dont elles font leur nourriture ; que leur chair enfin qui ne répugne ni aux Négres , ni aux Américains , eft tn aliment fain. Il faut obferver encore que ceux qui périffent de la morfure des viperes ne font guéres que des Indiens auxquels le danger, parce qu'ils le regardent comme éloigné , n’a point appris à fe prému- nit contfe fes atteintes en fe couvrant. de vêtemens, ou des Négres que notre avarice expofe nnds à un péril que nous craignons rarement pour nous. Les animaux les plus dangereux après les viperes font les requins & les caimans ou crocodiles. Les premiers habitent dans la mer ou n’entrent qu'à l'embouchure des grandes rivieres ; les feconds préférent les eaux douces & celles qui ne font que fanmatres. Tous les deux font formidables pour l’homme qui, fous un ciel brûlant, cherche le frais dans le fein des eaux. Le Négre & l'Américain combattent le requin corps à corps , & toujours avec avanrage. Obligé de fe retourner pots faifir fa proie, gèn£ pat fa conformation, embarraffé de fa malle, lent & fans foupleffe dans fes mouvemens , le Névre & l'Américain qui le découvrent à travers le cryftal de l’ean, lui portent fous le ventre des coups de coureau mortels, avant qu'il'ait pu fe mettre en état de les attaquer. Les caimans prefqu’auili dangereux , habitent des eaux qui, moins profondes , moins pures, moins tranfparéntes , offrent moins d’attraits à l’homme épuifé par la chaleur ; mais ils ne font pas , com- me les requins, obligés par leur confotmation de demeurer dans l'eau où ils font plongés; il en fortent , ils gagnent la serre , ils y courenr, UT Mol Ra NEA STUUMIRT ES IX ME. 169 & quoiqu'ils refpeétent l’homme, à moins qu'il ne les air provoqués , ils ofenc lui difputer les provifions qu’il ramafle pour lui & les animaux qu'il deitine à fa nourriture. » J'érois heureux, dit M. de la Borde, fi » de dix oifeaux que j’abattois, je parvenois à m'en procurer un feul ; » fouvent un caiman entraïnoit par le col, celui que je ramaflois en le prenant par les pieds «, Je ne veux point diminuer ces objets ; mais qui ne fent pas combien il feroit facile dans un pays habité de prépa- rer pour le bain des lieux inacceflibles aux requins , & qui ne juge pas combien l’efpece du Caiman feroir reftrainte , combien elle feroit dimi- nuée par la proximité de l’homme ? Si les crocodiles n’ont point été en Egypte un obitacle à la population, comment les caimans, qui font le mème animal , le feroient-ils en Amérique, fi d’ailleurs les conditions font en effer égales ? Ce feroit ici le lieu de parler des effets d’un climat chaud & humide, de ceux d’un air chargé des exhalaifons d’une terre détrempée dont la chaleur tient les pores fans celle ouverts, & des moyens de remédier à ces inconvénients qui n’excédent pas les forces de l’homme laborieux & réuni ; mais bornés à rendre compte du Mémoire de M. de la Borde, nous fupprimons ces objets qui n’y font pas traités. Concluons donc que les biens que la Guianne offre à l’homme qui l'habitera font , com- me partout ailleurs , balancés par des maux que fa population; fon in- duftrie peuvent reftreindre à proportion de fes travaux; tandis qu’il verra les avantages qui l'attendent multiplier & s’augmenrer. Nous finirons cet extrait par une obfervation fur les oifeaux palmi- pèdes , d’aurant plus intéreffante , qu'elle marque une fin & un objet prémédités, Les canards, tous les oifeaux qui, comme eux , ont les doigts des pieds réunis par une membräne, qui, dans nos climats, fe repofent pendant la nuit fur la terre, ceux qui vivent au bord des eaux & qui ne fe perchent point en Europe , paflent tous la nuit fur les bran- ch:s des arbres à la Guianne. Ils auroient couru trop de périls fur une terre couverte de reptiles dangereux par leur nombre & par leur force. La néceflité leur a appris à ttiompher de leur forme, & des obftacles qu'elle a dû leur caufer. Ainfi le méchanifme & la difpofition des orga- nes ne déterminent pas feuls les aétions des animaux, L’inftinét , une main invifble , ou une prévoyance bienfaifante , en reglent & en diri. gent les mouvements. Pour rendre un compte exaét du Journal de M. de la Borde , nous aurions encore à parler de fes obfervations fur la Vanille ; mais il vient d'envoyer le Journal d'un fecond voyage , dans lequel il traite de cette plante fort au long , & nous différons à en parler jufqu’à ce que nous donnions l'extrait de ce fecond voyage. ; Ooo i 468 FR EE SUTS OI TRE em ER ANNDMR LE Ecrite à l'Auteur de ce Recueil , par M. l'Abbé ViN&ENT , Profeffeur au College d'Eu , fur le grand Fou. M. la tranfmigration des oifeaux n’eft plus depuis long-tems un pro- blème à réfoudre, Les Anciens l'ont cru avant nous, & en ont cité le motif, Quèm multe glomerantur aves ubi frigidus annus, Trans pontum fugat terrifque immittit apricis. Virgile l’avoit appris fans doute d’Ariftore & de nombre d’autres. Ce motif eft très-naturel, & ne laifle plus douter qu’un befoin de cli- mats plus chauds ne foit la principale caufe qui détermine Les oifeaux à ces fortes d’émigrations. Il faut convenir cependant qu'elle n'eft pas conftamment la feule, IL n'eft pas rare de rencontrer. dans nos Mers feptentrionales des oifeaux faits pour n’habiter qu'entre les deux tropiques. Les gros vents, les tempères nous en amenent quelquefois fur les côtes de France, qui fe fixent dans nos parages , y vivent , & furvivent même aux rigueurs des hyvers. Y propagent ils leur efpece ? J'ai bien des raifons d'en dourer. Heureux , quand par hafard ces oifeaux étrangers tombent dans les mains de perfonnes en état de les vérifier! L'hiftoire naturelle y gagne; & c’eft un très-grand avantage pour aider au progrès des fciences. Mais trop fouvent on prend ces oïfeaux par hafard : un peuple ignorant s’en empare, les admire un inftant , les mange, fans pouifer plus loin fes recherches. Habitant par état une petire Ville firuée près de la mer, j'aime à recueillir les objets que je crois mériter l'attention des curieux. Je def- fine fans prétention, ainf que fans principes , mais cependant fidéle- ment. Mon goût pour le deflin, joint à l'envie de contribuer au progrès des fciences, m'ont feul mis en état de vous faire le détail d’un oifeau étranger qui vient d’être pris fur nos côtes. Cet oifeau de mer, fut expofé en venre fur le marché de la Ville d'Eu, le 18 Octobre dernier. La variété de fon plumage, la groffeur de fa taille , la longueur de fon bec, mais fur-tout la maniere dont on dépofoit l'avoir pris, m'ont engagé à le connoître. J'ai pris pour aide dans mes recherches M, La- pe Maitre en Chirurgie, & Auteur d’un Diétionnaire de Mé- ecine. N'ATUR-E LL x. 471 Cet oifeau (voyez planche II) eft de la groffeur de nos oies domef- tiques ; il a fix pieds de vol ; fon bec, du bout jufqu’aux coins de la bouche a fix pouces une ligne d'ouverture : la tête, la gorge & le col font parfemés de taches blanches, petites, mais très - près les unes des autres, ce qui fair que le blanc domine fur chacune de ces parties ; les longues plumes des aîles, aufli bien que celles de la queue , font abfolument brunes; le dos , le croupion , les plumes fcapulai- res font brunes, tirant tant foit peu fur le gris, & d’un bout à l’autre parfemées de taches blanches qui font un très-joli effec : le ventre & la falle font d’un blanc fale , & mouchetés de taches prifes, difpofées parallelement. La queue eft du double plus longue que celle de nos oies. Elle eft compofée de quatorze plumes ; les mitoyennes font les plus longues , & toutes vont en diminuant de longueur par degrés jufqu’à la plus extérieure de chaque côté, qui eft la plus courte : les jambes ont quatre pouces de longueur. Elles font ondées vers le genou d’une foible nuance de blanc; le pied eft compofé de quatre doigts flexibles , réunis ar une membrane commune, épaifle & très-noire, qui s’élargit fenfi- FRS dans la partie qui joint le doigt intérieur au poftérieur. Ces doigts font armés d'ongles blancs ; celui du milieu eft creufé comme dans quelques-uns de nos oifeaux de proie. Le bec eft rond & affilé,un peu recourbé vers le bout : à fon origine , vers la tête il paroît compofé de plufieurs pieces articulées les unes aux autres. On n’y remarque point de narines apparentes , mais , à leur place, fur chacun des côtés du demi bec fupérieur, eft une rainare qui s'étend dans prefque toute fa lon gueur : les bords intérieurs font armés de dents très petites, impercep- tibles à la vue; derriere & autour de chaque œil, eft un efpace de quatre lignes, tout-à fait dégarni de plumes. La langue large de plus d’un pouce, n'a que huit lignes de longueur : elle eft percée dans fon milieu d'un trou grand & ovale, qui lui tient lieu de glotte. Son cri eft fort , aigu , & un peu rauque. M. Brion a clafé & décrit cet oïfeau. On le trouve dans fon ordre vingt-cinquieme , genre cent dixieme, fection feconde , décrit fous le nom de grand Fou, Su/a major. 1 nous le dit originaire des parages de la Floride : fa defcriprion s'accorde aflez avec la mienne; mais peut-être les ongles blancs & les nuances de même couleur , répandues fur les jambes du mien , les taches grifes , rangées parallelement fous la gorge , le ventre & le croupion dont le célebre Ornithologifte n’a nullement parlé , pourroient faire une variété dans l’efpece qu'il a décrite. Le deflin rour-à-fait exaét que vous recevrez ci-joint, & qui n’eft point gravé dans l’ouvrage de M. Briflon, vons fera connoître l’oifeau jufques dans fes moindres détails. Les Savans & les Amateurs en ver- soient peut-être le déflin avec plaifir , fi vous jugiez à propos de le faire graver. 472 "HSr Ts 17 So ri De M. Valmont de Bomare nomme aufli cer oifeau, Srultus major, le Gran» Fou; & dir: que la raifon qui lui a fait donner ce nom, eft, qu'é- tant le feul des palmipedes qu’on voie fe percher , il va s'abattre comme un for fur les antennes des vaiffeaux, où il fe laifle prendre à la main. Celui dont il s’agit ici, quoiqu’à terre, fur le rivage, & tout au bord de l'eau , fans être aucunement blellé, s’y eft laiflé prendre de même. Cir- conftance qui m’a guidé pour découvrir fon nom. Il eft décrit dans l’ouvrage de M. Klein , fous la phrafe fuivante : Plan: cus Congener anferi Baffano. Le nom de Plancus ou de Planeus, fignifianc un pied plat, lui convient à merveille. L’extrème largeur des membra- nes qui uniffent fes quatre doigts, rendent fa marche très-pefante & ab- folument difficile. Dans la perice Ville que j’habite, je ne me trouve guere à portée de confulter beaucoup de livres, pour vérifier ces raretés. Je crois cer oifeau tout-à-fait inconnu des Anciens, à moins qu'avec l'illuftre Chevalier Von-Linné, /ÿffem. nar. edit. in-8°. av. ord.3 , n°. 44, on ne le com- prenne dans l’efpece nommée Carbo aquaticus. Cette place lui convient , à raifon des membranes qui uniffent fes quatre doigts , des dents in- fenfibles dont fon bec eft armé, & fous d’autres rapports. Tout le monde fait que le Carko aquaticus répond au Phalacrocorax d’Aldro- vande, au Corvus marinus de Pline; en françois , Cormoran. Notre oifeau, dans les premiers jours de fa captivité , n’a voulu pour tout aliment que du poifflon de mer. Peut-être en eur-il accepté d'eau douce; car, au rapport des Ornithologiftes , il fe plaît pour l’ordinaire à l'embouchure des grands fleuves de l'Amérique méridionale. On l'y nomme l'Epervier de Mer. Une chofe digne de remarque, c’eft que pendant plus de huit jours il a fallu lui préfenter ces fortes d’alimens à la hauteur du corps, pour le faire manger. { ne favoit pas fe baiffer , il commence à s’y habituer; il étoit en même temps continuellement accouvé. Le premier phénomene prouve qu’il avoit l'habitude de pêcher à ffeur d’eau ; & le fecond , qu'il ne favoir que nager ou voler. On pourroir préfumer que l’eflor lui eft difficile. Ce trait fembleroit le prouver. Notre oifeau s’eft laiffé aife- ment aborder par un matin, qui ne le voyant pas vouloir fuir, lui a jetté fon habit fur Le corps , & par ce feul moyen s’en eft rendu le maître. Sous peu de jours il s’eft rendu très-familier ; il l’eft préfentement au point de fuivre volontiers , mème avec importunité, la perfonne qui le poffede ; caraétere que lui attribue M. Valmont de Bomare , qui dit qu'en peu de jours cet oïfeau fe familiarife au point de le croire élevé dans l’état de domefticiré. Enfin, j'ajourerai pour derniere remarque , que l’oifeau que nous poffédons, a éré d’abord pareffeux ; au point de ne vouloir pas marcher ; qu'enfuire il en a pris l'habitude affez volontiers. Il ne vouloit auf DA bit. D NRA ITU RTE, LE, 473 d’abord manger que du poiflon ; il mange aujourd’hui de la chair dont il avale des morceaux très-gros ; il ne veut point faire ufage d’eau ni douce , ni falée ; peut-être a-r il cela de commun avec tous nos autres oifeaux de mer, qui vivent dans nos jardins plufieurs années de fuite, fans boire. Je fuis, &c. Cp np en ment CT. CON) ONE HE © Des Obfervarions fur les Anémones de mer ; par M. l'Abbé DicQuE- MARE , de plufieurs Académies , Profeffeur de Phyfique expérimen= tale, &e (1). HE uT ce qui a rapport aux animaux , leur maniere d’être , leur gé- nération, les accroiflemens & décroiflemens qu'ils éprouvent, leur force , leurs aétions , leurs maladies , leur nourriture , la durée de leur vie , les phénomenes qu'ils nous préfentent, même à la mort, font autant d’objers qui doivent intéreffer l’homme. L’anaro- mie comparée , & les expériences faires fur les animaux vivans, nous ont dévoilé une partie des fonctions vitales, naturelles & animales, Parmi ces dernieres , celles qui dépendent de la difpolition organique des parties, & qui font peut-être les principes de beaucoup d’autres, pourroient recevoir une nouvelle lumiere des obfervations à faire fur les animaux qui femblent le plus s'éloigner de notre maniere d’être. Surpris par les phénomenes qu’ils nous préfentent , on fouille avec avidité 4 le fein de la nature ; on y apperçoit des effets qui nous apprennent que la conformation la plus intime de certains animaux né s’accordant pas avec nos anciennes idées , nous devons rejerrer comme préjugés, des loix qu'on s’éroit trop prellé de généralifer. Ces effets , & la manière de les obfeiver , qui femblènt au premier coup d'œil devoir nous rapprocher peu à peu de la caufe, foutenir nos efpérances , attér notre vanité, n'en paroiffent pas moins déftinés à faire voir que les merveilles de la narure font bien au-deffus de ce que nous connoiffons, & fans doute de ce que nous pouvons connoître. Pénétré de ces vérités, M. l'Abbé Dic- quemare jetta dès le commencement de l’année derniere les yeux fur les anémones de mer , animaux finguliers fur lefquels les Naturaliftes n’ont fait jufqu'ici que des obfervations peu précifes & peu étendues, fouvent même s'en font-ils tenus à de fimples conjectures. Nous avons fait con- noître, tome I], part. Il, page 201 ; & tome], part. Il, page 151, les (1) Voyez ce qui a été publié dans le volume du mois d'O&tobre 1772, c'eft-3- dire , tome If, part. I, page 201 ; & dans le volume LL, part. 11, page 15. ; 474 Hu USA TA OS FORME premierés découvertes que ce Phyficien a faites fur la reproduction de ces animaux. Nous y renvoyons nos lecteurs, ainfi qu’à la planche que nous avons fait graver d'après fes deffins, & qui repréfente les deux petites efpeces (*). Quant aux deux grandes, elles ont jufqu'à vingt pouces de circonférence, & offrent quelquefois , mème dans un feul individu, les plus douces , les plus riches & les plus brillantes couleurs, jointes à la délicarelle , à la beauté & à la variété momentanée des formes. Sans nous arrèter aux longues defcriptions qu’elles exigeroient, & auxquelles un grand nombre de planches fuppléeroient à peine , nous nous bornerons à retracer quelques-unes des vues intéreffantes de l’Auteur de ces obferva- tions , -& le précis des dernieres découvertes qu’il a faites. En juftifiant ce que nous avons établi plus haut , elles pourront faire entrevoir com- bien nous fommes peu avancés dans l’hiftoire des reproductions, quelles peuvent être Les forces & les reffources de la nature, l'incertitude de nos conjectures fur ce qui conftitue l'animal , & fur le moment précis où il pañle de l’érar de vie à l'état de mort. Quel vafte champ ne nous offre pas encore à culriver la phyfique de l’économie animale ! cer objet le plus beau & le plus utile, concourt en même temps à augmen- ter la fomme de nos connoiflances dans certe partie , qu'on regarde avec raifon comme la bafe de l’art de guérir; à déterminer fi ces animaux détruifent les cancres & autres cruftacés , les moules, &c. qui fervent à la nourriture de l’homme, ou s’ils ne pourroient pas devenir eux-mêmes un mêts recherché & délicat ; à convaincre que la ftruure des animaux qu’on juge peu dignes d'attention, offre dans les uns par fa complication, dans les autres , par fa fimplicité, quelque chofe de plus incompréhenfible que celle des animaux plus grands & plus con- nus : enfin , à foutenir notre admiration,en nous faifant obferver combien la grandeur de l'Eternel éclate jufques dans les créatures qui femblent comme celle-ci deftinées à être foulées aux pieds, ou à n'être apperçues que par hafard. Ce que l’Auteur a dû commencer à obferver, eftce quidiftingue ces animaux des plantes , comme le mouvement progreflif, à l’aide duquel ils changent de place ; les autres mouvemens déterminés par lefquels ils failiflent la proie : les moyens qu'ils emploient pour fe défendre ; la déglutition , la digeftion, les déjections, la propagation de l’efpece , &c. Le peu qu'il ena vu, femble fuffifant pour leur afligner une place dans le regne animal , & les virer du genre obfcur & indérerminé des Zoo- phites. Les découvertes qu’il a faires depuis celles que nous avons publiées, confiftent effentiellement à favoir : (#) Deux de ces efpeces , une grande & une petite, ne paroïffenc avoir cé décrites par aucun Naturalifle, É2. Nate ANT URr EL EE. 475 1°. Qu'un feul membre rerranché de ces animaux, conferve pen- dant plufeurs jours la faculté de s'attacher aux corps qu’on lui pré- fente, foit par les bouts, foir par le côté, vers le bout, & non par la partie coupée, ce qui, joint à plufieurs autres expériences, l'a porté à croire que cer effec pourrait être produit par la fuccion, plutôt que par la glu qu'on croirroit foupçonner d’exuder des pores. Ce membre coupé fe con- cracte & fe dilate aufli alternativement. 2°, Qu'une partie du corps de l'animal, telle que la bafe & un tronc fort court, peut vivre & marcher pendant dix mois, & peut-être beau< coup plus; devenir par intervalles d’une molleffe extrème; paroître entié- rement privé de fentiment ; donner à plufeurs reprifes une odeur très- mauvaife , & enfuire reprendre vigueur. 3°. Que la partie fupérieure des anémones de la premiére efpece fe reproduit comme celle de la troifieme. Les membres des grandes efpeces fe reproduifent aufli, d'où l’on peut conjecturer qu’elles offriroient les mêmes réfulrats dans des feétions plus confidérables , s’il éroit facile de les opérer , & fur-tout de les conferver dans des circonftances favo- rables. . 4°. Que celles de ces parties , des petites efpeces , où font les mem- bres & la bouche , paroiflent fe nourrir , puifque les membres faififlent la nourriture, que fouvent la bouche l’avale , & qu'après avoir été rere- nue plus où moins longtemps dans la petite partie du corps qui n’a point alors de bafe, elle eft rendue fort altérée, & comme fucée par l’un ou par l’autre bout indifféremment. 5°. Que ces animaux peuvent être enfermés dans un glaçon pendant route une nuit fans périr ; qu'ils peuvent paller fubirement de la tem- pérature de 8 dégrés du thermomètre de M. de Réaumur , à 40, y refter cinq minutes, repaller fubitement à huit décrés, & en être quittes pour une maladie de quelques jours. 6°. Que fans eau comme dans l’eau , ils foutiennent les effets du vuide de Boile fans fe gonfler, & fans qu'on puifle appercevoir le moindre affaiflement lorfqu’on rend l'air. 7°. Que ceux de la premiere efpece font vivipares, (1) donnant l’un après l’autre jufqu'a douze petits, & peut-être plus , gros comme la têre d'une petite épingle , ou comme la moitié d’un pois verd ; les uns & les autres s’attachent auflitôt après leur naiffance , érendent leurs membres, dont ils n’ont qu'un ou deux rangs, failiffent la proie, l’avalent , la fucent , la digerent ou la rejettent comme les grands. 8°. Que ces animaux , furtout ceux des grandes efpeces , peuvent devenir un nouveau comeftible d’un goût & d’une odeur aflez agréa- ee Re RE ML ee sn (1) On préfume, par quelques obfervarions récentes, que Les autres le font auf. Tome I, Part, VI, Ppp 476 ET SAT D TIRE bles , à peu-près comme les écrevilles , les crabes & autres cruftacés ; la chair en eft très-délicate.. 9°. Que les grandes anémones avalent quelquefois les perites, ow celles d’une plus petite efpece , mais qu’elles les rendent pleines de vie après huit , dix on douze heures ,, d’où il paroît qu’elles ne peuvent ni les tuer, ni les digérer. 10°,Que dans celles de la troifieme efpece, ou la petite anémone du fable,, PAuteur de ces découvertes eft parvenu à avoir deux animaux pour un, même de la feconde coupe ; c'eft à-dire, qu’un de ces animaux ayant été coupé par la moitié du corps, & ayant repouflé une nouvelle: partie fupérieure, il a été coupé de nouveau, & que de ces deux moitiés: lune a reproduit une partie fupérieure , l'autre s’eft fermée & confo- lidée par la partie de la fetion, & qu'il s’y eft forme une bafe capable: de s'attacher , enforte que ces deux animaux font toutes leurs fonc- tions. 11°. Qu'il femble que par la feion on rajeuniffe les anémones de: mer , car elles paroillent plus belles, plus fortes; leurs membres font plus grands, après leur entier rérabliffement , qu’ils ne l’éroient avant la multiplication. Dans les obfervations que M. l'Abbé Dicquemarre 2 faives {ur les lisux dont la mer fe retire rarement , il a apperçu ces ani- maux qui avoient été coupés par la moitié au corps , fans doute par quelque cancre ou par le choc fubit de quelque caillou , & qui commen- goient à fe rérablir. Il les auroit pris pour une efpece différente, fi les: expériences qu'il avoit rentées ne lui avoient fair connoître le rétablifles- ment gradué que leur accorde la nature. 12°, Qu'il fort habituellement du corps de: ces animaux une humeur excrémenticielie qui s'épaifir; mais qu’elle en fort périodiquement & en: plus grande abondarce dans la rroifieme efpece ; qu'elle y prend alors, em fe coagulant , une forme vermiculée ; pendant ce rems.l’animal. paroïr malade, mais après il reprend une nouvelle vizueur. 13°. Enfin, que ces animaux fe nourriffant de moules, de poilfons,,. de cancres, &c. il eft utile de les bien connoître , afin de trouver des: moyens faciles de diminuer ou de réparer les pertes qu'ils nous cau- fent ; le plus efficace fans doute eft de les admettre fur nos tables, la: muliplicarion en fera moins grande , & le nombre des comeftibles: augmenté. Il y a une très-grande quantité de ces animaux dans la Méditerra- née, fur les côres feptentrionales d’Efpagne , fur celles d’Aunis , du: Poitou, de Normandie; au Midi & à l'Occident de l’Angleterre ,aux An: tilles , & peut-être par-tour. Le dégàr qu'ils y font , doit être fort grand. Croira-t-on qu'un: animal auf mou , aufli délicat en apparence .,faifir 8 avale ur crabe en vie de la grandeur d’un œuf de poule, le rue , le fuce & le rend vingr heures après ? C’elt pourtant ce qui eft arrivé à une ané- LUS A NAT NOR SEE TU Tr. . 477 mone de la feconde efpece , fous les yeux du Phyfcien qui les obferve. Il a encore été témoin d’un fait affez fingulier pour qu'il trouve place ici. Ayant coupé un morceau de poiflon en forme d’aiguillette | il le préfenta par un bout à une anémone dont les membres font couleur de chair de melon, & de l’autre bout à une anémone grife de même efpece, dont la partie fupérieure s’eft reproduite après avoir été coupée. D'a- bord, les deux anémones attachées au fond d’un vafe affez près l’une de l’autre , faifirent la proie avec leurs membres ; mais l’anémone jaune eut lieu de s'emparer d'une plus grande partie : lune & l’autre avale- rent le bour qu’elles tenoient , & continuerent d’avaler jufqu’à fe trou- ver bouche à bouche; la grife parut avoir l'avantage. Peu après il lui fut difputé ; elle le recouvra , puis le laïffa échapper , enfuite le reprit; ces alternatives ayant duré pendant trois heures, l'Obfervateur vit un mo- ment où les affaires de la jaune paroiffoient aller affez mal ; lorfqu’en- fin la victoire fe déclara pour elle, la grife cha le bout. Comme la jaune n’avaloit pas très-vite , la grife eur le tems de revenir à la char- ge; elle faifit de nouveau le bout qu'elle venoit d'abandonner , mais ce fut inutilement; la jaune fit un nouvel effort , & le morceau fur enfin avalé. Il ne parut dans ce combat fingulier d’autres efforts que ceux qui tendoient à s’arracher fucceflivement la proie; & depuis, quoi- que les deux anémones fe foient de même difputé d’autres morceaux, elles ont vécu toujours voifinés , aufli paifiblement qu'auparavant. On jugera aifément que ce n’eft ici qu'un Précis des Obfervations & des dernieres découvertes de M. l'Abbé Dicquemare. La Société royale de Londres a fait traduire les premieres avec quelques détails, & en a ordonné l’impreffion ainfi que la gravure des planches qui y font rela- tives. L'Aureur continue toujours fes recherches, d'autant plus pénibles, qu'il va en avant, & qu’elles l'obligent de joindre aux travaux minu- tieux du cabinet, ceux qu’on ne peut faire que dans des lieux d’un accès très-difhcilef elles lui ont fait découvrir des produ@tions monftrueufes dans ce gente d'animaux, celles que plufieurs anémones jointes enfem- ble, & dont quelques parties fe confondenr. Ces découvertes augmen- sent fes deflins , que les Naturaliftes verront avec plailir lorfque La gravure les aura mulcipliés. az \ CLS Pppij D:SET SGA TIR RUIPOMEL RAGE Nb ET OBSERVATION Sur le procédé donné par M. Bogues, de Touloufe, pour obtenir de lEther nitreux par la diflillation. pu nitreux fair par la diftillation étoit fuivant l’Auteurun problème de Chymie qui n’avoit poinrété réfolu , quoique plufeurs Artiftes euflenc tenté ce procédé , un grand nombre de fois. Il eft roujours arrivé que les vaifleaux ont crevé avec explofion , à caufe du bouillonnemenr, de l'effer- vefcence & de la quantité d’air qui fe désage ; ces effers arrivent même à froid ; ils font beaucoup à craindre par la chaleur , & au moment où l'acide nitreux porte fon action fur l’efprit-de-vin, parce que l’Ether nitreux efl pour ainfi dire formé en un inftant : enfin il a été impofli- ble jufqu'à-préfent de contenir ce mélange fur le feu. Ce font ces in- convéniens qui ont fair prendre le parti de faire l’Ether nitreux fans difiillation , en réfroidiffant même avec de la glace, le mélange d’acide nitreux & d’efprit-de-vin , afin de rempérer l’action de ces ge liqueurs: l'une fur l’autre ; ce qui eft directement contraire au procé M. Bogues. Les Chymiltes qui ont tenté de faire l'Ether nitreux par la diftilla- tion , foupçonnoient , à l'odeur qui s’exhaloit du mêlange au momenr de la rupture des vaiffeaux , qu’il s’étoit formé de l’Erher nitreux , mais. on n'en avoit aucune certitude, puifqu'on n’avoit pu le recueillir fépa- rément. La méthode de M. Bogues rend la conviétion complette. 1] g’arrive aucun accident , & l’on recueille à part l’Ether nitreux , au moyen de fon procédé. U mêle une livre d’acide nitreux foible (1) avec autant d’efprit-de- é donné par (x) Cet acide donne vingt - quatre degrés au pefe-liqueur des {els ; de M, Baumé. 3 md | : ©: DÉS ARRET LMÉTINRS. 499 vi ce@tifié (r) dans une cornue de verre , contenant huit pintes envi- rorr; certe cornue eft placée fur un bain de fable , fans entourer le vaif- feaw; il adapte à la cornue un ballon d'environ douze pintes; lutte les jointures des vailfeaux avec du lut de chaux éteinte & de blanc d'œuf; ajufte deux plumes à la jonétion des luts pour donner iffue à la for- tie de l'air, lorfqu’il vient à fe dégager; il procede très -adroite- menc à la difillation par un feu doux qu'il augmente peu-à-peu, pour mettre la liqueur en ébullition dans l’efpace d'environ trois heu res. Il eft paflé fix onces de liqueur citrine de la couleur de l’Ether nitreux ordinaire ; qui eft fait avec l’efprit-de-nitre famant ; cette liqueur étoit prefque tout Echer nitreux ; elle fe trouvoit feulement mêlée avec une portion d’efprit-de-vin un peu altéré , qui a paflé au commence- ment de la diftillation, avant que l’acide nitreux eut agi far l’efprit- de-vin : il a pañlé enfuite trois onces de liqueur qui étoit de l'acide nitreux dulcifié, & il eft refté enfin dans la cornue l'acide nitreux clair . fans couleur, mais chargé des débris de la compofition de l'efprit- de-vin. La premiere liqueur éroit chargée de beaucoup d’Ether nitreux : nous en avons mêlé avec l’eau, & une partie s’eft combinée avec elle , com- me cela arrive ordinairement , mais ilen eft refté une furnageant l'eau, & plus qu'il n’en falloir pour la démonftration. Si cetre liqueur eût été rectifice par une feconde diftillation, on en auroit féparé rout l’Ether nitreux qu’elle contenoit. Le public applaudira avec plaifir au procédé de M. Bogues ; mais les’ fonctions de Journalifte nous mettent dans le cas d'ajouter une ob- fervation. Le but de ce Recusil, eft d'offrir à ceux qui fe livrent aux Sciences phyfiques un dépôt où ils ont le droit de configner leurs de- couvertes , nous devons les revendiquer fi quelqu'un fe les approprie, L'amour de la vérité nous force à dire publiquement, que dans l’hyveæ de 1770 à 1771 nous afliftames à plufeurs leçons du Cours de Chy- mie de M. Mitouard , & nous lui avons vu prépater l’Ether nitreux par la diftillation. Son procédé nons parut même plus hardi que celui de M. Bogues, puifqu’il fe fervic de l’efprit - de - nitre fumant , & le mêla dans la proportion de trois parties d’efprit- de - vin contre une de cet acide. La dofe , fi nous mous en fouvenons bien, & ainf que nous l’avions noté fur nos tablettes, étoit de quatre onces d'acide nitreux fur douze onces d’efprit-de-vin, Dans l’efpace d’une heure 8: demie que la leçon dura, le mélange , la diftillarion & la féparation: (x) Cet efprit-de-vin donne trente-fix degrés au pefe-liqueur & à efpuit-de-wim de M. Baumé, 4380 ARTS ET METIZÆRS:. de l’Ether étoient achevés. Il faifoit bouillir le melange comme pour la diftillation de l'huile de vitriol, & il prenoit aufli la précaution de ne point enterrer la cornue dans le bain de fable , de crainte qu’elie n’é- prouvâr trop de chaleur ; il la pofoit fur une couche de fable très légere, afin que le feu étant retiré du fourneau , la chaleur cefsàt plus promp- tement. Nous nous fouvenons mème qu'il nous parloit de ce procédé comme fournifant très-promptement de l’Ether , & préférable à celui que l'on obtient par la digeftion qui eft infiniment plus expanfible, par certe raifon prefque intranfportable, M. Mitouard nous faifoit encore obferver qu’il éroit étonnant qu’on eût recours à l'appareil de M. Woulf, très-difpendieux, très embarraf- fant, & peu sûr, puifque, pendant l'opération , cer appareil avoit plu- fieurs fois éré brifé avec explofon (1). Il regardoit l'opération par l'ap- pareil de M. Woulf comme une diftillarion faite dans des vaifleaux plus fpacieux à la vérité, mais qui ne différoit pas de la diftillation ordinaire. En effet, peu de temps après le mêlange , la liqueur s’échauffe, bouillonne & s’éleve en vapeurs qui fe condenfent dans les récipiens de cet appareil. Quoique le procédé donné par M. Bogues paroiffe différer pour le fond de celui de M. Mitouard, c’eft-à-dire , par le degré de contention des fluides , puifqu'il emploie l’efprit-de-nitre affoibli , à parties égales, avec l’efprit-de-vin , cependant la furabondance d'efprit-de-vin que celui ci ajoute , met fon acide nitreux dans le mème état de foibleffe que celui du commerce employé par M. Bogues. On ne peut donc pas difputer à M. Mitouard l’antériorité. Ses Auditeurs peuvent arrefter Le fait que nous rapportons. EEE nn (x) Je l'ai vu réuffir avec le plus grand fuccès dans les cours de Chymie de M. Bucquer, On convient cependant que le fuccès n'eft pas roujours le même. 5e Ra Ÿ Ce PRE Len y HETSVET MATrERE 487 OA: PE. PO URI TE. Fair 4 l'Académie des Sciences , par MM. DESMARETS & DE JUS- SIEU le jeune ; nommées pour examiner Part du Potier , de M. Dü- HAMEL. Lu nr du Potier de rerre confifte à faire de la vailfelle & autres ouvra- ges communs avec de l’argille qu’il imbibe d’eau , pour la rendre duc- tuile, qu'il pêtrit & façonne dans un moule ou fur le tour, & qu'il fait cuire enfuite pour lui donner de la folidité. M. Duhamel examine dans des articles féparés chacune de ces opérations , & il entre dans les dé- tails nécellaires pour faire connoître à fond un art fi fimple & en même temps futile L’argille ou terreg'aife qui en fait la bafe, fe trouve com- munément par couches à une plus.ow moins grande profondeur ; elle varie, foit par la couleur, foit par le mélange des matieres hétérogenes, L'argille pure eft compof£e de parties très -fines , très - liées ; la mafle- qui en réfulre eft onétueufe, gratle au coucher , fufceprible de poli : elle artire facilement l'humudiré, & lorfqu'on la trempe dans l’eau , elle s'en charge affez abondamment , fe gonfle à proportion, devient gluante , & forme une pâte ductile, propre à recevoir toutes forces de formes. Pour parvenir à ce point , elle doit fubir diverfes préparations. On la: laiffe d’abord pendant quelques mois expofée à l'air : après ce remps om la coupe en lames très-minces qu'on fait rremper dans l’eau pendant une demi-journée : enfnire on la marche ; c’eft-à-dire on la pétrit avec les pieds, ayant foin dans l’opération d’erx féparer les corps étrangers, & d'y mêler du fable lorfqu’elle eft très-graife. Cette précaution dimi- nue le retrait qui eft ordinairement confidérable à proportion de la pu- reté de l'argille. Le Poriez remplit avec cette terre ainfi mélangée, ur grand moule quarré, & forme ce que l’on nomme des fairieres : ce font de grands carreaux très-épais, que l'on porte fur des rablerres à claire voie , où ils reçoivent de routes parts le contact de l'air. Avant leur par- faire deflication , on les bat pour unir exactement toutes leurs parties: On: acheve la deflicarion ,. & on les mer enfuire dans un lieu plus frais , pour que l’humidité contenue dans leur intérieur fe porte à la furface. Après les avoir battus de nouveau , on les partage en quatre quarrés plus peuts dont un ouvrier unir les bords , en merrant deflus un moule ou calibre de fer autour duquel il enleve avec un couteau courbe routes les: parties qui débordent. Les différentes efpeces de carreaux, foit quarsés,, Acad. des Sciences de Paris, 482 AR TSJEMNMMÉETIERS Loir à pans , font faits de la même maniere ; il n’y a que les grands carreaux d’atres que l’on acheve du premier coup. : Les fours dans lefquels on les cuit font des quarrés oblongs & vot- tés , dont le foyer eft à une des extrémités plus rérrécie ; la cheminée placée à l’autre bout a une ouverture fort baffle , de forte que la fumée & le courant d'air , après avoir fuivi la courbure de la voute , font obli- ges de redefcendre pour parvenir au tuyau. Cette conftruétion doit aug- menter la chaleur & la rendre plus égale. Près de la cheminée eft une autre ouverture nommée le Teffin, pat laquelle on remplit le four dont l'intérieur eft féparé du foyer par une cloifon à jour faite avec des bri- ques. Certe cloifon appellée Fauffe- Tire eft deftinée à recevoir l’aétion immédiate du feu , qui agiroit trop vivement fur l’argille crue. Derriere , on difpofe les carreaux, les plus grands vers le bas , les petirs en-deflus, ayant toujours foin dé ménager des vuides pour lailler circuler l'air & la chaleur. Quand le four eft plein , & le teflin formé avec des bri- ques, on commence à tremper ; c'eft-à-dire, par le moyen d’un feu léger, on fait évaporer lentement l'humidité qui reite dans les ouvra- ges. Au bout de trente-fix heures , on augmente confidérablement le feu & on le foutient ainfi pendant douze heures ; enfuire on ferme la bou- che du fourneau, qui n’eft ouverte que huit jours après , parce que le réfroidiffement s'opére lentement. Les carreaux peuvent alors être em- plovés dans le carrelage. Cet art dont M. Duhamel fait ici mention, parce qu'il eft exercé par les mêmes ouvriers, confifte à applanir la terre icpandue fur un plancher, & à la couvrit d'une couche de plâtre fur laquelle on place les carreaux dans un niveau exa&t. M. Duhamel indi- que les précautions néceffaires & ufitées pour rendre l'ouvrage folide & parfait. Ïl donne aufli une fuite de deflins que l’on peut exécuter avec des carreaux à deux couleurs. L’argille deftinée à être travaillée fur le tour fubit les mèmes prépa- rations que celle qui eft employée pour les carreaux. On l’imbibe d’eau, on la pècrit entre les mains, ce qui fe nomme Voguer, & on la mêle avec du fable. Il y a deux efpeces de tour: celui des Potiers , qui eft une roue de fer qui tient par fix rayons obliques à un moyeu rerminé fupé- rieurement par un plateau. Ce moyeu pofé verticalement fe rétrécit vers le dos, &eft reçu dans un trou pratiqué à un maflif qui foutient toute la machine. La roue des Fayanciers eft de bois , pleine , épaifle , traver- fée par un axe également vertical, reçu intérieurement dans une cra- paudine , retenu fupérieurement par un coller au niveau d’une table, & terminé de mème par un plateau. Il faut un bâton pour mouvoir la premiere ; le pied fufht pour celle-ci , dont le mouvement fe retarde ou s’accélere à volonté dans le cours du travail. L’ouvrier aidé de ce mou- vement circulaire , façonne entre fes doigts la terre mife fur le plateau; leurs différençes poftions produifent autant de formes diverfes ; ss € e LNET RS z ARTS =2T MÉTIERS. 483 Îe fecours d’inftrument , & guidé par la feule habitude, il donne À fes vafes une forme régulicre , un diametre, une hauteur, une épailleur convenable ; quelquefois cependant il s’aide dans fon travail d'un petit calibre nommé arelle pour unir l’intérieur des vafes dans lefquels la main ne peut pénétrer. Lorfqu’ils font achevés, il les fépare des plateaux avec un fil de laiton , & les laifle fécher fur des tablertes : ainfi fe font les pots à fleurs , les afliertes , les petites poteries de toutes efpeces. Leurs couvercles font tournés féparément & de la même maniere, Lorfqu’on veut former des moules fur l'extérieur d’un vafe , On fe fert d’un calibre qui, tournant autour du vafe fixé > Où étant de repos contre la furface de ce même vale én mouvement, lui imprime la forme tracée fur la bor- dure. Il exifte encore à Sainte-Eutrope en Angoumois un tour deftiné À faire les plus grands vafes : c’eft une lanterne femblable à celle d’un mou- lin dont les plateaux font joints par fix fufeaux. L'axe qui les traverfe , s'entonne verticalement & roule dans la cavité d’un maflif. La terre eft mife fur le plateau fupérieur ; l'ouvrier faifant agir le tour, commence le fond du vafe, enfuite il éleve infenfiblement les côtés, en ajoutant de nouvelle terre. Lorfque le vafe eft trop grand , on le fait en trois parties que l’on réunit par le moyen de feuiliures & de terre qui cuit avec le vafe. C’eft fur ce tour que l’on fait les grands pots à beurre , ou à huile, fes fontaines de grès. Quelques-uns des ouvrages faits au tour ont befoin d’un nouvel apprèt, que l'on nomme habillage. Cette opération confifte à réparer à la main les défauts qu’on apperçoit, enlever la terre furabondante ; ajouter celle qui manque , redreffer les bords qui fe déverfflenc, arrondir les ouver- tures, corder le deflous des vafes, pour qu'ils aient une afletre plus ferme. On ajoute en même temps les pieds, les manches , les anfes qui font des pieces de rapport que l'on foude avec de la terre fraiche aux endroits où elles doivent être placées. Les ouvrages ainfi habillés & bien féchés à l'air , font mis dans le four décrit précédemment ; on les range derriere le feu, c'eft-à-dire, avec plus de précaution ; &on ménage beaucoup plus la trempe dans le commencement. Les Potiers du Fauxbourg Saint-Antoine font leur cuite dans un four d’une autre conftruétion. Il elt compofé de trois chambres l’une fur l’au- tre , féparées par des voütes percées de plufeurs trous ou crénaux. La chambre inférieure eft le foyer dont la chaleur fe tranfimert à la feconde dans laquelle on place les ouvrages qu’il faut cuire en vernis, & monte enfuite à la fupérieure , qui contient les ouvrages que l’on veut cuire en blanc. La chaleur d’abord moins grande dans cette derniere, devient æès-confidérable , parce qu'elle monte toujours , attirée fur-tout par un Jong tuyau de cheminée & quelques regiftres ou ventoufes qui terminent 1e four. Les précautions dans la cuite font les mêmes, Les poteries cuices à blanc font perméables à l'eau : pour les rendre Tome I, Parc. VI. Qqq 434 AGRETASS CENT MIÉ TITRE capables de la contenir, on les couvre d’un vernis tiré ou de la chaux de: plomb diverfement préparée, ou de l’alquifoux qui eft le minéral dont on retire ce métal. Lorfqu’on a réduit l’unou l’autre en poudre très-fine on lui mêle une égale quantité de fable ; ce qui rend le vernis moins coù- eux. Il tire alors fur le jaune : pour lui donner les couleurs vertes ow brunes , on ajoute de la limaille de cuivre ou de manganefe. La poterie couverte de ce mélange eft mife au four, & par une feule opération om cuit la terre ,on fond le vernis qui fe vitrifie à la furface ;par cemoyen, on économife le bois, mais on dépenfe plus de vernis. Avant de l'appliquer ;, 1l feroit plus à propos de faire fubir aux poteries une premiere cuite; non feulement on en confomme une moindre quantité ; mais il eft répandu lus également, & par conféquent plus parfait. On le rend liquide en le: pre fous une meule, & le mêlant avec l’eau ; alors on fe fert d’un pinceau pour l'appliquer. Cetre méthode eft la plus ufitée ; mais la pre- miere cuite doit-elle être forte ou médiocre ? M. Duhamel penche pour ce dernier avis, & imagine qu’il fufft dans cette cuire de rendre les ou- vrages. capables de recevoir le vernis qui alors pénetre mieux; il veut qu'on réferve le feu le plus confidérable pour les poteries déjà verniffées.. Il penfe aufi que l’on pourroit perfectionner le vernis, fans augmenter les frais, en mêlancau plomb du quartz, ou en frittanr le fable avant de le: mêler au plomb, ou en lui fubftituant du verre pilé. Ces réflexions font fuivies de notes très-intéreffantes fur les poteries du Lyonnois ,commu- niquées par M. de la Tourette , Correfpondant de cette Académie. Les poteries de grès, travaillées aux environs de Beauvais, font en- core l’objer des recherches de M. Duhamel. L’argille qui leur fert de bafe, eft alliée à un fable très-réfraétaire qui diminue le retrait, & con- tribue à rendre ces poteries très-dures & fonores , lorfqu’elles ont été’ cuites à grand feu. Les fours font d’une ftruéture un peu différente, mais ils, produifent à peu près les mêmes effets. Les Poriers de Saint-Fargeauw: emploient deux argilles , lune blanche & l’autre brune, & qu’ils mêlan— gent en différentes proportions. Leur vernis eft fait avec le laitier des. fourneaux où l’on fond la mine de fer. M. Jars, Membre de cette Académie , avoit laiffé en mourant, plu- fieurs obfervations manufcrites fur les poteries d'Angleterre : elles onr: été communiquées par monfieur fon frere à M. Duhamel qui en a enri— chi fon Ouvrage, Il le termine par l'examen des travaux du Potier Four- nalifle. Comme cet article eft des plus intéreffans pour des Chymiftes, ik eft auffi déraillé avec plus de foin. M. Duhamel, après avoir rappellé brié- vement les opérations préliminaires , décrit enfuite les différentes efpeces de fourneaux , foit ceux qui font faits entiérement par Îe Potier, foit ceux que les Chymiftes conftruifent avec des briques dans leurs laboratoires. Ilindique les moyens d’enrendre la matiere plus folide ,en mêlanr à l’ar- gille du mâche-$er pilé, ou mieux encore des débris de la poterie de grès _ AE SET ME TIR. 485 far-tout de celle d'Ifigny. Le même mélange fert à faire des creufets de toute efpece. On a foin feulement d’y employer l’argille la plus pure. Telle eft à peu près le plan de cet Ouvrage dans lequel M. Duhamel ne laiffe rien à defirer pour les détails. On y reconnoît l’efprit de l’Au- teur qui, toujours animé du defir de rendre fes travaux utiles au public, expofe avec clarté tous les moyens de perfeétionner l’art qu'il traite. ONDES RER ACTE T "O"N'S Sur Les ÉTANGSs; Par MM. DAviD THOMÉ, C. F. LUAD 6 J. BERGSTRAM. Dax s les petits étangs les poiflons reftent petits, & ont peu de got, parce qu'ils y ont moins de mouvement & de nourriture. Il faut donc les faire fpacieux ; il faut aufñli obferver qu’on puilfe y pècher com- modément : ce qui eft furtout effentiel aux grands érangs. On leur donnera aufli affez de profondeur , pour qu'ils ne gtlent pas jufqu’au fond. La plupart des poiflons aiment l’eau courante : c’eft la feule où ils réuffiffent. Il eft donc important de choifir des terreins bas qui ne peu- vent pas fervir de pâturage, & dans lefquels l’eau qui vient des four- ces, marais & lacs fupérieurs, foit enfermée de toutes parts, de forte qu'on n’ait à faire qu’une digue du côté le moins étendu. Si le cerrein eft favorable comme dans prefque toute la Suede, on peut faire plu- fieurs étangs les uns au-deflus des autres. Les frais des étangs nouveaux étant confidérables ; il faut y employer les petits lacs & les convertir en étangs : il fuffit fouvent d’une digue de trois ou quatre pieds de haut, & l’on n’a quelquefois à faire que la dépenfe du poiflon. Dans l’établiffement des grands étangs, il eft important , avant d'y amener l’eau , de préparer un endroit commode pour jetter les filers : 11 faut en ôter routes les pierres, éminences , inégalités. Les petits détroirs feront préparés pour les nallés ; tout le refte laïflé inégal avec les pierres, les racines , les troncs , les arbres tombés, où les poiflons peuvent fe mettre à l'abri de la chaleur & des oifeaux de proie. Si le terrein eft uni on fera quelques fofles , afin que tout le poiffon ne refte pas à fec lorf- qu'on Ôte l’eau : ce qui doit ètre fait rarement. Malgré le treillage, ou les branches que l’on met à l’ouverture du tuyau, il y pale toujours da petit poiffon. Pour tirer l’eau , lorfqu'on veut prendre le polffon , ou remplir d'au- tres vues , on établit à l'endroit le plus bas de la Fan tuyau de bois A479 Acad. des Sciences de Stockolm. +86 ÆRT SOEUT AMÉ TE AE, 2 chône ou de fapin avec une foupape qui ferme bien jufte , & qui peut être ôtée facilement lorfque l’eau eft à huit ou dix pieds de hauteur ;on le fera aufi long que l'élévation de la digue le demande , & d’un dia- mertre proportionné à la mafle de l’eau. Pour l'empêcher de fe fendre, il fera utile de lentourer tout entier de mouffe. Lorfqu'on n’a point les outils nécelfaires à percer ce tuyau ; on peut fendre un tronc de fapin en deux parties , creufer un petit canal au milieu de chaque moitié , les rejoindre & les entourrer de cerceaux. Afin que la digue de ces grands étangs ne {oit pas emportée par l’eau ou abatrue par Le bétail il eft bon d'élever du côté extérieur un mur de pierre, auquel on donnera fa hauteur jugée convenable , & qu'on revê— tira dans l’ordre fuivans : tout près du mur, un lit de gravier; enfuire du gros fable , puis du fable fin, & par-deffus de l’arpille. Cet ouvrage eft peu difpendieux, fur-tout fi l’on choifit un endroit où la digue ait peu d'érendue & peu de hauteur. On pourroit , au Heu de gravier , met- tre de la moule contre le mur , & recouvrir de fable & de gazon. Au printemps , en automne, & après de grandes pluies, files eaux abondantes n'ont qu'un feul écoulement étroit , elles s'elevent aflez pour que les gros poiffons trouvent des paflages : on ferme l'ouverture par un treillage de fer ou de bois; mais fi les quarrés en font grands, les petits poiflons y paffent ; font-ils petits, le vafe les Bouche, Fear s'éleve & fe répand où on ne la veut pas. Pour éviter ces inconvénients, on a employé avec fuccès pendant quatorze ans une efpece de couloir de pierre, qui va depuis le conduit d'écoulement jnfqu'au fond de Vérans , & dont la largeur ef proportionnée à la quantité des eaux. La. partie antérieure eft élevée d’un pied au-defus des. plus hautes eaux ,, & repofe fur des piliers de pierre qui laiffent en bas , vers le fond, des. paflages fuffifants pour l'écoulement des eaux fuperflues. La pattie qui eft proche du conduit n’eft pas plus haute que fon embouchure ; mais. elle. defcend jufqu’au pied de la digue , & ferme les côtés & le fond du, conduit, de forre que l’eau peut y couler fans obftacle par deffus cerre partie. | Au fond du couloir, fur les. piliers de pierre, on établit une efpece: de treillage, qu'on recouvre d’un lit de gros cailloux. Sur. celui-ci em: met un li de cailloux plus petits, & puis un troifieme lit de cailloux sonds très-petits , de forte que le couloir (oit plein jufques au canal ou: conduit. Ainfi l’eau monte du fond. de la digue par le treillage dans. le couloir & les pierres, & filtre dans le conduit tant qu'il y en a de. fuperflue. Les petits poiffons qui ne peuvent pafler entre les cailloux ,, reltent tous dans l’étang, Si la quantité des eaux demande une plus grande ouverrure , on rem. lira cetre vue de la maniere fuivanre. Etabhiffez dans l1 digue deux. TI ou davantage , proportionnément à {a longueur, environ à: @ù =” Uniteer nos cn guéri par de fortes dofes d’opium, par le Doëteur Archambault Glofler , de Saint-Jean d'Antigua ; communiqué à M. Jean Morgan ; Doëteur en Médecine , Membre de la Société Royale, Profeffeur de Médecine au College de Philadelphie, qui en a fait la leélure devant la Societé philofophique de l'Amérique, 174 Obfervation communiquée à l'Académie des Sciences de Paris : par M. Perret , fur l'opération faire à un chat né aveugle , 118 Lettre adreffée à M. Portal, de l’Académie des Sciences de Paris ; par M. Margradan , Médecin de la Jamaïque, fur Pinoculation du pians, 37 Lettre de M. Haram , dans laquelle il annonce les acides végétaux, comme le vrai contrepoifon de la cigue, 35 Lettre du Pere Corte, fur les funeftes effets d’un miafme , 109 Differtation fur les maladies falutaires , par M. Théodore Van-Véen, 277 HISTOIRE NATURELLE. Os RVATIONS tirées du voyage en Californie, de M. l'Abbé Chap- P£> de l’Académie Royale des Sciences ; 220 L D'E SAUC'HMA P'TIT RES 03 Extrait du Journal d’un voyage fair par ordre de la Cour de France en 1772, par M. de la Borde , Médecin à Cayenne , dans l'intérieur des Terres de la Guianne , vers le Cap Cachipour , dans la dépendance d'Ayapoque ; par M. Mauduit, Doëteur-Régent de la Faculré de Paris, 461 Obfervations tirées d’une Lettre écrite de Mexico, à l’Académie des Sciences de Paris ; par Dom de Alzale y Ramyres , 221 Lettre de M. Hill, adreffee au Chevalier Von-Linné, fur le Sommeil des Plantes , & la caufe du mouvement de la fenfirive , 377 Différtation de M. Gmelin, fur les moÿens de cunnoître les vertus médi- cales des plantes par leur caraëtere botanique ; 48 Defcripion d'une Conyze , dont la femeuce a été envoyée des Ifles de France & de Bourbon au Jardin des Plantes de Paris, 62 ÆEclairs produirs par la Capucine , 137 Mémoire fur le thé; par M. Fougeroux de Bondaroi , de l'Académie Royale des Sciences de Paris, 326 Mémoire de M. Hiacinthe Fabri, fur un Monftre marin , 110 Obfervation fur l'animal qui porte Le mufe, & fur fes rapports avec les autres animaux ; par M. d’Aubenton, de l’Académie des Sciences de Paris , 63 Suite des Obfervarions fur les Anémones de mer ; par M. l'Abbé Dic- quemare , de plufieurs Académies , Profeffeur de Phyfique expérimen- tale, 473 Lettre écrite à l'Auteur de ce Recueil ; par M. l'Abbé Vincent ; Profeffeur au College d'Eu, fur le grand Fou, 468 Defcriprion d’une produëtion extraordinaire, formée fur la tête d’une abeille : conjeëtures fur cette maladie , par M. de Lar.**, 223 Defcription d’une Dent foffile ; trouvée près de Vienne en Dauphiné , 135 AHPROTTENRS. Pics d'une Machine inventée & exécute par M. Ramfden , Opti- cien & Conftructeur d'inftrumens de Mathématiques à Londres , pour divifer toutes fortes d’infirumens, 147 Additions & corrections nouvelles faites aux machines pneumatiques & électriques , ” | 226 Defcriprion d'une machine pour pomper l'eau des vaiffeaux , fans em- ployer le fecours des gens de l'équipage ; par M, Richard Weiis , 228 s 504. | an faxar Dar _ rs de Pare 5 Der A Bay > ür premiere partie de l'Art du Coutelier ve 2 Rapport de la feconde partie de l'Art du Couelier , fair à l'Acudénie 3 su par M. Morand , Rapport fair à ! DR OP > par MM. Definarets & de ME _ Jieu Le jeune , nommés par examiner l’art du Potier , de M. Duha- mel , 482 Obfenidiians fur les étangs , par MM. David Thomé, C. F. ne: & J. Bergltram, 485$ Obfervations fur le tranfport des Poiffons d’un étang dans un autre, par M. Tiburtius ; Curé de Weeta, 488. NOUVELLES LITTÉRAIRES, 735 148 » 231, 426, 489 Fin de la Table des Articles, nee nana 3 ES De en ee 0 Ge à M me PR RAA NT "A. Pac. Lion. 7 23 font abondantes, /if. font plus, 16 lig. dern. 80, dif. 20. 44 6 fuiro, dif. (uite. 45 lig. dern. ulbo, if. albo. io 1 poite, if. pete. 117 16 abfens ont, /if abfens qui ont. &t9 8 remucrent, /f. réunirent. #47 14 de façon que le fimple mouvement, &c. lif. de façon que l’artifte n'a befoin que de mouvoir letraçoir. fomentation , if. fermentation. où va, lif. où il va. méthode Doéteur , /if. du Docteur, vout , lif: vont. mléenc , /if. mêlent. futer, lif. fuçer. donne, if. enleve. & vuidoir , Zif. & vuidai. compolé de l'eau de chaux, if. compole de l'eau de chaux. & qui érendent, L. & qui étendront. 301 39 qu'ellecontient, Æf. qu'il contient, 311 22 dela moitié, Lif. la moitié. 317 dern. lign. quelques-unes, /if. quel- ques-uns. 22 des vers, /f: des verres. 8 dans un appareil, Aif. dans l'appa- reil. 27 telle que CD, /if. telle que AB. 2$ y entre, Af. y entrent. 1 &2 aptitude, /if. amptitude. 15 réfléchit, /if. réfléchie. 17 des premiers dans celui des feconds, Lif. des premiers que dans celui des feconds. 156 171 161 2 272 1 £79 25 183 36 192 21 199 390 267 20 268 41 m 277 342 346 347 349 352 357 358 PAG. LicN. 358 31 arrèté, if. arête. 359 15 coincident, /f, coincidant. idem. 4 S'ajuftant, Lif. s'ajuftent. 363 3 laifloit, if. failoit. 364 25 en, lif. et. idem. 31 différa, /if. differe. 367 11 naturelle, Zf. mutuelle. 37005 RE SA/IRE. idem. 6 n°.14, if. n°. 18. 372 10 n°. 14, dif. n°. 18. idem. 4 retranchez le mot 6. NERO UCENTELEEX Au tableau des déviations de la lumiere l'eau, feconde colonne, lif. 44° 53" 6". 44° 58! 6. troifieme colonne, 41,1,$053/if.4$, 1,$0. Dans la figure 7 de ce Mémoire il man- que une ligne FS qui doit croifer lali- gne RS. Dans la figure 9, les lignes XY, RZ, qu'ona repréfentées paralleles en deux endroits , doivent fe croifer. id. à l'un de ces deux endroits il manque les deux lettres R V. À id, à un autre endroit, la iettre V a été mife à la place de la lettre X. 384 20 ces fibres ainfi ébranlés, if. ces fi- bres ainfi ébranlées. idem. 23 les fibres détachés, /if. les fibres dé+ tachées. 427 25 Chaleur, /if. de froid. 458 20 lion, dif. lien. ce 480 20 contention , Lif. concentration. EE à à ù oi ip AVR ne à U 0 ae RS Re LL Æ RSR TRES