= Rd er ESS 0 À ; QE: AN A4 : | CR \ À ni ; D 0 a jy k le _ e CES De es Le / OL ( CES S LE * SE AA Pt ne ere LE OBSERVATIONS RS L À PHORIAUE DORE HISTOIRE. NABNURELLE RAP SU RES SA RTS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE, DÉDIÉES HEMBULE COMTE D'ARTOIS; Par M. PAbbé RozIER, Chevalier de lÉglife de Lyon ; de l’Académie Royale des Sciences , Beaux-Arts & Belles-Lettres de Lyon , de Villefranche, de Dijon, de Marfèille, de Fleffingue ; de la Société Impériale de Phyfique 6 de Bo- tanique de Florence ; Correfpondant de la Société des Arts de Londres , de la Société Philofophique de Philadelphie , &c. ancien Directeur de l'Ecole Royale de Médecine - Vétérinaire de Lyon. TOME SEPTIÉME. JANVIER, 1776. A Pad Riu Si Chez RUAULT, Libraire, rue de la Harpe, St QE S M AD/CIC y EX X NT. AVEC PRIVILEGE DU RO I. ns AU À MM. ls SouscrrIPTEURS dont l'Abonnement finit à la fin de Pannée 2775. Prus: EURS Soufcripteurs fe font plaints de ce qu’ils ne rece- voient pas les Cahiers aufli-tôt qu'ils avoient formé leurs deman- des. Ils font priés d’obferver que fouvent ils s’adreflent à des Commiflionnaires qui négligent de foufcrire , ou de faire par- venir les Cahiers à leur deftination. Pour éviter, à l'avenir , de pareils reproches & de femblables lenteurs, MM. les Soufcrip- teurs, qui ont été dans le cas d’être mécontens, font invités x recommander expreflément aux perfonnes qu'ils chargent de leurs commiflions , d'être plus exaétes que par le pañlé : ou s'ils jugent la chofe plus commode , de configner le montant de la Soufcription au Bureau des Poftes de leur Ville, fans l’affran- chir, mais affranchir Jeulement la Lettre qui en donne avis. Un fecond fujet de plainte vient de ce que ceux, chez lefquels on prefcrit de remettre les Exemplaires, les prêtent , les égarent, & difent enfuite ne les avoir pas reçus. On prévient que l'on fait l'appel de chaque Cahier & de chaque Soufcripteur, comme dans un Régiment on fait l'appel des Soldats , & tous les Cahiers font portés fermés , dans un fac cacheté, à la-grande ou à la petite Pofte de Paris. On voit par - là, que fi quelques-uns ne font pas rendus, ce n’eft plus là faute du Bureau des Journaux. MM. les Soufcripteurs, qui défirent renouveller leur Abon- nement pour l'année 1776 ,. font priés de donner eur nom & de- meure , écrits d’une manièfe lifible ;. dans le courant du mois de Décembre, ou le plutôtpoñible, afin d’avoir le tems de faire imprimer leur adreffe. On fouf@rit à Paris, chez l’Auteur , Place & Quarré Sainte - Geneviève , & chez les principaux Libraires des grandes Villes. Le prix de la- Soufcription-eft de 24 livres pour Paris; & de 30 livres pour la Province; port franc. N SU ON à ss TOUR LE DENIS A MIRE RICA EVENTS, Contenus dans cette première Partie. ie PÉRIENCES & Vues [ur l'Intenfité de la Pefanteur dans l'in- térieur de la Terre; par M. le Sage, Affocié- étranger des Sociétés Royales des Sciences de Londres & de Montpellier, & Correfpondant de l’Academie Royale des Sciences de Paris, page r Recherches pour améliorer les Machines éleitriques ; par l’Auteur de ? Ar mure @& des Ifolemens alternatifs , 13 Lettre a Son Excellence M. le Chevalier Hamilton , Minifire Extraor- dinaire & Plénipotentiaire de Sa Majeflé Britannique, à Naples , du 17 Décembre 17743 par H. B. de Sauflure, Profeffeur de Philo- Jophie , a Genève, 19 Suite des Obfervations fur la nature & l'origine des Coquilles Foffiles ; par M. l'Abbé Dicquemare , 38 Lettre de M. Félix Fontana, Phyficien de S. 4, S. le Grand-Duc de Tofcane , & Direéteur du Cabinet Royal de Florence , à un de fes Amis, fur lEroot & Le Tremella , 42 Mémoire fur La Diflillation des Eaux-de-Vie, avec Le Charbon de Terre ; par M. Ricard , Négociant de la Wille de Cete, 53 Doutes fur la puiffance attribuée au Corps animal, de réfiffer à des de- grés de chaleur fupérieure à fa temperaturé, ou Réflexions fur les Ex- périences du Doëleur Fordice , communiquées à la Société Royale de Londres, en Janvier 1774, par M. Blagden ; par M. Changeux , s7 Tableau de Mortalité de Londres, depuis 1667 jufqu'a 1772, G4 Lettre de M. Ducarne de Blangy , a l’Auteur de ce Recueil, 67 Détail ‘hifiorique d’une Trombe terreftre obfèrvée près de la Ville d'Eu, Le 16 Juillet 1775, 70 Leure de M. le Baron de Dietrich, à l'Auteur de ce Recueil , fur La manière d'agir du Mercure dans Les maladies vénériennes, 76 Nouvelles Litteraires , 78 Fin de la Table; 2 ANPIAP ER «QE. 4: TES OMAN Hess fu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre : Obfervations fur La Phyfique , fur l'Hiffoire Naturelle & fur les Arts, &c par M. l'Abbé Roz1ier, &c. La collection de faits importans qu'il offre pério- diquement à fes Lecteurs, mérite l'accueil des Savans ; en conféquence, j'eftime qu'on peut en permettre l'impreflion. A Paris, ce 26 Janvier 1776. VALMONT DE BOMARE: OBSERVATIONS LR LRDX) (l / A h4l NE OBSERVATIONS MEMOIRES SUR D'APPEL VS: OQUTE: SUR L’'HISTOIRE N'ATUR ELLE ET SUR LES AR ES.ET MAÉ LLEURS. EXPÉRIENCES ET VUES, Sur l’Intenfité de la Pefanteur dans l’intérieur de la Terre; Par M. LE SAGE , Affocic-étranger des Socièrés Royales des Sciences de Londres & de Montpellier, & Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris (1). | Le faits que j’avois rapprochés , fur la Loi qu'obferve la Pefanteur au-deffus de la furface de la Terre; ainf que les Réflexions dont (1) Le favant Auteur de ce Mémoire a, fans doute , des raïfons particulières pour employer l'Ortographe & la Pon@tuation dont il fait ufage. Nous fommes obligés de nous conformer à fes vues & à fes motifs, Tome VII, Pare. I. 1776. A Pr 2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, je les avois accompagnés , (Journal de Phyfique, Novembre 1773) ont paru mériter l'atenrion des Phyficiens. Certe Indulgence, m’en- courage; à raffembler de pareils Faits, fur la Loi qu'obierve le même Phenomène au-deffous de la Surface de la Terre, & à y joindre en- core quelques Reflexions. Des Expériences qu'on venait de publier fur cet objet, ont donné lieu à ces deux Ecrits; faits avec certe différence ; que je n'ai pu m'empêcher, de critiquer un peu vive- ment, la Précipitation inconfiderée , & l’aveugle Prevention de PAuteur des unes ; au Meu que je ne puis qu’applaudir fincèrement , non-feulement au Zèle & aux fcrupuleufes Précautions de l'Auteur des autres, mais à la fage & modefte rerenue de fés Conclufions (1). 1. Gilbert aflure (dans le 21° Chapitre du premier Livre de fa Philofophia nova), que les corps. graves fe meuvenr-plus-vite , non dans les lieux voifins du Centre de la Terre, mais dans ceux qui Mont voifins de la Surface ; qu'ils tombent d’aurant plus lentement, qu'ils font plus voifins du centre; & qu'on l’a éprouvé fur des Corps humains : Qu'on ne peut pas prétendre que cette Lenteur , foit l'effet de la groffiéreré & de la compreflion de l’Air ; puifqu’il a obfervé, que cela arrrivoit aufli aux Balles de plomb , quoiqu'elles pénètrent ai- fément l'air le plus épais; & que certains Philofophes, que blâme Ariflote, avoient bien raifon , de dire; que les corps graves, ne cher- choient pas plus le centre, qu'ils n’étoient chaflés vers les autres Parties du Globe. 2. Le Chancelier Bacon; dans le 3° Chapitre du $° Livre de fon Augmentum Scientiarum ; au Se Article des Recherches qu’il confeille de faire fur la. Pefanrear & la Légéreré des Corps; veur qu'on exa- mine, ce qui réfulteroit, d’avoir placé un Corps bien avant dans la terre , ou plus près de la Surface; puifque les Ouvriers des mines, éprouvent , qu'il en réfulte de la Différence dans les mouvemens, Dans le 36e Paragraphe du 2e Livre de fon rovum Organum ; il veur qu’on accorde une Horloge à poids avec une Horloge à Refforts, & qu'on examine; fi cette première fe mouvera plus vite dans le fond des mines; auquel cas, on pourroit conclure , que la Péfan- teur eft opérée par la Maffe matérielle de la Terre, plutôt que par fon centre idéal. (Il a évidemment voulu dire le contraire). Enfin; dans la 33e Expérience de la première Centurie de fa Sylva Syk varum ; il veut qu'on éprouve exaétement , la Diminution que reçoit (felon plufieurs Perfonnes, & felon l'expérience des Ouvriers) le (1) » Expériences fur la pefanteur des Corps à différentes diftances du Centre » de la terre, faites aux Mines de Montrelay en Bretagne ; par M. le Chevalier » de Dolomieu, Officier des Carabiniers. ( Journal de Phyfique, Juillet 1775.) SUR'L'HIST. NATURELLE: ET LES ARTS: 3 Poids des Corps, dans l’intérieur de la Terre. Cette Diminution eft très - probable, dit-il : Car , un Corps, ainfi placé; a déja obrenu en partie , ce qu'exigeoit fa nature. 3. Kepler avoit avancé aufli, dans le premier Livre page 132 de fon Epitome Aflronomiæ Copernicanæ ; publié en 1618 ; que le Mou- vement de chaque corps grave vers la rerre , éroic le réfultat de fes Mouvemens vers routes les parties de la Terre. D'où il étroit aifé de déduire : Que ce Mouvement compofé, feroir plus foible, dans les lieux , où les Mouvemens feroient oppofés en partie; c’eft-à-dire , près du Casntre de la terre. 4. En 1636, ou peu auparavant ; un Secrétaire du Roi , nommé Beaugrand , publia un Livre intitulé Géoflatique 3 dans lequel il foutint : Qu'un corps grave, perdoit de fon Poids, à mefure qu'il def- cendoit ; de forte qu’au Centre de la Terre, il ne peferoit plus du tout. On engagea Fermat , Pafchal , Roberval, Defcartes & Gaffendi à dire ce qu'ils en penfoient. Voici leur réponfe. On voit, dans les Letrres de Fermat au P. Merfenne : Qu'il faifoit grand cas de Beaugrand , mais, qu'il ne put être de fon avis fur notre Queltion , trouvant plus raifonnable, que le Poids ab/olu du même corps grave, für le même, à toutes les Diftances du Centre. Au refte : Il joignit à cette courte Aflertion ; quelques confidéra- tions ftariques ingénieufes, fur les Poids relatifs de deux corps graves unis par un Levier; quand ce Levier, étoit fitué d'une certaine façon : à l'égard du Centre de la terre. En 1636 ; Paftal & Roberval fe réunirent , pour écrire à Fermat {ur cetre Matière : & voici quel fur leur Avis. 1°. Que fi la Pefanteur , eft une qualité qui réfide dans Le Corps même qui tombe, ce corps, pefera également, près ou loin du centre de la terre. 2°. Que fi la Defcente des Graves, procède de l’a- traëion par la terre ; & que cette Vertu, foit également répandue dans toures les parties égales de ce Corps attirant ; le corps attiré, pefera d’autant moins , qu'il fera plus proche de ce centre; fans ce- pendant, que certe Diminution, fuive la raïfon des Diflances. 3°. Enfin : Que fi la Pefanteur, eftune Awraëlion mutuelle entre les corps, caufée par un Defir naturel que ces Corps ont de s'unir enfemble, comme on le voir entre le Fer & l’Aimant (opinion, qu'ils jugent n'être pas hors de vraifemblance) : Les Effets feront les mêmes , ou fort ap- prochans, de ceux qui découlent de la feconde Opinion. Ils éclaiccirent par une Figure , les conféquences de la deuxième Opinion ; & les développèrent comme 1! fuit. Quand le corps grave ; ef à la Surface du Globe terreftre ; il eft attiré par la vertu de celui-ci tour entier : De forte que, fi le che- min eft libre ; il parvient plus bas. Alors; il fera avtiré vers le À 2 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Centre, par le plus grand & fort Segmenr. Mais : La Parrie qui attire, diminuant à mefure qu'il defcend; & celle qui contre-tire , augmentant toujours : il fera continuellement attiré avec moins de vercu , jufqu'à ce qu'érant arrivé au Centre; 1l fera également attiré de toutes parts, & demeurera en cer érat.. A peu- près dans le même-tems, Defcartes écrivit une longue Lerrtre au P. Merfenne , touchant cette queftion: Savoir, f£2 un Corps, pefe plus ou moins , étant proche du Centre de la Terre, qu’en étant éloigné: Dans laquelle, après s'être excufé , d'expliquer fa façon de concévoit la Pefnteur; il ajoute ces mots. » Par elle, je n'apprends ren, qui » appartienne à la queftion propofée ; finon, qu’elle eft purement n de fait; c'eft-à-dire, qu’elle ne fauroit être dérermincée par les » hommes, qu’en tant qu'ils en peuvent faire quelque Æxpérience. » Et mème que des expériences qui fe feront ici en notre Air ; » on ne peut pas connoître, ce qui en eft beaucoup plus bas (vers le » Centre de la rerre) ou beaucoup plus haut (au-delà des nues:) à » caufe que; s'il ya de la Diminution ou de l’Augmentation de Pe- » fanteur; il n’eft pas vraifemblable, qu’elle fuive par-tout une mème » Proportion. » Or, l'expérience que l’on peut faire, eft : Qu'étant au haut d’une # Tour, au pied de laquelle il y aitun Puits fort profond ; on peut pefer >» un Plomb attaché à une longue Corde : Premièrement, en le met- » tant (avec toute fa corde ) dans l’un des Plats de la Balance ; & après, »en y atttachant feulement le bout de cette Corde, & laiffanr pen- » dre le Poids jufqu’au fonds du Puits. Car, s’il pefe notablement » plus ou moins , étant proche du Centre de la Terre, qu'en étant » éloigné: On l’appercevra par ce moyen. » Mais : Parce que la Haureur d’un Puits & d’une Tour, eft fort » petite en comparaifon du diamètre de la terre; & pour d’autres » confidérations , que j'omets : Cetre Expérience, ne pourra fervir; fi la » Différence, qui eft entre un même Poids pefé à diverfes hauteurs , » n'eft fort notable «. Gaffendi enfin ; dans le Paragraphe 35e, de la 3e de fes Lertres de motu-impreffo à motore tranflato , datée du 10 Août 1643; parlane de la Defcente depuis la Surface jufqu’au Centre; trouve plaufble qu'elle. ne s’accélère pas toujours; mais qu'au contraire , elle com- mence à fe rallentir, au milieu du chemin ; au point, de s’anéantir dans le Centre mème : Savoir, à caufe de l'attraction des Parties fu- périeures & latérales. Quoiqu'il lui refte quelque ferupule la-deffus; à caufe de l'air. Paons aux Expériences effetives faires à ce delfein & avec foin. Les plus anciennes que je conoiffe ; font celles que le Docteur Cotton communiqua à la Société Royale de Londres, le 25 Mai 1664 SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $ & le premier Juin fuivant. Elles furent faites dans une Mine d’é- tain ; profonde de 35 Verges; c’eft-à-dire, d’environ cenr pieds de Paris. Et elles femblérent indiquer ; que la Pefanteur , étoit plus forte en-haut qu’en-bas. Le Docteur Power , répéta les mêmes Expériences ; & il prétendir avoir trouvé une différence entre es deux Poids. Mais, on jugea qu'il n'y avoie pas apporté aflés de précautions, pour qu'elles fuffent concluantes. Le Docteur Hook , fr de femblables expériences , en 1665 & 1666: En y employant des Balances fi exactes ; que la différence d’une par- tie fur 7680, auroit fufh pour les faire trébucher, Et cependant : 11 ne put appercevoir aucune Différence conftante; entre les Poids de deux Malles égales, dont l’une étoit 40 pieds au - deffus de l’autre : Ce qu'il répérta , avec le même fuccès ; fur une Profondeur d'environ 360 pieds. Cerre imperceptibiliré (fi je puis m’exprimer ainfi,) Pengagea à fe tournex vers d’autres Moyens. Tour cela, eft détaillé; en partie dans fes lettres à Boyle du 15 Août & du 26 Seprembre 166$ , en partie dans celle dn 3 Février & du 21 Mars fuivans. Au défaut defquelles ; on peut voir , l’Hiftoire de la Société Royale, fous les dates du 14 & du 21 Mars 166$ jufqu'en 1666. À ces Conjeétures hafardées , & à ces Expériences peu concluanges ; Newton fit fuccéder en 1686 , une Certitude complète ; quand il établit les Propoftions fuivantes. 1°. Que la Gravité versles Touts, étoit le réfulrat d’une Tendance vers toutes les Parties : 2°, Que celle-ci décroifloit, en même raifon que croiffoir le Quarré de la Diftance du Grave à chacune de ces Par- ties : 3°. Qu'il en réfultoit, pour un Grave placé fur des Globes de Denfités égales, une Gravité directement proportionnelle à leurs fim- ples Rayons : 4°. Qu'un Grave placé dans une Sphère creufe, y refte- roit en équilibre : $°. Que s’il éroit donc enfoncé, dans une Sphère pleine, dont la Denfité für uniforme; il ne graviteroit, que vers la portion fphérique concentrique dont il toncheroit la Surface idéale; & par conféquent , qu’il péfercit vers le Centre, en raifon directe fimple de fa Diftance. Plufieurs demi-Phyfciens , aufli vains que pareffeux; qui refufoient, de lire les Preuves nerres & folides de ces Propoñtions , ou même de fe mettre en état d'entendre ces Preuves , quoique prefqu’élé- mentaires ; prérendirent cependant qu'on devoir s'occuper, dés Pré- fomprions vagues & confufes , par lefquelles ils attaquoient les Pro- pofñitions elles-mêmes. Et des Journaliftes trop complaifans , défigu- rèrent fouvent leurs Recueils, par ces vaines Attaques , où même l’état de la queftion étoit ordinairement méconnu. On ne s'attend pas fans doute ; que je fuive ici ces aveugles & difus Difcoureurs 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans leurs routes incertaines & tortueufes. Les Progrès de nos Con- noifances, feroient trop fouvent fufpendus ; fi lon foumertoit fans celfe à de nouveaux Examens, les Vérités mème les mieux établies. Regardant donc cette Théorie , comme inconteftable; & fuppofant pour un moment , que la Denfité du Globe terreftre, eft la mème à toutes Profondeurs. Examinons fi nos Balances font affez délicates ; pour manifefter ‘a Diminution des Poids qui réfuleroit de cette Iden- tiré fuppofée ; favoir une diminution proportionnelle à celle du Rayon de la Sphère , lequel eft environ de trois millions & un quart de toifes. Et prenons pour exemples; Loir, les plus grandes Profondeurs, fur lefquelles ces Expériences ayent été faites; foit, les moindres Différences de poids, qui fufhloient pour faire trébucher les Balances. 1°. Les 60 Toifes du Docteur Hook, étoient 54166 fois moin- dres que le Rayon de la Terre: Au lieu que; la Différence néceffaire our faire crebucher fa Balance , étroit feulement 7680 fois moindre que l’un des Poids. Cetre Balance donc , auroir dû être fept fois plus délicate ; pour pouvoir manifefter l'effer de la Loi des Diftances. 2°, Les 95 toifes du Puits d'Hérouville, font 34210 fois moin- dres que le Rayon de la Terre : Au lieu que; la Difference néceffaire pour faire trébucher la Balance de M. le Chevalier de Dolomieu ; eft feulement d'environ une Once, fur 167 livres & 14 Onces; c’eft- 3-dfe, 2686 fois moindre que l’un des Poids. Cette Balance donc, devroit être douze à treize fois plus fenfble qu'elle n’eft; pour pou- voit manifelter l'effet de la Loi des Diftances. 3°. En appliquant même au Puits d'Hérouville, une Balance pareille À celle du Docteur ook : On n'obriendroit pas encore la Manifef- tation défirée. Puifque, 7680, font encore quatre fois & demi moin- dres, que 34210. : Mais, on ne doit point appréhender (comme l'ont fait quelques perfonnes); que les Effets de certe Diverfté de Pefanteur , foient fen- fiblement altérés par ceux de l’inégale Denfté de l'Air. Au moins, quand on employera le plus pefant des corps aifés à fe procurer en abondance, je veux dire le Plomb: Dont le poids fpécifique , vaut onze fois & un tiers celui de l'Eau, lequel vaur environ 861 fois celui de l'Air; de forte que ce premier, pefe 9758 fois autant quele dernier. Car, voici comment on peut raifonner ; en partant de l'Obfervarion qu'a faire M. de Dolomieu , fur la Différence entre les hauteurs du Mercure dans le Baromètre , à l'ouverture & au fond du Puits d'Hérouville ; laquelle il a trouvé être, de huit lignes & un quart, qui font environ la 41e partie du rotal, L’Air fupérieur, foutient la 9758e partie du poids du Plomb : & l'Air inférieur, en foutient une portion plus confidérable; d’une 41e partie de cette 975ê€; c'eft-à-dire, d’une 400078€ partie du total. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. > Or, quatre cent mille, valent onze & deux tiers de fois 34210. Donc, cetre Différence la, eft onze à douze fois encore plus émpercep= cible ; que celle qui provient de l'négalité des Diftances, dans l'Hypo- thèfe de la Denfire uniforme du Globe Terreftre. Cependant; cetre confequence , n’eft pas entièrement exacte. Parce que, le Baromètre; indique feulement, l'£/aflcité de la Couche d'Air où il eft plongé (&, fi l’on veut, le Poids ablolu de toute la Colonne fuperincombante de l'Athmofphère); mais non, fa pefanteur fpécifique, de laquelle feule pourtant il feroir queftion ici. Or, cette Pefanteur ; peut être fenfiblement alrérée , par le mélange des Vapeurs & Exhalaifons. Afin donc, qu’on put calculer au jufte; de combien , le Poids fpéci- fique du Métal, eft diminué par celui de l'Air : Il faudroit aupara- vant , avoir connu la Pefanteur fpécifique de celui - ci ; par quelque moyen bien fenfble , inconnu jufqu'à préfent , & qu’on pourroit nommer Balance uëroflaique : Les Moyens employés par Galilée , Merfenne, Hauksbee , &:3 étant crop imparfaits, pour remplir l’objer qui nous occupe. Mais, certe Hypothèfe, dela Denfité uniforme du Globe Terreftre ; n'eft pas feulement gratuite, & même démentie par le peu que nous avons pu obferver près de la Surface. Elle eft encore contraire , : à l’'Opinion des plus grands Phyficiens ; qui, s'accordent tous à penfer ; que la Denfite de ce Globe , eft plus grande vers le Centre. Newton ,appuye cette dernière Conjecture, fur'une raifon allez plau- fible; dans la dixième propoltion du troifième Livre de fes Principes. Bernoully, en indique quatre autres Preuves ou Préfomptions ; dans le Paragraphe treizième , de fon Traité fur le flux € le reflux de la Mer. Clairaut , en ajoute une fixième ; dans les Paragraphes 50, 66 & 68 de la feconde partie de fa Théorie de la Figure de la Terre. Bouguer, en avance une feprième & une huitième; aux pages 363 & 391, de fon Ouvrage intitulé Z4 Figure de la Terre. Enfin, j'en pourrois moi- même hafarder encore deux; fi je ne craignois pas d’être trouvé trop téméraire. De ces dix Argumens,; 1l y en a huit, qui ne font que des Analooies fort fufceptibles d’exceprions , on des Indices plus où moins équivoques. De forte que je ne connois point d’Aroumens vraiment concluans , pour établir cette Augmentation de Denfté vers le Centre ; que celui de Clairaut , & le fecond de ceux de Bouguer. Celui-là , un peu indi- rect : Tiré de ce que, les diminurions que fubit la Pefanteur à la Sur- face de la Terre , en allant du Pôle à l'Equateur ; font plus rapides que fi l'intérieur de certe Planète étoit également denfe à Pres diftances du Centre. Celui ci, abfolument direct; tiré de ce que, la montagne Chimboraco , attiroit moins un Fil-à-plomb , qu’à raifon de fa grandeur , comparée à celle de la Terre ; lors même qu'on 8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diminuoit beaucoup cette première , en confidération de la Cavité qu'on préfumoit y avoir été creufée par une ancienne Combuftion. IL femble , que ce feroit ici le lieu; de dite aufli un mot, des De- viations femblables à celle-là , obfervées poftérieurement auprès de quelques autres Montagnes. Puifque ; fi les divers Elémens qui doi- vent influer fur ces Déviations , étoient bien déterminées; on pour- roit en conclure tout de fuite , le Rapport qui règne entre la Denfité moyenne de ces Montagnes & celle du Globe terreftre. . Mais, jufqu'à préfent; il règne encore trop d'incertitude, fur la quantité précife de ces Elémens; pour pouvoir affigner ce Rapport; Je veux parler fur-tout, de la Grandeur de ces Montagnes, de leur Figure, & de la façon d'évaluer les conféquences de cette Figure, Le dernier de ces Elémens; je veux dire, l’Influence qu'a {a Figure de la Malle attirante, fur la quantité de l’Attraétion; demanderoit encore les foins des Géomètres. Puifqu'ils ne fe font prefqu’occupés jufqu’ici , que de l’Attraétion exercée par les Solides nommés de révolution : & que la plupart des Montagnes, font fort éloignées d’une telle Figure. J'y ai contribué felon mon pouvoir; dans une Pièce intitulée , Solution des Doutes ; &c. envoyée au Journal des beaux Arts € Sciences , le premier jout de l'année 1772; & publiée dans le Cahier d'Avril. J'y afligne la quantité de l'Attration, exercée par une Pyramide, de Forme quelconque & de Denfité uniforme, perpen- diculairement à fa Bafe, fur une Parricule placée à fon Sommer. Ce qui s'applique aufli; au cas, où cette Pyramide, feroit tronquée pa- rallèlément à fa Bafe; & à celui , où, au lieu d’une fimple Particule , on auroir une Sphère, dont la Denfité feroit uniforme à diftances égales de fon Centre , & dont le Centre occuperoit le Sommet de la Pyramide (1). I ST —— (1) Jene dis rien; ni de quelques Propofitions , qui avoient pour objet, des So- lides non-pyramidaux ; ni de quelques applications que j'en faifois aux Montagnes : Quoique les unes & les autres , aient été goütées par quelques Connoiffeurs : Par exemple , par M. Kïef, de l'Académie de Berlin , Profeffleur de Marhématiques & de Phyfique, à Tubingen; dans des Thèfes de 24 pages in-4°., fourenues au mois d'Aoùt1773, & inciculécs : De lege graviratis Newtontara , innumeris alris, & nuper demum ipfis Alpium Experimentis ; confirmata, Au refte : Les louanges de M. Kief,ne me font pas appliquées : Mais, à un habile homme , qui avoit déimontré ces Propoñtions à fa façon; & qui avoit négligé de me nommer; ( fans doute, parce que la plupart des Propofitions même, lui étoient venues à l'efprit, avant la lecture de ma Pièce ). Je faifis cette Occafion; par avouer une groflière Mé= prife ( heureufemenr exempte de toute inAuence fur mes Conclufons ), que j'avois commile dans le Paragraphe XXII de cette Solution des Doutes ; & dont le même habile homme m'avertit, dans une lettre du 15 Mai 1772. J'y fuppofois taci- tement ; que le Nombre des Vibrations du Pendule en un tems donné, étoit pro- portionnel à la Pefanteur locale : Au lieu que ce Nombre, cft proportionnel feule- ment , à la Racine quarrée de certe Pelanteur, De SURNLYHIST. NATURELLE. ET LES "ARTS. !9 De certe Opinion plaufble, d’une moindre Denfité en haut qu’en bas ; il découle déja , fans qu’il foit befoin de la déterminer; Que la Pefanteur dans les Puits , doit diminuer moins rapidement, qu'en raifon des Diftances au Centre ; & par conféquent; que cette Dimi- mution, doit être encore plus dificile à obferver, qu'on ne le comptoir. Cetre Conclufon; ne doit point faire plaifir , aux adverfaires de la Philofophie Newtonienne : Puifqu'elle recule toujours davantage, l'efpérance qu’ils avoient conçue; de-furprendre cette Philofophie en défaut , par quelque Expérience immédiate. Mais , elle eft à peu près indifférente , aux Partifans de cette même Philofophie : Parce qu'ils en poifédent affez d’autres Preuves , tirées aufh de l’Expérience, quoi- que moins immédiatement. Mais, on ne pourra fixer , la Loi que fuivroit cette moindre Diminution de Pefanteur ; que quand on aura fixé, celle que fuie lAugmentation de Denfité; ou réciproquement, Et tour ce qu'on peut faire, en attendant des Faits dérerminans : C’eft de préparer un Théorème ou une Formule, fur les relations qui doivent règner entre ces deux Loix : Afin que, quand on fera parvenu, à connoître ou à préfumer une de ces Loix ; on puiffe tout de fuire , connoître où préfumer quelle doit être l’autre. Or, c'eft ce que je ne fache pas qu'aucun Géomètre ait exécuté : Sans doute, parce qu'ils ne fe le font pas propofé ; car, la chofe eft extrèmement aifée. Quelle que foit la Puiffance des Diftances au Centre , que fuive la Denfité des Couches concentriques : La Gravité réfultante s’exprimera par une pareille Puiffance , dont feulement, le Degré l'emportera de l'Unité. On le comprendra, fans Démonftration régulière ; fi l’on fair at- tention à ce qui. fuir. Que l’Etendue des Couches , conçues égale- ment épaiffes ; croilfant en même raifon, que décroïit la Gravité conçue procéder du Centre : cela fait ne compenfation ; Qui ne laifle fubffter ancun autre Changement , que l’Augmentation d'une Unité dans l’'Expofant; introduite par l’Intégration , qui doit ajouter une nouvelle Dimenfon à ces Couches, Le Cas le plus fimple affürément; eft celui , où les Denfrés de toures les Couches, font égales; de forte que, l’expofant de la Puiffance de l'éloignement, à laquelle la Denfré eft proportionnelle , devienc zéro ; & que par conféquent , ‘celui qui compère à la Gravité ré- fulrante , eft l'Unité : Ce qui fignifie ; qu’elle eft direétement propor= tionnelle aux fimples Diftances ; comme Newton & fes Difciples, l'ont démontré de plufeurs autres façons. Mais , nous avons vu ci-deflus; Tome VII, Parc, I. 1776, TÉ B 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Que ce Cas-h ; racitement fuppofé par quelques Ecrivains , ètre celui de la Nature; ne lui étoit pas véritablement conforme. Le Cas le plus fimple après celui-là ; eft celui qui fépare , tous les Cas où la Gravité réfultante eroitroit par l’augmentation de la Diftance de tous ceux où elle décroïtroit au contraire par cette augmentation : C’eft, enun mor, celui; où cette Gravité, ef? La méme a toutes Diflances ; de forte que fon Expofant eft zero. Alors donc ; l’expofant de la Denfité, eft moins-un : C'eft-à-dire; qu’elle eft réciproquement propot- tionnelle à la Diftance. Si ce cas, eft celui de la Nature : On n'aura plus abfolument lieu de s'étonner; de ce que les Expériences, n’ont manifefté aucune Diffé- rence de Péfanteur, dansles petites Profondeurs auxquelles nous avons pu parvenir : Puifqu'il n’y auroit réellement aucune telle Différence, même dans les plus grandes Profondeurs. On ne doit pas craindre; que, de cer Accroiïffement graduel de Denfité vers le Centre, il réfulte une trop grande Augmentation , pour la Maffe totale du Globe. Puifque : Quand la Denfité de la Couche extérieure , eft donnée ; & qu’on compare, le Globe ou la Denfité des différentes Couches eft égale, avec celui où elle croît en même raifon que décroît la Diftance au Centre : On trouve ; que leurs Malfes , fonc entr’elles, feulement comme deux à trois. Et l’on ne doit pas craindre non plus; qu’une Loi fi précife, ne s'écarte trop, de l’Irrégularité qui paroît régner dans l’intérieur de la Terre. Puifqu'il n’eft point néceflaire; que cette Loi, foit obfervce plus bas que là où nous pouvons atteindre : Pourvu que la Mafle intérieure, foit égale à celle, qui auroit eu lieu, fi la même Loi eût continué d’y être obfervée jufqu'au Centre. Hors-d’œuvres. Si la même Loi, avoit lieu dans les Couches accefh- bles de l’Athmofphère (ce qui n'eft pas impoñlible ; pourvu qu'on les fuppofe inégalement chargées de particules non-élaftiques , felon une certaine Loi propre à altérer convenablement celle de MM. Xalley & Deluc) ; & fi le Globe terreftre (au lieu d’être maflif, comme nous avons lieu de le croire), étoit tellement creux ; que fa Denfité moyenne , ne valüt qu'une fois & demie celle de la Conche la plus bafle de l’Athmofphère (comme cela auroit lieu ; fi la Denfité de la Croûte ne valoir que 1450 fois celle de notre Air; & que fon Epaif- feur, ne fût qu'une demi-lieue). Alors : Le Poids abfolu d'un Corps donné ; feroit exaétement /e méme, à toutes les hauteurs acceffibles ; imdépendamment des Difpoftions locales qu'on pourroit imaginer , pour expliquer certe Identité de Poids fi elle avoit lieu. Je viens à l'examen d’une Queftion , plus curieufe qu'utile, maïs qu'on s’éronneroit que je pallafle fous filence. C’eft celle de ce qur \ SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1r arriveroit à un Grave; qu'on licheroit à l'ouverture d’un Puits, percé jufqu’au Centre de la Terre » & vuide d'Air, ainf que de tout autre fluide réfiftanr. Cette Quettion , eft bien réfolue implicitement , d’une façon géoméz trique & univerfelle ; dans la feprième Seétion des Principes de Newton , qui roule toute entière Jur l'Afcenfion € la defcente reétiligne des Corps, Mais ; quelques Lecteurs, ne feront pas fâchés, d’en trouver ici la Solution particulière & en nombres; relative , aux Dimenfons du Globe terreftre, & aux principales Loix que peut fuivre la Denfité de fes différentes Couches, 1°. Siles Denfités , fuivoient la raifon inverfe des Diftances ; de forte que la Gravité für conftante. On n'auroit qu’à appliquer la règle de Galilée à une Hauteur d'environ 1295600 perches phyfiques. (Je nomme perche phyfique, l'Efpace parcouru pendant la première feconde ). Comme donc ce Nombre-là , eft le quarré de 1140: Le Tems de la chûte; feroit de 1140 Secondes , ou 19 Minutes. 29. Si la Denfité , étoit uniforme ; de forte que la Gravité, fût dis rectement proportionnelle aux fimples Diftances. Le Tems de la Chüûte, feroit le quart de celui d’une Révolution libre à la furface, qu'Ayugens à trouvé être la dix-feprième partie de 24 heures: Ce qui donne vingtune minutes & trois dix-feptièmes. 3°, Si toute la malle de la Terre ; pouvoit être réellement réunie à fon Centre; de forre que la Gravité décrût, comme croilfent les Quarrés des Diftances. Le Tems de la Chûte, feroit la moitié de celui de la Révolution à une Diftance moyenne fous - double, En vertu donc de la Loi de Kepler ; ce Tems feroit égal au précédent, divifé par la racine quarrée de deux : Ce qui donne un quart - d'heure, moins une à deux fecondes. Si l'oñ demandoit auffi : Queile feroit la Durée de la Chüte; depuis un autre Point quelconque de ce Puits, jufqu’au Centre. Les trois Réponfes, feroient celles-ci. Selon la première Hypothèfe : On n'aura qu’à prendre un Nombre, moindre que dix-neuf minutes ; en même raifon, que la racine quarrée du nombre des Perches À parcourir , fera moindre que 1140, Selon la feconde Hypothèfe : Le Tems de la Chûre vers le Centre, - fera toujours vingt-une minutes & trois dix-feprièmes ; quel que foit le Point de départ. Et felon la troifième Hypothèfe : Il faudroit chercher un qua- ftième proportionnel ; à la Racine quarrée du Cube de 1199600 per- ches , où 3275000 toifes, à la Racine quarrée du Cube de la Diftance au Centre propofé , & à un Quart-d’heure. Enfin. Si ce Puits, trayerfoit la Terre de part en Hoi Que de- 2 12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, viendroit le Grave, après fon arrivée au Centre ; foit qu'il eùt été lâché depuis l'Ouverture , ou depuis tour autre Point ? Selon les deux premières Hyporhèfes de Denfité, & probablement felon la croifième auf : Ce Grave, iroït aufli loin au-delà du Centre ; qu'il en éroit éloigné en-deçà à l’inftant de fon Départ : Il y confu- meroit le mème Tems : la Vitefle dont il jouiroir dans chaque Point de cette feconde partie de fon Trajer; feroit égale à celle dont il avoit joui, dans le Point équidiftant du Centre, pris fur la première artie : Et au bout de ce Trajet-là ; il reviendroit fur fes pas, en en Riane un tout pareil : Allées & Veriues, qui fe répèteroient fans fin & fans diverfité. - Mais quelques Géomètres; croyant devoir traiter la Ligne droite ; comme une Éllipfe infiniment étroite ; ont penfé touchant la troi- fième Hypothèfe : Que quand notre Grave , feroit arrivé au Centre; il rebroufferoit chemin tout-à-coup ; en paffant dans chaque Point , par les mêmes degrés de Vitelle qu'il y avoit eu en defcendant. Et d’autres Philofophes voulant prendre un milieu entre ces deux Opinions ; ont avancé : Que ce Grave , s’arréteroit brufquement au Centre , & pour toujours. Cette Diverfité d'Opinions; ne doit infpirer aucune défiance, contre la Gravirarion Newtonienne. Non - feulement : Parce que, le Cas où une telle Diverfiré a lieu ; eft purement idéal ; puifqu'un tel Puits & un tel Vuide , n’exiftent point & n’exifteront jamais. Mais encore : Parce que ce Cas eft abfolument #poffible ; vu la Concentration in- finie & effective qu'il exigeroit, foit dans la matière du Globe ter- reftre (comme nous l'avons dir), foit auûi dans celle du Grave, (se que fon Centre puille parvenir abfolument jufqu'à celui de la erre) : Et vu l’Immobilité complète , que ce Cas rigoureux fuppofe- roit dans notre Globe; contre la Réciprocité annexée cependant à route Gravitation; Réciprocité, qu'on n’eft en droit de négliger (comme nous l'avons fait plus haut) , que dans les Cas palpables , & dans lefquels il fuir de confidérer les chofes de gros en gros. Genève 29 Olobre 1775. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 33 RENTE EPS ICE ANR IC ASENN RES Pour améliorer les Machines électriques ; Par L'Auteur de l'Armure @ des Ifolemens alternatifs. Naturam debemus ducem fequi, & communes utilirates, ir medium afferre.......,... Cic. de off, Lib. 1, Le cahos des qualités occultes enfeveliffoir la Phyfique dans d’é- pailfes ténèbres; lorfque Defcarres & Newton introduifirent leurs Géo- métries , leurs Méthodes. Un nouveau jour parut; la Phyfique expéri- mentale devint Mornement de la Philofophie. Ces célèbres Philofophes trairèrent peu de l’Eleétricité : parcourans mne carrière immenfe , pouvoient-ils développer routes les Sciences ? La brièveté de la vie exige le partage des travaux. La Nature, dit le Chancelier Bacon, joue comme les enfans : elle fe cache ; fa découverte furprend; les étincelles, la commorion étonnèrent; la foudre arrachée des mains de Jupiter, fait l’admiration univerfelle. Certe connoiffance rend à perfectionner les Arts : une feule cir- conftance apperçue , peut produire des découvertes inconnues à des génies fupérieurs ; les Sciences font entrelaffées ; la Philofophie les embraffe routes. L'ufage indifpenfable des inftrumens, excire le zèle des Artiftes : “deux differtations indiquent des moyens qui femblent imiter le jeu de la nature , la première traite de l’armure , la feconde des ifole- mens. Journal de Phyfique , Juilles € Oflobre derniers. Il faut aider les Arriftes non - Mathématiciens , les amateurs dé- tournés de cette étude , fatisfaire à plufeurs queftions. Les machines à plateau étant communes, ce qui fuit fufhira : ils pourront exécuter en petit, extirper des erreurs , éclairer fans faire aucune perte , & montrer le vrai chemin. Homo qui erranti comiter monffrat viam , Quafi lumen de fuo lumine accendat , facit , Ur nihild minds 1pfi luceat , cum ill accenderit. Ennius, 54 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : Moyens pour améliorer les Machines. 1. Etabliffez fur le plancher quatre fupports folides en bois, fcelles deffus des males de verre plein; fur ces males, des fupports en bois, & ainfi de fuite alternativement , leurs bafes étant hors des athmofphères du plareau & du premier conducteur ; ces malles de verre feront de fix pouces de hauteur, hors les fcellemens. Sur ces fupports affez élevés, pofez deux fupports en bois pour porter l'arbre, qui n'aura de contaét que fur des rouleaux ; une paire fur chaque face, tant antérieure que poftérieure , couverts avec des verres ; les fupports de hauteur requife pour porter l'arbre , auront deux rainures pour le faire entrer , & clavettes pour le maintenir vous le couvrirez , ainfi que les rondelles, avec des fubftances ap- pellées électriques , ou du bois féché au four , frit dans l'huile , ainf que les fupports de l'arbre, Pour lors, les couflins frorteront une furface plis éendue , en les faifanc coucher prefqu'aux rondelles, & pafler le limbe du plateau: ils peuvent être placés latéralement, ou autrement : la peau de bufle avec peu de graifle, retient l’amalgame : que leurs fonds foient couverts d’une feuille de métal en contract avec la peau ; & de-là, établiffez des communications à travers les boïs , par des anneaux fortant pour y attacher les chaînes. Il, Le premier conduéteur de fix pieds de longueur, un pied de diamètre au moins, & de la forme qui fera éprouvée la plus con- venable , peur s'ifoler fur un feul fupport. Le plateau de cinq pieds de diamètre, plus fi vous pouvez; un premier conduéteur plus long fera divifble , l’armure aufli, fuivant le cerrein: évitez la pefanteur. Les branches de pareil diamètre, ou à: peu-près en équilibre, & nr tes en angle; fubftituez aux boëtes, des boules avec pointes à villes fur la demi-circonférence , du côré de la rondelle , en face du conducteur , ou au lieu des boules , l’ajuftement qu’on préféreroir aux pointes : on fait qu’elles ont ou femblenc montrer attraétion & répulfon : plus elles approchent des couflins , plus l'électricité dé- croit; que le tout puifle être démonté , approché où écarté. Faites porter par des ifolemens fcellés aux murs ou plafonds, plufeurs conduéteurs en communication par des canons de diamètre égal , ou tiges qui puiflent recevoir à viffes par chaque bout , un prolongement fermé , de forme analogue à celui à conduéteur correfpondant , pour pouvoir l’envelopper. ; Pour difpofer chaque armure , avec paflage pour les ifolemens, il faut 1°, compofer l’armure de plufieurs cylindres : 2°. meurtre ces cylindres en contaét par leurs extrémités, faifant échancrure fufh- SUR L'HIST. NATURELIE ET LES ARTS. 15 fante , moitié fur l’ün, moitié fur l’autre : 3°. al eft facile de le maintenir & faire communiquer au plancher. La feconde armure ne convient qu'à un conducteuf, dans l’ath- mofphère du plateau ; pour intercepter l'excédent de la matière qu'il met en ation, à caufe de fon- expanfbilité. Le premier conduéteut peut être vertical & en communication immédiate avec les autres. I. Les ifolemens ayant une bafe commune , on Poufra tourner la machine en tous fens ; pour lors, fi vous fubftituez des pointes coudées aux boules du condacteur , en tournant le pied du plateau feu- lement , vous tirerez l’élcétricité des deux furfaces ; les étincelles feront. plus courtes , mais plus fenfibles ; il en eft de même des deux côtés oppofés de l'équateur d’an globe. Vous pouvez fubitituer à la manivelle une poulie à vie , employer une pièce de rotation avec un mouvement , & ifoler le routi vous titerez fouvent avantage des rouleaux. 1 Il feroir agréable que la machine für au centre du laboratoire, qu’elle tournât en tout fens feule, ou avec le premier conducteur à volonté 5 les pièces d'expériences étant portées fur des fupports à rouletres, IV. On peut placer dans une pièce convenable où dans plufeurs , les conduéteurs avec leurs afmures : il n'y äura dans le laboratoire que la machine, fes communications armées , le tout facile à dé- monter; la hauteur , ou Le nombre des pièces compenferoit le défauc de longueur. V. La batterie aura une armure métallique aux diftances , forme & hauteur convenables; des fupports en ifolemens , pour hauler & bailler deflus une platine. On peut difpofer une caille: à cer effer ; la communication du premier conduéteur paffera entre la platine & les jarres (féchées au feu) ou à cravérs la plane ; en y-employant un tube de verre épais; la batterie a pour lors fon extérieur dans un état négatif, & eft plutôt en état d'agir ; elle peut être portée fur des pieds à roulettes, avec un fupport pour pofer le corps qu’on veut foumettre à la détonation. Certe communication féra plus groffe & à la diftance convenable pour y approcher l’excitateur :il peur être ifolé; une des boules contre l'exré« rieur de la caïfle ou pièces en contact, une branche à reflort tendue par un cordon de foie renu par une baguette de verre plein, ou fur une roue ifoléee. Au milieu de l'excitareur , une commimunication au terrein; certe difpofition a fon utilité, fi l’on employe un électrofcope. RE MARQUES. 1. Evitez toutes pointes ou angles ; établiffez Les communications i6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, au plancher au pied de la machine lorfqu'il le faut; mème au ters rein humide. Elles peuvent parcourir l’efpace que vous voudrez fans ètre vifbles. HI. Toutes tiges & communications doivent être des canons où tiges de quelques Dr au moins de diamètre, & armés, autant u'on pourra car il faut fe prêter aux circonftances. 1. Les expériences dont les pièces doivent être ifolées, feront plus exaétes , en fe fervanc des ifolemens alternatifs & armure analogue. [V. Quant aux machines qui ne donnent que l'éle&ricité porive, on peut élever affez le plateau, armer la furface de la bafe du fupport, le premier conducteur ; fes branches , & partie du plateau, à diftances convenables. & On exécutera la machine en petit, fuivant la dépenfe qu’on vou- dra faire, & on la placera fur une table. V. Les moyens expofés ci-deflus, conduiront au but un Artifte intelligent; les limites d’un Journal s’oppofent à un plus grand détail, auquel chacun peut fuppléer, fuivant fon induftrie. Ïl faut faire les changemens convenables, fi l’on fe fert d'un globe ou cylindre, Preuve & démonftration Elles réfultent de la compofñtion & décompofition de la machine dont on fera ufage, & de l’exactitude à fuivre les loix phyfico- méchaniques. OBS SH ETRNEV IAA MU UC Nr :S: I. Le conducteur, adapté à un éleétrofcope, peut avoir une arte mure en communication, au plancher , au terrein, & au pied d’une perite machine muë par une méchanique. On peut en employer une forte & opérer, fans aucun danger, avec les préparations convenables. L'infortuné, M. Richemann, n’avoit ufé d’aucunes précautions. Ne s'expofe-t-on pas inutilement à un air mal fain, à des dangers très- communs! ? Ï 11. Lorfqu'on difpofe l’armure ifolée autour du premier conduéteur , & qui lui communique ; les érincelles , loin d’accroître, s’affoibliffent. Le premier conducteur , communiquant à un fecond par un fil mé- tallique feulement , les érincelles raccourciffenr. Ce fecond çonduc- teur mis en communication par un fil avec un éleétrofcope, enforte qu'on puiffe , d'une main, communiquer à du métal, toucher de l'autre au fil, près de la pointe ifolée fur l'édifice, ou, les pieds pofés fur du méral , une main approchant du fil de lairon ,N'on éprou- Vera SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 17 vera une forte commotion. L'action de la bouteille y fera encore lus forte. Il. La force des batteries eft en raifon inverfe du nombre des jarres : il feroit donc préférable d'en employer une feule de calibre roportionné à la machine ; pourroit-on profiter de l'expérience de F, plaque d’air ? Lorfqu'après un tems fec, un peu chaud , un nuage en forme de brouillard couvre l’athmofphère , 1l n’eft pas rare de tirer l’étincelle d’un électrofcope en communication au terrein; pour lors, léleéri- cité eft fournie par la terre; il feroit curieux d'être préparé pour voir l’aigrette ou l'étoile avec la lunette électrique du P. Beccaria. Une fubftance qui ifole un peu, comme l'ardoife , le liège , le bois fec, même fans préparation, &c. cefle d’ifoler , la faifant come muniquer au pied de la machine. V. Le feu , la lumière & l’électricité paroiffent dépendre du mème principe , & être les modificarions du mème être , fuivanr M. l'Abbé Paulian. Voyez l'éeéfricité foumife à un nouvel examen , les caufes font employées avec épargne , les effets avec magnificence. L'intenfité de la lumière en raifon des rayons & de la furface ré- fléchifante, pourroit-elle conduire à celle de Pélécricité ? Combien de chofes avant leur exécution , font décidées impoñlbles ? Quam multa fieri non poffe prits quam fint faëla judicantur? Plin. Hifi. Nat. lib. 7. cap. 1. Pyrodes , qui le premier tira le feu d’un caillou , lib. 7. cap. 56, ceux qui découvrirent la matière vitrée, lb. 36, cap. 26, l'ambre , fuivant Diodore de Sicile , Lib. 6. Voyez de rerum inventoribus Polyd. Virg. cap. 29, 12 , eurent-ils quelqu'idée de l'Electriciré ? VI. L’adion de ce fluide fur l'aiguille aimantée, doit- elle ètre fuivie pour trouver la caufe de fa déclinaifon ? Lorfqu’une bouffole T avec cadran de verre, eft placée en face & peu éloignée du bout d’un conduéteur qu'on éleétrile , l'aiguille devient parallèle à l'horizon. VIT. L'expérience rapportée dans les Leçons de Phyfique de M. l'Abbé Mollet , tom, 6. pag. 475$ , l'amufement des pantins , les foleils plus rapides en approchant des corps conduéteurs non ifolés , devoient conduire à l’armure ; il faut donc avoir attention à tout ; la nature fe ferr avec avantage de ce qui femble nuifble. VIIL. Les expériences du P. Beccaria prouvenr que l’éledricité met les corps en conraét; celles de M. Symmer, le Faifceau de fils de foie de M. Granville Wheeler , Phil. tranf. abridged , vol, S , pag. 411, l'Electromètre de MM. le Roy & d’Arcy, Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1749, établiffenr que fa force peur fé- parer deux corps qui fe touchent. Si l’on pofe l’Aréomètre fous un Tomc VII, Part. I. 1776. 38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, conducteur qu’on éle@rife à la diflance convenable , le vafe mème étaré extérieurement & en perte , la tige fortira en entier du vafe, la boule frappera la platine, & fouvent le vafe détonnera. L'expérience de l’armure démontre qu’en peut accroître l’action de ce fluide ; celle des ifolemens, que fa tranfmiflion peut être af- foiblie par les permutations des conduéteurs; pourquoi ne feroit-il qu'inutile ou dangereux pour l'économie animale ? Les corps animés n'en font-ils pas conlidérablement enveloppés & impregnés ? N'a-t'on pas recours à l’action formidable des élémens. IX. La vérification de cette expérience & de celle de la fixième obfervation qui fe fit avec M. Delor , donna lieu de faire aufli-rôt l'expérience qui fuir. Sufpendez un fil fin de lin de quinze pouces de long; ifolé ou non, il fera attiré par la main ou le métal qu’on lui préfentera ; il le fera plus fortement étant mouillé. Le fl & la perfonne étant ifolés , au- cun effet , le tout fans életrifation ; mais fi l’on éleétrife : 1°. Le fil ifolé, la perfonne fur le plancher & touchant au globe feulement, ou au globe & au pied de la machine en même-tems , fi elle préfente fa main au fil , il y aura attraction. Cette attraction accroitra lorfque la perfonne quittera le globe & le pied de la machine; fi ellecommunique feulement au pied de la machine, il y aura répulfion. 2°. Le fupport du fil communiquant au plancher feulement , ou au plancher & au pied de la machine en mème-rems : la perfonne fur le plancher procédant comme ci deffus , il y a répulfion ; mais étant ifolée , & le fupport communiquant au pied de la machine, il n’y a aucun effet. 3°. En fe fervant d’un fil de foie, il y a toujours répulfñon. L'on s’eft fervi d’un petit globe. monté à l'ordinaire: il feroit bon aufli de fe fervir de globes de foufre , réfine, &c. de préfenter diffé- rentes fubftances , d’obferver l’effer des mafles & des furfaces, ce qui eft d’un grand détail, exige beaucoup d'attention & de pré- cautions , à caufe de la grande variation des phénomènes éleétriques. Où voir une forte analogie entre l'attraction & l'électricité. Plus cette dernière eft connue, plus on fent qu'il faut avoir égard à fon influence fur toute la nature & fes phénomènes. X. Le Pere Corte a obfervé que les morts fubires font plus fré- quentes, lorfque le baromètre éprouve des variations précipitées. Les érincelles éleétriques ne correfpondent-elles pas à beaucoup de variations de l’athmofphère ? Quels avantages ne réfulreront donc pas des obfervarions combi- nées fur les Elémens & l’Eledricité, pour dévoiler le fyffème du monde , & les fecrets les plus cachés de la Nature ? Elle fait le plus difficile. 11 faut éviter de gâter fon ouvrage, de le défigurer par des SUR L’HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 19 fyflèmes précipités, au lieu de l'embellir. Le Philofophe ne ceffe de la pourfuivre pour lui ravir la vérité, afin de la manifefter. Lui feroit-il glorieux de travailler inutilement ? 1 Nif urile eff quod facimus , flulra eff gloria. Phædr. GO: NC LL, US LrlOM UN. Plufieurs Phyficiens ont travaillé à grands frais, pour étendre une partie de la Phyfique, fi utile pour mieux connoître les élémens , qui font alternativement amis & ennemis , & la ftruéture intérieure des corps, s'aflociant la Chymie, M. Prieflley , Hifloire de l'Eleëricité, & Effai fur Les différentes efpèces d'airs , tant l'homme eft porté au defir de pénétrer les chofes les plus furprenantes & les plus cachées : les Arts tendent à ce bur ; & une découverte, fi elle fe rencontre, donne la plus ample farisfaétion ; indagatio ipfarum rerum tm maxi- marum ; tm occultiffimarum , habet obleëtationem ; JE verd aliquid occur- rat... . humaniffimé animus completur, voluptate. Cic. Acad. Quai. lb. 4. N’eft-1l pas équitable d’accélérer un tel empreffement ? Vos foins , vos travaux, Phyficiens & Arriftes, ont excité l’ardeur de vous feconder ; les eflais qui vous font offerts , indiquent de nouvelles conquêtes ; ils font le tribut de l’eftime : qu’ils foient garans & dépofraires des defirs fincères pour le triomphe de l’efprit philo- fophique , l’accroiffement des Sciences, & les progrès des Arts. gemmes Æ otre sn Tee ARE A Son Excellence M. le Chevalier Hamirzrow, Miniftre Extraordinaire & Plénipotentiaire de Sa Majefté Britan- nique , à Naples, du 17 Décembre 1774. Par H.B.DE SAUSSURE , Profeffeur de Philofophie , à Genève. M Vous m'avez fait l'honneur de m'inviter à vous communiquer quelques unes de mes obfervarions, fur la Géographie phyfique de ltalie, Je me rends avec Le plus grand plaifir à certe obligeante invitation ; charmé de foumertre mes idées au jugement d’un obfer- vateur tel que vous, Monfieur , qui avez enrichi cette branche de l'Hiftoire Naturelle de tant de découvertes inséré fanes 2 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je ne vous ennüierai point du récit de ce que j'ai obfervé dans Je Golphe de Naples ; je ne pourrois que répéter ce que vous avez vous-mème décrit avec rant d’exactitude , dans vos lertres à la So- cicté Royale de Londres , qui s’eft empreflée d'en faire part au Public , en les änférant dans fes Mémoires. Ainf, je vais mettre fous vos yeux les obfervations que j'ai faites fur la route de Naples à Genève, en paffant par Lorette, Venife, & par les Alpes du Tirol. En fortant de Naples, on entre dans cette belle plaine, qui par fa richefle & fa fertilité , a mérité le nom de Campanie heu- reufe. Vous êtes, Monfieur , le premier qui ait obfervé que le fond de cette plaine eft par-rout compofé de matières volcaniques ; vous me l’avez montré dans plus d’un endroit , mais fur-tout dans des excavations faites auprès de la grande route de Naples à Caferte, où l’on découvre des lirs de pierres ponces, & de matières vicri- es. Cependant le parallélifme de ces différents lits avec l'horifon, nous fit conjeéturer que les matières dont ils font formés, avoient dù être tranfportées, ou du moins arrangées par les eaux : le lit de fable .qui eft deffous la terre végétale, & qui recouvre dans toute cette plaine les produétions volcaniques , vient à l'appui de cette conjecture , & vous pouvez vous rappeller , Monfieur , que Vanvitelli, le célèbre Archirecte, nous difoit avoir trouvé dans ce fable , des coquillages aquatiques. Nous aurions deliré de favoir fi ces coquillages éroient marins ou fluviaciles ; on auroit connu par- là , fi cette plaine étoit l'ouvrage de la mer ou des rivières : Vanvitellt nous avoit promis de Îles rechercher, mais une maladie aigue l’en- leva huit jours après cette”converfation. En pañfanc à Francolifi , fitué dans cette plaine, à une pote au- delà de Capoue, je vis un creux profond de huit à dix pieds, d'où lon tiroit une efpèce de pouzzolane rouge ; cette obfervarion con firme les vôtres , Monfeur , puifque la pouyzolane , cette terre fi recherchée à caufe de la dureté du ciment qu'on en forme, n’eft autre chofe qu’une cendre volcanique ; ou un débris de laves , de pierres ponces , & de matières calcinées. Une demi-lieue au-delà de Francolifi, on rencontre quelques ravins creufés par les eaux dans le Tufa (1), & quelques collines aufli de Tufa, qui bornent de ce côré-là certe plaine de la Campanie. a ——————————————————————_ (1) Je voudrois que les Naturaliftes adoptaffent le terme Napolitain, tufa ; pour défigner ce mêlange de cendres & de pierres-ponces que les Volcans vomiffenc en bouillie, mais qui prend enfuite la confiftance d'une pierre tendre & légère» & que l'on continuät d'appeller ruf certe pierre poreufe qui cft formée par Les incruftations & Les dépôts des eaux. : SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 21 Avant que nous fortions de la Campanie heureufe , je vous pricrai, Monlieur, d'obferver que cette belle plaine fournit une bien forte preuve d'une vérité importante , fur laquelle mon pere a fouvenc infifté dans fes Mémoires fur l’Acriculture ; c’eft que les végéraux n'épuifent point les terres fur lefquelles ils croiffenr. Car la Campanie qui faloit partie de la Grande Grèce , efl un des pays de l'Europe les plus anciennement peuplés ; la quantité & l’excel- lence de fes produétions ont toujours été célébrées. Les Auïeurs Grecs & Latins ne la nomment jamais fans l’appeller orafle , fertile, abondante en fruits, produifant de triples récoltes, & la dénomination d'heureufe wd'aluur lui vient de fa fertilité. C'eft donc certainement un des coins de notre globe qui a produit la plus grande fomme de véoé- taux, & cependant 1l eft encore actuellement un des plus fertiles. Car outre les vignes entrelacées en tout fens, & à plufeurs étages entre les ormeaux & les peupliers ; la terre qui fous cet ombrage épais fembleroit ne devoir rien produire, donne les plus riches récolres de bled, de maïs , de lin & de toutes fortes de légumes. Jamais on ne lui laiffe un moment de repos; la charrue ralonne le moif- fonneur , & la terre eft enfemencée le lendemain de la récolte. Loin que la production de tant de végétaux ait épuifé le terrein, on voit au contraire, que leurs racines & leurs dépouilles ont formé en fe décompofant une épaifle couche de terre végérale , qui conti- nuera de s’accroitré en produifant toujours des richeffes nouvelles. C'eit que les plantes vivent aux dépens de l’eau, de l'air & du feu , beaucoup plus qu'aux dépens de la terre. En même -tems qu'elles PORPEP TPE leurs racines l'humidité de la terre, elles ab- forbent par leurs feuilles & communiquent à la terre celle qui nage dans l'air 3 fi elles fe nourriflent des vapeurs qui s'élèvent du fol , elles le garantiflent de l’ardeut du Soleil, & du defsèchement total qu'il auroit caufé fans elles. Les végétaux établiffent donc entre l'air & la verre une efpèce de commerce , dont la balance eft à l'avantage de celle-ci, parce qu'ils fixent des principes volauls , & les donnent à la terre , en lui laiffant leurs dépouilles. Mais je ne veux pas prolonger cette digreflion , & je pourfuis ma route. Un quart-d’heure avant d'arriver À Francolifi, on rencontre des rochers calcaires, recouverts prefque par-tour de tufa. Ces rochers font fans doute une branche des Apenñins. À Santagado où ce mème tufa continue , on le trouve parfemé de grands blocs de lave à yeux de perdrix. J'ai adopté ce terme de vos gens du Véfuve; il exprime allez bien ces grenats blancs calcinés , que l’on trouve fi fréquem- ment dans les productions des volcans d'Italie. Après avoir pallé ces collines , on defcend dans une plaine affez 22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, bien cultivée, mais prefque déferre à caufe du mauvais air qui y iègne. Le Savigliano coule lentement au milieu de cette plaine, qui s'étend jufqu'à Molo di G'aëta. Le fond du terrein eft vraifemblable- ment de matières volcaniques comme dans la Campanie. En fortant de Molo, on commence à monter une colline d’un roc calcaire , qui eft aufli une branche des Apennins. La grande route pafle entre des jardins remplis d’orangers , & de citronniers d’une grandeur & d’une beauté furprenantes. Ils croiflent ici comme à Naples, & en Sicile, en plein champ, fans avoir befoin d’abri, Le haut de la colline préfente un afpect fuperbe. On découvre tout le Golphe de Gaëta, & la ville du même nom , fituée fur une langue de terre qui s’avance dans la mer. La Ville paroît au pied d’un côteau couvert de la plus belle verdure agréablement mè- langée par les nuances différentes des oliviers, des lauriers, & des chènes verds. Des tours & des ruines antiques femées dans le payfage achèvent de le rendre intéreffant & pittorefque. Mais la vue du combeau de Ciceron, & le fouvenir de fon affafinat, exécuté fur cette même place , répandent une ombre de trifteffe fur l’impref- fion délicieufe de ce magnifique tableau. On découvre en quelques endroits le roc blanc du promontoire de Gaëre; je le crois calcaire. La route, jufqu’à Itry, eft toujours fur des rocs calcaires, recou- verts d’une verre rougeätre ; cette terre eft peu cultivée , mais elle produit beaucoup de plantes curieufes pour un botanifte, & d’autres dont la beauté & la bonne odeur arrêtent les voyageurs. Des myrthes couverts de fleurs, des lavandes de différentes efpèces , des alater- nes, des lauriers tims, des tenerium , &c. Prefque tous les arbrif- feaux qui croiffent fur ces collines font des arbriffeaux toujours verds; & c’eft une obfervation que j'ai faire dans toute l’Italié & dans la Sicile , que ce genre d’arbuftes aime les terreins fecs & élevés , & ne croit jamais dans les lieux bas & humides. Après avoir palle [try , on defcend la montagne par un long & beau chemin pratiqué à mi-côte du roc calcaire. On retrouve à Fondi les orangers & les citronniers en plein champ. La ville de Fondi eft pavée de grands plateaux d’une lave noire & compaëte , taillée en polygones irréguliers , mais dont les angles fe rapportent très-exaétemenr. Cette forme de pavés antiques don- noit beaucoup plus de folidité que la forme quarrée qui eft en ufage aujourd’hui. Entre Fondi & Terracina , on voit le long de la grande route, parmi beaucoup de pierres calcaires , des fragmens d’une lave dure, couleur d’ardoife. Je ne fais d'où viennent ces fragmens , & com- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 25 ment ils y ont ét tranfportés ; peur être font-ils lesreftes des: maré- riaux qui fervirenr à la voie Appienne. Vous connoiflez , Monfieur , ce rocher fingulier de Terracina , taillé à pic au bord de la mer, avec des chiffres romains fculprés fur le roc de dix en dix, depuis XXX qui eft au haut du rocher, jufqu'à CXX qui eft au bas. Cette coupe verticale donne la facilité de diftinguer les couches horifontales qui compofent ce rocher calcaire. La montagne de Piperno eft aufli route calcaire. Ainfi dans toute cette partie de la route, de Molo di Gaëta, jufques auprès de Vellerri, c'eft-à-dire, dans l’efpace d'environ vingt lieues , le fond du fol paroït toujours calcaire, & l’on n’y voit aucune trace de vol- cans ; car les laves de Fondi patoiffent y avoir été portées parles hommes ; & le fable rouge de la belle Forèr de Lièges, ‘que l'on pafle-entre Maruti & Piperno , que quelques voyageurs ont pris pour une pouzzolane , n'en eft point une ; c’eft un vrai fable quar- tzeux qui doit fa couleur à une terre rouge , avec laquelle il eft mêlé, & qui ne contient ni pierres ponces , ri fragmens de laves, niaucun autre indice de volcans. En fortanc de Piperno , on defcend dans une plaine dont le fond eftaufli un roc calcaire : les collines que l’on fuit en faifant certe route, celle, par exemple , d’où fort l’eau féride fulphureufe près de Sermonette , font toutes calcaires. Après qu’on a pallé Sermonette, la route s'éloigne peu-à-peu de ces collines, & traverfe une plaine où eft la polte de Cafe-Fondate : ici on recommence à voir des. traces de volcans , des pouzzolanes , &c. toute la montagne de Velletri paroït compofée , ou du moins couverte de cette même matière; j'ai méme vu fous les plus hautes maifons ; à l’Eft de la ville , des grottes qu'on à formées en ex trayant de la pouzzolane rougeâtre : je vis aufli dans la ville, de grands blocs d’une pierre dure, pefante, d’un bleu noïâtre, qui avoit tous les caractères d’une vraie lave , & qu'on me dit venir d’une carrière qui fe trouve dans la ville même. A un quart de lieue au-delà de Velletri, on voit fur les bords du chemin, de grandes couches de laves recouvertes de tufa. Une demi-lieue plus loin, on rencontre une colline affez haute, qui paroît toute compofée de couches parallèles & alternatives de tufa, d’un rapillo (1) femblable à celui qui couvrit & confuma la ville de Pompeia , & de cendres volcaniques. Toute la route de RE —————————————_—_——— ———Z (1) Ce qu'on nomme à Naples rapi/lo, cft un amas de pierres-ponces & de laves, en petits fragmens dérachés les uns des autres. Les cendres volcaniques font un débris très-fin de ces mêmes matières. 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Vellétri à la Faiola ne montre que des indices de volcans. Entre la Faiola & Marino, on palle au-deffus du lac de Caftel-Gandolfe, qui eft indubitablement le cratère ou la bouche d’un des voicans, qui yomirent jadis toutes ces différentes macières. Entre le lac & Marino, & depuis Marino jufqu'à Rome, dans route la defcente qui conduit à la plaine qu’on appelle la Campagne de Rome, rout le fol n’eft autre chofe qu’un tufa d’un oris obfcur, plus dur que celui des environs de Naples ; c’eft certe pierre que l’on appelle à Rome pépérino, & dont on fait les marches des efcaliers & divers ouvrages de ce genre. Le premier Minéralogifte de notre fiècle , le célèbre Wallerius ; paroït avoir des doutes fur la nature du pépérino ; il croit que peut-être on doit le ranger parmi les roches de corne, ou du moins le bannir de la claffe des productions volcaniques : en effer, le pépérino n’a aucun des caractères d’une marière vitrifiée ou fondue par le feu; ce n’eft point une pierre ponce ni une lave : or , comme avant vos obfervations, Monfieur, on ne connoiïfloit d’autres pro- duétions de volcans que les laves & les pierres ponces, M. Wallertus, qui fans doute n’en a pas eu AN Le ; paroït bien fondé à re- jetter le péperino dans une autre clafle; mais vous aver prouvé , Monfieur , {ur-tout par vos recherches fur le Monte-Nuovo , (ce volcan qui s'ouvrir entre Baies & Pouzzol en 1538 ) que fouvenr les volcans vomiffent des rorrens d’une efpèce de bouillie compofée d’eau bouil- Jante, & de toutes fortes de terres & de fragmens de pierres; que cette bouillie prend enfuire de la confiftance , & devient enfin une pierre telle que le rufa dont nous avons déja parlé. Le pépérino de Rome eft indubitablement de la même nature , quoique compofé d'ingrédiens un peu différens : on le trouve auprès des lacs d’Albano & de Caftel Gandolfe , qui font certainement des cratères d’anciens volcans, puifqu’ils en ont encore exactement la forme , & qu'ils fonc entourés de pierres ponces, de laves & de tous les indices imaginables des volcans : ce pépérino eft un mélange confus de fragmens de marbre blanc diffoluble dans les acides, & qui perte en bien des endroits, des fignes de calcination, des particules de quartz tranfparent, de lames de talc ou de mica noirâtre , de cryf- taux de /chorl d’un verd fi foncé, qu'il paroït noir, & d’une terre brune ferrugineufe : il paroît que c’eft une matière calcaire qui fair le lien ou le gluten par lequel rous ces corps fi difparates, font collés & réunis entr'eux, puifque les acides font effervefcence avec le pé- perino, & défuniffent roures celles de fes parties qu'ils ne diflolvent pas. Le tufa de Naples fait bien aufli une légère effervefcence avec les acides; mais il ne fe laifle pas divifer par eux, ce qui prouve que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 25 que le gluten qui unit fes parties, n’eft pas tout calcaire comme dans le pépérino. La plaine mème de Rome eft parfemée de morceaux de lave de différentes grandeurs ; & par-rout où la terre eft ouverte, on ap- perçoit les couches de cendres volcaniques & de tufa tendre done eft compofé le fond de cette plaine. Vous favez, Monfieur , que les fameufes catacombes de Rome font routes creufées dans une efpèce de pouzzolane d’un brun violet, parfemée de cryftaux de fchorl en forme de grenats, tels qu’on en voit dans les laves à yeux de perdrix. Cette pouzzolane fert au même ufage que celle de Bayes , & doit certainement aufli fon origine à des volcans : on à cependant trouvé dans cette même pouzzolane des offemens de baleine & d’autres corps étrangers, qui paroillent v avoir été dépofés par la mer. Cette obfervation n'eft pas la feule qui prouve que certe ville fameufe qui a fubi de fi grandes révolutions politiques, repofe fur un fol qui, long-tems avant fa fondation, avoit éprouvé les plus grandes révolutions phyfiques. La coiline qui porte le nom de Monte-Mario , & qui faifoit partie de l’ancienne Rome , a vraifemblablement pour bafe les couches de matières volcaniques qui conflituent le fond de toutes les plaines circonvoilines ; cependant , le corps même de cette colline elt pref- qu’entièrement compofé de lits de fable, de cailloux roulés & de bancs de coquillages évidemment marins : enfin , le tout eft recouvert d’une couche de cendres volcaniques : cette cendre eft d’une couleur grife obfcure, & l’on y voit des taches blanches , qui font des pierres-ponces ramollies , & comme calcinées par les injures de l'air. Je crois être le premier qui ait obfervé cette couche de cendres : elle eft pourtant très-vifible & très-reconnoiffable , par-tout où elle n’a pas été déplacée par quelque accident: ces cendres prouvent qu'après que des volcans d’une antiquité inaflignable, eurent jetté les pouzzolanes qui conftituent le fond de la campagne de Rome, & que la mer eut enfuire formé des collines fur ces campagnes , en y amoncelant des fables , des cailloux & des coquillages , alors il s’ouvrit de nouveaux volcans, dont il ne refte pourtant aucure mémoire, mais dont les cendres recouvrirent les collines formées par la mer. Voici une autre obfervation du même genre , dont je dois la connoiffance à M. Byars votre compatriote. À quatre mille de Rome, près de la mafure qu'on appelle Torre di Quinto, eft une colline coupée à pic, au pied de laquelle pale la grande route de Rome à Lorette ; le Tibre coule à cent pas de-1à, dans un lit qui eft de hui à dix pieds plus bas que le grand chemin : la partie inférieure de cetre colline jufqu’à la hauteur de fept pieds & demi au-deflus Tome VII, Part. I. 1776. 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du chemin eft toute compofée de fable jaune & de cailloux roulés; fur ces cailloux, eft une couche épailfe de feize pieds d’un tufa tendre d’un gris blanchâtre mêlé de pierres-ponces noires ; ce tufa eft recouvert d’un banc de cailloux roulés , femblables à ceux dont le bas de la colline eft compofé ; l’épaiffleur de ce banc eft de deux pieds & demi: enfin, par-deffus ce banc , toute la partie fupérieure de la colline qui a encore près de quatre-vingt pieds de hauteur , n'eft autre chofe qu’un tufa ou pépérino tendre , d’un gris-noir mêlé de pierres-ponces : j'eus la curiofité de grimper au-deffus de la colline, & j'y découvris les ruines d’un bâtiment; fon pavé en mofaïque , en conftatoit l'antiquité, & par conféquent, celle de toute la colline. IL eft impofñible de déterminer l’antiquité de certe colline : on fait bien que le rufa eft un produit du feu; que ces cailloux ont été arrondis par les eaux, & qu’ainfi cette colline a été produite par l’action alternative du feu & de l’eau; mais qui nous dira, quand & à quels intervalles ? On voit encore que ces cailloux roulés ont été dépofés par un mouvement doux & uniforme , car tous ceux qui font applatis , font dans une fituation horifontale , chaque banc a par-tout où l’on peut le fuivre , à-peu-près la mème épaiffeur , & une direction à-peu-près horifonrale. On peut aufli conjeéturer que les eaux ont fait un long féjour à cette place , puifqu'elles ont eu le tems de détacher & d’arrondir des fragmens de tufa que l’on trouve parmi les cailloux roulés ; mais ces obfervations ne fixent aucune date précife, & ne font que nous donner des idées vagues d’une antiquité très-reculée. Le rombeau d'Ovide eft creufé dans le tufa de cette mème col- line ; les anciens qui connoifloient la durée éternelle & la ficcité des voûres que l’on creufe dans cette pierre, fi facile d’ailleurs à travailler , aimoient à y creufer les rombeaux : on avoit aufli creufé des caves ou des habitations fouterreines auprès du bâtiment qui étoit au fommet de la colline ; nous y defcendimes M. Byars & moi; mais nous n’y trouvâmes rien de remarquable que de grands foupiraux de forme circulaire, par lefquels ces caves tiroient leur jour du haut de la montagne. En partant de Rome , je pris la route de Lorerte : de Rome juf- qu'auprès de Civita-Caftellana, les plaines & les petites collines que l'on traverfe , fonc toutes de tafa & de cendres volcaniques dépo- fées par couches parallèles ; mais avant d'arriver à cette dernière ville, on pale un ravin très-profond, creufé par une petite rivière qui y coule : le fond du terrein qu’elle a mis à découvert , eft un roc gris , qui paroit calcaire, & cette même rivière a dépofé en bien des endroits de grands amas de cailloux roulés de couleur blanche:on apperçoit aufli dans quelques places, des couches de rufa qui recou- SUR"L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27 vrent le roc calcaire ; ce roc eft fans doute un prolongement du pied des Apennins peu éloignés de certe place. Au-delà de ce ravin, on monte par un chemin très-rapide, la montagne fur laquelle elt hituée Civita-Caftellana ; toute cette mon- tagne paroît compolée d’un tufa léger, dans lequel on ne diftingue que des pierres - ponces , dont quelques-unes font d’une grandeur rodigieufe : le beau pont qui eft de l'autre côté de la ville , & que Fon pale pour aller à Lorerre , eft appuyé de part & d’autre fur de hautes collines, qui ne paroifflent formées que de pierres-ponces. La fituation de cette ville élevée entre de profonds ravins , rend bien probable l'opinion de quelques antiquaires , qui croyent qu’elle occupe la place de l’ancienne Veies , & fait comprendre comment elle put foutenir un fi long fiège contre les Romains : on comprend aufli que Camille trouva beaucoup de facilité à creufer une route fouterreine dans le tufa dont cette colline eft compofée, parce que certe pierre eft très- rendre, & foutient pourtant d'elle-même les voûtes qu'on y pratique. Un peu au-delà de cette ville, on trouve des tufa remplis de cryftaux de fchorl en forme de grenats ; on continue de voir une quantité de ces mêmes cryftaux tout le long de la route , jufqu'au- près de Borghetto ; là, ces mêmes cryftaux font renfermés dans une lave très-dure, parfaitement femblable à l’occhio di pernice de la Soma, ou du Véfuve des Anciens. En fortant de Borghetto, on trouve une vallée dont le fond eft une plaine dans laquelle coule le Tibre, & où l’on n’apperçoit que du fable & des cailloux roulés; on cotoye enfuite de petites collines routes compofées de ces mêmes cailloux, & recouvertes, en plu- fieurs endroits, d’une épaifle couche de tufa : ce lieu éloigné de Rome d'environ quarante-fix milles , eft le dernier de cette route où j'aye pà découvrir des productions de volcans, Cette obfervation eft conforme à celles que vous avez faites , Monfeur , fur le fol des environs de Naples ; vous avez vu que la malle & le poids des Apennins avoient réfifté à lexplofion des feux fouterreins ; vous n'avez trouvé des veftiges de volcans que dans les lieux bas, excepté là, où ces feux ont eux-mêmes formé les montagnes dont ils fortent. Jufqu’au quarante-neuvième mille, on pafle de hautes collines , toutes compolées de cailloux roulés , tantôt dérachés les uns des autres , tantôt liés enfemble en forme de brèches , ou de poudingues calcaires. Ces débris & ces aggrégés de débris forment avec les grès, la lifière extérieure de toutes les hautes chaînes de montagnes ; fou- vent même les collines & le fond des plaines qui les avoilinent , fonricompofées de ces mèmes débris. 3! 2 28 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Après avoir pailé cetre lifière qui finit ici un peu au-delà d'Otri- coli, à quarante-neuf milles de Rome , on entre dans les monts calcaires , défquels viennent ces fragmens qui ont été tranfportés & arrangés par les eaux. La route qui conduir à Narni eft très-fingulière ; elle eft prati- quée fur une corniche à mi-côte d'une montagne calcaire forr efcar- pée , au-deflus d’une vallée étroite & profonde. La Nera roule fes eaux blanches au fond de cette vallée ( Marque albefcentibus undis ir Tybtim properans , fil, ital. L. VI.) À Narni, le chemin defcend par une pente extrèmement rapide dans une plaine riante & bien cultivée , qu’arrofe la Nera, c'eft dans cette plaine, qu’eft fituée la ville de Terni. Nous nous arrêtames un jour à Terni pour voir la fameufe caf- cade, dont la beauté furpaffa notre attente. Vous l’avez vue, Mon- fieur , & me difpenfez par conféquent de vous en faire la defcrip- tion. Les montagnes que l’on traverfe pour y aller font routes d'un roc gris calcaire , qui fe brife en fragmens angulaires. Elles n'ont de remarquable que des veines ou couches minces d’un flex ver- dâtre , nichées dans les interftices des bancs de la pierre calcaire. Cette efpèce de filex, paroît approcher de celle que M. Wallerins a décrite fous le nom de perrofilex aquabilis ( Edit. de 1772. p. 266.) Mais elle eft plus dure , car elle évincelle très- vivement quand on la frappe avec l'acier. Les veines de ce petrofilex fonc ici recouvertes d’une couche de pierre grife qui participe , & du flex, & de là pierre calcaire : elle approche du filex -par { dureté &c par fa texture, donnant quelques étincelles quand on la frappe fortément avec l'acier , & fe brifant en fragmens convexes d'un côté ; & concaves de l’autre ; elle participe de la nature calcaire , en faifant effervefcence avec les acides. Cerie obfervation femble ‘prouver que la pierre calcaire fe change infenfiblement en filex mais alors le paflage devroit être infenfible , au lieu que la ligne de #éparation. entre le vrai-filex,, & cette efpèce d’écorce , eft parfaite- ment tranchée dans tous les morceaux que j'ai vus , & que je conferve ‘dans mon cabinet. La petite rivière qui forme la cafcade , coule entre des monta- gnes calcaires, & laiffe pargtour où elle palle une incruftation de même nature. à J'eus auf la -éuriofité d’aller voir ce qu’on appelle les Bouches d'Eole,, Bocche dei venti, qui font à Cefi, petite ville fituée à cinq à fix milles-au Nord "de Terni. Ces bouches d’Eole font des crevalles ou de petites cavernes ouvertes par la nature dans le flanc de la montagne ; il fort en Eté de ces ouvertures des vents , qui font d'autant plus forts, & d’autant plus froids , que la chaleur de l'air extérieur eft plus grande ; & on dit qu'en hyver elles afpirent ou SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 29 pompent l'air extérieur , & le réchauffentr en même-teme. Les habi- tans de Cef favent tirer un très-prand parti de ces venrs : ils bâtif- fent leurs caves à l'entrée des foupiraux dont ils fortent. Les vins s'y confervent des fiècles, & les fruits, même ceux d'Eté, y réff tent pendant très-long-rems à la pourriture. Ils conduifent par des tuyaux cet air frais jufques dans leurs appartemens , & les rafrat- chiflent plus où moins à leur gré , en ouvrant plus où moins les robinets placés à l'extrémité de ces tuyaux: Il y en a même qui onc pouffé la recherche jufqu'à conduire cer air frais fous la bouteille . de vin qu’ils boivent à leur table. Les chaleurs ont été fi modérées au commencement de l'Eté dernier, que ce phénomène n’éroit pas à beaucoup près aufli fenfble qu'il a accoutumé de l'être dans cette faifon. 11 l’éroit pourtant encore affez pour prouver qu'il ne dépend pas de la mème caufe qui maintient l'égalité de température dans les caves ordinaires ; car cette caufe, quelle qu’elle foic , foutient uniformément la chaleur de ces lieux profonds, au deoré appellé à caufe de cela-le tempéré ; au lieu que l’air que je fenuis fortir des bouches d’Eole , le quatrième de Juillet, vers lesicinq heures du foir , faifoir defcendre le thermomètre à quatre degrés, & un quart au-deffous du tempéré, tandis que dans les lieux qui n’éroienc ni refroidis par ces vents , ni expofés aux, rayons du foleil:, le même thermomètre montoit à quatre degrés & demi au-deflus du mème degré du tempéré (1). J'ai obfervé ce mème phénomène en plufeurs endroits de l'Italie; dans l’ifle d’Ifchia ; au pied du Mont Teftaceo , près de Rome ; au pied du roc de Saint-Marin ; mais fur-tout au bord du lac de Lugan , où j'ai vu le thermomètre defcendre de fept degrés & demi au-deffous du tempéré , dans les plus gran- des chaleurs d’une faifon brûlante. Mais je ne vous entretiendrai pas plus long-rems de ce phénomène , quoique j'aie raffemblé bien des obfervations qui lé concernent. Je les publierai féparément pour diriger l’attention des Phyficiens fur ce fait fingulier , & peu connu. La montagne de Cefi, dans laquelle font les bouches d’Eole, eft un roc calcaire , femblable à celui de Terni. Elle tenferme -aufi (1) Les Thermomètres dont je me fuis fervi dans ces obfervations, ont été conftruits fous mes yeux avec le plus grand foin ; ils fonc de mercure ; l'inter- valle entre la glace qui fond & l’eau bouillante, eft divifé en quatre-vingt parties égales. M. Delue à prouvé, par des recherches très-exaétes ; que le degré de chaleur, connu fous le nom de tempéré, répond à neuf degrés; & trois cinquièmes de ce Thermomètre, qu'il a appellé Thermomètre commun. Voyez Recherches fur Les mo- difications de PAehmofphtie » $. 447, 30 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des filex , mais plus tranfparents & difperfés irrégulièrement dans le roc, fous la forme de noyaux arrondis, & non pas en couches parallèles comme à Terni. Ils ont aufli une écorce, mais qui eft tendre & purement calcaire. De Terni, nous prîmes la route de Lorette. Cette route traverfe les Apennins , qui forment , comme les Alpes, une chaîne non-inter- rompue , & que l’on ne peut traverfer nulle part fans pafler par deffus des cols très-élevés (1). Ceux que l’on pafle dans ce trajet, font la Somma & Col-Fiorito. En allant de Terni au pied de la Somma, on fuit une vallée étroite entre des montagnes calcaires. La Somma eft auñli calcaire, entre-mêlée comme à Terni & à Cef, de quelques noyaux de pierres à fufñl , & de couches minces de petrofilex. Le col de la Somma n'eft pas fort élevé , puifqu'au plus haut point du paffage, le baromètre (2) fe foutenoit à vingt- fix pouces , une ligne & fept feizièmes. C’étoit le $ Juillee à huit heures trois quarts du matin. Après avoir defcendu la Somma , on rentre dans des vallées entre des montagnes toujours calcaires ; on pafle à Spolette. La vallée s’élargit enfuite en approchant de Foligno, On cotoye entre ces deux villes la petite rivière de Clitumne , fi célébrée par les Poëtes Latins à caufe de la blancheur qu'elle donne aux trou- peaux qui s’en abreuvent. Pline lui-même paroît avoir ajouté quelque foi à cette fiétion poëti- que. 12 Falifeo clitumni amnis aqua pota candidos boves facit. L. 2. C. 103. Vous favez , Monfieur , que les bœufs font blancs dans toute l'Italie; je n’ai pas trouvé qu’ils le fuflent plus fur cette route qu'ailleurs. Peu après avoir paffé Foligno , on monte par un chemin rapide une montagne , dont la ftruéture eft très-remarquable. Elle préfenre plufeurs bancs parallèles d’un roc calcaire gris ; épais chacun de trois ou quatre piés , & féparés les uns des autres par des inter- valles égaux d'environ vingt pieds chacun. Ces intervalles font rem- plis par des couches d’un fchifte ou ardoife bleuâtre. Comme ce QE (1) Le Poëte Claudien fait allufion à cette continuité de l'Appennin, quand il dit : Urraque perpetuo difcriminat aquoru traétu. (2) Le baromètre que j'ai employé pour la mefure des hauteurs, eft femblable à celui que M. Deluc a décrit dans l'excellent Ouvrage que je viens de citer; il a été conftruit à Genève fous les yeux de l'Inventeur qui a bien voulu en diriger l'exécution. Je l'ai porté avec moi dans tout ce voyage autour de l'Italie & en Sicile, jufques au fommet du mont Etna, fans qu'il fe foit dérangé en aucune manière, SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 31 fchifte eft rrès-rendre , il s’exfolie & fe détruit à l'air, tandis que les bancs folides de roc calcaire fubfftent & forment ainfi des côtes, ou arrêtes faillantes , dont l’afpeét eft très-fingulier. Ces bancs & ces couches parallèles entr'eux , forment avec l’horifon un angle d'environ quarante-cinq degrés, & montent fuivant la direétion du chemin du Sud-Oueft au Nord-Eft. Vous favez, Monfieur, que tous les Naturaliftes s’accordent actuellement à croire, que les ardoi- fes & les pierres calcaires ont été anciennement formées au fond de la mer par l’accumulation de fes fédiments. Les bancs dont cette montagne eft compofée , doivent donc avoir été originairement plus horifontaux , & la grande inclinaifon de toute la montagne doit donc être l’effer d'un déplacement pollérieur à fa formation. Mais comment des dépôts de matières aufli différentes que l’ardoife & la pierre calcaire fe font-ils alternés avec tant de conftance & de régularité ? Seroit-ce qu’au fond de la mer où fut formée cette mon- tagne , la direétion des courants changeoïit périodiquement , & qu’en venant de différentes plages, ces courants apportoient des dépôts de différente nature ? À fix milles de Foligno , la grande route pafle auprès d’une car- rière que l’on appelle Cave di Foligno 3 c’eft un roc calcaire d’un blanc fale , entre-mélé ça & à de quelques veines de filex. On paffe enfuite la montagne de Col-Fiorito qui eft aufli calcaire & plus élevée que la Somma, puifque le baromètre y defcendit à 25 pouces 7 lignes 3 quarts ( c’éroit le $ Juillet à 7 heures 3 quarts du foir }, La terre qui couvre la montée de Col-Fiorito eft remarquable ar fa rougeur. On voit aufli des pierres calcaires de la même cou- 5 A dans plufieurs lieux de ce paflage des Apennins à la Somma, à Callimala , à Serravalle. On trouve dans une terre rouge derrière la montagne de Cefi des Cornes d’Ammon de la mème couleur. Ces cornes d’Ammon font remarquables par leurs articulations ramifiées qui forment à leur furface des efpèces de feuillages. Elles font très- bien repréfentées fous le nom d'Ophiodes phyllodes dans le mercari metallotheca voticana , p. 310. En defcendant de Col-Fiorito , on trouve quelques fchiftes ten- dres de couleur grife , qui paroïflent un mêlange d'argille & de terre calcaire. Cependant la pierre calcaire domine toujours dans toute cette partie des Apennins; les vallées que l’on traverfe à Ser- ravalle, à la Trave, à Valcimara , font toujours bordées de mon- tagnes calcaires ; on y voit pourtant quelques fchiftes arsilleux , & la pierre calcaire renferme Pavent des veines de petrofilex. À Valcimara, on commence à fortir de ces vallées étroites & des montagnes proprement dites. La route de Valcimara à Folentino préfente des payfages charmants, de petites plaines bien cultivées , 32 OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE; dans lefquelles coulent des ruiffeaux bordés d'arbres , & entourés de collines couverres de verdure , & dont l’afpeét varie à chaque inftanc. Ces petites plaines font couvertes des débris calcaires des Apennins , arrangés horifontalement par les eaux; & les collines font compofées de ces mêmes débris de fable & d’argille. La ville -de Loretre eft bâtie fur une de ces collines ; vous con- noiffez, Monfeur , fa fituation charmante; le pays qui l'entoure, relevé par de fertiles côreaux , couverts d'oliviers & de-vignes, ter- miné d’un côté par les Apennins, & de l’autre par la mer; pré- fente un coup d'œil raviffanr. Le méfor de la Sazta Cafa étonne: par fa richeffe , & inftruic le Naturalifte-par les objers rares & intéreflans qu'il mer fous fes, yeux. Un rocher de quartz blanc hériffé de grandes émeraudes bru- tes, formées & enchäffées par la nature dans ce mème rocher , eft un morceau qu'on ne voit que dans un lieu enrichi par la magni- fique dévotion des maîtres du Pérou. Ces émeraudes ont plus d’un pouce de diamètre , elles font criftallifées en prifmes exagones , terminés par des plans perpendiculaires à leur axe. J'examinai avec beaucoup de foin les matériaux de. la Santa Cafa. Elle eft conftruite de pierres raillées en forme de grandes briques, pofées les unes fur les autres , & fi bien jointes qu'elles ne laiflenc entr'elles que de très- petits intervalles ; ces pierres ont à-peu-près la couleur de la brique, de manière qu'on croit au premier coup d'œil qu'elles font réellement de quelqu’efpèce de terre cuite. Mais en les examinant avec foin, on reconnoît qu’elles font d’un grès dont le grain elt très-fin & très-ferré, & auquel les fréquents artouchemens des dévots & des curieux , a donné une efpèce de poli, qui le fair reffembler, en quelques-endroits, à une pierre à aiguifer du levant. Comme je n'avois point encore remar- qué fur cette route, de pierres, ni de conftruétion femblables à celle- là, je m’épuifois en conjectures , quand en allant le même jour de Lorette à Ancone, j'eus le plaifir de voir plufieurs maifons de payfans , bâties exactement de cette manière , & avec des matériaux parfaitement femblables. Je trouvai le long du chémin plufeurs blocs de la mème efpèce de pierre , & j'en détachai quelques morceaux pour mon cabiner. La route de Lorette à Ancone pafle au travers de plufeurs col- lines toutes fi bien cultivées , que les plantes dont elles font cou- vertes, & la verre végétale qu’elles ont produire, cachent par- tout le fond du terrein. Mais je ne doute pas qu'il ne foit formé du fable de la mer & des débris des Apennins; car c’eft une obfer- vation générale , & dont la route que j'ai faite a déja fourni des exemples que les grandes chaînes de montagnes font LS be eux -+ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3; deux côtés par des collines plus où moins hautes , compofées des fragments de ces mêmes montagnes , mélangées quelquefois d’ar- gilles, de coquilles, ou d’autres productions de la mer. Teiles font, par exemple , les premières collines que l’on rencontre en entrant dans les Apennins, près de Boulogne. On en retrouve dé pareilles endefcendant vers Hlorence. Celles du Volterran, du Siénois, qui bordenr de même les Apennins, font aufli routes compofées de ces mêmes mêlanges , excepté-là où les volcans ont changé la nature du fol, & là où des caufes particulières ont emporté ces débris, & ont mis à découvert le fond originaire du terrein. Cela fe voic aufli le long de toute la chaîne des Alpes. Une autre obfervation , qui me paroît mériter, Monfeur, votre attention; c'eft que dans les deux paffages que j'ai faits des Apen- nins ; en allant de Bologne à Florence , & de Rome à Lorette ; je w'ai vu aucune montagne du genre de celles que les Narura- liftes appellent primüives , elles que les montagnes de granit, de roches fffiles (4). Les chaînes les plus élevées de cés deux pallages font, ou des rocs calcaites, ou des fchiftes argilieux , & font par- conféquent des montagnes fécondaires ; où marines. Dans les Alpes au contraire, la chaîne du milieu, celle qui eft la plus élevée , eft route de granits, de roches fifliles , où d’autres pierres primitives ; tous les Naturaliftes l’atteftent ; & j'ai eu moi-même occafñon de m'en convaincre ,- en traverfant plufeurs fois les Alpes par différens paflages. Une autre différence fenfible entre les Alpes & les Apennins , eft celle de leur hauteur; les plushautes fommités des Alpes étane environ trois fois aufli élevées que les plus hautes des Apennins. On pourroit imaginer que cetté moindre élévation, & le manque de montagnes primitives font deux faits dépendans lun de l’autre, fi l'on ne favoit pas que quelques Ifles de la Méditerranée > & plu- fieurs pays ; dont les montagnes font encore plus balles que les Apennins ont pourtant des chaînes de rocs primitifs. Je ne vous ai rien dir, Monfieur, de ce'que j'ai obfervé dans ce pañlage des Apennins , fur la correfpondance des angles que for- ———_—_—. Cr) Je comprends ici fous le nom de -Roche-fiffile , toutes les pierres qui font compofées des mêmes ingrédiens que le granit, favoir de Quartz , de Mica , de Feld-fpath , Ké. mais qui, au licu d'être en mafles continues & uniformes comme Je granit proprement dir, montrent des couches ou des feuillets dans la direétion defqueis elles fe laifflenc fsndre ou divifer. Cetté forme feuilletée leur a fait fou- vent donnet le nom de Schifle; mais certe dénomination eft crès - équivoque, puifqu'on l'applique aufli aux ardoifes qui, par leur nature & leur formation, diffèrent totalement de ces Roches primitives. Tome VII, Part. I. 1776. E 34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ment les montagnes. C’eft une queftion très-compliquée , qu'ona traitée , à mon gré , trop fuperfciellement ; je la réferve pour une autre- lettre. $ d D'Ancone à Rimini , la grande route qui fuit le bord de la mer, ne préfente que du fable, & quelques collines d'un grès tendre , jaunâtre , aflez femblable à celui de la Santa-Cafa. La maçonne- rie intérieure du bel arc de triomphe érigé à Fano, en l’honneur d'Augufte , eft de cette mème pierre. La montagne de Saint-Marin me parut une pierre de fable , ou un grès rendre , femblable à celui que j'avois déja vu fur certe roure. J'obfervai mon baromètre dans la facriftie attenante aux rombeaux de Saint Marin, & de Saint Léon, taillés dans le roc de la montagne ; & je conclus de mon obfervarion faire & calculée fuivant la mé- thode de M. Deluc , que le fol de cette facriftie étoit élevé au- deffus de la mer, d’environ 350 toifes de France. Nous vimes à Rimini, le Cabinet d'Hiftoire Naturelle de Mon- fignor Bianchi , connu fous le nom de Janus Plancus Ariminenfis , qu'il s’eft donné dans fes ouvrages. Ce qu'il renferme de plus inté- reffant, c’eft une fuite des productions de la Mer Adriatique, & fur tout de ces Cornes d’Ammon microfcopiques , dont il a fait la découverte, & qu’il a décrites dans fon livre de Conchis minus notis. De Rimini, nous paflames à Ravenne ; & de Ravenne à Ferrare, d’où nous nous embarquames fur le Pô pour Venife, où nous arri- vames en moins de vinot-quatre heures. Cette route de Rimini à Venife , traverfe des plaines fertiles, mais qui n'offrent rien d’inté- reffant au minéralogilte ; on n’y voit que des fables recouverts d’une couche de terre végétale. Toute certe vafte plaine de la Lombardie, la plus grande & la plus riche de l’Europe, qui commence à Turin , & s'étend jufqu’à Bologne , Ancone & Venife, n’eft autre chofe qu’un dépôt des fleuves qui defcendent des Alpes & des Apennins : ces grands fleuves, rapides auprès de leurs fources, déchirent la furface de la terre , & entraînent les fragmens des rochers ; mais ralentiffant enfuite graduellement leur cours , ils dépofent fucceflivement les matériaux donc ils s’étoient chargés ; ces dépôts fe font dans un ordre relatif à la pefanteur & à la groflièreré de ces matériaux; le même fleuve qui charioir à Turin de gros cailloux, ne dépofe au bord de la mer, qu'un fable & un limon impalpables par leur finefle; cependant l'accumulation continuelle de ce limon, recule les bornes de la terre ferme, comble peu -à-peu les lagunes de Venife, & finira par la joindre un jour au continent. La côre occidentate de l'Italie, ne préfente point d’atrerriffement d'une telle étendue : les montagnes font de ce côté-là beaucoup plus SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3; voifines de la mer ; les rivières qui en defcendent , ont à leur em- bouchure encore trop de rapidire pour y lailfer des dépôts confidé- rables , & la mer extrèmement profonde {ur ces rivages efcarpés , demandera bien des fiècles avant d'être comblée jufqu’à leur niveau; il y a pourtant fur cette côre quelques places où le terrein paroît s’érendre par des arterrilemens, comme à Pife & aux marais Pontins: ailleurs , à Livourne, par exemple , les accroiflemens du terrein ne viennent pas de l'intérieur des terres, mais de la mer , dont les coraux & les coquillages s’attachent continuellement aux rochers , les augmentent & les érendenc d’une manière fenfible & plus prompte qu'on ne pourroit le croire : les grands quartiers de rocher que l’on détache du bord de la mer auprès du Lazarer de Livourne, pour en former les jettées qui défendent le môle de l'effort des vagues , pa- roiffent manifeftement avoir été formés , & récemment formés de certe manière. J'ai vu en Sicile des maffes de rocher bien plusconfidérables, formées de la mème manière , par les coraux & les coquillages; Il y a auprès de Palerme une vallée charmante, couverte des plus belles maifons de carñ- pagne que l'on nomme £ coli. Cette vallée eft bornée au nord par le mont Pellegrino, connu des Anciens fous nom d'Erëa, & célèbre aujourd'hui par le tombeau de Sainte Rofalie. Au midi, font des montagnes liées avec celles de Montréal. Cetre vallée eft percée du levant au cou- chant, & aboutit à la mer par fes deux extrémités ; fa longueur totale eft de quatre à cinq lieues : les montagnes qui la bornent-fonc d’un roc gris calcaire très-compacte , femblable à celui des Apennins, renfermant peu de corps marins pétrifiés, & de ceux-là feulemenc que l'on trouve dans les plus anciennes montagnes, des Anomies , par exemple ; mais le fond de la vallée que j'ai examiné en plu- fieurs endroits , eft une pierre d’une toute autre nature, & qui pré- fente tous les indices imaginables d’une formation récente ; c'eft un amas de cames, de buccins, de coraux, précifément les mêmes que l’on trouve dans la mer adjacente : tous ces différens corps ont un air de fraîcheur qui étonne ; ils ne font point complètement pé- trifiés , & il refte entr'eux des interftices qui doivent fe remplir à la longue par les dépôts des infiltrations , mais qui ne le font encore qu'en partie; en forte que la pierre eft cendre & poreufe comme un tuf; ce fol à donc éré récemment formé par l’adhérence fucceflive des coraux & des coquillages, qui ont ainfi comblé l'intervalle de ces montagnes, & ont lié avec la Sicile le mont Eréta qui devoit auparavant être une ifle ou un rocher féparé. Quand je dis que cette formation eft récente , vous entendez bien , Monfieur , que c’eft par rapport à d’autres plus anciennes , car il y a fürement plus de trois mille ans que certe vallée exifte , puifque les monumens hiftoriques 2 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les plus anciens , repréfentent le mont Era comme atrenant à la Sicile, & non point comme une ifle féparée. Tous les rochers calcaires de nos continens paroiffent avoir éré formés plus ou moins anciennement d’une manière analogue, & il eft plus que vraifemblable qu’il fe forme ainfi continuellement de nouveaux rochers calcaires au Pad de prefque toutes les mers. Viraliano Donati à obfervé fur les côtes & au fond de la mer Adriatique, des rochers d’une épaiileur & d’une étendue confidérable , compofés de coquillages & de coraux ; 1l affure même qu'ils s’accroifflent conti- nuellement. Woyez Effai fur l'hifloire naturelle de la mer Adriatique , chap. 1. M. Linnœus rapporte qu’il a vu le long de la Baltique des bancs très-épais & très - étendus , entièrement compofés de coraux. V. Oratio de neceffitate peregrinationis intra patriam ; vous les voyageurs attéftenr que le fond de la mer rouge en eft couvert; & combien de fois les Journaux des marins ne témoignent-ils pas qu'ils ont jetré l'ancre fur des fonds de coraux & de coquillages ? Tous ces faits réunis, donnent lieu à une contidération importante pour la Phyfique générale : c’eft qu'il Je fair une confommation conti- nuelle 6 confidérable d'eau & d'air qui abandonnent leur forme fluide pour Je changer en folide ; cat la matière des coraux & des coquillages eft une terre calcaire, & vous favez , Monfieur , que les Chymiltes modernes ont démontré que les terres & les pierres calcaires con- tiennent plus que la moitié de leur poids de ces deux élémens : cette eau & cet ait ainfi combinés, ne peuvent fe dégager que par la décompoftion des corps dans lefquels ils font entrés: or, la pierre calcaire ne fe décompofe point d’elle même; les injures de l’air peu- vent bien la divifer , les eaux peuvent l’entraîner , la diffoudre , la mêler avec d’autres corps, & lui faire aïnfi revêtir mille & mille formes différentes; mais elles ne peuvent point la décompofer : les acides peuvent à la vérité , dégager l'air fixe que contient la terre calcaire ; mais ils ne peuvent point en féparer l’eau qui lui eft unie; le feu feul eft capable d’opérer cette décompoftion , & de dégager à la fois l’eau & l’air emprifounés dans cette terre. 11 faut même un feu très-violent , & qui aille jufqu’à la vitrification, car s’il ne failoit que la réduire en chaux , elle repomperoit peu-à-peu dans Fachmofphère , les élémens dont elle auroit été privée : feroit-ce là un des ufages des feux fouterreins ? feroient-ils deftinés à rompre l'union trop forte que les animaux marins établiffent entre la terre & les clémens: de l’eau & de l'air, & à rendre ainfi à la nature ces deux fluides fans lefquels notre globe deviendroït ftérile & defere à Et-ce pour cette grande fin que les volcans ont été fi fort mul- tipliés , & qu'ils femblent parcourir fucceflivement ‘route la furface du globe? Mais j'ignore! fi les volcans fufhfent pour établir une SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 37 compenfation parfaite , & je fuis plutôt porté à croire que les eaux de notre globe ont fouffert depuis les tems les plus reculés , & fouffrent encore aujourd’hui, une diminurion continuelle. J'ai eu le bonheur de voir à Venife un des plus favans Minéra- logiftes de l'Italie , M. Jean Arduino (1); j'ai appris de lui un nombre de faits intéreffans relatifs à la Chymie & à la Géographie Phyfque : c’eft lui, qui a le premier obfervé les anciens volcans du Padouan & du Vicentin; c’eft lui, qui a le premier trouvé ces opales remplies d’eau, qui font fi recherchées des Naturaliftes; & il à publié fur les pierres obffdiennes & fur d’autres productions volcaniques, des Mémoires très-curieux & très-intére{fans. Il a publié aufli dernièrement en Italien , deux Lettres que lui avoit écrites M. Jean-Jacques Ferber, Minéralogifte Suédois : l'une de ces Lettres contient la Géographie Phyfique de la route de Vienne à Venile par la Styrie ; & l’autre renferme quelques obfervations fur la Solfatarre de Pouzzol. M. Ferber étoit à Naples en 1771, pendant que vous étiez en Angleterre : il fut conduit à la Solfatarte par le Docteur Jofeph Vairo ; ils obfervèrent enfembie comment les fumées acides & ful- phureufes qu’excitent les feux fouterreins , ramolliffent les laves & les pierres- ponces, leur font fubir une efpèce de calcination, les blanchiffent & les convertiffent en terre argilleufe. Vous êres , Monfieur , le premier à qui l’on doit cette ébferva- tion intéreflante ; vous l'avez communiquée à la Société Royale dans votre Lettre du $ de Mars 1371, & par conféquent , près d’une année avant que M. Ferber vint à Naples. M. Arduino , qui m'avoit point lu votre Lettre, a fait à M. Ferber l'honneur de cette découverte , je me fis un devoir de le détromper ; mais la lettre de M. Ferber (2) étoit déja publiée. N. Ferber & M. Arduino ont bien fenti l'importance de cette obfervation ; elle confirme cette vérité que M. de Buffon avoit de- vinée, & que M. Beaumé a étayée enfuite par de belles expériences ; c'eft que l'argille n’eft autre chofe qu’un verre où une terre vitri- fiable , extrèmement divifée & liée avec une certaine quantité d’acide vitriolique. Ce n’eft pas que ces favans hommes ayent cru, ni que FN SRE RER ER 9 1 (1) Son frere, M. Pierre Arduino, culrive ; avec le mème fuccès, une autre branche bien importante de l'Hiftoire Naturelle ; il eft très-favane Botanifte, & Intendant dé la Société d'Agriculture de Padoue. C2) M. Ferber a depuis publié une feconde fois cette Obfervation dans fes fa- vantes Lettres à M. de Born, fur l'Hiftoire Naturelle-de l'Italie, Ces Lettres fonr écrites en Allemand , & imprimées à Prague en 1773, 33 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, je croye que ces fumées volcaniques foient l’unique caufe produétrice des argilles ; mais cette obfervation nous éclaire fur leur nature , & elle aggrandit nos vues , en nous donnant un nouvel exemple des formes différentes par lefquelles l’Auteur de la nature fait pafler faccefivement les corps, afin d’entrerenir toujours un jufte équilibre entre les parties de cet univers. Il me refte à vous parler , Monfieur , des volcans de l'Etat de Venife, & à vous rendre compte de mon paffage des Alpes par le Tyrol ; mais cette Lettre eft déja fi longue , qu'il vaudra inieux ré- ferver ces deux objets pour une autre. Ë J'envoie une copie de cette Lertre à M. le Duc de la Roche- foucauld ; vous le connoiffez , Monfieur, vous favez qu’il confacre comme vous, fes loifirs à l'étude, & qu’il aime en particulier celle de l’hiftoire naturelle; il m'a fait comme vous, l’honneur de me demander compre de quelques-unes de mes obfervations fur l'Italie. La découverte que vous m’annoncez , Monfieur , fur la formation de la lave blanche , eft certainement très curieufe : j'ai auf obfervé des veftiges d'infiltration & de travail des eaux dans plufeurs ma- tières volcaniques ; vous en verrez quelques preuves dans ma pro- chaine Lettre, & je vous parlerai auf comme vous le défirez, des colonnes de Bafalre, Je fuis, &c. S AQU EL 7 D ES" OBS L'RPEA TION Sur la nature & l’origine des Coquilles Foffiles ; Par M. l'Abbé DICQUEMARE (1) pi ceux qui ont vu, & qui étoient vraiment inftruits , ont reconnu que les coquilles qu’on trouve prefque par-tout dans l’inté- rieur de la terre, ont fervi de logement propre à des êtres vivans , à des animaux marins. Mais quoiqu'ils ayent expofé cette vérité (1) Voyez Obfervations fur les Coquilles fofliles, & particulièrement fur les Cornes d'Ammon , &c. Tome V, page 435, & fuivantes, SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3e dans un grand jour , on a ufé de mille détours pour l’afoiblir , enforre que par ces contradictions , loin d’éclaircir un point auf effentiel pour la phyfique , on plonge dans l'incertitude ceux qui ayant le delfein de s'inftruire, n'ont pas encore le coup-d'œil aflez ferme pour diftinguer les hommes fuperficiels & fans principes , dont la préfomption conduit la plume , d'avec ceux qu'accompagne toujours le double flambeau de l'expérience & de la raifon. Quoi de plus propre à difliper ces incertitudes, que d’expofer des faits d’au- tant plus aifés à vérifier , qu'ils font fans doute multipliés, & qu'ils préfentent fous mille afpeéts différens le même fond de vérité ? Peut- être, verra-t-on avec quelqu'’intérèt la defcription d'un affez beau nautillite tiré des falaifes des environs du Havre (1), que je con- ferve dans mon cabiner. Il a dans fa plus grande dimenfon neuf ouces & demi, & pèfe douze livres , indépendamment des muri- tré qui lui ont enlevé une partie de fon poids. Il eft de Ja grande efpèce concamérée & nacrée , dont on trouve l’analogue vi- vant dans la mer des Indes. Voyez la foure 3, pl. 1, des fubftances différentes ont rempli fa capacité , & forment au-dehots un affez bel effet. Le centre, & plus d’un tiers ABCDE de la volute qu'il forme , eit d'agare d’un œil brun, dont la partie extérieure vers À, moins tranfparente eft prefque noire, & reflemble un peu au caillou noir qu’on trouve en grandes mafles & par couches horifon- tales dans les falaifes, à l'Ouelt & au Sud du Gouvernement géné- ral du Havre , & dont la fubftance au fond paroïît la même que celle du filex, & peu différente de celle de l’agare. L'intérieur eft plus tranfparent , & offre des ftalagmites protubérancées , demi-globu- leufes où mamelonées , & des ftalaétires qui forment des efpèces de piliers ou colonnes irrégulières. Ces concrétions dues à une eau ftillante goutte à goutte, chargées de molécules lapidifiques , opérées par juxta-polition , comme tout ce qu'on trouve en ce genre dans les cavernes, les caves, goutieres, &c. n'ont pas mème de trou au centre. Elles ne rempliffent pas tout l’efpace où elles fe font accumulées. Le peu de couches ou de fil qu’on y remarque, femble indiquer que lors de la pétrificarion de l’agate , le nautille avoit fa partie A tournée en en-bas. Cette fubftance abondante qui s’infinue très - facile- ment dans celle des coquilles ; a peut-être abforbé , mème détruie TR + (1) La mer, les fources, les pluies, la gelée, le vent, &c. détachent de ces Falaifes des Mafles énormes ; en conféquence , le terrein diminue , & la mer augmente en étendue. La tradition, les Archives & l'infpeétion des lieux > dépo- fent en faveur de certe vérité , & les rerres d’Alluvion, qui naïflent ailleurs d'une partie de ces décombres, ne font pas affez confidérables, à beaucoup prés, Pour séparer la perte, Jo ORSFRFATIONS SUR LA PHYSIQUE, | quelques-unes des concamérations les plus intérienres, & dérangé en ce lieu, l'efpèce de fyphon qui traverfe les chambres, car on apperçoir la marque de côté. Il eft rempli de marières différentes , parmi lefquelles on remarque des particules métalliques ou pyriteu- fes jaunes. Les reftes de la coquille du nautille qui avoifinent ce fyphon déplacé , font agatifiées, mais d’une couleur plus rouffe que la mañle, Ce qui eft à remarquer dans ce naurillite , c'eft que la nacre de perle y offre encore de très-belies couleurs | & ne laifle aucun doute fur fon origine ; on y en voit une plaque E qui a environ cinq pouces de circonférence , & plufieurs autres morceaux , dont l'£tendue réunie feroit au moins aufli grande. Eu égard à fa tranf- parence ; & dans les parties les moins épaifles, certe agate paroïc blonde. Des oftracites ou efpèce d’huitres , dont l’analogne vivant'ne fe trouve pas dans nos partages 3 mais folliles fort abondans, fonc adhérens à l'extérieur vers À , affez pétrifiés on durcis pour réfifter aux acides, & fonc encore environnés de léoères couleurs dues à la nacre prefque détruite du nautille. Dans l’intérieur de cette par- tie d’agate qui forme un peu plus du tiers du coquillage entier , on apperçoit en B trois conçamérations mutilées , remplies d’une ierre tendre femée intérieurement de fable fin noir, teinte ou ta- chée à l'extérieur par une matière ferrugineufe, avec quelques parti- cules brillantes, comme du tale. La coquille qui partageoit ces cham- bres, eft agarifiée prefque par-tour. Toute cette portion À BCDE du nautillite eft entiérement féparée de la plus grande FGHI, par une fracture complette de l'agate même felon la direction CD, c’eft-à-dire , que dans le milieu de celle-ci, au deffous de C, il fe trouve encore de l'agate prorubérancée , & qui s'étend en lames dans les places qu'occupoient les cloïfons qui formoient les plus randes chambres; ou plutôt, c’eft la coquille même qui a. éié aga- tifiée, car on remarque encore en plufeurs endroits, HI, les belles couleurs de la nacre. La féparation des deux portions du nautillite ne s'eft pas feulement faite par la fraéture de lagate ; mais par la cloifon d’une des moyennes concamérations en D , juftement où fe termine l’agate vers l'extérieur. Cette féparation offre deux furfaces bien différentes, dont je ne donne pas la figure pour ne point trop multiplier les gravures. Du côté de l’agare ou de la portion A B CDEÉ, la première que j'ai décrite, cette furface eft concave ; on y voit la marque bien placée & très-diftinéte du fyphon rempli prefque à fleur, de matière pierreufe, & les couleurs de la nacre. Quant à l’autre , celle de la portion FHIG , elle eft convexe. Le même fyphon y eft relevé en forme de bouton. Des reftes alrérés de la coquille font encore adhérens à la pierre qui s’eft moulée é gars la concamération. Cette pierre eft femblable en tout à celle que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 41 que nous avons obfervée plus haut. Il paroït par des fragmens qu’une des dernières ou plus grandes chambres, a été détachée & perdue après la pétrification , ou s’il y en a deux fouftraires , l'avant dernière aura été affaiflce ; on apperçoit encore deux morceaux de nacre HT, qui en formoient le deflus, & fon fond eft revêtu d’agate blonde, chagrinée ou légèrement mamelonnée. On y remarque aufli en pierre, le fyphon I environné de protubérances d’agathe recouverte de nacre. Quant à la dernière concamération, il n’en exifte qu'une portion à l'origine, entre E & H, dont le deffus eft d’agate, & le deflous de nacre. On conclura fans doute que cette pétrification , comme beaucoup d’autres , s’eft opérée dans la coquille d’un naurtille renfermée depuis long-tems dans ces falaifes, laquelle avoit auparavant fervi de loge- ment propre à un être vivant ; donc on connoiît encore l’analogue dans l'Océan Indien, puifqu’on apperçoit des reftes non équivoques de l’état primitif qui dévoilent fon origine & fon ufage , & qu'on reconnoît dans toute la pécrification, l'ouvrage ordinaire de la nature , quoique fortuit à certains égards. Si l’on jette un coup d'œil fur ce que j'ai dit, à l’endroit cité , on étendra cette conclufion à tous les coquillages fofiles. Je pourrois, fi cela éroit néceffaire, enchérir fur ce que j'ai dit des cornes d’Ammon (1); de grands morceaux, des fragmens précieux que je conferve , & un nombre confidérable d’autres que j'ai brifés pour l’inftruétion, fourniroient de nouvelles reuves : mais elles fe préfentent fans doute ailleurs : Par-tout , une infinité d’autres ont été apperçues par ceux auxquels il appartien- - droit de fixer l'opinion; fi la nature ne s’offroit pas à nos regards, & ne nous montroit elle-même la vérité. J'aurai occafion quelque jour de parler des os & autres corps pétrifiés, ferrugineux , remplis de pyrites, &c. qu'on trouve dans ces falaifes, & qui ne doivent pas plus que les coquilles , leur origine à des jeux de la nature , à une végétation fpontanée , &c. &c , caufes obfcures que l'ignorance , ou la mauvaife foi peuvent feules nous préfenter. (1) Une corne d'Ammon en coquille & concamérée d'environ un demi-pouce de diamètre, qui nous vient des Moluques, & qu'on nomme à Amboine, Tay- Manufamal, n’eft pas rare; j'en conferve une, Rumphyus en a donné la figure: les Hollandois la nomment Poft-hoorentje. Lo Tome VII, Part. I. 1776. F : LA » OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Re = 2 eo simeit eu |" "| | || DE PEN ENTE De M. FÉL1x FONTANA, Phyficien de S. À. S. le Grand- Duc de Tofcane, & Dürefleur du Cabine Royal de Florence, à un.de fes Amis, fur l'ERGOT & L TREMELLA. PS sous vous voulez, à quel prix que ce foit , que je vous faffe part de mes occupations préfentes , que vous nommez recher- ches importantes &-uriles ; je fuis prèc à vous obéir ; mais je cef- ferai peut-être de vous plaire , da moment que vous verrez une lettre, dont la longueur eft capable de rebuter l'homme le plus déterminé à lire. \ Vous ävez que dans mes recherches phyfiques, fur le venin de la vipère , imprimées à Lucques, en 1767 ;, j'ai dit un mot, en paffaut , fur ces petites anguilles fi renommées , qui reviennent de la mort à la vie, au feul contaét d’une goutte d’eau. Ces petites anguilles ou petits ferpens ( puifqu’ils parolfent tels à ceux qui les obfervent } fe trouvent dans une maladie du grain, que quelques François ont nommé Ærgor , & que nous pourrions nommer grain cornu où éperon ; mais cette maladie n'eft pourtant pas confondue avec une autre du grain, que Gafpard Bauhin nomme /ecale luxurians , À caufe du volume plus grand, que les petits grains du feigle acquier- rent dans cette maladie. J'obfervois, dans cet Ouvrage, que dans le grain cornu , ces petites anguines , quoique arides & defféchées , reprenoïent le mouvement & la vie, fi elles étoient humedtées par l’eau , fuivant mes expé- riences réitérées. Ce phénomène rare, nouveau & furprenant , a été vu pour la première fois par l’exact Obfervateur Anglois, M. Néedham, & peu de temps après, il a éré confondu par lui avec les molécules organiques du célèbre M. de Buffon. Ce favant Anglois, tout rem- pli de ces molécules mobiles, qu’il ne reconnoît pas pour de vrais animaux , a cru que ces petites anguilles étoient de la même nature, mais qui étant unies & liées enfemble, fuivant certaines loix, elles pouvolent former des végétaux & de vrais animaux. M. Aymen, dans fon excellente differtation fur les maladies du grain, nie que ces petites anguilles foient de vrais animaux , & plus que tout autre, le célèbre M. Bonnet, de Génève , dans fa Contemplation de la Nature, leur refufe toute efpèce d’animalité ; il les croir mème des fübitan- es feulement végétales , fans mouvement ni fentiment. L'opinion SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 43 de ces hommes célèbres-m’a obligé de faire une longue fuite d ob- fervations raifonnées , pour poor avec certitude la vraie nature de ces petits ferpents. Le réfulrar de mes recherches a été imprimé à Lucques, en 1769, dans une longue differtation où je démon- trois que les filets du grain cornu, font de vrais animaux, qui meu- rent & reviennent à l4 vie par la feule action de l’eau. Dans cer Ouvrage j'obfervois que ces petits ferpens éroient quel- quefois fi defféchés , leurs fquelettes fi fragiles , que le choc imprévu même de l’eau fuffifoit pour les rompre, & les réduire en petites parcelles ; & qu’étant touchés même légèrement avec un éguille, ou avec la pointe d’un cheveu , ils fe réduifoient en poudre comme une farine très-fine. Dans cet état, vous voyez bien que ces animaux n’étoient aflu- rémenrt, pas vivants ; un peu d’eau cependant fufhfoit pour les faire revivre en quelques minutes ; leur vie & leur moit font au pou- voir de l’'Obfervateur Philofophe. Je n’ai fait part de cette differtation qu’à un petit nombre d'amis, parce que dans un grand nombre d’expériences & d'obfervations , je n'avois jamais pu appercevoir dans ces animaux , aucun fexe ou difé- rence de parties, quoique beaucoup groflies au microfcope , ni obfer- ver aucun changement dans leur taille ; quoique j'aie eu foin de les conferver vivans dans l’eau plufeurs mois , & même plufieurs années. Je ne m'arrète point aux préjugés des écoles & des âges, lorf- qu'il s'agir des faits de la Nature; car je fais qu'une chofe peut être vraie , quoiqu'elle ne foit pas entendue , quoiqu’elle foit -contraire aux opinions les plus accréditées parmi les hommes, même philofophes ; mais enfin dans ce cas , ce n’eft pas feulemenr une chofe obfcure & merveilleufe ; un animal qui meurt, & re- naît ; mais l’origine de cet animal eft encore plus obfcure. On ne fait qui l’a porté , quels font fes parens , pourquoi on le trouve dans ces petits grains. Ces confidérations m'ont déterminé à une lon- gue fuire d’expériences, & d’obfervations très-pénibles. Je vous ennuierois trop , fi je vous difois tout ce que j'ai obfervé au fujet de ces petites anguilles , & de quelle façon je fuis parvenu à imaginer une fuite complette d'expériences, qui puffent me con- duire à la découverte de nouvelles vérités |, & à m'ôter tous les doutes qui me reftoient encore. Qu'il vous fufhfe, en attendant, d’en favoir les derniers réfultars. L'hiver paffé, je femai dans mon jardin une quantité du plus beau bled , & du plus beau feigle que je puffe avoir. La terre étoit tant foit peu humide , & j'y fis de petits trous coniques, profonds d'environ deux pouces. Dans ces trous, je mis un feul grain de fro- F2 44 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ment ou de feigle , & fur ce grain, je laiffäi tomber quelques grains d’ergot ; je couvris le trou légèrement Peu loin de celui ci, jen femai d’un autre femblable au premier, mais que javois auparavant arrofé avec de l’eau, dans laquelle j'avois jetté une grande quantité de cette poudre noire & puante, que l’on appelle en Tofcane la Wolpe, & nommée par M. Duhamel la Nielle. Sur ce grain, dans les mêmes trous, je fis tomber des petits grains d'ergot. L Dans le milieu de ces deux femences d'environ deux aunes quar- rées de terre , je femai du bled arrofé feulement d’eau niellée. Ces dernières plantes étant pouffées en épis , je trouvai que la plus grande partie étoit niellée , & que les épis fains éroient en très- petit nombre. Les épis de la première femence éroient prefque tous infectés d’ergot. Le plus grand nombre de ceux de la deuxième, avoit les deux maladies de lergot, & de la nielle ; car dans les mèmes balles, il avoir de petits grains d’ergot , & à côté d'eux, d’autres grains malades , lefquels étant ouverts, fe rrouvoient remplis de poudre noire de nielle, & de petites anguilles géréranres ; ce qui fera expli- qué plus amplement dans la fuite. L'ergoc eft donc une maladie contagieufe , comme la nielle; & cette vérité pourroir être d'une très-grande conféquence , car l’on pourroit aifément infecter Le bled d'un pays entier , & y caufer peut-être mème des maladies, parmi les hommes , fi ce qu’on a écrit de l’ergot eft vrai, & s’il eft aufli infecté que le véritable ergot de Bauhin. L'on a généralement cru , jufqu’à préfent, que ce faux ergot éroit le grain dégénéré par maladie ; mais je fuis d’un avis tout-à-fait différent. J'ai obfervé que dans les mêmes balles , où l’on ne trouve, Jorfque les épis font fains, qu'un feul grain, jamais deux ,.ou plu- fieurs ; mais en fait d’ergot, on en trouve deux , trois, mème plus,, les uns à côté des autres, & dans les balles qui contiennent l’ergot ;, on ne trouve jamais le grain formé par le germe. On trouve bien fouvent dans les mêmes balles, & le germe, & les étamines , & les anchères , & de petits grains d’ergot en même-temps. Si le germe & l’ergor fubfiftent à la fois, & dans les mêmes balles; fi l'ergot n'eft pas roujours compofé d’un feul grain, mais de plufieurs; l'ergot n'elt donc pas le vrai grain, le grain formé par le germe, non plus qu’un germe dégénéré , comme eft la nielle. Je me flatte, en peu de remps , de mettre dans fon vrai jour cette vérité inconnue jufqu’à préfent, parmi les Natura- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. #s liftes; & le règne animal fera enrichi d’une nouvelle galle ou coque, faite par un perit animal microfcopique invifible, La mulriplication du germe dans la même balle, eft encore plus farprenante. On fait que le germe du grain eft toujours feul dans la balle , & qu’il n’y en a jamais deux ou plufieurs , même par aucune maladie connue jufqu’à préfenr. Où il y a la petite galle où tumeur du grain cornu , très-fouvent on trouve le germe double , triple , & quelquefois multiplié jufqu'à dix germes , & bien dif- tinéts tous , quoique affemblés , fans que cette multiplication rende moins certaine l’autre obfervarion, que l’ergot eft une vraie coque ; car j'ai bien fouvent trouvé le germe feul non mulriplié, & .en même-temps le grain d’ergot, tantôt feul, tantôt accompagné d’au- tres; & j'ai trouvé l’ergot même hors des balles qui renferment le germe , & c'eft une obfervation fans réplique. Après avoir examiné la multiplication de ces germes , on peut dire en toute aflurance, que la pluralité des grains d’ergot dans les mêmes balles , ne vient fürement pas des germes multipliés. Le petit grain d’ergot eft tout feul, & féparé du germe. Les germes mulupliés forment parmi eux un feul corps, ils font tous attachés à un feu pied , & fur la mème bafe , & quelquefois on trouve dans les mêmes balles le grain d’ergot , & le germe non multiplié, non divifé, mais feul & entier. Si cerre mulriplication des germes ne fert point à former les coques du grain cornu , elle fert à multiplier les grains de nielle attaqués de la maladie de l’ergot, ou ergotés ; & c’eft une obferva- tion neuve, unique , & fans exemple. On trouve très - fouvent dans les mêmes balles deux ou trois grains de nielle , qui ont à leur fommité leurs piftilles. On fair que la nielle eft le germe dégé- néré, non fécond, & comme le germe eft feul , le grain de nielle left toujours de même, dans les mêmes balles. Dans les épis & dans les balles , où règnent les deux maladies unies d’ergor & de selle, on trouve les grains de nielle anultipliés , foit qu'ils foient à côté des grains d’ergot, foic qu'ils foient feuls. Un grain niellé doit ètre regardé comme atteint de la maladie de l’ergcot , lorfque dans fa fubftance interne , qui eft route formée de perirs globules noirs, on trouve les perites anguilles générantes , defquelles on parlera bientôr. Nous avons vu jufqu’à préfent que le faux ergot eft une maladie du bled & du feigle; qu’elle eft contagieufe ; que nous pouvons la communiquer fi nous voulons, aux grains fains du bled & du feigle , que l’ergot n’eft point le germe dégénéré , mais une coque ou tumeur de la plante; que là où il y a l’ergot , le germe fe multiplie ; que lon peut donner aux grains les deux maladies, 46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, enfemble d’ergot & de nielle ; que dans les grains de nielle infectés d'ergot , il y a de petits animaux, comme dans l’ergot; & enfin: que dans les mêmes balles, on trouve plufieurs grains de nielle; quoique toutes ces vérités puiflent vous fembler neuves, & des paradoxes , elles ne font pas moins vraies, & ce n’eft rien , en com- paraifon de ce que vous allez entendre. Pourvu que le fair foit vrai , peu importe que le rerour d’un animal de la mort à la vie, blefle les idées de ceux qui penfent mème le plus hardimenr. Que les philofophes nient la pofibilité d’un phénomène femblable; tout cela ne prouve autre chofe , finon que les philofophes eux-mêmes ont des erreurs de fyftème, qu’ils ne font pas à l'abri des préjugés vulgaires , ni exempts des erreurs de l’école. Voici mes obfervations qui font fans réplique. J'ai examiné nombre de fois dans l’épi verd, les petites coques ou tumeurs. Ces coques étoienr vertes, tendres, très-petites : je les ai examinées dans tous les états de maturité , & j'y ai toujours obfervé une telle conftance de faits, qu’ils forment la démonfration la plus complete, de la vraie nature animale de ces petites anguilles. Si on ouvre les coques vertes , tendres & pas müres , avec des aiguilles courbes & tranchantes ; que l’on n'offenfe point la cavité interne , & que l’on y laiffe tomber quelques gouttes d’eau , on y voit des ferpens gros , vivans, mouvans , & remplis de vrais œufs, & de petites anguilles. Ces ferpens font des colofles en comparaifon des anguilles, que l’on trouve dans le même grain plus adulte & plus mur, & dans le grain cornu ordinaire, fec & noir : ces ferpens font les véritables mères des anguilles microfcopiques ; fi renommées de l’ergot ; & en les obfervant bien, on parvient jufqu’à les voir jetter les petits œufs par une partie bien vilible, pas équi- voque ,; qui en caractérife le fexe parfaitement. Les œufs étant pondus , il eft aifé de voir à travers la petite peau qui les enveloppe , la petite anguille repliée en plufieurs nœuds, & mouvante; & les obfervant comme l'on doit, on voit enfin les petites peaux fe déchirer , les petits ferpens vivans en fortir, & nageans dans l’eau. Outre les mères , il y a d’autres ferpens vivans, jamais pleins, qui font d’un tiers plus gros que les anguilles mères. C'eft avec raifon qu’on les croit mâles générants , d'autant plus qu'ils ont un gros corps conique , mobile à la partie inférieure du corps , qui les fait juger tels. Dans les grains même attaqués des deux maladies d’ergor & de nielle, il y a les mâles & les femelles, qui pondent les œufs d’où fortent,les anguilles , de la même ma- nière qu'on vient de le dire. IL eft donc certain que les petites anguilles de l’ergot font de ES: 7 di SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 47 vrais animaux, & qu’il exifte dans la nature un animal qui peuc mourir plufieurs fois , & revivre de nouveau. Cela a l'air d’un para- doxe, mais c’eft une vérité : le paradoxe eft enfanté par nos erreurs, 14. vérité eft un effet de la nature. Je veux vous faire part d’une autre particularité qui vous paroi- tra neuve, & peut-être un autre paradoxe , comme tout ce que j'ai écrit fur l’ergor. M. A beton ; célèbre Botanifte, & Naturalifte , avoit trouvé par hafard un mouvement fingulier dans une plante aquatique , nommée par les Botaniftes , Trémella (1). Les mouvemens de cette plante font ainli expliqués par M. Adanfon , dans une difertation que l’ôn trouve dans le volume de l’Académie Royale des Sciences de Paris, publié en 1767 : -voici fes termes, p. 567. » Les filets du Trémella ont un mouvement fpontané, latéral , » par lequel ils fe rapprochent & s’écarrent fucceflivement les uns » des autres, tantôt à droite , tantôt à gauche ; ce mouvement » qui n'eft bien fenfble que dans les filets du bord du tiflu, ne » s'exerce pas dans tous les filets en mêème-remps, ni de la même » manière ; il y en a qui paroiffent fe raccourcir, c’eft à-dire , recu- » ler en arrière , fans aucune contrattion fenfible |, & s’entrela- » cer pour ferrer le tiffu ; mais le plus grand nombre paroït s’avan- » cer...:.. & tous ces divers mouvemens que fe donnent ces filets, » fe compenfent les uns les autres, de forte qu'ils ne changent pas » fenfiblement de place «. De femblables mouvemens , & fi obfcurs, n’ont pas fufi à cet illuftre François pour déclarer cette plante un vrai animal , c’eft-à- dire, pour la croire douée de fentiment , puifqu’à la page 571 du même Mémoire, il dit ouvertement : » Que fa ftruéture , fa fubf- » tance , fon défaut de fenfibilité , & autres qualités qui le différen- » cient des animaux, le placent néceffairement dans la clafle des vé- » gétaux «, Les obfervations que j'ai faites ces mois paffés , vont plus avant, & ne croyez pas que je cherche par-rout le merveilleux , car ce n’eft pas moi qui l’y mets; je ne fais que le découvrir. Le Trémella que les Botaniftes reconnoiffent pour une vraie plante , eft à mon avis, en même-temps animal & plante; c’eft-à-dire, un ètre doué de fentiment , & c’eft précifément au moyen de cette fenfbilité qu’il fe remue , & s’agite perpétuellement , fans relâche. Voici les mou- (1) C'eft la même que Dillen a nommé , Conferva gelatinofa omnium tener- rima © minima aquarum limo innafcens, Dill, Hift. Mufcor. p. 15, fans figure, 48 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vemens que jy ai découverts , inconnus jufqu’à préfent à l'Obfet- vareur François. De temps en temps on voit que les filets du Trémella ont un mouvement de tortillement, par lequel un filer en approchant d'un autre, s’y tortille tout-au-tour , comme une fpirale autour d’un cylin- dre, ou pour mieux dire les deux filets s’entrelacent entr’eux, fans perdre la ligne droite , autant qu'il leur eft poflible dans cet état. Ils femblent avoir un autre mouvement, c’eft-à-dire , de branle- ment de tère & de queue , & ce mouvement s’apperçoit dans les deux extrémités de chaque filet oppofé ; extrémités que l’on voit plus pointues & plas déliées. Ils remuent ces extrémités avec des mouvemens réguliers par tous les côtés, & en tout fens, comme les ferpens remuent leurs têtes & leurs queues. Quand une de ces deux extrémités eft obtufe, ce que l’on voit fouvent, on n'apperçoit plus dans celle-ci ces mouvemens fi bizarres, qui reffemblenc tant à ceux d’un animal vivant. Les filets du Trémella ont un troifième mouvement de prosreflion d’un lieu à un autre , que l'Obfervateur François a tort de nier (1): les filets paflent d’un lieu à un autre, tantôt feuls & ifolés, tanrôr deux à deux, ou plufieurs enfemble , & alors ils fe remuent l’un d’un côté, l'autre d’un autre , avec des direétionsoppofées & des vélo- cités différentes. Ces filets remuent encore , quoique coupés par morceaux , maïs avec de moindres mouvemens, hors les morceaux de l'extrémité pointue , qui ont des mouvemens auf vifs, que lorfque les mor- ceaux afflemblés ne formoient qu’un feul filet ; fouvent les morceaux détachés de leur pied , ou accidentellement , ou naturellement , s'écartent d'eux-mêmes, & fe plantent par la partie détachée , ou {ur un morceau de verre , ou fur quelqu’autre corps, & reftent droits ou nageans dans l’eau , ayant la tête ou la partie plus pointue élevée. Dans cer état, la tête continue à fe remuer & plier, comme elle faifoit auparavant ; & le refte du filet légèrement agité, fait plufieurs angles fur fa bafe. oo (1) M. Adanfon n'a point nié un mouvement progrefif. 1] l'a fi bien reconnu , qu'il l'a calculé & déterminé; puifqu'il dir que ce mouvement eft d'une ligne en une minute, fous l'objsétif du N°. 10 du Microfcope du fieur George, qui groffit quatre cent fois le diamètre de l'objet, & par conféquent , que ce mouvement eft d'un quatre centième de ligne par minute. Il eft vrai qu'il ajoute que ces mouvemens font rellement compenfés les uns les autres, que le tout ne change pas fenfiblement de place, C'eft SR ETS ON AMURE LE ESE TNLES ÆRTES." 45 C'eft une obfervation prefque générale , ou le plus fouvent au-moins l'on obferve que les filets du Trémella , lorfque leur texture , où quelqu’autre accident ne s’y oppofe pas, ont une partie, c’eft-à- dire, la pointe, plus élevée & nageante dans l’eau. On voit, quoiqu'avec beaucoup de peine , un mouvement pro- greflif & de tortillement dans les filets qui s’entrelacent avec la plante même. Quand il n’y a qu'un filet feul , ou quelques filets affemblés; on les voir remuer par la tête, ou partie pointue, comme on voit re- muer les petits animaux microfcopiques. S'il eft feul , on le voit fe plier en plufeurs endroits du corps, & faire plufeurs angles cuc- _vilignes généralement allez petits , mais avec des directions diffé- rentes dans le même-temps comme les vers. On en voit qui paflent de la ligne droire par tous les angles , fe replianc au milieu & aux extrémités , au point d’être quelquefois paralièles entr'eux, & fe toucher ; d’aurres fe plient de façon à former des cercles ; le plus fouvenc des ovales, & par l'extrémité, s'entrecoupent de nouveau à pluleurs angles, & forment des lignes courbes à plufieurs inflexions, Bien (ouvent l’on obferve, que quand les extrémités des filers du Trémella fonc refferrées par d’autres filets, & qu'une partie d’un filet fort du tifu de la plante, alors il s'élève fur l'eau, & en fe cour- bant prefqu’en anneau , on le voir remuer & s’agirer de la même manière que les ferpens font en pareille circonftance. On en voit quelques-uns fe plier au milieu du corps; former un ovale affez long; s'attacher avec l'extrémité, & fur cetre extré- mité fe replier, & enfin fe remettre comme ils étoient aupara- vant, en reprenant leur longueur ordinaire. Ces filets le plus fouvent fe multiplient par leurs extrémités op- pofées , dont une partie fe détachant , bientôt croît , devient adulte, & capable d’engendrer d’autres filets, = Le premier filet générateur refte alors avec la partie obrufe , fans les mouvemens ordinaires & propres à certe extrémité, jufqu’au tems où il végère de nouveau, & devient plante ; cetre végéra- tion arrive conftamment. M. Adanfon dir, que les filets du Trémella font articulés & divifés par des diaphragmes , ou marqués par des lignes circulaires : la vérité eft pourtant , que ces filets reffemblent à des étuis remplis de petits corps oviformes , & fitués à des diftances égales entr’eux. Si on laiffe fécher le Trémella, ou un, ou plufeurs de fes filets, & qu'on le jactte de nouveau dans l’eau, quelque rems après il re- Tome VII, Part. I, 1776. so OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, prendra les mêmes mouvemens qu’il avoit auparavant ; on voit cha- que filet s’agiter & fe remuer fans relâche. Si je ne vous connoiflois pas pour un homme qui penfe , & fi je ne favois combien vous ajoutez peu de foi aux opinions les plus reçues & aux préjugés dont le Philofophe même ne fait pas toujours fe garantir , je m'en tiendrois aux faits, qui pourtant parlent d’eux- mêmes : un moment de réflexion vous fufira pour connoître que les mouvemens des filets du Trémella appartiennent à la plante ; qu'ils ne font sûrement pas externes, ou dépendans de l’eau, de l'air, ou de tout autre corps extérieur qui les heurte & les remue. L'eau agitée après un tems très-court, ne remue plus : l'air , niaucune action externe ne donne ce mouvement; les filets font rout-à-fait plongés dans l’eau; ils fe remuent tous , en tous fens, en tous les rems; féparés, ou unis , avec des directions oppofées , & par des voies dif- férentes en même-tems : on obferve leur mouvement, même dansle tems que d’autres corps plus petits, plus légersqu’eux, plus à fleur d’eau , reftent dans le plus grand repos, dans la même eau ; que de plus, ces filets fe remuent d’un cêté tout-à-fait oppofé au mouve- ment de l’eau lorfqu’on l’agite. Tout cela démontre évidemment que ce ne font point les mou- vemens externes de la part de l’air ou de l’eau , qui font remuer le Trémella : il ne peut pas non plus fe remuer par un mécanifme interne , ou par une ftruéture que nous imaginerions dans les filets mêmes : une femblable hypothèfe n’eft qu'une pure fiction , fille du préjugé & de l'erreur ; & on ne voit ce mécanifme dans aucun des corps organiques infinis que nous connoiffons. C’eft une chofe contraire à routes les obfervations connues, qu’un mouvement continuel qui ne diminue jamais, qui jamais ne fe détruir, comme on le voit dans le Tré- mella, qui remue toujours pendant des mois & des annéesenrières, tant qu'il eft en vie & qu’il végère : rour mouvement qui naît dans les corps, doit bientôt ceffer : la réfiftance des milieux laffoiblir à chaque inf- tant, le diminue, & le détruit enfin : un mouvement perpétuel eft un être imaginaire , & il répugne à toutes les loix connues de la nature. Les filers du Trémella ne remuent donc que parce qu'ils fentent de la même manière que les animaux doués de forces actives & de fentiment ; ils continuent à être en action tant qu'ils continuent à fentir, & qu'il ya dans le corps des organes capables d’obéir au fenriment. Les filets de cette plante font donc de vrais animaux, & en même-tems de vraies petites plantes microfcopi- ues, ft la Botanique ne nous trompe pas. C'eft en vain qu’on objecteroit que le Trémella n’eft point un SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. s1 animal, parce qu'après avoir été féché, il reprend fes mouvemens, puifqu'on fair qu'il y a des animaux qui font de même ; & après mes obfervations vous ne pouvez plus en douter. D'ailleurs, le Trémella n’eft point une plante fimple, mais un amas de plufeurs petites plantes , ou de filamens végétaux, dont l’afemblage forme cet être ou tiflu de couleur verte , que les Bo- taniftes nomiment Trémella, En l'examinant bien, on ne peur refufer aux filets qui le compofent , le fentiment ; & il y auroit moins d'abfurdire à le croire formé par de fimples animaux , que par des fils feulement végétaux , fans aucun principe de fentiment. Cette plante animale forme le véritable anneau d'union entre les deux Règnes , l'animal & le végétal, que les Philofophes ont toujours fi vainement recherché. Elle eft le dernier anneäu ou union de la grande chaîne des corps animaux , & le premier de celle des végéraux. Un animal qui meurt & revient à la vie, ouvre un monde nouveau de vérités inconnues aux Philofophes qui pen- fent ; ce font elles feules qui détruifent les travaux ou les rèves d’un nombre infini d’Écrivains , qui nous ont donné des Bibliothè- ques entières de Romans , croyant nous offrir des principes fûrs & profonds. Voilà comme deux points de matière que l’on a de la peine à voir au microfcope , fufhifent entre les mains de l’Obfervateur pour détruire les fyftèmes les plus -fubrils & les mieux travaillés : il n’y a que l’obfervation dirigée par l’efpric d’analyfe, qui foit capable de nous conduire à des vérités neuves, & c’eft à celles - ci que le Philofophe doit s’arrèrer. Je ne veux pas vous cacher une autre recherche à laquelle je me fuis livré il y a plufieurs années , & dont j'ai fait part à quelques-uns demes amis; c'eft que les petites anguilles du vinaigre ne font point ovipares, & ne naillent pas des œufs dépofés dans ce fluide par de petits 11- fectes volans , comme beaucoup d'Obfervateurs l’ont prétendu , même dans ces derniers rems; mais elles font vivipares. J'ai de plus obfervé les petites anguilles remuer jufques dans le ventre de leur mere, bien du tems avant qu’elles fuflent au jour. Je fuis dans l'intention de faire imprimer toutes ces obfervarions, & pour plus de clarté, d’y joindre des gravures, dont j'ai déja 16 planches; elles mettront prefque fous les yeux tout ce que j'ai obfervé avec beaucoup de peine & de travail. Je me flatre , en attendant , que vous n’héfiterez point à me croire fincère dans mes Obfervations , quoiqu’elles puiflent vous paroître fingulières , nouvelles & extraordinaires. Depuis plufieurs mois, j'en ai rendu témoins , à Florence , tous ceux qui viennent chez moi : plufieurs Profeffeurs Tofcans, plufeurs Savans étrangers & beau- (GE 2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, coup de perfonnes de diftinétion , ont eu la curiofité d’obferver elles- mèmes tous ces faits avec la plus fcrupuleufe attention. Enfin, ces Obfervations ont été honorées de la préfence d’un Prince Souverain (le grand Duc de Tofcane) que le Ciel a choifi pour faire renaître dans fes Etats le goûr de l'étude des Sciences qu’on y a cultivées dans le fiècle pallé avec tant de gloire & de fuccès. A Florence , le 10 Mai 1771. on EXPLICATION de deux Figures de la Planche première. Fic. 1, Epi de Seigle ergoté. Ficure Il. À, lame ou plaque de Trémella, femblable à une glaire d’un vertmobfcur, appliquée fur le limon au fond des eaux des ornières & des foffés. 1,1, Filers du Trémella , à peu-près dans leur grandeur naturelle, & raffemblés en faifceaux pour faire voir les diverfes inclinai- fons avec lefquelles ils fe croifent, & forment un uflu fembla- ble à un feutre compofé de fils qui fe croifent. D , un de ces filets grofli de quatre cens fois environ , dans le= quel on voit les articulations ou anneaux dont il eft formé. Trois petits filets dans leur longueur naturelle de 3 lignes, mais un peu groflis pour les rendre fenGbles à la vue , leur diamètre n'étant naturellement que de ,5- de ligne. G, P, portions d’un filer groffi qui s’eft divifé naturellement pour fe multiplier & propager fon efpèce. SP SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ;; 2 MOT OM NO "IA NE Sur la Diftillation des Eaux-de-Vie, avec le Charbon de Terre (x); Par M. RICARD, Néoociant de la Ville de Cerre. 1 Diftillation des Eaux-de-vie & des Efprits de Vin , faifant une des principales parties du Commerce du fieur Ricard , il ne tarda pas à s’appercevoir que la pénurie & la cherté du bois, dont cette Province eft fur le point de manquer , retardoit fes opérations & en abforboit fouvent tout le profit. i Pour y fuppléer , il imagina d’en faire venir des chargemens entiers, des Provinces éloignées & mème des Pays Etrangers ; mais les frais de cette importation produifirent une augmentation fi confidé- rable fur le prix du bois , qu'il fe vit expofé aux mêmes inconvé- niens, & qu'il éprouva des obftacles , plus préjudiciables encore que ceux qu'il vouloir évirer. Il lui reftoit une reflource , il la mit en ufage. Il étoit inftruie que, dans certains Pays , on diftilloir les Eaux-de-Vie | avec la houille , ou charbon de terre; il crut que cette méthode pour- roit Jui réuflir, & qu’elle lui procureroit les facilités & l’économie qu'il avoit en vue. Dans cetre idée, il en fit venir mille quintaux, des mines du Saint Efpric, & prépara fes fourneaux pour en faire l'épreuve : mais ce charbon fe trouva défectueux, & il fe vit contraint de le jetter. Cerre première perte ne le rebuta point 5 11 employa de la houille de meilleure qualité , mais elle ne lui donna pas tout le produit auquel il s’étoic attendu , & 1l attribua ce défaut de fuccès, au vice de la conftruétion de fes fourneaux. Pour fe mettre en état de les porter à un degré de perfection , mme (1) Ce Mémoire a été préfenté & approuvé par les Etats de la Province de Languedoc. L'Auteur, dont on ne fauroit trop encourager le zèle & les talens a une magnifique Brûlerie à Cette, compofée de 16 à 18 Alambics : un Fourneau [ufr pour deux Alambics. Les Eaux-de-vie qu'il tire au moyen de la houille ne le cèdent en/rien à celles qu'on retire par un feu de bois, Leur bonne qua= lité a été authentiquemenc conftatée dans cette Province, j 54 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui püt rendre fes opérations fruétueufes , il fe tranfporta lui-même au Pays où cette efpèce de fabrication eft en ufage. Il y prit rous les renfeignemens néceffaires , tant fur la forme du fourneau , que fur la manière de diftiller. De retour à Cette , il mit la main à l'œuvre, & fit conftruire des fourneaux pareils à ceux qu'il avoit vus; ils étoient encore défec- tueux. IL les perfeétionna, & ayant recommencé fes Diftillacions , l'avantage qu'il y trouva, furpaffa fon atrente. ai: Convaincu pat plufieurs expériences répétées , de l'utilité & du fuccès de {a nouvelle méthode , l'amour du bien public le porta à la faire connoître , & à inviter les autres Fabricans à fuivre fon exemple. 1 j M. l'Intendant de la Province (1) fit faire une expérience publi- que, dont il fur fait un procès - verbal circonftancié, On dreffa quatre alambics, dont deux furent deftinés à la diftil- Jation au bois, & les deux autres à la Diftillation avec la houille; on les chargea de la même quantité de vin. Un Diftillateur des plus expérimentés » prit le foin des deux où lon devoit employer le bois , qu'on choilit de la meilleure qualité poffible , pour conferver à cette ancienne manière de diftiller, tous les avanta- ges dont elle pouvoit être fufceptible ; les deux autres alambics furent fervis avec la houille ; & l’on employa le mème charbon, dont les Chaux-fourniers fonc ufage , qui eft de la feconde qualité des Mines d’Alais. La Diftillation finie, on fit la comparaifon des produits refpectifs tant pour la quantité, que pour la fpirituofité de la liqueur ; qui en étoit provenue. On compara également les quantités de bois & de charbon, qui avoient été employées ; on en fupputa le prix, & il en réfulta, que la Diftillation à la houille produifoit l’économie annoncée , indépendamment de la fupériorité de la liqueur. L'on a déja obfervé que la Province eft fur le point de manquer de bois de chauffage; É Forèts font ou détruites ou épuifées : elles ne peuvent plus fournir aux befoins du Public : le prix excefif où le bois eft monté, en annonce la difette, comme très-prochaine, & la confommation immenfe qu’en font les Diftillateurs , n’eft pas peu propre à l’accélérer. Cette confidération principale a déterminé les Etats de cette Province à faire publier un Mémoire inféré dans fon Recueil , fur l'avantage qu’il y auroit de fe fervir généralement de charbon de terre, en place du bois de chauffage. > —————————— (1) C'eft M. de Saint-Prieff, dont les lumières égalent la bienfaifance’, & qui ne perd aucune occafon de donner à cette Province des preuves dé fon zële pour le bien public, TS TE SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ss Les Fabriques de Cette confomment au moins quatre-vingt mille quintaux de bois par année. Il en faut, à peine , la même quantité pour des de tous fes Habitans. On peut juger , par cet exemple, de la reflource précieufe que l’on trouveroit dans la Diftillation au charbon. La concurrence des Eaux-de-Vie d'Efpagne, porte le plus grand préjudice à celles de la Province. Les nouvelles plantations qu’on a faites dans ce Royaume , y entretiennent cette liqueur à bas Prix , & quoiqu’elie foit inférieure à celle qu'on fabriqüe dans le Langue- doc , le meilleur marché ne lui fait , que trop fouvent , accorder la préférence. : el Il feroit queftion de trouvér un expédient ,-qui pût rapprocher les prix , fans diminuer celui denos Vins , &de concilier , par-là , les inté- rêts du Commerce avec ceux du Culrivateur ; cet expédient s'offre de lui-même, dans la nouvelle méthode du fieur Ricard. Il a réfulré de fon expérience, que pour fabriquer la même quan- tité d'Eau-de-Vie , il falloit , au moins, une double quantité de bois, qu'il ne falloit de houille; d'où il fuit , qu’en fe fervant du charbon de terre, on trouve une économie de 20 fous par quintal d'Eau-de-Vie. On pourra donc , au moyen de cette pratique, tenir les Eaux-de-vie à vingt-fous de moins , & dès-lors fe trouvant à meilleur compte que celles de Catalogne , & fupérieures en qualité, il n’eft pas douteux qu’elles ne foient préférées. Cette préférence fera d'autant plus précieufe , qu’elle ne portera point fur le prix de la denrée |, & qu’on n’en fera redevable qu’à l’économie des frais de la fabrication. L'économie qu'on annonce n’eft point illufoire ; elle fe trouve établie d’une manière inconteftable dans le procès-verbal dreffé par le Subdélégué de M. l’Intendant de la Province. Le ficur Ricard vient de faire une vente de quinze cens quintaux d’Eaux-de-Vie , à quinze fous au-deffous de leur valeur ordinaire. On peut ajouter à cet avantage , qu’au moyen de la houille, on économife le loyer des magafins fpacieux, dont les Fabriquans ont befoin pour loger leur bois , puifque la houille n'occupe qu'un très- petit efpace ; on économile encore les frais de main d'œuvre pour préparer le bois ; on court un moindre rifque des incendies S enfin , les Fabriquans, difpenfés d'employer un capital confidérable déftiné à l'achat de leur bois , pourroient fe pourvoir de charbon , en petite quantité, fucceflivement & à mefure de leur béfoin, aux entre. pôts généraux , que les Entrepreneurs des Mines, ne manqueroient pas d'établir dans différentes Villes & différens lieux de la Province. Pour inftruire les Fabriquans qui voudront imiter le fieur Ricard , il a fait faire en bois , un modèle portatif de fes nouveaux Four- 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, neaux (1). Il fournira mème tous les renfeignemens qu'on exigera de lui, fur fa manière de difüller, & fur l'emploi qu'il fait de la houille. ro PLAN du Fourneau propre à difliller les Eaux-de-Vie avec Le Charbon de Terre. Prancue Il, Fire. 1. Elévation du Fourneau. À, ouverture du Cendrier. Largeur, 9 pouces. Hauteur du fol à la grille, 10 pouces. La profondeur eft la même que la lon- gueur de la grille, B, porte du Foyer, de même largeur & hauteur que l’ouverture du Cendrier. La diftance entre le fond de la chaudière , qui répond aux points C,C,C,C,C, & la grille eft de 9 pouces. Fic. 2. Intérieur du Fourneau, dont on a Ôté la chaudière, vü en vue d’oifeau. D, D,D, grille. Sa largeur eft de 10 pouces, fur un pied 10 pouces de longueur. E,E,E,E, diamètre du Foyer, 2 pieds 10 pouces. La Chaudière ne doit avoir que 2 pieds 8 pouces de diamètre, dans fa plus grande circonférence, pour laiffer un vuide de 2 pouc. entre celle-ci & la maçonnerie. Ce vuide fe trouve couvert par les bords de la chaudière qui portent fur la maçonnerie. L’Auteur confeille de pratiquer à ces Fourneaux un tuyau de che- minée , qui doit commencer à la hauteur des anfes de la chau- dière , vis-à-vis la porte du foyer, & en forme de pyramide ren- verfée, ayant 3 pouces & den en quarré à fa naiflance, & 6 pouces dans le haut, qu'on conduira dans les cheminées qui fer vent aux Fourneaux ordinaires, ————————— (1) Cette Fabrication des Eaux-de-vie a été accueillie favorablement par les Etats de cette Province. Elle ne fauroit être trop généralement connue, puif- qu’elle affure un profit xéel aux Fabriquans, &c fournit des Eaux-de-vic excel- lentes, D'OUTES SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. s7 VD OP ATPPRETENERRE ES Sur la puiflance attribuée au Corps animal, de réfifter à des degrés de chaleur fupérieurs à fa température , OUR ENF LNENX I O N'S Sur les Expériences du Docteur ForDpycE, communiquées à la Socicté Royale de Londres, en Janvier 1774, par M. BLAGDEN. Par M CHANGEUxX. L:: Expériences dont il eft queftion , ont été faites devant plufieurs perfonnes dignes de foi: il s’agifloit, & d’obferver les effets de l’air échauffé à un degré de chaleur qu'on ne croyoit jufqu’à ce jour pouvoir être foutenu , & de donner la folution de ce problème: par quelle caufe le corps animal fupportet’il un degré de chaleur extrême- ment fupérieur à fa propre température ? Nous n'entrerons point dans le détail de ces expériences ; nous offrirons feulement leur réfultat : elles furent tentées dans des cham- bres bien clofes & échauffées artificiellement à différens degrés. Première Experience. Le Docteur Fordyce demeure pendant cinq minutes expofc à une chaleur de 90 degrés (divifion de Fahrenheit) , il y fue modérément. Il pafle à une chaleur de 110 degrés ; la fueur augmente , fa chemife devient fi humide, qu’il eft obligé de la quitter; l’eau coule comme un ruiffeau fur tout fon corps : il refte encore dix minutes, puis 1l paffe à une chaleur de 120 degrés: il la fupporte pendant vingt minutes : le thermomètre placé fous fa langue , dans fes mains , & plongé dans fon urine, étoit conftam- ment à 100 degrés; le pouls s’éleva jufqu'à donner 14$ battemens dans une minute; la circulation s’accrut, les veines groflirent beau- coup , la peau rougit , & s’enflamma; mais la refpiration fut peu affectée, Seconde Expérience. Le Docteur fubit une chaleur de 130 degrés; à-peu-près mêmes effets que dans la première Expérience : il fe fait apporter une bouteille pleine d’eau chaude , à 100 degrés (chaleur de fon corps), la furface de ce vafe devient très- humide , l’eau Tome VII, Part, I. 1776. H 55 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, coule de rous côtés de cette furface, jufqu’à ce que la chaleur de l’eau renfermée dans la bouteille, s'élève jufqu'à 122 , terme ap- prochant de la température de la chambre, Troifiéme Expérience. Une chaleur plus sèche , communiquée à une chambre par le moyen d’un poële , eft fupportée par quatre Savans qui accompagnent le Docteur, & quoiqu'elle foit de 150 degrés, ils y reftent plus de 20 minutes; après une heure de repos , ils s'expo- fent à une plus plus grande chaleur , & dans une troifième tenta- tive , la chaleur étoit à 198 deorés ; ils la fouffrent dix minutes; mais la préfence de cinq perfonnes procura une diminution très- fubite dans la température : on convient qu’il n’y aura qu’une d’elles, c'eft-à- dire le docteur Solander , qui s’expofera : le thermomètre monté à 210 degrés , le docteur Solander entre dans la chambre , y refte trois minutes, & pendant ce peu de tems , le thermomètre defcend à 196 degrés. - Dans ces dernières Expériences, M. Banks, un des cinq Obfer- vateurs , fut le feul qui fua abondamment. Confequences que tirent les Phyficiens Anglois fur Les Expériences précédentes. Ces Expériences, difent-ils, prouvent clairement que le corps animal a le pouvoir de détruire la chaleur , ce qu’il faut appeller, pour parler juftement, Ze pouvoir de détruire un certain degré de chaleur communiqué avec un certain degré de viseffe , c’eft-à-dire, que la même perfonne qui fupporteroit fans incommodité , un air échauffé à 21: degrés, ne pourroit fupporter le mercure à 120 degrés, & fuppor- teroit l’efprit-de-vin à 130, parce que le mercure échauffé à 120 degrés , fournit dans un tems donné , plus de chaleur à détruire 4 Le puiffance réfiflible du corps animal , que l'efprit-de-vin à 130 degrés, ou que l'air à 211. Les pièces de métal, difent les Obfervareurs , & même nos chaînes de montre , étoient fi chaudes, que nous pou=- vions à peine les toucher un inftant , tandis que l’air d’où ce métal tiroit fa chaleur; étoit feulement un peu incommode, mais d’ail= leurs très-fupportable. ROLE ET IE PM IEP OEMNAUNS Voilà en abrégé les Expériences du doéteur Fordyce. La confé- quence qu'il en tre peut-elle être reçue en bonne Phyfique ? 1°. Ce pouvoir attribué au corps, de dérruire la chaleur , cette puif= Jance ou force réfiflible ; donnent-ils des idées nettes à l’efprit, fonr- ils des caufes Phyfques , ou ne paroiffent-ils pas tenir un peu des SUR L'HIST.NATURELLE-.ET LES ARTS. (1$9 qualités occultes qui ont tant fait de tort à l’ancienne Philofophie? 2°. On fait que l'évaporarion d’un fluide quelconque , produit fur les corps, de la furface defquels ce fluide s'exhale , un degré de froid qui eft en raifon de la quantité & de la viteile de certe éva- poration ; ce principe , dont les favans Obfervateurs n'ont pas cru devoir faire ulage , ne pourroit-il pas être une des caufes Phyfiques du phénomène qu’ils ont obfervé ? 3°. Ne pourroit-on pas encore faire ufage d’un autre principe , c’eft-à-dire expliquer la puiffance réfiflible du corps animal par les effets de la refpiration, & par le jeu & le méchanifme du poulmon ? C’eft ce que nous allons rechercher brièvement. La puifence réfiflible , attribuée au corps animal, eft-elle une caufe phyfique 2 Je ne m'arrèterai point à prouver la négative de cette queftion, elle eft trop évidente: il eft certain que l'on a droit de demander à nos Obfervateurs , non-feulement la preuve de l’exiftence de cette puiffance dans les corps animés, mais peut-être encore la définition de ce mot , qui offre des ténèbres & une forte de myftères, quon a bannie depuis long-tems des Sciences naturelles. La tranfpiration ou l'évaporation d’un fluide fur la furface d'un corps animal , ne ont-elles pas une des caufès de [a réfiftance à la chaleur extérieure de l'air, pendant un tems donné? Par les obfervations contenues dans la première Expérience , le pouls eft augmenté , la circulation accrue, les veines groflies, &c. Mais , remarque le docteur Fordyce, la condenfation de la vapeur fur mon corps, éroit très-probablement la principale caufe de l'humidité de ma peau. La juftefle de cette remarque eft prouvée par l'exemple de la bouteille, rapporté dans la feconde Expérience ; donc il n'y à point d'évaporation , mais plutôt une condenfation conftante de va- eur ; le froid ou le moindre érat de chaleur du corps , ne peut donc être produit que par la feule puiffance du corps animal, ou par la force réfiflible. Certe objection ne regarde en aucune façon les effets de la tranf- piration, comme on le verra bientôt , la condenfation n’empèche point que l’évaporation caufée par la tranfpiration , ne produife du froid , & ne fafle réfifter le corps animal à une chaleur extrème : de plus, cette condenfation des vapeurs ne peut-elle pas être fuivie de raréfaction ? l'air échauffé agilfant fur la furface mouillée du corps, divife, exalte & enlève une partie des molécules aqueufes , tandis H 2 60 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, , S 1 2 U qu'une autre partie s'écoule en ruiffeaux, & va fe répandre fur le plancher. On fait ce qui arrive dans les grandes chaleurs de l'été aux perfonnes replètes, & à celles qui font des exercices violens : le froid qu'acquièrent leur chemife & leur peau, eft quelquefois très- fenfble , fans qu'ils changent d’air ; ce froid mème leur devient fanelte, auand il crifpe la peau, & arrère fubitement l’'émanation de la fueur. Je crois donc être en droit de dire, qu'il fe fait une évaporation des fluides condenfés fur la furface des corps, & que cette évapora- tion peut être caufe de la réfiftance du corps à la chaleur, pendant un tems donné ; mais j'abandonne cette caufe , fi elle femble trop foible , où même peu fondée; j'avoue que l'expérience de la bouteille ne paroît pas lui êrre très-favorable ; cependant , il ne faut pas com- parer un corps brut & inanimé, au corps animal & organifé. Le mouvement inteftin qui a lieu dans le corps des animaux & la force de la vie, en pouflant avec véhémence hors du corps, la matière de la tranfpiration, les particules perfpiratoires entraînent probablement un peu de l’humidité condenfée à la furface de la peau ; ainfi cette feule confidération peut faire regarder les vapeurs qui fe condenfent , comme une caufe du refroidiffement, ou plutôt de l’efpèce de ré= fiftance du corps animal à la chaleur extérieure. Quoiqu'il en foit, en nous bornant à l'effet de la tranfpiration, nous comprendrons , 1°. combien elle peur procurer de froid à la- nimai que l'ait tend à chaque inftant à échauffer : 2°. pourquoi le refroidiffement ne dure qu'un tems limité, en forte qu'après un tems donné , l'animal ne réfifteroic plus , 1l fuccomberoit & fe mettroit à la température de l'air ambiant. Pour évaluer la quantité de froid procurée par la tranfpiration, il faudroit combiner l’étendue de la peau de l'animal , avec la vitefle & l'abondance de cette tranfpiration. La raifon compofée qui réful- teroit du calcul de ces chofes, donneroit la quantité de froid dont je parle : ce calcul, difficile à faire d’une manière exaéte , ne nous fait pas moins entrevoir combien eft grande la fomme du refroidif- femenc occalionné à chaque inftant , & oppofé aufñli à chaque inftant à la grande chaleur de l'air : quiconque fupputera feulement la fu- perficie de la peau, ne pourra douter que l’etfer d’unrefroidiffement , quelque petit qu'on le fuppofe fur une furface aufli confidérable, ne doive être rrès-fenfble. Mais j'ai ajouté que ce refroidiflement n’a lieu que pendant un tems donné , pailé lequel, l’animal fuccombe & prend toute la cha- leur de l'air ambiant. Il eft clair que l'humeur de la tranfpiration , qui n'eft que la partie la plus féreufe du fang , fe perdant de plus en plus ,. le fang fe defféchera , s’entlammera , & n’en fournira qu'une SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6x quantité déterminée , laquelle outre - paffée , il fe décompofera , & l'animal palfera à la pourriture où au defsèchement. Mille expériences ont démontré ce que je dis. Des chiens expofés dans des étuves , dans des fours, n’ont réfifté qu'un tems plus ou moins long, fuivant les degrés de chaleur de ces étuves. Ne pourroit-on pas expliquer ici un phénomène éprouvé par les favans Obfervateurs, & qui offre quelque chofe de contradiétoire en apparence ? Dans une chaleur très-sèche & pouffée jufqu’à 150 , 198 degrés, les Obfervareurs Anglois fupportoient mieux leur éruve qu’à des températures.beaucoup moindres , & à des chaleurs humides; ce fair ne démontre-t'il pas la puiffance de la tranfpiration pour rafraïchir les corps ? Plus la chaleur eft grande & sèche, plus aufli la tranfpi-: ration eft grande , poftis ponendis. Nos Savans devoient réfifter da- vantage , & être plus difpos , quoique réellement ils fuffent attaqués oi un plus grand feu ; il eft vrai qu’il eft des termes, paflé lefquels, es fairs que j'explique n’auroient plus lieu (1). Aux plus hauts degrés de chaleur, M. Banks eft le feul qui fue abondamment, c’eftä-dire fans doute , fenfiblement ; mais la rran(- piration très-violente & très-fubrilifée des autres ,. n'en étoit pro- bablement pas moins forte ; combien le refroïdiffement n’étoir-il pas alors confidérable , puifque les cinq Obfervateurs enlevoienr & détruifoient la chaleur de la chambre fi promptement, qu’ils renon- cèrent à y refter enfemble ? Je finis par une preuve de fait qui met, je crois, la théorie que j'expofe, hors de doute. M. Blagden en fe touchant le câté , le trouva très-froid : la tem- pérature intérieure du corps ne pouvoit être la caufe de ce froid , puifqu’elle éroir très-confidérable (de près de 190 degrés), ce n’étoir pas non plus la température extérieure de l'air, qui étoit à près de 209 degrés ; il faut donc attribuer le froid de la peau à l’évaporation & à la tranfpiration (2). (1) Nous éprouvons quelque chofe de femblable dans les grandes chaleurs de l'été ; ces chaleurs ont-elles humides ? le temseft-il épais & lourd ? nous nous fentons plus abbattus que pendant un tems plus chaud, mais plus fec & plus ferein. (2) Si le Thermomèrre , appliqu£ à la peau, donna 198 degrés à M, Blagden, c'eft-3-dire , environ un degré de plus que fa température ordinaire; c'elt un cffet qui peut avoir des caufes particulières. 1°. La peau ainfi preflée , pou- voir prendre très-promptement le dégré de la chaleur interne & perdre fa frai- cheur. 1°. La chaleur du th:rmomètre en communiquoit néceffairement dans la proportion qu’il en perdoit , dans la” partie fur laquelle il éroic appuyé. 62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les effets de la refpiration, le jeu © le méchanifme du poulmon, ne doivent-ils pas faire réfifer le corps animal à la chaleur extérieure , du moins pendant un tems donne ? Il eft encore une caufe du refroidiffement du corps animé, qui mempècheroit de lui fuppofer une force réfifhible inconnue , & cette caufe , je la trouve dans la refpiration. On fait que Pair fe refroidir parle mouvement, & que lorfqu'il pañle dans un canal étroit , ce mouvement s’accélérant , l’air fe re- froidit de plus en plus, & en raifon de cette accélération. Or il eft de fait que l’air échauffé, même aux plus hauts degrés indiqués dans les Expériences du docteur Fordyce , en paflant parle nez, la bouche ; & traverfant la trachée-artère , parvient à la poi- trine & dans Les vélicules du poulmon, très-rafraichi , & au-deflous de la température de notre corps. Un thermomètre très-fenfible & en forme de fpirale, placé à l’en- trée de la bouche, defcend de plufieurs degrés, fur-tout fi l’on a foin de ne faire pafler à travers les efpaces de la volute,, que les infpira- tions; d’ailleurs , indépendamment de cetre expérience , qui eft-ce qui ignore que le refroidiffement de l'air devient très-fenfible aux dents & au palais, pour peu que l’on infpire l'air plus fortement qu'à l'ordinaire ; d’où il fuit que dans l’infpiration accoutumée , le refroidiflement , quoique moindre , n’en eft pas moins réel; les mêmes caufes, c’elt-à-dire le mouvement & l'accélération, ayant lieu dans l’un & l’autre cas. Cela pofé, voyons ce qui doit fuivre de cet effet. Le poulmon a une étendue immenfe & qui a été calculée : la furface de ce vifcère furpalle , fuivant M. Hales , dix-neuf fois la furface de la peau; l'air infpiré , rafraîchi & renouvellé à chaque inftant , doit donc procurer à l’intérieur du corps, un refroidiflement qui fufht pour lui faire fupporter pendant un tems donné, les attaques d’une cha- leur externe pouflée à de très-hauts degrés. La diminution de la chaleur , le refte étant égal, eft proportionné, 1°. à l'étendue des furfaces du corps qui la perd ; 2°. à la froideur, de même qu'à la denfité du milieu qui la reçoit ; 3°. à la virelle avec laquelle ce milieu fe renouvelle(1}; ainfi le jeu du poumon ou les effets de la refpiration , doivent nous faire réfifter pendentun tems aflez long à un air très-échauffé ; car pour peu que cet air fe rafraîchiffe par fon mouvement & fon accélération avant d'arriver au EEE (1) Differtation fur les effets de l'Air fur le corps humain , par M. de Sauvages. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6; poumon , la furface immenfe fur laquelle cet air rafraichi s’appli- quera , la denfité augmentée de cet air , & la vicelle avec laquelleil fe renouvellera , feront trois caufes puiffantes & toujours agiffantes de refroidiffement ; ou fi l’on veut, de moindre chaleur, qui contre- balanceront pendant un rems plus ou moins long , les effets de l’ar- deur extérieure. Je dis pendant un rems donné, car cet air confervera une âpreté & une chaleur beaucoup au-deffus de la température avantageufe à la vie ; l'air frais eft extrèmement falutaire, il caufe une fenfation agréable ; il tempère l’ardeur du fang , donne du reffort aux fibres, & fa denfité enlève à la poitrine une vapeur fuligineufe qui, fi elle étoir retenue, lui nuiroit beaucoup. GO :N -C LL: U;:S I:O:N. L'intérieur & l'extérieur du corps d’un animal expofé à une grande chaleur , étant continuellement rafraîchi par les moyens que nous avons expofés , doit-il être étonnant qu'il réfifte à cenre chaleur ? Pourquoi donc recourir, pour expliquer cer effet , à une force cachée, inhérente au corps animal , à une puiffance réfiflible & deflruilive de la ‘chaleur ? L'intérieur du corps eft rafraîchi par la refpiration, & l'extérieur , par l'évaporation de l’humeur fournie par la tranfpiration , jufqu’à ce que les liqueurs defféchées & les forces abattues, le corps fuccombe à-peu-près comme cet animal (1) que l’on a cru vivre dans le feu; mais qui ne le brave qu’autant de tems qu'il peur faire découler des pores de fa peau , une liqueur vifqueufe qui éteint autour de lui l'ardeur du brafier fur lequel on l’a expofé. nn (1) La Salamandre. C'eft à l'aide de la tranfpiration que la fage Nature a rendu les animaux ca- pables de fupporter des degrés de chaleur naturelle, plus grands que la tempéra- ture de leur fang. Elle a fait l'humeur de la tranfpiration, auxiliaire de l'urine, & réciproquement , pour que des rempératures différentes ne fuflenr jamais nuifibies, Dans des climats crès-chauds, & même dans les climats tempérés , pendant cer= tains jours d'été, l'ardeur de l'air eft crès-fupérieure à celle du fang ; alors, l’ath- mofphère perfpiratoire nous défend de fes atteintes ; & notre urine cft en très- petite quantité, ce qui change dans les tems & les climats froids, où l'urine eft zés-abondante, & La cranfpiration erès-perite, + » 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, R DEN + GT à A EGP ET ME De Mortalité. de Londres , depuis 1667 jufqu'à 1772. L A mortalité que caufe la petite vérole, eft peut-être l’objet de la plus grande importance pour tous les Etats. IL paroît qu'il n’y a que le Gouvernement Anglois en Europe qui puifle l’eftimer au jufte, par l’ufage généralement établi en Angleterre, de faire le re- levé chaque année, non-feulement du nombre des morts, mais du genre de maladie dans chaque ville. De cette manière , on peut évaluer la perte que l’Etar fait , année commune, par telle ou telle ma- ladie. Depuis la pratique de linoculation , on s'eft attaché princi- palement à eftimer celle que caufoit la petite vérole. C'éroit le feul moyen d'apprécier les avantages ou les inconvéniens de cette mé- chode, pour les Etats; mais pour obtenir des réfulrats certains , on a pris le parti d’eftimer la mortalité, non fur la quantité des individus morts de cette maladie , comparée à celle des années précédentes, ce qui pouvoit induire en erreur , à caufe de la population augmentée ou diminuée ; mais en l’eftimant dans le rapport avec le nombre conf- tant de mille, fur la totalité des morts en général. Pour cet effet, les Docteurs Pringle & Lerfom, fe font attachés à donner des liftes exactes de la mortalité de Londres, dans le rapport fafdic; l’un depuis l’année 1667 , jufqu'à 1772 inclufivement ; l’autre , depuis 1728, jufqu'à 1773. M, Letfom n'a pas pu y comprendre la mor- talité des quatorze années, depuis 1686 jufqu’à 1701 , par la raifon que, pendant cet intervalle de tems, on n'a pas eu le foin de mar- uer fur les Regiftres mortuaires de Londres , le genre de mala- die dont les fujets étoient morts, Sa Table offre en deux colonnes, deux mafles égales de quarante-deux années , comparées enfemble pour faciliter l’eftimarion des mortalités de chacune. Celle de M. Pringle donne les réfulrats trouvés dans les quarante-cinq années qui ont fuivi la pratique de l’inoculation à Londres, eftimés de cinq en cinq, & toujours dans le rapport avec le nombre de mille, TABLE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6; Table de M. LETSO M. EEE Morts de la petite Morts de la petite Années | Total des vérole. Années | Total des vérole, Enterrem. Sur Enterrem. Sur Total. 1000 Total, 1000 1667 15842 1196 75 1731 2262 2640 194 1668 17278 1987 11$ 1732 23358 1197 SL 169 19432 9$t 49 1733 29133 1370 46 1670 20198 146$ 93 1734 26062 2688 103 1671 15729 696 | 44 173$ 23538 1594 67 1672 18230 1116 ét 1736 27581 3014 100 1673 17504 853 49 1737 27823 2084 74 1674 21201 2507 118 1739 2582$ 1690 61 167$ 17144 997 58 1739 25132 1690 66 1676 13732 359 19 1740 30811 272$ 83 1677 19067 1678 88 1741 32169 1977 61 167$ 20678 1798 87 1742 27483 1429 s2 1679 21730 1967 91 1743 25200 2029 80 1680 21053 689 |. 33 1744 20606 1633 75 1681 23971 2982 125$ 174$ 21296 1206 56 1682 20691 1408 68 1746 28157 3230 114 1683 20587 2096 102 1747 25494 1380 s4 1684 13202 156 7 1748 23849 1789 75 1685 23222 2496 107 1749 2$ÿ16 262$ * 102 1686 21609 1062 47 | 17590 23727 1229 st *1701 20471 109$ 53 | 1751 210218 998 47 1702 19481t 311 16 1752 1048 $ 3538 172 1703 | 20710 898 43 | 1753 19276 774 40 1704 22684 1501 66 1754 22696 2359 103 170$ 22097 102$ $° 175$ 21917 1988 90 1706 19847 721 36 1756 20872 1608 77 1707 21600 1078 so 1757 21313 3296 154 1798 | 21291 1687 79 1758 | 17576 1273 72 1709 21800 1024 47 1759 19604 2596 133 1710 | 246120 3138 127 1760 | 19830 2187 110 1711 19833 gts 46 1761 21063 152$ 72 1712 21198 1493 z 1762 26316 2743 104 1713 210$7 1614 77 1763 26143 3582 137 1714 26$69 2810 106 1764 23202 2332 102 171$ 22232 10$7 48 176$ 13230 2498 107 1716 | 24436 2427 29 1766 23911 2334 97 1717 23446 2211 94 1767 22612 2158 96 1718 26523 18*4 7 1768 23639 3028 128 1719 | 28347 |.3229 14 1769 | 21847 1968 90 1720 25454 1440 $7 1770 22434 1986 S8 1721 26142 237$ 91 1771 21780 1660 76 1722 | 25750 2167 84 1772 | 26053 3992 153 Total. | 903798 | 65079 | 72 Total. .| 1005279 | 82618 89 Tome VII, Part. I. 1736, 1 66 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Table de M. PRINGLE. Sur 1000 Dépuis 1728 Ju à, 3722. VEN SOS 71e TN OMS TES CNET TMS Lee SON RO) 175 SN AN PEL 47 LE PRE AE EC TAB NES APE AUOT 727 PRE ER Tea MO IAB a T7 ES. Jus BOL à 0 1758 NL AUS 7 FER GS Lie ec EUe) RSS ee RUMEUR 17 62m Wal EE CPS EU WARS 15 GB LMI EAU Gr 7 6740 MOMENT © 910 LE PMNISES OR NS Meur es rs le £ COMENER FANS E Il réfulte de la Table de M. Letfom, que dans la première malle de quarantedeux années qui ont précédé l’époque de l’inoculation à Londres, le terme moyen de mortalité de la petite vérole, étroit dans le rapport de 72 fur mille, & que depuis cette époque , à commencer à l’année 1731 jufqu'en 1772 inclufivement, ce rerme moyen a été dans le rapport de 89 fur mille, c'eft-à-dire, de 17 de plus fur ce nombre; ce qui forme ici une perte de vingt-quatre mille cinq cens quarante-neuf fujets à Londres, dans une efpace de quarante-deux années; & il réfulre de celle de M. Pringle , que depuis l’année 1728, jufqu’à 1773, cetre proportion dans la morta- lité , a été à - peu- près la même que celle que donne M. Letfom; c’eft- à-dire, de 89 fur mille, ou de 17 de plus qu'auparavant. Cette aug- mentation dans le rapport paroît conftante, & devenir même plus fenfble, puifqu’elle fe trouve dans les cinq premières années de pra- tique d'inoculation à Londres , & que dans les deux dernières mafles de cinq années, c’eft-à-dire , depuis 1763 jufqu’à 1773, cette pro- portion a été dans l’une de 109 , & d’un cinquième fur 1000; & dans l’autre de 98, & d’un fixième fur le même nombre. On en peur conclure, qu’il eft démontré aujourd’hui , que la pratique gé- nérale de l'inoculation eft pernicteufe pour les Etats, puifqu’elle aug- mente la mortalité de la petite vérole dans les Villes. Le Docteur Letfom en attribue la canfe à l’ufage où l’on eft de laifler courir au grand air & en liberté ceux qu’on inocule, & qui répandent, de cetre manière, la contagion de tous côtés. Il ajoute que le Gouvernement ne fauroir être trop atrentif à cer abus, & qu'on ne devroit permettre l’inocularion que dans des maïfons par- ticulières ; parce que le mal général qui en réfulte, & qui eft mal- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 67 heureufement devenu trop fenfible en Angleterre, ne fauroit être compenfé par le bien que le particulier peut retirer de cetre opé- ration. Il propofe , à ce fujer, les mêmes précautions que l'on prend en tems de pefte , pour arrêter le cours de ce fléau. Le Docteur Pringle ajoute qu'on doit attribuer cer excès de mor- talité, principalement au peu d'attention que Les gens de JArt,.& fur-tout les Inoculateurs , apportent dans leurs Ki chez les ma- lades. Il fe récrie en même-tems contre la liberté qu'on donne à certains particuliers, de fe faire inoculer dans Londres , quoique ce foit exprellément défendu; de-là vient, felon lui, que le petit peuple, qui ne fe fait point inoculer, eft fans celle expofé à la con- tagion, par la conduite des Grands qui font dans cer ufage. Ils pro- pofent l’un & l’autre des moyens pour remédier à cer abus. Il paroïr qu'en France on n’a pas fait toute l'attention qu'on auroit dû faire à l'Hiftoire de la petite Vérole, publiée en 1768 ; Ouvrage écrit fans pallion, dans lequel routes ces réflexions font déja faites, & où l’on fair fencir la néceflité des précautions dans tous les cas. Si les moyens que l’Auteur y propofe , paroiflent trop difliciles dans l'exécution , on peut les DER fuivant les circonftances; mais il n'en eft pas moins vrai qu'elles paroiffent indifpenfables pour une maladie dont les effets contagieux font aufi-bien démontrés que ceux de la petite Vérole; & les gens de l’Art fe couvriroient de gloire, s'ils pouvoient indiquer des moyens de faire cefler entiè- tement ce fléau en Europe. Là NÉ NidbrainLoe Et AE De M DUCARNE DE BLANGY, à l'Auteur de ce Recueil. P: RMETTEZ , Monfieur, que je vous faffe part du réfulrat de quelques Expériences faites dans la vue de m'aflurer de la réalité de la découverre que prétendoient avoir faire MM. de la Société des Abeilles de la haute Luface, & en particulier M. Schirach , en affurant que tout ver éclos depuis trois jours, & deftiné à produire une abeille ‘ouvrière, pouvoic réellement devenir une Reine. J'ai lu depuis les deux Mémoires de M. Bonnet, dans les mois d'Avril & dé Mai de cetre année, Ces deux Mémoires contiennent les Expériences de M. Schirach, & quelques autres pour la formation des effaims. Je les avois dèja vues il y a trois ou quatre ans, dans prefque tous les Journaux, & 12 68 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, elles fe trouvent même depuis 1771, dans le Traité de l'Education économique des Abeilles , que je publiai alors. » J'ai prié publiquement tous les Naturaliftes, dit M. Schirach, » pag. 334 du Mémoire inféré dans le volume d’Avril 1775 , de » répéter mes Expériences, & de me redrefler , s’ils obrenoient des » réfultats différens : j'attends en vain depuis deux ans ; il femble » qu'on ne veuille pas prendre les mêmes peines que j'ai prifes «. Je les ai priles, Monfieur , ces peines, & cela depuis quatre ans; j'ai fait tous les ans des Expériences en grand nombre , & leur ré- fultat n’eft pas conforme à celui qu’a trouvé M. Schirach : il eft vrai que dans le grand nombre des Expériences que j'ai faites , il y en a quelques-unes qui ont réufli; mais le plus grand nombre à manqué , ce qui fuflir pour en dégoûter tous ceux qui auroient cru pouvoir former des effaims de cette façon , & conduit à faire penfer que ceux-qui réuffiffent, ne le font que parce qu’il fe trouve dans ceux-là des vers deftinés à produire des Reines. J'ai artendu jufqu'aujourd’hui à vous donner le réfultat de mes Expériences , afin de ne le faire qu'avec connoïflance de caufe, & je viens de donner à l’impreffion, un Supplément au Traité de l'Edu- cation des Abeïlles ; où j’entre ‘dans quelques détails fur ces Expé- riences :en attendant qu'il paroifle , je vous prie d’inférer le ré- fulrat de mes Expériences , & l’invitation de M. Schirach dans votre Journal. Dans ce Supplément, on trouvera la façon de former foi-même fes effaims, fans attendre qu'ils viennent d'eux-mêmes , façon que j'ai enfin trouvée en faifant toutes mes Expériences. 1°.» M. de Réaumur, dit M. Bonnet (1) a effayé d'introduire » dans une ruche, des Reines furnuméraires, & ila vu conftamment » qu’elles éroient mifes à mort au bout de quelques jours ; mais il »n'a pu parvenir à découvrir par qui, & comment ces exécutions » éroient faites, 6 ce point eff un de ceux qui nous demeurent en- » core Voiles «, Ce point eft en quelque façon éclairei dans le Traité de l’Edu- cation des Abeilles. (Voy. pag. 346 & fuiv. première Part.) & 1l eft convenu que ce font les abeilles ouvrières qui font les exécutrices de ces Reines furnuméraires. 2°. Dans la réponfe de M. Wilhelmi à M. Bonnet , Mai, pag. 423 , il eft dir que les feconds eflaims ont ordinairement deux , trois & quatre Reines ; (j’y ajouterai qu'ils en ont quelquefois jufqu’à fix), & que les abeilles ouvrières tuent non-feulement ces Reines (1) Voyez le Journal de Phyfique , Avril 1775: page 330 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 69 furnuméraires , mais Jouvent même leur Reine naturelle » Je elle à le mal- heur de leur déplaire. Voilà, Monfeur , ce que je ne favois pas. Je favois bien qu’elles tuoient ces Reines furnuméraires comme ie l'a- Ar Dr L ; 4 } vois dit; mais j'ignorois qu'elles tuaffent leur Reine naturelle, lorf- - JANINE AAC É à | qu'elle avoir le malheur de leur déplaire, & je ferois fort curieux de favoir comment on s’en eft afluré, ce qu'on ne voit pas dans la Lerrre de M. Wilhelmi. Il y a bien d'autres points qui nous demeurent encore voilés, fur l'hiftoire naturelle des Abeilles » & qu'il feroit très-inréreflantr d’é- claircir. J'ai donné la lifte des principaux , il.y a deux ou trois ans, je crois, dans le Journal d'Agriculture ; je la fis alors pour en- gager MM. de la Société de la Luface à y travailler; mais depuis ce tems, il n’a encore rien paru là-deffus. Les principaux font de favoir, 1°. pourquoi une Ruche, où les faux - bourdons paroiffènt en core en Oëlobre , périra prefqu'infailliblement l'hiver ou le Printems fuivane : & J? l'on ne pourroit pas empécher cerre perte? J'en ai encore eu deux ou trois de cette efpèce , l'été dernier. Après les avoir examinées ; je n'y ai pas trouvé de Reines; mais pourquoi ? D'ailleurs , périlent-elles, parce qu’elles n’ont plus de Reines ? ou bien la Reine abandonne-t-elle la ruche > Parce que cette ruche doit périr ? On voit les abeilles abandonner ces ruches infenfiblement, jufqu'à ce qu’enfin il n'y en refte pas la dixième partie. Quel- quefois elles l’abandonnent toutes dès avant l'hiver , & quelque- fois feulement au printems fuivant. Cette défertion ne vient pas de la préfence des teignes ; j'ai examiné avec attention , & je n'en ai pas trouvé. Les ruches n’éroient pas non plus trop vieil- les. D'où cela vient-il donc? C’eft ce que j'ignore encore. Juf- qu'ici, je n’en ai attribué la caufe qu'à la mort, ou à l’infécondité de la Reine, J'ai l'honneur d’être, &c, Tes AY Jo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, DAEUL: AVE US ITAO RITIONMRE D'une TROMBE TERRESTRE obfervé près de la Ville d’Eu, le 26 Juillet 2775. L Histoire des Météores deviendroit moins problématique ; s'ils étoient tous également & plus fûrement obfervés ; il en eft de bien des efpèces, mais toutes plus ou moins connues. Les éclairs, le ronnerre , les feux folets, les globes ignés, les exhalaifons , les tempètes , la pluie, la grèle, la neige, la rofée, font des phéno- mènes fréquens auxquels les yeux , mème les moins obfervateurs , fe familiarifent malgré eux ; Le Ciel & l’Athmofphère, felon la di- verfité des climats, ou le dérangement des caufes qui doivent con- courir à l’ordre des faifons, produifent , par extraordinaire, certains évènemens étrangers, d’autant plus dignes de remarque , qu'ils fonc plus rares ou plus terribles : c’eft dans la nature des vents qu'il fau- droit peut-être chercher, comme l’a dit M. le Comte de Buffon, la caufe de ces grands effets; leur fouffle oppofé & impérueux, agit-il en tout fens contre quelqu'un de ces nuages qui portent la gièle & la foudre ? D'abord, 1l en fufpend la marche, quelque précipirée qu’elle foit ; bientôt après, ille condenfe , le force à tour- ner fur lui-même, & lui fait reprendre en longueur & en exten- fion verticale, ce qu’il avoit auparavant en dimenfion horifontale, Les extrémités de la nue , une fois prolongées par la pteflion uni- verfelle des fluides qui l'environnent , font effort pour fe reftituer ; dès-lors, fon fommet fe prolonge à d’immenfes hauteurs, tandis que fa bafe incertaine erre comme au hafard , ou fur la furface des eaux , où fur celle de la terre, avec un rournoiement rapide qui communique fon mouvement à tout ce qu'il rencontre : tout cède alors À fa violence, & fuir le tourbillon commun. Les corps les plus folides, font de foibles obitacles; fes moindres efforts les ren- verfent ; les plus légers font emportés & difperfés dans l'air; la pouflière , les vapeurs humides, s'élèvent perpendiculairement au centre de ce tourbillon, & forment fur tout fon paflage ces colon- nes fuligineufes que les yeux , les plus exercés, prendroient pour les indices fürs d’un incendie univerfel. Et voilà proprement ce qu'on appelle Trombe. La Phyfque divife ces Trombes en aqueufes & rerreftres : les pre- SURCTHISTNNATURELLE ET LES ARTS. 7x mières , crop fréquentes dans les plages méridionales , font prefque ignorées dans nos mers & dans toutes celles du Nord; elles n'y font cependant pas tout-à-fait fans exemple. L'Académie Royale des Sciences de Paris a recueilli , plus d’une fois, des détails fur ce phénomène , (obfervé mème en France. Les Mémoires de cette il- Juftre Société, rapportent en détail toutes les circonftances d’une Trombe de certe efpèce, arrivée fur le Lac de Genève en 1741, & l’hiftoire des Trombes aqueufes feroit déja fort avancée, fi les rap- ports des Voyageurs, tels que Thevenor & le Gentil, n'étoient quel- quefois hafardés & dépourvus de vraifemblance. Celle des Trombes terreftres n’eft encore rien moins qu'ébauchée ; le défaut de fujets, pour exercer les connoiffances des Phyfciens & des Savans , femble feul en être la caufe : à peine un fiècle fournit- il quelques exemples de ce météore, il fut obfervé près de Reims en 1680. Le Pere Lami, Bénéditin, nous a donné l’hiftoire de deux Trombes, l’une arrivée en Brie au commencement de ce fiècle, & l’autre près Beziers en 1727 (1). C’eft donc dans la feule vue d’aider aux progrès des Sciences, en multipliant les rapports & les obfervations , que je vais donner en détail l’hiftoire d’une Trombe terreftre , obfervée près de la Ville d’Eu le 16 de Juiller dernier. J'ai pour garant, des faits que je vais rapporter, M. Charles, Subdélégué & Juge au Bailliage d'Eu. Ce Magiltrar , connu par fes lumières , fes connoiffances , fon zèle pour le bien public, & l'avancement des fciences, m'a fait l’hon- neur de m'engager à me tranfporter avec lui fur les lieux défignés, pour y reconnoiître les traces, plus frappantes que défaftreufes , que le méréore à laiflées par - tout fur fon paflage. Je ne citerai rien qu'il ne fe foi fait attefter , comme moi, par les témoins les moins fufpects. Depuis le 6 Juillet 1775 , jufqu'au 16, & même au-delà, il y a eu peu de jours où l’on n'ait effuyé des orages dans l'étendue du Comté d'Eu. La chaleur du 6 jufqu’au 13, a continuellement varié. Du 13 au 16, le thermomètre , graduarion de Réaumur, n’a pas defcendu au-deflous de 13 degrés. Sa plus grande élévation a été le Samedi 15 Juillet, vers les trois heures après midi , de 19 degrés un quart, à l'ombre, expoñrion au Sud. Le Dimanche 16, à fix heures du matin, il marquoir 17 degrés un quart; l'air étoit chargé de vapeurs, & le Ciel couvert de nua- (1) Il y en a une qui a été obfervée en Italie en 1749, & qui a fait la ma- tière d'un favant Ouvrage du Pere Bofcowich fur ce fujet : Sopra il turbine. 1n Roma 1749, in-8°, 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ges. Vers les fept heures , le foleil parut cependant. Le vent foufloit de l'Eftfud-Eit , au moins étoir-il marqué tel, par les coqs & gi- rouettes les moins élevés de la Ville. Les nuages fe croifoient alors; les coqs des deux plus hauts clochers , délignoient le vent Ouett- Nord-Ouelt. Le baromètre étoit monté depuis le 13 au foir, à 28 pouces $ lignes, & le 16, au foleil levanr, marquoit encore de. même; mais vers les fepc heures du matin, il defcendit fubitement à 28 pouces 2 lignes +, ce qui paroifloit annoncer un changement de tems fubir. Vers les huit heures , un nuage épais dans la région de l’'Ouelt, fit craindre un orage prochain. Il en furvinc un, en effer, à deux lieues de la Ville , à l'Oueft , dans la vallée d’Yeres. La pluie tomba en abondance , dans l’efpace d’une demi-lieue, pendant plus d'un quart-d'heure. Trois Paroiffes de la Vallée, favoir, celles de Villy, Deville & S2:pr-meulle, furent feules maltraitées par l'orage ; 1l ne fut accompagné ni d’éclairs , ni de tonnerre; mais attiré par la forèt voiline , il prit fa direction du Nord-Oueft au Sud-Eft, & pro- duifit beaucoup de pluie; ce qu’arreftoient encore les courans defcen- dans de la forèt à la ville d’Eu, même pendant la nuit fuivante. Au départ de l'orage pour gagner la forèt, plufeurs nuages s’é- tant détachés de la nuée principale, rétrogradèrent de l'Eft à l'Ouef, en fe rapprochant de la mer qui n’eft qu'à deux lieues de Sept-meulle. Ces nuages raflemblés, formèrent un groupe épais qui fembla d'a- bord immobile à l'Oueft de la vallée d’Yeres ; il en fortit un vent impétueux, mais de courte durée, qui renverfa des piles de fagots au bois de Saint-Aignan , fitué fur la côte, vers l'Oueft. À huit heures, le nuage s’éleva rout - à - coup bien au - deffus de la vallée ; dans laquelle , jufqu’alors , il avoit paru concentré; détermina fa marche du NordOueft au Sud-Oueft , au gré du vent qui foufoit alors Le plus fort; toutbillonna quelques initans fur un Village de la plaine, appellée le Mefnilreaum, un quart de lieue à l'EU de la vallée d'Yeres; produifir de peuite grêle dans la partie Oueft du Village , & s’avança lentement dans la plaine , l’efpace d’une lieue , fans fe faire autrement remarquer que par une grande obf- curité , accompagnée d’un bruit fourd & très-fort, que l’on enten- doit dans les airs. Apiès avoir ainfi parcouru l’efpace d’une lieue, depuis le Mefnil- reaum , jufqu'au bout , Eft, de la plaine dire de Saint-Remi, élevée de 110 roifes au-delus du niveau de la mer, à fon extrémité Nord- Gueft qui confine à Criel, mais au plus de 70, dans l'endroit dont je vais parler, parce que le terrein de l’Ouelt à l'E, baille fenf- blement; le nuage rencontra dans fa marche un vallon , fur la pente duquel eft un bois - taillis fort étroit, nommé le Bois du Fiène. Il parut SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 73 parut alors s’abaifler plus qu'auparavant fur ia terre; fon mouve- ment s’accrut, fa marche devint plus rapide, & Le bruit bien plus éclatant. & A cinq cens pas plus loin, à l'ER, on trouve un joli coteau, planté d’un petit bois-taillis, qui fert comme d’avenue à une maifon de plai- fance , nommée le Triolet, appartenante à M. le Chevalier de Val- danois ; cette Maifon, fituée fur la hauteur à l’oppofite du bois du Frène , en eft féparée par fon bois & par un vallon fort étroit, pro- fond de 12 toifes environ, qui s'enfonce entre les deux bois. Vers les huit heures trois quarts , les Domeftiques de cetre Maifon , en- tendant dans l'air un bruit fourd qui fembloit venir de l'Oueft, montèrent à des échelles pour pouvoir, de la cour, découvrir pat- deffus les bois, la caufe qui produifoit ce bruit & ce qui fe pafloit dans l’air au-delà du vallon; bientôc ils apperçurent une fumée épaiffe qui s’élevoit du bois du Frêne ; la colonne fuligineufe , le traverfant obliquement avec un horrible fracas, vint droit au pofte qu'ils oc- cupoient , après avoir quelques inftans paru errer dans le vallon. Ce phénomène, déja frappant pour des hommes fans expérience; devint pour eux bien plus terrible, par un bruit des plus éclatans qui leur fembloit partir des airs. Ce bruir, à leur rapport, reffem- bloit à celui qu'occafonneroit dans fa marche la plus accélérée, une voiture chargée de planches, en roulant fur une pente efcarpée & pierreufe. La bafe de la Trombe qui n’occupoit au plus, en traverfant le bois du Frène, qu'un efpace de deux ou trois toiles, s’élargit trois fois davantage , en s'enfonçant dans le vallon; quelques voyageurs, qui le traverfoient alors, furent fort effrayés de ce fpectacle donc ils n'avoient pas la moindre idée; ils n’en reçurent cependant aucun mal , quoiqu'ils le viflent d'affez près : bientôt la colonne ambu- hante traverfa le vallon, en agitant les pierres fur la furface de la terre, coroya vers l'Orient le bois du Triolet, gagna le bout de la Mai- fon où un Domeftique imprudent reconnut, un peu tard , s'être trop avancé pour a confidérer , puifque, redoublant de vitefle , elle le devança dans fa courfe, au point qu'en fe fauvant , il ne s’en vic plus féparé que par un gros pommier planté au bord des champs. La Trombe , agirant le pommier, lui fit craindre, non fans raifon, d’être enveloppé dans fa chûte ; mais fe relevant tout-ä-coup, il en fut quitte pour en être fortement agité, & fencir la terre trembler fous fes pieds. Le méréore, en s'éloignant, fembla redoubler de vireffe ; & par un tournoiement rapide, paffant fur un foifé nouvellement creufé , le combla de terre & de pierres, & marqua fon pafage fur une terre labourée, par des efpèces de fillons rels que ceux qu’au- roit fait la herfe; de-là, fuivant la pente du cerrein , bientôt il Tome VII, Part. I. 1776 \ 74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dirigea fa marche à travers une pièce de bled de trente à quarante acres ; dix témoins croyoient voir alors la paille s’enflammer, vü l’épaille fumée qui fembloit s'élever de terre par-tout fur fon paf- fage. Quelle furprife pour les témoins, en parcourant la pièce de grain quelques inftans après, de n'y trouver d'autre dommage, que la paille tant foit peu mêlée , fans être rompue ni couchée. J'ai moi-même parcouru & obfervé tout le terrein, fans y rien remar- quer du tour: une pièce de lin fur un peu plus endommagée ; le lin fut tour -à- fait couché, mais fe releva peu après; il éroit en- core verd. Un Berger, à portée d’obferver les chofes de près, nous raconta que dans l'inftant où la Trombe traverfoit le bled , il avoit vu les hirondelles s’attrouper près de la colonne , fe foutenir en l’air en battant fortement les ailes, fans paroître changer de place pendant un tems confidérable. Ce phénomène auroit-il eu pour caufe la crainte, ou la nature de l'air, ou trop fixe (1), ou trop agité ? La nuée fut à peine arrivée, à l'Oueft, à l'extrémité du village dit de Saint-Pierre-en-Val , fitué dans un vallon très-large, que le bruit dans l'air augmenta au-deffus de deux maifons qui fembloient fumer de toutes parts & prêtes à crouler. Ceux qui les habitoient alors, hommes , femmes & enfans, donnèrent les fignes les plüs frappans d’une frayeur mortelle , & long tems après l'évènement, ne nous le racontoient encore que les larmes aux yeux. Plus de vingt per- fonnes, qui pafloient par le chemin entre les deux maiïfons, cru- rent toucher à leur dernière heure , & nous avouèrent ingénue- ment n'avoir jamais eu tant de peur. Pour furcroit, la chûte de la grêle, qui furvint tout-à-coup, les fit craindre pour leur moiffon; cette grêle étoit petite, très-denfe & en médiocre quantité; elle ne fit aucun tort. La Trombe, derrière les maifons , dirigea fa marche vers l’Eft, à travers un enclos étroit, planté d'arbres de haute futaye, tordic & rompit deux ormeaux de trois pieds de circonférence , redoubla de viretle & fe reporta dans la plaine, dans la direétion au Sud-Eft, vers un double rang de pommiers très-gros & très-anciens; rompie un bras à l’un des deux qui fe trouvèrent fur fon paflage, dépouilla l’autre de toutes fes branches, & après n'en avoir laiflé que le tronc à demi caffé, remonta la côte vers l’'ER, pour s’aller perdre au Bois-l’Abbé, contigu à la Forèt d’Eu, après avoir couru deux lieues dans l’efpace d’une heure & demie. (1) J'entends par air fixe, celui que les vapeurs groflières dont il eft imprégné, ont dépouillé en tout, ou en partie de fon élafticié. î SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7; Plufñeurs habitans du Village eurent la hardiefle de la fuivre juf- qu'à l'entrée du bois, croyant voir terminer la fcène à quelque diftance de là; mais elle continma fes ravages jufques bien avant dans le bois, rompit par tout de foibles branches, froiffa les feuilles de tous les arbres par-deffus lefquels elle palla ; & comme le ter- rein qu’elle parcouroit alors, eft l'endroit le plus élevé de tout le pays d’alenrour ,.le bruit augmenta tellement , qu’on l’entendit à plus d’une lieue par-delà la vallée de Brèle, dans la plaine oppo- fée , fituée en Picardie; ce fait nous fur attefté par pluleurs Voyageurs, que nous trouvâmes fur les lieux où nous avons fair nos vilites & nos obfervations. Enfin, vers les neuf heures un quart, on n’entendit plus rien , l'effer celfa entièrement, ou du moins a paru finir vers le centre du Bois- l'Abbé. Quelques informations & quelques recherches que nous ayons faites depuis, M. Charles & moi, pour nous éclaircir fur ce point, nous n'avons rien pu découvrir. Le filence des habitans de toutes les contrées voilines, nous paroît dépofer , en faveur de cette aflertion, la manière dont la fcène a dû fe terminer, n’auroit peut-être pas été le phénomène le moins digne de nos obfervations. Vers les dix heures, les nuages fe diflipèrent , le tems fut très ferein pendant tout le refte du jour; & enfin, à midi, le baromètre étoit monté à 28 pouces $ lignes un quart. Eft-ce bien une Trombe terreftre que je viens de décrire ? Je le crois d’après mes principes, dont j'ai donné l’extraic à la rète de ce Mémoire. Si je fuis dans l'erreur, j'attends que les Savans qui daigneront me lire , voudront bien m'en retirer. Je n'entreprendrai point non plus de raifonner fur les caufes qui ont mis tant de variété dans les effets du météore , dont je donne da defcriprion. Pourquoi dans l'air , tantôt plus, tantôt moins de bruit? Pourquoi ces variations d’abaiflement , d’élévarion, de retardement , de vielle, dans la marche de la colonne? Pourquoi des pierres enlevées à deux ou trois pieds de hauteur, des terres remuées & tranfportées , tandis que les grains, expofes au mème évènement , n’ont été nullement endommagés ni altérés , &c. &ec.? Je laifle aux Savans l'avantage de fatisfaire à ces queftions. Je me ferai honneur de prendre leurs leçons : mes vœux feront remplis, fi ce foible eflai de mon zèle peut les intéreller. LD 76 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Je" un MR PA URIRUEE, De M. le Baron DE Dretric, à l’Auteur de ce Recueil , Sur la manière d'agir du Mercure dans les maladies venériennes. Vu Journal ‘du mois de Novembre, Monfeur, renferme une Letrre de M. ne Morveau , dans laquelle il propofe des conjeclures fur La manière d'agir du mercure dans les maladies dont ïl eft le fpécifique. M. De Morveau préfuppofe que de quelque manière, & fous quelque forme que l’on adminiftre le mercure, ileft dans un état falin : il avoue que la méthode des friétions eft fufceptible de quelques difficultés à cet égard 3 mais il cherche à les faire évanouir :1l penfe en conféquence , que le mercure n'étant pas porté dans le corps humain fous fa forme métallique, mais fous celle de chaux de mercure, il agit en fe revivifiant; cetre chaux at- tirant très-puiffamment le phlogiftique. S'il étoit certain, Monfieur, que la graiffe de l’onguent mercuriel dont on fe fert pour les fric- tions , attaque tellement le mercure par fon acide , que ce demi- métal en foi diffous & réduic en entier à l'état falin , je fourni- rois à M. pe MorRveaAu une preuve de la folidité de fonopinion, Le Cabinet du Théâtre anatomique de notre Univerfité , que les foins de M. LomsrTin, notre célèbre Profeffeur d'Anaromie , rendent de jour en jour plus inftructif, renferme une portion de crâne humain rongé par le virus; toutes les petites cavités qui s’y font formées , & les pores mème contiennent du mercure coulant , qui en fort facilement en frappant avec quelque corps dur, l’exré- rieur du crâne. S'il étoit vrai que le mercure a été porté fous la forme de chaux dans ce corps , le mercure coulant logé dans le crâne, comme il l’écoit fans doute dans les autres offemens du mème fujer, feroir en effet de la chaux de mercure revivifié; cela prou- veroit que le mercure agit en effer en fe revivifiant. Mais je dois vous obferver , Monfieur , que le crâne que je viens de vous décrire, provient d’un fujet mort dans un tems où l’on ne connoiffoit guères que les friétions contre les maux vénériens. Ainf, il faut, avant d’admettre cet exemple en preuve de la réalité de la conjecture de M. pe Morveau, fe perfuader que le mercure SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 77 étoit entièrement diffous dans l'onguent mercuriel qu’on avoit ad- miniftré au malade dont nous avons ce crâne. Vous connoiffez mieux que moi, Monfeur, la grande divifbilité dont le mercure eft fufcepcible; rien n’empèche qu'il ne s’introduife dans les pores fous fa forme métallique ; il paroît même que MM. les Médecins & Chirurgiens Majors habitués à traiter les maladies vénériennes , préfèrent les frictions aux remèdes internes , & les regardent comme indifpenfables dans les maladies invérérées , parce qu'ils font perfuadés que le mercure infiniment divifé dans l'ongnent dont ils fe fervent pour cet effer, eft encore fous la forme métal- lique , & qu’il entre d’autant mieux dans la mafle du fang fous cette forme. Je ne cherche point , Monfeur , à combattre les conjectures de M. DE Morveau; je me fuis feulement propofé de vous faire connoître la pièce intéreffanté du Cabinet de notre Théâtre anato- mique; les idées de M. Dr MoRvEaAu m'enont fourni l’occalon. J'ai l'honneur d’être, &c. —————————————— ———————————————_—__—__—___ M. pe Morveau lira, fans doute, avec plaifir, la Lettre de M. le Baron pe Disrricn, qui conftate l’exiftence du mercure dans un fujet humain, fous fa forme métallique. Si M. de Mor- veau prouve, que dans l’onguent mercuriel ,; le mercure n’eft pas fimplement poulfé à la plus grande divifion de fes parties, mais qu'il y foit dans un état d’entière diffolution, l’obfervation de M. le Baron de Dietrich prouvera l'étonnante fagacité de M. de Morveau , & convertira fes conjectures fur la manière d'agir du mercure dans le corps humain, en une véritable démonftration; mais il nous paroïc bien difficile d'établir d’abord l’état de diffo- lution, de fel, ou de chaux de mercure dans longuenr mercuriel ; & en fecond lieu , fa revivification, au moyen du phlooiftique , paroît bien hypothétique. Le mercure coulant , trouvé plufeurs fois, en cet état , dans différentes cavités du corps humain, ne femble prouver qu’une agorégarion de parties, & fuppofer une extrème divifion qui a précédé & qui les avoit rendues invifibles. La faculté qu'a un onguent, qui eft rance , d’éteindre un peu mieux le mercure que celui qui ne l’eft pas, ne paroït fuppofer qu’un peu plus de vif cofiré dans le premier, qui devient alors capable d'opérer une plus grande divifon. Tout le refte eft bien conjectural ; aufli M. de Mor- veau n'a-t-il propofé fes idées -deflus, que comme de fimples con- jectures. 78 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, NOUVELLES LITTÉRAIRES. O: SERV ATIONS Microfcopiques fur le Trémella & fur la circula- tion du fluide dans une plante aquatique ; par M. l'Abbé Bonaventure Corti , Profelleur de Phyfique au Collége de Reggio. A Lucques, chez Jofeph Rocchi, 1774. . à La La première differtation contient 4 chapitres divifésen 27 paragraphes, qui renferment les obfervations& expériences de l’Auteur fur différentes efpèces de Trémella , & fur leurs qualités. Il dit que ce fut en 1773 que le célèbre Naturalifte d'Italie , l'Abbé Lazare Spallanzani fon ami, l'engagea à entreprendre une fuite d'Obfervarions fur le Tré- mella, ce qu'il exécuta en Juillet dans la maifon de campagne du Collége de Reggio. Dans le fecond paragraphe il examine ce que ceft que le Trémella ; fi c’eft certe moufle que Diller appelle conferva gelatinofa omnium tenerrima G minima, aquarum limo innafcens. Il ajoute qu'on la trouve dans les foffés rémplis d’eau ftagnante & peu pro- fonds, fur un fond de terre grafle ou limoneufe ; dans les grands chemins humides ; fur les bords des étangs & autour des racines des plantes; fur les roues & autres bois des moulins , où les eaux ont dé- pofé un peu de terre. M. Adenfor avoit dit que cette plante commen- oit à paroître au printems & en automne , après de longues pluies, lorfque le thermomètre fe foutient entre le 6 & 10e degrés; mais qu'elle périffoit f le rems étoit à la gelée, ou fi la chaleur éroit au 20€ degré, M. l'Abbé Corti allure, d’après fes Obfervarions , que le Trémella fe conferve & multiplie dans les plus fortes chaleurs de l'été ; que bien loin encore que l'automne foit une faifon favorable à la con- fervation & à la mulriplication de cette plante, c’eft alors qu'elle commence à périr. ; Dans le troifième paragraphe , l’Auteur dit qu’en obfervant le Trémella avec le feul fecours de l'œil, il paroît être une végéta- tion de couleur verte plus ou moins foncée, fuivant fa quantité, & que les petfonnes qui ne connoillent point certe plante , pour- roient bien la prendre pour une concrétion mucilagineufe ) Où pour une efpèce de ces moififlures aquatiques qui tapiffenc le fond ou les côtés des foflés. Si ces tamifications reftent fous l’eau , on ne peut pas les en détacher, parce qu'elles fe diffolvent comme une efpèce ae gelée rendre; mais fi elles croiffent fur un terrein humide , on SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 79 les enlève facilement en morceaux déliés, avec un couteau ou quel- qu'autre inftrument que l’on employe avec précaution & adrefle, Avec le microfcope , ces plantes paroiflent un tiffu de petites ramifications très- délites, entrelacées & cylindriques, fuivant l’ob- fervation de M. Adanfon , quoique cependant vues de profil, leur diamètre femble diminuer un peu , & augmenter lorfqu'on les exa- mine en face : l'Aureur ajoute beaucoup de chofes fur ces ramifica- tions, dans lefquelles il n’elt pas toujours d'accord avec M. Adanfon : il palle enfuire dans le quatrième paragraphe , à la defcription de quapre efpèces différentes de Trémella. Le paragraphe cinquième traite des mouvemens du Trémella ; PAbbé Corti admet avec M. Adanfon , que certe plante, a deux mou- vemens fpontanés, un de progreflion & l’autre local : par mouve- ment fpontané , il entend un mouvement que l’on trouve réellement de rems en tems dans un être organifé, qui n'eft pas toujours le même , mais qui fe diverfifie fouvenc dans les mêmes ou les diffé- rentes circonftances ; mouvement qui eft enfin produit par l'être même, & point du tout par une caufe extérieure. Ce qui regarde la mulciplication & la mort du Trémella , eft dé- taillé dans le fixième & feprième paragraphe ; fa réfurreétion eft l'ob- jet du huitième. Quand cette plante elt morte & féchée , pourvu qu'elle foit en petites touffes , ou bien mêlée avec un peu de terre féchée avec elle, fi on l’humeéte avec de l’eau trois mois & demi & même davantage; après fa mort , elle revit ; & certe réfurretion a lieu plus d'une fois, fi l’on réitére la même opération. Ces diffé- rentes expériences, & les preuves que donne M. l'Abbé Corri , font difparoître le merveilleux que M. Adanfon , à qui certe propriété fin- gulière étoir inconnue , ne pouvoir comprendre ; qui eft que les pluies d'automne fiflent revivre le Trémella, que les chaleurs de l'été avoient fait mourir. Le chapitre fecond traite du Trémella tenace ; & dans le para- graphe neuvième , le Profeffeur explique ce qu'il eft, & d’où il vienr. Le Trémella dont il a parlé dans le premier chapitre , s'appelle le ge/a- tineux ; & celui-ci, le renace : c’eft cette moule aquatique qu’il paroît que Pline à décrite en ces termes : peculiaris ef} Alpinis fluminibus cone ferva appellata à conferuminando , fpongia aquarum dulcium veriàs quar mufeus aut herba villofæ denfitatis , atque fiflulofe. : Dans les paragraphes dixième, onzième , douzième & treizième ; l’Auteur expofe. tout ce qui regarde les mouvemens, la mulriplica- tion , la mort & la réfurreétion du Trémella tenace ; dans le chapitre troifième , il détaille les expériences qu’il a faites fur l’une & l’autre efpèce de Trémella. On ne pourra s'empêcher, en lifant cet Ouvrage , d'admirer les 80 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, foins & l’exaétitude qu'a apportés M. l'Abbé Corri dans fes expériences & obfervarions. Les expériences rapportées dans le quatorzième paragraphe , dé- montrent que le Trémella aime la lumière du foleil réfléchie ou di- reéte ; mais qu'il n’en eft pas de même de celle d’une chandelle ou d'une lanterne. Dans le paragraphe quinzième , il expofe les expé- riences faites avec la chaleur du foleil & d’un feu ardent; il fait voir qu'une forte chaleur , qui fait monter le thermomètre, non pas au vingtième degré feulement, comme le prérend M. Ædanfon; mais au 44, 46, $o ou $2€ degrés fait mourir cette plante. Les expé- riences faires avec le froid , font détaillées dans le paragraphe fi zième , & il en réfulre que le Trémella vit encore plufieurs jours au milieu de la glace. L’Auteur convient cependant que le froid nuit au Trémella, puifque dans lhiver il perd fes mouvemens , & ne mulriplie plus; quoique ces plantes , en fortant de la glace, vivent encore long-tems dans la température ordinaire de l’air , celles ce- pendant qui ont été long-rems expofées à la glace, périflent peut- être un peu plutôt que les autres. Le Trémella vit encore une femaine & peut-être davantage , dan le vaide , comme le démontrent les expériences rapportées dansle paragraphe dix-feprième , & qui font fuivies , dans le dix-huitième & dix-neuvième , d’autres expériences fur cette plante trempée dans différentes liqueurs, [1 paroït par leur réfultat , que le Trémella de l'une & l’autre efpèce , doit toujours fouffrir plus ou moins, dans toute autre liqueur que l’eau, qui eft fon élément naturel. Dans le quatrième chapitre & les huit derniers paragraphes , l’Au- teur ; d’après fes expériences, fait plufieurs réflexions ingénieufes fur le caractère de cette plante, qu'il prétend être une plante animale , où un être qui participe en même-tems de la nature de la plante & de l'animal. L’Auteur s'attache enfuite à prouver que ces Trémella ont les vrais caractères de plante , & que chacun de ces filets qui entre- lacés enfemble , forment le tiffu du Trémella , eft une plante ; mais qu'outre cela, les Trémella ont encore les vrais caraétères du genre animal , & fpécialement certains mouvemens fpontanés. En troifième lieu , il établit que la divifion des filets , en plufeurs autres parties , eft la manière dont le Trémella fe multiplie : cetre manière , au refte, n'eft pas propre feuléement au Trériella ; on la remarque également dans des plantes & des animaux. Le Lecteur verra avec plaiñir, les obfervations de M. l'Abbé Corti fur la ma- ière dont différentes plantes & plufieurs animaux naillent , & fur celle dont fe nourrit le Trémella : 11 rapporte à ce fujer , comment il st venu à bout de voir & de faire voir à plufieurs perfonnes , en- tr’autres LE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 83 tr'autres à MM. le Marquis Jérôme Lucchefini & Abbés Venturi & £pallançani , comment ces petits animaux mangent & fe nour- fint. A la fuite de ces obfervations, on en trouve d’autres fur la réfur- rection du Trémella : cette propriété fingulière ne convient pas au Trémella feul, mais à beaucoup d’autres plantes & à d'autres ani- maux. Après avoir fait quelques réflexions fur les expériences du troifième chapitre ÿl'Auteur cherche fi le Tréella à du fentiment, comme les autres animaux , & il montré par de fortes raifons, que l’on peur accorder au Trémella la faculté de feouir. Traité de La connoïffance générale des Grains & de la Mouture par économie , contenant \la manière dé moudre les Grains , pour en tirer une plus grande quaruité de meilleure farine , &c. Le mécanifine & La conf= cruëtion de diverfes fortes de Moulins, &c. par M. Beguilles, Avocat, & premier Notaire de l'Etat de Bourgogne, correfpondant de l’Acadé- mie Royale des Sciences, &c, &c. À Paris , chez Panckoucke, Libraire, rue des Poitevins , 1775. Cet Ouvrage contient des détails intéreffans fur les bleds & fur la manière de les moudre : il paroït bien démontré maintenant, que parmi les Méthodes pratiquées dans les différentes Provinces du Royaume, pour écrafer les grains, celle qui eft connue fous le nom de Mouture par économie | mérite à jufte titre la préférence fur toutes les autres ; foit parce qu’elle fait la farine plus belle, l'expofe à moins de déchets; foir parce que le pain qui en réfulte, eft plus abondant & de meilleure qualité. Nous aurions bien defiré que l’Au- teur eût des idées plus claires, & en même-rems plus juftes fur la nature des bleds & des farines; car eft-il bien exact de dire? p.16. » le côfps farineux eft formé par la combinaifon des fucs féveux & » végétaux épaiflis, qui compofent le corps muqueux & végétal, & » d’une efpèce de terre ou argile blanche , alkaline & calcaire, qu'on »a peu examinée jufqu'à préfent, & qu’on peut regarder cependant » comme analogue à certaines racines, comme celles de la éryonne » & de l'iris noffras ». 1 n’eft plus permis, fans doute, de rai- fonner ain, depuis que des expériences multipliées ont appris que toutes ces fécules m'étoienr autre chofe qu’un véritable amidon, fem- blable à celui qu'on tire des femences graminées , & que cet amidon éroit la partie principalement nutritive des végétaux farineux. Cette vérité belle & précieufe, a été fur - rout développée dans différens Ecrits publiés par M. Parmentier , principalement dans fon Examen chymique des Pommes de terre, & dans fa Diflertation fur les Fari- peux, couronnée par l'Académie de Befançon. M. Beguiller auroit bien dû y faire quelqu’atrention , & ne pas confondre les corps nutritifs aveg Tome VII, Part. I. 1776, L 9 82 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des terres, en difant à la mème page: » on fera moins furpris de » toutes ces nouveautés , fi l’on confidere qu'il eft des terres prefque > farineufes ,; comme des efpèces de marnes, de crayons & d'argiles, » nourriflantes par elles - mèmes , fans avoir pallé par l’intermède » végétal , &c. «, Il fera bien difficile à cet Auteur , d’ailleurs très- eftimable, de perfuader aux Phyficiens & aux Médecins , qu'il y a des terres nourriflantes & folubles dans l'eau , comme il le prétend. On auroit été plus fatisfait de trouver dans un Ouvrage de cette nature , quelque principe chymique , folide, capable de guider le meünier , comme fi l’Auteur eût dit, par exemple, que tout l’art du meünier confifte à divifer, le plus qu'il eft pofible, la matière glutineufe , pour la mettre enfuite en état de pafler à travers les bluteaux les plus fins , & de fe confondre dans les farines blan- ches ; cette matière étant des principes du froment, le feul qui conftitue la bonté & la perfection du pain qu'on en prépare. Le procès fur l'ergot ne paroïît pas encore aflez jugé pour l’Auteur , puifqu’il le croit toujours nuifble. Du refte, cer Ouvrage renferme des recherches curieufes , des traits d’hiftoire intéreffans , des notions vraies fur les qualités & les différences des grains, & fur-tont des préceptes importans & précieux fur l’art de les conferver , de les moudre, & d’en tirer le meilleur parti poflible. . Traité de la petite Verole , tiré des Commmentaires de Van-Swieten , fur les Aphorifnes de Boerrhaave , avec La Methode curative de M. de Haen, premier Profeffeur de Médecine pratique à Vienne em Autriche. À Paris, chez d'Houry ; Imprimeur-Libraire , rue de la vieille Bouclerie, au Saint-Efprit , 1776. Cet Ouvrage, qui eft une verfon de ce que MM. Van - Swieren. & de Haen ont dir de mieux fur cette maladie , renferme les meil- leurs préceptes connus fur fon traitement , & ce traitement confifte dans la Méthode antiphlogiftique , indiquée d’abord par Rhazès , foutenue par Syderham, & enfin démontrée fupérieure à toutes les autres , par le célèbre M. de Haen. Ce Praticien confommé , finit fon Traité par une réflexion fur l’ufage de la faignée dans les ma- ladies aiguës, & fur-tout dans la petite vérole, qui mérite d’être remarquée. Après avoir examiné fi la proftration des forces doit tou- jours contre-indiquer la faignée dans les maladies aiguës & inflam- matoires , telles que les fièvres malignes, peftilentielles & varioleufes, conclut qu'il y a quelquefois dans ces maladies une foibleffe réelle qui contre-indique abfolument la faignée ; mais que le plus fouvent la proftrarion des forces n’eft qu’apparente, & qu’elle provient moins SUR L'HIST. NATURELLE .ET LES ARTS. $3;3 de leur déperdition que de leur accablement, de leur captivité, &c. de façon , qu’en foulevant par la faignée le fardeau qui les opprime, on les voir renaicre fur le champ par la liberté que l’on procure au mouvement des folides & des fluides, Il n’appartenoit qu'à un Pra- ticien confommé , tel que M. de Haen, de faire une remarque qui paroït fi jufte & fi judicieufe ; le Traduéteur, dans le choix qu'il a fait de ce qu’il y a de plus effentiel à connoître pour la Pratique, dans l’Ouvrage de cet Aureur , donne la preuve qu'il fent la force de fes raifons, & qu'il eft fait pour marcher fur fes traces. Il n'entre d’ailleurs dans aucune difcuflion , ni fur l'origine de la petite vé- role , ni fur la famenfe queftion de l’inoculation; il expofe feulement le fentiment de MM. de Van-Swieten & de Haen fur certe méthode, que l’un ne confeille pas , & que l’autre défapprouve : ce qui ne doit point furprendre ; puifque la Médecine ef l’art de guérir ; l’ino- culation un moyen de rendre malade ; moyen direétement oppofé au but de la vraie Prophylaétique, dont tous les fecours ne confftent qu’en drogues ou médicamens , cautères , faignées , ou moyens de purifier l'air & les furfaces des corps , & jamais en levains de maladies , dans la vue d’en préferver des individus phyfiquement & : parfaitement fains; lefquels , en cas de contagions, après les premiers fecours , font fous la fauve - garde du Miniftère public, dans les Etats bien policés, ou bien, livrés au mouvement de la nature chez l’homme libre ou fauvage qui les fuir , les évite , s’en éloigne & s’en préferve par ce moyen. La verfion dont on parle, eft de M. Duhaume, Docteur Régent de la Faculté de Médecine de Paris. Réflexions [ur les dangers des exhumations précipitées | © fur les abus des inhumations dans les Eglifes , fuivies d’obfervations fur les plan- cations d'arbres dans les Cimerières. Par M. Pierre Touffaint Navir, Doïteur en Médecine , Confeiller - Médecin du Roi , pour les maladies épidémiques , &c. Affocié Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris , & Membre de celle de Châlons- fur-Marne. À Amfterdam, & fe trouve à Paris, chez B. Morin, Imprimeur-Libraire , rue Saint-Jacques , 1775, #1-12, 79 pages. L’Auteur de ces Réflexions n’a pu voir fans frémir les dangers auxquels fe font trouvés expofés fes concitoyens, dans des exhuima- tions précipitées , & par la mulriplicité des inhumations dans les Eglifes. Après avoir rapporté une infinité d’accidens funeltes, dont lHiftoire fait mention, & de la plupart defquels il a été plufeurs fois rémoin ; il remonte à l’époque des inhumarions dans les Egli- fes, qui ne dare que du neuvième fiècle de l’Ere Chrétienne ; il rappelle rout ce qui eft le plus capable de faire renoncer à une L 2 ê4a OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, habitude, en effet, on ne peut pas plus pernicieufe , dans certains cas , pour la fanté des citoyens , & propofe enfin pour remédier à cet abus un plan de réforme, qui confifte principalement , 1°. à en- terrer les morts dans de vaftes Cimerières fitués hors des Villes 5 20. à les envelopper de chaux vive non éteinte, 30. à allumer des feux autour de ces Cimertières , à exciter des commotions dans Fathmofphère , au moyeu de la poudre à canon, & à entretenir des courans d'air; 40 enfin, à éviter les plantations d'arbres dans les €imerières, ou autour, comme pouvant s’oppofer à une circulation libre de l'air, ébranler les fondemens des murs par leurs racines , &c. Le tout eft accompagné de remarques fur l'infection de l'air , fur le danger des éxhalaifons peltilenrielles , putrides, &c. Nous prions M. Navier, dont on ne peut trop louer le zèle, l'humanité, le mé- rite, & les lumières , de nous permettre de faire, à notre rour , quél- ques réflexions fur un objet de cette importance , qui paroït fixer dans ce moment l’atrention du Miniftère Public. Elles pourront fervir de réponfe à tout ce qu'on a dit lä-deflus jufqu'ici. On ne peur contefter d’abord que toutes les fois qu’on à ouvert précipitamment, & fans attention, des fofles, des cercueils ; qu'on a fait des fouilles dans des endroits qui avoient fervi aux inhuma- tions, & dans lefquels il n’y avoit point de courant d'air , point de communication libre avec celui de l’athmofphère, on 2 obfervé des accidens très dangereux , des afphyxies, des morts fubites , des foiblefles, des fyncopes, des convulfions , &c. Mais ces malheurs, qui n'avoient point de rapport avec les inhumations dans les Eglifes, ne dépendoient uniquement que de l’effer de la putréfaction des cada- vres & de l’air putride qui s’en étroit dégagé, fans avoir de liberté, ni de communication libre avec celui de l'athmofphère. Aïnfi, ce n’eft point tant fur le danger de l’inhumation des corps dans les caveaux d'Eglifes qu’il faut infilter, ( puifque le même inconvénient peut avoir lieu au milieu d’un champ & dans une terre laboutée , fi matheu- reufement un cadavre en putréfaétion eft ouvert accidentellement & fubitement , & qu'on en refpire la vapeur , comme on la obfervé plufieurs fois), mais fur le danger de cette purréfaction , dans un lieu renfermé & privé de toute communication avec l’air extérieur; car fi l’on établiffoit un courant d’air dans les caveaux des Eglifes, au moyen de deux tuyaux & de deux ouvertures, qui porteroient la vapeur au haut des édifices, & que les cadavres y fufent à découvert, on n’obferveroit jamais ces fortes d’accidens. Tour le but de la réforme doit donc fe porter fur l’abus d’entaffer des os dans des charniers, comme on fait, & de priver les lieux de fépulture , tels que des caveaux, d’un courant d'air. SURUIHIST) NATURELLE ET LES ARTS. .S$ En fecond lieu , il paroît inutile d’allarmer tous les citoyens fur l'efec de ces vapeurs , puifqu'il eft prouvé par tous les faits connus, & par toutes les expériences de M. Prieflley & d’autres, que routes les fois qu'elles ont été nuifbles , elles l’ont été dans la condi- tion fufdire , c’eft-à-dire, d'air renferme ; & que leur effet , très- différent des maladies contagieufes ou peltilentielles , a été toujours une affection fubite , rendue fenfible quelquefois à l’inftant de la première infpiration; mais que du moment qu’elles fonc devenues libres, on qu'elles ont pu fe combiner avec d’autres corps, elles ont ceflé d’être pernicieufes ; ainfi la mofète animale , qui eft un corps particulier, ne peut avoir lieu , ainfi que fon effet , qu'autanc que l'air qui la forme , eft privé de liberté : fans cette condirion, elle ne fauroie exifter, & tout ce qui eft à l'air libre, à quelques pas de diftance de l'endroit où elle exerce fon action , elt en süreté; voilà pourquoi on voit des hommes aux charniers des Innocens à Paris, à dix pas des mofètes, ne refpirer d'autre air que celui du cimetière , depuis plus de quatre-vingt ans. Ce n’eft pas qu'on prérende que cer air foit faluraire, tant s'en faut; mais il convient de voir les objers tels qu'ils font, fans les groflir ou les dénaturer. En troifième lieu , d’après ce principe, que la nature a des moyens pour corriger fubitement , à l'air libre , toutes les mofètes les plus pernicieufes ; on fent l’inutilité d’allamer des feux en pleinair, & fur-cout de brûler de la poudre à canon, qui bien loin de corriger l'air, devient elle-mème, dans quelques circonftances, une mofere dangereufe, fuivant es expériences de M. Prieflley. En quatrième lieu , s’il étoit pofhible que l'air püt refter infeété par -quelque exhalaifon putride, la préfence des arbres dans les cimecières, fuivant les mêmes expériences du favant Anglois , feroit le moyen le plus cers tain connu jufqu’ici pour y remédier , foic par la faculté qu'ont toutes les plantes en végétation , de pomper fubitement, & d’abfor- ber ces fortes de vapeurs par leurs feuilles , foir par leurs racines ; ainf la plantation des arbres & des plantes graminées fete , dans les cime- tières , eft peut-être ce qu’il y auroit de plus avantageux à faire. Quant à l'effer de la chaux fur les cadavres ; fon application deviendroit inutile dans les cimetières , fur le nouveau plan ; mais elle peut être em- ployée avec fuccès dans le cas d’inhumations dans les Eglifes , telles qu'on les pratique aujourd’hui , pour empêcher les progrès & les effers de la putréfaction. Nouvelle Méthode de traiter les Maladies vénériennes par La fumigatior, avec les Procès - verbaux des Guérifons opérées par ce moyen; par M. Lalouette, Doëfeur - Régent de la Faculté de Médecine d2 Paris, & Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel ; publiée par ordre du Roï, À Paris, 86 OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, chez Mérigot l'aîné, Libraire , Quai des Auguftins, 1776. ër-8° avec figures. Prix, 2 liv. 8 fols broché. Parmi les avantages qu'on peut tirer de cet Ecrit, il en eft un bien précieux, qui confifte à obtenir le mercure le plus pur pofli- ble pour la guérifon des maladies vénériennes. Beaucoup de recherches & d'expériences de Chymie fur la purification & les préparations les plus eflentielles de ce corps métallique, ont conduit l’Auteur à cette découverte : il fait voir les principaux inconvéniens des différentes Méthodes pour la guérifon des maux vénériens, & donne enfin la préférence aux fumigations , dont l'utilité fe trouve garantie & conf- tatée par plufieurs certificats des gens de l'Arr. M. Lalouerte , dont la réputation eft connue , n’avoit pas befoin de ces témoignages pour infpirer la confiance qu'une pratique heureufe lui a acquife depuis long-tems : on ne fauroit trop l’inviter à donner au Public le Traité qu'il promet fur les vices de lymphe , fur les rumeurs fcro- phuleufes, &c. M. Jacquin , Profeffeur de Botanique , & Infpecteur du Jardin des Plantes de Vienne en Autriche, donne avis qu’en 1770 il publia un Ouvrage qui ne put s’exécuter qu'à grands frais & avec beau- coup de peine, dont le titre eft : Aortus Botanicus Vindobonenfis , feu Plantarum rariorum quæ in Horto Botanico Vindobonenf Auguftifimæ Mariæ-Thereliæ munificentié regid in Univerfitatis patrie excellens or- namentum publicamque utiliratem extruëlo, coluntur , icones coloratæ & Juccinélæ defcriptiones. Toutes les plantes y font repréfentées de gran- deur naturelle , avec leurs racines , autant qu’on l’a pu faire, & coloriées avec le plus grand foin & par les meilleurs Aruftes, On n'a tiré que 162 exemplaires de ce fuperbe Ouvrage, & il y en a déja cent de diftribués. Le premier volume contient cent planches , le deuxième autant ; l’Auteur eft occupé à donner la perfeétion au troi- fième, le tour fur un magnifique papier d’'Hollande. En 1773 , le même Auteur publia encore un autre Ouvrage dans le mème genre, fous le titre de Flore Auflriacæ , five Plantarum fe- leélarum ir Auftriæ Archiducatu fpontè crefcentium , icones , ad vivum coloratæ, & defcriptionibus ac fynonimis illuftrate. Les trois premiers volumes de ce dernier Ouvrage paroiffent , & il y en aura bientôt un quatrième. Pour le compléter , l’Auteur pro- met un Supplément pour chaque volume, où feront comprifes les Plantes d’Aurriche omifes , & les plus rares des Provinces limitro- phes, telles que la Hongrie, la Styrie , le Tyrol , &c. Le prix de chaque volume , qui contient toujours cent planches , eft de dix ducats de Gremnitz , ou 43 florins de Vienne. L’Auteur prie ceux SURVETHIST WATURELLE ET LES ARTS. 6} qui défireront fe procurer cer Ouvrage , de s’adrefler à lui direc- tement à Vienne , ahn qu'il ait la facilité de le leur procurer le plutôt poflible. Nous avons vu un modèle de ces Plantes, & en effer, elles font de la plus belle exécution, foit pour le deflin, foic pour l’effec de l’enluminure. Mémoire fur la Farine, par M, l'Abbé Poncelet , première Partie, À Paris, chez Piffor , Libraire , Quai des Auguftins, 1776. L’Auteur de ce Mémoire commence par un Avertiflement qui a pour tire Poff-Scriptum , dans lequel il dit » : Quoique ce premier » Mémoire fur la Farine, foit plein d'Obfervations neuves & in- »téreflantes , il faut cependant convenir qu'il s'y trouve plufeurs » affertions qui ne font ni aflez folidement prouvées , ni fuffifam- » ment développées «. Cette première partie de M. Ponceler,eft l'examen phyfque & un peu chymique des grains , fur-rout du froment. L'Auteur les examine à la loupe & au microfcope , & les repréfente un peu groffis dans une planche à fept figures ; cer examen a été fait par plufeurs Auteurs : quant à la partie chymique, elle n’eft pas abfo- lument neuve , puifqu'on la trouve , dans un grand détail, dans Beccari, dans l'Art du Boulanger , dans les Récréarions Phyfiques de M. Model , & dans l’Examen Chymique des pommes de terre : il y a cette différence néanmoins entre M. Ponceles & ces Auteurs, c’elt qu’il appelle fubftance fyrupeufe ce que les autres ont appellé corps muqueux ou fucré. Quant à la nature de la matière glutineufe, qu'il confidére comme une gomme-réfine , cette idée a été déja développée dans les Récréarions Phyfiques ; pour ce qui eft de l’amydon que M. l’Abbe Poncelet regarde comme la partie éminem- ment nutritive; cette vérité a été apperçue par M. Parmentier | qui a fair tous fes efforts pour la démontrer dans plufeurs Ecrits. Rifleffiont intorno al modo déffrarre dalla veffica le orine , col! Ag giunta d’un particolare infirumento per mezzo di cui fî cavano ficuramente quelle orine che non ee eftrarfi colla fciringa , da Aleffandro Cellai , maeflro di Chirurgia , in Firenze , 1774. C’eft-à dire , Réflexions fur la manière d'extraire l'urine de Ia veflie, avec la defcription d'un inftrument particulier , au moyen duquel on la fait fortir lorfqu'on ne peut l’extraire par la fonde ordinaire. Cet inftrumenr n’eft autre chofe qu’une féringue à laquelle eft adaptée une fonde creufe , ou l'algalie ordinaire. Le même Auteur a publié une fuite de ce premier Ouvrage , fous le titre d'Arilia perfezionata per l’eflrafione delle orine, 1774. Della Elertricita terreflre Atmosferica a cielo fereno offervazioni di Giambauilta Becccaria , 22-4°. 1775. c’eft-à-dire : Obfervations de M, s8 OBSERVATIONS SUR LAgPHYSIQUE, Jean-Bapiifle Beccaria , far l'Eleétricité terreftre athmofphérique, pag un tems ferein. Cet Ouvrage confifte en trois Lettres, dont l’une eft adreflée à M. le Marquis d’'Aigueblanche , Secrétaire d'Etat du Prince de Piémont , & les deux autres au Chevalier Pringle, Préfident de la Société Royale de Londres. On rendra compte de cet Ouvrage. Medical Meroirs of the difpenfary in London for part ofthe years 1773 and 1774, by John Coakley Lettfom, Phyfician to the general dif- penfary , c’eft-à-dire, Mémoires ou Obfervarions de Médecine faites au difpenfaire (hopital) de Londres, en 1773 & 1774; par Jean Coakl:y Lertfom , Médecin de cet hopital. Cet Ouvrage renferme un très-grand nombre d'Obfervations intéreffantes & précieufes fur plu- fieurs maladies , principalement fur les fièvres , les tumeurs cancé- reufes, la petite vérole, &c. & fur l’ufage du quinquina, de la ciguë & du mercure dans ces maladies. M. Baneau , Doéteur en Médecine , dont les talens font déja connus, s’eft chargé de la tra- duétion de cet Ouvrage, & on doit être affuré que l'original ne erdra rien encre fes mains. A feries of experiments , relating to phofphori, and the prifmatic colours, they are fomed to exhibit in the dark, by B. Wilfom, F. R.S. and member of the Royal Academy at Upfal. London , in-8°. 1775 :cett- à dire , fuite d’expériences fur le phofphore & les couleurs prifma- tiques , faites dans la chambre obfcure , par 8. Wilfom, Membre de la Société Royale de Londres & de l’Académie d’Upfal. L’Auteur a joint à ces expériences la traduétion de deux Mémoires de M. Beccari, fur le même fujer, virés des Aëtes de Bologne; ce qui ne laiffe rien à défirer fur cette matière: M. Faure, Docteur en Médecine, fe propofe d’en donner inceffamment la traduétion au Public. The hiflory and prefent flate of Eleétriciey , With orginal experiments, illuftrated 7ith copper-plates. C’eft la quatrième édition en deux formats in-4° & in-8° , corrigée & confidérablement augmentée de l’hiftoire & de l’état préfent de l’Electriciré, que publie l’infatigable M. Prieflley, Docteur ès - Loix , & Membre de la Sociéré Royale de Londres , aufi profond Jurifconfulte & Théologien , qu’'ingénieux Phyf- cien. Experiments and Obfervations on different kinds of Air, Vol. IT; by Jofèph Prieflley , L. L. D. FE. R. S. London, 1775, in-8. c'eft- à-dire, Expériences & Obfervations fur différentes efpèces d’Air; par J. Preflley. C’eft la feconde Partie de l'Ouvrage , dont la pre- mière a été traduite par M. Gibelin, que le Docteur Prieflley donne au Public. Voici les Sommaires des principaux Articles donc il eft aueftion dans cer Ouvrage, SECTION LE. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 29 Secrion PREMIÈRE. De l'Air acide vitriolique. 8 Secr. II. De l’Air acide végétal. .Secr. III. De l'Air privé de fon phlogiftique & de la conflitu- tion de l’athmofphère. Secr. IV. Détails de quelques procédés pour tirer l'Air, privé de fon phlogiftique. Secr. V. Différentes Obfervations fur les propriétés de l'Air, privé de fon phlogiftique. _ Secr. VI. De l'Air viré de diverfes fubftances, au moyen de la chaleur feule. : Secr. VII. De l'Air produit de la diffolution des fubftances vé-, gétales, au moyen de l'acide nitreux. - Secr. VIII. De l'Air produit par la diffolution des fubftances animales , au moyen du mème acide. Secr. IX. Plufeurs Expériences relatives au nitre , à l'acide ni- treux, & à l'air nitreux. Secr. X. Quelques Obfervations fur l'Air commun. Secr. XI. De l'Air acide fluor. Secr. XII. Expériences & Obfervations fur l'Air fixe. Secr. XIII. Différentes Obfervations. Secr. XIV. Expériences & Obfervations fur le Charbon de bois; inférées dans les Tranfaétions Philofophiques. Secr. XV. De l’Eau imprégnée d’air fixe. Inftruétion fur la manière d’imprégner l’Eau d’air fixe. Objeétions du Docteur Nootk , fur cette méthode ou imprégna: tion, &c. & comparaifon de fa Méthode perfeétionnée , par M. Parker, avec celle de Prieflley. Secr. XVI. Expofrion de quelques mauvaifes interprétations des fentimens de l’Aureur, & de différentes opinions fur l'Air. Secr. XVII. Expériences relatives à quelques Seétions précé- dentes, faites depuis l’imprefion de l'Ouvrage. Supplément. N°, 1: Expériences & Obfervations relatives à cer- taines Propriétés chymiques fur l'Air fixe , qui rendent à prouver que ce n’eft que la vapeur d’un acide particulier , &c. N°. 2. Lettre du Docteur Percival au Docteur Prieflley , fur la diffolution des pierres dans la veflie urinaire, & la veñicule du fiel, opérée au moyen de l’eau imprégnée d'air fixe. Tome VII, Part. I. 1776. M #5 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; N°. 3. Lettre du Doéteur d'Obfon de Liverpool, au Doëteur Prieflley: N°. 4. Extrait d’une Lettre de J. Warren, Doéteur en Médecine de Taunton, au Docteur Prieffley , fur un cas médicinal , qui prouve Pefficacité des lavemens , imprégnés d’air fixe, dans une maladie putride, ' On fera connoître plus particulièrement cet Ouvrage. L'Académie des Sciences, belles-Lettres & Arts de Rouen, tint fa Séance publique, le Mercredi 2 Août 1775. Après la leéture de divers Mémoires fur les Belles-Lertres, M. dé Couronne annonça , que l’Académie n'ayant reçu aucuns Mémoires pour concourir au Puix des Belles-Lertres , elle propofe de nouveau ks mêmes Programmes & Demandes. Pour le Prix d'Hifloire. » Une notice critique & raifonnée des » Hiftoriens anciens & modermés de la Neuftrie & Normandie ; de- » puis fon origine connue jufqu’à notre fiécle, pour fervir d’intro- » duction à l'Hiftoire générale de la Province «. Pour L: Prix d'Eloquence. » L'Eloge hiftorique du Parlement de » Normandie; depuis Louis XI. « È Les Mémoires, écrits lifiblement en François ou en Latin, fe ront adreflés, francs de port, & dans la forme ordinaire, avant le- premier Juillec 1776, à M. Haillet de Couronne, Lieutenant-Géné- ral-Criminel du Bailliage , Secrétaire perpétuel. Les Auteurs évite zont de fe faire connoirre, & joindront feulement à leur Ouvrage: un billet cacheté qui contiendra leur nom &la répétition de PE: pigraphe. M. Dambourney , Secxétaire perpétuel pour les. Sciences & les Arts utiles, annonça plufieurs Mémoires & Découvertes, dont nous sendrons compte dans le Journal prochain. La Société Royale des Sciences & Ârts de Metz, adjugéra, lan- née prochaine, une médaille d'or de la valeur de 400 livres, à celui qui aura donné le meilleur fyftème au projet faifonné d’une culture de la Vigne propre & la maintenir toujours er vigueur, Jans nuire a la qualité du vin ; également praticable dans les cerreins à plénter .nouvelle- ment en vignes, &* dans ceux qui font plantés depuis: long tems ; .conves nable à la température 6 au fol du pays Meffir ; moins. difpendieufe que celle qui y ef uficé , € par laquelle la vigne ‘Jois d’un. égal produit, plus à l'abri de la gréle, les feuilles mains expoftes a rougir & a fe bri- ler , Les raifins moins fujets à couler 6 plutôc märs. La Socicté défire roic qu'un pareil Mémoire für fuivi du manuel de cetre .cultute ‘détaillé clairement’, &' en peu de mots: f La même Société ‘demande, pour la feconde fois & pour année 1! SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 91 4777, de déterminer, par un analyfe exaüle, les qualités & Les propriétés médicales de l'eau de la Mogeile, ainff que des différentes Fontaines de da Ville de Metz , & de conflater f£ l'on peut, fans inconvénient pour La fanté de fes habitans , Jubflivuer l'eau de la Mogelle à celle des Fontaines ? La Société des Arts de Londres ; propofe, pour l’année 1777, cent guinées, ou une médaille d'or de pareille fomme, au choix des Auteurs, à celui qui lui indiquera x Etalon invariable des poids € des mefures , qui puiffe étre employé en tout tems, 6 qu'on puiffe communiquer par écrit où par des figures , à tous ceux qui fouhairerone d’en être inftruits. Pour mériter le prix , 1l faut. que la découverte foit démontrée praticable, par des raifonnemens convaincans , ou par la produétion d’un modèle. On doit obferver que, relativement aux mefures des longueurs, on a tâché de les dérérminer à l’aide des pendules; mais ce moyen eft fujer à bien des inconvéniens connus, & qui empèchent d’en faire ufage ; il faut donc en chercher un autre que l’on puifle em- ployer plus füremenr. Anglois ou Etrangers , tout le monde fera admis au concours. Prix propofé par l’Académie des Sciences, Arts & Belles-Lertres de Dijon, pour l’année 1777. L'Académie demande pour le Prix, que l’on détermine l’aëior des acides fur les huiles, le mécanifme de leur combinaïfon | & La nature des différens compofës favonneux qui en réfultent. Les Auteurs font invités à indiquer dans les trois règnes, les produétions naturelles les plus fimples , qui participent de l'érat (a- vonneux acide ; à effayer, en ce genre, de nouvelles compofitionsz à expofer leurs propriétés générales ; à défigner leurs caractères par- ticuliers, & à ne préfenter leur théorie, qu'appuyée de l’obferva- tion & de l’expérience. Les Mémoires feront écrits en françois ou en latin, & l’on fera libre de leur donner l'étendue nécefaire. Tous les Savans, à l'exception des Académiciens réfidens, feront admis au concours. Ils ne fe feront connoître ni direétement, ni in- direétement; ils infcriront feulement leurs noms dans un billec cacheté, & ils adrefleront leurs Ouvrages, francs de port, à M. Muret, Docteur en Médecine, Secrétaire perpétuel , qui les rece- vra jufqu'au premier Avril inclufivement des années, pour lefquelles ces différens Prix font propofés. Le Prix, fondé par M. le Marquis du Terrail , & par Madame Cruffol d'Jzès de Montaufier , fon Epoufe, à préfenr Duchelle 4 LT 92 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c Caylus, confifte en une Médaille d’or de la valeur de 300 livres; portant , d’un côté, l'empreinte des Armes & du Nom de M. Pouffer, Fondateur de l’Académie; & de l’autre, la Devife de cette So- ciéré littéraire. Le fieur Ruault, Libraire, rue de la Harpe, donne avis qu'il vient de recevoir le cinquième Volume des Mémoires de l’Académie de Gotringue, & la treizième édition du Syflema vegetabilium de Linneus, donc M. Muray eft l'Editeur. On fait que ce dernier Ouvrage a l'avantage de réunir, en un feul volume , la partie qui concerne les végétaux du.Syfema nature, le genera & le Jpecies plantarum de ce célèbre Naturalifte. le Demella: Janvier 1776 : cernes Der mm Se FU | LUE POS rc ageT EME EE à nes OBSERVATIONS DUMPL OE BIACE EH Y SOUSSE, Se L'HISMROPRE"NA'T UR ELLE ET SUR: ILES 04 RTS; ANEC/FDES PLANCHES EN .LAILLE-DOU-CE, | DÉDIÉES Poule E COMTE. DA RT'OTS: Par M. PAblé ROZIER, Chevalier de PEglife de Lyon . de l Académie Royale des Sciences, Beaux-Arts & Belles-Lettres de Lyon , de Villefranche, de Dijon, de Marfeille, de Fleffingue , de la Société Impériale de Phyfique & de Bo- tanique de Florence , Correfpondant de la Société des Arts de Londres ; de la Société Philofophique de Philadelphie ; &c. ancien Directeur de l'Ecole Royale de Médecine - Vétérinaire de Lyon. TOME SEPTIÉME. PAEN-RÈINENRS 1776. MES ARS ai D BUT Chez RUAULIT, Libraire, rue de la Harpe. MIND CHE-MExXIX VOTE ANA ICWPER I PAIN EN ENG END UN EIOPNT A VITRO À MM. les SouscrrPTEuURS dont l’'Abonnement finit à la fin de l'année 1775. Pr USIEURS Soufcripteurs fe font plaints de ce qu'ils ne recc- voient pas les Cahiers aufli-tôt qu'ils avoient formé leurs deman- des. Ils font priés d’obferver que fouvent ils s’adreffent à des Commiflionnaires qui négligent de foufcrire , ou de faire par- venir les Cahiers à leur deftination. Pour éviter, à l'avenir , de pareils reproches & de femblables lenteurs , MM. les Soufcrip- teurs, qui ont été dans le cas d’être mécontens, font invités à recommander expreflément aux perfonnes qu'ils chargent de leurs commiflions , d'être plus exactes que par le pañé : ou s'ils jugent la chofe plus commode , de configner le montant de la Soufcription au Bureau des Poftes de leur Ville, fans l’affran- chir , mais affranchir feulement la Lettre qui en donne avis. Un fecond fujet de plainte vient de ce que ceux, chez lefquels on prefcrit de remettre les Exemplaires, les prêtent , les égarent, & difent enfuite ne les avoir pas reçus. On prévient que l’on fait l'appel de chaque Cahier & de chaque Soufcripteur, comme dans un Régiment on fait l'appel des Soldats, & tous les Cahiers font portés fermés , dans un fac cacheté, à la grande ou à la petite Pofte de Paris. On voit par- là, que fi quelques-uns ne font pas rendus, ce n’eft plus la faute du Bureau des Journaux. MM. les Soufcripteurs, qui défirent renouveller leur Abon- nement pour l’année 1776 , font priés de donner Zeur nom & de- meure , écrits d’une manière lifible , dans le courant du mois de Décembre, ou le plutôt poflible, afin d’avoir le tems de faire imprimer leur adrefle. On foufcrit à Paris, chez l’Auteur , Place & Quarré Sainte - Geneviève, & chez les principaux Libraires des grandes Villes. Le prix de la Soufcription eft de 24 livres pour Paris, & de 30 livres pour la Province, port franc. Ed 4, AB LE DIE St AU RUTIT CSL ES. Contenus dans cette première Partie. L ETTRE de M.Cotte, Curé de Montmorency , & Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences; à l’Auteur de ce Recueil, page 9 3 Lettre de M. le Roy , de l'Académie Royale des Sciences, à L Auteur de ce Recueil, 10 Queflion fur La Réfonnance multiple du Corps fonore, 2. Lettre de M. Neret, à l'Auteur de ce Recueil, 109 Suite des Expériences fur l'influence de la Lumière fur les Plantes, faires a Francker en Frife, par feu M. B. C. Méefe, 112 Expériences fur l Acide tartareux ; par M. Bertholler Doëteur en Mé- decine , 130 Mémoire fur les accidens auxquels font expofés Les Garçons Chapeliers de la Ville de Marfiille, € fur les moyens de Les prévenir ; par M. Magnan , Dotteur en Médecine , 148 Réponfe de M. du Coudray , Capitaine au Corps de l'Artillerie, Cor- refpondant de l’Académie des Sciences, à la Crivique faite par M***, célèbre Proféffeur d'Hifloire Naturelle, Allemand, de fa Lettre fur l'Air fixe, @ d'autres propriétés annoncées dans la chaux , inférée au Cahier de Mars dernier du préfent Journal, 154 Moyens d'empêcher que les Murs de face foient pouffes par Les Voñtes de briques € plätres , dites Votes plates, fubflituées aux Planchers | 158 Suite de la Differtarion fur le Mouvement & la Matière, pour expliquer les Phénomènes éleëtriques; par M. Comus , 162 Obfervations Méréorologiques , faites , en 1776, en différentes parties de la France, 175 Nouvelles Lirtéraires , ‘176 Fin de la Table, AMP BP. R';0 HANOTAT TOUR J, 1 Îu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui & pour vitre : Obfervations fur la Phyfique , fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts, &c. par M. l'Abbé Rozter, &c. La collection de faits importans qu'il offre pério- diquement à fes Lecteurs, mérite l'accueil des Savans ; en conféquence, j'eftimg qu'on peut en permçitre l'impreffion. À Paris, ce 26 Février 1776. VALMONT DE BOMARE OBSERVATIONS el doper OU Laden LE De M°COTTE, Curé de Montmorency, @& Correfpordant de lAca= démie Royale des Sciences, à l’Auteur de ce Recueil. M. Dévoué par goût à l'étude de la Météorologie, je me fuis appliqué à prouver l’utilité de cette Science , dans les différens Ou- vrages & Mémoires que j'ai donnés au Public fur cette matière; & comme je fuis perfuadé que cette utilité ne peut fortir que de la réunion & de la comparaifon de toutes les obfervations qui ont été faites, & qui fe feront dans la fuite , j'ai particulièrement dirigé mon travail vers cer objet. À l'égard des obfervations paffées, j'ai réuni tout ce que j'enai pu recueillir dans mon Traité de Météorologie > X pour me mettre en €tat de continuer à remplir ce plan, j'ai prié les Phyficiens qui s'occupent de Météorologie, de me communiquer leurs obfervations, m’engageant à les rédiger & à les comparer en- femble, pour en faire jouir enfuire le Public. .Mes vœux jufqu'à ptéfent , n’ont encore été exaucés qu’en partie : la reconnoiflance m'oblige de nommer ici les Phyficiens qui ont bien voulu entrer dans mes vues; j'ai trouvé d’abord dans MM. de l’Académie des Sciences , beaucoup de zèle pour feconder mes intentions ; ils m'ont même chargé de la rédaction de ces fortes d’oblsrvations , avec pro- mefle de me faire pafler toutes celles qui feront adreffées à l’Acadé- mie. M. Meflier , Membre de cette Académie , & Aftronome de la Marine , a eu la complaifance de me communiquer tous fes Jour- naux d'Obfervations Méréorologiques , & vous avez déja rendu compte , Monfieur, des réfultats que j'en ai tirés. M. de la Lande qui embraffe toutes les branches de la Phyfique , s’eft empreilé de me procurer tous les fecours que je pouvois défirer, & je partage avec bien d’autres qui lui ont les mêmes obligations , le tribut de reconnoiflance qui lui eft dû. Je fuis redevable aufli à M, Guyot, d'excellentes Obfervations faites à Barèges , & dans la route de Barèges à Bordeaux : j'en attends encore d’autres faites à Bordeaux même, & dans différens endroits de la Gafcogne, dont M. Guyot doit me faite part , avec promefle , lorfqu'il fera de retour dans fa patrie , qui eft la Suifle, de me faire jouir du fruir de toutes les Obfervations auxque!les il compte fe livrer : il m’annonce aufli que M. Doüatr, Avocat-Général à la Cour des Aydes de Bordeaux, eft Tome VII, Part. I, 1776. N 94. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans la réfolution de me faire paffer les Obfervations qu’il a com- mencées depuis peu, & qu'il continue avec zèle. Le même M. Guyot m'a envoyé la relation d’une Trombe obfervée le 14 Mars 1774, dans la Paroiffe de Gujan , près le baflin d'Arcachon , à dix lieues de Bordeaux : cette relation , qui eft fort circonftanciée & très- bien faite, eft de M. Buter, Curé de Gujan: il y répond à plufeurs queftions intéreflantes , que M. Guyor lui avoit propoftes. Je vous communiquerai ,} Monfieur, cette Pièce (1), d’autant plus vo- lontiers , que le détail des Queftions & des Réponfes dont je parle, eft crès- propre à guider les Obfervateurs qui fe trouveront dans le cas d’être témoins de pareils phénomènes. J'ai encore trouvé un correfpondant fort zélé dans la perfonne de M. le Baron de Poëderlé le fils , qui réfide à Bruxelles : j'ai eu en- tre les mains fon Journal d'Obfervations : elles font faites avec beau- coup de foin & d’exactitude : enfin, j'attends de Marfeille des Ob- fervations que je défirois depuis long-tems, parce que je fais qu’elles font très-bien faites par M. de Saint-Jacques de Sylvabelle, Di- recteur de l’Obfervatoire de Marfeille. Après avoir parlé des Obfervations fur lefquelles je puis compter, qu'il me foit permis de dire un mot de celles que je défirerois, Les différens papiers publics m’apprennent que l’on fuit très-exac- tement les Obfervations météorologiques à Lyon, à Dijon à Mont- pellier , à Touloufe, &c. à Stockholm, à Berlin, à Pétersbourg & dans plufeurs Villes de l'Allemagne : peut-être n’ai-je pas encore fufifamment mérité la confiance des Savans qui s'occupent de ces fortes d'Obfervations ; j’efpère que le détail abrégé que je vais don- ner des Obfervations que j'ai reçues depuis la publication de mon Ouvrage fur la Météorologie, les excitera à entrer dans mes vues, en m'aidant à publier chaque année , ainfi que je m'y fuis engagé, lhiftoire météorologique de l’année précédente , d’après les Obfer- vations qu'on aura bien voulu me communiquer. (1) L'on donnera cette Obfervation dans le prochain Journal, SURVLHIST, NATURELLE ET'LES ARTS, 9 COM PR EAR AT RESs ON DES OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites en différens Pays , pendant les années 1772 , 1773 Ë 1774, É qui mont été adreffces. Je ne donnerai ici que les réfulrats, afin de moins groffir ce Mémoire. J'ai eu foin, chaque année , de préfenter à l’Académie le détail circonftancié de rôus les faits météorologiques obferves , tant ceux qui m'ont été adreflés , que ceux qui étoient annoncés dans les Papiers publics, d’où je les ai extraits ; j'efpère que ces Mémoires , au nombre de fix, trouveront leur place dans le Re- cueil des Mémoires préfentés par les Savans étrangers. Années. à Paris. à Bruxelles. à Montmorency. Jours de la plusgr. chaleur, .1772. 26 Juin. 27 Juin. 27 Juin. 1773. 14 Août. 14 Août. 14 Août. 1774. 26 Juill. 17 Juin. 26 Juillet. Jours du plus grand froid... 1772. 19 Janv. 31 Janvier. 20 Janvier. 1772 SEEN MAUGULEEVELETS s Février. 1774. 27 Nov. 11 Janvier. 27 Novembre. Joursdelap.gr.élév.dumerc, 1772. 8 Juin. 24 Décembre. 8 Juin. 1773-04 EEV-UAECVEIES. 4 Février. 1774. 24 Déc. 23 Décembre. 24 Décembre. —————— Jours dela moin.él.dumerc, 1772. 16 Janv. 16 Janvier. 16 Janvier. 1773. 12 Nov. 12 Novemb. 12 Novembre. 1774. 14 Janv. 18 Janvier. 14 Janvier. Degrés. Degrés, Depgrés. Plus grand degré de chaleur. 1772. 30% 28 28% 1773» 31 28 2e aATtr 27 244 255 96 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Années. à Paris. à Bruxelles. à Monmor. Degrés. Degrés, Degrés. Plus grand degré de froid, » 1772. —4} oO —6+ 1773. —8 —6+ —$ 1774 nil AR és Dix, Dix. Dix Degré moyen de chaleur, . 1772. 9.9. 10,0. 0.6. 1773 10.5; Do) 9-0 1774 10.8. 9.5 9-3 mt Pouc. Lign. Pouc. Lion. Pouc, Lign, Plus grande élévat. dumerc. 1772. 28H 2 IRZ SE OMR CENRE 2e 1772 LORS C0 UNE DR ONS 2 DNS OR SA TRES AE MINCE Moindre élévat. du mercure. 1772. 26. 10.5. 27. OS RICE 1773 002720 OO 20 SITES NE GNT O0: 1774 027 27 27e SZ 7- OS Elévationmoyenne dumerc. 1772. 27. 11.1. 28. O.6. 27. &ë.. 1773 001280004020 010.8 027-1100. 127741210100 27: MUNEO-M2 7 LOC Vents dominants, +... 1772. N.E, SO" OMONEIN: 1773 SO: SO 8210: SO: 1774. SO. SHOHE AO S: O Nombre des jours de pluie. 1772. 127. 125. 123. 778 150. 151. 147. 1774. 166. 170. 157. Le VAR TEATYE LÉ Température froide & humide pendant ces trois années. — "2" "© ————————— — ——————— ———————————————_—————. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 97 Par ces différens réfultats, il paroît, 1°. Que les decrés extrèmes de chaleur, font un peu plus grands à Paris & à Bruxelles qu'à Montmorency : l'air eft toujours plus concentré & plus chargé de vapeurs dans les villes qu’à la campagne, d’où réfulte une plus grande chaleur : d’ailleurs, les thermomètres de MM. Mefñier & de Poëderlé , font placés de façon que la réflexion du pavé & des bi- timens leur fait éprouver des variations auxquelles ils ne font point expofés dans la campagne: j'ajouterai à cela que mon thermomètre, placé dans une rainure entièrement évuidée, communique immé- diatement avec l'air, au lieu que les thermomètres font ordinaire- ment montés fur une planche qui conferve toujours un degré de chaleur différent de celui de l'air : on voit bien que le desré de chaleur de chaque jour de l’année, doit fuivre les mêmes proportions dans ces différentes villes , pour Îles mêmes raifons. 2°. Que les variations du mercure entre les élévations extrêmes de l’année, font plus grandes de deux lignes à Paris & à Bruxelles, qu'à Montmorency. Ne pourroit-on pas attribuer cette différence à une plus grande quantité de vapeurs que contient l’athmofphère des villes ? 11 eft certain qu’une quantité plus ou moins grande de va- peurs répandues dans l’athmofphère , influe beaucoup fur les varia- tions du baromètre : en multipliant les vapeurs , on multiplie les caufes qui font varier le mercure: il doit donc être plus variable dans les villes que dans les campagnes. (Voyez furla caufe des variations du mercure, Traité de Météorologie ; pag. 183 & 6o2). On n'a jamais vu le mercure fi haut à Paris, que le 24 Décembre 1774. 3%. Que l'élévation moyenne du mercure eft à-peu-près la même à Paris & à Bruxelles : il n’y a qu'une demi-ligne de différence ; mais à Montmorency, le mercure fe foutient environ 2 1 lignes plus bas qu’à Paris à l'Hôtel de Clugny, & 2 + lignes plus bas qu’à Bruxelles. Nous faurons bientôt au jufle ; les véritables diffé. rences qui fe trouvent entre Montmorency & le niveau de la Seine au Pont-Royal , le Collége Royal, l'Obfervatoire , l'Hôtel de Clugny , l'Hôtel d’Yorck , &c. M. le Chevalier Shucliburght , Anpglois, travaille actuellement à les fixer d’une manière irrévocable, 4°. Que les vents dominans dans ces trois villes, font le Sud-Oueit & l'Eft ; ils font en général, beaucoup plus violens à Bruxeiles, qu’à Paris & à Montmorency. 5”: Que le nombre des joursde pluie, deneige & de grêle eft égal à Paris & à Bruxelles ; mais il eft moindre de $ ou 6 à Montmorency. 6°. Que la température la plus ordinaire , eft celle qui eft froide & humide, ni 93 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, OBSERVATIONS fairs à Barèges, depuis le 22 Juin jufqu'au 7 Oëlobre 1774, par M. Guyot. Je ne donne ici ces Obfervations que fort en abrégé. Plus grand degré de chaleur, 23 $ degré, le 8 Aoùr. Moindre degré de chaleur, 6+ degré, le 14 Septembre. Degré moyen de chaleur, 14. 3 degrés. Il avoit été pendant le même-tems à Paris, de 16. 4 degrés ; à Bruxelles, de 15. 2 degrés, & à Montmorency , de 14. 2 degrés. Plus grande élévation du mercure , 24 pouces 6. 7. lignes le 19 Juin. Moindre élévation , 24 pouces , 1. 6 lignes , le 28 Août. Elévation moyenne, 24 pouces , 4. $ lignes. Elle avoit été pen- dant le même-tems à Paris, de 28 pouces, 1. 3 lignes; à Bruxelles, de 28 pouces , o. 6 lignes, & à Montmorency, de 27 pouces, 11. 1 ligne. En général , le mercure varie très-peu à Barèves. Vent dominant, Ouelt; température chaude & sèche. Les Obfervations du baromètre faites fur la route de Barèges à Bordeaux, & fur le Pic de Midi dans les Pyrénées, ne font pas fufceptibles d'extraits , je les donne ici telles que M. Guyot me les a envoyées. Noms des Lieux. Jours du mois d'O&vbre, Pouces. Lignes. Dix. Darèges NA SN SNA I US RSS RTE 24. 8 o. Rourdes NM CIN NET NOIR: 27e 2 6. Harbes:t: 0e NC NT CECI 0 27e 6. A0 INIICAN as Note ie PNR REIN Te 6. 2 Niirande Lee lee TR IN Ste 0e 27. Its 1, AIG CREUSE CAN EE PRO 27. 10. 2. Fleurance ti RONA ETES CONTI O: 218% 0. Te ÉAHorte te TP RC LOS 28. 2 2. Bortidenairec IN OCR: 28. 2. 4. FAR A Lee op ue je Late, FOIE LES 28. 3 o. Port Sainte-Marie. + . + , .. 1x1. 23. De o. Tonneins R NO IRR CRINENT CCS 28. 3: 45 TARN EAP NASA reSe 238. 2. 36 Éangon. Lt seu 0 LE ee DS Ge UEe 28. 22 3 (CORNE MN EN REMOTE MERE 28. De 41 Bordeaux NI C 7e 28. 3. Os Différence entre Barèges & Bordeaux, 3 pouc. 7 lig. ou 516 toifes, 8 31P 7 HS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 09 OBSERVATIONS fais fur le Pic de midi dans les Pyrénées, le à Septembre 1774. Szations. Baromètre Thermomètre. pouc, lig. dix. depr. “à FE Premiere Ne M 2E NT LT Dino bn ne flation & le po, Zigs Séronde. . s..:e0tE se 21 AU VE Omer. |. : NE re FÈE le fommer & Troifième. "M4. 20 018% 1 rc ArÉBeS. + . . » 4 3. Se _ nee le fommet & : ' GrdEa MENU MSN Quatrième. : + « 29 1 © 291 8, 2. OBSERVATIONS faies fur la Montagne las Cougas, le z Oëobre 1774. Différence entre le pied & le fommet, . x. r, 64 Pied dela Montagne. 23 2 4 19 GRAge le fommet & Comnierier Der M2 0 7 12 LCA TOUR UE - Entre le fommer & Bordeaux, , , . , 6,2, x: Il eft aifé d'évaluer ces différences en toifes, en comptant avec M. Deluc 12 + toifes par lignes. M. Guyot remarque , comme une chofe très-fingulière , que le thermomètre fe foit élevé à 19 + deg. au fommet du Pic de midi, au lieu qu’il femble qu'il auroit dû defcendre. COMPARAISONS des Obfervations extraites des Papiers publics, Obfervations faites à Lyon, à Auxerre & à Wittemberg , pen- dant les années 1770 & 1771, comparées avec celles qui ont été faites en même-rems à Paris & à Montmorency. Pour abréger , je défigne cés différentes Villes par les lettres fui- vantes. À, Paris. B, Montmorency. C, Lyon. D, Auxerre. E, Wicremberg. À 100. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 1770. 1771° Jours de la plus grande chaleur. À. 8 Aoûr. 9 Juin & 7 Août, B. 9 Août. 10 Juin. CAEN 27 Juillet. D. 18,25 &26 Juillet. 152 27 Mai. Jours du plus grand froid. .A. 7 Janvier. 13 Février. B. dem. Idem. CAM MA Mr mECmrienr D. . 13 Février. E. . 9 Février. degrés. degrés, Plus grand degré de chaleur. . À. 28 28 B. 28 27 (8 297 274 D: 26% = smmnnesl Plus grand degré de froid. .A. —7; —11} B. 7. —10# C. Sn 7 D. mi mnt mens) pouc li pouc. lig. Plus grande élévat. du mercure. A. 28 8+ 28 ci B. 28 Se 28 4 C. 27 YA 274.009 ee mme À Moindre élévation du mercure. A. 27 I 27 22 27 oi 27 CE (@ 26 107 26 8+ Quantité de pluie. . : : .B. 22 37 18 o C. 31 $ 22 o D. 22 F 21 S E 3200 28 4 "OBSERVATIONS SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. xo1 © BSE RVATIO NS Méréorologiques faites à Montpellier en 17743 par M. Mourgue. Vent dominant , Nord. Jour de pluie , 87. Quantité de pluie; 28 pouces 2 À lignes, Plus grand degré de chaleur , 30 degrés le 7 & le 9 Août. Plus grand degré de froid ; 6 degrés de condenfation le 28 Novembre. Différence , 3G degrés. Plus grande élévation du mercure , 28 pouces 6 lignes le 6 Octobre : on ne l’avoit jamais vu fi haut. Moindre élévation , 27 pouces 4 + lignes le 25 Novembre: différence , 13 ; lignes. Quantité de pluie, en 1773, à Montmorency, 23 pouces 2 lignes ; à Paris, 21 pouces 11 lignes. En 1774; à Montmorency , 23 pouces; à Paris, 22 pouces 3 lignes. OBSERVATIONS Méréorologiques, faites à Pérersbourg en 1774. Plus grande élévation du mercure , 29 pouces + mefure de Paris 00 le 8 Décembre ; on ne l'avoit jamais vu fi haut. Moirdre élévation, 26 pouces % le 19 Janvier. Différence , 2 pouces 23 : élévation moyenne , 28 pouces -L-. Plus grand degré de chaleur, 24 + degrés te 8 Juiller. Plus grand degré de froid , 22 degrés de condenfation le ao Février. Dans les années précédentes , le plus grand froid avoit toujours furpallé le 27e degré de M. de Réaumur. Le nombre des jours froids a été plus grand qu'à l'ordinaire : il y a eu 173 jours de gelée. En 1773, il n'y en eut que 148, & en 1772, que 1443 il ya eu en 1774, 239 jours au-deffus du point de la congélation; ily en eut 246 en 1773, & 267 en 1772 : les vents dominans ont été le Nord-Ouelt , le Nord-Eft & le Nord. Les mois de Février , Mai, Octobre & Décembre ont été les plus venteux. En 1774, la plu 83 jours 5en 1773, 96 jours ; en 1772, 114 jours. Il a neigé en 1774, 66 jours; en 1773, .57 jours; en 1772, 61 jours. IL a grèlé deux fois en Septembre , une fois en Novembre. Il a ronné 17 fois: en 1773, il y eut 16 jours de tonnerre , & en 1772; il n’y en eut que 7. Le mois de Novembre & une partie du mois de Décembre, ont été extrèmement froids dans prefque toute l'Europe , & particuliè- rement dans le Nord : (à Copenhague, 7 degrés de condenfation le 31 Novembre ; à Drontheim en Norvège, 15 degrés de condenfa- tion le 10 Novembre). Ce font ces froids extraordinaires du Nord , qui vraifemblablement ont occafonné les froids exceflifs que nous avons reffentis en France; car ils avoient précédé de plufieurs jours , dans le Nord : les neiges y ont été aufli très-abondantes ; il ne paroït cependant pas que cette température ait nui aux productions de la Tome VII, Parc, I. 1776. 102 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, terre. De mémoire d'homme, on n’avoit jamais éprouvé en Europe des intempéries femblables à celles de ces deux mois : le baromètre s’elt aufi élevé à Paris , vers la fin de Décembre , au plus haut point qu’on l'ait jamais vu.Ainfi,les mois de Novembre & de Décembre feront une époque dans l’hiftoire de la Météorologie. Je ne parle point des Obfervations faites fur Le froid extraordinaire qu’on éprouva à Senoner, le 27 Novembre , parce que le détail de ces Obfervations fe trouve dans le Journal de Phyfique , Cahier de Décembre 1774. page 481. Ox ne peut que louer infiniment le zèle & les travaux de M. Core , & de tous ceux qui font des Obferyations météorologi- ques. On pourroit mème citer ce dernier travail comme un mo- dèle de ce genre, par fa précifion & l'avantage des degrés de tem- pérature de divers lieux , rapprochés & comparés enfemble. Tous ces tableaux font connoître les différentes températures qu’on obferve dans l’athmofphère; mais peut-on fe flatter d’en tirer aflez d’avan- tages un jour, pour en faire quelque application heureufe, foir à l'Agriculture , foit à la Médecine ? C’eft ce donc il eft permis de douter , fur-tout files Auteurs de ces fortes d'Obfervations s’écartent des bornes que prefcrit la fcience météorologique ; c’eft-à-dire, s'ils préfuppofent malheureufement , comme ils le font prefque toujours, pour tirer leurs conféquences, une influence dans l'air, & des prin- cipes de maladies qui n’y ont peut-être jamais exifté. De-là vient, que depuis les Traités fublimes d’Hyppocrate, de flatibus , de aëre, docis E aquis, on n’a pas fait un pas dans la découverte des caufes de maladies, qu’on fait dériver de l'air. Que nous ont appris à leur fujet, ces nombreufes Obfervations météorologiques , faites, avec tant de foins , en Allemagne, en France, en Angleterre, en Italie , &c. depuis le commencement du fiècle paflé jufqu’aujour- d’hui? Rien, ou prefque rien. On fait que l’air eft très-variable. À quoi ont-elles fervi ? à groflir les volumes. Sydenham qui, en faifant fes obfervations , fuppofoit toujours, comme les autres , les principes de toutes les maladies qui deviennent épidémiques ou générales , préexiftans dans l'air, fur forcé de convenir , à la fin de fa courfe, qu'on n'entendoit rien à toutes fes variations, à fes différentes conf- titutions , & qu'on n’en pouvoit rien conclure pour expliquer la formation de ces maladies. 4r vero, dit-il, que qualifque fit illa aëris difpofitio , à qué morbificus hic apparatus promanat, nos pariter ac com- plura alia, circa que vecors ac arrogans Philofophantium turba nugatur, planè ignoramus. Cet aveu, le fruit d’une longue méditation fur l’origine de nos SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 103 maux , n'équivaut = il pas à une déclaration formelle qu'il auroic faite, en difant : 17 faut avouer que la plupart des maladies qu’on atrribue gratuitement aux variations de l'air, n’en dépendent pas du tout ? Pour aflurer qu’elles dépendent, en effet, de l’air, 1l fa droit en avoir la preuve certaine, en fournit une démonftraticn claire , évidente; ou bien que la Nature eût confié fon fecrer à quelqu'un ; mais comme perfonne n'a jufqu'ici obrenu un parcil avantage , il nous paroît beaucoup plus prudent, à l'exemple de M. Corte , de fe borner à la fcience des météores & des variatiors de l'air, fans en tirer, comme on fait , des inductions pour les maladies; fans lui fuppofer toujours une influence directe & phyf« que fur nos corps. À qui la Nature a-t-elle confié , par exemple, que les maladies contagieufes , telles que les pourpreufes, la petite vérole , &c. dépendoient de l'air ? Si quelqu'un peut le démontrer , fans donner, pour preuve de fon fentiment, les fruits de fon ima- gination , eric nobis magnus appollo. D dé Esp Tube R 1 De M. LE ROY, de l'Académie Royale des Sciences , à L'Aureur de ce Recueil. V: us favez, Monfieur, que la Phyfque ne fait de folides pro: grès, qu'autant que les Expériences & les Obfervations fe mulriplient & fe répandent. J'ai l'honneur de vous envoyer en conféquence, quoique d’une datte un peu ancienne, la Relation abrégée des effets du Tonnerre dans un orage qu'il y eut , en 1774, à Charles-Town , dans la Caroline méridionale. De plus , vous verrez qu’elle renferme quelques phénomènes intéreffans , & qu’elle femble encore confirmer l'utilité des Conduëleurs de la foudre, ou plutôt (comme je les appelle) des gardes-tonnerre. Vous pouvez la regarder comme très-authentique , étant traduite d’après une Relation im- primée en Anglois, que M. Franklin m’envoya d'Angleterre, quel- que tems avant de s’en retourner en Penfylvanie. De Charles-Town, le 12 Août 1774. Vendredi dernier , nous eûmes ici , aux environs de midi, plufieurs coups de tonnerre fi violens, qu'il y eut au moins cinq ou fix maifons qui en furent frappes dans très-peu de tems; mais heureufement , LE LR fuffenc 2 Mo4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pleines de monde, il n’y eut perfonne de tué. Un homme de con: fidération , qui occupe une de ces maifons , nous a fair [a faveur de nous envoyer le détail fuivant de ce qu’il à obfervé, & de ce qui s'eft paffé chez lui. » J'érois à lire tranquillement ( toutes les perfonnes de la maifon » éroient répandues dans les appartemens d'en haut & d’en bas), » lorfqu'un des plus violens coups de tonnerre me fit friffonner » dans mon fauteuil; je tombai, & je me trouvai comme affourdi. » La chambre où je lifois, & routes les autres de la maifon, fu- » rent à l’inftant remplies de feu & de fumée, qui me parurentavoir » la même apparence & la mème odeur, que fi ç’eüt été l'effet d'une » fufée : chacun en porta le même jugement. Tout ce qui formoit » le manteau de la cheminée d’une autre chambre , fut emporté & » jeté à la partie oppolite : le mur d’un trôïfième appartement fut »-entièrement renverlé, & tous les autres étoient diverfement lé- » fardés ou éclarés. On auroit dit que la flamme de la poudre à » canon avoit pailé fur les matériaux de la cheminée , & fur les » murs de toutes les chambres. Heureufement , perfonne ne fus » blefTé On Il eft crès-important de remarquer , qu'aucune des maifons ; qui onc été frappées de la foudre pendant cet orage, n’éroit armée de conducteur ow-de gardetonnerre , & en outre, qu'il n’y en avoit point qui n’en füt éloignée de plus de cent pieds. P. S. Les Conduéteurs de ce pays-ci (de la Caroline méridionale} font faits de barres de fer de trois quarts de pouce de diamètre, & fe terminent en pointes fort aiguës. Ces pointes s'élèvent commu- nément de huit ou dix pieds au-deffus de la cheminée, ou de la par- tie la plus haute du bâtiment, où. ils font adaptés. L’extrémité inférieure de ces conducteurs , fe prolonge jufques dans la terre hu- mide , ou dans l’eau. Telle eft, Monfieur, la Relation que je tiens de M. Franklin. Il eft für, qu’en bonne Phyfique, on ne peut aflurer pofitivement que les gardes - rormerre ont fair le falur des maifons qui en étoient armées , ainfi que de celles qui n’en étoient qu’à une certaine dif- tance. Cependant, tout femble propre à le perfuader. Ce qu’il y a de certain, au moins, c’eft que cette obfervation fur la diftance, où fe trouvoient les maifons: foudroyées, des conducteurs, eft curieufe, & mérite d'être confervée. IL eft mème très-important de vérifier, dans la fuite, ce qui en eft, & jufqu'à quelle diftance, en effet. peut s'étendre l’aétion d’un garde-tonnerre fur les maifons des en- virons, pour les garantir de la foudre. Mais quand ces confidéra- tions feront-elles bonnes à quelque chofe parmi nous, qui fommes f — SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 10$ lents à adopter les chofes utiles? Tous les vaiffeaux des Anglois fe- ront garnis de coriducteurs; tous leurs magafins à poudre, & ceux des autres Nations de l'Europe, en feront armés avant que nous pen- fions férienfemerir à en faire ufage, J'ai l'honneur d'être, &c. OU ETS ÉTVTIT ON Sur La Réfonnance multiple du Corps fonore. Li les Mufciens conviennent que fi l’on fait réfonner une corde fonore, on entend , outre le fon principal, la douzième & la dix-feprième majeure de ce fon principal ; c’eft-à-dire l’octave de fa quinte, & la double octave de fa tierce majeure. Tous conviennent également que les octaves de ce fon principal ré- fonnent aufli, mais qu’elles font tellement confondues avec le pre- mier, qu'il n’eft pas poflible de les diftinguer. Ces intervalles que rend la corde fonore, font les mêmes qu'on obtiendroit en la divifant fucceflivement par les cinq premiers chi- fres de la fuite naturelle des nombres 1, 2, 3,4, 5. Sila corde fonore dans fa totalité rend ze, fa moitié rendra we à l'oétave ; le tiers de certe corde rendra /o!, quinte de l’oétave ; le quart rendra la double oétave x; enfin, le cinquième rendra 1 , tierce majeure de la double oétave. M. Rameau , en répétant cette expérience , a entendu un autre fon qu'il fut difficile d'apprécier , mais dont il trouva l’uniflon , en faifant réfonner la feptième partie de la corde (r). Il paroïît donc que les fons entendus dans la réfonnance de la corde fonore , font les mêmes qu’on obriendroit en divifant cetre corde par la fuite naturelle des nombres, depuis r jufqu'à 7; car le fon du fixième de la corde, ne doit point être entendu , & n'en doit pas moiïns réfonner , puifqu'il eft l’octave du fo! rendu par le tiers de la mème corde, Ee fon du feprième eft un £ bémol (1) Il eft difficile à une orcille, même exercée, de diftinguer la douzième & la dix-feptième majeure dans la réfonrance d’un fon ; à plus forte raifon (e- xa-t-il dificile de diftinguer ce troifiéme fon; il faut, pour cela, un tems bien calme, & que toutes les autres circonftances foient crès-favorables, Ce 04 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plus foible d'un quart de ton environ, que le JE bémol tierce mis neure de fo. Quelques Auteurs qui ont écrit depuis M. Rameau, fur la théorie de la Mufque, prérendent que tous les fons que l’on obriendroit {ur une corde fonore, en la divifant par la fuite naturelle des nom- bres prolongée à l'infini , réfonnent dans le corps fonore (1). Si cette affertion évoit conftante , il s’enfuivroit que le fon feroit autant analyfé qu'il ef poñlible. Newton a démontré qu'un rayon de lu- mière eft compofé de fept couleurs primitives : fi le fon eft compofé d'autre fon que de fes otaves , de fa douzième & de fa dix-féprième majeure ; ne feroitce point rendre à la Phyfque un fervice impor- tant, que de le démontrer ? peut-être fufhroit - il pour cela de prouver que le fon du feptième de la corde réfonne bien fürement dans le corps fonore. M. Rameau, qui prétend l'avoir entendu , ajoute aufli-tôt que ce fon eft faux dans cette réfonnance. Quoique M. Rameau ait moins étudié le fon comme Phyfcien que comme Mufcien, fon autorité cependant dans cette matière , que l'oreille feule peut juger , eft d’un trop grand poids pour la négliger. On ne peut dire qu'un fon eft faux que relativement à d’autres fons avec lefquels il fait diffonnance ; le fon du feprième de la corde ne feroit donc faux dans la réfonnance du corps fonore , qu'autanc qu'il ne feroit point une bonne harmonie avec les autres fons qui entrent dans cette réfonnance : or , j'ai baiflé d’un quart de ton, ou environ, le /£ bémol de la troifième oétave de mon clavecin, pour le mettre à l’uniffon de celui qui feroit rendu par la feprième partie d’une corde dont la totalité feroit à l’uniffon de lues le plus grave du clavier ; j'ai frappé enfuite les cinq notes de la même octave ur , mi, fol, f bémol , ze : non feulement /£ bémol ne m'a pas paru faire une diffonnance; mais j'ai même trouvé dans cet ac- cord quelque chofe de plus doux , de plus flatteur pour l'oreille, que dans l'accord parfait majeur we , mi, fol, ut. J'ai répété cet effai de- vant plufieurs Mufciens harmoniftes , tous ont été furpris de l'effet de cette feprième, & ont porté fur cet accord le même jugement que moi, Cette expérience, que tout le monde peut faire avec facilité, paroît prouver que M. Rameau s’eft trompé , quand il a afluré que le fon du feprième de la corde, éroit faux dans la réfonnance multiple du corps fonore ; mais elle ne paroît point encore affez 2 0 ES (1) Voyez, entrautres , un Ouvrage intitulé : Recherches fur la Théorie de la Mufique, par M. Jamard. À Paris, chez Jombert, &c. SUR L'HISY. NATURELLE ET LES ARTS. ““o7 convaincante , pour donner le droit de prétendre qu'un Muficien aufli célèbre que NÎ. Rameau, s’eft trompé. Pour s’aflurer que le fon du feptième de la corde entre bien fü- rement dans la réfonnance du corps fonore , il faudroit avoir en {a difpofition une grande orgue. On trouve fur cet inftrument des jeux accordés comme les fons que donne fucceflivement la corde fonore, quand elle eft divifée par les fix premiers chifres de la progreflion naturelle des nombres ; fuppofez que l'on ait tiré les fix regiftres qui répondent à ces jeux (1), & que l’on enfonce une feule rouche du clavier , l’4 du milieu, par exemple , on fent qu’on n’entendra qu'un feul fon, quoiqu'on foit affuré qu'il y ait cinq tuyaux qui réfonnent, & qui rendent les deux octaves du plus grave, fa dou- zième , fa dix-feptième majeure, & l’oétave de fa douzième; il ne s’agiroit donc plus que de faire rendre par un feprième regiftre, le fon du feptième de la corde. Prenez le tuyau qui rend la vingt-unième mineure du fon le plus grave , adaptez-le à la place d’un autre qui réponde à la feule tou- che qu’on enfonce, & à un autre regiftre que ceux dont on a déja parlé ; accordez ce tuyau de manière qu'il rende exaétement le même fon que rendroit la feptième partie d’une corde , dont la totalité feroir à l’'uniffon du fon le plus grave(2); mais comme la feptième partie d’une corde rend un fon trop aigu , pour pouvoir être aifément eftimé, accordez la corde à l’uniflon de la double oétave du fon le plus grave, & mettez votre tuyau à l’uniflon des quatre feptièmes de cette corde : enfoncez la touche ; les fept regiftres étant tirés(3), vous n’entendrez qu’un feul fon, s’il eft vrai que le fon foit com- (1) Nous croyons qu’on aura les intervalles demandés , fi l'on tire les fix re= giftres ; avoir, le éourdon ou la montre, le preflant, AE, qguarte de nazard, tierce & l'arigot ; maïs peut-être feroit-il plus commode de ne donner qu'un feul jeu, & d’enfoncer avec des plombs ou autrement , toutes les notes du clavier qui rendent les intervalles de ces fix jeux ou des autres, dont on pourroit avoir be- foin ; les fons qu'on obtiendroit , feroient mieux faits pour aller enfemble , ce qu'il eft eflentiel d’obferver ; mais il faudroit repañler fur les intervalles, & rendre , le plus jufte qu'il feroit poffible, tous ceux qui auroient été altérés par le tem- pérament. (2) On peut, avec l’accordoir , baïffer ou hauffer un tuyau d'un quart de ton, fans lui faire aucun tort; & comme ilne faudra baifler celui dont on parle, que d’un = mi de ton; après l'expérience, il pourra être remis à fon ton, fans avoir {ouffert le moindre dommage. (3) Nous croyons qu'il feroic très-avantageux de terminer cet accord par la triple oëtave du fon le plus grave , laquelle eft rendue par la huirième partie de la corde. L'expérience feroic encore plus completre, fi on y ajouroir le fon du neuvième de Ja corde (c'eft un ré, quinte de l'oétave de la douzième), & le 8 OBSERVATIONS sUR LA PHYSIQUE; pofé des fons que rendroient toutes les aliquotes poffibles du cotps {onore. Mais fi le fon du feprième de la corde fe laiffe diftinguer d'une manière qui foit défagréable à l'oreille, il Senfuivra, je rois» que M. Rameau s’eft trompé ; en croyant lavoir reconnu dans l'har- monie du cofps fonore; mais il s'enfuivra en mème-tems , que C6t habile Mufñcien a eu raifon de regarder ce fon comme faux , & de le rejette de l'harmonie. Nous exhortons donc les Phyfciens & les amateurs de la Mufque s à faire fur l'orgue l'expérience que nous venons d'indiquer ; elle peut tre auf utile qu'elle eft curieufe : comment, en effet , feroit- il offible de raifonnet conféquemment fur la réfonnance multiple du corps fonore ; fi Von ne fait point jufqu’où s'étend cette réfonnance ? d’ailleurs, cet effet étant bien connu ; peur- ètre procureroit- il les moyens de perfectionner notre Mufique , en jui donnant l'expreflion dont les connoiffeurs fe plaignent qu’elle eft privée : Of » l'expérience ue je propofe eft le moyen le plus facile de réfoudre cette queftion. Quelle eft l'étendue de la réfonnance multiple du corps fonore ? ou, quels font les fons qui entrent dans la réfonnance du corps fonore ? fon du dixième de la mème corde ( c'eft un mi, Oo€tave de la dix-feptième ma= jeure ) » cela feroit d'autant plus facile à faire, que fur une orgue bien fournie, on trouve des regiftres qui rendent ces fons , fans qu'il foit néceflaire de rien déranger, ni de Men accorder. Cela feroit encore plus facile, ça fuivant le pros gédé que nous avons indiqué dans La note troifièmes : MÉMOIRE SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 105 ERP ERP PTS RNA De M. NERET, à L'Auteur de ce Recueil, M. NSTEUR, les matières quientrent dans la compofition de l’amal- game électrique, ne font pas ignorées ; mais leurs dofes, & la mani- pulation fur-tout, font fecrettes , ou du moins, je ne connois aucun Livre de Phyfique qui les ait données. Trois Ouvrages cependant ont parlé de cet amalgame ; mais ce qu'ils en ont dit, n'indique point de defes fixes, de procédés cer- tains, ni de manière d’opérer. On voit dans l'Hiftoire de l’Eleétri- cité, traduite de M. Prieftley (1), que Monfeur Canton augmen- toit la vertu des tubes & des globes éle@triques , en mettant fur leurs frottoirs un amalgame de mercure & d’étain, avec un peu de blanc d’Efpagne. M. Guiot, dans fes Recréations Phyfiques (2), recommande le blanc d’Efpagne bien fin & bien fec, mêlé avec de la pouflière d’érain & de mercure, qu'on Ôôre de derrière les glaces; enfin , M. Sigaud de la Fond, dans fon dernier & excellent Ou- vrage intitulé : Defcriprion & ufage d’un Cabiner de Phyfique (3), prefcrit de compofer l’amalgame éle@rique, de mercure faturé d’é- tain par voie de trituration , & réduit enfuire en poudre par l’in- termède d’une quantité fufffante de blanc d’Efpagne, pilé & bien fec. La difficulté de ramalfer affez d’étain de glaces pour l’ufage jour- nalier ; la prodioicufe quantité de matière calcaire ou abforbante, que M. Guiot fait entrer dans fon amalgame ; la différence de nos proportions à cet égard, puifqu'il met autant de blanc d'Efpagne que d’étain de glace, tandis que je n'ai qu'un feptième de craie fur fix parties métalliques, & d’un autre côté la bonté de l’amal- game que je compofe , me font penfer , Monfieur , que la méthode de M. Guiot eft très-inférieure à la mienne, Je n’en dis pas autant de celle de M. Sigaud de la Fond ; elle peut être fort bonne, mais elle eft néceffairement longue , embar- raflante, & les dofes des matières qu'il nous donne , ne font point, ce me femble, affez déterminées. Mon amalgame, au contraire, (1) Tome premier, page 257. (2) Tome 4, page 28, (3) Tome 1, page 314. Tome VIT, Part. I. 1776. P vo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eft très-promprement fait, & ce, par le moyen très-fimple que je dé- crirai tout-à-l’heure. Compofition de l'Amalgame éleürique. Mercure. - : ; à : 3 paities. Etain. ANR GE . . , 3 parties. Craie feule & pulvérifée. . à 1 partie. Manière d'opérer. Faites fondre votre étain, 3 onces, par exemple, dans une cuiller de fer; ajoutez-y 3 onces de mercure, il fe formera du tout un amalgame en confiftance de beurre , qui, frotté dans les mains avec une once de craie, formera un amalgame excellent ; je n’en ai jamais employé de meilleur, & probablement qui coûrär fi peu de tems & de dépenfe. La plus longue opération, eft de pré- parer la craie; le refte n'eft rien, & un quart-d'heure fufit pour les 7 onces qui coûtent 22 fols. Il faut conferver cet amalgame dans de petites bouteilles qui bouchent bien , & dans lefquelles on l'ait introduit tout chaud, Ciel électrique. Les expériences les plus agréables d’Electricité, Monfieur, celles où cette matière jette de plus beaux feux, font faites dans le vuide; plufieurs Phyfciens, & notamment M. Sigaud de la Fond, nous en ont décrit de magnifiques. En voici une qui s'opère en plein air, & qui ne le cède peur-être pas à celles faites avec la machine pneumatique ; rien ne paroîtra plus fimple que fon exécution; j'en dois l’idée à M. de la Fond , & je lui en fais publiquement l’hom- mage, d’autant plus volontiers , que ce fut à fa glace, deftinée à imiter les éclairs (1), que j'imaginai, il y a deux ans, de produire dé plus grands effets, en formant un tableau magique avec le plus grand rond de verre que je pourrois trouver chez les Vitriers, & fur-tout en me réfervant la facilité de lui faire faire fon explofon, fa décharge à mon gré. Ce tableau, qui ne diffère point de tour tableau magique , excepté par fa grandeur, & parce que fes deux EEE nn : (x) Defcription & ufage d'un Cabinet de Phyfique, tome z planche 25; gure 4 SURILHIST NATURELLE ET LES ARTS. Wir furfaces font garnies , l’une en étain, & l’autre en avanturine, à Ja manière de la glace, aux éclairs de M. de la Fond, à 4 pieds de diamètre , pofé fur un cadre de fer; il eft fufpendu à mon pla- fond. Des poulies de renvoi , le rendent fufceptible d’être defcendu & nettoyé quand il en eft befoin. J'ai caflé trois de ces plats de verre , en voulant les placer fur un cadre de bois; ils font trop lourds, le cadre cède & le verre eft caffé. Il eft inutile que j'indique une méthode à employer, pour conduire l'Eleétricité à la furface concave, placée en-deflous de ce rableau; mais il eft néceflaire que la furfaee convexe & fupérieure , reçoive une chaîne qui foutire la matiète de cette furface, à mefure que l’autre fe charge d’éleétricité, & que cette chaîne, après les dérours qu’elle eft obligée de faire, fe termine en une tige de cuivre qui vienne pengre auprès du Phyficien élec- tifant, pour opérer la décharge de ce tableau lorfqu'il le juge à propos ; car c’eft principalement dans cette décharge que réfide Ja beauté de cette expérience. Alors, le plateau étant mis en mou- vement, fi l'Eleétricité eft abondante, des éclairs très-brillans s’é- chappent du milieu de ce tableau , dont ils vont gagner le bord, & leur longueur de 2 pieds, leur rapidité fingulière, la variété de leurs mouvemens , & fur-tout leur éclat, font magnifiques; mais ce fpectacle n’eft rien, quand on le compare à la détonnation de la machine; car alors, la réunion de plus de deux cens rayons de 2 pieds de longueur , formant un foleil de feu de 4 pieds de dia- mètre , d’autanc plus beau que la matière électrique eft plus abon- dante, le tems plus favorable, & le tableau plus fortement chargé; tout eft éclairé pour lots dans mon cabinet, & il eft difficile de fe former une idée allez belle de cette expérience. Les Amateurs qui l'exécuteront , doivent leur reconnoiffance à M. Sigaud de la Fond, qu'il eft jufte d'en regarder comme l'inventeur. J'ai l'honneur d’être, &c, Se 112 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SAUT RE DES EXC BR ENREMENENMOrE"S Sur l'influence de la Lumière fur les Plantes, faites à Francker en Frife, par feu M. B. C. MÉESsE(:). VII. Des cas dans lefquels l'Eriolement a lieu. EE rapporté ci-deffus une Expérience ( Art. V. exp. 15.) dans laquelle on a vu que celles des tiges de la Paguererre ( Bellis) qui portoient des fleurs, ne fe font point étiolées dans l’obfcurité. J'ai vu quelque chofe de femblable dans la Centaurée , Cenraurea montana: cette -plante avoit différentes tiges courtes & jeunes : une d'elles lus longue & plus vigoureufe, portoit un bouton à fleur : toutes Æ autres s’ériolèrent ; celle-ci feule, ne prit aucun accroiffement : la mème chofe a eu lieu pour le Doryenium & nombre d’autres Jantes : les branches qui portoient des fleurs, fe font à peine al- Péees , pendant que les autres ont pris beaucoup d’accroiffement, Cet de ne proviendroit-1l pas de ce que l’étiolement exige une certaine duétilité dans les fibres , laquelle n’a lieu que dans de très- jeunes tiges ? Aufli n'eft-ce que cette partie fupérieure d’une tige, : qui n’eft pas encore verte lorfqu’on met la plante dans lobfcurité, qui s'étiole ; & l’on verra dans la fuite que l’accroiffement en longueur celle , dès que la couleur verte revient aux tiges étiolées des plantes qu’on expofe de nouveau à la lumière, après qu’elles ont féjourné dans l’obfcurité, J'ai fait nombre d'expériences fur des plantes annuelies, entièrement développées, & j'ai trouvé conftam- ment qu'elles périfloient , fans donner aucun figne d’étiolement, fi ce n'eft un peu au bout fupérieur des branches (2). Si les plantes s’étiolent d'autant plus qu’elles font plus duétiles, (1) Voyez le Mémoire inféré dans le Journal de Décembre, 1775, page 445. (2) Entr'autres Plantes, je me fuis fur-tout fervi , pour ces Expériences, de la Balfamine ( impatiens balfamina), de l'Amerhyflea cœrulea , du Gynozloffum leni- folium, du Satureia hortenfis, du Spergula pentandra ts" SUV L AIS TN ATURELLENETL LES ARTS MMS il eft clair que celles qui prennent le plus d’accroiffement dans l’érar naturel, feront aulli celles qui s’érioleront le plus dans l'ebfcurité, & que par conféquent, les plantes toujours vertes s'étioleront moins que les annuelles. VIIL Du tems auquel le plus grand Etiolement à lieu. Ce temps paroît devoir être celui où les fibres font encore le plus duétiles; mais cela ne fut pas: il faut encore le concours de la force qui produit l’accroiffement. Les Expériences fuivantes pourront fervir à déterminer quelle eft la combinaifon de ces deux élémens. Exv£rience XXXI. J'ai pris un individu de Convolvulus arvenfis : cette plante portoit des fleurs, lorfque je l'ai mife dans l’obfcurité, Les fleurs fe font d’abord fermées : au troifième jour , les plus jeunes rameaux s'érendoient & s’amincifloient à leurs extrémités : le feptième jour, il s’étoit déja formé un rameau de 14 pouces, à compter de l'endroit auquel la couleur verte ceffoit : au 16e jour , l’é- tiolement étoit fi confidérable , que la plante , qui n'avoir que 12 pouces au commencement , en avoit déja 44: le 30e jour elle en avoit 49 : la végétation fut lente depuis ce tems, & ceffa enfin en- tièrement. La plante vécut-plus de deux mois & demi. Les feuilles vertes ont promprement péri , comme cela arrive or- dinairement : il s’en eft formé de nouvelles aux rameaux ériolés ; elles avoient au commencement encore £ de pouce de longueur , & À de pouce de largeur; mais elles diminuèrent infenfiblement , & les dernières n’avoient prefque plus de furface , au lieu que dans leur état narurel , elles ont fouvent plus d’un pouce en longueur , & autant en largeur. Cette plante entortille naturellement fes rameaux : ce qui a eu aufli lieu dans l’obfcurité : les fleurs périrent aufli promptement que les feuilles vertes ; mais il y vint de nouveaux boutons à fleur dans les aiflelles des nouvelles feuilles ; ils périrent cependant bientôr. Dans les aiffelles fupérieures , 1l y avoit des rameaux extrèmement minces au lieu de boutons. Cette expérience a été faite au mois d’Août ; voici une table qui en mettra tout le réfultat fous les yeux. Jours, Longueur. Accroïf].diurne. Proport. 1 . 125pouc. Le plus grand étiole- 7 :+ 264 . 2 . . . $.6 mentadonceulieu durant 16 . 44 . 2 à-peuprès. $.44 les 7 ou 16 premiers jours: Mit: COMME DOTE & quand même on fuppo- feroit un progrès uniforme , il auroit encore été à-peu- près fextuple de ce qu'il a été les 13 derniers jours. x14 OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, J'ai parlé ci-deffus ( Arr. IV , Exp. IX) d’une Expérience que j'ai faite fur la queue de cheval ( Hippuris vulgaris ) : voici les me- fures du troifième drageon produit dans l’obfcurité même. Jours, Longueur. Accr. diurne. Proport. Août. 10 NS 2 re TON: 34 . ins AO QE Sept. ROMANS Le plus grand accroiffement 1.8$ a donc eu lieu pendant les 1$ + 3.24 premiers jours, & fur-tout du 2. 4 cinquième au huitième, ou peu « 1. de jours après que la plante a UE Ë à k : ri Eté mife dans l obfcurité ; ce qui s'accorde très bien avec l'expérience précédente. Expérience XXXII. J'ai fair de pareilles expériences fur des plantes nées dans l'obfcurité même ; j'ai femé dans lobfcurité, du Cerfeuil (Scandix cerefolium) ; le Braffica fabellica ; le Sinapis alba ; le Pied de pigeon ( Geranium columbinum ) ; le Cre(Ton ( Lepidium fativum ) ; la Scorzonère (Schorzonera picroïdes ) ; le Chanvre ( Cannabis fativa ). Le fecond jour, le creffoz paraifloit avoir un demi- pouce : on voyoit aufli le f£rapis. Le troifième jour , le braffica commencoit à paroître. fret L1 | Dm a | Die L1 Le cinquième jour, Lepidium. . à 4p. Geranium & Schorzonera Sinapis. . 4i commençoient à paroï- Braffica. . 5 tre, mais on ne pouvoit 2 Cannabis. . 3 guères les mefurer. Le huitième jour, Scandix. . à 25p. Geranium.. 22p. Dans le Lepidium. . 4 Schorçonera 11 Scandix , Braffica. . 41 Cannabis. . G Braflica,Si- Sinapis. . 4} napis , Ge- ranium & Cannabis , les feuilles féminales ( Coryledones \ étoient encore jointes: elles éroient déja féparées dans le Lepidium. Le quinziémejour, Scandix. , 25p. Le Lepidium,le Geranium ; Cannabis. . 6 le Cannabis, le Scandix, Lepidium. . 4 étoienc morts d’une efpèce Braffica. . 42 d’atrophie, comme il arrive Sinapis. . 4à toujours aux plantes ério- lées. Les feuilles féminales du Braffica & Sinapis, ne s’é- roienr pas encore féparées. Au sefte, en mefurant les Scandix , Gerarium & Schorçonera , j'ai ajouté la tige à la longueur du pétiole. 2 Le vingt-neuvième jour, les Braffica , Sinapis , Schorçonera, éroient languiffants, & n'avoient pas augmenté, Ces plantes moururent peu après. Geranium , 3 Schorzonera 1 L SUR 'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. as La Table fuivante donne un réfumé général de certe Expérience. l Jours. Scandix. Lepidium. Cannabis. Geranium. Brafica. Sinapis. Schorzon. ÆAccroifes Accroiffe- Accroïfé Accroifle- Accroife- Accroife- Accroife- menc total ment soral ment soral menr roral ment roral ment torél ment voral diurne, diurne, diurne. diurne. liurnée diurne. diurne, © 2 DO CA PES ES CSSS RS PR 2 = lg ne — — sat se ee 2 lé ie Mon Pr elle LOMME oem ER LU LEE $S [— —|— —|25 =|— —] Lério-| L'ério-| L'ério- 10 _. ns L’ério- ’étio- + 5 lement {lement |lement II L'ério-|lement lement L'étio- | cefle. cefle, cefle, ; lement |cefle. celle. lement celle. ceffe. IL réfulre de-là que le plus grand étiolement a eu lieu pendant les premiers jours >. excepté le premier , le fecond , le troilième & quelquefois le quatrième. Voyez encore en confirmation de ceci, la 33e Expérience. Mais d'où vient que l’ériolement a ceffé au bout de cinq jours pour les jeunes plantes, tandis qu’il a encore eu lieu au bout de dix jours pour les plantes adultes ? La du@ilité des fibres, & la force d’ac- croiffement feroient-elles détruites dans les premières plus prompte- ment que dans les fecondes ? IX. Comparaifon de l'Etiolement & de l'état naturel. Exrérrence XXXIII. Le 30 Août , j'ai femé de la même facon & à température égale, tant dans l’obfcurité qu’à la lumière, des haricots (phafeolus vulgaris coccineus | des pois (pifum fativum ) & des foleils (kelanthus annuus). Le cinquième de Septembre, les plantes levèrent ; le neuvième elles éroient comme il fuit. Les haricots avoient dans l’obfcurité 8 p. donc accroiff. diurne 2 p. à la lumière. . 12p. donc accroiff. diurne ? p. Différence de plus d’un pouce & demi par jour. Le développement étoit aufli un peu plus grand dans l’obfcurité, La couleur de la tige 116 OBSERVATIONS SUR LA DÉS TOUIES y éroit blanchârre : les feuilles étoient jaunâtres : la côte moyenne éroit pourprée : les feuilles féminales éroient mèlées de veines pour- prées : ce qui avoit aufl lieu pour les plantes expofées à la lumière. Les pois avoient dans lobfcurité 53 p. Acer. d. 1$P+ Différence de z E : RE = Z p. par jour. à la lumière 17 p. . 214 Sp. * PE “7, Q , > ÿ2 ul LI Les foleils avoient dans l’obfcurité 41 p. Accr. d. 13 p. NEsreucel de . : à la lumièreztp. .:.. 2p *P per Le 16 Septembre. Haricots dans l'obfeurité 13 Acer. d. 7 Bbiobere commele a laNlumiICre Re Les périoles & les tiges éroient blanchâtres ; mais les pétioles avoient une couleur pourprée à l'endroit où ils fortoient des tiges , & à celui auquel commençoit la feuille; il en étoit de même des vaif- feaux des feuilles : la diftance entre Îles premières feuilles & les feuilles féminales, éroir de $ À pouces dans l’obfcurité, & feulement d'un demi-pouce à la lumière, Pois dans l’obfeurité. . 172 p. Accr. d. 14 Li « = E Proportion de 1 à 1. à la lumière. 15. = . 95 Le développement éroit le mème dans tous Îles individus ; ils : avoient deux feuilles, tant dans l'obfcurité, qu’à la lumière. or 2 c 7 L 5 Soleil dans En : 6 P- Accr. d. F3 Proportion de 12 sie at lumiere en La végétation ceffa alors, & cette plante mourut. Le 2 d'Ottobre. AE G 2 ne I Haricots dans ne 142 p. Accr. d. 3. Proportion de 3.6 à 1: dla lumiere pee L'accroiffement cela alors : nous fappofons donc qu'il a ceffé le premier Octobre ; mais 1l eff probable qu'il aura ceffé plutor : fi cela eft , la différence fera encore plus grande, ois dans l’obfcurité. . 27 p. Accr. d. ; À ï à la lumière, . g : + De Proportion de 5 à 1. L'individu qui croiffoit dans lobfeurité , n'avoir que trois petites feuilles jaunâtres, mal développées , quatre ou cinq fois plus petites que dans l'état naturel ; l’autre en avoit cinq : la diftance entre les feuilles étroit dans l’obfcurité de $ pouces de la première à la fe- conde; de 7 pouces de la feconde à la troilième : dans l’autre ins dividu, cette diftance n’étoit que de 1 7 pouces. Le 16 Octobre , je mefurai encore des pois qui reftoient feuls : la longueur étroit de 29 pouces à l'obfçurité , de 9 pouces à la lu« É mière, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 119 fière : Le premier individu avoit trois feuilles 3 le fecond en avoit fepr. La proportion de l’accroiffement fera donc comme 29 à 9; mais le nombre de feuilles indique que le développement a été beaucoup plus grand à la lumière : fuppofant donc qu'il foit comme ce nombre, alors l'accroillement dans l'obfcurité fetoit pour les pois , à celui qui a lieu dans l’état naturel, à développement égal , comme 19 X 7 À 9X3——203 à 27 , comme 9+àr.- IL me paroitroit probable, en conféquence de ces Expériences ;' que l’étiolement commence d’autant plus tard, & fublifte d’autanc lus long-rems, que la vie des plantes eft plus longue ; mais cette ki me femble mériter d'être rejettée ou confirmée par de nouvelles Expériences. X. Expériences Jur l'aëlion de la lumière, fur le mouvement des Plantes, & le retournement de feuilles (1). ‘On fait que la tige des plantes s'élève toujouts en l'air, de quel- que façon qu'on place la femence. M. Dodart, qui 2 fait des ex- ériences fur ce fujet, croit que cette difpolirion vient de l’aétion du foleil (2); mais les expériences de M. Bonne (3) & celles de M. du Hamel (4) , font voir évidemment que ce rétablifement a lieu dans l’obfcurité : j'ai fait deux expériences fur ce fujet. Expérience XXXIV. Le 10 Avril 1773, j'ai mis à l'obfcu- rité & à la lumière ; des vafes remplis d’eau, qui contenoient quelques individus de Veronica Beccabunga : les premiers s’étiolèrent beaucoup. J'ai changé alors la direétion perpendiculaire en horizon- gale : les plantes mifes dans l’obfcurité , font revenues plus prompte- ment à leur direction naturelle , que celles qui étoient expofées à (x) Ce qui eft contenu dans les neuf premiers articles, s'eft trouvé ce qu'if y avoit de plus complet dans les Manufcrits de l'Auteur; il auroit fait de très- rands changemens à ce qui fuir, & principalement à cet article , dans lequel il tabliffoit une théorie des mouvemens dont il y eft fait mention. Mais dans la der- nière revifion qu'il a faite de fes papiers, vers la fin de fa vie, l'Auteur a mar- qué en marge qu'il rejettoit une grande partie de cette théorie, ce qu'il m'a en- core confirmé de bouche peu de jours avant fa mort. Je n'ai cependant pas cru devoir fupprimer les expériences que cet article & les fuivans renferment, ne fut-ce que pour faire voir l'attention que ce jeune & eftimable Phyfcien a per- tée fur ces recherches, & pour en engager d'autres à continuer & à perfeétion- per ces importantes expériences, (2) Mém. de l’Acad. 1700. €3) Recherches fur Les Feuilles , fecond & cinquième Mémoire. 44) Phyfique des Arbres, Tome 1, Liv. 4, Chap. 6. ” Tome VII, Par. I, 1776, Q r18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la. lumière : vraifemblablement à caufe de la plus grande, duétilité des fibres. Expérience XXXV. J'ai pris un rameau de Praffum , que j'ai féchi de façon que l’extrémité fupérieure für tournée vers le bas: j'ai, entouré, cetre, branche d’un cube de verre rempli d’eau: j'ai entouré une autre- branche d’un tube de carton : j'en ai mis une troifième dans, un! tube de verre rempli d'eau , mais entouré de carton , pour avoir une obfcurité parfaite ; enfin, j'ai fufpendu une quatrième branche à l'air. | En deux jours , la première & la quatrième branche avoient re- pris leur fituation, naturelle; la feconde la reprit en quatre ou cinq jours ;,mais la, troifième, ne changea pas de fituation, & s'étiola, en s'étendant vers le fond du vafe. | Il eft donc bien certain que ce n'eft pas la lumière qui eft la caufe de ce.rerournement : jai cependant eu fouventoccafñon de faire une obfervation qui pourtoit , au premier abord, patoître contraire à certe théorie. J'ai fouvent remarqué, en me promenant dans des prés, que les tiges. du Lierre-rerreftre ( Hedera terreftris) que Lirneus nomme Glecoma , font beaucoup plus droites dans des lieux fecs , où le foleil. donne, que dans des endroits humides, où. elles, font rampantes ; mais les tiges fe courbent d'autant plus par leur propre poids, que leurs fibres font plus foibles & plus lâches ; or, on verra dans la fuite que l'humidité produit cer effer , & c'eft fürement de- à que dépend le fait en queftion. On connoîit affez les belles: expériences de M. Bonne fur l’ufage des deux furfaces des feuilles, & fur le retournement de celles-ci : je vais rapporter le réfultat des Obfervations de. cer excellent Phy= ficien, parce que j'ai fait quelques expériences fur la mème matière. 1°. Les feuilles des herbes fe retournent plus promptement que celles des arbres, pag. 84. €. 27. Exrérience XXX VI. C'eft ce que mes expériences m'ont aufli appris: j'ai obfervé.que la différence. éroit d’aurant moindre , que la plante qu'on compare aux herbes, approchoit plus de la nature her- bacée , de forte que la différence a quelquefois été très- petite :ne pourroit-il pas y avoir quelque différence entre les tems du rerour- nement pour des plantes de même genre, mais cultivées différem- menr? Mes expériences , quoiqu'en petit nombre , me feroient pens cher vers l’aflirmative. 2°, Les jeunes feuilles fe retournent plus promptement que celles qui font plus avancées en âge, toutes chofes d’ailleurs égales ». pag. 84.$. 27. Toutes mes expériences prouvent la même chofe. = #- 1 SUR'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1x5 3°. Les! feuilles des arbrés toujours" verds ; {6 rerôurnéent auf promprement que celles des‘autres arbrés , page 8526.25; ; ExrériENcEe XXXVII. J'ai fai que qués expériences fur le laurier vulgaire , la térébenthine le myrte $ & d’autres arbres, qui pourtoient paroître rendte etre propolition-méins vértaine : je in'ai guères obférvé de différences énkre: Ie#/jeunés branches d'atbres toit- jours verds, & celles’ d’aütres \arbrbs:lf M allez longues , comme il arrivé quelquefois. dans Je auriet’ cerife. Mais fi elles font courtes , ellés fé étournéent plus lentement dans les arbrès toujours verds ; ce qui me paroit provenit de la duéilité des fibres. Mais lorfque les fibres font également duétiles & flexibles , l'obferva- tion de M. Bonmér eft hüts de doute. !. nx LUE 3n2rn 4°. Le retournement fe |faït a@fli: pendant. à nuit, Pag. 8406: 29. s°. Le retournement fe fait'plifs proprement dañs tin rémms-chaud & ferein , que dans un’ téms froid & pluvieuxs #27 424 11259 à 2: Exrérience XXX VIII. Il m'eft arrivé que des feuilles d’4- triplex fe font rétournées en moins de deux heutes à un foleil rdéne. J'ai auffi obfervé des changémens confidérables dans une efpèce de Rusllia : cette plante encore jeune & rendre, avoit 6 pouces. Le 20 d'Avril à 8 héures, je l'ai liée, de manière que le Éteil dotinoic fur la partie inférieure des feuilles, & ‘cette partie elt devenue convexe: À 6 heures du foir, la planté n'avoir pas encore repris fà fituation perpendiculaire ; mais le lendemain à 6 heures , elle ércit rétablie : toutes les feuilles étoient alors tournées vers le foleil par leur partie fupérieure , & celle-ci! étoit alors convexe (1 ): ce change ment ne doit-il pas être attribué à des vapeurs hümides, qui avoiént déja rendu la furface inférieure concave , de convexe qu'elle ‘étoic ? Cela fe confirmeroit-il par üne autre obfervation que j'ai louvent faite , favoit que les feuilles étoient planes, ou plurôt un peu convexes par leur furfice fupérieute , lorfqu’elles éroient expofées aû foleil en plein midi ? j'ai enfuite ôté le Al qui retenoit la tige : le lendemain à dix heures du matin , elle étoit fi parfaitement re- dieffée, qu'on ne pouvoit s’appercevoir qu'elle eût été pliée lé moins du monde. | J'ai aufli remarqué que les Aexions fe font aux nœuds ou ‘aux boutons dont les feuilles fortent. F ie ER 1) M. Bonnet à démontré que la furfice” f'upérieure devient coneave par le foleil , & que l'inférieyre le devient par l'humidité. Mais ici, la partie fupérieure tft devende convexe par Le foleïl! Ne pourroit-il pas paroitre ‘probäble; que la Surface inférieure detienr ; non-feulement éoncave par! l'humidité ? maîs encore qu'elle s'étend au contraire, & fe relâche à un folcil ardent? 4 Q 2 320 , OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; 6%. M: Bonnet ayant remarqué que la furface inférieure devient concave par l'humidité , a recommandé aux Phyfciens de tenter des expériences, en faifant recevoir aux feuilles la vapeur d’eaa chaude , & même à varier les efpèces des vapeurs, pag. 102. ExrPeriEeNcEe XXXIX. J'ai tenté ces expériences avec de la vapeur d’eau chaude ; mais jé n’ai pu parvenir au fuccès défiré. J'ai pris des branches & des feuilles de Ca/licarpa cornutia , de V'Urtica nivea, de diverfes fortes de Gerarium , des Dracontium, Doronicum , Patientia , Physolaca , & d'un grand nombre d’autres : je les ai fufpendues au- deffus de la vapeur de l’eau chaude, à la diftance de deux pouces , & mème à celle de trois pieds, afin que la vapeur püût agir différem- ment fur les deux furfaces. J'ai quelquefois continué ces expériences pendant douze heures, & je n'ai pu m’appercevoir d'aucune contrac- tion ; ou du moins, fi quelquefois il y en a eu quelque veltige , cela étoit peu remarquable & irrégulier (1 ). | XI. Examen de cette queflion : La lumière eft-elle néceffaire à la vie des Plantes ? Nous avons vu ci- deffus , que les plantes s’ériolent & meurent dans l’obfcurité : nous avons vu de plus, que l’étiolement croît en raifon de la ductilité des fibres; & comme je crois que la tranfpi- ration infenfble influe beaucoup fur tout ceci (voyez Art. X VIII) il m'a paru convenable d’examiner quelles plantes vivent le plus long-tems dans l'obfcurité ; celles qui tranfpirent beaucoup , ou celles qui tranfpirent peu. ExPériENce XL. Le 13 d’Août, j'ai misun Myrthe dans l’obf= curité : j'ai fait choix de cet arbufte , parce qu'il confte par expé- rience , que des arbres toujours verds, tranfpirent moins que les herbes ou que les arbres dont les feuilles fe renouvellent annuellement. À la fin du mois, il n’y avoit d'autre changement, fi ce n’eft que les feuilles qui étoient aux fommets des branches , avoient une forme un peu, différente de la naturelle, & qu’elles éroient devenues jau= nâtres. Les chofes font reftées à-peu-près dans le même état pendant tout le mois ; les parties. fupérieures des branches éroient un peu étiolées. À la mi-Oétobre , on appercevoit une nouvelle branche fortie de l'extrémité inférieure de la tige; elle étoit mince , jaunâtre,, ériolée ; les feuilles en éroient jaunes. Dans la fuite , étant détourné (x) M. du Hamel à expofé la fenfitive à des vapeurs de divers genres, & il # vbfervé une contraétion, Phyfque des Apbres, Tome 2, Livre 4, Chapitre 6, pages 163, 165. 7 SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 117r par d'autres occupations , je n'ai pu prendre foin de cer arbufte, & au bout d’un mois , j'ai trouvé qu'il étoit mort, faute d’avoir été fourni d’eau. Des herbes ou des plantes fucculentes qui tranfpirent beaucoup , n'auroient pas vécu fi long-rems. On fait auffi que les plantes fucculentes ; comme l”4oës , le Semper- vivum, le Mefembryanthemum, \e Laütuca, \e Sedum , l'Euphorkia, tranf- pirent peu. J'ai donc cru devoir examiner ce genre de végétaux. Exrérience XLI. Au mois de Juillet, j'ai mis dans l'obfcurité un vafe rempli de terre sèche , qui contenoit du Sempervivum reilo- rum. La verre a été médiocrement humectée jufqu'à la fin d'Ocobre : depuis ce tems jufque vers le milieu de Février , la terre a été rrès- sèche , de façon que la plante n’en pouvoit guères tirer de nourriture: & cependant elle vécut toujours ; j'y rermarquai alors les change- mens fuivans. Les racines étoient sèches, mortes. Les grandes feuilles extérieures, qui naturellement tournent leur pointe en-haut, étoient inclinées vers le bas; les intérieures éroienc dans leur état naturel. La couleur étoit légèrement verte vers le haut , mais blanchäâtre vers la bafe ; les jeunes feuilles intérieures étoient prefqu’entière- ment blanches. La faveur éroit beaucoup plus douce & plus aqueufe qu’à l'ordinaire. Cette plante qui tranfpire peu, a donc vécu long-tems ; & j'ai eu Ye même fuccès dans les expériences que j'ai faites avec d’autres plantes fucculentes : j'ajourérai encore que j'ai confervé fans nourri- ture , pendant plus d’une année , différentes fortes d’aloës dans un lieu affez obfcur , maïs qui cependant n’éroit pas entièrement privé de lumière : elles ne s'affoiblirent que peu ; il y en eut même une qui roduifit une tige à fleur ; mais les fleurs étoient plus foibles ; les be inférieures étoient toutes féchées; peut-être qu’elles nourriffenc de leurs fucs les feuilles fupérieures. H nous refte à examiner ce qui a lieu pour les plantes herbacées fucculentes qui tranfpirent beaucoup. ExP£rience XLII. Jai pris le 28 d’Aoùt, de la Balfamine vulgaire , Impatiens balfamina Linn. j'ai mis cette plante dans l’obf- curité. Le premier Seprembre , les extrémités des branches paroifloient jaunir & s’érioler; cependant cer étiolement maugmenta pas , parce que la plante éroit dans un état parfait , & portoit déja des feurs & des fruits. Le 8, les feuilles fe corrompoienc , & la plante périr en deux 122 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ou trois jonrs : elle ne vécut donc dans l’obfcurité qu'une quinzainé de jours. Expérience XLIII. Dans le mème tems j'ai mis un autre individu de la mème plante dans une obfcurité moins parfaite, dans l'endroit dont j'ai parlé à la fin de la XLle expérience. Cette plante perdit routes fes fleurs & fes feuilles , & fut affoiblie de façon à ne jamais reprendre fon élégance naturelle , après qu’elle eut été tranfportée dans un endroit convenable. Toutes ces expériences prouvent la grande influence de la lumière fur la végétation , & combien ce fluide fubril eft néceffaire à la vie d’un très-grand nombre de plantes : il ne left cependant pas pour toutes ; car: 1°. On n’a pas encore examiné quelle eft l'influence que la lu- mière peut avoir fur les plantes qui croiffent au fond de la mer. 2°. Les Lichen, les Byflus, les Moufes & les autres plantes , qu’on nomme improprement imparfaites, croiflent fouvent dans les ténè- bres, ou dans des endroits peu éclairés : je n'ai eu occafon de faire qu’une feule expérience fur ce fujer. | ExrÉérience XLIV. J'ai mis pendant quelque tems une efpèce de Mucor dans l'obfcurité la plus parfaite ; mais je n’ai pu y apper- cevoir aucun changement, aucun étiolement ; au refte, on fent bien qu'une feule expérience ne fufit pas pour établir quelque chofe de certain. 3°. Il y a enfin des plantes qu'on nomme fourerraines, & qui pas roiffent privées de lumière : j’en connois deux efpèces. 1°. L’efpèce nommée par Linnaus , Trifolium fubterraneum ; 2°. celle qu'il défigne fous le nom de Lathyrus amphicarpos , fur laquelle j'ai eu occafon de faire l'expérience fuivante. La petite quantité de femences que j'avois, m'a empêché d’en faire un plus grand nombre. Exrérience XLV. IL m'a paru que ces plantes produifoient d’abord des branches & des feuilles hors de terre ; enfuite, environ à la moitié de la diftance qu'il y a entre la tige & les racines; naiflent des boutons & des branches fouterraines : celles qui fonc hors de terre, m'ont paru traînantes , divergentes (divaricati) & por- tant peu de gouffes (Zegumina). 2°, Lorfque la plante porta des fruits mürs hors de terre, je la tirai prudemment , & je vis qu’elle avoit fous terre des tiges plus longues & blanches , qui portoient de petites feuilles jaunâtres : elles portoient aufli des gouffes blanches , fucculentes, qui conte- noient des femences jaunâtres : je n'ai point vu de fleurs alors ; il y avoit feulement à l’extrémité d’une branche , un petit corps qui avoit l'air d’une fleur tirant fur le violet , & déja fance : ces branches fou- EE ————— SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 12 terrainesiavoient un air étiolé , quoiqu’elles fuflent un peu plus groffes que celles qui érotent hors de terre. 9. Les femences de ces fruits fouterrains donnèrent des plantes dont les branches poulloient hors de terre. 1 4°. Les femences fouterraines mûres , ou à-peu-près mûres, ex- pofées au foleil, ne reprirenr pas leur couleur naturelle ; elles de- vinrent au contraire plus pales. s°. Une branche fouterraine, que j’avois féparée de la mere, a péri. 6°. J'ai privé la plante des feuilles & des fruits qui étoient hors de terre ; les rameaux fouterrains n’en ont pas fouffert. 7°. Les rameaux fouterrains périflent en Octobre comme les au- tres; les goufles reftent entières. 8°, J'ai ôté une branche fourerraine , je lai expofée à la lumière ; elle a péri plutôt que les autres , après avoir donné un fruit mûr, mais plus foible : fa couleur eft devenue un peu verdâtre. 9e. J'ai couvert de terre un rameau verd né à l'air ; il a péri. 109. Il me reftoit encore à examiner fi une femence de Larhyrus femée dans l’obfcurité , produiroit une plante ériolée; c’eft à quoi j'ai deftiné les trois dernières femences qui me reftoient. Je les ai femées dans l’obfcurité à la mi- Oétobre : après être reftées long -tems en terre , elles ont enfin donné des produétions parfaitement étiolées , qui font mortes peu-à-peu. Ne feroit-on pas porté à conclure de cette expérience, qu'il y à quelque chofe de particulier dans les tiges nées fous terre? cepen- dant comme je n’ai fait qu’une feule expérience , j'aime mieux fuf- pendre mon jugement : je me contenterai de conclure , qu’en géné- tal , la lumière eft néceffaire à la vie des plantes, & qu'il n’y en a qu'un très-perit nombre , qui paroïffent faire exception à certe règle. XII. Obférvations fur la couleur des Végétaux. On a vu fuffifamment par ce qui précède , combien la lumière influe fur la couleur verte des végétaux : on fait que cetre couleur eft uniquement due au parenchyme qui eft verd. Quand on ôte Yépiderme qui n’eft pas coloré, on trouve le parenchyme verd , dont cependant la couleur eft différente de celle qu'a la feuille même ; mais cette couleur revient dès qu’on recouvre le parenchyme de l'épiderme (1). J'ai répété certe expérience très- fréquemment, & toujours avec le même fuccès : la différence m'a paru la plus fiap- pante dans l’/faris rindloria. (1) Contemplation de la Nature, Partie V, Chap. 9, page F1 124 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, M. Bonnet (1) a obfervé que le côté inférieur de jets horifontaux de ronces étoit blanchâtre ; tandis que le fupérieur , plus expofé au {oleil, éroit de couleur brune. J'ai eu très-fouvent occafon de faire la mème remarque fur un très-grand nombre de plantes : la même chofe a lieu pour les tiges qui font fouvent plus colorées du côté oppofé au foleil. On a vu ci- deflus, que Îles feuilles qui croiflenc dans l’obfcurité, font jaunâtres , & même elles m'ont paru quelque- fois d'autant plus jaunes, qu'elles font naturellement plus vertes ; mais cette obfervation n’eft pas générale : tous ces phénomènes dé- pendent fürement de la lumière; on pourroit cependant y oppofet une obfervation de M. du Hamel ; que les plantes qui croiffent à l'ombre , font fouvent plus vertes que celles qui font expofées aw foleil , ce que j'ai aufli vu très-fouvenc:j'ai vu, par exemple , que le Geranium phæum qui croît dans des lieux où il y a beaucoup d'om- bre , a des feuilles beaucoup plus vertes que celui qui eft expofé au foleil : la mème chofe a lieu pour les Gramens ; mais M. du Hamel a donné lui-même la folution de cetre difficulté , en remarquanc que le foleil sèche trop les feuilles , & les met au milieu de l'été dans l'érar où elles font ordinairement en Automne. Je ne doute pas que la sècherelfe ne foit la caufe de ce phénomène ; & j'ai fait une expérience qui me confirme dans cette idée. Exrérience XLVI. J'ai femé des pois dans un vafe rempli de terre, que j'ai mis devant une fenêtre expofée au Sud. Âu com- mencement , jy verfois modérément de l’eau ; mais enfuite j'ai beaucoup diminué ia quantité. J’avois mis un pareil vafe à l'ombre & dans un endroit très-fec : après quinze jours, j'ai eu des plantes exactement femblables à celles que j'avois fouvent obfervées dans les cas dont nous venons de parler d’après M. du Hamel. M. Bonnet (2) a tâché de changer la couleur verte des feuilles : pour cer cffer, il a introduit dans des étuis de bois mince , des branches d’abricotier & de cerilier qui portoient des feuilles, & étoient encore attachées à l'arbre : après 24 jours, les feuilles éroient détachées de la branche , quoique très-vertes : le long des nervures il y avoit des bandes blanchâtres qui indiquoient que l'obfcurité avoit commencé à agir:il m'a paru intéreffanc de répéter cette expérience. Expérience XLVII. Je me fuis fervi de branches d'Evonymus, d’Acer, de Quercus , de Ficus , du Cercis filiquafirum. J'ai introduit le 29 d'Août, 200 (1) Recherches fur les Feuilles, page 112. (1) Phyfique des Arbres, Tome 2, page 174: (3) Recherches [ur les Feuilles, page 331 çes MI SUR IL 'HISTONATURELLE ET LES ARTS. 126 ces branches dans des bouteilles remplies d’eau , que j'ai placées dans l’obfcurité, & expofées à la lumière, Les feuilles de figuier fe fanèrenc d’abord les premières ; mait enfuite elles fe rérablirent un peu, & vécurent neuf jours. Les feuilles d’Evonymus tombèrent, quoique vertes: peu après il en fur de même des autres : ces feuilles, tant celles qui étoient dans Pobfcurite , que les autres, étoient un peu jaunâtres, & exactement comme elles le font en Automne : cette couleur jaunâtre ne me patoic donc pas due à l’abfence de la lumière, mais à d’autres caufes de corruption. Cette expérience ne pourroit-elle pas faire croire que les feuilles tombent en Automne, à caufe de la trop grande humidité dont les branches font remplies ? M. Bonnet à fait aufli des expériences {ur le changement de cou- leur des raifins violers : privés de lumière, ils n’ont pris qu’une couleur d'œil de perdrix. On a vu ci-deffus ce qui eft arrivé à la couleur du Rumex fanguinea ( Art. 11. Exp. VI.) & aux Pois violets (Arc. IX. Exp. XXXIIL). ; Enfin M. Bonnet a obfervé que des pois étiolés , expofés à la lu- mière, ont recouvré leur couleur naturelle en 24 heures en Eté ; mais que la même chofe m'avoir pas lieu en Automne dans des jours couverts, même après plufieurs femaines. J'aistépété cetre expérience, & j'ai trouvé que plufieurs plantes étiolées, expofées à une forte lumière , ont repris leur couleur verte : je n'en rapporterai que l’expérience fuivante. Expérience XLVIII. J'ai femé le 10 Janvier, dans un lieu obfcur , trois grains de Hordeum : ces plantes fe font promptement étiolées ; elles avoient fix pouces : aucune feuille n’éroit développée lorfque je les ai tirées de l’obfcurité. J'ai expofé une de ces plantes à la lumière ; j'ai mis les deux autres dans des tubes de carton : la plante expofée à la lumière , recouvra fa couleur verte au bout de trois ou quatre jours, & ne prit aucun accroiffement ; les autres continuèrent de croître jufqu’à 9 pouces : la femaine fuivante, la plante expofée à la lumière, commença à fe développer très-bien. Expérience XLIX. J'ai vu arriver la mème chofe en fix heures de tems, à de jeunes plantes de Mauve ( Malva vulgaris) qui avoient à peine poulfé dans l’obfcurité : j'en introduifis quelques- unes dans des tubes de carton, d’autres reftèrent expofées à la lu- mière : les premières s’ériolèrent, éroient jaunâtres, les feuilles fé- minales éroient appliquées l’une à l’autre : dans les dernières, l'ac- croiffement n’augmenta pas , les feuilles féminales fe féparèrent ; la çouleur étoir verte. Tome VII, Part. I. 1376, : R >»26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, XIII. De l'allongement des Plantes , auf par la chaleur. On fait combien la chaleur eft favorable , & même jufqu'à un certain point nécellaire à la végétation : on fait aufli ges font en général , les tems les plus propres à cette opération de la nature: on peut confulrer à ce fujet, la Phyfique des Arbres ; Tome 2. Liv. s. chap. 2. Art. 6. Je ne m'arrêterai pas là-deflus; je dirai feulement que M. du Hamel a trouvé (p. 260.) qu'un épi de feigle s’eft al- longé de 6 pouces, & un fep de vigne de deux pieds en 72 heures, dans les circonftances les plus propres à la véaérarion : j'ai feulement deffein de rapporter ici quelques expériences particulières. ExPer1ENce L. Je me fuis fouvent apperçu que les plantes mifes dans des Jérres , acquéroient un allongement zon-naturel ; c'eft ce que j'ai fur-tout remarqué dans la Veronica agreflis , qui avoit pouffé dans une ferre extrèmement échauffée : elle étoit très- longue , jaunâtre , de couleur tirant fur le verd ; de façon qu’à l’exceprion des feuilles qui paroifloient plus grandes que dans l'état naturel, & des poils qui étoient longs & perpendiculaires à la tige; cette plante étroit très-femblable à celles qni fe fonc étiolées dans l’obfcurité. J'ai fait les expériences fuivantes , pour connoître quelle différence il pour- toit y avoir entre des plantes étiolées par la chaleur , & celles qui le font par le défaut de lumière. Nous avons vu ci-deffus, que le plus grand allongement fe fait dans l’obfcurité pendant les premiers jours. Dans le même temsque j'ai fait ces expériences, j'ai fait les fuivantes avec les femences de la même efpèce, femées dans une ferre où la chaleur étroit très- fouvent de plus de 100 degrés au thermomètre de Farenheir. Expérience LI. J'ai donc employé le Scandix cerefolium , le Braf= Jica, le Synapis alba , le Lepidium fativum , \a Schorzonera , le Cannabis [a- ziva, Voyez Art. VI. Exp. XXXII. Voici quels font les effets. Le fecond jour le Lepidium paroifloit avoir £ pouces de longueur, les Synapis , Geranium , Braffica commencèrent à paroître. Le troifième jour, les Schorzonera & Cannabis paroifloient. Le quatrième jour , toutes les plantes paroïlloient , excepté le Scandix. Le Lepidium avoit trois pouces. Sinapis , un peu plus de 2 pouces. Cannabis | 3 pouces. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 127 Le 5°. jour, le Scandix. .3 pouc. Le 15°. jour, Scandix, | 32 pe Lepidium. 34 Lepidium.. 37 Braflica. : . 32 Braflica. .4 Sinapis. . .2+ Sinapis. : , 3+ Geranium, . 2 Geranium. . 1? Schorzonera. 1% Schorçonera. 1+ Cannabis. . 4% Cannabis, . 4i Ces plantes vécurent encore quelque tems ; mais comme dès-lors les plantes spires dans l'obfcurité, & qui me fervoient de terme de comparaifon , ne prenoient plus d’accroiffement , je n'ai pas fuivi certe expérience plus loin. Cette Table en donne un réfumé général. ————_—_————————— I Jours. | Scandix.| Lepidium| Braffica. | Sinapis. | Geran. |Schorgon.| Cannab, ——— Accroife-| _fccroife-| Accroife- Accroïfe-| Accroife-| Accroife-| Accroife- ment total| ment toral|ment total| menc zotal| ment votal| ment rotal|menc roral diurne. diurne. diurne. diurne, diurne. diurne. diurne. | ————_— a | mms | mnt ‘| mmmmmemmmcmme | Mommemenns | enmnanmns 3 3 4 4 SEP ea Bet z 7 “TIElIII LT Tue] « | 36 SEC ES ESIES 8 2 28 Il paroïît par-là, qu'ici, tout comme dans l’obfcurité, l’accroiffe- ment eft le plus grand les premiers jours, & qu’il décroïr enfuite. Nous avons comparé ci-dellus.( Art. IX.) l’accroiffement que les plantes prennent dans l’obfcurité , avec celui qu’elles prennent en même-tems à la lumière. J'ai fait la même comparaifon pour celles qui croilfent à un degré de chaleur exceflif , j'ai pris les mêmes lantes, le Soleil, Pois & Haricot ; c’éroit à la fin d’Août : la cha- fs furpafloit ordinairement 100 degrés dans la ferre. Exrérience LII. Le 30 Août, j'ai femé ces trois fortes de plantes dans de la terre bien préparée. ] Le $ Septembre, ces plantes paroifloient & dans la ferre, & à l'air. RES 128 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le 8, le Haricos avoit dans la ferre . 82 p. Accr. d. 24 Ta De .AFà I EL TE MAKER à 12 Prop 4e = l Différence: GE I.HE 29e Le Soleil avoit dans la ferre. . . . . 4% p. Accr.d.1 Al AIE DEEE = L 1 aj" œln Prop. 2 à 1. " sl . mn | Différence. «47 40e Les Pois avoient dans la ferre. . . 6 p. Accr. d. 1 CALE EEE TEE bIm Prop. 3 à 1 1m] bJm Différence. mue star Le: Sept. Haricot avoit dans la ferre 15 p. Accr.d. 3 Prop. 28 à AN AICN 2 NUE ENIRET ne ni 6 Différence. .127. . . . Le Soleil avoit dans la ferre. . , . . tp. Accr. d. 5 à Pair. . 25. . . Æ Différence. . 3 p. Porsidans laufetres 2 TT IR 1 . # Prop. 72 à: ANT NTP NN LT Différence. . 13 p. Dans le haricot , la diftance des premières feuilles aux feuilles féminales étoit dans la ferre de 4 + pouces :à l'air, d’un demi-pouce: expérience , qui feule prouve la différence d’accroiffement. Les pois avoient trois feuilles dans la ferre, & deux à l'air; donc l’évolution étoit plus forte d’un tiers dans la ferre. Il eft encore bon d’obferver , que les plantes étoient plus couvertes de poils dans la ferre qu’à l'air : les feuilles des foleils . par exemple, én étoient très-couvertes, au lieu qu’à l'air elles étoient feulement parfemeés de petits points violets. Le 1 O&. le Haricos avoit dans la ferre 32 p. Acer. d 12 A je ap atteeS DN PCM ON ape PRES Différence. . 29 p. Les haricots de la ferre avoient trois feuilles : l’emirciffement de la üge étoit fingulier ; elle étoit de groffeur naturelle jufqu'à la pre- mière paire de feuilles; mais de-là, elle s’amincifloit fans grada- tion, & étoit femblable à un fil de chanvre. 27 Les Pois avoient dans la ferre. . . . 282 p. Accr. d. 7 x \ Pair 2 APEOp. 27140 a L'air. «7 Pe « « +32 Différence. 212 nl SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 119 Les pois de la ferre avoient 7 feuilles, ceux qui étoiene à l'air, en avoient $ : la diftance des feuilles éroit dans le premier endroit, de 3 + pouces; dans le fecond, de 2 + pouces. L’accroiffement du foleil dans la ferre, éroit à celui du foleil à l'air, comme 2.3 à 1 (1). Le 16 Octobre, l’accroiffement des pois dans la ferre, éroic à celui des pois à l'air, comme 3 à 1. Il y a dans ces expériences , beaucoup d’analogie avec ce qui a lieu dans l’obfcurité , comme la foibleffe des tiges minces, des feuilles jaunâtres , quelquefois d’ane plus petite furface , une couleur plus pâle, &c. XIV. De l'Exiolement caufé par l'humidité. Pour mieux obferver les effets que l'humidité pourroit produite fur laccroiflement , j'ai cru qu'il étoit néceflaire d'examiner diffé- rentes fortes de plantes : j'ai commencé par les plantes fucculentes, car, comme elles fe contentent de peu d’eau , j'ai cru qu’une quan- tité d’eau exceflive , y produiroit de plus grands changemens. E xr£R1ENCE LI. J'ai pris deux individus du Caëus hexagonus, à-peu-près de même grandeur; je les mis à côté l’un de l’autre, dans la même ferre ; j'ai fourni à l’un une quantité d’eau exceflive, & à l’autre une quantité médiocre ; j'ai continué cela du printems à l'hiver. | La première plante, celle qui a eu un excès d’eau, s’eft allongée beaucoup plus promptement : la partie qui s’étoit formée depuis le commencement de l'expérience , étroit beaucoup plus mince qu’elle n'a coutume de l'être naturellement ; la couleur étoit plus pâle : l’autre avoit beaucoup moins crû en hauteur; maiselle étoic plus groffe , d’un verd foncé: je vis peu après, que la première com- mençoit à pourrir; j'ôtai la partie gangrénée ; j'ai mis la plante de nouveau en terre, & je ne lui ai fourni que peu d’eau ; elle a re- pris peu-à-peu fa couleur naturelle, & fair des produétions plus groffes. On voit donc quels effets un excès d’eau peut produire à tem- pérature égale. ExrérIENCE LIV. J'ai pris quelques plantes aquatiques; j'en ai = — C1) J'ajouterai que les feuilles de foleil , qui croifloit dans la terre, ont leur furface fupérieure convexe, & l'inférieure concaves au contraire de ce qui a lieu à l'air. J'isnore quelle peut être da caufe de ce phénomène ; peut-être quelque commencement de maladie; du moins, les feuilles n'avoient pas leur luftre or- dinaire, 139 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Jaiffé quelques-unes dans l’eau , & j'en ai mis d’autres en terre; j'ai employé l’'Œranthe fflulofa , le Sium latifolium , V Acorus Calamus , le Caltha palufiris , \e Menyanthes trifoliata : J'ai obfervé; 1°. Qu'aucune des plantes mifes en terre, n’acquit la hauteur de celles qui éroient dans l’eau ; "29, Que l'Œnanthe & le Sium ont produit des fleurs : les autres n’en ont pas produit. 3°. Qu'en hiver, les individus, plantés en terre , ont plus fouf- fert que ceux qui étoient dans l'eau , fur-tout le Caltha & le Me- ayanthes. Exrérrence LV. J'ai aufli examiné d’autres plantes aquati- ques, celles qui mérirent véritablement ce nom, & qui font tou- jours couvertes d’eau ; mais elles n’ont jamais vécu aflez long-tems en terre ; elles ont toujours été dans un état de contraction. L’abondance d’eau caufe donc un plus grand allongement , & mème (Exp. LIII) une efpèce d’étiolement. Ne pourroit-on pas conjecturer que cela provient de ce que l’eau augmente la duétilité des fibres ? oo EUR PUS IROIMER ENCRES Sur ACIDE TARTAREUX; Pa M BERTHOLLETr, Doëeur en Médecine, Le: Chymiftes regardoient le cartre comme un acide huileux & concret ; mais M. Margraf & M. (1) Rouelle le jeune ont prouvé que l'acide du tartre évoit uni à un alkali végétal. Cette découverte intéreffante a diflipé les idées fauffes qu'on avoit fur l'origine de lalkali végéral : les travaux de M. Rouelle jettent un grand jour fur les combinaifons du tartre (j'entendrai toujours oo {1) MM. Duhamel & Groffe avoïent, 40 ans avant M. Margraf ;, découvert que l’alkali fixe éroir tout formé dans le tartre du vin, & le procédé qui dé- montre ce fair, eft précifément le même que celui qu'a fuivi M. Margraf. C'eft donc à ces deux Académiciens, MM. Duhamel & Groffe, qu'il faut faire honneur & de la découverte & du procédé. (Voyez les Volumes des Mémoires de l’Aca- démie Royale des Sciences, années 1732 & 1733, des différentes manières de rendre le zartre foluble, par MM. Duhamel & Groffe. = ——_—— ne — SURVIE AIS NN ATUREZLTEVE T\ LES "ARTS. st par ce mot Le tartre purifié ) & fur les préparations pharmaceutiques où il entre. M. Roux a confirmé cette découverte, par la régénération du tartre : voici ce qu'il a dir à ce fujer. Lorfqu’on décompofe La créme de tartre par l'acide nitreux , fans fe fer- vir de craie , ‘on obferve que les cryflaux de nitre qui réfultent de la com- binaifon de cet acide avec l’alkali de la crême de tartre , font baignés par une liqueur acide qui les furnage : certe liqueur acide , décantée de deffus les cryflaux , a un goût très-approchant de celui du fuc de citron; Ji on l’étend dans un peu d'eau, € qu'on y verfe de l'alkali végétal en liqueur , il fait efferveféence , & bientôt on voit fe précipiter au fond du vafe , une poudre blanche très-abondante ; f£, lorfque La liqueur a ceffé de faire effervefence , & qu'il ne fe précipite plus rien, on laiffe repo- Jèr Le tout, on trouve au fond du vaifleau une matière [aline en très- petits cryflaux , qui a le goûr 6 toutes les autres propriétés de la créme de tartre. En un mot , c’ef? une véritable crême de tartre régenerée , qui, n'ayant pas eu affeg d'eau pour être tenue en diffolution, fe cryftallife Jur-le-champ : la liqueur claire qui furnage , évaporte, donne une très= petite quantité de cryflaux de tartre, © quelques cryflaux de vérivable ritre (1). J'ai cru qu'un acide nouveau étoit une acquifition pour la Chy- mie, & quil étoir important, pour les progrès de cette fcience, d'examiner les autres combinaifons de cet acide libre & féparé de fa bafe; mais avant de décrire mes Effais, je ferai quelques remarques fur la manière de dégager l’acide du tartre. Il faut verfer de l’efprit de nitre fur de la crème de tartre dans un vailleau large, pour que la crème de tartre étant étendue , pré- fente plus de furface à l’acide nitreux, & pour que la couche de nitre , qui fe cryftallife, ne foit pas aflez épaifle pour mettre à l'abri la crème de tartre non décompofée. IL faut expofer pendant quelque tems ce mêlange à une douce cha- leur, qui favorife l’action de l’acide nitreux, & qui fafle évaporer l’eau furabondante de cet acide; pendant ce tems, il eft bon d'a- giter quelquefois le mèlange. Après cela, il faut laiffer repofer pendant vingt-quatre heures, pour que le nitre puifle bien cryftallifer, décanter enfuite, & re- commencer l'opération jufqu à ce qu'on n’obtienne prefque plus de nitre, c’eft-à-dire , cinq à fix fois, en diminuant la quantité de tartre chaque fois. Alors l’acide tartareux eft un peu jaune; il eft fort vif- queux; ce qui fair qu'on ne peut pas le filtrer , & le priver ainfñ d'une (1) Journal de Médecine, année 1773, page 373. x3: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, petite portion de tartre & de nitre qui troublent fa tranfparence , quand il eft froid ; car quand il eft chaud , il eft fort tranfparent; fans doute, parce qu'il diffout alors les fels; mais en le faifant fuffi- famment évaporer . fels étrangers cryftallifent prefque entièrement, & il devient tranfparent ; rapproché par cetre évaporation , il eft fufceptible de fe coaguler à un froid aflez médiocre. Je ne crois pas poflible de le priver abfolument d’acide nitreux (1); mais quand on a opéré avec foin, la portion étrangère fe réduit à fort peu de chofe, & ne peut guères apporter d’inconvénient dans les expériences. Un Chymifte (2) a prétendu que le fel formé de la décompoftion du tartre, par l’acide nitreux, n'étoit point un vrai nitre, mais un autre fel qui en diffère par la figure des cryftaux, & par la manière de brüler (3). C’eft une erreur. J'ai vu la pefanteur de l'acide tartareux ètre à celle de l’eau, dans le rapport de 58 à 3$, & je crois qu’elle peut être plus confidérable. L'acide rartareux , combiné avec l’alkali minéral , préfente les mêmes apparences qu'avec l’alkali végétal. Il fe forme un fel avec excès d'acide, & prefque infoluble , comme le tartre : il a la même faveur : en un mor on ne peut le diftinguer que par la cryftallifa- tion , qui eft bien différente; car le tartre minéral forme des aiguilles (4) très-fines & très-brillantes, adhérentes au vaifleau dans lequel la cryftallifation s’eft faite par une extrémité, & ordinairement incli- nées : elles font en partie ifolées, & en partie réunies en pinceaux: bientor.ces cryftaux perdent leur brillant, & deviennent farineux. J'ai diffous le tartre minéral dans de l’eau bouillante, & je l'ai combiné avec une nouvelle quantité d’alkali végétal ; il s’eft fait effervefcence : j'ai filtré, fait évaporer & cryftallifer à la manière accoutumée : il s’éft formé un tartre végéro-minéral , qui cryftallife en petites aiguilles , dont je n'ai pu déterminer la figure, & qui confervent bien leur tranfparence à l'air : ce fel eft très-foluble , & (1) D'autres Chymiftes penfent, au contraire, que le prétendu acide tarta- feux fluor, dont il s'agit ici, n'eft autre chofe que l'acide nitreux chargé de la crème de tartre , en partie alrérée ou décompofée, d'où lui vient la confiftance gommeufe, marquée par ces mêmes Chymiftes, {2) Ce Chymifte eft M. de Machy. On trouve dans le Recueil de fes Differ- tations Phyfico-Chymiques imprimées, chez Monory 1773, & dans la troifième Paitie de fon Art du Diftillateur d'Eaux-fortes , publié en 1774, les preuves dé- taillées de ce que penfe cer habile Chymifte. Nous croyons que des doutes rai- fonnés & des obfervarions exattes, ne méritent pas d'être crairés fi crûment d'erreurs. (3) Hift. de l'Acad. des Sciences, 176$ , page 48. (4) Si on pofe ces cryftaux fur les charbons , ils fufent légèrement & fe brü- lent à la manière du tartre. C’eft peut-être le réfulrat de l'aflociation des deux acides , & non un fel minéral, : peut SURIL'HIST: NATURELLE! ÊT LES ARTS. 133 peut être décompofé par les acides les plus foibles, comme le fel végéral : il paroït avoir une faveur plus douce que ce dernier. Le tartre minéral, également fatuté d’alkali minéral , forme un fel neutre , dont les cryftaux font d’affez gros prifmes quadran- gulaires , dont les faces font inclinées : la face fupérieure eft di- vifée par une ligne peu faillante : ce fel eft un peu moins foluble .que le précéden: : il fe conferve fort bien à l'air, & ne tombe point en efflorefcence. Le fel de feignette, a-t’on dit (1), devient farineux à l'air fec, tant à caufe de fa quantité d’eau de cryftallifation , qu'à caufe de l'alkali marin qui entre dans fa compofition , mais le rartre miné- ral foluble , à uniquement pour bafe l’alkali minéral ; il contienc plus d’eau de cryftallifation que ce tartre minéral , & cependant il fe conferve à l'air, tandis que le tartre minéral y devient farineux : le tartre minéral facturé d’alkali volaril , a aufli formé un fel très- foluble : le tartre minéral ammoniacal cryftallife en petites aiguilles couchées, & fe croifant de différentes manières ; il devient un peu farineux à l'air. - J'ai faic aufli un tartre végétal ammoniacal , en faturant la crème detartre d’alkali volatil : ce fel forme des cryftaux très-folubles, qui font de petits prifmes quadrangulaires rectangles, groupés irrégulièrement. Ces deux fels ammoniacaux ont une faveur piquante , & feroient fans doute de très-bons apéritifs; ainfi, quoique je fache que ces remèdes manquent peu à celui qui fait quelles indications il à à remplir , les Médecins me permettront de leur en propofer l’ufage: on fait combien Boerhaave (2) & M. Pringle ( 3 ) vantent l’efprit de Mindererus, que l’on ne peut pas faire crylftallifer , & qui n’eft pas aufli. pénétrant. On a propofe , (4) dit le Traducteur de la Pharmacopée de Lon- @ res, de rendre les cryflaux de tartre folubles par l'alkali volatil , & de ? former ainf? un tartre foluble ammoniacal ; mais cette opération ne s’exe- é cute ni aifément , ni exactement , parce que les cryflaux. de tartre ne peu- vent bien fe diffoudre que dans l’eau bien chaude , une partie de l’alkal volatil qu'on ajoute alors, s'évapore ; au lieu de s'unir au tartre. J'obferverai d’abord , qu'il n’y a pas befoin que le tartre végétal ou minéral, foit bien diffous pour le faturer : il fufit qu’une por- tion le foit ; cette portion fe convertit en tartre foluble; l’eau peut ) Di&. de Chym. ) Chym. tome 2, proc. 108. ) Maladies des Armées rome 1, p 2359. ) Tome 2, page 189. Tome VII, Part. I 1776 S ( ( { ( 134 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, alors diffoudre une nouvelle quantité de tartre , & ainfi tout fe trouve bientôt diffous : en fecond lieu, on peut jetter peu-à-peu le tartre fur la liqueur alkaline médiocrement chaude & fufhfamment étendue : en troifième lieu, fi une portion de tartre n’eft pas décom- pofée , elle demeure fur le filtre ; enfin, en ménageant le feu fur la fin de l’évaporation , ainfi qu'il le faut faire pour tous les fels tartareux , à caufe de leur facilité à fe brüler , la cryftallifarion fe fait facilement & exactement , & mème le tartre végétal ammo- niacal ne s’alrère pas à l'air. En combinant lacide tartareux avec l’alkali volatil, j'ai fait un tartre ammoniacal, qui n’eft guères plus foluble dans l’eau que le tartre végétal & minéral : je n'ai pu faire cryftallifer le rartre am- moniacal ; mais il a formé des croûtes minces en forme de crête, qui en partie fe font fixées fur le côté, & qui fe font diftribuées irrégulièrement. Si l'on verfe à la fois beaucoup d’alkali en liqueur, foit fixe , foit volatil , fur l’acide tartareux , il ne fe fait point de précipité ; mais il fe forme immédiatement du tartre foluble, de forte qu’on peut à volonté, faire un fel neutre , ou un fel avec excès d’acide. En remettant de l'acide , le précipité de tartre fe fait aufli-tôr. Pour avoir un tartre fans mêlange de fel foluble , il convient de mettre un petit excès d'acide. Il faut verfer la liqueur qui furnage le tartre qu'on vient de former (1), & même il convient de le laver un peu, fi l'acide dont on s'eft fervi, n’étoit pas préparé avec beaucoup de foin, parce que l’on emporte ainfi les fels nitreux qui fe trouvent dans l'acide, ou qui fe font formés avec l’alkali. Le tartre ammoniacal , quoiqu’avec excès d'acide ; donne , dès qu'on verfe dans fa folution, de l’alkali fixe, une odeur d’alkali vo- latil, ce qui prouve qu’il eft décompofé : dans cette décompofition, il fe forme avec l’alkali fixe, du tartre foluble , & non pas du tartre ; cela a lieu dans toutes les décompoftions des fels tartareux , par l’alkali fixe. J'ai diftillé deux gros de tartre ammoniacal dans une petite cor- ——————_—_———_—p—————aaZaZagLgaLga (1) Cela femble prouver encore, que l'acide tartareux fluor eft un acide mixte. On conçoit difficilement comment le fel nitreux eft contenu dans la li- queur qui furnage : il faudroit , pour cela , qu'il fût & plus foluble que le tar- tre, & moins facile à cryftallifer , ce qui n’eft pas encore démontré. Le tartre foluble ne fe précipite ni ne fe cryftallife fi aifément; de forte qu'on pourroir croire que le précipité, dont il eft queftion, n'eft que la crême de tartre, fé- parée de l'acide nitreux par un alkali quelconque, auquel ce dernier eft uni par l'expérience de l'Auteur. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 135 nue de verre, à laquelle j'ai ajufté une allonge & un ballon : toute la liqueur qui a paffé, éprouvée par portion , a verdi le firop de violettes, & a fait effervefcence avec le vinaigre diftillé : en y ver- fant de l’alkali fixe, il ne s’eft point fait appercevoir une odeur différente de celle d’empireume qu’avoit la liqueur , & l’on fait que lorfqu'on verfe de l’alkali fixe dans une liqueur ammoniacale , l'o- deur d’alkali volatil fe fait appercevoir auflh-tôc ; ce qui prouve que l'acide tartareux eft entièrement détruit dans cette opération; mais nous verrons dans la fuite , que cette deftruction n’eit pas due à V'action feule du feu, mais à celle de l’alkali volatil (1) : il y avoic quelques goutes d’huile fur la liqueur que j’examinois , prefque point d’alkali volatil concret aux parois de l'allonge & du récipient; la cornue contenoit un charbon affez volumineux. Le tartre ammoniacal s’unit avec effervefcence , à une nouvelle quantité d’alkali volatil, & forme ainfi un fel fort folublé d’une faveur fort piquante , & qui verdict le firop de violette. Il eft difficile de faire cryftallifer le tartre ammoniacal foluble , patce qu'il perd facilement une portion de fon alkali volatil, de forte que lorfque l’évaporation approche de fa fin, la plus grande partie de ce fel fe décompofe, & forme du tartre ammoniacal , qui fe précipite : il faudroit évaporer au baïn- marie, & ajouter fur la fin, de l’alkali volatil. Malgré cet inconvénient que je n’avois pas prévu , j'ai obtenu une fois quelques cryftaux de tartre ammoniacal foluble de cinq à fix lignes de longueur ; je m’étois fervi de tartre ammoniacal, uni à une portion confidérable de nitre ammoniacal ; ce dernier fel a fervi d’eau-mère à l’autre , dont les cryftaux avoient fix côtés , deux plus longs, quatre plus petits ; ils fe divifoienc facilement par le milieu. Le tartre ammoniacal , & fur-tout le tartre ammoniacal foluble, me paroiflent mériter l'attention des Médecins. La terre calcaire forme avec l’acide rartareux , un fel prefqu’info- luble dans l’eau , & même très-peu foluble dans l’eau bouillante. Lorfqu’on fait bouillir du tartre & de la terre calcaire , cétte terre s’unit à l’excès d'acide du tartre , & forme le tartre calcaire dont je (1) Tout ce que dit l'Auteur du tartre ammoniacal, ne paroîtra pas clair à tous les Chymiftes. Tantôt, rien n'eft moins facile que l'union de l'alkali vo- latil avec l'acide rartareux ; tantôt, il tient fi opiniättement, que par la cryl- tallifation , il ne fort que de l'acide, & pas un atome d’alkali volatil ; rantot , en évaporant feulement, ce dernier ss'exhale, SZ 1,6. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le, en laiffant lé tartre privé de fon excès d'acide converti en fel végétal. M. Rouelle a déja développé cette opération:1®. dit-il (1) ; # on employe une craie bien pure ; où encore micux , une magnéfie tirée de L'eau mère vd nître par précipitation; on trouve que cette 1erre abforbante , a augmenté de poids, après avoir été trairée avec la crême de tartre. 2°. Cette augmentation de poids ef} due à l'acide de la portion de crême de tartre décompofce : cet acide forme avec cette terre abforbante ; un fel neutre qui, quoique prefqu'infoluble, conferve cependant une forme cryftal- line ; mais irrégulière : il y en a une portion non combinée , qu’on peut Jéparer par: le moyen du vinaigre, finon totalement , du moins à peu de chojè :près.. 4°. On peut retirer, cet acide de tartre par de nouvelles combinaifons. é MM du Hamel. & Groffe avoient découvert & examiné la folu- bilité du-tartre par la terre calcaire. Les Académiciens difent (2), que la crème de tartre bouillie dans de leau de chaux , dépofe beaucoup de terre fur le filtre : ils n’ont pas examiné cette prétendue terre ; c’'étoir le tartre calcaire, mêlé fans,idoute à de la crème de tartre non décompofce. : Hs prétendent que la liqueur devient alkaline; ils fe font faitillufon. La craie de Champagne, ajoutent-ils, a dépofé peu de terre fur Le filtre ; avec la craie de Meudon, il s’eft dépofé plis de terre. Le dépôt eft en raifon de la quantité de tartre calcaire formé , fi l'on employe de juftes proportions, & en raifon inverfe de la pu- reté. de la térre calcaire employée. IL paroit, concluent les, Auteurs, que la chaux & la craie éten- dent les parties acides naturellement trop engagées dans le tartre. Je le: répète, les fubftances calcaires s'emparent de l'excès d'acide, & laillent l'acide & l’alkali du tartre dans les rapports néceflaires pour former un fel neutre, un tartre foluble. Le tartre calcaire brûle à-peu-près comme le tartre, & donne la même odeur :j'en ai grillé dans un creufet, il s’eft décompoféaflez facilement : il eft refté une terre, d’un gris foncé , qui a fait beau- coup d’effervefcence avec les acides ; cependant, elle avoit perdu fon air fixe dans l’effervefcence qui s’éroit faite dans fon union avec l’a- cide tarrareux , & fi on avoit décompofé le rartre calcaire par l'al- kali privé d'air, le précipité auroir été de la chaux , comme on fait. Cette rerre, & l’on peut en dire autant des alkalis de la cendre, reprend donc en brülant , l'air fixe dont’ellé étoit! privée: ce phé- oo (1) Journal de Médecine, 1773 page 370: 8 (2) Mém, de l'Acad, des Sciences, 1732, page 323 5 17353 P- 260, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 137 nomène n'eft donc pas borné aux chaux métalliques & il femble bien favorifer l'opinion de M. Pricftley, qui penfe que l'air, en fe facuranc de phlogiftique , abandonne l'air fixe qui s’unit alors aux fubitances voifines avec lefquelles il a de l’affinité. Il me paroïc furprenant que dans prefque tous les livres de Chy- mie, même les plus nouveaux (1), on ne diflingue pas de la terre calcaire , celle qui fert de bafe au fel d’epfom, après le Mémoire que M. Black à publié fur cet objer dans les Mémoires d'Edim- bourg (2) , & qui a été traduit en François ; elle a cependant des caractères bien marqués & bien diftinctifs. Le fel d'epfom d'Angleterre, dit M. Baumé, page 566 (3), contient , comme les exux fulées que nous avons examinées | du Jel marin à bafe cerreufe dans différens états qui font relatifs à l'état fous Lequel fe trouve la terre calcaire : une partie de ce Jel efl très-déliquefcente , l'autre ne l’eff pas, & Je cryflallife en gros cryflaux : il eff à préfumer que c'efl ce der- zier fel qu'on a nommé fel d’épfom à bafe terreufe ; il ne differe cepen- dant point du el marin & bafe terreufè ordinaire , fi ce n'efl par l’écar de la verre calcaire. J'ai décompofé par de lalkali fixe de ce [el marin a bafe terreufe cryftallifable & non déliquefcente féparée du [el d’epfom d’Angle- terre : la verre que j'en ai féparée étoit abfolument fémblable à celle que j'ai obtenue par la décompofition du même [el marin à bafe terreufe non déli- “quefient qui fe trouve dans les eaux Jalées des falines de Lorraine 6 de Franche Comte : j'ai combiné de l’une 6 de l'autre terre avec de l'acide vitriolique , chacune féparément , elles ont toutes deux formé avec cer acide ; un Jel en gros cryflaux difpofès en tombeaux , & qui font de la plus grande tranfparence , au lieu d'étre de petits cryflaux terreux , ainfi que Le fone ceux de la felenite calcaire ordinaire. Et à la page 567. Ce nouveau fel virriolique à bafe de terre calcaire, peut Je rencontrer dans les eaux falées & dans les fels marins foffiles ; mais je ne l’ai point trouvé jufqu'a préfent , dans les Jubfances de ce genre , que J'ai eu occafion d'examiner ; il ne Je trouve pas non plus dans Le Jel d ’epfom d’ Angleterre. J'aicru devoir rapprocher encore ces deux paffages, qui ne font cepen- dant féparés que par celui-ci : comme La terre da cette efpèce de fel marin à bafè terreufe , eff bien décidément de nature calcaire , il ef£ Jenfible qu'on (x) Cette diftinétion des terres calcaires eft cependant dans les Inftituts de Chymie de M. de Machy, dans la partie où il traite du Règne animal. Il en donne différentes définitions dans fes Procédés chymiques, (2) Expériménts upon magnefia alba , quiek lime, and fome other alcaline fub[- tance By Jofeph Black. tome 2, p. 172. (3) Chymie expérimentale & raifonnée, rome 3. 138 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, doit attribuer à l'état où elle fe trouve, les différences qu’elle préfente avec Les fels marin 6 vitriolique. Elle n’eft pas calcaire. M. Black a trouvé qu’en lui faifant fubir un feu violent, elle perdoit 7 de fon poids; après cela, elle ne faifoit plus d’effervefcence avec les acides; mais elle ne fe dif- folvoit point du tout dans l’eau , & n'avoit aucune propriété de la chaux. Elle fait avec les acides, des fels abfolument différens de.ceux que fait la terre calcaire : en voici encore une preuve. La terre d’epfom forme avec l'acide tartareux, un fel d’une fo- labilité moyenne entre celle du tartre & celle du tartre foluble : il n’eft point avec excès d'acide ; au contraire , il verdict le firop de violettes ; il a un goût terreux , il eft jaunâtre & compofé de petits cryftaux irréguliers : j'ai verfé de l’alkali fixe fur ce fel, & j'ai donné un bouillon ; une partie a été décompolée , & une autre eft reftée fur le filtre avec la terre de la partie décompofée ; ayant fait éva- porer ; jai eu du fel végétal (BU | J'ai jerté de la terre d’epfom fur du tartre diffous en partie dans de l’eau chaude , il s’eft fait effervefcence, & par de nouvelles ad- ditions, j'ai diffous entièrement le tartre , j'ai filtré la liqueur , &e j'ai évaporé ; il ne s’eft formé une pellicule que lorfque la liqueur a été très-rapprochée : je l'ai laïflée repofer un jour ; après lequel j'ai trouvé la pellicule affez épaifle , mais gluante ; je l'ai féparée, & l'ai mife fur du papier à filtrer ; elle a pris de la confiltance en s'agalutinant au papier ; elle reffemble alors à de la colle forte : cette pellicule ne recouvroit qu'une fubftance gélarineufe affez fluide , qui avoit une forte faveur d’alkali , & qui verdifloit le firop de violettes comme un alkali put ; la pellicule avoit une faveur moins forte. J'ai verfé fur une partie de la fubftance gélatineufe , un peu d’a- cide tartareux ; il s’eft fair beaucoup d’effervefcence , & rout-à-coup il s'eft formé une malle compacte , comme dans le miracle chymi- que; j'ai verfé de l’eau bouillante fur cette malle faline, & je l'ai agitée ; après un peu de repos, j'ai verfé par inclination, la liqueur furnageante ; j'ai trouvé que le fond du verre étoit occupé par du tartre, & que ce tartre étoit recouvert par du tartre d'epfom recon- noilfable par fa teinte jaune, & par fon goût terreux. GS (1) C'eft ainfi que MM. Duhamel & Groffe en obtinrent un peu par la com- binailon de la craie & de fa crême de tartre : cela ne prouve pas que la rene du fel d'Epfom n'eft pas calcaire. Cela démontre une vérité qu'on avoit déja en- trevue, qui eft la poffbilité de former un alkali ffxe par la voice humide, SUR L’HIST. NATURELLE ETIES ARTS. 139 La faveur forte & urineufe de la fubftance que j’examine, fa dé- liquefcence , la manière dont elle verdit le firop de violettes, l’effer- vefcence qu’elle fait avec l'acide tartareux (il ne fe fait point d’ef- fervefcence quand on décompofe ainfi le fel végétal, comme je m'en fuis afluré) m'ont perfuadé que l'alkali du tartre à été féparé de fon acide par la terre d’epfom, & qu'il fe trouve libre dans cetre occafion, Pour m'aflurer de cette vérité, j'ai verfé du vinaigre diftillé fur une partie de la fubftance gélatineufe ; il s’eft fait un dépôt; après un moment d’agitation & de repos, j'ai décanté ; le tartre d’epfom eft refté au fond du vafe. J'ai verfé de l'acide tartareux fur le vinaigre décanté , & il seft fair tout de fuite un précipité abondant qui éroit du vrai tartre. Le vinaigre s'étoit emparé de l’alkali fixe , & en avoit dégagé le tartre d’epfom qui formoit le premier dépêr ; l'acide tartareux verfé enfuite fur le vinaigre , lui a enlevé cet alkali , d’où et venu le fecond dépôt tartareux. Ce n’eft pas un fait unique que l’alkali fixe rende gélatineux par fa fimple interpofition, le tartre d’épfom peu foluble par lui-même. Quelques Ariifles, dit l'Editeur de la Pharmacopée de Londres (1), employent le tartre vitriolé au lieu de fèl vègéral, pour faire Le tartre mar- tial foluble, & ce fel devient 1rès-foluble , en s'uniffant à la combinaifonr du mars 6 du tartre (2). " La pellicule paroît contenir moins d’alkali, La décompoftion du tartre par la terre d’epfom , me paroît bien contraire à la table des affinités, que je regarde au refte, comme un monument de génie, Point de propofition générale ne paroiffoit mieux établie en Chy- mie , que la fupériorité d’affinité de l’alkali fixe fur les fubftances terreufes ; mais 1l n’y a en Phyfique que des vérités d'expérience, Que de fyftèmes élevés depuis que les Philofophes raifonnent ren- verfés & démentis par la nature , après n'avoir fervi qu'à rendre les hommes vains de leur faufle fcience & avoir retardé le progrès des connoiffances. CE (1) Cette citation n'eft pas à la gloire de l'Editeur de la Pharmacopée de Lon- dres. C’eft l'alkali fixe, & non le tartre, qui fe trouve dans le vartre vitriolé. En faifant très-mal le tartre foluble avec le tartre vitriolé, on obtient un magma ferrugineux, ou une efpèce d'eau - mère de couperofe , dans laquelle, outre l'a- cide vitriolique , fe trouve encore celui du tarte, qui eft le feul auquel appar- tienne le vrai tartre martial foluble, {2) Tome 2, page 758. 140 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUF, Ce neft pas que je croye qu’il n’y ait des loix conftantes que les corps fuivent dans leur combinaifon. dans leur union, dans leur décompofrion; mais nous fommes bien éloignés d’être affez avan- cés pour prévoir toutes les circonftances qui font varier ces loix , & pour pouvoir faire un fyftème général des afhnités. Je crois même que l’alkali a plus d’afhnité avec l’acide tartareux, que la terre d’epfom; & que fi celle-ci décompofe le tartre, c'eft parce qu’il ya dans ce cas une double affinité ; favoir, celle de l'air fixe avec l’alkali, & celle de la terre d’epfom avec l'acide ; & je compte que le tartre ne fera pas décompofé , ou qu’il formera un tartre foluble en fe fervant de terre d’epfom, privée d'air. C'eft une expé- rience que je ne tarderai pas à faire. Ce qui me confirme dans certe idée, c’eft que la terre d’epfom décompofe les fels à bafe terreufe ( 1), lorfqu’elle contient fon air ,en s’unifant à l’acide & donnant fon air à la terre calcaire ; mais elle n'a plus cette propriété , lorfqu’elle en a été privée (2). La terre d’epfom paroït avoir peu d’aflinité avec l’air fixe, puifque fans le fecours de la chaleur , elle décompofe l’eau de chaux (3): la chaux s’emparant de fon air , fe précipite fous la forme de terre calçaire, fans qu'il y ait un échange ; car la terre d’epfom ne fe diffout pas dans l’eau (4). J'ai lu dans l'ouvrage de M. Lavoifier, que l’alkali volatil , privé d'air, ne pouvoit pas opérer une décom- pofition (je#ne me fouviens pas laquelle) qu'opéroit l'alkali volatil ordinaire. C’eft probablement pour la raïifon que je viens de déve- lopper. Quelques métaux fe précipitent mutuellement de l’acide dans lequel ils fonc diffous, tels font le fer & le cuivre, relativement à l'acide vitriolique. (5) Dans ce phénomène, le phlogiftique ne feroit-il as la mème chofe que l'air fixe , dans les cas que j'ai difcutés? Fe cuivre paroît avoir plus d’affinité avec fon phlogiftique, que le fer , qui abandonne facilement le fien ; en conféquence le cuivre ayant perdu une partie du fien dans l’effervefcence , il agit fur celui du fer, tandis que le fer agit fur l'acide vitriolique, de forte qu'il fe fait un échange mutuel; lorfqu’au contraire le cuivre décompofe le viwiol martial, il me paroît qu’il s’unit en entier avec l'acide vi- triolique, avec lequel il a, felon mon explication , plus d’aflinité EEE mes men mm) C1) Black. p. 186. (2) Ibid. p. 189. (3) Ibid. page 188. (4) Ce fait nous apprend encore que la terre calcaire a plus d'affinité avec l'air fixe qu'avec l’eau. (1) Opufcules de M, Margraf, tome 2, p. 4384 que b SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 141 que le fer; ce qui me femble confirmer cette explication, c'eft que le cuivre eft précipité fous fa forme métallique par le fer, qui, au contraire , eft précipité fous la forme de fafran de Mars, par le cuivre (1), IL y a quelques cas dans lefquels il ne paroït point y avoir d'é- change : rel eft le cas de la bafe de l’alun qui eft précipitée de fon acide par le zinc & le fer, & qui décompofe à fon tour le vitriol martial & le vitriol blanc. Seroit-1l poflible que dès qu'un corps eft uni à un autre, il perdit une partie de la force qui le rapprochoït de ce corps, & qu'il püc en être féparé par un corps qui auroir à-peu- près le mème degré d’affinité? Cela n’eft-il point contraire à l’attraétion qu’on admet s'exercer entre toutes les parties de la matière, dans une raifon in- verfe & indéterminée des diftances? L’acide tärrareux décompofe promptement, 8 même avec un peu d’effervefcence , la verre foliée de tartre (2). J'ai déja dit, que je m'étois fervi de cette propriété. Il fe fait un dépôtabondant qui eft du tartre, & une partie du vinaigre radical furnage. On pourroit peut-être, par le moyen de Pacide tartareux , faire un bon vinaigre radical avec la terre foliée de tartre, au lieu de fe fervir de verder. J'ai fait bouillir du tartre dans du vinaigre diftillé, & äl n'a point été décompofé. De-là je conclus que l’alkali fixe a plus d’afhinité avec l'acide tartareux, qu'avec l'acide acéreux. M. Rouelle a dit , dans deux Mémoires préfentés à l Académie Royale des Sciences, que l'acide de la crême de tartre s’unit aux chaux de plomb, d’antimoine , au verre d’antimoine, au fèr, & faifoit, avec ces différentes matières, des combinaifons qui différent entre elles ; mais 1l à fait fes ex- périences avec la crème de tartre; moi j'ai fait les miennes fur les, fubitances métalliques, avec l'acide tartareux ; ainfi ce n’eft plus le même travail; & après mes eflais, l’on pourra jouir encore de ce qu'il promet fur cet objet. L’acide tartareux diffout avec effervefcence, à une très-légère cha leur , le mercure coulant, & il forme une pâte gélatineufe & blanche avec lui : dès qu'on verfe de l’eau deflus, il fe fair un dépôr blanc qui eft un fel avec le moins d'acide poñlible , & la liqueur qui fur- D D (1) Ibid. page 448. (2) C'eft une preuve que ce n'eft point un acide pur : car ni la crême de tartre ni le vinaigre concentré, n'opèrent cette décompofition : c'eft donc l'acide nicreux que l’Auteur avoue ne pouvoir en être dégagé, qui opère ce phénomène. M. de Machy n'a donc rien dit d'erroné, quand il a avancé que ce mélange d'acide nitreux & de crème de rartre, donne des cryftaux, une malle gélatineufe, &c. qui tous fonc un fel neutre compofé de deux acides, Tome VII, Part. I. 1776. 142 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nage contient un fel avec excès d’acide ; mais il reftoit quelques glos bules de mercure : pour éviter cer inconvénient, je me fuis fervi de mercure précipité de l’acide nitreux par l’alkali fixe bien lavé, Ce précipité s’et diflous à froid avec effervefcence , & a préfenté les mèmes apparences que le mercure. J'ai fair digérer du vinaigre diftillé fur le mercure acéteux avec le moins d'acide poñible, &'je l’ai décanté : il n’a point décompofé le mercure tartareux : il faut encore voir fi l’acide tartareux décompofe le mercure acéteux, & dans ce cas, le mercure aura plus d’afhnité avec l'acide tartareux, qu’avec l'acide acéreux. Les premières lotions qui contiennent le fel avec excès d’acide, donnent avec l’alkali fixe un précipité affez abondant de couleur d’ar- doife, & avec l’alkali volatil un précipité d’un blanc fale. Les lotions qui fuivent n'ont qu'une légère odeur métallique. Le mercure tartareux avec le moins d’acide, jetté fur des charbons ardens , brûle commeles fels tartareux , de forte qu’il n’eft pas poflible de méconnoître fa nature faline , & que réellement, il fe forme danscette opération deux fels , l’un prefqu’infoluble, & l'autre très-foluble , dont les précipités font probablement femblables au premier de ces fels; du moins les expériences de M. Bayen, donnent lieu de le penfer. J'ai diftillé le mercure tartareux avec le moins d’acide, en mettant un peu d’eau dans le ballon : après l'opération, la cornue ne s’eft point trouvée altérée , & cependant le mercure a été tout revivifié : 1l a pallé en partie dans le ballon, & 1l eft demeuré en partie fous la forme de petits globules au col de la cornue , qui contenoit un peu de charbon. L'eau du ballon à bien rougi le firop de violettes; la partie fupérieure du récipient paroifloir avoir quelques gouttes d'huile. Dans cetre opération , il ne s’eft point formé d’alkali volas til, quoiqu'une partie de l'acide tartareux ait été détruire. Lors donc qu'il fe forme de l’alkali volatil dans la décompofition du tartre, ou du tartre ammoniacal, cela dépend de l’aétion des alkalis fur l’a- cide tartareux. Le remède que M. Preffavina propofé & fort vanté (1) contre les maladies vénériennes , doit fans doute fa vertu au mercure tarra= reux avec excès d'acide : car voici ce qui doit fe pafler dans la pré- paration de ce remède. Le précipité qu’on fait bouillir avec la crème de tartre, s'empare de fon excès d’acide, & laiffe une partie du tartre convertie en fel végétal & mêlée probablement à une autre partie de crème de tartre non décompofée. Le mercure, uni à l’acide tarta- reux, forme deux fels; notre fel, avec le moins d’acide poflible , 000 oo (1) Traité des Maladies vénériennes, &c. par M. Preffavin, 1773: 1f SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 14; qui fait la plus grande partie du dépôt blanc, & notre fel , avec excès d'acide, qui demeure dans la liqueur, & qui fait la vertu du re- mède de M. Preflavin ; remède dont la compofition eft longue, dif- pendieufe & peu füre; car plufeurs circonftances peuvent favorifer ou empêcher la décompofition du tartre. Le mercure tartareux avec le moins d’acide, agiroit probablement avec plus de douceur , que la panacée , & mériteroit peut-être de lui être fubflitué dans les cas où l’on craint encore l’aétion trop vive de ce remède. Son infolubilité n'y fait rien; la panacée ox mercure doux eft infoluble aufli. Je fais que quelques-uns ont jerté des doutes fur fon efficacité ; mais Boerhaave (1) (eft:1l befoin d’autres citations?} n'excitoit la falivation & ne traitoit la vérole qu'avec le mercure doux. Aujourd’hui encore de grands Médecins ne fe fervent pas d’au- tre chofe. On feroic sûr que le mercure tartareux feroit pur, en mettant d’abord un excès d’acide , & faifant enfuite plufieurs lotions. M. Monnet croit avoir converti l'acide tartareux en acide marin (2): les nombreufes combinaifons que j'ai faites, m'ont offert des fels bien différens de ceux qui ont pour acide, l’acide marin. IL dic qu’en diftillant le fer uni à l'acide de la crème de tartre, avec de l'acide vitriolique , & immédiatement de la crème de rar- tre avec l'acide vitriolique, il a eu un acide qui avoit l'odeur d’a- cide marin : j'aurois bien cru que ç’auroit été l’odeur de l’acide ful- phureux. Si l'acide marin eft déguifé dans l’acide tartareux, n’eft-il pas étonnant qu'il ne fe foit point fait de fublimé, lorfque j'ai dif- tillé le mercure tartareux. L’arfenic demande un affez grand degré de chaleur, & par ce moyen, il forme avec l'acide tartareux une pâte fort blanche, qui fe diffout dans l’eau. Ayant verfé de l’alkali fixe fur cette difflolu- tion, il ne fe fit point de précipité, ce qui m’engagea à évaporer la liqueur ; il fe forma une pellicule qui faifoit des iris : après le ré- froidiffement , je trouvai une maffe faline qui éroit bien foluble dans l'eau , & qui donnoit fur les charbons ardens une forte odeur d’ar- fenic. L’ayant diffoute dans de l’eau, & y ayant verfé un peu d’acide tartareux , il s’eft fait aufli-tôt un précipité abondant & blanc, qui donnoit aufli fur les charbons l'odeur d’arfenic. J'ai lavé ce dépôt à plufieurs eaux ; chaque fois il s’en eft diffous une portion, &, jufqu'à la fin, ila paru d'une même nature, & plus foluble que le tartre. Ayant jerté de l’arfenic fur du tartre en partie diffous dans de l'eau chaude , 1l s’eft fait un peu d’effervefcence, & le rartre ayant été pr (1) Aphorifm. de Cogn. & Cur. Morb. $. 146. (2) Journal de Phyfique, 1774, tom. 1, p. 276. de 2 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diflous, j'ai fait évaporer; il s’eft formé promptement une pellicules après le repos néceflaire , j'ai eu une mafle faline jaune, & compo- fée de petits cryftaux minces fort brillans. Ce fel eft un peu plus {oluble que le tartre. Il donne en brülant l'odeur de l’arfenic. 11 rou- git le firop de violertes. L’arfenic donc, qui décompofe tous les autres fels (1), excepté ceux qui contiennent l’acide marin, s’unit à l'acide tartareux & à fon alkali, dans quelle proportion qu’ils foient, & fans altérer les rapports qu'ils ont entr'eux. L’acide tartareux diffout avec beaucoup d’effervefcence , au moyen d’un peu de chaleur, le verre d’antimoine, & forme avec lui un beurre qui fe diffout très facilement dans l’eau: cette diflolution eft tranfparente : fi on l’évapore, elle prend l’appa- rence d'une huile, & par une plus longue évaporation, elle revient à l’état de beurre auquel on peut donner le degré de confiftance qu’on veut, jufqu'à le rendre fort dur. Il attire fort peu l'humidité de l'air. L’alkali fixe forme dans fa diffolution un précipité couleur de paille, qui demeure long-tems fufpendu dans l'eau. Le beurre d’antimoine tartareux formeroit probablement un efcar- rotique fort doux. Le zinc ne fe diffout qu'en petite quantité dans l'acide rartareux : cette diffolution eft trouble; étendue dans de l’eau, elle donne, par le moyen de l’alkali fixe, un précipité cendré. Le bifmuch eft aufli diffous en petite quantité, & demande , ainfi que le zinc , une chaleur affez forte : quand cette diffolution eft ré- froidie, elle forme une gelée fort confftante , blanche & tranfpa- rente ; verfe-t-on de l’eau chaude deffus , elle difparoît aufli-tôr, & il fe fair un faux précipité fort blanc. L’eau qui furnage contient la plus grande partie de l'acide, avec un peu de bifmuth. Les pre- mières eaux qu'on pafle fur le faux précipité, fonc un peu louches & un peu acerbes ; mais cela va en diminuant, peut-être ce faux précipité pourroit-il être fuppléé au magiftère de bifmuth dont on fe fert pour le blanc, & dont il n’auroit pas l’âcreté, à caufe de la différence de l'acide dont il paroît retenir une portion, malgré la quantité des lavages. Le cobalt fe diffout en affez grande quantité & avec beaucoup d’effervefcence dans l’acide tartareux ; il forme une mafle brune & compacte, qui fair avec l’eau une diffolution d’un jaune très-foncé,. Cette dillolution donne avec l’alkali fixe & avec lalkali volatil un (x ) Recherches fur l’Arfenic, premier Mémoire , par M. Macquer. Mém. de l'Acad. des Sciences, page 223 , 1746. Second Mém. page 35: 1748 SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 14; précipité d’un bleu verdâtre , qui fe rediffout bientôt, après quoi la diffolution reprend à-peu-près fa première couleur. Je l'ai fair éva- porer : elle a laiffé une fubftance un peu plus confiftante que la gelée, d’un jaune brun. Le minium a été diffous à froid par l'acide tartareux : le fel qu’il fait eft d’une médiocre folubilité; il paroît former de petits cryftaux comme des épines qui fe réuniflent irréguliérement. Il eft plus blanc que le fel de Saturne, &.il donne une odeur bien diférenre fur. les charbons ardens. L’alkali fixe fait de fa diffolution un précipité blanc. J'ai fait bouillir du plomb tartareux dans du vinaigre diftillé, & il n’a pas été décompofé ; au contraire, dès qu'on verfe de l'acide tartareux fur du fel de Saturne, on fent des vapeurs très-pénétrantes de vinaigre radical. Je dis donc, pour me fervir d’une, expreflion commode , que le plomb a plus d’afhnité avec l'acide tartareux , qu’a- vec l’acide acéreux. L'érain noircit dans l’acide tartareux , & lorfque cet acide eft bien concentré, & qu’il éprouve une chaleur aflez forte, il s’y diffout en petire quantité , mais avec beaucoup d’effervefcence ; & forme une gelée couleur d’ardoife qui fe diffout fort bien dans l'eau. L’al- kali fixe en fait un précipité cendré. Si l'on fait fubir à l'étain tartareux un degré de chaleur capable d’en difiper les parties fluides , il prend la forme de l’asbefte, & devient friable. Dans cet état, il fe diffout bien ençore dans l’eau. Le fer exige auñi de la chaleur pour fe diffoudre : l'effervefcence eft vive; la malle affez dure qui réfulte de cette combinaifon, dif- foute dans de l’eau filtrée, eft fort tranfparente, & préfente toutes les nuantes du jaune; felon la quantité d’eau. Quand on la conferve , elle faic un dépôt blanc, qui fe rediffout entièrement , fion l’échauffe, Dans l’évaporation , il ne fe précipite rien jufqu’à la fin, ce qui prouve l'intime union du fer & de l'acide tartareux ; fur la fin de l'éva- poration il s’eft formé, par le refroidiflement, une croûte faline jaune : ayant encore fait évaporer & refroidir, j'ai trouvé une. malle faline d'un ‘jaune verdâtre & d’un goût acerbe : elle fair dans l’eau une diffolurion claire & jaune , avec un petit dépôt. 11 feroit peut- être poflible de faire cryftallifer régulièrement ce fel. M. Rouelle a fair voir que la teinture de Mars étoit compofée de la combinaifon de l'acide du rartre 8& du fer, & de fel végétal. Pourquoi la Médecine ne chercheroit-elle pas à remplacer les re- mèdes compofés avec peu de précifion , par d’autres, dont elle puiffe mieux calculer les effets ? Le fer rartareux feroit roujours le même, tandis que les rapports du fer tarrareux & du fel végétal doivent varier dans la teinture de Mars : il pourroit être mêlé aux fels & aux fubitances non falines 1746 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que les circonftances indiqueroient, & il a l’avantage de fe conferver cel qu'il eft. . L'acide tartareux chaud difflout une affez grande quantité de cui- vre : cette combinaifon forme une malle dure d’un verd pâle & d’une médiocre folubilité dans l’eau + cette diffolurion donne avec lalkali fixe un précipité blanc. Ce précipité bien lavé brüloit fur Les charbons ardens; je l'ai fait digérer dans une folution alkaline , après quoi il brûloit encore : l’eau qui furnageoit , le précipité , a confervé la couleur verte, quoique j'aie ajouté un excès d’alkali; donc le pré- cipité a rerenu une portion de l'acide tartareux, & le précipitant à retenu une partie de cuivre. L’alkali volatil faitaufli un précipité blanc; fi l’on ajoute un excès de cet alkali, le précipité fe rediffoutaufli-rôt, & la liqueur devient très. tranfparente & d’un beau verd. J'ai faturé cette liqueur verte d'acide, 1l s’eft fait un fecond précipité blanc, & la liqueur a pris un verd plus pâle. J'ai mêlé dans une cornue de verre poids égaux d’acide tartareux & d’efprit de vin. Le mêlange a blanchi dans l'agitation, & eft devenu femblable à une émulfon. Dans le repos, l'acide tartareux s’eft féparé de l’efprit de vin fous la forme d’un coagulum blanc. Je crois que l’efprit de vin s'empare de l’eau que contient encore l'acide rartareux , & que c’eft de cetre manière qu’il le coagule. J'ai mis la cornue fur un bain de fable, je lui ai adapté une allonge & un récipient. Le coagulum s’eft bientôt diflous, & le mèlange a bouillonné. La liqueur qui diftilloit préfentoit les apparences qui s’obfervent dans la diftillation de l’éther. Quand le réfidu a paru épais, j'ai arrèté le feu. Il y avoit près des trois-quarts de la liqueur employée pallés dans le récipient. J'ai verfé de l’alkali fixe dans cette liqueur , il s’eft précipité du tartre; elle contenoit donc une portion d'acide tartareux non altéré. J'ai foumis cette liqueur à une nouvelle diftillation bien ménagée , & j'ai féparé en trois portions la liqueur qui pafloit dans le récipient dans l’ordre qu’elle diftilloit, en laifflanc la quatrième dans la cornue. La première & la feconde avoient la mème qualité : c’étoit un éther. Lorfqu'on verfe l’éther tartareux fur de leau , il la furnage ; fi on agite le vafe , l’éther forme dans l’eau des ondulations & des ftries, en montant promprement à la furface, comme un autre éther; mais fi l’on continue long -tems l’agitation, il fe mèle entièrement à l’eau, excepté une petite couche qui revient à la furface, comme une huile. J'ai verfé de léther tartareux fur de l’eau teinte par le firop de violettes : il a demeuré à la furface fans prendre de couleur :; je lai laïffé ainfi quatre jours : chaque jour je voyois la partie tranfparente Gt im ÉTÉ Î SS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 147 augmenter, de forte que cet éther attire & s’unit à une partie d’eau: en même-rèms il perdoit un peu de fa grande pellucidité, & pre- noir un œil un peu jaunâtre : les quatre jours écoulés, la couche d’é- ther occupoit un efpace double de celui qu’elle occupoit d’abord : alors j'ai donné une fecouile, & l’écher s’eft trouvé mélé à l’eau, excepté la petite lame qui paroït vraiment huileufe : cela prouve qu'il faut que cet éther foit faturé d'eau, avant de pouvoir fe mêler à une plus grañde quantité de ce fluide, & par l'agitation, on facilitecette faturation en faifant plonger dans l’eau léther divifé en globules & en ftries. Comme l’éther de M. le Comte de Lauraguais (r ), lécher tar- tareux , eft un peu plus pefant & moins volatil que l’éther vitriolique. La troifième portion étoit encore de l’éther , mais mêlé à une por- tion d’efprit de vin ; ce qui reftoit dans la cornue de rectification avoit encore le goût de l’éther. On: voit qu’on retire beaucoup d’écher dans cette opération. Le réfidu de la diftillation étroit un peu brûlé à fa partie inférieu- re; ce qui avoit donné un petit goût de feu à l’éther tartareux, qui, fans cela, paroït d'un goût & d’une odeur fort agréables. Le réfidu a été fort difficile à détacher & à diffoudre dans l’eau chaude : il à laiflé fur le filtre un dépôt affez confidérable, com- pofé de tartre & d'acide combinés avec l’efprit de: vin. La liqueur filtrée avoit un peu le goût & l’odeur d’éther ; elle étoit outre cela un peu amère & acide. J'ai faturé l’acide avec de l'alkali ; il s’eft fair du tartre qui s’eft précipité. Le refte étant éva- poré , a laïffé un réfidu à-peu-près femblable à la fubitance dont je vais parler. J'ai mis dans une capfule une once d'acide tartareux & d’efprit de vin fur un bain de fable : bientôt le mélange a bouilli & s’eft beaucoup bourfouflé : dans quelques momens, il n’y a eu qu’une fabftance dure, sèche & friable, d’une médiocre acidité, un peu amère , & retenant quelque chofe de la faveur de l’efprit de vin: cette fubitance attire l'humidité de l’air, devient molle, &'enfin tombe en déliquefcence. Elle forme dans l’eau une diffolution un peu trouble: elle fait peu d’effervefcence avec l’alkali fixe, & forme avec lui du tartre qui fe dépofe fort difficilement. La liqueur après cela à un peu la faveur de l’efprit de vin. Il paroît par-là que l’acide tartareux s’unit à une portion d’efprit de vin qu’elle abandonne difficilement. * L'éther tartareux, quoique fort inflammable , ne-brûle pas fur (1) Hift, de l'Acad. des Sciences, 1759. 148. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'eau, probablement, parce qu'il s’unic cout de fuite à une portion d’eau, IL diffout très-peu Le: caoutchouc; mais ii en diffouc : 1l diffout une affez bonne quantité de fuccin. L’acide tartareux n’attaque point le camphre, mème avec le fe- cours de la chaleur. Cet acide paroît cependant plus huileux que les autres. Il peut être fort utile pour féparer l’alkali fixe ou volatil qui fe trouvent dans quelque liqueur qu’on veut examiner ; par exemple, lorfqu'on fait l’analyfe d’une eau minérale qui contient du natrum : car on fait un tartre qui fe précipite & qu'on peut féparer aufli- tôt pour examiner avec plus de facilité la liqueur dégagée de ce fel. CEE VE TE EEE CN ET PRE CPE LEE Mess Éuevegf aie OÙ La Ro à Æ Sur les accidens auxquels font expofés les Garçons Cha- pcliers de la Ville de Marfeille, & fur les moyens de les prévenir ; Par M MAGNAanN, Doëteur en Médeéne. IDE un grand nombre d’années, les Garçons Chapeliers de cette Ville n’ont pas ceffé de fe plaindre qu'il entroit des ingré- diens , préjudiciables à leur fanté, dans l’eau que les Maîtres Fa- briquans compofent pour fecréter les peaux de lièvres & de lapins. Leurs plaintes , renouvellées plus vivement l’année dernière 1774; fixèrent l'attention des Echevins , Lieutenans-Généraux de Police. Les quatre Médecins municipaux (alors MM. Montagnie, Raymond, Mingaud & moi), furent convoqués, à ce fujer, dans l'Hôtel-de- Ville, & chargés de dreffer une confultation. IL eft certain, d’après les plaintes réitérées des Garçons Chapeliers, & d’après les atteftarions que n’ont pu refufer les Médecins atta- chés au fervice des Pauvres dans l'Hôtel-Dieu , ou dans divers quar= tiers de la Ville, que les ouvriers , fpécialement ceux qui fabriquent les Chapeaux, font fujers à des maladies & à des accidens fâcheux, comme tiraillemens, tremblemens de membres, paralyfies, crache- mens de fang, phtifie , pâleur du vifage, noirceur des dents, fali- vation, perte du goût & de l’odorar. La nature de ces accidens, & quelques détails fur les opérations de l’Art, montrent évidemment , que le danger dans la fabrication , vient SUR L’'HIST. NATURELLE ETILES ARTS. 149 vient de Peau de compofition. Ce font les Maîtres Fabricans eux- mêmes qui la préparent, & c’eft en cela que confifte l'opération du Jècret, qui n’en eft plus un aujourd’hui. Les ingrédiens dont eft compofée elfentiellement l'eau deftinée 4 fecrérer les poils, font l’efprit de nitre & le mercure. Les ingrédiens qu'on y méloit autrefois à volonté, font le pré- cipité blanc, le fublimé corroff , le nitre mercuriel » le précipité rouge ;, l'huile ou vitriol de mercure , le précipité jaune ou tur- bich minéral, l’arfenic, des fucs d'herbes. Le mêlange d’arfenic eft , dit-on, venu d’une méprife : quelqu'un aura vu employer une fub- ftance blanche , telle que le précipité blanc du nitre mercuriel , & dès-lors on aura cru l’arfenic néceflaire à l’eau de compolition : les fucs d'herbes ont été introduits pour mieux couvrir le fecret : quant aux autres ingrédiens ci-deflus ; comme c’eft toujours du mercure malqué fous des formes différentes , il eft évident qu'ils contribuent à rendre l’eau plus mercurielle & plus corrofive. Voilà donc beaucoup d’ingrédiens reconnus pour dangereux : le mercure crud devient corrolif au plus haut degré d'activité , dès qu'il eft diffous par l’efprit de nitre , ou par tel autre acide minéral : les divers métaux ou demi -méraux qu'on a pu faire entrer dans l'eau du fecrer, forment aufli par leur combinaifon avec les acides minéraux , des fels plus ou moins cauftiques (1). oo om, (1) Dans des vues économiques, ou par d’autres motifs, on eft parvenu à rougir ou à fecrérer les peaux avec d’autres diffolutions métalliques , que celles de mercure : les diffolurions les plus cauftiques , font les meilleures, pourvu qu'on puifle, à propos, en fufpendre l’action corrofive par une prompte deffication des peaux. L'effet de l’eau du fecret fur fes poils, c'eft d'en pénétrer le tiffu , de s'unir à la fubftance graffe, ontueufe , inflammable ; de former avec elle un compolé favoneux qui, fe durciflant bientôt par l'évaporation, laiffe le poil dans un état de defsèchement qui le rend fufceprible d'être mieux divifé, plus adouci, plus affoupli fous les coups de l'arçon, & mieux dégraiffé par l'opération de la foule. C'eft un décruement & un dégrais des poils par les acides minéraux, dont la caufticité a été augmentée jufqu'à un certain point, par des fubftances mé« talliques. De tous les ingrédiens pour faire l'eau du fecret, l'acide nitreux & le mer- cure, font reconnus pour les meilleurs : outre que cette diflolutien eft une des plus cauftiques , on fait que de tous les acides , le nitreux eft celui qui pénè- tre & qui diflouc le plus efficacement la matière inflammable des fubftances ani- males & végétales, fans noircir leur tiflu, ou le détruire trop promptement , comme font l'acide vitriolique & l’acide marin, Si l'eau forte n'étoit point aiguifée par le mercure, elle n’auroit point aflez d'action fur les poils. Tome VII, Part. I. 1776, Y 350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les Maîtres Fabricans éclairés , rejettent tout ingrédient quelcon= que, à l’exception de l’efprit de nitre & du mercure; pour lordi- naire on fe fert de l’eau forte. Les moindres proportions font douze onces d’eau forte & quatre onces de mercure, qu'on fait aifément - diffoudre à la chaleur du bain de fable , & qu’on affoiblit enfuite avec deux livres d'eau commune , ce qui donne plus d’une once de mercure par livre d’eau de compofñtion. À Paris, on fe contente de faire diffoudre une once de mercæe dans une livre d’eau forte, & l’on affoiblit enfuite la diffolution avec une livre d’eau commune , ce qui revient à une once de mer- cure fur deux livres d’eau de compolition. 11 y a donc, fans rien exagérer ; dans l’eau de compofition la plus fimple, la moins chargée d’ingrédiens qu'on employe dans certe Ville , deux fois autant de fels mercuriels qu'il s’en trouve dans l'eau de compoftion en ufage chez les Chapeliers de Paris. En premier lieu , il y auroit un danger évident pour les ouvriers, s'ils étoient directement expofés aux vapeurs expanfbles & rougei- tres qui s'élèvent du mélange pendant la diffolution; mais il n’eft pas vraifemblable, que l'envie de cacher un prétendu fecrer, porte des Maîtres Fabriquans à s’expofer eux-mêmes , en faifant leur eau de compofñtion dans des lieux clos & refferrés, d’où les vapeurs puiflent fe répandre dans les atreliers. Dans l’emploi qu'on fait de cette eau pour fecréter les peaux de lièvres & de lapins, & lorfqu'on les mer à fécher au folei! ou dans une étuve, il y a beaucoup à craindre par la négligence des ouvriers, qui portent imprudemment les mains à la bouche , au nez, & fur leurs alimens. L’étuve n’a rien de fâcheux, puifqu’on n’en retire les peaux qu'après qu’elle eft refroidie ; d’ailleurs , on s'en fert raremert , parce que la chaleur du foleil, dans notre cli- mat, eft un moyen plus économique & aufli prompt. L'inconvénient eft réel pour les ouvriers qui rafent les peaux, qui PR EEE Si l'eau de compofition n'étoit pas mitigée, ou qu'elle agit trop long - tems fur les poils, toure la fubftance qui les compofe , fe diffoudroit, le nerf du poil feroit détruir & fe réduiroit en parcelles friables: C'eft ce qui arrive lorfqu'on emploie une eau du fecrer rrop aétive , & que la deflication des peaux eft trop lente. Ainfi, la grande chaleur, qui fair d'abord agir plus efficacement cette li= queur fur les poils, eft encore plus nécéflaire pour en hâter le defsèchement, Ces obfervations fur l'effet de l’eau du fecret, qui peuvent offrir des vues nou- velles & des reflources à l’ouvrier intelligent, mc femblent fur-tout utiles pour prévenir les procédés inutiles, bizarres & abulifs. PE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARIS. 51 baguertent les poils & les cardent, à plufeurs reprifes, dans un même attelier, parce qu'elles hument toute la journée beaucoup de pouflière, & des floccons chargés de fels mercuriels. Cerre ma- tière, d’un rouge vif qui colore les peaux fecrétées , n’eft autre chofe que du fel mercuriel uni à la fubftance grafle ou combulti- ble du poil. L’inconvénient eft plus grand encore dans l’attelier où l’on arçonne, ne que l’étoffe s’y réduit en duver, & s’y raréfe prodigieufement ; ors de-là & dans la fuice des opérations , l’ouvrier n'auroit plus rien à craindre, s’il n’étoit obligé de fouler, avec les mains nues, les chapeaux qu'il a bâtis. Dans le travail journalier , au moyen duquel l'étoffe du chapeau fe dégraille à fond & fe feutre complè- tement, l’ouvrier abforbe, par les pores de la peau, plus ou moins de parties minérales. Avec une livre de diffolution mercurielle , c’eft-à-dire, avec trois livres d’eau de compolition, on fecrète un nombre de peaux de lièvres & de lapins , qui fournit environ douze livres de poil. On n'emploie guères ici que ces deux efpèces de poils : il eft donc aifé d’eftimer à peu-près , par le nombre des chapeaux fabriqués , & par d’autres moyens plus exacts , la quantité d’ingrédiens dan- gereux qui paflent annuellement entre les mains des ouvriers. On confomme, pour la fabrique des chapeaux , près de trente quin- taux de mercure crud, fans compter le mercure déguifé fous d’au- tres formes. Ainf, dans le cours de. l’année ; fix cens perfonnes environ , hommes ou femmes, renfermés dans des atteliers , ra/ènt, baguettent, cardent, arçonnent & foulent une immenfe quantité de poil Jécrété, qui contient foixante quintaux, au moins, de fels mercuriels. On obfervera qu'il faut réellement diftinguer cette claffe d'ouvriers, d'une claffe toute aufli nombreufe , occupée à donner la teinture &c d’autres apprèts aux chapeaux. A Paris , les Garçons Chapeliers ne font pas fajets aux mêmes acci- dens. Voici vraifemblablement pourquoi : l’eau de compoftion eft beau- coup moins chargée de fels mercuriels. Dans l’étoffe en total des di- vers chapeaux qui s’y fabriquent , il entre à peine un tiers de poils fe- crétés ; tandis que l’étoffe qu'on emploie ici, n’eft prefque en en- tier que du poil de lièvre ou de lapin, fecrété. À Paris, les atte- liers font probablement tous vaftes, du moins, la loge de l'arçon a-t-elle une fenêtre en face de l’ouvrier. À Paris, on n'arçonne que le matin; ici, l'on arçonne continuellement dans les acteliers ; en- forte que les ouvriers qui ont arçonné le matin l’étoffe de trois cha- peaux au moins, & les vont fouler le foir , font aufli-rôt remplas cés à l’arçon qui n'eft jamais aéré, - 2 fs2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Après toutes ces confidérations, on eft en droit d'affirmer que la fabrication des chapeaux dans cette Ville, a dû être préjudiciable à la fanté des ouvriers. Moyens € précautions à prendre pour prévenir Les accidens. Il faut fréquenter les atteliers, pour fentir combien il eft difi- cile, dans la plupatt des arts, de conferver la fanté des ouvriers , fans nuire à la perfection de l'ouvrage & à l’économie; deux points importans & les feuls qui faflent fleurir les Manufactures. Cependant, on peut eftimer que les maladies & les accidens dont on s’eft plaint, feront extrèmement rares à l'avenir. 19, Si l’on écarte des ouvriers les vapeurs qui s'élèvent du mè- lange , lorfqu’on fait l'eau de compofirion, en obfervant de faire cette eau dans un endroit ifolé, fur des toits hors de la portée des atteliers, par des tems favorables, & en petite quantité à la fois. 2°. Si l’on exclut de l’eau de compolition tous les ingrédiens qui ne font point effentiellemenc utiles, & dont quelques-uns, réa- giant entieux, ou ne pouvant fe diffoudre complètement, donnent lieu à des précipités abondans, qui furchargent les peaux fecrétées fans pénétrer le filament des poils, & rendent dans les atteliers la poufhière plus dangereufe. 3°. Si l’on fixe, d’une manière précife, les ingrédiens qui font abfolument néceffaires , ou reconnus pour les meilleurs, comme l’ef- prit de nitre & le mercure, & qu’on les réduife à la moindre quan- tité poflible. 4%. Si le Fabriquant veille exactement fur fes ouvriers , pour les engager à ne point trop fe familiarifer avec les matières qu'ils crai- tent , & à ne pas fe nuire eux-mêmes par imprudence. 5°. Si la perfonne qui fecrète les peaux, fait cette opération à découvert, ou fous un hangard fimplement. 6%. Si les coupeufes , cardeufes, &c. ne fe courbent pas trop fur louvrage. 7°. Si dans chaque attelier on tient un baquet plein d’eau, afin que les ouvriers foient à portée de fe laver les mains avant de tou- cher à leurs alimens. 8°, Enfin, fi les atteliers où l’on carde, & ceux où l’on arçonne, font vaftes, conftruits & difpofés de manière à pouvoir être aérés promptement. 9°. Ce feroit envain qu’on recommanderoit à des ouvriers, con centrés toute la journée dans le même travail, de fe couvrir la bouche & le nez avec un crèpe, pour ne pas refpirer la pouflière des atteliers. Mais un moyen de confervation qu’ils ne doivent point SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 153 rejeter, c'eft de ne jamais travailler à jeun , de fe mettre fouvent à l'ufage du lait, du beurre ; de fe nourrir d’alimens huileux & gras. Quant au moyen fpécieux qu'on avoit propofé, d’autorifer un Chymilte de profeflion , à faire l’eau du fecret, & de lui donner le droir excluff de la vendre aux Maîtres Fabriquans , fans annon- cer ici Les frais & les füretés indifpenfables dans le cas, pour pré- venir la méfiance , les conteftations, & des abus ruineux pour le Fabriquant en particulier , il fufflia d’obferver , que le procédé chymique de l’eau de compoñition , eft trop fimple en lui-même , pour exiger d’autres connoiffances & d’autres précautions que celles qui ont été précédemment indiquées ; que par ce moyen feul on ne fauroit obvier qu'aux vapeurs du mélange, de tous les incon- véniens pour l’ouvrier le moins fréquent, le moins dire& , & celui qu'il eft le plus facile, à chaque Fabriquant , d’écarter ; enfin, qu’en obligeant les Maîtres , fans exception, à fe pourvoir de l’eau du fecret chez un Chymifte, on ne diminueroit en rien la facilité de compofer ultérieurement cette eau, puifqu’elle peut encore ad- mettre & dilfoudre du nitre mercuriel & d’autres ingrédiens. Il eft donc évident que ce projet de réforme eft tout au moins inutile. La Communauté des Maîtres Chapeliers à d’abord fenti combien il importoit de réduire & de fixer les ingrédiens & la quantité de mercure à diffoudre dans l’eau de compoñtion; aufi, dans une affemblée générale, du 31 Mai 1774, elle a pris une Délibération, homologuée, le 3 Juin, au Parlement, portant que les Fabriquans ne pourront, pour fecrérer les peaux de lièvres & de lapins, metre en diffolution une plus grande quantité de mercure que celle qui eft déterminée par M. l'Abbé Noller, dans fon Traité de l’Art du Chapelier ; que les Jurés-Gardes & des Prépofés par MM. les Lieu- tenans Généraux de Police, feront de: fréquentes vifites dans les Fa- briques à chapeaux , pour prévenir les abus & furprendre les Con- trevenans , lefquels feront foumis à des peines rigoureufes. Sans doute, qu'animés toujours du même zèle pour la confervation des ouvriers, les Maîtres ne perdront pas de vue les autres moyens énon- cés plus haut, qui leur furent aufli indiqués dans la Confultation, NZ 2% 454 OBSERVATIONS SUR LA PAYSIQUE, LD IE EEE SERIE OP SEEN PCI ESEEESENPCINE EP EE ENT AN SOIT EPS BR ME onup iS tt De M. pu COUDRAY, Capitaine au Corps de l’Artillerie, Corref- pondant de l’Académie des Sciences , à la Critique fuite par M ***, célèbre Profeffeur d’Hifloire Naturelle, Allemand, de fa Lettre fur l'Air fixe, & d’autres propriétés annoncées dans la chaux, inférée au Cahier de Mars dernier du prefent Journal. 1 ARE loin d'imaginer, Monfesur , que mes opinions chymiques fuffent dans le cas de faire fenfation dans l’Empire; je n’en puis cependant plus douter , depuis la peine que vous avez bien voulu. prendre de les cenfurer. Il ne s’agit point entre nous de politefle, de ce qu’on appelle bienféances , tour cela peut être mis de côté fans conféquence, quand on traite de Sciences ou d’autres objets importans. Je nenvifagerai donc dans votre critique , Monfieur, que ce qui tient au fond de la chofe ; c’eft-là feulement ce que je e ñn f \ LAB vais tâcher de défendre : en fuccombant avec un très-célèbre Pro- fefleur comme vous, il pourra me refter au moins la gloire d’avoir /? D combattu. Ma Lettre fur l'air fixe vous paroft un paradoxe , parce que je penfe, . . 1 + Q L 5 dites-vous , avoir démontré par mes expériences faites un peu négligem- ment, quil n'y a pas d'air caché dans La pierre calcaire. D’après cette fuppoñrion, il vous plaît de m’impofer l’obligation: 1°. De réfoudre la queftion, s’il n’y a point d'air caché dans les terres calcaires crues , ni dans les alkalis. 2°. Celle d'expliquer ce que c’eft que l’effervefcence que ces corps fonc avec les acides. | 3°. De dire ce que c’eft que la matière élaftique qui s'échappe foudainement de ces corps , à travers du liquide pendant l’effervef- cence , & la matière qui fait fauter les vaiffeaux en mille pièces, f elle ne trouve pas affez d’efpace pour pouvoir s'étendre. Qu'il me foit permis de vous repréfenter , Monfieur , que c’eft très-oratuitement que vous me chargez d’une tâche aufli étendue. Si vous aviez bien voulu lire ma Lettre avec attention , vous auriez vu que je n'ai point prétendu avoir démontré gw'il n’y avoir point d'air caché dans la pierre calcaire : vous auriez vu que je me fuis ré- ’ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 155 duit, à cet égard , à préfenrer des doutes, puifque je demande en propres termes , comment il Je pourroit faire que ni M. Spielman , ni moi , ayant opéré fur rois efpèces différentes de pierres calcaires | cette énorme quantité de vapeur élaflique , annoncée par les partifans de l'air Jixe, comme formant périodiquement plus du tiers de certe fubftance, ne nous ait pas été rendue Jenfible ; au moins en petite partie. J'ajoute à la vérité : ze doit-on pas regarder comme certain , que fi ce produit exifle dans l'anal;fe de quelques pierres calcaires, il y exifle acci- dentellemene ; d'où il fuit qu'on ne peut rien conclure pour une affertion générale. Mais cette conclufon portant fur une queftion, fur un doute, ne doit-elle pas être elle-mème regardée comme une dépendance de la manière donton réfoudra ce doute , cette queftion que je propofe ? Avec un peu d'attention , vous auriez remarqué, Monfieur , que je foutiens toujours ce ton d'incertitude , lorfqu'après avoir enfuite appliqué le réfultat de mes expériences & de ceiles de M. Spielman, à la matière phlouiftique annoncée dans la pierre calcaire par M. Beaumé , dont j'ai pris aufli la liberté d’acraquer l'o- pinion, je propofe comme une queflion encore plus difficile à réfoudre ; de Savoir ce que devient cette matière qui forme le déchet commun aux différentes efpèces de pierres calcaires employées dans toutes ces experierces; lorique je propofe de dérerminer fa nature, lorfque je demande fi c’eft de la matière inHammable, fi c’eft de l'air , fi c’eft de Peau, & enfin com- ment il fe fair, que formant une quantité aufli confidérable que left ce déchet, certe matière ne s’annonce pas dans le ballon , d'une manière plus marquée; comment même elle ne fait pas faurer tour l'appareil en éclats ? Vous prétendez , Monfieur , que M. Spielman, de l'autorité de quije me fuis appuyé, ne peut être garant de mon opinion, parce que ce célèbre Chymilte dit à la page 45 de fes Inftitations Chy- miques : Quoriefcumque nimirdm cum majori vi aut celeritate, aggregatio € menflrui & folvendi refolvetur, aër fixus, quem omni aggregationi inhærere Phyfici docent , majori quantitate erumpere conabitur , refiflentes Juo exitui menffrui partes in bullas , omne menflruum in Jpumam ele- vabit. Sur cela je vous obferverai d’abord , que M. Spielman n'ayant point défavoué la citation publique que j'ai faite de lui, il n’eft pas permis, tout égard , toute politefle même à part, de me contelter le fait auquel j'annonce qu'il a participé. Secondement , je vous obferverai que je n'ai point dit , ni par conféquent fait dire à M. Spielman , qu'il n’y avoit point d'air fixe dans les corps. d Troifièmement , quand j'aurois compromis M. Spielman à, ce point, 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vous êtes, Monfeur , trop éclairé en Chymie , pour ne pas fentir que les phénomènes de la diffolution n'étant pas les mêmes que ceux de la diftillarion , fur - tout lorfque cette dernière eft faite à fec, comme dans le cas préfent , le réfulrat d'une de ces deux opé- rations ne conclud rien pour l’autre. Vous me demandez enfin, f£ Je crois de bonne foi , que l’once cinq gros de poids perdu fur quatre onces de la craie employée dans mon ex- périence , n'éroit que de la matière inflammable ; échappée, non par la tu- bulure couverte d’un morceau de papier , mais par les pores de la cornue. Je vous répondrai de La meilleure foi du monde , que fi j'avois fu ce que c'étoit que cette matière qui s’échappoit , je nel’aurois pas demandé , comme je l'ai fair aux endroits de ma Lertre que je viens de citer: je répèrerai enfin, que je n’ai prétendu préfenter que des doutes, & que la feule chofe que j'aie affurée, c'eft qu'entre mes mains & entre celles de M. Spielman, infiniment plus habiles & plus exer- cées que les miennes , la pierre calcaire diftillée dans les vaiffeaux clos, navoit point offert certe grande abondance de vapeur élaftique annoncée pour fortir avec Mfflement par la tubulure du récipient , & pour former plus du tiers du poids de cette efpèce de pierre , comme le prétend M. Jacquin , au rapport de M. de Lavoifer. Vous obfervez , que M. Jacquin ni vous, ne vous êtes pas férvis d’un ballon tubulé , recipiente tubulato , mais d’un ballon à long bec re- courbé, percé d’une petite ouverture , par laquelle l'air fortant , fe laiffoie aifément appercevoir , recipiente roftro longo , incurvato , angufliori ori- ficio fuftruito. Dans l'ouvrage de M. Lavoifier, d’après lequel je fuis parti, & dont je viens de citer encore les expreflions, il n’eft queftion que de récipient subulé. J'ai donc dû répéter les expériences annoncées avec des récipients tubulés. D'ailleurs , comment imaginer que la différence de la forme de récipient puille influer dans cette opération , au point de rendre en- tièrement infenfible un produit annoncé pour être fi confidérable? Comment penfer que cette vapeur élaftique, annoncée pour fortir avec fifflement, & pour former le tiers de la fubftance foumife à l'opération, s’anéantit dans le ballon , y devient infenfible au-moins, parce que ce ballon manquoir de bec? Affurément tout ce que ce bec devoit changer au réfultat de l’opération , c’eft que la vapeur ayant plus de temps pour fe refroidir, fe condenfe davantage. Mais alors le fiflement qu’elle auroit été dans le cas de produire, auroit été moins confidérable. D'où il fuir, Monfeur, que le ballon tubulé que j'ai employé, devant rendre le produit plus fenfble, étoit plus favorable à l'an- nonce SUR L'HIST. NATURELLE ETTIES ARTS. 157 nonce faite par M. Jacquin & vous, que ne l’auroit été le ballon à long bec recourbé , que vous me reprochez de n'avoir point employé. Au lieu de-routes ces difcuflions, il eùr éré, Monfieur, bien plus fimple & bien plus sûr de répérer vos expériences, ou d'en re- faire de nouvelles, comme a Ék M. le Duc de la Rochefoucauir, ainfi que vous l'avez pu voir dans le Cahier d'Octobre dernier, du Journal de Phylque, qu’il paroîr que vos Savans lifent en Allemas gne, avec aurant d’empreflement que ceux de France. M. de la Rochefoucault a commencé par répéter les expériences que j'avois annoncées ,: & cela en fuivant exactement mon énoncé ; à la différence qu’au lieu de marbre blanc, qu’il ne put fe procu- rer à Metz, où il fe crouvoit alors , il a employé de la pierre de taille un peu noirâtre; différence qui pouvoit importer, & dont en effec il eut attention de tenir compte, relativement à la marière phlogiftique, dont l’exiftence dans la pierre calcaire avoit fait un des objets de mes expériences , mais qui évidemment ne pouvoir entrec pour rien dans le produit de l'air fixe, dont feulemenc il s'agit entre M. de W. & moi. J’avois employé des cornues de grès, toujours d’après l'énoncé de M. de Lavoilier. M. le Duc de la Rochefoucaulr a fait de même : il nous apprend que fon réfultat s’eft trouvé conforme au mien, & à celui de M. Spielman. Il reftoit à s’aflurer fi les vaiffeaux de grès n’étoient pas perméables à l’efpèce du fluide annoncé. J'avois tenté cette recherche ; mais inu- tilement. Les vaiffeaux de verre que j'avois pu me procurer ayant fondu, dès les premiers coups de feu, j’étois demeuré perfuadé que fi M. Jacquin n'avoir pas employé des vaïfleaux de cette efpèce, c'éroit parce qu’ils ne pouvoient foutenir ce genre d’expérience. M. de la Rochefoucault, foit par une conduite de feu mieux ménagée, foit par l’efpèce de verre dont fe font rencontrées les cornues qu'il a employées, eft cependant parvenu à l’exécuter. Âlors le courant de vapeur s’eft rendu très - fenfble , fans l'étre cependant autant que M. Jacquin l'annonce; & il a été démontré qe l'apparition plus où moins marquée de ce phénomène, dépen- oit beaucoup de l’efpèce des vaifleaux qu'on employoit ; & que fi M. Jacquin l’a éprouvé d’une manière aufli marquée que M. de Lavoifier le dit d’après lui, il falloir que les vaiffeaux de grès dont il s’eft fervi , fuffent non-feulement d’une efpèce différente de ceux dont M. le Duc de la Rochefoucault, M. Spielman & moi avons fait ufage, mais même encore plus imperméables que les vaifleaux de verre dont s’eft fervi en fecond lieu M. de la Rochefoucault. Telle étroit, Monfeur, la vraie & la feule manière de mettre mes expériences d'accord avec celles de M. Jacquin. Mais il refte . Tome VII, Parc, I, 1776 X 158 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, encore fur cette matière , comme l’a très-bien fenti M. de la Roche- foucault, un objet important à vérifier; c’eft la mefure de la quan- tité de ce fluide élaftique; quantité que M. Jacquin évalue à plus d'un tiers du poids de la chaux; ce qui paroïît, finon incroyable , au moins incompréhenfible , lorfqu’on fonge à l’efpace immenfe qu'oc- cuperoient, dans l'état naturel, les treize onces d’air qu’il prétend être contenues dans une livre de pierre calcaire. C'et-là, Monfieur le Profeffeur, ce que je prends la liberté de pro- ofer à de nouvelles recherches de votre part, tandis que de notre côté, M. de la Rochefoucaulr & moi, tâcherons d’y parvenir. Par- donnez-moi l'air de doute que cette propofition femble annoncer fur vos premiers produits. Mais nous fommes convenus, je crois, en commen- çant cette Lettre, de profiter des facilités que Le ton que vous avez pris, avec moi , me donne , pour m'occuper auprès de vous , fans partage, de l’objec contefté, c’eft à-dire, de l’intérèr de la vérité. Cer intérêt- là ne fervira qu’à me rappeler celui que j'ai perfonnellement à ce que vous vouliez bien m’honorer encore de votre cenfure, & me con- tinuer des leçons qui, de la part d’un Profeffeur aufñli juftement cé- lèbre que vous l’êres, ne peuvent être que très-profitables. J'ai l'honneur d’être, &c. MIO TYIELN.S D'empécher que les Murs de face foient pouffés par les Votes de briques & plérres, dites Voûtes plates , fubfliuées aux Planchers, M ALGRÉ£ tout ce qu'a dit M. le Comte des Piés, dans fon Traité des Combles briquetés, pour raffurer fur la crainte de l’é- cartement des murs dans la conftruétion des voûtes de briques, fubftituées aux planchers, il eft peu de perfonnes , jufqu’à préfent, qui aient ofé donner la préférence à ces voütes aux planchers, . & cela, parce qu'on n’eft pas fans inquiétude fur la pouflée de ces voütes contre les murs de face. En attendant la décifion de la quef- tion , je fuppoferai, avec beaucoup d’autres, qu'il y a quelque pouffée réelle , au moins dans les commencemens de la conftruction, & jufqu'à ce que le plâtre foit fec, & je propoferai quelques moyens d'empêcher qu’elle ait aucun inconvénient. Il y a deux manières connues d'employer les voûtes de briques, dites voutes plates. SUR L'’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 159 La première, en Les appuyant fur les quatre murs d’une pièce. La inde: en les pofant fur deux poutres & fur les deux murs qui portent ces mèmes poutres. Voici ce que je propofe dans l’un & l’autre cas. ” ue es x , Première manière, c'efl-a-dire, lorfque la voute efl appuyée fur Les quatre raurs. Figure première de la Planche première. A, coupe de la voûte. BB, coupe des murs de face. CC, fablières qui font un peu entrées dans les murs. DD , boulons fervans de corbeaux pour porter les fablières. Ces boulons , ou corbeaux, ont une vis & un écrou du côté extérieur du mur, & un nœud, ou tête de clou, du côté intérieur de la pièce voütée. E , tiranc de fer qui pale fur la voûte, & elt retenu par les deux bouts, par les boulons FF, qui traverfent une mortaife faite dans les leviers ou bafcules G G. HH, cirant de fer qui eft retenu par un boulon I , au point I de la bafcule , & qui eft percé à l’autre bout pour être retenu par le boulon fervant de corbeau cc. On peut encore ajouter le petit tirant K. ; By BRON EL TA NS Il ne faut qu'examiner , avec un peu d’attention, cette conftruc- tion, pour voir qu'il eft impoflible que les murs oppofés foient renverfés , s'ils étoient tant foit peu d’aplomb avant la conftruction de la voûte, à moins que quelques pièces de fer cafflenr, & on doit faire, d’après la figure qui eft mife fous les yeux, ce raifon- nement. S'il éroit poflible que la voûte, en pouffant le mur au vuide, le fit pencher au-dehors, il s’appuieroit fur le peut tirant H, & fur l’écrou L. Le tirant H tireroït la bafcule G par le point I, La bafcule , étant retenue au point F par le grand tirant E, qui ne peut céder , étant retenu par la bafcule du mur oppofé, doit ren- dre à tourner du côté de la voûte, & produire un effort oppofé à celui qu’elle fait pour s’écarter. On voit que ce qui vient d’être dit pour un des murs, doit être commun au mur oppolé, & que dans certe conftruétion, la voûte ayant plus de liaifon avec le mur qu'un plancher, ce feroit encore une nouvelle caufe de folidiré. On remarquera peut-être , avec furprife, que le grand tirant E n’eft pas droit, & qu’il femble devoir prefler la voûte, & rendre X 2 160 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . fes efforts plus dangereux, mais voici ce qui m'a déterminé à don- ner cette courbure au tirant. S'il eût été droit, le point d'appui, placé dans la bafcule, fe trouvant plus haut, auroit donné à cette bafcule un bras de levier plus court, au-deffus du point d'appui, ou 1l auroit fallu allonger le bras fupérieur , & ce prolongement du bras fupérieur , donnant au petit tirant H une diretion plus approchante de la perpendiculaire, feroit moins capable de réfifter à une pouflée horifontale : mais voici un moyen d'empêcher que le tirant , en s'appuyant fur la voûte , en augmente Îa pouflée. I faut qu'il porte fur les petits contreforts, qui font mis de dif- tance en diftance fur les reins de la voûre, & vont fe perdre à rien environ vers le tiers de la voûte , & laifler fur le tiers qui forme le milieu de la voûte, un petit efpace vuide entre la voûte & le rirant. Cet efpace peut être pratiqué fans que cela augmente l’é- paifeur de la voûte, en ne mettant dans la ligne du tiranc, à l'endroit où il auroit porté, qu'un rang de briques, & laiffant en- tre le rang de briques reftant, un petit efpace qu’on remplira de poudre de tan, pouflière de bois, ou autres matières comprimables, & qui ne feront en cet endroit que pour équivaloir à un vuide, & empêcher que des matières dures s’y introduifent. Il arrivera alors que le tirant, ne preffant la voûte qu’à l'endroit de fes reins, cet effort , loin de faire affaifler la voûte , tendra plutôt à la foulever dans fon milieu; & fi elle fe foulevoir aflez pour, après avoir comprimé les matières qui feroient fous le tirant , tendre ce même tirant, en le foulevant dans fon milieu , cet effort attiretoit les murs du dehors au dedans, effet le plus favorable poflible. Comme Île tirant ne doit pas avoir une épaiffeur confidérable ; je crois qu'on feroit mieux de conferver à la voûte, en fon en- droit, fes deux briques d’épailfeur , & placer le tirant entre la charge de plâtre intermédiaire , entre le carrelis & la voûte. On peut encore profiter d’un effer du carrelis en plâtre qui, dans les conitruétions ordinaires des féparations des étages par des plan- chers, devient très-nuifble , lorfque les ouvriers n'obvient pas à l& pouffée du plâtre; le voici. Le carrelis fait alors un tel effort de pouffée contre les murs , qu'il les fait pencher au vuide. On profitera, dis-je, de cer effort en carrelant en plâtre pur, ou moins mitigé qu'à l'ordinaire , & cela, fuivant le befoin qu’on croira avoir de pouffée, & en faifane régner autour de la pièce, entre le carrelis & le mur, une lam- bourde affleurant le carreau en-deflus, & qui n'aura rien de défa- gréable. Cette lambourde, étant preffée par le carrelis, s’appuy-rz fur la bafcule G, vers le point l; & rendant à faire tourner ce point Î du côté extérieur ; le bras inférieur de la bafcule preflera SUR L'HIST. NATURELBE ET LES ARTS. 161 d'autant la fablière qui porte la naiffance de la voûre du côté in- térieur de la pièce. J'ai figuré cette lambourde en M. On diftribuera de ces cirans & bafcules aux diftances convena- bles dans les trumeaux des croifées ; & à moins que ces trumeaux foient très-grands, je crois qu'un feul tirant , entre chaque tru- meau , doit fufhre. Nota. Je crois qu’au lieu de faire porter la ñaiffance de la voûte fur une fablière , ïl fufhroit de la placer fur une retraite dans le mur, & de placer en cet endroit, entre l’extrados de la voûte & le mur, une bande de fer un peu épaifle, ou une barre quarrée, Cette barre, fur laquelle le bout de la bafcule appuieroit | étanc prellée entre la voûte & le mur, ne pourroit fléchir en aucun en- droit; elle empêcheroïit que le bout de la bafcule , appuyant forte- ment fur la partie de la voûte qu'il toucheroit, n’y fit fracture ; elle opéreroit aufli la continuité de l'effort de la voûte contre le mur. Par la fes que je donne ici, il paroït à l'extérieur quelques pièces de fer qu'on pourroit_fouhaiter de voir cachées ; mais je ne les ai figurées ainfi que pour la facilité du deflin, & chaque Ar. tifte peut y remédier à fa manière ; les uns les enfermeront dans l'épaill@ue du mur, d’autres les mafqueront par des ornemens en boffages, comme rofalfes, confoles, &c. Je prie d'obferver, que fi je propofe un moyen un peu compofé, pour aflurer la folidité des voûtes de briques , ce n'eft pas que je le: croie abfolumeut néceflaire , mais feulement pour préferver de toute inquiétude ceux qui, jufqu'à préfent, n’auroient pas eu une pleine confiance en ces fortes de voûtes , dont plufieurs ont pu ne pas téuflir, foic par l'ignorance , foit par la négligence, ou même la friponnerie des ouvriers. Mais il me femble que pour prendre un milieu entre une trop grande confiance & la crainte oppofée, on pourroit prendre le parti de placer , de diftance en diftance, un Fate tirant , foit droit ou courbe, qui entretiendroit d’ailleurs nécellairement la folidité des murs oppofés par linterméède de la voûte. Seconde manière d'employer ls Woûtes de Briques, dites Voñtes plates. Figure 2. À, B,C, D. La voûte vue par-defflus; elle porte, par deux côtés oppofés , fur deux poutres À, B; & au lieu de porter, par fes deux autres côtés, fur les murs qui foutiennent les poutres » elle fera appuyée fur deux fortes fablières C, D, qui font affemblées dans les poutres en forme de coins, & fi l’on veut encore, par de petits tirans E, E. Certe fablière doit avoir une largeur fuflifante 162 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour rélifter à la pouffée horifontale de la voûte, & être un peu courbe dans fon plan du côté du mur. La voûte ainf encadrée, ne peut faire effort que contre les pièces de bois qui la portent, & on conçoit aifément que le mur ne peut alors être chargé que d’un eRort vertical, qui revient au mème que la charge d’un plancher. Ce moyen de conftruire les voûtes , fervant de planchers, eft plus économique que le premier. Les Arriftes éclairés , jugeront eux- mêmes dans quelles occafons ils devront donner la préférence à une de ces deux manières fur l’autre. Tout ce que je fouhaite, c’eft que ce que j'ai dit à ce fujer, foit conforme aux règles de l'Art, où que dans le cas où je me ferois trompé , quelqu'un prenne la peine d'achever ce que je n’ai peut-être qu'ébauché, & que j'au- rois défiré, pour l’intérèc public, pouvoir porter à fa perfection. N° SON De ENLE DE PLATS SEE UD ATAT ON SAUNR LA MATIÈRE ET LE MOUVEMENT, Pour expliquer les Phénomènes électriques ; par M. COMUS. L'arumosrnère du Plateau étant dilatée , occupera plus d’ef- pace , en proportion de la dilatation , & augmentera la maffe du fluide igné. On peut , comme je l'ai dit , priver cet efpace de l'air, & non du fluide igné. Ce tourbillon de fluide igné étant en mou- vement , lutte contre l'air environnant qu’il écarte, ce qui dure autant de tems que le plateau effuye de frottement : ce frottement ceffe-v'il ? le Auide perd de fon mouvement petit-à-perit; alors l'air environnant reprend la place qu’il accupoit avant, & le fluide igné du plateau , en fe condenfant , rentre dans les interftices du verre en même quantité qu'il en étoit forti. Jamais la quantité de fluide igné d’une pièce de verre ne quitte fa malle pour faire place à une autre. On peut, par la dilatation, faire occuper à certe quan- tité plus d’efpace , mais jamais lui faire abandonner totalement les interftices de fa malle. Il eft poflible, en préparant une bouteille, comme pour l'expérience de Leyde , de forcer la dilatation du fluide HE HAS nl SUR L'HIST. NATURELLE PT LES ARTS. 163 à fe manifefter fur une des furfaces de la bouteille : c’'eft à l'imper méabilité du verre , à une nouvelle athmofphère de fluide igné , qu'on doit cette inégalité de mouvement fur les deux furfaces jamais un vailleau qui donneroit paffage à une liqueur , n’en pourroit contenir ; je prouverai l’imperméabilité par des expériences fans réplique. Le verre eft imperméable au fluide igné , à l’éleétricité, à Ja lumière , au feu domeltique & autres fenfations produites par le fluide univerfel. Nous avons donné à toutes ces fenfarions des noms différens ; ces noms ne doivent nous laifler d’autres impreflions , que celles que des effets variés d’un même agent impriment à nos fens. On ne fauroit difconvenir que tous ces noms ne font dûs qu'aux différens mouvemens & directions du fluide univerfel qui font toujours en raifon des milieux plus où moins réfiftans. Si dans un vaiffeau de verre , une liqueur s’échauffe & bout , le feu ne paile point dans le vaifleau , les particules ignées du verre reçoivent le mouvement , le communiquent à celles de lefpace & de la liqueur renfermée dans le vaifleau : ce n’eft que par une conti- nuation de vibration, que cette liqueur s'échauffe & bout, & non par écoulement du fluide igné dans le vaifleau. . - Quelle doit être la nature du corps & la manipulation effentielle | pour « produire des effets éleétriques ? Pour produire des effers éleriques , il faut avoir un corps qui renferme le fluide igné pur , & que les interftices de ce corps foient réguliers & conformes à un mouvement lent & uniforme : le verre, comme je l'ai démontré , eft un des corps propres par la difpoñition de fes parties à produire ces différens effets. En le frottant, on di- late les particules ignées , & on leur imprime le mouvement propre aux phénomènes éleétriques par la dilatation. Le fluide igné forme dans la mafle du verre & fur fes parois, un athmofphère de fluide en mouvement ; il communique fon mouvement à une mafle de fluide libre , comme fur la furface métallique du conducteur , & du conducteur aux particules ignées de la furface métallique de la gar- niture des bocaux qui eft un prolongement du conduéteur , enfuite au fluide des interftices des bocaux de la batrerie , ce qui ne forme toujours qu'un feul athmofphère de Auide igné en mouvement, qui étant communiqué à des athmofphères en repos & de volumes inégaux , produit des effets différens. 164 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Examinons préfentement les corps qui ne peuvent devenir éleétriques , , É qui tranfmettent la commotion. Les animaux , les végétaux & les minéraux font des corps qui ne peuvent recevoir électricité par communication, mais qui tranf- mettent la commotion ; cependant avec des exceptions que je ne puis détailler dans un abréoé, un animal a une athmofphère qui ne eut recevoir l’électricité par frottement ni communication. Lorf- qu'il et ifolé & qu'il fait prolongement du conducteur , & qu’on l'électrife , 1l fe fait fur lui une accumalation du fluide igné de l'ef- pace qui augmente fon athmofphère & écarte l'air groffer; l’animal alors refpire difficilement, tranfpire beaucoup; tous ces effets ne font dùs qu'à la dilatation du fluide igné de l’animal , qui n'étant plus balancé par la prefion du fluide environnant , agit autant qu’il peur, du centre à la circonférence. Si on continuoit cette expérience long- tems , l'animal tomberoit dans un épuifement qui le feroit périr. Un corps métallique tranfmer la commotion parfaitement : ce corps a le fluide igné engourdi dans fa malle, qui ne peut recevoir aucun mouvement; ce n'eft que dans la fufon , qu'il peut avoir de Ja circulation ; ce corps ifolé fur le verre, fert de conduéteur , non pas que le mouvement fe communique à la batterie par le fluide igné de fa mafle; c’eft ainfi que j'entends que cette communication fe fair:la pièce de métal a fur fa furface , l’air &le fluide igné de l'efpace ; la malle de Auide igné d’un plateau en mouvement, com= munique à celle qui eft fur le métal , le même mouvement qu’elle a reçu. À mefure que ce Auide reçoit le mouvement, 1l écarte l'air grofier , & augmente le tourbillon électrique , en raïfon du premier moteur , qui eft le plateau , & des furfaces du conducteur qui doi- vent toujours être proportionnées au plateau. La nature eft donc compofée de deux fubftances très-diftinétes, lune qui reçoit des fignes électriques par frottement & par commu- nication, & ne peut tranfmettre la commotion ; l’autre ne peut re- cevoir aucun figne électrique, & tranfmet la commorion : ces pre- miers corps ont des particules ignées libres dans leurs interftices , qui peuvent recevoir par frottemens & communication , le mouve- ment:ces interftices ou filières, font des moules proportionnés à un mouvement très-lent, tel que celui qui manifefte l'éleétriciré : dans la commortion, le mouvement des particules ignées eft très-ra- pide & diffus ; le choc de la mafle des particules ignées en mouve- ment, ne pouvant imprimer ce mouvement rapide à ces_ particules qui font gènées dans des efpèces de gaînes , le mouvement eft forcé de s’arrèter par cet obftacle, expérience qui prouve ce que j'avance. Lorfque SUR L'HIST. NATURELLE ET LES! ARTS: 16% Lorfque deux perfonnes tiennent un morceau de verre entr'elles , & que l’une tient l’extérieur d’une bouteille de Leyde chargée d’une main, &c que l’autre tire l’érincelle de l’intérieur de cette bouteille ; ces perfonnes ne reçoivent la commotion que dans la partie du corps en contact avec la bouteille ; la partie qui tient le tube ne ref- fent rien. Un corps qui ne peut recevoir l'électricité par frottement ni com- munication, & qui tranfmet la commotion comme le métal, ayant les particules ignées engourdies dans fa malle, qui ne pouvant fe débarraffer , ni avoir de circulation propre à manifefter l'électricité : ce corps par fon impénétrabilité , fert de rempart au fluide igné qui eft libre entre lui & l'air; ce fluide peut, par la facilité qu'il a de fe mouvoir, dans cet efpace où il eft fans parties hétérogènes , re- cevoir le mouvement précipité de la commotion, & le tranfmettre aux objets qui forment chaîne pour la recevoir. Je remarque donc deux mouvemens différens , l’un dans le verre frotté , l’autre dans la commotion. Le mouvement des particules ignées dans le verre frotté, elt fimple & toujours uniforme : ces par- ticules rendent toutes par la dilatation , à s'éloigner du centre vers la circonférence ; le contenant règle le mouvement du contenu; auf voyons-nous toujours les mèmes fignes avec la mème manipulation. Le mouvement des particules ignées dans la commorion , eft un mou- vement rapide fans ordre, & de difperfon , formant une efpèce de tourbillon qui communique fon mouvement aux particules ignées de l’efpace , qui ont pour point d'appui un corps qu’elles ne peu- vent pénétrer , comine le métal qui tranfmet la commorion ; alors ce mouvement eft continu jufqu'aux athmofphères , en repos des perfonnes qui font chaîne : on peut foumettre au calcul l'aétion du fluide igné propre aux premiers phénomènes électriques & à la com- motion , & réduire ces différens mouvemens du fluide univerfel à une certitude vraiment mathématique , ainfi que tous les rapports que les différentes expériences ont entr'elles. ERXMNE MU RATE, Rapports entre le plateau , la batterie & les effets qu'on veut produire par la décharge de la batterie. Un plateau de fix pouces de diamètre, ne peut charger une bou- teille de Leyde contenant trente pintes, tels foins qu'on employe dans un tems propre à l'électricité. Si le Auide électrique étroit pris dans l’athmofphère par le moyen du verre , aux dépens des corps environnans ,: & conduit par le canal du conducteur dans la bou- Tome VII, Part. I, 1776. 166 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, teille de Leyde, un petit plateau empliroit à la longue, une oroffe bouteille, comme avec une petite éponge on viendroit à bour d'em- plir un muid en plus de tems qu'on ne feroit avec une grolfe ; il n’en eft pas de mème avec un petit plateau & une groffe bouteille: tournez un plateau de fix pouces autant de tems qu'il vous plaira, & tâchez de charger une bouteille de Leyde de trente pintes, vous n'y réuflirez jamais ; il faut la bouteille proportionnée au plateau : le plateau de fix pouces étant frotté , forme un athmofphère de fluide igné en mouvement , qui ne s'étend que très-peu , & n'aéti- life de particules ignées qu’en raifon de fa mafle ; ce plateau char- gera une bouteille contenant deux pintes : en fortant de certe pro- portion , plus les mafles feront confidérables , & moins le fluide igné fera agité dans les bouteilles de Leyde , c'eft de même qu'une boule du poids d’une once qui communique le même mouvement qu’ellea reçu , à une autre de mème volume, & en communiquera moins à d’autres boules en proportion des maffes plus confidérables; en forte que cette boule d’une once pouffée avec la même force , vers une d’une demi-once, & enfuite une de deux livres , elle com- muniquera bien plus de mouvement à la première qu’à la feconde: il en eft de mème de la proportion du plateau avec la batterie qu'on veut charger ; on peut cependant répérer plufieurs charges avec le même plateau fur plufieurs bouteilles de Leyde l’une après l’autre de volume proportionné toujours au premier moteur, fans que le plateau ne perde rien de fes particules ignées : routes ces perites bou- teilles formeront une batterie beaucoup plus forte qu’une grande qu'on auroit entrepris de charger. ‘J'ai fait ces expériences plufeurs fois avec Le plus grand foin, & elles ont toujours réufh. Je dis que le plateau ne perd point de particules ignées de fes interftices pendant la charge de la bouteille de Leyde : un corps par la friction & le mouvement de rotation , ne peut communiquer à un autre , une partie de fon fluide igné : s’il eft des corps qui recoi- vent des particules ignées qu’ils n’avoient pas, ce ne peut être que par la deftruétion d'un autre corps, comme dans la revivification d’une chaux métallique par l'électricité ; il faut alors réduire un aus tre-métal en chaux, pour redonner du phlogiftique à la chaux qu'on veut revivifier. Proportion entre Le plateau , comme premier moteur, La bouteille de Leyde É la maffe de fluide igné, qu'on veut ébranler dans les corps foumis 4 la commotion dans différentes expériences. La vibration des particules ignées d’une petite bouteille de Leyde, eft auf force que celle d’une grande, & cependant la commotion, | particulier , avec routes les coupes du cerveau. L’Auteur avoit donné » des Tables qui accompagnoient ces Planches , dans lefquelles il > avoit expolé fes découvertes fur la génération de l’homme & des + quadrupèdes , celle de léleétricité animale par le mouvement deg » poumons, & la circulation des efprits animaux par l’action du » cerveau & du cerveler. Les Soufcripreurs enlevèrent certe éditiont » prefque en fon entier, & le peu d'Exemplaires de Planches qui » reftèrent , après avoir rempli toutes les foufcriprions , furent vendus » chacun 300 livres. On n’en trouve plus aujourd’hui, ni chez l’Au- » teur, ni chez les Libraires. Le Roi Louis XV honora l’Auteur, » pour cette première édition qu’il avoit eu l'honneur de lui dédier ; » d'une penfon fur le Tréfor Royal. » Seconde édition ; grand formar. Cette édition fut faite en 1760, » & imprimée à Marfeille pendant le voyage que l’Auteur fit en » Italie ; elle fut donnée fous le titre de Supplément à la première » édition ; parce qu’elle étoit compofée de Planches en couleur , au » nombre de vingt, dont les figures étoient repréfentées dans des » poftions différentes, & avec des coupes qui n'étoient pas dans la x première édition : elle formoit cependant une Œuvre completre , » qui contenoit la Myologie en entier , l'Angiologie, la Névrologie, # les coupés de la têre, & l’Araromie générale des vifcères. Les » figures ; dans certe édition , font de deux tiers de nature, & les » planches s’affemblent , fi l’on veut, de deux en deux , pour com | té 6 | SUR L’'HIST. NATUREILE ET LES ARTS, 184 » pofer des Cartes Anatomiques , que l'on peut relier en grand » formar avec leur table, ou mettre en gorge & en cadre, fi » l'on veut. » Cette édition s’eft trouvée dans les mains de plufeurs pet- » fonnes, qui ont fruftré l’Auteur du fruit de fes travaux ; & la » été long-rems fans en pouvoir livrer au Public un feul exemplaire : » aujourd'hui, ila fatisfaic tous fes Soufcripteurs , & il peut en dif- » tribuer encore quelques-uns, dont le prix eft de 120 livres, & , » les Amateurs qui défireront avoir cette édition , peuvent s’adreffer » à l’Auteur. » Troifième édition , in-folio ordinaire, L'édition préfente eft féparée » en divers Cours Anatomiques , pour la commodité des perfonnes » qui ne s'attachent , felon leur goût ou leur état, qu'à une feule » partie de l’Anatomie ; par exemple, à ce qui concerne la groffeffe » & les accouchemens, à la Myologie , aux ligamens , à l’Anatomie » de la tête, &c. » Voici le Plan de cette édition , dont les parties forment fépa= » rément des Œuvres complettes. Cours Anatomiques que l'on diftribue aëuellemens, Premier Cours » 11 eft compofé de huit Planches imprimées en cou: » leur natutelle , felon le nouvel Art, qui peuvent s’affembler de » deux en deux, & compofer des figures de femmes enceintes & en » couche , de hauteur du riers de nature; il eft fous le ritre d’Ana- » tomie des parties de la génération de l’homme & de la femme, » jointe à l’Angiologie de tout le corps humain, & à ce qui con- » cerne la off & les accouchemens, avec cette épigraphe , im- » perfelus adhuc infans genitricis ab alyo. (Ovid.) Le- prix actuel eft de 18 livres. » Second Cours. Celui-ci n’eft compofé que de quatre planches en » couleur , fort curieufes , dont les figures de grandeur naturelle, »ne fe trouvent dans aucun Auteur ; elles expofent les maux vé- » nériens fur les parties des deux fexes ; & le ritre de cet Ouvrage »eft: Expofition Anatomique des Maux Wénériens , fur les parties de » l'homme € de la femme, & les remèdes les plus ufités dans ces fortes » de maladies , avec cette épigraphe : Wermes &* tineas fcortatores pro » mercede reportare. ( Scrip. Sac.) Le prix eft de 12 livres. » On n’a pu faire autrement de les augmenter de 3 livres , vu » qu'il en refte peu d'exemplaires. ; » Troifième Cours. A eft compofé de huit planches avec plufeurs » figures en couleur pour les organes des fens, & pour la Névro- » logie entière, qui fe trouve repréfentée en affemblant les trois der- 186 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » nières planches de ce Cours Anatomique. Les nerfs font ici pofés » dans leur état naturel, ce que les Auteurs, qui ont précédé M. Dagoty, » n’ont point encore donné. Les Tables qui accompagnent cet Œuvre, » contiennent des Differtations très-intéreflantes. Le titre de cet Ou- » vrage eft : Expofition Anatomique des Organes des Sens , jointe à la Ne- » vrologie entière du Corps humain , & Conjeëtures [ur L Eleétricité animale. » L'Epigraphe eft : Joneus ef} ollis vigor, & cæleflis origo. ( Virg.) Le » prix de ce Cours eft de 18 livres jufqu’au mois de Décembre pro- » chain, & fe vendra enfuite 21 livres. Cours Anatomique que l'on doit difiribuer. » Onannoncerà dans le rems , par un fecond Profpectus , Les Cours » fuivans, qui completteront toute Anatomie. » Quatrième Cours, Les Vifcères en fituation, de grandeur & cou- » leur naturelles, &c. » Cinquième Cours. La Myologie entière du Corps humain, en Fi- » gures de tiers de nature, dans diverfes pofitions. » Sixième & dernier Cours. L'Oftéologie & les Ligamens de tout le » Corps humain, &c. « On diftribue les Planches Anatomiques ci-deflus , chez M. Dagoty, Penfonnaire du Roi, rue S. Honoré, vis-à-vis les Pères de l’'Ora- voire ; chez Demonville, Imprimeur-Libraire de l’Académie Françoife, rue S. Séverin , aux Armes de Dombes. Profpeëlus concernant les Plantes purgatives d’ufage, tirées du Jardin du Roi, & de celui de MM. les Apothicaires de Paris , repréfentées avec leur couleur naturelle, 6 imprimées felon Le nouvel Art ; avec leurs vertus É Leurs qualités, auxquelles on joint , à la diffeétion de leur Fleur 6 de leur Fruit , Le Species Plantarum Linnei , pour connoître les varietes de leurs genres , les fynontnes & le lieu de lenr naifJance : dédiées à M. Lieutaud, Confeiller d'Etat , Premier Médecin de Sa Majefté; par M. Dagoty père, Anatomifte & Botanifte Penfionné du Roi. » La Collection des Plantes purgatives d’ufage fera 2n-quarto , grand » papier, & compofée de foixante-quatre Planches , qui contiendront » toutes les Plantes de cette clafle , avec leurs qualités & leurs vertus >» en François, & à chaque Plante, on ajoutera en entier les efpèces » différentes qu'a décrit Linnœus en Latin, avec les lieux de leur » naiffance & la citation des Auteurs qui auront donné les variétés » de la Plante dont il s'agira. » À la rère de l'Ouvrage, il y aura une Table Alphabétique de » tous les Auteurs qui ont traité des Plantes, & qui en ont donné SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 187 » des Planches, avec l’année de leur édition, & l'endroit où leurs » Ouvrages auront été imprimés. » Il y aura aufli une feconde Table Alphabétique des noms François de » toutes les Plantes en général ; avec leurs noms Latins , felon Lirneus » & Tournefort, & felon les autres Botaniftes les plus accrédités , avec » la clafle des vertus de la Plante ; & afin d'éviter toure confuñon, »on ajoutera à chaque Plante placée dans une.clafle felon fes vertus » principales & les plus ufitées, fes autres qualités , & la partie de »la Plante dont on fe fert ordinairement dans les ufages. Cette » Table générale ne fera pas feulement utile aux Planses purgatives , » mais encore aux Planres yflériques & emménagogues , que l'Auteur. » fe propofe de donner à la fuite de celles-ci pour l’ufage des Sages- » Femmes, & aux Plantes diaphoretiques & fudorifiques ,. qu’il donnera. » auf pour le traitement des maux vénériens ; ce qui formera trois » ouvrages féparés. » On a mal-à-propos prétendu que l’ordre des Plantes par leurs vertus » ctoit défectueux, à caufe qu’il y avoit des Plantes qui ont plufieurs » vertus, & que dans d’autres, les femences & les racines ont quel- » quefois des qualités différentes de celles de la fleur & de la feuilles, » comme dans la violette , où les femences & les racines font pur- » gatives, les feuilles & les fleurs, enfemble émollientes & laxatis »ves, & la fleur feule cordiale. Ce n’eft pas-là une raifon qui » puifle détruire un ordre fi néceffaire , où tous les autres doivenc » aboutir; car la violette, par exemple , dont on vient de parler , » que l’Auteur met dans la claffe des Plantes purgatives , par rapport » à fa principale qualité, peut être auf citée dans la claffe des Plantes » cordiales & des plantes émollientes , en confidérant les autres par- » ties de cette plante qu’on aura repréfentées. » Les plus habiles Médecins qui ont traité des Plantes, n’ont point » été chercher les fyftèmes de leur forme & de leur divifion, mais » feulement, celui de leurs vertus qu’adopte M. Dagoty. M. Tourne- » fort a traité en particulier de leurs vertus, quoiqu'il ait donné le » fyflème des pétales des fleurs. MM. Chomel, Géoffroy & d’autres » ont fuivi cet ordre. Tous les fyftèmes des éramines , des calices , &c. » ne font que pour connoître les plantes; mais ceux de leur vertu » font faits pour les mettre en prarique. » L’Auteur, afin que rien ne manque à fon projet , donnera aufli » les Elémens de Botanique, féparés de toute autre œuvre, & on aura » de quoi fe contenter fur ce qui s'appelle Syffémes Botaniques. Cet » Ouvrage, tout compofé préfentement, paroîtra après les Plantes » purgatives. » La Soufcription actuelle eft divifée en huit Cahiers , de huic Ces 188 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ex. » Planches chacun, avec les détails que l’on vient de voir, qui ac< » compagneront chaque Plante. » On délivrera un Cahier tous les deux mois, ou tous les mois. » Le prix des Cahiers, fi on les paye d'avance, fera de liv. chaque; » & fi on attend leur diftribution, on les payera fix liv. L'Ouvrage » fe vendra enfuite ce que l’on jugera à propos. » Les troifième & quatrième fils de l’Auteur fe propofent de donner » à la fuite des Collections des Plantes d’ufage que l’on annonce actuelle- » ment , les Plantes curieufes & étrangères. 4 » On trouve aufli du même Auteur, aux adreffes fuivantes , l’4- » natomie des parties de la Génération ; V'Angéologie & ce qui concerne » la groffeffe & l'accouchement ; avec des Planches imprimées en cou- » leur. Prix, 18 liv. » L'Expofition Anatomique des Maux Vénériens | & les remèdes ufités » dans ces fortes de maladies, avec des Planches imprimées dans le » mème genre. Prix, 12 liv. » L'Expofition Anatomique des organes des Sens , & la Nécrologie, avec s des Planches imprimées de même, avec leur couleur naturelle. » Prix , 21 livres «. On Soufcrir à Paris, chez l’Aurteur , rue S. Honoré, vis-à-vis les Pères de l'Oratoire ; Valleyre l'aîné, Imprimeur-Libraire , rue de l4 ‘ Wicille Bouclerie , à l’Arbre de Jeffé. # ST nr nnonee seems me SF vo LE pi | SE D D 526 De ré : CES | là Fe | RE. ES EN DUT SN" CRE Ps 7 | PE 7 » a Ca S &. Fig. 250 ; | | ll (IL 4 LL ft ï mt ] I TT All ho OBSERVATIONS SOU UT' ER "HAUP HY STOU E, SUR, L'HISTONR:E:-NATUR BEL E BÉDNSMMR LES ARTS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE, DÉDIÉES OUI CRE SC OM TE D'ARTOTS: Par M. PAbbé ROozZIER, Chevalier de lEglife de Lyon ; de l’Académie Royale des Sciences, Beaux-Arts & Belles- Lertres de Lyon , de Villefranche, de Dijon, de Marfeille, de Fleffingue , de la Société Impériale de Phyfique & de Bo- tanique de Florence , Correfpondant de la Société des Arts de Londres , de la Société Philofophique de Philadelphie , &c. ancien Direëteur de l'Ecole Royale de Médecine - Vétérinaire de Lyon. TOME SEPTIÉÈME. MIASERS";; 2776: Los 1: MES LR: Met : GE ARE 1 Chez RU AULT, Libraire, rue de la Harpe. MPDICICNLX XW LIL AGEN DR FF TTE G'END UTROE AN NS A MM. les SouscRIPTEURS dont l Abonnement finit à la fin de lPannée 2775. P: USIEURS Soufcripteurs fe font plaints de ce qu'ils ne rece- voient pas les Cahiers aufli-tôt qu'ils avoient formé leurs deman- des. Ils font priés d'obferver que fouvens ils s’adreflent à des Commiflionnaires qui négligent de foufcrire , ou de faire par- venir les Cahiers à leur deftination. Pour éviter, à l'avenir , de pareils reproches & de femblables lenteurs, MM. les Soufcrip- teurs, qui ont été dans le cas d’être mécontens, font invités à recommander expreflément aux perfonnes qu'ils chargent de leurs commiflions , d’être plus exaétes que par le pañé : ou s'ils jugent la chofe plus commode , de configner le montant de la Soufcription au Bureau des Poftes de leur Ville, fans l'affran- chir, mais affranchir feulement la Lettre qui en donne avis. Un fecond fujet de plainte vient de ce que ceux, chez lefquels on prefcrit de remettre les Exemplaires, les prêtent , les égarent, & difent enfuite ne les avoir pas reçus. On prévient que l’on fait l'appel de chaque Cahier & de chaque Soufcripteur, comme dans un Régiment on fait l'appel des Soldats, & tous les Cahiers font portés fermés , dans un fac cachcté, à la grande ou à la petite Pofte de Paris. On voit par - là, que fi quelques-uns ne font pas rendus, ce n'eft plus la faute du Bureau des Journaux. MM. les Soufcripteurs, qui défirent renouveller leur Abon- nement pour l’année 1776 , font priés de donner /eur nom & de- meure, écrits d'une manière lifible , dans le courant du mois de Décembre , ou le plutôt poflible, afin d'avoir le tems de faire imprimer leur adreffe. On foufcrit à Paris, chez l’Auteur, Place & Quarré Sainte - Gencviève , & chez les principaux Libraires des grandes Villes. Le prix de la Sonfcription eft de 24 livres pour Paris, & de 30 livres pour la Province, port franc. Te\"B LCE DR START IC) LUETS Contenus dans cette première Partie. Mis OIRE fur des maladies des Befliaux & fur le Pou-de-Bois d'Amérique ; par M. Godin des Odonois , page 189 Suire des Expériences fur l'influence de la Lumière fur les Plantes , faires a Francker en Frife , par feu M. B. C. Méefe, 193 Defcription du grand Palmier de l’Ifle Praflin , ou Cocotier de mer, 207 Defcription du Rima ou Fruit à Pain, 209 Notice fur La, purification de l'Athmofphère, par les Végétaux ; par M. Changeux , 210 Analyfè d'une Mine de Fer fpathique , connue en Allemagne fous Le nom de Mine d'Acier ; par M. Bayer, Apothicaire-Major des Camps € Armées du Roi , 213 Defcription du grand Promerops de la nouvell: Guinée , tirée de l'Ou- vrage de M. Sonnerat . 226 bite ù à IN 9 Confidérations Optiques , ongième Mémoire, 230 ÆExpofiion de l'Ouvrage de M. C. G. Porner , Confeiller des Mines de L'Eleélorat de Saxe, &c. fur l'Art de la Teinture, & Réflexions faites à ce fuet par M. Dreux, Apothicaire de l'Hôtel Royal des Invalides , 140 Lettre à l’Auteur de ce Recueil, par M***, 246 Réponfe de M. Sigaud de la Fond, à la Lettre précédente , 261 Mémoire dans lequel on prouve que le Tonnerre n'ef? point un Phénomène chymique, réfultant des fermentations ; par M. Bertholon | Prêtre de Saint-Lazare , Profeffeur en Théologie & Membre des Académies Royales des Sciences de Bégiers, de Lyon, de Marfeille , de Nifme , de Touloufe , de Montpellier, Ec. 258 Détail des fuccès obtenus par l'Etabliffement que la Ville de Paris à fair en faveur des Noyes, auquel on à joint une Notice hiflorique des Ma- chines fumigatoires , 267 Nouvelles Littéraires , 276 Fin de la Table, ne ARPLIP'LR 0 B. A'TMMONN: J' lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre : Offervations fur La Phyfique , fur l'Hiffoire Naturelle & fur les Arts, &c. par M. l'Abbé Rozier, &c. La collection de faits importans qu'il offre pério- diquement à fes Lecteurs, mérite l'accueil des Savans; en conféquence , j'eftime qu'on peut en permettre l'impreflion. A Paris, ce 27 Mars 1776. VALMONT DE BOMARE OBSERVATIONS 21100 Vol (Us © HO INSEE RER Sur les Maladies des Beftiaux & fur le Pou-de-Bois 1] Je ° d'Amérique ; Par M. GODIN DES ODONO1S. À mon arrivée d'Amérique en France , j'ai été furpris d'entendre parler & voir des mortalités fur les beftiaux , venant d’un pays où il n’eft jamais queltion de ces accidens : on ne peut douter que cer avantage en Amérique (1), ne vienne du fel que l’on donne aux beftiaux , une fois au moins chaque mois : je puis certifier qu’au Pérou & fur la Cordilière où il y a beaucoup de ménageries & fort nombreufes , on n’entend point parler de mortalités; on a l’ufage du fel:ily a, en plufieurs endroits , des fources naturellement /a/i- treufes , comme celle de Théocajas , près de Rio-bamba , Province de Quito; le bétail de deux lieues aux environs, va chaque mois s'a- breuver de fon eau, fans qu’on l’y conduife , (ce bétail paît en ces uartiers , en plufieurs montagnes fans clôtures ni barrières ): cette eau e filtre par des rochers, & rombe dans le creux d’un autre plus bas; la fource n’eft pas abondante , & il n’y a de place que pour un bœuf à la fois; aufli ces animaux font fi faits à ce manège, qu'ils attendent que celui qui eft à s’abreuver , ait fini & forte, pour qu'un autre lui fuccède, en s’approchant du trou. Ceux qui n’ont pas la facilité d’une femblable fource , fe pourvoient d’une pierre ou malle de fel , parce qu’en grains, cela feroit plus difpendieux ; on les peut faire aufi groffes & de la forme que l’on veut, parce qu’elles fe taillent dans les carrières de fel, dans les vallées que l’on appelle ne (x) Cet avantage n'eft pas fi conftant en Amérique, qu'on n'y obferve quel- quefois des épizooies. (Voyez la defcriprion de celle qui a été obfervée à la Guadaloupe , en 1774, fur les hommes & les animaux en même-tems , dans les Recherches fur les Maladies Epizootiques, publiées par ordre au Roi, tome 2. À Paris, chez Ruault). Maïs un cas particulier ne fair rien à ce qu'on obferve générale- ment, & l'Epizootie de la Guadaloupe eft d'un genre différent de celle qui règne dans nos Provinces. Tome VII, Parc. I. 1776. Bb 190 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de Lima ; & qui font près de Purra & Truxillo , & depuis Cabo- Blanco , en remontant la côte au Sud, le fel de cette efpèce n’y manque pas, & n’eft que pour cer ufage, car le Public & les Ha- bitans de Guyaquil & de la Cordilière , fe fervent pour l’ordi- naire, de fel marin ; les Anglois de la nouvelle Angleterre, qui viennent à Cayenne, apportent toutes leurs falaifons faites avec ce fel, qui ne fale & ne conferve pas lè poiffon comme le marin: ils en apportent aufli en bariques , qu’ils ont écrafé pour l’enfurailler. On enveloppe ces pierres de fel, que l’on fait ordinairement d’un quintal, dans un morceau de peau de bœuf mouillée , qui eft cou- fue avec une courroye, & au’on met dans le parc fous un toit: le bétail lèche la peau , & quand, à force de la lécher, il l’a trouce, on la retourne; car fi l'animal venoit à pincer avec la dent, elle ne dureroir pas. Avec cette manœuvre, on tient le bétail en bon état, & on l’affujettit au parc fans peine ; autrement, il feroit im- poffible de contenir ces animaux fur ces vafles montagnes , fousune même clôture, & chacun ne reconnoit le fien que par le moyen de l’eftampe : enfin , je fais par expérience, qu'avec ce foin , il n'y a ja- mais de maladies dans Îles beftiaux : je l’ai fair à Cayenne, & mon bétail a toujours été bien portant ; cela doit le rendre aufli fécond , car jamais vache n’a manqué fon veau à l’année : elles en devien- nent aufli plus laitières, & la chair a meilleur goût : quelques per- fonnes de cette Colonie ont chargé les Capitaines Anglois de leur apporter de ce fel en malle : j'ai vu cet ufage, & la réuflite dans les ménageries fur les montagnes du Pérou pendant nos opérations de la Méridienne : on éviteroit beaucoup de pertes fur le menu bétail , comme brebis & moutons , qui font plus fujets aux maladies que le gros ; ce font des épreuves à faire & rrès-faciles; on peur commencer par s'informer fi les beftiaux en général fur nos côtes , comme Brouage, Oleron , Marennes (1), ont des maladies , & fi les particuliers fouffrent des pertes comme dans l'intérieur du Royau- me, où ces animaux ne connoiffent pas le fel : je fais par tradition, que dans la Tarantaife & dans le Comté de Morierne en Savoie, le fel eft en ufage à l'égard du bétail. Au Pérou , il y a des gorges de montagnes fort marécageufes ; oo (173 On peut voir encore , dans les Recherches fur les Maladies Epizootiques , la defcription d’une maladie meurtrière , obfervée fur le bétail, en 1772, dans le pays de Brouage, élection de Marennes 3 c'étoir une maladie charbonneufe; au lieu que celle des Provinces méridionales , eft d’un autre genre : mais cela ne détruit pas l'avantage qu'on peut retirer du fel. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 0x le bétail qui naîr. croît & pâture dans ces endroits , eft atraqué d'une maladie au foie,(1}, que l’on appelle Cofcoja ; & on évite de leur donner du fel, parce qu’il leur eft contraire, les fait lan- guir & mourir ; on évire ainfi de les changer de quartier, & de les mener dans des endroits fecs ; le bétail attaqué de cette mala- die, ne donne pas à l’engrais comme les autres ; le menu bétail dans ces quartiers y eft auili fujer : on a grand foin de ne pas laiffer âturer le cochon où il y a du bérail ; cet animal , en broutant herbe, dépofe une bave qui eft fort préjudiciable , tant au gros qu’au menu bétail. Le pou-de-bois n’eft pas connu dans les pays froids de l’Améri- que, pas même dans ceux dont le climat a la température de nos Printems & de l’Automne ; on ne le voit que dans les quartiers ab- folument chauds ; en tems de pluie, ou pour mieux dire, l’humi- dité de la terre, le fait fortir, & on en voit, foit dans les maifons, * foit dans la campagne plus communément en ce tems-là que dans le fec : fi un terrein étoit abfolument fans racines, je penfe que l’on n'en verroit jamais, & que ce font les vieilles fouches & racines qui le produifent , aufli voyons-nous les’ vieux établiffemens en don- ner moins que les nouveaux : cet animal fort de terre, & grimpe fur les arbres & dans les maïfons, pour y faire fon nid ; il a l’inf- tinét de cacher fa trace le Pa qu’il lui eft poflible ; fon nid , bien life au-dehors, eft compofé à l’intérieur, de cellules : on peut re- garder cet animal comme la fourmi; il ne charroïe pas comme elle fes vivres , comme grains , feuilles & autres chofes; mais il va & vient comme elle; 1l doit néceffairement charroier de la terre, & une terre bien fine, pour former fon nid qu’il maftique : j'ai vu de ces nids qui avoient jufqu'à 18 & 20 pouces de diamètre ; cet animal fait des œufs; j'ai ouvert des nids où il ÿ en avoit fans être éclos ,; & d’autres qui éclofoient. De quoi fe nourrit-il ? ce ne peut être que du bois qu'il ronge & autres chofes, comme linge, papiers , &c. tous les bois d'Europe font pour lui très-appériflans, & fur-tout le fapin: il y a des bois en Amérique fur lefquels il fait fa trace , mais qu'il ne ronge pas; il ne pique jamais droit, & va toujours obliquement ; il travaille fi vite , qu’en une nuit, il traverfe une rame de papier : il y en a de plufieurs efpèces , comme de diverfes couleurs : le plus à craindre eft le gris; il y en a d’aufi (2) Cette maladie du foie, n'eft autre chofe que ce qu'on appelle le feu pour les befliaux. 11 eft certain que l'ufage du fel feroit très-dangereux dans ce cas, puifque c'eft en partie au fel, pris.en trop grande quantité, que le feu doit fon origine, B b 2 192 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, gros que de petites fèves; ce font les moins dangereux , & la plupart d'eux font ailés; mais ils ne font pas grand ufage de leurs ailes ; ceux-ci ont des ferres comme les fourmis , & pincent forte- ment ; il y en a aufli d’une autre efpèce petite , qui ont des ailes, & qu'on ne voit voler qu'après une groile pluie qui aura pénétré leur nid , alors ils font obligés de fuir : ils meurent prefqu’aufl-tôc qu'ils ont pris leur vol. Après l’eau & le feu qui détruifent totalement le pou-de-bois , mais dont on ne peut pas faire ufage en bien des endroits ; le plus für moyen que l’on a trouvé, eft l’arfenic ; on le pulvérife , & on en.jerte fur leurs traces en divers endroits & fur eux-mêmes ; on voit aufli-tôt ces animaux fuir avec vitelle ; les uns, meurent même far le champ, d’autres peu après, avec des mouvemens convulffs ; ceux qui allant & venant , rencontrent cette poudre , rebrouffent chemin 3 ces animaux rongent les morts , & s'empoifonnent par con + féquent, & fucceflivement tout le nid , quelque gros qu'il foit ; il faut que l’arfenic leur foit bien contraire & les brûle , car aufli tôt qu'ils enonrété touchés, ils courent, fe renverfent , quelquefois fe traîïnenc, & tombent enfin. Il y a une autre reffource contre eux au défaut d’arfenic , mais bien moins eftimée , & donc l’effer eft plus lent, c’eft le fuc du petit citron , & qui porte un grand acide , aufli ne s’en fert-on que fur les traces qui commencent à fe former. ee À nr SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 10; SPAUNUITIUME DASANS EAP EN RIOTARNUCIELS Sur l'influence de la Lumière fur les Plantes , faites à Francker en Frife, par feu M. B. C. M£sese. XV. Comparaifon des effets produits par l’ablènce de la lumière, par La chaleur & par l'humidité, C OMMENGCONS par la comparaifon des Expériences que j'ai décrites. Dans les haricots femés dans la ferre, la diflance entre les feuilles féiminales & les premières feuilles, étoit de 42 p. 9 Dans les haricots expofés à l'air, de. . © p. proportion. I Dans ceux qui croifloient dans l'obfcurité à même température qu'à l'air. , . . Si p. 11 Dans les pois , la diftance moyenne des feuilles éroit dans la ferre, de. 32 P- 2. 8 aa M tré ve 2e P. proportion. I dans Pobleariré. : Le 6 p. 4.8 Dans le Joleil , la mème diftance étoit dans Ja dérre.. 40. 1 052 lp. DE. ANAITE 25 p. proportion. I dans l'obiéurités1he, 2e "26 ANG p: 2, 4 L'allongement à donc été le plus confidérable dans l’obfcurité, enfuite à “1 chaleur, & le moindre à l'air libre. Expérience LVI. J'ai eu pour but, dans l'expérience fui- vante , de déterminer les effets de la chaleur. feule , la combinai- fon de la chaleur & de l’obfcurité, & de l’obfcurité feule. J'ai pris , le 4 Février, de la mauve, & j'en ai femé dans huit vafes. A , éroit placé dans la ferre en terre. B , l’étoit aufli, mais entouré d’un tube de carton pour inter- bn cn la, lumière, , dans la ferre; mais ce vafe étoit rempli de laine humide au te de terre. 194 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, D, rempli de laine humide comme C, mais couvert d'un tube de carton. E , comme À, mais à l'air. F,comme B, mais à l'air. G , comme C, mais à l'air. H, comme D, maisà l'air. Voici le journal de cette expérience. Plantes placées dans la fèrre, 2 à 2 2 27 ie D Jours. [Has Therm. A. | B. | « par Paroît. Cou- leur blanchä- tre. Prefque Févr.18 733 |A peine vifi-| Invifible, | Paroît.Cou- 6 ble. leur d’un verd pa pâle. Feuilles jointes. Les {pointdefeuil- tiges plus les : celles courtes qu'en |qu'ilya, fer- mées. 722 | Un peu plus| La terre s'é- Les feuilles vifible, [lève ; figne |fe féparent. | de 1 pouce. que la plante | Les tiges plus| Tige blan- pouffe. courtes qu'en châtre. Feuil- D Longueur paroillent |paroiflent, plus courtes M & LA Languiflent, 15 Mortes. ni FR Languiflent. Mortes. : les jaunârres. 20 12 87:l Les plantes] Les plantes Longu. +p.| Longu.1:p. que B. A 5 heures , les feuilles font ouvertes, 21 II 65 |Lohgu. 7p. 14 1+ 2p. 22 12 72+ 15 1 15 2% 23 12 64 13 12 17 2? 24 2 6: 14 13 12 2% 25 12 63 14 3 15 2% 26 2 85 13 5 T | 22 ul die 5 n * ï 28 1 59 15 15 15 25 Mars 2 4 70 Id. Ia, Ia. Ia. 1 | 14 1 le ré] ee SUR 'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 15$ Journal des Plantes expofées à La lumière, Jours. [runs Therm. | E, PF. | G. | H, Mars 8 s | 475 | Ilovifible. |äpeu-prèsinv.| Paroîr, Paroît. 9 121 412 | Invifble. Id. Longu. +p.| Longu. À p. 10 11 | 35+ | Paroît. Paroît. STE ASE "| 24 41 |Plusperitque| Longu. +p. “+ | 11 UE 17 12] 39 Longu. 2 p.| Hentsz PARTRTRE EST 12 CAEN adorer: set SUCER 30 01 NAO) SOMME HEURES Fr MENU Languit, Languit. 2 2 Exré£érience LVII, J'ai femé de l'orge, hordeum, dans quatre vafes placés dans la ferre. À , rempli de laine humide :B, de mème, mais entouré d’un tube : C, rempli de terre : D, de même, mais entouré d’un tube. Ces tubes avoient un demi-pied de diamètre, afin de pouvoir em- braffer plufeurs individus à la fois. Cette expérience a été faice en même-tems que la précédente. En voici le journal. a Jours. | Heures. Thérm.| A. | B. | (es | D. 19 10! 712 | Paroît. Commence| Invifble. Invifible, 20 12| 87+ à pouller. Poule. Poule. 21 11 65 Longu. 1 | Longu. 1f Longu. 1 Longu. 11 22 12| 724 2% 24 2 3 23 12, 64 3. 3+ 2} 42 24 ] 61 31 43 3% 5° 25 AU K63 3% 4x 35 si | 2! 385$ 45 5% 3% 6: 27 2| 93 45 6 45 6: 28 1] 59 SE ë 47 6: Il y a depuis Une feconde 2 ou 3 jours feuilleparoîr. deux feuilles, Mars 1 2 és Longu 52 Id. | Longu. 4i Ia. 8 12| 66: 7 L'allonge 6; | Allongement ment cefle, cefie. Morte Meurt, plutôt que B. D EE (1) J'ai mis ici, d'après mes Obfervations météorologiques , la chaleur moyenne, c'eft-à-dire, la hauteur moyenne du thermomètre, conclue de routes les obfervations faites chaque jour. Pendant tout ce tems, le maximum du thermomètre à été à 63° le 28, à deux heures, Le minimum à 27 , le 11, à neuf heures du foir, Aux heures même de l’obfervation , le thermomètre a été, le 8, à 5253 le 9,4 4425 le 10, à 385lc12, à 455 le 17, à 465 le 22, à 525 le 30, à 60, 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Exrérience LVIÏII. J'ai répété ces expériences avec un fuccès égal, fur des plantes accoutumées à la chaleur : j’en citerai un feul exemple. Je me fuis fervi de l’hibifcus abelmofchus. Les lettres A , B, C, D, ont la mème fignification que dans l’expérience précé- dente. Toutes ces plantes ont pouffé prefque en mème-tems ; cependant celles qui croifloient dans la laine non entourée d’un tube , ont paru un peu plus tard, ce qui n'a pas eu lieu dans les autres expé- riences; mais la différence a été très-peu confidérable, & l’inégale denfité de la laine fuffiroit feule pour produire cet effet. Voici le journal de l'experience. Jours. | Therm. | 7:18 | B, | C. | D. Mars 8 66x | re 5 | 13 9 67+ 4 15 Id. 14 10 68 | + | 15 Ia. | 1 12 8$ i 2 Ia. 15 13 70 £ | DES 5 | 2 17 762 £ 2 14. 22 22 RE ARR PE Après ce tems , l’accroillement a ceffé en B & en D, qui font mortes à la fin de Mars. À & C fe portoient alors affez bien. Les infeétes les ont fort endommagées à la fin d'Avril. Je conclus de ces Expériences : 1°. Que l'allongement eft beaucoup accéléré par l'eau , par la cha- leur & par l’obfcurité : 2°. Que l’eau agit avec le moins d’efficace dans cette accéléra- tion : 3°. Que la chaleur y contribue beaucoup plus : 4°. Que de ces trois caufes , l’obfcurité eft la plus puiffante. Ces allongemens diffèrent cependant en ceci , que l'allongement qui a lieu dans l’obfcurité, produit une mort certaine , ce que les au- tres caufes ne font point : celles-ci affoibliffent cependant les plantes, de façon, qu’elles ont peine à porter des fruits naturels. XVI. SUR.L'HIST. NATURELLE ET,LES, ARTS. 197 XVI. Conjeilure fur La caufe de l’Etiolement. Tout allongement me paroît dépendre de la combinaifon de deux caufes : de la ductilité des fibres, & de la force virale ou motrice, On juge que celle-ci agit avec plus d'énergie, lorfque toutes les fonctions de la végétation fe font plus efficacement & plus prompte- ment : or, c’elt bien certainement ce qui n'a pas lieu dans l’obf- curité. Il ne refte donc qu’à attribuer l’étiolement à une plus grande ductilité des fibres : c’eft aufli le fentiment de M. Bonnet (1). Mais d’où vient certe augmentation de duétilité ? N’eft-ce pas d’une diminution de tranfpiration? M. Duhamel ne s'éloigne pas de cette idée (2); & nous avons déja rapporté des expériences qui favori- fent cette opinion : mais il s’agit de la confirmer davantage. XVII De la cranfpiration fenfible dans l'obfeurite. ExPrériENCE LIX. J'ai fait cette expérience fur du feigle (fécale), que je gardois dans l’obfcurité, pour voir s’il y auroit quelque dif- férence dans les gouttes qu’on obferve le matin au fommet des feuilles , & qu’on fait être l'effet de la tranfpiration fenfble. J'ai remarqué qu'il y avoit moins de gouttes , & qu’elles étoient plus petites dans les plantes qui étoient dans l’obfcurité, que dans celles qui étoient eéxpofées à la lumière. Exr£rieNce LX. J'ai pris enfuire les mêmes plantes : j'en ai expofé quelques-unes à la lumière : j’en ai entouré d’autres de tubes de carton pour intercepter la lumière. J'ai verfé enfuite dans les va- fes qui les contenoient, une grande quantité d’eau tiède, & il y avoit de grandes gouttes fur les deux individus : il n’y avoit guères de différence , quoique les gouttes m’ayent paru un peu plus pe- utes dans l’obfcurité : elles ont aufli ceffé plutôt de fe montrer. On voit, par cette expérience, avec combien de célérité la nourriture fe propage par toute la plante. Éxr£grience LXI. J'ai fair de femblables épreuves fur l'orge (hordeum), que j'avois femé & à la lumière & dans l'obfcurité, tant dans la terre , que dans de la laine humide. Le fuccès de cette expérience a été tel, que ie ne faurois en conclure que la tranfpi- ration fenfible ait été plus petite dans l’obfcurité. C1) Recherches fur les Feuilles, page 212. (2) Phyfique des Arbres, Tome 2, Liv. 4, Chap. 6, Ait. 2, page 157 Tome VII, Part. I. 1776. Cc 193 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, J'avois aufli commencé des expériences fur des plantes vifqueufes, placées dans l'obfcurité : leurs produétions me parurent un peu moins vifqueufes : mais ces expériences ayant été interrompues, je n'en ofe rien conclure. Il me paroîr cépendant qu’en général la tranfpiration fenfble ne diminue pas dans l’obfcurité. XVIII De la tranfpiration infenfible dans l'obfcurite. M. Duhamel xapporte, dans fa Phyfique des Arbres (Tome:, Liv. 2, Chap. 3, Art. G), des expériences fur l’action des vernis, des huiles, du miel, &c. dont on enduit les feuilles. M. Bonnet a fait aufli des recherches nouvelles & très-intéreffantes fur ce fujer. Ces Phyfciens ont enduit des feuilles, des tiges, des fruits. Jai voulu examiner ce qui arriveroic aux fleurs ; mais j'ai examiné avant tout fi ces plantes poutroient fe nourrir d'huile. Exrérience LXII. Jai mis deux individus de delphinium an- nuum , le pied d’alouette, dans un vafe rempli d’eau : j'en ai mis deux autres dans un vafe rempli d’huile de lin : j’en ai placé deux autrés à l'air & hors de terre. Tous ces fujets étoient près l’un de l’autre. J'ai commencé le 13 Août à 8 heures. A quatre heures, les plantes, placées dans l'huile & à Pair, étoient fafques : celles qui étoient dans l’eau, fe portoient bien. Le 19, celles dans l’huile éroient plus flafques, mais plus vertes: celles dans l’eau , végéroient bien ; celles à Pair, étoienr plus sèches. Le 20, celles dans l'huile étoient dans le même état que le jour précé- dent: celles dans l’eau , fe portoient bien: celles à l'air, étoient féchées. Le 21, celles dans l'huile meurent & fe sèchent. Le 24, celles dans l'huile & à l'air, font entièrement féchées: celles dans l’eau, fe portent bien. L'huile n’a donc pas fourni à cette plante une nourriture fufhfante & propre à la faire végéter. - J'ai quelquefois enduit d'huile les tiges & les périoles, mais je n'ai pu m'appercevoir que cela produisit quelque différence dans la durée des fleurs, foit que celles-ci fuffent attachées à la plante ou non. ExP£rience LXIII Jai pris, le premier Mai, huit fleurs de Narcifle ( Narciffus poeticus) , de mème âge. C, j'ai enduit la corolle de deux d’entr'elles, de colle ordinaire, H, j'ai enduit deux autres d'huile de lin. _E, j'en ai mis deux dans l’eau. A, deux autres à l'air. Je leur ai laïffé une partie de la hampe = SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 199 ( Jéapus) , par les extrémités defquelles je les ai fufpendues. La colle, l'huile, l’eau, étoient appliquées aux fleurs , & non aux tiges ou aux pédicules. Expérience LXIV. J'ai fufpendu , de la même façon, huic fleurs du Scilla amœna , auxquelles jen ai ajouté une neuvième(k), dont le panicule (shyrfus) étoit à moirié couvert d’huile. Exrérience L XV. J'ai traité, de la mème façon, huit fleurs d’Anemone nemoro/[a. Exrérience LX VI. J'ai pris encore huit fleurs d'Ayacinthus botryoides , auxquelles j’en ai ajouté deux qui fuçoient l’eau par l’ex- trémité de leur pédicule. Je les nommerai e. ExrérienNce LXVIL. J'ai craité, de la même façon , huit fleurs de Primula veris. Exrérience LXVIII. Encore quatre fleurs de Frisillaria me- leagris. Exrérience LXIX. Encore quatre fleurs de Belis. Exrérience LXX. Enfin, huit fleurs de Caltha paluffris. Je vais donner le réfultat de ce que j'ai obfervé dans les trois examens que j'ai faits de ces huit expériences , en défignant les dif- férens individus par les lettres C, H,4,E,e, A. Premier Examen, le 3 de Mai. 19. Narciffe. Les tiges étoient peu différentes, & fe portoienr bien. Les corolles éroient en bon état dans E & C, mais en mauvais état dans À, & très-mal dans H. 2°. Scilla amœna. Les tiges de À étoient fafques , ainf que celles de C ; celles de E étoient très-bien. Le pédicule de 4 étoit un peu plus flafque que celui de H. Les corolles de E & H, étoient en bon érat ; celles de A éroient flafques ; celles de H étoient noires , & en très mauvais état. 3°. Les Anemones. Les tiges & les fleurs de E, étoient en meil- leur état que celles de H & de C ; celles de A éroient le moins bien; mais elles éroient toutes flafques. Les corolles étoient prefque toutes dans le même état ; celles de H paroifloient les moins belles. 4°. Jacinthe. Les tiges de À éroient les plus fafques ; enfuite C, puis H; enfin, E. Les plantes e fe portoient le mieux de toutes. Les corolles de E étoient le mieux , enfuite C, puis A; H étroit en très-mauvais état. $°. Primula veris. La hampe étoit le mieux poure, un peu moins bien dans C ; elle étoit un peu flafque dans H, encore moins bien Gex 200 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans C, & plus mal dans A. L'état des corolles de e éroit le meil- leur; puis celui de E, de C ; de H & de A. Go. Fritillaria. Les tiges & les corolles éroient en meilleur état en E que dans C3 en E qu'en H; en H qu'en À. . 7°. Bellis. Les tiges de E étoient en meilleur état en E que dans les autres individus ; plus flafques en C, en H, en À. Les corolles différoienc peu. 8°. Caltha. L'état de fanté des corolles fuivoit cet ordre, E,e, C, A, H. Voici celui des riges, e, E, H, G, A. 1 ny avoit que peu de différence entre ces deux dernières, Secord Examen , Le 6 de Mai. 1°. Narciffe. Les corolies de E ne font que peu changées ; celles de À, fe fanent : les pétales de H fe pourriffent ; le Meëarium, que l'huile ne touchoit pas, étoit en affez bon état. 2°. Scilla. Les corolles de C font affez bien; celles. de H font très-mal ; celles de 4, le font un peu moins; celles de E, font en bon étar ; celles de A, flafques. 3°. Anémones, Toutes les corolles fe fanenr, excepté celles de E qui font en très-bon état. Il en eft de même des fleurs ; celles de E, {ont flafques; celles de H, font un peu moins mal que les autres. 4°. Jacinthe. Les corolles de E & e, font en très-bon état; celles de C, font un peu moins bien; celles de À, encore moins; celles de H, font en très-mauvais état, leur couleur eft changée. Les tiges de A font flafques ; celles de C, le font un peu moins; les autres font très-bien & à peine changées. s°. Primula veris. Les corolles de e font au mieux; celles de E,. font un peu moins bien; les autres ont perdu leur beauté. Les tiges de A font flafques ; celles de € , font en meilleur état; celles de H, font à peine changées; celles de e font très-bien. 6°, Fritillaria. La corolle de E eft en très-bon état; celle de À, eft moins bien que celle de C ; elles font cependant l’une & l’autre fanées : celles de H, font en très-mauvais état. Les tiges de C font en meilleur état que celles de À , mais flafques; celles de E & H, fonc en trèsbon état; toutes les feuilles font flafques , mais celles de E le font le moins. 7°. Bellis. Les corolles de E font en très-bon état; celles de C & A, font moins bien; celles de H, font crès-mal. La tige de E eft en très-bon état; celle de H eft plus flafque ; mais cependant en meilleur état que celles de C & A, qui diffèrent peu. 8°, Caltha. La corolle de E eft en bon état, mais les pétales SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 201 écoient tombées ( 1 ) ; celle de € eft remplie de rides; celles de A & de H, font en mauvais état & fanées. Les tiges de E fonc en très-bon état, fuivent celles de H; celles de E & C font fanées ; celles de e font mieux que toutes les autres. Dernier Examen, le 9 Mai. 1°. Narciffe. Les corolles de E font très bien , fuivent celles de C, H & A font très-mal. Les tiges de C & A font Aafques ; celles de E & H, font en bon état. 2°. Scilla. L'état des corolles fuit cet ordre, E,C , À & H, qui font le plus mal. Les tiges de À & C, font ridées ; celles de H, font un peu plus flafques, mais en meilleur état que celles de A & C; celle de 2, eft moyenne entre C & H. 3°. Anémone. Les corolles font déja sèches & corrompues, excepté celles de E. 4°. Jacinthe. Les corolles de E & e font le mieux; celles de E & A, fonc moins bien; celles de H, font très-mal & prefque pour- ries. Les tiges de À & C, font flafques ; celles de E, font ridées; celles de e & H, font en crès-bon étar, s°. Primula veris. Les corolles font en affez bon érat dans E & e : les autres font fances. Les tiges de e & E, font au mieux; celles de H font plus flafques ; celles de C, le font davantage ; celles de A, le fonr encore plus. 6°. Fritillaria, La corolle de E eft en trèsbon état ; les autres commencent à fe corrompre , quoique celle de C foit le moins mal. Les riges de A , font très-mal; celles de E, font crès-bien; celles de H & C, font dans un état moyen. 7°. 8°. Bellis, Caltha. Les corolles font fanées , excepté celles de E: la tige de E eft faine; H commence à fe faner. Les autres font déja fanées. Je crois pouvoir conclure de ces Expériences : 1%. Que les corolles, plongées dans l'eau, ont vécu plus long- tems que les autres; que celles qui ont été enduites de colle, ont péri plus promptement; de celles qui éroient à l'air, font mortes encore plutôt; & que celles qui éroient enduites d’huile, ont pért le plus promptement de toutes , & ont été en mauvais état. (1) La caufe de cette chüûte, eft-elle la même que celle de la chûce des feuilles x Ces pétales étoient jaunes : nous avons vu que les feuilles qui fe font détachées des branches placées dans l'obfcurité, le font aufli, Cette caufe (eroit-elle une diminution de tranfpiration , & par conféquent une augmentation d'humidité ? 202 OBSERNATIONS SUR LA PHYSIQUE, 22, Que les tiges & les pédicules dont les corolles étoient plon- ges dans l’eau, où qui fuçoient l’eau, ont vécu plus long - tems que les autres; que celles dant la corolle étoit enduite d'huile, ont été un peu plus flafques; enfin, que celles dont les corolles étoient enduites de colle, ou qui étoient fimplement à l’air, ont langui beaucoup plus promptement. 3°. Il fuit donc de-là , que l’eau conferve les corolles & les tiges plus long-tems que les autres fubftances que j'ai employées. La caufe de ces phénomènes n’eft-elle pas, que la tranfpiration a été beaucoup diminuée ? Peut-être aufli qu’il s’y joint pour les co- rolles plongées dans l’eau, quelque abforbrion de l’eau par les pores de la corolle mème. 4°. J'en conclus, en quatrième lieu, que la colle ne nuit pas au- tant aux corolles que l'huile; peut-être même leur a-t-elle éré utile, puifqu’elle a été caufe que les tiges ont vécu plus long-tems que celles qui font reftées à l'air libre. s°. Enfin, que l'huile nuir aux parties des plantes auxquelles on l’applique ; elle paroît les gangréner, à en juger par la couleur que ces parties contraétent. M. Bonnet a trouvé la mème chofe dans fes expériences. Voyez auffi ci-deffus, Exp. LXI. Afin de mieux obferver l'effet qu'auroit l’obfcurité fur la tranfpi- ration des plantes, j'ai encore fait les expériences fuivantes. ExrérienNce LXXI. J'ai pris fix hampes, ou tiges florales du Hyacinthus botryoïdes ; il y en avoit trois dont les fleurs étoient ou- vertes, % crois dont elles éroient fermées. J'ai mis un individu, de chaque efpèce, dans un tube de verre, couvert d’un couvercle de verre, afin que la lumière y püt donner (L). O. J'en ai mis un autre dans un pareil tube, mais couvert de carton, afin que la lumière füt interceptée. À. Enfin, j'en ai mis un de chaque efpèce à l'air libre. Au bout de dix jours, j'ai trouvé que les plantes, expofées à l'air , étoient flafques; que celles du tube L, étoient un peu roides, un peu mieux portantes ; enfin, que celles du tube O, n'avoienc fouffert aucun changement. vs Ne fuit-il pas de-là que la tranfpiration eft moindre dans l’obf- curité » Exrérience LXXII. J'ai pris deux tiges de Cineraria, j'en ai mis une dans un tube de verre; j'ai mis l’autre dans un pareil tube, mais entouré d’un carton; la température étoit la même. Au bout de vingt-quatre heures, le premier tube étoit intérieu- rement couvert de gouttes d’eau ; l’autre étoir à peine enduit d’une vapeur rare, qui étoit appliquée aux parois ; il faut enfin remarquer que la tige qui éroit dans le tube obfcur , paroïfloit un peu plus SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 20; flafque que celle qui étoit dans l’autre tube , ou du moins l'étoit elle tout autant. Expérience LXXIII. J'ai répété la mème expérience fur deux tiges de Tanaceum arborefcens : les gouttes d’eau qu’il y avoit dans ces deux tubes , m'ont montré que la tranfpiration avoit été plus forte dans le tube éclairé , que dans l’autre; cependant les feuilles ont paru plus Aafques dans ce dernier. J'ai tenté de femblables expériences fur des plantes toujours vertes; j'en rapporterai deux. ExrériEeNcE LXXIV. J'ai mis deux tiges de Daphnis dans des vafes remplis d’eau ; j'ai entouré un de ces vafes d’un tube de verre ; j'ai entouré le fecond d’un pareil tube couvert de carton : la cranfpiration a été plus foible dans celui-ci; mais toutes les feuilles y éroient tombées au bout de trois femaines ; les boutons étoient reftés fermés , au lieu qu'il n’y avoit que deux feuilles de tombées dans le tube éclairé , & qu’il s’en étoir développé de nou- velles qui étoient en bon état. (Confultez Art. VII. Art. XII. Exp. XLVI. feqq. & ci-deffous, Art. XIX). ExpériENcE LXXV. J'ai mis dans deux tubes de verre, deux branches d’Ilex vulgaris fempervirens ; j'ai mis un de ces tubes dans l'obfcurité ; j'ai Idiflé l’autre expofé à la lumière , à température égale ; au bout de fept jours, les bulles d’eau qui étoient attachées aux parois des tubes , ne m'ont fourni que peu de lumières pour juger de la différence qu’il pouvoit y avoir entre la tranfpiration de ces deux plantes; mais les feuilles du rameau placé dans l’obf- curité , éroient beaucoup plus vertes que celles de l’autre rameau ; d'où l’on pourroit inférer que leur tranfpiration a été moindre. ExrértEence LXXVI. J'ai mis le vingt de Mars, dans des tubes de verre , deux tiges d’ellébore verd ; j'en ai placé un dans l'obfcurité ; j'ai laïffé l'autre à la lumière; celle-ci tranfpira beau- coup , comme il paroifloit par les gouttes d’eau appliquées aux pa- rois du tube ; il n’y en avoit pas du-tout dans le tube placé dans l'obfcurité : le 6 d'Avril , la tige placée dans l’obfcurité , étoit en très-bon état , & n'’avoit prefque pas fubi de changement ; l’autre commençoit à pourrir. Il eft fingulier que l'individu, placé dans lobfcurité , ne foit pas devenu flafque dans cette expérience, comme dans les précédentes; cela viendroit-il de ce que dans celle ci, la plante à été placée dans un tube qui retenoit la matière que la plante a fourni par tranfpi- ration , & que cette matière a pu produire la purréfaétion ? Les Expériences fuivantes ont été faices fur de fimples feuilles. Exr£rieNce LXXVII. J'ai placé le 20 Mars, deux feuilles 204 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de Smyrnium olufatrum dans des tubes de verre fermés, dont l’un étoit entouré de carton. La tranfpiration fut fi grande dans le premier tube, que les gouttes diflilloieut des parois vers le fond ; dans l’autre individu, je ne pus m'appercevoir que d’un très-petit nombre de gouttes : le premier d'Avril, les feuilles mifes dans le tube obfcur , étoient encore vertes; les autres jaunifloient : le 7 & le 8, les feuilles expofées à la lumière, étoient jaunes, mais non féchées ; les autres commençoient à jaunir. Exrkrience LXX VIII. J'ai mis crois feuilles de Y’aleriana phu, dans une bouteille bien fermée , & expofée à la lumière ; j'en ai mis trois autres dans une pareille bouteille , que j'ai placées à l’obfcurité. La tranfpiration a été beaucoup plus grande dans la première bouteille que dans la feconde. $ Au bout de huit ou neuf jours , les feuilles jauniffoient à l'obfcu- rité , les autres étoient encore vertes. Le fixième jour, les premières étoient jaunes , & avoient fair de feuilles éviolées ; mais elles n’éroient pas pourries ; Les autres prirent peu-à-peu la mème couleur. J'ai enfuite expofé deux des premières feuilles à la lumière : la tranfpiration augmenta beaucoup ; mais la couleur verte ne revint point, & ces feuilles moururent au bout de deux jours; celle qui étroit reftce à l’obfcurité, vécut plus long-rems. Je crois donc avoir prouvé, où du moins avoir rendu probable, que l’obfcurité diminue la tranfpiration infenfible , & par confé- quent , que la lamièce influe beaucoup fur cette partie de la végétation. La lumière de la lune auroit-elle Le mème pouvoir ? J'ai fait quel- ques expériences , mais qui ne font pas fufhfantes. ExrérienNce LXXIX. J'ai mis des feuilles de Valeriara phu dans deux tubes de verre, dont l’un étoit entouré d’un carton; je les ai expofées à la lumière de la lune , & après quelques heures, j'ai trouvé une affez grande tranfpiration dans l’un & dans l’autre. Etonné de ce réfulrat, je me fuis imaginé que la tranfpiration caufée par la lumière , pouvoit continuer encore quelque rems après que la lumière a difparu ; or ces feuilles avoient été tout le jour expofées au foleil ; j'ai donc réitéré l’expérience d’une autre façon. Expérience LXXX. J'ai enfermé les feuilles dans l’obfcurité huit heures avant que de m'en fervir ; j'ai procédé enfuite comme dans l'expérience précédente, & la tranfpiration a été plus forte dans le tube expofé à la lumière , que dans l’autre. Ce qu'il y avoit de fingulier, c’eft que la tranfpiration paroifloit actuellemenc Ph + RS | SUR L'HIST.. NATURELLE ET LES: ARTS, 120$ actuellement plus grande dans le tube entouré d’un carton, qu’elle n'avoir été pendant les huit heures que ce même tube avoit été placé dans un lieu obfcur : je conjecture que cela provient de ce que la ‘vapeur que la tranfpiration de la plante avoit fournie alors, & qui enduifoit d’une couche mince les parois intérieures du tube , s’eft condenfée par le froid , & a fait que la tranfpiration aétuelle à paru plus confidérable ; mais il faudroit beaucoup d'expériences pour conclure quelque chofe de certain fur ce fujer. J'ajouterai encore qu’il m'a paru que des plantes expofées à la lu- mière d’une chandelle, ont plus tranfpiré qu’elles n’ont fait dans un endroit obfcur 3 mais comme je nai fait là-deffus qu'une feule expérience, fur un feul individu du Vakeriana phu , j'aime mieux n’en rien conclure. XIX, Sur le développement des boutons dans l’obfeurite. On a vu ci-deffus (Exp. LXXIV) qu’un bouton de Duphnis ne s’'eft point étiolé dans l’obfcurité; cependant M. Bonne (1) a vu le . contraire dans un bouton de vigne; c’eft ce qui m'a engagé à faire quelques expériences fur ce fujer. Exrérisnce LXXXI. J'ai pris une branche de Tilleul portane :des boutons , qui commençoient à s'ouvrir; je l’ai mife dans un vafe rempli d’eau, que j'ai placé dans l’obfcurité le 17 d’Avril ; le bouton ne s’eft pas ouvert, & la branche a péri peu-à-peu. ExrériEeNce LXXXII. J'ai entouré d’un tuyau de papier,un rameau de fureau , portant des boutons qui s’ouvroient, & com- mençoient à produire des boutons : au bout de trois femaines, lorf- que les boutons d’autres branches du même arbre éroient déja dé- veloppés en grandes feuilles, j'ai ouvert le tuyau, & j'ai trouvé que le bouton que j'y avois enfermé , avoit fait des progrès égale- ment grands ; la couleur verte étoit feulement un peu plus pâle ; mais il n’y avoit pas d'étiolement ; je m’apperçus bientôt que ce papier éroit trop mince, & qu'il étoit un peu tranfparent ; auflife ne rapporte cette expérience que pour faire voir qu'une très-perire quantité de lumière fuffit pour opérer le développement. Expérience LXXIII. J'ai enveloppé d’un tube de carton une branche de tilleul : j'ai trouvé au bout d’une femaine , que le dé- veloppement étoit fort retardé, qu'il n'y avoit que des feuilles jau- nâtres à demi développées : je remis le tube , & au bout de dix oo RE 1) Recherches fur les Feuilles, page 2134 Tome VII, Part, I. 1776. D d 206 ‘OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, jours, j'ai trouvé que les boutons n'étoient pas plus développés qu'au commencement ; les folioles éroient plus jaunes qu'au premier examen , & dans un érat mal-fain. Exrérience LXXXIV. J'ai répété la mème expérience fur des branches d’Acer & de Peuplier, & avec le même fuccès. En comparant ces expériences entrelles, w’eft-il pas probable que la différence qu'il y a entre la 81e, la 83e, la 84e , & l'expé- rience de M. Bonnet, provient que dans celle-ci, le bout fupérieur des tuyaux étoit ouvert ? XX. De ’Abforption dans Pobfeurité. Exrérisnce LXXXV. J'ai pris une branche de grande Cigué, que j'ai mife dans une quantité d’eau déterminée : j'ai couvert le vafe de façon qu'il ne pouvoit fe faire aucune évaporation ; j'ai mis un vafe dans l’obfcurité : j'ai expofé l’autre à la lumière ; les boutons à feuilles n’étoient pas encore ouverts,; en huit jours, je n'ai pu m'ap- percevoir d’aucune différence. ExrérieNce LXXXVI. J'ai pris quatre branches d’Ællébore verd , qui portoient des fleurs & des feuilles ; je les ai mifes dans autant de vafes remplis d’eau , dont j'en ai placé deux dans l’obfi curité , en les entourant d’un tuyau de carton; en huit jours, je n'ai trouvé aucune différence ; l’eau étoit diminuée de 9 drachmes: fi on en Ôte + pour l'évaporation , que je connoïflois au moyen d’un vafe placé à côté du prémier ; il refte $ onces pour l'abforption totale. Exrérience LXXXVIL. J'ai expofé à une plus grande cha- leur, deux pareilles branches, dont l’une étoit entourée d’un tube; j'y ai joint un autre vale pour connoître l’évaporation ; j'ai trouvé que l’abforption étoit petite, & qu'elle n’étoit pas différente pour les deux cas. . Exrérience LXXXVIII. J'ai traité de la même façon deux branches de fureau, qui portoient des boutons , dont il fortoit déja des feuilles; le fixième jour , la quantité d’eau abforbée n’étoit pas différente ; au bout de quinze jours , elle me parut un peu moin- dre dans l'obfcurité; mais la différence étroit très-perite. Expérience LXXXIX. J'ai mis quelques branches d'Orobus vernus dans quatorze ofices d’eau ; j'en plaçai d’autres dans l’obfcu- rité ; mais à température égale, Le quinzième jour, l'abforption étoit d’une once à la lumière, & un peu moindre dans l’obfcurité : l’eau qui contenoit les bran- ches expofées à la lumière, ésoic claire; pure; l'autre étoit louche, SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 107 puante ; les extrémités des branches qui y plongeoient , fe pour- rifloient. Exrérience XC. J'ai enfin répété ces expériences fur de jeunes plantes herbacées à grandes feuilles; jai pris deux individus de Friillaria , de l’efpèce nommée Corona Imperialis ; j'ai mis la plus grande dans l’obfcurité, & l’autre dans un endroit éclairé , mais où le foleil ne donnoit pas; elles plongeoïent chacune dans dix-fepr onces & demie d’eau. Je les ai examinées le quinzième jour ; la plante placée dans l'obfcurité, n’avoit abforbé qu'une once & demie; l’autre en avoit abforbé un peu plus de trois, différence confidérable ; mais pourquoi n'y en at'il gueres eu dans les expériences précédentes ? Au refte, ces deux individus étoient en bon étar. DurEnS C2 Ris FPT TON Du grand Palmier de l’Ifle Praflin ; ou Cocotier de mer. LÉ des ifles Sechelles , celle que M. de la Bourdonnais décou- vriten1743, qu'il appella /fle des Palmes , & quia été nommée depuis Ifle Praflin ; Ifle des Palmiers , eft le feul pays dans le monde connu jufqu'à préfent , où l’on trouve le palmier qui donne ce fruit, fi re- nommé par fa forme bifarre, par fon poids, fa groffeur , &c. qu’on appelle Coco de mer, Coco des Maldives, ou Coco de Salomon : fon origine, mème dans les Indes, a été long-tems inconnue ; Linfcor, Garzias , Acofta & Cluñus ou de Léclufe , font les premiers Bo- taniftes qui ayent fait connoître ce fruit en Europe , fous le nom de Nux medica, & du tems de Gafpard Bauhin, on ne doutoit plus que ce ne füt le fruit d’un palmier, puifque cet Auteur le défigne dans fon Pinax , p. $o9 , fous le nom de Palma coccifera , figurä ovali ; mais on n'avoit pas d'idée jufte de ce palmier : cet arbre s'élevant en plufeurs endroits de l'Ifle Praflin, fur le rivage de la mer, la plus grande partie de ces fruits tombe fur les eaux ; ils fe foutiennent à leur furface ; le vent les poule, & les courans, dont la direction eft dans ces parages à l’eft-nord-eft, les portent jufqu’au rivage des Maldives , la feule partie du monde où on les trouvoit avant la découverte de l’Ifle Praflin, ce qui fit donner à ce fruit le nom de Coco des Maldives. Avant qu'on connüt l'arbre qui les produit, on D'de 209 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avoit imaginé que c’étoit le fruit d’une plante marine, qui fe déta- choit lors de fa maturité, & qui furnageoit enfuite au - deflus des flots:on prèta à ce fruic extraordinaire , les plus grandes propriétés ; on crut la coque propre à réfifter à l’action des poifons , & on at- tribua à fon amande , toutes les vertus de la thériaque. Les grands Seigneurs de l'Indoftan achètent encore ce fruit à très-hauc prix ; ils en font faire des tafles, qu’ils enrichiffent d’or & de diamans , & dans lefquelles ils boivent toujours , perfuadés que le poifon, qu'ils craignent beaucoup, ne fauroit leur nuire, quand il a été verfé & purifié dans ces coupes falutaires : le Souverain des Maldives met à profit cette erreur générale ; à l'exemple de fes prédéceffeurs , il fe conferve la propriété exclufive de ce fruit; il n'appartient qu’à lui; il le vend à très-haut prix , ou l’envoie aux Souverains d’Afie , comme le plus précieux don qu'il puifle leur faire. L'arbre qui le porte, obfervé attentivement , a été reconnu pour une efpèce de Latanier ou de Lontard des Indes : il s'élève jufqu’à quarante-deux pieds de haut ; fa tère fe couronne de dix ou douze feuilles en éventail de vingt-deux pieds de haut fur douze de large, portées fur des pédicules longs de fix ou fept pieds; elles font échau- crées aflez profondément , & chaque lobe eft fubdivifé en deux por- tions par le haut : leur confiftance eft ferme & coriace , ce qui les rend préférables aux feuilles du cocotier ordinaire , pour faire des couvertures de maifons à la façon Indienne. De l’aiffelle des feuilles, s'élève un pannicule confidérable & très- ramifié , de fix pieds de longueur ; fa bafe eft charnue »épaiffe ; fes rameaux font terminés par des amas de fleurs femelles , qui paroif- fent avoir routes un calice compofé de plufieurs pièces, à $, 6 & quelquefois + divifions ; leur piftile en müriffant , devient un fruit fphérique , d’un pied & demi de diamètre , dont l'enveloppe eft très-épaifle & fibreufe , comme celle du coco ordinaire ; elle ren- ferme trois coques , dont une avorte ordinairement; ces coques font très-grofles, prefque fphériques , comprimées fur un de leur côté, & divifées jufque dans le milieu de leur longueur , en deux por- tions , ce qui leur donne une figure très- bifarre ; leur intérieur fe remplit d’abord d’une eau blanche d’un goût amer & défagréable ; à mefure que le fruit mürit, cette eau fe change, comme dans les cocos ordinaires, en fubftance folide , blanche , huileufe , qui s’ar- tache aux parois intérieures du fruit; ces fruits ont chacun à leur bafe , leur calice, qui ne les quitte point , même après leur parfaite maturité; on a tranfporté à l’fle de France, des plans & des noix de cet arbre, qui ont très-bien réufl. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 109 PLANCHE PREMIÈRE. A, le Cocotier de mer avec fon fruit. B, Coco de mer forti de fon enveloppe. C, coupe longitudinale du Coco de mer. DEP SIGN RAP ET ON Du Rima ou Fruit à Pain. IL y a peu d’endroits fur la tetre où la nature foit plus belle , plus variée, & en mème-rems plus féconde, qu’aux Ifles Philippines, & principalement dans celle qu’on appelle Ifle de Luçon. Elle y a donné aux animaux, fur-tout aux oifeaux & aux poiflons , des formes qui font inconnues ailleurs, & les a parés des plus brillantes couleurs = elle y a placé les plantes dont les fleurs ont le plus d'éclat, & les fruits , le goût le plus délicieux ; cette nature fi belle, y a été érouf- fée, foit par la barbarie des hommes qui habitent, foit par l'in- différence fur tous ces objets, de ceux qui les tiennent fous le joug : Parmi ces plantes à fruits excellens , on compte la Jaquer, le Rima ou fruir à pain, le Cacao, la Sapoaille , le Mangouftan, le petit Citron doux, &c. D’après M. Sonnerat , nous allons donner la def- criprion du Rima. Le Rima, plus connu fous le nom de fruit à pain, eft un arbre très-élevé , d’une belle forme , & qui fe ramifie beaucoup : fes feuilles naiffent aux extrémités des branches ; elles font alternes , très-grandes, longues de deux pieds, fur un & demi de largeur , & fituées aflez PA Aéméne fur les bords latéraux : cet arbre porte des fleurs mâles & des fleurs femelles fur le mème pied ; les Aeurs mâles font com- : à re me À ; pofées d’un nombre infiri d’étamines, difpofées en chatons, & por- tées fur un corps fpongieux aflez allongé ; le piftile que la eur femelle renferme , devient un fruit très-gros & fphérique , d’un pied de diamètre , dont la peau raboteufe & inégale, paroît compofée d’écailles régulières, à cinq, fix ou huit pans; ce fruit renferme une grande quantité d'amandes affez groffes , attachées à un placenta charnu & très-confidérable, qui occupe le centre ; les amandes re- couvertes chacune par plufieurs membranes, font farineufes , comme la châtaigne ; on coupe ce fruit par tranches, & après l'avoir fait 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fécher, on le mange comme du pain ; il en a un peu le goùt, & fe conferve étant féché, plus de.deux ans, fans s’alrérer. L'Amiral Anfon , dans fon voyage autour du monde, au dé- pourvu de vivres ; trouva heureufement ce fruit dans une Ifle dé- ferte ; il en ramafla une grande quantité , & il affure qu'il lui fuc d’une très-grande reffource. M. Sonnerat a apporté quelques plans de cet arbre à l'Ifle de France, & il efpere que , par les foins qu'a pris M.Poivre, Intendant de cette lle, pour les accoutumer à un climat moins chaud que celui où ils croiffent , qu’ils réufhront (1), Prancue Il. A, branche du Rima. B, coupe tranfverfale du Fruit à pain. —————— (1) Nous aurions défiré que M. Sonnerat , dans fon voyage intéreffant, eùt eu le tems d'entrer dans quelques détails de comparaifon fur toutes ces plantes, & de vérifier, par exemple, fi le Rima ou Fruit à pain , eft le même arbre que le Caffanea malabarica , ou l Angelina de l'Hort. malab. & le Soccus lanojus de L'Herbar. amboënenf. ce qui paroït très-vraifemblable, Emme emmmmmmmeme mme NO ei TU Cure Sur la purification de l'Athmofphère, par les Végétaux ; Par M CHANGEUX. Druis les belles Experiences de M. Prieftley ; on ne peut douter de la propriété abforbante des plantes : les végétaux répandus fut la farface de la terre, corrigent l'air , & purifient l'achmofphère, en vertu de cette propriété, Mais ne feroit-ce pas érendre trop loin le fyftème de l’abforption, que d'attribuer toutes les qualités falutaires des plantes à certe feule caufe ? les plantes odorantes & les plantes inodores elles - mêmes , ‘ont leurs efprits recteurs, leur ame & leur émanation particulière, qui fe mêlant aux vapeurs dangereufes que la chaleur fait fortir de la terre, les corrigent en fe combinant avec elles. CE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. a1r On ne peut difconvenir , d’après l'expérience fuivante faite en grand , que les plantes agiflent de deux manières fur les vapeurs contenues dans l'air , c’eft-à-dire , que les unes corrigent ces va- peurs par leurs émanations , & que les autres les détruifent par abforption. Les plantes inodores agiffent plus par abforption que par combi- naifon, ou par leurs émanations ; celles-ci ont une aétion deftruc- tive , parce qu'elles privent & déchargent l’air des vapeurs:: en fe les aflimilant , elles le rendent plus léger, plus fimple & plus homogène. Les plantes odorantes agiffent plus par combinaifon que par ab- forption; ce font les émanations qui s’en exhalent continuellement, qui fe mêlant à l'air, lui ôrent fes mauvaifes qualités ; alors il de- vient plus lourd & plus épais ; enfin , il eft des plantes dont les principes font oppofés aux vices de l’athmofphère, & qu’elles doi- vent corriger principalement par combinaïfon, c’eft-à-dire , à l’aide de leurs émanations : les plantes acides , par exemple , détruifenc l'alkaliciré & la putridité de l’air; elles donnent dans ce cas plus qu’elles ne reçoivent. BA PARU TUE NNIC EE Pour fe convaincre de la certitude de ces principes, on peut ré- péter l'expérience fuivante , qu’un féjour à la campagne m'a donné l'avantage de tenter ; elle eft facile, & paroït démonftrative. Dans une grande cuve, contenant du moût de vin en fermenta- tion , expofez fucceflivement dans un panier à claire voie, d’une capacité proportionnée à celle de la cuve, des plantes de la nature de celles dont nous venons de parler , plufieurs efpèces de ces plantes diminueront l'énergie du gaz ou de la vapeur du moùût, plufieurs autres , en détruiront la quantité. 1°. Les plantes inodores affoiblironc l'effet du gaz & fa quantité; mais fon odeur & fes autres qualités, ne changeront prefque pas de nature; d'où vous conclurez que l’abforption eft plus forte dans ce cas, que la combinaifon, car le propre de toute combinaifon , eft de donner naïffance à des fubftances moyennes qui prennent des caraétères particuliers. 2°. Les plantes odorantes dénatureront & changeront plus ou moins le gaz, & les exhalaifons feront très-confidérables ; la com- binaifon l’emportera dans ce fecond cas , fur l’abforption. Si l'on pèfe les plantes qui auront fervi à l'expérience , elles ne paroïîtront pas avoir fenfiblement augmenté de poids ; les plantes inodores ne différeront pas en ce point, des plantes odorantes : j'ai a12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, été furpris de voir que les vapeurs dont elles avoient été imbues, ne leur ajoutoient rien, ou prefque rien , quoique l’abforption que M. Prieftley atribue aux plantes en général , foit prodigieufe (1). 2 (1) Avant d'indiquer les moyens de purifier l'air, comme font la plupart des Phyfciens, ou d'expliquer le phénomène par lequel cette purification a lieu, au moyen des plantes en végération ou de tout autre corps, ne conviendroit-il pas de s'aflurer d'abord de cette infeétion de l’athmofphère, & d'établir en quoi elle confifte? Car, ne feroit-on pas en droit de demander à M. Prieflley , ainfi qu'aux autres Phyficiens, 1°. fi d’une aétion immédiate, de la part d'une plante en végétation fur une vapeur, ou d'une expérience faite dans le vuide ou fous la cloche, on peut conclure pour ce qui fe pañle à l'air libre? 2°. S'il eft pofe fible qu'une mophète, ou vapeur pernicieufe quelconque, puifle communiquer ; pour quelque tems, fa malignité à cer air ainfi en liberté? On pourroit deman- der encore , à quelle diftance cette qualité pernieieufe peut fe communiquer; combien de tems elle agit; quels font les effets bien démontrés qu'elle pro- duit? Toutes ces queftions nous paroiflent dignes d'être agitées & propofées par les Académies; leur éclairciflement nous apprendroit au moins, une fois pour toutes, à quoi nous en tenir au fujer de toures ces vapeurs accufées fi fouvent, fi gratuitement, d’être peftillentielles & malignes , & dont les effets bien conf- ratés , bien connus, n’ont peut-être jamais eu lieu que lorfqu'elles ont été con- centrées ou privées de liberté, & refpirées en cet état. Il nous paroît , en outre, qu'on ne peut conclure autre chofe des expériences de M. Priefiley , faites dans Je vuide, fi ce neft que les plantes en végétation font capables, en effet, d’ab- forber ces vapeurs, ou d'en fournir elles-mêmes qui fe combinent avec elles, &c de contribuer ainfi, dans quelques circonflances, à la falubrité de l'air; opinion fort ancienne en Afie, fur-tout chez les Perfans qui, dans cette vue, font des plantations d'arbres , fur-tout de Platanes, aux environs & au milieu de leurs villes. Mais prétendre que la Nature n'emploie que ce moyen pour purifier l’arh- mofphère, que l'air puifle refter long-tems chargé de ces vapeurs pernicieufes, te la plupart fpécifiquement plus légères qu'un pareil volume de ce fluide; faire dériver d'une pareille fource les principes d'une infinité de maux qui ne font fouvent que contagieux, & qui, par leur extenfion rapide & la quan- cité des individus attaqués, prennent un caractère épidémique; donner des moyens de corriger cet élément, avant d'avoir prouvé fon infe&tion, c'eft pouffer un peu loin le droit de tirer des conféquences ; c'eft appliquer le remède avant d'avoir conftaté l'exiftence du mal. AU NN ANIENENMSUE SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 213 AIN AS D PS D'une Mine de Fer fpathique , connue en Allemagne fous le nom de Mine d’Acier ; Par M. BAYEN, Apothicaire- Major des Camps & Armées du Roi. ANPUESR\TO FI SNS ECM EN T, rer Analyfe auroit dû précéder les quatre Mémoires que » j'ai donnés fur les précipités de mercure, puifqu’en effet, on la » trouve citée deux fois dans le fecond, dont la publication eft » du mois d'Avril 1774.(Woyez Le Journal de Phyfique. ) » Des circonftances , dont le récit feroit fort inutile, m’ont em- » pêché de la faire paroître dans le tems où elle a été faire, c’eft- » à-dire, à l’époque où la queftion de l'air fixe commençoit à oc- » cuper tous les Chymiftes. La première Partie de ce Mémoire, » n'aura donc plus le mérite de la nouveauté; aufñli ai-je eu quel- » que tems le deflein d'en fupprimer tous les détails, qu'on par- » donne toujours lorfqu’il s’agit d'expériences nouvelles, mais qu'on » dédaigne , dès qu'ils font connus. Cependant, l’Académie qui » mavoit permis de lui faire lecture de cette Analyfe, le 25 Juin » 1774, ayant daigné l’accueillir , j'ai cru devoir la préfenter au » Public , telle qu’elle étoit , lorfque j'ai eu l'honneur de la lire » dans une Affemblée de cette favante Compagnie «, PREMIÈRE PARTIE. Contenant Les Expériences faites par La voie sèche. LA mine de fer, dont l'examen chymique fait le fujer de ce Mémoire, eft connue des Naturaliftes fous le nom de minera ferré alba fpathi-formis (1): c’eft un amas de cryftaux en lames minces, (1) » J'avois rapporté d'Allemagne divers échantillons de mines de fer, parmi » lefquels il s'en trouvoit un de mine fpathique , du poids de quatre livres & Tome VII, Part. I. 1776. E'e 514 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, brillantes, douces au toucher, à demi tranfparentes, de couleur grife & de forme romboïdale; on y diftingue des cryftaux de quartz, & quelquefois des perites pyrites jaunes & gorge-de-pigeon : elle n'eft pas très-dure, la pointe d’un couteau peut facilement y im- primer des traits; le briquet n'en peut donc point tirer d'étincelles, à moins que par hazard ou à deffein , le coup ne porte fur un grain de quartz, où fur une pyrite. Certe mine n'eft point du tout at- tirable par l’aimant : fi on en tient long-tems à l'air un morceau, elle jaunit à fa fuperficie & perd fon brillant , ce qui annonce un commencement de décompolition. Lorfqu'on l'expofe au feu , en morceaux d’une certaine groffeur , ou fimplement concaffée, elle dé- crépire fortement & fe fépare en petites parcelles qui font jertées hors du vafe où fe fait l'opération. Il n’eft donc pas poflible, dans le travail en petit, de la calciner, à moins qu'on n'en ait préala- blement détruit l'agrégation cryftalline, en la réduifant en poudre affez fine pour paller au tamis de foie. PREMIÈRE Exrérience. Ayant expofé au feu, dans un petit creufer , 4 gros, ou 288 grains de mine pulvérifée & tamifée, fa couleur ne tarda pas à s’altérer ; elle deviner brune, & en moins de demi-heure, elle étoit tout-à-fait noire; le feu fut pouffé juf- qu'à la faire rougir, & tenu en cet état plus d’une heure & de- mie, fans qu'il s'en foi élevé rien de fenfible à l’odorat ni à la vue ; refroidie & mife fur la balance, elle fe trouva diminuée de 93 grains, c'eft-à- dire, qu'elle avoit perdu le tiers de fon poids moins 3 grains; c'étoit une poudre d'un noir foncé qui paroiffoic avoir augmenté de volume; je lui préfentai alors un barreau d'acier aimanté, auquel elle s’attacha avec autant de virefle & en auf grande quantité, que l'auroit fait la limaille de fer la plus récente & la plus pure. Exré£érience Il. Je crus devoir répéter cette expérience dans les vaifleaux fermés. Je mis , en conféquence, une once de la même mine pulvérifée, dans une petite rerorte de verre lutée, à laquelle jadaptai un balon percé : je lui fis fubir le plus-grand feu , ayant attention d'ouvrir, de tems en tems, le petit trou du récipient , d’où il fortoit: à chaque fois une quantité d'air remarquable; il ne mm, tt 5 demie. M. Etrling, célèbre Négociant de Francfort fur le Mein, & poffeffeur » d'un riche Cabinet d'Hiftoire Naturelle, me l'avoir donné , en me le défignane » fous le nom de mine dont on retire le meilleur acier. C'eft fur cet échantillon > qui étoir très-pur, que j'ai fait toutes les expériences qu'on va lire. J'ai d'au- s tres morceaux de la même mine, où le quarrz & les pyrites font les parties > dominantes «, SUR L'HIST. NATURÉIIE ET LES ARTS. 3255 paffa rien de vifble dans le récipient ; il ne s’attacha rien dans le col de la retorte , fi ce n’eft que dans le cours de l'opération, j'avois apperçu, à 2 pouces au-deflus du bec, une pair rofée qui difparuc bien-tôt. La cornue s’étoit affaiflée, mais fans fe rompre ; la matière qu'elle contenoït , avoit pris une couleur noire foncée; fon poids éroit diminué de 2 gros 42 grains, ne pefant plus que s gros 30 grains, enforte qu’elle avoit perdu, à très-peu de chofe près , le tiers de fon poids; tout s’étoit donc paflé dans les vaiffeaux fermés , comme dans les vaifleaux ouverts. Exrérience III. Je n'avois pas de vaifleau propre à faire des diftillations pneumatiques , & j'érois preffé de fatisfaire ma curiofité. Je mis une once de mine pulvérifée, dans une petite rerorte de verre lutée, à laquelle j'adaptai une veflie de bœuf, mouillée & abfolument vuide d’air : en moins de trois quarts-d’heure de feu vif, la veflie fe gonfla fi fort , que craignant l’explofion , je fupprimai le feu & laiffai rout refroidir; il rentra un peu d’air dans la re- torte, ce qui permit de pincer la veflie immédiatement au-deffous du bec, & d’y faire une forte ligature affujertie par un nœud cou- Jlant. Je dérachai alors celle qui unifloit la veflie à la cornue, & fubftituant à cette dernière un tube de verre, long de 4 pouces, je devins le maître de tranfporter le gas dans un vaifleau plus com- mode. Je choifis une bouteille cylindrique de quatre pintes environ, que je remplis d’eau pure, & l'ayant renverfée & affujettie fur la furface d’une terrine également pleine d’eau, je fis entrer dans fon gouleau le tube de verre qui étoit adapté à la veflie, & dérachant le nœud coulant qui y fxoit le gas, je parvins à faire fortir, par une preflion légère, environ 3 pintes d’eau, dont le gas occupa la place. L'eau ne tarda pas à remonter dans la bouteille, & par de légères fecoulles, l’afcenfion en fut accélérée , jufqu’au moment où il en évoit rentré environ deux pintes ; alors la bouteille fut fer- mée & retirée de la terrine, où fon orifice étoit plongé. En la dé- bouchant , il fe ft un fifflement qui annonçoit que le gas étoit en- core comprimé ; il s’en élevoit une odeur que je ne peux mieux com- parer qu’à celle du phofphore ; je goütai l’eau , & je la trouvai ai- grelette ; j'en mis quelques onces dans une petite bouteille où il y avoit environ un demi-grain de limaille de fer, & en pen de rems, elle eut la propriété de prendre , avec la poudre de noïx-de-valle , une teinture purpurine. ; - La mine , employée dans cette expérience, ayant été retirée de la retorte, n'avoir perdu de fon poids qu’un gros 57 grains , c'eft- à-dire , qu'il s’en Élloit 53 grains qu'elle n’eût donné tout le gas que la première & feconde expérience nous ont appris être contenu dans une once ; j'en achevai la calcination à feu ouvert, & je l'a- Eez 216 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, menai au point de perdre, à-peu-près, le tiers de fon poids. L'expérience que je venois de faire, commençoit à m'inftruire ; mais elle ne rempliffoit pas mes vues. Je difpofai fur-le-champ un de ces appareils chymico-pneumatiques, dont Æu/es palfera toujours our être l'inventeur , quelle que foit la forme que nous puilions EE donner; j'efpérois qu'ayant des inftrumens plus commodes & plus exadts, je ferois en état , non-feulement de recevoir tout le gas que fourniroit une quantité donnée de notre mine, mais encore d'en déterminer le volume, & peut-être mème le poids fpécifique, Exrérience IV. Je choilis une retorte de verre lutée, qui contenoit un volume d’air égal à quatre onces un gros d’eau , je la chargeai d’une once de mine ramifée, j'adaptai à fon bec un conduc- teur ou tube de verre recourbé , dont la capacité contenoit un vo- lume d’air égal à une once deux gros d’eau, je les affujertis l’un à l'autre, avec du luc gras & des bandes de linge enduites de chaux & de blanc d'œuf; lorfqu’elles furent féchées ; je plaçai la retorte dans le fourneau, & en l’y afujettiffant, je lui donnai une fitua- tion propre à s'unir à l’autre partie de l'appareil , qui confiftoit en une terrine pleine d’eau furmontée d’un récipient ou bouteille haute & cylindrique , contenant fepr livres neuf onces d’eau ; l'extrémité recourbée du conduéteur ayant été introduite dans le col du réci- pient , le feu fut allumé, l'air de la cornue fe raréfia, & il en pafla dans le récipient une quantité fuffifante, pour déplacer deux ou trois onces d’eau ; le feu ayant été augmenté , les bulles fe fuc- cédèrent aflez vite , l’eau du récipient fe déprimoit fenfiblement , & lorfque la retorte fut échauffée au point d’être rouge , la dé- preffion fe fit avec une promptitude étonnante, l'eau commençoit à fortir de la terrine, & bienrôt elle forma un filet de la groffeur de celui qu'on voit fortir du bec d’un alambic , lorfqu'une diftillarion fe fait rapidement; ce filer étoit l’image de celui que formoit le gas en fortant du conducteur ; l'opération n'étoit pas finie , & toute l'eau avoit été pouflée hors du récipient , le feu étroit toujours aufli vif, & le fluide ne trouvant plus d’eau à déplacer , fe fr jour à travers celle qui étoit dans la terrine, ce qui dura environ cinq ou fix minutes , après lequel tems , tout étant devenu. tranquille , je jugeai l’opération finie; mais ne voulant pas laiffer refroidir lappa- reil dans l’état où il éroit , de peur que l’eau ne montât dans la re- torte , je foulevai légèrement le fupport & le récipient , fans cepen- dant lui faire quitter la furface de l’eau , & je l'écartai du conduc- teur, d'environ un pouce; je fus alors le maître d’éloigner le fourneau & route la partie de l'appareil qui en dépendoit ; l’eau ne rarda pas à rentrer dans le récipient qui étoit refté en place ; en moins de deux heures , il en étoit remonté plus de quatre onces ; & en douze SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 217 heures environ feize ; le lendemain matin , j'évaluai ce qui s’y trouva de 32 à 34 onces ; je le ferai à cec inftant , & l’ôtant de deffus fon fupport , je remarquai qu’en le débouchant, il fe fit un fiflement allez fort, l’eau qui éroit remontée, avoit abforbé une grande quan- tité de gas ; elle étroit aigrelette , fon odeur étoit forte, & reflem- bloit à celle du phofphore, La mine ayant été retirée de la retorte , & mife fur la balance, fe trouva avoir perdu à trois grains près, le tiers de fon poids ; elle étroit comme dans les opérations précédentes , d’un noir foncé & entièrement attirable par l'aimant ; le volume de fluide élaftique ou gas qui s'eft exhalé de l'once de mine employée dans cette opéra- tion , furpañloit donc celui de 121 onces , ou ce qui eft la même chofe , de fept livres neuf onces d’eau, Mon appareil commençoit à fe perfectionner ; mais il n'étoit pas au point où je le defirois : ma quatrième expérience étroit impar- faite ; je n'avois pu évaluer que, par d-peu-près, l’eau déplacée | & le récipient dont je m'érois fervi, étoit trop petit; il étoit facile de remédier au dernier inconvénient , & poflible de fe garantir du premier, Je me procurai en conféquence , une bouteille cylindrique, plus grande que celle qui m'avoit fervi dans l'expérience précédente, je collai deflus une bande de papier blanc , large de fix à fepr lignes, & aflez longue pour s'étendre depuis la bafe jufqu'au coller , je fis avec une petite bouteille à orifice étroit , une mefure qui conte- noit quatre onces d’eau, après quoi , ayant pofé la bouteille fur une table bien nivelée , jy verfai une mefure, & dès que le mouvement communiqué à l'eau par la chûte, fut pallé , je is fur la bande de papier, une marque à l'endroit où la fuperficie de l’eau éroir fixée ; ce premier degré de l'échelle indiquoit 4 onces d’eau ; j'ajoutai une autre mefure d’eau, ce fur le fecond degré qui en indiquoit 8 onces, & continuant ainfi de 4 onces en 4 onces , je parvins à remplir le récipient dont le dernier degré étoit le 39e, ce qui fait à 4 onces par degré, 156 onces , ou 9 livres + d’eau ; comme je connoiffois la tare de ce vaifleau, je pus vérifier ce poids, & je trouvai qu'à un gros près , il contenoit en effect, 9 livres i , ou 156 onces , ce qui prouvoit que les degrés de l'échelle que je venois de faire, éroient affez juftes. Exr£kience V, Je procédai fur le champ à la cinquième expérience, & comme j'avois obfervé dans les diftillations précédentes , qu'il s’at- tachoit conftamment un peu d’eau fous la Re d’une rofée à la partie fupérieure du col de la retorte, je crus devoir expofer celle dont j'allois me fervir; à un grand feu , & l'y tenir allez long tems © 218 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour en chaffer toute l’humidité qu’on auroit pu y foupçonner ; je tins aufli la mine plus de deux heures, à un degré de chaleur qui, fans l’altérer , pouvoit en enlever l'humidité, dans le cas où elle en auroit pris del’athmofphère, ce que je ne préfumois cependant pas, vu qu’elle étoit gardée dans une bouteille exactement bouchée ; la retorte étroit encore chaude lorfque je la chargeai d’une once de mine ; le volume d’air qu’elle contenoit , égaloit 4 onces 2 gros 17 grains d'eau, & celui du conducteur > une once deux gros ; j'appareillai comme dans la quatrième expérience, & le feu fut allumé. Il étroit 10 heures ? du matin, lorfque l’air des vaiffeaux étant au plus grand degré de raréfaction, le gas commença à pafler & à déprimer l’eau du récipient , alors j'apperçus , comme dans les expé- riences précédentes , une petite rofée ou amas de gouttelettes d'eau dans la partie fupérieure du col de la retorte; l'opération fut con- duite avec célérité , en forte qu'en moins d’une heure , la mine ayant donné tout le gas qu’elle contenoit , l’eau du récipient fe trouvoit fixée au 35e degré de l'échelle, ce qui indiquoit un dépla- cement de 140 onces. Ea cornue, le conducteur , le fourneau furent enlevés avant le refroidiflement , & l’eau remonta bientôt dans le récipient qui étoic refté fur fon fupport; en moins de deux heures, elle avoit atreint le 34e degré, le lendemain le 29e, le troifième jour , elle étroit au 24e, le quatrième, au 19€, le cinquième , au 14€ +, le fixième, au 1265: à cette époque , l’afcenfion n'étoit prefque plus fenfible ; le feptième jour , elle s’étoit à peine exhauffée de + de dégré , le huitième, elle me parut fixée un peu au-deflus du 11€; je fermai alors le récipient de fon bouchon, & l'ayant retiré, je le pofai fur fa bafe , il ne fe fit point ou peu de fiflement en le débouchant ; l'eau qu'il contenoit , n’étoit prefque pas aigrelette , quoiqu'elle eût une forte odeur de phofphore (1). Les 576 grains de mine employés dans cette expérience, étoient réduits à 391 grains , la perte étoir donc de 185 grains, que tout nous porte à regarder comme le véritable poids du gas ; mais 185 grains de gas n'ayant déplacé que 140 onces ou 80,640 graïns d’eau pouvoient m'induire à croire que la pefanteur fpécifique de ce fluide fingulier , n'étoit à l’eau que comme 1 4436 , & conféquemment , (1) » L'eau eft peu aigrelette, parce qu'en abforbant le gas avec lenteur , ce= ælui-ci s'étend non-feulement dans la portion qui s'élève dans le récipient , » mais encore dans celle de la terrine, qui ferr de fupport; enfin, de proche » en proche, le gas finit par fe confondre avec l'air de l’athmofphère «, Lég | L à 2! SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 219 que fon poids étoit à-peu-près le double de celui de l'air de l’ath- mofphère , dont les Phyficiens ont établi le rapport à l’eau , comme 1 à 850. Exré£rience VI. Cette différence entre le poids de l’air & celui du gas, me fit foupçonner qu'une portion de ce dernier avoit pu être abforbée par l’eau du récipient ; pour m’en affurer , je recom- mençai l'expérience , & j’eus la précaution cette fois, de mettre un travers de doigt d'huile d'olive fur l’eau qui devoit être déplacée, j'employai un récipient beaucoup plus grand que le précédent, mais également gradué , tout fur appareillé à l'ordinaire , & après l’opé- ration, la fuperficie de la couche d’huile fe trouva fixée au degré de l'échelle qui indiquoit 192 onces , & l’once de mine employée, avoit perdu 193 grains de fon poids; or, 193 grains de gas ayant déplacé 192 onces , où 110,592 grains d’eau , il s'enfuit que fa pefanteur fe trouvoit déja être en rapport avec l'eau , comme 1 à $73. Ce dernier procédé , en me faifant voir une diminution confidé- rable dans la pefanteur fpécifique que j'attribuois au gas d'après la cinquième expérience, me fit préfumer que je pouvois encore tap- . . d ñ LA » x procher fon poids de celui que les Phyficiens ont tâché d’afligner à l'air de l’athmofphère. Mon appareil avoit un défaut effentiel, qu'il falloit corriger ; le bec recourbé du conduéteur n’entroit dans le col du récipient , que d'environ un pouce, & le gas, en fe dégageant , avoit à traverfer un volume d’eau très-confidérable , je crus que cette eau pouvoit aufli en abforber une portion, & j'en fus convaincu d’après lexpé- rience fuivante. Expérience VII. Je rendis le récipient de mon appareil pneumatique, propre à être rempli par fuccion; je fis faire un con- ducteur de verre, dont la branche recourbée pouvoir s'élever un peu au-deffus du premier degré de l'échelle; je mis une once de mine dans une retorte , & j'appareillai à l'ordinaire : lorfque, par la fuccion , l’eau fut montée & arrètée au deuxième degré environ, j'incroduifis dans le récipient une quantité fuffifante d'huile , en fai- fanc enforte d’en fixer la fuperficie vis-à-vis le deuxième degré de l'échelle qui marquoit 8 onces. Dans cette expérience, l’once de mine employée fournit 189 grains de gas, qui déplacèrent 216 onces , ou 124,416 grains d’eau. Certe quantité d’eau déplacée, bien fupérieure à tout ce que j'avois obtenu ci-devant , me mir en état de conclure , fans prétendre toutefois avoir atteint le véritable point, que la pefanteur fpécifique du gas eft à l’eau comme 1 à 658, c'eft-à-dire, qu'un volume de gas, 220 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui feroit égal à celui d’une once ou 576 grains d’eau , peferoit à-peu-près £ de grain (1). Dès que j'eus fixé , le plus exaétement qu’il m’étoit poflible, le volume du gas que fournifloit une quantité donnée de mine de fer fpathique , je voulus favoir fi ce fluide, que les Anglois ont nommé air fixe , pouvoit être refpiré impunément par les animaux. Pour cet effet, je chargeai une retorre d’une once de mine, j'y adaptai un conduéteur ; je fufpendis fur la fuperficie d’une terrine pleine d’eau , un de ces grands récipients de machine pneumatique, dans lequel j'avois placé une alouette jeune & vigoureufe; je fis monter , pat la fuccion , l’eau dans le récipient, jufqu’à une hauteur convenable , pour laiffer à l’oifeau tout l'air néceffaire à fa refpira- tion; le gas fut introduit , en un inftant, dans cet appareil, & à peine l’eau fut-elle-déprimée d’un demi travers de doigt, que j'ap- perçus l’alouette s'inquiéter : fes afpirations devinrent plus fréquen- tes , elle tomba & fit de foibles efforts pour fe relever ; elle romba de nouveau , & bientôt elle perdit tout motvement, & paroif- foit morte; je la retirai promprement, & l’appliquant contre mon corps , en moins d’une minute , elle revint à la vie. Cette expérience prouve que le gas, qui s'élève de notre mine, eft une moffette fuffocante , qui reffemble aflez par fes effets fur les animaux, à celle de Ia Grotte du Chien en Italie, & à plufeurs au- tres que j'ai eu occañon d’obferver dans le Royaume. Exr£rienNce VIII. Quoique je me fois propofé dans ce Me- moire, d'écarter tout ce qui pouttoit paroître étranger à l’analyfe de la mine, qui fait le fujet de mon travail, je ne peux , cepen- dant, m'empêcher de rendre compte d’une expérience qui peut, ainfi que quelques autres qui ont déja été publiées, commencer à nous donner des idées fur la nature de cet être fingulier , que nous nommons gas, air fixe , fluide élaflique , &c. J'ai cherché à fixer, le gas d’une once de mine dans de l’alkali fixe, & pour cet effet, jai chargé une petite retorte, d’une once de notre mine pulvérifée; j'ai luté à fon bec un tube de verre de 6 à 7 lignes de diamètre , & de 1$ à 16 pouces de longueur. (Mon deffein étoit d'éloigner ; autant qu'il feroit pofñlible , du Cr)» Je crois que le poids fpécifique du gas, feroit encore moindre fi on pou- » voit trouver un intermède qui empéchàt abfolument fon abforprion dans l'eau; » l'huile d'olive dont je me fuis fervi, la retarde, fans doute; mais outre qu’elle » en abforbe clle-même , il me femble qu'elle n'empêche pas l'eau & le gas de » s'unir : j'ai vu plufcurs fois l'eau remonter, en fept ou huit jours, de 15 de- » grés & plus, malgré l'huile qui la recouvroit «, fourneau SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS, 221 fourneau, le récipient dont j’allois me fervir, & cependant de porter dans fon fond le gas qui s’échapperoit de la mine lors de l’opération. ) J'ai verfé environ un gros d'eau diftillée , dans un petit ballon, & en Îe tournant en tous fens, j'ai pu l'humecter légèrement, après quoi j'y ai jeté 30 grains de fel de tartre en poudre, fur la pureré duquel je n’avois aucun doute : ce el abforba l'humidité du ballon ; tomba en deliquium , & fe raflembla dans la partie la plus déclive. Je joignis ce ballon au refte de l'appareil, je fermai exaétement les jointures avec du lut gras, recouvert de bandes de toile trem- pées dans du blanc d'œuf & de la chaux. Dans les premiers inftans où le feu fur allumé, j'ouvrois, de tems en tems, le petit rrou du récipient, pour donner iffue à l'air des vaifleaux; mais me dif pofant à ne plus l'ouvrir aufli-tôt que la chaleur feroit affez forte pour dégager le gas, je le bouchai exaétement avec un peu de luc gras : je pris en même-tems des précautions contre la fraétere & l'explofion des vaiffeaux ; j'enveloppai le ballon dans des linges mouillés, & artachant autour de l'appareil des toiles fortes , je ne laiffai qu’une petire ouverture vis-à-vis la porte du fourneau , pour y mettre le charbon lorfque le befoin le requéroit. Tout étant ainf difpofé , je poulfai le feu aufñi vivement & auli Jong-tems qu'il étoit néceflaire; je m’atrendois, à chaque inftant, à voir fauter mon appareil, & ce n'étoir qu'en tremblant que j'en approchois pour mettre du charbon fous la cornue; enfin, après une heure & demie d’un feu vif, jugeant l'opération finie, je fermaï la porte du cendrier, & laiffai tout refroidir. Je ne pouvois concevoir que 30 grains d’alkali fixe euffent été fuffifans pour abforber rous le gas que je favois être contenu dans une once de mine; je préfumai que mes vaiffeaux avoient pris air par quelque endroit; je foupçonnois fur-tout que le lut gras , qui fermoie le petit trou du récipient, avoit pu ètre foulevé; rien de tout cela n’étoit cependant arrivé , je trouvai les jointures en bon état, & le petit rrou me parut très-bien fermé, Quoiqu'il en foir, le fel de tartre, que l'humidité du récipient avoit réfout en liqueur, ainfi que je l'ai fait remarquer, s’étoit coagulé, & comme il paroifloic contenir un peu de liqueur , je le fis égoutter en renverfant le récipient fur un verre; ce qui en tomba, avuit le goût purement alkalin , & je le regardois comme de l’alkali furabon- dant qui n’avoit fubi aucune altération; mais l'ayant faturé avec un pea d'acide vitriolique , je vis, avec furprife , que le tartre vitriolé qui fe forma, prenoit , ainfi que la liqueur, une couleur bleue: les vaifleaux dont je m’étois fervi, étoient neufs ; l'eau que j'avois mife dans le ballon , avoit été diftillée dans le grès & le verre; je ne pouvois avoir de foupçons fur l'alkali que j'avois employé ; Tome VIT, Part, I. 1776, RUE 225 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, c'étoit du pur fel de tartre ; cependant , je crus devoir faire une contre= expérience. Je fis diffoudre dix ou douze grains de ce fel de tartre, dans 24 ou 25 gouttes de la même eau diftillée; j'en fis la faturation avec un peu du même acide vitriolique; le fel qui fe forma , étoit de la plus grande blancheur, ainfi que la liqueur qui le furnageoir. Ne pouvant attribuer la caufe de cette couleur , ni aux vailleaux, ni aux intermèdes dont je m'étois fervi, je jugeai que, fans doute, la mine fur laquelle je travaillois, contenoit du cuivre , & qu'il n’étoit peut-être pas impoflible qu’une portion de ce métal eût été volatilifée par le gas : mais ayant tenté de rendre la couleur bleue plus foncée, en verfant dans la liqueur quelques outtes d’alkali volatil, j’abandonnai ma conjeéture , parce que cet alkali , bien loin d'augmenter la couleur bleue, la décruifit entiè- remenr. Il étoit donc plus saturel d’en rapporter la caufe au fer, & c'eft en effer à lui qu'eft due cette couleur (1). Quant au fel qui étoit refté attaché à l'endroit du ballon où il s'étoit formé, ne voulant point le déranger, je pris Le parti de cou- per le récipient, ce qui me donna la facilité d'en retirer les cryf- taux qui étoient blancs & affez réguliers ; ils peloient 22 à 23 grains ; la plupart étoient en colonne à quatre faces ; leur gout eft celui de l’alkali très-adouci ; fi on en met un fur un charbon ar- dent, il décrépite , ainfi que plufieurs autres fels ; il perd alors fa tranfparence , & fe change en une poudre blanche ; enfin , ce fel eft entièrement foluble dans les acides; celui de vitriol le diffout- avec effervefcence, & la vapeur qui s’en élève, me paroît ne point différer de celle qu'on obrient en faturant un alkali avec Le mème acide ; l'acide de fel marin, le diffout aufli entièrement avec efferve{- cence : on en peut dire autant de l'acide nitreux & du vinaigre diftillé : je dois mème faire obferver ,. qu'après l'acide matin, c'eft fur-tout dans le vinaigre diftillé qu'on doit faire l’expérience de la diffolution , fi on veut en tirer quelques conféquences ; car fi on jette dans ce dernier acide un cryftal de ce fel, comme l’effervef- cence eft peu rumultueufe , on peut, en fuivant de l'œil la dif- folution , remarquer que le mouvement , excité par l’action du diffolvant , ne finit qu'au moment où le dernier atome de fel eft diffous , ce qui ne permet pas d'attribuer l'effervefcence à l’alkali fixe, dont on pourroit peut-être foupçonner notre fel d'être mouillé , vü: que la liqueur dans laquelle il a cryftallifé , étoit alkaline. Il eft hors de mon fujet de m'étendre davantage fur cette matière, qui eft trop intéreffante pour ne pas mériter un travail. fuivi , mais féparé de cette Analyfe. —_—__———— à (1) Ainfi que je m'en fuis convaincu en le précipitant fous 1a forme de bleu de Pruffe, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 213 SECONDE PARTIE. Contenant les Expériences faites par la voie humide. Lorsqu'on expofe notre mine fpathique à l’aétion des acides minéraux, foit crue, foit calcinée, elle en eft facilement attaquée , & à l'exception des parties de quartz & des pyrites qui y font plus ou moins abondantes , elle s’y diffout entièrement; elle ne réfifte même pas à l'acide végétal. Rapport de la mine avec l'acide virriolique. Si on fait digérer à une chaleur douce , une once de mine crue ; pulvérifée dans une fufhfante quantité d'acide vitriolique , la diffo- lution s'en fait paifblement, & fi, par des précautions indiquées par Part, on eft parvenu au point de faturer l'acide, en diffolvant cour ce qui eft foluble, il ne reftera dans la capfule que quelques grains de quartz, fous la forme d’un fable menu & d'une blancheur pat- faite ; qu’on mette la diffolution au point de donner des cryftaux , on obtiendra environ #4 gros de witriol martial , & quelque peu d’eau-mère. Exr£érience 11. Que l'on fafle calciner une once de la même mine, pour lui faire perdre le gas qui la minéralife , on la réduiraà quelques grains près, aux deux ciers de fon poids, c’eft-à-dire à en- viron $ gros 24 grains (1). Que l’on traite ces $ gros 24 grains de mine calcinée avec de l'acide vitriolique , comme il a été dit dans la première expérience, l'effervefcence fera prefqu’aufli forte que celle qui s’excite avec la limaille de fer & le même acide ; que l’on mette la liqueur au point de cryftallifer , on obriendra autant de vitriol martial, qu’on en auroit obtenu d’une once de mine non calcinée, ce qui prouve démonftrativement , que tandis que le fer de la mine crue fe com- bine avec l'acide, la fubftance volatile , ou le gas, auquel le fer devoit fa forme cryftalline , s’évapore. En faifant cryftallifer différentes diffolutions de notre mine dans sie) (1) En calcinant une once de mine, on perd tantôt plus, tantôt moins ; ce qui refte dans le têt, pèle quelquefois plus de gros 24 grains, & quelquefois moins; cet accident dépend du plus ou du moins de quartz qui s'y rencontre, circonftance qui faic auffi varier le volume de gas qu'on retire de cette même mine. NU UIEÉ.z 3214 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; l'acide vitriolique , j'ai en quelquefois un peu de félénite calcaire ; & quelquefois je n’en aï pas obtenu un atôme ; ce qui me porte à conclure , qu'outre le quartz , cette mine contient aufli quelques petites portions de tétre calcaïre ; j'aurai dans un inftant, une nou- velle occafion de faire ebferver l’exiftence de cette terre dans notre mine fpathique , d’une manière plus marquée. ExPp£rIENCE II. Jai mis une once de mine dans une petite retorte de verre, j'y ai auf introduit, à l’aide d’un tube, 2 onces d'acide vitriolique , j'ai adapté un petit ballon mouillé avec de l’al- kali diffous, le feu fut poulfé affez légèrement, mais fuffifamment pour faire paller un peu de liqueur dans le récipient : l’alkali fixe s'étant coagulé, je retirai le ballon, & à l’aide d’un peu d’eau dif- tillée , j'en retirai le fel, que je fis cryftallifer de nouveau , & que je reconnus pour être du tartre vitriolé. On peut déja juger, d’après cette expérience , que les intermèdes acides doivent être rejettés , fion veut fe procurer un gas pur. ExrériENce IV. Dans la vue de découvrir fi la mine conte noit quelques portions de cuivre, j'ai fait diffoudre dans de l’eau diftillée tout le viril que j’avois obtenu en faifant cryftallifer dif- férentes diffolutions de mine crue & de mine calcinée 3 mais ayant tenu pendant plufeurs jours dans la liqueur, une lame de couteau bien avivée, fans appercevoir la moindre trace de cuivre précipité, je crois être en droit de conclure que notre mine ne contient point de cuivre. Rapport de la mine avec l'acide nitreux. ExPÉRIENCE PRÉMIERE. Ayant mis dans un petit matras, une once de mine crue pulvérifée , j'ai verfé deflus 6 gros d'acide de nitre très-pur ; ik ne fe fit dans les premiers inftans, aucun mouve- ment; mais après quelques minutes, il s'érablit une légère efferve{- cence , qui continua plufieurs jours (1}, Pacide prit en fe faturant, une couleur jaune-foncée ;-je lé décantai , & lui en fubftituai d'autre, l'effervefcence fe rétablit, & dura jufqu'à la diffolution totale qui fe fit fi lentement , qu'elle ne fut complette que vers le douzième jour : comme la mine que j’avois employée étroit fort pure, ïl ne refta dans le matras que 6 grains + de quartz. J'ai fait évaporer certe diffolution jufqu’à ficcité , & je l'ai tenue au feu de calcination , le tems néceflaire pour lui faire perdre tout (rx) L'opération fe faifoit à froid 5 car fi on emploie Le feu, la diffolution fe fair beaucoup plus vire, RS ee Re. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 215 l'acide qu’elle contenoit ; il refta dans la capfule $ gros 12 grains de fafran de Mars d’une couleur rouge tirant fur le at Cette expérience prouve de plus en plus, qu'une once de notre mine la plus pure, contient à-peu-près 5 de fer , & 3 d’une fubftance volatile, qui s’évapore par la diflolution dans un acide, aufli-bien que par la calcination, dans les vaifleaux ouverts ou fermés. Expérience II. Ayant chargé deux petites retortes de verre, chacune d’uñe once dé mine concaflée, dans laquelle on apper- cévoit quelques grains de quartz ; elles ont été placées l’une & l'autre fur un bain de fable, & il a été adapté à chaque bec un ap- pareil chimico-pneumatique , dont l’un avoit un récipient avec une couche d’huile, tandis que l’autre étoit fimplement renipli d’eau. En 24 heures ; l’eau du récipient avec huile, fut déprimée juf- qu'au degré qui indiquoit 6o onces, & dans le même efpace de tems , celle qui étoit dans le récipient fans huile, avoit à peine atteint le degré qui en indique 16 ; cependant tout fe palloit éga- lement dans l’une & l’autre rerorte ; l’efervefcence étoit la même, & le procédé fe faifoit à froid ; le degré de température étoit auf le même : le quatrième jour , j'échauffai légèrement le bain de fable; la dépreflion fuivir la même marche dans l’un & l’autre appareil ; dans l’un, elle étoit peu marquée, dans autre , elle étroit très- fenfble , en forte que le feprième jour depuis le commencement de l'opération, la fuperficie de l’eau du récipient avec l'huile, étoic visà-vis Le degré qui indique 116 onces, & celle du récipient fans huile, un peu au-deflous du degré qui en indique 21. À cette époque, l’effervefcence me parut abfolument finie , & j'en fus convaincu, en voyant l’eau remonter dans les récipients , fort lentemenc à la vérité, mais fuffifamment pour annoncer qu'il ne fe dégageoit plus rien. Je défis les appareils; le récipient avec l’huile exhaloit une forte odeur d’acide nitreux ; celui où il n’y avoit point d'huile , non-feu- lement répandoit la même odeur ; mais l’eau dont il éroit encore prefque plein, avoit un goût très- acide, qui lui avoit été commu- niqué par l’efprit de nitre , qui s’érant élevé avec le gas , s'éroit, aufi-bien que ce dernier, abforbé dans l’eau , à mefure qu'ils fe dégageoient l’un & l’autre : il refta après la diffolution de deux onces de mine employées , 25 grains de quartz de l’une , & 19 grains + de l’autre (1). On voit par cette double expérience, combien il eft néceffaire (1) Comme dans cette expérience la mine n'éroit pas en poudre, ce quartz doit en morceaux aflez gros pour fouffrir le coup d'un briques, 1:6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; d’interpofer un travers de doigt d'huile entre l’eau & le gas, quand on veut mefurer le volume de ce dernier; maïs ce qui mérite prin- cipalement d’être remarqué , c'eft, fans contredit , cette portion d'a- cide nitreux, qui s’élevant avec le gas, & fe mêlant à l'eau , ne peut que jetter dans l'erreur ceux des Chymiftes qui , dans leurs recher- ches fur la nature de ce fluide, employeroient des intermèdes acides pour le dégager. Exrérience III. Si notre mine fe diffout dans l’acide nitreux avant la calcination , elle le fait encore plus facilement & avec plus d'effervefcence , lorfqu’elle a fubi cetre opération : j'en ai fait dif- foudre $ gros 24 grains, qui étoient le produit d’une once de mine crue, & ayant retiré par la diftillation tout l'acide nitreux, je lavai avec de l’eau diftillée , le fafran de Mars qui étoit refté dans la cornue, l’eau me parut avoir diffous quelque chofe de falin; elle fur filtrée, & l’alkali fixe en précipita 22 grains d’une terre blan- che, que des expériences décifives me firent reconnoître pour être de nature calcaire. Si nous ajoutons cette nouvelle preuve à celle que nous a déja donné la félénire retirée de la même mine par le procédé avec l'acide vitriolique , nous reconnoîtrons dans cette mine , des portions de rerre calcaire qui , ainfi que le quartz, y font éparfes & ifolées. Son rapport avec l'acide de fil marin. L'acide de fel marin diffout également la mine de fer fpathique, foit devant, foit après fa calcination , & cet agent eft , aufli- bien que les autres acides , un excellent intermède pour féparer les por- tions de quartz d'avec celles qui font purement métalliques; mais comme jl m'a éré d’un très- grand fecours dans cette analyfe , & que c’eft lui qui m'a fair foupçonner que le zinc pourroit bien exifter dans la mine, je dois dire un mot fur la manière dont il en fait Ja diffolution. Ayant mis dans un petit matras demi-once de mine crue pulvé- rifée , & une quantité proportionnée de très-bon acide de fel ma- rin , il fe ft fur le champ une vive effervefcence : lorfqu’elle fur rallentie , on appercevoit fur la partie de la mine qui n'étoit pas en- core difloute, quelques corpufcules noirs qui en faliffoient la blan- cheur : je n’avois rien obfervé de femblable dans les diflolutions par les acides de vitriol & de nitre ; je me rappellai fur le champ l’effer de l'acide de fel marin fur le zinc : (on fair que dans la ae de ce demi-métal par cet acide, il s’en fépare des petits flocons noirs); je crus que ceux que je venois d’obferver, dénotoient que le fex étoir dans la mine, uni à une portion de zinc , & je me dé- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 217 terminai aufli-rôt à m'en convaincre par quelqu’expérience qui ne laiffât aucun doute. Procédé par lequel il eff démontré que la mine contient du zinc (1) Qu'on mette dans un petit matras une once de notre mine cal- cinée, qu’on y ajoute 40 grains de vitriol mattial (2) , qu’on verfe fur le tout 6 onces d’eau diftillée , & qu'on laifle digérer à froid , pen- dant 10 ou 12 jours, avec la précaution d’agiter le matras routes les fois que l’occafion s'en préfente ; qu’on filtre la liqueur, & qu'on la fafle évaporer à une chaleur douce; quand elle fera ré duite à $ ou 6 gros au plus, on la rerirera du bain de fable , & on l’abandonnera à l’évaporation fpontanée, au moyen de laquelle on obtiendra une belle cryftallifation de vitriol blanc, dont le poids fera de 25 à 26 grains. Cette expérience , que j'ai répétée fur différens échantillons de mine , & toujours avec un pareil fuccès , démontre jufqu'à l’évi- dence, que dans notre mine, le fer eft uni à une petite portion du zinc. Expériences qui prouvent que le fer ef? dans la mune fpathique fous fa forme métallique, Je -pourrois rapporter un grand nombre d'expériences qui prou- vent que Je fer eft dans notre mine fous fa forme vraiment méral- lique , qu'il y eft enfin avec tout fon phlogiftique ; mais je me contenterai d'en citer quatre, qui me paroïlent ne rien laiffer à dé- firer fur ce fujet. 1°. La mine calcinée eft totalement attirable par l’aimant.- D (1) Ce Procédé; qui peut être de [a plus grande utilité dans certaines occa- fions , eft fondé fur une loi des affinités, qui étoit déja connue des Chymiftes ën fiècle paffé : mais, fi je ne me trompe, on n'y a pas trop fait d'attention parmi nous ; les Allemands, au contraire, n'ont pas manqué de le célébrer dans leurs Ecrits; Port , entr'autres, en fait mention dans fa Diflertation fur le Zinc, en ces termes : Jam Glauberus & Beccherus adverterunt , quod Zincum ex vitriolo Pracipitet inhabitans metallum & femet ipfum acido vitriolico affocier ,. canquar corpus iffis folubilius, & cum: eo vicriolum Zincinum efformer. (2) » 11 faut, dans cette expérience, employer du vitriol martial crès-pur ; # celui du commerce contient communément de la couperofe blanche, ce qu # doit le faire rejetter ; auffi me fuis-je fervi de celui que m'avoit donné la mix » fpachique en la vitriolifanc. «, i28 OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, 2°. Elle fe diffout entièrement avec facilité, & avec une effer= vefcence très-vive dans l’acide nitreux. 3°. Je m'en fuis fervi avec fuccès, pour revivifier le mercure du cinnabre. 4%. Ayant expofé dans les vaiffeaux fermés , un mêlange de minium & de mine, le plomb s’eft réduit comme il auroir faitavec de la limaille de fer. En démontrant que le fer eft dans la mine calcinée fous fa forme vraiment métallique , je crois avoir levé rous les doutes qu’on pou- voit avoir fur l’état où il fe trouve dans la mine crue. COUNCIL NUS HUMAN Ïl réfulte des expériences dont je viens de rendre compte : 1°. Que la mine fpathique qui en fait le fujet , confidérée dans fon état de pureté, eft une combinaifon de fer & de gas, être fin- gulier ; qui donne au fer la propriété de prendre en cryftallifant , la forme que nous lui voyons dans cette mine. 2°. Que dans cette combinaifon, le gas eft au fer à-peu-près comme 1 eft à 3, ï | 3°. Que ce fer eft uni à une petite potion de zinc. 4°. Que cette mine confidérée en mafle, fe trouve dans quelques endroits mêlangée de quartz & de fpath calcaire (1). 6°, Enfin, » fi j'ai démontré qu'il eft poffible de faire une ana- » lyfe complette d'une mine, fans avoir recours aux moyens ufirés p dans l'ait des Effays, j'ai rempli le bur que je m'érois propofé «, > (1) >» On pourroit aufñ faire entrer pour quelque chofe dans la compoñtion » de cett: mine, la petite portion d'eau qu'elle a conftamment donnée lorfqu'elle » a été expofée au feu dans les vaifleaux fermés; ce n'eft qu'un atôme; mais #» enfin, cet atôme s'y trouve, & on ne peut pas douter qu'il ne foit néceffaire » à l'unicn des parties; au refte, ce que j'appelle gas, n'étant que l'air fixe des » Chymiftes Anglois, doit préfenter, à l'idée du Leéteur, un être qui admet ynê el > certaine quantité d'eau dans fa mixtion, nie SUR L'HIST. NATURELLE ET LES AR1S. 229 D LE 190 C2 AP LT E ON IN Du grand PROMEROPS de la nouvelle Guinée , tirée de l'Ouvrage de M. SONNERAT. 4, n'exifte peut-être, pas d'oifeau plus extraordinaire & plus éloigné de l’idée qu'on fe forme de la manière dont la Nature a travaillé en ce genre, que le grand Promerops de la nouvelle Guinée, Il a quatre pieds de long , depuis l'extrémité du bec jufqu'à celle de Ja queue. Son corps eft mince, effilé, & quoique d’une forme al- Jlongée, il paroît court & exceflivement petit, en comparaifon de la queue. Pour le rendre plus fingulier , le Nature a placé deflus & deffous fes aîles, des plumes d'une forme extraordinaire , & telle qu'on n’en voit point aux autres oifeaux. Elle femble encore s'être plü à peindre de fes couleurs les plus brillantes, cet ètre déja fi fingulier. La tête, le cou & le ventre, font d'un vert brillanc; les plumes qui les recouvrent , ont l'éclat & le moëlleux du velours , à l'œil & au roucher. Le dos eft d’un violet changeant ; les aîles ont la même couleur & paroiffent , fuivant les différens afpe@s , bleues, violetres, ou d'un noir foncé, fans ceffer jamais d’imiter le velours. La queue eft compofée de douze plumes, dont les deux du milieu font les plus longues, & les latérales vont toujours en diminuant. Elle eft d'un violer ou d’un bleu changeant en deflus , noir en deflous. Les plumes qui la compofent, font aufli larges à ISO qu’elles fonc longues, & ont, foir en deflus , foit en deflous, l'éclat d’un métal poli. Au-deffus des aîles, les plumes fca- pulaires fonc très-longues & fingulièrement formées; leurs barbes font courtes d'un côté, & très- longues de l’autre; ces plumes font couleur d’acier poli, changeantes en bleu , terminées par une large tache d’un vert éclatant, en formant une efpèce de touffe ou d’ap- ‘pendice à l’origine des aîles. De deflous les ailes , naiflent des plumes longues, arquées , dirigées en haut : ces plumes font noires du côté intérieur, & d’un vert brillant du côté extérieur. Le bec & les pieds font noirs. Voyez Planche II, Tome VII, Part. I. 1776. G£g 130 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, CONSIDÉRATIONS OPTIQUES. D. @ LEP 1 HAN SRANE 4 us 6 HA rl © Gi 72 Expériences fur La décompofition & les combinaifons des rayons auxquels Les Corps, Joit tranfparens , foit opaques , doivent leurs couleurs. Lee couleurs livrées apparentes, que les objets tiennent de [a lumière, & qu'ils perdent dans les ténèbres, leur font diftribuées & comme prodiguées par-tout où elle fe manifefte, préfent auf utile qu’il eft brillant; diverffiées , elles nous aident infiniment à en diftinguer la forme & la poftion, & à ne pas les confondre les uns avec les autres, lors même que notre vue en embralfe une multitude rout-à-la- fois. Les rayons hétérogènes, que le prifme développe , & les combi- naifons donc ils font fufcepribles , fuffifent, fans doute, pour PrC= duire des teintes & des nuances qui feront variées à l'infini, Les combinaifons les plus fimples , par exemple, des gerbes de deux efpèces de rayons feulement, & fur-tout des gerbes, où il n’en en- treroit que d’une feule efpèce, doivent être les plus propres à pro- curer la teinte des couleurs primitives. Cependant, ces couleurs primitives , ou du moins leurs nuances, font le plus communément dues à des combinaifons de toutes, ou de prefque toutes les ef- pèces de rayons différemment réfrangibles. Le prifme nous l’apprend, J'ai cru qu'il pourroit être utile de raffembler , dans ce Mémoire, les réfalrats de diverfes obfervations, fur lefquels on peur fe faire quelque idée des combinaifons particulières qui font le plus géné- ralement affectées pour plufieurs des couleurs principales, 2. Il a déja été rapporté dans le premier Mémoire, n°. 35 , qu’une gerbe de rayons, qui produit une image d’une couleur uniforme fur un carton, tenu à quelque diftance que ce foit, peut donner , fi on lui fait traverfer un prifme convenablement difpofé , un fpectre complet, qui annonce qu'il eft poflible que la réunion de tous les rayons hétérogènes dans une proportion qui paroît approcher fort de celle du faifceau , fourniffe des nuances variées de toutes, ou de la plupart des couleurs prifmatiques. 3. Sur une petite planche d’ébène, il a été appliqué féparément & de loin en loin, diverfes plaques de couleurs détrempées dans SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 23% de l'eau un peu gommée ( de l’outremer, des cendres bleues, de la terre verte, de la gomme gutte, du carmin, du cinabre), dont cha- cune y occupoit un efpace d'environ une ligne & demie de largeur. Si dans un endroit, où n’aborde point la lumière venue direétement du foleil, mais fufhfamment éclairé, par exemple , près d'une fe- nètre percée au Nord , on regarde ces plaques de couleurs à travers un prifme , chacune d'elles, quoique uniformement colorée, paroît comme partagée en plus ou moins de bandes de diverfes couleurs. L'outremer acquiert des bandes violettes , bleues , vertes. Le peu de rouge qu’on peut y démêler à l’une des extrémités, eft terne. Les cendres bleues offrent des bandes violettes , bleues , verdä- tres, jaunâtres, avec un filet rougeâtre fort rerréci. La terre verte, des bandes violettes, bleues , vertes, jaunes & rouges. La gomme gutte, des bandes vertes , jaunes & rouges. Le carmin, des bandes violettes, vertes & rouges , avec une teinte équivoque de jaune entre la rouge & la verte. Le cinabre , des bandes vertes & rouges. Dans ces divers fpeétres, où les couleurs font toujours difpoftes felon l’ordre qu’exigent les loix de la réfrangibilité, les bandes cor- refpondantes n’éroient pas également éclarantes; la bande rouge l’étoit le plus dans le fpectre fourni par lecarmin, & de moins en moins dans ceux de la gomme gutte, de la terre verte, des cendres bleues, felon l’ordre dans lequel je viens de les nommer. Dans celui du cinabre , elle avoit moins d'éclat, & en même-rems plus de largeur que dans ceux de la gomme gutte & de la terre verte. Au contraire, la bande violette étoit très - vive dans le fpeétre de l’outremer , & enfuite de moins en moins dans ceux des cendres bleues , de la rerre verte, du carmin : elle ne me parut guères fen- fible dans celui du cinabre, & point du tout dans celui de la gomme utte. La bande jaune, très-diftinéte dans celui-ci, ne l’étoit pas tout- à fait tant dans celui de la verre verte, & un peu moins encore dans celui des cendres bleues, On en déméloit la teinte dans le fpeétre du carmin, mais nullement dans ceux du cinabre & de J'outremer. La bande verte fe manifeftoit dans tous les (peétres , & avec des différences moins marquées, fi ce n’eft feulement que dans ceux du carmin & du cinabre , elle étoit d'un verd plus foncé que dans ceux de l’outremer, des cendres bleues, de la terre verte & de la gomme gutte. A côté de chacune de ces plaques de diverfes couleurs, j'avois placé une petite bande de papier blanc de même largeur , pour comparer l'amplitude des fpeétres de ces plaques ns celui du pa- 9 2 D 13: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pier ; & je remarquai que ceux où il manquoit, en tout ou en par- tie, quelques-unes des bandes colorées des extrémités, en éroient d'autant moins amples que celui du papier blanc, & tronqués par le haut quand c’étoir la bande rouge qui manquoit ou qui éroit rerrécie ; & par-le bas, au contraire, quand c’étoit la bande vio- letté qui manquoit. 4. Il paroîc, par ces réfulrats , que l’outremer , les cendres bleues; la terre verte & le carmin, réfléchiflent fenfiblement des rayons de prefque toutes les couleurs , quoique non dans la mème proportion que le papier blanc; tandis que la gomme gutte & le cinabre ne paroiflent réfléchir ni les bleus, ni les indigos, nt les violers. 5. De ce que dans tous ces fpectres il y avoit du moins quel- ques veftiges de l'intervention des rayons rouges , & que dans quel- ques-uns , rien n'indiquoit celle des bleus & des violers, il eft ap- parent que les rouges font moins facilement exclus des combinaifons auxquelles les objets doivent leurs teintes, que le peuvent ëtre les bleus & les violets; car on ne fauroit, je penfe, lattribuer uni- quement à ce que les impreflions de ces derniers fur lœil , fonc plus foibles , routes chofes égales d’ailleurs, que celles des rayons rouges. 6. À l'égard de ce qui entre des couleurs tranchantes , on n’y diftingue quelquefois point, ou que très-peu & très difficilement , les couleurs qui devroient féparer celles-là , comme par exemple, lorangé entre le rouge & le jaune, ou le jaune entre le rouge & le verd ; on fait que cela a lieu de mème dans le fpeétre ordinaire , lorfqu'étant reçu trop près du prifme, 1l n’eft pas fuffifamment dé- veloppé ; mais cela doit-il être rapporté ici à la même caufe? 7. Il y a enfin à remarquer , par rapport à ces épreuves faites fur des plaques de diverfes couleurs, que les réfultats de celles où l’on a employé l’outremer, les cendres bleues , la terre verte & le carmin , font conformes à ceux de l’expérience faire fur les gerbes de rayons réfléchis par l'appareil des deux verres réunis, & que je viens de rappeller au N°. 2. 8. J'ai foumis aux épreuves précédentes, des pétales de fleurs & des feuilles d’un grand nombre de plantes, dont les couleurs plus ou moins vives , me donnoient lieu d’efpérer de plus amples éclairciffemens. C’étoient de petites bandes d’environ 1 + ligne de largeur , cou- pées dans ces pétales & ces feuilles, & qui ne recevoient qu’une lumière déja réfléchie dans l’athmofphère , & non des rayons venus directement du foleil, que je confidérois à travers le prifme; elles étoient placées fur une ardoife, ou fur la petite planche d’ébène ; le dérail de ces obfervarions feroit trop long , & d’ailleurs fuperflu; je me borne à en rapporter les principaux réfultats relativement aux couleurs & aux degrés de teinte de ces objets. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 133 Les fpettres de toutes les fleurs jaunes & de toutes les feuilles qui avoient jauni , que j'ai confidérées à travers le prifme, ont, maloré la diverfité des nuances plus ou moins foncées > Paru tou- jours uniformes , & n’ont jamais eu que trois bandes, une rouge, une jaune & une verte, toutes à-peu-près également vives. Ceux des fleurs bleues , outre les trois bandes rouge , jaune & verte, en avoient une quatrième tirant tantôt plus , tantôt moins fur le violer; mais dans prefque tous, quelqu'ane au-moins de ces trois premières couleurs étoir foiblement exprimée, La plupart des feuilles m'ont fourni aufli des fpectres à quatre bandes, rouge , jaune, verte & bleue; Ja rouge y elt communémenc très-rerrécie ; celui fourni par le deffus de la feuille du buis , n’a- voit que trois bandes, la bleue y manquoir ; celui de la feuille du pavia en avoit cinq, rouge , jaune, verte, bleue & violette; dans celui de la feuille du laurier franc , on ne diftinguoit que du verd. Les fpeëtres des fleurs rouges font aufli différens, felon que la teinte en eft plus ou moins foncée ; celui de celles dont le rouge eft foncé , eft rouge & verd; celui de la rofe commune eft rouge , jaune , verd , bleu : quoiqu'il en foit de même du fpetre de la Rofe de Provins vue par-deflous, celui qu’on obtient en Ja regar- dant par-deflus, n’a que deux bandes, l’une rouge & l’autre violette, Parmi les fleurs qui tirent fur le violet ou fur le pourpre , les unes procurent des fpectres qui ont une bande d’un rouge brun , & une violette, & d’autres encore en donnent qui ont trois bandes. rouge, verte & violette. 9. Si on compare à-préfent toutes les obfervations précédentes , tant fur les gerbes de rayons réfléchis fur les deux verres réunis (1), ue fur celles qui le font fur les plaques de couleurs »> & fur des Éuilles & des fleurs, on pourra, ce me femble > En inférer: 1°. Qu'il y a du-moins beaucoup de corps dont la teinte, quoi- que nous la jugions uniforme & femblable > Où extrêmement appro- chante de quelqu'une des couleurs prifimatiques, n’eft pas abfolument due aux rayons de cette couleur apparente , mais de plus, à l’in- tervention d’une quantité confidérable de toutes les autres , ou de lufieurs des autres efpèces de rayons hétérogènes raffemblés avec E premiers, & dans une proportion peu différente de celle qui 2 lieu dans le faifceau de lumière , ou pour le blanc (2). RE (x) Premier Mémoire, N°. 35, (2) Nora. Peut-être la teinte des objets eft-elle en partie déterminée par [a manière dont les rayons hétérogènes qu'ils réféchiffent, font entrelacés ou difpolés refpeäi- YCMERt CNE EUXe 134 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 1°. Qu'en général, les objets dont la teinte eft jaune, la doivent à une combinaifon de rayons rouges , jaunes & verds. 3°. Que pour les objets dont la teinte eft rouge, elle dépend prin- cipalement du concouts des rayons rouges & des verds , auxquels il s’en mêle quelquefois une certaine quantité de jaunes & de bleus. 4%. Que pour ceux dont la teinte eft verte, les rayons bleus, les verds & les jaunes y influent le plus, quoiqu'il puiffe aufli y intervenir des rouges, & que les verds puiffent y fufñire. s°. Que pour ceux dont la teinte eft bleue, ce font les rayons violets , les bleus & les verds qui fe combinent par préférence ; les jaunes & les rouges ne s'y joignent peut-être jamais qu’en très- petit nombre. 6°. Enfin que les rayons qui manquent, ou qui ne concourent w’en bien moindre quantité à colorer l’objet, font tantôt les moins réfrangibles, & tantôt les plus réfrangibles , quelquefois encore les moins réfrangibles & les plus réfrangibles tout-à-la-fois , en forte que l'objec tienne fa teinte de ceux dont la réfrangibilité eft moyenne; mais peut-être jamais les rayons de la moyenne réfrangibilité ne fe trouvent réellement exclus par préférence , quand ceux de la moin- dre & de la plus grande réfrangibilité, concourent enfemble à colorer l’objet. : 10. Peut-être , malgré ces indications du prifme , ne penferoit- on pas encore que ce font de telles combinaifons de rayons, mais plutôt des divilions de rayons homogènes, qui viennent peindre dans nos yeux les objets employés dans nos expériences , en préfu- mant qu'avec ces rayons homogènes deftinés à procurer à ces objets leurs couleurs , il doir en ètre réfléchi d’autres des divers points de leurs furfaces , qui ne font pas décompofés {comme en effet il peut en être réflechi de tels, & 1l en fera parlé ci-après), & qui entre- mêlés avec les premiers, qui font décompofés, n’en changent pas la teinte fur l’objet, mais la rendent feulement plus claire, (tout comme il arrive , lorfqu’on fait tomber un trait de lumière homo- gène ou rouge, ou bleu, &c. fur un carton où il forme une image de fa couleur , malgré le concours d’un affez grand nombre de rayons non-décompofés , qui de divers autres endroits fe dirigent à la même place), & que ce font ces rayons non décompofés , réfléchis aufli par ces objets colorés qui, lorfqu’on les confidère avec le prifme , nous les repréfentent comme des fpectres compofés de plufeurs bandes diverfe- ment colorées ; mais pour ne laiffer fubfifter aucun doute à cer égard, & faire évanouir la difficulté , il fuffir de faire attention aux fpectres tronqués & incomplets de plufeurs de nos expériences, qui n’ont que trois bandes de différentes couleurs , ou que deux, ou même qu'une teinte par-tout uniforme ; car des fpectres dus à des rayons . “0 A RER ERS ‘ SUR L'HAIST. NATURELLE ET LES ARTS. 235 non décompofés , qui fe feroient mêlés avec ceux auxquels ces objets doivent leurs couleurs , devroient avoir routes les bandes diverfement colorées du fpeétre ordinaire , avec certe différence tout au plus, que dans chacun de ces fpeétres, la bande de la couleur particulière , is l’on fuppoferoir que des rayons homogènes procurent à l'objet, eroit plus éclatante que les autres. 11. Au refte , on peut de plus conclure de plufieurs de nos obfer- vations, que, conformément à la doétrine de M. Newton, certains objets réfléchiffent certaines efpèces de rayons comme par préférence, c'eft-à-dire, en une quantité qui excéde beaucoup celle des autres efpèces qui en fonc renvoyées : pulveres colorati e& de causé colorati evadunt , qudd lucem fuo ipforum colore copiofits reflé&lunt | eam autem , quæ ef? aliis omnibus coloribus parciäs refletlant. 12 Je palle aux expériences que j'ai faites far les corps tranfpa- rens : les couleurs propres des verres colorés fonc bien mieux rendues par la lumière tranfmife , que par la lumière réfléchie. Des verres minces, comme l’eft le verre à vître commun, bleus , verds, jaunes, rouges , étant placés féparément fur du papier blanc, leur teinte due aux rayons qui étoient réfléchis de leur furface , éroic bien moins éclarante qu’elle l’eft lorfqu’ils font tenus entre l'œil & la lumière : on la rendoit obfcure , en les plaçant far la planche d’ébène, & elle y devenoit plus ou moins noirâtre : il en eft de même fur le papier blanc, fi les verres ont une certaine épaifleur , ou fi plufieurs verres minces y font appliqués les uns fur les autres, & encore fi feulemenc leurs couleurs font allez foncées. Une couche plus ou moins épaiffe de verd d’eau étendue fur la planche d’ébène, paroïît noire. Une lame de verre non coloré, & une couche d’eau pure fur ce fond noir, paroiffent noires aufñli l’une & l’autre. 13. D'après ces réfulrats , il eft à préfumer , 1°. qu'en général , les corps tranfparens font moins difpofés à réfléchir efficacement la lumière , ou du moins féparément les rayons de la couleur analogue à la leur, qu’à les tranfmertre, 2°. Que les rayons de coute efpèce, & même ceux de la couleur propre aux corps tranfparens, y font interceptés par parties de place en place, & par conféquent, en d’autant plus grande quantité , que la traverfée ett\plus longue. 3°. Que les rayons réfléchis fur le fond contre lequel font appliqués ces corps tranfparens, peuvent contribuer à leur procurer leurs couleurs, & y contribuent même beaucoup plus que ceux qui font renvoyés par les parties propres, foir du verre, foit de l'eau, foit des molc- cules colorantes qui y font difféminées, & quelquefois uniquemenr, 14. Un de ces verres colorés quelconque , étant expofé dans la 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chambre obfcure à un trait de lumière , des deux images colorées, produites fur des cartons, l’une par la partie réfléchie du trait de lumière , l’autre par la partie tranfmife au-delà du verre , la feconde étoit toujours celle qui avoir le plus d'éclat. La première étoit principalement produite par des rayons décom- pofés réfléchis fur la couche d'air contiguë à la furface poftérieure du verre; joignant ou prefque conjointement avec cette image colo- rée, on en diftinguoirune autre fimplement lumineufe ou plus vive, due aux rayons réfléchis de deflus les parties propres de la furface antérieure du verre , lefquels ne font point décompofés : l’image co- lorée difparoifoit , lorfqu’on mouilloit la furface poftérieure du verre; l’autre n’en fubfftoit pas moins , & n’en effuyoit aucune altération. 15. La couleur de l’image formée fur le carton par un trait de lumière qui, dans la chambre obfcure, avoit traverfé lequel que ce fût des verres colorés, étoit la même que celle du verre refpe&if ; ces images étant confidérées tour-à-tour avec un prifme, je remar- quai que dans le fpectre procuré par l’image bleue, on diftinguoic du violet, du bleu, du verd , du jaune & du rouge 3 dans celui de l’image verte , du bleu , du verd & du rouge ; dans celui de l’image jaune du verd , du jaune & du rouge; qu’enfin, celui de l’image rouge avoit feulement deux bandes, une verte & une rouge, celle-ci plus ample & plus vive que l’autre. 16. Toutes les efpèces de rayons que le verre coloré a pu laiffer paffer & parvenir au carton, peuvent, lorfqu’ils font réfléchis à la furface poftérieure du verre fur un plan convenablement difpofé , revenir par les mêmes interftices , & fe manifefter en-decà, puifque fi on met fuccellivement fous chacun des verres placés fur la planche d’ébène , un petit morceau de papier blanc, & qu’on le regarde à travers le prifme , le morceau de papier mis fous le verre bleu, paroît violet, bleu & jaune ; mis fous le verre jaune , paroïît verd, jaune & rouge , & fous les verres verds & rouges , paroît partagé de même en bandes de diverfes couleurs , fi ces verres ne font pas trop épais; mais dans le cas, où au-delà du verre la réflexion ne * peut s’exécuter que fur la planche d’ébène , il n’eft renvoyé qu'une fi médiocre quantité de rayons décompofés , que l’impreflion en eft extrémement moins fenfible , car ceux qui font repouffés par les molécules snternes du verre, font la plupart éparpillés en tous fens, & ceux qui le font de deffus les parties propres de fa furface , ne font point décompofés ; nous verrons par ce qui fera difcuté ci- après, qu'il n’y a alors de rayons de la couleur du verre, qui foient réfléchis efficacement , que ceux qui reviennent des pores du verre où ils s’étoient dirigés , & où la lumière fe décompofe. Ainfi ce qu'on doit conclure de ces expériences, c’eft que les corps RS D | s ( DE À À F - n SUR'L'HIST.'NATURBILIE ET LES ARTS. 137 corps tranfparens colorés renvoyent , toutes chofes égales d’ailleurs, moins de rayons décompofés qu'ils n’en tranfmerrent conformément aux réfulrats énoncés au N° 13. On'en doit conclure aufli que, quoique les rayons décompofés ui en reviennent , foient toujours ceux de certaines efpèces par pré- férence, ou à l’exclufion des autres, ils n’en tranfmettent pas moins autant fenfiblement , ces mêmes efpèces. 17. Les incerftices percés felon routes fortes de fens, dans les corps tranfparens , & qui en traverfent toute l’épaiffeur , laiflent pañfer , lors mème qu'ils font colorés, des rayons non décompofés avec ceux dont la couleur eft analogue à la leur ; ces rayons Le ceux qui, s'y étant dirigés perpendiculairement , ne rencontrent dans la tra- verfée aucun obftacle qui les détourne de leur direction. Je rappellerai à ce fujet, une belle obfervation de M. Halley , qui indique que la réflexion ne nuit en rien à cet égard, à la tranfmiflion ; la voici telle que la rapporte M. Newton, au premier livre de l'Oprique , part. 2. prop. 10. Halleius, cm quodam die in- Jolato in mare fe ad ingentem ufque aquarum altitudinem | in vafe ad urinandum comparato , fubmerfiffet , obfervavie fuperiorem partem manus Juæ , cui fol per aquas fuperiores ad altitudinem multarum oreyarum in- cumbentes , perque parvam feneflram vitream in vafe infixam , direélo tum collucebat, colore rofeo fibi vijam effe; aquam autem infra fe, & inferio- rem manus fue partem illufiratam lumine ab aqué inferiori reflexo, virides fe vifas. 18. Cette énorme malle d’eau étant ouverte à toutes les efpèces de rayons hétérogènes qu’elle peut plus ou moins aifément tranfmettre, la partie fupérieure de la main de M. Halley , a pu recevoir fa teinte d’une combinaifon de rayons rouges, jaunes, verds, bleus & violets qu’elle réfléchifloit , laquelle, comme 1l paroît par une des obferva- uons du N° 8, eft propre à procurer une teinte de couleur de rofe. La partie fupérieure de fa main, à laquelle fe portoient direétement des rayons tranfmis de toutes les couleurs , étoit difpofée par elle- mème à réfléchir dans l’eau , à-peu-près comme elle l’eûc hi dans l'air, par préférence ceux qui pouvoient lui procurer une teinte tirant fur le rouge , ou fur la couleur de chair: la partie oppofée de la main , à laquelle il ne parvenoit que des rayons réfléchis fur les couches d’eau inférieures , difpofées par elles-mêmes, comme le font celles de la furface de la mer, à réfléchir par préférence , ceux qui la doivent faire paroître verte , n’a pu avoir qu’une teinte conforme ; ainfi la diverfité des teintes du deflus & du deffous de la main de M. Halley , ne provenoit pas de ce que le milieu für imperméable à quelqu'une des efpèces de rayons hétérogènes , puifque le phéno- mène n'eut pu avoir lieu, s’il ne s’en étoit pas tranfmis de grandes Tome VII, Par. I. 1776. ‘= . 138 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quantités de toutes les efpèces ; mais de ce que fa main pouvoit ré- féchir plus abondamment les rayons les moins réfrangibles que les plus réfrangibles , tandis que ceux-ci à leur tour , font réfléchis plus abondamment que les autres, par l’eau de la mer, d’où ils reve- noient vers la partie inférieure de la main, à laquelle il n’en part- venoit pas d’autres. 19. Dès-lors, quoique les corps tranfparens colorés, foient difpofés tant à tranfmertre , qu'à renvoyer plus de rayons de certaines ef pèces , que de ceux des autres efpèces , on ne fauroit avancer qu'ils ne tranfmetrent que les efpèces de rayons qu’ils ne réfléchiffent pas: l'obfervation contrediroit une pareille affertion , car il arrive prefque toujours que les efpèces de rayons qui font réfléchis par un corps tranfparent plus fenfiblement que les autres, font précifément celles qui sy tranfmettent aufli plus fenfiblement que les autres. Nous avons vu au N°. 15. que les rayons qui décidoient de la teinte des verres colorés , étoient ceux qui décidoient de la teinte des images refpeétives produites par le trait de lumière qui les traverfoit ; j'a- jouterai que fi les fpectres de ces images obrenues avec les verres bleus, verds & jaunes, ont trois ou quatre bandes différemment colorées, ceux qui fourniffent les corps opaques de teintes analo- gues , ont pareillement tout autant de bandes différemment colo- rées , & que fi celui de l’image obrenue avec le verre rouge, n'a que deux bandes, l’une rouge ; l’autre verte , les fpectres des corps opaques rouges , n'ont aufh que deux bandes , qui font de ces deux couleurs. 20. Il ya en mème-tems des corps tranfparens , où , tandis que certaines efpèces de rayons font réfléchies plus abondamment que d’autres , ces dernières y font tranfmifes en plus grande quantité que les premières ; c'eft ce qui a lieu dans les infufions de tournefol & du bois néphrérique. Si on compare ce qui s'opère à cet égard dans ceux-ci, avec ce qui s'opère dans nos verres colorés, on jugera aifément que la ré- flexion & la tranfmiflion y doivent être indépendantes l’une de l’autre, & que l’intenfité de lune n'a aucun rapport conftant & néceffaire avec l’intenfté de l’autre. Dans ce cas d'exception, les efpèces de rayons hétérogènes, qui font réfléchies par préférence , font, après leur immerfion dans les interftices , plus détournées par les déviations qu’ils y efluient de la direction commune & primitive , que ne le font les autres ef- pèces. Dans le cas général , les efpèces, qui font réfléchies par pré- férence, font en même-tems celles qui, dans la traverfée des interf- tices, font le moins dérournées de la. direction primitive. 21. Outre ces rayons réfléchis & ces rayons tranfmis, il y en a SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 139 beaucoup , & même quelquefois des efpèces entières, qui y font fupprimés, perdus où éteints; on n’en apperçoit plus de traces. Les rayons tranfmis au-delà , font, fans doute , ceux que leur di- rection primitive, ayant arnené vers les interftices des patties pro- pres des corps tranfparens , ne trouvent point d’obftacles à leur pre- greflion , ni dans la rraverfée , foit qu'ils y ayent confervé leur première direction, foit qu'ils en ayent changé à leur immerfon , ni au-delà de la part du milieu ambiant, dont ils enfilent auñl les interftices. Les rayons, réfléchis fenfiblement , font ceux qui, étant dirigés fur des plans formés par des parties Re res , foit du corps tranf- parent, foit du milieu contigu à fa furface poftérieure , & qui fe trouvent leur être uniformement inclinés , font renvoyés en certaine quantité dans le même fens. Les rayons perdus ou éteints, font ceux qui, quoique amenés fous la même direétion que les autres, fonc enfuite difperfés , parce que les petits plans où ils abordent , fe trouvent inclinés en une infinité de fens différens; ou font éteints & interceptés, parce qu'après avoir enfilé les interftices des parties propres, ils font portés fur leurs parois, & qu’ils y font ballotés. 22. Il eft apparent que le fort de ces trois claffes de rayons, relatif aux déviations qu'ils effuyent, eft en grande partie déterminé dans les premières couches du corps tranfparent, puifque cela a lieu éga- lement , foit qu'il foit menu, foit qu'il foit épais, à-peu-près comme à l'égard des corps opaques, le partage des rayons réfléchis & des rayons fupprimés, y eft effectué à leur abord; ce qui conduit à préfumer que les différentes difpofitions des furfaces, tant des corps tranfparens que des corps opaques , influent pour beaucoup dans les combinaifons variées des rayons réfléchis , tranfmis & fupprimés, qui font indiqués par les phénomènes. La fuite au Journal prochain. ExRoReÆ 2.4 Pour le dixième Mémoire des Confidérations Optiques. Page. Ligne, 412, 9, fuffifans, Afez, fatisfaifants. Idem. 31, Qr lifez, qr. 414, dernière, D, life, BL D. 416, 33, après les mots, vers © , ajoutez, & que de la getbe Rr, il ne s’en tranfmit qu’à la gauche vers T. Hh 2 240 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE" EP RTE LE SN LE Ce LL © EL De l'Ouvrage de M. C. G. PORNER, Confeiller des Mines de PE- leëlorat de Saxe , Gc. fur l'Art de la Teinture , & Réflexions faires à ce fujet par M. DREUX, Apothicaire de l'Hôtel Royal des In- valides (1). Arsie l’art de la teinture eft utile, & même indifpenfable aujourd’hui pour les différens ufages de la vie , autant il feroit à defirer que cet art précieux acquit toute la perfection dont il eft fufceprible, & que le rems & une longue expérience peuvent feuls lui procurer. Car fans parler de la folidité qui manque à la plus grande partie des couleurs, ou plutôt que l’on n'obtient que dans un très- petit nombre de teintures, on eft encore arrêté tous les jours par la plus fimple & la principale préparation préliminaire, je veux dire, le dégrais de la laine. On connoît la propriété qu'ont principalement les fels alkalis, d'agir fur les matières huileufes & graffes , & par conféquent fur les fubftances animales; mais outre que les alkalis n’agiffent énergiquement fur ces matières, qu’autanc qu'ils font rendus plus âcres, c’eft-à-dire, cauftiques, comme , par exemple, dans la compofrion du favon, il faut encore obferver que leur caufticité peut nuire à la laine , ainfi qu'à la foie, fi l’onne fait pas la modérer affez pour que ces fubftances n’en foient point endommagées , où même totalement dérruires. C'eft pourquoi, au lieu de fels alkalis purs, cels que la foude , la potaife ou les cendres gravelces, bien purifiés, qui reviendroient, à la vérité, plus chers, mais qui agiroient aufli plus puifflamment fur les Jaines , on eft, dans la plupart des Manufactures, dans l’ufage de fe fervir tour fimplement d’urine fermentée & étendue dans l’eau, c’eft-à- dire, environ un tiers d'urine avec deux tiers d’eau , en y faifant tremper la laine, après avoir fait chauffer cette leflive au point d'y fouffrir Ja main. oo (1) M. Dreux, qui s'eft déja fait connoître avantageufement du Public, par une excellente Traduétion du Traité de Meyer fur la Chaux, & qui joint à la connoiflance de la langue Allemande, beaucoup de lumières en Chymie , &c., s'eft chargé de la Traduction de l'Ouvrage de M. Porner, fur l'Art de la Teinture. On l'invite à le faire paroître inceflamment. SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 241 Mais certe manière de dégraifler la laine , paroït n'être pas fufh- fante ; aufli l'expérience fair-elle voir, que fouvent une pièce d’étoffe ne reçoit pas également la teinture, par les taches quon y apper- çoit en divers endroits, & qui prouvent que la laine qui forme le drap, n’a point été purifiée parfaitement de fon fuir, ou graille naturelle. Cependant, cette importante confidération mérite d'autant plus l'attention des Teinturiers, que le déoraïistplus ou moins pat- fair , rend la laine plus ou moins propre à prendre la teinture; & 1l n’y a point de doute que cet obftacle ne s’oppofe extrèmement à la beauté, ainfi qu'à la folidicé des couleurs. En effet, quoique la fermentation putride développe le fel alkali volatil de l'urine , lequel agit, fans doute, fur la fubftance gfafle de la laine, en formant avec elle une matière favonneufe, comme on le voir par la couleur laiteufe de l’eau qui a fervi à laver la laine, néanmoins il s’en faut encore de beaucoup que l’alkali de l’urine la dégraifle parfaitement, puifque la teinture ne prend pas également bien fur toute la pièce de drap. D'ailleurs , il y a tout lieu de préfumer que le fel alkali de l’u- rine , quelque bien développé qu'il paroiffe à l'odeur , n’eft pas en- tièrement débarraflé des matières grafles & colorantes contenues dans l'urine , & qui l’empêchent d’agir comme il faut fur la laine. On fait de refte, par l’analyfe chymique , combien il faut de pré- parations pour obtenir le fel volatil de l'urine , pur & fous la forme la plus blanche, conféquemment purgé de toutes parties huileufes & étrangères , avec lefquelles il eft confondu & mélangé dans l’u- rine. Ainfi, pour concilier l’économie avec le plus grand avantage poñlible , ne devroit-on pas, après avoir enlevé aux laines que l’on deftine à la fabrique des draps leur plus gros /xir, au moyen de l'urine , les repaffer enfuite dans une nouvelle lefive faire , foit avec le favon, foit même avec l’alkali fixe & pur , en jufte proportion, pour ne pas nuire aux laines , afin de les purger, le plus qu'il eft poflible, de leur graifle qui s’oppofe fi opiniâtrement à l’action de la teinture qu’elles | Ma recevoir ? Il en eft de même du coton & du fil, dont la nature feule , trop eu connue encore jufqu'à préfent, mec des obftacles infinis pour es reindre généralement en toutes couleurs. Les diverfes prépara- tions qu’on leur a fait éprouver, n’ont encore fervi qu’à les rendre applicables à certaines fortes de couleurs , dont on cherche même rous les jours à affurer plus complètement & la beauté & la fo- lidité. Quant à la foie, 1l paroît qu’elle tient le milieu entre les fubftances proprement animales, qui pallent communément pour fe prêter le mieux à la teinture, tandis que les fubftances purement végétales, telles que le fil & le coton, font au contraire les plus 142 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, difiiciles à reindre en général, & prennent le moindre nombre de couleurs , encore les prennent-ils les moins belles & les moins du- rables. L'Ouvrage de M. Porner eft une fuire nombreufe d’Expériences & d'Obfervations chymiques fur l’art de la Teinture. Outre les 3 volumes qu’il a déja publiés fur cer Art précieux, cet Auteur en promet deux autres#Perfonne n'ignore combien la perfeétion de cet Art eft dépendante de la Chymie, puifque routes les opérations qui s'y pratiquent , font autant d'opérations chymiques. M. Porner avoir deflein de mettre à la rète de fon Ouvrage, une Introduction pour fervir à la pratique fondamentale & raifonnée de l'Art de la Teinture; mais ayant fenti que l’ordre fyftémarique ne convenoit pas à tout le monde, encore moins à ceux qui ne s'appliquent qu’à la feule pratique ordinaire de l’art de la teinture, il a préféré de préfenter d'abord une fuite d’Expériences qui puffent faire connoître, d’une manière inconteftable, & ce que l’on peut mettre utilement en ufage dans la teinture, & ce qu'on doit re- jetter. Son Ouvrage eft divifé en fix Traités principaux , dans lefquels il parle fucceflivement , 1°. du Curcuma , ou Terra merita ; 1°. de la Sarrete (Serratula tinéloria ); 3°. des Camomiles; 4°. de la Noix de Galles 5°. de l’Ecorce d’Aulne , & des expériences qui ont été faites avec tous ces corps; 6°. des mélanges de ces mêmes corps & de leurs diverfes combinaifons. Ces différens Traités font accompa- gnés de Remarques fur la manière de procéder, & fur les diffé- rentes caufes des réfulrars. L'Auteur seft beaucoup étendu dans le premier Traité fur le Curcuma, parce que, non-feulement il éroit néceffaire d'indiquer les moyens d'employer ces corps propres à teindre les autres, mais encore d’expliquer leur nature , & de donner des éclairciffemens fur les effets d’un grand nombre de fubftances qui fervenr d'ingré- diens dans l’art de la teinture, ou qui peuvent au moins y être employés comme tels. & Dans le fixième Traité, qui comprend le mélange des corps exa- minés & mentionnés dans les cinq premiers Articles, l’Aurteur fait voir principalement dans quelle intention on doit faire ces fortes de mélanges, & quels font les changemens qui en réfulrent : il évoit important de mettre ce Traité à la fuite des autres, parce que dans la teinture , il ne s’agit pas feulement de favoir comment on ob- tient les parties colorantes d’un corps, pour les porter fur un autre; mais il s’agit de favoir encore de quelle manière doivent être com- binés deux corps colorans , ou Hour enfemble , afin de pouvoir en retirer, finon de nouvelles couleurs bien décidées, du moins des SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 243 nuances particulières , auxquelles on s'attache quelquefois plus qu'aux couleurs primitives. L'Auteur, dans chaque Traité , examine d’abord la mixtion des corps ,; au moyen defquels d’autres peuvent être colorés, & il en fait connoître les parties conftituantes par des effais chymiques, afin de parvenir à des notions plus juftes fur la propriété colorante. A toutes ces expériences, qui fervent de bafe aux principes capables de guider dans la pratique de cet art , il ajoute un grand nombre d'eflais fur les corps colorans , propres à fournir des éclairciflemens dans l’ufage de toutes les fubftances reconnues par la Chymie capa- bles de fournir des couleurs fixes & durables , principalement à la laine & au coton. Comme l'expérience apprend tous les jours en Chymie, que fou- vent la plus légère altération des corps influe confidérablement fur leurs propriétés & leurs effets , il éroir néceffaire de center différens moyens, foic pour s’affurer de la folidiré des couleurs , foit pour con- noître les caufes de leur altération ; c’eft ce qui a donné lieu à un grand nombre de preuves dont on trouve le détail dans le fixième Traité. M. Porner promet de fuivre la même marche dans le cours de fes obfervations : à fes effais fur chaque matière colorante en parti- culier, il doit joindre un Traité fur les mélanges des corps qui auront été examinés. Il efpére qu'après avoir foumis à l’examen les meilleures couleurs jaunes , rouges & bleues, il donnera au Public plufeurs effais fur les effets des mélanges du rouge & du bleu , du bleu & du jaune, du jaune & du rouge, &c. Il fe arte qu’il pourra réfulter de fes obfervations , une méthode raifonnée, capable de guider ceux-mèmes qui n’ont fuivi jufqu’ici qu’une routine aveugle dans l’exercice de cet art, & de procurer quelqu'avantage , particulièrement à ceux qui l’exercent en gens experts , & qui le confultent fouvent par écrit; mais fes occupations ne lui permettant pas toujours de leur répondre ampiement au fujet des confeils qu’ils lui demandent, il croit leur faire plaifir , & fatisfaire à leurs demandes, en leur livrane tout le fruit de fon travail. M. Porner compte aufi mettre au jour les obfervations qu'il a faites fur quelques fubflances minérales , qui peuvent fervir à confir- mer la doctrine de Meyer fur l’Acidum pingue , &c. L’Article des Mordans n’eft pas lé moins intéreffant dans cer Ou- vrage. On fait que dans l’art de la Teinture, on appelle mordans ou bouillons , tous les ingrédiens qui, en pénétrant & fe logeant dans les interftices du tifflu des dus propres à teindre, les difpofent , 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, non-feulement à recevoir convenablement la teinture, mais encore à y maintenir les couleurs reçues, & les rendre plus parfaites & plus durables : la plupart de ces mordans proprement dits, font des fubftances falines plus ou moins folublesen général, abftraétion faite de leur bafe , foit acide , foit terreufe : une des principales propriétés des mordans, doit être de ne fournir par eux-mêmes aucune couleur qui puifle dégrader ou nuire abfolument à celles dont ils doivent afurer la folidité ; mais leur plus ou moins grande folubilité doit encore concourir au choix qu’on en peut faire, vu que des matières falines éminemment folubles , ne feroient point propres à remplir l'intention où l’on eft de les faire fervir à fixer les couleurs qu'on defire ; ainfi Les fels les plus communément employés dans la tein- ture, font ceux à bafe terreufe, rels que le tartre , & principale- ment l’alun, ou mème la chaux vive, dont on reconnoic les bons effets dans certaines reintures bleues; comme dans les cuves de paftel, d’indigo & de vouére ; les autres fels à bafe purement faline, étant pour la plupart, naturellement trop folubles, & par confé- quent peu capables de fixer les couleurs, à moins que par une décompofition favorable dans les mêlanges, & par une nouvelle combinaifon de matières , il ne réfulte des produits d’une nature différente, & conféquemment moins altérables qu'auparavant. En effet, en comparant toutes les teintures à des efpèces de la- ques propres à être dépofées fur les étoffes , on ne peut pas manquer de s’imaginer que les mordans doivent opérer un double effet dans la teinture, premièrement, en fervant de véhicule aux couleurs qu'on veut tranfporter fur les étoffes , & en fecond lieu, en leur fourniffant une forte d’enduit qui les défende, non- feule- ment des impreflions de l'humidité de la pluie, mais encore de celles du grand air & du foleil, M. Porner employe donc pout mordans , toutes les fubftances falines qu'il juge propres à remplir l’idée que l’on fe fait commu- nément de ces fortes d’ingrédiens , & que nous regardons comme devant ètre proprement les défenffs des couleurs; le nitre, le fel marin, le fel ammoniac, le vinaigre , la crème de rartte, l’alun, le gypfe , les vitriols verd & bleu, le favon, les alkalis fixes , {oir végétal, foit minéral, la félénite artificielle, & enfin la lefive cauftique ou eau forte des Savonniers , font autant de moyens qu'il a mis en ufage, tant pour les différentes teintures qu'il a faites avec le curcuma & autres fubftances colorantes , que pour la prépa- ration des étoffes qu’il a teintes. L'Auteur a fenti la néceflité de garder un ordre méthodique dans ces nombreufes opérations : il commence toujours par effayer la tein- ture de la matière colorante fans addition quelconque , en y fou- mettant cbr nl Teens ne — SURGIHIST\NATURELLE.ET LES ARTS, .24$ mettant d'abord l’étoffe , fans autre préparation, que la fimple in- fufñon dans l’eau; enfuite il traite la même fubftance colorante par les différens fels qui ont été énoncés ci-deflus , pour en extraire la temmture , & y colorer fon étoffe, préalablement bouillie & infufée avec le mordant ; quelquefois aufli l’Auteur prépare l’étoffe à reindre, par plufieurs mordans enfemble , avant de la foumettre à la teinture, . & 1l employe alternativement les mêmes fubitances falines pour fes diverfes préparations de teincures , comme il le fait voir dans le Traité du curcuma , auquel il renvoie fouvent le leéteur : ce Traité devant être, fuivant lui, le point de réunion où fe rapportent la plupart de fes eflais : le curcuma , la farrete (/érratula tinéloria) & les camomilles , font les trois genres de-plantes que lAuteur examine dans la première partie , dans la vue de perfectionner la teinture jaune qu’elles donnent. Dans la feconde partie, M. Porner traite des fubftances colorantes capables de teindre en rouge : le bois de Bréfil , le fantal rouge , la garancé, la cochenille , font les matières principales fur lefquelles font fondées fes expériences, & outre les mordans ou fubftances fa- lines qu'il a mifes en ufage dans la première partie , il emploie encore plufeurs diffolutions métalliques, celles que celles d’étain, de mercure , d'argent & de bifmut. … Des teintures rouges, M. Porner pafle au bleu d’Inde ou d’indigo, & après l'analyfe raifonnée de ce produit de l’art, il démontre que fon propre diflolvant eft l'acide vitriolique concentré : la difficulté plus grande en général, de reindre le coton que la laine , a engagé l’Auteur à faire un grand nombre d’effais & d'expériences avec l’indigo, tan: fur les étoffes de drap que de coton , dans la vue de les rendre plus propres à la teinture, & à mieux conferver la couleur bleue de cette fécule précieufe. Dans la troifième partie, l'Auteur examine d’autres matières co- lorantes , favoir, la gaude , le fénu-grec, le bouillon-blanc, le car- thame ou /afranum, le bois jaune , le roucou , l’orfeille , le bois de campèche , le paftel ou guefde : enfin , l’Auteur termine cer Ouvrage utile, par une differtation fur la manière de faire l'épreuve des corps qu'on veut foumettre à la teinture , & après bien des tentatives inutiles fur plufieurs qu'il indique , il exhorte les Arriftes à en faire de nouvelles ; la meilleure manière confifte à faire bouillir la fubftance qu’on veut éprouver, dans fuffifante quantité d’eau, & à tremper dans la décoétion , des morceaux d’étoffe ou du fil qu’on aura lavés d’abord dans l’eau bouillante , & que l’on y laifle infufer quelque tems ; après les avoir fait bouillir fuffifamment dans le nouveau liquide, qu'on les retire , qu'on les lave, & qu'on les fafle fécher , on ne tarde pas à découvrir une matière colorante ; mais Tome VII, Part. I, 1776. Ji 246 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cette première épreuve ne fuffic pas pour en conclure que le corps eft impropre à la teinture , lorfqu'il ne donne point , ou que très-pett de couleur ; dans ce cas, il faut ajouter à l’eau des matières falines, comme il a été dir, & en préparer les étoffes que l'on veut tein- dre: comme les fubftances falines agiffent différemment , on doit en effayer de diverfes fortes , pour extraire & développer toutes les matières colorantes qu’un corps peut contenir : le fel marin, le fel ammoniac , l’alun , le vinaigre, le vitriol verd & le vitriol bleu font , felon l'Auteur, les fels les plus puiffans & les plus propres à les faire découvrir & à les apprécier. D'après cet expofé , on peut juger de l'utilité d’un ouvrage de cette nature , & combien il mérite d’être encouragé. Lune ba RenE A L'Auteur de ce Recueil; par M***.(1) M oNSIEUR il y a un grand nombre de perfonnes qui aiment mieux croire ce qu'on leur dit, que de chercher à s’en inftruire ; cela leur paroît plus fimple & leur donne moins de peine. M. Sigaud de la Fond, qui vient de publier un Ouvrage inti- tulé : Defcription & Ufage d'un Cabinet de Phyfique expérimentale ; à annoncé que cet Ouvrage étoit abfolument neuf, & manquoit aux Phyfciens. Comme Amateur de Phyfique, je me fuis promptement procuré cet Ouvrage , efpérant y. trouver de quoi m'inftruire. Mais jai été bien éronné de voir que ce qu'on m'annonçoit comme neuf & manquant aux Phyfciens , n’étoit prefque autre chofe que ce que j'avois depuis long-tèms fous les yeux ; que ce n’éroit enfin qu'un extrait des Leçons de Phyfque expérimentale de M. l'Abbé ES ER (1) Nous accueillons, avec plaifit, tous les Mémoires ioftruétifs qui peuvent contribuer aux progrès des Sciences, & les objeétions qu'on propofe contre les opinions qu'ils contiennent ; mais nous ne recevons qu'à regret les déclamations qui ne conduifent qu’à déprifer les talens des Auteurs : fi la nature de notre Jour- nal ne nous permet pas de refufer ces fortes de Pièces, nous n’en inférerons au- cune fans les avoir communiquées auparavant aux perfonnes intéreffées : nous im- rimerons, avec une égale indifférence , les Réponfes qu'on nous fera parvenir; c'eft le feul moyen de faire cefler ces guerres littéraires qui font inutiles à l'avan- cement des connoiffances humaines. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 247 Nolles, & des Ouvrages de MM. s’Gravefande ; Muffchenbroeck , Defaguillers & Lavoifrer. Dans cet Ouvrage, M. Sigaud de La Fond donne, 1°. la defcrip- tion de chaque infttument propre à faire des Expériences ; 2°. le ré- faltat de ces Expériences. La première, fous le titre d’Appareil, & le fecond fous celui d'Ufage de cet Appareil, On trouve prefque toures les mêmes chofes, avec quelques variétés dans les termes, dans les Leçons de Phyfique de M. l'Abbé No/l:t ; l'une fous le titre de Préparation , l'autre fous le titre d’Effers. Pour n'être pas trop long, je n’en citerai qu'un exemple. 11 fera aifé de comparer les autres. On lit, dans les Leçons de Phyfique de M. l'Abbé No/let , Tome IL, page 161. » VI Expérience. Préparation. À B & CD , font deux » cordes de métal ou de boyaux d'environ 12 pieds de longueur, » fortement & parallèlement tendues à quelques pouces de diftance » l’une de l’autre, & faifant avec l'horizon un angle d’environ » 22; degrés. G eft un mobile qui glifle fort librement, par le » moyen de deux petits rouleaux, fur la corde AB; & fon centre » de pefanteur eft plus bas que la corde, afin que la pointe qui eft » à fa partie fupérieure, garde toujours la même fituation; H, cft » un pendule un peu pefant , qui f: meut fur deux pivots Aa, & » dont la verge excède un peu vers f. La longueur du pendule doit être telle, qu'il fale juftement une vibration, pendant que le » mobile G parcourt la neuvième partie de la corde A B. Pour » s’en aflurer , il faut avoir une petite règle de bois qui ferve à » mefurer la corde en neuf parties égales, & placer vis-à-vis la pre- » mière de ces parties & fur la corde CD, un petit timbre K, » dont le portant gliffe & s'arrèce vec une vis à telle diftance que » l’on veut. Il doit aufli avoir un petit marteau, que le mobile G » dérende en paffant. D'une autre part, le pendule H fait fonner » de même un autre timbre I, dont le ton eft différent , & la queue » de la verge qui excède en f, fair lâcher en paffant un petit fl de » foie qui retient le mobile G ; de forte que quand tout eft bien » ajufté, le mobile G ne part que quand le pendule fait fonner fon » timbre [ pour la première fois, & l’autre timbre K ne fonne fon » premier coup que quand le pendule fait entendre le fecond coup » du fien; ainfñ, entre le premier & le fecond coup du timbre, 1l » s'écoule un rems dont on a la mefure; & pareillement pendant » ce tems , le mobile parcourt un efpace connu. On recule enfuite » le timbre K, jufqu'à ce que l’efpace, parcouru par le mobile G, » foi fixé par le deuxième tems, c’eft-à-dire , jufqu'à ce que le troi- » fième coup du timbre I s'accorde avec celui du timbre K que l’on »a reculé , & ainfi de fuite. En mefuranc les mere parcourus , 12 ÿ 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, on les compare avec les rems.. Effets. . Pendant la première vi » bration du pendule, le mobile G parcourt la neuvième partie de la corde ; s’il continue de fe mouvoir de fuite , pendant le fecond »” tems , il parcourt trois fois autant d’efpace, & dans le troifième, cinq fois; de forte que fa vitefle eft accélérée ; puifque dans des »tems égaux, il mefure des efpaces qui vont en augmentant, & » le progrès de cette accélération, fuit les nombres impairs , 1 , 3, » 5,7 9, &c. Ce qui fait dire que les efpaces parcourus , à com- » mencer du premier inftant de la chûte, répondent au quarré des » tems; car, à la fin du fecond tems, on trouve, pour le nombre » des efpaces, 4, qui eft le quarré de 23 & à la fin du troifième, » 9, qui eft le quarré de 3 «. Pañlons maintenant à l'Ouvrage de M. Sigaud de la Fond. On y lit, Tome 1, page 133.» Premier Appareil. AB & CD, font » deux cordes de métal ou de boyaux , tendues obliquement & for- » mant un angle de 22 degrés ou environ (1). Ces cordes, éloi- > gnées l’une de l’autre à la diftance de trois à quatre pouces, doi- » vent avoir dix à douze pieds de longueur, pour que l'expérience » foit fuffifamment fenfible. G, eft un poids qui gliffe librement à » l'aide d’une poulie qui embraffe la corde A B. Ce poids doit être » monté de manière que fon centre de gravité fe trouve fenfble- » ment au- deffous de la corde, afin que la pointe, qu’on remarque » à fa partie fupérieure , conferve la mème fituarion. » H, eft un pendule qui fe meur librement fur fes pivots de » fufpenfion Aa, & dont la verge excède un peu vers f. La lon- » gueur de ce pendule doit être telle , qu'il faile exactement une » vibration, tandis que le mobile G parcourt la neuvième partie » de la corde À B. » On place, fur la longueur de la corde CD , un petit timbre » K mobile , & on le fixe où l’on veut par une vis de preflion. » Ce timbre doit être frappé par un marteau que le poids G faic » mouvoir en paflant. Le pendule H, fait également fonner un fecond timbre I, dont » le fon eft différent de celui du timbre K; & cet Appareil doit » ètre monté de façon, que la queue f du pendule, venant à fe » mouvoir, lâche une foie qui retient le poids G; d'où il fuit que » ce poids part au premier fon du timbre 1, & qu'il arrive à la (1) M. Sigaud de la Fond cût bien fait de copier mot à mot; cela auroit appris avec quoi ces cordes doivent former un angle : fon énoncé feroit croire qu'elles doivent former cet angle entr'elles, tandis qu'elles doivent être paral- lèles, id SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 249- » fin de la première divifion, où il fait fonner le timbre K au » moment où le pendule fait fonner le timbre I pour la feconde fois. Ufage de cet Appareil. » La corde AB, étant divifée en neuf parties égales , on dif- » pofe le poids G à l’origine de la première divifion, & on fixe le » timbre K de manière qu’il réponde fur la corde parallèle , à l’extré- » mité de cette même divifon. On fait partir le pendule, & on » examine avec attention fi fa longueur eft telle qu’il convient, pour » que le fecond coup du timbre Î coincide avec le premier du tim- »bre K, ce qui démontre que le poids G a parcouru fon premier » efpace, pendant la durée de la première vibration du pendule. Si » cet effet n’eft pas bien exat, on remonte ou on defcend la len- » tille H, jufqu'a ce que la longueur du pendule foit arrivée à fa » jufte mefure. On rémonte la lentille pour faire accélérer le pen- » dule, & on la defcend pour le faire retarder. » Lorfque le pendule eft tel qu’il convient, on réitère l'expérience , » & on voit que le poids G arrive à la fin du premier efpace, pen- » dant la durée de la première vibration, On reporte enfuite le timbre » K vis-a-vis l'extrémité inférieure du quatrième efpace : on réitère » l'expérience , & le poids G arrive à la fin de ce quatrième ef- » pace , lorfque le pendule a achevé fa feconde vibration, On con- » tinue la même expérience , & le poids G a parcouru les neuf » divifions à la fin de la troifième vibration, d’où il fuit que les » efpaces parcourus fuivent la progreflion des nombres impairs, 1, 21303 $ 5 &c. « | f On voit par la comparaifon de ces deux endroits, ainfi que par celle d’an grand nombre d’autres que je ne cite pas > qu'à moins de copier abfolument , il n’eft guères poflible de ; reflembler da- vantage. On pourra m'objeéter que M. l'Abbé No & M. Sigaud de la Fond, parlant tous deux des mêmes expériences , ont dû décrire les mêmes appareils. J'en conviens : mais à cela, je réponds, 1°. que l'Ouvrage de M. Sigaud de la Ford n’eft donc pas un Ouvrage neuf, & qui manquoit aux Phyficiens ; 2°. que ce qui prouve clairement que l’un n'eft que le copifte de l'autre ; c’eft que les mêmes parties des figures font dans l’un & l’autre Ouvrage, défignées par les mèmes lettres. Or, il eft inoui que deux Auteurs fe rencontrent fi parfai- tement en pareil cas. Cependant, fi M. Sigaud de la Fond, en an- nonçant ainfi fon Ouvrage , a voulu dire feulement qu'il contient des chofes neuves , il a raifon, car il s'y en trouve réellement , & que certainement perfonne ne lui conteftera. Par exemple , au Tome 1, page 139, on lit : » Qu'un corps qui fe meut autour d’un 159 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » centre, & qui décrit un arc de cercle, arrive un peu plus tard, » à l'extrémité de cer arc, que s’il tomboit en parcourant la corde » de ce même arc «. En lifanc ce pallage, j'ai cru d'abord que c’éroir une faute d'attention , & qu'au lieu de plus tard, il avoit voulu mettre p/tôr. Mais j'ai vu, par la fuite, que c'éroit-là l'opinion de l'Auteur. Car on lit, page 141, » que fi deux billes de métal font placées, l’une » au haut de la corde , & l’autre à l’origine de l'arc, & qu'on les » abandonne en mêtne-rems à elles-mêmes , celle de ces deux billes » qui parcourra la corde, fe mouvera plus vire & arrivera plus promp- » cement à la fin de fa chûte, ce qui confirme qu’un corps qui fe » meut & qui ofcille dans un arc de cercle d’une certaine étendue, » fe meut moins vice que lorfqu'il parcourt la corde du même arc «. IL dit encore plus bas : » Si on replace ces deux billes, lune » dans la même gouttière EF (qui eft la corde), & l’autre dans la » gouttière creufée en portion de cycloïde , ces deux billes , aban- » données en même-tems & de la mème hauteur , arriveront enfem- » ble au bas de leur gouttière « : ce qui eft une erreur pour le moins aufli forte que la première ; car il y a encore une plus grande différence entre la durée des chûres par la corde & par la cycloïde, qu'entre la durée des chütes par la corde & par l'arc: & tout le monde fait que la durée de la chüte par la corde, eft la plus longue des trois , & que la cycloïde eft la courbe de la plus prompte def- cente. Il ne Le que des yeux pour voir le contraire de ce qu'a- vance M. Sigaud de la Fond, Je vous prie, Monfieur, de vouloir bien inférer ma Lettre dans votre Journal. y» Je fuis, &c. « SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 251 SA D EE EE CAC D DAS EE RE RUME PHONE De M. Si1GAUD DE LA FOND, à la Lettre précédente. Par reçu, Monfeur , une copie de votre Lettre (1) aufli- tôt que MM. les Journaliftes : j'ai l'honneur de leur adrefler ma Réponte , & de les prier de vouloir bien limprimer; il eft jufte que la dé- fenfe fuive de près l’artaque : entrons en matière, Vous avez acheté, dites-vous , mon Livre , comme abfolument neuf ; c'eft une erreur de votre part, & non de la mienne : je ne l'ai point annoncé comme abfolument reuf ; mais fimplement comme neuf en fon genre : j'ai cru pouvoir donner cette qualification à un Ouvrage , dans lequel mettant de côté toutes les Théories Phyfiques , je n’ai raffem- blé qu'une fuite choifie & méthodique d'expériences , & dans lequel ces expériences font développées d’une manière à donner à mes lecteurs une idée très-étendue des richefles de la Phyfique purement expérimentale, & à les diriger dans les recherches qu’ils voudroient faire. Je crois avoir rempli ma tâche; j'en juge par le témoignage de plufeurs favans Phyficiens , qui m'en ont marqué leur fatisfaction, & par le jugement que les Journaux en ont porté. 2e n’eft cependant, dites- vous, qu’un extrait des Lecons de Phyfique de M. l'Abbé Nozer , & des Ouvrages de MM. s’Gravefande, Muffekenbroeck , Defaguilliers & Lavoifier. Ce reproche me fair plus d'honneur que je ne mérite. Si vous pouviez perfuader au Public que mon ouvrage n'eft qu’un extrait de ceux de ces grands hommes , vous ne contribueriez pas peu à relever le mérite de mon livre, & à augmenter, fon débit, dont je fuis cependant très- content fans cela. Je laiffe de côré, Monfieur | tout ce que je pourrois vous indiquer d'abfolument neuf dans mon ouvrage: ces morceaux .n'échap- peront point à ceux qui font inftruits de l’hiftoire de la Phyfque, & je me borne à répondre à vos deux imputations. (1) La Lettre manufcrite qui m'eft rombée entre les mains, eft écrite fous le nom d'un Amateur de Phyfique; c'eft fous ce même ritre qu'on en lit l'extraic dans les petites Affiches de Province, du 14 Février 1776. 252 OBSERVATIONS SUR LAPHYSIQUE; Il s’agit, dans le premier article de votre lettre, d’une expérience concernant la chüûte des corps fur un plan incliné : jai pris , dites- vous , ce morceau dans le fecond volume de M. l'Abbé Nolle, page 161. Les mêmes parties des figures , ajourez-vous , y font délignées dans mon ouvrage part les mêmes Jertres : rien de plus vrai, Monfeur ; cetre expérience eft aufli fimple qu’ingénieufe ; je ne lai trouvée que dans M. l'Abbé Nollet ; il eùt été peut-être impoflible d'en imaginer une meilleure ; pourquoi n’en aurois-je point enrichi mon ouvrage? Falloit- il mutiler la figure de l'Au- teur, en changer gauchement les lettres, pour m'approprier l'appa- reil? Non, Monfeur , iln'eft point dans ma façon de penfer , de me parer des travaux d'autrui : je me fais gloire en cet endroit , comme en plufeurs autres, d’avoir profité, pour le fond de mon ouvrage, de toutes les machines que j'ai trouvées bien faites dans les livres des favans Phyficiens qui m'ont précédé, & particuliè- rement dans ceux de M. l'Abbé Wolet , auquel je rends habituel- lement le témoignage fincère de la parfaite vénération que je conferve pour fa mémoire : j'infifte fur votre reproche, & je prie ceux qui verront votre Lertre, d'examiner attentivement les deux morceaux que vous avez eu la complaifance de copier, pour les metre en paralièle, J'euffe bien fait, dites-vous, dans une note que vous ajoutez au- bas de la page, de copier ici M. l'Abbé No/zz , pour apprendre à mes lecteurs, que les cordes dont il s’agit dans cette expérience , doivent être parallèles entr'elles, & avec quoi elles doivent faire un angle. Vous préfumez bien mal, Monfeur , de l'intelligence de mes lec- teurs , pour imaginer qu'ils puiffent fe tromper à cet égard; je veux ce- pendant bien les fuppofer neufs dans cette matière; mais en ne leur prètant aucune humeur ni contre l'ouvrage, ni contre l’Auteur, ils verront, dans l’ufage que je donne de cet appareil, ce que vous n'y |avez pas vu, quoique vous ayez pris la peine de le lire & de le copier. On fixe , dis-je exprelfément, Ze timbre K , de manière qu'il réponde fur la corde parallèle, &c. les deux cordes font donc parallèles , & elles ne font d’angle qu'avec l’horifon. J'obferve encore fur le mème article, que je l'ai rendu à ma manière, & je trouve mème , fauf votre meilleur avis, que je Jai rendu d'une manière plus inftruétive pour la plupart de mes lecteurs. M. L’Abbé Nolet dit fimplement, que la longueur du pen- dule (dont on fe fert dans cette expérience) doit étre telle qu’il faffe exailement = SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2153 exadlement une vibration, pendant que la bille parcourt La neuvième partie de la corde. Craignant qu’on ne fût embarraffé pour amener le pendule à la longueur précife qu’il convient de lui donner, j'ai eu foin d’indi- quer dans mon expofé , la manière la plus fimple d'arriver à ce bur. Si cer effer n'eff pas exaët , ai-je dit, (fi le fecond coup du tim- bre I ne coincide pas avec le premier du timbre K), o7 remonte ou on defcend la lentille H, jufqu’a-ce que la longueur du pendule foit ar- rivée à fa jufle mefure : on remonte la lentille , pour faire accélérer le pen- dule jon La defcend pour le faire retarder : il ÿ a donc de la différence & dans le fond & dans la forme de préfenter cette expérience , entre M. l'Abbé Noller & fon copifte. Je fuis furpris qu'un amateur de Phy- fique, qui fait par cœur, comme vous, Monfieur, tout l'ouvrage de M. l'Abbé Nolket, n'ait pas mieux choifi fes morceaux de comparaifon ; j'en eulfe bien trouvé de.meilleurs , fi j’eufle été à votre place. Oui, Monfieur, ne vous y trompez plus, mon ouvrage n'eft pas abfolument neuf , comme il vous plaît de me le faire dire : il ne left que dans fon gente ; il n’eft neuf que par la forme, & non par Le fond ; il n’eft neuf pour les Phyficiens , que par plufeurs objets incéreffans , qu'on n’a point coutume de traiter en Phyfique; il n’eft neuf que pat les machines qui font à moi, & par celles que j'ai perfectionnées, & c'en eft Le pour le qualifier de neuf, & pour que perfonne ne lui refufe ce vitre. Paffons , s’il vous plaît, au fecond reproche; il patoit au premier afpe&t , mieux fondé. Vous me reprochez une faute confidérable qui fe trouve à la page 1 39 de mon premier volume , & en vertu de laquelle les réfultars des deux expériences qui fuivent , font manifeftement faux : j'en conviens, Monfieur , de bonne foi , & je vous vois lire avec un plaifir indi- cible, ce trifte aveu . .. dirai-je de mon ignorance ? Non, Monfieur, je ne puis , contre le témoignage de ma propre confcience & de tous ceux qui m'entendent tous les jours enfeigner le contraire, mertre ke comble à votre fatisfaétion ; je fuis mème fâché pour vous, que cette malheureufe faute , qui paroifloit affurer votre triomphe, me fournifle l’occafñion de vous donner un avis : apprenez-donc, que lorfqu'on veut lire avec fruit un Livre de Science , il faur com- mencer par confulter lerrara ? Si vous l’eufliez fair ici, vous vous fufiez épargné cette critique ; vous eufliez vu, page 456 du fecond volume, une note particulière , & même diftinguée par ces deux lettres initiales N.B. vous eufliez lu : oz a Laifflé échapper une Tome VII, Part. I. 1776 K k 154 OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, faute cffentielle à corriger dans le premier volume : pag. 139. où il s'agie du mouvement d'un pendule, on y lit, ligne 9. un peu plus tard à l'ex- trémité de cet arc, i/ faut lire, un peu plutôt. La correction eft affez remarquable & bien fufhfante, pour pré- munir de l'erreur ceux qui lironc les réfulrats des expériences qui fuivent, & qui dépendent de ce principe ; qu’en penfez-vous ? à EE R ; Votre dernière obfervation , Monfeur , eft trop vague & trop générale , pour que je puifle y répondre. Ceux qui Jéront curieux , dites-vous, de lire fon ouvrage en entier , y trouveront plufieurs nou- veautés de ce genre. J'attendrai pour vous répondre, que vous ayez eu la bonté de les mettre au jour, ou je laïfferai plus prudemment aux Phyficiens le foin de nous juger. POST-SCRIPTUM de la première Lettre. J'A1 reproché à M, Sigaud de la Fond, deux chofes : la première, d’avoir annoncé , comme véritablement neuf, un Ouvrage qui ne l'eft point du tout; la feconde, d’avoir fait dans cer Ouvrage des fautes effentielles, & reconnues pour telles par tous les gens tant foit peu inftruits. Voyons fi ces deux reproches font aufli mal fondés que l’a prétendu M. Sigaud de la Fond dans fa Réponfe inférée dans la Feuille des Affiches de Province, du 28 Février dernier. Je dis, 1°. que cet Ouvrage ne peut pas être regardé comme neuf, & ne doit pas être annoncé comme tel , puifque prefque tout ce qu'il contient , eft depuis long-tems entre les mains du Public, en mêmes termes ou en termes équivalens, & que l'Auteur en à pris fur-tout la plus grande partie dans M. l'Abbé Nolker, dont il ne parle cependant que pour le corriger. N. B. Que M. Sigaud de la Fond n'eût pas pris cette liberté du vivant de M. l'Abbé Nolles% sil lPeût cité, dis je, à chaque article qu'il a emprunté de lui , de tout fon Ouvrage, il ne lui feroit refté que ce que je lui reproche en fecond lieu. Il prétend que ce fecond reproche: ne porte que fur une faute typographique. Voyons fi cela peut être. À la page 141 du Tome premier, ( pour laquelle il n’y a point d’errata, ni dans le premier, ni dans le fecond volume , ) | | | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. is Il ef dir: Que fi deux billes de métal font placées, l’une au haut de la corde EF, & l’autre à l’origine de l'arc AB, & qu'on les abandonne en même-tems à elles-mêmes , celle de ces deux billes, qui parcourra la corde, fe mouvera plus vie & arrivera plus promptement à la fin de fa chüte; ce qui confirme qu’un corps qui fe meut & qui ofcille dans un arc de cercle d’une cer- taine étendue , fe meurt moins vite que lorfqu'il parcourt la corde du même arc. I! eût fallu dire = Que fi deux billes de métal font placées, l’une au haut de la corde EF, & l’autre à l'origine de l’are AB, & qu'on les abandonne en même-tems à elles-mêmes , celle de ces deux billes, qui parcourra la corde, fe mouvera moins vite & arrivera plus tard à la fin de fa chûte; ce qui confirme qu’un corps qui fe meurt & qui ofcille dans un arc de cercle d’une certaine éten- due, fe meut plus vire que lorfqu'il parcourt la corde du même arc. Regardera-t-on comme probable, que le Compofteur, qui ne fait jamais attention qu'aux lettres, ou tout au plus aux mots, & jamais au fens d’un Ouvrage , ait fait ces trois fautes de fuite, fi elles n’euffent pas été dans le manufcrit? Croira-t-on qu'il ait fubftitué plus promptement À plus tard ? On croira le contraire. En effet, on voir combien l’Auteur eft perfuadé de la vérité du prin- cipe qu'il avance , à la manière dont il infifte, pour en bien péné- trer l'efprit de fon Lecteur : Je mouvera plus vite, arrivera plus promp- sement. Allons plus loin. I! ef ericore dit : Que fi on replace ces deux bil- les, l’une dans la même gouttière EF, & l’autre dans la gouttière CD, creufée en portion de cy- cloïde , ces deux billes, abandon- nées en méme -téms @ de la même hauteur; arriveront enfemble au bas de leur goutière. Il eût fallu dire : Que fi on replace ces deux bil- les, l’une dans la même gouttière’ EF, & l’autre dans la gouttière CD; creufée en portion de cy- cloïde, & quon les abandonne en mémé-teris , celle de ces deux billes, qui parcourra la corde , arrivera plus tard à la fin de Ja chûte, que ne le fera celle qui parcourra la portion de cycloïde. Pourta-t-on croire encore , que cette première phrafe foulignée; qui fe trouve dans l'Ouvrage de M. Sigaud de la Fond, ait éte KOURTZ 1,6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, imaoinée par le Compofiteur ou le Prote, pour être fubftituée 4 la feconde , qui auroir dû être à fa place? Je laïffe au Public à juger fi c’eft-là une faute d’impreflion ou une faute de l’Aureur. Au refte, fi l’on fe donne la peine de lire la page fuivante, on y trouvera encore plufieurs fautes du même genre, & dont on n’a point fait mention dans l’Errata ; ce qui prouve bien que c’étoit- À SN . K la manière de penfer de M. Sigaud de la Fond. RÉPONSE de M. de la Fond à ce Poft-Scriprum. L'HoMME le plus inftruit , peut très-bien errer, en matière de Phyfque , & on peut, fans manquer aux égards qu'on doit à fon mérite & à fa réputation , relever & corriger fes erreurs : c'eft de cette manière que je me fuis comporté, dès le vivant même de M. l'Abbé Nolles : oui, Monfieur, c'eft de cette manière que j'ai pris la liberté , quoique vous en difiez, de relever dans. mes Leçons de Phyfique , imprimées en 1766 , quelques erreurs. échappées à votre Maitre ; je ne vous cirerai qu’un exemple , & il fera fufhfant : j'ai démontré dans ma feconde Leçon , tome 1. pag. 220, que la force centrifuge dans Le cercle , eff égale au quarré de le vireffe , divife par le diamètre de ce cercle , & non cgale à la fimple vi- teffe , comme M. l'Abbé Mo/ler le prétend dans le fecond volume de fes Leçons , & comme vousle répétez tous les ans publiquement au Collége de Navarre , d’après fon autorité : or cette erreur, Monfieur, eft bien au-moins aufli forte que celle que vous ine reprochez : conful- tez les Mathématiciens , & particulièrement les Aftronomes , ils vous démontreront tous, que vous êtes dans l’erreur, & que vous avez été mal endoétriné à ce fujet : n'allez pas leur oppofer l’expé- rience qui dépofe, leur direz-vous, en faveur de votre opinion; ils. vous répondroient que votre machine eft défeétueufe en ce point, & qu’elle a befoin d’être réformée par quelqu'un qui entende la théorie des forces centrales. . En voilà affez fur cet article, Monfeur, pour vous prouver que je: n'ai pas craint M. l'Abbé Nolkes de fon vivant ; paflons à mes er- reurs. Avec un peu de juftice, vous n’eufliez pas parlé de l'erreur qui fe trouve à la page 141 ; ceft précifément &. ftriétement la même: que vous avez fi bien diftinguée à la page 139 : l’errata de celle-ci ne doit-il pas fervir pour l’autre ? La fuivante concerne la chüte. d’un corps par une cycloïde , com- parée à celle de ce même corps pat la corde d’un arc de cercle ; c'éft bien encore une erreur , j'en conviens; mais ne concevez-vous .donc SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 257 pas qu’elle fuit néceffairement du même principe erroné énoncé à la page 139; & qu'ayant défavoué ce principe dans mon errata , l'ayant regardé comme faux, je défavoue néceffairement par la même raifon, les conclufions que j'en ai déduites ailleurs ? cette façon de raifonner eft cependant bien fimple, bien facile à concevoir, & ce n’eft pas ma faute, Monfieur , fi vous ne l'avez pas faifie. On trouvera, dités-vous enfuite , plufieurs fautes du même gente, à la page fuivante : pour le coup, Monfieur ; la prévention vous emporte & vous met un verre à facettes fur les yeux. La page 142, car c'eft la fuivante , ne contient que la fuite de la mème expé- rience ; elle ne contient donc qu’une erreur, & cette erreur eft tou- jours la mème , également défavouée dans fon principe. Si je voulois me permettre quelques réflexions, Monfieur , fur votre procédé, que vous me donneriez beau jeu ! mais je ne fuis ni jaloux ,:ni méchant; je me borne à ma fimple juftificarion, & qui plus eft, je vous abandonne le champ de bataille, & vous pro- mets un profond filence fur tout ce qu'il vous plaira de publier par la fuire : je craindrois de manquer au réfpeét que je dois au Pu- blic : je lui abandonne le foin de prononcer far vos obfervationg & fur vos bonnes intentions, 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nb EE PE LEE dr D Ce Dans lequel on, prouve que le: Tonnerre n’eft. point un Phénomène chymique; réfulrant des fermentations ; Pa M. BERTHOLON, Prêtre de Saint-Layare , Profeffeur en Théo- logie & Membre des Académies Royals des Sciences de Bégiers , de Lyon, de Marfille, de Nimes, de Touloufe, de Montpellier | &c. GC: qui. eft vraifemblable n’eft pas toujours vrai , & une opinion, quoique confacrée par une longue fuite de fiècles, n’en eft pas pour cela plus refpe“table , lorfque le flambeau de la vérité vient de dif- fiper les nuages épais de l'erreur. Tels font les caractères qui.con- viennent à l’ancienne idée où l’on a long-tems été, que la foudre étoit un phénomène dépendant des fermentations chymiques , opé- rées dans la région des airs. Cet antique fyftème , dont l’origine fe perd dans la nuit des tems, prévient en fa faveur par un air de vérité qui entraîne prefque tous les fuffrages , & parce qu'il eft très-facile de le concevoir & de l’ex- pofer. C'eft, fans doute, la raifon pour laquelle on voit tant de perfonnes , mème inftruites, être imbues de ce fentiment, des Auteurs éclairés le fourenir encore, & quelques autres Phyficiens vouloir allier dans leurs explications le nom feul'de l'électricité avec les vapeurs & les exhalaïfons atriennes , pour paroître , en quelque façon, penfer comme les modernés , & par ce moyen faire une ef- pèce d'illufon. Je pourrois, par plufeurs citations d'ouvrages affez récens, dé- montrer ce que j'avance , fion me le conteftoit; je me contenterai ici de détruire, par plufeurs obfervations & raifonnemens, le pré- jugé fi généralement établi , malgré les découvertes inconteftables qu'on a faires au milieu de ce fiècle, qu'on peut appeller vérira- blement le fiècle des lumières & de la fcience, quoiqu’en dife la foule de détracteurs obltinés , qui cherchent à le déprimer conti- nuellement. Avant que de réfuter cette ancienne opinion , je vais l'expofer avec toute limpartialité poflible , mais en peu de mots, & je rappellerai fuccinétement les preuves fur lefquelles on pré< end l’étayer, * SUR L'HIST:NATURELLE ET LES ARTS. 1259 Expofiion de l’ancienne opinion. Les divers fentimens qu'ont imaginés les Phyficiens des diflérens âges, fe réduifent tous, du moins les plus plaufbles, à dire que le mêlange des exhalaifons & des vapeurs accumulées & réunies par le choc des vents, s’enflamme , & c’elt de-là que vient l'éclair. Une violente explofon fuccède bientôt, & lance vers la terre cette matière inflammable & combuftible , qui eft elle-même la foudre. Cette effervefcence, continue-t-on , agite & frappe avec force l'air qui , ébranlé par de fortes & prompres fecoulles , conçoit un mou- vement de vibration, & produit le bruit effrayant du tonnerre, Pour rendre cette idée plus probable, on compare le grand la- boraroire de l'Univers à celui de nos Chymiltes, &, après avoir tenté d'affervir la marche de la Nature à celle de l'homme, on aime à fe perfuader qu’on a deviné fon fecrer. Tous les corps fub- lunaires que nous habitons , font une fource féconde & perpétuelle d'exhalaifons qui s'élèvent dans les airs. Les divers règnes de la Nature font foumis à cette loi : tous les animaux perdent, par la tranfpiration , une partie de leur être, fi confidérable que l’ima- gination ne reçoit qu'avec peine ce que l'expérience lui démontre, & les alimens réparent journellement cette diminution. Des végé- taux, s’exhalent continuellement dés écoulemens abondans des: di- verfes parties dont ils font compofés , &: qui fouvent affectent nos organes. Les différentes fubftances comprifes dans le règne minéral, ne font point exceptées de la loi générale , comme mille expériences le démontrent : de plus, tous les fluides font fujets à des évapo- rations continuelles. Ces vapeurs & ces exhalaifons différentes, compofées de foufre, de bitumes, de fels, de nitre, de falpètre & de toutes les fubf- tances fuiphüréufes , 'grafles , inflammables & volatiles des animaux, végétaux & minéraux , s'élèvent dans l’achmofphère; elles y Aottent au gré des vents, & y fubiffent une infnité de combinaifons. Dans le tems d'orage, elles font agitées & réunies; leur mélange ; leur choc & leur frotiement, les font fermenter, & de cette fermen- tation , réfulre une flamme & une détonnation. Ne voyons-nous pas tous les jours que le plus léger frottement du ;phofphore de Kunckel, ou plutôt de Brandt, & du pyrophore de M. Homberse les enflamme; & comme on fair, ces matières fi combultibles ; font les réfultats des parties excrémenticielles des ani- maux. L’alkool , mêlé avec l’eau, s’échauffe par le fimple mélange, ce qui eft prouvé par les expériences de Boerrhave & de Geoffroy. De l'huile de gérofle , mêlée avec de l'efprit de nitre & du vitriol con- . 16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . centré, s'élèvent bientôt des flammes, & par un efprit acide con: venable , on vient à bout d’enflammer toutes les huiles effentielles des plantes des Indes & de nos climats, & même les huiles graffes, . ainfi qu'il eft prouvé par les expériences fucceflives des Glauber, des Becher , des Borrichius, des Tournefort, des Homberg, des Geoffroy, des Hoffmann & des Rouelle. Dans quelques-uns de ces mêlanges , l’inflammation eft accompagnée de bruit & de détonnation. Mais ce bruit n’eft jamais plus éclatant & plus impétueux que dans l’expé- tience de la poudre fulminante , compofée de falpètre, de fel de tartre & de foufre, ou dans celle de l’or diffous par l’eau régale. Le mouvement inteftin, dont toutes les parties des corps font animées , la chaleur du foleil, les feux fouterreins & la fuccion de Flair, font élever dans l'athmofphère des particules oléagineufes, falines , fulphureufes & aqueufes de divers corps. Mèlées & çcom- binées par le foufle des vents, elles fermentent & s’enflamment ; elles détonnent comme dans le Cabinet du Chymifte, & de même que dans les expériences précédentes elles font lancées au loin, ainfi que dans l'expérience du champignon philofophique qui s'élève hors du vafe où 2 éré fait le mêlange ;' &c. Les effets prodigieux de la poudre à canon ne font pas oubliés , & viennent encore à l'appui des preuves qu'on a apportées. Je n'ai rien diflimulé de tout ce qui peut fervir à éclaircir & érayer ce fentiment ; j'ai rapporté en abrégé, & raffembié tous les faits qui peuvent contribuer à lui don- ser une nouvelle force ; telle devroit toujours être la méthode de ceux qui fe propofent de réfuter une opinion. Nous verrons bientôt que quelques fpécieufes que paroiflent ces raifons, on peut leur en oppofer de bien fupérieures, Réfutation de cette opinion par Les principes de Chymie. = Al eft vrai que de tous les corps , s'élèvent des exhalaifons abon- dantes & variées ; mais quelle différence entre ces écoulemens fubrils & les acides, & les huiles effenrielles que l’analyfe chymique nous fournit, & qui font employées & requifes dans les expériences des fermentations ! Pour obtenir Îes huiles effentielles , v. g. celle de Gayac, après avoir réduit ce bois en petits morceaux, on en met dans une cornue qui eft placée dans un fourneau de réverbère; on adapre un ballon à certe cornue, & on diftille d’abord le phlegme qu'on retire enfuite du ballon. De nouveau, on lutte ce vafe, & en augmentant le feu, les efprits & l’huile s'élèvene & rombene dans le récipient : cela étant fait , on fépare l’efprit d'avec l’huile. En employant un autre procédé, faites une infufion de la fubftance végétale, en la liant quelque tems.en digeftion; diftillez enfuice, &; SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 261 &, après lavoir décanté la liqueur contenue dans le: matras où. le récipient, vous crouverez ‘au fond l’huile eflenrielle. l De bonne-foi, peut-on fe perfuader , d'après. cer expofe , que la märche de la Nature reflemble aux procédés de l’art ! Accordons, fi l'on véur, que les moyens employés par! la Nature ;équivalent aù bain:marie , au bain dé fable, au feu’ ouvert ; rque!le ‘haut: :de athmofphère fupplée au’-deflus de la cornue: ouau chapiteur de l'älembic'; que! li-chaleur du! foleil tienne lieu dé feu gradué , faits que l’on peut lévitimiement contefter ; qui eft-ce qui féparera le phléome élevé premièrement d'avec l'huile & l’efprir , & cette der- nière fubftance de la première 2: ñ } ‘Les exhalaïfons oléigineufes'; qui ont été :élevées dans l'athmofs phère!, ne diférentellés pas prodigieufement des ‘huiles effentielles qui font des réfulrars chymiques ? Dans l’évaporation ;: n'ont -lelles pas’ fubi une décompolition? Leurs principes, qui ‘font le: phlügif- tique ; l'acide, l’eau & iv retre, demeurent-ils toujours unis? Les diverfes gravités fpécifiques de ces matières, ne font-elles: pas un obflacle invincible à etre union conftante ? Leésidivérfes matières étranoères qui conftieuenc! les différentes efpècés d’huiles ; & :qué les diftiations rétrérées fonc difparoître ;-ne fe diffiperont-elles'.pas? -" Les-huilés effentielles élevéès,:en fuppofant qu'elles ne fe décüm- pofent point, ne perdront-ellés :pas leur pureté :par leur mélangé avec mille corps héréropènes qui: flotrent. dans l'athmofphère? «Les alkalis | comme! on fait ;! fe combinent facilement:avec les bulles; & de cette ’combinaifon, réfalre un :compofé différent ;;par confé> quent , des! principes conftituans 3reh; combien ;d’alkalis dans d'airt Les huiles: s’uniffént: facilement :avec. les! fubftances méralliques, les diffolvent, fe combinent avec elles & avec leurs chaux3lelles: per: dent alors leurs propriétés ; & quelle mulritude de parties & de chaitx ‘métalliques dans: l’athmofphère ;: felon:nos adverfaires ? Je veux, pour un moment squ’elles confervent toujours leur pureté, ne perdront-elles pas , par l’évaporation, leur partie la plus volatile ? ne s'épafhront-elles "pas alors ? Er dorfqu’élles font dans-cetrérac , /dit le célèbre: M. Macquer (Di&sde Chymie, t:1,1p. $o1:};,'elles nefonc plus, à proprement parler; ‘des huilesreffentielles, elles d'en: ont plus la volatilité elles tiennenttoutes;ajoute-til;(p.i592.) leurcaraétère fpécifique de l’efprit recteur de la fubftance dont elles font tirées:;: puifqu'elles ont l'odeur , la ténuité 8 la: volarilité: qui les caractéri- fentirant: qu’elles confervent ce principe; /&: qu'elles perdent routes! cesipropriérés à mefuré, qu'ib:s’évapore : or: -il.eft clair.que l’efprie reéteurriétanr : capable de. s'élever rune chaleur: moindre. que celle: qui eft mécéllaire pour faire monter les huiles effentielles ; ce: prin-. cipe odorant,s’en fépare avec.la plus grande )facilité. ‘ Tome VII, Part. I. 1776. LI 262 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Accordons mème que les huiles effentielles foient formées par la nature dans l'athmofphère , comme elles le font par les mains du Chymifte, qu'elles ne fouffrent dans l'élévation aucune décompofi- tion, qu’elles ne fe combinent point avec une infinité de matières hétérogènes exhalées dans les airs, qu’elles y confervent leur pu- reté , qu'elles n’y perdent point par leur évaporation, leur efprit redteur ; les acides nitreux & vitrioliques. néceflaires pour l'inflam- mation de ceshuiles, ne pourront produire cet effec, puifqu’ils feront altérés par les diverfes matières exhalées avec léfquelles ils ont quelqu'affinité , & par les différentes fubftances avec lefquelles ils fe combinent ; d’ailleurs, l'acide nitreux, ilen eft de même de l'acide vitriolique , pour opérer l'infammation, doit ètre concentré : pour cette rectification , il faut le dégager de la quantité d'eau fura- bondante qui l’afoibliffoir. Eh! comment peur-on fuppofer que ces acides exalrés dans l'air, ne foient poinr unis & mêlés avec l'éton- nante quantité de vapeurs aqueufes dont cet élément eft impregné ? Comment pourroient-ils être parfaitement déphlegmés? Les acides, dit Fhabile Chymifte déia cité, ant une très - grande, affinité avec Veau ; ils s'en imbibent rapidement : en général, ils ont une rès- grande tendance à s'unir avec prefque, tous les corps dé la nature. M eft inutile de nons arrêter plus-long-tems fur ce fujer, & de faire confidérer que la proportion des principes & des fubftances fermentefcibles, ne peut avoir lieu dans l’athmofphère comme dans nos laboratoires: : une: proportion exacte: eft cependant néceffaire en Chymie, pour obtenir un:réfulrat certain & conftant ; & peut-on la fappofer ; tandis qu'il y a un mêlange infini de fubftances. diffé- remment combinées entr'elles ;; qui fonc élevées, & flottantes dans Fathmofphère ? Nouvelles preuves fondées: fur les: Obfervarions phyfiques & fur les effers | : de la) foudre. je : ! ï -!!A. ces raifons: dédnites ides: principes de la Chymie:; nous allons en joindre d’autres tirées: des ‘obférvations fur les effets du tonnerre, & qui démontreront ;! s’il'enceit: encore befoin, que les caufes chy- mäiques: fonc infufhfäntes- pour produire les phénomènes furprenans qu'on remaïque tous les jouis dans ce méréore ; la tranfmiflion de la foudre eft prefqu'inftantänée:, c'eft-à-dire , que quoique: dans la réa- lité elle fe fafle fuccefivement , c’eft néanmoins dans un inftant mès:coure qu’elle s'opère :1or:,: fl: matière du tonnerre étoit coms pi d'an> mêlange :d'eéxhalaifons fulphureufes ; falines & nitreufes, at fucceflion de rems requile: pour qu'elles: parvinffenc de la région moyenne jufqu'à nous, feroir confidérablement plus grande & plus SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 263 fenfible : de plus, ces matières ne feroient point lancées & dirigées vers le même endroit, en une aufli grande quantité, & conféquem- ment, ne pourroient point produire les effets furprenans qu'opère la foudre dont la force éft toujours-dirigée fur certains corps & dans certains points ; car plus la vicefle d’un corps eft rapide, plus le milieu réfifte , & plus il met d'obftacle à la vélocité ; plus le milieu réfifte à fa divifion, moins la concehtration où l'approchement des pAties a lieu, & plus la divifion des parties -eft grande , fur - tout orfque les molécules font très-légères , les volatiles très-divifées & atténuées ; en un mot; très-fubriles. - Dans le fentiment que nous réfutons, l'explofion du tonnerré ne devroit pas fe faire communément :par la partie inférieure de la nue, puifque la male d'air qui :eft entre la térre & la :nuée , eft plus enfe , plus épaifle que celle qui s'étend du nuage au haut de l’ach- mofphère ; & comme il eft de principe en hydroftatiqué & en hy- draulique , que les fluides fé portent du côré où la comprefon eft moindre , le tonnerre devroit donc toujours éclater dans la partie fupérieure de la nuée, s'élever vers le ciel, & ne pas tomber vers la terre : dans une mine quelconque , l'éruption de la charge de pou- dre & des matières enflanmées qui y font renfegmées , fe fait cou- jours par le côté le plus foible , c'eft ce qui efl caufe que fouvent l'effer de la mine manque, Si le tonnerre étoit un phénomène chymique, on ne le verroit as , après être tombé fur une maifon , fe porter préférablement vers es matières métalliques plus éloignées de lui & moins combufti- bles , telles que le fer ; par exemple, & abandonner des matières inflammables & plus proches, defquelles il fe détourne dans fa route; pour s’élancer fur les ferremens qui font dans les appartemens , & cela plufeurs fois fucceffivement , & autant de fois que la longueur du conduéteur mérallique eft interrompue; c'eft cependant ce qui arrive fouvent : mille faits journaliers porcent au plus haut point de certitude certe vérité, & il eft inutile de les rappeller ici. D'ailleurs, eft-ce que la foudre route compofée par l'hypothèfe , d’exhalaifons fulphureufes & enflammées, ne devroit pas confumer les matières combutibles fur:lefquelles elle tombe, ce ja n'a pas lieu : un feul exemple pris fur un nombre infini d'autres femblables, confirmera cette affertion. M. le Chevalier de Louville étant à Nevers, obferva un arbte du parc du châreau, qui avoit été frappé au fommet du tronc, d'un coup de tonnerre, qui s'étoit féparé en tiois | & avoit fair fur le bois de ce tronc, trois fillons d'une égale groffeur : l'arbre avoir été dépouillé de fon écorce , d'un côté, depuis environ :la moitié , jufqu'en bas : quoiqu'il fût tortu , les trois coups avoient fuivi exaétement fes Éiuab tés > guffanc Éie entre Le buis 2 1643 OBSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, & l’écorcé ,:tant dans la partie fupérieure du tronc’entore revèrue de l'écorce, que dans l'inférieure , quil! rie Pétoit plus d'un côté : ce ‘qu'il y'avoit de plus remarquable , c’eft que le bois n’étoit nul- lement noirci:, & n’avoit aucune marque de -brülure : cer Académi- cien svit encore le même jour l’effer ‘d’un autre coup de tonnerre: iliy avoit dans: une cheminée un fagot. éoùûché fur-deûx 'chenets , enatrendant qu'on Fallumât; le tonnerre tofhba par la éheminéer, &brifale fagor en cent mille morceaux , fans y'mertre lé feu 8 fans: lë noir feulement. Hifloire de l'Académie des Sciéntes\, LAi- née 1714. pag. 7 & 8. : s1 à 3 QUE 25901121 ::Comment iconcevoir ‘ces inflammarions fucceflives ces éclairs réi- térés qu'oh voir forrir du fein d’une mêmenue les uns après les autres, &uiqui! dénotent rdutantide déflagrations différentes ? 5Et éonfment:, agrès! que':ce! qui ‘éroit: inflammable dans certe nude ;ja été /allirmié s'yil air-il des inflhmmations nouvellesi; difoic; il: y>a”plus de ifois #ante-huit ans ;!M. de: Fonteneller;} dont: le:nomi ft} fi. cher aux Sciences! &: aux Lettres? M. Homberoi(hift. de l'Acad.-ann. 1708: page 124) car réfoudre' cette objection} en ; difanteque les mêmiés matières> Toures ces difficultés! qui ne font pas feulement fpécicufes, mais réelles ,'is’évanouiffent dans le fentiment: qui s;du Itonnerre , fait un phénomène d’éledriciré ; le conduéteur éleétrique y! comme ‘1l ft prouvé par l'expérience, faitiplufieurs décharges fucceflives ; &e donne plofears : évincelles: la matière éleétrique abandonne des fubftances combultibles qu'elle trouve fur fa route, & s’en détourne pour fe porter au.fer ;.ce font dès faits dont on eft témoin tous/les jouts 3 & qui donnentla folution des difficultés! précédentès dans le hou- veau fyflème. 1011 a Has sels Ledxs"t 21 Dans lertems où les éclairs brillent, où le tonnerre gronde, on wapherkoit point que: lai pluie qui rombe ; foir chaude ;'ainfi qu’elle devroit l'être, fi; dans là nuée”d’où viennent des’/gouttes de pluie ; il y avoit des fermentations extraordinaires , des:bouillonneinens , des inflammations , des feux & des flammes brülantes : dans notre fentiment , au contraire, les gouttes de pluie animées ‘par Péleétri: dité ,» font: féparées: de la nuée!, & lancées ur la verre, de la même manière que des gontrelettes d’eau , parfemées furiune barre de fer qu'on! électrife s'en: font repouflées & lancées au:loin ;' fans que la e VAT } t SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 236$ matière électrique les échauffe aucunement, parce que cet effet eft produit.par la feule répulfion: | ? Selon les obfervations du thermomètre, l'air même que traverfe la pluie dans le tems d'orage , eft plus froid qu'auparavant, c’eft, dit avec raifon l'Abbé Noller, une vraie difhculté, qui mérite qu'on s’en occupé. puifque l’eau qu'on peut:légitimement foupçonner d'a< voire éré fortement échauffée, quoiqu'en traverfänr l'air, ‘elle feire- froidifel;:ne doit pas naturellement rendre l'athmofphère plus, froide, qu'élle- n'étoic (Leç.:de Phyf.F. IV: p. 306). 02 si shéllaus D'après l'obfervation précedente, il-eft conftant quel’air eft plus froid) dans le tems que la pluie d'orage tombe , ce qui ne devroir pas, avoir: lieu ; fi le nuage qui fe réfour en pluie, éprouvoir de vi0+ lentes fermentarions:-bien: loin de dimivuer Ja chaleur, de l’aix , iles, gourtes : d'eau qui: tombent, devroient l’ausrhenter , en; partageant, l'excès vde: leur chaleur, avéc le! milieu -qu’elles traverfene | & la li queur, du. thermomètre l'indiqueroic'; les obfervations météorologi- ques, cependant indiquent le contraite ; ainfi on ne peut! point répondre à notre raifonnement , entièrement appuyé fur.des faits certains , que les goutres de pluie ne peuvent pas être chaudes en tombant ; parce qu'elles communiquent tout leur feu à la partie de Parhmofphère qu'elles parcourent. dans leur chûte ; car fi cela étoit » cet airdevroit être plus chaud qu'avant la pluie, ce que les obfer- Vations thermométriques : prouvent n'être pas en aucune manière, Quant à la difficulté que propofe l'illuftre Phyficien déja cité , quoique ni cet Auteur , ni perfonne n'ait encore tenté de la réfou- dre, nous ailons effayer ici d’en venir à bout d’une manière claire Je penfe qu'il eft inutile d’ajourer ici d’autres raifons pour dé- montrer que le tonnerre n'elt point un phénomène chymique, & sé6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que dans l'hypothèfe des fermentations, il eft impoflible de conce- voir les effers furprenans que le tonnerre préfente tous les jours ; d’ailleurs, ce Mémoire érant déja aflez long, nous réferverons pour d’autres differtations, plufieurs preuves également inconteftables. | Si on défiroit des autorités fur cette matière, nous pourrions en : fournir plufeurs : » il fat un tems , & un grand nombre de nos Au- » direuts doit s'en fouvenir, dit M. Pringle , dans un Difcours fur un fujer bien différent de celui - ci, prononcé dans l’Affemblée an- nuelle de la Sociéré Royale de Londres, traduit par un illuftre Phy- ficien de l’Académie Royale des Sciences de Paris, à qui les Sciences font fi redevables, M. le Roy, & imprimé dans les Obfervations de Phyfques, Mars 1775. » Il fut un tems où l’on croyoit avoit fuf- » fifamment expliqué le ronnerre & les éclairs , en les donnant comme » Peffec d’un mélange de vapeurs fulphureufes & nitreufes qui fe mê- » loient avec l'air , on doute aujourd’hui de l’exiftence de ces vapeurs » däns l’athmofphère , & nous favons d’ailleurs certainement , que » c'eft le fluide électrique feul qui produit ce météore «, L'Auteur du Manuel du Naturalifte , à l’article foufre végétal, en par- lant de la poufièrefécondanre d’une efpèce de Lycopodium , du Pin & de quelques autres plantes, dont la terre eft quelquefois toute couverte, & que des Phylciens peu éclairés, ont regardée comme des pluies de foufre, dit plaifamment , qu'ils ont vu de même dans la matière du ronnetre, le nitre, le foufre ; fi leur imagination y eût trouvé la poudre de charbon, le ciel eût été un magalin de poudre à canon, & ils euffenc completté leur artillerie fyftémarique. FRS AU TEA Pour le Mémoire fur la fufon de la lame de l’Epée dans le fourreau par la foudre, imprimé dans le Journal de Phyfique du mois de Novembre 1775. Pace 406, ligne 2, lifez, EXPLICATION. Des principes inconteftables que nous avons érablis, &cc. # SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 267 Dub dog: dut Des fuccès obtenus par l'Etabliffement que la Ville de Paris a fait en faveur des Noyés, auquel on a joint une Notice hiflorique des Ma- chines fumigatoires (1). Si fe trouvoir un Citoyen, quel qu’il für, qui, par l'amour feul du bien public, confacrât gratuitement & généreufement fon loifir à per- feétionner les moyens de fecourir les malheureux ; fi, malgré les obf- tacles prefque infurmontables qu’on rencontre toujours dans une entreprife fi noble, ce même Citoyen avoit le cousge de perfifter , & le bonheur de réufhr , il acquerroit des droits à la reconnoif- fance publique; il n’y auroit point de récompenfe qu’il ne méritâr, point de diftinétion honorable dont il ne füt digne. Cette perfonne eftimable eft M. Piz , ancien Eçhevin de la Ville de Paris, In< venteur d'une Boîte fumigatoire , propre à fecourir les Noyés , que la Ville a faic diftribuer dans tous les Corps-de-Garde placés fur la rivière , il publie, tous les ans, le détail des fuccès obtenus prin- cipalement par ce fecours. Il réfulre de ce détail, que dans les fix derniers mois de l’année 1772 ( époque de l’établiflement }, & dans les trois premiers de l’année 1773 , fur 28 perfonnes noyées , on en fauva 233 que dans les neuf mois reftans de 1773, fur 29 noyés, il y en a eu 22 de rappellés à la vie ;. qu’en 1774, fur 39 noyés, ily en eut 33 de fauvés, & qu'en.1775 , {ur 41 perfonnes fubmergées, 35 ont éprouvé les avantages des fecours indiqués par M. Pia, d'où il fuit que, vû la manière dont ces fecours font adminiftrés, de tous les fuccès annoncés dans les cas de fubmerfion, il n'y en a peut-être point de plus frappans, ni de plus authenti- quement prouvés que ceux que M. Pia publie. Il eft vrai qu'il n'y a point aufli de machine propre à fecourir les noyés, qui réumiffe autant d'avantages que la Boire de M; Pia. On y trouve , comme (1) Cet Ouvrage, dont on donne ici un extrait , forme [a quatrième partie du Détail des fucces obtenus dans l'année 177$, fur les Noyés, &1que Mi Pia, ancien Echevin de la Ville de Paris, vient de publier. On a inféré dans le même volume plufeurs pièces relatives au même objet, parmi lefquelles-on trouve le Mémoire de M. Harmant, Médecin de Nancy, fur les funefies effets du charbon allumé, &c. Cet Ouvrage fe trouve à Paris, chez Lorrin, l'aînél, Imprimeur-Li- braire du Roi & de la Ville, rue Saint-Jacques, 1776, in-12. 268 - OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : on l’a déja vu (1), outre la Boîte fumigatoire, contenant le tabac né- ceffaire, plufieurs paquets d’émétique, de 3 grains chaque; 2 bouteilles de pinte remplies d’eau-de-vie camphrée, animée avec l’efprit volatil de fel ammoniac; un facôn defcryftal, contenant de l’efprit volatil de fel ammoniac; une chemife , ou tunique de laine , & deux frot- toirs, avecruñ boniet de, mème.éroffe ; une cuillère de fer éramé,, propre. à defferier les dents du noyé, & à. lui faire avaler quelque Auide; un tuyau brifé, pour foufiler l’air dans la poitrine ; un nouet de foufre & de camphre, dans la vue de préferver la tu- nique & le bonnet de laine, des attaques des vers; deux tiges de tuyau Aexiblé } en cas que l'un foir engorgé ; deux bandages à faignée ,°& des! plumes propres à chatouiller l'intérieur dü nez & de la! vofés!} :én-cas de befoin;''enfin , un imprimé collé fur: lai Boite ”,l'qui ‘indique l’ufage de toutés ces parties. Où voit par ce: détail, qu'on a tâché ‘de tout prévoir , & ‘quo n'aorien néglisé ‘pour rendre cette Boîte de la plus grande uti- lité. Auf, la plupart des Villes de France , & beaucoup d'étran- gères, frappees de ces avantages, en ont fair conftruire de-fembla< bies fur les inftructions données par M. Pia ; les Angloïis, em dérnier lieu , ‘viennent de lui demander des rénfeignemens à !ce’ fujec. H feroit À fouhaiter que dans toutes lès Villes de’ France, fituéés', fur-tout, au bord des rivières dangereufes & dans tous les' ports de mer, on imitât l'exemple de Paris, qui eft principale-’ ment redevable de cet -établiffementc à M. de la Michaudiere , Pré- vôt des Marchands , qui ne celle de donner à la Capitale des preu- ves de bienfäifance & d’humanité , ‘après avoir fait le bonheur dés Provinces , ici-devant confiées à fon ‘adminiftration. { M. Pia àréuni, dans'cette quatrième Partie, plufieurs Obfer-: vations faites en différens endroits de l’Europe, qui confirment les avantages qu'on retire de l’ufage, foïit de la fumée ‘de tabac , foit des irritans & fpiritueux, foit des fritiôns sèches , foit de l'in- fuflation: dans les poulmons, dans tous lE$ cas de morts 4pparen- res caufées par la fubmérfion , ‘dans les” liquides ; &c: Les Anglois fat-tout, éw ont fourni un grand nombre de‘femblables, & on voit que c’eft à l’inftigatiôn des Médecins les plus ldiftingués de Londres} - tels que Cogan , Fotherohil, Johnfon, &c. qu’il s’eft formé dans cette Ville une Société pour cet objet, à l'exemple de celle de Hollande. M. Pia publie les fuccès -obrènus par cetre Sociérés 8 pouf. ne -#ien’ laïffer à défirer fur un objet de-cetre importance 5 £ ft ) J G) Voyez le Journal de Phyfique du mois’ de Mai 1775, où elle eft décrite @&s. gravées AL: î 03 1996 nise 1 221! |: il SUR L'HIST. N'ATURELIE ET LES ARTS. 169 il a encore enrichi fon Ouvrage de l'excellent Mémoire de M. Har- mant || Médecin de feue Sa Majefté le Roi de Pologne , à Nancy, fur les funeftes effets du charbon allumé. IL réfulte des Obfervations & Expériences rapportées par cet Au- teur, ainfi que de celles de Fochergill, du Doéteur Frewen, &c. inférées dans les Tranfaétions Philofophiques de Londres , que dans tous les cas de fuffocation caufée , foit par la vapeur du charbon de bois ou de terre, allumé, foit par la braife de Boulanger , foit par toutes les mophètes artificielles ou naturelles, l’infufflacion de l’air dans les poumons, & fur-tout l’immerfion fubite dans l'eau la plus froide, ou fa projection au vifage à une certaine diftance, dans la vue de caufer un faifflement & un tréfaillement plus prompts & plus capables de ranimer , font les fecours les plus puiffans qu’on ait trouvés jufqu’ici pour rappeller les fuffoqués à la vie. Cerre heu- reufe application de: l’eau, indiquée d’abord par Hippocrate , qui ordonne , en plufieurs endroits de fes Ecrits, fur-tout dans fon Livre des Epidémies, l’afperfion d’eau froide dans les cas de fuf- focation ; confeillée enfuite par une infinité de Médecins ; par Borel} Panarole , de Sauvages, Van-Swieren , &c. pratiquée avec le fuccès le plus frappant, à Montpellier , par le célèbre M. Fizes; enfin, mile en ufage par tout le monde, dans tous les cas de foibleffes, de fyncopes, d'étouffement, &c. jointe à la méthode contraire, qui confifte à réchauffer le corps des noyés, juftifie ce principe qui pa- roît inconteftable , Contraria contrariis curantur , & que pour remédier aux effets du feu, il faut employer l’eau , 6 :vicé verfé; principe fur lequel dait rouler , felon nous, toute la doétrine des fecours ufités en pareil cas , & auquel ceux’ qui ont traité cette matière, aurojent ‘bien dù. faite quelque attention. Cela auroit évité bien des difputes littéraires qui n’ont rien éclairci , & bien des théo- ties qui n’ont tien appris. On trouve dans le Mémoire de M. Harmant , le dérail des précautions néceffaires pour fecourir les fuf- foqués & des exemples de perfévéiänce dans les. fecours qu'il -in- dique, qui prouvent qu'on ne doit poirit abandonner ces. malheu- reux ; même, long-tems après leur accident , & qu'il n’y a que des fignes de putréfaétion bien établis qui puiflent. faire renoncer au projet de les rendre à la vie. y ul à ) Il y a plufieurs Obfervations remarquables dans cer Ecrit précieux: la première porte, que deux jeunes perfonnes de Nancy , trouvées, le 3 Décembre 1763 , à une heure après midi; dans leur lit, fuffoquées. par la.-vapeut dw charbon allumé; fans doute de la veille, dans leur chambre; & avecitoutes les apparences dela mort la plus réelle ; furent néanmoins rappellées à la vie ; après-fix où * fept heures de continuité dans.les fecours adminiftrés par M, Hase Tome VII, Part. I, 1776. M m 190 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mant , Ceft-àdire, à huit heures du foir, au grand étonnement de tous les afliftans & de la Ville; après avoir employé inutilement les ftimulans les plus forts, ke vinaigre en vapeur , &c. & que cer heûreux effer ne fut produit que par une projeétion fubite & reiré- réée de l'eau la plus froide fur le vifage de ces perfonnes. La. deu: xième Obfervarion éft aufli! extraordinaire que la première. Elle prouvé que, quoique: l’afphixique fuffoqué par la vapeur du char- bon , ne domiié aûcun figne de vre, même aprèsmne here de pro- jeton de l’éau:l plus froide au vifage, on ne doit point, pout cela ; fe:rébuter, ni mème, lorfqu'après quelques fignes de fenfibi- lité, l'afplixique retombe dans le premier érac, filon veut avoir du fuccès. Les autres obfervations font dela mème nature & de l4 mine force; elles fervent toutes à confirmer, que la projéétion de l'eaû Ha plus froide fur le vifage des fuffoqués, qu'on met toujours au grand'air, eft le plus puillant, & peut-ërre le feul fecours qui mérite :üne entière confiance dans ce cas. L'Aurteur rapporte l’avanture effrayante arrivée à Chartres, & con- fignée, dans Les Mémoires de l'Académie des Sciences, qui coûta la vis à cinq: ou fix perfonnes , & qui fur caufée par la vapeur de la braïfe de Bdulangery allumée: dans une cave, dans: laquelle enfin, ibsne fur permis del defcendre avec füreté , qu'après y avoir jerté une grande quantité d'eau , par ordre des Magiftrats , éclairés par les Médecins. PERTC 1: 105 Tous ces malheurs qu'on ne fauroit trop répérer; rous tes mira- cles opérés" par Peau ; ne fervent, qu'à confirmer le principe qu’on vient d'établir, & font entrevoir une infinité d'applications heureufes qu'on pourtoit faire de-cet élément dans plufeurs occafons. Les plus! grands : Chymiltes en ont fair l'éloge. (#oyez la Différration Phyfique 6 Chymique fur les propriétés de l'Eau, par M. Parmentier.) Les Médecins en ont démontré les avantages pour la définfection des demeures des animaux; en cas d’épizooties. { Voyez Recherches hifloriques Gr phyfiques fur les Maladies épigootiques ; 'publites par ordre dus Roïi ÿ-en prouvanr qu'il n’y aque leau;, dans la nature; qui foit capable: d'opérer la. définfeftion des furfaces ; qu'on veur eon- fervery"8& on2vient d'apprendre tour récemment:de Cofiftanrinople, que l’eau eft le plus grand moyen connu & ke plus généralement employé: aujourd’hui pour la définfeétion de vous les corps, en 1ems’ de! pelte. Tous ces avantages qu'on retire de l’eau, avoués, publiés 3) confirmés far - tout par l'expérience, méritent la’plus &rinde attention de ceux qui cherchent la vérités, & qui s'intéreffent vé: tirablement au bien public; ohne fauroit trop inviter ceux qui s'appliquent à des recherches utiles, de s'empreffer à publier leurs découverces , fur-rout, lorfqu’ils annoncent des moyens aufli fimples, SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 291 auf faciles à employer que ceux dont on parle, & en mème-téms aufli avantageux pour l'humanité. EXAMEN & Noce hifloriqu des Machines propres à introduire la fumée de tabac dans les inteflins. Nous rerminerons cer article par l'examen & le parallèle des inftru+ mens imaginés jufqu'ici pour introduire la fumée de tabac dans les inteftins. Comme il n’y a plus de doute fur l'avantage de cette méthode, pratiquée avec le plus grand fuccès , fur-tour à Vienne en Autriche, en Hollande & à Paris, il ne s'agit plus que de favoir quels fon les inftrumens propres à produire cet effet, qui méricent la préfé- rence fur les autres , où qui font fufcepribles de quelque perfection: Il paroït que les-Anglois fonc les premiers inventeurs des inftru- mens, fumigatoires ; & que ce n’a été que dans le fiècle palfé qu'ils les ont imaginés. Thomas Bartholin, Médecin Danois, qui vivoit alors , & à qui la Médecine elt rédevable de la découverte des vailleaux lymphatiques & de la circulation de la lymphe , nousdic qu'un de fes amis, Henry de Moinichen , lui ayant apporté d'An- gleterre une machine femblable , il la fie definer & graver; c'eft celle qu'on trouve dans un de fes Ouvrages publié à Go- penhague en 1661, dans la Vie Centurie (1) de fes Hiftoires Ana- comiques, &c. Cette machine eft fort fimple ; elle conffte en une embouchure adaptée à un fourneau ou tuyau ovale de métal , recouvert d’un étui de bois qui fe viffle , & dans lequel on: met le tabac allumé : à ce fourneau eft adapté un tuyau flexible ; à l'extré- mité duquel s'engage tranfverfalement une canule percée de trous, en manière d’algalie ou d'arrofoir; l'intérieur du fourneau, du côté qui communique au tuyau flexible , eft couvert d’une grille, pour-empècher les cendres d’y pénétrer; l'embouchure eft à-peu-près femblable à celle d’une trompette, & fert à fouffler l'air avec la bouche; on en peut voir encore une figure exacte dans l'Ouvrage de M. Louis, fur La certitude des Signes de la More. Quelques années après , Frédéric Dekkers, Profefeur de Mé- decine à Leyde, fit quelques corrections à cette machine, & en donna deux figures; dans l’une , le fourneau fe trouve placé devant le tuyau de cuir , & dans l’autre, après (2). (x) Voyez Th. Bartholin Hifloriar. Anatomicar, & Méedic, rarior. Centur. VI, Hifl. 66, p. 310. Hafn. 1661. 8°. men | (2) Voyez Frederici Dekkers exercitationes praëlice circà medendi methodum , autoritate, ratione , obfervationibufque plurimis confirmate , ac feuris illuffrata , Erc. in-49. Luyduni-Batav. editio 14. 1673, altera 1695. M m 2 17: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SulTer{3), Médecin de Hambourg, dans une Lettre adreflée, en 1636, à la Société Royale de Londres, chercha encore à rectifier cetre machine ; mais il y fit très-peu de changemens , comme on peut le voir par les: quatte figures qu’il en a données à la fuite de cette Lettre. 4,0, x : » Heilter a fair encore graver dans fa Chirurgie , la même machine telle que l'avoit donnée Bartholin; il la repréfente mife en aétion. Jufques-là on n'y avoit fait aucun changement bien remarquable : Mulfchenbroeck paroît être le premier qui l’a corrigée d'une ma- nière fenfible; & certe correction étoir mème nécelfaite pour re- médier au rifque qu'on court, en foufflant avec la bouche, de recevoir la fumée de tabac refoulée vers l'embouchure } elle con- fifte ‘en une foupape, placée à cette embouchure qui permet l'expi- ration ou l'infafflation : de: l'air dans la machines mais qui en em- pèche le reroûr dans da bouche. On peut voir une fioure dé ce faigatoire ; ainfi corrigé par Muffchenbroeck , dans le Mémoire de M. Ifnard , couronné par l’Académie de Befançon ( 2 ). La Société d'Amnfterdam ;°en faveur des Noyés, s'étant formée en 1767 ; les Hollandois, pour rendre plus commode cette machine famigatoire, fubftituèrent un fouffler à l'embouchure, fans rien chan- ger d'ailleurs à fa première forme. A-peu- près dans le même items, les Chirurgiens de Paris ayant imaginé un foufflet pour introduire des fluides dans les inteftins, dans lé cas de hernies, s’en fervirent pour rappeller les noyés à la vie. Ce famigatoire , très-différent de celui des Anglois, ou de Bar- tholin , n’eft autre chofe qu’un foufflet ordinaire fans ame, mais à deux foupapes & à deux tuyaux flexibles, au bout de l’un def- quels eft un fourneau ou pipe , qui reçoit la fumée de tabac, & à l'extrémité de l’autre , eft. une canule. La foupape ; qui répond au tuyau à pipe, permet d’afpirer la fumée de rabac, & l'autre en facilite l’injection dans les inteftins. Mais ce foufflet eft fujer à de grands inconvéniens, dont le principal eft d’afpiter les cendres en même-tems que la fumée de tabac, & d’avoir des foupapes fujettes à s'engorger , à crever ou à fe- détruite, rant par la fumée & les cendres elles-mêmes, que par l'aétion immédiate de leur chaleur. Gaubius , Médecin d'Hollande , chercha encore à perfectionner la machine fumigatoire , & à la rendre plus commode, en adaptant à l'ame (1) Voyez J: And. Stifferi Med. Flamb. de Machinis fumiduétoriis curiofis , &c. Epiftola ad Illuffr. viros mag. Socieraris Reg. Anglicana. Hamburg, 1686, in-4°, (2) Voyez Cri de l'humanité en faveur des perfonnes noyées , &c, À Paris, chez Prautr, Libraire , 1762, in-8°. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 273 d’un double foufller , le fourneau à tabac : c’eft ainfi qu'il la repré- fente dans fes Adverfaria, publiés en 17713 mais ce fouffler a prefque les mêmes inconvéniens qu'on vient de faire remarquer dans le fouffler à deux tuyaux. Dans le mème-tems, M. Pia, alors Echevin de la ville de Paris, imagina , dans la même vue, une machine à-peu- près femblable, munie également d’un foufflet, mais en outre, d’un fourneau fo- lide, en forme d’alambic, avec un bec de chapiteau , dans lequel s'engage un tuyau très-flexible , fait d’un fpiral recouvert d’une peau , au bout duquel s'adapte la canule. Cette machine, qui a tous les avantages de celle des Anglois , fans en avoir l’inconvé- nient , différe des autres, non-feulement par fa forme , fa folidité, & par une ouverture qu'il y a au fourneau pour donner de l'air à volonté, mais par toutes les autres parties accefloires, dont on a fait l’énumération , & qui font réunies dans une boîte. M. Gardane, Doéteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, a fait exécuter la Machine Angloife donnée par Barcholin , avec cetre différence, qu’au lieu d’une embouchure, il a fait mettre un tuyau brifé , femblable à celui que M. Pia avoit donné pour l’infuf- flation de l’air dans les poumons, & qu’il a ajouté aux deux ex- trémités du fourneau de petits tuyaux minces de fer-blanc ou de tôle , pour modérer la chaleur de la fumée de tabac. D'ailleurs, elle eft femblable à celle de Bartholin, & garnie d’un tuyau flexible. On en peut voir la figure & la defcription dans le Journal de Phyfque, du mois de Janvier 1775. Le tout eft arrangé dans une petite boîte portative, qui contient un flacon d’eau-de-vie cam- phrée, &c. M. Hélie, Négociant de Lille, a imaginé , depuis quelques années, une autre machine d’une nouvelle conftruétion, beaucoup plus com- pliquée que les précédentes , & que M. de Villiers, Docteur- Régent de la Faculté de Médecine de Paris, a fait graver ; elle confifte en un tuyau cylindrique de cuivre percé latéralement, pour recevoir un autre tuyau courbe ou en ferpentin , de méral, qui com- munique à un fourneau ouvert , dans lequel eft Le tabac allumé ; elle eft mife en jeu au moyen d’un pifton & d’une feringue ordinaire adaptée à ce tuyau , au bout duquel eft une canule ; il y a deux foupapes , dont l’une , qui eft placte du côté du fourneau , permet l'entrée de la fumée dans le tuyau, lorfqu’on tire le piflon, tandis que l'autre , placée du côté de la canule ; & qui fe ferme dans cette première action , ne s'ouvre que Jorfqu'on le poufle , pour donner paflage à la fumée dans les inteftins. Peu de tems après , M, Scanegarty préfenta à l'Académie de Rouen une Machine fumigatoire du même genre , & à-peu-près >74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, femblable à celle de M. Hélie. Au moyen d’une bouilloire ou d’un fourneau de pipe, qu'on viffe, fuivant les cas, à l’extrémité d’un tuyau , elle devient propre à injecter des liquides & des fluides ; mais elle a l’inconvénient d’être trop compliquée pour devenir d'un ufage familier. M. Cledieres, Chirurgien à Vertaifon en Auvergne, a cherché encore à perfectionner la machine de M. Hélie , en la rendant plus fimple. Il a confervé les deux foupapes, mais il a fubftitué au ferpentin un tuyau droit & court, qui coupe le premier à angle droit; d’ail- leurs, le méchanifme eft le mème. Ce Chirurgien l’a fait exécuter en étain , & l’a adreflée, dans cet état, à la ville de Paris; il l'a accompagnée d'un Mémoire circonftancié , dans lequel il expofe l'ufage avantageux qu'on en peut faire , & les inconvéniens qui ré- fultent de celui des autres. Il la croit propre à plufeurs fins, non- feulement à introduire des fluides, des liquides dans les inteftins , mais de l'air dans la poitrine. Le principal défauc qu’il reproche aux autres fumigatoires , fur-tout à ceux qui font mûs par l’air de la poi- trine, c'eft, qu’outre la répugnance qu'on doit avoir naturellement de foufler ainfi dans les inteftins, cer air n’eft pas capable, felon lui, de poulfer la fumée de tabac avec affez de force dans les inteftins. 1! objeéte encore que le tabac doit s’éreindre dans un fourneau fermé. II demande d’ailleurs, des éclaircifflemens, & promet de répondre aux objections qu’on lui fera. M. Pia ayant été prié par M. le Prévôt des Marchands , d'examiner cette machine avec foin, & de faire fes obfervations ; le réfulrar de fon examen a été: 1°. que M. Cle- dieres , dans la critique qu’il fait des différentes machines, n’a eu en vue que celles qui font mifes en action par une embouchure ou une canule à bouche, & qu'il ne connoît pas, ou ne comprend pas dans ce nombre, ni celle de M. Pia, adoptée par la ville de Paris, dont le fourneau peut recevoir de l'air par le trou qu'on y a pra- tiqué, & qui eft mue au moyen d’un fouffler, ni celles de Hol- lande , qui font mues par la même puiflance. 2°. Que quoique la machine de M. Hélie, perfectionnée par M. Cledieres ; foit très -ingénieufe, elle a néanmoins des inconvéniens que n'ont pas celles à foufflets, en ce qu'elle eft plus embarraffante , plus compliquée, plus fujerte à fe déranger & à s’engorger , à caufe des foupapes , beaucoup plus difficile à mouvoir, comme on l'a éprouvé, fujetre à laifler refroidir la fumée de tabac dans la feringue , & beaucoup moins commode que celles qui ont un tuyau long & fle- xible. 3°. Que l’infuflation de l'air dans les poumons avec Îa même canule , ne peut s’exécuter qu'avec beaucoup de difhcultés:, dont on en devine une partie , & par la perre d’un tems toujours précieux dans ces circonftances. 4°. Qu'il eft bien plus fimple , plus SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 275 commode & plus naturel de fouffler dans la poitrine avec un tuyau particulier; ou canule à bouche, deftinée uniquement À cet ufage, telle que celle que M. Pix à indiquée, qui eft très-forte & faite exprès, que d'employer à cette fin , une canule ordinaire ou fort foible, & qui ne doit fervit qu'à injecter la fumée dé tabac dans les in- teftins. Telles font les principales objections que M. Pia à faires à M. Cledieres, Nous obferverons , au fujer des tuyaux propres à fouffler de l'air dans la poitrine , que M. le Cat de Rouen , ayant été confulté peu de tems avant fa mort , fur les moyens d'opérer cette infufflarion , avoit eu l’idée d’une efpèce de fyphon, propre à cette fin. 1] propo- foit de faire paffer une branche à fyphon dans l’ouverture de la glotre; ais ce moyen eft fujer à beaucoup de difficultés, dont la princis pale eft de ne pouvoir relever l’épiglotte, pour introduire le tuyau : cac dans prefque tous les cas de fubmerfon ou de fuffocation, les dents font rés , &ileft très difficile d'introduire, mème dans la bou= che, un inftrument quelconque. On eft fouvent réduit alors À faire l'infuflation de l'air dans la poitrine, par la voie d’une des deux narines, ce qui réufht très-bien. Quant à la bronchotomie, certe opération n'a réufli nulle part : M. de Haen a fait plufieurs expériences qui en démontrent l'inutilité , & elle doit ètre exclue du nombre des fecours qu'on doit adminiftrer en pareil cas. M. Louis, Secrétaire perpétuel de l’Académie de Chirurgie, vient de perfectionner la Machine fumigatoire de Gaubius, en ajoutant au bas d’un tuyau courbe, qui conduit la fumée de tabac dans la foupape du foufflet , un cendrier qui reçoit les cendres du tabac allumé, & prévient aufli l’engorgement des tuyaux. Du refte, on ne doit point regarder toutes ces machines comme des inventions nouvelles : la pratique d’injeéter de l'air ou de la fumée dans les inteftins, elt connue depuis qu’on cultive l’art de la Médecine : Hippocrate fe fervoit tout uniment d'un foufflet ; le fouf- fler à forge a fervi aufli à cet ufage : Hales fait encore mention d’une machine propre à introduire les Auides dans les inteltins, & le foufflec des Bouchers garni de la foupape, & à l’ame duquel on met un tuyau de pipe allumée , garni de filafle ; peut fervis au befoin. at 176 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; 22, A NOUVELLES LITTÉRAIRES. Toro: mince G l'Ordre profond, confidérés par rapport aux effes de l'Arullerie; par M. du Coudray, Capitaine au Corps de l’Artil- lerie, Correfpondant de l’Académie des Sciences. À Metz, & fe trouve à Paris , chez Ruaulr, Libraire, rue de la Harpe; & chez l'Efprit, au Palais Royal. 2 - La différence qui règne entre les armes des anciens & les nôtres, doit-elle en produire une dans la manière de fe ranger pour aller à l'Ennemi? Tel eft le fujer de certe fameufe difcuflion élevée , il y a environ 40 ans, par Folard, & prefque toujours débattue depuis à l’avantage de la profondeur. M. du Coudray, appellé dans la lice par ceux qui, de la part de l'Ordre profond , ÿ jouoient le rôle principal, y eft entré pour combattre en faveur de l'Ordre mince. Après un expofé rapide de l'origine & de l’état de la queftion , confidérée en général, M. du Coudray offre le précis des opinions de Folerd, de M. de Saxe, & de MM. de Menil & de Megeroy , les principaux défenfeurs ac- tuels de l'Ordre profond. Il ‘examine enfuite la manière dont ils ont apprécié les effets de l’Arrillerie fur cer ordre. Il prouve d'une manière qui nous a paru démonftrative, qu'ils fe font trompés dans cette appréciation, Il fait voir de plus, que cette confidération eft décifive, & que c’eft envain que l'ordre profond réclame la fupé- riorité de mobilité; puifque cette fupériorité ne peut fe concilier avec la néceflité indifpenfable d’arriver à l’'Ennemi, malgré fon feu. Certe difcuflion eft terminée par un appendix fur la préférence que les Militaires partifans de l’antiquité , & M. le Maréchal de Saxe lui-même , croyoient devoir donner à la pique fur le fufil armé de la bayonnette, pout arrêter la Cavalerie , & à la lance fur 18 piftoler & le moufqueton , pour combattre à cheval. Cet Ouvrage, auf précis qu'inftru@tif, foutient la réputation que l'Auteur s’eft déja faite par l'Arrillerie nouvelle & les autres Ouvrages, que dans les circonftances les plus critiques, il n’a pas craint de publier pour la défenfe du nouveau Syftème d’Attillerie. Néanmoins, comme il eft difficile de réunir tous les fuffrages, quelques Militaires ont propofé leurs doutes fur la fupériorité de l'ordre mince : & voici principalement en quoi ils confiftent. 1, On ne comprend pas comment une colonne eft fix fois ps aifée SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2739 aifée à pointer qu'un bataillon. On penfe, au contraire , que le front de la colonne étant très-étroit, il fera néceffaire de pointer le canon à chaque coup, & plus néceffaire encore avec les pièces courtes & légères qui reculent prodigieufement , & fe dérangent ainfi beaucoup de Ée direction; tandis qu'un bataillon, ayant beaucoup d’étendue , il ne faudra que tourner l’affut pour frapper ce front déployé. 2°. L'ordre mince & l’ordre profond , font au pair en arrivant fur le champ de bataille. 11 faut bien que l’armée marche fur plu- fieurs colonnes. Dans quelque ordre qu’elles doivent combattre, elle arrivera donc en divifons crès-profondes , jufqu'au moment où , dans la Tactique Psufienne, on fe développera jufqu'à 300 toifes de l'Ennemi. En fuppofant un efpace de 200 toifes à parcourir avec le même danger pour les deux ordres; le déploiement de l’ordre mince exigera le double de tems de celui de l’ordre en colonne, puifque chaque bataillon doit avoir deux colonnes en tête; or, comme l'effet du canon eft, en raifon du tems, que les troupes y font expofées , il en réfulte que l’ordre mince doit perdre plus que l'ordre profond, puifqu’il refte plus de tems en panne à exé- cuter fes mouvemens. Voilà les principales objections qu’on fait au Syftème de M. du Coudray ; elles font de M.le Marquis de Beau- veau , Militaire inftruit, & on invite M. du Coudray à y répondre, On dira peut être d'eux: Sunt cantare pares & refpondere parati. Voyage à la nouvelle Guinée , dans lequel on trouve la deféription des Lieux , des Obfervations phyfiques & morales, € des détails relatifs à l’Hifloire Naturelle dans Le règne animal & végétal ; par M. Sonnerat, fous-Commiffaire de la Marine, Naturalifte, Penfonnaire du Roi, Correfpondant de fon Cabinet & de l’Académie Royale des Sciences de Paris, Affocié à celle des Sciences, Beaux-Arts & Belles-Lertres de Lyon. A Paris, chez Ruault, Libraire , rue de la Harpe, 1776, in-4°, Prix 24 liv. relié. Cet Ouvrage, enrichi de cent vingt figures en taille-douce, eft un des plus intéreffans qu'on ait encore publiés en ce genre. On y lit la defcription d’un très-grand nombre d'objets nouveaux & cu- rieux, propres à enrichir l’Hiftoire Naturelle, & qu'on trouve aux Séchelles , aux Philippines , à la nouvelle Guinée , &c. principa- lement dans les Ifles de Praflin ou des Palmiers, dans celles de Luçon , de Panay, de Pulo, habitée par les Papoux , &c. des dé- tails intéreffans fur les mœurs des habitans de toutes ces Ifles, fur les différentes productions qu’elles offrent, & l'avantage que l'Eu- Lope en pourroit retirer , fur-rout des épiceries qui croiffent ailleurs Tome VII, Part, I. 1776. Nn 178 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que dans les Moluques. La clarté, la précifion, beaucoup de talens, & fur-tout cet efprit philofophique , propre aux grandes décou- vertes, & nécefflaire aux Obfervateurs , caraétérifenr cer Ouvrage, d’ailleurs fupérieurement bien exécuté , quant à la partie Typogra- phique , au deflin & à la gravure. Ily a dans toutes les figures , foit des animaux, des plantes, des lieux , &c. une vérité d’expreflion qu'on trouve rarement dans les Ouvrages de ce genre. On verra, avec plaifir, dans celui-ci, entrautres objets vraimenr curieux , des figures exactes qui repréfentent , parmi Les plantes, le Cocotier de mer, ou Coco des Maldives , qui a donné lieu à rant de fa- bles ; la Commerfona , le Rocou, la Bergkias, le Rima , ou fruit à pain , qu'on doit bien diftinguer du Sagou , palmier qui eft fujer à une plethore farineufe , & que les Hollandoïs appellent encore, arbre- a-pain , le Cacao , le faux & le véritable Gérofflier , la Mufcade, &c.; parmi les animaux, beaucoup d’oifeaux qui n'ont point en- core été décrits, plufieurs efpèces nouvelles d’oifeaux de Paradis, des Promerops, des Coliou, des Calao, le Chirurgien , des Lorrys, des Pélican , le Paon fauvage , des Manchots, des Martins-Pêcheurs, des Gobes-Mouches, &c. &c. Le tout eft terminé par une Table alphabétique. Effai fur les Phénomènes relarifs aux difparitions périodiques de l’ Anneau de Saturne ; par M. Dionis du Séjour, de l'Académie Royale des Sciences, de la Société Royale de Londres, & Confeiller au Par- lement. À Paris, chez Walade, Libraire , rue Saint-Jacques, 1776, in-8°. Prix 6 livres broché. La planère de Jupiter à toujours été célèbre. Dans l’anriquité, c'éroit le pere des Dieux. Indépendamment de fon anneau , Saturne a encore des Satellites, ainfi que Jupiter , qui font au nombre de cinq. Ces Satellites n’ont été découverts que dans le fiècle pañlé, M. Huyghens apperçut le quatrième , qui eft le plus gros, en 1655 ; Dominique Caffini découvrir le cinquième , en 1671, avec une lunerre de 17 pieds ; & le troifième , en 1672, avec une de 70 piedss en 1684, il découvrit les deux premiers avec une lunette de 34 pieds. M. Caffini fit hommage de la découverte des Satellites de Saturne, à Louis XIV. I les appella Æ/fra-Lodoscea , à l'exemple de Galilée , qui avoit appellé les Satellites de Jupiter, Aftra Medicea, On frappa , à cette occafon , une médaille dans l'Hiftoire de Louis XIV. La médaille repréfentoit Sarurne avec fes cinq Satellites, & l’exergue portoit, Sarurni Satellires , primum cogniti. Ce n'eft que depuis ce tems qu’on connoic les Satellites de Saturne. Mais l'Anneau de cette mème Planète eft peut-être de tous les corps céleftes celui qui préfente les SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2179 phénomènes les plus finguliers ; c'eft comme une bande lumineufe dont la Planète eft environnée; le diamètre de cet anneau eft à celui du globe de Saturne , comme 7 eft à 3 ; l’efpace vuide entre le globe & l'anneau, eft à-peu-près égal à la largeur de celui-ci, & cette largeur eft le riers du diamètre de Sarurne. I n’eft point lu- mineux pat lui-même : fermblable à toutes les Planètes , il réfléchit la lumière du foleil. Il faut donc, pour qu'il foic vifible , que le plan éclairé par le foleil, foit tourné du côté de l’obfervateur. Inconnu à toute l'antiquité, cet anneau fut découvert par Galilée au commen- cement du fiècle dernier. Les premiers effais que fit ce célèbre Aftro- nome des lunettes qu'on venoit de découvrir, lui firent appercevoir les Satellites de Jupiter & l'anneau de Saturne. I prit ce corps pour deux Satellites de Saurne, & il fut fort furpris deux ans après, de ne plus les retrouver. Ce ne fur qu’en 1655, que M. Auyghens dé- couvrit que c'étoit un anneau fort mince & prefque plan , dont Saturne étroit environné. Qu'on fe repréfente un pont fans piliers , qu'on fuppoferoit être autour de la terre , & on aura une idée de cet anneau autour de Sarurre, La découverte de M. Huyghens fur d'abord conteftée; mais elle a été confirmée depuis par tous les Aftronomes, en orte qu’il ne refte plus qu’à déterminer , avec toute la précifion pollible, au moyen des obfervations déja faites, les élémens de cet anneau, pour en conclure les phénomènes qui doivent avoir lieu dans les fiècles à venir; c'eft-là l'objec du travail de M. du Séjour. 1 s'agit principalement de connoître les phafes de l'anneau, pour en conftarer: les élémens; la méthode trigonométrique a paru trop limitée , & infufifante à M. du Séjour. La cdenotléiee de ces phénomènes ne pouvoir être que le réfultar d’une analyfe exaéte & rigoureufe , & c'eft ce qu'a fait cet-Académicien , par l'application heureufe de l’Algèbre à l’Aftronomie. M. Huyghens avoir développé le premier dans fon Syffema Saturnium , la véritable théorie des difparitions & réapparitions de l'anneau de Sarurne, Après avoir rapporté ce qui a été obfervé , M. du Séjour confidére ce qui regarde les obferva- tions futures. Il réfulte de fes calculs, qu’en 1789, l'anneau dif paroîtra le $ Mai: ce phénomène pourra être obfervé le matin avant le lever du foleil ; il reparoîtra le 24 Août, difparoîtra le 16: Oétobre , & reparoîtra le 30 Janvier 1790: Les années 1802, 1803, 1819, 1832, 1845, 1862, 189r, feront favorables aux obferva= tions , par les phénomènes d'apparition & de difparition que l'an neau doit offrir. L'Ouvrage de M: du Séjour eft précédé d’un difcouts préliminaire, ui a été lu à la dernière rentrée de l’Académie, & qui a été forc applaudi : il eft terminé par un-rapport très-favorable des Commilfaires nommés pour l’examiner , à la tête defquels eft M. d'#/embere, Nn2 280 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . Bibliothèque Livtéraire, Hiflorique & Critique de ÊE Médécine ancienne € moderne, contenant l’Hifloire des Médecins de tous les fiècles , & de celui où nous vivons ; celle des perfonnes favantes de toutes les Nations qui fe font appliquées à quelque partie de la Médecine, ou qui ont concouru à Jon avancement ; celle des Anatomifles , des Chirurgiens , des Botanifles | des Chymifles , les honneurs qu'ils ont reçus, les dignités auxquelles ils font parvenus , les monumens érigés à leur gloire, le catalogue 6 les différentes éditions de leurs Ouvrages , le jugement qu’on en doit porter | l'expofition de leurs fentimens , l’hifloire de leurs découvertes, l'origine de la Méde- cine , fes progrès , fes révolutions :, fes fèéles , Jon état chez différens Peuples ; par M. Carrere, Docteur en Médecine de l’Univerfité de Montpellier , de la Société Royale des Sciences de la mème Ville, des Académies de Touloufe , de celle des Curieux de la Nature, Cenfeur Royal, ancien Profeffeut émérite de la Faculté de Méde- cine de l'Univerfité de Perpignan, &c, &c. rome premier , 22-4°. broché , 10 livres. À Paris , chez Ruault, Libraire , rue de la Harpe , 1776. Cet Ouvrage, dont nous annonçons le premier volume , & qui a été propolé par foufcriprion , en formera huit , du même format ; la foufcription peur le tome IT, reftera ouverte jufqu’au premier Juin prochain. Le prix de chaque volume elt de 7 livres , & de 10 livres pour les perfonnes qui n'auront point foufcrir. Offrir une Bibliographie générale de la Médecine , l’'Hiftoire litré- raire & critique de cer Art, & de routes fes branches en mêmes tems, tel eft le projec qu'a formé M. Carrere : il eft beau, mais d’une exécution très - difficile ; il fuppofe des connoiffances très- étendues, un jugement fain, & une érudition profonde ; M. Carrere vient d'en donner la preuve dans ce premier volume. Le lecteur y verra avec furprife , beaucoup d’Auteurs tirés de l’oubli, & qu'on connoifloit à- peine de nom ; il lira avec plaifir, plufeurs articles très-étendus & très-intéreffans , tels que ceux d’Afélepiade , d' Arnaud de Villeneuve, d’Affruc , des Bartholin , de Baillou, de Baglivi, &c. avec une expoñtion de leur doctrine , de leurs découvertes & de leurs erreurs. L’Auteur doit terminer cet ouvrage par une table par- ticulière de tous les Ouvrages de Médecine , d’Anatomie, de Chirur- gie, de Botanique & de Chymie qui ont paru jufqu'à nos jours : ce qui le rend extrèmement piquant, c’eft qu'on y trouve les Au- teurs vivans. Orationes in diverfis Facultatis Medicine Parifienfis Aëibus habite , à Magifiro Payon pe Moncers, Doëélore Medico-Regente, antiquo Rei herbariæ Profeffore , &c. Amflelodami & Parifüs, apud Quillau, Facultatis Medicine Typographum , & Didot, ejufdem Bibliopolam , 1776, in-8°. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2181 Ces Difcours Latins de M. Pajon de Moncets , font au nombre de cinq. Ils ont été prononcés aux Ecoles de Médecine , à l’occafion de différens Aëtes & Exercices publics. Celui qui a été prononcé à l'ou- verture d’un Cours de Matière Médicale, eft le plus étendu ; c'eft un éloge hiftorique de la Botanique & des anciens Profeffeurs de cette Science , dans l'Univerfité de Paris ; les autres roulent fur les devoirs & les fonctions des Médecins, que le Préfident expofe en mañière de confeils d'amitié qu'il donne à ceux qui obtiennent de nouveaux degrés, & qu’il regarde comme fes enfans. On y trouve ordinairement quelques portraits reffemblans , & qui tendent à cor- riger quelqu'un; mais il eft bien rare que ces fortes de leçons ayent leur effet, ou que celui qui en eft l'objer , en fafle une jufte application. On fair que la belle Latinité ne s'eft confervée que parmi les Médecins : c’eft fur-tout aux Ecoles de Médecine de Paris, qu’on à l'avantage d'entendre parler la langue de Celfe, de Pline & de Ciceron, & fouvent avec toutes les graces & les beautés de ces Auteurs, autant qu'il nous eft permis de les faifir & de les connoître. Cette Ecole a cette réputation , juftement méritée, & 1l ne lui manque, pour fes harangues , qu'une tribune digne de fa célébrité. Les talens qu’elle renferine , fon défintéreffement noble, les fervices généreux & com- patiflans qu’elle rend vous les jours à l'humanité, en ont fait un des corps les plus éclairés & des plus refpeétables de la Nation ; mais mal- heureufement fes qualités ne font ni affez avouées, ni affez con- nues, ni affez publiées. Des Philofophes cyniques, inutiles dans la fociéré, des finges en tout genre & dans toutes les branches de’la Médecine, des protégés de route efpèce, ont fait des efforts multi- pliés pour la renverfer ou la décréditer en France ; fans faire attention que les vrais Médecins , même fans encouragement , doivent être regardés aujourd’hui dans tous les Etats, comme le plus petit mal poflible , que l’intempérance, la contagion de mille maux, la foibleffe du phyfique & du moral qui en a été la fuite, & l’imperfection des mœurs ont rendu néceflaire ; au lieu que leurs faux finges , les charlatans, tous ces hommes avides & à fecrets, font de vraies peftes pour tous les Etats, L'Art du Chant figuré, de J. B. Mancini, Maître de Chant de la Cour Impériale de Vienne, & Membre de l'Académie des Philarmoni- ques de Bologne ; traduit de l'Italien par M. À. de Saugiers. A Vienne, & fe trouve à Paris, chez Cailleau, Durand, Lacombe & la veuve Duchefne, Libraires, 1776 , in-8°. Le forte-piano (nom qu'on a donné, depuis quelques années, à un inftrument femblable au Clavecin), en terme de mufque, 282. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eft l’art d’adoucir & de renforcer les fons : ainfi, modifier la voix, c'eft donner à une note de valeur toutes les nuances convenables; commençant à demi-voix , la renforçant enfuite par degrés infen- fibles , jufqu'à fa plus grande force, & l’adouciffant avec les mêmes proportions employées pour la renforcer ; c’eft ce qui conftitue pro- prement.ce qu’on appelle chant figuré ou coloré. L'Auteur de cet Ou- vrage, après avoir donné la lifte & expofé les talens des Chanteurs & Chanteufes les. plus célèbres d'Italie , indiqué les Ecoles où l’on prend les meilleures leçons fur le chant, trace , en treize articles, les principes qui. paroiflent les plus propres à enfeigner l’art de chanter & à perfettionner une voix. Cet Ouvrage convient fur-tout aux Maïtres de chant. . Traité de la Fonte des Mines par le feu du charbon de terre , ou Traité de la conftruëlion € ufage des Fourneaux propres à la fonte € affinage des Métaux & Minéraux par le feu du charbon de terre, avec la manière de rendre ce charbon. propre aux mêmes ufages auxquels on emploie Le charbon de bois ; par M. de Genflane, de l’Académie Royale des Sciences de Montpellier, Correfpondant de celle de Paris, & Conceflionnaire des Mines d’Alface & Comté de Bourgogne, Tome Il, avec 42 fig. i7-4°. À Paris, chez Ruault , Libraire , rue de la Harpe, 1776. Prix 15. iv. C'eft la deuxième Partie de l'Ouvrage, dont le premier volume parut en\1770 , où, après avoir donné la defcription des Fourneaux propres à, chaque fonte, & en avoir expliqué l’ufage, M. de Genffane a prefcrir les règles qu'on doit fuivre dans. chaque: opération. Dans celui-ci, il eft principalement queftion de la fabrique du laiton, des matières propres à la compofition de ce métal, & de toutes les opé« rations nécelfaires pour cela ; dela fabrique, du /malt ou: bleu d’émail ; du Cobalt & de fes préparations ; de la fonte. des. mines de bifmuc par le feu du charbon de terre ; de la manière de traiter celles de mercure, d’antimoine , avec le même charbon ;.enfin;, de celle de préparer les; calamines, les mines de cobalt, & autres mines ar- fenicales , pour retirer l'or & l'argent que ces minéraux recèlent quelquefois , & extraire le foufre des pyrites & autres matières dont on le retire, &c. Depuis quelque tems, on commence à s'appercevoir. en France du dépériffement des forêts, de la diminution fenfble du: bois, &. de la cherté qui. en eft une. fuite. Les verreries , les: forges, l'ex- ploitation des: mines , une infinité d’autres travaux en grand, la conftruction des navires, celle des bârimens ,.le; chauffage, &c. ont_à la fin, dégarni la furface de.la France, & épuifé. la-plus grande partie de, fes: forèrs. C'eft pour prévenir les:malhewis, quune difette ‘SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2:83 de bois entraînetoit néceffairement en France , & pour confervet celui de conftruction , qu’on cherche aujourd’hui à perfectionner les moyens de fubitituer la houille ou charbon de terre, au charbon de bois, dans les principaux travaux en grand. C’eft dans cette vue, que M. de Genffane a dirigé un travail précieux fur un des objets les plus importans, qui eft celui des mines, qui confomment une très-grande quantité de bois dans plufieurs pays. Beaucoup de voyages entrepris à cette fin, en Allemagne, en Angletetre, en ftalie, & beaucoup de lumières l’ont mis à portée de juger par lui-même de tous ces travaux, & de donner des réfultats certains fur la manière la moins difpendieufe pofible de faire plufeurs opérations qui exigent le fecours du feu, dans la fabrique des métaux , avec le charbon de terre. 1] décrit tous ces travaux de la manière la plus claire; il donne la figure des fourneaux , des chaudières , des mou= lins & autres inftrumens propres à cet ufage ; & il fe trouve bien fouvent que, non-feulement 1l y a à gagner pour l'Etat d'employer le charbon de terre, mais encore un bénéfice réel pour les particu- liers , & quelquefois une perfeétion de plus dans la fabrication des métaux. Il fait voir en mème-tems, combien il feroit avanta- geux pour la France, qu'il y eût des Fabriques de laiton ou cuivre jaune, & de fmalr ou bleu d'émail, qu’on tire de l'Etranger. Au fajec du laiton, il entre jufques dans les moindres détails fur roue ce qui concerne fa fabrication : il ne fe borne pas à la defcription des différentes opérations qu’exige cette efpèce de métal , il détaille encore les différenres méthodes dont on fait ufage dans la plupart des Manufaétures établies en Europe , afin-d’y avoir recours, fui- vant la qualité des matériaux qu’on a à employer. IL eft étonnant qu’en France , où l’on fait une conf6mmation pro= digieufe de laiton , qu'on paie très-cher à l'Etranger, puifque le prix eft le tiers en main-d'œuvre, qu'on pourroit épargner , on ne penfe pas à établir de pareilles Manufactures ; tandis que nous ne manquons point de calamines propres à cer ufage, qu'on trouve fréquemment aux environs des terres alumineufes fur-rout, en plu- fieurs endroits du Royaume, & que tout peut fe fairé avec le char- bon de terre, dont le pays abonde. Il y a plus , fuivant le témoi- gnage de Béringoccio, qui vivoit dans le quinzième fiècle, les plus belles Manufaétures de Eaïron , de fon tems, Étoient aux environs de Paris, & cet Aureur fair l’éloge des ouvrages exquis qu'on y fabriquoit. Toutes ces confidérations devroient bien dérerminer à faire des efforts pour ramener chez nous une branche de commerce que l'Etranger nous a ravie. On en doit dire autant du bleu d’é- mail , dont l’ufage eft très-érendu ; &'qu’on tire encore de lEtranger , tandis qu’il y a tour en France pour le fabriquer. C’eft dans l'Ou- 284 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Gr. vrage même-qu'il faut lire Les dérails intére{fans relatifs à tous ces objets, qui font de la plus grande importance. On trouve, chez le même Libraire, quelques Exemplaires du Tome V de l’Académie des Sciences de Gottingue, i7-4°. Prix 14 liv. broché , avec figures. Supplément au Traité de l'Education économique des Abeilles, ou L'Art de former foi-même les Effains quand on juge à propos de le faire, Jans étre obligé d'attendre qu’ils viennent d'eux - mêmes ; pat M. Ducarne de Blangy , de la Société Royale d'Agriculture du Bureau de Laon. À Paris, chez Gueffier, au bas de la rue de la Harpe, 1776. Prix 12 fols. On donnera gratis ce Supplément, à ceux qui prendront le Traité de l'Education économique des Abeilles , qu'on trouve chez le même Imprimeur-Libraire. On a été furpris, il y a deux ans, de voir à Paris un Anglois qui faifoit fortir les Abeilles d’une ruche pour les faire pafler fur fon bras nud , ou fur quelqu’autre partie de fon corps. Quelques perfonnes ont regardé cela comme une merveille , & étoient très-cu- rieufes de favoir fon fecrer. Ce fecret , ainf que ce qu’il y a de plus intéreffant à connoître , relativement au travail de cer infecte pré- cieux , fe trouve dans le Traité de M. Ducarne de Blangy. Madame la veuve Æérifflant donne avis qu’elle a fix Lentilles d'An- gleterre à vendre. Ceux qui en voudroient faire l’acquifition , font priés de s’adreffer à M. Léroffé , Maïtre Tapifier, rue Bardubec , qui donnera tous les renfeignemens néceffaires. FAUTES effentielles à corriger, qui fe font gliffées dans Le Journal 8 8 précédent , a l'infçu du Réda‘teur. PAGE 181, ligne18 , du goût qu’ils infpirent, //ez , du goût qu'il infpire, Ibid. ligne 37, au point de laquelle , Z/ez , au moyen de laquelle. Page 182, lignes 13 & 14, c’eft ainf que M. de Buffon croit, d’après fon bypothèfe purement mathématique , être parvenu à déterminer, life, c'eft ainfi que M. de Buffon eft parvenu, d’après fon hypothèfe, à déterminer, &c, Ibid , ligne 23 & fuiv. On doit pas héfiter de dire, à la gloire du fiècle & de la nation, que peut-être jamais l’homme ne s’eft élevé à cette fublimité phyfique, n’a créé un fyftème auffi lié dans fes détails, que M. de Buffon, lifëz , On ne doit pas héfiter de dire, à la gloire du fiècle & de la nation, que peut-être jamais l’homme ne s’eft élevé à certe fublimiré, n’a créé un fyftème aufli beau, que M. &e Buffon; que perfonne n'a été auf loin, &c. BEL S'oulp. mars 177 6. PLZz. " Li ’ y | Res tt gs ads dm à POSTES + ve PAU RR Plirr: 776 / MOTS 1 NT ' Le: TNT CE ES LE ESS mn LS CRE LP PR ce APS i apart À + 3 # ! ne M D Aars 1776 PLAT, 4 OBSERVATIONS SUR L'A:P H:YS:1 Q U E, OUR PET S DOTRE "NATURELLE EPPOSAUR LE TS VARTES, ANNE GCGHDIES PLANCHES MEN ATALLLE=DIOU CE; DÉDIÉES ANSE ME ECO NL TE D'ART OTS;: Par M. PAbbé RozIER, Chevalier de PEglife de Lyon ; de l’Académie Royale des Sciences, Beaux-Arts & Belles- Lettres de Lyon , de Villefranche, de Dijon, de Marfeille , de Fleffingue , de la Société Impériale de Phyfique & de Bo- tanique de Florence , Correfpondant de la Société des Arts de Londres , de la Societé Philofophique de Philadelphie , &c. ancien Direëleur de Ecole Royale de Médecine - Vétérinaire de Lyon. TOME. SEPTIÈME. AVRIL, 1776. A PE tAS RSR 9)! Chez RUAULT, Libraire, rue de la Harpe. MRDIGICMEPXEXAVAL ADR EN CE PEROIO VIELVENCGHENN DIUPRRIONT. ANUS A MM. les SouscrrPTEuRS dont l Abonnement finit à la fin de l'année 1775. Prusiz UR s Soufcripteurs fe font plaints de ce qu'ils ne rece- voient pas les Cahiers aufli-tôt qu'ils avoient formé leurs deman- des. Ils font priés d’obferver que fouvent ils s’adreflent à des Commiflionnaires qui négligent de foufcrire , ou de faire par- venir les Cahiers à leur deftination. Pour éviter, à l'avenir , de pareils reproches & de femblables lenteurs, MM. les Soufcrip- teurs, qui ont été dans le cas d'être mécontens, font invités à recommander expreflément aux perfonnes qu'ils chargent de leurs commiflions , d'être plus exactes que par le pañié : ou s'ils jugent la chofe plus commode , de configner le montant de la Soufcription au Bureau des Poftes de leur Ville, fans l'affran- chir, mais affranchir feulement la Lettre qui en donne avis. Un fecond fujet de plainte vient de ce que ceux, chez lefquels on prefcrit de remettre les Exemplaires, les prêtent , les égarent, & difent enfuite ne les avoir pas reçus. On prévient que l'on fait l'appel de chaque Cahier & de chaque Soufcripteur, comme dans un Régiment on fait l'appel des Soldats, & tous les Cahiers font portés fermés , dans un fac cacheté, à la grande ou à la petite Pofte de Paris. On voit par - là, que fi quelques -uns ne font pas rendus, ce n'eft plus la faute du Bureau des Journaux. MM. les Soufcripteurs, qui défirent renouveller leur Abon- nement pour l’année 1776 , font priés de donner /eur nom & de- meure , écrits d'une manière lifible , dans le courant du mois de Décembre, ou le plutôt-poffible , afin d’avoir le tems de faire imprimer leur adreffe. On foufcrit à Paris, chez l’Auteur , Place & Quarré Sainte - Geneviève , & chez les principaux Libraires des grandes Villes. Le prix de la Soufcription eft de 24 livres pour Paris, & de 30 livres pour la Province, port franc. be FT ABLE SE MSNE ANR TT IC EUVEXS Contenus dans cette première Partie. L ETTRE de M, l'Abbé de Fontana, Phyficien du Grand-Duc de Tofcane, a MY***, page 285 Table du Cours des principaux Fleuves des quatre parties du Monde connu, avec Le niveau de leurs fources au-deffus du niveau de la mer, ou La hauteur de la pente qui procure l'écoulement de ces Fleuves , depuis Leurs Jources jufqu'a leurs embouchures dans Les différentes Mers où ils fe portent , 292 Obférvations fur un Raifin monflrueux ; par M. de Changeux , 293 Table de plufieurs hauteurs mefurées en différens 1ems, pour l'ufage des Phyficiens ; par le Pere Corte, Correfpondant de l Académie Royale des Sciences de Paris, & Cure de Montmorency , 294. Leure de M. l'Abbé Dicquemare , de plufieurs Académies Royales des Sciences , des Belles-Lertres & des Arts, Gc. à l'Auteur de ce Recueil, Jur quelques reproduëlions animales , 268 Recherches fur quelques propriétés attribuées à l'Air ; par M. de Machy , Maitre er Pharmacie, Cenfeur Royal, des Académies des Sciences de Berlin , de Rouen, Gc. 301 Table des plus grands degrés de Froid obfèrvés dans différens tems , pen- dant le mois de Janvier dernier ; par le Pere Corte, Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris, & Curé de Montmorency, 32 Lettre à ! Auteur de ce Recueil, 328 Eclairciffemens demandes par M. Guiot , fur une Trombe obférvee à dix lieues de Bordeaux, dans le voifnage du Baffin d'Arcachon | avec les Réponfes de M. Burer, Curé de Gujan, fur ce Phénomène, 334 Suite des Confidérations Opriques , onzième Memoire , 341 Lettre de M. du Coudray, Capitaine au Corps de l’Artillerie | Corref- pondant de l'Académie des Sciences , à l'Auteur de ce Recueil; au Jujet des Obfervations de M. le Marquis de Beauveau, fur fon Ouvrage intitulé : L'Ordre profond & l'Ordre mince, inferées dans Le Cahier du mois dernier , 354 Procédé fimple pour former un Vernis brillant, folide & fans odeur, qui s'étend avec facilité [ur les ouvrages de férrurerie les plus délicats, & Les préferve de la rouille; par M. de la Folie, de l'Académie de Rouen, 360 Nouvelles Litéraires, 3 64 Fin de la Table, 0 ANP P--R Q Br AT rfi ON. Je lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre : Oéfervations fur La Phyfique , Jar l'Hiffoire Naturelle & fur les Arts , &c par M. l'Abbé Rozier, &c. La collection de faits importans qu'il offre pério- diquement à fes Lecteurs, mérite l'accueil des Savans; en conféquence, j'eftime qu'on peut en permettre l'impreffion. A Paris, ce 24 Avril 1776. VALMONT DE BOMARE. L'E UP TIRE 28; d —— 6 | DIS TRE RE RE  ee) LETTRE De M, l'Abbé DE FONTANA, Phyficien du Grand-Duc de Tofcane, GMA, M, NSIEUR , il eft très-vrai que M. Corti, Profelfeur à Reggio, a découvert, dans le Auide de certaines plantes, un mouvement in- connu aux Obfervareurs qui l’avoient précédé. Tous ceux qui font exer- cés dans les obfervations microfcopiques , conviendront aifément de cette vérité , qui ne peur être combattue que par l’envie ou par l'ignorance. Pour moi, Monfieur, je puis vous affurer qu'à peine j'eus lu l'Ouvrage de M. Corti, je remarquai ce mouvement fin- gulier dans différentes plantes aquatiques, que je fus alors à portée de me procurer. Ce mouvement me fembla, à la vérité, fort dif- férent de celui qu’a décrit ce Profefleur, mais il n’en étoit pas moins un mouvement , & cela n'ôte {rien à la découverte de cet ingénieux Obfervateur ; car enfin, c’eft lui qui, le premier a, non pas imaginé, mais obfervé dans les plantes t«1 fluide réellement en mouvement. Puifque vous voulez favoir ce que j'ai obfervé dans le peu de tems que j'ai eu pour examiner ces plantes, je vais vous fatisfaire, & au défaut de planches néceflaires , je vais râcher d’y fuppléer par une defcription la plus claire qu’il me fera poflible. Quoiqu'il em foit, mes obfervations pourront , non-feulement reétifier, mais en- core écendre & fixer celles que M. Corti a déja publiées; car ce mouvement n’eft point une véritable circulation, & ces plantes ne font pas douées d’un double fyflème, ou genre de vaiffeaux, comme M. Corti l'avoir cru (1). La plante, fur laquelle j'ai fait la- plupart de:mes obfervations ; eft le Chara flexilis de Linné (2), le mème que Vaillant appelle Chara tranflucens minor flexilis( 3). Or, M. Corti nous annonce fes 1 (1) Peu de tems après avoir écrit cette Lettre, M. l'Abbé Fontana a fait:graver à Florence des Planches qui préfentent les mouvemens du Auide du Chara, & qu'il va publier incefflamment dans un Ouvrage , en deux vol. ën-4°. fur le faux Ergot, &c (2) Linn, fpec. Plant. Tome II, édit. III. Vindobonæ, page 1624, (3) Mém. de l'Acad. des Sciences, année 1719. Tome VII, Part. I. 1776. Oo ÿêe OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, découvertes comme étant faites fur le Chara de Vaillanr : ainf j'ai, fans-contredir, obfervé la même plante que M. Corri, quoi- que la figure qu'on en voir, planche II, figure 1 , de fon Ouvrage, foit très-différente, fans qu'on fache pourquoi. ï Cette plante nef pas la feule queij’ai examinée, mais je ne vous parlerai ici que d'elle, parce que tout eft dans celle-ci plus marqué & plus: décidérque dans les autres; d’ailleurs, par les ‘expériences que j'ai faites, un peu à la hâte, fur les autres Charas , je n'ai re- marqué dans pas un d’eux, aucune différence qui mérite attention. Je n’entrerai pas dans le détail de ces mouvemens ; ni d’aucune expérience particulière : Comme céla pafferoit les bornes d’une fimple Lerrte je le laïffe” pour une autre ocçalon, & je donnefai alors des Plañches que j'ai fait graver pour cet objér, & qui mettront fous les ÿeux ce que je ne vous dirai aujogrd’hui qu'en paflanr, Où voit dans toutes les parties du Chara, c’eft-3-dire, dans les racines, dans les tiges principales & fecondaires, dans les branches plüs petites qui couronnent les tiges, & qu’en attendant j'appellerai feuilles; on voit, dis-je, en général, un flüide où de petits corps plus où moins irréguliers, plus ou moins grands, plus ou moins ag- glutinés ehfemble, qui montent & defcendentr entre les nœuds ; car cetre plante éft dinfi divifée. Les efpaces , compris entre les nœuds, &' particulièrement ceux des’ feuilles , ne font autre chofe que des cylindres émouffés, compofés d’une fimple membrane très-mince, diaphane , repliée en dedans aux deux extrémités, & fermant la cavité: du CM Rndtée Ce cylindre n’eft donc qu’un fac fait par une feule membrane, continue & fermée de tous les côtés : on ne fau- roit mieux le comparer qu’à un rube de cryftal, fermé hérmérique- meñt aux deux extrémités oppoñées, Repréfentez- vous à préfent , Moñfieur , dans ce tube de cryftal, un fluide reinpli dé corpufcules plus ou moins nageans : repréfentez-vous ce fluide continuellement pouffé , fuivant la longueur du cylindre , par une force ‘agiffante feulement fur la moitié dela colonne fluide, fans -qu'il pañle ja- mais par-deflous l’axe du cylindre. Il eft certain qüe cette demi- colonhé ‘Auide doit fe mertre en mouvemeït | füivant 14 direction dela forcé qui li pouffe ; enfuire‘fe plier, lorfqu'elle'eft parvenue au bout feriné ‘du cylindre, & par la continuation de fon mouve- ment, paller par-defous, pouffanc toujours l’autre moitié du fluide en avant. Suppofez à préfent la première force toujours agiffante , il'eft très lait qu'une moitié du fluide doit néceffairement defcendre le long du tube ,. pendant que l’autre moitié monte par le .côté op- polé. Voilä:précifément le mouvement qu’on obferve dans le Chara , pourvu que l’on fe donne li peine de bien l'examiner , & de diftin- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2:87 guet la réalité d’avec l'apparence , & l'illufion des yeux & du mi- crofcope qui peuvent bien aifément nous induire en erreur. Ce fluide qui monte eft donc le même qui, un moment après, defcend , & il ne defcend que pour monter de nouveau. Je puis aflurer que chacun de ces cylindres , terminés par deux nœuds oppofés, eft abfolument privé de vaifleaux. Il n’y a point ici de double fyftème d’artères & de veines, c’eft-à-dire, de vaif- feaux qui fervent à faire monter ou defcendre le fluide, dont les deux courans font toujours en contact, & ne mêlent cependant leurs globules que très-rarement. Cela nous fait voir clairement , que quelle que foit la caufe de ce mouvement , elle eft toujours également appliquée au fluide, & féparément à chacun des cylindres compris entre les nœuds. De-là, ce mouvement du fluide, à l'inftar de celui d’une roue, tout à-fait in- dépendant des cylindres contigus, car il peut bien fubfifter dans l’un, pendant qu'il eft éteint dans les autres. De-là, certe conftance tou- jours dans une mème direction, c’eft-à-dire , d’afcenfion par le côté convexe , ou plus long du petit cylindre végétal, & de defcente par le côté concave ou plus court , quoique cependant jai cru voir chan- ger cette direction deux fois dans les feuilles, & plufieurs fois dans les tiges principales. IL eft crès-certain que chacun de ces cylindres végétaux , eft ter- miné par deux nœuds où membranes extérieurement convexes, lef- quelles font la continuation du mème cylindre, comme je vous l'ai fait obferver ; ainfi, quand un cylindre adhère à un autre, les pe- cires membranes des deux nœuds tCorrefpondans font, par dehors, collées* enfemble, comme par un gluten fort tenace. Là; on obferve les deux nœuds , former enfemble une efpèce de diaphragme ; car dans la plante vivante & faine , on ne voit ces nœuds que comprimés enfemble , & formant un feul plan qui s’oppofe prefque de front, à la direction du mouvement du fluide : & fi l’on regarde de côté ce diaphragme apparent , la diaphanéité de ces parties fair que l’on croit voir le Auide d’un cylindre, circuler & paller mutuellement dans l’autre cylindre, ce qui n’eft qu’une fauffe apparence. IL eft pourtant vrai, que lorfqu'un cylindre eft mort, & que le fluide de ce cylindre s'eft éloigné des parois & des nœuds, on voit très-clairement le bout de l’autre cylindre adhérant , fe prolonger en manière d’hémisphère dans le cylindre mort, & le Huide du vi- vant fe porter dans le mort, fuivant toute l'étendue de cet hémifphère, C'eft donc la force du fluide , encore circulant, qui, dans ce cas, 3 j à À : ; a prolongé fon nœud , & agiffant ainfi fur l’autre nœud qui eft adhé- rant, elle le repoufle & le retourne en dedans de fon cylindre mort, fans qu’il fe détache pour cela du nœud fain ; car on continue toujougs Oo! 288 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de voir le même anneau ou cercle extérieur, au même point où ils étoient auparavant collés enfemble. Mais je reviens au mouvement du fluide , & je vais vous rendre compte d’une obfervation tout-à-fait fingulière , que je viens de faire, & telle que, quand je n’en aurois pas d’autres , elle fuffiroit feule pour conftarer que le mouvement du fluide du Chara n’eft point une, véritable circulation. Si on arrache donc entièrement les feuilles d’une tige ou d’une branche fecondaire , enforte qu’il n’y en refte pas la moindre par- tie, on découvre à l'endroit, où chacune des feuilles adhéroit, un petit creux prefque circulaire , tout rempli d’une fubftance blanchâtre & tranfparente. Que l’on obferve enfuite, avec une loupe très-forte, le dedans de ce creux ; on y verra, pour ainfi dire, une fourmillière de grandes boules tourner en tout fens, & caufer, à l'Obfervareur, une confufion très-agréable. Que l’on fuive ces mouvemens, au pre- mier coup-d'œil , fi différens, fi variés, on les verra, peu-à-peu, devenir réguliers, conftans, harmoniques. On y voit quatre ou cinq petites vellies prefque rondes, plus où moins applaties, remplies de globules & d’un fluide qui les fair tourner en rond. Une de ces veñlies ordinairement occupe le centre du creux dans une fituation horifontale , ou en largeur quand on y regarde de haut en bas; elle eft entourée des autres , qu’on voit plus ou moins de travers, & comme de champ , le creux étant trop petit pour qu’elles paroiffenr en entier, enforte que les bords opaques du creux cachent la moitié de chacun de ces globules. Ceux-ci font réguliers & bien plus ar- rondis que ceux qu'on voit en mouvement dans le fluide des autres parties du Chara. Ils font aufli en général, d’un volume affez con- fidérable , & fouvent on en voit, dans quelques-unes de ces vefles placées de champ, de fort gros, bien plus égaux entreux, & qui marquent évidemment deux efpèces de mouvement; favoir, un de rotation autour de leur propre axe qui varie, & l’autre de prosref- fion ; ce mouvement eft commun à tout le fyftème du fluide. Pour peu qu'on fafle attention au mouvemement du fluide de chacune de ces veflies , on voit clairement qu'il eft le même par-tout, quel- que différence qu'on y croie obferver par leur diverfe poftion. On ne fauroit mieux comparer le mouvement de celle du milieu, qu'à celui qu'on produiroit en tournant un doigt dans un gobelet de cryftal applati , rempli d'eau & de corpufcules légers, ou bien de globules. Ces globules ne cefferoient pas de tourner toujours du même côté, pendant que le doigt continueroit de fe mouvoir du même fens. Si on,regardoit alors le gobeler de côté, 1l eft évident que l’on verroit les courans des deux fluides l’un, fur l’autre, & les globules tourner & lécher plus ou moins les paroïs , fans que jamais SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 289 les deux mouvemens apparens foient confondus. Voilà précifément le mouvement réel du Auide des petites veflies, & ce fair eft incon- teftable. Ce mouvement eft d’ailleurs tout-à-fait femblable à celui des au- tres parties du Chara; car le cylindre végétal , terminé par deux nœuds , ou pour mieux dire, les différens morceaux qui compofenc la plante, ne font au fond que de petites veflies plus allongées, plus rétrécies , & réduites en forme de cylindre ou de tube : mais ce font toujours des veflies. Le mouvement eft par-rout le même, & dans chaque tube du Chara, on trouve toujours les deux courans Jun fur l’autre. 11 fufhc , pour s’en affurer , de tourner le tube fous le microfcope , ou bien d'approcher davantage la loupe, du fluide, pour en voir le courant inférieur. On peur encore mieux le voir dans les racines de cette plante, parce qu’elles font beaucoup plus tranfparentes, & j'ai eu même occafion, quoique rarement , d’obferver de longs tubes des racines, dans lefquels on voyoit très-clairement le mème courant du fluide, après avoir monté un certain efpace, commencer peu-à-peu à def- cendre ; enfin, pafler tout-à-fait en-deflous, & de-là, remonter de nouveau , allant toujours en avant, tandis que l’autre courant def- cendoit pendant que le premier montoit , changeant alternativement de direétion; & l’on voyoit ainfñ, en différens endroits du tube, deux courans s'avancer comme en fpirale. Cependant , on pourroit foupçonner que c’eft en portant le tube fur le porte-objet , qu’on donne au mouvement cette apparence de fpirale ; mais je ne le crois pas , &je penfe qu’on s’en appercevroit facilement au microfcope. On obferve d’abord, comme je viens de dire, dans le creux de chaque feuille, quatre ou cinq petites veflies; mais elles ne fonc as les feules; car deffous les premières , il y en a d’autres qui fe préfentent & qui ne tiennent point aux autres creux; de forte que les branches du Chara ne femblent être compofées d'autre chofe, que de petits facs remplis d’un fluide circulant, & de globules en- trainés circulairement par le fluide. J'omets ici, Monfieur, bien d’autres obfervations que j'ai faites fur le Chara, & je me borne à vous dire, pour preuve de ce que j'ai avancé fur l’économie & fur la vraie nature de ces mouve- mens , que j'ai rencontré une fois un vaiffeau, ou tube très-tranf- parent, replié en forme de gimbelerte , & couché fur un côté d'une racine , où elle fembloit être variqueufe, & former une efpèce de ganglion gros & tranfparenr. On ne voyoit ni mouvement, ni glo- bules , ni fluide dans le ganglion; maïs la gimbeletre éroir route remplie d’un fluide à petits globules, & ce fluide fe mouvoit toujours du, même côté , ou dans ka mème direction; en un mot, fans les 2900 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, deux courans qu'on obferve dans les tubes droits. Enfin, ce mou- vement étoit tout-à-fait femblable à celui des petites veflies , lorf- qu'on les obferve dans une polition horifontale , ainfi qu’au mouve- ment de toutes les autres parties de la plante, à l’exceprion de la tige principale , fur laquelle je n'ai pas fait directement des obfer- varions. II me refteroit à vous dire quelle eft mon opinion fur la caufe du mouvement de ce fluide; mais je ne veux point hafarder d’hypothèfes, ni vous préfenter des obfervations qui ne font pas affez conftatées. Cependant, je puis vous affurer que je n’ai jamais trouvé de mou- vement ni d'irritabilité dans les parois des cylindres, dans lefquels le fluide fe meur, ni dans les diaphragmes qui féparent les cylin- dres les uns des autres, ni dans les globules du fluide même. Ce fluide reflemble entièrement à une fubftance gélarineufe lécèrement colorée, & lorfqu'il perd fon mouvement, il fe refferre très-fort en s'approchant de l’axe du cylindre , & entraîne avec lui les globules entaffés. Voilà ce que j'ai obfervé, jufqu’ici, fur cette matière; mais fi jamais, comme je m'en flatte, j’ai le tems de revenir fur cet examen, je ne défefpère pas tout-à-fair, Monfieur , de vous fatisfaire , mème fur la caufe du mouvement, ce qui eft le point le plus difficile & le plus obfcur de tout ce qui nous refte à faire. En attendant, ce n’eft pas peu de chofe, ce me femble, d’avoir déterminé le vrai mouvement de ces plantes aquatiques, que Vaillant: a défignées fous le nom de Chara, & dans lefquelies M. Corti nous annonce qu’il a fait le premier ces obfervations. Ainfi , les ÿhénomè- nes de ce mouvement étant fixés & réduits à un principe certain, il fera bien plus aifé d’en rechercher les caufes. Je vois déja nombre de Spéculateurs partir de-là fans autre exa- men, tirer de ces obfervations, des conféquences à perte de vue; & d’après ce qui fe voit dans le Chara, on ne manquera pas d'établir un femblible mouvement dans-les autres plantes , conduits en cela par le grand argument de l’analogie toujours fi aifée à contenter , & toujours fi prompte à jetter dans l'erreur. Jamais découverte , jamais obfervation nouvelle ne fut publiée , qu’elle n'ait ouvert la porte à de nouvelles vérités, & à des erreurs nouvelles. L’envie de pouffer plus loin nos découvertes, & d’en faire valoir l'importance, en les rendant générales, nous jette bien fouvent dans les abfurdités les plus groflières. L’analogie la plus foible , les induétions les plus éloignées fufhfent alors pour nous contenter, & nous croyons voir par-tout égalité de caufes, uniformité d’effers, conformité de par- ues, enfin, une entière & parfaire reffemblance, Harvée découvrit la circulatiou du fang, & tout aufli-tôt des Phi- — SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 209 lofophes fpéculateurs , à l’aide feulement de l’analogie, en fuppo- ferent une pareille, mème dans les plus petits animaux, pendant qu’elle n’eft ni générale, ni égale dans tous , tant l’analogie eft trompeufe ; ils firent plus, ils tranfporterent l’analogie du règne ani- mal au règne végétal , & fe perfuaderent qu'il exiftoit une vraie circulation d’humeurs dans les plantes , ainfi que dans les animaux: il nous à fallu un Halles, un du Hamel , pour nous faire voir les erreurs dans lefquelles nous étions tombés. Cela n'a pas empêché M. Baifle de voir toujours des cœurs, toujours des poumons , toujours des artères, des veines , enfin une vraie circulation d’humeurs dans les plantes, comme on peut le voir dans fon excellenr Mémoire couronné par l'Académie de Bordeaux, & que: l’Aureur a enrichi d’un grand nombre d’expériences tout-àe fait originales. Cependant M. Bonnet, ce célèbre Obfervateur de Genève, a combattu avec le plus grand fuccès cette opinion : il exifte fans doute dans toutes les plantes , un mouvement d’humeurs ; mais ce mouvement , loin d’être femblable à la circulation du fang des animaux, n’eft qu'un mouvement de fimple afcenfion & de defcente : une eau toute fimple s’ouvrant un chemin par les fibres ligneufes, monte des racines jufqu’aux feuilles, d’où la partie la plus aqueufe s'étant évaporée par la tranfpiration, le refte enrichi & devenu plus fucculent par l'air, par le feu & par d’autres fubltances qui y pénè- trent par les feuilles & par le tronc, defcend le long des vaifleaux de l'écorce , jufqu’aux racines qu'il nourrit & prolonge à fon tour, & va enfin fe perdre dans la terre. Certre nouvelle humeur déja de- venue nourriffante , donne dans le tems qu’elle defcend , par des vaifleaux latéraux , l'aliment à la plante entière, & c’eft alors qu’en France on l'appelle la sève. Tel eft le feul & vrai mouvement du fluide dans les plantes , & l'on voit par-là qu'il ne refflemble en rien à la circulation du fang dans les animaux : ce n’eft pas affez qu’un mouvement quelconque dans un fluide , pour pouvoir l’appeller mouvement de circulation, il faut encore un tel mouvement particulier, & non un autre, tel fyftème de vailleaux , tels organes, & telles parties bien déterminées, en un mot ; mais le mouvement du fluide du Chara ne reffemble ni à la circulation des fluides dans les animaux, ni au fimple mou- vement d’afcenfion & de defcente dans les plantes : d’abord, il ne reflemble en rien à la circulation, parce qu'il n’y a point ici le double fyftème de vailfeaux pour monter & pour defcendre : il ref- femble auiñi peu au mouvement du fluide dans les autres plantes, parce que le fluide dans le Chara revenu au point d’où il éroit parti, A recommence tout de fuite à remonter de nouveau par le même h92 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; chemin ; le mouvement du Chara eft donc tout-à-fait particulier ; & n’eft point du tout analogue aux autres mouvemens connus des corps organifés. L’analogie du mouvement du Chara pourroit être appliquée avec probabilité aux autres plantes, fi l’organifation en étoit la même que celle du Chara ; pour cela il ne faudroit en général aux plantes que des cylindres feuls , & entre un cylindre & un autre , des diaphragmes; d’ailleurs, point de vaiffeaux entre un diaphragme & l’autre, mais par-tout un fluide gras, gélatineux & rempli de globules : pendant qu’on ne voit au-contraire, au-moins dans un très-grand nombre de plantes , qu'un tiflu de fibres & de vailfeaux , qui des racines fe diftribuent au tronc, &c. Joignez à cela la belle expérience de M. Muftel, inférée dans les Tranfaétions Philofophiques , par la- quelle il fait voir l’impofñfibilité de la circulation du fluide dans les plantes. Mais ce qui prouve combien il eft aifé d’être trompé par l’analogie, c’eft qu’elle n’eft pas mème sûre dans les chofes où elle femble devoir être infaillible, puifqu’il y a même des plantes qui, par leur ftruc- ture intérieure , font analogues au Chara, & qui n’ont pourtant pas le même mouvement dans leurs fluides. J'ai examiné nombre de plantes aquariques également tranfparentes , & encore beaucoup plus que le-Chara , telle que la plus grande partie des byflus, & qui pluseft, ilyena dans ce nombre qui ont tout-i-fait une femblable organifation, les mêmes cylindres , les mêmes diaphragmes , les mèmes fluides, les mêmes globules , & encore plus légers & plus nageans qu’ils ne font dans le Chara : malgré cela, je n'ai jamais pu appercevoir dans leurs fluides aucun mouvement ; il ne me feroit certainement pas échappé; fur-tout les circonftances étant encore plus favorables que dans le Chara même. Je me fuis donc affuré par mes obfervations, que ce mouvement du Chara n’eft que dans très-peu de plantes , fi mème il s’en trouve ailleurs, Si la circulation du fang nous a trompés par rapport à certains ani- maux ; Certainement la mème analogie nous trompe ict relativement à prefque toutes les plantes; le fluide circule fans doute dans les plantes où on l’obferve circuler ; mais il n’y a point de taifon de le fuppofer dans celles dans lefquelles on ne le voit point : telle eft a nature des corps phyliques , qu'au-delà des obfervations 2@uelles bien conftarées , il n'y a plus de certitude pour nous. T':A B.EVE A da l ! (292) Dources au-deffus du niveau de la Mer, ou la hauteur de la pente qui ,0ù ils fe portent. Extraite de Ouvrage de M. GENNETÉ , intitulé : 7, page 257. | jdi de a pieds. Pieds. 2475 40$0 2250 2475 + 1450 + 4950 10800 D St mm mt e'Folls + 3150 + 2400 en Afic. 11e, Pieds. 21600 112$0 . 5850 + 3000 + 4200 Afie. Le, Pieds. 9900 14400 21000 19800 15000 18450 troifième Chaîne au milieu de l'Afrique. Fleuves defcendant de ces deux branches, & Pente en pieds. combant au Couchant , au Midi & au Nord. Lieues. Pieds. Re ZA Ne EE UMA INGOON EU 5 ie EgDon ÉEZAmbES NN CRE AZ INT ci + ler RGO LE LEE SORTE on MU PAIN Se OGEICE Le Nil. PRIE EN ITAO NN ERIC NE IUT 7100 CN Enee Car au Nord de l'Amérique. Lieues, Pieds Ec'Pleuve Saine-Paurent. 0-4. 2401 00. < D5600 NTM NS MOMENT ATEN SSON. €.) . :. Or2086 LePPravoN Ness ee OPUS + «+ 'UONCR QUATRIÈME CHAÎNE, ou les deux branches de la SrxrÈme CHaîine au Midi de l'Amérique. Fleuves defcendant de cette Chaine, G s’écou- i lant au Nord, au Levant & au Midi. ; Lieues. Pieds. | L'Orénoque. . . UMR ASONNe. -= 1-1 16750 Le Fleuve des Amazones! C5 ON. AO SON RENR CARNET NP Ré CONNECT MENSOCOI RETIRE MMe NN ; 4 à "200 DÉRHIEUvVeErde NA PAT MMM MO CON 0 00 + pe " LE | | de PE “É x » Du Cours prs pRrwcrpAux Fisurss des dre parties du Monde connu , avec le niveau de leurs fources au-deffus du niveau de la Mer, ou la ” procure l'écoulement de ces Fleuves , depuis leurs fources jufqu'à leurs embouchures dans les différentes Mers où ils fe portent. Extraire de POuvrage de M. Gexnaré , à ntitul Connoiflance des Veines de Houille ou Charbon de terre, & dont nous avons rendu compte, Tome IW, page 257. Pnemibtus Cuainx, ou élévation du Continent au Srconps Caine, ou élévation au Midi de Quatrième Craink, ou les deux branches de NE milieu de l'Europe & au Nord de l'Afie. l'Europe. troifième Chaine au milieu de l'Afrique: F Cours des Fleuves en grandes lieues de 3000 toifes, | Pente des Fleuves en || Fleuves deftendant de la feconde chaine, € Ponte en picds. Fluves défendant de ces deux branches, © Pente en pieds. + compris leurs détours, ces Fleuves deftendant Picds , à 6 pouces par s'écoulans au Nord. tombant au Couchant, au Midi & au Nord, dé la chaîne, & 5 ‘écoulant tous dans les murs toiles , © 15 pieds du Nord, par lieues, Livues. Pieds. LETTA i Litues, Pieds, La: Walen rt: 4140 , ,VE0 es. : 7.7. 2360, La Canon, + CU PT ire. ‘ . 600 1 L'HIDEI > ;, c'en 0 le TSOUIR e s. ./8500 |l'La LT PR SUN ©. . ‘ +. + 5, 88 ‘ L'Oder, 1 «ee TD Le . + 5750 || La Seine)" . "5.312 dr” a Te PARENT ren La V0, 7. à LORS Er ON le 000. N Le Mo ne © CUIR >. - , Le Nil. “he 515. s + 116 « 17100 Le Niemen. . . . . ” aouih 71 77.1 + 13000 || La: Molelle/.. cet ; "À le £ È LX Dan io sl LUNETTES T1 ESA + + 3600 || Le Rhin., . * s ro Cirartin RE au Nord de Amérique. L'Onbga, + , 4 , + : , 7. 190). .. .:3aço || Le Daoube, du Nord su Levant. Lieuess Pied DR ae pd) À RP Es défendant de la feconde chaîne, & Le Fleuve Saint-Laurent. : . HD IX … + + 3600 L'Ob Én er Wei En Eu 150 trot #99 0 séouant au Midi & au Levant, Le Mifiipi. . + « + + « « : 800 |. 11000 La Jen US 0, EN voue}. -7.,1.1/34800 | Le Rhône. . ©: «left ce, + 210! 17, s tire Le Bravo. . . . . . . . + « 700 |. . . . 10700 + een TUE LA 24 CREME ES ca Le Pô. . . . + + 1801. . , .°. 2400 Sixikme Cnainx au Midi de l'Amérique. L'Indiger. RTE PE ET ete) 11 EE capes Troisième Cost à au Nord de l'Afrique & en Afic. || Fieuves défendant de ceue Chaîne , & s'écou Fleuves défendant de la vroifième chaîne, © Pere. lans au Nord, au Levans © an Midi, s'éoulant au Levant, au Midi 6 au Cou- Livues, chant. . 9000 | + 6300 Fleuves défendant de La première chaîne, € s'é- coulant tous au Midi. Les petites Rivières de Hellel-Caffel, de Ponte en pieds. : Pieds. pe PERS Le, 450 la Thuringe & de la Bohême, qui combent Le Ni ; ñ cuve des mesonss. ‘ 1340 dans le Danube. »c4 | : Vs ARTS >|. « . . 21600 || Le Fleuve de la Plara. , : 900 Liens, Pieds. L'Euphrate. ‘se c'e DUR oo + Li era 11240 En RL 107. vs su - 60o Le. Tigre +. … le NA EUR, il o + 5830 |l'Ee My s . 2. 00 s 30608 La Téylles US RON ES “28250 |! Le Kur ou Ans. . . mr due le JAI Le Pruth 47 RE 200 | . . + + 3000 || Le Fleuve du Candahar. . , . os. A PT tn F . ARLES ET Le Ra tilé ARR EU 4 « + 3000 R£umiox de la 1", = & pe Chaine en Afic. Le Niéper ou ‘Boriftène. ST 117 RON CCC LE Flsves defecndant de la Réunion © da grand Perte. Le Doniels. . . : 300 |. ‘Lee 50 Défert de Xamo, © allant tant vers le Midi Le Don où Tanaïs, ‘En Europe. . 21500 /Jle Mes Le ; que vers le Levant. Le Wolga. En gi de» « 1009, + ol < Eos Le Jaick, . 6 tuer su 7 OT Le Tata.” : CUIR Vi lois «ID L'indes. . :,.1/} AL MRRRE S 0 66o Le Ganges, . 3" OPEN: 960 Le Mécon, . . . se, 400 Le Kiang, (< 0 SRE ST: y s20 Le Hoang, « M8 CNE. 1306 L'Age 1. dHH MSIR ENS 1230 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 193 WNB UN EN RIT TA TT OLUN S : "4 Sur un Raïfin monftrueux ; Par M DE CHANGE U x. Ur de mes amis m'a envoyé cette année (1775) un raifin quia été cueilli fur un cep de l’efpèce nommée Auvernat gris ; à Sandillon près Orléans. Ce raifin parfaitement mûr , & d’une groffeur ordinaire, ft compolé de trois efpèces de grains très-diftinctes : dans une de fes moitiés, les grains fonc très-blancs ; dans l’autre , ils font abfolu- ment noirs, & les grains qui forment le milieu de la grappe , font noirs dans une de leur moitié , & blancs dans l’autre ; le goût de ces différens grains m'a femblé être le même. On ne peut attribuer à l'influence du foleil , ces diverfes couleurs : il n’en eft pas duraifin comme de certains fruits, tels que les pêches, qui ne fe colorent que par le côté expofé aux rayons folaires ; il mürit & fe colore fous l'ombre des feuilles. - En difféquant avec foin ce raifin , à la loupe j'ai cru appercevoir k caufe de ce phénomène ; il m'a paru que les vaifleaux qui de- voient porter la sève colorante à la furface interne , & à la peau des grains noirs , avoient été obflrués : cette obitruction fuppofée entière ou partielle , on conçoit comment certains grains devoient être entièrement décolorés , & les autres feulement à moitié décolorés. Quelques perfonnes prétendent que dans les climats plus chauds que celui-ci, & même en Provence, on trouve des raifins tels que celui que je viens de décrire ; d’autres perfonnes ont infirmé ce fentiment (1). Je remarquerai à ce fujet , que l’on voit quelquefois dans nos cantons un même pied de vigne porter des grappes parfaitement blanches & d’autres noires. (x) On trouve, aux environs de Paris, une efpèce qu'on appelle Raifin pa- naché, qui reflemble beaucoup à celui dont parle M. de Changeux. Du côté de Sens, on l'appelle le Suiffe, Tome VII, Part. I. 1776. Pp 194 OBSERVATIONS SUR EA PHYSIQUE, Cette produétion fingulière me rappelle que le P. C.... de lOratoire , a annoncé il y a quelques moïs , dans ce Journal , comme une betterave monftrueufe , celle qu’il a obfervée à Mont- morency , laquelle étoit jaune & rouge : l'Obfervatent foupçonne que ce végétal participoit de la nature de la betterave & de la carotte, & il imagine que le mélange des pouflières féminales a pu occa- fionner ce phénomène : il eft des betteraves jaunes, & des jaunes & rouges , qui ne tiennent en rien de la nature de la carotte : la berterave monftrueufe du P. C.... n'éroit-elle pas formée de l'union de ces deux efpèces ? alors le phénomène feroit moins fin- gulier , & plus facile à admettre. J'ai élevé des berteraves pendant plufieurs années , qui étoient formées par plufeurs couches où bandes concentriques , alternative- ment blanches & rouges ; cette efpèce paroîe être conftanre, & fe rencontre fouvent. TÉCUANCSE VRURCE De plufeurs hauteurs mefurées en différens tems , pour l'ufage des Phyficiens ; Par le Pere COTTE, Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris, & Curé de Montmorency. Ex parcourant les Mémoires de l’Académie des Sciences de Paris, j'ai trouvé plufieurs mefures faites par différens Membres de cette Académie ; tels que MM. Picard , de la Hire, Caflini, de Parcieux, &c., pour déterminer, relativement à la Capitale, plufieurs hau- teurs, dont la connoiffance précife peut intéreffer les Phyficiens. J'ai cru leur rendre fervice, en réuniffant ici ces différentes mefures fous un même point de vue. J'y en ajourerai d’autres qui ont été faites avec beaucoup de foin, au mois de Mai dernier, par M. le Cheva- lier de Sukhburgh, Anglois, avec deux excellens baromètres por- tatifs de Ramfden. Le but de ce favant Anglois, toit de déter- miner les différences qui fe trouvent entre les niveaux des baromè- tres placés dans les endroits où on les obferve habituellement; tels fonc ceux de l'Obfervatoire Royal, de M. Mefier, à l'Hôtel de Clugny , de M. de Lalande, au Collége Royal de France , &c. & le mien, à Montmorency. C'eft ce qui a engagé M. le Chevalier à SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 219$ venit à Montmorency , le 6 Juin dernier, avec M, de Lalande, pour comparer le baromètre de Ramfden’avec mon baromètre. Nous avons trouvé que mon baromètre fe fourenoit une ligne plus haut que le baromètre Anglois ; ce qui venoit en grande partie de la différence entre les denfités fpécifiques du mercure Anglois & du mercure de mon baromètre. M. le Chevalier s’en eft afluré en pe- fant ces deux mercures dans une balance hydroftatique ; il a trouvé que la pefanteur fpécifique du mercure de fon baromètre, étoit à celle du mercure de mon baromètre , comme 13,618 eft à 13,567. Le mercure Anglois eft donc plus pefant que le mien, parce qu'il eft plus pur, & par conféquent il doit s'élever moins dans le tube, Comme nous devions faire l’un & l’autre des obfervations corref- pondantes, à Paris & à Montmorency, j'ai cru devoir retrancher de mon baromètre la ligne de mefure que nous avions trouvée de trop; ainfi, pour réduire toutes les obfervations que j’ai publiées jufqu’à préfent, à l’état aêtuel de mon baromètre, il faudra retrancher une ligne fur toutes les élévations indiquées. Avant que d’entrer dans le détail des mefures qui fuivent , je remarquerai que l’on a été, jufqu'à préfent , dans l'incertitude fur la manière de fixer la hauteur des moyennes eaux au Pont-Royal à Paris. Les uns la mettent à 8 pieds, les autres à 10, à 12, à 15, &c. Je crois qu’il feroit bien plus fimple de partir d’un point donné fur l'échelle, qui eft gravée au Pont-Royal, & de rapporter toutes les mefures à ce point. J'ai donc pris le nombre 13 pour ce point; c'eft-à-dire, que la rivière eft à fa moyenne hauteur, lorf que fes eaux font élevées de 13 pieds au-deflus de fon fond; & comme ce nombre 13 eft marqué fur une des piles du Pont-Royal, ce fera un point fixe duquel on pourra toujours partir. Je marquerai, dans la Table fuivante, les hauteurs réelles en pieds , & les différences des hauteurs barométriques en lignes , en fuppofant, avec M: Deluc, qu'une ligne de variation dans le mer- cure, répond à 13 toifes de hauteur dans l’athmofphère. Pp 2 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, TABLE des différentes hauteurs mefurées à Paris par des nivellemens géométriques € barométriques. Hauteurs réelles. Elévation du fond de la Rivière au Pont-Royal à] pécds. pous. lign. Paris , au-deffus de l'Océan. . . | 113. — moyenne des eaux de la Seine au-deflus de fon fond , au Pont-Royal. . . T3. Pente de la Seine, depuis le Ponr-Royal jufqu la mer, félom M. Picard. . 110. Longueur du cours de la Seine , depuis le Pont: Royal jufqu’à la pointe de Quillebeuf , fuivant La Carte de France. . . .h66150 toifes, Elévation de la Salle de la Méridienneàl lOblervaroire ou 72 lieues. Royal , au-deffus du niveau de l'Océan.f 276. Elévation de cetre Salle au-deffus du fond de la “ee Près le Pont- Royal. . . . | 63, de certe Salle au-deffus des moyenneseaux. 150. ——— de la Gallerie de l'Obfervaroire au -delfus me du premier bouillon des eaux d’Arcueil.| 93. 1. 6. ———— de certe Gallerie au-deffus du fol de Notre- Dame. 160. 10. G. a du fol ou pavé 4e Notre Dsl der fus du fond de la Seine, au Pont-Royal.| 64. 1. G. ———— de la Tour Ecridionale au-deffus du AVE 210$. 4. G+ ——— de la Tour feprencionale a au - deffus 4 pivé. - 206. 8. 10: — de la Flèche ee Dôme des ealides! au- deffus du pavé du même Dôme. . 324. =—— du pavé du Dôme des Invalides au- defus du fond la Seine, . 43: —— le pavé de Notre- Er au- aile du pavé du Dôme des Invalides. . + | 21. 7. 6. de la Tour de Sainte- Geneviève. . .| 158. —— (x) Le nouveau pavé de Notre-Dame a été baiffé de 6 pouces. Cette mefure répond au niveau aétucl du fol de Notre-Dame. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Au-deflus des moyennes eaux à Paris. Elévation du fecond érage de l'Hôtel d'Yorck , rue Ja- cob,où logeoit M. le Chev.deSukhburgh. LPO: du Collége Royal, dans l'appartement de k M. de Lalande, au premier. hu os: ET Put à de l'Hôtel de Clugny , près les Mathurins, dan; l'appart. de M. Meflier, au premier.| 65. 10. —— de la Maifon des Prètres de l'Oratoire, à Montmorency , dans mon Cabinet, au premier. . 195$. 10. —— de la Gallerie TE l'Eclife Mon Va- lérien, près Paris. ; 430. du Château de Phase , en me nois , où M. Duhamel fait fes obferva- tions météorologiques. . .|388. Au-deffus de l'Océan. Elévation de l'Obfervatoire Royal. : HCl276 du Collése Royal. . AU Clan 77e —— de l'Hôtel de Clugny. 191. 104 de Montmorency. , + «371. 10. —— du Mont-Valérien. 556. ———— du Château de Denainvillers. . S14. Différences d’élévation Entre l’Obfervatoire Royal & le Collége Royal. SAGE SEM: De RENTE & l'Hôtel de Clugny. 8$. 10. =————————— & Montmorency. 45. 10. 5e Mont- Valerie 280 ———— & Denainvillers, 238 Entre le Collége Royal & l'Hôtel de Clugny. BAS RO: =———————— 4% Montmorency. 104 3- ———— & le Mont-Valérien. 4.338. 5. ——— ———— & Denainvillers. 296. 119$. Entre l'Hôtel de Clugny & Montmorency. . . 130. a ——— & le Mont-Valérien. TÉL - a ———— & Denainvillers. . . ALL: Entre Montmorency & le Mont Valérien. 52 0e —— & Denainvillers. 112-082: Entre le Mont- Valérien & Denainvillers. . réelles pieds. pouc. 297 Hauteurs | Différ. Barom. lignes. @re Saoa+b & bu [Elie iafe ie) PS el mn e FCO SEP Le 0 + ww + =“ Ou PTE PEN ECC EN ES b HR “| | el Le] als 298 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SE HAL PÉQREE DAS EE 5 De M. l'Abbé DICQUEMARE, de plufieurs Académies Royales des Sciences, des Belles-Lettres & des Arts, Gc. à l'Auteur de ce Recueil, fur quelques reproduëlions animales. M stEur, votre précieux Recueil nous offre chaque mois une Séance publique de l’Académie univerfelle : quel avantage pour ceux qui cultivent les Sciences, dans dés lieux où , dénué des fecours les plus effenciels, on n’a, pour ainfi dire , d’autres livres que celui de la nature. Vous avez acquis un droit inaliénable à la reconnoiflance de toutes les Nations, & à celle de la poftérité : il y auroit une forte d’ingratirude à favourer des fruits fi excellens , fans contribuer un peu à leur culture. Il vous fouvient de ce que vous avez inféré en 1772 dans les tomes II. feconde partie, page 201. IL. feconde partie, page 157. & depuis , les romes I de l’iz-4°. page 473. III. page 372. V. page 35. & de ce que vous avez vu dans le LXX III volume des Franfac- tions Philofophiques de la Société Royale de Londres fur les Ané- mones de mer : hé bien! Monfieur , c’eft encore de ces animaux dont je vais vous entretenir. Des Anémones de mer de la premiere efpèce, que j'avois coupées le 12 Mars 1773, diamétralement & dans une direction perpendi- culaire à leur bafe, foutinrent fort bien cette opération, qui femble devoir déranger plus que toute autre , l'économie animale, puifqu'elle divife les vifcères, & offenfe confidérablement labafe , partie aufli effen- tielle & très-délicate dans plufieurs efpèces : les deux moitiés fe fonc repliées pour former chacune un animal rond par fa bafe, & conique comme étoit le premier ; mais la guérifon a été longue ; cependant la jonction s’eft opérée au point qu'il n’en reftoit aucune marque fur la robe , la petite bordure n’en étoit nullement interrompue, & la bouche s’étoir reformée. Ces moitiés d'animaux , que j'ai confervées, & qui avoient depuis long-tems tout l'air d’un animal entier, en faifoient aufli toutes les fonétions, comme de changer de lieu, d’avaler , de digérer, &c. &c. Vous êtes, fans doute , curieux de favoir fi ces moitiés d'Anémones , ainfi rétablies , m'ont donné des petits ; mais je n'ai prefque point vu naître de petits, que des Anémones de cette efpèce qui étoient en mer, ou qui en avoient SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 299 été tirées depuis peu de tems; en conféquence , je n’en atrendois pas de celles-ci, & elles ne m'en ont point donné. Tenté de pouffer les fections plus loin, il y a environ fix mois que je coupai de la même manière une de ces Anémones reformées ; chaque moitié n'é- toit donc alors que le quart de l’Anémone primitive , toutes deux ont fait comme la premiere fois; mais le rétabliffement n’eft pas encore fi parfait, la bouche eft mal formée, &c. cependant un de ces El d'Anémones vivant à particulier , & ayant repris forme , me donna le premier de ce mois (Juin 1775.) une petite Anémone aufli parfaite que celles qui naiffent à la mer , & de même couleur que la mere : jugez de ma furprife , quoique je m’attende à tout : qu'on ne me demande pas pourquoi; je ferois obligé de répondre Je n'en fais rien; quoique plufieurs croyent que quand on eft Phy- ficien , on doit rout expliquer. Il n'eft queftion ici que de la pre- miere efpèce, & non pas de ce que je nomme la quatrième , & qui fe multiplie , comme je l'ai découvert, par des déchiremens na- turels ou violens : dans celle-ci, les petits font formés au plus in- térieur de l'animal dont ils naïflent plus ou moins aros, par la bouche ; ainfi on ne pourroit, quelque idée qu'on fe fit de ces ani- maux, trouver d’analogie réelle entre ces fections & celles qu’on fait aux tiges & aux racines de certaines plantes pour les mulriplier, La petite Anémone nouvellement née , n'eft pas affez groffe pour faire foupçonnier qu'elle foit reftée prête à naître depuis plus de deux ans dans cette partie de l’Anémone primitive, puifque les petits de cette efpèce que j'ai. gardés pour en obferver l’accroiffement, ont augmenté du double de leur diamètre en dix mois , fans que je priffe la peine de les nourrir; d’ailleurs , quand les grandes Ané- mones fouffrent quelque opération, ou même quelque incommodité momentanée , elles pouffent dehors toutes les petites Anémones qu’elles renferment : ceux dont l'imagination ne peut refter tran- quille à l’afpeét d’un phénomène, feront encore tentés de l'expli- quer : laiflons-leur faire des Romans Philofophiques , la matière eft abondante ; en attendant, qu’il me foit permis de ne rien conclure, & d’expofer fimplement des faits. Voici encore , Monfieur , pour ceux qui aiment à aller en avant, matière à raifonner , c’eft que ces prétendus animaux complets reformés de la moitié latérale d'un autre , comme dans l'expérience ci-deffus (car je ne parle pas des fections parallèles à la bafe) n'ont peut-être pas autant de membres qu’en avoit l’animal dont ils faifoient partie , & qu’ainfi le mer- veilleux de cette opérarion fe réduifoir à voir chaque moitié, chaque quart d’un animal fe guérir , prendre la forme la plus approchante de l'animal entier , & vivre à tous égards, comme s'ils l’étoienr. Je n'ai pu encore le vérifier aufli exactement que je l’aurois défiré, à 300 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, caufe que je fuis fur mes gardes, & que les Anémones de cette efpèce n’ont pas toutes le mème nombre de membres; & que celles que j'ai coupées en avoient beaucoup: il eft alors fort difficile de les compter ; l'apparence eft la même ; l'animal a l’air d’être complet; peut-être leur repouffe - t'il des membres entre les autres ; ceci n’eft pas fans fondement; il me paroît qu’il fe fait bien des changemens dans cette reformacion ; elle offre à l’efprit méditatif des phéno- mènes fans nombre : pourroit-on ètre témoin de ces faits fans les admirer, & fans qu’ils nous inftruifent fur l’économie animale , objec toujours précieux ? ceux qui ont écrit fur les Anémones ou Orties de mer, ont confondu fous ces noms, des animaux tout différens : on remarque qu'ils n’ont connu que peu d’efpèces, & ont dit bien des chofes où l'imagination paroît avoir quelque part ; jugez par - là quelle confiance on peut avoir à ceux qui n’en font que les échos, eu qui les commentent & les concilient fans voir la nature. Je fuis, &c. Après ma lettre écrite , j'ai apperçu trois Iris (7 heures du foir) le premier , c’eft-à-dire , l’intérieur avoit le rouge en-dehors , au fecond & au troifième il étoit en-dedans ; ce dernier Iris étoit aufñli foible à l'égard du fecond , que le fecond à l'égard du premier; mais la diftance n'étoit pas dans la même proportion : entre le premier & le fecond , il y avoit environ huit É. la largeur de l'Iris, & entre le fecond & le troifième , il n’y avoit qu’une diftance à-peu- près égale à la largeur qui étoit femblable à celle du premier ; je n'étois point à portée de mes inftrumens. RECHERCHES SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS, 301 PSE MCE MES RAC) THRRE. S, Sur quelques propriétés attribuées à l'Air ; Par M. DE MACHY, Maitre en Pharmacie, Cenfeur Royal, des Académies des Sciences de Berlin, de Rouen, &c.(1) 1 5 Re que les Expériences de Torricelli, de Pafcal , de Boyle & de tant d’autres Phyficiens illuftres , ont démontré la pefanteur, l'élafticité , la compreflibilité , la dilatabilité de l'air ; on ne s’eft plus occupé qu’à calculer l’intenfité de ces propriétés, ou à déterminer leur influence dans d’autres parties de la Phyfique Expérimentale. Le Docteur Halles, entr'autres, ayant vu l'air pénétrer en une quantité furprenante dans le tiffu des végétaux & des animaux vivans, voulut favoir ce que devenoit cet air ; il imagina de décompofer chymiquement les corps qu’il avoit obfervés, & de le faire à l’aide d’un appareil , qui lui permit de connoître tout l’air que le feu chafferoit de ces corps : fa quantité le furprit de nouveau, & il ef- faya de calculer quelle force feroit néceffaire pour la comprimer dans les très-pecits efpaces donnés dont il l’avoit retirée ; il trouva que trois fois le poids connu de l’athmofphère fuffifoit à peine, in- dépendamment de la réfiftance des parties folides des corps ; en forte que n'ayant du côté de l’athmofphère , que fa pefanteur réelle, 11. falloir que la réfiftance de ces parties folides équivalût à deux fois le poids de l’athmofphère pour comprimer l'air au point où il le fuppofoit dans les corps dont il fortoit : il mir en expérience des corps fermentans , ce qu’avoit déja fait Boyle ; il y mit des fubftances qu’il méloit à delfein ; il examina des matières qu'il enflammoir , & par-tout il trouvoit cette abondance d'air ou dégagée des corps, ou abforbée par eux:il ne douta donc pas que l'air qu’il obtenoir, ne füt réellement une des parties conftituantes des corps; il avança (1) Ce Mémoire fut compolé en 1766, & lu aux mois de Novembre & Décembre de la même année, dans les Affemblées particulières de l'Académie des Sciences. MM. l'Abbé Noller & Macquer en firent leur rapport, & on voit dans le Volume imprimé pour ladite année, que le Mémoire fur adopté au nombre de ceux qu'on devoit imprimer dans le Recueil des Mémoires des Savans étrangers. Tome VII, Parc. I, 1776. Q q 302 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'il le falloir confidérer comme un de leurs principes , & que toute Ja différence entre cet air & celui de l’athmofphère , étoit que celui- ci confervant toujours fon élafticité, celui-là la perdoit en fe laiffant abforber , foit dans le fyftème de l’organifatioñ , foit par les fubftances les plus expanfbles , comme la vapeur du foufre enflammé , celle des réactions de certains acides , & fur-rout celle de l’acide marin dé- véloppé du fel ammoniac par l'acide vitriolique. Il conclut donc, que par la diftillation des corps, par les fermen- tations & par les effervefcences réfulrantes de certains mélanges , on retireroit abondamment cet air fixe, cet air principe des corps, & depuis lui, on n’a pas héfité à dire de même, que l'air eft un des principes des corps, & que fa plus grande partie y eft dans un état fixe. M. Black (1) membre de la Société d'Edimbourg , ajouta à cette hypothèfe , que certaines fubftances , & entr'autres les terres cal- caires , telles que la magnéfie, la craie & la chaux, avoient la pro- priété d'attirer cet air fixe, lorfque par la calcination on les en avoit privées , & il imagina que tous les phénomènes des chaux vive & éteinte , étoient dus à la préfence de cet air fixe, ou à fon abfence. M. Macbride de Dublin (2), a cru démontrer l’aétion de cer air fixe ; en fuivant l’idée de M. Black, il rend fufceprible d’effervef- cence l’efprit alkalin volatil préparé avec la chaux dont tout Chy- mifte fait que la plus fingulière propriété eft de fe mêler paifble- ment aux acides ; il précipite la chaux tenue en diffolution dans Veau de chaux ; enfin il préferve de la pourriture les chairs des animaux, reftitue l’état fain à celles qui font putréfiées , & pour tout cela, il n’a befoin que de dégager, dit-il, des corps fermen- tans & effervefcens, l'air fixe , lequel eft fi puiffamment attiré par les corps mis en expérience , qu'il fe fixe de nouveau & fur le champ, & produit Les phénomènes énoncés dans fon Ouvrage. Tant d'avantages & de propriétés de l'air fixe, méritent bien , fans doute, qu'on ne s’en tienne pas à les admirer; on ne peut que gagner à les vérifier ; il réfulre toujours de ces vérifications, des doutes falutaires : on confirme une vérité, ou l’on détruit des opi- nions fpécieufes , d’autant plus à craindre, que leurs Auteurs font tefpectés & plus faits pour être crus fur leur, parole. J'ai commencé par vérifier les Expériences de M. Macbride , j'ai (1) Voyez Tome II, Mémoires d'Edimbourg, traduits par M, Demours, *{2) Voyez fon Ouvrage traduit par M. Abadie, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 30; cru entrevoir que la caufe unique des phénomènes qu'il a vus, n'eft point cet air fixe. Cela m'a engagé à rechercher enfuite fi l'air étoit réellement capable de fe fixer; puis j'ai été porté naturellement à faire quelques recherches fur la véritable origine de l’air dégagé des corps , dans les trois circonftances de 13 fermentation, de l’effervef- cence & de la diftillarion : je vais détailler les Expériences que j'ai faites pour éclaircir ces trois points. Un appareil fort fimple compofé d’une bouteille à goulot renverfé, au ventre de laquelle eft un trou , & d’une autre bouteille ; fur leurs cols eft fixé par fes deux extrémités un fiphon; cet appareil fufit à M. Macbride ; il place dans une des bouteilles les matières qu'il prétend propres à fixer l’air, & dans l’autre, celles defquelles il fe propofe de le dégager; & fi pour ce dégagement, il a befoin de mêler deux liqueurs , il place au préalable, l’une des deux , & introduit peu-à-peu la feconde , à l’aide d’un petit entonnoir. Première Experience, Dans cet appareil, j'ai mis en B, 1°. de l’eau de chaux première , & en À, de l’huile de tartre tombée fpontané- ment en deliquium ; puis au-lieu du petit entonnoir , je me fuis fervi d’un chalumeau renflé , que j'avois alors fous la main; il me parut plus propre à mon deffein ; j'ai introduit à l’aide du chalumeau , de l'efprit de vitriol , autant qu'il en a fallu pour faturer les deux gros d'huile de tartre : (mon efprit de vitriol étoit fait avec une partie en poids d’huile blanche de vitriol , & quatre parties d’eau). Dès le premier inftant de l’effervefcence, la bouteille B s’eft trouvée Jouche , l’eau de chaux très-limpide s’eft troublée à fa furface, & l'état trouble a peu gagné durant l’effervefcence ; tant que j'ai tenu l'appareil tranquille , les floccons de terre calcaire n’étoient pas pré- cipités, ce qui paroit prouver que cet effet n’eft pas dû à l’air; il ne peut pas être fuppofé abforbé par le fluide , qu'il ne fe mêle uni- formément avec lui. En agitant l’appareil , alors toute l’eau devine à-peu-près laiteufe ; je foupçonnai que l’air fixe ne pouvoit pas pro- curer cet effet; d’ailleurs, que feroit-ce de la chaux qui, pour at- tiref l'air, fe fépareroit de l’eau à laquelle elle étoit unie ? Deuxième Expérience. Je pris une pareille quantité d’eau de chaux remière, & je verfai deflus , mais très- doucement , une goutte d’alkali délayé dans douze gouttes d’eau , la liqueur préfenta les mêmes phénomènes ; en l’agitant, la cerre fe précipita. Troifième Expérience. Je fis la mème chofe avec une goutte de mon efprit de vitriol délayé pareillement dans douze gouttes d’eau, & l'état laireux fe fit pareïllément appercevoir à la furface ; voilà donc deux fubftances qui feules, & fans qu’on en dégage l'air , préfen- ‘tent fur l’eau de chaux les mêmes phénomènes que ceux qu'on at- tribue à l'air Gxe. Qq 2 304 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Quatrième Expérience. Ayant pris de l’efprit alkalin volatil préparé par la chaux vive, je l’effayai avec les acides vitriolique , nitreux & marin, pour m'aflurer s’il faifoit effervefcence avec eux , ou non: ayant vu, comme cela devoir être, qu'il s'y mêloit fans effervefcence, j'en mis un gros dans la bouteille B , & un gros d'huile de tartre dans la bouteille À , j'adaptai un fiphon, qui d’une de fes extré- mités à l’autre , portoit trois pieds juftes, je l’adaptai, dis-je , aux cols des bouteilles , & j'introduifis dans la bouteille A, par le moyen du chalumeau renflé, ce qu’il falloit d'huile de vitriol pour faturer l'huile de tartre ; j’avois la précaution de faire déborder les extré- mités du fiphon , de manière à plonger d’un demi-pouce dans chaque bouteille , & celle de pofer mon pouce fur le trou de la bou- teille À ; à chaque fois que je retirois le chalumeau , dès le premier mouvement d’effervefcence , la bouteille B fur nébuleufe , fes parois fe tapifsèrent de cryftaux en aiguilles ramifices, comme celles qu'on voit fur les vitres chargées d'humidité fur leur face in- térieure , tandis que le froid glacial fe fait fentir fur la face exté- rieure; la faturation faite, les cryftaux éroient plus abondans, l’ef- prit alkalin un peu louche, j’attendis que les nuages fuffent diflipés; alors eflayant cet efprit alkalin, il fr avec trous les acides un effer- vefcence violente , conformément à ce qu'a vu M. Macbride. Cinquieme Expérience. Faut “il, éomme il le prétend , attribuer cette effervefcence à l’air fixe infinué dans cet efprit ? Le réfultac des crois premières Expériences permet au- moins d’en douter : j'ai donc fubftitué à la boureille B & au fiphon , un tuyau couibe, long de deux pieds ; à fa coutbure , j'adaptai une veflie bien affouplie & vuide d'air; vers le fond, j’avois ménagé un trou pour y placer un tuyau , long de deux pouces, ouvert par fes deux bouts, dont l’un étroit exaétement attaché à la veflie, & l’autre fermé par un morceau d’une autre veflie, bien aflouplie, bien tendue & bien ficelée : je fis dans la bouteille À , le mélange de deux gros d’huile de rartre , avec ce qu'il fallut d’efprit de vitriol pour le farurer ; la veflie s’enfla très-fenfiblement, je bouchai le trou de la bouteille A avec du lut ; preffant légèrement la veflie, je réunis tout l'air vers le fond , & je fis une forte ligature en cet endroir, de manière néanmoins que la portion pleine de l’air développé dans l'Expérience , ne fût pas tendue ; ayant détaché enfuite la veflie, je foufflai dans ce qui reftoit vuide, pour m'aflurer qu'il n’y avoit pas de commu- nication entre cette portion & celle où j'avois renfermé mon air; dans le cas contraire, celle-ci fe feroit tendue davantage ; le tout ainfi pré- paré, je laiffai repofer l'appareil un bon quart-d’heure , pour redonner le tems aux vapeurs qui s’exhalent avec l’air , de fe condenfer ; ou de s'attacher aux parois de la veflie; alors j'inclinai le tuyau , que SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 30$ J'avois toujours eu foin de tenir élevé, je le plongéni dans une fiole à col étroit, dans laquelle j'avois mis un gros d’efprit alkalin pré- paré à la chaux ; avec une épingle courbe , je perçai la vellie qui bouchoit fon orifice extérieur, & je comprimai la veflie à l'endroit que mon air tenoit gonflé ; l'air fortir , & fit naître quelques bulles dans l’efprit; puis je l’éprouvai avec l’efprit de vitriol & les autres acides, fans qu’il donnât la plus lésère apparence d’effervefcence. Ce premier eflai me montroit que l'air pur, dégagé des corps, ne fait pas naître l’effervefcence ; j'y ajoutai le fuivant. Sixième Expérience. Sux la platine de ma machine pneumatique , je plaçai d’abord une jauge 1e trois pouces de jeu, c’eft-à-dire , dont il faut abaifler le mercure de trois pouces, pour le mettre de niveau dans les deux branches; enfuite une bafcule chargée de trois gros d'efprit de vitriol; un grand verre à fond plat, pour préfen- ter plus de furface, dans lequel étoient deux gros & demi d'huile de tartre, & une petite fiole à goulot renverfé, tenant un gros d’efpric alkalin volatil à la chaux , recouverte d’une fimple mouf- feline très- claire, ficelée fur fon col & bien tendue ; j'eus foin de mettre cette dernière , derrière la jauge. Le tout étant recou- vert d’un vafte récipient à boîte à cuir, je fis le vuide jufqu’au point de faire defcendre le mercure de la jauge, de 2 pouces, L’ef- prit alkalin volatil avoit bouilli, mais fans fortir de fa fiole , & fans faire gonfler la mouffeline, ce qui prouvoit que l'air pouvoit aller & venir à travers elle; je verfai l’efprit de vitriol fur l'huile de tartre, le mercure monta précipitamment à un pouce 2 lignes À, & s’y tint conftamment pendant l'heure entière que je laiflai paller avant de rien déranger, pour donner le tems à l'air dégagé, de cir- culer à fon aife dans le récipient, & par conféquent de s’introduire dans mon efprit alkalin. S'il eft la caufe de l'effervefcence, très- certainement il le fera feul & indépendamment d’autres vapeurs, puifqu'elles n'ont pas eu de contaét immédiat avec l’efprit alkalin volaul ; fi cet efprit eft un aimant fi puiffant de cer air, & s’il pofsède fi fingulièrement la vertu de le fixer, il l’a dû faire avec une énergie plus grande, puifque d’une parc 1l a perdu une portion de fon air élaftique, & que de l’autre, la plus grande partie de l'air contenu aétuellement dans le récipient, eft due au mélange, & fe trouve dans une dilatation fuffifante , pour préfenter plus de prife à tout corps capable au moins de lui reftituer fon état naturel. Au bout d’une heure, ayant laiffé rentrer l'air extérieur fous le récipient, ce qui devoit encore poulfer , pour ainfi dire, ce nouvel air dans l’efprit alkalin volatil , j’enlevai la fiole où il étoit ; jen Ôtai la mouffeline, & l’ayanc diftribué dans trois verres , j'y verfai de chacun des trois acides minéraux bien délayés, fans qu'il fe fr 306 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, aucune effervefcence. Ce n’eft donc pas à l'air qu'il faut attribuer ce phénomène. Je pris un fiphon, beaucoup plus court que le premier , mais dont les extrémités fe terminent en tuyau capillaire ; je le plaçai fur mes deux bouteilles , dont l’une tenoit l’efprit alkalin volatil , & l’autre l'huile de rartre ; le tout bien cimenté , je fa- turai l'huile de tartre; la ténuité des orifices empècha les vapeurs de pafler outre ; il n'y eut que l'air qui put pénétrer jufqu'à l'ef- pric alkalin volatil; auf, ce dernier ne fit-il enfuite pas plus d’ef- fervefcence qu'auparavant. Mais craignant, avec raifon, que la ténuité des extrémités du fiphon ne nuisit aufli à l'entière intromiflion de l'air, & voulant prévenir l’objection qu’on m'auroit pu faire, que l'effer attribué à l'air, peut dépendre d’une certaine quantité impoffible à s’infinuer par des iflues fi petites, je lui fubftituai un autre fiphon coudé en plufeurs endroits de fa longueur; de manière que la marche des vapeurs étant de haut en bas pour remonter enfuite, elles fe trou- vaffent empèchées par tant de coudes; ce dernier eft d’un diamètre égal dans toute fa longueur ; l'air pafla, mais les vapeurs reftèrent; après un quart-d’heure , j’effayai l'efprit alkalin qui ne broncha point; je m'avifai de fucer le fiphon , & j'eus, à trois reprifes , la bouche piquée par les vapeurs nauféabondes qui s’en élevoient. Septième Expérience. Je crois devoir expofer ici le moyen dont je me fais fervi pour garantir les pièces de mi ou de cuivre, dont font compofées les tiges, les bafcules , &c. des récipiens à boîte à cuir. Elles font toujours corrodées , & par-conféquent endommagées par les vapeurs acides ou alkalines volatiles , exaltées, foit lorfque l’ef. prit alkalin perd fon air, foit lors du mélange d’efprits acides avec les alkalis. Pour cela, je fixe entre la fourchette ou crochet de la tige, un rond de carton plus large que l'orifice du verre dans le- quel fe doit paffer le mélange ; je garnis le haut de la fourchette d'une rondelle de liege, & chacune de fes branches d’un tuyau de plume pris dans fa partie fupérieure. Ce moyen ne m'a pas entiè- rement fauvé mes inftrumens , mais il m'a femblé les avoir affez garantis pour mériter de n'être pas négligé. Huititme Expérience. Je n’eus pas d’autres fuccès , lorfque je fubf- tituai les acides marin & nitreux au vitriolique, ni lorfque je fubf- tituai de la limaille de cuivre, de fer, d’antimoine, ou autre fubf- tance métallique, à l’huile de tartre ; j’eus toujours beaucoup d’air produit, mais l’efprit alkalin volatil n’y gagna pas la plus légére tendance à faire effervefcence. Je fupprime à deffein les détails de chacune de ces expériences , parce qu’ils n’indiqueroïent que les moyens divers que j'ai été obligé de prendre, pour parvenir au même SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 but; favoir, celui d'extraire abondamment l'air des corps par le moyen des diflolurions, & celui de faire pafler, sil écoir poffible, cet air dans l’efprit alkalin volatil , fans le concours des vapeurs étrangères qui pourfoient l'accompagner. Puifque l'air feul, dégagé des corps, & attiré, fi l’on veur, par l’ef- rit alkalin volatil, n’eft pas capable de lui donner la propriété de pe effervefcence , & que néanmoins , felon l'appareil de M. Macbride, ce phénomène à lieu , il falloit néceffairement en crou- ver une caufe autre que l'air. Neuvième Expérience. Pour cet effet, je pris une cornue tubulée, de la capacité de deux pintes, à laquelle j'ajuftai un matras, dont le col avoit deux, pieds de long; dans la cornue, j'avois placé fix onces de mon efprit de vitriol ; je bouchai la tubulure avec un entonnoir , garni de lut à l'endroit où il bouchoit la tu- bulure , & dont l'extrémité plongeoit dans le ventre de la retorte; je faturai mon efprit de vitriol; mais les jets, caufés par l’effer- vefcence , paffant par le col de la cornue, d’autres fois, l’écume elle-même , enfilant ce col, je ne jugeai pas à propos d'examiner le produit ; il ne pouvoir être que très-impur. Je fubMituai donc à la cornue un alambic d'une feule pièce ; fa hauteur, & l’étranglement de fa cucurbite, ne permettant plus aux gouttes fenfibles de parvenir jufqu’au chapiteau, j'étois sûr de n’a- voir que les vapeurs invifbles enlevées avec l'air, fi par hafard il y en avoit. J'obfervai une fois qu'un peu d’huile de tartre, qui s’étoit échappée le long des parois extérieurs de l'enronnoir, fut cryftallifé fur-le- champ dans le chapiteau, comme je l’avois vu arriver à l'efpric alkalin volatil dans l'expérience quatrième. Enfin, après bien des effais 7 AE d’une façon ou d'autre, je vis couler du bec de mon chapiteau, une douzaine de gouttes bien claires, bien certainement dues à ces vapeurs , dont j'érois fi curieux. Je n’employai aucune autre chaleur que celle qui naïfloit du mélange. Des Chymiftes ont vu qu’en diftillant ce mélange, il affe un phlegme légèrement acide , mais bien évidemment vitrio- Ee Je pris fix de ces gouttes,, lorfque tout fut bien refroidi , je les eflayai avec l’efprit de vicriol, & elles ne firent aucune ef fervefcence ; elles n’éroient donc pas de nature alkaline: j'en effayai quatte autres avec un peu d'huile de tartre ; elles firent effervef- cence ; j'en conclus qu’elles éroient de nature acide. Je pefai un gros d’efprit alkalin volatil, je le verfai dans le matras pour le mêler plus fürement avec ce qui pouvoit y refter de ces vapeurs, ce qui fe fit fans effervefcence ; je le diftribuai dans trois verres ; j'y ajoutai un peu des trois acides minéraux, & fur-le-champ il fe fic effer- 508 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vefcence violente : la voilà donc, cette caufe immédiate du phé- nomène qu'on attribue à l'air, tant pour la chaux que pour l'efprit alkalin ; car j’effayai un autre produit avec l’eau de chaux; elle fe troubla fur-le-champ. Dixième Expérience. Je me procurai fucceflivement les mêmes va- eurs , en faturant l'acide nitreux, l'acide marin & le vinaigre dif- tillé, par le moyen d’huile de tartre, & j'obrins toujours fort peu de cette vapeur; mais le peu que j'obrins, me donna conftlamment les mêmes phénomènes, foit fur la chaux, foit fur l'efprit alkalin volatil. Ongième Expérience. I falloit d'autre part, s’affurer fi l'air déve- loppé par les fermentations, devoit élever avec lui une vapeur ca- pable d’un pareil effet : je fubftituai à mon alambic d’une feule pièce, une grande bouteille de quatre pintes, & après y avoir introduit facceflivement & après les délais néceffaires , de l’orge préparé pour la bière, appellé malte, délayé dans de l’eau tiède avec un peu de levure , du fuc de grofeilles très-müres, & du fuc de railin, je bouchai la bouteille avec mon tuyau courbe , entré de force dans un bouchon, je garniffois le tout de maftic & de veflie , j'y ajuftois mon matras, dont le col avoit deux pieds de long , ou bien je fubitituois au tuyau courbe, le fiphon de l’Expérience première, à l'extrémité duquel j'adaptois tantôt un petit ballon , tantôt une fimple fiole, puis je laiffois la fermentation s'établir & s'achever ; les parois du fiphon ou du tuyau ne paroifloient humides que Jorfque la fermentation bouillonnoir. Tous les Chymiftes connoiffent fous le nom de gas filvefre, cette vapeur inflammable , invifble , refqu’incoercible , qui fe développe alors, & je me fouviens d’avoir u dans un Livre Allemand, très- peu eftimé d’ailleurs , que cette vapeur fortant de bon raifin ou de bonne bière en fermentation , 8 reçue par une efpèce de fiphon dans une liqueur vineufe de mé- diocre qualité , l’amélioroit fingulièrement ; mais ce gas Jilveftre eft on ne peut plus, diflicile à obtenir, & même plus que les vapeurs dont eft mention dans les Expériences neuvième & dixième ; le peu que j'obtins de chacune de ces matières fermentantes , fut éprouvé fur l'eau de chaux qu’il précipita, fur l’efprit alkalin volauil qu'il rendit effervefcent avec les autres ; ainfi il eft à cer égard, compa- rable aux vapeurs, & prouve inconteftablement , que ces effets ne font pas dus à lai pur. Douyième Expérience. Je mis dans ün matras fucceflivement de la bière & du vin, avec des herbes de la claffe des cruciferes, auxquelles on a reconnu la propriété d’accélérer l’acérification , moins bien pour- tant que les fubilances putrides & alkalifantes , j'ajuftai le refte de Fappareil décrit, onzième Expérience , & je plaçai le matras fur le | bain SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 309 bain de fable , pour hâter le mouvement qui devoit convertir le vin & la bière en vinaigre, & obtenir l’efpèce de vapeurs qu'elles ex- haleroient alors : comme la bière pafla très-rapidement à l'état pu- tride , j'ai laiflé pour un inftant de côté les vapeurs condenfées que j'en obtins, parce que je n'examinois pour lors, que les produits de l'acérification , & point ceux de la putréfaétion; je ne fus pas peu furptis de voir que les vapeurs exhalces du vin acétifié, ne pafferenc pas la première courbure du fiphon, qu'une autrefois elles étoienc abfolument aqueufes & fans aucun effet fur l’eau de chaux & fur l'efprit alkalin volaril. J'adaptai une veflie au-lieu d’un petit ballon; à cette fois la veflie fut très-peu dilatée, & s’affailla pendant le rems que le matras fut hors du bain de fable : il n’y a donc pas d'air dé- veloppé dans cette fermentation , & il ne pafle aucune efpèce de gas efre. } Treizième Expérience. Dans trois fioles de 4 onces, je mis du fang, de la chair de mouton & des excrémens, routes matières très-putréfables, j'ajuftai l'appareil déja décrit, & j'obtins de chacune, une portion de vapeurs aflez abondante ; je m'atrendois à les trouver montantes au nez à la manière des alkalis volatils, mais elles piquerent mon odorat, comme faifoient les vapeurs précédentes ; elles firent effer- vefcence avec les alkalis fixes, précipiterent la chaux, & rendirent effervefcent , l’efprit alkalin volaril. J'éprouvai alors les vapeurs obtenues de la bière dans l’Expérience douzième , & je les trouvai capables des mêmes effets. Quatorzième Expérience, Ces vapeurs m'ayant fouvent frappé l’o- dorat , leur faveur me parut mériter attention ; je plaçai donc ma bouche à l'extrémité du tuyau courbe, & je faifis les exhalaifons de la combinaifon des trois acides avec ‘un alkali , c’étoient les vapeurs en dqueftion; celles de l'acide vitriolique avoient une faveur nauféabonde , celles de l'acide nitreux piquantes comme du vin de Champagne fumeux, celles de l'acide marin à-peu-près de même , mais moins pénétrantes , celles du vinaigre pareilles , à l’intenfité près. Aux vapeurs exhalées de l’acide vitrioli- que , durant les fermentations , je préfentai pareillement ma bouche au bout du fiphon, & la bière fermentante me donna des vapeurs fuffocantes; les grofeilles , des vapeurs acides comme celles du vi- naigre; le vin, des vapeurs piquantes comme celles de l'efprit de nitre. Le vin, dans l’acétification, ne me donna aucune vapeur fen- fible ; je me difpenfai de favourer celles des matières putréfiantes. Quelques-unes de ces vapeurs s’allumoient comme celles du vin, de la bière & des matières putréfiantes. Tout ceci prouve que fi toutes ces vapeurs fonc évidemment acidules , elles viennent avec glles d’autres fubftances encore développées avec l'air, & qui les Tome VII, Parc, I, 1776. Rr 310 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, modifient. Je fuis fiché de l'impoflibilité où j'ai été jufqu’à préfent, de me procurer , à chaque fois, plus que quelques gouttes de ces vapeurs ; jy aurois peut-être acquis de nouvelles lunñières fur l’al- tération que fouffrent les acides lorfqu'ils font ainfi exhalés en va- peurs; peut-être aufli auroient - elles fubi par le féjour une réaction incefline , & perdu d'autant de leur propriété diftinétive qui paroic àtre de fe mèler paiñblement à l'efprit alkalin volaril, & de le rendre enfuiteeffervefcent avec les autres acides, S'il falloit une preuve de plus de l'état acide de ces vapeurs, je pourois citer la furface du mercure contenu dans la branche ou- verte de ma jauge. Quoique, lorfque je fais ces expériences, je la tienne toujours fermée par un fimple papier , je trouvai néanmoins certe furface rernie & corrodée par les vapeurs fubriles qui, s’épan- dant uniformément dans l'intérieur du récipient, avoient pénétré & agi comme acide jufques fur ce mercure. Quinzième Expérience. Je me procurat de nouveau quelques gouttes de ces vapeurs réfultantes tant des combinaifons des trois acides avec un alkali fixe , que des fermentations vineufes & putrides, pour en laiffer tomber un peu -fur de la viande de mouton bien pourrie , noirâtre & à demi molle; chaque endroit touché par ces vapeurs ainfi condenfées , reprenoit de la folidité & une couleur vive. Ainf, dans tous les cas, ce n'eft point à l'air fixe , développé des corps & attiré puiffamment par d’autres corps, qu'il faut attri- buer les phénomènes difcutés dans les expériences précédentes; mais certainement ils font tous & en tout tems dûs à ces vapeurs exha- lées des corps conjointement avec l'air, puifque cet air, purgé de ces vapeurs ; ne préfente plus ces phénomènes , & que ces vapeurs, privées de cet air, les font naître. Si dans les expériences de M. Macbride , on voir ces phénomènes plus. frappans , fur-rour fur les corps putrides ; c'eft que les vapeurs font reçues en plus grande abondance que je ne l'ai dû faire pour les recueillir, & dépofées dans un état d'expanfñon confidérable qu'elles doivent à la chaleur fenfible dans tous les cas où elles fe dégagent , & à l’expanfon de ce nouvel air qui leur fert uniquement de véhicule. PuisQuE cet air ne paroît pas concourir à changer la nature, ou les propriétés des corps où on le fuppofe introduit fi preftement , ne peut-on pas douter, avec une forte de raifon, qu'il s’y intro- ie & qu'il foit abforbé par eux ? Les Phyficiens confidèrent plufieurs manières dont l'air eft abforbé par les corps; ou une quantité d'air athmofphérique , aflez confidé- sable , eft abforbée par les corps enflammés, & fur-tout par ceux. qui répandent une vapeur très-fubtile , comme le foufre , l'acide ” SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. g1x marin , & les alkalis volatils; ou bien un globule d'air infinué dans une bouteille pleine d’un fluide, y difparoït au bout de quelque tems ; ou enfin, l'air, s'infinuant avec d’autres fluides dans le fyf- tême organique des végétaux & des animaux, s’y fixe & y eft abforbé, en étant divifé, pour ainfi dire, à l'infini. J'ai cru remarquer que dans l’un ou l’autre de ces cas, l'air étoit converti en eau, & non abforbé, Seigième Expérience. Sous un vafte récipient de machine pneuma- tique, tenant quatre pintes & demie, bien efluyé avec un linge fec, & expofé fimplement fur les cuirs mouillés de la platine, j'ai placé un fer rouge, monté fur un creufer renverfé & à patte, haug de trois bons pouces, & j'y ai jetté douze grains de fleurs de foufre, en ayant le foin d'appuyer aufli-rôt légèrement fur le récipient. L'eau des cuirs mouillés donna bien quelques vapeurs qui ne dépalloient pas le fer chaud ; elles fembloient-là être entièrement defléchées, & les parois intérieures du récipient étoient ternies à cette hau- teur; le foufre s’alluma, le récipient fe colla aux cuirs; mais en même-rems l’eau ruiffeloit depuis le faîte du récipient jufqu'au bas, & donnoit des gouttes fenfbles qui reromboient fur les cuirs, ce qui dura tant que le foufre fut à fe confumer, c’eft-à-dire, un bon quart-d'heure. Je laïffai refroidir le tout; mon récipient refta cou- jours adhérent, & pour le détacher, je fus obligé de lâcher la foupape autant qu’il l’auroit fallu s’il eût été attaché par un feul coup de pifton, comme je m'en affurai en l’attachant de nouveau fur les cuirs, par labaiflement du pifton , & comparant la durée du fiflement néceffaire pour le détacher, avec le premier. Dix-féptième Expérience. Pour éviter tout foupçon d'humidité, je préparai un cercle de cire molle, épais d’un demi-pouce, large d'un pouce , que je moulai d’abord fur la tranche de mon récipient, puis ayant placé le fer rouge & douze grains de foufre, je me hâtai d’affujettir mon récipient fur la platine; il fe ft un léger fiflemenc qui ceffa bientôt & m’annonça que mon récipient étoit exactement collé. Pendant ce rems, les vapeurs n’en furent pas moins abondan- tes , l'eau ruiffela de toute part, & ayant eu le foin de pefer mon récipient avant de le placer, quoiqu'il füt tombé quelques goutres d’eau acide fur la platine, je le pefai après lavoir détaché, & je le trouvai de quinze grains plus pefant. On obfervera que le foufre avoit laiffé un peu d'hétérogénéité que j'eftime à 2 grains. Voilà donc très-certainement quinze grains d’eau produits par dix grains de matière; & en fuppofant ( ce qui n’eft pas exactement vrai) que tous ces dix grains ne font qu’un fluide rendu concret par la ma- tière phlogiftique, il reftera toujours cinq grains d’eau produits dans l'expérience. Or, ou ces cinq grains exiltoient 4 l'air renfermé tr 2 312 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fous le récipient , ou ils s’y font produits par l’abforption de cet air. On fait, ou plutôt on croit, qu'il y a de l’eau dans l'air; mais on eft convaincu que cette eau n’eft pas bien abondante, puifque, par exemple, une once de fel de tartre n’attire ce qu'il lui faut d’eau pour être diffoute , que dans l’efpace de douze à quinze jours, & fi l’on compare à cet effet, connu des Chymiftes, un autre connu des Phyficiens , qui leur donne, en peu d'heures , une quantité confidérable d’eau athmofphérique , concentrée autour des vafes remplis de glace , ou dans lefquels on force le froid , on fera obligé de convenir que ce n’eft pas l’eau contenue dans l'athmofphère, mais bien l'air qui fournir cette variété. D'ailleurs, cinq grains d’eau équivalent à un efpace huit cens fois plus grand , qu'occuperoit pareil poids d'air (1). Cet efpace abfent eft plus que fuffifant pour faire le vuide remarqué dans le cas du récipient pofé fur les cuirs. J'ajouterai , qu'en délutant le récipient, collé par la cire verte, & non par les cuirs mouillés , j'ai eu un fifflement pareil qui annonçoit bien fenfiblement l’abfence de cet air. Ainfi , d'une part, on voit difparoître de l'air; de l’autre, on voit une furabondance d’eau à celle qu’on pourroit foupçonner dans le foufre ; il femble qu'on foit le maître de varier.dans l'air libre ce produit aqueux, foit en variant les corps capables de le procurer, foit en augmentant leur intenfté ; pourroit-on héfiter à croire que la prétendue abforption de l'air n’eft autre chofe que fa converfion en eau ? Dix-huitième Expérience. J'ai effayé de faire la mème chofe, c’eft- à-dire, de brûler douze grains de foufre fous mon récipient , après y avoir placé ma jauge, & pompé preftement pour la faire bailler de quelques lignes feulement. Dans cette expérience, je difois : fi c’eft l'air qui elt converti en eau , y en ayant moins, les douze grains de foutre donneront moins d’eau, & la jauge ne fera pas fenfible- ment baiflée; fi c’eft l’eau contenue dans l'air qui fe manifefte, fa préfence fera fenfble & plus prompte , parce qu’elle fera moins embarraflée dans cet air. Le foufre brûla lentement , fes vapeurs cir- culèrent ; la jauge ne bougea point, & à peine apperçus-je quelques gouttes éparfes. Il eft aifé de comparer cette expérience avec celles de M. Muf- chembroeck , dans les Additamenta ad tentamina Academiæ del cimento, & de voir pourquoi, & en quoi elles doivent différer. Dix-neuvième Expérience. Rien n’eft plus fufceptible d’abforber Pair, oo (1) Huit cens fois le foixante-quinzième d’un pouce cube d'eau , ou dix fois &e demi le foixante-quinzième d'un pouce cube d'eau. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 313 dit M. Halles, que le mélange du fel ammoniac avec l'huile de vicriol, Jai fait ce mélange fous mon récipient pofé fur les cuirs , l'adhérence a été violente , les vapeurs très-abondantes ; tout ce qui étoit dans l’intérieur du récipient , en éroir femé; elles rongeoient les tiges, la bafcule ; elles ruiffeloient de toutes parts. Vingtième Expérience, La même chofe m'arriva en décompofant du nt ammoniac par la chaux & par l’alkali fixe. Dans le réci- pient, fimplement appliqué , j'avois adhérence & force vapeurs aqueules. . Vingt-unième Expérience. Lorfque je fis le mêlange de deux gros de fel ammoniac, & d’un gros de bonne huile de vitriol fous le récipient, après en avoir baiflé la jauge de 2 pouces, à l'inftant le mercure remonta d’un pouce 4 lignes ; mais prefque fur-le-champ auñli , il redefcendit & refta imperturbablement à 2 lignes & demie au-deffus des 2 pouces. L’Air produit, étant encore tour humide, a été bien plus promptement réduit en eau, & il n’en eft refté qu'une très-pertite portion en tant qu'air j car ici, Les vapeurs ont fingulièrement ruiffelé dans le récipient. L'expérience, faite fur le fel marin , a préfenté les mêmes phénomènes. Vingt-deuxième Expérience. J'ai fubftitué du nitre au fel ammoniac, la décompofition a fair légèrement ofciller la jauge; elle eft reilée im- perturbablement à une ligne au-deflus des 2 pouces où j'avois fait defcendre le mercure. Vingt-troifième Expérience. J'ai verfé dans le même appareil & avec les mêmes précautions, de l'acide nitreux trois gros fur un gros de limaille de fer. Le mercure a remonté vigoureufement dans la jauge , puis eft redefcendu à 3 lignes au-deffus de 2 pouces, où il s’eft maintenu pendant plus d’une heure, que je laiflois chaque appareil en expérience. On voit donc que dans tous les cas , la préfence d’un excès d’hu- midité accompagne ce qu’on prend pour de l’abforption , que lorfque l'air eft moins abondant , quoiqu'il préfente plus de prife aux corps qui devroient l'abforber , cette abforprion n’a pas lieu , comme le démontre l'état de la jauge, & qu'en même-tems il ne paroît pas d’eau fenfible , autre que celle qu’on ne peut méconnoître pour ap- partenir aux corps qu'on met en expérience. Vingt-quatrième Expérience. Pour ce qui eft de l'air qui s’infinue par gouttes, & peu-à-peu , dans certains fluides, les Expériences précifef & dignes de tour éloge de MM. Mariotte , Mufchembroeck & Nollet, démontrent qu'il eft très-long-rems à s’y mêler , que la quantité qui s’y mêle eft peu confidérable , & que même il n’eft point combiné, puifqu’on l’en retire plus facilement & plus promptement qu'il n'y eft entré ; maïs j'ai cru ne devoir pas abandonner ce fujet , fans 314 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, examiner les variétés qui naîtroient fur de l'huile de vitriol très- concentrée, & du fel de tartre très-fixe expofés à l'air libre, fous un récipient d’une capacité donnée , & enfin dans le vuide. J'ai donc pris un gros d’huile de vitriol , je l'ai placé dans une fiole oblongue (je me fuis fervi par préférence, de ces petirs vafes de verre qui fervent d’encriers) j'ai marqué d’un papier collé à l’exré- rieur , la hauteur qu’elle occupoit dans certe fiole , j'en ai préparé deux autres de la même manière, & j'ai laiffé la première fur une planche dans mon cabinet, j'ai recouvert l’autre d’un récipient tenant une pinte, & lai laiflée fur une autre planche , la troifième a été placée fur la machine pneumatique, & j'ai fair le vuide feulement au point de baifler le mercure d’une ligne ; au bout de trois jours, la première avoit attiré deux lignes d’eau , la deuxième, un peu moins de : ligne, & la troifième qui refta en expérience pendant fix autres jours , demeura fans avoir tien attiré, Le fel fixe de tartre placé pareillement en Expérience au poids d'un gros , fut humide en trois jours à l'air libre; celui qui fut mis fous le récipient, n’éroit que pâteux ; celui qui étoir fous le vuide, paroifloit à peine un peu altéré & fpongieux à fa furface , mêmeau bout de huit jours. Jusqu’icr il n’a pas été queftion , comme on a pu le voir , de révoquer en doute les Expériences très- bien faites par des hommes refpecta- bles que j'ai toujours regardés & regarderai toujours comme mes maîtres : je me fais attaché à éclairer, s’il eft poflible , leurs confé- quences, & à rechercher ce qui les a pu induire en erreur ; aïnfi je crois avoir prouvé que dans tous les cas où l’on fait honneur à lait fixe dégagé des corps, & actiré-par d’autres , des phénomènes qu’on remarque dans ceux-ci, on a confondu l'air avec les vapeurs acides qui s’exhalent avec lui, & que ces dernières feules font naître les phénomènes en queftion , tandis que cet ait n'entre pas même dans ces corps. L’exiftence de ces vapeurs n'avoit pas échappé au célèbre Halles, & il leur attribue , fans difhiculté , les mauvaifes qualités de fon air factice ; j'y ai ajouté , je penfe , quelques Expériences déci- fives far leur nature; je crois avoir prouvé que la prétendue abforp- tion de l'air, cet effet néceflaire pour le fixer dans les corps, n'étoit dans bien des cas, que fa converfion en eau ; j'y vais ajouter une preuve plus convaincante , en montrant que cette prodigieufe quan- tité d'air qu’on rerire des corps , eft due toute entière à l’eau con- tèhue dans ces corps. Mes premières obfervations , en lifant l'Ouvrage fans prix du Doéteur Halles, ne tomberent pas fur l’étonnante quantité d'air pro- duit; je me gardai bien de douter de fon évidence; la plus fimple diflillation de fubftances sèches dans une cornue, le bris crop de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 315 quent de nos ballons m’euffent convaincu en cas de befoin ; elles fe porterent , ces obfervations, fur l'appareil employé par Halles, au- quel je trouvois quelques défauts qui devoient mectre obflacle à la précilion du calcul néceffaire pour évaluer tout cet air : tout le monde connoît les deux appareils de Halles : dans le premier , les produits de la diftillation , autres que l'air, fe joignant à l’eau , il en ré- fulceroit néceflairement un mécompte : dans le fecond , imaginé par fon Auteur à deflein de purger l'air de toutes hérérogénéités , en le filtrant, pour ainf dire, à travers l’eau , 1l n’étoit pas douteux que, divifé comme il l’eft, lors de fa fortie des corps, il ne s’en recélâc une grande partie dans cette eau. Je n’eus une connoiffance certaine de l'appareil fubftirué à ceux- ci par M. Rouelle, que lors de la publication des Ouvrages tra- duits du célèbre Henkel, page 162 de fon Flora faturnifans. On y trouve la courte defcriprion de cet appareil , & l'énumération de fes avantages fur ceux de M. Halles : je crus qu’on pourroit parvenir encore à plus de précifion pour le calcul, fi on fubiftituoit à l'eau, qui occupe beaucoup de furface, l’efpèce de liquide le plus pefant & le moins fufceprible d’évaporation , en même-tems qu'il eft le plus mobile. Vingt-cinquième Expérience, Je plaçai donc au bout du fiphon d’é- tain , foudé à la boule ou ballon aufi d’étain , un baromètre tronqué ouvert & coudé , pour s’introduire d’un bon pouce dans le fiphon, la tige porte deux pouces, eft de nouveau courbée , s’allongeant de huit pouces , & eft fcellée hermétiquement. Dans la courbure, j'introduifois du mercure de manière à occuper les deux tiers de l'efpace , & je plaçois des fils pour indiquer Ja hauteur naturelle des deux furfaces. Mon intention étoit que , lors de la diftillation des matières contenues dans la cornue , à qui le ballon plongé dans une cuve pleine d’eau , & quelquefois de glace pilée , fervoir de récipient ; d'air fortit par le fiphon , & preffant fur la furface du mer- cure ; l'obligeât à monter , en comprimant; en cas de befoin , l'air contenu : au premier eflai que je fis, l'air gliffa entre le verre & le mercure , & fe joignant à l'air contenu , faifoit remonter le mercure , ce qui étoit précifément le contraire de mon attente : la branche s'étant remplie au point de me faire craindre que le mercure ne coulât dans le fiphon , je fus nécefité à faire ceffer de bonne heure l'opération. Vingt-fixième Expérience. En conféquence, je fs courber un autre fiphon ouvert, coudé , & diftant horifontalement de fix pouces de l'autre coude ; puis de cette coudure formant une tige perpendicu- 316 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, laire d’un pied trois pouces coudé de nouveau, & formant une autre branche montante de fept pouces, fermée hermériquement, je mettois du mercure , que je faifois defcendre jufqu’aux deux tiers de la tige, & en diftillant, j’étois sûr que mon air pañlant, refouleroit le mercure, & le Feroit monter : ce moyen me réufñlir ; j'eus à-peu près ce que je défirois; mais mon mercure , quoique moins difpofé que l’eau à receler de l'air, fe trouva femé d’un nombre infini de bulles fenfibles ; elles n’avoient pas plus de tendance à s'échapper d’un côté que d’autre, je cherchai donc encore quelque chofe de plus précis. Vinge - féptième Expérience. Sur un récipient garni de fa boîte à cuir & d’une fonde creufe, au lieu de tige , j'ajuftai un tuyau coudé, portant trois pieds; fon extrémité étant montée fur la fonde creufe que je garnis de veflie, & étant recouverte de veflie , puis de lut gras; je plaçai fon autre extrémité avec pareilles précau- tions , au fiphon ; le tout en état, je plaçai le récipient fur ma platine, ayant eu foin d'y mettre aufli ma jauge ; alors je luttai la cornue au ballon , & la maintins en fituation dans un petit fourneau ; lorfque tout fut bien ajufté , je fis le vuide juf- qu'à baiffer mon mercure de trois pouces; je m'étois affuré avant, que ma pompe confervoit le vuide trente- fix heures ; je diftillai , & l'air séchappant, enfloit le récipient , où il éroit libre, & par conféquent , agifloit feul fur le mercure de la jauge qu'il faifoir hauffer ; les vaiffeaux étant refroidis , il m'étoit aifé d'apprécier par les lignes de mercure monté, la quantité d’air qui l’avoit ainfi fair monter, le mercure étant, évaluation commune, à l'air, comme 1 eft à 11200 , puifque le mercure eft à l'eau comme 1 eft à 14, & celle- ci à l'air, comme 1 eft à 800 , le produit de 800 x 14eft 1r200; j'établiffois donc une ligne de mercure pour 11200 lignes d'air, fachant d’ailleurs par le calibre de ma jauge, le poids de mercure néceffaire pour en remplir un pouce , j'étois sür d’avoir l’eftimation précife du volume & du poids de l'air échappé lors de la diftilla- tion; j'ajouterai encore que dans mes Expériences, outre la dimen- fion , je prenois toujours le poids des corps que j'allois diftiller, Je ne tardai pas à m'appercevoir que cette précifion étoit impoñible à obtenir, & aucun de mes eflais répétés trois fois fur les mêmes fubftances, ne me donna les mêmes réfulrats, mème avec l'appareil de Halles; la diverfe activité du feu, la différente proportion des parties naturelles des mêmes corps, la diverfité de produits qui en réfultent, m'en paroiffent les principales caufes ; j’en conclus qu'on pouvoit bien regarder comme sûre , la production d’une quantité énorme d'air, lors de la diftillation de certains corps; mais qu’il ne falloir pas efpérer d'atteindre à des réfultats conftans & certains; je ne SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 317 ne rends même compte du réfulrat de mes eflais , & non de leur détail , que pour montrer comment j'ai compris l'impoñlibilité de cetre précilion ; voyons au-moins s’il eft bien urile de l'obtenir. Je tournai routes mes vues du côté de l’origine de cet air, ne pouvant me perfuader que de l’air püt ceffer d’être élaftique , fans cefler d'être air, puifque cette élafticité eft fon caractère, fon attri- but diftinétif; car s’il eft pefant, tous les fluides le fonc; s’il pefe de cous les fens , c’eft une propriété commune à tous les fluides ; comme eux, il eft dilatable ; maïs au-lieu qu'ils font tous finon ab- folument incompreflibles , au-moins très-peu fenfibles à la compref- fion, l'air left à la manière des corps durs élaftiques, & lui feul de tous les Auides connus, poffede cette propriété. J'avois d'autre part obfervé ce que M. Halles lui- même à conf tamment remarqué, que l'air, ou du- moins fa plus grande partie, ne fe manifefte mn ete où paflent dans l’analyfe, les derniers & les vrais produits du feu, tels que l’alkali volatil & l'huile em- pyreumatique , & il me paroît très-conféquent de dire: Comme les alkalis volatils , quoique très-volatils , font démontrés ne pas exifter dans les corps qui les fourniffent, précifément parce qu'ils paflent en dernier lieu dans l’analyfe de ces corps ; de même l'air Le plus volatil des Auides ne prééxifte pas dans ces corps, puif- qu'il palle dans les derniers inftans de l’analyfe; & fi l’on m'ob- jeétoit que la raifon de certe différence eft que, l’air contenu dans les corps a perdu fon élafticité ; pour faire fentir le défaut de cetce objection , je pourtois dire : eh bien ! les fels volatils exiftenc auf dans Les corps, mais s'ils paffent en dernier lieu, c’eft qu’en y entrant , ils ont perdu leur volatilité ; à quoi on ne manqueroit pas de me répondre : donc ils n’y font pas en tant qu’alkalis volarils ? & j'ajouterai : l'air n'y eft donc pas en tant qu'air ; ce qui eft dire en termes un peu plus recherchés, qu’ils n'y font ni les uns ni l'autre. À ces confidérations théoriques , fe joignoit l’impreflion fingulière qu'avoit faite fur moi la leéture d’un pañlage de Boyle , depuis la page 48 jufqu’à la page 54, au premier volume de la Colleétion latine de fes Œuvres en 3 volumes in- 4°. imprimés à Venife en 1697. On voit que ce Phyfcien , au - deffus de tous éloges, n’ofe pas décider la queftion, fi l'air elt un ètre de première formation : ou s'il peur être produit par l’eau ; mais que cependant il a une forte propenfon pour la feconde partie de certe queftion; il m'a femblé qu'ayant un Ecrivain fi fage pour guide, je pourrois, fans courir le rifque d’être tourné en ridicule , entreprendre de confirmer un pareil paradoxe. Tome VII, Part. I, 1776. sis 318 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Vingt huitième Expérience. Après m'être affuré qu'une veflie ajaftée au bec d’un éolipyle dont le feu chaffe les vapeurs, fe gonfle, & que dans cet érar, elle eft réellement pleine d’air permanent, dila- table, élaftique, fur lequel M. Boyle n’a d’autre doute que celui qu’il ne foic fourni de la capacité mème de l’éolipyle, dont l'air dilaté fe feroit introduit dans cetre vellie, artendu , dit-1l à l'endroit cité, que l’éo- lipyle dont.on s’efl fervi ; éroit très-vafle : j'en ai choifi une de deux pouces & de diamètre, à laquelle je pouvois viffer fur un collec de deux lignes de diamètre , deux ajutages, l’un perforé à fon extrémité, d'uh trou de ? ligne , & l’autre d’un trou à peine perceptible. Je choifis un matras , tenant quatre pintes , rubulé vers fon ventre, ayant un col haut d’un pied un pouce, & d’un pouce + de dia- mètre, j'en pris le poids exact à une balance dont le fléau trébuche à un grain ; il pefoit 1 livre 2 onces 4 gros; je fermai fon orifice avec une vellie affouplie & bien sèche; j'avois eu foin de fécher l'intérieur du matras, en y pañfant du fable chaud; je plaçai dans la tubulure un bouchon de liège fin, dans lequel j’avois fait entrer le premier aïutage de mon éolipyle ,'de manière qu'il dépafsät de quelques lignes ; puis je fis bouillir de l’eau pendant une demi-heure , rems néceflaire pour’la priver d'air ; cette eau érant refroidie, j’en intro- duifis dans mon éolipyle trois gros +; l’éolipyle viflée fur l’ajutage, je lutai le tout avec de la veflle, & mis entre deux veflies un peu de lut gras ; enfin, je plaçai fous l’éolipyle une lampe mobile à une feule mèche allumée; l’eau ne tarda pas à bouillir ; elle forma d’a- bord un jet vaporeux qui obfcurcit tour le matras ; la veflie fe bomba, jy fs alors un trou d’épingle, les parois du ballon fe couvrirent de vapeurs ruiffelantes, & celles-éi n’eurent pas plutôt pris l'érar aqueux, que les nuages fe diffiperent dans le ‘ballon ; l’eau continua de s’y précipiter en vapeurs, & de s’y condenfer , n’y ayant que l'air qui pût s'échapper par le haut , ce que me confirma l'état fec du haut du co!, ain que celui de la veflie. L'évaporation dura un quart- d'heure, & , les chofes érant refroidies, je pefai de nouveau mon ballon , qui devoit pefer en plus mes trois gros + d’eau, moins la portion qui fe feroit convertie en air, je trouvai 1$ grains de moins ; il eft inurile d’avertir. que je m'affurai de l’état fec de mon éolipyle ; indépendamment de la ceffation du fifflement qui me lavoit annoncé : voilà donc de l’eau privée d’air par une longue ébullition antérieure, dont 3 gros + donnent 1$ grains d'air (1). Vingt-neuvième Expérience. Je plaçai avec le mème appareil & les {1) C'eft le fcizième, SUR .L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 319 mêmes précautions , mon ajutage , dont le trou eft à - peine percep- tible ; les chofes fe pafferent de même , à l'exception que l'éoli- pyle fut plus de trois quarts-d’heure à fe vuider, & qu'en pefant, je trouvai 30 grains de diminution (1). Ici la longueur du tems néceflaire pour épuifer l’éolipyle , a augmenté la chaleur ; l'iffue fingulièrement rétrecie , a néceflité les vapeurs à circuler long-tems dans l'éolipyle avant de s'échapper, & à s'échapper avec une énergie bien plus confidérable : nous avons le double d’air, c’eft-à-dire le huitième, & ++ du poids de l'eau mife en expérience , quantité qu'on ne foupçonnera pas , à ce ue j'efpére , ètre cachée dans l'eau que j'en avois eépuifée par l'ébullition. Trentième Expérience, Toutes chofes dans le mème état, je mis trois mèches allumées fous l’éolipyle , le fifflement fut bien plus conf- dérable , & j'eus jufqu'à 46 grains d’air (le $ & +). Trente-unième Expérience. Je fubftituai aux mèches un feu de char- bon fort vif, que j'augmentois par un foufflet, j'eus alors près d’un gros d'air , ce qui fait près des deux feptièmes de l’eau mife dans l'éolipyle. Je dois faire remarquer qu'ayant eu une fois la curiofité de prendre un ballon plus petit pour le ventre feulement , mes produits en air furent beaucoup moins confidérables ; le faifceau des vapeurs qui fortent de l’éolipyle touchant les parois, y étoit fingulièrement réduit en eau courante ; mais lorfqu’il a un vafte efpace pour s’érendre & per- dre cette forme conique , qu’on y peur voir fenfiblement depuis l’o- rifice de l’ajutage jufqu'à 3 pouces au- moins , alors on diftingue les gouttelettes aqueufes de ce qui eft, ou va être de l'air ; celui-ci s’é- lève toujours en nuages qui s’éclairciffent vers le fommer ; les gout- teletres au-contraire , font brillantes, & paroiflent globuleufes au milieu de ce nuage. On peut voir ce mème faifceau , & y diftinguer les gouttes aqueufes des vapeurs, dans ces lampes d’Emailleur , où l'éolipyle faic fonction de foufilet ; en détournant un peu le bec de léolipyle , de la mèche allumée , celle-ci éclaire le faifceau en queftion , de ma- nière à laiffer jouir de ce fpeétacle affez agréable. Trente-deuxième Expérience. Si Veau, chaffée par la chaleur , après avoir été réduite en vapeurs , fournit plus d'air qu’on n’y en peut foup- çonner, & en fournit d’autant plus que cette chaleur eft plus vive’, D ——————————————— (2) C'eft le huitième, S's 2 310 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & que les vapeurs élevées trouvent plus d’obftacles à s'échapper ; en la mélant de manière qu'il faille plus de chaleur pour la réduire én vapeurs, elle donnera plus d'air. J'ai pris de la corne de cerf calcince en blanc, puis lavée à différentes fois, & des coupelles en poudre , dont ta terre ne peut êtte trop deffalée. Je mis deux gros de chaque dans une petite cornue avec un ballon, pour m’aflurer qu’elles ne donnoient plus d'air pat la diftillation ; je faturai 3 gros ? d’eau qui avoit bouilli avec fuffifanre quantité de certe corne de cerf, & 3 autres gros + avec ce qu'il fallut de verre de coupelle pour en former une pâte A-peu-près folide; je les laïffai fécher vingt-quatre heures; elles per- dirent, l’une un fcrupule, l’autre un demi-gros d’eau; je les fs entrer dans deux petites cornues de verre, puis à l’aide du foufflec d'Emailleur , j'allongeai leurs becs au point de fe terminer en tuyau capillaire; je les plaçai, l’une après l’autre, au lieu de mon éolypile, datis la tubulure du ballon, & je les échauffai par trois mèches; l'eau contenue dans la terre de coupelle, donna un gros & deux fcrupules d’air ; celle contenue dans la corne dé Aniet en donna encore davantage ; mais il pafla un peu d’efprit alkalin volatil, & nous allons voir , dans un inftant , que le moment le plus précieux pour la formation de l'air, eft celui où fe forment les combinaifons nouvelles des corps, fur-rout lorfque les points de contaét font mul- tipliés, que le mouvement combinatoire eft vif, & que la chaleur eft plus fenfble. Trente-troifième Expérience. En effet, ayant vu qu’un demi-gros de mon huile de vitriol exigeoir près de quatre gros d’huile de tartre pour être faturée; je plaçai fous mon récipient & dans l’appareil de ma machine pneumatique, qui m’avoit fervi dans mes premières expériences , un godet tenant un thermomètre, & demi-gros d'huile de vitriol ; je mis 4 gros d'huile de tartre dans le godet de la bafcule, la jauge à côté; je fis le vuide , & le mercure étant baillé de 20 lignes, j'ai verfé l'huile de tartre fur l’huile de vitriol ; le mercure donna 12 lignes, & le thermomètre monta d’un bon pouce. J'ai délayé mon demi-gros d'huile de vitriol dans un demi-gros d’eau , & j'ai répété l'expérience ci-deflus; alors le mercure n’a monté que de 11 lignes; j'ai répété en mêlant Z d’eau, le mercure n’a monté que de 8 lignes; enfin , j'ai mêlé à mon huile de vitriol vingt par- ties d’eau, & j'ai eu trois lignes dans ma jauge. Dans ces différentes circonftances , le thermomètre montroit d'autant moins de chaleur que l'acide étoit plus délayé. J'ai mis un gros de fel de tartre bien fec dans le goder, & un demi-gros d'huile de vitriol dans la bafcuie, le vuidé fait à trois SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 312 pouces, j'ai eu un fifflement fingulier; le mercure monta de deux pouces, & je crois que bien m'en prit d’avoir choifi de fi petites dofes. Malgré la capacité de mon récipient, je craignis , avec raifon, qu'il n'éclarät. Trente-quatrième Expérience, Je fis la mème chofe avec les acides marin & nitreux diverfement étendus , & j'eus toujours plus d’air lorfqu’ils étoient moins délayés , & fort peu, quand ils l’étoient exrrémement. Moins donc il y aura d'humidité dans les corps, plus elle trou- vera d’obftacles pour s'échapper; plus aufli la chaleur qui naîtra des mélanges fera grande , & plus on obtiendra d'air de ces mêmes mélanges. Obfervons que malgré leurs variétés, ces mélanges n'ont pas moins donné d'une manière toujours uniforme, l’efpèce de fel qui en devoit naître, ce qui peut fervir à prouver en outre, que l'air qu'on retire des corps n’en eft pas partie conftituante, autrement il devroit faire varier, foit pour la forme , foit pour la faveur, les mêmes corps dans lefquels il feroir plus où moins préfent, ce qui n'eft pas. Je dois ajouter que la diminution plus grande du tmatras doit concourir encore à procurer plus d'air; enforte que dans toutes les expériences qui précèdent , en recevant l'air dans le ballon tubulé, je n'ai pas obtenu tout ce qui auroit pu fe former. En effer, j'ai eu une feule fois occafion de placer mon éolipyle à un trou fair dans le ventre de ces gros ballons de vingt cinq à trente pintes, & je crus appercevoir qu'il ruiffeloit moins d’eau. Mais comme je ne pefai pas ce ballon, qui d'ailleurs ne fe peut pas tranfporter fans danger dans une balance, je ne place ici certe obfervation que pour indiquer une autre manière de rendre cette naïflance de l'air plus fenfble. On défireroit , fans doute , qu’à l’eau j'euffe fubftitué dans l'éo- lipyle les autres liqueurs évaporables , comme les vins , l’esu-de- vie, l’efprit-de-vin , les huiles rant exprimées qu’effentielles, & em- pyreumatiques , les acides ; enfin, tour ce qui eft naturellement ou artificiellement fluide , ce qui, comme on voit, otvre un vafte champ aux expériences qui confirmeroient de plus en plus le foupçon de Boyle, puifque je ne doute pas que dans tous les cas, le pro- duit de l’air ne foit proportionnel à la denfité du Aluide , routes chofes érant égales d’ailleurs. Mais fans me refufer à cette recherche, j'ai cru que ce qui précède fufhfoit pour mettre en évidence la pro- duétion de l'air par l'eau , fauf à y joindre par la fuite rout ce qui pourta concourir à la confirmer davantage. 322 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Trente cinquième Expérience; Ceci me: donne occafon de dire feu- lement un mot fur Ja théorie qu’on a préfentée, il:y a quelque tems, pour expliquer la faveur acidule de certaines eaux minérales qui piquent l’odorat comme le vin fumeux de Champagne, & qui n'ont pas plutôt mouffé qu’elles ont perdu cette faveur : on l’a at- tribuée à l'air furabondant. En fe fouvenant que toute eau miné- rale eft le véhicule d'acides, & autres fubftances développées de la décompofition des pyrites, toutes dans l’état de folution, & que dans cet état, elles font d'autant plus écartées les’ unes des autres que le véhicule eft plus abondant, ou que la folution & la décom- pofition ont. été plus paifbles, comme le démontrent la folution du tartre vitriolé dans l'acide nitreux, celle de a crème de tartre dans, le‘ même.acide ; les eaux-mères reftantes de l’évaporation des liqueurs chargées de fels neutres, la vapeur fenfiblement acide de la liqueur bouillante & évaporante du tartre vitriolé , & des autres fels neutres. À tout cela, fi l’on ajoute que dans l’inftant du mé- lange de corps qui doivent fe combiner, il fe produit, 1°. de nou- vel air, comme je crois lavoir démontré ; 2°. une vapeur fubrile, pénétrante & nauféabonde, que je crois pareillement avoir mis dans da ‘plus grande évidence : ‘on. verra que la! moufle de ces eaux! eft due à la combinaifon parfaite qui fe fait ou s'achève de l'acide avec les fubftances minérales ; que leur faveur piquante eft due à cette vapeur fubrile qui s’en détache alors, & qu’enfin, l'air furabondanc qu'on y remarque, eft celui qui fe forme par la combinaifon , & non celui qui y. étroit. Je n'ai qu'une feule expérience à joindre à ceci. J'ai pris deux onces d’eau de, Pafly épurée ; elle ne tient prefque plus de fer, & n'eft point acidule; je l'ai placée dans une bouteille & j'y ai mêlé deux gros d'huile de tartre avec fufifante quantité d’efprit de vi- triol ; l’eau a louchi, & a pris momentanément une faveur acidule , qu'on n'attribuera pas , à ce que j'efpère, d’après les expériences qui précèdent ,.à l'air furabondant, ou à l'air fixe dégagé des corps. Trente -fixième Expérience. Dans le détail de ces dernières expé- riences, j'ai parlé de la chaleur qui fe manifeftoit lors dés mélanges d’où naiflent de nouveaux corps. Cetre chaleur, qu'on eft le maître de varier au point de la rendre brûlante, & à celui d’être à peine fenfible , jointe à la produétion extraordinaire & pareillement va- riable de l'air, eft le caractère des vraies diffolutions. Ces deux phénomènes les diftingueront toujours de l’action de l’eau , ou de celle d'un véhicule, puifque dans cetre dernière il fe. fait conftamment du froid, que les corps ne font pas altérés, que le peu d’air qui SUR L'HIST. NATURELLE ET. LES ARTS. 313 fe dégage, eft évidemment celui contenu dans les.interftices du corps, & chaflé par le véhicule à l’inftant où il les pénètre. Un demi-gros de fel ammoniac mis dans un godet, & le vuide fait, en verfant deffus trois gros d’eau ,; à peine le mercure a-t-il monté d'une ligne pendant tout le tems qu’a duré la folution. Il en a été de mème, à peu de chofe près, du fucre, du fel & du nitre; en un mot, plus les fels neutres étoient compactes, moins ik fe dégageoit d'air, & Cet air na jamaïs fait monter le mercure dans la jauge au delà d’une ligne. Appliquons ces faits à Pair produic lors des diftillations & du- rant les fermentarions. Lorfqu’on diftille , le premier degré de chaleur chaffe l'eau abondante des corps ; il n’en refte plus que la portion la plus difficile à chafler, non parce que ce feroit une éau différente, mais parce que l'état de ficcité des autres partiés la retient avec plus d'énergie , & qu’elle eft en combinaifon exacte avec les parties naturelles de ces corps. La chaleur augmente , ces parties fonc ré- duites en vapeurs à l’aide de ce peu d'humidité reftante; dans cet état, elles fe combinent de nouveau, & dans le mouvement de cette combinaïfon, l’humidité en ‘eft encore détachée plus énergi- quement ; de-là, l'air. Pour le prouver, j'ai épuifé une once de râpüre’ d’yvoire de fa gelée, & j'ai diftillé féparément certe gelée, la partie folide ref- tante, & une autre once d’yvoire. Celle-ci m’a donné une prodi- gieufe quantité d'air, la gelée en a très-peu fourni, & la partie folide en à donné plus qu’elle; la fomme des deux produits n’é- quivaloit pas à celui de l’once ; pourquoi ? Dans le premier cas, les parties naturelles de l’yvoire, réduites en vapeurs, ont réagi & donné beaucoup d’alkali volatil , produie-de leur combinaifon; dans le fecond , la gelée, privée de fubftance folide, n’a fourni qu'une par- tie des chofes néceffaires à la produétion de l’alkali volatil, & par- conféquent, de l'air; dans le troifième enfin, la partie folide, ne pouvant être aufli dénuée de gelée que celle-ci peut l'être de fubf- tance folide, a donné plus d’alkali volatil, c'eft-à-dire , un pro- duit nouveau, plus abondant; & en conféquence , l’air a été aufli plus abondant que dans le fecond cas, mais beaucoup moins que dans le premier. La produétion de l'air dans les diftillarions, eft donc toujours proportionnelle, pour la quantité, à celle des pro- duits nouveaux de l’analyfe, & les accompagne au point de ne fe manifefter qu'avec eux & à l'inftant où ils fe forment. Il eft aifé, fans que je m'étende davantage , de voir que dans les fermentations vineufe & putride, il fe fait une nouvelle com- 554 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, binaifon des parties conftituantes des corps fermenrans, & que l'ait fe manifefte, pour le moment, pour l'abondance & pour la durée, proportionnellement à la nature, à l'énergie & à la durée de ces fermentations. Non-feulement cet air fe produit alors, mais il efnporte avec lui les portions fenfibles de matière très-fubrile, ap- partenantes aux Corps dont il s'échappe ; nous les avons examinées, avec la plus fcrupuleufe attention, dans la onzième expérience & “fuivantes : Boyle étoit donc bien fondé, dans fes foupçons fur l'o- rigine de cet air. Un Poëté ancien , après avoir expofé ce qu’il favoit de mieux fut l'objet qu'il traivoit, & l'avoir écrit du meilleur ftyle qu'il lui fut ofible , invitoit ceux quien favoient davantage à imiter fa candeur , &:à le lui communiquer fans fard. Jai mis dans la plus grande évidence dont je fois, capable , le développement & l’eflicace des vapeurs acides, par-tont où on les prenoit pour de l'air. J'ai cru voir que, loin d'être abforbé par certains corps, ou attiré & combiné cavec eux, J'air fe convertiffoir en eau. J'ai donné au doute de Boyle, sfur l'origine de l'air, toute l'extenfion qui eft en mon pouvoir, pour _fxer. ce-doute, & en faire une vérité invariable. On eût pu mieux remplir ce delfein, fans doute : ce que je préfente, eft fufceprible “d'augmentation, & peut-être de réforme. Daignent ceux qui me ju- geront ; en remarquant les défauts de ce Mémoire , me tenir compte _de l'intention. TNASCBNPIERFE; LI SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 315$ Tong das Es sic Des plus grands degrés de Froid obfervés dans différens tems, pendant le mois de Janvier dernier; Par Le Pere COTTE, Corréfpondant de l'Académie Royale des Sciences de Paris, G Curé de Montmorency. NOMS Jours | Degrés des du de LIEUX. | mois. | froid, NOMS Jours | Degrés} des du de : LIEUX.. | mois. | froid.} À Montdidier. 29 —— M. Meflier, . .| 29 Ë Lyon. MAUR I$-17+ —— M.Torré. . .| 29 16% 147 Le Havre, . Saint-Denis, 16 A Léiplck. Meaux. , , H Francfort, . . , 16-172} Bonn. SE le Paris. Obferv. Royal.| 19 | 147 Troyes. tt .1e | 29 Montmorency.. « | 28 { Grenoble, . : 1 174 Saint-Quentin, . .] 28 16: À Hambours. . 27 17 Dôuatsi te ae 28 162 ÎLa Haie. : 28 15 Bruxelles. « , 28 16-17 } Warfovie. . . 6 11 Mournay. 1 0.128 152 | Coppenhague. . 024 13 AunelieuedeTournay.| go 16 | —— Niewport, . « - .| 28 145 Auray en Bretagne, 31 II ÉONVAIR ee | 28 16 MEBordeaux. #1. ILErS Ga Nancy. "10-07. 29 17 JA 1+ lieue de Bordeaux. 18 7 Strasbourg, . . « .| 27 15 Montpellier. . . .| 31 6 Orléans ee tete clte28 14 Aix en Provence. .| 15 s Tome VII, Part. I. 1776. JE 326 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Vous voyez, Monfieur, par ce Tableau, qu'il s’en faut de beau- coup que les Provinces méridionales aient éprouvé un froid propor- tionné à celui que. nous avons reffenti. M. Guyot me mande de Bordeaux qu'il y avoit vu comme une ligne de démarcation que le froid n'avoir pas pañlé; les Courriers, venans de la Rochelle à Bordeaux , étoient retardés par l'abondance des neiges, tandis que ceux de Bayonne étoient retardés par l'abondance des eaux. La Ga- ronne charrioit à fon embouchure , & ne charrioït poine à Bordeaux. Les Marins affuroient que , lorfqu’on avoit dépalfé le Bec d’Ambez, on éprouvoit un changement de température très-fenfible. Le froid a été auñi fort modéré à Aix en Provence il y a tonné en Janvier, & il eft tombé beaucoup d’eau ( 34 À lig:), aufli-bien qu'à Bor- deaux , où la quantité a été de so lignes à. M. Guyot a trouvé dans cetre dernière Ville, que 3 pouces 9 lignes de neige, n’ont rendu que 2 + lignes d’eau, & je trouvois, dans le même tems,aà Mont- morency, que $ pouces de neige me rendoient 13 lignes d’eau; la neige de Montmorency, attendu la rigueur du froid, étoit, fans doute, plus fine & plus compacte que celle de Bordeaux. Pendant la chûte de la neige à Bordeaux, M. Guyot a préfenté aux floccons un tube de cryftal d'Angleterre frotté, qui les a conftamment re- pouifés, tandis qu'un baton de cire d'Efpagne noire, fembloit les attirer. Le froid a été extrèmement vif en Flandres; M. le Baron de Poëderli, fils, me mandoit, d’après les expériences & les obferva- tions faites à Niewport par Dom Manu, Prieur des Chartreux Anglois , de l’Académie Impériale & Royale de Bruxelles, que l'eau de la mer y avoir gelé aufli-bien que l’eau-de-vie, le rafia, & même l’efprit-de-vin rectifié d'Angleterre. La glace fur les côtes, avoit jufqu'à huit pieds Anolois d'épaiffeur; & à quatre lieues de la côte , la mer charrioit d'énormes glaçons; cependant, le ther- momètre n’y eft defcendu qu’à 14 + degrés. On vit aufli des oi- feaux qui ne fe trouvent qu'au Spitzberg, & au-delà du cercle polaire. Dom Manu a profité de ce froid pour faire des’ expériences très-curieufes fur la congélation de l’eau de mer; c’eft le fujer d’un Mémoire intéreflant qui a été lu dans une Séance de l’Académie de Bruxelles. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3:17 bat EXTRAIT de la Gagee d'Agriculture, du Mardi $ Mars 1776. Noms des Lieux. Jours du mois. Degrés de froid. WASHRE EN ARITICHES + ei ne adm te lee sue sas 1 La, Fetté Bernardais.e 2 .re3m Janvier. .! 1 le 4. 6 M ee os este y ED Saint-Germain-en-Laye. . . 1 Février. . . . . ATENS NE ERANETrENES LA . 19%+ N. B. 1°. On trouve, dans la Gazette d’Agriculure ; le détail très-circonftancié des Obfervations faires , trois fois par jour, près Saint-Germain-en-Laye , depuis le 20 Janvier jufqu'au 2 Février. Les différences qui fe trouvent entre ces obfervarions & celles qu'on a faires dans toutes les autres Villes, font fi prodigieufes, qu'il feroit à fouhaiter qu'on éprouvât les Thermomètres de M. Tro- chereau de la Berliere, Auteur des Obfervations de Saint-Germain- en-Laye. 29. Les Obfervateurs de Vienne remarquent que les hivers de 1731, 1740 ; 1749 ,; 1758, 1767, ont été notés par eut ri- gueur ; ainfi, l’année 1776 feroit la fixième époque d'un retour périodique de grand froid de neuf en neuf ans. Cela peut être vrai pour Vienne, mais non pour Paris. Le plus grand froid y a été, en 1731, de $ degrés : en 1740, 10 degrés :en 1749; de 72 degrés : en 1758, de 11 degrés : en 1767, de 12 deg. en 1768 , aufli de 12 degrés, & dans les années intermédiaires, il a été au moins aufi grand : ainfi, en 1742, il fut à 13 +: en 1745, à 13 À: en 1747, à 12% : en 1748, à 11 3, &c. LTD Kat “1 328 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ah SENS MERS ROME A l’Auteur de ce Recueil (*), LUE jt. Mean min on a ïinféré dans votre Journal du mois de Janvier 1776, pâge 42, un Mémoire en forme de Lettre, traduit de litalien, de M. l'Abbé de Fontana, fur quelques propriétés nou- velles & fingulières du Trémella, & fur certaines petites anguilles, qu’on voit dans une efpèce de galle ou tumeur du froment & du feigle. On. a retranché ce qui fe trouve dans l'Original Italien , qu’on a ”réimprimé l’année dernière à Florence pour la troïfième fois, & qui peur fervir à fixer l’époque de cetre lettre, époque qui devient in- téreflante à caufe des obfervations , que d’autres ont publiées pofté- rieurement fur le mème fujer (4). Mais ce qui eft encore plus important, c’eft qu’on voit dans l'O- riginal Italien, que M. l'Abbé Fontana avoit déja découvert dès ce téems-là , une nouvelle plante microfcopique plus petite encore, & qui à des mouvemens plus vifs & plus marqués que le Trémella. La traduction Françoife n’en fait pas mention (2), & cette traduc- tion étant un peu trop littérale, peut avoir donné lieu à des équi- voques. Par exemple, M. l'Abbé Fontana, en parlant du troifième mouvement du Frémella , ne faic principalement mention que du mouvement progreffif, & du pafflage de place en place des filets de cette plante; phénomène qui, non-feulement a échappé , mais même qui as été nié-par M. Adanfon (1). Nonobftant cela , on voit dans la traduction une note, par laquelle on voudroit prouver que M. Adanfon, bien loin de, nier ce mouvement, l’a même calculé ; cependant un peu plus bas on ajoute que M. Adanfon a foutenu que les filets du (*) On trouvera deux efpèces de Notes. Les unes indiquées par des chiffres, les autres par des caraëtères alphabériques. Les premières appartiennent à l'Auteur de cette Lettre; les fecondes, au Rédaëteut du Journal, (a) Le Défenfeur de M. de Fontana défire de nous des détails qui n'appren- droient que ce que toute l'Iralie fait. Tout le monde s'accorde à dire, que les expériences & découvertes de M. de Fontana font antérieures à celles de MM. Rofredé & Corti, (8) Dans le Manufcrit Italien qui a été remis, il n’eft point queftion d’autre plante douée de mouvement, que du Trémella. (x) Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1767. Mémoire fur le Tré- mella , de M. Adanfon , page 567.» Ce mouvement ( c'eft M. Adanfon qui parle) L 4 À 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 319 Tiémellaine changent jamais de place, & c’eft précifément ce chan- gemenc de place, qui a échappé à l'Obfervateur François , & que l'Obfervateur Italien à remarqué : en un mor, il eft très-vrai que ce dernier ne parle que d’un mouvement qu'il a obfervé, & que M, Adanfon a nié:or, comme M. Adanfon n’a refufé d'autre mouve- ment aux filets du Trémella, que celui du changement de place , M: l'Abbé Fontana ne peut , par conféquent , avoir parlé que de ce changement de place. En fe , lorfqu'il parle d’un mouvement de place en place, de filers qui paffènt d'un lieu à un autre, on ne peuc pas entendre par-là des mouvemens de compenfation, ni des mou- vemens de fimple ofcillation, qui fe compenfent les uns les autres de manière que rien ne change de place (c). Outre tout cela , on a altéré dans la traduction, le titre de cette lettre (4), de facon qu'on pourtoit aiféméht croire que les an- guilles microfcopiques du faux Ergot fe trouvent dans une maladie du bled tour-à-fair différente, erreur qui peut aufli être confirmée par la planche qu'on à mife mal à-propos à la fin de la lerrre , & qui préfente la figure d’un épi de feigle attaqué par le vrai Ergot(e), PL »qui n'eft bien fenfble que dans les filets du bord du tiffu, ne s'exerce pas » dans tous les filets en même-tems, ni de la même manière : il y en a qui # paroiflent fe raccourcir, c'eft-a-dire, reculer en arrière fans aucune contration » fenfible, & s’entrelacer pour ferrer le tiflu 5 mais le plus grand nombre paroît » s'avancer. Je me fuis afluré, que ce mouvement progreflif eft d'une ligne en » une minute fous l'objectif du n°. 10, c'eft-a-dire , de 2 de ligne, & que » tous les divers mouvemens que fe donnent ces filets, fe compenfent les uns les » autres, de forte qu'ils ne changent pas fenfiblement de place «. Er à la page 570 : » Il fuit des expériences, rapportées précédemment, que le mouvement » progreffif & de recul du Trémella, qui n'eft qu'un mouvement ofcillatoire en » tout fens, diffère eflentiellemenr , &c. ce (c). Il n'y a point de mouvement prosreflif, fans changement de place : fi à ce mouvement en fuccède un autre rétrograde ou de recul , égal au premier, l'être qui fe meut, revient à fon ancierfne place; & c'eft ce que M. Adanfon a dbfetvé & qu'on ne peut lui difputer. Le mouvement, admis par M. de Fontana, ne diffère donc de celui qu'a oblervé M. Adanfon , que du plus au moins. (d) Cette Lettre n’a d'autre titre que Ergot e Tremella. Ce) Cela eft vrai. C'eft le véritable Ergot du feigle qu'on a fait repréfenter exprès à côté du Trémella. Cela étroit d'autant plus néceflaire, que l'Obfervation de M. de Fontana a paru fort extraordinaire, & qu'il eft queftion dans le texte de la Lettre, du véritable Ergot, & non du faux-Ersot : en voici la preuve. On y lit, page 3, Quefle anguillette o ferpentelli, che talt apparifcono a chi gli oferyva fi trovano in una malattia del grano , che alcunt Francefi hanno chiamato Ergot, e che noi potremmo chiamare grano cornuto o fprone. » Ces petites anguilles ou fer- > pens, fe trouvent dans une maladie du grain que quelques François ont nommée » Ergot , & que nous pourrions nommer grain cornu.ou éperon «, Or, en France, ainfi qu'ailleurs, par Érgor du Jeigle, grain cornu ou éperon, fecale cornutum , &c. LE 339 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lequel n’a point de ces anguilles, & qui n'eft point la maladie dé- crite ici par M. l’Abbé Fontana (1). On voit aufli dans cette même planche le Trémella de M. Adanfon, tel qu'on l’a donné dans les Mémoires de l’Académie des Sciences à l’année 1767, bien diffé- rent (f) de celui que M. l’Abbé Fontana a envoyé en 1771 à Paris (2). C’eft donc pour éclaircir toutes ces équivoques , que je crois né- ceffaire de donner le morceau que le Traduéteur François a omis, & (g) qu'on voit pourtant dans l’édirion Italienne de cette lettre ayant pour vitre : Effai d'Obfervations fur le faux Ergot 6 fur le Tré- mella de M. l'Abbé Fontana (3). Voici donc ce que l’Editeur nous en dit. » Dès l’année 1771 on donna au Public, à Florence , un nombre » de différentes découvertes, fous le titre de Supplément au Nu- » méro 30 des Nouvelles Littéraires. En Juin de la même année, »on vir dans le Journal de Florence , dont l’objet eft la conferva- »tion du corps humain, reparoître les mêmes découvertes, mais # avec des additions , des correétions & avec des notes. Dans ce ——s on n'entend que cette excroiffance, ou produétion monftrueufe, qu'on trouve quelquefois dans les balles du feigle à la place du grain, & donc on à donné la figure dans le Journal de Janvier :776. Pour éviter toute équivoque, nous au rions fouhaité que M. de Fontana nous eût donné la figure, comme nous l'of- frons ici. (1) Nous ne donnerons pas ici le vrai caraétère de cette maladie, que notre Auteur appelle Faux-Ergot. 11 fuffit de dire, pour la diftinguer du vrai Ergoc déja connu, qu'on n'entend par-là qu'une maladie des grains du bled ou du feigle tellement infe@és, qu'on les trouve remplis, au lieu de farine, d'un très= grand nombre de petites anguilles, douées des propriétés décrites dans la Letre déja imprimée dans ce Recueil. (f) Le Trémella, dont on trouve la figure dans les Mémoires de l'Académie des Sciences, année 1767, eft le même que celui dont M. de Fontana nous donne connoiffance aujourd'hui; les diaphragmes font feulement plus marqués. (2) Voyez dans la Planche ci-deflous la véritable figure du Trémella & du Faux - Ergot , tel que M. l'Abbé de Fontana l'envoya, en 1771, à Paris. (g) Le Traduéteur François n'a rien omis de la Lettre manufcrite qu'on lui 2 fait parveair d'Italie. Nous nous fommes prétés, avec plaifir, à tout ce que M. de Fontara a exigé de nous, pour établir la gloire de fa découverte microfcopique. Mais dans la crainte de fatiguer nos Leéteurs, nous ne reviendrons plus fur cer objet, à moins qu'on ne nous offre des vues nouvelles & des obfervations inté- reflantes. (3) Nous ne traiterons pas ici de plagiaires nos Obfervateurs , M. Roffredi & M. Corri, qui, fans fe douter d'avoir été prévenus , ont auffi découvert les propriétés de ces Anguilles & du Trémella, quatre ans après que l'Auteur les avoit déja publiées deux fois à Florence, & fair obferver publiquement à beaucoup de Com- patriotes & d'Etrangers de route Nation. . SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 331 » Journal on annonce clairement pour Aureur de ces découvertes, » M. l'Abbé Fontana, Phyficien du Grand Duc de Tofcane. » J'ai eu plufeurs raifons de demander à l’Auteur des éclairciffe- » mens fur ce qu'on avoit donné à Florence dans ces papiers publics, » & il a eu la bonté de m'envoyer une lettre qu’il avoit écrite le »10o de Mai 1771, à M. Feront, Mathématicien du Grand Duc, » qui fouhaitoit favoir de lui quel éroit pour lors l'objet de fes re- » cherches (1) «. Au bas de la Lettre , l'Editeur continue aïnfi : » M. l'Abbé Fontana , peu de mois après avoir écrit cette lettre remplie de découvertes tout-i-fair neuves & intéreffantes, diftribua » à nombre d'amis Tofcans & étrangers , plufieurs copies de la plus » grande partie des planches relatives à cette lettre & à bien d'au- “tres obfervarions, & il en fit parvenir aufli en différens endroits » de l’Europe, & particulièrement aux plus célèbres Naturaliftes de » France , notamment à M. Adanfon, le premier qui ait obfervé » avec attention les mouvemens du Trémella, Parmi les feuilles que » M. l'Abbé Fontana envoya à M. Adanfon à Paris, il y avoitin- » féré des planches qui préfentoient la figure d’un nouveau tiffu vé- » gétal d’une couleur très- verte , & compofé de filets microfcopi- »# ques plus fubtils encore , & plus longs que ceux du Trémella : il » affuroir que ces filets éroient doués de mouvemens très- vifs & » fpontanés; M. l'Abbé Fontana ayant examiné ces deux plantes mi- » crofcopiques, avec la fagacité qui lui eft fi naturelle, & ayant foumis » à des principes & à des loix certaines , tous ces mouyemens en » apparence fi réguliers & fi variés, n'héfita point de déclarer à » M. Adanfon, qu’il croyoit ces plantes douées de fpontanéité & » de fentiment, & qu'il falloir enrichir l’hiftoire naturelle de certe » nouvelle clafle de corps organiques & vivans, corps inconnus juf- » qu'à lui , comme réuniflant enfemble le double caractère de la » plante & de l'animal. » Le favanr François, furpris peut-être de voir tant de mouve- » mens qu'il n'avoit pas auparavant obfervés, & d’ailleurs , la figure » de ces plantes étant bien différente de celles qu’il avoit données » à l’Acadèmie des Sciences, crut qu'aucune de ces plantes n’étoic » fon Trémella, comme il l’a écrit lui- mème peu de tems après » à M. l’Abbé Fontana ; cependant la première de ces plantes obfer- » vée par M. l'Abbé Fontana, qu'on voit décrite dans la lettre ci- » deffus , & dont il envoya la figure grayée à M. Adanfon, eft fans “ 2 (1) Voyez cette Lettre inférée dans le Journal de Phyfique , mois de Janvier 1776, page 42. 532 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » contredit , le Trémella de M. Adanfon, tandis que la feconde » plante mouvante , eft une petite plante aquatique capillaire de la » famille des byffus, inconnue même aux Botaniftes «. Voilà, Monfieur, ce que l’Editeur de la Lettre dit qu’on a omis dans la Traduétion Françoife , & ce qui étant inféré dans votre Journal, peut feul réparer la faute du Traduéteur. J'ai l'honneur d’ètre , &c. oo EUX 2 BtleC/A TU O NO DME Lu ANcR L'AUN:CYEE, . Dans laquelle on voit différens files du Trémella, € différers grains du véritable & du faux Ergot. Les filets du Trémella font préfentés en état de mouvement, tels qu'on les voit à l'aide d’un très-bon microfcope. Ils font com= ofés d’un long tube , qu’on croiroit rempli de petits œufs placés à égale diftance les uns des autres. On a eu foin auf de rendre les grains du vrai & du faux Ergot, chacun dans fa forme & grandeur naturelle , pour que ces deux maladies , fi différentes entr'elles, ne foient plus déformais confondues enfemble. Freure I. Filer du Trémella, élevant la tête. z, Tête , on extrémité du filer, c,r, inflexion qu'on voit fouvent paroître & difparoître au filer. m,n, autre inflexion femblable à la première, o, autre petite inflexion. P; queue, ou extrémité. Fieure Il. Filet qui fe courbe à différens endroits de fa longueur, a, Tête. c,o0,m,n, différentes inflexions du filet. p, extrémité oppofée. Freure HI]. Deux filets du Trémella, qui s'étant rencontrés ef fens contraire , fe font entrelacés , & continuent ainfi leur chemin, chacun de fon côté. a, a, Têtes, ou extrémités des filets. P»p3 Queues, ou extrémités oppofées, La SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 333 La direction des flèches indique la direction des filets quand ils fe rencontrént, & quand après ils fe féparent. Ficure IV. Quatre filets du Trémella qui s'avancent , les uns pa- rallèles aux autres, mais par des directions oppofées. a, a, a,a, Têtes, ou extrémités. P» P» PP Queues, ou extrémités oppolées. La direction des flèches montre le chemin des filets. Ficure V. Filer du Trémella qui fe tortille. a, Tère. P» Queue. m, inflexion près de la tête qui, pourtant, change fou- vent. Ficure VI. Autre filer du Trémella, qui fe tortille & s’entre- Jace. a, Tète. P; Queue. c, 0, partie touchante à la tête , qui. continuellement fe courbe en tout fens. Freure VII. Quatre grains du vrai Ergot. 4a,;c,0; . . { X Oral fal Co : è Nr deux grains du vrai Ergot du feigle d,d,e, Prt;u, Ficure VIII. Dix galles du faux Ergor. a,;a,a,a,c,c, fix galles du faux Ergot du bled, 0,0,r,7, quatre galles du faux Ergot du feigle. F deux grains du vrai Ergot du bled. LR Tome VII, Part. I. 1776. Ver L. # Li . * \ 7] 334 (OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, VE CLAIR CISSE MENS Demandés par M. GU1OT, fur une Trombe obfervée à dix lieues de Bordeaux , dans le voifinage du Baffin d'Arcachon , avec les Ré- ponfes de M. BUTET, Curé de Gujan, fur ce Phénomène. Fa M E 24 Maïs 1774, la matinée ayant été très-belle, le foleil ” » » » » » 2 ta LH fort chaud & le vent au Nord, nous apperçcümes vers le Sud , à une heure après midi, un nuage d’un rouge foncé, qui s’aug- menta afléz pour nous cacher entièrement le foleil , & qui, par- venu à notre zénith , nous jetta, pour ainfi dire , dans, l’obfcurité. Vers les trois, heures, ce nuage s’ouvrit à l’Eft, il en fortit une colonne de 2 pouces de diamètre, de la même matière & de la même couleur que paroifloir être le nuage. Elle defcendit jufques fur les marais de Certes; fa chûre fic élever l’eau & la terre à 2 toifes de hauteur ; elle s’accrut fenfiblement au point que fa bafe rempliffoit l’efpace d’une toife & demie ; fon milieu, de 2 toifes & demie, fe perdant en cône obtus , dans le nuage d’où elle fortoir , par une courbe de deux pieds de diamètre, mon- trant en tout une hauteur de 18 à 20 toiles; il en fortoit , de tems en tems, de petits nuages , fous la forme d'animaux qua- drupèdes qui, s’y réuniffant bien-tôt, nous paroiffloient grimper jufqu’à ce que nous les perdions dans l’obfcurité. Le vent pañla au Sud jufqu’à cinq heures & demie qu'il devint Nord-Oueft. » À l'Oueft de la colonne nousne vimes que du noir & beaucoup d’agitation dans le fluide dont elle étoit compofée. Les habitans de Certes, placés à fon Eft, virent forrir de fa bafe du feu & une fumée épaifle, qui répandit une odeur de foufre infupporta- ble, & fut accompagnée d’un vent affez impétueux pour tranf- porter au loin la charpente d'une grange. Cette colonne quitta la terre, & porta fa bafe dans le bañin d'Arcachon. On apperçut trois autres petites colonnes vers le Nord, à fix pieds de diftance l’une de l’autre ; elles ne defcendirent qu’à ro ou 12 pieds, & parurenc remonter dans le nuage quelques momens après. Une forte ex- plofon annonça la chüte de la foudre , qui tomba effectivement à lieue au Sud de la colonne, fur un des parcs à brebis de M, SUR L'HIST.NATUREILLE ET LES ARTS. 335 » de Ruat, vis-à-vis le château de ce Seigneur : ce parc fut bientôt » réduit en cendres. Il fuccéda à ce coup de tonnerre une grêle sèche » de la groffeur d’une noix. La Paroifle de Teich, & une partie de » celle de Gujan en furent accablées pendant vinot-fept minutes. Ce » phénomène nous a occupés pendant plus de + d'heures. On avoit » entendu vers le Nord, avant l'orage , un bruit fouterrein, qui dura » quatre minutes «, Peu de jours après que cette relation fur parvenue à ma cônnoif- fance, je fus que M. Buter, Curé de Gujan, en éroit l'Auteur , & je lui écrivis pour le prier de me donner quelques autres détails concernant ce météore ; M. Butet s’y prèta avec beaucoup de com- plaifance ; je reçus d’abord de lui un croquis du phénomène, lequel je joins ici tel qu'il le crayonna lui-même durant l’obfervation, & bientôr après ilm'envoya les éclairciffemens que j'avois demandés accompagnés de la lettre fuivante. MonwstEeur, Log » Après les éclairciffemens que j'ai pris fur les lieux de gensiqui »ont vu, je réponds le mieux qu'il m’eft poflible, à vos queftions » fur le phénomène du vingt-quatre Mars dernier. J'ai cru que d’un » coup d'œil, vous entendriez mieux le trajet qu'a fait la colonne , » que fi j'en avois fait une defcription ; je vous envoie un: plan: de fes différens mouvemens ; les mefures n’en font point exactes; » mais vos lumières y fuppléront. J'ai mis àccôté un petit plau du » jardin & de la grange du fieur Brun de Certes, qui forrir de chez » lui à l’inftant où la colonne atteignoit fa grange , «il m'a afluré » avoir vu emportés par le tourbillon, deux corbeaux & un chien; » les lates-clofes defa charpente furent emportées dans le bois de Pins » de M. de Civrac, à plus de quatre cens pas de fa maifoe ; les » tuiles furent difperfées & divifées à plus de cent pas aux environs, » & fa maifon en fut ébranlée , le coin du Nord du moulin fur em- » porté avec toute la charpente d’une petite écurie, il fembloir que » les arbres fur lefquels palloit la colonne ; éroient tordus comme des »ifs, & même déracinés, & après qu’elle eur paflé , on n’apper- » cut en eux qu'un peu de noirceur. Le coin Nord du parc du fieur # Brun couvert de paille, fut un peu dérangé , mais quatre piquets » de chène d’un pied de diamètre, qui foutenoient la paliflade de » fon jardin ; furent arrachés ‘de terre ; deux à! l'Oueft &: deux » au Nord’. k J'ai l'honneur d’être, &c. V v2 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je joins ici le plan de la Trombe qui étoit inclus dans cette Lertre; & voici les queftions que j'avois propofées à M. Butet avec fes réponfes. QUESTIONS. 1. Avant que la colonne eût acquis les dimenfons décrites dans la relation, parutelle être d'an diamètre à - peu - près égal dans toute fa longueur ? 2. Pendant que la colonne fe formoir, le nuage demeura- til également fombre ? 3. Paruc-1l s’accroître ou di- minuet ? 4. Quand la colonne fut for- mée, fut-elle toujours bien fen- fible dans route fa longueur ? s: Paroifloit-elle toucher im- médiatement la verre ? 6. Pendoit-elle du nuage ver- ticalement & en ligne droite ? 7. Dans le cas contraire , quelle éroit la direction de fon obliquité ou de fa courbure? 8. Les deux bords de la co- lonne, à main droite & à main gauche du fpeétateur , étoient-ils plus où moins obfcurs que le milieu RÉPONSES. 1. La colonne fortit du nuage grofle comme le doigt, & vint jufqu’à terre de la mème groffeur; peu d’inftans après , elle devine de 2 pouces de diamètre dans toute fa longueut ; enfin, d’une toife 2 à fa bafe, de 2 toifes + dans fon milieu , & de 3 pieds dans fa fin; & cela pendant qu’elle dura. 2. Le, nuage fur également fombre , & même plus Pncé que la colonne dans fon centre; mais fur l'extrémité d’où elle fortoit, il étoit beaucoup plus clair. 3. Il ne parut ni s’accroître ni diminuer. ; 4. Elle parut toujours fenf- ble dans toute fa longueur. s: Elle touchoit immédiate- ment la terre. 6. Elle fortoit du nuage par une ligne courbe , & defcendoit perpendiculairement. 7. La direction de la courbe étoic de l’'Oueft à l’Ef. 8. Aux yeux du fpectateur de Gujan , les deux bords de la. colonne étoient aufli obfcurs que. le centre; à Certes, les deux bords étoient plus clairs, & le. centre plus obfcur. SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 337 QUESTIONS. 9. L'élévation de la terre & de l’eau (à deuxtoifes de hauteur) ne commença-t-elle à être apper- çue que lorfque la colonne euc atteint la furface du marais? 10. Cette élévation fe fit-elle hors de la circonférence de la co- lonne, comme un rejaillilement caufé par une violente preflion; ou bien fous la colonne même, comme par une force de fuccion ou d'attraction ? 11. À quelle diftance du phé- nomène étoit l'Obfervateur qui en a eftimé les dimenfons ? 12. Suivant les dimenfons, h colonne devoit être formée de deux cônes diverfement tronqués, unis par une bafe commune, en forme à-peu-près de fufeau à fi- ler. Comme cette forme paroît être une fingularité remarquable du phénomène, on prie de vou- loir bien confirmer ce que la re- htion en dit, ou le rectifier s’il y a quelque erreur. 13. Les petits nuages , qui grimpoient le long de la colonne, montoient-ils en ligne droite, ou en tournoyant par un mouve- ment fpiral ? 14. Dans le premier cas, pa- roiloient-ils fuivre le milieu ou les bords de la colonne ? 15. Sembloient-ils manifefte- ment fe détacher de la furface extérieure, & non monter dans RÉPONSES. 9. On n'apperçur cette éléva- tion qu'après que la colonne eut touché la terre. 10, L'eau & la terre retom- boient en cafcade autour de la colonne {voyez le croquis ); il paroifloit que le tour de la co- lonne prefloit la terre, & que le centre l’attiroit. 11. L'Obfervateur de Gujan étoit à une lieue & demie; plu- fieurs à Certes & à Audenge l'ont vue à 10 & 20 pas , & à-peu- près de la même dimenfon. 12. La colonne avoit exacte- ment la figure d’un fufeau à filer. 13 & 14. Les petits nuages, qui grimpoient le long de la co- lonne, montoient en ligne droite & avec beaucoup de vivacité, à gauche & à droite de la co- lonne. 15. Ils fe détachoient mani- feftement de la fuperficie de la colonne jufqu’à la diflance de 6 D om, ND, CAS Le | 5 333 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, QUESTIONS. Pintérieur même , comme feroit, par exemple , de la fumée épaiffe dans une cheminée , dont le ca- nal feroit un peu tranfparent ? 16. L’agitation inteftine , ob- fervée dans la colonne , paroïfloir- elle fe faire de häut en bas , de bas en haut, circulairement ou de quelqu'autre manière régu- lière ? 17. Le feu, vü de Certes, for- toit-il en jet continu , ou par James fucceflives ? 18. La fumée venoit-elle im- médiatement de la colonne, ou étoit-elle produite par l’embrafe- ment dequelque matière rerreftre? 19. La colonne at-elle laiffé quelque trace de fon paffage dans les lieux quelle à parcourus ? 20. Dans ce cas, quelle eft la nature de ces traces? 21. Quelles en font à-peu-près les diminutions ? 22. N'obferva-t-on dans le nuage aucun mouvement inte{- tin , depuis que la colonne eut commencé de paroître ? RIÉUPNONNRSVENS: à 7 pouces, pour s’y rejoindre bien vire, à-peu-près comme la fumée d’une bougie éteinte s’ap- proche de la flamme d’une bou- gie allumée. 16. L'agitation inteftine de la colonne, paroïfloit fe faire de bas en haut, comme une fumée épaifle qui fortitoit d'un tas de bois verd , & qui s’éleveroit en fe repliant fur elle-même par un mouvement violent de rotation continuel & égal. 17. On vit de Certes fortir de tems en tems du feu , mais il étoic fi fort obfcurci par la fu- mée , qu'on avoit peine à le dif- tinguer. 18. La fumée & le grand vent précédoient toujours la colonne d'où ils fortoienc, & à une dif- tance de plus de cent pas. 19. Les traces qu'a laiffées la colonne fur fon paflage, font qu'elle a jauni les fromens fur lefquels elle a pañfé. 20 & 21. Qu'elle a noirci les feigles, les arbres , les plantes, dans la largeur d’environ 30 pieds, mais rien n'a été brülé. 22. L'obfcurité, moindre dans la partie du nuage d'où fortoit la colonne, donna lieu d’obfer- ver que cette colonne qui ren- troit dansle nuage par une courbe, ne s’y perdoir qu’à plus de 30 pas parune diagonaledeplus de4 pieds de dizmètre , dont le mouvement intérieur parut femblable à celui de la colonne. DT PR PS SUR "EHIST. NATURELLE ET LES -ARTS. 339 } QUESTIONS. 23. Y a-t-il lieu de croire que des courans d'air tendoient vers la colonne , ou en fortoient ? 24. La colonne étoit-elle dans le voilinage de la grange, dont la charpente fut détachée ? 25. Se trouvoit -elle fur une même ligne avec ce bâtiment & le lieu où la charpente fur jettée ? 26. La foudre & la grèle pa- rurent-elles fortir du nuage qui couronnoit la colonne ? 27. Celle-ci fubit-elle quelque changementimmédiarementaprès les coups de tonnerre ? 28. Quelle fut la longueur de fon trajet , pendant le tems que dura l’obfervation ? 29. Lança-r-elle dans fa marche quelques corps étrangers , comme pierres , fable, morceaux debois, &c. ? 30. Se trouva-t-elle jamais dans le voilinage d’une cloche en branle, & quel en fut l'effet ? 31. À-t-on été à portée de voir la colonne fe diffiper ? 32. Dans ce cas, difparut-elle tout-d’un-coup ? RÉPONSES. 23. On préfume que des cou- rans d'air fortoient de la colonne, & occalionnoient le vent violent qu'on reflentit aux environs. 24. La réponfe eft au plan, qui n’eft ni géométrique, n1 géo- graphique , mais qui a été fair à vue fur les lieux. 25. Idem. 26. La foudre & la grêle for- tirent d’un autre nuage rouge- foncé, qui étroit au Sud de la co- lonne. 27. La colonne ne fubit aucun changement par la chüte de la foudre ou de la grêle. ‘28. Voyez le plan. 29. On n’a point apperçu de corps étrangers qu’elle ait lancés. 30. La colonne étant fur la ligne de 30 toifes, marquée au plan par deux **, fe trouvoit vis-à-vis l’Eglife d’Audenge ; le Curé en fit fonner les cloches; elle fe fixa l’efpace d’un wiférere, fe replia fur les marais en décri- vant un demi-cercle, & alla en- fuite fur le village de Certes. 31. On a vu difliper la colonne. 32 & 33. Elle fe divifa en trois, à droite, à gauche & au milieu; réunies par le haur, elles femblèrent fe croifer en fpirale; 340 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, QUESTIONS. 33. La partie inférieure fe diflipa-t-elle avant ou après la fapérieure ? 34. À l'inftanc de la difpari- tion, éprouva-t-on un refroidif- fement fenfble dans l'air du voi- finage ? 35. Put-on remarquer dans l'endroit du baffin où la colonne fe diflipa , fi elle y fit tomber de l’eau , ou du fable, ou des morceaux de bois, &c.? 36. N'a-t-on point appris qu’à une plus grande diftance du phé- nomène, on ait vu s'élever au- deflus du nuage une autre colon- ne, une getbe de feu , des bouf- fées de vapeurs noires, ou quel- ques météores femblables ? 37. À-t-on obfervé la hauteur du baromètre ou du thermomètre, evant, durant ou après le phé- nomène ? RÉPONSES. le milieu difparut le premier, le bas enfuire , & le haut rentra dans le nuage. 34. L'air fut très-froid après que la colonne eut difparu , & il tomba fur la Paroiffe d’Andernos, une fi grande quantité de pluie, que pour vuider les lambris du Château , on fut obligé de les percer avec une tarrière. s+ On n’a remarqué ni eau, ni bois , ni fable , que la colonne ait laiflés en fe diflipant. 36. On n'a point appris qu'on air vu s'élever au-deffus du nuage ni colonne , ni gerbe, &c. 37. On n’a obfervé ni baro- mètre, ni thermomètre. ER BEST CRAN TATIO UN DURS 2 FITIGAUTIRENS PEL AËNIC HE NUE Freure I. A, Bañin d'Arcachon. B, Marais de Certes. C , Gujan, Paroilfe. D, Le Teich, Paroiffe. E, Parc de M. de Ruar. F, Lamothe, Paroifle. G, Biganos , Paroille, H, Audenage , Paroifle. 1, Moulin à eau de M. de Civrac. K, Grange emportée. L, petite Maifon. M , Château de Certes. N, Lenton, Paroifle. O, Audernos, Paroilfe. P , commencement de la Colonne, Q , Canal du Moulin. R, Cabane fur le Marais. S, Village de Certes, T , fin de la Colonne. X, Chapelle d'Arcachon. Fieure If. “dk Sites SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, ÿ4 Ficure 11. Petit Plan, e, Pièce de feigle. a , «Grange couverte de tuiles, f, Paliffade de 3 toifes emportée. b, Coin qui a été emporté. g, Jardin. c, Cour de 20 pieds. k, petite Maifon. d, Parc couvert de paille. Fic. 111. Croquis de la Trombe. MAL ENr.. TT. E DES CONSIDÉRATIONS OPTIQUES. RME MO ZT, RUE. Sur la décompofition & les combinaifons des rayons auxquels les Corps , Joit cranfparens , foit opaques , doivent leurs couleurs. Ne @ HERCHONS maintenant où & comment font décompofés [es rayons auxquels les objets doivent leurs couleurs : faifons d’abord attention que des rayons qu’ils renvoyent, il y en a une grande quantité qui ne contribuent ancunement à les leur procurer, à fa- voir ceux qui fe font réfléchis fur les petites faces extérieures des parties propres qui terminent l'objet , lefquelles font couvertes im- médiatement par le milieu ambiant : ces rayons ne font point dé- compofés; les rayons hétérogènes du faifceau de lumière, doivent tous sejaillir, & ne peuvent rejaillir que parallèles entr'eux du plan où ils fonc tombés parallèles : ces rayons ne font pas plus décompolfés que ceux qui , non-décompofés dans leur incidence, ie refléchis par un miroir de métal, ou de la furface antérieure ou poftérieure d’une glace, & qui n’y effuyent aucune altération , puifque par leur ré- flexion, les objets font rendus tels qu’ils font. 24. Le miroir füt-il coloré, fürce , par exemple , une lame d'or bien polie , les rayons renvoyés par les faces extérieures des parties propres de fa furface (lefquelles je défignerai dorénavant par la dé- nomination de fuperficie de l'objet) s'ils ne font pas décompofés dans leur incidence , ne le feront pas non plus après la réflexion; & s'ils étoient déja décompofés dans leur incidence , ils le feront précifé- ment de même après la réflexion ; il n’en eft pas moins cependant réfléchi de cette lame, en tous fens, des rayons jaunes dont l'im- preflion el efficace , lorfque leur direction ne coincide pas dans celle Tome VII, Part. I. 1776. X x 3412 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des reflets confidérables de lumière non-décompofée qui lui vient du foleil , ou des objets bien éclairés qui font aux environs. On diftin- ._gue bien nettement ici deux réflexions fimultanées & indépendantes l'une de l’autre; lune qui annonce une altération dans l'état pri- mitif des rayons, l’autre qui en eft exempte (1) : celle des rayons jaunes ne s'exécute pas fur les mêmes points où s'exécute celle des faifceaux non-décompofés ; car pourquoi ceux-ci ne feroient- ils pas décompofés comme le font ceux dent les rayons jaunes font partie ? 25. Tout corps opaque poli ou life, c’eft-à-dire dont beaucoup de parties de fa furface font dans un même plan, & lui forment des fuperficies planes affez étendues , devient capable par-là de ré- fléchir une quantité convenable de lumière dans le même fens; &c alors quoique coloré, il ne paroït que fimplement lumineux dans certaines polirions qui font celles où , à fon égard , l'œil fe rencontre dans le refler de la lumière (2). Ce phénomène n’exige pas que la gerbe de lumière vienne direc- tement du foleil : en tout tems on peut l'obtenir dans un apparte- ment où il ne parvient que celle qui a déja été infléchie dans l’ath- mofphère : on y peur par- tout reconnoitre fur les corps de certe efpèce , par exemple, fur des pièces de marbre, les reflers d’une lumière qui n’eft pas altérée , & qui ne laiffe pas diftinguer leurs couleurs propres qu’on leur retrouve enfuire quand on fe mer hors de la direction de ces reflets de lumière qui en partent, & qui effa- cent l'impreflion des rayons décompofés qui en partent aufli; & celle des premiers eft bien plus efficace encore, fi le corps poli eft noir. 26. Le reflet de la lumière qui luftre le corps dont il femble émaner , tranfmis par un prifme , fe décompofe ; la furface réflé- chiflante , fi elle eft étroire, devient pour l’obfervateur , un fpectre brillant , où toutes les couleurs prifmatiques font complertement de- veloppées, & fi elle eft large , le fpectre, blanc dans le miiieu , fera bordé en-haut par les couleurs des rayons les moins refrangibles, & en-bas par celle des autres qui fon les plus réfrangibles. PE C1 ) Nous aurons occafion de remarquer ci-après, n°. 43, qu'il fe réfléchie plus de rayons décompofés du deffous des feuilles des arbres, que du defflus, & qu'il s'en réfléchir plus de non-décompofés du deffus que du deffous. (2) Selon une Expérience rapportée au n°, 14, il fe réfléchit de deflus Les verres colorés une grande quantité de rayons non décompolés. De même, lorfque Fœil eft placé dans ce qu'on appelle un faux-jour , par rapport à un tableau, c'eft-à-dire, dans le reflet de la lumière , les rayons. qui empêchent qu'on en diftingue les couleurs , font des rayons non-décompofés. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 343 Un corps noir d’où il ne revient d’autres rayons que ceux qui font réfléchis fur fa fuperficie , procure dans les mêmes circonftances, de femblables apparences. Mais on cefle de les obtenir avec le corps noir, & même avec des corps dont les couleurs font obfcures , quand l'œil ne fe rencontre plus dans la direction du reflet. 27. En revanche , on les rend extrèmement éclatantes , quand on y employe les rayons venus direétement du foleil ; alors on peut fe les procurer , même avec des corps dont les furfaces font raboreufes ou fillonnées, il n'eft pas même nécellaire, pour les appercevoir, de.fe placer dans la direction du principal reflec, parce qu’en confé- quence de la grande affluence des rayons, ceux qui font renvoyés des fuperficies des parties propres extérieures , Le fonc en affez grande quantité en tous fens , pour que ce phénomène fe repréfenre par - tout, J'ai dirigé fucceflivement dans la chambre obfcure , un trait de lumière fur des bandes de papier teintes en rouge avec du cinabre ou du carmin ; en jaune avec de la gomme gutte ; en vert avec du vert-d’eau ; en bleu avec de la cendre bleue, ou du bleu de Pruffe; en violet avec de la laque; les images folaires qu’il y formoit, étant regardées de quelqu’endroit que ce für avec le prifme, fe font méramorphofées en autant de fpectres très-éclarans & aufli complets que celui qui provenoit de l’image du trait de lumière reçu {ur du papier blanc. 28. On en obtient encore un pareil , à l’aide du prifme, de l'i- mage folaire produite par le trait de lumière reçu fur un corps bien noir , qui eft cenfe abforber tous les rayons de lumière, & n’en réfléchir guères : c’'eft qu’il n’abforbe réellement que ceux qui fe di- rigent vers fes pores, & qu’il renvoye tous ceux qui fe font dirigés fur fes parties propres, lefquels , quelqu’abondans qu'ils foient, ne fauroient lui procurer aucune des teintes prifmatiques , parce qu'ils” ne peuvent y être décompofés ; d’où on peut conclure que ces fpeétres complets, obtenus avec les bandes de papier colorées, étoient dus principalement aux rayons non-décompofés réfléchis fur les faces extérieures & à découvert des parties propres de leurs fur- faces ; je dis principalement, & non pour le tout, car dans ces fpec- tres, on remarquoit quelques différences de teintes plus ou moins foncées dans quelques unes de leurs bandes correfpondantes , qui les diftinguoient des fpectres produits par les rayons réfléchis fur le pa- pier noir & fur le papier blanc, & aufñi entreux; & qui indiquoiene que les rayons non-décompofés , réfléchis par la fuperticie des parties propres des bandes de papier colorées, y Are combinés avec x 344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d'autres rayons qui avoient contribué à la teinte de ces parties pro- pres. 29. Dois-je ajouter qu'on ne fauroit méconnoître que ces rayons non-décompofés , qui revenant de deffus les corps opaques, font fuf- ceptibles, en traverfant enfuite un prifme , de fournir un fpeêtre complet, font, comme je le dis, réfléchis fur fa füperficie ; car il eft aifé de s’affurer qu'ils font réfléchis en d'autant plus grande quantité, que le corps opaque eft plus compaét & mieux poli , c’eft-à-dire, que fa fuperficie comprend plus de points réunis dans un même plan, & qu'ils y font plus rapprochés les uns des autres ;. & ce n’eft que par fa füperficie que le marbre noir peut faire la fonction de miroir, & réfléchir la lumière. Aur-refte , il en réfulte que ce n’eft done point de la fuperficie de la lame d’or que font réfléchis les rayons jaunes, (voy. N° 24.) ni de celle de tous autres corps opaques colorés que rejailliffent ceux de qui ils tiennent leurs couleurs. 30. Je me fuis attaché à rendre évidente l'inefficacité des rayons réfléchis fur la fuperficie des objets à les colorer, parce que je ne vois pas qu'elle air mème été foupçonnée, & qu'il étoit important de ne laiffer aucun doute fur ce point , pour parvenir à déterminer plus sûrement quels font ceux qui y contribuent réellement : cetre ineffi- cacité eft conftatée par des obfervations qui fe préfentent par - tout d'elles-mèmes : d'ailleurs, pourroir-on préfumer que la décompof- tion de la lumière pût être le produit d’une fimple réflexion, fans, le concours d’une réfraction ? 31. Ce n'eft pas non plus par nos athmofphères opriques que peu- vent être réfléchis les rayons employés à colorer les objers formés par des couches du milieu ambiant, ni plus ni moins denfes que celles qui font plus éloignées du noyau; leurs parties propres n’ont aucun avantage à cet égard ; elles peuvent bien répercuter où épar- piller quelques globules de lumière ; mais il ne fauroit s’y opérer aucune réflexion fenfble , & encore moins aucune décompolition en. conféquence d'une telle réflexion, 32. I eft plus que probable qu'ils ne font pas réfléchis non plus par le fluide réfringent logé dans les pores de l’objet , lors même qu'il leur oppoferoit plus de réfiftance que celui qui occupe ceux du milieu qui l'entoure : celui qui occupe les pores & interftices de l'air, oppofe à la lumière bien plus de réfiftance que celui des pores du verre, puifque le finus de réfraction y eft au finus d'incidence dans le rapport de 3 à 2 ; & cependant felon les obfervations, la: réflexion de la lumière n’a lieu fur le Auide réfringent logé dans les interftices de l'air, que lorfque l'angle de fon incidence eft d’en- : né | à dés * add Lol L' NT : SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 34 viron 40 degrés (1). À une moindre obliquité, le Auide réfringenc tranfmer rous les rayons qui des pores du verre, fe dirigent aux in- terftices des parties propres de l'air. 33. Diraton qu'ils font ici réfléchis en vertu de ce pouvoir mer- veilleux fuppofé comme répandu fur la furface des corps, & capa- ble d'en faire réjaillir la lumière avant qu'elle y foit parvenue ? L'exiftence de ce pouvoir a toujours paru bien douteufe. M. l'Abbé Noller & M. Euler n'ont pas voulu l’admertre, & je puis attendre, pour prouver qu'il n'a pas lieu ici , qu'on ait expliqué comme il agic fur ces rayons que nous venons de voir fe réfléchir fur des corps colorés fans s’y décompofer, & comment difpofé, comme on le fup- pofe , à réfléchir felon les circonftances , certaines efpèces de rayons, & à tranfmertre les autres, il laifle ici paffer jufqu’à l’objet , ou lui intercepte, des rayons qui n’en font aucunement décompofés. 34. Après routes ces exclufions, 1°. des rayons qu’on fuppoferoic réfléchis par un pouvoir accordé aux furfaces de les renvoyer avant qu'ils les ayent atreintes : 2°. de ceux qui pourroient l'être par le fluide réfringent : 3°. de ceux qui le feroient par les athmofphères optiques : 4°. enfin, de ceux qui le font toujours en plus ou moiïns grande quantité par les faces extérieures ou la fuperficie des parties propres de l'objet, il n'en refte d’autres qui, renvoyés de l’objer, puillent le tracer dans nos yeux avec fes couleurs , que ceux qui, s'étant dirigés vers fes pores antérieurs, y ont pénétré, & en revieu- nent en arrière, après en avoir frappé le fond. Qu'on ne dife pas que ce feroit-là une fuppofition gratuite. Il eft évidemment conftaté par les expériences ‘des numéros 13: 14, 16, que les rayons ren- voyés des corps tranfparens , & qui contribuent principalement à Jeur procurer leurs couleurs, ne font pas ceux qui rejailliflent de leurs furfaces antérieures, mais des rayons qui ont pénétré plus ou moins avant en dedans, & même au-delà, & que c’eft dans leurs pores & interftices que ces rayons font décompofés. 35. Les corps opaques font aufli criblés de pores , avec cette dif- férence, que les interftices des parties propres n’y font pas difpofés de façon à fournir à la lumière, comme dans les corps tranfparens, des paffages percés en droite ligne dans route leur épaiffeur. Mais les pores de la furface n’y font pas moins ouverts à la lumière. IL ne peut manquer de s’y en précipiter des faifceaux qui vont rejaillir fur leurs parois, & dont une portion peut être repouflée en dehors. Ce que l’analogie exige à cer égard , fe manifefte de plus dans cer- taines circonftances. Une feuille d’or appliquée au trou, qui admet (1) Voyez le Mém, 6, n°, », 346 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la lumière dans la chambre obfcure , paroît verte à ceux qui la re- gardent en dedans, & jaune à ceux qui la regardent en dehors. Une planche de fapin fufflifamment amincie, fur laquelle tombent les rayons directs du foleil, qu’elle intercepte en partie à la chambre obfcure , paroït rouge en dedans , tandis qu’elle conferve fa couleur yatutelle fur le côté oppofé ; ainfi, non-feulement la lumière peut pénétrer dans les corps opaques , elle s'y décompofe même. 36. Mais comment, dira-t-on, y eft-elle décompofée dans leurs pores? Quoique les déviations & les développemens, qu'il eft conf- tant qu’elle y effuie , fe dérobent à nos fpéculations , on entrevoit fuffifamment la poflibilité, que ce qui les occafionne dans les cir- conftances où ils s’exécutent en grand & à découvert, fe rencontre ici & y opère de même; par-tout & toujours la décompofirion fen- fible de la lumière, eft un réfulrar de l’inclinaifon mutuelle des furfaces des corps tranfparens fur lefquels elle s’eft dirigée oblique- ment, combinée avec la difparité de leur réfringence , relativement à celle du milieu, duquel elle s’y porte. Or, il peut fe retrouver ici une pareille combinaifon des mêmes caufes. Ici la forme interne des pores peut être prifmatique ou conique. Ici, l'intenfité de la vertu réfraétive du fluide réfringent, qui y eft logé, peur être dif- férente de celle du même fluide diftribué dans les pores de l’air ambiant. Voilà des caufes réelles de décompofition pour la lumière ; certe réfringence dans les pores de certaines fubftances, peut être plus grande, & dans les pores de quelques autres, elle peut être moindre que dans les pores de l'air ambiant; & dans l’un & l’autre de ces deux rapports contraires , à différens degrés. De même, la forme conique ou prifmatique des pores peut être différenciée par les degrés d'amplitude ou inclinaifon refpeétive de leurs parois. Et voilà des caufes de variétés dans la décompofition de la lumière , & dans le forc ultérieur des rayons hétérogènes, dont les uns ne feront qhe ballotés & s’éreindront dans ces pores, & dont les au- tres en réjailliront en dehors, tantôt les plus réfrangibles par préfé- rence aux moins réfrangibles, & tantôt ceux-ci à l’exclufon des autres. De telles difpoftions , feront celles des pores des corps colorés. Celle des pores des corps blancs, fera de renvoyer les rayons fans les décompofer. Celle des corps noirs, fera de les intercepter & de les abforber, 37. Selon ces fuppoñrions, la décompofirion des rayons à laquelle les objets doivent la diverfité de leurs couleurs , fera ramenée aux loix générales de la réfraétion & de la réfrangibilité, &au méca- nifme qui a lieu dans toute autre circonftance où la lumière change de milieu. J'ai aufh tenté, dans les Mémoires précédens, d'établir SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 347 que c'eft de leur influence que dérivent les décompofitions qui s'o- pèrent entre deux lames de verre réunies , & fur le miroir concave revêtu d’un enduit convenable, lefquelles avoient été rapportées à des caufes bien différentes. Rien n'eft plus naturel, fans doute, lorfqu’il s’agit de faits analogues , que de préfumer que la plus fimple caufe , qui peut s'appliquer à l’un d’entr'eux, eft fufceptible de la plus grande généralité. C’eft le caraétère de celles que la fu- prême intelligence emploie. 38. M. l'Abbé Noller à eu, avant moi, l’idée de faire réfléchir les rayons qui colorent l’objet, des pores de fa furface. On fe rap pellera, fans doute, les raifons fur lefquelles il appuie fon fenti-. mént (1). Je l'ai fimplifié. Dans les pores des corps ‘colorés, qu’il remplit de globules de lumière d’une couleur toujours précifément affortie à celle qu’ils ont refpectivement, j’admets par-rout un fluide, dont les élémens font uniformes en tout , le mème que celui à qui eft donnée la fonétion de réfracter la lumière. Je l'ai modifié auf, en ce que, au lieu de donner en ces circonftances à ce fluide logé dans les pores, la fonction de réfléchir* ces rayons, je la reftrains à celle de les réfraéter. 39. Les obfervations & les expériences, qui m'ont conduit à établir dans les pores, le fiège de la décompofition des rayons aux- quels les objets doivent leurs couleurs, ne m'ont pas fourni tous les éclairciffemens que j’aurois pu défirer fur les déviations qu’éffuient les rayons hétérogènes, & fur les différentes direétions qu'ils pren- nent en conféquence de leur développement. Je ne puis que faire entrevoir la poflibilité, que , felon la difpoñtion des pores & le degré de réfringence du fluide qu'ils renferment , ces rayons héré- rogènes y éprouvent des forts bien diffemblables, & qu'après leur développement , les uns foient renvoyés en dehors , d’autres tranf- mis au-delà, & d’autres encore interceprés ou éreints. De nouvelles recherches & de nouveaux faits, pourront nons en apprendre davan- tage. Je crois n'être rapproché du vrai, par rapport aux idées qu'on s’étoit faites fur cette matière, qui a fourni trois fyflèmes entre lefquels les Phyfciens ont pu fe partager. Je viens d’expofer ce qui m'empèche d'adopter en entier celui de M. l'Abbé Noller. MM. Newton & Euler ont attribué aux petites lames, qui forment les farfaces , la double fonction de tranfmettre & de réfléchir la lumière en la décompofant de diverfes manières , felon qu’elles font plus ou moins minces, ou fufcepribles d'être plus où moins vivement cbranlées. Ni l’une ni l’autre de ces fuppoñtions , ne fe concilie (1) Léçons de Phyf. vol, $, page 147, & Suiv. 348 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avec l’obfervation ci- devant rapportée (au n°. 24), des réflexions fimultanées des rayons décompolés, & des rayons non-décompofés fur les mêmes lames & dans le mème fens. 40. Je vais chercher à faire valoir celle que je leur fubftitue , par quelques confidérations fur des rapports qui paroillent affez fenfi- blement avoir lieu entre le ton & les variations des couleurs de diverfes fubitances, d’une part , & la plus ou moins grande mul- ciplicité de leurs pores , & les changemens dont leurs difpolitions font fufceptibles , de l'autre part. 41. Les expériences que j'ai faites pour connoître les combinaifons de rayons auxquelles les Feuilles & les Aeurs des plantes doivent leurs couleurs , m'ont fourni l’occafñon de remarquer que les fpeétres que je me procurois en regardant avec un prifme le deffous des feuilles, avoient des couleurs plus brillantes ; & même plus de bandes di- verfement colorées , que ceux qui provenoient de l'infpeétion du deffus des feuilles, & par conféquent, qu’en général, la furface in- férieure des feuilles eft difpofée à renvoyer plus d’efpèces de rayons, & en plus grande quantité. que leur furface fupérieure. 42. Cette obfervation rappelle naturellement ce qu'on a remar- qué (1) fur la difpofition générale des feuilles fur les riges ou branches des plantes , foic arbres, foir herbes, qui eft telle que leur face fupérieure regarde le ciel, ou l'air libre, & que leur face inférieure eft tournée vers la terre, ou du côté d’une muraille, ou vers la tige de la plante , & que de favans Phyficiens en ont conclu que la furface inférieure des feuilles eft apparemment pour- vue d’un plus grand nombre de vailleaux abforbans que la fupé- rieure, & qu'ainfi par-là elles font à portée de recevoir une plus grande quantité des vapeurs qui s'élèvent de la terre, & contribuent a les nourrir. 43. Nous fommes donc inftruits, d’un côté , que les feuilles ont plus de pores ouverts, ou les ont différemment difpofés fur leur furface inférieure, que fur la fupérieure, & de l'autre, que com- munément, la dernière renvoie moins de rayons décompofés , & moins des diverfes efpèces de rayons que la première : or, ne feroit- ce pas aufñfi par la raifon que fur celle-ci , les pores fonc plus rap- prochés les uns des autres , ou plus ouverts, ou enfin, difpofes au- trement que ceux de la furface fupérieure , qu'il en eft renvoyé plus de ces rayons hétérogènes & décompofés qui fe manifeftent dans les fpectres , & font ceux qui combinés , procurent aux objets les reintes qui leur font propres, & font toujours renvoyés de leurs pores 0 (1) M. Duhamel, Phyl. des Arbres, vol. 2, pages 150, 161, 165$. feulement, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 345 feulement, où , comme nous l'avons dit , elt le fiège de leur dé- compofition , & cela acheveroit de confirmer mon affertion fur le fiège de la décompofition, parce qu'ici ces rayons décompofés , fonc bien diftinéts des rayons non-décompolés qui font réfléchis en mêème- tems par la fuperfcie des parties propres de la feuille : en effer, ceux- ci le fonc évidemment en bien plus grande quantité fur Ja furface fupérieure de la feuille que fur l’inférieure , ce qui eft le contraire de ce qui a lieu à l'égard des rayons décompofés : c'eft à cer excès de rayons non-décompofés , renvoyés par la face fupérieure , qu'elle doit l'éclat du luftre par lequel elle l'emporte fi fort fur l’autre. 44. M. l'Abbé Nollet avoit déja jugé que les pores, ainfi que je l'ai déduit des obfervations , avoient plus de part à la réflexion des rayons , que les parties qui leur fervent de cadres (5) :en effet, fi on fait attention avec lui à la grande porolité des pores tellemenc connue & avouée des Phyficiens que, felon la plupatt d'entr'eux, les métaux les plus compaéts, ont plus de vuide que de plein : f lon réfléchir fur la prodigieufe divifibilité de leurs parties , qui nous lille à peine la liberté de conjecturer des atômes, & fi l’on n’ou- blie pas que la matière de la lumière eft d'une fubrilité inexpti- mable , on concevra fans peine , que les mailles du tiffu formé par les parties propres, doivent être bien délicates, & que préfenrant bien moins de furface à la lumière que les vuides qu’elles entourent, c'eft fur ces vuides que tombe la plus grande partie de la lumière ; qu'ils doivent conféauemment être difpofés à la réfléchir, puifqu'au- trement , la plus grande partie de celle qui parvient à un objet , feroit perdue pour nous; & que dès-lors, il en reviendra d'autant plus à nos yeux, qu'ils feront ou plus larges, ou plus nombreux : c'eft ainfi que s’en eft exprimé cet habile & célèbre Phyfcien. 45. Le rapport, que de telles indications annoncent avoir lieg entre les difpofitions des pores percés fur les furfaces des feuilles, & la quantité & la diverfité d’efpèces des rayons réfléchis que le prifme développe , ne doit-il pas être faif , & fuivi , du moins pour examiner fi ces indications ne meneroient pas à des applications facisfaifantes ? 46. Les difpofrions des pores à réfléchir des différentes combi- naïfons de rayons hétérogènes plus où moins complertes, ne peu- vent guères confifter que dans la diverfité de leurs capacités & de leurs configurations ; fi cela eft,. il y a lieu de préfumer que les pores ou vaiffeaux abforbans des feuilles, changent fucceflivement de forme, puifqu’elles font fujettes à acquérir de différentes couleurs (1) Leç. Phyf. tome $, page 147, Tome VII, Part, 1. 1776. 27 350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ou différentes nuances les unes après les autres; & de plus, que ces changemens de forme s'y opérent felon un certain ordre , puifqu’on en remarque un dans les variations de leurs teintes : or nous trou- vérons encore fur ce point des rapports aflez. marqués. :47. Quand les feuilles font nouvellement épanouies , elles font or- dinairement d’un vert ‘tendre : cetre couleur prend de la force à mefure que! les feuilles croiffent : èn Automne ; quand elles font fur le point de tomber, les unes jauniffent , & les autres font d’un beau rouge(1). J'ai obfervé fur des feuilles de platane, dont les pointes avoient rougi par un effer de la gelée, que des bandes jaunes étroites, fépa- roient les portions rougeâtres du reftant de la feuille qui étoit en- core Vert. Däns les cérifes & dans d’autres fruits, la teinte paffe du vertau jaune, & du jaune au rouge, Dans ces exemples , on voir que ce font des rayons moins réfran- gibles, qui remplacent les plus réfrangibles exclus des combinaifons des gerbes, qui donnent en dernier lieu le ton de la couleur. 43. Le règne animal & le règne minéral en fourniffent d’analo- gues , ce qui laille préfumer qu’aufli dans les fubftances de ces deux règnes , Les changemens de difpofitions dans leurs pores , peuvent être opérés d’une façon régulière. Toutes les efpèces d’ocres ont la propriété de devenir plus rouges dans le feu; le: degré de rougeur augmente, & devient d’un brun foncé, à mefure qu'on augmente les degrés du feu :on en trouve d’un jaune pâle, que:le feu rend d’un jaune vif & très-beau (2). La terre verre des peintres, expofce à un feu médiocre , fe change en un rouge-brun (,3:). Les écreviffes, les crabbées , de brunes qu’elles étoient , devien- nent rouges en cuifant: M. l'Abbé Nollet l’attribue à quelque chan- gement de conrexture fuperfcielle 8& imperceptible : le chyle devient rouge en entrant dans les veines (4). 49. Dans d’autres circonftances, le changement de couleur eft tel, que ce font les rayons les plus réfrangibles qui, en revanche , fuc- cèdent aux moins réfrangibles-dans les gerbes réfléchies. (1) M. Duhamel, Phy£ des Arbres, vol. 2, page 173. (2) M. Port, contin. de la Lithog. Trad, Franc. tome 2, page 70. LÉ DS LE Pl ce 4 ee Le one (4) Lec. Phyf. vol, $ , page 440. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 351 On fait que le vin jaunit en vieillifant , que le bois de fapin, dont la teinte tire naturellement fur le jaune , prend à l'air une couleur d’ardoife. Mais ce qu'il ya de plus fingulier à citer fur ces fucceflions régulières de couleurs, eft la liqueur que fournit le buccin, à qui on a donné le nom de pourpre, & qui fe trouve fur les côtes du Poitou & du pays d’Aunis ( 1). Les linges , imbibés de certe liqueur, & expofés aux rayons directs du foleil , de jaunâtres qu’ils étoient, acquièrent en peu d’heures, des couleurs bien différentes. Ce jaune commence par paroître un peu plus verdâtre : il devient couleur de citron : à cette couleur de citron, fuccède un verd plus gai : ce même verd fe change dans un verd plus foncé, qui fe termine à une couleur violette, après laquelle on a un fort beau pourpre. Ainfi , ces linges arrivent, de leur couleur jaunâtre, à une belle couleur de pourpre , en paflant par tous les différens degrés de verd. so. Il pourroit enfin fe trouver des fubftances , où les paffages fucceflifs d’une couleur à une autre dans les changemens qu'elles fubiroient , ne fe feroient pas felon un certain ordre dans l’un ou l’autre des deux fens que je viens de fpécifier , mais irrépulièrement; de facon que, par exemple, les rayons les plus réfrangibles , après avoir fuccédé à de moins réfrangibles, feroient enfuite remplacés par d’autres moins réfrangibles. Les poulfes des plantes, qui de vertes deviennent blanches, quand la lumière leur eft interceptée, reprennent leur couleur naturelle , quand la lumière leur eft rendue. Le champignon , de l’efpèce la plus commune , lorfqu’on en dé- chire le parenchyme en plein air, fe colore d’une teinte d'azur qui fe renforce d’inftant en inftant , & qui s’affoiblit enfuite par degrés infenfibles (2). Mais ce font des exceptions, peut-être rares, à une règle dont la généralité n’eft pas à l'abri des effets de la complication de quel- ues caufes accidentelles , ou des alternatives de leurs influences cadres & renouvellées tour-à-tour. Dans ces deux derniers exemples, c’eft peut-être de l’expanfion & de l’évaporation confé- cutives de quelques fucs, que provient la manifeftarion & la dif= parution des couleurs. st. Les agens qui, les uns ou les autres, combinés ou non, peuvent contribuer aux effets qui viennent d'être rapportés, Pair, reset (1) Mém,. Acad, 1717, page 185. (2) M. Bonnet, Journal de Phyfique, tome 3, page cs ; y 2 352 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, la lumière , la matière du feu, les fucs renfermés dans ies plan- tes, les vapeurs répandues dans l'athmofphère qui les entoure, &c. déploient leur aétion immédiatement fur les parties propres des fubftances qui en font diftendues, développées, rapprochées, raré- fiées, condenfées , alrérées ou modifiées d’une façon quelconque , & par contre-coup, fur la difpofition des pores qui y fonr percés & les entrecoupent,, laquelle ne fauroit manquer d’en être affettée , & peut, dans certaines circonftances , l’ètre au point d’effuyer dans leur forme, des changemens qui y font varier les décompoftions de la lumière, & qu'il eft encore plus aifé d'y produire ,; que fur les parties qui leur fervent de cadres. Or, quand cette action ne difcontinue pas à s'exécuter d’une façon uniforme & régulière , 1l eft naturel que les changemens fuc- cellifs , qu’elle occafionnera dans les pores, fe faffent felon un cer- tain ordre qui fe manifeftera jufques dans les variations des couleurs qui en fonc la fuite. s2. Dans toutes les circonftances où la variation fucceflive des couleurs du mème objet eft occafionnée , ou par l’impreflion de la lumière qui , tantôt développe les parties conftituantes des plantes, en atténuant la sève trop épaiflie, & tantôt les flérrit en leur en- levant celle qui eft néceffaire pour conferver leur fraîcheur; ou par les vapeurs, répandues dans l’athmofphère, qui l’entretiennent, mais qui, quelquefois furabondantes , les gonflent trop; on par l'air, tant celui qu’elles contiennent, que celui qui les environne, à qui elles doivent leur reflort, & qui peut le comprimer trop, ou le relâcher, ou l’anéantir rout-à-fait ; ou par la chaleur & certains degrés de feu propres tantôt à diftendre & à défunir, tantôt à def- fécher & à rapprocher les parties des corps qu'on y expofe; ou enfin, pe quelque caufe que ce foit, dont les impreflions font fufcepti- les, comme celles des caufes précédentes, d’effets diffemblables, & même oppofés; on pourra toujours fuppofer , avec bien du fon- dement, qu'il eft furvenu concurremment bien du changement dans la difpoftion des pores. 53: Ce qu’on a obfervé à l'égard des couleurs des plumes des oifeaux, que pour ceux de même efpèce (1), elles font en général pee vives dans les pays chauds, plus douces & plus nuancées dans es pays tempérés; plus foibles dans la femelle que dans le mâle; que le changement de nourriture en fait quelquefois difparoître quelques-unes, & qu'elles changent aux muës, peut être rapporté auffi avec bien de la vraifemblance aux différences fimultanées qui a (1) M. de Buffon, Hift. Nat, des Oifeaux, vol , page SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 355 réfulrenc de la diverfité de ces circonftances , dans la difpoñtion des parties propres des plumes, & des pores dont elles font criblées. Ces changemens de couleurs n'y font pas toujours amenés par degrés ou par des dégradations de nuances , comme dans la liqueur que fournit le buccin des côtes du Poitou. La réflexion la plus complette & la plus intime de tous les rayons du faifceau , y fuc- cède quelquefois brufquement à leur abforprion totale ; le blanc au noir, par exemple, dans les plumes du merle, de la corneille, du corbeau , ainfi qu'il arrive dans le poil de l’homme & de plu- fieurs quadrupèdes. Mais rien n’empèche d'imaginer que la difpo- fition des pores la moins propre à renvoyer régulièrement & He cement les rayons de lumière, peut le devenir à les réfléchir tous enfemble & non-décompolés, fans pafler par des états intermé- diaires à cet égard. On pourroit dire que les fucs nourriciers, chargés de particules colorantes des alimens , doivent contribuer aux teintes des plumes, comme la garance contribue à reindre en rouge les os des animaux qui en mangent, Mais il n'en réfulte aucune difficulté contre mon opinion, C’eft ici encore , des pores de ces particules des ali- mens, charices & dépofées par ces ve nourriciers, que font réflé- chis par préférence , tels ou rels rayons hétérogènes des faifceaux qui y fonc décompofés. 54. Au refte, après toutes ces obfervations, je dois, fans doute, laïffer à juger aux Phyfciens , fi ces changemens dans la difpofition des pores, qui réfultent de l’action de diverfes caufes, peuvent être propres à opérer l’effet fimulrané des variations des couleurs. L'objet principal de ce Mémoire, étoit d’expofer les faits qui me paroif- fent établir que c’eft dans les pores que: s'opère la décompoñition des rayons auxquels les objets doivent leurs couleurs. 354 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ÉD tue MAS RS à late © De M. DU COUDRAY, Capitaine au Corps de l’Arrillerie ; Corref- È pondant de l'Académie des Sciences , à l’'Auteur de ce Recueil, au Jijet des Obfervations de M. le Marquis DE BEAUV EAU, fur Jon Ouvrage intitulé : L'Ordre profond & l'Ordre mince, inferées dans le Cahier du mois dernier. à JE vous dois, Monfeur , des remerciemens pour la façon dont vous avez bien voulu rendre compte de mon Ouvrage fur l'Ordre profond, dans votre dernier Cahier : je vous en dois encore pour les obferva- tions que vous y avez jointes. Vous annoncez qu’elles font de M. le Marquis de Beauveau ; & en me comparant à [ui pour les con- noiffances militaires, vous m’invirez de la manière la plus Aatteufe, à répondre!à, ces obfervations: je vais donc le faire, à la fois pour l'intérèc de mon amour propre ; & pour celui de l'objet que j'ai traité, lequel ,. vu fon importance , ne peut être trop éclairci, & par conféquent trop difcuté. La première objection de M. de Beauveau , porte fur Le pointage du canon dirigé fur une colonne, ou fur un bataillon. J'ai fait cette comparaifon , ou plutôt j'ai vérifié celle que M. de Menil- Durand avoit faite : pour cela, j'ai diftingué le pointage en ho tifontal &:en vertical. :! : J'ai fair voir, 1°, quant à l’horifontal, que le front de la co- lonne de M. de Menil-Durand , ayant au-moins trente-deux pieds ; avoit bien plus d’étendue qu’il n’en faut, pour que le canonnier le moins adroit le rencontrât , fans que fon pointage en für rerardé, 2%. Quant au pointage vertical, j'ai fait voir que puifque certe colonne avoit vingt-quatre hommes de profondeur, partagés en quatre fections, lefquelles étoient féparéés par des intervalles au-moins de deux pas , fa profondeur étoit décuple de celle du bataillon; ce qui d’abord , à vireffe égale , la-tenoit fous le même tir, dix fois aufli long-rems que le bataillon, & en outre, lui faifoit préfenter une furface environ fix fois plus grande à la plongée des boulets , foit de plein fouet, foit de ricochet. M. le Marquis de Beauveau ne réfute aucune de ces raifons ; il n’en examine aucune; il fe contente de dire , fuivant votre rapport, Monfieur , » qu’i/ ze comprend pas comment une colonne eft fx fois SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 355 » plus aifée à pointer qu'un bataillon ; qu’il penfe au contraire que » le front de la. colonne écant srès-érroit , 11 fera néceflaire de pointer » le canon à chaque coup, & plus néceffaire encore avec les pièces » courtes & légères, qui reculent prodigieufement , & fe dérangent ainf » beaucoup de leur direction, tandis qu'un bataillon ayant beaucoup » d'étendue ; il ne faudra que tourner l’affüc pour frapper ce front » déployé «. ‘ M. de Beauveau me permettra de lui repréfenter , avec la liberté qu'autorife la difeulion, que d’abord des affertions ne font pas des raifons : dire qu'on ne comprend pas un Auteur ; ce n’eft pas prouver qu'il n'a pas fair tout ce qu'il devoit pour fe faire comprendre ; ce n’eft pas prouver que les principes qu'il a établis dans cette vue, font faux ou infufffans. Le front de la colonne, dit M. de Beauveau ; ef£ très-érroit ; c’eft ne tien fpécifier : à quoi va ce srès-étroir ? S'il eft de trente-deux pieds au-moins , comme je lai avancé, & comme cela eft inconteftable, puifque ce front eft de feize hommes, du-moins dans la colonne de M. de Menil- Durand , dont feulement il peut ètre queftion entre lui & moi : il faut faire voir qu’un cannonier a befoin de tâtonnement pour pointer un but de trente- deux pieds : j'ai renvoyé là-deflus M. de Menil-Durand , à ce que nous lui avions fait voir l'Eté dernier , dans notre Ecole d’Artillerie de Metz. M. le Marquis de Beanveau me permertra d'en ufer avec lui fur cer article, comme avec M. de Menil- Durand. 1! Il féra néceffaire de pointer le canon à chaque coup , pourfuit M. de Beauveau : — oui, fans doute , cela fera néceflaire pour la colonnes mais cela le fera aufli pour le bataillon. 35 Mais le bataillon aÿant beaucoup plus d'étendue , il'ne faudra que tourner l'affüt pour frapper ce front déployé ; —c'eft encore s'exprimer trop vaguement : comment M. de Beauveau prend - il ici l'étendue ? eft-ce quant à la profondeur ? le bataillon en a beaucoup moins que la colonne ; eft-ce quant au front ? le bataillon en à beaucoup plus ; mais cette différence laiffant à la colonne , comme je viens de le rappeller ; un front au-moins de trente-deux pieds, cette érendue fera pointée fans tâtonnement , fans retard ; & certe différence, ce beaucoup plus , fera fans conféquence pour le pointement. Il faut donc diftinguer , comme j'ai fair, l'érendue en profondeur &'en front ; ou le pointage en vertical &en-horifontal ; fans cela, on ne peut rien établir ; on ne peut rien attaquer fur ‘cette queftion. à } En faifant cette diftinétion , j'ai obfervé que ce qui la rendoit fin- gulièrement néceffaire , » c’eft que pour changer la direction de haut » en-bas , il faur toucher à la pièce même, opération qui, quoique 556 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; » fort abrégée par la fubtitution de la vis de pointage au coin de » mire, eft bien plus longue que de virer le flafque, comme il fufhic » de le faire pour changer la direétion horifontale «. Cette obfervation eft évidemment à l’avantage de l'Ordre mince, puifqu'à raifon de fa moindre profondeur ; qui le laiffe moins long-rems fous le même tir, il faudra plus fouvent toucher à cette direction de haut en-bas, dont le changement offre le plus de difficulté. M. de Beauveau , fans s'arrêter à cette confidération , affurément très-importante , dit gw'il ne faudra que tourner l'affät pour frapper Le front du bataillon déployé , & par-là il prouve que ma diftinétion ni moi, n'avons point eu le bonheur d’être compris de lui. Mais ce qui achève de le prouver , c’eft l’obfervarion qu'il ajoute fur les pièces courtes € lépères qui, par leur recul prodigieux, dit-il , fe dérangent beaucoup de leur direëlion , & qui par-là rendroient plus néceffaire de pointer la colonne à chaque coup. M. de Bcaaveau n'a pas pris garde que le recul d’une pièce, füt-il d’une lieue , ne change évidemment rien à fa direction ho- rifontale : il change à la verticale, parce qu’à mefure que la pièce eft plus ou moins proche de l'objet , il faut l’élever ou l’abbaiffer. Mais , encore une fois , l'application , le changement du ‘pointage vertical étant plus difficile & plus fréquent pour le bataillon que pour la colonne, à raifon de la différence de profondeur , cette difficulté eft toute à l'avantage du bataillon. Venons à la feconde objection de M. de Beauveau; la voici, Monfieur , telle encore que la préfente votre Journal. » L'Ordre mince & l'Ordre profond , fonc au pair en arrivant fu » le champ de bataille ; il faut. bien que l’armée marche fur plu- » fieurs colonnes. Dans quelqu'ordre qu’elle doive combattre, elle ar- » tivera donc en divifions très-profondes , jufqu’au moment où dans » la Tactique Pruffienne , on fe développera jufqu'à 300 toifes de » l'ennemi. En fuppofant un efpace de 200 toifes à parcourir, avec » le mème danger pour les deux Ordres, le déployement de l'Ordre » mince exigera le double de tems de celui de l'Ordre en colonne , » puifque celui de chaque bataillon doit avoir deux colonnes en »tête:or , comme l'effet du canon eft en raifon du tems que les » troupes y font expolées, il en réfulre que l'Ordre mince doit per- » dre plus que l'Ordre profond , puifqu’il refte plus de tems en panne » à exécuter fes mouvemens #. L'Ordre mince & l'Ordre profond font au pair en arrivant fur le champ de bataille... Il faut que l'armée marche fur plufieurs colonnes ..., elle arrivera en divifions très-profondes . .…. Tout cela eff inconteffable. Mais ce n'eft pas & 300 roifès de l'ennemi , que dans la Taëique Pruffinne , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 357; Pruffienne , c’eft-à dire, dans toutes les Tactiques actuelles, o7 fe développe , on fe déploye , c’eft à $00 ; du-mains, eft-ce un point convenu , même de la part de MM. de Menil-Durand &c de Me- zeroi, puifque c'eft de certe diftance que l'un & l’autre ont compté les effets du canon: M. de Beauveau ne dit rien qui prouve qu'ils ayent eu tort , ou qu'ils m’ayent fait grace. D'ailleurs , fi l'on déployoit à 300 toifes , ce ne feroit pas un efpace de 200 toifes, mais un de 300 roifes qui refteroit 4 parcou- rir avec le même danger pour les deux Ordres , car il n’eft pas probable que M. de Beauveau veuille qu’on refte en place, lorfqu'on eft à 100 toifes de l'ennemi. Cette idée pourroir le fuppofer à quelque partifan de l'Ordre mince , qui n’a été viliblement inftitué que pour fe canarder des jours entiers, comme le dit M. de Mezeroi; mais elle ne peur l'être à un défenfeur de l'Ordre profond, de cet Ordre qui, par l’objer de fon inftitution & par fa nature , eft fair pour joindre, & pour joindre le plurôr poñlible, M. de Beauveau dit que / déployement de l'Ordre mince, exigera le double de tems de celui de l'Ordre profond , puifque chaque bataillon doit avoir deux colonnes en tére. Quoique la fixation de ce res importe peu au foutien de ce que j'ai avancé, M. de Beauveau me permettra cependant de lui obferver que ce n’eft pas du nombre des colonnes de combat que l'Ordre profond oppofera à chaque bataillon de l'Or- dre mince , mais du front de la colonne de marche qui fournira à ce déployement , que dépendra la durée refpeétive des déployemens de l'Ordre profond & de l'Ordre mince : dans les cas ordinaires , celui de l'Ordre profond doit être beaucoup plus court : il fera le plus court poilible refpeétivement , lorfque la colonne de marche fera celle de combat. Cet avantage diminueroit à mefure que le front de la marche excédant celui de combat, exigeroit qu’on fe reployät pour re- venir à ce dernier : ce reployement feroit le plus long poñible, fi la marche étoit du front d’un bataillon. Je prends ces exemples pour rendre mieux mon idée, & faire mieux fentir le peu de jufteile de la fixarion mife par M. de Beauveau au rapport du déployement de l'Ordre profond à celui de l'Ordre mince. Enfin, l'effet du canon n’eft pas non plus , ainf qu'il le dit, er raifor du tems que les rroupes y font expofées. Cette aflertion eft plus importante que la précédente , car elle va direétement à conclure, comme réellement le conclut M. de Beauveau , que l'Ordre mince doit perdre plus que L'Ordre profond, par les effets de l'artillerie ; mais elle eft abfolument gratuite , & mème elle fuppofe ce qui eft en queftion. Car qu’eft-ce qu'ont prétendu prouver MM. de Menil-Durand & de Mezeroi ? que le canon étoit moins dangereux pour l'Ordre pro- fond , que pour l'Ordre mince. Qu'ai-je prétendu prouver contre Tome VII, Part. I; 1776. Le 358 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eux à mon tout ? que le canon étroit plus dangereux pour l'Ordie profond , que pour l’Ordte mince. M. de Beauveau, pour prouver que l'Ordre mince doit perdre plus que l'Ordre profond , établit que es effets du canon font en raifon du tems que les troupes y font expoftes. écarte abfolument ce que l’ordre, la difpofition peuvent ajourer ou diminuer à ces effets: c'eft cependant le rapport de cette difpoñrion,. de cer ordre avec ces effets , qu’il s’agit de déterminer ; c’eft l’objet de la quettion. L'effet du canon eff en raifon du tems que les troupes y font expofées ; mais il eft aufli en raifon de l'ordre fur lequel font formées les troupes expofées à fon aétion ; c'eft-à-dire, qu'il eft en raifon com- pofée de cet ordre & de ce tems, du moins eft-ce ma prétention; & comme M. de Beauveau n'attaque aucune des preuves que j'ai fournies à ce fujet, je dois les regarder comme fubfftantes. Il réfulte de tout ceci, que je n'ai pas eu l’avantage d’être compris part M. le Marquis de Beauveau pour ce qui forme la matière de cette feconde objection, pas plus que pour ce qui fait le fujet de la première. Comme il n’eft pas en moi d’être plus clair , je n'ai d'autre reffource que de fupplier M. de Beauveau de vouloir bien me relire une feconde fois avec un peu plus d'attention. Principalement occupé d’un fervice aufli étendu , auffi compliqué, auf attachant que l’eft celui de la marine , il n’eft pas étonnant qu'il n'ait pu donner une grande attention à une difeuflion qui a auffi peu de rapport avec le fervice de mer , que celle de l'Ordre profond. Je fais affurément très-éloigné de lui appliquer le reproche que vient de me faire le défenfeur anonyme du fyffème de M. de Mezeroi dans le Journal des Sciences & des beaux Arts. Ce critique oubliant jufqu’au titre de mon Ouvrage, me blâme d'ére forts du cercle où 11 lui plaît de circonferire les Officiers d’Artillerie , en me mêlant dans la difcufion de l'Ordre mince & de l'Ordre profond, ue par ce titre je m’annonce pour confidérer, par rapport aux effets de lArtillerie : M. de Beauveau eft fait, plus que perfonne , pour prouver que, quel que foit Le cercle où l'on Jo concentré par fes goûts, par fes habitudes, par fa profeflion; l’efprit & la raifon, quoiqu'en dife ce critique , font” toujours des Juges compétens. C'eft à ces deux titres que , dans quelque difcuflion que je me trouve jamais engagé , je rechercherai dans M. lé Marquis de Beauveau , non-feulement un contradiéteur , mais un juge, pourvu que les circonftances lui permettent de fe livrer fuffifamment à l’e- xamen de l'objet contefte. Voilà, Monfieur , la réponfe que vous m'avez invité de faire à M. de Beauveau : l'honneur que j'ai eu d’être autrefois connu de lui, me fair defirer qu’elle puiffe lui plaire. \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 359 Je pourrois peut-être profiter de l’occafion que vous voulez bien m'offrir, pour répondre aufli à un bon pere de famille qui, à propos de POrdre mince & de l'Ordre profond , a éralé dans les dernières feuilles de l'Année Litéraire, un beau Projet d'Education , où il 2 principalement en vue un fils dont, à fon exemple fans doute, 1l veut faire un militaire inftruir, Pour cela , il s'occupe fingulièrement de le garantir des funeftes effets que la lecture d'un Ouvrage aufli dangereux que le mien, pourroit produire fur cet enfant chéri, en lui apprenant, 1°. à ne pas refpecter affez Folard ; fa colonne de fx bataillons , f? l'on veut ; {a diftribution alternative de Fafñliers & de Pertuifaniers ; fa prétention, que les Catapultes & les Baliftes font préférabies aux Mortiers & aux Canons , & rout le bavardage dans lequel il noye ces rares idées. 2°. À ne pas croire aveuglément en M. de Saxe, quand il propofe de combattre fur huit de hauteur , de donner aux Fantafins dés boucliers de cuir, des piques au lieu de fufls, de reprendre les cuiraffes, de former l'Artillerie de campagne avec cinquante pièces de canon de 16 , de l'atteler avec des bœufs, &c. 3°. À pen- fer enfin (ce qui eft le comble de la dépravation redoutée par cet Inftitureur pour on Emile), que M M. de Menil - Durand & de Mezeroi fe font trompés, en fortant chacun de leur cercle particu- lier, pour calculer les effets de l'Artillerie fur l'Ordre- profond, & en concluant qu’on doit revenir à l'Ordre qui à valu tant de viétoires aux Scipions , aux Céfars , aux Epaminondas , aux Alexandres , & malheureufement aufli tant de défaites aux Warrons, aux Craffus, & à rous ces Généraux qui, dans ce tems-1à comme dans le nôtre , ont donné des batailles , ont fait des fièges ; fans connoître les pro- priétés des armes ni des hommes qu’ils employoient , ou fans favoir en faire ufage. Comme ce bon Pere ne fait pas un feul raifonnement, & qu'il paroît n'avoir voulu que s'égayer, je ne fais s’il n’a pas cru la ma- tière affez importante , pour s'en occuper férieufement , ou s’il eft d’un âge qui lui permette la plaifanterie plus que le raifonnement ; dans cette incertitude , je crois devoir laiffer un libre cours à fes rébus ; mon imagination pourroir m'en fournir qui feroient peut-ètre dignes des fiens ; mais je veux lui laiffer en ce genre , les honneurs du triomphe, & ce n’eft pas d’ailleurs, Monfeur , un Journal comme le vôtre, qui doit fervir de lice à de pareils combats. 2) ZN2 360 OBSERFATIONS SUR LA PHYSIQUE, BLOC Be) in SIP RLNE, Pour former un Vernis brillant, folide & fans odeur, qui s'étend avec facilité fur les ouvrages de ferrurerie les plus délicats, & les préferve de la rouille; Par M. DE LA FOLIE, de l’Académie de Rouen. Ex faifant part de mon procédé , je vais commencer par un Epi- fode ; je me permertrai aufli quelques raifonnemens ; qu’on me les pardonne : mon fecret eft peu de chofe; je tâche de lui donner quelque valeur, en provoquant les Réflexions des Phyficiens. J'avois fouvent remarqué que les pierres nommées Diamans d'A- lençon , font prefque toutes d'un jaune très-fale, lorfqu'on les tire de la mine. Je favois aufli qu’on les blanchiffoit avant de les faire circuler dans le commerce ; mais j'ignorois quelle étoir opération à cet égard : quelqu'un m'affura que tout le myftère confiftoit à faire bouillir ces diamans jaunes & bruns dans du fuif, qu'ils y acquéroient auffi-tôt une tranfparence & une blancheur admirables. J'avoue que je doutai beaucoup de la réuflire d’une relle opération : en effet, quels rapports pouvoir-il y avoir entre du fuif & des pierres de cette nature ? L'acide animal le plus développé par le feu, pouvoit-il agir fur la terre vitrifiable ? par quelles règles d’afi- nités? &c, &c. &c. Tous ces raifonnemens étoient conféquens aux principes ; cependant comme j'ai pour maxime de ne point juger impoflible tour ce que je ne conçois pas, & encore moins ce que je n’ai point éprouvé, je m'empreffai de mettre dans les charbons allumés , un creufec plein de fuif; j'y jettai une pierre d'Alençon très-brune ; après quelques minutes d’ébullition, je la retirai, je fus bien furpris de voir qu’en effer certe pierre éoit devenue fort tranf- parente, & de la plus grande blancheur. Emerveillé de cette opération, je la recommençai; mais j'ajoutai dans le creufet de petits morceaux de filex : le fuif s'enflamma , ce qui ne fit qu’accélérer l'ébuilition; quand je vis que le volume du fuif étoit diminué de plus de moitié , je retirai mes pierres avec la lame de fer d'une fpatule | alors je remarquai la même réuflite fur la pierre d'Alençon j elle étoir devenue blanche & tranfparente ; mais les petits morceaux de pierre à fuñl qui avoient auf blanchi , SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 361 étoient devenus d'un blanc laiteux , c’eft-à-dire plus opaques qu'ils n'étoient auparavant. , Cette obfetvation me conduifit bientôt au principe du phéno- mène: quoique ces morceaux de pierre à fufl produififfent encore des érincelles en les frappant avec l'acier, je vis bien qu’ils avoienc fubi un commencement de calcination; qu’il n’y avoit donc que le feu qui agifloit fur les pierres d'Alençon, & que le fuif n'éroic point un agent néceflaire pour les blanchir ; en conféquence, je m'empreffai de mettre dans un creufet de nouvelles pierres d’A- lençon , fans y ajouter du fuif; elles blanchirent au feu avec le même fuccès. Il réfulte que la percufion du feu , au degré de l’ébullicion du fuif , eft fufhfante pour dilater les pores des pierres d'Alençon ; mais comme un fluide quelconque parvenu au degré de l’ébullition, n'augmente plus de chaleur, on ne rifque point que les diamans d'Alençon fe calcinent , ou fe fendillent , lorfqu'ils font dans le bain du fuif bouillant. L'emploi du fuif dans cette opération, eft donc utile pour fe rendre maître du degré de feu Halite au blan- chiment de ces pierres : en effet, fi ces pierres éprouvoient des degrés de feu plus forts , elles fe calcineroient ; alors il ne feroit plus pof- fible de les tailler, & on les perdroit fans reflource. Voici donc le réfultat qui m'a préfenté le vernis que j'annonce. J'avois, comme je l'ai dit ci-deflus , retiré les pierres du bain de fuif enflammé, & je m'étois fervi pour cer effet, d’une fpatule à lame de fer : je pofai , fans deffein , le manche de certe fparule fur un chenet, de façon que le bout de la lame qui étoit couvert de fuif recuir , fe trouvoit expofé fur les charbons allumés ; j'oubliai pendant quelque tems certe fpatule ; lorfque je la retirai, je vis que la lame éroit couverte d’un vernis noir, brillant, très-folide & ne portant pas la moindre odeur , il réfiftoit aux coups de marteau, fans s’écailler, & n’étoic enlevé , ni par l’efprit de vin, ni par l’ef- fence de térébenthine, ni par les alkalis, ou autres diffolvans. Je préfumai que des huiles concrètes, telles que la cire, pour- roient procurer facilement le même vernis : en conféquence , je pris une petite clef à l’aide d’une pince de fer : ayanr chauffé cette clef, je la frottai avec un morceau de bougie , puis je la préfentai fur les charbons ardens , ayant foin de la tourner : à peine eur-elle ceffé de donner de la fumée , que je la retirai ; elle étoir déja couverte d’un vernis plus folide que ce qu’on appelle ke bronze; je la frottai de nouveau avec la bougie , & l’ayanc préfentée une feconde fois au feu, elle fut parfaitement vernilfée, excepté l'endroit où pofoic la pince ; mais ayant pris la clef en fens contraire , & fuivi la même opération, la pièce fur entièrement égale, 36: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, PREMIÈRE OBSERVATIO N. Si par hafard il fe formoit quelque gerçure par un degré de feu trop vif, il n’y a qu'à frotter la pièce, y remettre de la cire, & la chauffer de nouveau, le tout s'arrange & fe polit de foi- mème. On obfervera qu'un morceau de fer de trois Ou quatre pouces ; NE confomme pas fix grains de cire, quand on y porte attention. SECONDE OBSERVATION. Le blanc de baleine employé au lieu de la cire, forme un vernis couleur de cuivre ; ce vernis eft moins brillant ; cependanr, il pourroit donner une jolie couleur aux étoffes de fer que l'on fabrique depuis peu de rems dans le Nord ; & comme il eft léger , il n'empâteroit poinc le deffein des étoffes, & les préferveroit de la rouille. TR O LS LE ME O:B SE R VA PI ON: Il eft certain que des huiles devenues concrètes par l'inflamma- tion , que l’on rend ficcatives, & qu'on unitavec d’autres corps, pro- duifent des vernis folides , qui sèchent à l'air & dans des fours, fans qu’il foit befoin d'une grande chaleur; c’eft pourquoi ces vernis font appliqués plus aifément que le mien fur de groffes pièces de fer ; mais la façon que j'indique, eft commode pour verniffer prompte- ment & avec facilité des petites pièces de ferrurerie, fans être obligé de compofer un autre vernis qui demanderoit plus de détail ; d’ail- leurs, cetre opération démontre que tous les vernis folides ne fonc que les réfultats d’une matière gralfe deéchée, QUATRIÈME OBSERVATION. Le bronze eft également une matière graffe defféchée , mais dont la couche eft fort légère. On fait que le bronze le plus folide fe fait en chauffant le fer, & le frottant avec la corne de pied de bœuf, & un peu d'huile. Voiciune façon de bronzer très-fimple , qui ne donne pas beaucoup de luftre au fer, mais très-urile en ce qu'elle le pré- ferve fuffifamment de la rouille, & eft praticable pour les gros ou- vrages , tels que des ferrures de navire ; il n'eft queftion que de faire rougir les pièces de fer, & aufli-rôt qu’elles commencent à rou- gir , il faut les plonger dans l'huile de lin, ou autres huiles ; bien loin qu'il y ait d’explofions à redouter , la furface de l'huile refte tranquille , & l’on n'entend pas le moindre bruit. Après que l’on SUR\L'HIST. NATURELFE ET LES ARTS: 363 a laifé égoutter, & que l'on a effuyé la pièce, la petite couche noire qui eft adhérente au fer, le préferve très-bien de la rouille, & l'on peut être affuré que les boulons de fer qui font chaffés dans des pièces de bois , ayant été ainfi préparés , fe conferverone rrès-long-rems, ce qui eft effentiel pour les navires , car le plus grand dépériffemenc des navires, provient de la rouille communiquée au fer qui lie intérieurement les pièces de bois (1). CINQULIÈME OBSERVATION. Cette façon de bronzer , qui n’exige prefque point de manipula- tion , eft par cette raifon, fort économique , car quoique le bain d'huile dans lequel on plongeroit les pièces, feroit un peu volu- mineux , on ne confommeroit pas dix livres d'huile pour le plus fort navire de guerre. QUESTIONS THÉORIQUES. Quelle eft donc la nature de cetre matière grafle defféchée? quelle eft la nature de ce vernis qui fe forme fur une pièce de fer de quatre où cinq pouces, par la feule deflication de trois ou quatre gouttes de cire ? Ce vernis eft-il un corps réfineux ? non, car un corps réfineux feroit diffolublé ‘dans l’efprit-de-vin, & ce vernis n’y fouffre pas la moindre altération. è Eft-ce un corps charbonneux ? non, puifqu’en laiffant très - long- tems le bout d’une pièce verniffée dans la flamme d’une chandelle , ce vernis, loin de fe réduire en cendre, ne perd rien de fon luftre, Qu'eft-ce donc que ce vernis? ne feroit-ce point une terre extré- mement fine , qui fe précipite fur le fer lors de la raréfaction du Auide , & qui s’y unit exactement en raifon de fa finefle , & du peu d'interftices qui laiffe moins de paflage à l'air ? Certe raïfon me patoît ‘allez conféquente : je l’adopre; mais je ne prétends poine à cet égard, gèner l'opinion de perfonne, (1) Cette Obfervation paroît rès-utile : on a pris, en effet, deux cloux neufs, on en a fait rougir un; il a été plongé dans l'huile, & bien efluÿé; puis on a expofé ces deux cloux à l'air & à la pluie. Celui qui n'avoit pas reçu de pré- paration, étoir couvert de rouille avant que l'autre eût la moindre tache. On a enfoncé auffi un clou préparé dans un morceau de bois, & ayant enfuite ouvert le morceau de bois, on a trouvé que ce clou avoit confervé la couche noire qui le préferve de la rouille, 364 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On fair que la cire contient une grande quantité de phlogiftique : n’y a-r-il pas apparence qu’une grande portion de ce phlogiftique refte dans le vernis lors de la deflication ? Mais ce phlogiftique refté dans le vernis, n'étanr plus inflam- mable , ce phlogiftique eft-il alors de même nature qu’il étoir auparavant ? Dans le Livre intitulé : Ze Pilofophe fans prétention , on lit , chap. VIT. que le phlogiftique eit un affemblage de petites molé- cules terreufes très-arrondies, qui agirent la lumière , & caufe ce qu'on appelle linflammation. On y lit encore que ces petites molé- cules peuvent, en perdant leur forme fphérique, ne plus agiter la lumière avec la même vivacité, & fe condenfer : l'expérience de notre vernis ne concourt-elle pas à l'appui de ces raifonnemens ? Je ne déciderai rien à cet égard ; mais j'avoue que j'aurai un pen- chant décidé pour certe définition du phlogiftique, jufqu’à ce qu'on m'en ait préfenté une meilleure. EE, NOUVELLES LITTÉRAIRES. Aarrse des Bleds, &' Expériences propres à faire connoïtre la qua- lité du Froment, & principalement celle du fon de ce grain ; avec des Obférvations fur les fubflances végétales, dont les différentes Nations font ufage ay lieu de pain ; par M. Sage, des Académies Royales des Sciences de Paris , de Stockholm, Impériale & Electorale de Mayence, A Paris, de l’Imprimerie Royale, 1776 , in-8°. Er Expériences & Réflexions relatives à l'Analyfe des Bleds & des Farines ; par M. Parmentier, Penfonnaire du Roi, Maïtre en Phar- macie, de l’Académie Royale des Sciences, Belles-Lettres, &c. de Rouen, ancien Apothicaire - Major de l'Armée Saxone & de l'Hôtel Royal des Invalides. À Paris, chez Monory, Libraire, rue de la Comédie - Françoife , 1776, ën-8°. Jamais queftions ne furent plus intéreflantes pour le Public que celles qui viennent d’être agitées par MM. Sage & Parmentier. Il s'agifoit de connoître principalement , d’une manière plus parfaite, la fubitance qui fert de nourriture ordinaire aux hommes en Europe; de favoir fi l’ufage du fon dans le pain, eft mal fain ou non; quelles font les caufes de laltération des grains, en quoi elle conffte; uelle eft, de leurs parties intégrantes, celle qui en eft la plus fuf- fesdBles & enfin, quel patti on pouiroit virer de ces fortes de fubftances ch SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 36 fubftances ainfi altérées2 M. Parmentier , qui s'occupe de tous ces objets depuis plufieurs années, & donc les travaux utiles font connus avantageufement du Public, a donné lieu à la difcufion de tous ces points, par un Mémoire qu'il avoit préfenté aux Miniftres de Ja Guerre & des Finances, dans lequel il cherchoit à établir que le fon, en trop grande quantité dans le pain, pouvoit devenir nuifible aux hommes, & que les Soldats, dont le pain de munition en contient une grande quantité, étoient, fur-tout, dans le cas d’en éprouver les mauvais effets, &c. ce qui étoit arrivé quelquefois. Le Miniftère, toujours attentif au bien public, ayant fait une fé- rieufe attention aux diverfes propolitions contenues dans ce Mémoire , le Miniftre des Finances, d’un côté, les a foumifes à l’examen de l’Académie des Sciences , tandis que celui de la Guerre, a chargé M. Sage d'examiner plus particulièrement ce travail , & lui en rendre compte; ce qu'il vient de faire dans fon Analyfe des Bleds, où cet Académicien a réuni plufeurs autres objets utiles. On peut réduire les principales conféquences qu’il a tirées de fon travail, aux propofitions fuivantes. 1°. Que le fon , foit en petite, foir en grande quantité dans le pain; n’eft point dangereux; 2°. que l’al- kali volauil, qui eft, comme on fait, le contre-poifon du venin de la vipère, l’eft encore pour celui de la rage; qu’il remédie à l’a- poplexie , & qu'on peut le regarder aufli, à la dofe de 30 ou 40 gouttes dans quelques cueillerées d’eau , comme l’antidote des cham- pignons , fur-tout de celui qui ef connu des Botaniftes , fous le nom de Fungus phalloïdes annulatus fordidè virefcens & patulus, de Vaillanr, qui a fait le fujet d’un Mémoire, lu à l’Académie des Sciences; 3°. enfin , que ce même alkali volatil eft encore un bon remède pour la brûlure , & que le vinaigre eft le contre- poifon des baies de la plante qu'on appelle Be/ladona. M. Parmentier | dans fa Réponfe, vient d'examiner & d’analyfer toutes ces propofitions, & il en réfulte , après de nouveaux faits & de nouvelles expériences , 1°. que le vrai fon en trop grande quantité dans le pain, comme il l’avoit dit, doit être regardé au- joard’hui , ainfi qu'il l’a été de tout tems, par Galien , Quercetan, &c. comme une fubftance lourde , indigefte, quelquefois malfai- fante, qui, outre qu’elle ne nourrit pas plus que du bois fec, eft fujette à fe corrompre dans certaines circonftances, fur-tout dans celles d'humidité & de chaleur combinées, mais qu’en petite quan- tité dans le pain, le fon peut être regardé comme un cordimentum de cet aliment, fourni par la Nature , capable de rendre même le pain plus favoureux, & de lefter l’eftomac de l'homme, condition peut - être néceffaire pour la bonne digeftion. Le Gouvernement paroît avoir fait attention à ce qu'a avancé M. Parmentier, puifqu'il Tome VII, Parc. I. 1776 Aaa 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vient de paroître une Ordonnance du Roi, en date du 22 Mars de cette année , qui ordonne l'extraction d’une partie du’fon du pain deftiné aux Soldats, à commencer du premier Août prochain. Quant à la deuxième propofition de M. Sage, qui eft, qu’on peut regarder l’alkali volatil comme ‘un remède efhcace dans le cas de la rage, M. Parmentier cite des faits & des épreuves faites à l'Hôtel Royal des Invalides , qui prouvent que l’alkali volatil n’a point réuili dans cette maladie ; que de deux hommes mordus par le même chien enragé, l’un à une partie à nud, l’autre à travers les vêremens, le premier eft mort de la rage , & l’autre n’a point été attaqué de cette maladie. Obfervation , on ne peut pas plus impor- tante , felon nous , & qui fert à rendre raifon de l'habitude où l’on eft d'employer certains fecours vantés pour la rage, tels que le bain de mer, la poudre axtilly{us , le lichen cinereus verreffris , Vopium, le mercure ; l’alkali volatil , c. dont les prétendus bons effets n’ont peut-être jamais été obfervés que fur des hommes qui avoient été mordus à travers leurs vèremens, c’eft-à-dire , fur lefquels le virus hydrophobique , arrêté dans le tiffu des éroffes, fur-rout de laine, n'avoit pu porter fon action jufqu'aux chairs, bien que déchirées & enfanglantées par la dent de l'animal. Mais la dent de la vipère, ainfi que celle du chien enragé , lorfqu’elles font ain effuiées , n’ont pas plus d'effet que tout autre corps qui déchire méchaniquement , & il n’eft malheureufement que trop prouvé par l’expérience , qu'il n'y a rien de plus incertain que les guérifons attribuées à rous ces prérendus fpécifiques de la rage , qu'on ne guérit prefque jamais, lorfqu'elle eft confirmée. Quant à la vertu de l’alkali fixe ou volatil , dans le cas d’acci- dents caufés par le champignon défigné par M. Sage , nous fom- mes fachés d’être obligés de dire, pour l'honneur de la vérité & l'intérèrt des hommes, que ces alkalis, donnés l’un & l'autre à la dofe indiquée par M. Sage , excitent le vomiflement , fans remédier aux effets du poifon, & qu'à plus petite dofe , éren- dus dans l’eau , au point de n'être point émériques , ils accé- lèrent la mort des animaux, dont les entrailles fe trouvent alors plus corrodées que dans les autres cas, par l’aétion & du poifon, & de lalikali. Il n'y avoit que l’expérience qui püt décider la queftion, & nous l'avons faite ; tel en eft le réfultat. M. Parmentier difpute encore à M. Sage les vertus de l’alkai vo- latil dans le cas d’apoplexie ; mais il paroït lui accorder qu’il peur être un bon remède pour la brülure. Toutes ces queftions appartien- nent au Tribunal de la Médecine, & on fait combien ce Tribunal, éclairé par l'expérience , devient avec raifon , aujourd’hui difficile. L’obfervation la plus importante rapportée par M. Sage, eft celle SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 367 qui concerne les effets de la Belladona fur le corps humain, & qui fert à confirmer l'efficacité des acides végétaux, fur-rout du vinaigre, dans ce cas: nous avons été témoin de cette cure à la Maifon de la Pitié à Paris, & quoiqu'on fache depuis long -tems, fur - tout depuis 1703 (1) , que le vinaigre eft l’ancidore de plufieurs poifons végétaux , & particulièrement de cette efpèce de folanum ; c’elt une vérité précieufe qu'on ne fauroit trop publier & répéter. D'ailleurs, les deux Ouvrages que nous annonçons, contiennent beau- coup d'expériences, deschofes neuves , de nouvelles vues. Dans celui de M. Sage, on trouve un principe qui n'avoir peut-être pas été faifi des autres Chymiftes, & qui paroît vrai, c'eft qu'un corps qui moifit, ne pourrit pas, & vice verfä; que ces deux états qui paroïflent différer effentiellement entr’eux , doivent être diftingués. Le même Auteur confidére encore l’air fixe comme un acide marin volatil : on trouve de plus dans fon Ouvrage, les curieufes Expériences de M. le Duc de Chaulnes | & des Analyfes courtes & exactes des différentes parties des plantes graminées, fur -tout du froment. Dans celui de M. Parmentier | outre de nouvelles Expériences fur les parties conftitu- tives du grain, & qui fervent à confirmer ce qu’il avoit déja avancé dans d’autres Ecrits, principalemenr que la bonne ou mauvaife qua- Jité du bled eft roujours relative à l’état de la partie glutineufe, que c'eft fur-tout à fon altération qu’eft due celle de ce grain; on trouve que la partie amylacée, la principale qui nourrit, eft une fubftance prefqu'inaltérable, qui fe conferve faine ; dans quelqu’érac que fe trouve le grain, & que c’eft celle dont la nature paroît avoir pris le plus grand foin , comme étant la plus précieufe à conferver; que, quoique les bleds foient pourris, l’amidon fe conferve pur, ce qui fe prouve par le travail des amidonniers; d’où il réfulte qu’on peut retirer des bleds même les plus gâtés, prefque toute leur fubf- tance nourriflante, par les procédés femblables, & en l’affociant à d’autres corps , en faire encore un très-bon pain, ce qui eft très-inté- reffant à connoître. On trouve de plus beaucoup de détails inftructifs fur la moûture économique , fur les moyens de perfectionner le pain, de tirer le meilleur parti poflible des grains viciés , & la manière de faire le pain de maïs ou bled de Turquie, ufitée dans le Béarn. Les Ecrits principaux de cet Auteur eftimable , fe trouvent chez Monory , Libraire , rue de la Comédie Françoife. (1) Voyez l’Hiftoire de l'Académie des Sciences, année 1703, page 57. IL paroït que c'eft cette favante Compagnie qui a le plus contribué à conferver cette vérité qui fe trouve çonfignée dans fes Ecrits. 368 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, €. Difeuffion de l'Ordre profond & de l'Ordre mince ; ou Examen des Syflémes de MM. de Mefnil-Durand & de Maizeroi, comparés avec POrdre à trois de hauteur ; par M. du Coudray ; Capitaine au Corps de l’Artillerie , Correfpondant de l’Académie des Sciences. À Amfter- dam. Et fe trouve à Paris , chez Ruaulr | Libraire, rue de la Harpe, 1776. Prix 2 livres 8 fols. M. du Coudray , dans ce nouvel Ouvrage , difcute de la manière la plus générale , ces deux Ordres, & il répond en mème-tems à la Critique de l'Ordre profond & l'Ordre mince; inférée dans le Cahier de Février dernier du Journal des Sciences & des beaux Arts. Differtatio Chemica de Niccolo , quam publico examini fubmirtie Johannes-Afzelius Arvidffori , die 2 Julii anni 1775. in-4°. Upfalie. Nous ferons connoître inceflamment cette excellente Differtation fur le Nickel. Lertre de M. l'Abbé J***, de Vienne en Autriche, à un de fes Amis de Presbourg, fur l'Eleétrophore perpétuel. Effai, ou Réflexions inréref[antes , relatives à la Chymie, à la Me- decine , à l'Economie & au Commerce, avec une Differtation fur cette queflion : Si les caufes des Maladies de l’Ame & des Nerfs, ont toujours leur fiège dans le cerveau ? Par M. Ssruve, Médecin-Pra- ticien , Membre ordinaire de la Société Economique de Laufanne, & Membre de celle de Berne. À Laufanne , chez Grafler & Com- pagnie, 1772. M. de Horne , Docteur en Médecine, & Médecin de Son Alteffe Sé- rénifime Monfeigneur le Duc d'Orléans, Auteur de l’'Expofrion raifonnée des différentes méthodes d'adminifirer le Mercure dans les Mala- dies Vénériennes , vient d’obtenir un Arrèt du Confeil d'Etat du Roï, en date du 16 Mars 1776, qui fupprime le Mémoire à confulter, & Confultation pour le fieur Nicole de Morfan ; Ouvrage peu cir- confpect, dans lequel le fieur Nicole, homme à fecret , & Marchand d’un Remède anti-vénérien, ne craint pas de fe comparer au Mé- ds eftimable qu’il attaque , & de foutenir ce parallèle jufqu’au out. Plir, ur” au pose Rates mr es FRS dans hi « ré : $ 1 1 5 f : 1— i . : l 1 OBSERVATIONS Don :R LA PHYSIQUE, S'U R'L'HISTOTÏRE NATURELLE Er MOSS URSS ESA RTS; AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE, DÉDIÉES AolMer 0 EG OM TED':AR"TOS; Par M. PAbbé RoZIER, Chevalier de lEglife de Lyon . de P Académie Raovale dec Srioenrec. Rannu-dvs € Dudées- LeLLI ES de Lyon 5 de Villefranche, de Dion, de Marfeille, de Fleffingue , de la Société Impériale de Phyfique & de Bo- tanique de Florence , Correfpondant de la Societé des Arts de Londres , de la Société Philofophique de Philadelphie ; Ec. ancien Direëleur de l'Ecole Royale de Médecine - Vétérinaire de Lyon. TOME SEFLIÈME. MAT; 1776: Pe As RAT SV Chez RU AULT, Libraire; rue de la Harpe. MNDCGCA REX L AVEC DRITIRAGER DU FDL $ An Mol. S | A MM. les SouscrRIPTEURS dont l Abonnement finit à la fin de l'année 2775. Pr USIEURS Soufcripteuts fe font plaints de ce qu'ilsne recc- _Voient pas les Cahiers aufli-tôt qu'ils avoient formé leurs deman- des. Ils font priés d'obferver que fouvent ils s’adreffent à des Commiflionnaires qui négligent de foufcrire , ou de faire par- venir les Cahiers à leur deftination. Pour éviter, à l'avenir , de parcils reproches & de femblables lenteurs, MM. les Soufcrip- teurs, qui ont été dans le cas d’être mécontens, font invités à recommander expreflément aux perfonnes qu'ils chatgent de leurs commiflions , d’être plus exactes que par le pañlé : ou s'ils jugent la chofe plus commode , de configner le montant de la Soufcription au buicau des Does de Ienr Ville, Hine l’aÆ#ran- chir, mais affranchir fèulement la Lettre qui en donne avis. Un fecond fujet de plainte vient de ce que ecux, chez lefquels on prefcrit de remettre les Exemplaires , les prêtent , les égarent, & difent enfuite ne les avoir pas reçus. On prévient que lon fait l'appel de chaque Cahies-e de chaque Souferipteur, comme dans un Régiment ou fait l'appel des Soldats, & tous les Cahiers font portés fermés , dans un fac cacheté, à la grande ou à la petite Pofte de Paris. On voit par - là , que fi quelques-uns ne font pas rendus, ce n'eft plus la faute du Bureau des Journaux. MM. les Soufcripteurs, qui défirent renouveller leur Abon- nement pour l’année 1776, font priés de donner /eur nom & de- meure , éCrits d’une manière lifible , dans le courant du mois de Décembre, ou le plutôt poflble, afin d’avoir le tems de faire imprimer leur adreffe. On foufcrit à Paris, chez l’Auteur, Place & Quarré Sainte - Gencviève , & chez les principaux Libraires des grandes Villes. Le prix de la Soufcription eft de 24 livres pour Paris, & de 30 livres pour la Province, port franc. € TABLE DES ARTICLES Contenus dans cette première Partie. M ÉMOIRE pour fervir de Supplément € d'éclairciffement aux deux Mémoires fur les Anguilles du Bled avorté & de la Colle de farine ; par D. Maurice Roffredi, Abbé Réoulier de l'Abbaye de Cafanova , Ordre de Citeaux , en Piémont , page 369 Obférvation faite dans les environs de Montpellier, fur l'effet des Gelees, du mois de Janvier 1776, fur les Oliviers ; par M. Mourgue , de La . Société Royale des Sciences de Montpellier, de La Société d'Agriculture de Lyon, & de la Société Economique de Berne , 385 Conciliation des Principes de Sthaal vec ales Expériences modernes fur l'Air fixe; par M. de Morveau, 389 Æxtraic d'un Mémoire de M. Joféph Baldaffari, Proféffeur d’Hiftoire Naturelle & de Chymie dans l'Uñiverfité de Sienne, [ur L'Acide vitriolique ; trouvé naturellement pur, concret & non combiné, 395 Extrait d'une Lettre écrire à M. D. de Xiaz , au Château de Mirow en Pologne , en date du 12 Février 1776, par M. Berniard, 400 Lettre au Rédaëeur du Journal, fur les propriétés du Fer & de L Aimant dans les maux de nerfs, & fur un diffolvant du Copal , 401 Suite des Obfervations de M. ! Abbé Dicquemare, 406 Lere de M. de Morveau , à l'Auteur de ce Recueil, fur la Dent d’ur Animal inconnu, 414 Lerre de M. le Roy , de l’Académie Royale des Sciences , à lAuteur de ce Journal, « 416 Difiours fur l'Auraëtion des Montagnes , prononcé dans L'Affemblee an- nuclle de la Société Royale de Londres , du 30 Novembre 1775, par Le Préfident M. le Chevalier Baronet , Pringle, imprimé par ordre de Lz Société ; traduit par M. le Roy , de l’Academie Royale des Sciences , 418 ÆExpofition des principales maladies des Grains ; par M. P. D. M, 23$ Lettre de M. Rouland, Neveu & Elève de M. Sigaud de la Fond, & Démonftrateur de. Phyfique expérimentale, en la place de fon Oncle, er l'Univerfité, fur un nouvel appareil éleétrique, à l’Auteur de ce Recueil, 438 Nouvelles Littéraires, 443 Fin de la Table, ro A: P SPIR QUE ANT REG ENT JA: lu; par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux ; un Ouvrage qui a pour titre : Obfervations fur La Phyfique , fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts , (272 par M. l'Abbé Rozigr; &c. La collection de faits importans qu'il offre pério- diquement à fes Lecteurs, mérite l'accueil des Savans ; en conféquence, j'eftime qu'on peut en permettre l'impreffion, À Paris, ce 24 Mai 1776. YALMONT DE BOMARE: MÉMOIRE Re MoN OM MOT UE RE Pour fervir de Supplément & d'éclairciffement aux deux Mémoires fur les Anguilles du Bled avorté & de la Colle de farine; Par D. Maurice RoOFFREDI, Abbé Réoulier de l'Abbaye de Cafanova , Ordre de Cireaux , en Piémont. An que le célèbre Académicien M. Duhamel , écartant la confufon qu’il y avoit dans la dénomination des Maladies capitales des Bleds, les a préfentées dans un ordre facile à être faifi.; qu'il les à diftinguées par des rermes expreflifs; après que les excellens Ouvrages de MM. Duhamel, Tillet, Aimen & Bomare ont éclairé le Public ; après enfin , que le Dictionnaire même de l’Académie Françoife montre ce que c’eft qu'on appelle proprement Miele , Bled charbonné , Bled ergoté , &c. 11 ne paroît pas qu'un Auteur fe doive permettre de s’appéfantir encore fur ces différences caraëté… riftiques , tout comme s'il s’agifloit d’une chofe peu connue; il eft prouvé cependant par les faits, que cette confulion n’eft pas écartée au point que l’on puiffe toujours s'entendre les uns les autres , lorfqu'on parle de ces différentes maladies. Les exemples de ce dé- fordre ne font pas rares; mais je me borne à un des plus curieux, qui fe rapporte à la maladie des bleds , qui fait que leur intérieur eft rempli de ces filets mouvans que l’on a nommé des anguilles. M. Néedham les a découvertes ces anguilles, dans une efpèce de bled qu'il appelle Mie/e. Nombre d'Oblervateurs, & dernièrement M. Rainville, les onc cherchées dans un bled qu'ils ont nommé tantôt nielle , tantôt charbonné , & ils ne les ont pas trouvées. M. Aimen a cru avoir vu dans le feigle ergoré , les filers mouvans de M. Néedham , & il en a conclu qu'il falloit être trop ama- teur du merveilleux, pour les juger des animaux qu'on nomme- roit des anguilles. Un autre Obfervateur , M. Tillec , a confidéré l'ergt comme une galle occafionnée par la piquure d’un infeéte ; & il ne paroît pas qu'il ait vu dans fon intérieur, des filamens mouvans ; ni rien qui reflemble à des anguilles. M. l'AbbÉ Fontana défapprouve que M. Aimen n'ait pas pris les filers de l’ergot Tome VII, Part. I. 1776 B 309 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour de vrais animaux ; d’ailleurs , il admet que l’ergot eft une vraie galle, mais occafonnée, non pas par la piquure d’un infeéte, mais par les anguilles dont fon intérieur eft rempli : enfin , pour ce qui me regarde , j'ai avancé que ces anguilles ne fe trouvent point dans le bled riellé, ni dans les grains charbonnés, non plus que dans les grains ergotés. Quelle étrange diffonance dans les réfultats d’ob- fervations toutes faites également avec le microfcope ! Ceux qui ne connoilfent ces matières que par les Livres qui en ont traité, ne feront-ils pas tentés de regarder un microfcope comme une jolie machine propre uniquement à orner un cabinet? J'entreprends d'é- claircir ce fair, & de fuppléer en même-tems quelques endroits de mes deux Mémoires qui ont été publiés l’année pañice. Je ne m’arrète point fur l’expreflion de bled zie/!#, que le célèbre Obfervareur M. Néedham a adoptée, pour indiquer le fujer où il avoit vu des filets mouvans; il a publié fes découvertes microfce- piques dans un tems où les dénominations des différentes maladies des bleds n’avoient pas encore été réglées : il n’eft donc pas conforme au bon fens de prétendre connoître les grains qu'il a obfervés par les noms donr il s’eft fervi pour les indiquer : on ne fauroit y par- venir que par la connoïffance des caractères qu'il leur a aflignés : il s'enfuit de- là que le bled miel de M. Néedham fera tout ce que l'on voudra, pourvu qu'il foit plus où moins brunâtre en-dehors, blanc & filamenteux en-dedans , & que ces filamens , femblables à des anguilles, prennent dans l'eau du mouvement. Le favant Botanifte de Roterdam, qui a douté de l’exiftence des anguilles , qui ont fait le fujer de mon premier Mémoire (1), ne fe trouve pas en contradiétion avec M. Néedham, ni avec mes Ob- fervations. N'ayant jamais rencontré un feul grain de froment qui ref- fémblét au grain fur lequel je les ai fondées; il a foupçonné, ou que je n’avois obfervé que l’yffilago tritici hiberni des Botaniftes, & que dans ce cas , je m'en ferois laiffé impofer par des apparences, » ou » bien qu’il faudra reconnoître que le Piémont produit une efpèce de » nielle, inconnue par-tout ailleurs «. À la vérité, ces deux fuppolitions font également contraires à la réalité du fair. La maladie dont étoient affectés les grains fur lefquels j'ai opéré , n’eft point l'féilago tritics hiberni , ni la mielle proprement dite, ni le charbon, & d'autre pait, elle n’eft pas érconnue par-tout ailleurs. Je commence donc , pour répondre au-moins en partie à l'invi- tation que M. Rainville a bien voulu me faire , par déclarer au Public clairement , & en termes techniques , quelle eft l’efpèce de DR ON (1) Journal de Phyfique, Tome VL SUR L'HIST, N'ATUREÏLLE ET LES ARTS, 371 grain duquel j'ai tiré naturellement des anguilles , en faifant con- noître que c’eft 1°. cette efpèce de froment que les François ap- pellent bled barbu (zriticum hibernum ariflatum) : 2°, le feigle (écale hibernum , vel majus) : 3°. Vorge ( hordeum diflichon ) , avec cette diffé- rence, que la maladie en queltion , eft propre feulement au fro- ment, quoiqu'on puille par art, la communiquer jufqu’à un certain point, au feigle & à l'orge. Mais pour ce qui eft d'énoncer en sermes techniques cette efpèce de maladie, c'eft ce qui ne nveft pas poflible d’exécuter , par la raifon que ces termes n’exiftent point , & que l’ufflago trivici hiberni ; foit qu'on l’entende de la nielle proprementdite , foit du bléd charbonné, eft route autre maladie que celle que j'ai examinée. M. Tillet eft le premier qui l’a fait connoître : il l’a confidérée dans la plante & dans fes produits; comme maladie de la plante, il l’a nommée le rachitifme du bled; & comme maladie & monftruofité des grains, il l'a appellée l'avortement des grains, ou les grains avortés. Voilà les feuls termes techniques que je connois pour défigner la maladie dont il s’agit, & aufli font-ils les feuls dont je me fuis fervi dans mon Mémoire : mais fi la defcriprion exacte que MM. Tiller & Duhamel ont donnée des différentes formes fous lefquelles ces grains fe pré- fentent , fi ce que j'en ai dir dans mon Mémoire , n’eft pas affez pour montrer À les déméler dans les monceaux de criblures des au- tres graines, toute ultérieure defcriprion feroit inutile; car j'avoue très- volontiers , que je n’en faurois faire une plus complette que celle qui en a été donnée par M. Tillec : en ce cas, il ne me refte qu'à propofer à un curieux d’atrendre l'ouverture de la nouvelle faifon, de vifiter alors les champs qui portent du froment , pour y découvrir des pieds qui ; par la fariflure des feuilles & leur couleur jaundtre, où pat un principe de recoquillement, donneroïent des. indices d’être attaqués du rachitifme : felon toutes les apparences, ces plantes ne manqueront pas au tems convenable, de porter des épis qui feront plus ou moins infectés de grains avortés. Au-refte, le rachitifme des bleds & l'avortement de leurs grains, n'eft pas une maladie renfermée dans les campagnes du Piémont; il eft crès-probable qu’elle eft une de ces maladies capitales du fro- ment qui eft affez généralement répandue fur la furface de notre globe. » Je puis affurer , dir M. Tillet, qu’elle eft très-ordinaire dans » les différens cantons que j'ai examinés.... Les bleds avortés ou » rachiriqués ; font beaucoup plus communs qu’on ne l'imagine (1)«. M. Duhamel ayoue qu'il n'a connu cette maladie que par les Mé- (1) Differtation fur les-caufes, &c. page 384; page He cr 372 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, moires de M. Tiller ; mais que depuis, il a eu lieu de l’obferver ar lui-même (1). J'ai fait connoître dans mon premier Mémoire , d- différentes Provinces de l’italie , où j'ai vérifié fon exiftence, & j'ai appris depuis, qu’elle fe trouve également dans d’autres. Cetre maladie doit aufli exifter en Angleterre , rout comme en France & en: Italie, puifqu'il eft évident que les bleds miellés obfervés par M.Néedham, & remplis d’une fubftance blanche & filamenteufe, ou de filets mouvans, ne font rien autre que des grains avortés : enfn, l'on peut prouver par Linnæus mème , qu’elle n’eft pas in- connue dans les pays du Nord. Un peu de prévention, ce me femble, du côté de M. Rainville, l’a empêché de voir dans ce célèbre Na- turalifte, la réalité d’une maladie du froment différente du charbon, ou de lsflilago tritici hiberni. Je le ‘prie donc de faire attention au 6 VII. du Mundus inviftbilis, où il y a ce qui fuir. Jarer grana tri- zicea INVENIUNTUR SÆPE nonnulla imperfecla , dimidiato grano ferè fimilia :hæc pluribus licet annis ficcata, CORCULUM , aquis in jeéla, mox emittunt vermiculo fémilem : an vitam habeat animatam | neCeTe y dicere non aufim ? eritque hoc objeilum curiofis olim digniffimum. N’eft-il pas manifefte qu'on parle dans ce pallage, de ces petits grains que jai nommés avortés ? Avant que de finir mes remarques fur le Méinoire de M. -Rainville , il me permettra de dire qu'il né m'a point paru que mon Ecrit ait abfolument befoin d'explication par rapport à la pro- priéré que j'aurois attribuée au bled charbonné ou avorté, de proe duire une plante de froment. M. Tillet a donné les réfultats d’un grand nombre d'expériences qu'il avoit faites pour prouver la conta- gion de la pouflière noire du bled charbonné ; il n’a. pourtant pas fait remarquer que ce n’eft pas la pouflière noire même qui germe & produit une plante; je n'ai pas cru non plus néceflaire de faire obferver que les plantés provenues de mes femailles , n’étoient pas le produit des anguilles que j'avois mêlées en terre avec de bons grains. On comprend affez par ce que j'ai dit , que l'oppofñtion entre les Obfervarions. de MM. Néedham & Rainville, & celles que j'ai faites, n'eft qu'apparente : il ne me fera pas aufli aifé de débrouiller l'article qui fe rapporte à la contrariété des fenrimens far lergot , d'autant qu'il paroïc qu'on air voulu l’embarraffer à deffein. Un Auteur a écrit dernièrement (2), qu'il y a deux, efpèces de mala- dies que des Naturaliftes François ont nommées ergos , favoir , celle (x) Cülture des Terres, Tome IV, page 16 (2) Raccolsa di Opufsoli Fificoz Medici, Vol. VI, Firenze. 1775: \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 373 qui fait prendre aux grains la forme d’éperon de coq, & celle dans laquelle l'intérieur du grain eft rempli de filets en forme d’anguilles ; qu'il ne fauroit imaginer la raifon pour laquelle on s’eft déterminé à donner le nom d’ergot à cette feconde maladie, qu’on n’a appris cependant à connoître que par l’occafion d’avoir examiné les an- guilles qui l’accompagnent ; qu’il feroic néceflaire que l’on connûc précifément laquelle de ces deux efpèces d’ergot eft vénéneufe , queftion , dit-il, qu'il ne peut décider par l’expérience, par la raifon que les bleds de la Tofcane font peu fujers à ces deux maladies (1). D'abord , je ferai obferver que ceux qui ont fait connoître cette prétendue feconde efpèce d’ergor, fonr MM. Tillet & Duhamel: or, ni l’un ni l’autre de ces deux célèbres Académiciens n’ont fçu que ces grains viciés contenoient des anguilles ; elles ne font donc pas ce qui a occalonné la connoïffance de cette maladie : il me femble que c’eft par mes Mémoires qu’on a été averti que les bleds attaqués de cette maladie , font ceux où l’on peut trouver les an- guilles de M. Néedham. Secondement , je dois remarquer que les expériences que l’on en- treprendroit pour décider laquelle de ces deux efpèces d’ergor eft celle dont l’ufage pourroit être fuivi de ces funeftes effers que l'on fuppofe , feroient faites en pure perte. I] ne peur y avoir là - dellus de queftion : tout le monde accorde que c’eft à l’u- fage du feigle (2) & non pas du froment, que l’on a attribué ces maladies : or , il eft für, tant par les obfervations de M. Tiller, que par la longue fuite de celles que j'ai faires , que l’avortemenc des bleds, qu'il eft permis aux perfonnes qui pourroient avoir des raifons pour le faire, de nommer ergot , fécond ergot , où faux ergor, tout comme elles le voudront; il eft für, dis-je ; que l'avortement des bleds eft une maladie du froment , & qu’on ne la trouve point dans le feigle : il eft vrai que par art , on peut la donner au feigle même; mais dans ce cas, la nature de cette production eft telle, qu'il faudroit être bien mal-avifé pour foupçonner que l’on doive attribuer à cette efpèce d’atômes de grains , les maladies dont il s’agit (3 ). (1) Ib. pages 47, 48,49... 60, 64. (2) 11 eft vrai que c'eft à l'ufâge du feisle ergoté qu'on a attribué, peut-être fauffement , les accidens terribles dont l’hiftoire fait mention ; mais il feroi très- important de connoîtte quelles font les maladies que le bkd rachitique, par exemple , eft capable de produire. î 1} (3) Voyez Mémoire 2, page 198, 1994 374 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Troifièmement , je fais, & M. Tillet ne l’a pas moins fçu, que l’on confond le bled avorté avec la graine de la xigella arvenfrs , avec d’autres graines de plantes qui croiffent dans les bleds , ou mème avec le grain charbonné; mais nous ignorons également qu'on l'ait jamais confondu avec l’ergos , ni qu’il y ait des Naruraliftes François qui l'ayent connu fous ce nom ; mais de favoir pourquoi des Savans de cette Nation ont penfé que l’ergot étoit le fujer qui pouvoit fournir les anguilles de M. Néedham , ce n’eft pas une queftion dif- ficile à être éclaircie. Les Obfervations de M. Néedham fur le bled qu’il appella zie/lé, ont été faites en Angleterre; & dans le tems, ce Naturalifte n’a- voit pas encore vu d’ergot; il apprit à le connoître dans la fuite étant à Paris : il voulut l’examiner avec le microfcope, & il conclut de fes Obfervations , que les grains du feigle ergoté , confidérable- ment augmentés dans toutes leurs dimenfons , & extraordinaire- ment gonflés, » à tous autres égards, refflembloient 4-peu-près au bled » niellé, noirs à l'extérieur, flamenteux en-dedans, & engendrant » comme eux des êtres vivans (1) «. De ce réfultat énoncé d’une ma- nière un peu équivoque ; on en conclut que, felon le Naturalifte Anglois, l’ergot contenoit des anguilles, & comme d’ailleurs il éroic allez évident que la pouflière noire du bled connu fous le nom de bled niellé ou charbonné , n’eft pas un compofé d’une fubftance blanche & filamenteufe , on s’en tint à l’ergot, pour défigner le fujet dans lequel on pouvoit croire que M. Néedham avoit trouvé des anguilles. Lors donc que M. Tillet défigne par le nom de bled ergoté (2), le fujet qui, dans l'opinion de M. Néedham , auroit dû contenir des anguilles , il parle du bled ergoté qu’il connoïfloit, que lui-même a décriten détail, & non d’un fecond ergot, ou d’un faux ergot , qui après tout feroit ce grain même, que lui, le premiet d'entre les Naturaliftes , a fait connoître , & qu'il a appellé grain avorté : or , cet habile Académicien n’a point trouvé d’anguilles dans l’ergot , puifqu’il l’a confidéré comme une galle occafonnée par la piquure d’un infecte. : Quant à M. Aimen, il réfulre de fon propre expofé, que pour vérifier l'Obfervation de M. Néedham , il n’a opéré que fur ce feigle ergoté connu de tout le monde, & par Le LA il eft certain qu'il a opéré fur l’ergot qui ne contient point d’anguilles : il eft vrai qu'il dit que les filets du feigle ergoté, trempés dans de l’eau, pren- nent du mouvement ; mais comme A ÉDARE qu’il faudroit être trop ama- (1) Obfervations nouvelles , page 225, Note, C2) Dilfertarion fur la caufe, &c. page 16e SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 375 teur du merveilleux pour prendre ces fibres mouvantes pour des an- guilles ou des animaux (1), il s'enfuit que l’objet obfervé dans le feigle ergoté , ne devoit pas être le même que celui qui eft en quef- tion : j'accorde que même après avoir obfervé au microfcope ces fila- mens mouvans , on puifle encore difputer fur leur nature ; mais Won les ait réellement vus , & que néanmoins on juge qu'on ne Éuroie les prendre pour des animaux, à moins que d’être tIOP ama= reur du merveilleux, c’eft ce qui ne me paroît pas poflible. Il eft donc très-probable qu’en effet, M. Aimen n’a vu que ces filamens de la moififlure ou du mucilage , qui fe produit dans les fubftances végétales ; lorfqu’on les tient quelque tems en macération , comme il paroït que ce Naturalifte a dû faire. Seroient-ce peut-être ces mèmes filimens, que l’habile Obfervaz teur au microfcope, M. l'Abbé Fontana , auroit vus dans cette ef- pèce de grain, qu'il a appellé en Italien Grano fprone ou Cornuto (2), La perfuañon que l’ergot devoir être le fujet, qui auroit été exa- miné par M. Néedham , auroit-elle influé fur les réfultars de fes obfervations , comme il femble qu’elle l'ait fair fur celles de M. Aimen ? Voilà la queftion qui me refte à examiner pour débrouiller les contradiétions apparentes que préfentent les Auteurs que j'ai nommés au commencement du préfent Mémoire; queftion que je fuis d'autant plus porté à traiter, qu'il y a apparence qu'après cette difcuffion , les faits relatifs aux anguilles de M. Néedham, pour- roient bien ètre confidérés pour complètement décidés. M. Fontana eft en ufage de ne communiquer d’abord au Public fes découvertes, que par le canal de quelques amis , & il fe ré- ferve toujours le droit, comme lui-même s’en exprime, de per= mettre à fes obférvations de fe montrer au Public dans les formes (3). Dans l’attente de cette permiflion, on ne manque pas d'annoncer que les Livres, où les Obfervations feront détaillées, fonr aëtuel- lement fous la Prefle, & qu’ils vont paroître d’un jour à l’autre (4) ES (1) Mémoires & Partie étrangère, Tome IV , page 374. (2) Sprone en Italien, pris dans fa propre fignification , repréfente précifément la même idée que l'Ergot des François pris auffi dans le fens propre : la même raifon a fait appeller certains grains ergor, ou bled ergoré en François , & grano fprone en Italien, (3 ) Davos une efpèce d'Avant-propos, qui a pour titre: A'qui voudrallire, page 9 , Offervazioni fopra la ruggine del grano. Lucca 1767. (4) Dans le Livre de M. Fontana, imprimé à Luques , 1766, fur les g/obules du fang, pages 14, 15, il ya une longue Note d'un Ami, qui certifie que bien tôt on publiera un Ouvrage où cet Auteur prouvera, par des obfervations déci- fives, la vérité de ctcize propolitions qu’on énonce J'une après l'autre, & qui 316 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cependant, ces Livres s’obitinent à ne fe point montrer, ou fi on imprime quelque nouvel échantillon , il fe trouve en contradiction dans des points efentiels , avec ce que les amis avoient déja publié. Je fais cette remarque , parce qu'elle eft néceflaire à l'intelligence de ce qui doit fuivre. On à donc publié à Florence , dans quelques imprimés de cette nature , que le célèbre M. Fontana avoit vu que l’ergot ( grano- Jprone , o cornuto ) eft une galle remplie d’anguilles, fous la forme de filamens; que le caraëtère décidé de l’ergot réellement vénéneux , eft d’être rempli de cette efpèce de filamens (1); que ceux qui dou- tent de la qualité vénéneufe de l’ergor, ignorenc les découvertes de M. Fontana, puifqu'il eft évident que le fel âcre & piquant des anguilles qui y font contenues, doit diminuer, dans ceux qui s’en nourriflent, lirritabilité de la fibre mufculaire, & occafñonner par-là, &c. (2); qu'on imprimoit aduellement un gros Ouvrage de l’Auteur , où le tout feroit amplement prouvé & éclairci , & qu’en attendant, on fe attoit de faire plaifir au Public en publiant un Précis de ces découvertes ( 3 ). C'eft ce mème Précis imprimé dans les Nouvelles littéraires de Florence, du 1771, comme Szpplément dela Feuille du 27 Juil- ler, qu’on vient de réimprimer fous la forme de Lettre. avec des corrections & des addirions , à Rome, dans l’Artologie, & à Paris, dans le Journal de Phyfique de M. l'Abbé Rozier. Cette Lettre porte la date du 10 Mai 1771, date qui n’eft pas foutenable. Le Szpplé- ment que je viens de citer, dit formellement, que M. Fontana a fait fes obfervations dans le cours du mois de Juin 1771, & d’ail- leurs, on ne fauroit la foutenir , à moins que l’on ne fuppofe que les bleds müriflent à Florence vers la moitié du mois d'Avril; car on lit dans le Sypplément , autant que dans la Lettre qu’on vient de publier , que les obfervations ont été continuées jufqu’à la par- faite maturité des grains. Quoiqu'il en foit , je dois faire remarquer, que par rapport au Tremella, il n'y a aucune différence entre le Supplément & cette Lertre ; c’eft la même pièce mot à mot; mais qu'il y a des variations dans la partie qui regarde l’ergot, & que ces variations aboutiffent à voiler la vraie efpèce du fujer, dans toutes regardent des points conteftés fur la nature des. animalcules des infufions., Ce Livre n'a jamais paru, & fon annonce à fait interrompre Jes recherches de quelques autres Obfervateurs fur les mêmes objets. (1) Lapi Differrazione fopra il Loglio, pages 18, 19. (2) Novelle Lerterarie 1771, page 815. (3) Supplemento al ; N?. XXX, delle nov. Lettere 17714 laquelle SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 377 laquelle on avoit dit avoir trouvé les anguilles; à ne plus parler de la qualité vénéneufe de ce même fujer, que d’une manière un peu douteufe; on voit qu’il ne s’agit pas de quelques changemens indifférens : des obfervations qui, comme faires fur un individu, devroient être réputées chimériques , peuvent être tenues pour réel- les, fi on les rapporte à un autre. On croira peut-être, que de tout ce que je viens de dire, il doive s’enfuivre que l’habile Obfervateur s’en foit laiffé impofer par des apparences, lorfqu’il a cru voir des anguilles dans fon ergot vénéneux, Cependant , mon fentiment n'eft pas tout-à-fait celui-là. Malgré l'impoflbilité de réuflir à vérifier les obfervations en quef- tion, fi on vouloit opérer d’après les traces marquées par leur Au- teur ; impofhbilité que la vue des figures, publiées dernièrement par l’Auteur de la Colleétion de Florence, cité ci-deflus, rendroit encore plus grande; car, quoiqu'il y en ait douze pour repréfen- ter les grains fur lefquels on auroit opéré , il n’y en a pas même une feule qui repréfente la vraie efpèce du grain, qui peut con- tenir des anguilles : malgré l'apparence qu'il y a , qu’on n'ait vu que les mêmes filets obfervés par M. Aimen; malgré, dis-je, ces puilfantes confidérations , il eft vrai néanmoins que mes propres obfervations, combinées avec celles que M. Tillet à faites, jettent de la lumière fur celles de M. Fontana, & qu'à l’aide de cetre lumière, on peut appercevoir qu’elles doivent porter fur des faits réels , comme on va le dire. Ce Savant a obfervé dans les épis & dans les balles mème de fon ergor , une multiplication des grains ; or, ce fait qui eft com- plètement faux, fi on le rapporte à cet ergot , connu de tout le monde , eft cependant très-conforme aux obfervations de M. Tillet & à celles que j'ai faites , fi on l’applique au bled rachitique & aux grains avortés : d’ailleurs, comme on trouve au-dedaus des grains avortés , les mêmes êtres , que M. Fontana dit avoir vus dans l'intérieur de l’ergot , il réfulte de ces deux confidérarions, combinées enfemble , qu’il doit réellement avoir obfervé les phé- nomènes du bled avorté. De favoir, après cela, pourquoi, au lieu de donner des figures qui faffent voir la forme de ce dernier grain, on en ait publié dernièrement jufqu’à douze qui ne préfentent que des grains ergotés du feigle ou du froment, c’eft un article qui m'eft tout-à-fait incompréhenfible (1 ). (x) L'Auteur de Ja Colleion de Florence, cité ci-deffus , avoue que le bled obfervé par M. Fontana , eft le même que celui fur lequel j'ai opéré : il Tome VII, Part. I. 1776. Cce 373 OZSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Maintenant , fi on fait attention que l’ergor eft un objet très- connu, & que depuis quelque cems, il n’eft pas moins connu; que réellement ce même ergor ne contient point des anguilles, on com- rendra la raifon d’un fait qui a patu fi étrange à l’Auteur de la Collection de Florence, furpris de ce que le Public n'a pas montré avoir fait cas des obfervations rapportées dans le Supplément : les perfonnes qui pourroient avoir lu ceite Feuille (1 ), l’auront con- fidéré comme un article de gazette, qui ne fe rapportoit à aucun Ouvrage imprimé , dont le contenu n’éroit garanti par perfonne , & qui d’ailleurs, préfentoit des faits qui contredifoient les con- noilfances , que dans le tems on avoit déja fur l'ergor. N'eft-ce pas ce Mémoire-ci qui rendra intelligible ce Supplément, qui rendra 1n- telligible la Lettre mème de M. Fontana. qu'on vient de publier? Mais on écrit que la découverte de la nature des anguilies de M. Néedham , eft due manifeflement à M. Fontana, & que par rap- port à ce fujer, mes deux Mémoires ne contiennent rien de nouveau, fur quoi il me doit être permis, ce me femble, de faire deux petites remarques. 1°. M. de Fontana n'a rien publié fur l’origine des anguilles , qu'après la publication de mes deux Mémoires. 2°, Le tems dans lequel il a fair fes Obfervations, favoir, le mois de Juin 1771, n'eft pas antérieur à celui où j'ai conduit les miennes. À la vérité, je n'ai pas marqué des dates dans mes deux Mémoires, mais ceux qui voudroient s'amufer à les y tirer, pour- roient vérifier que j'y donne la fuite de cinq années d'Obfervations. 11 réfulte de mon premier Mémoire , que dans la première année de mes recherches, j'ai découvert l’efpèce de maladie qui attaquoit ceux d’entre les pieds de froment qui portoient les grains remplis d’anguilles; & que dans la feconde, j'ai accompagné ces anguilles depuis leur entrée dans les racines de la plante, jufqu'à l’entière maturité des grains. Ayant ainfi connu toute l’économie de certe produétion, je me formai des difficultés tirées des expériences faites par M. Tiller fur les bleds charbonnés ou cariés, comme il les ap- ER avoue auffi que ces grains font plus petits que les grains fains ; c'eft {on affaire d'accorder ces deux aveux avec les figures qu'il a publiées, & qu'il dit venir ori- ginairement de M. Fontana même. (x) Je n'en fuis pas du nombre ; je n'ai eu de connoiffance de ce Supplément, que par des Feuilles périodiques , publiées après l'imprefion de mes deux Mé- moiress & c'eft auffi uniquement par ces mêmes Feuilles, que j'ai connu, pour ; RQ fois, que M. Fontana avoit fait des obfervations fur les anguilles e l'ergot, SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 339 pelle, & je répérai pendant trois années confécutives , ces mêmes expériences pour en conftater les réfultats (1): c'en eft allez pour montrer que mes deux Mémoires préfentent la fuite de cinq ans . d'Obfervarions : on pourroit encore en donner d’autres preuves tirées des mêmes Mémoires, fi cela en valoit la peine. Il réfulte de tout ce qu’on a dit dans le cours de la difeuffion où l'on eft entré , que les faits qui fe rapportent au fujet qui contient les anguilles, à leur origine & à leur nature, fonc tels que je les ai allégués dans mes Mémoires, & qu’on n'a pas encore fait des obfervations exaétes qui contrarient celles que j’y ai détaillées, comme il y a tout lieu de croire qu'on n’en fera pas à l'avenir. Il eft donc vrai qu'on chercheroïit en vain les anguilles de M. Néedham dans le bled niellé, où dans des grains charbonnés, ou dans l’ergot , foic du feigle , foit du froment (2); c’eft dans les grains avortés qu'on les trouve, & l'avortement eft une maladie propre au froment ; ma- ladie qu’on ne peut communiquer au feigle ou à l'orge, que juf- qu'à un certain point. Mais eft-il vrai que le bled de fouris, femétout pur, donne néan- moins des grains avortés, comme il paroîc s’enfuivre des Obfervations de M. Tillet ? Les expériences que j'ai faites pour éclaircir ce point dans le cours de l’année 1775, ont été accompagnées d’une circonf- tance qui ne me permet pas de tirer des conféquences de leurs réfultats; mais cette circonftance même , mérite l'attention d’un Ob- fervateur. Je puis aMurer que depuis l’année 1768 , on a toujours eu dans nos cantons les bleds plus ou moins infectés de l’avortemenr, felon qu’on avoit apporté plus ou moins de foin dans le choix de la femence:or, voilà qu'en 1775, je n'ai pu réuflir à trouver en pleine campagne, un feul pied attaqué de cette maladie, pas mème dans les endroits où j’avois mêlé tour exprès la bonne femence avec des grains avortés. Après la récolte faite , j'ai vifité les ordures & les criblures des bleds, & à peine ai-je pu démêler quelques crains avortés : je ne faurois attribuer ce fait qu’à la longue fécherefle que nous avons eue au Printems de la même année, car j'ai prouvé dans mon premier Mémoire , que c’eft dans cette faifon que les anguilles s’introduifent dans la plante du froment : en effet, les bleds que j'ai eus dans plufeurs pots, où j'avois femé de bons grains avec ceux qui étoient avortés ; ces bleds, dis-je, ayant été arrofés felon l’exi- gence de la végétation, porterent beaucoup de ces derniers grains. EE RO PPT EE Re nn RE RE EVE Du C1) Voyez fecond Mémoire, page 200. (2) Ce que M. Roffredi dit ici, eft exatt, & nous avons fous nos yeux les pièces juftificatives de ce qu'il avance, CECI 3380 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Quoiqu'il foit donc vrai que mes plantes de #/ed de fouris ne m'ont pas fourni un feul grain avorté , je conviens pourtant que la circonf- tance du fait que je viens de rapporter, rend l'expérience nulle , quant à la conféquence qu'on voudroit en tirer. La figure 2 de mon premier Mémoire , qui repréfente une mere- anguille du bled avorté , eft exacte dans un fens, en ce qu’elle n'offre que ce que j'ai vu plufeurs fois 3 mais dans un autre fens, je ne difconviendrai pas qu’elle ne foit défectueufe , fur-tout par la raifon que l’on ne fauroit comprendre par fon moyen , la dépen- dance des principaux vifcères de l'animal les uns des autres: je fs fentir dans une note, p. 13. que cette raïifon m'avoit empêché de donner une defcription détaillée de cette figure , mais que j'y aurois fuppléé par la fuite : je ne prévoyois pas alors que la nature du fujet fur lequel je devois opérer, pût m'oppofer des obftacles plus forts encore que tout l’art dont j'aurois pu m'aider pour parvenir à con- noître diftintement l’enfemble des parties principales qui occupent fon intérieur. Il eft fi lourd , ce perit animal , qu’on ne le voit guères s'étendre & fe dévider; & comme d’ailleurs , la membrane qui lui fert d’enveloppe, eft extrèmement foible , elle fe rompt à une petite compreflion dont on voudroit faire ufage pour dégager les différentes parties les unes des autres. La bouche de cet animal doit être , comme dans les autres ef- pèces d’anguilles microfcopiques , une très-petite ouverture ronde, qui répondroit à l'extrémité d’un tuyau, qu'on peut nommer l'éfo- phage ; mais cette ouverture qui eft quelquefois obfervable dans les autres efpèces d’anguilles, ne s’eft jamais préfentée diftinétement à mes regards dans l’anguille dont je parle; cet animal eft toujours trop ramallé pour que l’on y puiffe découvrir de telles parties. Je connoiïs huit efpèces d’anguilles microfcopiques , & dans toutes, j'ai vu conftamment un peu plus, ou un peu moins près de la bou- che, cet organe fingulier par fes mouvemens d’ofcillation , de con- traction & de dilatation , duquel organe j'ai parlé dans le fecond Mémoire : je lai aufli découvert, quoiqu'avec beaucoup de difficulté, dans l’anguille du bled avorté. Il eft fitué fort près de la bouche , & on y peut obferver par intervalles , les mouvemens de la dila- tation & de la contraétion ; mais je n’y ai point vu ni le mouve- ment d’ofcillation, ni les deux pilules qui, dans les autres efpèces, occupent le centre de l'organe dont je parle, & qui ont des mou- vemens fi particuliers. Pour découvrir cet organe dans quelques efpèces que ce fois de ces anguilles , il faut choifir des individus qui ayent prefqu'atteint leur dernier point d’accroiflement : on ne parviendra pas à le voir, par exemple, dans les petites anguilles repréfentées par la figure 8 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 381 du fecond Mémoire ; mais on pourra le découvrir dans ces mêmes anguilles , après que, dans une faifon appropriée à leur nature, elles auront pris leur accroiflement , car j'ai eu tort de les avoir confi- dérées comme une fort petite efpèce d’anguilles : après leur accroif- fement, elles reffemblent à pluñeurs égards, à l’anguille de vinai- gre , & leur conformation eft très - jolie. = Cet organe, dont je viens de parler , eft fuivi dans l’anguille du bled avorté, de l’eftomac , qui et d’une forme beaucoup différente de celle que l'on pourroit imaginer à s’en rapporter à ce qui eft exprimé dans la figure 2. Il m'a paru , après lavoir bien examiné, que dans cet animal , le ventricule eft un fac, tel à - peu- près que celui que j'ai obfervé dans l’anguille de la colle de farine (1) :il fe continue fous la courbure du gros inteftin ; mais de favoir précifé- ment la route qu'il tient dans fon prolongement , fa forme , l'endroit de fon infertion dans les inteftins; c’eft ce qui me paroît très-difii- cile, vu les obftacles indiqués ci-deflus, qui s’oppofent à une exacte obfervation. L'ovaire de la mère - anguille eft la partie que j'ai pu obferver le plus diftinétement : fa forme eft celle d’un matras à très-long col , & par-là, elle diffère totalement de celle qui appartient aux matrices de toute autre efpèce d’anguilles microfcopiques : le fond de l’o- vaire, où la partie qui répondroit au corps globuleux du matras , n'eft pas placé tout-à-fait au centre du corps de l’animal ; il eft un peu plus près de la queue que de la cète. L’Auteur de la Colleétion de Florence qui, pour confronter avec l'original la figure de la mère-anguille que j'ai publiée , à été obligé d'aller chercher en ville qui auroit un microfcope , s'eft permis néan- moins de décider que cette figure eft moins exacte que celle que M. de Fontana avoit donnée (2). Cet arrêt n’eft rien moins que ré- fléchi : cette figure plus exaëte, ne marque dans l’anguille , que pré- cifément trois feuls objets, favoir , deux fentes, des œufs, & rien autre : la première fente eft longitudinale , & on la donne pour la bouche de l'animal, bouche que l'on compare à celle de l’anguille- poiffon : rien de plus imaginaire qu’une telle bouche. Je ne chercherai pas à faire des incidens fur la vraie forme de la feconde fente , qui eft la fexuelle; je dois cependant faire obferver qu’elle eft réelle- ment de deux tiers plus près de l'extrémité de la queue de l’ani- mal , de ce qu’on la voit placée dans la figure de M. Fontana. Pour les œufs qu’on a repréfentés tous de la même groffeur, voici (x) Voyez fecond Mémoire, figure première, (1) Pages j9, 60. 382 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'emplacement qu’on leur a donné : une file d'œufs commence fort près de l'extrémité antérieure de l’animal , & certe file eft compofée de 1$ œufs; après, vient un grand vuide qui égale la huitième partie de la longueur torale de l’anguille ; enfuite, la file des œufs recom- mence:; elle en a 9 , dont le dernier aboutit à la fente fexuelle : l'expofé de cette diftribution n’eft pas affurément un bon garant de l'exaétitude de la figure. Pour la figure 1. qui répréfente un de ces animalcules, tels qu'ils font dans les grains avortés | mürs & fecs , animalcules que dans cet état j'ai appellés anguilles communes | V'Auteur de la Col- leétion n'a pas jugé à propos d’en parler , ni de la comparer pour l'exactitude , à celle de M. Fontana ; mais qu’a- r'il fair ? Comme célle-ci ft; par rapport à l'original, cornplertement difforme , il l'explique néanmoins (1) dépendamment des traits caractériftiques qu'il a puifés dans la mienne , & il l’explique tout comme fi ces traits éroient réellement exprimés dans la figure 17 de M. Fontana. J'ai fait fentir dans la note p. 13 du premier Mémoire, que j'a- vois des obfervations propres à faire juger que les anguilles d’une moindre groffeur, qu'on'rencontre dans le bled avorté , mêlées avec les groffes anguilles-mères , étoient les mâles de l’efpèce, ce qui alors n'étoit appuyé que fur des obfervations incomplettes ; on peut l'annoncer à préfent, pour un fair certain, que j'ai vérifié fans équi- voque : du côté de l’obfervarion , M. l'Abbé Fontana a vu le mème fait, & la figure que l’Auteur de la Colleétion de Florence a pu- bliée de la ‘partie qui caractérife le mâle de l’anguille du grain, qu'il aime appeller l’ergot, eft à-peu-près conforme à ce que j'ai vu dans le mâle de l’anouille du bled avorté. Il eft connu qu’en matière d’obfervations , tout comme en tout genre de connoïffances, une découverte ouvre la route pour en faire d’autres : celle que je fis des mâles dans les anguilles de la colle de farine & dans celle du bled avorté, m’a conduit à les découvrir dans toutes les efpèces de ces animaux qui me font connus : l’anguille du vinaigre doit être diflinguée en mâle & femelle, tout comme cela le doit être des autres efpèces d’anguilles microfcopiques. On peut fe rappeller que jai dit de cette anguille dans le fecond Mé- moire, p. 217.» que lorfqu’elle a pris à-peu-près fon accroiffement, » on y obferve vers le commencement de la queue , une efpèce de » languette #, 8 (fio. $.) dont l'extrémité eft rantôt un peu fou- » levée fur l'extérieur de l'enveloppe de l'animal , & tantôt adhé- »rente, & feulement marquée par un trait brunâtre «. Or, ce que oo (1) Page 52, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 383 j'avois pris pour une languette um peu foulevée ; eltl'extrénrité de la partie du mâle , laquelle dans l'intérieur de l'animal, eft formée à-peu-près en $. J'ai dit dans mon fecond Mémoire, que M. Muller, qui avoit cru probable que l’anguille microfcopique fe dépouille comme font les ferpens & d’autres infeétes, s’éroit peut-être trompé, en prenant les parties de l'appareil qui caraékérife le mâle de l'anguille de la colle de farine pour une petite:portion du fourreau, qui feroit prête à fe féparer de l'animal. Cette conjecture a été hazardée de ma part, je la retracte : il eft fi difficiles en fait d’obfervations microfcopi- ques , de bien juger de ce que les autres ont vu, par ce que nous avons vu nous-mêmes! J'ai reconnu par la fuire , que le foupçon de M. Muller n'étoit pas feulement bien fondé; mais que de plus, on pouvoit le faire paller en fait, puifque depuis , il m'eft arrivé plu- fieurs fois de voit des anguilles fe dépouiller de leur fourreau fous mes yeux. 7 C’eft uniquement par déférence pour l'opinion reçue générale- ment , que j'ai parlé de la groffe anguille de la colle de farine, comme d’un animal vivipare , ou tout enfemble vivipate & ovipare, cependant je manque d’obfervations pour wconfirmér ce fentiment. Cette anguille, dans la fig. 1. eft repréfentée ovipare, & ona dir dans le fecond Mémoire , que ce qu'on pouvoir conclure des ob- fervations que j'avais faites jufqu’alors , eft que dans l'arrière faifon, aufli-bien que dans l'hiver, elle n’eft qu’ovipare ; mais voici ce que jy ai obfervé dans d’autres tems : j'ai vu plufeurs fois des mères- anguilles de cette efpèce, donc le corps étoit rempli de petirs, tous vivans & pleins d'activité ; ces jeunes anguilles fe promenoient le long du corps de leurs mères, en allant vers la tête, & en en -re- venant : fi je coupois la mère, toutes,ces petites anguilles fe répan- doient fur le porte - objet : cela , je l'ai obfervé; mais'j'ai ue marqué que dans ces cas, la mère-anguille étoit réellement morte, ou mourante , & que les mouvemens quelle paroifloit fe donner , n'éroient dus qu'à ceux des petites anguilles renfermées dans. fon corps : ne pourroit-on pas conclure de ces obfervations, que certe efpèce d’anguille-ne paroît-être vivipare ;-qu'enfite d’une obftruction; d’un dérangement dans le conduit qui devroit donner une iffue aux œufs ? On a vu que dans certe efpècé , la ponte des œufs eft ac- compagnée d’un déchirement de l'enveloppe de l'animal, vers le centre de la matrice ; il eft probable que des obftacles qui s’oppoferoient à cette opération ; peuvent empêcher leur fortie ; &. occafionner par-là ; la: maiffance dés petites anguilles ; dans lé cotps même de leur mère. 334 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Il n'y a donc que la feule anguille du vinaigre qu'on puiffe affu- rer être réellement vivipare : je n'ai jamais vu des œufs dans le vinaigre , & ayant confervé pendant plufieurs jours dans un verre de montre , de ces groffes anguilles femelles , j'ai obfervé que Leur intérieur fe vuidoit fucceflivement de petites anguilles qui y étoient contenues, & non pas d'œufs. J'aurois voulu parler dans ce Mémoire , de quelques faits relatifs à la queftion très-embarraflante qui regarde l’origine des anguilles dans les préparations des fubftances farineufes, & reroucher en même- tems l’autre queftion , qui fe rapporte à l’origine du bled charbonné; mais je me trouve arrêté par une obfervation de M. l’Abbé Fontana: c’eft un fait connu, & qui a déja été rapporté par M. Tillet, qu’on trouve des épis qui portent à la fois de bons grains , des grains charbonnés & des grains avortés ; mais qu'un feul individu, fous la même enveloppe, foit attaqué tout enfemble du charbon & de l'ergor (avortement), c’eft-à-dire , comme M. Fontana l'explique , qu'un même grain , fous la mème enveloppe , renferme & la pouf- fière noire du charbon (1), & les anguilles de l’ergor (du grain avorté); c’eft ce qui me paroît fi contraire à la nature de ces deux maladies, que je ne faurois admettre ce fait , à moins d’en avoir des preuves décifives & propres à en conftater la réalité. I eft vrai pourtant , que ce mème réfultat changeroit entière- ment de nature, fi on devoit s’en rapporter à l’Auteur de la Col- lection de Florence, qui paroïît, au-refte , fort bien inftruit des fenti- mens du favant Obfervateur de l’ergot : or, cet Auteur , dans le Précis qu’il nous donne de la même Obfervation , dit, » que dans » le mème grain charbonné, infeëté de l’ergor (de l'avortement), on » trouve des animaux comme dans l’ergot , mais d'une nature diffe- » rente (1)«. Cette addition ou explication, change furieufement le fens de la thèfe; mais aufli la totalité du texte préfente une contra- diétion manifefte , car fi les anguilles contenues dans un grain charbonné , font d’une efpèce différente de celles que l’on trouve dans l'ergot , ce grain charbonné ne fera pas infeélé de l'ergot , à moins (1) La Volpe, qui a fervi à M. Fontana à faire quelques expériences , n’eft as, comme il l'a cru, nommée par M. Duhamel, la Nielle, mais charbon, ou Pied charbonné. Dans la Nielle du célèbre Académicien, les enveloppes des grains font détruites, & elles font confervées dans le charbon ; or, il eft manifefte, par l'expofé de M. Fontanai, que fa Volpe eft une pouflière noire contenue dans les enveloppes du grain : elle eft donc le bled charbonné de M. Duhamel, (2) Page 56. que SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 385 que l’on ne précende que la colle de farine , les infufons des vé- géraux, le vinaigre, &c. font également des fubftances inféélées de d'ergot, dès qu’elles contiennent quelques efpèces d’anguilles microf- copiques. Pour plus d’une raifon , je dois prendre connoiffance de ce fait, avant que d'entrer dans aucune difcuflion fur les articles que je viens d’énoncer. PE BUS Er A 7: T1 ON Faite dans les environs de Montpellier , fur l'effet des Gelées , du mois de Janvier 1776 , fur les Oliviers. Par M. MourGuE, de la Societé Royale des Sciences de Montpellier, de la Société d'Agriculture de Lyon , 6 de la Société Economique de Berne. ; x uoiQuE l'intenfité du froid, qu’on a reffenti cette année en Europe, & fur-tout dans les Pays feprentrionaux , paroiffe avoir été plus grande qu’elle ne le fut en 1709, les effets n’en ont pas été aufli nuifibles à la végétation; ils n’ont pas mème été aufli fenfibles que ceux que nous éprouvâmes par les froids des années 175$ & 1766. Le Languedoc perdit beaucoup d’oliviers en 1755. Il y en eut d’endommagés en 1766. Il eft fâcheux que nous n'ayons pas des cbfervarions affez fuivies des variations de l’athmofphère & de leurs influences fur la végération , pendant ces années, quoique très- près de nous, pour connoître les circonftances méréorologiques qui _ont précédé ou fuivi les froids qui ont caufé ces dommages. J'ai obfervé , avec l’attention la plus fcrupuleufe, la marche & les effets, fur la végétation, des froids de cer hiver 1776. Je puis annoncer , avec la plus vive fatisfaétion , qu’ils n’ont occafonné efqu’aucun dommage aux troupeaux , aux terres enfemencées, à £ vigne , aux arbres fruitiers, & même en général aux oliviers, qui font les arbres les plus fenfibles aux effets de la gelée, J'ai parcouru les contrées qui nous environnent , & qui font, de- puis plufeurs années , le théâtre de mes obfervations agronomiques. Les Oliviers m'ont paru n'avoir prefque pas fouffert, Je ne les ai vus généralement & confidérablement endommagés que dans l’efpace Tome VII., Part. I. 1776. 386 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qui s’érend depuis la hauteur de Salefon (1), en tirant à l’£f, jufqu'au lieu de Lunelviel (1), & tout ce qui eft dans cette latitude au Nord & au Midi (3). Le dommage aux Oliviers y eft confidérable. Il en eft beaucoup de totalement morts, & prefque tous ont été touchés. : Etonné de l'effet circonferir & prefque local d’une gelée qui a éré générale, j'ai recherché la caufe de cette fingularité : j'ai confi- déré l’expofition , les abris , la nature du tertein , la tenue des ar- bres : j'ai comparé ces-obfervations avec de pareïlles, faites en d’au- tres lieux : aucune de ces confidérations ne in’a préfenté un réfulrac fatisfaifant , ne m'a donné la moindre lumière fur un fait aufli frap- ant, auf fingulier. Ne pouvant parvenir, par l’infpeétion locale, 5 trouver la caufe de ces dommages, j'ai eu recours à mon Journal météorologique , à l’hiftorique de mes obfervarions agronomiques. Jai va que nous eûmes un orage confidérable avec gros vent, tonnerre , grêle, à diverfes reprifes , & très-grofle pluie continue, depuis le Mardi 9 Janvier, à quatre heures du foir , jufqu'au Mer- credi 10 à cinq heures après midi; que cet oïâge, moins fort fur cette Ville, avoit déployé fa violence fur l’efpace qui s'étend de la hauteur de Salon à Lunelviel; que la grèle y avoit été plus grofle & en plus grande quantité, que dans les autres endroits par- courus par l'orage ; que les rivières & les ruifleaux, qui traverfenc cet efpace , avoient tellement groffi, que les parapets de prefque tous les ponts avoienrt été arrachés & emportés. J'y paffai le len- demain Jeudi 11 : les effets de cet orage éroient frappans. J'ob- fervai que les terres enfemencées, les arbres, les oliviers fur-tour, étoient fatigués, fi je puis ainfi le dire; par le vent, la grêle & la pluie. 1] plur encore les 12 & 13. du mois. Ea gelée commença le 14, & fe maintint jufqu'à la fin du mois, quoiqu'il y eut deux jours de degel les 27 &k 25. Il ya lieu de préfumer que la gelée auroit fait moins de dom- mage aux oliviers de ces: cantons ; fans la groffe pluie, la grèle, l'orage, qui doivent avoir rendu ces arbres plus fenfbles à l'effer des grands froids qui furvinrent inrmédiarement après. Cela paroît d'autant plus naturel & que vraifemblable,. que ces dommages mont pas éré occañonnés par les plus fottes gelées," mais. bien quelques RE = ] 6} Î ] : (1) Une ligue Eff de cette Ville, dE } 1 (2) Trois lieues & demie Eff de cette Ville. ; RROP ER EEE" 2 *2( 3) !Ce ‘qui comprend’ 'environ* deux lieues'& demie de l'Oueft à l'EF ,. & au ant do Nord au Sud, fur ep où ‘huit différentes Communautés. 39092 CU h N ‘TI 1 .)H À 32 ©1 ve, 7 SUR: L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3987 jours auparavant. Je paffai, les 22 & 23 Janvier, par les campagnes où les oliviers étoient le plus endommagés. J'obfervai qu'ils étoienc de couleur brune, prefque defféchés, & qu’ils annonçoient ce qu'ils avoient fouffert. IL eft à noter que le plus grand froid , qui fuivit la première neige qui tomba le 16, ne fit defcendré la liqueur du thermomètre qu’à 3 degrés ? au-deflous de la congélation , le 18 à fept heures du . matin ; que la liqueur ne defcendit qu'à zéro les 22 & 23, jours que je parcourus ces campagnes. Le mal étoit fair. Il furvint un dégel les 27 & 28. Le grand froid , avec neige, re- commença le 29. Le thermomètre defcendir à 6 degrés au-deffous de la congélation, le 31 , qui a été le jour le plus froid de cette année dans ce pays. Je parcourus les mèmes endroits les $ & 6 Février , après le plus grand froid , & je n'y trouvai pas plus dé dommages qu'il n'y en avoit eu dès le 22 Janvier. Ce qui me paroït démontrer évidem- ment, qu'on peut moins attribuer ces dommages à l'intenfité du froid & à fon action immédiate fur les oliviers, qu'aux cireonftan- ces locales & particulières qui Pont précédé , & qui ont donné plus d'activité , plus d’énergie à fon action ; ou qui one diminué la vi- gueur des corps qui y ont été foumis, en altérant leur confiftance habituelle. Car on voir que les oliviers n'ont fouffert aucun dom- mage, ni dans les mêmes campagnes , ni dans les rerreins adjacens, par des gelées qui ont fair defcendre la liqueur du thermomètre à 6 degrés au-deffous de la congélation; tandis qu’ils n'ont pu réfifter , dans les endroits battus par l'orage, à des gelées qui n’ont fait del cénidre la liqueur du thermomètre qu'à 3 degrés + au-deffous de la congélation. Pour rendre plus fenfble la caufe, les effers & l’explication que je donne des dommages occafionnés aux oliviers, je joins ici un extrait de mon Journal d'Obfervations météorologiques. Il feroit à fouhaiter que nous euflions des obfervarions particulières fur les circonftances des dommages occafionnés en divers tems , en divers lieux, par les phénomènes de l’athmofphère : on afligneroit la raifon de beaucoup d’évènemens qui ont paru extraordinaires , faute d’un examen immédiat , & dont l'explication a donné lieu à tant de fyftèmes qui embarraffent l'étude de la Phyfique & de l'Hiftoire Naturelle. D d d 2 338 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, OBS UE RON PAP EMIEMOEANE"S MÉTÉOROGIQUES. Janvier. Vents. Thermomètre. Etat du Ciel, | | 10|Sud-Oueft, vent Mere PE ee savecpluic, tonnerre, grêle, Sud-Eft, vent inférieur. Era à diverfes reprifes. 11|Nord- Oueft, Ste 6 à 7: | Couvert. 12|Nord- -Oueft, 2. Eft- Nord. EME SG: se 112à6 |Couvert. Pluie dès le foir, 13|[Eft-Nord-Eft, Le Nord , 3 à $ |Pluie. 14Nord-Ouelt , 3.0.0, .|} x 2 3, |Beau avec nuages. Glace: 15]Nord-Oueft, 3. . . .|—1à<+3!Beau avec nuages. Té[Nord-Eft, 1. . . . .|—1}7à—1}Neige tout le jour, 17]Nord-Eft, 1. Nord, 2. .|— ia +1) Neige le matin. Beau depuis midi, 18[Nord-Eft, 1. . . . .|—3:à—1|Très-beau. 19/Eft-Nord-Eft , 1. . . .|—21à—+2 Couvert. *? Dommage aux Oliviers 20ÏNordeEft, 1. . : . .| o2+ 3 Couvert. 21]Nord-Eft, 1. . . .! 4l o1àa 3 Convert. 22]Nord°Eft ÿ 1.100210, o à z |Un peu de neige le matin. Pluie depuis trois heures après midi. 23 INOTdS END re NES dE à $ |Couvert. La neige toute fondue 24[Eft-Nord-Eft , 2. . . o à $ Beau avec nuages. 25[Nord- ne 3 UE 2 otaz \Très- beau. 26|Nord-Eft, - + «+ e[—3 à + 1}Beau avec nuages. Les nuages ves nant de l'Oueft. 27iNord-Ef, (10 4. - lots Hans & givre, à diverfes re= priles 28|Nord-Oueft, 3. . . . .|+3 à 7 |Beau avec nuages. Déve/ complets 29|Eft-Nord- Et, 2. + + .[—zào [Neige& givre tout le } 7e: Ojiviers jour. n'ont point 30|Nord-Eft, 2. Eft-Nord-Eft,2,|—4 à —2|Couvert. Un peu def été endom- neige glacée. Hay pe ral 31[Nord-Eft, 2. . . . . .|—6 à — 2|Beau avec nuages. plus piquans Févr.\ : ane end e le T3 à Hi Couvert, petite pluie. À que Les pre- 2lEft, ANA re a+4 Petite brüine continue miers, Tems doux & tempéré depuis, Lys rat SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 339 EE — CON CENT AS TATIOEN. Des Principes de SraaLr avec les Expériences modernes fur l’Air fixe; Par M, DE MORFVEAv&L. Pre. d’un fluide élaftique dégagé de certains corps, fes propriétés reconnues & déterminées par les Expériences de MM. Black , Prieftley , Lavoiler , &c. ont paru démentir les principes de Sthaal fur quelques points effentiels | & ces contradictions appa= rentes, ont laiffé une forte d'incertitude & de défiance, qui ne peut que nuire aux progrès de la Science : j'ai penfé, en conféquence , que ce feroit rendre fervice à la Chymie, de faire voir que la dé- couverte de l'air fixe , découverte qui nous en promet tant d’autres à n'eft qu'un pas de plus dans la carrière ; que les nouveaux phéno- mènes fe concilient parfaitement, foit avec la doctrine de Sthaal fur Ja compofition des métaux , foit avec la théorie des affinités confé- quentes à la loi de l’atrraétion, & qu'ainfi nous acquérons , fans rien perdre de nos anciennes polfeflions. Je pourrai, dans un autre tems , donner plus d’étendue à cetre conciliation , la fuivre & la retrouver jufques dans les moindres dé- tails des expériences qui ont été publiées ; mais je me bornerai à la préfenter aujourd'hui avec les feuls développemens nécefaires pour me faire entendre. Les métaux, fuivant Sthaal reçoivent leur forme, leur folidité, leur ductilité , leur éclat, de l’union de leur terre propre avec le phlogiftique, qui eft un dr fluide , très-fubril , incoërcible, & néanmoins capable de fe fixer dans certains corps , qui fe trouve abondamment dans le foufre , l'huile , les charbons, que la chymie Ôte & rend prefqu’à volonté à différentes fubftances ; qu’elle fair paffer de l’une dans l’autre, qui dans ces paflages , manifelte tou- jours les mêmes propriétés , qui eft par-tout & conftamment identique. Toutes les expériences , toutes les obfervations faites depuis ce célèbre Chymifte, n’ont fervi qu'à confirmer ces principes ; tout ce qu'elles ont appris de plus , c’eft que l’on devoit entendre fous le nom de phlogiftique , le feu lui-même, ou la matière pure du feu, 390 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; telle qu'elle pafle au travers des vaiffeaux pour reviviñer le mercure, telle qu’elle eft au foyer des verres ardens , où le mercure reprend de même la forme métallique , où les chaux de fer reprennent la propriété magnÉtiQUE 3 telle qu'elle eft probablement dans les efluves occafonnées par les frottemens éleétriques , & qui produifent les mêmes effets; en un mot, dégagés de tous les véhicules , de tous les inrermèdes groffiers que l’on eft obligé d'employer dans la ré- duétion de la plupart des verres métalliques. ; Une autre vérité apperçue depuis Sthaal, c’eft que le phlo- giftique n’agic fur les terres métalliques , que comme un véritable diffolvant , qu'il s'unir avec elles à raifon d'une affinité proprement dite, qu'il demeure en partie dans le nouveau compofé , comme l'eau de cryftallifarion dans les fels , & que la mafle qui en ré- fulée, et de même fufceptible de prendre une forme régulière ; en palfanr à l'état folide, par l’évaporarion progreflive & ménagce du fluide furabondant. Jufques-là , il eft évident que l'on n'avoit fait qu’ajouter à la dé- couverte de Sthaal , en érendre les conféquences , en fuivre les analogies!, & la relier pour ainfi dire, à un fyftème plus général, qui fembloir devoir la mettre déformais à Fabri de route contradic- tion; mais tous ceux qui cultivent cette fcience , fans autre pré- tention que d'en voir reculer les bornes , conviendront de bonne foi , que les expériences modernes fur l’air fixe , ont confidérable- ment ébranlé cette doétrine ; car fi, à force de multiplier & de va- rier les procédés les plus ingénieux , on eft parvenu à vérifier que les métaux expofés à la calcination, abforbeñt & s’approprient une portion d'air d'une nature particulière , les conféquences na- turelles font que: l'air n'eft pas feulemenc nécefaire à cette opéra- tion, comme agent mécanique, que l'état des chaux métalliques n'eft pas dû à l’abfence du phlogiftique; bien plus , qu'eft-ce que cette union de l’air fixe & de la rerre métallique ? par quel moyen conçoit-on qu'elle puiffe s’opérer entre deux matières , dont l’une refte conftamment fous forme pulvérulente , groffière , incapable de devenir. homogène avec un fluide ? Y a-til donc des combinaifons de deux fubitances fans équipondérance , fans attraction d’affinité , fans diffolution ? comment enfin concilier des faits fi étranges avee l’ex- plication fi fimple , fi palpable de là marche univoque de la nature dans tout le refte des opérations chymiques? J'avoue que je n'ai pas vu fans peine , ces phénomènes fe réa- lifer à mes.yeux, tant que je n'ai pu les envifager que fous cetaf- et, qui menaçoit d’une ruine prochaine la plus belle partie de Pédiêce de nos connoiffances ; mais tandis que j'étois livré à cette inquiétude , j'ai cru appercevoir des rapports, & une analogie mar- SUR LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. ÿo1 quée entte ces mêmes phénomènes & une infinité d’aurrés Opéra- tions dont la’ théoriè 4 paru jufqu’à ce jour ‘la moins embarrällahte, la plus conféquerite aux principes reçus ; l'examen m'a de plus En plus convaincu que la calcinarion sèche n'éroit en effec qu'une vraie précipitation , qu'elle n'en diffétoit, ou w’avoit paru en différer, que arce que l’ahe des principales fubftances qui ÿ concoureñt , échappe à nos fens. Si tous les Chymiftés fonc frappés comihe moi de l'é- vidence de cette analogie ; tout éft côncilié : hous n’avohs plus qu’à Suivre avec confiance Î4 route qué nous tenons : je m'explique en eu de mots, & j'emprunte pour cela un des exemples les plus fa miliers dans l'ordré de ceux dont je veux faire la comparaifon. On fait que l'acide marin attaque facilement l’érain, le cuivre, &c. que l'atgent lui réfifte lorfque l’ôn én veut faire uné difflolurion fimplé ;'au-contraire , l'acide nitreux diffout très-bien ce métal, & fi, pendant qu’il le tient en diffolution, ôn y verfe de l’acidé matin; celui-ci s'en empaté, le force de quittér l'acide nitreux, & l'éhi traîne fous li forme d’un précipité, que nous appellons Zune cornée. Rien de tout céla né nous étonne; nous concévons qué l'argent réduit par un difolvant SU eh HAE fes molécules élémentaires peut agir différémment & plus e icatement fur les parties de l'acide matin, Que lorfqu'il eff en malle folide & combiné avec la matière du feu , qu'il féfulte fans doute de ces circonftañces , des variérés de fgurés, qui devenant élémiens de diffanceS, changeht auf les fommes d'attraction réciproque qui produifent différéns degtés d’af- finité. Il eft tout fimple qué le nouveau compofé fe précipite rout de füité dahs un étar pulvérulent & fans forme répnlièré ; on n’a pas imaginé pour celà qu'il y été union fans diffolütion , fans fui: dité, on a dir avéé bien plus de fondèmenr, que lé houveau fel fe précipitoit , patce qu'il étoit moins foluble ; que cela n'em échoit pas que lunioh né fe’ füe faire fééllement de molécules à molécules , & tandis qu'elles érôtent les unes & les ‘autres dans un état de lubilité,,. elle ne pouyoit donner que de Se &itréouliètes, coHee VE fteslés autres cryftallifations de même geñre. Vôilà exactement cé a fe a: ai éonfidérant p dé, que ultatS, affiniloient fa Calcination de [à Piérre calcaire & la calei- 392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nation des métaux : dans la première opération, c’eft l'air fixe que l'on enlève à la pierre, & le feu le dégage mème en vaiffeaux clos, mème dans la pouflière de charbon : dans la feconde, c’eft l'air fixe qui s'empare de la terre métallique, qui fe l’approprie, en la fé- parant du phlogiftique , aufli nulle calcination métallique dans les cémens charbonneux ; point de calcination en vaifleaux clos, qu’en proportion de leur capacité; point de calcination completre , que des . en contact avec l'air libre ; & par contre-preuve , le métal fe calcine en vaiffeaux clos, s’il y a une matière capable de fournir l'air fixe. La calcination humide achève de démontrer la différence des deux fluides dans la diflolution des terres métalliques par l'acide vitrio- lique, c’eft le phlogiftique qui eft rendu libre ; il noircit l’argent & fa diffolution, réduit la litharge à fa furface , & s’enflamme facile- ment ; le Auide rendu libre dans la diflolution des terres calcaires par le même acide, n’a aucune de ces propriétés. 2°. L'air fixe s'empare des tetres métalliques, s'unir avec elles, comme l'acide marin à la lune cornée, à raifon d’une affinité fu- périeure à celle du fluide différenc qui les renoit en diffolurion ; il les. prend à mefure qu’il les touche, & qu’elles fe trouvent dans la condition de cette affinité, en éprouvant au-moins un commence- ment de diffolution ; le nouveau compofé fe précipite de même , parce qu'il eft moins foluble ; 1l fe précipite fans affecter aucune forme régulière, parce que le paffage à l’état folide eft trop fubir, 3°. L’affinité de l’air fixe avec les différentes terres métalliques, varie comme celle de tous les autres difflolvans; il y en a qu'il at- taque fpontanément dans l’état métallique folide; vel eft le fer dont la rouille eft une vraie chaux , & en a toutes les propriétés; il y en a avec lefquelles il ne peur s’unir , du-moins à un certain point, tels font l'or , la platine, l'argent ; il y en a avec lefquelles il fe combine fi difficilement, qu’elles s'élèvent en vapeurs, fans perdre leur phlogiflique , auxquelles il adhére fi peu , qu’il s’en fépare fans intermède, c’eft le mercure. | 4°. Cette hypothèfe nous conduit à penfer que les acides con- tiennent eux-mêmes de l'air fixe, puifqu’ils en fourniflent aux terres des métaux, qu'ils leur donnent les propriétés de chaux métalliques, fans qu’elles ayent pu recevoir ce principes ni de l'air libre avec lequel elles n’ont pas été en contact, ni d’aucune autre fubftance ; cela eft fur - tout Enfble dans les diffolutions où nous difons que l'acide calcine plutôt qu’il ne diffour le métal, comme celle de l’é- tain par l'acide nitreux , & dans routes les opérations après lefquelles on retrouve d’un côté, le métal en.état de chaux, de l’autre, l’a- cide vitriglique rendu fulphureux par le phlogiftique ; dès-lors sa cide SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 393 cide le plus fimple ne doit plus ètre-confidéré comme un principe que la Chymie ne peut décompofer, puifqu’elle lui ôte & lui rend à volonté, une de fes parties conftituantes ; cela ne répugne nulle- ment à l’idée que Newton nous a donnée de l'acide, en le def- miflant ce qui avrire fortement , & qui eft fortement attiré ; & à en juger par l’acide dont nous pouvons fuivre plus aifément la formation, il eft très - probable, comme le remarque M. l'Abbé Rozier, que le vin ne tourne à l'acide , qu'en abforbant une portion d'air qui augmente fon poids (1). 5°. En tenant compte de l'air fixe dans les diffolutions , les ré- duétions , les cémentations , les précipitations alkalines terreufes & métalliques , il faudra fimplement admettre des affinités récipro- ques & fimultanées, c’eft-à-dire, décompofrion & compofition; les acides ne toucheront pas aux chaux métalliques, parce qu’ils feront refpeétivement comme des corps neutralifés par le même principe; les matières grafles , les Aux, les charbons ne lâcheront leur phlo- giftique aux rerres métalliques , qu’autant qu’elles leur céderont leur air fixe ; l’alkali & la craie abandonneront ce principe à la terre du métal, en même-tems qu’ils s’'empareront de l'acide , & fi l'on précipite une diffolution métallique par un métal, ce ne fera plus de l'air fixe qui fera donné en échange, ce fera du phlogiftique , parce que c’eit du phlogiftique que porte le métal ; c’eft ce qui arive dans la précipitation du cuivre par le fer, du mercure par le cuivre , &c. Je ne doute pas que lorfqu'on fera parvenu à diftinguer deux terres métalliques , dont l’une ait plus d’affinité avec l'air fixe, Vautre plus avec le phlogiftique , on ne puifle également les déter- miner à cet échange par la voie sèche. 6%, Les terres métalliques font donc toujours unies ou au phlo- giftique , ou à l'air fixe, ou à un acide, & il peur arriver que les fels métalliques ne foienc corrofifs que parce qu’il y demeure encore une portion d’air fixe qui empèche la parfaite faturarion. Quoi qu'il en foir, les propriétés de ces trois compofés doivent être fort diffé- ientes ; & elles le font en effet dans des degrés qui ne peuvent être plus marqués : l’eau diffout complertement les derniers, & ne touche pas aux deux autres; le feu eft le feul diffolvant capable d'agir fur ceux-ci; mais il fait fimplement du premier un métal fluide , il forme un verre avec le fecond : cette propriété conftanre n'exclut pas les différens degrés de fufbilité, à raifon de la nature (3) Journal de Phyfique, Novembre 1772, page 170. Tome VII, Parc. L. 1776. ENee 304 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; particulière de la terre; la chaux de plomb, par exemple, eft bien plus foluble que la chaux d’étain. 7°. Puifque les alkalis & les abforbans font les fubftances les plus avides, les plus abondamment pourvues d’air fixe, puifqu’ils fervent à la fufion des terres vitrifiables , ileft probable qu’ils n’agiffent fur elles qu'en leur communiquant le même principe qui donne aux terres métalliques la même propriété de couler en males vicreufes plus ou moins tranfparentes. 8°. Il eft tout fimple que l’incinération ne puiffe fe faire comme la calcination des métaux , qu’autant qu'il y a tout à-la-fois iffue au phlogiftique , & libre accès à l'air; la nature de l’alkali qui en eft le produit , indique la raifon de cette feconde condition, & j'ai vérifié qu’en conféquence , Le charbon. entouré de ciment calcaire , fe confommoit tès-fenfiblement , quoi qu’en vaifleaux clos, tour de mème que les métaux s’y calcinent , parce que ce ciment fournit de Fair fixe. 9°. Enfin, la cryftallifation bien conftarée de l’alkali par l'air fixe, n'eft qu’une faturation qui fait ceffer la déliquefcence , qui diminue la faveur cauftique, parce que, comme le dit très-bien M. Macquer, ces qualités dépendent uniquement de l’étac de liberté & de con- centration où fe trouve le diffolvant; voilà le point de reffemblance des alkalis & des terres calcaires; ils font au nombre des fubftances qui attirent fortement, & qui font fortement attirées ; ils s'empa- rent de l’eau avec d’autant plus d’avidité, ils font fur notre or- gane une impreflion d'autant plus vive, qu'ils font moins faturés d'air fixe 3 les terres calcaires, 8 même les chaux métalliques , prennent aux alkalis leur air fixe; voilà l’ordre des afhinités. IL y a plus de difficulté à expliquer un autre phénomène que j'ai moi-même obfervé plufeurs fois, c’eft que l'alkali fixe végétal donne à la longue au fond des huiles graffes ou effentielles de très- gros cryftaux parfaitement identiques , & également folubles par le vinai- gre; eft-ce que les huiles contiennent de l'air fixe ? eft-ce qu’elles font perméables à ce fluide ? ne le laiffent-elles aller à l’alkali, qu’à me- fure qu’elles peuvent le reprendre à leur furface ? Nous ne fommes pas aflez avancés pour réfoudre ces queftions; mais il eft évident qu’elles ne peuvent m’empècher de conclure par rapport à l’objet que je me fuis propofé. Ainf la feule conféquence à tirer de tous les faits que je viens de raffembler, c’eft que nous n’avons pas encore eu une terre mé- tallique pure non engagée , c’eft que les propriétés que nous leur attribuons en cet état , mappattiennent qu'aux compofés dont elles font partie, & que nous devons à cer égard , réformes SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 395 nos expreflions , lorfque nous parlerons de la terre, de tel ou tel métal. Mais ne craignons plus d'affirmer , comme auparavant , avec Sthaal, que les métaux reçoivent en effer leur forme conftituante de l'union de leur terre avec le phlogiftique ; tenons également pour certain que, dans la Chymie, foic naturelle, foit artificielle , rien ne fe fait que par diffolution , fuivant la loi d’attraétion, & ces variétés de diftances produites par les variétés de figures dans lefquelles M. le ‘Comte de Buffon a trouvé une explication fi claire des affinités ; enfin, que loin de porter atteinte à ces vérités, les expériences fur l'air fixe nous ont réellement fait connoître un diflolvant nouveau, dont l’aétion eft fubordonnée aux mêmes règles, dont l’exiftence vérifiée a déja rectifié nos conjectures fur plufieurs points importans, dont les affinités & les produits ne peuvent plus qu'enrichir la Chymie & les Arts qui en déperident. {HR ON SAC OS : ANRT CAES ARTE Ji D'UN MÉMOIRE De M. JosePH BALDASSARE, Profeffeur d'Hifloire Naturelle & de Chymie dans l'Univerfiié de Sienne, fur l’Acide vicriolique ; trouvé naturellement pur, concree & non combiné (1). EL. Naruraliftes 8 ‘les Chymiftes entendent communément par acide vitriolique ,non-feulement cet acide que l’on retire du vitriol par la diftillarion, & du foufre par la combultion , mais encore un acide naturel, fimple, pur, & quin'eft combiné :avéc aucune autre fubftance ;:& fi l’on donne à ce dernier le nom d'acide vüriolique , c'eft qu’en le retirant du witriol , on l'obtient dans l'état de la plus grande pureté , abfolument dénué de couleur & d'odeur , & parfai- tement en cela femblable à l'eau. oo (1) On ne préfente ici qu'un extrait du Mémoire de M. Baldaffari, qui con- tienc des chofes étrangères à la découverte de l'acide vitriolique naturel. On a cherché à y réunir tout ce qui peur avoir rapport à certe importante obfervation : & l'on invite Les Leéteurs qui favenc l'Italien, à la lire E le. Mémoire même, ee 2 396 OBSERVATIONS SUR.LA PHYSIQUE, L'avidité avec laquelle cet acide s'empare des fubitances qui lui font préfentées , a fait dire à plufieurs Auteurs illuftres, qu'il étoit impoflible de le trouver naturellement pur, & cetre opinion eft de- venue prefque générale. C'elt ce qui m'engage à donner une obfervation que je fis ily a quelque tems aux Bains de Saint-Philippe , dans le territoire de Sienne, & que je regarde comme importante , en ce qu'elle fait ex- ception à cette loi générale. Je trouvai dans une grotte creufée, au milieu d’une mafle d’incruftations dépofées par ces eaux thermales, un véritable acide vitriolique pur, naturellement concret , & fans aucun mêlange de fubftances étranoères qui Jui fuflent combinées. Je vais, pour procéder avec ordre & clarté , décrire en peu de mots , cette grotte , fes environs, fes eaux, & les dépôts qu’elles ont formés. À trente milles environ de Sienne, vers le Midi, s'élève une haute montagne appellée Monte Amiato, & plus communément en- core, Montagne de Santa-Fiora , dont le fommet paroît une ancienne bouche de volcan , ce que témoignent les laves, les ponces & au- tres matières volcaniques que Micheli y a trouvées le premier. Sur la pente de certe montagne , au levant, eft placée une autre petite montagne appellée Zoccoliro , du flanc de laquelle fort l’eau ther- male des Bains de Saint- Philippe : l’ifue actuelle de cette eau eft beaucoup plus balle qu’elle n’étoit autrefois , ce qui eft démontré par la continuité des incruftations depuis la bouche ancienne , & par celles qui s’amafent rous les jours à la. nouvelle bouche ; qui s’obf- tuant bientôt aufli , forcera l’eau à fe faire plus bas une autre Ouverture. C'eft au milieu de cette malle d’incruftations vers le Nord 3 que fe trouve une vafte grotte dans laquelle on entre par deux endroits, & qui préfente aux yeux d’un Naturalifte un afpect très-agréable : le fond de la grotte & fes parois, jufqu’à la hauteur environ d’une brafle & demie, font entièrement recouverts d’une belle croûte jaune de foufre en petits cryftaux , & tous les corps étrangers tranfportés par le vent, ou par quelqu'autre caufe, dans le fond de cette caverne, 7 font enduits d’une couche de foufre plus ou moins épaifle , fui- vant le tems qu’ils y ont féjourné, j Au-deflus de cette bande de foufre > lerefte des parois & la voûte de la grotte font tapiffés d’une innombrable Quantité de concrétions grouppées , qui refflemblent à des choux fleurs, & qui font recon- vertes d’une efflorefcence dont je ne puis bien donner l’idée, qu’en les comparane À de petits poils d’une blancheur éclatante : ces fleurs mifes fur la langue , y lailfent l’impreflion d'une faveur acide, mais d’un acide parfaitement femblable à celui qu'on retire du vitriol par SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 397 la ‘diftillation , & n’ont rien de ce goûrt auftère & aftringent. des vitriols & de l’alun. Si on les obferve à la louppe , où même at- tentivement, fans aucun fecours étranger , on voit qu’elles fonc compofées de fils rrès-déliés & de petits cryftaux falins, rameux, tranfparens , à plufieurs facettes; mais il n’eft pas poflible d'en dé- terminer exactement la figure. En paffant plufieurs fois ces grouppes dans l’eau , leur enduit falin s’y diffour, & la forme générale des grouppes refle la même ; mais leur furface eft âpre , inégale, & préfente beaucoup de pointes’, de pyramides & de cryftallifations pierreufes , qui n’ont aucune faveur, & indiflolubles dans l'eau , à moins qu’on ne l’employe en très- grande quantité. Le fond de la grotte exhale une vapeur chaude , qui répand une forte odeur de foufre, & s'élève à la même hauteur que la bande foufrée , c'eft-à-dire à une brafle & demie : cette vapeur patoïc fous la forme d’une fumée très-fubrile , où d’un léger brouillard ; elle fuffoque les animaux qui fe trouvent enveloppés dans cet ath- mofphère , & j'y trouvai beaucoup de mouches & de papillons morts ; au-refte , certe vapeur ne s'élève que lorfque le ven: du Midi fouffle; car par le vent de Nord, j'ai éprouvé plufeurs fois qu’on ne fentoit point aux jambes la chaleur dont j'ai parlé: dans le voi- finage de cette grotte , il y en a plufeurs autres plus petites, qui préfentent les mêmes phénomènes ; mais ce qu'il y a de plus re- marquable, c’eft une large fente ouverte au -travers de cette mafle d’incruftations, un peu avant la bouche de la grande grotte ; certe fente a plus de trente brafles de profondeur , & en regardant par en-haut ; on voit fes parois entièrement recouvertes de foufre dans la partie balle, & dans la haute , des mêmes efilorefcences blan- ches que je viens de décrire ; revenons maintenant à la grotte. La vapeur qui s'élève du fond, doit être regardée comme une émanation de ce que les Chymiftes appellent acide fulphureux volaril : cet acide eft lerefultar de la combinaifon de l'acide vitriolique aqueux foiblement uni à une portion de phlogiftique, qui lui donne cer- taines propriétés qu'il n'avoit pas dans l’érat d'acide vitriolique pur , l'odeur , par exemple, qui eft très-forte & fuffocante dans l'acide ful- phureux ; aufli trouvai-je beaucoup d’infeétes morts dans cette grotte, & l’un de mes compagnons ayant , en fe baiffant, plongé fa rète dans l’athmofphère infeête , fur obligé de la relever promprement pour évitet la fuffocarion. L’acide fulphureux volatil détruit les couleurs. Du papier bleu que je-jettai par terre, perdit la fienne , &: devint cendré; un morceau de foie cramoifie , fur auf pareillement décoloré | & tout ce que 398 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nous avions d'argent fur nous, comme boucles , &c. devint noir avec quelques taches jaunes. 4 Je voulus effayer fi cette vapeur , qui faifoit éprouver aux jambes une fenfarion chaude, produiroit de l'effet fur le thermomètre : le mien , qui eft un thermomètre à mercure gradué fuivanr M, de Réaumur , de douze degrés où il étoic à l'air libre, monta jufqu'à vingt , ce qui eft conforme à l'obfervation que fit M. de la Condamine dans la grotte du Chien à Pouzzol, & contraire à l'affertion de plufieuts Auteurs , qui prérendent que cette efpèce de vapeur rie caufe au thermomètre aucune variation. Cet efprit fulphureux volatil, c’eft-à-dire , cette ‘exhalaifon com- pofée d'acide vitriolique, d’eau & de phlogiftique,, entrant dans la malle d'air qui remplit la grotte, s'y décompofe : l'acide virriolique qui , trop chargé d’eau jufques là , n'avoir pas pü contraéter une union plus étroite avec le phlogiftique, s’y combine parfaitement , & forme un foufre qui s'arrache & cryftallife fur le fond & les parois de la grotte, ainfi que fur les corps qui s’y trouvent (1): l'eau fe précipite dans cette opération , saufli les feuilles d'arbres , les morceaux de bois & rous les corps étrangers dont ce fol eft jonché , fonc-ils tous trempés d’une humidité abfolument infipide, ce dont je :me fuis affuré en les goütanre. Dans la fente profonde dont j'ai déja parlé, la bande foufrée s'élève beaucoup plus : la vapeur fuffocante ne m’a pas permis d’en déterminer précifément la haureur:; mais j'ai bien obfervé que les eflorefcences falines blanches ‘en rapiflent aufli la partie fupérieure; il eft cout fimple que l'air ayant moins d'accès dans cette fente que dans la grotte, la combinaifon qui produit le foufre , s’y fafle plus aifément , & par conféquent , occupe un plus grand efpace en hauteur. Après la formation ‘de ce foufre , une portion de l'acide vitriolique excédente, & que l'air n’a pas ‘pü diflipér , rencontre les parois & la voûte de la grotte , qui font une incruitation dépofée-par les eaux thermales & de nature calcaire ; l'acide sy attache , & forme les concrétions que j'ai décrites ; le réfulrat de cette combinaifon eft une véritable félénire | & ne fair aucune effervefcence avec l'eau forte, qui (x) Il eft plus que probable que l'efprit ulphureux volatil dont il eft parlé ici, eft le produit de la Acc nshtion du foufre. Bien loin de fervir, par fa [u- blimation ,à former de nouveau foufre, en fe combinant dans le milieu de l'air avec le phlopiftique , le foufre fort tout formé des fourerreins, & la partie qui s'en brüle , produit l'acide fulphureux volatil, Toute l'étiologie de l'Auteur du Mémoire, nous paroîc au moins hafardée, SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 399 en produit au-contraire une très-forte fur les parties du dépôt dans lequel la grorte eft creufée , & qui n’ont point été expofces à l’action de l'acide virriolique. Enfin , lorfque l'acide a complètement faturé cette terre, les nou- velles parties qui arrivént , ne pouvant plus fe combiner, s’y atta- chent , & y reftent dans l’état d’acide pur, & fous la forme de evits cryftaux , ou de filets qui reffemblent à de petits poils & à e la moifflure. Voici maintenant les preuves d’après lefquelles je me crois en droit d’aflurer que ces efflorefcences font un véritable acide vitrioli- que pur , concret & exemt de toute combinaifon. Premièrement, elles caufent fur la langue une impreflion exaéte- ment femblable à celle de l'acide tiré du vitriol ou de l'alun par la diftillation , & du foufre par la combuftion, & n’ont rien de ces faveurs aftringentes , auftères ou douces que produifent l'alun , le vitriol & les autres fels vitrioliques, métalliques ou terreux. 2°, Elles font avec l'huile de tartre, une violente effervefcence ; qui ne peut avoir lieu lorfque l'acide virriolique, eft combiné, 3°. Expofées à l'air, elles en attirent puiflamment l'humidité, & tombent bientôt en deliquium. 4°. Le papier bleu touché par ces efflorefcences , & tenu quel- que rems à un air humide , devient rouge aufli-côr qu’elles fe liquéfient. 5°. Je fis diffoudre une portion de ces efflorefcences dans l’eau de pluie, & je filtrai la diffolution pour la féparer de toute fubftance étrangère : ma liqueur avoit précifément la faveur de l'acide virrio- lique aqueux : mêlée à de l'huile de tartre par défaillance, elle donne un véritable zartre vitriolé , d’un goût amer & falé, fans le moindre veltige de précipité rerreux ou métallique. 6°. Je fis évaporer une partie de cette même diffolution dans une capfule de verre au bain de fable : à mefure que l'opération s’avançoit , l’acidité de la liqueur angmentoit , & lorfque l’évapo- ration fut achevée , il me refta un fel de couleur noire , & d’une telle acidité, qu’il me fut impofible de le foutenir fur la langue. 7°. Enfin, ayant mis un peu de ce dernier fel dans un bocal de verre bouché de manière à laiffer à l'air un libre accès , 1l attira promptement l'humidité , & j’eus bientôt une liqueur noire rrès- acide, & parfaitement femblable à l'huile de vitriol. Ces deux dernières expériences fufiroient prefque pour prouver l'identité de mes efflorefcences falines avec l'acide variolique pur , qui contracte , comme l’on fait, une couleur noire par le contra du principe inflammable , & qui attire fortement l'humidité de l'air, 400 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On me dira, peut-être, que ce que j'ai pris pour un aciée vitrio dique pur, n'elt autre chole qu'un de ces fels avec excès d'acide dont parle lilluftre M. Rouelle dans un Mémoire inféré dans l’année 1754 des Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris; mais, fans difcurer ici cette doétrine, que je ne regarde pas comme très- folidemens érablie, je. diraiique mon acide ne porte ancune marque de combinaifon, que je l'ai détaché des concrétions dont il couvroit la furface , avec les doigts, & fans le fecours du feu , ni d'aucun meriftrue , & que lorfque j'ai lavé ces concrétions, elles font reftées infpides , comme il arrive à toutes les /£/énires, tandis que le fez rérendu avec excès d'acide, jouifloit de toutes les propriétés de Vacide vitriolique pur. On doit donc conclure avecmoi , que cet acide peut fe trouver & fe trouve naturellement concret, pur & fans être combiné avec aucune autre fubftance. < J'ai, depuis ma première découverte, obfervé de ces: effloreften- ces fulphureufes & vitrioliques , à Sant-Albino , dans le voilinage de Monte-Pul-iano , & aux Lacs de Travale , où je trouvai des bran- ches d'arbres couvertes de ces concrétions de foufre & de virriol, RE 4 EDR egnol eo R-eiduil HE nv 4e D'UN E LE TT RE Ecrit à M. D. DE X142%, au Chéreau de Mirow en Pologne ; en date du 12 Février 1776, par M. BERNIARD. J e ne fais, Monfeur , fi vous avez eu beaucoup de nez gelés cette année à Paris; mais je fais qu'il y en a eu quantité en Pologne, non feulement des nez, mais même des perfonnes entières, par la rigueur du froid. En comparant mes obfervations , de l’année der- nière , avec celles de cetre année, fur le thermomètre de Réaumur, j'ai trouvé que l'hiver de cette année, quoique moins long, avoit été plus violent que celui de l’année dernière , où le thermomètre, le 24 Janvier, defcendir à 19 + degrés au-deffous du terme de la glace ; mais il remonta le 26 du même mois jufqu'à 14 degrés, & alla toujours enfuite en diminuant ; au lieu que cette année a été bien différente : depuis le 20 Janvier jufqu'au 31, le thermomètre s'eft toujours tenu entre 15 & 22 degrés au-deffous du terme de la glace. Voici fa marche ci-jointe, Sept SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 40 Sept heures du maun. Midi. Dix heures du foir, Le 10 à 152 au-deffous. . 12 Hoi D GIATC ANA SEA in pote Ale ee AUS Ab Jsoertecrl UE S ARR AMI eh le liebtee LR Last ler nilbe ie à le LEE RAS in Ne eine ee Le Gates, aie RE 244 16 PE lie lasines co audit CLÉS A DS A 7 A Un UE aus et 116 ZOPE PS TM ENS ati libiie le He IT \ Li Le TA NO errut lire ce LEZ protect +0 009 Lg eos OR HONTE ET CR MERE RAM. M ee ue A ON 6h: 20 SONANTO NS NPA NAT TE Mere donc) \ 1 SE EN DORE NT SET D PR PC ET NEO 7 Voilà , Monfieur , les plus grands froids que j'aie encore vus en Po- logne , & encore ne fuis-je pas dans fa partie la plus froide; car ces obfervations font faites aux environs de Cracovie, qui n’eft qu’au $o° d:8 m. de laritude; jugez par-là des froids de Varfovie qui eft au 52° d. 14m. & fi un habitant de la Garonne doit y être fenfble. RENE TERRE Au Rédacteur du Journal, Sur Les propriérés du Fer & de l'Aimant dans les maux de nerfs, & Jur un diffolvant du Copal. D. le Journal Polirique & de Littérature du mois de Janvier dernier, il eft fait mention d'un Médecin Allemand , qui a trouvé le moyen de guérir l'épilepfe par l'application de l’aimant; ce qui paroît conftaté par plufieurs guérifons opérées en préfence de nom- bre de perfonnes diftinguées. Dès que je vis cet article, je me reflouvins d'une obfervarion ui me femble avoir beaucoup de rapport à ce traitement, & que, Re quelque tems, je me propofois, Monfieur, de vous commu niquer. Voici le fait qui y a donné lieu, Tome VII, Part. I. 1776, FEU ; 402 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je me trouvai, il y a environ trois mois , auprès d'une perfonne qui, ayant tenu long-tems une de fes jambes fur l'autre , & l'ayant levée, fe plaignit d'un engourdiffement très - douloureux dans la jambe qui avoit fupporté le poids de l'autre (1); puis fe rappel- lant tout haut le moyen dont elle fe fert pour appaifer cette dou- leur , quand elle eft trop vive, elle tira de fa poche une petite clef de fer qu’elle gliffa entre la plante de fon pied chauffé & fon foulier; ce qui Le fon mal fur-le-champ. Frappé de certe action & de fon effet qui me paroifloit un peu imaginaire, je lui fis plu- fieurs queftions à ce fujer. Elle me répondit : c’eft une connoiffance affez répandue en ce pays (l’Aunis); mais l'origine m'en eft in- connue : quant à l'effer, il eft certain; il fufit même d'appliquer un morceau de fer , tiède ou froid , près & au-deflous de la che- ville du pied, pour faire évanouir l’engourdiflement. On guérit éga- lement celui du bras, en appliquant le fer fur le pli de cette par- tie, ou en le tenant dans la main. La confiance que j'avois à ce récit , n'étant pas dés plus complettes , jé réfolus de le vérifier, à la première occafion, par une épreuve fur moi-même. Elle ne tarda guères , & je fuis aujourd’hui convainca qu'il n'y a rien de plus vrai. J'en ai parlé à différeates perfonnes; la plupart n'y ont rien trouvé de furprenant , parce que depuis long-rems, elles étoient inftruites de tout cela. , Satisfait de ces témoignages accumulés , je me difpofois à rédiger par écrit, quelques idées fur cette propriété du fer, & lextenfion, dont je la croyois fufceptible, lorfqu'un hafard me procura loccafion de m'en aflurer. M'approchant , ces jours derniers, d’une table pour diner , je ref- fentis une vive douleur de goutre-ciampe près la cheville du pied auche : je fongeai aufli-rôt que le fer pourroit l’appaifer; en con- notes j'appliquai une petite clef riède fur la partie douloureufe, & dans moins d’une minute, cette gourte-crampe , qui ne me quitte ordinairement qu'après deux ou trois reprifes, s’Cvanouit entièrement. La perfonne qui m'avoit enfeigné Lulase de la clef pour les en- gourdiffemens, & qui fe trouvoit aufh à la mème cie m'avoua qu’elle avoit oublié de me parler de fon efficacité dans ce dernier cas. Une autre perfonne de la compagnie me dit qu’elle s'en fer- mm —————————_———mm (tr) On doit faire attention que cer engourdiffement, qui arrive à tout le monde dans une circonftance femblable, a lieu toutes les fois que le grand nerf fciarique fe trouve comprimé , pendant quelque tems, par la firuation où l'on fe trouve, & que ce n'eft pas ici Le cas de l'application du fer, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 40; voit touiours avec fuccès , lorfqu’elle étoit attaquée de cette efpèce de goutte. Voilà, Monfieur , des faits que tout le monde eft à portée de vérifier comme moi. Ce petit évènement fut caufe qu'on parla en- core de la propriété du fer pour empècher les leflives de tourner dans les tems d’orages, accompagnés de tonnerre, qui font tacher le linge, ou enlèvent toute la force à ces leflives, lorfqu'érant pré- parées du foir au lendemain, on n’a pas eu la précaution de pofer deflus quelque morceau de fer. Je ne garantis pas ce fait; mais plu- fieurs perfonnes m'ont alluré la chofe qui paroît très-croyable, puifque les orages font fouvent tourner le vin ,& que l’on met du fer fur les conneäux pour les préferver de cet accident. Il refte maintenant à favoir, fi les autres méraux ou demi - mé- taux ne produifent pas généralement le mème effet. Le Journal Po- litique & de Licrérature du mois de Février dernier, N°. V, nous a annoncé qu'une petite fiole pleine de mercure , fufpendue par un fil dans les barriques, eft un für préfervatif pour empêcher le vin de tourner & d’aigtir : mais cette propriété eft-elle relative à l’action des acides, ou à celle de l'électricité magnétique? C’eft ce qui refte à décider. D'après tont ceci , j'ai penfé, Monfieur , que fi la connoiffance de ces petits phénomènes, parvenoit à quelqu'un des Phyficiens qui ont déja fair de fi heureufes découvertes fur le cours des fluides électrique & magnétique, & fur leur analogie avec le fluide nerveux, il en réfulreroit peut-être des effais qui contribueroient au bien de l'humanité. Dans certe vue, j'efpère qu'on me pardonnera d'en pros pofer quelques-uns , étant éloigné du centre des fecours propres à rectifier mes idées & à les mettre en exécution (1). DARUHEONE SI UE RUE 19: APT Sur un fujet ayant un bras paralyfe , (je Le fuppofe ifolé comme pour être éliétrifé ,) Les bras étendus parallèlement dans la direélion du Nord au Sud. Suppofant le bras fain du côté du Sud , fufpendez , par des cor- dons de foie, dans la mème direétion, un barreau d’acier bien ai- 0 A (1) On ne peut que louer le zèle de l'Aureur, de chercher à perfeétionner les moyens de foulager l'humanité fouffrante ; mais la sb i à rduti qu'il 2 404 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, manté , le pole Nord touchant au bout de ce bras. Sufpendez pas reillement, au bout de l’autre bras, un barreau de fer non aimanté, dont la mafle foit beaucoup plus grande ou beaucoup moindre que celle du barreau d'acier. Tirez alternativement ces barreaux par des cordons de foie. Placez "à l'extrémité extérieure d’un de ces barreaux une machine électrique , dont le globe ou le plateau ait l'équateur parallèle à celui de la terre, le conduéteur dirigé fur un des barreaux. Electrifez le paralytique, tantôt par l'un, tantôt par l’autre. SEC TOUIN ID EM SA STAR Sur un Epileptique. Placez un homme fain debout fur un gâteau de téfine , ayant fous la plante de chaque pied un barreau d'acier aimanté, les pôles dirigés comme ci-deflus. Sufpendez, au bout du conduéteur , une chaîne de lairon aflez longue, pour que fes deux bouts puiffent toucher les pôles fud des barreaux qui dépaffent les talons de l’homme qui eft fur le gâteau. Affeyez devant ce gâteau & un peu plus bas, l'épileprique, ayant fous la planre des pieds deux barreaux de fer non aimantés. Faites porter, de tems à autre ; fur fa tête, les deux mains de l'homme qui eft debout, tandis qu’on l'éleétrife par un globe difpofé comme ci-devant. DR OO AIS OL ECM RENE ISTRS PASUPTS Couchez un épileptique, dans toute fa longueur, fur un banc affez large. Sufpendez deux barreaux de fer, leurs deux bouts diri- gés & touchant à fes talons. Subftituez au globe de verre d’une ma- chine électrique , un globe de fer en taule, ou le corps d’une bombe ayant pour axe un gros barreau d'acier bien aimanté, & dont les extrémités débordent les fupports. Ajoutez à ce globe tout l'appa- reil ordinaire. Tournez fes pôles fuivant les règles déja prefcrites. : Préfentez à l’un d’eux la tête de l’épileprique. Faites tourner le globe & virez, de tems en tems, les barreaux de fer qui font aux pieds du malade. oo y auroit à faire, felon nous, feroit de conftater les cures opérées par le Doéteur Allemand, (ur des épilepriques. Alors on s’emprefferoir d'appliquer le remède, Mais on doit toujours craindre de renouveler l'hiftoire de la Dent d'or, SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 40o$ Suite de la même Epreuve. Ifolez tout cet appareil ; paflez un cordage de foie fur fa grande roue, pour évirer toute diverfion. Eleétrifez le globe de fer quand il eften mouvement, par un globe ou plateau de verre , fuivant l’ufage ordinaire, & faifant porter le conducteur ou fa chaîne fur le pôle du barreau aimanté, fi la rère de l’épileptique eft à l’autre bour. Tirez en mème-tems, par des cordons de foie, ceux qui fonc à fes pieds. ‘ La machine pneumatique s’emploieroit peut-être utilement fur les épilepriques. Je fuis, &c. P. S. Ayant entrepris, depuis quelque tems, diverfes expérien- ces fur les fubftances fpiritueufes , huileufes & réfineufes ; j'ai trouvé un menftrue propre à diffoudre très-promptement le copal à froid. Je ne puis fixer exactement le petit nombre d'heures né- ceffaires à fa diffolution, ni celui du peu de jours qu’exige la par- faite confection du vernis qui en SE à caufe des variétés dont cette manipulation eft fnfreptible. J'en ai fai différens eflais, fans aucun apprèt , fur du papier & fur du buis. Je les ai mis, fans aucun poli artificiel , entre les mains d’un habile Peintre , très-intelligent dans la compoli- tion des vernis, qui a trouvé à celui-ci toutes les qualités re- quifes, autant qu'on en peut juger par des ellais de cette ef- pèce (1). (1) On invite l'Auteur à nous faire part de fa découverte, CRD 4 406 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SOU: STE DES OBSERVE TO NS De M. l Abbë DICQUEMARE. OS EEE MONET TL SENR ET 104 ns un Mémoire fur l’origine & la nature des Coquilles fof= “files, Tome Vil, page 39, j'ai promis de mettre fous Îles yeux du Public, quelque chofe fur:les os pérrifiés que j'ai trouvés affez abondamment dans mes recherches. Je vais donc commencer à acquitter cer engagement. Tous les Phyfciens & les Naruraliftes favent que particulièrement dans les régions boréales de l’un & l'autre Continent, on trouve des os fofliles d’une grandeur & d’une forme fi extraordinaires , qu'on ignore de quel animal ils ont fait partie. Peur être les efpèces ‘ont-elles changé de lieu & habitent- elles maintenant, fi ce font des poiffons, des parages peu fréquentés par les peuples obfervareurs. Je ne fais fi ces os font de même forme que ceux que j'ai découverts dans les falaifes & les bancs voifins de l'embouchure de la Seine. Ces lieux, que je fréquente, m'offrent, à la vérité, d’affez grandes reffources du côté de la Na- ture ; mais j'y fuis privé des fecours de l'art & d’une communica- tion aifée. La mémoire ne fupplée qu'imparfaitement la préfence des objets ; ellé ne nous repréfente , en quelque forte, que la mafle de ceux que nous avons perdus de vue depuis long-tems, & que comme l’extrair de ce que nous avons vu ou entendu. C'eft donc pour rendre la communication plus fûre & plus facile, que je vais donner, non des contes merveilleux & des fyftèmes (nous n’en avons que trop), mais des defcriptions. Dans les couches d’un banc de piérre , de couleur plombée , rem- plies d’une quantité confidérable de coquilles fofiles , plus ou moins pétrifiées , dont les efpèces, excepté. les huitres à écailles, ne fe trouvent point dans les parages voifins, j'apperçus , 1l y a plufieurs années, d'ailez groffes mafles qui, examinées de près, me parurent avoir une fubftance ou texture femblable à celle des os. La plupart étoient informes ; mais en faifanc une attention particulière à rouc SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 407 ce qui portoit ce caraétère , il ne me fut pas difficile de remarquer que chaque morceau avoir une enveloppe d’un tiffu différent de celui du centre; j'y reconnus l'apparence d’un os, & ne tardai pas à être certain de ce que je n’avois fait que conjeéturer. Il feroit fuperfu de décrire ici vous les morceaux que j'ai trouvés, où que je me fuis procurés par les hommës de peine que j'invitois à la re- cherche, Je parlerai feulement de ceux dont la figure eft mieux con- fervée en tout ou en partie, & des plus gros, & je donnerai le deflin de quelques-uns, afin que la comparaïfon puilfe avoir lieu ; mais pour ne pas furcharger de gravures un fi petit Mémoire, ces figures feront très-petires en comparaifon des morceaux qu’elles re- préfentenr. | Il y a de ces os qui font ronds & longs , d’autres larges & ap- latis. Il s’en trouve qui feuls font fymétriques & de forme régu- ière, d’autres femblent, par l'irrégularité de la leur , indiquer qu'ils faifoient ou la droite , ou la gauche de l'animal, & qu'avec leurs oppofés , ils formoient une figure fymérrique. Ces os, qui feuls font fymérriques , font des vertèbres ; celles qui approchent le plus des vertèbres lombaires hnmaines, ont le corps formé comme une por- tion plus où moins longue de cylindre coupé tranfverfalèment, dont la circonférence n'eft pas tout-à-fait circulaire; elle eft arron- die fur le devant, & échancrée en arrière; fes faces fupérienres & inférieures , font concaves. On n’y voit point d'apparence de certe. épiphyfe en lame circulaire, qu’on apperçoit aux vertèbres humaïi- nes, &c. Leurs apophyfes font au nombre de fept, deux latérales qui, dans quelques-unes , font des épi hyfes ; une poftérieure ou épineufe, de laquelle naiffent deux fupérieures & deux inférieures, petites & plus ou moins obliques. Ces cinq font corps enfemble, mais nou pas avec les latérales. L'état de pétrification permet à peine dans quelques-unes, de favoir fi ces dernières font de vraies apo- phyfes ; il paroït à l’infpeétion , que dans plufeurs, elles ne font que des épiphyfes. La place qu’elles occupoient, étanr formée de façon à faire penfer qu’elles n’étoient unies aux corps de la verrèbre, que par une fubftance cartilagineufe , elles manquent à beaucoup de ces vertèbres pétrifiées. Une échancrure aux différens corps, & une plus grande encore à l’a- pophyfe épineufe forment un grand trou qui fait partie du canal qu’a dû former la réunion de ces vertèbres. Une chofe qui eft à remar- quer, c’eft que ce canal, à proportion du volume des vertèbres, eft beaucoup plus petit que dans l’homme. Les apophyfes fupérieures & inférieures, doivent auf, par la rencontre de leurs échancrures, former des trous latéraux. Leur ftructure intérieure, eft peu diffé- rente de celle des vertèbres humaines. Un'examen plus particulier, 408 OBSERVATIONS SUR LA- PHYSIQUE, quoique fuccint , de chacune de celles que jai recueillies, ne fera pas inuule. La plus forte eft très-mutilée à l'extérieur, ce qui per- met d'examiner la fubftance de l'os ; fon corps a 27 lignes de dia- metre, fur 24 de hauteur; la furface fupérieure eft un peu concave; linférieure l'eft beaucoup. L'origine de ces apophyfes, qui font trop mutilées pour que j'en donne la fioure, rappelle l’idée d’une ver- tèbre lombaire humaine, mieux que toutes les autres, à caufe des apophyfes tranfverfes; mais elle en diffère effentiellement par fa roffeur & par les deux latérales qu’elle avoit de plus. Elles paroif- Le avoir été de vraies apophyfes. La face antérieure du corps, eft un peu avancée comme dans nos vertèbres dorfales; fon canal , rem- pli de glaife pétrifiée , n’a que 9 lignes de diamètre moyen; il eft plus large au milieu qu'aux bouts. J'ai fcié cetre verrèbre felon fon plus grand diamètre & la longueur de l’apophyfe épineufe; on re marque que la fubftance fpongieufe du centre , devient de plus en plus compacte en approchant de l'extérieur, ce qui eft plus fenfible aux furfaces fupérieures & inférieures, & à l’apophyfe , qu’autour. Les interftices ou cellules, en font remplis d'une pierre grife & de particules pyriteufes; le tout reçoit un beau poli : des oftracires & fragmens d'autres coquilles | font adhérens à la furface. Une autre , à certains égards , leffemble auf beaucoup aux vet- tèbres lombaires, parce que, quoiqu’elle ait moins de hauteur que celle que je viens de décrire, fon plus grand diamètre eft entre les côres; il a 29 lignes, & celui de devant en derrière, n’ena que 24. Le corps a de hauteur 15 lignes; fes furfaces fupérieures & inférieures, font un peu plus concaves que celles des vertèbres lombaires ; l’intérieure left auñli un peu plus que la fupérieure, L'une & l’autre ont quelques inégalités circulaires ; cette vertèbre eft en- core, comme les nôtres, rétrécie par le milieu de fon corps. Ces apophyfes font un peu trop mutilées pour être bien décrites. Comme je l'ai dic, il n’en paroît que cinq à la partie poftérieure, au lieu de fept qu'ont les vertèbres lombaires : mais les deux épi- phyfes qui étoient aux côtés de la partie antérieure, en ont été féparées. Pour peu qu’on ait de connoiffance d’oftéologie , on re- marque aifément, par la conformation de la place dont elles ont été détachées, qu’elles y étoient unies par des cartilages, puifque ces parties mêmes , quoique pétrifiées, ont encore un air cartilagineux. Chacune eft une efpèce d'ovale irrégulier , dont les bords font rele- vés plus inégalement encore , avec quelques cavités en dedans; des efpèces de rayons inrerrompus, vont de la cirçonférence au centre, & quelques parties onr une forte de liffé qui contribue à l'air carcilagineux. Au milieu de la face intérieure du corps , il y a deux petits trous comme aux vertèbres humaines , l’un à côté de NE eur SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 409 leur intervalle eft de 6 lignes. Cette vertèbre, dont il me paroîe peu utile de donner la figure, eft beaucoup moins groffe que la précédente , plus dure & à-peu-près de couleur de fonte de fer ; fon grand trou eit rempli d’une matière pierreufe, de couleur fauve. On remarque , en plufeurs endroits de fa furface, quelques petits ouvrages d’infectes marins; le corps eft un peu fendu accidentelle- ment dans la direction de fon plus grand diamètre; elle a été virée des falaifes du pays d’Auge, entre la Tonque & la Dive, vis-à-vis des rochers qu'on nomme les Vaches noires. Une vertèbre moins grande encore, tirée du mème lieu, & auffi caractérifée , a un peu plus de rapport aux vertèbres dorfales qu'aux lombaires , à caufe de fon apophyfe épineufe qui eft plus élongée. Elle à une de fes épiphyfes latérales, mais murilée. Ses épiphyfes étoient placées cuurme aux deux précédentes. Une coquille & des fragmens d’huitres , font adhérens à fa furface; on en remarque auf dans la pierre qui remplit fon grand trou, Si on eft porté à croire que ces vertèbres ayent appartenu à des poiflons (1), à caufe des deux apophyfes ou épiphyfes latérales , on pourroit alors, vu la potion naturelle de l'animal , les nommer cpiphyfes inférieures, & défigner, comme fupérieures, les apophyfes que j'ai nommées épineufes. C’eft ce que je vais faire dans les def- criptions fuivantes. Par la même raifon, les faces y feront défignées comme antérieures ou poftérieures. Il ya parmi ces oftéolithes d’autres vertèbres qui reffemblent plus directement à celles des poiffons. J'en ai une dont les apophyfes paroiflent avoir été fort courtes, fort petites, & le canal vertébral très-étroit. Le corps eft une portion de cylindre un peu longue, eu égard à fon diamètre; la partie de ce corps, que je nomme ici inférieure au lieu d’antérieure , eft un peu avancée, ou plutot le cylindre eft un peu enfoncé vers l’origine des apophyfes inférieures. Une autre vertèbre , bien plus reflemblante encore à celle des poiflons , n’a que 18 lignes d’épaiffeur fur un diamètre de 3 pouces 9 lignes. Une de ces furfaces ( la poftérieure fi c’eft un os de poiflon) eft plus petite que l’autre & un peu moins concave; mais elles le font tellement l’une & l’autre , en forme d’entonnoir fort évafé, ue l’épailfeur du milieu n’excède pas 3 lignes. Je ne fais même ï dans l’origine 1l n’étoit pas percé ou occupé par quelque fubftance moins folide; cependant , une de ces mêmes vertèbres fciée, ne EE (x) Je range encore ici, fous la dénomination des poiffons proprement dits, les baleines, &c. les rayes, &c. fur lefquels on cft obligé maintenant de sex» pliquer. Tome VII, Part. I, 1776: Ggg 410 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fortifie pas ce foupçon. On voit par cette dernière , que la fubf- tance fpongieufe elt environnée d’une compaéte plus mince aurour qu'aux faces ; enforte que celle de l'une & de l’autre de ces faces, {e joignent au centre de la vertèbre. Ces vertèbres ont quatre épi- phyfes, les deux inférieures & deux fupérieures , où bien les mar- ques qu'on y voir , & entre lefquelles paroît avoir été le canal vertébral de 7 lignes de diamètre , font-elles l'origine de l’apophyfe fupérieure : mais elles y ont été unies par des cartilages. Celle que j'ai fous les yeux, a été tirée des falaifes du Cap de la Heve. Je crois qu'il eft aifé de prendre une idée affez jufte de cet os, fans le fecours des figures. On en a trouvé qui étoient jointes enfemble, mais d’une manière qui n'étoit pas tout-à-fait naturelle. Pafous à l’exauien de reux de ces oftéolithes qui feuls ne for- ment pas une figure fymétrique ; celui par lequel je commence, reffemble beaucoup à la partie fupérieure d’un fémur gauche, mais il eft bien plus grand , & en diffère plus encore par la forme de la tête. Toute la portion que recouvre aux fémurs humains, le cartilage lice & poli, eft formée dans celui-ci comme la bafe d’une pyramide. Le plan de cette bafe s'approche autant du corps de los, que celui que forment les bords du cartilage s’en écarte dans le fémur, Ce que je nomme ici la rère & le col, ne font pas des épiphyfes, mais la continuité de l’os mème. On ne peut juger parfaitement de la forme du col, parce que le grand trochanter eft trop mutilé. Ce col, moins dégagé que dans le fémur, eft néanmoins tourné de bas en haur, & un peu en devant ; il fair un angle prefque aufli aigu avec le corps de l'os, que celui du fémur et obtus. Le petit trochanter, s'il y en a un, eft recouvert d’une maffe de pierre, de couleur fauve, dans laquelle on voir une corne d’ammon mutilée, une came & des fragmens de coquilles de différente efpèce, comme huitres, peignes , &c. Cette malle pierreufe embraffe tout le tour de l'os; mais elle eft moins forte en devant qu’en derrière. L'émi- nence oblongue, qui fair entre les deux trochanters du fémur une communication, fe trouve dans cet os-ci; mais il ne paroït pas que fa continuation s’étendît pour former fur le corps de l'os une ligne offeufe , comme la ligne âpre ; car ce corps de los, qui eft ici coupé tranfverfalement , offre une figure femblable à la coupe longitudinale d’une amande : on voit donc qu’il n’eft pas cylin- drique comme celui d’un fémur, mais que fa partie extérieure eft un peu en couteau : elle a aufli une légère courbure. Les fubftan- ces internes de cet os, font, à fort peu de chofe près, celles de la partie fupérieure du fémur, & remplies d’une matière*pierreufe , fufceptible de poli. On apperçoit ces différentes fubftances par la tête qui eft mutilée, par l'abfence du grand crochanter, dont j'ai SURSPHIST: NATURELEE ET LES ARTS. - 41: ufé les reftes jufqu’à fon origine , pour reconnoître la texture, & pat la coupe tranfverfale du corps de los que j'ai polie. Sa fubf- tance extérieure , de couleur brune , quoique très- lice antérieure- ment , eft fendue en tous fens, devant & derrière. Des fragmens de coquillages & des petits ouvrages d’infeétes marins, y font adhé- rens. Cet os a été recueilli dans les falaifes du pays d’Auge, vis- a-vis les Vaches-Noires. Toutes ces dimenfons font prefque doubles de celles d'un très-grand fémur. Si je n’en donne pas la jai ; C'eft à caufe de fes murtilations , de fes inflexions, de fes fentes & de la pierre qui l’environne, qui y apporteroient de la confufon , à moins qu'on ne mulriplhiât les afpects, & que la gravure ne für précieufe. Un os prefque entier, Planche II, n°. r, figure première, offre, à-peu- près, les contours , la grandeur & la courbure d’une omoplate. Mais c’eft tout ce qu’il y a de commun avec cer os humain. La plus large de fes extrémités, eft une forte de mafle fort irrégulière, fpongieufe, plus épaifle que l'os, au-deffus de laquelle on apperçoit des inégalités , des impreflions, qui portent à penfer que des muf- cles y étoient attachés. L'autre extrémité eft un peu mutilée; elle paroït fe contourner différemment de la partie la plus mince & la plus étroite du corps de l’os qu’elle prolonge ; elle avoit aufli plus d'épaiffeur. Je préfume, par l’infpection de quelques accidens , qu'en- tre les deux fubftances propres de cet os, il y en a une fpongieufe qui le remplir. Ses deux furfaces font à-peu-près également convexes, & fes cotés font fort minces. Sa plus grande épaifleur eft de 14 à 15 lignes, & celle de la plus large extrémité, de 20 ; fes deux furfaces font couvertes d’afpérités. Il à été trouvé dans le banc pé- trifié du Cap de la Heve. Je ne m'arrèterai pas à faire une longue defcription d’une por- tion d’os courbe, de 10 pouces de long, fur des diamètres d’un pouce & d’un pouce & demi, parce qu'il n’a aucune de fes extré- mités. Ce pourtoit être la portion moyenne d’une côte; fa fubftance offeufe eft crès-épaifle , ainfi que la fpongieufe; une, à-peu-près ré- ticulaire , remplit le centre; il a plufeurs impreflons digitales, fe- lon fa longueur. Il fair feu avec le briquet. Un autre morceau eft l'extrémité d’un os ; fes fubftances font les mêmes que celles du précédent. Leurs interftices ne font pas feu- lement remplis d’une matière lapidifique, opaque & fufceprible de poli ; au centre , elle eft cryftalline , où au moins tranfparente. IL eft tems maintenant d’en venir aux os de'mème nature, tirés des mêmes lieux, dont la groffeur & la forme font extraordinaires, & qui font notre principal objer. Il y a de ces os pétrifiés, longs, dont la forme totale m'’eft en- Gggz2 412 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, core inconnue ; ils font larges de-4 pouces & demi à $ pouces; une de leurs furfaces eft prefque plate, l’autre eft convexe , de ma- nière que vers le milieu de leur largeur, ils ont 15 lignes d’épaif- feur ; les côtés font fort minces, & l’un plus que lPautre. Ces os ne paroiffent avoir que deux fubftances , l’offeufe qui a environ 4 lignes à la furfaceplate, & 3 à la convexe ; & la fpongieufe qui occupe tout l’intérieur. J'ai vu de ces portions d'os qui avoient 2 pieds de long ; j'en conferve un morceau qui n'a que 4 pouces: on en tire des étincelles avec le briquet , comme de plufieurs autres ; il a été tiré du banc pétrifié du Cap de la Heve ; des oftracites, dont l'analogue vivant ne fe trouve pas dans nos parages, & autres co- quilles fofliles, font adhérens à fa furface. Une portion d'os rond , de 14 pouces de long , & autant de cir- conférence moyenne , a une tournure que l’on peut comparer à la partie inférieure du corps de Phumérus, c’eft-à-dire , à cette portion torfe qui eft entre les marques mufculaires & la partie large & trian- gulaire, où commence l'extrémité inférieure; mais il paroît, par les bouts de cer os pétrifié, qu'il ne continuoit pas à avoir la forme de l'humérus, parce qu'ils s’élargilent trop. ( Voyez la figure 2.) Sa fubftance offeufe a, dans quelques endroits, 8 lignes d’épaiffeur, & paroïît fort compacte. En dedans de celle-ci, il en paroït une autre plus rare. Mais on ne peut l’obferver , parce que cet os eft rempli de gravier ou très-gros fable. Ce gravier a, fans doute, roulé jadis, car fes angles font abattus, ce qui lui donne une forme plus ou moins ronde. Cet os a été trouvé avec d’autres dans un lit de femblable gravier , qui contient aulli des huitres à écaille, fofliles, d’une grandeur prodigieufe en comparaifon de celles des huitrières qui font au large de cette côte. Il faut toujours fe fouvenir que ces hautes falaifes enfeveliffoient , fous leur mafle énorme, tous ces fofiles , il y a peu d’années. : J'ai une autre portion d'os , figure 3, planche Il, n°. 1, qui n'eft guère moins grofle, plus courte, plus large, & plus plate par un bout, toute remplie de fa fubftance fpongienfe , dont les cellules font occupées par la matière du banc pétrifié dont jai parlé , & d’où elle a été tirée. Ce que cet os a de fingulier, c’eft que fa fubftance offeufe ne paroït avoir qu'une ligne d’épaiffeur ; on en tire des étincelles avec le briquet. Quelque vermiculites ÿ font attachés. Des os ronds, de quatre à cinq pouces de diamètre, avec des bouts qui vont en élargiffant, ont certainement fait partie de quelque animal formidable ; mais ils ne nous donnent pas l'idée de fa forme. Ceux qui nous reftent à décrire, ne nous la feront peut-être pas mieux connoître; qu'importe ? fi après avoir excité la curiofité , ils SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 portoient les Obfervateurs, qui, dans leurs recherches , en trouve- roient de cette taille, à nous en donner la defcription & la figure, & à y joindre quelques conjeétures fur leur origine. C’eft en com- Mmuniquant qu'on peut efpérer d'augmenter la fomme de nos con- noiffances fur l'intérieur de la terre, & fur les révolutions fubites ou fucceflives qu'elle a dû éprouver. La figure 4, Planche 11, N°. #1, repréfente un os pétrifé qui fe +rouve aflez fréquemment dans le banc du Cap de la Heve, donc j'ai déja parlé; les plus ordinaires ont environ un pied de largeur, 3 pouces & quelques lignes d’épaiffeur dans le milieu, & au moins 2 pieds de long. J'en ai fcié un dans fa plus grande largeur, & examiné plulieurs qui étoient caffés, ce qui m'a procuré la connoife fance de leur ftruéture intérieure. A l'endroit le plus large, elle eft prefque toute formée d’une fubftance fpongieufe , qui eft plas rare dans le milieu & les côtés, qu’en approchant des deux furfaces ; là, elle eft fi fort refferrée, qu'elle y forme une fubitance offeufe d’en- viron 6 lignes d’épaiffeur, qui augmente le long du col jufqu’à 9 lignes; elle s'amincit enfuite vers la têre qui eft prefque toute fpongieufe ; les cellules même y font plus grandes. Les fubftances de celui que je décris plus particulièrement , font toutes remplies de matières lapidifiques , & de particules pyriteufes, On fera peut- être furpris que j'aie fcié moi-même & poli ces os : mais ceux aux- quels les pratiques des arts ne font pas étrangères, favent qu'on ne connoît jamais fi bien les corps que quand on les travaille , il y a une forte de tact qui nous éclaire fur leur nature ; & d’ailleurs ; on peut fe reffouvenir que l'un des plus fameux Philofophes qu’ait ptoduit l'Angleterre, avoit coûtume de dire, que la connoiffance des Arts méchaniques renferme plus de vraie philofophie que tous les fyltèmes, Les hypothèfes & les fpécularions des Philofophes. {1 eft prefque impoflible de dégager ces os de la pierre aus les enve- loppe, & de les avoir entiers, parce qu’ils font caflans, & que cette pierre y eft fortement adhérente : je n'ai pu m'en procurer un qui ne für rompu. Celui que je garde, s’il étoit entier, pèferoit en- viron trente-cinq à quarante livres. ! Plufeurs des Oftéolithes que je: viens de décrire; fe trouvent dans les falaifes , & n’y font fouvenr que’ peu ‘élevés ‘au-deflus du niveau des plus grandes marées. Mais il faue remarquer que ces falaifes ont croulé pendant des fiècles, & qu'ainfi ces os éroient enfévelis avec des coquillages & autres productions marines à deux & trois cens pieds fous la furface de la terre. Cerre épaif- feur de trente , quarante, cinquante toifes , eft partagée par couches horifontales de terre-franche , de marne, de pierre, de çaillou, de 414 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fable, de glaife, &c. Les autres font au-deffous du niveau de la mer, dans des bancs de glaife pétrifiée, remplis de coquillages , dont les analogues vivans ne fe trouvent point dans les parages voifins. Ces bancs faifoient eux - mèmes, il y a peu d’années, la bafe de très-hautes falaifes. Ils font rellement remplis de coquillages, qu'on les y trouve, en bien des endroits, entaflés les uns fur les autres. On y trouve des tables d’huitres communes & autres, ap- platies , qui ne paroiffent être liées entr'elles, quoique folidement, que par la glaife pétrifiée. On y voit des arches de Noé, diver- fement ftriées & tuberculées, des thélines , des cœurs , des cames de différentes efpèces , de groffes moules longues , des peignes , des nérites, des fabots ou limaçons de mer , des nautilles, des. cornes d’ammon de toute efpèce, des débris de gros madrépores, dont la fommité reflemble à des fungites ou champignons de mer, & on ne voit, parmi ces coquillages plus ou moins pétrifiés , ex- cepté les huitres ordinaires , aucuns de ceux qui font très-abon- dans fur ces côtes, pas une feule de nos petites nérites en vignos , pas une moule ordinaire, aucun lépas , aucune pourpre; tous ces fofliles connus environnent les os qui font notre objet, & qui n'avoient pas été apperçus non plus que les bois pétrifiés , ferrugineux , pyriteux, charbonnés, &c. J'aurai occalon de revenir fur ces divers objets. TT d DOS TEA MARNE De M. pe Morveau, à l’'Auteur de ce Recueil; Sur la Dent d'un Animal inconnu. Moss j'ai vu, les vacances dernières, dans la Collec= tion de M. Ythier, à Châlons- fur- Saône, une efpèce de dent fingulière ; il m'a permis de la faire defliner; & quoique je n'aie rien pu découvrir, ni fur l'animal , à qui elle appartient, n1 même fur le lieu où elle a été trouvée , vous jugerez probablement , comme moi, qu'il eft important de la faire connoître aux Na- turaliftes, c'eft le vrai moyen d’exciter, à ce fujer, leur attention, & de les engager à vous communiquer ce qu'ils croiront capable d'appuyer quelques conjectures. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 41s Je Joins une courte defcriprion à la figure qui a été tracée avec beaucoup d’exactitude ; par un Amateur. Je fuis, &c. EXPLICATION DE LA PLANCHE II, N°. IL À, la Dent vue par-deffus , avec fes neuf fcies, d’un affez beau noir. B, la mème, vue par - deffous , de couleur moins vive , & plus ardoifce. C;, partie de la Dent ui eft comme chagrinée ou à petits 1 " ? q 1 . 1. grains dofge. Les deux prarnbérances inférieures forment la racine ou la partie qui étoit enfermée dans L'atveuie. D, la Dent vue du côté oppofé, qui eft un peu déprimée ou concave. -E , autre côté de la dent, où l’on a repréfenté la réunion des ftries £n «a, 416 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LME ANR EU De M. ze Ro y, de l'Académie Royale des Sciences} À LAuteur de ce Recueil, Jia l'honneur de vous envoyer, Monfieur ; la traduétion du dif couts fur l’attraition des montagnes | prononcé l’année dernière dans la Société Royäle de Londres , pat M, le Chevalier Baronet , Pringle L'entreprife dont cet homme célèbre rend +ompees dans ee difeours, n’eft poius Jr ces entrepriles chimériques comme celles dont le Jour- nal des Beaux-Arts des années 1769 & 1771 a entretenu le Public, & où, en rapportant de prétendues expériences faites dans les mon- tagnes du Faucigny fur des pendules, on a voulu tromper les Sa- vans d’une manière indishe de la Philofophie, & les expofer à cal- culer, ou à raifonner d’après des faits qui n’exiftoient pas. Ce n’eft pas non plus de ces expériences où, avec des inftrumens groflers , on a penfé qu’on reconnoîtroit des différences dans la pefanteur des corps à des hauteurs fi peu différentes l’une de l’autre , que les plus excellens inftrumens n’auroient pas pu les rendre fenfibles. L’entre- prife dont parle M. le Chevalier Pringle, eft une entreprife réelle ; exécutée d’après Les ordres d’une des plus célèbres compagnies de Savans de l'Europe, ausvu & au fu de route l’Ecoffe & l'Angleterre, & en employant .tous les moyens que la fagacité & l’induftrie hu- maine ont pu fournir pour en affurer le fuccès. Appliquée invaria- riablement à fuivre la route que l’immortel Bacon à tracée à toute l'Europe favante pour étudier la Nature avec fuccès, & marcher fans s'égarer dans le labyrinthe immenfe des difficultés dont fon étude eft remplie; cette Société à cru que pour completter entièrement la théorie de l’attraétion , ou mettre ce principe aétif de la nature hors de tout doute , il falloir refaire, & avec de nouveaux foins & de nouvelles précautions , la curieufe & ingénieufe expérience que M. Bouguer ofa tenter au Pérou en 1738. On fait que ce célèbre Académicien , pour reconnoître fi en vertu de l'attraction répandue dans toute la matière felon les Newroniens , les montagnes avoient une force attraétive ; il fit des obfervations à ce fujec fur la mon- tagne de Chimboraço, & que bien que le réfulrat de fes obferva- prons indice HO. à. . ex NH ’ - SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 417 tions ne fur pas entièrement conforme à .ce qu'il en attendoit ; il trouva cependant par ces obfervations , que l'attraction de cette montagne étoit aflez forte, pour éloigner le fil à plomb de la ver- ticale ; d’une quantité fenfible. L'expérience «tentée en Ecoffe a eu le plus grand fuccès, comme vous le verrez, Monfeur , par le difcours de M. le Chevalier Pringle, & elle met par-là, fi cela fe peut dire, la dernière main à la théorie de l'attraction. Il éroit naturél qu'en rendant compte de cette expérience, on fît en mème-tems l'hiftoite de ce qu’avoient dit fur cette propriété générale de la ma- tière, les Philofophes qui en avoient parlé avant Neuron ; c’eft ce que fait M. le Chevalier Pringle. On ne peur s’empècher d'admirer l’im- partialité avec laquelle , en parlant au milieu de la Société royale, d’un fyftème qui a immortalifé Newton ; il rend juftice à Copernic & à Ké- pler, fur-tout à ce dernier, qui a dit fur cette propriété univerfelle de la matière , des chofes fi fingulières, qu’il paroît avoir prévu une grande partie de ce que le Philofophe de l'Angleterre, à démontré dans la fuite. Je rerminerois ici ma Lettre, Monfieur, fi ce n’étoit l'occafion, en parlant de l’impartialité de M.le Chevalier Pringle, de répondre à un reproche qu'on lui a fait, dans une lettre adreffée à M. le Comte de Trefan , pag. 444 de votre Journal du mois de Mai de l’année dernière. On lui reproche de n’avoit pas rendu juftice à M. Adanfon, dans fon Difcours fur la Torpille, en -rapportant l’hiftoire des obfervations faites en différentes parties du monde, fur les efpèces de poiflons qui font éprouver une fenfation femblable à celle de la commotion éleétrique , & d’avoir voulu donner la pré- férence à un autre Savant M. s Gravefénde : rien n'eft plus éloigné du caraétère & de la façon de penfer de M. le Chevalier Pringle, que la parrialité qu’on lui attribue ici. On voit évidemment, quoiqu'en dife la lettre , que s’il n'a pas rapporté l’obfervation de M. 4danfon, à fa véritable date, & avant celle de M. s'Gravefende , c’eft unique- ment parce qu'il n’a pas fait attention, & fürement par inadvertance, à cette date, & qu’il a parlé d’après celle de la publication de l'Ou- vrage. Il fuffit de lire ce difcours fur la torpille, & celui que j'ai l'honneur de vous envoyer , pour être pleinement convaincu de l’im- partialité de cet homme ïlluftre , & de fon empreffement à rendre ju£- tice, dans toutes les occafions, aux Savans de toutes les Nations. J'ai l'honneur d’être, Monfieur, &c. Tome VII, Part. I. 1776. Hhh » 413 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Dr CE ONU PRES SUR L’ATTRACTION DES MONTAGNES, Prononcé dans l'Affemblée annuelle de Ia Société Royale de Londres, du 30 Novembre 1775, par le Préfident M. le Chevalier Baronet(1}), PRINGLE, imprimé par ordre de la Societé; Traduit par M. LE ROY, de l'Académie Royale des Sciences, Maven ass A la fatisfaction que vous avez témoignée, lorfqu'on vous a ex- pofé le projet de mefurer l’artraétion des montagnes ; à la manière dont vous avez accueilli le récit de tour ce qui a été fait depuis ,. pour l’exécuter ; on a vu fi fenfiblement combien vous y applaudiffiez, que votre Confeil , toujours attentif à fuivre vos fentimens, a donné la médaille du prix à l’auteur & à l’exécuteur de cette entreprife, le Révérend M. Maskelyne, Aftronome du Roi à Gréenwich. Vous n’avez jamais manqué de faire une attention particulière , aux nombreux & utiles écrits, que notre digne confrère vous à communiqués , avant cette époque ; mais fes derniers travaux, entrepris par vos ordres , couronnés par le fuccès, & dont il rend compte dans fes Obfer- vations faites fur la montagne Schehallien pour trouver fon attraëlion (2), fembloient impofer de telles obligations à la Société , que votre Con- feil n'a pas cru pouvoir mieux les reconnoître, que par les marques les plus diftinguées de votre approbation. En conféquence, & par lPautorité de la Société , j'ai fait graver fur cette médaille le nom de M. Maskelyne , avec la date de cette année , afin de perpétuer à jamais l’honneur que vous lui conférez aujourd’hui ; fi après m'avoir permis de rappeller à votre fouvenir, quelques-unes des particula- (1) Voyez dans le Cahier de Mars 1775, ce que font les Chevaliers Baronets, Anglois. (2) Ces Obfervations , &c. font inférées dans le fecond Volume des Tranfac- tions Philofophiques de l'année dernière 1775+ ME, Li Rod, 2 à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 419 rités les plus intéreffantes de ce fujet , & des opérations de M. Ma- skelyne, vous adoptez le jugement de votre Confeil. Je n’embrafferai pas ici le fujet de l’attraétion | dans toute fon étendue ; je ne parlerai pas non plus de fes différentes efpèces; je me bornerai à ce qu’on à diftingué dans ces derniers tems, en s’ar- rèrant uniquement aux effets, par les noms de gravité où de gravita- tion: le vulgaire apperçoit cette propriété des corps, quand ils tombent ; mais la Société royale a reconnu depuis long-tems , que c'éroir une qualité imprimée par le Créateur, à route la matière, Lie de la terre, foit des cieux, foit en repos, foit en mouvement : i/ commanda € elle fut créée. On ne pouvoit découvrir un principe de cette univerfalité , la vraie Phyfique de l’Aftronomie, fans avoir de juftes notions de l'ordre ; & des mouvemens des fphères céleftes. Car pour en en- tendre l'œconomie en général , il éroit néceffaire de connoître au- paravant , les étoiles qui étoient en repos, celles qui étoient en mouvement, comment celles-ci fe mouvoient, &c. On peut direainf, qu'en découvrant le véritable fyftème célefte, on à frayé le chemin à la connoilfance de cette fublime vérité, /a loi par laquelle le monde phyfique ef gouverné. Maïs quels en furent les inventeurs ? Eroient-ils Caldéens ou Egyptiens? Devons-nous ce fyftème à Pythagore, ou à Plulolaus , où à quelqu'autre Grec? Etoit-ce enfin dans leur propre patrie , ou tranfplantés dans l’école d'Alexandrie , qu'ils firent cette grande découverte ? C’eft une recherche dans laquelle je n’en- trerai pas ; comme étant aufli obfcure qu’inutile. Tout ce qu’il y a de clair, & qui a trait à notre fujet; c’eft que quelques-uns des an- ciens Grecs conjeéturèrent , avec jufte raifon , que le Soleil étoit im- mobile, & que la terre avoit un mouvement circulaire : mais cette opinion ne fut jamais générale. Il ne paroît pas même, qu'il en ait été queftion davantage , pallé le deuxième fiècle; rems où vivoit Prolomée , qui adopta, plus qu'il n’inventa, le fyflême qui porte aujourd’hui fon nom : en effer, c’étoit le fyftème qui prévaloir de fon tems, & prefque le même que celui d’Ari ote. Il n’éroit peut-être pas impofible de le perfeétionner , par les obfervations , rout erroné qu’il éroit ; mais quand il fut une fois enté fur la Philofophie de l’école , & qu'ils furent tous deux foumis à l’Aftrologie judiciaire, l’Aftro- nomie fe trouva rabaiffte au niveau du prétendu favoir des fiècles d’ignorance, & de barbarie qui fuivirent, & contribua à les aug- menter. Mais dans les 1ems prédits, & lorfqu'il plut au fupréme Difpenfz- ceur de tout bien, de rendre la lumière au monde égaré, & de mani- fefter encore davantage fa fagelle , dans la fimplicité , ainfi que dans la grandeur de fes ouvrages ; il ouvrit cette riche fcène par le re- Hhh 2 s2o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nouvellenrent de la véritable Aftronomie. Copernic , de Fhorn ( ville: de la Pruffe royale (1), doué par la nature , des plus grands ta- lens, perfectionnés pat les voyages , & pat une connoiffance profonde des Mathémariques , fe dégoüta bientôt des contradiétions qu'il ren- controir dans les Auteurs Mathématiciens qui traitoient des caufes des phénomènes céleftes. 11 eut recours , comme ik nous l’apprend lui-même ( 2}, à rous les Philofophes qui en parloïent , pour voir s’il n'y en auroit pas quelquesuns , qui euffent été plus conféquens- dans leurs explications des mouvemens irréguliers des étoiles , qu'on. ne l’étoit dans les ouvrages de ces Mathématiciens. Mais il ne ren- contra rien de fatisfaifant , jufqu'au moment où il trouva dans Ci- céron que Nicéras avoit foutenu le mouvement de la verre , & dans Plutarque , que quelques autres Philofophes avoient été du mème fen- timent. Cicéron rapporte que Micéras, le Syracufain , foutenoit, felon Théophraîte , que Les cieux ; le foleil, la lune É Les étoiles , en un mot tous les corps célefles , étoient immobiles , & qu'excepté la terre , rien ne fe mouvoit dans l'univers ; mais que pendant que la terre tourne avec la plus grande rapidité fur fon axe , les mêmes phénomènes avoient lieu, que f elle eis été fixe, & que les cieux euffent eu du mouvement. Cerre même penfée fut auffi celle de Platon, mais 11 lexprima d'une manière affez obfeure (3). Quant à Plurarque, voici fes paroles : d’autres , dit-il, fappofent que la terre ef en repos, mais Philolaüs, Le Pythagoricier , prétend qu’elle eff emportée dans l'écliptique autour du feu, comme le foleil € la lune. Héraclides de Pont, & Ecphantus, Ze Pythagoricien ; la font tourner comme une roue autour de fon centre de l'Oueft a l'Ef, mais fans qu’elle change: de place (4). D'après ces citations, & ce que Copernic ( $) ajoute, nous voyons combien ce grand homme éroit éloigné , de fe parer des découvertes d'autrui. Loin delà, il éroit inquiet , non-feulement de rendre juf- tice à ceux qui l’avoient précédé , mais encore de fe couvrir de leur: autorité, contre l’accufation d’inovation , d’abfurdité & d’impiété, qui attendoit la publication de fon fyftème. Au refte, en découvrant ces fublimes vérités , le génie inventeur de Copernic n'eut que fort peu d'obligation, foir à Micétas , foit à Plaron. Car il paroïît , d’après (1) Cette Ville eft fous la puiffance du Roi de Pruffe , depuis le partage de la Pologne. (2) Préf. de fon Livre de Revolutionibus orbium Cœleftiumi (3) Cicer. Quef. - Academ. (4) Placie. Philofs Liv. 3 ; Cap. 34 (5) lbid. SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS, a Cicéron , que ces deux Philofophes foutenoient qué la lune & les planètes étoient immobiles. De même, il ne pus tirer gvand parti de Philolaus, qui enfeignoit , que la terre tournote autour d'un feu : car ce feu ne pouvoit pas être le foleil ; ce Philofophe comparant le mouvement de la terre aurour du feu, à la révolution du foleil & de la lune autour de la terre. Enfin, à peine eft-il :néceffaire de dire, qu'il ne peut cirer qu’une foible lumière d'Héraclides & d’Ec- phantus, quoiqu'ils admiflent le mouvement journalier de la certe, puifqu’ils nioienr entièrement fon mouvement annuel, Cependant, dita-ton, fi Copernic cherchoit à rendre juftice aux An ciens, pourquoi , au lieu de citer ces Auteurs , n’a-t-il pas plutôe rapporté un paflage clair & précis du Traité d’Archimède, intitulé : Arenarius , fur l’immobilité du Soleil , & fur le mouvement de la terre dans un cercle autour de cet aftre, Ce que la plupart des Philo- Jophes appellent le monde, dix cet illuftre Géomètre , ef} une fphère, dont le centre eff celui de la terre, & dont le rayon eft égal, à La ligne droite qui joint les centres de La terre 6 du foleil ; mais Ariltarque de Samos , ex réfutant cecte opinion , a avancé une hypothèfe felon laquelle Le monde furpaf[erois de beaucoup, la grandeur que nous venons de lui don- ner. Car il fuppofé que le fokil & Les étoiles reflent en repos , & que la serre eff emportée dans un cercle autour du foleïl placé au milieu de for cours (1). Telles font les paroles d’Archkimède , qui ne patoît pas défapprouves ce fyftème, mais qui, dans fon explication, ne va pas au-delà de ce qui étoir néceflaire à fon objer. Il eft probable que le génie péné- trant d’Ariflarque ait découvert le véritable ordre ou arrangement des corps céleltes , & que par-là, il eùc entièrement prévenu Copernic. Cependant je ne fache pas que cette circonftance ait été rapportée nulle part. D'ailleurs, notre illuftre réformateur du fyftème du monde, n'en feroit pas moins exempt de plagiat par rapport à Ariffarque , puifque ni l’érenarius d’Archimnède , où l’on trouve ce palage , ni: même aucun autre de fes précieux fragmens n’avoit vu le jour avant la mort de Copernic. Il y a plus, cer homme extraordinaire étoit à peine à la moitié de fa carrière, qu'il avoit déja, non-feule- ment fait fes découvertes, mais encore qu'il les avoit raffemblées. dans fon Traité de Revolutionibus orbium Cæleflium, le {eul que nous ayons de lui. I le fupprima prudemment, jufqu'à ce qu'il eûc mürement confidéré fon fujec, & qu’il eût trouvé, pour protéger fon Ouvrage, un Patron puiflant, le Pape lui-même, Paul 111, grand amateur de l’Aftronomie. Il dit à ce Pontife, en faifant al-- (1) Arehimed. Arenar. edir, Oxon, 1676. 22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lufon awprécèpte d’Horace ;: qu'il :avoit laiffé murir ce fruit de fes tra vaux , non pas neuf anslifeulemènt, mais quatre fois neuf ans (1). Enfin, ayabt«confenti-à.de «publier, il en remit le foin de l'im- preflion à quelques amis. qui demeuroient dans une Ville éloignée (à Nuremberg) s18&x qui. lui, en envoyèrent le premier exemplaire imprimé; mais qui An'asriva malheureufement que quelques heures avant fa mort (2). Peu d'Ouvtages'ont établi un plus grand nombre de vérités im- portantes, ou détruit un plus grand nombre d’erreurs fortement enracinées. Là , au lieu ‘de l’immobilité de la terre ,-il prouve fes trois mouvemenss le mouvement journalier autour de fon axe, le mouviément annuel autour du foleil, & cet autre mouvement connu fous le nom de preceffion des équinoxes ; mouvemens que., jufques à lui, on avoit toujours rapportés à celui des cieux. Il démontra de mème les deux mouvemens de la lune, l’un de tous les mois au- rour de la terre, l’autre de tous les ans , autour du foleil. Copernic ne s'arrêta pas là; car après avoir pofé ces folides fondemens de la Phyfque célefte, 1l en commença l'édifice , en foupçonnant qu'il y avoit un principe d’attrattion inhérent dans toute la matière, Il réfute d’abord les Péripatériciens qui prétendoient que les corps tomboient en vertu d’une loi de la nature, par laquelle toutes les chofes pefantes tendent au centre de l'Univers, ( qu’ils fuppofoient au centre de la terre). Car i/ fait voir que telle eff l'irrégularité appa- rente des mouyemens de certaines planètes, que la terre ne peur étre le centre de Lurs orbites , 6 conféquemment celui de l'Univers. De-la , dit-il, il doit y avoir, felon ces Philofophes , plufieurs centres ; & s’il en eft ainfi, qui pourra déterminer le véritable , vers lequel tous. les corps doi- vent tendre ? Quant à la gravité, je ne la -confidère pas autrement , ajoute-t-il ; que comme une certaine tendance ou inclination naturelle, (appetentia) , que le Créateur a imprimée à toutes les parties de la matière , pour qu'elles s'uniffent & fe raffmblent en forme globulaire , afin de fe conferver en corps. Et il y a lieu de croire que la même fa culté réfide dans le foleil, la lune.6 les planètes, pour que ces corps puifene retenir de même cette forme fous laquelle nous les voyons rouler far nos sétes (3). Copernic , de plus, regardoit le foleil comme la prin- cipale puilfance qui gouvernoit la terre & toutes les autres planètes; car après avoir placé ce grand foyer de lumière dans le centre, 1l ————————@—@© (1) Prefat. ad Lib. de Revolut. (2) Gaffendi in vita Copernic. (3) De Revolut, orb, Cæleff Liv. 1, Cap. 9. SUR L’HIST, NATURELLE ET LES ARTS, 41; s’écrie comme tranfporté: Profeéloranquam in folio repali [ol refdens, circum-agentem gubernat àflrorum familiam (1), & ïl n'entendoit pas que ce gouvernement für exercé par aucune autre force ou puilfance que celle de l'arraélion , comme on peur le déduire de quelques- unes des dernières paroles du célèbre Tycho-Braché au fameux Xépeer, qui, jeune alors, l'aidoit dans fon Obfervatoire à Prague. Car fen- tant les approches de la mort, il l’'appella, & après l'avoir chargé de compléter & de publier fes Tables aftronomiques qu’il laifloit fans être achevées , il lui parla en cës termes : Mon ami, quoique ce que J'attribue à un mouvement volontaire on de déférence des planètes autour du foleil; vous Pattribuiez à une force atrreëlive de ce COrps , ce= pendant, il faut que je vous conjure d'expliquer tous les mouvemens çé- dejles , en publiant mes "Obférvations , uniquement par mon hypothèfe, plutôt que par celle de Copernic ; que Je fais , que Jans cela, vous feriez . enclin a fuivre: (2). D'après ce paffage que j'ai tiré de la vie de Tycko-Brake, il pa- roîtroit que*, quoique cet Aftronome, non moins excellent que Copernic, ne fut pas fans quelque idée de la puiflance influente du ‘foleil far les planètes, il ne voulut pas cependant la caraétérifer par un terme aufli fort que celui d'artraëhion. Au refte ; quant à la manière dont Képker foufcrivit à la requête de fon maître mourant, nous nous écarterions de notre objet en en parlant ici. Nous nous con- tenterons d’obferver , que dans fes propres Ouvrages , non - feule- ment, il foutienc conftamment la doctrine de l'attraction , mais encoré qu'il l'a portée plus loin que Copernic ne l'avoir jamais fair. .C’eft ainfi qu'il appelle la gravité, wne affection corporelle € mutuelle entreules corps fémblables , tendant à produire leur union ( 3). De plus, il obferve avec Copernic ; contre les Péripatéticiens , que tous Les corps pefans ne 1éndent pas au centre de l'Univers ; mais au centre de eës plus grands corps fphériques ; dont ils font partie. De forte que fi la terre n°e- toit pas ronde, les corps ne tomberoïent pas, de. toutes parts vers Jen centre. | ajoute que ff on plaçoit deux pierres, à une diflance lune de l'autre, dans une. partie quelconque de: cet Univers, éloignée de Lx fphère d’aëlivité, d’un croifième corps ; elles avanceroient l'une vers l'autre comme deux aimans , 6 fe réuniroient enfèmble dans quelque poiñt inter. médiaire en parcourant chacune ; des efpaces en raijor inverfe de leur quantité de matière. De-la, f? la lune & La terre n'étoient pas retenues mn me (1) Zbid. Cap. 10. (2) Gaffend. in vita Tych. Brak, Cap. $. (3) Aftron, Noy. in introduë, à Ù 4124 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par quelque puiflance , dans leurs orbites refpeëlives , elles fe mouveroïent l'une vers l'autre; la terre ne faifant que la cinquante quatrième partie du chemin, tandis que la lune en feroit Les cinquante-rois autres | en Juppolant leurs denfités égales (1). Kepler rendoit compte du mouvement général des marées par le même principe , c’eft-à-dire, par l'attraétion de la lune; ii l’ap- pelle expreflément , Wirtus traéloria , que in luna efl( 2). | ajoute que fi la terre n’exerçoit pas une force artraétive fur fes propres eaux , elles s'éleveroient & fe précipiteroient vers la lune ( 3). H y a plus, on le voit foupconner que certaines irrégularités qu’on obferve dans le mouvement de la lune, font caufées par l’aétion combinée du foleil & de la terre fur cette planète (4). H accompagne ces réfle- xions , & plufeurs autres encore fur l’univerfalité de l’artraétion (comme par une ingénieufe anticipation), d’une loi de la Nature, fondée uniquement fur des conjeétures , mais qui fut enfuite plei-. nement démontrée par les expériences. L'école avoir enfeigné que parmi les corps, les uns étoient pefans par leur nature, & les autres étoient lègers, & que par-là, les premiers tomboient en bas, & Les fe- conds montoient en haut. Mais Képler prononça qu'il n'y avoit point de corps quelconques qui fuffent , par leur nature, abfolument légers, qu'ils ne létoient que relativement, & par conféquent que 1oute la matière étoir Jüjette à la loi de La gravitation (5). Le génie de Képler avoit été heureux jufques-là , à tracer ce grand principe qui empèche les planètes de s'éloigner du foleil; mais quelle force les empèchoit de tomber dans cetre mafle de feu? uelle puiffance perpétuoit leur mouvement dans leurs orbites? Ici, a fagacité l’abandonna, & laiffa à fon imagination à lui fournir, pour Defiarres, l'idée d’un fyftème de tourbillons. Quelques incomplertesque foient ces notions fur la gravité, j'ai penfé néanmoins que je devois les rappeller dans ‘æerte Merniue. pour rendre juftice à leurs illuftres Auteurs Copernic & Képler. Je Vai eru d'autant plus, que perfonne, avant eux, n’avoit parlé aufli amplement ni avec tant de précifion fur cet important fujer , & que depuis, jufqu'à l'époque de Æooke, perfonne n'a fair aucun pas, dans cette matière , qui püc me fervir d’apologie, fi j'ibufois plus longtems de votre patience, pour vous en rappeller le fouvenir. I fufhira donc de dire , que le ) Affron. Nov. in introduë. ) Ibid. Cap. 37. [@ (2 (3) Ibid. C4 (5) Ibid. in introduët. premier SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 425 premiet qui embrafla cette doëtrine en Angleterre, fut le Docteur Gülbere (1), quoiqu'il ne fût pas affez diftinguer l'attraction du ma- gnétifme , & que le fecond fut le Chancelier Bacon qui, fans être converti fur le fyftème de Copernic, reconnut cependant un pouvoir attractif dans la matière (2). Nous trouvons du même fentiment , en France, Fermat & Roberval, deux grands Géomètres (3), & en Italie, Borelli, après Galilée (4), qui fut le premier dans ce pays qui conçut cette idée, mais d’une manière fort éloignée de la précifion & de l'étendue que nous trouvons dans fes contemporains Bacon & Képler. Avant de quitter ce dernier , il eft à propos d’obferver que ce grand homme , à qui l’Aftronomie a tant d'obligation , n'a peut- être pas, après tout , autant contribué aux progrès de la théorie de l'attraction , par les conjectures que je viens de rapporter , que par quelques corollaires aftronomiques, déduirs des Obfervations de Tycho- Brahé, & connus depuis fous le nom de Loix de Képler. La première de ces loix, c’eft que les planètes ne fe meuvent pas circulairement, mais dans des orbites ellyptiques peu différentes du cercle, & dont le centre du foleil eft à l’un des foyers; la feconde, que ces mêmes planètes décrivent, autour du foleil, des aires égaux en tems égaux; enfin , la troifième, que dans différentes planètes, les quarrés des tems de leurs révolutions font comme les cubes de leur moyenne diftance du foleil. Tels furent les fondemens de la vraie Phyfque du fyftème du monde , & à la vérité, d’excellens matériaux pour l’Architeéte qui étoit encore à naître ; mais jufqu’au tems où le Chevalier Meuton parut, malgré les découvertes nombreufes & importantes qu’avoient faites dans le Ciel Copernic, Tycho-Brahé, Galilée, Képler & d’autres, l'Aftronomie n’étoit cependant encore , comme Pacon s'en plai- gnoit, qu'une fcience d’obfervations & purement mathématique , fi cela fe peut dire. Le paffage que j'ai en vue, eft long; mais comme - il tend à éclaircir plus d’une circonftance relative à mon fujet , je ne puis m'empêcher d’abufer de votre indulgence, en le rapportant ici. Quoique l'Afronomie, dit Bacon , ait été Juflement fondée fur l'ob- Jérvation des phénomènes , cependant l'édifice en a été , jufqu'ici, trop bas & op foible. En effer, cette [cience n'offre à l'efprit humain , dans la réalité, qu'un objet femblable à celui que préfenta autrefois Promérhée C1) De magnete Cent. 1. Exp. 33. (2) Novum Organum, Lib. 1, Aphorif. 30; 45 , 48 fylva [ylvarum. (3) Hüft. des Mathém. de M, de Montucla, quatrième Partie, Liv. 8. (4) Syflema Cofmicum. Tome VII, Part. I. 1776. deTUT 426 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à Jupiter, quand , voulant en impofer à ce Dieu, il offrit fur fon au- tel, au lieu d'une vittime vivante, la peau d'un grand taureau, em- paillée ou garnie de paille, de feuilles & de branches d'ofier. L'Afirono- mie ne préfence de même que lexérieur ou les dehors des corps célefies , € pour ainf£ dire, l'écorce ou l'enveloppe du ciel, Cette partie ef? belle, à la vérité, 6 formée avec art en [yflême , mais l'intérieur ou les en- trailles, & les fources de la vie de ce grand tout, manquent abfolument ; je veux dire, qu'on n'y trouve pas Les raifons € les caufes phyfiques, au moyen defquelles & des hypothèfes aflronomiques | on pourroit former une théorie propre, ron-fèulement à rendre compte de tous les phénomènes, mais encore de la fubflance, du mouvement 6 de l'influence des corps célefles , tels qu’ils font dans la nature. ... A peine trouve-t-on quelqu'un qui ait fait des recherches fur Les caufes naturelles , foit de la fubflance de La matière célefte & des étoiles , fois de la vireffe ou de la lenteur des affres agiffant les uns fur les autres ; foit des différens degrés de mouvement de la méme planète , ou encore du mouvement de l'Eff à l'Oueff, on dans une diretfion contraire ; foit des mouvemens progreffifs , flationnaires ou rétrogrades de ces corps... ; foit fur les caufes de leur apogée ou de leur périgee....ye dis donc qu'a peine a-t-0n fait quelque recherche dans ce genre, ow même pris quelque peine à ce fujet, excepté du côté des ob- Jérvations 6 des démonfirations mathématiques ; de façon que l’Aftrono- nie , telle qu’elle ef? aüfuellement, ne peut être rangée que parmi les con- noif[ances mathématiques, non fans perdre par-la beaucoup de fa dignité, puique ft elle maintenoit fes droits, elle devroit prendre rang comme la branche la plus noble de la Philofophie naturelle. Car celui qui rejettera ces antipathies imaginaires entre les corps furlunaires , fi cela fe peut dire, @ Les corps fublunaires , 6 qui fera une attention convenable à La tendance & aux affeilions Les plus générales de la matière ( qui, extré- mement puiffantes fur la terre & dans les cieux , pénètrent , dans la réalité; tout l'Univers ), prendra, par ce qui fe pale fur La terre, des notions claires concernant la nature des corps célefles ; € réciproque- ment, d'après les mouvemens qu’il découvrira dans le ciel, il apprendra plufieurs particularités relatives aux chofès d’ici-bas , qui nous font ac- suellement cachées. C'efl pourquoi nous noterons la partie phyfique de l’Aflronomie, comme manquant, 6 nous l’appellerons Aftronomia viva, l’'Affronomie animée , en oppofition à la peau empaillée du taureau de Prométhée ( 1). Cette demande fi vafte fut remplie dans le fein même de cette So- cicté, par la publication des Principes Mathématiques | Ouvrage immortel de Neuton. Là, cet illuftre Auteur démontre des vérires qui n’avoient (1) De dignitate & augmentis [cientiarum ; Liy, 3. C, 4. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 417 été que foupçonnées auparavant. Et après avoir établi, par une jufte analyfe, les loix de l'attraction , il procède d’après ces loix, & par une méthode fynthétique , à l’explication des mouvemens & des apparences des corps céleftes. Sans Neuton , Bacon palloit pour un fpéculateur vifionnaire ; mais puifque cet immortel Géomètre à fi pleinement rempli par fes découvertes , les demandes que faifoit à l'intelligence humaine notre illuftre Chancelier , ne devons-nous pas révérer & admirer les forces de fon efprit qui le mirent en état d’expofer fi bien, dans l'aurore de la Philofophie, où il vivoit, & les parties qui manquoient à l’Aftronomie, & les moyens par lef- quels nous pourrions les découvrir ? Neuton , dans un Traité pofthume de /ÿfflemate mundi , qu’il avoic fait cependant avant de publier fon livre des principes, & dont il parle dans cet Ouvrage, a dit, que quelques-uns des derniers Philo- Jophes avoient cherché à rendre compte du mouvement des planètes dans leur orbite, par l’effet de certains tourbillons , comme Képler & Defcartes, ou par quelqu'autres principes d’impulfion ou d’attratlion, comme Borelli, Hooke , & quelques autres de notre Nation. I paroitroit d’après ce paffage qu'on auroit formé dans ces tems-là , plus de conjeétures fur l’attraétion , qu’on n’en trouve de publiées. En effet, fi l’on en excepte Gilbert , qui tenta envain d’expliquer le fyftème du monde par le magnétifme , & Bacon qui n’admit jamais le fyftème de Copernic (1); je n'ai trouvé perfonne parmi nous , excepté Hooke , qui ait laiffé dans ce genre à la poftérité , quelque chofe de digne de votre atten- tion. Et il faut le dire, Hooke, l’un des premiers, des plus utiles & des plus ingénieux Membres de cette Société, avança plus dans cette recherche que tous ceux qui l’avoient précédé. Mais je ne m’é- tendrai pas fur fes progrès à ce fujer, fes leçons cutlériennes (1), où ils font expofés , étant entre vos mains, & n'ayant déja que trop infifté fur cette partie de mon fujer. Mais il fera à jamais glorieux pour Æooke, que Neuton l'ait ainfi aflocié avec lui comme ayant maintenu la véritable caufe qui règle le cours des planètes ( 3). Quant (1) Arque harum fuppofitionum abfurditas , in motum terra diurnum ( quod or- bis conffet fallifimum ele), homines impegir, Bacon de dign. & augm. fcient, Lib. 3» Cap. 4. (2) On à donné le nom de curlériennes à ces leçons, parce qu'il les donna ; ayant été nommé Profefleur d'une Chaire de Mécanique, fondée au Collége de Gresham , à Londres, par le Chevalier Curler. (3) M, de Montucla à rendu beaucoup de juftice à cet égard & à plufeurs autres , au Docteur Hooke, dans fon excelient Ouvrage de l'Hifloire des Mathé- matiques , 4 Part. Liv. 8. Le Traduéteur ajoute qu'on ne ir crop en rendre à ce 112 4128 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à Borelli, quoique j'aye trouvé dans un des écrits de ce favant fta- lien ( fort rare aujourd'hui) un paffage qui favorife certainement l'at- traction. Cependant comme il n'eft ni fi étendu, ni fi clair fur ce point que plufieurs autres que j'ai cités, je dois foupçonner que les endroits que Meuron avoit en vue me font échappés (1). Le grand homme qui completta la théorie de l'attraétion univer- felle , eur la fatisfaction de voir par la manière dont elle fur accueillie dans cetre Sociéré , qu'il n'avoir pas travaillé envain. Il ya plus , au- cun Philofophe ne fat peut-être jamais auffi admiré & fuivi de fon vivant & dans fon propre pays, que Neuton le fur dans ces trois Royaumes. Et quant aux Nations étrangères , nous ne devons pas nous éronner , comme l’a remarqué l'éloquent Auteur de fon éloge , f£ Lors de la publicauon de jes principes , Les Philojophes de ces Nations prirent l'allarme fur le terme d’attraétlion , par la crainte qu'on ne ramendr les qual tés occultes | ou f£, confedérant la difficulté du fujet , & combien en le traitant les paroles avoient été épargnées , us eurent befoin de tems pour l'entendre completement | 2). Mais ces obftacles ont enfin été écartés, & la voie à été fi bien éclaircie , que le nom de Meuton n’eft peut- être pas plus révéré aujourd’hui en Angleterre , ni fes pancipes plus véritablement fuivis, que parmi ces mêmes Sociétés étrangères qui montrèrent d’abord tant d'incrédulité, & qui converties aujourd’hui à lon fyflêème, doivent nous en donner d’aurant plus de fatisfaétion. Pendant que l’Académie des Sciences Mottoit entre l’ancienne Philofophie , ou plutôt entre la Philofophie de Diféartes & celle de Neuton ; il s'élevoir dans fon fein des difficultés fur la vé- ritab'e figure de la terre. M. Caffiri lui avoit donné , d’après la grand homme, à qui l’Aftronomie, Horlogerie, & plufieurs autres Arts & Scien- cs, ont tant d'obligation, par le gtand nombre d'inftrumens d'inventions dont il les a enrichies. Il imagina l'application du reflort fpiral au balancier des montres , long tems avant Huyghens. Le fe@eur , dont il eft parlé dans ce Dif- cours, ft encore un inftrument aflronomique de fon invention; & avec plus de géométrie, il eût peut-être enlevé à Neuton l'honneur immortel d'avoir découvers & démontré les véritables caufes des mouvemens des corps céleftes. (x) Tel eft le pañlage auquel il fait allufion. Prarerea manifeflum ef quemii- Bet fivè primarium, five fecundarium planeram aliquem infignem mundi plobum quafi virtutis fontem circumdare qui ita eos Jiringit aique conglutinat ut ab ipfe aullo paëto abffrahi poffint ; [ed ipfum quacumque contendentém perpetuis continuif= que orbibus cugantur évnfequt : videmus enim Saturnum , Jovem, Mariem, Vererem atgu Mercurium, Solem ipfum Medicaa Jiaera Jowem Hugenaniurmque jruus Satur- num Ctrcumire , non fecus ac circa T'elluris globum Luna ipia revolvi:ur Joann. Alpk. Borell:, Therr. Medic. Planetarum ex caufis Phyficis deausla. Lib, 1, Cap. 2; B. 5. Florenr. 1666, 4°. C2) Eloge de Newion, par M, de Fontenelle, SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 419 mefure des degrés de la méridienne de France, une figure ovoïde, ou celle d’une ellipfoide allongée par les pôles. Plifeurs Académi- ciens ayant embrailé fon fentiment , tandis que d'autres, Séctareurs de Huyghens & de Neuton, foutenoient au contraire que la terre étoir applatie par les pôles ; l'Académie défira de pouvoir décider enfin, une queftion de fi grande importance. En conféquence il fur téfolu en 173$ , que quelques Membres choifis de ce corps illuftre loient , les uns à l'équateur , les autres aux pôles, pour y mefürer un degié du méridien , afin que la différence des degrés, dans ces dif- férentes parries du globe, fe trouvant plus grande, la queftion füt décidée de la manière la moins fufceprible d’erreur. On fait allez coinbien le réiultat de cette célèbre entreprife fut glorieux pour Neuron & pour Fuyghens. Four ce qu'il eft néceflaire d’en rapporter ici , c’eft qu'en 1733, pendant que les Académiciens de l'expédition de l'é« quateur éroient encore au Pérou , M. Bouguer , l'un d’entre eux (1), eut l’idée de merrte le fyftème de Neuton, à une nouvelle épreuve. M imagina d'examiner quelle étoit l’attraétion des montagnes, per- fuadé que fi toute la malle de la terre étoit douée d’attraétion , une haute montagne , comme la nature en avoir abondamment pourvu ces contrées, devoit aufli manifelter une attraétion proportionnelle à fa malle ; il eft vrai que la plus groffe montagne des Cordelières n'étoit qu’un très-petit objet par rapport à la terre , cependant il conclut d’après un calcul grolher , que l'attraction de la monragne de Chimborago , qu'il regarda comme la plus propre à l’objet qu'il s’é- toit propofé , étoit égale à la 2000 partie de l'attraétion de toute la terre. Or l’action de la montagne érant à celle de la rerre comme 1 à 2000 , la direétion de la pefanteur devoit s’écarter fenfiblement de la ligne verticale ; certe déviation devant être d’1" 43" vers la montagne. Mais comment cette déviation devoit-elle être eftimée ? uniquement en mefurant par les étoiles fixes, la quantité dont le kil à plomb s’écarte de la verticale. Pour remplir cer objet , il re- garda que le meilleur moyen, dans Les circonftances où 1l fe rrou- voit, étoit de prendre la diftance au zénith de pluficurs étoiles dans deux différentes ftations , l’une au midi de Chimboraço , l'autre à une lieue & demie à l'Ouest, c'eft-à-dire à une telle diftance de certe montagne, qu'il eût peu à craindre que le fil à plomb en fût affecté. M. Bouguer ayant RATE la manière dont il devoir exccurer certe curieufe expérience, en fit part à M. de La Condamine, qui s'offric obligeammenr de l'accompagner; & ils procéièrenr enfemble aux opé- (1) Voyez la Figure de Ia verre de M. Douguer, Se&. 7, Chap, 4, page 365 & fuivantes. 439 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rations néceffaires pour en connoître le réfultat. M. Bouguer nous en a donné un détail très-clair & très-circonftancié, dans fon excel- lent Traité de La figure de la terre. Mais on n’en trouve qu’un récit fort abrégé, fans dérail ni réfultat, dans le curieux Journal de M. de la Condamine , du voyage fait par ordre du Roi à l'Equateur (1). Forcés par l’inclémence de l'air , à ne faire qu'un féjour peu con- fidérable dans un lieu fi élevé dans l’athmofphère , il paroïît par le récit de ces favans Académiciens , que quoiqu'ils n’aient épar- gné ni peines, ni foins, pendant le tems qu'ils y reftèrent , non- feulement leurs obfervations différèrentr l’une de l’autre, mais en- core leur parurent péu facisfaifantes. M. Bouguer rapporte qu'au lieu d’1° 43”, dont le fil à plomb devoit s’écarter de la vraie ligne verticale , fa déviation totale n’alla qu'à fept fecondes & de- mie , effer fort au-deffous de celui auquel devoit s'attendre un: Neutonien. Mais cet Académicien remarque avec candeur , gue comme d'un côté nous ignorons la denfité des parties intérieures de la terre , qui peut étre beaucoup plus grande que ce qu’elle nous paroët à fa furface ; d'un autre côté, la montagne de Chimboraço qu’il croyoit avec quelque ap- parence de raifon , auffi folide que Les autres parties de la furface de la terre, pouvoit étre creufe cependant , dans beaucoup d’endroirs : 1 ÿ a plus, M. de la Condamine , apprit , après leurs obfervations , que cette méme mon- tagne palfoit, fèlon une tradition du pays ; pour avoir été autrefois un volcan ; & pendant que lui & fon collègue éroient à faire leur expérience , ils trouvèrent en effet fur cette montagne des pierres calcinées. I] conclut{2) de ces circonftances , que f£ l’on n’eft pas juflement fondé à tirer de cet effai une preuve certaine de l'attraëtion Neutonienne , o7 peut encore bien moins en tirer des conclufions contraires. M. Bouguer va plus loin , cat il ob- ferve , que fi nous voulons nous renfermer dans le Jëmple fait , il eff cer- tain que d’après cette expérience, les montagnes agiflent en diflance , mais que leur ation eff bien moins confidérable , que ne le promet la grandeur de leur volume. Y termine fon Mémoire , dans le véritable efprit d’un Philofophe , en difant ( 3): qu'il y a beaucoup d'apparence qu'on trou- vera en France ou en Angleterre , quelque montagne d’une groffeur fuffifante , principalement ft l’on en double l'aëtion , & qu'il fèra ravi d'apprendre à fon retour, que Les effais qu'on aura faits, ou confirment les fiens , ou qu'ils apportent de nouvelles lumières. Si la Société a rempli les vues de cet homme célèbre, qui l’inviroit ainf à achever ce qu'il avoit (1) Voyez pages €8 & 69 de ce Journal. (2) Page 68 du Journal que l'on vient de citer. (3) Page 389 de la figure de la terre déja citée, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 431 commencé , nous ne pouvons que regretter qu'il n'ait pas vécu allez Jong-tems, pour en partager la fatisfaétion avec nous. Je viens actuellement aux travaux de M. Maskelyne, fur lefquels je ne m'étendrai pas ; je n'ai déja que trop pris de votre tems, il eft inutile d’infifter fur cette partie de mon fujer que vous avez déja entendue de fa propre bouche , & qui bientôt paroïtra tout au long dans vos ranfailions. Je me contenterai de vous rappeller que la diftance d’une étoile an zénith dans le méridien , étant obfervée de deux différentes ftations, fur ce mème méridien , l’une au Midi, l’autre au Nord de la mon- tagne ; fi le fil à plomb de l’inftrument eft attiré par cette montagne, hors de la vraie verticale , l'étoile paroîtra trop au Nord par l'obferva- tion de la ftation au Midi, & trop au Sud par l’obfervation de la ftation du Nord. On trouvera en conféquence, par ces obfervations, la diffé- rence de latitude des deux ftations , plus grande qu’elle ne l’eft réel- lement. Or fi on détermine par des mefures actuelles fur le terrein, la diftance entre les deux ftarions , on aura par-là, la véritable diffé- rence de leur latitude , & en déduifant cette différence de celle que donnent les obfervations de l'étoile ; on trouvera une quantité qui fera le produit de l'attraction de la montagne , & dont la moitié fera l'effet de cetre attraction fur le fl à plomb, dans chaque obfervation, en fuppofant que la montagne attire également des deux côtés. Pour exécuter cette expérience, M. Maskelyne à choifi la monta- gne appellée Schehallien , dans la Province de Perth en Ecoffe , '& dont la direction en longueur , eft à peu-près Eft & Oueft. Cette mon- tagne eft élevée, dans fa partie la plus haute, de 3550 pieds au- delfus du niveau de la mer, & d'environ 2000 pieds au-deflus de la vallée qui l’environne. Comme fa plus grande attraction de- voit fe trouver vers le milieu de fa hauteur, qui eft heureufemenc affez rapide, on établit deux ftarions pour un Obfervatoire , l’une dans la partie Nord de la montagne , l’autre dans la partie Sud. L'inf trument avec lequel M. Maskelyne obferva les étoiles , étoir un ex- celleñt fecteur de M. Sifon; il a amplement rapporté toutes les précautions qu’il a prifes, & pour bien placer cet inftrument dans le méridien à chaque ftation, & pour bien s’affurer que la ligne de collimation étoit reftée la même. Par les obfervations de dix étoiles près du zénith, il a trouvé que la différence apparente des lari- tudes des deux ftations étoit de 54”,6, & par la mefure des trian- gles formés par deux bafes prifes de différens côtés de la montagne, il a trouvé pareillement que la diftance entre les pamllèles de ces ftations, répondoit à un arc de 43” du méridien, c’eft-à-dire qu’il éroit moindre de #1”, 6 que celui qui réfultoit des obfervations du feéteur, En effer, 4364 pieds qu’il trouva entre les parallèles des ftarions, 432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, répondent dans la latitude de Schehallien (qui eft de 56 + 4°) à un arc, comme nous l'avons dir, de 43”. Or, la moitié de 11,6 étant 5”, 8, cette quantité repréfente l'effet moyen de l'attraction de cette mortagne ; & en comparant fa groffeur avec celle de la terre, M. Maskelyne a trouvé que la denfité moyenne de la terre éroir aux environs du double de celle de cette montagne. Dans l'exécution de cette expérience intéreffante , notre digne confrère à non-feulement employé une grande patience & une grande petfévérance , mais encore une intelligence & une fagacité qui doi- ent à jamais lui faire honneur; ainfi , tous les doutes fur l'attraction doivent être enfin terminés, & tous les Philofophes, à cet égard, de- venir actuellement Neutoniens. Dans ce récit, je n'ai parlé que de deux expériences qui aient été faites fur ce point important de la Phyfique de l'univers; la pre- mière, par les Académiciens François, la feconde, par M. Maske- lyne ; parce que ce font les feules que je connoiffe , & que je ne crois pas dans la réalité, qu’on en ait tenté d’autres. Car quoique les Savans qui ont mefuré quelques degrés du méridien dans différentes parties de l’Europe , aient trouvé des différences dans leurs mefures dont ils n'ont pas cru pouvoir tendre compte autrement que par l’attrac- tion des montagnes, au milieu defquelles ils firent leurs opérations, & qu'ils ayent en conféquence rapporté ces irrégularités à cette mème caufe; cependant, en admettant que leurs conjeétures puiffent être bien fon- dées, nous ne pouvons compter les mefures qui leur donnèrent nai fance au nombre des expériences dont nous traitons actuellement. Mais, dira-t-on, l'attraction univerfelle n’étoit-elle pas tellement démontrée par Meuton , qu’elle n’avoit pas befoin de nouvelles preuves tirées de l’expérience ? Je conviendrai bien qu'elle étoit démontrée, mais non pas pour tout le monde. La vraie Philofophie condefcend à adaprer fes inftructions au niveau des différentes capacités, & eft rout auffi difpofée à inftruire par des expériences palpables, que par des dé- monftrations géométriques. Mais, pour dire la vérité , il paroît qu'il y avoit encore quelque chofe à défier, même pour les efprits les plus éclairés. Nous comptons de ce nombre , avec jufte raifon , ceux qui firent la première expérience de ce genre. Mais Huyghens, lui- même , l’un des plus grands Philofophes & des plus grands Géo- mètres de fon fiècle, ne treuva-t-il pas des difficultés fur ce principe de l'attraction, même après la publication des principes de Neuton ? or , nous n'avons pas appris que les doutes de ce grand homme aient jamais été levés (1). Je ne dis rien du célèbre Leibniz, & de fes EE (1) Vid. Hugen. Differt. de cauf. gravitar. nombreux SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 433 nombreux feétareurs , qui mème aujourd’hui font encore incrédules, ou tout au moins fceptiques fur l'attraction. Ainfñ , Meflieurs, vous avez la fatisfaction de penfer que vous avez completté un grand Ouvrage, qui fera bien reçu du monde favant. Et quoique les frais de cette expérience aient été confidé- rables , vous avez non moins lieu de penfer que votre augufte Pro- tecteur, qui a fourni fi libéralement à cette grande entreprife ,ap- prouvera hautement que, pour le bien du Public, & l'avancement des connoiffances naturelles, vous ayez fait un pareil emploi de fes nobles dons pour le bien, & qu'il fera encore plus difpofé à vous montrer la mème bienveillance dans d'autres occafions. Quant à ceux qui n’avoient pas befoin de nouvelles preuves de l’univerfalité de l'attraction , ils partageront encore les avantages ré- fultans de cette expérience , comme étant non- feulement la pre- mière qu'on ait faite pour eftimer la denfité moyenne de la terre, mais encore tout ce qu’on pouvoit imaginer de mieux à ce fujet. L'ex- périence du Pérou étoit trop imparfaite pour cet objet, & quand les cir- conftances de cette tentative auroient été plus favorables ; le foupçon que la montagne de Chimboraço avoit été autrefois un volcan , étoit une raifon plus que fuflifante pour ne pas en admettre les confé- quences, relativement à cette partie de notre recherche. Mais la montagne Schehallien paroiflant formée entièrement de rochers , dont les morceaux qu’on a montrés à la Société, ont été reconnus pour des fubftances minérales qui n’avoient jamais éprouvé l'aétion du feu, nous devons confidérer cette montagne comme un des meilleurs échantillons de la veritable denfité de la furface de la terre. Tels font , Meflieurs , les fruits des travaux de M. Maskelyne, pendant un féjour de quatre mois dans une chétive cabane , fur les flancs d’une froide montagne , & dans un climat peu favorable aux obfervations céleftes. Cependant, comme il alloit, felon vos defirs, à la recherche d’une vérité importante , il a fupporté avec patience & avec complaifance tout ce que ce féjour pouvoit avoir de dé- fagréable & de ficheux. Vous avez entendu les principaux réfultats; permettez-moi d'ajouter que cette nouvelle mine étant ouverte dans le champ de la nature, il y a lieu decroire que fes productions ne fe bor- neront pas là; mais que, comme dans toutes les expériences grandes & heureufes , on découvrira, en pouffant plus loin ces recherches fur ce fujet, quelques grandes vérités fur lefquelles, dans le mo- ment préfent , nous ne pouvons former aucune efpèce de conjeétures. En attendant , nous avons la fatisfaétion de voir le principe de /a gravitation univerfelle fi fermement établi par ce dernier pas de cette analyfe , qu'aujourd'hui les plus fcrupuleux ne peuvent pas héfirer Tome VIT, Part, I. 1776. Kkk 434 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plus long-tems à embraffer ce principe , qui anime l’aftronomie en rendant compte des diverfes apparences & des divers mouvemens des armées du ciel. À M. MASKELYNE. LE Jugement du Confeil, Monfeur, qui vous accorde le prix, ayant reçu la fanction de la Société royale , au nom & en vertu de l'autorité de cette illuftre Compagnie, je vous remets , à vous, notre très-digne confrère , ce gage fincère de fon affeétion, comme un témoignage durable de fa reconnoiffance des divers écrits , non moins utiles que favans que vous lui avez communiqués, & plus parti- culièrement encore pour cette dernière expérience fi pénible & fi importante , & qui ajoutera un nouveau luftre à /es rranfalions. Après vous avoir ainfi témoigné les fentimens de fa reconnoiffance, de ce que vous avez déja fait pour fon fervice , j’ajouterois volon- tiers qu'elle fe perfuade d’après vos talens, votre amour pour l’aftro- nomie & votre âge , que vous continuerez à fuivre avec fermeté cette route dans laquelle vous êtes entré de fi bonne heure , & qui mène fi fûrement à d’utiles & importantes découvertes. Vous avez, Monfieur , dans votre département, la partie la plus noble de la Philofophie naturelle telle eft l'opinion qu’en a toujours eue la Société , & d’après laquelle elle l’a toujours aimée & cultivée : elle fe flatte que fes foins & fes peines n’ont pas été inutiles, puifque de- puis fon inftitution jufqu'au moment préfent, elle n’a jamais man- qué d’excellens hommes dans cette partie pour avancer la fcience & faire honneur à cette Compagnie. Mais telle eft l’étonnante im- menfité de cette partie de la création; que quoique fon divin Au- teur ait bien voulu dans ces derniers tems admettre à la connoif- fance des caufes des chofes , celui qui humblement & avec patience interroge la nature ; cependant, nous ne devons pas moins nous écrier avec l’ancien Sage : 4h, onvreconnoit ici fes voies ! mais que ce que nous en entendons eff borne ! Et, Monfieur , comme il refte encore beaucoup de chofes à découvrir dans les régions céleftes, ce qui a déja été fait vous encourage à perfévérer dans ces faints travaux d’où on a tiré les plus grands perfeétionnemens dans les Arts les plus utiles, & les plus grandes & les plus éclatantes preuves de la puiffance, de la fagefle & de la bonté du fuprème Architecte , dans cette immenfe & fuperbe fabrique de l'Univers. SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 235 EX PO SNL T'ON Des principales maladies des Grains; Par CMS PT OM: C OMME il y a beaucoup de confufon dans les Auteurs, au fujec des maladies des grains qu’on a voulu défigner; que celle que l’un a appellé ergos , faux ergot, galle, &c. n'eft autre chofe que ce qu'un autre a défigné fous le nom de rachirifme , de bled avorté, &c., & qu'avec cette confufion, il eft à craindre qu’on ne perde le fruit des découvertes modernes, nous avons cru devoir donner une Planche, dans laquelle on puiffe voir , d’un coup-d’æil, les principaux vices des grains, & les différences frappantes qui fe trou- vent entr'elles. Nous avons fuivi principalement les dénominations données par M. Tillet (le premier qui ait débrouillé le cahos), comme les plus propres à donner une idée jufte de ces maladies. Suivant ce célèbre Académicien, un épi de bled eft carié, lorf- que l’épi, fans un changement bien fenfible à l'extérieur , contient des grains un peu plus gros que dans l’état naturel, d’un gris fale, tirant un peu fur le brun, & que ces grains renferment une pouf- fière noire & infecte. (Voyez PI. 1, fig. 1.) Au lieu d’une fubf- tance blanche & farineufe , on ne trouve qu'une pouflière noiïâtre & grafle. L’enveloppe de ce grain eft mince, mais forte, & ne fe brife ordinairement que par le coup du fléau. Si on examine cette poudre au microfcope , elle n'offre qu’un amas de petits globules tranfparens & parfaitement égaux entr'eux. C’eft ce vice qui conf- titue la maladie la plus redoutable des grains, & üne des plus con- tagieufes qu'il y air. Suivant les expériences de M. Tillec , fi on infecte des grains fains de certe pouflière , ils lèvent & donnent des épis infeétés de carie. Jamais, peut-être, vérité n’a été fi fo- lidemenc & fi authentiquement +prouvée que celle - ci. ( Voyez le Mémoire de cet Auteur fi eftimable , couronné par l’Académie de Bordeaux, le Précis des Expériences faites à Trianon , par ordre 6 en préfence du Roi, &c. Au moyen d’une leflive & du lavage, on peut mettre le grain à l'abri de cette corruption. Suivant le même Auteur, un épi de bled eft appellérachitique. (V .fig.2.) Lorfque la tige , le fourreau , les balles , les barbes, &c. d’un épi, font contournés , recoquillés , &c.; alors le grain , contenu dans les Kkk 2 436 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, balles , eft réputé avorteé; il eft bien plus petit que dans l’état natu- rel, d’un brun tirant fur le noir. Le pédicule de ce grain ainfi dé- formé , & fon fillon, font très-apparens. L’enveloppe eft forte & épaiffe. La fubftance qu'il contient ne remplit point exactement route la cavité. Elle eft blanche. Si on l’examine sèche, au microfcope , elle n'offre qu’un faifceau d’anguilles blanches , de même longeur & immobiles ; fi on l’humeëte un peu , ces anguilles jouifflent d’un mouvement fpontané, quelquefois très-vif & très-fenfible. C’eft ce même grain ainfi vicié , qui, ayant été examiné au microfcope, par M. Néedham, lui fit appercevoir ces anguilles vivantes, & qui depuis , l’ayant été par MM. Rofredi & Fontana , a donné lieu aux conteftations élevées parmi ces Phyficiens, par la raifon qu'on ne s’eft point entendu, & qu'on a appellé improprement ce grain, ergot, faux ergot, galle, tumeur, &c. & qu'on a été jufqu'à le confi- dérer même comme un corps différent d’un véritable grain, quoiqu'il en ait tous les caractères, qu’il foit renfermé dans les balles d’un épi, qu'il conferve fon fillon , qu’il ait un pédicule qui l’attache au fond de la balle, &c. Il eft bien plus raifonnable de croire que ces anguilles, une fois entrées & formées dans l’intérieur du grain encore jeune , s’y nourtiflent de toute la fubitance farineufe à me- fure qu'elle fe forme, y dépofent leurs œufs, qui fe convertiffent enfin en autant d’anguilles , lefquelles fe nourriffent elles-mêmes de cette même fubftance , & l’abforbent au point qu’on n’en trouve plus du tour , & qu'après l'avoir épuifée, elles reftent dans une efpèce d’engourdiflement ou d'état d’immobilité , dont elles ne fonc ti- rées que par une circonftance d’humidité. A juger de la nourriture de ces anguilles, par leur couleur qui eft parfaitement blanche , par l’état du grain qui eft noirâtre, & qui femble conferver en entier toute fa fubftance corticale & glutineufe, il paroît qu’il n’y a que la partie fucrée & l’amilacée du grain, qui ferve de nourriture à ces anguilles, qui tiennent enfin la place de ces deux dernières fubf- tances. Quoiqu'il en foit, telle eft la maladie dans laquelle on trouve les fameufes anguilles, vues par MM. Néedham, Rofredi, Fontana, &c. Quant à la nielle, ou charbon , que tout le monde connoît ( Voyez figure $), les phénomènes que cecte maladie préfente, font tout différens de ceux des premiers. À la place du grain, on ne trouve qu'un amas de pouflière noire, renfermée dans une enveloppe ex- trèmement fine & tranfparente , qui fe déchire aifément, tandis que le fourreau, les barbes & le refte de la plante, fonc fains. Il paroït qu'il n’y a exactement que le grain qui foit vicié dans cette maladie. Cette pouflière , examinée au microfcope , n'offre qu'un corps pulvérent de différentes formes, SUR L'HIST:. NATURELLE ET LES. ARTS, 437 EXPLICATION DE LA PLANCHE PREMIÈRE. FIGURE PREMIÈRE. À, À, épi de froment infecté de carie. a, b, les grains tirés de leur bale. c, d, coupe d’un grain carié , où l’on apperçoit la fubftance interne. . Fic. 11. A, A, épi de froment rachitique , avec des grains avortés. a, b, grains avortés, parvenus à leur plus grande groffeur. c,d, coupe de ce mème grain. Fic. 111. À, À, épi de feigle , contenant des grains retraits & maigres, qui n’ont pas encore tous les caraétères des grains avortés. a, 4, grains retraits de ce même épi. Ils contiennent un peu de fubftance blanche. Fic. IV. A, À, épi de feigle , contenant des grains avortés, mis ici à découvert. Fic. V. A, A, épi d'orge infecté de nielle. a , moitié de grain, avec fa barbe , détaché de l’épi, conte- nant cette pouflière noire, qui conftitue la nielle ou le charbon. Fic. VI. Embrion de froment rachitique. On apperçoit également les anguilles dans ce premier état du grain vicié, lorfqu'on met les petits grains dans l’eau & en les comprimant. Fic. VII. Ergot du froment ; il eft plus court ordinairement que celui du feigle. F1c. VIII. Ergot du feigle. Dans l’ergor , on n’apperçoit aucun corps mouvant. Le grain er- goté n’eft compofé que d’une fubftance homogène , farineufe , blan- che & ferme, fans enveloppe fenfible , mais dont l'extérieur prend une couleur d’un brun foncé ou livide , & quelquefois noir. Dans la Figure VIL, on apperçoit une coupe de l’ergot du froment, qui ne préfente qu’une fonce femblable à celle d’une amande, Fic. IX. Grains avortés du froment, cueillis au mois de Mai. On y trouve des anguilles mortes & déformées, ou plutôt des larves d’anguilles & beaucoup d'œufs. Fic, X. Grains avortés de l'orge. 433 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LE Er AR ROUE De M. RoULAND , Neveu 6 Elève de M. SIGAUD DE LA FOND, & Démonftrateur de Phyfique expérimentale , en la place de for Oncle, en l'Univerfiué, à l’Auteur de ce Recueil. ee ur ce qui intéreffe la Phyfique , eft du reffort de votre Journal, Monfieur ; c’elt ce qui m'engage à vous prier de vouloir bien y in- férer une découverte affez fingulière , nouvellement faite en Italie, par le Profeffeur Volsa : elle mérite d'autant mieux d’être connue , qu'elle vient à la traverfe fe jouer des hypothèfes les plus accrédi- tées en fait d'électricité. Si elle-ne leur eft pas direétement con- traire , elle préfente nombre de phénomènes qu'on ne concilte qu'avec peine, avec leurs principes, & elle exige de nouvelles re- cherches, que les Phyfciens s’emprefleront , fans doute, de fuivre. Voici ce dont il s’agit. Un plan circulaire de métal, couvert à l’épaiffeur d’une ligne ou environ, d'un mêlange gommo réfineux , aflez dur pour fouffrir un frottement convenable. Un fecond plan de métal, bordé d’une efpèce de bourrelet de même matière, bien arrondi en tous fens , & fur le centre duquel fe vifle une colonne de cryftal , pour l'ifoler & le manier lorfqu'il eft électrifé : deux petites bouteilles , revê- tues intérieurement & extérieurement d’une fubftance métallique , felon la méthode du Docteur Bevis , & dans chacune defquelles plonge une tige de métal, qui fe termine extérieurement en pointe, qu'on recouvre au befoin d’une efpèce d’olive de même matière, qui fe viffe à quelques lignes au-deffous de la pointe; un ifoloir qui puiffe fervir à ces bouteilles & au plan de métal couvert de réfine : deux petites boulettes de moëlle de fureau, fufpendues aux extrémités d’un fil, forment tout l'appareil dont on aït encore befoin pour obferver les phénomènes connus jufqu'à ce jour. Ajou- tez-y cependant encore une peau de lièvre, paflée en huile, pour frotter le plan gommo-réfineux ; c’eft le frottoir qui paroït le plus propre à cet effer. Le premier plan, que je nommerai toujours le plan réfineux , étant convenablement frotté, s’éleétrife & conferve opiniâtrement fa vertu électrique pendant plufieurs jours. Il l’a conferve, dit-on, SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 439 pendant plufeurs mois, lorfqu’il eft bien ifolé & couvert d’un vaif- feau de cryftal. Rien de furprenant en cela. On fait que les fubf- tances réfineufes font plus difficilement affectées de l'humidité, que les verres , les porcelaines , &c. Mais voici ce qu'il importe de connoître & de bien examiner. 1°. Bien électrifé & pofé fur une table, je couvre le plan réfi- neux du fecond plan de métal, que j'appellerai fon conduéteur. Je porte le doigt vers l’un, enfuite vers l’autre plan; aucun phéno- mène électrique , nul figne d’éleétricité : mais fi je touche en même- tems avec le pouce & l'index, fi j'embrafle de cette manière ces deux plans , je fens fouvent naître fous mes doigts une petite étin- celle, & le conducteur eft alors éleétrifé. Il n’en donne cependant aucun figne , lorfque j'en approche le doigt : mais fi je le faifis par le haut de la colonne de cryftal, & que je l’enlève de deflus le plan réfineux , il fournit alors une étincelle à la diftance de 15 à 18 lignes, & fa vertu électrique fe trouve épuifée. Je la fais renaître en Le repofant de nouveau fur le plan réfineux & en réirérant la mème manœuvre, & je la fais renaître au poinc de laffer l'amateur le plus patient, avant d’avoir épuifé la vertu du plan réfineux ; de forte que je tire fucceflivement une multitude étonnante d’étincelles. 2°. J'ifole le plan réfineux, après l'avoir fuffifamment frotté : je le pofe fur un 1foloir. C’eft une colonne de cryftal, montée fur un pied & furmontée d’une petite tablette. Cela fait, je pofe le conducteur fur le plan réfineux ; je touche en même-rems, avec le pouce & l'index, aux deux plans ; j'enlève le conduéteur & je tire deux étincelles , l’une du conducteur , & l’autre du plan de métal qui foutient la réfine, & je répète ce double phénomène au- tant de fois que je le juge à propos. Cette double étincelle n’eft pas la feule différence que j'obferve dans cette manière de procéder. En voici une feconde qui mérite d'autant plus de confidération , qu’elle peut nous faire découvrir plus facilement la circulation de la matière électrique dans ces fortes d'expériences. Lorfque le plan réfineux eft éleétrifé & appuyé fur une table , ou fur un corps anélectrique quelconque, fon conducteur peut fournir des étincelles , fans qu'il foit néceffaire de toucher les deux plans, comme je l'ai pratiqué jufqu'à préfent. Elles font, à la vérité, plus foibles, plus languiffantes , mais elles fe font continuement remarquer à chaque fois qu'on approche le doigt du conduéteur, après l'avoir enlevé de deflus le plan réfineux. Il n’en eft pas de même lorfque ce dernier plan, bien électrifé , eft ifolé. Sa vertu 440 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, électrique femble épuifée ; il n’en fournit plus au conducteur, lorf- qu'on a tiré deux ou trois érincelles de ce dernier. Reprenez alors la première manœuvre, touchez en même-tems aux deux plans; enlevez enfuite le conducteur, & il vous fournira de nouveau de belles érincelles. 3°. On peut accumuler les étincelles du conduéteur dans une bou- teille, & la charger au point de la rendre propre à donner une commotion. Je craiterai plus particulièrement de ce dernier phéno- mène, après que j'aurai expofé , en peu de mots, quelques obfer- vations qui méritent de trouver ici leur place. On fait que vers 1730 ou environ, M. Dufay crut devoir dif- tinguer deux efpèces d'électricité ; l’une qu'il nomma virée, celle qu’on produit en frottant un tube, un globe, une glace, ou toute autre fubftance quelconque vitrifiée; & l’autre qu'il appella référeufe ; & il entendoit par cette dernière , celle qu’on excite en frottant une fubftance eue Il crut s’appercevoir que ces deux efpèces d'électricité éroienc bien différentes , en ce qu’elles produifoient des effets oppofés. Une fubftance réfineufe éleétrifée, atriroit les corps légers, qu'une fubftance vitrifiée repoufloit après avoir été électri- fée. Lorfqu'on fur plus inftruic fur les phénomènes électriques, on vir que ces deux efpèces d'électricité s’accordoient parfaitement avec les élecricités pofitives & négatives du Docteur Franklin ; que l’élec- tricité réfineufe n’étoit qu'une éleétricité négative, & l'électricité vitrée, une électricité pofitive. Les bornes d’une Lettre ne me per- mettent pas de donner plus d’érendue à cette matière, que tous les Phyfciens éleétrifans connoiffent d’ailleurs fuffifamment. Or, en examinant l’état du plan réfineux & celui de fon conduéteur, on peut démontrer, de différentes manières, que le plañ réfineux eft électrifé négativement, & fon conduéteur pofitivement. 1°. On charge une petite bouteille de l’éleétricité du conduéteut , en la tenant à la main comme une bouteille de Leyde ordinaire , & en lui faifant fucceflivement tirer un affez grand nombre d’étincelles pour la charger convenablement. 4 2°. On charge une feconde bouteille de la mème manière , mais on lui fair tirer les érincelles du plan de métal qui foutient le plan réfineux : (il faut pour cela ifoler ce plan, comme nous l'avons remarqué précédemment ). Pour mettre plus d'expedition dans cette ovérarion , & la faire d’une manière plus certaine & plus égale par rapport à la charge des deux bouteilles , il faut que deux perfonnes s'occupent à éleétrifer en même tems ces deux bouteilles , l’une au conducteur , & l’autre au plan réfineux, ce qui peut fe pratiquer avec la plus grande facilité. Ces SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 44r Ces deux bouteilles étant également chargées d’éleétricité, fi, les tenant chacune dans une main, on approche l’un de l’autre les boutons qui furmontent les tiges de métal qui plongent dans:leur intérieur , on fecevra une commotion proportionnée à la quantité d'électricité dont elles feront chargées , & elles en feront alors totale- ment dépouillées 3 ce qui prouve manifeftement les deux états contraires d'électricité , dans lefquels fe trouvent alors les deux furfaces intérieures de ces bouteilles. Veut-on s’aflurer de ce fait d’une autre manière? on charge encore ces deux bouteilles, l’une au conducteur, & l’autre au plan réfineux ; mais on les charge plus fortement que dans l'expérience précédente. Cela fair, on les ifole & on démonte les boutons qui terminent leurs SAS mettre à découvert les pointes cachées dans ces boutons: on failit, avec chaque main , chacune de ces bouteilles, & on voit dans l'obfcurité , que celle qu'on a chargée au conducteur, lance une aigrette , qui s'élève plus ou moins haut au-deflus de la pointe de fa tige, tandis que celle qu’on a chargée au plan réfineux , ne fait obferver qu'un petit point lumineux au même endroit de fa tige. Or, ceux qui connoiïflent les propriétés des pointes, favent qu'un corps, furchargé d’élericité , qui fe termine en pointe, lance le few électrique qu’il recèle fous la forme d’une aigrerré ; & qu'un corps qui contient moins que fa quantité naturelle d’éleétricité , paréillé- ment terminé en pointe, reçoit. par cette pointé la matière éleétri- que des corps environnans, fous la forme d’un point lumineux. Confultez à ce fujer une expérience très-curieufe, décrite dans le dernier Ouvrage de mon Oncle, intitulé : Deféription & Ufage d'un Cabinet de Phyfique, Tom. 2 , pag 365. 11 eft donc encore conftant que la bouteille électrifée au plan réfineux, eft éleétrifée négative ment , & que celle qu’on éleétrife au conduéteur, l’eft pofitivement, & conféquemmenc que le plan réfineux eft éle&rifé en moins, & le conducteur en plus. | A l'aide d’une machine électrique ordinaire, quelque petite qu’elle foit, on peut encore démontrer très-facilement ces deux états, que nous diftinguons ici , dans le plan réfineux & dans fon conduéteur. Attachez au bout du conduéteur de la machine électrique, le_fl qui porte deux petites boule faires de moëlle de fureau , & dont nous avons parlé précédemment. On l’attache avec un peu de cire, & de manière que les deux boules pendent parallèlement à côté l’une de l'autre, & qu’elles fe touchent :*cela fait , chargez d’éleétriciré l’une des petites bouteilles dont nous avons fair ufage. Si vous la chargez au conducteur du plan réfineux, elle fera électrifée pofitivement fur fa furface intérieure. Déchargez-là en la tenant à la main, & en Tome VII, Part. I. 1776. Lo LC 442 “OBSERVATIONS SUR: LA PHYSIQUE, faifant toucher la boule de fa tige au conducteur, de la machine électrique ,.les deux petites boules s’écarreront auffi - tôt l’une de l'autre, (àsraifon de l’éleétricité que vous leur communiquerez. Voulez- vous vous aflurer que cette électricité eft pofirive, & de même efpèce. que celle dont la machine ordinaire électrife fon conducteur ? Faites tourner, mais lentement, la machine électrique; la nouvelle dofe-d’électricité que le conducteur & les boules qui y pendent recevront, étant de même efpèce, vous verrez ces boules s'écarter davantage; & augmenter en divergence. Chargez enfuite d’'éleétricité l’autre bouteille | mais chargez- là au plan réfineux. Procédez de la mêmé manière que. précédém- ment : les deux boules éleétrifées.; s’écarreront encore; mais fi vous faites tourner la, machine & très-lentement , vous verrez les deux boules fe rapprocher l'une de l’autre, parce que l'électricité que vous leur communiquerez ‘alors , fera d'une efpèce oppofée à celle que la bouteille leur:aura donnée. Ces expériences font délicates à faire & demandent quelques attentions de la part de ceux qui les font. Elles font néanmoins très-faciles , & je.me ferai un plaifir de les faire voir aux amateurs qui s’adrefferont à moi ,.chez M. Sigaud dela Fond; xue St Jacques ; près. St. Yves , maifon de J'Univerfité: Je pourrai, même leur pro- curer des appareils femblables au mien. Il éft on ne peut plus com- mode pour ces fortes d'expériences. Si-on électrife toujours négativement le plan réfineux ; lorfqu'on le frotte, & fi Je plan qui lui fert de: conducteur, fe trouve alors éledrifé poñtivement, on: peur: facilement: changer ces deux états d’éleétriciré , & faire que le plan réfineux foit éleétrifé pofitivement ; & fon-conduéteur négativement. Il:eft également une méchode! très- fimple-d’augménter la dofe d'électricité du plan réfineux ; lorfqu'elle commence à s’affoiblir dans ce plan; mais ces deux objets me con- duiroient trop loin; je les réferve pour une autre lettre , dans Jaquelle j'expoferai quelques nouveaux phénomènes dépendans des mêmes principes: : | { J'ai l’honneut d'être, &c: LERD ue SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 44; NOUVELLES LITTÉRAIRES. R; CHERCHES [ur les maladies épigootiques , fur La manière de les traiter, d'en préferver les befiaux , tirées des Mémoires del Académie royale des Sciences de Stockolm , & traduites du Suédois en François ; par M. de Baer, Aumônier du Roi de Suède , Affocié ordinaire de l’Aca- démie des Sciences de Srockolm, Correfpondanc de celle de Paris. À Paris, chez Lacombe ; Libraire , rue Chriftine ; 1776, in-8°, » La maladie des beftiaux ; dit l'Auteur , augmentant fes ravages » depuis bien des années, & la Suède fên ayant été défolée, le Gou- » vernement réfolut en 1756, d’envoyer une perfonne inftruite & » éclairée dans plufieurs parties de l'Europe , pour étudier à fond » cette maladie, &c., & rendre compte de toutes ces obfervations » à l’Académie royale des Sciences : on choilit pour cet effet, un » jeune Médecin , nommé M. Turfen, très-verfé dans la Phyfique & » les études économiques ; & voici la traduétion des relations qu’il » envoya fucceflivement, & qui ont été inférées dans les Mémoires » de l’Académie de Suède «. À Le premier Mémoire , divifé en 18 feétions, eft deftiné à démon- trer la contagion & fes premiers effets; l’Auteur prétend que les animaux ne prennent la maladie, que lorfqu’ils avalent la vapeur ou les corps émanés d’une bête dont la maladie eft parvenue au degré de maturité. Il dafine à certe occafon les raifons les plus fortes pour établir que le viru$ ne prend point la voie des poumons pour infecter la male. Dans le fecond Mémoire , M. Turfen donne les fignes diagnoftics de cette maladie ; le troifième Mémoire eft deftiné au traitement & aux préfervatifs. Pour préferver les bères de ce fléau, l’Auteur confeille d'appliquer un feton , & d’établir une diarrhée au moyen d’une livre de favon de Venife diffout dans 24 pintes d’eau bouillante , à la- quelle on ajoute une poignée de nitre, & dont on fait prendre une pinte matin & foir. Le craitement d’ailleurs eft fort fimple; 1l confifte à donner trois ou quatre bouteilles par jour d’eau nitrée: on fait en outre des frictions avec des broffes; fi l'animal a une réten- tion d'urine, on lui donne de la térébenthine diffoute dans les jaunes d'œufs ; s’il touffe, de l’huile de lin; s’il a la diarrhée, un mélange d'écorce de pin pulvérifée , de jaune d'œuf, d'eau , de farine, de feigle & d'huile de lin, LE MES i 444 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On lit enfuite l'extrait d’un Mémoire fur le même objet , de M. de Sandifort , Doëteur en Médecine. On y rapporte les fymptômes internes & externes de la maladie, un traitement général qui con- filte principalement dans l’ufage des acides, & un exemple de gué- rifon avec le quinquina; les réfultats de l’inoculation , pratiquée par MM. Camper & Koopmans, qui ont été, que fur 112 bêtes 1no- culées d’un côté, on en a fauvé 46, & de l’autre, on a fauvé le même nombre fur 94 : enfuite, des réflexions de M. Bergius, fur la pratique de l’inoculation, qui tendent à établir que l’inoculation des beftiaux eft au moins inutile, pour ne rien dire de plus On lit immédiatement après, le Mémoire de M. Hartman, fur une maladie des beftiaux qui a régné en Finlande , & qu'on confidère comme la fuère fur les hommes; on croit de plus , que c’eft la même qui a été décrite par MM. de Sauvages, Ramazzini, Drouin, &c. Ce Mémoire eft fuivi @un autre fur une maladie des beftiaux, obfervée en Finlande en 1774, & dont le principal fymptôme eft défigné fous le nom de puflule ; enfin , ces recherches font terminées par un Mémoire fur la culture des orties, & l'avantage qu’on peut retirer de cette plante, foit pour engraiffer le bétail, foit pour le préferver de toute efpèce de maladie. On fera furpris, fans doute , qu'après un Ouvrage confidérable, publié en France par ordre du Roi, dont l’objet principal étoit la difcuffion des faits les plus effentiels à connoïtre, tant fur l’origine que far la nature & le traitement des maladies des beftiaux, dans lequel on avoit afligné le vrai caraëtère de chaque maladie , & où l'on avoit indiqué les réfultats des principales méthodes & expérien- ces tentées fur les animaux ; on fera furpris, dis-je, de voir pa- xoître aujourd’hui , fous le même titre, de recherches qui ne font u'un recueil de quelques Mémoires, dont les principaux avoient été déja analyfés & réduits à leur jufte valeur, dans le mème écrit; on fera encore plus furpris de trouver dansune Traduction françoife la veffie bilaire pour la véficule du fiel, le duéfus choledoquus , le rumen, le réricule, le pylorus, la puflule pour le charbon, &c. &c. & fur- tout ces deux phrafes, page 11: » Si les vaiffleaux fanguins étoient » pourvus d’une tunique nerveufe comme les artères, ils réfifteroienc à » une pareille extenfon; ils fe déchireroient plutôt «. Er page 41 de certe manière : » cette maladie eft quelquefois une fièvre galo- » pante, &c.« Nous n’ajouterons pas d’autres réflexions fur ce recueil de Mémoires déja connus. Il nous fuffira de faire remarquer , que dans cette Traduction , toutes les maladies des beftiaux y font confon- dues, & qu’on ne trouve dans ces Mémoires aucune difcullion , au- cune vue nouvelle qui feules auroient pu les rendre intéreffants. La feule SUR\L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 44 chofe neuve à laquelle on s'attendoir , étoit la preuve du bien an- noncé , qui réfulre de l’ufage des orties pour préferver les beftiaux; mais cette preuve n'y eft pas & ne peut pas y être. Mémoire fur les Diffolvans de la Pierre , avec quelques Problémes de Chymie à réfoudre ; par M. Duhaume , Docteur en Médecine , avec cette Epigraphe : Conjeélando inquirere verum quid vetar ? À Londres, & fe trouve à Paris, chez d'Houry, Imprimeur - Libraire de M. le Duc d'Orléans , rue de la vieille Bouclerie, 1776 , ir-4°, de 22 pages. Le premier des Problèmes intéreffans que l’Auteur propofe à réfoudre , eft, celui-ci : Trouver un Menfirue capable de diffoudre La pierre de la veffe, dans la veffie elle-même , fans bleffer ce vijcère. M. Duhaume, pout faciliter les moyens d’y parvenir, expofe les tentatives qui ont été déja faites, & à-peu près celles qui reftent à faire. Il réfulre de l’analyfe des fecours indiqués , que le favon & l’eau de chaux , l’eau-mère des Savonniers, toute leflive alkaline mè- lée, dans de juftes proportions , avec l’eau de chaux, lécher de Frobenius , quelques fels neutres ammoniacaux & l’air fixe , font les plus puiffans fecours qu’on connoiffe pour produire , en partie, cet effer. 11 invite ceux qui font véritablement touchés des malheurs de l’hu- manité fouffrante, de faire de nouvelles tentatives pour avoir plus de fuccès , en effayant fur-tout des injections dans les veflies des animaux , &c. & il ne defefpère pas-qu'on puiffe , quelque jour, réufir. C'eft un motif bien louable dans l’Auteur , & dont on doit lui favoir gré, qui l’a porté à faire cette invitation à fes Confrères , il feroit à fouhaiter qu'on répondit à fon ardeur & à fes defirs. Les autres Problèmes de Chymie ont pour objet, le borax , l’éther vitriolique , lécher marin, & le fublimé corrofif. Mémoire fur des Bois de cerfs foffiles , trouvés , en creufant un puits, dans Les environs de Montelimar , en Dauphiné, & 14 pieds 2 pouces de profondeur , en 1775. À Grenoble, chez Cucher, & à Paris, chez Ruault, Libraire, rue de la Harpe , 1776 , in-4°. de 32 pages, avec une fuperbe Planche, gravée en couleur par M. Gauthier d’Agothy. Introduëtion à lHifloire Naturelle , & à la Géographie Phyfique de l'Efpagne , pa M. G. Bowles. Traduélion de l'Efpagnol , augmentée de Planches & de plufieurs Obfervations. À Paris chez Æ. 4. Didor, Certe Traduétion annoncée prefqu’aufli-tôr que l'original , n’eft plus retardée que par la gravure de quelques planches, qui ont pau 446 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, néceffaires pour une plus grande intelligence de certains endroits du texte. M. Bowles prévient lui-même, dans fon Difcours pré- liminaire , qu'il ne donne point de relation détaillée de toutes les mines qu'il a été chargé de vifiter. C’eft pour y fuppléer, que le traduéteur M. L. C. D. L. qui a réfidé plufñeurs années en Efpagne, & quiaété à portée de connoître la plus grande partie des mêmes objets, fe propofe d'y joindre fes obfervations particulières, dont les principales roulent : 1°. Sur la fameufe mine de cuivre de Rio-tinto , en Andaloufie ; - dont M. Bowles ne parle qu’en paflant dans fon Difcours prélimi- naire,. - 2°. Sur la mine de mercure d’Almaden. On y joint les plans & les coupes , ainfi que la defctiprion, tant des travaux intérieurs, que des fourneaux à diftiller le mercure. 3°. Sur la mine de Jayet, près de Madrid , & fur celle de char- bon de terre, qu’on exploite en Andaloufie & en Eftramadoure. 4°, Sur les mines de fer de Bifcaye, & fur la manufaéture de fer- blanc de Sr. Miche! , entre Ronda & Malaga. On y joint la defcription, les plans & la coupe des foufflets cylindriques de fer coulé , avec les nouveaux régulateurs qu'on emploie en Angleterre, dans la fonte des mines de fer, pour modérer & régler à volonté , le vent des fouf- flets , dont l’aétion irrégulière , & plus ou moins active, eft toujours préjudiciable à la fonte. s°. Sur l’efpèce de fauterelle à aîles rouges ( Locufla hifpanica qui dévafta , en 1754, plufieurs provinces de l’Efpagne. On l'a fait graver , mâle & femelle, avec fes œufs & fes métamorphofes. 6°. Sur la théorie .de l’Auteur pour favoir fi elle eft jufte. 7°. Sur le procédé qu’on fuit en Efpagne pour faire l'acide i- creux. 8°. Enfin, différentes notes, dont les unes fervent à éclaircir quelques endroits du texte, d’autres à expofer les opinions reçues en Chymie, pour les comparer avec celles que l'Auteur fuit dans plufieurs endroits de cet Ouvrage , &c. Effai fur la Santé des Filles nubiles, par M. Virard, avec cette épigraphe tirée de St. Paul aux Corinchiens, Thefaurum habent ir vais fragilibus. À Paris chez Monory , Libraire , rue de la Comédie Françoile , 1776. in-8°. prix 15 f. L’Auteur donne aux filles qui approchent ou qui commencent à s'éloigner de l’état de puberté, des lecons de fageffe , leur indi- * Av 88 SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 447 que le régime & les remèdes qui conviennent au trouble & aux dérangemens de fanté qui précèdent, accompagnent ou fuivent fi fouvent cer état fi délicar ; leur annonce les inconvéniens & le danger de l’intempérance , ceux des lectures qui échauffent l'imagina- tion; de certains abus dans la manière de s'habiller ; des imprudences phyfiques & morales auxquelles les filles font fi fujettes ; enfin, en réfumant , l’Auteur finit par dire » qu’elles n'’oublient donc jamais » qu'elles portent un trèfor dans des vafes fragiles, & que le plus sûr » moyen de le conferver , c’eft d’être fobres d'eflomac & de cœur #. Le tout eft terminé par des réflexions morales fur le mariage. «Mémoire fur les. Inconvéniens qui réfuirent de la perception des Droits impofés fur l’'Eau-de- Vie, déterminée par Les diffèrens degrés d'un ARÉOMÈTRE, connu fous le nom de l Aréomètre de Cartier , & Jur les moyens d'établir une perception plus avantageufè au pro- duit , & moins onéreufe au commerce € aux confommateurs. in-4°. de 16 pages. L’Auteur propofe des moyens de remédier aux inconvéniens qui réfulrent de la manière dont on procède , pour déterminer le degré de fpirituofité des liqueurs , au moyen de l’aréomètre, inftru- ment délicat, qui n’eft pas fait, à la vérité, pour être manié par d’autres mains que par celles des Phyficiens , mème un peu exercés, & qui dans celles des Commis des Fermes , expofe fouvent, felon J'Auteur, à des réfulrats fort incertains. On propofe dans ce Mé- moire de fupprimer l’ufage de ce pèfe-liqueur, de ne faire d’autre difinétion entre les liqueurs fpiritueufes , que celle de l’eau-de-vie & de l’efprit-de-vin , & d'impofer des droits relatifs à ces deux états ; en confervant intact les droits du Roi, ceux de la Ville & ceux! des Fermiers - Généraux , dont on donne le tarif & le tableau comparés à l’ancien. Le fieur Nouail, Profefleur de Mathématiques, a ouvert, depuis lers Avril 1776 , une claffe publique , en fa demeure, rue d'Enfer, près le Luxembourg , dans laquelle il enfeigne tous les jours depuis trois heures après midi jufqu’à fept, favoir: tous les Zundis , Mer- credis 6 Wendredis , l'Arithmérique & l’Aloèbre raifonnés & appli- qués aux différentes branches du commerce & des finances, avec l’art de tenir les livres de comptes en parties doubles & fimples, & les changes étrangers , y compris la Géographie des différens pays dont on parle : tous les Mardis & Jeudis, l'Arpentage & tout ce qui concerne la fcience de l’Arpenteur, avec l’art de defliner & laver les plans terriers & d'en conftruire le reoiftre territorial , &c. 448 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Éloge hiflorique de M. Winsflow. Ce font des fleurs fort agréables qu'un Médecin de la Faculté de Paris, vient de répandre fur la tombe du célèbre Anatomifte Danois, mort en 1760. An Effay onthe Blood , in Which the objetions to M. Humter’s opinion concerning the Blood , are examined and removed by G. Levifon, M. D. London 1776. in-8°. — Effai [ur le Sang , dans lequel on examine 6 l'on réfute les objethions faites a M. Humters, fur for opinion concernant ce liquide ; pat M. Levifon ; Docteur en Méde- cine. Obférvations on refpiration and the ufe of the Blood , by Jofeph Prieflley. L. L. D.F. R. S. radar the Royal fociery , Jan. 25. 1776. London 1776. in-8°, — Obfervations fur La refpiration & fur l'ufage du Sang ; par Jofèph Prieflley, Doëteur ès Loix, &c, lues à la Société Royale, le 25 Janvier 1776. : Hifloire générale & économique des trois Règnes de la Nature, Ec. &c. le tout rangé fuivant le fyfléme du Chevalier Linné, 6 accompagné de plufieurs Collettions de Plantes , gravées, deffinees d’après nature, la plupart coloriées ; par M. Buc’hoz, Auteur de différens Ouvrages de Médecine, d'Art Vétérinaire, d'Hiftoire Naturelle , de Botanique, d'Economie champêtre; Inventeur & Rénovateur de plufeurs Re- mèdes pour la Médecine humaine, &c. dont le Profpectus , -fol. fe trouve à Paris, chez Lecombe, Libraire , rue Chriftine , 1776. Er Hifloire univerfelle du Règne Végéral , par M. Buc'hoz, Médecin de Monfreur, propofée par Soufcriprion , dont le Profpeëtus , iz-folio, fe trouve chez Brunet, Libraire , rue des Ecrivains, à Paris, 1776, Le Profpe&us de l’Hiftoire Générale des trois Règnes de M. Buc'hoz ; doit fervir de Préface à l’'Ouvrage ; c'eft dans cette Préface. que l’Auteur én fait fentir route l'utilité. Il donne la divifion des êtres terreltres , & la définition des différentes fciences qui en traitent. On ne fauroit mieux rendre l’efprit de l’Auteur, qu’en rapportant fes propres paroles. » Tout ce que renferme le’ Globe que nous ha- » bitons, dit-il, peut être compris fous le nom d'élémens & de » chofes naturelles. Les Phyfciens appellent élémens , les fubftances » fimples, & les Naturaliftes donnent le nom de chofes naturelles » aux corps qui ont reçu leur forme première de la main du Créateur. » La fcience qui traite des élémens , eft la Phyfique, celle qui nous » donne la connoiffance des chofes figurées ; c'elt ce qu'on nomme communément LR 0 EE. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 449 » communément l'Hiftoire naturelle. Cette Hiftoire comprend trois » règnes , l'animal, le végétal & le minéral. Elle fe divife par con- » féquent en Minéralogie, qui traite des corps métalliques & des » fofliles ; en Botanique, qui a pour objer les plantes & les vépéraux; » & en Zoologie, qui comprend en général tous les animaux , qua- » drupèdes, oïfeaux, poiffons , &c. « M. Buc’hoz détaille enfuire les avantages qu’on retire des trois rèones, fur-tout du végétal qui paroît le plus utile. » L'or, l’ar- »gent, les métaux les plus précieux , ne doivent leur valeur qu’à » des plailirs vains & factices : mais c’eft dans les plantes feules que » l'homme peut puifer la fource la plus pure de la fanté, des vrais » befoins, & par conféquent des vrais “Au Les animaux, dont » la chair fucculente eft, pour ainfi dire, un légume préparé par le » méchanifme le plus merveilleux , n’ont pas d’autre nourriture que » les plantes, &c.; quelle variété dans les racines ! combien d’efpèces » de pommes, de poires, de melons, de concombres , de fruits à » noyaux & de légumes ! Telle eft l'abondance que nous procure » le règne végétal «: De ces réflexions toutes naturelles, M. Buc’hoz pafle à l’'énumé- ration d’une infnité d’autres avantages qu’on retire des trois règnes, & de-là à la divifion générale de fon Ouvrage, qui eft en cinq parties, dont chacune a fes objets & fon titre particulier , ainfi que les volumes ou collections de planches. La première partie eft def- tinée à l’homme confidéré dans l'état de fanté & de maladie; >» l’Auteur dit qu'il a fait abftraétion de l’ame avec tous fes détails » métaphyfiques & moraux «; cette matière étant trop délicate, il l’abandonne aux Théologiens. » Nous nous contentons, dit-il, ‘ » de confidérer l’homme comme Phyficien & Médecin; nous l’avons » fait graver avec fa compagne , dans notre Colleétion de Planches » enluminées G non enluminées , d’Hifloire naturelle ; nous l'avons fait » tepréfenter en guerrier dans l'Aiffoire générale &' gravée, des trois » Règnes ( Voyez PI. 1, 2, 3, 4, $.), & avec les différens habil- p lemens François dans notre Æifloire Naturelle , auffi gravée , de la » France «. (Voyez les dix premières Planches.) La feconde partie comprend les animaux, d’abord ceux à mammelles , enfuite les oi- feaux , les amphibies , les poiffons, les infectes, & enfin les ver- mifleaux ; la troifième, les végétaux ; & c’elt précifément l'Ouvrage qui paroît chez Brunet, fous le titre d’Aifloire Univerfelle du Rôgne Vigetal, dont il y a 1200 planches gravées & trois volumes de Difcours ; la quatrième , les minéraux ; la cinquième, les fontaines minérales. Le tout accompagné de colleétions de planches ; dont la pemière a pour titre : Hifloire générale des trois Règnes de la Nature, Tome VII, Parc. I. 1776. M m m so OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, repréfentés en gravures 6 rangés fuivant le Jyfléme de Linnœus ; la fe- conde, Hifloire Naturelle de la France, repréfentée en gravures, 6 ran- gée fuivant le fyfléme de Linnæus , divifée par parties ; la troifième Colkeïtion de Planches enluminées & non enluminées, repréfentant au na- qurel ce qui fe trouve de plus intérefant & de plus curieux, parmi les animaux , les végétaux © Les minéraux ; la quatrième Co/küion pré- cieufe & enluminée des fleurs les plus belles 6 Les plus curieufes qui fe culiivent tant dans les Jardins de la Chine que dans ceux de l'Europe ; la cinquième, eft précifément la feconde partie de l’Hifloire Uni- verfèlle du Règne végétal. L'Ouvrage général , tant les Difcours que les Plantes, fera dédié au genre humain; puifque c’eft pour les hommes en général que M. Buc'hoz dit me | travaille. » Grands & petits, dit-il, Porentats » & fujets, riches & pauvres, favans & ignorans , rous en général » y trouveront , fi ce n'eft pas toujours du fcientifique, du moins » de l’utile «. Et en effer, il feroit difficile de trouver un Ouvrage qui réunifle tant d'objets divers. On verra, dans celui-ci, des hom- mes vêtus de diverfes manières, des femmes, des finges, des cra- pauds, des plantes d'Europe, de la Chine, &c. des ferpens, des béliers, des nids d’oifeaux , le tout en général bien gravé »; & une partie bien coloriée. Les conditions de la Soufcription pour l'Hifloire Univerfelle du Règne Végétal, font les fuivantes. Le prix de chaque volume de Planches, eft de 36 livres, & celui du volume du Difcours, de 12 livres. On donnera , dès-à-préfent , aux Soufcripteurs , les trois premiers volumes de Planches, avec les trois premiers de Difcours. La feconde Livraifon fe fera en Juin, & on recevra les 4, 5 & 6° volumes de Planches. La troifième, en Septembre, & on recevra les 7, 8 & 9° voi lumes de Planches. La quatrième, en Décembre, pour les 10, 11 & 12° volumes de Planches, avec les 4, 5 & 6° de Difcours. La cinquième, en Juin 1777, & on recevra les 7, 8 & 9° vos lumes de Difcours. La fixième , en Décembre de la même année, pour les 10, 1x & 12° volumes de Difcours, ce qui complètera l'Ouvrage qui doit être en vingt-quatre volumes éz-folio. On ne paiera, en foufcrivant , que les volumes qu’on recevra. M. Buchoz allure que la Soufcriprion fera exactement fermée le 2 Janvier à tit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 451 1777, & ceux qui n'auront pas foufcrit, paieront les volumes de Planches 48 liv. & ceux de Difcours 14 livres. Les Planches font tirées fur papier fuperfin, bien collé & propre à l’enluminure. D’après cet expofé tout le monde avouera qu'il n’y a point d’Au- teur qui travaille avec autant de zèle, de patience & de courage que M. Buc'hoz. Difiours prononcé en préfence du Collése des Médecins de Limoges ; par M. Boyer, Doëteur en Médecine de la Faculté de Montpellier. À ‘Limoges, 1776, in-12. On doit bien diftinguer ce Difcours de ces compilations de phrafes tirées des Auteurs Clafliques , & qui compofent la plupart ces Difcours oratoires qu'on débite fouvent du haut des Chaires. Celui-ci renferme tout ce que la Philofophie la plus épurée, & le goût ; font capables de donner aux Sciences, & fur-tout à celle de la Médecine, que M. Boyer profeffe avec diftinétion à Limoges. LA 4 é … Pir Princy > als Maladies des grains Rp = ARudle. Scxlr, en MAL 177 Ë à des rer ane AVR prie mi" à ch de d TE Te LR ARE des Le ire CAEN MT PLIT NY1 Denks Dicquemare. dl. ie feup Ays 776 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SORA HES TOTRE NATURELLE E TUSUR LES ARTS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE, DÉDIÉES RONDE 0" O NCT END AR TOTS; Par M. l'Abbé ROZIER, Chevalier de l'Eglife de Lyon , de l’Académie Royale des Sciences , Beaux-Arts & Belles- Lettres de Lyon , de Villefranche, de Dijon, de Marfeille , de Fleffingue , de la Société Impériale de Phyfique & de Bo- tanique de Florence , Correfpondant de la Socièté des Arts de Londres , de la Société Philofophique de Philadelphie ; &c. ancien Directeur de l'Ecole Royale de Médecine - Vétérinaire de Lyon. TOME SEÉPTIEME JU IN, :776. QUES sd: rtf NE OUR Chez RU AULT, Libraire, rue de la Harpe. M CDIC CII XUVET ABPRENCL PL RTIN PAIN EN ENGIEN D'UN CR" ONT, A SN US A MM. ls SouscrrPTEuURS dont l’Abonnement finit à la fin de l'année 1775. Prusreurs Soufcripteurs fe font plaints de ce qu'ils ne rece- voient pas les Cahiers auffi-tôt qu'ils avoient formé leurs deman- des. Ils font priés d’obferver que fouvent ils s’adreffent à des Commiflionnaires qui négligent de foufcrire , ou de faire par- venir les Cahiers à leur deftination. Pour éviter, à l'avenir , de pareils reproches & de femblables lenteurs , MM. les Soufcrip- teurs, qui ont été dans le cas d'être mécontens, font invités à recommander expreflément aux perfonnes qu'ils chargent de leurs commiflions , d’être plus exaétes que par le pañé : ou s'ils jugent la chofe plus commode , de configner le montant de la Soufcription au Bureau des Poftes de leur Ville, fans l’affran- chir, mais affranchir feulement la Lettre qui en donne avis. Un fecond fujet de plainte vient de ce que ceux, chez lefquels on prefcrit de remettre les Exemplaires, les prêtent , les égarent, & difent enfuite ne les avoir pas reçus. On prévient que l'on fait l'appel de chaque Cahier & de chaque Soufcripteur, comme dans un Régiment on tait l'appel des Soldats, & tous les Cahiers font portés fermés , dans un fac cacheté, à la grande ou à la petite Pofte de Paris. On voit par - là, que fi quelques -uns ne font pas rendus, ce n’eft plus la faute du Bureau des Journaux. MM. les Soufcripteurs, qui défirent renouveller leur Abon- nement pour l’année 1776 , font priés de donner Zeur nom € de- meure , écrits d'une manière lifible , dans le courant du mois de Décembre, ou le plutôt poffible, afin d’avoir le tems de faire imprimer leur adreffe. On foufcrit à Paris, chez l'Auteur , Place & Quarré Sainte - Geneviève , & chez les principaux Libraires des grandes Villes. Le prix de la Soufcription eft de 24 livres pour Paris, & de 30 livres pour la Province, port franc. + Br EE DÉS AT EAURCT EE: L'ENX Contenus dans cette première Partie. PROPOS abrègée de la Manufaëlure de Bas-reliefs en Albdires faëtices des Bains de Saint-Philippe en Tofcane ; par M. Ch, Latapie , age Obférvation fur des fignes avant-coureurs de l'afcenfion € de la ce de du Mercure dans le Baromètre ; par M. Changeux , 459 Lettre à l’Auteur de ce Recueil, fur la nouvelle Harmonique , 462 Erat des Baptémes , des Mariages & des Enterremens de la Ville de Lyon , depuis le premier Janvier 1750, jufqu'au 31 Décembre 1774; par un Académicien de Lyon, 466 Obfervation fur les différences effentielles qui fe srouvent entre Les Raiïfins panachés ou Suifles, € Ze Raifin monftrueux , dont il ef? parlé à La page 293 , Volume VIT, de ce Journal, & fur une fingulariré qu'offre ce Raïfin ; par M. Changeux, | 469 Lettre du Pere Corte, Prêtre de l'Oratoire , Curé de Montmorenci | Cor- refporndant de l'Académie Royale des Sciences de Paris , de la So- ciété Royale d'Agriculture de Laon, à l'Auteur de ce Recueil > 470 Seconde Lettre du Pere Corte, à l'Auteur de ce Recueil > Jur. diverfes Obfèrvations, Météorologiques , 472 Leure de M. le Baron de Dietrich, Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences , Confeiller-Noble au Magiftrat de Strasbouro , & Secrétaire- Interprète de l'Ordre Militaire du Mérite, à l Auteur de ce Recueil À fur le danger des Boules de cuivre , placées fur Les Cheners ; contenant? auff£ quelques Obfervations météorologiques, 477 Obfervation fur l'Huile de Palma- Chrifli ; par M. de Machy , Maître en Pharmacie , Cenfeur Royal, des Académies des Sciences de Berlin, de Rouen, Ec. 479 Obférvation fur une propriété de l'Eleétricité, d’où l'on Pourroit tirer quelques induilions fur la nature du fluide éleétrique ; par M. Changeux , 482 Lerre de M. D. L. R. à l'Auteur de ce Recueil, Jur une Machine de nouvelle invention , ou Sphéromètre, 484 Mémoire fur de nouvelles Illuminations éleëriques ; par M. Bertholon , Prêtre de St-Lazare, Profeffeur de Théologie au Séminaire de Beziers , & Membre des Académies des Sciences de Beziers, de Lyon » de Marfeille, de Nifines , de Touloufe , de Montpellier | &c. 488 Lerrre de M. V'AbEE JYYY, de Vienne en Autriche, à l'Augeur de ce Recueil , fur l'Eleëtrophore perpétuel de M. Volta , soi Premier Mémoire d’Optique , ou Explication d'une Expérience de M. Franklin ; par le Doëteur de Godard, Médecin des Hopitaux de Vervier, Membre des Académies Impériale & Royale de Dijon Ë: de Bruxelles, $09 Extrait des Pofre-Feuilles de M. l'Abbé Dicquemare | fur les Anémones de Mer, 1 Suite des Obfirvations Phyfiques & d'Hifoire Naturelle, par M. rAbbe Dicquemare, $23 Obférvation fur la differente température de l'Air renfermé & flagnanr, € de l'Air libre; par M. Changeux , n Nouvelles Expériences éleëtriques , faites par M. Comus , le .s Avril, de- vant Son Alreffe Séréniffime Monfeigneur le Duc de Chartres & plu- Geurs Savans, ° $29 Nouvelles Lirréraires. s31 Fin de la Table. a Lepage Gall bé J: 1 du, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux ; un Ouvrage qui a pour titre : Obfervations fur La Phyfique , fur l'Hiffoire Naturelle & fur les Arts, &e. par M. l'Abbé RoZIER, &c. La collection de faits importans qu'il offre pério- diquement à fes Lecteurs, mérite l'accueil des Savans ; en conféquence, j'eftime qu'on peut en permettre l'impreffion, A Paris, ce 24 Juin 1776 YALMONT DE BOMARE. DESCRIPTION 44 453 DESCRIPTION ABRÉGÉE De la Manufadture de Bas-reliefs en Albâtres fadtices des Bains de Saint-Philippe en Tofcane. Par M. CH. LATAPIE. CE TTE Manufaéture eft unique en fon genre, & une de celles qui prouvent le mieux combien les objets les plus fimples peuvent devenir utiles, lorfque leurs propriétés ont été apperçues par un Obfervateur habile. Le Doéteur de Végni, Tofcan, eft le premier qui ait vu le parti qu'on pouvoit tirer en grand d’une fource d’eau bouillante , charriant une terre très-fine & très-blanche. Cette fource eft fituée fur une montagne qui forme un des côtés de la partie inférieure de celle de Santa-Fiora, près Radicofani en Tofcane, & fe termine à la petite rivière de la Paglia. L'eau de cette fource eft très- chaude, & fort continuellement à gros bouillons , intimement mè- lée avec la terre dont je viens de parler, & qui me paroïît n’êire qu'une diffolation des parties calcaires & fulphureufes , dont tout le fond de cette partie de la montagne doit ètre compofé à une grande profondeur (1); une odeur affez vive de foie de foufre, fe ré- pand à plus d’un mille aux environs, & elle m'a paru entièrement femblable à celle de l’Acqua-zolfa de Tivoli, & des Bollicami de Viterbe. L'eau , en fortant de la fource , coule fur le penchant de la montagne en vaftes nappes, & là, entièrement couverte d’une couche profonde de ftalaétites d’une blancheur éblouiffante (fur-tout lorfque le foleil frappe deffus), & qui font plus ou moins dures, felon la rapidité de l’eau & l’obliquité de la chûte. C’eft l’afpect de ces ftalaétites, joint à la fine obfervation des circonftances qui produifent leurs différences , qui a donné l’idée au Doéteur de Végni de demander au Grand-Due de Tofcane la permiflion d’éta- blir fur cette montagne une Manufacture d’Albâtres factices. Cette Manufacture eft extrèmement curieufe par fes réfulrats, fa fimplicité, & la fingularité, tant de fes matières premières que du lieu où elle (1) Voyez ci-après, page 457, & 458. Tome VII, Part. I. 1776, Nnn 454 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eft établie. Voici , en abrégé, en quoi confftent fes opérations. Le Docteur de Végni fait venir des moules en plâtre des meil- leurs bas-reliefs de Rome & des autres endroits de l'Italie. Ces moules fervent à en former d’autres, mais en creux, & dont la matière eft le foufre. Pour cet effet, on frotte d’huile de lin cuite, le modèle de plâtre, & on en enveloppe la circonférence d’un petit mur de plâtre d’en- viron un pouce ou plus, felon l'épaiffeur que lon veut donner aux bas-reliefs. On verfe enfuire fur le moule en relief, du foufre fondu, & qui n'ait été chauffé que pour le mettre précifément au point de fufon. L’enveloppe de plâtre empèche qu’il ne fe répande tout- autour. Jufqu’ici, ce n’eft que le procédé connu de tous les Mo- déleurs. Le moule en foufre étant fait, on le porte dans une efpèce de cuve de bois groflièrement faite de pièces de rapport, & dont le diamètre du fond eft moins confidérable que celui de l'ouverture; de forte que cette cuve ou tonneau eft un cône tronqué renverfé, & ouvert par fes deux bafes. Au dedans du tonneau font des tra- verfes de bois en croix qui fe terminent à fa furface intérieure, & qui ont environ 3 pouces de largeur , pour que l’eau , qui vient frapper deflus , puifle rencontrer aflez de furface. Au-deffus de ces traverfes, le long des parois, font attachés des clous de bois ou chevilles , pour fufpendre les moules de foufre qui s'appliquent fur le tonneau par toute leur furface poftérieure. On place le tonneau fous une chüte d’eau qui provient de la fource bouillante, & de manière qu'elle tombe au centre des traverfes. Pour éviter que le vent ne la porte ailleurs, le tonneau eft placé dans une cour très- baffe , & environnée de murs fort élevés. Cette eau rejaillit contre la furface intérieure du tonneau, & y laiffe , en coulant deilus, une portion de la terre compofée { sartaço) qu’elle contient ; de forte qu'après un certain tems, non-feulement le creux des moules eft rempli, mais encore il fe forme au-deffus une croûte de lépaif- feur qu’on veut. Cette croûte eft par ondulations, mais plus fenfi- bles & plus régulières que celles des autres ftalactites. Le grand fecrer de la dureté de ces efpèces de ftalaétites artificielles, réduites à la forme qu’on veut leur donner, confifte dans le degré d’obli- quité du moule deftiné à recevoir l’eau qui rejaillit. Plus le moule approche de la fituation horifôntale , moins la matière eft dure ; de forte que le plus grand degré poñlible de dureré, doit fe trou ver dans la pofition verticale , parce que dans ce dernier cas, l’eau tombant plus rapidement, entraîne avec elle les parties les plus groflières de la terre qu’elle tient en diffolution, & ne laiffe après elle fur le moule, que ce qu'il y a de plus fin. J'ai encore obfervé que dans le même degré d’obliquité du moule , le degré de dureté SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4çs de la croûte artificielle eft en raifon de la rapidité de l'eau. C’eft pour fe procurer une eau plus épurée, qu'on la fait paffer par dif- férens circuits, & qu'on creufe même des fofles de diftance en diftance, aux points principaux de changement de direétion, pour, qu'étant arrèrée , elle dépofe fes parties terreufes les plus groflières; une autre obfervation effentielle, c’eft que plus les matières mou- lées ont de dureté, moins elles font blanches , ce qui arrive aufli aux Albâtres, dont ces terres-ci font une efpèce (du moins felon toutes les apparences}; de forte que pour proëurer à fes ouvrages un certain degré de blancheur, M. de Végni eft obligé de ne leur donner qu’une dureté moyenne ; mais celle-là mème eft fupérieure au marbre de Carrare le plus dur, & a encore l'avantage de le fur- paller en blancheur, ce qui feul doit faire fentir l'imporrance de ce nouvel art. Je dis nouveau, parce que, quoique le fond du pro- cédé que je viens de décrire, für connu, il reftoit à en faire une application aufli heureufe pour les Beaux-Arts. Le rems qu’exige la fabrication de ces bas-reliefs, varie felon leur épailleur. Les plus minces ne font guères terminés qu’au bout d'un mois, & les plus épais de ceux qui ont été faits jufqu’à préfent, exigent de trois à quiee mois au moins. Au refte, l’on fent que cela dépend des ormes que l’on veut donner à la terre précipitée.. M. de Végni n'a encore travaillé que fur des bas- reliefs , dont quelques -uns font d’une grande beauté & imitent parfairement leurs originaux. Mais il feroic poflible de parvenir à faire avec la même matière, & à-peu-près de la mème manière, de grands vafes , des urnes, des tables, & même des ftatues. Ce feroit-là la perfection de l’art, à laquelle il eft permis d’efpérer qu'on arrivera après quelques an- nées d’effais; car on doit regarder cet art alabaftrique comme dans fon enfance ; rien ne feroit plus précieux que l'imitation des chefs- d'œuvres de fculpture qu’on admire à Rome, à Florence, &c. faites en Albâtres factices, très-durs & d’une feule pièce. M. de Véoni a beaucoup travaillé pour colorer fes Albâtres de dif- férentes couleurs, & à force d’effais, il eft parvenu jufqu’à leur don- ner mème une belle couleur noire, ce que M. du Fay n'avoit pu obtenir dans fes expériences fur la coloration des pierres; il imite aufi parfaitement bien la couleur de chair : pour colorer l’eau , dont la dépuration doit former les bas-reliefs , on met à la fource un vafe à demi-plein de la couleur qu’on veut donner à l'ouvrage en entier, ou à telle de fes parties que ce foir; de forte qu’on varie à volonté les couleurs des couches, toujours à limitation de la nature : quand on veut donner au fond du tableau une autre teinte que celle des figures, on cache celles-ci, de forte que l’eau ne réjailliffe que fuc le fond, & vice verfä. Le Doéteur de Végni . fert avec fuccès nn2 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des fucs de végétaux pour colorer fes Albâtres, & il prétend que les couleurs qu'ils produifent font auffi tenaces que celles qui provien- nent des minéraux, & font d’ailleurs plus varices. Cela feroit fans doute difficile à bien prouver : indépendammant des couleurs dont je viens de parler, & dont la matière durcie eft profondément im- prégnée, le Doéteur de Végni imprime fur fes Albâtres des figures gravées en taille-douce, & en telle couleur qu'il veut. Cette impref- fion eft très-folide. Je reviens au refte de l'opération. Lorfque le moule: de foufre ainf pofé fur le tonneau , foit obli- quement, foit perpendiculairement (ce qui eft très-rare) , eft fuf- fifamment couvert, & que le fond du bas-relief qui doit foutenir les figures faillantes , a acquis l'épaifleur convenable , c’eft-à-dire , depuis deux ou trois lignes jufqu'a neuf, & davantage, felon la grandeur de la pièce, on frappe légèrement fur la cheville de bois qui foutenoit le moule pour la caler , enfuite on brife à petits coups de marteau tout l'Albâtre durci qui eft autour du moule, & ne fait qu'un corps avec celui qui le convre, en Punifflant avec la couche en forme de ftalactites ondulées, dont toute la furface in- térieure du tonneau eft incruftée. Lorfque cette croûte environnante eft caflée, on donne un coup fec fur le tonneau près du moule , qui fe fépare facilement de la partie modélée, mais ordinairement en fe caflant. On donne plus de blancheur & d'éclat à ces Albâtres travaillés, en les frottant avec un pinceau de crin un peu rude & à poils courts, & en pallant enfuite la paume de la main dellus , | fortement & à plufeurs reprifes. Je me fuis fervi, dans le cours de cette Defcription, du mot | d’Albätre , faute d’un meilleur, pour exprimer le sartaro des Italiens, lequel ne répond pas toujours à ce que nous entendons par cartre, mais en général à toute efpèce de dépofitions aqueufes 6 durcies avec le tems. | me femble cependant que dans ce cas-ci, 1l ne feroit î pas ridicule d’appeller sarrre cette efpèce de terre que dépofenc les eaux de Saint-Philippe, quoiqu'il n'entre dans fa compoftion aucunes | parties huileufes. Je fuis porté à croire , avec fondement , que c'elt un aggrévat formé d’une terre calcaire, prefque entièrement faturée d'acide vitriolique. J'ai verfé de l'acide nitreux , tant fur la terre en poudre que fur les pièces modélées, & j'ai vu que quelques parties font effervefcence , tandis que les autres (& c'eft le plus grand nombre), n'en donnent aucun figne. L’infpection des envi- rons de la fource me fait foupçonner encore que les eaux doivens contenir beaucoup de parties gipfeufes. Je crois qu'il ne feroit pas très-difficile de fe procurer en France quelques Manufactures de l'ef- pèce que je viens de décrire, parce qu'il y a beaucoup d'endroits où les eaux courantes forment des flalaétites en abondance (comme SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 457 celles d'Arcueil) , & font par conféquent propres à faire des dépôts ainfi que celles de Saint-Philippe. Je doute feulement que les ouvra- ges qui en feroient formés , euffent la blancheur de ceux que four- niflent les eaux de l'Italie. Dans le même lieu où le Docteur de Végni a établi fa Manufa&ure, étoient des bains d’eaux chaudes connus dès le rems des Romains, & qui ont duré jufqu'à ces derniers tems , puifqu'on y voit, pa une infcription , que Ferdinand de Médicis , Grand-Duc de Tof- cane, fut guéri par l’ufage de ces bains, RME My A RQ Etes Sur la Montagne où eft la fource des Eaux tartareufes de Saïnt-Philippe, La montagne des bains de Saint-Philippe , eft exrrèmement in- téreffante par fon afpect & par la diverfité des matières dont elle eft compofée. Son nom lui vient d’un hermitage formé dans des ro- chers très-pittorefquement difpofés, & très-fameux dans le pays. C’eft une tradition fort ancienne, que Saint-Philippe l’a creufé lui- mème, & l’a habité plulieurs années. La partie la plus élevée de cette montagne, à commencer du village de Campiglia, qui eft à un mille & demi des bains, n’eft qu'un affemblage de pierres fchif- reufes feuilletées, mais généralement brifées en petites mafles, & mêlées çà & à de tranches quartzeufes qui les traverfenr dans plufeurs directions. Ces fchiftes reffemblenr à des jafpes, par la variété de leurs couleurs, & par un fond jaunâtre qui y domine. Leur potion elt quelquefois horifontale , mais ordinairement elle fuit l’obliquité de la montagne; entre ces couches fchifteufes, font de grandes mafles de beau gypfe, dont ja caflure eft brillante comme celle du gypfe de Montmartre ,- mais un peu plus bleuâtre. On en fait d’excellent plâtre, dont on fe fert dans le pays. Sur le haut de la montagne , on trouve, parmi les débris des différentes pierres dont je viens de parler, des cryftaux d’un violer noir, la plupart otaedres, réguliers, d'environ une ligne & demie ou deux lignes de diamètre , & prefque entièrement opaques. J'en conferve un morceau , dont le diamètre a dû être d’un pouce & demi & plus. C’eft fur-rout après les pluies d'orage qu’on trouve ces cryftaux , que la violence de l’eau met à découvert , ou entraine dans les ra- vins. En defcendant plus bas, vers le milieu de la montagne , on trouve des mines de foufre qui ont dù être long-tems exploitées, à en juger par la quantité & la longueur extraordinaire des exca- vations qui y ont été faites. Les parois de ces excavations , à les prendre dès le bord extérieur, font entièrement couvertes d'efiloref- 358 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cences, la plupart d’une blancheur éblouiffante, & qui dans les endroits où elles n’ont pas été réduites en pouflière très fine, ref- femblent à des végérarions. Quand on en met une pincée fur la langue , on éprouve une fenfation prefque aufli vive & de la même nature , que fi l’on avoit goûté de l'acide vitriolique. Une grande quantité de ces efflorefcences fe font durcies en ftalactites, tantôt d'une forme ordinaire, c’eft-à-dire, polie & mammelonnée , tantôt reflemblant à des choux-fleurs. Dans quelques-unes de ces excava- tions, dès l'entrée , font des moffettes plus où moins élevées du fol, qui en rendent l’abord dangereux. J'ai fait l'épreuve de l’effer d'une de ces exhalaifons mortelles, fur un chien qui, fur-le-champ, a perdu la refpiration en éprouvant des convulfñons, & feroit mort en peu de minutes fi je ne l’eufle retiré promprement. J'y ai éprouvé moi-même une chaleur très-fenfble, depuis les pieds jufqu'à la ceinture , & même jufqu’à la poitrine. Je refpirois au milieu de la plus élevée de ces moffertes, un air acide, & comme de fer- mentation vineufe, mêlée d’une odeur éthérée; mon vifage étroit tout baigné de fueur , & ma refpiration devenoit continuellement plus accélérée & plus difhcile, fur-tout lorfque je m’enfoncois dans la moffette jufqu'à la hauteur de ma-bouche ; la mêine chofe m’eft arrivée , mais avec plus de force encore , aux moffetres de Latera , bien plus confidérables, fans aucune comparaifon, que la fameufe Grotte du Chien, quoique inconnue en France, & même en Italie, excepté à Sienne. Latera eft un vallon extrèmement curieux , fitué à un mille de Bolfena , non loin du Lac, vers le Couchant. Ces moffettes font d'autant plus dangereufes , que leur hauteur n'eft pas conftante & varie felon la température de l’air extérieur, & vraifemblablement aufli felon les différens accidens de l’intérieur de la montagne. Au-deflus de ces foufrières, & au milieu d'une plantation de bois de chène , d’ilex & de lentifques, eft une grande foffe qui paroît formée naturellement par laffaiflement de la mon- ragne; là, eft encore une terrible moffette, qui fait périr tous les animaux qui y viennent. Aufli a-t-on foin d’écarter de ce voifinage tous les beftiaux. Tous le tiers inférieur de la montagne de Saint- Philippe, ou du moins tout ce qu'on en découvre à une grande profondeur , eft compofé de cette matière alabaftreufe dont j'ai parlé, chariée par ces eaux chaudes qui ont leurs fources dans les foufrières. Ces eaux étoient autrefois bien plus abondantes, puifque cette par- tie de la montagne , & même prefque tout le tiers moyen, n'eft à peu-près qu'un compofé de mafles immenfes de pierres, vifiblement formées par l’eau ; elles font de forme très-irrégulière , rrès-dures , de caflure blanchâtre, & trouées comme des pierres-ponces. , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 459 OO BYSUES RO FR AA Te trO. N Sur des fignes avant-coureurs de l’afcenfion & de la defcente du Mercure dans le Baromètre; Par M. CHANGEU x. Ets u T le monde a remarqué que , lorfque le mercure eft vio- lemment agité dans un baromètre , la furface fupérieure de la co- lonne eft concave quand il defcend , & convexe quand il monte, C'eft aufi ce qui arrive , mais d’une manière moins fenfible , lorf- que les mouvemens ou les ofcillations de la colonne de mercure font moins confidérables. L'aétion de l'air dans les différens états de l’athmofphère , c'eft- ä-dire, fa pefanteur différente, font monter par degrés plus ou moins prompts, ou font baifler le mercure , & j'ai obfervé fur un baromètre d’une grande mobilité, 1°. que la concavité & la con- vexité, ou la moindre concavité de la furface fupérieure de la co- lonne de mercure, fe manifeftoient avant l’afcenfion & la defcente de certe même colonne. Par là, je pouvois prévoir cette afcenfion & cette defcente, avant qu’elles arrivaflent : 2°, que les différences dans la furface du mercure étoient d'autant plus fenfbles, que les changemens de rems devoient être plus confidérables & plus longs. Ces fignes avant-couréurs bien conftatés, donneroient au baromètre un degré d'utilité qu'on ne lui connoifloit pas; j'ai donc fait part de mon obfervation à des Phyficiens très-adroits , parmi lefquels plufieurs ont déja cru appercevoir ce que je leur ai annoncé. Mais il faut une grande perfpicacité dans l'organe de la vue, & un long ufage pour démèler, du premier coup-d’æil , le plus ou moins de convexité de la couche fupérieure du mercure dans la plupart des baromètres. Je me fuis apperçu, par un grand nombre d’expérien- ces, que tous les baromètres ne préfentent je ce phénomène d’une manière affez frappante pour être bien faili, ce que l’on ne peur actribuer qu’à la plus ou moins grande pureté du vif-argent, & à l'artraction plus ou moins forte du verre. 460 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, CANCER ESD TO BSSESREP ER: Getre obfervation me paroiffant digne d'intéreffer les Phyfciens , je crois devoir indiquer un ou deux moyens affez commodes pour connoître les degrés de la courbure , ou la calotre plus ou moins levée du mercure dans les différens états de l’athmofphère , & ce qu'ils préfagent | On remarquera d’abord la courbure de la furface du mercure, lorfqu'il eft dans le plus parfait repos. On agitera enfuite le bato- mètre. Si la furface du mercure devient beaucoup plus convexe en remontent, ceft un figne que le mercure, n'ayant pas fa convexité moyenne ; il continuera à defcendre. Si la furface du mercure n'elt pas beaucoup plus convexe en remontanr, c'eft un figne que le mer- cure a fa convexité moyenne , où même fa plus grande convexité, & l’on pourra en inférer que le mercure continuera à monter, ou qu'il deviendra ftationnaire. On pourroit imaginer une méthode beaucoup plus facile , mais elle demanderoit un baromètre conftruit pour cet effer; ce baro- mètre n'auroic de particulier qu'un limbe de liqueur colorée , que j'on formeroit en inférant une petite goutte de liqueur (relle que l'efprit - de - vin teint en rouge ) au-deflus de la colonne du mercure; cette petite goutte, en occupant l’efpace formé entre le verre & le mercute ; produiroit un limbe , & ce limbe, comme nous l’allons voir , indiqueroit le degré de la convexité ou de la courbure du haut de la colonne, & rendroit fenfbles les fignes avant coureurs de l'afcenfion & de la defcenre du mercure dans le baromètre. En effet, on conçoit que lorfque le mercure fera prèc à monter dans un pareil baromètre , le limbe occupera le vuide qui fe formera entre le verre & le mercure. Lorfqu'au contraire le mercure fera rèt à defcendre , le limbe s'élèvera prefque de niveau , ou même quelquefois s'élèvera fur la furface du mercure, parceque celui-ci n'ayant prefque plus de convexité, ne laiffera plus de place entre lui & le verre qui le contient. Au refte, l’obfervation des fignes avant-coureurs dont nous ve- nons de parler, apprendra à fe palfer des moyens que nous in- diquons ,; & nous invicons les Phyficiens à la conftater , c’eft-à- dire, à ne la recevoir & à ne la nier, que lorfqu’ils auront tenté les expériences convenables, & qu'ils les auront faites aflez long- femsSs: REMARQUE. sd bed nl — Gant Ste SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 461 REMARQUE. Cette propriété qu'a le mercure (& que l’on obferveroit , fans doute , dans les autres métaux , fi l’on pouvoir les tenir liquéfiés à une très-petite chaleur }, d’affecter les formes convexes quand 1l s'élève , & concave quand il s’abaifle, ne paroît pas avoir été ex- pliquée d'une manière qui aic fatisfait tous les Phyfciens. On croit affez généralement que cette propriété dépend de l'at- traction. Cette qualité de la marière (l’artraction) rend , en effer, affez bien raifon d’une partie du phénomène ; mais explique-t-elle le phénomène entier ? On peut fe repréfenter le mercure dans le baromètre, comme at- taché dans tous les points de fa furface extérieure, à la furface in- térieure du verre, dans lequel il eft renfermé; la force attractive du vaiffeau de verre, agit depuis le haut de la colonne jufqu'en bas, & dans le réfervoir où le mercure communique avec l’athmof- phère. Partageons donc , par la penfée, la colonne de mercure en au- tant de couches concentriques que nous le voudrons 3: il eft clair que la première furface ou couche extérieure, fera plus attirée que celles qui ne communiquent pas immédiatement avec les parois du verre. En effet, l'attraction agit en raifon inverfe des diftances. Lors donc de. la defcente du mercure dans le baromètre, la pres mière furface ou couche , c’eft-à-dire , celle qui touche immédiate- ment le verre, ne cédera à la force centrale qu'on lui imprime, qu'après que la feconde, qui eft moins fortement attirée , aura cédé; celle-ci, qu'après la troifième , & ainfi de fuite jufqu’au centre de la colonne, qui fera le point du plus grand enfoncement , & le centre de la concavité. Mais fi l’actraétion fait concevoir affez bien la caufe de la con- cavité de la furface fupérieure du mercure dans fon mouvement de déprefion , elle ne paroît pas montrer la caufe de la convexité de cette furface dans fon mouvement d’élévation. L'attraétion du verre peut bien, dans le premier moment, laiffer élever les parties du mercure qui épée les couches intérieures de la colonne au- deffus du niveau, parce que ces couches font moins artirées dans ce premier moment, que celles qui touchent le verre ; mais ce Pen inftant paflé , & lorfque le mercure eft dans le plus par- ait repos, le niveau ne devroit-il pas avoir lieu ? Pourquoi donc la convexité de la furface fupérieure du mercure , eft-elle confervée ? Pourquoi dans les tubes capillaires , lorfque l'attraétion du verre devroit être plus fenfible, à raifon de la plus grande étendue des Tome VII, Part. I. 1776. O 00 462 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . . . . 7 parois du verre, n'y a-t-il pas moins lieu à cette convexité? La wi — L = ri - [ec raifon de cet effet, doit-elle être cherchte dans la forme fphéri- que que l’on attribue ordinairement aux parties conftituantes du mefcure ? LEE 1 i + Lg sbeuos Loose HE A L'Auteür de ce Recueil, fur la nouvelle Harmonique. Miss EUR, les occupations de mon nouvel emploi m’ayant mis! hors d'état jufqu'ici, de vous communiquer aucun de mes travaux, je vais vous informer des amufemens d’un de imés amis, qui pout- ront peut-être fairé plaifir aux Amateurs de la mufique. L’Abbé Mazzuchi, qui à du goût pour tous les Beaux-Arts, & qui éxcelle dans plufieurs , ayant été invité à entendre toucher une harmonique qu’on touchoit avec le doigt mouillé, & dont les verres: étoiehe® fixés fur une table, fuivant l’ancien ufage , pat une perfonne qui en touchoit aufli parfaitement que le peut permettre certe ma- fiète incommodé, 1l lui demanda, s’il ne rrouvoit pas meilleure Ja façon îvéntée par M. Franklin: fur cetre queftion , cette perfonne releva différentes difficultés qui fe préfentent, tant pour conftruire te noûvel inftrument , que pout en toucher, tout ingénieux qu’il foit, & elle ‘dir, qu'un Chevalier, qui avoit entendu à Londres célui de M. Franklin , & qui peu de tems auparavant , avoit en- tendu le fien à Turin, préféroit celui-ci au premier. © Môn ami, en entendant les difficultés auxquelles eft fujette l’har- Moñique de M. Franklin, voyoit avec regret que l’ancienne harmo- nique étoit expofée,à de plus grandes encore. Il étoit fur-tout fâché que le fon en foir fi foible , qu'elle ne fouffre prefque pas d'accompagnement , & que d’ailleurs on n’y peut exécuter que des pièces de mufique d’un mouvement enr. 11 lui parut qu'elle feroit fufceptible de quelque, perfeétion : il fe dérer- mina à faire à ce fujer quelques expériences, & fes premières ten- tatives ont été f heureufes qu’elles m'ont paru mériter d’être connues, Il commença à effayer fi l’on ne pourroit point tirer les fons des verres, d’une autre manière qu'avec le doigt : il fe fervic pour cela de plufeurs corps , qu'il crut avoir quelques-unes des qualités de la peau de l’homme : 1l en trouva qui tiroient: le fon ; mais, outre qu'ils ne le tiroient pas affez vite, ce n’étoit pas un fon plein & affuré, & d’ailleurs il y avoit du danger de rompre les verres. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES\ARTS. 463 Il eur enfuite recours aux archets de violon. Au premier attou- chement les verres donnèrent du fon, dans quelque partie du bord qu'on frotta; mais c'étoit un fon tout-à-faic âpre & infurportable. 11 crut qu'on pourroit diminuer cette âpreté , en fe fervant de crin plus fin, ou de quelque fil plus délicat, ou bien en fe fervant d’une autra efpèce de poix pour frorter les crins; il vérifia , que la: foie non moulinée , telle qu’on la tire du cocon, les cheveux & le crin plus fin, ou déja ufé fur le violon, faifoient fortir des fons plus doux Mais il reconnut , que la qualité de la réfine eft ce qui contribue le plus à tirer des {ons , tels qu'il les fouhairoit; il augmenta donc peu à peu la dofe de l’encens & du benjoin , avec lefquels les Joueurs de violon adouciffent leur’ colophane : par-là il en diminuoit l'â- preté; mais elle ne cefloit pas entièrement. Il s’apperçut enfin qu'il éroit néceflaire d'ajouter à la colophane quelque chofe .d’huileux & de coulant, & crut qu'il y patviendroit, en lui rendant une partie de ce que l’art lui avoit enlevé. Il ft donc l'épreuve d'y mêler: de la térébenthine ou cuite ou crue, ce qui lui réuflit à fouhait. La cire & le favon produifirent aufli un très-bon effer. Un arche froité avec ce mélange tiroit des {ons également forts &c doux des plus grands verres comme des :plus: pétitsi, de ceux mêmes defquels le doigt n'en peut tirer aucun; à caufe de leur pe- ivelle, & qui par la mème raifon ne peuvent pas être enfilés à: la broche de M. Franklin. Sans fe donner beaucoup de peine , il a trouvé des verres qui ren- doient des fons aufli aigus que les plus hauts qu’on puille tirer du violon, & il croit qu’en choififfant les verres avec plus de foin, ou en en faifanc faire exprès de plus petits & de figure plus propre à rendre des fons aigus, l’on pourroit en tirer de cet inftrument de plus aigus que d’aucun autre. Il obferva cependant que pour les verres qui font petits, & qui ont les bords épais, 4l faut fe fervir de colo- phane plus âpre , ou frotter plus rudement , & que pour les verres plus minces , relativement à leur grandeur , la colophane doit être plus radoucie ou le frottement moins fort. Il faut mème fe paller tout-à-fait de ceux ci lorfque leur iépaif- feur eft crès-perite par rapport à leur capacité ; car fi on iles touche avec le doigt, ordinairement ils rendenc des tons faux, & fi on les frotte avec l’archet un peu plus fort qu'il ne faut, il en réfulte un grincement très-defagréable. Enfuite de ces expériences , 11 a compofé une nouvelle harmoni- que , que l’on touche avec desarchets. Elle: furpafle de beaucoup celle qu'il a entendue à Turin. Les fons,fans être moins doux , font beau- coup plus forts: elle en rend de plus aigus de pari degrés : elle 00 2 464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, admet plufieurs accords; car on peut toucher quatre ou cinq vertes en même-tems , ainfi que je le dirai ci-après : l’on touche de cet inftrument avec une virefle & une facilité beaucoup plus grande : on évite la peine de fe dégraifler les mains Véré, pour la moindre fueur, & on n'eft pas obligé de s’interrompre de tems en tems pour mouiller les doigts , ce qui, fur-tout l'hiver, ne veut être que très-défagréable. Cer inftrument a d’ailleurs rous les agrémens que l’archer donne au violon, & des différentes manières de con- duire l’archet , tantôt droit, tantôt en tournant , tantôt en frappant, tantôt en tremblant, &c. il en réfulte , que les fons prennent dif- férentés modifications aflez agréables. Si l’on appuie un peu plus l’archet , ou qu'on le faffe jouer plus vire, cela caufe des ébulli- tions à l'eau, qu'on a mife dans quelques-uns de ces verres pour les accorder, & donne au fon un tremblement très-gracieux. Voici comme il a conftruit fon inftrument. Après avoir rompu le pied des verres, & les avoir plantés par la jambe dans des pieds d’ef- taux quarrés, il les a diftribués en des caffettes longues d'environ deux pieds, & larges à proportion de la circonférence des verres ; de forte qu'il peut, lorfqu'il le juge à propos , ôter & remettre ceux que bon lui femble fans déranger les autres, & ainfi les rapprocher ou les éloigner à volonté. Quatre de ces cafferres compofent tout l'inftrument : elles font placées deux à deux fur deux plans diffé- rens en lignes parallèles : entre ces plans, il ny a que l'intervalle néceffaire , pour le jeu de l’archer. Les caffettes du devant de cha- cun de ces plans contiennent les tons naturels; celles de derrière contiennent les fémi-rons. Dans le plan fupérieur , les tons les plus aigus font placés à droite , & vonten baiffant vers la gauche, comme dans le clavecin. Dans le plan inférieur, ils font placés dans une direction oppofée ; de forte que le ton le plus bas de ce plan fe trouve précifément au-deflous du plus aigu de l’autre. Les rons naturels du plan inférieur font de niveau, & les fémi-rons penchent du côté op- pofé au Joueur. Ceux du plan fapérieur font tous penchés : ceux de devant font inclinés contre le Joueur, & ceux de derrière dans le fens oppofé, de forte que l’archet peut paffer fur les deux points oppofés du bord de chaque verre, fans toucher le verre qui eft au devant ou derrière : on peut auffi avec un même archet toucher en même-tems le bord de deux verres des rangs prochains, & faire l'accord d’un ton naturel avec un fémi-ron. Ces deux plans ne font pas placés directement lun fur l’autre, celui d’en-bas eft plus près du Joueur , de forte que les caffertes fupérieures des tons naturels font directement au-deflus des fémi-tons d’en-bas : ainfi l’archer monte & defcend très-vire : on peut aufli avec un feul archer toucher en même- tems deux: verres des cons naturels en deux différens plans. PET SN TT OC TR SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 465 Il touche cet inftrument avec plufeurs archets dans chacune des deux mains : il les attache à fes doigts par des tuyaux ou des an- neaux , de façon qu'il peut élever ou abaiffer chacun d’eux au be- foin : il peut de même à plalir les rapprocher entre eux, ou les éloigner , & former tous les accords , de tierce, de quinte, & même d’oétave. Il a aufli des archets doubles compofés de deux plans faifant angle aigu entre eux : il les trouve très-commodes pour les fagues, les cadences (1), & les roulemens. Ayant obfervé que l’archet tiroit des fons fonores & pénérrans des verres les plus petits, defquels il n’en pouvoit tirer aucun, pas même en les frappant avec une petite clef, il lui vint en idée d’effayer fon archet fur le pied même des verres de la plus petite efpèce , & fur des clochettes de métal, & il tira, & de celle-ci, & de ceux-là , des fons aufli doux & aufli clairs que ceux des verres mêmes. Il effaya aufi l’archet fur des taffes de bois fonores qu'il fit faire exprès, dont il tira, en fe fervant d’une colophane un peu plus âpre , un fon qui approchoit beaucoup de celui de la flûte. Il lui paroît qu'on pourroit ajouter à cet inftrument différens re- giftres , en difpofant fur les quatres côtés des deux tables quatrées, des coupes d’autant de différentes matières, & plaçant enfuite les tables l’une au-deflus de l’autre fur un même pivot :on pourroit alors en faifant tourner l’une des tables , ou toutes les deux, tirer alter- nativement le fon des différentes matières, comme du verre & du métal, ou bien mêler enfemble les tons graves d’une efpèce avec les aigus d’une autre. Plufieurs perfonnes pourroient y jouer enfemble. Mon ami croit qu’on pourroit peut-être perfectionner l’harmonique de M. Franklin, & la mettre en état d’être jouée avec les archers, en appliquant près du bord de chaque verre une bande de crin rendue fur une petite lame de bois ou de métal, qui feroit pouffée avec plus ou moins de force contre le bord du verre par la preflion du doigt , ce qui feroit les tons forts & les foibles, après quoi, en Ôtant les doigts, un reffort pourroit remettre le frottoir à fa place. Que fi l’on craignoit de déranger les crins, en frottant le bord des verres , on pourroit aifément y remédier : on pourroit aufli à la place de crin ou de fil , fe fervir de plufñeurs autres corps qui, frortés de colophane n’en tirent pas moins le fon. 11 faudroit que la partie de la machine qui contiendroit les crins, fût mobile, pour pouvoir les rajufter au befoin, & pour y donner la colophane. Voilà les rincipales chofes que j'ai vues & entendues chez mon ami. C'eft à vous, Monfieur, à juger fi vous devez en faire part au Public. + (1) Apogiature, 466 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Us Ii 4 di Des Baptèmes, des Mariages & des Enterremens de la Ville de Lyon, depuis le premier Janvier 1750, jufqu'au 3x Décembre 1774; à Par un Académicien de Lyon (1). C ET Académicien, que nous ne nommerons point , puifqu’il n'a pas voulu l'être dans le titre de fon Ouvrage, vient d’acquitter l'engagement qu'il avoit pris, de donner l’état des Naïiffances, des Mariages & des Morts dans la Ville de Lyon , pendant 2$ an- nées : fes recherches d’autant plus pénibles qu'il paroît fe plaindre d’avoir éprouvé des obftacles , ne laiffent rien à défirer fur leur objet. Voici l'ordre que l’Auteur a fuivi. Douze états particuliers à chaque année, préfentent , pour cha- cun des mois , le nombre des Baptèmes, des Mariages & des Morts dans chaque Paroiffe ; celui des Morts dans les Hopitaux , dans les Couvens , & parmi les Proteftans; enfin, celui des Baptèmes dans l’Hopital où l’on reçoit les femmes prêtes à accoucher, & les Enfanc- trouvés. Chaque année eft terminée par une :récapitulation (générale des Baprèmes, Mariages & Enterremens dans chaque mois. Cette ré- capitulation elt fuivie d’une notice des âges de tous les morts de chaque fexe, par divifion de cinq ans en cinq ans, depuis la naif- fance -jufqu'à dix ans, & de dix en dix, depuis dix ans jufqu'à cent ans &au-deffus. L'Auteur a réfumé ,-en deux tableaux généraux , lacquantité des naïflances & celle des morts dans chacun ‘des mois des vingt cinq années. De tous ces faits’, dont l'autenticité ne peut être fufpecte., puifqu'ils font ‘pris dans .des Regiftres légaux, 1l réfülre : 1°. Qu'en r7j0, il y a eu 4307 Baptèmes , 861 Mariages, & 3370 Entétrémens; & qu'en 1774, ces quantités ont monté à 5777 Baprèmes, 1391 Mariages, & 3613 Enterremens : (1) Cet Ouvrage fe trouve à Lyon, chez Aimé de la Roche, :1776. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 467 2°. Qu'il vient au monde plus de garçons que de filles, envi- ron un vingt-troifième : 3°. Que le mois d'Août, & encore plus celui de Septembre, font funeftes depuis la naiflance jufqu'à dix ans; les autres âges ont plus à redouter les mois de Décembre & de Janvier : 4°. Qu'il meurt plus de garçons, depuis la naiflance jufqu'a l'âge de dix ans, & au contraire plus de filles depuis dix ans jufquà vingt ans: 5%. Qu'avant d’avoir atteint vingt ans, les $ des enfans font morts : 6. Que les femmes qui ont atteint foixante ans, vivent enfuite plus long-tems que les hommes parvenus à cet âge, mais qu'il y a cependant plus d'hommes que de femmes centenaires: 7°. Que la vie réglée eft favorable à la prolongation de nos jours, puifque l’on trouve dans les Cloîtres plus d'exemples de vieillefle que dans aucune claffe de la fociéré. 89, Que l'opinion , qui avoit créé des années climatériques, fe trouve, par des obfervations exactes , être deftituée de tout fon- dement : 9°. Que.dans les: accouchemens jumeaux qui font aux autres, à-peu-près , dans la proportion d’un à foixante-douze, ceux d’un garçon & d’une fille, fonc les plus ordinaires , enfuite ceux de deux filles; les plus rares, font de deux garçons : ; 10°, Que dans les cinq années 1770, 1771, 17723 1773 ; 1774; l’année commune des naiffances eft de 5560, qui, multiplié par 34, comme on l’a propofé, indiqueroit en total ünñe population de 189049 perfonnes : É 119. Que dans ces mêmes cinq années, l’année commune des Enterremens eft 4100, qui, multiplié, felon un autre fyflème, par 32, donne 131,200. Des circonftances communes à toutes nos grandes Villes, & ex- pofées, par notre laborieux Académicien, lui font penfer qu'il faut réduire à $000 le nombre des naiffances, & porter à 4666 le nom- bre des enterremens : en fuivant l’une ou l’autre de ces données, on auroit , par les mulriplicateurs ci-deflus indiqués , ou 176, 000 habitans à Lyon , ou 149,322, & peut-être que le terme moyen 359,656, eft le plus approchant de la vérité. La fécherelle & la triftefle de ces détails effentiels à diverfes opé- rations de l’arithmétique politique , font rempérées à la fin de ce Recueil, par l’efquiffe piquante d’un projet d’une efpèce de Lo- terie , autrefois , dit-on, propofée en Angleterre. Elle eft perfec- tionnée & comme ennoblie ici par l'application du bénéfice à des 468 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, défrichemens, dont les produits augmenteront encore le profit des Entrepreneurs. Pofant pour bafe, que les quatre neuvièmes des en- fans conçus, meurent avant de voir le jour, ou d’être parvenus à l'âge de vingt ans , une Compagnie, qui auroit en propriété un ter- tiroire confidérable, fur lequel elle auroit monté des atteliers de culture fufhfans à une exploitation entière , fidèlement régie, exempte d'impôts corro/ifs | propoferoit des contrats qui, moyennant mille livres de capital, payées pour un enfant aétuellement conçu, mais non encore né, rendroit, au bout de vingt années franches d’in- térèrs , pareille fomme de mille livres annuellement à chaque tête parvenue à l’âge de vingt ans. Aunfi, tout pere de famille, en état de facrifier mille livres lors de la groffefle de fa femme ,; aflureroit cette mème fomme en te- venu viager à fon enfant; d'un autre côté, la Compagnie, qui au- roit joui de cette fomme, fans inrérèt, pendant vingt ans, & qui, fuivant les obfervations, n’auroit plus , après ce laps de rems , que les cinq neuvièmes de fes créanciers, diminuant encore de jour en jour , tronveroit un bénéfice fi évident, que peut-être une jufte pro- portion exigeroit-elle qu’on augmentât un peu l'intérêt des contrats, L'Académicien de Lyon s'appuie fur l'autorité de l’Aifloire de l’E- tabliffement des Européens dans les Indes, pour défigner un cas dans lequel certe fpéculation fercit réduite en pratique , avec un avan- rage bien confidérable pour les Colonies & pour les Affociés. Il feroit à défirer que l’exemple, donné par l’Auteur de l'Ouvrage dont on vient de rendre compte, fût fuivi dans toutes les grandes Villes. Le moral y eft à- peu- près le même, le phyfque eft dif- férenc ; quels fonc les effets prédominans ? OBSERVATION +” SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 469 OR REP ETES EEE PSN DORE CRE EPP E DE ED AT ET CED A DRE. LCR ET OBS ERA AT RPVOLN Sur les différences eflentielles qui fe trouvent entre les Raïfins panachés où Suifles, & le Raïfin monftrueux , donc il eft parlé à la page 293 , Volume VIT, de ce Journal, & fur une fingularité qu'offre ce Raïfin ; Par M. CHANGEUX. Ti note jointe à la defcription du raifin dont il s'agit , exige que je le compare aux raifins panachés ou Suiffes. Cette comparaifon levera tous les doutes fur la fingularité de cetre produétion. 1°, Les raifins panachés font compofés de grains noirs tachetés de blanc, ou fi l’on veut, de grains blancs tacherés de noir. Le raifin monftrueux n’a aucuns grains tachetés ou panachés. 2°. Tous les grains des raifins panachés fe reflemblent ou à peu- près , & font confondus pêle mêle dans la grappe. ÿ Le raifin monftrueux eft compofé de trois efpèces de grains qui font tous différens entre eux , bien loin de fe reffembler , & ces grains occupent des places différentes, & font grouppés dans la grappe; ils ne font pas confondus comme les grains panachés. 3°. Les ceps qui produifent les grains panachés n’en portent point d’autres. Le cep qui a produit le raifin monftrueux étoir chargé de raifins qui ne lui reffemblent point étant tous abfolument noirs. La vigne qui produit les raifins panachés eft donc une efpèce conftante que ces mêmes raifins caractérifent. Au contraire, la vigne qui a produit le raifin monftrueux , eft de l'efpèce appellée auvernas gris | efpèce caraétérifée par la couleur & par les autres qualités des raifins qu’elle portoit en abondance, Une fingularité qu'offre ce raifin & qui mérite d'être remarquée, c’eft que les grains placés dans toute la longueur du milieu de la grappe, & qui, comme je l'ai dit, font blancs & noirs , ne rie d’une couleur à l’autre par nuances infenfibles ; ces deux couleurs font tran- chantes ; l’une des hémifphères du grain eft parfaitement noire, & l'autre parfairement blanche ; la ligne de fé aration fur tous ces grains , indique les deux moiciés avec une égalité parfaite & une Tome VII, Part, I. 1776 Ppp 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, jufteffe géométrique ; pluñeurs de ces grains , quoique recouverts par d’autres , préfenrent le même phénomène. On ne peut donc avoir recours à des caufes externes pour com- prendre ce qui a donné lieu au raifin monftrueux ; il faut que ce foient des caufes prifes de l’organifation intérieure & des loix de la végétation qui nous dévoilent l'énigme de certe produétion. EE ERTERI TE Du Pere COTTE, Prêtre de l'Oratoire, Curé de Montmorenci , Cor- refpordant de l Académie Royale des Sciences de Paris, de la So- ciéré Royale d'Agriculture de Laon, à l' Auteur de ce Recueil. M. NsIEUR, il s’'étoit gliffé plufieurs fautes dans le Manufcric du Mémoire que j'ai eu l'honneur de vous adreffer fur les hazreurs mefurées a Paris, & que vous avez eu la bonté d’inférer dans votre Journal du mois d'Avril de cette année, page 294. Je vous prie, Monfieur, de vouloir bien placer dans votre prochain Journal, lErrata fuivant. Elévation de la Salle de la Méridienne à l'Obferva- Pieds, Pouc. toire Royal, au-deffus du niveau de l'Océan. . . 338 du fol ou pavé de Notre-Dame, au-deffus de la Seine, au Pont-Royal. . . . . 33 6 ———— du pavé du Dôme des Invalides, &ec. . . 22 ———— du pavé de Notre-Dame au-deflus du pavé du Dome:des ovalides LME Er a mms de la Tour de Sainte-Geneviève au-deffus du pavé de cette même Eglife de Sainte- Genevieve. ee De. tn see TE ref SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 471 Différence d'Elévation. Pieds. Pouc. | Lign. du Bar. Entre l'Obfervatoire Royal & le Collége Royal een EU: et TO Es — 14 — & l'Hôtel de Clugny. . +146 2 — 1 à CCM OR TN O > rencie de t. ci7 LONZ — 07 due. BUG Les Per Pts le Mont- Valérien. . —218 + 22 ——— & Denainvil- liers. . . —176 + 2% En parlant de l'échelle gravée fur une des piles du Pont-Royal, à Paris , j'ai oublié de renvoyer à un Mémoire qui fe trouve dans le Recueil de l'Académie , année 1741 ; pag. 335$» où M. Buache indique la conftruction de cette échelle. Je vais copier ce qu'il endit. » Les divifions de cette échelle ne commencent pas à la ligne du » fond de la rivière auprès du Pont-Royal , mais feulement à celle » gs répond à la furface du banc nommé le zœud d'aiguillerte | qui » fe trouve entre la demi-lune au cours & Chaillor..... Ainfi pour »avoir par cette échelle la véritable hauteur de la rivière au-deflus » du fol de fon lit, il faut y ajouter la différence qui fe trouve » entre le fol du fond au Pont-Royal , & celui du banc du zœud » d’aiguillette. Cette différence eft de 14 pieds, dont le deffus de » ce banc eft plus élevé que le fol de la rivière, fous larche du » milieu du Pont-Royal «. J'ai établi dans mon Mémoire la ligne de niveau à 13 pieds de cette échelle , il faudra donc ajouter 14 pieds pour avoir la véritable élévation au-deflus du fond de là rivière. On dira déformais 27 pieds au lieu de 13 pieds. Je fuis avec, &c. P.S. M. de Changeux dit dans le même Journal, page 194, que la carotre-betterave que j'annonçai il y a quelque tems dans un des cahiers de votre Journal , pourroit bien être une vraie betterave qui participeroir en même-rems de la nature des betteraves rouges & de celle des betteraves jaunes; cela pourroit être en effer, fi les feuilles de l'individu que j'ai décrit éroient celles d’une betteraves mais elles font bien décidément des feuilles de carottes, comme j'en ai ac- tuellement la preuve fous les yeux ; en ayant planté une dans un jardin particulier que je cultive pour en res graine ; d’ail- PPNZ 47: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, leurs cette efpèce de montre a été trouvé dans une planche de ca- rottes en 1774, & tout nouvellement encore à la fin de 1975. Je penfe donc qu’on ne peut pas le regarder avec M. de Changeux, comme une betterave mixte. SCO NMDIENIPER "TT RUNE Du Pere CoTTE, à l’Auteur de ce Recueil , : ë D : Sur diverfes Obférvations Météorologiques. Mer » je m'empreffe de répondre au defir que vous m’a- vez témoigné , d'avoir la fuite des obfervations comparées de mé- téorologie faires dans différens pays. Vous avez eu la bonté d’in- £érer dans votre Journal du mois de Février dernier ( page 93 ), celles des années 1772, 1773 & 1774. J'ai l'honneur de yous adrefler aujourd’hui les obfervations de l’année 1775. Le nombre de mes Cor- refpondans ayant. augmenté depuis 1774, j'aurai la fatisfaction dé- formais d’érendre davantage la comparaifon que je fais de ces ob- fervations. Elles en deviendront plus intéreflantes, & plus dignes de trouver place dans votre recueil. Les obfervations que je vais comparer enfemble ont été faites à Paris par M. Meffier, Aftronome de la Marine , de l’Aacadémie royale des Sciences, à Monrmorenci , où je réfide ; à Bruxelles, par M. le Baron de Poïderié , fils; à Bordeaux , pat M. Guyot, Correfpondant de l’Académie de cette ville; à Marfeille, par M. de St-Jacques de Sylvabelle, Directeur de l’Obfervatoire de cette ville, & par M. Piflon ; à Montpellier & dans les environs, par M. Mouroue, J'en aï reçu aufhi d'Aix en Provence qui ont été faites pendant les mois de Novembre & Décembre, par M. Morin, Prètre de la Doctrine; Profefleur de Phyfique au Collége Bourbon de certe ville. Ce fa- vant Profeffeur veut bien avoir la complaifance de les continuer. M. Laffond de Ladébas, riche Négociant de Bordeaux , plein de zèle & de connoiffances, fait tenir un reglftre très-exact de météorologie dans une de fes habitations fituée au comp de Louife, ifle Se-Domingue : j'ai recu les obfervations qui y ont été faites depuis le mois de Juin, jufqu'à la fin de lPannée. Enfin M. Miffier à eu la bonté de me com- muniquer les obfervations faites à Nancy avec beaucoup d’exaétitude, par M. Mailleue, Profeffeur royal de Géographie en l'Univerfté de Nancy, & les obfervations du baromètre faites à Perpignan ; depuis SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 473 le mois de Mai jufqu’au mois de Décembre, par M. Fourcroy de Ramecour , Brigadier des Armées du Roi, Direéteur des fortifications; Correfpondant de l’Académie royale des Sciences. Je vais fuivre dans le détail de ces obfervations le mème plan que j'ai adopté dans la première lettre que j'ai eu l'honneur de vous adreffer. J'aurai foin chaque année, fi vous le jugez à propos, Monfieur , de préfenter au Public par la voie de votre Journal , les réfulrars de ma correfpondance météorologique. OBSERVATIONS MÉTÉOROLOGIQUES Faites en différens Pays pendant l'année 1775. OBISERVATIONS! COMPLETIT ES. NOMS Jours de La Thermomètre. Jours de La Baromètre, CR No em | CN me LT Plus gr.| Du plus| PI. gr.\ PL. pr.| D. m.|Plus:gr.| Moindre Plus gr. |Moindre| Elévat. chaleur.|gr. froid.| chal. | froid.| de ch.| élévat. | élévar. élévar. | élévar, |moyenne: des Lieux. Degrés. Degrés.| Degrés. pouc. lie. |pouc, lig.|pouc, lie. Paris, . . .[14 Aoûc.|2s Janv.l28, sl- 8,010 , s|14Mars.l24 Déc.l18, 8,7127.0,11|18. o,$ Montmorenci.| 18 Juill.|2$ Janv.}27, 9j- 8,5] 9, 1|14Mars.}r4 Déc.l18. 5, 9/26. 10, ol27. 10, $ Bruxelles, .|24Juill.|2s Janv.{25 , $i-10,5] 9, 7[14Mars]24 Déc.l18. 8, 0/26, 11, 0|27.10,10 Bordeaux, .| $ Sept.|18 Déc.|26 , 3/- 3,o|11, 3|20 Févr.|13 Févr.|28. 8, 627. 3,9/28. 3,8 Montpellier. .|31Juill.|18 Déc.i27, s|- 2,5]. . .|1r Déc.|24 Déc:8, 5, 6127. 7,0 Marfeille, : .|. … .|. . .[26,0- 1,0). . |. . .|. . .128, 8,0l27. 70 Nancy. . .|19Août,|2$Janvlro, 1j 8,7| 8,7|11 Déc.|13 Févr.l27.10,0|26. 6, o|27. 3,4 D 0 NOMS Vents Pluie & neige. Déclinaifor nn Température. de L’ Aiguille des Lieux. | dominants. L Nombre |Quantités des’ jôurs: aimantée, pouc, lign. Degrés, minutes. Patist.#"h SO: 147 19. 9, 8] Chaude & sèche. . 19, ss. Montmorenci. | S.O, & N. E. 156 2011, D ldemle - 61. 1, 19. Al Bruxelles. , SO: 173-4ilotss ere e) Froide & humide. Bordeaux. O- 146 + + ...! Chaude & sèche, Montpellier. . N. 88 19 ©; o Idem. Marfeille, . N. O. TS. 114 6 ler. Nancy. . . | O:& N.E. TR NES CE TRTG Er, MSN EN NITTTS. 52. Re à © 474 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, OBSERVATIONS INCOMPLETTES. Obfervations faites au Camp de Louife, Ifle Saint-Domingue , depuis le mois de Juin jufqu'a la fin de l'année 177$: NOMS Jours de la Thermomètre. Jours de: la Baromètre. Nomb. des jours eux. Ê “4 # Plus gr.|Du plus\ PL. gr\PL. gr.| Chal. | Plus gr.| Moindre|Plus gr. Moinarel Elévat. | De |De ton: chaleur.\er.froid.\ chal. | froid. | moy. élévat. | élévar. | élévat, | élévat. moyenne. pluie. | nerre. À —Ù —— | — DAYS he AE = = me | #0? Degrés.\ Degrés.| Degrés, pouc. lign.|pouc. lign.|pouc. lign. Camp deLouife| 8 Sept:|17 O&.l13 ,0!18, oo, 5h15 O&.|29 Déc.!28.3,9,/28.0,6.[28.2,0.| 63. 18. Paris. . . . .lt4Août.l17 Déc.l28, $l-3, s|t2, 3]1t Déc.|24 Déc.:18,7,10.127.0,11.128.0, 3: 88. 15. L Montmorenci.|28 Juill.[17 Déc.|27, 9i-4, 0)10, 9htx Déc.|24 Déc.'28.5,6.126.10,0.|27.10,4.1 93: 20. Bruxelles. « .lz4Juill.fr7 Déc.l25, 5h-3 , Slit, 7117 Déc.l14 Déc.\28.7, 9.126.11,0.127.10,7«| 95 16 Bordeaux. . .h $ Sept.[18 Déc.l16, 3]-3, o|12,-8|10 Déc.l15 Déc. 28.7, 0.127. 4, 3.[28.1,3.] Tof. 19. Montpellier: {31 Juill.}r8 Déc.f27, 523 $f: fee ce 128. FA f2T Ta | + +: 63. : |: Ki ; L Obfervations faites à Aix en Provence, pendant les mois de Novembre & Décembre 1775- Y Nombre Quari] des Vité de jours del pluie. pluie: Jours de: la Baromètre. en A 7 D Line ca RUN CON) | 27 ! È 4 Plus grAMoinare| Plus gr. Moindre | Elévat. élévar. | élévar. | élévat, | élévai. |moyenne. Plus gr.| Du MM PFE er.\PL. gr.\ Chal. chaleur.\gr.froid.\ chal. | frord.\ moy. Degrés. Degrés. Desrés. pouc. lign.fpouc. lign | pouc. lign Aix... A7 Déc.\22-Novdir; 0-23 3] #2 1NI1 Dé Aro NOv.|27. 115f27.0% 6127. 5 4f1 144 13: 25 Paris. 12 Nov.|17 Déc\iz, ol-5 , 6] 3, 7|1 Décil24 “Déc.ls.7, 1027. 0, 111284 0 gl" 25. 132700 Montmorenci.l13 Nov.lr9 Décli2, 3l-4, 0] 33 31IT Déc.l24 Déc.|28. ç , 626. i0,0f27.10, 5h 22 4. 2,08 Bruxelles. . 13 Nov.l17 Déc\t2, 3-3 6] 2, 9117 Déc.l24 Déc:tas: 7 926-1150 28,00). 23e |. sl Bordeaux. . 12 Nov.l18. Déc.l13, 6/-3 , 0] 5, 6110 Déc.i2s Déc.|18.7, 0}27:4: 3 28.13 Cl 31e Lit Montpellier. .|12 Nov.|18 Décr3, oÙ-2, 6l + « DAT CREER POP 5 07 IC] DONC 17. 113. 05e Campde Louifelrr Déc.| 2 Nov.|22, o|18 , 5lz0, 1123 Nov.}29 Déc.{18.3, of. o, 628.1, 6! 15. l- 0 Jufqua la fin de l'année 775. NOMS Jours de la Pius CR Ne | crande \dre élé-\ rio des Lieux. des Lieux. élévar, | élévar. élévar. pouc. lig.|pouc, lig.'pouc, lie. | Perpignan. . .|11 Déc.| 6 Nov.|18. 6,927, 6, 3 . Paris. . . . 11 Déc.|24 Déc.|28.7,10 57-991 (28. 1, 1, Montpellier. |. . . . Montmorenci.|11 Déc.l14 Déc,l28.$, 6 CIE ANS nisians $s O4. Bruxelles, . [17 Déc.|:4 Déc.l28. 7, 9 26:11,0/271430 de Janvier le plus froid. & en Décembre. Nancy. ce Royaume, Moin-| Eléva- NOMS Jours de {a QC , PR 28.1, 4!Bordeaux, . .[1o Déc.215 Déc RÉSULTATS des Obférvations comparées. SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 475 Obférvations du Baromètre faites à Perpignan , depuis le mois de Mai Plus nf No | orande Plus gr.| Moindre fjéy ar. |vation. moy. Plus gr. |Moindre 111 eLeval, pouc. lig, 28.7, O|2 28.5, 6 281%, 9 1°. Le mois de Juillet a été en général le plus chaud , & le mois 2°. Les extrêmes de chaleur & de froid font plus grands à Paris & à Montmorenci, & en général dans les Provinces Septen- trionales que dans les Méridionales; mais aufli la chaleur moyenne eft plus grande dans ces dernières que dans les piemières , parce que les variations du thermomètre y font moins grandes. 3°. Les plus grandes variations du-mercure ont eu lieu en Mars 4%. La différence entre les variations extrèmes du mercure , eft plus grande à Bruxelles & plus petite à Montpellier , qu'ailleurs ; ce qui eft conforme à l’obfervation qu'on a faite; favoir que le ba romêtre varie d'autant plus qu’on s'éloigne davantage de l'équateur. 5°. Le mercure fe foutient à Paris (Hôtel de Clugny ) de 2 lignes plus élevé qu'à Montmorenci, de 1,7 lignes plus qu'à Bruxelles, de 1,3 lignes plus bas qu’à Bordeaux, & de 9,1 lignes plus haut qu'à 6°. Le vent Sud-Oueft à dominé dans le Nord de la France, & les vents de Nord & de Nord-Oueft ont dominé dans le Midi de 7°. Le nombre des jours de pluie , a été le plus grand à Bru- Moin-| £ léva- 436 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, xelles, & le moindre à Montpellier; ce qui s'accorde avec ce qu'on avoir déja obfervé. 8°. La quantité de pluie a été la plus grande à Montmorenci , & la moindre à Marfeille; ce qui elt contraire aux réfultats or- dinaires des obfervations comparées. 9°. Cette année a été en général chaude & très-sèche , fur-tout en Provence ; les eaux ont été très-bafles par-tout. 10°, Le baromètre & le thermomètre varient très-peu à Saint- Domingue; la température y eft affez égale, le ciel toujours ferein pendant le jour; les pluies & les ronnerres n’y ont lieu que pen- dant la nuit. 119, La différence entre les élévations du mercure à Marfeille & à Aix , eft de 7 lignes, ce qui donneroit, felon la règle de M. de Luc, 91 roifes, dont Aix feroir plus élevé que Marfeille. 12°. Le baromètre fe foutient à Perpignan à -+ lignes plus haut qu'à Paris; les variations extrèmes y font aufli moins gran- des qu'à Paris. 13°. IL réfulte des obfervations comparées de l'aiguille aimantée, qu'elle à une variation diurne & périodique très- régulière, qui la fait décliner vers l'Oueft , depuis fept heures du matin jufqu'à deux ou trois heures du foir, & vers le Nord dans le refte du jour & pendant la nuit. 14°. Le mercure fe foutient fort bien à Nancy, & à-peu-près à la même hauteur qu'à Aix en Provence ; il eft bien fingulier que le thermomètre n'y foit pas monté à 20 degrés, & que le 23 Juillet, où M. Mailletre marque grande chaleur, la liqueur ne fe foit élevée qu'à 18 degrés, terme où elle parvient ordinairement dès le mois de Mars à Paris. NA ON LT EN TAF RINE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 477 L'UPE NTI REP De M. le Baron pe Drerricn, Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences , Confeiller- Noble au Magiftrat de Strasbourg, & Secrétaire - Interprète de Ordre Militaire du Mérite , à l’Auteur de ce Recueil, Sur le danger des Boules de cuivre , placées fur Les Chenets ; contenant auffi quelques Obférvations météorologiques. M. IEUR, deux accidens arrivés à Metz qu'on a trouvés fort extraordinaires , quoiqu'ils foienc des plus fimples , me paroïffent mé- riter votre attention. S'ils étoient répétés ils ne manqueroient pas de devenit funeftes. Les habitans de Metz fe fervent dans leurs cheminées, de che- nets de fer, dont les montans de devant font rerminés par des boules de cuivre de 4 à $ pouces de diamètre ; ces boules font minces & creufes. Les feux violens & continus entretenus pendant le grand froid, ont vivement échauffé ces boules, tant par la chaleur immé- diate du feu , que par celui qui fe communiquoit du chener conf- tamment rouge jufqu’à fes montans. L'air contenu dans les boules, fortement raréfié & dilaté, ne trouvant aucune iffue, s’eft fait jour en faifant crever avec fracas le métal qui s’oppoloit à fes efforts. Les éclats d’une des ces boules ont été lancés avec une telle violence dans l’appartement d’un Couvent de Metz, qu'ils ont atteint le plafond qui en a été troué. Un enfant a prefque été la viétime d'une de ces explofions dans une maifon particulière; il en a été quitte pour une forte bleffure. Ces accidens ne font pas fréquens, parce que les ouvriers les préviennent machinalement, en ce qu'il eft inutile que leurs globes de cuivre foient tellement adaptés aux montans des chenets, qu’il n'y ait aucun jour , & qu'il leur fufhc qu'ils foient bien fixés. Mais plus l’ouvrier voudra donner de folidité à fon ouvrage, plus il le rendra dangereux , fi on ne l’avertit pas de pratiquer dans ces bou- les une ou plufieurs ouvertures, pour que rien ne s’oppofe à l’action de l'air dilaté. De retour chez moi, vers la fin de Janvier , j'obfervai une dif férence confidérable, dans les rapports que me firent les perfonnes Tome VII, Part. I. 1776. Qqq .e 473 OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, qui avoient fuivi exaétement la marche du thermomètre ; elle étoit d'un degré & demi entre les rhermomètres le plus & le moins defcendus, quoiqu'ils fuflent tous expofés au Nord, conftruits avec du mercure, d’après l'échelle de M. de Réaumur. Je réunis plufeurs de mes thermomètres, que je trouvai parfai- tement d'accord. Je les féparai & les plaçai tous au Nord, mais en diférens endroits. L'un, fufpendu hors de la croifée d’un premier étage dans l’in- térieur d’une cour , marqua, le 29 Janvier, à huit heures du matin, 15 degrés de condenfation; l’autre , expofé dans la même cour ‘au fecond étage , indiqua 15 + degrés; un troifième thermomètre , placé de manière , que ladtivité du vent du Nord n’étoit gêné que par un feul côté, defcendit de 16 + degrés. J'eus beau mettre mes thermomètres les uns à la place des au- tres , j'eus roujours les mêmes différences, relativement à l’expofrion. Les rhermomètres, pareils aux miens , & dont la diflérence de condenfation m’avoit engagé à faire l'expérience que je viens de vous détailler , indiquèrent le même jour 16 ?, & même 17 degrés de condenfation. Ceux qui étoient à 16 + degrés, étoienr, à la vérité, expofés au vent du Nord, mais ce vent n’étoit pas entièrement libre ; tandis que les thermomètres , dont le mer- cure étoit defcendu jufquà 17 degrés , étoient expofés fur de gran- des places où le vent a toute fa force, & où l'air eft agité dans les tems les plus calmes. Vous voyez, Monfieur, que les réfultats des obfervations mé- téorologiques du mois. de Janvier dernier, font aufli différens à Strasbourg qu'à Paris, il eft poflible que MM. les Commiffaires nommés par l'Académie royale des Sciences pour examiner la rai- fon de cerre différence , la trouveront aufi dans la variété des ex- pofitions relativement à l’aétiviré du vent. Des froids peu confidérables nous deviennent très-fenfibles quand ils font accompagnés de vents du Nord. L’air en mouvement frappe plus forcement les. corps & les pénètre d’autant plus, il eft naturel qu'il produife le même effer fur le verre. C’eft une raifon de plus, de préférer.que. les boules des thermomètres foient entièrement li- bres, au Heu d’ètre engagées dans une cavité de bois, comme elles le font communément , pour que. l'air qui les environne , agiffe immédiatement & avec d'autant plus de force fur toure leur furface. Le 29 Janvier , les eaux de Lille , rivière qui traverfe notre ville, famoient très-fort, pour me fervir du langage commun, c’eft-3-dire, que les vapeurs qui s'élevoient des endroits de la rivière qui n’é- toient'pas gelés, ont. été condenfées au point d’être vifbles, fous SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 479 la forme de fumée. Je ne doute pas que vous n'ayez obfervé la même chofe à Paris. ; Au moment du dégel, l'humidité contenue dans l'air , ayant frappé les murs des maifons, ces murs, plus froids que l'air, ont condenfé les particules aqueufes au point de les changer en petits glaçons , de manière qu'ils étoient candés & enduits d'une forte de pelée blanche qui s’eft foutenue près de deux jours. Cer effet n’eft pas très-rare , mais je ne l'ai jamais vu fe foutenir deux jours entiers. C'eft une preuve qu'il a fallu ce tems pour que la température de ces murs fe remit en équilibre avec celle de l’athmofphère. Cetre gelée blanche fe voyoit principalement fur les parties colorées des murs, ce qui eft bien naturel, il fembloit qu'on les eût peints à neuf. Je fuis, &c. CO re 7560 TE CANON LR da: us en AN O Ac Sur l'Huize pe PALMA-CHR1ST:I, Par M DE MAacHY, Maitre en Pharmacie, Cenfeur Royal, des Académies des Sciences de Berlin, de Rouen, Er. Ox ne foupçonneroit pas les médicamens d’être un objet de mode. Rien cependant n’eft plus vrai, & la lifte de ceux qui n’en font plus, eft affez confidérable. Le tour de l'huile de Palma - Chrifti eft venu pour un tems , & il eft jufte que ceux qui s’en fervent, en connoifflent la nature. Entre les plantes vénéneufes ou exceflivement purgatives qui croif fent dans l'Amérique , on diftingue la claffe des Ricins dont on peut admettre au moins trois efpèces, le Palma-Chrifti , le petit Ricin ou Tilli, & le Ricinoïdes. Les Botaniltes inftruiront ceux qui en feroient curieux, des phra- fes qu'ils ont données, tant à ces trois efpèces qu’à tous Les Ricins du monde. | Ces plantes , reconnoilfables à leur tige creufe, à leurs feuilles rrès- larges , digitées profondément, & d’un verd noirâtre, & fur-tour à l’afpect trifte que portent en général, avec elles, routes les plan- tes dangereufes; ces plantes, dis-je, portent un épi, qui n’eft que trop abondant en grains, tantôt bruns, tantÔt Marquetés, tantôt liffes, & tantôt chagrinés à leur furface , enveloppés d'une coque Qga2z - 480 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, épineufe & connus fous les noms de fuux-café, à caufe de la reffem: blance, de graine de Tilli, de Pignons d'Inde, &c. &c. Les premiers Voyageurs obfervèrent que l'huile dont abondent ces graines étoit puanté, âcre, mais bonne à brûler. Les Mifionnaires, qui furent aufli les premiers obfervateurs de Médecine & d’Hiftoire naturelle , remarquèrent, dans ces nouvelles contrées , que cette huile cautérifoic, que les grains en fubftance pur geoient violemment, & que les Infulaires s’en fervoient pour chaf- fer la fièvre ; leurs obfervations n’ont pas manqué d’être copiées, & plus où moins adroitéement interprétées par tous ceux qui ont eu occafion de parler des Pignons d'Inde. On apprit de que les Indiens fe purgeoient avec cette huile qu'on ne croyoit propre qu’à la lampe; & on conjectura que le Pi- gnon ou amande du Palma-Chrifti tenoit deux huiles; une âcre & corrofive , & l’autre douce & purgative ; d’autres foupçonnèrent que les Indiens préparoient leur huile de différente manière felon l’'ufage auquel ils la deftinoient; enfin chacun fit fes conjettures , dont les conféquences intérefloient peu , parce qu'il étoit généralement re- connu que fi le Pignon d’Inde , quel qu'il fût, étoit un purgatif , c'étoit le, plus équivoque & le plus dangereux des médicamens de ce genre ; & l’ufage de cette graine fur relégué avec la graine d'épurge pour être la reffource des indigens ou des Charlatans. Vers le commencement du fiècle, un certain Rotrou fit grand bruit avec des abforbans, des alcalis, des fondans & des pâtes alexirères & purgatives, qu'il diftribuoit. Sa pâte purgative étoit les Pignons d'Inde , privés de leur huile & expofés affez long-tems à l'air pour donner occafion au peu d’huile reftante de fe rancir, ou de fe dé- wruire par la décompoftion lente de ce qui la conftitue. J'ai eu occafion de préparer cette pâte il y a bien vingt ans, & j'obfervai non-feulement que les pignons d'Inde donnent beaucoup d'huile, puifque la demi-livre de certe graine diminua de plus de cinq onces durant fa préparation ; mais encore que cette huile eft d'une acrimonie telle que les émanations infenfbles qui s’échap- pèrent durant fon expreflion, caufoient aux mains & au vifage une démangeaifon infupportable, & même une cuiflon qui reffembloit à l’impreflion d’une vapeur brûlante ; plufieurs endroits de mon vifage que j'avois touché durant le travail furent éréfipélareux , & ne guc- rirent qu'après la deftruétion de l’épiderme. Certe huile , ainfi ex- primée , eft épaifle , d’un jaune foncé, impoñlible à favourer , at- tendu fon acrimonie cauftique , fe congélant difficilement; & lorfe qu'on la brûle avec une mèche , elle donne une flâme fombre, ré- pand'beaucoup de fumée , avec une odeur déreftable , & laifle fa- cilement un champignon épais ; elle fe convertit aifément en favon. SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 48r Ce n’eft certainement pas une pareille huile qu'on a introduite dans le commerce fous le nom d'huile de Palma-Chrifii ; car il ne faut pas s’y méprendre ; la connoïffance de cette hnile nous eft ve- nue par les Négocians, qui fachant l’ufage qu’en faifoient les Nè- gres, & que tout eft beau quand il vient de loin, en apportèrent d’abord par curiofité, & enfuite par intérêt dès qu'ils en eurent le débir, Voici donc comme fe prépare l’huile de Palma-Chrifti chez les Caraïbes , qui paroiffent être les premiers Sauvages qu’on ait remar- qués s’en fervir comme purgatif. On recueille la graine de Palma- Chrifti vers le mois de Novembre ; alors les coques épineufes qui enveloppent chaque grain font entr'ouvertes, & on n’a la peine que de fecouer la plante , ou fi on a coupé la tige, de la frotter légère- ment pour féparer le Pignon d'Inde. On l’écrafe entre deux pierres, ou dans une pile de pierre deftinée uniquement à cet ufage , on la mer enfuite avec de l’eau , bouillir dans une vafte chaudière, & lorfqu’elle a bien bouilli, on trouve comme au cacao, une huile furnageante, qu’on retire avec des coquilles ou quelqu’uftenfile équi- valent, pour la remettre dans une autre vafe, & après l'avoir bien battue avec de l’eau , on la laifle s’épurer. On la diftribue enfuite dans des bouteilles quarrées qui contiennént une livre & demie à deux livres de certe huile qui doit être tranfparente , d’un jaune doré moins foncé que l’huile d'olive , filante un peu à la manière des vernis & d’une faveur très-lévèrement âcre. On la donne aux Nè- gres depuis une jufqu'à quatre cuillerées , c’eft-à-dire, depuis demi- once jufqu'à deux onces. Je tiens ces détails d’une perfonne qui en avoit préparé pendant plus de fix ans; elle m'ajouta, que cette huile en ranciffant , blanchifloit , devenoit plus âcre & moins pur= gative , en forte qu'il lui eft arrivé de n’être pas purgée avec quatre onces de cette huile Elle m'avertit aufli que les perfonnes qui en font des envois étoient fujettes à y joindre d'autre huile pour allonger la véritable huile de Palma-Chrifti, J'ai vu beaucoup de ces huiles, & j'ai en effet reconnu qu’elles varioient en couleur & en acrimonie ; que les plus blanches ou les moins colorées éroient toujours les moins purgatives ; & ayant fa- crifié 4 onces de certe huile dont j’érois für, pour avoir purgé vio- lemment un Nègre avec deux onces; je la fis bouillir jufqu'à douze fois, dans fix onces d’eau que je renouvellois chaque fois ; je remar- quai que mon eau étoit toujours teinte, que mon huile fe décolo- roit, & après les douze ébullitions, cette huile étroit très- douce, à peine âcre , & mon Nègre avala les quatre onces fans avoir la plus légère déjettion. Je fuis entré dans ces détails, pour prouver que l'huile de Palma 432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Chrifti eft un objet de commerceétranger, un remède incertain , dont le nom n’enrichira jamais la lifte des médicamens vraiment utiles; puif qu'il dépend de tel ou tel Arrifte de la préparer dans les ifles, avec plus où moins de foin, avec des grains plus où moins mûrs, dans plus où moins d’eau , & que toutes ces différences entrent pour beau- coup dans fon efficacité ; que la vétufté & les travaux ultérieurs peu- vent enfin la priver de toute vertu purgative. CARBILS TE MÉRECE 22 TOUTES UNE Sur une propriété de l’Eleétricité, d’où l’on pourroit tirer quelques indu@ions fur la nature du fluide éleétrique. Par M. DE CHANGE U x. Un Chymifte très-inftruit m'a affuré qu'ayant foumis à l'électricité des diffolutions de fels neutres , la cryftallifation avoit été favorifée par certe opération; les fels éroient beaucoup plus réguliers & plus gros. Cette propriété de rendre les diffolutions falines plus cryftallifa- bles, n’elt pas propre feulement au fluide électrique. Il fe dégage des matières en fermentation , une matière élaf- tique qui a été examinée avec attention par les Chymiftes anciens & modernes. Cette fubftance qui paroît réfulter de l'élément aérien, combinée avec quelques parties conftituantes des corps, mais fur- tour avec le phlogiftique , ce gas , cette matière vaporeufe , mofétique, pernicieufe aux animaux qui la refpirent, & contraire aux corps combuftibles qui s’y éteignent , a aufñli la propriété de fe combiner avec la plus grande facilité , avec les alkalis , foir fixes, foit vo- latils de l'air, de leur ôter leur caufticiré & de les faire cryftal- lifer, Faites détonner du nitre à laide d’un corps qui contienne du phlosiftique, l'air qui s’en dégagera , uni au principe inflammable , pré- cipitera l'eau de chaux, s’unira avec la chaux & les alkalis, les adoucira & les fera cryftallifer. L'air uni au phlosiftique , ou l'air phlogiftiqué & acidule, paroît dans cette expérience neutralifer l’alkali, & en lui fourniffant une bafe, le faire ceffer de fe montrer fous l'état de fluor. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 453 Si nous fuivions 1ci les loix de l’analogie, cette méthode ne pourroit- elle pas nous conduire à connoître la nature du Auide électrique? Eneffer, fi la matière électrique favorife la cryftallifation des fels, c’eft peut- être de la même manière que l'air phlogiftiqué , c’eft-à-dire, par fa partie phlogiftique. La matière éleétrique n’eft donc pas la matière du feu pur; mais le phlogiftique ou le caufficum pingue de M. Meyer, entrent pour beaucoup dans fa compofition. Pour s’aflurer de ce fait, qui femble conduire à la véritable nature du fluide éleétrique, il s’agic : 1°. De faire précipiter l’eau de chaux par le fluide éleétrique. 2°. D’adoucir les alkalis fixes & volatils par la même voie, & de les faire cryftallifer. 3°. De foumettre à l'électricité , des diffolutions de fels neutres avec excès d’alkalis. 4°. De tenter la même épreuve fur des diffolutions de fels neu- tres avec excès d'acide, & fur d’autres diflolutions de fels parfai- tement neutres. Le Chymilte , cité plus haut, a fait des expériences fur certe dernière efpèce de fels ; l’életricité a donné aux cryftaux plus de groffeur & une forme plus régulière. Le phlogiftique ayant de l’affinité avec l'acide & l’alkali, peut dans fon état de divifon ex- trème & de pureté, perfectionner la cryftallifation & produire d’au- res effets finguliers & très-inftruétifs. J'avoue que ces expériences font très-longues & très-pénibles , & que les ayant indiquées à un Chymifte qui les a rentrées, il a été reburé par les difficultés; mais peut-être offrent-elles la voie la plus fimple & la plus füre pour parvenir à la nature du fluide électrique : fluide fi néceffaire à con- noître & qui joue un fi grand rôle dans les phénomènes que pré= fente l’univers. Mk, sf ÿ Ô PE 454 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LE A ARTE De M. D. L. R. à l’Auteur de (ce Recueil , Sur une Machine de nouvelle invention , ou Spheéromètre (x). NES , des Amateurs zélés pour le progrès de l'optique ; m'ont engagé à vous prier de vouloir bien inférer dans vos feuilles la defcriprion que j'ai l'honneur de vous envoyer , d’un inftrument u’il ont jugé pouvoir être utile aux Artiftes. Je l'appelle fphéromètre , parce que le diamètre d’un verre con- vexe ou concave étant mefuré avec précifion , on parvient par cet inftrument à connoître très-exaétement le rayon de fa courbure. Je n'ai pas befoin d'ajouter qu'il eft fondé fur ce principe de Géo- mécrie crès-connu , que le finus droit d’un angle eft moyen propor- tionnel entre le finus verfe, & la partie du diamètre comprife en- tre ce finus verfe & la circonférence du cercle. J'imaginai cet inftrument en 1763 ; il fut utile à la première lu- nette achromatique de douze pieds, de M. Abbé Rochon. Quoi- qu'il ne fut d’abord exécuté qu’en bois , il donna de fi grandes ef pérances de précifon, que je le fis exécuter en acier , vers la fin de la méme année, tel qu'il eft aujourd’hui, pour fervir, tant à mes expériences , qu'à celles de MM. l'Abbé Rochon , Anthéaume, de (1) La Dioptrique, cette partie de l'Oprique devenue, depuis quelques années, fi utile à l'Aftronomie & à la Navigation, par la nouvelle théorie des lunettes achtomatiques, vient de recevoir un nouveau fecours de la Méchanique dont on n'auroit jamais Cons la précifion, & ce n'eft peut-être pas le feul qu'elle lui fournira par la fuite. On fait aflez la difficulté de connoître exactement la fphéricité des verres con- caves ou convexes, par les anciens procédés; au moyen de l’inftrument nouveau & d'un calcul fort fimple, on parvient à connoître dans la flèche , ou finus verfe du verre que l’on mefure, non par les yeux, mais par l'oreille , jufqu'à la deux millième partie d'une ligne. L'Auteur de cet Inftrument , eft celui de la Lettre & de la Defcription ci- jointe ; fon ftyle fimple & modefte, l’éncognito qu'il a voulu garder, prouvent affez que l'utilité publique, en le çonftruifant , a été le principal motif de fon travails l'Etang, \ SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 485 l'Etang, Bouriot, & autres qui fe font tranfportés chez moi pour y mefurer les courbures de leurs verres. M. l'Abbé Bouriot a fait exécuter un femblable inftrument , au- quel il a adapté un nonius qui divife la ligne en quarante parties; je n'ai pas cru devoir l’appliquer au mien, parce que j'ai penfé qu'un quarantième de ligne ne pouvoit fe comparer avec un deux mil- lième de ligne que mon fphéromètre donne fenfiblement. Feu M. le Dac de Chaulnes , en a donné une defcription dans le cahier des Arts, & dans les Mémoires de l’Académie » 1767, mais elle fe fent du rapport peu exaét qui lui avoit été fait de quel- ques pièces de cet inftrument , par des perfonnes qui l’avoient vu chez moi. Je defire fort que ce fphéromètre ait effectivement tous les avan- rages que plufieurs Savans & Amateurs ont cru y trouver; ce fera pour moi un nouveau fujet d'émulation , & par la fuite , un motif de plus pour communiquer au Public toutes les recherches qui pout- soient contribuer au progrès des Arts. Je fuis , &c. oo, DESCRIPTION DU SPHÉROMÈTRE. AA, BB, BB, figure première | planche première, repréfente un bâtis de bois d’Acajou, ou de tout autre bois dur qui fe tour- mente le moins, compofé d'une traverfe de 14 pouces : de lon- gueur , fur 2 pouces de largeur & un pouce : d'épailfeur au mi- lieu , renforcé à 2 pouces d’épaiffeur aux deux bouts, lefdits con- tournés en-deflous , en forme de gouffec, pour recevoir les deux fapports A, BB, avec lefquels cetre traverfe eft affemblée; ces fupports font portés chacun fur deux pieds de cuivre, contournés à la grecque, fig. 7, pl. 2, à l'extrémité de l’un defquels eft un perit empate- ment en forme de boule ajuftée à vis, qui peur monter ou def- cendre pour mettre l'inftrument d’à-plomb, & de manière à ne point boirer. Ces fupports portent en total 7 pouces = de hauteur. Cette traverfe eft percée d’outre en outre , au milieu dé fa lon- gueur & largeur , d’un trou rond , cc, figure 7, planche 2 , de 10 lignes de diamètre, pour laiffer paller au travers l’extrémité in- férieure de l'arbre à vis GG, dont le pas de vis eft d’un quart de ligne; ledir arbre accompagné de fon écrou quarré E, & taraudé intérieurement du même pas de vis que l'arbre GG. Tome VII, Part, I. 1776. ROLE 486 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Autour du trou de la traverfe , à la diftance de 2 pouces 6 lignes du centre, & à une ligne + d’épaiffeur de bois du deffus de la tra- verfe , eft entaillée, à droite & à gauche, une retraite DD , pour affeoir & fixer à fleur de bois, avec les deux vis en bois FF, la platine de cuivre DD, divifée en 360 degrés, de $ pouces de diamètre , percée au milieu. d’un trou rond de 7 à 8 lignes, dans l’épaiffeur duquel eft fixée la noix de l’alidade H, laquelle eft aufli percée an milieu d'un trou à tiers-point, fervant de fourreau au corps de l'arbre à vis GG, pour lui laïffer la liberté de mon- ter & de defcendre. A l’oppofé de ce trou & par-deffous la traverfe, eft encore mé- nagée une autre retraite pour y loger, à fleur de bois, une petite platine oblongue à 8 pans K, figure 9 , planche 2 , arrèté avec les vis en bois LL , mème figure. Au milieu de cette platine K, eft foudée en-deffous une gaïîne en quarré, pour recevoir le bas de l'écrou quarré E, de l'arbre à vis GG, ajufté intérieurement de façon qu'il puilfe couler librement & n’éprouver aucun frottement, Aux furfaces À, À, figure 7, planche 2, & aux côtés inté- rieurs M; M, des deux fupports, font pratiquées deux entailles à chacun, pour recevoir les oreilles N, N , & les deux extrémités du chaflis d'acier à couliffe , au travers duquel pafle l'arbre à vis GG. La partie fupérieure de ce chaflis, élevée & fixée parallèlement dans toute fa longueur avec les vis NN, à 2 pouces $ lignes au- deflus de la traverfe du bâtis. Ce chaflis eft garni de deux coulans O, ©, figure première, planche première , à droite & à gauche de l'arbre à vis GG, por- tant chacun une pointe P mobile à tiers-point, figure 1, planche 2, pour les faire defcendre & monter à volonté , enfuite les fixer avec les vis Q, placés derrière la tête des coulans 00, mème figure. Le bord antérieur de ce chaflis eft exactement divifé en pouces & lignes à droite & à gauche , à commencer du centre de larbre à vis GG, pour y faire répondre les poinres des coulans , fui- vant le diamètre de l’objet à mefurer que vous fixez enfuite par- deffous , avec leurs écrous guillochés R , R. Dans le milieu du même chaffis, eft pratiquée une chambre quarrée, fig. 4,pl2&5s, dans l'étendue & l’épaifleur de laquelle font affujet- ties, en face l’une de l’autre, deux jumelles S S de cuivre à reffort , en forme de couflinets taraudées dans la partie fupérieure SS, fur 2 L: lignes + d’épaiffeur , que vous pouvez rapprocher plus ou moins, par le moyen des vis à tête gwillochées T, T, placées en dehors SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 437 de la chambre, devant & derrière, pour recevoir intérieurement la partie vilfée de l'arbre GG, & faire enforte qu'il ait le moins de jeu poflible, & qu’indépendamment, ils puiffent toujours obéir à l'effort du reffort U U, fixé par le milieu de fa longueur à l'extré- mité de l’écrou quarré E de l'arbre à vis GG, qu'il contrebande pour éviter le rems perdu. La partie poftérieure de la platine, où cadran D D, eft percée d'un trou quarré X, à 6 ou 7 lignes en-decà du bord qui reçoit la queue X du fupport de cuivre à coulifles X Y Z, figure 10& 11, planche 2, fixé au - deffous de ce trou avec écrou, mais de ma- nière à pouvoir fe tourner & fe coucher dans le fens de la longueur de l'inftrument , lorfqu'on n’en fait point ufage, & fe remettre d'équerre fur l’inftrument lorfqu’on a befoin de s’en fervir; le nez Y de la petite potence , repréfentée par la tête d’un Dauphin, eft pour fervir de quatrième point d'appui aux glaces ou vertes à éprou- ver ; & pour cet effer, il faut avoir attention de la tenir à la même hauteur que les deux pointes à tiers- point P P, par le moyen de la vis I, que l’on peut monter ou defcendre ; le pied de la po- tence étant à coulifle, peut s’avancer ou fe reculer , fuivant le demi- diamètre des verres à examiner, & fe fixer par le bouton à vis H, figure première , planche première. 6,0, eft un plan ou glace exactement bien dreffé, que vous voyez dans la figure première , appliqué aux quatre points d’appui du Sphéromètre , lequel fert, primd, à déterminer le finus droit, & enfuite la flèche des différentes concavités on convexités des verres à mefurer, en faifant defcendre ou monter, par le moyen de la manivelle y, la vis de l'arbre GG, jufqu’à ce que, touchanc immédiatement , par fon extrémité , le plan quelconque à éprouver, on n'entende plus aucun mouvement de balot de ces furfaces fur les deux pointes à ciers-point P P de l’inftrument; ce à quoi on ajou- tera une attention fcrupuleufe, puifque de-là dépend toute la pré- cifion de l'opération; en faifant voir far la platine divifée, jufqu’à la deux - mille - huit -centième partie d’une ligne. rat Rrra 458 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Sr DRAP ION ARE Sur de nouvelles Illuminations éleétriques ; Par M. BERTHOLON, Prétre de Saint-Lazare ; Profeffeur de Théologie au Séminaire, G Membre des Académies des Sciences de Beziers, de Lyon, de Marfiille, de Nifnes, de Touloufe, de Mont- piller, Ec. D: tous les fpectacles que produit l’Eleëtricité, il n’en eft aucun plus brillant ni plus raviffant que celui des illuminations électriques. En effet, faire paroïtre au -fein de lobfeurité une lumière tantôt douce & tantôt vive, dans l’intérieur des tubes de verre, vuides d’air , auxquels on donne mille formes différentes , ou dans la ca- pacité d'un matras & d’un récipient de machine preumatique; mon- trer des gerbes de feu & des faifceanx de rayons de lumière , qui s’élancent de divers points, s'éreignent un inftant pour renaître en- fuite ; faire épeller en quelque forte à la lumière éleétrique , toutes fortes de lettres , prononcer roure efpèce de noms, des phrafes mêmes, & tout cela fans d’autre appareil que célui d’un morceau de verre & d'un peu de peau; il y a de quoi étonner, & peut être confon- dre , l'imagination la plus accoutumée au merveilleux. Cependant, tels font les phénomènes que depuis très-longtems j'ai fait voir dans mon cabinet, ainfi que la plupart des Phylciens éleétrifans , aux différentes perfonnes qui font curieufes de connoître la machine électrique , & les principaux prodiges qu’elle enfante. Mais j'ai en- fuite augmenté le fpectacle électrique d’un grand nombre de fcènes brillantes, & j'ai eu le bonheur d'imaginer de nouvelles 1llumina- tions éleétriques, & de les exécuter avec un fuccès complet. Je par- lerai des principales dans ce Mémoire, & je donnerai en deux mots la manière de les répéter, après avoir rappellé le principe fort connu qui en eft la bafe. Tout le monde fait que le conduéteur éleérifé donne une étin- celle , fur-tout aux approches d’un corps métallique, & que fi on préfente au tube électrique, ce dernier, après lavoir divifé en por- tions féparées les unes des autres, ou plutôt de forte qu'il foit un fyftème ou affemblage de corps femblables, réciproquement éloignés SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 489 d’un jufte intervalle, on verra autant d’étincelles qu’il y aura de pe- tits efpaces intermédiaires. Coupez une verge de fer, d’une longueur quelconque , d’un pied, par exemple, en un nombre arbitraire de portions , fuppofons que cé foir en douze; placez ces parties fur une bande de verre, de manière qu’il y ait une certaine diftance en- tre les extrémités de chaque potion de cette ligne ou férie; ap- prochez enfuite du conduéteur , une extrémité de certe ligne métal. lique , vous verrez une érincelle briller entre le conducteur & la première portion , entre la première & la feconde, entre la feconde & la troifième, & ainfi de fuite jufqu'à la dernière , quel qu’en foit le nombre , foit que la ligne foit droite ou brifce. Cette expé- rience, connue depuis long-tems , eft inconteltable, & forme le fon- dement de toutes les illuminarions électriques. Toute ligne courbe, étant compofée de plufeurs lignes brifées ou angulaires, on pourra donc repréfenter toutes fortes de lignes courbes, pourvu que les figures ne foient point rentrantes : dans cette hyporhèfe, il faut avoir recours à l’art, & placer une partie du deflin fur la feconde furface du verre. On eft redevable de certe obfervation effentielle à M. Villette, Opticien de Liège, qui, le premier, s’eft apperçu de l'erreur commune, & a donné ce moyen de réuflir parfaitement. Avec de petits quarrés ou de petits lozanges, il fera facile de repréfenter une Aeur-de-lys, une étoile & d’autres figures fembla- bles ; des lettres quelconques, des mots divers & les noms de dif- férentes perfonnes, ce qui ne manque jamais d’excirer une furprife pleine d’admirarion. On s’eft encore fervi d'images enluminées, per- cées en quelques endroits de plufeurs trous; on les a coilées fur du verre, derrière lequel, les petits lozanges dont nous avons parlé, font placés directement devant les trous qu’on avoit faits à deffein pour faire paroître les ornemens de la tête, par le moyen des figures éleétriques. Voilà tout ce qu’on avoit imaginé & exécuté jufqu’à préfent dans ce genre; & on peut confulter fur ces objets les Mé- moires de l’Académie des Sciences , année 1766, ou le troifième volume des Lertres fur l’Eleétricité, par M. l'Abbé Noller. Nous fup- poferons connu tout ce qui y eft détaillé; non - feulement j'ai faic tgpres ces jolies expériences , mais encore j'en ai imaginé d'autres bien plus difficiles & plus furprenantes. Afin qu'on puille les exécu- ter avec plus de fuccès, je vais donner , en peu de mots, les pré- ceptes généraux de conitruétion que l'expérience nous a fait con- noître. On peut fe fervir indifféremment de feuilles d’étain laminées ou de celles de plomb; cependant, la colle prend mieux fur ces der- nières, On réuflira également en coupant l'érain en petits quartés 450 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ou en lozanges ; des épreuves , fouvent répétées, m'ont néanmoins appris qu'il valoit mieux n’employer que des triangles, où même des lozanges, dont les deux angles, qui ne font pas dans la ligne du defin , fuffent arrondis. Les quarrés & les rhombes ayant quatre angles, il y en a deux, non-feulement inutiles , mais nuifbles, parce que l'électricité fe perd par ces deux pointes fuperflues, fous la forme d’aigrettes fpontances, très fouvenc vifibles, & c’eft ce qui fouvent, ou fait manquer l'illumination , ou la fufpend , ou en di- minue l'éclat. La colle de poiflon eft très-bonne pour appliquer ces petites piè- ces métalliques; j'ai cependant prefque toujours préféré , pour cet effet, une diffolution de gomme arabique, par la facilité qu'on a de s’en fervir à fouhait, & parce qu’elle tient également lorfqu’elle eft bien faite, fur-tout quand on fuit le procédé que j'indiquerai. Tout étant ainfi préparé, on fait choix d’un deflin fimple & le moins compliqué qu'il foit poflible de l'avoir; on le calque fur le verre, en traçant des lignes ponétuées qui repréfenteront les con- tours de l’objet qu'on fe propofe de faire paroître ; & lorfque les traits font fecs, on colle fucceflivement toutes les petites parties d’étain nécellaires. Si le deflin contient des figures fermées, on appliquera fur la furface inférieure du verre une partie de ces pe- uts triangles ou lozanges ; car l'électricité ne fuit jamais une courbe rentrante. Il faut obferver de laiffer entre chaque lozange un jufte intervalle qui ue foit ni trop grand ni trop petit; car dans le premier cas, l'écincelle ne paroîtroit que difficilement & avec une très-forte élec- tricité; & dans le fecond , il n’y en auroit aucune , ou elle feroit trop peu brillante pour être apperçue. Cet intervalle doit être pro- portionné aux dimenfions des petits rhomboïdes de métal, c’eft-à- dire, à leur diamètre & à leur épaiffeur. Ainf, lorfqu’on veut avoir de plus petites étincelles, pour exécuter certains traits du deflin moins marqués, plus fins & plus déliés , il faut employer de plus petits quarrés ou lozanges , & diminuer la diftance réciproque en les rapprochant davantage. Après avoir placé chaque petite pièce métallique , il faut la preffer, afin d’ôrer le fuperflu de l’eau gom- mée , & achever enfuite de ranger ce petit quadrilatère de tale manière, que deux de fes angles foient dans la ligne du deflin, répondent exattement aux angles des deux pièces qui font à fes côtés : il eft enfuite néceffaire d’affujettir une feconde fois chaque pièce par une nouvelle preflion. On peut employer un fimple verre; le plus mince eft aufi bon que le plus épais; j'ai fait des épreuves à ce fujer ; & elles n’ont kiflé appercevoir aucune différence, Je fais qu’on a dir expreffément SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 491 qu'un verre , d'une certaine épaiffeur, étoir préférable. & que le fluide éleétrique ne le pénétroit point alors, ou ne le traverfoir qu'avec plus de difficulté; mais, tout fyflème à part, je n’ai rien remarqué de relatif à cer effet. Pour unir toutes les parties du deflin, on doit placer des lames de communication; elles doivent être mifes à propos : c’eft le bon fens & l'habitude de l'expérience qui doivent guider la main du Phyfcien ; & de plus , il en faut mettre le moins poflible , afin que la route qu’on force l'électricité de fuivre , foit la plus fimple de toutes celles qu'on peut imaginer. Indépendamment de ces lames de communication , il faut coller aux deux extrémités du deflin , deux bandes métalliques beaucoup plus grandes & plus groffes que lés autres; l’une fervira à charger le tableau, & l'autre à le dé- charger ; celle-ci fera tenue dans la main ; & celle-là fera préfen- tée au corps électrique. Il eft bon que ces deux bandes foient fort éloignées & oppofées diagonalement; car fi elles éroient du même côté , il arriveroit quelquefois que le fluide électrique ne parcour- roit pas tout le deflin, mais feroit attiré par la bande de décharge qui a plus de volume que les autres lignes. J'ai obfervé que lorf- que ces deux bandes ont plus de dimenfon , toutes chofes égales d’ailleurs , l'illumination réufit mieux ; mais alors elles doivent être plus éloignées des traits de la figure. Lorfqu'on voudra animer les figures ainfi tracées, & les faire étinceller, on pourra choifir une des deux mérhodes fuivantes , celle de la bouteille de Leyde chargée, ou celle d’un condu@eur élec- trifé à l'ordinaire. Si on fe fert de l’expérience de Leyde pour faire fcintiller ces tableaux , on peut employer où la bouteille même, ou le carreau magique déja chargé. Pour cer effet, on fera commu- niquer la bande de décharge du defin avec la furface inférieure de la bouteille ou du carreau ; & lorfque l’autre bande de charge communiquera avec le crochet de la bouteille , la figure fera illu- minée par une fuite d’étincelles très brillantes, mais cette apparition fera inftantanée ; & pour la faire reparoître , il faudra de nouveau charger la bouteille. Si on veut que l'illumination foit conftante & durable, on doit fe fervir d’un conducteur métallique életrifé, terminé en boule. En approchant le deffin vers cette extrémité, on verra une fuite d’éincelles qui brilleront continuellement du plus bel éclat, & cette lumière fubfftera autant de tems que durera l’e- leétrifarion. En parlant des nouvelles illuminations que j'ai exécutées , je rap- porterai les procédés particuliers qui font néceffaires pour en venir à bout, & on les trouvera répandus dans toute la fuire de ce Mé- 492 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, moire, ainfi que d’autres préceptes généraux : étant plus rapprochés de leurs objets refpe@ifs , ils feront mieux entendus. Les nouvelles illuminations éleétriques que j'annonce , font très- nombreufes. On peut cependant les réduire à quatre clafles, géné- rales; aux figures Anatomiques, aux figures d’Hiftoire naturelle , à celles des Mathématiques & de la Phyfique, & à celles des Arts. Cultivant ces fciences avec une efpèce de pallion, je juge des au- tres par moi, & je crois faire plaifir aux Amateurs de ces connoif- fances, de leur fournir un moyen aufli brillant, de repréfenter des objets qui leur font fi chers. J'ai fait, premièrement, des buftes repréfentant différentes têtes & felon divers afpects, ce qui me fourniffoit une variéré de jolis tableaux. Ces buftes n’étoient formés que par les contours qu'ob- fervoient les petits lozanges ; & pour défigner les traits moins mar- qués & plus perits, tels qu’aux yeux, à la bouche , &c. j'avois foin de couper de plus petits triangles dont une pointe étoit arron- die, & de rendre leur diftance moindre que celle qui éroit obfer- vée dans d’autres endroits : de cette manière , les érincelles éroient plas grandes ou plus petites, plus où moins ferrées. J'eus enfuire l’idée de faire des portraits reffemblans au vifage de différentes perfonnes, & voici le moyen que j'employai. Après avoir placé une perfonne devant une muraille, fur laquelle étoit une feuille de papier blanc, & après avoir mis un flambeau allumé derrière fa tête, on voyoit la projeétion de l’ombre de la figure far le plan oppofé. Je crayonnois enfuite les contours de l’ombre, je les tranfportois fur un carreau de verre proportionné , & je les fuivois exactement en y appliquant mes petits carreaux d’étain battu: de cette façon, j'avois des portraits avec tous les airs de phyfio- nomie & aufli reffemblans aux perfonnes qu'on veut repréfenter , que ces portraits de papier blanc découpé, fur un fond noir, qui furent fi longtems à la mode ; mais avec cette différence infinie, que ceux-ci font des tableaux lugubres , tandis que ceux-là font en quelque forte animés par le jeu de l'électricité, qu’ils fonc tous bril- lans &, en un fens, refplendiffans de gloire, & que ce font, en un mot, des tableaux de lumière & de feu, propres à orner & à em- bellir la plus magnifique des fêtes, Toutes les parties du corps humain peuvent être repréfentées de cette manière : les yeux, les oreilles, le nez , les mains, les bras, les jambes, les pieds, &c.; le cœur , la rate, les poumons & tous les vifcères; en un mor, beaucoup de parties anatomiques, J'en ai exécuté plufieurs avec fuccès, & je dois prévenir qu’il eft d'autant plus difhcile de réuflir, que les pièces font plus compofées & les deflins ds SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 493 deflins plus compliqués; que les figures feront plus reffemblantes» lorfqu'il y aura moins de confufion , ou lorfqu’elles feront plus fimples & plus décompofées; car l'éleétricité ne fuit pas toutes les routes que le Deflinareur voudroit lui prefcrire , il faut que le Phy- ficien préfide au deflin. Malgré toutes ces difficultés, je fuis venu à bout de repréfenter des entières ; j'ai fait voir celle d’un homme en la perfonne d’un hercule nud, appuyé d’une main fur le côté, & de l’autre fur une lance : cette figure avoit quelque chofe de la nobleffe du deflin, & de la mâle attitude que doit montrer un héros. On à vu aufli une figure de femme, diftinguée de la première par la beauté des formes , la fineffe des contours, une taille plus fvelte; il faut que dans ce deflin on cherche à rendre les graces & la douceur propres au fexe, puifque c’eft feulement par un arrondiflement pur & coulant des diverfes parties, qu'on peur en faire connoître la différence : un troifième carreau préfentoit un petit enfant. Afin que l'enfemble des différentes parties de ces fortes de tableaux, plaife davantage & air plus de refflemblance avec l’objet, il eft né- ceflaire de choïfir certaines attitudes qu'un peu d'expérience faie aflez trouver. Les bras ne doivent point être cachés en entier, ni collés fur le corps; & pour éviter un travail trop long, on ne doit point repréfenter les doigts étendus, mais des mains fermées , ou tenant une pique, &c. 1l en eft de même pour les jambes & les pieds. On doit négliger, dans les figures totales , rous les dérails qui ne fervent point à faire reconnoître les objets, & qui augmen- tent prodigieufement les difhculrés. Il faut obferver généralement de ne mettre qu'une bande de communication d’une face du verre à l'autre; cependant, on doit en mettre fouvent plufeurs fur une même furface. Quoiqu'on n'ait point le fecours du coloris, des dra- peries , des ombres, &c. ces tableaux n’en font que plus merveilleux : la palette de l'électricité ne fournit qu'une couleur , il eft vrai ; mais c'eft celle de la lumière ; & elle contrafte admirablement avec lob{curité, Dans les trois règnes de l’Hiftoire naturelle , j'ai choifi quelques figures pour être repréfentées, Dans le Règne animal, ou là Zoologie, d'a peut divifer, avec Le célèbre Chevalier Won-Linné , en fix grandes amilles , on peut defliner quelques figures de chacune de ces clafles. Dans la Téhapodologie , j'ai préféré la figure du cheval , celle de l'âne, du cerf, de l'éléphant & du lézard écaillé. Les grandes figu- res réufiffent mieux pour l'éleétricité , & on n’eft pas obligé de les refaire fi fouvent , quand l'électricité n’eft pas docile aux directions ae 28 a voulu lui prefcrire. Il y à des animaux qu'il feroit impof- 1ble de caraétérifer , rels que le hériffon, le porc-épic, &c, Tome VII, Part: I. 1776, Sss 494 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pour les figures ornithologiques , ou des oifeaux , on peut choifr celles du pélican , de l’outarde, du cormoran ; la palette, le bec croifé , la cicogne, &c. Il eft inutile de prévenir qu'on fe borne à faire paroître les contours, & qu’il n’eft pas poflible de donner une idée des plumes & des petites parties. J'ai exécuté la figure de quelques oifeaux avec les ailes développées, & l'illufion étoit prefque complette : on croyoit les voir planer dans les airs. J'ai fair un aigle, tenant à fon bec le fymbole que lui donne la Mirhologie ; j'ai chargé ce tableau avec la bouteille de Eeyde, & il a fair ref fentir une forte commotion : c’eft ainfi qu'on. peut réalifer la fabie, & repréfenter l'oifeau , meflager de la foudre, parmi les éclairs & les tonnerres. Un crocodile, un ferpent , &c. font les fiaures qu'on pourra plutôt dépeindre parmi celles des amphibies ; jai aufli repréfenté , avec affez de facilité, le tockaie, dont la defcriprion & la figure ont été données par Perraulr, dans les anciens Mémoires de l'Aca- démie des Sciences. L'Ichryologie fournit beaucoup de figures de poiffons faciles à exécuter; quelques-unes des gravures, qui font dans Rondelet , dans Aldrovande , ou dans d’autres Naturaliftes, peuvent fervir; & ïk nef aucun ordre, foit d’Acanthoptérygiens , foir de Malacoptéry- giens, ou bien de Branchioftèges, qu'on ne puiffe peindre, pour ainf dire, des couleurs de l'éleétriciré. Mais les floures des Céracées, tels que la baleine, la lamie, le narwal, le veau-marin, donnent encore moins de peines : peu importe ici qu'on range les Cétacées dans une famille qui leur eft étrangère. Quoique dans l'Entomologie il y ait un grand nombre d'objets à repréfenter , cependant , comme la plupart des infectes ont des parties trop petites, on n’en choifira que quelques-uns, par exemple, cer- tains coléoprères, tels que le fcarabée , appellé cerf - volant , gravé dans Geoffroy, ou le taureau - volant, qu’on trouve à la Cayenne, à la Martinique & à la Guadaloupe , & dont on peut voir la figure dans les planches de l'Encyclopédie ; le capricorne Rofalie, &c. Pour ce dernier , fi on veut bien faire diftinguer à la vue la forme des antennes, dont les articulations font bien prononcées , & diminuent graduellement d’articles en articles, depuis leur naiffance jufqu'à la pointe , on aura foin de ménager à l’infertion des articles, des lo- fanges plus gros, & de rendre la diftance un peu plus grande; l'é- tincelle électrique , occupant alors plus d’efpace, marquera ces ef- pèces de nodofités : & ces lozanges., diminuant enfuite de gran- deur , & étant aufli plus rapprochés , offriront aux regards une dé- gradarion d’étincelles lumineufes. Ce feroit porter le fcrupule bien loin que d'exiger qu'on Bgurât ainfi les antennules , l’'écuffon , les SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 495 tarfes, &c.; ces détails doivent être néglicés autant pour le fuccès que pour la netteté & la précilion du deflin. Les papillons s’exécu- teront aulli fans peine en fuivant la même méthode, mais s'ils ac- quièrent des formes brillantes , ils perdront certe riche variété de couleurs que la Nature a femées avec une profufion & une magnih- cence qui frappent tous les regards. Nous ne dirons que deux mots fur les figures de l’'Helmithologie : le ver de terre , la fang-fue & autres congénères, peuvent être re- préfentés ; & afin d’aider à la reffemblance, il faut defliner ces vers avec Les finuofirés & les ondulations qu'ils forment en rampant : ces traits ne conttibueront pas peu à la refflemblance. La plupart des coquilles ne peuvent point être repréfentées d’une façon à n'être point méconnues , fi ce n'elt peut-être les tuyaux de mer, les dentales, les entales, &c. Ce font les feules coquilles que j'ai exécutées. Je puis affurer, d’après ma propre expérience , qu'il n’eft aucun des objets défignés dans ces fix familles du Règne animal, qui ne réuf- fifenct parfaitement , lprfque le tableau eft bien fair. Le fecond Règne de l’Hittoire Naturelle, eft celui qui a pour objet les végétaux, dont le nombre eft fi mulriplié. Les repréfentarions les plus faciles à faire par le moyen des illuminations électriques , fonc affez varices , & on pourroit donner des principes de Botanique au milieu des ombres de la nuir, & faire des démonftrations de cette fcience au flambeau de l'électricité. On peur repréfenter les diverfes figures des feuilles , celles qui font lancéolées , en croiffant, en fer de pique , palmées , digitées, den- celées, &c.; en un mot, fur foixante-deux figures qui font dans la première partie du Philofophia Botanica de Linnæus, il n'y en a peut- être pas quatre où cinq qu'on ne puille exécuter; & dans les neuf autres planches de ce mème Ouvrage, il n'y en a pas beaucoup que l'électricité ne puifle produire. Les parties de la fruétificarion peuvent être montrées féparément aux yeux, telles que dans la fleur, le calice , les corolles, la figure des pérales, les éramines , les piftils; dans le fruir, le péricarpe & quelques-unes de fes efpèces , les filiques & les goufles fur-rout, &c.; différentes figures de fruits mols, foit indigènes, foir exotiques, &c.; diverfes fortes de fupports , de tiges, de racines, &c. Quoiqu’on ne puifle repréfenter l’affemblage de routes ces parties dans des plantes très-compofées, cependant on réuflira crès-bien , fi on veut faire voir la figure entière d’une tulipe avec fa tige, & une ou deux feuilles; il en fera de mème du parcille , de l’amarillis, du colchique & de quelques autres plantes de la Claffe de l’'Hexandrie. Quelques cruciformes de Tournefort pourront aufli être exécutées, &c; «mais fur-rouc Les plantes cryplogames ; telles que ae champignons, ss 2 496 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les veffes de loup , les agarics, &c., au moins vus fous une certaine face. Le dernier Règne de l’Hiftoire Naturelle , comprend les minéraux, &, quoiqu'il paroifle au premier coup-d’œil que les illuminations éleétriques ne puiffent point avoir de prife fur ces fortes d’objets, on peut néanmoins en tepréfenter beaucoup. À la vérité , il eft im- poflible de donner une idée des marbres, des gyps , des fpaths , des quartz , des grès, des marnes, des argilles , & des autres objets de la Lithologie & de l'Oryétologie, mais il eft d’autres jolis morceaux dans ce genre qui peuvent fatter l'œil. Fous les corps qui ont des figures régulières & conftantes, peuvent être pour ainfi dire, deflinés par la main de l’éleétricité ; tous les fofliles & les minéraux qui ont une figure polyèdre & géométrique, font réduits avec raifon , aux cryftaux falins, aux cryftaux pierreux , aux cryflaux pyriteux & arfenicaux, & enfin aux cryftaux métalli- ques. La plupart des figures propres à ces diverfes productions du Règne minéral, & fur-tont la plus grande partie de celles qui font gravées dans la quinzième differtation du premier volume des 4mæ- nitates Academic Linnæi , Cryflalloram Generatio , ou celles de l’ex- cellent Æffai de Cryflallographie de M. Romé de Lifle, peuvent être repréfentées par le Phyfcien: &, ce qu'on auroit eu de la peine à concevoir jufqu'ici, on pourra voir à la lueur éleétrique des fpaths vitreux & calcaires , cryftallifés ; des figures différentes de félénites, des drufes de quartz & des cryftaux de roche, des colonnes de ba- falte , des pierres de croix & des mâcles de Breragne , &c. Après tout ce que nous avons dit fur cet article , il eft inutile de s'étendre ici: auf n’ajouterons-nous que deux mots fur ce qu’il nous refle à indiquer. On peut encore faire parler à l'électricité le langage de l’Aloèbre, en choififfanc quelques équations & quelques formules peu compli- quées ; celui de la Géométrie, en décrivant les figures propres à certe fcience. Rien n’eft plus facile , certainement , que de tracer, je ne dis pas, toutes fortes de lignes, des perpendiculaires , des pa- rallèles, &c. > ni des triangles , des pentagones , des exagones , & toutes fortes de poligones réguliers ou irréguliers, le développement même de certaines figures géométriques , mais encore plufieurs f- gures qui appartiennent aux fections coniques & aux autres courbes tranfcendantes. On verra donc à la lueur du Aambeau éleétrique , des hyperboles , des paraboles tracées , des cifloïdes , des conchoïdes , des cycloïdes , des quadratices, des fpirales , &c. Je me rappellerai tou- jouts avec attendrifflement , d’avoir vu un père ; que ce nom eft doux à l'oreille & cher au cœur! peut-on dire avec un homme cé- lbre ; je me reffouviendrai toujours d’avoir vu un père verfer des SÛR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 497 larmes de joie , tandis que je faifois faire à fon fils, fur un tableau électrique , la démonftration des théorèmes fuivans : » dans un triangle » rectangle , le quarré conftruit fur l’hypothénufe, eft égal aux quarrés » élevés fur les deux côtés ; & les afymprotes, quelques prolongées » qu'on les fuppofe , ne touchent point l’hyperbole a. 1#%::: Dans les rés que nous venons de nommer , il ne peut y avoir d’embarras que pour la defcription de la fpirale d’Archimède ; pour téuflir, il faut tenir le procédé que j'ai fuivi. Après avoir décrire la courbe fur un papier, & l'avoir tracée far un verre , on fuivra exac- tement le deflin en collant les lozanges métalliques. Enfuire on maf- tiquera au centre de la fpirale , une petite verge de fer, de quelques pouces de longueur ; placée perpendiculairement fur le plan du verre; c'eft par-là que fe fera la décharge électrique, néceflaire pour pro- duire l’illumination , & on préfentera au conduéteur éleétrifé , l’autre extrémité de la fpirale la plus éloignée du centre; (l’inverfe eft pof- fible , mais réuflit moins bien). J'ai été obligé d'imaginer ce moyen pour faire étinceler certaines figures du genre de celles dont j'ai parlé dans les articles précédens , &, fans cer expédient, il auroit été im- poffible, ou du moins très-difhcile d’efpérer du fuccès ; quelquefois je courbois ce fil de fer en manière de moitié d’ellipfe ou d’autres figures, &c. Si la courbe dont nous parlons eft décrite fur la même furface du verre, cer expédient eft abfolument néceflaire ; & il ef d'un merveilleux fecours, lorfque les figures étant compofées, on doit faite parcoutir au fluide électrique différentes direétions ; tantôt proches & ranrôc éloignées. Quant à la Phylque , quoiqu'on ne puilfe point repréfenter les grandes machines compliquées , cependant on peut en faire voir quelz ques coupes, & on peut fur-tout , foumertre aux regards de tout le monde , certaines machines & quelques inftruinens fimples; plufeurs expériences & démonftrarions ; ce qui regarde le mouvement, la col- lifion des corps, la pefanteur, quelques figures d’hydroftarique, &c. &c.; en re ne , Ce qui a rapport aux leviers, aux coins, &c.; ce qui eft du reflort de l’'Oprique, fur-rout de la Dioptrique & de la Ca- toptrique. Pour ne donner qu'un exemple de ce qu'il y a de plus facile, qui peut douter après tout ce qu’on a vu ci-deflus, qu’on ne puiffe ainf démontrer aux yeux, » qu’un rayon de lumière rééchi , » fait toujours l’angle de fa réflexion égal à celui de fon incidence, » &c. &c. « ? Il eft bien für qu'aucune figure de Phyfique n’a fi bien sepréfenté les rayons lumineux qui émanent du Soleil. Je ne terminerai pas cet article fans parler d’une jolie expérience optico-éleétrique que j'ai imaginée , pour repréfenter en quelque forte Farc-en-ciel. Sur un plateau de verre, je forme avec mes lozanges d'étain, fept arcs concentriques , qui, par un procédé que je dé- 498 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, taillerai dans le paragraphe fuivant , font unis à propos entr'eux par des lames de communication. J'obferve de rendre les lozanges les plus petits qu'il foit poñible, & de les ferrer tellement, qu'il y ait en- tr'eux le moins d’efpace , afin que l'interruption de la lumière élec- trique foit aufli diminuée qu’on le pourra: chacun de ces fept arcs fera peu éloigné des deux autres qui font tracés à fes côtés. On fera une feconde fuite de fepc autres arcs ou portions égales de cer- cles concentriques, & entre certe férie & la précédente, il y aura un intervalle beaucoup plus grand qu'entre chaque arc. Les quaroze ares peuvent être placés fur une mème furface de verre, ou une moitié peut être mife fur la fuperficie inférieure. Ce tableau ainfi préparé & animé par le feu électrique, paroîtra repréfenter en quel- que manière , l’arc-en-ciel , fi on le regarde avec un prifme; car, comme on fait , l'étincelle électrique vue à travers un prifme, pa- roit ornée des fept couleurs primirives, On peut repréfenter aufi plufieurs figures d'Aftronomie, un foleil rayonnant & des étoiles. Je puis affurer que rien n'elt plus magni- fique que ce fpettacle, & qu'on ne fe laffe jamais de le voir. Si on veut donner une idée du fyftème planetaire , il faut pouvoir tra- cer plufeurs cercles concentriques : cela ceïrainement paroitra au moins très-difficile ; je vais donc faire part du moyen que j'ai ima- giné pour cet effet, & qui m'a très-bien réufli. Pour avoir fepr cercles concentriques , par exemple , il faut tracer fur une furface, fept moi- tiés fupérieures de ces cercles, & les fept autres demi-portions in- férieures , fur la feconde furface du verre. Vous collerez une grande bande pour recevoir l'éleétricité, & un de fes bouts touchera une extrémité de la demi-circonférence la plus petite, & conféquem- ment Ja plus interieure ; à l’autre extrémité de celle-ci ,vous mertrez une petite lame de communication pour conduire l'électricité à l’ex- rrémité de la feconde demi-circonférence la plus voifine ; au bour le plus éloigné de celle-ci, vous en mertrez une autre pour commu niquer avec l'extrémité la plus proche de la troifième demi-circon- férence , & ainfi de fuite : de forte que fur une furface du verre, pour les fept demi-cercles, vous aurez fix perices James à coller. Etant parvenu à la dernière extrémité du feptième cercle , vous aurez foin de mettre une grande bande de communication, pour tranfmettre l'électricité à la furface inférieure du verre fur laquelle vous opérerez de la même manière que fur la furface fupérieure , &c. Je ferai remarquer que certe dernière bande de communication, d'une furface à l'autre , peut aboutir, ou à l'extrémité la plus proche du demi-cercle le plus intérieur, ou à celle du demi-cercle le plus extérieur. Dans le premier cas, il faut que la partie de certe bande qui fera deffous , ne foit pas repliée directement fous l'autre parties, SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 499 mais que ces deux moitiés faffenc un angle , dont le côté oblique foit deffus celle qui fait partie du diamètre; mettez enfuwite une autre lame qui achevera de former un triangle , & ce fera cette dernière lame qui communiquera l'électricité au cercle le plus intérieur. Dans le fecond cas, c’eftà-dire, fi vous voulez faire aboutir cette bande au demi-cercle le plus extérieur , il fufht de replier la bande fur etle- mème , mais alors, à la dernière extrémité du plus petit demi-cercle inférieur , il fera néceffaive de maïtiquer une petite verge perpen- diculaire pour opérer la décharge. Quelquefois j'ai mis à des tableaux difitrens , de ces petites verges de fer pour charger 8e décharger, à la place des deux grandes bandes dont nous avons parlé, & felon la circonftance , on pourra les employer. Il eft inutile d’avertir qu’il eft mieux de terminer en boule, l'extrémité de ka verge de charge qut doit être préfentée aw conducteur. Si on veut faire paroître Les orbites des Satellites, par exemple , ceux de Saturne qui font au nombre de cinq, on n’a qu’à décrire fur un fecond verre cinq cercles concentriques , par le procédé que nous venons d’enfeigner ; placer enfuite ce verre derrière le premier, de telle forte que le centre de ces petits arcs coincide, avec un point de la circonférence de la grande orbite, décrire fur le premier verre; mais comme ces deux verres doivent néceffairement être éloignés Fun de l’autre , on doit maftiquer perpendiculairement un fl de fer entre deux, qui ferve de communication d'un verre à l’autre , & par le moyen d’un troifième verre, d’un quatrième verre, &c., avec des verges de communication , on viendra à bout de faire une illumi- mation très-compofée dont on n'avoit jamais eu l'idée , l'exécution en paroïffant impoflble. Ainf , outre les fept orbites des planères dé- crites fur le premier verre, & les cinq autres petites orbites des Sa- tellites de Saturne, dont le centre répond à un point de la plus grande circonférence , on placera un troifième verre avec quatre autres cour- bes décrites comme les précédentes, qui repréfenteront les quatre cer- cles de révolution des Satellites de Jupiter. Un quatrième verre re- préfentera l’orbite de la Lune, dont le centre coincidera fur un point de l’écliprique ; & dans ce cas, une verge de communication ira du premier verre au fecond , du fecond au troifième , du troifième au quatrième , & ainfi de fuite. Une extrémité de cette verge fervira à décharger un tableau, pour charger par fon autre bout , le tableau fuivanr, &c. De cette façon on pourra décrire les nœuds des or- bites , des planètes, & même plufeurs interfeétions de cercles, comme ceux qu’on voit fur les rabatières d’écaille incruftées dans le buis, ce qui forme des rofettes forr agréables, & qui paroiffent très-com- pliquées. J'en ai exécuté une de cette façon, qui produit le plus bel effet qu'il foit poffible d'imaginer. 5so. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Afin queles diftances des verres parallèles demeurent toujours les mêmes , il faudra affujettir routes ces pièces dans nn petit bâtis fait exprès , & on fera obligé de choifir un tems favorable pour l’élec- tricité , & d'employer une bonne machine ; quelquefois on réuflira mieux en fe fervant de la bouteille de Leyde, lorfqu'il fera néceffaire d’avoir une forte charge. Il eft inutile d’avertir qu'on doit évirer lhumidiré & la pouflière qui, tombant dans les intervalles des lozan- ges , donneroient au conducteur une continmité préjudiciable à la {cintillation électrique. Pour décrire une grande orbite avec cinq autres petites orbites, & donner par-là une idée des courbes que fuivent les planètes & leurs Satellites, on poutroit encore ufer d'une feconde méthode. Après avoir formé la grande demi-circonférence, on traceroit fur la même furface , felon le procédé indiqué ci-deflus , cinq autres demi-cer- cles avec des lames de communication, & enfuite on acheveroit de completter les courbes fur la feconde farface du verre; mais en fe fervant de cette pratique, il faudroit un verre très-grand , & d’au- tant plus grand qu'on voudroit racer un plus grand nombre d’or- bites. Enfin ce qui regarde les Arts pourra aufli ètre repréfenté ; pout n'être pas trop long, je ne dirai que deux mots, fupprimant plu- fieurs autres articles, mais qu'on imaginera aifémient après tout ce qu’on vient de voir. J'ai exécuté plufieurs pièces qui ont rapport aux Arts, par exemple, à l'Horlogerie ; une roue dentée eft rrès facile à faire, même fur un feul verre, & elle produit un bel effer, &c. &c.; des pincettes , des pêles , des fourgons , &c.; des croix doubles & des couronnes, comme celles qui font fur les écus, font très-jolies à voir. J'ai fait une couronne femblable , affez compofée , fur un feul verre, & on ne fe laffe jamais de la confidérer ; j'ai même exécuté le deffin très-fimple d’une maifon qui a bien réufli, & quelque peu compofé qu'il fût, il ne cédoir en rien aux Palais des Féeries, Lorfqu'on a achevé ces fortes de tableaux , il y a quelquefois des défauts; pour y remédier, on les éprouvera, & on préfenrera le doigr au quart, au tiers, à la moitié de la route, &c., & fi on voit que la fcintillation a lieu, on cherchera les défectuoftés dans la fuite du defin, &c. Je puis affurer que lorfque ces tableaux font bien faits, ce qui exige beaucoup de patience, ils vont conftamment. J'en ai qui brillent continuellement pendant des heures entières , & plus, fans qu'on foit obligé de les mettre à l'écart pour les voit produire de nouveau leur.effet; cela n'arrive qu’à ceux qui ont quel- que vice de conftruétion, quoiqu’en difent les Mémoires de FAca- démie , année 1766, pag. 328: Si on n'a pas vu de ces petits tableaux animés par l'élericité, i on SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $sot on ne peur avoir d'idée du fpectacle brillant qu’ils produifent : figurez- vous des deflins formés par une chaîne tremblotante de petits diamans, refplendifflans comme la lumière de l’aftre du jour , qui s’éteignent un petit inftant pour briller de nouveau avec plus d'éclat, & vous ne vous repréfenterez encore qu’une foible image de ces charmantes illuminations , parce qu'on ne peut peindre les plus vives & les plus délicieufes fenfations. FAUTES à corriger pour le Mémoire du même Auteur, infèré dans ce Journal , Cahier de Murs 1776 , page 263. Page 2163, ligne 9, les volatiles très-divifées; Aifez, très-volatiles, très-divifées. Page 164, ligne 18, page 123 life, pages 1 & 2. D PCM ANTON ES EN RE Afin De M. l'Abbé J***, de Vienne en Autriche, à l’Auteur de ce Recueil, Sur l'Ekëtrophore perpétuel de M. WoLT 4. DE on vous a dit vrai, en vous annonçant un nou- vel appareil Electrique qui étonne les plus habiles Elecuiciens : on lui a donné le nom d’Ekérophore perpétuel. Cet inftrument eft des plus fimples & produit les phénomènes les plus finguliers. C’eft un Gentilhomme de Côme, nommé Alexandre Volta , qui a imaginé, en 1775, le nouvel appareil dont je vais vous faire la defcriprion. Touf l'appareil confifte dans deux plaques de mé- tal; l’une de ces plaques doit être recouverte d’une couche de poix- réfine , de l'épaiffeur d'environ une ligne & demie; l’autre doic être garnie de trois cordons de foie, afin qu'on puifle commodé- ment la pofer fur l’autre plaque, & enfuite la relever fans y rou- cher. Quand on veut fe fervir de cet appareil, il eft à FPE de com- mencer par frotter la couche réfineufe de la plaque inférieure avec la main, ou avec un gant de peau, ou un morceau de fourrure ; Tome VII, Par. I. 1776. BTE so2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, enfuite, au moyen des cordons de foie, on porte l’autre plaque fur la furface rélineufe de la plaque inférieure. Cela étant fair , il faut toucher du bout des doigts les bords des deux plaques de mé- tal (il fuffic mème fouvent de toucher la piaque fupérieure), puis élevez , à la hauteur de 8 ou 9 pouces, la plèque fupérieure ; & vous en tirerez une vive étincelle, en Jui préfentant l'articulation du doigt, ou une pièce de métal, pourvu qu’elle ne foit ni poin- tue , ni tranchante. Après cette première expérience , abaiffez la plaque fupérieure far l'inférieure ; & après avoir touché, comme auparavant, du bout des doigts les bords des deux plaques, relevez encore la fupérieure, elle vous donnera une nouvelle étincelle dès que vous lui pré- fenterez l'articulation du doigt. Cette expérience peut être répétée auf fouvent qu’on le fouhaite ; il ne s'agit, pour cela, que de ‘renou: veller la mème opération, fans qu’il foit néceflaire de frottet de nou- veau la couche réfineufe. On peut mème laifler repofer l'appareil toute la journée , & même plufeurs jours, fans qu'il foit à crain- dre qu'il perde rien du pouvoir de donner le phénomène dont on vient de parler. Le merveilleux de cet appareil ne fe borne: pas là 5 il produit encore plufieurs autres phénomènes qui ne font pas moins furpre- nans. 1°. Quand , après avoir pôfé la plaque fupérieure fur l’inférieure, on touche en même-tems les bords de chaque plaque , la main re- çoit prefque toujours la commotion électrique. 2. Si l'on ifole-la plaque inférieure en la pofant fur un corps ifolant, l’une & lautre plaque donneront ‘des érincelles , auffitôr qu'on leur préfentera le doigt après qu'on aura féparé ces plaqués lune de l'autre, en élevant la fupérieurei ? ns 3°. Quand, après avoir élevé la plaque fupérieure , on la porte à côté de l'autre , de manière qu'une petite boule de liège où de moëlle de fureau , fufpendue à un fil de foie, puiffe être placéé entre les bords des plaques, à la diftance de quelques pouces de chaque plaque; alors la petite boulé'sélance altetnativement d’une plaque à l’autre, & ce jeu ne finit que lorfque l'électricité de l’une & l'autre plaque eft épuifte. H faut obferver que pour faire cette expérience, la plaque infé- rieute doit être ifolée. Tout Electricien, qui elt dans les principes du Doétéur Franklin, doit inférer delà, que l’ane des plaques eft électrifée pofitivement | & que l’autre l’eft négativement ; cela eft'con- firmé par: l'expérience qui fuit. 4° Après avoir élevé la plaque fupérieure, comme ‘on l’a die plus haut, préfentez à fon bord üne petite boule de liège éle&rifée # SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 56; pofitivement, elle fera auflitôt repouflée par la plaque fupérieure : mais fi: on préfente enfuite cette petite boule au bord de la plaque inférieure ifolée, elle fera attirée; preuve que cette dernière pla- que fe trouve éleétrifée en-moins , & que la plaque fupérieure l’eft en-plus lorfqu'elle eft féparée de l’inférieure. Quant à ceux qui ont adopté le fyftème de M. Symner, ils doivent conclure de cette expérience , que la plaque fupérieure a une éleétricité vitrée | 2 que l'inférieure en a une réfneufe. I n’y a aucune difficulté dans tout cela pour quiconque eft au fait de ce dernier fyflème, qui me paroît tout aufli farisfaifanc que celui de M. Franklin. s®. Lorfque les deux plaques fonc l’une fur l’autre, elles ne donnent aucune marque d'électricité; car fi on leur préfente la pe- tite boule de liège dans fon étar d'électricité naturelle, cette boule ne fera ni atcirée ni repoullée. 6°. L’Electrophore peut tenir lieu d’une machine électrique or- dinaire , pour toutes les expériences éleétriques . cet appareil nou veau eft fur-tout commode pour charger une bouteille de Leyde; & il paroît que fi on lui donnoit 4 ou $ pieds de diamètre , il lemporteroit pour fa force & la grandeur des érincelles, fur Les meilleures machines éleétriques dont on a coutume de fe fervir : mais comme dans ce cas, il y auroit de la difficulté à élever la pla- que fupérieure avec la main, on pourroit, je crois, le faire affez commodément, au moyen d’un cordon qu’on feroit palfer fur une poulie fixée au plancher. Obfervez encore qu'on peut, avec cet appareil , charger négari- vement la bouteille de Leyde de deux manières ; favoir , en pré- fentant la garniture extérieure de la bouteille à la plaque fupérieure, où en appliquant le crochet de la bouteille au bord de la plaque inférieure 1folée. 7°. Mais de tous les. phénomènes que préfente l’Eleétrophore , voici celui qui m'a le plus furpris : j'en ai fair la découverte par hazard , & il me femble qu'il diffère rout-à-fait, dans fon efpèce, de tous les autres phénomènes éleétriques connus jufqu'à préfenr. Ayant polé ma plaque inférieure fur une commode verniflée , dont le rebord eft garni d’un filet doré , j'apperçus au moment que je virai l’étincelle de la plaque fupérieure , élevée à la hauteur de p ou 10 pouces, que le filet doré de la commode érinceloit en même-tems tout-au-rour de la commode. La première penfée qui me vint à la vue de ce phénomène inattendu, fut , que mes cor- dons dé foie n’ifoloient peut-être pas affez la plaque fupérieure, pour empècher que le feu électrique ne pafsât dans mon corps, & de mon corps au plancher, fur lequel étoir la commode : mais je fus bientôt défabufé : car m'érant enfuite placé fur un tabouret'ifo- Jattez 504 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lanc, & ayant l'attention de me tenir auf éloigné de la commode que je le pouvois, j’obfervai que le filer doré étinceloit de même, chaque fois que je tirois l’étincelle de la plaque fupérieure. J'ai ré- pété un grand nombre de fois cette expérience fingulière | & rou- jours avec le même fuccès. Peu de jours après avoir fait cette découverte, je trouvai que , fi au moment que je tirois l’étincelle de la plaque fupérieure , une autre perfonne tenoit le doigt fort près du bord de la plaque infé- rieure non ifolée, elle recevoit en même-tems une étincelle du bord de cette dernière plaque. Ce dernier phénomène & celui du filer doré, font vraifemblablement les effets du même principe , quel qu'il foit. J'ai déja infinué , que plus les plaques font grandes, plus elles font d'effet; nous en avons ici de deux pieds & demi de diamè- we : les étincelles qu’elles donnent font auffi vigoureufes que celles des meilleures machines éleétriques. Obfervez qu'il eft à propos de faire la plaque fupétieure plus petite que l’inférieure; car j'ai remarqué ; que quand les deux plaques éroient égales , il arrivoit fouvent qu'au moment qu'on élevoir la fupérieure, elle fe déchar- gcoit d'elle-même par une étincelle fpontanée qu’elle lançoit fur le bord de la plaque inférieure. Obfervez encore que ne m'étant d’a- bord fervi que d’un appareil d’un pied de diamètre, il fuffifoic que j'élevaffe la plaque fupérieure à la hauteur de 8 ou 9 pouces ; mais quand j'ai employé des Eleëtrophores d’un plus grand diamè- me, j'ai remarqué qu'il falloit aufli élever plus haut la plaque fu- périeure , pour. en obtenir une étincelle proportionnelle à la gran- deur de l'appareil ; c’eft que l’érincelle vraifemblablement ne peut éclater dans toute fa force, à moins que l’achmofphère électrique de la plaque fupérieure ne foit portée à une diftance qui ne lui per- mette plus d'agir fur la plaque inférieure. Comme une plaque maflive de métal de deux pieds, où mème d'un feul pied de diamètre, feroit fort incommode par fon-poids pour être élevée, je lui en ai fubftitué une très-[éoère : elle confifte dans le couvercle d’une boîte , auquel, à la place de fon fond de bois, j'ai donné un fond de toile recouverte , des deux côtés ,; de feuilles d’étain femblables à celles dont on fe fert pour éramer les glaces de miroirs; le cercle de la boîte eft recouvert de la même façon. Une plaque de cette efpèce, a encore un autre avantage ; c'eft qu'en s'appliquant toujours dans toute fa furface fur la couche réfineufe de la plaque inférieure, on fe piocure par-là tout l’effec que l’Électrophore peut produire. Pour ce qui regarde l’épaiffeur de la plaque inférieure, ce point eft indifférent. Celle dont je me fers n’a pas plus d’une ligne d'é- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $5o$ paifeur, & elle pourroit en avoir PésHone moins , fans rien perdre de fa force. Il n'en eft pas de même de la couche de poix-réfine, dont il faut couvrir la plaque inférieure : je crois qu'il eft à propos de lui donner une ligne ou une ligne & demie d’épailleur ; mais je n’ai pas encore fair aflez d'expériences à cet égard , pour être bien für que je ne me trompe pas. Quant à l'explication des phénomènes de l’Eleétrophore , il ne paroît pas jufqu'ici, qu’on en ait encore donné une raifon fuffifante par les principes d’aucun des fyftèmes éleétriques connus ; d’où je conclus que la fcience de l'Eleétricité renferme encore quelque prin- cipe que nous ignorons. Quoiqu'il en foit, il faut cependant convenir que ce qu'il y a de plus fingulier dans les effers de l’Eleétrophore , a beaucoup de rapport & d’analogie avec une expérience fort curieufe , que le cé- lèbre P. Beccaria à imaginée il y a plufieurs années : il l'a nommée Eleüricitas vindex. Voici en quoi elle confifte. Prenez deux carreaux de verre d’un pied en quarré; armez un côté de chaque quarré, en laïffant un efpace non armé tout-au- tour de leurs bords. Pofez le côté non armé d’un carreau fur le côté non armé de l’autre; puis électrifez ; avec le crochet d’une bouteille de Leyde chargée, la garniture du carreau fupérieur : en- fin, touchez du bout des doigts, & en mêème-tems , les deux gat- nitures ; fi, après cela, vous élevez le carreau fupérieur , vous en tirerez une écincelle, en préfentant le doigt à fa garniture. Quand enfuite on replace ce même carreau fur l’inférieur, & qu'on conti- nue d'opérer, comme on vient de le dire , il donnera chaque fois des érincelles , fans qu'il faille l’éleétrifer davantage avec le cro- chet d'une bouteille chargée ; car il fufit de lavoir fait la pre- miète fois. - Le P. Beccaria à effayé d'expliquer ce phénomène par un fyftème de fon invention, qui a pour bafe la théorie du Doéteur Franklin ; mais j'avoue que je n’ai pas été allez heureux pour bien faifr, la liaifon & le rapport que Le P. Beccaria , au moyen de quelques fup- ofitions , a apperçus entre ce phénomène & tout ce qui conftitue (A préparation dont réfulte ce phénomène. Mais il n’en eft pas moins conftant , que cetre expérience a beau- coup de rapport avec celle de l'Eleétrophore perpétuel ; & je ne doute pas que les phénomènes de l'une & de Pautre, ne foient les effets d’un mème principe. Je viens de dire , qu'on commencçoit l'expérience du P. Beccaria par éleétrifer le carreau de verre fupérieur avec le crochet d’une bouteille de Leyde chargée. Il faut obferver à cette occafon , qu’on peut de même dedrifer l'appareil de l'Eleétrophore , en appliquant $566 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le crochet d’une bouteille chargée à la plaque fupérieure ; lorfqu’elle elt en contact avec la couche réfineufe ; dans ce cas ; la première étincelle qu’on tire enfuite de la plaque fupérieure, m'a paru être plus vigoureufe. Les effets de l'Elé&rophore ont encore un rapport affez bien mar- qué avec une autre expérience de M. Æpinus! J'ai déja dit, en décrivant la manière de préparér l’'Electrophore , qu'il falloit récou- vrir la plaque inférieure d’une couche de poix-réline fondué :'or , il paroïr que c’eft principalement de là que réfulrent les différens phénomènes dé l'Ele&rophore : jen ai jugé ainfi, en la compatant avec les obfervations que nous ont données MM. Wilcke de Roftock, & Æpinus de Pétersbontg , touchant la génération de l'Ele&ricité fpontanéé ; produite par la liqüéfa@tion ‘des fubftancés réfineufes , qu'on hifle fefroïdir après Îles Avoir verfées dans des vafes’ métalli- ques. L'expérience de M. Æpinus, fi je ne me trompe , jette un grand jour fur la caufe de la vertu de l’Eleétrophore. Voici la pré- paration & les effets de cette expérience. Ÿ :Vérféz dans un vafe de Hé e du, foufre fondu ; après l'avoir Rilfé refroidir, vous obfervérez que h1 le foufre , ni le vafe, ne dühnent ‘aucun° figne d'électricité ; ‘mäis qu'ils en donneront rous les deux après qu'on les auta féparés l’un de l'autre; qu'enfuite leur éleétricité difparoîtra auflitôt qu'om aura fait rentrer le foufre dans Je vale de métal, & qu'après cela, elle réparoîtra de nouveau, quand on aura retiré le foufre hors du vafe. M. Æpinus remarque de plus, que les éleétricirés de es deux fubftances étoient oppoféés l’une à l'autre , c’eft-à-dire , dans le ftyle du Doctéur Franklin, que l’une étoit pofitive, & l’autré régarive. En réfléchiffant fur cette expérience! j’ai cru entrevoir qu’elle pou: voit avoir quelque analogie avec celle dela Tourmaline, qui, après avoir été chauffée & s’ètre. enfuire refroidie , acquiert, d'un côté, l'éleétricité pofirive, & de l’autre, la régarive. Qu'en penfez-vous, Monfieur? Ne pourroit-on pas inférer de rout cela, que lefrefroidifferent qui fuccède ‘à la chaleur , eft én quel- que façon, tant pour la Tourmaline que pour le foufre fondu & la poix-réfine qu'on verfe fur du métal, Ce que le frottement eft pour le verre , qui , lorfqu'il à été frotté, eft aufi cleëtrifé d’un côte er plus, & de l’autre ez moins? Permettez-moi, Monfieur, d’hazarder ici encore quelques idées qui me font venues, pour faire quadrer la théorie du Dotteur Éranklin ; avec les’ phénomènes de l’Eléétrophore perpétuel. 1°. Les différens phénomènes de l'Eléétrophore femblent indi- quéer que la poix-réfine, fondue & enfuite fboiie far le métal, eft non-feulement mife dans un état d'électricité méparive par cette SUR L'HIST.' NATURELLE ET LES ARTS, $o7 opération, mais de plus , qu’elle acquiert encore par-là une force répulfive, pour repouller Je feu électrique naturel & propre à la plaque inférieure ; mais de manière cependant ; que cette force ré- pullive eft en partie balancée par la force d’attraétion , avec laquelle le méral tâche de retenir fon feu éleétrique + 1l fuit de certe hypo- thèfe , que le feu éleétrique de la plaque inférieure doit former, dans ce cas, une ‘athimofphère extérieure autour des parties: métal- liques qui ne font point recouvertes de poix-éfine. Mon hyporhèfe né contredit point le-fyftème de M. Franklin : ce, célèbre Améri- cain fuppofe en général, que les corps, électrifés neégasivement, ar- tirent le feu éleétrique ; mais il ne s’en fuit pas de-là , qu'il n’y ait point de circonflances poflibles, où certains corps, éleétrifés ex moins , repouflent le feu électrique des corps voilins, au lieu de Fattirer. N'eneft-il pas peut-être de l’artraétion de l'éleétricité né gative, comme de lPéquilibre des liquides? C'eft une loi igénéraie que les liquides fe mettent roujours .de niveau. Cependant, dans les æubes capillaires , l'eau s'élève au+ deflus de fon niveau , & le mercure s'arrête toujours au - déflous. L'affertion du Doëteur Franklin, n'en fera donc pas moins une loi générale , quoiqué j'aie fuppofé que certé loi fouffre une exception dafis un cas particulier. 2°, Quand {a plaque fupérieure eft enfuite placée fur la poix-ré- fine négative, la per répallive de cette dernière fubflance, agit de même fur le feu électrique naturel de la plaque fupévieure : ain, le feu éleétrique naturel des deux plaques , fe trouve alors repouffé , & doit par conféquent former deux arhmofphères dillinguces , qua fe touchent fans fe mêler. Ceci elt sou ele ee aux prin- cipes du Docteur Franklin. < le 1% ) -F'Mais quand enfuite: on ‘établir avec Id mainune ‘communication avec lé deux plaques métalliques ; les deux athmofphères , fe pré- cipitant alors fur la main, fe Confondent avec une forte d’impétuo- fité;, & j'imagine que c’eft dans cet inftant où la réunion des deux athmofphères a lieu, que fe fait fentir la légère commotion que la main éprouve. Si après cela, je retire la main, elle-memporre rien du feu électrique des deux plaques ; puifque celles - ci n’en ayant que leur portion naturelle, il n’y a point de raifon pour qu'elles en communiquent à la main, qui ep a déja la portion qui lui con- vient dans fon état naturel. Je ne vois rien en cela qui répugne au -Franklinifme. 3°. Comme le feu électrique , qui compofe alors roure l’ath- mofphère des deux plaques. n’eft cependant , comme je viens de Je dise, que la fimple-portion naturglle d'électricité propre aux 508 OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, deux plaques, il paroît affez conféquent que dans ce cas, les deux plaques ne’ donnent point, ou prefque point de fignes d'électricité, lorfqu'on leur préfente une boule de liège qui n'eft pas électrifée ; car leur feu électrique réunit alors tout fon effort contre la force répulfive de la poix-réfine. Jufqu'ici, la théorie de M. Franklin ne me paroîit point encore léfée. | 4°. Quant enfuite on vient à féparer les deux plaques , le feu élerique de l’inférieure , toujours fortement repoullé par la force répulfive de la poix-réfine , s’élance alors en entier , ou du moins en grande partie , fur la plaque fupérieure : c'eft que la poix- réfine celle alors d'exercer fa force répulfve contre cette plaque, puifqu'elle en eft féparée : d'où il fuir que certe plaque fupérieure, en recevant une partie du feu électrique de la plaque inférieure , doit nécelfairement fe trouver éle&trifée ez plus, & que la plaque inférieure doit par-là même s’électrifer ez moins , fi elle fe trouve placée fur un corps ifolant. IL me femble que le plus rigide Frar- Élinifle peut avouer ces conféquences. s°. Enfin, quand on abaifle de nouveau la plaque fupérieure fur l'inferieure , que je fuppofe ifolée , & qu'en porte enfuite la main fur les deux bords des plaques, la main rend à la plaqué infé- rieure l’athmofphère électrique qui lui manque, & cette athmcef- phère, en fe réuniffant de nouveau avec celle de la plaque fupé- rieure , prépare le phénomène d’une feconde érincelle dès qu’on fé- parera les deux plaques, & qu'on préfentera le doigt à la plaque fupérieure. Que direz-vous , Monfieur, de tout ce verbiage ? Mais quel que doive ètre le fort de cette-explication , je vous prie de le décider promprement, parce que fi vous la trouvez défeétueufe, je veux l'étouffer au berceau , pour qu’elle ne furvive pas à fa honte. Quant au phénomène de filet doré de ma commode, qui étin- celle, je vous avoue que je fuis au bout de mon latin; je n’y vois abfolument goutte; & j'attends avec beaucoup d'impatience , l'explir cation qu'en donneront MM. les Electriciens, Je fuis, &c, Là PREMIER MÉMOIRE à so) f ni PREMIER MÉMOIRE DAIONPETITIOIU" EE, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: Ou Explication d'une Expérience de M. FRANKLIN ; Par le Doëleur DE GODART, Médecin des Hopitaux de Vervier , Mernbre des Académies Impériale & Royale de Dijon & de .Bru- xelles. Mt | OK lit dans le premier Cahier de l'Efprit des Journaux, de l'an 1774, page 129, l’article fuivant, : Expériences de M. Franklin fur l'impreffion des objets lumineux fur Les nerfs optiques. ; » Etant aflis dans une chambre, regardez fixement le milieu d’une » fenêtre, pendant quelque rems dans un beau jour, & fermez en- » fuite les yeux : la figure de la fenêtre demeureta quelque rems » dans votre œil, & même affez diftinétement pour que vous puifliez » compter les panneaux. ; » Une circonftance remarquable concernant cette experience , c’eft » que l'impreflion des formes fe conferve mieux que celle des cou- » leurs : car aufli-rôt que vous avez fermé les yeux, lorfque vous » commencez à appercevoir l’image de la fenêtre, les panneaux pa- ».roiffent fombres, mais les travers dés croifées , les challis des fe- » nêtres, & les murs paroiffent blancs où biillans; mais fi vous ren- » forcez l'obfcurité de vos yeux, en les couvrant avec votre main, » ce fera immédiatement tour le contraire, les panneaux paroîtrotit » lumineux, & les barreaux des croifées obfcurs; fi vous retirez votre » main , ce fera un nouveau changement qui ramènera le tour au pre- » mier état. Je ne fais, dis M. Frauklin, comment expliquer cela, » non plus que ce qui fuit, &c. &c. Je réferve le refte pour un autre Mémoire qui fuivra celui- ci. En attendant, j'admire avec le Journalifte la modeftie & la can- deur de ce grand homme , qui, par fon aveu, donne une belle leçon aux Phyfciens préfomptueux. Mais je ne l'en crois pas moins plus capable que perfonne de rendre raifon du phénomène qu'il n’a Tome VII, Part. I. 1776. A du à sio OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, fans doute pu expliquer, que parce qu'il na pas pris la peine d'y réfléchir affez. On ne me taxera donc point de témérité, fi j’ofe prétendre avoit apperçu la caufe qui a échappé aux profondes iumières de ce Savant. Voici les faits fur lefquels repofe mon explication. 1°, Les fibres de la rétine jouiffenc en tout tems d'un certain degré de mouvement. . Le batrement des artères, les vibrations des nerfs, la rotation des yeux ,. l’aétion des paupières, font autant de caufes qui nie céffenc d’ébranler la rétine, & c’eft ce mouvement fourd des fibres de cer organe qui nous préfente dans la nuic & dans l’obfeurité la plus pro- fonde, des ombres paflagères & mouvantes, lefquelles femblent fe rouler dans les yeux & pafler au-devanr, changer de formes, de nuances, & fe diverfifier d’autant plus, que nous les confidérons plus attentivement, ou que nous fommes agités de la fièvre, par quelque paflion: de lame, ou que nous remuons les yeux & les paupières , ou qu'il nous vient à toufler ou à éternuer , &c. 2°, Ce mouvement augmente par l'aélion des objefs éclairés fur l'organe de la vue. Lorfqu'après avoir refté quelque tems au grand jour , fans s'être arraché à confdérer aucun objet par préférence , l'on entre dans un lieu obfcur, on n’y peur d’abord rien diftinguer ; néanmoins on n’yeft pas dé- pourvu de toute fenfarion, car les phantômes dont nous venons de parler apparoiffent dans un mouvement tumultueux & défordonné, ils fonc même fenfiblement colorés, mais fans la moindre conftance , car on les voit, tantôt rouges, tantôt jaunes, s'ils font un inftant verts, celui d’après, ils feront bleus , ils paffent du brun au noir, du noir au gris, avec des diverfités , des nuances à l'infini , ils fe chevauchent, s'entrelacent, varient de formes & de confiftances à tour moment, 3°. Une impreffion quelconque ne donne La vifion que lorfquelle furpalfe les mouvemens de la rétine qui fourniffent les phantômes. Si, avant de fe rendre dans l'endroit obfcur de l'expérience pré- cédente, on a fixé pendant quelque tems un objet fort éclairé; alors ce ne font plus des ombres qui paroiflent, mais c’eft l’objet même que vous avez confiléré, parce que, dans ce cas, il a fait une im- preffion particulière & diftinéte fur une portion de la rétine, laquelle différe trop confidérablement du mouvement fourd de cet organe, pour y être confondu , fur-tout n'ayant pas été vague & répandue comme dans le premier cas , mais ayant affeété conftamment le mème canton du champ de la vifion, & ÿ ayant excité un mouvement dont É force en foutent l'impreffion quelque tems après que l’objet a ceflé agir. SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. çus 4°- La wifion efl donc l'effes ou le réfultat d'une différence notable entre le mouvement de la rétine excité par l'objet aëluel, & celui dont elle fe trouve agitée fpontanément, ou qu'elle conferve des impreffions antérieures. Comme ces deux impreflions peuvent fe furpaller l'une l’autre , ou être égales ;: il s’enfuit qu'il y a trois fortes de vifions, favoir, deux pofitives, & une négative. La première des poftives eft celle qui eft produite par l'excès des impreffons des objets préfens fur le mouvement antérieur de la ré- tine; on pourroit l’appeller vifon externe , parce que fa caufe excitante rélide dans la lumière que les objers externes renvoient ou réfléchiflene à l'œil. La feconde eft celle qui eft occañonnée par l'excès du mouvement que la rétine conferve des imprefions antérieures , fur celui que les objets préfents lui impriment; on peut l'appeler viffon interne, parce que fa caufe eft dans l'œil feul, & qu'elle ne dépend d'aucun des objets extérieurs actuellement préfens; nous en avons fourni un exem- ple au numéro précédenr. La négative eft celle où ces deux fortes de mouvemens font égaux, ou ne fe furmontent pas aflez pour faire une fenfarion particulière , c'eft-à-dire , que leurs impreflions fe confondent & Re rien de diftinét à l’efprit; c’eft ainfi qu'on voit un trou rénébreux : tous les objets qui l'entourent font vus pofitivement, parce qu’ils impriment à la rétine un mouvement plus fort que le fien propre, mais le trou eft vu négativement, parce que fon fond ne renvoie point de lumière, ou que celle qu’il réfléchit imprime aux fibres vifuelles un mouvement moindre que celui dont elles font agitées , ou qui lui eft égal, ou qui ne le furpafle pas affez. Il en eft donc du fens de la vue comme de celui de l’ouie ; les perfonnes travaillées d'un tintement d'oreilles, n’entendent que les paroles prononcées d’un ton de voix plus fort que celui de leur bourdonnement; tout ce qui fe dit plus bas, leur échappe. s°. L’inrenfité de la vifion fuit la raifon de la différence du mouvement objeülif , d’avec celui de la rétine. Lorfqu’on pafle d’un endroit fort éclairé dans un qui l'eft beau- coup moins , on ne voit rien dans ce dernier , auf long-rems que l'ébranlement excité dans les fibres de la rérine par la force de la lumière, furpalle ou égale celui que peuvent y produire les objets de lendroit ténébreux, & ceux-ci ne commencent à paroître que lorfque la première impreflion eft devenue plus foible que celle pro- duire par le peu de lumière dont ils font éclairés; on Les voir alors de mieux en mieux, à proportion que la première imprellion baiffe V vv2z si2 OBSERVATIONS SUR LA: PHYSIQUE, davantage, & la clarté de l'endroit continue d’augmenter , jufqu’à ce qu’elle foit totalement éreinte (1). Au contraire , lorfqt’ayant refté quelque rems dans un lieu obfcur, on.paife tout à-coupaü stand jour , limpreffion des objets eft fi forte, qu'elle Sn les yeux; leurs couleurs: A notablement is vives & plus brillantes. Je'conviens que cetrê vivacité procède en partie de la quantité des rayons qu'admet la prunelle qui s’efl dilatée dans l'endroit téné- breux ; mais. il n’efteft pas moins vrai que l'excès du mouvement des objets fur celui de la-rétine, entre pour beaucoup! dans le: phé- nomène; ce que je prouve par l’expérience fuivante. Arrèteznquelque tems, la vue fur un couflin jaune, garni de: lots bleus, puis détournez - [à un peu; tous les endroits ‘de la rétine qui auront reçu, les iniages des flots, feronc affectés d’un jaune con- fidérablement plus vif que celui du refte du couflin , & cela parceque le bleu. donnant un moindre mouvement à la rétine que le jaune, il ÿ a dans ces endroits une plus grande différence entre le mouvement obje@if ,. & organique, que.par-rout le relte. Cela eft fi vrai >: que fi, ces endroits, au lieu,d'ètre moins agités que le refte du tapis de la rétine, l'avoient été davantage, pour lots les couleurs, loin de gagner de la vivacité, s’ÿ feront ternies & rem- brunies ; en voici la preuve. Eaifez. parvenir dans une chambre obfcure un rayon à votre œil, & après avoir ainfi fixé pendant quelque remsle petit troù par où la lumière’ entre , paflez au grand jour, vous remarquerez manifef- rement que les objets dont les images viendfont fe peindre fur l’en- droit de la rétine qui a reçu celle du trou , feront bien moins fen- fibles que les autres. 6°. La vifion pofiiive peut devenir négative, & vice versä. Puifque les impreflions antérieures entretiennent nn certain mou vement dans la rétine , & que la vifion tr 'expreflion de la différence du mouvement de l’objet “'avebeélhi de là rétine, qu'elle eft négative ; Jorf- que celui ci” emporte fur l’autre, & poñrive danse càs contraitesil s" s’en- fuitque le mème mouvement donnéà La rétine par un objet quelconque, (1) Ceci fuppofe qu’ on a eu Je deux Yeux ouverts dans endroit éclairé 3 car fi lun des deux yeux y. a été tenu fermé, on r'eft pas aveugle en entrant dans. le lieu ténébreux', mais feulemenr borgne. En effet, quoiqu'on ne voie point par celui qui à été expolé à la:lumièrei, on diftingue vrès-netrement les objers par celui qi en.a été garantis SUR: L’HIST. NATURELLE. ET LES ARTS. $13 eut faire une fenfation, tantôt politive, tantôt négative, d’après Prat où fe trouve cet organe , au moment qu'il reçoit l’impreflion de l’objet ; l'expérience fuivante prouve ce fait. Regardez pendant quatre, cinq minutes une maifon blanche ayant les fenêtres ouvertes, & fur laquelle le foleil donne obliquement , de forre que le fond des places foit obfcur, puis retirez -vous dans quelque lieu fombre, fans être pourtant totalement ténébreux, vous y verrez la maifon route noire, & fes fenêtres feront remplies par les objets du lieu abrité; la maifon fera noire , parce que la lumière du lieu ne l’emportant pas aflez fur le reftant de l'impreflion de la partie blan- chede la maifon pour faire fenfation, celle-ci eft vue négativement, ran- dis que les objets du lieu ténébreux qui correfpondent aux vuides des fenêtres, le feront poltivement, parce qu'ils font affez éclairés pour ètre apperçus par les portions de la rétine qui n'ont été affec- tées que négativement : mais fi l'endroit dans lequel vous vous re- tirez eft rotalement dépourvu de lumière, les fenêtres feront noires, & la maifon rouge, ou lumineufe, d'autant que, dans ce cas, l’é- bränlement que la rétine a recu de la partie blanche de la maifon agit feul & n’a aucune impreflion étrangère à vaincre pour fe faire fentir; ainf les endroits de la rétine qui.ont reçu l’image du mur blanc de la maifon, donneront la vifion pofitive, mais les correfpon- dans aux ouvertures des fenêtres étant privés de tout mouvement, puifque l’endroit eft fuppofé totalement rénébreux , ces endroits, dis-je, ne peuvent donner qu'une vifion négative, c’eft-à-dire, que les fe- nètres. doivent paroître noires ; c'eft par la même raïfon qu'ayant fixé le foleil ou la flamme d’une chandelle , on voit une tache noire fur tous les objets de la chambre où l’on eft; mais fi l’on fe retire dans un lieu tout-à-fait obfeur, ce n’eft plus une tache noire que l’on apperçoit, mais un trait de feu, ou une lueur plus ou moins vive. 7%. Les paupières ne font pas des voiles tout-a fait opaques , maïs elles jouiffent d'un certain degré de tranfparence. On n'a, pour fe convaincre de ce fait, qu’à tenir les yeux fer- més ; le vifage tourné vers le foleil luifant ; appliquer fa main fur fes paupières, & l’ôter alternativement. On fera furpris dé la grande lueur dont les yeux feront frappés à chaque fois qu'on levera la main de deffus les-yeux; ce phénomène eft même fi fenfble , qu’une fimple bouvie fufit pour le manifefter, car fi ayant les yeux fermés dans un lieu obfcur , on fait entrer & fortir alternativement une perfonne qui porte une chandelle allumée, ou que l'on couvre fes yeux avec la main, & qu'on l'ôte alternativement , comme dans le premier cas, on s’appercevra que l’obfcurité eft rantôr plus, tantôt moins confidé- rable , qu’elle augmente par l’abfence de la lumière & l'impofition S14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des mains, qu’elle diminue lorfque le porteur de la bougie rentre, ou qu'on Ôte les mains de fes yeux, ce qui prouve que dans ces dernières circonftances, quantité de rayons lumineux percent à travers les paupières, & par conféquent, qu’elles ne font pas des voiles rour- à-fait opaques, au contraire , qu'elles jouiffent d’un certain degré de tranfparence. Ces faits pofés, il n’eft pas difficile de rendre raifon de l'obfer- vation Franklinienne. Il y eft dit, 1°. que l’impreflion des formes fe conferve mieux que celle des couleurs, & il n’y a rien d'étonnant dans cela , puifque les formes affeétent la vifion dans les cas négatifs & pofitifs, tandis que les couleurs n’ont qu'un effet pofiif. 2°. Les panneaux paroïffent fombres lorfque l’obfcurité n’eft pas parfaite , parce que la lumière qui paile à travers les paupières n'ayant pas affez de force pour vaincre le mouvement que confervent les en- droits de la rétine qui en ont reçu les images, ces panneaux font vus négativement. 3°. Mais les travers des croifées, les chalis des fenêtres, & les murs paroilfent blancs ou brillans, parce que les endroits de la ré- tine qui en ont reçu les images, ayant été moins ébranlés, ils con- fervent fi peu de mouvement, que celui que leur communique la lumière qui pale à travers les paupières , forme un excédent qui fuffic à la vifon; d’où il s'enfuir qu'ils font vus politivement. Mais, 4°. fi vous renforcez l’obfcurité en couvrant vos yeux de vos mains, les panneaux paroîtront lumineux, & cela doit être ainfi d'après notre théorie, puifque le mouvement qu'ils confervent l’em- porte fur celui du refte de la rétine qui en eft entiéremenr dépourvu ; par conféquent ils font alors vus pofitivement , tandis que les bar- reaux font obfcurs, à raifon de cette privation de toute lumière qui les fait voir négativemenr. s°. Si vous retirez votre main, ce fera un nouveau changement qui ramènera tout au premier état, parce que la lumière qui pañlera à travers les paupières étant fuflifante pour faire fenfation fur les en- droits de la rétine MRRUUE ms aux croifillons, & pas affez forte pour excéder le mouvement des endroits qui portent l’image des pan- neaux , ceux ci font derechef vus négativement , tandis que les autres le font pofitivemenr. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. s15 ES, Ste Eh ont el Anét ai" T HAE OERET) D'ETE VU FINESE S De M. l'Abbé DIicQuUEMARE, Sur Les Anémones de Mer, Les Anémones de mer , de la troifième efpèce , confidérées comme baro- mètres , & comparées au baromètre ordinaire. LS: tables des variations des Anémones de mer , que j’avois dref- fées en différens rems, depuis le commencement de l’année 1772, pouvoient bien me convaincre que la remarque que j'avois faite, & enfuite publiée , fur la faculté qu'ont ces animaux, de reffentir d'avance & d’annoncer les changemens de température , éroit cer- taine ; maïs elles n’écoient pas fufhfantes pour le faire connoître aux autres avec la précifion qu'on doit exiger , parce qu’elles ne me pré- fentoient qu’une indication générale en vingt-quatre heures , & que dans les heures intermédiaires , il fe faifoit des chargemens dont l’omiflion fembleroit laiffer quelque incertitude : je n'avois même donné aucun détail, il a donc fallu tenir un Journal plus circon{- tancié ; en conféquence , après avoir envoyé à la Société royale de Londres, le fecond des Mémoires que cette illuftre Académie m'a fait l'honneur d'imprimer en Francois & en Anglois, dans les Tran- factions Philofophiques, je me livrai à de nouvelies obfervations. A la grande mer d’Août 1774, je fis choix pour former un nou- veau baromètre , femblable à ceux que j'avois déja obfervés, cinq jolies anémones de la troifième efpèce , deux d’entre elles n’avoienr rien mangé fenfiblement , l’une depuis un an, l’autre depuis deux ans que je les confervois ; les trois autres éroient récemment pèchées. Je donnaï quelques morceaux de moules aux premières, & j'atrendis les premiers jours de Septembre pour commencer mon Journal, afin de laiffer tranquillifer mes anémones , ce qui eft abfolument né- ceffaire. Ce Journal trop étendu , pour être mis ici fous les yeux du Pablic, ne feroit certainement lu que du plus petit nombre, & doit être réfervé pour l'ouvrage entier. Il contient pour l’efpace s16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de trois mois , l'état des anémones de moment en moment, pout lequel je n'ai pu me tromper, puifqw'elles étoient routes de cou- leurs différentes , le quantième, les phafes de la lune, l’état du ciel, celui de la mer, le vent, la hauteur du baromètre & du thermo- mètre ; avec quelques obfervations fur les fangfues qui ne m'ont pas farisfair. Je ne donnerai donc ici que le réfumé fuccint de ce Jour- nal : mais ce réfumé contient une chofe effentielle qui ne fe peut trouver dans le Journal même, c’eft ce que j'ai fenti & conclu à la fin de chaque jour , ou après une fuite d’obfervations , ou générales, ou de détail, qu'on ne peut écrire à caufe de leur muluplicité. Il faut obferver que les hauteurs font pour le premier mois, ( Septem- bre) un terme moyen entre plufeurs baromètres fimples, les uns purgés au feu, les autres feulement afpirés ; & pour les mois d'Oc- tobre & de Novembre , afin de varier les procédés , & de ne laiffer aucun doute, d’un feul baromètre dont le mercure a bouilli : fon tube, a intérieurement 3 lignes de diamètre, & le réfervoir 16 lignes. Il fait fes ofcillations très-librement, F RATÉ SO TIME, SoNENBPEOTUCE MENT BOER RCE EEE IE Pendant les fept premiers jours , les anémones alternativement ouvertes & fermées , fans êcre retirées fur elles-mêmes , fans s'étendre beaucoup, annonçoient en général une température variable & moyen- ne , ce qui eft arrivé. Le baromètre de mercure fe tenant conftam- menc au-delfus du terme moyen, s’élevant même beaucoup plus haut, ne paroît pas avoir indiqué aufli jufte les variations locales, & femble avoir été déterminé par une caufe plus générale. Le 8 & le 9, les anémones , pour la plupart, fermées le matin, ont annoncé le vent forcé qui a régné pendant la plus grande partie du jour, & lors mème que le vent foufiloit avec force , elles ont indiqué le beau tems du foir, & le foir, celui du lendemain au matin. Le baromètre n’a pas annoncé ces variations. Le 10, le baromètre n’a fait aucun mouvement qui ait indiqué la pluie du foir & de la nuit , elle a été annoncée par les anémones qui ont été fermées depuis fix + heures jufqu’à neuf heures du matin. Le 11,les anémones & le baromètre ont été d’accord entre eux, & avec le rems, excepté dans l’après-midi, où le baromètre a encore moins annoncé que les anémones , le mauvais tems du Loir & la pluie de la nuit. Le 12 &le 13, on les voit encore le matin annoncer un rems paffable , & cette prédiction fe vérifie l'après-midi , tandis que ee e SUROLHISTIANATURELLE ET LES ARTS ONN7 un le matin, jufqu'à dix heures du foir, le baromètre a baillé e 12, & n'a monté le 13, que pendant l'après-midi , lorfque le tems s’étoit déja adouci, Le 14, les anémones étoient paffablement d'accord avec le baro- mètre, & l’un & l’autre avec le tems, cependant le tems a été un peu plus mauvais que ces indications. Le 15, on voit encore le baromètre & les anémones d'accord , c’eft-à-dire, un peu plus haut que le variable , un peu mieux qu'une indication moyenne ; le tems y répond aflez. Le 16 , les anémones l’emportent un peu fur le baromètre , l’un & l’autre auroient pu indiquer un tems un peu plus laid que beau. Le 17,ily a eu encore plus de précifion dans les indications des anémones, que dans celles du baromètre. Elles paroiffent fentir mieux les variations momentanées., Le 18 , quoique les changemens des anémones puilfent être rap- portés au tems, le baromètre à paru l'emporter fur elles. Le 19, c’eft tout le contraire , les anémones ont annoncé le dé- 9 > | none: cn rangement du tems, & le baromètre l’a à peine fuivi. Le 20, les anémones, le baromètre & le tems, femblent être aflez d'accord, Les 21 & 22, les anémones devancent le baromètre d’une heure & demie, pour indiquer le mauvais tems de la journée , & annon- cer le foir l’abélie de la nuit & du lendemain au matin. Le 23, l'indication du baromètre , confidérée généralement , eft bonne , celle des anémones left aufli , eu égard à des variations plus particulières. Le 24, les anémones & le baromètre n'ont point été d'accord avec le tems, celui-ci trop bas , les anémones au contraire trop ouvertes, Le 2$, le baromètre trop bas, les anémones mieux. Le 26, les anémones & le baromètre d'accord avec le tems. Le 28, les anémones n'ont pas prévenu le tems, elles ne l'ont mème fuivi que tard. Le baromètre ne l’a prévenu & fuivi que foi- blement. Le 29, le baromètre, les anémones & le tems , font aflez d’ac- cord. Le 30, les anémones ont annoncé le matin, le beau tems de l’a- près-midi , d’une manière plus décidée que le baromètre. Tome VII, Pare. I. 1776, x x s18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ONDCNETAOMPPBAERANES Le premier , les anémones ont annoncé le beau tems de la journée, & n'ont pas paru prévoir l'orage du foir; le baromètre n’a indiqué ni l’un , ni l'autre. Le 2, les anémones l’emportent fur le baromètre. Le 3, le baromètre , les anémones & le tems, font affez d'accord ; mais on remarque que les anémones fentent de plus près l’inconf- tance du vent. Le 4, les anémones fermées pendant une partie de la matinée, annonçoient le rems qu’il n’a pas fair: elles font en défaut ; le ba- romètre & le tems font d’accord. Le $ & le 6, tout éroir d'accord. Le 7 & le 8 , les anémones paroiflenc plus fenfibles que le ba- romètre , aux petites variétés du tems. Le 9, il y a aflez d'accord entre le tems, le baromètre & les anémones. Le 10, il y a eu plus de rapport entre l'état des anémones & le tems , qu'entre le rems & la hauteur du baromètre. Il éroit trop haut. Le 11, les anémones éroient trop peu ouvertes, & le baromètre trop haut. Le 12, les anémones n’ont pas annoncé le beau tems de l’après- midi ; l'indication du baromètre vaut mieux. Le 13, les anémones bien avec le tems , le baromètre trop haur. Le 14, les anémones comme le baromètre, ont annoncé le matin le beau rems de l'après-midi. Les 15, 16 & 17, le baromètre étoit un peu mieux que les ané- mones ; elles ont été affeétées par le vent d'Eft qui étoit fort, ce qui arrive , quoique le rems foir beau. Le 18 , les anémones ont annoncé le marin le vent d'Oueft la pluie du Midi, ce que n'a pas fait le baromètre ; mais il paroit plus d’accord avec le beau rems du foir. Le 19, les anémones ont paru fenfbles au brouillard & à la dif- pofition au vent d’Eft; le baromètre fixe n’annonçoit pas de fi près les petites variations , mais il indiquoit mieux la plus générale. Le 20, le vent d’Eft paroît ici la caufe de l’état chancelant des anémones ; car le rems étoit beau & le baromètre haur. Le 21, il paroît que le venr d'Eft tenoit roujours le anémones fermées & le baromèrre haut, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $19 Le 22, les anémones conformes au rems , l'ont même précédé ; le baromètre l’a à peine fuivi, & étroit trop haut. Le 23, le baromètre a baiflé, mais trop peu pour le tems; les anémones ont mieux indiqué. Le 24, le baromètre s’eit tenu trop haut; les anémones ont patu plus fenfbles aux vicifirudes. Le 2$ , le baromètre n’a ni annoncé n1 fuivi le tems, au con- traire , les anémones l'ont indiqué fort bien, * Le 26, les anémones annonçoient le tems moins paffable qu'il n'a té, le baromètre éroit trop haur. Le 27, les anémones l’emportent de beaucoup fur le baromètre; il s’eft tenu trop haut: elles ont annoncé le matin l'orage de l’a- près-midi, & il a fait peu de mouvement pour fuivre le tems. Les 28 & 29, le baromètre s'eft encore tenu trop haut , les ané- mones beaucoup mieux. Le 30 & le 31, les anémones & le baromètre d'accord avec le tems. NO PP BMD MR E; Le premier , le baromètre étoit trop haut pour le tems ; les ané- mones ont mieux indiqué. Le 2, les anémones & le baromètre , affez d'accord enfemble, annonçoient un peu mieux que le tems qu’il a fair. Le 3, le baromètre n’a point annoncé le brouillard qu'ont indi- qué les anémones, elles paroilfent toujours déterminées par des caufes moins générales , que celles qui influent fur le baromètre. Le 4, les anémones paroiflent avoir été un peu trop fenfibles au brouillard. Le baromètre ne femble pas tout-à-fait d'accord avec le tems. Le $, quoiqu’un peu différens dans leurs indications, les anémones & le baromètre n’étoient pas éloignés de la vérité. Les 6,7, 8 & 9, le baromètre , les anémones & le rems bien d'accord. Le 10, les anémones n’ont pas annoncé d’une manière claire, l'a- bélie de ce jour , peut-être le vent d’Eft les tenoit-il fermées ; mais elles ont annoncé le mauvais rems du 11, & le baromètre , au con- traire , s'eft tenu beaucoup plus élevé qu’il ne falloir. Le 11, les variations du baromètre n’ont fait que fuivre le rems : il étoit plus aifé de conclure fon état futur , par la fituation conftante des anémones. Le 12, les anémones fermées depuis plufeurs jours, & retirées fur elles-mêmes, ont annoncé le mauvais tems qu'il a fair: le ba- romètre s’eft tenu beaucoup trop haut & a fort mal indiqué, Les Xxx2 520 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, jours fuivans, jufqu'au 17, inclufivement, les anémones ont par- faitement bien été, & le baromètre, on ne peur plus mal. Le 18, le baromètre a foiblement fuivi le tems , les anémones ont prévenu le matin, l’abélie de l'après-midi. Les 19,20 & 21, les anémones l’emportent fur le baromètre qui s’eft tenu trop haut de beaucoup. Le 22, l’abaiflement du baromètre n’a fait que fuivre le tems de loin & foiblement. Les anémones font abfolument d'accord avec lui. Le 23, les anémones ont annoncé le rems, on ne peut mieux; le baromètre n’a fait que le fuivre , & jufqu'au 29, 1l s’eft tenu beaucoup trop haut , randis que Îles anémones ont indiqué le tems fans équivoque. Le 30, elles l'emjortent encore un peu fur le baromètre. Les anémones de mer de la troifième efpèce, dont j'ai donné la fieure , &c. (1) reffentent donc, & annoncent dans le cabiner, les effets de la température. Ce fair bien conftaré , ou plutôt mis en pratique > Pourroit peut être fuppléer le baromètre marin, dont plu- fieurs Savans ont fait la recherche, ce qui ne feroit pas un petit avan- tage. Ces anémones de mer de la troifième efpèce , m'ont paru plus propres que celles des quatre autres (2) , à cet effet, parce qu'elles y font très-fenfibles, qu'il eft aifé de fe les procurer , & plus encore, de les conferver fans les nourrir. Pour conftruire ce baromètre vivant, on mettra cinq de ces ané- mones dans un vafe de verre d'environ quatre pouces de diamètre, fur autant de hauteur , elle s'y atracheront à l'angle que forme lé fond avec les parois. Il faut renouveller l’eau tous je jours. Comme: la quantité d’eau néceflaire n'eft pas grande , fi on eft à terre , on peut en prendre à la mer pour plufieurs jours, elle n’en fera que meilleure étant pofée. Je fuis dans l’uface de renouveller l’eau le foir , parce que fi ce changement d’eau fait quelque irnprefion, aux anémones , il eft alors compté pour rien, puifque les obfervations vont finir, 5 Si les anémones font toutes fermées & retirées fur elles-mêmes, (1) Voyez le Tome IIT, Partie feconde , deuxième année, de ce Recueit , in-12, 1772, planche première, figure C & D, & les Tranfactions Philofo… phiques de la Société Royale de Londres , vol. 63. (2) I ne faut pas confondre ces cinq efpèces d'Anémones de mer avec Îes Orties marines, comme on eft dans l'ufage de le faire ; je me füuis déja expli- qué la-deflus, & j'y reviendrai amplement avec des figures qui ne Jaifleront < au- cune équivoque. Je ne connais pas d'Anémones de mer qui piquent ; mais il y a des orties marines qui font l'effer des orties; je l'ai fouvent fenti de manière Là ne pas l'oublier, SUR L'HIST NATURELLE ET LES ARTS. “ar on a lieu de craindre qu'il ne furvienne quelque tempête, c’eft-à- dire , gros vent, la mer fort agitée & troublée de l'orage. Lorfqu’elles font toutes fermées fans être retirées, cela annonce un tems un peu moins fâcheux , comme grand frais de vent, de la pluie, du brouil- lard , la mer agitée , &c. Si on voir les anémones entr’ouvertes, ou s'ouvrant & fe fermant de moment à autre , c’eft pour la mer & pour le vent un état moyen : quand elles font ouvertes , on peut at- tendre un tems aflez beau , la mer fera peu agitée; enfin ont-elles le corps allongé & les membres très-érendus , c’eft le préfage d’un beau Eee & d’une mer très-calme. Lorfqu'il fait vent d’Eft ou d’Eft- Nord-Eft , quoique le rems foit beau, les anémones font fouvent fer. mées, ]l y a des momens où des anémones font ouvertes, & d’au- tres fermées, alors on conclut par le plus grand hombre. On va pour ainfi dire à la pluralité des voix , l'habitude aide à fe décider. En mer , on pourra fufpendre le vafe comme une bouffole ou compas de mer entre deux cercles concentriques , avec des pivots qui fe croi- fenc à angles droits, afin que le tangage & les roulis du vailfeau n’a- gitent l'eau que le moins qu’il fera poflible, I ne faut point nourrir les anémones qui fervent de baromètre ; car alors elles pourtoient fe fermer ou fe tenir ouvertes , à raifon de la nourriture qu’elles auroient prife. Une anémone de cette efpèce , de la première , & quelquefois des autres , vit en affez bon érat pendant plufeurs années ,) fans prendre d'autre nourriture que celle qu’elle trouve difféminée dans l’eau de la mer qui ef remplie d’a- pimalcules & qui peut l'être de parties graffes, herbacées, &c. &c. S1 après une très-longue abftinence, on avoit le tems de leur accor- der une vacance de quelques jours, on pourroit les nourrir, & con- féquemment leur rendre leur première vigueur par quelques mor- ceaux de moule ou de poiffon mou. Lorfque le vafe fera fali par le dépôt des fels, le limon , ou par des commencemens de plantes ma- rines, &c. On pourra en changeant l’eau, le nettoyer avec un pin- ceau doux, & même avec le doigt, obfervant: de ne le paller que égèrement fur les anémones pour ne les pas comprimer trop forr. Si une anémone fe détache, ( ce qui arrive quelquefois lorfqn'il doir faire mauvais tems}), on la laiffera en liberté; elle s’attachera en un autre lieu : fi elle vient à périr, ce qu’on reconnoïîtra à une très- mauvaife odeur en changeant l’eau. , & parce que cette ean devient un peu laireufe, on retirera l’anémone, & on lui en fubiticuera à l'occafion , une autre de même efpèce , toujours de moyenne sroffeur, qui ait les membres déliés, ce font les meilleures. Ce baromètre eft agréable à la vue ; car on peur choifir des anémones dont les mem- bres foient d’une couleur haute ou douce, ou variée, felon fon goût, puifqu'on le conftruit foi-mêème. On peut encore y ajouter plufieurs 22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, anémones de la première efpèce : comme celles de la troifième fe tien- nent vers le fond du vafe, celles-là aiment à être à la furface de l'eau , leur couleur brune, rouge , cramoifi, pourpre foncé , verte, &c., fera un bel effer, & leur avis fur la température, n'eft pas rout-à- fait à négliger, quoiqu’elles y foient beaucoup moins fenfibles. Elles poutront donner , fur-tout dans le commencement, des petits qu'on verra groflir par la fuite. Si on ne vouloit pas tenir compte des indications de cette pre- mière efpèce , en nourriffant ces anémones, elles n’en feroient que plus belles. Ce baromètre eft fort commode , aifé à placer , & fufcep- tible de formes & de décorations très-agréables, c’eft d’ailleurs un amu- fement que peuvent fe procurer ceux qui ne font pas à une grande diftance de la mer. La feule incommodité eft de changer l’eau chaque jour , mais on n'eft pas ftriétement obligé de le faire à la mème heure, &c il n’y a aucun inconvénient dans l’ufage ordinaire , de laïfler la mè- me eau pendant plufieurs jours, parce qu’elle n’eft pas expofée à une chaleur extrème:on peut mème vuider l’eau pour tranfporter le ba- romètre où l’on veut, pendant un jour entier, fans que les anémones périffent; elles fe retireront fur elles-mêmes & fe tiendront attachées; en leur procurera de nouvelle eau de mer, & elles reprendront leurs manœuvres ordinaires. Une attention néceffaire , c’eft de placer , autant qu'on le peut, le baromètre d’anémones , dans un lieu où il règne pendant tout le jour , une lumière à peu-près égale; car on doit fe fouvenir que fou- vent les anémones qui paflent fubirement d’un lieu obfcur à une grande lumière fe ferment : mais elles reprennent bientôt l'état où elles au- roient refté. Comme le baromètre fimple , le meilleur , n’eft pas rou- jours parfaitement d'accord avec l’état vifble de l'armofphère du lieu où l'on obferve , & qu’aflez fouvent fes indications ne font pas d’une jufteffe rigoureufe , on ne doit point s'attendre que les anémones de mer rempliffent mieux cet objet, ni qu’elles foient toujours d'accord avec lui , j'avoue mème avec franchife, que de routes mes obferva- tions & mes découvertes fur les anémones de mer, celle du baro- mètre eft la plus foible, la moins claire & la moins étayée, & je fuis crès-éloigné de préférer une admiration paflagère à la bonne foi. Mais comme avec fes inexactitudes le baromètre ordinaire eft un inf- trument utile, on pourra fe fervir de celui d'anémones, indépen- damment de leurs petits caprices. Je crois que leur plus grand défaut vient de ce qu’en même-tems qu’elles font baromètre , elles font auffi un peu thermomètre, & l'un nuit à l'autre. D'ailleurs ce font des animaux , & comme tels, ils peuvent être affectés par des canfes différentes & même intérieures: mais il ne fera jamais indifférenc pour la Philofophie , de favoir que tel ou tel animal reffent d'avance SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $23 les effets de la température. On à cru que l’oifeau tempête , le pé- tel , les poulets de mer, le mabouja, le petit poiffon du Danube, les céracées , les ourcins & la fangfue étoient dans ce cas. Les hom- mes la reffentent dans certaines circonftances. On va fans doute voir aroître les plus belles Differtations , les plus favans Mémoires , à Rien de ce Programe très-intéreffant de l’Académie de Lyon : L'Eletricité de l'atmophère a-t-elle quelque influence Jur Le corps humain ? Quels font Les effets de certe influence ? me SUN CTIME D;E,5, Où SERV AUT F'OIN)S PHYSIQUES ET D'HISTOIRE NATURELLE, Par M. l'Abbé DICQUEMARE. nan PLOTVPED DETENTE S E N examinant foigneufement toutes les efpèces de Puddings qu'on trouve dans l’étendue du Gouvernement général du Havre, j'en ai apperçu un affez grand nombre & de très-beaux qui font connus de- puis long-rems. D'autres, quoique moins riches en couleurs, méritent une attention particulière. J'aurai occafion de les décrire dans quel- que autre circonftance. Ceux dont je vais parler ne fe trouvent qu'aux rivages de la mer : ce n'elt pas, comme les plus connus, un aflemblage de cailloux roulés, fouvent ovales, liés par une efpèce de grès, &c. Ils font compofés de diverfes matières; j'en conferve où l’on apper- soit des filex anguleux ou arrondis, des pierres, du fable, du gras vier , des coquillages, du plomb, des pyrires, &c, &c. tous ces corps font fortement unis par une matière de couleur brun-rouge, tirant fur le noir, que je jugeai être ferrugineufe. J'ai café un grand nombre de ces Puddings , & dans plufeurs j'ai trouvé , ou un gros clou, ou la tête d’une cheville de fer, & dans d’autres feulement la place d'où le morceau de fer s’étoit dégagé. Il ne me fut donc pas difficile de reconnoître que l’unique ane de l’adhérence de ces corps étoit une forte de rouille, ou plutôt d'échiops martial, & j'ai été pleine- s24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ment convaincu de cette vérité , en voyant les chevilles de fer des vieilles digues de bois prefque toutes environnées de femblables Pud- dings qui ÿ étoient adhérens, & fi folidement attachés, que j'avois une peine confidérable à en enlever quelques morceaux. Il eft vrai que parmi ces Paddings il y en a beaucoup qui ne contiennent point de morceaux de fer, tel eft, au moins à l'extérieur, le plus beau de ceux que je conferve ; c'eft qu’il faifoit partie d’une plus groffe malle à laquelle une cheville on autre morceau de fer avoit, en fe divifant à la longue en molécules déliées, procuré la liaifon. L’eau de la mer, quoique beaucoup plus propre à faire rouiller le fer que l'eau douce, peut ne pas donner tant de folidité à cette forte d’é- thiops martial; elle décompofe peut-être trop le fer à caufe du fel w’elle contient; s’il en eft ainfi, on doit attendre plus de ténacité de l’éthiops produit par l’eau douce, que par l’eau de mer. D'ail- leurs le fel marin eft ici un corps étranger qui met de l’hétérogénéité dans la male, & la rend plus facile à divifer. On fait que la limaille de fer arrofée d’eau douce, & fechée enfuite, forme un corps très- folide , dont la rouille & l’échiops remplit les interftices; de mème, dans la formation de ces Puddings, l’érhiops & la rouille de fer s’attachent à la furface des corps voilins, s’écendent de proche en proche à de plus éloignés , les lient, & en forment de groffes mafles très-fo- lides, en pénétrant dans leur fubftance plus que ne fait la matière falino-terreufe dans celle des grains de fable, des cailloux , du verre poli, &c. Ne feroit-il pas pollible de mettre cette connoiflance à profir, en faifant entrer du fer extrèmement divifé dans les cimens fins qu'on emploie aux travaux de fontaine les plus délicats? Cette forte d’échiops martial, qui unit fi folidement toutes fortes de corps, eft fufceprible d’un beau poli; on pourroir peut -êrre en faire ufage dans les ouvrages de ftuc. On a prétendu avoir trouvé dans le centre de quelques calculs, de petits morceaux de métal qui en étoient comme le noyau , & autour defquels différens corps s’étoient fixés; nos Puddings feroient bien une preuve de la poflibilité de ces affem- blages. Rien ne doit échapper aux Phyficiens qui ont pour but d’en- richir les Arts des procédés que leur offre la nature; un fimple ex- pofé a quelquefois d’heureufes applications. N2 4 OBSERVATION SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. sis OBS DER E AS ENIMO: N Sur la différente température de l’Air renfermé & ftagnant, & de l’Air libre ; Par CM CH AVN°G'E VU x, Ris: ne feroit plus utile que de connoître toutes les qualités qui caractérifent l’air ftagnant & renfermé des villes & des mai- fons, & qui le diftinguent de l'air des campagnes ; la Médecine tireroit de ces connoiflances, de grandes lumières : je me propofe d’expofer ici deux feules remarques fur la différente température des deux efpèces d’air, dont il eft queftion ici ; l’une de ces remarques concerne les caufes du retard qu’éprouve la chaleur lorfqu’elle pañfe de Pair libre dans l’air renfermé. La feconde à pour objet la tem- pérature habituelle des deux efpèces d’air, PREMIÈRE REMARQUE. Obffacles qu'éprouvent les loix de la communication du fluide igné dans des alternatives du froid au chaud ; froid artificiel qui à lieu alors. Il eft un effet que tout le monde a, fans doute, obfervé; c’eft Ans dans l'hiver les alternatives du froid au chaud font quelque- ois très-fenfibles au dehors, & n’ont lieu , au-dedans des maifons, que lorfqu'il y a des intervalles confidérables entre les deux tempé- ratures. On fait aufi, que plus le changement eft prompt, plus la dif- férence des températures des deux efpèces d'air , eft confidérable; la rigueur des jours les plus froids, céda rout-à-coup l'hiver der- nier ; aufli, l'air extérieur & l’air intérieur étoient-ils , les premiers jours que je fis mes obfervations, à plus de 10 degrés de diffé- rence dans une de mes chambres où je faifois du feu , & cette dif férence ne diminua qu’infenfiblement pendant l’efpace de cinq à fix jours. Ce ne fut qu’au bout de ce tems qu'il ceffa de geler dans l'air renfermé des maifons; mais la glace ne fondit point encore, car il paroîr que l’eau glacée, pour fondre, a befoin d’un degré de cha- Tome VIT, Part. I. 1776. YyeT 526 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, leur plus confidérable que celui qui eft néceffaire pour maintenir l'eau dans fon état de fluidité; ce qui eft affez remarquable, & peut expliquer pourquoi dans les glacières on conferve de la glace pendant tour l'été, quoique la température de l'air de ces réfer- voirs fouterreins foit fouvent, comme je l'ai éprouvé, au-deffus du terme zéro du thermomètre de Réaumur. il fuic des obfervations précédentes, que la chaleur de l'air ex- térieur , quand elle fe communique à l'air intérieur, éprouve des obftacles , & qu’elle ne fe propage que très-lentement & par des degrés qui ne font point relatifs au mouvement très-rapide du fzide 12€. Or, quelles font les caufes du retardement & des obftacles qu'é- prouvent Îles Joix de la communication de la chaleur, quand le fluide igné pafle de la première efpèce d’air dans la feconde ? Ces caufes peuvent être réduites aux deux fuivantes , dont la fe- conde n’a jamais été remarquée par les Phyficiens. 1°, La première & la plus petite , peut-être, de ces caufes, vient de la denfité & du volume de l'air renfermé , & des parois qui le renferment. La chaleur ou le feu, eft retardé dans fon action par ces deux obftacles, en raifon de leur quantité; car, 1°, plus un corps , toutes chofes égales d’ailleurs, a de matière fous un même volume , moins il reçoit promprement la chaleur : il eft vrai qu'il en prend davantage & la conferve plus long-tems: 2°. plus un corps a de volume, moins il s’échauffe promptement; mais il conferve aufli plus longtems fa chaleur quand il en a été pénétré. Certe rè- gle eft générale & convient à l'air comme à tous les autres corps, & aux mafles d’édifices qui compofent nos villes. Certe première caufe du rerardement qu'éprouve la communica- tion de la chaleur, explique pourquoi un grand appartement s’échauffe ou fe refroidir plus lentement qu’un petit; pourquoi, plus Pair eft condenfé , moins il s’échauffe promptement; pourquoi les change- mens de tems font plutôt fenfbles à la campagne, & plus tard dans les grandes villes; pourquoi les maifons, conftruites en pierres de taille, & dont les murs font très-épais, les vieux châteaux, donc les croifées font petites, confervent mieux la chaleur en hiver, & pourquoi ils font frais en été. 2°. La feconde caufe du retard qu’éprouve la chaleur, en paf- fant d’un air libre dans un air renferme, c’eft le froid artificiel qui a lieu dans cette circonftance. é L'air extérieur eft raréfié par la chaleur, & tend à occuper "Plus d'efpace dans les premiers tems de cette raréfaction; il entre avec impétuofité dans les appartemens, par toutes les iffues qu’il trouve; de-là , naiffent des courans d’air très-rapides, qui entrent par les SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 517 fentes ou ouvertures que forment les joints des portes & des fe- nètres. [l n’y a perfonne qui n’ait remarqué que ces courans d’air font très-fréquens en hiver dans les chambres dont les clôtures ne font pas parfaites. La froideur de ces courans que l’on appelle vents coulis, eft très-confidérable. Le thermomètre , placé dans ces courans, eft defcendu , pendant les plus grands froids, de 4 & ÿ degrés au- deffous de la température de l'air de la chambre où je faifois cette expérience. On peut donc être tès-fondé à penfer qu'il fe fait un froid artificiel dans les appartemens , pendant les changemens de température dont je parle. On voit par-là pourquoi, lorfqu’il dégèle dans les caves , il con- tinue à geler dans les maifons; pourquoi, lorfqu’il dégèle dans les campagnes , il gèle fouvent encore dans les villes; pourquoi, en fortant d’une place publique , où l'air paroïffoit fupportable , on éprouve, en paflant dans de petites rues, un froid vif & très fen- fible ; pourquoi il eft très-effentiel de bien calfeutrer les appartemens, non-feulement pour éviter le froid naturel de la faifon rigoureufe, & conferver la chaleur qu'on entretient artificiellement , mais fur- tout pour éviter le froid artificiel qui feroit infailliblement formé par autant de courans d’air qu’il y auroit d’ouvertures que l’on né- gligeroit de fermer; on voit, enfin, pourquoi ces courans d'air , par leur extrème froideur, font fi pernicieux pour la fanté. SECONDE REMARQUE Sur la température habituelle de l'air des villes & des maïfons , comparée a celle de l'air libre. On croit aflez généralement que l'air renfermé des villes & des maifons , eft habituellement plus chaud que l'air libre; des expé- riences nombreufes faites à l’aide du thermomètre expofé à la cam- pagne & a la ville, dans des chambres clofes, & aux croifées de ces chambres, ne me laille aucun doute fur cette vérité; on fait d’ailleurs que les arbres plantés dans des enclos & dans les jardins des villes, poullent des aie & donnent des fleurs avant ceux qui font en plein champ. Le feu que l’on entretient continuellement dans les villes, les exhalaifons , les fermentarions de toute efpèce, la refpiration des hommes & des animaux, entallés en quelque forte les uns fur les autres , le feu central de la rerre qui ne s'évapore pas immédiate- ment à la furface de la rerre dans les villes, mais qui, avant de s'échapper dans l’atmofphère, pafle dans les maifons , & s’entretient par conféquent plus long-tems que dans la campagne, les croifemens, à 4) 16 nc 528. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les réfractions & les réflexions continuelles qu'éprouvent les rayons du foleil & qui multiplient fon action, font des caufes puiffantes de cet effet. Ces caufes qui font relatives à la population, à la fituation, à l'étendue des villes , font aufi plus ou moins fenfbles dans les dif- férentes faifons; elles ne pourront jamais être appréciées que vague- ment. Delà , l'incertitude & fouvent la faufferé des obfervarions faites avec le thermomètre. Il n’y a pas deux villes dans le même climar, ni deux maifons dans la même ville, où la même température de l’artmofphère , faffe defcendre ou monter le même thermomètre au même degré. Quoiqu'il en foit, des expériences faites avec cet inftrument, peu- vent mener à des réfultats généraux ; en effect, dans la fomme to- tale de la plus grande chaleur des villes comparée chaque année avec celle de la campagne , il m'a femblé voir une grande différence cau- fée par les faifons. Dans lété , par exemple, l'air libre eft moins chaud , toutes compenfations & tous calculs faits, que l’air renfermé; mais aufli dans l’hiver le contraire arrive, & même dans les deux autres faifons, ce qui fait une fomme de degrés de chaleur pour l'air renfermé ; qui met fa température habituelle bien au-deflus de celle de l'air libre , par rapport à la chaleur. Au relte, les caufes que nous avons apportées pour expliquer cette température différente des deux airs, font & doivent être acciden- telles , puifqu'il femble que dans l’ordre naturel des chofes, cette température devoir être la même & ne varier que par le tems. Plus un corps a de maffe fous un même volume, plus il s’échauffe difficilement , mais plus aufñli il conferve long tems fa chaleur. Il en eft de même du volume des corps, lefquels dans les corps de même nature , oppofent également des obftacles à l’intromiflion de la cha- leur, & à fa fortie hors de ces mêmes corps. Si donc la chaleur qui n’éprouve point d’obftacle dans les campagnes , ne fe communique que lentement dans l'air renfermé de nos villes & de nos apparte- mens , la chaleur une fois communiquée à cet air renfermé, & aux maffes énormes des pierres & des corps de toutes efpèces qui for- ment nos habitations , ne fe perd que par degrés lents; car le froid n’eft qu'une privation ou l’abfence du feu. Il paroït donc que la règle fur la communication & la fucceflion du froid & du chäud, dans l'air libre & dans l’air renfermé, étant par- faitement réciproque, la température habituelle de ces deux efpèces d'air, devroic être à peu-près la mème, quoiqu’elle variat par les tems. | Je dis à peu-près ; car fans l'influence des caufes que j'ai apportées, l'air des villes feroit peut-être habituellement plus froid que l'air libre SUR 'L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 519 des campagnes; une expérience triviale rendra fenfble ce que je veux dire. Si l’on renferme une liqueur , ( de l’eau par exemple ) dans un vafe , & fi l’on plonge ce vafe dans un fecond rempli de la mème liqueur , le feu immédiatement appliqué au vafe contenant, échau- fera davantage le premier liquide, que celui qui fe trouve dans le vafe contenu. En renfermant ainf plufieurs vafes les uns dans les autres, on trouvera que la chaleur décroît fucceflivement , ( & par une progreflion peut-être affignable ) lorfqu’elle fe communique d’un vafe à un autre à l’aide d’un fluide. La chaleur eft également diftribuée dans le Auide des vafes, mais elle eft d’une inégale intenfité dans chacun d'eux, & il femble que lépaiffeur des parois de chaque vafe , & la différente matière dont ils font conftruits , y apporte de grands changemens. On doit comparer l’air de nos villes & de nos maifons, lefquelles font plongées dans le fluide immenfe de l’atmofphère, aux figures des vafes renfermés les uns dans les autres dont nous parlions tout- à-l’heure ; la parité eft fondée fur plufeurs expériences, & fur touc ce que nous avons dit ci-deffus. NMOMUEVQUE CLIALEEENS EXPÉRIENCES ELECTRIQUES, Faités par M. Comuvs, Le $ Avril, devant Son Alteffe Sére- niffime . Monfeigneur le Duc DE CHARTRES & plufieurs Savans. DEL EAÏTIONMNEL TR EN OEN IP ER SEL. CR: machine fingulière donne la latitude de Paris, ainfi que de plufieurs parties du monde où elle a éré portée, L'Aureur defi- réroit qu'on répérât l'expérience par de grandes & petites latitudes, pour conftater l'utilité de fa découverte. Cette machine fimple confifte dans une aiguille en cuivre, traver- fée au centre d’un axe , comme celles qu’on emploie pour avoir l’incli- naifon de l’aimant. On pofe cette aiguille au centre d’un cercle vertical, divifé depuis zéro , à l’hotifon, jufqu’à 90 degrés au nadir 559 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du cercle : on ifole cer appareil, enfuite on l’électrife ; l'aiguille alors fair plufieurs tours & ofcillations, & finit par fe fixer à qua- rante-neuf degrés d'inclinaifon à Paris; dans les autres endroits, elle a marqué de même la hauteur du pôle. Le point où cette at- guille doit fe repofer, eft toujours le centre des différens touts & ofcillations qu’elle décrit avant fon repos. Ces mouvemens font les mêmes que ceux de l'aiguille verticale aimantée , lorfqu'elle vacille pour marquer l'inclinaifon de l’aimant. En tirant l’étincelle de l’ap- pareil , l'aiguille quitte l’inclinaifon qu'elle marquoit, & devient ho- rifontale , fi l’axe de l'aiguille ne pafle pas par {on centre de gravité. Si, au contraire, l’axe paffe bien jufte par fon centre de gravité, elle refte dans la potion qu'on la met d’où elle eft tirée , étant élec- trifée pour fe fixer à quarante-neuf degrés. Cette aiguille diffère de l'autre , en ce qu'après avoir tiré l'étincelle , elle refte dans l’incli- naifon que le fluide électrique lui a fait prendre. IL paroît, d’après les expériences que j'ai faites , qu’il eft indifférent de quelle matière foit l'aiguille. 11 faut cependant excepter une aiguille aimantée d'in- clinaifon, qui, comme je lai éprouvé en Février 1775, tend à re- monter vers l’horifon de fon point d'inclinaifon , lorfqu'elle eft élec- trifée. Réfultat de plufeurs Expériences faites pour découvrir quelles étoient les Jubflances des trois Règnes fufceptibles de donner des fignes électriques par communication. Après avoir foumis toutes les fubftances des trois règnes à l’élec- tticité, je n'ai trouvé que les nerfs dans le règne animal, les parties ligneufes dans le végétal, & les chaux dans le minéral, ainfi que les compofés dans lefquels ces fubftances dominent. C’eft ainfi que je procède pour avoir des fignes électriques de ces fubftances. Je mets, pendant quelques fecondes, le corps dans la fphère active électrique , proche le conducteur; après, fi le corps attire l’éleétromètre, 1l eft électrique. M. Comus a trouvé une méthode par l’Electricité pour diftinguer le Diamant du Mosol d'avec celui du Bréfil. L'expérience confifte à préfenter le diamant qu'on veut connoître , au conducteur d’une machine électrique, comme dans les expériences ci-deffus ; le diamant du Bréfl donne des fignes électriques, & celui du Mogol n'en donne pas.-Ces deux efpèces doivent donc différer dans leur principe conftituant , ou dans leur formation, £ mm —— 7 NOUVELLES LITTÉRAIRES. IL paroît dans le Public un Profpeëlus de Journal de Marine, dans lequel on indique les différens objets qu’on fe p'opofe d’y trairer. Non feulement on fera connoître les bons Ouvrages faits fur cette {cience , fi généralement utile, quoique connue d'un fi petit nom- bre de Savans : on inftruit aufli le Public par cette voie , de rous les incidens concernant la Marine, qu'il lui importe de connoître , comme des naufrages accompagnés de circonftances particulières: moyens ex- traordinaires employés : reflources dans des cas prelfans: réflexions propres à perfectionner Parc de s’en garentir. Obfervations faites fur la longitude & la lacitude des lieux : fur les écueils peu ou point connus: fur les vents variables de chaque parage : fur les fondes de certains endroits de la mer où l’on peut atteindre le fond. On s’ar- tache fur-tout à la foiution de cet important problème ; comment il arrive que la mer abandonne tant de terres pour en couvrir tant d’autres ? ce qui ne peut fe faire qu'en accumulant & comparant beaucoup de faits anciens & mordernes. Toutes les inventions nou- velles feront indiquées , en difcutanc leur poffibilité & leuc degré d'utilité, les nouvelles découvertes des lieux & de toutes les chofes que le navigateur emploie comme inftrument, comme agent quel- conque ou comme comeftible. Les maladies des gens de mer : les remèdes employés avec le plus de fuccès, &c. &c. On ne peur lire ce Profpe&us fans fe convaincre de l'utilité d’un tel Journal, qui offre à l'humanité des fecours , au commerce & aux fciences , tour ce qui peut en faciliter les progrès. Le Public eft invité à faire parvenir fes paquets, Mémoires, &c. francs de port, à l’adreffe de M. Blondeau, Profefleur de Mathé- matiques à Breft. Chaque cahier du même format & du papier que le Profpeëtus qui eft i7-4°. contiendra huit à neuf feuilles d’impreffion avec une planche en taille-douce , au moins, de même format que le cahier, On réferve pour un.nouvel envoi du Profpeëtus, de fixer l’a- bonnement définitif, le nombre des cahiers à diftribuer, & l'epo- que de la première diftriburion. On diftribue le Profpeëlus d'un nouveau Journal , intitulé: Table générale des Journaux anciens & modernes , contenant Les Jugemens des Journalifles , fur les principaux Ouvrages en tout genre ; fuivie d’obfer- vations impartiales © de planches en taille-douce ou en couleur, par une Socièté de Gens de Lerrres. 552 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Comme on y répond très-bien à l’objection, qu’on eft déja inondé de la quantité de Journaux qui paroiïflent, & qu'il eft inutile de les augmenter encore ; nous allons tranfcrire une portion du Pro/- peëus que nous annonçons, perfuadés qu’il préviendra plus le Public en fa faveur , que notre fuffrage particulier ne pourra le faire. » On murmure depuis long-tems contre la mulritude des Journaux; on fe plaint de la difficulté difpendieufe de les réunir tous, & de limpoffibilité de parcourir, en un mois, une fi grande quantité de volumes : ces reproches font fondés fans doute; & il paroît au pre- mier coup-d'œil que c’eft mal y répondre , que de venir foi même augmenter le nombre des Journaliftes ; mais nous nous flattons que, lorfque les Lecteurs auront jetré les yeux fur le plan de cet Ouvrage périodique , ils conyiendront qu'il manquoit à notre Licrérature, & que lui feul peur remédier aux inconvéniens qui naiffent de la foule innorabrable des Journaux. C’eft précifément parce qu’ils fe font trop mulripliés, qu’on doit en defirer un qui raffemble fous un même point de vue des analyfes laconiques, mais lumineufes , des pro- dactions en tout genre, des précis clairs & fidèles des jugemens que les Journaliftes en ont portés, & quelques obfervations impartiales , & fur ces ouvrages, & fur ces jugemens mêmes ; un Journal qui, remon- tant vers l’origine des Journaux , rappelle les anciennes décifions de leurs. Auteurs, & foit, pour ainf dire, le Recueil des Arrèts de cetre Cour Souveraine; un Journal enfin qui, écrit fans paflion, fans intérèr, venge les chef-d'œuvres, de tant de critiques amères & indécentes, & réduife à leur jufte valeur, ces éloges outrés qu'un Au- teur croit accordés à fes ralens , & qui font prodigués ou à fon crédit par la crainte, ou à fon rang par la flatterie. Tel eft le but que nous nous fommes propofé : ce n'eft point ici une Table fèche & ftérile des matières traitées dans les Journaux. Nous ne nous contenterons pas d'indiquer au Leéteur la mine où 1l doit fouiller ; nous lui en ferons appercevoir les richefles les plus précieufes ; mais lorfqu’il voudi2 approfondir des matières trop éten- dues ; pour recevoir de nos analyfes tout le jour dont elles font fuf- ceptibles, nous le renverrons aux Journaux mêmes; de forte que ce Journal fans nuire aux modernes, fera revivre les anciens, & rendra peut-être leur poffeflion plus chère à ceux qui en ont confervé des collections fuivies......... » On fuivra pour tout ce qui concerne la Phyfique, l'Aftronomie }#:. la Médecine, la Chymie, l'Hiftoire Naturelle & les Mathématiques, la mème méthode que pour la Lirrérature ; on fera paffer en revue & les Auteurs & les Journaliftes anciens & modernes; leurs opinions feront comparées ; on fe permettra quelques obfervations; mais on ne fe décidera en faveur d’un fyfème , qu'avec la plus grande cir- confpection , + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 533 confpection, parce que dans les hautes Sciences , les chofes les plus légères importent fouvent au bien public. Les Arts agréables & les Arts uriles trouveront aufli leurs places : dans ce Journal; on tâchera d'y indiquer les variations du goût dans la Mufque, dans l'Architecture, dans la Peinture & dans la Sculpture, & les différens jugemens qu'on a portés fur les ouvrages des Artiftes. Dans ces divers genres, chaque fiècle, ainf que chaque homme , a fa manière de voir, & les affections nationales changent quelquefois comme celles de l'individu. [l eft inutile d'ajouter que nous fuivrons avec une attention particulière les progrès de l'Agri- culture , de la Navigation & du Commerce. Conditions de la Soufeription Cet Ouvrage fera compofé chaque année de 12 volumes 17-12 , ca- ractère cicero, fur papier carré ordinaire, de deux cent quarante pages chacun. Ils feront ornés de planches , foit en taille-douce , foit en couleur , lorfque la feule defcription des objets les plus importans dans les Sciences & dans les Arts, ne feroit pas fufifante. Chaque volume fera compofé de deux parties indépendantes l’une de l'autre, de manière qu'on pourra les détacher , pour les clailer & les faire relier enfemble. La première, compofée de cinq feuilles , contiendra les analyfes des anciens Ouvrages , depuis le commen- cement de ce fiècle, & des décifions des Journaliftes anciens, & fera confacrée à la Littérature , aux Sciences & aux Arts. La feconde partie, compofée également de cinq feuilles, contiendra les analyfes des Ouvrages modernes, & des décifions des Journaliftes de nos jours, à commencer depuis Janvier 1776; & fera de mème confa- crée à la Lictérature , aux Sciences & aux Arts. Le premier volume paroïtra dans les premiers jours du mois de Septembre prochain, & les autres fucceflivement dans les premiers jours de chaque mois. On foufcrira à Paris , chez Demonviile, Imprimeur-Libraire de l'Académie Françoife , rue S. Séverin, aux armes de Dombes; La- combe , Libraire , rue Chriftine; & chez les principaux Libraires , tant de Province que des Pays étrangers. Les perfonnes qui voudront s'abonner , auront foin d’affranchir & le port des lertres & celui de l'argent. Le prix de la foufcription fera de vingt-quatre livres pout Paris, & de trente livres pour la Province. Chaque volume fera rendu franc de port, par la pote, chez les Soufcripreurs. Les quittances de foufcription feront fignées de MM. Gautier Da- goty ; père ; Garcin , & des Libraires chargés des diftributions. Tome VII, Part. I. 1776. Z 72 534 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, On s'adreffera à M. Dagoty, Anatomifte & Botanifte, penfionné du Roi, de l’Académie des Sciences & Belles-Lettres de Dijon, l’un des Affociés, à Paris, rue Saint-Honoré , vis-à-vis l'Oratoire , pour ce qui peut concerner Le Journal ; & on aura foin d'affranchir les lettres & les paques. Les Auteurs qui voudront ajouter des planches à leurs Ouvrages ; lui enverront leurs defins pour être gravés & inférés dans le Journal. Précis d’un Ouvrage de M. Navier , intitulé : Obférvations fur le Cacao & le Chocolat , publié en 1772, chez Pyre, Libraire, rue Saint-Jacques, avec de nouvelles Réflexions du même Auteur. M. Navier donne d’abord la defcriprion du Cacaotier, de fon fruit, & de fes amandes. Il fait voir que s’il n’y a qu’une efpèce d'arbres Cacaoriers qui produifent ce fruit, il y a néanmoins une différence importante dans les efpèces de cacao qui nous viennent d'Amérique, dont la principale diftinétion forme le cacao des Ifles & le cacao Carraque. M. Navier s'applique à faire connoître ces différences. Hl rapporte enfuite l’analyfe que différens Savans ont faite de cette amande, & il les compare avec celle qu’il a faite lui- même. Il entre, à cet égard , dans un détail qui fait connoître une grande quantité de fubitances précieufes dans le cacao qu’on n’y connoifloit pas. Il porte fes recherches jufqu’aux pellicules de cacao, qui font voir qu’elles ne font point deftituées de vertu , & que ce n’eft point à tort qu’on en fait ufage. Il rapproche l’analyfe du cacao de celle du café, fur lequel ilavoit également opéré, & fait voir le rapport que ces fubftances ont entre elles. M. Navier examine enfuite l’aétion & les effets du cacao & du chocolat fur les folides & fur les fluides du corps humain, & com- bien cette fubftance riche en principes fins & incorruptibles, peut être utile à la fanté. La différence qu'il y a entre le cacao nouveau rel qu'il fe trouve aux lieux de fa produétion, & celle qu’il a en Europe, ne lui a point échappé. Il fait voir que la partie butireufe eft fine, légère & dudile, en Amérique, lorfque ces amandes y fonc récentes; tandis qu’elle eft très-compacte, lorfque certe amande nous arrive en Europe. Il obferve cependant que cette fubftance butireufe, quoique devenue très-compacte , contient également les mêmes prin- cipes & la même qualité; qu'il n’eft queftion que de divifer cette fubftance butireufe devenue fébacée : il faut, pour opérer cet effer, une légère rorréfaction & une atténuation très parfaite de cette fubitan- ce; la fufñon & le mélange de la partie butireufe, avec le fucre, joints à un grand travail, forment en partie cette fubaction favoneufe, & c’eft ainfi que fe préparent tous les chocolats de l'Europe; mais de cette manière , la fubftance compacte butiro-fcbacée du cacao, n’eft osé té SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 535 pas ; à beaucoup près , affez afinée ni affez foluble dans les aqueux. D'après ce que M. Navier a dir à ce fujer, il eft aifé de juger des moyens qu'il convient d'employer pour donner à la fubftance buti- reufe du cacao, toute l’atténuation & la divifion néceflaire pour la rendre mifcible avec les acqueux. Le mécanifme que l'on emploie pour réduire les huiles en lochs peétoraux , fe préfente naturellement à l’efprit, & fair juger qu'on peut opérer la même chofe fur la partie grafle & balfamique du chocolat. C’eft donc avec raifon que M. Na- vier a avancé , page 84 de fa Differtarion, que les moyens de re- médier à la compacité de fa partie butireufe , font fémples , faciles 6 innocens; qu'il fufifoit d'y réfléchir plutôt, & que ces moyens étoient très-connus. Les jaunes d'œufs, les mucilages, ont tous, comme on le fait, cette propriété; mais M. Mavier a penfé que la crème mucilagineufe du falep , dont on connoît les merveilleufes pro- priétés reftaurantes & adouciffantes pour la poitrine, feroit préféra- ble à tout autre moyen pour rendre le chocolat parfaitement homo- gène , en donnant à fa partie butireufe une grande léoèreté & une parfaite mifcibilité avec les aqueux. Albert, Seba, Degnerius, M. des Æfarts , & beaucoup d’autres grands Médecins , ont célébré l'efficacité du falep , & l'ont employé avec fuccès contre les maladies de poitrine, dans la dyfenterie , les dévoiemens , & dans toutes les maladies qui dépendent de l'äcreté de la lymphe. On peut voir toutes les vertus & qualités du falep, dans la Lettre imprimée de M. des Effarts, à ce fujer, & l'ufage que es Chinois , Les Perfans & Les Turcs, en font à la dofe d'un gros dans du vin ou du chocolat pour rétablir les forces épuifèes, pour fortifier l'eflomac , pour purifier Le fang trop échauffe ; Seba l’a reconnu d’une utilité fingulière contre les convulfions de nerfs... contre les fpafines, &c. M. Navier avoit l'expérience des bons effets du falep, qu’il avoir employé avec fuccès contre les maladies de poitrine , & pour porter beaucoup de douceur dans le fang, ce qui l’a engagé à con- feiller de faire entrer la crème du falep dans le chocolat de Cara- que ; mais il eft important de ne pas fubltituer, par des vues de cu- pidité, des mucillages grofliers à celui du Re car autant celui-ci peut donner de douceur & de légereré bienfaifante au chocolat , au- tant les premiers y feroient nuilibles. Le cacao doit être aufli choifi dans le plus beau caraque, & dépouillé de toutes les amandes alté- rées qui s’y rencontrent ordinairement. M. de Londres, Négociant de Paris, eft connu pour fabriquer le chocolat, d’après ces principes, avec autant de fuccès que de fidélité, LL LCL 536 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Lertre de M, HERCKENROTH, fur dss Expériences chymiques. Je viens de répéter les Expériences que j'avois déja faites à Co logne. Vous favez que lorfque j'étois à Florence , je vous en parlai; & pour nous livrer à un travail qui vous intérefloit , nous ne dé- firions qu'un tems froid, dont il eft aflez rare de pouvoir profiter dans cette partie de Flralie. Paris, d’où je vous écris, & où j'at paflé l'hiver, m'a enfin procuré l’occafion d’en profiter, & c’eft aux bontés de M. R***, que j'ai di la facilité de me convaincre davan- tage, en répétant mes expériences dans fon laboratoire, d'une découverte que vous avez trouvée ft heureufe. Je vous avertis que j'aurai bientôt le plaifir de vous en faire part par la voie de l’impreflion. Vous verrez dans une petite Brochure , que je crois devoir au Public, avec d'autant plus de confiance , que différentes perfonnes , auxquelles j'ai donné connoiflance de mon travail, m'ont paru en prendre leéture avec fatisfatfion, & l'ont regardée comme intéref[ante dans une fcience, que l'on cultive ici avec tant d’ardeur ; Ë où vous trouverez aifément des rivaux , que le froid n'efl pas (comme l'on a cru 6: comme a dit Mairan 6 autres Auteurs) l'abfence de la matière fubtile , principe igné (reconnu aujourd'hui pour un acide); mais qu’il ef} vraiment un être tout oppoft , dont la nature eff alkaline ; qu'il a la propriété de cryflallifer avec les aci- des ; qu'il précipite les métaux , qu'il a l'analogie avec le principe mercu- riel, qu’on l’obferve dans les [els , qu’il concourt à la formation du principe Jecondaire des eaux , &c. Tous ces phénomènes, qui font le réfulrat de mes expériences, vous wrettront peut-étre fur la voie de remplir Le vuide, que vous trouvez dans les expériences | qui ont été faites ici fur l'air fixe, & que vous m'avez prié de vous envoyer. Nous apprenons , par une Lettre écrite de la Rochelle, à M, Sz- gaud de la Fond, par M. Mérigot, célèbre Profeffeur d’Hydrographie, que le Mardi 30 Avril 1776 , à $ heures 20 minutes du matin, vent Nord-Eft, tems ferein & beau, tremblement de terre très-vif,. ayant fa direction du Sud au Nord. Les Marins difent n’en avoir jamais reffenti de fi vif à Saint-Domingue où il en fait très-fouvent, / SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ;;7 Obfervation fur une mortalité de Béres à laine, Les Fermiers des environs d’Angerville en Beauce , ont effuyé , l'été paflé , une mortalité de bêtes à laine, qui leur en a enlevé un grand nombre, Les meilleurs moutons de leurs troupeaux, en ont été parriculièrement les victimes. L'animal tout-à- coup paroifloit érourdi. Il rendoit du fang par le fondement & les voies urinaires. Il romboit comme une malle & mouroit en un inftant. Alors il fortoit du fang noirâtre de fes narines & de fa bouche. Son corps entroit bientôt en putréfaction. Il en périfloir davantage les jours de gode chaleur & d'orage. On en a ouvert pluñeurs. On à trouvé dans le fecond efto- mac des alimens très- delléchés & nullement digérés. Le troifième eftomac & les inteftins , n’en Contenoient point. La rate étoit gorgée de fang. On croit devoir attribuer cette mortalité à l’extrème féchereffe & à la chaleur. De mémoire d'homme on n'a vu en Beauce un tems fi conftamment fec. Les moutons ne buvant point & ne broutanrt que des herbes fans fucs » Couvertes de pouflière, & fur lefquelles il n’y avoir point de rofée, leur fang a dû s’épaifir & être privé de la matière des fécrétions, Voilà pourquoi on à trouvé, dans le fecond eftoiac , des alimens defléchés & point digérés, les fucs, néceffaires à cette fonction, étant en trop petite quan- cité. Le même défaut de fluidité du fang , l’a empêché de reve- nit de la têre & du bas-ventre , où il s’eft amallé jufqu’a rompre les vaifleaux. De-là, l’étourdiffement , le flux de fang par l'anus & l’urètre, qui ont précédé la chûte & la fortie d’un fang plus noirâtre par le nez & la bouche, après la mort. Pour arrêter cette mortalité des bêres à laine , le point impor- tant étoit de rendre leur fang plus Auide , & de remplacer ce qu'elles perdoient par la tranfpiration. 11 S’agifloit donc de les faire boire abondamment. Le mouton, fur-tout dans les plaines de Beauce , n'a guère d'autre boiffon que les gouttes d’eau ou de rofée qui S’amaflent fur ies herbes qu'il broute. Il eft très-difficile de le dé- terminer à boire dans des baquets. Néanmoins on en plaça plufeurs dans un parc, en y jettant quelques poignées de fel marin. Ce moyen réuflit. Chaque mouton qui en buvoit, y revenoit fouvent , & tout le troupeau, s’abreuvant fuffifamment , la mortalité à celTé, même avant les pluies. Le fel marin , mis dans l'eau, a pu contribuer en quelque chofe à arrêter les progrès du mali mais on en mettoit très - peu $38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c. dans chaque baquet , & feulement pour engager le mouton, qui en eft très-friand, à boire plus volontiers. D'ailleurs, auflitôr qu'il y a eu de la pluie, la mortalité à ceflé par-tour. De plufieurs Fermiers qui éprouvoient le mème fléau, un feul , de la Paroiffe dE An te homme intelligent, a voulu fuivre les confeils de gens, que leur profeflion mer à portée de connoître l’économie animale & de ce qui peut la déranger. Il na plus perdu de fes bêtes à laine dès cet inftant : les autres, livrés à des ignorans, ont été la dupe de leur crédulité , en efluyant des pertes plus confidérables. Nous ne prétendons, en faifant part de cette obfervation, qu'in- diquer un moyen qui nous a réufh. Sans doute, il n'eft pas nou- veau dans le cas ci-deffus; mais du moins, cer exemple fervira à confirmer les autres, 539 RS — TABDENCANERA LE DU SA cA MER CT CES CONTENUS DANS CE SEPTIÈME VOLUME. EPPEAMEURSE MON 'EREÉE) + À XPÉRIENCES 6 vues fur l'intenfité de La pefanteur dans l'intérieur de La terre ; par M. 1e SAGE , Correfpondant de l'Académie des Sciences de Paris, &c. page 1 Recherches pour améliorer les machines électriques ; par l' Auteur de l'Ar- mure & des ifolemens alternatifs , 13 Lettre à M. le Chevalier HAmizron , Miniffre de Sa Majeflé Britannique, a Naples ; par H. B. ne SaussuRE , Profefleur de Philofophie , a Ge- nève, fur la Géographie phyfique de ” FIralie, 19 Doutes far la puil[ance attribuée au corps animal de réfifler a des degrés de chaleur fuperieure à [a température > OÙ Réflexions Jur les Exptrien- ces du Doëleur Forpice , communiquées a la Société Royale de Londres, en Janvier 1774, par M. BLAcpEN; par M. CHANcGEux, s7 Détail hiflorique d'une Trombe terreflre obférvé ce près de la Ville d'Eu, à 16 Juillet 1775 , Lettre de M. Corte, Curé de Montmorency & Correfpondant de ? ps démie Royale des Sciences de Paris , de la Socièté Royale d’Agricul- ture de Laon , à l Auteur de ce Recueil, fur la Météorologie ; 93 Letre de M. 1e Roy, de l’Académie Royale des Sciences, à l’ Auteur de ce Recueil, fur Les offers du Tonnerre & des Conduiteurs , 103 Queftion fur la Réfonnance multiple du corps fonore, 195 Lettre de M. NÉRET , à l'Auteur de ce Recueil, concernant la compofition de l'Amalgame pour l'Eleëricite , 109 Suite de la Differtation fur le mouvement & la matière, pour expliquer les Phénomènes ele&triques ; par M. Comus, 162 Obfervations météorologiques , faites , er 1776, en différentes parties de la France, 171 $49 : Ti AUBLUE NG É :N\ÉRRNAUIAERE Notice fur La purification de l’Athmofphère , par les Végétaux ; par M. CHANGEUx , 210 Confidérations Optiques , onzième Mémoire , 230 Idem. 341 Lettre à L'Auteur de ce Recueil , par M. ***, contre un Ouvrage imtitule: Defcriprion & ufage d’un Cabinet de Phyfique, 246 Réponfe de M. SicauD pe LA FonD a la Lertre précédente , 261 Mémoire dans lequel on prouve que le Tonnerre n'eft point un Phénomène chymique , réfultant des fermentations ; par M. BERtTHOLON , Prêtre de Sairr-Layare, Profeffeur en Théologie, Ec. 258 Table du cours des principaux Fleuves des quatre parties du monde connu, avec le niveau de leurs fources au-deffus du niveau de la mer, ou la hauteur de La pente qui procure l'écoulement de ces fleuves , depuis leurs fources jufqu'a leurs embouchures dans les différentes mers où ils fe portent , 292 Table de plufieurs hauteurs mefurées en différens tems , pour l'ufage des Phyficiens ; par M. Corte, Correfpondant de l'Académie, &c. 194 Table des plus grands degrés de froid obfervés dans différens tems, pen- dant le mois de Janvier dernier ; par M. Corte, Corréfpondant de l’Académie , Ge, 325 Eclairciffemens demandés par M. Guyor , fur une Trombe obférvée à dix lieues de Bordeaux , dans le voifinage du Baffin d'Arcachon , avec les Réponfes de M. Buter , Curé de Gujan, fur ce Phénomène, 334 Obférvation faite dans les environs de Montpellier , fur l'effet des gelées du mois de Janvier 1776, fur les Oliviers ; par M. MourçGuE, de la Société royale des Sciences de Montpellier, &c. 385 Conciliation des Principes de SrmAAL avec des Expériences modernes , Jur l'Air fixe; par M. ne Monveau, 389 Extrait d'une Lettre écrire à M. D. ve X1az , au Chateau de Mirow, en Pologne, le12 Février 1776 , par M. BERNIARD , Jur La rigueur du froid, 400 Lettre de M. 1e Roy , de l’Académie Royale des Sciences , à l’ Auteur de ce Journal , fur les Obfervations de M. le Chevalier Baronet , PRINGLE , 416 Diféours fur l'Attratfion des Montagnes , prononcé dans l'Affemblée an- nuelle de la Société Royale de Londres, le 30 Novembre 1775 , par le Préfident M. le Chevalier Baroner , PRINGLE , Éc. traduit par M. LE Roy, de l’Académie Royale des Sciences, 418 Lettre de M. RouranD, Neveu G@ Elève de M. SicauD DE LA Fo» , & Démonftrateur de Phyfique expérimentale, &c. fur un nouvel appereil élélrique, à l'Auteur de ce Recucil, 438 Obfervation D -Æ48: A RIT J'C'L'ENS, sat Oëfervation fur des fignes avant-coureurs de l'afcenfion & de la deféene du mercure dans le baromètre ; par M. CHANGEUX , 459 Lerre de M. Corte, Prêtre de l'Oratoire, Ec. à l Auteur de ce Recucil, Jur un de fes Mémoires concerrant les hauteurs de: Paris, 470 Seconde Lettre du même, à l’ Auteur de ce Kecueil, fur diverfes Obferva- tions météorologiques , 472 Lettre de M. le Baron DE DE) , à l'Auteur de ce Recueil, fur le danger des boules de cuivre ; placées fur les chenets, contenant auf quelques Obférvations météorologiques , 477 Obfervations fur une propriété de l'Eleétricité , d'où l'on pourroit tirer quelques induélions fur La nature du fluide ériqu ; ; par M. Cuan- GEUX »; 482 Lettre de M. D. L. R. 4 l'Auteur de ce Recueil, far une machine de nouvelle invention, ou Sphéromètrre , 434 “Mémoire fur de nouvelles Illuminations élettriques ; par M. BentuoLoN , Prêtre de Saint-Lazare, Gc. 488 Lestre de M. l'Abbé J***, de Vienne en Autriche, à l'Auteur de ce Recueil, fur l'Eleëfrophore de M. VorTA, sort Premier Mémoire d'Oprique , ou explication d’une Expérience de M. FRAN- KLIN ; par le Doëleur Gopar»D , s09 Suite des Obfervations Phyfiques & d’Hifloire Naturelle ; par M. l'Abbé DicQuEMARE, 523 Oëfervation fur la différente température de l'Air renferme € flagrant , & de l'air libre: par M. Chanceux, s2$ Nouvelles ee électriques, faites par M. Comus , Le 5 Avril, devant S. A. S. Monféigneur Le Duc pe CHARTRES , 6 pluféeurs Fu vans , 529 CHEMLTEONRE AONE M: ÉMOIRE [ur la diflillation des Eaux-de-vie avec le charbon de terre ; par M. RicarD , Négociant de la Ville de Cette, 53 Expériences fur l’Acide tartareux ; par M. Bertuoier , Doëleur en Médecine , 130 Réponfe de M. pu Courrav, Capitaine au Corps de l'Artillerie, Cor- refpondant de l'Académie, à La Critique faite par M. ***, celebre Profeffeur d'Hifloire Naturelle, Allemand , de fa Lettre fur l'Air fixe Tome VIT, Part. I. 1776 Aaaa s42 TABLE GÉNÉRALE & d'autres propriétés annoncées dans la chaux, inférée au Cahier de Mars dernier du préfent Journal, 154 “Analyje d'une Mine de fer fpatique, connue en Allemagne fous le nom de Mine d'acier; par M. BAYEN, Apothicaire- Major des Camps € Armees du Roi, A 4 h 213 Expofition de l'Ouvrage de M. C. G. Porner, Confeiller des Mines de L'Éleétorat de Saxe, &c. fur l’art de la Teinture, & Réflexions faites à ce Jijet, par M. Dreux, Apothicaire de l'Hôtel Royal des Inva- lides , 240 Recherches fur quelques propriétés attribuées à l'air; par M. ve Macuy, Maître en Pharmacie, Cenfeur Royal, 307 Procédé fimple pour former un Vernis brillant , folide & fans odeur , qui s'éend avec facilité fur les ouvrages de ferrurerie les plus délicars, & Les préfèrve de la rouille: par M. ve za Fours , de l'Académie de Rouen , 360 Extrait d'un Mémoire de M. Joseru Barpassanrt, Profeffeur d'Hif- toire Naturelle & de Chymie, à Sienne , fur l’Acide viriolique , srouvé naturellement pur, concret, & non combiné, 395$ Obfervation fur l'Huile de Palma-Chrifli; par M. ve Macuy, Maitre er Pharmacie, 479 MAÉ :Dx EXC: RMNIES 4, BLE AU des Mortalités de Londres, depuis 1667 jufqu’a 1772, 64 Lettre de M. le Baron ve Dievricn, à l'Auteur de ce Recueil, fur La manière d'agir du mercure dans les maladies vénériennes , 76 Mémoire [ur Les accidens auxquels font expofès les Garçons Chapeliers de la Ville de Marfaille , & fur les moyens de les prévenir; par M. Macnaw , Doiteur en Médecine , 148 Mémoire fur les maladies des Befliaux & fur le Pou-de-bois d'Amérique ; par M. GopiN Des Opoxnois , 189 Détails des fuccès obtenus par l'Etabliffement que la Ville de Paris a fait en faveur des Noyés , auquel on a joint une notice hiflorique des machines fumigatoires , 267 Lerre au Rédaëteur de ce Journal , fur les propriétés du Fer & de l’Ai- mant dans les maux de nerfs, & fur un diffolyant du Copal, 401 DES ARTICLES, 543 SSD TE LES TE SEE CSP DE TI AT ER ERP MAETT BE ENRENNENET ARE PEL EN EVE ERP de LT RE 2 VTC HISTOLRE, NATURELLE S VITE des Obférvations fur la nature & l'origine des Coguilles fof- files ; par M. l'Abbé DicQUEMARE, : 38 Lesre de M. Ducanne Dr BLawcy , & l’Auteur de ce Recueil, fur Les Abeilles , 67 Suite des Expériences fur l'influence de La lumière fur les Plantes , faires a Francker en Frife; par feu M. B. C. Méssse, 112 Idem. 193 Diftription du grand Palmier de l'Ifle Praflin, ou Cocotier de mer, 203 Defcription du Rima ou fruit à pain, 209 Defcriprion du grand Promerops de la nouvelle Guinée, tirée de l’Ouvrage de M. SONNERAT, 229 Lewre de M. l'Abbé pe FoNTANA, Phyficien du Grand Duc de Toj- cane , &a M.***, fur le mouvement des Plantes, 285 Objérvations fur un Raifin monftrueux ; par M. CHANGEUx, 293 Letre de M. l'Abbé DicquemaAReE, de plufieurs Académies, &c. à ! Au- teur de ce Recueil, fur quelquès reproductions animales , 298 Suite des Obfervations de M, l'Abbé DicqueMare , fur les os pétrifiés & foffiles, 406 Lettre de M. De MorveEAu, @ l’Auteur de ce Recueil, [ur la Dent d'un Animal inconnu, 414 Deftription abrégée de la Manufaëlure de Bas-rediefs en Albätres failices , des Bains de Saint - Philippe en Tofcane ; par M. Cu. LArAnrE, 4 Etat des Baptémes, Mariages & Enterremens de la Ville de Lyon, F4 puis le premier Janvier 1750 , jufqu'au 31 Décembre 1774 ; par un Académicien de Lyon, 466 Obfervation fur les différences effentielles qui fe trouvent entre les Raifins panachés ou Suifles, & 4 Raifin monftrueux, dons il eff parlé à la page 193, Volume VIT, de ce Journal, 6 fur une fêngularité qu'offre ce Raïfin ; 469 Extrait des Porte-feuilles de M. l'Abbé DicqueMmaARE, fur Les Anémones de mer, 515 s44 TA B'L'E GE N'É'R A'L'E, SR RE CSS PE ER A EE RP |: 3 DNNESICNTE" TE TES TE AGE T-CU LL PUNR'E vd ETTRE de M. FErrx FoNTANA , Phyficien de S. A. S. le Grand- Duc de Tofcane , Ëc. à un de ès Amis, fur l'Ergot € Le Trémella, age 42 Expofition des principales maladies des Grains ; par M. P. D. M 23$ Lettre à l'Auteur de ce Recueil , au [ujec de La Lettre de M, l'Abbé DE FonTANA , fur l'Ercor & le Trémella, 32 Mémoire pour Jervir de Supplément & d’éclairciffement aux deux Mémoires fur Les Anguilles du Bled avorté 6 de la Colle de farine ; par D. Maurice Rorrreni, Abbé Réculier de l'Abbaye de Cafanova, en Piémont , 369 CURE AUS: M OYENS d’empécher que les Murs de face foient pouffés par les voñtes de briques & plätres , dires voûtes plates , fubflituées aux planchers , à s8 Lettre de M. pu CouprAy , à l’Auteur de ce Recueil, au fujer des Objérvations de M. le Marquis De BEaAuvEAU , fur fon Ouvrage intitulé : L'Ordre profond & l'Ordre mince , énférées dans le Cahier du mois dernier , 354 Lertre à l'Auteur de ce Recueil , fur La nouvelle Harmonique , 462 Nouvelles Livréraires, 78: 176: 276; 364, 443, S31, Fin du Tome VII & de la première Partie. Re +» = TOI eo | +. - 7, < S Fin ee PS 4 Z DD PI D ME TE ZE x ET su | Il LUN D (LL Le EE Han Nu De jé Lu on ” que TS VS à Le 0 | SRE ie | j —— —_— nn Hg É = =—— Q |} LT OUR LT: L 2” bad oé bande tt L \ NT FAT MAL AIN TEA W # NT nl 1 ET LATE QUE: ARE EP 4 VD CO MERI RSS LS & RRÉRRÉE CRSRRREE RS RÉEL