SE RER, PTS Le LS ' A EU Hal HR L Eute | U “ 4 NA TOR ER Lis : EL VU £ Li æ à, Hi OBSERVATIONS LEE A | . LA PHYSIQUE, SUR L'HISTOIRE NATURELLE ÉT'SUR LES ARTS, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE; DÉDIÉES A ME. LE COMTE D’'ARTOIS; Par M. Abbé ROZIER, Chevalier de L'Égli e de Lyon, de L Académie Royale des Sciences, Beaux-Arts & Belles-Lettres de Lyon , de Villefranche, de Dijon, de Marfeille , de Nifmes, de Fleffingue, de la Socièté Impériale de Phyfique €& de Botanique de Florence | de Zurich , de Madrid , Correfpondant de la Société des Arts de Londres, de la Société Philofophique de Philadelphie, Ge ancien Direéteur de l'Ecole Royale de Médecine- Vétérinaire de Lyon. JA NF T'ESRT. 1778: TOME XI AP AD TI.S; Au Bureau du Journal de Phyfique, rue & Hôtel Serpentes t M DCC. LXX XVII. 4 VEÆ PRIVRILÉGE DU R OF, HU MÉMOIRES = SU R À ee RE LE. DA PTS MR 2 SUR L'HISTOIRE NATURELLE ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS. NT LOUE Hg à; Penn CAE VOUS Had Sur les molécules des liquides, & fur leur compreffbilité ; Par M. MONGEZ, Chanoine Régulier, Profeffeur de TRUE , de l'An Royale des Sciences de Rouen. I: eft des loix générales dans la, nature , qu’elle. obferve ag ement, auxquelles elle paroît foumife par-tout & en tout temps. Invariables & immuables comme elle ces loix produifent les phénomenes qui frap- pent nos yeux. Si quelquefois elle ne nous offre que le rélultat de fes opérations, f elle garde pour elle fon‘ fectét ; le principe de fa marche Tome XI, Part. I, JANVIER 1778 A "A "à + 2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . . & la bafe de fon travail, fi même ces réfultats paroiffent à nos yeux, féduits par l'apparence &c égarés par la précipitation, contraires à ces loix premieres & fondamentales , bientôt notre efprit, emporté par fon ardeur de défordre , d’écarts & d’erreurs. Nous créons hardiment de nouvelles loix, nous les modifions à notre gré , nous forgeons à la nature des chaînes que bientôt après nous brifons auffi légérement que nous les avions impofées. Cétte inconftance nous éloigne fans cefle du chemin de la vérité. Au commencement de fa philofophie, Newton a tracé des regles sûres pour diriger nos pas dans le labyrinthe obfcur de la phyfique & de lhiftoire naturelle, « Les qualités des corps, dit-il, qui ne font fuf- » ceptibles ni d'augmentation, ni de diminution , & qui appartiennent » à tous les corps fur lefquels on peut faire des expériences , do vent être » regardées comme appartenantes à tous les corps en général ». D'après cette regle fi fage, nous devons conclure, qu’une qualité que nous voyons dans tous les corps, que tous les objers qui nous environnent nous offrent fans cefle fous toutes les formes , fous tous les états où ils peuvent être, que cette qualité, dis-je, eft une propriété générale de la matiere 3 nous devons encore en conclure que, quand même un phénomene ifolé, une expérience particuliers , offroient des réfultats différens & oppofés à cette loi, une apparence trompeufe nous a fé- duits, & qu'il faut bien fe garder dans ce cas, de prononcer légére- ment. Un peu plus d'étude , de fagacité, de pénétration, moins de précipitation, moins de décifions, & nous marcherons avec plus de con- fiance dans la carriere des fciences. a Si les phyficiens de l’académie de! Cimento, euflent bien réfléchi fur les loix générales.de la nature, fur fon exaête fidélité à les obferver ;. s'ils euflent fait leurs expériences avec moins de prévention, ils n’au- roient pas condamné Baccon, Baron de Verulam, Honorat Fabri, & fur-tout le favant & ingénieux Boyk, quand ils afluroient tous trois que l’eau étoit compreffible & élaftique (1 ); ils n’auroient pas enfeigné: que ce fluide eft un corps compofé de molécules folides. & dures , que nul effort ne pouvoit réduire à un moindre efpace; enfin, ils n’auroient pas induit en erreur , fur cet objet, prefque tous nos phyficiens mo- dernes. Tous(2), malgré la dureté & la folidité qu'ils attribuent aux molécules conftituantes de l’eau , admettent l’élafticité de la mañle; tous POP RUE LC! SRE CRE COUTURE 4°) VE Ds SOLS ANR MEET TS (1) Bacon, L. 2, noi Organ. pag. 290: : ‘ Fabri, Phyf. L i2, de Elemi. page 247: 1 | ' Boyle, Experim. phyfico-néchan. nova: Experim: X X. : (2) Je me contente de citer les deux premiers phyficiens de ce. fiecle : M Scherer broeck, chap, XXILS, 1224 ; Noller, rome 1, page 123, “ sur L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. ; C : ml femblable inconféquence, oubliant qu’elle eft élaftique , nient ardiment fa comprefhbilité. Quelques -uns, cependant ( 1 ), qui ne croyent en phyfique que ce qui leur eft démontré, qui aiment mieux étudier & fuivre la nature , foulever infenfiblement fon voile, que de le déchirer ; ont douté des conclufons que les äcadémiciens italiens ti- ient de leurs expériences. Depuis long-temps l’idée de l’incomprefibilité & de la folidité de eau, m'arrètoit. Une exception auffi 1folée d’une loi générale me pa- roifloit outrée ; mais n'ofant m'en rapporter à mes foibles lumieres, le doute fut mon partage, jufqu'à ce que de’ nouvelles connoiffances vinflent dévoiler la vérité, & fixer mon incertitude. Je dois cet avan- tage à la Diflertation latine (2) du Pere J. Herbert, profefleur de pirfane , de l’académie de Vienne en Autriche, fur l’élafticité des fluides. es raifonnemens de ce favant, feront la bafe intéreflante de ce Mé- moire, où je me propofe de démontrer deux chofes; 1°. que les mo- lécules des liquides , bien loin d’être des corps durs & folides, font, au contraire , des corps à reflort parfait, ou au moins , qu'ils approchent le plus de la parfaite élafticité; 2°. que les liquides, étant élaftiques, font comprefhbles, & que l'expérience de l'académie de/ Cimento , bien loin de démontrer l'imcomprefhbilité de l’eau eft la preuve, peut-être, la plus complette de fa compreffibilité. D'abord, qu’eft-ce qu’un liquide? C’eft une fubftance dont les molé- cules élémentaires, ifolées les unes des autres, n’ont aucune connexion enfemble, peuventfe divifer & fe féparer facilement; & j'ajouterai, contre le fentiment de M. l'abbé Nollet, qu'une liqueur eft un aflem- blage de petits corps fimples, élaftiques, & non pas folides, extrèmement polis, & doués de la figure la plus propre au mouvement, c’eft-à-dire, de la figure ronde. Cette figure fphérique, eft fans doute la caufe premiere & principale de la fluidité d’une liqueur. Ses molécules, ne fe touchant que dans un feul point, laiflent néceflairement entr'elles des pores vuides, ou rem- plis tout au plus de quelque fluide encore plus rare. Ces molécules étant infiniment petites, leur gravité n’a point d'appui, qu'un efpace infini- ment petit ; plus elles feront fuppolées tenues , plus leur mobilité fera extrême; leur pefanteur, agiffant continuellement, elles chercheit fans ceffe à fe mettre en équilibre, un rien le dérange, l'inclinaifon la plus infenfible le détruit , il en renaît aufi-tôt un autre où la liqueur fe meut jufqu’à ce qu’il fe rétablifle. Voilà la fluidité. PT La figure ronde paroît fi néceflaire à la mobilité d'un liquide, que Tr {1 ) Encrautres, le favanc Edireur d'Hauxbée, M Defmarefts, T.2, p. 393. {2) Diffent. de aqua, aliorumque fluidorum elaftic, À J. Herbert. À ïi 4 4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Pexpérience démontre qu'an monceau de fpheres eft plus fluide qu'un monceau de fphéroïdes, que celui-ci left infiniment plus qu’un amas, de cubes, de quadrilateres réguliers & irréguliers. En un mot, une liqueur eft plus ou moins liquide, & peut-être plus ou moins volatile, en proportion que fes molécules font plus ou moins petites, plus ou. moins fphériques. Qui fait fi ce n’eft pas-là une des vraies caufes des* différentes liquidités & volatilités des corps folides , des huiles, des: eaux, des elprits & des éthers ? changez les figures, remplifles les- vuides, dépoliffez les furfaces, répandez-y un gluten qui les uniffe avec les molécules voifines , & vous aurez des gelées, des coagulum, des magma, de vrais folides ; rétabliffez les figures, déiobftruez les pores, poliflez les furfaces, lavez ces glutens, & vous aurez des fufions , des- fluides & des liquides. : Non-feulement l'imagination & le raifonnement attribuent la formes fphérique aux molécules des. liquides, mais l’expérience vient encore joindre fa preuve démonftrative. Les obfervations microfcopiques ont offert aux yeux de Lewenhoëc, de Malpighi, & d’autres, le globule rouge du fang compofé de fix autres globules féreux de couleur jaune, qui fe fous-divifoient encore en fix autres globules aqueux. L'huile, le lait, le mercure , offrent cette forme fous la lentille. La fumée, reçue fur une furface plane & polie, examinée à la loupe, paroït arrondie. Derham, ce fameux obfervateur, chercha dans une chambre noire, par ke fecours du microfcope, à découvrir la figure des molécules des va- peurs, & remärqua qu’elles étoient fphériques. Les atomes des liquides étant décidément globuleux, la folidité ow: l'élafticité font-elles leur qualité premiere? Queftion d'autant plus dif- cile, que pour la réfoudre il faudroit connoître parfaitement leur prin- cipe conftituant ; il faudroit , pour äinfi dire, 1foler un globule , & foumettre aux expériences, des corps élaftiques & folides, la ténuiré de ces parties, échappant à nos machines groffieres, nous-priverà tou- jours de réfultats certains. Mais, fi je démontre qu’en fuppoñfant les molécules des liquides, des corps folides & durs, aucun des phéno- menes de l’hydraulique ne pourra avoir lieu; fi, au contraire, en les fuppofant élaftiques, & d’autant plus élaftiques que le liquide fera plus liquide & plus volatil, je rends naturellement raifon de ces phénomenes , cette fuppoñition pourra fervir de démonftration exatte aux yeuxde tout phyficien de bonne foi, qui, dépouiliant tout efprit de fyftême & de préjugé , ne cherche que la feule évidence. J'admets pour un inftant les molécules des liquides, des corps par- fatement durs & folides ; mais dans ce cas, plus de mouvement , plus de fucceflion de mouvement. Et en effet, fi ces molécules font des. corps durs, elles doivent fuivre les loix des corps durs, dans la com- munmcçation du mouvement, Or, tout phyficien fait que dans les corps: » war y ” sur L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. $ durs, le mouvement fe communique fur le champ dans toute la maña du mobile, & non pas de parties à parties. Au contraire, des corps élaftiques, comme tous les globules d’eau, font contigus, & fe touchent immédiatement; on peut les confidérer comme ne faifant qu’une feule mafle , qu’un feul corps dur. Mais ce corps ne fera pas fufceptible de - réaétiôn : car la réaétion, égale à l’aétion, exige de l'élafticité dans le terme réagiflant. Si donc l’eau n’eit qu’un amas de corps durs, quelle propriété nouvelle, & non encore découverte, pourra repoufier cette goutte d'eau, qui tombe fous un angle de réflexion égale à l'angle d'incidence ? Si l’eau n’eft qu'un amas de corps durs, qui a changé tout d’un coup les vapeurs en molécules de la plus grande élafticité ? Si l’eau n’eft qu'un amas de corps durs, comment a-t-il pu fe faire que cet amas, privé des parties ignées & aériennes auxquelles plu- fieurs auteurs ont généreulement attribué le principe de l’élafticité, comment, fous forme concrete de glace, ces corps durs ont-ils en un inftant produit une mafle qui ne le cede en reflort mi à l’acier , ni au verre? Ne devtoit il pas $’enfuivre, au contraire, que fa dureté aug- menteroit en proportion qu'elle perdroit fon feu & fon air. Mais le contraire arrive; l'expérience le démontre. La nature rejette loin d’elle la faufferé de la premiere fuppoñition, C’eft elle même qui femble nous « dire : l'effet a de l’analogie avec fa caufe; les touts n’ont que les » propriétés des éémens ( abitraétion faite des corps hérérogenes qui » forment de nouvelles combinaifons), une mafle d’eau vous préfente > mille phénomenes d’élaflicité. Suppotez, ou plutôt reconnoiflez fes » molécules des corps à reflort, & vous aurez la folution du pro= » blème, » En admettant la folidité des g'obules aqueux , nous ne pouvons ex- pliquer les phénomenes hydrauliques ; ferons-nous plus heureux en les füppofant élaftiques ? Oui certainement, D'abord, cette {uppofition n’a rien de contraire n1 à la raifon ; ni à la faine phyfique. Un favant, la gloire de fon fiecle, M. de Buffon (1),a admis que les molécules de la matiere, les atomes principes éroient doués d’un reflort parfait, Plufieurs phyficiens de nos jours ont embraflé cette hypothefe. Il temble même que plus une matiere eft fluide, & plus elle eft élaftique ; la lumiere, par exemple , qui eft ce que nous connoiffons de plus fluide, eft auf le corps qui approche le plus du reffort parfait, fi même il ne Feft pas : car l'angle fous lequel la lumiere fe réfléchir, eft toujours par- faitement égal à celui fous lequel elle arrive. Le feu , l'air, les hquides er mafle, tout eft doué d'élafhcité; c’eft une loi générale, tout eft reflort, tout agit par refort, & l’on veut refufer cette propriété umverfelle (1) Inroduttion à l'Hftoire des Minéraux, premier Mémoire, 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, aux molécules élémentaires des liquides. Il y a une vraie pradation de liquidité entre la lumiere, l'air; les éthers, les efprits, les eaux, les huiles; les bitumes, les folides ; ne doit-il pas y en avoir une fem- blable par rapport à leur élafticité ? Si les molécules d’eau n’étoient pas élaftiques, quelle vertu les for- ceroit de remonter auffi haut que le point de leur chüte? (abftraétion faite de tout frottement ) Ces gerbes de criftal qui s’élevent avec majefté dans nos jardins, ces cafcades bruyantes, ces nappes de flots argentés qui tombent, fe brifent &s’envolent en brouillard, ces jets délicats, qui par leur élévation & leur perpendicularité , ‘charment autant qu'ils étonnent, tout cela n’auroit pas lieu fans reflort. L'eau, tombant fur elle-même, ne réjailiroit point; dures & folides, fes molécules rouleroient, ou plutôt s’arrêteroient à l'endroit qu’elles frapperoient. Quelle force fait reculer ce petit chariot chargé d’un éolipyle ? quelle vertu meut circulairement ce tube recourbé d'où l'eau s’échappe continuellement , fi ce n’eft l’aftion des atomes de l’eau, qui réagiflent contre les parois du vafe ? Le mouvement par lequel les poiflons & le nageur fe tranfporient d’un lieu à un autre, eft parfaite- ment le même que celui des oifeaux. Leur vol eft dù à la réfiftance que l'air oppofe à leurs ailes, réfiftance qui feroit vaine , fi en même-temps la couche d’air frappée & comprimée, ne fe rétablifloit & ne réagifloit avec une force pareille à l’aétion. Peut-on fe refufer à reconnoitre la même opération, la même marche dansles poiflons & le nageur ? deux effets fi femblables , qu’on peut les envifager comme les mêmes, ne partent-ils donc pas du même principe ? Je ne m'arrêterai pas à démontrer que dans la chüûüte d’un corps folide à travers un fluide, fon immerfion, proportionnellement re« tardée par le nouveau milieu; fon immerfon accélérée dans le même rapport; le réjailliffement de l’eau & ce mouvement d’ondulation qui Faccompagne, ne peuvent dépendre que de l'élafticité des molécules du fluide; pour peu qu’on foit phyficien, on le comprend facilement, Je me contenterai feulement de faire remarquer que le réjailiffement n'étant que la réaétion d’un corps violemment comprimé, qui fe ré- tablit dans fon premier état, l’ondularion, qu'un mouvement fucceffif, Fun & l’autre préfuppoient néceflairement du reflort dans les parties qui en font je fujet. Je me hâte d'arriver au phénomene qui démontre le plus viéto- feufement le reflort parfait des molécules d’eau Holées & prifes fé- parément, je veux dire, la propriété que l’eau a de produire du fon & de le propager. Or, qui ne fait que le fon formé ou communiqié, demande abfolument un milieu élaftique? Qui ne fait encore que l'élafticité totale d’un corps, neft que la fomme de l'élaficiré par- tielle de fes molécules? Cela pofé, voici quelques queftions Gmples, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTs. 7 dont je laifle la folution à ceux qui foutiennent que l’eau eft un amas de corps durs & folides. Pourquoi, lorfqu’une goutte d’eau tombe fur une mafle d’eau HAE pluie fur la mer, fur un étang, les gouttes qui tombent rendent-elles un vrai fon? Pourquoi un réveil plongé dans l’eau fe fait-il encore entendre? Pourquoi les plongeurs diftinguent-ils la voix & le bruit qui fe fait fur le rivage? Qui eft-ce qui tranfmet le fon du cor de celui qui eft fous la cloche du plongeur ? Comment fe pouvoit - if faire que M. l'abbé Nollet, foit qu'il fût à trois pouces , foit qu'il füt à trois pieds au-deflous de la furface de l’eau, entendit le bruit d’un piftolet , d’un fifflet avec une intenfité prefque pareille ? Pourquoi, ayant plongé avec lui des corps fonores, le fon qu'il en faifoit naître affetoit-il tout fon corps par un frémiflement très-fenfible ? Toutes ces raïfons ont forcé ce favant à conclure que l’eau pouvoit être élafti- que & par conféquent compreffble, après avoit enfeigné tout le contraire dans un autre endroit de fes ouvrages. Cependant, comment fe refufoit-il à ces deux argumens invincibles qui fe préfentoient natu- rellement à fon efprit : souc corps fonore eff élaffique ; or, l’eau eff un corps Jonore : donc elle eff élaflique. Tout corps élaflique ef compreffible ; or, l'eau eff élaflique , donc elle eff comprefiibk. Mais, difent quelques chymifles, c’eft le feu qui eft le principe de Pélafticité de l'eau ; non pas feul, ajoutent quelques phyficiens ; l'air difféminé entre fes molécules & renfermé dans fes pores, produit tous les phénomenes élaftiques de l’eau. A ces deux feules & uniques objeétions que l’on puiffe faire, je répondrai qu’un feul morceau de glace détruit abfolument ces deux hypothefes. Les expériences de M. de Mairan, d'Hauxbée , des académiciens de Florence démontrent preique furement, que la congélation n’eft due qu’à l'abandon des particules ignées qui s’échappent d’une mafle d’eau ; que moins il Y aura de feu, plus la glace fera forte & concrete, Cependant, ce mor- ceau de glace, bien ioin de perdre de fon élafticité, femble > AU CON- traire, en acquérir une plus aétive. Des molécules parfaitement dures & folides ne peuvent former qu'une mafle fragile, & certainement ces petits corps durs produiroient des fibres flexibles , dont tour-à-tour les parties du côté concave fe rapprocheroient, & du côté convexe s'éloigneroient les unes des autres. Cependant, nous éprouvons tous les jours ce, double mouvement dans l’eau glacée. Le patineur léger qui .ne,fait.qu'’effleurer fa furface, ne doit qu’à fon reflort fes élan- cemens précipités & fon vol rapide. L'air n’influe en rien fur le jeu de l’élaficité. Boylé, Hauxbee, Derham , 8 Mufch-rbroeck ont répété dans le vuide ; toutes les expé- riences des corps élaftiques, & jamais ils ne fe font apperçus de la moindre différence dans les réfultats, De plus, après avoir fait bouillir ‘ment que la fomme des élafticités de fes molécules. 8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; de l'eau affez Iong-temps pour la purger d'air, l’avoit mife fous le récipient de la machine pneumatique, & avoit fait le vuide aufli exac- tement qu'il et poñlible, J'ai trouvé que l’eau confervoit fes mêmes pro- priétés ; elle réjailifloit fur elle-même, formoit des ondulations, ren- doit & propageoit le fon (1). d Si, ni l'air, ni le feu, ne font la caufe de l’élafticité de l’eau, quelle en eft donc la. caufe? je répondrai, avec M. de Buffon, qu'on ne peut exiger la caufe d’une loi générale & univerfelle. Demander pour- quoi la matiere eft élaftique, autant vaudroit - il demander pourquoi la matiere eft divifible, pourquoi le rouge eft rouge. « Le philofophe, » ajoute-t-il, eft tout près de l'enfant lorfqu’il fait de femblables de- # mandes, & autant on peut les pardonner à la curiofité non réfléchie » du dernier, autant le premier doit les rejetter & les exclure de » fes idées ». En effet, on peur remarquer que toutes les fois que l'on a voulu expliquer des caufes générales , des loix univertelles, les hypotheles que l’on a créées, les folutions que lon a avancées, font toutes légeres, infufffantes & fouvent même ridicules, comme il paroït dans la queftion préfente. La matiere fubtile de Defcartes, Pattraétion, non pas de Newton, mais des Newtoniens , les in- fluences folaires de la Perriere, l’entrelacement & l’engrainure des parties infenfibles, 8 mille autres inventiots: enfans d’une imagination féconde, prouvent feulement notre aveugletfureur de tout expliquer, & notre orgueil qui ofe citer la nature & fes myfteres aux pieds du tribunal de lefprit humain, dont les arrêts font trop fouvent ou faux ou inconféquens. Contentons-nous donc d’admettre l’exiftence de l'élafticité dans les corps, comme nous y reconnoiflons la force attrac- tive, fans nous inquiéter fur fa caufe. Concluons que de même que le plus petit atome de matiere a une attraftion particuliere , ainfi, ce petit atome a fon degré d’élafticité; & puifque l’attraétion totale de la mafle n’eft que la fomme des atira@ions des parties; ainfi, Pé- fafticité générale d'un corps, liquide comme folide ,- n’eft pareillez Après avoir démontré que Îles molécules dés liquides ne font point des corps durs & folides , mais, au contraire, des corps à reflorti, le fecond objet que je m’étois propofé prouver, c’eft- à-dire, la comprefhbilité, fuit naturellement. La comprefibilité eft cette pro- priété de la matiere par laquelle, la mafle reftant la®même, fon volume diminue, foit que l’on fafle fortir d’entre fes /iparties un corps étranger qui les tenoit écartées , foit que ces mêtnes parties} | (x) Le fon, à la vérité, étoit très-foible , à caufé de la rareté de l'air renfermé dans le récipient, È par SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS 9 par une force appliquée extérieurement, fe rapprochent mutuellement & occupent un plus petit efpace. Les phyficiens font convenus de donner le nom de condenfation au premier cas, & de conferver celui de compreflion au fecond. Perfonne n’ofe nier que l'eau dilatée & raréfiée par la chaleur , ne puifle fe condenfer par le refroidiffement. Les académiciens del Cimento non-feulement ont douté, mais ont paru affirmer que l’eau n'étoit pas compreflible. Cependant, elle l'eft, au moins, comme élaftique; au moins comme corps condenfuble ; ce que nul bon & vrai phyfcien ne pourra défavouer. D’après leurs expé- riences,, ces favans ont-ils eu raïfon de conclure l’incompreffbilité de Veau ? c’eft ce que je ne crois pas. Examinons l’état d’un fluide com- primé violemment; & par l’analogie nous connoïîtrons l’état de l’eau dans les boules de! Cimento. De tous les fluides, celui que l’on a le plus comprimé , c’eft certai- nement l’air. M. Hauxbée lui fit occuper fix fois moins d’efpace qu'il n’en occupoit auparavant (1). Boyle a rendu le volume d’une maffe d’eau 13 fois plus petit qu'il n’eft dans fon état naturel à la furface de la terre. M. Halles le réduifit à la r$gime. partie de fon volume ordinaire (2); ce n’eft pas encore le dernier degré de compreflon dont Pair foit fufceptible. Quoique dans cet état il foit prefque deux fois auffi denfe que l’eau, M. Amontons a démontré À l’académie des fcien- ces (3), que la partie inférieure d’une colonne de l'athmofphere pro- longée de 18 lieues’ vers le centre de la terre, auroit, à cette profon- deur, une denfité égale à celle du mercure. Cependant , dans tous les cas de compreffion, l’air conferve toujours fon élafticité , quoique Hauxbée, féduit par une expérience qu’il expli- quoit mal , crut s’appercevoir que l’air comprimé à un certain point, perdoit réellement cette qualité eflentielle. Des expériences füres & inconteftables confirment à l'air fon reflort dans quelqu’état de com- preflion qu'il foit. Boyle, avec des poids énormes, condenfe une mafle d’air & ne reconnoît point de variation fenfble dans fon élafticité. Roberval charge vigoureufement un fufl à vent, & 1$ ans après , la balle va percer une planche aufli loin qu’elle auroit pu faire le premier jour. Pendant 3 ans, Mufchembroeck attentif au mouvement d’une petite malle d’air, chargée d’une colonne de mercure de 8 pieds , la voit fe dilater & fe condenfer, fuivant la température de l’athmofphere. Ce n’eft pas fans raifon que M. l'abbé Nolet , dans l’expérience du fon, dans un air plus denfe, recommande fi fortement d’envelopper la cloche de : en Expér. phyfco-méchan, p. 71. v. 1. (2) Statique des vépéraux. Append. page 390. (3) Année 1703 , page 101. Tome XI, Part, 1, JANVIER 1778. B 10 OBSERVATIONS SUR ELA PHYSIQUE, verte d’un tre: lis de fil de fer, afin d'arrêter les morceaux du récipient en cas qu’il vint à fe brifer (1). Plus d’une fois la fontaine de compref- fion s’ef fendne & a éclaté. C'eft-là précifément l'effet des expériences deZ Cimenro. Un fluide, malgré le degré de comprefion qu’on lui fait fubir, confervant toute on élafticté , doit réagir contre les parois du. vafe qui le rerferme Avec une force égale à la preffion. L'eau dans les boules de métal n’a Point perdu fon reffort ; fa réa@tion a dûù être égale à lation. La grande difficulté eft d'expliquer comment il a pu fe faire que ce fluide, qui nous. l'aroît fi groffier, a pénétré un métal auffi denfe que l’or. Cette difi- Culté plus fpécieufe que folide ne peut que féduire un inftant, li eft tout naturel de penfer que l’eau étant élaftique a dù céder un peu; la: preffion augmentant, comme l’eau eft impénétrable , elle n’a pu s’anni- hiler ; elle a réasi contre le métal, elle a brifé fes entraves & s’eft échap- pée par les pores. Ce dernier effet eft-1l donc fi merveilleux? Non, fans doute. L'eau comprimée jufqu’à un certain point, s’eft fait jour à: travers le métal, parce que fes particules font de nature à pénétrer fes pores ; elle eft le menftrue de tous les métaux; elle peut donc- agir fur eux; mais elle ne peut agir fur eux qu’en s’infinuant dans: hurs pores. Faut-il s'étonner que dans le cas de contrainte où elle fe trouvoit alors, elle fe foit ouvert un paflage à travers un milieu qu’elle: pénètre facilement & d’elle-même. Enfin, comme le remarque le pere Herbert (2), les boules de métal dont fe font fervis les académiciens ,, preffées extérieurement par la force qu’on leur appliquoit, & inté- risurement par la réaftion de l’eau, ont été confidérablement dila- tées ; cette dilatation à entrouvert leurs pores , & a donné, par con féquent , une iflue toute naturelle aux molécules du fluide, Mais, dit- on encore , les boules de verre fe font brifces... Parce que le verre: étant imperméable, à l’eau, a été forcé de céder à l'effort du fluide ;: une condenfation trop grande de l'air dans une boule de verre ne la, fait-elle pas éclater ? Au contraire , les boules d’or, d'argent, d’étain,. de plomb, ont été pénétrées, parce que l’eau a la faculté de s’infinuer- à travers leurs pores. Ce qui démontre invinciblement que la conclufon des académiciens: de Florence eft faufle, & que les gouttes d’eau qui paroïfloient à la: furface extérieure , font dues à fon élafticité & non à fon incom-- preffibilité ; c’eft que, premiérement , elles ne paroïfloient point au: moment même de la compreflion ; c’eft que , fecondement , toute: compreflion ceflante , après que l’on a bien efluyé les boules, cette: (x) Tome 3, page 4254 (2) Ouvrage déja cités. EL ne à ART SUR L’H15T. NATURELLE ET LES ARTS. 11 æfpece ‘de rofée reparoît une & deux fois encore. Or , je demande quelle peut être la caufe de ces nouvelles gouttes ? Si l’eau eft incom- preffible, fi l’eau eft un amas de corps durs & folides, quelle force peut la chaffer à travers les pores du métal, après la compreflion ? Ce n’eft pas la preflion extérieure , puifqu'elle n’eft plus appliquée , elle eft nulle, la boule n’eft plus fous la preffe. Ce n’eft pas l'élafticité du métal, il fe rétabliroit feulement dans fon volume; & bien aus contraire , il laïfleroit vuide l’efpace que lui avoit fait occuper la com- preffion ; l’eau en deviendroit plus libre, ayant plus de place. Ce n’eft pas l’eau elle-même , car elle eft fuppofée dure & incompreffble, fans reflort & fans réaétion, Il n’y a donc point de caufe qui puifle la pouffer dehors du métal, toute compreffon ceffante; à moins que lon ne reconnoifle que c’eft l’élafticité de fes molécules , qui les a forcées de fe rétablir dans l’état naturel qu’elles avoient avant la com- preffion. à Oppofons en peu de mots aux expériences des académiciens de! Cimento, deux autres qui prouvent que l’eau peut être réduite à un plus petit efpace, & que dans cet état, elle jouit de toute fon élafticité. La premiere eit de Boyk. Il fit entrer de force de l’eau dans une boule d’étain, ayant foudé exa&tement l'ouverture en préfence d'Wikinfins & de quelques autres de fes amis; il la frappa de plufieurs coups de maillet , mais caur ( avec précaution ) pour comprimer l'eau &c lui faire occuper un moindre efpace, ce qui lui réuflit, ( gvo Liquide com- Primebatur atque aqua inclufa in angufliorem] locum coarëlabatur | quam quem antea occupaverar. Ce font fes propres paroles ). Ayant percé le vafe d’un trou d’aiguille, il s’éleva aufli-tôt un jet d’eau de deux ou trois pieds : fut-ce l'élafticité du métal qui força l’eau de Jaillir fi haut, ou celle du fluide ? Ce ne fut pas certainement la premiere, parce que , dans ce cas, le métal fe feroit rétabli dans fon premier état, il auroit pris fa premiere dimenfion , & l’eau refferrée durant la compreflion, auroit acquis plus d’efpace par la reftitution des parois rois du vafe. Cette expérience lui a réufli également dans le vuide, J'ai renfermé de l’eau dans une veflie que j'ai comprimée avec une ficelle autant que je lai pu, c’eft-à-dire, jufqu'à l'inftant où l’eau a commencé à traverfer les pores de la veflie. Jai laiflé tomber alors cette efpece de boule, qui a rejailli & rebondi comme un corps élaftique, Ce reflort eft-l dù à une membrane flafque, ramollie par l'eau , ou à l’eau elle-même? qu’on décide. De plus, dès l’inflant que l'eau a pénétré la veflie , elle n’a pas ceflé de tranfuder jufqu'à ce que le volume de l’eau renfermée fût dans la fituation propre à fon reflort. Cette expérience a duré environ 13 à 14 heures, & Peau extrava- fée, reçue dans un verre, a rempli environ un demi - quart de fa capacité. Bif 12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; : Ici, je ferai les mêmes queflions que dans l'expérience des boules de métal ; ou plutôt, je n’en ferai point ; je conclurai feulement, d’après ces obfervations , que l’eau eft fufceptible, comme tout corps élaftique , d’un certain degré de compreffion , comme l’avoient enfeigné Le baron de Perulam , Fabri & Boyle. Si ce degré de compreffñion w’eft pas con- fidérable en comparaifon de celui de l'air, c’eft que nous poffédons l'eau dans fon état naturel, prefqu’aufli rapprochée qu’elle peut être. Toutes fes molécules infiniment petites fe touchent, elles ne peuvent donc être comprimées que de l'étendue de leur demi-diametre , & c’ef bien peu de chofe. Au contraire, lair n’eft jamais tel qu'il pourroits être ; dilaté fans cefle par la chaleur & la lumiere, fes parties font tou- jours très-éloignées les unes des autres: elles font donc fufceptibles d’un rapprochement proportionnel. ’ Ceflons donc de priver les molécules de l’eau d’une qualité générale; univerfelle , que nous trouvons dans l’air, le feu & la lumiere, & ne jurant plus fervilement in verba magiffri, ofons enfeigner affirmativement que l’eau eft un amas de corps à reflort , & par conféquent, qu’elle eft compreflible. EEE emma lemsoechemamnr-+" 4 COPIE. D'UNE LETTRE De M. Acxarp, Chymifte, & de l'Académie de Berlin ; adreflée au Prince DE GaLLiTzIN ( 1), Ambafñladeur de Ruffie , à la Haye; Contenant la découverte qu'il a faite fur La formation des criflaux € des pierres precieufes. J E prends la liberté (c’eft M. Achard qui parle) de foumettre aw jugement de Votre Alteffe (2) une découverte à laquelle j’ai été ré- cemment conduit par laralyfe chymique du rubis, de l’émeraude, . (x) Le prince de Gallirzin aime & cultive les fciences; eeux qui s’y livrent, fons aflurés de trouver en lui un ami & un proreéteur généreux. Nous avons reçu la copie de certe lettre, de M. de Magellan, de la fociété royale de Londres, à qui M. le prince de Gallirzin l’avoit adreflée. (2) Dans le cahier du mois d'avril dernier , on lit Son Excel He = de frs Si Ale , on litSon Excellence M. le duc d'Arems- sur L’H1sT. NATURELLE ET LES ARTS. 13 du faphir, de l’hyacinthe, de la topafe orientale & des grenats de Bohème. Les naturaliftes ont , jufqu’à préfent , regardé ces pierres comme compolées de terre vitrifiable, & j'ai trouvé, au contraire, qu’elles font compofées de terre alcaline , c’eft-ä-dire, de terre calcaire & de terre alumineufe , mêlées en différentes proportions, avec une petite quantité de terre vitrifiable & de terre métallique, principalement avec la terre ferrugineufe. Je crus pouvoir expliquer par-là, pourquoi on trouve les pierres criflallifées, Cette explication avoit paru jufqu’à ce jour très- difficile & très-peu pofible, parce que toute criflallifation fuppofe néceffairement une diflolution préliminaire, & parce qu’on ne connoît pas dans la nature un diffolvant de la terre vitrifiable , tandis qu’elle nous préfente plufñeurs menftrues capables de diffoudre les terres alcalines. Pour que les criftaux foient indiflolubles , comme cela a lieu à Pégard des pierres précieufes , il eft effentiel que le diflolvant abandonne les terres qu'il tient en diflolution, au moment où les parties fe réunif- fent & fe criftallilent. Or, de tous les diflolvans connus des terres alcalines , il n’y a que l’air fixe qui puiffe fatisfaire à cette condition. Je penfai donc que l’eau imprégnée d'air fixe , faturée de terres alcalines , en fe filtrant par des couches de terre, & en s’attachant en gouttes à la partie inférieure de ces couches, pouvoit, lorfque l'air fixe s’en échappe , occafionner la réunion des parties de la terre que l’eau avoit diffoute par fon intermede , & former de cette maniere des criftaux différens , fuivant les circonftances dans lefquelles fe fait la criftalli- fation , & fuivant la nature & la proportion des terres alcalines, dont l'eau imprégnée d’air fixe étoit ‘chargée. L’obfervation qu’on a faite fur l’origine des fpaths calcaires criftallifés, fembloit confirmer cette idée. Je crus cependant qu'il étoit effentiel de la déterminer d’une ma- mere plus précife, par l’expérience. La figure premiere , planche pre- miere, repréfente l’inftrument dont je fis ufage. A,B,C,D. C’eft un tube de verre qui a $ pouces de diametre, fur un'demi-pied de hauteur. La partie fupérieure de ce tube eft couverte d’une capfule de laiton N, N, cimentée fur le verre , dans laquelle on pratique une foupape E , qui s'ouvre de l’intérieur à l’ex- térieur du tube, & qui eft comprimée d’un poids de quelques livres, afin qu'il faille un effort aflez confidérable pour l'ouvrir, & que cet effort ceffant , elle fe ferme fur le champ... A la partie inférieure de ce tube , on peut en vifler un autre z,b,c,f, au moyen d’un anneau de laiton. Ce tube a le même diametre ; mais il fuffit que fa hauteur #,c, foit de quelques pouces 2,4, &c,f, {ont deux diaphragmes d’un quart de pouce d’épaiffeur , faits d’un mélange d’une partie d’argille & de deux parties de fable , dent on forme des plaqués de cette épaif- feur , & qu'on fait çuire dans le fourneau des potiers,.…. L’efpace 14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, entre a,4, & ce, f,eft rempli de fable broyé , bien pur. ©... à deux: endroits de la partie inférieure du tube A, B, C, D, l'on perce deux petits trous ronds , qui réçoivent les extrémités des tubes de verre K, I, qui commun: quent avec des flacons de verre L, L, qu'on peut fermer exactement avec leurs bouchons de criftal , ufés avec l’émeri dans leurs ouvertures. k Pour faire ufage de cet ipftrument , l’on remplit d’eau le tube A,B, C,D, jufqu'à M, P , environ, &t lon y met les terres alcalines dont on veut que foient compofés les criftaux que l’on obtiendra. ... On met enfuite de la craie dans les flacons G, G, & l’on y verle de l'acide vitriolique le plus promptement qu'il eft poflible. De cette maniere, ’on impregne l’eau d'air fixe , & on la rend capable de diffoudre les terres qu'on a mifes dans le tube A,B,C, D. Il convient de reproduire de cette maniere, de l’air fixe, toutes les huit ou toutes les douze heures , afinj que l’eau du tube A,B,C, D,en foit toujours bien imprégnée. i La foupape L empêche qu'on n'ait pas la rupture du tube à craindre, & que l'air y foit cependant fort condenfé, ce qui met l'eau en état d'abforber & de retenir une grande quantité d'air fixe. Cet inftrument repofe fur une efpece de trépied. L'eau fe filtre alors fort. lentement par les deux diaphragmes 4, b, &c,f, & parle fable broyé qui eft entr'eux, & s'attache en gouttes & en-deffous à l'endroit M. Pour que l'expérience réuffifle , ces gouttes ne doivent fe fuccéder que dans lefpace d’une demi-heure à l’autre, & même davantage. Après l'expiration de Ia dixieme femaine , j'ai obtenu de cette maniere , de petits criftaux fort durs & tranfparens , qui étoient formés à l'endroit M. Ils n’avoient aucune couleur lorfque je n’avois pas mis de la terre métallique dans Île tube A, B,C, D; mais lorfque jy eus mis un peu de chaux de fer , ils avoient une belle couleur rouge, approchant de celle du rubis. Lorfque je n’ai mis que de la terre calcaire dans ce tube, j'ai obtenu alors les criftaux bien plus promptement, TNT El Cr? sur £'HrsT. NATURELLE ET LES ARTS. 15 PAC M LCR. CN ES Sur la mort des Noyés, & fur les moyens d'y remédier; Par M. GARDANE, Doéeur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris ;. Médecin de Montpellier, Cenfeur Royal , &c. O N a cru pendant long-temps que la mort apparente des noyés avoit pour caufe la préfence de l’eau dans leftomac ; cette erreur , accréditée ar Aëce, & adoptée depuis, par prefque tous ceux qui ont écrit jufqu’à la fin du dernier fiecle , a donné lieu à la fufpenfion & au rou- lement du corps des noyés. Prius autem , dit l’auteur cité, in capur ipfos fufpendere convenit , aut cogere quo abforptam aquam evomant. Ranchin , profefleur de médecine en luniverfité de Montpellier , eft le premier qui fe foit récrié contre œet ufage. Mais il étoit rélervé à Plater , Médecin de Bafle, de détruire ce préjugé par le raifonnement & par l'ouverture des cadavres. Plater fit encore un pas vers le vrai, en renverfant l'opinion de ceux qui attribuoient la caufe de la mort des noyés à l’eau contenue dans l'eftomac , il douta de la préfence de ce fluide dans la poitrine des noyés , & crut que c’étoit plutôt au défaut. d’air qu'il falloit attribuer leur fuffocation. Qui Jubmerguntur non tam ab aque influxu , quèm ob impeditum omnem aeris tranfitum fuffocantur. Vers la fin du dix-feptieme fiecle, Waldsmicht tenta des expériences en apparence plus. certaines , defquelles il réfulta qu'il n’entroit pas. une goutte d’eau dans la poitrine des noyés , in fubmerfis ne guttulam: quidem aquæ in ventriculo aut in thorace reperire wnquam licuit. Be.ker , Médecin d’Asfeld, mit depuis cette vérité dans un plus grand jour par des expériences & des recherches nouvelles. Detharding s’en convainquit également par louverture des cadavres des noyés; mais au lieu d'attribuer leur fuffocation au défaut d'air, il crut, au contraire , que le poumon reftoit engorgé par ce fluide ; il fuppofa que les bronches des noyés en étoient remplies , & foutint que la trachée-artere , exaétement fermée par l’épiglotte , en empêchoit h fortie ; de 1à vint que, dans le d-flein de débarraflen promptement le poumon oppreflé , il imagina d’incifer la trachée au-deflous du nœud: de la gorge. pour méniger à ’air, retenu par l’épiglotte , une iflues, qui, felon lui, ne pouvoit avoir lieu fans cet expédient. 4 De Sénac, Morgagni, Hallet, & de Haën, ayant examiné le même fujet , n’ont pas trouvé de l’eau dans la poitrine des noyés ; obfervant: 16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, encore que l'épiglotte étoit relevée dans les cadavres de ces afphixiques ; ils ont également dérogé à l'opinion de Detharding , & font.revenus au fentiment de Becker. Quoique ce fentiment , appuyé fur des autorités auf graves, füt devenu prefque général , il a pourtant été combattu par quelques phy- ficiens , & notamment, par M. Louis , qui, pour cet effet , a tenté des expériences très-ingénieufes. Je noyai, dit-il, quelques chiens & quel- ques chats; À l'ouverture de ces animaux , on vit que les poumons étoient gonflés ; je fis une incifion longitudinale à la trachée-artere, & comprimant enfuite la circonférence du poumon ; je fis couler une partie de l’eau qui y étoit contenue. Javois envoyé noyer un chien dans une eau bourbeufe, nous lui trouvâmes de la boue dans la trachée-artere ; je verfai environ deux pintes d'encre dans une fufiifante quantité d’eau pour fubmerper un chat ; à l'ouverture de la poitrine, je trouvai les poumons gonflés & noirs , la cavité des bronches & la trachée- artere étoient pleins de cette eau noircie. Voilà donc une feconde fois le fyflême de l’abfence de l’eau dans’ la poitrine, renveré , & les phyficiens indécis fur Ja caufe de la mort des noyés ; conféquemment , fur le parti qu'il faut prendre pour les fecourir efficacement. Dans cette incertitude, jai cru devoir fuivre Vanimal au moment de l'immerfion , pendant l'immerfion même , (s'4 après qu’on l’a retiré de l’eau. Etat de L'animal au moment de l'immerfion. Le faififlement eft le premier effet de l’immerfion, il eft occafionné par la peur & par la fenfation que l'animal éprouve , quand fon corps eft tout à coup environné d’eau; dans cet inftant, il fe fait en lui un mouvement involontaire, c’eft une fenfation toujours nouvelle , même pour ceux qui font dans l'habitude de fe baigner , laquelle augmente à raifon de la profondeur de l’eau & de fa température. L'effet de ce fentiment eft de tendre la fibre , d’exciter une infpiration profonde , & aufli-tôt après un ferrement de poitrine , un tremblement général, accompagné d'une refpiration précipitée. Cette fenfation devient plus forte encore quand la tête ef plongée dans l’eau ; ce fluide , s’infinuant dans le nez, y excite un picottement douloureux ; on fent encore dans les oreilles un tintouin violent , pro- venant de Ja même caufe; & ces deux effets réunis, étourdiflant l'im- mergé , lui font perdre la tête. Je me {uis trouvé dans cet état deux fois en ma vie, une fois dans l’eau de mer , & une autre fois dans l’eau douce ; depuis j'ai répété la même expérience fans danger , & il eft peu de monde à qui il foit arrivé de tomber dans l'eau, fans avoir éprouvé la même chofe, Ce, RL HISTANATURELLE ET LESSARTS , 17 Ce qui fe pale hors de l'eau , lorfque l'animal en fort libremenr. Lorfqu’après avoir refté une minute dans l’eau ; la tête y étant plon- gée, on en fort de foi-même, ou par le fecours d’autrui, on crache, on toufle & l’on mouche beaucoup, fur-tout fi c’eft dans l’eau de mer; on fe fent aufh la tête étourdie. La même chofe arrive aux animaux retenus dans l’eau pendant un court efpace de temps ; la fortie de l’eau eft marquée par une expiration , & fuivie d’une refpiration forte, préci- pitée & comme convulfive. Dans ce premier cas, il eft évident que l’animal eft faifi en entrant dans l’eau qu'il infpire profondément , que l’immerfion de la tête l'érourdit , & que, menacé de fuffoquer en donnant entrée à l’eau dans la poitrine , il retient , machinalement & fans réflexion , l'air dans les poumons, jufqu'’au moment où, délivré du danger, il re- jette tout de fuite l'air retenu dans fes bronches , & fe livre à une ref- piration précipitée, fuite néceflaire de la gêne où il s’'étoit trouvé jufqu’alors, Il eft d’autant plus porté à retenir ce fluide & à refufer l’entrée à l’eau, que lirritation caufée par ce liquide , excite le fpafme de tous les mul- cles expirateurs, Ce qui fe palfe dans l'eau lorfque l'animal fubmergé ne peut en fortir ni en étre retiré avant d’être fuffoque. Les chofes changent, lorfqu’au lieu de fortir de l’eau, ou d’en être retiré à temps, l'ignorance de nager, le poids des hardes ,ou tout autre caufe violente , y retiennent le fubmergé ; alors, l’air retenu dans les poumons , fe raréfiant de plus en plus, augmente d'efforts contre la parois intérieure des bronches , & menaçant par cette diftenfion , l’animal d’être fuffoqué , il le force de diminuer la réfftance oppofée à fa fortie. De là , doit s’enfuivre néceflairement une premiere expi- ration , dans laquelle l’animal rend une partie de l'air renfermé dans les bronches, & cette expiration paroïît devoir fe faire avec d'autant plus de force, qu’à la contra@tion naturelle des mufcles expirateurs , fe joint l’aétion du poumon même , dont les bronches ont été vive- ment diftendues. En effet, il doit d'abord arriver ici , comme on lobferve dans l’animal forti de l’eau avant l’afphixie , une expira- tion ; mais qui, loin d’être complette dans le cas préfent , ne fe fait, au contraire , qu'à moitié , & refte fufpendue , dans la néceflité où fe trouve l’animal , une fois foulagé , de retenir une portion d'air dans les bronches , & de ie maintenir dans l’état d'expiration , afin Tome XI, Part. I, JANVIER 1778. € 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUES = de repouffer l’eau qui l’environne & qui s'introduiroit à coup für dans les bronches au premier mouvement d’infpiration. L'animal pa- roit encore faire ici en deux ou trois fois , machinalement & fans con- noiffance , ce que le plonseur fait en plufieurs fois par réflexion, avec cette différence, que le plongeur , confervant fa tête , regagne la furface de l’eau , fi-tôr qu'ils preflent le vuide d’air qui va fesfaire dans fà poi- trine, tandis que celui qui fe noye, ne pouvant ou ne fachant revenir fur l'eau , doit achever enfin fon expiration, & tomber dans une afphixie irévitable. $ L'expérience vient encore à l’appui de ces préfomptions ; j'ai pris un chien, que j'ai attaché par les deux pattes de derriere , avec®une fice le, à l’un des bouts de laquelle étoit fufpendu un poids qui excédoit de beaucoup les forces du chien &e fa pefanteur ; je tenois l’autre bout hors de l’eau , de maniere que le chien , plongé dans un baflin, fut entre deux eaux , fes pattes de derriere en en-bas , ayant fuivi la diredion du poids, & fa tête élevée, n’érant qu'à quelques pouces de diftance au-deflous de la furfice de l’eau : il fortit de la poitrine beau- coup d’air qui fit irruption à la furface de eau, puis il en fortit encore à peu près la même quantité, & enfin, lorique cette derniere portion d’air fut échappée , l'animal fe précipita au fond du baflin, & parut mort. Mais dans le cours de cette expérience, je n’ai jamais vu [a furface du baflin fe déprimer en aucun endroit particulier, encore moins dans celui qui répondoit à la tête du chien; cette égalité de la furface de l'eau, étoit encore plus remarquable à la derniere portion d’expira- tion, qu'aux premieres, parce que le chien fe débattant moins , ,& l'air fortant avec moins de force, on appercevoit mieux çette égalité, quoiqu'à cette derniere époque, l’eau eüt dû entrer avec plus d'abon- dance & de facilité dans la poitrine. ! Cette expérience eft en tout femblable à celle de M. Louis, je lai plufieurs fois répétée, elle n’a jamais varié, excepté dans le plus ou moins de temps que l'animal a vécu, &c s’eft débattu dans l’eau; conf- tamment il eft tombé afphixique au moment où les dernieres bulles d’air font forties de fa poitrine, c’eft-à-dire au moment où l’expiration graduée étoit finie, & où l'air qu'il avoit machinalement confervé d ns les bronches étoit épuifé; vraifemblablement , parce qu’alors les poumons étant affaiflés, & le dégorgement des veines du cerveau ne fe faifant plus, la circulation devoit être également fufpendue. On fent bien que tant que animal expire, l’eau ne peut s’introduire dans la poitrine ; ainfi, quoique je me réferve de traiter cette derniere queflion dans un article particulier, comme on a vu par les faits & par l’expérience, que le noyé périffoit dans une expiration foutenue , & fans donner aucun figne d’infpiration, je crois pouvoir conclure, par La SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 19 anticipation , que s'il entre de l’eau dans la poitrine des noyés, cela ne peut fe faire qu'après le dernier mouvement d’expiration | & que cette eau n'eft point la caufe de l’afphixie. Examen des Noyés retirés de l’eau. Etat de leur poitrine. On trouve ordinairement dans le cadavre des noyés , qui n’ont pas été fecourus , la langue tirée, la bouche & le nez tamponnés d'écume , la même écume rempliffant la trachée-artère & les bronches ; leur poumons gonflés & comme engorgés de cette matiere, & les vaiffeaux fanguins très - pleins. L'épiglotte , que Detharding avoit fuppofé collée exa@tement fur la glotte, ne left pas; au contraire , elle eft conflimment relevée ; je l'ai obfervé fur le cadavre des hommes & des animaux noyés ; M. Louis l'avoit remarqué de même, & c’eft le réfultat de l’obfervation de pref- que tous les phyficiens. On trouve dans les bronches & dans la trachée des noyés, une écume aflez blanche, qui occupe principalement les bronches, & la partie pofté- rieure & membraneufe de la trachée-artère ; les poumons font engoués jufqu’à un certain point, mais cet engouement n’eft point général, ni ne s’obferve pas également fur tous les noyés; d’ailleurs, ils ne pré- fentent rien de particulier , finon que quand on les prefle , il en fort aïfe- ment de l’air, mêlé avec de la mucofité en écume. Il fort de la bouche & du nez des noyés, une écume femblable à celle de la poitrine, qui ne s’y manifefte qu'un certain temps après qu’on les a retirés de l’eau, & qui paroïffant d’abord peu de chofe, acquiert infenfiblement du volume , au point de couvrir une partie de la face du noyé; je parle ici de ceux auxquels on n’a point foufflé dans la bouche, tels que je les ai vus fouvent fur le rivage dela mer, dans le temps où le peuple , craignant les pourfuites de la juftice, n’oloit encore les fecourir. Etat de la tête. Rien de particulier dans l'intérieur de cette capacité , finon que les finus veineux font extrêmement pleins de fang , mais point d’en- gorgement trop confidérable dans les arteres | aucune rupture de vaifleaux ni d’échymofe, encore moins d’épanchement de férofité , même long-temps après leur mort. Les dents des noyés font ferrées, fouvent la langue eft prile entre - deux au point de fe gonfler, & d’être entamée par le tranchant des dents qui la ferrent, Je parle d’après ma propre obfervation fur les noyés non fecourus, dont les cadavres ont été ouverts dans les cimetieres après les formalités de la jufice. Ci 20 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, * Etat du bas = ventre. Jai cru trouver quelquefois de l’eau en plus ou moins grande quan- tité dans l’eftomac; Plater le nie, ce qui fait que je n’ofe abfolument Paffirmenr ; le bas-ventre ne m’a point paru gonflé dans les animaux récemment noyés ; il acquiert du volume & fe gonfle extrémement dans ceux qui reftent long-temps dans l’eau. Etat des membres & de la peau. L'animal noyé que l’on fort de l’eau auffi-tôt après fa fuffocation, eft dans un état de contraétion : je l’ai remarqué dans les chiens que je retirois de l’eau, aufi-tôt qu'ils étoient tombés en afphixie ; mais, lorfqu'il eft abandonné à lui-même dans l’eau ou hors de l’eau, fes membres fe roidiflent davantage comme dans la mort ordinaire; dans les hommes , les mains font ferrées au point que les ongles entrent - quelquefois dans la chair. La peau des noyés eft fouvent échymofée, leur vitage eft rouge & les veines du cou paroiïffent tuméfiées. Tel eft, en général, l’état des noyés, du nombre defquels il faut pour- tant excepter ceux qui reçoivent des coups dans l’eau, ou qui ont été bleffés avant d’y entrer. Ce tableau, qui eft le réfulrat de mes pro- pres recherches, pourroit être confirmé par le témoignage de plu- fieurs écrivains , sil s’agifloit moins ici de faits que d’autorités. S'EG O N'DLE RAA RTE: x . . 1 . ." ; Après avoir décrit l’état des noyés , il refle à examiner les queftions auxquelles il a donné lieu. PREMIERE QUESTION. Entre-t-il de l’eau dans la poitrine des Noyes ? On a dû obferver que l’eau ne pouvoit pénétrer dans la poitrine , tant que l'animal fubmergé retenoit fa refpiration , ou.que ne ref- pirant que par parties, fans donner aucun figne d’infpiration , fa poitrine expirante faifoit fans cefle effort contre l’eau qui l’environ- noit; de même, l’on a vu par la feconde expérience , que l'animal tomboit afphikiqgue , en laifflant échapper la derniere portion d'air qui reftoit dans fes bronches , & que dans toutes ces expirations partielles, la furface de Veau n'étoit point déprimée , fur-tout à l'endroit qui répondoit à la gueule & au mufeau de l'animal : on peut donc en SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21 conclure, qu’au moins , jufqu’à cette époque , le noyé n’a pu infpi- rer une feule goutte d’eau. Cette preuve fe forufie , en réfléchiffant fur l’état de l’épiglotte & de la glotte , au moment où la premiere goutte d’eau, irritant les parois de cette ouverture , les force d’entrer en convulfion & de la rétrécir. La glotte dans l’homme eft oblongue & n’a qu'environ trois lignes de largeur; l’épiglotte ia couvre tellement que, fi l’eau n’eft pas afpi- rée , elle ne peut y arriver fans abbaiffer cette valvulve large dans fa bafe , à moins que l’eau ne defcencit dans la poitrine par le nez, ce qui ne peut fe faire à caufe de la conftriétion de cet organe , extrêmement irrité & crifpé par la froideur & le picottement de l’eau, Comment donc pourroit-il fe faire que, tandis que l'animal fait fans cefle effort pour expirer , la fituation de lépiglotte , ajoutant à la force de l’air pour repoufler la colonne d’eau , & la glotte éiant très - étroite & très-rétrécie, comment fe feroit-il que l’eau , malgré tous ces obftacles , defcendit dans les bronches , s’infiltrât dans le poumon , & devint, par fa préfence , la caufe de la mort de l'animal ? Le fréquent retour à la vie,par les fecours adminiftrés de nos jours aux noyés, fans aucun égard à cette eau fi redoutée , & fans employer aucun des moyens indiqués par les partifans de cette opinion , prouve que 'ceite préfence eft fuppofée, ou du moins, que s'il pé- netre de l’eau dans la poitrine, c’eft accidentellement , qu'il n'en entre point aflez pour y faire attention , & qu’il faut attribuer la mort des noyés à une autre caufe. En effet, fi l’eau entroit dans la poi- trine par infpiration , comme on l’a prétendu, on ne devroït pas trouver d’écume n1 dans la trachée, ni dans les bronches ; car l’eau introduite ainfi, loin de contribuer à la formation de cette écume , feroit plu- tôt capable de la délayer & d’en affaifier les bulles ; ce qui n’arrive pas , puifqu’on la voit , au contraire , s’accroïtre dans les noyés non fecourus. Quoique toutes ces raifons paroiïflent affez fatisfaifantes , je devois les appuyer fur des faits. En conféquence , j'ai noyé des chiens dans leau colorée avec de lencre, fans les plonger par la tête | comme on l’a fait très-fouvent & fans les violenter d'aucune maniere. Après leur avoir fait pafler autour du ventre une courroie à la- quelle étoit attaché un poids très-confidérable , je les ai fait préfenter à la furface du baflin rempli de cette eau noire , ayant foin d’écarter tout le monde , afin de ne point les eflaroucher , & faifant foulever le poids , de maniere qu'aucun üraillement ne püt les exciter à crier ni à fe débattre, Lee 22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Aïnf foutenus daris les bras d’un homme qu'ils connoifloient , ils fe font laiffés placer paifiblement à la furface de l’eau , où l’on a obfervé de les tenir dans une fituation horizontale & comme couchés , afin que , même les pattes ne touchaflent point à l’eau jufqu'à l'inftant précis de limmerfion. Après ces précautions on a lâché le poids qui les a’entraînés au fond du bafiin fans aucun cri 6€ fans trop de réfiflance. Ces animaux ont été noyés dans l'efpace de trois, quatre & cinq minutes. Dans cet inter- valle , ils fe font médiocrement agités, & ont manifefté par des bulles d’air confdérables qui faifoient irruption à la furface de l’eau à diverfes reprilss jufquau moment de leur afphixie, que lexpiranion graduée, déjà décrite , étoit l'état dans lequel ils périfloient. De ces expériences il eft réfulté, que les chiens noyés avoient environ un demi-verre de liquide dans l’eftomäc , quoique J’eufie eu lattention de les faire manger fans boire quelque temps avant l’expérience ; refte à favoir fi ce liquide n’eft pas de la férofité, plutôt que de l'eau du réfervoir, car cette eau n’étoit pas noire. L’abfence de l’eau dans la poitrine paroiïfloit moins équivoque. Je n’en ai pas trouvé une feule goutte ; il y avoit de l’écume le long de la trachée. artere 8 des bronches , maïs pas un feul point de cette capacité n’étoit teint en noir : la diffeétion de ces parties a été faite avec le plus grand foin. Seulement, j'ai remarqué quelques points noirs à la bafe de l'épiglotte , beaucoup fur la langue quigtoit en grande partie hors de la. gueule de ces animaux. Ces expériences paroïflent contredire celles de M. Louis , rap- portées au commencement de ce Mémoire; on peut cependant les concilier. L’introduétion de l’eau teinte ou bourbeufe dans la poi- trine, dans les cas rapportés par ce phyficien, dépend , fans doute, de la maniere dont les animaux ont été fubmergés ; dans les premiers effais , les animaux préalablement garrottés avec appareil & prefque toujours faifis par les pattes de derriere, n’ont jamais été enfoncés profondément dans l’eau ; de cette maniere lanimal fe débattant fans ceff2 contre ceux qui lui faifoient violence , a dù crier beaucoup, & redoubler d’infpiration & d’expiration à la furface de l’eau , dans laquelle il s’eforçoit de ne point entrer ; il n’étoit donc point éton- nant alors de trouver de l'eau infpirée dans la’ poitrine. C'eft ce qui m'a fait prendre tant de précautions dans mes dernieres expériences , & ce qui, vraifemblablement , a produit la différence dans les ré- fultats. Cette même différence fembleroit donner la raifon pour la- quelle certains noyés ne peuvent être rappellés à la vie, quoiqu'ils n’ayent pas demeuré long-temps fous l’eau , & que leur corps nait reçu aucune bleffure ; la réalité de leur mort dépendant alors de la manière plus ou moins violente dontls feroient entrés dans ce fluide, PRE SUR NL HIS T. IN ATURIELLE ET LES, NA RTS: 429 & des cris qu’ils auroient pouffés en y entrant, c’eftà-dire , que la certitude de leur mort ne viendroit que de l’eau qu'ils auroient abondamment infpirée dans les mouvemens alternatifs de leur poitrine au moment de l'immerfion. SECONDE QUESTION. D'où peut venir lécume des Noyés ? L'expérience a prouvé que jufqu’à ce que l’animal qui fe noye füt forcé de renouveller l'air retenu dans fes bronches par une infpiration violente, cet air agifloit fortement contre les paroïs des voies aériennes , & l’on fait jufqu'à quel point l'air peut être introdiut dans la fubf- tance des poumons. On fait encore qu'après avoir foufflé dans la poitrine d’un cadavre , ce vifcere refte gonflé & comme engoue d’air, même la glotte étant ouverte & libre. Il n’eft pas moins certain que la portion de ce fluide qui avoit péné- tré la fubftance du poumon avant la derniereexpiration, peut & doit y demeurer engagée, au moins pendant quelque temps. Mais l’animal une fois afphixique, la trachée étant vuide d’air après la derniere portion d'expiration , il s'exprime néceffairement une grande abondance de mucofité dans les voies aériennes , fur-tout , par la patie membraneufe de la trachée , plus particuliérement parfémée de corps ÉBAUÈUX & toujours couverte en partie de cette mucofité chez es noyés, de même que dans le fœtus qui na point encore ref- piré. Cette mucofité fe mêlant donc avec les molécules d'air, pourra fe transformer d'autant plus aifément en écume , que ce même air qui -reflue du poumon étant ainfi enchaîné , n’eft pas autrement comprimé dans l’efpace , vuide alors , de la trachée-artere ; & comme lanimal eft fans vie, & le poumon fans ation , ce même air, ramaflé en veflies , & retenu par la fubfiance muqueufe qui les forme , ne fauroit fortir hors de la trachée , même après que le noyé eft retiré de l'eau , à moins que l’on ne brife les veflies de l'écume , & qu'on ne lui donne, par quelque moyen que ce foit, une plus libre iflue par une communication plus directe avec lath- mofphere. Encore cette fois l’expérience vient à l’appui de cette eonjeture. Jai plufeurs fois foufflé dans les poumons de mouton par la tra- chée-artere avec un foufflet ordinaire, enfuite , ayant demeuré quel- que temps fans lier ce canal , je l’ai incifé au-deflous du cartilage tyroide , & il en eft toujours forti de l'air , fouvent avec irruption, fur-tout ; pour peu qu'on pprefiät les poumons. Les cris que l’on 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fait poufler aux chats morts en déprimant leur poitrine , font une nouvelle preuve de la réalité du reflux de Pair pulmonaire dans les bronches. De là vient, fans doute, qu’en abandonnant le cadavre du noyé fans fouffler dans fa bouche , l’écume augmente au point d’engorger de plus en plus cette cavi é & celle du nez, & de faire irruption par ces ouvertures , ce qui n’arriveroit pas fi l’écume provenoit de l’eau intro- duite & fousttée avec l'air dans les bronches par les infpirations & expirations répétées de l’animal qui fe noye. Une fois ces mouvemens arrêtés , l’écume s’:#aiferoit d'elle-même, & cela d’autant plus aifément que , comme je l'ai déjà remarqué , elle feroit davantage déprimée & délayée par l'eau afluente. Après avoir foutflé dans des poumons de mouton, fi l’on vient à renverfer la trachée-artere , il en découle une férofité plus ou moins abondante , 8: il n’eit pas rare de voir l’écume fe former par cette infuflation : ceite deraiere remarque , que chacun peut faire encore, prouve de plus en plus qu'il eft inutile de recourir à l'entrée de l'eau dans les bronches pour expliquer ce phénomene dans les noyés , & ajoute un nouveau degré de probabilité à l'explication que Je viens d'établir de la formation de cette écume. De même ; ce n'eft que d’après cette ætiologie qu’on peut rendre raifon de l'écume qui fe manifefte affez fouvent chez les pendus & les per- fonnes fuffoquées par la vapeur du charbon , ou par quelque vapeur méphitique, puifque l’ou ne peut alors mettre l’eau en jeu comme caufe de ce phénomène. & C’eft auffi de cette maniere qu’on peut trouver la folution des Pro- blemes fuivans : Pourquoi les noyés & les autres fuffoqués , quoique mourans par le défaut d'air , ont néanmoins leurs poumons aflez engor- ges ? Pourquoi l’écume remarquée occupe principalement la portion membraneufe de la trachée ; car ce phénomene eft frappant dans lou- verture de leur cadavre ? Pourquoi cette écume augmente fans ceffe de volume ? Pourquoi l'état des noyés fe rapproche fi fort de celui des autres afphixiques , qu’une grande partie des principaux fecours employés avec fuccès dans une afphixie , peut convenir également dans les autres ? Enfin, pourquoi l'abondance de l’écume eft d’un mau- vais préfage, comme tous les obfervareurs l’ont remarqué; car cette écume augmentant avec la diffance du moment de lafphixie & la difculié de les rappeller à la vie s’accroiflant avec cet éloignement, plus il y aura d’écume, moins on aura lieu d’efpérer du fuccés. TROISIEME nl SUR. L'HIST.. NATURELLE ET LES ARTS 25 HUR O1 SÈLE MIE QUE SI FE ON. Les Noyes meurent-ils apopleiliques ? Cette queftion eft d’autant plus intéreffante, qu’on a en dernier lieu regardé l’apoplexie comme la caufe de la mort des noyés, & que, de la folution de ce problème dépendent les premiers fecours qu’il convient d’adminiftrer à ces afphixiques. On a dù voir par le réfultat de l'ouverture de leurs cadavres que, fi les veines étoient extrêmement remplies de fang , il n’en étoit pas de même des arteres ; qu’à moins de quelque accident particulier, on ne trouvoit dans leur cerveau ni rupture de vaifleaux, ni épanchement de férofité; ce qu’on rencontre fouvent dans celui d’un animal mort d’apoplexie: ajoutez à cela que les noyés bien fecourus reviennent aifé- ment à la vie; ce qui arrive rarement aux vrais apopleétiques quelque foin qu’on prenne ; encore leur refte-t-il prefque toujours des paraly- fies des membres & une affeétion marquée du cerveau, ce que les noyés revenus n’éprouvent jamais. Ce n’eft donc point dans la tête, mais dans la poitrine qu’il faut chercher la véritable caufe de leur mort. Elle paroît être l'effet du fai- fiflement & de l'expiration graduée qui, s’oppofant au retour du fang du cerveau, arrêtent la circulation de ce fluide & les mouyemens du cœur, «en même-temps qu'ils terminent ceux de la poitrine. Dans cette fufpenfon des fonétions vitales , le cerveau refte dilaté comme il left toujours quand l’animal fain expire ; mais cet engorgement appa- rent des vaifleaux vineux de ce vifcere qui fe fait alternativement avec la dilatation des poumons dans tous les animaux vivans & fains, & qui n’eft qu'une fuite de la caufe de la mort des noyes, eft très- éloigné de l’apoplexie ; autrement, tous les animaux feroient apo- pleétiques la moitié de leur vie : car la vie animale étant partagée en infpirations & en expirations , & le fang ne revenant du cerveau dans la poitrine qu'avec l'infpiration qui diftend les vaiffeaux de cette der- niere capacité ; le cerveau s’éleve à proportion du reflux du fang caufé par l’affaiflement de la poitrine expirante, comme MM. de la Mure & Haller lont autrefois démontré. La nature prévoyante a prévenu ce malheur, en donnant aux finus veineux du cerveau une ample capacité, beaucoup de foupleffe dans leurs tuniques, & fur-tout, en les difpofant de maniere qu'ils puf- fent s’engorger jufqu’à un certain degré, fans blefler les fonétions du vifcere qu'ils parcourent; ils fervent comme de réfervoir au fang forcé à chaque expiration de s’y ramaffer : f’nus enim venoft encepkali, dit M. Van-Swieten, continere poffunt magnem copiam fanguinis, fêcque Tome XI, Part, I, JANVIER 1778. D 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, diverticula quafi faciurt ubi pars fanguinis venoft colligi poffit & hærere, pro guodam tempore., dum venarum Jugularium commoda evacuatio im- peditur. La rougeur du vifage auquel on seft arrête » ft une fuite de la même pléthore ; elle eft produite dans le noyé par la fufpenfion de la refpiration, comme dans la peur ou dans la honte; car alors , les mouvemens de la poitrine font fufpendus. Tout ce qu'on vient de dire eit fi vrai, qu'il fuit ordinairement de rappeller le mouvement de la refpiration pour redonner la vie aux noyés ; aufli-tôt qu’on fouleve leur poitrine & que les mufcles infpi- rateurs {ont mis en jeu, les veines de cette capacité fe développent, le fang , auparavant arrêté dans les finus veineux du cerveau, reprend fon cours, & le noyé reflufcite, ce qu’on n’obtiendroit jamais de cette maniere , f la compreffion apopledique avoit lieu. Pour que cétte compreflion fi redoutée devint fâcheufe , il faudroit qu'en même-temps que les veines jugulaires ne peuvent dégorger le fang retenu dans celles du cerveau , les carotides continuaflent d’y porter ce fluide ; alors, vivement preflé entre la puiflance & la réfiftance, il diftendroit à proportion les parois des vaifleaux veineux du cer- veau , comprimeroit ce vifcere & pourroit produire les accidens redoutés, C'eft encore ce qu'a fort bien remarqué le célèbre auteur cité : Sed venis compreffis majus difcrimen adefl, ne cerebrum obruatur fanguine, dur arteriæ contirrud Pergune. Telle eft auf la raifon pour laquelle tous ceux qui ont bien me- dité l’état des fuffoqués, noyés ou autres , l’ont regardé comme l’arrêt fubit de tous les mouvemens "de la machine animale , fans en détruire totalement le principe , & en lui laiffant reprendre fon aétion , pour peu qu'il foit aidé; à peu près comme on voit une montre, dont aucune piece n’eft effentiellement dérangée , mais qui s’eft arrêtée par un trop | grand froid ou par quelque autre caufe , reprendre fon mouvement à l’aide d’un peu de chaleur & d’une légere fecoufte , fuivant l’expreffion lumineufe des auteurs du journal des favans , & comme l’avoit égale- ment penfé Boerhave : Hic enim nulla eff corruptio | fed mera quies par- tium motricium ; cæterurm nihil mutatum eff. P. S. Ce premier mémoire, lu à l’académie des fciences, ainfi que le fuivant, a engagé MM. les commiflaires, nommés pour l’examiner, à répéter les expériences qui en font la bafe; il en eft réfulté que l'eau pénétroit plus ou moins dans les bronches de lanimal qui fe noye ; ce qui ma déterminé à le retirer, pour répéter une feconde fois ces mêmes expériences, & en retirer d’autres qui détruififient entiérement mon opinion , ou qui lui donnaffent un nouveau degré SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 27 de probabilité. J'ai donc noyé plufieurs chiens avec de l’eau colorée, & je n’en ai trouvé aucune trace dans quelques-uns : dans le plus grand nombre, il m'a paru que le limbe de la glotte en étoit teint; que plu- fieurs points de l’écume de la trachée & des bronches avoieit la couleur de l’eau teinte; mais cette eau a-t-elle perétré dans la poitrine du vivant de l'animal? l’a-t-elle fufoqué ? ne s’eft-elle pas oliflée plutôt dans la trachée , au moment même de lafphixie? Voilà des queftions que ces expériences, quoique très;précifes , n’ont pu réfou- dre ; & c’eft ce qui m'a replongé dans le doute, malgré le refpe& dû aux favans, dont les réfultats m’avoient d’abord fait renoncer à mon premier travail. Voici l’expérience que j'ai tentée pour foulever, s’il fe peut, un coin du voile qui cache la véritable caufe de la mort des noyés. Dans le mois de janvier dernier , je pris deux lapins que je tins enfermés dans un grenier. Je fis incifer à l’un & à l’autre la trachée artere en travers, & poufler par cette ouverture environ 2 onces d’eau pure & froide, dans les bronches de chacun d’eux. La pre- miere injeétion fe pafla fans aucun changement fenfible dans la refpi- ration ; elle fut faite le matin: je vifitai ces animaux pendant la journée ÿ ils ne rendirent point d’eau par la gueule mi par la plaie; ils mangerent comme à l'ordinaire, & parurent ne fe reflentir de rien. Deux jours après, je répétai la même expérience, avec le même fuccès ; de trois jours l’un je la continuai pendant un mois de fuite, fans que les animaux qui y étoient foumis, en paruflent affeétés ; feulement |, comme j’avois abandonné la plaie , fans panfement , & que tofis les trois jours on la renouvelloit par lintroduétion du bec de la feringue , il fe fit une fuppuration fi putride par cette voie, qu'il étoit impoñlible d’en foutenir linfeétion. Dans le cours des injeétions, je remarquai feulement deux fois, qu'ayant doublé Ja dofe de leau, les fapins n’avoient pu fe fou- tenir d’abord fur leurs pattes ; que lun avoit beaucoup toufle & éternué ; mais que tous les deux, après quelques minutes d’étouf- fement , s’étoient remis à marcher & à manger comme à l’ordi- naire, É D'après cette expérience, 1l paroïtroit que c’eft moins à la pré- fence & au poids méchanique de l’eau fur les poumons , qu’à la fenfation douloureufe produite dans lintérieur des narines & fur la glotte , au faififfement général de l’animal fubmergé, & aux convul- fions violentes de ces organes , qu’il faudroit attribuer fon afphyxie, laquelle alors deviendroit entiérement fpafmodique , & feroit abfolu- ment indépendante de l’eau introduite en plus ou moins grande quan- tité dans la trachée & dans les bronches. Di ” “ 28 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIOUr; L'état de violence & de contra@ion où je trouvent les animanx noyés logfqu'on les retire de Peau, confirme cette maniere d'envi- fager la caufe de leur mort, qui paroit d’ailleurs plus conforme aux loix de l’économie animale. En effet, notre corps ne doit point être confidéré comme une machine ordinaire; il faut fans cefle y avoir égard au principe de la vie, qui n’eft encore connu que par fes effets. Effrayez fubitement une perfonne dont les nerfs font extrêmement irri- tables, elle tembe aufi-1ôt en fyncope; fes membres roidis indiquent manifeftement la violence faite au principe vital, & caraëtérifent l’état fpafmod'que où cette efpece d’afphixie la laiflée. Ee même phénomene a lieu dans les épileptiques , dans lefquels on obferve, comme dans les afphixiques, lécume de la bouche, la conftriétion des mâchoïres, & le roidiflement des membres. Ainfi, ce que lafpeét d’un objet hideux peut produire en affeétant vivement l'organe de la vue; ce que le récit d’une mauvaife nouvelle & des fons effrayans, peuvent opérer en violentant lorgane de l’ouie; ce que des odeurs infcêtes & meurtrieres, ou des vapeurs âcres &c picotantes , telles que celles dû nitre, font éprouver à Podorat & à la trachée , la même irritation, excitée par l’eau, le caufera, fans qu'il foit néceflaire d'avoir recours à d’autres moyens d’autant plus incer- tains, qu'on ne peut s’aflurer du véritable moment de leur exiftence, qu'ils paroïffent même n’exifter qu'après l’afphyxie, & qu'ils ne fufñ- roient pas pour la produire s'ils avoient lieu auparavant. En effet, M. Tenon a prouvé par des expériences ingénieufes , que l’on pou- voit verfer une certaine quantité d’eau dans la poitrine d’un animal fans qu'il en mourut tout de fuite. Il faudroit donc une grande guan- tité d’eau pour noyer un animal; dans ce cas, d’où vient l’&iflence de cette eau ? gft - elle encore fi problématique? C’eft qu'il s’agit moin$ de lintroduétion de l'eau dans la poitrine que de lirritation jubite & fpafmodique. du nez 8£ de la glotte, pour opérer ce phé- nomene. Avec cette maniere d’envifager ce genre d’afphyxie , on explique aifément tous les fymptômeskqui laccompagnent, & lon accorde en même-temps les deux expériences contradiétoires par lef- quelles les uns prétendent trouver de l’eau dans la poitrine , & les autres aflurent n’en avoir point rencontré ; enfin, l’on fe rend aifé- ment raïon de la mort fubite de ceux qui fe noyent dans des baquets où il ny a fouvent pas aflez d’eau pour y enfoncer la tête entiere, comme je l'ai vu arriver dans Paris à deux enfans qui, ayant péri dans moins de quatre ou cinq minutes de cette maniere, n’ont jamais pu être rappellés à la vie. Mais foit qu’il entre plus ou moins d’eau dans la poitrine, foit que ce fluide fafle périr le noyé par fuffosation , après être arrivé dans le poumon ou par irritation , en frappant la trachée - artere , « SUR ‘L'HisT. NATURELLE ET LES ARTS. 29 foit enfin, que ces deux caufes fe trouvent combinées , l’expérience . que je viens de rapporter , prouve du moins que l’eau introduire dans la poitrine peut en être aifément abforbée, & portée vers les voies urinaires Ou vers d’autres organes excrétoires , fans qu'il foit befoin d’en folliciter la fortie par la bouche , en inclinant plus eu moins la tête & le tronc du noyé; à peu près comme l'infiltration du poumon dans les hydropifies de poitrine , peut fe détruire par une métaftafe quedggieu de l’organe cellulaire peut expliquer. De-là vient , fans doute , que l’infufflation de l’air dans la trachée, les friétions vives, & tout ce qui donnant direétement ou indireétement du reflort à cet organe, peut à la fois irriter & échauffer les noyés, ef fi fort capable de les rappeller à la vie. C’eft un fpafme que l’on détruit par un autre fpafme, en ébranlant en même-temps les lames du corps muqueux de la poitrine, que l'engouement avoit laiffées dans l’inac- tion, & donnant de même à celui de toute la peau une fecoufle qui, fe communiquant au fyflême général de ce corps ; facilite le dégor- gement .des poumons , rappelle la circulation fufpendue , & redonne à toute la machine l’ation & la vie qu’elle avoit perdues. L'inutilité de la faignée , en pareil cas , fon danger même , tel qu'il fera démontré dans la partie fuivante de ces recherches, prouve encore mieux que ce n’eft point dans les voies de la circulation que l'embarras fe rencontre , & que s’il en exifte , il réfide plutôr dans le tiflu muqueux, (En renouvellant l'expérience que je viens de rapporter avec des décoëtions déterfives , & différentes fortes d’air fixe médicamenteux , ou la vapeur de certains remedes appropriés contre la fuppuratiôn de la poitrine , peut-être feroit-il pofhble de porter direétemen dans les bronches un remede à la pulmonie , qui, jufqu'à préfent n'en a connu aucun , fur-tout à celle qui dépend moins d’un foyer profond de purulence dans la fubftance du poumon, que d’un fuin- tement mucofo -purulent des bronches & de la trachée, & fur-tout de la portion membraneufe de ce dernier canal, dont les glandes nombreufes , comme on:l’a vu , expriment une quantité de cette matiere âcre dans certaines phthifies pulmonairès, capable de rougir & faire faigner cette memhrane , à peu près comme le fain bois agit fur la peau. s La facilité avec laquelle l’eau pafle dans la poitrine |, en l’intro- duifant par une ouverture pratiquée au-deflous du nœud de à gorge, & les convulfons qui furviennent "à l’animal lorfqu’une feule goutte d’eau tombe fur le limbe de la glotte , prouvent que cet organe eft doué d’une extrême fenfbilité ; auf, voit -on que ceux qui crachent le pus , fe plaignent peu de la poitrine dans laquelle ils fentent rarement de douleur fixe & déterminée , mais qu'ils éprou- 30 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vent tous une âcreté confidérable à la gorge , laquelle excite la cha- leur & la toux, & aggrave leur maladie. Cette différence de fenfi- bilité, démontrée par l’obfervation & l'expérience, prouve lutilité des loocs & des liquides doux dans ces fortes de cas, contre l’ob- fervation de quelques phyfologiftes , qui, n’accordant d’effet à ces médicamens qu'après qu'ils ont été portés dans le poumon par les voies de la digeftion & de la circulation , en ont trop févérement profcrit l’ufage. De là , fans doute, viennent les fuccès obtenus par plufeurs praticiens dans les phthifies pulmonäires ; avec la con- ferve de rofe, de violette, & même le fucre feul, dont les malades font pour ainfi dire leur nourriture : de là vient auffi, que dans l’empieme, lorfqu’on pouffle une injeétion déterfive dans la poitrine , aufli-tôt les malades en fentent l’amertume dans la gorge & dans la bouche, comme Van -Swieten le fait remarquer, C’eft-là l’écueil de la théorie méchanicienne, qui doit rendre bien circonfpeë&t dans la pratique, & ramener davantage , de cette théorie erronée, à un empirifme éclairé. ) Il s’agit à préfent d'examiner les fecours que l’on adminifire aux noyés , de les pefer à une exaéte balance; & d'en faire un jufte choix d’après les raifons & les faits. La fuite dans le cahier de février. oo) OBSERVATION Sur Le phénomene de l'eau jettée daus un creufèt , contenant du verre en fufion. M. DESLANDES, chevalier de Saint-Michel & direéteur de fa manufadure royale des glaces de Saint- Gobain , fit voir l'année der- niere à M.le duc de la Rochefoucault & à moi, un phénemene furpre- nant & qui paroît d’autant plus extraordinaire , qu'il femble contre- dire tout ce qui a été écrit fur les propriétés de l’eau. M. Monnet, minéralogifte du roi & plufieurs autres phyficiens , en ont été encore les témoins pendant le cours de cette année. Ainf, c’eft donc un fait & une expérience aufli authentique , qu'il eft poflible de le defirer. Les phyficiens & les chymiftes ont regardé jufqu’à ce jour, l'eau comme un être ou un principe très-volatil , fufceptbie de la plus SUR UE HAIST. NATURELLE CET LES | ARTS. 91 grande expanfion & qui fe volatilife dès qu’il éprouve lation de la chaleur. Son effet, ont-ils dit, eft toujours en raïfon du degré d'in- tenfité de la chaleur. Il feroit trop long de rapporter ici les témoigna- ges des auteurs & de citer les exemples fans nombre des effets défaf- treux produits par l’explofion de l’eau. Il étoit donc naturel de pen- fer que leau jettée fur un corps fort chaud devoit éprouver une éxplofion terrible ; & cette expérience fe répete tous les jours fous nos yeux, lorfqu'on jette de l’eau fur du fer, fur du cuivre, fur des charbons ardens ; mais il paroît qu'il en eft autrement , lorfque le degré de chaleur eft à fon maximum (1). Dans le cas préfent l’eau refle tranquille en tombant fur le corps en fufion depuis plus de doure heures ; elle roule fur fa furface, comme feroit un métal fondu , ne jette aucune fumée apparente , & peu à peu elle difparoït entié- rement fans le moindre éclat, ni la plus légere détonation. Tel eft le phénomere de l’eau jettée dans le creufet qui contient la matiere des glaces en fufion. M. Deflandes a répété plufieurs fois cette expé- rience , & M. le duc de la Rochefoucault, M. Monnet & plufieurs au- tres attefleront que l’eau d’une cuiller de bois , contenant la valeur d’un bon verre d’eau , fut jetée fur la matiere des glaces, que cette eau prit aufli-tôt la forme fphérique , fans le moindre bruit; qu’elle prit ou parut prendre une couleur rouge , femblable à celle du creu- fet & du verre qu'il contenoit , qu’elle roula fur fa furface à peu près comme le plomb qui fe confomme dans une coupelle ; que l’eau diminva peu à peu de volume, & enfin, qu’il fallut de trois minu- tes, montre à la main, pour qu'elle füt entiérement évaporée. Une autre fois, M. Deflandes ne voulant, ou ne pouvant attendre que “cette eau füt entiérement diflipée, fit verfer la matiere du verre fur la table & fit couler la glace comme à l'ordinaire; il n’en réfulta aucune détonation. Pour expliquer ce phénomene , M. Deflandes dit , que l’évapora- tion fubite de l’eau +n’a lieu, dans d’autres circonftances , qwà caufe de l'air environnant ou ambiant qui, touchant immédiatement la furface de l’eau, lui donne, pour ainfi dire, des ailes ; mais, que dans la circonftance prélente, la chaleur extrême raréfie abfolument l'air, & l’ayant totalement diffipé de deflus la furface du verre & même à l’entour du creufet, il ne peut avoir de détonation. Au contraire, (1) 1 faut bien fe fervir d'une expreflion lorfque nous n’en ayons point encore pour défigner les degrés de la chaleur parvenue à un certain point, & le mor maximum ne peut pas être pris dans toute fa force, puilque nous ne favons pas, fi rigoureu- iement parlant , il exifle ou non unsplus grand degré de chaleur, - 32 OBSERVATIONS SUR LA PMYSIQUE, l'eau ne pouvant s’y volatilfer, contraéte un degré de chaleur fort fupérieur à celui qu'il auroit en fe volatilifant ; elle s’y fond , pour ainfi dire, & y paroïit dans un état qui a été vraiment incomnu juf- qu'ici. Cette obfervation a engagé M. Monnet à faire attention à ce qui fe paffe lorfque l’on ver'e de Peau fur Les métaux en fufñon. On fait que, lorfque l’on veut arrêter un coupellage , ou lorfque l’on veut prompte- ment faire figer l’argent qui provient de cette opération, on verfe de l’eau par-deflus & affez abondamment , au moyen d’un canal de bois qui la dirige. M. Monnet faifant cette opération fur un gâteau d'argent de 80 marcs, a remarqué que les premieres parties d’eau qui tom- bent fur le coupellage, c’eft-à-dire , fur l’argent en parfaite fufon, n'y font prefque pas de bruit, que ce n’eft que peu à peu & à mefure que l'argent fe refroidit , que l’explofion y vient plus fenfible & plus forte. 11 demande a@tuellement, d’après l’idée de M. Deflandes : N'y a-t:l pas lieu de croire que c’eft à mefure que l’air vient occuper la furface du métal & l’intérieur du fourneau, que l’explofon aug- mente ? Nous ne faurions trop inviter les phyficiens & les chymiftes à s'occuper de l'examen de ce phénomene. Il doit néceflairement con- duire à des découvertes utiles & importantes, OB SERV ATTON De M. DE BADIER , fur la nourriture des Colibris & des Oifeaux= mouches. Tous les auteurs qui ont parlé des colibris & des oifeaux - mou- ches s'accordent à dire, que ces oifeaux ne fe nourriflent que du fuc des fleurs, c’eft-à-dire , qu’ils fe font tous copiés fans examiner le fait; & voilà comme les erreurs fe multiplient & prennent de la confiftance. De ce que ces oïfeaux font infiniment petits, on a, fans doute, conclu qu'ils ne devoient être ni carnivores, ni granivores, & qu'il leur falloit la nourriture la plus précieufe & la plus délicate , & il a fallu que le fuc des fleurs, ce miel naturel, devint leur ali- ment. D’autres auteurs ont dit que, lorfque la faifon des fleurs étoit pañlée, ces oïfeaux reftoient engourdis & dans une efpece de léthar- gie. Cette affertion n’eft pas mieux fondée que la premiere; J'ai vu en tout temps à la Guadeloupe des colibris & des oifeaux-mouches ; ils voltigent autour des fleurs , & dans leur calice , ils enfoncent jufqu’au neétaire leur langue longue & déliée :woilà le principe de ts € SUR L’H1sT. NATURELLE ET LES ARTS. 33 Le 15 janvier , je tuai avec une farbacane , fur un cotonnier en fleurs, un colibri-grenat. De retour chez moi, je l'écorchai, & pour avoir plus de facilité, j'en enlevai les inteflins. A la vue d'un géfer gros & ferme, il me vint dans l'idée d'examiner ce qu'il contenoit. Je l’ouvris & je le vis rempli de membres de petits infeétes. Pour : men aflurer d'une maniere conftante, ce géfier fut vuidé dans un verre rempli d'eau-de-vie; par ce moyen les petits membres furent féparés les uns des autres, & à l’aide d’une loupe , je vis très-diflinc- tement des jambes & des ailes de la petite cicindelle jaune qu'on trouve dans les fleurs du cotonnier. Un mois après cette obfervation, j'eus occañon de la vérifier fur huit autres de diverfes efpeces ; favoir , trois colbris-grenats, deux à gorge bleue, deux oifeaux - mouches huppés & un fans houppe. Je les tuaï tous fur un fureau en fleur où il y en avoit une grande quantité, ainfi que des grimpeaux, dits , fucrico. Tous huit furent ouverts , & tous huit avoient le géfier rempli d'infeétes & de quelques apreres entiers. J’ouvris également les œfophages ou conduits des alimens, & je trouvai dans celui du colibris- grenat 8 d’un oïfeau- mouche huppé, une petite araignée parfaitement entiere qu'ils n’avoient pas encore pu avaler , parce qu'ils furent tirés dans l’inftant même où ils avaloient. Ces faits prouvent que ces oïfeaux de la Guadaloupe, vivent d'infeétes , & que leur iong bec & leur langue longue & déliée ne leur fervent que pour les attra- per dans les calices des fleurs. Cette obfervation ne doit-elle pas avoir lieu pour les familles de ces oifeaux des autres ifles ? Il y a tout lieu de le croire. En effet , pourquoi la Guadaloupe feroit - elle une exception ? . Un autre fait vient à la preuve de cette affertion. Jai nourri pen- dant fix femaines un oifeau-mouche huppé & un colibri à gorge bleue avec du firop dans lequel j’'émiettois du bifeuit, Ces o‘feaux ont toujours été en dégénérant , leur fanté s’affoiblifloit d’un jour à l’autre, enfin la mort eft furvenue. A cette époque, je les ai ouverts & J'ai trouvé du fucre criftallifé dans leurs boyaux , & une partie de ces. mêmes boyaux avoit perdu fa flexibilité, s'étoit endurcie & cafloit pour :peu .que je voulufle en rapprocher les parties les unes contre les autres. Tous ces faits peuvent être vérifiés fur les lieux, fi on en doute. Obfervation fur la reproduéhion des pattes des Crabes. M. Bonnet , dans fon excellent Mémoire fur la reproduétion des membres de la falamandre aquatique, inféré page 385$ du cahier de novembre 1777, démontre, avec {a fagacité & fa clarté ordinaires, comment ce petit quadrupede répare les membres qu'on lui a coupés Tome XI, Part. I. JANVIER 1775. 34 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; en tout ou en partie. C’eft une vraie reproduélion qui s'opere par fucceffion de temps, & enfin, à force de croître, le membre nouveau acquiert la forme de l’ancien & le fupplée dans toutes fes fonétions. Dans le crabe, au contraire, le membre reproduit fort tout entier & tout à la fois de fon fourreau; la nature eft donc plus libérale envers le crabe que pour la falamandre ; fans doute, parce que le crabe eft plus fujet à perdre fes membres ou quelques-unes de leurs parties. Tout le monde fait que les écrevifles perdent leurs pattes & qu’elles en repouflent de nouvelles. Il y a lieu de croire que cette heu- reufe faculté appartient à toute la famille des cruftacées ; mais dans l'écrevifle & dans les autres cruftacées , la patte eft toujours d’une grandeur à peu près égale à celle qui fubfifte. En effet, jai obfervé fur un crabe de terre | efpece fort commune en Amérique, qu'il lui manquoit deux des petites pattes du même côté, & voifines l’une de l’autre. A l’endroit que devoient occuper ces parties enlevées, on voyoit une pellicule où membrane aflez tranfparente pour qu’on apper- çût en- deflous une ligne noirâtre qui fembloit former une fépara- tion entre deux parties, Je découpai la membrane & je vis la petite patte du crabe, entiere & formée d’un nombre égal d’articulations à celui de la patte enlevée. Ces articulations ou ces pattes reftent ainfi pliées & grofliffent jufqu'à ce que leur volume foit aflez fort pour faire éclater la membrane qui les enveloppoit ; alors la patte fe déplie, s'étend, s’agite & acquiert les mêmes mouvemens que les autres pattes voifines ; elle eft prefque aufli longue que les voi- fines, mais beaucoup plus mince & effilée ; peu à peu elle prend de la nourriture & devient aufli grofle, aufi longue, auffi agile que les autres. Ces animaux avoient befoin que la nature füt bien indul- gente pour eux, puifqu’elle leur avoit refufé la folidité, fur-tout, dans la premiere articulation de la patte au corps. Si on faifit un jeune crabe ou par la patte, ou par un mordant , il les laifle à la main de l'ennemi & s'enfuit. Je pourrois ajouter ici une obfervation que je me propofe de mieux conftater à mon retour en Amérique. Lorfque le crabe de terre a une ou plufeurs pattes emportées , il fe cache dans fon terrier, bouche l’entrée avec des feuilles, & n’en reflort que lorfqu'il a repouflé tous les membres qu'il avoit perdus. Ce qu'il y a de certain, c’eft qu'on ne trouve jamais dehors les terriers, des crabes mutilés, & .qu’au contraire, lorfqu’on fouille les terriers bou- chés, ceux qui y font, font tous mutilés, En eft-il ainfi des crabes aquatiques à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 35 EE CO'B'SEUR VA. EM ON Du Pere DE VANDERESSE , Minime à Brie-Comte-Robert, [ur un corps étranger trouvé dans l'intérieur d’un arbre. Av mois de novembre dernier , je fis abattre de vieux pommiers & en fendre plufieurs pour brûler; j’apperçus au centre d’un de ces arbres, un bâton d’épine, nettoyé de fon écorce, & tel qu’en portent les voyageurs; il avoit quatre pieds & demi de longueur. Dans fon extrémité fupérieure , 1l gétoit nullement adhérent au corps de l'arbre, &e fa non - adhérence coMuoit jufque vers le tiers de la hauteur de l'arbre ; mais, plus il approchoit de fa bafe, plus il paroïfloit faire corps avec le pommier, & enfin, vers la partie fixée en terre, l’adhé< rence étoit fi complette, que le bois de l’épine étoit identifié avec celui de l'arbre. Ce bâton eft fort fain dans toute fa longueur, excepté dans une partie où l’arbre lui-même commençoit à s’échauffer & à pourrir. Jai foigneufement examiné fi l'arbre avoit été creux dans le haut, & s'il paroïfloit quelques veftiges de trou par où on auroit pu introduire le bois d’épine ; mes recherches ont été inutiles, toute l'écorce de l'arbre étoit belle , faine & fans gerçure. A — — , VONT LP NE LORS à AS De M. QUATREMER DiIJoNVAL, à l’Auteur de ce Recueil , Concernant les Doutes propofes par M. D......, fur fon Analyfe chymique [ur l'Indigo. Mo NSIEUR, parmi les produétions intéréflantes dont votre Re- cueil eft rempli , j’en ai trouvé une dans 1 mois d’oétobre dernier, que j'ai lue encore avec plus de plaifir que 1:s autres, & que je n’ai pas jugée moins intéreflante , quoiqu’elle contint une critique directe de mon Mémoire fur l’indigo , imprimé dans le gahier de juillet 1777 , page 48. Tout le reproche que Je ferois à l’äiteur , s’il s’étoit fait connoitre , c’eft-à-dire, s'il eût mieux connu, ce feroit d’avoir Eij 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; annoncé ce qu'il na pas tout-à-fait tenu ; d’avoir écrit que fa pro- feffion de foi étoit de hair la critique, & d’en avoir fait une (1). Pour moi, qui, en m’enrôlant fi jeune dans les fciences, ai bien fait le ferment de ne jamais répondre à cette forte d’écrits, & d’accorder - plutôt ou à de nouveaux ouvrages où même au repos , le temps qu’une multitude d'auteurs a la foibleff> de perdre en répliques , je préviens M. D.... que je ne fatisferai point à des doutes qui n’en ont que le nom ; que je n’accorderai point au fond de fon écrit ce que j'aurois peut-être accordé à fa forme, ni à l’ouvrage, ce que j’eufle accordé à fon titre. M. D.... prétendra, peut-être, que c’eft la force de fes objeétions qui m'nduit à prendre cette tournure; foit encore. Si cependant il ne m'eût pas Ôté tout deflein de lui répondre, j'aurois bien pu fatis- faire complettement au premier. de fes doi, &t ç’auroit été à peu de frais. Je laurois renvoyé à l'ouvrage même de M. Beauvais de Razeau qu'il cite; je lui aurois prouvé par vingt de fes paflages, qu'il regarde par-tout le procédé du battage , comme une fuite modifiée de la fermentation, loin que celui-ci la détruife radicalement ; qu'il réunit toujours ces deux opérations enfemble , qu'il attribue même fouvent à l’une & à l’autre les mêmes effets. Je l’aurois renvoyé à la page 91 où il ett dit... Quand la fermenfation & le battage ont été pouflés à leur jufte degré... plus une eau paroît embrouillée ou: chargée en brun ou en bleu, plus elle eft fufpeéte d'excès de fermen- tation ou de battage. A la page 92 oùil dit... Or , comme la putré- faftion s’opere non-feulement par un trop long féjour de l’herbe dans a trempoire, mais encore pendant Île cours d’un trop lon battage qui, du moins, en produit tout leffet, &cc. &c. Si la fécule non putréfiée dans la trempoire, fe purifie dans la batterie , & fielle ne fe putréfie même jamais ou prefque jamais que dans cette cuve (1) On fait depuis long-remps que tous les Ouvrages couronnés deviennent la ma- ere d'une critique très-prompte.-Les auteurs qui concourent, doivent même, regarder la critique comme une féconde médaille beaucoup plus aflurée pour eux que la pre- miere; & il feroit, fans doute, injuite d'exiger après la décifion, que tous les con- currens fuffent également fatisfairs. Mais fi cer ufage n’eft pas, à beaucoup près ;, nouveau , 1l faut cependant convenir que le zèle avec lequel les aureurs & les acadé- mies font fervis fur ce point, paroïît faire de grands progrès. M. Wanfwinden, cou- ronné à la même féance fur les aiguilles aimanrées, n'a point fuit imprimer fon ouvrage féparément des Mémoires de l'académie , & par contéquenr, ne l’a point rendu public : je connois cependans un de fes rivaux, quilen annonce déjà une cri- tique vigoureufe, M, Wanfwinden ne fera probablement pas fâché d'apprendre au fond de la Frife qu'ffhonore , l'adrefle avec laquelle cerrains auteurs critiquent ici des ouvrages qu'ils n’ont point encore lus; & le public attendra, fans doute, avec une nouvelle impatience, cette critique déjà faire d'un ouvrage qui n’eft pas encore fous preffe, suR L’HI1ST. NATURELLE ET LES ARTS 37 j'aurois prié M. D... de m'expliquer comment elle peut s’y putré- fier fans que la fermentation continue ? comment ai-je donc eu tort de dire que le battage étoit une efpece de prolongement de fermen- tation ? Je me ferois trouvé dans le cas de lui propofer des doutes à mon tour. Par exemple , je n’aurois répondu dans aucun cas. au différend que M. D... m'éleve fur l’animal, dont on emploie la peau à faire les fu- rons de l’indigo. Que ce foit le bouc ou un animal plus noble, je repeëte trop , Monfieur , les leéteurs de votre Recueil pour y infé- rer une diflertation de cette nature, & Je crois que votre convention eft d'y traiter des fciences. Je n’aurois pas répondu non plus à la petite ironie qui affaifonne cet article. Si la profefhon de foi de M. D....eft de haïr ldfteritique, la mienne eft de hair encore plus l'ironie ; de ne prendre jamais la plume que pour tâcher d’écrire des räifons, & de devenir, fi je peux, encore plus ignorant que je ne le fuis dans l’art de perfiffler (x). Si j'avois voulu répondre encore d’une maniere fuivie à la préten- due objedtion de M. D.... fur ce que je prefcris pour enlever à l'indigo toute fa matiere extraétive, j'aurois pu lui tenir à peu près ce langage : vous avez répété mon procédé. Vous avez fait bouillir dans de l’eau commune, deux onces d’indigo de Saint - Domingue à un bouillon léger , & votre eau a pris une couleur de plus en plus fauve ; ayant renouvellé plufeurs fois votre eau, elle eft devenue d'un fauve prefque rouge. Qu’ai-je donc dit autre chofe ? Ayant décanté cette eau auff-tôt que l'indigo a paru ne plus lui communi- quer de couleur, vous avez rafflemblé exaétement lindigo précipité; vous l'avez fait fécher ; vous l’avez comparé à l'indigo qui n'avoit point fubi-cette opération ; vous avez vu qu'il étoit d’un bleu beau- coup plus intenfe, quil avoit perdu en outre, toutes fes taches blan- ches ou moififlures ? Qu’ai-je dit encore de plus? Enfin, ayant établi deux cuves à froid , l’une avec de l'indigo préparé a ma ma- niere , l’autre avec de l’indigo qui ne létoit pas , & en ayant fuivi les réfulrats avec attention , vous avez retiré des cotons exaétement à la même nuance fur l’une & fur l’autre cuve. C’eft ce qu'il falloit taire, ou ne pas prétendre, fix lignes plus haut , que l'ébullition avoit altéré les principes conftitunits de l’indigo ; avoit diflous fes EEE need (1) J'ignore d'ailleurs comment j'ai pu tant déméritér auprès de M: D ...,.: Lanalyfe chymique de l’indigo , eft le premier ouvrage que J'aye préfenté dans les fciences; s'il a eu quelques fuccès, ce n’eft pas ma faute ; mais pour peu que M. D... fafle remonter mes torts plus haur, je ferai forcé de lui répondre comme l'agneau de la fable : Je wetois pas encore né, 33 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; portions les plus divifées , & dénaturé fes molécules. Si le coton teint fur vos deux cuves, étoit exa@tement à la même nuance , il eft donc démontré d’après vous-même, & comme je l'ai annoncé d’abord, que la matiere extraétive de l’indigo eft au moins inutile dans tous les genres de teinture où il ‘emploie. Mais fi, au liew de teindre des cotons , & avec de l’indigo feul, vous aviez fuivi la teinture en Jaine , & des cuves dont la bafe eft le pañtel, c’eft-à-dire, une pro- duétion qui contient déjà de la matiere buileufe , réfineufe, extrattive avec excès, Vous auriez reconnu combien on gagne à dégager l’indigo de toutes ces mêmes fubftances, avant de l’employer. D'ailleurs, fi cette matiere extraéto-réfineufe de l’indigo, & tout ce que l’ébulli- tion dans l’eau commune en dégage, étoit un principe fi précieux & fi effentici à la bonne teinture , pourquoi les, plus beaux de tous les indigos, comme le guatimalo , font-ils ceux qui en contiennent le moins ? & les plus déteftables, comme l’ardoifé, le talon de bois, ceux qui en contiennent le plus? c’eft encore un fait que je démontre & que vous ne niez pas. A légard de plufieurs autres objeétions, que M. D..., qui peut avoir quelques connoïflances fur la teinture en coton , ait mal ré- pété mon procédé du bleu de faxe, pendant que plufieurs teintu- riers en laine l'ont déjà répété avec le plus grand fuccès ; qu’un tein- turier d'indienne ait très-mal teint cinq aunes de drap dans cette même couleur; & que des teinturiers, gagés à 20 fols, ne veuillent pas confentir à faire quelquefois ufage du thermometre, ce font , felon moi, autant d’objeétions répondues par M. D....., lui-même. Dois-je une réponfe beaucoup plus férieufe à l’efpece de plaifan- terie par laquelle le même auteur prétend qu'on ne pourroit, conf truire des caïffes à l’indigo qu’en bois d’acajou , & qu'il n’y en a point d’autre dans toute l'Amérique. Immortel Franklin, venez donc nous dire vous-même , fi ces vaftes contrées de la Caroline, les plus riches en indiso de tout le Nouveau-Monde, n’ont ni forêts, ni bois d’un ufage vulgaire; & fi votre marine n’eft compofée que de navires conftruits ou mâtés en bois d’acajou ! Je ne terminerai cependant pas cette lettre, & j’annonce même que c'eft fon principal objet, fans remercier M. D... des deux beaux problèmes qu'il me propofe fur la teinture des indiennes & la teinture en coton. Mais je le prie, en grace , de vouloir bien m'accorder quelque loifir, & de ne pas exiger tout à la fois. Je crois qu'il fait l’âge auquel j'ai pris la plume pour difputer le prix propofé fur l'in- digo ; je ne fais donc que mettre le pied dans la carriere, & je fuis encore bien éloigné de dire comme l’'Entelle de Virgile: Ceflus arrem- que repono , à moins que ce ne foit pour lutter avec les critiques. Comme M. D...., en propofant de très- bonnes vues fur Ia EE qu np fa * Ge. Ho SUR LHIST NATURELLE ET, LES ARTS. 39 teinture en coton, paroïit en avoir de très-peu exales fur la teinture du bleu en laine; comme 1l prétend que cette matiere ne mérite plus d'examen, ou que M. Hellot avoit tout épuifé , la meilleure réponfe que je puifle faire, ce me femble , à ces dernieres objeétions , eft un nouveau Mémoire prefque fur le même fujet. Je l’engage donc à lire l'ouvrage fuivant que j'avois commencé pour moi , & que j'ai prefque fini pour lui; en le prévenant , cependant, que sl me propofe encore des doutes, ma feule réponfe pourra bien être un troi- fieme ouvrage qui n'aura pas le moindre rapport aux deux autres. Je fuis , &c. CIRERREREN EEE PT PEN CPE MEME PSE PEN ASE PE TETE RENE EP TNENE DIS ERGEEN SU) ANS ARE NV SLRE DCR ANS TUE E, ET EXAMEN plus particulier des mouvemens inteftins de la Cuve en laine. MÉMOIRE lu à l’Académie Royale des Sciences | aux Séances des 10, 13 & 17 Décembre 1777. Le titre que je donne à ce Mémoire, annonce aflez qu'il eft un fup- plément à celui que l’académie a daigné couronner , il y a quelques mois. Ce premier ouvrage n'étant le fruit que de momens dérobés à des occupations ou à des voyages continuels , je n’ai pu lui don- ner, quoique déjà très-long , toute l'étendue que j'aurois défiré. M’é- tendant peu fur celui qui n’étoit que de pure théorie, je me fuis donc renfermé , pour ce moment , dans les objets qui avoient le rapport le plus direët à l’utilité du commerce, aux progrès de l’art de la teinture, & fur - tout, aux malheurs qu'on y éprouvoit tous les jours. J’ai facrifié beaucoup de vues que javois dès-lors, & je me fuis livré entiérement à celles qui paroïfloient faire principalement le yœu de l'académie. L’Analyfe de l’indigo qu’elle avoit propofé pour fujet de ce prix, m'étoit d’ailleurs ni l'ouvrage ni le vrai titre fous lequel dût paroître la théorie chymique des mouvemens inteftins de la cuve en laine. Je Vai déjà fait connoître dans plufieurs endroits de mon premier ouvrage, & je commence par le répéter ici; ce n’eft nullement l’indigo quireçoit ou communique çes mOouvemens fingulers. Si on lui a toujours 49 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; accordé le principal rôle dans la cuve, il n’en eft pas moins évident qu'il n’y joue, dans le fait, que le rôle le plus fecondaire ; que le paftel (1), pourvu de tous les principes qu'il contient, de beau- coup qu'il n’a pas, eft le véritable pivot fur lequel roule tout le dé- veloppement des phénomenes ; que c’eft lui en conféquence, & pref- que lui feul, qu'il faut attaquer par l’analyfe , lorfqu’on veut avoir celle des mouvemens de la cuve. C’eft aufli fur ce plan qu’eft com- pofé louvrage que je préfente aujourd’hui ; c’eft ce qui m’en a diété le titre, & je tâcherai qu'il puifle en même temps fervir de réponfe à ceux qui prétendent, ou que l’emploi du pañftel eft abfurde , ou que cet emploi eft fi facile , ou que ceux qui ont pu écrire fur cette matiere avoient tout dit. Le pañtel, qu’on pourroït bien nommer à tous égards l’indigo fran- çois, fe tire comme celui de l'Amérique , d’une plante peu élevée qu’on cultive en Languedoc, ou plutôt d’une forte tige, portant prefque à fleur de terre des feuilles longues , larges , aflez femblables à cel- les du tabac , mais d’un verd beaucoup plus brun. On en difingue auf de deux efpeces , qu’on nomme également franc ou cultivé , fauvage ou bâtard. Tous deux ne s’élevent guere au -deflus de trois pieds ; mais le pañtel franc a la feuille moins large, plus aiguë, &t le paitel fauvage la beaucoup plus forte, mais fur-tout très- velue, ce qui forme fon carattere eflentiel. C’eft probablement à ces deux efpeces qu’il faut rapporter la diflinétion qu’établit M. Hellot, entre le pañftel produit par la graine jaune ou par la graine vio- lette , dont l’un a la feuille velue, & l’autre parfaitement lifle & unie, ! Cette plante qu’on feme comme l’indigo, à l'entrée du printemps, parvient auffi tres-promptement à fa maturité, poule plufeurs rejets fur la même tige, & fournit depuis quatre jufqu’à fix récoltes. Les premieres font inconteftablement les meilleures ; pour la derniere, qu’on nomme marouchin, elle na prefque aucune qualité , & elle fe vend à très-vil prix. La préparation du paftel, quoique ingénieufe , & dans un rap- port aflez exaëét avec tous les principes de l’indigoterie , eft bien moins compliquée & bien moins fujette aux accidens. Lorfqu’on s’ap- perçoit qu'il eft temps de le cueillir, on ne {coupe point fa tige & fes feuilles tout à la fois, comme dans la récolte de l’indigo ; on n’attaque que fes feuilles , & on en forme des tas dans lefquels on leur laifle au plus le temps de fe flétrir, parce que cette plante (1) Tout ceci eft, à peu de chofe près, applicable au vouède qu’on emploie en Normandie à la place du paftel. Ë entre sur LHisT NATURELLE. ET LES ARTS. 41 entre prefque aufli-tôt en fermentation, & pafle fur-tout à la fermen- tation putride avec bien plus de rapidité que lindigo même. Une chofe remarquable , c’eft que la fermentation par laquelle on commence tous les procédés de lindigoterie, eft celui par lequel on termine la préparation du paftel. On commence, en effet, par por- ter ces feuilles dans un moulin exaétement femblable aux prefloirs à cidre, & dans lequel la meule, pofée de champ, parcourt fans cefle une efpece d’auge qui contient toute la récolte du pañtel. Lorfque laétion violente & réitérée de cette meule a entiérement dénaturé la feuille, en a exprimé toute la partie fluide , & l’a réduite en une efpece de pâte, on en forme, en plein air, de nouveaux tas , mais plus confidérables que les premiers, on en bat la fuper- ficie avec violence pour la rendre plus folide, & bientôt l’aétion du - foleil & de l'air lui donne la confiftance d'une croûte très-difficile à rompre. Tel eft l'appareil par lequel on difpofe le paftel à ce travail de la fermentation, abfolument néceflaire dans tous les végétaux, pour en exalter les principes conflitutifs. L’aétion de la chaleur & de l'air étant à demi interceptée par la croûte dont nous venons de parler; la fermentation putride qui, fans cela, fe manifefteroit à l’inftant , ne s’opere d’abord que lentement & avec peine ; elle n’agit qu’autant Ko eft néceffairé pour détruire de plus en plus les reftes du tiflu e la plante , pour en tirer, fi j’ofe dire , à demi les atomes colo- rans; enfin, pour porter le tout à une demi-alcalefcence, qu'on fe propofe enfuite d’arrêter. C’eft ce qu'on exécute en effet au bout de ue jours , en renverfant tous ces monceaux de paftel. On pro- te alors avec empreflement de fon refte d'humidité, pour achever de la pétrir; on termine, «enfin, toute fa préparation ; en lui don- nant la forme des petites pelottes , fous laquelle on le débite dans le commerce , après les avoir feulement expofces quelque temps au foleil. Je tiens d’une perfonrie , qu'il y a des cantons où on laifle tremper pendant un efpace de temps aflez long, ces pelottes de pañtel dans de l'eau croupie; & qu’on les remue dans cette eau un certain nombre de fois; mais n’ayant pas été aflez heureux pour traverfer l'albigeois dans le temps où toutes les campagnes font occupées de cette fabri- cation, je n'ai pu m'en aflurer par mes propres yeux. Si tous les procédés que je viens de décrire, ont, comme je l’ai annoncé, un rapport très-fuivi avec ceux qui fourniffent l'indiso en Amérique , il eft cependant aifé de remarquer combien cette pré- paration du pañtel eft moins étudiée. Ici, la partie colorante & pré- cieufe neft pas dégagée entiérement de fa bafe par une fuite de procédés la mieux réfléchie ; tout enfemble tendre , au contraire, à Tome XI, Part, I, JANVIER 1778. F 42 OBSERVATIONS. SUR LA PAYSIQUE;. combiner. de plus en plus les différens principes entre eux. La fc- cule de lindigo , qui a été parfaitement extraite du:tiffu cellulaire de fa tige par la trempoire , qui s’eft encore dépouillée d’une furabondance d'huile & de partie réfineufe dans la- batterie ; paroï ne réferver dans le diablotin que fa partie colorante ou, au moins, celles qui lui font les plus étroitement combinées. La trituration du pañtel au contraire , n’eft. propre qu'à confondre de plusen plus fa partie ligneufe , fes parties fpiritueufes, & fes parties fixes. Enfin , le paftel que la fermentation feule a. un peu développé , eft, pour ainfi dire , le végétal tout entier porté feulement à une maturité un peu plus grande par l'art; tandis que l'indigo n’eft, fi j'ofe dire ; que le firop de fa plante , & fa partie généreufe parfaitement épurée de toutes celles. qui feroient fans énergie. Cette différence , dont je déduirai plus bas bien d’autres effets , eft , . fans doute, la caufe des grandes difficultés qu’on éprouve à analyfer le: paftel dans les vaifleaux clos, & par les voies purement chymiques. Ayant introduit à différentes. fois du paftel fabriqué dans une cornue de verre, & pouflé enfuite à.la difiillation la. plus foutenue ;: le produit a toujours été du phiegme, de l’alcali volant, une huile, légere , figée, empyreumatique, .& le tout dans des proportions rare-- ment uniformes, J'ignorois d’abord pourquoi , après avoir pefé avec la: plus grande exaëtitude , les quantités foumifes. à la diftillation , les. produits r’étoient jamais en rapport ,. même à l'égard du poids ; mais, j'en ai découvert la raifon d'une maniere bien évidente &. bien pal-- pable , en brülant enfuite le.pañtel à feu ouvert. J'en ai placé pour cet effet une pelotte de la groffeur ordinaire, dans un têt à rôtir, que j'ai recouvert d'un autre, fans lutter ces deux têts enfemble, Ayant expoié le tout au fourneau de fufion, & n'ayant pouffé d’abord qu’à un feu modéré, le paftel a commencé à diminuer de volume au bout de 8 à ro minutes. Ayant augmenté graduellement la chaleur , il a élevé une flamme qui occupoit toute la capacité du: têt inférieur , qui s’élevoit d'environ 2 pouces au- deflus des bords , & qui brûloit à la maniere des matieres grafles & réfineufes. Au bout: de 25.à 30 minutes, la flamme s’eft entiérement diffipée, le pañtel: eft refté complettement rouge ,. & ayant eflayé de la divifer avec. une verge: de fer, j'ai reconnu qu'il fe concafloit facilement. J'ai recou-- vert alors le têt, j'ai appliqué un coup de feu plus fort que les deux, précédens , &e je l’ai foutenu jufqw’à ce que l'intérieur de la mafñle me parût.entiérement calciné. Lorfque j'aivcru en être parvenu à ce point, .j'ai laiflé refroidir le tout, & j'en ai broyé environ moitié dans un .mertier de marbre. La poudre que j'ai obtenue étoit noire, offroit beaucoup de parties brillantes, tant. métalliques que miçacées ; «mais je me fuis convaincu: 4 SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 42 æffentiellement de l’exiftence des premieres, en préfentant à cette poudre le contaét de l’aimant. L’abondance du feu y étoit même # grande, que plufieurs de ces parties fe font hérifices ; qu’elles étoient adhé- rentes malgré toutes les fecoufles que je leur donnois, & plufeurs qui n’étoient que grofliérement .concaflees , ont fauté à l’aimant malgré leur pefanteur apparente. Ayant remis dans le têt cette poudre noire très-divifée, dont je viens de parler, & lui ayant appliqué un dernier coup de feu plus vif que tous les autres; cette poudre d’un noir très-foncé & entié- rement charbenneux, eft devenue très- blanchâtre. J'ai eflayé de la pulvérifer encore plus parfaitement dans le mortier de marbre, & Je lui ai préfenté de nouveau le contaét de l’aimant; mais j'aireconnu qu'elle n’étoit pas attirable dans le plus petit degré , quoique ces parties fuflent beaucoup plus divifées , &c beaucoup plus légeres, IL n’y reftoit fufpendu .que quelques molécules noires , qui s’apper- cevoient à peine à la loupe, & dont la couleur annonçoit qu’elles R'étoient pas encore bien déphlogiftiquées. Pour reconnoître fi la plus grande partie de cette poudre l'Étoit parfaï- tement , j'ai jetié deflus pluficurs gouttes d’efprit de nitre ; mais je n’ai pas. eu de plus petite effervefcence, ce qui prouve qu’elle étoit deye- -nue entiérement vitrfiable, Jai dit plus haut que la calcination du paftel m’avoit découvert la raifon de cette grande inégalité que j’avois eue dans mes produis en le diflillant à plufieurs reprifes’; j'ai reconnu, en effet, dès la premiere fois où j'ai voulu pulvérifer fa cendre, qu’elle contenoit beaucoup de pierres très-dures, & dont les moindres étoient de la grofleur d’une forte lentille, Quoique ces pierres ne proviennent, fans doute, que de la grande négligence, avec laquelle le paftel fe recucille ou fe prépare, jen ai féparé plufieurs qui fe font trouvées zflez fortes pour être elles-mêmes eflayées. Ayant jetté fur toutes de l'acide riitreux, J'ai eu une effervefcence bien cara@térifée avec quelques - unes; mais Je n’en ëi eu aucune avec d'autres, & j'ai reconnu à la fraêure de ces dernieres , ainfi qu'à leur brillant, qu’elles étoient décidément quartzeufes. Le quartz eft fi abondant dans cette préparation végétale, qu’exami- nant la fuperficie feule de quelques pelottes de paftel , j'en ai reconnu de grands criftaux fans le {ecours de la loupe. Ayant examiné avec la plus grande attention cette derniere poudre fi bien broyée & totalement déphlogiftiquée ; j'en ai reconnu encore de petits criflaux & en très-grand nombre. Cette grande abondance de quartz où mica, ne feroit-elle donc, comme les pierres ci-deffus , que ds débris du fol fur lequel le paftel auroit été rourri? & ne pourroit-on pas leur affigner une caufe beaucoup plus éloignée , à la vérité, mais, Fi] 44 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; cependant vraifemblable ? S'il eft démontré que les fubftances végé- tales qu’on a laiffé pourrir jufqu'à un certain point, finiflant par s’affimiler à la terre dont elles font forties (1), & fi, comme j'en ai été témoin ; du fumier dans lequel on a eu foin de ne pas introduire la plus légere portion de terre ou de fable, offre, après s'être long- temps pourri, des criftaux très-caraétérifés de quartz ou de mica , ne peut-on pas foupçonner que le pañtel, qu’on a lieu de regarder comme le fumier le plus complettement pourri qui foit pofible , tou- choit, lorfqu’on l’a réduit en pelotte , à ce moment où tout végétal fe métamorphofe , & où fa terrification commence à fe mani- fefter. Quant à la préfence du feu dans les cendres du pañtel, quoique j'en fufle pleinement convaincu d’après les différens réfultats qu’elles m’a- voient donnés dans les épreuves magnétiques, ayant de fortes raïfons pour appuyer ce fait de toute l'évidence pofhble, jai cru devoir tenter encore les expériences fuivantes, Jai verfé de l’acide vitriolique fur la poudre calcinée au blanc; je n'ai point eu d’effervefcenee. Je lai étendue dans de l’eau diftillée , & j'ai verfé deflus de lalcali phlogiftiqué , fans être cependant faturé de la matiere colorante du bleu de Prufle; en peu de minutes la liqueur s’eft troublée , l’inten- fité de fa couleur eft augmentée, & elle à fini par devenir d’un bleu très- carattérifé. Jai verfé fur cette même poudre de lefprit de fel faît à la maniere de Glauber , & re&ifié avec le plus grand foin : je n’ai point eu d’efler- vefcence ; ayant étendu d’eau , puis ajouté de l’alcali phlogiftiqué, & faturé de la matiere colorante du bleu de Prufle , j'en ai eu une vive effervefcence , la couleur bleue la plus intenfe , la plus riche , & un précipité abondant. i Si je n’avois fait que cette derniere expérience, de bons chymiftes pourroient m’objeéter que l'efprit du fel ayant la propriété de vola- tilifer les métaux , & d’en entrainer une partie avec lui dans la diftillation , cet acide, quelque retifié qu'il püt être , pouvoit tenir aflez de fer en diflolution, pour donner une couleur bleue à l’alcali faturé par le bleu de Prufle. Mais, premiérement, le même acide marin effayé féparément avec le même alcali, lui communiquoit à peine une couleur verd - d’eau imperceptible ; en fecond lieu , la premiere expérience , dont j'ai expofé les réfultats, ayant été faite avec de l’acide vitriolique , que j'étois sûr ne contenir aucune partie EEE (1) Cere premiere découverte eft due à M. Sage, de l’académie royale des fciences, SUR L’HIST. NATURELLE ET LEs ARTS. 45 métallique , elle offre, ce me femble, le complément de preuve le plus décifif fur la préfence du fer dans les cendres en queftion. J'avoue, d’ailleurs , que je me fuis livré avec d’autant plus de foin & d’exatitude à tous ces détails, qu'ils fervent en partie de ré- ponfe aux doutes que M. D.....a prepofés fur mon Analyfe de lin- digo. $ : Cet auteur ayant avancé que les cendres de lindigo ne pouvoient pas contenir du fer attirable par l’aimant, ces expériences prouveront le- uel de nous deux eft dans fon tort , & Jj'ofe les croire beaucoup plus ee que de fimples conjeétures (1). - Voulant connoître l’imprefhion des différens acides fur le paftel brut & tel qu’on l’emploie dans la teinture , & j'ai vert deux onçes d'acide marin fur deux gros de paftel pulvérifé : il s’eft dégagé quelques va= peurs à l’inftant du mélange, mais elles ne fe font point foutenues ; ayant agité le bocal au bout d’un quart-d’heure , je n’ai remarqué aucun changement fenfible. L’odeur ma paru celle de l’acide marin ordinaire, mais la couleur étoit d’un verd très - caraétérifc. J'ai verfé deux onces d’acide nitreux, fur pareille quantité de pañlel. Il ne s’eft d’abord excité aucun mouvement remarquable ; ayant laiflé le tout en digeflion pendant un quart-d’heure , je l'ai agité; il s’eit excité une légere effervefcence , & j'ai apperçu quelques vapeurs; laif- fant de nouveau le mélange en repos , il s’eft un peu bourfoufflé vers le milieu , s’eft couvert d’une efpece de moufle & de bulles d’air : l’odeur n’étoit que celle de l'acide nitreux, mais la couleur du pañlel a été totalement altérée , & le mélange eft refté d’un beau jaune fafran. : Connoiflant les effets de l'acide vitriolique fur l’indigo, avec lequel il forme le mélange précieux qu’on nomme bleu de Saxe, j'ai voulu voir ce qu'il produiroit avec le pañtel. J’en ai donc projetté 2 gros fur deux onces d’acide vitriolique aflez concentré; il s’eft excité aufli- tôt une forte effervefcence,-& une chaleur pareille à celle qui réfulte du mélange de l’acide le plus concentré , avec un alcali. Les vapeurs & l'odeur reflembloient parfaitement à celles qui ont lieu pendant cette faturation. Le mélange , qui n’occupoit d’abord que deux doigts du bocal, s’eft bourfoufflé en dégageant beaucoup d’air, & s’eft tuméfie à la hauteur de 4 à $ doigts. La chaleur & les bulles d’air qui fe font foutenues pendant un bon quart-d’heure , m’ayant paru fe diffiper, j'ai agité le mélange : le paftel a formé alors avec l'acide une bouillie épaifle (x) Je crois donner une nouvelle authenticité à cette derniere expérience , en ajoutant qu’elle a été répétée dans le laboratoire de M.le comte de Miliy, membre de l’académie royale des fciences, 46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; dans laquelle il étoit parfaitement diffous , qui n’avoit aucune odeur bies caraltérifée , & qui affeétoit une couleur noire, Pour continuer l'examen comparé de cette diflolution , avec celle de lindigo par le même acide, je l'ai confidérablement étendue d’eau, & j'y aijetté un échantillon d’étoffe entiérement écrue, il en eft forti coloré d’un verd très-clair & aflez folide , mais cette nuance étoit fi légere &e même fi dificile à bien définir, que cette expérience ne m'a point paru applicable À la teinture en grand , & mérite au plus d’être répétée à titre d’obfervation. Les alcalis fixes mis en digeftion avec le paftel , ne m'ont préfenté aucun ph£nomene, & ne m’ont pas paru lui communiquer aucun chan- gement fenfble. Maïs en ayant jetté un demi-gros dans 4 gros d’alcali xolaril fluor , le mélange a été à peine complet, qu’il a dégagé l'odeur d’alcali la plus terrible. Plufieurs perfonnes auxquelles je l'ai fait ref- pirer , ont trouvé fon odeur bien plus pénétrante que celle de lalcali volatil ordinaire ; & j'ai cru reconnoître aufli qu'il produifoit une irtis tation plus douloureufe fur le nez, les yeux, &ec.; il eft remarquable que ce mélange n’a pas produit la plus légere effervefcence, & que le pañtel ny a proprement opéré aucun changement de couleur. J'ai effayé d'appliquer au paltel plufieurs autres menftrues que j'avois appliqués avec fuccès à lindigo; mais cet indigo européen préparés comme je l'ai fait obferver, d’une maniere bien plus grofliere que celui de l'Amérique, & ne raffemblant peut-être pas un dixieme de parties précieufes fous le même volume, la plupart des procédés chimiques ne peut forcer l’efpece de retranchement qui les couvre; & les produits reftent prefqu'auffi confus que les principes : j'ai donc tenté en dernier Jieu la macération par de l’eau commune, & fans le concours de la chaleur. Le paftel foumis à cette épreuve , a communiqué promptement à l'eau une vilaine couleur rouflâtre. En examinant cette eau, plus encore, en la faifant glifler entre les doigts , il étoit aifé d’y reconnoître une très grande abondance de matiere extraétive, réfineufe, 8 même huileufe; ayant abandonné la digeftion à elle-même, elle n’a pas tarde à fe pu- tréfier, & elle a exhalé pour lors une odeurinfinimten plus fétide que la plupart des matieres végétales & animales, lors même qu’elles font à l’état de la putréfaëtion la plus complette. Seroit-ce ce principe odo- rant qui feroit celui de la couleur, de l'énergie & de toutes les qua- lités précieufes du paftel ? le feroit-il , fur-tout, de cette fixité qu’il eft eh état de communiquer , même à d’autres fubflances colorantes? c'eft ce qu'il fera plus facile de reconnoître en fuivant fon analyfe dans les vafles appareils que lui applique l’art de la teinture. Je vais donc maintenant examiner comme des combinaifons entiérement chymiquess voutes celles que les artiftes ont inventé fucceflivement pour tirer parti ; SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 4} de cette plante, & en complettant par l'analyfe que j'ai annoncée, j'efpere fournir du même pas la théorie la plus fatisfafante des mou- vemens inteflins de la cüve. DRM IGUR ED LE N TS Les ingrédiens qu'on ajoute au paftel en l’'employant dans la teinture, ou du moins les fubftances que jene regarderai ici que comme ingré- diens, font l’eau, la chaux, le fon , l’indigo. Je fupprime la gaude & la garence, quoique j'en aye parlé dans mon premier Mémoire, pour des raifons que je detaillerai à la fin de celui-ci, De l'Eau: Le premier procédé que les teinturiers appliquent au paftel, eft donc’ de” le délayer dans 10 ou 30 fois fon volume d’eau commune, qu'ils ont auparavant portée à peu près l’état d’ébullition. Prefque tous ajoutent différentes fubftances à ce premier bain , pour mieux développer, difent- ils, les propriétés du pañftel; mais j'ai reconnu par des expériences multipliées , que l’eau pure , pourvu qu’elle foit bouillante, produiloit : exaétement {es mêmes effets, & qu’elle faifoit porter aw pañftel , un bleu d'azur très-décidé, au bout d'environ 16 ou 18 heures: Si on fe rapelle ici la maniere dont ceux qui fabriquent le pañtel interrompent brufquement fa fermentation ,: on reconnoîtra aïfément’ que l’eau, & fur-rout la chaleur, renouvellent puiflamment dans la cuve cette fermentation fufpendue, que la fermentation développant les facultés quelconques de toute fubftance, les parties colorantes du paftel doivent l’être comme toutes les autres, & par conféquent, fe manifefter en peu de temps à la fuperficie de la cuve. On peut même dire que les parties de l’eau s’interpofant entre celles du tiflu de cette’ plante, il s’opere une divifion méchanique très-réelle, & que les reftes des côtes ou nervures rompus par leur effort, laïffent échapper tous les atomes colorans qu'ils retenoient encore captifs. Mais les autres phénomenes qu'offre la cuve après l’introduétion de l’eau feule, per- mettent d'offrir un fyftême plus ingénieux fur fes effets. Le pañtel étant la plante entiere groffiérement moulue, & rapprochée plus groffiére- ment encore fous la forme d’une pâte; il eft vifible qu'il a retenu .. non - feulement toutes fes parties corticales & ligneufes, mais encore une grande partie de fon mucilage, & peut - être la totalité de fon huile. On fait que l’huile & le mucilage font la bafe de toute émul- fion, & que ce procédé chymique eft le feul dans lequel l’eau par l'in- térmede du mucilage devient mifcible aux huiles. D’après cela, ne puis je pas aflurer que la cuve dans ce moment, & même plus particulié- 48 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rement encore que dans tous ceux qui fuivent, offre une véritable émulfion, dans laquelle l’eau devenue mifcible à l'huile du paftel, par l'intermede de ce qui refte de mucilage , s'empare d’une très-grande partie de fa matiere huileufe , & avec celle-ci de fes parties colorantes. Perionne , que je fache , n’a encore expliqué pourquoi les parties colorantes , fur-tout dans ce moment , loin d’être réparties également dans toute l'étendue du bain &c former un tout avec lui , fe raflemblent prefque toutes à fa fuperficie fous la forme de veines & fugaces, qui ferpentent fans cefle avec la plus grande a@ivité , qui s’écartent & fe rapprochent auffi-tôt, lorfqw’on foufile fur la fuperficie de la cuve. On n’a pas expliqué non plus, & j'avoue lavoir cherché long-temps fans fuccès, quelle pouvoit être la vraie caufe phyfique de cette gran- de quantité de moufle, ou écume , qu'on nomme fleurée, qui couvre la fuperficie du bain pour peu qu'on lagite, & qui ne fe forme jamais, ou n'a nulle confftance dans toutes les autres préparations ‘de la teinture, Ces deux derniers caraéteres , loin d’être difficiles à expli- quer, deviennent ce me femble néceflaires , en admettant le fyftême que je viens de propofer. Si la partie colorante du paftel n’eft dégagée que par une aétion émulfive , & à la faveur d’une très-grande quantité de matiere huileufe, celle-ci, comme plus légere, doit toujours ten- dre à fe reporter vers la partie fupérieure du bain, & c’eft ce qui fait que la matiere colorante paroïît y réfider d’une maniere particuliere, Toute matiere huileufe n'ayant d’ailleurs qu’une légere adhérence avec l’eau , comme il eft aifé de le remarquer dans la plupart des émulfions , c’eft ce qui fait que la partie colorante paroît plutôt fufpen- due que diffoute , qu’elle eft fous la forme de veines au lieu de paroï- tre homogene avec le bain ; enfin , l'huile ne devenant jamais mifcible à l’eau , qu’à la faveur d’un compofé favonneux, ce dernier principe donne la folution de la grande quantité de moufle ou d’écume, qui fe forme dans toute la partie fupérieure du bain , lorfqw’on heurte deflus. Tels font les premiers effets que l’eau pure, mifeen digeftion avec le paftel m'a paru produire fur lui, & ils dürent encourager d’autant plus les inventeurs, que la cuve , même à cet état, a déjà la vertu de teindre les étoffes d’un bleu clair. Mais ils foupçonnerent, fans doute, que l’eau feule ne feroit jamais un extraéteur affez puiffant pour tirer complettement les parties colorantes de mafle aufli compaétes que les pelottes du paftel ; pour s’approprier , fur-tout , uneauffi grande quantité de matiere réfineufe & huleufe , que celle qu'il paroïfloit contenir, & d’ailleurs , fi on abandonnoit une pareille cuve à elle-même, au-delà de 10 ou 24 heures , comme je l’ai eflayé plus d’une fois, elle ne manqueroit pas de tomber dans une putréfaétion qui en détruiroit fans reffource tous les principes. C’eft, fans doute, ce qui a déter- miné les artiftes, après avoir peut-être tenté beaucoup d’autres ingre- diens SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 49 diens plus chers ou plus rares, à jetter dans la cuve, aufli-tôt qu’elle porte bleu, une certaine quantité de chaux, qu'ils ont auparavant com- mencé à éteindre , foit dans l'eau, foit en la laiflant fufer à l’a. La fuite dans de Cahier de Février. CRE SIRET LTTNIR PAIN ANT NETS PPDA IEEE MRENEEEE ENT RIREIE TEE EL TEE NO. UV EE L'E-S EXPÉRIENCES ÉLECTRIQUES, Faites devant M. Le Comte DE FALKENSTEIN , avec le Précis d’une Différtation prononcée par M. COMUS , Auteur des Expériences, le 16 Mai 1777. ‘ Plateau compofé de fubflances animales , auffi éleélriques que de verre, l’'ambre ou la cire d'Efpagne. À PRÈS avoir fourmis à l’élefricité plufieurs fubftances animales, & vu celles qui donnoïent quelques fignes éleétriques , je n’ai trouvé que les nerfs qui puflent recevoir & donner des fignes éleétriques parfaits; en forte que je fuis parvenu à me faire un plateau compofé de nerfs humains, qui me fourniflent autant d’éleétricité qu’un plateau de verre où de réfine, Ces nerfs, féparés de Panimal , ont autant de fluide igné qu’a- vant fa mort , excepté , que pendant fa vie ce fluide eft prèt à recevoir & rendre les vibrations reçues, & qu’étant féparés de leur origine, le fluide igné eft engourdi dans la mafle. Il en eft d’un nerf détaché, ainfi que d’une branche d’arbre coupée ; elle a autant de particules ignées après fa féparation qu'avant; la différence n’eft que dans la circulation ou la non-circulation. Que fait-on en frottant le plateau de nerfs ou d’autres matieres? On dilate & aétilife le fluide pur qui eft dans les interfhces de, cette fubftance : ce fluide forme une petite athmoiphere , qui s’augmente de la matiere ignée de l’efpace qui lui eftcontigu; cette athmofphere repoufle l'air grofhier & tousles corps légers qui fe trou- vent dans fa fphere d’aétivité , & l'air groffier ramene de la circonférence vers le centre, ces mêmes petits corps , ce qu'improprement on nomme atiraëlion. Le feu pur ne peut feul produire les phénomenes éleëtriques , U a befoin d’un fluide hérérogene pour lui fervir de véhicule, ainñ que Tome XI, Pare, I, JANVIER 1778. G so. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : le feu matériel qui, pour fubfifter, a befoin d'air. Il ne peut y avoir que les corps qui ont quelque analogie , qui produifent les mêmes effets L’analogie, dit M. Duchâtelet, eff le fl qui nous a été donné pour nous conduire dans Le labyrinthe de le Nature. Le verre, ambre, les réfines,. l'eau congelée, les pierres précieufes. && criflallifations pierreufes, quart- zeufes & fpathiques , les pierres calcaires pures & principalement calci- nées’, les parties _— des trois regnes ; dans l'animal , la partie lim- phatique du fang, les nerfs , les ongles & les cheveux ; dans le végétal, le parenchyme & la moëlle ; dans le minéral , toutes amiantes & af- beftes peuvent recevoir & donner des fignes éleériques. Ces fignes ont pour principe un fluide dans le même étar; il ne peut y avoir que le ‘fluide univerfel qui produife tous phénomenes éle&riques. En effet, on peut voir par la nature de ces corps, dans quel état le fluide igné ou umiverfel qu'ils contienzent eft; il paroït qu’il eft pur, puitque ces corps n’ont que très-peu ou point de phlogiftique, &. que tous les corps qui ont le fluide univerfel dans l’état de phlogiftique , tels que les métaux & les animaux , ne peuvent devenir éleétriques ; mais réduifez LÉ corps en chaux ou en verre, ils le deviendront. Il eft donc nécef- aire , pour obtenir des fignes éle@riques des êtres des trois regnes, ou de leurs fubftances , premiérement, d’en féparer celles qui renfer- ment le feu dans l’état de pureté, telles que les nerfs, & celles où le feu neft pas pur, de les déphlogiftiquer , on peut , par ce moyen, rendre éle@riques toutes fubftances, . DISSERTATION abrégée [ur le fluide univerfel. Éomment il agit dans les animaux pour établir les fenfations & perceptions. Le fluide univerfel occupe lefpace autant qu'il peut ; les premiers corps de la Nature, pleins & indivifibles, rempliflent le refte. Il ne peut y avoir une partie de lefpace qui ne foit occupée par le fluide; ou par les corps ou atômes. Tous les êtres des trois regnes ont ce fluide dans teurs interftices ; dans la formation ou l’accroifflement des êtres, ce fluide s’eft identifié, & eft devenu partie conftituante. Il tient plus ou moins de la nature des corps dans lefquels il a féjourné ; lorf- qu'on fait lanalyfe de ces corps, & qu’on débarraflé ce fluide, il paroïît différent dans chaque regne. On a donné à ce protée, fui- vant ces différences, plufieurs noms qui ont aufli change. Comme foufre, matiere inflammable , phlogiftique , &c. ; toutes ces dénomina- tions n’ont rien changé à fa nature; il eft toujours le même : c’eft au féjour de ce fluide dans les êtres, que nous devons leur vie végétative suR,L'HIST. NATURELLE RT LES ARTS. $1 æu ammale , fuivant leur organifation. Par exemple , dans l’animal il y eft dans deux états ; premiérement , comme partie conftituante, tenant de la nature du corps, comme dans les chairs, graïfles & os; feconde- ment, dans l’état de pureté, & comme fluide organique, renfermé feulement dans les nerfs. C’eft lui qui eft le miniftre des fenfations & perceptions. Nous avons befoin d’un agent auffi pur & fubtil pour re- cevoir & communiquer les impreflions que les différens êtres font fur nos fens, & d’après ces fenfations, établir des réflexions pour recher- cher ce qui eft bon , & fuir ce qui peut nous nuire. C’eft aux fens extérieurs que nous devons nos connoiffances. Un être qui n’auroit point de fens extérieur, auroit l'imagination très - bornée. Point de réflexions fans incidence, d’effet fans caufe , ni de perceptions fans fens. Tel qui eft célebre aftronome , feroit très-ignorant dans cette fcience, s’il eùt été élevé dans une mine ou fouterrain. Examinons comment les fens extérieurs agiflent fur le fens inté- rieur, & ce dernier fur les autres ; ce qui peut en altérer l’har- monie. J'ai avancé en différens temps, que nos fenfations n’étoient tranf- miles de l’objet touché à l’origine des nerfs, que par fucceffion de Vibration, de même que l’exécution de notre volonté par fes organes, Je vais prouver cette affertion. La vifion n'eft produite & tranfmife, de l’objet vu à l'œil , que par l’ingermede du fluide univerfel dans l’état de lumiere, dirigé & vibré fuivant la forme du corps & la contexture de fes parties. La forme des corps paroït plus loin que la couleur, par la raifon qu’elle eft tranfmife par des rayons droits , & les couleurs par diffé- rentes vibrations qui perdent de leur mouvement en raifon de Péloi- gnement. 1 Le fon, dit-on, eft tranfmis du corps fonore au tympan ,#par les particules d’air qui reçoivent & communiquent par fucceflion de vibration les impreffions que le corps fonore a faites fur elles. L’odorat & le goût font affeétés par l’impreflion que la configuration des parties fait fur les houpes & papilles nerveufes. Le toucher eft tranfmis direétement par le contaët de la main fur le corps, où par le corps mitoyen. Je ferme les yeux & prends une baguette très-longue; je parcours & tâte différens corps ; je fens leur forme & confftance. Cette fenfation ne fe fait du corps touché à ma main, que par fuccefion de vibration du fluide univerfel qui eft dans le corps intermédiaire, & non par une émanation d’un fluide, puifque ce corps n'eft point animé. * Comme je prouve que nous avons trois fens qui reçoivent les im- preffions que font les corps fur eux, par fucceffion de vibration du fluide intermédiaire , pourquoi chercher un autre méchanifme pour G ij 52 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; l expliquer comment les fens extérieurs agiflent fur le fens intérieur # Les expériences électriques faites avec des nerfs, prouvent, fans réplique, que le fluide umverfel que cette fubftance renferme ; eft dans l'état de pureté dans un fujet fain; que fes particules fe touchent, & n’ont aucun corps qui puifle intercepter leur vibration élaftique. La forme ligneufe des nerfs eft très-propre à leur contaét parfair. Si la contexture des nerfs étoit tranfverfale , chaque fil de matiere f-roit un obftacle qui intercepteroit le mouvement d’une molécule ignée à l’autre. Le fluide igné dans l’animal étant en contiguité du fens exté- rieur à l'intérieur , il eft impoflible que ces fers extérieurs reçoivent la moindre vibration fans la communiquer à leur origine. Cette com- munication eft toujours conforme aux impreflons agréables ou dou- loureufes que les corps font fur les fens. Les connoiflances , réflexions & perceptions, ne font point innées , elles ne fe forment qu'après ces impreflions, & ne font conféquemment enfantées que par les fen- farions ; le fens intérieur agit à fon tour fur les organes qui exécu- tent fes volontés d’après les réflexions & perceptions, Cette a&ica s’exécute comme les fenfations , par la fuccefion de vibration du fluide igné renfermé dans le cervelet & les nerfs. Je ne parle point du mouvement involontaire , qui eft une efpece de mouvement végé- tatif, indépendant du fens intérieur. .Je ne fais pourquoi les phyfologiftes ont héfité fur le choix entre Pécoulement du fluide nerveux & la vibration, pour expliquer la caufe des fenfations. La formé des nerfs r’eft pas propre , comme les veines & arteres, à la circulation d’aucun fluide, puiiqu'iis font pleins. La liqueur qu’on a vu fortir d’un nerf coupé, n’étoit que fa fubftance conftituante. Les veines & arteres font bien des nerfs dans lefquels charrie un fluide ; ils ne font deverus vaiculeux que par la circulation de ce fluide, du cœur aux extrémités, & dis extrémités au cœur. S'il s’écouloit un fluide quelconque éu cerveau deus les nerfs, ils feroient creux ainfi que les autres. Les nerfs peuvent bien recevoir une matiere qui fert à leur augmentation, fans donner peflage à un fluide étranger , comme les veines & arteres : je crois que leur croiflance fe fait, ainf que celle des plantes, par une efpece de vége- tation, Lorfque j’examinai le principe des nerfs, fa fituation fupérieure ; la foupleffe de fe; parties conflituantes, fa prolongation , les enve= loppes offeufes pour fa corfervation, la divifion de cette fubflance en rameaux infinis qui aboutiflent aux organes des fens;, je n’hé- fitai point à conclure que ce fluide qui animoit & organifoit c- bel enfemble , ne füt le fluide univerfel pur,-& que ce ne fût le fluide éle@ri- que même. Je fis des expériences pour n'en aflurer, & j’eus la fatisfac- tion de voir réalifer mes conjeétures par des faits fans réplique, On SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. peut voir une partie de ces expériences imprimées dans le Journal de Phyfique, Tomes 7 & 8. __ Éxaminons le méchanifme de ce bel enfemble , comment il peut être dérangé, foit dans fon principe ou dans fes parties , & les fecours que Véle@ricité peut apporter à ce dérangement. Il paroït que J’accroiflement des nerfs ne fe fait pas de la lymphe ex-fanguine , & que la quantité de fang que les arteres carotide; & vertébrales portent au cerveau, eft ébranlé & préparé différemment que celui qui {ert d'augmentation & de réparation aux autres fubflances : le cerveau eftle plus parfait de nos fécréroires. Il fabrique & filtre la matiere la plus précieufe de l'animal , mêlée avec le fluide igné le plus pur. La preuve de ce que j'avance fur la lÿmphe ex - fanguine, fe vérifie tous les jours. On voit des membres paralyfés, infesfibles & immobiles, dans lefquels le fang & les autres fluides circulent, ainfi que dans les parties non paralyfées. La compofition ligneufe des nerfs ,ainfi que leur tiflure intérieure & extérieure, eft diamétralemerit oppofée à l’introduétion latérale d’aucun fluide, La croiflance & l’aug- men:ation des corps ligneux ne peut fe faire que dans le fens de leurs filieres. C’eft par la méchanique des êtres & la contexture de leurs parties, que nous décidons la marche que leur flu'de conftituant a pris pour former leur tiflure. Cette explication méchanique, prife de la forme du compofé, pour expliquer la marche du compofant , r’eft point problématique, & peut s'appliquer aux autres fubflances, On voit même, après la deftruélion d’un compoié, la matiere tendre à prendre le même arrangement qu’elle avoit dans le corps dont elle failoit partie, comme les gélarineux, dans une certaine confifiance, tendent à former des filets pleins qui reflemblent à ceux des ner!s. Le fluide féreux, qui eft un compofé d’eau & de terre mêlées enfemble fans ordre , s'évapores; 1l ne refte après l’évaporation qu'une mefle poreufe, compofée de parties terreftres. Les fels prennent une confiou- ration toujours réguliere ; les infirmités héréditaires d’efprit & de corps, ne font des preuves que trop convaincantes de cette vé- rité, Le mouvement des organes deftinés aux fonétions vitales , qui continue après la mort d’un animal , eft de même un refte de mouvement habituel que la matiere avoit contra@é pendant lexif- tence de cet animal. Le chymifte connoït par l’analyfe | non - feu- lemert les parties conftituantes d’un être parfait , mais aufli celles d’une mafñle de fluide conme le fang; il fait cembien il renferme de fubflances , la contexture de chacune , leur deftination® & l’ar- rangement futur qu’elles doivent prendre dans chaque partie de l'animal, Le vrai chymifte , le chymufte - opérateur , fait ce qu'une SA OBSERVATIONS, ISUR+LA PHYSIQUE; | fubftance até, ce quelle eft .& fera. C’eft à leurs travaux infati= gables que nous devons nos connoiflances inariables. Les. nerfs ne recevant aucun fluide que celui que leur cerveau leur prépare, il eft impoffible qu ils foient viciés par une autre fub- ftance; cette fubftance ne peut l'être que par le fang ; un folide mac- quiert d'imperfeétion que de fon flüude compotant. Le fang. à fon tour, ne pêche en qualité. que, par le chyle, lechyle, par fes mau- vais almens', ou labus des bons, ou, bien ,encore parles mauvaifes digeftions, qui font occafonnées!trèslouvent dans les gens du monde par des abus en différens genres & le peu d'exercice qu'ils prennent; en forte qu'on peut attnbuer prefque toutes Tes maladies chsomiques,, vaporeufes & nerveufes, à Pumperte don du,/prenuer fac animal, La cure de ces maladies exige premiérement. un geure,de , vie oppofé à celui que le malade a ten u; fecondement , l'admimftration id remedes propres à expuller la matiere morbifique occafñonnée par la flagoarion des différens fluides dans les tuniques membianeules des intlins & autres vifceres, ou bien par un mouvement précipié & immodéré de ces mêmes fluides qui, dans cet.état, font toujours fecs, brülass & corrofifs : en forte que les deux exces prodiufent «deux genres de ma= ladie nerveufe , l’une de relâchement, & l’autre de renhon ÿ maladies qui ne peuvent tirer de reflources du côté de ia nature; oanen peut donner que par l’art. Je compare les nerfs au reflort d’une montre; la méchanique a beau être bonne, s'il eft trop roide , la marche du mouvement fera irréguliere & précipitée ; sil eftirop mol, il nira que peu ou point, Il en eft de même du genre nerveux, c’eft lui qui eft le reflort ani- mal. Les vibrations ou fecoufles éleäriques , séminiltrées fuivant le genre des maladies nerveufes, font néceilaires pour. rétablir la cir- culation de vibration du fluide igné renfermé dans les nerfs; on peut leur fournir, par. un nouveau régime, une fubftance nouvelle, plus pure que celle qui les rendoit immobiles; mais il faut intro- duire un flimulant pour aétionner & réunir ces : parties qui étoient engourdies dans une matiere dont léquilibre des parties ;conflituan- tes étoit rompu. Je ne connois, que. l’éleétricité pour redonner le ton vibratil aux nerfs ; mais il faut l’adminiftrer après le nouveau régime & le traitement du malade, & preique toujours dans les bains, En général, chaque fois qu’on lemploierasdans ces maladies fans traitement, on fatiguera, le malade. , & on n’en tirera aucun avantage, Ou-peut, par léleétricité & les bains, procurer du foulas gement aux paralytiques pour lPinflant ; , mais, ces fecours ne font point des remedes, Vous rétabliflez la Sebla tion d'un fluide élaf- a" sURL'HIST NATURELLE ET LES ARTS. 5$ * riqué, mêlé avec des! matieres hétérogenes & morbifiques qui, par leurs grofliéretés, empêchent la circulation de cé fluide. La force communiquée cellant, tout eft dans le même état qu'avant caufe &c effet. 1] k : Ai: : DE | * L'élé@ricité : n'eflipoint propre aux maladies héréditaires qui fént prefque toutes ingurables ; le vice du perme quia produit lindi: vidu, eft fi bien répandu dans fes parties ‘conflituantes, qu'il eft impofñfble: de l’en féparer fans détruire le compofé. | Nous avons des maladies cruelles & incurables par les remedes ordinaires , qui peuvent être guéries fans autres fécours ‘que l'élec= tricité. Ces maladies ont pour caufe le dérangement fubit du yes forium ; elles font connues fous le nom de wa/ cadic Où mal' Saint-Jean’, ‘mal de mere , qui font dés éfpeces d'épilepfe ; Ja catalèpfie ; les engourdiffemens & ftupeurs , peuvent auffi recevoir des fecours de l'éleétricité. Ces maladies qui femblent n'attaquer que lefpece hu- maine , font d'autant plus cruelles , qu’elles font inévitables ; il n’eft point de précaution qui puifle nous en garantir. Le fens intérieur peut être dérangé par une commotion violente, occafionnée par une chûte , un coup d'armes à feu ou autres , qui caufent um déplace- ment & dérangement total dans le fluide nerveux ou igné: Le choc rapide d’une balle contre une partie d’animal qui oppofe réfiflance, fuffit pour donner une flupeur générale qui le Jette dans un afaif- fement & le prive des fens extérieurs , quelquefois du fenforium , & peut lui caufer la mort, Je ne vois d’autres moyens dans ces fortes commotions, qui dérangent l’organifation vitale , pour réta- . blir la circulation, que les fecouffes éleëtriques adminiftrées dans l'origine de-laccident. : Il ne faut pas laïfler contra@ter au fluide nerveux une mauvaife habitude. On n’emploie ordinairement l’éleéricité , qu'après avoir épuifé, fans fruit , tous les fecours connus; & on décide qu’on n’en peut tirer aucun avantage. Que peuvent faire les fecours éle@riques ? C’eft de rétablir, comme je lai avancé , une circulation hebituclle , -bonne ou mauvaife, du fluide nerveux dans la fubflance organique de l'animal. Si vous laiflez contraéter à ce fluide une organifation €ontre nature, nattendez aucun bien de l’éleétricité, Le fens intérieur peut être dérangé lentement ou fubitement ; lentement , par une tenfion continue d’efprit vers des objets qui afféétent & affligent l’ame ; les fecours Cleétriques font inutiles à ces accidens : fubitement, par faififlement, effroi , furprifes agréa- bles ou défagréables. Lorfque le fens intérieur a acquis un degré de mouvement beaucoup plus fort que celui de fon organifation ordi- naire , cette vive imprefion arrache les particules ignées des fi- lieres des nerfs ou du fenforium, les difperfe fans ordre dans toute 56 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'économie organique de l’animal ; alors ce fluide n'ayant plus ce bel enfemble qu'un laps de temps avoit habitué & perfe&ionné , nos réflexions & perceptions n'étant que le fruit d’une organifarion parfaite , fe reflentent de ce dérangement phyfque. Idées , juge- ment, tout eft confus. Les comparaïfons du pañlé au préfent font faufles; plus on a acquis de connoifflances , & plus aufli la con fufion eft grande dans le fenforium. © C’eft particuliérement dans le principe de ces accidents, qu'il faut donner de fortes commotions, Les parties conftituantes du cer- - veau & des nerfs, tendant toujours à reprendre l’enfembie & lar- rangement habituels qu’une fenfation trop vive leur avoit fait perdre, n'ont befoin fouvent que d’une crife ou vibration forte, pour re- trouver: &: faifir leur ordre & difpofiôn primitifs. J'ai eu le bonheur de voir réahfer mes conjeëtures fur deux épi- leptiques guéris par Pélericité , fans avoir empieyé aucun autre. fecours. Je fuis perfuadé qu'on réuflira toujours lorique la maladie fera récente. Les perfonnes qui voudroient prendre des inftrü&ions fur la ma- niere d’adminiftrer l’éle@ricité dans les accidens , peuvent me con- fulter. Je leur communiquerai très-gratuitement les conno:flances que jai fur cette partie. DE So eC RAR PR ON ET IAE EAN D'une Veilleufe ou Lampe pour la nuit; Par Madame DE F***, Avcux objet n’eft indifférent quand il a pour but ou lutilité, ou notre tranquillité ; & fans chercher à faire valoir celui-ci plus qu’il ne le mérite, j’ofe dire qu'il renferme tous les deux. On a le défagrément , avec les veilleufes ordinaires , de voir fouvent leur lumiere éteinte au moment où l’on fe réveille , & quelquefois , lorfqu'on a le plus grand befoin de leur fecours; cela n’eft point étonnant, & cette ceflation de lumiere eft une fuite néceffaire du rapprochement des fils de la meche , qui ne font plus loffice du fyphon. La flamme brûle toujours dans le A , \ . > même endroit, à moins que de temps à autre, on ne fouleve la meche, Or, l'huile ou la graifle, ou toute autre fubftance qui doit fervir à la combuftion , entoure Ja meche d’une efpece de charbon, eu SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7 ou de matiere qu'on nomme , en général , chaïbonneule , pro- duite par l’aétion de la matiere grafle ; ce charbon forme une etpece ‘de champignon au haut de la meche: celui-ci ne contribue pas à l'extinéion defla flamme , mais il s'en forme un {emblable autour du coller de la meche ; il en remplit les interftices , agolutine les fils les uns contre les autres, enfin, les reflerre au point qu'ils ne préfen- tent plus de pañfage pour l'efcenfion de l'huile, & par conféquent , plus d’aliment pour la flamme. Le moyen que je propoie pour prévenir cet inconvénient eft bien fimple , puifqu’il s’agit de rendre mobike le fupport de la meche , & que la meche fe conferve à mefure que fon fup- port baifle par la diminution de l’huile qui brüle. Les fimples meches de coton ne font pas fuflifantes , elles retom- beroient au fond du vafe par leur propre poids. Je me fers des meches enployées pour les bougies ordinaires de cire blanche de deux ou trois lignes de diametre. Pour enlever la cire de ces bougies , il fufft de les mettre dans un petit poëlon ; lorfque la cire eft fondue, on retire la meche , on l’étend , on la laifle refroidir & fécher , on la coupe enfuite en petits morceaux d’un pouce & demi de longueur. Cette longueur doit varier fuivant le plus ou moins de profondeur du vafe; mais un vafe d’un pouce & demi de hauteur fur trois pouces de diametre , contient afez d’huile pour donner , par le moyen de ces meches, de la lumiere penda t quinze heures de fuite. Au fond d’un vafe quelconque, on place un cerceau de fer-blanc (planche 1 , figure 2 ) C. C. de trois lignes de hauteur & propor- tionné à la grandeur du vafe:ileft garni d’une traverfe en croix du même métal, percée d’un trou enD pour recevoir la bafe de la meche citée. On remplit enfuite le vafe avec l'huile néceffaire, Sur cette huile on place le porte-meche ( fgure 3 ), qui n’eft autre chofe qu’un morceau de fer- blanc découpé en croix, dont chaque extrémité B B eft garnie de liége, Ce porte-meche cft percé dans fon milieu A d’un trou, au moins, du double plus grand que la meche n’eft grofle. C’eft dans ce trou qu'on place la meche, & on la fait entrer dans celui D de la croifée de la gure 2. On voit par là, 1°. que s’il fe forme des champignons fur la meche qui brûle , ils tombent dans l’huile ; 2°, que la flamme parcourt toute la meche à mefure que l’huile diminue & que le porte-meche s’abaifle ; 3°. que dans aucune circonftance les fils de la meche ne peuvent s’agglu- tiner & ne plus faire office du fiphon; 4°. la meche cirée a toujours la confiftance néceffaire pour fe foutenir , & ne peut être entraînée dans le fond du vafe ; 5°. enfin, que la flamme doit durer tant qu’elle trouvera d’aliment. Mon expérience journaliere juftifie depuis long-temps ces afertions, Tome XI, Part. I. JANVIER 1778. H 58 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, D TT RE De M. L'ESPINASSE , Directeur du Canal de Languedoc ; relative aw Traité des Rivieres du Pere FRISI. M ONSIEUR, en pourfuivant la leéture du Traité des rivieres &t des torrent du R. P. Frifi, Barnabite , dont je vous ai déjà entretenu, je vois avec bien de la furprife ce que cet Auteur avance au fujet du grand canal de la Chine, page 198, en difant : « Qu'il joint les deux fleuves Kiam » & Hoambo & qu'il forme une navigation continuée pendant plus de » trois cents lieues depuis Canton jufqu’à Pékin. » Cette afertion exprimée en trois lignes renferme évidemment trois erreurs, que le P. Frifi me pardonnera de relever & qu'il lui eût été aifé d'éviter s’il eût pris la peine de confulter des relations authentiques. 1°, Ce canal ne renferme pas une navigation continuée , ou plutôt continue , puifqu’elle eft interrompue par la montagne de Moulin ; entre Canton & le Kiam. On employe, au rapport de tous les voya- geurs, une petite Journée à traverfer cette montagne au moyen des voitures de terre, & il arrive même fouvent que les denrées & mar- chandifes , ainfi tranfportées & rendues dans les vaifleaux du Kiam, font arrêtées pendant plufeurs jours à l'endroit de l’embarquement , jufqu’à ce que le fleuve redevienne navigable. Vs. 2°, Cette navigation, füt-elle continue , le Pere Frifine feroit pas plus fondé à dire qu’elle eft de plus de trois cents lieues, puifqw’en comptant par les plus petites lieues , qui font celles de 25 au degré, elle fe trouve n'être pas de plus de 250. 3°. Elle ne s'étend pas depuis Canton jufqu'à Pékin , puifqu’elle cefle à quatre lieues de la capitale, à Focheen , d’où les marchan- difes deftinées pour Pékin y font tranfportées par terre ; ce qui à toujours été envifagé comme une grande imperfeion dans cette navigation. Je citerai, en preuve de ce que j'avance , divers articles de a relation de M. J. Nieuhoff, imprimée à Leyde en 1665. À la fuite des Ambafladeurs des Provinces - Unies vers l'Empereur de la Chine, il s’'embarqua avec eux à Canton pour fe rendre à Pékin. Voici ce qu'il dit : « Nous arrêtâmes quatre jours en la ville de Nanhung pour mettre sur L'Hi1$T. NATURELLE ET LES ARTS. $9 # ordre àänotre bagage & le bien empaqueter, &c.....puis, les # Ambafladeurs, pour être moins fatigués, fe firent porter dans des » chaïfes à bras par des porteurs bien experts en ce métier. » Dans un autre endroit, parlant de la ville de Nangan , 1 dit: « La » riviere borde les murailles de cette place, ce qui la rend tort ma chande n & de très-grand abord ; car toutes les denrées qui viennent de la Chine »à Quantung , ou de Quantung dans la Chine, doivent y aboider & » être expofées en vente; car, dès qu’on a traverfé la montagne qui #en eft voifine, on porte les marchandifes en d’autres vaifleaux » afin de les tranfporter plus outre , quand les eaux de ce fleuve le’ # permettent , &c. » Cetre montagne, il eft vrai, n’eft pas nomm'e dans la Relation de Nieuhoff ; mais elle y eft aflez défignée pour voir qu’elle eft la même que celle dont parle le pere le Comte , Jé‘uite , page 152. édit. de 1698 , à Amfterdam. « Parmi tous ces canaux des Provinces # méridionales:, il y en a un qu’on nomme le Grand Canal, &c..…..; » on eft feulement obligé de faire une petite journée par terte pour » traverfer la montagne de Moilin ; qui borne la province ce » Kiamfñ , &c. ». Il y a donc un obftacle local qui établit une interruption perma- nente dans cette navigation, & il y a d’ailleurs des obftacles pañflagers qui l'interceptent, puifque le fleuve n'eft pas toujours navigable. Ma feconde propofñtion fe prouve par les relevés des journées indiquées dans la Relation de M. Nieuhof, & dont le détail feroit trop long à énoncer ici. On lit à la fin de cette Relation. « Le fixieme du mois de Juillet » nous arrivmes à Sanfñanwey , qu’aucuns nomment Sanho , vilie » éloignée de $o ftades de Foeheen & à quatre lieues de Pekin....; » puis ; toutes les denrées qui doivent être tranfportées à la Cour 5 Impériale , fe déchargent ordinairement en cette Ville, ou en » la fuivante nommée Tonfion , & alors on les charge fur des ânes ou # des charrettes , que l’on trouve toujours à la main pour les rendre # à Pékin. L'on pourroit percer aifément un canal à la ligne, qui » portât tous les vaifleaux d’ici à Pékin ; mais l’Empereur ne le » voulut permettre , afin que les pauvres familles, qui fourmiilent en cette » entrée, trouvaflent dequoi gagner leur pain avec moins d’amertume. » Je puis donc dire que cette navigation ne s'étend pas jufqu’à Pékin, & conclure ultérieurement que le Pere Frifi, en matiere de faits, ne s’eft livré qu'à fon imagination ou à des oui- dire légérement accueillis. Tout ce qu'il dit d’ailleurs des tentatives faites en divers temps & en-divers lieux, pour établir des canaux navigables , mérite- roit un examen particulier , que jomets dans cette ne > pour 11 6o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; la rendre plus coutte , & pour venir à ce quil dit des éclufes des Chinois. « Lorfque les Chinois font communiquer enfemble des rivieres » dont le niveau eft très - différent, ils en foutiennent les lits par de » fortes éclufes , & ils y pratiquent de très-grandes cataraétes. d’eau. » Ils ont enfuite les machines néceflaires pour tirer les barques en haut. # Enfuite : « Les éclufes des Chinois rendent la navigation!trop difficile & # trop incommode, & celles de nos Anciens ne peuvent être d’aucun » ufage dans les lieux où la chûüte eft trop grande, & lorfqu'il eft quef- » tion de tranfporter les barques d’un canal dans un autre qui eft # beaucoup plus élevé. Le redoublement des portes &le méchanifme de » haufler ou baifler le niveau de l’eau dans leur enceinte , a été l’épo- » que du dernier degré de perfe&tion auquel, on a porté en Europe » l’art de naviger fur les rivieres &c les canaux , &c...... Puis: « Les » éclufes à doubles portes ent été inventées & exécutées , pour la » permiere fois , fur la Brenta près de Padoue , l'an 1481, par deux # Ingénieurs de Viterbe , &c. » = Tout cela eft formellement démenti par Nieuhoff. Lifons la page 156, nous y verrons : « J’y ai compté, (au canal de Jun) , un grand » nombre d’éclufes bâties de pierres carrées; chacune d’icelles a une # porte par laquelle entrent les navires ; on la ferme avec des ais fort » grands & fort épais; puis les ayant levés par le moyen d’une roue # & d’une machine, avec beaucomp de faciliré, on donne pañfage à l'eau » & aux navires , jufqu’à ce qu’on les ait fait pafler par la feconde avec » » le mème ordre & la même méthode, & ainfi enfuite par toutes les » autres, &c. » : Quoi! Nieuhoff venoit de quitter la Hollande , où il avoit vu la manœuvre fimple &c aifée des éclufes dans les canaux dont elle eft arro- fée ; cependant il trouve que dans celles du canal de la Chine, la ma- nœuvre fe fait avec beaucoup de facilire. Les Chinois favent donc non feulement ce que c’eft que le redoublement des éclufes , mais encore ils en ont pratiqué d’une efpece qui leur eft propre , & dont l'in- vention n'a de commun avec les nôtres , que la fimplicité des moyens. Nieuhoff_n’eft pas le feul dont le témoignace attefle l’exiftence de. cette forte d’éclufes. Le pere le Comte, après avoir parlé de celles qu'on avoit dans les petits canaux de Ja Chine, ajoute page 154: « Il n'y a point de femblables éclufes dans le, Grand Canal , parce » que les barques de l'Empereur , qui font grandes comme nos vaif- » feaux , n’y fauroient être élevées à force de bras & fe briferoient » infailiblement. » Peut - être que le Pere Frifi , en lifant quelque voyage fait en Chine ,y a vu la defcription de ces éclufes imparfaites , dont äl . sUuR, L’'H1ST, NATURELLE ET LES ARTS. Gt nous parle , & qu'on voit effeétivement fur les petites rivieres de cet Empire ; mais il a eu très-grand tort d’en inférer qu'on n’y en con- noît point d’une autre efpece. En effet, cette conclufion ne feroit pas plus jufte, que ne le feroit celle d’un Voyageur qui , après avoir vu en France ou en Italie, fur des rivieres où le commerce n’eft pas fort animé, les petits bateaux & les radeaux pañler du deflus d’une chauffée au-deflous , au moyen des glacis qui y font pratiqués, affirmeroit, à la maniere du Pere Frifi, que nous n'avons point d'idée du redoublement des portes & que ce méchenifme nous efl inconnu. Quant à la premiere invention de ce méchanifme , que l’auteur attribue aux deux ingénieurs de Viterbe , il lui reftera maintenant à prouver que les éclufes de la Chine, décrites par Nieuhoff en 166$ , n’avoient pas encore été faites en 1481. C’eft le feul moyen de con- ferver le droit de primauté à ces deux ingénieurs. | J'ai cru devoir rapprocher le texte de Nieuhoff, & accefloirement celui du Pere le Comte, du texte du Pere Frifi, afin de bien établir la mefure de confiance que cet auteur-ci mérite, fur des objets que tout le monde n'eft pas à portée de vérifier; mais je ne dirai rien ici de fa Defcriprion abrégée du Canal de Languedoc , Ouvrage fi connu de tous les curieux, & qui leur paroïtra avoir été fi mal vu par lauteur. Il eft inconcevable que le Pere Frifi, écrivant fi près de la France , ne fe foit pas borné à recueillir une infinité de faufles notions fur le chef-d'œuvre que ce royaume renferme, & qu’il ait ofe les impri- mer fans craindre de choquer tous fes lecteurs. Comme j'écrivois ées réflexions , je viens de recevoir, Monfieur, votre cahier de mai, qui eft terminé par une lettre de M. Pabbé Frifi, ci-devant le Pere Frifi, relative à mes obfervations fur fon Ouvrage configné dans votre cahier de février de cette année. Sans m'arrêter à la métamorphofe de l’auteur, par laquelle, en défavouant tout ce qu'il a publié d’incorreét jufqu'aujourd'hui, & renonçant aux jaétan- ces qui’ découlent par-tout de fa plume, il produira, je l’efpere un nouvel être fur la fcene ; je remarquerai qu'il convient, dans cette lettre, des erreurs qui fe font glifiées dans fon Livre; mais qu'il nie qu’elles émanent de lui. Cependant , il eft clair que c’eft mal à propos qu'il invoque ce qui fait fuite à la premiere regle, que j'ai atta- quée , pour prouver quelle ne péche que par une omiflion indiquée par cette fuite; puifqu’après l'énoncé de la regle on ne voit que des réluitats des portées de rivieres , où l'auteur ne fait nulle men- tion de Ja marche du calcul qui y conduit, & qu’il renvoye pour cela à des a@es de vérité, qu'il ne met pas fous les yeux, & dont il ne rapporte pas toutes les données. D'ailleurs, au ton d’aigreur qui reyne dans fa lettre , l’on diftingue aïfément l’amour- propre offenfé ,; & voilà l'indice le plus afluré, où l'on puifle reconnoïtre 62 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que ces erreurs doivent lui être attribuées. Loin de trouver offenfante ja fenfibilité qui lui a didé des expreffions dédaigneufes fur mes obfervations , je la regarde comme de bon augure pour le public, à qui il fe hâte déjà de promettre des Jn/ffivutions , où, vraïfembla- blement , il aura la circonfpeétion de ne rien dire que de réfléchi & de bien étudié. Cette fenñbilité peut encore tourner à bien pour lui, fi elle le guérit de l'envie prématurée de compiler les méthodes fans les entendre ; fi elle le fait appercevoir qu’on peut être décoré du titre d’académicien de plufieurs fociétés, fans être pourvu du mérite que ce titre annonce, & fi elle aide à le convaincre que, dans Pérat de profeffeur de mathématiques , dont il jouit, il eft poffble d’avoir moins de lumiere que de prétentions. Z/ voir, dit-1l, que je ne fuis pas. bien au fait de toute ‘cette matiere ; mais , En montrant à décou- vest, comme je lai fait, fon inexaélituce &c dans les principes & dans les faits, jai fufifamment prouvé que Jx maniere de voir eft très- vicieufe : dès -lors elle ne fauroit être celle du public éclairé, qui diflinguera toujours un bon raifonnement d'une marque de dédain. LES PrbonRE De M. le Marquis DE GEOFFRE DE CHAPRICNAC , Colonel en fecond du Régiment de Barrois, à M. FAUJAS DE SAINT -FOND, Auteur de la Defcription des Volcans éteints du Vivarais & du Velay, fur une nouvelle Grotte du Chien, près d'Aubenase » Je vous ai attendu vainement ici, au milieu des volcans du Vivarais ; que je parcourus avec toute l’ardeur d'un de vos profélytes le plus zélé. Vos occupations vous ont, fans doute, empêché de venir me joindre à Aubenas, ainfi que nous en étions convenus. Voici quelques obfervations faites en attendant, & je les foumets à vos lumieres. On difoit ici, vaguement, qu'il exiftoit, noffloin du village de Mey- rac, à deux lieues de cette ville, une efpece de grotte, ou d'ouverture, dans laquelle les animaux qui y entroient, mouroient promptement, Vous vouliez vérifier ce fait, & je vous ai devancé, afin de vous évi- ter une courfe, fi le phénomene n’exifloit pas. Je partis de chez M. le marquis de Vogué, où je vous attendois avec M. le marquis de Roche- fauve pour me rendre à Neyrac. Un payfan de ce village nous y con- duifit, malgré le mauvais temps; & le débordement de ? Ardeche nous SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS 63 força de gagner le pont de Barrutel , éloigné d’un quart de lieue de Neyrac. Nous laïfsâmes nos chevaux au village de Barrutel, & gravi- mes, à pied , la côte efcarpée qui conduit à Neyrac. Les habitans nous confirmerent tout ce que l’on raconte de cette grotte, & notre guide nous conduifit enfuite au milieu d’un champ kbouré, à mi-côte d’une montagne volcanique, il nous montra deux efpeces de puits , qui ont environ ÿ à 6 pieds de profondeur fur 4 de diametre. Je me procurai une poule , & attachée avec une petite corde, par les pieds, elle fut bientôt defcendue dans un des trous ; & dans l’inftant attaquée de mouvemens convulfifs, elle pafla à l’état de mort. Je voulus la faire retirer alors, mais la corde ayant échappé de mes mains , elle retomba dans le trou. Je fus obligé d'y faire defcendre un payfan, pour la retirer , ce qu'il fit avec répugnance, dans la crainte d’être lui-même fuffoqué. La poule, fortie du trou, étoit dans un état com- plet d'afphixie, c’efl-à-dire, ne donnant aucun figne de vie; je lui priéfentai de l'alcali volatil fluor , de à même maniere dont nous l’avions pratiqué enfemble chez M. le duc de Chaulnes, fur un moineau. Ici, l'alcali volatl n’agit pas auffi promptement : la poule ayant refté trop long-temps dans le trou, je la regardai comme parfaitement morte ; cependant, ayant perfifté à lui préfenter de l’alcali, je la vis, avec le plus grand plaifir , revenir à la vie, & peu après ne plus être mcom- modée. Je la fis jetter de nouveau dans le trou, elle y éprouva le même accident, & enfuite la même guérifon. Voilà donc une nouvelle grotte du chien, qui mérite autant d'attention que celle d’Italie ; je vous exhorte à venir la vifiter, vous y ferez, fans doute, des expé- rierces plus nombreufes & plus fuivies; mais en voilà aflez pour conflater ce qu’avançoient les payfans du lieu, fur lexifience des ve- peurs moffctiques. Je ne dois pas oublier de vous dire qu’on voit encore, non loin de-là, un grand baffin plein d’eau vive, qui bouil- lonne contmueliement ; je goütai-cette eau, & la trouvai entiérement femblable à celle imprégnée d'air fixe que vous m'aviez fait goûter plufieurs fois dans votre laboratoire. M. de Rochefauve , mon com- pagnon de voyage , s’étant penché fur cette fontaine, pour y boire de l'eau, s’en trouva incommodé; il éprouva un étourdiflement & ur mal- être général, ce qui pouvoit bien provenir aufli de ce qu’il s'étoit approché de trop près du trou où la poule étoit devenue afphixique, ‘Quoi qu'il en foit , l’alcali volatil le rétablit fur le champ dans fon état de fanté ordinaire. Ces obfervations font bien propres , mon cher com- , patriote, à Jouer un rôle intéreflant dans votre grand ouvrage fur les vo'cans éteints du Vivarais & du Velay , pour lequel vous ne ceflez de faire de pénibles & foigneufes recherches. Je fuis, &c. Il eft important d'ajouter quelques obfervations relatives à la poule, dont M. de Geoffre s’eft fervi pour l'expérience du puits , qu’on de- 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; vroit, aujourd’hui, nommer Puirs de la Poule. La vivacité, s’il eft per- mis de fervir de ce mot, varie dans chaque individu. L’un fuccom- be plutôt, l’autre plus tard:1outes circonftances d’ailleurs égales, ce n’eft pas ici le cas d'examiner le pourquoi. Sur fix moineaux, pris le même jour, bien nourris, fe portant très-bien , & mis fucceffivement dans des bocaux féparés, remplis d’air méphitique , cinq y ont péri dans deux, trois & quatre minutes, le fixieme a reftf 12à113 miou- tés, avant de cefler de donner figne de vie; l’air méphitique avoit été verfé dans le bocal avec une mefure égale à celle emyloyée pour les autres bocaux, & cette mefure ‘es remnpliffoit tellement, que la lumiere s’éteignoit à leur orifice. Dans le bocal qui renfermoit ie fisiemé moi- neau , on verfa une nouvelle mefure de cet air à la cinquieme minute , & une troifieme à la dixiseme minute; meleré ces trois mefu= res, l'animal ne parut agité de mouvemens convu‘hts qu'après la hui- tieme minute; ces mouvemens étoient petits , frequens, & durerent ainfi jufqu’à la treizieme , où ils céferent tout à coup; la furprife - caufée par cette expérience , nous engagea à retourner l’oifeau dans tous les fens & même de lui tenir la tête en bas; aucun des fix moi- neaux ne put être rappellé à la vie, ni par l'alcah volatil fluor, ni par l’acide fulfureux volatil, mis dans une cuiiler rougie au feu , ni par l’eau, même au degré de la glace, ni par l'agitation, ni par le contaét de l'air froid ; &c.; parce que je ne les retirai du bocal, que lorfqu'ils ne donnoient plus de figne de vie, c'eft-à-dire , au moment où ils cefloient d’en donner. Les mouvemens convuififs varierent fui- vant les individus, & dans trois, ils furent précédés d’un petit cri, à peu près femblable à celui d’un oïfeau qu'on ferre vigoureufement à la gorge. Enfin l’animal ne fuccombe fous leffet de l'air méphitique, que lorfque l’irritabilité du ‘fyftème . mufculaire eft entiérement détruite. Malgré ce que je viens de dire , je fuis bien éloigné de condamner lufage des fecours indiqués contre les afphixies, Ces faits ne font rap- portés que comme de fimples obfervations. OBSERVATIOF sur L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 6; EE OSBTS ErRI IS AT TO. N Sur une TORTUE; Par M. AMOUREUX , fils, Doëeur en Médecine, & Membre de la Societé Royale des Sciences de Montpellier. Le trois Juin 1777, des pêcheurs, fortis du port de Cerre pour la pêche du thon, entrainerent dans leurs filets une tortue immenfe, & la porterent le lendemain à Montpellier, pour l’expofer à la curiofité publique. Je crois devoir rapporter .cet animal, à la figure & à la def- cription données par Rondelet, Liv. XVI. Ch. IV, dans fon Hiftoire des Poiffons , & il le nomme Teffudo coriacea five mercurie. Après avoir exattement comparé la defcription & l'animal , il s’eft trouvé que la tortue de Rondelet , refflembloit à celle nouvellement pêchée, dans l’en- femble , & qu’elle en différoit par les détails. Celle-ci avoit, en outre, les plus grands rapports avec celle pêchée, le 4 août 1729, à 13 lieues de Nantes, dans l'embouchure de la Loire, M. de la Font, ingénieur , en envoya la defcription à M. de Mairan, de l’Académie des Sciences, & elle fut imprumée la même année , dans les volumes de cette fa- vante compagnie. La tortue prife à Cerre, paroït être la même que celle prife près de Nantes, & différer de celle de Rondelet, Un des examinateurs a objeété que la figure donnée par Rondelet, étoit fau- tive; mais en accordant ce point, il faudra donc accorder également que la defcription donnée par Rondelet , eft inexa@e & erronée, puif- qu’elle s'accorde en tout point avec la figure; ou bien que Rondelet, & fon deflnateur, n’avoient fous les yeux que la couverture de la tortue qu’ils ont repréfentée , & qu'ils ont ajouté les pattes d’après leur imagination ou d’après celles qu'ils ont vu dans les tortues ter- reftres. Il eft de fait que la tortue, prife à Cerre, n'avoit que quatre nageoires membraneufes, à la place des pattes imbriquées , & unguicu- lées , dont Rondelet nous a donné la figure ; cependant il sflure avoir vu deux tortues de cette efpece. Soit donc que Rondelet ait tort ou raifon , foit que l’efpece dont il parle foit différente ou la même que celle de Cette, voici la defcription de cette derniere, d’après un examen des parties extérieures , & fuffifante pour caraétérifer définitivement ceite efpece. . Cctte tortue reffemble bien à un luth, ou à une mandoline renver- fée, elle eft arrondie par fon dos, terminée en pointe vers la queue, Tome XI, Part. I. JANVIER 177$. I . .+ 66 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; prefque tronquée en devant , &t applatie par deffous. Sa couverture eft un cuir noir, marqué par 7 crêtes ou arêtes longitudinales , qui for- ment par leur intervalle neuf bandes ; cette couverture , en forme d’im. périale de voiture, avoit cinq pieds & demi de longueur & la tota- lité de l'animal, mefuré du mufeau à l’extrémité de la queue , étoit de 7 pieds ÿ pouces. La hauteur & l’épaifleur de la-tortue, prife dans fa plus grande convexité, étoit de 21 pouces. Les pêcheurs ont évalué fon poids, entre 15 à 16 quintaux. La tortue décrite par Rondelet, differe encore de celle de Cerre, par la tête & par les nageoires. La tête de celle-ci reflembie aflez à celle des tortues communes ; elle fe termine par un mufeau offleux , un peu pointu. On en avoit écarté les mâchoires au moyen d’un morceau de bois, qui leur donnoit 8 à 9 pouces d’ouverture; cette gueule béante ermit d’obferver une grande dent triangulaire , à l’extrémité de la: P ; mâchoire inférieure. Comme il n’étoit pas poffible d’obferver la mâ- choire fupérieure, on doit rapporter ici la remarque faite à Certe, pat M. Borig, médecin de cette ville , qui y apperçut 4 autres grandes. dents triangulaires , formées par un os poreux, & couvertes d’épi- derme. Outre ces. dents, les faces étoient garnies d’efpeces de callofités. ou de mamelons coniques, & comme cartilagineux. On m'a fait un crime de les avoir appellées derrs, parce qu’elles ne débordoient pas les mächoïres, & qu’elles n’avoient pas d’alvéoles , comme fi la nature n'avoit qu'un type à fuivre dans la création des êtres. Rondelet ne dit rien de ces dents calleufes , qui cependant méritoient fon atten- tion, La tortue de Cere avoit de grands yeux, au-deflous defquels étoient deux trous , fervant de narines. La tête étoit proéminente , le col fort gros & large. Depuis le défaut du cuir, au-deflus du col , jufqu’à l'extrémité du mufeau, on comptoit r7 pouces & demi. Beau- coup de parties charnues fortoient en avant de deflous la couverture. Ce font , fans doute, de grands mufcles qui font mouvoir les na- geoires antérieures, & qui donnent la plus grande force à cette mafle animale, Chacune des nageoires antérieures étoit longue de trois pieds trois pouces, & large de 13 pouces, dans fa plus grande étendue. Elles avoient en tout neuf pieds d’envergure; d’où il réfulte que lorf- que cet animal nadbe, il préfente plus de furface en largeur qu'en lon- sueur. Les nageoires poftérieures étoient beaucoup moins volumineufes & moins charnues à leur origine; elles n’avoient que dix pouces de lon- gueur, & étoient larges en proportion; enfin, leur envergure de cinq pieds un pouce, mais en tout différentes de celles de Rondelet. Cet auteur fait mention des ongles qui arment les ailes & les pieds de la DAT sur L’HrsT, NATURELLE ET LES ARTS. 67 tortue, & fa figure les, montre telles. De plus, elle repréfente ces quatre extrémités recouvertes de grandes écailles imbriquées , & dans la nôtre , il n’y aque quatre nageoires, unies, couvertes fimplement d’une peau noire, rugeufe, fans écailles , fans divifions & fans ongles ni crochets, En un mot, cet animal nous a paru abfolument aufli peu propre à l'attaque qu’à la défenfe; ce qui porte à penfer qu'il.ne livre pas de grands combats, & qu'il ne vit pas de rapines. La peau de deffous les nageoires eft parfemée de différentes taches grifes & rouflâtres. Comme il n’étoit pas facile de retourner cette lourde mafle , on n’a pu voir le deffous de la tortue, pour examiner quelle étoit la forme & l'étendue du plaftron , ou lécaille de deflous. IL a été. encore moins poffñble de connoître la ftruéture intérieure de ce vafle édifice. Le haut prix que le poffefleur demandoit de cet animal a dégoûté plufieurs amateurs qui vouloient l'acheter , pour en faire j'anatomie. C’eût peut-être été une occafion pour decider le diffé- rend qui s’éleva au commencement de ce fiecle entre MM. Méry & Duverney , au fujet du cœur des tortues de terre & de mer. Cette tortue fut enlevée de Montpellier deux jours après , & repor- tée à Cerce, à caufe de linfeétion qu’elle répandoit , & pour la vuider en mer. M. Borie , qui étoit alors fur les lieux, ne put tenir À cette opération, tant la puanteur étoit horrible. Voici feule- ment ce qu’il nous a appris à Pégard de l'extérieur. Cet animal, vu par-deflous , reffemble à un crapaud, & l’on n'y voit par conféquent la forme d'aucun plafron bien marqué. Le deffous eft fouple , pliant ; & fe confond avec les côtés & les na- geoires; cependant, fi on l'examine avec attention , on apperçoit fix bandes longitudinales, cartilagineufes , écartées les unes des au- tres, excepté celles du milieu qui font plus rapprochées, Ces ban- des font liées les unes aux autres par des ligamens forts & entre- croifés. Elles font encore foutenues antérieurement par un os pointu au-deflous du col, large & faillant ; c’eft le feul endroit où le plaf- tron foit fenfible. Cette partie tient lieu de flernum , & va d’une nageoire À l’autre. Poftérieurement , ces mêmes bandes font renfor- cées par un cartilage tranfverfal qui, vu d'une nageoire à l'autre, eft encore terminé en pointe vers la queue. Outre ces pieces tranf- verfales , il y a encore aux bandes les plus externes, quatre pieces d'os aflez femblables à de petits /epas , pofés longitudinalement deux À deux; favoir, deux après les nageoïres antérieures, & deux avant les poftérieures. Les bandes moyennes ont encore deux autres /epas offeux, placés dans la même direétion, mais plus poftérieurement & fous le ventre. On a empaillé grofliérement cette tortue pour la montrer à la Foire de Baucaire (le 22 Juillet) comme un objet de curiofité; 8 malgré les fpéculations qu’on avoit faites fur cet Dis le {eul pro- 5 68 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; duit qu’on en ait retiré, c’eft l'huile; il en a découlé beaucoup de pieces offeufes qui forment le toit ; elles étoient fpongieufes & rem- plies d’une huile dont la confiflance reflembloit à celle du beurre. Si les Nomenclateurs d’hifloire naturelle jugent cette efpece nou- velle, on leur laiffe le plaifir de lui afligner un nom , & de faire en fa faveur une phrafe latine. S'ils ne la croyent pas différente de celle de Rondelet, ils auront au moins une defcription qui la leur fera mieux connoître. ; A Pi LRS VO CNE SDUE Qui démontre que le nitre exifte tout formé dans la crème de tartre, & que l’alcali fixe qu'on en retire, eft dû à la décompofition de ce fel; Par M. MAGNAN , Agrégé au College de Médecine, & de l Académie. des Sciences & Belles-Lettres de Marfeille ; Correfpondant de la Societé Royale de Montpellier, & de le Société Royal de Médecine. Tr o1s Chymiftes du premier ordre avoient donné, fur la na- ture du tattre, des notions qu’on a négligées ou rejettées abfolument. Glauber aflure que, pour convertir le tartre en nitre, il ne s’a- git que de le traiter convenablement avec une leffive de chaux vive ; %e faire bouillir, de clarifier , d'évaporer fuffifamment , & de mettre à criftallifation. Si lopération eft bien faite , on peut obtenir de bon falpêtre qui donnera beaucoup plus de profit que le fel de tartre ou la potafle qu’on a coutume d'en retirer. Il aflure encore que le tartre & le nitre peuvent fe convertir l’un dans l'autre (1). Szakl donne le procédé fuivant : Si lon mêle du tartre crud avec le double de fon poids d’alcali fixe , & qu'on foumette ce mélange x la diftillation, on obtient un efprit & du fel volatil urineux. Ce qui refle après que les produits font montés, doit être defféché len- tement à un feu doux, & foumis à l’aétion de l’efprit de vin rec- tifié, qui en extrait une fubftance, dont on chafle enfuite, par éva= om (1) Profperitas Germanie. Voyez le Recueil des Mémoires fur la formation da falpêtre , publiés par MM, les commiffaires de l'acad, royale, pages 8, 23. SUR L'H1ST. NATURELLEET LES ARTS. 69 poration, l’efprit ardent, & qui, poufée graduellement au feu , laifle échapper un huile d’une odeur très - fuave. Le mélange confus , dont on a déjà extrait quelques parties par l’efprir de vin, étant délayé dans de l’eau, laiffe appercevoir des parties terreufes & calcaires, qui fe dépofent fur le filtre; & la liqueur, alors limpide , étant fufhfam- ment évaporée & mife à criftellifation , donne du fel marin & du nitre (1). M. Venel avoit fouvent répété dans {es Cours de Chymie , que 4 tartre n’eff autre chofe que du nitre mafqué , enveloppé par une matiers Javonneufe , c’eft- a dire, compofée d'huile & d’une terre alcaline, & mé- lée d'un peu d'acide développé. Cet acide fe fent au goût , cette huile fe manifefte par la diftillation , ce nitre s'annonce par l’alcali fixe & par l'alcali volatil qu’on obtient du tartre, & ilfe démontre par des expériences, Ce font ces expériences décifives dont M. Wenel s'eit toujours réfervé les détails. Il les avoit déjà annoncées, en 1752, dans fon Eflai fur l’analyfe des Végétaux , préfenté à l'académie royale des fciences. On lit dans l'Encyclopédie (2) le paflage fuivant , au fujet d’une expérience de M. Pos, de Berlin (3): « L'huile de vitriol, mêlée avec deux parties de tartre fec, en poudre, ou à parties égales , se fait point d’effervefcence | d’écume ni de vapeurs; mais en remuant le mêlange , il s’échauffe un peu , devient mol , forme une poix artificielle. Si l’on difille ce mélange, on a un acide de tartre très - aétif, que M. Venel a dit , dans les Séances de la fociété royale , être un vrai acide nitreux , qui pouvoit en être retiré im- médiatement par un procédé particulier , dans un état pur; nud , ce qui étoit un des faits par lefquels il démontroit le nitre entier dans le tartre , &c. » ; Malgré des affertions aufi pofitives fur l’exiflence du nitre tout - formé dans le tartre , en s’eft prefque toujours contenté , lorfqu’on a voulu développer la nature de cette fubfiance finguliere , de rap- peller les idées, & de répéter le travail de MM. Duhamel & Groffe (4), de MM. Margraff , Rouelle | Roux. M. Bertholer | dans fes Expé- riences fur les diverfes combinaifons falines de lacide tartareux , a fuivi les mêmes principes & la même marche. M. Bayen les a encore appuyées en dégageant l'alcali fixe du tartre par une double décom- poñtion , &c. &c. D’après des autorités d’un fi grands poids , on 4 (2) Article Tartre. (3) Differtation fur l'union de l'acide vitriolique avec l'acide da tartre, ( ; Fundamenta Chemie , Cap, 2, de tartare, (4) Mémoires de l'académie royale des fciences ; années 1732 , 1733. 70 O3SERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, conclu que les anciens chymiftes avoient eu tort de regarder le tartre - comme un acide huileux & concret, & que l'acide du tartre étoit évidemment uni à un alcali végétal (1). Cependant , des chymiftes celebres , MM. Spielman &t Macquer , N'ont jamais ceffé de regarder les analyfes connues fur cet objet , comme une matiere encore obfcure, & qui demandoit un examen plus approfondi (3). M. Mozner penfe que l'acide dutartre eft l’acide marin (3), & M. Bergman aflure qu'il a cherché lacide marin dans le tartre , mais qu'il ne ly a pas trouvé (4). Voici un procédé qui peut prévenir bien des contradiétions , & qui doit néceffairement ramener aux affertions de Glauber, de Stalh, & de M. Venel, Jettez dans de l’huile bouillante de la crême de tartre en poudre, & à diverfes reprifes; la crème de tartre brunira, &e laiffera échap- per de l'air quife dégage avec d'autres principes, & une terre calcaire qui vient furnager l’huile. Coulez ce mélange à travers du papier gris, fur lequel vous mettrez toute la matiere brunâtre du tartre qui a déjà fubi une décompofition par la perte de fon acide huileux. Rapprochez cette matiere en une mafle , vous dégagerez toute l’huile par expreffion, de maniere que du papier gris ne puifle abfolument plus , dans l'état même dela plus forte compreffion, s’im- biber d'huile, Cette mafle alors pourra fe réduire en une terre grafle & friable, exaétement femblable à de l'excellent terreau. L’efprit de vin agit un peu fur cette terre extraétive defléchée, mais l’eau la diflout prefque en entier. Le papier imbibé de cette diffolution , & bien defféché, fufe comme une meche d'artifice. C’eft un véritable extrait végétal ($) dont vous obtiendrez du nitre en abondance par tous les moyens connus, pour dégager des fucs extraëtifs des plantes, leurs fels effentiels. On obfervera qu'aucun des menftrues employés à cette analyfe, ne donna le moindre figne de la préfence d’un acide ou d’un alcali à nud. N D'après cette expérience ,‘il eft évident , 1°. que la voie la plus füre d'éclairer un grand nombre d'opérations chymiques , &t d’en (1) Journal de Phyfique, février 1776, (2) Confulrez leurs Ouvrages de Chymie & le Journal de Phyfique, mars 1777; page 192. (3) Traité fur la diffolurion des métaux. Journal de Phyfique , avril 1774. (4) Journal de Phyfique, avril 1777, page 302. {5) Encyclopédie, article Æxtrair. | 4 _# sur L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS: 971 faifit la vraie théorie , feroit d’analyfer ultérieurement & féparé- ment chacun des produits de cette analyfe ( 1 ). On doit préfumer, 2°. qu'en fuivant le même procédé , on parviendroit à decompofer exaétement la terre extraétive végétale, qui renferme vraifembla- blement une fubftance très - analogue ‘au tartre , dont la putréfac- tion lente dégage le nitre infenfiblement ; 3°. qu'on peut propofer la matiere extraétive du tartre comme un engrais excellent pour la culture des fleurs & des plantes qui font les plus éloignées & les plus recherchées; 4°. que cette nouvelle maniere de dégager à vo- lonté de l'air fixe acide & alcalin, fuivant que la décompofition du tartre eft plus ou moins avancée, pourroit bien prouver qu'il ne faut pas admettre autant d’airs fixes qu'il y a de moyens, dans Ja nature ou dans l’art d’imprégner l'air, l’eau & les autres élémens, 5°. Qu'en opérant ainfi fur une grande quantité de tartre & fur plu- fieurs efpeces de tartre, on trouvera du fel marin. Scha/ &e M. Monnet _en ont trouvé, & je connois des cantons où l’on eft dans l’ufage » 5° 7 pour donner au vin plus depiquant , de jetter dans les cuves, du fel marin; mais qu'il eft vraifemblable auñfli que le fel marin , ne fe trouvant plus dans le fel ou alcali fixe du tartre , y a perdu fon acide, qui s’eft dégagé par la décompoñition du nitre, comme il arrive dans lexpérience publiée par M. l'Abbé de Mageas , pour faire de la foude (2), ce qui fournira peut-être un moyen d’en fa- briquer avec plus d'économie. 60. Que le fuccès du procédé de G/au- ber , pour convertir le tartre en falpètre , tient , fans doute , à l’at- tention qu'on doit avoir de ne pas détruire le nitre , en décompo- fant radicalement le tartre pat la chaux vive , dans l'inftant où elle bout avec l’eau. 7°. Enfin, qu'il ne feroit peut - être pas im- poffible de faire avec profit une abondante récolte de falpêtre, par le procédé que j'ai découvert, On pourroit , avec économie, fire bouillir dans de grandes chaudieres la même huile avec du nouveau tartre , & l’on auroit des prefloirs pour dépouiller promptement, fa fubftance extraétive de toute l'huile étrangere. Ces différens objets me paroiflent bien dignes de l'attention des phyficiens & des chy- miftes. Jai différé de jour en jour de publier ce moyen d’analyfer , dans lefpoir de confirmer quelques - unes de ces conjeétures par des ex- périences décifives. Mais des devoirs eflentiels & des circonftances particulieres , s’y font oppofés. Je le communique à préfent, fans y . joindre d’autres détails , parce qu'il éclaircit fufifamment divers doutes , & qu'il peut conduire à des recherches intéreflantes pour D 1) Confulrez l'Effai fur l'analyfe végérale de, M. Venel , favans Etrang. Tom, 2. 2) Mémoires des Savans Etrangers , Tome 5 , page 365. 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; . la chymie , la médecine & les arts. Je ne dois point d’ailleurs _laiffer” échapper loccafñon de rendre hommage à la mémoire de M. Venel, & de rappeller-fes découvertes. On entrevoit la vérité de toutes fes affertions dans les réfultats de cette expérience; & lorf- que je penfe à ce qu'il difoit (1), qu’on a lieu d’être toujours étonné de voir ces erreurs fe résandre & fublifter , je ne faurois m'empêcher de croire qu'un procédé femblable ne foit, pour ainfi dire, le fil qui l’a dirigé dans fes profondes recherches fur lanalyfe végétale ; peut-être qu’un jour le public jouira de fon travail. 1 id, Tom. 2, pag. 328 pag: 3 RP 02; OPN-SME De M. DE GODART , Médecin de Vervier, Gc., & l'invitation de M. DE SERVIERES. M. DE SERVIERES me fait l'honneur de m'inviter à rendre raïon de la cécité périodique , dont il rapporte l'hiftoire dans le Journal de Phyfique , mai 1777, & il a la complaifance de tracer la route qui lui paroît qu’on doit prendre pour parvenir à la folution défirée; me rendant à fon invitation, je prie ce favant de m’excufer de l'y fuivre, vu que je ne crois pas le principe , dont il part, trop afluré. { - Ce principe eft, qu’un nerf tendu ne peut être ébranlé que par une caufe d'égale force, ou fupérieure à celle qui lui a donné fon degré de tenfion, que plus celle-ci eft confidérable , plus lPagent , qui doit exciter fes vibrations, doit avoir d’énergie & au contraire. Mais le fon que tire d’une corde de violon fortement tendue , | . l'aile d’une mouche qui vole aflez près pour l’atteindre , tandis que cette aile n’en produit aucun, fi cette même corde eft lâche, me fait douter de la validité de ce principe en méchanique, & ( ce qui foit dit par pur amour de la vérité & nullement par efprit de con- tradition ) je le crois abfolument faux en maniere d'économie animale , lorfque je réfléchis que les goutteux, les gens rhumatifés , ceux qui fouffrent d’un panaris , &c. ne peuvent foutenir le poids de leur linceul ; que le moindre bruit augmente la douleur de tête; que les fibres de la rétine tendues par l'inflammation des yeux, loin d'avoir beloin de la lumiere du grand jour pour être mifes en mou- yement, ne fupportent feulement pas la foible lueur d’une bougie, sg, sur L'H1ST. NATURELLE ET.LES ARTS. 73 puifqu'il s'enfuit de ces faits tout le contraire de l'énoncé en queftion ; favoir, que plus une fibre eft tendue, moins doit être fort l'agent aui fufft à l'ébranler, & cela eft ainfi parce que la tenfion augmente la {enfibilité. Ce n'eft donc pas du degré de tenñon que nous devons partir, fi nous voulons trouver la caufe qui a rendu une perfonne aveugle de la nuit &c pas du jour ,'pendant un mois entier, pour avoir fixé le foleil trop long- temps; & je crois qu'on rie peut réufür à la rencontrer , que le flimbeau de Panatomie à Ja main. En examinant avec attention le nerf optique à fon entrée dans l'orbite, l’on a remarqué (1) que fes faifceaux pafient par une filiere , ou traverfent une membrane orbiculaire, cribreufe, de rature cellulaire, garnie de vaifleaux, & j'ai déjà dit dans mon troifieme Mémoire d'Optique, que la rétine “eft recouverte en maniere d’épiderme , de la membrane d'Albinus, qui eft un réfeau vafculeux, dont la trame ef également cellulaire. Cette organifation pofée , je lui applique une loi fondamentale de l’éco- nomie animale , de laquelle j'ai tant fait ufage dans mes Mémoires d'Optique; favoir, que l'irritation d’une partie quelconque y produit , par l’'affluence ou dérivation des humeurs, un gonflement de fon tiflu cellulaire, & j'en infere que dans le cas en queftion où la perfonne avoit eu l'imprudence de fixer trop long-temps le foleil à fon lever, fes yeux ayant été violemment irrités, on ne peut douter que la membrane albinienne ne fe füt beaucoup tuméfiée , ni que les pores de la tunique cribreufe n’en aient été confidéra- blement rétrécis. Voilà donc les filamens des nerfs éptiques pincés, étran- glés à leur paffage par la filiere , & à demi-paralytiques , ou prefque infén- fibles. En conféquence , tandis que les houppes, qui forment la furface de la rétine, recouvertes d’une épiderme plus épaifle que dans l’érat naturel , étoient plus fouftraites à l’impreffion de la lumiere, eft-1l donc étonnant que dans de-telles difpofitiôns les yeux fuffent infenfibles à la foible lueur des bougies, & qu'il fallüt toute la vivacité du grand jour pour les ébrarler Doit-il l'être de ce que cet accident produit par une caufe aufli violente ait fubfifté pendant un mois entier, d’autant qu’on a négligé d’aider la nature à difiper les engorgemens du tiflu cellulaire, par les moyens indiqués dans montroifieme Mémoire? S'il ya de quoi s'étonner, c’eft que la nature ainfi abandonnée à elle-même & privée de tous les fecours de l’art ,ait pu fe tirer d'affaire , & que cette perfonne n’ait pas payé fa négligence par une cécité conftante & perpétuelle, — ————————————————————_—_—_—pe (5) Haker Element. Phyfolog. Lib. 16. Se 2. &. 9. & 15. Tome XI, Part, I, JANVIER 1778. K 74 OBSERVATIONS SUR LA PHYS1Q UE; ee S RAP; PORT = Fait à l’Académie des Sciences , par MM. DE MonTIGNY & MacQUER , fur une nouvelle Compoftion métallique, pour fubftituer à l’ufage du cuivre dans les pieces de batterie de Cuifine. ESX TRAIT DESIRE CS TES DE L'ACADÉMIE ROYALE DES SCIENCES. Nos avons été chargés par l’académie d’examiner une nouveile com- poñtion métallique, préfentée par le fieur Doucet , Fondeur , établi à Aigle: en Normandie, qui fe propofe de la fubftituer à l’ufage du cuivre dans: les pieces de batterie de cuifine, & qu’il a déjà annoncée dans les Journaux comme incapable de prendre aucune efpèce de rouxle, & de donner aux ragoûts acides ou falés aucune mauvaile qualité. Le fieur Doucet nous a remis un lingot & une caflerole de fa compofition , fur lefquels nous avons fait les expériences fuivantes, 1°. Le lingot a toutes les apparences du zinc pour le grain, la couleur &z la dureté, nous lui avons trouvé la demi-maliéabilité du zinc en l’eflayant au couteau, à la lime & au marteau; nous l’avons fait chauffer ‘entre L les charbons À un degré inférieur à celui qui fond le zinc , il s’eft brifé: facilement fous le marteau, comme il arrive au zinc chauffé au même point. 2°. Dans un creufet rougi au feu de forge , nous avons mis deux onces. de cettecompoftion, elle a été fondue aflez promptement, & s’efl couverte: d’une chaux métallique ; en écartant cette chaux à plufieurs reprifés avec une baguette de fer pour découvrir fa furface du métal en fufion , nous avons vu le métal s’embrafer & s'élever en fleurs parfaitement femblables. à celles du zinc qu’on nomme pompholix, ou nihil album , dont nousavons recueilli la plus grande partie; prefque tout le métal s’eft ainfi converti en une chaux blanche de zinc, le feu ayant été continué pendant plus d’une heure, & la matiere étant fouvent remuée avec la baguette de fer. Pendant la déflagration nous avons pofé fur le creufet une lame de cuivre rouge, elle - n'a point été blanchie, & dans le cours de l'opération, nous n’avons apperçu aucune odeur d'ail qui püt nous faire foupçonner le unifié nd à | | | U : , M 3 SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 75 préfence de l’arfenic; on fait qu'il eft fouvent uni aux métaux blancs. 3°. Nous avons fait chauffer fur un feu doux environ trois onces de vinaigre diftillé dans la caflerole du fieur Doucet , il s’eftélevé beaucoup de bulles du fond de la cafferole, la liqueur a pris aflez promptement une couleur laiteufe, & à s’y formoit, {ans addition, un précipité blanc, ce qui annonçoit la diffolution du métal par l'acide végétal; nous avons filtré cette diflolution & nous lui avons appliqué quelques gouttes d’alcali fixe , elle a donné un précipité blanc affez épais. Sur une autre portion de la même diftillarion, nous avons appliqué quelques gouttes d’alcali volatil par la chaux , il n’a développé aucune couleur dans la liqueur , & ne l’a point troublée. 4°. Nousavons appliqué à froid l’acide nitreux fur cette même compo- fition, elle a été attaquée avec la même promptitude, la même violence & la même chaleur que le zinc; mais la diflolution étoit blanche, trouble & mêlée d’une aflez grande quantité de poudre blanche , qui ne s’eft point diffoute, & même en ajoutant à la liqueur une aflez grande quantité d’eau; comme le zinc ne préfente rien de femblable dans fa difiolution pat l'acide nitreux , & que les effets & celui de l’étain ou du régule d’antimoine, nous avons lieu de croire que la compcfition du fieur Doucet eft un alliage du zinc avec l’étain ou le régule d’antimoine , mais plutôt avec Pétain. 5°. Nous avons pouffé à bout la déflagration du zinc dans le creufet, où nous avions mis deux onces de la compofition , elle n’a point laiffé après la combuftion de cullot métallique, mais feulement une chaux d'un blanc-fale , pareille à celle que nous avions féparée par l'acide nitreux. 6°. Pour connoître fi la compofition du fieur Doucet pouvoit être attaquée à froid par les acides, nous avons laiflé féjourner du vinaigre diftillé dans la caflerole qu'il nous avoit remife. Au bout de huit jeurs la liqueur s’eft trouvée évaporée, & le fond de la cafferole étoit en partie couvert d’une belle criftallifation très-blanche & ramifice. Nous pouvons conclure de ces expériences , que la compoñition du fieur Doucet eft très-attaquable- par les acides & qu’elle devient très- fragile, lorfqu’elle a pris les degrés de la chaleur qu’on donne fouvent aux cafleroles de cuivre fur les fourneaux des cuifines. Nous obfervons de plus que le zinc eft émétique, qu’on fe fervoit autrefois du vitriol de zinc fous le nom de gilla yitrioli pour faire vomir. M. Gaubius ayant fait Pexamen chymique d’une poudre debitée en Hollande fous la déno- mination de Zuna fxata, par un Empyrique nommé Ludeman, à trouvé que cette poudre n’étoit autre chofe qu’une chaux de zinc bien blanche Ë bien calcinée; que cette chaux avoit de boss effets dans quelques K y OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, maladies convulfives ; mais que ce remede donné en tres-petite dofe > même à celle d’un grain, excitoit des naufées & faifoit vomir. H y a quelques années que le nommé Chartier préfenta à l'académie une nouvelle batterie étamée en grande partie avec le zinc ; les commif- faires trouverent que létamage étoit attaquable par les acides & par les fels neutres ; ils conclurent à le rejetter : on ne connoît point affez les effets des fels de zinc, prisintérieurement, pour prononcer qu'ils ne foient pas nuifibles ; nous avons lieu de croire qu'ils pourroient l'être; nous penfons donc que cette compofition ne peut pas être approuvée par * l'académie, & qu’ona eu tort de l’annoncer auffi avantageufement qu’elle: la été dans les Journaux. Signé, de Montigny & Macquer. EEE mme RAS be pi OpauRi ME Fait à l'Académie Royale des Sciences, par MM. D'AUBENTON & SAGE, nomimes Commiffaires pour examiner un Mémoire de. M. PASUMOT , fur la Zécolite. No US avons examiné par ordre de l'académie un Mémoire fur la Zéolite, par M. Pafumot, ingénieur geographe du roi, membre de l’académie de Dijon. L'auteur rapporte qu'il a été conduit à fes recherches d’après une note d’un minéralogifte danois, où il eft dit, que la zéolite d’Iflande fe trouve dans les cavités d’une efpece de fcorie de volcan. M. Palfumot dit que la zéolite eft une produétion formée de la décom- pofition d’une terre volcanifée ; que les gangues qui fe trouvent avec la zéolite ne font pas attaquables par l'acide nitreux; la facilité avec laquelle elles fe fondent au feu, eft d’après l’auteur de ce Mémoire, un des caraëtères qui le porte à avancer que ces gangues ont été brûlées par les volcans. ; M. Pafumot a trouvé de la zéolite ftriée dans du pépérine de Ger- govia. L'auteur de ce mémoire qui a vifité avec M. Defmareft, cette fameufe montagne de Gergovia, dit, que c’eft le feul endroit de l’Au- vergne obilaït vu ce genre de pierre. Le fond de ce pépérine eft ordinairement une terre brûlée qui contient une terre argilleufe, jaunä- tre, & les grains dont il eft parlemé , font quelquefois calcaires. M. Pafumota trouvé de la zéolite dans une pépérine du Vieux-Brifack,,. fur les bords du rhin; il a auf rencontré de lazéolite dans les produits: RER SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. du volcan de l’Ifle Bourbon & dans une lave grife de l'Ifle de France, dans laquelle il fe trouve des grenats intaëts ; dans cette dernière, la zéolite eft fous la forme de criftaux cubiques. Les obfervations de M. Pafumot font neuves & intéreflantes, EE oo QUESTION DYNAMIQUE Sur lANNEAU DE SATURNE; - Par M, SAGE, de Genéve, Cr anneau refte fenfiblement concentrique à la planete, Mais on peut indiquer plufeurs petites caufes accidentelles propres à le tirer un peu de cette Concentricité; & je vais démontrer que, dés que la concentricité cefle d’être rigoureufe , il exifte une caufe toujours agif- fante & d’une intenfité qui augmente continuellement, dont l’efet eft d'augmenter lexcentricité : cette excentricité devroit donc devenir fenfi- ble, fi quelques autres caufes toujours prêtes , ne s’oppofoient pas effi- cacement à l'effet de la première. Quelles font ces caufes ? Telle eft ma Queftion, La caufe, dont je viens de faire mention, qui tend à augmenter perpétuellement une excentricité, une fois exiftante, fe tire de la propofition fuivante , dont j’omettrai la démonftration de même que Papplication à Saturne & fon anneau , comme pouvant aifément fe fuppléer par tout mathématicien : quand une particule ef? placée entre une circonférence de cercle & fon centre, lattraëion réciproque de cette circonférente & de cette particule | éloignera perpétuellement davantage celle-ci du centre de celle-la. Quelques vues, quelques conjedtures que cette difficulté a fait naître dans mon efprit, & defquelles, je crois , qu’il feroit pofible de déduire la réponfe à ma queftion, pourront faire le fujet d’un petit Mémoire que enverrai pour être imprimé dans ce Journal, fi je ne fuis prévenu par perfonne , & que je parvienne à les développer aflez pour ofex les préienter au public, a CZ ———_—— NOUVELLES LITTÉRAIRES. « On répete fans cefle que les Journaux font trop multipliés en France, & plufieurs journaliftes ajoutent que cette multiplicité cor- court à les détruire les uns par les autres. Aucune de ces propofi- tions n’eft jufte en elle-même, & nous laïfflons aux plaifans à répon- dre d’avance , M. Joffe, vous étes orfevre. Les Journaux ont deux buts , inftruire ou amufer , traiter des fciences ou des arts agréables; enfin, dans l’une ou l’autre circonftance, étudier le goût du public, fans quoi nulle réuflite dans l’entreprife. Le public eft compofé de mille & mille têtes différemment organifces, & chacune exige un travail particulier. Chaque tête 8 dans fon arrondiffement un cercle d’autres têtes, à peu de chofe & quelques bigarrures près, de la même trempe qu’elle de-là, naifflent les claffes des géometres, des mathématiciens, des aftronomes , des phyficiens, des chymiftes, des naturaliftes, des agriculteurs, des architeëtes, fculpteurs, peintres & mufciens; des poëtes, des hiftoriens, des orateurs, des anti- quaires , des grammairiens, &c. Or, toutes ces clafles, ou du moins ceux qui sérigent en cenfeurs, penfent qu'elles doivent avoir des faftes ou martyrologes, & ces martyrologes font des Journaux. Leur multiplicité devient donc nécefaire , relativement à la tournure d'efprit & de goût, puifque le géometre qui avoit afffté à la repréfentation d'une des plus belles tragédies du théâtre françois , répondit à celui qui lui demandoit ce qu'il en penloit ; Je crois que la piece peut étre bonne, mais quefl-ce que cela prouve? Le poëte n'auroit jfurement pas été plus content de la leéture d’un fublime Mémoire de géométrie ou de chymie, & une jolie femme à fa toilette, ne s'amufera pas du Commentaire fur Barthole eu Cujas, L’exiftence des Journaux fuppofée, leur multiplicité eft donc nécef- faire, Refte à prouver qu'ils ne fe nuifent point les uns aux autres Quel tort le Journal de Médecine peut-il faire au Journal Chrétien, celui de Phyfique à celui de Mufique? celui de Jurifprudence à celui des Théâtres ? la Pofte du foir de Paris à celui des Savans, au Mercure de France, à celui de Bouillon, à lAnnée Littéraire, au Journal des Beaux-Arts, &ec.? Les Ouvrages périodiques, dont Île plan fe rapproche, auront, il eft vrai, une efpece de rivalité à craindre ; eh, tant mieux pour le public! Elle donne de l'énergie | | Léa le ne sur L'HisT. NATURELLE ET LES ARTS. 79 aux concurrens, le travail eft plus foigné, les analyfes mieux faites, les morceaux mieux choifis; & comme le goût des foufcripteurs eft fi varié, il n'y a pas à craindre qu'un Journal tombe, dès qu'il fera bien fair. Ce dernier mot, eft celui de lésigme. En effet, quelle mafñle énorme de leteurs feroit défœuwrée, fi elle n’avoit pas des Journaux à parcourir ! La fcience de la multitude de ces leéteurs, eft périodique; ils tranchent, décident fouverainement de tout, & fans les Journaux, ils ne liroient peut-être pas un feul volume dans une année, Auf c’eft fur cette mafle que font établis les fonds des joursaliftes. Heureufement que dans ce nombre » on trouve beau- coup de leéteurs fenfés qui cherchent véritablement à connoître les bonnes fources de l'inftruétion; fans efprit de parti, comme fans prévention, leurs fuffrages flattent l'auteur, & le dédommagent des jugemens hafardés de la multitude. Faifons bien & laiffons dire, ré- pétoit le Grand Henri. Ces paroles doivent être la devife des jour- nahftes. Laiflons donc dire la multitude , & annonçons des Journaux utiles. Gazette univerfelle de Liciérature de Deux-Ponts. À deux-Ponts; à Paris, chez Saugrain , rue des Lombards ; & en France, chez les direéteurs des pofles, & ch2z les principaux libraires du royaume. Le but de cette gazette eft de faire connoitre, d’une maïmere particuliere, par des extraits & des tableaux bien faits, les ou- vrages des fciences , arts & belles-lettres , qui font publiés, fur-tout chez l'étranger, Cet ouvrage périodique, déjà fi avantageufement connu , Va prendre une forme nouvelle. Le papier en fera plus grand, plus fort, plus blanc, & il n’y aura plus la moitié d’une page occupée par le titre ou par les armes du Prince. Le caraétere d’im- preflion fera meilleur & moins fatigant. La partie typographique étoit en effet défe&ueufe, c’étoit le feul reproche qu'on pouvoit faire à cette gazette, fi bien accueillie dans toute l'Europe. Il en paroît deux feuilles par femaine, & un fupplément tous les quinze jours. Le prix de cette gazette, compofée de 104 feuilles, eft de 18 hv. franc de port, pour toute la France, & de 24 livres, en y com- prenant les fupplémens qui feront diftribués de quinze en quinze jours. Nouveau Plan du Journal des Sciences © des Beaux-Arts, dont le PRODUIT EST DESTINÉ A L'ÉDUCATION DES PAUVRES ORPHELINS ; dédié à Monfeigneur le Comte D’ARToïs, par une fociété de gens de lettres. MM. Cuflilhon entreprirent la rédaétion de ce Journal en 1774. Le ton honnête &c décent fut la bafe des jugemens que ces favans porterent fur les ouvrages, dont ils firent l’analyfe , &z beaucoup d'ordre, de clarté & de précifion, les cara@ériferent. La nouvelle carriere de ce Journal fera plus vafte; l’art militaire, l’hiftcire, les belles-lettres ,la médecine, la phyfique, la chymie, la botanique , Ah. al L * Pas Ou | ’ PA Ë = ÿ Ca ‘ ï : H ' : So - OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'hifloire naturelle, l’agriculture, le commerce, les arts 8 métiers ; les inventions nouvelles, font autant d’objets qui entreront dans le nouveau plan. Le défintéreflement du propriétaire afluel de ce Jour nal, eft une preuve très - complette qu'il n’a en vue qne le bien public dans l’entreprife de cet ouvrage ; il confacre tont le bénéfice des foufcriptions, à augmenter le nombre des éleves qu’il fe propofe de former dans une maifon d'éducation établie à fes dépers, fous la protetion de Sa Majeflé, en faveur de quelques enfans d’anciens bas - officiers ou foldats, & d’autres pauvres orphelins. Ces jeunes infortunés y feront entretenus jufqu'à ce qu'ils foient en état de fubfiter par eux-mêmes, & feront élevés dans les arts & métiers, ou travaux de la terre, en raifon de leurs difpofñtions. Ainfi, les foufcripteurs, en recherchant leur fatisfation particuliere, contri- bueront à un aéte de bienfaifance. On ne peut trop applaudir à cette idée, & nous nous empreflons de payer publiquement le tribut d’ad- miration que mérite une fi noble & fi généreufe entreprife. Les 15 & 30 de chaque mois, les foufcripteurs recevront exactement un cahier de 120 pages. Le prix de la foufcription eft de 24 livres pour Paris, & de 30 livres pour la province , franc de port. On foufcrit au bureau 'adminiftration, cour de Rohan. Les quittances feront fignées M. de Théfigny , avocat en Parlement, & admiuftrateur bénévole du Journal & de létabliflement. L'Efprit des Journaux françois & étrangers, dédié à S. À. R. Monfei- _gneur le Duc Cherles de Lorraine, &c., par une fociété de gens de ee Il paroït exaétement tous les mois un volume 7-12 de plus de 400 pages, caraëtere de philofophie. On foufcrit à Paris, chez Falade, libraire, rue Saint-Jacques. Le prix eft de 27 livres pour Paris, & de 33 livres, franc de port, pour tout le royaume; pour le pays étranger, à Liége, chez Turor , imprimeur-libraire. Ce Journal commença à paroître en 1770 ; plufeurs obflacles empècherent fon entrée en France, où il fut à peine connu. Il eft aifé de fentir de quelle utilité il doit être & eft effsétivement, puifque c’eft le recueil des objets les plus faillans imprimés dans tous les Journaux publiés en Europe. Aucun fujet ne lui eft étranger ; ainf les amateurs trouveront de quoi s'inf- truire ou s’amufer dans tous les genres. Si on juge des volumes à venir par les volumes déjà publiés, on verra avec fatisfaétion qu’on doit diftinguer cet Ouvrage périodique de la foule de ceux qui inondent l'Europe. Les Nouvelles de la République des Lettres & des Arts ; par M. Pain de Champlain de la Blancherie. Ouvrage périodique , qui paroîtra fous les quinze jours, aux mêmes époques que le Journal Politique de Bouillon, à compter du mois d'avril de l’année 1778 , format petit #7-8°,, de quatre, cinq, fix & fept feuilles, felon Faponpañee es v PSC INT VO 1 PAS” Bron PL ES sUuR L’HisT. NATURELLE -ET LES ARTS. 8x des matieres. Prix, 24 liv. par an, pour Paris; & 30 liv. pour la province, franc de port. On foufcrit en tout temps chez Ruaule, libraire, rue de la Harpe. On écrit direétement à M. Champlain de a Blancherie, direteur de la correfpondance, à l’ancien collese de Bayeux, rue de la Harpe. Tous les paquets & envois doivent être à {on adrefle , & francs de port. C’eft bien aflez d'annoncer un Ouvrage périodique &c de donner un Profpeëlus ; ( c’eft l'auteur qui parle) c’eft pourquoi nous ne dirons rien de ceux-ci. Nous ne leur apporterons d’autre recommandation auprès du public que celle qu'ils peuvent tirer d’eux - mêmes. Tout ce que nous allons dire du plan de notre travail, fe voît exécuté dans “Ja Feuille faire qui fe diflribue gratis chez tous les libraires. Nous prions toutes les perfonnes qui la recevront , de la faire circuler. Malgré le nombre conf ‘érable d'exemplaires que nous en avons fait tirer , il eft impofñble d’en fournir à tous les particuliers que notre entreprife pourra intérefler, dans toutes les parties de l'Europe & du monde , où nous en envoyons. Chaque feuille de cet Ouvrage fera divifée en deux parties. La pre- miere contiendra l’état atuel de la littérature & des arts, c’eft-à-dire, que fous le titre de chaque partie du monde, de chaque Etat, de chaque ville, on annoncera avec dates, tout ce qui regarde les gens de lettres & les artiftes, leur pays, leur âge, leur état, leurs Ou- gmEe lorfqu'ils feront fur le point d'y mettre la derniere. main, lor pin les imprimera, lorfqu’on les publiera, & enfin, le fuccès qu'ils auront, foit auprès du public, foit auprès des gens de lettres & des aruftes; leurs nominations aux différentes places des corps littéraires, les graces qui leur feront accordées, leurs voyages, & enfin, leurs morts & toutes les anecdotes qui les caraétériferont. Nous publierons, en un mot, tous les détails relatifs aux fciences, à la littérature & aux arts, & à toutes les perfonnes qui, par leurs produ&tions ou des témoignages particuliers de leur zele pour notre République, s’en font rendus citoyens ; nous tàchons pour cela de nous rendre nous-mêmes citoyens de tous les pays, en y érendant notre correfpondance & nos relations. La /écende, qui l’accompagnera toujours en forme de Supplément, fera connoître, toujours fous la même divifion, les perfonnes & les chofes dont on aura parlé pour la premiere fois, & en pañlant, dans la premiere partie. Ainfi, à l’occañon de M. N. dont on aura annoncé la réception à une académie , on trouvera dans le Supplément, la notice de ce qui le regarde, c’eft-à-dire, fon âge, fon état, le lieu de fa réfidence, les Ouvrages qu'il a donnés, ceux dont il s’occu- pe, &c. C’eft ainfi qu'on fe propofe d’y donner, à chaque ordi- gaire, une notice de quelques-uns des Ouvrages qui compoñoient les Tome XI, Parr, I. JANVIER 1778. L : 82 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; œuvres des auteurs & des artiftes, & les caralogues des libraires ; foit de France, foit des Pays étrangers , avec les détails intéreffans pour lacuriofté ou le commerce, & faire revivre ou connoître fucceflive- ment une multitude d'Ouvrages en tout genre, perdus pour lun & pour Vautre. M Nous nous conflituons correfpondans de tous Îles gens de lettres &z artifles françois & étrangers, & de toutes les perfonnes qui vou- dront bien nous informer de tous les objets mentionnés ci-deflus. Nous les informerons auffi de tout ce qu'ils defireroient favoir 8 apprendre de particulier relativement aux fciences & aux arts dans tous les lieux où nous aurons des relations ; & à leurs voyages foit à Paris, ou dans nos provinces, foit dans les Pays étrangers , nous nous ferons un devoir de leur procurer les moyens d'en retirer de l'utilité & de l'agrément. Lorfqu'ils viendront à Paris, nous ferons très-honorés de les recevoir & de les réunir avec les gens de lettres, ‘artiftes ou amateurs des fciences & des arts, réfidans dans cette capitale ; c’eft pourquoi nous prenons la liberté d'indiquer aux uns & aux autres pour lieu de rendez-vous , l’ancien co/lege de Bayeux, rue de la Harpe, où eft notre bureau de correfpondance, & pour jours , tous les jeudis, les fêtes exceptées , particuliérement les après- midi, à compter de la premiere femaine de janvier 1778. Les per- fonnes qui auroient affaire à nous pour des ob;ets de commerce, voudront bien venir dans la matinée. Le travail nous empêchera de voir qui que ce foit le refte de la femaine. À Nous fupplions routes les perfonnes de cette capitale, des provinces &t des pays étrangers, Qui tiennent par érat où par got aux académies , univerfités 6 autres compagnies littéraires & à leurs membres , par le Sang , Vamirié & V’efime, de nous faire part de ous Les derails relatifs aux fciences & aux arts & à la vie des gens de lettres & des artifles ; & fi elles avoient connoïffance de quelques tableaux de grands maîtres, ou de manuferits d'auteurs anciens ow modernes , de nous en envoyer le fujet, & de nous indiquer les Zieux où on peut les trouver. Nous les prions de nous envoyer l’adrefle, non-feulement des gens de lettres & artiftes de leur pays, mais de ceux dont elles ont connoif- fance dans les pays étrangers, foit en Europe & en Afie, foit en Afrique & en Amérique. Nous invitons très-particuliérement les aureurs à faire eux-mêmes la notice de leurs Ouvrages, recommandant, fur-tout , aux peintres, feulp- teurs & graveurs, de nous mformer des lieux où font Zs leurs, & ceux d’après /efquels ils ont travaillé, les engageant tous à nous mander quel eft leur âge, leur pays, leur état, &c. Les libraires & autres perfonnes chargées du débit des édits, déclarations des fouverains, des eftampes , cartes de géographie, , sur L’HiST. NATURELLE ET LES ARTS. 83 -æuvres de mufique, &c. foit en France, foit dans les pays étrangers, auront la complaifance de nous envoyer toujours une notice de chaque chofe ancienne ou moderne, qu'ils voudrontefaire annoncer par notre travail, rédigée conformément à celle que nous demandons aux au- teurs. Cette rorice doit préfenter après le sitre, le plan ou La divifion de l'Ouvrage, l’époque de fa publication, \e nombre d'éditions qu'il a eues, la date de La naiffance & de la mort de l'auteur, fon état, les anec- dotes piquantes de fa vie, &c. Nous défirerions qu'ils vouluflent bien y Joindre un exemplaire de chaque Ouvrage, notre deflein étant de procurer au public à pareil jour que celui que nous venons d'indiquer pour le rendez-vous, la communication de ce qui fera annoncé dans notre Feuille, afin que chaque perfonne puifle fatisfaire fa curiofité, felon fes occupations & fon état; ce qui fera toujours à la gloire des auteurs & à lPavan- tage du commerce. On verra dans la même falle, préparée à cet ef , les modeles des monumens de fculpture qu’on voudra bien nous procurer. Nous recommandons qu’on s’aflure bien exaétement des moyens qu’on prendra pour nous faire parvenir les lettres, paquets, & les ouvrages. Nous laiflons, d’ailleurs , la liberté d’écrire en telle lan- gue qu’on jugera à propos. Nous répondrons dans celle qu’on aura choifie. On donnera tous les ans une table en trois parties, par matieres de Jciences & d'arts, par favans & artifles & principaux amateurs , enfin, par les r2ms des lieux où feront les perfonnes 6 les chofes, dont nous aurons parle. Ces deux dernieres parties feront par ordre alphabé- tique. Tous les dix ans on donnera une Table générale diftribuée de la même maniere. Ainfi, ce fera chaque année un tableau rapide de l’hiftoire générale & particuliere de toutes les académies qui exiftent. Gaxette & Journal d'Agriculture & de Commerce. L'abonnement pour la Gazette eft de 24 liv. par année, rendue franche de port par tout le royaume; elle paroît exatement les mardi & famedi de chaque femaine. Elle eft a@uellement d’un caraétere moins fatigant. pour la vue. Le Journal fera compofé de 12 volumes, & chaque volume de 192 pages d'impreflion. Le cara@tere & le format feront les mêmes que dans l’ancien Journal. Le nouveau paroîtra du 15 au 20 de chaque mois. L’abonnement eft de 18 liv. franc de port par tout le royaume. On foufcrit, pour ces deux articles, chez M. Comynet , direéteur du bureau royal de la correfpondance- générale, rue des Deux-Portes Saint-Sauveut, Ceux qui voudront faire ‘inférer quelques articles dans l’un ou dans l’autre de ces deux Ouvrages, font pries deles adreffer à M, l'abbé Ameillion, de l'académie royale des Infcriptions : E#y 84 OBSERVATIONS SUR EA PHYSIQUE; | & Belles-Lettres, chargé de la rédaëtion & direétion, rue Saint-Paul, hôtel Bañn. Ce Journal commença à‘paroître en juillet 1765, & fut difcontinué à la fin" de 1774. Il étoit utile, & c’eft la raïifon qui a déterminé à le continuer de nouveau. La fureur des écrits fur Vagricu'ture a diminué; eft-ce un bien, efl-ce un mal? Il eft aifé de juger. Sur cette multitude de livres, on en trouve à peine une demi-douzaine vraiment neufs, vraiment originaux; le refte n’eft qu'une compilation informe, décorée de titres féduifans. En effet, fi on examine le Théâtre d'Agriculture, publié par Olivier de Serre, en 1599; le Diétionnaire économique de M. Chomel, curé de Saint- Vincent de Lyon, publié en 1709, on trouvera dans ces deux Ouvrages, la chronologie de ce qui a été dit & retourné en mille manieres depuis cette époque. On verra même des abfurdités ré- pétées par des compilateurs , tant ils étoient peu inftruits des matieres. qu'ils rédigeoient. Le nouveau Journal ne rendroit-il pas un fervice eflentiel à ceux qui aiment & qui fuivent les travaux de la cam- pagne, de confacrer chaque mois un article pour indiquer an moins. les livres dagriculture, publiés depuis Pline jufqu'à ce jour; 2°. indiquer les vérités nouvelles à melure que la fcience a fait, de nouveaux progrès ; 3°. diftinguer les Ouvrages de fimples com- pilations ou de mauvaifes compilations, afin de prémunir l’acqué- reur. 4°. Démontrer les abfurdités répandues çà & là, renouvelées de nos jours. C’eft au nom des vrais amateurs de l’agriculture, que nous ofons prier M. l'abbé A#eillion de prendre ces objets en con- fidération. Exercitationes philofophicæ de Phyficé parniculari, ir Difcipulorum afum congefte , Tom. Il. Argentorati ; apud Francifeum-Ludovicum Petit, Bibliopolam 1777. 4 Nous avons annoncé dans le temps la premiere partie de cet excel lent Ouvrage, bien fait pour remplir le but que l’auteur, M. Gzrgesr, fe propofe. Cette feconde partie écrite avec la même clarté & la même méthode, ne dément point la bonne opinion que la premiere avoit fait naître dans l’efprit de fes leéteurs. Specimen Zoologiæ Geographice Quadrupedum, domicilia & emigra-- tiones fiflens, dedit tabulamque Mundi ?oographicam adjunxir Eb:rh. Aug. Zimmermann, Prof. Math. & Phyf. Colleg. Car. Brunfwic, Lugd. Bar. apud Teod. Hask, 6 focios. 1777, in-4°.; & fe trôuve à Paris chez Barrois, l'aîné, hibraire , quai des Auguftins, Sylloge Selélarum Opufculorum Aroumenti Medico-Praëlici; collegit & edidir Ern. Godofr. Baldinger, ordin. Med. Goctingenfis, fenitor prax. Profiffor & H.T. Pro-R.ëor; 1 vol. in-8°. 1777. À Paris, chez Ruaulr, libraire, rue de la Harpe, Prix, 18 liv. broche. SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 8 Inflivuriones Logicæ & Metaphyfice ; Awtore J. Georg. Henr. Federo, Philof. Prof. in Acad. Georgia Augufla; in-89. À Paris, chez Ruauli, 1777. Prix 3 liv. 10 fols broche. Joh. Fran. Wilhelmi Boehmer, Commentatio Anatomico-Phyfiologica de nono pare nervorum cerebri, cum fig. in-4°. 1777. À Paris, chez Ruaulr. Prix 2 liv. broché. Henr. Aug. Wrisbergi, philof. & med. doël. focietatis regiæ [cientiarum Gottingenfis fodales, &c. Objervariones anatomicæ de quinto pare nervorum Encephali € de nervis qui ex eodem duram matrem ingredi falfo dicuntur : cum fig. in-4%. 1777. À Paris, chez Ruaulr, 1 Liv, 4 fols, broché. Novi Commentarii focietatis regie fcientiarum Gottingenfis , ad ann. 1776 , tom. VII, 27-4°. 1777, fig. À Paris, chez Ruaulr. Prix 14 Liv. broché. é Brafiant corminati Laudenfis, de animalium ex mephitibus € noxiis halinibus interitu ; à Laude-Pompéjà. Cet ouvrage renferme une belle fuite d'expériences, iagement faites, modeftement préfentées & par- fairement bien vues. L’euteur en conclut, que des animaux ne fuccompent réelkiment à l'influence des vapeurs méphitiques, que “loriqu'ils ont entiérement perdu l'irritabihité dans le fyftême muf- -culeux, La Médrcine-Pratique de Londres ; ouvrage dans lequel on expofe la définition & les fymprômes des maladies, avec la méthode aétuelle de les guérir; traduit fur la feconde édition, revue , publiée & enrichie de notes ; par M. de Villiers, ancien médecin des armées du roi, & doéteur- régent de la faculté de médecine de Paris. À Paris , chez Segaud, libraire, rue des Cordeliers ; ir-4°, de 388 pag. J. A. Scopoli Cryflalographia Hungarie, &cc. où Defcription des criflaux de Hongrie ; par M. Scopoli : premiere partie contenant lhiftoire naturelle des criftaux de nature terreufe, avec des figures parfaitement gravées & exates, ir-4°, & 14 planches, A Pragues, Cet ouvrage fait, à jufte titre, la plus grande fenfation en Allemagne ; il divife les criflaux en calcaires , fpathiques & quartzeux; il prend le mot de criffal dans la plus grande fignification & l’applique à toute ‘pigrre tranfparente, dont la configuration eft réguliere, quand même ele n’eft pas prifmatique. Phyfica Hominis fini, &c. La Phyfique de l'Homme bien - portant, où Explication des forélions du corps humain ; par M. Jadelot, con- feiller-médecin du Roi, profeffeur d'anatomie & de phyfoiogie de Puniverfité de Nancy , &c., &c., 1 vol..ir-80, de 250 pages. A Nancy , chez Bachor ; à Paris, chez Didor; & à Strasbourg, chez Koerig, La réputation de l’auteur étoit dejà faite, fur-tout, par fon 86 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Traité de la pulfation des veines & des arteres. Celui-ci n’eft point inférieur au premier, L'édition eft fuperbe & feroit honneur aux preffes les plus célebres de la capitale. = Elementi della Colrivazione di Grani, &c. Elémens de La Culture des grains en ufage dans la campagne de Rome, dédié à fa Sainteté Pie VI; par M. Deria, rômain. A Rome, chez Salomani, 1 vol. ën-8°, Raccolta di Opufeoli &c. Recueil de Mémoires fur des fujets de phy- fique & de médecine , vol. 18, dédié à M. Voita ; in-80. À Florence. On ne peut qu'applaudir au choix de ce Recuëil : 1l feroit de la juftice de citer les Ouvrages dont 1l emprunte les Mémoires. Si le Journal de Phyfique a le bonheur de lui en fournir un très-grand nombre, pour- quoi ne pas en isftruire les leéteurs? Ce dernier ne reflemble pas mal aux bois communaux, chacun fe croit en droit d’y venir couper fon bois. Eh bien , coupez, faites des provifions & foyez honnêtes, c’eft la feule récompenfe que défire fon auteur, Lettres de M. Carrere, profefleur royal, émérite en médecine; médecin du garde- meuble de la couronne, cenfeur royal, membre de plufieurs académies, &c. à M. Bacher , doéteur-régent de la faculté de médecine de Paris, pour {ervir de réponfe aux afler- tions d’un littérateur critique, philofophe, biographe & biblio- graphe moderne , publiées dans le Journal de Médecine , des mois d'avril, mai, juin, juillet, août, feptembre, oétobre, novembre 1777, fous le nom de M. Bacher. 1 vol. in-8°. de 116 pages. A Paris, chez Méquignon, rue des Cordeliers, On trouve chez le même libraire, la premiere lettre de M. Carrere, même format, Prix 1 liv. 10 fols broché. Agricoltura | &c. Tableau de l'agriculture , des produilions & du com- merce de La Sicile; par M. l'abbé Sersini : tome premier , i7-8°, A Florence. Ce premier volume traite des grains, des légumes, de l'huile, des amandes, des piftaches, de la manne, de la foude, du fafran, &c. Ce premier volume fait atrenlre avec impatience le fecond, Expériences propres à faire connoître que lalcali volatil fluor eff le remede le plus efficace dans les afphixies , avec des remarques fur Les effets avantageux qu'il produit dans les morfures de la vipere, dans la rage la brälure , l'apoplexie, &c ; par M. Sage; premiere & feconde édition, in-8°. de 62 pages; de l'imprimerie royale. Cet ouvrage a été traduit ou réimprimé à Lisbonne, à Madrid, à Upfal, à Douai, à Londres, & a eu deux éditions à Strasbourg. Mémoires pour fervir a l'hifloire de Cayenne & de la Guyane françoife , dans lefquels on fait connoître la nature du climat de cette gontrée, les maladies qui attaquent les européens nouvellement FA . sur LHisr. NATURELLEET LES ARTS. 87 arrivés, & celles qui regnent fur les blancs & fur les noirs; avec des obfervations fur l'hiftoire naturelle du pays & fur la culture des terres; par M. Bajon, . ancien chirurgien - major de l'ifle de Cayenne , correfpondant de lacadémie royale des fciences de Paris & de celle de chirurgie : tome premier in-8°. de 454 pages. A Paris, chez la veuve Duchefne. Ces Mémoires ont tous été approuvés par l'académie des fciences de Paris. En faut-il davan- tage pour prévenir le public en faveur de l'ouvrage, & l’auteur pourroit-il défirer une récompenfe plus honorable ? Il la méritoit à tous égards : les amateurs d’hiftoire naturelle y trouveront des morceaux bien piquans & bien neufs, & ceux qui fe livrent à l'art de guérir, de bonnes inftruétions. Nous attendons le fecond volume av:c impatience. Douves & Affeéions agricoles ; par M. Allkener de Lile ; in-8°, de 44 pages. À Paris, chez Demonville, imprimeur-libraire. Dell - Eleüricita terreftre atmofpherica, & c'eft- à-dire, de LElec- tricité de l'athmofphere terreffre ; par M. le Marquis Alexandre Chisi, chamb:llan de S. A. R. le Grand - Duc de Tofcane; 1 vol. in-8°. A Sienne. Hifloire naturelle, générale & particuliere, fervant de fuite à l'Hifloire des Animaux quadrupedes ; par M. de Buffon. Supplément , tomes ÿ & 6. De l'imprimerie royale, & fe vend à l'Hôtel de Thou, rue des Poitevins. Les ouvrages de M. de Buffon n’ont pas befoin d’analyfe our être annoncés, Elémens de Phyfique théorique € expérimentale, pour fervir de fuite à la deféription & ufage d'un cabinet de phyfique expérimentale, en 2 vol. in-8°. avec figures; par M. Sigaud de Lafond; 4 vol. in-89. très-forts, avec gravures. À Paris, chez Gueffier, imprimeur-libraire, rue de la Harpe. Le nom de l’auteur fufit pour indiquer le mérite de l'ouvrage, qui renferme généralement toutes les découvertes nouvellement faites en phyfque & en particulier fur l'air fixe. Oëférvations critiques , {ur un Ouvrage intitulé : Examen de la Houïlle, confisérée comme engrais des terres; Par M. Raulin. — Inffru&ion fur l'ufage des Houilles d'engrais & de leurs cendres, & Obférvarions [ur La maladie du fige nommé Ergot, € moyen de l'en préferver en fe pro- curant de plus abondantes récoltes ; in-11 de 130 pages; par M. L.S. D. L. D. A Paris, chez Ruautt, libraire, rue de la Harpe. w Traité des Affiélions cancéreufes , pour fervir de fuite à la théorie nou- vellé fur les malad'es du même genre ; in-8°. par M. Gamer, À Paris, chez Ruault, hbraire , rue de la Harpe. Théorie des Couleurs & de la Vifion, in-8°. de 6ÿ pages; par M. Palmer; traduite de l’anglois. À Paris, chez Piffor, libraire , quai des Auguftins, ‘ , 88 “OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mémoire fur La Teinture en noir ,.in-8°. de 44 pages; par M. Beurie,. couronné par la fociété littéraire de Bruxelles ; traduit du flamand, A Rotterdam, chez Bronkhorfl. < ge sr Remarques affronomiques fur le Livre de Daniel; Mémoire fur Les fatellices ; Loix & propriétés de l'équilibre ; Probabilités fur la durée de la vie humaine ; Table des équinoxes du foleil & de La lune : 1 vol. in-4%. de 224 pages avec figures ; par M. de Chéfeaux, À Paris, chez Lami, libraire, quai des Auguftins. Effai fur Les moyens de diminuer les dangers de la mer, par leffufion de l'huile, du goudron ou de toute autre matiere flottante, avec des queflions propofées. fur ce fujet, in-8°. de 94 pages; par M. Lelyveld ; traduit du hollandois, A Arafterdam; chez Marc-Michel Rey. dy Effai fur le commerce de Ruffie , avec l'hifloire de fes découvertes. À Amfterdam, & à Paris, chez ls marchands des nouveautés; avec une carte des découvertes des Ruffes dans la mer orientale de l'Amérique, par laquelle il eft démontré que l'Amérique feptearrionale n'eft {é- parée du continent que par de petites ifles très-rapprochées les unes des autres; :1-8°. de 300 pages. | De la Vigne Mémoire couronné par lacadémie royale des fciences & des arts de Metz ; 27-89. de 86 pages & 3 gravures; par M. Durival, le jeune. A Nanci, & à Paris, chez Jombert, l'aîné, rue Dauphine. Tableau de l'Atlas Géographi- Mineralogique de France, entrepris par ordre du Roi. À Paris, chez M. Duplain- Triel, pere, ingénieur- géographe du roi, chargé de cette exécution, cloître Notre - Dame. Ce tableau offre, dans l’enfemble de la carte de France, celui de tout l'atlas minéraloyique, indique l’arrangement des feuilles par numéros, avec les principales villes qui le trouvent dans chacun des earreaux, & donne la table alphibétique des caraéteres minéralogi- ques qui feront employés pour dfigner les différentes fubftances , dont on aura fait la découverte. Par le nombre des divifons indi- quées dans ce tableau, il réfulre qu'il y aura 214 cartes, dont 16 font déjà fupérieurement exécutées, M. Monnet, minéralogifte du roi, & fi connu par plufieurs excellens Ouvrages , eft chargé de parcourir nos provinces, non en voyageur, mais en naturalifle. Il ef . , 3 , 1 . : depuis peu de retour d’une très-longue tournée , &c il travaille auel- lement à rédiger fes obfervations, Or, le public ne tardera pas à voir plufieurs cartes nouvelles qui font prêtes à paroître. On compte bien peu d’entrepriles auffi vaftes & aufli utiles. Philofophical Medical, &c. Effai de Philofophie, de Médecine & de Phyfique expérimentale; tome 3, ir-8°,. par M. Percival, de la fociété royale de Londres & doéteur en médecine. A Londres. Beaucoup de Mémoires ont rapport à l'air fixe, & la plus grande quantité des sur L’'Hi1ST. NATURELLE ET LES ARTS &o “desautres, renfermées dans ce volume, ont déjà été imprimées dans les tranfadtions de la fociété. Mémoires de lacadémie royale des fciences € belles-lerrres de Berlin, année 17753 in-4°. À Berlin. Compendio di Analyfi, &tc. Abrègé des Analyfes; par M. Jérôme Saladini , profeffeur de l'inftitut de Bologne; 2 vol, :7-4°. Ouvrage très-eftimé. Mechanica fluidorum , &c. Méchanique des fluides on de l'équilibre Æ du mouvemens des corps fluides ; par M. l'abbé Oavien Cametti , profefleur de mathématiques , de l'académie de Florence; 1 vol. :7-4°, avec figures. À Florence. Cet excellent Traité fait partie d’un cours complet de mathématiques que l’auteur, déjà fort avantageufement connu, doit donner, Cours d'éducation & l'ufage des éleves deflinés aux premieres profeffions & aux grands emplois de l’état ; contenant les plans d'éducation littéraire, phyfique, morale & chrétienne ,' de l'enfance, de l’ado- lefcence & de la premiere jeunefle ; le plan encyclopédique des études, & des réglemens généraux d'éducation ; par M. Verdier, inflituteur d’une maifon d’éducation à Paris, confeiller , médecin ordinaire du feu roi de Pologne, avocat en parlement, 1 vol. ë7-12. de 396 pages. À Paris, chez l’auteur, rue de Seine-Saint - Viétor, hôtel de Magni, & chez Moutard, libraire - imprimeur, hôtel de Clugni. Lettres de M. Alexandre Volta, fur l'air inflammable des marais, auxquelles on a. ajouté trois lettres du mémê auteur, tirées du Journal de Milan jjin-8°. A Strasbourg, chez Treirz ; à Paris, chez Ruaulr, Ces lettres font traduites de l'italien, & le traduéteur, très-inftruit, y a ajoute plufieurs notes intéreffantes. Dans le cahier de février , nous donnerons un précis très-étendu de cet ouvrage. Seconde Centurie des planches enluminées & non enluminées | repréfen- tant au naturel ce qui fe trouve de plus intéreffant & de plus curieux parmi les animaux , les végéraux & les minéraux, pour fervir d'intelli- gence à l’hifloire générale des crois regnes de la nature; Par M. Buc'hoz, médecin-botanifte de MoxsIEUR , auteur du Diétionnaire des trois regnes de la France. Premiere Décade. Regne animal. I] eft incon- cevable avec quelle rapidité l’auteur poufle cette précieufe collec- tion; les fimples amateurs de gravure y trouveront de quoi fa- tisfaire leur goût, & les amateurs d’hiftoire naturelle, un affem- blage de morceaux les plus précieux, les plus rares &c les mieux rendus. Cette entreprife fait honneur à lauteur, & il promet Ja même célérité pour la publication de la feconde centurie, que pour la premiere. Connoiffance des Temps , pour l’année biflextile 1780, préfentée au Tome XI, Part... JANVIER 1778. M o® OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; roi le 14 décembre 1777, publiée par ordre de l'académie royale des fciénces, & calculée par M. Jeaurat , dé la même académie. À. Paris, del’imprimerie royale, & fe vend chez Panckoucke , libraire, hôtel de Thou, rue des Poitevins. Prix 3 livres 10 fols. Il feroit inutile de répéter ici ce que nous avons dit de cet Ouvrage, devenu de plus en plus néceffaire aux aftronomes & aux navigateurs (1). Nous nous bornerons à indiquer cette fois-ci, les nouveaux calcuis & les nouvelles tables, dont M. Jeaurat a entrichi ce volume de Vannée 1780. 1°. Comme la page 5 ne fufft pas pour détailler complettement Vannonce des éclipfes de foleil & de lune, M. Jeaurar a donné, page 150, un fupplément à ces annonces; alors, on a complettement ce qu'on peut defirer concernant les éclipfes de foleil & de lune pour 1780. à 1°. À la troiñieme page de chaque mois , & précifémentsà côté de Pheure du paflage de la lune par le méridien, eft la déclinaifon appa- rente de la lune, corrigée de l’effet de la parallaxe & de la réfration pour l'heure même du paffage de la lune par le méridien, ce Qui, d'avance , annonce aux obfervateurs, les étoiles dans le parallele def quelles la lune fera, & auxquelles il conviendra de comparer la lune dans-fon pañlage par le méridien; d’ailleurs , aux cinquiemes pages de chaque mois, favoir, dans les pages où font les annonces des principales obfervations à faire chaque jour de l’année , M. Jeaurat- a annoncé un grand nombre de cas où la lune pourra fe comparer avec des étoiles remarquables & des plus connues, qu’on trouve dans le catalogue des étoiles fixes, pages. 187-2113, réduites à l’époque du premier janvier 780; & comme M. Jeaurat n'a pas voulu que fes nouveaux calculs de la déclinaifon apparente de la lune privaffent les obfervateurs , de la déclinaifon vraie pour midi & pour minuit:,. il a indiqué au haut des troifiemes pages de chaque mois, les. pages: où le le@teur doit recourir à cet égard, 3°. Après. avoir donné, comme dans les volumes précédens, le: table de l'équation du- midi, conclue par des. hauteurs correfpon+ dantes du foleil; une table très-ample de la poftion géométrique des lieux connus; la table des inclinaifons de l'horizon vifuel avec Yhorifon vrai; la table des parallaxes du foleil &°de la lune à divers degrés &e hauteur fur l'horizon, &c. M. Jeaurat donne , page 261, l’expofition du calcul de la détermination des longitudes à ja mer, felon la méthode de M. Ze Chevalier de Borda. Cet exemple de calcul, dont les marins font fi fouvent ufage à la mer, eft fuivi de ? 1 . (x) Voyez Journal de Phyfique-, juillet 177$, pige 89; août 1776, page 14 janvier 1777 » page 71; feptembre 1777; page 238. SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 01 table des diftances au zénith, & des azimuths vrais des aftres, & auffi de la table des angles paralladiques ; d’ailleurs, M. Jeaurar à expliqué l’ufage & la maniere de faire fes calculs, pages 270 & 299. Ainf , le leéteur fera à même de faire lui-même, & pour une latitude quelconque, le calcul qu’il défirera, dans le cas où il aura befoin de la plus grande précifion. Enfin, M.. Jeaurat termine fon volume de l’année 1780, par l'extrait des obfervations météorologiques du Pere Coste ; & ceux qui défireront de plus grands détails à cet égard, confulteront l'Ouvrage même du Pere Corse, in-4°. qui fe vend chez Mérigot ; le jeune, quai des Auguftins. ne LAB LE DE SAR VE LC LE, 8 Contenus dans le Mois de’ Janvier. M ÉMOIRE fur les molécules des liquides, € fur leur compreffibilité ; par M. Monge, chanoine régulier, profeffeur de philofophie, de l'académie royale des [ciences de Rouen, page 1: Copie d'une lettre de M. Achard, chymifle , 6 de l'académie de Berlin, adreffee au Prince de Gallirzin, ambaf[adeur de Ruffie à la Haye ; contenant la dé- couverte qu’il a faite fur la formation des criflaux € des pierres précienfes , 11 Recherches fur la mort des noyés , & fur les moyens d'y remédier ; par M. Gar- dane , doéteur-régent de la faculté de médecine de Paris, médecin de Mont- pellier, cenfeur royal , &c. 15 Obfervation fur le phénomene de l'eau jettée dans un creufer, contenant du verre en fufion , 30 Obfervation deM. de Badïer, fur lanourrituredes colibris 6 des oifeaux-mouches, ZL Obfervation du pere de Vandere[fe , minime à Brie-Comte-Robert, [ur un ns étranger trouve dans l’intérieur d'un arbre , Lertre de M.Quatremer Dijonval , à l'auteur de ce Recueil, concernant Les doutes propofes par M. D....., fur fon analyfe chymique [ur l'indigo, ibid. LAnalyfe du paflel , examen plus particulier des mouvermens inteflins de Le M ij 92 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c. cuve en laine. Mémoire lu à l'académie royale des fciences. aux féances dés: 10, 13 6 17 décembre 1777, 9 Nouvelles expériences éle&riques, faites devant M. le Comte dé Falkenftein ;. avec le précis d'une differtation prononcée par M. Comus , auteur des expé= T riences, le 16 mai 1777, Defcription d'une veilleufe ou lampe pour la nuit > par Madame de F***,, 56 Lertre de M. l'Efpinaff?, direéteur du canal de Languedoc, relative au Traité. des Rivieres du pere Frifr, 58. Lettre de M. le Marquis de Geoffre de Chabrignac, colonel en fecond du régiment de Barrois, à M. Faujas de Saint-Fond, auteur de la Defcription. des Volcans éteints du Vivarais., & du Velay, fur une nouvelle Grotte du Chien, près d’ Aubenas , 62 Obfervation fur une tortue ; par M. Amoureux , fils, doëteur en médecine, €: membre de la fociéré royale des fciences de Montpellier, 6s Procédé qui démontre que le nitre exifle tout formé dans la créme de tartre,, € que l'alcali fixe qu'on en retire , efl di a la décompofirion de ce [el 3: par. M. Magnan., agrégé au lcollege de médecine, G de l'acuderiie des, _ fiences. & belles-lettres de Marfulle, correfpondant de la [ocitié royale de Montpellier, 6 de la focièté royale de médecine, c& Réponfe de M. de Godard , médecin de Vervier-, 6e., aàl'invitarion de M. de Servieres , fur une nouvelle compofition métallique, pour fubflituer à l’ufage du cuivre dans les pieces de batterie de cuifine. Extrait des regifires de. l'académie royale des. fciences:, 74 Rapport fait à l'académie royale des féiences, par MM. d'Aubenton & Sage, nommés commiflaires pour examiner un Mémoire de M. Pafumot;. fur la. réolite ;. 76: Queflion dynamique [ur Ÿ Anneau de Saturne; par M. Sage, de Geneve, 77: Nouvelles lisbéraires. 78: A PP R O B A T I © NN. ’ Eu lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage ayant pour titres: O°”fervations fur la-Phyfique,- fur l'Hifloire naturelle & fur les Arts, &c. par M. l Abbé ROzrERr, &c. La colleétion de faits importans qu'il offre périodiquement à fes Lefteurs, tnérite l'accueil des Savans ; en conféquence ; j'eftime qu'on peur en-permeutre l'im=- prefion. À Paris, ce 6 Janvier 1776. VAL MONT DE BOMARE:. 72: Rapport fait à l'académie des fciences, par MM. de Montigny & Macquer,. al qu à RO, Zznvter 2778. 4 d re & gt née À € F9 Ge 93 A ne me eg rene NÈE 2Aèa ee me ce F0 of et à ———— — K JOURNAL DE PHYSIQUE. FÉVRIER 178 | De SOPRECRE PTE DES RECHERCHES ee Sur la mort des Noyés, & fur les moyens d'y remédier ; Par M. GARDANE, Doëteur- Régent de la faculté de Médecine de Paris, Médecin de Montpellier | Cenfeur Royal, &c. Maniere de fecourir les Noyés. L: ART de fecourir les noyés s’eft réduit jufqu’à préfent à deux prin- cipaux moyens. Réchauffer lafphixique autant qu'il eft poflble, &e exiter avec la même promptitude , une infpiration artificielle qui rappelle les mouvemens de la poitrine fufpendus. On fe fert encore des lavemens de fumée de tabac pour la même fi; plufieurs auteurs ont auffi confeillé la bronchotomie , & la faignée n’eft pas moins prefcrite, fur-tout , par ceux qui regardent les noyés comme apopleëtiques : je vais examiner en détail ces différens fecours, Friélions | réchauffement des Noyés.. On a vu & l’on voit tous les jours des noyés revenir à la vie à force d’être réchauffés ; c’eft donc le premier moyen auquel il faut avoir recours; de cette maniere, on empêche que le fang ne fe fige, & l’on combat l’état fpaimodique de lanimal ;, produit par le froid qui le faifit en tombant dans l’eau, Ce dernier fymptôme efl redou- table, & quoique jaye préfumé, dans la premiere partie de mon Mémoire, que la différence du fuccès dans l’adminiftration des fecours connus , venoit de la maniere’ dont l'animal étoit noyé; cependant, Pexpérience a: prouvé que le: peu de fuccès. de ces, fecours venoit aufñ, en grande partie, de la rigidité de la fibre, qui s’accroit à OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; railon de la diftance du moment où l’animal eft tombé en af phixie. Pour m'en convaincre, je pris trois moineaux à peu près de mêne force que je noyai en même temps & de la même maniere : au fortir de l’eau , deux furent abandonnés fur une table, leurs extrémités devinrent en peu de temps roides & inflexibles;, on voulut enfuite les fecourir, mais ce fut inutilement ; on efluya bien le troifieme, & je le tins dans mes mains ayant foin de le réchauffer avec mon haleine, & d’empècher la rigidité remarquée dans les autres. Ce feul fecours long-temps continué le fit revenir à fa vie. Voici la maniere dont il y revint : à peine l’avois-je tenu un demi-quart-d’heure dans ma main, que je fentis fon cœur battre, mais les battemens étoient profonds, petits & éloignés; je remarquois un certain frémifflement dans la poitrine de l'animal ; peu à peu les battemens du cœur devin- rent plus forts & plus fréquens ; l’impulfion de ce vifcere fembloit foulever la poitrine; alors l'animal ouvrit le bec, mais foiblement ; il me fembloit que la poitrine fe dilatoit ; bientôt après, cette dilata- tion devint plus fenfible, l’animal ouvrit & ferma le bec plufieurs fois ; entin, 1 ouvrit les yeux , recouverts jufqu’alors par les paupieres, & l'ayant approché du feu, il fut prefque aufli-tôt en état de fe foutenir. Mais, jufqu'à ce que la refpiration fût parfaitement rétablie, j'ai remarqué que, quand on cefloit de l’échauffer il étoit très-fenfible à l'imprefñion de l’athmofphere & prêt à retomber dans fon état d’afphixie. De là vint que les fridions feches, le lit chaud, les cendres chaudes, le fumier, le rafle de raifin, le cautere aëtuel, les briques rougies & appliquées à différentes parties du corps des noyés, font fi utiles, quand même le fuffoqué auroit péri dans l’eau tiede, parce qu’on éprouve toujours un faififflement plus ou moins fort en plongeant la tête dans l’eau, à telle température qu’elle puifle être, & que le cadavre du noyé n’en eft pas plutôt retiré, qu'il fe refroidit tout de fuite, d’autant plus promptement que l’humidité qui refte fur fa peau y contribue davantage; c’eft la raïfon pour laquelle j'ai cru devoir exclure les bains chauds, du nombre des fecours que lon adminiftre aux noyés, quoiqu’ils foient confeillés par diversauteurs & qu’ils aient eu quelquefois du fuecès. Une raifon non moins puiffante, c’eft qu’on refpire avec plus de peine; quand la poitrine eft enfoncée dans l’eau , & que dans le cas préfent, pouvant fuppléer à la chaleur du bain par d’autres moyens, il eft plus prudent de s’en abftenir. a nte à 455 Une expérience familiere terminera ce que j'avois à dire fur l'utilité des moyens échauffans & defléchans contre l’afphixie des noyés, J'ai su €" AT Rd sur L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS 9$ vu des enfans s’amufer à noyer des mouches & les faire revenir’en- fuite. La mouche une fois noyée, ils grattoient le mur, & apres en avoir détaché une certaine quantité de plâtre , ils en enveloppoient cet infeéte comme on couvre les noyés de cendres chaudes. L’abforp- tion de l'humidité, & peut-être une certaine chaleur excitée par certe poufliere âcre , faifoient revenir la mouche qui, s’agitant d’abord, fe relevoit bientôt, & s’envoloit toute blanche , au grand étonne- ment des “fpedateurs de ce petit jeu. On obtient à peu près — la même chofe avec la poudre à poudrer, & même par la feule fnfolation, * Ces réflexions m’ont fait reconnoître l'utilité de la camifole de flanelle, dont M. Pia, échevin de Paris, recouvre le corps du noyé, & {ous laquelle le fecourifte pale fa main pour adminiftrer les friétions ; c’eft le moyen le plus sûr de conferver la chaleur reñaiflante ; mais en même temps que je rends juftice au zèle de ce citoyen eflimable, jje ne puis admettre avec lui l’ufage de l’eau-de-vie camphrée , que l’on répand avec profufon fur le cadavre des noyés, & dont on a coutume d'imprégner des flanelles. Le frottement difipe bien vite la partie fpiritueufe de cette eau qui , reftant fans force & fans aétion , ne fert qu’à diminuer l'efficacité des flanelles , par le refroidifiement auquel elle donne lieu. C’eft ce que j'ai obfervé lavant-dernier hiver dans les grands froids au corps-de-garde fitué hors de la barriere des Gobelins , fur les nouveaux Boulevards; un homme fut trouvé afphixi- que, & conduit comme tel à ce pofte où lon alloit eflayer des fecours: que la Police yavoit établis. La garde des Ports , inftruite de l'accident , accourut de fon côté avec la boîte entrepôt, & s’empara de l’adminif- tration des fecours; averti moi-même, je m'y tranfportai; J'admirors avec quelle adreffe & avec quel zèle ces mêmes fecours étoient dif- penfés ; mais touchant de temps en temps le cadavre , je m’apperçus quil fe réchauffoit davantage quand on le frottoit avec des flanelles feches , que lorfqu’on les imprégnoit avec de l’eau-de-vie camphrée, & cette obfervation, qui fut juftifiée par le fuccès , m’a paru depuis d’autant plus eflentielle , qu’en perfe@ionnant ces fecours , elle offre un moyen d'économie qui-n’eft pas indifférent pour la campagne, où l’on ne fe procure pas abondamment ces fortes de liqueurs fpiritueufes fans beaucoup de frais. De Pinfufflation dé l'air dans la poitrine, des fecouffes que l’on. donne au corps des Noyés, & de fa pofition. L'infufflation de l'air dans le poumon encore un fecours preflant ; on excite par ce moyen des infpirations artificielles ca- pables de rappeller les mouvemens de la poitrine; aufh, eft-1l recom- \ 96 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mandé par tous les auteurs comme un des plus prompts & des plus efficaces. Mais , fi l’on eft généralement convenu de linfuflation de l'air, -on n’eft pas également d'accord fur la maniere de lintroduire. La Nature avoit indiqué aux hommes d’appliquer leur bouche fur celle du noyé & d'y fouffler avec force; une répugnance qu’on ne peut condamner, fit imeginer des tuyaux intermédiaires, avec lef- quels on pût foufler de l’air dans la poitrine, fans «cette conti- guité d'organe, qui exige un grand courage. Detardhing imagina d’en introduire d’une autre maniere en pratiquant une incifion à la trachée-artere, moyen plus prompt en apparence, & qui depuis a fé- duit plufeurs auteurs, mais qui , j'ofe le dire , eft parfaitement inutile & a bien des inconvéniens. Je dis qu'il eft inutile, parce que l'expérience a prouvé qu’en foufflant de l'air par le nez ou par la bouche , il s’introduifoit aifément dans la trachée & dans les bron- ches. C’eft un fat convenu de tous les obfervateurs, que la pofiuion relevée de la glotte dans tous les noyés confirme, & qui eft établi dans un rapport fait à l'académie des fciences, par M. Portal; il y eft dit expreflément, page 68, qu'il fufft de fouffler dans la bouche du noyé avec force, & qu’on parvient de cette maniere à développer les poumons & à faire faire de légeres infpirations & expirations, On fait encore depuis long-temps, que ce feul moyen donne la vie aux nouveaux-nés qui n'ont pu refpirer d'eux-mêmes, & l’on fe convaincra mieux de ce fait en découvrant les poumons d’un ca- davre, & en y foufilant fortement de l'air par la bouche ou par les marines. J'ai: dit que cette opération n’étoit pas feulement inutile, mais qu’elle entraine des inconvéniens, fur-tout lorfqu’elle étoit indiquée comme le premier & le plus sûr moyen d'introduire l'air dans la poi- trine; en effet, outre que c’eft toujours un grand inconvénient de pratiquer une opération fans néceflié, un plus grand encore, c’eft de placer la bronchotomie dans le nombre des fecours populaires, lefquels paflant dans les mains des gens de la campagne , qui, pref- que toujours, font groffiérement ignorans, peuvent donner lieu à des méprifes funeftes. Ce n’eft pas tout. L'ouverture de la trachée-artere favorife l’entrée des fluides dans ce canal , tamponné d’écume, & qui n’admet point de liquide dans l’afphixie du noyé. La chofe ne fe pafle pas de même quand on louvre dans fa longueur; alors, l'air mêlé avec lécume fait irruption au-dehors, comme Detardhing l’avoit obfervé , & lécume s’affaiflant, facilite l’entrée de l’eau par la glotte. Pour m’en aflurer, Jai noyé deux chiens, & après les avoir retirés de Peau , J'ai fait verfer du vinaigre dans leur gueule ; cette eau regorgeoit de ceile du - chien ‘ SUR (L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 97 chien dont la trachée n’étoit peint ouverte ; tandis qu’elle paroiffoit defcéndre dans la poitrine du chien-opéré. J'ai été bien plus convaicu de cette vérité, lorfqu’ayant ouvert la poitrine de l’un &c de l’autre, je - nai point trouvé de vinaigre dans les bronches du premier, tandis qu'il y en avoit dans celles du fecond. Des obfervations particulieres faites fur le cadavre des perfonnes fuffoquées , avoient également démontré ce fait. On fent à préfent de quelle conféquence il efl dene point pratiquer cette opération, puifqu'il devient difficile enfuite de verfer aucune forte de liquide dans la bouche des noyés , fans craindre de lintroduire dans la trachée-artere, & de rendre ajnf certaine une mort qui n’étoit qw'apparente. Quoique l’on aït abandonné l’ufage de trop agiter les noyés, on a cependant regardé lés légeres fecouffes comme néceflaires ; maiselles fervent plutôt À fatisfaire l’impatience des affiftans, qu’au rétabliflement de la vie des noyés. Les friétions feules font les agitations qu'il faille fe permettre; les autres mouvemens, infufäfans pour rappeller leur refpi- ration , ne tendent qu’à les refroidir, & l’on a vu que le refroidiffement du corps étoit ce qui retardoit le plus l’efficacité des fecours. Il fufit donc de coucher le noyé fur lun des côtés, cette pofition m’a paru la meilleure, c’eft celle qu’adoptent tous les animaux dans le repos & / ‘ dans l’état de maladie ; c’eft auf celle qui favorife le plus l’adminiftration "14 des friétions, qu'il importe, fur-tout, de faire particuliérement fur la partie antérieure de la poitrine, De l'émétique 6 de la fumée de tabac en lavement. Il n’eft prefque point d'ouvrage fur le traitement des morts appa- rentes & fubites où l’on ne trouve l’émétique prefcrit, il en eft peu où l’on en condamne lufage, & dans ce petit nombre, le motif pour lequel ce médicament eft rejetté, ne m’a point paru être le véritable. Dans la perfuañon que les fuffoqués de toute efpece meurent apo- pleétiques, on a rejetté l’émétique , de peur que les expirations trop fortes qu'il exciteroit avec le vomiflement, ne retinffent davan- tage le fang à la tête, & n’entretinflent l’engorgement fanguin beau- coup trop redouté., Une feule réflexion diflipe ces appréhenfions & détruit ce fyftème. L'émétique ne peut agir que lorfque le noyé a refpiré, 1l ne s’introduit dans leftomac que quand la déglutition eft rétablie ; mais à cette époque, il eft rare qu'un foyé ne foit fauvé, du moins eft-il revenu à la vie; donc l'émétique ne peut nuire comme vomitif; donc il ny a point d’apoplexie , toujours d'après le fyflême combattu. Je l'exelus du nombre des fecours ordinaires pour une raïfon qui Tome XI, Part, I. FÉVRIER 1778, 1 08 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; me paroît plus fondée; c’eft, 1°. qu’en verfant une cuillerée ou deux d’eau émétifée dans la bouche du noyé qui n’a point encore refpiré, on perd un temps précieux qui eüt été mieux employé à y introduire de l’air. 2°. Parce qu’en rempliffant ainfi la bouche de liquide, & s’efforçant de le faire defcendre dans le gofer , on rifque de l'introduire dans la trachée, ce qui fufit pour empêcher le retour à la vie, &£ ce qui pourroit faire périr d’un nouveau genre de fuffocation , le noyé prêt à pouffer le premier foupir. Il en eft autrement , lorfque le noyé revenu à la vie fent des pe- fanteurs d’eflomac qui indiquent la néceflité de ce remede ; maïs ces cas particuliers n’entrent point dans celui dont il s’agit, puifqu’alors il n'y a plus d’afphixie. Préfentement on'fent de quelle conféquence il eft d'interdire l’émé- tique dans les campagnes, où la peur , le trouble & le tumulte déter- minent fouvent à verfer dans la bouche du noyé différentes fortes de liqueurs ; ce qui fait, fans doute, que parmi les perfonnes frappées de cet accident, fi peu reviennent à la vie. Il n’en eft pas de même des lavemens de fumée de tabac, dont on doit lheureufe application aux Sauvages, & dont les fuccès font fi marqués de nos jours, Avant de les employer pour les fuffoqués , on s’étoit fervi fans fruit des lavemens âcres & ftimulans fous forme liquide , on les trou*e confeillés par tous les auteurs antérieurs à l'époque de la découverte des premiers. La raïfon, fans doute, du peu de fortune de ces derniers remedes eft que n’arrivant gueres qu'au tiers du colon, dans des int fins fans chaleur, fans ation & fans vie, fouvent arrêtés par les vents & par les excrémens, & toujours émouflés par les matieres & par la mucofité des boyaux, ils ne peuvent exciter l'irritation défirée ; maïs, quand même ils conferveroient leur âcreté, comme ils ne vont pas bien avant, leur effet feroit peu confidérable ; d’ailleurs, l’a&ion de ces lavemens feroit entiérement phyfique , c’eft-à-dire , qu’elle ne s’oné- reroit que par les molécules irritantes, dont l’eau du remede et chargée, & il en réfulteroit encore l’inconvénient d'introduire dans le’ corps. un liquide qui, bientôt refroidi, loin d’aider la nâture , aggraveroit plutôt l'afphixie. * ps: Les lavemens de fumée de tabac n’ont aucun de ces inconvéniens; cette fumée a quelque chofe de pénétrant, d’âcre &c de nauiéabonde , que ne fauroit avoir la déco@tion des fubftances les plus fortes ; elle frappe les nerfs d’une maniere plus fubtile; elle porte encore dans les inteffins une chaleur douce, mais plus durable, &c par-deflus toutes choles, elles fe glifle à travers les pañlages les plus étroits , & franchif- fant aïfément des obftacies impénétrables aux lavemens ordinaires, elle parcourt tous les gros inteftins & fouvent une parue des grêles, | A F4 ‘ à . s SUR L’H1sST. NATURELLE ET LES ARTS. 99 Son efficacité eftfi marquée , que j'ai vu plufieurs fois le pouls s’affaifler &c la circulation fe ralentir, lorfqu'on en fufpendoit l’introduétion dans les inteftins au moment où les afphixiques commençoient à revenir à la vie : ce qui établit une païfaite conformité d'effet entre l’échauffe- ment extérieur du corps, & celui qu'occafionnent les lavemens de fumée de tabac. Un dernier avantage de ces lavemens de fumée de tabac, c’eft de : * procurer promptement, dans les endroits les plus éloignés des fecours, la facilité d’inééter , dans la minute , un fluide aëtif & chaud , tel qu'il devient néceflaire pour la'prompte réfurre&ion du noyé, & tel qu'on ne Jobtiendroit pas, sil falloit attendre les uflenfiies, le feu & les drogues néceffaires pour préparer une décoétion äcre. C'eft auf ce qui m'a déterminé à fimplifier le fumigatoire de Bar- tholin 8 à le réunir aux autres moyens néceflaires dans une feule boîte portative. Cette boîte a éprouvé des contradiétions ; on a dt, 1°. qu'il étoit plus commode de faire aller le fouffler , que de fouffler foi-même ; 2°. que cette fon&tion étoit dégoûtante pour celui qui en étoit chargé; 3°. que la fumée produite par le fourneau de la boîte entrepôt étoit plus confidérable que celle de la pipe de la mienne, Examinons fi ce ne font point là des préjugés, plutôt que des raifons. i En premier lieu, sl eft plus pénible de faire aller la pipe avec la bouche qu'avec un foufflet, ce défagrément , qui n’eft que pour celui qui- foufile , tourne tout entier à l'avantage de lafphixique ; car l’ex- piration de la bouche toujours foutenue, n’eft entrecoupée que par de petites infpirations , dans lefquelles le Secowriffe n’attire point à lui la fumée, comme le fait le foufflet de la boîte entrepôt, lequel pouf- fant & retirant alternativement la fumée, par des temps égaux, en partage l'effet & l’affoiblit finguliérement, D'ailleurs, le fouffle de la bouche, toujours chaud, poufle la fumée de la pipe fuivant la direc- tion qu’elle doit avoir, c’eft-à-dire, que dans ce mécanifme tout tend à augmenter La chaleur & la force du jet de la fumée du tabac. Au lieu que dans le fumigatoire, dit de M. Pia, la colonne de vent du ‘foufflet étant horizontale, coupe tranfverfalement celle de la fumée du tabac, &c la fait refouler à angle droit, dans le tuyau flexible qui doit . la conduire à Panus; & par ce méchanifme inévitable, en diminue la force, la chaleur & l'efficacité. La crainte du dégoût qu'éprouveroit le fecourifte eft aflurément bien gratuite; en effet, comment élever cette diiculté lorfqw'on connoît la diftance qu'il y a du fourneau de la pipe, à la canulle qui répond au fondement de l’afphixique ? Cette diftance eft au moins de -deux pieds, fans compter la longueur de la pipe & celle du tuyau flexible, placé entre la pipe & la bouche de celui qui foufflk. Or, AN 1j 100 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,;. de cette maniere, peut-on craindre le dégoût de l'opération? Jai vu fecourir avec la boite entrepôt; certainement il n’y avoit pas plus d’éloignement de celui qui faifoit aller le foufflet , à l’anus de laf- phixique. Mais le Secourifte avoit ce défagrément inévitable , de ne pouvoir pas changer de fituation, & d’être forcé de placer toujours le fourneau de la boite dans une pofñtion horizontale : au lieu qu’on peut tenir la pipe de la maniere qu’on veut, fans diminuer fon effet. Quant à la diftance du jet de fumée, j'ai comparé celui: de ma pipe avec celui de la boîte entrepôt , pour voir l'effet que l’une &e l’autre produiroient. Cette comparaifon a été faite à l'Hôtel de M. le Marquis de Caraman , rue Caflette, à l’occafñion de l’enfant de fon Suifle , noyé dans un baquet où il y avoit à peine un pied d’eau, &t pour lequel le faéteur de la boîte entrepôt, accourut en mêmes temps que la Garde de Paris venoit pour le fecourir avec ma pipe. Je lai faite encore une autre fois au corps-de-garde de la Barriere des Gobelins, où la Garde du Port, voifin de l'Hopital, vint au fecours de l'afphixique, dont il a été fait mention à la page 95 de ce Mémoire. En effet, voici ce que J'ai obfervé : le jet de fumée qui fort du tuyau flexible de la boîte entrepôt , s’éparpille prefque en fortant, & l'extrême diversence de la fumée en diminue finguhére- ment la force & la chaleur. Au lieu que le jet de fumée, qui fort ‘de ma pipe, conferve la même force à la diflance d’un demi-pied, & ne diverge alors que par gradation ; de là vient auf qu'il s’en échappe plus de fumée dans des temps égaux , que du tuyau de la boite entrepôt , & que cette fumée eft plus chaude, plus pénétrante & plus aëtive. Indépendamment de la maniere dont la fumée ef pouflée hors des deux tuyaux, il y a encore une caufe dans la cor- formation de ces mêmes tuyaux, qui contribue beaucoup à l’affoiblir & l’éparpiler, lorfqu’elle fort de l’un, & à la renforcer & réunir quand elle fort de l’aitre. C’eft que le tuyau flexible employé par M. Pia, a un diametre double de celui de ma pipe , & que le: diametre de la canulle, qui fert d’ajutage, eft le même dans les deux. A-la vérité, cela exigé de réparer plus fouvent [e tuyau dans ma pipe » & de veilier à ce qu'il ne s’y gliffe rien qui puille l’engorger. Mais, comme on recouvre aifément d'un nouveau cuir le fil d'archal qui en eft le foutien, & quil ef aifé de pañler l’aiguille à! travers ce tuyau pour voir sil n’eft pas engorgé , cet inconvénient léger ne fau- roit balancer l'avantage que procurent la vîtefle, la force & l’ativité de la fumée qu’on obtient de cette maniere. Une derniere raïfon en faveur de ma boîte, c’eft qu’elle eft commode, portative & peu coû- teufe ; & qu’elle a eu le même fuccès à Paris, dans les provinces & chez PEtranger, que la boîte entrepôt; en forte que les petits reproches - ou TN è 1 sUuR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 1or qu'on peut lui faire n’empêchant pas qu’elle ne réufife , le grand avantage de fa commodité & la modicité de fon prix, ne reçoit aucune atteinte de la part des obfervations de M. Pia. Après avoir répondu à ces objeétions , il me refte à me juftifier du reproche qui m'a été fait de m'être approprié le fumigatoire de Bartholin. Ce fumigatoire fe trouve décrit dans lOuvrage de M. Louis, fur les noyés, & dans plufeurs autres antérieurs & pofté- rieurs à ce dernier , mais trop inégalement dans tous , pour ne pas laifler à M. Louis l’avantage d’en avoir donné la defcription la plus exaête ; cependant, fi l’on veut bien examiner fa forme, on fe perfuadera difficilement qu'il ait jamais pu être employé. En effet , les levres de celui qui foufile y font tellement rapprochées de la noix, de la pipe, qu'ils ne permettent pas de foufller feulement pendant une minute fans fe brûler. D’un autre côté, le tuyau de cuir adapté di- reétement à l'extrémité oppofée de cette même noix, ne pouvoit recevoir la fumée brûlante du tabac, fans fe racornir au premier coup de feu, & fans mettre ainfi la pipe hors d'état de fervir. Réflé- chiflant enfuite à la conftruétion particuliere de la noix de cette pipe, faite en bois , & doublée de fer-blanc , je fentis mieux l'impofi- bilité d’y allumer une certaine quantité de tabac, fans que le fer- blanc ne füt bien-tôt échauflé au point d’embrafer la portion ligneufe de la pipe. Un dernier inconvénient du fumigatoire de Bartholin, étoit d’être percé en arrofoir du côté par lequel la fumée pafle dans le tuyau de cuir, De cette maniere , les trous qui s'appliquent aux parois de ce tuyau demeuroient fans effet ; puifque ce même tuyau emboîtant l’ex- trémité percillée du fumigatoire, étoit néceffairement collé fur plufieurs de fes petits orifices, dont il ne reftoit plus alors qu’un ou deux ouverts en lignedireéte , lefquels ne donnant qu’un petit jet de fumée , ne pouvoient produire qu’un foible effer. Avant de terminer cet article, je dois ici rétraéter une erreur que j'ai commife dans mon Avis au Peuple, & qui a [été copiée depuis par d’autres auteurs. Il eit dangereux d'introduire la fumée du tabac dans la bouche , comme je l’avois d’abord confeillé ; cette fumée , quelque précaution que lon prenne , pénetre dans la poitrine | & augmente la fuffocation : je parle d’après l’expérience ; je m’en fuis afluré fur des animaux noyés , & Je l'ai obfervé encore fur un apopleétique , à la vérité défefpéré, mais dont l’oppreffion de poitrine s’aggravoit confi- dérablement à mefiwe qu’on fouflloit de la fumée du tabac dans fa bouch., + 102 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; De 1a Saignée. La diftin@ion de l’apoplexie en fanguine & humorale, la dificulté de bien diftinguer l’une de l’autre, & l’indécifion où l’on eft fouvent de pratiquer la faignée, prouvefuffifamment qu'il n’eft pas bien démontré qu'il faille toujours faigner les apopleétiques ; s’il étoit donc vrai que les noyés fuflent tels, le confeil de leur ouvrir la veine , exigeroit encore des modifications & des reftriétions, À combien plus forte raifon faur-il s’abftenir de la faignée lorfauil eft bien prouvé que lappolexie n’ex'fle point. Quando homo perfeëè Janus f[ub aquam dem:rgrcur, dit Boerrhave, moriuus eff perfeëlè , fmi- lis boni horologii in quo omnia perfeëla funt... reddite motum incipiet vivere. Quel. eft donc le mouvement qu'il fant conflamment rappeller à On a vu que c'étoit celui d'infpiration. Il ne s’agit point ici de l’en- gorgement des vaifleaux Veineux du cerveau, ni du défaut d’élaf- ticiié de leurs parois; dilatez au plutôt la poitrine, rétabliffez ‘les battemens du cœur, c'eft-à-dire, rétabliffez la force qui poufle en ‘détruifant celle qui réfiite; bientôt, ces vaifleaux feront débarraflés Auf, l'ouverture des cadavres a-t-eile prouvé qu'ils m’étoient gueres pius engorgés ni diftendus que dans l’état d'expiration naturelle ; & quand même ils le paroîtroient davantage, on a vu qu'ils pourroient l'être comme faifant l'office de réfervoir, fans déranger l'organifation de la machine animale, & fans troubler l’ordre & le retour de fes fonéions. $ On confeille d'ouvrir la jugulaire ; mais fi le fang eft déjà figé, & qu'il ne forte point, c’eft une opération inutile; & fi le fang , encore fluide, s'écoule par l'ouverture de la veine, croit-on que cette évacuation accélérera le retour des mouvemens de la poitrine Au contraire, néceflairement il doit en réfulter un affaiflement des veines du cerveau , & la quantité de ce fang capable de rétablir les mouvemens du cœur, étant ainfi diminuée, on troublera l’équilibre entre les fluides & les folides , au point que le noyé périra dans fa fuffo- gation, ou n’en reviendra qu'avec peine. L’inconvénient de preicrire cette opération difficile, ‘peut avoir de fâcheufes fuites dans les campagnes : dans le trouble où fe trou- vent les perfonnes peu exercées à fecourir les noyés, on peut en- foncer trop avant la lancerte, offenfer les carotides, cribler le cou de piquures pour rencontrer la veine, & perdre dans ladminif- tration de ce moyen, au moins inutile, un temps mieux rempli par des fecours plus efficaces : fans compter ici l’étranglement qui peut réfuirer de la ligature, fi on la pratique, ou la perte confidérable du fang, f on ne la pratique pas, cette crainte eft juftifiée par des exemples rapportés par Bruhier & par d’autres obfervateurs, 2 sur LHisT. NATURELLEET LES ARTS. 263 L'expérience de tous les pays confirme ce qui vient d'être établi. M. Targioni Tozzeti, page 166 d'un Ouvrage récent fur les afphi- xies après avoir rapporté le fentiment de pluñeurs auteurs qui con- feillent de faigner les noyés, fuppoiés apopleétiques, exclud la fai- gnée du nombre des premiers fecours ; mei corp degli annegati, flati per del tempo forto l'acqua , Jenga refpiratione, finza moto, & fença calore , non fara irragionevole il fofpettare .… che la cavatta troppo follecitz di quel fangue che mantiene qualche fluidita, poffa forfe piuttcflo tron- care irreparabilemente la circolagione, la quale f£ defidera di reinregrare. En- fuite cet auteur rapporte plufieurs exemples & des autorités fans nombre, pour juftifier fon avis fondé, comme on voit, fur de bons principes. Les médecins de Londres s'expliquent également contre la faignée du noyé; ils ne la prefcrivent pas pour faciliter fa rélurreéhon, mais feulement quand il a donné figne de vie, encore faut-il qu’il ait de loppreffion & de la difficulté de refpirer, &c.; & comme cette difficulté & cette oppreffion ne fe manifeflent pas toujours, cela veut dire qu'on peut fouvent fe pañler de cette faignée, qui n’eft que fecondaire, De là vient, qu'auffi-tôt après ce confeïl pru- dent , ils s'expriment en ces termes : « La faisnée, pratiquée juf- qu'ici indiférémment dans prefque tous les cas, ne doit pas être regardée comme abfolument néceffaire en pareil accident. On a même vu fouvent la faignée retarder & rendre plus lent le retour à la vie, ® & quelquefois elle a été fatale au fujet qu'on s’efforçoit de rappel- ler; enfin, quelque bon effet que l’on attende de la faignée, il eft important d’avertir qu’elle ne doit pas être un des premiers fecours employés pour ramener à la vie ». Mais fans chercher dans des témoignages étrangers la preuve de cette vérité, il fuit de confulter expérience qui fe répete fouvent fur les bords de la Seine , & dont le tableau eft publié chaque année avec, exac- titude. Tous les noyés fecourus par l'établiffement de la ville, y font rangés entrois claffes ; la premiere comprend les noyés reflufcités ; la feconde, ceux qui ne font pas revenus à la vie, malgré les fecours; là troifieme , enfin, ceux qui n’ont point été fecourus, parce qu'ils donnoient des fignes d'une mort certaine. Dans la premiere clafle, on trouve foixante-feize noyés reflufcités , armi lefquels fept feulement ont été faignés, encore étoit-ce après tre revenus à la vie , c’eft-à-dire, lorfque la faignéene pouvoit être qu'un fecours fecondaire ; la feconde ciaffe comprend dix-huit noyés fecourus fans fruit, dont fept ont été faignés à la jugulaire. Il réfulte donc de ces raifons & de ces faits, 1°. que les noyés ne meurent point apopleétiques ; 2°. que la faignée ne peut, que nuire à leur retour à la vie; 3°. que la trachéotomie eft un moyen inutile 104 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE}; 8: dangereux; 4°. que linfufflation de l'air par la bouche & par les na- rines, eft préférable; 5°. qu'il ne faut introduire dans la bouche du noyé, aucune liqueur quelconque , avant que la refpiration & la déglu- tition foient rétablies ; 6°. que les lavemens de tabac font utiles, né- ceffaires & commodes en pareil cas; 7°. que les fecoufles du corps & l’u- fage de l’eau-de-vie camphrée, ne fervent qu'à refroidir le noyé, & que celui des flanelles, des bains, des cendres , & de tout ce qui peut rappeller au plutôt la chaleur, eft le premier de tous les moyens. La fuite dans le Cahier de Mars, EEE LD DOI PT D SU-I TE DA. M BMO TR Æ LUN PTT OL UNIL EE | A CNE A PER PRE RS PARUS RE DU: PS TER, ET EXAMEN plus particulier des mouvemens inteffins dela Cuve en laine. De la Cha, ÎL ne faut que découvri la cuve deux ou trois heures après l'in: troduétion de la chaux, pour reconnoïître clairement fes admirables effets. La quantité des veines ou parties colorantes, femble doublée après ce court intervalle, La fleurée eft infiniment plus abondante, Fodeur de la cuve eft âcre & montante ; enfin, fi on y plonge une étoffe, le bleu eft infiniment plus intenfe & plus riche. Pour donner les raifons d’une analogie fi précieufe & fi complette, jene rappelleraï point ici les propriétés eflentielles de la chaux. Elles font trop connues & confignées dans trop d'ouvrages, tous également célebres. Je rappel= lerai feulement ce que l’analyfe m'a fourni fur les parties conftituantes du paftel, & il me fera peut-être facile de prouver que fa partie ligneufe, fon alcali, fon huile, fourniflent dans la cuve trois principes auxquels la chaux fait face, f j'ofe dire, par trois autres propriétés qu’eile réunit, | On métné tic SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 105 On fait qu'un des premiers & des plus Ctonnans caraëteres de la “ qu'on peut regarder comme l'accident inverfe, il me refle à prouver comment la chaux eft l’efpecc d'agent univerfel qui produit & difpofe tant de diverfes révolutions. Adminiftrée avec excès, je crois avoir démontré qu’elle: répandoit fur la pâtée une ‘efpece de lenteur & d’enduit, qui en cimentoit toutes les parties, qui les rendoit, pour ainfi dire, “mperméables à l’éan, É€ qui empêchoit aw moins celle-ci d'en extraire la’ moindre quantité des, principes propres à teindre. Lorfque la cuve, ou wa point de chaux, ou, par la réafion-des principes les uns fur les autres, en a confumé toute la partie: fubtile, & Va réduite à fon élément terreux ; le: paftel ne fe trouve plus alors défendu. par au- cun intermede, La chaleur & l’eau qui le pénetrent fans obftacles., sur L'Hi1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 109 concourent enfemble à achever cette putréfaétion inchoative qu'il a fubie; enfin, ce monceau de feuilles, aux trois quarts décompofées , aux trois quarts putréfiées fur le fol même qui les a produites , pafle rapidement à une alcalefcence totale, & qui paroïît fans re- mede. : Un des rapports les plus heureux que paroît encore avoir la chaux avec le pañtel, eft de le refournir fans cefle de parties fixes, d’oppofer fa grande fixité à cette prodigieufe quantité d’alcalis volatils, que non-feulement il dégage, mais dans lefquels il paroît même fe tranformer ; de mettre un frein à ces derniers , & de les empêcher de s'échapper par une évaporation trop aétive. Lorfque la cuve, ou ma#poirt de chaux, ou n’en a plus que des débris fans pouvoir, il faut bien que ces alcalis reprennent l’afcendant que tout concourt à leur reftituer. La cuve en devient le foyer le plus aëif. La ra- pidité, ainfi que l'abondance avec laquelle ils fe dégagent, aug- mentent, pour ainfi dire, de momens en momens, & ces mêmes alcalis pouvant être regardés, à peu de chofe près, comme le véri- table élément de la fermentatjon putride, il n’eft pas étonnant que celle-ci développe tous ces fymptômes dans les mêmes momens &c avec la même rapidiré. Une preuve bien évidente, que la préfence de fa chaux &z le dégagement de lalcali volatil, font toujours dans le rapport le plus _exaét, c’eft que fi l’on plonge une étoffe dans une cuve médiocre- ment rebutée; on la retire d’un bleu très - caraétérifé, mais fans qu’elle offre d’abord ce que les teinturiers appellent foz verd. Si on-la plonge, au contraire, dans une de ces cuves qu'on nomme à doux, c’eft-à-dire, qui font dans l’état le plus propre pour tein- dre, mais en même temps le plus voifin du cruel accident de la pu- tréfattion, l’étoffe fort infailliblement du verd-pré le plus foncé, offre pas la moindre apparence de bleu pendagg plufieur$ minutes, -& ne bleuit que dansles places où les plis qui reçoivent le con- ta& de l'air. Un des premiers faxiomes de la chymie, étant en même temps que les alcalis, ont feuls la propriété de verdir tout bleit végéral ;'n’eft-il pas. vifible que dans le premier cas , la cuve trop garnie de chaux, ne degageoit pas, au moins ferfiblement, d’al- cal volatil; & que dans le fecond, la chaux étant, au contraire, toute épuifée,. & tout près de laïffer tourner la cuve à létat pu- tride, létoffe y a puifé une quantité prodigieufe Ke volanls, &cten eft reftée verte juiqu'à cerque l'acide de l’airfait eu le temps de s’en faturer ? FICetie prodfétion rapide & défordonnée. d’alcalis volatils ; amenant toujours lavputréfaétion totale de lacuive, c’eft-à-dire , le bouleverfe- ment , la décompofition entiere de tous fes principes , il feroit, fans 110 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, doute, fuperflu d'expliquer plus au long, pourquoi ; après cet accident ; le bain devient méphitique , incolore, fans fleurée. Après les rapports que je viens d'établir entre la chaux & ces cruels ravages, je pen‘e qu'il ne le feroit pas moins de prétendre expliquer de nouveau com- ment elle y remédie. J'ai d’ailleurs configné dans mon premier ouvrage, les obfervations les plus détaillées fur tous fes effets, & je ne pourrois faire ici que les répeter. Du Son. J'ai regardé long-temps le paftel, l’eau & la chaux, comme les feules fubftances néceffaires pour obtenir ce que je crois devoir nom- mer les effets fondamentaux de la cuve. Je penfois que le fon, employé par tous les artiftes fans grande attention, n’en méritoit effectivement aucune; & je fondois mon opinion fur ce que plu- fieurs petites cuves que Jj'avois montées fans leur en donner la plus petite dofe, me paroïffoient offrir au moins d'abord un b'eu auffi vif & auf décidé, Mais des expériences, dirigées uuiquement vers cet objet, m'ont prouvé qu'il étoit d’une utilité prefque indifpenfable, & que fon emploi mieux dirigé, pouvoit en faire un des plus grands agens de la cuve. Le fon le plus exaétement blutté revient toujours une portion de farine, & en eft effentiellement l’enveloppe ou la partie corticale. Ces deux principes, foit qu'on les confidere identiquement, foit qu'on les fépare, me paroiffent agir chacun d’une maniere très-di- redte, & dans le rapport le plus marqué avec les faits que je viens d'établir. La partie mucilagineufe du fon doit s’affimiler d’abord à celle du paftel. Celle-ci ayant dù diminuer, peut-être même être altérée par la fermentation que d@ paftel a commencé de fubir, le mucilage du fon doit refournir la cuve d’un intermede fi. précieux, & sl eft vrai, comme je crois l'avoir démontré, que l’eau n’agit point fur le paftel comme diflolvant, mais uniquement par voie d'émulfion & de combi- naifon, tout ce qui foutient dans la cuve, cette vertu émulfive y joue , fans doute, un rôle intéreffant. La partie mucilagineufe du fon & fa vifcofité contribuent encore à augmenter dans le baïn un certain épaififflement fans lequel les parties celorantes ne fauroient y nager. Leur mouvement & leur cir- culation étant toffjours dans le rapport le plus conftant avec la nature du-fluide, & devenant réciproquement trop pefantes pour y nager & s'y foutenir, toutes les fois que celui-ci devient trop léger, tout ce qui lui communique de la lenteur ou de la vifcofité favorife évi- demment la circulation des atomes colorans. Ceite vifcofñté ne fe 2 sur L’H1IST, NATURELLE ET LES ARTS. x1: rapportet-elle pas. d’ailleurs d’une maniere également frappante , avec ce qui fait le principal but de l’artifte, je veux dire, de déférer ces mêmes atomes colorans dans les pores de l’étoffe, de les y coller & de les y cimenter le mieux qu’il lui eft pofible ? Le dernier avantage que j'ai cru faïfir dans le mucilage du fon, & celui qui paroît avoir frappé le plus les artiftes, eft d’adoucir confi- dérablement le feu de la chaux, de tempérer fon aëétion lorfqu’elle feroit trop vive, & c’eft ce qui prouve qu’il eft très - fage d’en rendre toujours un peu à la cuve lorfqu’on vient de la réchauffer , c’eft-à-dire, lorfque la tranvañon feule y a réparti plus également toutes les parties de la chaux, & lorfque la chaleur les a mifes dans une agitation bien plus violente encore. A l'égard de la partie corticale du fon, quand même elle ne con- tiendroit pas une légere nuance de toutes ces propriétés, fes prin- cipes, même les plus groflers, font encore très-utiles dans la cuve. Ils abforbent une grande partie de cette graifle & de ces fubftances hétérogen:s qu’y dépofent fans ceffe les lames ou étoffes en!laines; ils les précipitent avec eux dans la partie inférieure du bain, ils s’interpofent entre ce mortier fi compaëte que forme quelquefois la pâtée; on peut dire qu'ils le difcontinuent, qu'ils le rendent plus facile à s'ouvrir fous leffort des palliemens ; & de là, cette grande influence que les artiftes lui ont déjà reconnue pour remédær en partie aux inconvéniens caufés par la furabondance de la chaux. Je pafle au quatrieme & dernier ingrédient de la cuve, que je prétends être l'indigo. " De lIndigo. Si quelques perfonnes pouvoient être furprifes que je fifle jouer à Findigo un rôle fi fubalterne ; pendant qu'il paroït fi clairement oc- cuper le principal, & fi on trouvoit que je m’écarte comme à plaifir de ce que les apparences femblent publier, je pourrois fortifier cette affértion , que je crois très-vraie, par une qui a eu long-temps du fuccès quoique très - faufle. Le bleu de paftel a été long- temps le feul connu en France, le feul jugé de bon teint; & lorfque l’indigo y fut apporté de l'Amérique, 1l fut d’abord unanimement rejeité : le Grand Colbert lui-même fut féduit, & il profcrivit le nouveau bleu avec cette chaleur qui l’enflammoit contre tout ce qu'il croyoit abus. Sans vouloir faire revivre une erreur, dont il ne #arda pas à revenir, je crois pouvoir avancer que fi on voulut, en effet, appli- quer immédiatement l'indigo à la teinture, & fans avcun intermede, ou à la maniere du paftel même, mais fans fon concours , ce nou- veau genre de teinture ne dut avoir ni éclat ni dire, &c dut mériter Panimadverfon d’un grand miniftre qui croyoit devoir veiller aux 112 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; arts. L'indigo ou le paftel d'Amérique, très-riche , à la vérité, en parties colorantes, puifqu'il n’en eft qu'un extrait & un dépôt; mais dépouillé par fa fabrication même de tout ce qu'il avoit de plus fixe, de ligneux, de falin, n'étant le produit que de macérations , de tranfvañons, d’exfudations au foleil , ou dans une athmofphere brülante, il eft évident que fa préparation même lui a enlevé tout ce qu'il pouvoit avoir par lui-même de mordant , & de propre à fe fixer fur une étoffe quelconque. Parmi les différentes combinaifons qu’on a inventées depuis, on a donc imaginé celle de le mêler au paftel même & de l’introduire dans la cuve, lorfque celui-ci avoit porté fon premier bleu. L'indigo contenant, indépendamment de fa partie colorante , de l'huile tenue, de lalcali volatil, du fer attirable par l'aimant, ces trois principes analogues à ceux du pañtel, ont fa- vorifé leur union, ils ont dû s’affimiler parfaitement ; mais le paftel contenant encore dans fa partie ligneufe, tout ce dont la nature Vavoit pourvu, a rendu à la produétion américaine tout ce que l’art lui avoit enlevé, l’a refôurni de parties falines, & il en a réfulté un levait colorifique de la plus grande énergie, auffi riche en parties fixes, qu’en parties colorantes , dont les effers ont dù être, par conféquent, auf brillans que folides. : Selon la méthode que je me fuis prefcrite pour toutes les autres analyfes que je projette, Jai commencé par expofer l’hifloire du pañtel , & tout ce que l’analÿfe chymique m’ayoit fourni pour démêler jes principes conftitutifs. J’ar examiné enfuite, comme des combinat- fons entiérement chymiques, toutes celles qu'employent les artiftes,, 8e j'ai tâché d'en fixer le véritable efprit. Je terminerai par expofer deux nouveaux procédés qui ont uniquement rapport à la pratique & à la perfeétion de Part. Javois donné dans mon premier Ouvrage un moyen sûr de rétablir les cuves qu'on nomme rosdes ou reburées par un excès de chaux; mais trouvant ce moyenun peu long, j'ai entrepris l'été dernier, un nouveau travail fur le même objet. Quoique la cuve ne foit fur- chargée alors que par un excès d’alcali fixe, les différens acides minéraux que jy ai jettés, n'ont produit qu'un défordre plus grand encore. Je lai déjà fait entrevoir plus d’une fois ; la cuve du Guefde eft peutêtre la combinaifon la plus délicate que la phyfique puiffe examiner. Tous les effets chymiques n'y font, fi j'ofe dire, qu’en demi-teinte ; & tout ce que je ferois tenté de nommer acide ou alcali décidé , renverfant cette faturation délicate de parties toutes neutra= lifées, 1 ne sexcite qu'une tumultueufe effervefcence , & ce que les artiftes défignent pañdexpreffion triviale, mais bien énergique de cop de pied, M. Hellot indique comme un moyen de dégarnir la cuve. de chaux, SUR L’'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 113 chaux, celui d'y plonger un cylindre rempli de charbons allumés, & ce procédé éleve, à la vérité la chaux prefqu’en nature à la fuperficie du bain; mais , combien de parties précieufes n’enleve-t-elle pas alors avec elle, & combien ne s’en faut-il pas, après un pareil procédé, que la cuve ne foit à fon premier état ? * Quelques perfonnes jugeant, & avec raïfon, que la cuve n'étoit en fouffrance que par une furabondance d’alcalis fixes, ont tenté de balancer ceux-ci en refourniflant la cuve d’alcalis volatils, & y ont verfé de l’urine putréfiée; mais ce moyen peu efficace en lui-même a d’ailleurs le vice fi à craindre d’y dépofer une efpece de levain de putréfa@tion , les fels urineux n’ayant déjà que trop de tendance à fe former, comme je l'ai remarqué plus d’une fois, c’eft jetter la çuve prefqu’infailliblement dans cet accident terrible. L'auteur anonyme qui a propofé des obfervations fur mon analyfe chymique de l’indigo , rappelle que les Guesdrons ont employé plufieurs fois le tartre en poudre pour remédier à la roideur des cuves. Mais, quoique bien moins violent que les acides minéraux, la crudité de cet äcide , fi j'ofe dire, eft encore trop grande pour qu'on puifle l'intro- duire fans inconvénient dans la cuve. Il attaque trop vivement les parties fixes qui font toute la bafe de l’inhérence de la couleur , il fe combine trop direétement avec les alcalis du paftel même ; enfin, 1l forme, un {el trop criftallifé, trop infoluble, & qui retient obftiné- ment fes différentes bafes, lors même que les inconvéniens de la roi- -deur ne fubfiftent plus. _ Au lieu de répéter tous ces procédés vicieux, j'ai donc cherché à compofer une fubftance qui püt réunir tant d’effets moyens , & telle, par conféquent, que la nature n’en offre gueres. Je connoiflois déjà tous les bons æffets du fon fur les cuves rebutées ; mais je foup- connai qu'adminiftré feul, & fans préparatioh, dans la cuve, ou il ne fe furoit pas aflez, ou l’acide qu'il produifoit étoit trop foible, & offroit le défaut inverfe de tous ceux dont je viens de parler. J'ai donc eflayé , au lieu de le jetter à nud dans la cuve, de lui faire fubir d’abord une légere ébullition dans l’eau commune , & j'ai rendu par- -1à le développement de fa partie acide bien plus complet qu’en lin- troduifant à fec dans le bain, c’eft-à-dire, dans un fluide auffi compofé, auffi fpiritueux ,.& fi j'ofe dire, auffi enflammé que left celui d’une cuve rebutée. La faveur acide & fliptique de l’eau me fit connoître en peu de temps, que j'avois éminemment ce que les teinturiers ap- pellent wre eau sûre | & que toute ma quantité de fon étoit parfaire- ment aigrie. Mais je foupçonnai que même alors il n’étoit pas encore au degré précis d’acidité qu’on peut & qu’il faut même produire. J'ai donc étudié les différens agens chymiques, & j'en ai cherché un dont l'acide , bien décidé en lui-même, mais neutralifé par une autre fubftance Tome XI, Part. I. FÉVRIER 1778. P 114 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quelconque, & combiné avec elle prefque jufqu'è faturation, fut balancé , par conféquent, dans fon aétion, & pour ainfi dire, voilé,. par cette feconde bafe. L’alun eft de toutes les. fubftances,, que j'ai examinces , celle qui m’a paru la plus propre à un pareil objet. L’alun: comme on fait , ef compofé d’acide vitriolique, combiné à une très-grande quantité de matiere argilleufe ; on a même cru long-temps que l'acide y étoit à l’état d’une exa@e faturation; mais M. Baumé a démontré le premier que l'acide vitriolique dominoit tant foit peu fur la bafe terreufe, puifquil rougit légérement la teinture du tournefol, le papier bleu, & que fa faveur eft décidément acerbe. Une nuance fi légere d'acide m’a donc paru le point jufte & délicat qui me reftoit à chercher, & bien réfolu de n’en employer encore qu’une petite dofe.. fai commencé l'expérience fuivante. , ai établi le 26 Juin une petite cuve felon mes dofes & mes prin- c'pes ordinaires. Lui ayant laiflé porter fon premier bleu, & m'étant afluré jufqu’au 28, qu’elle étoit dansle meilleur état, j’ai commencé à outrer les dofes de chaux. Comme la cuve alloit toujours en fe re-- froidiffant , l'excès de la chaux ne paroïfloit pas d’abord y produire aucun effet, mais l'ayant remife fur le feu le premier juillet , elle m’a donné, en la ravalant, les fymptômes de la plus grande roideur. J'ai reconnu , comme il arrive toujours, que les veines & l’apparence du bleu fembloient vouloir renaître à mefure que la cuve fe refroidifloit, mais Je me fuis convaincu , en la réchauffant de nouveau, que le chan- gement étoit prefqu'imperceptible, & j'ai eu, à peu de chofe près, les mêmes fymptômes. En même temps que je procédois à ce dernier réchaux, j’ai rempli une bafline de demi-continence de ma cuve avec de l’eau commune, Ÿy ai introduit fix livres de fon , une demi-livre,d’alun , & j'ai allumé deffous un feu médiocre. Comme je n’avois mis fous la bafline qu’une qu'une aflez petite quantité de bois, fans en rendre enfuite, ce feu n’a point {ufä pour amener le mélange à l’ébullition ; mais il lui a com- muniqué une chaleur d’environ 60 degrés , & qui a été à peu près, 33 heures à difparoître. Cette douce chaleur ayant été fufifante pour developper beaucoup mieux que l’eau froide toutes les parties du mé-- lange, J'ai eu au bout de ces 13 heures une eau sûre des plus éner— giques ,. & puifant doucement au fond de la bafline, j'ai commencé à tranfvafer à peu près moitié du fon & de l’alun dans ma cuve. Elle- étoit alors ravalée depuis plufieurs heures, mais fa chaleur étoit encore: d'autant plus vive, qu’elle étoit fecondée par celle de la faifon. Jai remarqué , avant de puifer dans. la baffine , que la furface de l’eau étoit auf blanche qu’une eau de favon, & elle me donna d’abord lieu de croire que toute l’eau du mélange étoit imprégnée de cette couleur. Mais en écartant çette efpece de pellicule avec le vafe qui me fervoit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 115$ à puifer, j'ai reconnu que la partie inférieure de Veau étroit feulement d'un gris fale, & plutôt noirâtre que blanc. Comme le fon avot eu tout le temps de fe précipiter au fond de la bafline ; par le repos dans lequel j'avois laiflé tout le mélange , j'ai obfervé, après avoir puifé très - doucement, qu'il régnoit au-deflus du fon une efpece d’enduit blanc, mucilagineux, beaucoup plus aigre & plus fliptique que le refte du mélange, ayant environ 6 lignes d’épaifleur dans toute l’étendue fupérieure au fon. Telles font toutes les particularités que j'ai remar- quées pour lors dans le mélange du fon & de l’alun. En ayänt mis la moitié dans ma cuve, comme je l'ai dit ci-deflus; je n’ai remarqué aucun changement à l’inftant de l’introduétion du mélange, & J'ai laïflé le tout jufqu’au lendemain matin fans y regarder ; c’eft alors que j'ai vu avec furprife de très -grands changemens. Ma cuve étoit exaétement couverte d’une croûte grisâtre portant un quart de ligne d’épaiffeur , ne cédant qu'avec bruit au rable ou à la main qui la brifoit , infoluble dans l’eau, & ne tombant point en efflorefcence au grand air, puifque j'en ai confervé près d’un mois à l’air libre. Cette croûte enlevée , la fuperficie du bain paroifloit toujours la même, c’eft- à-dire, noire & rebutée ; mais ayant commencé à l’agiter doucement avec le rable , j'ai eu une fleurée bleue & qui fe formoit avec la plus grande facilité. Jai pallié alors à grande force , & lorfque j'ai eu mis en mouvement le fond de ma cuve, j'ai vu que le bain étoit de la plus belle couleur jaune, femé des plus belles veines bleues, aù lieu de quelques veines noires qui avoient été tout le fruit de mes tenta- tives précédentes; enfin, ma cuve ne différoit en rien de celles qui n’ont jamais rien fouffert, finon par une odeur très-aigre & d’un aigre très-piquant. Comme ce changement fi grand n’avoit été que 10 à 12 heures à fe produire, & que ma cuve étoit encore très- chaude, je l'ai abandonnée à elle-même fans aucune manœuvre ni addition. La belle fleurée , les belles veines, la couleur jaune du bain, & fur-tout, l’odeur aigre fe font toujours foutenues. Jai feulement apperçu au bout de 24 heures, que la couleur jaune augmentoit confidérablement ; ue l'odeur même tiroit fur le doux, & ces nouveaux fymptômes difant les plus rapides progrès, elle alloit infailliblement tomber dans la putréfaétion, fi je ne me fufle hâté de lui rendre de la chaux ; preuve, ce me femble, la plus décifive comme la plus complette, que mon mélange s’étoit emparé de tout l’excès de la chaux ; que la cuve étoit entiérement reportée dans le même état, & que fi elle n'eût jamais fouffert , & j'ai droit, fans doute , de puifer ma démonftration dans les vices comme dans les bons effets dont la cuve ordinaire eft fufceptible. Comme je me fuis fait une loi de ne mettreen avant aucure expé- tience que je ne l’aye fuffifamment répétée, j'ai réitéré celle-ci p:ndant Pi 116 OBSERVATIONS SUR EA PHYSIQUE; un mois fur une autre cuve, & jufqu’à ce qu’il me parût plus qu'inutile de le faire. Toute la différence que j'ai reconnue , eft qu'il ne faut pas, à beaucoup près, 12 heures pour que la cuve foit totalement réparée , & fi je l'avois cru d’abord, c’eft parce que je n’ai découvert la pre- miere cuve qu'après cet intervalle. Ayant fuivi les autres expériences d’un peu plus pres , j'ai reconnu que tout le changement étoit fouvent produit en fix heures; que fur des cuves moins rebutées encore, il pouvoit l’être en moins de quatre, & que la cuve demandoit auffi-tôt à être fuivie, comme étant à doux. Un procédé auffi infaillible , auffi peu difpendieux ne me paroif- fant pas exiger qu'on l’appuie par de nouvelles raifons, & d’ailleurs la routine ne fléchiffant fous aucune, je me hâte de pañler aux der- mieres obfervations, que j'ai dit avoir rapport à la perfeétion de l'art. S'il eft quelques fabriques dans lefquelles la réflexion ou le hafard font qu’on n’ajoute pas au bain d’autres fubftances que celles dont nous avons parlé jufqu'ici, il en eft un très-grand nombre dans lefquelles on emploie encore d’autres ingrédiens, & fur-tout, de la gaude & de la garence. Je ne fuis pas le premier qui ait été furpris que deux agens de couleurs aufli oppofées entr’elles, & encore bien plus éloi- gnées de celles du paftel ou de l’indigo, euflent des rapports nécef- laires avec ces deux dernieres fubftances ; on a eu, il y a long-temps, bien des doutes fur leurs véritables effets; mais perfonne n’avoit eflayé de les fixer ou de les difliper pour toujours par des expériences, & c’eft ce qui m'a engagé à tenter celle dont je vais donner le détail. J'ai encore établi, dans le courant du mois de juillet dernier , une petite cuve, de la même contenance que les précédentes, & avec même quantité d’eau, de pañtel, d’irdigo; maïs je n’y ai pas intro- duit la moindre quantité de gaude ou de garence, & au lieu de quatre onces de fon , je lui en a donné environ une livre, Ayant établi cette cuve à midi, je lai pailiée à 6 heures du foir, à minuit, & le lendemain matin à 6 heures. Selon la période ordinaire elle. auroit dû porter bleu à cette époque, & j'avoue que j'y comptois; mais elle s’eft fait encore attendre quelques heures, & elle n’a porté un bleu décidé que fur les onze heures, Soit que le bain füt d’une couleur: moins noire & moins confufe , foit que les veines du paftel fuffent en plus grand nombre & plus diftinétes, j'en ai obfervé une plus grande quantité long-temps avant que la cuve portât bleu; ce qui n'arrive point dans les cuves ordinaires; ces mêmes veines m'ont paru plus la:ges que de coutume, plus longues, & je dois avouer que c’eft, fur-tour, cette derniere expérience qui m'a tant éclairé fur la maniere dont le paftel fe développe. Comme fi javois prévu que le gouvernement de cette cuve feroit plus dificile , je lui ai d’abord donné un peu moins de chaux que je : sur: L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 117 mai prefcrit dans mon premier ouvrage, & cette quantité s’eil trouvée cependant encore trop forte; J'ai reconnu quelques heures après, qu’elle étoit légérement rebutée, & l'ayant abandonnée pendant neuf jours à elle-même fans lui rien rendre, elle étoit encore éloignée d’être à doux au bout d’un fi long efpace; elle teignoit cependant les échan- tillons dans le plus beau bleu qu’elle püt comporter ; la fleurée elle- même étoit plus vive, plus nette que de coutume, & les veines étoient toujours bien diftinétes que dans les cuves ordinaires, La grande difpofition qu’avoit cette cuve à la roideur, prouve, fans doute, & indique le feul avantage que la gatence puiffe produire, Si elle ne communique point de fixité, puifqu’elle en manque elle-même, & qu'il faut lui unir beaucoup de mordans, pour pouvoir en tirér parti, elle paroït fournir dans la cuve un furcroit de mucilage , qui adoucit beaucoup le feu de la chaux, & qui agit à la maniere des fub- flances auxquelles nous avons déjà attribué cet effet. Mais étoit-il donc impoñlible de produire les mêmes avantages par quelque autre fubftance incolore? Ne peut-on reétifier une préparation deftinée à produire du bleu qu'en lui en combinant une, dont le rouge le difpute à celui de la cochenille même; & faut-il, pour neutralifer les mordans, neutra- lifer la couleur même qu'on cherche, c’eft-à-dire, proprement, appli- quer le pinceau d’une main & l'éponge de l’autre, “it : Perfuadé d’abord que je ferois obligé de remplacer les parties adou- ciflantes de la garence pr d’autres; mais qui entiérement dénuéts de couleur ne pourroient tenir celles de lindigo, je fus tout prêt d’in- troduire dans la cuve une forte décoétion d'huile de lin fraiche & bien pourvue de toutes fes parties onâueufes : mais ayant continué encore pendant quelque temps à fuivre ma petite cuve, j’ai reconnu que fes effets ne le cédoient en rien à ceux des cuves, dans lefquelles on a introduit de la gaude & de la garence, que fon bleu étoit tout auf regace; qu'il n’étoit que plus vif, & je me fuis décidé à y ajouter feulement quelques onces de fon, qu'il faut remplacer par autant de livres dans le travail en grand. L’occafion plutôt que le défir d’augmenter ma certitude furgce fait m'a engagé quelques femaines après à répéter cette expérience dans le plus grand, & j'en ai fait l'application à une grande cuve qu’on étoit prêt d'établir. Je lui ai fait donner tous fes autres principes dans les dofes accoutumées, mais j’en ai retranché fcrupuleufement lagaude ainfi que la garence, & j'ai triplé la quantité ordinaire du fon. Le développement de cette cuve , en tout femblable à celui de la petite, a été plus lent que dans les cuves ordinaires. Elle n’étoit pas encore venue au bout de 20 heures ; mais peu de temps après, à la grande furprife , je l'ai prefque dit, malgré les vœux de mon propre Guesdron, cette cuve a porté le plus beau bleu, & comme je ne l’ai garnie de 118 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; chaux qu'avec beaucoup de précaution, elle s’eft trouvée en état de teindre au bout de dix heures. Je craïignoiïs d’abord que ce changement fi favorable à la vivacité dû bleu, le füt moins aux draps deftinés à être recouverts enfuite par la teinture en noir; mais je n'ai pas tardé à revenir de cette crainte, & la même cuve en a teint avec fuccès plus de cent pieces depuis trois mois. L'auteur anonyme, dont j'ai déjà parlé plufeurs fois, me demande dans une de fes objeétions, pourquoi j'ai ajouté du fucre candi dans le brevet que j'indique pour réparer les cuves en foie. Je fuis furpris qu'ilne m’ait pas demändé plutôt pourquoi je prefcrivois d'ajouter de la gaude & de la garence, en établiffant la cuve en laine. Cette queftion auroit eu un peu plus de fondement , & je lui aurois certaine- ment répondu avec franchife , que j’étois à peu près de fon avis. Mais, tel eft le point dont les hommes s’enorgueilliffent tant dans les arts. Ils ont à peine trouvé de quoi pourvoir à la moitié de leurs befoins, & ce peu d'arts qui exiftent, fourmille encore de procédés fuperflus. Auffi, je ferois tenté de dire que leur premier pas, ou plutôt leur premier, âge, fera de remédier à tous les inconvéniens qui exiftent ; mais que le fecond fera d’épurer ces remedes même. En travaillant fous ce double point de vue, ceux qui fe dévouent aux arts feroient de bien plus grandes chofes avec plus de modeftie; & dans chaque dé- couverte, après s’être occupé de ce qu'il falloit trouver, ils penferoient encore à ce qui auroit peut-être dû ne l'être jamais, sur L'HiST. NATURELLE ET LES ARTS. 319 hip "ON SE De M. SENEBIER, Bibliothécaire de la République de Geneve, aux OBSERVATIONS de M, MOLLERAT DE SOUHEY , Médecin ordinaire du Roi. Le choc des idées eft très-propre à faire éclater la vérité. C’edt de la difcuffion qu'il entraîne, & des réflexions qu'il produit, qu'on a vu fouvent germer des théories folides, comme ce font les. traits de lumiere qu’il répand qui ont quelquefois détruit des fyftêmes hafardés, ou qui ont corrigé ce qu'ils pouvoient renfermer de vi- cieux. La critique philofophique fait fermenter lefprit, & des qu’elle ne volatilife pas entiérement les ouvrages qu'elle analyfe , elle précipite au moins le fédiment groffier qui en troubloit la tranf- parence, & elle fixe la valeur de ceux qui peuvent fupporter fes épreuves. J'ai été, fans doute, charmé des obfervations que M. Mollerat de Souhey, médecin ordinaire du roi, a faites dans le Journal de Phyf- que du mois 1777, à l’occafñion de mon fecond Mémoire fur le phlogiftique, publié dans le Journal de Phyfique pour le mois de février de cette même année; & j'ai cru devoir lui en témoigner ma reconnoiffance , en lui montrant l'attention particuliere avec laquelle je les ai lues, Après avoir examiné avec foin mon fecond Mémoire, je me fuis afluré que les obfervations de M. Mollerat nattaquoient point ma théorie, mais feulement deux ou trois articles de ce Mémoire, & fur-tout le troifieme paragraphe de la page 98 : & une propoñition du troifieme paragraphe de la page 107 : mais je me crois toujours fondé à perfévérer dans mon opinion, & je le dis avec la même maiveté que j'aurois avoué mon erreur, fi je l’avois commife , ou fi favois pu m'en appercevoir. Je ne dirai rien de quelques qualifications vagues que l’obfervateur s’eft permifes dans le premier paragraphe de fes obfervations. Je commencerai par l’examen d’une des dernieres affertions de M. Mollerat, parce qu’elle eft étrangere à la difcuflion des autres obfervations qui paroiflent avoir plus de liaifons entr’elles que: celle 120 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; : ci; parce qu'elle me paroît plus tranchante, & que je la crois fans aucun fondement. L'obfervation, dit-il, en parlant de ce que J'avois énoncé, fur une propriété de l'acide nitreux , mwefl pas Jufle ; lorfqu'on avance qu'il eff celui de tous les acides qui a le plus d':ffinité, avec le phlogifhque. Il efl démontré que l'acide virioligue poffede cette qualité au fupréme degré, jufqu'a paroïtre concret fous la forme de foufre commun. Il eft très-certainement démontré que l'acide vitriolique a une très-grande affinité avec le phlogiftique, mais il ren réfulte pas né- ceflairement que l'acide nitreux ne puifle avoir, une afhuité encore plus grande avec lui : la formation même du foufre par la combinaïfon de lacide vitriolique avec le phlog'ftique, n’aflure point a lacide vitrio- lique une affinité plus grande avec le ph'ogiftique que celle que l'acide nitreux peut avoir avec lui; car fi l’on plonge un charbon qui brüle dans l’acide nitreux fumant & bien concentré, il s’opere une forte dé- tonation & une violente inflammation ; le charbon brûle avec l'acide nitreux qui le couvre, & il s'éteint lorfqu'on le plonge dans l'acide vitriolique. Ce procédé fournit un foufre nitreux, compolé de acide ni- treux & du phlogiftique, & ce foufre eft extrêmement combuftible. Outre cela, l'acide nitreux détruit la plupart des corps. offerts à fon action, en s’emparant de leur phlogiftique après les avoir diffous en- tiérement : au lieu que Pacide vitriolique agit ÉRREUCE plus lentement, en s’emparant d’abord de leur eau, en dégageant leur air, &: en chan- geant en charbons les corps expofés à fon aétion. L’acide nitreux s’enflamme avec les huiles, ce qui n’arrive pas à l’acide vitriolique mêlé avec elles ; la volatilité de l’acide nitreux eft confidérable- ment plus grande que celle de lacide vitriolique; fa couleur, fon odeur, fon inflammabilité Formes annoncent que l'acide nitreux poffede effentiellement une plus grande quantité de phlogiftique que lacide vitriolique. Stahl & plufieurs, autres chymiftes célebres , croient que l’acide nitreux ne differe de lacide vitriolique que parce que le premier contient beaucoup plus de phlog: ftique ; :l a mème une telle affinité avec le phlogiftique, qu'il sen furcharge dans les diflolutions métalliques, comme dans celles du zinc de l'érain; mais alors le phlogiftique ne lui eft que bien foiblement attaché. Enfin, ce qui eft viétorieux, c’eft que l'acide nitreux a la propriété d’en- lever & de détruire promptement les maïieres inflammables qui co- : lorent l'acide vitriolique , comme M. Baumé le fait voir dans fa Chymie , Tome I, page 290. Au refte, tous les chymiftes s’accor- dent pour attribuer! à l'acide nitreux une plus grande affinité avec le phlogiftique, que celle de l'acide vitriolique avec ce dermier : les faits que j'ai rapportés ne peuvent laiffer aucun doute fur cette ma- tiere; mais ils me portent à pres M. Mollerat ‘de faire part au public sur L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘121 public des expériences qui détruifent les faits que je viens d'établir, & qui ont donné naiffance , fans doute, à une opinion fi contraire à celle qui eft univerfellement reçue. Pour éviter toutes les difficultés qui pourroient naître de l'obf- curité des termes, & pour difliper les ténebres qui paroiflent couvrir divetfes obfervations de M. Mollerat fur une partie de mon Mémoire, je crois qu'il faut d’abord convenir que, quoique tous les corps foient compofés des mêmes élémens , ils ne font pas tous cependant femblables, Les différences qu’on obferve entr'eux, font l'effet de leur combinaifon, de la liaifon de leurs parties, de la dofe de chacune, &c. Ainfi, le phlogiftiqu, qui eft une partie effentiellement conftituante de tous les corps, n’y produit pas les mêmes effets, parce qu'il abonde plus dans les uns que dans les autres, parce que fa combi- naïfon avec les autres parties du corps, y ef plus où moins in- time, Éc. Il me paroît encore que M. Mollerat a conftamment confondu dans fes obfervations, l’eau qui fe trouve dans les corps, un pur phlegme, avec l’eau qui eft eflentielle aux acides, & qui fait-une partie de leur compofñtion; d’où il réfulte qu'il s’eft au moins trompé en apparence, quand il parle en divers endroits de l'union de l’eau avec Le phlogiftique ; il eft clair que le phlogiftique s’unit à leau- principe des acides, par l'intermede des autres parties conftituantes de l'acide; mais on ne peut pas imaginer que ce foir par une affinité particuliere de l'eau avec le phlogiftique; c’eft donc une inexaétitude que de dire, cette fumée qui s’exhale d’une chandelle éteinte , & qui s’en- flimme de nouveau lorfqu’on l’oppofe à la flamme d’une autre chan- delle, à la diftance même d’un pied, certe fumée n'eft que du phlogiflique mélé avec l'eau qui fert de conduéteur à la flimme, &c. Le fut qui contient beaucoup d’acide, contient aufli beaucoup d’eau-principe , &c les autres parties de cet acide , deviennent l’interméde qui unit le phlo- giftique avec les parties de l’eau-principe que cet acide très-fort & abondant , doit contenir. Je fuis fâché que l’auteur des obfervations n’ait pas fuivi les excellens , cours de chymie qu'on fait à Paris; & qu'il nait pas pénétré dans les lboratoires de MM. Rouelle, Macquer & Baumé, ou dans celui de M. Tingry , favant chymifte & démonftrateur à Genêve , il auroit perdu bien des.préjugés dont il paroît imbu, il auroit vu des opérations qu'il croit uniquement entre fes mains, & il en auroit appris une foule d’autres qui l'auroient éclairé fur diverfes chofes importantes pour la matiere dont il s'occupe. E Il eft fans doute bien poflible , comme M. Mollerat l’obferve , * qi'un trs-petie nombre d'expériences ne n'ait pas affex éclairé fur la nature ‘de l'acide. Vavois cependant devant moi la plupart des expériences Tome XI, Part. I, FÉVRIER 1778. \ 122 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu’on a faites, & mes Mémoires font fuppofer que j'en ai fait encore un très-grand nombre, Cependant, je fuis bien éloigné de croire avoir fait toutes les expériences & toutes les recherches néceflaires pour approfondir la nature de l'acide; je crois même qu'il eft aflez vrai- bebe qu'on ne parviendra que très - difficilement à en avoir une connoiffance complette. Plus les êtres font fimples, & plus ils font difficiles à pénétrer; mais on en fait aflez pour être sir que les acides font compofés d’eau, de phlosiftique, & d’une matiere terreufe ; fi je n'ai pas donné dans mon Mémoire cette définition de l'acide, c’eft parce que je l’ai cru parfaitement inutile; les définirions généralement reçues, & qui fe trouvent par-tout, tiennent toujours lieu de celles qu'on ne fait pas. Cependant, quoique Jj'admette cette définition , & quoique je Paye toujours admile, je fuis bien convaincu que M. Mollerat fe trompe, quand il croit que lacide nef point une chofe diffinéle du phlogiflique, puifqu'il efl lui-même acide, Ces deux principes font cer- tainement différens & par leurs combinaïfons &c par leurs effets, & je le dis avec une aflurance d’autant plus ferme, que j'aurai peut - être paru plus rapproché des idées de M. Mollerat, puifque dans la page ro1 de mon Mémoire inféré dans le Journal de Phyfique pour le mois de février, je faifois connoitre, & je perfifte à le croire, que le phlo- giftique étoit l'élément du feu combiné d’une maniere particuliere avec un acide. Il eft au moins certain qu'il n’y a aucune matiere fortement phlo- giftiquée qui ne contienne un acide aflez développé, comme je l’ai ‘déjà fait voir dans mon fecond Mémoire ; mais j’obferverai qu’on doit le trouver même dans les métaux , puifque cet acide du phlogiftique s’apperçoit facilement dans le charbon & les matieres grafles qu’on em- ploie pour réduire les chaux métalliques. Si les acides ne font pas diftin@s du phlogiftique lui-même , comme le prétend M. Mollerat, ils réduiroient les chaux métalliques comme le phlogiftique; cependant, loin de réduire les chaux métalliques, & de leur rendre la qualité de métal en leur rendant le phlogiftique qu’elles avoient perdu, ils changent les métaux en chaux, & ils ope- rent fur eux les mêmes effets que la calcination, ce qui efl un effet abfolument contraire , & ce qui fuppofe au moins une caufe très- différente. Tandis que le phlogiftique eft le même dans tous les corps & dans toutes les combinaifons, l’acide eft extrêmement variable, les® mêmes acides attirent le phlogiftique en raifon de leur concentra- tion, & peut-être de la quantité de phlogiftique qui eft combinée avec eux ; il paroît au moins vraïfemblable que l’acide nitreux s’unit au phlogiftique avec le plus de force , parce qu'il en. contient Ja ‘plus grande quantité, & que l’acide marin ne réfifte peut-être à cette < suR L'HisT. NATURELLE ET LES ARTS. 123 union, que parce qu'il eft déjà faturé de phlogiftique. Enfin, tous les chymiftes les plus fameux, Bécher, Stahl, Juncker, Macquer, Baümé, s'accordent à obferver dans les faits, l’union étroite de quelques acides avec le phlogiftique; mais ils s'accordent auf à re- connoître que l’acide & le phlogiftique, font deux principes effentielle= ment différens. Enfin, deux corps compofés des mêmes élémens , pourroient être des corps abfolument différens, une combinaifon différente des mêmes _ corps, dont les dofes varieroient , donneroient naïflance à des compofés très-différens ; le vin & l’éther ne font pas certainement des compofés femblables, quoique le premier contienne le fecond ; mais la grande diminution de l’eau & la grande concentration du phlogifique, en font les différences les plus remarquables. Malgré Ja force de mes raifons, & fur-tout, malgré la certitude des faits que j'ai cités, je pourrai craindre encore que mes principes, ou plutôt ceux de la plupart des chymiftes , ne fuflent renverfés par la décompoñition des acides, que M. Mollerat annonce comme une découverte qui lui eft preique particuliere; mais la décompofition des acides n’eft pas abfolument inconnue ; on voit dans tous les laboratoires lation des huiles fur les acides ; aufl, finggépéter le détail de l'opération , je dirai feulement , qu'après plufieurs diftil- lations on parvient à m'avoir que de l’eau & de la terre, & l'on fait bien que le principe inflammable a difparu. Il feroit, fans doute, À fouhaiter que cette décompofition füt aflez exaéte pour pouvoir prefcrire les moyens de recompofer l'acide ; mais c’eft peut- être ce que M. Mollerat fait efpérer, & ce que je l'invite fort à faire connoitre. Je n’ai pas pu me faire une idée claire de l’obfervation de M. Mol- lerat, contenue dans le quatrieme paragraphe de la page 143 du Journal de Phyfique ; il s’occupe du foufre & il conclut encore de ce qu’il dit fur ce minéral, que l'acide & le phlogiflique font des prin- cipe femblables; j'en ai, fans doute, déjà dit aflez pour me dif- penfer de l'examen de ce nouvel argument; mais il m'a femblé que l'auteur n’avoit pas fait aflez attention à cette condition néceffaire pour produire le foufre; c’eft qu'il falloit que l'acide vitriolique &c le phlogiftique fuffent réduits au dernier degré de concentration , de forte qu'il ne peut y avoir d'autre eau dans cette combinaifon que celle qui eft un principe eflentiellement conflituant de l'acide vitriolique. Je crois encore que l'idée de certe verre fubrile qui fe volatilife par Phumidiré de l'air pendant la combuflion, eft une idée obfcurément exprimée, fi elle n’eft pas abfolument faufle. Je penfe de même fur ce phlogiflique qui furabonde dans le Joufre commun qui …f tout yolail, & qui n'efl point accompagné d'une Fo pour le 1] 124 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,.. retenir ; mais fi le phlogiftique du foufre eft fi volaul, pourquoi le foufre ne fe volatilife-t-il pas par l’aion de l'air ? Pourquoi ne fe fépare-t-il pas de l'acide vitriolique dans les vaifleaux clos expofés au feu ? Enfin, cette terre fubtile à laquelle le phlogiftique eft joint dans le foufre, qui vient, fans doute , de l’acide ‘vitriolique & qui eft, peut-être, par fa fixité, la caufe de la fixité de cet acide, ne feroit- elle pas une bafe fixe qui l’accompagneroit ? Mais quand tout cela pourroit être, quand même encore il feroit vrai que la combuftion du foufre opere l'évaporation du phlogiftique; que ce phlogftique a une affinité particuliere avec l'acide vitriolique ; que ce phlogiftique même s'attache fi fortement à cet acide, qu'il le volatilife , je-ne puis pas concevoir comment M. Mollerat peut en eonclure, que l'acide vitriolique & le phlogiftique foient fans aucune diftindion ; car fi l'acide vitriolique n’eft pas diftinét du phlogifti- que, pourquoi faut-il laddition du phlogiftique pour volatilifer Vacide vitriolique ? pourquoi, en fuivant les principes de l’auteur des obfervations, le phlogiftique ne volatilife-t-1l l'acide vitriolique du foufre que lorfque la combuftion eft rapide? pourquoi, lorfque la combaftion eft lente a-t-on feulement un acide fulphüreux, dont da volatilité eft proportionnelle à la lenteur de la combuftion ? & Es urqu OM volatilité de l'acide fulphureux prive-t-elle cet acide de on phlogiftique ? On ne peut fe le diffimuler ; l'acide vitriolique & le phlogiftique , qui font deux principes différens, forment par leur union, une combinaifon nouvelle qui eft bien différente de l'acide vitriolique feul qui eft très-fixe , & du phlogiftique qui eft extrême- ment volatil; mais ce mixte, qui partage les propriétés de tous les deux; fera d'autant plus volaul, qu'il contiendra une plus grande portion de phlogiftique. Il y a même plus, en fuppofant encore ,: avec M. Mollerat & avec moi, que le phlogiftique fût un acide combiné avec l’élément du feu, il en réfulteroit plutôt un acide nitreux qu'un’ acide witriolique, comme les expériences s'accordent à le prouver, & comme je lai obfervé’ dans mon troifieme Mémoire, page 367. L'acide vitriolique ne differe , peut-être de l'acide nitreux que par la plus grande quantité de phlogifique, que celui-ci contient, & par le degré de fon adhérence; ceci paroît , au moins , par la forma- tion du nitre, qui eft le produit d’un acide combiné avec le phlo- giftique qu'on unit à un alcali; car l'inflammation du nitre l’alcali- ° hfe complettement en le privant de fon acide phlogiftiqué. Un acide fulphureux combiné avec un alcali, pourroit, je crois, donner un vrai nüre; on fait, au moins, quelles font les analogies nom- breufes de l’acide vitriolique fulphureux avec l'acide nitreux. M. Pietchs, dans une Differtation couronnée par l'académie de Berlin, dit qu'il a « . V+ ! : Sur L’'H1ST: NATURELLE ET. LES ARTS, 125$ produit du nitre en uniflant l'acide vitriolique à lurine fur une pierre calcaire. Enfin, j'ai lieu de croire que dans les temps calmes , l'air des grandes villes eft plus chargé d’acide nitreux, que l'air des - campagies éloignées; parce qu'il y a moins d’exhalaïfons putrides propres à former l'acide nitreux; mes expériences me le font, au moins, prélumer d’une maniere bien forte. I1 me fembleroit même très-probable que fur les montagnes élevées, & dans les lieux où la végétation finit, on n’y trouve, peut-être qu'un acide fulphureux , parce que les exhalaifons putrides ne s’élevent pas jufques-là pour le changer en acide nitreux, & parce que l'acide nitreux eft trop pefant pour parvenir à ces hauteurs. Les obfervations que fait l’auteur de la critique de mon Mémoire, fur, la, caufe de, la différence des acides & de leurs odeuts, ne me pa- rOïffent pas mieux fondées ; il attribue cette différence à la quantité de terre fubtile qu'il unit au phlogiftique qui conftitue l’effence de l’acide avec l'eau-principe; mais la terre qu’il dépeint eft l’élément de la terre, c'eft-à-dire, un principe purement pafüf par lui-même , qui n'a aucune influence fur les. propriétés fenfbles des corps, qui pourroit feule- ment modifier l’intenfité de leur ation, mais qui ne fauroit en pro- duire une particuliere. Outre cela, on eft forcé de reconnoître que le phlogiftique eft le principe des odeurs & des faveurs, & qu'il eft aufñ celui des qualités de quelques acides. Il eft encore évident que tous les corps chargés de- phiogiftique ont une odeur qui leur eft Propre, & que fa force varie fuivant la quantité du phloaiffique qu'ils renferment. L’odeur de l'acide nitreux devient pénétrante en raifon du degré d2 fa concentration; l'acide vitriolique bien concentré eft inodore & fixe, tandis qu'il acquiert une odeur très- forte & une grande volatiité, lorfqu’il eft rendu fulphureux par Paddition du ph'o- giftique, Mais les odeurs, confidérées fous ce point de vue, me four- niront la matiere d’un Mémoire particulier. Je ne faurois finir cet examen fans faire appercevoir quelques inexséituces dans les obfervations de M. Mollerat qui pourroient le tromper en trompant les autres. Il dit, par exemple, l'acide virriolique où Julphureux eff compofe d'une plus grande quantité de phirviflique que Les autres acides. L'auteur fidele à fes principes s’aveuzle ici fur les faits; car, 1°. 1l croit que l'acide vitriolique eft plus chargé de phlosiftique que les autres acides ; mais j'ai déjà prouvé le contraire au commen- cement de cette réponfe; j'ajouterai feulement ici que, quoique Vacide nitreux, qua: d il eft aqueux , puifle fe challer d'une plus grande quantité de phlopiflque que lecide vitriolique; cependant, ; il n'y a pas entre l'acide nitreux phlogiftiqué &. celui qui ne left | pas, cette différence confidérable qu’on obferve entre l’acide fulphureux volatil & l'acide vitriolique; d’où il réfulte clairement que l'acide 126 OBSERVATIONS SUR LÀ PHYSIQUE; nitreux eft naturellement beaucoup plus chargé de phlogiftique ; puifqu'il reflemble fi fort à l’acide nitreux phlogiftiqué. 3°. L'auteur confond, ou regarde comme femblables , l’acide vitriolique & l'acide fulphureux, dans un moment, fur-tout, où cette diftin&ion auroit montré le côté foible de fon opinion; cependant, la différence de ces deux acides eft très - confidérable, puifque l’un eft tres-fixe &z l'autre très- volatil, puifque l’acide vitriolique en devenant fulphu- reux acquiert une odeur & une couleur qu'il m’avoit pas; puiique le contat des corps phlogifliqués rend fulphureux-volatil Pacide vi- triolique; enfin, puifque lacide vitriolique, qui eft Le plus fort des acides, devient le plus foible des acides minéraux , auand il eft fulphureux , & puifqu'il peut alors être féparé facilement par l'acide vitriolique des terres abforbantes & des alcalis fixes auxquels on peut lunir. On doit favoir gré à M. Mollerat des efforts qu'il a faits pour carac- térifer les acides par la nature & la quantité de la terre qu'il en re- tire; mais je fuis forcé de douter du caraétere qu'il donne à la terre de l'acide nitreux. L'acide nitreux , dit-il, contient beaucoup moins de cecte terre fubtile, elle y ef? d'un rouge fort intenfe qui Je manifefle lorfqu’on La recire de cet efprit par La diflillation. W n’a pas remarqué que la rougeur de cette terre étoit due au fer; cepencant , il auroit pu s’en convaincre , en obfervant que cette terre étoit d’autant plus rouge, que l'acide nitreux étoit traité par des matieres qui contenoient une plus grande quantité de fer; aufli, je foupçonnerai que l'acide nitreux de M. Mollerat avoit été traité par le colcothar. Stalh avoit remarqué que le fublimé corrofif, fait avec une livre de nitre mercuriel & une livre & demie de fel marin décrépité, a toujours une couleur rouge, Il ne faut pas même fublimer le mélange pour lui donner cette cou- leur ; une fimple trituration peut la produire, Stahl, n’avoit pas ap- perçu la caufe de ce phénomene , qui femble indiquée & qui eft confirmée par l’expérience. On découvre bientôt que cette couleur rouge eft l'effet du fer contenu dars l’acide nitreux & emporté dans la difillation : car, fi l’on fait fublimer de nouveau cette mafñle , elle devient blanche, mais le fer fe trouve dans le fond des vaifleaux fu- blimatoires; d’ailleurs, fi l’on prend cette mafle rouge ; fi l’on en fait une pâte avec de Fhuile, & fi on la traite au feu, le réfidu en fera totalement attirable par l’aimant, Je m'arrêtes, ...... je crois avoir fuflifamment fait connoître les taifons qui m'empêchent d'admettre les principes de M. Mollerat; il me feroit inutile d’analyfer les autres détails dans lefquels il entre. J'aime la vérité comme M. Mollerät , il a voulu garantir le public de l'erreur en attaquant mes principes, & peut-être m'inftruire moi-même fur cette matiere importante ; je lui dois de la reconnoiffance pour SUR L’HIisST. NATURELLE ET LES ARTS. 127 fes efforts ; mais J'ai dû limiter dans fes intentions. C’eft pour cela que j'ai examiné fes principes qu'il veut oppofer aux miens. J’ofe me flatter qu'il ne me faura pas mauvais gré de cet écrit qui eff le premier, & qui fera , comme je l’efpere, le dernier , où je défendrai mes opi- nions. On prend fon temps, pour Pordinaire, à difputer; quelquefois on amufe les fpeétateurs, mais on ne les éclaire pas; la difpute eft le plus mauvais moyen de s’inftruire foi-même , on combat alors pour foi, & on oublie la vérité dont on croit être le défenfeur ; la vé- rité pour le phyficien eft moins dans fes difcours que dans la nature, à moins qu'il ne peigne la nature dans fes difcours, comme il l’a obfervée dans fes effets. NP EUR Es NC: ES Sur les TUBES CAPILLAIRES. + SECTION: PREMTERE. Par M. DUTOUR, Correfpondant de L'Académie des Sciences. 1. À PRÈS avoir fait en divers temps un aflez grand nombre d’expé- riences fur les tubes capillaires , j’ai depuis peu fait attention combien il feroit important, & entrevu qu'il ne feroit peut-être pas impoñble de déterminer le poids des colonnes des fluides quelconques qui peuvent y être foutenues, & conféquemment, le rapport de leurs diametres, L'épreuve en a été faite. Deux tubes capillaires, dont l’un I contenoit une colonne de mer- cure de 21 ; lignes, & l’autre € une colonne du même fluide de 23: lignes, ont été pelés féparément : ils ont été enfuite pefés vuides l’un & l’autre , & encore à part. Les poids des tubes étant déduits , il s’eft trouvé que la colonne de mercure, de 25: du tube 1, pefoit 8 à grains & celle de 23 ; lignes du tube C, pefoit 4? grains. Les mafles font ici entr'elles dans la raifon des quarrés des diametres des colonnes, multipliés par leurs longueurs, Soit D le diametre de tube I; & 4 celui du tube C, 128 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LL _] boss Dear Dora, vob z + me 3 Dès-lors D :.d : : — : — :: 0. 408 : 0. 202 ; 215}:233 — En CP TO 20 sn CC DTA Le On a donc le rapport des diametres des tubes [ & C, qui eft celui de 202, à 142. 2. Quoique dans un tube capillaire, plongé aufli avant qu’on voudra dans du mercure, ce fluide s’y tienne toujours au - deffous du niveau , il peut, n’y étant point plongé, foutenir , difpofé vertica- calement , une colonne ifolée de ce fluide, & d’autant plus haute qu'il eft plus étroit. 1 Pour connoître la hauteur de la colonne de mercure, qui peut refter fufpendue dans un tube capillaire quelconque, on commence par y en introduire une certaine quantité. Si la colonne gliffe dans ce tube tenu verticalement, on en Ôte un peu. Si elle n’a pas gliflé, on en ajoute. On revient ainfi à de nouvelles épreuves, & on tient toujours note des hauteurs de ces petites colonnes. Enfin, à force de tâtonnement, on parvient à trouver le maximum de la hauteur de la colonne de mercure que ce tube peut foutenir. 3- Il a été conftaté par ce moyen, que le tube I pouvoit foutenir une colonne de ce fluide de 3 3 lignes , & le tube C, une de 4 : lignes. Puifque dans le tube 1, le poids d’une colonne de mercure de 21 $ lignes eft de 8 À grains, & que dans le tube C, celui d’une colonne de 23: lignes eft de 4 % grains, la colonne I de 3 à lignes devoit pefer 1.33 grains, & la colonne C de 4 3 lignes. ...:.... 0.93. grains. C’eft ainfi que peuvent être déterminées le rapport des diametres de deux tubes capillaires, & celui de leur force à l'égard du mercure, c'eft-à-dire, le poids des mafles refpeétives de ce fluide qu'ils font capables de foutenir. 4. À l'égard des autres fluides dont les pefanteurs fpécifiques font fi difpropprtionnées à celle du mercure, vainement aurois-Je tenté d’afligner, à l’aide du trébuchet , la trop petite différence des colonnes retenues dans les deux tubes C & I. Mais il pouvoit y être pléé , dès que le rapport de leurs diametres étoit connu. Il fufifot@/d’avoir de plus les hauteurs des colonnes fufpendues, pour parvenir à en conclure les poids refpeétifs. Il n’y a, comme on fait, qu'à préfenter l’orifice d'un tube ca- Pillaire, déjà un peu humide en dedans , à la furface de l’eau, pour qu'il s'y en éleve une colonne à toute la hauteur qu’elle pe erver | suR L’HisT. NATURELLE ET LES ARTS. 129 fetver après qu'il en a été retiré, & quine peut être alors plus grande, ® fi les rebords de fon orifice inférieur reftent un peu humides, mais - qui pourroient l'être davantage, fi on les avoit auflitôt efluyés & rendus bien fecs (1). .s. Les tubes I & C, lorfque les rebords de leurs orifices inférieurs reftoient légérement mouillés, ne foutenoient le premier qu’une co- lonne d’eau de 15 lignes ; le fecond, qu’une colonne de ce fluide de 21 lignes, _3 Puifque dans le tube [, une colonne de meréure de 3 à lignes pefe 1.33 grains, une colonne de mercure de 15 lignes y peferoit 6.13 grains. Et de même, dès que dans le tube C une colonne de mercure de 4 à lignes pefe 0.93 grains, une colonne du même fluide y peferoit 4:24 grains. 3 Or, 6.13 grains de mercure, multipliés par 1000, pefanteur fpéci- fique de l’eau , & divifés par 13593, pefanteur fpécifique du mercure, donnent pour le poids de la colonne d’eau, fufpendue dans le tube I, 0.451 grains. Et 4.24 grains de mercure, multipliés par ?, donnent, pour le poids de la colonne d’eau du tube C, 0.312 grains. 6. J'ai fait ufage des mêmes procédés à l’égard des colonnes, tant de vin que d’efprit de vin, foutenues dans ces tubes C & I; & on en a dans la Table fuivante les rélultats joints à ceux dont je viens de parler, par rapport au mercure & à l’eau, & à d’autres qui concernent un troifieme tube H, dont le diametre & les forces ont été pareillement déterminés. Dans ce tub2, le poids d’un cylin- dre de mercure, de 21 ; lignes, eft équivalent à 1 + grains. Dès-lors, Fe diametre HF, eft à celui du tube I dans le rapport de 0.99 20.2 ° PURÉE MAI.ECRYEL ET" AVBYL E: a — ———————— —————— —————— — ——————— ————— "TT Tubes. Diam. |\Pour le Mercure.| Pour l'Eau. Pour le Vin. |Pour l'efprirdevin. Mafes. |Colonnes.| Maffes. |Colonnes.| Maffes. |Colonnes.| Maffes. | Colonnes. gr. s lig. gr. lig. gr. Lig. gr. lg. 33 |o.451 | xs 0.286 |- 10 | 0.156 | 6 C 14.2 | 0.93 43 |o.312 | 21 0.196 135 | ©.102 8 H 9.0 0.203 | 33+ |o.131| 23 |o.o72 | 13 (1) Voyez l’Appendice. Tome XI, Part. I, FÉVRIER 1773. R 130 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 7. Comparons à prefent chacun de ces trois tubes avec les deux autres , relativement aux rapports de leurs diametres & à ceux des maffes de ces fluides, qu’ils font difpofés à retenir fufpendues. SECONDE TABLE. RM RD NUE CRT D NT PR TE Tubes. Rapp. des diam. Rapp. des males. - C 142 034 142 ni en, + + Dhs — 303 Pour le mercure. C 24e - 372 — ‘#4? pourleau n 202 V0 ANUS OO < C RS otianer 196 _* T42 pour le vin. T 202 2SCN MAN LOT Le LA At enelt e Le 742 Pour l'efprit de vin... Ï 202 : 156 201 H RME A ue Pour le mercure. C 142 H CT it e URE M Poirl ee ce 142 314 138 H ste ph Te = _92 Pour le vin. € 142 T 96 13 4 ” Er ENE ut RES 6 pour lefprit de vu. € 142 102 127 o L H LAN ee Pour le mercure, : Ë 202 H o “107 o ca EPL Rae EN cer rl 29°: pour l'eau. I 202 45E 200 F9: LATE TBE | LOMME à a. A RNA our le vin, H go 72 90 Pour lefprit de vus. = n [e] b re) A EN nv sur L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 131 Je ne fais pas mention ici de la hauteur obfervée de la colonne, de mercure dans le tube H, comme je lai fait à l'égard de fa hau- teur, dans les trois autres tubes, parce que j'ai trouvé qu'elle n’étoit pas conflante dans le tube H, & qu'à différentes épreuves elle a varié même aflez confidérablement , fans que j'aie pu en démêler la caufe, fans doute, accidentelle. + 8. Dans les comparaifons précédentes , le rapport des mafles ap- proche trop d'être égal au rapport des diametres, pour qu'on puifle fe difpenfer d’imputer des différences aufi légeres au manque inévitable d'une précifion abfolue dans l’eflimation des hauteurs des colonnes, ou des poids des mafles. 9. Il eft conftant que fi les mafles font dans le rapport des dia- metres, les hauteurs des colonnes ne peuvent manquer d’être dans le rapport inverfe des diametres. Dès-lors , les réfultats des expériences précédentes font conformes à la raïfon inverfe des hauteurs & des dia- metres , qui a été déduite de diverfés théories appliquées aux phéno- menes des tubes capillaires. 10. Mais d’autres réfultats, fournis par deux tubes À & B, dont j'avois conftaté la force & le rapport de leurs diametres par les mêmes procédés indiqués ci-devant, fort bien éloignés d’être autant favo- rables à cette loi. On y a mis divers fluides aux mêmes épreuves que dans les précédens. C’eft d’après les pefanteurs fpécifiques de ces fluides , comparées fuccefivement à celle du mercure, & d’après les hauteurs des co- lonnes foutenues dans ces deux tubes , que leurs maffes ont été en- fuite évaluées, ainfñi qu'il eft fpécifié dans la troifieme Table, où l’on voit que le rapport des mafles pour chacun des fept fluides, differe beaucoup de celui des diametres, à l’exception de celui des maïles d’efprit de vin 2, qui ne differe de celui des diametres £ que de 4 centiemes. De forte que, tandis qu’il paroît affez évident, qu'à l'égard des autres fluides, fufpendus dans ces tubes B & A, la différence des rapports des mafles & des diametres dépend de quelque caufe conf- tante , on eft comme fondé à foupçonner qu’à l'égard de lefprit de vin, eile n’y dérive que de quelque caufe accidentelle, & que d’ail- leurs tout fe trouveroit difpofé dans ces tubes relativement à ce fluide, & réciproquement, pour qu'il eût égalité de rapport entre les mafles ë& les diametres, Ÿ R y EEE EE T2 DEN SE EONER AT UNE TEE: TES 132 :. OBSERVATIONS SUR LEA PHYSIQUE; TROISIEME : TABLE. Fluides. Pef. fpéc.\Colonnes. Rapp. des diam. Rapports des maffes. Différences des rapports. 1 Tubes. Tubes. B A B A Mercure. 13.593 [1225 1.800: 1.600:: 120 : 173|$5 centiemes, Efprit de nitre. 1.300 |18 10 0.247: 0.490 :: 120 : 238|10 Lait de vache. 1.030 |22 13\B A Jo.239: o.$12:: 120 : 157/19 Eav. 1.000 |30 17 12.022,84 0.318: 0.650:: 120 : 245|17 Vin. 0.953 |14 12 O.241 : 0.437:: 120 : 220|18 Efprit de vin. 0.866 |13 7 O.119: O.231:: 120 : 232| 4 Huile detérébenth.| 0.792 |13 7+ 0.108: O.221:: 120 : 245|17 ‘ 11. Il paroît par les comparaifons énoncées dans cette troifieme Table, que le rapport des mafles aux diametres n’eft pas le même, à beau- coup près, pour tous ces fluides indiftinétement ; que s’il s'approche de l'identité dans les deux tubes, relativement à lefprit de vin, il s’en écarte beaucoup, relativement à l’eau, au lait, au vin, & fur-tout, relativement au mercure. Faut-il en conclure, que dans deux tubes d'inégal diametre, la loi du rapport inverfe des hauteurs & des dia- metres pourroit n'avoir lieu qu’à l'égard de quelques fluides, à l’ex- clufion des autres ? La généralité de cette loi en feroit refireinte. De plus, ces fluides privilégiés le feroient-ils toujours , quel que füt le rapport des diametres des tube , ou quelle que füt la qualité du verre dont ils font formés ? 12. Voici encore d’autres obfervations relatives à l’eau feulement , procurées par d’autres tubes capillaires. a? DIE 8-21 dl ii Pts suR L’'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS, 133 QUATRIEME TABLE. Quarrés des Tubes | merres. Diamerres. | Col, d’eau.| Maffes. en 2 lign, gr. S | 2o11—= | 449 Fe o.8;o P | 0.353 1.89 18 0.467 N | o.326 1.80 17 - 0.407 D | o250 1.58 21 0.393 E | o.240 1.55 20 0.353 O | 0.212 1.46 .20 + 0.316 Dans le tube S, une colonne de mercure de 21 signes , pefoit 43 : gr. Dans letube P,unede ,. E EDS See Giu Dans le tube N , une d’un peu plus de . 155 2 Dibsslétube DRATRERGEN ER. Te M4 Dansletube E,.uné de. 24 . .,. 21“ Et dans letabe OS une des à, :. . 15: C’eft d’après ces données & les pefanteurs fpécifiques du mercure & de l'eau, qu'on a conclu les rapports des diametres de ces tubes, & le poids des colonnes d’eau obfervées, y être foutenues. 13. Expoñtion des rh mutuels des mafles & des diametres des fix tubes-S, P,N,D, D A Nes Be CIPCSCLICTS PE 134 OBSERVATIONS SUR LEA PHYSIQUE, : ELN O VILLE M EAN ILANBEL CE; Tubes. RL Ds jé à ge “ 146 316 __ 146 E RAT PATES O 146 316 146 D'AOS 422 e Oo 146 316 METAG N 180 407 HS 88 e 146 316 __ 146 P 189 467 215 O 146 316 __ 146 5 449 850 mr:30> e 158353 155 D 158 393 172 Ë 195. (453 26 N 180 407 — 178 2 É5$, AR END F 189 467 — 205, Æ RSR EE EU Ê 449 850 — 373 D 58 393 18 N 180 407 RE 163 _ 158 393 __ 158 P 189 467 — 187 D 158 393 158 S 449 850 341 N 180 407 180 à 189 467 — 206 N 180 407 __ 180 SO 49 fo jn Ê 189 467 __ 189 $ 449 850 — 444 SURAPLHAST, NATURELLE ET LES ARTS 113$ 14. Selon les réfultats de ces comparaifons parmi les fept tubes, ceux D & P ont le rapport des mafles prefque égal à celui des dia- metres. Il left de même, ou approche aflez de l'être , à l'égard des trois tubes O, E, N, quoiqu'il en differe beaucoup dans la comparaïfon de chacun des trois avec chacun des deux premiers D & P. Enfin, quant aux tubes P & S, comparés foit entr'eux , foit avec chacun des cinq autres, on trouve des différences très-marquées entre les deux rapports. On diftingue doncici trois divifions de tubes, dont deux font for- mées de tubes correfpondans (1) entr’eux, fans que ceux de l’une correfpondent à ceux de l’autre, & dont la troifieme ne contient point de tubes qui correfpondent entr'eux,. J'ai de plus remarqué, par les comparaifons que j'en ai faites, que les tubes O, E, N, de l’une de ces divifions, correfpondent aflez avec les tubes I, C, H. 15. Ces trois divifions fe réduifent à deux claffes de tubes , dont les difpofitions relatives femblent être fort différentes , quant aux effets qui S'y operent. Dans les uns, tels que les tubes I, C , H, il paroît y avoir deg rapports conftans, du moins à l’égard des trois fluides qu’on leur a donnés à foutenir , & égalité de rapport entre les mafles & les dia- metres. Dans les autres , tels que les tubes À & B, Île rapport des mafñles , aux diametres, n’eft pas, à beaucoup près uniforme, ni à l’égard de ces trois fluides , ni à l'égard de divers autres qu'on y à mis aux mêmes épreuves. I n’y a que pour l’efprit de vin feul, que l'égalité , dans ce rapport, s’y laifle préfumer. M. Muflchenbroeck a obferyé, dans l’afcenfñon des fluides, des va- riations qu'il a rapportées à la diverfité des matieres qui entroient dans Ja compofition de fes tubes capillaires Il peut être que ce foit, & c’eft même probablement à une caufe analogue, que font dues celles dont il s’agit ici. Il y a lieu de dire que les tubes , qui m'ont donné des rapports eonftans , & des rapports fi approchans de ceux qu'exige la loi du rapport inverfe des hauteurs 8 des diametres, étoient formés d’un même verre; & que les tubes, où jen ai eu de fi diffemblables à ces premiers, provenoient de différentes pâtes de verre, on de cuites inégales. Tout cela eft très-vraifemblable ; mais on efl à même de vérifiir s (x) J'appelle tubes correfpondans, ceux où le rapport des mafles eft le même que cela des diametres, L AE 4 : p ‘8 0 L: 136 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fi cela eft sûr. Pourquoi négligeroit-on de le faire? Les phyficiens qui font à portée des Verreries, ou qui ont des facilités pour fe pro- curer des tubes, dont ils feront certains qu’ils font parfaitement fem- 3 blables à cet égard, ne s’employeroient pas vainement à mettre cette queftion hors de tout doute. En effet, on peut demander à préfent , pourquoi dans les tubes A & B, qui devroient être déclarés n’être formés de la même pâte, l’efprt de vin n’efluye pas le même fort | que les fix autres fluides qui y ont effuyé les mêmes épreuves ( 1 ); tandis que dans les tubes [, €, H', qui doivent être réputés provenir d'une même qualité de verre, les quatre fluides , dont l’efprit de vin eft du nombre (2), éprouvent un fort commun? Comment l’efprit de vin auroit-il le privilése de pouvoir, dans ces deux claffes de tubes fi différentes par les effets qui en réfultent, de pouvoir, dis-je, con- ferver le rapport des mafles , égal à celui des diametres à l’exclufion des autres fluides ? 17. Les expériences qui ont été tentées jufqu’à préfent pour conftater la loi du rapport inverfe des hauteurs & des diametres, ne fauroient difpenfer de s’occuper de celles que je propofe. Rappellons-les ici pour reconnoître le fonds qu'on y peut faire. M. Hauxsbée (3), ayant plongé dans l’eau trois tuyaux capillaires de différens diametres, avoir fimplement remarqué qu’elle s’y éleva , & qu’elle s'y foutint, après qu'ils eurent été retirés de leau, plus haut dans les plus étroits que dans les plus larges, & il n’a aucunement fpécifié les rapports de ces colonnes d’eau inégales, ni ceux des dia- metres des tuyaux. Dans une feconde expérience il employa deux verres plans quarrés, qui étoient féparés à chaque angle par 31 morceaux de cuivre, dont l’épaifleur , quand ils furent tous mis l’un fur l’autre, &c fixés par des vis, tenoit les plans écartés de 4 de pouce, autant, dit-il, qu’il Le put mefurer. I plongea ces verres par un angle dans l’efprit de vin coloré, & marqua la hauteur où lefprit de vin s'y éleva au- deflus du niveau. Après cela il réduifit lécartement des verres en ôtant 16 lames de cuivre de chaque angle. Il n’y en laifla enfuite que 8; & enfin, que 4 ; & à chaque fois il obferva que l’efprit de vin s’y élevoit du double, que dans l’obfervation qui avoit précédé. Dans fa derniere expérience, ajoute-t-il, les plans n’étoient écartés que de = de pouce, autant qu'on peut le conjeëlurer en faifant ur (1) Voyez n°. 10. (2) Voyez n°. 6, 7. (2) Exp. phyfico-méch. de Hauxsbée, radu&t. de M, de Brimond, r. 2, pages 2, 33 idem, p. 57. eflime SUR L'H1ST. NATURELLE ET,LES ARTS. 137 effme incertaine, Aufh, en donnant cetie expérience pour fervir de modele pour calculer les approximations des verres plus exaëtement, ne dit-il rien qui puifle laifler croire qu'il ait prétendu én inférer que les afcenfions de l’efprit de vin étoient en raïon inverfe des intervalles qui féparoient les verres, « Cet M. Newton qui le premier a tiré cette conclufion, & il l’'applique à la premiere comme à la feconde : Quod ff subuli vitrei tenues in aquam flagnantem ab inferiori fui parte intinguantur, aqua intra tubu- lum afcendet, idque ed ratione ut ejus alritudo reciprocè proportionalis fit zubi cavitatis diametro , 6 par altitudini aquæ inter binas laminas vitreas afcendentis , fiquidem tubi cavitas femi diametro par fit aut feri par lamina- rum iflarum intervallo (1) ? Maïs, peut-être auf, M. Newton n’a-t-il prétendu donner ce réfulrat des expériences de M. Hauxsbée, que comme un à peu près, & fans leur donner plus d'extenfion que M. Hauxsbée ne leur avoit donné lui même. 15. Plus nouvellement, M. Gellert a fait d’autres expériences à ce fujet, confignées dans les Mémoires de l’académie de Pétersbourg. Il les a exécutées avec des tuyaux capillaires d’une feule piece. II s'eft afluré que l’eau s’y éleve au-deflus de fon niveau, de même que dans les cylindriques, plus haut dans les plus étroits, moins haut dans les plus gros, Il a trouvé afez conflamment que les hauteurs de l’eau dans différens tubes font & peu près entr’elles en raïfon in- verfe des racines quarrées des bafes des primes (2). Ces à peu près indéterminés rendent ces dernieres expériences aufli peu concluantes que le font celles de M. Hauxsbée, D'ailleurs, on eft fondé à douter que M. Gellert ait réufli à déterminer exaétement létendue des bafes de fes tubes prifmatiques. s 19. La balance employée pour déterminer le’ poids des colonnes fluides fufpendues, & le rapport des diametres des tubes, fournira bien des facilités pour obtenir des réfultats plus précis. Il ne reflera plus qu'à déterminer exaétement la hauteur des colonnés dans les tubes , dont l'identité de la matiere, dont ils font formés, ne foit pas équivoque. Les nouvelles expériences fuppléeroient à ce qui manque aux nôtres , difiperoient les incertitudes qu’elles ont laiffées , & acheveroient, fans doute , de confirmer irrévocablement la loi-du rapport inverfe des hauteurs & des diameires, en faveur de laquelle celles-ci peuvent être expliquées, mais ne prononcent pas aflez nettement. 20. Telles qu’elles font, elles me fourniront bien des induétions; (u) Optice. trad. lat, Samuelis Clarke, p. 3097. (2) Comment. de M. Defmareft , fur les expér, de M, Hauxsbée, 1,2 , ps 73: Tome XI, Part, I, FÉVRIER 1778. S 138 OBSERVATIONS SUR LA.PHYSIQUE, mais qui doivent être précédées par d’autres expériences , & que je renvoie à une autre feétion. Ù Je termine celle-ci en obfervant que, de ce que le poids d’un cylindre de mercure d’une longueur quelconque, contenu dans un tube, étant divifé par cette longueur oblervée , fufit pour nous donner le rapport des diametres de tous ceux fur qui cette opération aura été faite, même féparément & en divers temps ; il réfulte que, fi elle étoit faite fur un tube, dont le diametre feroit connu d’ailleurs, & aflez exatement déterminé , les diametres de tous les tubes qu’on voudroit mettre en expérience, pourroient être de même déter- minés, conféquemment à leur rapport au diametre de ce tube, qui ferviroit comme d’étalon , ou de mefure de comparaïfon pour tout autre. Etfi M. Carré, M. Muflchenbroek , & tant d’autres habiles Phyficiens, qui ont fait des recherches fur les tubes capillaires, avoient feulement eu la précaution de conftater le poids & Ia lon- gueur d'une colonne quelconque de mercure introduite dans les tubes qu'ils y ont employés & d’en faire note, nous pourrions aujourd’hui comparer avec plus d'avantage les réfultats de nos expé- riences avec ceux des leurs, par la connoiflance que nous aurions des rapports des diametres de leurs tubes à ceux des nôtres ; ce qu'il ont néoligé de faire, faifons-le pour ceux qui après nous pourront s'occuper des mêmes recherches. OO. B ER VAT O IN Sur lelectricité du Chocolat. Ur fabricant avoit obfervé que, fur la furface du chocolat nou- vellement fait, il sélevoit une petite lumiere. Elle étoit très-fén- fible vers le foir & dans le temps de gelée. Ce chocolat avoit la propriété d'attirer les corps légers, tels que les petits grains de pouf. fiere , les brins de fil, paille, &cc. Il en inftruifit un phyficien de fes amis. Celui-ci s’aflura de la vérité du fait, & vit que la force électrique du chocolat étoit aflez fenfible. Il le foumit à l'expérience de Leyde, & les étincelles furent très-marquées & fenfibles à Ia main. Lorfque le chocolat eft en poudre feche, 1l n’a plus de vertu élé&rique. On la lui rend en le pétriflant avec l'huile d'olive, ‘ … SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 139 EE DE ES coee Dent DOM Sur une efpece de Pierres caverneufes qui fe trouvent prés de Caîtres ; Par M. Puroz, Dofkeur en Médecine, à Caflres. Devis long-temps on cherche à expliquer de quelle maniere fe font formées les pierres , qu’à caufe de quelques relations extérieures on nomme vulgairement Priapolithes. Tantôt on les a prifes pour des bélemnites ou des coquillages pétrifiés, tantôt pour des pyrites ou pour des flalaétites ; quelques-uns, frappés de la reflemblence , n’ont pas héfité à les regarder comme des pétrifications de l’infe@e marin appellé Mentula par Rondelet, & Priapus par M. Linné. L’auteur du Manuel du Naturalifte avoue ingénument , qu'on n’eft pas encore ‘ bien inftruit fur leur origine. L'examen attentif d’une mine où l’on trouve en abondance de ces corps finguliers, pourra , peut-être, fixer tous les doutes à ce fujet. Quoique la matiere ne paroiffe pas d’abord de la plus grande impor- “tance, nous nous flattons que nos foins ne feront pas regardés comme minutieux par les efprits éclairés, qui favent apprécier les mer- veilles de la nature. D'ailleurs , en phyfique, dont l’hiftoire natu- relle fait une branche effentielle, la découverte de la plus petite vérité n'eft point indifiérente; elle fraye quelquefois la voie à des vérités plus importantes & peut fouvent préferver des plus grandes erreurs. Il y a plus de cent ans que Pierre Borel , tant dans fes Antiquités de Caftres (1) que dans fes Obfervations médicales (2), à écrit fur les pierres dont nous entreprenons de parler. Mais cet habile médecin, enthoufiafmé de fa matiere, n’en a donné que des idées imparfaites , même faufles , & trop analogues à fon goût décidé pour les merveilleux. Les ouvrages de la nature n’ont pas befoin de notre fard pour les faire admirer ; nous avons donc cru qu'il feroit utile de faire connoître aux naturaliftes les véritables tréfors que nos mines recelent : nous aurons foin d’en féparer tout alliage étranger. Nous parlerons d’abord de la poftion, de la nature des lieux où ces (1) Page 68. (1) Cent. 3, Obferv, 85 ; p. 260. 48 1] d Li 140 OBSERVATIONS SUR LEA PHYSIQUE; mines font placées, & des différentes qualités des pierres qu’on en retire; on décrira enfuite, avec quelque détail, certaines d’entre ces pierres, qui nous ont paru dignes de remarquez on finira par hafarder quelques conjeétures fur leur origine. S. I. Deftription des lieux où l’on trouve ces Pierres caverneufes, & des particularités que ces Pierres offrent tant à l'estérieur qu'a lin “ térieur. Borel, qui regardoit plufeurs de ces pierres comme des repréfen- tations vives des parties génitales, croyoit que les lieux où elles fe trouvent font placés fous des conflellations qui verfent des in- fuences difpofées à la génération (1). Sans nous arrêter à réfuter des aflertions dignes d’un temps où l’aftrologie judiciaire étoit une fcience férieufe, il fuffra de dire que nos priapolithes fe trou- vent à une demi-lieue Nord-Eft de la ville de Caftres, non loin des montagnes du Sydobre & de ce fameux rocher qui tremble, dont M. Marcaurelle a donné une belle defcription {2). C’eft fur le pen- chant occidental de deux collines féparées l’une de VPautre par un vallon & dans un terrain ftérile & inculte qu'on va les ramafler; les environs n’offrent aucune pyrite , ni aucune fource minérale. La roche-mere où elles font placées, eft parallele à l’horizon, & ne s'incline pas pour fuivre la pente des deux éminences. La roche- mere de la mine plus feptentrionale , eft aflez tendre & de couleur ochracée; celle du monticule méridional, eft plus dure & dun gris-bleuâtre. En certains endroits, on tire de cette derniere, des pierres de taille de médiocre qualité. Quant à la nature des roches, elles font toutes cafcaires, elles ne font point feu avec le briquet, fermentent aifément avec les acides, n'ont point de parties tirables par l’aimant & fe convertiflent aifé- ment en chaux par le moyen du feu. Leur flanc occidental a été découvert & rompu par la force des torrens, & dès qu'on veut remonter vers le fommet des monticules, on voit que les couches pierreufes , qui contiennent les _priapolithes , s’enfoncent & fe per- dent fous d’autres roches calcaires, mais fériles & dépourvues de toute pierre caverneufe. Le côté des roches fécondes, expofé à l’athmofphere , fe gerce & s'écaille par le mauvais temps. Les pierres figurées qui y font renfer- [1 ] Antiquités de Caftres, ibid. [2] Mélanges d'hiftoire naturelle, par Alleon Dulas, t. 1, p. 113. -sur L’'H1ST. NATURETTE ET LES ARTS: TAE mées, quoiqu’au fond de la même nature, font pourtant d’un tiflu plus compatte & réfiftent beaucoup mieux aux gelées; auffi, trou- ve-t-on fur les lieux & dans les ravins, dont la pente des monticules eft fillonnée, une grande quantité de ces pierres toutes détachées & toutes entieres. Elles ne font pas répandues en égale quantité dans les divers points de leur roche-matrice : quand elles y font plus claires femées ,on les trouve-ordinairement plus grofles & plus dures; mais en certains endroits elles font entaflées en telle profufon, que la couche entiere ne paroît qu'un compofé de ces pierres & de leurs débris. En effet, après l’avoir bien examiné, je ne puis éviter de penfer que les deux éminences n’ont été originairement que deux bancs de pierres caverneufes, dont les plus tendres ont été brifées par l'inégalité des compreflions & les fecouffes accidentelles du globe; de ces détrimens :il eft réfulté une efpece de ciment qui lie aujour- d’hui entr’elles celles dont la poftion ou la folidité les a fait réfifter à ces caufes deftruétives. La couleur des pierres eft à peu près la même que celle du lit où elles repofent ; on les trouve toujours couchées dans la carriere, de façon que leur plus grand diametre eft toujours parallele à l’horizon; d’ailleurs , rien de plus irrégulier que leur configuration extérieure ; les pierres de rivage ne préfentent pas plus de bizarreries. La plupart font formées en cylindre arrondi par les deux bouts & dont le fupport du diametre à la longueur, eft tout-à-fait variable; ilen eft beaucoup de globuleufes ou oviformes, des plates ou en forme de gâteaux, d’anguleufes & totalement irrégulieres , dont cependant les angles font toujours arrondis. Parmi celles qui font cylindriques , la plupart font droites & unies; il y en a qui font fléchies & différemment boffelées. Leur grandeur n’a non plus rien de conftant. On en voit de globu- leufes pas plus groffes qu'un grain de chenevi, & des cylindriques qui n’ont pas une demi-ligne de diametre ; tandis que les plus grandes ont jufqu’à un pied de longueur : entre ces deux extrêmes , on trouve toutes les dimenfions. Dans certains individus, il femble que la nature fe foit étudiée à tracer des traits de reflemblance avec d’autres corps connus. Un paturalifte fuperficiel ne manqueroit pas d’y trouver des échantillons de beaucoup d'êtres organfés, Je ne fuis donc pas furpris que Borel y ait remarqué des pieces de melons , d’écorce de citron, des co- quilles, des os, des amandes, des rognons, &c. le tout pétrifié. Ces traits de reflemblance ne font pas, cependant, fi bien gravés, qu’on ne puifle, avec un peu d’attention, en appercevoir les défauts eflen- tiels, c’eft ce qu'on verra lorfque j'en ferai à l’énumération des pieces les plus curieufes, que des fouilles pénibles & réitérées n'ont 442: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ,; pr-curées ; l’erreur ici me paroît comparable à celle des enfans qui, contemplant la forme capricieufe des nuages, y découvrent des vaifleaux, des châteaux, des perfonnages & tout ce qu'une imagination volèse peut leur fuggérer. ve It faut avouer, pourtant, qu’au premier coup-d'œil il n’eft pas toujours aifé de ne pas fe laffer furprendre à ces faufles apparences ; les bigarrures régulieres de quelques dendrites, le deflin de cer- tains onix herborilés , n’ont rien de plus féduifant. En arrivant fur les carrieres , on croit voir les débris épars de quelques offemens humains ; ce font des morceaux de gros priapolithes, des calottes, que le mauvais temps a détaché des grandes pierres ovoides; ces détrimens répandus çà & là n’imitent pas mal des os cylindriques. cafés, des pieces de crâne humain ; lidée des tombeaux eft la pre- miere qui fe préfente au fpedateur, qui croit fe trouver au milieu d'un ancien cimetiere; auffi, les habitans des envirens ont-ils donné, de temps immémorial, à ces éminences le nom de Piock de lo:, comme qui diroit Montagnes des os; c’eft, fans doute, faute d'entendre lidome du pays, que Borel leur donne le nom de Puy- zalos. Cette dénomination n’eft pas connue dans la contrée; les Caftrois, par une délicatefle toute pudique , appellent ordinaire ment ces lieux 42 Côte des Bijoux , n'ofant pas dire des Priapolithes à caufe de l’image obfcene que préfente à l’efprit ce dernier mot; c'eft être bien chafte, du moins, dans le langage. Borel prétend encore avoir découvert dans ces carrieres des hy- ftérilithes , & fon aflertion a tellement prévalu, qu’on lit dans l’En- cyclopédie, qu’en efft ces fortes de pétrifications fe nomment vule gairement Bijoux de Caffres (1). ai eu beau fouiller les endroits Tes plus riches des deux mines, je mai rien trouvé qui approchât de pareils bijoux, à moins qu'on ne veuille appeller de ce nom certains morceaux de priapolithes dont les endroits fraéturés ont été arrondis, & dans lefquels on voit d’un côté une fente longi- tudinale, qui n’eft autre chofe qu'une portion du canal cylindri- que, qui fe trouve dans l'intérieur de toutes ces pierres. Jai cherché inutilement dans ces lieux des madrépores, des cornes d'ammon, & enfin, des pétrifications ou empreintes de quelque corps marin; tout ce que j'ai pu y trouver d’approchant, ce font des camites ; ou rellinites de différentes grandeurs, dont le bec eft très-peu fail- lant & fort rapproché d’une des extrémités. Les deux. valves font , pour l'ordinaire, minéralifées féparément, quelquefois elles font en- core jointes, & alors on les prend aifément pour des amandes vertes , oo 0 [1] Voyez Di&tionnairé Encyclopédique, an mot Hyflrolithe, SUR L’HisT. NATURELLE ET LES ARTS. 143 pétrifiées avec leur écorce. L'abfence de tout autre corps marin me fait croire que ce font-là des coquillages fluviatiles. Si la forme extérieure de nos pierres préfente tant de variétés, leur configuration intérieure les rapproche; elles ont toutes, pour ainfi dire , la même organifation. Le corps de la concrétion eft toujours compofé de feuillets ou lames caleaires & concentriques, au centre defquelles fe trouve une cavité plus ou moins grande, & prefque toujours remplie de criftaux fpatheux. La direétion des lames pierreufes fe plie conftamment à la forme extérieure des différens individus, ainfi que la cavité centrale qui eft toujours relative à cette forme extérieure. Nous avons dit que la chambre intérieure eft le plus fouvent rem- plie par des criftaux fpatheux ; il arrive quelquefois qu'on trouve à la place de ces criftaux, fur-tout dans les pierres minces & ten- dres, un noyau totalement terreux, ou bien de la terre mêlée à quelques criftaux ; & dans d’autres , les criftaux font fouillés par une craie blanche , très-femblable à cette moëlle des rochers appel- lée Lait de lune; il eft probable que cette matiere , qui fermente aife- ment avec les acides, n’eft autre chofe que la bafe pure & cal- caire des criftaux dont, par quelque accident, l'acide a été enlevé. D'ailleurs, ces criftaux n’ont point de forme réguliere & faififfa- ble ; fouvent le noyau criftallin ne remplit pas entiérement la cham- bre ; alors les criftaux fpatheux font incruftés contre les parois à la maniere du fucre candi, & le centre de la criftallifation demeure vuide. Ce qui me furprit fur-tout dans mes premiers examens , ce fut de trouver dans des noyaux entiérement terreux, plufieurs petites concrétions pierreufes, qui n’étoient elles-mêmes autre chofe que des pierres caverneufes. J’avois de la peine à concevoir comment ces petits corps avoient pu parvenir dans une prifon fi bien murée de tous les côtés; car il faut remarquer que les couches pierreufes qui forment les murs de la chambre intérieure, font également folides, également épaiffes par-tout. On efpere de rendre raïfon dans la fuite de ce phénomene fingulier. $. IL Defcriprion des Pierres les plus précieufes, trouvées dans ks Carrieres de Caftres. Ce n’eft que parmi des millions de pierres caverneufes ordinaires, que j'abrencontré celles dont je vais parler en détail (1); je ne les oo E [1] J'en ai gratifié le cabinet d’hiftoire naturelle de l’école militaire de Sorève, > “ 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, regarde pas comme de vraies pétrifications, mais feulement comme des jeux aflez piquans de la Nature, & dignes de l’attention de l’ama- teur, & même du philofophe, La premiere piece eft une pierre cylindrique qui mériteroit bien mieux le nom de priapolithe qu'aucune de celles qu’on a bien voulu décorer de ce titre; elle repréfente un membre viril dans l’état d’é- reétion, mais fans prépuce, car aucun de nos prétendus priapes noffre feulement pas de veftige de cet opercule membraneux ; elle eft parfemée de taches veineufes & rougeâtres, ce qui donne l’idée d'un gonflement fanguin; un de fes bouts a l'apparence d’un vrai balanus ou gland bou:foufflé, & de couleur auffi rougeâtre ; au centre de ce gland, eft placée une fente perpendiculaire & entr'ouverte, qui, vers le bas eft reflerrée par une efpece de frein. La fente communique avec un canal interne, qui paroît celui de l’urétre ; on ne peut pas en diftinguer les parois, à caufe de l’obfcurité du lieu. € Cette piece n’eft autre chofe qu’une de nos pierres cylindriques ordinaires, dont les deux bouts ont été cafés dans la carriere; elle a cinq pouces & quelques lignes de long, fur un pouce & demi de diametre ; les bouts fraéturés ont été polis & comme foudés par un vernis pierreux ; la couleur rougeâtre en eft accidentelle, & la pré- tendue ouverture de l’uretre n’eft que l'extrémité du tube criftallin dont la foudure a reflerré les bords. Comme ; dans certains endroits de la carriere, nos pierres font comme entaflées. & agglutinées les unes aux autres, on en a retiré quelquefois des priapolithes, portant à l’une de leurs extrémités un ou plufeurs orchites, ou pierres en forme de teflicule : cet accident a été admiré; mais ma pierre caflèe, quoique fans tefticules, porte, fans contredit, un caraétere plus frappant de reffemblance avec la partie originale , à caufe de la fingularité unique des taches veineufes, du balanus coloré, & de l’ouverture de l’urétre. La deuxieme piece eft une pierre ronde & applatie, dont le grand diametre a fix pouces , & le petit quatre. Son extérieur n’a rien que &'ignoble ; en total pourtant, elle eft en forme de cœur. Je la caflai par hafard dans le fens de fon grand diametre ; elle fe fépara juf- tement en deux pieces toutes formées par des feuillets concentri- ques; je trouvai dans fon intérieur un cœur pierreux & applati, aufñ bien fculpté que leût pu faire le cifeau du meilleur Artifte, Ce cœur pierreux a 3 pouces & demi de la bafe à la pointe ; l'échancrure d’en-haut eft très-bien placée & proprement deffinée ; les proportions font des plus élégantes, & la furface très-unie; la pointe en ef même un peu contournée, ce qui lui donne un plus grand ai de vérité, D’un côté, cenoyau cordiforme n’a pu fe de e la 2 LA SUR L’HIST NATURELLE ET LES ARTS, 145 de la cavité correfpondante:, fans une grande déchirure : au moyen de cette déchirure on voit au centre un autre cœur plus petit, niais bien deffiné. Cette grande pierre n’eft donc qu'une férie immenfe , & toujours décroiffante de cœurs renfermés | 8 confme emboïtés les uns dans les autres, M. de la Faille a parlé avec admiration d’un noyau cordiforme qu'il rencontra dans le fein d’un caillou qu'il caffa auf par hafard; il regarde cette produ@ion comme louvrage le plus étrange de la Nature(r). Pour moi, ce que je trouve de plus étrange encore, c’eft qu’elle puifle fe rencontrer dans des écarts auffi prodisieux. Cet auteur dit que fa pierre, en forme de cœur, étoir fiicée d’un tiffu uniforme. Celle que nous décrivons, eft, comme on la vu, compoiée de feuillets calcaires , & contient aflurément dans fon milieu, une cavité cordiforme remplie de criftaux. | La troifieme piece eft un melon des mieux formés; il a 6 pouces de long , fur 4 de diametre ; l'écorce en eft rabotteufe comme celle des melons ordinaires, L'impreflion du mauvais temps auquel la pierre anété expofée, lui a occafñonné des fentes lonsitudinales, &£ en a même détaché une côte épaifle d’un pouce, & large d’un pouce &c demi vers fon milieu. Au moyen de cette entaille , qui femble fane à deflein & avec un inftrument tranchant, on peut remarquer les couches concentriques dont elle eff formée, & dans le centre, un gros noyau elliptique & pierreux, qui repréfente l’enveloppe où les graines du fruit fe trouvent logées. La quatrieme piece eft un rognon ou pierre ronde, oblongue, recourbée & applatie fur les côtés. Au centre de la courbure on découvre une efpece de cicatrice, qui paroïr. un veftige de l’infertion des vaifleaux rénaux, En un mot, elle a tous les dehors d’un rein humain pétrifié. Ses dimenfions font 3 pouces & demi de long , {ur 2 pouces de large; il n’eft pas difcile de deviner que c’eft une de nos pierres cylindriques , dont l’applatiflement & la courbure font de purs accidens, x La cinquieme piece eft un cylindre oviforme qui a $ pouces de longueur, fur 5 lignes de diametre; il a été café net par un de fes bouts. Au milieu de fa fra@ture, on voit un trou rond qui a tout Pair du commencement du conduit médullaire; l’autre bout, qui eft entier & arrondi, s’élargit, & eft terminé par deux bofles ou apophifes inégales, Cette faufle pétrification eft d’autant plus impor- tante, qu’elle eft d’une couleur plus blanche & , pour ainfi dire, Re Dm ré. Mn. nt) €! PYIUT IE cÉRReRU e v, 1 # ed 7, (x) Mélange d'hifloire naturelle, t, 1, p. 307: …. Tome XI, Part. I, FÉVRIER 1778. T x r46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plus offeufe qu'aucune des pierres congéneres ; elle eft même fenfible- ment plus fonore; j'ai voulu la confrontér avec des pieces offeufes de divers animaux, & je fuis très-convaincu que ce n’eft qu’un priapolithe. Le trou moelleux eft le bout du tuyau où fe forment les criftaux , & la double apophife eft un jeu de Ja nature, La fixieme piece eft un ovoide applati, long de 3 pouces, fur un d’épaifleur. Le mauvais temps en a féparé des deux côtés-applatis une large écaille ; on voit donc des deux côtés, dans le centre de la pierre, un noyau refflemblant à une petite gourde de pélerin, fruit de la plante, que le chevalier Linné appelle Cucurbira lagenaria. Cette petite courge applatie, & à double ventre inégal, porte fur fon grand diametre un anneau pierreux , dans lequel elle fe trouve enchäffée. Au refte, qu’on ne s’imagine pas qu’il foit ordinaire de trouver dans nos carrieres des pierres auf curieufes; ces fortes de caprices de la nature fe font quelquefois chercher fort long-temps. Mais auf, quand on eft fur les lieux, on peut prendre indiftinétement toutes les pierres qui fe préfentent; elles font toutes caverneufes &c à feuilles ; aucune pierre brute & vulgaire n’a été admile par la nature dans la fociété de ces êtres diftingués. $. III Ænalogie de nos Pierres éaverneufes avec les Pierres à noyau, foit animales, foit minérales, & conjettures fur leur origine. Après tout ce qui a été dit, on ne peut douter que nos pierres, toutes travaillées avec le même art, quoique de formes fi variées, n'aient une origine commune, celles qu’on appelle priapolithes , ne méritent pas mieux de pafler pour pétrifications que nos orchites, nos melons , nos rognons, & même que les individus les plus dif- formes & les plus irréguliers; on ne peut point fuppofer que ce font ici des zoolites dont on ne connoît point les analogues vivans; la diverfité, pour ainf dire infinie, qui fe trouve dans la forme de ces pierres, fuffroit pour renverfer cette hypothefe gratuite ; la nature, quoïque très-riche dans la variété des efpeces, ne préfenta jamais une variété aufh immenfe ; d’ailleurs , des animaux quelconques , outre l'organifation qui leur eft propre, & dont on ne remarque ici aucune trace, doivent avoir des aboutiffans extérieurs, foit pour prendre la nourriture , foit pour en rendre le réfidu, foit, enfin, pour travailler à leur reproduétion ; or, nos melons, nos priapolithes, &c., ne pré- fentent aucune marque de ces aboutiflans indifpentables ; donc ce ne font pas des animaux ou infeétes pétrifiés. Il neft pas non-plus poffble de les regarder comme des pétrif- cations végétales ; la direétion des fibres ligneufes s’obferve toujours sur L'H1ST. NATURELLE TE LES ARTS. 147 dans les pierres de ce genre ; & dans les nôtres, on n’en voit pas le moindre veflige ; on n’y voit encore rien qui imite la texture pulpeufe des fruits, ni qui rappelle l'idée de ces cloifons membra- neufes ou cartilagineufes, qui en reflerrent les graines : il eft donc clair, encore un coup, que nos pierres ne font rien moins que des pétrifications , que ce font de vraies pierres & des produétions fim- plement minérales. La régularité de leur ftruêture na pas de quoi fi fort furprendre le génie qui préfide à la formation des minéraux , n’eft pas fi brute qu'il ne travaille bien des corps de ce regne avec un art encore plus admirable. La forme variée, mais élégante & toujours réguliere, des différens criftaux falins, des criftaux de roche, des pierres pré- cieufes, des fpaths, des quartz, n’eft-elle pas due à cette nature qu'on me permettra d'appeler minéralifante ? Les roches immenfes qui fervent de bafe à nos montagnes, & de charpente au globe terreftre, ne font-elles pas conftamment difpofées par ordre & par couches paralleles ? Les fchyftes n’ont-ils pas toujours leurs filets réguliers ? Suivant les obfervations du favant M. Baumé (1), il n’eft pas jufqu'au culot maflif des divers métaux, qui n'afleéte , en fe refroidiflant lentement , une criftallifation propre, un ofdre fymé- trique & réglé dans l’arrangement de fes parties intégrantes; cet ordre & cette fymétrie font fur-tout remarquables dans lintérieur des pyrites & des marcaffites. Il ne faudroit pas cependant , con- fondre nos pierres purement terreufes avec ces corps effentiellement métalliques ou fulphureux, ainfi que ! fait quelques natura- lifles (2), ce feroit étrangement abufer des termes : le nom de flalac- tites leur conviendroit audi peu, fi, felon l’acception ordinaire , on n’entend par ce mot que des concrétions pierreufes , formées à la faveur du flüllicide. Nos pierres feuilletées & fchambrées me paroiflent avoir une par- faite analogie, quant à leur origine, avec les bézoards minéraux & avec tout le genre des aëtites de M. Linné (3), dans lequel ordre on doit comprendre les melons du Mont-Carmel , les pommes crif- tallines, les rognons des mines d’Allemagne, les geodes, les pierres d’aigle & autres pierres lamelleufes , foit caverneufes, foit à noyau. If me femble même que ce feroit une injuftice d’en exclure les pierres animales, foit égagropiles , foit bézoards, foit calculs urinai- res. Dans l’efprit de ce Naturalifte célebre, ce n’eft pas l'identité IE RP CRE ISC AE LS LE AU TERRE Eee 1] Voyez Diétionnaire de chymie de M. Macquer , au mor Crifallifation. [3 Entrautres , M. de Bomare, Diétionnaire d'Hiftoire naturelle , au met Priapolithe. [3] Sy nature, edit, 9 , p. 197. D T ji “ 148 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de la matière ni de la configuration extérieure qui doit conftituer Îe genre, c’eft la ftrudure interne, &e l'identité de l’origine & de la formation. (1) ÿ Or, examinons, en peu de mots, la naïflance & les progrès du calcul de la veflie humaine ; c’eft celle des pierres dont on vient de parler , dont l’hiftoire nous eft la mieux connue, tous les jours nous la voyons naître, pour ainfi dire, fous nos yeux. É È Vanhelmont, illuftre chymifte (2), a le premier reconnu dans l'urine de l'homme, même le plus fain, l’exiftence d’une matiere ierreufe difpofée à la concrétion : avec le fecours du microfcope , limmortel Boërhaave, a vu ces élémens pierreux nageans dans ce fluide (3), & a décrit l’ordre de leur concrétion; Nuk (4), incifæ la vefie d’un animal pour y introduire un morceau de bois; il en retira bientôt après une pierre, dont ce bois étoit le noyau; MM. Morand (5) & Swiéten (6) ont ramañlé grand nombre d'obferva- tions curieufes, qui prouvent qu'il n’eft point de corps étranger introduit dans la veflie urinaire qui ne puifle donner lieu au calcul. Le plus fouvent, pourtant, on le voit fe former à la maniere de quelques bézoards minéraux fur une arene tombée des reins (7). Quet que foit donc le corps étranger admis dans la vefle, les parti- cules pierreufes des urines ne manquent pas d’adhérer à fa furface, de s’y attacher peu à peu & par fédiment; la pierre accrue par des dépôts ‘continuels grandit tous les jours, jufqu'à ce qu'une man anue & cruelle vienne arracher cet ennemi que l’homme nourrit dans fon fein. Ÿ Par la fraêure des calcu!s, on ne manque jamais d’y obferver les couches fédimentaires dont ils font formés, & les noyaux fur lefquels ces couches fe font adaptées. Il eft hors de doute que les bézoards minéraux, qui renferment dans leur milieu un morceau de coquille ou un grain de fable & qui font conftruits par couches aufli concen- triques, ont été formés de Ia même maniere dans le fein des eaux. On ne doit pas être furpris que les eaux terreftres, comme les urines , fe trouvent toujours imprégnées de quelques molécules ter- mr [:1 En effer, M. Linné, #32, place dans le même ordre. des aërites , des pierres filicées, marmoracées , ochracézs, &c. [2] De Lithiafi, Cap. 2, n°. 10... Supplément Paradox, Efiice\n°. 48, [5] 4pud Wan-Swieren, Com. in Aph. 1. $, p. 183. [4] Adenographia curiof. p. 78. [51 Mémoires de l’acad. de chirurg. ë7-49. t. 3, p. 605. 6] 1bid, &. 1414. 71 Voyez Wan-Swieten, ibid, 1, $, p. 19% ". 1 } 4 ; L * SUR L’H1ST. NATURELLE FT LES ARTS. 149 reufes & lapidifiques ; le fait eft des plus certains. Une’ goutte de l’eau la plus pure évaporée fur'une glace, y laifle infailiblement une teche pierreufe difficile à enlever ; felon l'expérience de M. Hales (1), une eat qui fervoit de boiflon ordinaire a dépoté, au bout de deux ans, fur les parois d’un vafe, où l’on en faifoir bouillir tous les Jours , une croûte folide, épaifle d’un demi-pouce. La difpofition de ces élé- mens pierreux doit être intime, puifque la diaphanéité de l’eau n’en eft pas mème troublée. Dans certaines eaux, ces parties lapidifiques font fi abondantes & fi enclines à la concrétion ou criftallifation pier- reufe , qu'on voit des voütes fouterraines fe cha'ger eu peu de temps de ftalaétites, les canaux de bien des fontaines fe charger d’incrufta- tions, & certaines fources qu’on nomme improprement pérrifiantes ; donner aux corps qui y font plongés des enveloppes vraiment pier- reufes. Ces derniers corps une fois chargés de ces enveloppes ou couches concentriques ont , fans contredit , l’analogie la plus marquée avec les bézoards minéraux, & font une preuve évidente que ces dernieres pierres doivent leur formation aux parties terreufes des eaux, comme le calcul doit la fienne aux parties terreufes des urines, Cela une fois établi, 1l eft fenfible que nos pierres ne different ds effentiellement des bézoards minéraux , elles ont comme eux leurs couches concentriques ; leur cavité interne trahit même le myftere de leur origine, & acheve de démontrer que ces pierres ont eu la même caufe formatrice. En effet, il n’y a en elles d'autre différence qu’en ce que les bézoards minéraux ont confervé leur noyau re qui a péri dans nos pierres caverneufes ; cette différence eft purement accidentelle & ne vient que de la diverfe nature de ces noyaux. Dans les bézoards, le corps teflacé ou aréneux, qui en occupe le milieu, étant dur &c folide, le temps a pu d’autant moins le détruire, qu'il s’eft trouvé, à la faveur de fes enveloppes, plus à l’abri de l’aétion des caufes extérieures ; au lieu que dans nos efpeces d’aêtites, les corps étrangers que le hafard leur donna pour bale , fe trouvant de nature difloluble & putrefcible , ont été détruits & diffipés par le laps du temps, & que des criftaux parafites ont pris leur place. .Je fuis donc bien convaicu que nos pierres caverneufes ont com- mencé par être des pierres à noyau, de vrais bézoards ou calculs minéraux, .& que ces noyaux quelconques qui leur fervirent de bafe , ont féjourné long-temps fous des eaux imprégnées de fubftance calcaire difpofée à la concrétion. D'ailleurs , on peut imaginer tout ce qu'on voudra fur la nature de ces noyaux; c’eft aflez que l’on convienne qu'ils ont dû être diflolubles & putrefcibles, c’eft-à-dire, A (1) Hemaftat: Exp, 10, 150 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; de nature animale ou végétale. Nos pierres cylindriques, par exem= ple, paroiflent avoir été bâties fur de pétites büches caflées; les rondes & les ovoides, fur quelques fruits à peu près de la même figure : des feuilles entieres ou ulées par leurs bords, des morceaux de bois , des fétus, &c. ont été, peut-être, le noyau primitif de certaines. Les vers, les œufs de poiflons & autres parties molles & animales paroïflent avoir été moins propres à cet objet à caufe de leur propenfion trop rapide à la diflolution. Du refte , il n’eft pas merveil- leux qu’on ne retrouve pas dans la cavité de nos pierres , des réfidus de ces corps étrangers ; il en eft ici comme dans les vraies pétrifications ; on ne voit pas dans les phitelithes & dans les zoolithes de matiere analogue à celle des plantes ou des animaux qu’ils repréfentent. La putréfaétion a diflous les matieres , les eaux les-ont emportées. Il ne refte plus à préfent qu’à examiner fi dans notre hypothefe on peut donner une explication plaufible des noyaux parafites , feit crif- tallins, foit terreux, qu’on trouve dans la cavité de nos pierres ; & pour cela, il faut remarquer que la plupart des eaux terreftres, outre les particules pierreufes, dont on a parlé, contiennent encore en diflo- lution une certaine quantité de matiere criftalline & féléniteufe , done, felforment les fpaths. Celles qui en contiennent beaucoup, s’appellent des eaux crues; elles diflolvent mal le favon, ont un goût douceâtre & cuifent dificilement les légumes; telles font les eaux de prefque tous les puits. Par une de ces révolutions qu'il eft facile d'imaginer & dont l’hif- toire du monde fournit bien des exemples, on fuppofe que les eaux, au fond defquelles les monticules de nos pierres fe font formés, foient venues à abandonner le local. Ces pierres n’auront été dès-lors abreuvées que par des eaux fouterraines & féléniteufes. Ces nou- velles eaux entraïnées par leur propre poids, fe feront filtrées à travers le tiffu encore tendre de ces pierres entrant par leur partie fupérieure & reflortant par linférieure , cette filtration’ lente mais afidue de haut en bas n’a rien que de naturel. Cette eau parvenue dans la cavité n’aura pas eu de peine à difloudre le noyau qui y étoit contenu & dont les parties fe font atténuées & comme volatilifées par la putréfaétion. Il n’eft donc pas difficile de comprendre com- ment ce noyau putrefcible a été détruit & diflipé à la longue. Mais le féjour que l’eau a fair dans la chambre inférieure, & la lenteur de fon mouvement a favorifé la dépoñtion des criftaux féléniteux ou fpatheux contre les paroïs de cette cavité; c’eft ainfi que les fels fe criftallifent tous les jours fur les parois des vafes chymiques ; cette criftallifation a dû même continuer à fe faire jufqu’à parfaite réplé- tion tant que les filtrations ont eu lieu. Elle n’a pu avoir été inter- rompue que lorfque la pierre eft reftée à fec, ou que fon tiffu trop RE md = — 6 era sur LHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 151 compaite n’a plus permis l’admiflion de l’eau dans fon intérieur ; c’eft à ces caufes qu'il faut attribuer le vuide qu’on obferve quelquefois au centre des criftallifations. Tout ce qui vient d’être dit fe prouve par une obfervation qu'il eft eflentiel de remarquer. Je fuis parvenu à caffer certaines de nos pierres qui imitent des amandes pétrifiées , & cela, en différens fens ; j'ai vu clairement que ce n’étoit que des cornes ou grandes tellines qui avoient été incruitées, & j'ai toujours trouvé qu’elles avoient pour noyau la coquille en queftion métamorphofée en criftal, mais dont la furface & la configuration ne permettoient pas de la mé- connoitre. Dans les pierres minces & poreufes, l’eau aura pu non-feulement entraîner avec elle dans la chambre intérieure la félénite, matiere prefque {aline & toujours plus intimement diffoute que les matieres purement terreufes ; mais elle y aura encore introduit une certaine quantité de ces dernieres ; c'eft à ce méchanifme qu'il faut “attribuer la formation des noyaux terreux qu’on rencontre dans quelques-unes d’entreelles, noyaux qui font toujours plus tendres qu'elles & qui leur font évidemment poftérieurs. Si même dans le temps que le dépôt terreux fe forma , il fe trouva encore dans la cavité quelques parcelles confervées du noyau primi- tif, il n'en a pas fallu davantage pour donner l’origine à de petites concrétions intérieures ; ces atomes ont attiré à eux & fe font appro- priés des enveloppes pierreufes |, & ont produit ainfi ces petites pierres qu'on voit quelquefois renfermées dans les grandes comme des embryons dans leur matrice. Il réfulte de tout ce qu’on vient de dire , que nos pierres ne font que des aêtites; que leur chambre intérieure n’eft que l'empreinte concave, ce que les naturaliftes appellent le type d’un corps étran- ger qui leur fervit de moule , & que, par conféquent , elles ne diffé- rent en rien d’eflentiel des pierres d’aigle à noyau terreux & fixe, des géodes à noyau retréci, argilleux & mobile, des melons du Mont- Carmel & des pommes criftallines à noyau fpatheux, ni même des égagropiles, de deux efpeces de bézoards & des calculs. L’eau claire & les végétations finguheres qui fe trouvent quelquefois, felon Henc- kel , dans les rognons d’Ilmeneau , en Allemagne (1), ne doivent pas les faire tirer de cette clafle. Ces phénomenes font des accidens qu’il rapporte à la nature dure & chyfteufe des pierres , ou à l’introduétion de quelques fels métalliques qui, comme les arbres de Diane fe font ramifiés en fe criftallifant, F1] Œuvres de Henckel, Pyritologie, page 35% n 152 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Quoiqu'il en foit de nos conjeétures, qui tendent à fimplifier l’idée que nous avons des opérations de la nature, nous nous flattons d’avoir, enfin , réfolu le problème de la formation des priapolithes : du moins avons nous-battu en ruine bien des erreurs accréditées fur la nature de cegpicrres, & nous ferons bien trompés fi nous ne les avons arrachs fans retour à la clafle des pérrifications. Nobis fais erit dira coarguiffe mendacia. Plin. Hif. nat. Lib. 37, Cap. 11. P, RIVEMNC DS Des LEeTTREs de M. ALEXANDRE VOLTA, Sur L'air inflammable des Marais, / L. Au mois de novembre 1767 ,le Pere Campi découvrit une fource d'air inflammable fur les collines de Saint-Colombat. Cet air bouil- lonne à travers l’eau, s’éleve à fa furface, & le terrain qui avoifine cette fource en fournit également. Cette circonftance engagea M. Volta à multiplier fes recherches, & il découvrit que le Lac-Majeur , que celui de Côme, que les rivieres, les ruifleaux & les foflés don- nent de l'air inflammable; enfin, on n’a qu'à vouloir en trouver pour en obtenir effeétivement. Il fuit de remuer , d’agiter le fond de l’eau pour que les bulles s’élevent à la furface; alors, dans des caraffes renverfées dans l'eau, on reçoit l’air inflammable. Il étoit naturel de penfer que cet air étoit putride ou phlogiftiqué au point d’éteindre la flamme d'une bougie; mais l'odeur indiquoit qu'il étoit inflam- mable , & l'odeur eft un indice affuré pour ceux qui font accoutumés À manipuler fur les airs différens. Cet air brüle lentement, fa flamme cf belle & bleue, Pour qu'il s'allume & que fa flamme foit dans toute fa beauté, il convient que l’orifice du vaifleau foit un peu large; fi au contraire il eft trop étroit, lorfqu'on y préfente une bougie allumée , il s’y fait, à la vérité, un grand nombre de petites explofions fuccefives, mais elles font très-foibles & on peut à peine les difcerner. Il emploie pour les petites expériences un vaifleau de verre cylindriques de 3 à 4 pouces de hauteur &e d’un pouce de diametre, dont l'orifice eft d’un demi-pouce. Lorfqw'on approche la bougie, on voit l’orifice fe couvrir d’un flamme bleue qui def- cend très-lentement le long des parois du vafe & parvient, enfin, jufqu’au fond. Ce fpedtacle eft plus agréable lorfqu’on plonge dans le vafe une bougie allumée, par le moyen d'un fil de fer recourbé ; . alors | SUR L’'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 153 alors la flamme azurée s’éleve davantage & avec impétuofité. Si, au contraire, on enfonce la pq plus avant, fa flarnme s’éreint tandis que l’air continue à brüler fur l’orifice, & fa flamme s’avance peu à peu vers le fond. En relevant la bougie, elle fe rallume à l'inftant auquel elle revient en contaét avec la flamme qui brûle fur la furface. EI. Le fond du Lac-Majeur neft qu'une terre légere, très-divi- fée , ou plutôt un amas de racines , de teftacées , d'herbes pourries, &cc. d'où il s’exhale de l’air inflammable, mais en petite quantité. De là M. Volta concluoit, que pour obtenir cet air inflammable , il falloit un vafle amas de matieres détruites & corrompues , & il penfoit que Jes tourbieres, attendu leur inflammabilité & la couleur bleue de leur flamme, devoient donner une plus grande quantité d’air inflam- mable. L'expérience lui prouva le contraire; il fe promenoit le long du rivage, & en tâtant le fond avec fa canne, il apperçut que de tous fes endroits qui n'étoient ni pierreux ni caillouteux , il s’élevoit à leur furface un plus ou moins grand nombre de bulles d'air inflammable, excepté dans un feul cas où l'air fe trouva phlogiftiqué. D’après cette expérience , il effaya tous les ruifleaux & les eaux des environs , & tous les fonds donnerent de l’air inflammable & fouvent mêlé d’une ortion d'air fixe : les feuls fonds entiérement durs & de purs cail- ES n’ont jamais fourni de l'air inflammable, Ceux qui en donnent le plus, font ceux qui font compofés d’herbes pourries 8 amon- celées, mêlées confufément avec un limon léger & vifqueux. Dans les eaux mortes, corrompues & puantes , il fuffit d’en remuer légérement Je fond pour que cet air y bouillonne d’une façon finguliere : c’eft aux détrimens des végétaux & animaux macérés que cet air eft dù. Après avoir examiné les différentes eaux, l’auteur à obfervé les terrains fangeux qui les environnent. Il forma d’abord différens trous dans cette fange, les remplit d’eau & en agita le fond: l'air inflammable s’y manifefta. Bientôt après, & dans d’autres endroits où le terrain étoit le plus mol , le plus noir & le plus recouvert d’her- bes corrompues, il y enfonça avec force fa canne, la retira précipi- tamment & préfenta à l'inftant au trou une bougie allumée. Aufi- tôt parut une flamme bleue, dont une partie s’élevoit en l'air, Y'autre s’enfonçoit dans le trou & alloit en rafer le fond. En creufant ainfi avec précipitation plufieurs trous près les uns des autres, & en leur préfentant la lumiere d’une bougie, il avoit un fpeétacle charmant & voyoit la flamme courir de l’un à l’autre, tantôt les allumer fucceffive- ment, tantôt s'élever de tous en même-temps, fur-tout, s’il piétinoit le terrain pour en faire dégager l’air avec plus d’abondance. On a fouvent parlé, comme d’un phénomene extraordinaire, de çes terrains, fur Tome XT, Part, I. FÉVRIER 1778. 154 OBSERVATIONS SUR LA PHYSYQUE; lefquels en jettant une allumette. embrafée (1), on fait naître une flamme qui les parcourt & en leche [a fuperficie. Pour imiter ces phénomenes, il fuffit de faire des trous en terre ou de la fillonner pour que [a flamme fe déploie fur toute la furface de Peau. M. Volta penfe qu'on doit appeller cet air, air inflammable natif des maraïs , à caufe qu’il differe de tous les autres airs inflammables fattices ou. naturels par la couleur de fa flamme d’un bel azur, par la lenteur avec Jaquelle elle brüle en formant des ondulations , ce qui le diftingue de l’air engendré par la diflolution des fubftances métalliques par les acides , & quelque peu de celui qu'on obtient par la diftillation des fubftances animales & végétales. Cet air inflammable des marais procure à l’air commun qu’on y mêle, la faculté de s’enflammer. Le plus fort des airs inflammables artificiels , eft celui qui eft produit par a diflolution du fer dans- Facide vitriolique, qui donne l’explofion Ia plus forte Iorfqu'il eft mêlé à deux fois fon volume d’air commun; mais celui des marais: ou celui tiré des végétaux d’une maniere quelconque, demande à s’en- flammer avec la plus forte explofion dont il eft fufceptible, à être mêlé avec dix ou douze fois fon volume d’air commun ; fion n’y ajoute que cinq ou fix fois fon volume, lexplofion n’eft ni brillante ni forte, & fe fait fucceffivement par plufeurs foibles éclats. En mêlant douze mefures d’air commun avec une d'air natif des marais, la mafle entiere s’embrafe toujours tout à la fois. On comprend par-là, pour- quoi l'air des marais brûle f. lentement dans les vaiffleaux à petite ouverture ; c'eft qu’il n’eft point aflez en contaét avec l'air commun. IT. Dans cette Lettre, l’auteur préfente une théorie pour expliquer Ja différence qui fe trouve foit dans la couleur de la flamme, foit dans la force de l’inflammation entre l’air inffammable tiré des métaux, & entre celui qu’on obtient des marais ou des fubftances animales & végétales ; mais le traduéteur annonce que dans la feconde partie de cet Ouvrage qu'il va publier, M. Volta a entiérement changé de fentiment. 1 vaut donc mieux, pour le moment , ne s'occuper que des faits, & en atrendre tranquillement Pexplication. LV. L'auteur a allumé l’air inflammable par le feu éle@rique feur. Pour produire cet effet, il ne faut pas que l’éleétricité foit auf forte que celle employée pour enflammer l’efprit de vin ou les huiles eflen- telles. I ne faut qu'un peu d’adrefle ou de combinaifons. L'air inflammable obtenu par la diflolution des fubftances métalliques par » (1) Eifez la defcripriorr de la fontaine ardente du Dauphiné , année 17752. tome sh Journal de Phyfique , page 124, ! SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. +v55 fes acides, eft également très-fufceptible de s’enflammer. Pour cela, il préfente l'embouchure d’un flacon plein d'air inflammable à lécu de fon grand éleétrophore (1) à l’inftant où il l’a enlevé de deflus le plateau. L’étincelle, & quelquefois la feule aigrette, s’élance fur les bords du vafe, 8 quoique de verre, il attire fufifamment par fon bumidité le feu éleétrique , enflamme cet air & à plufeurs repriies & avec des explofions fücceflives, comme fi on eût approché à chaque fois une bougie allumée. En opérant de cette maniere, il arrive fou- vent que le feu ne touche pas à l'air; aufli, pour rendre la réuflite plus certaine, il faut armer intérieurement le flacon, dont l'ouverture eft plutôt large qu'étroite, 8 y plonger un gros fil de fer, dont une extrémité touche le fond ou l’armure intérieure, & l'autre, un peu obtufe & terminée par une petite boule, arrive prefque au bord de l'ouverture, Tout étant ainfi difpofé, l’étincelle ou laigrette, qui s’é- lance avec plus de vivacité, manque rarement d’enflammer l'air. Il arrive quelquefois qu’une, deux & même quelquefois trois étincelles frappent contre le bord du verre ou contre le fil de fer, dont il eft armé , fans exciter la flamme ; mais en approchant feulement le doigt, elle s'allume alors avec ‘explofion. Voici une autre expérience pour le moins aufli curieufe. En appro- chant d’un conduéteur éleétrifé l’orifice d’un fiphon maftiqué fur lou- verture d'un flacon , dans lequel l'acide vitriolique diflout du fer avec une vive effervefcence , les étincelles qui s’élancent dx conduéteur enflamment l'air qui fort avec vivacité de cet orifice, & la flamme une fois excitée , continue à brüler & à confumer le nouvel élé- ment qui lui eft fourni par l’effervefcence. Si, dans le moment où la flamme eft la plus vive, on l’étouffe en bouchant avec le bout du doigt lorifice du fiphon & qu’on l'ôte l'inftant d’après, elle fe rallume d'elle-même, comme à limprovifte & à pluñeurs reprifes, én continuant à boucher & à ouvrir alternativement lorifice du fiphon. L'air inflammable des marais eft plus lent & plus difficile à en- flammer que l’air dont on vient de parler. Pour bien réufhr, il faut adapter au grand conduéteur d’une machine éleétrique ordinaire un fil de laiton terminé par une petite boule. Une autre petite boule femblable qui communique au plancher, par le moyen d’un autre (2) Voyez la defcription de l’éle&rophore de M. Volta , par M. Roulard, année 1776 , tome 7 du Journal de Phyfique, page 458 ; même année, même volume, page 501, Lettre fur l’éleétrophore perpétuel de M. Volta; même année, tome 8, page 23, une Leure de M, Volta, {ur l'éleétrophore perpétuel. es ’ ij 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ; fil de laiton, eft placée à la diftance d’un pouce de la premiere , mais de maniere qu'il foit un peu plus bas qu’elle. Les deux fils de laitom fon pliés de façon que les deux boules puiflent entrer dans l’orifice d'une jarre un peu élevée, de deux pouces de diametre & fans en toucher les bords. Lorique la machine eft en aétion & que les étin- ceiles partent d’une boule à l’autre, on y préfente l’ouverture de læ jarre pleine d’air des marais & on y fait entrer les deux boules, de maniere que les étincelles gliffent , pour ainfi dire, d’un des points du bord à celui qui lui eft oppofé , c’eft-à-dire, de la boule la plus élevée à celle qui eft plus enfoncée dans le vafe. 5 L V. L'auteur, en terminant a lettre précédente , propofe une conjeéture fur l’origine & la nature des feux folers, & il les regarde comme formés de lair inflammable, dégagé des terrains maréca- geux &r enflammés par l’éle&ricité athmofphérique ; dans celle-ci if détaille cette idée. L’éle&ricité de lathmofphere fe manifefte dans des temps orageux, & le P. Bécaria a démontré que, lorfque le ciel eft le plus ferein, l’éleétricité de l’athmofphere eft à fon plus haut pé- riode. Ce même auteur a resardé ces feux, que le peuple appelle étoiles tombantes, comme un produit du feu éle@rique de la rofée IE a vu ces feux fe diriger vers fon cerf-volant, d’autres parvenir près de lui jufqu'à terre , s’y répandre, couvrir d’un feu inflantané le courant des eaux du voifinage & fe diffiper en formant un éclair. Ces feux folets paroilfent errans à peu près comme la flamme qui voltigeoit d’un trou à l’autre, formé par l’enfoncement de la cannè dans le terrain bourbeux ; oubien , ils paroïffent plus fixes comme dans: expérience de la veflie & du tube, c’eft-ä-dire qu'ils continuent à brûler tant que le nouvel air inflammable fe dégage de la terre & dans le même endroit, VI. La grande abondance d’air inflammable que l’auteur décou- wroit prefque par-tout & fur-tout dans les eaux flagnantes, corrom- pues par la macération des fubftances végétales & animales (1), lui fit comprendre qu’il reftoit beaucoup de chofes à efflayer & à décou- vrir relativement à Vorigine différente des différens airs inflam- mables; cette vue l’engagea à effayer l’étincelle eleétrique ; bientôt après, il plongea un charbon allumé dans lair inflammable & il s'y éteignit; mais en foufflant fur le charbon & le préfentant à l’onfice du flacon, l'air s'allume , comme par le fecours de la flamme d’une bougie; un fer rougi à blanc , & même qui n’étincelle pas, produit le (1) L'auteur dit, & je crois avec raifon, qu'il eff le premier qui ait obfervé &c reconnu l'air inflammable produit par çes fubfiances, #: Less stur L’'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS, 157 même effet. Si on fait tomber fur l’ouverture du flacon, la pluie des étincelles tirées par le coup de la pierre à fufil contre le briquet, l'air s'enflamme comme dans les deux expériences précédentes. Une autre idée aflez curieufe, regarde la conftruétion d’une efpece de fufil ou piftolet qui , chargé à la place de la poudre, d’air inflam- mable mêlé dans une proportion convenable avec air déphlogifti- qué, chafle une balle avec bruit & impétuofité, & prend feu par le moyen d’une batterie comme dans un fufl ordinaire, Si on fup- prime le mélange de l'air déphlogiftiqué, il faut alors faire ufage d’une bougie allumée au lieu de batterie. Il réfulte de ces expériences que, ni les huiles les plus tenues, ni l’efprit de vin le plus re&tifé, ni l’éther, ni le foufre, ni le camphre, ni la poudre à canon, ne s'enflamment pas aufñl promptement , aufñli facilement que Pair inflammable. VII. L'auteur entreprend de prouver, qu’excepté l’air inflammable ; il ny a abfolument aucune fubftance qui fe convertifle en flamme, & que celles qu'on a de tout temps tenues pour inflammables , & reconnues comme telles, ne le font pas, à proprement parler, par elles-mêmes , mais feulement parce qu’elles fourniflent de l'air in- flimmable, ou qu'elles fe réfolvent en cet air & en revêtiflent la nature avant de s’enflammer. Enfin, le bois, le papier , la cire, la poix, le foufre, huile, les efprits ardens , l’éther, leurs parties intégrantes, ni aucunes de celles qui les compofent , foit liquides ou lides, ne s’enflamment point comme telles. Si on objeûte que fes fubftances réduites en vapeurs , s’enflamment fans changer de nature, M. Volta répondra, fi par le mot vapeur, on entend les pare ties d’une fuflance, atténuées, fublimées & changées par la force de la chaleur en une vapeur expanfble , comme, par exemple, celle de Pefprit de vin; le mot vapeur fera trop général fi elles peuvent être condenfées par le froid, & réunies en gouttes. Dans ce cas, elles n’ont qu'un reflort pañlager, n’ont point la véritable forme aérienne, & elles ne fonf point inflammables par elles - mêmes, L'auteur ne regarde comme un véritable air, comme un fluide pneumatique, que Îles vapeurs qui font dans un état d’élafticité permanente, & qui ne peuvent plus fe condenfer. Il faut donc que toute fubftance foit dans cet état de fluide pneumatique, pour être véritablement & immédiatement inflammable ; ainfi, les vapeurs des huiles, du foufre, des efprits, &c., qui acquierent cette forme élaftique permanente , font véritablement l'air inflaminable & les feules qui puiflent s’enflammer ; les autres vapeurs proprement dites, ne le peuvent pas ; ainfi, dans un bois qui brüle, la fubftance qui produit la flamme dans ce bois embrafé, & qui s’éleve tout d'un trait à la fuite de la fumée qui la précede , n'eft autre chofe que 158 OBSERVATIONS SUR LA, PHYSIQUE; Vair inflammable qui fe dégage, & qui commence à prendre feu au contaét des charbons excités. La flamme, une fois produite, fe communique enfuite ailément au nouvel air inflammablé qu con- tinue à fe dégager du bois qui brûle. Ii en eft ainfi dans toutes les matieres molles & fluides qui brûtent, & on le prouve par la quan- tité d’air inflammable qu'elles donnent par la diflillation , & par l’étin- celle réleétrique. L'auteur prouve cette théorie par une longue fuite de raifonnemens très forts & très - convaincans ; il fereit trop long de les rapporter ici. Ces idées feules & fondamentales mettront fur la voie ceux qui ont confidéré les phénomenes de la flamme danse les corps en combuftion. Ainfi, dans les corps fluides , comme dans les corps folides, l’air inflammable qui s’en dégage, brüle feul, & le refte qui forme enfuite la male charbonneufe , m’eft que le réceptacle ou le magañn de cet aïr. Quant à la nature de cet air, M. Volta penfe qu’elle eft une efpece de foufre, c’eft-à-dire , le phlogiftique combiné avec un acide fous forme aérienne, mais aufli quelquefois rélultant d’une certaine combinaifon du même phlo- giftique avec l’alcali volatil. M. Prieftley a produit de l'air inflam- mable en recevant les étincelles éleûriques dans l’efprit volaril de fel ammoniac en liqueur , comme il. en a tiré par le même procédé de lefprit de vin & des huiles, Il eft encore néceflaire que la bafe du phlogiftique, ou acide, ou alcaline, foit dans un état aérien, ou du moins aflez proche & avec la faculté d’exifter fous forme d'air, pour être fufceptible de s'unir au phlogiftique, & de former avec lui de l’air inflammable. Quant à Ja maniere dont l'air in- flimmable eft contenu dans les corps, l'auteur penfe qu'il y exifte fous la forme & avec les qualités d’un air avant de s’en dévelop- per, mais fous une forme fixe, pour ainfi dire, coagulée & pri- vée de fon élafticité. Cet air inflammable ne fe forme qu'à l'inf- tant où il fe dégage, & fouvent l'inftant où 1l fe forme, eft fuivi immédiatement de fon inflammation? quelquefois auf, il refte dans un état d'inertie, comme dans le cas où il eft produit par la magé» sation & l’entiere putréfaétion des vépétaux fous l’eau, kb Le fuite dans le Cahier prochain. LT Où Le > sur L’H1ST,. NATURELLE ET LES AnRrTs. 159 À 8 à 0 + D NL er N De quelques Expériences faites avee une Machine pneuma- tique , conftruite felon les principes de M. SMÉaToN ; avec quelques autres Expériences faites avec la Machine pneumatique ordinaire; lu à l’Aflemblée de la Société Royale de Londres, le ro Juin 1777; Par M EDOUARD NAIRNE, Membre de cette Société, Comme les expériences fuivantes ont pour objet principal d’effayer léprouvette de M. Sméaton , nous allons en donner une defcription telle qu’on la trouve dans les Tranfaétions Philofophiques des années 1751 & 1752, Volume XLVII, page 420. « Ceft après avoir fenti linfuffifance des éprouvettes, dont on » s’eft fervi jufqu'à préfent pour mefurer le degré d’expanfion de » l'air dans des expériences délicates, que jen ai imaginé une autre qui » donne ce degré jufqu'à un millieme : c’eft une boule de verre » allongée en forme de poire , capable de contenir environ demi-livre » de mercure. Cette poire qui eft ouverte à fon extrémité inférieure, » eft furmontée d’un tube fermé hermétiquement à fon fommet. fai » déterminé avec des’ balances fort exattes, la hauteur d’une colonne » dé mercure du diametre du tube, dont le poids feroit la millieme » partie de celui qui rempliroit toute la capacité du vaifleau. J'ai » divifé par ce moyen le tube, les degrés répondant chacun à la » millieme partie de toute la capacité, chaque degré étant d’un » dixieme de pouce à peu près, peut encore être fousdivifé par » eftimation pendant qu’on fait le vuide; cette éprouvette eft fuf- # pendue dans le récipient à une tige coulante. Après avoir fait » Jouer le pifton autant qu'il eft néceflaire, on baïfle léprouvette » jufqu'à ce que le bout ouvert plonge dans un vafe rempli de mer- » cure placé au-deffous; lair étant rendu, le mercure eft chaflé dans » l’éprouvette jufqu’à ce que Pair qui y refle foit devenu de même » denfité que l'air extérieur ; le tube étant bien vertical, l’expanfon » fera mefurée par le nombre des divifions occupées par Pair au fom- » met du tube ». » Ÿai pu généralement raréfier l'air mille fois dans mes expériencés 169 OBSERVATIONS SUR LA-PHYSIQUE,; -i » lorfque la pompe étoit bien nette ; mais l'humidité qui adhere aux # parois des corps de pompe & aux autres parties intérieures, lorf- » qu'on la laifle à l'air, ne tarde pas à fe mêler à huile, lépaifit »# & empêche l’aétion du pifton fur un fluide auf fubül que Pair, # lorfqu'il eft beaucoup raréfié. Cependan:, la pompe agit encore # fur l'air jufqu'à $oo deprés de raréfaétion ». Le cuir du pifton de la machine qui a fervi aux expériences fui- ‘vantes , a été enduit d'huile & de fuif, & le corps de la pompe a été huilé, on a pris toutes les précautions néceflaires pour empêcher que Veau ne pénétrât dans aucune des parties agiflantes de la machine ; fi on en excepte la vapeur qui pouvoit s'élever des fubftançes mifes fous le récipient. * ExPÉRIENCE I. M'étant pourvu d’une jauge (1), fur laquelle chaque divifion étoit de deux dixiemes de pouce, & répondoit à un quatre millieme de toute la capacité, je la plaçai fous le récipient, ainfi qu’un verre fervant de réfervoir au mercure , dont le pied ayant été caffé, fut remplacé par un autre pied de bois de buis, circonf- tance eflentielle à obferver, comme nous le verrons Expérience VE. Le récipient portoit fur une peau trempée dans l'huile & la graifle. La pompe étant mife en jeu, la jaug= fut plongée dans le mercure ; on rendit l’air au récipient qui chafla le mercure dans la jauge jufqu’à un quatre millieme du tout. De forte que la pompe fembloit avoir raréfié l'air de 4000 fois, tandis que M, Sméaton n’a pu ra- réfier lui-même que de 1000 fois. Je ne fais à quoi on peut attri- buer cette différence. Les connoiflances de M. Sméaton, & fon adrefle dans la pratique , ne me permettent pas d'expliquer cette fupériorité apparente par une plus grande perfeétion dans la machine que j'ai fait exécuter. C’eft pourquoi j'ai répété l'expérience avec différentes éprouvettes , comme le fyphon, le barometre long & le barometre court, pour voir fi l’erreur ne feroit pas dans les jauges, Mais ces différentes éprouvettes ont donné différens degrés d’exhauflion, de forte qu'on ne peut rien conclure de cette expérience, J'ai donc réfolu de comparer encore cette jauge avec les deux barometres, avec tout le foin poñble : pour m’aflurer de barometres parfaitement. dépouillés de toute humidité , je fis faire à la Verrerie plufieurs tubes, dont deux de même grandeur furent remplis de mer- eure diftillé, une heure après qu'ils furent, faits. Je fis bouillir avec précaution le mercure dans toute la longueur du tube, qui Re ee D (1) Nous appellerons dans la fuite jauge, "éprouverte de M. Sméaton, dont on vient de lire la defcription, confervant le nom d’éprouveite à sout inftrument en général, deftiné à mefurer le degré d'exhauftion, At étoit hr ÉRan.. 4 SUR Æ’H1ST. NATURELLE ET LES. ARTS: 161 “était d'environ 36 pouces. Je coupai l’un des tubes environs à 6 pouces de l'extrémité fcellée, & je le renverfai plein dans un réfervoir de mercure bouilli. Un morceau mince d'ivoire, d'environ demi-pouce de longueur, placé fur le tube près de la furface du mercure den; le réfervoir, portoit les divifions, qui mefuroit avec exathitude la diffé- rence des deux furfaces ; cette efpece d'éprouvette eft ce qu’on appelle barometre court. L'autre tube fut coupé à 30 pouces, rempli de mercure bouilli, Sc renverfs dans un réfervoir de mercure auffi bouilli, de maniere a y plongea d'environ un pouce. Les divifions étoient, comme ans l’autre , fur une regle d'ivoire. Ces deux tubes mis’en même temps fous le récipient, & après un jeu du pifton de 10 minutes, le mercure baiffla, dans l’un & l'autre tube, jufqu’à un vingtieme de pouce de la furface du mercure dans leur réfervoir refpeâif. L'air tout rendu & le récipient ôté, le long tube fut élevé dans fon réfervoir affez haut pour que le mercure quittât le fommet, ce qui le rendoit alors un barometre ordinaire. Le mercure étoit fou- tenu à la hauteur (1) de 30 pouces, comme dans le barometre de ma chambre, . Ayant coupé le bout fcellé du long tube pour y maftiquer une piece de cuivre qui le faifoit communiquer par le fommet avec la machine pneumatique, de maniere que l’air en étoit pompé par le fommet, Vautre bout fut plongé dans un réfervoir de mercure: tel eft le barometre long. Le barometre court fut mis fous le ré- cipient après 10 minutes de jeu du pifton; le mercure baïfla dans le barometre court jufqu’à 4 de pouce de la furface du mercure dans le réfervoir, & s’éleva dans le barometre long jufqu'à : de la hauteur où il s’étoit élevé lorfqu'il étoit difpofé comme un baro- metre ordinaire, Ces éprouvettes, faites avec ces précautions , déterminent plus exaétement qu'aucune autre , à ce qu’il me paroït, la diminution de preflion de l'air fur la furface du mercure. Je me fuis fervi prin- cipalement du barometre long dans les expériences fuivantes, parce qu'il étoit fixé à la pompe. Etant afluré de l'accord parfait du ba- rometre long & du barometre court, j'ai répété ma premiere EXPÉ= rience. Exe. IL, (Outre le barometre court, je plaçai aufi la jauge avec mo (x) I n’eft queftion dans rout ce Mémoire, que de pieds & pouces anglois, plus peurs que le pied & je pouce françois, dans le rapport de 811 à 864. Tome XI, Part. J, FÉVRIER 1773. 162 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; fon verre à pied de bois de buis , fous le récipient qui fut placé fur une peau imprégnée d'huile & de fuif. Après ro minutes de jeu du pifton, le mercure baïffa dans le barometre court jufqu'à 2 de pouce du niveau du réfervoir, & s’éleva dans le barometre long jufqu'à : de pouce de la hauteur du barometre ordinaire, qui étoit alors de 30 pouces; de forte que , fuivant ces deux éprou- vettes; la preffion de l’air furle mercure étoit réduite à . La jauge étant alors plongée dans le mercure, & l'air rendu dans le récipient, elle indiqua une exhauftion de 6ooo degrés, c’eft-à-dire, que l'air, avoit été réduit à #3. Ce peu d'accord entre la jauge & les autres éprouvettes, me fit tenter différentes expériences, mais aucune ne me fatisfaifoit. Lorf- que, répétant une expérience où les éprouvettes différoient de quelques milliers de degrés, en préfence de plufieurs membres de la fociété, M. Sméaton & M. Cavendish, ce dernier nous dit, “ que, d’après quelques expériences de fon pere, Charles Cavendish, » il paroiïfloit que l’eau fe réduifoit en vapeurs, lorfque la preflion » de l'air diminuoit jufqu'à un certain degré ; mais que cette preffion # étant rétablie, les vapeurs fe réfolvoient de nouveau en eau: » que ce degré de preflion étoit différent, felon la température de # l'eau: à 72° du thermometre de Färenheit, les vapeurs paroif- » foient lorfque le mercure, dans l’éprouvette, n’étoit plus qu'à 2 » de pouce de fon niveau, c’eft-à-dire, lorfque la preflion étoit £ # de celle de lathmofphere; mais la temperature étant de 41°, la » prefion ne doit être que -<, ou le mercure doit être à: de pouce # de fon niveau. L'eau s’évaporera à l'air libre , à une température, » & une preffion quelconque de l’athmofphere; mais cette évapo- » ration eft due entiérement à lation de l'air ; tandis que celle » dont on parle ici, eft produite fans le fecours delair. Il fuit » delà, que le récipient épuifé au degré: ci-deflus mentionné, lhw » midité qui adhere aux différentes parties de la machine, s’élévera » en vapeurs, & prendra la place de l’air qui eft continuellement » chaffé par le jeu de la pompe; de forte que le fluide de la jauge, » comme du récipient, confifte en beaucoup de vapeurs. Rendant » maintenant l'air au récipient, toutes les vapeurs de la jauge fe » réfolvent en eau, & l'air pur feul ne fera point condenfé ; la » jauge montre donc feulement combien il refte d’air pur dans le » récipient, & non de combien eft diminuée la preflion ou le ref- » fort du fluide qui y eft contenu ; au lieu que les autres éprouvettes » indiquent cette diminution , foit que ce fluide foit de l’air ou des » vapeurs. | Il fuit de cette explication fatisfaifante de M. Cavendish, que fi Yon Ôte l'humidité de la machine avec tout le foin poffble, les deux sur L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 163, éprouvettes doivent s’accorder ; ce qui m’a conduit à faire l’ex- périence fuivante, Exr. IIL La platine étant bienfeche & nettoyée, on y plaça le barometre court & la jauge avec un réfervoir tout de verre, le tout fut recouvert d’un récipient qui fut cimenté à fon bord extérieur pour ôter toute communication avec air ambiant. Le récipient &z tour ce qu'il contenoit fut parfaitement dépouillé d'humidité après dix minutes de jeu du pifton (1), les barometres indiquerent 600 degrés d’exhauftion ; l'air introduit, la jauge indiqua à fort peu au-deflus de 6oo. Cet accord des éprouvettes dans cette derniere expérience, ne laïfle aucun doute fur la fuppofition de M. Cavendish, que dans les expériences précédentes , l’humidité qui n’avoit pas été chaflée auffi exaétement , étoit la caufe de la différence d'indications des éprouvettes, Mais je commençai dès-lors à foupconner qu'il pou- voit s'élever quelques vapeurs de la peau imprégnée d'huile & de fuif, & du pied de bois spi dans la premiere & feconde expé- riences ; pour confirmer ces foupçons, J'ai fait les expériences fui- vantes. Exp. IV. On mit fous le récipient un morceau de peau préparée dans lalun, & connue fous le nom de peau blanche de mouton, d'environ 4 pouces de diametre & imprégnée d'huile & de graifle depuis un an environ, comme étoit celle fur laquelle nous avons placé le récipient dans les deux premieres expériences, Le barometre indiqua 300 degrés d’exhauftion & l'air étant rendu ; la jauge indiqua 4000. Exp. V. Ayant retiré le morceau de peau & fait le vuide de nouveau, le barometre & la jauge indiquoient l'un & l’autre 600 degrés d’exhauftion. Exp. VL Ona mis fous le récipient un cylindre de bois de buis que javois chez moi depuis près d’un an, d’un pouce de diametre & de trois pouces de longueur. Ce morceau étoit de même nature que celui qui fervoit de pied au réfervoir de verre dans les deux premieres expériences. Le barometre a indiqué 300 degrés d’exhauftion, & la jauge , 16000. Ces expériences fouvent répétées ont rarement donné les mêmes réfultats. Lorfque la peau imprégnée d'huile :& - de graifle a été mife (2) On doit remarquer que dans les expériences fuivantes , l'a@tion du piftoa fera toujours de 10°, & que le récipient reftera cimenté à la platine, tant qu'on ne fera pas mention dû contraire. On peut ouvrir cg même récipient par fon fommer, pour y placer différentes chofes, 164 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; S fous le récipient, la jauge a indiqué quelquefois 20000 & d'autres fois oo. Le bois de buis préfente auffi les mêmes différences , ce qui pourroit venir des différens degrés de température & d’humi- dité. Il s’éleve donc une vapeur élaftique & de la peau préparée , comme ci-deflus , & du bois de buis, lorfque la preflion de l’athmofphere eft diminuée par le jeu du pifton. Cette vapeur preffant fur le mercure des deux barometres, doit modifier leur indication, au lieu que la jauge, qui n'indique qu'après que l'air eft ramené à fa premiere den- fité, n’'éprouve que la preffion de Pair pur reftant, puifque la vapeur perd cet état de vapeur par la condenfation de l'air. Mais cette grande quantité de vapeurs vient-elle de l'huile, de la graifle, de l’alun ou de la peau même ? C’eft ce que les expériences fuivantes vont nous apprendre. Degrés d'exhauflion felor le baromerre , la jauge. Exp. VIL On a mis dans le récipient 2 oncesade infini fase ee Mec VER Exe. VIIL Deux onces d'huile, . , . , 4. 377. Exp. IX. Deux onces d’alun. ,. . . . 378 . Exp. X. Cent grains de peau telle qu’elle fort de chez le. Marchand. : . : , , 1ÿ2. « 100000. Exp. XI. Le même morceau de peau 1m- prégné de 2 onces d'huile & de fuif. : ..432. « .1800. . 431. + 600, . 480, . 580 On voit par ces expériences que la peau fournit beaucoup. plus de vapeur élaftique que le fuif, Phuile & lalun, Il paroït même, par la dixieme expérience, que cette vapeur remplace fi promptement l'air chaflé par la pompe, que j'en ai pu, au moins dans 10 minutes, faire indiquer au barometre plus de 152. Cette vapeur vient-elle de l'humidité de la peau? L'expérience vai prononcer. Exp. XII. 100 grains de peau blanche placée dans le récipient 8 fortant de chez le Peauffier, le barometre a indiqué 134. & la jauge 100000 , la peau a perdu 2 grains. Exp. XIII. Le même morceau de peau féché au feu jufqu’à ce qu'il ne perdit plus rien de fon poids, qui étoit alors de 80 grains placé dans le récipient ; le baromètre a indiqué 268 , & la jauge, 280. Il a gagné 2 grains, Exp. XIV. La même peau expofée à la vapeur de l’eau chaude jufqu'à ce qu’elle ait regagné les 20 grains qu’elle avoit perdus au feu, | | SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 326$ 8 placée dans le récipient ; le baromètre a indiqué 147 & la jauge 100000. Elle a perdu 2 grains. 4e Quoique la peau, dans cette dernière expérience , fût placée dans la vapeur de l’eau, fort près de la furface, elle a été trois quarts d'heure à regagner les 20 grains perdus. C'eft fur leftimation des perfonnes préfentes , que j'ai dit que la jauge indiquoit 100000 ; car elle n’eft divifée que jufqu’à 4000. Exp. XV. La même peau qui avoit fervi dans la onzieme expé- rience fut mife dans un lieu humide , où elle refta jufqu’au lendemain. Etant remife dans le récipient, le barometre indiqua 300 & la jauge oo. PE bien convaincu que la différence de la jauge au barometre étoit occafionnée par l'humidité, réduite en vapeurs , des fubftances mifes fous le récipient ; j'ai cherché quel feroit l’effet des vapeurs qui s’éléveroient de différens fluides pris en petite quantité, & de fubflances de différentes efpeces contenant de l’humidité, € 7 9» 166 * OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Poids lorf-\ Degré d'exhauf-|\ Variations quon lesa| tion felon dans le poids mifes dans\——;— \durant l'ex- lerécip.. |Le Bar.|LaJaug. périence. Le: TON SERRE LEE PR RER EN ES er . Subflances mifes dans le Récipient. Exe. XVI. De l’eau dansun verrede montre.| 3 grains. 148 | 24000 Perdu 1 = gr. X VIL. De l’eau dans un verre de 2 pouc- de diametre. . . . . + . .| 100 89 | 8000! ” 2 XVIIL. De l'efprit de vin dans le même verres Me Element GO 54 6000 9 XIX. Acide vitriolique. . - .: +: .| 100 340 220 gag. 1! XX Pulpe d’orangeavecunpeud'écorce| 100 160 |100000 perd. 24 XXI. De l'intérieur d'un oignon. . .| 100 160 |100000 1È XXIL. D'un morceau de bœuf pourri. .| 100 152 |100000 22 XXIIL Un morceau de bœuf fain, . .| 100 136 [100000 25 XXIV. Efprit de térébenthine. . , , .| 100 301 1800 2 XXV. Péarl.iash. . 1. ., 7...) .lN2onces.| 118 5000 XXVI. La même fubftance fortement Chauffe Mie M ENS OS NS eee |e 198 420 XXVIL Une chandelle qu’on a laïflée s’éreindre danslerécipient. . . .l. . 297 800 XXVIIL Du charbon, . . . . .| 119 1800 XXIX. Le récipient étant bien chauffé, on y amis le même charbon allumé.|. . . 650 600 XXX.-Camphre. . : . . }, , .| 100 gr. | 304 s2o perdu + gr XXXI. Soufre brûlé fur une plaque de CULYDEs Re A tt 6e Mie Ali le 247 320 Îl éroit naturel de foupçonner, d'après ces expérien-| : ces, que lorfqu’on s’eft fervi de cuir mouillé pour faire adhérer le récipient à la platine, la pompe n'a pas pu épuifer auffi forcement que dans les exemples précé- dens. Les expériences fuivantes le confirment. Exp. XXXIIL. Ona féché & nerroyé le récipient de rout le cimentqu'il pouvoiravoir, & on l’a remis fur la platine en verfant de l'huile tout aurour de fon bord extérieur, , . . . . . .-près|de 600 600 XXXIIL. On a placé le récipient furun cuir qui avoit refté deux jours dans l’eau. MER XXXIV. La derniere expérience répétée avec le Meme CUT, de: anale le Lot le M Malle ee XXXV. La même expérience ayecle même cuir. X&X VL. Au lieu de cuir trempé dansleau, onen a pris un trempé dans un mélange d’eau & d'ef- rir de vin, à la maniere de M. Sméaton. XXXVIT. La derniere expérience répérée avec le méme entra te Aer DC ENG 1150 XXX VIIL la même expérience avecle même cuir.| 47 soo st | 16000 51 1500 5! 1000 47 12000 PR st sur L’H1ST. NATURELLE -ET LES ARTS. 167 La grande différence qui paroît dans ces fix expériences dans le témoignage de la jauge m'étonne d’autant plus que les cuirs me paroif- foient aufli humides avant qu'après. J'ai fait plufieurs expériences de cette nature, mais je n’ai jamais pu épuifer au-delà de 50 à 60 degrés dans les mêmes circonftances que ci-deflus ; la chaleur de la chambre étant de 57° au thermo- metre de Farenheit. Les expériences fuivantes font voir comment la chaleur affeéte les degrés d’exhauftion. Exp. XXXIX. Le thermometre étant à#46°, le récipient a été placé fur un cuir qui avoit féjourné dans l’eau toute une nuit ; le barometre indiqua 84 & la jauge 20000. 3 Exp. XL. Le thermometre étant au même degré, le récipient fut placé fur un cuir qüi avoit trempé toute une nuit dans un mélange de deux parties d’eau & une d’efprit de vin ; le barometre indique 76 , & la jauge , 8000. La machine pneumatique & les cuirs furent tranfportés enfuite dans une chambre, dont la température étoit de 57°. fept heures après. Exr. XLI Le récipient fut placé d’abord fur un cuir trempé dans l’eau; le barometre indiqua 56, & la jauge , 16000. Exp. XLIL Le récipient placé fur un cuir trempé dans l’eau & Pefprit de vin, le batometre.a indiqué 49, & la jauge , 1200. Dans les expériences qui fuivent, j'ai comparé les effets de Ja machine pneumatique faite fur les principes de M. Sméaton, & qui m'a fervi dans la plupart de ces expériences, avec la machine pneu- matique ordinaire à deux corps de pompe. Les cuirs des piftons furent enduits d'huile & de fuif , chaque récipient cimenté à fa platine, & les pompes huilées de nouveau. Exp. XLIIL On a placé fous chaque récipient , un morceau de cuir de 100 grains: chaque morceau fut coupé fur la même peau nouvelle- ment achetée pour la machine de Sméaton; le barometre indiqua 152 & la jauge 100000 pour la machine ordinaire; le barometre indi- qua 108 & la jauge 12000. Exp. XLIV. Les mêmes morceaux de cuir féchés au feu jufqu’à ce qu'ils ne perdiflent plus de leur poids furent remis dans chaque récipient pour la machine de M. Sméaton ; le barometre indiqua 506 & la jauge, 520; pour la machine ordinaire , le barometre indiqua 160, & la jauge, 165. Exp. XLV. Lorfqu’aux cuirs des piftons imprégnés d'huile & de graïfle , on a fubftitué dans la machine ordinaire d’autres cuirs trempés dans l’eau , les foupapes de veflie étant renouvellées & le récipient cimenté,, le barometre a indiqué 37, & la jauge, 38. Exp. XLVI, La même expérience répétée avec une autre machine j LI 168 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; commune , aux piftons de laquelle on avoit auffi mis des cuirs trem- pés dans l’eau , le barometre a.indiqué 34, & Îa jauge , 37. Il paroîrévident , d’après ces expériences, que Orro Guericke ,Gratorix, Te Doëteur Hooke, Papin, Boyle, Hauxsbée, s'Gravefande, Mufch m- broeck & tous ceux qui ont employé l’eau dans les corps de pompe , n’ont jamais fait un vuide plus grand que de 40 à $o degrés, la ‘chaleur du lieu érant fuppofée de ÿ7°; & quoique M. Sméaton n'ait point admis d’eau dans le corps de pompe de fa machine ; cependant ,. comme il employoit un cüir trempé dans l’eau & l’efprit de vin pour faire adhérer le récipient à la platine, il na pu faire le vuide que jufqu’à un millieme ou dix millieme de lair commun, fuivant le témoignage de fa jauge. Maïs, comme il a dû s'élever beaucoup de vapeurs de cuir mouillé, le degré du vuide, tel que lauroit indiqué letbarometre, ne pouvoit excéder + ou ; de la denfité de l'air athmofphérique. Cette différence ne vient cependant point d'aucun défaut dans la conftruétion de la machine de M. Sméaton : s’il eût prévu les mauvais effets de ce cuir trempé dans l’eau & l’ef- prit de vin, & qu'il eût pris toutes les précautions néceflaires pour dépouiller fa machine de toute humidité, je ne doute pas qu’il n’eût obtenu un vuide aufli parfait que celui que sous a donné la machine qui a fervi dans ces expériences, Ayant lu la principale partie de ce Mémoire à M. Sméaton, à qui je montrai, entre autres expériences, celle où la jauge indiquoit 100000 ; il remarqua que dans fes différens eflais, il éteit au-delà de 1000 & même jufqu'à 10000 ; mais que ne pouvant rendre compte du fait, qu'il croyoit accidentel, 1l ne marqua que 1000, comme étant le degré dont il avoit plus de certitude. - Je dois encore obferver que ce n’eft que par le moyen de la jauge de M. Sméaton, qu'on pourra connoître la quantité d'air pur reftant dans le récipient , après l'avoir épuifé autant qu'il eft pofñblé; & que ce n’eft que par le concours de la jauge & du barometre qu’on pourra conmoître & la quantité d’air permanent, & la quantité de vapeurs qui fe font élevées. Expériences ulérieures faites avec la même machine conftruite felon k principe de M. Sméator , dont les réfultats different des précédens. En revoyant mes expériences pour la derniere fois, j'ai apperçu ün ou deux réfultats extraordinaires qui ne m’avoient pas échappé, mais auxquels je n’avois pas donné affez d’attention. L'expérience dix- neuvieme , dans laquelle on a mis de l'acide vitriolique fous le réci- pient, & où la jauge a donné un degré, de beaucoup moindre que celui RÉ #4 4 L 4 MC s LA L. sur L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS: 169 celui du barometre , m’a paru fi étonnante , que j'ai voulu la répéter avec toute Pattention poñlible , pour obferver toutes les circonftances qui pouvoient influer fur le réfultat. L’acide vitriolique, dont je me fuis fervi dans les expériences fui- vantes, étoit chez moi depuis long temps dans un flacon à bouchon de criflal recouvert d’une veflie. Le thermometre étoit à 59° & le temps fort fec. Exp. XLVII. Cent grains d’acide vitriolique dans un verre de deux pouces de diametre, placés fous le récipient ,le barometre a indiqué 6o2 & la jauge 380. L’acide a augmenté d’un grain. Exp. XLVIIL En répétant la derniere expérience fur les 101 grains d'acide dans le même verre, le barometre a indiqué $o2, & la jauge 350. Il a gagné “grain. Exp. XLIX. En répétant encore fur les 101 + grains d’acide, le barometre a indiqué 502, & la jauge 350. Exp. L. Répétant pour la quatrieme fois, le barometre a indi- qué 502, & la jauge un peu plus de 340. L’acide a gagné de grain. La formation des vapeurs dans le récipient, comme M. Cavendish l'avoit fuppofé, & comme mes expériences l'ont démontré ; explique d’une maniere fatisfaifante pourquoi la jauge indique un plus grand degré d’exhauftion que le barometre ; mais étant embarraflé d'expliquer ‘pourquoi , dans cette scirconftance , elle en indique un moindre ; j'ai voulu répéter quelques-unes de mes premieres expé- riences , dans lefquelles les deux barometres & la jauge s’accordoient dans leurs indications ; j'ai retiré, en conféquence , l'acide vitriolique de deffous le récipient, j'ai huilé de nouveau le corps de pompe, ë&e après'avoir bien féché & nettoyé le récipient , je l'ai cimenté à la platine. Exp. LI. Le degré d’exhauftion, fuivant le barometre , étoit de 432, & fuivant la jauge de 370. Cette expérience a été faite avec les mêmes précautions & dans les mêmes circonftances que les premieres, fi on en excepte l’état de Pair qui étoit très-humide alors, & qui dans la derniere expérience étoit très-fec. ; Jufqw’à préfent , la jauge n’a été plongée dans le mercure qu'après avoir fait jouer la pompe pendant 10 minutes, temps au-delà du- quel le barometre cefle d'indiquer un plus grand degré d’exhauf- tion. Mais les dernieres expériences montrant combien peu S’ac- cordoit la jauge avec lebarometre, j'ai voulu favoir fi elle ne s’accor- deroit pas mieux lorfque le récipient ne feroit épuifé qu’en partie. Fai mis, en conféquence, deux jauges fous le récipient, lune defquelles devoit être baïflée dans le mercure après avoir fait jouer Tome XI, Part. I. FÉVRIER 1778. z4 Ë, À 170 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le pifton pendant $ minutes, & la feconde, après le temps ordinaire de 10 minutes. Exp. LII. Le récipient étant d’abord cimenté à la platine, après ÿ minutes, le barometre à indiqué 430 , & la jauge, 300, & après 10 minutes, le barometre a indiqué 430, & la jauge, 360, Exp. LUI, Ayant Ôôté le ciment du récipient & mis un peu d'huile autour du bord extérieur, après ÿ minutes, le barometre a indiqué $o2, & la jauge, 360, & après 10 minutes , le barometre a indiqué 502 , & la jauge , 360. Exp. LIV. Le récipient a été mis fur un cuir imprégné d’huile & de graifle ; le barometre a d’abord indiqué 502, & la jauge 320, & après 10 minutes , le barometrea indiqué 3 23 , & la jauge $00. Ici, le barometre indique après 10 minutes un degré moindre qu'après $ minutes: effet extraordinaire que j'ai obfervé plus d’une fois. Exp. LV. Le récipient a été mis fur un cuir qui avoit trempé dans l'éau pendant toute une nuit; le barometre après $ minutes a indiqué 47 , & la jauge 380; & après 10 minutes, le barometre a indiqué 63, & la jauge 8000. Exp. LVI. En employant un cuir qui avoit trempé toute une nuit dans un mélange de deux parties d’eau & une d’elprit de vin, le barometre a d’abord indiqué $o , & la jauge 1200. Exp. LVII, J'ôtai alors le récipient & bouchai le trou de la pia- tine ; après avoir fait jouer la pômpe pendant 10 minutes, le baro- metre, qui étoit adapté, indiqua 50, c’eft-à-dire, le même degré que dans la derniere expérience ; le mélange d’eau & d’efprit de vin continuoit donc encore fes mauvais effets. C’eft pourquoi je verfai environ deux cuillerées d'huile par le trou de la platine, & par un mouvement lent des piftons, l'huile coula à travers la pompe dans un réfervoir deftiné à la recevoir. Ayant rebouché le trou de la platine, on fit aller le pifton à quatre ou cinq reprifes différentes, d’une ôu deux minutes chacune , en rendant l’air à chaque fois. L'huile entraina fi bien toute l’humidité de la pompe, que j’obtins après, un vaide de 430, au lieu de $o degrés comme auparavant, Le fluide élaftique qui refte dans le récipient étant, comme dans les expériences précédentes , où un air pur comme l’orfqu’on aemployé l'acide vitniolique, ou une vapeur unie a très-peu d'air, comme lor{- qu'on a mis un cuir mouillé, J'ai voulu favoir quelles feroient les apparences éleétriques dans ces différens milieux raréfés. Ja inféré, à cet effet, perpendiculairement dans le fommet du récipient, une piece coudée de cuivre à laquelle étoit maftqué un tube horizontal de verre d’un pouce de diametre , & de quatre pieds & demi de longeur. Dans l’intérieur de ce tube, du côté du récipient, étoit un fil de fa ÿ* sUuR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 17: laiton de trois pouces & demi de longueur, terminé en pointe & dirigé vers l’autre bout dü tube auquel étoit maftiqué un bouchon de cuivre recouvert d’un bonnet de cuivre. Au bouchon étoit fixé un autre fil de laiton de trois pouces & demi de longueur, terminé par _üne boule de huit dixiemes de pouces de diametre, & dirigé vers le premier fil. Le bonnet de cuivre arrondi, quiétoit à l'extrémité la plus éloignée du récipient, étoit en contaét avec le premier conduéteur d'une machine éleétrique. Je mis un peu d’acide vitriolique dans le récipient, comme un moyen sûr de n’avoir que de l'air purgé de vapeurs, après avoir épuifé le récipient autant qu'il eft poffble : dans le récipient étoient deux jauges qui devoient être baiffées à des temps différens. Le thermometre étoit à 59°. La machine éleërique a fourni pendant toute lexpé- rience, Exp. LVIIL. A s degrés de vuide , felon le barometre , il paroïfloit quelques éclairs. A 8 degrés, une lumiere flriée occupoit toute la longueur du tube. A 74 degrés, felon le barometre, & 75, felon la jauge; le tube étoit rempli d’une lumiere pâle & uniforme. Telles étoient les apparences éleétriques pendant les cinq premieres minutes. Pendant les cinq fuivantes , à 269 degrés de vuide felon le barometre, & 230 felon la jauge, le tube étoit encore rempli d’une lumiere pâle & uniforme. Le conduéteur étant alors éloigné pour être rapproché par degrés jufqu'à ce qu'il donnât l’étincelle, ce qui étoit à deux pouces, la lumiere parut alors dans le tube comme un corps compaét d’un feu de couleur pourpre tendant au rouge. Cette lumiere éledtrique n’empêchoit pas qu’on ne vit aufli diftinc- tement les objets à travers le tube (1). Je retirai l'acide vitriolique de deffous le récipient & je mis un morceau de cuir,tel qu'il venoit de chez le peauffier, dans la partie du tube la plus proche du conduéteur . afin d'être sùr que la vapeur qui s’'éleve du cuir, remplifloit cette partie du tube plutôt que lair ur. Exp. LIX. À 12 degrés du barometre il paroïfloit quelques éclairs. A 22 degrés du barometre, il parut une lumiere ftriée dans toute la longueur du tube. ; À 90 degrés du barometre & 100 de la jauge, la lumiere étoit à peine vifible. — (1) Certe circonftance a déjà été remarquée par le doéteir Hamilton, dans fes conjeétures fur les queues des Cometss, d'a 172 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Jufque-là, il s’étoit écoulé 7 minutes : on éloigna le conduéteur pour le rapprocher par degrés jufqu’à un pouce où il commençoir à donner létincelle. La lumiere dans le tube parut foible & blanche. Le degré du barometre étant 148 , & celui de la jauge de 20000. Après avoir fait jouer la pompe pendant trois minutes de plus, il ne parut point de lumiere, après que le conduéteur eut été mis en contrat. . Le conduéteur étant éloigné de nouveau, la lumiere du tube parut foible & blanche. Lorfqu’on tiroit l’étincelle à la diftance de 1 pouce pour favoir quel degrés de froid produiroit fous le récipient léva- poration de l’éther pendant qu’on feroit le vuide, j'en mis dans un flacon , dont le col étoit aflez grand pour recevoir la boule d’un thermometre qui étoit fufpendu à une tige coulante, de forte que je pouvois aifément plonger la boule du thermometre dans l’éther. Exr. LX. Le degré d’exhauftion , fuivant le barometre , étant de 65, & le thermometre ayant été fouvent plongé dans l’éther, le degré de froid étoit de 48 au-deflous de o, c’eft-à-dire, de 103°. au-deflous de la température du lieu qui étoit de 55°. au-deflous de o. Quoi- qu’on ait continué de faire aller la pompe & de plonger le thermo- metre pendant demi-heure, on ne produifit ni un plus grand vuide ni plus de froid. L’air étant rendu au récipient, le thermometre marquoit 38°. au-deflous de o. Exr. LXI. Sur l’éther reftant, on en mit de nouveau, & le ther- mometre s’éleva à 30°. au-deflus de o. Quoiqu’on ait enfuite travaillé la pompe pendant demi-heure , le degré d’exhauftion, fuivant le baro- metre , n’excéda pas 16, & lefroid tut de 11° au-deffous de o. Après avoir rendu l'air au récipient, on trouva au fond du flacon des glaçons de la groffeur d’un pois qui fe fondirent lorfque le thermo- metre s’éleva à 32°, terme de la congélation de l’eau. La machine pneumatique, dont on s’eft feryi pour ces expériences, épuifoit le récipient jufqu’à 400 degrés avant qu’on y mit l’éther qui avoit été préparé par lingénieux M. Wolff, 1 (+ sur LH1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 173 me M E MOT R E Sur la Mort des Animaux fuffoqués par la vapeur du charbon allumé, & für les moyens pour les rappeller à la vie. Par M. TROJA , doëleur en medecine, & chirurgien-affiflant de l'hôpital ‘de Saint-Jacques, à Naples. Je diviferai mon Mémoire en trois Parties. Dans la premiere, J'examinerai les effets qui précedent & qui fuivent la mort des ani- maux ; l'air & lanature de la vapeur du charbon: dans la feconde , les caufes de la mort : dans la troifieme , les fecours qui font les plus convenables aux fuffoqués. J'ai héfité long-temps fi je devois traiter cette derniere partie. Mes nombreufes obfervations m'ont plus que perfuadé de l’impofñbilité de produire la mort apparente dans les animaux , avec les vapeurs méphitiques : quand ils font morts, ils font morts à jamais ; je doute très-fort que cela n’ait lieu dans l’homme auf; de forte que, dans tous les effais qu’on pourroît faire, on rif- queroit de travailler ou fur les morts, ou fur les animaux qui ont tous les fignes de la vie. Il arrive par-là, qu’on regarde comme ref- fufcité un animal qui fe feroit rétabli fans autre fecours que celui de l’air commun : il arrive auffi quelquefois, quand le refte de la vie eft trop foible, que , bien loin de lui rendre l’exiftence, on le tue fur le champ avec les acides & avec les alcalis concentrés. D’après ces incertitudes , combien ne feroit-il pas dangereux d’en tirer des réful- tats conftans ? Malgré ce grand obftacle, j'expoferai le traitement aufli. On verra, dans le cours de cé Mémoire, de quelle maniere je m’y fuis pris pour rendre mes expériences le moins équivoques qu'il étoit poffble, en fixant le temps où il convient de commencer à appliquer les fecours de l'art. J'ai renfermé les gros animaux dans une grande caïffe de bois qui avoit deux fenêtres de verre aux deux côtés oppofés : elle contenoit 17; 496 pouces cubiques d’air ; & une chandelle ordinaire de fuif s'y éteignoit en une heure de temps. Pour les petits animaux, comme oïfeaux, grenouilles, &c. , je me fuis fervi d’une petite boîte de 200 pouces cubiques d'air, 174 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; PREMIERE PARTIE. Des effets qui précedenr &. qui fuivent La mort des animaux étouffis par la vapeur du charbon embrafe. Dans les recherches des caufes obfcures , la meïlleute méthode pour approcher de la vérité, ou pour la trouver entiérement, ef celle de faire l’énumération de tous les effets fenfibles ; quand on eft für de n’en avoir omis aucun, de les examiner féparément de toutes les manieres , de les rapprocher, de les féparer, de les com- parer entr'eux. Je fuivrai cet ordre , en commençant par les effets qui précedent & qui fuivent la mort des animaux. Pour les exa- miner plus exaétement, & pour avoir le temps de remarquer fuc- ceffivement tous les phénomenes, j'ai excité une très-lente moffette qui fe communiquoit dans l’intérieur de la cale, par le moyen d’un entonnoir de fer-blanc, appliqué fur un petit fourneau qui mettoit le premier à l’abri de fe fondre par la chaleur. Cependant , en d’autres circonftances , j'ai allum£ le charbon dans l'intérieur de la caifle même. AR EICL ESP RE MPER Des effets qui-précedent la mort des Animaux. I. Ils paroiffent d’abord $’ennuyer en fe léchant le mufeau & les pattes. 2°. Ils deviennent triftes, foibles , prefque étourdis. 3°. Leur tête eft pefante, & on la voit penchée par terre , tandis que le corps eft debout ou aflis. Effettivement, les hommes qui ont été attaqués par les vapeurs méphitiques, ont reflenti une pefanteur avec une tenfion douloureufe à la tête, qui a été fuivie par le deé- goût & par le vomiffement. 4°.Ils fe couchent & paroiffent comme dormir lentement; quelques temps après, ils fe levent, ils pouffent des cris douloureux, ils cherchent la fuite, & ils cafferoient les verres des fenêtres s'ils n’étoient pas attachés. 5°. Enfin, ils fe jettent par terre fans avoir la force de fe relever. Celle-ci eft la premiere époque - H. On voit enfuite de petits mouvemens convulfifs & de lé gers tremblemens dans tous les membres. Ils vomiflent , ils rendent les urines & les excrémens. La refpiration, jufqu'à préfent , a été lente & fans beaucoup de difficulté; on ne compte par minute, fur les chiens, que 18 à 24 refpirations, interrompues par de profonds foupirs, avec une voix gémiflante. Après, elle devient très-diflicile SUR L’HIST NATURELLE ET LES ARTS. 175 & on compte jufqu'à 6o, même jufqu’à 80 refpirations ; fur- out dans les lapins & dans les chats. Dans linfpiration , ils foulevent violem- ment la poitrine & le bas-ventre, en ouvrant toujours largement la bouche. Quand ils fe trouvent fitués vers la diredion du jour, on voit fortir l’haleine par la bouche fous forme de fumée, III. Avant de mourir, la refpiration devient encore bien plus difi- cile, comme fi elle étoit accompagnée de hoquet , & fa fréquence diminue. On compte entre une refpifation & l'autre, 3 fecondes; 5/, 7/!, 10//, 10//, 30//, quelquefois jufqu’à 40’ Alors , on ne voit plus l’haleine fortir par la bouche, & les efforts pour refpirer fem- blent infruétueux, fans que l'air puifle pénétrer dans les poumons. Il furvient, enfin, de petites convulfions , ou pour mieux dire , de petits tiraillemens dans iles membres, & l'animal meurt prefque immé- diatement avec la bouche ouverte & la langue en dehors. IV. On mefure la durée du temps dans lequel les animaux ceffént de vivre, par l’intenfité de la moffette, par fa groffeur , par Pâge, par l’efpèce de l'animal , après 6 , 10, 15, 20 minutes. Les infeëles les mouches, & quelques-uns des animaux à fang froid, y vivent très-long-temps; parmi les quadrupedes, on a bien de la peine pour étouffer les lapins. Il y a même de la différence entre deux animaux avec toutes les circonftances égales, ART C'L'E FUEL Des effits qui fuivent la mort. Je n’entends pas parler ici de ce qui arrive dans le temps que l'animal meurt, ou de ce qu'on trouve un inftant après qu'il eft mort : Je traiterai cela dans la feconde Partie. A préfent, je m’oc- cuperai de ce qu’on trouve dans le cadavre quelque temps après la mort, os Etat du Poumon, M V. On rencontre fréquemment des taches très-étendues, d’une couleur foncée, fur toute la furfâce extérieure du poumon : mais ordinairêment, ces petites taches font comme des morfures de puces. Par trouvé ercore plus, ce qui n’a pas été obfervé par per- fonne jufqu'à préfent , le poumon conftamment café , ou pour mieux dire, percé en plufeurs endroits. Si on fouffle fous l’eau un pou- mon d’un animal étouffé par une vapeur méphitique quelconque, ee on verra fortir l'air avec effort par de très-petits trous qu'on voit 176 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ou dans le centre de quelques-unes des petites taches ci-deffus, ou dans d’autres endroits indéterminés. Je ne fais pas fi la même chofe arrive dans l’homme. VI. La premiere fois que je fis cette obfervation, malgré que je voyois évidemment que cela n’étoit pas l'ouvrage de mon fcalpel, je fufpendis mon jugement. Pour m'en aflurer, j'ai fait dans la fuite toujours l’anatomie avec la plus fcrupuleufe attention, afin de ne rien bleffer. Il ne me reftoit *alors aucun doute ; mais je voulois encore une preuve plus décifive de la fidélité de mon couteau. Je dé- couvris les mufcles intercoftaux de la poitrine droite à un chien qui avoit été fuffoqué par la vapeur du charbon; je difléquai ces muf- cles, & je perçai lentement la plevre pour ne pas toucher au pou- mon, Cela fait, jintroduifis un tuyau de trois-quarts dans la ca- vité de la poitrine, & je commençai à fouffler par la trachée - artere, que j'avois coupée tranfverfalement vers la moitié du col. Le vent pañloit fi impétueufement par le poumon dans le tuyau, qu'il étei- gnoit une lumiere appliquée à l'ouverture de celui-ci, comme fi on l’eñt éteinte avec la bouche. Il arriva la même chofe dans la poitrine gauche. J'ai vu une feule fois le poumon droit d’un gros chien qui n'étoit pas percé; mais le gauche qui étoit du côté fur lequel l'animal avoit été couché dans la moffette, l’étoit prefque dans toute fon étendue ; il étoit en outre tellement engorgé de fang, qu'il reflembloit au foie. ; VII. J'ai trouvé le poumon rompu de la même maniere dans les animaux noyés, dans les étranglés, & dans tous ceux qui meurent par toute autre violence de la refpiration, fur-tout quand ils font trep petits. Je voulois obferver auffi fi le poumon fe rompoit dans un animal qui meurt par une voie diverfe de celle de la refpira- tion. Je coupai, à cet effet, l’artere crurale à un chien, dans l’aine, pour le faire mourir d’hémorragie. Après la mort, je trouvai ce vif- cere qui avoit confervé fon intégrité. VIIL. Si on regarde lé”poumon par le diaphragme, on voit quel- quefois qu'il s’y eft introduit quelque quantité d'air dans la cavité de la poitrine. Quand cela arrive, le poumon eft engorgé de fang ; mais on trouve toujours le diaphragme monté vers la partie fupé- rieure de la poitrine, de forte que dans toute fa circonférence, il eft appliqué aux côtes pour un long efpace. IX. J'ai fait mourir des chiens & des lapins, en leur liant la tra- chée-artere. En ouvrant la poitrine, j'ai vu fouvent un des poumons s'afaifler ; ce n’étoit pas par la tranchée-artere qu’en fortoit l'air, puifqu’elle étoit attachée ; c’étoit par les ruptures qui s'étoient faites à cet organe. On voit par-là où confifte la faute de l'expérience de ceux qui veulent admettre l’exiftence de l'air entre les poumons: q P & la LL à sur L'Hi1sT, NATURELLE ET LES ARTS. 177 & la plévre. Ils plongent un animal dans l’eau ; ils ouvrent la poi-, trine, & l'air qui fort par lintroduétion de l’eau, étoit celui qui étoit contenu dans la cavité. M. de Haller (1) apporte plufeurs rai- fons pour prouver que cette expérience ef fautive ; mais aucune n’eft fatisfaifante. On y répond direétement, en difant que c’eft l'ait qui fort par les ouvertures qui fe font faites au poumon. Etat du Cœur. X. Le ventricule droit avec fon oreillette, les veines caves & l'artère pulmonaire , font tellement remplies de fang, que leurs cavités en font diftendues. Le ventricule gauche avec l’oreillette qui lui correfpond , ordinairement avec une petite quantité de fang ; mais bien fouvent je l'ai trouvé auffi rempli & dilaté que le droit. La veine pulmonaire toujours remplie, & l'aorte toujours vuide , ou avec une petite quantité de ce fluide. Quand le ventricule gauche contient peu de fang, en preffant le droit & le poumon alternati- vement ayec la main, on peut le faire pañler tout du droit dans le gauche. Etat du Sang. XL 11 y a des moffettes qui coagulent le fang des animaux après leur mort, & la roideur fuçcede promptement fur le cadavre. Mais, fi on allume du chatbon dans l’intérieur de la caifle où on renferme l'animal, on trouve le fang, mêmetrès-long temps après la mort, d’une couleur de pourpre, fluide, comme moufleux; fon cadavre flexible en tous les fens & qui conferve long temps fa chaleur : cepen- dant, il exifte toujours un gros caillot qui eft fouvent comme polipeux, parmi le fang fluide, dans les ventricules & dans les oreillettes. XII. Si on ramaffe ce fang fluide dans un vaïfleau ouvert, il fe coagule en partie, mais foiblement, & fes caillots font très-tendres; il fe deffeche plutôt que de fe féparer en partie blanche & en partie rouge. Quand on le ramaffe dans une bouteille, qui n’eft pas bien bouchée , il refte plus fluide pendant des mois entiers fans prefque donner des fignes de putréfaftion dans l’hiver ; dans le mois d'ofto- bre , quand la faifon étoit bien tempérée , quinze jours après, il avoit un peu d’odeur. XIII, J'en ai mis la quantité d’uue once & demie dans une petite cornue, dont j'ai fait pañler le goulot fous un vale de verre plongé dans l’eau & rempli à moitié; en 210 jours , il avoit confommé une # (1) Voyez.fa, grande Phyfologie, rome III. Tome XT, Part, I, FÉVRIER 1778. ; Z 178 (OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; grande ‘quantité d’air. Je laifle aux Phyficiens le foin d'examiner cette mätiere plus en détail, & fi cer effet eft commun au fang naturel & au fang dans l’état de maladie. XIV. Si on y mêle des acides, il devient prefque noir, com- mence à fe condenfer & le préferve de la putréfa&ion pour très-long- temps. Si on y mêle des alcalis concentrés , il devient rouge comme la couleur pourpre la plus fine ; il fe diflout & devient fluide prefque comme l’eau, même les caillots, & on reflent l’odeur de la putre- fa&ion dans lefpace de quelques heures. D'où vient cette variété de couleur? Les acides changent en rouge la teinture de tournefol, & les alcalis en vert. XV. Mais les effers, que je viens de remarquer dans le fang, ne font-ils pas plutôt le produit de la chaleur que des vapeurs du charbon ? On n’a qu’à exciter la moffette extérieuremént , afin que la chaleur ñne fe communique pas dans la caïffe; alors, tout fera diminué , mais pas changé ; c’eft-à-dire, le cadavre fe tiendra flexible pour un elpace de temps plus court , & le fang fera fluide auffi, mais il fe coagulera au bout d’un certain temps, quoique d’une maniere foible. Pour m'en convaincre encore plus folidement , j'en ai fait la comparaifon avec des animaux que j'avois étranglés exprès. Ces derniers deviennent roides en moins d’une heure, & le fang fe coagule aufh-tôt qu'il eft Torti des vaifleaux : les fuffoqués font à peine roides après fix heures. ÆLeur fang paroit d’abord fluide, mouffeux , & fe condenfe lentement. Ces effets, comme nous venons de le dire, font rendus plus fenfibles par là chaleur, XVI. En général, non-feulement le fang des animaux étouffés par a vapeur du charbon eft comme mouffeux; mais on voit quelquefois auffi de très-petites bulies d’air dans les veines pulmonaires. On peut faciliter Pinfpéétion de cet air, fous forme élaftique, en comprimant ‘fucceffivement & avec art d’une main le poumon, & de l'autre le cœur & les gros vaifleaux. On voit encore plus diftinétement les Bulles d’air mêlées avec le fang dans le ventricule gauche, quand on a coupé tranfverfalement le cœur près de fa bafe: alors, en preflant ‘1e poumon & la veine pulmonaire avec l’oreillette gauche, le fang qui fort du fond du ventricule eft tout moufleux. : 7 XVIL Quand on a bien opéré , On y réuflit fréquemment, mais Jai voulu m'en aflurer encore davantage. J'ai lié l'aorte tout près . du cœur, les deux veines caves & l’azigos : je les ai coupées fous “Ja ligature , & j'ai détaché du cadavre le poumon avec le cœur. J'ai “'plongé enfuite ces deux vifceres dans l’eau fous un vaifleau de verre =xenverfé qui en étoit parfaitement rempli, où j'ai ouvert les cavités du cœur. Le peu d'air qui y étoit contenu avec le fang en eft foi avec lui & a occupé le fond du vaifleau ; il s’y eft réuni comme une es 4 oies tte ARS: Re à + re * Bt Sur L’HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 179 bulle d’une bien médiocre groffeur. Il faut faire attention de laiffer le poumon hors du vaiffleau de verre pour éviter la confufion de l'air qui pourroit en fortir & pour avoir la facilité de le preffer avec les veines pulmonaires extérieurement. Par ce procédé, on eft sùr de n'avoir qué la petite quantité d'air qui étoit contenue dans le fang, On verra dans la feconde partie ce qu’on doit penfer de cet air. Etat des vifceres du bas-ventre & de la tête, XVIII. Le foie, larate font engorgés de fang. Toutes les veines; telle de leflomac , du méfentere, des inteftins, &ec. remplies de fang comme d’une injeétion artificielle. Les finus & les autres veines du cerveau, font dans le même état; fes ventricules, ou vuides ou avec une très-petite quantité de lymphe. ARÉTIMC LE LIT De L'air & de la nature des vapeurs du Charbon. XIX. Il eft inutile de s'arrêter fur les propriétés de l'air qui ont été altérées & qu’on a fuppofées être les feules capables de produire la mort dans les animaux. Il eft à préfent prouvé (1) qu’elles ne contribuent en rien à détruire l’économie animale, L’élafticité per- due a été l'opinion embraflée par les plusigrands philofophes. (2) On voit effeétivement diminuer d’un cinquieme (3) l'air infeété, par la vapeur du charbon : cette diminution eft la perte de l'élafticité, Or, fi cette même diminution arrivoit dans un vaifleau tout fermé fans aucune communication avec l’air extérieur , & fi elle étoit très- confidérable, l'animal y périroit comme dans la machine du vuide, même fans exha'aifons méphitiques ; fi elle arrivoit dans un vaifleau plongé dans l’eau, ce fluide occuperoit l’efpace de la diminution, _& cet air feroit auf élaftique dans un. moindre efpace qu'il létoit dans un plus grand; fi elle arrivoit, enfin, dans un vaifleau qui n’eft pas bien fermé, l'air extérieur en occuperoit la place. On n’a point de moffettes qui ne foient de cette derniere claffe. Laiflez de grands trous dans une moflette artificielle où l'air extérieur EE RS SRE (1) Fontana, Ricerche Fifiche fopra il veleno della vipera, p. 129. Spalarzani. Opufcoli di Fifica animale , tome Il. Opuf. III, cap. II. (2) Halles, Hémaftarique des Animaux. (3 ) Prieftley, Expériences fur l'air, rome [, pages 168, 169, de la traduttiom françoife, Z ïj - 180 OBSERVATIONS SUR LEA PHYSIQUE, punffe réparer la perte de la diminution, & l’animal n’y mourra pas moins. ; XX. Les anciens penfoient que dans l'air exiffoit un certain prin- cipe vital qui alimentoit les corps; que les vapeurs méphitiques les détrufoit , & que cette perte étoit la caufe de la mort. Halles, Prieftiey (1), fe font donné la peine de réfuter cette hypothefe. Ce der- nier a cru (2) que cette caufe étoit l’impofñlbilité dans laquelle l’ani- mal fe trouvoit de pouvoir rendre de fes poumons avec la refpira- tion la matiere phlogiftique, parce que les airs méphitiques s’en trouvant trop chargés, ne font (plus capables d’en être faturés da- Vantage : elle fert de fimulus qui excite des convulfons fubites, fuflifantes pour éteindre la totalité des forces de la vie. A préfent , il s’eft élevé une autre opinion. On croit que l’air commun efl compofé d’une partie d'air pur & de trois parties d’air méphitique. Quand Panimal, fermé dans un vaiffeau, aura confommé l'air pur par -fa refpiration, le refte fervira pour lui donner la mort. Quoiqu'il en foit, ce font toujours udes fubftances nuifbles qui font périr les animaux, ou pour mieux dire, qui font les inftrumens de leur mort. XXI. Mais la vapeur du charbon eft-elle nuifible par fon acidité? par lair phlogiftiqué comme air phlogiftique, ou par quelque autre principe dont eïle eft compofée? C’eft une queftion très-dificile à difcuter, & je la regarde fupérieure à mes forces; cependant, elle ne peut pas être meurtriere -pour être fimplement acide. Je dé- firois avoir une moffette toute acide pour remarquer féparément , & fans compoñition d’autre fubftance, les effets qu’elle produiroit fur les animaux. J'ai cru devoir me fervir de lair acide décou- vert par M. Prieftley (3). A cet effet. je mis prefqu’une livre de fel marin dans une grande cornue, & j'y verfai une bonne quantité d'huile de vitriol concentrée, Enfuite, je fs pafler fon goulot, par un trou fait exprès , dans l'intérieur de ma grande caifle, en laiflant fon corps en dehors pour placer par-deflous une grofle lu- miere. XXII. La caifle remplie prefque dans l'inftant de fumée, qui étoit l'air acide. J’y avois renfermé un chat. Il fe porta très-bien pendant quatre heures, à l’exception qu’il toufloit de temps en temps. par l’irritation de la vapeur dans le poumon : il rendoit aufli par la De men | 1] idem, page 9x 2 | lbidim, page 254. [3] Hidem, pages 188 & 298 f: L] - \ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 187 bouche une quantité prodigieufe d’eau en partie, très-fluide & lim- pide, & en partie comme le blanc d'œuf. Ennuyé de pourfuivre plus long -temps mon opération, je mis en liberté l'animal. Il étoit un peu malade, verfoit de l’eau en grande quantité par la bouche, r le nez & toufloit fréquemment ; au bour de deux jours il étoit ien remis. XXII. Si cette moffette n’avoit pas produit fon effet avec la mort de l’animal, je ne pourrois pas en accufer l’abfence de l’air acide qui eft immédiatement abforbé par l’eau & par l'humidité : il en fortoit toujours du nouveau de la cornue, dans laquelle j’avois remis plufeurs fois du fel & de l'huile de vitriol, & la caifle avoit été toujours remplie .de fumée. La quantité de cet air étoit fi confidérable, qu'elle avoit trempé , fous forme d’efprit de fel marin, tous les parois de la caifle, pénétré la fubftance du bois même, s’étoit fait jour à travers quelques comiffures des planches qui étoient calfeu- trées avec du papier & de la colle, & avoit tout mouillé le corps de Panimal. _ XXIV. Cependant, je n’avois pas accompli le but de mon expé- rience, Je calfeutrai mieux les commiflures de la caïfle ; je recom- mençai la même opération & j'y renfermai un gros chien. Je fournis de Pair acide pendant quatre heures : j’en eus précifément le même réfultat. Alors, j'ôtai lé feu de deflous la cornue, & je laiffai le chien renfermé jufqu’au lendemain matin : il y refla 14 heures, Quand jouvris la caifle , l’odeur acide étoit fi forte, que mes dents s’en reflentirent toute la journée. Je m’attendois à trouver animal prefque expirant ; fice n’eft, difois-je , la vapeur acide qui Va maltraité, ce fera la moflette excitée par fa refpiration : point du tout, il fe portoit très-bien, & il me paroifloit même plus vigoureux. XXV. Je n’en étois pas encore entiérement fatisfait. L'air exté- rieur qui avoit pu Ss'introduire furtivement en grande abondance , me rendoit incertain, Cependant, je me rappellois très-bien que J'avois laifé de grands trous à ma caifle ($ XIX }) avec la moffette du charbon & que les animaux y étoient également péris. Pour ôter toute matiere de foupçon , je fis fécher l'intérieur de la caifle, je la Jaiflai dans le même état & jy renfermai un autre chien de la même groffeur. Avec la vapeur du charbon, il y périt en 15 minutes, XXVI. L’air acide ne feroit-il pas un correëtif de l’air de la refpiration ? Il feroit utile de faire d’ultérieures expériences , non- feulement avec cet air, mais auf, avec l’air alcalin. Prieftley croit que l'air acide & le phlogiftique font les feuls principes qui forment 182 OBSERVATIONS SUR LA- PHYSIQUES Vair commun (1). Par rapport à a vapeur du charbon, j'ai fait les fuivantes. XXVIL J'ai donné de l'air acide à ma caifle avec la méthode ordinaire , & J'y ai mis en même-temps du charbon allumé, Un chien eft mort en 20 minutes. ep XXVIIT. Un autre chien, avec l'air alcalin, fait avec une partie de {el ammoniac & trois parties de chaux éteinte, conjointement avec la vapeur du charbon, y eft mort à peu près dans le même temps. Ce n’ett donc pas une grande correétion pour ces fortes de miafmes dans les cas preflans ; mais 1l faut d’autres effais que ceux-ci pour décider la queftion. Prieftley avoit obfervé que l’air dimué par la calcination des métaux n’étoit pas corrigé non plus avec l'air acide (2). On verra dans la troifieme Partie, quel ufage on peut faire de ces deux airs dans le traitement des fuffoqués. XXIX. Par tout ce que je viens de dire, on peut conclure que la vapeur du charbon ne tue pas par fon acidité. Le principe acide qui entre dans la compofition de cette vapeur, s’y trouve en très-petite quantité : la teinture de tournefol y prend une couleur rouge très- légere , tandis que la même prend la plus belle & la plus forte cou- leur dans l'air acide ; j'en ai expofé dans ma grande caifle dans Pun & dans l’autre cas. Si c’eft donc l'acide qui tue les animaux, ils devroient périr bien plus promptement dans lair acide, qui eft un acide tout pur, que dans la vapeur du charbon, où il y en a une quantité incomparablement plus petite. On pourroit oppoler, avec raifon, qu’un acide fera capable de tuer un animal plus promptement qu'un autre. Les acides ne peuvent produire cet effet que par leur degré de force. Que cette force foit puiflante dans l’acide marin, fans compter la grande différence de couleur daus la teinture de tournefol ; je l’ai expérimenté fur moi-même. Je voulus boucher avec mon doigt, pour quelques minutes, l'ouverture de la cor- nue, d’où fe développoit l'air acide : il fut brûlé profondément. Il ne n'a pas été poñlible de ramafñier cet air dans des veñles, parce qu'il les brüle auf. Il faut joindte à tout cela que l'air alcalin, dans l’expérience du $ XXII, avoit entiérement neutralifé , au moins en partie, l'acide de la vapeur du charbon & lanimal y mourut également. Prieftley (3), 'n'avoit expofé à l'air acide que des mouches & des araignées : il étoir étonné de ce qu'il les y voyoit mourir plus promptement que dans l’air nitreux : Elles... meurent, [1 ] Jbidem, page 340. [2] lhidem, page 207. [ 3] idem, page 312. SUR L’Hs1T. NATURELLE ET LES ARTS. 183 it-il, mais non pas auffipromptement que dans l'air nitreux ; cela me Jarprit d'autant plus, que je m'étois imaginé que rien ne devoit être auf promptement funefle a route vie animale que cette vapeur acide pure. L’air acide eft donc plus fort que l’air nitreux ; quoique ce dernier foit aufi un puiflant acide. XXX. On pourroit encore oppofer que l'air fixe eft un air fimple- ment acide : on n’a pas pu le décompofer jufqu’à préfent en d’au- tres principes ; il tue promptement les animaux : c’eft donc fon prin- cipe acide qui les tue. Si fon acide étoit un acide marin, comme l'ont penfé quelques chymiftes modernes ; on devroiït néceffairement dire , qu'il ne les tue pas non plus par fon aciditée. Mais je penfe qu’il eft un acide d’une nature particuliere à lui-même, & que fon acide entre comme accidentel dans la caufe de la mort. Je dis la même chofe de l’alcali, de l’air alcalin qui tue pareillement les ani- maux; un petit cochon d’Inde ef mort avec cet air dans la petite boîte en 10 minutes. La fuite dans le Cahier de Mars. ALL DEEE DR A mme | eg g ONp P D TRE Sur la Terre pyriteufe qui fe trouve en Picardie & dans le Soiflonnois , & fur les moyens qu'il y a d'établir des Fa- briques de Vitriol avec cette matiere ; Par M. 'MONNET, Infpeëleur Général des Mines de France. Ie y a plufieurs années qu’on fit la découverte, dans différens lieux de la Picardie & du Soiflonnois, d’une matiere noire , terreufe & pyriteufe. Cette matiere a été d’abord obfervée fous un faux point de vue; & les idées faufles qu'on en a emes, ont été caufe qu’on n’en a pas tiré tout l'avantage qu’elle préfente. On l'a fait coanoître dans tous ces pays fous les noms de cezdre & de rerre-houille. En con- .féquence, on la employée comme engrais : elle y a produit, comme telle, de très-bons effets, dit-on; & la grande confommation qui ‘s’en fait journellement, le prouve; mais il s’en faut bien que ce Toit 1à le feul avantage qu’on puifle tirer de cette matiere, comme nous allons le voir, Mais pour le bien concevoir, il faut favoir vé- ritablement en quoi elle confifte. Cette matiere, qu'on a appellée f mal à propos cendre minérale , eft un réfidu de bois détruit, pénétré 184 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE;. de pyrites. C’eft le réfultat de ces’ immenfes aflemblages de boïs & de végétaux qui ont été enfevelis par des révolutions qui ne nous font pas connes, mais dont on a une infinité d'exemples ailleurs.’ La -Nature , qui eft occupée fans cefle à détruire & à former des corps, a produit dans ces parties végétales, de la pyrite, qui, ayant pénétré & détruit la texture végétale, en a formé une forte de matiere charbonneufe , en s’identifiant, pour ainfi dire, avec elle (1). C’eft fous ce point de vue qu'il faut l’envifager. Alors, on y découvrira aifément la pyrite, & le débris des parties ligneufes du bois & des végétaux. D’après cela, il fera fort aifé de conces voir que les-parties de pyrite, qui font très-divifées dans cette ma- tiere, doivent s’eflzurer & fe vitriohfer facilement & promptement. C’eft, en effit, ce qui arrive. Prefque aufli-tôt- que cette matiere eft expofée à l'air , elle s’échauffe, & cet échauffement va par de- grés jufqu'à linflammation. Le mouvement très-rapide qui s’excite dans cette matiere, fait allumer les parties inflammables qui s’y . trouvent, Telle eft la caufe de cette inflammation, qui a été confi- dérée tout autrement; on a cru qu’elle étoit l'effet d’une matiere bitu- mineufe qui n’y exifle pas, & on s’eft détourné par là du vrai che- min qui pouvoit amener à la vraie connoïffance de cette matiere, très-importante à l'Etat par la grande quantité de vitriol qu'on au- roit pu & qu'on peut entirer encore : matiere que nous achetons mal- heureufement prefque entiérement de’Etranger (2). Rien de plus aifé que d'établir des fabriques de vitriol au moyen DEEE ner À [1 ] LL femble qu'on ne peur douter sgd’après cet exemple , quelle phlogiftique dur bois ne foir la caufe de la formation de l'acide vitriolique, qui, s’uniflant avec une autte portion de ce principe, forme le foufre. Le foufre, une fois formé, s'unir avec les parties ferrugineufes; de-là , réfulre la pyrite. Mais ce n’eft que pour mere de l’ordre dans les idées, & préfenter ces opérations de la nature clairement, que nous donnons une échelle, on fucceflion à ces opérations. Car nous avons lieu de croire que la nature fair tour en même temps, & ne fait pas dépendre ,; comme dans nos laboratoires, une coïmbinaifon d’une autre. La preuve s'en voit dans d'autres efpeces de dérrirus de végéraux, comme dans la plupart des rourbes. N'y ayant pas aflez de parties ferrugineufes pour former de la pyrite, la nature ne fe mer pas én frais pour former de l'acide vitriolique, qui feroit inutile. Elle ne forme pas d'acide en particulier, c’eft roujours dans une bafe & à caufe d'elle, qu'elle les forme. (2) À Goincourr & au Becquet, villages très-grès de Beauvais, ôn a établi de puis peu deux fabriques de vitriol , avec une autre forte de matiére pyrireufe , dont nous aurons bientôt occafion de parler: Près de Rouen, on en a établi un? autre avec les pyrites qu'on trouve dans Iés fälaifes de craie. Les entrépreneurs des mines de Saint-Bel, fabriquent auffi du vitrio! avec leurs eaux de cémentarion ; mais de routes: ces fabriques, il n’en réfulte encore qu'un infiniment petit, eu égard à la quantité immenfe que nos reinturiers en ufent, de cette , : AE suRL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 185 de cette matiere; & lorfqwelle aura fervi à cet eflet, elle ne s’en trouvera pas moins propre à fervir d'engrais pour, les terres. Nous ofons aflurer même qu’elle n’en fera que plus propre; car la meticre vitriolique qui $’y forme , doit détruire les parties végétales qu’elles touchent , en Îles brülant ou les crifpant. C’eft une vérité reconnue aux endroits où on la répand trop fraîchement, c’eft-à-dire, fans lavoir laiflée auparavant s’échauffer 8e s'enflammer fuffilamment. Dans cette opération, elle fe dénature abfolument , l'acide vitriolique fe difipe fous la forme d’efprit fulphureux, & ne laiffe qu’une cendre infipide, qui eft incapable de produire les mauvais cffets dont nous parlons. Au contraire, lorfqu'on ne permet pas à cette matiere de s'enflimmer, on y voit bientôt le vitriol tout formé , qu’on peut en féparer tres-facilement par la lixiviation. C'eft d’après ces confidérations & l’examen que j'ai fait de cette matiere, que j'ai été porté à en faire fabriquer du vitriol, & à en- gager plufeurs particuliers à s’unir enfémble pour cet effet , c’eft-à- dire, pour élever des manufaëtures de vitriol, au moyen dé cette matiere. Je leur ai fait voir en même temps qu'ils n’en vendroient pas moins les réfidus lefivés qui en proviendroient, pour fervir d’en- grais. Que ces réfidus, bien loin d’être privés par-là , de la faculté d'améliorer les terres, y feroient plus propres, étant dépouillés de la partie faline qui crifpe les plantes. Malgré la quantité qui s’eft confommée de cette matiere depuis qu’on l’a découverte, la Picardie & le Soiflonnois en offrent encore beaucoup. On en retire fur-tout abondamment à Jufly, Vendeuil, Ruminy, Benay, Beaurin , Golancourt, Travecy, Charmes, Liez, Ceflier, Suzy & Servais. Dans tous ces endroits, cette matiere fe trouve en couches, dont l’épaiffeur eft de trois pieds jufqu’à* quinze, -& à la profondeur de fix à vingt pieds. Au-deffous, on trouve tou- jours une couche d’argille ; c’eft elle, fans doute, qui a arrêté les eaux qui ontentrainé cetie matiere, & empêché qu'elle ne péné- trât plus avant dans la terre. On y diftingue des petites couches de bois charbonné,. qui n’eft pas affez pyritifé pour meriter d’être employé pour la fabrication du vitriol , mais qui n’eft pas moins bon pour fervir d'engrais; & cependant, le préjugé veut qu’on n’en faffe aucun cas, Toutes ces couchés font couvertes par un excellent rerreau, ochracé ou ferrugineux, qui ne produiroit pas un moindre effet fur les terres. Il efl très-friable & très-facile à enlever. On trouve fou- vent dans ces couches des parties de pyrite maflives & diftinguées de cette terre. Mais cette matiere pyriteufe n’eft pas bornée feule- ment aux endroits que nous citons. On en peut trouver en beaucoup d’autres. En général, dans tous les endroits où la craie ne fe mon- fre que très-beu, & où le terreau eft épais, comme depuis la moitié Tome XI, Part, L FÉVRIER 1778. Aa 186 OBSERVATIONS: SUR EA PHYSIQUE, du chemin de Saint-Quentin à la Fère, &c: depuis la Fère, jufque près de Laon. D'ailleurs, une fonde conftruite d’après les modeles que nous avons donnés, dans le. Traité de Exploitation des Mines. en allant beaucoup plus profondément en terre que ne font les fondes. ordinaires, mettroient à portée de découvrir- beaucoup d’autres cou. ches de cette terre pyriteufe. La matiere qui eft la plus propre à. l'emploi auquel nous la deftinons , eft celle qui eft d’un brun noirä- tre , qui elt fixe dans fes parties, & fort pelante. On doit rejetter celle qui.eft légere, & en qui on diftingue les parties du bois. Celle-ci ne contient pas aflez de parties pyriteules pour défrayer des dépenfes qu'on feroit pour en obtenir le vitriol. Il faut bien fe garder de re- jetter les parties de pyrites maflives qu'on y trouve , il faut les mêler foigneufement avec la bonne terre, comme étant le principe. de vitriolifation. Mais nous ne pouvons-nous difpenfer de faire obferver que, le, bien de l'Etat exigeroit qu’on empêchât la confommation de cette matiere .comme. engrais, .jufqu'à ce. qu'on. l’eüt leflivée pour en re- tirer. le vitriol.. C’eft, au refte ,,à la prudence de MM, les Inten- dans, dans les départemens defquels cette matiere fe trouve, qu'il. faut.s’en rapporter pour cela. Ils poutront ordonner ce qu'ils juge- ront le plus convenable à cet égard. IN ST'R'U:C T FO-NS Pour létabliffément des Fabriques de vitriol, em employant la marier pyriteufe qui fe trouve en Picardie & dans le Soiffonnois ,:connue fous: le nom d: Cendre ox de Terre-houille. Ce matiere, telle que nous la concevons, étant un réfidu de. bois pourri, pénétré par des parties de pyrite, & ces parties de. pyrite ÿ étant dans une grande divifion, font très-difpofées à .s’effleu- mir & à fe vitrniolifer. Et reflant encore, comme nous venons de le dire, beaucoup de parties inflammables dans ce réfidu végétal, lPéchauffement qu’occafionne Pefflorefcence des parties pyriteufes, le conduit jufqu'à l’inflammation , ou l’échaufle jufqu'à calciner le vitriol qui s’y forme. Cet inconvénient eft le plus grand , qui fe préfente dans cette matiere pour la faire vitriolifer. Il faut bien l'évi- ter, fans quoi on n'aura pas de vitriol, ou qu’à proportion du de- gré d’échauffèment qu’elle: aura éprouvé, ou l’on n’aura qu’üne ma- üege viriolique graflé &. rouge qui fera incapable de fournir du. tt der dos desde. dents ame-2s sUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 184 vitriol (1). Pour éviter autant qu'il eft pofible cet inconvénient , on à deux moyens. Celui d’humeëter les tas de cette matiere de temps en temps avec de l’eau, ou celui de ne faire des tas que de 3 à 4 pouces d’épaifleur, & d’avoir le foin de les remuer fouvent. Cet aflujettiffe- ment ne fera pas fort grand, car le vitriol étant bientôt formé dans cette matiere, on en fera bientôt quitte; & une fois le vitriol for- mé, on n'aura plus tant à craindre linflammation. Pour réfoudre , en un mot, ce point capital, je confeillerois de mettre les deux moyens en ufage. D'abord, d’humeëter la mayiere lofqu'on la for- meta en tas au lieu où on la tire, à moins cependant qu’elle ne foit humeëée naturellement. Enfuite , tranfportée au lieu où l’on en doit tirer le vitriol, on la formera en petits tas de 3 à 4 pouces, ou pour mieux dire, on l’étendra fur le fol d’un hangar, de lépaif- feur de 3 à 4 pouces. Si la matiere étoit trop feche, on l’humeéte- voit, en l’étendant fur le fol, avec quelques feaux d’eau. Pourvu que cette matiere ne foit pas mife en lits trop épais, qu’elle ne foit pas . trop comprimée, & pourvu que l'air y puifle pañfler librement, pour empêcher la formation du vitriol. 1°, On établira plufieurs hangars , au moins trois , de 40 à 45 pieds de longueur , de 14 à 18 de large. On en hauflera le plus qu’on pourra le toit, & on les laiflera ouverts aux deux extrémités, afin que l'air y puifle circuler librement. On formera le fol de ces han- gars avec de la brique ou de largille bien battue, & on le difpofera en pente de quelques pouces , afin de déterminer l'humidité à s’afflem- bler vers une des deux extrémités du hangar, où l’on pratiquera un petit foflé de 3 à 4 pieds en quarré, & de 2 à 3 pieds de profondeur : on fera ce petit foflé en briques bien jointes avec de la bonne argille mêlée avec de la brique pilée. Ce petit foflé eft de la plus grande néceffité, parce que fi on étoit obligé d’humeéter fréquemment la matiere dans le temps de fa vitriolifation , ce qui devroit être, à fuppofer qu'elle s’échauffät un peu trop, il faudroit ne pas pérdre les eaux vitrioliques qui en fortiroient. Je crois que cette matiere, placée à cette hauteur, pourroit être vitriolifée en quinze jours ou trois femaines; ce qu’on peut recon- noïître d’ailleurs par la pefanteur qu’elle aura acquife, & par les re ’ (x) Nous avons montré en différentés autres occafions, que cela eft dû au fer calciné, ou dépouillé de fon principe inflammable. Que dans cet érar, le fer ne forme avec" l'acide vitriolique qu'une matiere rougeâtre, & qui eft incriftallifable ; qu'on peur cependant Ja décompofer & la changer en bon vitiol, en la faifant bouillir avec du fer non rouillé, ou avec ce qu'on appelle ge /a ferraille, & que c'eft de certe maniere qu'on remédie aux eaux vitrioliques, qui font ce qu'on appelle graffes & épaiffes. ; Aa 1j 188 OBSERVATIONS: SUR : LA PHYSIQUE, etits criflaux qu’on y. appercevra. [La matiere étant en cet état, on: P Lu: 2 la relevera, & on la tranfportera dans la Fabrique pour la lefliver de la maniere fuivante. | 2°. Nous fommes convenus qu’on établiroit au moins un bâtiment de Go pieds de longueur &c de 35 de large. Dans un des côtés de ce bâtiment, on établira les fourneaux au nombre de quatre avec: 3 q leurs chaudieres faites en plomb , de ro pieds de long, fur 4 de large, & 3 pieds de profondeur; & dans l’autre, les cuves pour le lefivage.. au nombre aufh: de quatre, faites en briques bien cimentées, de 12 pieds en quarré & de $ de profondeur, Dans le milieu & dans le fol, on établira les baffins à criftallifer ou cuvelettes , au nombre de feize ; elles doivent être pratiquées dans le fol avec des madriers de chêne de 3 pieds de longueur, fur 18 pouces de largeur, &c autant de profondeur (1). ( Foyez le Plan). 3°. La matiere vitriolique étant en l’état que nous avons dit, on: la diftribuera également dans les cuves de lavage. Ces cuves étant difpofées de maniere qu’elles fe trouvent un peu élevées les unes au-deffus des autres, 8 étant munies par en bas d’une bonde, on fera pafler fucceflivement l’eau de l’une à l’autre. On laffera d’abord repoler l’eau douze heures dans la premiere cuve, enfuite on la fera pañler dans la feconde, où onlalaiflera autant de temps, & ainfi de fuite jufqu’à la derniere. L’eaw qui fortira de cette derniere fe trou- vera aflez chargée de vitriol pour être foumife à l'évaporation; mais comme il faut néceflairement qu’elle foit claire auparavant, on la fera pañler d’abord dans un grand baflin de 3 pieds en quarré, &c de ÿ de profondeur, qu’on établira à côté de la derniere cuve de lavage. La lefive vitriolique s’y déchargera de fes impuretés; cinq ou fix heures fufiront pour cela. On enlevera enfuite cétte eau vers. la furface au moyen de petits feaux, & on la fera couler dans les. chaudieres par un canal de bois, dont l’extrémité fera difpofée en entonnoir pour la mieux recevoir. Il feroit encore mieux, fi la difpofition du bâtiment pouvoit per-- mettre d'y faire couler la leffive par une bonde placée à un demi-- pied de hauteur au-deflus du fond, à laquelle on adapteroïit ce: canal. 4°. Les. chaudieres étant pleines, on les fera bouillir pendant dix-- huit heures de temps; enfuite on éteindta le feu & on laiffera repo-. &r la liqueur pendant quatre heures, Au bout de ce temps , on la: ——s (1) On fera maître d'augmenter le nombre dés fourneaux, des baflins de lavage- & des bafhns à criftallifer; il me fuffr de donner les rapports où tous ces diférenis: ufenfiles doivenr être les uns à l'égard des autres, sur L'HirsT. NATURELLE ET LES ARTS, 189 fera pañler dans les baffins à criflallifer ou cuvelettes, en débouchant la bonde de la chaudiere placée à 3 ou 4: pouces au-deflus du fond, & à laquelle on adaptera un canal de bois. La liqueur repo- fera huit jours dans ces cuvelettes; au bout de ce temps, la criftal- lifation fera faite. On en enlevera la liqueur reftante; on la fera afler dans les chaudieres avec de nouvelles leflives , ainfi de fuite, Telle eft l’idée générale que je puis donner de ce travail. Le détail du plan mettra à portée de l’entendre encore mieux, Mais il faut 1°. obferver que la matiere qui aura été leflivée une fois, ne doit pas être rejettée comme inutile. Il doit sy trouver encore beaucoup de parties pyriteufes non vitriolifées : il faut l’expofer encore dans un hangar, où il faut la laifler fe vitriolifer de nou- veau. Ce hangar fera le magafin où lon rejettera toutes ces terres, Au bout de deux ou trois mois, elle fe trouvera en état de donner de nouveau vitriol. Après lavoir leflivée une feconde fois, on la” mettra en grand tas à l'air libre, en un endroit dont le fol bien battu avec de l’argille , foit en pente. Vers le côté penché, on pra- tiquera un grand foffé fait en briques; le reflant des eaux vitrioli- ques , ou les eaux de pluie qui pourront mouiller ce tas, s’écoule- ront-dans ce foflé, & emporteront les parties vitrioliques qui s'y trouveront. On fera repañler ces eaux fur les cuves de la maniere dont nous. avons dit, & ainfi de fuite. 2°. Que le travail une fois établi, il ne doit pas y avoir de difcon- tinuité entre les différentes opérations elles doivent, au contraire, fe correfpondre l’une à l’autre. Ainf, dès qu'il y aura afflez d’eau vitriolique- aflemblée dans le réfervoir dont nous avons parlé, ïl ne faut pas en remplir les chaudieres à la fois , mais en des temps inégaux, afin d’avoir une cuite prête dans le temps qu’on en commencera une autre, & d’avoir du vitriol formé dans les cuvelettes, dans le temps qu'on en remplira d’autres. C’eft, au refte, ce que lufage & l’habi- tude enfeigneront beaucoup mieux que tout ce que nous pour: rions dire, - 3°. Une autre obfervation qui neft pas moins importante que tout: ce que nous avons dit, eft que fi on s’appercevoit que l’eau füt aflez chargée de vitriol à la troïfieme cuve, pour craindre qu'elle ne fût pas capable de difloudre entiérement le vitriol de la qua- trieme, il faudroit prendte le parti de mettre la matiere qui y ref: téroit. après le lavage, dans la premiere cuve pour un fecond la: vage , & ainfi de fuite. Cependant, fi la difpofition étoit telle qu'il ne fût pas poffble de difpofer les cuves de lavages les unes au-def- fus des autres , de maniere qu’elles puiffent fe décharger les unes dans les autres, alors,. on pourroit, fans dégarnir la quatrieme cuve, y fare pafler de nouvelle eau, 8e. de-là, la conduire dans les autres, 190 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; c’eft-à-dire, à rebours. Il eft entendu que ce travail fe feroit alors avec d°s feaux, ce qui exigeroit un peu plus de peine & de temps. IL.eft entendu encore que le vitriol, qu'on retira des cuvelettes, ‘ étant très-humide, doit être expofé fur un petit plancher difpofé en pente , & au bout duquel il doit y avoir un petit baflin pour rece- voir les eaux qui en découlent. Ce plancher doit être le magafin du vitriol , lequel ne doit pas être expofé à l'air ni à la chaleur, pour que le vitriol fe conferve bien, C’eft là qu’on le prend pour en rem- pli les tonneaux. 4°. À l'égard des cuites, quoique nous ayons donné dix-huit heures comme un temps fufifant pour que l’eau vitriolique foit en état de fe criftallifer; comme cela dépend de la maniere dont les eaux feront chargées, on fe reglera fur l’état où elle fe trouvera après ce temps. On pourra employer les moyens ordinaires pour reconnoître fi la liqueur eft en état de fe criftallifer ou non. Pour cela, on en expofe quelques gouttes à un refroidiflement prompt, & fi on y apperçoit une pellicule criftalline très-forte, ce fera la marque qu’elle eft en état de fe criflallifer, ou bien, on verra fi elle eft en état de fup- porter un œuf; fi l'œuf ne s’y enfonce pas, ce fera également une marque que la liqueur fera en état de fe criftallifer. 5°. Comme, prefque toujours les leflives de la matiere pyriteufe. font furcharoées fur la fin, d’un excès d’acide qui empêche le vitriol de fe former, qu’elles paroiïffent à caufe de cela grafles & épaifles, 1l faut toujours avoir la précaution de mettre dans chaque chaudiere de la ferraille, qui remédiera à cet inconvénient. On éclaircira par-là les leffives & on aura plus de vitriol. Nous obferverons encore , que tout ce que nous venons de dire €ft également applicable aux manufatures de vitriol de Goincourt & du Becquet , près de Beauvais, qui pechent en beaucoup de circonftances , fur-tout, par les chaudieres qui font femblables à celles des Teinturiers, & par les baffins à criftallifer, qui font fi grands, fi profonds, qu'il faut la liqueur de cinq de ces chaudieres pour en remplir une. Comment M. Briflon, Infpeéteur des Manufaétures de Lyon, qui a décrit, dans le Journal de Phy- fique Tome IV, page 330, ce travail, n'a-t-il pas apperçu ces énormes fautes? comment n’a-t-il pas vu, que les chaudieres ne préfentant qu'une petite furface au feu, il falloit un temps & une quantité de bois confidérable pour les faire bouillir ? comment n'at-l pas vu, que ces baflins à criftallifer, ne préfentant aufli qu’une très-perite furface, eu égard à leur profondeur & au volume des liqueurs qu'ils contiennent, font très-peu propres à la criftallifation prompte du vitriol ? En effet, il faut trois femaines ou un mois pour que le vitriol s’y foit formé. Comment n’a-t-il pas vu qu'il y a un excès d'acide dans les leffives, qui ronge les baflins, & les dégradent SURL'HIST+ NATURELLE ET LES ARTS. 197 en très-peu de temps; & qu'il faut mettre néceflairement de la ferraille dans les chaudieres pour parer à cet inconvénient ? Cepen- dant , M. Briflon avoit. vu mon Traité de la Vitriolifarion | où les préparations font données & la maniere de conduire une fabrique de vitriol ;-ou s'il n’a pas trouvé cet ouvrage à fon goût , il falloit le dire & indiquer pourquoi on ne s’en eft pas fervi. La matiere pyriteufe qui fert à faire le vitriol au Becquet & à Goincourt, eft d’ailleurs aflez bien décrite par M. Briflon. Mais il ne dit rien de la maniere dont le vitriol s'y forme; il femble fup- pofer , au contraire, que ce fel y exifte tout formé , préjugé qui nef pas favorable pour ces manufaétures ; car , d’après cela, on n’eft pas difpofé à chercher les moyens de faire vitriolifer cette matiere. Cette matiere qui fe trouve au-deflous des tourbes, ou qui en fait partie," ne differe de celle de la Picardie & du Soiflonnois , que parce qu’elle eft beaucoup plus fine. C’eft de la pyrite unie; avec des parties végé tales dans le plus grand état.de divifion pofñble. Elle refflemble, à caufe de cela, à ces boues noïres qu’on trouve au-deffous du pavé de Paris. On doit auffi ufer de la plus grande précaution pour empêcher qu’elle ne s’enflamme. On a un inconvénient de plus à furmonter pour la faire vitriolifer, car, comme elle eft beaucoup plus fine, & qu’elle fe trouve dans l’eau, elle s’affaifle & fe reflerre tellement en fe defféchant, que l'inflammation paroît dans le centre des tas avant que les bords fe foient échauffés. Cette inflammation. gagne de proche en proche, & détruit la matiere pyriteufe, qui n’eft plus en état, enfuite, de fournir du vitriol. Pour l’éviter , cet inconvénient, il faut faire les tas extrêmement minces & plats, après qu’on a fait partir l’eau furabondante , & foulever même la matiere , l’écarter & la retourner. TABLE D: E.,S$ ART #1: LES Contenus dans le Mois de Février. Sarre des recherches fur la mort des noyés | & [ur les moyens d'y remédier ; par M. GARDANE, doëteur-régent de la faculté. de medecine de Paris, médecin de Montpellier , cenfeur royal, Ec. page 93 Suite du Mémoire imitulé : Analyle du paftel, & examen plus parti-- çulier des mouvemens inteftins de la cuve en laine, 1043 192 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Réponfe de M. Sennebier, bibliothécaire de la république de Geneve, aux obfèrvations de M. Mollerat de Souhey , médecin ordinaire du roi; 119 Expériences fur les tubes capillaires Seëlion premiere. Par M. Dutour , correfpondant de l'académie des fciences, 127 Obférvation fur l'éleëtricité du chocolat , 138 Mémoire fur une eJpece de pisrres caverneufes qui fe trouvent près de Caffres 5 par M. Pujot, doëteur em médecine à Cuftres , 1 Précis des lettres de M. Alexandre Volta, jur l'air inflammable des marais , Meré2 Détail de quelques expériences faites avec une machine pneumatique, conf- crüire felon Les principes de M. Sméaton, avec quelques autres expé= riences faites avec La machine pneumatique ordinaire : lu à Paffimblée de la fociété royale de Londres, le 10 juin 1777 ; par M. Edouard Nairne, membre de cetre fociéte, 159 Mémoire fur la mort des animaux fuffoqués par. la vapeur du charbon allumé, & fur les moyens pour les reppeller à la vie ; par M. Troja, doëteur en médecine, & chirurgien-affiflant de l'hôpital de Saint-Jacques, a Naples , 173 Mémoire fur la terre pyriseufe qui fe rrouve en Picardie & dans le Soif- fonnois , & fur Ls moyens qu'il y a d'établir des fibriques de vitriol avec cette matiere ; par M. Monnet , infpetkeur général des mines de France , 183 Inflruëtions pour létabliffement des fabriques de viriol, en employant la matiere pyriteufe qui fe trouve en Picardie & dans le Soiffonnois , connue fous le nom de Cendre ox de Terre-houille, 186 A--P-P--R 0: BAT" O-K. Ju lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceauxjun Ouvrage ayant pour titre: Oëfervations fur Le Phyfique, fur l'Hifloire naturelle & fur les Arts, &c. par M. l'Abbé ROz1ER , &e. Lacolleétion de fairs importans qu'il offre périodiquement à fes Lefteurss mérite l'accueil des Savans ; en conféquence, j'eftime qu'on peur en permettre l'im- preflion. À Paris, ce 7 Mars 1776.) VALMONT DE BOMARE. JOURNAL + QALT A814007 2 PUIY 214067 EP AO CPANOTZ JINY RES à 2 | 7 yo * SIMNENOSSIOS OŒLIX AIANVOIL VITE GSOTITITXT HALL FH FT DHAF TOI LLA AT HAÔIUAFA ANA, A NOTLTON HLISNOO FT YNOZ 21 LEPOTLX LH NVTIXA AT HOHAONO'T VI MAS TLHOHX LA HAMO® "QT AUAET ep SOI LANCT PNY Cr... VDELÉ OT-----------......X%--- SRE 422227 9 - à sr 5j jh UOTE) NI 4 ? F4 SUSDT no 29 3pean ? + À + ; Ÿ i e S £ $ à | N | S ==) © he . à \ à x à -à 1 N RS À ñ ‘LODEL OP SULNO M0 27272079 P ñ 2/4 NT == — RTE .! U R NW .. N RS nl y ASF > * SIVNNOSSIOS NŒ LH HIGŒUVOÏX V'I A4 HS2HLITXAL HAIUMLI FT OHAF TOMILA AU HAŸÜIHH VA HNN:ŒNOLLONHLSNOO VIMAOX LEALOUX TH NV Id . = à Du an.” : nie : : + LA ? + p. ee, ns” ST — ———— JOURNAL DE PHYSIQUE. ||. M ARS 1778. a —————— M — CR ARE a © {y DR CPR CHENE Sur la caufe de la mort des perfonnes fuffoquées par la vapeur du Charbon, & fur les moyens d'y remédier; Par M GARDANE, Doëteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, Médecin de Montpellier, Cenfeur Royal, &c. Ox a beaucôup écrit fur la caufe de la mort des perfonnes fufo- quées par la vapeur du charbon. On a même expofé plufieurs animaux à cette vapeur, pour en fuivre les funeftes effets, & rechercher dans leur cadavre d’où pouvoit procéder cette mort; mais l’art na pas tiré grand avantage de ces recherches. L’engorgement apparent des vaifleaux du cerveau & de ceux de la poitrine, ayant frappé plufieurs phyficiens, ils ont cru, comme à l'égard des noyés, que cette clafle d’afphyxiques étoit frappée g’apoplexie; c’eft l'opinion d’un anonyme cité par Targioni To;zeri, lequel, après avoir rapporté plufeurs obfervations remarquables, dit expreflément , qu'il faut regarder ces afphyxiques, comme frappés d’apoplexie : Undè apopleitici tandem , motu &. fenfu -deflituti incidunr. Le même auteur rapporte, pourtant, l’hiftoire de deux perfonnes tuées , en apparence, par cette vapeur, dont l’une refta 23 heures dans cette prétendue apoplexie, & revint après d'elle-même à la vie ; & Pautre y fut rappellée par la feule application d’un fer. chaud à la puque, ce qui certainement ne feroit point arrivé, fi l’état de ces afphyxiques eût été véritablement produit par une apopiexie fanguine. Cependant, ce fentiment a été adopté par Ranchin, Profef- feur en l’'Univerfité de Montpellier; apoplexid opprimuntur ; c’eft auffi celui de Sezner, & de Fepffér, qui confeillent en pareil cas les moyens indiqués contre l’apoplexie. Cette opinion s’eft per- pétuce depuis jufqu'à nous dans les ouvrages de plufñeurs auteurs poñtérieurs. D'autres. ont cherché, dans laltération de Lair infpiré, la çaufe Tome XI, Part, I MARS 1778 Bb 194 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de ce genre d’afphyxie. Cette opinion eft très-ancienne ; Erafiftrate, penfoit que la vapeur du charbon raréfioit Fair au point de le rendre infuffifant à la refpiration, ce qui fe rapproche de celle des modernes qui croyent que le fuoqué périt par la privation du reflort de l'air, détruit par la vapeur du charbon. Exiflimat Erafiftrates propterea perire eos. qui ex carbonum odore extinguuntur, quod fpiritus pro tenuitate contineri corpore nequeant. Galien combat Érafiftrate, & penfe, au contraire, que la vapeur de charbon eft plutôt capable d’épaiflir lair que de le raréfier. S$z enim femel intelligere potuiffet ; haudquaquam carbonum fumum puro acre temuiorem pronunciare aufus fuiffet; cum ille omnibus craffior planë appareat ; fed vefligaffet ut opinor, particulas à natur& ad ipfius coélionem comparatas. D'où l'on voit que long-temps avant l’époque où l’atten+ tion des phyficiens modernes paroît s’être plus particuliérement tournée vers cette clafle d’afphyxiques , ily avoit eu. trois opinions fur les caufes préfentes & éloignées de leur mort : 19. la deftruétion du reflort de l'air ; 2°. la qualité vénéneufe du charbon ; 3°. lens gorgement apopleétique des vaifleaux du cerveau. L'hiftoire des faits recueillis depuis avec foin par les ‘obferva= teurs les moins fufpeéts, doit nous éclairer fur la véritable caufe de cette forte d’afphixie; car les expériences que l'on tenteroit fur les animaux, ne peuvent être que très-équivoques , à caufe de la violence qu'il faut leur faire, & des cris qui en font la fuite, lef- quels donnent lieu à un engorgement plus où moins confidérable des vaifleaux du cerveau ; indépendant alors de la caufe de Paf- phyxie. C’eft donc plutôt dans les rapports de ce qu'ont éprouvé les hommes frappés par la vapeur du charbon, & qui ont eu le bonheur d'en revenir, qu'il faut chercher le fil qui doit conduire dans ce dédale. Phénomenes qui précedent & qui accompagnent l'afphyxie caufée par le vapeur du charbon. Bocrhaave raconte , d’après fa propre expérience, comment les chofes fe paflent an moment même qui amene Pafphyxie. « Quand » cetté vapeur commence à s’exhaler , on fe fent porté au fommeïl : » on éprouve une tenfion douloureufe dans la tête, on a des envies » de vomir, on vomit même, & pendant plufieurs jours la tête eft » embarraflée. Mais , fi la vapeur frappe tout d'un coup, on ne fent: rien de tout cela, au contraire, les malades tombent fans fenti= » ment ». Fui expertus in me ipfo, quod malo hoc incipiente, EC li natio oriatur in fomnum, dolor capitis tenfivus, naufea , vomitus Jpumæ: & lios di Le ; ù d craffæ, € caput per. multos dies quai plenum maneat ; fr vero denus fet vapor, nihil horum percipitur, fed ægri fine allo fenfi moriuntur: © sur L’H1ST: NATURELLE ET LES ARTS. 109$ Le même auteur rend compte au même endroit, d’un accident pareil arrivé à Leyde, à plufieurs demoifiles enfermées dans un lieu infe@té par la vapeur du charbon ; « Elles étoient afifes dans » une chambre, dont les fenêtres donnoient fur la rue: la grand- » mere de la maîtrefle de la maifon ,qui y demeuroit arriva, & # annonça fon arrivée en frappant des doigts fur les vitres des croi- » fées. Elle voyoit à travers les fenêtres, toutes ces demoïfelles # affifes , 8 la regardant, mais fans qu’elles fiffent aucun mouvement. # Elle frappa plus fort, & toujours fans avoir de réponfe , au point # qu’elle crut que c’étoit un jeu de leur part. Alors elle fit ouvrir # la porte avec violence, en difant que la faifon étoit trop froide » pour la laïffer fi long-temps à la rue. Aufli tôt qu'elle entra dans # la chambre, elle fentit la vapeur du charbon, & trouva toutes ces » demoifelles pâles, livides , & fans fentiment : elle fit promptement » ouvrir les fenêtres, & jetter de l’eau fur leur vifage , ce qui les # rendit à la vie ». Sedebant in conclavi quod luminibus [uis plateam fpetlabat. Veniebat avia here , que in illé domo habitabat , & vitris digite Juo percuffis | adventum fuum annuntiabat. Videbat per feneftras, omnes damicellas fedentes , illamque afpicientes , nullam verd fe moventem. Repetebat élus, ira ut effent fortiores, nulla tamen refpondebat ; putabat illas jocari ; hinc iratu pulfac foras, dicitque tempeflatem ef[ë nimis fri- gidam , quam ut tamdit œdes antè relinqueretur. Ingrediens conclave fen- tiebat fumum carbonum, & videbat omnes damicellas pallidas & fenfu orbatas. Jubet flatim ut aperiantur feneffre & aqué frigidä afpergatur facies omnium. Indè omnes mox reffufcitantur. Sed vomebat una, alteri caput dolebat, nulla tamen ulterius quicquam mali pa]a cp … Ainf, Boerhaave remarque que l’une vomifloit, que l’autre fouffroit de la tête, mais que depuis, aucune ne fe reflentit de cet accident. Jean Fabro , Auteur Italien , dit avoir vu dans la Calabre, un Prêtre qui, après après avoir été fuffoqué par la vapeur du charbon, paroif- foit être dans un fommeil paifble. Dormienti prorsàs fémilem, manibus pedibnfque placidè compofitis. Helmont , décrivant la fituation où le mit la vapeur de la braife, aflure qu'il fentit aufli-tôt une défaillance vers l’onifice de l’eftomac, & qu'ayant tenté de fortir de fon cabinet, 1l tomba roide comme un bâton , fur le feuil de la porte, au point qu’on l’emporta pour mort. Il ajoute qu’il ne fe fouvenoit plus de rien. Sracim fenfi circa os flo- machi minitatam fincopen, furrexi à mufeo ; dum foras pergerem ce- cidi inflar bacculi reéli, &:pro mortuo ablatus fum. Anxieratis ullius me meminiÉl, Une perfonne frappée par la même vapeur, & dont Wepffer raconte l’hiftoire, crut avoir fait un bon fommeil , après qu’on l’eut rappellée à la vie, par l’afperfion de l’eau froide fur le jee & fur Bb ïi 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; fa poitrine. Elle n’avoit éprouvé aucune forte d’anxiété. Tbi aqu& fri- gidä faciei & peétori afpersé, ad fe redirffet , credebat fe fuaviffimo fomno correptam Yuiffe, nullamque anxietatem fenferat. Le célebre Van-Swieten, traitant de ce genre de fufocation, remarque que ceux qui font frappés par la vapeur du charbon rete- nue dans des lieux clos , & que l’on regarde comme fuffoqués par le défaut d’air, paroiffent plutôt éprouver dans la tête, les premiers effets de cette fumée; il diftingue , avec Boerhaave , l'effet lent dé la vapeur du cherbon, de l'effet fubit produit par l'excès de cette vapeur concentrée; & il remarque que ceux qui meurent de cette maniere, reftent dans la même pofition où ils étoient au moment où la vapeur meurtriere les a frappés. W/i qui carbonum nidore in loco claufo extinguuntur, € fuffocari creduntur impedité re[piratione, videntur primam noxam in capite percipere, licèt tanté virulenñtiä ut pauld pof£ & vitales funéliones omnind deleat lethalis fincope. Quando enim vel non aded denfi funt illi vapores carbonum , ir quo hœrent homines vel minori temporis [patio ibi verfantur, tunc de immani capitis dolore. conqueruntur, fentiuntque ac-f? calvaria deorsèm diffiliret, proni mia. diffenfione. Si autem diutits maneant in tali loco, \carbonum nidore pleno, flupidi funt, € omnes fenfus perdunt & moriuntur. TK autem qui fic mortui funt in eodem fitu inveniuntur , quem habebant dèm ab hoc Yapore inceperunt malè affci. Interim tamen & prediëlis fais patere videtur , quod carbonum vapor, capiti, potins quam pulmont noceat. _ M. Hartman, médecin de Nanci, beaucoup poftérieur à tous ces auteurs, a obfervé qu’au moment où la vapeur du charbon allumé. commence d'agir, le malade vomit ou qu'il en reffent de fréquentes envies ; qu'il fouffre de grandes douleurs de tête, & qu'il ne peut s’empêcher d'y porter la main fréquemment. Il fait mention du férrement des dents, de la couleur rouge de la face, du gonflement & de la lividité des levres, des tâches noires & livides qui fe mani- nifeftent fur tout le corps; mais il ajoute une particularité, que paroiflent n’avoir point aflez remarquée: plufieurs de ceux qui ont ouvert des cadayres de perfonnes mortes de cette maniere. C’eft la tuméfaétion de l’effomac , ou du bas-ventre, l’engorgement des vaifleaux de ces deux capacités, & l’épanchement d'une matiere mucofo-noirâtre, qui femble moulée dans la longueur dés inteftins. Plufieurs fois appellé par des perfonnes affeétées par la vapeur dé tà braife, je les ai trouvées ayant toutes de fortes envies de vomir, vomiffant même, & fe plaignant d’une douleur de tête, en tout femblable, fuivant leur rapport, à celle d’une violente migraine: Pai même vu , il y a quelques années deux foldats des Gardes-Fran-- goifes , frappés par la même vapeur dans les prifons de l'Abbaye, qui ont confervé long-temps cette douleur, avec. une efpece de meur=- sur L’HisT. NATURELIF ET LES ARTS. 107 triflure au creux de leftomac : leur tête étoit également vertigineufe, Voilà donc plufieurs fymptômes bien conftatés. 12, La douleur de tête ; 2°, L’envie de vomir, le vomiflement même; 3°. Le ferrement des mâchoires ; 4°. La conftance de la fituation de l’afphyxique dans lérat où il fe trouvoit avant d'être frappé par cette vapeur, à moins que la violence d’une exhalaifon exceflive ne lait furpris tout d’un coup; car, alors l'animal entre aufli-tôt en convulfion , & périt; ce qu'il eft effentiel de remarquer tant pour la recherche de la caufe dé ta mort en pareil cas, que pour. préfager, pour ainfi dire, l’efficacité des fecours. * Un cinquieme fymptôme non moins remarquable, c’eft l'engor- gement fanguin des veines, de toutes les cavités du vifage , & de la furface de la peau, même l’extravafation du fang , connue fous le nom d’échymofe y! Symptômes qui précedent & qui accompagnent la mort caufée par ks moffettes. Leur rapport avec les précédens. La maniere dont périflent ceux qui s’expofent imprudemment à la: vapeur des liqueurs en fermentation, des latrines & des moflettes, eft entiérement la même quant aux effets. Si: l’émanation de ces exhalai- fons fe fait d’une maniere lente & graduée, ou que l’animal entre peu à peu dans la moffette, le mal de tête & l'envie de vomir fe manifeftent ; infenfiblement le malade s’afloupit & tombe dans laf- phyxie. Si, au contraire, il y entre tout d’un coup, aufñi-tôt il en eft frappé, & l'anxiété de la refpiration, les mouvemens convulfifs & Pafphyxie, fe fuccedent rapidement: Enfermez un oïfeau fous une cloche de verre, & ne fui laiflez refpirer que l’air qu'il infete de fon haleine ; bientôt empoifonné par fa propre moflette., il vomit , halete ,.fe débat & meurt. Boerhaave a fait plufieurs fois cette expérience, que M. Pabbé Nollet l’a ré- pétée aufli plufieurs fois avec les mêmes réfultats en expofant une poule à la vapeur qui s’éleve du fond de la Grotte de! Cane. Les cada-- vres des animaux, morts de cette maniere, ont exaËtement les dents ferrées, & le corps livide. Ces obfervations connues & très-communes , prouvent donc, comme les précédentes touchant la vapeur du char- bon, que la moflette agit de deux manieres : 1°. effentiellement toute feule, par la qualité malfaifante de fes principes , & plus ou moins fort , fuivant que l'animal y eft plus ou moins expofé ; 2°, acci-- dentellement en -détruifant le reflort de. l'air. . 198 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Comparaifon des accidens caufés par les différentes moffectes, avec ceux que les narcotiques produifent. Rapprochons à préfent ces fymptômes de ceux que les narcotiques produifent. Donnés à petite dofe , ou modifiés par des préparations, als «portent le calme dans l’intérieur de la machine ; adminiftrés à une dofe plus forte, ils afloupiflent, frappent à la tête, & excitent de fortes envies de vomir. Tel eft-même leur effet fur les animaux, morts pour avoir trop pris d'opium , ou ufé imprudemment de diver- fes fubftances vénéneufes , inébriantes , qu'ils occafñonnent des taches noires fur l’eftomac, fur les inteftins ou fur les différentes parties de la peau; c’eft aflez généralement l'effet de tous les poifons. J'ai remarqué deux fois le ferrement des dents, fur des enfans à qui l’on avoit donné une trop forte dofe de firop diacode. ‘ L'effet des narcotiques fur l’eftomac, paroïit être le premier qu'ils operent ; c’eft le fentiment des plus grands médecins , notamment de Van-Swieten, déjà cité. Primos fuos effettus praflant, dim in ventriculo hærent. La preuve en eft, qu'il fufit fouvent de les en expulier, pour faire cefler les accidens. Simul ac indè excutiuntur , ceffant omnia hæc mala. ; Ceci eft confirmé par un fait que le même auteur rapporte, & que connoïflent parfaitement ceux qui exercent l’art de guérir : un grain d’opium avalé depuis long-temps, demeure dans l’eflomac fans fe diffoudre; cependant, il afloupit fouvent, au moins pendant huit heures. Ce qu’il a d'étonnant, s’écrie le Commentateur de Boerrhave, c’eft qu’on le rend quelquefois le jour fuivant, fans qu'il ait rien perdu de fon poids. Granum enim unum aut alterum opii de- glatitum, refinofé tenuitate fué non aded diffolubile, in ventriculo hæret din, & doloris fenfum per oëlo horas ad minimum folet compefcere ; & quod mirabile ef}, fepe fequenti mane , opit nondüm deglutiti pilula vomitu excuritur, Manicre d’agir des différentes moffettes. Il paroït donc, par ce rapport remarquable de leffet de la va- peur du charbon, de celui des moffettes de tout genre, & des fubf- tances inébriantes que l’on avale, que c’eft moins en privant lani- mal de l'air qu'il refpire, qu’en l’afloupiffant fortement, que ces caufes de mort agiflent : avec cette différence, que la fubftance iné- briante avalée, exerce la premiere aétion fur leftomac , & n’affeéte que fecondairement la tête & les autres parties , tandis que les moffettes frappent d’abord l’odorat, & portent direétement au cer- veau , n’attaquant l’eftomac que fympathiquement & d’une maniere En sur L'H1sT: NATURELLE ET LES ARTS. 19% fecondaire. De-là vient auffi qu'il eft difficile de s’empoifonner avec Popium, tandis qu'on eft frappé de mort aufli-tôt qu’une vapeur inébriante monte au. nez. « La moindre attention à ce qui arrive aux perfonnes qui, dans les grands froids de l'hiver, mettent de la braife fous la table, ne permet pas de douter de cette vérité. Ceux qui ont la précaution de placer un bout de leur ferviette fous leur aflette , & d’intercep= ter ainfi le courant de la vapeur montante de la braife, prennent ordinairement leur repas fans danger ; tandis. que ceux qui négligent, cette précaution ou qui l'ignorent ; fentent bientôt leurtête embar- rafiée ; ce n'eft même qu'après cet embarras, que leur eflomac fe fouleve, & qu'aux envies de vomir fuccédent le vomiflement & Pafphyxie, sils ne font pas promptement fecourus. Pour prouver mieux encore que c’eft moins à la privation du ref. fort de l'air, qu'à la vapeur .vireufe & inébriante de la braife ow: du charbon, qu'il faut attribuer cet accident, c’eft que, quoique, lés fenêtres d’un appartement foient ouvertes, & que le-courant d'air y foit établi, fi l’on vient à y allumer du charbon, cette odeur frappe, d’une maniere défagréable, le nez des perfonnes qui y en- trent, au point qu'ils en ont long temps la tête afleûée, lors même qu’elles font forties promptement de cette piece, & qu’elles ont ref. piré un autre air. L’odeur du fafran , des différens aromates, & celle des fleurs dont les émanations font fortes & fuaves , produit le même effet. On a même vu en Hollande des matelots endormis fur des- ballots de fafran & d’épicerie , périr afphyxiques. C’eit, fans doute , ce qui a fait dire à Lucrèce, que l'odeur pé- _nétrante du charbon s’infinuoit promptement dans le cerveau, Car<- Bonum vis atque odor infinuatur quam facilè in cerebrum, Ceux. qui, périffent par les moffetres, font-ils apopliliques.? Examinons à préfent fi l’état. des perfonnes frappées par la. va- peur du charbon & des moffettes, ou par les narcotiques, eft un état d’apoplexie. Cette queftion influe trop fur le choix des fecours pour n’ètre pas approfondie. Le fentiment dans lequel on a prétendu que l'animal mouroïit dans: une expiration, violente par le défaut d'air, beaucoup trop raréfié par la vapeur du charbon, n’eft pas vraïfemblable. On a voulu que l’affaiflement des vaifleaux de la poitrine, refultant de cette expiration violente & derniere, s'op= posât tellement au retour du fang cervical , que les vaiffleaux du cerveau en fuflent diftendus & dechirés, & que ce vifcere, com- primé par cette diftenfion & les: divers empêchèmens , jettât lani- mal- dans l’apoplexie ; mais il s’en faut bien que l'expérience ait jufx 200 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tifié cette théorie; & dans ce cas, comme dans celui des noyés, il paroît que ceux qui ont adopté ce raifonnement, ont été induits en erreur. En effet , il réfulte plutôt de l’ouverture des cadavres , que les vaifleaux du cerveau, quoique pleins de fanz, ne font pas diftendus à l'excès; qu'on n’obferve point d’épanchement fenfble , fi les animaux font ouverts peu de temps après leur prétendue fuffo- cation; que les vaiffleaux de la poitrine, du bas-ventre, & ceux de la peau , notamment de celle des extrémités , font également engorgés ; & qu'enfin, on tombe fouvent par gradation dans l'afphy- xie, par la feule impreffion que fait la vapeur du charbon fous le nez ; fans qu'il foit néceffaire de lavoir refpirée, quoique lath- mofphere qui entoure l’'afphyxique n’en foit pas imprégnée, & tan- dis que d’autres perfonnes qui font dans le même air n’en paroïflent point affe@ées. L'air qu’on refpire dans les églifes trop fréquentées, & dans lequel certaines perfonnes tombent en fyncope , lorfque plufieurs autres n’en font point incommodées, ajoute à la force! de cette derniere preuve. D'ailleurs, comme je l'ai remarqué dans mon premier Mémoire fur ‘Ja caufe de la mort des noyés, les vaifleaux veineux du cerveau, plus fouples & plus extenfibles, peuvent être regardés comme des ré- fervoirs capables de contenir au befoin une très-grande quantité de fang, fans trop prefler la fubftance du cerveau , & leur difienfion ne peut avoir de fuites fâcheufes qu'autant que l'affaïflement des vaifleaux de la poitrine s’oppoferoit au retour du fang cervical, tan- dis que la force expulfive du cœur continueroit d'agir & de preffer ainfi le fang du cerveau entre deux puiffances : ce qui heureufement ne peut avoir lieu dans le cas dont il s’agit. Un coup d'œil jetté fur la maniere dont on fecourt avec fuccès les afphyxiques par la vapeur du charbon, écartera jufqu’au moindre foupçon d’apoplexie; tandis que l’analogie de ces fecours avec ceux qui font confeillés contre l'effet des autres moffettes & des narcotiques, achevera de convaincre que c’eft à la nature même de cette vapeur qu'il faut attribuer fes mauvais effets. L'expérience a prouvé qu’on ne devoit point faigner en pareïl cas, 8& que l’air frais & l’afperfon de l’eau froide étoient le premier remede contre ce genre de mort apparente. Urilicé. de l'afperfion d’eau fraiche contre les mauvais effets de la vapeur du charbon. Preuve contre l'apoplexie. Lucréce, déjà cité, avoit reconnu dans l’eau fraîche la propriété de réprimer la qualité mal-faifante de la vapeur du charbon. Carbonum vis sur L'H1ST NATURELLE ET LES ARTS 201 is atque odor infinuetur quam facilé in cerebrum, nif£ aquam præcepimus ant, aut nifi membra prints perterfir frigidé fervus. Ce concil du Poëte Latin a été fuivi de nos jours par l'inventeur des poëles hydrauliques , qui place une boule de verre remplie d'eau, à côié du tuyau du poële pour tempérer l'aétivité de la matiere qui s’en exhale, en humeétant la vapeur du bois & du charbon, que la tôle femble deflécher & rendre plus aétive. ? Cet, fans doute, pour cette même raïfon, que Mercurialis a penfé que la différence entre le feu du charbon & celui du bois ordinaire, venoit de ce que l’un defféchoit trop , tandis que l’autre étoit tempéré pat l'humidité que le bois avoit confervée, &c dont le charbon étoit dépouillé. Quamobrem e prunarum ardenti flrue exurgens aflus , caput prorfès gravedine ferit, e lisnis non item ? quoniam qui à prunis Jparsutur æffus, vi calorifica contraëlat | obturandoque conffringit, at alrer à lignis habet & madoris nonnihil , cujus indicium facir fumus ipfe. L'eau eft encore un des meilleurs moyens de définfeéter les éta- bles, dont la contagion paroît venir du phlogiftique animal corrompu. Cæfalpin recommande l'air frais, & l’afperfion d’eau froide contre Pafphyxie caufée par la vapeur du charbon : refcit eos acris frigidioris énfpiratio & aque frigidæ afperfto. ; Panarolle, rendant compte des moyens qu'il fit employer dans une circonftance femblable, dit expreflément, qu'on introduifit de l'air avec un foufflet dans la bouche du fuffoqué, & qu’on lui jetta long-temps & de loin, de Peau fur le vifage. F/abello refrigerari aërem mandavi , juxta os fuum , dim alius fæpè frigide aquæ afperfione, à longe vultur percutiebat. C'eft précifément la méthode que M. Hartman a dit avoir inventée, & que plufeurs écrivains lui ont attribué depuis. Boerrhaave prefcrit aufli le même fecours. bi jam adef? fuffocario , optimum remedium efl corporibus laffs aquam frigidam afpergere, eam- que nudato peëlori, & vultui injicere. On a vu le fuccès qu’eut ce fecours dans l’obfervation de ce même auteur déjà rapportée. En 1760, M. Dehenne, médecin, alors à Paris, rappella à la vie un domeftique fuffoqué par la vapeur de la braïfe, en le placant nud dans une cour, & lui faifant jetter des feaux d’eau fur tout le corps. À En 1747, M. Lorri, doéteur-régent de la Faculté, fit foutenir une thefe très- favante , fur les effets pernicieux de la vapeur du charbon, dans laquelle il recommande le même fecours : protraëlo itaque ir apermum cœlum ægro corpore , novus aer allabitur, tum afperfa frigidt , &c. M. Boucher, contemporain de M. Dehenne, confeille égale- ment, à peu près dans le même temps, l’ufage de l’eau froide. L'efficacité de l'air libre & de l’afperfion de l’eau froide eft fi éprou- Tome XI, Part. I, MARS 1778. Ce 202 OBSERVATIONS SUR LA-PHYSIQUE ; vée en pareil cas, que même dans les fyncopes ordinaires, on 14 recours à un verre d'eau qu’on jette fur le vifage de la perfonne qui fe trouve mal, ce qui, en effet, la rappelle promptement à la vie. Cet ufage, conflamment fuivi du fuccès dans la fyncope qui vient après la faignée , eft feul capable d’éloigner toute idée d’apoplexie : car, comment concevoir que celui qui ne tombe ainfi en défaillance, que pour avoir perdu trop de fang, foit apopleëtique ? Il demeure pourtant fans fentiment, fans pouls & fans mouvement; on le couche , on le dépouille de fes habits , on lexpofe à l'air libre , on lui jette de l’eau fur le vifage, & bientôt un profond foupir rap- pelle la refpiration, la circulation &c la vie; c’eit-à-dire, que cette afphyxie ne differe de celle qui vient du charbon, que par fa caufe, & que fes effets, & les fecours employés pour la combattre , font exattement les mêmes. Dans les pays feptentrionaux, lorfqu'un homme deftiné à l’ex= ploitation des mines de charbon, s’y trouve fuffoqué par lexplofion d’une moffette, ou par la vapeur même de ce charbon enflammé , on fait un creux dans la terre, & l’on y applique fon vifage. Ce moyen qui le rappelle efficacement à la vie , ef comme on voit, € tout femblable au roulement du chien fur l'herbe fraîche, auprès de la fameufe grotte, dite del Cane pour cette raifon, On eft encore dans Pufage de couvrir de minerai imbibé d’eau fraiche, ceux qui dans les forges de fer, font frappés d’afphyxie , par la vapeur du char- bon des fourneaux deftinés à la fonte de métal : croira-t-on, après tant d’autorités 8 tant de faits , qu’un moyen auffi fimple feroit feul fuft- fant pour rétablir un véritable apopleétique ? Inutiliré & danger de la faignée dans les afphyxies caufées par la vapeur du charbon, Deuxieme preuve centre l'apoplexie. Jai dit que la faignée ne devoit point avoir lieu dans cette forte. d’afphyxie , & l’on a. déjà dù voir, par le peu d’exemples rapportés , qu’elle étoit contre-indiquée. On s'en convaincra mieux en réflé= chiffant fur les fuccès obtenus de nos jours contre la fufocation pro- duite par la vapeur du charbon. Je choïfirai, fur-tout , les exemples dans la deuxieme édition, d’un rapportfait par M. Portal à l’académue, . fur lés mauvais effets de la vapeur du charbon. Le premier afphyxique, dont il y eft fait mention, eft M. l'abbé de Lavaur. Cet eccléfaftique fuffoqué par cette vapeur, ne dut fon retour à la vie, qu'à l'air froid, &-à l’afperfion d’eau fraiche, On meut. point recours à la fagnée. Le deuxieme, eft une jeune demoifelle de Falaife, laquelle fut foquée par la vapeur du charbon, dut fon retour à.la vie; à Pair” Sur. L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS 203 Fais, & aux bains d’eau froide , fans qu'il fût queflion de la faignée. Le trofieme afphyxique , eft un inconnu âgé de 22 ans rappellé à la vie par les foins d’un chirurgien qui d’abord ne le faigna pas. À la vérité, on crut enfuite devoir lui ouvrir la veine; mais cette faignée ne fut que fecondaire : il avoit repris fes fens lorfquelle fut faite, Après ces trois obfervations, vient un rapport de M. le marquis Turgot, fur deux hommes fuffoqués, l’un abfolument mort, & non fecouru, & lautre, dont la refpiration & la circulation n’étoient point arrêtées. Ce dernier fut faigné trois fois du pied ; on appliqua les fangfues aux tempes & derriere les oreilles; enfin, on lui tira du fang du bras, & tout cela ne Pempêcha pas de mourir. Il eft dit dans le rapport, gw’il avoit La refpiration flertoreufe , & que fon pouls paroiffoit élevé, mais plus rare & plus fréquent, ce qu'il efl smportant de remarquer. La Gazette de France, du lundi 17 février 177$, fait mention d'un domeflique fuffoqué par la vapeur du charbon, qui revint promptement à la vie par la feule afperfion d’eau fraiche , & fans aucune faignée. Des obiervations pareilles fe font multipliées depuis dans la même Gazette, & dans les divers exemples qui y ont été rappor- tés, il n’eft jamais dit que la faignée ait été employée; ou fi l’on y à eu recours une ou deux fois, ce n’eft gueres qu'après la réfurreétion de lafphyxique ; ce qui eft tout-à-fait hors de la queftion. Le chirurgien Touflac, dont l’obfervation a été rapportée tant de fois par divers écrivains, fecourant un mineur fufloqué par la vapeur du charbon, rappella d’abord les mouvemens du cœur & du poulmon, par l'introdu@ion de l'air dans la poitrine, & sil crut enfuite devoir recourir à la faignée la vie étoit revenue & la phlébotomie ne fut que fecondaire. On peut fe convaincre de l’inutilité de la faignée en pareil cas, en méditant le Mémoire de M. Hartman, fur les mauvais effets de la vapeur du charbon, Ce médecin cenfeilie l'air frais, l’afperfion d’eau froide ; rarement il employe la faignée , toujours n’a-t-elle été pratiquée qu'après que l’afphyxique avoit refpiré. L’exclufion de la faignée donnée ici d’après ces faits , fe confirme par le témoignage des médecins de Londres. On a vu, dans tout ce qui a été dit au fujet des noyés , que, loin de la confeiller comme un premier moyen, ils la regardoient, au plus, comme un moyen fecondaire , dans lafphyxie caufée par l’immeifion; il en eft de même de celle que produit la vapeur de charbon; ces médecins _placent la faignée au nombre des fecours adminiftrés fans heureux Juccès ; les moyens les plus efficaces, felon eux, c'eft FA renouveler £ 1] 204 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, les mouvemens de la refpiration , de plonger le corps dans l’eau froide 3f & mème de jetter preîque continuellement de l’eau fur le corps, ce qu'ils préferent à l'immerfion. | RIRES PES ET MENEE De tout ce qui. vient d’être dit, 1l réfulte, 1°, que lafperfion de leau froide elt un moyen très-ancien & très-efficace; 2°. que la continuité de cette afperfion, déterminée particuliérement vers læ bouche & le nez ,qu’on a regardée comme une découverte de nos jours. appartient entiérement à Panarole; 3°. que les perfonnes fuffoquées par la vapeur du charbon n’ont pas befoin d’être faignées pour revenir à la vie; 4°. que la faignée favorifant l’affaiflement des. vaifleaux , doit s’oppofer au retour de la circulation; ce que l’expé- rience juftifie ; 5°. qu’enfin, ou la faignée eft nuifible dans l’apoplexie. ou bien les afphyxiques ne font pas apopieiques, Ils cefferont en effet de le paroître, fi l’on examine avec plus de foin leur état, & qu’on le compare à celui d’un véritable apo- pleétique: Dans l’afjhyxie , toute efpece de fon@ion eft fufpendue ; dans l’apoplexie , au contraire , les feules fonétions animales, le font. Cette diftinétion eflentielle n’a pas échappé au célebre Van-Swieten, Apoplexi& repentè abolentur omnes funiliones animales ditle, dim. tamen fuperfunt vitales ; ita enim apoplexia à fyncope G& animi deliquio. diflinguitur. . En vain appuyeroit-on l’opinion contraire fur les deux exemples de fuffocation rapportés par M. le marquis Turgot, defquels il confte que celui qui ne mourut pas tout d’un coup, avoit la refpiration fterto- reufe, vifage rouge, le pouls plein, en un mot, tous les fignes d’apoplexie; en lifant plus attentivement ces obfervations, on voit que ces hommes n’étoient plus afphyxiques, & que ce figne apparent d’apoplexie ne doit pas ici. être regardé comme tel; que c’eft plutôt un effort de la nature qu'on a remarqué fur plufeurs animaux au retour de l’afpyhxie, qui, loin d’être fecondé par la faignée, en feroit, au contraire, interrompu. Sans renouveller à ce fujet la jufte crainte de l’affaiffement des vaifleaux. réfultant de l’ouverture de la veine, il fufit d’obferver que le fuffoqué, dont M. le marquis Turgot fait mention, mourut malgré les faignées du bras , du pied, & lapplication des fangfues; & de comparer cette obfervation malheureufe, à celle que j'eus occafion de faire au Corps de Garde de la barriere des Gobelins, & que j'ai dejà rapportée en partie. Lafphyxique, dont il y étoits queftion revenant à la vie, refpiroit d’une maniere ftertoreule ; fon: vifage rougifibit, fon pouls groffloit fous le doigt , avec cette: JU HHIHIE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES AnRrs: 205 gêne apparente qui fe fait fentir dans Vapoplexie. Il eut peut-être été faigné , fi je n’avois été appellé : heureufement il ne le für pas, & j'eus la fatisfaétion de voir qu'en moins d’une heure ce prétendu apopletique ouvrit les yeux, articula quelques paroles , & qu'il fut parfaitement revenu en deux heures de temps, Conformité des fecours précédens avec. ceux qu'on ‘employe contre Peffec des narcotiques. Troifieme preuve contre l'apoplexie. net R Le rapport établi entre l’adion des narcotiques & des moffettes z. & celui de la vapeur du charbon, relativement à leur effet, fur les: animaux, eft le même quant aux fecours employés pour y remédier, La faignée n’eft prefque pas confeillée contre les narcotiques ; :on prefcrit, au contraire, les acides, que l’on régarde comme l’anti- dote des poifons inébrians. Salina acida, di Cartheufer , mobilif- fime ac Jummè expanfive hujus fubflantiæ haliruofe , corrigentia oprima une, # Geoffroi, en parlant des préparations de l’opium, dit auffi très expreflément , que les acides en émouffent & en detruifent l’adivité, C'eft encore le fentiment de Léwis, auteur angloïs, dans fon nouveau Difpenfaire. Malouin , dans fa Chymie médicinale , confeille l'ufage de la limonade. Le vinaigre en évaporation, ainfi que le fe} marin brülé de même, font indiqués par d’autres auteurs comme bons contre les effets de la vapeur du charbon, & rien ne désrife plus promptement que le vinaigre. Parmi les auteurs qui traitent de Pafphyxie caufée par la vapeur du charbon, plufieurs’ confeillent: l’oxymel & loxycrat. Enfin, d’après les différentes matieres médicales, on calme les effets de lopium par des tifannes ou apozèmes acidules faits avec l’efprit de foufre , ou de vitriol, par la limonade , les fucs d'orange , de fruits d’épine-vinette, le Verjus ,+ le vinaigre, & tous autres remedes acides & rafraïchiffans. Ceci me rappelle une obfervation que j’eus occafon de faire il y à deux ans, à l'Abbaye Saint-Germain-des Prés. Un religieux. de” province qui fouffroit des douleurs cruelles de vefie & d’uretre ,: étant venu à Paris pour fe faire fonder par le Frere Côme, prit, d’après une ordonnance dudit Frete, qui ne lui avoit pas trouvé la pierre, une forte dofe de gouttes anodines de Rouffeau : il en fut: promptement afloupi; mais fon fommeil étoit agité ; bientôt après: il fe réveilla pour vomir, & il refla dans une flupeur voifine de l'afphyxie , avec une difficulté de parler très-remarquable. Ses dou-- leurs avoient entiérement ceflé; mais la difpofition au vomifflement, & même l'envie de vomir continuoient lorfque je fus appellé, Ne: voyant point de caufe. fenfible de: vomifflement, &. foupçonnant'que: 206 , OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; . cet accident venoit des gouttes anodines , je lui prefcrivis l’ufage du firop de vinaigre; c'étoit le foir : ilen fit ufage toute la foirée ; & même la nuit. Le lendemain matin, la parole étoit libre, & les vomiflemens calmés ; il continua l’ufage du firo» de vinaigre toute la journée ; le foir tous les accidens avoient difparu, mais la douleur de la veffe éroit revenue. L'air libre & l’afperfion d’eau, que: l’on.a vu être très-efficaces contre les mauvais effets de la vapeir du charbon, ne le font pas moins contre l’aftion des narcotiques, la pharmacie fournit les moyens de modifier la qualité inébriante de l’opium en le failant bouillir pluñeurs fois dans l’eau de fontaine, Conformité de ces mêmes fecours avec ceux qu'on emploie contre les autres G moffèrtes. Quatrieme preuve contre l'apoplexte. La maniere de fecourir ceux qui font frappés par l’exhalaifon inébriante des cuves, eft encore entiérement analogue à celle qui. réuffit contre les mauvais. effets du charbon. Jean Fabro , déjà cité, rappella à la vie fon propre enfant frappé par la vapeur concentrée du mouft en fermentation, en l’expofant à l'air libre, & lui jettant de l’eau fraiche fur le corps. Fragrantiffimus ille vins fpiricus | ejufdem cerebrum ita improvifé € re petente opplevit , ut clamore fublato , in terram concideret, & à nobis efferri ; aqué quoque frigidà per- fundi cogeretur. Parmi plufeurs fecours, Ranchin prefcrit, dans le même cas, Pexpofñition à l'air libre & l'application des comprefles d’oxycrat fur les tefticules, Sennert confeille d’exciter le vomifflement avec l’oxymel. Suivant Pierre Borrelli, Ilorfqu'on eft appellé dans ces circonftances, il faut jetter beaucoup d’eau fur le fufoqué, & en différer long-temps la fépulture. $2 quis ergo ad tales ægros invifendos vocatur aquä frigidé eos infpergi curet, ut vaporum ferocia mitigetur ; diu férveneur infepulri , Juffu Hippocratis. ‘Il*en eft de même des fecours contre les autres moffettes , à l'égard defquelles je me bornerai à citer ce que prefcrivent Alphonfe, Borel & Léonard de Capoue, Le premier rappelle la maniere de reflufciter le chien tué par la moffette de la grotte de Cane. Canes femi fuf- focati in antro lacus agnani...intra aquam ejufdem lacus projeëli vel extra ab antro G in terram Jacentes, paulatim reficiuntur. Le dernier auteur confeille aufñi de tourner le vifage des afphyxi- ques contre la terre nouvellement fouillée, & de jetter de l’eau fraiche fur leur corps. Giova ancora il tener gli animali tramortiti , col nufo chino verfa La terra frefcamente cavata.…, ft agevola parimente l'afcita es # EL. a. 4. SUR L'H1ST. NATURÉLLE ET LES ARTS. 207 alla mofeta , collo feuotere gli animal tramorti , e con imbagnarli nel’acqna. Enfin , les mêmes remedes font confeillés côntre l’afphyxie caufée par les exhalaifons des fouterrains, celle des latrines êc des fépultures, Infpiratio aeris frigidi, 6 infpiratio aque rofacee E aceri, Ec. pe Chriftophe de Vega prefcrit même de faire boire du vinaigre aromatifé. Voila donc un rapport effentiel dans l’effet de la vapeur du charbon; & celiu des moffettes & des narcotiques, fur les animaux & uné conformité non moins exaéte dans les fecours utilement adminiftrés dans les deux cas, lefquels, joints aux raifons qui ont précédé , écartent entiérement le foupçon d’apoplexie. Maniere d'agir des moffettes dans Pafphyxie. Leur nature, IL paroït donc démontré pat-ces mêmes effets, par la nature des fecours adminiftrés | 8 par la maniere dont ils agiflent, que les afphyxies produites par ces différentes caufes, font une affeétion particuliere du corps, une véritable privation du pouls, & de toutes les fonétions , plutôt que l’apoplexie dans laquelle certaines fonétions, feulement, font lézées. Ë Il femble encore que fi l’on ne rejette pas abfolument le défaut d’air : comme caufe de Pafphyxie , il faut beaucoup plus attribuer cet accident à une certaine modification & altération de ce fluide dans la moffette, c’eft-à-dire, à l’émanation des molécules inébriantes qui fe détachent du charbon, de la matiere des latrines , des fépultures, & des terrains moffetiques , ou autrement, à une fubftance- gafeufe, comme Vanhelmont la penfé. Nec enim ided aliquid proindè velocis in nos ope- ratur, quam gas ; ut patet in crypta canis Neapolitanorum , pefle, car- bonibus fuffocatis & fufitibus : confeflim nemque fepe pluries, in cuniculis mineralibus interempti : imo in cellariis, ubi potens cerevifia fuum gas? eruülat , facilis mors fubita erumpit & fuffocatio. Alphonfe Borelli, déjà cité, après avoir recherché les différentes taufes de lafphyxie , avoue qu'il s'exhale dans l’air quelque chofe de vénéneux , qui frappe l’odorat, & porte au cerveau. Farerdnm ejE quod aliqua aura venenata per nervos ad nares & fauces Ppertingens , ad° cerebrum deferatur, € ibidem maligno contagio fpirituum crafim conturber, undè momentd concidant moribundi. Ce fentiment a été renouvellé par M: de’ Sauvages, lorfqu'il a* pénfé que le fluide éleétrique étoit le fluide nerveux, & que les moffettes tuoient pringipalement, en en détruifant lenérpie. Enfin, ce qui prouve encore mieux que c’eft moins au défaut d’arr :: qu'à la qualité particuliere de la vapeur du charbon, qu'il faut attri-* buer les mauvais effets des moflettes,.c’eft que plufieurs ouvriers: 208 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; font accoutumés à cette vapeur, par le temps & l’habitude , comme Mithridate létoit à la ciguë : on ne s’accoutume point , au contraire, à unair qui a perdu fon reflort. Refte préfentement à rechercher la nature de la vapeur du charbon: Le phlogiftique & l'air fixe femblent la laifler entrevoir ; l’une ou Vautre de ces deux fubftances élémentaires, prennent des goûts, des odeurs & des qualités différentes, en raifon des principes étrangers auxquels elles font aflociées , & que la mobilité de leuts molécules entraine & rend expanfbles. De |à, paroît venir l’extrème fubtilité de certaines émanations, & la différence qui regne parmi les diverfes moffettes; diférence qui peut influer fur celle de leur effet, fans toutefois empêcher qu’elles ne foient, en général, plus ou moins meurtrieres; parce que, fi elles different par laflociation de telles ou telles molécules, auxquelles les principes primitifs qui les confti- tuent , fe trouvent accidentellement aflociés, elles fe rapprochent toutes par la nature de ces premiers principes, qui par-tout eflen- tiellement les mêmes, operent par-tout d’aitant plus fortement qu'ils s'y trouvent en plus ou moins grande quantité. Si lon s'approche de trop près d’un grand feu, fur-tout dans les froids cuifans de lhiver, où la chaleur plus concentrée eft plus pétillante & plus forte, on fe fent bientôt étourdi, & l’afoupiite- ment, voifin de Vapoplexie, ne tarde pas à fe manifefter. L’ap- proche imprudente d’un poële où l’on ne brüle que du bois bien fec, caufe lafphyxie ; il eft peu de perfonnes qui ne l’aient obfervé; c’'eft encore la remarque de Borelli ( Alfonfe). Jpfæmet copio/iffima particilæ igneæ ; in acre hypocaufli, angores, 6 deliqua inducunt. _ De là vient, fans doute, par gradation, que le bois brûlé n’eft point fi dangereux que la braife, & que la braife left moins que le charbon; en forte que c’eft à raïfon de la plus grande ficcité de la matiere qui s’exhale, de fon abondance & de fa concentration, toutes chofes égales d’ailleurs de la part des corpufcules moffétiques, que lon peut calculer fes dangereux effets. Quoiqu'il réfulte des expériences faites par M. l'abbé Nollet à Ja Grotte del Cane, que la moffette qui s’éleve à un demi-pied audeflus du fol de la caverne, & qui ne s'étend qu’à une certaine diflance eft fans odeur & fans faveur quelconque, on peut cependant préfumer qu'elle tient de la nature de l'air fixe, qui s’éleve à une certaine hauteur dans les cuves des Brafleries & des Vinées, & auquel fon poids ne permet pas de fe mettre en équilibre avec l'air ordinaire : on a lieu de le penfer, d’autant plus que ce même air fixe eft inébriant & caufe des afphyxies ; on en a vu plufieurs exemples dans £es fources d’eaux thermales. Mais de quelque nature que foit cette fubflance principe, feule ou mm SUR L’'H1ST., NATURELLE ET LES ARTS, 209 eu combinée avec des molécules moffétiques, & quoiqu’elle puifle détruire le reflort de l'air, il neft pas moins vrai que fon premier effet eft d'agir fur les nerfs , & principalement fur ceux de l’odorat. C'eft encore le fentiment d’Alphonfe Borelli. Dicerdum quod fulphu- re carbonum fuligines € fumi per nares cerebrum mordicando 6 inficiendo , flupiditatem inducunt & mortem. Cela fe fent aflez lorfqu’on entre dans un lieu où l'on brûle de la braife ou du charbon. A l'inflant, une odeur défagréable frappe le nez, porte à la tête, & donne mal au cœur. C’eft ce que Vanhelmont appelle encore, carbonum fuliginofitas. Pierre Borel s'étant expofé à la vapeur des cuves, avoit fenti comme des aiguilles qui piquoient {on nez. Percepi rales vapores cuparum , inffar acuum , nafê radicem quaft transfodere. Ce fentiment eft celui de beaucoup d’autres auteurs, & il eft à préfumer que les mêmes prin- cipes inébrians du vin, qui font vomir & qui produifent les eflets ordinaires des narcotiques quand ils agiflent fur l’eftomac, font ceux qui produifent l’afphyxie lorfqw'ils frappent direétement l’odorat , ayant cela de commun avec toutes les autres vapeurs inébriantes, à L'afloupiflement & la fufpenfion des fonétions de la vie, eft tellement Veffet de Ja titillation que ces vapeurs font éprouver aux nerfs de l’odorat, qu’on s’afloupit auffi après des friétions légeres , & long temps continuées fur d’autres parties du corps, ou par la feule aétion du feu fur la paume des mains; toute la machine tombe alors infenfiblement dans la ftupear. . Mais ce quile prouve mieux encore, c’eft qu’en réveillant prin- cipalement les nerfs de l’odorat par limpulfion & la froideur de l’eau , & continuant long-temps ce travail, ‘les afphyxiques revien- nent à la vie; de-là vient que ce fecours a été fi fort recommandé de nos jours par M. Hartman , & que , quoique l’on püt jetter de l’eau fur tout le corps, ce médecin, fuivant le confeil de Panarolle &r de Boerhaave , déjà cités , a fpécialement confeillé de ftimuler l’intérieur des narines , per mares, C’eft-à-dire, de détruire par cette fecoufle répétée fur cette partie extrêmement fenfible , l’engourdiffement & le fpafme général auquel fon affeétion primitive avoit donné lieu. Premier Poff-Scriptum. Ce Mémoire étoit achevé depuis long- temps, lorfqu’on a publié dans les Journaux le réfultat d’une expé- rience faite à l'académie par MM. Eavoïfer & Sage. Le premier de ces Académiciens éprouva les eflets funeftes de l'air fixe fur un oïfeau, qui en fut frappé comme de la foudre, au point de pa- toître parfaitement mort. Le fecond, ayant introduit de l'alcali fluor dans le bec de l'animal, & l'ayant frotté avec le même fel , le fit revenir à la vie. Cetre expérience confirme tout ce que J'ai avancé dans ce Mémoire. La mort apparente de Poifeau, n’étoit pas caufée par l'apoplèxie, puifqu'il revint promptement à la vie. Ce ne fut pas non plus le défaut d'air qui le tua, puifquon Tome XI, Part, I. MARS 1778 Dd “ 210 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ;. lui ft refpirer l’aicali volatil fluor, qu’on l’entoura d’une athmofphere: chargée de ce fel; c’étoit donc la partie vireufe, moffétique 8&z inébriante de l'air fixe, qui, portant à la tête, l’avoit: engourdi au point de le jetter dans une flupeur femblable À la mort, comme la chofe eft arrivée plufieurs fois à des hommes dans les lieux où: cet air furabonde. L’alcali fluor, très-pénétrant , n’a-t4l pas plutôt réveillé l'animal de cette ftupeur, en ftimulant fortement les houpes nerveules ? Cette opinion paroît vraifemblable , & fe rapporte entié- rement à la théorie que j'ai établie dans ce Mémoire. Cela prouve encore que, quoique les acides paroïffent être l’antidote des vapeurs inébriantes, les ftimulans puiflans d’une clafle oppofée , peuvent & doivent lêtre auf; de là vient, fans doute, que lhiftoire des perfonnes fuffoquées par la vapeur du charbon, préfente plufeurs fuccès obtenus par l’eau de Luce, le fel volatil ammoniacal, &c.. Ce qui contrarie un peu Vopinion de ceux qui ont accordé cette propriété au vinaigre , à l’exclufion de toute autre fubftance fpiritueufe. ® Second Poff-Scriptum. Ce Supplément étoit fous les yeux de plufieurs phyficiens., lorfqu'on a publié dans un Ouvrage ad hoc, les. bons effets de l’alcali fluor, indiqués d’abord par quelques expériences... Les nouveaux fuccès que l’on y annonce , n’ont rien changé à ma façon de penfer. Je nai pu me perfuader que les afphyxies fuffent produites par un acide , encore moins les apoplexies; & ceux qui fe: rappelleront que les exhalaifons des latrines caufent la mort fubite,, auront peine à trouver dans cet amas d’émanations putrides, l’acide: néceflaire pour produire le phénomene qu'on lui attribue. Puis fe fouvenant encore des bons effets du vinaigre & des acides concentrés. en des cas femblables, ils concevront plus difficilement comment la même caufe augmentée peut'avoir fubitement un effet contraire. Mais, dira-t-on, comment expliquer lation de Palcali fluor dans les afphyxies, fi ce n’eft par la neutralifation d’un acide? À. cela, je réponds, que l'expérience a prouvé que les. propriétés. des fels alcalis fixes ou volatils, ne fe bornoient pas à neutralifer les acides, mais qu’ils étoient aufh de puiflans antiputrides : d’ailleurs , on peut, fans admettre cette caufe, reconnoître aifément dans l’alcali fluor une. propriété ftimulante .8& pénétrante capable de combattre la: ftupeur caufée par les moffettes , & de détruire le fpafme qui s'enfuit. À la vérité, l’on a cru découvrir une faveur acide dans les liqueurs de la bouche& de la poitrine de quelques fuffoqués, & c’eft le principal fondement de la nouvelle théorie de Paétion de Palcali: fluor, dont l'ufage & les bons effets étoient déjà connus (1).. (2) Chriftophe Wagner publia, en 1732, l'obfervation d’une perfonne fufoquée- par la. vapeur du-charbon, que lon fit revenir à la vie, en lui faifant.refpirer l'efs st te D * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 211 Mais en fuppofant que ces fuccès foient conftans ,eft-ce le feul cas où les liqueurs du corps animal prendroient un goût fub-acide, même du vivant de l’animal , fans qu’on doive croire que ce goût leur ait été communiqué par une moflette ,| & encore moins fuppofer que ce même acide ait produit l’afphyxie ? Je pourrois ajoutef ici des réflexions fur le rapport qui regne entre la prétendue apoplexie caufée par l’eftomac, & les afphyxies, & rèndre raifon du fuccès de l’alcali fluor en pareil cas , afin d’apprendre à diftinguer ceux où l’adminiftration de ce remede eft inutile & fuper- flue. Mais je réferve ces recherches pour un autre temps, fi les circonftances me le permettent, ou fi d’autres phyficiens plus occupés que moi de cet objet, ne m'ont pas prévenu. Je les exhorte à s'attacher au pronoftic des afphyxies, en déterminant par l'étude des fymptômes, l’état exaét où l’on peut efpérer, ou non, le retour des afphyxiques. Il en eft qui, peu affe&és , font quelquefois fuRoqués par l'abondance & l’importunite des fecours. Je pourrois en citer plufieurs “exemples ; 1l en eft d’autres que l’on abandonne trop tôt, faute d’avoir des connoïffances bien précifes fur leur étar. Cette partie du traite-W ment des afphyxies, mérite, à mon avis, la plus grande attention. * prit volatil de corne de cerf, & des odeurs fortes & vireufes. Accedens ego, IZzrCO HGUTTAS 30 LIQUORIS CORNU CERVI fuccinati infundere, € odorifera quædam ex utz 6 camphora naribus admovere juffi. His faétis brevi ad fe rediit. Ramazzini, dans fon Traité des Maladies des Ouvriers, propofant le vinaigre, le couvrent de feuilles , de façon que ces arbres qui ont été privés de la moitié de leurs jeunes poufles à ce commencement de l'été, ont réparé ces pertes à la fin de l’automne , temps où les jardiniers leur enlevent encore les nouvelles pouffes. Ces faits qui fe paflent tous les jours fous nos yeux, font, à ce qu'il me paroït , une preuve plus que fufhfante , que le dégât que les chenilles font des feuilles , n’eft pas auffi à craindre qu’on le prétend, & qu’on pourroit bien épargner aux gens de la campagne les peines qu'ils ont à écheniller les arbres , fur-tout dans un temps où des occupations plus effentielles appellent à un travail auquel ils ne s’arrachent que dans la crainte d’une amende qu’on leur fait ri- goureufement payer , s'ils n'échenillent pas. Quoique ce qui a été rapporté jufqu'ici dût , fuivant moi, fuffire pour convaincre tout efprit conféquent, cependant, comme les préjugés qui remontent jufqu’à l'antiquité la plus reculée, ne fe déracinent pas en un jour , &c que les premiers qui les attaquent ne font pas ordinairement ceux qui-en voyent la deftru@ion, je metrouve dans l’obligation d'ap- puyer le fentiment que j'embrafle , de preuves tirées d'expériences de Phyfique , qui ferviront à répondre à des objeétions que je ne doute point que des Phyficiens mêmes pourroient faire. Si, comme vous le foutenez, pourra-t-on peut-être dire d’a- bord , il y a peu de chofe à craindre pour les arbres, en leur Ôtant même toutes leurs feuilles , à plus forte raifonil n'y a rien à ap- préhender à écheniller ; je répondrai que je conviens qu'il wy a, fans doute , aucun mal en foi-même à écheniller. Mais ce en quoi ce travail péche , c’eft qu’on oblige à s’y livrer, des hommes qui ont des chofes plus urgentes à faire, & que l'avantage qui doit Tome XI, Parc, I, MARS 1778. Gg 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, réiuliter de l’échenillage , ne compenfe pas la perte de temps que ces hommes utiles font d’ailleurs ; de plus , Péchenillage des arbres des grandes routes coùûtant inutilement beaucoup à l'Etat, c’eft ur argent employé en pure perte , qui pourroit l'être ayantageufement à des travaux utiles. } A vous entendre, dira-t-on peut-être encore , on croiroit que les feuilles ne font d’aucun ufage aux arbres , les expériences cependant nous ont appris qu'elles leur font effentiellemient néceffaires. M. Halles a démontré que , lorfqu'on enlevoit les feuilles qui avoifinent les fruits, ces fruits ne prenoient pas leur grofleur ordinaire, qu'ils avortoient même fouvent , foit que les feuilles les mettent à l'abri des coups du foleil, foit que les feuilles occafionnent une afcenfion de féve plus confidérable; cette féve fe portant plus abondamment alors fur les fruits, les fait ainfi augmenter de groffeur &c parvenir à une parfaite maturité. Je conviendrai de toute cette fcience phyfique appuyée fur tant d’expériences faites par un auñli habile homme que M. Halles. Je conviendrai même qu’un propriétaire de jardins frui- tiers , de vergers , peut écheniller fes arbres rongés par ces infeétes , je l'y engagerai même ; mais que l’on oblige des gens de la campagne à perdre un temps précieux à écheniller des arbres , tels que les prune- liers des haies , tels. que les aubes-épines , les ormes des grandes routes , les chênes des campagnes & des bois , dont les fruits ne font pas d’une utilité prochaine , & qui en donnent toujours une quantité, telle que la perte d’une partie , & même du total, ne nous eft que très-indireétement défavantageufe ; que l’on fafle, dis-je, écheniiler pour fe conferver un femblable ‘avantage , fi c’eft dans ces vues, ce que je ne peux croire , qu’on ordonne l’échenillage , il me paroît que cet ordre n’a été donné que parce que dans des cas qui, au. premier afpe& , préfentent quelque chofe de défavantageux , 1l eft plus fage de pécher par trop de prudence que d’en manquer en quelque chote. On infiftera peut-être encore en difant que M. Halles a démontré que la tranfpiration des plantes fe faifoit par les feuilles ; ainfi, il y a tout à craindre que fi on n’echenille pas , les chenilles venant à éclore ne dévorent au printemps les nouveiles poufles, & qu’elles ne privent par conféquent les arbres e parties auf néceflaires que celles qui fervent à la tranfpiration infenfible, On ne peut difconvenir que les feuilles ne foient les grands couloirs de la tranfpiration ; les expériences de M. Halles, & celles qui ont été faites depuis lui, en font une preuve inconteftable, & des arbres dépouillés de leurs feuilles ne tranfpirent plus ou prefque plus. Que devient donc alors ce fuperfu ? Ïl retourne au bénéfice de l'arbre. L'arbre gagne en groffeur. Il arrive alors ce que M. Halles a prouvé arriver aux ar- bres pendant l’hiver. Les racines de Parbre, par le reflux de la fve, Er SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 23 s'étendent en longueur. Le corps de l'arbre augmente en circonfé” rence , d'où l’on pourroit conclure que le dépouillement des arbres leur feroit plus utile que préjudiciable, IL en eft des arbres comme des hommes : lorfque ceux-ci parviennent à cet âge où la tranfpiration n’eft pas fi abondante que dans la jeuneffe , ils prennent de Pampleur & deviennent plus gros & plus gras. Il eft vrai que dans l’homme, la tran{piration fubitement arrêtée » jette fouvent dans quelque maladie ; & fi il groffit à cet âge où la tranfpiration diminue , cette diminution fe fait peu à peu , les liqueurs prennent infenfiblement leur équilibre ; au lieu que la fuf- “penfon de la tranfpiration occafionnée dans les arbres par la fuppref- fion des feuilles qu'on leur enleve, fe fait en peu de temps. Il femble donc que cette fupprefliôn dévroit leur être préjudiciable. Ce préju- dice , quand il feroit conftant , ne peut être que de peu de durée. s feuilles ne feront pas long-temps à reparoitre. La tranfpiration nd alors fon cours. Si on leur enleve leurs nouvelles feuilles , l'hiver eft alors proche , & ils rentrent dans cette faifon dans les loix géné- rales que fuivent les autres arbres , qui perdent leurs feuilles à lap- proche de cette faifon. Il femble qu'il fuit de tout ceci, & que c’en eft une conféquence néceflaire , qu’il feroit utile de dépouiller continuellement les arbres de leurs feuilles , lors, fur-tout, qu’on voudroit fe procurer de gros arbres: La juftefle de cette conféquence ne me paroïît pas bien claire. Il arriveroit probablement ce qui arrive aux hommes , dont la tranfpiration eft totalement fupprimée. Ils regorgeroient , comme l'on dit en parlant des hommes , d'humeur fuperflue , les vaiffeaux s’en trouveroient engorgés , leur mouvement fe ralentiroit , ces hu- meurs deviendroient flagnantes , fe dénatureroient , occafñonne- roient la rupture des vaifleaux , d'où s’enfuivroient des caries & des écoulemens d’une liqueur corrodante qui détruiroit le tiflu des ar- “bres & les feroit peu à peu périr , ce qu’on obferve aux arbres qui ont quelque vice intérieur & qui, ordinairement , n’eft pas long- temps à fe manifefter à l’extérieur. Ces arbres rendent alors une efpèce de fanie qui , en coulant fur leur écorce , l'attaque peu à peu, Ja détruit , deftruétion qui eft fuivie de celle du bois ; de forte que fouvent des arbres ne font intérieurement que du bois. vermoulu ou une efpèce de terreau. On ne peut donc, avec juftefle, conclure qu'il feroit wtile de dépouiller continuellement les arbres de leurs feuilles , de ce qu’ils ne fouffrent pas de la fouftraétion qu'on leur en fait dans certains cas & de celle qui eft occafionnée par les che- nilles, qui les rongent dans certains temps. Il feroit curieux de favoir combien pourroit fubfifter un arbre à qui on Fe les 8 1] 236 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, feuilles toutes les fois qu'il s’en épanouiroit. Cette expérience n’a pas été faite. Elle mériteroit de l’être. Une autre objeétion pourroit fe tirer de l'opinion où étoit M. Halles , que non-feulement les feuilles fervent à la tranfpiration, mais encore à l'infpiration , c’eft-à-dire , que c’eft au moyen des feuilles que les arbres'& les plantes profitent de l'humidité & des autres influences de l'air. Le jour, le foleil apiflant fur ces végé- taux , fait monter la féve, & cette féve portée jJufque dans les der- nierés famifications de leurs vaifleaux , lâche alors la matiere de la tranfpiration infenfible qui s’évapore dans l'air; la nuit, la féve qui n’eft pas excitée par la chaleux du foleil redefcend jufque dans les ras cines , les vaifleaux, par conféquent , fe défempliffent ; alors, les vaifléaux expiratoires deviennent infpirafeurs , ils fucent , en quelque { Phumidité repandue dans Pair, La féve ne circule point dans les pläntes , elle ne fouffre qu'un mouvement d’afcenfion & de def- cenfion. Cette opinion ingénieufe & fyftématique n’eft cependant , à ce qu'il paroït, qu’un de ces fyftêmes dus plutôt au défir de tout expli- quer, qu'à cette fage retenue qui fait refter dans les bornes que Pexpérience n’a pas encore renverfées. On lit dans les Mémoires de Facadémie des fciences , des expériences faites en vue de s’aflurer fi réellement les arbres infpirent par leurs feuilles. L’auteur de ces expériences à cru pouvoir en conclure, que les arbres n’infpiroient point par leurs feuilles. En eflet, un oranger planté dans un pot, dont toute la tête avoit été renfermée dans un gros globe de verre, que les chymiftes appellent Ballon , fut laiflé ainfi pendant un mois fans avoir communication avec l’air extérieur. Pour l’intercepter entièrement , on avoit exaétement luté le col de ce ballon, on en avoit également luté le bec , auquel on avoit adapté une bouteille pour recevoir la matiere de la tranfpiration. Cette bouteille étoit en- foncée dans la terre pour la mettre à l'abri de l’aion du foleil, &: empêcher par - là que la matiere de la tranfpiration ne remontât em vapeur dans le ballon. L’oranger poufla des branches plus vigou- reufes, beaucoup plus longues , dont les feuilles étoient plus vertes, plus belles que celles d’un pareil oranger reflé en plein air. Il auroit dû arriver le contraire , fi les feuilles infpiroient , cette infpiration leur étant néceffaire , fuivant M. Halles , & ceux qui fuivent fon opinion; un arbre privé de cette infpiration , & cela pendant un mois , ne pourroit certainement que languir , au lieu de poufler avec vigueur des branchagés & des feuilles, M. Bonnet, qui dans fon Traité fur les feuilles , embraffe le featiment de M. Halles , & qui a fait un grand nombre d’expériences ? fa * Bd + 4 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 237 pour les confirmer , veut que des feuilles couchées fur de l’eau où fufpendues au-deflus de cette eau , infpirent cette eau , & qu'il en monte même par l'intérieur des poils de celles de ces plantes qui font velues. Ces expériences ont paru convaincantes ; mais On n’a pas fait attention que M. Bonnet n’a fait fes expériences qu'avec des feuilles détachées des arbres & des plantes qu'il a choifies , & qu’alors, ces feuilles qui ne recevoient plus rien des arbres ni des plantes & quels elles appartenoient, étoient alors dans une efpèce de macéra- tion; que cette macération devoit détendre les parties , les déchirer même, & que l’eau n’y pénétroit que comme elle pénetre dans les feuilles defléchées ou dans tout corps fec. Quand les feuilles ne feroient point ainfi ifolées, qu’elles feroient attachées aux arbres ou aux plantes , & qu’elles fuceroïent l’eau fur laquelle elles feroient fufpendues ou étendues, pourroit-on en con- clure que c’eft une véritable infpiration? Des feuilles tenues du temps fur de l’eau ou au-deflus de l’eau , ne doivent-elles pas fouffrir d’un état qui ne leur eft pas naturel ? & ne doivent - elles pas pañler à celui de macération? N’eft-ce pas :ce qu’on voit arriver à des branches d'arbres , qui font plongées dans leau, ou aux plantes qui ne font pas faites , ainfi que les arbres , pour vivre dans ce fluide. Les feuilles des unes & des autres s’y pourriflent en peu de temps , & fi dans les pluies de longue durée , les feuilles deviennent plus belles & plus vertes , n’eft-ce pas plutôt , parce que toute tranfpiration eft ar- rêtée dans ces temps pluvieux , & conféquemment, la nourriture plus abondante , que parce que les plantes infpirent de cette humi- dité 2MCe qui paroït prouvé par les expériences rapportées dans les Mémoires de lacadémie cités plus haut. On y a fait voir que les plantes ne tranfpiroient point , ou prefque point , dans des temps fem- blables , qu'il fufffoit même, pour arrêter cette tranfpiration , que le temps füt couvert ou que l’on mit à l'abri du foleil les plantes qui étoient en expériences. On n’a point propolé de difficultés contre ces- expériences ; ni contre la maniere dont elles ont été faites , fi ce n’eft contre celle de loranger dont la tête étoit renfermée dans ur globe ; on a dit qu'il auroit fallu adapter un foufflet au globe & par le moyen de ‘ce foufflet chafler la vapeur humide qui pouvoit s'élever du réci- pient échauffé par le foleil, Vapeur qui pouvoit être infpirée par les feuilles, Cette expérience faite avec cet appareil , feroit, à ce qu'il me femble , plus propre à porter dans le globe un air chargé d’humi- dité , que d’en chafler celui qui pourroit y être. En effet, l’air qui pañleroit par ce fouflet , feroit celui de l’athmofphere ; cet air feroit , fans doute ; chargé de ‘vapeurs aqueufes ; &t fourniroit ainf S& 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . plutôt de l'humidité , qu'il ne chafleroit celle qui pourroit être dans le globe, à On n’a pas encore fait attention que le récipient étoit enfoui en terre ; qu'ainfi, l’eau de la tranfpiration qui éroit reçue , étoit à l'abri de la chaleur du foleil; qu’elle ne pouvoit , par conféquent , être raréfiée & s'élever dans le globe, les rayons du foleil ne péné- trant pas aflez profondément la terre , pour pouvoir ainfi raréfier l'eau jufqu’à la faire élever en vapeur. Si néanmoins les vapeurs de l’athmofphere ne font dues qu’à l’aétion du foleil , c’eft que fes rayons ayant defléché la fuperficie de la terre, cette fuperficie ainfi defléchée , s’imbibe de l’eau, dont la couche, qui eft au -defous d’elle , eft pénétrée, & que c’eft ainfi que l’eau remonte de profon- deurs confidérabies, où lation du foleil ne peut fe faire fentir, comme on l’obferve dans des mines très-profondes. Ce qui n’a pas lieu dans l’expérience dont il s’agit; le récipient ne pouvant sim- biber de l'humidité de l’air & encore moins en être pénétré jufqu’à la recevoir intérieurement , comme cela devroit arriver , pour qu’elle pût enfuite pafler en vapeur dans le globe & être infpirée par les feuilles ; feroit-ce donc témérité , d’après ces obfervations & ces expériences , de conclure qu'il eft prefque probable que les feuilles n'infpirent point , que ce fentiment eft même au- deflus de toute probabilité ? Cette conclufion , qui me paroît fi jufte , non-feulement n’a pas paru telle à bien des perfonnes éclairées, mais on a prétendu la renverfer par un argument tiré de l’analogie , qu’on veut qu'il y ait entre les plantes & l’homme par rapport à l’infpiration. Pour - quoi , m’at-on dit, voulez-vous que les feuilles n'infpirent pas; qu’elles n’aient pas des vaifleaux abforbans , puifque le corps hu- main ena & qu'il infpire au moyen de ces vaifleaux ? Cette objec- tion n’eft pas tout-à-fait conféquente; elle équivaut à celle-ci : le corps humain a un cœur & des yeux; pourquoi voulez-vous que les plantes n'aient pas un cœur & des yeux? mais accordons la fimili- tude : on veut donc que les plantes & le corps humain aient des vaifleaux abforbans , & on s'appuie fur les expériences faites par MM. Halles & Bonnet. Il a été, à ce que je crois , prouvé ci-deflus , qu’elles font au moins infuffifantes pour prouver cette exiftence. C’eft par induétion & non fur des preuves inconteftables que lon admet ces vaifleaux abforbans dans les plantes. Ne feroit-ce pas par une femblable induétion qu’on les admet- troit dans le corps humain ? Douter que le corps humain ait des vaif- feaux ablorbans, paroîtra fürement à beaucoup de perfonnes une abfurdité ; mais cette abfurdité pourroit, peut-être, devenir une vérité, par les raïfons fuivantes. Si le corps humain infpire par toute l'habitude extérieure , comment cette infpiration fe fait - elle lai A LE Hi LUes si 14e | LT * sur L'HisT. NATURELLE ET LES ARTS. 239 À travers les habits, dont les hommes font couverts? L'air chargé ce vapeurs pénétre-t-1l les vêtemens de Ce à porter ces vapeurs jufqu'à la peau pour y être infpiré par les vaiffleaux -abforbans? Les habits doivent certainement empêcher cette infpiration, & cette infpiration intérceptée, doit occafionner de grands préjudices à la fanté. On ne voit pas cependant que les peuples , qui fe chargent le plus d’ha- bits, qui, pour ainf dire, s’y enfeveliflent tout vivans , en foient incommodés. Les negres, qui font tout nuds , fe graiflent ou s'hui- lent le corps ; les athlettes anciens avoient cet ufage , &: bien loin d’en fouffrir , ils prenoient au contraire de, l’'embonpoint. Ces onc- tions de graifle & d’huile forment à la furface du corps une efpèce de vernis qui non-feulement feroir contraire à l'infpiration, mais il l'eft encore à la tranfpiration ; des corps ainfi enduits ne tranf- pirent plus, ou prefque plus, la matiere qui doit s’exhaler hors du corps , refte ou reflue dans la mafle de lænourriture &r augmente ainfi lembonpoint. Que dire contre ces expériences journalieres qu'on a fi fouvent apportées en preuve de l’exiftence des vaifleaux abforbans , contre les friéions mercurielles & les bains ? Les friétions ne fe font pas fans une efpèce de compreffion aflez forte. Par cette compreffion, on force la pommade d’entrer dans les vaiffeaux exhalans. Ces vaifleaux ont des communications avec les autres vaifleaux du corps. Tout le fyftême vafculaire n'étant en quelque forte qu'un vaifleau qui fe divife & fousdivife à l'infini. Le mercure forcé d’entrer dans les vaiffleaux exhalans , s’y infinue peu à peu & par fa pefanteur & par les fric- tions répétées , de façon qu'il pénetre jufqu’aux vaifleux fanguins ou lympbatiques , eft enfuite entrainé dans le cours de la circulation &z produit les effets que tout le monde connoît. Quant aux effets produits par les bains , ils ne font également que la fuite de la compreffion de l’eau fur la furface du corps. Un homme étant plongé dans un bain chaud ou froid , eft extérieurement preflé par une mafle confidérable d’eau. Cette mafle doit comprimer les vaifleaux de façon à embarraffer plutôt tous les pores , que les ouvrir & faire ainfi refluer les liqueurs qui y circulent , qu'à y introduire des liqueurs étrangeres : reflux qui me paroît prouvé par les embarras de la tête , que plufeurs de ceux qui, fans beaucoup de précautions , prennent les bains chauds, fouffrent dans le temps qu'ils fe baïignent. De plus, dans les bains froïds, la furface du corps eft plutôt dans une efpece de contraétion , les vaifleaux doivent plutôt fe contraëter & conféquemment boucher leur orifice, que de les dilater. Com- ment veut-on donc que les prétendus vaifleaux abforbans fe rem- pliffent de l’eau du bain ? Dans les bains chauds, les vaifleaux doi- vent , il eft vrai, fe dilater ; mais ces vaifleaux reçoivent-ils de l’eau, \ 7% 240 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; ‘ou ne rendent-ils pas plutôt une plus grande quantité des liqueurs qu'ils contiennent ? la fueur eft plus abondante. Cette fueur vient des vaf- feaux exhalans. Ces vaifleaux ñe peuvent donc pas alors pomper l'eau du bain, foit que ces vaifleaux foient ceux qui donnent partculiére- ment les parties qui font la fueur , foit que ce foit ceux de la tranipi- ration infenfibie. Malgré cette fueur , les perfonnes qui fe baignent , urinent davan- tage ; il femble donc qu'on ne peut attribuer certe augmentation d'urine qu'à une introduétion de l’eau par les vaifleaux abiorbans , dont toute Fhabitude du corps doit être remplie ? mais cette aupmentation ne vient-elle pas plutôr de ce que la tranfpustion infenfble eft en grande partie fupprimée ; que la matiere de cette tranfpiration re- flue & fe porte abondamment fur la vefñie, L'on fait , & mille effets prouvent, que cette tranfpiration étant arrêtée , les urines en deviennent plus aboggdantes ; & la fueur qu augmente dans les bains chauds , n'eft#elle pas une des ceufes qui arrêtent en partie la tranfpiration infenfble ? De plus , la matiere de cette tranpiration ne peut-elle pas fe dilaier dans ces vaifleaux , de façon à en intercepter l’exhalaifon ? Les vaifieaux trop remplis par cette liqueur dilatée , doivent perdre de leur ation, &,. comme l’on dit ordinairement ; de leur sous. Le fluide qu'ils contiennent , doit alors y ffagner plutôt qu'il n’en doit fortir, ou ce qui eft plus probable , la liqueur propre à ces vaifleaux , ne pouvant plus sy porter en la quantité ordinaire, reflue fur la veflie & augmente les urines. | Enfin, la vertu de fuccion qu’on admet bien gratuitement , à ce qu'il me paroït , dans les prétendus vaifleaux abforbans , n’eft- elle pas en effet bien gratuite ? On a beau la comparer à l'effet des tuyaux capillaires de verre ; la comparaïfon des vaifleaux d’un corps vivant avec des tuyaux capillaires inanimés, eft-elle bien jufte , & peut-on conclure de ce qui arrive dans ceux-ci, par ce qui fe pañle ou doit fe pañler dans les autres ? Le fluide qui coule dans les vaif- feaux capillaires des corps animés , eft continuellement pouflé par une caufe toujours. fubfiftante. Le cœur eft cette caufe dans les ani- maux. L'effet de cette caufe peut-il être empêché par la caufe exté- rieure ? La colonne d’eau qui prefle le corps, eft-elle capable de vain- cre la force du cœur ? a-t-on calculé ces deux forces ? les a-t-on comparées l’une à l’autre , & n’a-t-on pas plutôt imaginé ce qu’on a avancé à ce fujet, qu'on ne la prouvé ? A-t-on donné de bonnes preuves de la fuccion des prétendus vaiffleaux abforbans , & les ob- fervations qu’on apporte en preuve de leur exiftence, ne peuvent- elles pas s'expliquer autrement qu’en admettant cette exiftence ? Je laïfle à lever ces difficultés à ceux qui les foutiennent , pour revenir SUR LHUST. NAQURELLE ET LES ARTS. 245 revenir à ce qui regarde la queftion dont il s’agit , & dont on s’eft ‘infenfiblement trop écarté. On n’eft néanmoins tombé dans ces écarts que parce qu’on s'ef trouvé forcé de répondre à toutes les objeétions qui ont été faites dès qu’on a parlé à quelques perfonnes éclairées , de l’idée qu’on avoit fur léchenillage. Les médecins ont d’abord eu recours aux vail- feaux abforbans ; les phyficiens ont réclamé les expériences de M. Halles. On seft donc trouvé forcé de prévenir les -objeétions qu'il étoit très-poffible que l’on fit , fi jamais ce Mémoire étoit donné au public. Ces objeétions ne font pas probablement les feules que lon pourra faire. Que n’objeéte-t-on pas en effet contre une opinion nou- velle , lors fur-tout qu’elle attaque un ancien préjugé , & que l’on craint pour un avantage réel ? On s’eft imaginé que les chenilles failoient mourir les arbres , qu’elles détruifoient les fruits , qu’elles mangeoient les bleds ; en falloit-il plus pour les profcrire & pour fou- lever contre elles tous les cultivateurs, & ceux qui lifent leurs ouvra:es, ou qui les entendent difcourir fur cette matiere ? Les chenilles ne font point mourir les arbres, on croit l’avoir démontré ; elles ne mangent point les fruits , ou que très-rarement ; elles ne mangent point les bleds, celles du moins qui font l’objet de l’échenillage. C’eft ce qui refte à démontrer. De toutes les chenilles qui attaquent les feuilles des arbres , celle qui ronge les feuilles d’un plus grand nombre d’efpeces , eft la chenille à laquelle M. de Réaumur a donné le nom de chenille commune, & dont il fait l’hiftoire dans le troifieme Mémoire du fecond volume de fon Hiftoire des Infeétes. « Ces chenilles, dit M. de Réaumur, » à la page 130 , font peut-être celles à qui les feuilles de plus de » différentes efpeces d'arbres & d’arbrifleaux font bonnes. Dans nos » jardins , c’eft principalement fur les poiriers & fur les pommiers » qu’elles s’établiffent ; & dans la campagne, c’eft principalement fur » les chênes, fur les ormes & fur l’aube-épine ; mais elles s’accom- » modent des feuilles de beaucoup d’autres efpeces d’arbres & d’ar- » briffleaux ; elles aiment fort les feuilles de rofier. Quelquefois » elles attaquent même les fruits. Je les ai vu manger de petits » abricots & de petites poires vertes. » IL paroït donc par ce paflage, que la principale nourriture des che- nilles qui attaquent les arbres qui nous intéreffent le plus, font les feuilles de ces arbres, & que fi elles fe jettent fur les fruits, ce weft apparemment que dans un temps de grande difette de feuilles , encore faut:l que cette difette foit extrème ; elles ne rongent pas même alors les yeux ou boutons des branches”ou des tiges ; fi cela leur arrive quelquefois , ce n’eft que lorfqu’elles oùt à craindre une nouvelle poufle de feuilles qui fe ur dans leurs nids, ce qui leur Tome XI, Part. I, MARS 1778. H 242 ‘OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, deviendroit embarraflant. » Le ren ps a M. de Réaumur , page » 129, Où les nids pourroient être plus dérangés , ce feroït au printemps, fi les tiges qu'ils enveloppent venoient à fe couvrir de nouvelles feuilles, à croître elles-mêmes ; mais les chenilles parent » bien cer accident; elles rongent les principaux yeux de la tige , elles la mettent hors d'état de poufler; au moins eft-il conftant » que le bout de la tige que le nid enveloppe , fe defleche & ne » pouffe plus. » Mais fi ces chenilles, privées de feuilles | n’attaquent point les. autres parties des arbres fur lefquels elles vivent , neft-il pas à craindre qu’elles attaquent les autres arbres, les plantes qui font autour de ces arbres , même le bled ? Il n’y a pas lieu de le pen- fer, d’après ce qu'on lit encore dans M. de Réaumur. « Celles qui » ont pañlé Phiver dans mon cabinet ,| dit M. de Réaumur, p. 133, daus les nids que jy avois portés, en font forties à peu près en » même temps que celles des champs font forties des leurs. Alors , elles ne favent point , ou elles n’ofent point aller chercher de la nourriture au loin; celles qui fortoient de leur nid dans mon » cabinet, foit à Paris, foit à la campagne, ne s’en éloignoient » que de quelques pieds ; elles n’avoient pas le courage d’aller cher- » cher dans les jardins, qui étoient tout proches , de quoi vivre. Apiès avoir parcouru les environs de leur nid, elles venoient s’ar- ranger deflus & périfloient de foiblefle au bout de quelques fe- » maines. Îl en peut donc périr beaucoup à la campagne, de celles qui ont fait leur nid fur les arbres dont les feuilles viennent plus tard que celles des arbres de même efpece, qui feront dans le même bois ou dans les environs. Il ÿ a des chênes , par exemple, dont » les feuilles fe développent quinze jours à trois femaines plus tard que celles des autres. Les chenilles dont les nids font fur des chênes avancés, & celles dont les nids font fur des chênes tardifs, » fortent en même temps ; celles des derniers doivent périr quelque- » fois. » Outre cela , des chenilles à qui il eft donné de ronger certains arbres ou certaines plantes , n’attaquent gueres que ceux de ces arbres ou celles de ces plantes qui leur ont été afignés pour leur nourriture. On trouve un fait frappant de cette nature dans le quatrième Mémoire du volume de lOuvrage de M. de Réaumur. On y lit,« que les » chenilles du fufain fe font plutôt laiffé mourir de faim , que de » toucher aux feuilles de pommier. Que j'offrois , dit M. de Réaumur , » p. 203 , des feuilles de fufain à celles qui étoient encore en vie, mais » prefque mourantes auprès des feuilles de pommier , elles dévoroient » fur le champ eelles du fufain. » All ya donc tout lieu de penfer que, quand les vents tranfpor= sur L’'HisT. NATURELLE ET LES ARTS, 243 teroient ces chenilles fur les bleds, ces chenilles y mourroient de faim, plutôt que d’en attaquer les feuilles , & fur-tout l'épi. On dit que cela arriveroit probablement quand les vents tranfporteroient ces infectes fur les bleds , crainte que des perfonnes ont paru avoir , Le qu’elles citoient comme une des raïfons qui devoit engager à écheniller. Cette crainte eft-elle bien fondée ? On ne le croit pas. On en tire la preuve de quelques paflages du troifieme Mémoire de M. de Réaumur , page 132. « Les nids de ces chenilles font des retraites où elles ne » manquent pas de fé rendre dans des temps de groifes pluies ; elles » s’y renferment quand le foleil eft trop-ardent , elles y pañent 1ne » partie de la nuit; de forte qu'il y a des heures où elles font toutes # dedans le nid, & il n’y en a guere où l’on n’y en trouve quelquese » unes. Elles s’y rendent pour s’y repofer, pour fe mettre à l’abri des injures de l’air.........Dès que les froids commencerent à je faire fentir , elles fe renfermerent toutes dans leur nid pour y » pafler l'hiver, & cela, quelquefois avant la fin de feptembre, ou »# au moins dès le commencement d’oftobre. Pendant tout l’hiver » elles y font immobiles , un peu recourbées en arc, . .....:. # page 129. Les toiles qui compofent ces nids , quoique faites d’une » foie extrèmement fine, font fortes , & cela , parce que les chenilles » y employent chacune un nombre prodigieux de fils étendus les » uns fur les autres ; auffi, ces nids réfiftent-ils à toutes les attaques » du vent , & ils doivent y réfifter , & à toutes les injures de l'air, » au moins pendant huit ou neuf mois qu'ils feront habités. » Il y a donc tout lieu de penfer que des chenilles qui, dans les variations de l'air qui leur font nuifibles, fe retirent dans leur nid, qui eft tellement conftruit, qu'il eft en état d’affronter les vents es plus violens, ne peuvent être arrachées de ce nid , & être tranfportées fur jes bleds; d’où, par une feconde conféquence, il my a rien à craindre d’elles pour cette efpece de grains. Les chenilles qui mangent les plantes de la claffe du bled, font bien différentes de celles qui attaquent les arbres. Pour s’en aflurer , on peut lire ce qu'a écrit M. de Réaumur fur une de ces chenilles qui attaquent les plantes des prairies, & ce que MM. Duhamel &r Tillet ont dit fur l’infeéte de l'Angoumois qui dévoroit les bleds. Cet infeéte étoit une ch=nille bien différente dela chenille commune ; fon papillon eft d’un genre bien différent. Ses antennes font à arti- culations , au lieu que celles du papillon, qui provient de la che- nille commune , font en plumes. On ne doit donc point attribuer à cette derniere chenille les dégâts que les grains fouffrent , dans certaines années , de la part de ces fortes d’infeêtes. Il faut donc laifler dévorer les arbres , ou attendre des intempé- ries de l'air , qui peuvent agir fur ces infeétes , A SÉFIOR de 1] 244 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ces mêmes infeétes ? C’eft ce que bien des perfonnes pourront con- clure de tout ce qui a été dit jufqu'ici. Ceci doit être expliqué. Nous avons vu plus haut que la grande chaleur , les pluies ordi- naires , le grand vent , ne font rien fur ces infe@tes : M, de Réau- mur a de plus démontré par des expériences , que ces chenilles fupportent , fans en fouffrir , les plus grands froids. On ne peut donc compter fur ces intempéries de l’air pour la deftruétion de ces che- nilles. Mais le même auteur a fait voir que les pluies froides en faifoient péris ia plus grande partie. Mais ce bienfait de la Nature n’eft point annuel ; il feroit donc bien gratuit de fonder fes efpérances far un événement fi incertain ; il le feroit encore plus , de compter fur là deftruétion que les-oifeaux qui peuvent attaquer en hiver ces infeétes, pourroient en faire. M.de Réaumur rapporte , page 140, « qu’on l’a » affuré que les chardonnerets travaïllent pendant l'hiver à nous dé- » livrer de cette efpece de chenille ; qu'on avoit obfervé qu'ils de- » chiroient leurs nids à force de les becqueter."Lorfqu'un nid eft »# ouvert, un chardonneret y peut faire un grand ravage ; il peut » avaler un grand nombre de ces chenilles, qui ne font pas alors. » plus groffes qu’un grain de bled. Il eft vrai que les chenilles velues » ne font pas celles que les oïfeaux cherchent ordinairement : mais. » on n’eft pas difficile fur le choix des alimens dans un temps de di- » fette, dans un temps de famine; & l'hiver eft ce temps pour les: » oifeaux. » # Il paroît donc qu’il n’y a pas beaucoup d’avantage à efpérer d ce côté. La Nature qui travaille toujours à la confervation de fes produétions, ne s'écarte que rarement des regles établies , & ce n’eft , fans doute , que pour rétablir l’équilibre entre ces produétions, qu’elle femble quelquefois s’écarter de ces mêmes loix. C’eft donc dans l'induftrie humaine qu’il faut chercher le fecours que la Nature fem- ble nous refufer, & il eft naturel d’en conclure qu'il n’y a pas de moyens plus efficaces à employer que l’échenillage. Voyons donc , en finiflant, fi l'avantage qu’on peut retirer de cet échenillage , peut compenfer la dépenfe qu’il entraîne après lui, & la perte de temps qu’il occafionne aux gens de la campagne. Pour donner une idée jufte de ce qu’il en coûteroit pour cette opération , 1l fuffit de rapporter ce qu'il en a coûté, en 1777 , aux Ponts & Chauflées, pour la Généralité de Paris feule , pour faire écheniller fur les grandes routes & les principaux chemins. Sur 163,845 arbres qui appartiennent au Roi, on en a échenillé 231,120; 1l en a coûté 17,635 liv., ce qui fait revenir chaque arbre à 2 f. 8 d. x. Sa totalité auroit coûté 22,029 liv. Il fe trouve fur les mêmes routes & chemins 225,470 arbres ap- LE partenans aux feigneurs & particuliers, entremêlés en nombre d’en- : sur L'H1ST. NATURELLEET LES ARTS. 245 droits avec ceux du Roi , & dont l’échenillage auroit coûté fur le même pied 30,318, livres. Mais il y en a eu très-peu qui l’aientété. La dépenfe totale pour la Généralité de Paris, feroit donc reve- nue annuellement à 52,347 livres, fans y comprendre l’échenillage des lifieres des bois , des bofquets , charmilles & haies qui font le long des chemins, que l’on n’a point échenillés, Quand les chenilles feroient le tort confidérable aux arbres , que bien des perfonnes penfent, ce tort pourroitil être comparé à la dépenfe qu'occafionne l’échenillage ? Les paquets ou bourfes que les chenilles forment en liant , au moyen de brins de foie , les feuilles re fe voyent ordinairement qu'aux bouts des branches & des plus hautes branches, comme l’obferve M. de Réaumur; il n'y a donc que le bout de ces branches qui foufire le defféchement dont ona parlé plus haut d’aorès M. de Réaumur , & ces bouts de branches defféchés font au printemps compenfés par des réjettons latéraux, ce qu’on voit arriver aux arbres des jardins qu’on taille en éventail au printemps & en automne. Ainfi, la perte que peuvent faire de ce côté ces arbres, n’eft pas bien confidérable , & elle fe répare même avantageufemenr. La perte que ces arbres font d’une partie de leurs feuilles , car il eft rare qu'ils les perdent toutes, eft au printemps réparée par les boufons à feuilles , que les chenilles n’attaquent pas , fe contentant, à ce que penfe M. de Réaumur, des boutons renfermés dans leurs nids. En outre, les chenilles ne fe multiplient pas toutes les années auffi prodisieu- fement qu’elles le font quelquefois. Ainfi, les arbres regagnent bien dans les années intermédiaires, le peu qu'ils peuvent avoir perdu les années où ils ont été infeétés par ces infeétes. D'où l’on peut , à ce qu’on penfe, regarder comme nul le tort que les arbres fouffrent, fi on le compare à la fomme qu'il en coûte pour faire écheniller les arbres. Si cet échenillage eft inutile , celui des haies, qui ne font com- pofées que d’aube-épine, de ronces, des pruniers Dial de buif- fons, ardens & autres arbrifleaux femblables , le doit paroître en- core davantage, en le comparant fur-tout , à la perte de temps qu’il occafionne aux habitans de la campagne , dont quelques-uns, comme on la vu en 1777 , aimoient plutôt couper les haies qui entouroient leurs champs , que de perdre leur temps à écheniller. Par cette efpece de dépit, ils fe mettoient, difoient-ils , à l’abri des pour- fuites qu'on pouvoit faire contre eux cette année 1777 & les fuivantes, fi leur temps ne leur permettoit pas d’écheniller. En nordonnant point l’échenilläge , on ne tirera pas des occu- pations de la campagne des hommes, qui fouvent ne font pas pro- pres à cet échenillage, travail qui eft dangereux pour ceux qui font obligés de grimper aux arbres : travail pour lequel on manque fou- 246.: : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; vent au befoin d’un nombre fufffant de ces ouvriers, quoiqu’on leur fafle gagner jufqu’à 3 liv. & plus par jour. Quant à l’échenillage des arbres des jardins, des vergers , l’in- térêt feul fuit pour engager à le faire , fi on le penfe néceffaire, Si un propriétaire , fi un jardinier eft affez négligent pour laifler dé- pouiller fes arbres, lui feul en peut fouffrir. Les chenilles, comme on l’a dit plus haut d’après M. de Réaumur , ne fe tranfporteront point d’un jardin, d’un verger à un autre, elles n’iront pas chercher les haies , ni les arbres des grandes routes pour en ronger les feuilles ; ainfi le dégât fe renfermera dans les jardins & les vergers. Après tout ce qui a été dir jufqu'ici par rapport aux chenilles communes , il eft inutiie de parler des autres chenilles qui peuvent manger les feuilles des arbres. Le dégât qu’elles font de ces feuilles n’eft pas comparable à celui que font les chenilles communes. Il eft inutile aufli de dire quelque chofe au fujet des cantharides qui man- gent les feuilles de frène , des hannetons qui rongent celles de plufieurs arbres. Il eft facile d'appliquer ce qu’on a rapporté par rapport aux chenilles communes , à ces différens autres infeétes. Au refle, tous les infeétes ne feront jamais fi préjudiciables aux arbres des grandes routes, que le font les hommes eux-mêmes par l'ébranchage que l’on fait tous les ans de ces mêmes arbres. On veut , dit-on , par cette opération faire monter ces arbres & empé- cher ainfi ombre qu'ils porteroient aux champs voifins , fi on leur laifloit former une tête. Mais , qu’arrive-t-il par cet ébranchage ? C’eft que la tige, qui n’eft plus fortifiée par fes branches , cafe fouvent lorfqu'l s'éleve des ouragans ou quelque vent violent , & l'arbre alors ne poufle plus que très -irréguliérement des branches que l’on coupe en confervant celle qui approche le plus de la per- pendicularité , & qui fouvent eft aufli caflée par les vents. Ces caflures & les bleffures que l’on a faites en emportant les branches, ouvrent à la féve des couloirs par lefquels elle fe perd abondamment , comme il eft démontré par les expériences de M. Halles. Cette perte ne peut fe faire fans que les arbres ne s’en reflentent beaucoup. Outre cela, ces bleflures & ces caflures ne font jamais fi bien applanies par les bücherons, pour qu’elles ne préfentent point à l’eau de la pluie des cavités où elle fe ramafle & refte quelque temps ; par ce féjour, elle occafñonne une efpece de macération du bois. Ce bois macéré tombe en pourriture , & il en réfulte fouvent un ulcere qui mine peu à peu l'arbre & le fait périr. Souvent l’on attribue aux chenilles, fur-tout , fi la perte de l'arbre arrive une année où elles fe font beaucoup multipliées , ce qu'on devroit rejetter fur l’ébranchage antérieur, fouvent de plufeurs années , à cette multiplication. | Pour preuve de ce que l’on dit, que l’on examine les arbres des 7 à SUR ‘L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 247 bois & des forêts qu'on n’ébranche point ; que lon compare leur hauteur avec celles des arbres des grands chemins ; que l’on compare la beauté de leur fuft avec les fufts des arbres des grands chemins ; - quelle différence ne trouvera-t-on pas en faveur des arbres des bois & des forêts ! On fent bien que l’on peut dire que Ja hauteur de ces derniers arbres, que la beauté de leur fuft ne viennent que de ce qu'ils font plus près les uns des autres que ceux des grands chemins; qu'ils font mafles & qu'ils font naturellement ainfñi obli- gés de s'élever de plus en plus & de s'élever droits. C’en ef, fans doute , une des raïfons, mais qui ne détruit point celle que nous avons rapportée , la liberté de jetter leurs branches en tout fens , qu’on ne leur Ôte pas en coupant ces branches. C'eft ce qui arriveroit aux arbres des grandes routes, fi on les plantoit plus près qu'ils ne font , & fi on ne les ébranchoit pas. On ne manquera pas de dire que, fi on ne les prive pas des branches qu’on leur enleve , ces branches s’étendront fur les champs voifins ; qu’elles #occafionneront une ombre confidérable & empécheront la maturité des récoltes, dans la partie ombragée de ces champs. Si cet ombre eft d’un fi grand préjudice , il fufhroit , pour obvier à ce préjudice , d’ébrancher feulement ces arbres du côté des champs. Les autres pourroient y gagner & procurer aux voyageurs une ombre ;, dont on les prive en ébranchant de tous côtés ces mêmes arbres. Il eft vrai que dans les temps de pluie le defféchement des chemins pourroit en fouffrir; mais le voyageur trouvera toujours une reflource dans la partie pavée ou ferrée du chemin. Il réfulte de tout ce Mémoire, que les raifons fur lefquelles on fait l'échenillagef & l’ébranchage des arbres des grandes routes, demandent à être de nouveau examinées & pefées ; & fi ce qu’on a dit dans ce Mé- moire pouvoit faire revenir fur ces opérations , on croiroit avoir pro- curé aux gens de la campagne plus de tranquillité , & à l'Etat un bien réel , en l’empêchant de faire une dépenfe confidérable pour des opérations pour le moins inutiles. y. %# n 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, OBSERVATIONS SUR LES EUDIOMETRES (1); : | Par M. R. L. GÉRARDIN, Meffre-de Camp de Dragons, Chevalier de Ordre Royal & Militaire de Saint-Louis. Tous les endroits où lathmofphere fe trouve chargée d’une furabon- dance de miafmes phlogifliqués, ou de principes inflammables , font né- ceffairement très-nuifibles à la fanté , parce que , dans de pareilles fitua- tions , l’athmofphere devient un mauvais conduéteur pour recevoir le phlogiftique furabondant , dont la nature, par la voie de la refpiration & de la tranfpiration , tend à débarrafler l’économie animale.#De quelle importance ne feroit-il donc pas, lorfqu'il eft queftion d'établir des habitations , de s’aflurer auparavant de la falubrité de Pair par le moyen d'un ÆEudiomèrre, dont l’ufage peut devenir auf facile & auf général que celui du thermometre & du barometre ? M. de Magellan , de la Société Royale de Londres , connu fi 1 avantageufcment parmi cette clafle d'hommes refpe@tables , qui con- facrent leurs travaux à l'utilité univerfelle , vient de communiquer dans une Lettre au Doëteur Prieflley , trois différentes manieres de conftruire des Eudiometres, C’eft avec une modeftie & une honné- teté vraiment touchante, qu'il préfente à ce fujet le fruit de fes foins & de fes expériences, Il y a, dit-il , sent de conditions requifes pour la perfection d’un inffrument , dont l’objet ef? auffi étendu 6 auffi important que celui de l’Eudiomerre, que je n’euffe pas ofe offrir au Public ce que J'ai fait à ce fuet, ft je mavois confidéré qu'il peut toujours réfulter quelque avantage pour l'utilité générale , à chaque nouveau pas qu'on fait pour parvenir & ce qui peut intéreffer. Dafcription de l’Eudiometre de M. DE MAGELLAN. Le Parmi les trois différentes manïeres de conftruire des Eudiometres que propofe M. de Magellan ,: nous n’extrairons ici que celle qu'il (1) Comparez la defcription d’une machine pour mefurer la falubrité de l'air ; par M.le Chevalier Ladriani , dans le tome 6 de ce Journal, année 1775 , page 315, & la defcriprion, d’un inftrument du même genre, propofé par M année 1 fcience, { . de Servieres, 777 tome 10, page 320, C'eft le vrai moyen de juger des progrès de la regarde SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 249 regarde lui-même comme la plus facile dans le procédé, & la plus ‘exaéte dans le réfultat. La conftruétion de cet Eudiometre confifte 1°. dans un tube de verre d’un diametre égal , & de la longueur d'environ 12 à 1$ pouces (marqué 2. c, d. fig. 1. ) A fon extrémité fupérieure eft un bouchon de criftal fermant exaëtement , ( marqué m.) À l'extrémité inférieure , eft adapté exaétement un flacon qui fe monte & fe démonte avec le tube. Ce flacon ( marqué c ),a deux subulures qui reçoivent les collets de deux phioles , ( marquées a & 5). Ces deux phioles doivent contenir col- leétivement autant que la totalité du tube. Les deux collets doivent être pareillement ajuftés exaétement dans les tubulures du flacon. Il y a, en outre, un curfeur de métal (7) qui coule & fe fixe le long du tube par le moyen d’un reflort, & enfin une échelle de tôle (mar- quée fig. 4 ) , laquelle échelle doit être divifée en autant de degrés que les petites phioles contiennent de fluide; & cette échelle doit avoir un anneau ou une entaille à fa partie fupérieure , afin de pou- voir la plonger dans l'eau & la comparer à côté de l’Eudiometre pendant l’expérience. ES RAON CLÉ D RE Il faut avoir une petite cuve( fg. 3) qu'on remplit d’eau à peu de chofe près. On leve le bouchon de la partie fupérieure du tube qu’on remplit d'eau , en ayant l'attention de n’y pas laifler de bulle d’air. On rebouche enfuite le tube, & on plonge l'extrémité inférieure de VEudiometre dans l’eau de la cuve , en le tenant dans la poñtion (marquée fg.3 ) ; on prend alors la phiole (4) qui doit être remplie d’eau , & en la plongeant dans la cuve , on la remplit par-deflous la furface de l’eau avec l’efpece d’air qu’on a deflein d’éprouver ; & lorfqu’elle en eft pleine , on l’ajufte dans une des tubulures du flacon de lEudiometre : il faut avoir attention de Py bien ferrer; de peur qu’elle ne vienne à s’en détacher pendant le cours du procédé ; & même pour parer à cet accident , il eft à propos d’avoir toujours le foin de frotter auparavant avec du fuif, le collet des deux phioles. Lorfque celle qui contient l'air à éprouver eft placée dans la tubu- lure du flacon, on remplit également ; par la même méthode, l’autre phiole (4) avec de l'air nitreux , & on la place de même dans Pautre tubulure du flacon (c). ÿ Dans la premiere partie de ce procédé, il eft bon d’obferver fur-tout , dans un temps chaud , de prendre les phioles avec des pinces de bois , de peur que la chaleur de la main n’y produife de la dilatation dans l'air ; mais fur-tout il ne faut rien épargner pour tâcher d’avoir en tout temps un air nitreux d’une qualité à peu près Tome XI, Pare, I, Mars 1778. 8 Ii ; - 250 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; égale. C’eft ainfi que M. de Magellan propofe de le faire. Il prend une bouteille , dans le goulot de laquelle s’adapte à l’émeri, un tube de ‘verre recourbé en forme d’une S. ; il remplit d’abord la moitié de la bouteille de limaille de cuivre rouge; enfuite , il y met de leau jufqu'aux deux tiers , &e acheve de la remplir avec de l’acide nitreux , toujours pris à la même apothicairerie. Aufi-rôt que leffervefcence commence à élever la liqueur à l'extrémité du tube recourbé , on le pafle par-deffous de l’eau dans le goulot d’une bouteille renverfée fous l'eau , & qu'on y bouche avant de l'en fortir. Il eft certain qu’en ayant le foin de ‘compofer fon air nitreux avec des parties intégrantes de dofes & de qualités femblables , c’eft le moyen le plus ‘vraifemblable pour obtenir phyfiquement, un terme de com- paraifon, à peu près égal. Seconde Partie du Procéde. Lorfque les deux phioles (a & 6) font ainfi remplies d'air :& fermées exaétement dans les tubulures ou goulots du flacon (c), il faut prendre le tube de l’Eudiometre de la main gauche , le plus près poffible de fa jonétion avec le flacon , afin de le tenir ferme, Alors, on prend le flacon de la main droite, on le fépare d’avec le tube , on le retourne fens deflus deffous, & on le réunit enfuite \avec le tube de l’Eudiometre dans la pofition marquée ( fg. 2.) :par ce moyen ,: les phioles qui contiennent l’air fe trouvent en bas , au lieu d’être en haut ; l’eau du flacon defcend dans les plioles , & les deux airs qu’elles contenoient chacune féparément , remontent dans le fond du flacon (x) , & s’y combinent enfemble. Il faut ob- ferver alors , avec attention , le moment où le mélange des deux airs parvient à la plus grande diminution: pour cela, on fait glifler le curfeur (z)le longdutube , à mefure que Veau defcend pour venir occuper dans le flacon l’efpace que Pair lui cede , à proportion qu’il fe contrafte ou diminue dans le fond du flacon (x). Aufli-tôt que la contraftion ou diminution des deux airs combinés, paroît déter- minée d’une maniere ftable, on remplit d’eau la partie du tube qui eft reflée vuide , on le referme foigneufement avec le bouchon (7), & on l'incline jufqu'à ce que l'air remonte du fond (x) du flacon, jufqu'au fommet (7) du tube. Alors, il n’y a plus qu'à rapprocher l'échelle de gradwtion à côté du tube. Par ce moyen, on peut voir à quel degré Pair eft diminué, c’eft-à - dire , le plus ou le moins delpace que les deux airs réunis : occupent après leur combinaïlon ;, comparativement à celui qu'ils occupoient avant leur mélange; car c'eft fur ce principe qu’eft formée la graduation de l’échelle. Sup- poié que le milieu de cette échelle foit marqué + 96, cela fignifie sur L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 2e que la fomme du contenu des phioes ( a 8 b), eft égale à 96 di- vifons ou degrés de l'échelle, Alors, f. le volume d’air reflant après là diminution, correfpond à la $6® divifion ou degré de l'échelle , cela montre que l’air a été contraété de Le d'efpace | & dans cet exemple , on dira : la falubrité de l’air que j'ai voulu éprouver , & que Jj'appellerai À , eft de # ou à 56 degrés. Si je veux éprouver enfuite avec le même Eudiometre une autre efpece d'air, que j'ap- pellerai B, lequel, après fa combinaifon avec l'air nitreux , occupe un efpace qui correfponde à la 6oe divifion ou degré de l’échelle, la proportion de la falubrité de l'air B fera à celle de l’air 4 comme 36 (—96—60 ) eft à 40. Il eft à propos d’obferver que, pour que la contraétation ou dimi- nution des deux airs combinés füt opérée , d’une maniere bien com- plette , cela demanderoïit fouvent plus de 24 heures ; & on doit avoir foin , autant qu’on le peut , d’avoir un thermometre en vue pendant toute l’expérience , afin d’être afluré que la température n’a point changé , ou du moins ; d'en pouvoir quotter les variations à mefure. ? Difcription de l'Eudiometre propofé par M, DE GÉRARDIN. En partant du motif d'utilité qui rend l'invention de M. de Magellan fi recommandable , j'oferai préfenter ici quelques idées qui pourront peut-être rendre l’Eudiometre d’un ufage plus fimple & plus facile. Car ce n’eft qu’en indiquant plufeurs routes pour arriver au même but , qu’on peut enfin parvenir à choifr la meilleure, Je propofe de prendre un flacon de criftal( c, fig. 5 ) , d’une forme ” oblongue & cylindrique, lequel contiendra trois demi-feptiers, me- fure de Paris. A l’extrémité fupérieure de ce flacon feroient deux tubulures , dans lefquelles feroient fcellées. hermétiquement deux phioles (4 & B), qui auront à peu près la forme de cornues , &. contiendroient chacune un demi-feptier ; le haut de ces phioles fer- meroit exattement avec des robinets , ou bouchons: à vis. A la jonc- tion de ces deux phioles avec les tubulures , feroient deux robinets (RR), fermant exaétement, Enfin , à la partie latérale de ce fla- con au deflous des tubulures , feroit fcellé un tube de criftal, replié de haut en bas , bouché À, fon extrémité inférieure par un bouchon de criftal ufé à l’émeri. Ce tube qui, dans fa totalité , n'excédera pas la longueur du flacon, contiendra, ainfi que chaque phiole, un demi-feptier , mefure de Paris ; & l'extrémité inférieure du tube , ainfi que celle du flacon , feront graduées comme desthermometres de bains ou de chymie, On aura en outre, un flacon ( » S fig. 5 ),deftiné à pe l'air 1 1j 25% OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; nitreux, & qui fera conftruiti à peu près dans [a forme d’un fiphon renverfé. Au point d'interfeétion ( y) des deux parties du fiphon, fera un bouchon de criftal à yis“ôu robinet, pour féparer la partie SS, deftinée à contenir l'air nitreux de la partie S, deftinée à être remplie d’eau. À la partie inférieure de la partie SS, fera auf un robinet dans le même genre que celui des phiolesÿ pour pou- voir la remplir aifément d’air nitreux, & elle fe terminera dans fon extrémité fupérieure, en un bec de canne , fermé exa@tement par un robinet (x). Dans l'extrémité de ce bec de canne, ainfi que dans celle du collet des phioles, s’ajuftera exaétemént par les deux bouts, un tube de communication en forme de T, (marqué #). Le hant de ce tube s'ouvrira & fe fermera exaétement avec un bouchon de criftal (x), afin de pouvoir le remplir d’eau au befoin , pour qu'il ne s'y trouve point d'air athmofphérique pendant le paflage de Pair nitreux. La partie SS$ du flacon contiendra trois poiflons, mefure de Paris, & la partie $ , chopine ; & l'extrémité fupérieure de cette partie $ fe terminera en un goulot fermé exaftement par un bou- chon de criftal, PR OC ÉD E Lorfque dans un lieu quelconque on voudra éprouver la falubrité de l'air , il n’y aura qu’à d’abord emplir d’eau la totalité de linftru- ment par le goulot de la phiole(z) , enfuite ouvrir le robinet de cette même phiole qui, à mefure qu’elle fe vuidera d’eau, fe rem- plira tout fimplement de l'air local ; cela fait, on rebouchera les robinets m & r de cette premiere phiole. Pour remplir -enfuite la phiole (4) avec l'air nitreux, il faudra, ainfi qu'il eft marqué fig. 5, ajufter exaétement les deux extrémités du tube de communication dans le goulot du flacon, & dans ce- lui de la phiole. Enfuite , à l’aide d’un petit entonnoir de verre, on remplira d’eau le tube de communication, en levant le bouchon (x) , qu'on refermera aufi-tôt bien exaétement. Puis on ouvrira les robinets de la phiole (4), & en dernier lieu, celui du flacon à l'air nitreux , qui pañlera ainfi dans la phiole ( #) à mefure que l’eau s’écoulera. Par ce moyen , l'air nitreux ne fera expofé dans fon paf- fage à aucune raréfaétion , ni à aucun contaët avec l’air athmofphérique ; ni même à la moindre altération par un mélange forcé avec l’eau, comme dans les appareils ordinaires , puifqu'il fe trouvera toujours contenu en équilibre dans l’ordre des pefanteurs fpécifiques. .Les deux phioles (2 & 4) étant ainfi remplies des deux airs à com: biner , il n'ya plus qu'à retourner le flacon fens deflus deffous, en le plaçant fur un cercle de fer, monté fur un pied(p»),, dans la po- fition marquée (Jg. Ç). Dans cette poñtion , la combinaifon des pe ? L L L F : Sur L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 253 deux airs contenus dans les phioles, viendra fe faire & fe terminer tout à loifir au fond( x) du flacon. L’eau du tube latéral , qui fera alors retourné de bas en haut, defcendra dans le tube À mefure que fe fera la contraétion des deux airs , & il fera facile de fuivre cette progrefion le long de la graduation inhérente au tube; & enfin, lorfque la contraétion feroit opérée complétement , on verroit d’un coup-d’œil, à la graduation inhérente au flacon , de combien feroit diminué l’efpace qu’occupoient les deux airs, & par conféquent , à quel degré l'air qu’on a voulu éprouver eft refpirable. En répétant cette opération tous les jours , pendant une année , dans un lieu où on auroit intérêt de s’aflurer de la falubrité de l'air , & prenant une moyenne proportionnelle dans les réfultats de chaque faifon , ce qui pourroit équipoller de refte aux différences accidentelles de tem- pérature & de qualité de l'air nitreux , on obtiendroit du moins une approximation d’un ufage bien phyfique fur le degré du plus ou du moins de falubrité de l'air de ce lieu, Il me femble qu’à l’aide de la conftru@ion que j'indique , on évi- teroit dans lufage de l’Eudiometre , l'appareil & l'embarras d’opé- rer dans une cuve remplie d’eau , & que l'appareil de ce nouvel Eudiometre , n'étant compofé que de pieces fixes, échapperoit à tous les inconvéniens de changer plufeurs fois les vaifleaux dans le cours du procédé, & de faire traverfer une feconde fois toute l’eau du tube par l'air déjà contraété & combiné au fond du flacon , mou- vement qui doit néceflairement lui faire fubir quelque altération. Il feroit aifé de rendre un pareil inftrument d’un ufage très - porta- tif, en l’enclavant dans une boite qui contiendroit en même temps deux flacons d’air nitreux ; & en doublant de plomb très-mince cette boîte , elle pourroit en même temps fervir, dans un befoin , de petite cuvette, pour faire différentes expériences fur les airs, Si cet appa- reil eft plus difpendieux , je penfe qu'il fera plus facile & plus exaét dans le procédé. Peut-être encore que l’obfervation de la durée de la flamme ou de la vie d’un animal fous un récipient rempli de l’air à éprouver, pourra offrir par la fuite un moyen de conftruire des Eudiometres, d’une maniere moins embarraflante que celle qu’exige la combinai- fon de l'air nitreux, Quoi qu'il en foit , toutes éloignées que font encore ces idées, d’être bien fatisfaifantes, fi jofe les préfenter au public, ce n’eft que dans lefpérance que de plus habiles praticiens s’occuperônt de plus en plus à perfeétionner & à fimplifier uninftru- ment qui peut devenir par la fuite le confervateur de bien des hommes, &t le préfervateur de bien des maladies. Lorfque les obfervations méréorologiques pourront être fuivies com- plétement par des Obfervateurs, réuniflant des Connoïiflances de 254 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; phyfique, de chymie & de médecine , combien ne deviendront-elles pas importantes ? A l’aide du thermomètre , déjà l'on peut fuivre à chaque inftant les différens degrés de dilatation ou de condenfa- tion du principe igné dans l’athmofphere ; déjà le barometre annonce la plus ou moins grande pefanteur de l'air, fuivant qu'il eft plusou moins chargé de vapeurs ; caufe probable de l'état pofitif ou négatif de l'éleétricité achmofphérique , & de fes effets fenfibles fur les nerfs qui en font les meilleurs conduéteurs, L'Eudiometre pourra faire juger de la falubrité de l'air dans différens temps ou dans différens lieux ; enfin, nous avons droit d’efpérer que bientôt les généreux efforts de cette fcience qui fait déjà manier le tonnerre , s’étendront jufqu’à analyfer l'état chymique , plus ou moins acide ou alcalin , de l’athmofphere dans différens climats & à différentes hauteurs , depuis l'air croupiflant des marais & des bas-fonds, jufqu’à l'air trop fub- til des fommets les plus élevés du globe, ainfi que dans toutes les variations fenfibles de température , tant dans les différentes faifons que dans les vents tempeflueux &]dominans, & dans les conjonc- tures épidémiques. Il neft plus enfin aucune forte d'air qui ne puifle être foumife à l’analyfe chymique, depuis la merveilleufe méthode qu'a tracée l'im- mortel PriefHley. Sublime idée ! qui donne prife. à l’homme fur tous les principes aériens , &c fur les caufes les plus fubtiles de la vie &e de la mort de tout ce qui exifte, mm me PUR EAU De M. MaupDuir, Doéteur-Régent de la Faculté de . Médecine de Paris, de la Société royale de Médecine, S%r Les précautions néceflaires , relativement aux maladies qu'on traite par l'Eleëtricite. Les traitemens éleétriques , que la fociété royale de médecine m'a chargé de fuivre & que j’exécute fous fon infpettion , paroïflent avoir contribué à ranimer l’efpoir qu'on avoit conçu, il Y a quel- ques années , du fluide éleétrique confidéré comme médicament. Je n'ai rien publié, je n'ai rendu compte de mes opérations qu'à la compagnie qui men a chargé, à l’académie royale des fciences & une fois au public dans la féançe de la fociété de médecine , tenug « hi à ten à, RME SE LS de cé. Re sur L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 255 le 27 janvier dernier, Cependant , on me cite dans les papiers pu- blics; on s’autorife , pour prouver l'efficacité de l’éleéricité , des merveilles que j'opere, à ce qu’on dit. On publie de la province , des faits qui fe font paflés chez moià Paris; on donne comme guéris des malades , qui ont obtenu , à la vérité , beaucoup de foulage- ment , mais que je traite encore. Une forte d’enthoufafme , dont la fource eft, fans doute, l’amour de l'humanité, s’eft emparé de la plu- part des efprits : on fait l’énumération des maux qu’on fuppofe devoir être guéris par l'élettricité ; on la confeille à tous ceux qui font atta- ués de ces maux ; on ne parle que des avantages ; on ne dit rien ik rifques que l’on peut quelquefois courir, ni fur les moyens .de prévenir ces rifques. Ce filence a pour fondement la perfuafion :où oneft & qu'on veut infpirer aux autres, que l’éleétricité ne pent faire que du bien & jamais de mal. Si cette propofition n’étoit que hafardée, je ne la combattrois pas 3 mais le raifonnement & l’ex- périence la contredifent ; elle peut , d’ailleurs, devenir dangereufe dans plufieurs cas : il eft donc de mon devoir de la réfuter : :c’eft même une partie importante de l’emploi qui m’eft confié. S'il eft probable , d'après les faits que jai obfervés, d’après ceux que MM. de Haen, Sauvages & un grand nombre d’autres auteurs nous ont communiqués , que la médecine puifle un jour employer très - utilement léledricité ; il n’eft pas moins vrai , d’après mes obfervations examinées & difcutées par la fociété royale de méde- cine, d’après les faits rapportés par plufieurs auteurs , qu'il eft des cas , des circoriftances qui rendent léleétricité dangereufe ; qu’elle peut quelquefois devenir funefle , même après avoir agi en bien; enfin, que, loin que ce foit un remede indifférent , l’éleétricité exige tous les foins d’un médecin vigilant , attentif à prévenir les inconvé- niens, en profitant des avantages. Les bornes d’une Lettre ne me permettent pas d'entrer dans de longs détails, Je ne citerai que quelques faits rapportés dans lOu- vrage de M.:de Haller, qui a pour titre: Differrationes ad Mor- borum Hifloriam € Curationem facientes On lit, volume premier , page 60 : Obfervandum in malo hoc rheumatici | &tc. ne in motum aëla ma- teria morbi in'nobiliores projiciatur partes. Il faut obferver dans le rhumatifme, &c. , de peur que l’humeur mife en mouvement ne fe porte fur les parties néceffaires à l’entres tien de ja vie. MM. Linné & Zetzel, auteurs de cette remarque ; penfoient donc que lhumeur morbifique déplacée par léledricité peut fe porter à l'intérieur. Page 61, au fujet de la fciatique .,,, ÆA/üis prima quidem fatis prof= 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUES + - pera fuere, fed poff aliquor dies converfa eff vis morbi ad inteflina , undè ventris tormina affidua 6 quam maximè molefla , &c. Quelques malades furent d’abord foulagés, mais peu de jours après , la matiere morbifique fe porta fur les entrailles , y excita des douleurs aiguës, continuelles & très-fatigantes. A la'page 62 , au fujet d’une hémiplégie . . .. Reflituto ad aliquam partem brachii motui fucceffit ophtalmia. Un fujet hémiplégique , ayant recouvré en partie le mouvement du bras , fut faifi d’une inflammation aux yeux. Je ne rapporterai de mes propres obfervations que le fait fuivant. Une femme hémiplégique depuis treize mois ne pouvoit depuis ce temps fortir à pied , elle ne pouvoit monter ni defcendre feule; fon bras étoit prefque fans mouvement ; le poignet & les doigts étoient fléchis & immobiles. Elle fort à pied , monte & defcend feule; fon poignet , fes doigts font redreflés, elle commence à fe fervir de fa main & leve fon bras prefque perpendiculairement. Maïs deux fois l’humeur déplacée s’eft portée à la tête , trois fois à la poitrine. Ces accidens ont toujours fuccédé à des douleurs éprouvées pendant quelques jours dans les parties paralyfées & à un mouvement de ces arties plus libre qu’à l’ordinaire. On ne peut à ces fignes méconnoître P le tranfport de l'humeur morbifique. C’eft le jugement qu’en a porté la fociété de médecine à qui j'ai rendu compte de ces faits. L'éleétricité expofe donc à des rifques , même en opérant d€ bons effets; il n’eft donc pas prudent de la confeiller vaguement fans avertir des dangers qu’on peut courir en fe foumettant à fon aétion , & fans parler des moyens de prévenir ces dangers. Sont-ils tels qu'ils doivent faire renoncer à un moyen de guérir , dont on a conçu de fi grandes efpérances ? Je ne le penfe pas : je crois , au contraire , qu'on peuten même temps tirer de grands avantages de Péle@ricité & prévenir les rifques auxquels elle peut expofer. Pour juger fi ma propoftion eft bien fondée , il faut examiner comment le fluide éle@rique agit , & d’après ces effets , déterminer dans quelle clafle de médicamens il doit être placé : car alors on fe comportera , en employant ce remede , comme on a coutume : de faire en ufant des autres remedes qui font de même nature. Le fluide éleétrique paroît être une des fubftances les plus fub- tiles que nous connoïfhons : lorfqu'il eft en ation , fon mouve- ment eft fi rapide que nous ne pouvons le mefurer; il s”’infinue immé- diatement dans les voies de la circulation ; il accélere le pouls; il Véleve ; il communique de l'agitation aux perfonnes qui font fou- mifes long-temps de fuite à fon aétion ; il caufe de la douleur; il rougit SUR L’Hi1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 257 tougit la peau; il s’éleve des puftules ; il force les mufcles d'entrer en contraétion , quand il eft condenfé fous la forme d’étincelles. On reconnoît à ces effets du fluide éleétrique lation d'un flimulant d'autant plus a&tif, que fes principes font plus déliés , qu'ils font dans un mouvement plus rapide & qu’il agit en pénétrant immé- diatement dans les voies de la circulation. Lorfqu’on fe foumet à une aëtion longue ou répétée du fluide éle&rique , il augmente beaucoup l'infenfible tranfpiration , il excite fouvent la fueur , fouvent auffi la falivation , quelquefois la diarrhée & même le flux d'urine ; il diffipe aflez promptement l’enflure & les conjeftions féreufes & lymphatiques. Les effets du fluide éleétrique , à lation duquel le malade eft foumis long-temps , indiquent qu'il agit comme incifif & apéritif. Les excrétions qu’il augmente ou qu'il excite, paroiflent être des crifes ; car, à proportion que ces excrétions Ss’annoncent plutôt, qu’elles font plus abondantes , qu’elles continuent plus long-temps , les malades font plus promptement foulagés , ou plus compléte- ment guériss Mais toute crife expofe au tranfport de l'humeur morbifique, ou au danger des métaftafes ; ce rifque eft d’autant plus grand que les crifes fe font plus lentement ; celles qu’excite le fluide éleétrique font très-lentes; tout remede incifif & apéritif expofe de même à des métaftafes , parce que tout remede de cette nature ne fait que fondre l’humeur , que la rendre mobile , fans en 'changer la qualité, fans l’expulfer. Le fluide éledrique , qui n’agit que comme ftimulant & incifif, expofe donc les malades au même danger que tous les remedes de cette clafle. Mais ces remedes quoiqu'ils foient d’eux-mêmes fujets à cet inconvénient , n’en font pas moins employés fréquemment & n’en font pas moins utiles, parce que les médecins favent profiter des avantages qu’ils pro- curent, & prévenir en même tempsles dangers auxquels ils expofent. Il faut donc , en employant le fluide éle@rique , fe conduire, comme on a coutume de faire , en ufant des autres remedes incififs & apéritifs. Il faut , lorfque le remede incifif a divifé l'humeur, lorfquil l’a mife en mouvement , lorfque la nature en tente l’ex- pulfñon par une crife trop lente ou une excrétion trop foible , favo- rifer d’une part cette excrétion par un remede auxiliaire & indi- qué fuivant les cas , fuivant-: la nature de la maladie ; il faut d’une autre part, fi l’excrétion ou la crife entreprife par la nature ne paroît pas pouvoir fuffire à l’expulfon de l’humeur morbifique , à caufe de fa qualité ou de fon abondance , en procurer l’iflue ou par les voies urinaires, ou , comme c’eft le plus ordinaire , par les felles, Sans ces précautions , que le médecin feul peut prendre, qui doivent être variées fuivant les circonftances , on verra fréquemment des Tome XI, Part, I, MARS 1778. S AN NT 7 5 ju \ PTE 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, effets funeftes fuccéder à d’heureux commencemens dans l’ufage des apéritif de quelque nature qu’ils foient , fur - tout à proportion que la maladie fera grave & que les effets du remede apéritif feront plus marqués. On a donc les mêmes rifques à courir en employant le fluide éle&trique , fi lon nufe pas des mêmes précautions, f l’on ne fait pas en ufer : mais on aura les,mêmes avantages & peut-être de plus grands à en attendre à caufe de fa nature particuliere , f lon a recours à propos aux précautions néceffaires. Je ne penfe pasique, d’après les faits que j'ai cités } d’après les obfervations dont j'ai rendu compte, on doive renoncer à l'emploi du fluide éleëtrique plus qu'à l’'ufages-des autres remedes fondans & apéritifs. Mais je crois lauffi que le fluide éleétrique ne.doit pas plus que ces remedes être confeillé &t prefcrit vaguement , fans averur des rifques auxquels il expofe & fans indiquer les moyens de prévenir ces rifques. Je ne donne point les’ réflexions qu'on vient de lire.comme dé- montrées; je:les! offre comme le réfultat du. travail que J'ai fuivi juiqu’à préfent, ‘comme une conféquence des ; faits, dont j'ai été témoin, :S1 de nouveaux : faits confirment ou détruifent mes pre- mieres apperçues, je le dirai également & aufli fincérement., Mais J'ai cru , d’après ce que j'ai vu, que l’éledricité n’eft pas un remede indifférent , eomme on l'annonce ; qu’on expofe le. public à de grands rifques en la confeillant trop. vaguement, em exagérant fes avanta- ges ; en cachant ou en ne connoïffant pas) les. dangers qu’elle peut éntraîner , & en n'indiquant pas les moyens. deiles prévenir. Il n’a paru de mon devoir d'en avertir, Je lai. fait. Je n’a pas d’autre prétention, Il n’eft pas néceflaire: d'entrer dans des détails fur le mo- ment & la maniere d’expulfer | fuivant les différens cas , l'humeur morbifique mife en mouvement. Les médecins n’ont pas befoin de ce que je dirai à cet égard, & il me feroit bien difficile d’en dire aflez à ceux qui ne! le font-pas. Je me-contenterai donc de finir en remarquant que jé regarderl'éleétricité comme-un arme très-acérée , qui peut fervir à fe défendre , -ou avec laquelle -on. peut fe blefer cruellement, fuivant qu'on fait la manier. Sans ie fluide éle@rique, il y a peut-être bien des cas où l’on ne pourroit réufhi à divifer l’hu- meur morbifique, & la mettre en état d’être expulfée : avec le fluide éleétrique feul, on pourra fouvent la divifer , la mettre en mouve- ment, mais au grand rifque du malade. Il ne me refte qu’un mot à ajouter pour les perfonnes qui ne font pas au fait de ce qui me concerne. Je ne-reçois de qui que ce foit aucun émolument quelconque pour les malades que je traite. Nul intérêt fecret n’a donc pu me diéter la lettre qu'on vient de lire; PPS FR «' . . SURAHEST, NATURELLE, ET, LES ARTS. 259 8 je ne l'eufle pas écrite , fi je ne leuffe cru néceflaire pour prévenir des dangers qui me paroiïflent trop évidens, M. Mauduit avertit le public, & fur-tout les ;perfonnes qui ha- bitent la province , que fes. occupations l’empèchent ablolument de répondre aux Lettres & Mémoires à confulter qu’on lui adreff: : qu’il publiera les obfervations qu'il recueille , aufli-tôt que le temps &c l'expérience l’auront mis à portée de les préfenter dans Icur jufle valeur & qu'elle aura été décidée par les deux Compagnies auxquelles il a foumis le jugement de fes expériences. ONBPS'ENR.V AT TO N"S Sur la LAINE DE FER; Par M. B**#, La laine de fer a peu excité l'attention des Naturaffles ; je ne connois que M. Guettard qui en ait donné la defcription , & qui ait communiqué fes idées fur l’origine de cette fubftance finguliere : voici ce qu'il en dit dans {on Recueil de Mémoires fur la Phyfique , &c. Tome premier , page 103. « On appelle Zaire de fer, des filamens d’un beau blanc qui, » s'étant d’abord élevés en une efpece de fumée ou de fil, lorfqu’on » bat de certains fers après la fonte de la mine , retombent lorfqu'ils fe font condenfés dans l'air. Les mines de fer de France , qui » donnent de Ja laine de fer, font celles d’Auriac & de Cafcatel, » en Languedoc, Je ne connois du moins que ces mines pour avoir » cette propriété. Cette laine n’appartient point certainement au fer; » mais à une autre fubftance minérale. La chymie ne nous a point # appris la façon de faire élever le fer en une efpece d’efflorefcence. » L’antimoine & le cobolt fontles minéraux auxquels on connoît » cette propriété. On donne le nom de fleurs d’antimoine ou de » cobolt à ces efpeces de filamens. » Ce célebre naturalifte , s'appuyant fur le témoignage de M. Hellot , qui dit , que les mines jadis exploitées à Auriac & à Cafcatel, contenoient du cuivre, du, plomb & de l’antimoine , penfe qu'il eft vraifemblable que la laine de fer eft le réfultat d’un effloref- cence de ce demi-métal, & il ajoute, fur l’aflertion d'un pro- prictaire des forges qui produifent cette laine métallique, qu’elle Kk 5 260 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; eft incombuftible , du moins jufqu'à un certain point ; que far une piece de fer rouge , elle ne brüle pas, & que , préfentée à la flamme d’un flambeau , elle n’a pas brülé. Malgré une autorité auf refpeétable, j'avoue que je n’avois pu: admettre cette théorie. Les différentes fleurs d’antimoine ne me pa- roifloient ni organifées , ni conftituées commela laine de fer. L’eflo- refcence que donne le cobolt, efflorefcence qui eft de Varfenic , ne m'y fembloit pas plus conforme ; je ne voyois que des poudres effleuries , blanches, jaunes ou grifes quelquefois criftallifées comme les fels, mais n'ayant d’ailleurs aucune propriété de laine de fer. M. de Bomare, en rapportant les obfervations de M. Guettard , infinue que la laine de fer eft due au zinc, par la raifon, fans doute, ue les fleurs de ce demi-métal connues fous la dénomination de nihil album, de Pompholix, s'élevant en fumée & fe condenfant en flocons blancs & légers, avoient , par cette particularité , quel- que reflemblance avec la laine de fer. Cette diverfité d'opinions, & plus encore les différences caraété- riftiques que j'appercevois entre ces fleurs de demi-métaux & la laine de fer , me firent foupconner que cette derniere fubftance étoit due à l’amiante , fi coinmune dans les mines de fer (1); ou que c’étoit le produit d’une combinaifon particuliere de ce métal, opérée par les travaux métallurgiques. à M. Grignon a rendu compte , en 1760 , à l’Académie des Sciences , de fa découverte d’une matiere foyeufe & amiantine dans un régule de fer trouvé au fond d’un fourneau démoli. Il a jugé que c’étoit le fquelette du fer dépouillé de fon phlogiftique, & il s’eft attaché à démontrer que l'amiante étoit une chaux de fer brülé par un feu violent. Si on actorde, d’après les expériences de Vanhelmont & de Beccher , qne le fer eft une combinaifon du principe inflammable avec une terre argilleufe, ce métal ayant perdu fon phlogiftique , aura les propriétés de ces terres. Or, on connoît leur tendance à fe criftallifer , principalement en filets (2). Les amiantes, les asbeftes CS (x) Je conviens cependant que la mine de Cafcatel!, donr j'ai des échantillons ; ne préfente aucun veftige d'amiante, C’eft une mine blanche fpathique, ou mine d'acier. Mais je pouvois préfumer que l’amiante étroit contenue dans la mine en filers très déliés, & qu échappent à la vue fimple. J'en ai trouvé d’ainfi répandues dans un gypfe folide. (2) J'ai rapporté du Duché d’Aofte une pierre ollaire verte, très-dure, conte- si du fer, laquelle eft d’un côté fenfiblement difpofée en filers comme un af- befte, suRLHIST. NATURELLE ET LES ARTS. 261 les tales , les fchoerls mêmes (1) annoncent cette difpoftion des argilles , donc le fer réduit à fa bafe peut acquérir leurs propriétés par le moyen du feu ou d’un autre intermède que nous ne connoif- ions pas. Mais je laifle ces analogies qui exigeroient de Îongues difcuffions. Je ne les ai préfentées rapidement que pour faire connoître le dan- ger de bâtir des fyflêmes , & pour rendre aux congeétures de M. Guettard l'hommage qu’elles méritent, non qu’elles en aient be- foin, mais parce que je fens qu’il m’eft honorable d’en ufer ainf. Je pafle à ce qui concerne la laine de fer , que j'ai reçue d’un ancien direéteur des A qui la produifent. Cette laine eft en filets aflez longs &très-fins , d’un gris roufsâtre & qui, en général, partent de globules de différens diamètres, dont le plus étendu eft d’un tiers de ligne. Ces globules font d’un jaune en- fumé &c tranfparens comme le verre , dont ils ont aufli la fragilité. La ‘fubftance que je décris , contient auffi quelques paillettes comme micacées & honte à elle eft d’un tifflu affez ferme lorfqu'on la tire dans la direétion de la longueur des filamens , fe fondant au feu d’une bougie , mais ne paroiïflant pas s’y détruire, c’eft-à-dire que, par la fufon , elle fe forme en très-petits globules, & qu'il ny a que les parties extrêmement déliées qui font confumées par le feu, autant qu’on peut en juger par la vue. Enfin, les globules les plus gros font proprement diffous dans l'acide nitreux , & les plus petits réfiftent à l'acide vitriolique. D’après ces détails , je fuis convaincu que la laine de fer que je poflede, eft due à l’antimoine, & qu’elle en eft un véritable verre. Il eft facile de fe rendre raïfon de fa féparation d’avec le fer & de fa volatilité. Cette filature ( s’il eft permis de s’expliquer ainfi & de comparer notre foible main-d'œuvre aux agens employés par la nature ) eft le procédé des émailleurs qui font des aïgrettes de verre; elle n’eft pas unique. On connoït le cuivre capillaire qui fe trouve (:) M. Monnet a démontré, page 457, dans le Journal de juin 1777, que fchoer] verdâtre d’erba longa, dans l'isle de Corfe, étoit compofé de terre quart- zeufe & de celles qui font la bafe des fels d'Epfom & de l’alun; ces terres quart- zeufes ont, dans certaines circonftances, une très-grande affinité avec les argilles. J'ai trouvé dans les couches horizontales de la mine de fer de Cogne, au duché d'Aofte, beaucoup d'amiante très-blanc, & dans les fentes perpendiculaires, des morceaux jfolés d’un fchoerl abfolument femblable, à la couleur près, qui eft celle de la rouille, à celui qui eft gravé dans le ournal de Phyfique déjà cité. Voilà deux fubftances de même forme, vraifemblablement de même nature, & de la claffe des pierres argilleufes trouvés dans deux mines de fer, le fchifte d'eba longa conte- sant beaucoup de criftaux olaëdres de ce métal. 262 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; dans la matte des mines de Saint-Bel, dans le Lyonnois. Cependant , : comme je ne puis douter, d’après l’aflertion de M. Guertard , de l’exiftence d’une laine de fer en filets d’un beau blanc ; cette derniere ne fera plus du verre d’antimoine. C’eft aux Naturaliftes qui pourront fe procurer & examiner les variétés de cette fubftance à fixer notre jugement fur cette finguliere produétion. | Mio aan O AL ee Sur une Cataraéte artificielle qu’on peut produire fur les yeux des Cadavres & des Animaux vivans; Par M. TROJA, Doëeur en Médecine, & Chirurgien-Affiflant dans l'Hépiral de Saint-Jacques , & Naples. Lis maladies artificielles excitées fur les animaux , peuvent conduire à la guérifon de celles qui font déjà formées dans l'homme. On peut effayer fur les premiers, tous les moyens curatifs les plus dangereux: on peut les difféquer, fuivant le befoin, & en examiner les caufes pri- mitives -& les effets inconnus. -Il eft vrai qu'on rencontre quelquefois des différences effentielles entre les hommes & les brutes ; mais, fi on ” n’apprenoit que ces feules variétés, nous en ferions affez inftruits. Onfait que le criftallin détaché du globe de Pœil, s'endurcit & devient-opaque dans tous les acides (1 ). Ce n’éft pas de cette opacité paq P P | dont:je veux parler. Je travaillois fur les yeux , & je trouvai qu’en couvrant un œil de fel marin , il fe produifoit une vraie cataracte artificielle, fans que la tranfparence de la cornée eût fouffert en aucune maniere. Je plongeai des yeux dans différentes liqueurs aci- des , &' le criftallin en étoit attaqué, plus ou moins, fuivant leur forée ; mais la cornée tranfparente devenoit toujours opaque. Si on prend un œil féparé du cadavre de l'homme , ou de tout autre. animal que ce foit, & qu’on le couvre de fel marin, au bout d’une demi-heure. on voit paroître la cataraéte. Au bout d'une heure , elle eft bien formée &r d’une couleur blanche comme la neige : cependant , elle ne s'étend pas"jufqu'au centre du criftallin , dont tout Abndainc A eds br A io | 39h 207 24 bte M TE ES [r] M: Petit , Acad. des fcienc. 1731. SES OC OS IS sur L'HisST NATURELLE ET LES ARTS. 263 le noyau eft encore tranfparent. Au bout de deux ou trois heures environ , elle occupe dans le criftallin toute la fubftance qui fe trouve extrêmement endurcie : dans les poiflons elle devient dure prefque comme un® pierre, La tunique du criftallin fe trouve pareillement endurcie & opaque. 2 Cependant, fi on laiffe l'œil très-long-temps dans le fel, l'humeur jaqueufe & le corps vitré fe diffipent entiérement & de manière que l'œil refte affaifle. Il arrive quelquefois qu’en laïflant même long-temps l’œil dans le fel , la catarafle ne va pas jufqu’au centre du criflallin: Quelquefois auf le criftallin s’obfcurcit très-bien dans un œil & imparfaitement dans l’autre d’un même animal. Il eft néceflaire que le fel marin foit dépuré : le plus commun conviendra mieux pour cet ufage : même le fel marin criflallifé , rend opaque , en une certaine maniere,la cornée tranfparente. Il faut que le fel foit pilé finement , & qu'on y ajoute un tant foit peu d’eau pour qu'il foit un peu en folution. L'eau extrêmement falée feroit le même effet. Le fel marin bouilli dans l’eau produit lentement l'opacité du criftallin. Si on veut avoir la cataraéte , fans que l'œil foit détaché du cada- vre , on n'a qu’à fixer les paupieres, afin que l’œil foit ouvert & appliquer le fel deflus. On y verfera de temps en temps une goutte d’eau très-falée, & on couvrira le tout avec une comprefle de linge trempée, dans la même eau, J'ai produit de cette maniere la cataraête dans les yeux des lapins vi- vans. J'avois arrêté les animaux de maniere qu'ils ne pouvoient pas fe remuer ; j’avois pañlé trois fils avec une aiguille à travers les deux pau- pieres, & à travers la membrane femi-lunaire , pour avoir l'œil ouvert en les attachant en fens contraire. Au bout de deux heures, la membrane interne des paupieres étoit très-engorgée & la cataraéte bien formée : mais au bout de trois heures, après avoir Ôté le fel , elle s’étoit diffi- pée. Je ne fais pas fi l’on pourroit avoir une cataraéte conftante, ayant la patience de continuer plus long-temps lapplication du fel. Dans d’autres lapins, à la place du fel j’appliquai l’efprit de fel marin tout feul; la cataraëte étoit très- complette , mais tout le globe de l'œil fe defféchoit ou crevoit. Je coupai cet efprit avec de l’eau , la cata- xaéte fe formoit imparfaitement & la cornée devenoit opaque. - J'ai eflayé d’autres fels neutres à bafe minérale & à bafe alcaline: tels font le fel de tartre vitriolé’, le fel de nitre , le fel ammo- niac, &c. Dans les premiers , le criftallin s’obfcurcifloit très-imparfat- tement, Dans le fecond , il paroïfloit devenir plus tranfparent , & au lieu de s’endurcir il fe ramollifloit davantage. Tous les acides, lefprit de nitre, l'efprit de vitriol l'efprit de térébenthine , lefpnit 264 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; de vin, le vinaigre produifent la cataraéte, mais ils détruifent l'œil quand ils font trop forts : quand ils font trop foibles ou coupés avec l'eau , ils la produifent imparfaitement & rendent toujours opaque la cornée tranfparente. L’efprit de nitre donne une couleur jaune au criftallin & le fend en plufeurs endroits. Les alcalins , tels que lalcali volatil fluor, le favon blanc diflous dans l’eau , l’eau de chaux, la lefive, &c. ne produifent pas la ca- taraête , &c ils ne diffipent pas les autres humeurs de lœil, mais ils caufent une efpece d’hydropifie dans le criftallin. On trouve une grande quantité d’eau très-limpide , fur-tout dans les poiflons , répandue entre la furface extérieure du corps du criftallin & fa tunique. Cependant, Palcali de tartre, diflous dans l’eau, rend les membranes de l’œil très- fermes , fait devenir opaque le criftallin & l’endurcit de maniere à être friable en le frottant entre les doigts. Les avantages qu'on pourroit retirer de la cataraéte artificielle pro- duite avec le {el marin, font 1°. , de pouvoir laproduire à fon gré fur les cadavres, pour inftruire les jeunes chirurgiens à faire l’opération foit par extra@tion, foit par dépreflion. Il n’eft pas néceflaire d’attendre que le criftallin foit obfcurci jufqu’au centre, parce que, quand les humeurs aqueufes & vitrées font diffipées , on ne peut pas opérer commodément ; mais , fielles font beaucoup diminuées, on n’a qu’à prefler la bafe de l’œil avec les doigts pour pouffer le corps vitré avec le criftallin vers la cornée. Il faut prendre garde , en introduifant l’inf- trument tranchant , fi on veut faire l’opération par extraftion , de ne pas bleffer l'iris, comme il arrive conftamment quand l'humeur aqueufe eft très-diffipée ; 2°, d’expliquer la caufe de cette maladie , fur - tout lorfqu’elle eft produite par l’âcreté des larmes ou des autres humeurs du corps ; 3°. de hectee , sil eft poffible, quelque diflolvant de la cataratte. Nous avons vu que le fel de nitre & le felammoniac con- fervoient la tranfparence dans le criftallin & le ramollifloient davantage; 4°. de faire mürir plus promptement dans l’homme vivant , par appli- cation continuée de l’eau un peu falée, ces’ fortes de cataraétes qui tardent à parvenir au degré de maturité néceflaire pour pouvoir faire lopération. LA OBSER VATION suR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 265 EE — DAMB NS EM NV ANT: TL ONN De M. le Comte DE TURIN, Chevalier de Sainc- Louis , ancien Capitaine de Dragons , fur PORC-Ep1. J E cherche à rafflembler chez moi différentes efpeces d’animaux ; mâles & femelles, afin de les multiplier autant que la perte de leur liberté le permet. J'ai été aflez heureux, en 1777, pour voir naître dans ma ménagerie, deux porc-épis; l’un eft mort en naiflant , & l’autre fe porte très-bien. Les écrivains fur l’hiftoire des animaux, ont avancé des faits fuppofés, ou à caufe qu'ils ont mal obfervé, ou bien parce qu’ils fe font rapportés à des témoignages peu dignes de foi. Jachetai d’un italien , il y a quatre ans, un porc-épi dont il étoit bien difficile de vérifier le fexe, parce que je ne pouvois le manier. Comme il laïfloit couler fon urine en marchant, je le foupçonnai mâle. Le même phénomene s’obferve fur le bœuf, le cochon, la chevre, &c., & je ne connois aucune femelle qui ait cette propriété. Au mois de feptembre 1776, le même italien m’apporta un autre porc-épi, & me dit l'avoir acheté à l'Ile. Comme il s’expliquoit très-mal , je ne pus découvrir de qu’elle Ifle il parloit : il avoit acheté le premier à Dunkerque. Je les mis enfemble, & je vis alors que je m’étois trompé fur le fexe du premier. Jufqu’à cette époque, il avoit toujours été fort tranquille, & il devint avec le nouvel ar- rivé, fort vif & fort empreffé. Cette femelle ne fe coucha point fur le dos , comme le rapportent les hiftoriens fur le récit des VOya- geurs, elle fe reculoit contre le mâle, ayant la queue relevée. Le mâle, plus petit & plus menu que la femelle, & quoique nouvel- lement arrivé, ne put fe refufer à fes agaceries; il fe dreffla fur fes pattes de derriere, laifant tomber fur fa poitrine celles de de- vant, & attendit que la femelle fe plaçât convenablement pour rem- plir les loix de la nature. Ce mâle eft aujourd’hui prefque de la même taille que la femelle. J'avois toujours tenu l'ancien dans une boîte de bois doublée fur trois côtés de fer-blanc, longue de quatre pieds , fur deux pieds & demi de hauteur & de profondeur, & le deflus étoit garni d’un treillis de fil de fer. La femelle fortoit de temps en temps pour fe promener ; mais elle rentroit avec empreffe- ment pendant le jour, & paroifloit craindre l'éclat du foleil. Lorf- que cet aftre fe couchoit, elle montroit une grande envie de courir, Tome XI, Part, I, MARS 1778, LI 266 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Plufieurs fois elle s’eft échappée pendant la nuit, a été fe promener aflez loin, & a gratté beaucoup de terre à la maniere des blaireaux. À la pointe du jour, elle a regagné fa boîte, où elle dormoit une partie de la journée. Aujourd’hui, lé mâle a une boîte femblable à celle de fa compagne; elles font accrochées l’une à l’autre, & féparées par une fimple coulffe., Je fuis averti de leurs amours-par le cri de [a femelle, qu’on ne peut rendre que par ces mots, bouf, bouf, répété à plufieurs reprifes , & je vais les examiner ; cependant, malgré ma vigilance, je n’ai pu les - voir accouplés. Ces amours ont duré jufqu'à la fin de novembre, &je défefpérois d’en voir le réfultat. Le premier mai de cette année 1777, la perfonne chargée de pourvoir à leur nourriture, vit en ouvrant la boîte pour les nettoyer, de petits porc-épis nouveliement nés, J’y courus-& j'en vis un mort, couché fur le côté, & tenant encore à la mere par le cordon ombi- lical, de la longueur de demi-aune, dont elle ne s’étoit pas débarraffée, ni du cordon de l’autre petit qui étoit plein de vie, allant & venant de tout côté, autant que la longueur du cordon pouvoit le per- mettre ; fans que la mere en parût inquiette. Elle parut l'être beau- ceup de celui qui étoit mort; tantôt elle lui prenoiït les pattes de devant avec fes dents & le tiroit à elle. C'eft ainfi qu’elle lui a coupé les cinq doigts de la patte de devant. : Je la fis renfermer, afin qu’elle fe delivrât plus tranquillement ; & une demi-heure après , je ne trouvai ni cordon ni arriere-faix , fans doute qu’elle avoit tout avalé. Le mâle paroifloit avoir plus de foin du nouveau-né que la mere. Le petit dormoit toujours fur le col du pere, à moins qu'il ne fût endormi en tetant la mere ; ce qui lui arrivoit fouvent. La mere, couchée fur le ventre & fur fes quatre pattes (attitude dans laquelle ils dorment toujours) le laifle teter autant qu'il veut, dort elle-même & n’en eft pas gênée ; car fes mamelles font fituées fur les côtés, derriere la pointe du coude &c de chaque côté. Plufieurs hiftoriens ont avancé que les petits naïffent fans piquans. Joffre la preuve la plus complette du contraire, en montrant celui que je conferve dans l’efprit de vin. Ses piquans ont 22 lignes de longueur, les uns font blancs, les autres noirs, & quelques-uns cannelés de noir & de blanc, femblables aux piquans des adultes. Lorfqu’on approckoit du petit vivant, dans le temps même qu'il tenoit encore par le cordon ombilical , il redrefloit fes piquans comme fes pere & mere, & les agitoit par un tremblèment qui chatouilloit vivement le creux de la main. Il falloit les toucher avec précaution, dans la crainte d’être piqué jufqu’au fang , quoiqu'il fût impoñfible de trouver un plus jeune animal, & après quatre ou cinq jours, je sur L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 267 m'ai plus ofé le toucher. Le petit qui mé refte, eft une femelle; elle étoit, je crois, en amour pendant le mois d’oétobre dernier, & en même temps que fa mere. Je n'ai pu encore le voir accouplé. C'eft, fans doute, pendant la nuit que ces animaux travaillent à la reproduétion, puifqu’ils dorment pendant toute la journée , & que pendant la nuit , ils font dans un mouvement perpétuel. Celui qui eft dans l'efprit de vin, eft mâle, & a également deux mamelles de chaque - côté. Les piquans de porc-épi n'incommodent, ne fatiguent point cet animal, & ne lui caufent aucune douleur , comme quelques écrivains ont ofé l’avancer. Si cela étoit, la nature auroit agi en marâtre qui fe plaît à tourmenter perpétuellement l'individu auquel elle donne la vie. Si dans leurs promenades, il leur arrivoit de paffer entre mes jambes, auffi-tôt leurs piquans fe couchoient le long de leurs corps, & ils ne m’incommodoient pas. Ces piquans s’applatiflent tellement, que ces animaux paflent fous des chaifes dont les traverfes n’ont pas cinq pouces de hauteur au-deflus du fol, & par conféquent ils frottent vivement leurs piquans contre ces traverfes, & ne grognent point. La crainte feule qu’on leur fafle du mal, les fait grogner & les met en colere. Il eft encore faux qu’ils pouffent au loin leurs piquans ; mais comme ils font légérement implantés dans la peau, ils tombent facilement. La bleffure qu'ils occafionnent, n’eft ni mortelle ni dangereufe, ainft qu’on l’a dit. Il eft vrai que l'extrémité du piquant eft à trois faces, & qu’elle eft armée d’un crochet imperceptible à la petite pointe; ainfi, lorfqu’on arrache ces piquans, la peau eft foulevée par le crochet, il fort du fang , on Fe une cuiflon, une démangeaifon, &c la pe- tite bleflure fe ferme d'elle-même fans le fecours de l’art. Ces animaux ne font point méchans, 1ls mangent dans la main, & viennent quand on les appelle. La petite eft aëétuellement de la même taille que celle du pere, lors de fon arrivée. Quelques auteurs ont dit que la mere ne mettoit bas qu'un feul perit à la fois ; ici, j'en ai eu deux. La mere a quatre mamelles, Il ne paroît pas que ces animaux aient le fang froid, & qu'ils dorment comme les loirs. La femelle que jai depuis quatre ans, mange pendant lhiver comme, pendant l'été , & ne paroït pas plus endormie dans, une faifon que dans l'autre ; la mie de pain, les fruits, les, racines potageres , font la nourriture de ces animaux, & ils ne boivent jamais. Quoique ces deux porc- -épis-m'aient été fournis par un italien , ils reffemblent à celui que M. de Bufon a fait repréfenter dans la planche ÿ2 de fon hiftoire naturelle, qui eft le porc-épi des Indes, & nullement à celui de la planche 51, qui eft d'Italie. Je prie les amateurs d’hiftoire naturelle de m'indiquer LE moyens LI y 2168 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; d'acquérir des animaux étrangers à l'Europe, mâles & femelles , je les enverrai chercher, & je témoignerai avec plaifir ma reconnoif- fance. Je raflemble en même temps les écarts de la nature. ai une vache qui a une cinquieme jambe pendue au col, attachée par un gros tendon aux vertebres du col, entre les deux épaules. Cette jambe prend nourriture & accroiffement. J'ai un cochon à cinq pattes ; un belier à trois jambes; un canard fans membranes entre les doigts } un autre qui a un doigt fur la tête, au milieu d’une huppe; ce doigt étoit armé d’un ongle, mais il eft tombé & n’a point re- pouflé. Ces animaux font vivans. J'ai fait couvrir une vache par un âne; j'attends avec impatience le petit qui doit naître de cet accou- plement, & on le fent remuer ans le corps de la mere. Jai une marmotte femelle, je défirerois beaucoup me procurer un mâle (1). Yai encore une Anefle couverte par un belier de Barbarie. Je crains que l’accouplement n'ait été infruéteux , l’âneffe n’avoit que treize mois lorfqw’elle a été couverte. Mefures du Porc-épi au moment de [a naiffance. pouces. lignes, Du bout du nez à la racine de la queue. . . « . + 9 6 Longueur du tronçon de la queue. . . . «+ + + + + Circonférence du corps, prife derriere les jambes de devant. 6 Circonférence de l’endroit le plus gros. . + . + + + 7 9 Longueur de la jambe, depuis le coude jufqu’au poignet. 1 6 Du poignet au bout des doigts. . . . + + + + + + 1 6° Largeur du pied)de) devants 492242 terne? Longueur de la jambe de derriere , depuis la rotule jufqu’au poignet: 1H Rrént eee dal TENUE 2 8 Largeur du pied de derriere. . « . + + + + + + + +: 9 d'ohpueur /des ongles A Ne TISNEee SNENNTEn SE RES Diftance entre les mamelons. . , . . . . . + + + + 4 Diftance entre les mamelons d’un côté, à ceux de l’autre côté par-deflous le ventre. . . . . . «+ + + + » ? 10% Diftance des mamelles par - deflus le dos, . + . . + + 3 E Longueur des piquans. 4 WARNER Este 10 Le fourreau de la verge eft en cône, & a de longueur. . 1 ESS ES ER Re RE TT [1] L'adreffe de M. le Comte de Turin , eft au château de Glaye, par la Ferté- Bernard, province &1 Maine. Rien n’eft plus jufte que de concourir au but qu'il fe propofe. L'hiftoire naturelle gagnera de nouveaux faus & de bonnes obfer- Yarions, sur L'H1sT. NATURELLE ET LES ARTS, 269 AURORE BORÉALE Obfervée au Hâvre, Par M, l'Abbé DICQUEMARE, de plufieurs Sociétés & Academies Roÿales des Sciences de France, 6 des Pays étrangers. Le mercredi 25 février 1778 , le barometre étant à 27 pouces 7 lignes ; & s’élevant, le thermometre de Réaumur à un degré + de dilatation , gros vent de nord-nord-oueft, gros nuages, pluie & neiges fondues, à 10 heures 40 minutes, M. l'abbé Dicquemare a obfervé au Hâvre une très-belle aurore boréale. La couronne occupoit le figne du cancer; les lances s’y réunifloient de toutes les parties de l'horizon, excepté vers le fud-eft, mais principalement du nord-nord- eft, où étoit une grande & très-vive lumiere blanche & les plus belles lances, le tout accompagné de grandes places couleur de car- min, mais fans ordre ; il y avoit beaucoup de mouvement & de changemens, ce qui a duré jufqu’à onze heures trois quarts, que le ciel s’eft couvert de plus en plus. L’obfcurité des gros nuages relevoit encore l’éclat du phénomene , & produifoit des effets d’une grande beauté. Ce phénomene lumineux , moins rare que lapparition de la lu- miere zodiacale, a reçu fon nom de ce qu’il a coutume de paroître du côté du nord ou de la partie boréale du ciel, & que fa lumiere, lorfqw’ellle eft proche de l'horizon, reflemble quelquefois fi bien à celle du point du jour ou de l'aurore, qu’on croiroit que le foleil va fe lever en cet endroit. Ce beau phénomene peut être un eflet de la lumiere zodiacale, ou plutôt de de l’athmofphere folaire dont la pointe, ou le tranchant invifible, atteint les différentes couches de Vathmofphere terreftre, EE 270 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; OR AS ER dé A0 RO IN De M BRONGNIART, Sur effet de l’'Alcali volaril fluor contre les commotions éleétriques, 12: Ns mon Cours fur les Elémens, j'ai fait communiquer: la chaîne de métal qui fert de charge à une barre éle@rique de neuf pouces de diametre, aux pattes de derriere d’un jeune lapin. La jarre a été chargée, & quand elle la été fuffifamment , j'ai pofé fur la tête du lapin une des boules qui termine les branches de l’excitateur, & l’autre boule a été mife en contaét avec lexcitateur. À l’inftant j'ai obtenu une très-vive étincelle , & le lapin a été agité d’une terrible convulfion; 1l s’eft roulé fur la table, & eft enfin tombé fur le côté fans donner figne de vie; fa tête étoit penchée , & fon corps fans aucun mouvement. M. le marquis de Bouillon, l’un de mes auditeurs, prit l'animal, lui fit fentir de l’alcali volatil fluor , fui prodigua fes foins pendant plus d’un quart-d’heure, & fes peines furent enfin cou- ronnées du fuccès le plus décidé. L’animal ne paroît pas aujourd’hui fe reffentir aucunement de la forte commotion à laquelle il a été foumis. M. le Comte de la Cepede avoit déjà tenté cette expérience fur plu- fieurs oïfeaux ; je l’ai répétée depuis cette époque, ainfi que celle fur les lapins, & elle m’a toujours réufli. \ , OBS ER VA FT LION Sur la Pierre yulgairement appelée oculus-mundi, ou œil du monde, ou “pierre chatoyante. D ANS la féance du 28 août 1777 de l'académie de Berlin, M. Gerhard lut quelques obfervations fur cette pierre finguliere. Son caractere défigné par les anciens &c par les modernes eft d’être opaque natu- rellement & de devenir tranfparente dans l’eau, dans les acides, dans Pefprit de vin, &c. On ne connoïfloit pas encore bien de quelle fubf- tance provenoit cette pierre, lorfque M. le baron de Velihum découvrit qu'elle forme l'écorce qui environne les opales & les calcédoines d’Iflande sur L’Hi1ST. NATURELLE ET LES ARTS, 27% & de Ferroë. On la trouve également en Siléfie où elle conflitue l'écorce brunâtre & jaunâtre de la Chryfophrafe, M. Gerhard , & avant lui plufieurs naturaliftes, M. Mally à Londres, M. Vofmaer à la Haye, & fur-tout M. Van-Winperfe, a remarqué que le poids de la pierre avoit augmenté depuis un quart de grain juiqu’à trois grains, qu’elle devenoit tranfparente dans toutes les li= queurs; mais que fon plus où moins prompt changement de tranfpa rence en opgcité , dépendoit beaucoup de la liqueur où elle avoit été mile à tremper ; & quand il a mis la pierre tranfparente dans un verre avec l’hygrometre , cet inftrument a tourné. k Il réfulte des expériences de M. Gerhard, que cette Pierre eft com- pofée de deux tiers d’alun , d’un tiers de terre vitrifiable & de matiere grafle. L’efpece brune de Siléfie contient aufñ n’eft donc ni quartz ni caillou, mais une pierre gr celles qui contiennent de la terre d’alun ; d’où Pauteur avoit conclu qu'il falloit en faire plutôt une efpece d'un genre, attendu qu'il pouvoit arriver qu'on découvrit des pierres chatoyantes parmi les pierres grafles qui contiennent la manganefe du {el marin. Peu de temps après cette obfervation, il a fait la découverte d’un fragment de pierre néphrétique de Reichenftein , en Siléfie, qui préfente les mêmes phéaomenes que l’ocu/us mundi. Cette Pierre eft foiblement tranfparente, & plongée dans l'eau, elle le devient complettement. Il y a cependant, une grande différence entre ce morceau & les autres qu'on avoit auparavant examinés, il faut à celui-ci plufieurs jours avant qu'il devienne tranfparent dans l’eau. M. Gerhard, examinant cette différence, a trouvé qu’elle confifte uniquement dans une plus grande quantité de matiere grafle; car, fi l’on fait bouillir cette nou velle efpece d'oculus .mundi dans du vinaigre, & encore mieux dans la leflive cauftique, on s’appercevra , qu'après cette opération , il faut beaucoup moins de temps pour qu’elle devienne tranfparente, Cette expérience donne lieu de préfumer que toutes les pierres 'grafles dans lefquelles la matiere grafle n’eft Pas trop abondante, & qui ne font pas trop chargées de parties martiales > POurroient produire le même effet, d’autant plus qu'il eft vraifemblable que toutes les efpeces qui appartiennent à cette clafle, doivent leur origine, fur- tout à une terre glaife où marneufe, dont leur caradere principal eft de s’imbiber fortement des principes fluides, À ces “obfervations, il faut en ajouter d’autres. Le chevalier Von-Linné range l’ocu/us mundi flex, & le confond dans lefpece, dont il n’en fait qu'une variété, Si lex opalus oculus S mundi achates ungium colore in aëre Opaca , aqua pellu= ceas. Vallerius le clafle de même que le premier, Linné compte du fer; ce affe de l’ordre de dans le genre des 212 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; plufieurs variétés-de ce filex opale ; opalus albus , opalus nonii, oculus cati & oculus mundi, Si on veut avoir une idée de la valeur du fecond, dans le temps des romains, il fufñt de lire ce que Pline en dit : extat hodiè opali generis gemma , propter quam ab Antonio prof- criptus nonius Senator eff; ille profcriptus fugiens , hunc à fortunis [uis omnibus annulum abflulit fecum, quem certum eff feflertiis 20000 æfhi- matuim. Sed mira Antoni ‘feritas & luxuria propter gemmam profcriben- tis ; nec minor nonit contumacia profcriptionem fuam armantis cum etiam feræ abrofas partes corporis relinquunt | quas fe periclitari [ciant. Et M. Linné ajoute : vide Haflelquitz itin. quem nuper Lironcourt pretio 4000 imperalium expofuit pretiofiffimum. On lit dans une note qui nous a été communiquée, contenant quelques détails fur le cabinet de M. de la Poterie à Hambourg, qu'il a un æi/ du monde à facettes de 1 ? de pouces de diametre, de $ pouces de circonférence, & % de pouce d’épaiffeur : en tout pefant 92 grains. On voit dans ce même cabinet un autre æi! du monde non travaillé pefant 994 grains , ayant de longueur 23 de pouce, de largeur 1:, d’épaiffleur par un bout 15 & par l’autre bout ;. On ajoute, dans cette note, que cet æi/ du monde eft le‘plus grand & le plus beau qui ait jamais exifté dans aucun tréfor ou cabinet d’hifloire naturelle. M. Schoulz vint à Paris, au mois d'avril 1777, il en fit voir aux curieux un de trois lignes de diametre, dont il demandoit 500 guinées & ne trouva pas d'acheteurs. Au mois de novembre de la même année, M. Titius , infpe@teur du cabinet d’hiftoire natu- relle de l’éleéteur de Saxe à Drefde, vint également à Paris, & ce fut lui qui, le premier, apprit aux curieux de cette capitale , que l’æi/ du monde fe tiroit de la matiere qui fe trouve intercalée dans les couches de calcédoine de l’Ifle de Ferroë. M. le baron de Goulas, fit aufitôt fcier ces couches, & avec 60 liv. de dépenfe pour le trait de fcie, il s’en eft procuré plufeurs d'une très - belle grandeur. M. Titius en avoit un autre de la forme & de la couleur de la graine de lin; mife dans l’eau , elle devenoit d’une couleur de grenat foncé. Ces différentes couches n'ont pas toutes la même dureté ; lorfque la matiere n’a pas acquis fon point de perfeétion , elle eft alors friable comme la craie, & il convient qu’elle ait acquis la dureté convenable pour la tailler. M. de Goulas a eu la bonté de m'en donner un, avec un morceau de calcédoine garni de fa bande qui fournit l’æi/ du monde, ainfi que plufeurs petits mor- ceaux éclatés en la taillant; ces morceaux mis dans l'acide vitrio- tique y font devenus tranfparens ; mais deux jours après, toujours plongés dans cet acide , ils ont repris leur opacité & n'ont pas Le a = ‘ \ : è SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 273 la perdre , remis dans l’eau où il eft refté 24 heures, parce que plufeurs de ces éclats n’étoient pas aflez mûrs. L’œi/ du monde, au contraire , bien mûr, a acquis beaucoup plus de tranfparence den Pacide vitriolique que dans l’eau. = NOUVELLES LITTÉRAIRES. O RDONNANCE du Roi, portant infltution d'un Prix public en faveur des nouveaux Etabliffèmens de Commerce & d’Induflrie. Du 218 Décembre 1777. Le Roi , dans le compte qui lui a été rendu de fes finances , a ap- prouvé les difpofitions qui lui ont été préfentées pour aflurer des fecours pécuniaires aux nouveaux établiflemens du commerce & des manufaétures : 8 Sa Majefté défirant encore entretenir l’émula- tion par des motifs de gloire & d'honneur, a jugé à propos de fon- der un prix annuel en faveur de toutes les perfonnes qui, en frayant de nouvelles routes À l’induftrie nationale , ou en la per- feétionnant eflentiellement , auront fervi l'Etat & mérité une marque publique de l'approbation de Sa Majefté. Le prix honorable que fon amour pour les travaux utiles l’engage à inflituer , confiftera en une médaille d’or , du poids de douze onces , ayant d’un côté la tête du Roi, & de l’autre, un exergue & une légende analogues au fujet. Cette médaille fera décernée dans les premiers mois de chaque année, à commencer en mars 1778 pour l’année 1779 , & ainfi de fuite , au jugement d’une aflemblée extraordinaire , compofée du miniftre des Finances, de trois confeillers d'Etat, des intendans “du commerce , & à laquelle feront appellés les députés & inf- peéteurs - généraux du commerce. Sa Majeflé veut , que les in- tendans du commerce rendent compte à cette aflemblée de tous les nouveaux établiflemens, dont on aura eu connoiffance dans le cours de l’année, & qu'ils ne négligent rien pour l’acquérir foit par leur correfpondance avec tous les infpeéteurs du royaume , foit par les avis qui leur feront donnés par les commiffaires du roi départis dans les Provinces. . Sa Majefté veut, que le prix ne puifle jamais être adjugé aux auteurs de fimples Mémoires; mais feulement aux perfonnes dont les idées utiles auront été mifes en exécution. Le roi permet que la perfonne qui aura obtenu ce prix , lui foit préfentée par le miniftre de fes finances , fe réfervant encore d'ajouter à cet honneur de noti- Tome XI, Part, I. MARS 1773. M m 274 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; velles graces, felon le mérite &c l'importance de la découverte qui aurà été couronnée ; elle approuve même que lafflemblée nommée pour juge, puifle demander la permiflion de décerner un fecond prix, s’il arrivoit que deux citoyens euflent des droïts à peu près Égaux à cette marque de diftinétion. Enfin, l'intention du roi eft que ces médailles deviennent dans les familles une preuve fubfiftante d’un fervice rendu à l'Etat & un titre à la proteétion particulwre de Sa Majeñté. : Si une pareille ordonnance avoit été rendue dans Îes premiers jours où la France commença réellement à devenir commerçante , fes arts utiles auroient furement fait des progrès plus rapides. Ce fut, fans doute , le défaut d’encouragement én France où les tra- cafferies que l'inventeur du métier à bas éprouva , qui l’engagerent à porter fa découverte en “Angleterre ; elle y fut admirée , reçue avec ap plaudiffement l'artifte magnifiquement récompenté, & il fut défendu de laïfler les nouveaux metiers fortir de l'Angleterre. Jean Hindred ou Hindret , après en avoir bien étudié le mécanifme à Londres, vint en France en conftruire un d'imagination & de mémoire. Co/bere l'accueillit & le plaça, en 1656, à la tête d'une manufaéture de bas dans le Château de Madrid au Bois de Boulogne. En 161$, Nicolas Briot préfenta à la Monnoie de Paris le mou- lin ou laminoir , le coupoir & le balancier. La cabale des envieux & fur-tout celle des monnoyeurs, fit rejetter ces offres. L’artifle rebuté paffa en Angleterre , où on adopta aufli-tôt ces machines aufli fimples qu'utiles. Il fallut , en 164$ , tout le crédit du chancelier Séguier pour les faire admettre. Que de faits (emblables ne pourrois-je pas encore citer ! La nouvelle ordonnance préviendra furement de pareils découragemens pour les artiftes. Plan provifionnel d'Etudes ou Inftruëlions pour les Profeffeurs des Claffes refpeëtives dans les Penfionnats, Colleges ou Ecoles publiques aux Pays- Bas , in-4°. de 26 pages. A Bruxelles. On fent donc enfin la nécefité de donner une nouvelle. forme aux études , & de ne plus faire perdre 8 ou 9 années aux Jeunes - sens. pour étudier uniquement une langue morte? La langue Fla- mande , la Françoife , la Latine & la Grecque, marcheront de front dans les nouveaux Colleges ; l'Hiftoire , la Géographie & les premieres parties des. Mathématiques, feront conftamment mifes fous les yeux des éleves , & proportionnées à leur âge & au développement de leur, efprit, Voilà déjà 1s1 grand- pas , & fur-tout dans la maniere d'enfeigner les langues, propofée dans ce plan: Comme il n’eft en- core que provifionnel , me. feroit-il permis de propofer. mes idées À Elles paroitront fingulieres à quelques-uns; mais J’ofe leur aflurer que je parle d’après l'expérience, couronnée du fucces le plus com- DS SUMRNIT IST NATURELLE ET. LES . ARTS (27 plet. Comme les études doivent influer fur toutes les entreprifes de la vie ,il faut donc qu'un enfant connoiffe les objets de néceffité premiere dans la fociété , & ceux qui font fimplement des ornemens pour l’efprit. Ce dernier article eft le feul dont on fe foit occupe jufqu’à ce jour. Il eft bien démontré qu’un enfant, fortant du College à l’âge de quinze à feize ans, ne peut être parfait dans aucune fcience ; il faut donc lui préfenter toutes celles qui font à fa portée, pour qu'il apprenne les principes de chacune,. parce que toutes les fciences fe tiennent par la main. Cet enfemble laidera beaucoup mieux à difcerner fa propenfon , & à mieux choïfir la partie pour laquelle il a le plus de difpoñition. Les enfans aiment à tout voir , à tou- cher tout ; il convient donc de profiter de ces difpofitions naturelles pour leur préfenter, de la maniere la plus immédiate, les fciences qui parlent à leurs fens , en les proportionnant à leur âge ; telles font les fciences où la mémoire eft, pour ainfi dire ; plus nécefaire que le jugement. Enfin, ils doivent paffer fucceflivement , & par une progreflion & un enchaïnement foutenus , des fciences les plus fim- ples , aux fciences plus compliquées. D’après ces principes incontef- tables, qui eft-ce qui empêcheroit que dans les principaux Colleges des Pays-Bas & dans les grandes villes , on introduisit l'étude de l'hiftoire naturelle , & fon application à leurs befoins & aux arts ? Voici comment j'en conçois la marche. En Sixieme, on démontreroit les parties extérieures & intérieures des plantes, & leurs ufages indiqués par la nature pour la confer- vation de la plante. Dans la Cinquieme, les fyftèmes de Botanique avec leurs démonftrations faites dans un petit jardin de plantes , où on ne cultiveroit que celles qui ferviroient à caraëtérifer les claffes & les fe&tions. Dans la Quatrieme, la defcription du regne animal par les gravures, fi on ne peut avoir la réalité , mais en adoptant un ordre quelconque. En Troiffeme , la defcription du regne minéral, démontré fur les échantillons naturels mis fous les yeux. En Seconde , l’expofition des fyfêmes fur la formation du globe célefte & ter- reftre, & la démonftration de toute l'Hiftoire naturelle par la Chy- mie, en lappliquant aux Arts & Métiers. Comme les enfans con- noiïflent les individus par leurs formes extérieures , il ne leur manque plus que de les connoître intérieurement par leurs parties conftitu- tives , fans quoi l'étude préliminaire ne porteroit pas fur une bafe aflez fixe. Enfin , en Rhérorique, on reprendroit la mafle des con- noiffances déjà acquifes , pour démontrer les principes de ja végé- tation , la flatique des végétaux, & les principes d'agriculture. Il ne faut que de bons Maîtres pour que ces connoïflances deviennent l’apanagé des enfans. Il n’y aucune de ces parties indiquées qu'ils n'aiment infiniment mieux apprendre que les regles de la Grammaire, Mm :ij 276 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, puifque tout parle aux yeux. On fent bien qu’il ne s’agit pas ici d’une chymie recherchée , d’une agriculture très-approfondie , mais qu'il faut leur donner des principes généraux & aflez clairs pour, qu'une fois livrés à eux-mêmes , ils confervent des idées nettes pour le refte de leur vie; & que s'ils veulent fuivre la carriere de ces fciences , ils n’aient plus befoin de fecours étrangers. O utinam ! Mémoires de l'Académie Impériale & Royale des Sciences & Belles= Lettres de Bruxelles, tome prenuer , 27-4°. 1775. À Bruxelles, chez Boubers. Un feul coup-d’œil fur les titres des Mémoires qui compo- fent ce volume, en fera connoitre le mérite. Nous ne parlerons que de ceux qui ont rapport aux parties de ce Journal; la littérature, les antiquités, ne font pas de notre compétence. . . .. Obfervations aftronomiques, faites dans les Pays-Bas Autrichiens en 1772 & 1773.» par M. Pigorr, . ... Mémoire fur les proportions des tonneaux , & fur une jauge univerfelle , par M. l'Abbé Marcy.... Mémoire ‘fur la vigogre & l’amélioration des laines, par M. l'abbé de Nélis. ... Mémoire fur l’ancien état de la Flandre maritime , fes changemens fucceffifs, & les caufes qui les ont produits, par Dom Mann.....…. Remarques fur la carte hydrographique du nord-oueit de PEurope..… Remarques fur le profil des élévations des marées fur les côtes de Flandres. .... Recueil de quelques obfervations phyfiques , faites prin- cipalement dans la Province de Luxembourgen 1772, par M. Nécdham.... Mémoire fur léleétricité , relativement à fa qualité de fluide mo- teur dans les végétaux & dans le corps humain ; par M. l’abbé de Witry. .…. . Mémoire fur l’hiftoire naturelle d’une partie du pays Bel- gique, par M. Robert de Limbourg. .... Supplément à ce Mémoire , dans lequel il s’agit de Ja forme extérieure de la terre, par /e méme. . Mémoire fur une maladie produite par les moules venimeufes , par M. de Beunie. . ... Hiftoire naturelle del’étoile marine & des moules, & defcription de la maladie caufée par les moules venimeufes , avec {es fignes diagnoftics | par Æ méme.... Mémoire fur les eaux mi- nérales du Sauchoir, par M. l'Abbé de Wirry. .... Explication de la caufe des vuides qui fe trouvent fous les glaçons des chemins ra- boteux, par M. Godard... + Mémoire fur les moyens de parvenir à une théorie complette des météores , par Dom Man... ..Mé- moire fur la congélation de l’eau de la mer, déduit d’une fuite d'expériences faites fur ce fujet , par Æ méme. ..... Méthode conte- nant la formation d’un formule générale pour lintégration , par M. Bournons. .... Mémoire fur la nature du fel commun, dont les anciens Belges & Germains fañfoient ufage, par M. du Rondeau..... Mémoire pour fervir à l’hiftoire naturelle des fofliles du Pays-Bas, par M. de Limbourg... ... Obfervations météorologiques faites à Bru- xelles & dans quelques autres villes des Pays-Bas, &c. g sur L'H1ST. NATURELLEET LES ARTS, 277 L'Académie des Sciences, Arts & Belles-Lettres de Dijon , pro- pofe pour fujet du prix qu’elle diftribuera en 1779, les queftions fuivantes : Déterminer ce que c’eff qu'un fpécifique , & les qualités que doit avoir un remede de ce genre; indiquer ceux que PL expérience a fair connoître ; expliquer leur maniere d'agir ; expofer la méthode à Juivre dans leur ufage ; enfin , défigner Les maladies contre lefquelles on défire encore des Jpécifiques. Les Ouvrages feront adreflés, avec les formalités con- nues , à M. Mare, Doëteur en médecine & Secrétaire perpétuel , avant le premier Avril 1779. IT. Déterminer l'aëlion des acides fur les huiles, le méchanifme de leur combinaifon, € la nature des diffèrens compofes favonneux qui en réfultenr. Cette queftion avoit déjà été propofée en 1777. Le prix fera décerné en 1779. Si tous les Ouvrages qui feront envoyés au concours ne rempliflent pas également bien toutes les parties de ce problème " lacadémie décernera la couronne au Mémoire qui aura le mieux traité une des principales. IL. Pour le prix extraordinaire de 1780 : Que lon détermine La Aature du charbon malin, connu en Bourgogne & dans quelques Provin- ces voifines , fous le nom de Puftule maligne ; g2on en défigne Les caufes, 6 quon établiffe, fur l'obfervation, la méthode La plus Jüre à fuivre dans le traitement de cette maladie. IV. Prix extraordinaire de 17871 : Dérerminer Les plantes vénéneufes 6 les inutiles qui inféent fouvent Les prairies de Bourgoune | & dimi- nuent leur fertilité ; & indiquer Les moyens les plus avantageux d'en Jubfliner de Jalubres & d’utilss | maniere que le betail Y trouve une nourriture faine & abondante. Les Mémoires feront remis avant le premier janvier de chacune de ces années. La Société pour l’encouragement des arts établ pofe pour fujets de Prix, les queftions fuivantes niere de perfeélionner Le laiton, 6 de remplacer celui le nom de cuivre jaune de chaudiere, Elle prie ceux de cette quefiion, de fe procurer une connoïffance e laiton de chaudiere, qui doit être toujours l’objet de comparaifon , & de confulter des Horlogers inftruits & jaloux de Ja perfeétion des matieres qu'ils employent. Elle les prévient encore qu'il eft néceflaire d’ufer de quelque moyen pour affiner le grain après la premiere fu- fion , & pour rompre la criftallifation produite par le refroidMflement , afin de pouvoir employer ce métal aux pieces les plus délicates de Horlogerie , fans courir le rifque de les rompre. La Société exige encore qu'on lui préfente deux bandes de laiton, dont chacune ait 6 pouces de longueur , & 3 lignes d’épaifleur au moins, pliflent les conditions fuivantes : favoir , que les parties de foient homogenes & bien liées, , ie à Geneve , pro- : . Quelle ef? La ma- qui eff connu fous qui s’occuperont xaéte du meilleur qui rem- ce métal +. que forgé à froid pendant long- 278 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, temps, avec les foins requis, il acquiere le plus de dureté & d’éla- ticité poffibles, fans fendre ni s’écailler ; . .. qu'il préfente à la caflure des grains fins, égaux & d’une belle couleur jaune; ...que dans les. épreuves qu'en feront les artiftes, il puifle fe divifer en petites par- ties fans qu’elles fe détachent.... & qu’enfin il foutienne laétion du mercure au doragè , fans fe tourmenter ni fe défunir. L’artifte expofera fes procédés dans un Mémoire, en défignant lefpece dé cuivre rouge dont il s’eft fervi. Le prix eft d'une Médaille d’or de 25 louis. IL. Donner les moyens Les plus expéditifs & les moins difpendieux pour adoucir l'or allié fur le rouge | au titre de 18 Karats € au-deffus. En fuppofant que l’or employé dans les atteliers , fe trouvera aigre par un mélange de plomb , d’étain , de zinc, ou d’autres corps étran- gers , il faudroit indiquer les fignes auxquels on peut reconnoître quelle eft celle de ces®matieres qui altere la duétilté de l'or , &c quels font les différens corps qu'il faudroit appliquer à l'or en fu- fion , pour détruire ou abforber ces différens principes qui le rendent aigre. ..,. Quant au fer, comme il met un obftacle à Tléc'at des émaux tranfparens qu’on applique fur lor , fans diminuer beaucoup fa malléabilité, on voudroit connoître les moyens de féparer fe fer de ce métal quand il a été introduit par le cuivre: dans Palliage.... On fouhaiteroit favoir encore comment on pourroit dépouiller l'or des fels avec lefquels on l'a fondu: s'il eft vrai, comme difent les artifes , que ces fels ne peuvent être unis à l'or fans nuire à plu- fieurs ouvrages , & particuliérement aux émaux tranfparens, en di- verfes couleurs. ..... Enfin, la Société défiteroit que tous les procé- dés altéraflent le moins poffible l'alliage qu’on eft obligé de donner à l’or, & qu'ils fuffent décrits de la maniere la plus détailllée. Le prix eft d’une Médaille d’or dé 10 louis. III. On propole un prix de 24 louis, ou une médaille d'argent avec le furplus en efpeces , au choix de l’auteur ou de l’artifte qui produira le meilleur Mémoire ou le meilleur inflrument tendant à la per- feilion de quelqu'un des afts qui s'exercent dans Geneve, comme l’Hor- logerie , la Bijouterie, la Teinturé, l'Archiceüture - pratique , la Tannerie ; Les arts relatifs au Drffèin, &c. Les Mémoires & Réponfes à ces trois queftions, feront adreflés , franc de port, à M. de Sauffure , pro- fefleur de philofophie , & préfident du comité. Le terme final pour la réception des Mémoires , fera le premier novembre 1778. Les prix feront diftribués dans la Séance du 24 avril 1779. Prix extraordinaire propofeé par l Académie Royale des Sciences , pour Pannée 1779. L'Académie avoit accordé le titre de fon Ingénieur en Inftrumens de Mathématique À feu M: lAnglois , comme au pre- mier artifle du royaume en ce genre; elle l’avoit accorde de mème 2 . sur L’H1SsT. NATURELLE ET LES ARTS. 2 à M. Canivet , fon neveu, qu’elle avoit regardé comme l’hréitier des talens de fon oncle. æ * A la mort de ce derniér, plufñeurs aftiftes fe font empreffés de demander ce titre yacant ; mais l'Académie a cru devoir em faire Vobjet d’un concours, & le réferver à celui des artifles nationaux & regnicoles qui lui préfenteroit le meilleur Quars-de-cercle de rrois pieds de rayon , garni de toutes. les pieces qui peuvent fèrvir à le rendre d'ün ufage sûr & commode, & accompagné d'un Mémoire contenant le déiail des moyens qui auront été employés pour le confhruire. Le jugement de l’Académie devoit être proclamé à l’affemblée publique de la Saint-Martin 1777 , mais aucun des inftrumens préfentés n'ayant rempli les conditions du concours, lacadémie a cru devoir re- mettre le prix, & ouvrir un nouveau concours, aux mêmes con- ditions. Pour donner plus dé temps aux artiftes, les ouvrages feront reçus jufqu'au premier mai 1779 inclufivement ; mais le concours fera ouvert, & les piecés préfentées feront examinées depuis la publica- tion de ce programme jufqu’audit terme. Les ouvrages qui viendront après ne feront pas admis au concours. Les Inftrumens & les Mémoires feront admis entre les mains du Secrétaire de l’Académie, qui, après en avoir enregiftré la préfenta- tion , en donnera un récépiflé, & chargera de les remettre aux commiffaires nommés par l’Académie. Ils feront rendus aux auteurs , après le jugement du prix. i L'Académie, à fon afflemblée publique de la Saint-Martin 1779, proclamera, dans la forme ufitée , celui auquel elle adjugera le titre de fon Ingénieur en Inftrumens de Mathématique , & un prix de 2400 livres , deftiné à le dédommager de fes avances. Nouveau Prix de Phyfique propofé par l’Académie Royale des Sciences. L'Académie , toujours empreflée de concourir aux progrès des Scien- ces , & fe trouvant à portée de difpofer d’un fonds propre à donner un prix tous les deuxans, a réfolu de joindre un prix de Phyfique aux prix de Mathématiques & de Phyfco-Mathématique qu’elle eft dans l’ufage de propofer annuellement ; elle fe hâte d'annoncer, en conféquence , qu’elle propofesgpour. le premier prix de ce genre, le fujet fuivant : L'expreffion du Mine des vaifleaux lymphatiques. Quoi- que ce genre de vaifleaux ait été découvert depuis plus d’un fiecle , on ma pas encore approfondi tout ce qui peut les faire connoître, en a-t-il de plufieurs efpeces , comme on l'avoit d'abord avancé ? Quelle en ef? l'origine 6 la terminaifon ? Toutes les parties du corps en [ont-elles pourvues ? Comment ces vaifleaux fe comportent-ils. dans les glandes con- ) Re : globées ? Enfin, quelle eff la route que fuiyent ceux de leurs troncs qui peuvent être rendus fenfibles ? 15 280 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Voilà les principaux points fur lefquels l’Académie attend des éclairciffemens. Elle déclare qu’elle ne veut & n’adoptera que des faits. L’Anatomie comparée pourra venir aüfecours de l’Anatomie humaine ; mais il faudra fur-tout s’attacher à celle-ci, confidérée dans l’état de fanté, & non dans celui de maladieÿ parce que, dans cette derniere circonftance , l’organifation des parties n’eft pas tou- jours exaftement celle de la nature. Pour donner aux favans le temps de faire des recherches convena- bles à l'importance & à la difficulté de ce fujet , l’Académie ne pro- clamera le Prix qu’à fa féance publique de la Saint-Martin 1779 , mais les Mémoires lui feront remis avant le premier Juillet de la même année. Comme elle fe propofe de vérifier les obfervations qui paroîtront neuves , elle exige des auteurs qu'ils rendent compte des procédés qu'ils auront fuivis, des inftrumens qu'ils auront employés , & des fubftances dont ils auront fait ufage en injeétion. L'Académie défire aufñ qu'ils joignent à leurs Mémoires des deflins, ou. tout au moins des efquifles , lorfqu'ils le jugeront néceffaire. Le prix fera de 1500 livres. Les favans, de toutes les nations , font invités à travailler fur ce fujet , même les aflociés étrangers de l’Académie; elle s’eft fait une loi d’en exclure les académiciens regnicoles. Les Mémoires feront écrits en latin ou en françois. On prie les au- teurs de faire en forte que leurs écrits foient lifibles. Ils ne mettront point leurs noms à leurs ouvrages, mais feule- ment une fentence ou devife. Ils pourront , s'ils veulent, y atta- cher un billet cacheté qui contiendra, avec la même fentence, leurs noms, leurs qualités & leur demeure ou leur adreffe. Ce billetne fera ouvert par l’Académie , qu’au cas que la piece ait remporté le prix. Ceux qui travailleront pour le prix, adrefleront leurs ouvrages , francs de port, au Secrétaire de l’Académie , ou les lui feront re- mettre entre les mains. Dans ce fecond cas, le Secrétaire en donnera fon récépiffé à celui qui les lui aura remis , dans lequel fera marquée la fentence de l'ouvrage & fon numéro , felon l'ordi ou le temps dans lequel il aura été reçu. L'Académie proclamera la piece , qui aura mérité le prix , à fon affemblée publique d’après la Saint-Magtin 17709. S'il y a un récépiffé du Secrétaire pour la piece qui aura remporté le prix , le Tréforier de l’Académie délivrera la fomme du prix à celui qui lui rapportera le récépifié : il n’y aura à cela nulle autre for- malité. S'iln’y a pas de récépiflé du Secrétaire , le Tréforier ne délivrera le prix qu'à l’auteur même , qui fe fera connoïître , ou au porteur d’une procuration de fa part, Prix s SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 281 Prix extraordinaire, propofe par l'Académie Royale des Sciences, our l’année 1782. L’académie , en annonçant pour la féance pu- ue de Pâques 1778 , la proclamation d'un prix extraordinaire fur le falpêtre, & en exigeant que les Mémoires lui fuffent adrefés avant le premier avril 1777 , n’avoit confulté que fon empreffement aux vues bienfaifantes du roi, & au défir qu'il a de délivrer, le plutôt poflble, fes fujets, de la gêne de la fouille , que les falpé- triers font autorifés à faire chez les particuliers, & des abus auxquels elle peut donner lieu. L'examen des Mémoires qui ont été adreflés à l'académie, n’a pas tarde à lui faire appercevoir, que le délai accordé aux concur- rens toit beaucoup trop court, relativement à l'importance de l'objet , & à la nature des expériences qu’il exige : il eft arrivé delà, que dans le ‘grand nombre de Mémoires qui ont été admis au concours , quoiqu'il s’en foit trouvé plufeurs qui paroiflent avoir été rédigés par de très - habiles chymiftes, il ny en a aucun, ce- pendant, qui contienne rien d’afñlez neuf, qui préfente des expé- riences aflez décifives & aflez complettes, enfin, qui renferme des applications aflez heureufes à la pratique, pour avoir des droits au prix. Dans ces circonftances, lacadémie fe voit forcée de différer la pro- clamation du prix, elle croit devoir en reculer l’époque affez loin, pour n'être plus dans le cas d'accorder de nouveaux délais. Il auroit été À defirer, fans doute , qu’en faifant cette annonce au public, il lui eût été poffible d’aider les concurrens des connoiffances acquifes depuis la publication de fon programme, en 1775; mais, comme la plus grande partie des notions qu’elle pourroit donner à cet égard, ne pourroient qu'être puifées dans les Mémoires mêmes admis au concours , ou , au moins, qu’elles pourroient manquer d’avoir des relations très - prochaines avec les expériences contenues dans ces Mémoires, elle a refpeété le droit de propriété des auteurs, & elle s'impofe, en conféquence, le filence le plus abfolu, fur ce fujet, jufqu’après la proclamation du prix. L’académie fe borne donc à annoncer, pour le préfent , que le prix qui devoit être proclamé à la féance publique de Pâques 1778, fera différé jufqu’à celle de la Saint-Martin 1782; & elle propofe de nouveau , pour cette époque, De crowver Les moyens les plus propres , & les plus économiques, de procurer en France une produëlion 6 une récolte de falpétre, plus abondantes que celles qu’on obtient préfentement, & Jur-tout qui puiffènt difpenfer des recherches que Les falpétrièrs font autorifes à faire dans les maifons d:s particuliers. L’académie prévient de nouveau, qu’elle fe propofe, conformé- ment aux intentions du foi, de répéter généralement toutes les Tome XI, Part, I. MARS 1778. Nn 292 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; expériences qui feront indiquées par les concurrens : elle exige donc” de ceux qui lui enverront des Mémoires , de décrire leurs procédés avec affez de clarté & de précifion, pour qu’elle puiffe les vérifier fans aucune incertitude; elle déclare aufli, que le prix fera adjugé à celui qui aura indiqué le procédé le plus avantageux pour la promp- titude, l’économie & l'abondance du produit , indépendamment de toute autre confidération ; & que, quand même ce procédé ne ré- fulteroit que d’une application heureufe des obfervations & des pra- tiques déjà connues , 1l fera préféré aux plus belles découvertes, dont on ne pourroit tirer la même utilité. Le roi, fur les repréfentations qui lui ont été faites par l’acadé- mie, a bien voulu doubler le prix ; ainfi, il fera de ait mille livres, au lieu de quatre; & la fomme à répartir en Aeceffie, fera de quarre mille livres, au lieu de deux. Cette derniere fomme fera diftribuée en un ou plufieurs Acceffit, fuivant le nombre des Mémoires qui paroïtront avoir droit à des récompenfes, & fuivant l’objet des dé- pentes utiles qui auront été faites par les concurrens relativement au prix. Comme la vérification que l’académie doit faire, de toutes les expériences indiquées par les concurrens, exigera néceflairement un temps aflez confidérable , les Mémoires ne feront admis pour le con- cours, que jufqu'au premier janvier 1781; mais l’académie recevra, juiqu’au premier avril 1782, les fupplémens & éclairciflemens que voudront envoyer les auteurs des Mémoires qui lui feront parvenus. dans le temps prefcrit; avec cette condition, cependant , que toutes. les expériences, comprifes dans ces fupplémens, feront regardées comme non avenues, fi elles font de nature à ne pouvoir être répétées. avant l’epoque fixée pour la proclamation du prix, c’eft-à-dire, avant la féance publique de la Saint-Martin 1782. Les favans & les artiftes de toutes les nations, & même les aflociés étrangers de l’academie, font invités à concourir ; les feuls académi- ciens regnicoles en font exclus. Les Mémoires feront écrits lifiblement, en françois ou en latin. Les auteurs ne mettront point leur nom à leurs ouvrages, mais feulement une fentence, ou devife; ils pourront, s'ils le veulent . attacher à leur Mémoire un billet fépaté, & cacheté par eux, qui contiendra , avec la même fentence , ou devife, leurs noms, leurs qualités , & leur adrefle : ce billet ne fera ouvert, fans le confente- ment de l’auteur, qu’au cas que la piece ait remporté le prix, ou un Acceffir. Les Ouvrages deftinés peur le concours , feront adreffés, à Paris au fecrétaire perpétuel de l'académie; &, fi c’eft par la pofte, avec une double enveloppe à l’adrefle de M. ÆAmelor, fecrétaire d'état, SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 283 ayant le département de l’académie : dans le cas où les auteurs préféreroient de faire remettre direétement leur Ouvrage entre les mains du fecrétaire perpétuel de l'académie, il en donnera fon récé- pifié où feront marqués la fentence de l'Ouvrage & fon numéro, felon l'ordre, ou le temps, dans lequel il aura été reçu. S'il y a un récépiflé du fecrétaire, pour la piece qui aura remporté le prix , le tréforier de l’académie déliyrera la fomme du prix à celui qui lui rapportera ce récépiffé, fans aucune autre formalité. S'il ny pas de récépiflé du fecrétaire , le tréforier ne délivrera le prix qu’à l’auteur même, qui fe fera connoitre, ou au porteur d’une procuration de fa part. . L’académie, en terminant ce programme , croit devoir indiquer au public quelques obfervations nouvelles & peu connues fur Pexif- tence du falpètre naturelen France. M. Peronnet , ingénieur des ponts & chauflées, préfenta en 1767, dans une de fes féances, deux échantillons d’une pierre calcaire- poreufe, provenant de la carriere d’Augne en Touraine ; ces pierres, confervées dans un tiroir, s'étoient naturellement couvertes de falpêtre en efflorefcence; & M. Cadet, qui en a fait l’examen par ordre de lacadémie, a reconnu qu’indépendamment de la petite portion de falpêtre à bafe d’alcali fixe-végétal qu’elles contenoient, on ÿ trouvoit encore, par la lixi- viation, & par l’évaporation, du nitre à’ bafe de terre calcaire, & du nitre à bafe de terre du fel de Sedlitz ou d’Epfom. Depuis cette époque, M. le duc de La Rochefoucault a fait une autre découverte importante, plus décifive que celle de M. Peronner, fur l’exiftence du falpêtre naturel, & qui a été annoncée depuis plus d’un an, par M. Bucquer, dans fes leçons de chymie publiques & particulieres : il réfulte des :obférvations de M. le duc de Za Rochefoucault, & de celles qui ont été faites, d’après fes indications , par MM. CTouer & Lavoifier, régifleurs des poudres & falpêtres , 1°. que les mon- tagnes de craie, des environs de la Roche-Guyon , Mouffeau, &c. contiennent fouvent une quantité notable de falpêtre, dans le voifi- nage des furfaces expofées à l'air; 2°. qu'il ne paroït pas en exifter, du moins en quantité fenfible, dans les parties de la montagne, qui font abfolument intérieures, & qui n’ont pôint de communication avec l'air ; 3°. que ce falpêtre eft à bafe calcaire, dans tous les lieux éloignés des habitations ; tandis qu’il &ft à bafe d’alcali végétal ; & fe montre, fous forme de petits criftaux, à la furface de la craie, dans le voifinage des lieux habités. MM. Clouer & Lavoifier ont conftaté l'exiftence de femblables montagnes dans différentes parties de la France, notamment aux environs de Dreux, en Normandie, à Saint-Avertin, près Tours, & dans plufeurs endroits d’un côteau fort étendu qui regne depuis Nn ji \ 284 OBSERVATIONS SUR LEA PMYSIQUE; Tours jufqu'à Saumur, &c. Une pierre tendre & poreufe , une expoñtion favorable, des rochers difpofés en faillie qui forment un abri contre les injures de l’air, font les circonftances les plus avanta- geufes à la formation de ce falpêtre; & il n’eft pas rare, lorfqu'on réunit toutes ces circonftances , & fur-tout, dans le voifinage des ha- bitations creufées dans la craie ou dans le roc, de trouver des terres qui, traitées avec de l’alcali fixe en quantité fuffifante, donnent jufqu'à trois livres de falpêtre par quintal. Ces nitrieres naturelles ont échappé, jufqu’à ce jour, aux recherches des falpêtriers , par la raifon que le falpêtre y eft prefque toujours à bafe terreufe , qu’il faut le traiter avec de l’alcali pour le transformer en vrai falpêtre, que les falpêtriers en ignorent la méthode , & qu’ils croient mieux trouver leur compte à traiter celui qui fe forme dans les endroits habités, & quieft naturellement, au moins, pour une portion aflez confiderable , à bafe d’alcali fixe. On fent aflez de quelle importance cet objet peut être pour les concurrens : en effet, il eft probable, d’après les relations des voyageurs, que le falpêtre , qui vient en fi grande abondance de l'Inde; fe forme naturelle- ment dans les terres : il feroit donc poffible que la France renfermât les mêmes richeffes dans fon fein. M. le duc de La Rochefoucault a encore conftaté, que Îes éraies des environs de la Roche-Guyon, quelque dépouillées qu’elles aient été par le lavage, du falpêtre qu’elles contenoient, étoient fufceptibles. de fe falpêtrer de nouveau d’elles-mêmes, fans addition, & par la fimple expofition à l'air, dans un lieu abrité. £ À L’académie , en annonçant ces découvertes aux concurrens, invite: M. le duc de La Rochefoucaulr, MM. Clouer & Lavoifier, à publier inceflamment le travail qu'ils ont annoncé fur cet objet : elle renvoie pour le furplus, à. fon programme de 177$ (1), & aux différens. ouvrages qui ont été publiés depuis fur cet objet. PRIX propofé par la Societé libre d’émulation, pour la meilleure Serrure: de combinaifons. La fociété libre d’émulation avoit au mois de mars 1777, pro- pofé pour fujet d’un prix qui devoit être délivré. en décembre de la la même année, La meilleure conffruélion d'une ferrure de combinaifons , à Pauteur de laquelle elle avoit deftiné une fomme de 500 liv., dont fafoit partie celle de 250 liv. , adjugée à M. de Montmorillon grand- L s [11 Voyez le Tome VI du Journal de Phyfique, année 1775 ; page 339e ir \1: 48 111 F ve sur L'HisT. NATURELLE ET LES ARTS: 218$ cuftode & comte de Lyon, pour une voiture de fon invention , qu'il avoit envoyée au concours, fomme: que MM. fes héritiers avoient remife à la fociété. Le peu de durée du concours ; formé dès le premier oëtobre, n'ayant point permis aux artiftes d'amener leurs inventions à leur plus grande perfe&tion , & le nombre des pieces envoyées étant très-petit, la fociété n’a point cru devoir adjuger la fomme de 500: liv. à titre de prix; mais pour reconnoître ce qu’elle a trouvé de louable dans deux des ferrures envoyées au concours, elle a adjugé à titre d’er- couragement , la fomme de 300 liv., à la ferrure N°. premier, fous la devife : dulce efl aurum tuta recondere in arca , dont l’auteur eft M. Reignier | arquebufier à Sémur en Auxois ,; & celle de 200 livres à la ferrure N°. 2, fous la devife : manus habent & non pal- pabunt, dont l’auteur eft M. l'abbé Boiffier, prieur des céleitins de Sens. C La fociété convaincue de plus en plus de fa grande utilité des fer- rures de combinaifon , lorfque, réduites à la plus grande fimplicité, elles feront exécutables à peu de frais, efpere qu'en indiquant un nouveau Concours de plus longue durée, les artiftes en grand nombre s’exerceront fur cette queftion importante, en méditant particu- Lérement fur la propriété effentielle de pouvoir être difpofées in« différemment felontoutes leurs combinaifons, fans être démontées & par dehors. Pour fixer avec précifion le véritable objet de fa demande, la fociété croit devoir divifer en trois clafles toutes les ferrures ufitées' ou connues, Les ferrures qu’on peut ouvrir avec un crochet , roffignol, faufles clefs, & autres moyens violens ou illicites. Dans cette clafle, font toutes les ferrures communes, dont la plupart ne procurent gueres plus de sûreté que ne le font les crochets ou loquets. La feconde clafle eft celle des {errures dites de séreré, à fecrets ; à garnitures dormantes, ou fucceflives, à une ou plufeurs entrées à clefs forées ou non forées, cannelées, avec broches fixes ou mo- biles; celles dites de chef-d'œuvre; toutes celles enfin dont le ca- raëtere propre eft de ne pouvoir être forcées par crochets, faufles: clefs, &c. Les ftatuts des ferruriers, en exigeant des chefs- d'œuvres, ont fait imaginer un aflez grand nombre de ferrures de cette efpece , auffi ingénieufes que difficiles à exécuter; mais elles ont toutes le défaut d’être très-chères , très-fujeites à dérangement , & de cefler 286 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; : d’être un fecret lorfque la clef eft égarée, 8 que l’ouvrier qni a fait la {errure, ou celui qui la répare, manque de fidélité, - La fociété exclut du concours toutes ferrures qui tiendroient à l’une de ces deux clafles ; elle exige que les artiftes fe conforment uni- quement dans la troifieme claffe de ferrures dites de combinaifons, & dont il exifte entr’autres un projet dans le Journal économique , mois de novembre & décembre 1764: Le caraétere des ferrures de combinaïfons eft de pouvoir être fermées d’un très-grand nombre de manieres , au choix du propriétaire, par des combinaïfons prefqu’infinies, en forte que tout autre que lui, même avec la clef( fil y en a) nella puifle ouvrir, s'il ne fait {elon quelle combinaifon elle aura été fermée. Tels font les avantages que l’auteur anonyme de la ferrure de combinaifons , indiquée dans le fufdit Journal , attribue à fa conftruétion ; mais les inconvéniens multipliés qui fe préfentent dans l’ufage de cette ierrure , & de toutes les autres opofées depuis, joints au peu de publicité qu’elles de même efpece, pr P ont eue , ont fans doute empêché d’adopter des inventions fi utiles dans la fpéculation. C'eft à une application plus heureufe de ce principe des combi+ naïfons , que la fociété invite les artiftes à fe livrer, Les lettres & Mes chiffres leur préfentent des bafes de combinaifons immenfes, par l’une defquelles feulement, ou par plufeurs, le propriétaire ayant fermé la ferrure, il feroit moralement impoflible de deviner fon fecret. Quelle que foit la forme ou la difpofition des parties des ferrures qui feront envoyées au cor côurs, l’exécution de toutes les combinaifons dont elles feront fufceptibles paroït exiger : 1°, Que des pieces mobiles marquées de chiffres ou de lettres ; fervent à établir tels nombres ou tels mots à volonté. 29, Que les. pênes puiflent être fixés folidement, lors de la pré- fence du nombre ou du mot adopté. 3°. Qu'après avoir arrêté les pênes, on puifle, fans les déranger, troubler l'ordre des chiffres ou lettres, afin qu'il ne refte aucune trace des nombres ou des mots qui auront fervi à fermer. 4°. Que pour ouvrir on puifle facilement rappeler les pieces felon l’ordre des chiffres ou des lettres, établi lors de la fermeture. 5°. Que quelque confufion qui ait été produite, foit par des mal- intentionnés, foit par la recherche du mot ou du nombre qu’on auroit oublié , il foit toujours poffble de rétablir l'ordre lorfqu'on fe rap- pellera Ja combinaifon choifie, ” «O8 DATE PPT ORELRS 50 , +4 | ge. LA - sur L'HIST. NATURELLE ET LES ARts: 9:83 6°. Quel que foit le nombre, l’ordre & la forme des parties, il eft indifpenfable que fans démonter la ferrure, on puifle lui faire- exécuter indifféremment telles de ces combinaïfons qu'il plaira choifir au moment où l’on voudra fermer ou ouvrir, & fans aucuns pré- paratifs. k 7°. Que cette ferrure foit enfermée de maniere à ne pouvoir être ouverte pour changer le rapport entre fes parties. À ces conditions de rigueur , la fociété en joint plufieurs autres qui tendent à donner à cette ferrure le plus haut degré de perfedion, mais qui peuvent être tellement difficiles à remplir, qu’en les annonçant comme des motifs de préférence, elle ne croit pas devoir les exiger abfolu- ment, elle fe contente de défirer : 1°. Que l’on fupprime les clefs & tout autre inftrument que l’on eft aflujetti à porter & que l’on peut perdre. 2°. Que l'on eflaye de fuppléer à la vue pour reconnoître la fitua- tion des pieces mobiles. 3° Que l’on cherche fi il peut exifter un moyen de fuppléer à la mémoire, en faifant retrouver fur la ferrure des indices qui ne puiflent inftruire que le proprictaire. ? Telles font les conditions impofées aux artiftes qui voudront s’oc- cuper d’un fujet auffi intéreffant pour le public ; la fociété laïfle d’ail- leurs au choix des inventeurs, le mécanifme , la difpofition & la forme des ferrures qu'ils enverront ; elle déclare feulement qu'à sûreté & commodité égales, le prix fera donné à l'invention la plus fimple, la plus folide & la moins coûteufe. Après avoir décrit l’organifation & le jeu de la ferrure qu'ils en- verront au concours, les auteurs doivent avoir foin d'indiquer la maniere la plus füre & la plus folide de la pofer , fans affoiblir les portes, &c fans occuper trop d’efpace; de cacher le véritable lieu des pênes, & de donner aux gâches une très-grande folidité. On aura moins d’égards dans le jugement, à la recherche de la main-d'œuvre, qu’à la facilité de l'exécution. Le prix qui fera délivré à la premiere affemblée publique fuivante , fera de la fomme de 500 liv. Les ferrures & mémoires explicatifs portant des numéros correfpondans, feront envoyés , francs de port, avant le-premier janvier 1779, à M. Comyner , fils, au bureau de la Corref- pondance, rue des Deux-Portes-St-Sauveur. Les auteurs auront foin de ne point fe faire connoître en mettant leur nom dans un billet cacheté, portant le numéro & la devife des pieces qu’ils auront envoyées au concours , & oblerveront toutes les conditions prefcrites, x 288 - OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; PROGRAMME de deux Prix de 500 livres chacun, pour les deux meilleurs modeles de chariots, charrettes , Fardiers | tombereaux ou autres voitures propres à tranfporter les pierres ou les autres matieres d’un poids con- fidérable, foit en une feule maffe indivife, foiten plufieurs parties, que - propofe la fociité d'Emulation. Au mois de juin 1776, la fociété libre d’émulation, qui ne faifoit que de -naître, détermina que le fujet de fes trois premiers prix, feroit la perfetion des voitures deffinées à tranfporter les fardeaux confidérables dans la ville de Paris; les inconvéniens & les dangers, occafionnés par les charrettes ou tombereaux aétuels, avoient décidé fon choix. dans le programme qu’elle publia, les concurrens furent invités à confidérer le problème fous {es différentes faces, & à fair tous les rapports qui rendroient les voitures propoiées plus généra= lement sûres, utiles, commodes, avantageufes au commerce, parti- culiérement au commerce rural, qui fe fait par des routes de tra verfe, Le peu de temps accordé pour la conftruétion des modeles, & la réda@tion des Mémoires, & peut-être, la trop grande généralité de la proportion, peuvent excufer les prétendans de n'avoir pas approfondi parfaitement les queftions relatives à la perfeétion des voitures. La lociété n’en a pas moins choiñ, parmi le nombre aflez grand de Mémoires & modeles qui li furent adreflés, les cinq ouvrages qu’elle jugea les moins imparfaits; & dans fon aflemblée générale du mois de mars 1777, elle diftribua par forme d'encouragement à leurs auteurs, là fomme de iooo livres, deftinée à fes trois prix. Mais convaincue de lextrême utilité de cet objet, elle réfolut de le propoler de nouveau, & de s’en occuper, jufqu'’à ce qu’elle ait obtenu la fatisfaion de procurer au public des voitures dont il n'ait plus rien à craindre, Les libéralités particulieres de quelques-uns de fes membres, lont mife encore plus à portée d'exécuter cette réfolution. M. Raymond de Saint - Sauveur, maître des requêtes , l’un de fes direéteurs, & M. Dupont, chevalier de l'Ordre de Vafa, l’un de fes commiflaires, ont çontribué, le premier d’une fomme de 500 livres, & le fecond d’une fomme de 500 livres, à former celle de 1000 livres ,-que la fociété diftribuera dans le courant du mois d’avril 1779, en deux prix, de 500 livres chacun, + Les concurrens auront grand foin de confidérer les objets fuivans gue la fociété leur propofe, à remplir le mieux poñfble, 39, ‘ SRE AUST NATURELLE, ET LES ARTS, 289 1° D'’obvier à la frature des eflieux , à la rupture des roues, à leur chûte fur les paflans , au verfement des voitures ou des far- . deaux. 2°. De faciliter les chargemens , les déchargemens des voitures, la mobilité des avant-trains , s'ils en admettent dans celles qu'ils pro- poferont. 3°. D’augmenter, autant que faire fe pourra , l’efpace deftiné aux fardeaux tranfportés, fans élever le centre de pefanteur. 4°. De concilier la fimplicité, l’économie, avec la folidité | & fur-tout avec la sûreté publique. 5°. De rendre plus aifées les diverfes aétions des voitures, comme de tourner, monter, defcendre, reculer & enrayer. 6°. Enfin , d’épargner le plus qu’il fera pofñble les chevaux & leurs harnois , les chemins & leurs chauflées ou pavés. Pour opérer ces améliorations , les auteurs feront les maîtres, ou de perfeétionner les moyens employés dans les voitures aûuelles , ou d’en propoler de nouveaux. à La conftruétion d’une feule & unique voiture , également propre à tranfporter les matieres folides ou liquides divifées en portions , ou réunies en une feule mafle, ayant paru fufceptible de grandes difficultés, la Société propofe deux prix égaux, l’un pour les voitures propres aux grands fardeaux en mafle unique & indivifée , l’autre, pour celles qui ferviront aux charges compoñées de plufeurs parties déta- chces. Si parmi ces modeles préfentés au concours, il s’en trouvoit un d’une voiture également propre à l’une & à l’autre, deftination , & qui réunit à cette qualité la fupériorité , ou même légalité dans tous les autres points , l’auteur gagneroit feul les deux prix propofés. Les conditions du concours font ; 19. D’envoyer, avant le premier janvier 1779, terme de rigueur; au Bureau de Correfpondance, rue des Deux-Portes-Saint-Sauveur , un modele exa&t & proportionné, à un pouce pour pied au moins. 29. D’accompagner ce modele d’un Mémeire explicatif, bien clair & bien détaillé. 3°. De mettre fur le Mémoire & fur le modele , une même devife qui fera répétée fur un billet cacheté qui contiendra les nome , furnoms, qualités & demeure du concurrent. 4°. De ne fe faire connoître ni direétement ni indireétement ; avant le jugement du concours. 5°. Adrefler le tout, franc de port, avant le premier février 1779; au Bureau Royal de Correfpondance générale , à Paris. Ces conditions font abfolues & de rigueur. Toutes perfonnes, en les rempliflant exaétement , feront admifes au Concours excepté les Tome XI, Part. I MARS 1778. 0 0 cs ‘ ph i Le 4: Y SAR: » J 12 s.J Sel $Ù: ‘M ÉNRSOEPSA 2s DER ; RAT OL OT T DER 1) PET - . : : » 290 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; officiers & comimilfaires de la Société, & ceux de fes membres qui voteront dans les Affemblées où les prix feront adjugés. PROGRAMME d'un Prix de 900 liv. qui fera diflribué à l'inventewr des meilleurs Uflenfiles de cuifine , par la Société libre d'Emulation. Des expériences auffi malheureufes que multipliées , ont excité le zele des citoyens amis de l'humanité , lattention du public &ia vigilance du gouvernement fur les uftenfiles de cuifine. On a reconnu que le cuivre & le plomb , quoique plus pernicieux dans l’ufage, n'étoient pas feuls à redouter & à réformer; que Pétain commun , la poterie verniflée la plus groffiere , les terres brunes , la prétendue faïence d'Angleterre , avoient beaucoup d’inconvéniens nuifibles à la fanté; que le fer-blanc même pourroit n’en être pas toujours exempt. La Société libre d'émulation a regardéwcet objet comme un de ceux qui méritoient le plus fa confidération : en confquence , elle a rélolu de confacrer une fomme de 900 livres, à l’encouragement des recherches & des épreuves relatives à cet objet. Elle propofe le fujet fuivant : | Trouver une matiere ou une compofition quelconque, avec laquelle on puifle fabriquer des uftenfiles de cuifine, capables de foutenir très-long-temps la plus forte ébullition, les alternatives fubites d& . | froid & de la plus grande chaleur , qui n'aient aucun des inconvé- niens du cuivre, du plomb , des étamages, couvertes où vernis. ordi- naires , & qui foient aufli folides & moins chers, s’il eft poffble , que les uftenfiles d’ufage (x). Les conditions font : 1°. De préfenter pour modeles quelques uftenfiles de cuifine , comme cafleroles , marmites ou braïfieres, afin que la Société puifle "à les foumettre à l’effai. 2°. De décrire, dans un Mémoire clair & détaillé, la compoñition de la matiere ,le procédé de la fabrication , de la cuiffon , ou autres préparations defdits uftenfiles, de façon que la Société puifle fabri- (r) On a inféré dans quelques Journaux , 8 norammenr dans la Gazerte de Santé, ( Supp. au N9.-4r, an. 1777) , que l’on pourroit tirer un très-grand parti du verre opaque (dire la porcelaine de M. de Réaumur), inve ré par le célebre M. de Réaumur , | Mém. Acad. des Sc. 1739]. Les concurrens font abfolument libres fur Le choix des matieres, pourvu qu'ils rempliflenc les conditions du Pro- # gramme. sur L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 291 quer elle-même , ou faire faire devant elle , les expériences capables de la déterminer fur le choix &la bonté des matieres & des uften- files. 3°. D'envoyer des échantillons des matieres premieres, afin que fi les expériences ne réuflifloient pas, les auteurs ne puñlent pas dire que l’on s’eft trompé fur le choix de ces matieres. 4°. De mettre fur les modeles & Mémoires , une devife qui fera répétée fur un billet cacheté qui contiendra les noms , demeure & qualités du concurrent, fans fe faire connoïtre direétement ni indi- reétement avant le jugement. 5°. D’envoyer le tour, franc de port, au Bureau Royal de Cor- refpondance générale, avant le premier juillet 1779, pour le prix ;, qui fera délivré à la Séance publique du mois de décembre fui- vant. Ces conditions font de rigueur ; en les rempliflant , toutes per- fonnes feront admifes au concours, excepté les officiers & commif- faires de la Société, & ceux de fes membres qui voteront dans les aflemblées où l'on adjugera le prix. PROGRAMME d'un Prix de mille francs, & de plufieurs encouragemens pécuniaires, par forme d'Acceflit, fur un fuje d'agriculture, que propofe la Société libre d'Emulation. Feu M. Hullin, ancien miniftre à la Cour de France, du‘Roï de Pologne Sraniflas , Duc de Lorraine & de Bar, avoit chargé fes hé- ritiers & fes exécuteurs teftamentaires d'employer mille francs à la diffribution d’un prix d'agriculture , en confultant , dit le teftateur, dans fon Codicile du 26 mai 1774, « M. l'Abbé Roubaud , dont » le zèle & les lumieres font fi eonnus. » M. Allior, fermier général , MM. Richer & Caillieres de Létang , avocats au Parlement , légataires univerfels & exécuteurs tefta- mentaires, ont remis entiérement , par adte du 13 mai 1777, le choix du fujet & le jugement du concours à M. Rombaud, membre & commiflaire de la Société libre d'Emulation , à laquelle il a cru devoir déférer le pouvoir de publier le Programme &t de diftribuer le prix. En acceptant les offres de M. l'abbé Roubaud, la Société par ref- peét pour les intentions du teftateur, n’a pas cru devoir divifer la fomme de mille liv. deftinée au prix; mais elle s’eft fait un devoir d’ajouter de fes propres fonds, des encouragemens pécuniaires, par forme d’Acceffir , aux concurrens qui paroîtront le mériter. En conféquence , elle propofe aux agriculteurs éclairés, qui ont le temps, le zèle & es moyens de tenter des épreuves en grand , de les Oo i 292 OBSERVATIONS ;>SUR LA! PHYSIQUE; fuivre avec foin, & de les contefter authentiquement ; elle regarde la queftion fuivante , comme extrêmement importante par les grands effets qui peuvent en réfulter dans Ja pratique, pour la culture des terres à grain. « Quels font les moyens les plus avantageux de rendre plus utile » & plus fruttifiante l’année de repos que plufieurs agriculteurs » croyent devoir donner aux terres à grain, fous le nom de jacheres » OÙ giérets. & Les concurrens obferveront , que d’une part, la pratique ancienne encore ufitée dans une très-grande partie du royaume de France & ailleurs , eft de laifler repoier les terres tous les trois ans en fimples jacheres, qui ne produifent que des herbes fpontanées, & qui ne fervent en conféquence qu’à une chétive pâture , & qu'il exifte en- core un grand nombre de propriétaires & de fermiers, perfuadés que les années de repos alternatif font utiles ou même abfolument néceflaires aux terres à grain. Mais que d’autre part, en Angleterre, en Hollande, en Suifle , & dans plufieurs Provinces de France ,on a déjà beaucoup diminué, même en quelques lieux totalement” fup- prime les années de repos ou de jacheres , par la méthode nouvelle de varier les aflolemens, qui confifte à cultiver alternativement dans Je même champ, dés grains, des légumes, des fourrages & des racines ; on aflure que la terre, bien loin d’être épuifée par ces pro- duétions continuelles & variées, n’en devient au contraire que meil- leure & plus fertile. Quelques agriculteurs ont même prétendu prou- ver, par la pratique & par la théorie, qu’en perfe@ionnant les inf- trumens aratoires, les façons & les engrais ; un champ deviendroit capable de produire continuellement les mêmes récoltes fans repos & fans variations. Réfoudre un pareil problème , ge feroit certainement rendre un fervice efleutiel à l’agriculture, proprement dite, le premier de tous les arts, le fondement des autres : mais il faut des épreuves multi- pliées dans plufeurs cantons divers , fur des fols de toute nature. La Société: libre d'Emulation exhorte Meflieurs les gentilshommes, eccléfaftiques, bourgeois , propriétaires ou fermiers qui font valoir par eux-mêmes des terres à grains, à faire des expériences, & à lui en communiquer le réfultat. Les meilleures & les plus utiles, obtien- dront le prix de 1600 livres, légué par M. Hullin ; celles quien appro- ch:ront le plus, bent ES ou de la Société > des encourage- mens pécuniaires par forme d’Accefñt. mi conditions preferites aux concurrens font: . De bien reconnoître , décrire & conftater la nature du fol qu'ils drone en expérience , fa compofition , fon état d’amendement, fa profondeur & fon expoñtion. s \ \ Ml EE | SUR L’H1S7 NATURELLE ET LES ARTS 203 2°, De traiter pendant trois ans une portion de ce terrain, qui.ne pourra être moindre que d’un demi-arpent , fuivant la méthode vul- - gire du repos , de jacheres ou guérets. 3°. De cultiver pendant le même temps une portion égale du même tetrain , fuivant la nouvelle méthode des affolemens variés en grains, fourrages & racines, fans nul repos; on fuivant la méthode des mêmes récoltes, continuées au moyen des perfe@ions nouvelles données aux inftrumens aratoires , aux façons ou aux engrais. 4°. Detenir bon & fidele regiftre de tous les frais qu'ils feront en cultures, engrais , femences , inftrumens , façons , farclages & récoltes , comme aufi de la quantité & qualité des produétions , & de leur valeur au prix courant. 5°. De drefler à la fin des tableaux de comparaïfon, dans lefquels ils feront entrer l’état a@uel de leur terre | même au bout de trois ans d’expérience. . 69. De faire conftater le tout par des atteftations fignées d’une perfonne publique , tels que font meffieurs les curés, juges, fyndics des paroïfles, affiftés de deux notables habitans. 7°. D'envoyer un Mémoire détaillé de toutes leurs épreuves, accom- pagné d’une copie des certificats ou stteflations , dans lefquels Mé- moires & copies, feront abfolument fupprimés & laiflés en blanc les noms des concurrens, ceux de leurs paroifles & des perfonnes qui auront figné les atteftations. æ 89. De mettre à leurs Mémoires une devife qui fera répétée fur un paquet cacheté , lequél contiendra leurs noms , demeures & qualités , le nom de la paroïffe & du canton dans lefquels auront été faites les expériences , avec les originaux des certificats ou atteftations duément fignés. u © = mn . . 9°. À faire parvenir le tout , avant le prènuer mars 1781, au Bureau Royal de Correfpondance générale , franc de port, fans fe faire con- noître direétement ni indiretement. Ces conditions font de rigueur; en les rempliffant , toutes perfonnes feront admifes au concours, excepté les officiers & commiflaires de la Société , & ceux de fes membres qui voteront dans les aflemblées où fe fera l’adjudication des prix, La Société Royale de Montpellier propofe de nouveau, pour 1778, les deux queflions fuivantes : 1°, Pourquoi La même mine travaillée avec de la houille ou charbon de terre, donne un fer de qualité inférieure a celui gWon en retire lorfqvelle ef? cravaillée avec Le charbon de bois ? 2°. Quels font les moyens d'approprier le charbon de terre aux minéraux ferrugineux , quels qu'ils foient , pour en tirer du fèr propre à tous les ufages économiques | & pareil à celui gw’on retire du charbon de bois? @ x 294 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le prix eftde 1200 livres. Les ouvrages feront adreflés , franc de port à M. de Ratte, avarit le premier oëtobre 1778. La Société Royale d'Agriculture de Limoges , défignoit depuis 1774 un prix au meilleur Mémoire fur la maniere d’eflimer exac- tement les revenus des biens-fonds dans les diffèrens genres de culture. Peu fatisfaite des ouvrages envoyés , elle abandonne ce fujet, & pro- Défigner un ou plufreurs foffiles propres naturellement , ou pofe celui-ci : a par des préparations quelconques , & fertulifer le Haut-Limofin, € remplacer la marne qui y manque, Les Mémoires feront envoyés avant le premier février 1776; ils feront écrits en Latin ou en François, & adreflés à M. d’Aifne, intendant de Limoges. La Société d'Agriculture d’Amfterdam , propofe pour fujet de prix pour l’année prochaine, d’irdiquer Les fignes diagnofliques , 6 Les caufès, les préfervarifs & les remedes de la maladie des brebis , connue fous Le nom de foie douvé ; ez Hollandois, ongans. Les Mémoires écrits en Hollandois , ou en Latin, ou en François, ou en Anglois, ou en Allemand , feront adreflés , francs de port , à M. Jérôme de Bofth Jéronimuz , Secrétaire de la Société], à Amfterdam. Verfuch einer Cryflallographie oder befchreibung , Ge: où Traduilion Allemande de PEffai de Cryflallographie, de M. de Romé de Lifle, par M. Weigel. A Greifswald 1777, iz-8°. M. Weigel à joint à fa traduétion , outre un grand nombre de notes & de citations, la Spatogénéfie , de M. Hi, & le Traité des Criftaux fpathiques de M. Berogmann. Ÿ L'Art d'obferver , par M. Sennebier , miniftre du Saint-Evangile , &c bibliothécaire de la République de Genêve , 2 volumes :7-8°. A Genêve , chez Chirols. L'auteur examine quelles doivent être les qualités de l’obfervateur, ce qu'il doit faire pendant qu'il examine ; qu'il doit être le peintre & l’interprête de la Nature; enfin, que l’art d’obferver eft le créateur des Sciences & des Arts. A juger l’auteur par la leéture de fon ouvrage , on voit qu'il met en pra- tique ce qu'il enfeigne. Les- Sciences feroient bien plus avancées fi elles avoient toujours eu de tels obfervateurs , pour foulever le voile qui dérobe les faits à nos yeux. Opuftules de Phyfique animale & végétale ; par M. l'abbé Spallanzani, traduits de l’Italien , & augmentés d’une introduétion dans laquelle on fait connoître les découvertes microfcopiques dans les trois regnes de la Nature, & leur influence fur la perfeétion de l’efprit humain, par M. Sennebier, &c. On y a joint plufieurs lettres relatives à ces opufcules écrites à M. l'abbé Spallanzani par M. Bonnet & plufieurs autres naturalifles célebres. À Genêve , chez Chirols, 2 vol. i7-8°, On na pas oublié la fenfation que produifirent les lettres du cé- lebre Italien , dans le temps qu’elles parurent; cependant , comme ET Û Mg en 2 La CES à Ty ë Fa * ! 2 ’ , ? ; { SUR L'H1sT. NATURELLE ET LES ARTS 295 elles étoient écrites en Italien , il n’y eut pas autant de -perfonnes qu'il convenoit , dans la cas d’apprécier fes découvertes. On doit donc la reconnoiflance à M. Sennebier , d'avoir enrichi notre langue d’un … Recueil auf fingulier , & qui paroît reculer prodigieufement les "bornes de l’animalité. Second & rroifieme Cahier de Supplément à la Botanique , mife à la portée de tout le monde , en planches coloriées ; par Mzdame RKegnault. Le premier a paru ea juiller , & le fecond en novembre dernier. Chaque cahier eft compofé de 10 planches ; prix 24 livres. On les trouve à Paris, chez M. Reprault, peintre & graveur, rue Croix des Petits-Champs , au Magafin des Chapeaux des Troupes, & chez les libraires qui ont fourni l'ouvrage. On y trouve éga- lement les Ecarts de la Nature, in-folio , ou Tableaux des monflruo- fivés en 42 planches, y compris le Grofeillier, de même que les Quadrupedes pour l'Œuvre de M. de Buffon, in-4°., auf coloriés. Les plantes font bien repréfentées ; chaque caraétere eflentiel de la plante , eft gravé à côté, & les defcriptions font faites avec foin. L'auteur publiera incefflamment de nouveaux cahiers qui contien- dront la defcription & la repréfentation d’un grand nombre de plantes étrangeres , & employées en médecine, on LA BOL: E DES ARE LEE + Eos Contenus dans le Mois de Mars, R ECHERCHES fur la caufe de la mort des perfonnes fuffoquées par La vapeur du charbon, & fur Les moyens d'y remédier ; par M. Gardane, doëteur-régent de La faculté de médecine de Paris, médecin de Mont- pellier , cenfeur royal, Ec. page 193 Suite du Mémoire de M. Troja , 212 - Suite du précis des Lettres de M. Volta, fur l'air inflammable des marais , 219 Mémoire fur léchenillage; par M. Guettard, de l'académie des fciences , 230 Obfervations fur Ls Eudiomerres ; par M. R. L, Gérardin , meffre-de= Ja 296 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à camp de dragons, chevalier de l'ordre royal & militaire de Saint-Louis, k ; 248 Lettre de M. Mauduir, doiteur-régent de la faculté de médecine de Paris, de la fociété royale de médecine, fur les précautions néceffaires , rela- tivement aux maladies gwon traite par léleitricité , 254 Obfervations fur la laine de fer; par M. B***, 259 Mémoire fur une cataraile artificielle qu'on peut produire fur les yeux des cadavres & des animaux vivans ; par M. Troja, doëleur en méde- cine, G chirurgien-affiflant dans l'hôpital de Saint-Jacques, à Naples , 262 Obfervation de M. Le comte de Turin , chevalier de Saint-Louis, ancien . capitaine de dragons, fur le Porc-Epi, 265 Aurore boréale obfervée au Hävre , par M. labbé Dicquemare, de plufieurs fociérès & académies royales des feiences de France, & des pays étrangers , 269 Obfervation de M. Brongniart, fur l'effet de Palcali volatil fluor contre les commotions éleétriques , 270- Obférvations fur la Pierre vulgairement appellé oculus mundi, ox æil du monde, ou pierre chatoyante, * ibid, Nouvelles Littéraires , 273 222 A SES A: PP RIO LR IAE AOLN: 2e lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage ayant pour titre: Obfervations fur la Phyfique, fur l’Hifloire naturelle & fur les Arts , éc. par M. l'Abbé Rozrer , &c. La colleéion de fairs importans qu'il offre périodiquement à fes Leéteurs , mérite l'accueil des Savans ; en conféquence, j'eftime qu'on peur en permertre l'im= preflion, À Paris, ce 6 Avril 1776. VALMONT DE BOMARE, JOURNAL sn + fe 5 d | : à 2: 4 ; HW. 7 pi sd nn à Te var $ ‘ " à #35 % 20 202 tar Æ | ‘4 { « 2 pt < RER ee nt ER SEE IR DE Re g Au “; le À «ii eg | S Éd — EE ———— | JIOURNAL DE PHYSIQUE. | :k PORT Li "3378. RE So ——;; © = ———©{ SLT EE DU ME M OJI RE nn DE AENELATUR OrSA. A'URO ATAICUIL TETEY, Des caufes de la mort qui peuvent dépendre de la circulation, Lu. Q UE£ les nerfs & le cerveau foient attaqués par les vapeurs mé- phitiques, on l’a vu d’une maniere à n’en pas douter (Arr. précéd.). Mais tous feuls font-ils vraiment fufffans pour produire la mort en fi peu de temps, que toutes les moffettes la produifent ordinairement ? La difficulté que j'avois rencontrée à tuer les animaux, des paragraphes LI & LIT, m'en avoit déjà donné des doutes. Le chat (LIL) avoit été dans la fumée du foufre avec la bouche ouverte, & la vapeur mavoit pas été fufhfante pour attaquer les nerfs de maniere À tuer l'animal, LIV. Je penfai alors à introduire de la vapeur du charbon & de foufre dans d’autres organes auffi délicats que le poumon & même plus garnis de nerfs. J'en jeétai une grande quantité pat Panus dans les inteftins d’un cochon d’Inde, d’un chien & d’un chat. L'opération fut faite alternativement pendant deux heures fans que la vie des animaux en eût fouffert; ils ne faifoient que refpirer avec un peu plus de vitefle, trembloient des pattes & du corps, & démontroient par-là qu'ils étoient en fouffrance : mais, dès que je les eus délivrés, ils fe portèrent très -bien. Or, les inteftins font Plus fournis de nerfs que les poumons : par conféquent , fi les. vapeurs méphitiques ne faïfoient que traverfer la fubflance des parties pour attaquer les nerfs locaux, & de là fe répandre dans. tout .le fyflème Tome XT, Part, I. AVRIL 1778. Pp 298 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; nerveux, ces animaux auroient dù périr plus promptement, Ow3 au moins, dans le même temps que lorfque les miafmes font intro- duits par la refpiration. Mais je m'étois fervi d’une machine fuf- fumigatoire , & les vapeurs pouvoit être trop délayées dans Pair commun. LV. Je choifis les airs méphitiques purs & très-forts : l’air ni= treux, l'air acide & l'air alcalin. Pour introduire le premier ,, je mis une grande quantité de limaille de fer dans une cornüe qui contenoit 41 pouces cubiques d’air. Au goulot, j'avois. adapté l’ex- trémité d’un gros tuyau de fer- blanc pañlant dans un bouchon de diége percé à cet effet, & enduit de cire d’Elpagne. Je vertar dans la cornue de lefprit de nitre concentré, & jintroduifis l’autre: extrémité du tuyau dans le reétum par Panus. Quand leffervefcence étoit ceffée & que le fond de la cornue n’étoit pas trop cuifant,. j'appliquois la lumiere d’une æhandelle pour aider le développement de l'air nitreux, & je verfois enfuite du nouvel efprit de nitre : j'en ai confommé à différentes reprifes, deux onces & demie. Dans cette expérience & dans les fuivantes, je me fuis fervi ordinairement des chiens; ainfi, quand je ne fpécifierai pas l'efpèce des animaux , c'eft des premiers qu'on doit entendre; j'ai pris foin de les choïfir tous à peu près de la même taille & d’une médiocre groffeur. Jai fait attention auf de faire fortir l'air atmofphérique de la cornue avant de l'appliquer, & d'y refondre fucceflivement les matériaux quand ils ne donnoïent plus d’air. : LVL Durant ce procédé, la refpiration a toujours été gêne &c violente. Au bout d’un certain temps, je dénouai le mufeau de lan mal & il refpiroit la bouche ouverte avec de fréquens mouvemens: de la langue. Trois quarts d'heure après avoir commencé l'opération, il vomit & rendit les urines. On voyoit des petits mouvemens con- vulffs dans tous les membres. Il eft mort au bout de deux heures &z demie ,. & il n’a perdu le fentiment intérieur que pen de temps avant: la: mort. Je l’a difféqué auflitôt qu'il eft expiré. LVII. Le cœur étoit pâle, & avec une forte irritation on excitoit: À peine une légere irritabilité dans l’oreillette droite feulement : ce pendant elle s’eft manifeftée davantage dans le ventricule droit ;. lorfque le cœur eut refté quelque temps expofé à l'air (1). Le mou- vement périflaltique dans les inteftins, Virritabilité dans tous les. autres. mufcles du corps, les mouvemens convülfifs de la patte & du. diaphragme , en bleffant le nerf fciatique & le nerf diaphragmatique,. b ? 1 c1(4) Fonrana, Riceñche Filofofiche foprala Fifica anemale, Legge IL, SUR LH1ST. NATURELLE ET LES ARTS 299 étoient très-vigoureux. Il faut remarquer que j'avois découvert le nerf fciatique quelque temps avant que l’animal füt mort; l'irritabi- lité, en piquant le mufcle feflier, & les mouvemens convulfifs de la patte, dont je viens de parler, ont toujours fubfifté avant la mort pendant que animal mouroit & après qu'il étoit mort. J'ai décou- vert ce nerf de la même manière dans prefque toutes les expériences fuivantes. L’air diftendoit les boyaux jufqu’à l’eftomac ; il a été tout pouffé dans le reétum par le mouvement périflaltique, & en a été chaflé par l'anus. Après que l’air en fut forti, les inteftins fe font en- durcis &z font refté roides comme des cordes. Le poumon étoit pâle auffi & on le gonfloit avec difficulté. Tout le fang étoit noir comme de l’encre : il s’eft coagulé fur-le-champ (XIV) & il ne s’eft point féparé de férofité. LVIIL L'air acide a tué un autre chien dans une heure & demie. Une demi - heure après le commencement de lopération, l'animal étoit extrêmement affoibli, avoit perdu les forces & les fens inté- rieurs, la refpiration étoit lente & douce. Un quart d'heure avant de mourir je découvris les mufcles de la cuifle; en les bleffant on excitoit l'irritabilité, quoique pas aufñ forte que dans l’état naturel: en piquant le nerf fciatique on réveilloit foiblement des mouvemens dans la patte. Peu de temps après, l'air acide étoit fi violent qu'il avoit exaétement cuit les inteftins, les avoient percés avec les mufcles & la peau de l’abdomen, s’étoit fait jour par un grand trou & s’en échappa avec violence. Malgré ce grand dérangement , animal put fuivre encore dix minutes avec une refpiration des plus lentes. LIX. Le foie eft comme cuit aufli, & la ratte paroiïfloit comme rôtie; car elle étoit entiérement noire. On excitoit très - foiblement Pirritabilité dans le cœur. On gonfloit le poumon avec bien moins de difficulté qu'avec l'air nitreux. Le fang paroïfloit un peu noir & - fe condenfa promptement, lorfqu’il refta quelque temps expoté à Pair dans un verre ; la furface feulement devint d’une couleur rouge, tandis que le refte qui étoit caché reftoit d'une couleur très-foncée. Il fe fépara peu de férofité fanguinolente. LX. Un troifieme animal, avec l'air alcalin dans les boyaux, eft mort au bout de quatre heures. Il a continuellement crié. La refpi- ration a été toujours très-violente & avec convulfion des mufcles de la poitrine & de l'abdomen. Il n’a perdu le fentiment intérieur que peu de temps avant de mourir. Jai employé à différentes reprifes Quatre onces de fel ammoniac & douze onces de chaux éteinte. LXI. Je trouvai le retum & d’autres inteftins en différens endroits affetés de fphacele. L'irritabilité du cœur & des autres mufcles , les convulfons de la patte & du diaphrame, enirritant leurs nerfs, me paroïfloient plus fortes que dans l’état naturel, Le fang étoit d’abord Pp ÿ 300 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, un peu foncé, mais il devint comme la pourpre quand il refta expofë à Pair. La férofité qui s’en fépara abondamment , étoit rougeâtre comme la lavure de Ja viande. LXIIL. En appliquant à ces trois expériences le raifonnement que nous avons fait au'paragraphe LIV, on pourroit oppoier encore que le poumon eft plus facile à être traver{é par les vapeurs mé- phitiques, que ne le font les inteflins, & que, par conféquent, il m’eft pas étonoant fi la mort s’infinue plus tard que cette derniere voie. Mais laifions de côté que tous les dérangemens que nous avons trouvés dans les vifceres du bas-ventre , fe foient faits par degrés depuis Papplication des airs jufqu’à la mort, & que pour cela les vapeurs ont dûù commencer d’abord à pénétrer les parties; nous ver= rons plus bas (LXV, LXVII) que Pair acide traverfe immédiatement de part en part d’autres organes bien plus épais que les inteftins : tels. font l’éfophage & la trachée-artere. LXIH. Voyons préfentement , afin qu’il ne refte rien à défirer, les, effets de ces trois fortes d’air introduits avec cette méthode dans l’efto- mac. Ce vifcere eft plus près de la poitrine; l’éfophage pañle dans cette capacité ; les airs méphitigues pénetrent la fubftance des parties & peuvent affeéter plus direétement le cœur & le poumon. Je dé- vris l’éfophage au côté droit de la trachée artere ; je pañlai par-deflous une bandelette de linge pour le foulever à mon gré; jy fis une longue incifion & & jintroduifis le tuyau de la cornue; je:le liai enfuite cir- culairement avec la ficelle contre le tuyau. LXIV. L'air nitreux tua l'animal dans deux heures de temps. I mourut prefque comme étranglé, ne pouvant refpirer qu'avec la plus: grande force. Le poumon étoit d’une couleur grife & comme ridé. On Je gonfloit avec une très - grande difficulté. L’eflomac & les inteftins étorent remplis d’air nitreux. LXV. L'air acide fit fuccomber lan mal en vingt-cinq minutes. Dans Vinftant que j’appliquai le tuyau de la cornue dans. l’éfophage, l'air acide traverfa la fubftance de/ce conduit, le noircit, & on voyoit fortir de la fumée par une portion qui reftoit découverte fous la li- gature de la ficelle. Je trouvai après la mort tout le projet de Péfo- phige de la trachce-artere & le poumon droit abfolument cuits; la furface intérieure de l’eflomac étoit mortifiée auf. Ce vifcere avec les in- teftins étoit gonflé d'air. Le cœur étoit diftendu comme un ballon par le fang. [l étoit bien difficile d'abord de pouvoir dilater le poumon avec l’infufflation, on le faifoit , cependant, avec moins de difficulté que dans l’expérience precédente de lair nitreux, L'animal ef mort: fuffoqué, ne pouvant pas infpirer, LXVI. L'air akaln donna la mort en trois heures de temps. L’a= pimal refpira toujours très-difiicilement & avec.convulfion des mufcles de la poitrine & du bas-ventre, L’éfophage & la plus grande partie: = sur L'H1sT. NATURELLE ET LES ARTS. 3o1 de l’eflomac étoient noirs & tombés en fphacele, Tout le long de la partie poftérieure & la furface intérieure de la trachée-artere, étoit noire auffi. L'air étoit fi copieux dans l’eftomac & dans les boyaux , qu'il en fortoit de temps en temps, durant l’opération, une grande quantité par l'anus. On gonfloit le poumon avec plus de dificulté wavec l’air acide. LXVII. Paflons à l’introduétion de ces airs dans le poumon. J'ac- commodai le tuyau de la cornue à la trachée- artere, comme j'avois fait à l’éfophage (LXII). L'air nitreux fit cefler l’animal de vivre en quatre minutes. Le poumon étoit comme ridé & on le gonfloit avec très-grande difficulté. LXVIIL. L'air acide fit périr l'animal en quatorze minutes. La por- tion de la trachée-artere , qui reftoit découverte fous la ligature du tuyaux, devint noire & commença à fumer immédiatement après l’ap- plication de l’air acide, de la même maniere qu'il avoit agi fur l’éfo- phage (LXV) La trachée-artere & l’intérieur du poumon étoient en tiérement brûlés : on voyoit des taches noires très-eétendues dans la furface extérieure du poumon. Ces parties fe détachoient en morceaux avec la plus petite force; cependant , le poumon fe gonfloit bien plus: facilement que dans l'expérience de l'air nitreux. LXIX. L'air alcalin tua l'animal en douze minutes, Le , poumon fe: gonfla avec un peu plus de difficulté qu'avec l’air acide Cependant dant, il étoit,en général, plus facile de fouffler les poumons dans ces: trois dernieres expériences que dans les trois expériences précédentes on verra la raïfon. au paragraphe XC, Je ne parle pas de l’état du fang, des nerfs & des mufcles, parce qu'il eff exaétement conforme: à celui des injeétions des airs dans les inteftins. LXX. Je fis aufñi une autre expérience de comparaifon. Jappliquai à: la trachée-artère la eornue vide de toute matiere & remplie feulement de l'air atmofphérique. L'animal mourut en huit minutes. Le poumon: fe gonfloit avec facilité. Il m’a paru que , dans toutes les expériences où J'ai interceptéla refpiration par la trachée-artere, l’air commun s’in-- troduifoit dans l’eftomac avec les efforts que l'animal failoit pour ref irer. LXXI. Il feroit trop long de détailler tous les réfultats de ces: expériences, Toute perfonne inftruite dans l’art pourra le faire de foi - même. Cependant, je jetterai rapidement un coup - d'œil em paflant. L'air nitreux introduit dans les inteftins ,. & tué l’animal en: deux heures. & demie : introduit dans l’effomac, à peu près. dans le même temps, Les animaux qu’on oblige à refpirer l'air nitreux dans un» lieu fermé, périflent en peu de minutes. Si la cauie direéte de la mort étoit les altérations des nerfs qui ant été attaqués par la voie du pou-- mon , pourquoi cette mort ne devoit-elle pas.s'enlüvre promptement 302 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, auffi, quand ils ont été attaqués par l’eftomac & par les inteftins? La furface de ces organes eft plus vafte que celle du poumon par rap- port à lextenfion & au nombre des nerfs. La quantité de air nitreux, qui s’eft développé dans ces mêmes organes en vingt minutes feule- ment de temps, eft infiniment plus abondante que celle qui s’eft dé- veloppéeen quatre minutes dans le poumon (LXVII). Que les miafmes méphitiques s’étoient répandus dans la machine long-temps avant la mort, on la vu par la refpiration, par le vomifflement , par les urines, par le tremblement, par l'impreflion qu'il avoit faite fur le fang (LVD, &c. LXXIL L’airacide, puiflant cauftique, injeété dans les inteftins, A tué en une heure & demie; dans l’eftomac, en vingt-cinq minutes, dans le poumon, en quatorze minutes. Il a traverfé la fubftance des parties, & a commeñce à les détruire immédiatement après fon ap- plication. Avec la deftruétion de ces parties, non-feulement les nerfs! ont été attaqués, mais ils ont été détruits auf : ils ont été brülés dans l'intérieur du poumon (LXVIIL), & le temps de la mort, par rapport à l'air nitreux qui n'a produit aucun dérangement fenfble , quand on la introduit (LXVIT) par la trachée-artere, a été comme 14 à 4, c’eft-à-dire, il a fallu trois fois & demie plus de temps pour que l’animal ait perdu la vie. Outre cela, les nerfs du poumon, par l’introduétion de l'air acide dans l’eftomac, ont été attaqués & brûlés extérieurement d’une maniere bien plus vigoureufe que lorf- qu'ils font attaqués intérieurement, quand les animaux refpirent des airs méphitiques quelconques : cependant , la vie de cet animal s’eft étendue jufqu'à vingt - éinq minutes (LXV ), & il neft mort qu'après la deftruétion total des organes. Il faut en dire autant de Pair alkalin. LXXIIL Avant de quitter ces expériences , qu'il me foit permis de faire une autre réflexion, fur ce que la vapeur du charbon tue par fon acidité ou non. Les ravages faits dans le poumon par l'air acide développé d’une cornue ( LXVIIL ) qui avoit la capacité de 4x pouces cubiques , ont fait périr l'animal, comme on vient de dire, en quatorze minutees. Il ne faut pas plus de temps pour tuer une poule, un chat & quelquefois un chien, expofé fimplement à la moffette du charbon, dans ma grande caifle où il ya 17,496 pouces cubiques d’air atmofphérique. $i c’étoit donc l'acidité de la vapeur du charbon qui devroit les tuer, il faudroit que l'acidité de cette vapeur fût infiment plus forte que l'air acidé, qui a été appliqué direétement fur le poumon & fans mélange d’air commun. Cepen- dant , je ne dis pds que les acides foient fans aëtion fur la vie ani- male; 115 attsquent les animaux & les tuent en d’autres circonftances. Je dis feulement que la petite portion d'acide qu'on trouve dans sur L'HIST. NATURELLE ET LES AÂnTs. 303 fa vapeur du charbon, n'eft pas ce qui détruit l’économie des wivans. I peut être un principe flimulant - aftringent ou ftiptique, par exemple, qui fe trouve également dans les acides, dans les al- calins & dans les fels neutres. Celui - ci peut être auf plus fort, dans un acide plus foible qu'un autre, & moins aétif dans un acide plus cauftique. On en a un exemple dans lair nitreux & dans l'air acide, LXXIV. La difficulté que javois rencontrée à gonfler le poumen dans toutes les expériences que je viens d’expofer, m’avoit entié- rement décidé à croire que les animaux périfloient par une con- traétion qui fe faifoit dans le poumon & qui arrêtoit la circulation du fang. C’étoit une opinion qui avoit été reçue fans preuve fort anciennement ( 1 ). On l’avoit combattue, 1°. parce que les hommes qui ont été furpris par les exhalaifons méphitiques, ont reffenti la premiere imprefhon fur la tête & fur les forces, fans qu'ils fe fuflent plaints d'aucune gêne dans la refpiration ; 2°, parce qu’on trouve le poumon rempli d’air dans les grenouilles qui périffent dans les mof- fettes artificielles ; 3°. parce que ni le poumon, ni les nerfs ne font irritables , & par conféquent , font incapables de fe contratter On verra la folution des deux premieres queftions dans les paragraphes XCII & XCV. À LXXV. Quant à la poffbilité de la contraétion du poumon, elle eft démontrée par la grande difficulté qu'on a trouvé à le gonfler dans: les expériences précédentes : on le voit aufli par la grande force avec laquelle un poumon détaché du cadavre poufle l'air par la trachée- -artere après avoir été fortement gonflé. Je me rappellois en même temps d’avoir remarqué de la difficulté à gonfler le poumon des ani- -maux que Javois fait périr dans la moffette du charbon & du foufre = mais, où il s’agit de difficulté, il ne s’agit que de plus ou moins; & je défirois avoir des preuves encore plus démonftratives. LXXVI. Je coupai tran{verfalement la trachée -artere à un chien & jy attachai le bec d’une de ces grandes feringues, dont nous- «nous fervons pour faire les injeétions dans les vaifleaux fanguins des. .eadavres. Je commençai à pomper lair lentement; ik falloit une’ -grande force pour tirer le piflon; dans cette opération, les côtes fe baiïfloient extrêmement ; le‘bas-ventre fe baïfloit aufli & fe retiroit vers la poitrine. L'animal mourut en cinq minutes, Il à fallu pré- Æifément le même temps pour faire périr des chiens en interceptant -la relpiration après que j'avois attaché la trachée-artère (IX). Dans: (x) Cigna, Milcell,. Taur. Tome M, ‘ 304 >: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, le premier cas point d’air méphitique , point d’air commun, point d'air de la refpiration, point de tranfpiration pulmonaire dans le poumon. Tout étoit abforbé par la feringue. Qu’eft-ce qui a done tué cet animal dans le même efpace de temps que ceux qui avoient eu la trachèe-artere attachée? Ces derniers l’ont été, comme on peut croire , par la moffette qui s’eft formée dans le poumon : on ne peut pas en dire autant du premier. [left mort, parce que les véficules du poumon fe font affaflées, parce qu’elles fe trouvent dans un état de conftriétion, parce que le fang n’a pas pu pañler par le poumon & parce que la circulation a été interceptée. LXXVIL Elle eft fans réplique cette expérience. Cependant, elle eft fujette encore à une autre difficulté. La tranfpiration qui devoit {ortir des vaifleaux du poumon a été arrêtée & a produit une mof- fette dans la circulation. Je pourrois donner plufieurs réponfes, mais je n’en donnerai qu’une feule qui me paroit décifive. Les grenouilles, per exemple, expofées à la vapeur du foufre, périflent en peu de minutes : fila caufe de la mort étoit la tranfpirauon pulmonaire ar- rêtée, ces animaux devroient périr promptement auf, quand ils font plongés dans l’eau, où ils ne refpirent pas, & la tranfpiration pui- monaire fe trouve pareillement arrêtée : mais on fait le grand nombre- de jours qu'ils peuvent vivre fous ce fluide fans aucun dérangement de jeur économie animale. LXXVIIL Je pris enfuite le poumon de cet animal qui étoit mort (LXXVI) avec le vuide dans le poumon, & j'injeétai de lefprit de nitre concentré par la trachée-artere. Je voulus gonfler ce pou: mon ; il me fut impoñlble de le pouvoir dilater en aucune maniere. Je redoublai mes forces; j'employai toute la puiflance de ma poi- trine , & le poumon réfifla toujours vigoureufement. Je fis enfin des efforts répétés & je parvins petit à petit à le remplir d'air. Une fois diftendu, je trouvai encore quelque difficulté dans les effais fuivans. Mais À force de répéter les infufflations , je le gonflois enfuite avec facilité. LXXIX. Je répétai la même expérience fur d’autres poumons frais extraits des animaux récemment morts. J’injeétai de l’efprit de nitre, de lefprit de vitriol purs & coupés avec l’eau, des mouches can- tharides diffoutes dans l’efprit de vin & d’autres liqueurs aftrin- gentes, ce vifcere a été toujours reflerré plus ou moins, fuivant la force des liqueurs injetées; cependant il faut remarquer qu'il fe refferroit davantage lorfqu'il étroit retiré d’un-animal mort par l’ex- traétion de l'air (LXXVI). L'air nitreux introduit dans un poumon frais avec la cornue, la fortement reflerré; bien moins l'air acide ; un peu plus l'air alcalin, - LXXX, L'injeétion de ces mêmes liqueurs dans de poumon des animaux F di al SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS 305 animaux vivans , les a tués très-promptement. Cependant , je ne doute pas qu’un animal ne puifle furvivre fi on injeéte un liquide très-foible ; la force de la refpiration pourroit alors furmontet des obftacles qui ne l’égalent pas en puiflance. Le poumon étoit , après la mort , conftipé aufli, mais bien moins encore que lorfqu'il eft dé- taché du cadavre. Nous avons vu qu’une fois qu'on avoit vaincu la conftriétion des véficules pulmonaires (LXXVII), on le gonfloit en- fuite très-facilement. Or, dans le cas des animaux vivans , comme le poumon ne peut pas quitter la plévre , les véficules pulmonaires ne s’affaiffent pas entiérement ; & de là arrive que , nonobftant Ja force des aftringens , on le gonfle plus facilement que quand il eft détaché du cadavre. Pour m'en convaincre davantage , après avoir fait les injedtions par la trachée-artere dans plufeurs lapins & dans plufieurs chiens vivans ,.j’ai ouvert la poitrine des deux côtés , afin que le pou- mon fe füt affaiflé par l’irruption de l’air extérieur : de cette maniere, l’état de la conftriétion a été dela même force, que lorfque le pou- mon eft détaché de l’animal. LXXXI. Ce qui eft plus digne d'attention, c’eft que les liqueurs aftringentes ou n’ont point d’aétivité , ou en ont une très-foible fur le poumon , très-long-temps après la mort. L'exiftence de la vie eft donc néceffaire pour qu’elles aient une adion plus précife fur ce vifcere. On voit par là que le poumon des animaux durant la vie, doit être refferré bien plus vigoureufement par les vapeurs méphitiques , qu'il ne l’eft après la mort, par l’inje@ion des liqueurs aftringentes. LXXXII Tous les effais que j'ai rapportés jufqu’à préfent , réunis enfemble , font une démonftration fur la caufe de la mort des animaux fufloqués par les vapeurs méphitiques. Je crois que pour l'avenir il n’y aura plus de queftion fur cet objet. Cependant , je me trouvois avoir fait plus d'expériences que la matiere n’en de- mandoit; mais ce n’eft pas l’abondance des faits qui nous embarrafle. J'avois injeété des airs méphitiques dans. la circulation des animaux vivans : les réfultats peuvent devenir de la plus grande importance ; & je m'en vais les détailler. LXXXIIL Je découvris la jugulaire à un gros chien. Je paffai un fil avec une aiguille par-deflous vers la partie fupérieure, & un autre vers la partie inférieure, Un aïde prefloit ce vaïfleau avec un doigt à côté de la clavicule , pour qu'il reftât rempli de fang. Je ferrai alors le premier fil avec un nœud , de maniere que le pañlage au fang fut entiérement fermé. Je fis fur la veine une longue incifion par laquelle j'introduifis l’extrémité d’un tuyau de trois quarts que j'avois applatie afin qu’elle pût entrer plus faci- lement. Le fecond fil fervit pour lier la jugulaire contre le tuyau. L'autre extrémité dé cette canule , dont j'avois Ôté la gouttiere , Tome XI, Part, I. AVRIL 1778. Qq 306 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, S'appliquoit parfaitement dans le tuyau de la cornue (LV). Ainfi, quand Vlair faétice commençoit à fe développer & qu'il en avoit déjà chaflé l'air athmofphérique , je ne faifois qu’adapter le tuyau de la cornue à la canule qui étoit attachée dans la jugulaire. LXXXIV. Avec l'air nitreux lanimal mourut dans les convul- fions en quatre minutes. Avant de retirer la cornue, j’attachai la jugulaire fous la. canule , afin que l'air ne püût pas en fortir. Le cœur étoit fi diftendu par lair, qu'il forçoit le péricarde & pa- roïfloit comme un ballon. Pendant que l’animal mouroit , le mou- vement du cœur frappoit fi violemment cet air, qu’on en entendoit le bruit à une très- grande diftance. L’oreillette & le ventricule droit étoient immobiles , parce qu'ils étoient trop diftendus. L’oreillette gauche faifoit des mouvemens d’ofcillation tres-fréquens ; on excitoit aufñ une forte irritabilité dans le ventricule gauche : ils contenoïent fort peu de fang. Le mouvement d’ofcillation dans l'oreillette droite & lirritabilité dans le ventricule droit , font revenus aufli-tôt qu'ils ont été vuidés. Le fang étoit comme l’encre ; ainfi tous les mufcles, le foie, les inteflins & tous les autres vifceres qui en étoient engor- gés , avoient une couleur très-foncée. L'air étoit diffous dans le fang en très-petites gouttes. Le poumon étoit pâle & on le gonfloit avec grande dificulté. L'irritabilité de tous les mufcles du corps immédia- tement après*la mort , me paroifloit plus violente que dans l’état naturel, En bleffant le nerf fciatique & le nerf diaphragmatique , on excitoit des convulfions dans la patte & dans le diaphragme. : EXXXV. Avec l'air acide , l'animal eft mort en cinq minutes. L'irri- tabilité qu’on excitoit dans le cœur étoit très-légere. L’oreillette & le ventricule gauche étoient abfolument vuides de fang. L'irritabilité des inteftins & des autres mufcles du corps étoit beaucoup affoiblie, Les mouvemens qu’on excitoit dans la patte & dans le diaphragme par l'ir- ritation de leurs nerfs n’étoient pas des plus forts. Le fang qui étoit con- tenu dans l'oreillette & dans le ventricule droit , étoit noir comme du charbon : celui qu’on trouvoit dans les autres vaiffeaux étoit coagulé, & l'ayant expofé à Pair , il prit une couleur un peu rouge dans la furface feulement. L'air étoit tellement & fi abondamment mêlé avec le fang , qu’il paroifloit comme de petites bulles de mercüre , lorf- que ce minéral eft à demi-éteint dans Ponguent mercuriel : on gon- floit le poumon avec moins de difficulté qu'avec l'air nitreux. LXXXVI. Avec l’air alcalin , l'animal eft mort à peu près dans le même temps. L’oreillette droite , quoique diftendue par l’air , fai- foit encore de fréquens monvemens d’ofcillation, Eärritabilité étoit très-forte dans le cœur après que cet organe avoit été vuidé. L’air étoit mêlé de maniere avec le fang, qu'il en faifoit une écume très- épaifle, Le fang étoit d’une couleur peu foncée ; mais quand ÿ suR L'H1S5T. NATURELLE ET LES ARTS, 307 refta quelque temps expofé à Wair, fa furface devint comme la pour- pre, tandis que le refte demeuroit encore foncé : il s’eit féparé de la férofité fanguinolente , fur Bauer nageoit une efpece, de pelii- cule qui paroïfloit comme du fel, parce qu'avec un petit mouve- ment , elle s’eft facilement difloute dans le fang. L'irritabilité dans les autres mufcles & les mouvemens convulfifs dans la patte & dans le diaphragme étoient très-vigoureux. On gonfloit le poumon avec plus de difficulté qu'avec l'air acide. LXXXVII. Il me reftoit encore à introduire de l'air atnmofphé- rique dans la circulation pour avoir un exemple de comparaifon. Je l'introduifis avec force par le moyen d’une veflie à laquelle étoit attaché un tuyau de trois quarts ( LXXXIIT ). L'animal mourut en dix minutes. Le cœur ofcilloit encore après la mort. On gonfloit le poumon fans difficulté. L'rritabilité , le mouvement périftaltique dans les inteftins, &c. étoient comme dans l’état naturel , mais le fang étoit d’un couleur très-foncée : ce fluide trouvoit tel obftacle pour traverfer le poumon, durant la vie de l'animal , que la force du cœur le poufloit en arriere dans la jugulaire & le faïfoit remonter jufque dans la veflie. & LXXXVIIL Dira-t-on que dans tous ces exemples les nerfs feulement aient été la caufe de la mort ? L'air commun, dans la jugulaire , s’eft mêlé avec le fang , en a formé une mafle qui, ne pouvant pas pénétrer le poumon , a perverti la circulation , la arrêtée : de là, la mort de l'animal en dix minutes. L’air nitreux , l'air acide , l'air alcalin en ont fait autant ; mais ils ont agi en même-temps fur le cœur, fur le fang , fur le poumon ; ainfi , la mort de ces animaux a été plus prompte de quatre à cinq minutes, LXXXIX. Mais dans les animaux qui meurent par la vapeur du charbon , le fang eft comme moufleux ; cette qualité ne peut-elle pas contribuer pour arrêter la circulation ? Elle peut certainement coopé- rer , mais onne doit pas la regarder comme une caufe principale : au contraire , elle eft un effet de la violence de la refpiration; l'air ne pénetre dans la circulation qu'après les grands eflorts que font les animaux pour refpirer ; on le verra dans l’article feptieme. XC. Dans les quatre dernieres expériences de l'air injedté dans la jugulaire, la circulation a été arrêtée dans le poumon extérieurement, c’eft-à-dire , par une caufe qui exiftoit hors ce vifcere : dans les ani- maux qui font fuffoqués par les vapeurs méphitiques , elle eft arrêtée intérieurement , c’eftà-dire, par un agent étranger qui seft intro- duit dans les cavités de ces véficules. Quoique le principe acide foit beaucoup plus fort dans l'air acide que dans l'air nitreux , cependant, la force aftringente eft plus forte dans ce dernier; ainfi, l'air nitreux introduit dans le poumon (LXVII) , l'a reflerré plus folidement Qq 1 308 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, X atué l'animal pus promptemert auf. L'air acide (LXVIII) ne l'ayant pas crifpé avec autant de force ; malgré le orand dérange= ment qu'il avoit caufé dans cet organe , il a fait durer la vie jufqu'à quatorze minutes. Il faut en dire autant de l'air alcalin ( LXIX ) : il fe développoit toujours du nouvel air qui, nonobftant la force ftipti- que étoit fuffifant pour dilater le poumon & pour prolonger la vie plus long-temps que lorfque l’animal avoit refpiré le feul air athmofphé- rique renfermé dans la cornue ( LXX }). Dans ce dernier cas, où l’'ani- mal eft mort en huit minutes , l’air a été confommé par la refpira- tion , il a manqué & n’a pas pu diftendre davantage le poumon; ce quia fait le même office que la force aftringente. XCI. Les animaux étranglés , quand il n'y a pas une profonde léfion dans la moëlle épiniere , meurent auffi par le manque d’air : les véficules pulmonaires ne pouvant pas être épanouies, fe trouvent dans un état de conftriétion. Il en eft de même des noyés. Il eft, démontré à préfent que ce n’eft pas l’eau introduite dans le pou- mon(:1) qui caufe la mort. J'ai noyé plufieurs animaux dans le mercure ; je n’ai jamais trouvé un atome de ce métal dans le pou- mon. Je ne prétends pas tirer la conféquence qu'il n’y entre pas une feule goutte d’eau.: mais, que quand même il y en entreroit copieufement , la mort ne pourroit pas être caufée par ce feul agent. Quant à ce qu'on a cru , que la moffette formée dans le poumon étoit la caufe de la mort dans les étranglés & dans les noyés, onen a vu le contraire dans les animaux que jai fait mourir avec l’ex- traétion de l’air des poumons (LXXVI). Il faut ajouter à cela que, quoique l'air de la refpiration foit méphitique , il ne tue pas aufli promptement les animaux expofés dans un lieu fermé & dépourvu entiérement d’air commun. Întroduifez votre haleine, après avoir retenu long- temps votre refpiration , dans un vaifleau plein d’eau ou de mercure & plongé dans ce fluide; expofez-y un animal, il ne mourra jamais aufhi promptement que quand vous l’étranglerez ou que vous le noyerez avec toutes les circonftances égales. On pourroit en douter fi les animaux à fang chaud , indépendamment de toute autre caufe, pouvoient , dans quelque cas , fe pañler de la refpiration pour fept ou huit minutes : il ne faut pas compter les plongeurs qui ont accoutumé leur poumon à cet exercice. XCII. Cependant ilne faut pas croire , même en admettant pour caufe de la mort des animaux fuffoqués par les vapeurs méphiti- ques , la conftriétion fpaftique du poumon qui arrête la circulation, que je veuille nier que les nerfs ne foient pas affeétés par les mêmes (21) Voyez le Mémoire de M. Gardane, Journal de Phyfique, janvier 1778, sur L’'H1ST. NATURELLE ET LES, ARTS. 309 vapeurs. Au contraire, je dis qu'ils fe trouvent compliqués enfemble, que la force aftringente flimulante peut agir égalemént fur le premier & fur les feconds , & que les affeétions de ceux-ci précedent toujours les vices de l’autre. Nous avons vu dans l’énuméracion ( I & Il) des fymptômes cauiés par la vapeur du charbon , que le mal de tête, l'affoibliflement des forcés , le vomiflement , &c. précédoient la gêne de la refpiration. Si ces mêmes fympiômes continuoient trous feuis fans que le poumon füt attaqué, il n'augmenteroit pas avec aflez de viîtefle pour tuer les animaux tout auflil promptement que lorfque les poumons font affe&tés. Nous en avons vu beaucoup d'exemples dans les expériences précédentes. Outre cela , il eft vrai que les hommes , qui ont été furpris par la vapeur du charbon , ne fe font pas plaints d’abord de la gêne de la refpiration (LXXIV ) ; mais, quand la tête fe trouve attaquée en même temps , On ne s’en apperçoit pas auffi aifément : on s’en apperçoit très-bien cependant, quand on réfpire la fumée du foufre. Si vous approchez la bouche d’une allumette qui brûle , vous fentez fur le champ une conftriétion très- évidente*dans le poumon & vous êtes obligé de touffer. Il faut joindre encore à tout ce qu’on vient de dire , que tous les maux qui paroïf- fent dépendre des nerfs tels que la foibleffe , la perte du fentiment intérieur , les tremblemens , les mouvemens convulfifs, &c. font aug- mentés & rendus plus graves par le retardement de la circulation : on fait , par exemple, qu’en liant les vaifleaux principaux de la cuifle , on perd tous les mouvemens de cette partie. Nous avons vu auffi dans la même énumération des fymptômes , que les animaux s’approchoient de la mort quand la refpiration devenoit extrêmement difficile , accompa- gnée de hoquet (IIL) , comme convulfif, de maniere à rompre le poumon par les efforts ( V):ils périffent en expirant , comme on a vu par le dé- faut de l'haleine , par les efforts inutiles & violens pour faire l’inf- piration, par l’état du diaphragme après la mort ( VIII ). XCIII. Mais , lorfque les animaux font retirés à temps de la mof- fette , ils reviennent en infpirant. Si on réduit un animal dans l’état où il ne faut plus qu'une minute pour périr dans la moffette artifi- cielle du charbon & qu’on le retire dans cet inftant ; dès que l’ani- mal eft expofé à l’air frais, il commence à infpirer avec telle force, que les mouvemens de la poitrine pour tirer l'air, font des convul- fions, & ces convulfions fe répandent dans tout le corps. Trois ou quatre minutes ne font pas écoulées , que l'animal “ en état de fentir , de fe lever , de fe foutenir fur fes pattes quoique en trem- blant. Pour le ranimer , il a fufi que le poumon ait été dilaté par l'air , que le fang, arrêté dans l'oreillette & le ventricule droit, dans les caves (X) & dans toutes les veines du corps , ait traverfé le poumon & que la circulation fe foit rétablie, 310 OBSERVATIONS SUR EA PHYSIQUE; . XCIV. Je dis plus, Non-feulement la caufe de la mort , dans les animaux qui ont befoin d’une refpiration fréquemment répétée, la plus immédiate eft en général la confiriétion du poumon ; mais, que dans quelque cas , les maux des nerfs peuvent devancer l’affeétion du poumon. Dans une moffette trop lente , le poumon s’accoutume petit à petit à l’impreffion des vapeurs , il ne fe laifle pas furprendre, il réfife à la force fliptique , il continue à fe dilater & l’animal ne meurt qu'après un long-temps par caufe des nerfs. Ainfi, de plufieurs animäux qui entreroient fucceffivement dans un lieu fermé, le pre- mier , qui s’accoutumeroit à l’aétivité de l'air de la refpiration , auroit plus d’efpoir de furvivre que le dernier (1). XCV. La caufe de la mort encore différente dans les animaux qui peuvent fufpendre long-temps leur refpiration. Nous avons dé- montré que les grenouilles périfloient abfolument par , caufe des nerfs dans les moffettes artificielles ( XLIX ) : malgré cela, on trouve auffi leur poumon très- fréquemment affaffé : il étoit pareillement affaiflé lorfque nous les avons plongées dans des liqueurs acides , alcalines & neutres (XXXVI}). On voit par là combien font fuf- peétes les analogies qu’on fait avec ces animaux & les quadrupedes. Ils vivent autrement que les derniers ; ils font conftruits , ils refpirent autrement ; leur cœur , leur poumon, leur circulation eft différente. Leur vie réfifte vigoureufement à l’aétion plus violente du fer & du feu , tandis qu’elle fuccombe promptement à la force des vapeurs méphitiques : celle des animaux à fang chaud, au contraire, cede immédiatement aux premieres & réfifte aux fecondes, quand leur pou- mon neft pas attaqué. Ainf , les grenouilles qui ont été réduites dans un état trop près de la mort par les exhalaïfons méphitiques , ne peuvent pas furvivre , quoiqu'on les ait retirées de la moffette toutes vivantes ; il eft très-difficile d’en pouvoir. fauver quelqu’une : c'eft parce que les nerfs ont été attaqués profondément. Mais , dira-t-on , fi un feul inftrument , c’eft-à-dire , les vapeurs méphi- tiques , tue un amphibie également qu'un quadrupede , il faut bieu croire que la caufe de leur mort foit commune ou parfaitement Ja même. Je réponds qu'un feul inftrument peut tuer en mille ma- nieres , & faire varier les caufes de la mort fuivant les impreffions quil porte fur les différens organes. Qui empêche que cette caufe ne foit différente fur les végétaux & fur la lumiere ? Les premiers périflent däns les airs méphitiques, & la feconde s'y éteint : Je laffe aux Phyficiens à rechercher la caufe de ces phénomenes. XCVI. I faut donc établir que les animaux , qui ont befoin d'une oo (1) Voyez Priéftley , tome [, page 93. SUR L'HIST, NATURELLE. ET LES ÀAnRrs. 311 re(piration fréquente , périflent dans les vapeurs méphitiques par là circulation arrêtée : que celle-ci prépare leur mort avant que les maux de nerfs les aient tués : que dans quelque circonftance les nerfs tuent ces animaux par préférence : que l'air infe@té de la refpiration produit les mêmes effets que les autres airs méphitiques : que les “étranglés & les noyés meurent par défaut d’air qui ne peut dilater le poumon : que les amphibies périflent toujours par caufe des nerfs: que les végétaux & la lumiere ont une autre caufe de leur mort (1). XCVII. Celles-ci font les caufes les plus immédiates de la mort des animaux fuffoqués par les moffettes : je dis les plus immédiates & non pas les caufes efficientes. Pour connoître en général la caufe efficiente de la mort, il feudroit connoître la caufe efficiente de la vie. Confifte-t-elle dans l’aflemblage des mouvemens ? dans lirritabi= lité ? dans quelqu’autre chofe inconnue ? La ceflation de celle-ci fera la caufe efficiente de la mort. XCVIIT. Il paroït que je fuis parvenu à la fin de mon Mémoire ; mais il me refte encore deux autres queftions à examiner, Survient-il toujours l’apoplexie dans les animaux étouffés par les miafmes mé- phitiques , par quelle voie les gouttes d’air, que nous avons vues dans le cœur( XVI) font-elles entrées dans la circulation ? Je le verrai dans les deux Articles fuivans. La fuite dans le Cahier de Mai. A ———————û—_—_—_—p—p—p—p—apaZaZEZLU (1) On dira auffi avec plaifir ce que M. Portal nous a dit des caufes de la mort dans les animaux fuffoqués par la vapeur du charbon. Rapport fait par ordre de l'académie des fciences, fur les effets des vapeurs méphitiques. À Paris’, 1774. Je trouvai fi intéreffant ce Mémoire de M. Portal , que je le traduifis en italien, il y a deuxans, Ees différentes opinions qui fe font élevées depuis, m'ont engagé à travailler pour le préfent Mémoire. LI FAUTES à corriger dans La premiere Partie de ce Mémoire. , PAGE 175, S IV, ligne 16, par fa grofleur; Lifez , par la groffeur. Page 178, $ XIV, ligne 5, & le préferve de la putréfaétion; fe, & fe préferve de la putréfa@ion. Page 180 $ XX, ligne 4, que les vapeurs méphitiques les détruiloit ; life , que les vapeurs méphitiques le détruifoient. Tbidem , $ XXI, ligne 21, par l'air phlogiftiqué comme air; lifex, par Pair phlogiftique comme air. Page 182, $ XXVIIE, ligne 10, dans les cas preflens; life, dans les cas préfens. Tbidem, $ KXIX, ligne 34, dans l'expérience du $ XXII; lifëx, dans l'expérience du $ XX VII. Tbidem, ligne 37, de ce qu’il les y voyoit mourir ; lifex, de cequ'il ne les y voyoit pas mourir, 312 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 2 + COQ | RQ QR QG RQ OBSERVATIONS CHYMIQUES Sur la préparation du Bleu de Prufle, ufitée en Allemagne dans les Fabriques en grand ; Par M. BAUNACH, Apothicaire à l'Hôpital Militaire de Merg. Devis plufieurs années, on a vu publier un grand nombre de Mémoires fur la préparation du bleu de Prufle. M. Macquer , en- tr'autres , ayant examiné cette matiere dans le plus grand détail, a donné un Mémoire qu’on trouve parmi ceux de l’Académie , an- née 1752 ; on ne peut rien dire de plus clair & de plus lumineux. Maïs comme la fabrication du bleu de Pruffe en grand, s'exécute par des manipulations & des tours de mains , qui different beaucoup de ceux qui fe pratiquent , pour cet effet , en petit dans les Labo- ratoires de Chymie , 1l en réfulteé des phénomenes différens , & des obfervations neuves & intéreflantes pour la Phyfique & la Chymie , qu’on ne trouve pas dans le Mémoire de M. Macquer , & que nous nous propofons de développer. Le bleu de Pruffe fe prépare dans plufieurs fabriques d'Allemagne , d’où il fe diftribue par-tout à un prix très-modique ; les plus renommées font en Souabe , près d’Augs- bourg ; il en exifte auffi dans la Principauté d’Hefle-Ranau , à peu de diftance de Francfort, Tout Chymifte fait , que pour faire le bleu de Prufle , il faut commencer par préparer l’alcali qu’on a appellé pAlogiflique, & pour le bien faire , il ne s’agit que de faturer une certaine quantité d’alcali fixe végétal d'une fubflance inflammable & animale; on choïifit ordinairement dans les laboratoires de Chymie , le fang de bœuf; mais les ouvriers qui tâchent d'exécuter leurs opérations avec écono- mie , s’y prennent d’une autre façon ; on fait un amas confidéra- ble de cornes & d’ongles de bœuf, de débris de cuirs , qu’on trouve en grande quantité chez tous les. cordonniers , felliers & bourreliers , qui les jettent comme une chofe inutile. Les os font exclus de cette opération, parce que , d’après l’expérience , on ne les a pas trouvés propres à donner ‘un beau bleu. On prend des cornes, des ongles d'animaux & des débris de cuirs, parties égales , c’eft-à-dire , qu’on pefe une partie de cornes & d'ongles enfemble fur une partie de débris de cuirs , le tout coupé par petits morceaux ; on en charge une cornue de fer tubulée & si chi. es SUR L'H1ST. NATURELLE EFT LES ARTS 313 8 fermée par fa tubulure avec un bouchon de fer à vis. On la place dans un fourneau à réverbere, qu’on peut chauffer fortement au bois ; on adapte un vafte récipient en forme de tonneau, comme il y en a prefque par-tout dans les laboratoires où lon travaille en grand; on diftille, on continue le feu jufqu’à ce que lon ait retiré tout ce que ces fubftances peuvent contenir de liquide , fa- voir, de phleogme , d'huile & d’alcali volatil criftallifé , que nos fabricans débitent aux droguiftes , fous les noms d’efprit , d'huile & de /e/ de corne de cerf. Le charbon qui refte après la diftillation, fert pour phlogifliquer l’alcali fixe. Voici comme on s’y prend. On place perpendiculairement une grande marmite de fer dans un four- neau où elle eft foutenue par fes trois pieds qui la retiennent en S'enfonçant un peu latéralement dans les murs. Du refte, ce four- neau, qui n’a rien de particulier , eft de formé cylindrique & conf- truit de-briques ; fon foyer eft proportionné pour y pouvoir.exciter un feu violent qui {e fait toujours avec du bois. Après avoir bien arrangé cet appareil, on met dans la marmite trois parties d’alcali fixe ; on y ajoute une partie de charbon animal en petits morceaux, & fans le réduire en poudre ; on prend ordinairement dix livres de charbon , fur trente livres d’alcali fixe végétal, quelquefois moins. On ne choifit jamais de la potaffe blanche ou puriñée ; celle qu'on emploie , eft d’une couleur brune tirant fur le jaune. On chauffe la marmite par degrés pendant une heure ; alors on augmente la chaleur jufqu'à la faire bien rougir ; les potafles entrent en fufon, rongtnt le charbon, & parviennent enfin à le difloudre & à s'unir à lui, de forte qu'il en réfulte une pâte homogene. Cette opération ” dure ordinairement douze heures , car elle fe commence le matin * à cingheures, & ne fe finit qu’au foir à la même heure : pendant ce temps, un ouvrier eft chargé de remuer continuellement la ma- tiere avec une longue fpatule de fer. Après avoir poufté le feu à un tel point, que l’on voit les deux fubftances en fufñon fous la forme d’une bouillie , & de laquelle il s’exhale bientôt une odeur fem- blable à celle de foie de foufre , on retire la matiere toute rouge de la marmite, on la jette dans une certaine quantité d’eau , on lui donne une demi - heure d’ébullition , on décante cette premiere eau, on en pañle de la nouvelle fur le réfidu , qui en eft tout-à- fait diffous, de maniere qu'il ne refte prefque rien du charbon ani- mal ; on filtre la lefive à travers des étoffes de laine un peu fer- rées ; d’un autre côté, on diffout quatre parties d’alun & une partie & demie de vitriol verd , que l’on pañle dans un filtre. On mêle çette diffolution avec la leffive ; la liqueur fe trouble , devient blan- «che, & le dépôt fe forme auffi-tôt fous la même couleur ; on lave L Tome XI, Part, L. AVRIL 1778. Rr 314 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 21000 ce précipité blanc qui fe convertit en un très-beau bleu , à mefure que l’eau en égoutte, & que l'air agit deflus. Il nousefte encore à rapporter une autre maniere de préparer le bleu de Prufle dans certaines fabriques. On prend fix livres de dé- bris de cuirs , autant d’ongles ou de cornes coupés par petits mor- ceaux; on ajoute dix livres de potafles non purifiées , on met toutes ces fubftances dans un chaudron de fer, on les fait macérer pendant huit jours dans une fuffifante quantité d’eau ; après avoir évaporé l'eau, on met le-tout dans une mafmite bien large , fermée d’un couvercle percé de plufieurs petits trous ; on chauffe fortement au bois ; on continue le feu jufqu'à ce que les fubftances foient réduites en charbon. On chauffe enfuite une autre marmite plus commode pour la calcination , dans laquelle on alcalife , premiérement deux livres de tartre crud , auquel on ajoute le charbon ; on continue le feu .jufqu’à ce que la fubflance foit entiérement fondue ; on retire la matiere de la marmite, & on en prépare la lefive avec une fufüfante quantité d’eau. D’un autre côté, on diflout cinq livres de vitriol verd, & quinze d’alun dans l’eau. On traite, au refte, la leffive & les diffolutions falines de la maniere que nous avons indiquée dans le procédé précédent ; on obferve aufli les mêmes phénomenes. Ce travail exige beaucoup de patience ; car pour procéder avec éco- nomie , & pour obtenir beaucoup de bleu , on n’aime pas à augmen- ter la quantité d’alcali ; conféquemment , le charbon rentre que très-dificilement en fufion. Nos ouvriers emploient du tartre crud dans cette opération , dans l’opinion de rendre la couleur plus belle ;, mais je crois que c’eft plutôt pour corriger leur mauvais alcali , & faciliter la fufon. ; PREMIERE OBSERVATIO N. Le fer n'eft pas le feul métal qui puifle être précipité en bleu par notre leflive ; tous les métaux & demi-métaux, diflous dans quelque # acide que ce foit , ont aufli la même propriété ; les terres calcaires: même n’en font pas dépourvues. L'or diflous par l’eau régale , fe précipite fous une couleur blanche, tirant un peu fur le bleu ; mais après avoir bien lavé le dépôt, le conta& de l'air le convertit en un très-beau bleu, fans qu’on foit obligé d'ajouter de l’efprit de fel pour aviver la couleur. Le même produit réfulte de l'argent diflous dans Vacide nitreux ; du cuivre, dæ ©! plomb , dé l’étain , diflous dans le même acide ; le mercure _ | fublimé , diffous par l’eau diftillée , prend auffi une couleur bleue ; | le mercure dans l’acide nitreux , le bifmuth dans le même acide; | & les terres calcaires, fe précipitent également en bleu de Prufle. | SURL'HIST. NATURELLE ŒT ILES ARTS. ‘315 Ces phénomenés ont été obfervés pat plufieurs Chymifles Alle- mands (r). M. Weftendorff précipita tous les métaux & demi-mé- taux diffous par l'acide nitreux ou vitriolique , fous une couleur bleue, par le moyen de la leffive phlogiftiquée. M. Martin (2) pré- cipita tous les métanx diffous par les différens acides fous une couleur bleue, par le même moyen. La leffive de fang fervoit au- trefois de pierre de touche aux Chymiftes ; pour découvrir sil y avoit du fer dans les eaux minérales; mais cette épreuve neft rien moins qu'infaillible , puifque l'expérience nous apprend qu'outre le fer, plufeurs autres fubftances fe précipitent auf fous une poudre bleue. DEUXIEME OBSERVATION. D Les fubftances métalliques & demi - métalliques fe diflolvent par la leffive phlogiftiquée ; mais pour que l'expérience réufliffe bien, il faut que l’on préfente à la leffive , le métal déja divifé par un acide. J'ai verfé à plufeurs reprifes de la leffive dans la diffolurion d’ar- gent , faite par l’acide nitreux ; l'argent s’eft précipité fous une cou- leur grisâtre ; j’ai continué à verfer de la leflive dans la diflolution , jufqu'à ce que j'aie apperçu le précipité fe difloudre par la lefive. Après la diffolution faite , jy ai verfé de l’acide de fel commun, & l’achent s’eft précipité furle champ fous une très - belle couleur A (1) Voyez Différtatio de optima acetum concentrarim ejufque Nabhtam parandi methodo Goettingæ habita. “ Ope lixivii fanguinis, omnia metalla , diverfas per en= > Cheirefes colore cœruleo ditabantur : præter enim aurum , argentum, marcafitam , & »> Mmercurium , zincum flannum : imo ipfas terras calcareas cœrulefcere facil (2) Voyez Differtatio de Lexivio fanguinis argentorati habita 1775, page 27. 6 Omnia metallorum magifleia ope lixivii fanguinis ex fuis menflruis dejeéla_ab illo » Principio coloranti ditari poffe, mihi quoque probavit experientia. Res femper eadem , ratione fuccedit ac cum ferri præcipitato, ideft, pars tantum magiflerit materiem illam _ ») recipit, 6 ut reétè apparere poffit neceffario debet ab acido diffolvi altera ejus pars , » que tinéla non fuerat. Aurum in aqua regis folutum inde per lixivium fanguinis præ- » Cipitabatur colore fufco, qui adjeflis acidis non cærulefcebat, tune illi folutionem » refidui a diflillatione lixivit, atque novum acidum affudi , ficque tandem præcipitaturs » cœruleum induebat colorem. ,, Notre auteur a obrenu le même réfulrat avec prefque tous les autres méraux 8c demi-méraux. M. Weftendorf nous cache les manipu- lations qu'i a employées. Mais il a procédé , fans doute, de la maniere fuivante : ou diftille la lefive d: fang, & on en retire du phlegme qui contient, beaucoup d’alcali volatil ; on diffout enfuite avec de l'eau diftillée, le réfida reftant dans la cornue ; quand la leffive eft bien préparée & bien faturée, les métaux fe précipitent fur le champ fous une couleur bleue; fans la précaution que j'indique , ils fone toujours précipités fous une autre couleur, Rr i 316 OBSERVATIONS SUR EA PHYSIQUE; bleue. On peut aufi faire diffoudre les autres métaux dans notre leffive, en fuivant le même procédé , & les précipiter en bleu de Pruffe, au moyen de l’acide de fel marin. TROISIEME OBSERVATION. Ayant traité quatre onces de fel de tartre purifié avec une quan- tité fuffifante d’huile de corne de cerf, après avoir employé les ma- nipulations néceflaires dans cette opération , j'obtins toujours un précipité noir de la diffolution de vitriol & de l’alun. La couleur noire nous prouve fuffifamment que les parties primitives du pré- cipité font furchargées de phlogiftique , & combien il eft néceflaire pour produire la couleur bleue , que ce principe fubiffe les aétions du feu , pour y être porté à un certain degré de raréfaétion avant qu'il puiffe former cette couleur du prifme. Il arrive donc dans cette opération toute autre chofe qu’une fimple faturation de l’alcali avec te phlogiftiqne , dont nous ne connoiïflons pas la théorie ; il fe fait une toute autre combinaifon dans les parties de la fubftance, qui deviennent propres à réfléchir les rayons bleus. QUATRIEME OBSERVATI ON. Ayant foumis à la difillation quatre onces de bleu de Pruffe dars une cornue de verre au bain de fable, & après avoir pouffé le feu au plus haut degré , je n’obtins qu’une petite quantité de flegme d’une odeur fulfureufe, fans aucune partie huileufe ; le réfidu étoit d’une couleur rougeâtre tirant fur le noir. ÇCINQUIEME OBSERVATION. Ayant verfé peu à peu une fuffifante quantité d’acide marin dans quatre livres de notre leffive , il fe fit une dégere effervefcence , & il fe précipita une poudre blanche qui fe changea en bleu ; fon poids étoit d'environ une once. Je verfai de l’efprit de nitre deflus , Peffervefcence fut bien fenfible & la couleur bleue difparut ; je continuai à verfer de l'acide nitreux jufqu'à ce qu'il ny eût plus d’effervefcence à obferver ; je décantai l'acide nitreux , & je trouvai au fond du vaifleau une terre qui , bien lavée & defléchée , pefoit deux gros, l’acide n’y avoit plus de prife. La terre difloluble par Pacide nitreux , n’eft autre chofe qu'une efpece de terre calcaire, fuivant les différentes épreuves auxquelles je la foumis. Mais l'autre terre reftante & indifloluble par l'acide nitreux , eft une terre particuliere dont nous parlerons tout à l'heure, Cette expérience SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS 317 nous prouve fufifamment que notre leflive eft compofée 1°, d’eau , 2°. de phlogiftique, 3°. d’une terre calcaire , & 4°. d’une terre par- ticuliere : elle nous prouve encore-que le principe colorant exifte dans la leflive, &c que le bleu de Prufle n’eft pas une fécule de fer. ST XVEE MCE NO) BIS LES RN VAS TION, Il fe trouve de la terre calcaire dans la leflive, cela n’eft pss étonnant : car , après une longue calcination, on retire la matiere toute rouge de la marmite; on la jette dans l’eau , l’alcali phlogiftiqué s'y diflout aufi-tôt & entraine avec lui la terre des fubftances ani- males en très-grande partie. Il eft facile de fentir que les fubftances animales doivent avoir acquis , pendant cette opération, une grande avidité à s’unir à l’eau qui, à fon tour abforbe cette terre avec im pétuofité & la ‘ieat en diflolution. SEPTIEME OBSERVATION. L’antre efpece de terre qui fe trouve encore dans leflive, fe préfentoit fous la forme d’une poudre impalpable , d’une couler jaunâtre ; elle n’eft difloluble n1 par les acides, ni par l’efprit dé vin, ni par l’eau, ni par les huiles. L’alcali en liqueur fe charge du principe colorant dans le bleu de Prufle , comme la partie la plus fubtile; mais, après avoir décoloré notre bleu , il ne touche plus à cette terre , elle ne fait point d’effervefcence ni avec les acides , ni avec les alcalis ; elle eft fans faveur & fans odeur , calcinée avec la litharge , elle lui redonne fa forme métallique ; mêlée & triturée avec l’arfenic & fubliméé, elle forme un fublimé d’une couleur jaunâtre ; notre terre expofée au feu violent d’un four à chaux pendant douze heures, ne fond pas & ne change pas de couleur, Un gros de cette terre, mêlée avec une demi-once d’alcali & expofée au plus grand degré de feu, entre en fufñon , & il en réfulte un vert d’une couleur noirâtre. Si l’on foumet à la diftillation cette terre avec l’huile de vitriol, cet acide n’en diflout abfolument rien, mais il pañle dans l’état d'acide fulfureux, se HUITIEME OBSERVYVATION. Nos expiriences nous prouvent fuffifamment que cette terre par- ticipe beaucoup des matieres inflammables , & il y a tout lieu de croire qu’elle n’eft autre chofe qu’un produit de la matiere inflam- mable & de la terre alcaline. Car Palcali fixe eft très - fufceprible de fe décompofer , par la calcination , difolution & filtration réitérées 318 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; & il fe détache à chaque filtration d’une portion de fa terre. Dans notre opération , l’alcali agit avec beaucoup de violence fur le principe inflammable du charbon ; la réa@tion de ce principe fur Valcali n'eft pas moins fenfble , étant toujours foutenue par le feu. Il eft donc très - vraifemblable qu’une certaine quantité de l’alcali fe trouve dénaturée & changée en terre ; c’eft cette terre pour lors qui contrafte par la calcination avec le principe inflammable une union intime , une combinaifon étroite, de forte qu'il en réfulte une nouvelle efpece de terre qu'on auroit auparavant cherchée inutilement dans nos deux fubftances. EE MEME M O0 PERTE Sur la fenfibilité par rapport à la maniere d’être de quelques Animaux finguliers , & particuliérement des Anémones de mer ; Par M. l'Abbé DICQUEMARE, de plufieurs Socierés & Académies Royales des Sciences, Belles- Lettres & Arts de France 6 des Pays Etrangers. . N ous touchons foiblement la détente d’un Automate ; il exécute des opérations mécaniques, mais il n’a pas fenti ; c’eft un ouvrage de PArt très-inférieur à ceux de la Nature : étendons fur ceux-ci notre curiofité. Ebranlés par la proximité d’un charbon ardent , d’une bougie allumée, par le ta , &c. , les pédicules, les feuilles des plantes nommées /enfitives ; elles fe ferment, elles s’abaiflent ; mais par ce mouvement organique & toujours le même, elles ne s’approchent ni ne s’éloignent du corps qui touche ; elles ne tendent ni à jouir, ni à fe fouftraire ; ces plantes n’ont point fenti, ce ne font que des corps organifés , la feule organifation ne rend point fenfible, pour fentir il faut être animé. On s’eft permis d’équivoquer fur le mot /érur, &c jufque fur la faculté qu'il défigne; n’en faifons pas de définitions, elle feroient toutes défeétueufes ; la fenfibilité nous eft connue par la douleur. Faifons-nous , s’il eft pofble , «par l'infpeétion de la nature & par l’analogie , un tableau exquiflé de l’organifation ; confi- dérons la par préférence dans un animal ou dans quelques-unes de fes parties; coupons un mufcle, un tendon, un nerf; ces corps font élaftiques , & comme ils font en même-temps organifés , ils ont la SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 31 propriété tonique : mais l’aétion tonique eft l’effet de la fenfibilité, & l’aétion mufculaire, le réfultat de l’aétion tonique dans un individu, Ne confondons pas tout ceci avec l'irritation ; celle d’un mufcle uni à lindividu eft due à Paétion mufculaire , elle eft fentie ou produit fes effets & cefle en même-temps que la vie; l'irritarion d’un mufcle féparé de l'individu, ou celle d’une portion de mufcle n’eft qu'une aétion & réaétion matérielle, fuite de l’état qui a précédé ; la partie n’eft pas alors fenfible , l'effet n’eft pas fenti, il n’eft que continué pour un temps. À juger par ce que nous connoiflons le mieux, Pindividu animé eft fenfible par les nerfs; le nerf fera, fi l’on veut , un compofé de tubes formés par des membranes , ces membranes un üflu de fibres douées de la propriété tonique ; ces fibres feront , fi lon veut encore , des filets ou faifceaux de filets formés d’une liqueur gélatineufe qui a fon organifation propre , ainfi que chacune des molécules qui la conftituent ; les opérations de la Nature, que nous pouvons fuivre , fe réduifent donc à former fucceflivement, avec des molécules organifées , des fluides d’une organifation qui nous échappe encore, des fibres, des faifceaux de fibres, des tiflus, des membranes , des tubes, enfin des nerfs; le tout fufceptible de la propriété tonique graduée depuis la premiere organifation des mo- lécules à caufe de Pélafticité de leurs principes , ou des premieres réunions de ces principes : ajoutons qu'un fluide quelconque & approprié , enfile les tubes, les interftices de la molécule organifée ou ceux des ces principes dont elle eft formée, qu'il s’infinue, qu'il agifle fur les furfaces qui circonfcrivent ces interftices , qu’il fe fafle alors une réaétion & une réaétion réciproque ; que pluficurs organi- fations différentes entretiennent , augmentent même ces réations ; voilà , fans doute , une organifation bien délice , bien fouple , bien libre & d’une énorme petitefle ; il n’y a pourtant encore rien dans ce mécanifme qui paroiïfle capable de produire la fenfbilité, même ka plus foible, la plus confufe ; le mouvement feroit ce qu'il y auroit de plus féduifant ; mais fa caufe nous échappe , l'effet même eft très-gratuit, & quand il exifteroit, il ne pourroit paroître fupé- rieur à celui de quelques éponges dans l’eau , que par les propriétés des agents; ce ne fera jamais une marque de fenfibilité. Les végé- taux , quoique faifant des mouvemens organiques à l’occafñon d’un choc ou de quelque changement intérieur , n’ont donc aucune fenfibilité : quand ils auroientt la faculté tonique , parce qu'ils joignent l’organifation à l’élafticité , ils n’en peuvent avoir l’aétion, parce que l’aétion tonique, quoique pouvant être regardée comme le dernier terme ou le premier figne apperçu de l’animalité, ne peut naître de la feule organifation & qu’elle eft l'effet de la fenf- biité , attribut étranger à la matiere , même organifée, Si fentir & 320 GBSERVATIONS SUR LÀ PHYSIQUE, vivre font une même chofe, on auroit pu fe difpenfer de dire; fi ce n’eft dans l’ufage ordinaire : certe plante eft vivante, cet arbre languit , meurt, &c. Le mécanifme propre à la végétation s’altere, l'arbre ou la plante perdent leur fraicheur, fe détruifent ; ils n’ont pas ceflé de vivre mais de végéter ; ils n’ont pas fenti Le froid ni la chaleur ; ils ont été de même infenfibles au tranchant du fer qui cultive & à celui qui détruit; une organifation préparée dans les graines & dans les autres parties du végétal, effet du mécanifme produit par une organifation femblable & qui a précédé, perpétue fon efpece. Entre les êtres organifés , ceux qui vivent, qui font animés , font donc ceux qui font fufceptibles de reflentir la dou- leur, &c. & puifque le mécanifme le plus délié, le pius fouple, le plus libre, ne peut produire la fenfbilité; il fuit que ce mécanifme n’en peut être que l’organe & non le fége, & que tout être ofganilé , dans lequel nous appercevons des marques non équivoques de fenfibilité , & non - feulement un être qui a de commun avec la plante, de croitre & de multiplier , mais un être vivant, animé, qui, dans l’état ordinaire, fent qu’il a des befoins, des forces pour y fatisfaire & agit en conféquence, Nous fentons intérieure- ment ce que nous fommes , nous diftinguons nos facultés , nous voyons agir les animaux qui ont aufli les leurs : elles paroïfient être, & leurs opérations démontrent qu’elles font, en effet, moins nombreufes , moins étendues ; & quoique nos connoïflances ne puiflent nous amener à celles de l’eflence de l'être fenfitif, nous fommes perfaadés que la maniere d’être des animaux , dont les aétions refemblent le plus à celles de l’homme, eft très - différente de la fienne, & que la faculté de fentir ne peut opérer chez eux les mêmes effets qu’elle développe & porte fi loin chez nous, où réfide, d’ailleurs , l’intelligence , limmortalité , en un mot, l’image de L'ÈTRE SUPRÈME. Beaucoup d’animaux font très-fenfibles & ont auelques organes fupérieurs à ceux de l’homme. Quelle portée de vue dans les oifeaux de proie! quelle finefle dans l’odorat des chiens! & malgré cela, que leur voyons-nous faire ? combien ne font-ils pas bornés ? Preuve évidente, mais non pas-unique , de l’infériorité de leur nature & du peu de valeur intrinfeque & relative de leur être, Ces vérités font conftantes , & tout ce qu’on fe permet de dire contre, n’a rien changé à la nature, à l’ordre , ni même à l'apparence des chofes. S'il fut un temps où des hommes, quoique d'opinions diffé rentes , femblerent fe réunir pour traiter comme préjugés les prin- cipes qui fervent de bafe à nos connoiflances , troubler l’ordre, livrer à la contradiétion & ballotter à leur gré la plus foible partie des litté- rateurs, inveétiver contre les fciences , convertir les forêts en lycées , élever l'ours au - deffus de homme, & conféquemment rétrograder SUR L'HLST. NATURELLE ET LES ARTS. 321 à prands pas : ofons efpérer que ce temps eft pañlé , que cette efpece de tourbillon na pu déraciner tous les germes de la faine philo- fophie, & qu'il fe trouvera toujours des Sages qui, en s’arrêtant aux bornes prefcrites , joindront à l’art des obfervations & des expérien- ces , l’ufage des facultés intelle&tuelles. Qu'il me foit permis de le dire ici: cet Art qui paroît fi fimple & fi aifé, dont plufeurs s’oc- Cupent fi légérement, & que d’autres femblent dédaigner, a de très= grandes difcultés qui ne font connues que de ceux qui le poffedent bien ; on en peut juger par les contraditions qui fe font élevées au fujet des reproduétions découvertes de nos jours. Que de fingulieres objeétions : que de doutes ridicules, des hommes, d’ailleurs favans , ne m'ont-ils pas propofés de vive-voix, non pas tant fur les animaux qui (ont l’objet de mes recherches , que fur ceux dont on s’étoit occupé auparavant ; tandis que d’autres plus éclairés, plus conféquens , plus accoutumés à obferver & à opérer , étoient dans l’admiration À l’af peét des phénomenes que leur préfentoit la Nature ou dans mon Cabinet ou même fur les rivages: mais reprenons. Quelle fingula- rité ! fur quels fondemens a-t-on pu défigner ceux des êtres animés qui ont le moins d’aétion extérieure comme faifant la nuance im- perceptible entre le végétal & l’animal, comme les derniers animaux &t comme les premieres plantes , & mettre dans cette claffe un nombre confidérable d'animaux qui changent de place , qui ont des mouvemens combinés & relatifs à ce qui les gêne ou les accom- mode , difcernent leur proie, attaquent , fe défendent , fe nourrif- fent à la manière des autres , ont conféquemment des fens & des fens qui paroiflent être d’une grande perfe&ion ? YŸ a-t-on bien penfé ? Confidérons ce que peuvent être ceux des anémones de mer. Quoïqu'on puifle fe reflouvenir de ce que j'ai dit de ces animaux finguliers dans les Mémoires avec figures qui ont précédé , inférés dans les Tranfaétions Philofophiques de la fociété royale de Londres , & d’autres dans ce recueil (1), il ne fera peut-être pas snutile de retracer ici que ce font des animaux marins, nuds, mous, membraneux &c gélatineux , de diverfes couleurs , ayant de- puis un jufqu’à cinq ou fix pouces de diametre ; à bafe circulaire, par laquelle ils s’attachent ; les uns feulement convexes , d’autres coniques , pourvus d’un très-grand nombre de membres qu'ils peu- vent cacher , d’une ouverture ou bouche au milieu , des vifceres A —————————— (1) Voyez le fecond volume de l'Introduétion » page S11....:. 1773, Torre premier, page 473... 1774, Tome 35 Page 3724 1776, Tome 7, pages 295, 515 + 1776, Tome 8 , page 305. Tome XI, Part. I. AVRIL 1778, Ss 322 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIOUr; tendineux au fond , & d’une grande quantité d'inteftins. Jufqu'ici je mai pu découvrir s'ils entendent & sils flairent ; j'ai déjà expliqué combien ils font fenfibles à la lumiere , nous verrons qu'ils peuvent avoir/le goût ; mais le plus étendu de leurs fens, eft le toucher , il eft peut-être aufli parfait que la vue des oïfeaux , que l’odorat des quadrupedes ; le fens du toucher eft répandu dans toute l'habitude du corps de l’anémone ; elle adhere au corps, elle s’y attache par fa bafe , par fa robe ; & par fes membres , ce que nous ne pouvons faire ; elle fent donc par toutes ces parties les corps étrangers qui la touchent dans un feul plan , ou plutôt, elle peut non-feulement les fentir, mais même les toucher par toutes ces parties, d’une ma- niere très-intime , car elle ne s’y attache que quand elle fent qu'ils lui conviennent ; je foupçonne même ( & ce foupçon eft fondé fur l’obfervation ) qu'il y a fur la robe des anémones , des efpeces de levres qui peuvent rendre cette fenfation d’une intimité & d’une délicateffe peu commune : il y a même lieu de croire que le taét eft bien plus parfait encore dans les membres. Pour juger de ces chofes , il faut avoir vu manœuvrer ces animaux pendant une fuite d'années, parce que les procédés varient & inftruifent de ce qu’on ne peut faifir au premier afpect : je dis ceci, non pour faire croire que je conneïfie tout ce qu'il feroit intéreflant de favoir, mais pour engager ceux qui obfervent, à prendre patience & à ne pas deviner. Par le moyen de la bafe & de la robe, les anémones ne pourroiïent toucher & fentir qu'imparfaitement ce que font les corps , quant à leur figure, parce que la bafe ne peut faire qu’une partie des in- flexions néceflaires ; & comme fon mouvement progrefhf eft très- Jent pour aller chercher fa proie fouvent fort agile , il convenoit que l’anémone eût le taét non-feulement très-fenfible pour ne la pas manquer au pañlage, mais aufli qu’elle eût l'organe de ce fens dif- pofé le plus avantageufement , pour fentir les formes d'une ma- niere très-particuliere , afin que ce fens fuppléât à la foiblefle ou au défaut des autres : toutes ces conditions fe trouvent remplies dans fes membres , dont la texture nous échappe en plus grande partie , mème au microfcope folaire , mais qui adherent au corps fans avoir de glu, en forte qu'on peut , par analogie , leur fuppofer une or- ganilation de même genre , mais bien fupérieure à celle de la robe. Qu'on fe reprélente , par exemple , dans une anémone de mer de la feconde efpece, cent foixante membres agiflant au même üinftant , préfentant une très-grande furface , puifqu'ils font prefque cylindri- ques , & d’une aflez grande longueur par rapport au corps de l'animal, très-flexibles, fufceptibles de s’allonger & de fe raccourcir , de s'enfler ou de fe diminuer, & plier en tout fens , de paiper les corps jufqu’à adhérence la plus exaéte ; qu’on compare apres cela sur L'H1ST, NATURELLE, ET, LES ARTS. 323 cet organe avec la main de l’homme, par rapport feulement à la EC d’embrafler les corps & toutes leurs parties , de fentir leur forme , leurs contours , l’état de leurs furfaces , &c. Mais qu'eft-ce que cent foixante membres en comparaifon du nombre de ceux des anémones de la quatrieme efpece? Voilà donc un or- gane du toucher . nous pouvons nous faire une haute idée, Je viens de dire qu membres de l’anémone font très-flexibles & fufceptibles de fe plier en tous fens ; il ne faut que voir fes ma- nœuvres pour en être perfuadé : mais le microfcope folaire m’a fait appercevoir ( dans les-membres d’une très-petite anémone en vie, de la quatrieme efpece ,.que j’avois fait naître par une feconde fe&ion ) des articulations aux membres qu’on ne peut voir fans ce fecours, On cén- prend donc qu’une anémone de mer, dans fon état de vigueur, n’eft pas long-temps à tâter fi elle prendra ou ne prendra pas le corps qui la tou- che, Quoiqu’on éprouve par l’organe du goût ce qu’on ne fent pas par celui du toucher, ce dernier fens peut être regardé comme le genre, dont les autres font les efpeces , parce qu'il faut, dans l’état où nous connoïflons les fens , le contatt de l’air , de la lumiere , des fels, des huiles effentielles pour les autres fens , & le goût a tant d’affinité avec le toucher , qu’on ne peut gueres fe difpenfer de croire , qu’une anémone de mer , qui rejette quelque chofe après l'avoir avalé, n’en foit affe@tée ; comme elle a befoin de manger , elle peut avoir appétit, & fi elle a appétit, il femble qu’elle doive avoir le goût; cependant , je n’en fuis pas bien certain : peut-être le toucher fup- plée-t-il à une chofe aufñi néceflaire & peut-être même à d’autres ; car tous les organes des fens étant de même fubftance , dans les animaux que nous connoïflons le mieux , feulement plus ou moins nombreux , plus ou moins découverts , c'eft-à-dire , des nerfs différemment difpofés , les impreffions qui en réfultent pourroient fe rapprocher, fi dans d’autres animaux, l’organe eft dans un état de perfeétion que nous ne connoiïflons pas : il exifte d’ailleurs dans les corps qui affeétent les organes des fens , des propriétés qui ne nous font pas encore bien connues; celles de l’air comme corps fonore , celles de la lumière condenfée , &c. Il eft certain que les anémones de mer, plus même celles qui font coupées à moitié, font fenfibles à la lumiere, & je n’ai pu foupçonner qu'elles aient des yeux, Je me fuis ex- pliqué fur la maniere dont elles peuvent en être affeétées , je n’en ai pas non plus découvert aux vers à tuyau qui m'ont offert des re- produétions & des phénomenes plus finguliers encore que les ané- mones de mer ( tome 8, page 314) ; cependant , ils voient, on ne peut les obferver que très-difhcilement , quelques précautions que l'on prenne , lorfqu'ils font nouvellement pêchés , tant ils font preftes à fe retirer dans leurs tuyaux & à en fermer l’entrée, pour peu qu’on Ss i] 324 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; s'approche pour les regarder , ou qu’on occañionne quelque chan- gement dans la lumiere qui les frappe. Ne nous écartons pas de noise objet. Le toucher eft le fens le plus sûr de tous, on eft plus certain , on fe fait croire plus aïfément lorfqu’on dit d’un objet, je Par touché; perfonne n'ignore combien il fe perfeétionne par l’ufage : il y a même pour certains hommes, des se: de toucher, que n’emploient pas les autres, on s’aflure par laftouchement du bout de Ja langue ou par celui dés dents, de létat ou de la nature de certains corps , comme ceux qui ont fouffert laétion du feu, les pétrifica- tions , &c. ce qu'on ne peut faire avec la main ni même avec les levres. La fenfation dominante dés anémones de mer étant le tou- -cher , leur maniere d’être doit être différente de celle des animaux “qui ont la vue ou l’odorat par excellence, & quoique ce fens puifle être fufceptible d’une grande perfeétion à raïfon de la forme , de la foupleffe de l’organe, &c. il doit toujours être plus grave que ceux de la vue & de louie ; les anémones de mer doivent donc avoir la “lenteur pour partage dans toutes leurs aétions ; elles paroïflent fe -borner à la capture de ce qui peut les nourrir, à fe loger & à fe défendre contre tout ce qui pourroit leur nuire. On eft porté à croire jufqu'iei qu’elles ne font point diftraites par cette fenfation qu'ont la plapart des animaux & qui fert à opérer leur multiplication , ou qu’elles le font moins ; elles rempliffent cependant le vœu de la nature , en fe multipliant de différentes manieres felon Pefpece , mais non pas comme les plantes , fans fenfibilité ; on doit penfer même, par l’infpeétion de leurs manœuvres , qu'il leur en coûte de douleurs.: C’eft ici qu'il paroît fingulier qu’on ait penfé , de certains animaux , qu'ils étoient moins animaux que d’autres , parce qu’en- tr’autres particularités , ils n’avoient point befoin du concours d’un fecond individu: cela ne pourroit-il pas , au contraire, les faire re- garder, à certains égards, comme des animaux plus complets? Def- cendons un peu pour trouver un exemple plus palpable. Une lima- çon, avec toutes les propriétés que nous lui connoiflons, eft-il moins animal qu'un autre ? à plus forte raifon une anémone de mer; les fin- gularités qu’elle a pardeflus le limaçon , font qu’elle fe rapproche moins de la maniere d’être des autres anmaux mieux connus; mais doivent-elles la faire regarder comme moins animal ? Si on étoit porté à JE! , P ; tige #1 2 . LM . 3 SUR L’'HI1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 369 tige de fer E, figure 3, & le petit bouton] fe loge dans la cloche R, figure 2. À chaque extrémité de la regle horizontale , on adapte une pinule LM, figure v, dont voici la conftru&ion. AA , figure $, eft un morceau de cuivre de $ pouces + de long, 10 lignes de large, & une ligne + d’épaifleur, évuidé & découpé à jour dans fon milieu, comme l'indique la figure. EF eft une autre plaque de cuivre, de 3 pouces de long, 10 lignes de large & une ligne d’épaifleur , dans laquelle on perce à jour les deux parallélo- grammes égaux. | L BBBB & DDDD, on recouvre une de ces ouvertures de deux petites plaques minces CC, que l’on rive avec de petites goupilles, en laiffant entre deux une efpace d’environ : de ligne , formant une fente de mire, Au milieu de l’autre ouverture, on tend un crin, obfer- vant qu'il eft néceffaire que ce crin foit bien dans la même direc- tion que le milieu de la fente, & que l’un & l’autre foient bien paraileles au côté de la plaque de cuivre O P. Ces deux plaques for- ment, pour ainfi dire, deux pinules ajuftées l’une fur l'autre; je nommerai l’une verticale, & l’autre horizontale. On adapte la der- niere à la premiere, par le moyen de quatre vis SSSS, tournées d’égales groffeurs ; la tête doit déborder par-deflus la pinule hori- zontale , & la retenir de forte qu’elle puifle couler très-librement entre ces quatre vis, comme dans une coulifle. R eft un reffort qui agit fur le côté inférieur. de la pinule horizontale, il eft fixé par une vis à la pinule verticale : l’on doit comprendre que ce reflort fait que le côté DP de la plaque horizontale, touche toujours les deux vis in- férieures , & qu’en faifant couler cette plaque , la fente & le crin ne feront jamais ni plus ni moins hauts. On adapte à chaque bout de la regle horizontale, figures 1° & 2, une pinule pareille, par le le moyen d’une vis Q. ( Voyez le profil de cette pinule figure 2.) Cette vis entre dans un petit écrou de cuivre S, caché dans la regle; pour plus de folidité, on fixera à la pinule deux goupilles TT, qui entreront dans deux trous faits au bout de la regle. V, fc. eft un trou par où le bout dela tige de fer X, fg. 3, doit entrer quarrément dans une tête godronnée Z. &, eft un petit écrou pour aflujettir cette tête, On voit maintenant que la pinule, étant fixée à la regie, renfermera dans la petite coche R , fg. 2 , le bouton I, fig. 3, & qu’en tournant à droite ou à gauche, la tête goudronnée de la tige de fer, on fera avancer ou reculer l’axe, P , fig. 4, eft un morceau de bois de 10 pouces & demi de long, 2 pouces & demi de large, & 4 pouces d’épaifleur , découpé comme Pindique la figure : c’eft une potence pour foutenir l'inftrument, B, eft une pointe de fer fixée à la pigce de bois; elle doit être tournée & polie. À eft une autre pointe aufli tournée & polie, mais Tome XI, Part, I, AVRIL 1778 . À aa Là 370 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; mobile. Pour cet effet, on y fait une vis dans toute fa longueur; & on la fait entrer à force en tournant dans le bois, pour qu’elle fafle {on tareau elle-même, mais comme le bois eft debout dans cette partie-là, les filets font bientôt mangés; il fera bien d’y ajufter , à queue d’aronde, une petite planchette de ne , en bois de travers, comme on le voit en D, & l’on fera pafler la pointe à travers. C eft une poignée de cuivre qui doit être un peu longue, afin de- tourner facilement cette pointe : cette piece fait à peu près l’effet des tours à pointes, dont fe fervent les rabletiers Ces deux pointes font faites pour recevoir l’axe de linftrument qui eft tout pointé ;. puifqu’il a été fait fur le tour, F, fig. 4, eft un trou pour y faire entrer le pied d’un graphometre odinaire. H eft une vis de preffion pour affujettir la potence au pied. La figure premiere repréfente linftrument tout monté; on conçoit aifément qu'il doit être extrêmement mobile fur fon axe, & que- la lentille fixe très-promptement l’inftrument dans fon à-plomb. Læ jufteffe de cet inftrument, confifte , 1°. en ce qu’il n’exige pas beau= coup de précaution dans fa conftruétion, & que la manutention en eft trés-aifée & commode. L’on peut très-aifément retourner cet inftrument fans que fon centre de gravité change de place, puifqu’il ne s’agit, pour cela, que dé retirer la pointe mobile en la tour- pant à gauche, & de retourner l’équerre. On refferra la pointe qui reviendra à la même place; car quoique laxe ait changé d’un côté fur l’autre, il ne varie pas dans fa longueur ; par conféquent: la pointe fe trouvera exaétement au point où elle étoit avant de retourner l’inftrument. La facilité & l’exaétitude de cette opéra- tion, font que l’on peut aifément & très-promptement mettre cer inftrument de niveau. Pour cet effet, on place l’inftrument en A, gure 7, le plus folidement poffible, vis-à-vis un jalon ©, bien ap- parent, pas trop éloigné, afin de diftmguer nettement l'indicateur. On regarde du point C à travers la fente de la pinule, & l’on fera. marquer fur le jalon un point à l’endroit où répond le crin de l'autre pinule, comme en E. Retournant enfuite Pinftrument ,. comme il a été dit plus haut, faifant attention de ne pas remuer le pied, bournoyant une feconde fois fur le jalon, fi linflrument n’eft pas bien de niveau, le rayon vifuel répondra à un point ou plus haut, ou plus bas que le premier. Je le fuppo‘e plus haut; alors je ferai marquer le point en D; il eft bien certain, & je crois n’avoir pas. befoin de le démontrer, que le point de niveau fera exaétement au milieu de D & E. On le mefurera avec un compas, & l'ayant marqué en N, regardant toujours au point €, je tourne la vis de: rappel pour faire avancer ou reculer l'axe, jufqu'à ce que linftru-- ment étant libre, & regardant par la fente de la pinule, le crin de- . 08 SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 371 lautre, coupe exa@tement le point N, & alors, on eft afluré que l’inftrument eft de niveau. On pourroit, pour plus grande preuve , placer l’inftrument entre deux jalons, & faire la même opération des deux côtés ; cela, n’eft ni long ni difficile, C’eft pourquoi, chaque fois qu’on aura un nivellement à faire, il fera bien de vérifier l'inftru- ment avant que d'opérer, parce que les différentes températures de l'air pourront faire déjetter le bois. Quand même l’inftrument feroit en métal , cette précaution ne feroit pas inutile. Je ne comparerai point ici cet inftrument au niveau d’eau dont on fe fert ordinairement ; les inconvéniens en font trop connus. J’ob- ferverai feulement que mon inftrumenrt , au moyengde fes pinules mobiles, n’exige pas le befoin de fe placer exaéteme 1 milieu des deux jalons quand on opere, puifque du même point de vue, fans tourner linfirument, on peut voir le long des côtés d’un angle de 8 à 10 degrés. On fait que le niveau d’eau n’a pas cet avantage, & qu'il eft même très-difficile à placer, au point que , quelquefois, cela rebute celui qui opere, & que pour abréger, il fe contente d’un à peu près, ce qui peut jetter dans de grandes erreurs. Le vent auff eft un obftacle pour fe fervir du niveau d’eau, & il n’a prefque pas d'effet fur celui-ci. Cet inftrument eft peu coûteux; on pourroit y adapter des lunettes, & même encore le perfeétionner. a, GHONES ST TREU CTI ON Du Thermometre de M. le Profeffeur SULZER, de l'Académie Royale des Sciences & Belles-Letrres de Berlin (1). MA XI MIE S 1°. Lz mercure eff le fluide le plus propre à mefurer les différences de la chaleur. Nous ne nous arrêterons pas à prouver cette vérité. M. de Luc l’a mife dans tout fon jour. Voyez fes recherches fur (x) Au mois d'oëtobre 1772, nous publiâmes les échelles de graduarions de 17 thermomerres connus : nous ignorions encore les principes d'après lefquels M. Sulzer a exécuté l'échelle de fon thermomerre, Voyez oftobre 1772, tome 2 in-4°« page 495. # Aaa 1} 372 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE,. les modifications de l’Athmofphere, tome 1, page 311 & fui= vantes. 2°, Les petites boules au bas des tubes font préférables aux grandes : } parce que les petites boules prennent la température du fluide am- 4 biant plus promptement que les grandes. Une boule qui a 5 ou 6 lignes de diametre intérieur , n’eft pénétrée de la température de l'air qu'au bout d’une demi-heure, &z le thermometre, dans ce _cas, ne montre jamais la température aétuelle de Fair, qui ordinairement change de quart-d’heure en quart-d’heure. ÿ Pour fe convaincre de l'inconvénient des grandes boules , il fuffit d’expofer à l'air, dans le même endroit, trois ou quatre thermo-, metres dont lé@boules different confidérablement en grofleur : quoique conftruits avec-le même foin, ces thermometres ne s’accorderont ja- mais entr'eux , à moins que la température ne refte la même durant des heures entieres ; ce qui n'arrive que rarement. Les meilleurs tubes font ceux dont la boule n’a que trois lignes de | diametre intérieur, & même un peu moins. Il faut donc que le tube | foit d’un très-petit calibre, ou quil foit capillaire : autrement, les degrés deviendroient trop petits. logiques , il convient que fon échelle n'ait que l'étendue neceffaire pour cet effet. Le plus grand froid en Europe ne furpañle gueres, dans Péchelle de Réaumur , le 17 ou 18 degré au-deflous du zéro , & la plus grande chaleur ne va guere au delà du 27 degré au-deflus du zéro : dont il eft bon que la longueur du tube ne furpañle pas l’étendue de 47 ou 48 degrés de Réaurnur: Cette maxime fe fonde fur l’extrême difficulté d’avoir des tubes un | peu longs, qui foient par-tout du même calibre. On peut , à la, vérité, | avoir, en graduant , égard à la variation du calibre; mais il vaut mieux éviter ce foin, qui ne laiffle pas d’être embarraffant. 4°. Une méthode de conftruire les thermometres qui difpenfe de recourir au degré de l’eau bouillante, ef} préférable à celles qui en.ont befoin. Le degré de chaleur de l’eau bouillante varié futvant la pefanteur de l'air, en forte que, pour déterminer le degré qui convient à la conftru@tion des thermometres , il faut confulter le barometre. 5°. Une méthode de conffruire les thermometres qui donne une pradua= tion exatle, indépendamment de tout deuré fixe de chaud & de froid, ef” | préférable, ceteris paribus, à soute méthode qui exige un degré fixe : parce. | que 1°., par cette méthode, on peut faire des thermometres en tout | temps. & en tout lieu:2°., parce que les variations du point fixe | winfluent point fur la divifion de Péchelle. * Ceft fur ces maximes qu’eft fondée la méthode fuivante, 3°. Si le thermometre ef? uniquement defliné aux obfervations* météoro- sur L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 373 4 PT RAT OUTRE: 6°. Soit AB, figure 1, planche 2, votre tube de calibre uni- forme : faites-y vers la boule, avec l'encre, une marque C. Prenez fur une échelle de dimes le nombre des parties égales que contient la colonne AC. 7°. Chauffez à la chandelle la boule B, fgure 2 , planche 2 ; plon- gez l’ouverture À dans une tafle DE , qui contient du mercure :il montera; quand il eft arrivé en C, faites fortir l'ouverture À du mer- cure qui eft dans la tafle , & comptez ur. Le mercure montera vers B. Quand il eft un peu monté , replongez l'ouverture A dans le mer- cure de la tafle : il montera de nouveau , & entre la feconde colonne de mercure & la pfemiere, il y aura une bulle d’air qui féparera les deux colonnes. Dès que la feconde colonne eft parvenue en C, faites encore fortir l'ouverture A de la tafle, & comptez deux. Continuez tant que le mercure monte, en comptant toutes les colonnes AC qui entrent dans l’inftrument. ; Obfervez 1°., qu'il eft bon d’être deux, afin que pendant que l’un opere , l’autre marque fur un papier le nombre des colonnes; 2°. que la boule, dans cette opération & dans les fuivantes , ne doit pas être trop chauffée; autrement, le mercure monteroit avec tant de ra- .pidité, qu'il feroit difficile d’appercevoir quand il eft précifément au point C. Lorfqu’il monte trop rapidement , approchez le tube de la fituation verticale ; & éloignez-le de cette fituation, lorfque le mer- cure monte trop lentement. 8°. Quand le mercure ne’ monte plus, chaufféz la boule jufqu’à ce que le mercure , qui y eft entré, bouille : plongez l’ouverture À dans le mercure de la tafle, & répétez l'opération du $. 7, toujours en comptant les colonnes de mercure qui-entrent dans le thermometre. 9°. Lorfque le mercure @fle de nouveau de monter , chauffez la boulé comme au $ 8 , & opérez comme au $ 7, jufqu'à ce que le mercure remplifle prefque entiérement la boule. 10°. Suppofons que la boule foit remplie jufqu'à la hauteur mar- quée par la ligne DE, Pour achever de remplir le tube , tenez - le dans une fituation préfque {verticale , & chauffez la boule. Le mer- cure , en fe dilatant, pouflera Pair devant foi, parce que le tube eft prefque vertical ; s’il étoit incliné, le mercure s’avanceroit vers l'ou- verture du tube, & laifleroit une bulle d’air enfermée dans la boule du thermometre, | 11°. Lorfque la boule eft prefque pleine, & qu’on la chauffe , le mercure monte dans le tube ; il faut prendre garde qu'il n’en forte point; ce qui rendroit inexaét le calcul de la quartité de mercure né- ceflaire pour remplir le verre, pour achever lopérätion, TR 374 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE); 12°, Chauffez la boule , & faites monter le mercure dans le tube, jufqu’à un point quelconque F. Plongez Pouverture À dans le mer- cure de la tafle; il en entrera dans le tube une nouvelle portion à mefure que celui-ci, qui y étoit déjà, fe refroidit, Ce nouve:u mer- cure pouffera devant foi, & fera entrer dans la boule le peu d’air qui étroit refté dans le tube, Mettez-le dans une fituation horizontale, & laïflez bien refroidir le mercure, vous trouverez que la derniere portion de mercure n’eft pas toute entrée dans la boule, & q’une partie en eft reftée dans le tube. : 13°. Donnez au verre une pofition verticale, la boule étant en bas , & fecouez-le un peu, la petite bulle d'air qui étoit rentrée dans la boule, montera , & s'arrêtera entre les lignes DE & GH, en féparant le mercure qui eft dans la boule, de celui qui remplit le tube ju(qu’en I. Donc, par l'opération du $ 12, il n’eft entré dans la boule que a portion A I de la colonne entiere AC, Prenez fur votre échelle de dîmes , le nombre des parties contenues dans la longueur AI, & ajoutez ce nombre à celui que donnent les colonnes entieres. d 14°. Faites fortir le mercure qui cit entre la ligne GH & le point I. Enfuite trempez la boule du thermometre dans l’eau bouillante. Si cette chaleur #ne fait pas entrer le mercure dans le tube, répétez les opérations du $ 12 & 13, afin d'introduire dans la boule autant de mercure qu’il faut, pour que la chaleur de l’eau bouillante le fañle monter dans le tube, jufqu’à un point quelconque H. Marquez ce point. 15°. Chauffez la boule à la chandelle, en forte que le mercure monte jufqu'à l'extrémité A du tube; & même qu'il commence à fortir fans fe détacher. Plongez l'ouverture A dans le mercure de la tafle; il s’unira avec celui qui étoit dans le tube, & qui com- mençoit à en fortir. À mefure que linftrument fe refroidit, le merure entrera dans le tube; & linftrôMent fera rempli, fans qu'il refte de l’air ni dans la boule, ni dans la portion du tube qui eft remplie de mercure. 16°. Quand le tout eft refroidi, plôngez de nouveau la boule dans l’eau bouillante; marquez le point où cette chaleur fait monter le mer- cure : la portion qui fe trouve entre ce point & le point H, eft celle du mercure qui eft entré dans l'inftrument par la derniere opération. Ajoutez cet'e portion aux autres. Si la chaleur de l’eau bouillante fait fortir du mercure; on n’à qu'à Je laïffer tomber, fans en tenir compte. Il eft évident qu'il ne reftera dans le tube que la portion AH. Si la chaleur de l’eau bouillante ne fait pas monter le mercure, au moins, juiqu'à l'extrémité du tube, répétez la derniere opération , re sur E’H1IST. NATURELLE ET LES ARTS. 375 en tenant compte de la quantité de mercure que chaque opération ajoute. Pour faire voir comment il faut achever ce qui refte à faire, je détaillerai un feul cas. Ce détail montrera comment il faut procéder dans les autres cas. 170. Ïl faut d’abord fixer l’étendue qu’on veut donner à l'échelle de l’inftrument. Suppofons qu’on fe borne à l’étendue fufffante pour ôbferver la plus grande chaleur du foleil. 18°. Ayez de leau chaude au point que vous n’y puifñiez tremper le doïgt fans être incommodé. Cette chaleur fera un pew plus grande que celle du fang dans lanimal vivant. Plongez la boule du thermometre dans cette eau, afin que le mercure fuperflu forte par l’ouverture À: tenez compte de ce qui fort par cette opé- ration, & déduifez-le de la quantité totale de mercure contenu dans l'inftrument. Veut-on que l'échelle du thermometre aille au-delà du degré de l’eau bouillante, à un degré quelconque ? IL fera facile de lui: donner détendue que l’on veut, Premiere expérience : on voudroit que l’échelle allât jufqu’à 100 degrés au-delà de la chaleur de l’eau bouillante. Dans ce thermometre le degré de l’eau bouillante eft à peu près le 156%, & on veut étendre l'échelle jufqu’au 256"° degré. Le tube étant rempli au point que l’eau bouillante fafle monter le mercure jufqu'à un point quelconque du tuyau, on fait le calcul décrit dans le 19 & 20 $., pour trouver à peu près l’étendue qu’auront 100 degrés de cette échelle. Cela tait , il eft facile de voir fi le degré de l’eau bouillante, qu'on avoit maiqué auparavant, eft aflez proche de la boule, pour laiffer encore au-deflus un vuide capable de contenir autant de mercure qu'il: faut pour remplir lefpace de 100 degrés. En cas que le tuyau foit déjà trop rempli pour cela, il faut en chafler autant qu'il éft néceflaire, pour. faire place à toute la colonne de 100 degrés qu’on veut ajouter, en tenant compte de ce qu’on a: fait fortir. Cela’ fait, marquez lendroit où s'arrête maintenant le mercure. le thermometre étant plongé dans l’eau bouillante. Après, vous: chauffrez de nouveau le mercure & vous opérerez comme il eft dit: au 15%. De cetie fiçon, vous pourrez augmenter la mafle du: mercure, juiqu'à l'étendue des 100 degrés, que vous vouliez ajouter à l'échelle, 19°: E ne refle qu'à conftruire l'échelle. Pour cet effet, multi- pliez le nambre des parties de lPéchelle de dimes, que contient une” colonne AC ($ 6) par le nombre des colonnes entieres qui font: 376 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; : entrés dans le thermometre, vous aurez en parties de cette échelle, la longueur de la colonne totale formée par le mercure. Par exemple, chaque colonne contient $47 parties de l'échelle de dimes, & il eft entré dans le thermometre 69 colonnes entieres, Puifque 547 X 69 Z 37743, toutes les colonnes de mercure qui font dans le thermometre, miles bout à bout, en forment une qui a de longueur 37743 parties de l’échelle de dimes, 200. Ajoutez à ce nombre celui des parties de mercure entrées pär lopération du $ 15, & de.la fomme, retranchez le nombre des parties du mercure , que l’opération du $ :8 a fait forur du thermometre, Que le nombre qui en vient, foit 38400. 21°, Coupez les deux dernieres figures du nombre qui réfulte des opérations, des $ 19 & 20; ou, ce qui revient au même, divifez ce nombre par 100. Le quotient (dans notre exemple 384 }, eft la longeur de ro0 degrés de votre échelle de thermometre, Dans cet exemple, un degré de l'échelle du thermometre, vaudra 3, 84 parties de votre échelle de dimes, Si le nombre qui réfulte, fuivant le $. 20, n’étoit pas nombre rond, on peut népgliger-les deux figures coupées, fuivantile Ç 2x, lorfqu’elles ne vont pas à $o; & fi elles paflent 50, l’on peut ajouter Punité au quotient. Ainfi, fi le réfultat étoit 38449, on prendroit pour quotient le nombre 384; & fi le refultat étoit 38451, on prendroit pour quotient 385. Portez les divifions ainfi déterminées fur Péchelle préparée , pour fervir à votre inftrument. Chaque degré contiendra la ;= partie du mercure qui eft dans le thermometre. - Le zéro de ce thermometre eft où le mercure fe tient quand on a laiflé linftrument quelques minutes dans la glace pilée ou neige fondante. : £ Quand on n’a ni glace ni neige, il fufit de connoître à peu près un degré quelconque de ce thermometre. Par exemple, les caves un peu profondes ont une température qui, fur notre échelle, varie depuis le 52%, jufqu'au 56% degré. Ou bien, en tenant la boule pendant quelques minutes dans la bouche, le mercure montera à peu près au 56" degré de cette échelle, qui répond au 96% de celle de Fahrenheit. 22°, Mettez donc le thermometre dans une cave, ou dans un grand vafe rempli d'eau, que vous aurez ‘laiflé dans la cave, au moins 6 heures; & marquez le point où le mercure s’arrête. 23.. Attachez votre tube fur l'échelle; écrivez 52, ou 53, ou 54, ou 55, ou 56, à côté du point où le mercure s’eft arrêté dans l’opé- ration précédente ; & achevez de numéroter échelle de 5 en 5, œ £ td ET LEA E PE © + LÉ : | 12 sur L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 377 de 4 en 4 degrés , augmentant les nombres en montant vers l'ouverture du tube , & en les diminuant en defcendant vers la boule. Dans cet état , le thermometre peut fervir pour faire des obferva- tions ; quoiqu'il fe puifle que le-tube foit mal placé fur l'échelle, parce qu'on ne favoit qu’à peu près où devoit être le numéro qui airéglé la place des autres, 24°, Dans la faifon de la neige ou dela glace , plongez le ther- mometre dans la glace pilée ou neige fondante , 8: marquez exaëte- ment le degré où le mercure s'arrête. MCe degré ne peut être au-deffus ou au-deflous du zéro de l'échelle ; que de trois ou quatre degrés, Faites glifler le tube fur l'échelle, jufqu’à ce que le point où le mercure s’arrête dans la neige fondante, tombe fur le zéro de l'échelle. Si vous avez fait quelques obfervations avant cette rectification de l'imftrument, vous le corrigerez aïfément par l'addition ou fouf- tradion du nombre de degrés , dont l'ancienne pofition du tube differe de fa poñition aétuelle. HSE AN Ti et De M. DE SAINT-AMANS, ancien Officier de Vermandois , Sur un Iris frngulier. Monsieur , les premieres idées qu'on eut fur Îa formation des météores emphatiques, n’auroient jamais acquis la folidité qu’elles ont aujourd’hui , fi elles n’euflent été fouvent réduites fur de nou- velles obfervations. Ces idées , d’abord confufes, incertaines dans la tête de quelques anciens , furent depuis étendues & corrigées , fuivant l’occafñon , par l’Archevêque de Spalatro , Defcartes, Sturmius , * redreflées fut-tout par Newton & Halley , elles font devenues par degrés un fyftême qu'on ne peut s'empêcher de reconnoitre pour celui de la Nature, puifqu'il en eft avoué, Cependant , Monfeur , vous le favez , il eft de ces météores qui, par leur figure finguliere ou leur afpe& , relativement à laftre qui les produit, femblent offrir quelquefois des énigmes aux phyficiens. Tel eft , par exemple, celui qui vous a été communiqué par le célebre abbé Dicquemare, _& que vous avez inféré dans les Obfervations fur la Phyfique , mois. d'août 1777 ; tels font encore quelques autres météores de ce genre, Tome XI, Part, I. AVRIL 1778. Bbb 378 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu’on trouve décrits dans les ouvrages des favans, & dont les théo- ries adoptées ne donnent pas toujours une explication fatisfaifante. Ce n’eft donc , Monfeur, qu'en multipliant les obfervations à ce fujet, qu'il eft pofible, je ne dis pas de vérifier la doëtrine des grands hommes qui nous lont didée, mais de laffermir & d'indi-. quer les altérations qu'il faudroit y apporter pour la conduire à fa plus grande perfe@ion. C’eft dans ces vues , Monfieur , que j'ai honneur de vous faire part d’un phénomene célefte qui vient de me frapper. Peut-être le trouverez-vous aflez curieux pour mériter l'attention des phyficiens, & pour occuper une place au précieux trélor que vous verfez chaque mois dans la république des fciences. Me promenant , il y a quelques jours, le G février, à la cam- pagne, vers les dix heures du matin, le foleil ayant , par confé- quent', atteint plus de la moitié de fa hauteur fur l'horizon , j'ap- perçus dans les nuages dont l’athmofphere étoit chargée , deux Aalos, ou plutôt deux iris fort remarquables , à caufe de leur fituation ref- peétive. En effet, Monfeur , ils étoient adoffés l’un à l’autre; c’é- toit, comme vous voyez, dans le deflin que j'en ai fait, deux por- tions de cercles colorés, qui fe touchoiïent par un point de leur circonférence , & qui méloient leurs couleurs à l’endroit de leur con- ta@. Le plus grand de ces arcs, véritablement céleftes , avoit le foleil pour centre, & oppofoit intérieurement la couleur rouge à cet aftre. Le plus petit , qui répondoiït un peu au nord de mon zénith, & dont la convexité regardoit le foleil , étoit extérieurement peint de la même couleur. Ainf, Monfieur, les nuances prifmatiques de ces deux cercles procédoient dans un ordre renverfé ; de maniere, qu'en commençant à compter par la courbure intérieure du premier, on remarquoit d’abord , comme je l’ai dit , le rouge , puis l’orangé, le jaune , le verd, &c., & que le fecond préfentoit, au contraire, dans fa concavité , le violet , enfuite le pourpre , le bleu , &c.; enfin , le rouge. Ce qui m'a paru conforme aux théories reçues. Combien il faudroit y déroger pour expliquer ce fingulier météore ! c’eft ce que je n’entreprendrai pas de décider. Je n’oferois, Mon- fisur, hafarder des conje@tures fur un phénomene que je livre à vos réflexions. J’ajouterai feulement , qu'il ne tomba point de pluie du- rant l’obfervation, & que les nuages étoient difpolés fur deux plans. Comme le plan fupérieur, dans lequel fe peignoïent les iris en queftion étoit immobile, tandis que le plan inférieur étoit rapi- dement emporté par un violent vent de Sud, je ne voyois très. fouvent apparition célefte, dont j'ai l'honneur de vous adreffer la defcription, qu’au travers d’une fuite interrompue de nuées légeres & tranfparentes , ce qui produifoit de temps en temps dans les iris, des dégradations de couleur tres-agréables à la vue. Ces alternatives . SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 379 s'étant fuccédées pendant une demi-heure environ , je vis ternir & . renouveler plufieurs fois l'éclat de ce beau météore, jufqu’à ce qu'il difparüt dans un groupe de nuages épais qui ne lui permit plus de s'offrir à mes regards. Au furplus , Monfieur , je n’ai trouvé qu’un feul autre exemple de deux arcs dans le ciel , obfervés en même-temps avec des centres différens. Une parafelene , vue en 1747 (1) , donnoit lieu à ce phé- nomene , pendant lequel on vit plufeurs fegmens de cercles con- centriques les uns aux autres, comme à l'ordinaire, & deux autres portions de cercles qui préfentoient leur convexité à la lune , que les premiers avoient pour centre. Je n’entrerai , Monfieur, dans au- cun détail fur les rapports ou la différence de ce météore noéturne avec celui dont je viens de vous entretenir, par la crainte d’allon- ger inutilement ma lettre. Je ne faurois cependant la terminer fans vous inftruire d’une particularité qui a femblé remarquable a bien bes gens ; c’eft un, petit poiflon , à peu près de la longueur du doigt, qu'on vient de trouver ici, vivant dans une huître verte apportée de Marennes, & duquel je vous ferai pafler le deflin enluminé d’après nature, fi vous le jugez à propos (2). Je fuis, &c. O 1) Cette parafelene eft décrite dans Mufflchembroeck , 2474. 2 ) M. de Saint-Amans rendra fervice-au public. EE A D ESPN TENTE RE UE De M. BouLANGER, adreflée à l’Auteur de ce Recueil; Relative aux Recherches de M. MONNET, fur Le Spath fufible. 17e lu, Monfieur , dans votre Journal du mois d’août 1777 , que Je n’avois pas vu dans le temps, qu’il a paru un Mémoire de M. Mon- net, où , en attribuant à M. Darcet un petit cahier d’expériences fur le fpath, que j'ai fait imprimer il y a trois ou quatre ans ; il Ÿ nie la préfence de la félénite dans le réfidu de la diftillation de ac. vit. & du fpath, & attribue lac. fp. qui eft le produit de cette diftillation , à la combinaifon de l’ac, vit. , & d’une terre qui entre Bbb ij 380 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Sans la combinaifon du fpath, Je me hâte de défavouet , pour M. Dar- cet, cet ouvrage incomplet, sûrement au-deflous de lui , & de vous prier d’inférer ce défaveu dans votre premier Journal.M. Darcet jouit d'une réputation tellement établie en chymie, qu'il wa pas befoin du nom de perfonne pour mettre à la tête de fes ouvrages; il n’a même jamais, ce me femble, gardé l’anonyme. J’ajouterai à ce défa- veu; que M. Monnet n’a pas mis à fes expériences , qui ont fondé fon aflertion , toute l'attention & tout l’examen qu’elles auroient exigé , & je prendrai la liberté de lui confeiller , par intérêt pour les progrès de la chymie, d’être à l'avenir plus afluré des faits qu'il fe permet- tra d'imprimer. j Je fuis, &c. ÉCRAN QC C'E RSS Re DE IVe AVS UN états 2) 5 4 © fo M | DR CM PRUNE De M. MONNET , Infpeiteur Général des Mines de France, en réponfe à . la précédente. JE me hâte, Monfieur, de vous renvoyer la lettre que vous avez eu l'honnêteté de me communiquer , afin de ne pas retarder lim- prefion ; & vous prie bien de n’en rien retrancher. Les obfervations que j'ai à faire fur cette lettre ne font ni lon- gues , ni difficiles. Quand jai dit qu'on reconnoifloit ou qu’on croyoit reconnoître le ftyle & la maniere d'écrire de M. Darcet dans la Brochure de M. Boulanger , je n’ai pas dit, ni n'ai voulu dire que M. Darcet en füt l’auteur. M. Boulanger dit que cette Brochure eft de lui & non de M. Darcet ; je le crois , & j'aime à croire même que cet habile chymifte n’y a eu aucune part. Mais quand M. Boulanger , dont je ne puis douter de l’exiftence, dit, qu’il prend la liberté de me confeiller par intérét pour les progrès de la ehymie, d'être à l'avenir plus affuré des faits que je me permettrai d'imprimer, je réponds que cette maniere de parler n’eft pas dé- monftrative. J'ai avancé des faits, & ce n’étoit que par des faits qu'il. falloit répondre , ou démontrer que ces faits ou expériences ne valent rien, par d’autres faits ou de meilleures expériences. Jufque-là ; & malgré le confeil obligeant de M. Boulanger , je per- fifterai à croire, 1°, qu'il n’ÿ a pas d'acide dans le fpath fufñbles 2°, que la terre qui le conftitue n’eft point calcaire , qu’elle eft d’une natyre,particuliere , & qu’elle n’a , par conféquent , pu former de la félénite/avec l'acide vitriolique; 3°. que l'acide qui s’éleve du fpath sur L’H1IST. NATULELLE ET. LES ARTS, ‘381 fufible , lorfqu’on le foumet à la difillation avec l'acide vitriolique, n'eft que ce même acide déguifé par une portion de la terre propre du fpath; 4°. que ce que M. Boulanger a pris pour de la félénite , n'eft que ce même acide furchargé de la terre du fpath; $°. que cette prétendue félénite fe décompofe par les lavages feuls , & qu’elle fe réduitmen terre ; 6°. que les lavages de cette terre emportent l'acide vitriolique chargé d'une portion de cetre terre ; 7°. qu’en concentrant ces eaux , on obtient une liqueur falin-acide , qui s’éleve dans la diftillation comme l'acide vitriolique concentré mis fur du fpath fufible, &c. &c. &c. ap VAR réa Lo à ARE 7 De M. LB SAGE, de Geneve, à l’Auteur de ce Recueil, relativement a l'Anneau de Saturne. M ONSIEUR, dans votre Journal de janvier vous avez publié, fous mon nom, une petite piece intitulée : Queffion dynamique fur l'anneau de Saturne | qui cependant n’eft point de ma façon , mais de celle d’un jeune homme de mes amis, qui vous l’avoit envoyée au mois d'avril précédent. Ayez donc la bonté, Monfeur , de pu- blier auffi cette lettre pour défabufer vos leéteurs, de cette mé- prife, dont je vais leur indiquer la fource , afin de vous décharger d’autant, Quelques mois après l'envoi de cette qweflion , mon jeune ami, témoignant à l’un de vos plus célebres correfpondans fa furprife de ne point la voir paroître, il eut occafion deme nommer , à peu près au même inftant. Cetre illuftre philofophe (qui a louie un peu dure ), crut que cette produétion m’appartenoit , & il s’exprima en conféquence dans une lettre où il eut la bonté de vous la recom- mander ; ce qu'il me rapporta quelque temps après. Je le tirai de fon erreur, & j'efpérai qu'il vous en tireroit à fon tour. Mais, fans doute , qu'il n’aura pas Se de le faire : ou bien , il l’aura jugé fuperflu , après la démarche que j'avois déjà faite pour cela au mois de feptembre. Cette démarche confiftoit à prier un grand aftronome qui vous eft fort attaché, de vous mettre au fait dusvrai nom de Pauteur , qu'il prit effetivement fur fes tablettes, mais qu'il * aura pareiliement oublié de vous communiquer. L'auteur avoit fait beaucoup de calculs ingénieux fur ce fujet , avant & après l'envoi de fa piece, Moi, je n’en ai fait abfolument 33? OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, aucun là-deffus, mais feulement quelques raifonnemens. Et même, ces raïfonnemens différoient par leur objet , des vues & conjeüures annoncées par l’auteur de la piece ; car 1ls fe bornoiïent à prévenir certaines folutions apparentes , qui pourroient aifément venir à l’ef: prit de quelques-uns de ces leéteurs fuperficiels & verbeux ; dont les journaliftes &c-le public font quelquefois excédés, de Je fuis, &c. armes mme AN TT de, marne orne se ae a —_—_—_—_—) NOUVELLES LITTÉRAIRES. H: STOIRE générale G économique des trois Regnes de la Nature ; contenant 1°. La defcription anatomique & phyfique de l’homme , fes maladies ; Les ‘remedes qu'on peut y apporter ; les alimens qui lui con- viennent en état de fanté, & Vurilité qu'on peut tirer des différentes parties de fon corps , tant pendant fa vie qu'après fa mort. 2°. L’anatomie comparée des animaux , conjointement avec leurs deftriptions , leurs mœurs, leur caraëtere ; la maniere de les nourrir, de les élever 6 de Les gouverner ; les alimens qui leur font propres ; les maladies auxquelles ils Jont fujets, l'art de les traiter , ff ces animaux font de la claffe des domefliques ; & S'ils font de la claffe des fauvages, la maniere de les Jubjuguer à l'empire de l’homme par les rufes, la chaffe , la pêche, Etc. Les avantages qw'on peut tirer de ces différens animaux , tant pour la médecine & la nourriture de l’homme que pour les différens ufages de la fociéré civile. 3°. Les noms botaniques 6 triviaux des plantes dans toutes les langues de l'Europe; leurs deftriptions , leurs claffes , leurs familles , leurs genres & leurs efpeces ; les endroits où on les trouve le plus commu- nément ; leur culture ; les animaux auxquels elles peuvent fervir de nour- riture ; leur analyfe chymique ; la façon de les employer pour nos alimens, tant .folides que liquides, & leurs différens ufages économiques. 4°. La defcription des mines, foffiles , fluors , criflaux , terres , fables & cailloux gwon rencontre fur da furface du globe & dans les entrailles de la terre ; l'art d'exploiter les mines ; la fonte € laurification des métaux , leurs différentes préparations chymiques , 6 la maniere de les employer dans la médecine , l'art vétérinaire , les arts & les métiers , Gc. 5°. L'hifloire na- turelle de toutes Les fontaines minérales connues , leur analyfe chymique , une notice des maladies pour lefquelles elles peuvent convenir , 6 La maniere d'en faire ufage. Ouvrage propofé par foufcription; par M. Buchoz , médecin botanifte & de quartier en furvivance de Mon/feur , ancien à s if d SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 38; médecin de Mgr. le Comte d'Artois | &c. &c. in-folio & in-8°: À Paris , chez Didor, le jeune , Libraire, quai des Auguftins; Débure, aîné, Libraire, quai des Auguftins ; Durand , neveu, Libraire, rue Galande; Lacombe, Libraire, rue de Tournon. A Amfterdam , chez M. M. key, Liéraire, Rien meft plus intéreffant à l'homme que de connoître es pro- duétions de la nature ; mais à quoi peut lui fervir cette connoiffance , s'il igrore les avantages qu’il en peut retirer pour fes befoins ? Les naturalifles, les botaniftes nous donnent journellement des nomen- clatures, des defcriptions, des fyflèmes , & il ne s’en trouve pref- qu'aucun qui traite des différens êtres qui nous environnent : connoître un minéral , une plante, un animal , ne fuffit pas , il faut encore en approfondir les proprietés ; c’eft ce qui a engagé l’auteur à traiter dans cet ouvrage l’hiftoire naturelle d’une façon économique ; il a tâché par là, de fe rendre utile à fes femblables , comme il n’a ceffé de le faire juiqu'à préfent par les différens ouvrages qu'il a publiés. Cette hiftoire naturelle eft divifée en trois parties, qui répondent au regne animal , au végétal & au minéral ; la premiere partie eft fub- divifée en deux traités ; le premier eft deftiné à l’homme; on ly confidere dans l’état de fanté & dans celui de maladie ; on y explique Vufage phyfique de fes fonétions , le mécanifme des différentes parties qui le conftituent , lorfquil eft en fanté; on pañle de là au dérangement de cet individu fi admirable ; on traite, en conféquence, de toutes les différentes maladies humaines, on on donne les caufes, les fymptômes, les diagnoftics , prognoftics & les différens traite- mens; On joint à chaque maladie plufeurs obfervations de pratique. On termine enfin ce premier traité par l'indication des alimens qui font les plus favorables à l’homme. Ù Le fecond traité comprend les animaux, & renferme fix chapitres; le premier traite des quadrupedes, ou, pour nous fervir des termes de M. le chevalier de Linne, des animaux à mamelles ; le fecond, des oïfeaux ; le troïfieme , des amphibies ; le quatrieme , des poif- fons; le cinquieme , des infeétes ; & le fixieme , des vermiffeaux : c’eft-là précifément le fyflême de M. le chevalier de Linné. Dans chaque article, on commence par donner une defcription générique & anatomique de chaque animal, on en: décrit enfuite les efpeces , on en rapporte les difiérens noms, tant triviaux que fcientifiques ; on indique les alimens qui leur conviennent , on fait connoître leurs mœurs , leurs caraéteres , la méthode de les élever, lorfqu'ils font fauvages , les différentes façons de les attraper ; on fait auf mention des animaux qui leur font ennemis, & de la maniere dont ils fe défendent les uns contre les autres; on expofe, en outre, les différens avantages que chacun d’eux peut nous procurer , foit pour . 384 … OBSERVAYMIÔONS SUR LA PHYSIQUE, les alimens , les médicamens, foit pour les arts & l’économie cham- “pêtre; enfin, on y fait mention des différentes chafles & pêches pratiquées chez les divers peuples de la terre. La feconde partie concerne les végétaux; dans laquelle on donnera lPénumération de toutes les plantes , rangées fuivant le fyflême de M.le chevalier de. Linné ; avec: la défcription de leurs ufages à propriétés. R La troifieme partie.a pour objet les minéraux; elle eft fubdivifée, de même que la premiere, en deux traités, dont le premier com- prend uniquement les minéraux ; on y donne la defcription de chaque maine , foflile , fluor, criftallifation , fable , terre, caïllou ; on en rapporte l’analyfe chymique ; on y expofe la maniere d’exploiter les mines , la pratique la plus accréditée de la fonte des minéraux ; on rapporte & on explique leur ufage dans la matiere médicale , dans les arts, & pour la fociété civile ; on indique en outre les différens endroits de la terre où on les trouve. Le fecond traité eft deftiné à l’hydrologie, ou à la recherche des fontaines minérales ; on en examine la nature, les endroits où elles fe trouvent , leurs principes chymiques , leurs propriétés dans la médecine , la maniere d’en faire ufage comme médicamens ; l’auteur étend fes recherches à toutes les fources connues de l'univers. Par cet expofé, on peut fe convaincre que cette Aiffoire générale & économique des trois regnes fera la plus complete & la plus étendue qui ait jamais paru; on y trouvera rafiemblé par ordre & par choix tout ce qui fe trouve épars dans les différens ouvrages de l’auteur avec des additions infinies, Les différentes planches que M. Buchoz publie depuis très - long - temps pourront concourir à lornement & à l'intelligence de cet ouvrage , fans pourtant en être une dépen- dance néceflaire. La premiere fuite qu'il a commencé de publier a pour titre : Colle&ion des planches enluminées © non enluminées , repréfentant au naturel tout ce qui fe trouve de plus intéreffant & de plus curieux parmi les animaux , les végétaux 6 les minéraux ; elle a paru au mois de janvier 1775, par cahier , de trois mois en trois mois; elle en ren- ferme aétuellement douze : les dix premiers forment la premiere centurie ; on efpere en donner trois. Ce recuéil peut très- bien fe qualifier de Glanures d’hifloire naturelle. Le premier cahier de chaque centurie commence par les animaux ; le fecond repréfente les plantes médicinales de la Chine , & le troifieme les minéraux, & ainfi de fuite dans le même ordre. = La feconde fuite eft défignée fous le titre de Co/eéfion précieufe € enluminée des fleurs Les plus belles & Les plus curieufes qui fe culrivent tant RIT ra “LA ,. dd d 0 dd à - £ S ra n DA L à ° \ : La SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 38 tant. dans les jardins. de la Chine que dans ceux de l'Europe. Cette colleétion ,-une des plus précieufes qui paroifflent en ce fiecle ; réunit en même-temps le mérite de la nouveauté ; la plupart des fleurs de la Chine, dont on a publié les deffins peints, étoient fuppo- fées : celles-ci ont l'avantage d’être peintes d’après nature , & {ont entiérement conformes à celles qu'on cultive dans les jardins de Pekin, La premiere partie de ce recueil paroït aétuellement ; elle eft compofée de dix cahiers. IL paroïîtra encore dans le courant de 1778 8 1779 deux autres recueils de planches, dont l’un fera deftiné à repréfenter les pro- duétions des trois Regnes de la France ; & le fecond des pays étrangers. CHHONENIID TETE IN OS EN NS: On ne peut déterminer le nombre de volum:s que renfermera cet ouvrage ; on le diftribuera à la maniere angloife , par cahiers de 20 feuilles chacun , foit 2z7-folio , foit :7-8° , à la volonté des foufcripteurs ; il faudra 200 feuilles pour former le premier volume in-folio, & pareille quantité pour les cinq premiers volumes 17-89. Le prix pour la foufcription du volume i7-fo/io ou des cinq volumes in-8°., fera de 48 liv. franc de port à Paris & pour toute la France , qu'on payera en recevant le premier cahier ; le dernier volume i7-folio ne fe payera que 24 liv. ainfi & de même que les cinq derniers volumes i7-8°. , aufli francs de port. On ne délivrera de ces cahiers qu'aux feuls foufcripteurs ; ceux qui auront pas foufcrit ne pourront acquérir l'ouvrage qu'après qu’il fera fini, &c à un plus haut prix. Le prix des cahiers des Planches enluminées & non enluminées d'hifloire naturelle eft de 30 livres, & ceux de la col/külion enluminée des fleurs de la chine, de 24 liv. chacun. On foufcrit à Paris , chez l’aureur , rue de la harpe ; & chez les libraires déja cités. Différtation qui a remporté le prix , au jugement de l'académie des fciences de Befançon , fur ce fujet , Quels font Les caraékeres € Les caufès d'une maladie qui commence à attaquer plufieurs vignobles de Franche-Comté? par le R. P. Prudent de Faucogney , religieux capucin, à Befançon, i7-8°. de 140 pages. À Befançon, chez Lépagnez. L’au- teur ; bon obfervateur & bon phyficien , a rempli parfaitement le fujet du prix. Il feroit à fouhaiter qu’une académie prit la réfolu- tion d’épuifer une matiere, ce qu, à la longue, feroit un traité complet. Le travail des vignes , la maniere de faire le vin , four- niroient au moins dix fujets importans , mais comme il eft prefque impoffible de traiter ces fujets pour la généralité du royaume , il Tome XI, Part. I, AVRIL 1778. Gcc 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; y auroit au moins une province qui auroit un traité complet en ce genre. Les objets détachés ne tiennent point affez à la marche géné- rale , & il eft fouvent très-difficile d’en faire l’application au plan général. Il faut cependant convenir que le fujet atuel méritoit d’être traité féparément. La maladie dont on fe plaint, provient de la plan- tation des vignes dans un terrain dont le fond eft glaifeux, & pat conféquent, qui aide à la pourriture des vignes , parce qu'il retient Veau. Cette vérité étoit reconnue de tous les Eonologiftes , & le pere Prudenr vient de la mettre dans fon plus grand jour. La queftion fuivante ne mériteroit-elle pas d’ètre propofée pour fujet de prix ? Un terrain tel que celui ou ceux dont parle lepere Prudent , ne rendroient ils pas plus aux propriétaires s'ils étoient culrivés en grains , que plantés en vignes ? Outre là maladie dont il eft queftion , il eft bien dé- montré que de tous les terrains, le moins propre à la vigne eft le terrain glaifeux & celui qui donne le plus mauvais vin, & celui qui fe conferve le moins, toutes circonftances d’ailleurs égales pour la quelité des plans, Effai fur les Arbres d'ornement , les Arbriffaux & Arbnffes de pleine terre, extrait du Diétionnaire de Miller. À Paris , chez Grangé, Impri- meur-libraire , rue de la Paréheminerie. Traité des maladies des enfars, ouvrage qui eft le fruit d’une longue obfervation, & appuyé fur les faits les plus authentiques, traduit du Suédois de feu M. N/5-Rofen, chevalier de léroile polaire, préfident de l'académie des fciences de Stockholm, médecin de Ja famille royale; par M. Lefèvre de Villebrune. À Paris, chez Cavelier | libraire | rue faint-Jacques, in-8°. de 582 pages. Allgemeine anleitung qur fæchfischen Weinpflege , &e. Infiruéfion far la maniere de gouverner les vignobles & Les vins de Saxe ; par M. Muller, diacre à Groflenhayn. À Drefde, chez Walter, in-8®. Thoughts on général gravitation , &c. Penfées fur la graviration ge- nérale, & vues qui en réfultent, fur l'état de l'Univers | in-4°, À Londres, chez Cadll Matiere médicale , tirée de l’hifloire des Plantes indigenes de la Saiffe, de M, de aller. 2 vol. ir-8°, A Berne , par la fociété typographi- que » 1777: . Voyage en Dalmatie ; par M. l'abbé Fortis : traduit de l'Italien. 2 vol. 7-8°. avec 18 planches en taille-douce. A Berne , par la fociété typographique, 1778. Voyage en Portugal & en Efpagne, fait en 1772 & 1773, par Ri- chard Twiss, gentilhomme anglois , membre de la fociété royale : traduit de l’anglois. 1 vol, grand /7-8°, A Berne, par la fociété ty- pographique , 1777. Hifloire des Decouvertes Les plus nouvelles 6: intéreffantes , faites par sur L'Hi1sT. NATURELLE ET LES ARTS. 387 divers favans voyageurs dans plufieurs contrées de la Ruffie & de la Perfe, relativement à Lhifloire civile & naturelle, a léconomie rurale, au commerce, &c. en trois volumes i7-4°, & fix in-8°. avec figures. A Berne, par la focicté typographique, 1778. Lettres à une princeffe d'Allemagne , fur divers fujets de phyfique & de philofophie ; par M. Euker. 3 vol. in-8°, avec figures. À Berne, par la fociété typographique , 1777. L'accueil favorable que cet ouvrage a déjà reçu , eft l'augure de celui qu'il mérite. Le nom feul de fon illuftre Auteur fuft à fon éloge. Ce n’eft point une traduétion, il eft forti en françois de la main favante de M Euler. Le tome I de cette prodution , que la maniere fimple de traiter les matieres les plus abftraites doit rendre infiniment précieufe contient des leçons fur les fons, la mufique , es effets de Pair, les barometres & vhermometres , \es faifons , les rayons de la lumiere , les Jiflemes du globe, Voptique , la pefansur, les loix du mouvement &c. Le tome II embrafe les matieres de pkilofophie , de théologie , de phylique, de métaphyfigue & de logique. Le tome III traite des latitudes & des longitudes , des bouffoles & de l'adion de l'aimant, de la fphere , de la dioptrique , des microfcopes 8 célefcopes , toutes efpeces de /unerres 8 leurs effets , un petit cours d’affronomie , & des effets de la réfraëtion des rayons de la lumiere. Les Editeurs fe flattent que le public reconnoïtra que c’eft le fervir avec zèle , que de lui procurer en trois volumes #7-89., imprimés avec foin, avec une grande exaétitude de correétion, & des eflampes ce principe igné qu'elle contenoit dans un état de repos. Il paroît donc que le principe igné’ dans les expériences précédentes avoir coagulé la partie féreufe en y paflant immédiatement de la chaux, fans rentrer dans l’état de feu a@uel. Pour m’aflurer davantage de la probabilité de cette conjeéture , je pris 1°, de la chaux qui avoit sentement fat une effervelcence & à demi éteinte par l’humidité de l'air; (1) L'on déraillera ce qui regarde ces proportions & plufeurs autres circonftançes 3 dans l'Ouyrage que l'aurçur a annoncé, 392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : 2°. de {a chaux que les ouvriers nomment douce ; 3°, de celle, enfin, qu'ils appellent forre. La feule différence qu'il y ait entre ces trois fubflances , ou pour parler plus exattement , entre les trois états de la même fubftance, c'eft que dans le prèmier , le phlogiftique eft prefque tout évaporé, & que dans le fecond'il eft en moindre quantité que dans le troifieme. Ce fait eft appuyé fur l'expérience fuivante. Ayant éteint ces trois efpeces de chaux que j’avois mifes à poids égaux dans une pareille quantité d’eau fous des récipiens de verre , j'oblervai, par le moyen du thermo- metre, que la chaux forte excitoit une très-grande chaleur au moment où elle entroit en fufon ; que la chaux douce en occafionnoit une beaw- coup moindre; & que celle qui avoit été éteinte par l'humidité de l’air, n’en procuroit qu'une prefque infenfible, Je répétai cet effai avec les mêmes procédés fur la partie féreufe du fang dans des vafes différens : la chaux éteinte par l'humidité de l'air ne la coagula pas; la chaux douce la cailla médiocrement, & la chaux forte, beaucoup & très- folidement. Il paroit donc hors de doute que le phlogiftique eft la caufe de cette efpece de coagulation inconnue jufqu’à préfent. Mais ce qui indique encore plus la préfence du phlogiftique, c'eft un efet chymique qui accompagne toujours ces expériences, je veux dire, la formation d’un alcali volatil très-pénétrant, que l'on reconnoît par l'odeur dans tout le cercle que forme la partie féreufe du fang autour de la chaux , & qu’on ne reflent point dans le refte de cette partie féreufe, qui eft abfolument inodore & infipide. Tous les chymiftes favent que le feu eft M caufe de la formation de cet alcali volatil; dont il n’exifte dans la partie féreufe du fang faine‘8& nouvellement tirée, que les principes capables de le produire. D’après des faits pareils ne} peut-on pas conjeéturer que lefprit de vin & l’acide vitriolique coagulent la partie féreufe du fang par la même raïfon, puifque ces deux fubftances font chargées de phlogiftique, & que le vinaigre même diftillé ne la fait pas cailler ? En {vain , objeéteroit-on que l'huile pleine de phlogiftique ne coagule pas la partie féreufe , puifque laffociation de ce fubtil élément dans l’huile eft plus intime | que dans les deux liqueurs précédentes qui, par la durée du contat de l'air en perdent une grande partie ; tandis que l’huile, quelque manipulation qu’elle efliie , le conferve conftamment. Ces obfer- vations jettent beaucoup de jour fur la théorie des polypes formés dans le cœur & dans les vaifleaux pulmonaires, ainfi que fur celle de la coagulation de la partie féreufe dans un homme vivant (x). PE on nnnnt (1) Halier, Elém. Phyf. Tome, page 127 & fuivantes, Car SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Car sil arrive par quelque caufe que ce foit , que le phlogiftique furabonde dans le corps humain, & qu'il ne puifle pas s'échapper par les pores de la peau ou par les poumons, il fe trouvera forcé de pénétrer dans la compoñition intime de la partie féreufe du fang & de la coaguler , quoique la chaleur apparente d’un homme vivant ne parvienne jamais au 148e degré de Fahrenheit ( 1 ). En effet, les perfonnes les plus fujettes aux polypes , font celles qui ont quelques défauts dans la conformation des poumons , lefquels font peut-être l'organe principal par où s’échappe continuellement une grande quantité de phlogiftique. Paflons aétuellement au fecond principe du fang , c’eft-à-dire , la partie muqueufe. L’on peut voir dans la phyfologie du célebre Haller ( 2 ) combien l’on a eu peu d’idées exaëtes jufqu’à nos jours fur cet important objet. Sous le nom de partie muqueufe , j’eamine avec M. Hewfon ( 3), cette portion du fang qui fe trouve toujours réunie avec les globules fanguins , à moins qu’on ne l’en fépare par®les procédés de l’art qui les réunit en un feul corps ; ce qu'ils ne pourroient pas faire par eux-mêmes , comme nous le démontre- rons enfuite. Cette partie muqueufe differe eflentiellement de la partie féreufe , puifque la partie muqueufe fe condenfe à l'air libre, & que le phlogiftique la maintient dans l’état de fluidité, tandis que la partie féreufe éprouve un effet entiérement contraire. Pour fe procurer cette partie muqueufe, il fuffit, fuivant M. Haen, de mettre du fang dans l’eau échauffée au centieme degré de Fahrenheit. J'en ai obtenu avec une chaleur bien inférieure , même en me fer- vant d’eau froide, avec la feule attention de la bien agiter. En faifant cette expérience , la partie féreufe refte fluide dans l’eau , les glo- bules fanguins fe diflolvent , la teignent en rouge, & la partie mu- queufe fe condenfe en petits grumeaux blanchâtres, mous , tenaces & filandreux. L’on peut encore obtenir le même réfultat en fouettant avec des baguettes le fang qui tombe dans un vafe fans eau; car alors , la partie muqueufe que le contaét de l’air condenfe , s’attache par filamens aux baguettes , pendant que la partie féreufe tombe fluide dans le vafe , & que les g'obules fanguins s’y uniflent , fans pourtant la coaguler. Je me fuis fervi des expériences fuivantes pour bien m'aflurer que cette fubftance coagulée eft réellement différente de la partie féreufe. (1) Degré qui correfpond au 71e, divifion de Réaumur. Voyez le tableau du thermometre univerfel de comparaïfon , iniéré dans le mois d’oétobre Introd. t, 2, P- 495. (2) Elém. Phyf. tome 2, page 33. (3) Hifloire du Sang, feconde édition, Tome XI, Par, I, MAI 17378. Ddd 394 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Pendant que l’on tiroïit du fang à un homme malade , j'en reçus: la moitié dans un verre plongé dans de l’eau chaude, Des que la mefure fut pleine, je le verfai & l’agitai dans l’eau. Je confervai l'autre moitié dans un fecond verre. Vingt-quatre heures après , je ramaflai la partie muqueufe condenfée dans l’eau : ayant enfute fait bouillir cette eau, je m’apperçus que la partie féreufe qui y étoit reftée fluide , fe coaguloit. Je la pefai, & comparant fon poids avec celui du fang que j'avois réfervé dans le fecond verre, Je ne trouvai qu’une très-légere différence. L’on doit donc conclure que la partie muqueufe n’eft pas la fubftance féreufe. De plus , de lea chaude, dans laquelle j'avois verfé le fang, je navois tiré avant l'ébullition que [a partie muqueufe , & l’eau étoit reftée teinte en rouge & parfaitement fluide ; donc, peut-on en conclure, la partie muqueufe eft la matiere denfe des grumeaux ordinaires. J'ai continué cette expérience en enveloppant avec un morceau d’étofe l’autre portion du fang qui étoit condenfé dans le verre; je l’agitai dans l’eau froide, qui en fut teinte en rouge, & je m'ap- perçus en en mettant une goutte fous le microfcope , que cette couleur rouge provenoit des globules fanguins qui y étoient répandus. Cette eau s'eft confervée long-temps fans que jamais elle fe foit coagulée. La matiere colorante fe dépofoit au fond, de façon cepen- pendant, qu’en agitant légérément le vafe l'eau fe coloroit de nou- veau. Donc les globules fanguins qui coloroient l’eau, font une fub[- tance différente de la partie muqueufe , & qui ne fe coagule pas par elle feule, Une autre fois, j'ai expofé à l’air libre une dofe égale de partie féreufe & muqueufe dans deux vafes différens , mais d’égale ouver- ture, & j'ai obfervé que la partie muqueufe fe corrompoit beaucoup plus vite, &r exhaloit une odeur fétide; ce qui eft encore un indice manifefte de leur différence. M. Hewfon a obfervé par rapport à cette partie muqueufe , & je m'en fuis convaincu par mes propres expériences, qu'elle ne fe condenfe pas fi elle refte renfermée dans les vaifleaux de animal , fans éprouver le contaét de l’air de l’athmofphere ; que quelquefois ; dans l’état de fanté , elle fe condenfe promptement à Pair libre, alors les globules fanguins étant répandus dans la fubftance , Ja coagulation refte rouge; tandis que d’autres fois, & particuliérement dans les maladies inflammatoires , cette coagulation fe forme plus lentement, Dans cette circonftance , les globules fanguins qui font plus pefans , defcendent au fond du verre, & la fuperficie condenfee demeure bfanchâtre , épaifle & filandreufe ; c’eft ce qu'on nomme uns croûte pleurétigue, Mais une condenfation plus lente , eft figne d'une plus grande fluidité, d’où l’auteur , cité plus haut , conclut sur L'HIST NATURELLE ET LÉS ARTS. 30$ avec fagacité , que dans les maladies inflammatoires , cette partie du fang eft plus raréfiée |, quoique les médecins aient toujours cru que dans cet état le fang étoit plus denfe. Les expériences que j'ai faites, & dont il eft inutile ici de rapporter le détail, m’avoient conduit à tirer la même conclufion. Je fuis parvenu à obtenir cette croûte pleurétique de quelque fang que ce foit, & à empêcher qu’elle ne fe forme dans les maladies inflammatoires, Le nœud de la dificulté confiftoit à favoir pourquoi la partie muqueufe fe coaguloit dans Pair libre, ce qui arrive plus difficilement dans les maladies inflam- matoires, M. Hewlon n’a rien dit fur le premier phénomene ; il attribue le fecond à la réa@tion des vaifleaux qui eft différente, fuivant les maladies & les temps. Je ne m'en fuis pas tenu à de fimples raifonnemens , fur des objets de médecine importante ; j'ai multiplié les expériences , dont voici le réfuitat. Si l'on foumet pendant quelques jours à l'air inflammable de M. Prieftley, la partie muqueufe & coagulée que lon s’eft procurée par le moyen de l’eau chaude , elle fe trouvera beaucoup plus fluide qu'auparavant. Bien plus , fi l’on joint à cette partie muqueufe un morceau de chaux vive, au lieu de fe condenfer , comme fait la partie féreufe , elle s’amollit ; fes différens morceaux ne forment qu’une mañfle d’une confiftance huileufe , & la chaux eft toute réduite en une efpece de pâte ondueufe qui ne fermente pas avec les acides. Enfin, fi l’on emploie du fang nouvellement tiré, avant qu'il foit caillé par l'air phlogiftiqué du charbon, ou par l'air que l'on 2 refpiré, que mes expériences m'ont démontré être également phlogiftiqué, ou par Pair inflammable , l’on verra que de quelque malade que vienne ce fang , il fe condenfera moins vite & d’une façon moins tenace, qu'une pareille quantité de fang que l’on a confervée à l’air libre, Quand j'a mis du fang fluide dans l’air inflammable , je lai confervé dans le même état de fluidité , & aufi inaltéré que sil eût toujours circulé dans les veines. Cette confervation a duré plus de cinquante heures , fans que l'air ait rien perdu de fa faculté de s’enflammer, & de faire explofion quand on l’approchoit d’une bougie allumée, Tel eft le précis d’une infinité d'expériences que j’ai faites pendant plufieurs années , & que j'ai beaucoup variées en préfence & avec l’aide de plufeurs de mes écoliers, , pendant que j'étois profefleur À Pavie, Voici à préfent les conféquences que je tire. 1°. Que la partie muqueufe forme la plus grande partie du fang, puifque les grumeaux font prefque tous compofés de la partie muqueufe , & qu'ils font la principale portion du fang que l’on tire des veines. 2°, Que la partie muqueufe eft uhe fubftance totalement ses + Pre partie y 396 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, iéreufe , puifque les mêmes agens produifent fur ces deux corps des effets différens , & même contraires. 3°. Que la fluidité de la partie muqueufe dépend d’une quantité donnée de phlogiftique contenu dans fa fubftance intime , & qu’en le perdant elle devient folide. D’après ces principes, il eft aifé de découvrir la raïfon pour laquelle cette partie muqueufe fe condenfe d’elle-même à l'air extérieur , qui eft très - propre à faire évaporer le phlogiftique, comme on s’en apperçoit manifeftement dans l’efprit de yin & les autres huiles éthérées , fpiritueufes qu’on y expofe. 4°. Que la plus grande fluidité de la partie muqueufe dans les maladies inflammatoires , dépend , non pas comme le penfe M. Hewfon , d’un changement d’aétion dans les vaifleaux , mais d’une plus grande quantité de phlogiftique : qu’elle contient alors. [l eft aifé, ces principes une fois bien établis, de rendre raïfon , d’une maniere fimple & claire, de plufieurs phé- nomenes que nous offre l’économie animale dans l’état de fanté ou de maladie. L’on comprendra aïfément d’où vient cette grande abon- dance de partie muqueufe qui tapifle les narines , la bouche, le ven- tricule, le canal inteftinal, les poumons, &c., & comment une humeur, en apparence fi denfe & fi tenace, peut fe féparer & cir- culer dans des vaifleaux de la plus grande finefle. Renfermée, elle eft fluide ; expofée au contaët de l’air, elle fe confolide, & préferve les parties animales de fa grande aétivité, qui pourroit leur nuire. On faura pourquoi le pus fe forme , & prend du corps dans les plaies ; pourquoi , par une merveilleufe néceflité qui provient de la ftruéture des vaifleaux , le fang s’y coagule lorfqu'ils font coupés ; pourquoi les rafraïchiffans font fi avantageux dans les maladies inflammatoires , ainfi que toutes les fubftances fluides à bafe aqueufe , qui font d’excellens conduéteurs du phlogiftique , puifque l'air inflammable lui-même, agité pendant quelque temps dans l’eau , perd tout fon phlogiftique , & devient propre à la ref- piration (1). Mais, peut-être , pendant que je répands ce germe de nouveauté ; quelque raifonneur févere exiseroit plutôt de moi, que je prouyaffe l’exifence du phlogiftique dans le fang d’un homme bien portant, & que je lui files voir la mine inépuifable d’où il provient. Je faris- ferai à cette demande après avoir rapporté quelques-unes de mes expériences fur le troifieme principe du fang , c’eft-à-dire, les glo- bules rouges. Je fuppofe , pour abréger, que l’on fait tout ce qui étoir connu, lorfque M. de Haller écrivit fur cette matiere dans fa grande Phy- (1) Obfervarions de Prieftley , &cce PE RES ends SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 307 fiologie (1)ainfi que les Obfervations microfcopiques de M. Hewfon (2) qui font très-délicates, & vraies en partie , comme l’expérience me l'a démontré : ayant mêlé des globules {anguins avec la partie féreufe, J'ai vu qu'ils la teignoient en rouge tañt qu'ils y demeuroient répan- dus ; mais que lorfqu'ils fe précipitoient au fond, la partie féreufe reprenoit fa couleur naturelle tirant fur le jaune. Au contraire, quand Je mélois les globules avec de l’eau difillée ,| dans laquelle ils fe décompofent après quelques heures, elle étoit colorée en rouge d’une façon plus uniforme que la partie féreufe, parce que la couleur ne troubloit pas la tranfparence de l’eau. En examinant même cette eau au microfcope, on n’y découvroit ni globules fanguins ni aucune particule de quelque figure que ce puifle être. Je foupçonnai alors ‘ que la partie colorante, dont perfonne , que je fache, n’a traité, n'étoit pas le globule tout entier , mais feulement quelques-unes de fes parties qui ne fe développent que par la décompofirion totale du globule. Comme en répétant les expériences de M. Hewfon, dont J'ai parlé plus haut, avec un microfcope compofé , qui groflit beau- coup plus les objets que le microfcope fimple, j'avois apperçu dif- tinétement un point opaque au milieu de chaque globule, & autour de ce point , une matiere comme diaphane & fans couleur; je me doutai que ce point étoit l'élément de la couleur. Il eft inutile de rap- porter de combien de moyens je me fuis fervi inutilement pour féparer ces atômes imperceptibles, d'avec la fubftance gélatineufe qui les environne , & fait la principale partie des globules. Il fufit de dire qu'ayant trouvé à la fin, la maniere dont je parlerai dans mon ouvrage, de me procurer la matiere colorante , fi ce n’eft pas dans un état parfait de pureté, du moins beaucoup plus pure qu’on ne l’avoit eue jufqu’ici; j'ai découvert qu’elle confitoit dans une terre d’une nature particuliere , dont la couleur primitive eft verdâtre, & qui par le moyen du phlogiftique , dont elle eft imprégnée, fe conferve rouge dans la mafle du fang d’un homme vivant.*$i l'on ajoute ce phlogiftique à une mafle du fang nouvellement tiré, je le fais pafler d’un rouge foncé à une couleur noire ; fi je réduis le phlogiftique à moindre quantité, de noir qu'il étoit, il devient d'un beau rouge ; mais fi on l’enleve entiérement , ce qui ne peut fe faire qu’en féparant la feule terre colorante d’avec les autres principes du fang, la couleur rouge s’évanouit; la matiere devient verdâtre , & fe conferve tou- jours en cet état ; fi cependant , J'ai droit de le dire après l'avoir mt temmmeeeegg 1 ) Elém. Phyfol, tome 2, page 50 & fuiy, 2) Voyez vol. IX, page 3, 39% OBSERVATIONS SUR EA PHYSIQUE, di confervée pendant quatorze mois à découvert fans qu’elle ait fouffert - d’altération. Voici comment je m’y fuis pris pour prouver que le phlogiftique refte dans le fang quoique froid, coagulé & tiré depuis 3 ou 4 jours; & que la variété dans la couleur du fang, dépend de la plus grande ou plus petite quantité de phlogiftique. J'ai pris différens morceaux de ce fang d’un rouge éclatant qui eft à la fuperficie des grumeaux ; je les aï foumis à l'air phlogiftiqué par la refpiration des animaux , à la vapeur du charbon, & même à l'air inflammable & inteflinal. Après quelques heures, tous ces morceaux font devenus noirâtres & même abfolument noirs, Le conta&t de l'air extérieur leur a rendu leur couleur rouge, qu’ils ont perdue en les foumettant de nouveau au même air & à la même vapeur. Concluons donc que l'air phlogiftiqué produit la couleur noire dans le fang. On peut la produire de deux façons; ou en empêchant le phlogitique primiti- vement contenu dans le fang, de s'échapper, ce qui arrive à l'air libre de l’athmofphere, ou en communiquant au fang une nouvelle quantité de phlogiftique. Continuons à prendre l'expérience pour guide, Si l’on met pendant vingt ou trente heures , fous un récipient de verre plein d’air commun, dont on a éprouvé le degré de bonté par le moyen de l'air nitreux (1 ), du fang froid & tiré depuis deux ou trois Jours, en examinant cet air, on le trouvera évidemment phlogiftiqué. Donc le fang freid , quoiqu'il ne foit pas nouvellement tiré, contient du phlogiftique & en laifle évaporer. Si l’on fe fert du fang de même qualité que le précédent , & qu’on le foumette | à l'air inflammable ou phlogiftiqué par la vapeur du charbon, examinez | ces efpeces d’airs après quarante ou cinquante heures , elles auront confervé également leurs qualités primitives. Donc le phlogiftique ne pafle pas de ces efpeces d'air dans le fang , & la faturation de cou- leur dépend de l’'évaporation du phlogiftique qu’elle contenoit ori- ginairement , que l’on a empêchée ou laiflée libre. | Ces expériences nous fourniffent la vraie caufe pour laquelle l’ufage | du fer donne une couleur rouge aux perfonnes pâles..... Cela vient | de ce qu'il donne au fang le phlogiftique qui lui manque. Veut-on favoir pourquoi ceux qui font cacheétiques ont ordinairement un | teint verdâtre ? C’eft parce que la matiere colorante dépouillée de {on phlogiftique primitif , dans ces tempéramens froids , prend mo (1) Voyez l'Ouvrage de Prieftley. Si l'on n'en connoit pas la théorie & les expériences, on ne peut pas fuivre- celles-ci, & faifir la vérité des conféquences | que l’on en tire SUR L'HistT. NATURELLE ET LES ARTS. 309 naturellement la couleur verdâtre. L’on doit encore tirer du même principe la caufe de cette couleur vive que donne pour un temps à la peau l’ufage du vin & des liqueurs fpiritueufes. Il ne me refte pius qu'a traiter de l’origine de ce phlogiftique , & - de la circulation qu'il a dans notre corps. Il feroit trop long de rap- porter ici toutes les expériences que j'ai faites à ce fujer , & que je détaillerai dans mon ouvrage ; je n’expoferai ici que les principaux réfultats que j'en ai tirés. Il m’eft facile de prouver que le phlogiftique eft continuellement introduit & renouvellé dans le corps par la voie ‘ des alimens , & par la décompoñtion plus ou moins lente de la graifle animale : que le phlogiftique circule avec notre fang qui en eft le principal véhicule, & qu'après cette circulation, 4l s’évapore continuellement par les poumons. C’eft un fait déjà prouvé par les expériences de Hales, & pouflé à la derniere évidence par celles de MM. Prieftley & Landrian: (1 ); le phlogiftique s'échappe auffi par les pores de la peau, laquelle dans l’état même de la meilleure fanté donne du phlogiftique à tout lair qui l’environne. Outre que je me fuis apperçu de ce dernier effet , il m'a été confirmé par les expériences réitérées de M. Landriani. Si par le moyen d’un appareil femblable à celui de M. Macbride (2} on fait des eflais fur l'air vicié, ou altéré par les différentes fub{- tances alimentaires que l’on a mifes fermenter , & principalement par les fubftances animales après qu’elles ont fubi la fermentation , l’on trouvera ; qu’outre l’air fixe qui eft abforbé par l’eau, il s’eft encore répandu en dehors une grande quantité de phlogiftique. Cette quantité cependant, varie plus ou moins , fuivant la diverfité des mélanges, ou la façon de faire les expériences. L’air contenu dans le ventricule & dans les inteftins , non - feulement des hommes morts fans une maladie précédente, mais dans ceux des animaux très-fains , tels que les veaux que l’on vient de tuer, eft très-phlogiftiqué , il eft même Pre dans les gros inteftins, Une expériencelfinguliere , c'eft de mettre fur la peau un récipient de verre qui, par le moyen d’un long tuyau , correfponde à de l’eau. Après l'avoir laiflé dans cette pofition une demi-heure, l’air que renferme le répicient fera manifeftement phlogiftiqué ; il le fera davantage, lorfque l’on fera cette expérience après le fouper ou le diner : le phlogiftique fera aufñ plus confidérable lorfqu'il proviendra d’un homme qui aura la fievre, que s’il étoit produit par un homme bien portant. Ce phlogifti- que abondant fe trouve auffñi dans l'air renfermé fous les draps d’un homme fain, & dans celui qu'il a refpiré. Bien plus, l'air fe trouve fr n Recherches fur la falubrité de l'air, &@ 2) Effai d'expériences, page 48, 352 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, phlogiftiqué non - feulement par la refpiration des animaux à fang chaud ou froid, que l’on renferme fous un air que l’on ne change point; mais le même effet eft encore produit par les infe@es qui n’ont point de poumons , & ne refpirent pas. C’eft une expérience faite depuis peu par M. Landriani. La graifle humaine mife fous un réci- pient, dans lequel l'air extérieur ne puiffe pas entrer , au même degré de température, füt-ce pendant l'hiver, fera bientôt fenfiblement phlogiftiquée. Ce fait eft une preuve qu’elle peut fe décompofer par des moyens en apparence bien moins efficaces que le feu, dont fe font {ervi jufqu'à préfent les chymiftes pour analyfer les fubftances animales. Tous ces faits réunis avec beaucoup d’autres de mes expériences, me font conclure 1°. qu'il y a perpétuellement dans nous une cir- culation , une évaporation & un renouvellement de phlogiftique ; 2°. j'en déduis la néceflité d’un certain équilibre entre l’évaporation & le renouvellement du phlogiftique, pour que l’homme conferve la fanté ; 3°. l'utilité de la fueur & de la tranfpiration infenfible, fans le mécanifme defquelles l’homme feroit dans un danger évident de perdre la vie ; 4°. il s'enfuit que les maladies inflamma oires arrivent néceflairement , lorfqu'il entre dans le corps plus de phlogiftique par les pores de la peau , qu'il n’en fort par les poumons , & que les maladies putrides ont lieu , lorfque le phlogiftique condenfé fe répand enfuite avec trop d’impétuofité & de rapidité. L'on peut tirer plufeurs autres conféquences qui renverfent plu- fieurs principes de la phyfologie & de la théorie médicinale, que l’on avoit admis jufqu’à préfent. ñ M A1 € S k LETTRE suR L'H1IST. NATURELLE ET LES ARTS. 401 RAA I C7 D CP Las Ra T 5 tes, E De M. ce Roy, de l’Académie des Sciences, adreflée à l’Auteur de ce Recueil, Relative aux Expériences [ur l'air inflammable des Marais, découvert par M. VF OoLT A. ' Je fuis défolé, Monfieur, que mille affaires m’aient empêché juf- qu'ici de vous parler des curieufes expériences de M. Volta, fur l'air inflammable, que M. le Baron de Diétrich a répétées avec le plus grand fuccès devant l’Académie, au mois de Mars dernier; mais enfin, ayant un moment de loifir, je m’emprefle d’en profiter pour vous en entretenir. Tout le monde a {u extrait intéreffant que vous avez donné dans votre Journal , des Lettres de M. Volta, fur l'air inflammable des Marais. Et les Savans n’ont pas vu, fans une nouvelle furprife, le champ qu’il a ouvert dans la phyfique par cette découverte; mais plufieurs des expériences qu'il annonce font fi fingulieres, qu’on défire - wivement d'en être témoin, pour en avoir une pleine conviétion ; &e» j'étois précifément dans le même cas ; car ayant lu ces Lettres, que le Traducteur (1) (M. Barbier , Commiffaire des Guerres à Strasbourg ), m’avoit fait l'honneur de m'envoyer , j'avois la plus grande impatience de voir à quel point ces expériences réuffifloient : M. le Baron de Diétrich les avoit faites avec l’auteur même, il avoit tout l’appareil propre à les répéter ; tout m’engageoit à le folliciter & à le prier de les faire voir à l'académie. Il fe rendit fort obligeamment à mes iaftances, & après plufieurs remifes, il y vint le 14 du mois dernier. M. le Baron de Diétrich nous fit voir d’abord, que l'air inflam- PE (1) Il y a peu de tradu@ion auffi bien faire, & qui rende mieux le fens de l'auteur que celles des lettres de M. Volra, par M: Barbier. Cet amateur s’oc=? cupe de la phyfique avec le plns grand fuccès. Il répere avec fa machine éleétri- que toutes les expériences connues jufqu'à ce jour. Îl.a l'appareil néceffaire pour faire toutes’ les expériences publiées fur les différenres efpeces d'air, c’eft avec cer appareil que M. Volta fic connoître à M. le baron de Diétrich fes découvertes , & M. Barbier a eu la complaifance de lui faire faire les inftrumens dont il s’eft fervi à l'académie. Tome XI, Pare, I, MAI 1778. E'e"é M 402 OBSERVATIONS SUR LA PHYS1®@E, mable des marais brûle lentement 8 d’une flamme bleue, quand il eft pur; il y joignit enfuite de l'air commun & de l’air déphlouifti- gué; ce mélange brûla d’une flamme vive & blanche, après auoi il enflamma, à l’aide de la foible étincelle éleétrique d’un éleétro- ‘phore de 7 pouces de diametre, de l'air inflammable renfermé dans à un piftolet de verre, fermé avec un bouchon, qui fut chaflé de la bouche du piftolet avec beaucoup de violence; l'académie fut fort étonnée du bruit que caufa l’explofion de la flamme. qu’elle vit dans le pifiolet, & de la diftance à laquelle elle chaffa le bouchon. Il: répéta enfuite l'expérience du piftolet de cuivre qui n’eut pas moins de fuccès : enfin, il nous fit voir l'inflammation & l’explofion d’un mélange d’air des marais avec de l'air commün, par la bouteille de Leyde dans un tube gradué. L’académie vit avec furprife qu’une feule partie d'air des marais s’enflammoit encore, quoiqu’on y eût mêlé neuf ou dix parties d’air commun; elle remarqua aufi la diminu- tion de l’air après l’explofion, comme l’annonce M. Volta. Toutes ces expériences curieufes réuflirent parfaitement bien, on ne peut douter de leur vérité & du fuccès des moyens que M. Volta a imaginés pour mettre en aétion les effets de fon air fulminant. Je dois ajouter même que l'académie a trouvé la maniere dont ces expériences fe font, fort facile, & l'appareil qu'on y employe très-commode. Au 1 refte, comme vous avez donné dans votre extrait une jufte idée des procédés de M. Volta pour faire ces différentes expériences , j'ai cru qu'il feroit inutile de m’arrèter ici à les détailler. M. le Baron de Diétrich avoit un magafin d’air inflammable qu'il avoit rempli fur le bord de la rivière, au Gros-Caillou ; on en trouve pareillement auprès de l’égoût qui fe jette dans la riviere au bas des foflés de l’arfenal ; je ne doute pas qu’on en ait de même dans l’en- droit où l’on pañle l’eau vis-à-vis des Thuileries & où fe jette l’é- goût qui traverfe leurs foflés, ainfi qu’au bord de l’eau à Chaillot, dans le lieu où va fe rendre l’égoût qui fait le tour d’une partie de Paris. Il y auroit beaucoup de chofes à dire fur la découverte de M. Volta & fur fes expériences , relativement au nouveau champ qu’elles nous préfentent ; mais dans ce moment, je me bornerai à dire un mot d’un moyen fort fimple qu'on pourroit employer pour mefurer la force d'explofion des différens airs inflammables & auquel M. Volta n’a peut-être pas penfé. Trop heureux fi je puis par-là lui marquer le ca: que je fais de fon favoir & de fon mérite, } On connoît affez l’ingénieux moyen imaginé par le célebre Robicis, pour mefurer la vitefle des balles de fufil & qui a été fort perfeétionné par M. le chevalier d’Arcy, comme on peut le voir dans les Mé- moires de l'académie, année 1751, & dans l'Effai d'une nouvelle SUR L'HisT. NATURELLE ET LES ARTS. 403 Théorie de l'Artillerie de ce favant académicien. On fait que ce moyen confifte eflentiellement à fufpendre un canon par une verge ou par une barre de fer, de façon qu'il puifle vibrer comme un pen- dule, & à mefurer la force des explofons de la poudre ou des reculs de ce canon par les arcs qu’elles lui font parcourir. M. le valier d’Arcy a fait exécuter cette machine en petit, pour éprouver de Petites . quantités de poudre. Rien de fi facile que de l’appliquer à la mefure des différentes forces élaftiques des différens airs inflammables, en mettant à la place du canon; le piftolet de M. Volta. Or, ce mo yen feroit bezucoup plus facile &-beaucoup plus praticable que /es éprou- vertes pour la poudre à canon, dont ce favant parle à la page 18 o de fon ouvrage, & mettroit facilement à portée de mefurer avec la plus grande précifion la force élaftique de ces différens airs. Je fuis, &c. EEE LEE QTQOGROQ Q QG QU QG RCE Ma AS RO QUES Par M. l'Abbé DICQUEMARE, d: plufi eurs Sociérés & Académie Royal:s des Sciences, Belles-Letrres & Arts de France & des Pays Etrangers. ES fentimens font partagés fur un infinité d'objets , entr’autres, fur l'illufion des fens ; felon quelques-uns, les fens nous trompent toujours; d’autres croyent qu'ils ne nous trompent jamais ; Ceux-ci les regardent comme des guides certains, ceux-là comme la caufe “inévitable de tous nos égaremens ; ce font pour l'ordinaire deux extrémités qui, venant l’une ou l’autre à fervir de bafe à quelque fyftêème , le rendent néceffairement défeëtueux. Ordinairement on s'emprefle de généralifer & de conclure , pour ne pas être obligé de foutenit fon attention jufqu'à ce qu’on fache ce que font les chofes dans un nombre confidérable de circonftances qui les environnent toujours. L’efprit croit fouvent trouver un point d'appui en fimpli- fant & quelquefois par une route oppofée , il fe grofhit les difficultés pour favorifer fon inertie. À la vérité, un certain nombre d'hommes pénétrans &c laborieux, ennemis de tout extrême, en fixant leur attention , font aflez heureux pour diriger celles ch E fur les ee ij 404 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; objets qui peuvent les intéreffer, Défirons de les voir s’accroitre, les fciences:y sagneront beaucoup. hs Cette fenfibilité moyenne dont nous jouiflons , & qui paroiît la plus avantageufe, femble néaninoins être la principale caufe de l'ilufion des #ens. L'économie phyfique des êtres animés exige, jufqu'à un certain point cette illufion, les tranfitions en font moins dures, les objets plus agréables, l'attention plus foutenue. Nous ne ferions peut être pas par choix ; ce à quoi nous oblige une heureufe nécef- fité. I nous en coûte pour acquérir l'habitude &t l’expérience ; 1l nous coûteroit infiniment plus avec une organifation différente : d’ailleurs , on n'ignore pas jufqu'où peut aller la perfection des fens exercés ; alors, l'habitude d’une plus grande fenfbilité , jointe à l'expérience, & fagement . appliquée, devient un bien. Les occafions où les fens nous trompent, mème dans les impreffions qui paroiïffent très-modé- rées, ne font pas rares : fi elles étoient dévoilées avec ordre & miles en oppoñition avec celles qui, à l'aide du jugement, ne nous trom- pent plus quand nous avons acquis l'expérience, le raité qui en réfulteroit feroit un ouvrage très-intéreflant : la privation de cette lumiere’ doit nous inviter à fixer notre attention fur les étincelles qui pourroient la fufciter. Faïfons donc quelques remarques relatives à cet objet. : La vue, ce fens le plus beau, le plus fécond en merveilles, par lequel & dans l'organe duquel on peut , jufqu’à un certain point, pé- nétrer l’intérieur de l’homme; ce fens, lun des plus utiles & qui paroît avoir fur plufieurs autres de grands avantages , ne laiffe pas de nous tromper : les illufñions très-fréquentes auxquelles il nous expofe immédiatement, & toutes celles qu’en général on nomme illufions d’optique, ne font pas fans conféquence dans l’ufage ordinaire, elles deviendroient une fource d'erreurs dans les fciences & dans les arts, fi ceux qui les cultivent n’en étoient inftruits; il eft même à craindre que quelques-uns n’y faflent pas aflez d’attention. Quel danger ! on peut voir, & l’on voit, en effet, des formes, des dimen- fions, des proportions, des rapports, des mouvemens qui n’exiftent pas, on les fäit voir aux autres; la préoccupation, quelquefois la- mour-/du- metvéilleux .acheve de féduire, & l'illufion devient fi grande qwon ne peutla concevoir. Il eft des corps en mouvement qui paroïffent en repos , tels. font quelquefois la roue du couteler, le totum des enfans ; tel feroit auffi le charbon srdent, lorfqu'il fait circuler lalumette ; fi la main décrivoit un cercle plus régulier & toujours égal, il en réfulteroit même une double illufion, celle du repos & celle du cercle. L’œil ne peut faifr aucun des points où fe trouve fuçceffivement le charbon ; la promptitude avec laquelle Paétion sur L'H1ST NATURELLE ET LES ARTS. 405 eft répéiée fur l'organe , ne peut être fuivie par la réflexion , parce que les premieres impreffions reçues durent encore lorfque le corps a déjà changé plufeurs fois de place ; tout ceci fe fuccede , le trouble & conféquemment l’illufion fe foutiéffhent & ne finiflent que lorfque Ja caute ne fubffte plus, On connoît mille exemples de ces fortes d'illufions ; celles où un corps en repos paroït fe mouvoir, lorfque le fpeétateur 1change de Jieu, {ont un peu moins nombreufes, mais elles fe répétent fouvent dans les apparences des mouvemens des arbres. Nous les éprouvons d’une maniere très-fenfible fur un ba- teau , une voiture, au déplacement continuel de laquelle nous ne fai- fons pas d’attention , parce que, tandis que tout ce qui eft deflus ne change point de lieu refpe@tivement à nous , les maifons , les arbres, le rivage ; quoiqu'immobiles en changent, ou plutôt leur image fur l'organe immédiat de la vue, ce qui eft égal pour lapparence. Quelquefois l'œil & l’objet font tous deux en mouvement ; alors Pillufion eft un peu différente , nons croyons être en repos comme dans le cas précédent, & l’objet paroït fe mouvoir avec une vitefle “plus grande que celle qu'il a , parce que nous lui attribuons la nôtre par les caufes que nous venons d’expliquer: cela arrive lorfque dans un vaïfleau on en rencontre un autre qui vient en fens contraire, &c. Dans tout ceci il y.a un mouvement réel, un changement refpeë&tif de lieu &c d’afpeét : mais il eft d’autres illufions non moins frequen- tes, non moins nuifibles, où le mouvement, quoique très-apparent , n'a pour caufe ni la rotation , ni le déplacement: même refpeétif du fpeétateur à l’écard de l’objet , ni de l’objet par. rapport au fpe&a- teur ; comme il paroïitiqu'only a fait moins. d'attention, effayons d’en donner un ou plufeurs exemples. bo : En recevant les premieres épreuves de quelques-unes des cartes marines , que j'ai dreflées depuis 1771 , je m’apperçus qu’il refultoit des incommodités notables & une. illufion finguliere, de ce que les graveurs rendoient trop fenfbles les, rofcs de vents, que cela affoi- blifloit , par comparaïfon , des objets, eflentiels des cartes gravées légérement & avec propreté, comme les côtes & autres indications, & fatiguoit la vue par la réunion de trente-deux. lignes trop fortes a un centre commun: on croit prefque toujours appercevoir autour de ce centre une efpece de petite ombre de cinq ou fix lignes de dia- metre qui n’exifte pas réellement , ce qui eft répété dix-fept fois dans certaines cartes; je m'en plaignis à plufieurs reprifes , on fit des rumbs un peu moins durs fur les cartes fuivantes ; & le mauvais effet difparut en plus grande partie : les principes des arts qui ont le deffin pour bafe , & l'habitude de faire attention à l’unité d'objet , me rendoient peut-être un peu plus fenfible à cet égard, que ne l’auroient été ceux qui ne s’en occupent pas, ou plus clair- A 496 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; voyant fur la caufe qui le produit ; quoi qu’il en foit , il ne m’échappa point, l'impreflion qu'il m’avoit laiflée me le fit rencontrer & même des illufions plus fortes dans maintes circonftances qui m'ont con- duit à trouver des figures capables de produire une illufion plus ou moins forte, felon l’état de la vue de ceux qui les regardent. Mais, comme elle dépénd auffi beaucoup d’un peu plus ou moins de force dans la gravure , à laquelle je ne puis préfider , je me bornerai à dire ici que de toutes celles que j'ai efflayées , nulles ne m’ont mieux réuffñi que les rayonnantes ; elles peuvent être très-variées. Notre principal exemple va être pris dans un des plus fimples : c’eft l'aire d’un cercle depuis quatre jufqu’à neuf ou dix pouces de diametre , pour éviter les extrèmes , partagé en foixante-quatre rayons égaux , trente-deux blancs & autant de noirs alternativement. En regardant avec attention cette figure , on éprouve pour l'ordinaire une fenfa- tion gênante , on s’apperçoit qu'elle fatigue les yeux, & fi on con- tinue de la regarder ou fixement , ou en promenant les yeux circu- lairement à une diftance à peu près égale entre la circonférence & le centre , il commence à paroître vers ce centre un Certain mouvement très - foible, ondulé comme autour d’un flambeau ou du tuyau chaud d’un poële éclairé du foleil, puis une efpece de fcintillation & peu après une vibration de lumière & d'ombre , une vapeur qui paroît fallir & fe détacher : tout ce mouvement illufoire rappelle , quoique d’une maniere très-foible , l'idée de ce qu'on apperçoit en regardant le foleil à travers d’un nuage léger. Si quelqu'un à l'organe difpofé de façon à ne pas éprouver cet eflet, comme j'en ai rencon- tré, il n’en eft pas moins vrai que le plus grand nombre l’éprouve à une lumiere ordinaire au bout de quelques momens, ou en certains temps plus fenfiblement que dans d’autres. On doit fe reffouvenir que, comme il eft des conditions néceflaires dans les objets pour qu'ils foient a@ivement vifbles , il en eft de même dans les organes pour être affe@és efficacement , fans avoir égard aux effets de l'imagination qui affeétent fouvent beaucoup. Toutes les facultés ne font pas au même degré de finefle dans tous les hommes, d’où il arrive que ce qui procure une fenfation agréable ou ordinaire aux uns , déplaît aux autres & devient pour eux une irritation violente ; il y a plus ; on admet dans un âge avancé ce qu’on rejettoit dans un plus ten- dre. Revenons à notre figure que chacun peut fe procurer aifément ; voici donc un mouvement très-fenfible qui n’eft qu’appérent , une vraie illufion , on peut l’augmenter ou la voir naître de plufeurs autres, on peut faire dans l'aire plufieurs cercles de rayons’interrom- pus, &c. ; mais j'ai cru devoir m'en tenir à la plus fimple, afin de ne pas laïffer d’équivoque fur la caufe de l'effet qu’elle produit & que je vais tenter d'expliquer. \ SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARrTs. 407 Cette figure n'offre , pour ainfi dire, à la vue que ce que nous nommons en Peinture du papillotage , par oppoñtion à l'effet tran- quille de la grappe de raifin du Titien, c’eft-à-dire , que chacun des reyons blancs frappent également la vue avec trop de vivacité par l’op- pofitionalternative des noirs, qu’on ne verroit point du tout s'ils étoient abfolument noirs. On fuit aifément ces rayons blancs de la circonfé- rence au centre, tant qu'ils confervent une certaine largeur ou qu’on commence à les regarder par le bout le plus large , fans avoir eu le temps de faire attention au refte ; mais à mefure qu'ils approchent du centre, l’œil en embrafle un certain nombre qui, par la compa- raifon, par leur éclar & leur uniformité l’invitent tous à le regarder au même moment. Tant d'impreffions également vives , auxquelles l'attention ne peut fe prêter au même inflant, font naître une forte de confufon qui fatigue l'organe , & l’illufion s'enfuit. Il ne faut pas oublier que fur cette figure on cherche fans s’en appercevoir du repos dans la direétion des rayons; mais, comme ils fe rétréciffent jufqu’au centre , l’organe fe trouve de plus en plus gêné par de nouveaux efforts; on promene fes regards du large à l’étroit, de l’étroit au large, ces alternatives , jointes à celles que nous venons de dévoiler, contribuent encore à rendre l’'illufion complette. Elle eft quelquefois plus, quelquefois moins forte pour le même individu ; nous en allons citer quelques exemples. La diftance qui diminue la grandeur apparente des objets , donne à l'effet un plus grande étendue fur l’aire lorfqu'on en eft éloigné; mais cette diftance affoibliffant l’intenfité de la lumiere , l'effet, quoique plus étendu alors , eft moins fenf- ble, Cette illufion eft plus grande quand on regarde avec les deux yeux, qu'avec un feul: cela doit être, puifqu’en regardant avec les deux yeux, la confufion & la fatigue, qui en font la fuite néceflaire, font auffi plus grandes ; ane & l’autre obligent de regarder alterna- tivement avec plus ou moins d’effort ; avec plus d'effort, dans l’ef- pérance de vaincre l’obflacle ou de mieux voir , au moins pour un inflant ; avec moins d'effort pour fe réparer ; tout ceci n’arrive pas sie fenfation douce, Il eft à préfumer que dans les momens où Vlillufion paroît moins grades toutes chofes étant égales d’ailleurs , l’attention eft fixée dans un feul œil, ou parce qu’il eft mieux conftitué, ou parce que nous fommes accoutumés à en faire plus d’ufage ; cette derniere caufe eft fouvent une fuite ou un effet de la premiere. On fait que regarder & voir font deux chofes différentes ; les perfonnes diftraites regardent les objets & ne les voient pas , elles fixept les yeux fans fixer l’atten- tion : ces mêmes perfonnes regardent auffi quelquefois les objets indi- reétement ,.c’eft-à-dire , fans y diriger exaétement les axes vifuels , lorfqu'on voit un objet qui procure à A PA 408 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ce qui produit une double vifion , parce que l’image de l’objet occupe fur l'organe immédiat une place qui n’eft pas celle qu’elle devroit occuper ; ceci nous fert encore à expliquer comment , en lifant ou écrivant à côté de la figure dont nous parlons , on apperçoit l'effet illufoire , qui alors ne laifle pas de diftraire beaucoup par une fcin- tillation d’autant plus grande, que l'attention qui s’y porte malgré nous fupplée à la foiblefle de l’image , & rend l'effet auffi fort que fi cette image étoit dans le lieu où elle auroit toute la force pofñble. L'illufion m'a toujours paru plus forte en fortant du lit , parce qu’ap- paremment on a les yeux un peu plus relâchés, par le non-exercice comme il arrive à un nouveau-né , quoiqu'ls foient repofés & propres à foutenir de nouveaux efforts quand ils auront repris du ton. Une lu- miere plus forte peut aufli être une tranfition qui occafionne une im- preffion trop vive. L'image de la figure étant afloiblie par la réfrac- tion d’un verre concave ou convexe , par la réflexion d’un miroir plan, &c. produit un effet beaucoup plus foible ou même n’en produit aucun, ce qui n’eft pas furprénant ; on fait combien celle du foleil eft affoiblie lorfqu’elle eft réfléchie par la furface de l’eau. Outre ce que nous avons déjà expofé, on peut faire quelques ap- plications utiles de l’objet qui nous occupe; il fufhira de Les indiquer , laïflant à chacun le foin d’en faire les développemens. Quand les parties nerveufes de l'œil font trop vivement affeétées , foit par une caufe intérieure ou extérieure , on voit des lumieres, des couleurs , même des étincelles ; l’on doit donc voir, & quelques-uns voient en effet, des étincelles en regardant le foleil: mais on y voit auffi plus ordinairement une lumiere qui, comme ces étincelles, paroît peut-être plus vive qu’elle n’eft naturellement, ou qu’elle devroit paroître , de la diftance où nous fommes ; cet excès, qu'on peut très-bien foupçonner , a pour caufe l’ébranlement & le trouble que fa vive lumiere occafñonne dans l'organe. Cette conjeéture ne portera pas, je crois, les gens prêts à tout hafarder , à conclure , de ce que la figure prife NU produit une fenfation aflez forte , que le foleil doive fesleffets lumineux à des couleurs oppo- fées , &c. mais ce qu’on en peut conclure, c’eft qu’une furface unie, matte , opaque , peut paroître environnée ou couverte d’une athmof- phere d'ombre & de lumiere en mouvement, & qui n’a cependant aucune exiftence. Ce que nous avons déjà dit du papillotage de notre figure, pourroit devenir très-utile aux jeunes peintres : elle feroit on ne peut mieux placée dans les atteliers en oppoñition avec le miroir convexe qu'on y trouve , depuis que le clair-obfcur eft devenu une des belles parties de l’art de peindre, comme les grains éparpillés y font à côté de la grappe : elle deviendroit un objet de compa- raifon SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 409 raïfon qui feroit fentir aux jeunes artiftes combien eft grand , lumi- neux & fécond , dans tous les arts qui ont le deffin pour bafe, le précepte de l’unité d'objet , ‘ou plutôt combien il eft dangereux de s’en écarter. Ce n’eft pas que la grappe qui fait tant d'honneur au Tirien , & les grains difperfés çà & là ne foient bien capables de les inftruire ; mais ici, l'effet va jufqu'à l'illufion , illufion toute oppo- fée à celle que doit produire le peintre par la dégradation des tein- tes ; par des repos artiflement ménagés, &c, Elle doit donc Pinftruire & lui perfuader de grouper par une fage diftribution fes lumieres, fes demi-teintes & fes ombres, à paffer des unes aux autres par des tranfitions douces , imperceptibles, non-feulement à l’égard des ob- jets particuliers, mais même du tout-enfemble ; c’eft la fource du relief, de lefpace, de la valeur des couleurs locales , &c. dans un tableau. De même , tous les artiftes qui fondent leurs effets fur certaines figures, peuvent s’inftruire à l’afpeét de celle-ci, foit qw'ils aient intérêt de nous plaire en nous trompant , de procurer à nos yeux quelque récréation, ou bien ce repos fi néceflaire en maintes occafons ; l’ébénifte fe tromperoit lourdement en ornant de ces figures, ou dé'toute autre , capables de produire de femblables effets, des meubles deftinés à refter fous les yeux, à deffiner, à écrire, &c. Un appartement qui en feroit décoré deviendroit impraticable. Il ne faut pas même aller fi loin : les pavés que nous nommons pointe de dia- mant , logange tranché , exagone étoilé , dé fans fond ou avec fond, étoiles confufes, & autres, lorfqu'ils font en blanc & noir gênent beaucoup la vue; il en eft de même de quelques rofes de comparti- mens ; toutes ces chofes ne doivent être employés que par jeu. Nous avons vu le mauvais effet des rofes de vents trop fortes fur les cartes marines; nous pouvons juger par-là de celui qui produiroient celles des boufloles ou compas de mer fur lefquels on ales yeux fans cefle attachés , fi on fe permettoit de les faire ainf. Il en eft à peu près de même des même cadrans mal faits où les heures font trop preflées , de ceux qui marquent deux fois douze heures à lIta- lienne , &c. Au contraire, celui qui guilloche, l’artificier & autres doivent employer dans bien des circonftances ces fortes de figures rayonnantes ou tranchées , dont l’effer eft de diftraire la vue. Nous pouvons donc éprouver, & nous éprouvons réellement dens la na- ture des illufions qui paroiffent tenir à bien peu de chofe. Qu'il me foit permis d’en rapporter ici une, dont j'ai parlé dans {2 Connoiffance de laftronomie , page 126 de la feconde édition. Le 3 feptembre 1769, étant forti entre minuit & une heure, moins pour obferver que pour voir la comete qui paroïfloit alors & qui avoit été découverte par M. Meffier, je fus agréablement furpris de lui voir une queue, que j'eftimai avoir au moins foixante degrés Tome XI, Part, 1, AVRIL 1778 Eff > > A x N . , \f é # s #0) 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; de longueur. Je n’avois d’autre inftrument qu’une lunette. En pro menant mes yeux fur cette belle queue, il me fembla que plus je la regardois avec attention , plus elle me paroifloit longue ; cela me fit foupçonner quelque illufion d'optique : pour m'en aflurer,, Jinterpofai ma main entre la comète & mes yeux, de maniere à ne voir que l'extrémité de la queue Alors cette extrémité difparut, quoïque je vifle très-bien les étoiles que j’avois appercues à travers, linftant d'avant ; & en retirant ma main, le bout de la queue re parut peu après, & s’étendoit auffi loin qu'il avoit fait d’abord. eflayai, à plufieurs reprifes , de faire pañler différens corps opaques devant la comete enjavançant peu à peu, afin de cacher en même- temps la partie de la queue qui en eft la plus voifine, & étant parvenu au moins au tiers , les deux autres tiers ou peu moins difparurent , & il me fut impoñfible d’en appercevoir les moindres veftiges. J’a- vois avec moi un ami accoutumé depuis long-temps aux expériences &t aux obfervations ; nous répétâmés celle-ci autant & plus qu'il ne faut, pour ne laiffer aucun doute fur le réfultat. J’eus même occañon d'examiner de nouveau étant rentré chez moi; car, voyant les étoiles où l'inftant d’avant je voyois la partie de la queue la*plus éloignée du noyau, & les maifons me cachant ce même noyau & la partie de la queue , qui en étoit voifine , je ne pus , quelques efforts de vue que je fifle, avoir aucune connoiflance du bout de la queue. Le temps étoit très-beau & la comete fort élevée fur l’horizon. Je rapporte ce fait, afin que ceux qui mefureront à l’avenir quelque grande queue de comete, foient en garde contre lillufion. L’im- preffion que cette queue fait fur nos yeux dure peut-être encor® , quand nous étendons nosregards plus loin, & femble prolonger l'objet d'autant plus facilement, que Vextrémité de cet objet eft peu fenf- ble. La queue de la comete de 1680 , qui parut avoir jufqu'à 9a degrés de longueur , n’en auroit-elle eu en efler que 30 ou 35 à C’eit fur quoi de nouvelles obfervations pourront nous aider à porter notre Jugement. On pourroit peut-être former des foupçons. fur Fétendue de ces queues fans Le fecours de notre obfervation, quoi- qu’elle foit très-propre à les appuyer; car,fi cette queue formidable que trainoit après elle la comete de 1680 étoit , comme l’a cru un philofophe anglois , caufée par la fumée qui s’exhaloit de fon noyau ; une fumée d’une auffi grande étendue feroit-elle affez légere , aflez tranfparente , pour qu’on apperçüt les étoiles à travers? Et de quelle nature feroit le noyau d'une comete pour fumer ainfi, après avoir éprouvé pendant plufeurs mois un degré de chaleur , que ce philofophe ;; qui foumettoit tout au calcul, trouva deux mille fois plus grand que celui d’un fer rouge, vingt-huit mille fois plus grand que celui de nos plus beaux jours d’été ? Qu'on fe repréfente léten: e # L x SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS 4rt due d’une queue de comete ayant 90 degrés de longueur & aflez éloignée de la terre pour ne laiffer de diftance entre le foleil & elle dans fon périhélie qu'environ la foixantième partie du diamètre folaire, ce qui ne fait pas quarante mille lieues. On pourroit done raifonnablement douter de létendue immenfe de ces queues à caufe des illufions d'optique, & ces doutes feroient encore appuyés par la nature même des chofes. Depuis cette remarque fur la queue de la comete de 1769 , j’avois envie de voir les lances les plus tranquilles & les plus grandes d’une belle aurore boréale , pour eflayer fi elles ne produiroient pas le même effet que la queue de cette comete, c’eft-à-dire , fi ie bout de ces lances ne difparoitroit pas en cachant plus ou moins leur origine ; mais je m’ai pu en trou- ver loccafion qu'imparfaitement , quoique j’en aye obfervé plufieurs affez belles ; les lances en étoient foibles , ondoyantes , trop agitées , &cc. 2 ue este 0 29e: ssl Hell olené LORS DER GE à De M. Bosc D'ANTIC, fur l'évaporation de l'Eau Jettée fur le verre en fufion , dont il a été queflion dans le Cahier de janvier 1778. | RP PÉRIENCE prouve que l'eau eft fufceptible d’expanfion ; il n'ett perfonne qui ne croie qu’elle s’évapore fur le feu; Stahl aflure qu’une bombe remplie d’eau, mife fur un brafier, fe brife en éclats, fait une explofon terrible ; les ouvriers de verrerie , bien perfuadés que non-feulement l’eau fe volatilife dès qu'elle éprouve l’aétion de la chaleur, mais qu’elle contribue à volatilifer d’autres fubftances , en jettent fur le verre en fufion dans le creufet , pour en difiper les bulles ou le fel de verre qui les caufe, &c. L'évaporabilité de l’eau ne feroit pas moins deftinée de tout fon- dement, fi le phénomene rapporté dans les obfervarions de phyfi- que & d'hiftoire naturelle du mois de janvier dernier avoit quel- que réalité , & fi l'on pouvoit regarder comme folide l’explication qu'on en donne, ! * par « M. Deflandes , dit l’auteur de lobfervation, fit voir, l’année » derniere , à M. le duc de la Rochefoucauld & à moi, un phé- » nomene furprenant , & qui paroît d'autant plus extraordinaire, » qu'il femble contredire tout ce qui a été écrit fur Le propriétés 1] 412 OBSERVATIONS-SUR: LA PHYSIQUE; 4 » de l’eau. M. Monnet & plufeurs autres phyficiens, en ont été & » encore les témoins pendant le cours de cette année. Ainfi, c'eft # donc un fait & une expérience auf authentique , qu'il eft pofi- cs # ble de le défirer. » M. le duc de la Rochefoucault, M. Monnet & plufieurs au= » tres , attefteront que l’eau d’une cuiller de bois, contenant la va- # leur d’un bon verre d’eau, jettée dans le creufet & fur la:ma- » tiere des glaces en infufion (& qu'on va couler), refte tranquille »-en tombant fur le verre, roule fur fa furface, comme feroit un » métal fondu ;-ne jette aucune fumée apparente ; qu’elle prend »# auflitôt la forme fphérique, fans le moindre bruit ; qu’elle prend »# ou paroît prendre une couleur rouge , femblable à celle du creu- » {et & du verre qu'il contient ; qu’il faut plus de trois minutes , # montre à la main, pour qu'elle foit entiérement évaporée ; qu’une » autre fois, M. Deflandes, ne voulant ou ne pouvant attendre que ».cette eau fût entiérement évaporée, fit [verfer la matiere du verre » (c’eft-à-dire le verre ) fur la table , & fit couler la glace : il n’en # réfulta aucune détonation. » Pour expliquer ce phénomene, M. Deflandes dit, que lévapo- » ration fubite de l’eau n’a lieu , dans d’autres circonftances , qu’à \ » caufe de l'air environnant ou ambiant qui , touchant immédiate- » ment la furface de l’eau , lui donne , pour ainfi dire , des ailes ; | » mais que dans la circonftance préfente, la chaleur extrême raréfie à # abfolument l'air, & l'ayant totalement diflipé de deflus la furface k » du verre, & même à l’entour du creufet, il ne peut avoir de dé- # tonnation. Au contraire, l’eau ne pouvant s’y volatilifer, contraéte | » un degré de chaleur fort fupérieur à celui qu’elle auroït en fe vo- » latilifant ; elle s'y fond, pour ainfi dire, & y paroît dans un état » qui a été vraiment ignoré jufqu’ici. » Ce phénomene , tel qu'il vient d’être décrit , feroit aflurément le plus furprenant , le plus extraordinaire qu’on eût jamais obfervé. L’explication qu’on en donne , le rendroit encore plus piquant , ajouteroit beaucoup à fa fingularité. Elle fuppofe , 19. que dans tous les cas , l’évaporation de l’eau eft uniquement due au contaét de | l'air ambiant; 29. qu'au premier inftant , l’abfolue raréfa@tion de Fair | empêche l’évaporation de l’eau, & que trois minutes après elle ne l'empêche pas; 3°. que les détonations doivent être entiérement attribuées à Pair; 4%. que la vapeur d’eau, aufi raréfiée qu'il foit | poffble , doit être fenfble à la vue ; 5°. que l’eau fubitement ra- | réfiée , & dont l’expanfon n’eft gênée par aucun obftacle, doit dé- : | toner , &c. Mais avant d'examiner l'explication, aflurons-nous de | la réalité du phénomene , que l’eau refté fur le verre en fufon fans | Tévaporer, 1 sur L’'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 Auffitôt qu'on a jetté de l’eau fur du verre en fufon , on apper- goit réellement fur cette furface liquide des globules qui refflemble- roient aux gouttes de mercure , fi elles en avoient le brillant. Ces globules ne peuvent faire illufion qu’à-des perfonnes peu familiarifées avec la chaleur que produifent néceflairement les vaiffeaux pleins d’une matiere toute en feu. Il eft aifé de fe convaincre que ces petites fpheres font creufes &c d’une Iégéreté vraiment étonnante, On peut les écrafer avec facilité contre les parois du creufet, les percer avec un fil de fer, &c. Les ouvriers connoiffent un moyen auf für que fimple , de faire voir de très-près, à l’œil, au microfcope, fur à la main, ces prétendus globules d’eau. Lorfque le verre , néceffaire pour une glace foufflée ou une groffe bouteille, eft bien préparé au bout de la‘canne & qu’on la perce, c’eft-à-dire, qu’on y a produit, en fouflant dans la canne, un vuide de la groffeur d’un œuf d’oie, l'ouvrier ayant pris de l’eau dans fa bouche, la fouffle dans la canne, & après l’y avoir foufflée , il en ferme exaétement l’embouchure avec le pouce. Les fpe&ateurs qui ne font pas inftruits de la petite ma- nœuvre , font très-étonnés de voir la mafle de verre devenir, fans le fecours du fouffle & fans caufe apparente , un globe parfaitement rond, & quelquefois de plus de trois pieds de diametre , & d’ap- percevoir dans l'intérieur de ce globe , des globules très- mobiles , qu'en prendroit pour du vif-argent ou du métal fondu. Cette ex- périence peut être répêtee plus ou moins en grand dans toutes les verreries, Elle me paroït prouver évidemment que l’eau entre en expanfon , fe volatilife fur & dans le verre en fufon, Après avoir caflé avec précaution ce globe de verre , il eft facile de s’aflurer que les globules qui rouloient dans fon intérieur font creux , d’une extrême légéreté, & fimplement terreux ; mais comment fe produifent ces globules ? L’efprit de vin reëtifié , jetté fur du fer rouge , en donne de femblables, Voyez page 281 de la premiere partie du traité du feu de Boerhaave , trad. franç. Ce problème feroit beaucoup plus difficile que celui que nous venons de réfoudre, as % 2 S S CZ 414 OsSERVATIONS SUR En PHYSIQUE; En o% Th Ro AU TE DU M" EM 608 DRE De M. l'Abbé D'EVERLANGE DE Virry , Membre de l'Académie Impériale & Royale des Sciences & Belles-Lettres de Bruxelles, Sur l'ucilité des Pérrifications. L: BJET de ce Mémoire eft moins de porter le dernier coup # fincréduliré qui refte à quelques-uns fur lexiftence des pérrifications marines, que de convaincre ceux , qui ne doutant pas de leur réalité, sy apperçoivent aucun avantage pour l’hiftoire naturelle. Aufli ne fait-on que glifler fur l'erreur des premiers, qui paroît peu fincere, Quant à l’opinion des autres, ce Mémoire tend à prouver combien, en général, elle eft mal fondée & inconféquente , fur-tout chez certain naturalifte très - connu, qui , après avoir traité au commencement d’un livre élémentaire , d’ailleurs eftimable , les pétrifications de vains amufemens , de fimple luxe de cabinets, entre dans des dé- tails aufi étendus qu'exaëts fur les moyens de s'initier dans leur connoiffance : Or, ileft contre le caraétere d’un écrivain grave de déprimer une fcience dont on donne des leçons. L'auteur de ce Mé- moire, de crainte que cette erreur ne gagne, fait voir l’extrême difficulté ou plutôt l’impofhbilité de compléter l’hiftoire naturelle fans le nombre infini de corps marins que le féjour de la mer a dépofés dans nos terres : il prend pour exemple les plantes exotiques , les lithophitides, les collaroides , les verminakites , les polypiers, que l’on obferve même rarement entiers par l’art dangereux des plongeurs ; au-lieu que depuis la retraite des eaux falées, qui fouvent ne s’eft opérée qu'infenfiblement, ces corps marins font demeurés enfevelis dans le fein de la terre, L'auteur rapporte divers avantages des petri- fications , entr'autres, celui de fixer le tiffu des bois, des plantes, des graines & d’en éternifer la durée, de même que celle de tant de parties animales trouvées en terre , qui font connoître la mécanique - du mouvement progreffif des vermifleaux ou polypes articulés & rétiformes , ainfi que la clafle des animaux auparavant inconnus, Que c’eft encore aux corps pétrifiés que l’on doit la découverte de bien des congélations minérales, dont les coquillages , fur-tout, n”,7 Ada sur L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 414 s’imprégnent , étant des matieres d'éponges qui fe rempliflent de fucs cryftallins ou minéraux. Un troifieme genre d’utilité fur lequel s'étend ce Mémoire en faveur des pétrifications, c’eft, vu leur abon- dance , de trouver des reffources pour la médecine dans les coquilla- ges , les parties d’animaux terreftres ou marins réduits en terre abforbante , favonneufe , crétacée ou dans leurs fels alcalins fouvent neutralifés par des fucs minéraux. Voilà les idées neuves qui carac- térifent ce Mémoire où l’on trouvera le développement défiré d’après les pieces originales raflemblées dans le cabinet de l’auteur. 2 , LORS D NE 2 DT MEET ME ER SE De M. l'Abbé D'EverLANGE DE VITRY ; Pour fervir & Phifloire naturelle du Tournaifis. à E principal but de ce Mémoire eft de traiter des objets en hif- toire naturelle qui ne fe trouvent que dans ce canton , tant en edarus qu’en foffiles naturels ou accidentels, afin de compléter es collettions de ce genre & favorifer les arts. L'auteur y parle de quatre chaines de carrieres : premiérement de celle de Marvis, dont 1l décrit les lifes & le corps qu'ils contien- nent, ainfi que leurs diverfes combinaifons. La multitude & la variété des lythophitides , des polypiers qui abondent dans quel- ques-unes des fecorides couches l'ont engagé à faire graver ceux jufqu’ici inconnus , ou qui étant rares ailleurs , font communs dans les environs de Tournai. Comme il n’a pas de fÿftême en vue, il parle plus des coquillages de cette premiere chaine , relativement à leur rareté, qu’à la place qu'ils occupoient en terre. Il traite enfuite de deux efpeces de matieres qu'il y rencontre : lune qui, par fon rapport apparent avec le marbre & les nœuds de bois étrangers , ou:roit par {es veines concentriques. fervir à imiter les parquets d’a .P P q parq p- partemens , & l’autre efpece tenant de l’agate ou du jafpe être utile aux lapidaires. La carriere de Saint-Laurent paroît à l’auteur de ce Mémoire d’une reflource infinie pour les cabinets , vu la beauté des coquillages qui, ayant plus gagné que perdu font , à bien des égards, 416 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fupérieurs à ceux de Maftrichr & de Courtagnon par de belles her= borifations ferrugineufes, ou la couleur bleue que leura communiquée une teinture cuivreufe. Il ny oublie pas les ochres ; propres à la peinture en émail, non plus que le tripolis, les pierres imitant le granit , le caillou de Rennes & celles qui , par leur feu, éffacent les topafes de Bohème. Il s'attache , touchant la troïfieme chaîne des carrieres fituée à Calonne, à expliquer la finguliere propriété que poffede une pierre terreufe de conferver exaËtement les corps marins. On voit par l’analyfe chymique , que lorfque les veines de cette pierre grife mêlée de noir, font infenfibles aux acides , elles détruifent d'ordinaire les corps- marins qui y font contenus; au lieu qu'ils s'y trouvent confervés queré ces veines font de nature à fermenter avec les acides , ce qui onne lieu de croire que dans les premiers cas acide dominant dans cette pierre terreufe détruit les corps marins qui font de nature alcaline , & que dans le fecond cas , cette pierre combinée avec la matiere noire réfraélaire , devient un enduit qui les laïfle intaëts. L'on décrit enfuite diverfes produétions de la mer , inconnues aux naturaliftes , des opérations chymiques de la nature , fur quelques pierres par des efflorefcences vitrioliques. Une de ces pierres offre une grande fingularité : elle fe fépare à la maniere des fchyftes & repré- fente fur chaque lame, en grifaille , les linéamens que l’on voit aux cailloux d'Egypte & du Danube; mais, avec cette différence, que fi une des lames rend le deflin en grand , la fuivante le réduit en petit & ainfi alternativement : ce n’elt , au refte, dit l’auteur , qu’une curiofité de cabinet ; la couleur ne pénétrant pas dans la fubftance de la pierre, difparoitroit dans la poliflure, quoique cet endroit naturel ne fe détruife pas par les acides. L’on trouve auffi dans ces carrieres des criftallifations en ftalagmites très-rares & autres congélations , qui ont converti des coquillages en efpece de pierre de hyacinte. Dans la quatrieme chaîne , fituée au village de Bruyelles , la fuite du Mémoire roule : 1°. fur des raretés en fait de coquillages , que lon ne connoît que dans cet endroit; 2°. fur le volume prodigieux & la grande confervation des vermiculites ; 3°. fur les belles criftal- lifations fpatheufes dodécaetres, que M. d’Argenville a cru trop légé- rement pouvoir être utiles aux arts ; car , fi elles ont le feu des topafes du Bréfil, elles font aflez tendres pour que l’on puiffe les mar- quer de l’ongle; 4°. fur des carpolithes , & fur l'opinion la plus, probable, qu’elles ont été originairement des fruits de cedre du Mont- Liban , ce qui eft contraire au fentiment de ceux qui les ont rangées dans la clafle des corps marins, quoïqu’elles ne montrent de rapport avec aucun d’entr'eux, au lieu que tout annonce une reflemblançe ‘exaéte avec Ve 27 Sur L'HIST NATURELLE ET LES ARTS 417 avec les pommes de cedre, L'auteur avoue pourtant que lon en tire par la cornue un efprit tfineux ; mais ces corps ayant été pétri- fiés par un fuc calcaire, c’eft-à-dire , fuivant le fyflême reçu , par: une matiere originairement animale , eft-il furprenant que celle-ci fe manifefte par la diftdlation; 5°. fur des cailloux très-finguliers , dont les uns: empreints intérieurement de fucs minéraux ont leur croûte extérieure chatoyante, & les autres ayant intérieurement la couleur bleue qui paroït leur être naturelle font garnis d’herborifations blan=- ches & dre foiblement. Il entreprend d'expliquer ces deux: différences, en difant que dans les cailloux remplis d’ochre jaune , il fe fait un reflux de matiere minérale vers leur furface qui y réfléchir: la lumiere dans le degré convenable à les rendre chatoyans ; tandis. que dans les autres moins riches en fubflance minérale , celle - ci,, fuffante pour y produire des herborifations , ne left pas pour que: la croûte foit chatoyante. Il termine l’hiftoire de cette quatrieme: chaîne en récommandant l’ufage des dents de grondeur pour la jouail-- lerie,. parce qu’outre qu’elles ont aflez de dureté pour recevoir le- ‘ poli, comme leur opacité varie, l’art du lapidaire peut, en décou— vrant plus ou: moins fes couches, leur donner le jeu des pierres: fémipellucides. Tous ces. objets font préfentés dans ce Mémoire avec le détail le: plus convenable pour l'utilité de lhiftoire naturelle & les befoins: de la vie. L'on a cherché à rendre ce double avantage fenfible par: la fidélité des obfervations qui y font décrites. mm LIEN SERRE De M. le Baron pe Diérricm, à l’Auteur de ce Recueil... Sur: la criflallifatiow du Fer:. Morsèvz j'ai l'honneur de vous envoyer un morceau dé: fonte de fer détaché d’une gueufe totalement criftallifée , qui pe-- foit. quinze cents , laquelle a été coulée à la forge de Rothan em Alface. La furface plane de la gueufe a préfenté dans toute fon étendue: une multitude de lignes. entrecoupées réguliérement comme une: hachure (1). Voyez planche 1, figure 1. (2) Journal'de Phyfique, Me 8 , page 338. Tome. XI, Par I. Mar 1778. G gg: 418 OBSERVATIONS SUR, LA PHYSIQUE; J'emploie les termes mêmes dont M. de Morveau s’eft fervi pour décrire la criftallifation conftante &guniforme des culots qu'il a obtenus de toutes fortes de mines , parce qu'ils conviennent par- faitement à mon objet. Ce font ces lignes que M. Grignon qualifie de petits traits informes , d’ébauches imparfaites , qui paroiflent être plutôt des linéamens arbitraires , que les rudimens d’une cryftal- lifation ( 1). , ! Les linéamens qu'offre la furface de la gueufe en queftion, me paroiffent aflez caraëtérifés ; ils font la bafe des différentes feuilles & couches qui-la compofent. La criftallifation intérieure de la gueufe eft confufe, (Voyez planche, figure 2) ; elle a néanmoins toutes les qualités du régule de M. Grignon; il dit lui-même que cette criflallifation eft très - difficile à obtenir réguliere (2); d’ailleurs, cette fonte eft compaéte , dure, brillante, argentine , criftallifée par feuilles & couches ; e le a donné le meilleur fer poflible à la forge. Autant de caraëteres du régule de M. Gri: gnon (3). . A juger de la reflemblance dans la criftallifation , les culots de M. de Morveau font de la même nature. Cette criftalhfation pro- duite en grand, confirme l'opinion commune à M. Grignon (4) & à M. de Morveau (5) fur l'identité du fer , lorfque les mines font convenablement traitées, s’il étoit encore permis d’en douter. j Jai obtenu cette fonte criftallifée, per le procédé ordinaire de . la fonte en grand, fans qu’on ait eu befoin de la recuire pour la porter à cet état de perfeétion , comme M. Grignon paroïît l’exiger ; çar il indigue le fourneau de macération pour cet effet ( 6 ). - Je n'ai point pris de précaution extraordinaire pour obrenir cette efpece de fonte; elle provient d’une mine dont on faifoit leffai ; on en avoit chargé une moindre quantité que celle qu’on a coutume : de charger quand la mine eft connue , fans diminuer le charbon, Cette précaution empêche le dérangement du fourneau auquel les effais donnent communément lieu. Le minerai ayant été de bonne nature , & la chaleur étant devenue fupérieure en raifon du moindre volume de matiere qu’elle avoir à pénétrer, ia virification a été æ ; (1) fbid. Tome 9, page 225. {2) Mémoire de M. Grignon, page 75. (3) Ibid, page 75, & Préface, page 12. 44) Ibid. pages 38, 55. 45) Journal de Phyfique, Tome 8, page 348, (6) Mémoire de M. Grignon ; page 76» êt y ë ï fe re TS PRES Fr SUR L'HrST. NATURELLE ET LES ARTS. 419 plus parfaite ; & le départ des matieres hétérogenes très-exa@ ( 1 ), La fonte a été lupérieure. . La vitrification totale ne fauroit être mieux conflatée que par Tinfpeion du laitier qui couvroit la fonte en bain; c'eft un verre parfait, bleu & couleur de porcelaine qui n’a plus la moindre a@ion fur Paimant. Une partie de ce laitier a même été convertie en écume blanche , produit du plus haut degré de vitrification , & qui nous fert communément d'indication pour diminuer la quantité du charbon dans le fourneau. Cette fonte reffemble parfaitement À ce que l’on appelle gâteaux dacier dans le pays de Naflau - Siégen , à Bendorf, dans le duché de Juliers & dans la Styrie ; ces gâteaux ne font autre chofe que de la fonte provenant de la mine de fer blanche , fpathique , fondue fans mélange d'autre mine , à laquelle mine on a donné le nom de pierre d'acier | parce que c’eft avec la fonte qui en provient qu'on y fabrique acier. C'eft, fans doute ; la même matiere qu’on a donnée à M. Grigrion pour du fer natif (2); car.il dit que fon régule de fer eft analogue au prétendu- fer natif d'Allemagne ; mais ce n’eft point là le fer patif dont les minéralogiftes Allemands, tels que le célebre Mar- graff, &c. ont parlé, ‘ I réfulte de cette obfervation, qu'on pourroit épargner la macé- ration pour obtenir une, fonte-réguline , “entaugmentant la quantité de charbons ;-8& en trouvant fa proportion exaéte de” fondans qui convient à chaque mine ; il faudroit calculer par lequel des deux moyens 1 en coûteroit le moins. Au refte, pour l’ufase ordinaire on-n'a pas befoin d'auffi bon fer; mais je ne doute point qu’on ne parvienne à convertir une pareille fonte en acier ,.en Ja traitant de la même maniere que les gâteaux d'acier d'Allemagne ; ‘ne feroit-ce pas là un moyen de parvenir à nous pafler des. aciers d'Allemagne > Tofe preique aflurer qu'on y réufliroit ; fi la fonte d'Alvar étoit meux traitée aux forges de Rives ,-je ne doute pas que l'acier qui en pro- vient, n’égalât celui d’Allemagne. Dans la maniere ordinaire de conduire nos fourneaux .. il eft dif ficile que la matiere en fufion fe purifie bien, & qu’elle. conferve. en même-temps tout fon phlogiftique ; car, à mefure que la mine fond , elle fe mêle avec le métal qui eft déjà fondu , & y apporte de nouvelles impuretés , tandis que le vent, agiflant fur la furface du. métal en bain, lui enleve fes principes eflentiels , quand l'ouvrier n’y: () Ibid! page 42, : “1 j.< 2) Jbid page 76 , & Préface, page 13: En 410 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; fait pas une attention particuliere. [l eft une expérience facile à faire à l’extinétion d’un fourneau; il fufit d’avoir foin de tenir en bain, un certain temps, la derniere gueufe qui en coule, & à laquelle ik me fe joint plus de nouvelle fonte, & oblerver fur-tout que le métal en bain ne remplifle pas en entier le creufet , pour que la furface foit éloignée de la thuyere (1), & l’on obtiendra, f le procédé .eft fait avec foin , une fonte infiniment fupérieure ; c’eft , fans doute , cette différence dans le procédé qui fait que dans les forges catalanes, la fonte produit en même-temps de la matiere propre à être convertie en acier & en fer; parce qu’on y :laifle refroidir chaque culot de métal dans le fourneau , après qu'il a été en bain, fans que de nou- ‘elles parties hétérogenes aient pu s’y réunir, & qu'on y retient bien le phlogiftique par les fcories & le charbon. ; Je fuis, &c. 4 (1) J'ai vu, d’après ce:principe ; aux Forges de Schmalkalden, en Hefle, percer le fourneau de deux en deux heures, quand on vouloir couler de la fonte d'acier pour ne pas trop laïfler remplir le creüfer, afin de enir la matiere en bain plus éloignée des foufflers. mr RE AURORES BORÉALES. L E mardi 17 mars 1778, le barometre étant à 28 pouces 3 lig.:, le thermometre 4 deg, : de dilatation, le vent Nord-Eft foible , beau temps à 9 heures du foir , M. l'abbé Dicquemare a obfervé au Hâvre une aurore boréale aflez vague, offrant .quelques lances foi= bles & peu agitées, fe changeant en grandes places couleur de carmin. Un nuage obfcur s’élevoit à l’horizon, de forte qu’à 9 ‘heures & demie, la moitié du ciel étoit couverte , & le phénomene a dif- aru. : Le Jeudi 26, barometre à 28 pouces 4 lignes, thermometre 3 deg. de dilatation, vent de nord foible, aurore boréale à peu près fem- blable, obfervée au Hâvre par le même , depuis la fin du jour “jufqu'à minuit. Ë Les aurores boréales y ‘ont été très- fréquentes dans les derniers jours de mars, & pendant les dix premiers joure d’avril , le tonnerre s’eft fait entendre , les éclairs étoient très-fréquêms & très- forts ; cependant il y avoit peu de nuages & point de pluie : thermome- tre 20 à 24 degrés, nn” ? nt le - np, oh DE LEE ‘SR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 427 PREMIER MÉMOIRE SUR LES HYGROMETRES; Par M. SE NE B1ER, Bibliothécaire de la République de Geneve: L E degré de perfe&ion que la météorologie a acquis dans ce fiecle , les ufages qu’on retire des inftrumens qu’elle emploie , ceux qu’on peut en efpérer, font bien propres à encourager les favans qui tra- vaillent à perfeétionner cette fcience & les inftrumens dont elle fe fert, Il n’y a peut-être point de parties dans la phyfique qui offrent autant de difficultés, ni de recherches qui aient fatigué auffi vaine- ment ceux-qui s’en font occupés ; mais, fi les obftables arrêtent le génie , l’efpérance d’un fuccès important lui donne des forces pour vaincre les dificultés, & le fentiment qu'il a d’avoir entrepris un ‘Ouvrage utile, peut le confoler d’avoir échoué. Un des moyens les plus propres pour étendre la connoiffance de a météorologie, c’eft de foumettre les vapeurs contenues dans lair à l’examen de l’obfervateur , & fur-tout d’en déterminer la quantité avec exattitude. On cherche depuis long-temps la folution de ce .problême ; on a inventé plufieurs inftrumens dans cette vue , mais on a moins trouvé des mefures fidelles & comparables de l'humanité, que -des fignes plus ou moins prompts de fon exiftence, On a eu des “hygrofcopes & non.des hygrometres. M. Deluc s’eft élevé par fon gén'e jufqu’à la partie la plus fublime de cette recherche, & il a eu des Æuccès que perfonne n’avoit eus avant lui. Je ne prétends pas à de f grandes chofes & je fuis bien éloigné d’y prétendre. Je me propofe «d'offrir ici quelques idées, que mes expériences & mes obfervations m'ont fait naître : je les préfente avec confiance , parce que je fuis afluré de leur exaétitude. Je ferai connoître dans ce Mémoire, J°. l'utihtée & l'importance de ces recherches fur les hygrometres. II°. J'indiquerai d’une maniere générale les divers efforts des phy- ficiens ‘pour perfeétionner cette partie de la phyfique. AU. Je tâcherai fur-tout de montrer .ce qu'il faut faire pour réufir dans la folution de ce problème. IV°. Jouvrirai peut être de nouvelles routes pour trouver de meil- leurs hygrometres, & pour faciliter la.conftruétion & l’ufage de ceux «qu’on a employés jufqu’à préfent. © N°, Enfin, je joindrai à tout ceci une lettre çurieufe & importante 422 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fur cette matiere , que M. le profeffeur de Sauflure m’a fait l'honneur de m'écrire. Jannonce un fecond Mémoire fur cette matiere , il fera la partie thécrétique de l'hygrométrie, comme celui-ci en eft la partie-pratique. J'y parlerai des vapeurs , du rôle qu’elles jouent dans la météorologie , j'y donnerai peut-être quelque chofe de plus précis fur l'évaporation. Ceci doit me difpenfer d'entrer dans des détails préliminaires qui femblent d’abord néceflaires , & que je ne peux pas donner, parce qu'il m'importe de faire connoïître auparavant les inftrumens que j'ai employés pour faire mes expériences. FE Urilité & importance des recherches fur les Hygromeres. - 1°. La météorologie devroit offrir une théorie exaëte des effets que produifent les vapeurs répandues dans lathmofphere ; mais comme on ne peut douter que les vapeurs aqueufes n’y. foient les. plus confidérables, il eft clair que ce font celles qu'il importe fur- tout de connoître : elles ne fauroient s’accroiïtre , diminuer , fouffrir quelque altération fans changer l’état de l’athmofphere , fans influer fur les phénomenes météorologiques, & par conféquent, fans fournir des moyens pour les prévoir & peut-être pour pénétrer leurs caufes. 2°. Il eft impoffible de trouver une théorie folide des mouvemens du barometre, fi l’on ne connoît pas leur raport avec la quantité des vapeurs contenues dans l’athmofphere ; c’eft au moins ce que mes. obfervations m'ont démontré. 3°. On ne peut confulter le thermometre avec sûreté, fi l’on ne corrige pas fes indications par le moyen de l’hygrometre : l'évapora- tion étant une caufe de refroidiflement , 1l eff évident que l’évapo- ration plus ou moins forte de l'humeur que Pair applique fur la boule du thermometre, doit faire varier les réponfes de cet inftrument: On rendra donc le thermometre plus exa&t, fi l’on peut-apprécier la quantité des vapeurs qui font dans l’air & la quantité de leur évaporation. é 4°. Je nentrerai pas ici dans le détail des effets que les vapeurs produifent dans l’athmofphere par leur condenfation ou leur dilatation; par leur union ou leur féparation du fluide éledrique , du phlogiftique , de Pair fixe , par les vents, les pluies, les météores qu'elles excitent. Mais il eft certain que les hygrometres éclairent ces phénomenes ft mal connus & encore plus mal expliqués. : te 5°. L’ufage des bons hygrometres donnera plus de folidité à la théorie des calculs barométriques pour la mefure des hauteurs ; if peut perfe&ionner la théorie des réfraétions , & fournira &es moyens plus exa@s pour mefurer la vitéffe du fon &c de fon intenfté, SUR L’H1ST. NATURELLE fT LES ARTS 423 6°. Cet inftrument fervira aux chymiftes pour connoître l'état de leurs liboratoires & les momens les plus propres pour faire diverfes opérations , ou pour répéter plufeurs expériences qui manquent quelquefois parce qu’on néglige cette attention. 5 7°. La médecine retirera fur - tout une utilité confidérable- des bons hygrometres : il n’y a aucune partie du corps humain qui ne foit affeétée par l'humidité. Les nerfs , les mufcles , les cartilages , les membranes, la peau , les vaifleaux , les os pompent l'humidité & changent d'état en raïfon de la quantité d'humidité dont ils fe font chargés : la tenfion , le relâchement varient dans les différentes parties du corps avec l’état de l'humidité de l’air, & fi les variations de la fécherefle & de l'humidité de l’air occafionnent des change- mens confidérables fur les perfonnes qui font en fanté, il n’eft pas douteux qu’elles n'influent puiffamment fur les malades & fur les éyénemens des maladies , fur-tout quand ces variations contrarient les eff-ts qu'on voudroit produire. Les connoiffances hygrométriques pourroient donc fournir des moyens pour calculer la nature & la dofe des médicamens qu’on veut employer. 8°. Les hygrometres ferviront à l’agriculture dans toutes les parties de l’économie rurale, mais fur tout pour la confervation des denrées & pour la connoiflance de la falubrité des lieux & des mailons qu'on veut habiter. 9°. On pourrait peut-être tirer quelque parti dans les arts, de la connoiflance des révolutions diurnes & annuelles de l'humidité & de diverfes obfervations qui y {ont relatives; mais j'en ai dit aflez pour ne laifler aucun doute fur Putilité confidérable que les fciences, la médecine, le commerce, & les arts peuvent trouver dans lufage des hygrometres perfcétionnés. * IL. Efforts inuriles des Phyficiens pour perfeionner l'Hygromérrie. On fentit bientôt l’importance des bons hygrometres pour la perfeétion de la phyfique & l’on a fait bien des eforts pour en trouver, mais on a prefque toujours travaillé fans obtenir des fuccès bien marqués. Il ne falloit pas beaucoup d'attention pour obferver laltération que l'humidité caufoit à divers corps qui y étoient ex- polés ; ces altérations fournirent l’idée des hygrometres. Voici ce qu’on a obfervé dans les trois regnes. | l°. Le regne minéral offre des corps fenfbles aux impreflions de Phumidité ; telles font les marcaffites que l'air feul peut vitriolifer, tels font plufieurs métaux qui fe rouillent quand ils font expofés à Pair. On fait que le fel de tartre , l'huile de vitriol , le zinc corné, la terre foliée de tartre , la pierre à cautere , le foie de foufre attirent 414 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE;. puiffämment l'humidité. Ces corps fembleroient d’abord offrir autarit d’hygrometres , ou feroient fuppofer qu'il n’eft pas néceflaire d’avoir beaucoup d'attention dans leur emploi. Mais les métaux me paroïflent peu propres pour faire des hygro- metres; il y en a fur lefquels l'humidité ne fait aucune-impreffon ; il y'en a d’autres qu’elle diflout’ plus ou moins, & fur lefquels elle forme une rouille qui les garantit des atteintes ultéri-ures de l'air, ou. du: moins qui en diminue beaucoup l'influence. Enfin, l’a@tion de l'air fur ces corps doit être aflez longue pour être fenfble, & les difé-- rences ff grandes qu'il y a dans la nature des- métaux qu’on em- ployeroit., pourroient Îles réndre. plus ou moins fufceptibles des: aïtérations de l'humidité. Le fel de tartre, l’huile de vitriol, le zinc corsé , la terre foliée de tartre , la pierre à cautere, le foie de foufre offrent des moyens: pour perfe&tionner l’hygrométrie , parce qu'ils attirent puiffamment-: l'humidité, mais-ils peuvent être extrêmement trompeurs , fi on les emploie à cet ufage comme on a fait jufqu’à préfnt : car , 1°. fi: ces matieres font avides d’humidité , elles font encore plus tenaces- pour là conferver; 2°. quand ces matieres font chargées d’une certaine: quantité d'humidité, elles ne fuivent plus la même loi pour s'en: charger d’une nouvelle ;: mais elles perdent une partie de leur faculté attirante , &. cette diminution de leur force attirante n’eft pas même: aflez, réguliere pour qu’on puifle aifément en tenir compte; 4°. ces. matieres apiffent encore différemment fuivant leur nature , fuivante les procédés qu’on a fuivis pour les produire , & fuivant les précautions : qu'on emploie lorfqw'on s’en fert. Elles font, par exemple , avides: d’eau en raïfon de leur pureté, de leur ficcité. &. de la furface qu’elles: offrent à l'air. Enfin , je ne dois: pas oublier un hygrometre de Müfchembroek: décrit dans les Mémoires de l’inftitut de Bologne , & que l’ingénieux: abbé Félix, Fontana a perfeétionné & dépeint dans un ouvrage: defliné à faire connoître les beaux inftrumens , dont il a enrichi le: cabinet du grand - duc de Tofcane : on le tionve traduit’ dans le: Journal de Phyfique ,. tome IX, & la peinture de l’hygrometre: dont je parle eft dans le Journal du moïs de mars. Mais, 1% cet: inftrument: eft d’un ufage extrêmement difficile &c il fuppofe des: précautions qu'il n'eft pas toujours aifé de prendre. 2°. L’aétion: du froid pour condenfer les vapeurs eff certainement propor-- tionnelle à la denfité de l’athmofphere 8: à fa chaleur ; mais les loix: de cette force dans les deux: cas font au moins peu: régulieres. 39. La furface du cube de verre ou de criftal qu'on emploie ne peut: ire parfaitement polie, il y a-une multitude de petits creux dont on ne peut déoger l'air ow Peaw qui les remplrfent, il y: a de duree 65 ‘ L4 sUR L'H1ST. NATURELLE ET LES-ARTS. 42$ des élévations & des afpérités où les vapeurs ne peuvent s’accrocher. 4°. Le degré de froid qui fe communiquera au verre fera difficile- ment le même, lorfque les inftrumens feront différens ; parce que des maflés d’eau, qui font différentes , fe refroidiffent & fe réchauf- fent dans des temps différens, & parce que les différentes épaifleurs &t denfités des verres ou des criftaux augmenterent encore ces fources d'erreurs. 5°. Le linge dont on fe fert pour efluyer le cube de verre , s'échauffe en l’efluyant , & il doit échauffer en même-temps le verre : on comprend aifément qu’il faut beaucoup de temps pour efluyer un corps aufi mouillé avec exaétitude. IL. Le regne végétal offre aux phyficiens de nouveaux moyens : pour faire des hygrometres. Tous les bois font plus ou moins altérés par l'humidité. Les capfules de la graine de geranium , les barbes des épics d'avoine fauvage , celles de bled , d'orge , de feigle , les tuyaux des plantes graminées , l'éponge , le coton, les cordes de chanvre, de lin, de fil ont fourni des matieres pour faire des hygrometres qui ont été plus ou moins fenfibles , fuivant la qualité de ces matieres; mais qui n'ont point été fufceptibles d’une comparaïfon un peu exaée. L'état des bois varie fans cefle relativement à leur faculté de fe faifir de l'humidité, ou de la perdre : ces variétés font fur-tout déter- minées par leur âge, par la portion de l'arbre qu’on emploie , mais encore par le temps qui s'écoule depuis qu’on les a deftinés à l’ufage de l’hygrométrie. Le degré de leur fécherefle neft jamais abfolu, leur élafticité eft conftamment vañiable , & leur volume change tou- jours. De tous les bois, celui qui m’a paru le plus propre pour faire des hygrometres , c’eft le jonc des Indes , il y a plus d’homogénéité dans fa nature , plus de reffemblance dans les effets qu'il produit, & aflez de promptitude dans fes variations. On fait précifément les mêmes obfervations fur les autres partiés des végétaux , avec cette différence que les plus minces font d’abord moins affe@tées par ces défauts; mais, comme en vieilliffant elles fe deffe- chent beaucoup plutôt & beaucoup plus , elles s’écartent aufli beau- coup plus & beaucoup plus vite de la regle qu’elles fembloient fuivre d’abord en s’emparant de l'humidité & en la quittant. Le coton & l'éponge fe faififfent facilement de l'humidité , mais ils la retiennent avec force. L’évaporation fe fait en raifon des fur- faces, & l'humidité pénetre le volume entier des corps; de forte que, comme le volume du coton & de l'éponge doit être confidé- rable relativement à la furface , quand on l’emploie pour ces inftru- mens , il faut un temps aflez long pour les fécher ou les humeéter; d’ailleurs, comme l'humidité augmente le volume de ces corps en les gonflant, & comme les variations de l’humidité s’eftiment alors Tome XI, Part. I. Mat 1778. Hbk 426 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par les poids , il eft clair que leur volume qui augmente , diminue leur pefanteur fpécifique dans l'air. Je dois ajouter enfin qu'il eft impofble de les mettre à l'abri de la pouffere, qui en diminue beaucoup la fenfibilité 8: qui en charge le poids. Enfin, il me refte à parler des cordes de chanvre, de lin & de fil; mais jai obfervé 1°. qu'elles étoient trop épaifles & qu'il leur falloit beaucoup de temps pour fe pénétrer d'humidité ou pour la quitter; 2°. qu'il eft extrêmement difäcile ou prefque impoñfble d’en trouver qui euffent une marche réguliere & comparable ; elles varient dans l'épaiffeur , dans le degré de torfon, dans le nombre des cordons , dans la maniere dont les cordons s’enchevêtrent les uns dans les autres , dans les embarras que cela donne à leurs mouvemens ; elles varient encore par les matieres qui forment les cordons , un feul brin trop ligneux gêneroit l'effet total , par les nœuds qui fe font lorfqu’on les tord & il changeroit leur marche, Il réfulte de là que les cordes de fil feroient peut-être les plus convenables, mais elles con- fervent prefque toutes les caufes de variétés que je viens d'indiquer. On pourroit faire un cordon particulier très-mince , en tordant légé- rement & également un petit nombre de brins de chanvre ou de lin ; il eft vrai que les hygrometres qu’on fait alors de cette ma- niere font moins irréguliers , mais leur régularité ; fi l’on peut leur donner cette qualité, n’a duré que quelques mois dans des hygro- metres faits avec une douzaine & une douzaine & demie de brins de chanvre ou de lin ; mais ces brins font encore d’une groffeur très-inégale, ils s’alterent beaucoupà l'air , & lorfque leur marche eft la plus comparable , elle ne left pas avec celle des hygrometres que j'ai lieu de croire les moins imparfaits. D'ailleurs , fi le même cordon , fait de la maniere dont je viens de parler , fournit des hygro- metres dont la marche n’eft pas extrêmement irréguliere pendant cinq ou fix mois, il eft bien difficile d’en faire enfuite d’autres qui leur, foient femblables, LL 11 me refte à parcourir le regne animal ; c'eft celui qui a fourni le plus grerd nombre de matieres propres à faire des hygrometres qui aient une durée aflez longue & une précifion aflez exaéte, Toutes les parties des animaux peuvent devenir des hygrometres , & elles ont toutes été employées dans ce but: comme elles font plus ou moins criblées de pores & de vaiffeaux , elles donnent pañlage à des’ liqueurs plus ou moins tenues, elles font plus ou moins affeétées par la préfence ou l’abfence de ces liqueurs , elles offrent à lair & à l'humidité une furface plus grande pour agir fur elle. Outre cela , comme chaque animal de la même efpece conferve une grande ana- logie avec les autres individus de fon efpece; il réfulte que les hygro-" metres tirés du regne animal doivent être plus uniformes. Il eft vrai sur L’H1ST.) NATURELLE ET LES ARTS. ‘437 que toutes les matieres animales ne font pas également propres à cet ufage, & qu’elles peuvent devenir plus" ou moins propres à l'hygrométrie par la préparation qu’on eft forcé de leur faire fubir. De forte que les hygrometres tirés des parties animales qui paroif- fent d’abord comparables dans la théorie , perdent prefque cet avan- tage quand on eft fur le point de les employer. On emploie les peaux &r les inteftins des animaux, mais ils fe chargent quelquefois d’une fi grande quantité d’eau , qu’elle en fort d’elle-mème & qu'il n’eft plus poffible de la mefurer., M. de Luc a fait des hygrometres avec de l’ivoire , on en trouve la defcription dans les Tranf. Philof. Tome LXIII, féconde partie , & dans le Journal de Phyfique, Tome VW. Cet inftrument eft un chef- d'œuvre d'invention & d'exécution, mais il a plufieurs défauts aflez confidérables ; je ne veux pas les analyfer ici, parce que l’auteur philofophe de cet inflrument les a trouvés affez confidérables pour abandonner fon invention, & pour lui en fubftituer une autre que je ne connois pas aflez bien pour en parler. Mais , en fuppoñfant l’hygro- metre de M. de Luc excellent , il avoit un défaut effentiel dans la difficulté de l'exécution , qui la rendoit prefque impoñlible à tout autre qu'à fon auteur, qui eft auffi adroit & patient ,.que plein de favoir & de génie. Je devrois parler ici d'un hygrometre imaginé nouvellement par M. de Sauflure, profefleur en phil@fophie dans l'académie de Geneve, mais je renvoie à la cinquieme partie de ce Mémoire , elle renferme une lettre qu'il m'a écrite , où ce grand obfervateur trace fes travaux hygrométriques , & où il les apprécie avec cette févérité qu'il n’em- ploie jamais que pour lui. IL. Moyens à employer pour faire des Hygrometres comparables. Tous les hygrometres font fujets à des défauts qui naïflent de la nature des matieres qu'on emploie pour les faire, & qui font juf- qu’à un certain point inévitables. 1°, Le défaut le plus confidérable de tous les hygrometres , c'eft qu'ils annoncent rarement avec exaétitude l'humidité de l'air du temps pendant lequel on les obferve ; mais une combinaifon particu- liere de l'humidité de l’air dans le temps pañlé avec celle du préfent. Je m'explique ; un hygrometre pañle comme l'air, du fec à Fhu- mide , mais l’hygrometre ne cefle pas de fe charger d'humidité , quoique lhumidité de l'air n’augmente plus ; ce qui arrive, parce que l'humidité qui eft dans Pair s'applique toujours à la furface de l'hygrometre , & s'ajoute à celle dont il étoit pénétré ; l'humidité Hhh i] :428 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; agit alors fur lhygrometre comme la pefanteur fur les graves ; fa caufe eft toujours ative , & quoique fon énergie foir la même , fes effets croïflent avec la répétition de fes impreffions , comme l’humi- dité agit fur les modifications qu’elle a déjà produites dans le corps qui lu eft expofé; il eft clair qu’elle doit les augmenter, jufqu'à ce qu’elles foient les plus grandes poffibles , ou qu'il y ait des raifons pour lés affoiblir. Il réfulte de là, que quand l’humidité a été forte , elle peut dimi- nuer fans empêcher l’hygrometre d'aller à l’humide ; jai obfervé même qu'il faut qu’elle diminue d’une quantité aflez grande pour rendre feulement l’hygrometre ftationnaire. IL faudroit que l’évaporation de l’humidité fût aufi prompte que fon abforption, ce qui eft abfolument impoffble , 1°. parce que dans un air humide & tranquille l’évaporation eft très-foible quand humidité commence à diminuer ; 20. parce que cette évaporation fe fait fuivant les furfaces , & que l’huméfaëtion des hygrometres eft comme les folidités; 3°. parce que laétion de l’humidité & de l’éva- poration ne peut être inftantanée ; 4°. parce que l’évaporation eff tou- jours en raïfon du vent, du poids de l’athmofphere , & de la chaleur de Pair. 2°. Un autre défaut, commun à tous les hygrometres , c’eft que les’ corps avec lefquels on peur les faire, ne font pas parfaitement élaftiques , & par conféquent , quäls ne pourront pas reprendre exac- tement leur premier état , quand les caufes qui les en ont tirés ne fub- fifteront plus, & revenir précifément à celui qu'elles leur avoient donné, quand elles agiront de nouveau. | 3°. Toutes les matieres qu’on employe pour les hygrometres font en même temps plus ou moins thermometres ; l’aétion du froid ou de Ja chaleur change la place de leurs parties, dérange les imprefions de Phumidité fur elles; mais on n’a pas encore un réfultat exaët lorfqu’on eft parvenu à féparer l'effet de la chaleur de l'effet de l'humidité; la dilatation que la chaleur occafionne , le refferrement que le froid caufe changent encore les loix que l'impreflion feule de l’humidité devroient fuivre, comme je m’en fuis convaincu par diverfes expériences. 4°. Enfin, l’air devant s’appliquer immédiatement fur l'hygrometre, il agira fur lui avec les parties falines qu’il renferme &c altérera fa nature en diffolvant quelques-unes de fes parties ; la pouffiere unie à l'humidité, y formera un vernis qui empêchera l'application immé- diate de l'air. On ne pourra mouiller l'hygrometre avec de l'eau fans y occafionner des variations violentes, propres à changer la marche de l’hygrometre qui a été réglé; on ne pourra le laver avec de l’efprit de vin, parce qu'il le raccorniroit. ; Il réfulre de ces confidérations, que les corps les plus propres pout | | | sur L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 429 faire des hygrometres comparables, feront 1°. très-minces, obfervant pourtant que s'ils s’étoient trop amincis , ils feroient d’abord faturés d’eau, l'humeur couleroit & on ne pourroit la retenir ; 2°. ils feront ‘aufli élaftiques qu'il fera poffble , afin de pouvoir fe trouver exac- tement dans les mèmes circonftances aux mêmes points; 3°. 1l faudra fur-tout que, s'ils fe fafñfent avidemment de l'humidité, ils puiflent auffi facilement la laïfler échapper ; 4°. il importe de pouvoir appré- cier l'effet que la chaleur & le froid produifent fur eux ; 5°. on doit s’occuper des moyens les plus propres pour les garantir de la poufñere, fans leur ôter la communication libre avec l'air extérieur ; 6°. enfin , 1l eft indifpenfablement néceflaire que l’eau les pénetre fans les altérer, IV. Application de ces principes à la compofition d'un Hygrometre com- parable, & à la correëlion de ceux qu'on a. Avant de propofer mes vues pour perfeétionner les hygrometres, je veux indiquer les qualités qu'ils doivent néceflairement avoir pour être comparables. 1°, On doit pouvoir en préparer par-tout de femblables, mais pour remplir ce but , il faut avoir égard dans leur conftruétion à des points femblablement déterminés pour tous les lieux & pour tous les temps. Ces points {e réduifent à deux; un point d'humidité & un point de féchereffe, 2°. Il faut que les degrés d'humidité puiffent s’apprécier d’une ma- niere qui en permette la comparaifon. 3°. Il faut, autant qu'il eft poffible, que l’hygrometre montre toujours le même degré dans les mêmes circonftances, & qu'il puifle pañler &c repafler par ces points toutes les fois que les variations feront les mêmes. On comprend aïfément que la perfe&tion d’un hygrometre fera pro- portionnelle au nombre de.ces qualités, & à l’intenfité de chacune de ces qualités qu’il pourta avoir. - . Entre les diverfes tentatives que j'ai faites pour trouver un hygro- metre qui eût les qualités dont je viens de parler, je n’ai rien trouvé de plus convenable que les fels qui attirent l’humidité; l'augmentation de leurs poids , fait connoitre la quantité d'humidité qu'il y a dans l'air. Cette méthode a-quiert beaucoup d’exaétitude quand on emploie les précautions que je vais décrire. Je ne parle point ici de l'huile de vitriol, parce que fa vertu pour attirer l’humidité, diminue à proportion qu’elle eft plus phlo- g'fliquée. L’acide fulphureux n’attire plus humidité : il faudroit donc avoir de l’huile de vitriol extrêmement concentrée, mais cela n’eft pas 420 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; fi facile à fe procurer ; d’ailleurs, pendant que cette huile de vitriol feroit en expérience , elle fe phlogiftiqueroit, & elle fe phlogiftiquera d'autant plus vite, que l’humidité fera plus grande, Les brouillards m'ont fourni des preuves complettes de la quantité confidérable de phlogiftique contenu dans l'air, lorfqu’il eft rendu par eux extrêmement humide; j'ai vu dans moins de demi-heure, l’huile de vitriol con- centrée que j'y expofai, extrêmement brunie, tandis qu'une portion femblable de cette même huile que je tenois dans monficabinet où je travaillois avec deux bougies, ne paroifloit pas fenfiblement altérée dans fa couleur. - 1°. On emploie ces fels avec le fléau d’une balance fort exaéte, on en a qui efliment conflamment la 180e partie d’un grain , & celles qui : font connoître des quantités beaucoup plus petites, font très-variables dans. leur indication ; j'applique à un des bras le poids qui doit tenir en équilibre la matiere qui fera l’hygrometre, avec la capfule qui doit la contenir au moment où on l’expofe à Vair : l'humidité de l’air qui s'attache à cette matiere, en augmentera le poids , & cette augmen- tation pourra s’eftimer par l'arc de’cercle que décrira le bras du fléau de la balance, terminé en pointe ; il indiquera fes mouvemens fur la divifion gravée d’un quart de cercle, placé tout près, où les minutes feront partagées en quart. Les arcs parcourus feront toujours en raifon de l’augmentation du poids. | 2°. Ces matieres doivent être placées dans une capfule de verre auf plate qu'il fera poffible ; fa furface fera aufli grande qu'il fera néceflaire , pour donner à un denier de fel de tartre toute la furface pofñble , afin que ce fel touche l’air autant qu’il pourra. Une capfule d’un pouce & demi de diametre, fera fuffifante, 3°. Le poids & la capfule font fufpendus au fléau par un crochet, & on peut les changer de place, afin de pouvoir réduire en poids la portion de l'arc de cercle qui a été décrite par l’indice. 4%. On enfermera la plus grande partie de ce fléau dans une petite loge, comme les balances d’eflayeur, afin de n'expofer à l’aétion de l’humidité que la partie qui doit y être expofée. 5°. L'état des matieres, en fortant du feu, produit le fel abfolu; de forte que fi on a foin de les pefer lorfqu’elles font encore chaudes, dans des lieux chauds , avec des balances chauffées | & de les placer dans de petits vafes de verre très-chauds , qu’on peut fceller hermé- tiquement ; alors, on les confervera fans aucune crainte d'humidité , jufqu’à ce qu’on emploie le fel qu'ils renferment. Avec toutes ces pré- cautions , On pourra parvenir à favoir précifément combien il y a d'humidité dans l’air où l’on fera l'expérience, parce qu’on faura la différence du poids qu’il y a entre celui que ces matieres avoient d’abord, & celui qu’elles auront acquis. te ee. mate us end sur L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 431 6°. Enfin, pour fe fervir utilement de ces matieres, on ne peut employer les mêmes que pendant un temps très-court ; il doit être même d’autant plus court, que fes matieres employées attireront plus fortement l'humidité, & que l’humidité elle-même fera plus grande. Dans ce cas, cinq ou fix heures font les bornes de la plus grande exaétitude : mais 1l importe toujours de déterminer le temps qu’on aura laiflé ia même matiere en expérience. On doit comprendre aifément que je ne trouve chaque fois que le point précis de létat de l'air pendant que j'oblerve , de forte qu'on ne connoîtra les variations de l'humidité, qu’en répétant les obfervations par le moyen de nouvelles dofes égales de ces ma- tieres qui attirent l'humidité, Maïs je n’ai pas décrit encore toutes les précautions qu’il faut employer pour rendre ces hygrometres com- parables, 1°, Il faut avoir la terre foliée de tartre, le zinc corné, la pierre à cautere, le fel de tartre, le foie de foüfre, dans un état qui foit toujours le même. Pour cela, il faut, 1°. convenir d’un procédé uni- forme, fuivre, par exemple, les méthodes indiquées dans la Chy- mie de M. Macquer. 2°. Quand les opérations font bien faites, les différences font à peines fenfbles , quels que foient les procédés qu’on fuive, 3°. Je détruis toutes ces difficultés par le choix par- ticulier que je ferai du fel de tartre; il eft préférable à toutes les autres matieres , parce qu'il offre à l’air une plus grande furface fous la même quantité de matiere, quand il eft bien pilé; on peut le piler dans des mortiers chauds, tandis qu'il eft chaud, & avant de le pefer & de l’enfermer hermétiquement dans les petites bouteilles dont j'ai déjà parlé, il peut prendre trois fois fon poids d’eau. Dans les obfervations qui devroient être faites promptement , j'employerai de la même maniere la terre foliée de tartre qui fe charge très- rapidement d'humidité, & dont je ferai connoître les rapports avec le fel de tartre, pour fa facilité d’attirer l'humidité. 2°. Par ce fel de tartre, j'entends celui qui porte le nom d’alcali purifié, & jai foin de ne le retirer du feu que lorfqu'il commence à fondre; 11 faut encore choïfir le creufet qu’on emploie à cette opé- ration; S'il étoit d'argile, il contiendroit un acide qu'il faut en éloigner. Le fel de tartre devient donc cette mätiere qui’ fera toujours par- faitement la même dans tous les temps, fi l’on 4 foin de fuivre les procédés que j'ai indiqués ; fa faculré d’attirer l'humidité, feraMin. variable pendant le temps prefcrit pour l’expofer à l'air ; elle indi- quera fidélement les variations femblables dans les mêmes circonf- tances, & on partira toujours d’un point qui fera le même pour tous les lieux. Enfin, cette matiere. ne fouffre aucune différence fenfible . 432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; lorfque la cheleur ou le poids de l'air éprouvent leurs variations les. plus grandes. J'ai obfervé en me fervant de ces hygrometres, 1°. que chacune des matieres dont j'ai parlé, attiroit conftamment la même quan- tité d'humidité lorfqw’on mettoit chaque efpece en expérience dans le même lieu, dans le même temps , & pendant le même efpace de temps. 2°. Quoique chacune de ces matieres attirât une quantité parti- culiere d'humidité, cependant il y avoit un parallélifme conftant dans leur marche, & elles gardoient ce parallélifme lorfque le temps où elles refloient en expérience, n’excédoit pas celui qui étoit pref- crit par la nature de la matiere qui fe chargeoit le plus vite d'hu- midité. 2°. Je leur ai vu fouvent fuivre la marche des hygrometres que j'eftimois les meilleurs , & lorfque le fel de tartre , employé comme je l'ai dit, s’en écartoit, j'ai eu lieu de m’aflurer que cette différence étoit un défaut des hygrometres que je lui comparois. 4. La marche des hygrometres', faits avec le fel de tartre, ef beaucoup plus graduée que celle des autres hygrometres, dont les fauts font brufques, parce qu'ils ne font pas fenñbles. On peut efti- mer aifément la cent huitantieme partie d’un grain. 5°. Plufeurs parties de ce fel de tartre, expofées à l'air en divers temps, fe mettent bientôt d'accord, & expriment bientôt le même degré d'humidité. 6°. Ces hygrometres marchent parallélement dans des vafes fermés, où l’on fait évaporer de l’eau. 7°. J'ai obfervé une confiance invariable dans le parallélifme de ces hygrometres faits avec le fel de tartre, lorfque je les ai expo- fés à la plus grande fécherefle, & que je les ai fait pafler graduel- lement à la plus forte humidité qu’il m’ait été poffible de produire dans ces vafes clos. L’hygrometre que je propofe eft pénible dans fon emploi , il eft aflujettiffant quand on a une longue fuite d’obfervations à faire ; mais on peut en faciliter l’ufage par le moyen de celui de M. Lambert que j'ai corrigé, & dont on peut trouver les rapports avec celui que je viens de décrire. M. Lambert a fait connoître cet hygrometre dans le vingt-cin- quieme volume des Mémoires de lacadémie de Berlin. Il eft com- pofé d’une portion de corde à boyau, fixée par une de fes extré- mités, & montrant fur un cadran qu’elle traverfe par l’autre extré- mité, les variations que l'humidité opere fur elle; les degrés font indiqués par une aiguille fort légere, attachée à l'extrémité qui dé- borde le cadran, Cette Mn din + ie sai” 2 htpedet me cr tt tte hétiné : LÉ SUR L'HTST. NATURELLE ET LES ARTS: 433 "Cette corde fe tord ou fe détord en raiïfon de humidité , de forte que les divers degrés de l'humidité font marqués par l'aiguille que la corde meut comme les minutes des heures fur un cadran. On peut donner à ces inftrumens diverfes formes; celles que MM. Bran- der & Hofchel, célebres méchaniciens d’Augsbourg ont choifies , me paroiflent bonnes , quoiqu’on pût les rendre encore plus parfaites. Voici les moyens les plus propres pour rendre cet inftrument exaét. 1°, Il faut avoir des cordes faites avec les premiers boyaux ou les inteftins grêles des moutons, y éviter foigneufement les nœuds, ce qui eft facile , parce que la longueur eft indifférente ; les tordre également , les faire fécher enfuite en les expofant à une chaleur douce , & les tendre légérement , afin que la corde foit droite. 2°. Quand les cordes font féchées, il faut les laver dans une leflive légérement alcaline pour les dégraïffer ; enfuite on les rince dans une grande quantité d’eau fraîche. 3°. Il faut alors les laifler pénétrer d’eau , les faire fécher de nou- veau en les expofant à une chaleur douce , & en les tendant par le moyen d’un poids qui doit être environ d’une demi-once. Cette attention eft importante pour l’uniformité de la marche de l'hygro- metre dans tous fes points. L'état violent où les cordes fe trouvent alors, fait rompre mille obftacles qui auroient occafionné des variétés propres à rendre leur marche plus fcintillante , & à les empêcher d’être auffi conftamment d'accord. 4°. On coupe enfuite ces cordes de maniere que les variations ordinaires foient renfermées dans un tour complet de la corde. On en eft aifément le maître, parce que dans les cordes dont les diametres font égaux, lesivariations font comme les longueurs, &c fi les longueurs font égales, les variations font comme les diametres ; de forte que fi les longueurs & les diametres font différens , les variations feront comme les longueurs & les diametres , & les temps des variations feront comme les diametres , parce que l'air s’applique toujours éga- ment fur toute la longueur de la corde. M. Lambert avoit déterminé ces proportions dans le Mémoire que j'ai cité, & MM. Brander &e Hofchel les obfervent par le.moyen d’un microfcope adapté à un verre où la ligne eft divifée en 144 parties. Mais ces précautions importantes font encore bien éloignées de fufire pour rendre ces hygrometres comparables; on feroit toujours réduit à les régler en tâtonnant, comme MM, Brander & Hofchel le pratiquent, & on ne pourroit les régler autrement , parce qu’on n’auroit rien d’abfolu ‘&! de déterminé. Il falloit donc avoir des points fixes pour qu'on püt facilement régler ces hygrometres par-tout , & ceft ce que je crois aVoir trouvé. D 91 Tome XI, Part, I, MAI 1778. lii 434 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 1°. J’emploie, pour cela, un des points que M. Deluc met en ufage pour régler fes hygrometres; je reconnois avec lui qu’un corps imprégné de toute l’eau qu'il peut contenir , eft aufli humedé qu'il peut l'être ; mais comme ce point feroit variable , fi l’on ne fixoit pas le point de la chaleur de l’eau qu’on emploie, je me fers, comme lui, du point fixé par l’eau qui commence à fe geler. 2°, Je plonge dans cette eau la portion de la corde que j'ai jugée propre à faire mon hygrometre , en fuivant les principes que j'ai déjà polés ; mais j'ai foin de faire cette portion de corde un peu plus longue que fa mefure hygrométrique , & afin de pouvoir fufpen- dre cette corde par une épingle fans l’endommager , & afin de fixer la corde elle-même dans la place où elle doit être, par cette extré- mité étrangere à l’hygrometre , fans changer la longueur donnée à la corde. 3°. Je juge que la corde eft pénétrée d’humidité quandelle cefle de tourner ; alors je l'efluie jufqu’à ce qu’elle ne laifle plus échapper de gouttes d’eau. 4°. J'adapie alors une aiguille à l’extrémité inférieure de cette corde avec de la cire d’efpagne. ; 5°. Je fufpends cette corde, armée d’une aiguille, au crochet d’un récipient , de maniere que le centre de l'aiguille correfpond au centre d’un cercle divifé qui eft placé dans la partie inférieure où repole le récipient. Je place encore fous ce récipient un vafe auf grand en furface qu'il fera poflble ; je couvre cette furface de fel de tartre puriñié, J'obierve que la chaleur foit environ de 15°. du ther- mometre de Réaumur, ou même plus grande ; j'intercepte alors toute communication avec V’air extérieur: 6°. Enfuite je compte le nombre des révolutions que la corde qui fe feche fait faire à l'aiguille , jufques à ce qu’elle cefle de fe mouvoir. Je détermine le terme moyen de ces révolutions. 8°. Je fufpends alors ma corde avec fon aiguille dans mon vafe de verre clos , avec de l’eau que j'y fais évaporer; ma corde y tour- nera en fens contraire parce qu’elle s’humeéte , & je la laïfferai rétro- grader d’un nombre de révolutions égal à la moitié des révolutions qu’elle avoit faites pour fe fécher , art. 6, en pañlant de la plus grande humidité à mon point de fécherefle , ce qui donnera le 180° d'un cercle ; qui renfermera à peu près les variations ordinaires ; mais quand elles ne Sy trouveront pas, ce qui eft très-poflible , parce que les variations ne font.pas égales dans tous les lieux &c dans tous les temps, j'aurai toujours une graduation fixe, & je fera toujours entendu quand jindiquerai en plus & en moins Le nombre des tours & le nombre des degrés marqués par mon aiguille , en = op ETS 4 de PT À At SUR- L’H1ST. NATURELLE ETLES ARTS. 435 partant du premier degré du cercle trouvé par le moyen que je viens de prefcrire. 9°. J'obferverai que les cordes doivent être de la groffeur des chanterelles moyennes de violon. 10°. On comprend aifément qu’on peut augmenter finguliérement la fenfbilité de ces inftrumens , en augmentant la longueur & le diametre des cordes qui en font l’ame: on peut même les conftruire de maniere qu’elles foient précifément un nombre quelconque donné de fois plus fenfibles que ceux que je viens de décrire, & l’on peut favoir le nombre des révolutions qu'ils ont faites par le moyen d’un fil de foie qui fe tord autour. de la corde à chaque tour & qui fe détord de même. (Cette idée a été très-heureufement exécutée par MM. Brander & Hofchel. Les hygrometres à cordes tels que je les pro- pofe, approchent beaucoup de la parfaite exaétitude ; il me femble qu'ils peuvent fuffire quand on leur joint celui du fel de tartre, dont j'ai parlé ; ce dernier eft très-exaét & il eft très - facile de trouver fes rapports avec l’hygrometre à corde ; fa conftruétion ne doit laiffer aucun doute fur le parallélifme de leur marche que j’obferve depuis long-temps. V. LETTRE de M. le Proféffeur DE SAUSSURE , à M SENEBIER, Bibliothécaire, où il décrit les qualités & Les défauts d'un Hygrometre qu'il & imagine. Monfieur , j'ai lu avec beaucoup de plaifir votre ouvrage fur les hygrometres ; il eft rempli de recherches nouvelles & intéreffantes ; il ne contribuera pas peu à mettre les phyficiens fur la voie d’en trouver un qui remplifle les conditions dont vous avez fi bien fait fentir Pimportance & la difficulté. Puifque vous voulez me faire l'honneur de parler de celui que jai tenté de faire avec un cheveu , permettez-moi de vous donner en peu de mots une idée de fes bonnes & de fes mauvaifes qualités. Ce qui me détermina à chercher dans les cheveux la matiere d'un hygrometre, c'eft leur fincfle , leur homogénéité, leur fiilarité & leur longue durée. Mes premiers cflais me prouverent que l'humi- dité les relâche & les allonge , tandis que la fecherefle les tend & les açcourcit. Je parvins à rendre ces variations très-fenfibles , en accrochant à un point fixe .une des extrémités du cheveu , &c en roulant l’autre extrémité autour d’un petit -cylindre armé d'une aiguille Jégere,,.qui marquoit fes révolutions fur un cadran. Je tenois le .cheveu .tenda par un contrepoids de douze grains fufpendu à une foie roulée en {ens contraire autour du même cylindre. Quand le cheveu a environ un pied de longueur & que le cylindre n'a pas lii i ou ) 426 OBSERVATIONS. SUR LA PHYSIQUE, plus de deux tiers de ligne de diametre, les variations extrèmes du fec à l’humide font faire à peu près une révolution entiere au cylindre, J’augmente la fenfbilité des cheveux en les faifant bouillir pendant un quart d'heure dans cinq ou fix onces d’eau animée par” dix ou douze grains d’alcali cauftique ; leur mobilité eft fi prande alors, que j'en ai vu qui en moins de cinq minutes fe fixoient au degré d'humidité ou de féchereffe de l’air dans lequel on les plaçoit. Pour graduer ces hygrometres , je prends pour terme de Phumi- dité extrême , l'humidité de l’air renfermé dans une cloche , dont les parois & le fonds viennent d’être mouillés. Ce terme eft invaria- ble, le cheveu placé dans cette cloche y prend bientôt le plus haut degré d’extenfion que l’humidité puiffe lui donner , & lors même qu'on y introduit de nouvelles vapeurs, il ne fait aucune variation ultérieure ;'& en effet, on conçoit bien que de Pair environné d’eau de toute part eft bientôt chargé de toute l'humidité dont il ef fufceptible. Pour le terme de fécherefle, j'ai employé différens moyens; d’a- bord le fel de tartre , dont vous vous êtes aufli , Monfieur, fervi avec fuccès ; mais je trouvois que quand je le tenois dans une capfule au fond de la cloche , il falloit l'y laifler pendant plufieurs jours & même fecouer fortement & fréquemment la cloche, pour que l'air fe dépouillât de toute l'humidité que ce fel peut lui enlever. J'ai donc imaginé un autre moyen; j'ai pris une plaque de tôle ployée en force d’un demi-cylindre , du même diametre que l'intérieur de * la cloche cylindrique de verre que j’employe pour ces expériences , & de la même hauteur que cette cloche. J'ai fait rougir cette plaque, & je l'ai afpergée alors de tous côtés d’un mélange de nitre & de tartre pulvérifé : ce mélange détonne & il laifle un fel fixe attaché à la plaque, je la laïffe refroidir un moment, & je l'intro- duis auffi chaud que le verre peut la fupporter dans l’intérieur de la cloche où je la renferme avec l’hygrometre , en cimentant extrême- ment les bords de la cloche avec fon fupport, afin que l’humidité de leur extérieur ne puifle point y pénétrer. De cette maniere , l'air fe defféche beaucoup plus promptement & plus complétement, & j'ai obtenu ainfi un terme affez conftant de fécherefle extrême. Voici un autre moyen qui m'a très-bien réufh. Je prends un hygro- metre à cheveu , je cherche , de la maniere que j'ai indiquée plus haut, le terme de l'humidité extrême, & je le marque fur cet hy- gromerre, Je le place enfuite avec un thermometre fous une cloche de verre bien nette & foigneufement efluyée avec un linge chaud & fec. l'entoure de mercure le bord inférieur de’ cette cloche , de maniere à interrompre toute communication avec l'air extérieur : j'introduis enfuite fous la cloche au travers du mercure une carte SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 437 humetée& efluyée, ou quelque feuille d’une herbe verte & bien efluyée. L'air renfermé fous cette cloche pompe peu à peu l’humi- dité de cette carte à jouer ou de cette feuille & vient par degrés am point de faturation parfaite. Dès qu'il eft arrivé à ce point, que Je reconnois par mon hygrometre, je retire la carte ou les feuilles. Jexpôfe alors tout cet appareil aux rayons du foleil, & je l’y laiffe jufqu'à ce que le thermometre renfermé fous la cloche indique une augmentation de chaleur de dix ou’ quinze degrés. La chaleur augmen- tant la force diflolvante de l'air, fait aller l'hygrometre au fec d’une quantité que j'ai toujours trouvée la même dans les mêmes circonf- tances , lorfque l’expérience a été faite avec les foins qu'elle exige, Si l’on porte enfuite l'appareil à l'ombre , l’'hygrometre retourne ‘au terme d'humidité extrême à mefuré que. le thermometre redefcend au degré où il étoit premiérement ;_ fi lon divife alors l'intervalle qu'il y a entre le point d'humidité extrême , & celui auquel la cha- leur du foleil a fait aller l’hÿgrometre ; fi, dis-je , on divife cet intervalle en autant de parties qu'il y a eu de degrés dans la varia- tion du thermometre, & qu’on fe ferve de ces parties pour en for- mer tous les degrés de l'échelle de lhygrometre |, on obtient non- feulement des degrés fixes , mais encore des degrés qui expriment l'augmentation de la force diflolvante delair , correfpondante à un degré de chalèur donné: On pourroit foupçonner que dans cette expérience la chaleur agit fur l’hygrometre comme chaleur : mais fi cela étoit , le cheveu s’allongeroit, & au contraire, il fe racourcit; d’ailleurs , je me fuis afluré par des expériences très -exa@es , que la chaleur ne produit aucun effet fenfible fur le cheveu, tant que l'air, dont il eft environnée , demeure au même degré de féchereffe ou d'humidité, | Par ces différens procédés j'ai obtenu des hygrometres dont la marche eft bien parallele, qui ne font point thermometres, & dont la fenfbilité eft aufli grande qu'il eft poflible de la défirer. Je croyois donc avoir réfolu l'important problème de trouver un hygrometre comparable & fenfble , j'avois même trouvé le moyen de le rendre d’une fimplicité extrême, en fubftituant à l'appareil du cylindre & de l'aiguille une efpece de levier femblable à celui du pyromètre à levier, & je me difpofois à le communiquer au public, lorfqu'il me vint un fcrupule ; je craignis que le temps ne produisit quelque changement dans le cheveu , & je réfolus en conféquence de fuivre pendant quelques mois la: marche de mes hygrométrés. Ma crainte n'étoit_que trop bien . fondée ; ‘ des expé- riences répétées m'ont fait découvrir dans le. cheveu une: propriété qui ,; à moins qu’on ‘ne trouve le moyen d'y remédier , le rend tout-à-fait impropre À fervir de matiere à un hygrometre durable. LS L4 433 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . Lorfqu’il eft pendant long-temps expofé à un air fec, il s’affoiblit * & sallonge peu à peu , & iorfqu'enfuite on le replace dans un air A humide , l’humidité le renforce & le contrafte de nouveau à un tel point, que fi on le rapporte alors dans le même air fec dont il a été tiré , “cette contrattion lui fait indiquer une féchereffe plus grande qu'il n'indiquoit auparavant. D'où il réfulte évidemment que le cheveu eft fufceptible de deux fortes d’humidités, dont l’une fe loge, comme étrangere , dans les pores, relâche fon tifu , & lui permet de s’allonger ; l’autre lui eft propre , elle eft une de fes parties conftituantes , elle fert de gluten à fes élémens, & elle leur donne de la cohéfion. En perdant l’humidité étrangere 1l fe con- trafte , mais sl vient à perdre lhumidité principe , ou fuivant le langage des anciens alchymiftes , fon Awmide radical , il s’affoiblit & fe relâche. Lors donc qu’au bout d’un certain temps on trouve le cheveu allongé , on eft dans le doute s’il doit, cette extenfion à la continuité de la fécherefle qui l'a privé de fon humidité principe , ou fi c’eft au contraire à une humidité étrangere qui s’eft introduite dans fes pores. Ce qu’il y a de remarquable & qui augmente encore linconvénient de cette propriété , c’eft qu’un cheveu dépouillé de fon humidité principe peut S’en reffaifir avec une extrême prompti- tude en dix ou douze minutes, par exemple, au lieu qu'il lui faut un temps beaucoup plus confidérable pour la reperdre. * Je penfai d’abord que c’étoit peut-être la leflive alcaline qui donnoit au cheveu cette fâcheufe propriété ; mais je vis qu'au contraire les cheveu crud lavoit dans un plus haut degré ; d’après cela, jeflayai de le faire bouillir dans cette leflive , jufqu’au point qu’il commençât de s’y diffoudre ; J’effayai les cheveux cuits au four, comme les perruquiers les employent , jen fis cuire dans lhuile , mais toutes ces tentatives & bien d’autres encore furent infruc- tueufes, Si quelque phyfcien plus habile ou plus heureux que moi, par- vient à remédier à cet inconvénient, le cheveu donnera fûrement le meilleur de tous les hygrometres, & il pourra , en attendant , fervir fubfdiairement pour reconnoître avec promptitude des varia- tions qui échapperoient à des inftrumens moins fenfibles. J'ai aufi tenté d'employer le crin ducheval à la place du cheveu, mais j'ai trouvé fes variations hygrométriques fi lentes & fi bornées, que jai bientôt renoncé :à J’idée de m’en fervir. 100 Voilà, Monfieur , quel aété le réfultat d’un travail qui m’a coûté bien du temps & déla patience. Quoiqu'il n'ait pas eu le fuccès que Jen avois efpéré , peut-être les phyficiens :trouveront-ils quelque avantage à le connoître. Je faifsdonc avec empreflement loccafion de donner à cette notice un pañle-port auffi favorable que celui de votre . SUR L’HI1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 439 favante Differtation , fi du moins vous jugez, Monfieur, que cet épifode ne là dépare point trop. Je fuis, &c. Le public littéraire apprendra par cette lettre , jufqw'à quel point M. de Sauflure eft honnête & modefte ; il pourra juger encore combien fes travaux font utiles , fes vues profondes ,. & éombien il eft fâcheux qu'il n’aime & ne trouve la vérité que pour lui, ‘ Je dois obferver que je n’ai cherché , comme M. le profeffeur de Sauflure , un point de féchereffe abfolu , mais qu'il mefuffit que le fel’ de tartre que j’emploie pour régler mes hygrometres , parvienne à dépouiller l'air de mon humidité, jufqu’au point que la corde hygro- métrique qui eft enfermée avec lui, cefle d'aller au fec , & je fuis für de cet effet du fel de tartre fur les cordes, comme de l’exadtitude que ce point me fournit pour les régler. A l'égard du fel de tartre qui conflitua feul fon hygrometre particulier , il agit toujours avec toute fa force, parce que je ne juge fes effets que pendant un temps rres-court ; d'où il réfulte qu'il agit toujours également , & qu'il montre toujours le véritable état de l'humidité de Pair, = 440. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : : R 3485 PO NN. MSMUE Adieflée à M. QuaTREMER DIJONVAL, concernant fon Mémoire {ur lIndigo ; Par MADAÉE, LE? eft d’ufage , dites-vous , Monfieur , qu’un Mémoire couronné pat l'académie, devienne bientôt le fujet d'une critique, & vous croyez que la rivalité eft toujours le'véhicule de cette critique. Per- _mettez-moi de vous faire, à cet égard, quelques obfervations. Eta- bliflons d’abord une diflinétion entre un ouvrage qui concerne Îles belles-lettres, & celui qui concerne les arts. Une piece d'éloquence eft un parterre couvert de fleurs, dont la fymétrie & les tons de couleur ne produifent pas chez tous les hommes les mêmes fenfa- tions. Mais un ouvrage qui concerne les arts, eft une mine dont on apprécie fidélement & unanimement la valeur par des expériences décifives. Si j'ai donc ofé, Monfieur, vous propofer des doutes , c’eft parce que j'ai répété vos expériences fans aucun fuccès. Or , dans .cette crife de malheur, ou de mal-adreffe de ma part, à qui pouvois-je mieux m’adrefler ? Je vous ai demandé des confeils. Vous avez jugé que c’étoit une critique, & vous prétendez qu'un Mémoire cou- ronné eft toujours critiqué” Il eft vrai que fi votre Mémoire n'eût pas été couronné, je ne vous aurois Jamais propofé mes doutes. Je n'aurai pas même répété vos expériences avec tant d’affidinté; mais la couronne académique qui honore votre ouvrage , étant l'appro- bation d’une compagnie auf éclairée que refpeétable , je m'en fuis occupé avec plus d’ardeur. Je fuis cependant bien éloigné de critiquer le jugement de l'académie, & les hommes célebres qui la compofent font au-deflus de pareils foupçons. Ils vous ont rendu juftice. Votre Mémoire étoit certainement le meilleur de ceux qui leur ont été préfentés , puifqu'il a été couronné; imais s’enfuit-il que toutes vos expériences annoncées foient infaillibles ? Des favans eftimables peuvent-ils trouver mauvais que je vous aye propofé des doutes, & doivent-ils être bien fatisfaits de votre Réponfe? C'eft ce que nous allons examiner. Pai eu l'honneur de vous dire, page 324 du Journal de Phy- fique, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 441 fique, d’oétobre dernier , que le battage dans la cuve d’indigo interrompt la fermentation, bien loin de la prolonger. « J'ai penfé à cet égard que # les mouvemens irréguliers du battage, pouvoient déranger certains » mouvemenssréguliers que produit la fermentation dans la mafle d’un » fluide dont les parties font cohérentes. » A l'appui de cette opinion, je vous ai cité l'expérience fuivante, Une cuve d’indigo étant en état de teindre les étoffes, c’eft-à-dire, l'indigo y étant en fermentation, j'ai puifé avec deux vafes de verre une égale quantité de ce bain d’indigo. J'ai laiffé un de ces vafes en repos. L’indigo s’y eft foutenu aflez long-temps en fermentation, & le bain étoit encore en état de teindre les étoffes. J'ai battu, au con- traire, le bain qui étoit dans l’autre vafe. Aufli-tôt la fermentation a ceflé, l'indigo s’eft précipité au fond du vafe, & ce bain n’étoit plus en état de teindre les étoffes. Il eft donc évident, Monfeur, que le battage interrompt la fer- mentation, bien loin de la prolonger, puifque le bain d'indigo qui avoit été battu , n’étoit plus en état de teindre les étoffes, tandis que celui qui n’avoit point été battu, étoit encore propre à cette opération. Lorfqu’on fabrique lindigo en Amérique, s’il étoit queftion de plonger les avantages de la fermentation, 1l feroit.bien plus fim- ple de laifler plus long-temps l’indigo dans le pourrifloir ; mais eomme les principes fermentans que fournit le marc de l'indigo, condui- roient bientôt toute la maffe du fluide à la fermentation putride, & par conféquent à la décompofition totale de la fécule bleue , dont les principes feroient alors trop divifés , trop atténués, on fe fe hâte donc de décanter le fluide qui tient en diflolution la fécule bleue; & de peur que la fermentation ne fe prolonge, on bat ce fluide , ce qui accélere la formation du grain, & par conféquent, la ceffation de la fermentation ; car le grain ne peut fe former, & l'indigo ne peut fe précipiter au fond de la cuve que par la ceffation de la fermentation: Voilà, je crois, les vrais principes appuyés fur une expérience fenfible | & que vous étiez à même de vérifier. Vous m'avez ré- pondu à ce fujet par des citations d’auteurs. Cette réponfe eft bien vague, Monfieur ; j’eftime tous les auteurs. Que leurs opinions foient vraies ou faufles, je leur fais toujours gré de leurs travaux ; mais en fait de chymie, je ne reconnois d’autorités valables que celles de l’expérience. Paflons à un autre examen. Vous avez confeillé à nos colons d'élever des familles de boucs ; afin de mettre lindigo dans des peaux de bouc, ainfi que cela fe pratique, difiez-vous, dans les Indes Efpagnoles, Tome XI, Part, I, Mat 1778. Kkk nl 442 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, D'après ce confeil de votre part, j'ai cru devoir vous propofer des doutes. Je vous ai demandé fi vous croyez que l’on puifle élever à Saint-Domingue, des boucs aflez grands pour fournir des peaux aufli amples que celles dans lefquelles on nous apporte l’indigo guatimalo. Je vous ai obfervé en même temps qu'il y a parmi les commerçans une efpece de confiance dans ces enveloppes, & je vous ai demandé fi cette diftindion n’eft pas bonne à conferver. Que me répondez-vous à ce fujet ? Qwil importe peu que ce foit des peaux de bouc ou d’un animal plus noble qui renferment lindigo , 6 que vous refpiélez trop les leéleurs pour inférer dans le Journal dne differtarion de cette nature. Votre refpe&t pour les le@eurs laifle donc nos colons dans l'incertitude s'ils doivent en eflet éleyer des familles de boucs, comme vous le leur avez confeillé..... Puifqu’il faut me contenter de cette réponfe, occupons-nous d’un autre objet. Vous aviez prétendu, dans votre Mémoire fur l’indigo, que la matiere extraëtive de l’indigo étoit zwiffble à la teinture. Vous con- venez aujourd’hui dans votre lettre | page 38 du Journal de janvier, que cette matiere eft au moins imutile. Nous voilà bientôt d'accord. Si cette matiere extraétive n’eft qu'irurile à la teinture , & n’y eft pas nuifible, pourquoi les teinturiers feroient-ils une dépenfe de feu & de temps pour,enlever à l’indigo une matiere qui n’eft qu'inutile, &c qui n’eft pas nuifible ? Voilà déjà une partie de mes doutes éclaircis. Recevez-en mes remercimens. Je vous ai dit qu'après les lotions de l’indigo dans l’eau bouillante , cet indiso m’avoit paru d’abord d’une couleur plus ïintenfe ; mais j'ai ajouté expreflément que cet indigo ayant été bien féché, l'illu- fion s’étoit difipée, c’eft-à-dire, que ces indigo cuivré St-Domingue eff reflé cuivré St-Domingue, tel qu'il étoit auparavant, & ne s’efl point tranfmué en indigo guatimalo, comme vous le prétendiez. Pourquoi donc, page 37, ligne 28, fupprimez-vous cette addition que j'ai faite ? Les chymiftes feroient-ils comme certains plaideurs qui tron- quent les phrafes de leurs adverfaires pour s’en faire des moyens à Non, j'ai trop bonne opinion de vous pour vous ranger dans cette clafle , & cette omiflion n’eft de votre part qu’une lègere inatten- ton. Jai donc monté deux petites cuves à froid de même continence’;, l'une avec lindigo préparé felon votre méthode, lautre avecle même indigo non préparé. Il eft réfulté que les cotons qui ont été teints dans ces deux cuves, ontpris les mêmes nuances de couleur , c’eft- à-dire, que la cuve où il y avoit de l’indigo préparé , n’a pas donné le moindre avantage fur l’autre. C’eff ce qu'il falloit taire, me dites- vous; — non, Monfieur, c’eft ce qu’il falloit annoncer. Il eft bon que des artiftes , dont le temps eft précieux au public, ne le facrifient | | | *| | pr sUuR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 44, pas à des opérations inutiles. Il eft à propos de les avertir qu'il n’en réfulteroit pour eux aucun avantage. Que leur importe, fi la perte de quelques légeres portions d’indigo, enlevées avec les moi- fiflures dans l’eau bouillante, ne leur empêche pas d’obtenir autant de couleur qu'ils en obtiennent avec l'indigo non préparé; s'ils ne trouvent aucune fupériorité à l'emploi de l’indigo préparé , n’en réfulte-t-1l pas évidemment pour eux une perte effeétive, celle du feu & de la main-d'œuvre ? Je vous ai repréfenté que les cuves à froid, multipliées dans nos manufaétures de toileries , font immenfes, & qu’elles confomment au moins les trois quarts de l’indigo qui entre dans le royaume, Quelles obligations ne vous auroit-on pas eues , fi votre préparation d'indigo eût fourni les avantages que vous annonciez à Vous me faites l'honneur de me répondre que, /£ au lieu de teindre des cotons avec l’indigo fèul, j'avois teint les laines dans des cuves, dont Le paflel eft la bafe, j'aurois reconnu combien votre préparation ef? avantageufe. Je croyois, Monfieur, qu'il étoit plus facile de reconnoître l’avan- tage de votre préparation d’indigo dans une cuve où il n'entre aucuns autres principes colorans que ceux de l’irdigo…. Au refte, j'ai fait ce même effai dans deux petites cuves au paftel. IL ne m’a pas mieux réuffi que dans les cuves à froid. ‘ J'étois encore fur le point d'attribuer ce défaut de fuccès à mon peu d'expérience; mais M. Lamber, très-habile teinturier en laine, & qui depuis plus de vingt ans, monte des cuves au pañlel pour toutes les fabriques d'Elbeuf, m'ayant affuré qu'in’avoit pas mieux réufli, j'ai batancé à me condamner. ‘ \ Vous favez que le pañtel, malgré la quantité de matiere extraétive qu'il contient, donne néanmoins une très-belle teinture bleue aux étoffes. La matiere extraétive, dont abonde le paftel, ne l'empêche donc pas de fournir aux étoffes tout ce qu'il contient de fécule bleue. Si cette plante donne moins de couleur que lindigo., cela dépend de la nature même de la plante qui contient en effet moins de fécule bleue que l'indigo. Ce n’eft donc point la matiere extraétive qui eft nuifible au développement de la fécule bleue. N’ajoute-t-on pas même des matieres mucilagineufes & extraétives dans les cuves pour aider la fermentation, fans laquelle fermentation il n’y auroit pas de bonne teinture bleue (1) ? : 4 oo (x) Voici une expérience qui démontre que la matiere extraftive ne nuit en aucune forte à la beauté de la couleur de l'indigo. Délayez 2 onces de compo- firion de bleu de Saxe dans un por d’eau : filrez cetre couleur au papier : ver'ez Kkk:ij 444 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Excufez donc, Monfieur, fi mes doutes fubfftent encore. Votre réponfe ne m'a point inftruit, Je ne le fuis pas davantage, fur ce qui concerne le bleu de Saxe. J'ai fait beaucoup d’effais fur cette couleur il y a environ quinze ans. J'ai teint des draps en bleu de Saxe, dont [à teinture pénétroit la tiflure du drap. Pai fait auffi des verds de Saxe avec la gaude qui avoient le même avantage (1). Les échantillons de ces draps furent remis alors chez M. de Trudaine avec d’autres échantillons de couleurs plus intéreffantes, tels que des écarlates qui ne fe pour- proient point à l'air, &c. &c. Je trouvois, comme j'ai eu l’honneur de vous le dire, que le bleu de Saxe avec addition de l’alcali, teint à froid , donnoit une couleur plus vive, que lorfquw’il étoit teint à chaud; maïs j’obfervai que cette couleur donnée à chaud, ou à froid, cette eau bleue filtrée dans une chaudiere qui contienne environ 4 ou $ pots d'eau bouillante : teignez-y de la foie, vous obtiendrez le bleu le plus éclarant que lon puifle voir, & la couleur fera très-égale. Cependant, la matiere extraftive , diffoute dans l’eau acidulée, a pañlé par le filtre. Ce n’eft donc pas cetre matiere extraétive qui eft nuifible à la teinture : car il eft impoffible de voir un bleu plus brillant que celui qui eft obtenu par ce procédé. Que refte-t-il dans le filtre? des portions d’indigo infuffifamment difloutes, & une matiere terreufe, fablonneufe, lorfque l'indigo n’eft pas pur. Ce font ces portions d’indigo infuffifamment difloutes, qui. donnent fur la foie une couleur plus foncée, quand on la teint à pareilles dofes fans filtration, Mais alors certe ceuleur eft prefque toujours terne & inégale fur la foie, (1) Procédé de ce verd de Saxe. Pour livre de drap, on fait cuire livre & de- mie de gaude dans fufñfante quantité d’eau. On retire la gaude, l'on met dans le bain bouillant, deux onces d’alun, une once de crême de tartre, une ‘once de compofirion de bleu de Saxe, & demi-livre d'eau de foude , ou leffive de foude, au degré où l'œuf fe foutient. On diminue la dofe de la cempoñition, fi l’on veut des verds plus jaunes jufqu’à ta nuance verd-pomme. Si ces verds de Saxe, fans être bon tint, font cependant plus folides à l'air & au fayon que tous les verds de Saxe faits avec le bois ou le erra-merita , c'eft à caufe de l'emploi de la gaude, L'eau de foude ne fert qu'à exalter la couleur de la gaude. Quant à l’alun & le tartre, ils ne font pas inutiles. On peut en juger par l'épreuve fuivante, con- cernant le bleu de Saxe, Pour 226 livres de laine en loquet , on a mis 20 livres d’alun, 4 livres de crême de tartre , & 9 livres de compofition. Les draps fabriqués avec cetre laine teinte, ont confervé une couleur bien plus unie que lorfqu'on en a fupprimé le tartre & l’alun, Les alcalis ajoutés dans le bain de teinture, n’ont donné aucune fixité à la couleur bleue. Elle éroit même moins intenfe. À Il eft bon d’obferver que fi l’on voulèir mettre ue plus {forte} dofe de compo- fition, la laine prendroit, à la vérité, une couleur bien plus foncée, mais le drap n'en conferveroit pas davantage après l'opération du foulon, ce qui feroit une perte de compofition. . Si M. Quarremer a des procédés fur ces opérations qui foient plus avantageux ; je l'engage à Les donner au public, : US JT ll nest = sur L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. s étoit d’auffi mauvais teint, que fi je n’y avois pas ajouté d’alçali, Vous prétendez le contraire , vous me dites que plufieurs teinturiers ont répété votre opération du bleu de Saxe avec Le plus grand fuccès. Expliquons-nous, je vous prie. Perfiftez-vous à dire que l’alcali ajouté dans le bain du bleu de Saxe fixe cette couleur , comme vous lavez annoncé dans votre Mémoire ? En ce cas, je vais vous donner une preuve convaincante de ma curiofité & de ma bonne foi. Voulez- vous dépofer une fomme d'argent, celle que vous jugerez à propos, chez telle perfonne que vous choïfirez ? Je dépoferai la même fomme. Je vous prierai de vouloir bien faire l’expérience devant moi , & devant deux commiflaires de l’académie , dont nous folliciterons la préfence. Si l’addition de l’alcali dans le bain du bleu de Saxe fixe en effet cette couleur, je perdrai le pari, & je ferai charmé de cette perte à laquelle je devrai une inftruétion aufli utile qu’intéreffante. Je vous avoue que je ferois enchanté fi vous réuffiffiez. Quel avantage ! quelle économie pour nos teinturiers s'ils n’ont plus befoin de monter des cuves pour obtenir de bonnes couleurs bleues! Ah, Monfieur, faites-moi perdre mon pari ! Permettez-moi de vous faire une autre remarque au fujet des thermometres , dont vous confeillez l'emploi dans les cuves à chaud. Le thermometre indique le degré de chaleur du bain de la cuve, à la bonne heure ; mais je #ous prie d’obferver que les degrés du thermometre ne préfentent point des loix certaines pour conduire la cuve au même point de fermentation, car fon bain peut être tantôt moins échauffé , & la fermentation plus avancée. Tantôt, il peut être plus échauffé, & la fermentation moins avancée, Cela dépend fouvent de l’état de lathmofphere qui eft plus ou moins pefante, plus ou moins agitée, ou plus ou moins chargée de phlogiftique , ce qui varie en effet les degrés de fermentation dans les cuves de toute efpece. Cette réflexion, que je crois fondée , m'a donc déterminé à vous repréfenter, Monfieur , que les yeux de tous nos ouvriers Guefdrons font leurs meilleurs thermometres. / Quant aux détails que j'ai eu l’honneur de vous donner concer- nant la fabrique de lindigo, & que vous n’avez point lu dans les auteurs , ils font néanmoins fideles. Je les tiens d’un de mes proches parens qui n’eft ni auteur, ni homme à prétention ; mais qui a été pendant quinze ans à la tête d’une des plus belles Indigoteries de Saint-Domingue ;"& comme il faifoit de très-bel indigo , les Colons, fes amis , venoient fouvent lui demander - des confeils fur cette fabrication. C’eft lui qui m'a raconté auffi le trait que je vous ai cité , concernant l'envoi d'indigo fait il y a long-temps à un Négo- ciant dans des caiffles quarrées , & cet indigo étoit coupé en parallé- ! 446 OBSERVATIONS SUR, LA! PHYSIQUE; ‘ pipedes. C’eft lui qui m'a dit que la main-d'œuvre pour faire des caifles feroit trop chere dans nos Colonies. C’eft lui qui m'a dit que le bois d’acajou étoit l’efpece de bois la moins rare à Saint-Domingue. Vous traitez, Monfeur , ces obfervations de plaifanteries | & vous faites une invocation véhémente au célebre Franklin pour qu’il nous dife fi les bois font rares en Amérique , & fi fes vaiffleaux font bâtis en bois d’acajou. Obfervez donc qu'il eft queftion dans ma note de Saint-Domingue, & non de la patrie du célebre Franklin. Enfin, Monfieur , lorfque vous avez fait tous vos voyages , avez - vous apperçu, dans quelques-uns de nos ports, des vaifleaux qui aient été conftruits à Saint - Domingue? L’invocation que vous faites à M. Franklin eft donc une plaifanterie de votre part. Cette plaïfanterie eft-elle fondée ? jugez-en vous-même. t J'ai eu l'honneur, de vous dire que plufeurs chymiftes, en con- venant que l'indigo contient du fer , ne veulent pas convenir avec vous qu'après la combuftion de l’indigo , l’aimant en attire, Ils pré- tendent‘que le fer contenu dans l’indigo eft dans un tel état de divifion qu'il s’évapore lors de l’incinération , & qu’on ne le retrouve plus dans les cendres de cette fécule. Jai fait moi-même cette obfer- vation, d’après cette expérierice.. Queïle réponfe me donnez - vous ? Vous m’aflurez, page 43. du Journal de janvier , qu'après avoir brûlé des pelottes de pajlel, Vous. y avez trouyé beaucoup de fer attirable ar l’aimant. Je n’en doute pas, mais je ne vous ai nullement parlé du paftel. Il a été queftion de lindigo qui eft la fécule de la plante d'indigo , fécule obtenue par la fermentation , & il ma pas été queftion de la plante du paftel. Vous avez trop de connoiflances pour ne pas faire une diftinétion de tous ces objets. Au refte, fi vous aviez confulté M. le comte de Milli fur cette obfervation, lorfque vous avez fait vos expériences dans fon laboratoire , il vous auroit certainement dit qu’une preuve fur la plante de pañtel n’eft + pas une preuve fur la fécule d’indigo, & que l’analogie n'eft pas exate, Décidez donc /equel de nous deux eff dans fon tort (1). (1) Quant aux formations de bleu de Prufle que M. Quarremer admet comme démonftration de J’exiftence du fer dans le paftel, elles ne feroient pas fufifantes pour certe démonftration. Preuve. Si l'on verfe de la leflive de potaffe dans de l'acide vitriolique, il ne fe forme point de bleu de Prufleÿh mais fi l'on a fair difloudre de l’huile d'olive, ou autre, dans l’acide viriolique avant d'y ajouter de l'eau , & qu'on y verfe eñfuire de la leffive de potafle , il fe forme fur le champ une : quantité de: bleu de: Pruffe. Il fuffic. donc d’ajourer une & d'alcali, pour développer le fer qui € fubftance phlogiftiquée dans, la combinaifon d'acide ft dans ce même alcali. Or, dans les \ s., Tir sur L'H15T.! NATURELLE:ET LES ARTS. 447 Si je vous propofois des obfervations fur votre nouvel ouvrage , concernant le pañtel, elles vous indifpoferoient peut - être contre moi. Je n’en ferai aucunes. Je vous exhorte , au contraire, à vous livrer detplus en plus au travail: Lorfque vos Mémoires contiendront quelques nouveautés, quelques découvertes vraiment utiles aux arts, foyez sûr que je ferai votre premier admirateur , & que je m’empref- ferai à vous faire les plus finceres complimens, En toute autre circonf- tance , je vous promets déformais de garder un profond filence. Je fuis, &c. expériences de M. Quatremer, le feul phlogiftique des cendres du paftel auroir donc fufh pour développer le fer contenu dans lalcali que M. Quatremer a em- ployé, quand même les cendres du pañftel ne contiendroient pas de fer. Ccla ne m'empêche pas d'admettre que les cendres du paftel contiennent en eflepdu fer, mais je n’en ai jamais pu trouver dans les cendres de l’indigo. ess Dot 2 Rs De M. MicHEL Du TENNETAR, Doëteur-Médecin, Profefleur Royal de Chymie en l’Univerfité de Nancy, Sur un moyen fimple de réduire 20 & L'Argent en Chaux, M ONSIEUR, je converfois avec un de mes amis fur la diverfité des fentimens , relativement à la caufe de la réduétion des métaux en chaux, & de laugmentation de leur poids. Nous rapprochions tous les faits qui pouvoient être favorables à chacune des opinions les plus accréditées, & ce rapprochement fembloit augmenter la dif- ficulté de prendre un parti. Dans le cours de cette converfation, mon ami prétendit avoir lu dans quelque ancien auteur d’Alchymie , qu'on pouvoit facilement décompofer l’or & l'argent, & les réduire en chaux fans le fecours de leurs diffolvans & fans feu. Je me rappellai le lendemain cette finguliere affertion, & je cher- chai long-temps comment on pourroit parvenir à la folution de ce problème. Je pris de l’or de ducat réduit en limaille très- fine, & Je me mis à le triturer dans un mortier de porcelaine avec un pilon de verre. Je triturai long-temps fans obferver aucun changement , & ce fut envain que je préfentai , à l’aide de ce mouvement accéléré , 443 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE), toutes les furfaces de la limaille d’or au conta@t de l'air athmof- phérique. Il me vint en idée de l’humeéter & de continuer la tritu- ration ; je n’avois point d'eau à portée de moi, je crachai au fond du mortier & je couvris entiérement la limaille de falive. Je recommençai à triturer , en ajoutant de la falive à mefure qu’elle s'évaporoit. Après deux heures de ce travail, l'or commença à perdre peu à peu fa forme métallique , il devint rouge, & enfin, de couleur de pourpre. Vers la fin, lorfqu'il ne reftoit plus qu’un peu d'humidité, l'or avoit formé une mafle glutineufe & tenace , dont toutes les parties adhéroient entr’elles comme celles de la glu. Cet état glutineux difparut bientôt, & le métal fe trouva réduit en chaux, d’un gris pourpre. Je lavai cette chaux avec de l’eau difllée que je filtrai , &c la chaux refta fur le filtre. Je foumis de l'argent à la trituration avec la falive , il fut changé en uñe chaux d’un gris fonce. Le cuivre & l’étain furent aufli triturés de la mênge maniere, avèc le même fuccès. L’étain fut très-long-temps à fe réduire en chaux; & le cuivre, pendant cette opération , exhaloit une odeur d’une fétidité infuppor- table. La chaux de cuivre, obtenue par ce moyen, eft d’un gris rougeâtre ; celle d’étain eft de couleur noïre tirant fur le gris. J'ai fait voir ces différentes chaux à MM. Macquer, Lavoifier , Sage, Bucquet, de Romé de l'Ifle, &cc. Je n’ai pas eu le temps de fuivre tous les développemens de cette découverte que je me hâte de vous communiquer. Je me propofe de faire fur cet objet une fuite d’expériences plus exaûes qui y ré- pandront plus de jour. En ‘ättendant , je demande aux chymiftes quelle eft la caufe de cette réduétion de l'or & de l'argent en chaux par la trituration avec la falive ? Ce phénomene eft-il dû au mélange de l'air athmofphérique, ou à celui de Pair fxe dégagé de la falive pendant la trituratidn ? Peut-on l'attribuer à l’aétion de l’acidum pingue , ou à quelque influence particuliere de fluide éle&rique ? Enfin, l'acide phofphorique contenu dans la falive , fe feroit-il uni à ces métaux pour leur donner la forme de chaux, & peut-être augmenter leur poids? Dans cette expérience , l'or & l'argent ont-ils perdu leur phlosiftique, le principe de leur métalléité ? A, DESCRIPTION Hg É-. SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 449 LT Se UE SBeRO TA PET. -L ON De deux Gobes-Mouches, Le gobe-mouche à oreille , planche 1, a été apporté de Cayenne; celui à longue queue, planche 2, a été apporté de la Chine. Le gobe-mouche à longue queue eft un peu moins gros que le merle d'Europe ; il eft d’une forme plus allongée ; il ne lui reflemble que par la granure, Cet oifeau a 7 pouces de long de lextrémité du bec à celle des ailes pliées ; l'aile a ÿ pouces, à la mefurer du pli à l'extrémité; elle déborde l’origine de la queue d’un pouce & demi. La queue eft compofée, dans fon milieu, de plumes étagées, dont les plus longues ont $ pouces ; elles occupent les côtés, & les plumes les moins longues font au centre : nous ne déterminons pas le nombre de ces plumes, parce que nous croyons que l’indi- vidu que nous décrivons , en a perdu quelques-unes. Outre les plumes dont nous venons de parler, il y en a deux latérales & extérieures, une de chaque côté de la queue; celles-ci ont 9 pouces de long dans l'individu qui nous fert de fujet, peut-être moins & peut-être plus dans d’autres individus, fuivant le fexe & l’âge. Elles méritent une attention particuliere. Semblables aux autres plumes de la queue, depuis leur origine jufqu'à l'extrémité des deux plumes qui leur font collatérales, & qui font après elles les plus longues de la queue , elles font en cet endroit échancrées en dedans , jufqu’à la longueur d’un pouce plus bas; & en dehors, elles n’ont, depuis le même endroit jufqu'à leurs extrémités, que des barbes très-courtes. En de- dans, au cofitraire, les barbes reprennent au-deffous de l’échancrure, à peu près autant de longueur qu’elles en avoient au-deflus de l’é- chancrure; ces plumes , enfin, font contournées à leur extrémité, & forment chacune une demi-fpirale allongée , dont la pointe efl tournée en dedans. Le bec a de fon extrémité à l’ouverture des deux mendibules, 18 lignes de long; les jambes font courtes, & n’ont que 20 lignes, : les mefurer du genou à lextrémité de l’ongle du doigt du mi- jeu. Le bec & les jambes font noirs; tout le Mplumage left auf. La tête, le col, le haut du dos, les couvertures des ailes, font d’un noïr qui approche du brillant de lacier poli; le refte du plumage eft d’un noir mat & lavé. Tome XI, Parr. IL. MAt 1778. LIl 450 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; Nous ignorons la couleur des yeux. Il y a fur le fommet de la tête, à l’origine du bec, cinq à fix plumes plus longues que les autres, qui font droites & qui forment une efpece de hupe qui n’eft que très-peu marquée. L'oifeau que nous décrivons fous le nom de gobe- mouches à oreilles , a été apporté de Cayenne fous celui de fourmilier. On a donné dans cette colonie le nom de fourmilier à différentes efpeces en affez grand nombre, qui fe tiennent, dit-on, toujours à terre, qui ne perchent pas & qui vivent de fourmis. Nous croyons ces obfervations fur la foi de ceux qui les ont faites, Mais parmi les oiïfeaux que ces raifons ont engagé à ranger fous le même genre, il nous paroït qu'il y en a qui ont d’ailleurs des caraéteres fi diftinéts , qu’il eft bien difficile de ne les pas regarder comme formant des genres différens. Ainfi, le roi des fourmiliers, qui doit ce nom à fa grandeur, differe fi fort de tous les autres fourmiliers, par la forme de fon bec; de plufieurs , par la longueur de fes jambes, le peu de longueur, au contraire, de fa queue, qu’on fent de la répugnance à le ranger dans un même genre avec tous les autres fourmilers. Nous convenons que la conformité des mœurs eft un caraétere eflen- ticl, parce qu’elle indique une organifation femblable. Mais nous ne penfons pas qu’on ne doive avoir égard qu’à ce caraétere feul, & ne s’en rapporter qu’à lui quand il fe trouve des différences frap- pantes établies par d’autres cara@teres conftans. Les gobes-mouches vivent d’infeétes comme les fourmiliers. Les premiers attrappent leur proie en voltigeant de branches en branches; les feconds, la pour- fuivent à terre. Il peut très-bien arriver que quelques efpeces de gobes-mouches fe nourrifient aufli de fourmis, & fe mêlent, par cette raifon, avec les fourmiliers, fans être des oïfeaux du même genre. Ainf, les bergeronettes & certaines efpeces de cul-blancs , fréquentent enfemble les bords des ruifleaux , des étangs , les terres nouvellement remuées, pour y chercher en commun desävers & des infeétes. Quoique tous ces oifeaux volent très-bien, ils fe tiennent le plus fouvent à terre, où leur proie les attire. On ne feroit ce- pendañt pas fondé à n’en faire qu'un même genre, ou il faudroit, par la mème raifon, n’en faire non plus qu’un genre avec les four- miliers. Nous ne prétendons critiquer perfonne par ces obfervations : nous les expofons. Le leéteur les appréciera. Le gobe-mouche à oreilles n’a que 3 pouces de lextrémité du bec à celle dela queue. Le bec n’a que 4 lignes de long. Les ailes font aufi longues quet la queue, étant pliées. La queue eft excef- fivement courte, & ceci eft un caraétere qui rapproche de plufieurs fourmiliers; mais c'en eft un auf qui éloigne de plufieurs autres. La briéveté de la queue étant un défavantage pour le vol, ne fe- roit-ce pas une raïfon pour laquelle notre gobe-mouche fe mêéleroit SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 45t à terre avec les fourmiliers? Le col, la gorge, font noirs; la poi- trine eft maron; le ventre eft d’un blanc fale, les côtés en font teintés de gris; les couvertures du deflous de la queue, font blan- ches. Le deflus, les côtés de la tête, le col en-deflus, font bruns; le dos & le deflus de la queue, font d’un brun clair. Chaque plume eft entourée d’un cercle fort étroit , d’un brun plus foncé que le mi- lieu de laplume, & ce cercle eft enfermé dans un autre très-étroit , très-peu marqué, d’un noir très-lavé; ces cercles forment fur le dos autant de rainures peu fenfibles. La queue eft toute unie, d’un brun fort clair en deflus, & prefque décoloré en deflous. Au-deflus & immédiatement derriere les yeux , font de chaque côté une rangée de plumes blanches, qui forment aufli de chaque côté une forte de girandole. Ces plumes font d’un blanc luftré & fatiné. Elles font pofées au-deflus les unes des autres, & vont en augmentant de longueur depuis l’œil jufqu’au commencement du col où elles fe terminent. Ces plumes ont des barbes égales en lon- gueur des deux côtés, & font arrondies à leur extrémité. La ligne qui en réfulte n’eft compofée que de plumes rangées une à une au-deflus les unes des autres, ou, pour être encore plus clair, il mentre qu’une plume dans la largeur de cette raie. Les plumes in- férieures font plus larges que les fupérieures, comme elles font auffi plus longues. EXTRAIT D'UNE LETTRE De M. MaceLzax à M. DE ***, du 20 Février 1778, Sur le Micrometre de M. MASKELYNE. Mois me demandez, Monfeur, ce que c’eft que le nouveau mi- crometre de M. Maskeline , ma réponfe eft bien fimple. M. Maskelyne a mis dans l'ame de lobjeétif d’une lunette les mêmes prifmes achro- matiques , dont M. l’abbé Rochon, de l’académie royale des fciences de Paris, avoit parlé il y a près d’onze ans. En février 1767, cet Aca- démicien y a lu, dans une des féances, fon Mémoire fur l'application des prifmes achromatiques aux lunettes. EN Ce Mémoire a été imprimé l’année fuivante 1768 ; roue ainfi à 452 : OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c. qu’on peut le voir à la page 41 des Opufcules Mathématiques de cet abbé. Il eft certain que cet ouvrage a été débité fur le champ à Londres, par nos libraires qui ne manquent pas d'acquérir promptement toutes les nouveautés d’un certain genre, quand ils croyent pouvoir les débiter ici avec fuccès. M. Maskeline n’a préfenté à la fociété royale de Londres, ce qu'il appelle fon invention, qu’à la fin de décembre 1777. Il eft vrai qu’il l’a accompagnée de deux atteftations dans lefquelles on affirme qu'il a fait travailler au micrometre dans Vannée 1776, c’eft-à-dire, long-temps avant que la fociété royale ait reçu de M. l'abbé Bofcovich un Mémoire fur la même matiere. Vous voyez, Monfeur , que la priorité de date, eft toute en faveur de M. l’abbé Rochon. Ce favant litun Mémoire en 1767, il le fait imprimer en 1768, & ce n’eft qu’en 1777 que M. Maf- kelyne communique fes idées à la fociété. royale. La conféquence eft aifée à tirer. Mais en fuppofant, contre toute probabilité , que M. Maskeline nait eu aucune idée, & qu'il n'ait même pas en- tendu parler de ce que M. l’abbé Rochon avoit propofé en 1767, peut-on croire qu'il n'ait eu aucune connoiflance du micrometre à prifme, inventé & fait, ily a plus de dix ans, par M. James Watz, Ecoflois, d’un génie rare & fort connn dans ce pays? Il eft linventeur des nouvelles machines à feu, dont les effets font pro- digieux , puifqw’elles ont fur les anciennes l'avantage d’économifer fur le chauffage 7$ pour 100, c’eft-à-dire, les trois quarts de la dépenfe. M. Wilfon, profefleur de mathématiques à Glafcow, le doéteur Guillaume Irwinc, de la même ville, connoïffent l’exiftence de ce micrometre, M. le doéteur Lind , de la fociété royale, m'a dit, ily a fort peu de temps, en avoir vu les effets. C’eft donc un fait inconteftable & de toute notoriété, que M. abbé Rochon & M. Watz ont appliqué aux lunettes, chacun de leur côté, & vraifemblablement fans fe l’être communiqué ; le premier des prifmes achromatiques, & le fecond des prifmes pour mefurer des diftances angulaires. Il eft à remarquer que les recherches de M. l’abbé Rochon por- tent principalement fur l’application de la double réfraétion du criflal de roche, du criftal d'Iflande, à la mefure des angles. Les conftruétions qu'il a imaginées à cet égard, s'appliquent également aux prifmes achromatiques de verre qu’il a propolés dès l’année 1767 pour mefurer de plus grands angles, & non-feulement cette appli- cation ne lui a pas échappé, mais il a fait voir que le mouvement, le long de lame , ne pouvoit convenir qu’au criftal de roche & à celui d’flande, qui ne mefure que de petits angles, & qu'on ne sUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 453 peut pas l’appliquer avec le même avantage aux prifmes de verre. La conftruétion qui convient à ces derniers eft le mouvement circu- laire de deux prifmes achromatiques l’un fur l’autre, & cette conftruc- tion a été donnée à l'académie royale des fciences, le 24 février 1776, en préfence de M. le duc de Wirtemberg. Le comité de la fociété royale a décidé, que le Mémoire de M. Maskelyne feroit imprimé dans le volume des Tranfaétions Philofophiques qui va paroitre. Mais cela ne peut porter aucun préjudice au droit de M. l'abbé Rochon , parce qu’au commence- ment de chaque volume, la fociété royale met toujours une pro- teftation, par laquelle elle aflure ne donner aucune approbation ni authenticité décidée à ce que les volumes renferment. Chaque auteur refte feul refponfable de la vérité ou de la faufleté de ce qu'il avance. RE a NOUVELLES LITTÉRAIRES, “is RAITÉ des communes , ou obfervations fur leur origine & état aituel , d'après les anciennes ordonnances de nos rois, les coutumes , édits, arrêts & réglemens intervenus fur cette matiere ; les droits géy ont les Seigneurs, Les communautés 6 chacun des habitans ; où, joignant la politique à l'économie, on démontre. leur inuviliré, le préjudice qu’elles font à l’agriculture & Pavantage que l’on retireroit de leur aliénation ou Partage, in-8° de 400 pages. A Paris, chez Colombier, libraire, rue des Grands Degrés, près du quai des Miramiones. L’expofé du titre annonce le plan & la marche de l’auteur dans le fujet qu'il traite judiciairement fans ennui pour fon leéteur; mais ce qui inté- refle le plus, c’eft la démonñration jufqu'à l’évidence de l’inutilité des communaux. Les difcours les plus fuivis gliflent fouvent fur l'efprit de la multitude; il faut donc des faits, & l’auteur en fournit des, exemples fans réplique. Pour cet effet, il donne l’état de com- paraifon de 40 villages de l’éleétion de Clermont en Beauvoifis; favoir de 20 paroifles fans communaux & de 20 autres avec commu- maux, En voici le réfultat: 20 communautés avec communaux. Journa- liers ou artifans 1811; laboureurs 67; nombre des charrues 139; nombre total des habitans 1878 ; nombre des arpens de culture 10480; nombre des arpens de communes 3026; nombre des vaches aux fer- miers 805 ; nombre des vaches aux artifans & journaliers 301; mou- tons aux fermiers 10017; moutons aux particuliers 931... 20 454 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Communautés fans communaux. Journaliers ou artifans 2245 ; labou= reurs 99; nombre des charrues 205 ; nombre total des habitans 2344; nombre des arpens de culture 154123; nombre des vaches aux fermiers 11843; idem aux artifans & journaliers $o2; moutons aux fermiers 13091 ; idem'aux particuliers 2017. Que lon com- pare aétuellement ces deux états, & l’on trouvera la jufte folution du problème. Opuftules phyfiques, dédiées au roi de Prufle, par M. Achard, de lacadémie de Berlin. A Berlin, 27-8°. de r92 pages. Pour donner une idée des travaux de M. Achard & non de fa maniere de tra- vailler, puifqu’elle eft déjà avantageufement connue ; il fuffit de rapporter les articles contenus dans ce. volume, fur la nature de l'air fixe, de l’air nitreux , avec des expériences fur différentes fortes d’air & fur l'acidité de l’eau imprégnée d’air fixe;........ fur l’eau imprégnée d’air fixe, confidérée comme diflolvant des terres cal- caires , de la magnéfie, des métaux & fur fon affinité avec ces dif- férentes fubftances, avec les alcalis & avec les acides minéraux; ... fur la nature de la matiere qui s’attache aux parois intérieures des vaifleaux, dans lefquels on fait bouillir de l’eau fréquemment ,.... fur la caufe de la féparation de la terre calcaire & de l’eau par l’ébul- lition.... expériences faites dans la vue de s’aflurer fi l’eau peut fe changer en terre...... A cet ouvrage M. Achard en a ajouté un autre de 112 pages.27-8°, intitulé : Des favons qui ont l'acide vitriolique pour bafe faline, € de lation des huiles fur les acides. Ce traité eft également dédié au roi de Pruffe, & contient 125 expé- riences bien vues & bien concluantes. C’eft-là l’unique maniere de travailler en chymie; & toute théorie fans expérience’, reffemble à une veflie ballonnée d'air qu'un coup d’épingle anéantit pour ainfi dire. Befchaf ti Gungen , &c: ou Mélanges de la focièré des amis de la zature établie à Berlin, 2 vol. ir-8°. de plus de $oo pages chacun. À Berlin, chez Joachim Pauli. Ce recueil contient d’excellens Mé- moires, nous en ferons connoître au moins les titres. L’exiftence de cette fociété préfente naturellement une queftion à propofer. N'eft-il pas plus avantageux que des favans, dont le goût & les études fe rapprochent & ont le même but; forment des focietés féparées , que de voir d'autres fociétés de favans traiter tout à la fois tous les objets des fciences dans leurs aflemblées ? En effet, lorf- qu'un chymifte lit un Mémoire fur quelque partie difficile de cette fcience, que doit y comprendre un aftronome, un Mathématicien À & lorfque le mathématicien & l'aftronome difcutent quelques points de leur compétence, lanatomifte & le botanifte en reti- rent -ils quelques avantages? Il eft encore plus extraordinaire suR L’HyST. NATURELLE ETLES ARTS. s devoir, comme dans les académies des provinces, la claffe des belles-lettres réunies à celle des fciences. Le géometre dira, que veut-on prouver dans cette tragédie ? & le poëte & l'antiquaire lui répondront : mais que voulez-vous dire par vos triangles rec- ” tangles , ifocelles, nous n’y voyons que des lignes. Si chacun veut être de bonne foi , il conviendra de la vérité de ces obfervations, On en a déjà fenti l’importance dans la capitale. 1l s’y eft établi une fociété où académie de médecine , un collége ou académie de chirurgie, un coïlége de pharmacie , une académie de peinture & fculpture , une académie d’architeéture , une académie d’écri- ture, &c. tandis que tous ces objets font confondus dans les aca- démies ordinaires. Il réfulteroit de la féparation de ces corps ifo- lés, qu'un plus grand nombre d'individus y feroient admis, & en conféquence, l’émulation feroit plus encouragée. Il eft aifé d’en juger à Paris, par la feule infpeétion des trayaux & des volumes que pu- blient ces corps ifolés & entiérement tourfés vers un feul objet. On nous pardonnera, fans doute ces remarques, elles ne font pas diétées par l’envie de critiquer , mais par le défir d’un plus grand bien pour les fciences. Voici ’énumération des principaux objets contenus dans les deux volumes que nous venons d’annoncer. Le premier ren- ferme les ftatuts de cette compagnie, la lifte des aflociés & des cor- refpondans; & tous doivent concourir à l’établiffement d’une bibliothe- que & d’un cabinet d’hiftoire naturelle. Le premier Mémoire a pour but l'examen de la produétion du froid & du chaud, occafionnés par Pévaporation des liqueurs. On y lit non-feulement-le précis des expé- riences faites jufqu’à ce jour, mais encore beaucoup de nouvelles. M. Achard, auteur de cet excellent Mémoire, donne une lifte très- étendue des liqueurs fur lefquelles il a opéré... Dans le fecond, M. Achard compare la force de l’éledricité à celle de la pefanteur, & ce morceau n’eft pas moins intéreflant que le premier. Tout ce qui fort de la plume de ce favant phyficien eft fait pour plaire & pour inftruire.... M. Ferber, déjà conñu par un voyage d'Italie, que M. le baron de Diérrich a traduit de l’Allemand en François, & auquelil a ajouté d’excellentes notes , recherche l’origine du bazalte. Ce premier volume ne contient qu'un Mémoire de chymie, il eft de M. Meyer, & eft intitulé : Effais fur la diffolution de la terre des cailloux par les acides. Dans cet eflai, l’auteur difcute l’opinion de MM. Porr & Beaumé & n’eft pas toujours de leur avis. Il examine encore la queftion fi débartue en France , il ya quelques années ; favoir, fi les fels à bafe d’alcali fixe font fufceptibles ou non de recevoir un excès d’acide. Le fecond volume renferme 27 Mémoires, indépendamment d’un Difcours prononcé dans une affemblée publique de la fociéré, & l'éloge de deux açadémiciens, Le premier Mémoire eft fur la prétendue péfan- 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; teur que les corps acquierent à mefure qu'ils s’éloignent du centre de la terre & il eft de M. Achard; dans un fecond, il examine les apparences éleétriques que le mercure donne par le frottement , il eft accompagné de très-bonnes expériences. La chymie offre deux Mé- moires, le premier, fur l’analyfe de la gomme copal, & le fecond, fur celle de la zéolite. On eft redevable à M. Cronfled de la décou- verte de la zéolite : il s’'eft contenté de décrire fes caraéteres & les principales propriétés qui les diftinguent des autres fubftances du regne minéral. M. Meyer a pris de la zéolite d'Iflande , & la même que celle décrite par M. Cronfkd. Il réfulte de ces expériences, que cette fubftance eft un compofé de terre quartzeufe , de terre calcaire, & de terre bafe de l’alun dans la proportion de la pefanteur de la moitié de la mafle de terre quartzeufe, de deux fixiemes de terre d’alun 8 d’un fixieme de terre calcaire. Cependant, comme M. Ger- hard, confeiller aux mines, croyoit qu'il exiftoit en outre de la terre bafe du fel d’epfomidans la zéolite, M. Meyer en fit une nou- velle analyfe, & bien loin de tirer une terre bafe de fel d’epfom, il en tira du fel alcali minéral, ce dont il fut fort étonné. Il penfa que cette fingularité provenoit de l’huile de vitriol dont il s’étoit fervi, & un nouvel examen de cette huile lui démontra fa faufle fuppoñition.... La minéralogie comprend cinq Mémoires. Le pre- meir a pour titre, Détail d'un voyage fair en Saxe; par M. Schemiz , où il donne une defcription minéralogique du terrain; le fecond a pour titre, Defcriprion des minéraux qui Je trouvent dans les mines de Marienberg ; le troïfieme , Defcription d'un morceau de fer natif, trouvé en Sibérie ; par M. Pallas, Nous avons fait connoître cette defcription, tome 8 , page 4135 : le quatrieme, concerne un nouveau fel découvert à Canal, en Italie, à deux lieues de Turin, & il réfulte que cette fubftance eft un compofé de fel de Giauber & de félénite, qui effleurit fur la terre, comme le fel de nitre: le cinquieme, eft de M. Charpentier, N traite des différentes montagnes & les diftingue en trois claffes, Cet auteur regarde les montagnes, dans Jefquelles on trouve des foffiles, comme des montagnes de feconde formation, & il prétend que toutes celles qui font calcaires font également des montagnes fecondaires, plus ançiennes que Îles pre- mieres & moins cependant que les graniteufes, ce qui conftitue les trois efpeces de montagnes..... Ce fimple énoncé des titres montre l'importance de cet ouvrage, & 1l eft bien à défirer qu'il fait traduit en notre langue, De Putilité du caft en médecine. Ouvrage intéreffant à ceux qui s'appliquent à la confervation de leur fanté ; par M. Brun, Doyen des maîtres en chirurgie du Cap, & chirurgien- major de l'ar- tillerie de Saint-Domingue ; iz-12 de 104 pages, fans nom d’Im- primeur EEE sUuR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 457 primeur ni ville. L'auteur a rafflemblé tout ce qui a été écrit fur ce fujet ; mais ce qu'on y trouve véritablement de neuf, c’eft l’ufage des bains entiers de café ou des bains de vapeurs du café, L'auteur en a obtenu des effets falutaires & très-marqués dans la paralyfe, dans une hémi-plégie , dans une épilepfie , dans un fpafme , dit opiffhotonos, dans des douleurs dans les articulations , dans une migraine habituelle , pendant une groffefle fuivie de vapeurs hif- tériques, &c. Le parfait Boulanger, où Traité complet fur la fabrication & le com- merce du Pain ; pat M. Parmentier, 1 Vol. in-8°. de 639 pag. A l’Imprimerie Royale. On le trouve chez Monory ; libraire , rue de la Comédie Françoife , & la colleétion complette des ouvrages de cet eflimable auteur , de cet auteur citoyen qui a toujours fa- crifié fon temps & fes talens au bien des hommes. Le premier ou- vrage par lequel il s’annonça en 1774, fut un traité intitulé : Ouvrage économique fur Les Pommes de terre, le Bled & le Rix. Ce Traité diffipa les craintes que l’on avoit dans la Capitale & dans plufieurs pro- vinces, contre la pomme de terre, qui eft aujourd'hui devenue l’a- liment du pauvre comme du riche. Son fecond ouvrage a pour titre : Expériences & Réflexions relatives à l'analyfe du Bled & de la Farine. Ce fut d’après cet expolé , que le miniftere changea le pain du foldat, & le foldat doit à M. Parmentier l'avantage de le manger meilleur. L'ouvrage de M. Meyer, célebre chymifte allemand , n'étoit connu .en France que de quelques perfonnes , & fon importance engagea M. Parmentier à le traduire & à le préfenter au public fous le titre de Recréations chymiques , phyfiques & économiques , en 2 vol. iz-8°. Enfin , il publia fon Avis aux bonnes Menageres , fur la meilleure ma- niere de faire leur pain. Ce dernier ouvrage & celui que nous annon- çons'aujourd’hui, ne font point , comme tant d’autres, le fruit du travail du cabinet, c’eft en fuivant l’artifte.que M. Parmentier s’eft inftruit; en un mot, c’eft en mettant réellement la main à la pâte, qu'il a rédigé ce Traité. Il ny a point de communauté , point de gros ménage, qui ne doive avoir ces deux Traités, les lire & les étudier. Elémens de Chymie vhéorique & pratique , rédigés dans un nouvel ordre d'après les découvertes modernes | pour fervir aux Cours publics de L'Académie de Dijon, in-15 } tomes fecond & troifième. À Dijon , chez Frantin. Le premier volume faifoit attendre avéc: la derniere impatience , ceux qui devoient le fuivre. Il a été jugé par le public , & ce même public connoiffleur n'appréciera paë d’une mañiere moins avantageufe le: complément .de cet ouvrage. Quel exemple d'ému- lation l'académie de Dijon -ne dornne-t-elle pas eux autres académies de Provinces ! En moins de fix-ans ; elle a, créé un jardia-dé botas : Tome XI, Part, I. MAI 1778. Mmm 458 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; nique, une bibliotheque nombreufe, un cabinet (d’hiftoire naturelle ; recoïnmandable fur-tout, parce qu'il renferme toutes les produétions de Bourgogne. Il eft bien plus naturel de connoître ce qui nous en- vironne , que ce qui croît au Pérou ou en Siléfie. Nous l'avons déjà dit, & nous ne fçaurions trop le répéter pour le progrès de la fcience, uil conviendroit que chaque académie raffemblât lhiftoire natu- relle de fa Province, Ce feroit un dépôt public où ceux qui «veulent s'inftruire , viendroient puifer, & on auroit ainfi & peu à peu, l’hiftoire natutelle & générale de la France. Ce plan ne feroit-il pas plus utile que les cabinets des particuliers, toujours très-incomplets, & que le public n’a pas la liberté de confulter ? Rien n’empêcheroit qu'à côté des échantillons pris dans la Province , on ne placât à côté , ceux des pays étrangers, Cette maniere de comparer feroit vraiment inftrudive. Je ne connoïis encore que l'académie de Dijon & celle de Marfeille, qui concourent à cette grande entreprife. Les, beaux éta- bliflemens de l’académie de Dijon, font le fruit du zèle & du patrio- tifme de quelques citoyens. Ce zèle eft-il donc étouffé dans les autres compagnies de ce genre? Le penfer feroit une idée humi- Jliante pour la nation. | Le Naturifme, ou la Nature confidérée dans les maladies, € leur trai- ement, conforme à la doëtrine & à la pratique d'Hyppocrate & de fès Seëétareurs. Ouvrage qui a remporté le prix de l'académie des fciences, arts & belles -lettres de Dijon, fur la médecine agiffante & ex- peante ; par M. Planchon , licencié en médecine , à Louvain , &c. in-8°. de 270 pages. À Tournay , chez Warlé , & à Paris , chez Mérigor, le jeune, libraire , quai des Auguftins. Prix 3 liv. broché. La couronne littéraire , accordée par l'académie , eft la preuve de la bonté de l’ouvrage. Il eft bien dommage qu’on fe foit fervi dé caraéteres ufés, &, pour ainfi dire , de pointes de cloux , pour imprimer ce volume. Il méritoit à tous égards , d’être mieux traité. De la tranfplantation , de la naturalifation & du perfeélionnement des Végétaux ; par M: le Baron de Tfchudy. A Paris , chez Didor , Impri- meur-Libraire , quai des Auguftins , z7-8°. de 48 pages. On doit à leftimable auteur de cette brochure , prefque tous les excellens articles d'agriculture inférés dans les volumes de fupplément de lEncyclo- pédie. Tous font marqués au coin de l’obfervateur & du phyfcien profond. La brochure que nous annonçons, eft pleine de vues fages, & l'exécution du plan propofé par l’auteur, produiroit les plus grands effets. « Hifloire des progrès de lefprit humain dans les Sciences 6 dans les Arts qui en dépendent. Hifloire Naturelle. Par M. Saverien , écuyer ; & ancien ingénieur ordinaire du Roi , ëz-8°. de 540 pages. A Paris, chez Humblor , libraire , rue Saint-Jacques. Ce volüme comprend Le sur L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS 459 furanologie , la géologie & la minéralogie ; la lithologie , l’hydro- logie, la botanique , l’antropologie ,. la quadrupélogie , lornitho logie ,: linfe&iologie , liéthyologie & la conchiologie. L'auteur parcourt ces différentes branches d’hiftoire naturelle, & en préfente des tableaux abrégés , très- utiles pour ceux qui ne veulent avoir qu’une idée générale de chaque objet, mais incomplets pour ceux qui veulent embraffer l'étude d’une partie & l’approfondir. La leéture en eft intéreffante. Nouvel ne fur La Carte minéralogique de la France ; par M. Monnet, infpeéteur général des mines. A mefure que la minéralogie a fait des progrès, on a fenti "qu’elle ne devoit pas fe borner à la connoiffance des minéraux pris féparé- ment , & dans la maniere de les enclafler : on a reconnu qu’elle devoit avoir une autre deftination , ou une autre branche non moins importante ; c’eft de nous faire connoître les minéraux dans les lieux mêmes où ils fe trouvent ; de nous montrer leur étendue , leur po- fition & leur maniere d’être ; en un mot , la compofition du globe que nous habitons. Alors, elle s’eft vue forcée d'emprunter les fecours de la géographie. Mais cette derniere fcience étoit trop peu avancée, lorfqu’on s’apperçut qu’elle pouvoit être utile à la miné- ralogie : elle ne fe réduifoit qu'à indiquer la poñition des lieux habités, & à tracer des routes. Les minéralogiftes eurent l'avantage de faire connoître aux géographes qu'ils pouvoient étendre confi- dérablement la fphere de leur fcience, & qu’elle devoit préfenter le phyfique comme le politique de notre planete. Ces deux fciences, ainfi réunies , devoient donner naïfflance à une troifieme fcience , la Géographie minéralogique. Mais où trouver des hommes aflez inf- truits pour s'occuper en même temps des deux objets qu'elle devoit embraffer ? Quelque étendue d'intelligence qu'on fuppofe à chaque homme en particulier, il ne voit jamais qu'un coin du tableau des objets qui font foumis à fon examen ; & ce ne peut être qu’en réu- niflant les différens points de vue de plufeurs hommes, qu’on par- vient à en reconnoître l’enfemble, le rapport, & à conflituer , en un mot, une fcience. Ainfi, pendant qu'un géographe , nouvelle- ment inftruit , confidéroit l'étendue & la hauteur d’une montagne , qu'il en traçoit le contour, il ne voyoit pas quelle en étoit la nature & la compofition ; & pendant qu'un minéralogifte gravifloit cette mon- tagne ; qu'il en décrivoit la nature , &c qu'il en comptoit les cou- ches ou bancs, il ne s’occupoit pas de fa pofñition , relativement aux antres parties .de la terre. Il a donc fallu la réunion de ces deux hommes, ou plutôt de leurs travaux , pour drefler la carte miné- ralogique qu'on préfente aujourd’hui au public. Encore a-t-l été né- ceffaire de s’aflurer de la juftefle des travaux des géograpnes , avant mm il : e* ‘be à 460 OBSERVATIONS SUR LÀ PHysiQuEt; de fe hafarder à placer fur cette carte les marques indicatives qui pouvoient faire connoître les fubftances minérales, leur poftion & leur étendue. La difficulté qu’on avoit de trouver de bonnes cartes, ou des géographessinftruits dans toutes les parties convenables à cet objet, en avoit retardé lexécution. Mais enfin , plufeurs perfonnes , qui avoient reconnu l’infufffance ou l’inutilité des cartes qu’on avoit dreflées fur la France-, formerent le projet: d’en donner une beau- coup plus détaillée, & faite d’après les nouveaux principes. MM. de Caflini , de Montigny & Perronet , &c. ; fe réunirent à cet effet. Ils choifirent les meilleurs géographes & les plus inftruits en géo- métrie. Ces géographes eurent ordre de tracer dans le. plus grand détail tous les objets tant phyfiques qu'économiques. Alors on fon- gea de nouveau au projet d'exécuter la carte minéralogique. On imagina à cet effet de mettre ce travail à profit. Mais on vit bientôt qu’on ne pouvoit fe fervir des mêmes car es pour défigner les fubf- tances minérales ; on vit qu’on ne pouvoit les rendre minéralogiques qu'après en avoir élagué ce qui eft inutile pour cet objet ; & lon forma le deflein de ne conferver que les points ou la marque des lieux qui feroient abfolument néceflaires pour faire connoître la fitua- tion des minéraux. M. Guettard , qui, le premier , s’étoir occupé de la minéralogie géographique en France ; qui, dès l'an 1746, avoit fait dreffer une carte générale de la France , où il avoit préfenté un fyflême tout nouveau de minéralogie, & qui avoit raffemblé un grand nombre d’obfervations dans fes voyages , propofa fur ce plan lPexécution de la carte minéralogique de la France, M. Bertin, mi- niftre & fecrétaire d’état, agréa fon travail fur le compte que lui en rendit M. Parent, pere, alors premier commis au département des mines & de lagriculture. M. Dupain- Triel, géographe & gra- veur , fut choifi pour exécuter ces nouvelles cartes ; & pour les remplir, M. Guerrard fe difpofa à aller faire de nouvelles obferva- tions minéralogiques. Il y défigna les fubftances minérales par des caraéteres conventionnels qu’il imagina à mefure que le befoin le lui fuggéra ; il fit repréfenter fur une de leurs bordures , l’état général du terrain qu’elles comprennent ; & fur une autre bordure , il donna Pexplication des caraéteres qui y étoient employés. Mais confidérant toute l’étendue de ce projet , 1l s’adjoignit M. Lavoifier ; de laca- démie des fciences. Ils parcoururent enfemble , ou chacun en par- ticulier, une partie de la France; & de leur travail il réfulta les feize cartes qui ont paru l’année derniere 1777 , qui comprennent les numéros 25,26,27, 28, 40, 41, 42, 55 56.57; 60, 61% 75:76, 89 & 90. Ils ont fourni encore beaucoup d’obfervations pour la compoñition d’autres cartes ; & on a eu foin de faire con- noître l’obligation qu’on leur a, par deux aftérifques qu’on a placées k 1 SUR L’H15T. NATURELLE ET LES ARTS. 461 fur chacune de ces cartes. À ces marques on reconnoïtra que plufieurs perfonnes y ont eu part; comme on reconnoitra qu’elles ne font que l'ouvrage d’un feul, lorfqu’on verra qu’elles n’ont point d’afterifque. Nous ne nous arrêtons pas à expofer en quoi conffte l'avantage de cet Atlas minéralogique ; M. Guertard en a fuflifamment rendu compte au public dans un Mémoire iniéré dans le Journal de Phy- ue, tome V , page 357, & dans une des féances publiques de l'académie royale des fciences. Nous dirons feulement que M Bertin, qui voyoit combien cette entreprife eft vafle, & combien elle exige de temps & de fatigue , a défiré que j'y contribuafle. Il a vi que voyageant pour le fait des mines , Je pouvois faire des obfervations relatives à ces cartes, & en accélerer ainfi l’exécution. Je dois avouer que je n'ai d’autre mérite dans ce travail, que de fuivre le plan qu'a tracé M. Guettard. Nous nous ferons toujours honneur de reconnoitre dans cet illuftre favant, l’auteur de la carte minéralogique de la France; & nous ne ceflerons de l’exhorter à contribuer toujours à l’exécution de cet ouvrage. p 4 Si le public agrée ce travail , pour Putilité duquel il a été entre- pris ,il en accélérera la fin, en fe muniflant des cartes qui pa- roitront, L'Etat en a fait jufqu’ici les frais ; c’eft maintenant au pu- blic qui en jouit, à y contribuer. De notre côté , nous aurons foin que les cartes qui paroîtront , foient exaétes & juftes pour l'indi- cation des minéraux & la nature des terrains. Nous aurons foin fur-tout que les coupes qui y feront placées, repréfentent, le plus naturellement qu’il fera pofüble , Pétat & Ja nature des terrains qu’elles comprendront. Nous avons choifi, à cet effet , le fils cadet du fieur Dupain-Triel , en qui nous avons reconnu le talent nécef- faire pour cela. C’eft fous nos yeux qu’il defline les objets que nous jugeons convenables pour chacune de ces cartes. On peut juger ac- tuellement par les huit nouvelles cartes que nous faifons paroitre , de la juftefle , de la vérité & de la netteté de fon defin. A l'égard de la maniere d'étudier ces cartes, rien m’eft plus facile. Un coup d’œil fuffit pour faire connoître la nature & la qualité des terrains qu’elles repréfentent. Les caraéteres les plus multipliés annon- cent que le fonds du terrain eft de telle ou de telle nature ; & les caraéteres les moins communs, font connoître que telle ou telle autre fubftance s’y trouve par intervalle: & par la coupe ou le deffin mis fur une de leurs bordures, on reconnoitra l’ordre & la maniere d’être des matieres qui forment ces terrains : on reconnoitra encore qu’un terrain eft fertile, ou à grand terreau , par la rareté des fignes , & par l’uniformité dont il eft repréfenté. 462 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; C’eft toujours chez M. Dupain-Triel, pere, ingénieur géographe du roi, cloître Notre-Dame, qu’on pourra fe procurer ces cartes. Problémes réfolus férvant de fupplèment au cours de Mathématiques ; par M. abbé Sauri, doéteur en médecine, & correfpondant de l'académie royale des fciences de Montpellier ; prix 1 liv. ÿ f. À Paris, chez Ruault, libraire , rue de la harpe 1778. Avec approba- tion & privilége du roi. Cet ouvrage renferme , dans environ 60 pages , les problèmes les plus intéreffans qu'on a réfolus jufqu’ici par le moyen de l'arith- métique & de l’algebre , quelques problèmes de géométrie , avec un très grand nombre de ceux qu’on réfout par le calcul différenciel ou le calcul intégral. Au moyen d’un tel livre , les jeunes mathé- maticiens pourront facilement s'exercer , & les profefleurs juger de leurs progrès. On a indiqué le livre & le numéro dans lefquels fe trouve Ja méthode pour réfoudre les problèmes , dont la folution eft rapportée dans cet ouvrage ; au refte , tous ces problèmes font contenus dans les livres de l’auteur, ce qui n’eft pas un petit avan- tage ; d’ailleurs, les perfonnes qui ne feroient pas en état de trou- ver par leurs propres lumieres la folution de ces problèmes, pourront au moins être aflurées du réfultat des méthodes qu'employent les mathématiciens. Pour donner une idée de cette brochure , il fuffira de dire qu’elle renferme 170 problèmes , auffi curieux qu’intéreflans. Hifloire Naturelle du globe, où géographie Phyfique. Ouvrage dans lequel on a renfermé ce qu’on fait de plus intéreflant fur la fymétrie & la pofñition des continens , la falure de la mer, &cc. ; les diffé- rentes efpeces de terres, de fels, de pierres & pierreries , des miné= raux, des métaux & des végétaux , à l’ufage des jeunes phyficiens , des penfions & des colléges , & de tous ceux qui veulent s'initier dans l’hiftoire naturelle en peu de temps & fans beaucoup de peine, formant la dquatrieme partie des opufcules de lauteur 3 par M. l'abbé Sauri. À Paris chez l’auteur, hôtel des tréforiers , place forbonne, & chez Ruault, libraire , rue de la harpe. Cet ouvrage fera très-utile pour les jeunes gens, & pour ceux qui veulent commen- ecr à fe livrer à cette fcience. Phyfique du corps "humain , &c. par M. l'abbé Sauri. A Paris ; chez l’auteur. La clarté qui regnedans cet ouvrage ne le rend pas moins utile aux jeunes gens qui fe deftinent à l’art de guérir , que les découvertes modernes que l’auteur a raffemblées. Il traite d’a- bord de la nature des fibres , & fait voir que le corps humain eft prefque tout compofé de fluides: une partie de ce fluide coule à tra= vers les couches du tiflu cellulaire , tantôt du centre à la circonfé- Sur. L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 463 rence, tantôt de la circonférence au centre ; le dérangement des -mouvemens de ;cet ‘organe paroit être la fource des maledies , de leurs crifes, de leurs phénomenes, ainfi que l’a remarqué M..de Bor- deu ; ce tiflu cellulaire entre dans la formation des mufcles, des arteres & des veines , dans lefquelles on obferve des valvules qui permettent aux fluides qu’elles contiennent d’avancer dans un certain fens fans pouvoir rétrograder. é Tel eft le premier volume de la phyfologie moderne. Dans le fecond volume , beaucoup plus court que le premier , l’auteur parle de la fanté & des caufes générales des maladies, de ce qu’on appelle forces vitales ; de la coëtion de la matiere morbifique , du temps dans lequel on doit placer les purgatifs dans les maladies aiguës, des jours critiques , des crifes , des différentes efpèces de pouls.qu'annoncent ces crifes; de la médecine agiflante & expeétante, c’eft-à-dire , des cas dans lefquels Part doit agir , & de ceux dans lefquels il doit être fimple fpeétateur. Mémoire pour fervir à l'hifloire de Cayenne & de la Guiane Françoife. tome fecond , :7-8°. A Paris, chez la Veuve Duchefne, rue Saint- Jacques. Ce volume contient douze Mémoires; favoir , trois Mé- moires de chirurgie , pleins d’excellentes vues , & les autres ont pour objet le fol, les produétions , le commerce , & l’hiftoire natu- relle de ces pays. L'accueil que le public fait au travail de M, Bajon, devroit bien engager les médecins & ehirurgiens de nos ifles à potter l’œil.de l’obfervation fur ce qui les environne. Leur inftruétion pärticuliere feroit utile à ceux qui fuccéderont , ils reffembleroient à ce bon pere de’ famille qui plante un arbre pour que fes enfans en jouiffent, Mémoire fur un Rouet. a.filer des deux mains à-la fois; par M. de Bernières , 22 pages in-4°. avec une gravure. À Paris, chez, l'auteur ; au Vieux-Louvre & chez les marchands de nouveautés: Ce rouet, met une fileufe en état de faire dans fa journée prefqu’autant de fil qu'elle en feroit en deux jours avec un rouet ordinaire, fans cepen- dant qu’elle éprouve plus de fatigue & plus de peine. ;L’auteur indi- qne dans ce Mémoire, des moyens généraux. d'établir des fileries en grand , foit dans les campagnes, foit dans les hôpitaux, où ce genre de travail paroïît plus que tout autre propre à occuper utilement les perfonnes des deux fexes, & de tout âge, renfermées qe ces maifons de charité , & à les rendre moins onéreufes à l'Adminiftration. Différtation fur La comparaifon des Thermomerres; par M. Fan- Swinden , profeffeur de philofophie en luniverfité de Francker,, in-8°. de 280 pages , avec deux planches. La feconde eft en grand, le tableau de comparaifon pour 27 thermometres. Il n’a encore rien paru de fi exaét, de fi étendu & de plus utile en ce genre. Le tra- val :de ce célebre Profeffeur a! été finguliérement bien aççueilli en 464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Hollande & il le fera également en France. On trouvera quelques exemplaires de cet ouvrage à Paris, chez Leclerc, libraire, quai des Auguftins, & à Amfterdam , chez Marc-Michel Rey. Nouvelles recherches fur les noyés, les fuffoqués par Les vapeurs mé- phitiques , & [ur les enfans qui paroifflent morts en venant au monde, faites d'après des remarques hifhoriques ; avec La méthode la plus sûr: & la plus fimple de les rappeller à la vie ; par M. Mendel , Doë@eur en médecine ; petit 27-12. À Paris , chez Cailleau , Imprimeur-Libraire , rue Saint-Séverin. Recherches fur les caufes des maladies qui ont régné à Graveline, ant dans la garnifon que parmi les habitans, depuis deux ans 6 particuliérement dans lautomne de 1777 ; par M. Daignanr , doéteur en médecine, in-8°. de 86 pages. A Lille chez La/an, Traité fur le Scorbut ; traduit du latin de M. Lemeilleur | médecin de Montpellier ; par M. Giraud , médecin de Befançon, A Paris, chez Durand, libraire, rue Galande. Diéionnaire d’Hippiatrique-pratique , où Traité complet de la Méde- cine des chevaux; par M. Robinet ; in-4°. de 508 pages. A Bruxelles, & à Nancy , chez Babin. Hifloire de l'Efquinancie gangréneufe pétéchiale qui a régné dans le village de Moivron au mois de novembre 1777 ; par M. Réad, doëteur en Médecine. Cette maladie n’avoit pas encore été décrite , finon par M. Severin | médecin de Naples. Ses fymptômes font finguliers & parfaitement bien expofés dans cet ouvrage ir-8°. imprimé à Metz. L'auteur y a réuni un eflai fur les affeétions vaporeufes, & un Mémoire fur les Bronchocèles endémiques du pays Meffin. Infhrutioni di Mecanica , &c. Inflitution de Mécanique, d'Hydrome- crie, d’Architeëlure Sratique & d'Hydraulique, à l'ufage de P Ecole Royale fondée à Milan pour les Architeëles & pour les Ingénieurs; par le pere Frife, cenfeur royal & profeffeur de mathématiques à Milan. tome, in-4°. La célébrité de l’auteur répond de l'excellence de fon ouvrage, Aa Academiæ Eleéloralis Moquatinæ [cientiarum quæ Erfurti efè, ad ann. 1776. À Erford , chez Wirtekind, in-40. de 2 ÿo pages. Ce volume contient 25 Mémoires qui font honneur à leurs auteurs. Théorie de la Fortification | avec des obfervations fur les diffèrens Jÿflémées' qui ont paru depuis l'invention de L Artillerie, & une nouvelle maniere de conftruire des Places ; par M. Cugnot , ancien ingénieur , vol. in-12 de 225$ pages, avec trois planches. A Paris, chez Jomberr, fils aîné , rue Dauphine. Johannis Adami “Pollick ,; Med. Doë. Acad, Eleit. Palat. Correfp. Hiflôria Plañtarum in Palatinatu Eleélorali fpontè crefcentium incepta “Jecurdum [ÿflema fexuale digefla ; 3 v. in 89. broché 15 liv. A Manheim, & fe trouve à Paris chez Kraulr, libraire, rue dela Harpe 1977. La : E ; { sur L’HISsT. NATURELLE ET LES ARTS 465 La fociété royale des fciences de Danemarck , fut aflemblée pour examiner les pieces qui avoient concouru pour les prix propofés pour Pannée 1776. Trois Mémoires lui avoient été adreflés fur la formation de Pacide nitreux , dont les auteurs ont allégué plufieurs expériences relatives à cet objet. Mais , comme plufeurs circonftances font douter de l’exaétitude de ces expériences , & qu’on ne fauroit Îcs faire à Copenhague que dans la belle faifon, la fociété a rélolu de différer fon jugement par rapport à ce problème jufqu’à l’hiver pro- chain , afin que les auteurs defdits Mémoires aient le temps de ré- péter les expériences par eux alléguées , & d’en faire de nouvelles pour donner un plus haut degré d’évidence à leurs théories refpeétives. Lès nouveaux Mémoires fur ce fujet, feront reçus jufqu’à la fin du mois d'août 1778. Les auteurs font priés de les envoyer , francs de port , à fon excellence, Mgr. Hie/mflierne, préfident de ladite fociété. M. Efinangar: , intendant de Caen , animé du défir de procurer aux peuples de la généralité, dont l’adminiftration lui eft confiée, _ les richeffes & le bonheur dont elle eft fufceptible, a deftiné une fomme de 400 livres pour un prix confiftant en une médaille d’or à décerner pour chacune des années 1778 &-1779 ,-aux auteurs des Mémoires qui fatisferont le mieux aux queftions fuivantes, . « Quelles ont été les principales branches du commerce de la ville # de Caen depuis le commencement de l’onzieme fiecle (1), & plus »# particuliérement depuis la réunion du duché de Normandie à la (1) Nora. L'on eft fondé à croire que le commerce de la ville de Caen étroit confidérable dès. l'an 1026, du temps de Richard, Duc de Normandie, troifieme du nom, puifqu'il eft fait mention , dans fon contrat de Mariage avec la Princefle Adelle , de la donation dans le comté de Bayeux, de la ville de Caen, fituée fur le fleuve de l'Orne, & de fes environs, avec fes églifes, fes vignes , prés, mou- lins, fon marché, fa douane, fon port, & toutes fes dépendances. « Er in Comiratu Bajocacenfi , concedo Villam quæ dicitur Cathim fuper flu- » vium Olnæ circeumquaque, cum Ecclefis, vineis, pratis, molendinis, cum foro, » telonio, portu & omnibus appenditis fuis. » ( Hifl. Ecclef. de Normandie, Tome 2 , à la fin. ) Dans une lettre en vers latins de Rodulphus Tortarius (Moine de Fleuri, main- tenant Saint-Benoit fur-Loire ), lequel vivoir entre 1096 & 1145, il eft auf parlé de la fituation de la ville de Caen, & de ce qui la rendoit floriflante dès-lors Vers la fin du regne de Philippe I, le Poëte y dit avoir vu dans cette ville un beau palais où le marbre éroir prodigué ; il y fait mehtion d'une grande mulrirude de marchands, & de roures les marchandifes qu'on trouvoir dans le Forum ; éroffes de Jaine, de lin & de foie, épiceries diverfes, cuirs de roures facons, boïflons & denrées de route efpece, le réceffaire & le fuperflu; il cit aufi y avoir rencontré des négocians de toutes les nations. ( Mém. de l'Acagém. des Anfcripe. Tome XXI, in-4°. page 512. Tome X I, Part. I. Mai 1778. Nnn 466 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » monarchie Françoife ? Quelles font celles qu’il feroit le plus avan- » tageux & le plus facile d’y établir & d’y étendre, relativement au » fol du pays, à fes produétions , à fes débouchés aétuels, à ceux » qu'il eft poflible de lui procurer, ainfi qu'à fes loix , coutumes » & ufages, & quels feroient les moyens d'y parvenir?» » Quels font les arbres , les arbuftes & les plantes qui, croiffant fur le rivage de la mer, fans avoir néanmoins befoin d’en être » baignés à toutes les marées, pourroient être employés à la conf- » truétion des digues & épis néceflaires fur les côtes & le long des » rivieres dans lefquelles la mer monte , pour défendre de fes » irruptions les terrains qui les bordent ? Quelle eft la culture de ces » arbres, arbuftes & plantes, & quel feroit le meilleur moyen à # employer pour en former des digues , à la fois les plus économiques, » & les feules fufceptibles d’une réfiftance conftante & progreffive ?» Ÿ + + » TE + + Da Les Mémoires feront adreflés fous le couvert de M. Efmangart, intendant de Caen, ou francs de port, à M. Moyfant, profeffeur d’éloquence, & fecrétaire perpétuel de l'académie ; favoir, pour la premiere queftion , avant le premier feptembre 1778 , & pour la feconde , avant le premier oétobre 1779. Le concours ne fera interdit qu'aux feuls membres titulaires de l'académie. Les correfpondans & aflociés, même ceux de la pro- vince , font invités à s'occuper des queftions propofées. La multiplicité des digues néceffaires pour la confervation des terrains précieux fitués fur les rives de la mer & le long des rivieres, dans lefquelles fe font fentir le flux & le reflux, & pour l’acquiftion d’autres terrains, encore couverts par la mer à toutes fes marées, & fufceptibles de former également les pâturages les plus gras, rend cette derniere queftion on ne peut plus intéreflante , non - feule- ment pour cette généralité, mais encore pour toutes les provinces maritimes. Il exifte un petit arbre ayant les conditions demandées , (c’eft le tamaris ) : il eft commun en Italie , en Efpagne & même dans les provinces méridionales de France ; on en trouve aufli en Allemagne , & même il y en a quelques plantes dans cette généralité, fur les territoires de Cabourg près de Dives , d’Hermanville & d'Oyftreham, éleétion de Caen. Il eft facile à multiplier , il feroit feulement à défirer que fes racines fuffent un peu plus fibreufes ; cependant tel qu'il eft, on eftime qu'il peut être fort utile dans la conftruétion des digues, par ce qu’on efpere que les tunages & clayo- nages auxquels on pourra les employer , prendront racine & ne pourriront pas comme ceux faits avec les bois ordinaire , même avec le faule & l’ozier que l’eau falée fait mourir. L’eflai du tamaris doit être fait; mais il peut être d’autres arbuftes ou plantes inconnus dans ce pays , & qui lui feroient préférables. sUuR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 467, Sujet de prix propofe pour l’année 1779 , par l'académie des fciences Belles - letres & arts de Lyon. L’académie avoit demandé pour le prix de phyfique, fondé par M. Chriflin, qu’elle a diftribué l’année derniere , cette queftion : L’éleétricité de l’athmofphere a-r-elle quelque énfluence fur le corps humain? Quels font les effets de cette influence ? Elle propole , afin de perfeétionner cet objet , la queftion fuivante pour le prix qu’elle diftribuera en 1779 : Quelles font les maladies qui procedent de la plus ou moins grande quantité du fluide électrique du corps humain ? € quels font les moyens de remédier aux unes & aux autres ? Le prix propolé eft une médaille d’or, de la valeur de 300 liv. CORÉEN DE IT I VOPAN FT Toutes perfonnes pourront concourir pour ce prix, excepté les académiciens titulaires & les vétérans ; les aflociés y feront admis. Les Mémoires feront écrits en François ou en Latin. Les auteurs ne fe feront connoître ni direétement, ni indireétement ; ils mettront une devife à la tête de l'ouvrage , & y joindront un biliet cacheté qui contiendra la même devife, leurs noms & le lieu de leur réfidence. Les paquets feront adreffés , francs de port , à Lyon, à M. de la Tourette | ancien confeiller à la cour des Monnoies, fecrétaire per- pétuel pour la clafñle des fciences, rue Boiflac ; ou à M. de Bory , commandant de Pierre-Scize , fecrétaire perpétuel pour la clafle des belles - lettres ; ou chez Aimé de La Roche , imprimeur - libraire de Vacadémie , aux halles de la Grenette. Aucun ouvrage ne fera reçu au concours , paflé le premier avril 1779 ; le terme eft de rigueur. L’académie décernera le prix dans Paflemblée publique qu’elle tiendra après la fête de Saint-Louis. La médaille fera remife à l’auteur couronné, ou à fon fondé de procuration. 51 NOÉ : ik on is 24 RE Ste Rai el CO ral M 0S Contenus dans le Mois de Mai, N OUVELLES obfervations & expériences fur Le fang & l'origine de La chaleur animal; par M. Moftati, profeffeur de chymie & de chirurgie _ a Milan, page 389 Lestre de M. le Roy, de l'académie des fciences, adreffée à l'auteur de ce Nan ji 468 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c. Recueil, relative aux expériences fur l'air inflammable des marais ; découvert par M. Volta, 401 Remarques fur l'illufion des fens , & en particulier de la vue ; par M. l'abbé Dicquemare, de plufieurs fociétés & académies royales des ‘Re belles- lettres & arts de France & des Pays Etrangers, 403 Obfèrvation de M. Bofc d'Antic, fur l'évaporation de l'eau jettée fur Le verre en fufion dont il a été queflion dans le cahier de janvier 1778, ATI Extrait du Mémoire de M. l'abbé dEverlange de Vitry , membre de laca- démie impériale & royale des fciences & belles-lettres de Bruxelles, fur Purilité des pétrifications , 414 Extrait du Mémoire de M. l'abbé HEMAPATEE de Vitry , pour Pi a PHifloire Naturelle du Tournaifis , 415 Lettre de M. le baron de Diétrich, a l'auteur de ce Recueil, fur La criflal- Lifation du fer, 417 “Aurores boréales , 420 Premier Mémoire fur les hygrometress par M. a bibliothécaire de la République de Geneve, 427 Réponfe adreffée à M. Quatremer Dijonval , concernant for Mémoire [ur lindigo ; par M. D***, 440 Lettre de M. Michel du orage doëleur-médecin , profeffeur royal de chymie en Puniverfité de Nancy, fur un moyen fémple de réduire l'or & l'argent en chaux , 447 Defcription de deux gobes-mouches , 449 Extrait d'une lettre de M. Magellan à M. de * ** , du 20 février 1778, fur le micrometre de M. Maskelyne ; 451 Nouvelles Lirtérares , 453 AP PR ONPBATT I OUR \ LÉ ’A1 lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage ayant pour titrez Obférvations fur la Phyfique, fur l'Hifloire naturelle & fur les arts, &c. Par M. l'abbé Rozrer , 6c. La collettion de faits importans qu'il offre périodiquement à fes Leéteurs mérite l'accueil des Savans ; en conféquence, j'eftime qu'on peut en n)PERSÈNE lim= preffion, À Paris, ce 29 Mai 1778. YALMONT DE BOMARE, id ET à" É ; ; AURAS (A Dé ae à be Lu NT He - K ré UE RATS Pi —SAerpes ete ide / #<êr rt ï 469 Ve SRE De a ra JOURNAL DE PHYSIQUE. || JUIN 1778. SUITE DU MÉMOIRE D'E MT R OJ:A. A hoRne Th CE HE: HUNET, L'apoplexie ne peut pas être la caufe de la mort des animaux fuffoqués par-les vapeurs meéphitiques. xcix ON a vu que la circulation arrêtée étoit capable de pro- duire la mort dans les animaux fuffoques par la vapeur méphitique du charbon. L’oreillette droite, le ventricule droit , les caves, rout le fyftême veineux dans tout le corps, fe trouvent diftendus & rem- plis de fang : les arteres en font prefque vuides ( X ). Ce n’eft pas feulement le cerveau qui en eft engorgé , mais tous les autres vif- ceres du bas-ventre aufli (XVIIT). Cet engorgement dans la tête a fait croire que par fa compreflion fur le cerveau il produifoit Papoplexie , & l’apoplexie, la mort. On trouve cependant d’autres engorgemens dans cet organe, qui font incomparablement plus graves fans que l’apoplexie furvienne. Les tumeurs, les inflammations , les épanchemens de fang , la dépreflion des os dans leur fubftance , en font une preuve. Une très-forte compreflion faite graduellement fur le cerveau d’un animal vivant par le trou d’une couronne de trépan, caufe lafloupiflement & non pas lapoplexie. Les expériences de M. l'abbé Fontana fur la compreflion des nerfs (2) méritent d’être lues à ce fujet. C. Quand on coupe la tête à une grenouille , elle vit très-long- temps. Expofez-la aux vapeurs du foufre qui brûle , après qu’on lui C1) Ricerche Filof, fopra la Fifica animale ; p. 170: 470 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, a coupé la tête, elle périra promptement : dans ce cas , il n’y a point d’apoplexie puifqu'il n’y a point de tête : mais laiflons les am- phibies. CI. Si on fait la comparaifon de tous les fymptômes de l’apo- plexie avec les fymptômes que nous avons remarqués dans les fuffo- qués , on verra qu'il n’y a de commun que l’affoupifflement, Doit-on pour cela donner le nom d’apoplexie à toutes les maladies foporeu- fes ? Ordinairement les perfonnes qui reviennent de lapoplexie reftent avec la paralyfie ou de la moitié du corps, ou de quelqu’autre partie ; cela n'arrive jamais dans les animaux qui font rappellés à la vie après avoir été fuffoqués par les vapeurs méphitiques. Cependant, il peut arriver quelquefois qu’une perfonne ait toutes les difpofñitions à devenir apopleétique , & qu’une moffette accélere l’apoplexie avant qu’elle furprenne l'individu fans autre caufe. Si on prétend que l’af- foupiflement produit par la vapeur du charbon foit appellé apoplexie, pour que tout le monde en convienne pour s’entendre, on pourra le faire fans inconvénient. Il refte à favoir fi c’eft ce degré d’apo- plexie ou cette apoplexie , fi l’on veut, qui fait fuccomber les animaux en fi peu de temps dans la vapeur du charbon. Nous allons le voir par des expériences faites fur les quadrupedes. CII. Je coupai tranfverfalement la trachée-artere à un chien, & je l’arrêtai de maniere qu’elle ne pût pas fe retirer fous les mufcles, Je mis une corde aflez grofle autour du cou fans comprendre la trachée-artere & je fis deux nœuds fur la nuque : cette corde étoit de foie afin qu’elle eût la plus grande force poñlible, & afin qu’elle pût s'appliquer facilement aux parties qu’elle devoit environner : je l’avois faite exprès de cette foie jaune qui na fouffeit que la premiere préparation en fortant de la coque : les fils n’étoient pas entortillés comme dans les cordes ordinaires, mais ils étoient retenus enfemble par un autre fil qui les entouroit en fpirales fuivant leur longueur : avant cette expérience, j'en avois perdu deux autres, parce que je m’étois fervi d’une corde ordinaire de chanvre, qui s'étoit caflée dans l'opération, Je pañlai enfuite fous les nœuds de Ja nuque un bâton de fer qui devoit fervir de tourniquet : celui-ci tournoit fur une petite plaqu: de fer blanc qui empêchoit que les rides de la peau ne fuffent des obftacles à fes circonvolutions. Ainfi, je ferrai la corde de maniere qu’il n’étoit pas pofñble de la pouvoir ferrer davantage. CHI. L'animal refta immobile & affoupi : en le frappant forte- ment fur le corps , il ne tentoit aucun mouvement : on voyoit les paupieres & les yeux fe remuer foiblement de temps en temps : on remarquoit auffi quelques petites convulfions dans les mufcles de la face. Au bout de trois heures , il commença à faire queique mou- | | SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 471 vement accompagné de tremblement dans les membres : fi on lappelloit fortement, il faifoit voir qu'il entendoit en remuant la peau du mufeau. Je ferrai alors davantage le tourniquet en faifant tirer toujours le bâton de fer & le cou de l'animal en fens contraire, CIV. Il a vécu vingt heures dans cet état miférable en refpirant toujours lentement ; il ne mourut pas non plus de foi-même. Je ne pouvois plus fupporter la vue d’un animal accablé de tant de maux & de fi longues miferes ; je lui attachai la trachée-artere pour le tuer. J'avois renoncé dans ce moment à l’art cruel de faire de fi triftes effais , & je déteftai mille fois ma cruauté. Quel droit, difois-je, avons-nous fur la vie des animaux, finon celui de la force? Ils font des êtres fenfibles comme nous, & ceux qui portent atteinte à leur fenfibilité font des criminels. Cependant , on eft fouvent forcé d’être cruel avec les animaux pour exercer davantage la pitié envers les hommes ; & fi nous en tuons tant de milliers tous les jours pour le fervice de nos tables, on eft plus en droit d’en facrifier quelques- uns pour le bien de l’humanité, Ces réflexions me tirerent de l’inac- tion dans laquelle j’étois refté plufieurs femaines & je repris le cours de mes expériences : avant d’en continuer le récit , il faut expofer la difleétion anatomique de l'animal précédent. CV. La ligature du cou avoit été fi ferrée que les mufcles & toutes les autres parties fe trouvoient écrafées contre les vertebres. La corde étoit tombée dans l’entre- deux des apophyfes tranfverfales de la feconde & de la troifieme vertebre , de maniere que les vaiffeaux vertébraux avoient toute l'apparence d’avoir été comprimés auffi. Les jugulaires étoient remplies de fang au-deflus de la ligature, & -vuides deffous : les carotides, au contraire , étoient remplies deflous , & vuides deffus. La fubftance du cerveau étoit engorgée d’une férofité fanguinolente, & fes vaifleaux remplis de fang. CVIL. Je préparai, en fecond lieu , un autre chien de la même maniere que Je viens de décrire ( CI1), & je le renfermai dans la grande caifle avec la vapeur du charbon. Il y mourut dans un quart- d'heure avec tous les fymptômes de cette moffette. Le cerveau étoit beaucoup moins engorgé que dans le cas précédent ( CV ). CVIL. Il eft vrai que dans la premiere expérience il y eut en- gorgement dans le cerveau (CV ), & que le fang ne put, finon entiérement , au moins en très- grande partie, pañler du cerveau dans la circulation ; mais depuis le moment de la ligature il n’en pafla plus de la circulation , ou au moins des carotides , qui font les vaifleaux principaux de la tête. Après cette confidération, je préparai un autre chien de la même maniere que le premier (CII); mais je dégageai les deux carotides , je paflai la corde par deffous, & je les laiffai libres fans les comprendre fous la ligature, L'animal 472 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; “auroit vécu très-long-temps, maïs je le tuai au bout de feize heures ; en lui ouvrant l’artere inguinale ; je le tuai de cette maniere plutôt qu’en lui attachant la trachée-artere , pour ne pas confondre les effets de l’étranglement avec les effets de la fufocation. Durant la vie, il a été afloupi comme le premier chien : la pulfation des carotides étoit fi obfcure , qu’elle reffembloit plutôt à un tumulte à peine appercevable, qu’à une vraie puliation alternative , dépen- dante de la fiftole & de la diaftole du cœur :c’étoit l’obftacle infur- montable que le fang trouvoit à paffer dans la tête. Toutes les parties extérieures de la tête même , étoient tellement engorgées de fang & de férofité, qu’elle paroïfloit comme un ballon. Le cerveau étoit extrêmement engorgé aufli , & on ne trouvoit point de férofité dans fes ventricules. Il eft donc évident que dans cette expérience le fang a continuellement frappé le cerveau par les carotides , & que fon retour a été empêché par les jugulaires & par les autres vaiffleaux. Il n’eft point furvenu d’apoplexie : fi elle avoit eu lieu, elle auroit tué l'animal en peu de minutes. CVIIT. Un autre chien préparé de la même maniere que ce der- nier ( CVII), eft mort en 17 minutes dans la vapeur du charbon : fon cerveau étoit infiniment moins engorgé que celui de l’animal précédent. CIX. Ces expériences que j'ai répétées plufeurs fois , font fi claires d'elles-mêmes, quil eft inutile de s'arrêter pour en tirer les confé- quences; ainfi, jen laïfle le foin aux leéteurs; 1ls pourront auffi porter leur jugement fur ce qu’on a dit relativement à l’apoplexie des pendus. Cependant |, on pourroit encore oppofer que la circulation dans animal du paragraphe CVII n’a pas été tout-à-fait interrompue dans la tête; qu'il eft fort probable que les veines vertébrales n’aient pas été comprimées , & qu’elles pouvoient reporter le fang dans la circulation ; que les veines qui rampent fur la moëlle épiniere, pou- voient en faire autant. Je fuis bien loin de nier poftivement cela ; au contraire, Je vois bien qu’il faut admettre le tout comme vrai; mais toutes ces veines, très-petites en elles-mêmes, dans l’état na- turel, ne font fufhfantes que pour recevoir & reporter au cœur le fang de leurs arteres-compagnes ; le diametre qui réfulte de la réu- nion de ces mêmes veines , eft infiniment plus petit que le diametre des jugulaires ; elles devoient donc, ces petites veines dont nous parlons , être chargées , dans l’expérience du paragraphe indiqué ci- deflus , de porter non-feulement le fang des arteres qui leur cor- refpondent , mais aufli le fang des carotides qui étoit fourni très- abondamment par ces vaifleaux laiflés hors la ligature. Or, il eft impoffible que cela fût arrivé fans la plus grande violence fur le cerveau par où tout ce fang devoit pafler avec une gêne aufli con- . fidérable : « SUR L’'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 473 fidérable : nous l’avons vu effeétivement par l'inaétion dans laquelle font prefque reftées les carotides; ce n’étoit pas de la pulfation qu’on fentoit en elles, c’étoit un trouble confus qui marquoit limpoffi- bilité que le fang trouvoit à franchir les routes. Ceperidant, malgré cette force aufli puiflante de la circulation, il n’eft point furvenu d’apoplexie. CX. A l'égard de la-compreffion des veines & des arteres verté- brales, j'ai trouvé, ou j'ai cru trouver par la difle@tion anatomique, qu’elles avoient été toujours comprimées par la corde. Je m'étois exercé fur les cadavres des chiens, à faire tomber la ligature entre les apophifes tranfverfales de la feconde & de la troifieme vertebre. Ces apophifes ne font pas aufli ferrées que dans l’homme : elles font affez écartées dans le chien pour recevoir une corde, & fur-tout une corde qui s’introduiroit par force. | CXI. Mais fi la circulation étoit prefque entiérement fapprimée de la tête dans le corps, & du corps dans la tête de l'animal du paragraphe que je viens de citer, comment a-t-il pu vivre auf long-temps? La queftion n’eft pas indigne d’être faite , & elle mérite quelque éclair- ciflement. Voici une expérience par laquelle on le verra d’un coup- d'œil, & par laquelle je finirai cet article. CXII. Je découvris d’abord les deux jugulaires dans un chien, &e je les liai en deux endroits pour les couper tranfverfalement dans le milieu : l'animal refta fort peu afloupi. Une demi-heure après, Je liai & je coupai de la même maniere les carotides & les jugulaires internes qui fe préfenterent en même temps; l'animal s’afloupit da- vantage : je mis l'intervalle d’une demi-heure pour faire cette fe- conde opération, afin de faire bien engorger le cerveau de fang. Je coupai enfuite la trachée-artere tran{verfalement, & la peau tout à l'entour du cou. Cela fait, je coupai circulairement autour des ver- tebres, de Ja même maniere qu'on pratique pour les amputations des extrémités dans l'homme, tout ce qui s’offroit de muafcles, des nerfs, & de toutes les autres parties molles, jufqu’aux corps des vertebres; mais je n'avois pas pénétré dans l’interftice des apophifes tranfverfales : alors , je. fis pafler le couteau entre les apophifes tranverfales de la feconde & de la troifieme vertebre, d’un côté , pour couper l’artere & la veine vertébrale, avec tout ce qui fe pré- fentoit de mufculeux, jufqu’à l'os; j'en fis autant de l'autre côté : j'arrêtai l’hémorragie de ces vaifleaux en tamponnant avec l'agaric & avec la pointe du couteau, l’entre-deux des apophiles tranfver- fales. Quand toute cette manœuvre fut achevée , il s'étoit écoulé quarante minutes depuis la ligature des jugulaires;, & dix. depuis Ja ligature des carotides. Dans cet état où 1l-n’y avoit autre com- munication entre le corps .de l'animal & la tête, que celle de la Tome XI, Part, I JUIN 1778, O0o 474 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, moëlle épiniere , il remuoit les paupieres , les yeux, les levres, & faifoit de grands mouvemens avec le corps. Il eff mort après une heure & un quart, depuis la ligature des jugulaires ; quarante-cinq minutes, depuis celle des carotides, & trente-cinq minutes après la récifcion circulaire des parties molles jufqu’aux vertebres & des vaifleaux ver- tébraux. Que de réfultars ne peut-on pas tirer de cette expérience pour la phyfiologie ! ( DR EC PR NL EN ENENEN ER Des routes que parcourt l'air pour entrer dans La circulation des animaux Juffoqués par la vapeur du charbon. CXIIT. Le fang écumeux & les gouttes d'air (XI & XVI) que je trouvois dans les veines pulmonaires, me firent penfer que fi les grands efforts que faifoient les animaux pour refpirer dans la moffette du charbon, étoient capables de cafler le poumon ( V }, ces mêmes efforts pouvoient auffi, par leur violence, pouffer l’air infeété de va- peurs méphitiques par les veines pulmonaires dans la circulation. La feule exiflence de cet air en étoit une preuve convaincante ; mais je voulus m’aflurer de la facilité de ce paffage par d’autres expériences. Les hommes fuperficiels trouvent minutieux tout ce qui pénetre un peu plus au-delà de la fuperficie : mais j'efpere qu’on ne m’accufera de détails fuperflus, quand on verra les grandes lumieres que ces mêmes expériences pourront apporter fur la partie phyfiologique de la refpiration. CXIV. Je pris un poumon frais de mouton avec le cœur ; je coupai ce dernier tranfverfalement, tout près de fa bafe. J’atrachai Pextrémité d’un gros tuyau à la veine pulmonaire, de maniere quil ne pouvoit pas glifler; à l’autre extrémité du tuyau étoit attachée une vefie entiérement vuide d’air. Un fecond tuyau, avec une au- tre veflie, fut attaché à lartere pulmonaire, & le bec d’un foufflet à la trachée-artere. Je commençai alors à introduire de l'air dans le poumon. Pour le remplir entiérement, il falloit vuider le fouf- flet huit fois : ainfi, pour ne pas faire de violence fur les véficules pulmonaires, j’ouvrois la canule du foufflet toutes les fix infufflations , pour en faire fortir l’air fuperflu : j’avois fait, pour ce même objet, un petit trou à une des plañches du foufflet, & deux petites blef- fures aux parties fupérieures du poumon droit & du poumon gauche. Je foufflai de cette maniere très-long-temps , avec la plus grande len- teur, afin que l'air ne prit pas de faux chemins , & pour imiter une refpiration paifible dans l’état naturel. Dans l’efpace de dix heu- res, j'avois rempli d’air, prefque de moitié , la veflie de la veine PET sur L’H1SsT. NATURELLE ET LES ARTS: 475 pulmonaire , fans qu’il en füt échappé une goutte dans celle de l’ar- tere. CXV. Je foufflai enfuite avec plus de force, d’autres poumons préparés de la même maniere que le précédent, & je rempliflois !a veflie de la veine pulmonaire en trois ou quatre heures de temps ; mais il s’en échappoit aufli une petite quantité dans celle de l’artere; jé pus l’évaluer tout au-plus à un ou deux pouces cubiques. CXVI. J'ai vu encore plus clairement le réfultat de cette expé- rience de la maniere fuivante. J'ai tué des chiens en leur liant la trachée-artere après l'avoir coupée tranfverfalement. Des qu'ils étoient morts, Jintroduifois de l'air dans le poumon avec le foufflet. Si je prenois les précautions que j'ai rapportées au paragraphe CXIV, je trouvois dans l'ouverture des cadavres les veines pulmonaires feu- lement remplies d’air: il ne falloit que dix à douze minutes pour en trouver une bonne quantité. Mais fi je foufflois avec force, comme dans le paragraphe CXV , je trouvois de l'air dans les veines- caves aufli. Cependant, il ne faut pas croire que cet air, qui étoit aflez abondamment dans les caves, fût entiérement venu de l’ar- tere pulmonaire. Je me fuis apperçu que lorfque les veines pulmo- naires étoient remplies de cet élément , il entroit dans l'aorte, & de-là pénétroit de la maniere la plus évidente dans les arteres coro- naires, pañloit dans les veines coronaires & fe répandoit dans l'oreillette droite dans les caves. CXVIL. Après cela, je changeai d’appareil pour un autre poumon également frais & de mouton. Le foufflet fut attaché à l’artere pul- monaire &c les deux tuyaux avec les veflies vuides d’air, àla trachée- artere & à la veine pulmonaire. En quatre heures de temps, je rem- plis d'air prefque les trois quarts de la veflie de la trachée-artere , -fans qu’il en fût paflé la moindre quantité dans celle de la veine, CXVIIT. Jattachai enfin dans un autre poumon le foufflet à la veine pulmonaire & les deux veflies avec leurs tuyaux à l’'artere pul- monaire & à la trachée-artere. En moins d’une heure, je remplis entiérement & avec la plus grande facilité la veflie de la trachée- artere, fans qu’il en füt pañlé une feule goutte dans celle de l’artere pulmonaire. ! CXIX. Toutes ces expériences ont été répétées plufieurs fois &c toujours avec le même fuccès. Ainfi, on ne peut pas foupçonner que dans toutes ces circonftances le paflage de l'air ait été fray € par la vio- lence , parce qu’ilaparcouru , dans tous les différens cas quenous ven nos d’expofer, toujours le même chemin fans jamais changer de route. CXX. Je n'avois travaillé jufqu’à préfent que fur des organes privés de vie, lil me reftoit à faire quelque,eflai fur les animaux vivans. J'attachai un foufflet à la trachée-artere que j'avois coupée QO00 1j 476 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; tranfverfalement dans un gros chien. Il ne me fut pas poffble de le tuer avec la plus grande force de l’infufflation pendant l’efpace de quatre heures : on fait même qu’en foufflant de cette maniere, mais avec plus de modération, on ranime les animaux qui font ex- pirans & on les fait vivre très-long-temps avec la poitrine toute ‘ouverte. Il faut remarquer que nous étions deux à fouffler, c’eft-à- dire, l’un après l’autre, & que de temps en temps nous nousrepofons qüelques minutes : dans l'intervalle l'animal prenôit de nouvelles forces & fortoit du grand abattement dans lequel il étoit pen- dant l'infufllation. Je le tuai en lui ouvrant la poitrine. Je ne trou- vai point d’air ni dans le cœur, ni dans les gros vaifleaux: maisil “étoit certainement pañlé dans le cœur, puifque j’avois foufflé incom- parablement plus de temps que dans les cadavres des chiens du para- graphe CXVI, où jen trouvois aflez abondamment : il avoit donc à pris la route de la circulation & s’étoit mêlé avec le fang. Voilà l'extrême prévoyance de la nature pour ne pas être chargée d’une grande quantité d'air élaftique fuperflu: nous avons vu avec quelle facilité le fang, même forti des vaifleaux, confume l'air athmof- phérique (XIII). CXXI. Mes efpérances ayant été fruftrées pour n'avoir pas vu d’air élaftique dans les routes de la circulation d’un animal vivant , je répérai la même expérience & de la même maniere: mais au lieu de deux perfonnes, nous étions quatre à fouffler pour nous fuccéder immédiatement l’une après l’autre & fans donner aucun inter- valle de temps. Durant l’opération l’animal a eu des convulfions to- niques dans tout le corps. Il eft mort au bout de trois quarts-d’heure. Jai trouvé beaucoup d’air dans le cœur & dans les gros vaifleaux, mais bien moins encore que dans les cadavres des animaux du para- gräphe CXVI Le fang étoit trèsnoir, prefque comme de l'encre; c'étoit l'air qui s’étoit confondu avec lui: tous les vifceres, qui en étoient engorgés, étoient d’une couleur très-foncée. Le fang qui | étoit dans le cœur étoit écimeux avec de très-grofes bulles d'air. CXXII, J'ai vu la même chofe dans le poumon d’un petit lapin: je lui coupai la trachée-artere tranfverfalement & je foufflai le pou- mon avec un petit tuyau. J’attachai allors la trachée-arteres dans le temps que le poumon fe trouvoit dans l’état d’une grande infpi- ration. L'animal mourut au bout de trois minutes. Je trouvai le cœur, les oreillettes & les’gros vaifleaux remplis de très-grofles bulles dair : j'ai oblervé plufieurs fois la même chofe, mais pas tou- jours conftamment . On voit la violence dans tous ces derniers effais. CXXIIL. Je ne veux pas entrer dans la célebre difpute, où lon agite fi dans l’état naturel law entre fous forme élaftique dans la Diet SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 497 eirculation (1) : il fuffit d’avoir démontré par les premieres expé- riences des poumons détachés des cadavres, qu’il y entre même fans violence: les fecondes expériences fur les animaux vivans font voir qu'il ne fe tient pas long-temps fous forme élaftique après qu'il y eft entré. Je ne doute pas qu'il n’y entre pas auf abondamment dans la toux, dans les courfes violentes, dans les grands efforts & dans les travaux extrêmement pénibles auxqnels les animaux font aflujettis : il n’en réfulteroit aucun inconvénient puifqu’il fe mêle avec le fang. Cependant, je fuis porté à croire qu'il exifte toujours une petite quantité d’air élaftique dans les vaifieaux fanguins des animaux vivans. Dès que l’animal eft mort, de quelque maniere que ce foit, on trouve les arteres vuides de fang ; leur diametre n’eft pas affaiflé; elles contiennent donc de l'air: il ne paroît pas pofñlible que cet air fe foit tout développé du fang immédiatement après la mort. J'ai imaginé des expériences qui peuvent décider la queftion; mais ce n’eft pas ici le lieu d’en faire ufage, CXXIV. Quoi qu'il en foit, il eft certain que l'air entre dans la circulation & fe mêle avec le fang. Il n’y a pas d’autre chemin pour y entrer que celui des veines pulmonaires (CXIV): il ne pour- roit pas pafler par les diramations de lartere, parce que le fang marche en fens contraire. Il faut aufi que l'air fuperflu , qui eft entré dans la circulation, en forte ; il n’y a d'autre chemin plus propre pour en fortir que les arteres pulmonaires, Nous avons vu que le paflage de l'air (CXIV) etoit très-difiicile du poumon dans les veines pulmonaires, qu'il étoit facile, de lartere pulmonaire (CXVIT) dans le poumon; & qu'il étoit extrémement facile (CXVIIL) de la veine pulmonaire dans le poumon. Cette circulation de l'air dans le poumon & dans les fluides des animaux , mérite certai- nement d’ultérieures expériences: c’eft aflez pour le préfent de faire voir que les vapeurs méphitiques peuvent entrer avec l’air dans la circulation du fang par les grands efforts que les animaux font obligés de faire pour refpirer dans les moffettes. PÉRAOMMSRICEAMEE. PEAR RES TIQUE; ‘Du traitement qui convient à rappeller à La vie Les animaux [uffloqués q PP. 7 par la vapeur du charbon. .CXXV. L'art de fecourir les hommes furpris par une mort appa- rente eft fans contredit la plus intéreffante partie de la médecine, L (2) Haller, Elém, Phÿfol, tom, IL 478 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les anciens, découragés apparemment par l’impoffbilité de vaincre la mort, s’en font peu occupés; mais il paroïît que les modernes fe font livrés aux foins les plus affidus pour fauver la vie à ceux qui auroient dû la perdre fans leur fecours. Parmi les derniers écrivains, M. Portal a été un des premiers qui a donné, par ordre de l’acadé- mie des fciences , d'excellentes remarques fur les fuffoqués par la vapeur du charbon (1). M. Harmant y a joint enfuite de favantes obiervations (2). Enfin, M. Sage, célebre chymifte, de la même académie, vient de nous donner des expériences qui font à préfent entre les mains de tout le monde (3). Il a paru en même-tempsun Ouvrage de M. Carminati, où l’auteur n’a examiné que les caufes de la mort (4). CXXVI. La méthode que M. Portal a propofée , eft certainement la meilleure qu'on connoifle jufqu’à prèfent. Elle n’eft pas tout-à-fait neuve; mais M. Portail cite lui-même les Auteurs où il a puifé les moyens curatifs. On doit beaucoup de reconnoïffance à ce favant médecin pour avoir recueilli des obfervations éparfes qui reftoient ftériles , pour les avoir rapprochées, èclaircies, & pour avoir fixé par-là notre lattention. Les principaux moyens qu'il propofe font 1°. la faignée des jugulaires; 2°. le vinaigre; 3°. expofer la perfonne fuffoquée au grand air; 4°. les afperfions de l’eau froide fur le vifage & fur tout le corps; 5°. l’infufflation dans les poumons (5). À l’égard du premier, on l'a combattu beaucoup : pour le fecond , on a cherché à laffoiblir par les loix de la neutralifation des acides avec les alca- lins; mais les trois autres font infaillibles, & on ne doit jamais s’en pañler dans le traitement des fuffoqués par les vapeurs mé- phitiques. CXXVIL M. Harmant a confeillé les afperfions d’eau froide fur le vifage feulement; mais je ne vois pas aflez de raifons pour ex- clure la furface du refte du corps; on augmente ainfi l’extenfion du remede & onle rend par conféquent plus efficace. Il a fait ufage auffi dé mixtures & de lavemens ; il expofe le malade au grand air; il défapprouve la faignée & les échauffans, &cc. CXXVIII. M. Sage, croyant que la caufe de la mort des animaux mr 1) 1774 — in-8°. CRE SN ne A ut (3) 1777 — in-8°. Expériences propres à faire connoitre que l'alcali volatil fuor eftle remede le plus efficace dans les afphyxies. ds +2 DRE He (4) De animalium ex mephitibus € noxiüis halitibus interitu ejufque proprioribus caufis petit in-foho, 1777. : (5) Chapitre IL, page 25 & fuivantes, cinquieme,édicion. .suR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 479 fuffoqués par la vapeur du charbon étoit un principe acide, a propoté comme fpécifique l’alcali volatil fluor pour le neutralifer. CXXIX. La même année que parut le Mémoire de M. Sage, mais avant fa publication, M. Hunter avoit propofé , entre lesautres moyens employés ordinairement, l’alcali volatil pour rappeler les noyés à la vie : il ne le donnoïit pas cependant comme neutralifant , mais comme fimple ftimulant (1). CXXX. Par la grande facilité avec laquelle on parvient à fuffoquer - les animaux avec les vapeurs méphitiques, on feroit tenté de croire qu'à préfent rien ne devroit être en queftion à cet égard ; que la mé- thode curative devroit être éclaircie, & que tout le monde devroit en convenir, Point du tout ; les expériences mêmes qu’on a faites fur les animaux, n’ont fervi qu’à jetter plus d'incertitude, & ont augmenté le nombre des difficultés. Jai cherché la caufe de cette difparité de fentimens, & je crois l’avoir trouvée : elle dépend de la variété du temps dans lequel on commence à employer les fecours de l’art fur les animaux qu'on a fuffoqué. Il arrive de là, que tout le monde aun remede à foi, & qu’on vante comme fpécifique. CXXXI. Je me fuis affez étendu fur ces préliminaires. Je m'en vais maintenant préfenter mes travaux tels que je les ai exécutés; ils ont été-très nombreux. Malgré cela, cette troifieme partie aura moins d’érendue que les deux précédentes, q'oique le nombre de chiens néceflaires à mes expériences, ait été plus confidérable dans cette divifion que dans les précédentes : elle renfermera trois articles, 1°. du temps qu’on prend des fignes de la refpiration pour employer les remèdes qu'on croit propres pour rappeller à la vie les animaux fuffoqués par la vapeur du charbon; 2° de celui qu’on peut préndre dans le même inflant que la circulation finit; 3°. de celui qu'on peut prendre avant que la circulation foit entiérement finie. AT CI GNL SE VTT Du temps qu'on prend des fignes de la refpiration pour employer les re- medes qu'on croit propres à rappeler à la vie les animaux fuffoqués par la vapeur du charbon. CXXXII. Rien de plus naturel que de commencer à fecourir un animal lorfqu’on le voit fans mouvement & fans refpiration dans une moffetté artificielle. Quand on l’a vu refter 5’’à 10” dans cet (1) Tranfaftions philofophiques, volume 66, Propofals for the Recovery of People apparently Drowned, + , 430 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; état, on doit certainement dire que l'animal eft furpris par la mort apparente & qu'il faut fe hâter de lui donner les fecours néceflaires pour le rappeller à la vie. Mais en examinant cette doërine plus pro- fondément, on verra, de la maniere la plus évidente, qu'il n’y « rien de plus dangereux ni de plus propre à nous induire en erreur. CXXXII. Nous avons vu (III) que vers les dernieres périodes de la vie, les refpirations deviennent très-éloignées les unes des autres ; on compte dans les intervalles d’une maniere très-irréguliere 154, 20", 257, 30", jufqu'à 40; mais rarement jufqu’à 304 ou 40!, dans les petits chiens, fréquemment dans les gros & vigoureux. Cependant , ces longs intervalles de 30“ & de 40! n’arrivent ordinairement qu’une feule fois dans tout le temps qne l’animal vit dans la moffette du charbon, celles de 10, de 15", de 17“ arrivent plufieurs fois. Après qu'il a fait une refpiration qui a été précédée de 30! ou de 40! il eft capable de refpirer encore avant de mourir, quinze, vingt fois : les intervalles de ces dernieres refpirations font aufi très - irrégu- liers; de 10", de.12", de 4°, d’1", de 84, de 107, de 17,.de 9”, de 7”, &c. CXXXIV. Suppofons donc qu’on retire un chien de la moffette après une refpiration qui doit être fuivie de 40! pour que Panimal en fafle une feconde & puis les autres fucceflivement avec l’ordre que nous venons de décrire (CXXXIII) Suppofons aufli qu'on le retire , ‘par exemple, 10" après cette refpiration qui doit être fuivie de 4”, il en refte encore 30 après lefquelles l'animal auroit refpiré fans aucun fecours, & même dans la moffette. Or, dans l'intervalle de ces 307 on peut attendre entore 10/ avant d’appliquer les remedes convenables , pour faire voir aux fpeétateurs que l’animal fe trouve dans un état de mort apparente : mais on n'attend jamais un aufh long-temps; on fe prefle tout de fuite de le fecourir dès qu’on le voit un petit inftant fans refpiration. Il refte encore 20" du total des 40", & fi on applique dans ce moment tel fecours que ce foit, lanimal en reviendra certainement, parce que fans cela il en feroit revenu auf, & il auroit refpiré fans avoir été fecouru en aucune maniere, Par conféquent, fi dans le cas préfent on veut atrribuer* la vie de cet animal au remede appliqué, on pourra prendre, fans fe tromper , comme fpécifique, les paroles myftérieufes qu'un ma- gicien prononceroit fur la tête des fuffoqués. Voilà où confifte la fource es méthodes difcordantes. CXXXV, J'ai retiré des chiens de la moffette du charbon quand je voyois que les refpirations étoient devenues bien éloignées. J'en ai retiré 8", 107, 15" après. une refpiration qui n’étoit pas fuivie d’une autre dans un des intervalles que je viens de citer. Je les ai couchés lentement fur une table : j'ai fermé les fenêtres & les en e la sur L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 481 de la chambre pour éviter le jeu de air qui auroit pu faire anticiper la refpiration de l’animal; tout étoit tranquille dans cet endroit, les affiftans mêmes étoient un peu éloignés , afin qu'ils ne puflent pas communiquer du mouvement à l’air avec leurs refpirations. Jai at- tendu dans une parfaite inaétion 10//, 15//, 20//, 25// après avoir couché ces animaux fur la table , & j'ai eu le plaifir de les voir revenir d'eux-mêmes après que ce temps étoit écoulé. J'en ai vu revenir aufñli après 2//, après 4/! mais je ne comptai pas fur ces dermers pour faire une application de ce qu’on a fuppofé dansJesparagraphe précédent. J'ai employé dix chiens pour cette expérience. CXXXVI. J'ai fait encore plus. Jai attendu que la grande refpi- ration, c’eft-à-dire, celle qui eft précédée de 25/7, 30// ou 40/7 d’in- tervalle, fe fût exécutée : alors, je comptois fimplement le nombre des refpirations fuivantes. J’ai retiré les animaux après quatre, après fix, après huit, après dix refpirations : ils font revenus toujours d’eux- mêmes & fans aucun fecours. Cette expérience a été répétée fur fix chiens. CXXXVII. Je remarquerai ici, que fi dans cet état, où la vie étoit bien près de s’éteindre, on verfoit une ou deux gouttes de vinaigre radical, ou d’alcali volatil fluor , dans la bouche ou dans le nez des animaux , ils périfloient fur le champ & fans efpoir de les rappeller à la vie par aucun fecours que ce foit. Quatre chiens qui refpiroient encore , font morts dans l'inftant que j'ai verfé deux gouttes de cesliqueurs, foit dans leur gueule, foit dans leur ner. J'ai retiré des poules de la moffette du charbon, après qu’elles s'é- toient roulées plufeurs fois avec des convulfions dans le fond de la caïfle , c’eft-à-dire, dans l'inftant où elles étoient bien maltrai- tées & près de mourir : elles refpiroïent encore , & dès que je leur eus verfé une goutte d’une de ces liqueurs dans la bouche, elles font mortes tout aufli-tôt après l'application. J'ai recommencé cette expé- rience {ur fix de ces animaux. Les grenouilles mêmes qui avoient été très-maltraitées dans la fumée du foufre , quoique vivantes, font mortes immédiatement après que je leur eus verfé une goutte de ces liqueurs dans la bouche. CXXXVIIL J'ai fait encore un autre eflai; j'ai dit que les ref- pirations qui fuivoient la grande refpiration de 30// ou 40/’, étoient très-irrégulieres (CXXXII), & de quinze ou vingt en nombre ; j'4- joute ici que la plus longue de ces dernieres ne va pas au-delà de 15/ à 17/4 Ainfi, après la grande refpiration, je comptois de l'inter- valle ou les fecondes qui s’écouloient entre toutes les autres fui- vantes : fans faire attention fi l’animal alloit mourir ou sil étoit mort, quand j’arrivois à une refpiration qui n’étoit pas fuivie d’une “autre dans l’efpace d'une minute entiere , je retirois alors l'animal , Tome XI, Part, I, JUIN 1778. Ppp 432 OBSERVATIONS SUR LA PHY31QUE, & je lui adminiftrois un des remedes connus pour ranimer les animaux fuffoqués : j’en ai employé une grande partie fur plufeurs animaux que je retirois dans cet inftant ; je n’ai jamais pu , en aucune maniere, avec tous les efforts, tous les foins & toute l'attention pofhble, en rappeller un feul à la vie. Je diminuai enfuite le temps : je les reti- rois après une refpiration qui n’étoit pas fuivie par une autre, après 307, après 25/7, & même après 20/, tout a été inutile; aucun remede, aucun foin, n’étoient capables de les reflufciter, & cette der- niere refpiration n’a jamais été fuivie par une autre, laquelle, fi elle avoit eu lieu, auroit certdinement ranimé l’animal, Douze chiens ont fervi pour confirmer cette expérience. CXXXIX. L'infidélité de ce procédé, & l’impofñfbilité d’avoir une expérience füre & non fufpeéte, en voulant fe régler par les fignes de la refpiration, me mit dans la néceflité de trouver un autre moyen qui ne fût pas fufceptible de ces inconvéniens. Je vais le détailler dans l’article fuivant. ART ol" ON bEAUX. Du temps qu’on peut prendre dans le même inflant que la circulation finie, pour employer les remèdes qu'on croit propres à rappeller à la vie les animaux fuffoques par la vapeur du charbon. CXL. Il n’y a certainement d’autres moyens plus fürs, pour ne pas fe tromper dans ces fortes d’expériences, que de prendre la circulation pour fon guide; elle eft le principal moteur de la vie, & ne dépend pas de la volonté de l'animal : la refpiration, au con- traire, étant fubordonnée à une puiffance volontaire, ne peut agir que fuivant le befoin, & le befoin étant contrarié par quelque caufe que ce foit, il ne doit être rien de plus inconftant que les périodes de la refpiration, & cette inconftance doit nous tromper à tous égards. Mais comment faire pour avoir le corps de l'animal hors la moffette, & pour lui faire refpirer l'air de la moffette en même-temps ? J'avois exécuté ce projet dans l’expérience du paragraphe XLIII; cependant ;, ce n’avoit été qu'en coupant tranfverfalement la trachée-artere. Dans cette occafion, il faut que l'animal ne foit pas bleffé en aucune ma- niere, afin que les bleffures ne contribuent pas à altérer fon écono- mie. CXLI. Je fis conftruire un tuyau affez large de fer-blanc , & courbé à angle droit. L’extrémité d’une des branches entroit dans l'inté- rieur de la grande caïffe par un trou pratiqué à fa partie inférieure : après qu’elle y fut bien arrêtée, je calfeutrai l’efpace entre ce trou & le tuyau, pour fermer le pañlage à l'air extérieur, L'extrémité de SUR L’H1IST, NATURELLE ET LES ARTS. 433 l’autre branche finifloit par un très-petit entonnoir qui tomboit per- pendiculairement fur une table plus baffle que la hauteur à laquelle étoit élevée la caifle. Après cet appareil , je pris une veflie des plus grandes que je pus avoir , & j'en coupai tranfverfalement le col & le fond , de maniere à laifler deux grands trous aux deux extrémités de fon axe. Je fis paffer alors la branche du tuyau qui portoit à fon extré- mité le petit entonnoir, dans l’intérieur de la veflie par le trou de fon fond; j'en attachai le bord circulairement avec de la ficelle autour de la même branche, & à une petite diftance de l’enton- noir, afin que toute communication à l’air fût interceptée. Je laïfferai ici cette machine pour la reprendre après avoir décrit la fituation de l'animal. CXLII. Il étoit couché fur le dos & fur la table dont nous ve- nons de parler. Le mufeau étoit attaché avec une corde, dont le milieu appuyoit fur le nez; les deux chefs venoient faire un feul nœud fous la mâchoire inférieure, & de là, replioient pour être fixés derriere l’occiput avecun nœud & avec un nœud coulant. Les deux pattes poftérieures étoient attachées à l'extrémité de la table , & les antérieures aux deux côtés. Dans cette fituation , j’approchois la table avec l’arimal fous la caifle, de maniere que le mufeau fe trouvoit placé fous le petit entonnoir du tuyau. Je faifois pañler enfuite la tête dans l’intérieur de la veflie par l’autre trou que j'avois fait à fon col, & j'en faifois venir le bord jufqu’au col de l’animal. Avant d'arrêter la veflie, je défaifois le nœud coulant de la corde qui attachoit le mufeau derriere l’occiput, afin qu’on püût la défaire plus promptement quand l'opération étoit finie. Cela ainfi préparé , un aide fort & expérimenté appliquoit la paume de la main gauche fous l’oc- ciput , faifoit venir le pollex du côté d’une oreille contre la mâchoire inférieure, & les autres doigts du côté de l’autre oreille, également contre la mâchoire inférieure; la paume de la main droite s’appliquoit auffi contre la mâchoire inférieure , & fes doigts alloient rencontrer les doigts de la main gauche pour former une efpece d’anneau qui arrê- toit la vefñe contre les os, fans comprimer la trachée-artere. Le mu- feau de l'animal étoit logé dans le petit entonnoir , & il ne pou- voit refpirer que l’air de l’intérieur de la caïfle , où étoit placé du char- bon allumé. On voit par ce que je viens de dire, que je n'ai pu me fervir que de chiens dans ces expériences, pour la facilité d’envelopper leur mufeau dans la veffe. CXLHI. Dans les premieres minutes que l'animal refpiroit l'air mé- phitique, il faifoit trois ou quatre fois des efforts pour fe délivrer ; alors l’aide qui régloit la tête avec la veflie, redoubloit auff fes efforts pour l'arrêter, & d’autres aides en arrêtoient les pattes & le corps avec les mains, Après huit ou dix minutes qu'il avoit refpiré Pppi 484 OBSERVATIONS SUR LA:PHYSIQUE; cet air, il fe trouvoit tellement affoibli (XLIV ), qu'il ne fafoit - plus de mouvemens, & s’il en faifoit, ils étoient très-légers, & on les arrêtoit très-facilement. Dans cet état, pour délivrer de la gêne les mufcles du bas-ventre & de la poitrine, & pour laifer libres les forces de la refpiration, je faifois dénouer les pattes de l'animal, qui ne tentoit à s’en fervir en aucune maniere; j'en laiflois une des antérieures attachée feulement & celle qui n’étoit pas trop à la portée de pouvoir être arrêtée par les aides, dans le cas de quelque mou- vement. CXLIV. Dès que j'avois enveloppé la tête de l’animal dans la veñe, je m'occupois à chercher l’artere crurale dans laine, & je la gar- dois fous mes doigts depuis le commencement jufqu’à la fin de l'o- pération. Vers le commencement, où ni la refpiration ni autre chofe n’étoient altérées dans l'animal, il falloit beaucoup &attention pour fuivre les pulfations de l’artere. Lorfque la refpiration devenoit difi- cile, l'artere fe remplifloit, fe gonfloit, deyenoit dure , & les pul- fations étoient très- violentes. À mefure que la refpiration devenoit encore plus forte & plus gênée , les pulfations devenoient auffi plus impétueufes ; il fembloit que ce fñt une injeétion de mercure poufé avec la plus grande force ; on voyoit évidemment la communica- tion du mouvement jufqu’à la derniere extrémité de la patte ; le ,mou- vement du cœur étoit aufli très - violent, & il foulevoit vifiblement toute la poitrine. Lorfque la refpiration employoit des périodes éloi-. gnées à fe fuivre , les pulfations reftoient toujours fortes, mais elles devenoient très-irrégulierement intermittentes : dans ce cas, la plus grande diftance que j’aye pu mefurer entre une pulfation & une autre, a été de 27, rarement de 3°. | CXLV. Quand l’animal approchoit de la mort, les pulfations per- doient leurs intermittences,, & fe fuivoient avec une fréquence extrême: peu de temps après, le pouls baïfloit infenfiblement, de manière qu'il paroiïfloit fe profonder; on en perdoit les traces par degrés, & l'animal périfloit dans l’inftant, Cette décadence du pouls eft un figne Ë qui annonce la mort très-prochaine d’une maniere tres-évidente ; om _" ne peut pas fe tromper , & il n’eft pas néceflaire de s’être inftruit fur, plufieurs animaux pour s’en appercevoir d'avance; une fois qu’on en. a fait l'eflai, on ne fe trompera pas la feconde. . Cependant äl y a des cas qu'il faut excepter , comme on le verra dans le para- graphe CL. CXLVI. Si on veut tenter des moyens pour rappeller à la vie les animaux fuffoqués, n’eft-ce pas dans ce moment où la circulation finit, qu'il faut les employer? On ne doit certainement pas les ad- miniftrer avant. La circulation étant en jeu, on ne peut pas dire ‘ que lanimal fe trouye dans un état de mort apparente : quoiqu'on : À | } | Sur L'H1ST, NATURELLE ET: LES ARTS. 485 le puifle voir fans mouvement & fans repiration, on ne doit pas dire qu'il eft furpris par, une véritable mort apparente, laquelle tout- au plus peut avoir ce:nom, pour ce qui appartient aux yeux; mais pour ce qu’on doit appeller vraiment une mort apparente, ce doit être la ceflation de tout mouvement, de la refpiration, & du pouls en même-temps. | CXLVIL Ç’adonc été dans ce même inftant où la circulation. vient vient à peine de finir ; que J'ai commencéà mettre énufage les remedes les plus: vantés. Il:eft, inutile d’entrer, dans tous les détails de Ja maniere dont je les-admimiftrés, parce .qu'ils ont été. infruétueufe- ment employés. Il n’y a point de foins, point de moyens, point de méthode bonne ou mauvaife, fimple ou compofée , que je n’aye mis à l'épreuve. J'ai redoublé d’autant plus mes efforts, qu'il falloit certainement croire que fi je trouvois. quelque remede qui m’eût rendu les animaux à a vie, il. falloit lui donner la préférence fpé- cifique fur tous les autres. Le nombre , des chiens que j'ai prétendu fecourir dans cet état, Amonté à, 23. Je n’ai pas.été aflez.heu- reux pour en pouvoir fauver un feul. Voici un fommaire des moyens que j'ai employés. CXLVIIL. J'ai commencé par l'infufflation dans le poumon; elle a été faite avec toutes les précautions qu’on trouvera dans l’article fuivant. Jai expofé -les animaux au grand air, & pour imiter le vent ou de flux & reflux de cet: élément, je pouflois l’air.avec un foufflet fur la figure & fur le corps. Jai continué très-long-temps les afperfions d’eau, les immerfons de tout le corps dans l’eau froide , l'application de la glace fur le corps, la faignée des jugulaires, le vinaigre, le vinaigre radical, l’éleétricité en toutes les manieres, la fumée de tabac dans les inteflins , les layemens irritans de diffé- rentes efpeces , l’émétique. J'ai verfé quelque! gouttes d'alcali volatil fluor, tantôt dans la bouche, tantôt dans le nez, ou feul ou avec une meche de papier ; j'en ai injeété dans l’eftomac & dans les in- teftins par l'anus avec de l’eau ; j'en ai injefté auf deux gouttes avec une demi-cuillerée d’eau dans le poumon, par la trachée-artere , que j'avois percée exprès pour cela; j’en ai préfenté fimplement aux narines : cependant , j'étois perfuadé que. lalcali volatil n’avoit point de force fur les nérfs de l’odorat & fur le, cerveau, quand on le préfentoit au nez & qu’on. interceptoit. la refpiraüon. M. l'abbé Fontana me l’avoit fait, remaquer (1); c’eft une expérience très- facile à faire : qu'on préfente un flacon avec de Valcali volatil tout près des narines , mais qu’on fufpende la refpiration dans cet inftant, l’odorat (1) On peur confulrer fon Traité fur les mouvemens de l'Iris, 486 OBSERVATIONS SUR LA, PHYSIQUE, ne fera affeété en aucune maniere par la force de laleali; on peut même en faire tomber une goutte dans une des narines, dans le temps qu’on ne refpire pas; on fentira une fenfation prefque brûlante dans la feule place où eft tombé ce fluide, mais il ne pénetre pas comme il fait lorfqu’on le tire avec la refpiration. Je le fis développer à cet effet par une cornue, dans laquelle étoient les matériaux néceffaires, & fous laquelle étoit placée une lumiere, afin que par fon aéhivité 51 pénétrât les parties des narines fous forme d’air; de cette maniere jen fis entrer aufli dans les inteftins : j'en fis autant avec l’air acide; celui-ci fut appliqué long-temps contre le nez, & pour un petit inftant dans les inteftins. CXLIX. Il faut donc établir que dans ce moment les animaux font vraiment morts, & qu'il faut renoncer à tout efpoir de les fau- ver. C’eft ce qui m'a fait dire dans le commencement de ce Mémoire, qu'il étoit impoffble de produire la mort apparente dans les animaux : j'ai dit que j'en avois des doutes pour l'homme auffi; mais je n’ai aucune obfervation fur ce dernier. On 4 des exemples d'hommes qui font rettés plufieurs heures fous l’eau, & qui font revenus à la vie après en avoir été retirés : il y a cependant des obfervations qui rendent les faits fufpe@s; des perfonnes qui font reftées plufieurs jours fubmergées , & qui ont été pareillemenr rendues à la vie après qu’on les a remifes dans l'air athmofphérique. Je ne veux pas entrer dans ces fortes de difcuffions, n'ayant aucun fait à ma connoiffance : ainfi, je ne donne pour certain que mes expériences : cependant, pour avoir des connoiffances fur les fignes de la mort apparente en général, je confeille de lire les ouvrages de M Winflow (1) & de M, Louis (2) AVR:T' AH CALE NX. Du temps qu'on peut prendre avant que la circulation foit entiérement finie, pour employer les remedes qu'on croit propres à rappeller à la vie les animaux fuffoqués par la vapeur du charbon. CL. Nous avons dit au paragraphe CXLV que la décadence du pouls, figne infaillible de la mort inftantanée de Panimal , étoit pré- cédée par une viteffe extrême des pulfations; que le temps qui s’é- coule depuis cette fréquence de l’artere jufqu’à celle où le pouls baïffe & fe perd, ne vas pas au-delà de 8” à ro", & que l'animal meurt. (1) De l’incertirude des fignes de la mort, (2) De la certitude des fignes de la mort, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARrs. 487 On voit donc que cetre vîteffe eft le temps le plus prochain de la mort ; & qu'on ne peut pas en prendre un autre qui en foit plus près. Par conféquent , cette fréquence même fera un figne qui fervira de guide pour délivrer l'animal de la vefñie, & pour lui donner du fecours. Cependant il y a des cas où la vitefle du pouls, également que fa décadence, ne fe font pas fentir aflez manifefement pour nous an- noncer la mort : cela arrive, 1°. lorfque la moffette eft trop lente; il faut donc qu’elle foit bien forte pour ces fortes d'expériences, & qu'il n’y ait aucune communication de l'air extérieur ; une mof- fette légere ne produit pas tant de violence dans la circulation, & alors les fignes que je viens d'indiquer , peuvent ne pas être auffi fen- fibles que je l’ai remarqué : 20, lorfque l’animal eft trop jeune : 3° lorfqu’on veut fe fervir une feconde fois d’un animal qu'on a déjà reflufcité par la méthode que nous allons décrire, Quand il arrive un de ces cas , ne pouvant pas compter fur cet animal, on eft obligé de refaire l'expérience. CL. Il faut remarquer auffi que s'il ne faut pas beaucoup d'expé- riences pour connoïtre la décadence du pouls ( CXLV }, ilen faut beaucoup pour connoître la vitefle qui la précede : il faut s'être exercé fur plufeurs animaux, parce qu’on pourroit fe tromper avec quelqu’autre irrégularité qui ne foit pas celle dont nous parlons. Le moyen le plus sûr eft que deux perfonnes appliquent leurs doigts fur les deux arteres des deux cuifles : fi l’une peut - être fe trompe , l'autre ne fe trompera pas. Ce qu'il ya de fâcheux dans cette opéra- tion, c’eft la difficulté d’avoir plufeurs aides tous adroits & expéri- mentés. CLIL. J'ai délivré les animaux dans l’inftant que J'appercevois dans la pulfation cette extrême vitefle qui précede la décadence du pouls & la mort de l’animal. Pour avoir des exemples de comparaifon avec les remedes que je devois employer, je les ai laiflés d’abord couchés fur la table fans leur donner aucun fecours, comme j’avois fait des animaux du paragraphe CXXXV, mais avec un réfultat différent ; ceux- là revenoient d'eux-mêmes, & de ceux-ci qui ont été au nombre de fix, n’en ai pas vu revenir un feul. CLIII. Nous voilà à préfent dans l’inftant où il faut adminiftrer les fecours néceffaires. Il faut les avoir tout près : il faut que les aides foient prompts pour exécuter immédiatement les ordres qu’ils recevront par celui qui eft à l’obfervation du pouls : un inftant qu'il échappe , tous les remedes pourront devenir inutiles, CLIV. J'ai commencé aufl par l’infufflarion dans le poumon. Dès que je donnai l'ordre, l’aide qui tenoit la tête de l’animal la retiroit de la vefñie : un autre introduifoit dans la bouchele tuyau d’un fout- flet, & un autre enveloppoit le mufeau d’une bande de veflie mouil- 488 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c: lée qu'il entouroit avec les mains pour ne pas laïfler fortir l'air que le fecond aide poufloit dans le poumon avec le foufft : toute cette manœuvre étoit faite dans l’inftant. Je faïfois faire deux copieufes infufflations, mais régulieres & fans précipitation. Enfuite je faifois défaire un peu la ‘bande de la vefie pour faire fortir l'air fuperflu en preflant très - doucement la poitrine avec la main. Si dans cet intervalle l'animal refpiroit, je faifois fufpendre les in- fuflations; mais s'il ne refpiroit pas, j'en faifois faire deux autres; j'ai rencontré des cas aufli où j'ai été obligé d’en faire exécuter encore deux autres une troïfième fois. De cette maniere, rarement mes efpérances ont été trompées : l’animal commençoit petit à petit à refpirer, & j'avois prefque toujours le plaifir de le voir revenir à la vie: s’il en eft mort quelqu'un, c’étoit lorfque linfufflation- n’étoit pas adminiftrée avec la plus grande vîtefle poffible. Je parlerai plus bas des autres remedes que j’employois après l’infufflation dans le poumon, & après que les animaux commençoient à refpirer plus facilement & à reprendre les forces & le fentiment intérieur. CLV. Ayant donc effayé fi heureufement l’infufflation par la bouche, je voulus voir fi fans elle on pourroit ranimer les animaux fuffoqués avec d’autres moyens. C’étoit le grand air agité par le vent qui devoit fuivre : mais fi j'eufle perdu le temps de tranfporter l'animal jufqu'à la fenêtre ou jufqu’à la porte, il auroit eu le temps de mourir effeétivement, Ainfi, je penfai alors à fouffler à une cer- taine diftance avec un foufflet fur la figure & fur le corps de l'animal pour imiter le mouvement de l'air. De cette maniere, j'en ai fauvé plufieurs, mais pas auffi conftamment que par l'infuffla- tion. CLVI. Jai employé enfuite les afperfions & les bains d’eau froide, l'application de la glace fur différens endroits du corps, mais infruc- tueufement. Je ne parle pas de la faignée à la jugulaire, parce qu'il faut trop de temps pour l’exécuter & l’animal meurt. Le vinaigre, le vinaigre radical , l’alcali volatil fluor ont été également infruc- tueux : je les ai appliqués féparément fur différens animaux & de toutes les manieres que j'ai rapportées au paragraphe CXLVIIL CLVIT. Cependant , lorfque les anmaux reviennent à la vie par l’infufflation dans le poumon, tous ces remedes, qui agiflent comme ftimulans (1), deviennent extrêmement utiles. :Les refpira- ER + : (1) M. Bucquer, dans un Mémoire fur les fuffoqués, qu'il a lu à la derniere féance publique de la fociéré royale de médecine, a prouvé que l’efprit de vinaigre ou le vinagre radical, l’alcali volatil, & autres médicamens fpiritueux, n'agifloient pas autrement que comme flimulans, : tions sur L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 489 tions qui ne fe fuccedent pas avec trop de fréquence dans le commen- cement , deviennent plus fréquentes par leur application : les forces & le fentiment intérieur qui tardent beaucoup à revenir quand on laïffe agir la nature toute feule après l’infufflation, reviennent bien plus promptement lorfqu’on adminiftre ces mêmes remedes. Il eft incon- cevable de quelle utilité font les afperfions d’eau : le vinaigre, tout fimple qu'il eft vis-à-vis les autres médicamens fpiritueux , aide infiniment à faire reprendre les forces : mais le vinaigre radical, & fur-tout lalcali volatil, operent bien plus efficacement quand ils font font adminiftrés prudemment. CLVIIL. Je n'ai pas ofé verfer de l’alcali volatil fluor tout pur dans la bouche ou dans le nez : les animaux du paragraphe CXXXVIIT, que j'avois vu périr , m’avoient juftement intimidé, Je n'ai pas même ofé le préfenter trop près des narines, de peur que l'animal ne fit quelque forte infpiration : tout le monde con- noît la fenfation défagréable & douloureufe qu'on éprouve lorf- qu’on approche trop des narines l’alcali volatil, & qu'on le ref- pire avec trop de force: de cette maniere , un homme robufte peut être renverfé par terre. Par la même raïfon, je n'ai pas voulu l'appli quer en le faifant développer par une cornue. Cependant on ft- roit pu fe fervir avec moins de crainte de l’eau de Luce, parce que dans le cas d’une forte infpiration, elle auroit produit fon effet fans caufer aucun mal. Je m'imaginois pourtant que lalcali volatil fous forme d’air & délayé dans l'air commun, pouvoit être plus avanta- geux. À cet effet , je pouffai la valvule du foufflet avec le doigt, & je verfai de l’alcali volatil dans fon intérieur; je foufflai alors contre la figure & contre le nez ; j'en fis autant avec le vinaigre radical, & même avec le fimple vinaigre. On peut pas croire comme cette maniere réuflit bien pour accélérer la refpiration , pour faire acquérir les forces & pour rappeller promptement le fentiment intérieur. CLIX. Par tout ce je viens d’expofer , il eft facile de compren- dre que tous ces remedes né font que des remedes fecondaires ; qu’on ne doit pas les regarder comme principaux ; que malgre cela on ne doit jamais les omettre après l’infufflation ; que celle-ci doit être employée par préférence à toute autre chofe & fans différer un feul inftant, & qu’enfin il faut très-peu compter fur les autres méthodes, lorfque V'infufflation n’a pas produit fon effet. CLX. En travaillant fur les caufes de la mort des animaux fuffo- qués par la vapeur du charbon, je m'étois appefanti fur cette ma- tiere , & j'avois fait tant d'expériences , parce que je croyois avec aflurance que fi on pouvoit trouver la véritable caufe de la mort, il ne feroit pas difficile de démontrer quelremede devoit être préféré Tome XI, Part, I. JUIN 1778. Qaq 490 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; À tous les autres: je croyois par conféquent , que je travaillois fur uñ objet plus utile que curieux. Je ne me fuis pas trompé: les véficules du poumon font affaiffées , il faut commencer par les dilater :, ef la feule infuflation qui peut produire cet effet uans linftant. Cette méthode , quoique fort ancienne & quoiqu'elle ait donné la vie à plufieurs hommes étouffés , a été néanmoins en général où nésligée, ou mife en pratique après tous les autres remedes qui ont été peut-être meurtriers par eux-mêmes, où au moins, On à perdu en les employant un temps précieux, & la vie du malade s'en eft échappée avec l’occafion. Hales, en admettant pour caufe de la mort, Pélafticité perdue de l'air , a établi auffi l’affaiflement où laplatife- ment des véficules pulmonaires qui ne pouvoient pas être dilatées par toute la force des mufcles de la poitrine. Il avoit fait une expérience avec laquelle il croyoit prouver contre les anciens linfufifance de leur efprit aérien ou principe vital (XX); mais il a prouvé évidem- ment la conftriétion des véficules pulmonaires : il avoit attaché une veffie pleine d’air à la trachée-artere d’un chien ; lorfque l'animal avoit confommé par la refpiration une grande partie de l'air, 1l paroiïfloit s'approcher de la mort; mais en preffant la veflie avec la main, & en iffant l'air vers le poumon, il reprenoit de nouvelles forces & paroïloit fe ranimer. CLXI. Doit-on faire toujours l’infufflation par la bouche, par le nez? Doit-on faire quelquefois la trachéotomie ? L'air pouffé par la bou- che ou par le nez entre direétement dans le poumon; il ne peut pas entrer dans l’eftomac , parce que le larynx comprime Péfo- phage : on eft obligé de lever le larynx lorfqu'on veut faire la dé- glutition. Il peut prendre cependant les routes des voies alimentaires quand le poumon en eft rempli. Voilà une expérience qui le fera voir d’un coup-d’œil, CLXIL. J'ouvris la poitrine à un chien qui venoit de mourir ; je ne touchai point au cou & aux clavicules, Je coupai tranfverfalement la trachée-artere dans l'endroit où elle fe fépare en deux pour former les bronches. Je coupai auffi l’éfophage à la même diftance : j'atta- chai par le moyen de deux tuyaux féparément à l'extrémité fupérieure de l’une & de l’autre, deux veflies entiérement vuides d'air. Je fis alors pouffer de l'air avec un foufflet dans la bouche, qui étoit en- touré par une bande d’une autre vefñie (CLIV); l'air remplit d’abord la vefie de la trachée-artere fans qu'il en füt paffé la moindre quantité dans la veflie de l’éfophage ; mais en pouflant avec plus de force , lorfque la veffie de la trachée-artere étoit remplie , on remplifoit aufü la veflie de l’éfophage : c’eft la raïfon pour laquelle je n'ai fait ue deux infufflations dans mes animaux (CLIV). Cette expérience a èté répétée toujours avec le même fuccès, SUR L’HiST: NATURELLE ETLES ARTS. 491 CLXII. M. Portal préfere l'introduétion de Fair plutôt par les färines que par la bouche. Ce font cependant deux chemins dont nous nous fervons indifféremment dans l’état naturel pour exécuter la refpiration ; tantôt nous refpirons par la bouche , tantôt par le nez & tantôt par l’une & par l’autre : il eft donc indifférent de faire l’infufflation par la bouche ou par le nez. Mais le tuyau qui doit introduire l'air dans la bouche, peut pénétrer jufqu’à la bafe de la langue & peut baïfler l’épiglotte. Outre que cela r’eft pas auffi facile , il n’eft pas néceffaire de faire cette introduétion auf pro- fonde : il fuffit que le tuyau pañfe les dents: de cette maniere, lorf- qu’on tient la tête ni trop élevée ni trop baïflée , afin que le larynx garde fa place , l'air pañle avec la même facilité par la bouche que par le nez. CLXIV. Il feroit fuperflu de m’arrêter à prouver l'inutilité de la trachéotomie. Quand on peut remplir le poumon d’air par les voies naturelles, il neft pas néceflaire de recourir à une opération dangereufe : il faut donc la profcrire abfolument du traitement des animaux fuffoqués. L’unique chofe qu'on pourroïit craindre dans lin- fufflation par la bouche ou par le nez , feroit que quelque portion d’air ne pafsät dans l’eftomac : quand on fait l'opération fans beaucoup de violence , cela n'arrive pas, & quand même il arriveroit , y auroit-il un grand mal ? CLXV. Je finirai mon Mémoire par faire fur. l'homme lappli- cation des moyens que j'ai décrits pour les animaux. Lorfqu'il fe préfente une perfonne fuffoquée par la vapeur du charbon ou par tout air méphitique que ce foit, il faut toujours commencer par linfufflation dans le poumon. On trouvera par-tout un foufflet : on introduira le bout du tuyau dans la bouche & on foufflera lente- ment , dans le temps qu’un aide ferme les narines & les levres contre ce même tuyau. Après avoir fait trois ou quatre infufflations , fuivant la prudence de l'opérateur , on retirera le foufflet & on continuera à pouffer de l'air À une certaine diftance avec cette machine contre la figure du malade : on obfervera dans cet intervalle s’il fait la premiere infpiration : dans le cas qu'il la fafle, il faut cefler les infufflations , continuer à fouffler contre la figure & employer en même-temps les autres remedes que nous allons décrire : dans le cas qu'il ne la fafle pas encore , il faut recommencer les infufflations dans le poumon & faire enfuite de nouveau tout ce .que nous venons de dire. Il faut continuer ce traitement jufqu'à ce que le fuffoqué refpire. L CLXVL. Si on ne trouve pas un foufllet ,.on peut alors de ferwir d’un tuyau à vent quelconque, on appliqueroit une extrémité dans la bouche du malade , tandis qu'un autre perfonne fouffleroit avec la bouche par l’autre extrémité, Une pipe, un morceau de roféau ; Qqqi La 492 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; une gaine de couteau , dont on couperoit la pointe, feroït le même office , dit M. Portal (1). On a fait la même chofe en appliquant la bouche d’une perfonne vivante contre la bouche d’une perfonne fuffoquée ; en foufflant de cette maniere dans le poumon, on l'a rappellée à la vie. Cependant , quoique je ne craigne pas que l'infufflation humaine produife un grand dérangement dans le pou- mon par fon acidité, parce que la force qui épanouit les véficules pulmonaires prévaut fur fa mal-faifance , j’aimerois mieux qu'on püt avoir un foufflet pour introduire de l'air frais plutôt que de l'air chaud. CLXVIL. On entend bien qu’on aura ouvert immédiatement les portes & les fenêtres de la chambre où fe trouve la perfonne fuffo- quée pour changer l'air infeëté de vapeurs méphitiques, ce qui tient lieu auffi de remede principal : cependant , pour ne pas perdre de temps, on commencera les premieres infufflations dans le même en- droit , & on la tranfportera enfuite à l'air libre, fi on croit que l'air ne foit pas’aflez changé par le flux & le reflux qu’on auroit établi par les portes & par les fenêtres : dans ce paflage, il ne faut pas beaucoup fe- couer le malade , & même en marchant on continuera à fouffler contre la figure , ce qui fera le même effet que le grand air en mouvement. CLXVIIL. Si après les premieres infufflations la perfonne ne refpire pas , & fi on a un fecond foufflet, en déprimant la valvule de celui-ci , on peut. verfer dans fon intérieur ou de lalcali volatil , ou du viaaigre radical , ou quelqu’autre liqueur fpiritueufe, & même du vinaigre fimple , fi on n’a pas autre chofe : de cette maniere , en foufflant contre la figure & contre le nez , ce fluide pénetre avec plus de force & de régularité fous forme d’air (CLVII). Si la perfonne refpire après les premieres infufflations , on peut verfer une de ces liqueurs dans le premier fouffler , pour poufer : toujours l'air, mais à une certaine diftance contre la figure : nous avons vu dans le paragraphe que je viens de citer , les avantages qui étoient produits dans les animaux par cette forte de ventilation. On fera enfuite les afperfions d’eau fur la figure & fur le corps, felon qu'il fera néceffaire , & l’on adminiftrera intérieurement le vinai- gre, fuivant que M. Portal l’a ordonné pour appaifer la raréfaétion du fang. Je n’entre pas dans d’autres détails fur ces remedes fecondaires & fur les autres fecours , fecondaires auffi , qu'il faut apporter aux fuffoqués. Je renvoie aux ouvrages de M. Portal, de M. Harmant, & d’autres auteurs qui ont eu l’occañon traiter des hommes fuffoqués par les vapeurs méphitiques. oo oo Cr) Page 37: 2: suR L’H1ST. NATURELLE ET £ES ARTS: 493 ‘ FAUTES à corriger dans la feconde Partie de ce Mémoire. Page 215 , $ XLI, Ligne 25 , la trachée-artere, Après en avoir détaché la peau & les mufcles , j'ai; /i/ez, la trachée-artere , après en avoir détaché la peau & les mufcles. J'ai. Page 217, $ XLVII , ligne 6, diminués par lui ; Zfez diminués, perdus. FAUTES à corriger dans le Mémoire fur La cataraële artificielle , mois de mars 1778. Page 263, Ligne 13, Il eft néceffaire que le fel marin ; Ze, Il n’eft pas néceflaire que le fel marin. a ———_—_—_—_—————_—_—_—_—_—_—— EXAMEN CHYMIQUE DE DIFFÉRENTES PIERRES; Par M. BAYEN, Apothicaire-Major des Camps & Armées du Roi. PR EM L'ERCE TT P'AUROIPINE. À vanr Pott , les chymiftes ne s’occupoient que fort peu ; ou plutôt ne s'occupoient point de l'examen des pierres; mais la Lisho- géognofie de ce favant & laborieux auteur ayant paru parmi nous en 1753, y produifit une révolution dont la partie de la phy- fique , qui s'occupe de l’hiftoire naturelle , devoit retirer les plus grands avantages. Alors, ceux des chymiftes qui font emportés par le goût des dé- couvertes, & par l'amour du travail, dirigerent; leurs vues vers le riche & important objet que Pos: venoit de leur montrer, Un mès: PR | LE 104 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, grand nombre de terres & de pierres furent foumifes à l’examen ; l'hiftoire naturelle fortit du cahos où elle etoit , & fes catalogues prirent un ordre plus conforme-à la nature , dont on vouloit décrire les produétions. On vir à l’époque dont je parle , toutes les terres & pierres qui, au premier coup d'œil , paroiflent fi différentes entre elles, fe rap- procher par une fuite d'expériences exattes, au point de ne plus former que quatre clafles qui, bientôt après, furent même reftreintes à trois, la terre vitrefcible , le terre argilleufe , la terre calcaire. La quatrieme , étoit la terre gypfeufe , ou pierre à plâtre; mais comme on ne tarda pas à découvrir que cette pierre étoit elle-même compofée d'acide vitriolique & de terre calcaire, on cefla de la regarder comme une terre proprement dite, on la rangea parmi les fels. ï On ne reconnut donc plus que les trois autres clafles de pierres dont il vient d’être fait mention, car telle eft la maniere !des chymiftes ; fans croire à la fimplicité d'aucun des corps qui frappent nos fens , ils font dans l’ufage d’envifager , pour le moment, comme corps fimples tous ceux qu'ils ne peuvent analyfer. Ainfi , quoique les terres propres à faire le verre, à fe durcir au feu , à faire de la chaux , foient aujourd’hui les trois clafles où toutes les pierres de notre globe peuvent être rapportées , les chy- miftes font bien éloignés de les regarder comme des corps d’une fimplicité abfolue ; déjà même quelques-uns d’entr'eux croient que les terres argilleufes & vitrefcibles font compofées ; & s'ils parvien- nent à le démontrer auffi clairement que M. Margraff a démontré que le gypfe eft compofé d’acide vitriolique & de terre calcaire , la chymie, déjà fi fiere de fes découvertes, verra luire un de fes plus beaux jours. En attendant que de nouvelles expériences viennent nous inftruire fur un fujet auffi important , il convient de fuivre la divifion fort fimple , que la chymie , difons mieux’, que l’évidence a forcé les natu- raliftes d'adopter. Mais tout ce que nous voyons de lapidifié dans la nature , étant rarement fimple ou homogene , au contraire, tout étant mélangé & combiné de mille manieres différentes , la chymie a-t-elle en ce genre des moyens analytiques fürs ? Peut-elle féparer les trois terres , ainfi que les autres fubftances qui ont concouru à former cette innombrable variété de pierres que nous rencontrons ? Oui, fans “doute, la chymie poflède ces moyens; & laïffant fes fourneaux trop vantés par les uns, & trop décriés par les autres, elle peut , fans le fecours du feu, analyfer prefque tour lé regne minéral, 8 même cette sur L’H1IST. NATURELLE ETLES ARTS. 495 analyfe fera d'autant plus facile, que la compofition des corps fera plus compliquée. 1 Ut: à Le genre de travail auquel je me fuis livré depuis plus de douze ans, eft pour moi une preuve convaincante de ce que J'avance, & je défire ardemment que d’autres veuillent ladopter ; l’hiftoire naturelle ne peut qu'y gagner: les procédés font faciles , peu difpendieux, &, jofe le dire , les conféquences font füres , & peuvent jeter le plus grand jour fur la Lithologie. | : e On en jugera par les Mémoires que Je donnerai fucceffivement fur les marbres, les ferpentines , les porphyres, les ophites, les granites, le jafpe, les fchiftes argilleux, &tc. La plupart de ces pierres, on le fait, pañloient pour réfifter aux acides; on les verra cependant céder à nos diffolvans, & fubir, par leur moyen, tout le degré d’analyfe dont elles font fufceptibles, EXAMEN du Marbre de Campan. LES naturaliftes divifent les marbres en trois efpèces géné- rales. 1°. En marbre d'une feule couleur , & cette premiere efpèce com- prend , felon eux, les marbres blanc , gris, noir, jaune , &c. 2°. En marbre de diverfes couleurs ; & dans celle-ci , ils placent tous les marbres dans lefquels on diftingue les couleurs précédentes, mélangées & diftribuées de maniere à former des variétés agréables. 3°. En marbre figuré; cette derniere efpece, moins répandue dans la nature que les deux autres, comprend les marbres de Florence & de Hefle, dont on voit de fi beaux morceaux dans les cabinets. Les chymiftes, qui ne claflent point les corps naturels d’après leur forme extérieure, diviferoient , fans doute , ce genre de pierre tout autrement que n’ont fait les naturaliftes, fi, par une fuite d’ex- périences, pour ainf dire docimaftiques, ils avoient conftaté les dif- férences de chaque efpece de marbre en particulier : en attendant que ce travail fe fafle , je crois qu’on pourroit déjà en former chy- miquement trois clafles générales , fauf à les reftreindre ou à les augmenter à mefure que l’expérience éclaireroit le Chymifte qui en- treprendroit l'examen des différens marbres connus. La premiere claffe comprendroit uniquement les marbres purs, ou, ce qui eft la même chofe , les marbres blanés , quelle que foit leur dureté , quelle que foit la forme de leur grain. On fait que toute cette clafle eft fans mélange de matieres étrangeres ; que les acides la diffolvent entiérement ; qu’elle forme avec eux divers fels à bafe calcaire , & qu’étant calcinée , elle fe convertit en chaux la plus pure. © 468 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; On rangeroit dans la feconde claffe les marbres colorés, qui ne différeroient du marbre fimple & pur, que par la petite portion de matiere colorante qui leur feroit unie. J'ai examiné le marbre noir qu'on emploie à Paris , & dans 2 onces , je n’ai trouvé que Go grains, ou <- de matiere colorante. Le refte , abftraétion faite de l’air & de l’eau que donne ce marbre dans la calcination, étoit de pure terre calcaire , dont l’eflence eft d’être blanche ; aufli ai-je obtenu , en précipitant la diflolution de ce marbre noir , une terre d’une blancheur parfaite. Lorfque la ma- tiere colorante noire fe trouve unie au marbre blanc en plus pe- 1ou2 tite quantité ,—— , par exemple, elle lui donne une couleur inter- q mes , médiaire entre le noir & le blanc , ce qui conftitue le marbre gris plus ou moins foncé. On en peut dire autant des morceaux de marbre jaune qui fe trouvent dans certaines breches, & que l'examen m'a appris être colorés par une petite quantité de terre martiale , de la nature de lochre. Ainfi , tous les marbres qui ne contiennent d’autres matieres étrangeres que celles qui les colorent , devroient entrer dans cette clafle , fans en excepter ceux dont les couleurs font variées ; on n’en excluroïit même pas les breches lorfque les fragmens qui entrent dans leur compofition, & le ciment qui les unit , font abfolument de nature calcaire. ; Toute cette feconde claffe eft propre, fans doute , à faire de bonne chaux; mais comme le ffer eft en grande partie caufe de leur cou- leur, cette chaux ne peut être employée avec fuccès , au blanchi- ment de nos maïfons. La couleur , quelque blanche qu’elle pa- roifle au moment où on l’applique , ne tarde pas à prendre un ton roux. On mettroir enfin dans la troifieme clafle, ceux qui, outre la matiere colorante, contiendroïent une quantité remarquable de terre, ou pierre d’une nature abfolument différente de celles de la pierre calcaire. Cette troifieme efpèce ne feroit que de très-mauvaife chaux, fur-tout fi la matiere étrangere s'y trouvoit dans de grandes pro- portions. Ainfi, tous les marbres calcaires connus , feroient rangés dans un ordre entiérement chymique, c’eft-ä-dire, le plus convenable & même le plus naturel , puifque , par une feule dénomination , on donneroit une idée jufte & précife de la pierre dont on veut parler; marbres purs ou blancs ; marbres purs, mais colorés ; matbres mixtes ou mélangés de diverfes terres, Les naturaliftes font entrer dans la defcription qu'ils donnent du marbre une demi-tranfparence qu'on y remarque , lorfque fes fragmens . SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 497 fragmens ou les ouvrages qu’on en fait, n’ont pas trop d’épaiffeur, . C’eft fur-tout dans ceux de la premiere clafle que j'ai appellés fim- ples & purs , que cette demi-tranfparence eft fenfible ( 1 ). Les marbres de la feconde clafñle, ont d’autant moins la pro- priété de tranfmettre la lumiere, que les matieres qui les colorent, font plus groflieres, plus abondantes , & moins fondues dans le marbre blanc , qu’elles terniflent , qu’elles troublent , pour ainfi dire , ou enfin, qu’elles rendent abfolument opaque , felon les proportions où elles fe trouvent. Quant à ceux de la troifieme claffe, il eft impoffible que la lumiere puiffe les pénétrer , les corps étrangers avec lefquels ils font mélangés leur communiquant leur opacité, cet cg doit les faire regarder comme pierres opaques. Tel eft , par Exemple , le marbre de Campan ; telles font les pierres de Florence, & beaucoup d’autres marbres dont je parlerai dans la fuite. Le marbre connu dans les atteliers & dans les appartemens , fous le nom de vers-campar , nous eft apporté de la partiedes hautes Pyrénées, dépendantes du pays de Bigore : la carriere dont on le tire, eft fituée à très- peu de diftance de la rive droite d'un des torrens qui forment les fources de l’Adour ; ce marbre doit fa dou- ble dénomination , 1°. à la vallée de Campan , vers l'extrémité fupérieure de laquelle on trouve la montagne dont on le détache ; 2°. à la couleur verte qui paroït faire le fond de prefque tout celui qu'on nous apporte. La couleur rouge eft après la couleur verte, celle qui fe fait le plus remarquer ; fouvent même , elle y eft la dominante , & alors on l'appelle rouge-campan ; on y rencontre auffi des veines de marbre blanc ; enfin, on y apperçoit qnelquefois des petites pyrites mar- tiales, jaunes & luifantes. : On y chercheroit en vain des débris de coquilles , de madrépo- res, &c, Les marbres, ainfi que les autres pierres des hautes Pyrénées, (1) La caufe de cette tranfparence ne peut-elle pas être rapportée à la criftalli- fation que fubit la terre calcaire, lorfque l'eau & l'air qu'elle contient, éprouvent avec elle le degré de combinaifon intime qui conftitue le marbre ? car , quoique je fois naturellement éloigné de tout ce qui s'appelle fyftême , je ne peux cependant m'empêcher d’avouer que je tiens pour démontré, que tous les corps du repne minéral font foumis aux loix dela criftallifarion qui conftitue les mafles, & que je la regarde , après la combinaifon qui conftitue les mixtes, comme une des grandes opérations de la nature, 1l ne féroit pas difficile de prouver que rour ce que nous connoiïffons de minéralifé ou de lapidifié, a pris ün arrangement conforme aux loix de la criflalifarion ;. on dit communément, les añimaux vivent, lès plantes végétent. On pourroit dire de même, Jes minéraux criflallifent, ce qui “exprimergit én un feul mot; leur maniere de sag rés er, : Re nn ele À F L Tome XI, Parr, J, JOIN 1778 VU 8 «7 éRrr 498 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ne contiennent , ou du moins ne m'ont paru contenir aucunes pro: duétions du regne animal, qui fuffent reconnoïffables ( 1 ). Analyfe du marbre vert-Cumpan par l'acide nitreux, Premier Procéde, Yai choiïfi des fragmens de vert - campan, dans lefquels on ne voyoit abfolument point.de marbre rouge ni de marbre blanc , & j'en expofai 2 onces à l’aétion de l'acide nitreux étendu d’eau difillée : la diflolution s’en fit dans le commencement avec aflez de vitefle , mais fur la fin elle devint fort lente. Lorfque l'acide employé fut faturé , je le décantai & en fubftituai d’autre que je laiflai fur la matiere plus de vingt - quatre heures , après même qu’on n’appercevolÿ plus d’effervefcence. La portion fur laquelle lacide nitreux n’avoit point agi , étoit partie en poudre grife & partie en morceaux aflez tendres & de la même couleur que la poudre ; le tout pefa après l’édulcoration & la defficcation $ gros & 12 grains : la texture de cette matiere ne permet pas de douter de fa nature, c’eft de vrai fchifte. La liqueur qui tenoit la terre calcaire de notre marbre en diflo- £a It faut bien diftinguer les hautes pyrénées d’avec les bafles pyrénées , certe diftinétion ne fera pas pour les géographes, mais elle intérefle les naturaliftes. Dans l’état atuel des chofes, la mafle des pyrénées ne nous offre que le noyau de montagnes autrefois plus hautes & plus épaifles : les dégradations journalieres qu’elles éprouvent, nous laïflent appercevoir des pierres de Ja! plus ancienne for- mation, où tous les corps qui ont pu appartenir à la mer, fonc tellement iden- sifiés avec les pierres qu'ils ont aidé à former, qu'il peur fort bien n’en plus refter aucun veftige. Il n’en ft pas de même des premieres pierres que l’on trouve en approchant de cette chaîne , & que j'appellerois volontiers la premier échelon de ces haures mon- tagnes, En quelques endroits, ce premier échelon eft de nouvelle formation ; les couches* y font quelquefois horizontales, & les corps marins n’y font pas rares. Cependant, je n’ofe prononcer fur l’exiftence ou la non-exiftence des corps marins dans ces montagnes, depuis que M. l'abbé de Palaflau, qui travaille avec un zèle infatigable à nous donner une carte lithographique des pyrénées, m'a fait voir un morceau de marbre gris, dans lequel on peut diftinguer avec facilité un madrépore. Cette pierre, ce morceau de marbre, a-t-il été tiré des hautes pyrénées ? M. l'abbé de Palaflau ne manquera pas de nous en inftruire, Mais je le répere , J'ai trouvé des coquilles & des madrépores dans des pierres de nouvelle formation, qui avoifinent , en certains endroïts, ces montagnes , & ces pierres étoient des efpeces de pierres de taille, dont on ne rencontre jamais le moindre veftige, dès qu'on eft entré dans la veritable chaîne qui n’eft compofée, à proprement parle, que de granite, de marbres & de fchiftes, qui fe préfentent les uns &t les autres avec routes es variétés déjà connues des naturalftes. Si on veut fe former une bonne idée de ces monts fameux, qu'on life Pexcellenc Difcours en forme de Différtation fur l’état afluel des Montagnes des Pyrénées, Pro= noncé par M, d’Arcet, au collège royal, le 11 décembre 1775. sUuR L'HIST. NATURELLE ET LES ÀARTS. 499 lution, avoit un excès d'acide & n'étoit que foiblement colorée ; la noix de galle ne l’altéroit point , une goutte d’alcali fixe, verfée deflus y excitoit une vive effervefcence , &c il fe formoit une petite quantité de précipité rougeâtre qui étoit fur le champ rediflout ; ce qui fe fit conftamment , jufqu’à ce qu’en verfant de nouvel aleali, tout l’acide furabondant fût parvenu au point d’une faturation parfaite, qui fit prendre à la diflolution une couleur de biere forte , fans cependant la troubler ; je remarquai alors que la noix de galle pouvoit la teindre en noir foncé , ce qui n'étoit point arrivé tant qu'il y avoit eu excès d’acide. La couleur rouge des premieres portions de la poudre qui fe féparoit du diflolvant par l’affufion de quelques gouttes d’alcali fixe, me détermina à précipiter en deux temps la diflolution , que j'étendis dans deux liv. d’eau diftillée. Les premieres portions d’alcali que je verfai deflus peu à peu & avec précaution en précipiterent une ma- tiere rouge qui s’amafla bientôt au fond du vafe : au moment où je m’apperçus que la liqueur avoit perdu fa couleur de biere forte, qu’elle étoit devenue claire & limpide comme l’eau ; enfin, qu'elle reflembloit parfaitement à une diflolution de marbre blanc ; je fufpendis l’opération & féparai par le filtre ce premier précipité qui, édulcoré & féché, pefoit 31 grains. La couleur foncée de la liqueur, fon goût martial, fa propriété de teindre en noir l'infufion de noix de galle, la couleur roufle du précipité, tout enfin annonçoit qu'il étoit de nature ferrugineufe ; & une fimple expérience m’a appris que c’étoit un mélange de fer & de terre alumineufe. J'ai fait diffoudre ce précipité dans une fuffifante quantité d’acide vitriolique foible , la diflolution qui avoit un goût très - ftiptique ayant été filtrée &e abandonnée à l’évaporation infenfible , donna en moins de cinq jours , des criftaux d’alun bien cara@térifés & un peu de vitriol verd. Le moyen que j'avois employé pour féparer de la diffolution de notre marbre tout ce qu’elle contenoit de ferrugineux & d’alumi- neux m'ayant réufi, même au-delà de mes efpérances , je procédai fur le champ à la feconde précipitation de la liqueur, par le même alcali qui en fépara une terre calcaire d’une blancheur parfaite , dont le poids fe trouva être d’une once & 40 grains, après avoir été fufifamment lavée & féchée. En additionnant les produits, nous voyons que les deux onces de marbre vert employées contenoient : 1%. : +. : ÿ gros 12 grains de fchifte. < 2°. . . . 31 grains de terre martiale, mêlée de terre alumineue, De HE ONE ER Le0 40 grains de terre calçaire. Total 1 once 6 gros 11 grains, > Rrri :500 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE); La perte qui eft d’un gros 61 grains , doit être attribuée à l'ait qui s’eft échappé pendant la diflolution , & à leau qui, ainfñi que l'air , s’étoit combinée avec la terre calcaire pour former notre marbre ; cette perte a été même de beaucoup plus forte ; mais la précipitation faite par l’alcali fixe ayant rendu de l'air & de l'eau À la terre calcaire , les chofes font un peu rapprochées de leur état naturel (1). Analyfe du Marbre rouge de Campan par le même acide. Deuxième Procédé. Y'ai foumis à laétion de l’acide nitreux 2 onces de marbre de Campan en un feul morceau qui ne contenoit point de marbre blanc, & dans lequel la couleur rouge étoit dominante. Il fe fépara pendant la diffolution une poudre d’un rouge-obfeur femblable au colcotar , ou plutôt à ce rouge-brun dont on colore le . carreau des appartemens. En agitant l'acide nitreux & en le décantant, lorfque la faturation fut à fon point , il fut facile de retirer cette pondre rouge qui, lavée & féchée pefoit 60 grains. Cétoit du fer qui avoit perdu la propriété d’être attiré par l'aimant, mais auquel il fut facile de la rendre, en le tehant quelque temps au feu dans un creufet fermé, avec un corps qui pouvoit lui donner du phlogiftique. Lorfque je me fus afluré que toute la partie fur laquelle l'acide nitreux avoit de laétion étoit difloute , je. fubflituai à cet agent quelques onces d’eau diftillée , pour laver la matiere infoluble qui, féchée exaétement , pefoit 1 gros 63 grains. Elle étoit divifée en plufieurs morceaux fort fragiles & percés de divers trous, fa cou- leur étoit grife & tachée en certains endroits par un peu de la poudre rouge que les lavages n’avoient pu enlever. . En précipitant la diflolution en deux temps , fuivant la méthode indiquée ci- deflus , j'ai obtenu un premier précipité martial du 2 2 de (x) Il étoir important de favoir fi lés 31'grains de premier précipiré étoient la quantité précife de fer & de terre alumineufe, contenue dans les 2 onces de marbre que j'avois employées dans mon premier procédé. Pour m'en aflurer, je fis l'expé= rience fuivante 3 Je farurai avecune fuffifante quantité d'acide vitriolique, érendu de beaucoup d’eau diftillée , une demi-once de la rerre calcaire que j'ayois obtenue par la deuxieme précipitation; je féparai,, par le moyen du file, la félénie qui s'éroit formée, « la liqueur ne fe trouva être ni vitriolique, ni alumineufe; elle ne for point altérée par la noix de galle, concentrée par une ‘évaporation lente , elle ne donna si alun ni vitriol, E L | \ | | | | , PLUS mi “ x SUR L’H15T. NATURELLE.ET LES ARTS. 501 poids de 25 grains, & un deuxieme de nature calcaire du poids de 1 once 3 gros, 53 grains. Les deux onces de marbre Campa rouge employées dans ce pro- cédé ont donc produit : 1% : : : 5 : : 60 grains de fafran de mars, rouge-brun; quis’eft féparé de lui-même pendant la diflolution. 2%. : : 2 x gros 63 grains de fchifte, 3% . . . . . .. 25 grains de terre martiale & alumineufe ; | PR ORe par les premieres portions d’al- cali. 4°. 3 once 3 gros 53 grains de terre calcaire, Total, 1 once 6 gros 57 grains. Perte. , . 1 gros #5 gr.(1) Si on compare les produits de ce fecond procédé avec ceux du premier, on verra la différence qu'il y a entre les deux morceaux de marbre qui en ont été le fujet, & on fentira les raifons qui m'ont déterminé à travailler fur les deux échantillons auxquels j'ai donné la pr ce. Je les ai envifagés comme les extrêmes ; le vert ne contenoit de marbre rouge , & lé rouge ne contenoit de marbre vert que le moins poflble, Si on choififloit des morceaux d’un mélange différent, on trou- veroit , fans doute , des proportions différentes de celles que j'ai indiquées , & qui fait fi on pourroit jamais parvenir à rencontrer précifément les mêmes. J'ai, par exemple, traité par l’acide nitreux un morceau de notre marbre, dans lequel j'avois apperçu une pyrite, il pefoit une once, c’étoit un mélange de marbre blanc. Je défirois favoir à laquelle des terres , la calcaire ou la fchifteufe étoit atta- chée la pyrite. La diflolution de la terre calcaire étant faite , il refta deux gros & quelques grains de fchifte, dont un morceau fe faifoit remarquer par fa grofleur & par une petite excavation où on voyoit EEE Pour mieux faire comprendre la caufe de cetre perte, je dois dire qu'ayant expofé au feu, pendant deuxheures trois quarts, 2 onceside marbre pareil à l'échantillon dont il eft queftion, elles perdirent un gros 23 grains, quoique ce marbre für encore A ? bien éloigné d'être réduir en chaux, so2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, non-feulement la pyrite dont j'ai parlé, mais encore plufieurs autres que le marbre qui les couvroit , avoit empêché d’appercevoir. Analyfe des mêmes Marbres par l'acide vitriolique. Troifieme Procédé. Qu'on mette dans une capfule de verre une certaine quantité de marbre concaflé & qu'on lhumeëte avec de l'acide vitriolique foible. Ce diflolvant attaquera le marbre , fe defféchera, & les fragmens feront couverts d’une incruftation blanche féléniteule , c’eft-à-dire d’un fel vitriolique à bafe calcaire. Si la matiere étoit defléchée avant que la faturation fut au point requis , il faudroit l’humeéter avec un peu d’eau diftillée , pour étendre de nouveau l'acide & lui donner plus de prife fur les corps qu'il doit difloudre. | Dès qu’on s’appercevra que l'acide ne fe fait plus fentir, on verfera dans la capfule , où fe fait la diflolution , quelques onces d’eau diftillée pour délayer la félénite qu'on pourra par ce moyen retirer 8€ remettre dans un autre vafe, pour y être gardée jufqu’à la fin de Fopération; après quoi on verfera de nouveau fur le marbre une pareille quantité du même acide qui, en fe faturant , formera de nouvelle félénite, qu’on retirera & qu’on confervera foigneufement , ainfi qu'il a été dit; en continuant ce travail, qui eft long , maïs sûr & facile , on parvient à combiner avec l’acide de vitriol tout ce que le marbre employé contient de foluble , & cette forte de vitriolifation , on forme divers fels, beaucoup mieux caraétérifés que ceux qui réfultent de lunion de l’acide nitreux avec les mêmes matieres, avantage qui, dans ce genre de travail, doit faire préférer l'acide vitriolique à celui de nitre. En traitant, fuivant la méthode que je viens d'indiquer , deux onces de marbre vert-campan féparé , autant qu'il a été poflible , des portions rouges ou blanches, j'ai obtenu, 1°, r once. . 6 gros 60 grains de félénite gypfeufe , ou vitriol calcaire. 2%. , . + $ gros 63 grains de terre fchifteufe. 3°. 14 onces d’une liqueur légérement colorée en vert-jaunâtre ; & d’un goût vitriolique , dont quelques gouttes, verfées fur une infufion de noix de galle, la teignirent en noir foncé. Lorfque , par une évaporation faite dans un vafe de verre au'bain “de fable ; ‘cette liqueur fut réduite à peu’près à $ ou 6 onces, 1l s’en fépara un peu de félénite & une petite quantité de terre mattiale : SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 503 filtrée & mile de nouveau fur le fable , elle fut concentrée au point de ne pas excéder le volume d’une once & demie d’eau ; à ce moment elle fut abandonnée à l’évaporation fpontanée. Le fixieme jour on appercevoit au fond du vafe une trentaine de petits criftaux blancs & iéparés les uns des autres , leur goût & leur forme oahedre annonçoïent leur nature, c’étoit une criftallifation d’alun très- réguliere. Deux jours après il fe forma une feconde criflallifation du même fel dont les criftaux , quoique plus petits, étoient encore très -bien cara@érifés ; à celle-ci il en fuccéda une troifieme plus petite encore que la précédente. A cette époque il commença à fe former fur les parois du vafe , des efflorefcences fali- nes , & en moins de quatre jours [a matiere fe coagula entiérement en une mafle de couleur verte tirant fur le jaune, dans laquelle il fut impoñfble de diftinguer aucun fel par des caraéteres propres à le faire reconnoître. En traitant les fels vitrioliques alumineux dans l’état d’eau-mere , tel qu’étoit celui dont je parle , il n’eft pas facile de les mettre au point de donner de beaux criftaux , à moins qu’on n’ait recours aux alcalis fixes ou volatils , ainfi qu’on le pratique dans les travaux en grand de la Halothecnie ; ce ne fut donc qu'après bien des tentatives, toutes faites fans addition d’aucun alcali, que je parvins à retirer encore de cette eau-mere quelques criftaux d’alun pur , & de vitriol de mars; la couleur peu foncée de ces derniers , & leur goût prou- voient aflez que ce n’étoit qu'un mélange de ces deux fels, & que l’alun même y étoit le dominant; ce qui me reftoit de liqueur fe coagula de nouveau ; je fis différens eflais pour la ramener au point de donner des criftaux , mais ce fut en vain , la matiere faline s’élevoit conftamment le long des paroïs du vafe fans prendre aucune forme réguliere. Jeus recours alors aux intermedes, & ne voulant employer ni alcali fixe, ni alcali volatil, pour ne pas trouver un fujet d’erreur dans les dernieres criftalhfations , j’étendis l’eau - mere dans 2 onces d’eau diftillée, & j'y ajoutai quelques grains de craie en poudre ; il fe fit une effervefcence , la craie devenue félénite fe précipita, entraînant avec elle une petite portion de terre martiale, Cette derniere liqueur qui , filtrée , avoit une couleur roufle , ayant été concentrée par une évaporation lente , donna jufqu’à la fin des criftaux d’alun, fans qu'il me fùt poñfible d’appercevoir un feul criftal de fel de Sedlitz, autre fel vitriolique , que je foupçonnois devoir être dans cette liqueur , d'après un grand nombre d’expé- riences qui m'ont appris que les terres alumineufe & Sedlicienne fe trouvent fouvent enfemble dans des pierres fchifteufes de diffé- rentes efpeces. H réfulte de l’analyfe du marbre Campan vert par l'acide vitriolique , 04 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; |: 19, Que les 2 onces employées ont fourni à cet acide une quantité de terre calcaire fufifante pour former 1 once 6 gros 60 grains de {élénite ; 2 ; | 2°, Qu'il s’eft trouvé dans ces 2 onces, $ gros 33 grains de fchifte; 3°. Que ce dernier a fourni une quantité fufhfante de fer pour former 12 à 13 grains de vitriol martial , & environ $ grains de terre ochreufe qui s’eft féparée d’elle-même pendant l'évaporation ; 4°. Qu'il sy eft également trouvé une quantité fufifante de terre alumineufe pour former au moins 54 grains d’alun. Je n’ai rien négligé pour m’aflurer que le fel de Sedlitz n’exiftoit pas dans la diffolution du marbre de Campan, par lacide vitriolique , c'étoit le principal but de toutes les tentatives que j'ai faites pour mettre les dernieres portions de liqueur en. état de donner d’elles- mêmes des criftaux réguliers, & quand, enfin , j'ai été contraint d’avoir recours à un intermede, je me fuis fervi de la craie qui, formant avec l'acide vitrioliqué un fel peu foluble & d’ailleurs facile à diftinguer, ne m’expofoit à aucune erreur ; d’où je crois pouvoir conclure que la terre qui fait la bafe du fel de Sedlitz n’exifte pas dans le fchifle qui fe rencontre dans notre marbre. Analyf> du Marbre Campan rouge, par l'acide vitriolique. Quatrieme Procédé, Ayant également traité par l'acide yitriolique 2 onces de marbre rouge de Campan , j'en ai obtenu 1 once 7 gros 42 grains de vitriol calcaire ou félénite de couleur blanche tirant fur le rouge, il eft refté dans la capfule où fe faifoit l’opération 2 gros & .demi de fchifte abfolument décoloré & en petits fragmens, parmi lefquels on en difinguoit un de la groffeur d’une petite noilette, dont la furface étoit hériflée de pyrites martiales; on en apperce- voit auffi quelques-unes dans le fchifte pulvérulent, avec lequel elles n’avoient plus d’adhérence. Les différens arrofemens d’acide vitriolique & les lavages savec l'eau diftillé , m’avoient donné 12 onces de liqueur alumino= vitriolique , de laquelle j'ai retiré 37 grains d’alun & 45 grains de vitrio! vert; il s’eft féparé pendant. l’évaporation 7 grains de terre martiale. Ce quatrième procédé confirme les différences déjà obfervées dans les échantillons de marbre lors. de leur, analyfe par lacide pitreux 5 il y a conftamment plus de fchifte dans le, marbre.-vert, que dans le marbre rouge, & plus de, fer dans, celui-ci , que. dans le premier. 23702 Quoiqu'il foit hors de mon fujet derm'érendre fur .le_fel féféniteux que sur L’'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS! $os que j'ai obtenu en traitantle marbre de Cam pan avec l'acide vitrio- lique, je ne peux cependant m'empêcher de dire que ce fel que l’on nomme fouvent félérire, que j'ai appellé quelquefois yirriol calcaire, & qu’on pourroit auffi nommer /e/ gypfeux, gyps artificiel, ou fimple- ment gyps, étant Cuit comme la pierre à plâtre, pulvérifé & gà- ché avec une fuffifante quantité d’eau, a été plus de deux heures à prendre corps, mais qu’enfin il eft devenu, en moins de douze ou quinze heures, auffi dur que le meilleur plâtre, retardement qui n'arrive pas toujours au gyps artificiel. Je dois auffi faire remar- quer que le fel félénitieux, fourni par le marbre vert, perdit pen- dant la calcination fa eouleur blanche qui fe changea en rouge bri- queté, effet qu'on doit attribuer à un peu de vitriol martial & à quelques portions de fchifte des plus tenues , qui étoient reftées dans le fel féléniteux. Il réfulte des expériences qu’on vient delire, 1°. que le marbre vert-Campan eft un marbre mixte ou compolé, que c’eft enfin un mélange de marbre & de fchifte. 2°. Que les parties véritablement marbre, font les dominantes. 3°. Que le fchifte qui les accompagne, contient, ainfi que toutes les pierres de ce genre , que j'ai jufqu’ici examinées, une quantité remarquable de terre alumineufe & de fer. 4°. Que c’eft aufer, minéralifé avec le fchifte, qu’eft due la cou leur verte qui diftingue le marbre dont je parle. Quant aux portions de marbre rouge qui fe rencontrent dans le marbre vert, nous avons vu qu’elles doivent leur couleur à un fa- fran de Mars, difperfé fous la forme d’une poudre fine entre toutes les parties de la terre calcaire. D'où il faut conclure que le fer qui eft uni au marbre de Campan, s’y trouve: dans deux états très- différens. Dans le marbre vert, il eft minéralifé avec le fchifte, de manière qu'il a confervé la propriété d’être entiérement diflous par les acides, fans en excepter même celui de nitre, qui, comme on fait, na pas d’aétion fur le fer déphlogiftiqué. Dans le marbre rouge, au contraire, ce métal eft dans un état de fafran de mars ou de chaux martiale qui, difperfée entre toutes les parties de la terre calcaire, lui communique fa couleur en y, adhérant forte- ment, mais fans avoir fubi avec elle de combinaifon intime; ce fafran de Mars n’eft point du tout foluble dans l’acide nitreux , & par-à, le chymifte trouve un moyen für & facile de le féparer entièrement de la terre calcaire , fous fa forme pulvérulante & fans altérer fa couleur, ainfi qu'il eft prouvé. par le fecond de mes Pro- cédés avec l’acide.nitreux. | Quand on ‘traite notre marbre rouge avec l'acide vitriolique, il n'eft pas poflble. de féparer & de mettre, pour ainf dire, à nud Je’ fafran de mars: il, perd,. à la vérité, fon, adhérenceà la terre Tome XI, Pare, L JUIN 1778. Sss 586" OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; calcaire’; mais comme celle-ci fe chañge, par fa combinaifon avec acide, en un fel qui criftallife à l’inftant même de fa formation, le fafran de mars, recouvfant fon état pulvérulent , fe mêlle entre les parties de ce nouveau corps falin, & lui communique cette teinte rouge qu'on remarque dans le fel féléntieux, obtenu par le quatrieme procédé. Je finirai par cette obfervation. Le marbre de Campan étant une forte de brèche compofée de marbre proprement dit, & de fchifte afoilleux, ne peut pas réfifter long- temps aux injures de l’air; auf, voyons-nous qu’en moins d’un fiecle, celui qui a été employé dans les jardins de Marly, eft entiérement dégradé ; les portions fchif- teufes font trop tendres, elles nont pu tenir contre les intempéries des faifons & les vicifitudes de l’athmofphere. Quand il s’agit d'élever des monumens, quand il s’agit de déco- rer des temples, des palais, on ne fauroit prendre trop de précau- tions pour s’aflurer de la bonté, de la folidité des matériaux qu'on veut employer , fur-tout fi ces matériaux ne font pas connus, ou s'ils font tirés d’une carriere nouvellement découverte. , Il eft fâcheux de ne s’appercevoir des mauvaifes qualités d’une pierre, qu'après qu’elle a été mife en œuvre; qu’on ne fe laifle donc pas féduire par la beauté d’un nouveau marbre, l’eflentiel eft fa fo- lidité & les architeétes, jaloux de leur gloire, ne devroient ja- mais employer un marbre inconnu, quelque beau qu'il paroiffe , fans lavoir fait foumettre à un examen chymique. E X A ME N des Pierres figurées de Florence. La defcription des pierres figurées de Florence ; feroit ici fort inutile, elles font connues de tous ceux qui ont vu des Colleétions de curiofités naturelles ; thais fi la variété vraiment étonnante des tableaux qu’elles nous offrent, leur font occuper un rang diftingué dans les cabinets , on peut dire que la nature de ces pierres n'en eft pas pour cela mieux connue, 8 fi les nomenclateurs leur ont affigné une place parmi les matbres , ce n’eft certainement que d’après l'étude des furaces, moyen infuffifant & trop équivoque, pour ofer prononcer fur la nature des corps. Auffi fe font-ils bornés à Pappeller Marmor figuratum. . Les procédés que j’ai employés pour analyfer le marbre de Campanÿ font fi fimples, f. peu difpendieux , j’ofe même le dire, font fi fürs, que j'ai cru devoir y foumettre les pierres de Florence; & comme ils font déjà connus, je vais, fans entrer dans de nouveaux détails; VIN ONE À SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS ÿo7 préfenter une analyfe, d’après laquelle les Naturaliftes pourront affi- gner à ces curieux morceaux le rang qu’ils doivent occuper dans les Cabinets, Les pierres de Florence font un mélange deterre calcaire & de terre argilleufe , lune & l’autre diverfement colorées par un peu de fer; on y découvre auffi une petite quantité de terre alumi- neufe (1). Les deux premieres s'y trouvent quelquefois, à peu de chofe près à parties égales ; cependant , c’eft toujours la terre calcaire qui y domine; la partie de ces pierres qui forme les ruines, eft ordi- nairement plus fchifteufe & plus ferrugineufe , tandis que celle qui forme le fond des tableaux, eft plus calcaire & moins ferrugineufe ; rs à la terre d’alun, c’eft toujours à la terre fchifteufe qu’elle eft unie. Voici les proportions où j’aitrouvé ces différentes fubftances dan les échantillons que j'ai examinés, | Analyfe par l'acide nitreux. Un morceau de pierre de Florence formant une petite tablette du poids de ÿ gros 33 grains, dans laquelle la couleur grife, tirant un peu fur le jaune, faifoit le fond du tableau & étoit la dominante, ayant été traité par l'acide de nitre, a donné, $9 grains de terre fchifteufe { 9 grains de fer fous forme de chaux métallique. 4 g'os 6 grains de terre calcaire pure, : Total ÿ gros 2 grains. Perte 31 grains. Un autre morceau pefant 3 gros 56 grains, dans lequel a partie == (x) Je ne parle pas de l'air & de l'eau qui entrent auffi dans la compofñtion de ces pierres; ont fait qu'ils font l'up, 8e J'aure le vrai medium de la lapidié- cation, LU Sss ÿ 5.08 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; : qui forme les ruines, dominoiït , ayant été foumis à l’aétion du mêmé acide, 1l.en.a été-retiré 1 gros 14 prains de terre fchifteufe, ax grains de fer fous forme de chaux métallique, 2 gros 17 grains, de terre calcaire pure, . Total 3 gros 42 grains. Perte 14 grains. : D’après ces deux expériences, on voit que dans les pierres figurées» dont je parle, la partie des.reuines contient plus de terre fchifteufe & moins de terre calcaire, & que c’eft tout le contraire dans le fond des tableaux; mais cependant , que dans l’une & dans l’autre , la terre calcaire eft la dominante. Analyfe par l'acide vitriolique, En vitriolifant différens morceaux de pierres de Florence, j'ai conf-= tammens obtent plus de vitriol martial que d’alun; je ne citerai pour exemple que ce procédé. Une petite tablette du poids de.$ gros 60 grains, dans laquelle les parties figurées étoient à peu près égales à celles du fond du tableau, ayant été faturée d’acide vitriolique , felon la méthode'indiquée pour le marbre de Campan, a donné. 13 grains d’alun & 43 grains de vitriol martial. ; D'après les détails que j'ai donnés en parlant du marbre de Campan; J'ai cru devoir être fort fuccint dans le compte que je rendois de l’analyfe des pierres figurées de Florence ; mais les réfultats que je préfente aux phyficiens font plus que fufifans pour leur faire conclure que ces deux pierres doivent être rangées dans la troifieme claffe que j'ai appellée celle des marbres mixtes, ou compofés de différentes terres, : NA LL SUR L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. $o9 AIN AT a CE DE ù1 E À .eMiACL A CH IT E; Par :M. L'Abbé FONTANA , Phyficien ‘de $. A. R. le Grand-Duc de Toftane, & Direleur du Cabinet d’Hifloire Naturelle à Florence, Luà l’Académie des Stiences de) Paris , le 23 Mai 1778. La: malachite eft un minéral trop connu des naturaliftes ; pour qu'il foit néceffaire d’en donner ici une defcription particuliere, Sa couleur & le métal qu’on en retire, la diftinguent fufifamment des autres minéraux, » On trouve très-communément de la malachite en Sibérie. On en trouve en Saxe, & dans plufieurs autres endroits de l’Allemagne. Il y a des malachites fibreufes ou formées en rayons , comme fi elles étoient criftallifées , & qui reflemblent par là à la zéolite : il y en a d’autres qui paroïflent formées par couches fucceflives , mais qui ne different des premieres que par leur apparence extérieure ; car les unes & les autres font formées des mêmes principes. Ces principes , ainfi que la nature de ce minéral , ne font prefque pas connus , parce que les minéralogiftes ne s’en font gueres occupés. On doit cependant en excepter M. Sage, de l'académie des fciences, qui ( dans fes Mémoires de Chymie), en 1773, publia un Mémoire entier fur. la malachite, qu’il réimprima depuis ( dans fès Elémens de Minéralogie ) 1777 , avec quelques changemens. Cet académicien prétend que la malachite eft compofée de cuivre & de matiere grafle. Il paroït concevoir que l’alcali volatil , qui diflout le cuivre , perd fon principe odorant , & que la matiere grafle qui refte de ce fel:, forme la malachite, Je ne rapporterai dans ce Mémoire que les expériences que j'ai faites fur la malachite, par la voie feche. Jai traité également ce minéral par.la voie humide ; mais je me fuis apperçu par l’éxpé- rience , que l’analyfe qu’on en fait par le feu , eft plus fimple & moins défeétueufe.que celle par les acides. Mon but principal dans cette analyfe , eft de déterminer quels {ont les vrais principes qui fe trouvent combinés au cuivre dans la \ “ “ Parsique, A 4 8 4 ER à se LE ee je AE A ent HA An ts Lagos geste PERTE ETES | fe RETMAAIE REA REC T br En A FFT dog RIM ï REP HAT NM ER SE HAT à: En TUE ACER nt it de RICA IÈNÉÉ FE 1h + HU LER HE ji F Sur L'HisT: NATURELLE-ET LES ARTS. FE: reftoit à voir f la malachite ef minéralifée par l'acide marin , FE _ k fariit 1; HAE His Hi FE ie if E fe, ane 2 Ds ge mag que Pair acide Fax vuriolique diflolvent dans Finfiant le camphre & la : Je dis donc 300 grans de malachite dans un petit , dont le col étoit recourbé, & jen ar reçu l'a une bouteille au travers du mercure. Je remplis de mercure AE FE 5 À AËE E FR ENTL pe SEE qi LE HE ii HE lun , surant d'air variolique dans l'autre > & autant de la malachite ne fut point abforbe feañblement. Fimtrodufis au travers du mercure une quantité égale d'ar al- calin dens un de ces tubes; & l'ayant mis au conta@ de leu cet air fut abforbé tout de fuite, comme l'air acide merin & l'a vitnobkque. $12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; L'air qui fort de la malachite par le feu, efl l'air fixe. Exp. IV. Je foupçonnai que la vapeur élaftique qui fort de la malachite, pouvoit être de l'air fixe. En conféquence, ma premiere expérience fut d'examiner fi‘elle criftallifoit avec l'huile de tartre, comme le fait l'air fixe ordinaire. Je mis 300 grains de malachite en poudre dans un petit matras , dans le col étoit recourbé & doublement replié. J’expofai ce matras au feu, & en laiffai fortir environ fix fois autant d'air que le ma- tras pouvoit en contenir : c’eft une précaution que j’ai toujours eue, & qui eft abfolument néceflaire ; car autrement l'air de la ma- lachite feroit mêlé avec celui du matras, & les effets feroient dé- feétueux. Je mouillai les parois intérieures des deux tubes de verre avec un petit pinceau trempé dans lhuile de tartre très-pure. Ces tubes avoient 8 pouces de hauteur fur 2 de largeur. Je les remplis tout- à-fait de mercure , & j'introduifis dans l’un des deux autant d’air de la malachite qu’en contenoit un efpace de 6 pouces en longueur. Dans l’autre, j'y mis.la même quantité d’air fixe, tiré de la craie par l'huile de vitriol. Ces deux airs furent diminués dans l'inflant & également ; & peu de momens après il parut une très - belle criftallifation en aiguilles aux parois des deux tubes. Je mis deux morceaux de charbon de bois dans deux autres tubes remplis de ces deux airs, c’eft-à-dire, de l'air fixe dans lun , & de celui de la malachite dans l’autre : ces deux airs furent abforbés en quantité égale & dans le même temps. Deux quantités d’éther que j'introduifis dans deux autres tubes remplis de ces deux airs, produifirent des effets tout-à-fait femblables, Enfin, de routes les expériences que je fis fur ces deux airs, j'eus les mêmes réfultats ; de forte que l’analogie ne pouvoit pas être plus parfaite. Un animal meurt dans ces deux airs dans le même temps. Une bougie allumée s'y éteint en égal nombre de fois. La chaux eft également précipitée en terre calcaire par ces deux airs, & le tournefol en eft également rougi. Exp. V. Pour m'aflurer davantage que l'air de la malachite eft un vrai air fixe, & qu'il eft de la même nature de celui qu'on retire de la craie, je penfai à lexpofer au contaét de l'eau com- mune fur le mercure. Cette expérience eft pour moi la plus füre & la moins équivoque , pour s’aflurer de l’exiftence de Pair fixe dans les corps ; comme jefpere le démontrer dans une autre octafion. Jintroduifis 12 pouces cubiques d’air de la malachite , dans un tube de 8 pouces en longueur , plein de mercure, & enluite ïy s SUR L’H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. $13 fis entrer 6 pouces cubiques d’eau de fource. Je mis la même quan- tité d’eau dans un autre tube pareil, avec une égale quantité d’air fixe tiré de la craie par l’huile de vitriol. Ces deux airs furent également diminués par l’eau. En dix-huit heures , l’eau dans les deux tubes avoit abforbé également fon volume d’air. Trente-fix heures après, l'eau paroïfloit en avoir abforbé un huitieme de plus que fon volume; mais ayant mis les tubes dans le mercure, de façon qu'il füt à la même hauteur, je m’apperçus que l’eau n’avoit abforbé d’air que fon propre volume, ou fort peu au-delà. Au bout de 60 heures, on n’obferva point le moindre changement dans les aits ; alors je retirai l’eau des deux tubes, & l'ayant goûtée, je la trouvai également acide & piquante; elle rougifloit de même le tournefol , & précipitoit l’eau de chaux dans la même quantité, C’eft donc une vérité de fait & d’expérience, que la vapeur élaf- tique qui fort de la malachite par l’aétion du feu, eft un vrai air fixe qui ne differe en rien de l'air fixe qui fe tire de la craie par Fhuile de vitriol, Du réfidu de Pair de la Malachite , agité dans l'eau. On fait que l'air fixe , même le plus pur, n’eftu bforbé en entier par l’éau. Le meilleur air fixe, & le plus p: que j'aye pu obtenir jufqu'à préfent, m'a laiflé ; d’air qui n’étoit point ab- forbé. Cet air fe rapproche beaucoup de l'air commun, quoiqu'il foit un peu moins bon que celui-ci; ce qui fe voit par le mélange avec l'air nitreux. Je pris 6o pouces cubiques du plus pur air fixe de la malachite, qui n’étoit point mêlé avec l’air commun du matras; je l’agitai bien fort, pendant 30 fecondes, dans un long tube plein d’eau, & je trouvai qu’il n’en reftoit plus que 2 pouces. Je fis paffler ces 2 pouces d’air dans un autre tube moins grand , & l’agitai pendant 30 fecondes : il diminua à peine d’un démi-pouce. Ayant fait paffer encore ce réfidu dans un autre tube, & l'ayant agité pendant 3 minutes dans l’eau, Je trouvai qu'il ne diminuoit pas davantage. : Jeffayai par l'air nitreux cet air qui n’étoit plus abforbable; je le trouvai un peu moins bon que l’air commun, & tout-à-fait analogue à celui qu'on retrouve dans l'air fixe après l'avoir agité dans l’eau. Tout ce qu’on peut déduire de cet air réfidu, c’eft que l'air fixe de la craie eft plus homogene que l'air fixe de la malachite; mais la différence efttrès -pêtite, & ne change rien à la‘nature de ces deux: airs., sup {3h &r10 e” Tome XI, Part. I. JUIN 1778. HOTÉ s14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Diminution en poids de lu Malachiee. Il eft néceffaire, pour l’analyfe de la malachite, de bien déter- minér la diminution qu’elle fouffre par l’aion du feu. è Nous venons d’obferver que dans nos expériences , la malachite eft diminuée dE, mais nous avons rien fixé de bien précis fur ce point - là, ' Exp. VI. Jexpofai au foleil d'été, pendant deux heures, une certaine quantité de malachite en poudre très-fine. Après cela , j'en pefai exaétement une once, que je mis dans un matras de verre luté, Le col de ce matras avoit 8 pouces de hauteur , & 6 lignes de diametre. Je commençai à échauffer le matras par degrés & j'y entretins un feu de braïfe pendant une demi-heure. Après que le matras fut refroidi, j'en retirai, avec la plus grande attention, tout ce qui étoit refté ; c’étoit une poudre noire très-divifée , qui pefoit 408 grains; de forte que la malachite que j'avois mife en expérience, étoit diminuée de 168 grains. Afin qu'on ne puifle pas croire qu’un feu d’une demi-heure feu- lement, n’eft pas fuffifant ponr dépouiller la malachite de tout fon air, ou d’autres principes qu’on peut chafler par l’aion du feu, J'ai cru sun cette expérience avec quelque changement. J'ai pris uméMautre once de la même malachite qui ayoit été ex. pofée au foleil, & je l’introduifis dans un petit matras luté, dont le col étoit doublement recourbé pour le faire pañler dans l’eau, & décharger Pair dans un récipient. J’y donnai le feu par deprés. L'air commença à fortir avec force, & continua de même pendant. 12 minutes; mais après 3 autres minutes , il en fortoit à peine quel- que petite bulle, & après 2 autres minutes encore, il n’en fortoit point du tout. Je continuai le feu pendant 3 heures, de forte que le matras étoit devenu rouge brülant. Après qu'il fut refroidi, Jy trouvai la même poudre noire qui pefoit 408 grains par : ; con= féquent la malachite étoit diminuée de 167 grains & demi, ce qui eft à peu près la diminution que ci-deflus. La diminution de poids de la malachite eft donc la même, foit qu'on l’expofe au feu dans des vaifleaux ouverts à l'air libre , ou dans des vaiffeaux qui ne communiquent qu'avec Peau. Quantité de l'air qui fort de la Malachite. Il nous refte À déterminer la quantité d'air qu'on retire de la malachite par l’aétion du feu. Nous avons vu déjà que cet air eft sur L'H15T, NATURELLE ET LES ARTS. $1$ de vrai air fixe ; & comme l'air fixe eft aifément abforbé par l’eau, J'ai voulu, pour plus de précifion & d’exatitude , le faire pañler au travers du mercure, & le recevoir dans des vaifleaux remplis également de mercure. Je connoiflois déjà la quantité de l'air qu’on retire de 216 grains, par le moyen du feu. Je pris un vaifleau aflez ample, qui avoit un col long de 6 pouces ; & environ 8 lignes de largeur prefque également par-tout. Ce col étoit divifé en demi-lignes de pied de roi, & je connoiflois la quantité de l’air compris dans une de ces divifions. Soixante-deux pouces cubiques d’air , introduits dans ce vaifleau lorfqu'’il étoit plein de mercure, en occupoient la moitié du col. C’eft de ce vaifleau que je me fuis fervi en place de récipient, dans l’expérience fuivante. Exp. VII. Je mis 216 grains de malachite en poudre bien feche, dans un petit matras de verre luté. Le vuide de ce petit matras, & du col doublement courbé, étoit d’un pouce cubique & demi; ce col n’avoit pas plus d’une ligne de diametre, & communiquoit avec le vaifleau dont nous avons fait mention ci-deflus. J’échauffai par degrés le matras, 8 continuai le feu pendant plus de 20 minutes. Lorfqu’il ne fortit plus rien de ce petit matras, je le laïffai refroidir, & j'attendis que l'air qui en étoit forti, fût réduit au même degré de chaleur que l’air environnant. Je trouvai alors que l’air qui étoit pañlé dans le récipient , étoit de 64 pouces & demi. L'air com- mun, forti du matras, peut être évalué à environ 1 pouce, scomme je m'en fuis afluré après par un autre expérience faite dans ce même vaifleau, de forte que l'air forti de la malachiteeft environ de 64 pouces cubiques. Exp. VIII L'air qui étoit dans le récipient, ne defcendoit point aflez dans le col du même récipient pour mettre à découvert le mercure l’extrémité du col du petit matras dont je me fuis fervi ci-deflus. Je pris donc un autre matras qui avoit fon extrémité cour- bée un peu plus longue , afin qu’elle püt dépañfer le niveau du mer- cure, & communiquer avec l'air du récipient. Ayant retiré l'air de 216 grains de malachite, comme dans l'expérience précédente , l’ex- trémité du petit matras qui entroit dans le récipient, y refta à dé- couvert du mercure, & communiquoit avec l'air qui s'en étoit dé- gagé. Après avoir fini l'opération , je laifflai mon appareil en place jufqu'à ce que tout fût parfaitement refroidi. Je trouvai que l'air du récipient occupoit un efpace de 63 pouces &t : préçis. Je mefurai ce même-air encore avec une méthode immédiate, & je le trouvat de même de 63 pouces & 1. Dans ce cas-ci, l'air du récipient eft de la même température que celui du matras, & comme le matras & le récipient commu- niquent enfemble, il ny a point de fouftraétion à faire. Cette Tttij 516 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, périence eft. fans réplique, & nous fait voir qu’une once de mala= chite contient environ 170 pouces d’air fixe. Quanuité de l’eau de la Malachite. On a vu ci-deflus qu'une once de la malachite, expofée à lation du feu, perd environ 168 grains de fon poids. On a vu auffi qu'il fort de la malachite environ 170 pouces cubiques d'air fixe. Si toute la diminution de poids dépendoit du feul air fixe, chaque pouce | cubique d’air fixe de la malachite peferoit un grain ou environ, ‘ ce qui nous donneroit une méthode très-facile pour fixer le poids de l'air fixe. Mais nous avons remarqué de nos expériences, que, ; conjointement avec l'air qui fort de la malachite, il fort aufli une vapeur humide & tranfparente qui s'attache aux parois) des vaif- feaux fous forme d’eau. Pour déterminer la quantité de cette eau, j'ai fait les expériences fuivantes, Exp. IX. J’ai mis un once de malachite en poudre bien feche dans un matras luté, dont le col étoit fort court, & communiquoit avec un récipient rond de verre. Ce récipient contenoit 250 pouces cubiques d'air, & finifloit du côté oppolé à fon ouverture, en un col très- étroit qui entroit dans l’eau. Je fis un feu très-léger au-deffous du | matras , & je le continuai pendant trois heures. Il fortoit de l'air peu à peu du matras, & s’il fortoit de la vapeur aqueufe , elle devoit fe condenfer en forme d’eau dans le récipient qui étoit couvertæ d’eau froide. Lorfque l'air eut fini de fortir, j’augmentai beaucoup ; le feu, & je fis communiquer l’ouverture du matras immédiatement avec l'eau pour m'aflurer s’il n’en fortoit pas davantage, mais Je ne vis pas fortir la plus petite bulle d’air, ni d'humidité dans le col | du matras. Alors je pefai la vapeur condenfée en eau qui fe trouvoit . dans le récipient, & je trouvai qu’elle étroit de 30 grains. Par quelques expériences que j'ai faites depuis, j'ai trouvé que de 35 grains d’eau que j'avois mife dans ce même récipient, au bout de quelques heures . M je n’en pus retirer que 30 grains ; de forte que l’eau de la malachite | qui étoit d'environ 30 grains, peut s’évaluer jufqu’à 35. N L'eau de la malachite étoit pure, limpide, & infpide. Elle ne $ rougit point le tournefol. Elle ne fe trouble point par le mélange de l’huile de vitriol, ni par la folution d’argent, ou de mercure dans lacide nitreux. Enfin, elle m'a paru être une vraie eau diftillée ; & tout-à-fait infipide, & quoiqu’elle fe trouve avec l'air fixe, elle n’en eft point imprégnée. Il femble que lation du feu eft la caufe principles qui empêche dans cette expérience à l'eau d’abforber cet air-là, M. Sage , dit dans fes Elémens de Minéralogie Docimaftique , SUR L’Hi1sT. NATURELLE ET LES ARTS $17 (édition de 1777 , page 242), qu'une once de malachite traitée par le feu, donne la quatrieme partie de fon poids d’eau. Mes réfultats font tout-à-fait différens des fiens, mais très-uniformes au poids de l'air fixe qui eft bien plus lourd que l'air commun. Une once de malachite donne 170 pouces cubiques d’air fixe ; & perd 168 grains de fon propre poids. Si l’eau, fuivant l’hypothefe de cet académicien, faifoit un qua- trieme du poids de la malachite, elle feroit néceffairement de deux gros , ou de 144 grains par once qui, fouftraits de 168 grains (di- minution totale d’une once de malachite traitée par le feu), il refte- roit feulement 24 grains pour le poids de l’air fixe qu’on en retire: . nous avons vu que d’une once de malachite on retire 170 pouces d'air fixe ; fi ces 170 pouces d’air fixe ne pefoient que 24 grains feulement , il s’enfuivroit que l'air fixe feroit fept fois plus léger que l’air commun, ce qui eft abfurde. Quantité de cuivre gw'on retire de la Malachite. « Pour rendre l’analyfe de la malachite tout-à-fait complette, il » me refte à déterminer la quantité de cuivre qui fe trouve dans ce » minéral. J'ai pris une once de malachite en poudre, & j'y ai mêlé » deux onces de flux noir. J'ai mis le mélange dans un creufet, & par » le moyen du feu, j'ai obtenu un culot de cuivre qui pefoit un peu » moins de 370 grains. » Une autre fois , j'ai pris une once de malachite en poudre, de » laquelle j'avois retiré l'air par le feu, & l’ayant traitée comme ci- » deffus , j'en ai retiré un culot qui pefoit 380 grains.» Jecrois tout-à-fait fuperflu de rapporter iciles expériences que j'ai fai- tes fur la malachite par la voie humide ; il me fuffira feulement de faire obferver que par l’huile de vitriol elle a donné de l'air fixe, comme en donne la craie & bien d’autres fubftances par le moyen de cet acide. De toutes les expériences que j’ai rapportées jufqu’ici, il paroît qu'on peut inférer avec raifon qu'un des principaux ingrédiens de la malachite eft l'air fixe ; qu’il fait les fonétions d’un vrai minéra- lifateur, quoiqu’on ne puifle pas nier que l’eau même n'entre dans la formation de ce minéral. Il eft donc démontré que la matiere grafle indéfinie de l’alcali volatil n’eft pas le minéralifateur de la malachite , comme l’a prétendu M. Sage. Le fluide élaftique qu'on tire dela malachite par le feu, eft la preuve la plus forte que l'air fixe dans fon état de pureté, n’eft ni formé, ni mêlé de quelque acide étranger, L'air fixe, qu'on tire des corps par le moyen des acides, peut être fuppofé altéré & mêlé de ces mêmes açides, Celui même qui fe développe des végétaux pourroit 513 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, être encore mêlé de principes acides qui fe trouvent toujours dans ces végétaux mêmes. L'air fixe, qu’on fépare de la craie par le feu dans des cornues de terre, nelaïfle pas d’être fufpe&t, parce qu'il a tou- jours plus ou moins d'acide dans les terres. Celui qui fe tire des autres fubftances eft plus ou moins compolé des autres fluides élaf- tiques, comme celui qu’on tire de la crème de tartre. La décompo- fition de la malachite par le feu étant très-fimple & très-facile, 8 fe pouvant faire avec très-peu de feu dans des vaiffeaux fermés à l'air extérieur, .je la préfere aux autres expériences fur la même matiere, & je la crois décifive par rapport à l’exclufion d’un acide étranger dans l'air fixe. BE Robe Er Re cor Gr ES Sur la diffolution du Cuivre dans l'alcali volatil. On fait que le cuivre fe diflout dans les alcalis fixes & volatils; on fait aufh que fi on tient ces difflolutions de l’alcali volatil expofées long-temps à l’air dans des vaifleaux de verre, il fe dépofe fur.les parois du vaiffleau une croûte qui refflemble beaucoup par fa couleur, & par le poli, à la malachite naturelle. GR couleur verte n’eft pas due exclufivement à Palcali volatil , parce qu'on l’obtient aufli en diffolvant le cuivre dans d’autres menf- trues : & le poli ne vient que de ce que les molécules de cuivre fe font appliquées contre une furface extrêmement polie, telle que celle du verre : parce que, fi au lieu d’un vaiffeau de verre poli on en emploie un qui foit raboteux, la croûte verte ne fera point du tout polie. On peut regarder cette croûte comme un dépôt de fel cui- vreux ou comme un vrai fel formé par l’alcali volatil avec le cuivre, En effet, fi on examine avec att:ntion la partie de ce fel qui refte expofé à l’air, on la trouve formée de difiérens criftaux difpofés par couches, & qui gardent beaucoup de régularité & de fymétrie. La croûte cuivreufe dont je me fuis fervi dans mes expériences, n’a été détachée des vaiffleaux de verre qu'après quatre mois & demi d’expofition à l’air. Deux ans après, elle m’a donné les mêmes réful- tats que le premier jour. Je dois encore avertir que fi on fe fert de cette croûte peu après qu’elle a été dépofée fur les parois des vaif- feaux, elle donne encore les mêmes produits : ce qui fait voir qu’elle ne change point de nature par le temps, au moins dans lef- pace de deux ans. M. Sage prétend , aü contraire, que cette matiére n’eft pas autre chofe qu'une vraie malachite artificielle tout-à-fait femiblable à la malachite naturelle, Il dit en avoir retiré par le moyen du feu la LS : + a ÿ È Cote - Se FUN sUR L’'HIST. NATURELLE.ET LES ARTS. $19 même quantité d’eau , également infipide , que celle qu'on retire de la vraie malachite : & il nous aflure de plus que l’analyfe de la malachite artificielle lui a donné les mêmes réfultats que la ma- lachite naturelle. Il croit qu’en diflolyant le cuivre dans l’alcali volatil retiré du fel ammoniac par l’alcali fixe, i fe développe avec le temps le prin- cipe odorant de l’alcali volatil, & que la matiere grafle de ce fel, combinée avec le cuivre, forme une vraie malachite, Telle eft Fopi- nion de ce chymifte, qui croit que la matiere grafle eft le vrai minéralifateur de la malachite , comme de ce fel. Je rapporterai ici quelques expér'ences que j'ai faites fur ce fujet. Exp. I. J'ai mouillé d’eau difillée une certaine quantité de ce fel de cuivre, jen ai frotté un peu de papier trempé dans du jus de rave, & fa couleur en eft devenue verdâtre : ayant mouillé enfuite du. même papier avec l'huile de tartre étendue dans de l’eau difüillée, elle y a produit tout-à-fait la même couleur verdâtre que ci-deflus, Exp. IL Jai mêlé de lacide vitriolique avec le fel cuivreux pul- vérilé ; j'y ai ajouté beaucoup d’eau diftillée , & j'en ai obtenu un vrai fel vitriolique ammoniacal. Donc l’exiftencs de l’alcali volatil dans ce fel cuivreux eft indubitable. Il n’eft point douteux qu’on ne puiflé retirer de ce fel cuivreux le même air que j'ai retiré de la malachite, puifque c’eft un fait connu, que de lalcali volatil féparé du fel ammoniac par l’alcali fixe, on en retire de l'air fixe par le feu. Cependant j'en ai voulu faire l’ex- périence pour connoître encore mieux la nature de ce fluide aérien. Exp. JIL J’introduifis dans un matras de verre luté, dont le col étoit long & courbé , 144 grains de ce fel cuivreux pulvérifé & bien fec. A peine le feu avoit-il échauffé le matras, que je vis fortir un fluide tranfparent qui flottoit fur le mercure du récipient en forme d’air. Après quelques minutes, cet air finit de fortir quoique je conti- nuafle le feu pendant long-temps, L'appareil étant refroidi, je trouvai dans le matras une matiere pulvérulente parfemée de petits points , ou écailles brillantes ; ayant pefé cette matiere , je la trouvai de 98 grains . Par conféquent , une once de ce fel perdroit par le feu 176 grains , ou: de fon propre poids. Je répétai cette expérience avec un plus grand feu, & continué plus long-temps , de forte que le matras étoit prêt à fe fondre ; mais je ne trouvai de différence dans la diminution de ce fel cuivreux qu’un tiers de grain tout au plus. L’air qui étoit forti dans la premiere de. ces deux expériences , & que je reçus dans un récipient plein de mercure, occupoit un efpace de 36 pouces cubiques, fouftraétion faite de celui contenu 520 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans le mätras, de forte que ; une once de ce fel cuivreux donnetoit 144 pouces cubiques d’air; Cet air, par une forte agitation dans l’eau pendant deux minutes, fut réduit à de fa quantité, & ce x ne fut point diminué davantage par l’eau. J'ai trouvé que cet air qu'on retire de ce fel cuivreux criftallife avec l'huile de tartre , comme le fait l’air fixe; quil précipite la chaux de l’eau de chaux ; qu'il rougit le tournefol, & enfin , que l’eau en abforbe une quantité égale à fon propre volume , & devient acidule, tout comme elle le fait avec l’air fixe de la craie, Exp. IV. J'ai obfervé dans toutes ces expériences qu’il s’élevoit dans le col du matras une vapeur aqueufe bleuâtre. Pour déterminer la nature & la quantité de ceite eau , je mis 144 grains de fel cuivreux ci-deffus, dans un matras, comme à l'ordinaire, jy adaptai un ballon qui finifloit en un tuyau recourbé pour introduire l'air dans un récipient plein de mercure. Je réglai mon appareil & le feu de façon .que toute la vapeur aqueufe refta dans le ballon. L’air qui fe dégagea dans cette expérience étoit de 43 pouces & Deux brancards lient Pavant-train à l’arriere-train, Rien ne peut # être plus fimple, & la Gabrielle auroit eu la préférence fur la voi- # ture de M. Arthure, fi la dépenfe de fa conftruétion n’étoit pas # plus forte; fi l’auteur eût penfé à prévenir l’écartement des roues. # & fi l’ufage de ces crics, tout ingénieux qu'il eft, ne fembloit pas. » plus coûteux & plusfujet à manquer que celui des treuils. Au refte, »# la fociété ne peut que rendre hommage à la grande fimplicité de # l'invention de M.le comte de Montmorillon, & la bonté de fon # travail ayant été confirmée par l'expérience, elle ne prétend qu’a- »# jouter une fleur de plus à fa couronne. La mort de M. le comte # de Montmorillon n’a fait que rendre plus facrée aux yeux de la fo- # ciêté, l'obligation de dépofer fur la tombe de ce bon citoyen le » jufte tribut d’eftime qu'il méritoit, & l'engagement dù au génie # bienfaifant des arts (x).» D’après cet expofé, voyons comment s'explique M. de Montmo- rillon…. Chargé par mon chapitre de veiller fur les ouvriers em= ployés à la conftru@ion du bâtiment de la Manécanrerie (3 ), j'avois vu fouvent avec peine le temps que les manœuvres perdent à charger (1) Nom de baprême de fon inventeur. Le mot Gabriel, fuivant l'interprétation de l'Ecriture , fipnifie fortitude. ( Voyez planche 1.) (2) Les héritiers de M. le comte de Montmorillon onr laiflé l’encouragement de 250 liv. dans les mains du tréforier de la fociété,. & ont demandé qu'il für appliqué au fujer d’un nouveau prix Ea focièré a ajouté à ‘cette fomme de 250 ky. celle de 250, & a propofé, pour nouveau fujet de prix, la même queftion,. (3) C'eft le féminaire des clercs de ge chapitre, sur L'HIST. NATURÉLLÉ ËT LES ARTS. PEU Æur les chariots ufités les gros blocs de pierre de Choin (1) qui font entrés dans la compoñition de ce vafte bâtiment. Je voulus un jour examiner fi ce temps perdu étoit leffet naturel de la lenteur des ou- vriers à la journée, qui n’ont pas toujours autour d’eux des furveil- Jans, ou s’il venoit feulement de la difficulté du travail. J’afiftai pendant une heure au chargement, au tranfport & déchargement d’un fort quartier de pierre fans avoir lieu de me plaindre , finon de dextérité , qui nuifit aux angles de la pierre de taille qu'ils voituroient, Pendant que j'examinois leur travail, je vis à côté de moi un tailleur de pierre qui, ayant achevé d’approprier une façade d’un autre gros quartier de pierre, le remua tout feul & lui fit changer de pofition aflez promptement & fans autre fecours que celui d’un cric. Ce que je venois d’obferver m’engagea d’adapter cette ingénieufe ma chine à un chariot, dont je fis aufli-tôt conftruire le modele, Les ouvriers, toujours éloignés d’adopter les machines nouvelles ÿ ne tarderent pas à s’apprivoiler-avec celle-ci. Elle étoit fi fimple dans fa marche, elle manœuvroit avec tant daifance, qu’elle attiroit fur fon pañlage les perfonnes les moins curieufes, & plufeurs étrangers m'en demanderent le deflin. La conftruétion de la manécanterie a duré pendant fept années, elle eft prefque entiérement bâtie en gros blocs de pierre de taille, & pendant cet efpace de temps, on ne set pas fervi d'autre voiture pour tranfporter les blocs tout taillés. L’expé- sience la plus décifive a donc confirmé tous fes avantages. PREMIER AVANTAGE. C’eft la grande promptitude du chargement ou enlevement & du déchargement des blocs de pierre; ce qui di- minue confidérablement la perte du temps & la main-d'œuvre, qui font toujours pour le conftruéteur ou pour l’entrepreneur une perte réelle d'argent. En effet, ce chariot conduit par - deflus le bloc de pierre qui eft à tranfporter. Les quatre crochets de fer, par leur difpofiion (Voyez planche 1), s'introduifent prefque naturellement par-deflous, & en quinze ou vingt tours de la manivelle des crics placés aux deux bouts du chariot, la pierre eft enlevée au-deflus de fes chantiers, & à l’inftant prête à être voiturée à fa deftination. Comme cette accélération eft de plus de moitié pour le chargement & le déchargement , le gain du conftruéteur qui l’emploiera fera donc dans la même proportion. oo (1) Choin eft un village firué en remontant le Rhône, au-deffus de Lyon, d'où Von tire de très-grands blocs de pierre qui portent le nom du lieu. C'eft un vrai marbre, gris de café au lait, & fufceprible d’un beau poli; mais fa nature n'eft pag allez précieufe pour qu'on fafle cette dépenfe, Vvv y rs OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; SECOND AVANTAGE. Il eft d’un grand prix aux yeux de ceux à qué humanité fait reconnoître dans les hômmes du dernier rang leurs femblables & fouvent des êtres très-recommandables. fl fe tire de ce’ que les ouvriers employés à fervir & à conduire ce chariot dans quelque cas que ce foit, de même que les perfonnes qui fe trouvent aux environs, ne courent aucune efpece de danger; au lieu que dans la pratique des voitures ordinaires, les deux premiers manœuvres (1), fur-tout, qui font les fonéions de limoniers, n'étant occupés qu'à foutenir le fardeau en équilibre, rifquent à tout inftant d’être eftro- piés, fi la voiture fe brife fous la mafle énorme qu’elle fupporte ;: ou fi fimplement les fecoufles réitérées par l'irrégularité du terrain, portent trop avant le poids du fardeau tranfporté & les forcent à tomber. TROISIEME AVANTAGE. Îl fe trouve dans fa confervation & la: propreté des ouvrages les mieux travaillés, des ftatues mêmes que lon peut facilement tranfporter fans rifque de les endommager. Elles: font effeétivement enlevées de terre par le moyen des crics fans au- cune fecoufle ,& voiturées fufpendues fur des cordes comme fr elles: étoient fur des matelas. Il n’en eft pas aïnfi dans les voitures ordi- naires. Malgré les plus grandes précautions, les ouvrages prêts à être mis en place, éprouvent dans le chargement , tranfport & déchar- ment , des froiflures , des brifures, des écornures, dont la netteté des arrêtes, des angles & des profils qui font une perfeétion à l’ar- chiteëture , font plus ou moins endommagés. L’ouvrier y remédie, à la vérité, avec du mortier, du maftic, &c. mais cette marque tom: bant par la fuite, ne laifle au propriétaire que la mortification d’avoir été trompé; d’ailleurs, tous ces: ragrémens font en pure perte pour le conftrutteur. QUATRIEME AVANTAGE. Il fe prend dans la durée même du cha- riot. Quoique celui dont je parle ait prodigieufement travaillé pen- dant fept ans confécutifs, 1} fubfiftera: long-temps encore au moyen des roues qu'on a changé une feule fois & par quelqu’autres répara- tions de peu de valeur ; tandis que dans les fix premiers mois, temps. où lon fe fervoit de chariots appellés crapauds où diables , trois furent prefque mis hors de fervice. Il ef aifé de le concevoir fi l’on con- fidere que ces ercpauds fupportent immédiatement les fardeaux & ref- fentent toutes les violentes fecoufles occafionnées par les inégalités des pavés ou du terrain; au lieu que l’élafticité des bouts de cables & de la piece de bois qui les fupporte dans notre chariot, diminue plus RE AR D C0 Ceci peut s'appliquer à-la même voiture, en Ja fuppofant tirée par des EnÇVaux, LE? ° Enevau SUR L’HEST. NATURELLE ET LES ARTS: ÿÿ ’on ne fauroit le croire leur poids & leur effet. Une preuve en pe de cette double élafticité réunie, c’eft que ce font encore Jes mêmes bouts de cables & la même piece de bois de frêne, qui fubfiftent depuis le commencement de l'exercice de ce chariot, & fubfifteront encore très-long-temps malgré le grand travail qu’ils ont fait. CINQUIEME AVANTAGE. Il tend à fuppléer les animaux par l’homme ; objet d'utilité réelle , fur-tout dans les grandes villes où il y a tou- jours une multitude de viétimes de linfortune , du vice ou de leur trop de confiance & qui reftent fans travail, parce qu’on ne fait à quoi les occuper. D’après cette idée, j'eflayai un jour de faire voi- turer avec ce chariot un quartier de pierre de Choin, pour laquelle le chapitre donnoit trois fous par pied cube, à un charretier de cette ville qui alloit le prendre dans l'endroit indiqué & le conduifoit près de la manécanterie. J’employai pour cet effet douze manœuvres avec des cordes qui prenoient toutes au timon, & la montre à la main, il fut reconnu qu'ils n’avoient mis pour charger, voiturer & décharger ce quartier que 49 minutes; ce fait conflaté, il falloir le comparer avec celui du voiturage ordinaire, Ce voiturier avec fes trois chevaux, deux charrettes & trois manœuvres, dont deux pour charger lune des charrettes, tandis qu’il conduifoit l’autre , & le . troïfieme manœuvre pour l’aider à décharger fes voitures, ne faifoit dans les plus grands jours que dix voyages par chaque jour. Il con- duifoit de trente à quarante pieds cubes de pierre par voyage; ainfi il gagnoit par jour (le fort emportant le foible), au moins 36 liv.; de forte qu’au moyen de douze manœuvres , auxquels on auroit donné la moitié du prix de la voiture, c’eft-à-dire, fix liards par pied cube, le propriétaire ou entrepreneur auroit gagné 18 liv. par jour, quoique chaque manœuvre, qu’on ne paie journellement que 20 fols, eneût gagné 30; que n’eût-il pas gagné s’il fe füt rapproché un peu plus des journées des manœuvres dans la ville de Lyon, Dans ce calcul, ileft vrai, j’at fuppofé que douze hommes feroient autant de voyages que le charrerier avec fes chevaux, ce qu’on croira aïfément fi on confidere la promptitude du chargement. Dans l’expé- rience rapportée, les manœuvres qui ont, dans les grandes journées. onze heures de travail, n’en ont pas mis une entiere pour faire ua voyage: d'où je pourrois conclure que ce fixieme avantage ferviroit à compenfer le moins de pieds de cubes de pierre, que les douze hommes ne pourroient conduire en auffi grande quantité que les trois chevaux, fur-tout s’il fe rencontre: des montées dans le chemin à parcourir, le dois faire entrer en comparaifon le peu de frais annuels que pon chariot ogcañonne & ceux qui réfultent de l'entretien de deux LE OBSERVATIONS SUR LÀ PHYSIQUÉ; : grandes charrettes. Il faudroit encore compter l'achat du fourrage; la maladie des chevaux, l’emplette & l'entretien des harnois , &cc. &tc.s. & d'après toutes ces confidérations on verra fans peine la préfé- rence que lon doit donner à la Gabrielle ou chariot à cric, fur les charrettes, chariots ou fardiers ordinaires. Une expérience de fept années confécutives prouve plus que toutes les démonfirations. Ce chariot eft fi fimple, qu'un feul coup-d'œil fur le deflin qui le repré fente (planche 1 ) fufit pour en faire connoître tous les détails. © À © OO RASE) RP ON CRT Fait à la Société libre d'Emulation, par MM. Caper ÿ Lavoisier & pu CHANOY, Sur une Teinture en bleus M. Le Pileur d’Appligny , déjà connuavantageufement du public par un Traité fur l'article de la teinture fur fil & coton; par une: diflertation fur la culture de l'indigo, du pañftel & de la garence, ayant propofé à la fociété libre d’émulation un procédé nouveau pour teindre en bleu la laine & la foie, elle a nommé MM. du Chanoy, Cadet & Lavoifñer, pour l'examiner & lui en rendre compte ; mais avant d’expofer à la fociété le procédé de M. d’Apligny, nous croyons devoir faire précéder notre rapport de quelques réflexions fur la teinture en bleu. Le paftel a été long-temps en Europe la fubftance d’où lon tiroit principalement la couleur bleue, pour l'appliquer fur les étoffes de foie, de fil, de coton & de laine. Infenfiblement l’indigo a rem< placé le paftel, fans doute, en raifon de la différence de prix, & la culture de cette derniere plante a été fucceflivement abandonnée en Allemagne, & dans prefque toutes les provinces de France. C’eft donc principalement & prefque uniquement de lindigo 4 d'une plante qui croit au moins à 1500 lieues du pays que nous habitons, & que nous tirons la matiere colorante appliquée fur nos étoffes ; & nos manufadures ont à efluyer à cet égard, indépen= damment des variations de prix, qui font une fuite de l'intempérie des faifons, les rifques de la guerre qui augmente confidérablement la valeur de cette marchandife, Nous n’entrerons point ici dans le détail des moyens qu’on emploié DCR TNT er sur L’'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS: 527 dans l'Inde & dans l'Amérique, pour féparer de la plante la fécule à laquelle on a donné le nom d'indigo. Il exifte de bons traités fur cet objet, notamment un de M. d’Apligny, & un mémoire de M. Quatremer, qui a remporté le prix propofé par l’académie des Sciences. Il nous fufñra, pour nous renfermer dans l’objet de ce rapport , de dire qu'il exifte deux procédés principaux pour appli= quer la couleur bleue de lindigo fur la laine &c fur la foie. Le premier confifte à aflocier enfemble l'indigo, le pañtel & la chaux, pour teindre fur la laine; lindigo , la cendre gravelée & un peu de fon pour teindre fur: foie; enfin, l’indigo, la chaux, les cendres gravelées & la couperofe verte , pour teindre fur fil & fur : coton. On laïfle fermenter ces différentes fubftances pendant un temps plus ou moins long, & lorfque la cuve a acquis les qualités con- venables, qualités qui fe reconnoiflent par des caraéteres certains , on y plonge les matieres à teindre : les premieres plongées, prennent une teinte plus vive & plus foncée; la nuance des dernieres eft plus foible & plus terne. La couleur bleue qu’on obtient par ces différens procédés, fe confond aflez communément fous le nom de bleu de cuve. Le fecond procédé confifte à diffoudre une pâttie d'indigo dans huit parties d’huile de vitriol; à étendre cette diflolution dans une grande quantité d’eau, & à y plonger enfuite la laine ou la foie qu’on fe propofe de teindre. Ce dernier procédé qui eft connu dans le commerce fous le nom de Bleu de Saxe, n’eft pas fort ancien; il » été tenu long-temps fecret, & plufeurs de nos manufatures même l'ont acheté à prix d’argent. Chacune de ces deux manieres de teindre, a fes avantages & fes in- convéniens. La premiere donne une couleur plus folide, qui réfifte à prefque tous les débouillis; mais elle eft plus terne, moins vive & moins agréable à la vue, La feconde eft plus belle, mais elle a un ton verdâtre; elle s’altere aïfément à l'air, & ne réfifte pas au cébouilli des alcalis & du favon, ou au moins, elle y perd fon éclat ë: fa beauté. Le bleu de cuve a, en outre, un inconvénient, c’eft d’exiger une quantité d’indigo qui excede beaucoup celle qui fe porte réellement für létoffe; dans le procédé du bleu de Saxe, au contraire, on ne perd pas un atome d’indigo, & on peut parvenir, par des trempes réitérées d’étofles, à décolorer complétement le bain teignant. Enfin, les cuves de bleu d'indigo ont le grand inconvénient de tourner , de fe gâter & de fe corrompre, & il en réfulte des pertes confidérables dans les travaux en grand. L’art de la teinture en bleu p'éfente donc trois problèmes infiniment intéreffans à réfoudre ; 3°, de donner au bleu de çuve La vivacité , l'éclat & la beauté du 528 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; bleu de Saxe ; 2°. de donner au bleu de Saxe la folidité du bleu de cuve ; enfin, un troifieme problème, feroit de parvenir à teindre avec des matieres indigenes , & à remplacer par des matériaux na tionaux , une fécule qui ne croît que dans l'Inde &s dans l'Amé- rique. Quiconque auroit réfolu complétement Fun de ces problèmes; auroit rendu le fervice le plus important à Part de la teinture, &e s’il confentoit à publier fon fecret , il ne pourroit être dignement récompenfe que par la libéralité du Souverain ; mais la fociété ne doit pas s'attendre qu'on foumette jamais à fon jugement des dé couvertes de cette efpece , elles intéreffent trop effentiellement la forme des citoyens, & il eft probable que les gens de l’art qui en feroient en poñeffion , ne facrifieroient pas les bénéfices immenfes qu'ils auroient lieu d’en attendre aux encouragemens néeflairement médiocres que la fociété eft en état de décerner. Le zèle de la fociété doit donc plutôt avoir pour objet d’encou= rager les efforts qui menent au but défiré, que de récompenfer con: venablement ceux qui l’auront atteint , & c’eft fous ce point de vug que M. d’Apligny nous paroït avoir mérité d’elle. D'après ces préliminaires , nous allons tranfcrire ici le procédé de M. d’Apligny , téiqu'il nons a été confié; nous y joindrons quel- ques détails fur nos propres expériences , & fur les changemens & perfettion dont nous le croyons fufceptible ; enfin, nous terminerons notre rapport en appréciant les avantages &c les inconvéniens de cette maniere de teindre , & en évaluant , d’après nos lumieres , le degré d'utilité dont elle nous paroït Être pour le commerce & les manufaéturess Procédé de M. & Apligny , pour la nouvelle Teinture en bleu: Le mordant confifte dans une diflolution de fer ou de chaux fer“ rugineufe , parfaitement divifées : il y a plufieurs manieres de fe la procurer avec économie. 1°. On prend environ quatre livres de vieux fer rouillé ; on verfe deffus une demi-livre d’eau forte com- mune dans une marmite de fer où l'on a mis la féraille : on laïfle agir le diffolvant pendant 24 heures , en remuant les morceaux de temps en temps, afin qu’il agifle fur tous fucceflivement. On verfe enfuite fur le tout trois pintes de vinaigre, & on le fait bouillir dans la marmite après y avoir ajouté trois pintes d’eau : enfin , on met le tout dans un tonneau pofé fur cul , qui contienne environ foixante pintes. On remplit enfuite ce tonneau avec de l’eau fure 3 Ceft-à-dire , une eau de fon qu'on a fait bien aigrir: on le couvre avec une çouverture , de maniere cependant à laïfler un peu . à Lars sur L’H1ST. NATURELLE ETLES ARTS. 529 à l'air. On pratique à ce tonneau un robinet de bois, pour tirer la liqueur quand on en a befoin. Il eft à propos, en ce cas, d’avoir toujours de l’eau fure chaude, pour remplacer le vuide du tonneau lorfqu'on prend de la liqueur , & lorfqu'il eft au quart, on ajoute une nouvelle diflolution chaude de ferraille : une demi-livre fuffit alors, & des diflolvans à proportion. On fe réglera en conféquence, fi l'on veut avoir une plus grande quantité de mordant. Plus il eft ancien, meilleur il eft. 20. L’on peut fubftituer avec avantage à la ferraille & à l’eau forte, la chaux ferrugineufe qui refte dans le creufet, après qu'on a fait détoner parties égales de nitre & de limaille de fer: on lave ce réfidu pour le défaler, & on le fait bouillir avec le vinaigre comme ci-deflus, &c, 3°. On peut encore employer un fafran de mars, qu'on prépare de cette maniere, On forme une pâte avec parties égales de foufre & de limaille de fer, qu'on humeëte avec un peu d’eau; on la fait calciner fur le feu dans une marmitede fer, ou dans une terrine non vernifle, jufqu'à ce que le foufre foit confumé. On fait enfuite bouillir ce fafran dans du vinaigre & des eaux fures , comme ci- deflus, &c. 49. On peut tout fimplement faire rouiller à l'air fur des planches de bois blanc, de limaïlle de fer qu’on a bien humeëtée d’eau: on l’arrofe de temps en temps avec de l'urine ; lorfquelle eft bien rouillée d’un côté, on la retourne & on l’arrofe toujours, jufqu’à ce qu’elle le foit par-tout: enfuite on la pile pour la bien divifer, & on la fait bouilli® comme ci-deflus. s°. Prenez cent pintes de piquette, de mauvais vinaigre ou de petite bière : mettez dans celle de ces liqueurs que vous choïfirez, vingt ou vingt-cinq livres de vieilles ferrailles, que vous aurez ex- pofées deux nuits à la rofée. Délayez avec une portion de la liqueur , douze livres ou environ de farine de feigle, ou des recoupes de boulanger. Mettez cette farine dans le vaiffeau qui contient les cent pintes de liqueur : faites chauffer une portion de ce bain dans une chaudière de fer, à une chaleur aflez forte pour donner aux cent pintes une chaleur tiéde lorfque vous y verferez la portion que vous avez fait chauffer. Laïflez enfuite repofer le tout pendant fix femaines deux mois, ou davantage; car plus cette compoñtion eft vieille ; meilleure elle eft. Il faut tenir le tonneau qui la contient, couvert d’une toile, & une planche par-deffus pour la garantir de la poufliere & des infeétes ; ayez foin feulement de pratiquer une petite ouverture pour laifler un accès libre à l'air, & entretenir la fermentation néceffaire. à Cette compofition eft connue des indienneurs & des teinturiers Tome XI, Part. I JUIN 1778. Xxx nie. bé à NÉ us. | 530 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, en coton, pour leurs noirs. Elle n’eft pas coùteufe & fournit un fort bon mordant pour notre bleu : il faut feulement avoir foin d'éviter, en la faifant, les vaifleaux de cuivre ou de bois qui don- neroient de la couleur au fer; car il eft néceflaire, pour obtenir un beau bleu, que la chaux ferrugineufe foit bien exempte de phlo- giftique, ou non attirable par l’aimant. Toutes ces préparations font bonnes; néanmoins, je préfére la feconde & la troifième. FT Lorfqu'on en veut faire ufage, on fait chauffer de l’eau, on y imbibe la matiere à teindre, afin qu’elle prenne le mordant plus également : on la retire & on verfe dans le bain un douzième ou un vingtieme de la diffolution ferrugineufe , felon la nuance qu’on veut avoir. On fait encore chauffer le tan fi l’on veut, puis on y abat le drap, la laine ou la foie ( qui doivent être bien décreufés) ; on les y laifle jufqu’à ce qu'ils aient abforbé la couleur jaune; fi on ne les trouve pas aflez chargés, on rajoute de nouvelle diflolu- tion, felon qu’on veut la couleur plus ou moins foncée; car plus la matiere fera d’un jaune foncé, plus le bleu le fera. Lorfqu’on juge à propos, on retire les matieres à teindre, on les évente, on les laiffe bien égoutter, en les maniant; puis on les lave à la riviere. Le lendemain on peut les teindre dans, le bleu préparé, dont voici la compofition. Bluiffage. On prend 2 livres de bleu de Prufe en pâte, ( c’eft-à-dire, liquide ou non-sèche ( on y ajoute une demi-livre de potañle, & au- tant d’eau qu'il en faut pour qu’elle furnage la matière de 2 pou- ces environ. On fait bouillir le tout légérement, jufqu’à ce que le bleu ait pris la couleur d’ochre ou de rouille: on tire alors la li- queur à clair, au travers d’une toile humeëtée & ferrée. Lorfque tout le clair a pañlé, on y ajoutera de l'huile de vitriol ordinaire, ou mieux encore de l’eau-forte commune, & en agitantla liqueur avec un bâton. Ce mélange doit être fait petit-à-petit & lentement , afin que la vivacité de l’effervefcence ne fafle point pañler la liqueur par-deflus les bords. On cefle d’en verfer lorfqu’on ne voit plus d’ef- fervefcence : c’eft la véritable règle du plus ou du moins d’huile de vitriol qu'on doit employer. Cependant on a obfervé que la dofe la plus convenable étoit 3 onces d'huile de vitriol pour 8 onces de potaïle, fur quoi l’on peut fe régler, vu que ces deux drogues font à-peu-près d’une force aflez conftante & aflez égale dans le commerce. Dans le cas où l’on en douteroit, il faudroit, en ver- fant l'acide, faire l’effai de la liqueur fur du papier bleu de tour- nefol, & cefler d’en verfer lorfqu’elle commenceroiït à rougir ce papier. En général, fi l’on verfoit trop d’acide, le bleu rougiroit & feroit moins beau, & la liqueur pourroit altérer les étoffes: mais sur L’'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. $31 il eft néanmoins à propos qu'il y ait un peu d’excès d’acide, la couleur eft plus belle & fe tire mieux & l’on n’a rien à craindre pour l’étoffe. On pourroit employer cette compoñtion fur le champ pour teindre ; mais il vaut mieux la garder 24 heures pour donner aux fels le temps de réagir & de fe bien combiner , ce qui fe connoït à la couleur verte du bain. Lorfqu'on veut teindre, on fait chauffer de l’eau, on y ajoute de la compofition verte, & on y pañle les matieres qui y prennent d’a- bord une teinte verte, puis une bleue de la plus grande beauté. Le bleu plein & fans mélange de verd, eft l'indice que la teinture eft faite; fi les matieres étoient encore verdâtres, il faudroit rajouter de la compoñition verte: ce travail n’a aucune difficulté. Réflexions des Commiffaires. On voit que le procèdé de M. le Pileur d’Apligny n’eft autre chofe que la précipitation du fer fous couleur bleue, opérée dans les pores de la laine ou de la foie par un alcali chargé de la matiere * colorante de bleu de Prufle. Cette maniere de teindre, qui n’a point été introduite dans les arts, n’étoit point inconnue des favans; M. Macquer l’avoit publiée dès 1749 dans les Mémoires de l’aca- demie; mais, quoique les expériences qu'il fit alors euflent eu du fuccès, elles laifloient encore beaucoup à défirer, & c’eft, fans doute, par cette raifon que les artiftes n’avoient point adopté, du moins à notre connoiflance , fes procédés. La méthode de M. Macquer avoit un inconvénient principal ; V'alcali qu'il employoit n’étoit point faturé de matiere colorante, 8e il réfultoit de cet excès d’alcali, qu’une partie du fer fe précipitoit fous couleur de rouille , tandis que l'autre fe précipitoit fous couleur bleue; le mélange de ces deux précipités donnoit une couleur verte à la matiere qui avoit été teinte, & M. Macquer, pour ramener fa teinture à la couleur bleue étoit obligé de difloudre par un acide la partie ferrugineufe à nud, & c’eft ce qu'il a appellé dériver par un acide : cette double opération nuit à la qualité de la teinture, elle en eft moins belle & moins égale; M. d'Apligny, au contraire, après avoir chargé fon alcali de matiere colorante , faturé par l'acide vitriolique ou par l'acide nitreux tout ce qui exifte en excès, il obtient alors une couleur parfaitement bleue, & du plus beau bleu. Le procédé de M. d'Apligny differe encore de celui de M. Mac- quer, en ce qu’au lieu d'employer le fer dans l’état de vitriol, il lemploye diflous par un autre acide & privé de phlogiftique. Les différens eflais que nous avons faits fur ce fujet, RO à XX ij 1e 532 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ; croire qu’on peut fans beaucoup d’inconvéniens s’en tenir à la diffolu: tion du vitriol, fur-tout lorfqu’elle a dépofé une certaine quantité d’ochre; mais elle ne nous a bien réufñi qu’autant que nous l'avons employée avec un peu d’excès d’acide vitriolique. Enfin, M. d’Apligny au lieu d'employer, comme M. Macquer, Palcali, calciné avec le fang de bœuf, fe fert d’un alcali qu'ila fait paffer fur du bleu de Prufle pour le charger de fa partie colorante, Cette maniere d'opérer, quoiqu’un peu plus difpendieufe ; eft né- ceflairement beaucoup préférable, mais nous croyons que M. d’A- pligny emploie trop peu de bleu de Pruffe en proportion de la quantité d’alcali; il en réfulte 1° une perte d’alcali qui augmente le prix de fa teinture; 2%. une dépenfe furperflue en huile de vitriol ou en eau-forte, puifqu’il eft obligé de faturer avec cet acide l’alcali qui refte en excès. D’après ces réflexions & les expériences que nous avons faites ; voici le degré de fimplicité auquel nous croyons qu’on peut réduire le procédé de M. d’Apligni. Nous nous en rapportons au furplus, fur les avantages & les inconvéniens des moyens que nous propofons , aux expériences faites en grand par les artiftes, les feules qui puiflent prononcer définitivement fur ces fortes d’objets. Procédé de M. le Pileur d'Apligny , pour teindre en bleu , avec Les correitions faites par les Commiffaires. On prend une diffolution de fer foit par l’acide vitriolique , foit par le vinaigre, foit par une eau rendue acide par la fermentation du fon. Cette diflolution doit être très-claire & avoir un peu d’excès d'acide, M. le Pileur d’Apligny, confeille de préférer pour cette diflolution, du fer déjà divifé & rouillé; quant à nous, toute dif- folution de fer avec excès d’acide nous a paru remplir le même objet. D'une autre part, on prend trois ou quatre livres de bleu de pruffe en pête, c’eft-à-dire, avant qu'il ait été féché, on y ajoute une demi- livre de belle potafñfle & de l’eau de riviere à volonté, on fait bouillir légérement, après quoi on tire la liqueur à clair & on la filtre; fi la quantité de bleu de Prufle a été fuffifante, la liqueur ne doit plus faire aucune effervefcence avec les acides; fi elle en faifoit encore , il faudroit y verfer peu à peu de l'huile de vitriol ou de l’eau forte jufqu'à ce qu’on eût complétement faturé tout l’alcali qui reftoit à nud ; nous croyons qu’en général il vaut mieux employer plus de bleu de Prufle que moins , attendu que la portion non decolorée qui refte après la décantation de la liqueur alcaline n’eft pas perdue , on y pañle le nouvel alcali qui doit être employé dans SUR L'H1IST. NATURELLE ET LES ARTS. 533 une opération fubféquente. On peut même, lorfqu'il eft entiérement décoloré, le laver pour emporter les dernieres portions d’alcali qu'il contient, & l'eau qui aura fervi à ce lavage pourra s’employer au lieu d'eau pure pour diffoudre une nouvelle quantité de potafle : à l’aide de ces précautions on pourra obtenir un alcali parfaitement faturé de matiere colorante & de la maniere la plus économique. Au refte, il fera toujours plus sür d’y ajouter quelque peu d’acide vitriolique , afin d’être afluré qu'il ne refte aucune portion d’alcali à nud. , Ces deux liqueurs étant ainfi préparées , on opérera précifément comme le prefcrit M. d’Apligny. On mêlera une partie de la afflolution ferrugineufe acidule, avec vingt ou trente parties d’eau, on fera chauffer le tout, puis on y plongera le drap , la laine, la foie (préalablement bien décreufée ) qu’on fe propofe de teindre, on les y laiflera d’autant plus long- temps qu'on voudra obtenir une teinte plus ou moins foncée. La laine & la foie fortent de cette diflolution avec une teinte jaune légere, & on.peut juger par le ton même de cette teinte, du degré d’intenfité qu’aura la couleur bleue : fi la teinte jaune eft trop pâle on pent ajouter une nouvelle quantité de diflolution ferrugineufe, Cette premiere opération faite, on éventera les matieres, on les laiflera s’égoutter, puis on les lavera à grande eau. M, d’Apligny prefcrit même de les laver à la riviere, dans la perfuafion où il eft, que la bafe métallique refte toute appliquée dans les pores de l’étoffe -& qu'il n’y refte rien de falin. Quant à nous, nous craignons que des lavages trop répétés & à trop grande eau n’emportent la plus grande partie du fer que nous croyons encore dans létat falin, &t que la teinte de la couleur n’en foit confidérablement affoiblie, Au furplus , c’eft aux artiftes à obferver juiqu'à quel point ils doivent laver, & jufqu’à quel point ils le peuvent fans inconvé- ment. Le refte de l'opération ne confifte plus qu’à étendre dans une fufi- fante quantité d’eau, dans vingt ou trente parties , par exemple, la ligueur alcaline faturée de bleu de Prufle, & à y plonger les ma- Se à teindre, elles y prennent, fur le champ la plus belle teinte e bleu, 534 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Des avantages 6 des inconvéniens de la nouvelle Teinture bleue, Il ne nous refte plus pour remplir l’objet de la fociété , que de pré- fenter ici en peu de mots le détail des avantages & des inconvéniens de cette maniere de teindre. Nous ne croyons pas en général qu’elle foit plus chere que celle pat l'indigo , & nous avons même tout lieu de croire qu’elle fera fenfiblement à meilleur marché; mais il ne nous a pas été poflible de faire fur cet objet des expériences aflez décifives pour pouvoir âcquérir une certitude. On devroit pour y parvenir , favoir exaétement ce qu'il faudra de bleu de Prufle pour teindre une quantité donnée de foie & pour lamener à une teinte déterminée ; il faudroit faire le même calcul à l'égard de l’indigo employé foit en bleu de cuve, foit en bleu de Saxe ;, & les opérations qu’il feroit néceffaire de faire, pour arriver à des réfultats exaéts feroient néceflairement très-longues, très-difiiciles & très-difpendieufes , encore ne feroit-il pas certain que les calculs faits d’après ces expériences fuflent applicables à des travaux en grand. M. le Pileur d’Apligny , qui a beaucoup travaillé fur cet objet, fe perfuade que cette teinture fera meilleur marché d’un cinquieme que celle par l'indigo , mais c’eft fur Îe bleu de cuve qu'il a établi fa comparaïfon ; or, cette derniere teinture étant bien fupérieure en qualité à celle qu’on obtient par le procédé de M. d’A- pligny , la comparaïfon n’eft pas jufte, &c 1l eft très-probable , qu’en fuppofant même une différence de prix d’un cinquieme, le bleu de cuve fera préféré dans le plus grand nombre des cas; c’eft donc au bleu de Saxe , à celui qui réfulte de la diflolution de lindigo par l'acide vitriolique , qu’on peut feul comparer la teinture Li par M. d'Apligny. Mais, dans cette -fuppoñtion, la différence des prix ne fera peut-être plus aufi fenfible ; au refte, le prix du bleu de Pruffe tombe tous les jours au moyen des manufaëtures multipliées qui s’en font établies , principalement à Paris ; il eft probable même qu’on pourra fimplifier encore les procédés d’ufage pour le fabriquer. L'indigo, au contraire, ne peut qu’augmenter de valeur, & il eft exceflivement cher dans les temps de guerre, en forte que les calculs de dépenfe, qui ne font pas abfolument décififs dans ce moment en faveur de la teinture de M. d’Apligny , pourroient le devenir dans la fuite. La teinture de M. d’Apligny ne pouvant réfifter au débouilli du favon & des alcalis, on conçoit qu’elle ne peut être employée pour teindre le fil & le coton ; ces matieres étant deftinées à aller à la lefive, la couleur bleue y difparoîtroit entiérement , c’eft donc à la laine & à la foie feule que convient cette efpece de teinture, à SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 535 lexception cependant des velours de coton aïxquels on peut lappli- quer fans inconvénient, ainfi qu’à toutes les étoffes de même nature qui ne feroient pas deftinées à être envoyées à la leffive. La teinture propofée par M. d’Apligny , n’eft donc pas, rigoureufe- ment parlant , une teinture de bon teint, mais elle a cela de commun avec le bleu de Saxe & avec la teinture en écarlate ; ces deux cou- leurs , & plufeurs autres très-eflimées, ne réfiftent pas beaucoup mieux qu’elle au débouilli du favon des alcalis; mais à cet incon- vénient très-réel on peut oppofer les avantages qui fuivent, Premiérement , la teinture de M. d’Apligny réfifte mieux que celle du bleu de cuve au débouilli de l’alun & des acides. Secondement , fa beauté & fa vivacité furpañlent infiniment celles du bleu de cuve, & font même fupérieures à celles du bleu de Saxe. Troïfiémement , elle a la propriété de pouvoir s’employer dans toutes les nuances poffbles, à la différence de lindigo qui ne peut donner! à la foie une nuance foncée , qu’autant qu'on y ajoute de la cochenille qui augmente confidérablement le prix de la teinture, ou de l’orfeille qui en diminue la qualité. Quatriémement , elle réfifte long-temps aux impreffions de l’air fans en être altérée , & à cet égard elle a un avantage très-marqué fur le bleu de Saxe qui fe pafle ( comme l’on dit) avec une étonnante facilité, Cinquiémement , elle n’altere en rien la qualité de la foie & de "la laine. C’eft d’après ces confidérations que nous avons penfé que M. le Pileur d’Apligny méritoit les encouragemens de la fociété, non pas comme auteur d’une découverte , puifque celle dont il eft ici queftion , appartient à M. Macquer ; mais comme ayant perfeétionné une maniere de teindre , qui n’avoit point encore été employée dans les arts & dans les manufaétures , ou au moins qui ne lavoit été qu'avec fecret & myftere. Il ne feroit point impoñfible que quelques perfonnes reprochaffent à la fociété d’avoir donné un encouragement, & par conféquent une efpece d'approbation à une teinture qui n’eft pas rigoureufement de bon teint ; nous répondrions d’avance à ceux qui pourroient faire cette objeétion : premiérement, que l’art de la teinture n’eft point affez avancé pour qu'on puifle en bannir toutes les couleurs de faux teint, & qu’en partant des principes auf rigoureux , il faudroit profcrire le bleu de. Saxe , la plupart des verts tendres, des bruns & mordorés, principalement fur foie , des cerifes & des rofes également fur foie dans lefquels entre le carthame , & beaucoup d’autres; en forte que nos manufa@ures fe trouveroient privées de la plus grande partie de leurs couleurs ; fecondement, que l'indigo lui-même, dans -536 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ; les premiers temps où il a été employé, n’étoit pas couleur de bon teint, que ce n'eft qu'à mefure que l’art de la teinture a fait des progrès qu'on eft parvenu à donner à cette maniere de teindre la folidité qu'on lui reconnoît aujourd’hui ; il eft donc permis d’efpérer qu’on trouvera un jour pour Le bleu de Pruffe , ce qu’on a trouvé pour l'indigo ; ce fera alors qu’on jouira véritablement de la découverte, & de M. Macquer , & de M. d’Apligny , & qu'on pourra fe pañler abfolument de l’indigo. Au refte, comme il eft important de prévenir le public contre les entreprifes qu'on pourrait faire pour le tromper , nous allons donner un moyen fimple & à la portée de tout le monde , pour reconnoitre les étoffes qui auront été teintes par l’un des trois moyens expoñés dans ce rapport ; on prendra deux ou trois poignées de cendre qu'on leffivera avec une quantité d’eau chaude fuffifante pour obtenir en- viron un verre de liqueur, puis on plongera dans cette leflive un échantillon de Ll’étoffe, dont on voudra éprouver la qualité, fi elle a été teinte en bleu de cuve, elle n’éprouvera aucune altération, fi elle a été teinte en bleu de Saxe, la couleur perdra fon éclat & fera eonfidérablement altérée; enfin, fi elle a été teinte en bleu de Prufle, & par un procédé analogue à celui de M. d’Apligny , l’échan- tillon d’étoffe en {ortira prefqu’entiérement décoloré , & de couleur de rouille de fer. Nous avons déjà annoncé que M. Macquer étoit véritablement l'inventeur de la teinture qui fait l’objet de ce rapport, que c’étoit à lui qu’en appartenoit principalement l’honneur, & que M. d’A- pligny n’avoit fait qu'y ajouter quelques degrés de perfeëtion, Nous avons cu en conféquence que nous ne pourrions mieux répondre à la confiance dont la fociété nous a honorés ; qu'en confultant # M. Macquer lui-même. Nous finiflons en conféquence ce rapport, en annonçant que c’eft d’après l'avis de M. Macquer, & avec lui, que nous réclamons les encouragemens de la fociété en faveur de M, le Pileur d'Apligny. LETTRE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ÂARTS. 537 om) L'ÉNEL ED ARS EE De M. MAGELLAN à M. le Chevalier pe Bory, de l'Académie Royale des Sciences, Relativement à la Montre marine de M. .MUDGE, Eleve du célebre GRAHAM, 6 l’un des plus habiles Horlogers de ce fiecle. J ’A1 l’honneur de vous prévenir, Monfieur le chevalier , que le bureau des longitudes établi par le Parlément , vient d’accorder 500 livres flerlings à M. Mudge , pour l’encourager à continuer fes travaux fur les montres marines. On fait aflez combien la perfeétion de ces montres eft importante pour la navigation, & en conféquence pour Le bien public ; ainf, je penfe que l'académie fera bien aife d’être informée , avec quelque détail, de ce que M. Mudge a fait en ce genre, La montre marine de cet excellent artifte , ayant été mife en épreuve à l’obfervatoire royal de Greenwich , pour que l’aftro- nome du roi ( M. Maskelyne ) en examinât la marche ; elle a été avec tant de précifion , depuis le 12 novembre 1776 , jufqu’au 1a de février 1777 ( dernier jour dont j'ai pu avoir les obfervations ), que pendant cet intervalle de temps , elle n’a varié qu’infiniment peu. En effet , elle ne s’eft écartée du temps moyen, que d’environ deux tiers de feconde par jour; car au bout de ces trois mois ou de 93 jours , il n’y a eu en tout qu’une différence d’1/, 17, 8 en avance, fur le temps moyen. Les plus grands écarts qu'on y a remarqués , n’ont été , & cela qu’un feul jour , que de 2/’, & en huit autres jours, que de 2// en avance. Enfuite , les variations en retard, n’ont été que d’1/, 46 dans un jour, & que d’1//, 2 en deux autres jours. M. Mudge avoit porté cette montre auparavant , c’eft-à-dire , en juin 1776 , de Londres à Oxford dans une chaïfe de poñte, d’où elle étoit revenue de même , au commencement de novembre, Or, après un tranfport de 116 milles , pour l'aller & le retour ; elle a donné la longitude entre Londres & Oxford à 1//, 6 près en prenant un terme mo entre les deux longitudes qu’elle a données , & en arrivant à Oxford, & en revenant à Londres. Car l’ayant mife avant de partir à la ieconde fur une excellente pendule à fecondes du doc- teur Heberden, dont la maïfon eft à 31/7 de l’obferyatoire de Green: Tome XI, Part. I. JUIN 1778. Yyy 538 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, wich. elle a donné en arrivant à Oxford $/.….. 3//, 5 de différence entre ces deux méridiens , qui eft la même , à une demi-feconde près , que celle qui. eft marquée dans les tables de l’affronomie de M. de Lalande, En revenant à Londres au mois de novembre , elle a donné pour différence. entre la maifon du doëteur Héberden |, & Oxford 41... 3//, 8 qui, jointe à la différence de 31” qu’il y a entre cette maifon du docteur & l’obfervatoire de Gréenwich , fait 5... 17, 8 Or, cette quantité. ne differe pas d’une feconde de la vraie longitude , entre Gréenwich & Oxford, qui par les obfervations aftronomiques les plns exaétes , ne va pas au-delà de 57... 1/7. Car , en prenant une lon- gitude moyenne entre ces deux différentes longitudes; on a 5/.... 27,6, qui ne s'éloigne de la véritable différence de longitude, de ces deux endroits , que dr” 6, comme je l’ai déjà dit. Pendant tout le temps que cette montre eft reftée à l’obfervatoire d'Oxford , qui a été de 133 jours , elle a été avec tant-de juflefe, qu’elle n’a pas retardé d’r , 22 fur le temps moyen. Je n’aï pas encore été à portée d'examiner par moi-même, comment elle eft conftruite , je fais feulement qu’elle eft de la forme des montres ordinaires ; quoique beaucoup plus grofle, ayant $ pouces anglois de diametre , & fon cadran 4+ ; & qu’on la remonte par deffous, comme les montres angloifes, une fois toutes les 24 heures ; 1l n’eft pas inutile d’obferver que cette opération n’arrête en rien la marche. Au refte, voici le principe de fa conftruétion, tel qu'il m’a été com- funiqué par une perfonne d’un rang diflingué , très-verfée dans ces matieres, & qui connoît parfaitement l’intérieur de cette montre. Le balancier fait fes vibrations d’une maniere tout-à-fait indépendante du rouage ; il reçoit de la force motrice une impulfron nouvelle, & toujours égale à chaque vibration , moyennant l’aéhon alternative de deux petits refforts, placés de chaque côté des palettes; & c’eft unique- ment ces petits reflorts que le rouage remonte alternativement, pendant que le balancier eft tout-à-fait dégagé de leur aétion. Ce balancier a deux reflorts fpiraux (1), tandis qu'il ny en a. qu'un dars les montres ordinaires , afin que ces deux reflorts produifent ( 1) L’horloge marine de M. le Roy , l'aîné, remife à l'académie des fciences à la fin d'août 1766, pour le prix de cette compagnie avoit propofé fur les longi- zudes pour 1767, & qui a remporté le prix de la même académie en 1769 & 1773, fur-le mème fujer, a deux refforts fpiraux , comme celle. de M. Mudge. La conftruc- tion, marne de M. le Roy ,. qui éroir déjà connue de plufieurs acädémiciens en 1767, .al,été rendue publique par l'impreflion en 1769. Nous avons cru qu'il n'éroit pas inutile de faire ici cette obfervation, pour rendre à chacun ce qui lui appar- ñ tient, Vote de l'éditeur. sur L’'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 539 uneaëtion plus réguliere dans les deux fens où fe font les vibrations, ll y a un thermometre métallique pour que le momentum d'aétion de ces reflorts ne foit pas plus grand dans une température que dans une autre. Ainfi, par cette difpofition générale de la machine À ne peut y avoir de variation , à proprement parler , ni par les inégalités du rouage, ni par les variations dans la fluidité des huiles , ni par le frot- tement des roues contre les pignons , ni par celui des pivots de ces mêmes roues , ni enfin , par les différentes intenfités d’aétion des reflorts - fpiraux , aétion qui eft renouvelée à chaque vibration , pour reftituer la quantité de mouvement perdue dans la précédente. Une autre obfervation que la même perfünne m'a fait faire , c’eft l'attention qu'a eue M. Mudge , dans l'application du thermometre defliné à entretenir l'égalité dans l’aétion des reflorts fpiraux de cette efpece de montre , malgré les variations de tempérâture de Vathmofphere , attention qui femble avoir échappé jufqu'à préfent à tous les artiftes. Soit M W, ( voyez La figure 1 ). Le reflort régula- teur du balancier d’une montre marine , que je fuppofe de la lon- gueur de 19 lignes, ou de r9 parties égales , d’une longueur quel- conque ; que fa longueur juiqu'en J'foit celle où les vibrations foient telles qu’elle foit réglée fur le temps moyen ; dans la tempé- rature de 55 deg. du thermometre de Farhenheit, ou de 10 de celui de Réaumur, Soit der & wen , deux thermometres métalliques compofés de deux lames d'acier & de cuivre, placéès l’une fur l'autre en fens contraire , c’eft-à-dire , celle d’acier en dehors de celle de cuivre, en der, celle de cuivre en dehors de celle d’aciér en wen (r); foit enfin, le curfeur fa nr mobile autour du centre # ae fuppofe ici (pour rendre la figure plus intelligible) , mobile ans un fens oppoté à celui qu'il doit avoir, devant tourner autour du centre du fpiral (2). Suppofons aétuellement qu'une chaleur de 10 degrés du thermo- mètre de Réatfmur, ou de 13 de celui de Fahrenheit affoiblifle ce_ meme (1) Ce thermometre métallique eft celui de Harrifon , très-ingénieufement ima- giné , & qu'il a adapté à la montre marine à laquelle le parlement d'Angleterre a accordé les 400 & tant de mille livres qu'il avoit promifes pour la découverte des longitudes à la mer. Note de l'Editeur. lé 2) Il n'y a dans la figure qu'un reflort fpiral, quoique, comme nous l'avons dir, il yen air deux dans la montre. On a dit que lé petit levier ou curfeur rsn4, n'eft que pour faire entendre comment l'auteur,s’eft pro ofé de rendre les variations des longueurs &e ces réflorts fpiraux (relatives aux différentes températurés }, pro- portionnelles à ces mêmes longueurs ; car fon aËtion ne pourroit pas fe faire de cette maniere, le curfeur devant tourner autour du centre du reflort fpiral , afin que dans fes différens mouvemens il refte toujours concentrique à la partie de ce reflort, qui joue entre fes chevilles, &tc, Nore de l'Editeur. Yyy 5 540 OBSERVATIONS SUR LÂ PHYSIQUE; reflort, en forte qu'il foit nécceflaire de le raccourcir d’+ , c’eft-à- dire , jufqu’en s, pour avoir des vibrations d’une égale durée à : celles d’auparavant ; il eft évident que s’il furvient un degré de froid également éloigné de la température moyenne de 55 degrés, c’eft-à- dire de 55°—20° =35° de Fahrenheit ; il ne fufhra pas d’augmen- ter la longueur du reffort d’+ ou jufqu'en 7 ; mais qu'il faudra l’allonger dans une plus grande proportion, ou jufqu’en . Ainf , le levier a » fur lequel agit le thermometre métallique wc doit être au levier ar, fur lequel agit l’autre thermometre métalli- que der, en raifon inverfe des deux longueurs du reflort fpiral , c’eft- à-dire , comme 18—1. 18:: 18.x, afin que le curfeur f au lieu de s'arrêter en z , puifle aller jufqu’en » , pour un degré de froid également éloigné de la température moyenne. C’eft faute de cette attention , qu'on a fi fouvent échoué dans la correétion des inéga- lités des montres marines, caufées par les différentes forces de leurs reflorts , relatives aux différentes températures de l’athmofphere: mais il faut avouer que cela n’étoit pas poffible à moins de les avoir conftruites , felon les principes de M. Mudge , c’eft-à-dire , en forte qu’elles foient tout à fait affranchies des effets provenans dans le rouage, des changemens dans lépaifleur ou dans la fluidité des hui- les ; qui font très-confidérables (1); car toute cette exaëitude dans la marche proportionnelle du curfeur ne produiroit aucun effet avantageux dans la conftruétion ordinaire, les changemens dans la température agiflant fouvent fur la force motrice (les reflorts) d’une maaiere , &. {ur les huiles d’une autre, tellement qu’elles exigeroient refpetivement un mouvement contraire dans le curfeur. Il faut pour- tant dire qu'il arrive quelquefois que ces changemens produifent fur la force motrice & fur les huiles, des effets qui fe compenfent. Enfin, je ne dois pas oublier que M. Mudge a non-feulement cherché à donner le plus d'égalité poffible à l’aétion (2) qui entretient le mouvement.du balancier , mais encore que cet habile artifte a tâchésde mettre une très grande différence de force entre celle qui eft néceflaire aux (1) On voit affez par certe defcription de la montre de M. Mudge, qu'il a em- ployé un remontoir, comme l’auroient fait auparavant M. Rivaz, M. Harrifon & d'autres. Ainfi, toutes les horloges & montres marines, conftruites de cette maniere, ainfi que celles qui ont un échappement libre ou à détente, font fufcepribles des mêmes avantages, relativement à l’aétion de ce thermometre métallique fur le reflort fpiral. Note de l'Editeur. (2) Il eft important de fe rappeller, pour mieux entendre ce qui eft dir ici, que le premier moteur n’a d’aétion dans certe montre qu’en remontant; tour à tour deux petits reflorts (tandis que le balancier eft entiérement dégagé de leur a&tion), par l'entremife defquels il agit fur les palettes de ce balancier, & qne c'eft de cette ma- aiere que ce premier moteur en entretient les vibrations. More de l'Editeur. v \ sur L'H1ST. NATURELLE ET LES ARTS. $41 vibrations du balancier, & cette force entretenante du mouvement de la machine :’ car ces forces font entr’elles comme 1 à 300 dans fa marche ; tandis que dans celle de M. Harrifon, elles ne font que comme 1 à 82, ou à 83. Mais, loin de s’en tenir là, M. Mudge eft occupé aétuellement à faire deux autres montres marines, qui feront éprouvées fur mer , felon le dernier aëte du parlement, {ur les longitudess & dans lefquelles la proportion fera encore plus ‘grande, comme d’1 à 350 ou même davantage. Je joindrai à cette notice de la montre marine de M: Mudge la defcription d’un mécanifme fort ingénieux , qu’il a imaginé pour fon excellence le comte de Bruhl, miniftre de fon altefle l’életeur de Saxe après du roi d'Angleterre. Le mérite de cette montre con- fifte principalement dans fa généralité ; car on peut par cette méthode employer un rouage aflez fimple , & dont lexécution ne demande que la main d’un ouvrier ordinaire, pour produire un mouvement périodique quelconque, qui aura toute l’exaétitude qu’on voudra, tel, par exemple, qu’il donnera à un millionieme‘& même à plus de deux millioniemes près, la révolution demandée. J'ai l'original de ce deflin devant les yeux, fait de la main de M. Mudge, qui eft daté de l’année 1766 , il a été déjà mis en pratique; cependant , il neft prefque connu de perlonne. Je me fais un vrai plaifir de le communiquer à l’académie comme une invention utile. Suppofons, par exemple, qu’on veuille repréfenter le moyen mou- vement de la lune par le mouvement d’une pendule. La maniere d’y parvenir, & quieft connue de tout le monde, eft celle qui eft repré- fentée dans la figure premiere. On a une roue aa qui fait fon tour en 24 heures, cette roue porte un pignon à de huit, qui engraine dans une roue cc de4$, cette derniere porte de même un pignon de huit d qui engraine dans la roue #e de 42, au centre de laquelle eft portée la figure de la lune. Or, il eft évident que la roue #4, faifant un tour en 24 heu- res, la roue ee fera le fien en 29 jours 53125, c’eft-à-dire, en 29 jours 12 heures & 45 minutes ; car£ X = %—29, 53125; mais le vrai mouvement moyen de la lune, n’étant que de 29 jours 12 heures 4 minutes, & un peu plus de 3 fecondes & moins de 43 on voit que ce mouvement du rouage eft un peu plus lent que le vrai moûvement moyen de la lune, d'environ $7 à 56 fecondes ; il faut donc faire en forte que le mouvement die de ce rouage aille plus wîte.de la , £:-- partie ,. ou tout au plus de la --#+- partie du total de {a révolutian. . Car dans, la période ci-deflus du 29°. jour 12 heures 45 minutes , il y a en effet 2551500 fecondes. Voici la mécanique que M. Mudge a employée pour avoir, avec précifion , la révolution requife. Il conferve les deux pignons 4 & 4, f 542 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; figure 2, de même que les roues ce & ee, & il ajoute la vitefle sx au pignon 4 de la roue a a ‘‘"" étant le quotient de 9 86400 ( nombre de fecondes en 24 heures, divifé par 57. Pour produire cet effet, il met la roue 44, figures 2 &, 3, fur un canon qui tourne librement fur l'arbre ou tige oo, fixé fur la plaque pp. L'arbre de la petite roue g, tourne dans Le même plan que la roue 44 entre des plaques, comme à l'ordinaire; mais on ne les a pas repréfentées dans la figure, non plus que celles des autres petites roues , afin de rendre cette figure plus intelligible. Cette roue g engraine dans le pignon.f, qui eft fixé fur la tige oo. L’arbre de la roue g porte une vis fans fin z, qui engraine dans la roue k, & celle-ci a une autre vis fans fin fur fon arbre qui engraine dans la roue k. Cette roue k porte au bout de fon arbre un pignon /, qui engraine dans la roue m, au centre de laquelle fe trouve le pignon qui engraine dans la roue cc, & le pignon d de cette roue engraine dans la roue ee, qui. porte à fon centre la lune RR. Il faut donner aétuellement les nombres de cette efpece de rouage : les voici. Premier cas pour accélérer le mou- Sceond cas pour accélérer le mou- vement total, dans la proportion vement total, dans la proportion dé =-<1-- FAREECLE 2551500° 2551300° Pignon f, de . . . . . r9 Pignon f, de. : : : . 4 Rôüe 3) dei 4,0 un Pi 904" oué eg 1denneur 20 Vis té finir, ide 250 l Vis fans fin », de . . . ns Roue jide 11 2 ou, 27 Rouek,rdes saut: on or Vis-fans fin &,de 2} 0 +1 Vis fans finzi; ide) + + 1,0 Roue k,-de ©... ras tRoueuk ide teste te242 Pignon £, de"! 0", 125 UPipnen Z;dence nee, Hour Roue», de 1.11: 11601 Roueïms, dec 59 50% 14 4x Les deux pignons à & 4, auffli-bien que les roues cc & ce; ont les memes nombres que dans la figure feconde ; favoir, Le pignon & fixé fur la roue m, de. : : : 8 Laroue’ce, dent GIE Deal a US Lepignon!d, ‘de 41... 4 4.5 :b.108 Et la rour) die ‘de: 14. 12110000 542 On a donc, par cette méthode, la révelution de la roue accé- lérée de ::7- dans le premier cas, parce que à X 5 X à X a Sur L’HI1ST. NATURELLE ET LES ARTS. 543 U = pe 9 & dans le fecond cas, de ;-f--, puifque 2 x 2x Ex Eæ ss = ris pendant que les autres roues ont le même mouvement refpeétif, & que la roue 4 a fait fa révo- lution en 24 heures, \ ESS ——© —©—. \ NOUVELLES LITTÉRAIRES. Dsscrrrr1ovs des arts & métiers , faites 6 approuvées par l'aca- démie royale ‘des fciences de Paris, avec figures en taille-douce. Nou- velle édition iz-4°, publiée avec des obfervations & augmentée de tout ce qui a été écrit de mieux fur ces matieres , en allemagne, en Angleterre , en Suifle &en Italie; par M. Bertrand, profefleur, &c. A Neufchâtel, tome 8. Cette nouvelle édition, qu’on ne peut pas regarder comme une contre-façon, eft fuivie avec vigueur. Le 9° & 10°. volumes font prêts à paroître. Les 8 volumes déjà publiés con- tiennent 46 cahiers des arts de l'édition :7-folio , & coûtent 381 lv. 1 f. tandis que les 8 volumes i7-8°. ne coûtent que 135 liv. pris à Neufchâtel ( 1). Ce 8°. volume contient l'art de l’indigotier, l’art de la porcelaine, l’art du potier de terre, l’art de faire les pipes, Part de faire les colles, celui de la fabrique d’amidon , l'art du favonnier & l’art du relieur, Les notes & les additions faites par M; Berrrand , fur le texte original contribuent beaucoup à la perfeétion de cer ouvrage, dont les gravures font très-bonnes. Conumen mappæ generalis medicamentorum fimplicium , fecundum affi- nitates virium naturalium, nova methodo geographica difpofiorum ; autore , Geo-Chriftoph. Wurtz, M. D. cum tabula ænea: 1 vol. in-4°. de 220 pages. À Strasbourg , chez Baver & Treurel. L'idée de cet ouvrage eft ingénieufe , fimple, & la Carte géographique très-bien entendue. L'art de faire des criflaux colorés imitans Les pierres précieufes ; par M. Fontanieu, de l’académie royale des fciences. A Paris de lim- primerie de MONSIEUR; in-8°, de 28 pages. C'eft le réfultat d’un grand nombre d’expériences. = pe à (5) Voyez ce que nous avons dir des volumes précédens, 544 © OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, je. MAT BCELTE + D ES ANRT LUC ENTER Contenus dans le mois de Juin, * S VITE du Mémoire de M. Troja, : page 469 Examen chymique de différentes pierres ;. par M. Bayer, apothicaire- major. des camps € armées du roi, 493 . Analyfe de la malachite; par M. l'abbé Fontana, phyficien de S. 4. R. le grand-duc de Tofcane, & direteur du cabines d’hifloire natu- relle à Florence. Lu à lacadémie des fciences de Paris, le 23 mai 1778 509 Des avantages d'un Fardier ; nommé Va Gabrielle, o4 voiture propre à cranfporter de gros blocs de pierre, tous taillés & fculptés, [ans crainte qu'ils foient endommagis, 522 # Rapport fait à la fociété libre démulation, par MM. Cadet, Lavoifier & Duchanoy, fur la teinture en bleu, 526 Lettre de M. Magellan à M. de Boty , de lacadémie royale des Jéiences ,, relativement à la montre marine de M. Mudge , eleve du célebre Graham, & Lun des plus habiles horlogers de ce fiecle, 537 Nouvelles lictéraires , : 543 ES APPROBATION. J A1 lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage ayant pour titre® Obfervations fur la Phyfique, fur l’Hifloire naturelle & fur les Arts, &c. par M. Labbé Rozrer , &c. La collection de faits importans qu'il offre périodiquement à fes Lefteurs mérite l'accueil des Savans ; en confequence, j'eftime qu'on peut en permettre lim= preflion, À Paris, ce 26 Juin 1778. YALMONT DE BOMARE. TABLE TU DH Ur M # 114 “ii — Ï mr à nl j di A ANRT ECS ape pe » 220 r' = 54 A , J lÈ TABLE GENERALE 4 DES TA RUPALCLES CONTENUS DANS CE ONZIEME VOLUME. & EL PU SU ONU À Minorrr fur les molécules des liquides, & [ur leur compreffibiliré Obervation fur un phénomene de leau jettée dans un creufec, contenant du verre en fufion , a Ob/ërvation de M. Bofc d'Antic, fur Le phénomene précédent, ne I Leitre de M. l'Efpinaffe, relative au traité des rivieres du pere Frift, 58 Queflion dynamique fur l'anneau de Saturne, 77 Lertre de M. le Sage, relative à la queffion précédenee, - 38c Comparaifon de quelques expériences faites avec une machine pneumatique , conffruite fuivant ls principes de M. Sméaton, avec des expériences faites au moyen de la machine pneumatique ordinaire; par M. Nairne ; 159 Obfervations relatives aux expériences du Mémoire précédent, 344 Premier Mémoire fur les Hygrometres ; par M. Sennebier, AZI Expériences fur les tubes capillaires ; par M. Dutoür, 0127 Remarques fur l'illufion des fens, & en particulier de la vie; par M. Dic- querare. 403 Nouvelles evprrismtsé Horus, Pit f. Comus , 43 Obfervation fur léleétricité du chocolat , 138 3 Examen des effets de léle@ricité, foit naturelle, foit artificielle, fur Le Barometre; par M. Cha 338 Diéfiriprion d'une aurore boréale, obfervée au Hävre, par M. Dicquemar , 269 Mémoire fur Les aurores boréales ; par M. Le comte de la Cepede g + 34 Lettre de M. de Saint-Amans, fur un iris fingulier, 377 Objervations fur les aurores boréales , vues en mars, au Havre , par M. Dic- quemare. 429 Tome XI, Pare, L JUIN 1778, Zit 546 TABLE GÉNÉRALE CHE Ye M MINE) Laerrrs de M. Achard, de lacadémie de Berlin, fur la maniere de former des criflaux, par le\moyen de air fixe. pages 12 Procédé qui démontre que Le nitre exifle tont formé dans la créme de tartre, & que l'alcali fixe qu'on en retire, eff dé à la décompofition de ce fel, par M. Magnan. 63 Réponfe de M. Sennebier, aux obfervations de M. Mollerat de Souhey inférées page 144 du tome 10, fur le phlogifiique, 119 Quarrieme Mémoire fur Le phlogiflique , ou réponfe-a la lettre de ma- dame de V**%* , par M. Sennnebier, 326 Leitre de M. Boulanger , relative aux recherches de M. Monnet, fur le Spath fufible, 379 ‘Réponfe de M. Monnet, à La lettre précédente, 380 Examen chymique de différentes pieces € marbres, par MK Bayern, 493 Analyfe de la Malachite, par M. l'abbé Fontana, 509 | MED EN CRECN SE Rscurrouxss fur la mort des noyés, © fur les moyens d'y remédier par M. Gardans , page 15 Suite du méme Mémoire, 93 Suite du même Mémoire, 193 Mémoire fur la mort des animaux Juffoqués par la vapeur du charbon allumés & [ur les moyens de ls rappeller à La vie ; par M. Troja; 173 ‘Suite du même Mémorre. 212 Suite du même Mémoire. dé 297 Suite du même Mémoire, , 469 Réponfe de M. de Godard, à l'invitation de M. Servieres , fur une cécité périodique , : 72 Lertre de M. Mauduit, fur les précautions néceffaires, relativement aux * maladies qu'on traite par P'Éleéfricité, 254 Mémoire fur la catarale artificielle qu'on peut produire fur les yeux des cadavres & des animaux yivans, par M, Troja, ex ñ D'ERSS RR PI GLE S 47 Obfervations de M. Brongniart , fur Peffèc de l'alcali volaril fluor. conrre les commotions éleëtriques , TA Nouvelles expériences 6 obfervations fur le fang & l'origine de la chaleur animale, par M. Mofcati, 339 ue LUE ve core emma cd a me nee Vans Ge mnt me mas ms 6 -mepenn gen mubne mr: mer 2e en.) HISTOIRE NATURELLE. Oserr ation de M. de Badier, fur la nourriture du colibri & des oifeaux-mouches. page 32 Obfervations [ur la reproduition des pattes des crabes ; par M. de Badier, 33 Obfervation du pere de Vandereffe , fur un corps étranger trouvé dans l'in- térieur d'un arbre, 35 Lettre de M. le marquis de Geoffre de Chabrignac, [ur une nouvelle Grotte du chien, près d’ Aubenas, 62 Précis des lettres de M. Alexandre Volta, [ur l'air inflammable des marais , e 152 Suité du même Précis. 219 Lertre de M. Le Roi, relative aux expériences de M. Volta, AOT Obfervarion fur ure tortue ; par M. Amoureux, 65. Rapporifait à l'académie royale des ftiences , par MM. d'Aubenton & Sage, fur le Mémoire de M. Pafumot, [ur La Zéolite. 76 Mémoire fur uneefpece de pierres caverneufes qui fe trouvent près de Caffres > par M. Pujol. 139 Mémoire fur l'échenillage ; par M. Guettard, 230 Obfervations [ur La laine de fer; par M B**, 259 Obférvation de M. le Comte de Turin, fur Le porc-épi ; 265 Oëférvations fur la pierre vulgairement appellée oculus mundi, ou pierre Chatoyante, 270 Mémoire fur la fenfibilité par rapport à la maniere de quelques animaux finguliers, & particuliérement des anémones de mer ; pat M. l'abbé Dic- quermare , 318 Précis d'un Mémoire de M, d'Everlange de Vivri, fur l'utilité des pétrifi= cations’, 414 Précis du Mémoire de M. d'Everlange de Vitry , pour fervir à l'hifloire naturelle du Tournaifis, 41$ Lettre de M. le baron de Diétrich, fur la criflallifation du fer, 417 Déeféription de deux oifeaux nommés Gobes = Mouches, qui n'ont poinc ençore été obferves , 449 Zzz ;j 548 TABLE GÉNÉRALE, &c ER ARTE FE 200 de M. Quatremer Dijonval, aux doutes propofes tom. 10} P: 1244 fur fon analyfe chymique de Pindigo, page 35 Réponfe à celle de M. Quatremer Dijonval, concernant fon Mémoire [ur lindigo, 440 ‘Analyfe du paflel, & examen plus particulier des mouvemens inteflins de la cuve en laine; par le même, a Suite du même Mémoire , 1 Rapport fair à la Jocièté 2 émulation ; Dar MM. Cadet; Lavoifier & L Chanoy, fur une teinture en bleu, 526 Obférvations fur la préparation du bleu de Pruffe, ufité en Allemagne dans les fabriques en grand; par Baunach 12 Defiription d'une veilleufe ou lampe pour la nuit; par Madame de F***, 6 Rapport fait à l'académie des Sciences, par MM. de Montigny ( & ee ; Jur une nouvelle compofition métallique , pour a a lufage se cuivre dans les batteries de cuifi LU Mémoire [ur la terre pyriteufe qui : fe trouve en Prat 6 dans Le sf Jonnois, & fur les moyens qu'il y a d'établir des fabriques de vicriol avec cette matiere ; par M. Monnet, 183 Irfruëtions pour Pétabliffèment des fabriques de vitriol, en employant le matiere pyriteufe qui fe rrouve en Picardie & dans le Soiffonnois , con- nue fous le nom de Cendre ou de Terre-houille, 18G Conffruétion du Thermomettre de M. le profeffeur Sulxer, 371 Defcription d'un nouveau niveau d'eau; par M. Carayonr , 368 Mémoire fur un moyen nouveau d'étouffer les chryfalides dans les cocons des vers à foie; par M. Arnaud du Buiffon , 362 Lettre de M. Michel du Tennetar | fur ur moyen fimple de réduire Lo & l'argent en chaux , 447 Obfervation de M. de Gérardin, fus ceudiumeure de M, de Magellan, 248 Extrait d'une lertre de M. Magellan , fur le micrometre de M. 1e line , ASE, Lerrre de M, de Magellan, relative à la montre mare de M. Mudge , 537. Deféription dun fardier nomme la Gabrielle, ou voiture propre à tranf- porter de gros blocs de pierre , tout taillés & fculptés, fans crainte qu ils Joient endommagés ; par M. le comte de Montmorillon , 522 Din de la Table générale, 77» 2739 382 453» 543 | L - ï ( DUR AU NAMUA DENT AL 1MSTTN MER (il re ee LEZ CARS