Re > k | L D" | (x n on U de | ie | nt L AT A ‘a “ Las (A 10 un , AXE RUN TANT PRE ï Ke % Ne) ‘al Fou (PAT | # ro et Le Setnt- ve 2 eo: — 21 vost Loyer dar po on THERE OBSERVATIONS {STAR LA PHYSIQUE, SUR LH ES ROLRE NATURELLE ETAS'U R LE SARES;, AVEC DES PLANCHES EN TAILLE-DOUCE, DÉDIÉES A Met RERCOMETE D'ARTOIS;: Par M. l'Abbé RozrzRr, Chevalier de l’Eglife de Lyon, € par M. J. À. Mowcez, Chanoine Régulier de la Congregation de Sainte-Geneviève, des Académies Royules des Sciences de Rouen, de Dijon, &c. &c. JANVIER, 1780. Ar ONE 2% Ve A PRAEER TL EX AU BUREAU du Journal de Phyfique, rue des Mathurins , au coin du Cloître Saint-Benoit. M MDIGICOMENKERE APEC\PBERLERIEEGE DU ROE LEA A aa moe sont anvéelaaar VX. NIPÉ ER 2: a DATA 24 raid. RER en ML TE Mer. T Ha ‘4 HE (M 69. EE he px à pe ARE et k RE AE LE LA SARA sh sn Snontgaran oD si hs LAINE se SE me va à | PA AN: 4 h & wuoi cb masi ab mil: mmitao. 5 EUR 1 D-Stnan at RENE YA db Le AOUER" F PAPA NE 1 + m hi: Aie À CREIQTS sesarvers se ra paieeecaenee, ol pepe es rénittihod 22 - = … Ë oBqu ee AA LA UN 7e PRE # ie Fa a ARE AM NE rt HN INK ei We Oo .. RATER e VAR ceniiouie 28P or Lot A es et nu LD de AT ay AFA ! \t ktonsanisei 814600 ab Htc, JB) 4° | GE: : 3 Jar: N TRE TRE LS PETER ET IE Pari ar sep Li ge sr Tr a tt RE ST RS QE . 20 OBSERVATIONS MÉMOIRES SUR RAS EP HN SION ES SUR L’'HISTOIRE NATURELLE ET SUR LES ARTS ET MÉTIERS. SAS ON EVE 6 à DE UE LES SALE U; ; Docteur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, de l'Aca- démie Royale des Sciences, &c. Lu dans la Séance publique de la Faculté, le $ Oëobre 1778, par M. LE Preux, Doëleur-Résent de la même Faculté, ancier Profeffeur des Ecoles, & Profeffeur aëluel de Pharmacie. B ERNARD DE Jussieu, Ecuyer , Confeiller-Secrétaire du Roi, Maïfon & Couronne de France, & de fes Finances, Docteur en Médecine Tome XV, Part. I. 1780. JANVIER. À 2 4 OBSERPATIONS'SUR L'A PHYSIQUES" "EA des Facultés de Montpellier & de Paris , Profeffeur 8&/Démonftrateur de Botanique au Jardin Royal ;, dela Société Royale de Londres’, de l'Académie’ des Scieñces de Paris, des Académies de Berlin , de Pé- tersbours , Upfal, de l'Inflituc de Bologne , naquit à Lyon le 17 Août 16959, de Laurent de Juflieu, Doéteur en Médecine , & de «Lucie Coufin E _]1 éroit le treizième de feize enfans , dont-il ne refte aujourd'hui que lofeph de Juflieu , qui a fait le voyage du Pérou avec les Acadé- miciens chargés de la mefure du degré de Téquateur, & un autre frère qui ne s'eft pas livré aux Sciences. - L'enfañncede M.5É Jussieu n'eut rién d’éxtraordinaire ; point de ces éclairs d'imagination, point de ces efforts de mémoireiqui étonnent , font haître l’idée d’un prodige ; annonçant beaucoup pour le moment, promettant davantage pour lavenif, & ne laiffant le plus fouvent que des efpérances trompées. Il feroit aifé de prouver que l'enfance du plus grand nombre des,honunes célèbres n'a pas été-plus faillanre, & même quelquefois a été moins marquée que celle des hommes ordinaires ; on citera bien quelques phénomènes, quelques-uns de ces êtres privilé- giés que la Narure femble jetter hors des routes communes , ne füt-ce que pour avertir notre ignorance de ne pas fe preffer d'établir des règles trop générales. Mais nous partons ici de Fordre le plus commu- nément-obfervé /uné heureufe organifation., qui demande d'abord une conftitution première à laquelle il n'y ait rien à reprocher , tient enfuite À. des développemens qui doivent fe faire avec ordre , préci- fion & lenteur ; il y a fans doute une crife pour le développement des organes du :cerveatl ,:commeïil en eft| une pour celut-des organes de la reproduction ; la Nature, dans tous les corps , a des momens d’aéti- wité qu'on n'apperçoit point , il faut refpeéter fon filence apparent; elle eft dans une forte d’incubation , & quand elle à travaillé fans être brufquée , il faut attendre un produit digne d’elle. Sous un certain point de vue, il en eft peut-être d’une organifation heureufe , comme de ces belles cryflallifarions , qui, pour être régulières. & parfaites, demandent un concours de circonftances, & fur-tout le temps conve- nable , pour que l’union des parties fe faille par le côté Le plus propre : à à cette union. M. ve Jussreu fit fes premières étades au Collége des Jéfuites de Lyon ; les humanités finies , il vint faire fon cours de Philofophie à Patis fous les yeux d'Antoine de Jufieu fon frère , déja montré à la - renommée , & comme Boranifte, & comme Médecin. À peine avoit-1l terminé fon cours de Philofophie , 1l fut engagé par fon frère à le fuivre dans un voyage entrepris pour examiner Les plantes des Pyrénées , de l’Efpagne & du Portugal. Jufqu'alors, rien n’avoit encore révélé au jeune Bernanv le fecret : SUR-L'HIST' NATURELLE ET LES ARTS. $ de fa vocation. Le voyage amena le goût de la Boranique & de l'Hif- toire naturelle ; tout ce qui frappa fes yeux dans ce genre de connoif- fances , fur faili avidement , appris avec tant de facilité qu'on auroit pu croire . que ce qui s'arrangeoit pour la première fois dans la mé- moire du jeune Boranifte , ne faifoit qu'y reprendre fa place ordinaire. Au retour d'Efpagne , il donna quelque temps à l'examen des plantes du Lyonvois, & d'une partie des Alpes ; il quitta enfuite fon frère pour aller à Montpellier , où il fuivit les études de Médecine, & put le bonnet de Docteur en 1720. Il fongea alors à fe dévouer à la pratique de la Médecine ; mais il n'avoir pris confeil que du defir d’être utile. Quand il fe fut fondé dans l'exercice de cette profeflon, il fe jugea lui-meme, &.ne tarda pas à ÿ renoncer. IL avoit cependant à un dégré éminent les qualités propres à faire un grand Médecin , un jugement fain qui ne s’appuyoit que fur des connoïflances folides & bien erdonnées , une mémoire prodigieufe, aufi prompte à faifir , que fidèle à garder, & toujours prère à refti- tuer au moment du befoin ; un efprit affez flexible pour fuivré tantôt les détails les plus minutieux , tantôt les combinaifons les plus pro- fondes , un talent rare & précieux pour bien obferver, joint à beaucoup de finefle dans les vues , à une patience infatigable, & à certe exa@ti- tude ferupuleufe qui , toujours en garde contre l'imagination ou contre la parelle , craint de voir trop, comme de n'avoir pas vu aflez. Avec tant de qualités & un goùt qui fembloit l'entraîner |, M. De Jussreu pouvoit fe croire propre à la pratique de la Médecine ; il reçut pour- tant, fi je puis m'exprimer ainfi, le démenti de la Nature même, il trouva chez lui un obftacle infurmontable , un fond de fenfbilité , tel qu'il ne pouvoir guère voir de malades fans le devenir Ini-:mème ; les fouffrances d’un être en proie à la douleur réclamoïent fur lui lés droits de la pitié, avec tant de force, qu'il en avoit des palpitations violentes. D'après cer exemple , ne feroit - on pas tenté de croire, contre l'opinion commune , que ka fenfibilité dans un Médecin eft une qualité , non-feulement à charge à lui-mème , mais encore dangereufe pour ceux gl traiter ? On fent ici de refte qu'il ne s’agit pas de certe fenfbilité ‘emprunt , toujours aux ordres de l'intérèr ou de la politique , qui n'eft que la grimace étudiée d’un courtifan adroit , cherchant à féduire par des apparences de zèle ; je parle de cette fenfibilité vraie, profonde , qui fait prefque toujours le tourment de lame , qu'il faudroit appeller la fympathie du dehors, parce qu'elle nous fait trouver nos maux, comme aufli quelquefois nos plafirs, hors de nous-mêmes ; parce qu’elle atteint nos organes avec la douleur d’autrui. Quand on eft doué d’une pareille bte > €ft-on bien propre à un art qui veut être exércé dans le filence des paflions , dans le calme des fens; qui demande des calculs profonds , des combinaifons rapides , une appréciation froide d’une € OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, infinité d'objets différens prompts à échapper , difficiles à démèler , incéreffans à failir, & tout cela dans des circonftances preffantes , où les convulfions de la douleur , les cris du défefpoir, les gémiffemens d'une mère , d’une époufe , tremblantes pour ce qu’elles ont de plus cher , viennent à force d'émotions vives & répétées , enlever à l'ame le recueillement néceflaire pour fes opérations ? On a obfervé que les proverbes populaires étoient prefque toujours le réfulrat d’une fagefle profonde, Pourquoi le proverbe dit-il fans celle vieux Médecin ? C’eft qu'on s'eft perfuadé , & avec raifon , que pour être propre à l’obfer- vation clinique , il falloit autant de fang froid que d'ufage : c’eft là le mérite du vieux Médecin; il a prefque ceflé d’être l'homme de la fenfibilité , il n’eft plus que l'homme de l'expérience. M. pe Jussteu, en s'interdifant la pratique , ne refta pas même de ce côté inutile au Public ; fon frère l’avoit apprécié, il venoit le confulrer dans les cas difficiles & extraordinaires, & il trouvoir dans fes confeils des traits frappans de lumiere. BERNARD avoit une manière de voir toujours grande , quelquefois même affez hardie , pour avoir befoin de rrouver fon excufe dans le fuccès. Le peu de fortune de M. pe Jussieu ne lui permettoit par de refter fans état, il en dut un à fes talents, & à fon goût pour la Botanique & l'Hiftoire naturelle. Vaillant remplifloit avec éclat la place de Démonftrateur des Plantes au Jardin du Roï ; averti par l’âge & par les infirmités de fonger à un fuccefleur , il préfenta M. pe Jussreu ‘au premier Médecin alors Jntendant du Jardin du Roi, & la place fut far le champ accordée. Il eft bon de remarquer ici , qu'avec tout le inérite qu'annonçoit M. Bsrnarp , il étoit encore bien atteur d’avoir pour foi la recommandation d’un homme capable d'oublier dans ce moment que le frère de M. Bennarp , Antoine de Juflieu , avoit été fon rival, & un rival heureux & préféré. Antoine de Jufieu ne s’éroit montré dans la carrière que bien long-temps après Vaillant , & quand il fut queftion de nommer à la place de Profefleur de Botanique , on auroit pu croire qu'à égalité de talens , la place appartenoit de droit à celui dont les fervices avoient une date plus ancienne; Vaillant eut une injuftice à efluyer , il eut le courage de ne s’en pas fouvenir. Le Jardin des Plantes s’étoit reffenti des infirmités de Vaillant, il prit un autre afpett, ce fut pour ainfi dire une création nouvelle; M. DE Jussieu , âgé alors de vingt-cinq ans , fembloit avoir porté toutes les afions de fon âge & route leur aétivité fur ce feul objer. Fixé à Paris par une place qui convenoit à fon caraétère & à fes goûts , il voulut tenir à la première Faculté de Médecine du Royaume , il fe mit fur les bancs en 1724 , & fut reçu Doéteur parmi nous en 1726. II éroit encore en Licence lorfqu'il donna une nouvelle édition du SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7 Traité des Plantes des environs de Paris, qu'avoir publié M. de Tour- nefort en 1698 , il l’enrichit de notes intéreffantes » & de plufeurs plantes qu’il avoit découvertes dans fes herborifations : cet ouvrage lui ouvrir l'entrée de l’Académie des Sciences ; il y fur reçu le 12 Août 1725, Il avoit compofé pour l’inftruétion des Élèves un petit Traité fur les vertus connues des Plantes ; il le diétoit tous les ans au commen cement du Cours de Botanique. Il y a beaucoup ‘d'ouvrages très-volu- mineux fur la mème matière , où on ne trouvera pas autant de vues neuves , autant de chofes approfondies ; c’eft un réfultat de lectures immenfes dépouillées de tout luxe d'érudition inutile, À travers les connoiffances du Botanifte , on voit percer de trous côtés le ‘génie d'obfervation propre à l'excellent Médecin. Ce Traité n’a pas été imprimé, M. pe Jussiev , fait pour fe recommander à la poftérité par des pro- ductions intéreMantes , eut le tort de ne prefque rien publier ; bien différent de ces Ecrivains qui , bornant leur ambition à n’exifter qu'un moment, & encore le plus fouvent fruftrés dans leurs efpérances , nous accablent fans celle des produits d'une trop. malheureufe facilité. JL penfoit à cet égard comme nos pères , qui voyoient un danger réel à imprimer dans la langue du pays ce qui a tait à la pratique de la Médecine. De pareils ouvrages , dans les mains du vu gaire , font la boîte de Pandore, laiffant échapper tous les maux , & ne confervant pas même l'efpérance. Le génie de la deftruétion , ofons le dire > à peut- être moins fait avec la poudre à canon qu'avec les livres de Méde- cine, IL eft fi aifé d’abufer en ce genre ; fi difiicile de faire une jufte application , il faut tant de connoiffances , des vues fi étendues & fi nes , un taét fi délicat & fi exercé! Savoir agir à propos , comme dans d'autres momens favoir ne rien faire , font deux fecrers de l'art que la médiocrité, entourée de tous les livres imaginables , eft condamnée à toujours ignorer. Au refte , ces vérités , qu'on n'auroit pas de peine à réduire en démontration , courent rifque dans le moment actuel de paffer pour un paradoxe ridicule. Ga a quelques Mémoires de M. pr Jussieu qui font regretter qu'il n'ait pas payé jplus fouvent à l’Académie des Sciences la detre que tout Académicien contraéte en y entrant ; mais avec les connoiffances immenfes qu'il avoir , avec ce goût de perfection qu'il cherchoit fans celle, on voit peu de vérités qu'on puifle donner comme nouvelles, & oneft peu content de celles qu'on a trouvées. Il donna en 173oun Mémoire fur la plante appellée Piulaire, Ce qui fait le mérire de ce Mémoire, c’eft la précifion & la clarté du ftile, c'eft une exactitude adimi- table dans les détails ; c’eft dans l'anatomie de cette plante, ce coup d'œil sûr qui a caractérifé , dans l'anatomie humaine ,Vinf{lou & M.Pe- uit; c'eft la découverte intéreffante des parties fexuelles de certe plante, dont aucun Botanifte ne s'étoit douté avant lui, 8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La Nature réuñiroit affez à fe cacher à nos yeux, fi, de rems en tems, il ne fe rencontroit des Obfervateurs affez clairvoyans pour farprendre fes fecrers, fans qu'elle puiffe s'en défendre, La reconnoif- fance nommera ici avec plailir M. Defcemer, qui vient de découvrir dans les différentes efpèces d’Apocins ; d’Ajclepias & de Péripocla, les organes de la génération, avec tout l'appareil obfetvé chez les quadrupèdes. En 1740 M. De Jussteu lur à l’Académie un Mémoire fur le Lemma; en 1742 un autre fur une efpèce de Plantin. Ces Mémoires contiennent des defcriptions très-bien faites de Plantes peu obfervées jufqu’alors. Dans la mème année 1-42, en faifant un voyage fur les côtes de la mer, il eut occafion d’éclaircir une grande queftion d'Hiftoire Naturelle qui partageoit les Savans. | M. le Comte de Marfigly n'avoit vu dans les Coraux que des individus appartenans au règne végétal; 1l avoit cru obferver la oraïfon, & comme l'imagination eft une efpèce d'œil conformé pour voir ce qui n'exifte pas, il avoit très-nettement diftingué le piftil , les étamines , enfin toute l’organifation du végétal. Un Médecin nommé Peïffonel, vint enlever aux Coraux l’état végétal, dont on les croyoit bien en pofeflion , & les rangea dans la clafle des animaux ; il ofa prouver que rous les Coraux , les Madrepores, les Efcares, les Alcions n'éroient que des cellules conftruites par des infeétes du genre des Polypes; & que ces cellules font pour les Polypes , ce que les Guëpiers fonc pour les Guèpes. La découverte, frappante en elle-mème, trouva des contradicteurs. Il en coûte tant pour avouer qu'on s’eft trompé! D’ail- leurs, à un certain âge, on fe foumer difücilement au travail de refaire en partie fes connoilfances. Peiflonel, en détruifant une erreur, s'étoit fait une affaire plus fâcheufe qu'on ne limagine ; on l’atraqua vivement, même fans aucun ménagement : car, en vertu des loix établies entre certains Savans, il eft décidé qu’une queftion ne fe traite folidement qu'avec de l'aigreur & des injures. On lui apprit une vérité retracée à chaque page dans l'Hiftoire de l'Efprit humain , qu'un des plus grands rorts, celui peut-être qu'on pardonne le moins, eft d'avoir raifon. Le procès reftoir encore indécis au tribunal des Phyfciens, quand M. pe Jussieu s'en ft, pour ainf dire, le Rapporteur; il pro- nonça en faveur de Peillonel , & fes conclufvons furent adoptées fans appel, ' L'analyfe chymique avoit contribué à jetter de la lumière fur cet objet ; ces prétendues plantes marines donnoient les produits du règne animal: mais comme nous avons des plantes qui fourniflent aufli l’alkali volatil, il y avoit encore de quoi refter indécis. Main- tenant que nos doutes font fixés , il réfulte cette grande vérité, que la Nature pafle du règne végéral au règne animal par des nuances fi infenfbles, qu'il eft impofible jufqu'à préfent de virer la ligne de - démarcation SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 démarcation qui fépare ces deux règnes; peut-être que fi le règne vé- gétal étoit aufli connu qu'il pourra l'être pat la fuite, fi nous avions fous les yeux tous les individus propres à former la chaîne naturelle dont M. DE Jussiu avoit l'idée ; fi enfin toutes les plantes conformes dans leurs caraétères ellentiels & rangés à côté l'un de l’autre ; nous indiquoient leurs propriétés . par la fuite des rapports plus ou moins grands qu'ils auroient enfemble, il fe trouveroit que par des grada- tions infenfbles, en arrivant au bout de la chaîne des êtres , que nous offre le règne végétal, on auroit tour ce qu'il faut pour diftinguer d'une manière précife la dernière plante d'avec le premier individu du règne animal. Le Polype feroit-il le dernier animal & la première des plantes? On pourroit donner à cette idée plus que de la vraifem- blance ; qu'on obferve le 7remella , (c’eft une efpèce d’Algue ) : qu'on voie fes filets fe détacher les uns des autres » fe reproduire en fe dé- tachant , avoir un mouvement qui leur eft propre, & qui reflemble beaucoup au mouvement animal , on fera alors tenté de croire que le Polype net qu'une efpèce de Zr:mellz du règne animal, comme le Tremella feroit le Polype du règne véoétal ; qu'on confidère le Nofloc, & qu'on porte enfuite fes regards fur l'Ortie de mer errante, n'eft-on pas obligé d'interroger à plufeurs reprifes fes fens pour s’aflurer qu'on n'eft pas trompé par les apparences, & que dans ces deux corps, il en eft un végétal, l'autre animal ? Au premier coup d'œil, ces deux Corps paroïfloient fe reflembler entre eux, plus que chacun ne reffem- ble à ce qu'il eft effectivement. Mais dans l'état adtuel de nos connoif- fances, vouloir afligner les limites qui diftinguent ces deux règnes , c'eft peut-être prouver plus d’ignorance que de hardielfe. Combien de chaïnons nous manquent encore pour completer la chaîne que M. pe Jussizv , avec limmenfité de fes connoiffances, n'a fait qu'entrevoir ! Après cela, s’éconnera-t-on qu'il fe für dégoûté de tous ces fyftèmes imaginés pour la commodité des Phyficiens, & plus propres au fou- lagement de la parelle qu’utiles aux proorès de la Science ? Auf, lorf- que le fublime Citoyen de Genève le fit confulter fur le fyftème qu'il devoit embraffer pour l'étude de la Botanique, M. pe Jussieu répondit : qu'il fe contente d'obfèrver Les plantes avec les caraëlères que La Nature lui préfente, il ef impoffible qu'un pareil homme étudie ainf£ la Botanique, & ne nous apprenne pas quelque chofe. Le défaut des méthodes publiées jufqu'à préfent, eft de préfenter indiftinétement des caractères ellentiels & d’autres qui ne le font pas. Ce reproche fondé tombe également fur la méthode de Tournefort, & fur le fyftème ingénieux de Linné. Dans l'ordre naturel , il n’eft queftion que d'admettre les caractères généraux , invariables , & fondés far l'obfervation. Les feules parties de la fructificarion , & fur-tout les Tome XV, Part, I. 1780. JANVIER. B 10 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plus effentielles, peuvent donner les caraétères primitifs de l’ordre naturel ; comme 1l y a des différences générales bien obfervées dans la germination des graines, comme il y en a dans le développement de l'embryon qu’elles contiennent, ces différences conftantes & invariables fépareront d’abord les végétaux en trois grands ordres aufli faciles à diftinguer par leur port extérieur, que par leur caractère particulier; de là, la diftinction des plantes Acotilédones , Monocotilédones & Wicoti- lédones ; les fubdivifions feront déterminées par la fituation des étamines, relativement au piftil, ou autrement par l'infertion des étamines , & il y a crois différentes efpèces d’infertions, eflentiellement diftinétes & incompatibles. Comme le nombre des caraétères généraux , qui ne doivent être choïfis que dans les parties effentielles de la fruétification, eft néceffairement très-limité , il s'enfuir que les divifions prifes dans la Nature font peu nombreufes, que les claffes fecondaires ont trop d’étendue, que la détermination des genres & des efpèces devient plus difficile. M. pe Jussxeu laïfloit mûrir dans le filence un fyftème quil ne vouloit fonder que fur l’obfervarion ; avec autant d'idées & de vues qu'il en avoit, avec un fujet qui s’'aggrandifloit continuellement à fes yeux, avec une patience affez opiniâtre pour attendre qu'il ne lui refät plus rien à voir , il fentoit les bornes fe reculer de jour en jour, & 1l ne vouloit publier fon travail qu'après l'avoir amené au dégré de per- feétion & d'utilité dont il le croyoit fufceptible. Nous ne perdrons rien des idées intéreffantes qui peuvent fervir au développement de la méthode naturelle ; on fait que cette partie précieufe de l'héritage de M. pe Jussreu eft entre les mains d’un neveubien capable de la faire valoir, M. Laurent de Juflieu reffemblera à ces ruteurs doat la probité fcrupuleufe, & l'intelligence active doublent au profit de leurs pupiles une fucceflion prefqu'entiérement perdue par l'embarras des affaires, & la confufon des titres. Le Public peut fe raflurer fur la parole que nous lui donnons. Dans la circonftance actuelle, il n’a pas à foup- conner l'amitié d’avoir pu groflir les éloges; mais il nous a fallu ètre juftes, la juftice eft le devoir de rous les inftants, & cependant, nous nous flattions que le nom de Jussieu feroit toujours prononcé par l'amitié & la reconnoiflance. M. pe Jussieu faifoit tous les ans des herborifations aux environs de Paris: il apprenoit à fes Elèves à lire danslegrand livre de la Nature , c'éroit un fpectacle intéreffant de voir la patience avec laquelle ce” grand Maître faifoit épeler, pour ainfi dire, les novices dans cerre fcience; on eût dit qu'il n’exiftoit que pour répérer, deux cent fois dans le même quart-d’heure, le nom de la même plante. La bonté particulière avec laquelle il accueilloit le premier venu, ne pouvoit SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. rit laiffer à l'indifcrétion même que le défefpoir de fe rendre jamais importune. On fe permertoir quelquefois d’ufer de fupercherie ; on lui préfentoit des plantes mutilées de toutes les façons, 4 plantes étran- gères mêlées avec les plantes qu'on venoit de cueillir: M, pz Jussieu reconnoiffoit la fraude, nommoit tout d’un coup les plantes fous le mafque, & avec autant de modeftie que de complaifance , il donnoit le fignalement propre à faire reconnoître la plante déguifée avec tant de foins. Cependane, il faut dire, en faveur des Etudians, qu'ils cher- choient moins à l'embarrailer , qu’à fe parer en quelque façon , aux yeux des érrangers, du mérite d'un pareil Maître; aufli, lorfque le célebre Linné vint faire un voyage en France, on ne manqua pas de répéter fous fes yeux, l’efpèce de torture qu’on donnoit au favoir de M, pe Jussieu, toutes les épreuves devinrent autant de viétoires pour la fcience du Maître. Linné méritoic à fon tour l'honneur de n'être pas épargné; mais il rebura bien vite la fraude, on fait fon mor: il n'ya que Dieu ou notre Maître, M. ne Jussieu, qui pile ainfi recon- noître des plantes, aus Deus , aut Magifler nofter JUSSIEU. Dans fes herborifations, M. De Jussieu étoit environné d’un grouppe d'Etudians de tour âge , toujours à l'afut du mot qu'il alloit pronon- cer; on favoit qu'il n’y avoit rien à perdre , & foit que la converfation combât fur la Botanique , ou fur toute autre partie de l’Hiftoire Naturelle, ou fur la Phyfique, il ne falloit que de l'attention & de la mémoire pour devenir en peu d'heures favant , fur l'objet qu'il avoit traité ; c’éroit une bibliothèque vafte, immenfe , où nos ambitieux de cabinet trouvoient à senrichir beaucoup , & à peu de frais. Une intelligence fupérieure animoit la bibliothèque , élaguoir les inutilités ,ne faifoit fortir les chofes néceffaires , bien choifies , que dans l’ordre le plus convenable, & fe chargeoit généreufement d'ajouter tout ce qui ne fe trouve point dans les livres, 11 n’y avoit point là de petit amour-propre qui connût des réferves, ou ne fit des abandons que fous condition. M. de Jufieu s'étoit fair une loi qui arrangeoit bien du monde, celle de tout dire, & de ne rien reclamer, & quand par hafard, on mettoir en œuvre uelques-unes de fes idées fans lui en avoir fait l'hommage, il oublioit de obligeamment que ces idées lui euffent jamais appartenues. Il avoit coutume de dire, gue la vérité perce , il importe fort peu par qui elle nous arrive. Sa maifon étoit ouverte à tous les Savans, il les aidoit de routes les manières; il a fait bien des réputations, dont le fecrer n’exiftoit que pour lui. Je me rappelle dans ce moment ce grand homme d’Athènes, dont les jardins, toujours ouverts au Public, atteftoient bien les traces de ceux qui venoient cueillir des fruits, mais fans faire reconnoître erfonne. M. de Juflieu a travaillé avec beaucoup d’ardeur à former, & à î 1780. JANVIER, B 2 12 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, enrichir le Cabinet du Roi. Il fentoit que c'étoit le moyen le plus für d'être utile à la fcience qu'il aimoit, & d’en favorifer les progès ; il voyoir en outre, l'avantage de pouvoir, en faifant du bien, sen réferver le fecrer. Ce Cabinet fuperbe, où l’on peut faire un inven- taire à peu près exaét de toutes les richeiTes de la Nature, préfenre main- tenant à l'œil une décoration non moins intéreflante qu'agréable ; on diroit que c’eft un piése adroit tendu par les fciences; l'ignorance , appellée par les agrémens , sen retourne quelquefois étonnée d’em- porter des connoïflances qu’elle n’eft pas venu chercher, mais tou- jours pleine de vénération pour ceux qui connoiflent à fond cetteim- menfité d'objets aufli utiles que curieux. Depuis quelques mois, à l'entrée de ce magnifique Cabinet, on eft arrêté par un monument im- pofant, fur lequel on femble voir écrit en gros caraétères ces mots : La poftérité n’a pas feule le droit d'être jufle envers les grards Hommes. Ce monument nous en garantit un autre; & le Miniftre éclairé, qui a le département des Arts, a peut-être déjà mis au rang des devoirs impofés par fa place, le plaifir de folliciter lui-même la récompenfe dueaux travaux de M. de Juffeu. D'ailleurs , nous avons le bonheur de vivre fous un Prince qui, bienfaifant par caraétère, & jufte par devoir, s’eft impofé la loi de payer toutes les dertes de fon augufte Ayeul. M. de Jufieu a donné pendant quelques années, des lecons de Botanique au feu Roi ; il faifoir réguliérement par femaine plufeurs voyages de Paris à Trianon. Ces voyages lui occafionnoient des dépen- fes allez confidérables, qui n'ont pas été rembourfées. Le feu Roi, accoutumé à fe voir environné de perfonnes attentives à lui rappeller jufqu'au moindre fervice, exactes à fe faire payer de tour, même des intérêts du retard, pouvoit quelquefois fe repofer fur la mémoire de ceux qui avoient droit à fes bienfaits ; il compta trop fur celle de M. de Julieu, qui n'a jamais rien demandé, qui auffi n'a jamais rien reçu. Dans un Pays comme celui de la Cour , où routes les profeflions fe changent en celle de Courtifan, il auroit fallu quelquefois, mème par bienféance, oublier d’être Boranifte. Mais M. de Juflieu ne vit que des plantes, où d’autres m’auroient vu que des moyens d'aller à la fortune. Il éroit auffi modefte que favant ; le mot qui convient fi fort à notre nature, que l’orgueil du demi-favant ne peut articuler, ce mot Je ne fais, étoit celui que M. de Jufieu fembloit prononcer avec plus d’affurance ; cetre bonne foi fervoit peut-être à confoler de l'éten- due & de la fupériorité de fes connoiffances. On le confultoit de toutes parts : l’amour-propre des Confultans n’avoit aucune exaétion à crain- dre , il faifoit part de ce qu'il favoit avec ce défintérefflement qui laille la liberté d’y mettre le prix qu’on veut. Suivant l'expreflion d’un SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 13 grand Homme, tout à la fois l’ornement de laReligion, de l'Humanité & des Lettres , pour tout dire, en un mot, de Fenelon , M. de Juflieu fembloit avoir ati le moi dont on ef? f? jaloux ; & faut-il s'étonner qu'on für fi difpofé à rendre juftice à un homme qui ne fongea jamais à fe la rendre lui-même? Faut-il s'étonner que lon ne pür, en l'ap- prochant, fe défendre d’un fentiment involontaire mêlé d'amirié & de refpect ? Cerre jeuneffe qu'il conduifoit aux herborifetions, fembloit, à fes côtés, perdre fon effervefcence ordinaire. Dans la crainte dele chagriner, par un courage aflez remarquable, elle lui faifoit le facri- fice de bien des étourderies, que la raifon , toute févère qu’elle eft, nauroit peut-être pas voulu reprendre. J'ai vu dans la grande herbo- rifation de Montmorency pendant plufieurs années, une preuve frap- pante de ce que j'avance ; cette herborifation dure deux jours, on pale une nuit à Saint-Prix. 11 s’aoit de fe dédommager d’une journée toute entière, pallée à parcourir les campagnes, & dans un temps où la chaleur fe fac le plus fentir; on arrive excédé de fatigue: le repos de la jeuneffe eft un nouvel exercice; on danfe toute la nuit ; on fe livre avec l'emportement du jeune âge à routes les folies qu'il infpire; on fignale par des feux d'artifice une joie qui, bien enluminée des plaifrs de la table, ne demande qu’à être bruyante. Mais au milieu du fracas de l’orgie , dans le délire mème de la gaieté , on s’eft donné, comme de concert, l'ordre de ne point approcher du-quartier de réferve qu'on refpecte comme un Temple; l'endroit où doit repofer M. de Juflieu eft connu; le filence environnera cet azyle, & Morphée, qu'on ne fère pas ailleurs, fera honoré là comme il convient. Plufieurs de ceux qui me font l'honneur de m’entendre favent aufli- bien que moi, que M. de Juflieu, aufli connu que refpeété dans les Villages des environs de Paris, arrèta une émeure qui menaçoit de coûrer beaucoup de fang. Un Etudiant avoit été infulté par un Domef- tique : il s'étoit fait juftice. Une perfonne de confidération, crop ac- coutumée à ne voir dans fon rang que le priviléce d’abufer du pouvoir qu'il donne, fait fonner le tocfin, fouleve le Village ; l'argent , femé de tous les côtés, a, comme les pierres de Deucalion, fait naître un Peuple de guerriers; les chemins font interceptés ; les Payfans, avec des armes de toute efpèce, brülent de fe fignaler, on menace, on infulte, on en eft aux actes d’hoftilité; déjà les pierres volent fur la maifon où les Etudians font affemblés pour le diner. M. de Juflieu fe voyoit environné d’une jeunelle bouillante, fort nombreufe, bien armée, demandant prefque à genoux la grace de lui frayer un chemin; il arrête une ardeur Do par l'âge, & fur-tout par la circonf- tance : il fort, fe montre: aux Payfans ameutés, leur parle avec autant de dignité que de douceur, & déjà la ligue formidable à difparu, 14 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Dans un Poëme charmant, où l'imagination parle fans ceffe à l'ima- gination , l’Ariofte a repréfenté un de fes Héros avec un cor-de-chafle dont le fon faifoic trembler & diflipoit en un inftant une armée en- tière: M. de Juflieu n’eut befoin que de faire entendre le fon de fa voix pour produire un effer aufli merveilleux; & tel eft donc l’afcen- dant du vrai mérite, quand il fe préfente avec le caraétère impofant de la vieillefle , que mème les efprits les moins faits pour l'apprécier, ne peuvent fe fouftraire à fon empire, Dans ce moment le Public me prévient fur l'application de ces deux beaux vers de Virgile. Tum pietate gravem ac meritis f£ forte virum quem Confpexere filene , arre&lifque auribus adflanr. On a beaucoup parlé d’un miracle que M. de Jufieu opéra dans une herborifation; ce miracle fait une époque intéreflante dans les faftes de la Médecine; car il a ouvert les yeux fur le traitement propre à un accident crès-grave & allez fréquent , contre lequel lem- pirifme noffroit autrefois tant & tant de recettes différentes, que parce que le vrai remède étoit encore à crouver : le luxe en ce genre eft toujours l'annonce de la pauvreté. M. de Juffieu s’éroit livré depuis long-tems à des recherches profondes fur Les différens poifans : il n'avoit plus befoin que d'interroger l'expérience fur les fpéculations du cabinet ; l’occafion qui devoir nous valoir une découverte heureufe , fe préfenta. Un Etudiant avoit été mordu au doigt par une vipère ; des accidens terribles, un gonflement énorme de la main & du bras, des convulfons affreufes, des fyncopes fréquentes , en donnant les plus vives inquiétudes, annonçoient le danger le plus preffant: on fe trouvoit en pleine campagne, loin de tout Village, dépourvu de fecours. Comme cétoir la grande herborifation de Saine-Prix , 1l falloir au moins quatre heures de marche avant de pouvoir arriver. Pour comble d'infortune , M. de Juflieu étoit à plus d'une lieue de l’endroir, & on avoit à craindre qu'il ne prit pas la mème route. Le malheureux jeune homme paroilloir dévoué à la mort, quand une voix sélève pour annoncer M. de Jufieu. À ce nom confolateur, comme à celui d’une Divinité bienfaifante, le malade, prodisieufement affallé , fe ranime un peu; M. de Juflieu rire un facon mis en réferve pour l'expérience qu'il médiroir depuis long-rems: 1l verfe de la liqueur dans un peu d’eau; il en fair avaler au malade, en étuve l'endroit de la plaie. Au bout d'une heure , l'Etudiant, fourenu par fes cama- rades, eft en état de marcher un pro les accidens de fyncopes & de convulfions ne tardent pas à fe renouveller : il faut s'ariêter ; nouvelle dofe de liqueur, nouvelle apparence de mieux, nouveaux ° L] SURICALSISNATURELEE ETES ARTS. "6 efforts du malade qui fe remer en route. La marche dura environ fix à fepr heures; c’éroit une fuite de chûtes & de rechütes allar- mantes. Arrivé enfin à Sainc-Prix, le jeune homme fe mer au lit, prend d'heure em heure une dofe du remède; il fe Bt une tranf- piration très- abondante pendant la nuit, & le lendemain la gué- rifon étoit parfaite. La liqueur , fi précieufe par fes effers, étoir l’alkali volatil, dont on à cherché dans ces derniers temps à accroître la réputation par des prodiges d'un autre genre, que l'enthoufafme ( pour me fervir d’une us douce) s’étoit chargé de voir, d'annoncer avec éclat, de foutenir avec intrépidité , en dépit de l’ex- périence mème. M. de Jufñeu ne connoïfloit aucune de ces pañlions toutes de feu qui brülent & détruifent lorganifation ; aufh ; graces à fa modéra- tion , dont il faut fairé honneur aurant à fes réflexions qu’à foixante- dix-huit ans & demi. Sa vue, qu'il avoit beaucoup exercée, & fur des objers très- déliés, s’étoit afloiblie dans les derniers tems de fa vie; cette foibleffe ne fit qu'augmenter par le chagrin que lui caufa la mort de fon frère. ‘ I mavoit jamais fongé à devenir riche:: il le devint alors ; il étoit bien:dans le cas de dire comme, ce Philofophe ancien , auquel un Rot de Lydie demandoit sil avoit des biens: Une fois plus que je nevoudrois , ditail; y'a éu le malheur de les doubler par la mort de non frère. Il ft de fes richefles l’ufage le plus refpeétable. L'amitié à fur ce point des fecrets qu’elle devoit révéler : fa famille a été comblée de fes biens; fes neveux n'oublieront jamais qu'ils ont perdu en lui le père le plus tendre & l'ami le plus généreux. Il évoit plein d’eftime pour notre Compagnie ; il s’intérefloit à fa gloire, & fafoit valoir fes droirs dans loccafion. Nous avions tous pour lui un atrachement tendre, plein de refpect qui tenoit prefque du culre réligieux. Lorfque dans nos affemblées, il s’élevoit quelques doutes fur dés points d’hiftoire naturelle, après bien des difcuflions, qui laifloient encore de l'incertitude, on finifloit par dire: il faut avoir l'avis de M. de Juffieu; cé nom prononcé terminoit la difpure : on alloit confulter l'oracle de la Botanique , & on en rapportoit toujours une réponfe claire, précife & lumineufe. Je me fouviens qu'ayant un jour l'honneur de m’entretenir , avec lui, la converfation tomba fur la Faculté, fur le bien qu’elle avoir toujours fait dans le filence , avec un défintéreffement fans exemple, & en tirant toutes fes reflources d’elle-mème ; fur les hommes dif- tingués qu’elle avoit comptés dans tous les rems au nombre de fes membres, & qu'il regardoit comme produits en partie par fon régime, 1 16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'on a depuis bien calomnié : il échappa à un de mes Confrères de dire qu'il feroit à defirer qu'on fit tomber une pluie d'or fur la Fa- culté, pour la mettre à portée de faire encore plus de bien. Elle en feroit moins, lui dit M. de Juflieu, avec une vivacité remarquable, parce qu’elle ne lui étoir pas ordinaire ; l'or ne fait que des efclaves, & les talents d'un Médecin ont befoin d’être libres ; fans liberté, point de tête fortement penfante : fouvenez-vous de la penfée fublime d'Homère : quand Jupiter veut faire un efclave, il ôte la moitié du cerveau. M. de Juffieu fut frappé d’apoplexie le 20 Septembre de l’année dernière ; les fecours , promptement & fagement adminiftrés, dérour- nèrent la force du coup pour le moment; mais il eut bientôt après une feconde atraque qui l'emporta le 6 Novembre dernier. 1 Dans la première maladie , il avoit demandé de lui-même les fecours de la Religion ; il les reçut avec la double réfignation & du Chrétien, qui , au delà de certe vie, embrafle par la penfée un avenir confolant , & du Philofophe, qui, dans l'inévitable néceflité de la mort, voit qu'il n’eft d'autre parti à prendre que de fe foumettre & de pardonner à la Nature; fa fin fut aufli douce, aufli tranquille, que l'avoit été tous le cours de fa vie; nul fafte, nulle foiblefle, une patience admirable, une expreflion touchante de fenfibilité à l'égard de ceux qui l’approchoient : ce fat, comme l'a dit la Fontaine, Le for d'un beau jour. 1 fat resretté de tous les Savans , & pleuré de ceux qui l'ont connu. D tr LIRE vor Rp ee ee te ee ne nn nee Note relative à l’Eloge de M. Von-Linnée, publié à la tête du Cahier de Juillet 1779. Le Roi de Suède vient de faire frapper une Médaille où l’on voit d'un côté le Bufle du Chevalier Von-Linnée, & de l’autre, Cybèle dans une contenance affigée , entourée de Plantes & tenant une clef à fa main, autour du revers , on lit: DEAM LUCTUS ANGIT AMMISSI. Et dans l'exergue POST OBITUM d. X. JANV. M. DCCLXXVIII. REGE JUBENTE. Le Roi, dans le Difcours tenu à la clôture de la dernière Ditre a déploré la perte de ce grand Homme. Voilà je penfe un genre d'honneur qui n'avoir jamais été rendu à la mémoire d'aucun Auteur. Cyr D 26 MÉMOIRE SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. s7 # ME M: OT ARE De M. Licaremeerc, de l Académie de Gottingue, fur de nouvelles Expériences électriques. P, n'M1 les découvertes remarquables dont s’eft enrichie la nouvelle doétrine de l’Electricité, l'Ele&trophore mérite , fans doute, un rang diftingué. On. le doit au célèbre Wilck, actuellement Profefleur de Phyfique à Stockholm. (1) L'illuftre M. Volta eft moins l’Inventeur de cette machine que de lappareil de fes inftrumens, Dès le mois d'Aoùût 1762, M. Wilck voulant répéter des expériences faites à Leyde fur le verre, fe conftruifit une machine de réfine à laquelle il donna le nom d’Eleétrophore perpétuel. Il eft probable que le Savant Italien r’avoit jamais entendu parler des expériences du Philofophe de Stockholm. Mais fi M. Volta ne mérite pas le nom d’Inventeur , fes connoiflances relatives à l’Electrophore lui font honneur & le rendent digne des juftes éloges des Phyficiens. Cette machine eft remarquable par les phénomènes qu’elle préfenre & par l'ardeur ftudieufe dans les recherches des étonnantes qualités de la matière électrique , dont elle a enflammé les Phyficiens Allemands, qui jufqu’alors ne s'étoient occupés dans cette païtie, qu'à des chofes de peu de conféquence , ou à répéter des expériences déjà cent fois répétées Aufi-tôr que je vis un Electrophore, fa fimplicité, la prompritude de fon effet, fa matière facile à trouver par - tout me le rendirent intéreflant. M'appercevant qu'avec huit doigts de diamètre il faifoic autant d’effer qu'on pouvoit à peine en attendre d’une machine élec- trique ordinaire, je formai le projet d’en conftruire un très-srand. Ce qui m'y détermina, futla grandeur apparente, fenfible dans les phénomènes que j'attendois , non fans raïfon , d’un: plus grand inftrument. Répéter fur des machines d'une grandeur confidérable, quelques expériences , c’eft foumettre au microfcope les phénomènes qu'elles préfentent. Alors, des phénomènes qui, par leur petitelle , demandoient l’arrention & les yeux les plus exercés, deviennent, par cette augmentation, hors d'état de tromper l'Obfervateur le moins attentif & le plus inconfidéré. (1) Voyez Scripta Academis Suec, fLientiarum ad ann. 1762. Tome XF, Part. I. 1780, JANVIER. C 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Je me conftruifis un Eleétrophore dont la bafe étroit un mêlange de réfine commune , de térébenthine & de poix de Bourgogne. Je lui donnai fix pieds de diamètre , mefure de Paris, & cinq pieds au bouclier ou conducteur. J'obfervai alors, plufieuts phénomènes qui m'étoient aupa- ravant inconnus, Ils étoient, cependant tels, en grande partie, qu'on pouvoit les attendre d’un inftrument de cette grandeur. Je me contenterai de donner un feul exemple qui mettra ceux qui connoïflent les effets des Eleétrophores ordinaires à portée de juger de la force du mien. J'ai tiré des étincelles de quatorze à quinze doigts de long. Ces érincelles reçues avec la main, occafionnoient une violente commorion dans tout le corps. Souvent je les ai vu partir du conduéteur, à l'imprévu , & en percer la bafe avec grand bruit. Je ne doute point que les phénomènes que j'ai d’abord obfervés dans un grand Eleétrophore, ne puilfent également s’obferver dans ceux d’un moindre volume; je fuis même perfuadé qu'entre les mains de Phyficiens plus exercés que moi, & munis de plus grands appareils , mes obferva- tions pourront indiquer le moyen de connoître plus intimement l& nature du fluide électrique. Ce qui s'oppofe beaucoup à ces fortes de recherches , eft que l matière-éleétrique ; ou fe cache aux yeux à l’inftar de la magnérique ; ou, lorfqu’elle paroït , c'eft avec tant de vélocité, qu’il eft hors de doute qu'elle eftaccompagnée de chofes qui ne pass être apperçues. Souvent, on ne peut obferver diftinétement que le lieu & la figure de l'étincelle que je regarde feulement comme une petite partie du phénomène. Qu'y a-t-1l de furprénant ? I ne s’agit pas d’un fluide qu'un Admirateur, plutot qu'un Obfervareur, compareroit à la foudre par fa rapidité : il s'agit de la foudre , elle-même. Auf, a-t-on foin d'examiner attentivement les veftiges des phénomènes dont l'apparence ne peur être rendue fixe. Il n'eft perfonne qui nait entendu parler de vafes tranfpercés par des coups de foudre, de métaux fondus, &c, : les commentaires des Phyficiens en font remplis. Quelques-uns mème , affez ennuyeux par leur puérile exactitude, ont décrit dans des Mémoires d’une heure de lecture , le chemin parcouru par la foudre, dans un inftant indiviñble, du haut de la cheminée dans la cuifine. Les taches que produifent fur les corps polis les explofons éleétriques des bouteilles de Leyde, & Les trous qu’elles font dans le papier, ont été jugés dignes de l'attention des plus grands Phyficiens. Parmi les obfervations & les nouvelles dé- couvertes de M. Prieftley , une des plus remarquables, eft l'expérience par laquelle d’un choc de fa grande machine électrique, il réduit des anneaux en lames métalliques polies. Les expériences que je publie me paroïfent l'emporter fur celles déjà connues, & par leur beauté, & par leur variété, Elles font voir, dans SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘19 des corps idio-éleétriques chargés d'éleéticiré, des changemens jufqu'alors inconnus aux Phyfciens. Voici ce: qui me donna liea d’obferver ce phénomène, Au commen- cement du printems de 1777, je venois de finir mon grand Eleétro- phore ; ma chambre étroit remplie d’une poudre rélineufe , très-fubrile, que j'avois produire en polillant le plateau de mon inftrument. Cette poudre, qui s'étoit attachée fur les murailles & fur les livres, m'im- commodoit fouvent en tombant par l'agitation de l'air fur le conduéteur de mon Eleétrophore. Mais comme il m’arrivoit fouvent de fufpendre le conducteur au plafond , je m’apperçus avec plaifc que la pouflière qui tomboir fur la bafe ne la couvrant pas également comme le conducteur, formoit dans quelques endroits des étoiles d’abord pâles & foibles ,. enfuire plus belles & plus diftinétes par la manière dont je ne la pouffière. Tantôt je voyois des étoiles fans nombre, des voies ladtées, tantôt de grands foleils , cantôt des arcs obfcurs par leur partie concave, & radieux par leur convexité , des rameaux éclatans femblables à ceux que forment les vapeurs congelées fur les vitres , enfin des nuages de diffé- rentes formes. On peut en voir un feul avec fes étoiles dans la planche première. Ce qui m’amufoit infiniment, étoit la peine que j'avois à les détruire en balayant légèrement la pouflière avec une plume ou un pied de lièvre. Je ne pouvois empècher que les figures détruites ne reparuffent , en quelque façon, avec plus d’éclar. J'enduifis une feuille de LES noir, de matière vifqueufe , & l'appliquant légèrement fur quelques figures, j'en pris l'empreinte ; j'en at fait voir fix à la Société Royale. Ce nouveau genre de Typographie me parut aflez plaifanr, imais étant occupé d’autres chofes & n'ayant pas de tems à moi, j’aban- donnai cet amufement. Le hafard , en quelque facon , avoit produit toutes les figures dont j'ai parlé jufqu'ici, mais d'une manière qui m'étoit parfaicement inconnue, Je répandois de la pouflière de réfine fur le plateau , après avoir enlevé le conducteur , & je devois ce qu'il paroïlfoit d’éroiies, à la fortune feule qui commencoit à devenir avare de fes dons. Quand je m'appercevois que la pouflière répandue , & même les figures di- minuoient la force de l’Eleétrophore , j'étois obligé de le nettoyer plus fouvent , & de lui rendre fa force par un nouveau frottement , Ce qui détruifoit, pour ainfi dire, Pig les figures. Las , enfin , de cette manière précaire d'opérer, le plaifr que m'avoit donné ce phéno- mène dans fa nouveauté , n'étant plus le même , je commençai à exa- miner mes expériences déjà faires & les nouvelles, avec les yeux de Vatrention. Le grand bruit qui partoit probablement de la partie de l'Electrophore où paroï{loient les figures, après avoir répandu la pouffière, me fit foupçonner qu’elles devoient leur origine , ouau pallage de la ma- tière électrique du conducteur éle&rifé poftivement dans la bafe réfineufe, 1780 JANVIER. C 2 120 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, où à fon infufion fur fa fuperficie. Je m'en convainquis bientôt enfaifanc mes expériences dans l’obfcurité. J’apperçus.des aigrettes lumineufes pañlant du cohduéteur dans la bafe , & qui, par Teurs projections , formoient les étoiles dont j'ai parlé. Je m'appercus aufi que la bafe étoit électrifée pofitivement dans cette partie , & en ayant approché le conduc- teur , peu de tems après l'avoir enlevé , je le trouvai éle@trifé négative- ment. Ce grand & nouveau champ d'expériences qui s’ouvroit devant moi me donna un nouveau courage. Je mis d’abord fur l’Ele&rophore de petits cercles de feuilles d’étain. Quand j'enlevai le conduéteur ils en furent légèrement attirés, enfuite repouflés vers la bafe qu'ils parcouroient par un mouvement de rotation en marquant leur route par des rameaux très-brillans qui fembloient tracés au compas , & dont la circonférence reffembloir à une auréole. La caufe du phénomène m'étant connue, je me fervis de plus petits Eleétrophores avec lefquels je répétai toutes mes expériences fans peine & à peu de frais. Mais afin qu'on puille les faire fans d’inutiles tentatives, je décrirai mon appareil en peu de mots , fur-tout mon double Eleétrophore, qui eft propre à ces expériences & à beaucoup d’autres, La planche IL, #g. 1., repréfente une planche de tilleul d'environ deux pieds de long , de forme oblongue, large d’un pied & épaille d'un doigt ; enduifez d'abord entièrement cette planche de feuilles d’étain ou de papier doré, entourez - la enfuite d’une ceinture de bois léger & flexible , excédant la furface de deux lignes & demie. Vous ferez tenir ce cerceau avec des cloux de métal. Rempliflez enfin ce bañlin d’un mêlange de réfine commune & de poix de Bourgogne , en y ajoutant un peu de térébenthine, afin que la réfine puifle , fans fe rompre, fe prêter aux différens changemens que la température de l'air peut occafionner fur la planche. Conftruifez un conducteur circulaire, en forme de bouclier , d’étain; de bois ou de carton couvert de feuilles d’étain; donnez-lui dix doigts de diamètre, & garnillez-le de fils de foie, comme il eft indiqué (PL. IL, fe. 2.) J'ai fait faire le mien de tilleul. Avant de couvrir d'étain la partie concave de ce conduéteur , il faut tendre deflus un parchemin, ou une toile, ow de fort papier { A. B., fg. IN} ce qui rend fon contaét avec la partie réfineufe plus doux & plus parfait. Ce conduéteur peut être placé, tant dans la partie P que la partie N de l'Eleétrophore (PI. Il, fg 14), de manière que les cercles qu'il forme foient à un doigr de diftance du bord, & à deux doigts les uns des autres. : La méthode dont je me fers pour charger cet Eletrophore n'eft pas moins fimple qu'efficace & digne de l'attention des Phyficiens. Suppo- fons que l'Electrophore manque entièrement d’éleériciré. Il faut frotter légèrement avec la main sèche, ou avec une pelotre faire de barbes de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21 plumes, la partie de l’Eleétrophore par laquelle vous voulez charger le conducteur d'électricité pofñitive (que je défignerai toujours + E ). Placez le conducteur en P, éablifez une communication entre lui & le clou du rebord en les touchant tous les deux à la fois, l’un avec le pouce & l’autre avec le doigr du milieu; enlevez-le enfuite par les fils de foie avec l’autre main, & fon + E , quelque petit qu’on le fuppofe, s'introduira dans une tige de métal, ou tout autre corps métallique placé en N. Dérangez un peu la tige avec le doigc ou avec quelque corps idio-électrique, comme une plume à écrire, un bâton de cire à cacheter , &c., & faites comme auparavant. Cette opératiôn , trois ou quatre fois répétée , donne toujours + E du conduéteur dans la tige placée en N. Si avant de donner une nouvelle & plus abondante Elec- tricité on change les chofes de place en mettant la tige en P & le conduéteur en N, quand on élèvera le conducteur , 1l fe trouvera E. Ce —E fe iépand fur la tige alors placée en P. Changez ainfi plufieurs fois, & alternativement leconduéteur & la tige, & vous trouverez enfin Pabon- damment, + E & N—E communiquer avec le conducteur. J'ai vu, decette manière, l’Electrophore, donnant d’abord de très- petites étincelles dans la partie P , & n’en donnant aucune dans la parue N, devenir par fa pro- pre force , en quatre minutes , fi chargé d'électricité , que Le conducteur donnoir + E & — E des érincelles de fix doigts de longueur. Si le conducteur eft placé dans les parties N & P de l'Electrophore, de manière que les parties des cercles en foient couvertes en raifon inverfe des forces dont elles jouiflent, il ne donnera aucune Eleétricité après avoir été enlevé. Si au contraire, le conducteur touche les cercles en parties égales , fon éleétricité, quand il fera élevé , fera égale à la fomme des clectricités des cercles N & P. Avec cet appareil il eft rrès-facile de Es les expériences fuivantes. Ayez quelques gâteaux minces de gomme laque ou de réfine commune ; ceux de fouffre, de verres colorés , & de cire à cacheter, peuvent également fervir, ayez encore quelques tiges ou conduéteurs de métal, les uns terminés en pointe, les autres en Poule ; enfin de la poudre de réfine , de foufre ou de cryftal , enfermée dans de la toile , & une bouteille de Leyde garnie d’une chaîne conductrice. EXPÉRIENCE I. Mettez une tige de métal garnie d’une boule polie fur un gâteau de gomme lacque ou de réfine commune. (Plan il, Æg. 4.) donnez-lui + E. Dérangez enfuite la tige avec la main nue & répandez de la pouflière ,. vous aurez le foleil radieux repréfenté par la planche I, Si on dérange la tige avec un corps idio-électrique, on n'aura point le cercle noir qui fait la bafe des rayons. >z OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, EXPÉRIENCE Il. Donnez — E à la tige, dérangez-là enfuite avec la main nue, & vous aurez la figure repréfentée PI. 1. fig. 2. Si vous vous fervez d’un corps idio - éleétrique pour la déranger, il paroïtra une autre figure prefque dénuée des rameaux noirs qu'on obferve dans la poRRe Je remarquerai ici que depuis avoir deffiné la J£g. 2. PI. L. j'ai obtenu des figures dénnées par l'électricité politive, entourées de trois & mème de plulieurs cercles concentriques. Mais comme mon projet eft moins de dire ce que j'ai vu que d'indiquer aux autres une manière d'opérer, je me fuis difpenfé de faire graver d’autres Planches. EXPÉRELENCE.LIE Mettez un gâteau de gomme laque fur un tube court, & fur le gâteau la tige (PI. I, fg. 5.) donnez + E par À & vous aurez une figure rayonnante de l’autre côté du gâteau. Mais fi vous éleétrifez né- gativement , vous aurez des figures fans rayons un peu différentes de celles qui font gravées , mais dont l'œil le moins exercé pourra apperce- voir l'analogie. On peut , par ce moyen , faire traverfer plufieurs gateaux à l'électricité & la fuivre dans fa route. On à l'inverfe fi au lieu de + E on donne — E. EXP É RM ENNCQ CEE ; IVe Mettez une bouteille de Leyde fur un gâteau de réfine , chargez fon crochet + E. La figure que vous obtiendrez fera du genre des pofirives , &c des négatives, fi le crochet eft — E. J'aivu desanneauxcrès-brillans, des taches ellipriques & circulaires, & approchant mon œil de plus près, j'ai vu des Ads & des cercles concentriques marqués par de très-petires lignes fur la faperficie même de la pouflière. J'ai obtenu des figures très- élégantes de ce genre, dont je ne puis rendre la forme & la régularité , en mettant fur le gâceau de laque un gobelet de verre, nud extérieure- ment & rempli d’eau , que l'Eleétricité+ E &—E a traverfé par le moyen de Ja tige dont on a déjà parlé. ( Voyez PI. II., fg. 6.). EXPÉRIENCE V. Cette Expérience peut être regardée comme un nouveau genre de fte- ganographie qui pourra plaire à ceux qui aiment à obferver la nature, Chargez + E une bouteille de Leyde À (PLII. , fg. 7.) revètue 1n- térieurement & extérieurement, garnie d'un conduéteur & d’une chaîne; SUR l’HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 23 appliquez ‘d’une main la chaîne au clou D du rebord, prenez de l’autre la Ronnie par fon enveloppe extérieure, & faites décrire au conducteur C différentes circonvolutions fur l’Eleétrophore ; jetrez de la pouffière deflus, & même quelques jours après , elles paroïtront brillantes & fem- blables à des guirlandes. Si, au contraire, après avoir ifolé l'Electrophore, on applique la pointe du conduéteur de la bouteille fur Le clou du rebord, & que les traits fe décrivent avec la chaîne (PI. IL. fg. 8.) ils paroîtronc femblables à des perles, Je ne puis, à préfent, ajouter de nouvelles expériences ni ne les crois utiles au but que je me propofe : je ne parlerai que d’une feule qu'il faut diftinguer des autres, parce qu’elle ne m'a bien réufli que deux fois, & que cela tient à peine aux loix générales. J'ai répandu un peu d’eau fur la furface de mon grand Eleétrophore , de manière à former un cercle d’un doiot de diamètre, J'ai placé ma tige de métal au milieu de ce cercle, & l'ai chargé + E. Ayant répandu de la pouflière de réfine , l’eau étoit d’abord entourée d’une atmofphère imparfaite , à la vérité, relativement aux cas jufqu’à préfent rapportés ; cat la partie elliptique À , fe détruifoit en chaffant la pouflière ( PI. 11, #2. 9 ) & il fe formoit à fa place , hors de l’armofphère,une autre plus grande ellipfe A qui recevoit cetre pouilière. J'ignore la caufe de ce phénomène , mais vraifemblablement que le conducteur entre 4 & À ,m'a été caché. Ceux qui examineront atrenti- vement cette foule de phénomènes ne pourront pas manquer d'avancer Ja théorie de l'électricité. J'ajouterai encore les obfervations fuivantes. 1°. Les plateaux de verre fubftitués aux gateaux de réfine réufliflent, mais les figures qu’ils produifent font moins diftinétes & moins brillantes. Je me fuis fervi de cartes à jouer, de gomme élaftique , de petites plan- ches, &c., & j'ai eu des effets différens. 2*. I eft néceffaire de bien nettoyer les gâteaux, parce que les figures fe détruifant difficilement , on pourroit, en fe fervant du même gâteau, attribuer à une feule caufe ce qui feroit l'effet de plufieurs. Mais fi après avoir effuyé les plateaux , on répand fon haleine deflus , on détruit l'effet de l’ancienne Electricité, 3°. Il faut fe fervir de poudre très-fine de foufre , de réfine ou de fimailles , & l’enfermer dans une toile pour la répandre. 4°. I feroit peut - être utile de répéter ces expériences fous une cloche. 5°. J'ai répandu de la limaille de fer fur des gâteaux de réfine pofés fur de l’aimant. Je n'ai rien obfervé de remarquable. 6°. Les tiges terminées en pointe font plus propres que les autres à produire des cercles concentriques. 7°. 11 faut placer les gâteaux fur des corps anéleétriques. 8°. Les cercles concentriques & les anneaux qui fe rencontrent dans ces expériences font expliqués affez clairement par le célèbre 24 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Wilk (:1) & par l'expofition des paufes Electriques de Groflius (2) dont je compte , par la fuite , faire connoître plufieurs chofes. RE CHER GMEMNENSS Philofophiques fur la caufe de la Chaleur Animale; Par M. Pierre Duceup Lesure, Doëleur en Médecine. U N corps quelconque expofé à un certain degré de froid ou de chaud, doit nécelfairement au bout d’un certain tems prendre la rempérature du milieu qui l’environne , ou du corps fur lequel il repofe. Certe loi connue en Phyfique, fous le nom de la propagation de la chaleur eft générale ; toutes les fubftances inanimées y obéiflent conftamment. Mais les animaux vivans ne la reconnoilfent point ; ils jouiffent jufqu'à un certain terme d'un degré de chaleur uniforie , indépendante des variations & des changemens arrivés autour d'eux. Tantôt l'homme. expofé à 125 degrés de froid du Thermomètre de Farenheït, ce qui revient à environ 7o degrés de celui de Réaumur, comme dans Phi- ver de 1735 le 16 Janvier à Yenifeik , en Sibérie, & même à plus de 712,comme à Tornea Île $ Janvier 1760 ; l’homme, dis-je, con- ferve environ 28 à 29 : degrés de chaleur naturelle. Tantôt comme les Fordyce, Banks, Solander s’expofant à un degré de chaleur immoderée, il parvient petit-à-perit à refter quelques minutes dans une étuve échauffée à 210 degrés de Farenheït ou 79 degrés ? de Réaumur , c'eft- à-dire, prefqu'au terme d'eau bouillante , fans cependant que fa cha- leur naturelle varie beaucoup, puifqu’elle s’eft roujours foutenue à 30 & 32 degrés. Enfin la température de l'air ambiant peut varier com- munément depuis le 25 ou 26 degré au-deflus de zéro , jufqu'au 6 ou feptième au-deffous , fans que pour cela le degré fpécfique de la chaleur intérieure de l'homme éprouve quelqu'altération dans ces dif- férens termes de chaleur & de froid extérieur, du moins jufqu'à une certaine latitude. Tels font en effet les réfultats des obfervations des Derham , des Martine, des Blagden, &c. (1) Kongl. Vetenskaps Acad. handlingar for ar 1777. (2) Eleitrifche paufen. Leipzig 1776. Rozier, Obfervations fur lg Phyfique, Seprembre 1777 ; page 233: Lt SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2% 1! faut donc qu'il exifte un principe de chaleur fans cefle agiffant, fans ceffe produifant dans l’homme & les autres animaux: Il doit ré- parer les pertes que le contact immédiat & continu du milieu envi- ronnant occafionne ; & cette réparation doit être proportionnée à la gradation , à la marche de la caufe qui néceflite ces pertes. De plus, ce principe doit être abfolument autre chofe que la chaleur que le corps animal recoit lui-même du milieu dans lequel il exifte. Cette feconde chaïeur eft néceffairement en raifon de la température ambiante, & varie comme elle. Un cadavre n’a plus que cetre dernière , froid ou chaud comme l'atmofphère , ou le corps fur lequel il repofe , rien en lui ne peut compenfer cette alternative. Pour connoître le vrai degré de chaleur animale, il faut donc fouitraire la chaleur propre ou naturelle, de fa chaleur abfolue. Que la chaleur armofphérique foit de 10 degrés, par exemple, & que la chaleur abfolue de l'animal foit de 18, il faudra retrancher les 10 atmofphériques , il ne reftera de chaleur na- turelle que 18. L'augmentation de cette chaleur naturelle eft propor= tionnelle à celle du froid. La chaleur abfolue fuppofée 28, que celle du milieu ambiant de 10 defcende à $ , la chaleur naturelle augmen- tera dé $ & fera de 23. À zero , ou au terme de congélation , l'animal fournira, pour ainfi dire, à lui feu! la fomme de 25. Si Le froid aug- mente de pluleurs degrés, alors, l'animal produira autant de degrés de furplus qui fe perdront néceflairement |pour établir l'équilibre de chaleur entre le corps de l'animal & le milieu dans lequel il fe trouve. C'eft pour cela, que dès qu'on pafle dans un appartement froid , la fenfation du froid, vive dans le premier inftant, diminue infenfiblement , l’atmofphère de l'appartement s'échauffe néceflaire- ment ; & fi un certain nombre de perfonnes fe trouvent raffemblées dans le mème lieu , cet endroit acquerra un degré de chaleur très-con- fidérable. On fent facilement que cewe produétion de chaleur fuper- flue ne peut fe faire que jufqu'à un certain point. Cet accroiffemenct reconnoit des limites ; quand l’animal ne peut parvenir à établir un arfait équilibre entre la chaleur vitale & la rempérature environnante, lens enene s'empare d’abord desexrrémirés , gagne bientôt les parties nobles, & le cœur qui femble être le foyer générateur de la cha- leur animale , & termine enfin la vie par la deftruction totale du mou- vement & des organes qui le MERE DR & le confervent. Tel eft en peu de mots le jeu & les effets de cette chaleur propre de l'animal, que les anciens Médecins ont bien reconnue , qu'ils dé- fignoient par le mot de chaleur primitive ; qu'Hippocrate appelloit fouf- fe divin, principe de vie; que Galien & les Arabes nommoïient cha- leur innée , feu ou foyer inné, allumé par l'efprit implanté, alimenté par l'humide radical , excité & fouflé par l'air que nous refpirons , &c. Tome XV, Parc. I. 1780, JANPFIER, D 26 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Mais fi fes effers font connus, fon origine & fon principe font encore enveloppés d'un voile que quantité de phyfolopiftes ont envain effayé tour-à tour d’arracher. Autant de fyftèmes qui fe fuccédoient rapide- ment & refutés les uns par les autres, n’ont fair qu'embiouiller la quef- tion, M. Leflie après avoir, craîté de la chaleur animale en général & de fes phénomènes , après avoir, développé la connexion qui exifte entre l'écar de la refpiration, la couleur du fang , le degré de chaleur dans les animaux, celle qui exifte entre l’état de la circulation & le degré de chaleur, examine ; difcute & réfute les opinions les plus généra- lement reçues fur la caufe de la chaleur animale. \ La plus ancienne fans doure eft celle d’Hippocrate, qui fans chercher à expliquer la caufe de certe chaleur, la regarde comme tellement inhérente à la fubftance animale, qu'il ne la diftingue pas de la nature elle-même. Galien & les autres Médecins Arabes qui ont commenté le Père de la Médecine , font en forte de la diftinguer des qualités occultes, des formes poflibles ; des êtres métaphyfiques ; 1ls l'ont regardée comme un agent phyfique & réel, un vrai feu d’embrâfement,, d'inflamma- tion , entretenu & alimenté par l’humide radical , autre principe phyfi- que, & que l'air abforbé à chaque inftant par l'infpiration.excitoic & renouvelloit fans celle. Les fentimens long-tems agités, expliqués , commentés & jamais to- talement détruits & renverfés dans les Écoles, ont femblé difparoître depuis que la Chymie & la Méchanique ont porté leurs flambeaux dans l'économie animale. Boerhaave , Srhal | Vanhelmont , Silvius, Bergerus, le Doëteur Mortimer , ont eu recours aux combinaifons, aux fermentations , aux effervefcences, & ils ont tranfplanté dans le laboratoire le plus parfait , le plus favanr & en mème temsle plus fecret de la nature , des phénemènes , qui fe pafloient fréquemment fous leurs yeux dans leurs Laboratoires 1folés. L’aétion des acides ali- mentaires rencontrant , felon quelques-uns , les fubftances alkalines déjà préparées, élaborées & dépofées dans les différentes parties du corps, produifoient le degré de chaleur propre aux animaux. D'autres chymico phyfologiftes , & fur-rouc:Silvius &}Vanhelmont , fuppofoient qu'elle étoic le réfulrat d'un mélange de Auides fait dans le rube inteftinal ; ils lattribuoient encore à uné effervefcence entre le fuc pancréatique & la bile. En 1745, le Docteur Mortimer propofa à la Société Royale de Londres ,une explication de la chaleur animale, fondée fur une efpèce d'effervefcence excitée entre les: parties d’un foufle animal ou phofphore , qu'il fuppofe tour formé dans les hu- meurs des animaux , & les particules. aériennes contenues dans ces humeurs: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 27 On fent facilement que ces fuppofitions font infuffifantes pour rendre compte de la ftabilité de la chaleur animale dans les différens alimens & les différentes faifons, de légalité avec laquelle elle eft répandue dans tout le corps dans l’état de fanté, de fon accroifflement local dans les in- flammations particulières , & enfin, de tous les phénomènes relatifs à la production de cette chaleur. A RUE connoïît-on la! nature des fluides que l'on fuppofe mélangés; le lieu où ce mélange fe fait, la manière dont il fe produit, tour cela eft aufli incertain. Les fyftèmes des Méchanico-phyfologiftes paroiflent plus exacts & plus généraux. La chaleur fe produit par le mouvement & le frotte- ment. Ce principe univerfel eft la bafe de leur théorie qui peut fe divifer en deux branches. Dans l'une , on fuppofe que la chaleur ani- male dépend de l'aétion réciproque des fluides & des folides; dans l'autre, on fuppofe qu’elle dépend du mouvement intérieur des glo- bules du fang entreux. Ces La branches femblent partir. d'un mê- me tronc, du fyftème du Doéteur Hates qu'il a Gr dans fa Pra- trique des Animaux, Selon lui, la chaleur animale dépend de celle du fang , & celle du fang de la vive agitation. qu'il efluie en parcourant les différens vaiffeaux capillaires. La chaleur des corps étant en raifon des particules ignées qui fe développent, le fang en contenant beaucoup plus que les autres humeurs, & fes globules rouges étant beaucoup plus fulphureux que la lymphe, à vélocité égale, le fang doit exciter plus de chaleur que la lymphe & les autres fluides animaux. L e frottement qu'il éprouve à chaque inftant dans fon cours , développe ces particn- les ignées, qui fe répandant de proche en proche échauffent toute la malle. Une feule queftion détruit ce fyftème ingénieux ; qu'eft-ce qui peut compenfer cette perte habituelle? Comment expliquer l’unifos- mité de la chaleur des animaux dans les différentes températures de leur milieu ? JiY = | » Le Docteur Douglas , dans fon Effai fur la génération de là chaleur animale, a refait ce fyftème , & le dépouillant de fes défaurs, il l’a pré- fenté”fous un air nouveau & féduifant. Le frottement feul des globu- les du fang dans les vaifleaux capillairés , eft l’unique principe toujours agifant de la chaleur animale, La chaleur ambiante augmente-v-elle ? les vailleaux capillaires fe dilatenc & le fang circule plus librement; fes globules. moins preflés | moins reflerrés par les parois des canaux, éprouvent in moindre frottement, & s’échauffent moins. La: chaleur abfolue de l'animal, eft à la vérité voujours la même, mais la chaleur ambiante augmentée, la chaleur innée de l'animal , (comme le Docteur Douglas la nomme) eft moins vive. Au contraire, la chaleur atmof- phérique diminue:t elle ? le froid'devient-il plus fenfible ? les corps fe condenfent , les vaifleaux capillaires fe reflerrent, ils embraflent plus 1730. JANVIER, D 2 285 OBSERVATIONS SUR LA PHFSIQUE, étroitement le globule fanguin. Le degré de conftriction peut-être tel , que le diamètre du globule fera plus grand que celui du vaifleau ca- - pillaire; par conféquent, ce globule fera forcé de changer fa forme fphé- rique & de s'allonger en ovale , ce qui augmentera confidérablement le frottement, tant à raifon de l’augmentation de la preflion mutuelle, que de celle de la furface du contaét, qui s’exercera alors dans une zône au lieu d'une fimple circonférence. Les vailleaux ainfi reflerrés font le plus favorablement difpofés qu'il eft poflible pour la géncra- tion de la chaleur, Ainf, la chaleur innée augmentera en proportion de l'augmentation du froid & du reflerrement des vaiffaux capillaires, Cet ingénieux fyftème a été fourenu avec beaucoup d'éclat par M. de la Vivotte dans les Ecoles de Paris. Mais il eft étonnant que l’Au- teur n'ait pas fait attention que dans le froid ; par exemple, le vaif- feau capillaire, qui eft en même-tems l'inftrument de la génération & la matière de la fufceprion de la chaleur, contenant une file de -globules , engendrant actuellement de la chaleur par le frottement con- tre les parois, doit être chaud & par conféquent relâché & dilaré. Mais par la fuppoñrion , il n'eft propre à engendrer de la chaleur qu'autant qu'il eft froid & reflerré; ce qui eft diamétralement oppolé à fon état actuel, Le Docteur Cullen attribue la produétion & l'uniformité de la chaleur animale au principe vital des animaux. Il peut fe trouver dans ce principe une circonftance qui foit commune à ceux de la même claile & d’une économie femblable; de façon , que l’effer du mouve- ment fur ce principe eft toujours le mème, quoique les circonftances du mouvement puillent ètre différentes. Ainf, la différente tempéra- ture des animaux eft l'effet dé la différence du principe vital, de ma- nière que, bien que la vélocité. du fang. puilfe être la même dans une grenouille que dans un homme, le principe vital étant différent, lachaleur doir l'être auf: Avantique d’eñtrer dansaucune difcuffion avec le Docteur Cullen , il faudroit qu'il démontrât que le principe de vie eft différent dans les différens animaux. Des faits évidens pouvoient feuls établir ce fyftème dont la bafe eft plus fpécieufe qe {olide. | Une des plus ingénieufes hypothèfes fur la chaleur animale , eft celle du Docteur Black. Ce Savant! a obfervé ; que non-feulement les,ani- maux qui refpirent font les plus chauds de tous, mais encore qu'il y 2 une connexion ff frappante & fi intime entre l’érat de la refpiration & le degré de chaleur dans les animaux, que ces deux chofes paroiflent être dans une proportion exaéte l’une avec l'autre ; & il en a conclu que la chaleur animale dépend de l'état de la refpiration ; qu’elle eft pro- duite dans le poumon par l'aétion dé l'air fur le principe de l'infam- mabilité , à-peu-près comme on le voir dans l'inlammation ordinaire, ) SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 29 & que delà, elle fe répand par le moyen de la circulation dans le refte du fyftème vital. Quatre raifons principales paroiffent démontrer à M. Leflie l'infuf- fance de l'hypothèfe du Docteur Black : 1°. Quelque connexion qu'il y ait entre la refpiration & le degré de chaleur dans les animaux , il ne s'enfuit pas delà que l’une foit la caufe de l’autre. Car fi cela éroir, les animaux deftitués des organes de la refpiration , feroient privés de chaleur: 2°, Si la chaleur fe produifoit dans les poumons , elle ne pourroit être communiquée aux autres parties du corps que par les artères, & elle s’affoibliroit néceflairement en s’éloïgnant de fon pré- tendu centre. Or, ni l’un ni l’autre de ces faits n’eft aflez prouvé pour confirmer cette nouvelle théorie : 3°. Le fluide vital, bien-loin de tirer fa chaleur de fon paflase dans le fyftème pulmonaire , communique une portion aflez confidérable de celle qu'il a acquife dans la circu- lation , à l'air atmofphérique qui entre dans le poumon & en fort alternativement : 4°. Cette hypothèfe eft contradiétoire avec la géné- ration de la chaleur dans le fétus 7 utero. M. Leflie obferve que le poulet ir ovo, a de la chaleur quelque-tems avant d’avoir aucune com- munication avec l'air atmofphérique, & qu'un fétus venu à terme peut exifter quelques heures après fa naiflance fans refpiration , en confer- vant toutefois fa température naturelle. Telles font, en peu de mots, les hypothèfes multipliées que l’on a avancées jufqu'à-préfent fur la caufe de la chaleur animale. M. Leflie en réfure le plus grand nombre, & leur fubititue fon fyftême, qui eft, que le principe fubuil , nommé par les Chymiftes, le pietdte qui entre dans la compofition des corps naturels, eft en conféquence de l’action du fyfème vafculaire , développé graduellement dans toutes les parties de la machine animale , & que la chaleur eft produite par ce dévelop- pement. On voit que ce fyftème ne s'éloigne pas beaucoup de celui du Doc- teur Hales. Le phlogiftique eft-il fubftitué aux parties fulphureufes des lobules rouges du fang ? un méchanifme à-peu-près femblable produit le mème effet. Les preuves dont M. Leflie appuie fon hypothèle, font 1°. quele fang contient du phlogiftique; 2°. que l'action des vaifleaux fanguifères développe ce phlogiftique; 3°. que ce développement eft accompagné de chaleur ; 4°. que la chaleur ainf produite, fufät pour rendre compte de la chaleur des animaux vivans; $°. enfin, que les phé- nomènes les plus frappans de la chaleur animale, concourent à prouver la vérité de ces propofñtions. Nous ne nous arrêterons pas davantage à l'explication de ce fyflème, laiffant aux favans Phyfiologiftes, le foin de le juger & de l'apprécier. 3o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, men SL BU DE), LAIT ExbDRCE Ecrite à M. Pr:esTrey , Membre de la Société Royale de Londres ; Par M. F. Fez1x FONTANA , Phyficien de S. A. R. Le Grand-Duc de Toftane, préfentée à la Société Royale de Londres, le 17 Mars, & lue L2 26 du méme mois 1779 (1). Je ne veux pas laiffer palfer l’occafion d'indiquer un nouveau caractère, auffi important que l’autre , qui diftingue l'air déplogiftiqué de l'air commun, & qui n'eft pas plus connu des Obfervareurs. Ce caraétère peut mériter l'attention des Phyficiens , parce qu’en mèmetems , il nous fait connoître une nouvelle oPier de l'air atmofphérique, dont je ne me ferois jamais douté , fi l'expérience ne m'en eût rendu cer- tain. J'ai trouvé que l’air commun , lorfqu'on l’agite dans l’eau, bien loin de diminuer de volume, s’accroit fenfiblement. La quantité dont Pair s'accroît eft d'autant plus grande, qu'on le fecoue plus long-rems dans l’eau, & cette augmentation fe manifefte dès le commencement ; enforte qu'à peine on a fecoué l'air pendant quelques fecondes, qu'il commence déjà d'occuper un plus grand efpace dans le tube où on la introduit. J'ai fait aller quelquefois jufqu’à -= & plus cet accroiflement de l'air; quoiqu'il foit vrai d’ailleurs, que j'ai rencontré bien des variétés dans les expériences que j'ai faites en différens rems fur cètte ma- tière. Quand le volume de l'air, s’eft accru jufqu’à un certain point, il commence à diminuer toujours davantage , & 1l fe détériore toujours lus à mefure qu'il diminue, Que fi l'on fait cette expérience dans vaifeaux fermés, on n’obferve rien de tout cela ; mais je me ré- ferve d'en parler à part ; & je rapporterai alors les loix &c les caufes de ces diminutions & accroifflemens , & des différences qui fe trouvent entre l'air commun & les autres airs permanens, foit dans l'eau, foit dans le mercure. (x) On trouvera le commencement de cette Lettre dans le Journal de Phyfique du mois de Mai 1779, page 374. SUR 'L'HIST. NATURELLE. ET: LES ARTS. 31 11 fuffira de dire pour le préfent , que fi l’on fecoue | comme ci def fus, dans un tube , l'air déphlogiftiqué ; non-feulement cet air n’aug- mente de volume en aucun tems, mais il commence au contraire à diminuer fenfiblement dès le commencement de l'expérience , & con- tinue enfuite à diminuer de plus en plus, en perdant toujours plus de fa bonté, dans la même proportion. Cette nouvelle propriété de l'air déphlogiftiqué fait penfer que cet air eft une fubftance un peu différente de l'air commun, puifqu'il a des propriétés qui lui font particulières, & par lefquelles 1l diffère de l'air commun, non-feulement du plus au moins, mais du tout à mien. L'air déphlogiftiqué à la propriété d’être abforbé par l'eau ; tandis qu'au contraire l'air commun augmente de volume & d'élafticité par la feule agitation dans ce liquide. Tout ce que j'ai dit en peu de mots ci-devant , pour donner une idée de la méthode que je fuis, & les termes dont je me fers pour préfenter les diminurions des airs refpirables produites par l'air nitreux, ne fufñt point pour avoir des réfulrats conftans & certains, quand il s’agit de tirer de conféquences de pareilles expériences. Quand même on auroit corrigé tous les élémens, & fait difparoître toutes les cau- fes qui alrèrenc fenfiblement ces fortes d'expériences , & qui ont été ou ignorées ou négligées jufqu'ici par les Obfervateurs les plus exaëts, il feroit encore tout à-fait elfentiel d’obferver une méthode conftante & toujours égale, non-feulement dans l'acte de l’introduétion des airs dans les tubes , mais encore après, lorfque leur union seft faite, La plus petire circonftance variée donne des réfultats très-différens |, & ces circonftances font fi pen de chofe , que je n’ai vu perfonne qui étant préfent à mes expériences, fe foit apperçu d'aucune , quoique pré- venu de ce que je voulois faire. Ce feul élément négligé peut occa- fionner une erreur de 20 à ço parties & plus , quand il s’agit de l'air commun; & lorfqu'on opére avec l'air déphlogiftiqué , l'erreur eft in- comparablement plus grande : la même qualité d'air pouvant décom. pofer, l’inftant d'après , jufqu’au double de l'air nitreux qu’elle aura décompofé un moment auparavant; de forte que l'air commun le plus falubre pourroit paroître de:l'ir tour-à-fait malfain & infeété de phlo- giftique; & Pair déphlogiftiqué poutroir être jugé moins fain, & mèê- me malfaifant , puifqu'il pourroit , à l'épreuve de l'air nitreux , fe trouver peu différent d'un air déphlogiftiqué , auquel on auroit uni une quantité Paso Je me réferve de parler dans un ouvrage à part, de ma méthode & de rour ce qui la concerne. Je puis certifier en attendant, que fi on obferve les précautions que j'ai coutume d’employer, la plus grande erreur ne va pas au-delà de + de l'air commun introduit dans le tube, © 32 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de forte que fi l'on fait quatre à fix expériences de fuite, l'erreur pro- bable elt fi peu de chofe, qu’on peut la négliger fans aucune crainte. Si l’on vouloit opérer fur des quantités d'air neuf à dix fois plus grandes que celle que j'emploie, l'erreur n'iroit pas à +, & cependant ha quantité de l'air ne feroit que de quelques pouces. Quand j'aurai occañon de publier ma méthode, je dirai auf com- ment je fuis parvenu à avoir un air nitreux de bonté toujours à-peu- près uniforme , & comment je rapporte mes expériences à une unité connue, & à un étalon fixe & conftant. Le manque de tout cela a été caufe que nous n'avons jufqu'à préfent rien de certain fur la falubrité de l'air commun, & qu'on n'a point publié de tableau des change- mens qu'effuie réellement l'air de latmofphère. Je ne crains pas d’affurer qu'on ne doit pas faire beaucoup de fonds fur les expériences qu'on lit dans les Auteurs fur la différence de l'air commun en différens tems, en différens pays , & dans les différens fites. La méthode n'éroit pas exaéte, les élémens étoient incertains, & inconnus, & les réfulrats différoient entr'eux. Quand toutes les erreurs font corrigées , on trouve que la différence de l'air d’un pays, d'un tems, d’un lieu, à un autre, eft beaucoup moindre qu'on ne croit; & les grandes différences que d’autres ont trouvées ne font autre: chofe que les effets & les conféquences des méthodes trompeufes qu'on a fuivies jufqu'ici. Je ne parle que d'après l'expérience. J'érois dans la même erreur que les autres, & j'avois moi-mème trouvé de grandes différences dan air à un autre; & c'éoir à moi, & non pas à la méthode dont je me fervois alors, que j'atttibuois la diverfité des réfulrats, quand je répétois en quelque occafion les mêmes expériences. J'ai examiné l'air de Paris en différens fites dans le mème tems, & dans les lieux aù il y avoir le plus à craindre que l'air für infecté, parce qu'ils font expofés à des fubftances corrompues & putréfiées, & à des exhalaifons impures & cadavéreufes. Les différences des airs étoient malgré tout cela, à peine fenfibles , & certainement beaucoup moindres qu'on ne l'auroit cru, puifqu'elles étoient à peine de + de l'air commun renfermé dans le tube. Jai pris de l'air du Mont Valé- rien à la hauteur de près de $co pieds au deflus de Paris , & je ne l'ai trouvé qu'à peine de = meilleur, que celui de Paris. L'expérience fut faire dans toutes les mêmes circonftances : même-rems , même air nitreux. à J'ai fait aufMi à Londres à-peu-près la mème obfervation. L'air d'If- lington , par exemple, & celui de Londres ont été diminués égale- ment par l'air nitreux ; & cependant le premier eft réputé beaucoup nçilleur. J'ai examiné l'air de Londres à différentes élévations du fol; D jai SUR L'HIST. NATUREILLÉ.ET LES ARTS. 33 j'ai pris an exemple, l'air dans larue, au fecond étage des maifons correfpondantes , & à la hauteur du toit; & je l'ai toujours trouvé de la même bonté. 11 a du moins été diminue de la mème quantité par l'air nitreux. J'avois trouvé à Paris la mème chofe par des expé- riences répétées , deux ans auparavant. J'ai voulu examiner l'air de Londres, pris à la Coupole de Saint- Paul, à la hauteur d'environ 313 pieds. Je l'ai comparé avec l'air pris à la rue autour de certe fabrique, & avec d’autre air pris fur la mê- me fabrique , à la hauteut de 202 pieds; & j'ai trouvé gu'il y avoit à peine quelque différence fenfble entre ces trois airs , bien qu'ils euffent été pris à des hauteurs fi différentes. Il eft bon de remarquer une circonftance qui dévoit contribuer à rendre ces airs encore plus dif férens entreux , c’eft que l'air pris au pied de l’Eglifé n'étoit point agité, & qu'on ne fentoit de vent dans aucune rue de Londres ; mais qu'à peine de fus monté à 100 pieds, que je trouvai un vent très-fort, qui l'étoit d'autant plus que je montois davantage. Etant defcendu de la Coupole, je retrouvai l’air tranquille comme je lavois laiflé, L’ex- périence fut faite à 4 heures après midi, avec le foleil, le ciel étant ferein. Le Baromètre à 18 pouc. 6 lig. le Thermomètre à 54 degrés. Après toutes ces circonflances, je crois qu'il eft effentiel de donner le réfultar moyen de quatre expériences faires fur chacun de ces trois airs. L'air de la rue donna H—13 , I14-6. L'air pris à la hauteur de 202 pieds, donna 114, IH. L'air pris à Ja hauteur de 313 pieds don- na I—14, 1-5. Les réfultats des deux derniers airs font entière- ment les mêmes , & l'air le plus bas difftre fi peu des deux autres, qu'à peine peut-on dire quil y ait quelque différence. M. Ca- vallo, qui a déja prouvé aux Savans , qu'il fait interroger la nature, non-feulement s’eft trouvé préfent à plufeurs de mes expériences fur l'air de Londres, mais il y a lui-même contribué par fon fecours. Delà , il eft aifc de voir combien l’on doit péu compter fur les expériences qu’on à publiées jufqu'ici fur les grandes différences des airs communs. Je trouve en général que l'air commun change fenfblement d’un tems à l’autre, & que les différences de ces chan- gemens font beaucoup plus grandes que celles qui fe trouvent entre les airs pris en différens pays, à différentes hauteurs, & dans des fites différens. J'ai trouvé, par exemple, que l'air de Londres dans les mois de Septembre , Oétobre & Novembre de l’année paflée 1775, donnoit avec l'air nitreux I—6, 11415 ; réfultat moyen de beaucoup d'expériences qui ne différent que très-peu entrelles. Le 26 Novem- bre; je crouvai pour la première fois l’air beaucoup meilleur , car il me donna Il—12, IlH12. Mais le 14 Février 1779, l'air me donna I—18, 11H47. Ce jour, l'air fur, comme on voit, meilleur qu'il Tome XV, Part. 1. 1780. JANVIER. E 54 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, n'avoit été dans tous les fix mois précédens. Je ne peux pas douter de l'exactitude de ces expériences , ayant comparé ces airs avec de l'air commun confervé dans des bouteilles fèches & bien bouchées, & de la même qualité que celui far lequel j'avois fait la première expé- rience dans le mois de Septembre. Si l’on compare maintenant nos formules, on verra que la différence entre les premiers termes eft de 12 parties, & de 7 entre les feconds. C’eft-à dire de ;- & de .', du total de l'air: différences beaucoup plus grandes que celles que nous avons vues ci-deflus. Malgré cela, je n'ai pu m'appercevoir d'aucun changement de falubrité, ou de plus grande facilité de refpirer , & je fais qu'il n’a point régné de maladies capables de faire foupçon- ner quelque grand changement dans l’atmofphère. La nature n’eft pas aufli marâtre que nous le croyons. Non-feule- ment elle nous a donné un air prefque également bon par-tout , & en tout tems; mais elle nous a encore doués d’une certaine , laritude, sil m'eft permis de m’exprimer ainfi , pour vivre en fanté dans des airs différens jufqu’à un certain point. Ce n’eft pas que je veuille nier qu'il n'y ait, en certains lieux particuliers, des airs mal-fains à refpi- rer; je dis feulement qu’en général l'air eft bon par-tout, & que les petites différences qui s’y peuvent trouver , ne font pas autant à craindre qu'on voudroit nous le faire accroire. Je ne prétends point parler ici de ces vapeurs ou particules , qui fe trouvent unies accidentellement à certains airs communs, dans cer- tains fites, fans qu'elles en changent la nature & les propriétés intrin- fèques. Cet état de l'air ne peut pas être connu par le moyen de lai nitreux; & ces particules, fi elles font nuïfibles & meurtrières , doi- vent être confidérées dans l’atmofphère, comme l’on fe figureroit, par exemple, de l'air dans lequel fotteroit de la poudre d'arfenic. Il ne s’agit dont point ici de ces changemens de l'air , qui n’altè- rent & ne changent pas immédiatement la nature de l'air mème. Ces états de ce fluide font d’une autre forte que ceux dont nous nous occupons, &.ne peuvent être examinés ni avec l'air nitreux, ni avec l'air inflammable , quand on veut fe fervir de celui-ci, comme je le dirai dans une autre occafon. Îl faut en dire autant de ces vapeurs ou particules qui peuvent être utiles à refpirer, & qui ne changent pas la nature de l'air. Certains végétaux, par exemple, peuvent répandre dans l’atmofphère telles exhalaifons, qui réfpirées pendant long-rems ; ou abforbées par la, peau, apportent un avantage réel à économie ani- male. Il me fouvient d’avoir mis plufeurs fois des fleurs , comme des rofes, des œillers , &rc. dans des vaïlleaux avec de l'air commun, en contact avec le mercure, & de les avoir laiflées aïnf pendant:plufieurs heures. Cér air n'avoir pas été altéré pour cela, bien que les fleurs SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 3; fuffent en allez grande quantité pour remplir prefque entièrement les vailleaux, & il me parut que les animaux le refpiroient très-bien. J'ai trouvé, au contraire , que les vapeurs qui fortent de la chaux vive qu'on éteint avec l’eau, n'altrent que peu ou point l'air commun, quoiqu'elles tuent l'animal, s’il les refpire conjointement avec cer air. Je ne voudrois pas néanmoins que l’on crût que je regarde comme peu importante la connoilfance de la bonté de l'air atmofphérique & les varia- tions auxquelles il eft fujer. Je crois , au contraire, que certe recherche eft très-utile aux hommes , parce que nous ne favons pas encore combien une qualité d'air, plutôt qu'une autre, peut contribuér à une fanté parfaite ; les moindres différences peuvent devenir très-importantes , quand il s’agit de refpirer le mème air pendant des années entières ; & principalement dans certains cas de maladies , 1l peur être très-utile de connoïrre les différences mème les plus légères. Une mérhode exacte d'examiner la bonté de l'air commun , fer vira de plus à la poftérité pour connoïtre fi notre atmofphère fe dé- tériore par le laps des fiècles. Cette mérhode & certe recherche cu- rieufes feront des produétions du -dix-huitième fiècle, & nos neveux devront toujours en favoir gré aux Phyfciens qui les ont découvertes & perfectionnées. Si nos Pères euffent eu ces connoiïflances , & nous les euflent tranfmifes, nous ferions maintenant en état de juger d'un changement des plus confidérables, qui eft probablement arrivé à notre globe, & qui intérefle de fi près la vie humaine! P. S. Voici en peu de mots la méthode que je fuis pour déterminer les diminutions des airs refpirables avec l'air nitreux. Le tube dont je me fers eft divifé en fix portions que j'appelle wefures ; & chaque mes fure en 60 fubdivifions que j'appelle parties. J'introduis communément dans le tube deux mefures d’air refpirable, auxquelles j'en ajoure une d'air nitreux, & la diminution s'étant faite, j'ajoute une feconde me: fre d'air nitreux, & ainfi de fuite s’il eft néceflaire. J'exprime les mefures, par les chiffres romains , & les parties par les chiffres arabes. Si, par exemple, on trouve écrit I—:8, II+12. La première expreflion ou formule , indique que l'air refté dans le tube après la première diminution, étoit de deux mefures moins 18 parties. La feconde indique qu'après avoir ajouté une nouvelle mefure d'air nitreux , j'ai trouvé que l'air reftant dans le tube étroit de deux mefures plus douze parties; en forte que les nombres romains expriment les mefuges d’air reftantes dans le tube, & les nombres arabes indiquent les parties qu’il faut ajouter à ces mefures, ou en fouftraire, ae 1780, JANVIER, E 2 36 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : mien pomme" von femme. +) M Ne HN AM A 7 Sur les Volcans de Tourves en Provence, envoyé à M. Morand, de l’Académie des Sciences; * Par M. BERTRAND, Dirciteur- Adjoint de PObfervatoire Royal de la Marine = de Marfaille. M. Faujas de Saint-Fond a inféré dans fon bel Ouvrage fur les Volcans du Vivarais, une notice (1) de ceux qui avoienr été déjà dé- couverts dans cette Province. Je fuis perfuadé qu'à mefure qu'elle fera examinée plus attentivement par desNaturaliftes, ces fortes d'obfervarions deviendront plus communes. Je viens de trouver en parcourant le terroir de Tourves, deux nou- veaux volcans , ou pour parler mieux le langage de la vérité, un volcan unique plus étendu que tous ceux que j'y connoiffois déjà , mais dont l'extrême antiquité a permis au tems de détruire prefque par-tout exté- rieurement les matières qu'il avoit produites, & d'interrompre ainfi le continuité de celles qui paroïffent encore. Je remarquai au quartier de Caudière , dans un terrein noir & fort maigre”, une grande quantité de ffagmens plus ou moins gros'de la- ves. Les Laboureurs me dirent que le foc de la charrue s’ufoit facilement dans cet endroit, & qu'on ne le faifoit pas entrer profondément dans la terre à caufe des pierres qui l'arrèteroienc infailliblement. Je jugeat ar là, qu'il ne faudroi: peut-être pas creufer beaucoup, pour trouver le rocher duquel toutes ces pierres ont été détachées. Je découvris dans une petite plaine fituée au fud-oueft du tenemene de terres; appartenant à M. Paul, un autre volcan plus étendu & plus apparent. Le terrein y eft noiratre , fort léger & prefque entièrement formé de matières volcaniques décompofées, Dans plufieurs endroits les rochers de:laves font apparens, &-on na pas trouvé d’autres efpèces de pierres dans un Puits peu profond qu'on y a creufé. Ces lives ne font pas poreufes comine celles des autres volcans de cette Province. Elles font compactes & fort pefantes. M. Collé, mon (1) I s'eft gliffée dans la première ligne de la Notice que je cite une faute d'im. greffion effeptielle. Au lieu de granits , il Faut lire engrais. SUR L'HIST: NATURELLECET LES ARTS. ÿ7 confrère à l'Académie de Marfeille en les comparant à divers bafalres qu'il conferve dans fon cabinet, a trouvé qu'elles leur. reffembloienc parfaitement. Comme eux, elles attirent fortement l’arguille aimantée. Lorfqu'ori les cafe , on trouve dans leur intérieur des fragmens de quartz toujours altérés, mais: pourtant encore reconnoillables, - J'ai obfervé plufieurs autres petites plaines dont les térres ; dans toute leur étendue, étoient entièrement femblablés à celles où j'ai trouvé dés bafaltes. Quoiqu'’elles fuffent plantées de vignes, on. n'avoit-tiré de leur intérieur aucune pierre qui fervit à faire connoître le rocher fur léquel elles étoient appuyées. Mais je ne doute nullement qu'en creufanc à une petite profondeur, on ne trouvât des produétions plus apparentes de volcans. Les Perires collines les plus voifines des plaines où l’on voit des matières évidemment produites par des volcans , ainfi quiun très-orand nombre d’autres qu'on trouve dans le mème terroir, font principalement formées d'une pierre rendre: dont la-nature me parut d'abord fort équivoque. Je la regardoïs comme un grès prefque pourri. Mais en examinant les variétés qu'elle préfemoit, je trouvai qu’elle renfermoir dans beaucoup d’endroîts de petits galets ot clous de laves noires & compactes. Je ne doutai plus alors de fon origine, & je regarde à préx fenc cétte pierre comme une efpècé de pouzzolane. M! Collé ; d’après un échantillon que j'4i mis fous fes yeux; lEn à jugé comme ‘noi. Il eft ficheux féulement /que cette matière fe trouve! d'une diltance trop” confidérable’ de nos ports, pour que la découverte que! j'en ‘ai’ faite puifle être véritablement utile. La og Certe’ pierre/ne: tenferme pas! des -parties ‘caleaires? ‘On Wy voit que fort rarement , des grains de quartz bieir ’carattérifés.” Elle né forme qu'une mafle dans route’ Pétendüe'de chaque colline, nul- lement divifée par des fentes perpendiculaires où Horifonrales. Sa touleut! la’plus ordinaire eft un rouge noirâtre. Ellé fe’ décompofé facilement &. lorfque les edux eñtraînent fes débris dans-les terres Hbourables elles perdent beaucoup de leur fertilité, pareé qu'elles deviennent trop” légères. Cette pierre efE appellée"#f/dans lél paÿ$ 5 mais elle/eft d'unet mature bien différenté des concréttons’ calcaires auxquelles les-Natüra-' . 1 liftes donnent ce noni! 4 L 21 3101 29 9m ÿ Ev.,8 311 {:2V leur formation n'ait éré Boftériehre à ’exiftence dés VOlcA ST Il y a plufeurs étangs à Toutves, & celui qui eftfans comparaifon j 20.27 9 sn N»T DO nr > 34 . î le plus grand, a uné foixantaine de roifes de diamètre & une; profon- 38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, deur inconnue. I s'en forma un. il y a environ cinquante ans au voifinage du plus grand, dans tn efpace où fe trouvoit un atbre fort élevé qui difparut entièrement. La partie du terroir où j'ai remarqué des traces d'anciens volcans eft , d'après l'opinion publique , traverfée par des canaux fouterréins ; & ce qui le prouve, ce four des.choulemens de terres fubits , à des profondeurs plus où moins grandes, dont les exem- ples fonr mulripliés. il eft très vraifemblable que les cavernes intérieures doivent leur origine au feu, & que les eaux s'en font emparées après que les volcans ont été: éteines. MÉMOIRE : * Sur la Platine (x); Par M. BERGMANN. > ER Royale d'Upfal publia pour la première fois en 1762, des expériences fur la platine, qui pouvoient donner des notions aflez certaines fur la nature de ce nouveau métal ; depuis, on a examiné avec tant de foin ce nouveau métal, qu'il y a plufieurs des métaux anciennement connus fur lefquels on defireroit avoir des connoïffances auf exactes: cependant , plufieurs points de certe nouvelle doétrine exigeoient encore des recherches ulrérieures. M. Alftrœmer, Confeiller de 1 Chancellerie & . Commandeur de l'Ordre de Vafa, me donna il,y a plufeurs années environ quatre. livres (2) de platine qu'il avoit apportée lui-même d’Efpagne , & avec liquelle j’entrepris plufieurs ex- périences ;,nais comme. je reconnus qu'elle avoit été amalgamée , je: différai de publier mes remarques dans lefpérance d'en trouver qui n'ebrpoint été altérée par. la tritutation avec le mercure. Je crus ce de. fir rempli , lorfqu'en 1374, je vis arriver à Upfal deux Efpagnols qui, venoient d'Amérique. Ils me donnèrent de la platine qu'ils m'aflurèrent. (x) Confairez a Lettre de M. de Morvean! fur la fufbifiné , la malléabilité, °la denfité, la cryftallifation & fon alliage avec l'acier, 1775 , T. 6, p. 193. Lettre de M. Blondeau , fur la platine 1774, LT. 4,{p. 1,54: Expériences fur l'altération de la platine par l'aion du nitre en. fuñon, par M. de Morteau 1777, T: 10,p. 121. {2) J'ai craduit,par livre le mot Saédoïs skoelpund , efpèce de poids contenant 32 lods, qui. felow coute apparence valent cômme les lods Allemands une de nos demi- onces, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ,39 être telle! que la nature la produit. Maïs ma joie fut courte., cat en ayanc mis quelques lots fur le feu dans une corhue, le mercure fe fublima & fe dépofa dans le col. Comme j'attendrois peut-être vaine- ment de la platine telle que je la defire,, je me décide à donner main- tenant mes remarques , qui pat les expériences dont elles fonc appuyées, peuvent donner quelque nouvelle lumière fur l'hiftoire de l'or blanc. $:.L De la précipitation par l'Alkali minéral & la Chaux, M. Margraf , eft le premier qui ait publié dans les Mémoires de Berlin, que l’alkali minéral ne précipitoit pas la platine, & le Docteur Lewis a confirmé certe aflertion; ainfi , la platine différeroit totalement en cela de tous les aurres métaux, auxquels l'alkali enleve tous leurs diffolvans. Quoique deux de nos plus habiles Chymiftes affirment poftivemenc cette fingularité , j'ai cherché par des expériences réitérées à éclaircir ce fair, & le fuccès a toujours été entièrement contraire à mon attente. Quand on verfe dens une diffolution ordinaire de platine du fel de foude concret ou fluide bien purifé, il fe-fair au commencement-une très-forte effervefcence fans aucune précipitation. La caufe en eft que Ja diffolution contient toujours un excès d'acide qu'il faut faturer avan que rien fe précipite, & aufli-tôt que la faturation eft faire, il tombe au fond du vafe une poudre d'un jaune pâle. 11 faut remarquer ici que l'alkali ne forme pas un précipité tellement complet ; que la:liqueur ne conferve encore une teinte jaunâtre, lors mème qu'on:y.2 mis fur- abondance de cet alkali. La mème chofe arrive quand con ‘emploie l'alkali végétal ou volatil. Ce qui a donc pu porter les Chymiftes,, dont nous avons parlé, à croire que l’alkcali minéral sie précipitoit pas la platine ,:c'eft;:à ce que jé crois que les deuxautres alkalis produifent :cetresprécipitation fur le champ ;1au Heu qu'il faut que l’akali minéral farure d'abord l'excès d'acide. Nous. ferons bientat convaincuscpar ce qui :va fuivre, que les précipités produits par les deux autres alkalis font d’une nature parti- culière. | Le précipité produit par lalkali minéral devient après des lorions fufffantes y très-pâle & prefque blanc; il ne:fe-diffoutpas dans l’eau bouillante, inais bien dans les acides minéraux ordinaires. Je dois ajouter encore ici, que la platine eft précipitée par l'eau de chaux comme par l’alkali minéral , à l'exception qu'il.n’y a pas d'effer- jo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vefcence, à caufe de l'acide aérien. Maïs fi l’on emploie la craie ou Je fpath calcaire, la liqueur écume fortement. On trouve ’en beaucoup d’autres cas la mème analogie dans les effets de lalkali minéral & de la chaux, comme dans ceux de l'alkali végétal & de l’alkali volatil. (PES 62 € Sur la précipitation par d'Alkali végétal & l'Alkali volaiil. Quand on verfe goutte à goutte dans une diffolution de platine, de l'alkali végétal où volatil, 1l fe précipite aufli-tôt une poudre rouge quoique l'acide foit encore dominant. Lorfqu'on examine ce précipité attentivement au microfcope , on le trouve tout compofé de petirs cryftaux ; lorfqu’on ne mer que fort peu d'alkali végétal dans une aflez grande quantité de diflolution , il fe dépofe petit à petit des oétaëdres bien diftinéts & fouvent aflez gros , qui font quelquefois d’un brun rougeâtre & opaque , mais plus fouvent tranfparens & d'un rouge foncé. Si la diflolution eft affez étendue pour prendre une couleur jaune en y verfant un peu d’alkali, on n'obtient pas fur le champ des eryf- taux, mais au bout d’une heure, il en paroît de la même forme, tranfpa- rens & de la couleur de jaune clair de la diffolution. Tous ces cryftaux tant rouges que jaunes fe diffolvent dans l’eau, mais il faut qu'elle foit en aflez grande quantité & chaude, pour que la diffolution fe fafle promptement. Ainfi, tour ce qui fe précipite avant que l'acide furabondant foit faturé, n’eft autre chofe qu'un fel com- pofé, formé par la combinaifon de l’alkali, de la platine & de l'eau régale 5’ ou plutôt l'acide marin feul; car après avoir bien dégagé le précipité ; ‘par le moyen des lotions, de tour ce qui lui étoit érran- ger, je n'en ai jamais retiré par la diftillation, de l'eau régale , mais feulément de l'acide marin (1}X © Les cryftaux rouges mis en digeftion dans une leflive d’alkali fixe ne font que peu ou point attaqués. Cependant en faifant bouillir la leffive , ils peuvent ètre diffous & décompofés; & dépofent une pou- dre blanchâtré qu'on apperçoit à peine avant qu'on ait évaporé la (1) Ne feroit-ce pas que dans la diftillation le feu faifant réagir les principes de ce fel compolé les uns fur les autres t, l'alkali décompole l'eau régale en s'emparant de l'acide nitreux , enforte que l'acide marin fe volaulifefeul , comme nous le voyons arriver dans la décompoftion du fel marin par l'acide nitreux. Dans ce.cas, le réfidu de cette diftillation devroit être compalé de nitre & de chaux de platine. M. Berginann ne dit pas s'il a examiné ce réfidu, E« ; ; è liqueur SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4i liqueur à ficcité, & féparé par des lotions l’alkali furabondant. On eut juger maintenant, d’après ce que nous avons dit, de ce qui a donné fe à la diverfité d'opinions entre M M. Macquer & Beaumé d’un côté, & le Docteur Lewis de l’autre. SPMRLRIET Sur La précipitation par le Sel ammoniac. Après ayoir fait bouillir cent parties de platine dans l'acide marin jufqu’à ce que cet acide eùt enlevé tout ce qu'il trouvoit de foluble , je les ai diffoutes dans de l'eau régale, faite par le mélange des deux acides nitreux & marin. J'ai étendu la difflolution avec de l’eau diftillée, & jy ai verfé du fel ammoniac pur jufqu'à ce qu'il ne fe fit plus de précipitation. J'ai employé pour cela environ 45 parties de fel. J'ai recueilli le précipité fur un filtre de papier d’imprefion, j'y ai verfé etit à petit de Feau chaude jufqu’à ce que l’eau qui palloit à travers e filtre ne rougit plus le papier bleu. Ce précipité féché pefoit 95 parties. IL avoit l'apparence d'une poudre faline, & éroit d'un “brun rouveâtre. Il fe laifla fort-bien diffoudre dans l’eau bouillante. La dif- folution devint jaune & donna à peine des fisnes fenfibles d’acidiré fur le papier bleu. Par la diftillation, j'en retirai un fel blanc qui avoit e goût piquant & toutes lesautres qualités du fel ammoniac. Le ré- fidu devint brun comme la terre d'ombre , & n’étoit pas foluble dans l'eau. Lorfqu'il ne fe précipite plus rien , il refte une liqueur jaune qui, par l’évaporation, dépofe un amas de petits cryftaux d’un rouge foncé, brillans , tranfparens, & de forme oétaëdre, à-peu près de même na- ture que le précipité par l’alkali volatil. Si dans cette liqueur on verfe une diflolution d’alkali fixe , on fent une odeur affez marquée d’al- kali volatil, & il fe dépofe petit à petit un fédiment jaunâtre. Enfin, il refte une eau mère vifqueufe d’un brun rougeitre qui ne fe prète plus à la cryftallifarion. Que le fel ammoniac, qui eft un fel neutre, puifle fans fa propre décompolition opérer cette précipitation, c'eft une particularité que je ne trouve annoncée nulle part. M. Beaumé regarde cette opéra- tion comme très-diffcile , mais on a dû voir à-peu-près par ce que j'ai rapporté, comme il faut s’y prendre pour y réuflir : le fel ammoniac fe combine avec la platine & forme un fel fi peu foluble, que la plus grande partie fe fépare fur le champ & fe précipite faute d’une quantité d’eau fuffifante pour le tenir en diffolution. Le fel alembroth £fÆ de même une triple combinaifon , & pourroit de mème être Tome XV. Part, I. 1780. JANVIER. F 42 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, précipité du mercure fublimé corrofif par le fel ammoniac, fi ce nou- veau mixte n'avoit pas une fi grande folubilité. Enfin, il faut remarquer que non-feulement le fel ammoniac ordi- naire, mais encore le fel ammoniacal fecret de Glauber , & le fel am- moniacal nitreux (zitrum flammans, ) produifent le mème effet. SAATAVE Sur linfufibilité de la Platine. C’eft une chofe connue que la platine , dans fon érat naturel , ne peut être fondue fans miroir ardent. Cependant , il n'y a pas long- tems que M. de Morveau a découvert que le précipité par le fel am- moniac pouvoit être fondu à un feu très violent. J'ai répété certe expérience & j'ai toujours eu le même fuccès : c’eft-à-dire, que j'ai réuffi à fondre cette poudre en me fervant d'un peu de fel microcof- mique pour animer le charbon. On peut de cette façon fe procurer des culots de platine de la grofeur d'une petite tête d'épingle. On réuflit ho à fondre fept ou huit de ces culots en un feul ; mais il faut pour cela qu'ils foient battus auffi minces qu'il eft pofli- ble. Avec beaucoup de peine, on parviendroit quelquefois, après avoir bien battu ce dernier culot, à le fondre à fon tour dans le fel micro- cofmique : mais il ne m'a jamais été poñlible de l'amener à une fu- fion ultérieure. Tout cela fait voir que le fel ammoniac à fingulière- ment la propriété de difpofer à la Afon, ce qui eft d'autant plus dif- ficile à expliquer, que ce fel fe volatilife a un très-petit feu ; aufli, a-t- on. coutume de voir paroître une fumée très-fenfible, lorfque le feu commence à agir fur le précipité ; la fufon ne fe fait pas fi aifément par le borax, & la matière fe déborde fur les charbons. Le précipité par l'alkali volauil peut fe fondre de même. Quoique par les moyens indiqués ici, on ne puifle point fondre une mafle confidérable de platine, on en obtient au moins un régule aflez confidérable pour qu'on puifle examiner le métal dans fa pureté , ce qui eft toujours un grand avantage pour les progrès de la fcience. Les écailles de platine ordinaire contiennent toujours du fer & font attirables à l'aimant, ou dans leur état naturel, ou après quelque préparation; elles poffédent même quelquefois la vertu magnétique , en forte que lorfqu’elles nâgent librement fur la furface de l’eau, elles marquent diftintement les deux pôles. Que le fer par une certaine pofition, les coups de marteau , le frottement , ou d’autres moyens puille acquérir la verru magnétique, c’eft une chofe bien connue; mais de décider fi celui qui eft contenu dans la platine doit fon magnétifme à la trituration avec le mercure, qui fe fait avec une meule de fer, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4} ou à une longue polition dans le fein de la terre , fuivant la direction du méridien magnétique, c'eft ce qu'on ne peut faire jufqu'à ce qu'on air de la platine qui n'ait point fouffert l'amalgame. $. V. Sur La Platine pure. Pour obtenir la platine aufli dégagée qu'il eft poflible, de tout alliage étranger, j'ai EL la méthode fuivante. J'ai choifi les plus petites & les plus minces écailles en quantité fuffifante & je les at fait bouil- lir plufieurs fois dans l'acide marin, jufqu'à ce que l'acide ne püt plusrien difloudre. De cette manière, j'en ai féparé environ cinq livres de fer par quintal; mais quoique j'euffe choifi les plus petites écailles , cout le fer ne pouvoit être enlevé par le menftrue, parce qu'il eft recouvert, & comme défendu par la platine. Pour enlever ce qui reftoir, j'ai dif- fous ces mêmes écailles dans l'eau régale, & j'ai précipité la diflolu- tion par le fel ammoniac. J'ai lavé le précipité avec de l’eau chaude, je l'ai fait fécher , & je l'ai fondu deux fois avec le fecours du fel microcofmique. J'ai obtenu par ce moyen , un régule qui étoit pur, comme on peut le reconnoître par les expériences que je dois mainte- nant rapporter. EL. : La platine pure ne montre pas la plus petite fenfibilité à l'aimant ; elle eft blanche comme l'argent, plus dure que le cuivre & fe laifle battre en lames très-minces. Elle n’eft point du tout attaquée par l'acide marin, mais fe diffouc dans l’eau régale, & la diffolurion eft Ë un rouge vif; fi ce menftrue eft fait par le mélange des deux acides , la diffolution ne donne point de cryftaux par l’évaporation; par la déficcation on en trouve bien quel- que apparence confufe , mais ils fe rediffolvent fur le champ dans une très-petite quantité d’eau. Si on y verfe affez peu d’alkali fixe végétal pour que l'acide foit encore dominant , on obtient au bout de quelques minutes, des cryf- taux qui font rouges fi la diffolurion étoit rapprochée, & jaunes fi elle étoit fort étendue. L’alkali volatil agit de même, mais il donne des cryftaux plus brillans. L'alkali fixe minéral ne produir aucune cryftallifation, mais après que l'acide eft faturé, il précipite une chaux jaunâtre de platine. L'eau de chaux agit comme l’alkali minéral. La lefive -de fang dont on a faturé l’alkali furabondant par de l'eau régale, & féparé le précipité qui réfulte ordinairement de cetie 1780. JANVIER. Ke) ” J 44 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, faturation, ne produit aucune altération dans la diflolution de platine. La couleur devient feulement un peu plus obfcure, mais fi peu , qu'on s'en apperçoit à peine , fi on n'a pas réfervé un peu de la liqueur pour objet de comparaifon. Mais fi on y met feulement une millième par- tie de vitriol verd , il fe produit fur le champ du bleu de Pruffe. Puifque la platine n'eft pas précipitée par la leflive de fang qui à été faturée d'acide, & qui a eu le tems de dépofer le bleu de Pruffe qu'elle tenoit en diflolution, il faut la compter parmi les métaux qui font folubles dans cette leflive , comme le fait voir encore le chan- gement de couleur produit dans la diflolution. Si l'on évapore ce nouveau mélange , la partie volatile de la leflive fe diffipe petit à perit, & l’alkali réunt à la platine forme des cryftaux femblables à ceux que fournit la précipitation par l’alkali végétal. SVT Si la Platine ef? ur métal particulier. Comme la platine furpaffe en pefanteur fpécifique tous les métaux ; excepté l'or, & qu'on la trouve toujours alliée avec du fer, dont on ne croit pas pouvoir la féparer , quelques Naturaliftes ont penfé qu’elle n'étoit qu'un alliage de fer & d'or. Les noms de M M. Maroraff , Buffon & Morveau fuffifent pour donner du poids à cetre opinion. Cependant , le Docteur Lewis s’eft cru fondé fur plufieurs raifons pour la rejeter. Le fer & l'or fondus enfemble, en quelque proportion que ce foit, produifent un métal qui m'a aucun rapport avec la platine, nipar fa pefanteur fpécifique, ni par fes autres propriétés. D'ailleurs, on réduit à ff peu de chofe le fer contenu dans la platine naturelie, qu'il y devient à peine fenfible. Nous ne bo ion point de mé- taux natifs qui fe trouvent toujours purs. L'or tient de l'argent, du cuivre & quelquefois du fer. L'argent eft mêlé d'or ou de cuivre; le cuivre d’or , d'argent ou de fer ; le Nickel de cobolt, de fer & d’arfe- nic, &c. Si de plus on confidère que les dernières parties d’un alliage étranger font infiniment plus difficiles à extraire , parce que moins il en refte dans la mañle totale, mieux elles font recouvertes & comme défendues contre l’action du menftrue ; il ne doit plus pa- roître étonnant que le fer demeure fi opiniâtrement attaché à la pla- tine, fur-tout lorfque l'infufbilité mertoit encore un nouvel obftacle à leur fparation. Maintenant que par la méthode décrire ci-deflus, on peut, fans miroir ardent, ni lentille , qui fonc très-difhciles à obtenir de la qualité requife, fondre la platine jufqu’à deux fois, cette difculré eft vaincue & le chemin ouvert pour parvenir à décider la queftion préfente. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4 La platine dans fon Rs grand degré de pureté a une couleur blan- ‘che femblable à celle de l'argent; elle ne peut plus fe fondre fans miroir ardent; fa pefanteur fpécifique eft environ dix-huic fois plus forte que celle de l'eau , elle eft dure à-peu près comme le fer, ne donne point de pourpre minérale avec l'étain : propriétés qui, ainf que plufieurs autres, font voir clairement qu'elle ne contient pas fen- fiblement de-lor,& à plus forte raifon qu'elle n’en eft pas entière- ment compofée , ce qui cependant devroit être fuivanc l’hyporhèfe, puifque s'il n’eft pas poflible d'en féparer tour le fer , on le réduit au moins au-deflous d’-3— de la mafle totale. En effet, le vitriol verd contient environ 24 liv. de fer par quintal , & une millième partie de ce witriol mêlée à la diflolution de platine, donne du bleu de Prufle, tandis que le régule pur n’en donne pas la plus petite apparence, ( Voyez. V.) Je crois donc qu'on a fur la nature de la platine route la certitude que l’on peut avoir dans de femblables matières. C’eft un grand dommage que la platine ne foit pas cranfportée en Europe , car quoiqu'on ne putfle la fondre en grande maille , on pour- roit l'employer utilement en lalliant avec d’autres métaux. On allie ordinairement l'or pour le rendre plus dur avec le cuivre qui eft un métal imparfait , & qui diminue la beauté de fa couleur. Au lieu qu'il faudroit beaucoup moins de platine pour obtenir le même degré de dureté, & cela , fans faltérer le moins du monde la belle couleur ui eft propre à l'or. Un femblable alliage de. métaux parfaits feroit plus beau & plus folide. Il n'eft plus difhicile de trouver en affez grande quantité la platine non purifice. Dans la platine qui vient en Europe, on trouve beaucoup de ma- tières hétérogènes, 11 faut les chercher avec beaucoup d'attention pour les féparer toures. 46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, SUPPLÉMENT Aux Expériences fur les Tubes capillaires (1 ). Article premier relatif au n°, 4. de la première Setion. A U moment où on retire de l’eau un tube capillaire qui, déjà hu- mide en-dedans, avoit été appliqué à fa furperficie , la colonne de ce fluide, qui s'y éroit élevée, s’y accroît encore d’une ligne, ou mème plus, & continue enfuite à s'y maintenir à certe hauteur au-deflus du niveau de l'orifice du tube. Si on enfonce aflez le tube dans l’eau pour que la hauteur de la colonne excède d’une ligne ou deux celle qu’elle auroit eue fi fon orifice inférieur n’eûc été qu'appliqué à la fuperfñcie de la mafle d’eau, qu'enfuite on en retire obliquement le tube, pour ne pas y lailler baifler l’eau , & qu’alors ‘on efluye convenablement les bords extérieurs de cet orifice , l’eau ne laiflera pas de s'y foutenir; mème hauteur quand on le remertra dans la pofñtion verticale. Dans ce dernier cas, c'eft L'air adhérentaux parois extérieures du tube qui contribue à foutenir cet excédent. de la colonne d’eau. Voyez le -n°, 18. de la féconde fection. Quant au premier cas , il faut d'abord obferver que , lorfque le tube eft retiré peu-à-peu & lentement au-deflus de la fuperficie de. l'eau , il arrive que fon orifice inférieur eft déjà aflez au-deflus de la fuperficie de cette mafle d’eau, fans que la colonne de ce fluide s’en foit détachée encore. Elle y tient par une monticule qui fe forme dans l'intervalle en vertu de la cohérence. Le moment qui précéde celui où cet intervalle étant devenu trop grand , cette monticule s'éboule , & où la colonne celle tout-à-fait de communiquer avec la malle d’eau, eft celui où elle eft la plus courte , ou la moins élevée au-deflus du niveau de l’orifice du tube, après avoir décru avant par degrés, en conféquence de ce que la monticule d’eau , qui y éroit appliquée , tendoit néceflairement par fon poids à l’entrainer ou à la faire baiffer d'autant : & quand enfin la colonne d’eau du tube , portée allez haut, vient à fe féparer de la monticule qui s’éboule , mais dont (1) Voyez le Journal de Phyfique 1778, Février , pag. 127. Supplément 3575 1779 penuère Partie, pag. 216. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7 une petite portion refte appliquée aux rebords du tube, délivrée du oïds qui l’entraînoit en-bas , elle remonte , & s'élève dans le tube à la hauteur qu'exige la caufe qui contribue à l’afcenfion de l'eau, dans ces circonftances , & elle tire de ce reftant le fupplémenc d’eau néceffaire pour procurer fon allongement. De forte qu'on voit par-là que cet allongement, au moment de la féparation commencée de la colonne d’eau d'avec la mañle , n'eft nul- lement un furcroit à la hauteur qu’elle auroit , fi l’orifice du tube étoit appliqué à la fuperficie du tube, où y étroit plongé, mais le ré- tbliflement du déchet que cette colonne avoit effuyé auparavant pen- dant les inftans où l'orifice du tube étant déjà done mais pas aflez loin du niveau de la furface de la mañle d’eau, la colonne de ce fluide, qu'il contenoit , y tenoit encore par un prolongement en- dehors qui fe laifloit aifément diftinguer. En effer, fi après avoir remarqué à quelle hauteur l’eau eft remon- tée dans le tube après fon émerfion ainfi complettée, on en expulfe la colonne, & qu'on en applique de nouveau l'orifice à la fuperficie de la mafle d'eau, l'eau y remonte précifément à la même hauteur ; & on éprouve en retirant alors, non peu-à-peu, mais brufquement le tube , que cette colonne ni ne commence par fe raccourcir d'abord après, ni ne s'accroît aucunement enfuite, Ce qui achève de confir- mér que fi dans la première épreuve la colonne d'eau set élevée incontinent après l'entier éboulement de la monticule qui en entrete- noit la communication avec la mafle , ce n’a été que parce qu'elle avoic baiflé avant à mefure que cette monticule s'étoit formée & accrue dans l'intervalle qui féparoit le tube du niveau de la malle d’eau. Article fecond relatif au n°. 17. de la troifième Réion. Le 24 Septembre 1774, au foir, une colonne d’eau fut introduire dans le tube capillaire P en I. (1) On attendit au lendemain à pour- fuivre l'expérience, afin de donner le rems aux bords extérieurs de fon orifice de devenir bien fecs. La colonne d'eau hotifontale avoit 21 lignes de longueur , & entre fon bout antérieur & l’orifice du tube il y avoit un intervalle vuide de 12. ligne. Ce fut vers les fept heures du matin qu'on commença à faire couler de l’eau du vafe G dans la cuvette C, & lorfqu'elle y fut élevée à une ligne au-deflus du niveau de lorifice du tube À, on ceffa d'en laifler couler. La colonne [ foutint cette preflion d’une ligne d’eau fans fe déplacer aucu- nement. et ee rne QG) Figure 13, Planche 2, 48 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Une demi-heure après; on porta cette preflion à 1} lignes, en fai- fant couler de nouveau de leau par gouttes du vafe G dans la cuvette, & la colonne 1 n’en refta pas moins ftationnaire. D'autres accroiflemens furent donnés de même à [a hauteur de la male d'eau C & par conféquent à fa preflion , à divers tems éloignés les uns des autres, fans procurer aucun mouvement fenfible à la colonne d’eau, & cette preflion étoit déjà de 10 lignes , que certe colonne ne s'éroit avancée que de + de ligne vers l’orifice du tube, Enfin à 11 heures + la preflion ayant été portée à 12 lignes, la co- lonne s’ébranla fenfiblement , & en 9,ou 10 minutes elle parvint juf- qu'à l’orifice du tube; & enfuite , fans qu’on augmentit la preflion, elle commença à fe répandre au-dehors, & par conféquent à fe raccour- cir, mais peu-à-peu & fort lentement. A 1 heure, c'eft-à-dire, une heure après, fa longueur étoit réduite à 20 lignes. A $ heures =, à 18 lignes. À 10 heures +, à17 Tignes. Le lendemain 26 Septembre, à 7 heures du matin, à 13 lignes. La preflion étoit toujours la mème, le vafe G en ayant été reriré ; le bout antérieur de la colonne d’eau étoit cependant toujours contigu à lorifice du tube, & continua à l’être toujours enfuite. L'évaporation ne pouvoit manquer de contribuer au décroiffement de la colonne d’eau ; & peut-être y a t-elle contribué pour le tout, l'effort de la prefion de la mafle d’eau C , de 12 lignes, pouvant n'a- voir été employé alors qu'à poufler toujours jufqu'à l’orifice du tube la colonne d’eau, à mefure qu'elle fe raccourcifloit par l’évaporarion. Car elle pouvoir gliffer atfément fur les parois déjà mouillées du tube , fans que la cohérence des molécules d'eau für léfée , au lieu qu'elle ne pouvoit être pouflée en-dehors qu'autant que l’aétion de cette cohérence für furmontée. A 8 heures, le vafe G fur ramené fur la cuvette, & la prefion de la mafle d'eau C portée à 15 lignes, en vertu de laquelle dans l’efpace de deux heures la longueur de la colonne fut réduite à 12 lignes. A 10 heures, la preflion fut portée à 16: lignes, & la colonne pre- mière n'avoir plus à 11 heures, que 11 = lignes de longueur. A 1 heure après midi, que 107 lignes. À ; heures, que 9 + lignes. Ayant été enfuite obligé de m'abfenter, & n'étant revenu vificer cet appareil que le 28 Seprembre, vers les fepr heures du matin, c'eft-à- dire environ 40 heures après, je crouvai qu'il ne reftoit plus dans la branche horifontale du tube capillaire , qu’une tranche d’eau extrème- ment mince & imperceptible qui réfiftoit à une preflion de 13 lignes d'eau , car j'obfervai en même-tems que la fuperficie de l’eau de la cuvette SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 4» cuvette éroit à 1$ lignes de l'échelle, & avoit par conféquent bai d'une ligne & un tiers , durant mon abfence. L'évaporation y avoit fams doute contribué , mais non pas pour le tout , puifqu’en ‘revanche, 11 s'éroir élevé de l’eau dans le gros tube À , à la hauteur d'environ deux lignes, ce qui réduifoit la différence des niveaux & par conféquent la prefion à 13 lignes. Cela me fit juger que durant mon ‘abfence l'air intérieur ayoie forcé le palage de lorifice du tube P , qu'il en étoit forti aflez pour laifler monter ces deux lignes d’eau dans le tube A; mais qu'il n'en étoit pas monté davantage, parce que les particules d’eau , qui. dans ce tube capillaire , avoient été pouflées en-dehors 8 féparées enfüite par l'effort de l'air, s’étoient réunies incontinent & dès que la dif férence des niveaux des fuperfcies de l’eau de la cuvette & de celle du tube A, & par conféquent la preflion , eut été diminuée & ré- duite de 162 lignes à 13, à laquelle la petite tranche d’eau du tube capillaire avoic réfifté jufqu'au moment où j'écois venu vifiter l'appa= reil. On fit alors tomber de l’eau goutte à goutte dans la cuvette C ; & on y en fit couler jufqu'à ce qu’elle s’y élevât de la hauteur de 3 lignes (ce qui étoir tout ce que permerttoit la hauteur de la cuvette) fans que le paflage du tube capillaire , bouché par la lame d’eau placée à fon orifice, für forcé : cependant, le niveau de l’eau au bas du tube A, étoit toujours à deux lignes au-deflus de fon otifice , où la preflion éroit de 33 lignes d’eau. La cohérence des molécules de la lame d’eau, fur elle-même com- binée avec la réfiftance des floccons d'air appliqués aux rebords de lorifice du tube P; elle ne pouvoit point, ce femble, foutenir une preflion aufi confidérable, fi quelque circonftance accidentelle & étrangère n’eût contribué au réfultat obfervé ; la hauteur à laquelle l’eau pouvoit s'élever & refter fufpendue dans le tube P difpofé verticalement, éroit de 16 lignes. Je préfumaï que la lame d'eau , fi mince que je n’a- vois pu la diftinguer à l'orifice du tube, s'étant defféchée (1) dans le long intervalle de rems que j'avois été abfent, en avoit acquis une folidité à l'épreuve d’une telle preflion , & peut-être mème d'une plus forte , puifque je n’en ai pas pu voir le terme. Pour râcher de vérifier fi ma conjecture éroit jufte , j'appliquai à l’orifice du tube capillaire une ‘goûtre d'eau, daus la vue de rendre la fluidité à cette Jaime d’eau que je -fuppofois ètre defléchée, & au bout d'environ. une demi-minute , le paflage fut forcé par l'air intérieur , & 1l s'éleva de (1) Je dois dire à ce fujer, que l'eau, qui a été employée dans cette expérience, étoit une eau fujerte à dépoler, ce qui laïlle des incruftations ou elle coule. Tome XV, Part, I. 1780, JANVIER, G se OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'eau dans le tube A. Mais il ne s’y en éleva que jufqu’à un certain point; où la différence de fon niveau & de celui de l'eau de la cuvette fut de “32 lignes. Les particules de la goutre d’eau appliquées à l'orifice du_ tube , féparées par l'effort de l'air intérieur , s'érant réunies prefqu’aufli- tôt après l'éruprion d’une portion de cet air, avoient refermé le paffage qu'une prefion de 13; lignes ne pouvoit continuer à entretenir ouvert. Et j'apperçus èn ce moment au bout & en-dedans du tube P une co- lonne d’eau d'environ : ligne de longueur. Ce qui confirma la conjec- ture que j'avois formée fur ce qui s’étoit paflé de pareil en mon ab- fence. J'ai fait mention ci-devant de la précaution qui avoit été prife, de donner le tems aux rebords de l’orifice du tube capillaire P, de fe fécher complètement avant d’expofer la colonne d'eau, qui y avoit été placée, à: la preflion de l'eau de la cuvette. J'avois éprouvé que, s'il étoit mouillé ou feulement un peu humide, elle étoir chaflée en-dehors par une bien moindre preflion. C'en eft une convenable aufli que la branche 1 foit bien horifontale, & qu'elle ne tifque pas dé devenir inclinée dans des expériences dont on veut comparer les réfultats. Dans cette expérience , où les accroiflemens de la preffion qu'ef- fuyoit la colonne d’eau du tube capillaire, ont été interrompus à di- verfes reprifes, il eft aifé de juger par les longs intervalles de tems qu'ont exigé les décroiffemens Pc de la colonne , qui ont eu lieu fans qu’elle fût expulfée en entier hors du tube , qu'elle n'en auroit pas même été raccourcie autant fans l'évaporation qui s’en faifoir à fon extrémité antérieure qui affleuroit l'orifice du tube. Elle a tenu là contre une preffion de 16% lignes , tandis qu'une de douze lignes a fufi pour lui faire parcourir l'intervalle qui la féparoit d’abord de cet orifice. Ce qui eft analogue à ce qui eft expofé au n°. 17 de la deu- xième fection, & doit faire diftinguer d'avec fon expullion du tube le déplacement qui sen fair en-dedans très-lentement quand il eft affez fec. ] J'ai reconnu par diverfes épreuves que , quelle que foit l'étendue de cet intervalle , il faut une preflion d'autant moindre pour faire avancer la colonne d’eau jufqu'à l'orifice du tube ,que cet intervalle eft plus hu- mide; & cela, indépendamment de la longueur de la colonne d’eau, une plus courte étant plus ou moins pouffée. en avant qu'une plus lon- gue, felon que l'intervalle vuide du tübe qu'elle a à parcourir, eft plus ou moins fec. ot SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. $r LETTRE Sur la Germination, & en particulier, furle rapport qui exifte én- tre les lobes des Graines & le placenta de l'Embrion animal; Par M. V AsteL , de la Socièté Académique de Cherbourg, Affocié Honoraire de la Societé Royale d'Agriculture, à M.pbs Fouceroux pe Bonparoy, de l Académie des Sciences. Monsieur, Puisque vous ne défapprouvez pas les idées que j'ai conçues de la germination , permettez-moi de les développer encore & d’entrer avec vous dans un plus grand détail fur la ftruéture & les fonctions des lobes. Peut-être un examen plus circonftancié nous conduira-t-il à appercevoir dans le genre animal un organe femblable auquel il faudra les rapporter. 6 et De !a f’ruëlure des Lobes, Vous convenez fans peine, Monfieur, qu'on peut chercher dans les feuilles féminales l’organifation des lobes. Or, les feuilles féminales font effentiellement organifées comme les vraies feuilles dont elles fémblent ne différer que par leur épailleur qui eft ordinairement plus grande , par leur étendue qui eft plus petite, & par leur circonférence qui eft plus arrondie & moins découpée. Elles font couvertes en-deflus & en-deflous d’une membrane très- mince qu'on peut nominer l'épiderme. Sous lépiderme qu'on détache quelquefois aifément, on apperçoit une fubftance verte & fpongieufe , dans laquelle fe diftribuent un grand nombre de filets ou de faifceaux ligneux. Ces filets femblent s'articuler avec l’épiderme inférieur fur lequel ils paroïffent en relief; ils partent tous médiatement ou immé- diatement d’un faifceau principal qui fe trouve dans le pédicule. Celui- d fe prolonge jufqu'à l’extrémité de la feuille qu'il divife en deux parties égales ; mais fon diamètre décroît continuellement depuis le bas jufques vers le haut. Dans toute fa longueur, il donne naïflance à 1780 JANVIER. G b 52 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, d’autres faifceaux de plus en plus petits , d’où partent encore d’autres plus petits faifceaux qui fe ramifient de nouveau. ... Souvent ils fe ‘joignent & s’uniffent en formant des mailles plus ou moins grandes & affez irrégulières. On peut donc diflinguér dans les feuilles féminales , comme dans les vraies feuilles , une fubftance corticale & une fubftance ligneufe. La fübftancé cotticale eft formée de l’épiderme & du tiffu fpongieux qu'il recouvre ; les faifceaux ou les nervures qui conftituent le fqueletré de la feuille , en font la partie ligneufe ; or, comme le pédicule eft pa- reillement formé de bois & d’écorce , on peut confidérer les feuilles comme une expanfon dé ce pédicule. Ainfi , lépiderme & le tiffu cellulaire des feuilles féminales dérive de l'écorce , & les nervures de la partie ligneufe de la plantule , puifque le pédicule n’ef qu'une pro- duétion de l’une & de l'autre. Et cependant les nervures font auffi recouvertes d'écorce. En effer, chacun des faifceaux qui les forment eft une divifion partielle du faifceau d'où il part. Voici donc comment je conçois l’expanfion de la feuille. A fa naiflance, les filets du pédicule s'écartent par paquets à droite & à gauche ; ce qui refte fuit la direction du pédicule & éprouve des bifurcations femblables , jufqu'à ce qu'il fe réduife à un petit filet prefqu'imperceptible. Or, l'écartement des fibres ligneu- fes ne dépouille point de l'écorce commune chacun des paquets. L'é- corce fe prète à cet écartement , elle fe dilate & elle remplit les intervalles qui féparent les faifceaux ligneux. Les nervurés qui partent du pédicule fe fubdivifent de la mème manière & c'eft ainfi que fe forment les feuilles féminales & les vraies feuilles. Telle eft l'idée qu'on doit prendre de la ftructure des lobes. SA DE Qu'il y a beaucoup d'arialogie entre la ftrudure des Lobes & celle du Placenta du fêtus animal. Comparons maintenant la ftruétute des lobes avec celle du placenta. Voici la defcription que M. de Buffon donne du fétus humain. » Le cordon qui eft attaché au corps du fétus , à l'endroit du nom- » bril, eft compofé de deux artères & d’une veine qui prolongent le » cours de la circulation du fang ;..... à l'extrémité de ce cordon, » chacun de ces vailleaux fe divife en une infinité de ramifications » qui s'étendent entre deux membranes & qui s’écartent également » du tronc commun, de forte que le compofé de ces ramifications » eft plat & arrondi; on l'appelle placenta, parce quil reffemble en SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 53 # quelque façon à un gâteau , la partie du centre en eft plus épaifle » que celles des bords... La face extérieure qui eft appliquée contre » la matrice eft convexe, la face intérieure eft concave. .... » La face concave du placenta eft revèrue par le chorion , l’autre » face eft aufli recouverte par une forte de membrane molle & facile » à déchirer , qui femble être une continuation du chorion , & le » fétus eft renfermé fous la double enveloppe du chorion & de l'am- » nios «, Si l'on rapproche de cette defcription, celle que nous avons faite des lobes des femences végétales, on reconnoïtra aïfément qu'il y a une très-grande analogie entre leur ftruéture & celle du placenta du férus animal. Les Faux du cordon ombilical s'étendent & fe ra- mifient pour former le placenta , comme les fibres ligneufes du pédi- cule pour former les lobes, & le placenta eft une expanfion du cor-. don ombilical , comme les lobes du pédicule. Comme le cordon om- bilical , tient & communique au placenta & au fétus, le pédicule tient & communique aux lobes & à l’embrion. Il feroit facile de fuivre plus loin cette RE on pourroit obferver encore le rapport qui fe trouve entre la forme extérieure des lobes & celle du placenta, mème entre leur enveloppe générale & la matrice. Mais il nous fuf- fira de remarquer que , comme les lobes font repréfentés par le pla- centa , leur pédicule répond au cordon ombilical, & le point de leur origine fur l’embrion , au nombril du fétus, SAGIRINL Des fonétions des Lobes. Les points correfpondans qui ont été apperçus par le Doéteur Grew & par M. Bonnet, dans les diverfes tranches de la fève, ne pouvoient être que les fections des nervures qui fe diftribuent dans les lobes. Or, comme ces points paroïffent verds dans la fève qui a demeuré quel- ques jours en terre, tandis qu'ils paroïflent noirs dans celle qu’on a fair tremper dans l'encre , il eft clair que l'humidité ou les fucs qui environnent les graines s'introduifent dans ces mêmes nervures. Mais indépendamment de ces obfervations, on voit aifément que le fuc végétal ne peut fe communiquer à l'embrion que par le pédicule des lobes , & qu'il ne peut entrer dans ce pédicule que par les nervures qui en font autant de ramifications. D'abord le fuc végétal pénètre l'enveloppe générale de la graine; delà, il pafle à travers l'épiderme des lobes, qui comme celui des vraies feuilles eft criblé d’une multitude de petits trous. 11 s’'infinue enfuite dans le tiffu fpongieux & médullaire qu'il remplir. Cerre s4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fubftance qu'on peut confidérer comme un amas de petites glandes ; paroît très-propre à donner au fuc encore brut une première prépara- tion. C'elt-là qu'il fe filtre & qu'il s’épure. Les petites ramihcations des nervures qui s'y perdent, le pompent , ou du moins , il s’y intro- duit par la même caufe qui fair monter les fluides dans les tuyaux capillaires ; delà, dans les nervures d’où elles dérivent.... & enfin dans la nervure principale, puis dans le pédicule & du pédicule dans l’em- brion. Mais fi la liqueur pale & fe filtre dans le tiffu fpongieux avant de s'infinuer dans les nervures , pourquoi fa couleur fe mamfefte-t-elle plurôt dans les nervures que dans le tiffu fpongieux? IL femble qu'on devroit plutôt obferver le contraire; car la modification que la fève reçoit dans le tiffu fpongieux, ne peut qu'en affoiblir la couleur. Je remarquerai toutefois que la couleur peut fubfifter après cette modi= fication , & quelle doit paroître plus foncée dans les nervures , fi: comme il y a lieu de le croire, les molécules de la fève y font plus rapprochées & plus continues que dans le tiffu fpongieux. $: LV. Du développement du Germe. Legerme s'accroît auffi-tôt qu'il commence à recevoir de la nourriture; il s’érend dans toutes fes parties & dans toutes fes dimenfions , mais dans les premiers tems, la radicule fait des progrès plus rapides que la plume. Bien-rôt, elle a percé l'enveloppe générale de la graine. À peine fortie , elle fe courbe vers la terre, elle s’y infinue. Alors, la petite rige fe développe de plus en plus. L’embrion groflit & il ne peut plus être contenu dans la petite cavité creufée dans la graine : il fair effort con- tre les lobes qu'il oblige ainfi de s’écarter & de rompre la membrane commune qui les couvre. Peu-à-peu, la petite tige s'élève vers la fu- perficie, & l’on voit enfin paroître fes premières Feuilles. Cependant, les lobes végèrent avec l’embrion , mais lembrion croît dans une proportion beaucoup plus grande. Auparavant , il fembloit n'en être qu'une partie accefloire; dans peu de jours, on le reconnoit pour la partie principale dont les lobes ne font qu'un appendice. Ordinairement, le pédicule des lobes eft placé fur la plume vers la partie inférieure. Dans ces efpèces, 1l eft néceffaire que les lobes s’élè- vent à mefure que la tige s’allonge. Ils percent la terre avec la tige. Arrivés à l'air libre, ils prennent une couleur verte ; ils s'étendent , le plus fouvent en s’aminciffant en forme de feuilles, & dans cet état on les nomme feuilles féminales. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Dans d’autres efpèces, le pédicule des lobes eft placé fur là radicule & à fa naiflance, Alors, il faut qu’ils demeurent en terre puifque la radicule ne peut s'élever, $. V. Suite du même fujer. Lorfque la radicule s'eft enfoncée dans la terre, elle devient ce qu'on appelle le pivor. Or , le pivot produit dans fa longueur différentes racines plus petites. Ces racines s'étendent de tous côtés ; mais tandis que le pivot defcend toujours verticalement , les racines latérales affectene plutôt une fituation horifontale, On peut même les forcer à pouffer de bas en haut. Il femble qu'elles fe dirigent naturellement où les fucs abondent davantage. Le pivot au contraire, defcend toujours vets le centre de la terre. Ain, le pivot paroît deftiné principalement à fixer la plante, les racines latérales à la noutrir. A mefure que les racines s'étendent & fe fortifient, la végération de la plante augmente. Mais fuivons d'abord les progrès de certe végé- tation dans les efpèces dont les lobes fe convertiflent en feuilles fémi- nales. Si les lobes changent de forme en arrivant À l'air, il eft clair néan- moins que leur organifation eft toujours la même ; leurs fonctions y font donc les mêmes. Ainf, ilé reçoivent l'humidité & les fucs de l'air s comine ils recevoient auparavant l'humidité & les fucs de la terre. Ces fucs pénètrent leur fubftance , Sy préparent & font tranfmis à la jeune plante de la même manière. Alors, les racines pompent les fucs de la terre. Les feuilles fémina- ls croïffent, s'étendent & végètent encore long-rems. On ne peut douter qu’elles ne s’'approprient en partie les fucs pompés par les raci- nes, & partant, que ces fucs n’y foient portés. Or, ce font les mêmes fucs qui auparavant s’introduifoient immédiatement dans les lobes. Ils ont befoin de la mème préparation , & il eft naturel de penfer que la même préparation fe de dans le même organe , c'eft-à-dire, dans le tiffu fpongieux des feuilles féminales. La fève pompée par les racines eft donc préparée dans le tiffu fpon- gieux des feuilles féminales , avec la fève aérienne | qui traverfe les pores de l’épiderme de ces feuilles ; l’une & l’autre font repompées en- fuite par les fibres des nervures qui la font pafler au corps de la plante. I faut donc fuppofer dans le pédicule des feuilles féminales deux fortes de fibres, ou lutôc , deux fortes de vaifleaux. Les uns portent la fève dans le tiffu pee » les autres la font couler dans le corps de la plante; les uns & les autres fe ramifient & s'étendent dans les 6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, feuilles féminales & dans le tronc & les racines : ceux-ci font Îles veines, & ceux-là les artères. * «19! Cette organifation & ce mécanifme ne font pas moins faciles à concevoir dans les plantes dont les lobes périffent en terre. Toute la différence qu'il y a, c'eft que dans celles-ci les lobes ne fe pénètrent jamais que des fucs de la terre, au lieu qu'après avoir pompé ces fucs, ils afpirent enfuite l'humidité de l'air dans les efpèces où ils fe conver- tiffenr en feuilles féminales, $. VI. Suite du même fujet. Peu-à-peu les vraies feuilles fe développent ; elles croiffent en étendue & en nombre. En mème-tems, les fibres des lobes ou des feuilles féminales s'endurciffent, & leurs cavités diminuent de diamè- tre, La fève fe porte donc plus aifément & plus abondamment dans les vraies feuilles encore tendres. Ainfñ , les vraies feuilles affament, pour ainfi dire, les lobes & les feuilles féminales; celles-ci fe defsè- chent peu-à-peu ; les lobes pourriflent ; leur pédicule s’oblitère & fe détache de la plante. Mais comme l’organifation des vraies feuilles eft effentiellement femblable à celle des feuilles féminales & des lobes, elles font évi- demment les mèmes fonétions: elles peuvent donc y fuppléer. Ainf, lorfqu'elles fe font multipliées à un certain point, les autres devien- nent inutiles & c’eft alors en effet qu’elles périffenr. Déjà , l'on peut prendre une idée aflez vraifemblable des différens mouvemens de la fève. On voit quelle efpèce de circulation l’Auteur de la Nature a établie dans les végétaux. Mais fuivons notre fujet, SAHMEVANENe Comparaifon entre les fonélions des Lobes € celles du Placenta. Les lobes nourriffent donc l’embrion comme le placenta nourrit le fétus. Le placenta ne tient à la matrice que par plufieurs petits mamme- lons qui s'infinuent dans les cavités de ce vifcère qu'on nomme la- cunes. Il ne peut donc en recevoir fa nourriture que par ces mam- melons. Il fuinte de la matrice une liqueur laiteufe. Cette liqueur eft pompée par les mammelons du placenta, comme l'humeur végétale qui s’eft déjà modifiée dans l'enveloppe commune des lobes. pénètre leur fubftance. Elle reçoit dans le tiflu du placenta une préparation qui SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, s7 qui la convertit en fang ; c'eft-là que fe fait la fanguification. Aïnf, le placenta paroît faire en grande partie l'office de poumon pour le . fétus. De même, la sève fe trouve élaborée dans le tiffu fpongieux des lobes où elle prend la qualité convenable pour nourrir l’embrion On peut donc conlidérer les lobes à cer égard comme les poumons de la plantule, Le fany du placenta coule par les veines dans le cordon ombilical ; où leurs ramifications fe réumiflent en un feul tronc. La veine ombi- licale le porte dans le férus d’où il revient pour entrer de nouveau dans le placenta. Il fort du fétus, par les deux artères du cordon om- bilical , & delà, il fe répand dans le placenta par toutes les ramifi- cations de ces artères, pour rentrer de nouveau dans le fétus par les veines. Cette efpèce de circulation a également lieu dans les graines, car nous avons vu que la sève coule des lobes dans le germe & du germe dans les lobes , & nous avons été obligés de concevoir dans le pédicule des lobes (qui repréfente le cordon ombilical ) deux ordres de vaiffeaux qui fe ramifent dans les lobes & dans le germe, & dont les uns portent au germe la sève des lobes , & les autres portent aux lobes la sève du germe. C'eft ainfi qu'on peut expliquer la nutrition & le développement de l'embrion végétal & animal pendant le rems que le fétus eft con- tenu dans la matrice, & le germe dans fes enveloppes, SH ET Er Suite du même fujer, Cependant le placenta fe décolle & le fétus fort de la matrice. Bien- tôt le fang pale dans les poumons où il commence à recevoir une préparation femblable à celle qu'il recevoit dans le placenta. Peu-à:peu celle de couler dans cet organe, qui devient enfin inutile & qui fe fépare naturellement du fétus. La liqueur de la matrice ne pouvant plus couler dans le férus, il faut qu'il prenne de lui-même fa nourriture. Les alimens après avoir été digérés dans fon eftomac parcourent le canal inteftinal. Les pe- tits valffeaux qui ont leur orifice dans ce canal en pompent les parties les plus fluides. Ces vaifleaux verfent le chyle dans les glandes con- lobe du méfenière, où il acquiert peut-être une qualité analogue à celle de la liqueur laireufe de la matrice, à laquelle il eft fubftitué ; enfin , il fe mêle dans la mafle du fang, & il eft porté dans le cœur & delà dans le poumon qui remplace alors le placenta dans lequel sopére la fanguification. Tome XV, Parc, I, 1780. JANVIER. H 8 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Dans les végétaux, lorfque le germe a commencé à groflir , l’enve- loppe commune des lobes fe rompt & fe détache: en même-tems, la jeune racine perce la terre. Auparavant Re de la graine en filtrant & acténuant les fucs de la terre, les difpofoit à s'infinuer dans les lobes. Après la fuppreflion de cette membrane , ils ne peuvent y pénétrer en quantité fuffifante pour nourrir la plantule. Alors, les ra- cines fuppléent à l’afpiration des lobes. Elles pompent le fuc nourri- cier qui va encore recevoir dans les lobes la préparation convenable. Les vaiffeaux afpirans des racines , font donc dans les plantes, des fonc- tions femblables à celles des vaifleaux laétés dans les animaux. Enfin, la jeune plante épanouit à Pair fes premières feuilles , qui font dès-lors fubftituées aux lobes comme le poumon au placenta. Bientôt, les lobes fe defsèchent & périflent, dans les efpèces où ils ne fe convertiffent point en feuilles féminales. Dans les autres efpèces ils fe confervent plus long-rems, mais fous une forme différente qui rend leur ufage plus femblable à celui des feuilles. Enfin, les vraies feuil- les naïflent en foule & les feuilles féminales devenues inutiles fe fépa- rent naturellement de la tige. Ce n’eft dont pas fans raifon qu'on a dir que les feuilles font les poumons des plantes. On a fondé cette aflertion fur ce qu'on à cru que les plantes refpirent & que les feuilles font les organes de la ref- piration. Mais indépendamment de cette opinion, peu vraifemblable, il exifte un rapport fingulier entre les feuilles des plantes & les pou- mons des animaux, fi, comme il y a lieu de le croire , la sève fe pré- pare dans les feuilles , comme le fang dans les poumons …. Je me flatte, Monfieur , que vous fentirez comme moi l'étendue & la force de ces analogies. Mais quelqu'impreflion qu'aient pu faire fur mon efprit des rapports auili frappans, je me défierai toujours de ma façon de voir, tant que je ne ferai pas sûr de la vôtre. Si vous penfez que je ne me fois pas fait illufion à moi-même , j'aurai beaucoup à me féliciter d’avoir conçu une idée qui peut répandre quelque lumière fur une partie intérefante de l'Hiftoire Naturelle, J'ai l'honneur d’être, &c. NZ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 9 Dis BE: VAT TUE. ON, Sur une Mefure univerfelle. Le rand problème d’une mefure univerfelle & invariable eft-il pref- que réfolu par la méthode fimple & ingénieufe que préfente un des concurrens au prix de cent guinces , propofé pour la troifième fois ar la Société, pour les progrès des Arts , à Londres? On fair que fige que parcourt le pendule qui bat des fecondes à éré Root comme un moyen d'avoir cette mefure générale & invariable. 1l ne paroït pas que l’on puifle regarder comme un obftacle à la réfolution du problème par ce moyen la variation ou différence de longueur que le pendule éprouve felon qu'il eft plus ou moins près de l'équateur. Il fufhit de convenir que le pendule à fecondes fous telle latitude fera la mefure univerfelle. On doit cependant avouer que cette longueur n'a pu être déterminée avec une précifion mathématique, c’eft-à-dire , à un millième ou même à deux millièmes d’un pouce près, fi ce n'efk fur le papier d’après des fuppoñtions gratuites ou arbitraires, & qui n’exiftent que dans la tête des Calculateurs : c’eft-à-dire, en fuppofant qu'il ne foit pas auffi difficile qu'il l’eft de mefurer la longueur du fil de pite, à un millième de pouce près. On en fera convaincu en lifant avec attention ce qu’on trouve dans les Mémoires de l’Aca- démie des Sciences, année 1735. Les différences qui fe trouvent entre les réfulrats de MM. de Mairan, Picard, Richer, Varin, Deshayes , Godin, de la Con- damine , font voir combien il eft difficile de déter- miner cette mefure par leurs méthodes, Voici la nouvelle, Soit e, d ,f,c, une plaque de métal au milieu de laquelle puiffe glifler une couliffe 4, #, avec une pin- cette en À & une vis en À pour l'arrêter où l’on voudra. Que la plaque extérieure ait une autre pincette en f, c, à travers laquelle pafle le fl g ,"#, qui eft attaché à la pincerte de la coulifle 4, m; & que le poids g, donc la figure eft le fegment d'une grande fphère , foit atta- ché au bout de ce fil qui doit être pliant comme le fil 3780 JANVIER, H 2 60 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de pite, ou le crin de cheval, &c. 2°, Qu'’une bonne pendule batte des fecondes bien conformes & exaétes au rems moyen, ayant un bon pendule de comparaïfon: 3°. Qu'il y ait dans la même chambre des thermomètres & hygromètres pour conftater un degré de température moyenne , par exemple, 55 degrés de Farenheït ou 10 de Réaumur , & une fécherelle moyenne : 4°. Que la coulifle foit divifée par un nonnius de mille ou deux mille parties d'un pouce vis-à-vis de la plan- chee,d,f,c Si la longueur #,g , bat des fecondes égales avec la pendule , le nonnius étant 4,0, & qu'enfuire on fafle haullér la couliffe 2.» , juf- qu'à ce que, par exem ler,g, batte à raifon de 70 fecondes par minute; il eft certain ( le refte étant égal pour la chaleur & Fhumi- dité) que l’efpace parcouru par la coulifle &, m, fera déterminé conf- tamment avec une précifion d’un millième ou deux millièmes partie d’un pouce fans la moindre incertitude. Si la longueur #,g; frappe 6o fecondes par minute , ou 86400 en 24 heures de rems moyen, & qu’une autre longueur plus grande nie frappe que 75600 fecondes en 24 heures ; c'eft-à-dire , que certe dernière divife les 24 heures en 21 parties, dont chacune fera du même nom- bre de minutes & de fecondes; mais telle que chaque minute de tems moyen foir égale à 52 $ vibrations de ce pendule, de façon que chaque deux minutes de tems moyen, contienne feulement 105$ vibrations de ce pendule; cette différence de pendule fera égale à un efpace d'environ un pied Anglois qu'on divifera en 12 pouces, êrc. On peut dérerminer facilement par le calcul, l'effet infenfible qui doit réfulter du changement du centre d’ofcillation dans les deux cas fuppofés , & de la différence de l'angle de vibration, & je ne croit pas qu'on puifle démontrer que ces différences peuvent devenir fenfibles dans l'efpace parcouru par la coulifle: mème en fuppofant la varia- tion d’un ou deux centièmes de pouce dans l'arc de vibration de chaque expérience, &c. La figure du poids en forme de portion de fphère eft fans doute très propre pour donner la moindre variété dans le centre d'ofcillation. S] LA 5 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6x , Re mme Roof fee RO CUT ETS Sur les Volcans du Vivarais & fur l'hiftoire de ces Volcans ; Par Dom Parourtror, Religieux de Citeaux, Le Vivarais , pays dans lequel on fait rous les jours les plus belles découvertes en hiftoire naturelle , n'avoir pas été connu jufqu'ici. Ses volcans, fur-tout , attirent les regards de divers'Académiciens & autres Savans qui ont voyagé depuis peu, ou qui voyagent dans ce moment pour en décrire ou pour en connoïtre l'érar. M. Faujas de Saint-Fond a même déjà publié fes recherches dans un volume ##-folio. Jamais je n’eus écric fur l'hiftoire Minéralogique de ce pays, qui fut long-tems l’objet de mon admiration , fi je n’avois reconnu quelques erreurs effentielles répandues dans cer ouvrage. Je ne connois point M. Faujas de Saint-Fond ; je refpeéte fes talens; mais comme je fuis zélé partifan de la vérité, il voudra bien RAPERAE EE quelques remarques fur fes erreurs , sil en a commifes. Pendant fept ans & demi j'ai ha- bité & j'habite encore le Vivarais; je ne puis prefque fortir de l’Ab- baye des Chambons, que je ne foule aux pieds cette matière brülée, qui fixe les regards des Naturaliftes; cent & cent fois j'ai parcouru , obfervé , interrogé ces antiques monumens des incendies de notre glo- be; j'ai donc, peutêtre, quelque droit d'examiner l'ouvrage de M. Faujas de Saint-Fond. Je fouhaite qu'il trouve quelques réponfes à mes remarques ; l'amour de la vérité, je le répère, & non point l'ef- prit de critique, m'engage à les rendre publiques ; & comme dans le Journal de M. l'Abbé Rozier , il rèone un ton de décence dont ne s’eft jamais départi le favant Directeur de cer ouvrage , je le choïfis bien volontiers pour expofer mes vues, dans l'intention de ne me départir jamais moi-même du ton qu'on devroit trouver dans tous les différends qui s'élèvent dans la République des Lettres. La divifion du Vivarais n'eft pas exacte dans l’ouvrage de M. Fau- jas de Saint-Fond. Ce pays fe divife en haut & bas Vivarais , en Coueirou & en pays de Cévennes, en hautes & bafles Boutières , en Maillaguez & en rive du Rhône : M. Faujas de Saint-Fond s’eft donc trompé en plaçant dans le haut Vivarais la Ville & les Volcans de Pra- delles , qui font dans le bas Vivarais, & OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Il paroît errer lorfqu'il nous dit, page 264, que nous n'avons que des montagnes du fecond & du troifième ordre. On fait que les Na- turaliftes diftinguent trois fortes de montagnes : les primicives qui font toujours granitiques , les fécordaires qui font calcaires, & les tertiaires qui font des déblais des précédentes. On n’eft point d'accord fur la formation des premières; M. de Buffon prétend aujourd’hui , dans Les époques de la nature, qu'elles font l'ouvrage du feu; tous les Narura- liftes penfent que la mer a formé les fécondaires ; les montagnes ter- tiaires enän , doivent leur formarion aux eaux des pluies & des riviè- res qui dépouillent les montagnes précédentes, & forment des atrérif- femens & des déblais amoncelés. Or, nous avons des montagnes du premier, du fecond & du troi- fième ordre, dans le haut & dans le bas Vivarais : & quoique M. Fau- jas de Saint-Fond dife, page 264, que le bas Wivarais, quoique coupé Jans cuffe par des coteaux , des éminences , des pics, ne renferme cependant que des montagnes du fécond & du troifième ordre, quant a Pélévation , il n’en fera pas moins vrai que ce pays en renferme encore du premier ordte. Le mont Tanaroue, au pied duquel j'habite, & qu'il me per- merrra de lui faire connoître, fuffit pour prouver ce que j'avance. Cette montagne eft environnée de fontaines, de minéraux & de volcans qui ne font point connus ; la hauteur du mercure, au fommet du Tanar- gue, eft de 23 pouces une ligne; or, je crois qu'une montagne gra- nitique d’une telle hauteur peut être mife au rang des montagnes pri- mitives. M. Faujas de Saint-Fond dit, page 268, que les volcans de la par- tie bafle du Vivarais font plus dans les matières calcaires que dans les rochers vitrifiables : cette vue générale n’eft point vraie. Dans la partie calcaire , on ne trouve que le mont Couezrou , à plufeurs bouches vol- caniques, tandis que dans la zone granitique du bas Vivarais, on compte les volcans d'Aifac, du Cros, du Souliol, de Jaujeac , de Thueyrs, de Montpezat , Ge, Ec. Le mème Naturalifte donne le nom de volcan aux buttes bafalti- ques de Cheravari, de Rochemaure , de Maillas , &'c. Donner le nom de volcan à des courans de laves, c'eft, je crois, prendre la partie pour le tour, ce qui met une confufon fingulière dans l'hiftoire des volcans. Un volcan eft une montagne à cratère, ou même fans cratère bien caratérifé, du centre de laquelle furent projetés des courans de laves; or, ces courans n’ont jamais été des volcans, mais feulement leur produit : à la place de M. Faujas de Saint-Fond , j'aurois décrit les volcans bien caraïtérifés dont il n’a pas voulu parler , & je naurois point myl- riplié des volcans qui n'exifient pas ; car les buttes, les roches de ra SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 63; Chenavari , de Maillas , &c. ne font que des roches de laves & non point des volcans. J'oferai critiquer ici le deflinateur de la planche X; non-feulement on n'apperçoit pas le courant bafaltique depuis le cratère jufqu'au pied de la montagne , mais encore Le cratère n’eft pas bien define. Ce cra- tère n'eft qu'une crevafle dont le centre eft à-peu-près au milieu de la rampe de la montagne , & le deflinateur l’a placé au fommer, avec des bords prefqu'horifontaux , tandis que ces bords font très-inclinés à l'hotifon. IL me femble que cette erreur bouleverfe l’hiftoire de ce volcan. Ceux qui ont le génie de certe fcience favent SE UEE la force de projetion volcanique perpendiculaire , d'avec la force de pro- jeion inclinée à l’horifon : dans le premier cas, le volcan eft de forme conique , & le fommer de la montagne évafé en entonnoir ; dans le fecond, c'eft un enfoncement en défordre, un cône tronqué dont la bafe eft toujours inclinée à l’horifon , coupant à angles droits la ligne que parcourt la lave projetée. Voilà la théorie des forces projectiles vol- caniques d’où réfulcent les formes extérieures des volcans. Pailons à Neyrac où M. Faujas de Saint-Fond dit avoir fait l’expé- rience -de lalkali volatil Auor fur des animaux frappés d’afphyxie, Il conclut, page 303, que cet alkali rend la vie à l'animal comme neu- tralifant l'acide du gas infpiré , & non comme un ftimulant. Mais ce gas exifte-t-il dans le poumon de l’animal qui eft toujours vuide & froncé dès qu'il eft frappé de vapeurs ? N’eft il pas démontré que, pendant fon fymprôme, l'animal n'infpire ni air, ni vapeur méphyti- que ? J'ai fait ouvrir un chat, animal très-vivace, j'ai apperçu le jeu de fes poumons, je l'ai préfenté à la vapeur des petits puits de Ney- rac, & dans le moment, fes poumons fe font rapetiflés , refufant toute entrée au gas volcanique ; l’animal fe mouroit ; j'avais beau mettre dans fa gueule du coton imbibé d’alkali volatil , pour neutralifer l’aci- de, jamais l'animal ne put être rappellé à la vie. Mais lorfque j'eus irrité fes poumons, après l'avoir retiré de la v2- peur dans laquelle 1l nâgeoir, & que j’eus arrofé une partie de lab- domen ouvert , avec un peu d’eau dans laquelle j'avais mêlé de l’acide nitreux, les poumons agirent dans l'inftanc , fe gonflèrent , l'animal vécut encore quelques minutes, & ne mourut qu'après une perte con- fidérable de fang. On peut donc conclure, 1°. que le poumon d’un afphyxié eft dans un état de contraétion; 2°. que, dans cet état, l'alkali ne pourroit y être introduit, puifque le poumon ne s’eft pas gonfle par l'application de lalkali;, 3°. que l'alkali, comme les autres fluides ftimulans, irrire les fibres & Île ‘nine à recommencer le jeu de La circulation du fang & de l : de l'air. 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les afphyxiés ne meurent donc pas pour avoit infpiré un Auide émi- nemment acide, mais plutôt pour avoir infpiré un fluide qui n'eft pas de l'air. Le gas acide , tel naturalifé qilIbTe être par l’alkali, ne devient pas un air pur; jamais l’alkali ne pourra métamorphofer en air atmofphérique , un gas acide qui a des propriétés contraires. Ne nous éloignons point de Neyrac, fans examiner le poudingue, volcanique que j'ai été bien plus fouvent à portée d’obferver que M. Faujas de Saint-Fond. Ce remarquable poudingue n’eft qu'un amas de pierres bafalriques , granitiques, & de cailloux roulés. Tous les vuides qui fe trouvent entre les déblais font exaëtement remplis par une efpèce de matière granitique; & pour expliquer ce phénomène, M. Faujas de Saint-Fond dit, page 309 , qu'il trouva une fource touffeufe gui tranfportoit des molécules calcaires propres à s’aglutiner ces maf- fes; mais il faura qu'il étoit éloigné du terrein calcaire inférieur d’en- viron deux lieues : il dir , enfuite , qu'un gas méphytique , une fource acidule fur le principe d’adhéfion de ces males; mais qu'il fe rappelle qu'il a dit un peu plus haut, (page 292,) en parlant des eaux de Vals, que leur acide attendrit & décompofe les roches grani- tiques d’où elles fortent. J'avoue que je ne puis comprendre comment l'acide compofe & décompofe , durcit & attendrit une roche granitique. I ne peut pas dire que ce font deux différens acides; car le gas des eaux minérales de Vals & les eaux mêmes, ne font point d’une autre nature que les eaux de Neyrac & leur gas. Nous voici arrivés, M. Faujas de Saint-Fond , à quelques petits fyf- tèmes , quoique vous difiez , page 368, que vous vous en êtes abftenu rigoureufement. Un courant de laves, nous dites-vous , page 327 & fuiv., part du fommet d'une montagne, en defcend , paroît & difpa- roît jufques fous la rivière d’Zbie, fe divife en deux branches dont l'une efcalade la montagne, tandis que l'autre la coupe horifonta- lement, &c. & remonte enfin vers le fommet d’une autre montagne, où il s'offre en manière de crête, Ces idées ne pourroient-elles pas contredire les loix reconnues de l’hydroftatique que les bafaltes obfer- vent toujours dans leur fufñon ? C’eft une loi en effet, Premièrement , que tout fluide abandonné à lui-mème coule dans l'endroit le plus bas où fes parties fe dipofent ad libellam ; feconde- ment, qu'un fluide comprimé dans un vafe quelconque tend à fe faire jour à travers le moindre obftacle du contenant. Ainf, M., ou ce bafalte qui circula d’un fommer à l’autre de ces deux montagnes étoit comprimé ou non : Dans le premier cas, après s'être fait jour au-dehors, comme vous le dites, parce qu'on le voit encore aujourd’hui , quelle force le faifoit rentrer dans la verre , pour le faire monter à l’autre fommet ? Dans le fecond cas, comment faurez-vous la loi des fluides ? J'aimerais SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 6; J'aimerais mieux dire, que la profonde vallée de féparation étoit autrefois remplie de laves que les eaux d’Ibie ont entraïnées en fe creufant un lit, de telle forte, qu'il ne refte que des blocs de bafalte entre les roches , après la deftruction des autres laves fuperpofées; & quant à la propagation des filons bafaltiques qui contiennent des molécules calcaires, J'aimerais mieux croire que, lors de Eat Pt des volcans voilins, de violens tremblemens de terre ont ébranlé ces montagnes , & leur ont caufé des fciffures, plus ou moins grandes , qui ont été red de lave en fufñon; & que le déchirement de ces montagnes à produit des molécules calcaires qui fe font mêlées avec la matière bouillante qui en enlevoit elle-même en coulant à travers les fentes des rochers. Le fyftème de M. Faujas de Saint-Fond fur l'origine du Pic de roche rouge, ne me patoît pas plus vraifemblable, Je l'ai obfervé affez fouvent avec la plus grande attention, & je me fuis convaincu que la defcrip- tion qu'en à faire ce Naturalifte, page 264 , n'eft pas exacte; lifez-la, lifez,enfuite celle que j'en ai faite moi-même.fur les lieux, & compa- rez les variantes. Roche rouge, eft une malle bafaltique pofée fur le penchant d’une montagne toute granireufe , & éloignée de demi-lieue de tout volcan. Le granit vif pallant à l’état fchifteux , eft la bafe immédiate de cette butte volcanique. Il eft facile d'obferver avec de bonnes loupes , de palper & de fonder avec des inftrumens, la ligne de féparation du granit, avec la lave fuperpofée ; & comme je crois impoflible qu'un courant de laves naifle comme un champignon à travers le granit , j'aime mieux préfumer : Premièrement , que les courans de laves bafal- tiques des anciens volcans remplirent jadis toute la vallée ; Se- condement , que-_les eaux ont tellement dégradé cette table de laves , qu'il n'en refte plus que cette colonne à côté du ruiffeau ; Troifièmement , que la meilleure manière de procéder pour recher- cher l’origine de routes les coulées de bafalte, coupées & inrerrom- pues qui fe voient dans les vallons du Vivarais & ailleurs, c'eft de rétablir leur primitive horifontalité , & leur contiguité détruite par les eaux. Maïs permettez-moi, M. Faujas de Saint-Fond , une petite remarque; vous difiez , il y a peu , que le bafalte en fufñon avoit la force, dans les environs de Villeneuve de Berg , de circuler dans les noyaux des montagnes; & à roche rouge , vous voulez infinuer qu'il a la force de fe foutenir en colonne élevée dans les airs; voilà bien des forces dont je vous prie de me donner la théorie, & l'accord de cette théorie, avec les obfervations des Naturaliftes ; OU au moins avec celles de la phyfique. Je vous avoue, en finiffant ces remarques auxquelles votre ouvrage a donné lieu, & que je pourrois beaucoup multiplier , qu'il m'eft impofble de concevoir comment la lave, dans Tome XV, Part, I. 1780. JANVIER. I 66 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'état de fluidité, a pu fe foutenir fur elle-même pendant tout le tems qui seft écoulé jufqu'au moment où cette colonne fluide eft enfin devenue aflez dure & aflez compacte pour nous préfenter aujourd’hui ce phénomène qui fait l'objet de votre admiration. A CAM DR OV A D Sur le gonfiement du Lait dans l’ébullition ; Par Mademoifell: Le Masson-1e-GoirT. En appliquant, comme on le fair, les principes de la Phyfique à l'économie domeftique, n'eft-ce pas inviter mon fex= à s'en occuper & même lui permettre d'élever la voix lorfqu'il apperçoit des chofes capa- bles de le déconcerter? Dans un Journal qui n'a plus lieu , on publia il y a quelques an- nées l'article fuivant. Réflexions Jur les influsnces de l'air , traduites de l Allemand. » L'air a fans doute des influences ignorces, dont l'obfervation exaéte » peut être d’une grande utilité dans l'économie domeftique. Tout JE monde eft inftruit des effets de cer élément fur la bière , & dans »la culture de la vigne. On fair que le bled & fur-tout l'avoine, » commencent à. séchauffer dans le tems que ces grains germent » dans les champs ; c’eft alors qu'on doit les remuer plus fouvent. Il » ya aufli un tems où le vin éprouve une fermentation particulière. , Les deux obfervations fuivantes , faites. par des perfonnes dignes de » foi, méritent l'atcention des Phyfciens. Des taches occafionnées par » du vin rouge s’ôtent plus facilement quand la vigne eft en fleur. Dans » les ports où il y. a flux & reflux , le lait fort facilement du vafe » quand il bout; mais beaucoup plus vire & plus forrement lorfque »la marée monte; il n’en fort jamais lorfqw'elle defcend , quoiqu'ik » écume prodigieufement «. Je difcuterai feulement ici cette dernière affertion , perfuadée que fur les grains. & les vins, le Cours complet d'Agriculture, que nous prépare M, L'Abbé RozieR , ne nous laiffera rien à defirer. Le lai, je ne dis pas des vaches Allemandes , mais des vaches Cauchoifes , eft » ç SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 67 comme l'on fait compofé de trois parties ; l’une huileufe , gaffe onctueufe, c’eft la crème; l’autre cafeufe , c’eft le fromage qui com- me inrermède unit les deux extrèmes , & la troifième féreufe, conre- nant différens fels, fert de véhicule, &c. Elle eft connue fous le nom de petit-lait. On voit que le lait eft fufceprible de paller fuccefive- ment par les trois degrés de fermentation, fpiritueufe , acide & pü- tride ; il contient de l'air & même de l'air fixe , c’eft la principale caufe de l'ébullition & du gonflement : or, fi le fair annoncé étoic vrai, il n’y auroit plus pour l'expliquer qu'à faire cadrer l’effec de l'air, qui par l'action du feu fe dégage d’un liquide comme celui-ci, avec la théorie du flux & reflux de la mer: mais le fait en queftion eft abfo- lument une erreur. J'ai exactement reconnu par des expériences fi fimples qu'il eft inutile de les dévailler , que le lait fort très-bien du vafe dans lequel on le fait bouillir , au Hävre, lorfque la mer baifle, mème dans les plus grandes marées ; c'eft une vérité que peuvent vérifier les perfonnes qui habitent quelques ports de flux & reflux , le nombre en eft affez grand & l'expérience aflez aifée à répéter pour reconnoître combien le pañlage cité, eft dénué de fondement. PAU D CO NN EE Ne Pr De diverfes variétés de Mines de Manganèfe des Pyrénées ; Par M. pe LaArEerRouse, de l'Académie Royale des Sciences de ; y Touloufe , Et. ie manganèle ayant été peu connue jufques à ce moment, les Minéralogifles ne s’en font pas beaucoup occupés; le plus grand nom- bre la rangeoit parmi:les mines de fer; d'autres parmi celles de zinc; d’autres parmi les fubftances apyres; & dans le nombre de ceux qui ne la clafloient pas avec les mines de fer, il s’en trouve plufieurs qui ont pris pour de vraies mines de ce métal, plulieurs variétés de manganèfe. Aujourd hui l'on eft enfin parvenu à réduire la manganè- fe , & à en retirer un régule particulier ; il ne fera donc pas inutile de faire connoïtre les variétés les plus remarquables de fes mines: j'enai rencontré de très-intéreflantes, & je me fuis particulièrement attaché: à bien décrire celles qui ne l’avoient pas été jufques ici, Je me fuis borné à celles de nos Pyrénées; parce que quoique j'en pofléde beau- 1780. JANVIER. 1 LM: 68 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, coup d'étrangères , de Saxe, de Piémont, d’Anglererre, &c. je fuis fort éloigné de croire que j’eufle pu compléter la defcription de tou- tes les variétés des mines de cette fubftance. L’on pourra efpérer d'y arvenir, lorfque dans ce point, comme dans toutes les branches de Thifloire naturelle , les Savans qui s'occupent de cette fcience, fe feront appliqués à obferver fpécialement, & à faire connoître les pro- ductions du pays qu'ils habitent ; ce font ces fragmens détachés, qui doivent fervir de matériaux au grand ouvrage d’une hiftoire générale. La grande quantité de mines de manganèfe que j'ai eu occafion d'examiner , m'a fourni les moyens d’en connoïtre les divers états, & les variétés les plus remarquables. Le jugement que j'en ai porté n'eft pas fondé fur le feul rapport des caraétères extérieurs qui trompent très-fouvent en Minéralogie. Pour éviter toute erreur, j'ai fait de nom- breux eflais , & je ne préfenterai pas une feule variété que je n'aie éprouvée plufieurs fois. Toutes les manganèfes que je vais décrire fe font trouvées aux belles & riches minières de fer dela montagne de Kancié, près le village de Sem, vallée de V'icdeffos , au Comté de Foix, & aux mines de Lapineufe au Canigou, près d’Arles en Rouffillon. Lorfqu’une variété fe fera trou- vée également dans ces deux minières, je ne dirai rien de fon lieu natal. Lorfque je ferai mention de l’un, ce fera à l’exclufon de l'autre. On trouve communément la manganèfe, ou en chaux, ou {olide, ou cryftallifée : ainfi, je rangerai fous ces crois états toutes Les variétés que je vais faire connoître, Manganèfe en Chaux. A La chaux de Manganèfe bien pure eft prodigieufement atténuée; elle eft légère , pulvérulente , douce au toucher, & falit les doigts : tantôc , elle eft en petits pelotons logés dans les cavités des mines; tantôr, elle eft en couches; tantôt, en feuillets : on la trouve auñli en mafles ; dans ce dernier cas elle eft plus folide & durcie , quoique pulvérulente. Elle varie pour la couleur : il y en a qui eft parfaitement noire ; c’eft celle qui eft prefqu'entièrement privée de phlogiftique : quelquefois elle eft brune ; rarement rougeître. J'ai reconnu pour vraie chaux de manganèfe une fubftance qui a l'œil & l'éclat de l'argent; elle fe trouve aflez fréquemment en petites mafles fpongieufes dans les cavités des mines de fer; elle orne la furface de quelques héma- rites noires par des dendrites rrès-agréables , qui ont tout l'éclat de l'argent le mieux poli. C'eft cette chaux de manganèfe que M. de SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 6) Romé de l’Ifle (1) a fait connoître le premier ; il la nommée feurs d'hématite, &, d'après lui, M. Sage en à fait une efpèce de mine de fer , fous le nom de Mine de fer fpongieufe brune (2). Cette chaux, de nature réguline , eft rougeâtre , fi elle eft mêlée avec de l'ochre de fer : elle perd quelquefois fa couleur & fon éclar , & devient noire; ce qui peut arriver, je pene, fi elle eft encore privée d’une partie de fon phlogiftique. C’eft de toutes les chaux de manganèfe, celle qui eft la plus légère , la plus onctueufe , la plus atténuce. Il faut éviter de la confondre avec une fubftance d’un jaune faffrané , ou d’un noir velouté qui lui reffemble parfaitement pour toutes les qualités extérieures, & qui, comme elle, fe loge dans les cavités des hémati- tes, & des mines de fer : c’eft une véritable ochre martiale. M. de Romé de l'Ifle défigne: la dernière par le nom de fleurs d'hémarire noire (3). 1. Chaux de manganèfe argentée. Elle reffemble à un culot d'ar- gent, dont elle‘a la couleut matte. 2. Chaux de manganèfe argentée , brillante en végétation. Fleurs d'hématite granuleufes. Romé de l'fle , oc. cit. pag. 142, 3: Chaux de manganèfe argentée , rougeâtre , en gros pelotons , & en aiguilles. ; Fleurs d'hématite fpongieufes. Romé de l'Ile, Loc. cie. 4. Chaux de manganèfe rougeâtre. De Sem. J'ai rencontré trois fois cette variété & toujours avec les mêmes acci- dens. Elle tapifle le creux d’une hématite recouverte de ffurs d'hématite noire. La chaux de manganèfe fert de gluten à un grand nombre, de très-perits cryftaux orbiculaires de mine de fer micacée bleuâtre, qu'on prendroit au premier coup-d'œil pour des cryftaux de manga- nèfe. 5: Chaux de manganèfe brune, en couches friables, De Sem. 6. Chaux de manganèfe brune en végétation. Cette chaux eft en aiguilles couttes, ramaflées en grouppes , & reffem- ble aflez à certaines moufles: j'en ai aufli trouvé qui étoient ramifces. 7. Chaux de manganèfe brune ftalaétiforme en petits canons. De Lapineufe. (1) Defcription des Mines, p. 141 ; Efpèce XIV. (2) Minéralog. Docim. Tom, IL, pag. 195; 42 Efpèce, (3) Loc, cit. pag. 143+ 70 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 8. Chäux de manganèfe brune en feuillets très-déliés , féparés Les uns des autres. De Se. 9. Chaux de manganèfe noire & brune en malle. De Sem, Magnefia friabilis terriformis; Cronft. Min. 114. 10, Chaux de manganèfe noire, en couches concentriques qui ont pour noyau un fpath calcaire. De Sem. 11. Chaux de manganèfe argentée & noire, mêlée à une manga- nèfe noire folide cellulaire. De Sem. Ce morceau eft crès-inftruétif ; on voit la chaux de manganèfe argentée. qui a palfé en partie à la chaux de manganèfe noire , & celle- sa a fervi à la formation de la manganèfe noire, folide, cellu- aire. Diverfes gangues de la Chaux de manganife, Dans le fpath calcaire. Dans le fchifte talqueux. De Sem. Dans la chaux de de jaune , brune & noire. Dans-la mine de fer micacée bleuâtre. De Se. Dans les diverfes hématites. Dans la mine de fer fpathique orife. De Lapineufe. Sur la mine de fer fpéculaire. De Lapineufe. Dans la manganèfe folide & cryftallifée. Manganèfe folide. B Là manganèfe folide diffère de celle qui eft en chaux , par fa pe- fanteur, par fa dureté, par fa denfiré. Elle a une plus grande portion de phlogiftique, & contient prefque toujours du fer. Son tiflu , foit feuilleré, foirt en malle, eft compaéte , ferré & amorphe; & c’eit en quoi on la diftingue de la manganèfe cryftallifée. Elle flic les doigts, mais neft point friable, ni pulvérulente comme celle qui eft en chaux. 1. Manganèfe folide , brune , poreufe. De Se, Eile contient beaucoup de particules très-déliées de mine de fer micacée. Cette variété eft rare, . 2. Manganèfe folide , noire & fponvieufe. De Sem. - 3. Manganèfe folide, rougeâtre, en couches concentriques, De Sew. 4. Manganèfe folide, noire , en feuillets très-épais. 5. Manganèfe folide & vitreufe , en couches très-minces. De Sem, E SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 71 Magnefia parèm martialis texturé vitred. Cronft. Min. 116. Ces couches qui ont fouvent l'éclat métallique , & qui d’autres fois font d’un noir brillant , fe trouvent prefque toujours interpofées avec la manganèfe en chaux. l F 6, Manganèfe folide, ftalagmiforme, noirâtre, mammelonée. De Se. Magnefia parëm martialis hemifpheris continuis. Cronft. 116. 7. Manganèfe folide, ftalaétiforme , bleuätre , en grappes. De Sem. 8. Un gros canon ifolé de manganèfe folide , ftalactiforme noira- tre. De Se. Magnefia flillatitia nigra. Born. Lithoph. I. Part. pag, 47 Diverfès gangues de la manganèfe folide. Dans le fpath calcaire. De Sem. Dans la pyrite fulphureufe. De Se. Dans la mine de fer ochracée: Dans la mine de fer micacée bleuâtre, Sur l’hématite noire mammelonée. Sur la manganèfe cryftallifée. Manganèfe cryflallifée, C La manganèfe cryftallife le plus communément en longues & fines aiguilles prifmatiques brillantes, & fragiles : elles font raflemblées en faifceaux coniques, dont on peut aïfément diftinguer la figure dans plu- fieurs échantillons , quoique ces faifceaux foient grouppés. On fent bien que les différentes combinaifons que peuvent avoir éntreux ces nom- breux faïfceaux , font varier à l'infini les divers morceaux de manga- nèfe cryftallifée. J'ai faifi, le mieux.que je lai pu, les accidens les plus conftans. On remarquera fans doute la manganèfe /arinée , & celle qui imite fi parfaitement l’hématite fibreufe , foit pour la figure, le tuflu, la couleur & la dureté, que le plus habile Minéralogifte, ne fau- roit la reconnoïtre pour telle; fans en faire l'épreuve. Je ne puis m'em- pêcher) d’avouer que j'ai vu une, gradation fi fenfible depuis la man- gañèfe molle ; cendre , friable, jufqu'à ce dernier terme ; fi parfaite- ment femblable à l'hémarite, que sl m'avoit été poflible de croire à la tranfmutation , j'aurois penfe fans héfiver que les différens états de la Æ : 72 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; manganèle n’éroient que le premier degré de formation des différentes mines de fer. M. de Romé de l'Ifle fait mention d’une manganèfe en cryftaux prifmatiques couts tetraëdres rhomboïdaux. J'ai rencontré plufeurs fois une pareille variété aux mines de Sem. L’effai que j'en ai fait m'a convaincu que c'étoient de vrais cryftaux de mine de fer fpathique noire , parfaitement recouverts d'une chaux de manganèfe argentée. 1. Manganèfe cryftallifée en aiguilles capillaires très-courtes & très- fragilles, éparfes. On pourtoit penfer en voyant cette variété, que c’eft la chaux de man- anèfe aroentée qui a fourni la matière pour la cryftallifacion, qui eft peine ébauchée. 2. Manganèfe cryftallifée en petits faifceaux d’aiguillés brillantes & fragiles. De Serre è Dans celle-ci, c'eft de la chaux de manganèfe noire que les cryftaux paroiflent avoir pris naiflance. 3. Manganèfe cryftallifée en longues aiguilles capillaires, brillantes & fragiles, en faifceaux coniques. | 4. Manganèfe cryftallifée en longues aiguilles brillantes , en partie fra- giles , en partie folides , en faifceaux. De Se, $- Manganèfe ftrice. De Sem, œ D À 4 Magnefia ffriata. Wall. Min. 164. 2. Magnefia fibris parallelis fafcicularis, Carth. Min. 72. Cette variété, qui a l'œil gras de la molybdène, eft compofée d’aiguil- les très-déliées, difpofées entrelles parallèlement , & routes engagées dans la gangue. Elle n’eft pas commune aux Pyrénées, 6. Manganèfe cryftallifée, en dendrites. De Sem. Les aiguilles courtes , fines & brillantes de la manganèfe font fi bien arrangées dans une mine de fer calciforme jaunâtre, qu’elles forment les plus belles dendrices. Cette jolie variété ne s'eft préfentée à moi qu'une feule fois. 7. Manganèfe fatinée. De Sem. Cetre variété, aufli belle que rare, imite par fon éclat & fafinelle, le tiffu brillant du fatin. Elle eft formée par l’aggrégation des aiguilles en faifceaux coniques , qui fe concentrent ; c’eft ainfi que je l'ai trouvée en caflant un gros mammelon de manganèfe de Lapineufe, Mais fi à ces faifceaux coniques qui forment un cercle , il s’en joint d'autres en fens contraire , & que les vuides que ces derniers laïffent'entr'eux foienc remplis par d’autres faifceaux , pofés dans le fens de ceux qui fe concentrent, certe réunion forme alors d’afféz gros morceaux qui Fe e SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. #3- le ciflu le plus life & le coup-d'œil le plus agréable : telle eft celle de Sem. 8, Manganèfe étoile. Magnefia fibris à centro radiantibus. Carth, Min. 71: Cette variété eft la plus commune ; les faifceaux coniques d’aiguilles font engagés dans une gangue, & leurs fommets partent d'un centre commun. 9. Manganèfe cryftallifée en aiguilles capillaires, folides, en faif- ceaux formant des mammelons. De Se. Les faifceaux d’aiguilles par leur réunion & leur différente longueur, forment feuls les mammelons. Les aiguilles font fi ferrées les unes contre les autres, que la furface des mammelons a le noir luftré du velours. Si on les cafle, les aiguilles ont l'éclat métallique. On trouve quelquefois de gros mammelons ifolés; j'en poflède un très -grand morceau dont toute la cavité eft ainfi noire & mammelonée. On a trouvé quelquefois cette variété à Davejan, Diocèfe de Narbonne , aux Corbières. 10. Manganèfe eryftallifée en.aiguilles folides & chäroyantes. De Sem. < Une couche d’aignilles de manganèfe recouvre toute la furface d'une hématite noire. On prendroit la manganèfe pour une hématire fibreufe , files aiguilles n’étoient pas aufli brillantes. Elles font d’iné- gale hauteur ; c’eft ce qui fait châroyer leur fuperfcie. 11. Manganèfe cryftallifée en longues aiguilles brillantes , trèss {olides. De Sem. À C'elt ici le dernier degré de la dureté de la manganèfe. Les aiguil- les adhérent fortement entr'elles , & à leur gangue ; qui eft toujouts ou le jafpe groflier , ou l’hématite à grains d'acier. Dans cette variété les faifceaux ne font pas concentrés; ils forment ou de gros mamme- lons, ou des couches; ce qui ajoute encore à leur parfaite reflemblance avec l’hématite fibreufe. 12. Manganèfe cryftallifée en aiguilles brillantes & folides réunies en faifceaux cylindriques. De Sem. Voilà la feule exception que j'aie vue dans la figure des faifceaux des aiguilles de la manganèfe ; ceux de cetre variété font ftriés dans leur longueur, & couchés & entrelacés confufément entr'eux. 13. Gros faifceau ifolé & conique d’aiguilles brillantes & capil- laires de, manganèfe. De Sem. Si l'on pouvoit douter de ce que j'ai déjà dit de la figure des faifceaux d'aiguilles de manganèfe, celui-ci qui eft ifolé en donnereit la preuve Tome XV. Parc. I. 1780. JANVIER. K 74 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l plus convaincante. Il eft d'une forme très-régulière, très-liffe , point ftrié & n'adhére que par un côté à la gangue; les aiguilles en font très-fragiles. Diverfes gangues de la manganèfe cryflallifée. Dans le fpath calcaire cryftallifé. De Sem. Dans le R gypfeux. De Se. Dans l'argile martiale pulvérulente. De Se. Dans le jafpe groffier rougeâtre. De Sem. Dans la chaux de fer jaune & noire. Dans la mine de fer compacte brune. Dans l’hématite noire. , Dans l’hématite protuberancée verdâtre. De Sem. Dans l'hématite à grains d'acier. De Sem. Dans la chaux de manganèfe argentée & noire. Dans la manganèfe folide à couches. LUE ORNE RME Aux Auteurs du Journal de Phyfique , contenant la confirmation ds avantages de l'éleéfricité dans les Afphyxies , & l'annonce d'un Baromé- trographe & de plufieurs machines Météorographiques. Par M. CuaAnçGEux. PB: TTez-moi, Mefieurs , quelques réflexions fur les expériences qui fe trouvent dans votre Journal some XIII, page 232. Leur Auteur (M. Nicolas, Apothicaire à Nancy, ) après avoir conftaré l'utilité de l'alkali volatil & l’afperfion de l’eau froide fur des animaux afphyxiques, parle des fuccès qu'il a obtenus de l’ufage de l'électricité, & il égale ces fuccès à ceux des deux autres remèdes: il en conclut que l'électricité eft un rouveau moyen à employer fur «les malades attaqués d’afphyxie. Cette conféquence lui eût probablement paru bien plus certaine , sl eût eu re d'un petit écrit inféré LE votre Journal rome X., page 193, & intitulé : Lestre concernant un agent par lequel on peut s'affurer Sans un long délai de la mort véritable des individus attaqués d’afphyxie. Cet agent, comme j'avois l'honneur de vous l'écrire, eft le fluide éleétrique & il a le double avantage, 1°, De faire diftinguer fans peine les morts réelles des morts apparentes: 2? De remédier à l’afphyxie. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 7s Aux raifons & aux faits rapportés dans ma lettre, pour appuyer mon opinion, je pourrois joindre des autorités que j'ai recueillies depuis que vous. l'avez rendue publique; j'attends des obfervations en plus grand nombre ; mais comme cet objet n'a pas été fuivi avec l'attention qu'il mérite, j'ai cru que les faits que rapporte M. Nicolas, me fourniffoient l'occafon la plus naturelle de le rapeller à vos lecteursi& aux favants , amis de l'humanité. Je ne voudroiïs pas nier abfolument que la réclamation d’une découverte qui m’appartient depuis long-rems , n'encrät pour quel- que chofe dans la démarche que je fais auprès de vous, fi un intérêt de cette efpèce, ne difparoifloit aux yeux des hommes à qui je fuis cenfé parleren ce moment. Les fuites des morts apparentes font affreufes, com- me j'ai râché de l'expofer, & plus fréquentes qu'on ne l'imagine; le remède eft ficile & fans inconvénients ; pourquoi ne pas le tenter ? L’alkali volaril , certains acides , l’afperfion d’eau froide, les frictions, le grand air, les lavements de tabac font des remèdes excellents quand ils peuvent être adminiftrés & qu'ils le font à propos; mais l’éleétricité en eft un auñli bon, plus expéditif, & comme il eft prefque toujours indiqué, il devroit précéder tous les autres ; il arriveroit fouvent qu'il en tiendroit lieu. Permettez-moi, Mefieurs , en finifflant de vous annoncer ainfi.qu'aux Phyficiens, plufeurs Inftruments Mérercographiques , dont je vous remet- crai les, deflins & la defcriprion. J'ai déja fair exécuter un Barométrographe qui a été préfenté au com- mencement du mois de Juin dernier à l'Académie Royale des Sciences. Je vous ferai parvenir inceffamment les figures & le Mémoire qui ont été mis fous les yeux de cette favante Compagnie. Ilme fufira , quant à préfent, de vous dire que cette machine très-fimple & très-folide, ne mefure pas feulement la pefanteur de l'air, mais qu’elle en tient note: tous Les changements qui arrivent dans cette pefanteur , font tracés fur un grand cadran, par des lignes qui correfpondent aux heures & aux auttes divifions du jour ; une alidade ou cchelle mobile qui porte les divifons de l'échelle ordinaire des baromètres, ferr à mefurer ces lignes tracées, ou à prendre les hauteurs & les abaïflements du mer- cure. Le cadran eft mobile, & fa révolurion entière étant d’une femaine, il donne à l’obfervateur la facilité de s’abfenter pendant tout ce terms. Au bout de la femaine, cer Obfervateur trouve écrit ce qui s’eft pallé dans l'air , relativement à fon poids , avec une précifion dont il lui eût été impofhble d'approcher par LES obfervations faites fur le baroinètre fimple , jour par jour & aufli fréquemment qu'on voudra le fuppofer. Les autres machines Météréorographiques que je vous annonce, telles que le Thermométrographe , l'Anemometrographe ; l'Higromeurographe &c., auront les mêmes propriétés, c’eft-à-dire, qu'elles indiqueront par des marques fenfbles , les variations qui arrivent dans la chaleur , les vents, 1750, JANVIER, K 2 76 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lhumidité & de l'air; de telle forte, qu'ancune de ces variations, ne fera perdue pour l'Obfervateur , & que l’on pourra conftruire déformais des Tables Mérévrologiques , en tirer des réfultats, & peut-être, parvenir à quelques principes fur la fcience de l'air. E PER FT ATINRNGE De M. le Baron de Marivetz, à M. Sennebier | Bibliothéquaire de la Répu- blique de Genève, pour fervir de fuite à différens Mémoires contenus dans ce Journal. Grue avec la fatisfaétion la plus vive que je figne enfin, Monfieur, Fhommage très-fincère que fous un nom fuppofé je rends depuis long- tems à votre génie & à vos lumières : mais je vous dois compte des motifs qui m'ont fait emprunter & prolonger l’ircognito. Uniquement occupé de l'ouvrage au plan duquel vous avez bien voulu applaudir, j'avois toujours préfente à l’efprit l'idée d’une pre- -mière caufe phyfique de tout mouvement & de route chaleur dans la nature , le phénomène de la lumière, néceffairement lié à ces deux grandes modifications, devoit , dans mes principes , avoir avec elles une origine commune, : Plus je méditois fur cette importante matière, plus je me perfuadots que la chaleur & la lumière devoient naître d’un mouvement primi- uf, principe de tous les autres mouvemens. Que ce mouvement de- -voit émaner de l’acte immédiat de l’Auteur de l'Univers, être le pre- mier effec de cet aëte, la première action dans la nature & le vérita- ble inftant de fa naïfance. Que cette action devoit s'étendre à trous -les globes, à tous les points de chaque globe, felon des modifications dont il feroit facile de découvrir les Voix, lorfqu'une fois on auroit reconnu le premier moteur. Il eft évident que j'entends ici par chaleur cette modification pri- -mitive & générale qui s'opère dans les grands corps , à travers l'efpace, & par l’aétion quelconque du foleil : quant aux chaleurs locales & par- ticulières produites par différens moyens ; elles ne peuvent être rap- portées à la caufe primitive & s'expliquer par elle, qu'en fuivant la . chaîne des effets & des modifications intermédiaires, & en ayant égard à toutes les circonftances locales; l'explication de ces phénomènes par- .ticuliers & locaux ne peut donc trouver fa place dans l’expofition Rat dû avoir lieu dans l'acte. du .Tout-puiflant ;, un, mobile unique a SUR DHIST NATUREL ETILÉS ARTS. 5 ‘de la théorie générale : ce n'eft que des corollaires qui doivent s'en - déduire, que cette explication peur maître, #p5100 2 Rempli de cette idée de l'idencité de la caufe prémière du mouve- ment, de la lumière & de la chaleur; perfuadé que le foleil dérermine “feul ces tréis modifications, qu'il eft feul agent, primitif de tout le Ayftème au centre duquel if réfide., que ce que nous appélléns notre ‘monde eft fon empire, qu'il. ÿ dicte feul des loix ; c’évoit à détér- minér cés loix, la manière dont il les preferir & les “fait exécuter, que j'employois routes les facultés de mon efprir. Le foleil régit tout notre fyftème , me difois-je, il doit être pour nous le feul moteur, la feule caufe aétive de Ja nature, la pfemière action produite par l'Eternel a dix l’érre dans .ce point de fon ouvra- ge , &1s'érendre de lui à tous, les autres, la muluplicwé: d'aétion n’a à devenir le moteur de tous les mobiles Un mot,a dû être la loi unique & générale, tout ce que nous appéllons des loix différentes, tous les phénomènes qui en ‘réfultent ne doivent être que: des effers de cerre loi primitive, tontes les aétions doivent en dernière, anal;fe être rapportées & réduites à une feule aétron $ mais. quelle.eft, cetre ‘ation ? Comment rs’exerce-t-elle & s'écend-elle à tout ce ;qui exifte dans la nature? Voilà le grand problème. F Reburé ‘de toutes les -hyporhèfés dont: j'avois fous les yeux les abus aufli fréquens qu'exceflifs , : je cherchois: dans le, foleil certe propriété phyfique- primitive ;: néceflaire & évidente de laquelle feule rous-les phénomènes puffent: fé déduire. »r ART ere 2! L'admifion d'une chaleur propre ‘&prinitive,/d’ane’ chaleur eflen- Itielle du foleib ne nva jamais paru qu'ane pure füppofition, une fup- poñtion ‘abfolumenr piécaife ; & d'autant iplus à’ rejeter que ne pou- vant être ni vérifiée 4 ni démontrée par des/obfervations & pat dés ‘preuves directes; elle potvoit influer long-tems fur nos idées phyfi- ques, & qu'une fois admife, la facilité d'en déduire beaucoup d'effets , pouvoit la faire conferver } malgré des inconvéniens fans nombre, & la rendre chere aux Phyfciens ; que par/conféquént, certe fuppofñ- tion, fi elle étoir faufle ; pouvoit retarder infiniment les progtès:dela faine phylique. ) 9er 19H16! abs pH vs Enfin, me difois-je, pourquoi le foleil fercit-il chaud ? £a chaleur né paroït pas pouvoir appartenir à la matière du foleil ÿ comme une ropriété ellentielle dela fubftance folaire. IE eft*impofhble de con- fidérer la chaleur dans aucune: fubftance, autréméent que lé nine uire “modification produite pat une caufe Ætranoère à cette fubftance !'Imo- Hdifitation dont linténfite € relative à l’énérgre ‘de a/caufe ; déne les “accroïillemens & les décroiffemens font progrefifs & réconnoiffent 73 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, également des bornes : toute autre idée. de la chaleur eft inconcevable & par conféquent inadmiflible. Qui donc a iéchauffé le foleil ? L'ac- tion qui a produit en lui cet effet ne s'eft-elle exercée que fur lui, cette action continue-t-elle d’agir , ou n'agit-elle plus?" Dans le pre- mier cas,ne s'exercera- t - elle jamais que fur ce globe, tandis que par lui, elle s'étend à toute la nature. Quel en fera le maximum} Si cette action n'agit plus , que deviendra cette chaleur? Depuis quand &. pourquoi a-t-elle donc cellé? que deviendra’ la nature ? &c. &c. J'avois cent autres queltions à me faire fur cette chaleur propre du foleil , il s’en préfentoir autant, & peurêtre plus encore, fur cette autre propriété par laquelle cer aftre répand là ‘lümière. Le foleil con- fidéré comme lumineux par lui-mème & comme pouflant hors de fon fein la matière de la lumière, comine fource proprement dite de cer Otéan de lumière , qui s'étend fans doute jufque par-delà les Hmi- ‘tes des domäines des étoiles fixes, puifque celles mêmes que’ nous appellois de Ja feprième grandeur envoient jufqu'à nous leurs rayons. La fuppofition de ces émillions infinies & continues, toutes ces idces me fembloienc incompréhenfibles. D'ailléurs , je trouvois, dans la fup- fition de certe propriété lumineufe, attribuée à la fubftance folaire , Fanette défaut qu'à da fuppoñtion de fx chaleur propre, celut de ne pouvoir être vérifiée par des obfervations directes , démontrée par des preuves à priori. ê Javois donc pris, depuis très-long = reins , le parti de ne regar- det Je foleil , ni comme chaud , ni comme lumineux par lui-mé. me & par fon eflence ; puifque cette chaleur & certe lumière fuppofées en lui , étoient deux hypothèfes fans fondement ; deux effets fans caufes phyfiques connues ;- deux déduétions par lefquelles on attribuoit au foleil comme propriétés ellentielles; deux effets quil roduifoir, & auxquels il falloit dans mes principes trouver des cau- É phyfiques qui ne fuffent pas des fuppoñtions; mais cétoit toujours dans le foleil qu'il falloit chercher,ces caufes , puifque c'étoit lui qui déterminoit & modifioit les effets obfervés. Nous ne connoiflons évidemment de cet aftre que fon lieu relatif dans l'efpace & fon mouvement; je penfois donc qu'il falloir abfolu- ment & -nécellairement tour déduire de ces deux données certaines, ou courir rifque de fe laiffer entraîner & égarer par une imagination que rien ne pouvoit guider. L'idée de M..le Comte de Buffon fur la première caufe active déterminante de la chaleur qu'il trouve dans le mouvement de rotarion & dans l'attraction des fphères céleftes , me parut grande, noble, fimple &.par conféquent rrès- éduifante : mais en la méditant , en la confi- dérant avec attention , fon effet s'affoiblit bientdr: & l'application que l'Auteur de cette ingémieufe hypothèfe en aifaite, loin de faris- SÜR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 79 faire aux phénomènes pour lefquels il l'a créée ; ne me paroît pas avoir été heureufe. Elle -dérruic ds fyftème au lieu de l'érayer. Tour entier à ces idées : mais ne voulant me nommer , qu'en anhônçant l'ouvrage dont j'ai donné le profpeétus , defirant cependant difeuter l'opinion de M. de Buffon avec M. de Buffon lui-même, je pris le parti de l'ércogniro, & fous un nom fuppofé, je lui écrivis; je reçus une réponfe qui ne diffipoit pas mes doures, je récrivis , ne pen- fane point alors à donner jamais aucune publicité à ce commerce. M. de Buffon ne me répondit plus, Efpérant enfin que dans le nom- bre infini de fes Difciples, quelqu'un fe chargeroït de la défenfe de fon opinion , ce que je defiroïs infiniment, je me déterminai à adreffer à M. l'Abbé Rozier, mes lettres à M. de Buffon & fa réponfe (r) : Je ne craïignis point que cette démarche lui déplüt: ne pouvoit s'offenfer d'une objection , & dans la manière dont je la propofois , je ne m'étois affürément pas ééarté des égards que ceux qui culrivene les Sciences fe doivent mutuellement, & auxquels M. de Buffon a acquis des droits particuliers : je confirme & renouvelle avec plaifir ici l'hommage que je lui rendois alors comme pfeudonime : perfonne ne me répondit, . L | Je lus dans l'intervalle, Monfieur, vos éxcellens Mémoires fur le phlogiftique (2), & routes mes efpérances fe tournèrent de votre cô- té; je defirois d'établir éntre nous, non pas une difpate : je n’en aurai jamais, mais une correfpondance dans laquelle je pale difcuter mes idées & m'inftruire. Je confervai l'incogniro par les mèmes morifs qui me lavoient fait adopter (3) Vous .eûtes ,; Monfieur, la complaifance de me répondre (4), je me flicitai d’avoir ofé vous provoquer , j'admiraï en vous ce génie qui fait embrafler l'enfémble d'un grand fyftème, cer efprit d'analyfe auquel nulle obfervation n'échappe & cette fagacité qui , daris les nuan- ces prefque imperceptibles qui diftinguent des phénomènes , qu'il fe- roit pour tour autre fi aifé de confondre , faifit les différentes actions des caufes qui fe combinent. Cependant, toujours occupé de mes idées je m'y confirmois. Il me fembloïit démontré que tour tournoit dans notre fyftème folaire , uni- quement parce que le foleil tournoit , que tout étroit échauffé , parce que le foleil tournoit , que l'efpace évoit éclairé, parce que le foleil tournoi. SRE RES RE EEE (x) Voyez Journal de Phyfique 1777, T. IX, p. 7 & T.X, p. 148. (2) Voyez Journal de Phyfique 1776, T. VA, p. 25. 1797 ». 1. IX, p/97. G) Voyez Journal 1777, T. X{, p. 206 l& Supplément , p. 281. (4) Voyez Journal, Seprembre 177», p. 200, Novembre 1779, p- 355. So OBSERVATIONS : SUR. LA-PHYSIQUE!,: Qu'enfin ce mouvement de rotation du foleil écoit l'unique caufe de tout mouvement , de.toute chaleur naturelle , de tout lumière naturelle, , Je ne pouvois me diflimuler que je tombois dans le Cartéfianifime , & j'avois continuellement fous les yeux les anathèmes lancés contre. cette doctrine, j'en pefois, j'en méditois les motifs, j'en répétois l’ap- plication à mes: principes ;,,mais ils; m'ont toujours paru à l'abri de tous, les coups portés jufqu'à-préfent au fyfième de Defcartes ; les points. dans lefquels je diffère d'avec: ce .grand-homme me fembloient Ccarter. de,moi les objeétions auxquelles fes Difciples n'ont pu répon- dre, les dificultés qu'ils n'ont pu vaincre , les problèmes qu'ils n'ont pu réfoudre.. < Déterminé enfin à donner l'eflor à mes idées , à ofer préfenter mes principes fur la! ,phyfique générale du monde, à déduire de la; phyfique. .célefte, toute.la phyfique de la terre , & particulièrement lhiftoire naturelle de notre globe, à en faire une application utile à mon pays, à donner une géographie phyfique de la France déduite de principes généraux qui pouvoient être appliqués à routes les autres parties du globe, je fentis l'infuflifance de mes lumières & de mes travaux pour une entreprife aufli vafte. Ce fur alors que je propofai à M: Gouflier, dont je, connoiflois les lumières & le génie ,:& qui réunit aux , connoïffances générales, les plus étendues, la connoïffance la plus parfaire de la furface de la France, d’être mon Collèoue, 11 fe trouva heureufement dans les mè- mes idées que moi, il accepta ma propolition & après avoir employé tout le tems néceflaire pour confidérer lenfemble de nos principes , pour mefurer & la carrière & nos forces , nous donnâmes le profpec- tus de l’ouvrage que nous: avions fuffifamment médité. Mon premier foin fur de vous l’adrefler ; Monfieur , & de ceffer un incognicoi que je defrois de remplacer par un commerce direct; : votre. réponfe m'a fait d'autant plus de plaifir que vous voulez bien m'ac- corder les fecours que je vous demande, moyen le plus sûr d’exciter mon zèle & ma confiance. Les deux, Mémoires. que : vous aviez déjà envoyés à M. PAbbé Ro- zier, & qui ont été imprimés depuis, font. infiniment précieux ;, je les ai lus & relus avec la farisfaétion la plus vive, & la plus fincère. On y reconnoît un génie puiflant qui. médite au milieu des obferya- tions les plus délicates, qui analyfe comme Bonnet , pour généralifer enfuire comme Buffon. Quel homme ; Monfeur , que votre digne ami, votre illuftre compatriote! oferois-je vous prier d’être mon inter- prête auprès de lui, & de lui faire agréer mon hommage. Malgré toute l’ardeur que m’infpirent vos derniers Mémoires, mal- gré le plaifir infini & tour l'avantage que je trouve à vous mertre à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 8r à portée de combattre mes idées , je fuis forcé de celler, ou du moins de fufpendre notre correfpondance publique. L'ouvrage que je fuis à la veille de publier ne me lailfe pas un inftant; d’ailleurs, cet ouvrage contiendra tous mes principes , ils y feront expofés avec plus d'ordre & de méthode, La théorie générale de la lumière & de la chaleur appartient à la phyfique célefte : leurs effets particuliers & leurs différens états fur notre globe , font des phénomènes compliqués qui tiennent à une multitude de rapports & de combinaifons, ils font le produit de bien des effets réunis: mais qui tiennent tous en dernière analyfe à une même caufe primitive ; quand nous aurons bien reconnu cette caufe, nous fuivrons enfemble fes effets , & il faudra bien que dans cette férie de caufes & d'effets tout fe trouve à fa place, Avec quelle confiance j'aurai recours alors, Monfieur , aux fuperbes & infiniment ingénieufes expériences que vous avez déjà faites & à celles que vous vous propofez encore! Ou le défir extrème que j'ai de me rencontrer avec vous me fait illufion , ou nous nous rappro- cherons beaucoup. Enfin quel que foir le fort de mes recherches, j'aurai acquis un droit certain à la reconnoiffance éternelle des Savans, ils apprendront , en lifant vos excellens Mémoires , que c'eft à mes obfervations qu'ils en doivent une partie. En fufpendant notre correfpondance publique , permettez-moi, Monfieur , de m'en dédommager par un commerce plus particulier & d’invoquer votre fecours, après vous avoir provoqué au combat: ceux des Amateurs des Sciences devroient être comme les anciens tournois ; une noble ardeur mutuelle pour la gloire, ne devroit faire que des émules, non des rivaux & jamais des ennemis ; ce n'eft qu'a- vec de pareilles difpoñtions qu'il convient d’entrer dans cette illuftre carrière. Je defirerois pouvoir y acquérir affez d'honneur pour que vous voulufliez bien m’avouer pour votre frère d'armes, Jai l'honneur d'être, &c, Tome XV, Part. I. 1780, JANVIER, L f: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, NOUVELLES LITTÉRAIRES. D ISCOURS préliminaire , & profpettus d'un Traité général de Géogra- phie-Phyfique , & particulièrement de celle du Royaume de France ; avec des Cartes qui contiendront la Topographie naturelle de ce Royaume , confidérée dans fes états précédens, dans fon état aëluel , & dans les changemens qu’elle doit éprouver ; conformément à une Théorie déduire des principes généraux de Phyfique Célefle. On y joindra des Diftours dans lef- quels cette Théorie fera appliquée à toute la furface du Globe Terreffre ; des Mémoires fur chaque Feuille de la Carre de France, relatifs à la Topographie particulière de certe Feuille , dans lefquels on préfentera les applications des caufes générales qui ont déterminé les formes de certe Topographie , & des Obférvations [ur toutes les branches de Navigation, tant exiflantes que praticables ; un Traité Théorique & Pratique des Ca- naux; un Traité du Nivellement & la Defcription d'un Niveau vérifiable à chaque Station. Ouvrage dédié au Roi, & propofé par foufcription par M. le Baron de Marivetz , Ecuyer Honoraire du Roi, & par M. Gouffier. G'O:N/D'L:T T'O/N:S: Nous avons adopté pour format le grand papier in-folio dit No de Jéfus ; nous avons été déterminés dans ce choix par la grandeur que nous avons jugée la plus convenable pour les feuilles de notre Carte , & pour leur conferver l'avantage de pouvoir être affemblées fans exiger un trop grand emplacement, & celui de pouvoir être mifes en porte-feuille. Ce dernier motif nous a engagés à faire imprimer le Texte fur papier de même grandeur , afin que chaque PR être aifément réunie aux feuilles des Difcours qui lui feront relatifs. Cer Ouvrage , qui fera divifé & délivré par Seétions , contiendra différentes efpèce de Gravures. 1°. Les Gravures expofñrives du Syftème célefte , & qui feront partie de l’Introduétion. - 29. Les Cartes d’émerfions du Royaume de France. 3°. Les Feuilles qui compoferont la Carte générale , Phyfique ; & Hydrographique de ce Royaume : elles feront précédées d’une Carte générale , imprimée à deux couleurs , & indicative des rapports des feuilles de notre divifion aux feuilles de la divifion de l’Académie, SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. €; 4°. Les Plans & sed Les des Projets de Canaux & les Plan- ches d’Archirecture hydraulique. PhrHrex Les Planches de la première claffe, fur feuille entière , CRE A MONA NE NREME de LR LS NL tie QE Celles futldemi-feuillenn 202.1 EN SOS Ne Celles de la feconde claffe enluminées , même prix. Celles de la troifième claffe , également enluminées en plu- fieurs couleurs, qui contiendront tous les détails Topographi- ues, les diftinctions des baflins , les élévations des crêtes, &c. 4 Celles de la quatrième clafle, comme celles de premiere & feconde clalle. Les Feuilles de Difcours, la Feuille 47-fo/io, compofée de dE es DANIEL Tnsc en ot a 412 RO 86 Nous ofons affurer le Public que nous ne négligerons rien de tout ée qui pourra contribuer à la correction & à la beauté Typographi- que. Nous emploierons pour les Gravures les meilleurs Aruftes; & plufieurs de nos Planches, celles fur-rout relatives à la Phyfique célefte, feront projettées felon les loix de l'Oprique , foin trop négligé, & qui contribuera infiniment à l'intelligence de ces Planches. On ne paiera qu'en recevant les différentes livraifons, dont la première fe fera/dans le mois de Mars prochain , enfuite de fix mois en fix mois; le rotal de l'Ouvrage coûtera environ 360 liv. & l’on efpère qu'il fera fini en trois ans. On imprimera la lifte des Soufcripteurs. On Soufcrit, à Paris, chez le fieur de la Foffe , Graveur, rue & place du Caroufel, vis-à-vis la porte des Tuileries , & chez les princi- paux Libraires de l'Europe. 1°. Reconnoître dans la nature le premier moteur phyfique de tous les corps céleftes; déduire , du mouvement fimple qui luia été im- primé par l’Eternel, tous les mouvemens compofés des fphères ; préfen- ter les loix mathématiques de ces mouvemens; expofer, enfin, route la théorie phyfique de notre fyftème folaire & expliquer fon mécha- nifme. 2°. Appliquer toutes les loix générales qui règnent dans l’efpace ; qui y régillent tous les corps & qui émanent du mouvement primi- uf, au globe de la terre; déduire des impreflions néceflaires , que ce lobe reçoit toutes les modifications qu'il a éprouvées, & par une con- | A0 néceflaire, toutes celles quil éprouvera encore; réduire à 1780. JANVIER, L'2 84 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, une puiffance unique , toutes les forces de la nature, & rapporter par une fuite de déduétions néceflaires , tous les phénomènes à cette puifance unique. , 3°. Joindre à ces grandes & majeftueufes déterminations phyfiques & mathématiques , des vues d'utilité publique de la plus grande im- portance pour la France , les rendre facilement applicables à tout l'univers. Enfin, développer le véritable fyftème général de la nature; éclairer les hommes de tous les rems & de tous les lieux fur leschangemens fucceflifs de la furface de la terre ; dire quels font ceux de leurs grands ouvrages , ou de leurs grands monumens que l’ordre des événemens futurs refpectera plus ou moins long-tems , & comment, lors mème qu'on fe promettroit de réparer fucceflivement les dégradations qu'opérent les fiècles, ces monumens feroient , ainfi que la furface fur laquelle ils repofent , fapés par leurs fondemens ou enfévelis fous les débris que les eaux promènent fucceflivement fur route la furface du globe. Appliquer plus particulièrement cette théorie au fyftème de Navigarion de la France ; rendre , pas ces principes , cette Navigation auñi géné- rale, aufli facile, aufli durable qu'il eft poflible de l'efpérer dans le développement des formes que la furface de la France doit éprouver dans la fuire du tems. Tels font les objets qui feront traités par les Auteurs du profpeétus dont nous rendons compte. Les Auteurs paroïflent fe propofer de fuivre la méthode la plus ri- goureufe & de l'expofer avec la plus grande clarté, pour ne point interrompre la chaine des idées, & pour préfenter l’enfemble du fyf- tème d’une manière aufli claire que continue. Toutes les démonftra- tions mathématiques des différentes aflertions feront renvoyées à des additions , notes ou remarques placées à la fin de chaque fection. La lettre de M. le Baron de Marivetz, à M. Sennebier , Bibliothé- caire de la République de Genève , fuflit avec ce que nous venons de dire pour donner une idée de cet ouvrage. La Société des Arts de Genève , propofè pour l'année 1781 les Queflions . Juivantes. QUESTION SUR LES ARTS. La Société propofe de nouveau un Prix de 24 Louis, ou une Médaille d'argent avec le furplus en efpèces , au choix de l'Auteur , en faveur de celui qui produira le meilleur Mémoire , ou le meilleur Inftrument , ten- dant à la perfection de quelqu'un des Arts qui s’exercent dans Genève, 25 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. S8$ comme l’Hotlogerie , la Bijouterie, la Teïnture , l’Architecture-pratique , la Tannerie, fe Arts relatifs au Deflin, &c. L'on exige que les Mémoires renferment quelques découvertes ou quelques vues nouvelles fur les objets dont ils traiteront. Pour adjuger ce Prix , la Société fe réglera fur le degré d'importance & de perfection des Ouvrages qui lui feront adreflés , & ne laiflera pas fans récompenfe ceux dont le mérite approchera le plus de celui qui aura été couronné. Elle verroit avec plaifr qu'on s’occupât encore du fujer qu'elle avoit propolé ; favoir , l'adouciffement de l'Or allié fur Le rouge , en faififfant cette Queftion fous fon vrai point de vue. Le terme fatal pour l'envoi des Mémoires , fera le premier Novembre 1780. Queflions fur l'Economie. PR&ëMIÈRE QUESTION. ‘La plupart des Agriculteurs ne connoïffent les Plantes de leur pays que par les noms qu'elles jee dans le patois des Payfans. Ces noms fonc pour l'ordinaire très-différens de ceux par lefquels elles font défignées dans les Livres des Botaniftes, fouvent limités à un feul canton, inconnus par-tout ailleurs , appliqués arbitrairement à diverfes efpèces à la fois, & prefque toujours donnés au hafard. 1l réfulre de-là que les Agricul- teurs ne peuvent acquérir des connoïflances fur les Plantes les plus vul- gaires , & qui fonc tous les jours fous leurs yeux, que par une tradi- tion fouvent très-infidèle, & fondée, la plupart du tems, fur des pré- jugés abfurdes. Les Livres qui pourroient les inftruire de leurs ufages & de leurs propriétés, leur deviennent inutiles, non-feulement à caufe de cette diverfité dans les noms, mais encore parce qu'il n’en eft point qui contienne des defcriptions aflez juftes & allez faciles pour fervir à les faire reconnoître , fans avoir étudié la Botanique dans toute fon étendue. On a fouvent cherché à remédier à ces inconvéniens par des Catalogues raifonnés des Plantes ufuelles, accompagnés de nomenclatures comparées. Mais tous ceux que l’on a publiés jufqu'à préfent , ont le défaut d’être ou trop volumineux & trop étendus, ou trop imparfaits. Ils font tous d’ailleurs inapplicables à notre Pays, foic à caufe de la différence des noms vulgaires , foi parce qu'il y a telle plante qui croît par-tout dans nos champs, & qui n'eft point aufli commune ailleurs ; ou récipro- quement, parce que telle autre, fort abondante aux environs de Paris ou de Berne, par exemple, eft fort rare chez nous. II feroit à fouhai- cer, fans doute, que chaque pays eût à cer égard un Ouvrage particu- lier, qui pût fervir de guide aux Agriculteurs , leur indiquer, d'une manière sûre, les principales fources où ils doivent puifer les connoif- fances de Botanique qui peuvent leur être de quelque uulité , & leur 86 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, faire connoître toutes les productions fpontanées de leur territoire , leurs avantages & leurs dangers. Ces confidérations engagent le Comité d'économie à propofer une récompenfe de vingt-quatre louis , pour le meilleur Mémoire qui lui fera préfenté d'ici au premier Novembre 1780, contenant: 1°. Le Catalogue de toutes les Plantes qui croiffent aux environs de Genève, dont l'expérience a conftaté quelque propriété, utile ou dangereufe , relative à l'Agriculture, aux Arts, & à la Médecine, tant des hommes que des animaux. 2°. Une Nomenclature exacte & comparée, qui comprenne tous les noms de ces plantes, foit en françois , foit dans le patois des Payfans, foit enfin dans les livres des meilleurs Botaniftes , avec le numéro fous lequel elles font défignées dans l'excellent Ouvrage de M. De Haller, intitulé: Hifforia Suirpium indigenarum Helvetie inchoata. Ber- næ,1768. | 3%. Une defcription abrégée defdites plantes , fervanr à les faire reconnoître facilement à leur afpeét, dans tous les rems & dans toutes les faifons, 4°. Quelques détails très-abrégés fur leurs principales propriétés. On demande fur-tout que Ouvrage foit aufli peu volumineux qu'il eft poffble , fans être incompler. SECONDE Question. Quel eft le préfervatif le plus propre à garantir de colique venteufe les Beftiaux qui paîtroient des Treffles & Sainfoins à la rofée ou après la pluie ? Les curatifs font connus , la Société demande précifément les pré- fervatifs. Elle defire qu'ils foient conftatés par des expériences bien faites. Le terme fatal pour préfenter les Mémoires fera le premier Avril 1780. La récompenfe fera une Médaille d’or de huit louis, ou une Médaille d'argent avec le furplus en efpèces, au choix de l’Auteur. Les Mémoires & Réponfes aux Queftions fur les Arts , feront adref- fés, francs de port , à M. De Sauffure , Profefleur de Philofophie , Préfident du Comité des Arts ; & les Réponfes aux Queftions fur l'Economie , feront adreflées, de même , à M. Calandrini, Confeiller d'Etat, & Préfident du Comité d'Economie, Les Prix feront adjugés dans l'Affemblée générale de la Société, le premier Jeudi d’Août 1781, & délivrés en préfence de la même Affem- blée , le dernier Jeudi du mème mois, A Genève, le premier Septembre 1779. Pa, RogBin, Secrétaire. SUR Ll’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 87 L'Académie de Dijon propofe pour un Prix extraordinaire qui fera diftribué dans le mois d’Août, à l'ouverture du Cours de Chymie de l'année 1781 : De défigner les Plantes inuriles & vénimeufes qui infeëlent fouvent Les prairies , & diminuent leur fertilité, & d'indiquer Les moyens les plus avan- tageux d'en fubflituer de falubres & d'utiles , de manière que le bétail y crouve une nourriture faine 6' abondante. Comme l'Académie n’a point recu de Mémoires au fujer des favons acides , pour lequel elle avoit ouvert un nouveau Concours, elle a réfervé le Prix extraordinaire qu'elle deftinoit à celui qui auroit fatisfaic à cetre queftion, & renouvelle ici la publication qu’elle à déjà fait faire, de la délibération par laquelle cette Compagnie s'engage à donner ce Prix à celui qui, en quelque-rems que ce foit , enverra une folution fatisfai- fante de ce Problème. Les Ouvrages feront adreffés, francs de port, à M. Mure: , Docteur en Médecine , Secrétaire perpétuel , qui les recevra jufqu'au premier Janvier 1781. SERRE ETS VE PNEU POP ETS EL EEENPTDELZT UE T'A BLUE DEP AN ANT CALE. Contenus dans ce Cahier, E LOGE de M. de Jussieu, Doëfeur- Régent de la Faculté de Médecine de Paris, de l'Académie Royale des Sciences , &c. Lu dans la Séance publique de la Faculté , le s Oëlobre 1778, par M. 1e PrEux, Doileur-kRégent de la même Faculté, ancien Profeffeur des Ecoles, & Profeffeur aëluel de Pharmacie , Page 3 Mémoire de M. Licnremserc, de l’Académie de Goutingue, fur de nou- velles Expériences électriques, 17 Recherches Philofophiques fur La canfe de la Chaleur Animale 3 par M. Pierre Ducup Leszie, Doëeur en Médecine, 24 Suite de la Lettre écrite à M. Praesttex, Membre de la Société Royale de Londres ; par M. F,. Feux FoNTANA , Phyficien de S. A. R. le Grand-Duc de Tofcane , préfentée à la Société Royale de Londres , Le 17 Mars, & lue le 26 du méme mois 1779, 30 4 of = 88 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ec« Mémoire fur les Volcans de Tourves en Provence, envoyé a M, MorAND; de l'Académie des Sciences ; par M. BERTRAND, Direcleur- Adjoint de l'Obfervatoire-Royal de la Marine de Marfeille, 36 Mémoire fur La Platine ; par M. BERGMANN, 38 Supplément aux Expériences fur les Tubes capillaires, 46 Lettre fur La Germination & en particulier fur le rapport qui exifle entre. Les lobes des Graines & le placenta de l’Embrion animal; par M. Vasrsr, de la Société Académique de Cherbourg , Affocié-Honoraire de la Société Royale d'Agriculture , a M. pe Fouceroux DE Bon- pAROY, de l’Académie des Sciences , sx Obférvation fur une Mefure univerfelle , 59 Remarques fur les Volcans du Vivarais & fur l'hifloire de ces Volcans ; par Dom PArouizror, Rligieux de Citeaux , 61 Remarque fur Le gonflement du Lait dans l’ébullitior ; par Mademoifelle Le Masson-1e-GoLrT, 66 Daféription de diverfès variétés de Mines de Manganèfe des Pyrénées ; par M. ve Larerouse, de l’Académie Royale des Sciences de Tou- loufe, &c. 67? Letrre aux Auteurs du Journal de Phyfique, concernant la confirmation des avantages de l’éleétricité dans les Afphixies & l'annonce d'un Baro- métrographe 6 de plujieurs machines Méréréorographiques ; par M. CHANGEUX , 74 Lertre de M. le Baron de Marivetz, à M. Sennebier , Bibliothécaire de la République de Genève, pour Jérvir de fuise à diffèrens Mémoires con- senus dans ce Journal , 76 ASP PNR OUE, A TES ON: Fe lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre : Obfervations fur La Phyfique, fur l'Hiffoire Naturelle & fur les Arts, &e.; par M. l'Abbé Rozrrr; &c. La Collection de faits importans qu'il offre pério- diquement à fes Leéteurs, mérite l'accueil des Savans ; en conféquence, j'eftime qu'on peut çn permettre l'impreffion, A Paris , ce 25 Janvier 1780, YALMONT DE BOMARE LL Jelliër « Janvier 178» . (LOURNAL DE PHYSIQUE. | | PAIE JIRAIVE RE 178 0. | LEE RUE De M. de Morveau, à M. Mongez Le jeunes fur une pérrification fingulière. M. Je vous envoie la defcription de cette efpèce de pierre figurée ou de pétrification fingulière , que vous avez remarquée au Cabinet de l’Académie de Dijon. Comme il n’étoit pas poñlible d'en donner une jufte idée fans le fecours de la gravure , M. Picardet a pris la peine de la deffiner avec foin, & de manière à faire fentir tout ce qui peut la caraétérifer & mettre fur la voie de découvrir fon origine. Je terminerai cette defcription en annonçant aux Naturaliftes les conjeétures que m’a fait naître la rencontre fortuite d’un analogue tout aufli peu connu, & dont la reflemblance vous a frappé , comme moi: on eft toujours für de les intéreffer, en enrichiffant de quelques faits l'Hiftoire des Produc- tions de la Nature. Jefuis, &c. DESCRIPTION. Le morceau repréfenté par la figure première, de grandeur naturelle, eft un fragment à pierre grife, peu dure, qui fe laïfle facilement enta- mer au couteau, & qui, dans tous les points , eft attaqué par l’eau-forre : cette pierrea trois pouces un quart de longueur, fur deux pouces de largeur, mais elle paroît avoir fait portion d’une table plus confidérable, terminée par deux plans horifontaux, parallèles, fur une épaiffeur de 14 lignes. Le plan fupérieur qui eft celui que préfente la figure eft parfemé d’un infiniré de parties circulaires , en forme de têtes de cloux applaties, affez faillantes néanmoins pour être facilement diftinguées à la vue, les unes plus larges, les autres plus étroites, qui fe touchent, & même qui empiètent les unes fur les autres ; ce qu’il y 4 de ji remarquable , c'eft que ces rêtes de cloux font en effer les bafes de plufieurs cônes de différente groffeur , qui fe détachent avec plus ou moins de facilité de leurs alvéoles: la figure feconde, repréfente un de ces cônes de 4 Tome XV. Parr. I. 1780. T'ASNIPRIE"R. M 90 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, lignes de hauteur, & de trois lignes & demie de diamètre à la bafe, auquel adhére un autre petit cône pareil, mais d’un bien plus petit volume; on les à réunis par trois lignes , ponctuées à la figure première, pour faire voir qu’en fuivant cette direction ils retomberoïent dans leurs alvéoles À , d’où ils ont été tirés. La partie B de la figure première , eft la tranche ou la coupe perpen- diculaire à la furface , fur une profondeur de $ lignes , qui eft l’efpace occupé par les cônes ci-deffus décrits ; on y diftingue aifément les por- tions d’une infinité d’alvéoles coniques; cet efpace eft comme partagé en deux parties, mais la ligne qui les fépare n’eft que rehauflée en couleur. C eft une portion du plan far lequel repofe la zône formée de l'afemblage de ces petits cônes, & qui a été enlevée en cet endroit. Enfin , on a repréfenté dans la figure 3, la tranche D de la figure première, pour faire remarquer dans la coupe des alvéoles , une forte de fibres parallèles à la bafe des cônes, qui font ondoyantes où comme froncées. Sa furface inférieure a également l'air d’être formée de pièces de rapport, comme une mofaique , mais ces pièces n’ont rien de régulier, elles fonc plutôt anguleufesque circulaires, & quoiqu'il y en ait encore de plus faillantes les unes que les autres, elles ne font pas fufceptibles de fe détacher. Ce morceau a été envoyé, il y a quelques années, à l’Académie par M. Clerc, Médecin à Sémur, un de fes Affociés , à qui il avoit été donné fans aucune indication de l'endroit où il avoit été trouvé: quelques jours après qu'il fat placé au Cabinet, il me tomba fous la main un morceau de liége qui avoit fervi de bouchon à une bou- teille ordinaire , que dans une autre occafon je ne me ferois pas avifé d’obferver , mais qui m'intéreffa par la reffemblance qu'il avoit avec la pierre figurée dont il eft queftion; en effet, je reconnus fur ce bou- chon cinq cônes de même figure , de même groffeur & aufli variés, qui s’implantoient également dans des efpèces d’alvéoles , d’où onles uroit facilement ; cette première apparence me fit examiner plus atten- tivement la pierre, & ce fut alors que j'y découvris d’une manière bien fenfble, ces fibres tranfverfales , ondoyantes & comme froncées, qui font un des caractères particuliers du liége; ces indices me déterminèrent à réunir ces deux morceaux, & je n'ai vu perfonne de ceux qui Les ont comparés qui n'ait avoué l’analogie. Je ne dois pas diflimuler, cependant, une circonftance qui peut*en affoiblir la conjecture où préfenter une nouvelle difficulté dans l'expli- cation : c’eft que la fituation des cônes du liége n’eft pas fur un même plan ; quatre font allez rapprochés fur un des côtés du cylindre; mais le” cinquième , également bien formé, eft vers le milieu de la furface SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 91 du gros bout, de forte qu’il [fait angle avec Les autres, Qui eft-ce qui peut avoir produit de femblables configurations , & dans des fens aufi différens fur cette écorce végétale? C'eft encore un problème qui mérite d'autant plus d'être préfenté aux Naturaliftes, que la valeur de la matière ne permet pas de foupçonner que la main de l'homme y ait eu aucune part. P.S. Au moment où je me difpofois à vous envoyer cette defcrip+ tion & le deflin qui l'accompagne, j'eus occafion de le mettre fous les yeux de M. le Marquis de Grollier, & il me dit qu'il fe rappelloit parfaitement avoir vu un pareil morceau qui venoit du Cabinet de M. Davila; en effet, j'ai trouvé dans fon Catalogue , Tom.2, p.95; 2°, 129, les trois articles fuivans : » 1. Stalaétite calcaire des plus fingulières. C'eft un aflemblage de # cavités coniques d’un pouce ou deux de diamètre à leur bafe, on- » duleufes dans leur contour , ordinairement remplies d’un corps co- » nique de même nature. Cette ftalactite vient de Gioeratpemoella, » près d'Hellingbourg en Scanie, & eft d'autant plus rare, que la Scanie » eft jufqu'à-préfenc ïe feul pays où l’on en ait trouvé. » 2. Stalactite de même efpèce à cônes plus petits, &c. Les cônes de » cette variété ne font pas ondulés comme dans la précédente. » 3. Autre variété qui paroïît ferrugineufe , & dont les cônes tien- » nent le milieu pour la grandeur entre ceux des deux précédentes «, L’Auteur n’héfite pas à placer ces morceaux dans la clafle des fta- lattites, j'avoue que je n'ai pn y réconnoître aucun des caraétères qui leur font propres, & même il feroit difficile de concevoir comment ces concrétions auroient pu prendre & conferver dans leurs différens progrès une figure conique aufli régulière, comment la matière pier- reufe qui les auroit depuis environnées auroit contraéte avec elles f peu d’adhérence, & .fur-tout comment ces cônes fe feroient détachés d'une manière aufli uniforme de l’empâtement par lequel ils auroienc d’abord été fufpendus. Mais l’exiftence de ces trois nouveaux indivi- dus du mème genre, & la note du lieu où ils ont été trouvés ne peu- \ vent qu’ajoucer encore à l'intérèt & fervir à rekifer les conjectures. Ce? EE 1730. JANVIER. M > 92 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, oo d TRADUCTION D’UNE LETTRE De M. Wilfon, Membre de la Société Royale de Londres , adreffée à M. Euler , Profeffeur de Mathématique & Membre de P Acadèmie Impériale de Pétershourg , de la Société Royale de Londres, & de l’Académie Royale de Berlin, &c. Lue à la Société Royale ; le. .de Juin 1779. Monsieur, Je m'eftime extrèmement honoré de ce que mes découvertes fur les phofphores aient mérité l'attention du grand Euler. Vos réflexions fur mes expériences ne peuvent avoir manqué d’être applaudies par l'Académie Impériale , étant fi fpécieufes en elles-mê- mes , & fi intéreffantes pour la phyfique de la lumière & des couleurs, Cependant, fi j'ofe conferver quelque doutes par rapport aux con- clufions que vous formez d'après mes propres expériences en faveur de votre théorie, permettez-moi de vous aflurer, qu'ils ne dérivent que d'un defir empreflé de voir la vérité bien établie. Les plus grands Philofophes ont éré fujets plufieurs fois à {être in- duits en erreur : de force que s’il femble ici que vous vous foyiez trompé vous-même, n'ayant pas bien compris mon idée, par rapport A une circonftance eflentielle , fur laquelle votre raïfonnement eff fon- dé , j'efpère que mes efforts pour démontrer la vérité , non-feulement ne pourront vous déplaire, mais peut-être qu'ils vous exciteront à revoir votre excellent Mémoire; c'eft d’après cetre confiance que je prends la liberté d'offrir à vos yeux une explication des phénomènes phofpho- riques , qui eft différente de la vôtre, & qui paroït confirmer la théorie de Newton. Mais avant que d'entrer en matière , il eft à propos d'établir d'abord quelques faits généraux , &c d’obferver quelques finguliers phénomènes phofphoriques , qui femblent les plus difficiles à concilier avec la véritable phyfique. J'ai trouvé par une multitude d'expériences fur les phofphores, que je puis faire briller un phofphore de telle ou telle autre couleur , par la feule manière de le préparer. Mais dans le tems que je m'occupois de ces expériences, je vis un Mémoire du Père Beccaria , far ce mème fujer, inféré dans nos Tranfaétions Philofophiques pour l'année 1771, dont le but étoit de prouver, que les phofphores éma- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 93 nent La même lumière qu'ils ont reçue par le moyen de verres différemment colorés. Ce fair me parut fi étrange & fi différent de ce que j'avois obfervé dans mes recherches, que je m'empreffai d’eflayer les effets des rayons rimitifs fur mes phofphores de différentes couleurs. J'ai féparé pour cela , les rayons avec un prifme & en interceptant tous les autres, j'ai fait de façon qu'un feul d'eux tombât fur le phofphore que je voulois mettre en expérience ; & j'ai trouvé , avec une grande furprife , que le phofphore qui étoit préparé pour donner une lumière rouge, n'en donnoit qu'une très-foible , quoique de la même couleur, lorfqu'il avoit été éclairé avec le rayon rouge ; tandis que le même phofphore brilloit d’une vive lumière rouge lorfqu'il avoit été expofé au rayon violer ; j'ai obfervé aufli que le rayon bleu le faifoir reluire égale- ment de fa propre lumière rouge, mais pas fi brillante; & qu'enfin, le rayon verd le rendoit encore moins lumineux. J'ai remarqué exactement la même chofe avec un phofphore bleu; ceftà-dire, qu'étant éclairé par le rayon bleu , il ne rendoit dans l'obfcurité qu'une foible lumière, quoique bleue. Mais que lorfqu'on faifoit darder le rayon rouge, il brilloit d’une charmante couleur bleue & très-lamineufe. En conféquence de ces expériences, ainfi que de plufieurs autres, le Père Beccaria écrivit ( dans une lettre imprimée & adreflée à moi- même ) qu'il a été trompé dans fes obfervations, » parce que, dit-il, » j'ai pris pour de légères nuances de couleurs (ce qui devoir être » excepté} quelques gradations de lumière , ou des différens degrés » d’ombrage«. ‘ J'ai cru néceflaire de vous rapporter ce petit détail hiftorique , pour vous indiquer la fource d’où découle la découverte dont je viens de parler. Il me fut impofñlble dans ce tems-là même, de deviner la caufe de ce curieux phénomène, que je ne pus attribuer qu'à quelque pro- riéré particulière & inconnue de la lumière , qui eût jufqu’alors éludé je recherches des Philofophes. Mais, on verra tout-a- l'heure quelle eft à préfent mon opinion fur ce fujet. Il y a trois ans qu'il a été publié une feconde édition de mon livre où j'ai fait mention en premier de ces remarquables expériences : je n'ai point rencontré pendant cette période aucun Auteur qui ait râché d’en expliquer la caufe, jufqu'au moment où je reçus la lettre que vous m'as vez fair l'honneur de m'écrire. Et quoique je l’aie lue avec la plus grande admiration , jy ai trouvé quelque chofe qui ne me permet pas d’être du même avis que le favant Auteur qui l'a produite. J'ai remarqué qu'en parlant de mes expériences vous dites: Ainfi un tel corps phofphorique rouge ayant été éclairé par Les rayons rouges, 91 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, & enfuite rranfporté dans Pobfeurité..... Ce qui me fait appercevoir que vous n'avez pas bien compris quelques-unes des circonftances ma- térielles qui accompagnèrent cette expérience, Vous vous êtes imaginé, fans doute, que le phofphore étoit tranfporté dans une autre chambre cbfcure pour faire l'obfervation , après avoir été expofé à la lumière; mais la chofe n’éroit pas ainf : l’obfervation étoit faire dans la même chambre obfcure dans laquelle on introduifoit au befoin un rayon folaire , qu'on fé- paroit par le prifime , & dont les couleurs éroient interceptées fuivant que l'expérience le demandoit. Après que le phofphore avoit été expofé à ce rayon, un des Affif- trans fermoit l'entrée de la lumière , & dans ce même inftant, à-peu- près, je regardois au phofphore ; je renois les yeux fermés, pendant que la lumière entroit dans la chambre, pour mieux voir lapparence des phofphores lorfqu’elle en étoir exclue. J'entre dans quelque particularité fur cela, parce qu'il me femble que vous vous appuyez beaucoup /4r quelque différence pat rapport au tems : car dans un autre endroit de votre Mémoire, vous dites: » On » n’a qu'à bien diftinguer deux momens dans les expériences de M. » Wilon, dont le premier eft celui où il a éclairé fon corps phlo- » giftique rouge par les rayons violets du foleil , pendant lequel il ny » a aucun doute que le corps n'ait paru prefque entièrement deflitué » de toute couleur : ce n’étoit que dans le fecond moment lorfqw'il » tranfportoit ce corps dans lobfcurité , qu'il a commencé à briller de » fa propre couleur rouge «. Vous vous exprimez par ces mots 4 commencé à briller, comme fi les phofphores éroient incapables de briller dans le premier moment ; c'eft-à- dire dès qu'ils viennent à être touchés par la lumière : Pour répondre à cela, je citerai deux ou trois paflages de mon ouvrage fur les phofphores, & qui me femblent être très- vropres à notre fujet. » Par rapport ( pages 67 & 68) aux couleurs prifmatiques dont les » coquilles reluifenc dans l'obfcurité , fans qu'elles offrent nulle autre » apparence en plein jour, outre celle qu’elles acquièrent par la cal- »cination , je crois qu'une lésère réflexion pourra peut-être nous en » rendre raifon, puifque nous trouvons cela parfairement conforme aux »autres phénomènes de la nature. » Les -éroiles & la lune elle-même font totalement obfcurcies dès » que le foleil paroît dans le Méridien , par le déluge de lumière qui » fe répand fur toute notre atmofphère. Er cependant , quand ce grand » luminaire quitte notre horifon ; de quelle fplendeur ne voyons- » nous pas décorées les éroiles & la lune? Lai, l'obfcurité produite » par l'art furpafle celle de la nature de plufieurs degrés. Ne foyons » donc pas éronnés , fi la différence entre la lumière extérieure & » celle du Cabinet , eft confidérablement plus grande que celle SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 95 » d’entre midi & minuit; & fur-tout , lorfqu'il fait clair de lune. C’eit » cependant, à cette immenfe différence, que les couleurs prifimatiques » des coquilles font fi viñibles dans l'obfcurité, lorfqu’elles font bien »préparées, C’eft ainfi également que ces mêmes couleurs , quoi- » qu'elles ne ceflent pas d’exifter pendant le jour, ceffent cepen- » dant de paroïtre , dès qu'on les expofe au foleil , à caufe de » l'abondance de lumière réfléchie qui les environne. Et, quoique cela » puiffe paroître étrange, j'ai quelque raifon de foupçonner, que fi nous » pouvions voir la fplendeur des couleurs prifmatiques dans le plein » jour, nous la trouverions beaucoup plus confidérable de ce qu’elle » nous paroît dans l'obfcurité, Cette notion dérive de quelques obfer- » vations qui furent faites pendant le cours des expériences ci-deffus. » Car, lorfque les différens phofphores étoient portés de la lumière dans » l'obfcurité , la fplendeur des couleurs étoit immenfement plus vive » dans le premier inftant , que dans le fecond & troifième confécu- » tifs. Le difparition de ce degré d'éclat étroit fi foudaine , que » fouvent à peine pouvois-je transférer à peu de pouces du rideau, » les fubftances qui en étoient douéces, fans qu'il ne füt arrivé une » confidérable altération dans leur éclat : cependant , le rems , de » transférer ces phofphores depuis le rideau jufqu’à une diftance con- » venable pour pouvoir les obferver (ce qui étoit environ 12 ou 14 » pouces) nétoit au plus que d’une feconde «. Dans un autre endroit (pag. 115.) où j'excitois la lumière phof- horique par le moyen de l'érincelle électrique , ce qui fe faifoit par a décharge d'une grande bouteille de Leyde, on y lit ce qui fuir: » En outte, par ce moyen d’exciter les couleurs prifimatiques, j'obtins » un autre avantage , qui me parut aflez vonfidérable : car ici » les couleurs peuvent être vues dans le mème #7//amr que l’explofon » arrive ; & conformément à mes obfervations (je veux dire celles ci- » deffus) les couleurs paroïffent beaucoup plus intenfes & plus vives, que » dans les deuxième & troïfième fecondes fucceflives, ou même après » qu'elles ont été expofées aux rayons folaires «, Comme je n’avois point formé d’hypothèfe lorfque je publiai les obfervations dont je viens de parler, il n’y avoit pas conféquemment à craindre que quelque prévention püt altérer mon jugement. De forte , que ces obfervations tendent à prouver; 1°. que les phofphores reluifent aétuellement dans le tems qu'ils reftent expofés au foleil; 2°. que fi nous ne pouvons pas appercevoir leur lumière , ce n'eft que par la préfence d’une autre lumière immenfement plus con- fidérable qui l'efface; 3°. qu'on ne peut les voir Céilee , que lorfque cette, grande lumière eft écartée. Ne fembleroit-il pas que tout cela foit incompatible avec votre raifonnement ; qui eft entière m 96 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ment fondé fur les différens effets que vous croyez avoir lieu dans les deux différens momens que vous avez diftingués ? Il paroîtra encore mieux que cela foit ainfi, par les paragraphes fuivans , que j'ai tirés des deux dernières pages de votre Mémoire; & les: voici. » Mais pour ce qui regarde de plus près les nouvelles expériences, » j'ai démontré, qu'il eft abfolument faux que les corps opaques nous » deviennent vifibles par des rayons réfléchis, commeon fe l’étoit généra- » lement imaginé autrefois; mais qu’il faut abfolument que les moin- » dres particules qui fe trouvent dans la furface de ce corps foient » mifes dans un certain mouvement de vibration plus ou moins ra- » pide, felon que la couleur du corps l’exige , attendu qu’à chaque cou- » leur, il répond un certain nombre dé vibrations achevées pendant » une feconde; car alors , ce même mouvement produit de fembla- » bles vibrations dans lécher environnant, d’où réfulrent des rayons de » la même couleur. Par-là , il eft. clair que les rayons par lefquels » nous voyons les corps opaques, font engendrés dans leur propre fur- » face, conformément au degré d'élafticité dont les moindres particu- » les y font douées ; or , pour mettre ces particules dans un tel mou- » vement de vibration, il faut que des rayons de lumière y tombent, » & que par leur ation, ils les excirent à un tel mouvement; de la mè- » me manière qu'ane corde de Mufique en repos, étant expofée à un fon » aflez fort, commence à trembler, & à rendre elle-mème un fon qui » répond à fon degré de tenfion. » Cela pofé, un corps phofphorique rouge tel que M. Wilfon l'a » examiné , ne nous fauroit devenir vilble, qu’en tant que les moin- » dres particules dans la furface ne foient excitées à un mouvement » de vibration qui convienne à fa propre couleur. Ce feront donc, fans » doute , les rayons rouges qui feront les plus propres à imprimer à » ces particules un tel mouvement de vibration, qui par la nature » phofphorique de ce corps, fe conferveront encore pendant quelque- » tems après que les rayons incidens auront cefé d’y agir , mais d’une » manière beaucoup plus foible , que pendant que les rayons y ont » agi actuellement. Voyons à préfent quel effet les rayons violets doi- » vent produire fur ce mème corps phofphorique rouge: & d’abord »il eft évident qu'ils ne fauroient porter fes moindres particules un » mouvement de vibration à caufe de la contrariéré qui règne entre » les vibrations des rayons violets & celles que les, propres particu- »les du corps font difpofées à recevoir. Pour cette faifon ,ftout l’effet » de ces rayons violets fe réduira à poufler.les particules du corps à » un certain degré de tenfon , fans leur imprimer un mouvement » actuel. Donc, aufli-tôt que le corps fera retiré de l’aétion de ces # TayONS y » SUR L'HIST. NATURELLE ETILES ARTS. o7 » rayons, fes moindres particules commenceront à fe dégager de leur » état de tenfon, & recevront le mème mouvement de vibration, qui » et propre à leur nature , & en partant, elles répandront des rayons » rouges qui feront même plus forts, à caufe du haut degré de » ro ». que fi le même corps avoit été expofé aux rayons rou- » ges. Enfin, par la nature des corps phofphoriques | ce mouvement » de vibration pourra durer plus où moins long-rems felon le degré » dont ces corps feront doués de la qualité phofphorique «, C’eit-là ce qu'on lit dans votre Mémoire : il nous refte à voir à préfenc comment d'autres principes pourroient fervir à l'explication de ces phénomènes phofphoriques. Lorfque la lumière du foleil tombe fur un de ces phofphores colo- rés, le rayon qui eft de la même couleur que celle du phofphore , fera toujours celui qui fera le plus réfléchi ; pendant que les autres fonc abforbés en proportion de leur différence | & dans l’ordre des cou- leurs. Par exemple, fi la lumière tombe fur un phofphore rouge, le rayon rouge fera réfléchi en plus grande quantité, & les autres feront abfor- bés en proportion qu'ils différent de celui-ci. De même que, fi le faif- ceau de lumière tombe fur un phofphore , le rayon violet fera le plus réfléchi , & les autres feront abforbés proportionnellement , comme ci-deflus. Et ces rayons qui viennent à être abforbés, exciteront > par leurs réfraétions & réflections dans l’intérieur du corps, ces vibrations qui lui font émaner la lumière qui lui eft propre, C'eft ainfi, par exemple, que les rayons violets étant abforbés dans le phofphore rouge exciteront , par leurs réfractions & reflections , ces vibrarions qui le font briller de fa vive couleur rouge ; & qu'un rayon bleu qui eft moins abforbé que le violet, y excitera la même lumière rouge , à la vérité, mañs pas fi brillante. Et par la même rai- fon, le rayon rouge étant abforbé dans le phofphore violer , excitera des vibrations & le fera briller de fa lumière violette. Et, enfin , le rayon jaune étant abforbé par le même phofphore, mais en un moin- dre degré , il lui fera émaner la même lumière violette , mais pas à beaucoup près fi vive ; & le rayon verd étant encore moins abforbé, y excitera des vibrations encore plus foibles, ce qui y produira en conféquence une plus foible lumière. Tous ces effets femblent être parfaitement conformes au fyflème de Newton fur la lumière , & fur les couleurs ( Voyez Part. IL, liv. 1, prop. 30. Part.Il, liv. 2, prop. 9 & 10.) & s'expliquent d’une manière très- fimple & naturelle, fans avoir befoin de recourir à d’autres roprictés hypothériques de la lumière , inconnues à ce grand Philofophe, Je fuis, &c. Tome XV, Part, 1, 3780, FÉVRIER. N 98 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Nota. Je trouve que le favant M. Beguelin, dans l'opinion qu'il a donnée: de mon ouvrage fur les Phofphores ; à l'Académie de Berlin, & ui fe trouve inférée dans le feprième vol. de fes Actes , s'exprime ainfi : , M. Wilfon dans la crainte de porter atreinte à la théorie de l'im- mutabilité des rayons colorés. . explique l’obfervation de l'expérience » VII , par la fuppoñrion que les rayons folaires quelconques ont le » pouvoir d'allumer «une légère flamme dans les parties du phofphore , » & que cette flamme a la couleur propre au phofphore même , & non » la couleur du rayon allumant. Mais certe explication ne rend pas » raifon, pourquoi les rayons les plus foibles , tels que les bleus & les » violets, excitent une plus forte flamme que n’excitent les rayons » rouges, ou les jaunes «. 11 me femble que j'aï aflez répondu par le Mémoire ci-dellus à certe difficulté de M. Beguelin , qui paroît con- tredire, ou du moins affoiblir en partie le fyflème de Newton. Mais je puis, en outre , ajouter aux preuves que j'ai déjà données ( pour démontrer que les phofphores brillent d’une flamme allumée dans leur fabftance même) quelques obfervations trèsintéreffantes. & très- curieufes faires ici à Londres l’annéé pallée , par le célèbre M. l'Abbé Fontana , Phyficien du Grand-Duc de Tofcane: il a prouvé par des , expériences directes , que le phofphore de Bologne, aufli-bien que celui de Canton, & celui fair de chaux vive, étant enfermés dans un vaif- feau plein d'air commun, ils le diminuent en volume, & le phloaif- tiquent fenfiblement ; ce donc il s’eft affuré par le moyen de l'air nitreux. Or, il eft certain ( c'elt ainfi qu'il raifonne en conféquence de fes expériences) que des effets pareils fonc toujours le réfulrat de la combuftion des corps, quelque foible ou infenfible que leur flamme nous puille paroître. De forte que la différence eft feulement du plus au moins, Les effets de la famme font le développement du phlogifti- que, & la phlogiftication & diminution de Pair commun. Il n’eft pas difficile d’exciter une flamme aétuelle dans la plus grande partie des corps qui peuvent développer du phlogiftique, en augmentant feule- ment cette force, ou ce principe qui en caufe le développement. # SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 99 ME ONT OT RUE Sur L Air inflammable : Préfenté le 28 Février, 8 lu le 11 Mars 1779 , à la Socicté Royale de Londres. Par M. l'Abbé F. FELIX FONTANA, Phyficien de S. A. R. le Grand- Duc de Toftane, & Direéteur de fon Cabinet d'Hifloire Naturelle écouté ces derniers tems , les Phyfciens ont cru que l'air inflam- mable eft mortel à refpirer. M. Prieftley , à qui nous devons tant d’au- tres belles recherches fur l'air inflammable, après l'excellent Mémoire de M. Cavendish fur cette matière, nous À GA que cet air donne la mort aux animaux aufli promptement que l'air fixe mème, & qu'ils y meurent dans les convulfions. 11 ajoute que l'air inflammable agite dans l’eau pendant dix minutes , a été abforbé d'un quart, & qu'une fouris y a vécu autant que dans l'air commun. Cet air refpiré par la fouris étoit encore inflammable; mais beaucoup moïns qu'auparavant. D'un autre côté, M. Scheele, à qui nous devons de vraies découver- tes en Chymie & en Phyfque, foutient que l'air inflammable , bien- loin d’être mortel à refpirer, eft au contraire de l'air falubre & très- pur. Il apporte des expériences, auxquelles il paroît qu'on ne peut rien oppofer, & qui femblent contredire entièrement les obfervations de M. Prieftley. Il a-ofé refpirer l'air inflammable dans une veflie, & il n’en a reflenti aucune incommodité. Voyant les expériences de deux hommes célèbres, en oppoftion en- tre elles, j'ai commencé à foupçonner qu’elles pouvoient être vraies des deux côtés , & ne différer que par quelque circonftance mal connue. Pour procéder avec méthode dans une recherche fi délicate, & qui intérefle de fi près la vie des hommes, j'ai penfé à m'aflurer , avanc tout , fi vraiment les animaux peuvent refpirer impunément cet air, renfermé dans les vaiffleaux par le moyen du mercure. Dans cette vue , j'ai fair paller; dans divers tubes , de l’air inflammable retiré tant du zinc que du fer par l'acide vitriolique. Les airs entroient 1780 FÉVRIER, N 2 oo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, exempts d'humidité dans les tubes remplis de mercure. Jai introduit dans ces tubes divers petits oïfeaux, & ïls y font morts en peu de fecondes ; mais fans aucun figne apparent de convulfion. Jai répété un grand nombre de fois ces expériences , & le fuccès a toujours été le Ê même. Afluré de manière à n’en pouvoir douter , que l'air inflammable du zinc & du fer, reçu à travers le mercure , eft mortel pour les ani- maux, j'ai voulu expérimenter s'il le feroit également , lorfqu'il auroir été recu à travers l’eau, dans laquelle l'acide fulphureux volatil , ou toute autre vapeur eft abforbée au paflage. Mais les oïfeaux font morss dans cet air comme dans l’autre ; bien qu'un peu plus tard, & avec quelques fignes de convulfons. J'ai rempli de ce même air inflamma- ble reçu à travers l’eau, un tube plein de mercure , de forte que l'air y à paifé entièrement dépouillé d'humidité. Les oifeaux y font morts comme dans l'expértence faire fur l’eau. L'air dans tous ces cas s'elt trouvé encore inflammable après que les oifeaux y ont perdu la vie, & il n'a pas paru que fa force explofive air été diminuée. L'air inflammable tiré du zinc & du fer eft également mortel pour les animaux, mème après avoir été fecoué dans l'eau pendant quelque tems , comme pendant une minute entière, & même davantage. Lorf- qu’on l'y agite longuement , il devient refpirable à un certain point; mais alors, il eft décompofé en grande partie, & il eft devenu un autre air, bien qu’il conferve encore un peu la faculté de s’enflam- mer légèrement. Non-feulement les oifeaux meurent dans les airs inflammables, & dans les circonftances rapportées ci-deflus ; maïs encore les quadrupè- des y meurent évalement , quoique un peu plus tard , & avec des fignes de convulfions. Comment donc M. Scheele a-t-:il pu refpirer impunément l'air in- flammable, fi les animaux forcés de le refpirer y meurent en peu de tems? En admettant comme vraies les expériences de M: Scheele, il paroît ne refter plus rien à dire, finon que l'air inflammable dans lequel les animaux meurent n'eft pas meurtrier en tant qu'il fe porte aux poumons ; mais qu'il left plutôt en tant qu'il attaque quelqu'au- tre organe néceflaire à la vie, lequel fe trouve expofé à lation de ce fluide. 11 ne feroit peut-être pas impoñlible qu'il donnât la mort en frappant les nerfs fi fenfibles du nez des animaux. On fair qu'il eft des liqueurs qu'il fuffit d’infpirer à peine par le nez pour perdre Pufage de fes fens, & l’on perdroit même bientôt la vie, fi elles continuoient de frapper la membrane pituitaire comme dans le premier inftant. Tel eft l'alkali volatil extrèmement concentré... Il éroit donc néceflaire d’examiner fi l’air inflammable, tue fimple- ment parce qu'il eft refpiré par le nez, À ce deflein, j'ai bien bouché SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ot avec de la cire, le nez, ou les ouvertures extérieures de cer organe , à “divers oifeaux ;* & dans cet état, je les ai introduits dans des tubes où il y avoit de l'air inflammable retiré du zinc & du fer à travers l'eau. Les oifeaux font morts en peu de fecondes , comme lorfqu'ils avoient les trous du nez tout ouverts. L'’évènement a été le inème avec les quadrupèdes expofés, avec le nez bouché, dans ces airs, Après avoir ainfi exclus certe nouvelle hypothèfe , il m'en reftoic encore une autre, qui paroifloit vraifemblable , puifqu'’enfin il devoir y avoir une raifon de la différence qui fe trouve entre les réfulrats des expériences de M. Scheele, & ceux qu'ont obrenus les autres obfer- vateurs. Quand l'animal eft plongé dans l'air inflammable, tout fon corps eft pareillement expofe à l'aétion de ce fluide , & les Phyficiens ne favent point encore quelles altérations & quels défordres lair in- flammable ainfi appliqué peut produire dans l’économie animale, 11 eft vrai qu'on n'obferve rien de femblable dans les autres airs meurtriers ; mais fi l’on fait réflexion que la vapeur du foufre fait une impreffion très-forre fur les grenouilles , lors même que ces animaux ne la ref- pirent point, & qu'on leur a lié la rrachée- artère, on ne regardera pas comme impofhble l’action de l'air inflammable fur le corps des animaux. L'air inflammable, arrère peut-être la tranfpiration , peut-être s'infinue-t-il par les pores de la peau; en un mot, fon action fur le corps vivant demeure au rang des polfibilités, jufqu'à ce que l’expé- rience nous ait démontré le contraire, J'ai donc effayé de faire refpirer cet air à divers quadrupèdes , par la gueule feulement, fans qu'ils y fuffent plongés. Je me fuis prin- cipalement fervi de veflies attachées au mufeau des animaux ; & d’autres fois , de tuyaux qui entroient immédiatement dans la tra- chée-artère. Dans l'un & l'autre cas, les animaux font morts très-promp- tement; & j'ai enfin reconnu que cet air non-feulement n’eft pas bon à refpirer , mais en outre qu'il eft nuifible à l'économie animale & à la vie. Pour maflurer encore sil n’avoit aucune action fenfble fur le corps des animaux, j'en aïî tenu quelques-uns, la gueule feule à l'air inflammable pendant fort long-rems; & ils n’en ont été aucunement incommodés, M'écant ainfi convaincu que l'air inflammable ne fauroit être impu- nément refpiré par les animaux, il ne me reftoit plus qu'à découvrir l'origine de l'erreur de M.Scheele, ou du moins l'équivoque qui devoir fe trouver dans fes expériences ; puifqu’enfin il falloit néceffairement qu'il y eüt l’une ou l’autre. J'ai commencé à refpirer moi-mème l'air inflammable dans les vef- fies , à limitation de M. Scheele. Mes expériences ont été faites tant avec l'air inflammable tiré du zinc par l'aide vitriolique qu'avec celui tiré du fer par le mème acide, L’air étoic reçu dans des veflies sèches inté- 102 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rieurement , & un peu humides au-dehors. La quantité de l'air dans chaque veflie étroit fttos 8o pouces cubiques. L'air fortant du ma- tras pañloit à travers un pouce d'eau avant d'arriver dans les vefies. J'avois quelque crainte en commençant à refpirer cet air inflammable ; mais voyant qu'il ne me faifoit aucune impreflion de douleur ou d'in- commodité , j'ai continué courageufement à le refpirer tant qu'il m'a été poflble. J'ai fait onze infpirations , ayant commencé après une expiration naturelle. Cer air étant retiré de la vefie s’eft trouvé encore inHammable, & avec l'air nitreux il a donné II—28. II+20. (1). Jai mis 80 pouces cubiques d'air commun dans la même vefie, & j'ai effayé de le refpirer le plus long-tems qu'il me feroit poñible , après avoir fait ; comme ci-deflus , une expiration naturelle, Je l’ai ref- piré 34 fois de fuire; & j'ai trouvé alors qu'il étoit devenu de Fair très-alréré, qui éreignoit une lumière plufieurs fois de fuite. À peine un animal étoit-il entré dans cer air qu'il paroïfloit y fouffrir ; & avec l'air nitreux cet air donnoit I+20. li]+15$ ; tandis qu'avant d’être refpiré, le même air commun donnoit avec le même air nitreux H—1 5. II+8. Cette expérience nous fait voir que l'air qui étoit refté dans la veflie , après la première expérience , fe trouvoit moins bon que l'air commun refpiré 34 fois de fuite. Pour avoir un terme de comparaifon encore plus précis , j'ai voulu ne refpirer qu'onze fois , après avoir fait une expiration naturelle , (:) 11 eft néceflaire pour l'intelligence de ces expreflions , & autres dont je me fers dans la fuite , que j'ajoute ici une note , pour déterminer les diminutions des airs refpirables par le moyen de l'air nitreux. Je me fers d’un tube d'environ 18 pouces de Jongueur, Enr le diamètre eft de 6 lignes, & par-tout le même. Le tube cit divifé de trois en trois pouces , & ces premières divifions font ce que j'appelle mefures. Chaque pouce eft fubdivifé en 20 : c'eft ce que j'appelle parties ; enforte que la mefure eft compofée de 60 parties. J'introduis ordinairement dans le tube, à tra- vers l'eau, deux mefures d'air refpirable , & une d'air nitreux; je me fers, pour Jes mefurer, d'un petit inftrument fait exprès , qui contient précifément toujours la même quantité d'air; & je note les efpaces qu'occupent les deux airs introduits dans le tube. J'y fais entrer enfuite une feconde meure d'air nitreux , & je note de nouveau les efpaces comme auparavant. J'indique les mefures entières par les chiffres Romains , & les parties par les chiffres Arabes. Si par exemple, il eft écrit, comine on voit ci-deflus , [I 28. IIIH-10, le premier terme de la première for- mule indique qu'après l'introduction des deux mefures d'air à examiner & de la me- fure d'air nitreux , l'efpace qu'ils occupoient étoir de deux melures moins 28 par. ties. La! feconde formule indique qu'après l'introduétion d'une nouvelle mefare d'air nitreux , l’efpace occupé éroit de deux melures plus 20 parties. Enforte que les nom- bres Romains indiquent toujours les mefures , & les nombres Arabes les parties, “On trouvera la raifon de tout cela dans un Mémoire à part , Sur la manière de déterminer la falubrité de l'air refpirable par le moyen de l'air nitreux. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 10; So pouces cubiques d'air commun introduits dans la veflie, Cet air m'a enfuite donné avec le même air nitreux que ci-deflus [1= 13. lil+28. Ainf donc, la mafle des deux airs inflammable & pulmonaire, ref- pirés le même nombre de fois que l’air commun, ef beaucoup plus mauvaife que ce dernier ; enforte qu'on ne peur plus dourer que l'air inflammable ne foit pour le moins inférieur en bonté à l'air com- mun. Afin de m'en affurer encore davantage, j'ai voulu effayer de le ref- irer immédiatement dans un grand récipient plongé en partie dans Fe. & balancé de manière que l’air qu'il renfermoit eut toujours le même degré d'élafticité que l'air extérieur. Je me fuis fervi pour cela d’un tube de verre à double courbure. Il y avoit environ 250 pouces cubiques d'air dans le récipient. Dans les expériences répérées que j'ai faites de certe manière , je nai jamais réufh à faire plus de trois refpirations de fuite; & encore érois-je extrémement incommodé après la première. Ces expériences font conftantes & certaines, parce ue je les ai répétées un grand nombre de fois & en différens rems. 11 fembleroit donc maintenant , qu'on pourroit avec raifon foupcon- ner que la: veflie caufe quelque alrération à l'air inflammable même , & le rénd moins mauvais 4 refpirer. Bien que ce changement opéré par le fimple contact de la veflie avec l'air inflammable, ne paroïlle point du tout probable , & qu'on ne fache comment il pourroit fe faire, il ne falloit pas moins foupçonner tout pour expliquer l'expérience de M. Scheele, qui démontre direétement que nous pouvons refpirer l'air inflammable renfermé dans des veflies. Moi-mème , comme je l'ai dit ci-deflus , je l'avois refpiré onze fois de fuire; & je dois avouer de plus que les premières infpirations, non-feulement ne me caufoient aucune incommodité , mais qu'il me paroïfloit même que je refpirois mieux qu'à l'air libre ; j'éprouvois une facilité à dilater ma poitrine , comme fi j'eufle refpiré un air infiniment plus léger que Pie commun, & pareil à celui qu'on ref- pire fur les pre les plus élevées. Je n'ai jamais éprouvé une auffi agréable fenfation , même en refpirant l'air déphlogiftiqué le plus pur ; & ce qui m'empèche de craindre de m'être trompé là-deflus, c'eft d'un côté, la prévention que j'avois contre l'air inflammable après l'avoir trouvé mortel pour les animaux , & de l’autre, la crainte même avec laquelle j'avois commencé à refpirer cet air; d’ailleurs, cette fa- cilité à le refpirer & la fenfation agréable que j'y ai trouvée n'étoient pas feulement dans mon imagination ; Car je les ai -conftamment éprou- vées dans les nombreufes expériences que j'ai faites enfuite fur cerre matière. Mais j'ai payé bien cher ce plaifir peu de tems après, & peu s'en 104 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eft fallu qu'il ne m'ait coûté la vie. J'ai rempli une très-grande vef. fie de l'air inflammable , que j'avois d'avance retiré du fer à travers l'eau, & qui ne donnoit aucune diminution avec l'air nitreux. L'air in- croduit dans la veflie fe montoit à 3$o pouces cubiques. Enhardi par les expériences pañlées , je me fuis déterminé à le refpirer, tant que mes Le pourroient le permettre. J'ai vuidé auparayant mes pou- mons autant que je l'ai pu en faifant une expiration des plus violen- tes. Dans cet état j'ai commencé à refpirer cer air de la veflie; & à peine la première infpiration éroit-elle finie , que j'ai fenti une in- commodité & une oppreflion très-confidérables. Au milieu de la feconde infpiration , j'ai entendu M. Cavallo, qui a eu la complaifance de m'aider dans ces expériences , qui me difoit , que j'étois devenu tout- à-fait pâle; les objets commencoïent en effet à s'obfcurcir à mes yeux. Malgré cela, j'ai voulu faire encore la troifième infpiration, mais alors les forces m'ont manqué, j'ai perdu entièrement les objets de vue & je fuis tombé fur mes genoux. Bien que dans cer état, j'aie refpiré avec force l'air commun de la chambre , mes genoux n’ont pu me fou- tenir davantage, & il m'a fallu tomber par terre. Je fuis revenu à moi peu de tems après, il eft vrai ; mais il m'eft refté pendant tout le refte de la journée une incommodité dans les poumons ; ma refpi- ration étoit difficile & pénible comme fi j'avois eu un grand poids fur la poitrine; & je ne me fuis trouvé bien que le lendemain, Malgré tout ce que j'ai fouffert dans cette expérience, j'ai cependant toujours tenu un doigt au tuyau attaché à la veflie , pour empêcher Fair commun d'y entrer, J'étois curieux de voir fi cet air auroit effuyé quelque altération par ces trois infpirations ; mais j'ai trouvé qu'il avoit toutes les mèmes qualités qu'auparavant; il s’enflammoit au contact d'une lumière, il détonnoit avec le même bruit qu'aupara- vant , lorfqu'il étoit uni avec l'air déphlogiftiqué. Cependant après avoir été un peu fecoué dans l'eau, il a donné il 10.IV—10. Le même air nitreux avec l'air commun de la chambre donnoit II—14. +10. & avec l'air inflammable avant qu’il füc refpiré, il ne préfentoit au- tune diminution. Cette expérience avec l'air nitreux nous fait voir que l'air, de la vef- fie après avoir été refpiré, eft un peu meilleur qu'auparavant , puif- qu'il eft un peu diminué, Pour voir fi cette altération venoit de la veflie, j'ai fait l'expérience fuivante , que j'ai répétée plufeurs fois , tant à veflie sèche qu'a veflie hu- imide, & toujours avec le même fuccès. J'ai introduit dans la veffe, tantôt de l'air inflammable retiré du fer , tantôt de celui retiré du zinc ; mais toujours après l'avoir fait paller à travers l’eau. Ces airs avant d’être introduits dans les veflies étoient tels , que l'air nitreux ne les diminuoit point du tout. Quand je les ai enfuite tirés des vef- lies SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 10 fies où je les ai laiflés plufieurs minutes , & après les avoir fecoués pour les tenir en agitation, j'ai trouvé qu'ils n'étoient point diminués par l'air nitreux, & qu'ils ne différoient en rien de ce qu'ils étoient aupa- ravant. Après m'être ainfi afluré que les veflies ne contribuent en rien à rendre meilleur , ou plus propre à la refpiration, l'air inflammable qu'on tire des métaux , il ne me reftoit plus, pour expliquer l'expé- rence de Scheele , & pour concevoir comment j'avois pu moi-même refpirer onze fois l'air inflammable, que d'avoir recours à l'air mème du poumon, qui ne fe vuide jamais entièrement , quelque effort qu'on falle pour challer l'air de ce vifcère. On fait déjà que dans les expirations ordinaires on chaffe du pou- mon environ 3$ pouces cubiques d’air, Dans une expiration très-forte, après une infpiration naturelle, l'air qui fort, peut aller jufqu'à 30 pou- ces cubiques de plus. Mais il refte encore dans le poumon une quan tité d'air confidérable, qu'on peut raifonnablement évaluer à environ 40 pouces cubiques. Ces 40 pouces d’air pulmonaire fe mêlent & for- tent en proportion avec le reftant de l'air qu'on a refpiré après avoit bien vuid£ fes poumons. Dans le cas ci-deflus , des trois feules infpi- rations faites avec l'air inflammable de la grande veflis, on peut avec raifon fuppofer qu'il eft forti du poumon conjointement avec l'air inflammable , environ 20 pouces & plus d'air pulmonaire , qui font entrés dans la veflie. Cet air pulmonaire, bien qu'il foit lui-mème a en partie , eft cependant encore fujet à ètre diminué par ‘air nitreux; & il fait environ le de l'air inflammable dans la veilie. D'où l'on voit maintenant pourquoi cet air s’eft en effec trouvé dimi- nué par l'air nitreux, & diminué d’environ 10 parties. Cette explication, qui eft néceflaire après l’exclufion que nous avons donnée à routes les autres hypothèfes, eft très-bien confirmée par l'expérience mème, ci-deflus rapportée, concernant l'air inflammable de la veflie, qui a été refpiré onze fois de fuire. Cet air avoit été refpiré après une expiration naturelle, enforte qu'il reftoit dans le poumon environ 7$ pouces d'air commun. Ces 75 pouces d'air pulmonaire & les 86 d'air inflammable devoient s'être mêlés également dans les onze. refpirations que javois faites, & par conféquent, l'air de la veflie devoic être compofé d'environ moitié d'air commun pulmonaire , & moitié d'air inflammable. Et en effer, à l'épreuve de l'air nitreux , il s'eft trouvé beaucoup meilleur que l'air de la grande veflie, qui avoit été refpiré trois fois feulement à poumon vuide, bien que l'air de la petice vellie l’eût été jufqu’à onze fois. Toutes les expériences que j'ai faites enfuite de cette hypothèfe en démontrent la vérité. Si l’on introduit dans une grande quantité d'air Tome XV, Part, I, 1730. FÉVRIER. O 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, inflammable , comme par exemple , 400 pouces , un animal , comme un cochon d'inde ; ou fi l'on met un petit oïfeau dans feulement s2 pouces de cet air, & qu'on les y laiffe jufqu'à ce qu'ils foient morts, cet air ne fera pas pour cela fenfiblement diminué par l'air nitreux. Mais fi l’on met un animal beaucoup plus gros dans les 400 pouces d’air inflammable , ou bien un petit animal dans quelques pouces de cet air, on trouve enfuite que l'air nitreux peut très-bien le diminuer, & d'autant plus, que le rapport de la groffeur de l'animal avec la quantité de l'air inflammable aura été grand ; l’animal plus gros communique une plus grande quantité de fon air pulmonaire à l'air inflammable ; & l'air inflammable fe trouve uni avec d'autant moins d'air pulmonaire , que l'animal étoir plus petit. M. Scheele dit qu'il a trouvé que l'air inflammable refpiré plufeurs fois perd entièrement fon inflammabilité. Quant à moi, je puisaflu- rer que je l’ai trouvé toujours inflammable dans tous les cas, dans tou- tes les circonftances, même après avoir été refpiré onze fois de fuite. Et non-feulement je l'ai trouvé inflammable dans la veflie , mais j'ai même pu l’enflammer à fa fortie du poumon par la bouche; phéno- mène qui auroit pu furprendre qui que ce foit avant mes expérien- ces, ou du moins être regardé comme impoñhble par quiconque ne l’auroit pas vu de fes propres yeux. On peut faire fortir de la bouche une flamme de plufeurs pouces de diamètre & de plus d’un pied de longueur. M. Scheele déduit de fon expérience de la veflie, que le poumon au lieu de donner du phlogiftique, eft au contraire en état de l’abfor- ber où il le trouve. Quand même nous n’aurions pas toutes les-expé- riences directes qui démontrent évidemment qu'il fe fépare du pou- mon un principe phlogiftique, lequel s’unit enfuite à l'air commun, la conféquence de Scheele tomberoit d’elle-mème, l'expérience n'étant pas vraie. Mais d’où vient ce fentiment de légèreté & de facilité qu'on éprouve en refpirant l'air inflammable après une expiration naturelle ? Je ne faurois recourir pour le préfent qu'à une caufe purement méchanique, parce que je ne vois rien dans l'air inflammable qui foit capable d’altérer le poumon par un principe chymique , ou de décom- pofition , qui agifle fur les aïrs ou fur les humeurs de l’animal. On à vu que l'air inflammable fort des poumons avec les mêmes qualités qu'auparavant, & fans avoir aucunement changé de nature. On fait encore que l'air inflammable n’eft point abforbé par l’eau, du moins fenfiblement & en peu de rems. Les poumons, ou pour mieux dire, les véficules pulmonaires font continuellèment arrofées d’humeurs ; elles ne peuvent par conféquent abforber cet air, s'il n’eft{pas décom- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1e7 pofé. 11 ne nous refte donc d'autre rellource que fa légereté qui certai- nement eft beaucoup plus grande que celle de l'air commun. Et à dire vrai, la fenfation que j'ai éprouvée en refpirant cet air étoit, comme d'un fluide léger, qui ne fatigue pas le poumon, & qu'on fent à peine en le refpirant. Cette explication eft parfaitement d'accord avec quel- ques expériences que j'ai faites fur l'air commun rendu plus léger par le feu ; j'ai trouvé qu'on le refpire plus facilement, bien qu'il foit vrai qu'on ne peut le refpirer aufli long-tems que lorfqu'il eft plus con- denfé; mais il y a dans ce cas une caufe toute particulière , qui n’exifte point dans le premier cas, & dont ce n’eft pas ici le lieu de parler. Mais malgré tout cela , il refte toujours à favoir d’où vient que l'air inflammable qui tue fi promptement les animaux , peut néanmoins être refpiré fans incommodité , lorfqu'il n’eft pas en très-grande quan- té, c'eft-à-dire , lorfqu’on le refpire mêlé avec l'air commun. Cette queftion ne laifle pas d’être intéreffante , & les deux expé- riences fuivantes , qui font très-analogues à celles que j'ai rapportées ci-deflus , prouvent qu’elle eft fondée. J'ai mis dans une veflie 3 so pou- ces cubiques d'air commun, & j'ai commencé à le refpirer , après avoir vuidé mes poumons avec force. J'ai refpiré cet air 40 fois de fuite. Je l’ai enfuire ôté de la veflie; il a éteint une lumière plufieurs fois fucceflivement , il a formé avec l'huile de tartre divers cryftaux ; les uns en aiguille, les autres en étoiles; mais il a fallu attendre long- tems pour cela. Avec l'air nitreux il a donné [H+18. 1114-18. Cet air étoit donc très-phlogiftiqué; je n’aurois même pas pu le ref- pirer davantage fans rifquer de tomber par terre ; car les objets com- mençoient à s'obfcurcir pour moi, & les forces alloient me manquer. J'ai mis un petit oïfeau dans 10 pouces cubiques de cet air; à peine a-t-il commencé de le refpirer, qu'il a eu des convulfons, & qu'il a paru fouffrir ER & être tres-opprefle. Il eft mort au bout de $ minutes. Un autre oifeau pareil , étant mis dans dix pouces d'air com- mun, y a vécu $2 miautes & n'a paru fouffrir qu'au bout de cinq minutes. I refte maintenant à expliquer pourquoi l’oifeau peut refpirer pen- dant cinq minutes l'air de la veflie, qui probablement auroit tué lhomme s’il l’eût refpiré une feule fois de plus. Mais il fuffit de con- fidérer, que quand l’homme à fait la dernière expiration de l'air dans la veflie, il fe trouve déjà dans un état de peine & de maladie, & que fon poumon & fes humeurs font comme furchargés d’un phlo- giftique fuperflu, qui n’a pu fe communiquer à l'air commun de la veflie; au lieu qu'il n'exifte rien de tout cela dans l’oifeau , dont le poumon eft au contraire encore fourni d'air commun non dénaturé, & en état d’être refpiré de nouveau. Cette folution paroît confirmée 1780, FÉVRIER. O 2 168 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, par une expérience qui n’admet point de réplique. J'ai voulu refpirer l'air de la vefie, comme ci-deflus, jufqu’à ce qu'il ne me für plus pof- fible de le refpirer davantage. J'ai bouché alors avec le doigt le tuyau de la veflie, & j'ai refpiré plufieurs fois l'air atmofphérique. Après avoir fait une expiration naturelle, j'ai effayé de refpirer de nouveau l'air de la veflie; & je l'ai refpiré quatre fois de fuite fans beaucoup d'incom- modité. Or, il n'eft pas douteux qu’un oifeau peut refpirer cet air de la veflie plus lono-tems que l’homme. La raifon de cette différence me paroït être celle-ci; c'eft qu'un petit oïfeau n'a befoin que d’une petite quantité d’air à la fois pour dilater fon poumon autant que fon éco- nomie animale l'exige, au lieu qu'il faut à l'homme une quantité d’air beaucoup plus grande, & cet air eft rendu pernicieux & entièrement irrefpirable d'autant plus promptement dans ces circonftances , qu'il eft en moindre quantité. On peut conclure après tout cela, que nous avons befoin d’une certaine quantité d'air commun pour la refpiration & pour le main- tien de la vie; & que cet air après avoir été refpiré pendant un cer- tain tems ne peut plus l'être, & donneroit la mort fi l’on vouloit set forcer de le refpirer. ] Cette quantité d'air commun , dont nous avons befoin pour refpi- rer & pour vivre, fe trouve infectée en partie lorfqu’elle fort du pou- mon, après la première infpiration, & elle eft alors moins propre à être refpirée une feconde fois. On a vu qu'il n’eft pas pofhible de ref- pirer l'air inflammable, lorfqu’on a vuidé fes poumons avec force; mais qu’on peut le refpirer crès-bien à poumons dans état naturel , où il y a toujours une grande quantité d'air, qui dans l’homme adulte peut aller à 40 pouces cubiques, après la première expiration. Cer air pul- monaire n’eft pas encore infecté au point qu'il ne puifle ètre refpiré plufieurs fois, & maintenir la vie. Après avoir fait une expiration na- turelle, j'ai pouffé avec force environ 30 pouces d'air pulmonaire dans une veflie vuide; j'ai pu refpirer cet air pulmonaire, huit à neuf fois de fuite, mais pas davantage. Il eft encore vrai que je le refpirois avec quelque incommodité dès le commencement, ce qui m'arrive point lorfqu'on refpire l'air inflammable dans les veflies, à poumons, dans l'état naturel. Cela pofé, il n’eft plus difficile de répondre à la queftion propofée ci-deffus, & d'expliquer jufqu'à la petite différence qu’on obferve en refpirant les deux différens airs des vefliess On peut refpirer l'air in- flammable quand il eft uni à une grande quantité d'air commun, parce qu'il y a encore afléz de cet air pour fervir aux refpirations ulrérieu- res; & tant que cet air commun ne fera pas entièrement infecté , on pourra le refpirer, bien qu'il foit uni avec l'air inflammable. D'ailleurs , TE PITRT A SUR L'HIST. NATURELIE ET LES ARTS. 109 l'air inflammable n'étant ni altéré ni décompofé par la refpiration , on ne fauroit le regarder que comme une efpèce d’air qui ne peut fer- vir par lui-mème à maintenir la vie dans l'animal. Ce n’eft point un principe direétement utile à la refpiration ; il faut Le le confidé- rer comme sil n’y avoit point eu d'air dans le cas e la veflie. Eten effet, on trouve par expérience qu'on peut refpirer huit à neuf fois de fuite l'air pulmonaire même , à veflie vuide. Que fi on ne parvient as à le refpirer onze fois comme j'ai fait lorfqu'il y avoit de l'air inflammable dans la veflie , & fi les refpirations font plus incommo- des dans le premier cas que dans le fecond , il faut certainement l’at- tribuer au manque des 3$ pouces d'air qui avoient été d’abord expi- rés, & qui fonc néceflaires pour donner au poumon toute l’exrenfion requife pour les fonétions ordinaires de ce vifcère; au lieu que dans le fecond cas, l'air inflammable même fert de rempliflage , & con- tribue par fon élaflicité , ainfi que Vair commun , à achever de remplir le poumon; de forte que l'air inflammable , confdéré dans ces circonf- tances ,-& fous ce point de vue, peur s'appeller de l'air qui fert à la refpiration animale, Cette explication paroît démontrée avec la der- nière évidence par l'expérience qui fuit. Si l’on met dans la veflie 35 Ds cubiques d'air commun , & qu'on y refpire, à poumons dans ‘état naturel , on peur continuer à le refpirer 20 fois de fuite, & plus encore , tandis qu'à veflie vuide , on ne pouvoir refpirer tour au plus que neuf fois. Je dois afigner une autre caufe,- qui contribue peut-être aulli à rendre l'air inflammable de la vefñie moins nuifble à la refpiration , & cet fa légereté même , qui l'empêche de fe mêler jamais bien avec l'air commun. L'air inflammable flotte perpéruellement fur l'air com- mun, comme on voit , par exemple , lécher flotrer fur l'eau, & mème beaucoup mieux que lécher dans ce cas, parce qu'il eft beau- coup plus léger en Sie qe Je me fuis affuré de cette vérité par plulieurs expériences, faites entr'autres fur les oifeaux. Si lon met dans un tube un peu long, de l'air commun & de l'air inflammable, de l'air déphlogiftiqué & de Pair inammable , l'animal qu'on fera monter dans la partie la plus élevée du tube mourra beaucoup plutôt que celui qui fera refté dans le bas, & dès qu'il fera monté , il com- mencera à fouffrir. La différence des tems de leur mort, & du com- mencement de leur mal-aife eft très-grande. Les airs introduits dans le tube peuvent être en égale quantité. Ainf donc, lorfqu’on refpirera de l'air inflammable uni avec une Due quantité d'air commun , il prendra le deflus & fottera fuc air commun même, qui conféquemment ira remplir les dernières véficules du poumon, pour fervir aux fonétions ordinaires de l'animal; 119 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tandis que l'air inflammable ne remplira que les plus gros troncs de la trachée-artère. Ici finifflent mes expériences & obfervations fur l'air inflammable confidéré par rapport à la refpiration animale. Mais qu'il me foir per- mis d'ajouter quelques mors fur une propriété de l'air inflammable , laquelle à échappé jufqu'ici, du moins autant que je puis le favoir , aux Obfervateurs les plus exacts & les plus diligens. Je veux parler des airs inflammables qu'on retire des métaux par le moyen de l'huile de vitriol, & principalement de celui qu'on obtient du zinc & du fer. Toutes les fois qu’on approche de l'air de ces métaux une lumière , non-feulement il produit une flamme ( ce qu'on favoitr déjà) mais il brûle en étincelant, & en faifant des explofons continuelles très-vives , ce que perfonne n'avoir encore obfervé. Ces explofons font autant d’étincelles qui jailliffent dans routes les directions, & dont la lumière eft rouge & très-vive. On pourroit les comparer en quel- que forte aux étincelles qui fe détachent du fer lorfqu'il eft très-em- brâfé; ou bien à de la poudre à tirer dont les grains feroient beau- coup plus petits qu'à l'ordinaire , & s’allumeroient fucceflivement & fans fumée ; ou enfin au charbon mème , qui fcintilleroit fans faire aucun bruit. Ce phénomène ne laïfle pas que d’être intéreflant , & tient cettainement à la nature de l'air inflammable mème. Ce qui m'a paru encore plus fingulier, c’eft qu'il femble former un caraétère dif- tinctif entre l'air inflammable des méraux , & l'air inflammable des fubftances animales & végétales ; je peux du moins certifier que je mai trouvé jufqu'ici aucun ait inflammable, tiré de ces fubftances, qui étincelät comme l'air inflammable des métaux. Dans un très-grand nombre , je n'ai pu obferver aucun fignede fcintillation, & dans d’autres, fi peu, qu'à peine pouvois- je compter quelques étincelles, randis qu'on en voit d'innombrables dans les airs infamimables retirés des métaux. Si on laifle long-tems en contact avec l’eau ce mème air in- flammable tiré des métaux , ou fi on l’agite fortement dans l’eau, jufqu’à ce qu'il devienne moins inflammable, il fe trouve aufli moins érincelant; & finalement , il paroît ne l'être plus lorfqu'il ne s’en- flamme qu'à peine. J'ai pareillement obfervé , autant que le nombre de mes expériences le comporte , que l'air inflammable eft d'autant plus difficile à décompofer par l'agitation dans l’eau, qu'il eft plus étincelant ; & qu'en outre, plus il eft étincélant, plus fa détonation eft bruyante lorfqu'il eft uni avec l’air commun ou avec l'air déphlo- enforte qu'il femble que ce foit une vérité d'expérience que e principe phlooiftique de cet air eft plus fixé ou plus faturé dans l'air inflammable retiré des métaux que dans celui qu'on tire des fubitan- ces végétales & animales, SUR L’HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 111 Ce n’eft pas que je veuille nier abfolument qu'il ne puille y avoir encore des airs inflammables , autres que ceux qu'on tire des métaux, qui détonnent comme l'air des métaux; je dis feulement que dans ces cas particuliers, l'air fera probablement aufli plus étincelant & moins facile à fe décompofer avec l'eau. IL eft d’ailleurs des fubftances qui donnent de l'air inflammable en quantité, & qu'on ne peut certainement rapporter aux fubftances animales ou végétales, & qui tiennent plutôt aux fubftances métalli- ques , comme par exemple , le fer D ÉCEE dont j'ai tiré de l'air inflammable , par la feule ation du feu appliqué à un matras. Mais cette fubftance métallique dans l’origine , eft entièrement dénaturée dans le fer fpathique, & doit être plutôt confidérée comme une chaux de fer, que comme un vrai métal. Cer air, en effet, érincelle à peine fenfiblement ; il détonne plutôt comme les airs inflammables des vé- géraux & des animaux que comime ceux des métaux, & il fe décom- pofe facilement dans l'eau comme les premiers. La propriéré d’étinceler, que j'ai obfervée dans les aîrs inflamma- bles des métaux, répand beaucoup de lumière fur l’analyfe de cet air, que j'ai faire de deux manières différentes. La première eft de l'al- lumet, conjointement avec l'air commun ou avec l'air déphlogiftiqué, dans des vailfeaux remplis de mercure très-pur , ou dans des vaiffeaux pleins d’eau diftillée. La deuxième eft de le décompofer en le fecouant dans l’eau diftillée très- pure. Il faut un très - grand nombre d’expé- riences pour avoir des réfultats fenfibles , dans les deux premiers cas, & de plus, la partie ignée eft perdue. La feconde méthode exige un tems extrèmement long; mais c’eft la plus complette, & je m'en fers aufi pour la décompolition des autres airs, Ex + tele 112. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, REA RER DARPEIIIN IEEE I OT ED PEN DC EE QE EI EEE CORTE OCR PR ERERE- \ DXESS CR TSPAIPAMOMN D'une Canule propre à feçourir les Afphixiques; Par M. Goparrt , Doëleur en Médecine & Vervier | Membre des Acas démies Royales de Dijon 6 Bruxelles. SN le mérite d'une machine confifte dans la fimplicité de fa conf- truction , la folidité de fa matière , la peritefle de fon volume , la facilité de fon ufage, la sûreté de fes effets, la médiocrité de fon prix; j'ai lieu d’efpérer que l’Académie ne dédaïgnera pas celle que j'at l'honneur de lui préfenter ici, quoique venant après les foufflets à deux âmes , fi ingénieufement inventés pour donner du fecours aux perfonnes tombées en afphixie, Ma machine n’eft autre chofe qu'une canule d’étain , munie à fa bafe d'un écrou verrinable aux feringues à lavemens , lequel eft fuivi d'un robinet de cuivre dont lartifice git dans une ouverture qui, de la circonférence , va rencontrer au centre & à angle droit fon canal , à laquelle ouverture répond un trou dans la partie latérale de la tête ou bafe de la canule, muni d’un menton capable de fupporter une pipe à courte queue , ainfi que cela fe voit par les figures ci-jointes, dans la première defquelles l’on apperçoit une marque à la plaque du robi- net qui fert à reconnoître la fituation de fes ouvertures, Voici le jeu de cette machine. Je fuppofe que l’on veuille donner un lavement de fumée : pour ce , ayant verriné la canule au corps d'une feringue, l’on allume une pipe , dont le bout de la queue foit légèrement garni d’étoupe; on introduit ce bout dans le trou latéral , & au moyen de fon menton, la pipe fe crouve fupportée ; enfuite l'on introduit la canule dans le fondement, le robinet tourné de manière que l'ouverture $ , foit diamètralement oppofée au trou latéral, & par conféquent exactement bouchée; alors, l'ouverture 6 répond à la capa- cité de la feringue, & la 4€, au tuyau de la pipe; de forte que celle-ci communique par un tuyau coudé à angle droit avec cette capacité, tandis que toute communication de la canule avec la feringue eft interceptée ; d’où s'enfuir qu’en tirant le pifton, l'air qui pafle par le fourneau de la pipe, remplit de fumée le corps de Ja feringue. ds ela SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 113 Cela fair, l'on tourne le robinet de gauche à droite jufqu'à ce que le trou 3, foit ue à loppofire du tuyau de la pipe, & que la capacité de la feringue communique avec la, canule par le moyen du canal 1,2, du robinet , car les chofes étant ainfi difpofées, fi on pouffe le pifton , il chaffera la famée de la feringue dans le fondement : ramenant alors par un quart de cercle rétrograde le robinet dans fa première fituation , la canule fe trouve bouchée, & la feringue a fa communication rétablie avec la pipe; on pompe donc de nouveau de la fumée, & ayant remis le robinet comme auparavant, on poule cette feconde dofe dans le fondement, ainfi an autant qu'on le juge néceffaire. Rien de plus commode que cette machine pour introduire de l'air dans le poumon & donner des lavemens de fumée. Toute de mél, elle eft à l'abri du rongement des infectes; exempte de valvules, l'on n’a pas à craindre que le defsèchement dérange Es action ; le bois ni le cuir n’entrant point dans fa conftruction , fes pièces ne font pas fujettes à fe détacher ni à donner entrée à l'air en fe cambrant : peut-être , eft-elle donc à ces égards d’un fervice plus conftant & plus durable que les foufflets doublés ? Quoi qu'il en foit , voici une attention que je crois de la plus grande importance lorfqu'il s'agit d'employer ces machines à rappeller à la vie des perfonnes mortes en apparence dans des tems froids. C’eft de ne pas s'en fervir avant que lon ne foit sûr que par les linges chauf- fés, les cendres chaudes, les fri&ions & autres moyens, on a ramené toute la mafle du corps à fa température naturelle; ce qui, à mon avis , ne peut guères s’obtenir dans le cas d’un grand réfroidiffement, en moins d'une heure d’un travail bien afidu. Je fonde certe remarque fur l'état de roideur que donne le froid aux différentes parties dont nous fommes formés : de fouples, d’extenfibles qu'elles étoient auparavant & qu’elles doivent être pour reprendre leur mouvement & pouvoir le continuer , le froid leur a donné une rigi- dité qui s’oppofant au moindre degré de dilatation , ne leur permet pas d’obéir aux extenfions de l'air ou de la fumée, qu'au'dépens de leur con- tinuité; de forte que fi l'on fait agir la machine dans cet état de roi- deur, foit en infinuant de l'air dans la trachée-artère, foit en remplif- fant de famée les gros inteftins, les effets de chaque impulfon font autant de brifures , de déchiremens , qui loin de concourir au rétablif fement des mouvemens vitaux, achèvent d'en détruire le principe ; & je pape que c’eft en partie à la différence dans les rems de faire jouer les machines , qu’eft due celle des fuccès qu'ont eu les mêmes moyens employés dans divers pays pour rappeller les afphixiques à la yie, Tome XF, Pare. I. 1780. FÉVRIER, P 114 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, EXTRAIT D'UN MÉMOIRE (1) De M. l'Abbé Tessier, Doëleur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, de la Société Royale de Médecine | de l Académie des Sciences, &c. de Lyon; Jur les inconvéniens des Etables, dont la confru&ion ef? vicieufe. M. l'Abbé Teffier étant informé que les Laboureurs de plufeurs en= droits de la Beauce, perdoïent chaque année un certain nombre de va- ches , a fait les recherches les plus exactes pour en découvrir la caufe, qui n'avoit point été approfondie. II croit devoir l’attribuer à la conf- truction vicieufe des étables. Pour le prouver , il expofe dans fon Mé- moire une partie des maladies qui enlèvent les vaches de la Beauce, lécac habituel d'un grand nombre d’étables de ce canton, & les fuccès obtenus, lorfqu'on à remédié aux vices de conftruétion. Ces maladies font au nombre de quatre; favoir , une paralyfie des quatre jambes, ou feulement des deux jambes de derrière ; des con- tufions au bas-ventre, d’où il réfulte l'avortement & la mort mème; une apopléxie, qui fait fuccomber en peu d'inftans les bères les mieux conftituées ; enfin , des concrétions pierreufes d’un poids & d’une groffeur confidérables , qui fe forment dans la fubftance des poumons. M. l'Abbé Teflier décrit tous les fymptômes de ces maladies & rap- porte les phénomènes que lui a offert l'ouverture des corps de quelques- uns des animaux qui en ont été les viétimes. Les vaches dans la Beauce reftenr dans leurs étables route l’année à l'exception de deux mois ou environ, pendant lefquels on les mène aux champs. Ces habitations font fouvent trop profondes ; enforte que le fol extérieur excède quelquefois de trois ou quatre pieds le fol intérieur. Ce qui caufe une humidité mal-faine ; la plupart font trop étroites , n'ont point de fenêtres, ou n'en ont que de petites, mal expofées & qu'on tient fermées pendant cinq ou fix mois. On y met plus de vaches qu’elles n’en devroïent contenir ; les planchers toujours trop bas, font chargés de fourrages , & on n’en ôte les fu- (1) Ce Mémoire qui a été lu dans la Séance publique de la Société Royale de Mé- decine le 31 Août, fe trouvera inféré dans le fecond volume des Mémoires de la, Société. Ce volume eff aëtuellement fous preffe. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. xrs miers qu'une ou deux fois la femaine ; M. l'Abbé Teflier cite fur cet objet des faits & des obfervations qu'on ne peut révoquer en doute: il en déduit l'explication de la caufe des maladies, dont il a été quef- tion. C’eft dans les crables trop profondes & humides , qu’il a vu des vaches perclufes de leurs jambes ; ce font ordinairement ces bêtes, qu'on a placées près des murs , qui éprouvent des contufions, parce que dans les étables étroites , elles font expofées à être preflées par les autres fans pouvoir s'écarter , ni éviter leurs coups. La trop grande chaleur de beucoup d'étables, où l'air n'eft pas renouvellé , fuffoque les bêtes les plus vigoureufes & caufe à d’autres une gêne dans la refpiration ; ce qui occalionne des concrétions dans les poumons. Rien n'eit plus propre à rendre l'air des étables mal-fain que la refpira- tion de beaucoup d'animaux réunis dans un efpace étroit. M. l'Abbé Tellier à remarqué que les bêtes placées auprès des portes , fe confer- voient plus long-rems en bon état que celles qui étoient dans les en- droits les plus enfoncés des étables. Il Rai enfuite les moyens qui ont été employés avec fuccès pour remédier à la mortalité dans plufieurs étables. Ils confiftent prin- cipalement à pratiquer des fenêtres dans les endroits où il n’y en a pas, à agrandir celles qui font trop petites , à les tenir fouvent ou- vertes , à diminuer le nombre des vaches, qui doivent occuper la mèê- me étable, à ôter les planchers, fur-tout dans l'été, à placer les bères les plus vigoureufes auprès des portes, &c. Le Mémoire de M. l'Abbé Teflier eft terminé par un plan de conftruction d’étable , tel qu'il le croit néceflaire pour la fanté des beftiaux qu’on y renferme. Il faut en lire les détails dans le Mémoire. Nous croyons feuhement pouvoir dire qui le point important eft d’'éta- blir des courans d’air, & de donner à ces habitations une hauteur & une étendue convenables. 1730. FÉVRIER. P > 116 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, A EPA GR PROFS D'une Lettre écrite de Manheim le 4 Oétobre 1779, à M. Sigaud de la Fond, Profeffleur de Phyfique expérimentale a Paus ; Par M. l'Abbé Hemmer , Garde & Démonfrateur du Cabinet de Phyf- que de fon A.8. Monfeigneur l'Eleëteur Palatin. terrible , la foudre eft tombée dans certe Ville, fur une cheminée de la Comédie Allemande , qu’elle a détruite. Elle eft tombée du mème coup fur un des Conducteurs que j'ai fait élever, il y a deux ans, fur la maifon de M. le Comte de Riancour, Envoyé de Saxe à notre Cour : mais elle a été parfaitement bien conduite dans la terre, fans avoir aucunement endommagé le bâtiment. Plufieurs Officiers & d’au- tres perfonnes , dignes de foi, qui étoient visä-vis le Conducteur , fous les arcades de la Douane, ont affluré unanimement avoir vu tom- ber le feu célefte fur ce Conduéteur , & defcendre très-manifeftement le long de [a barre & fe perdre en terre , où il a fait un tourbillon de fable, qui couvroit le Conduéteur à fon entrée dans la terre. … Je me fuis rendu , ajoute M. PAbbé Hemmer, le 16 du même mois avec une bonne lunétte devant la maifon de M. le Comte, & ayant bien examiné toutes les pointes des Conduéteurs (chacun en a cinq) j'en ai découvert une qui étoit endommagée, & c’éroit juftement fur le Conducteur fur lequel on affuroit qu'on avoit vu tomber la fou- are, J'ai fait monter un Couvreur, pour déviffer cette pointe , qui étoit la perpendiculaire , ( les quatre autres étant horifontales.) nous l’avons trouvée fendue vers le haut & au-deffous fortement courbée & tor- tillée à la longueur de deux pouces & demi , quoiqu'à l'endroit où cette courbure finit, elle ait Lux lignes & demie de diamètre. Tai fai viffer une autre pointe fur le Conduéteur , & je garde celle qui eft endommagée dans le Cabinet de Phyfique de fon Alrefle Se- réniffime Electorale. Cette preuve n'eft pas la centième que nous ayions de l'avantage des Conducteurs élevés au-dellus des maifons, pour les préferver de la foudre; & cependant, on ne s'emprele point en France de profiter d'un moyen aufl précieux & auf utile à l'humanité. Si Les obferva- E E $ du mois de Septembre à fept heures + du foir, dans un orage SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS: 117 tions qui nous viennent de loin ne touchent point aufli fortemenc que celles SN ET D fe faire fous nos yeux , on verra dans les Cours de Phyfiques que M. Sigaud de la Fond fait actuellement, des expériences qui ne laïflent aucune incertitude à ce fujet , & on trou- vera dans un excellent ouvrage de M. Barbier de Tinan, que nous avons fait connoître dans notre Journal du mois de Juillec 1779, pag. 17, de quelle manière il faut difpofer les Conduéteurs. &c. &c. DES. SEEN IA, T'IOYN Sur la différence qu'on met entre les Corps originairement éleétriqués & les, Conduéteurs ; Par M. ACHARD , de Berlin. ire les corps, quels qu'ils foient, font ou condufteurs de l'élec- tricité, ou bien originairement éleéfriques. Cette divifion des corps a été faite par les plus célèbres Phyficiens ; & dernièrement M. Pr:fey, parmi plufieurs autres queftions, a propofé celle-ci dans fon Hifloire de l'Elettricité (1). Mais il auroit fallu , ce me femble, commencer par faire voir que le mème corps dans différentes circonftances ne peut pas être. tantôt conduëteur & tantôt origimairement électrique, Autre- ment , il en feroit de cette divifion comme de celle qu’on pourroit faire entre les corps Auides & les corps folides , fi l'expérience ne nous apprenoïit pas que la fluidité eft un accident, & non une pro- riété eflentielle des corps. L'on voit donc que pour réfoudre le pro- Blème qu'on propofe au fujer de cette divifion des corps , il faut d'abord tâcher de trouver la différence qu'il y a entre les corps oriai- natrement éleéfriques & les conduëtexrs , & rechercher fi certe différence eft effentielle ou accidentelle; & c’eft ce que je m'efforcerai de faire. Il de de remarquer que les corps en acquérant la propriété de pouvoir ètre rendus éleétriques par le frottement, per- dent celle de conduire l’éle&tricité produite par le frottement d’un corps originairement éleélrique ; & c'elt à cette marque qu'on peut reconnoi- tre fi un corps eft conduëkeur ou s’il eft originairement életrique. Cax Rennes DER eEnEeneE Eee En (3) A la page 123, de la Traduction Allemande que M, le Do&eur Kriniez à dennée de cet ouvrage, 18 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, avec le mème degré de chaleur, on a trouvé qu'un corps n’avoit ja- mais les deux propriétés enfemble , de manièré que la préfence de l’un femble exclure celle de l’autre. OBS E ER ENPNARTO PT SOMTN" Le verre ayant des degrés de chaleur tels que ceux qu'éprouve notre atmofphère, devient éleétrique lorfqu'on le frotte; mais plus l'air am- biant, & par conféquent le verre elt froid , plus l'électricité qu'on y fair naître en le frottanr, eft forte. LUE XP É RUE ENICIE. Ayant par le moyen d'un réchaud plein de charbon, chauffé la boule de verre dont je me fers pour les expériences éleétriques , je remar- quai que plus elle s’échauffoit moins elle étoit propre à produire l'électricité lorfque je la mettois en mouvement. LL ?E X°P FAR IE NICE: Un tube de verre aufli gros, mais beaucoup plus épais que ceux dont on fe fert ordinairement pour les thermomètres d’efprit-de vin , rougi au feu, me fervit à décharger la bouteille de Leyde. T'UT J'ENXS DE ROUEN GUE De la poix fondue & mife dans le cercle à décharge de la bouteille de Leyde, conduifit parfaitement le courant électrique. JV: EX P'É RIT EN CE. Ayant mis fur le fil d’archal , qui communique avec l’armure in- terne d’une de mes bouteilles de Leyde , une petite afliette fort évafée remplie d’efprit de térébenthine, qui avoit une température égale à celle de ma chambre, ( c’eft-à-dire, de huit degrés au-deflous du zéro dans la divifon de 80 parties ,entre le point de l’eau bouillante & celui de la glace pilée) je ne pus décharger la bouteille en approchant de la fuperficie du fluide, le fil d’archal qui communiquoit avec l’armure extérieure de la bouteille. Mais lorfque je fs chauffer l’efprit de téré- benthine jufqu'à lui faire acquérir un degré de chaleur Éfifant pour le faire bouillir, j'en tirai, en opérant comme dans lexpérience pré- cédente , d’aufli fortes étincelles que du fer même. Je fubftituai dans çoutes ces expériences à la poix, au verre, &c. l’efprit de térébenthine, SITRAL'HTST NATUREL I'EVET LES) ARTS) liio de l'ambre , de la térébenthine , du foufre , de la cire à cacheter & de la cire ordinaire; & les réfultats furent les mêmes. Si l'on fait attention à ces expériences, on verra d'abord ; 1°. Qu'un corps, ils fous certaines circonftances n'étoit point con- duëteur, left devenu fous d’autres. 2°. Que ces circonftances font les différens degrés de la chaleur que le corps éprouve. De la première remarque nous tirerons d’abord la conclufon, que la différence entre deux corps, dont l’un eft originairement électrique, & l’autre conduëteur , n’eft pas une différence eflentielle, mais fimple- ment accidentelle ; puifque nous pouvons produire dans le même corps , fans le faire changer de nature , ces deux propriétés fucceflive- ment & à volonté ; l’on voit aufli combien peu eft fondce & combien eft vague la divifion des corps en conduéleurs & originairement éleétri- ques , chaque degré de chaleur rapprochant de plus en plus ces deux clafles de corps, jufqu'à ce qu'entin certe différence s’évanouifle, & que tous les corps fe mettent au nombre des conduéteurs. Examinons maintenant de quelle manière la chaleur agit fur tous les corps en général , afin de pouvoir en conclure la différence qui fe trouve entre un corps lorfqu’il eft dans l’état de conduëleur , & le mème corps lorfqu’il eft originairement éleülrique. Plus les corps s'échauffent, plus ils fe ratéfent, fe dilatenc , & aug- mentent de volume en tout fens; cette vérité a été fufhifamment prouvée par les expériences que Mufchenbroeck à faites avec le pyromètre, & que depuis lui, plufieurs Phyficiens ont répétées. De quelque ma- nière que cette augmentation de volume foit produite , il eft abfolu- ment néceflaire que les pores du corps qui fe dilate , deviennent plus grands & augmentent de capacité ; car tous les Phyficiens conviennent que cette augmentation de volume provient de ce que les parties, qui conftituent le corps, font plus écartées les unes des autres. Si cela eft, il faut néceflairement qu'elles s'écartent en tout fens, tant dans la fuperficie que dans la fubftance même du corps; d’où il eft clair que les interftices qu'elles laiflent entr'elles , doivent devenir plus grands. Mais quel changement arrive-t-il aux particules ignées , lorfqu'un corps devient plus chaud? L'on fe repréfente ordinairement la chofe de cette manière: Jorf- qu'on met un corps au feu , le fuide ipgnée s’amañle & fe répand en tout fens dans fes pores , qu’on peut confidérer comme autant de bou- teilles vuides & ouvertes qu'on plongeroit dans un fluide : voyons jufqu'à quel point certe manière de fe repréfenter la chofe eft jufte. Otez le corps du feu, que doit-il arriver? Le fluide ignée qui , du confentement de prefque tous les Phyficiens, eft fort élaftique , & qui \ 120 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l eft condenfé dans les pores du corps s'en dégagera fubitement & avec le corps qui ne devoit l'augmentation de fa chaleur qu'à la plus grande quantité des particules ignées contenues dans fes pores, fe re- froidira prefque en un inftant, ce qui eft abfolument contraire à l’ex- érience, qui montre que certains corps ne perdent que difficilement e degré de chaleur qu'ils ont acquis. L'on peut fuppofer que les pores du corps arrêtent le fluide ignée, & empêchent par-là le refroidiflement fubir; mais j'avoue que je ne conçois pas de quelle manière cela peut fe faire. Premièrement, ona fuppofé que les particules ignces étoient entrées facilement dans fes pores ; on fuppofe maintenant qu'elles y font retenues & arrêtées : voilà deux hyporhèfes qui femblent fe contredire. L'on aura peut-être ici recours à l’attraétion , qui agiffant en direc- tion contraire à celle de la force élaftique , diminue l'action de cette dernière : mais de cette manière on voit aîfément , que le corps ne fe refroidiroit que jufqu'à un certain point, & conferveroit le degré de chaleur que produit le fluide ignée lorfque fa force élaftique elt égale à lattraétion, qu'il faut confidérer comme une force conftante, c'elt-à-dire, telle qu’elle n’eft fufceprible ni d’accroillement ni de di- minution , tant que les autres circonftances reftenc les mêmes. Si nous nommons la force élaftique du fluide ignce lorfqu’on fort le corps du feu+-P, & la force attractive qui lui eft oppofée— 7, nous aurons P— 7 pour la force avec laquelle le fluide ignce tend à fortir du corps ; & puifque P varie felon les différens degrés de condenfarion ou de dilat:- tion du fluide ignée , 1l eft évident qu'il y aura un certain degré de denfité de ce fluide, & par conféquent de chaleur, puifqu’elle dé- pend de la denfité du fluide, ou P=7 ou P—y — 0 : Et dans ce cas, les corps confervent toujours les mêmes degrés de chaleur, puifque la forme élaftique du fluide ignée, dont la condenfation rend Ja cha- leur fenfble, eft entièrement détruite par l'attraction qui agit en direc- tion contraire. Mais cette conféquence étant tout-à-fait oppofée à l'ex- périence, nous ne faurions admettre que le fluide ignce foit retenu dans les pores du corps par la force attraétive. i Enfin , il ne refte plus qu’à fuppofer que ce foient des parties frigo- rifiques , qui retiennent le fluide ignée. Mais l'exiftence des parties frigorifiques n’eft pas tout-à-fair prouvée; & fi elle l'étoit , il feroit très-difficile d’expliquer la manière dont fe fair cer enchaînement des particulés ignées. Ce feroit donc entafler hypothèfe fur hypothèfe , que de Rp le fluide ignée arrêté dans les pores du corps par les par- vies frigorifiques ; il faut de plus fuppofer variable la force avec laquelle ces parties arrèrent le fluide ignée ; car fi cette force étoit conftante ,, on pourroit répéter ici les raifonnemens, qui ont été faits pour prouver que À SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 121 que la force attractive n'arrête pas le fluide ignée. Je ne vois donc pas comment les pores des corps peuvent le retenir. Dans un beau jour d'hiver , on voit quelquefois qu'il dégèle à quel- ques pouces du bord de l'ombre que Fe une maïfon ou un autre objet, tandis qu'il gèle très-fort à quelques pouces du côté oppofé. Comment peut-on fuppofer dans ce cas, que le uide ignée eft plus condenfé dans l'endroit où il dégèle, que dans celui où il gèle ? quel feroit donc cet obflacle invincible au fluide le plus aétif, qui l'empè- cheroit de fe remettre en équilibre , comme il tendroit effectivement à s’y mettre, s'il croit condenfé? En effet, peut-on fuppofer avec vrai- femblance qu'un Auide aufli actif & aufñli déjié que le Auide ignée, eft arrêté dans les pores des corps qui pour la plupart font vifibles à l’aide de bons MEN je ne faurois le concevoir fans avoir recours à des forces occultes, au banniflement defquelles la phyfique doit toutes fes découvertes. Je ne puis donc admettre que ce foient les différens degrés de con- denfation du fluide ignée qui rendent un corps plus ou moins chaud, IL faut par conféquent en chercher la raïifon dans une autre modifica- tion de ce fluide. La première chofe , qui fe préfente eft le mouvement des particu- les ignées. En effer, plus un corps a de mouvement, & plus eft grande la force avec laquelle il agit fur d’autres corps; & comme nous pou- vons fuppofer les particules ignées égales en grandeur , leur mouve- ment augmentera en raifons des viteiles, de manière que les différens degrés de chaleur des corps proviendront du plus ou moins de vielle des particules ignées qu’ils contiennent. D'après certe explication , nous pourrons comprendre , pourquoi un coïps communique fa chaleur à un autre qui en a un moindre degré, & pourquoi 1l faut un tems fenfible pour produire cet effer. Car cette communicarion fe fait, parce que les particules ignées, qui font dans le corps le plus chaud , tendent à mettre aufli en mouvement par des chocs réicérés les particules ignées conrenues dans les corps, qui font en con- taét avec lui. Et comme de ce choc des particules ignées contre d’autres, qui ont moins de virelle, il doir néceflairement en réfulter une dimi- nution de virele des premières , il eft évident que le corps le plus chaud étant en contaét avec un moins chaud , doit perdre de  chaleur , jufqu'à ce que les particules ignées dans les deux corps aient acquis une virefle égale; car alors, il n'y aura-plus de perte, & les corps au- ront une température égale. Mais le mouvement ne fe communique jamais dans un inftant ; il fauc donc un tems fenfible pour qu’un corps fe réfroïdifle & communique fa chaleur à l’autre. Je ne prétends point contre les théorèmes de la confervarion des forces vives qu'il Tome XP, Parc. I. 1780, FÉVRIER, Q 122 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, s'en perde effectivement; je regarde feulement comme névatives les for= ces , dont là direction eft oppofée à celle des particules ignées con- tenues dans le corps le plus chaud, pendant que je prends celles-ci pour pofitives. Pour ce qui eft de la nature du mouvement des particules ignées, par lequel je fuppofe que la chaleur du corps devient fenfible, je fuis tenté de croire avec l’illuftre M. Euler , comme il paroït par fes Lettres à une Princeffe d'Allemagne , que ce mouvement eft ofcillaroire ou vibratoire. Mais la nature de ce mouvement mayant aucun rap- port direct avec ce que je me propofe de prouver dans cet expole , je ne rapporterai pas ici Les raifons qui m’engagent à le croire , les remet- tant à un autre tems, On peut donner deux explications de la manière dont le mouvement ofcillatoire des particules ignées contenues dans le corps le plus chaud fe communique à celles qui font contenues dans le corps le plus froid. Premièrement, fi les particules ignées du corps le plus chaud ont un mouvement vibratoire plus grand que celles qui font contenues dans le corps le plus froid, & qu’elles foient en contact avec les dernières , cette communication du mouvement ne fouffrira aucune difficulté. Secondement, fi les particules ignées contenues dans les deux corps ne fe touchent pas, nous pourrons concevoir la communication de ce mouvement par le phénomène connu de deux cordes de boyaux qui font à l’uniflon : on fait que fi l'on en touche une, l'autre frémira auf. Le fluide ignée eft dans le même état dans les deux corps avant que l'un des deux ait été échauffé ; ou avant qu’on communique un plus grand mouvement ofcillatoire à fes parties. C’eft pourquoi il eft évi- dent qu'on peut le comparer aux cordes de boyaux qui étoient à l’umif- fon, & dont une a été mife en vibration ; comme celle-ci communi- que fon mouvement à l’autre, de mème le fluide ignée contenu dans le corps le plus chaud communique fon mouvement à celui, qui eft contenu dans le corps le plus froid. D'ailleurs, foit qu’on fuppofe que ce mouvement eft un mouvement d'ofcillation ou de tranflation, tout s'explique de la mème manière. Voilà donc en général deux changemens principaux opérés dans le corps par l'augmentation de la chaleur : 1°. L'augmentation de capacité dans les pores. 2°. L'augmentation de vicefle dans les particules ignées. Il ne s’agit maintenant que de voir lequel de ces deux changemens peut le plus contribuer à faire changer la propriété des corps en queftion. V. EXPÉRIENCE. Un tube de verre de quelques pouces de long fervant de commu- . SUR L'HIST. NATURELLE ETIES ARTS. 123 nication à deux corps ifolés, À & B. Si l'on électrife le corps À, le corps B, ne donnera que des marques très-foibles d'électricité, & fi l'air & le œube de verre font bien fecs, il n’en donnera aucune ; en fubftituant au tube de verre, des bâtons de poix, de foufre, de cire d'Efpagne , &c. les réfulrars feront les mêmes, VOLHAElX RRÉURUDEN.C.E. Si entre les corps À & B de l'expérience précédente, on établit une communication par le moyen d’une pièce de bois, & qu'on clectrife le corps A. Le corps B donnera à la vérité des marques d'électricité plus fortes que dans l'expérience précédente , mais plus ae que celles du corps. VAL LUMENX BIÉSRHR EU NICE. Enfin, fi l'on met les deux corps À & B des expériences précédentes en communication par le moyen de quelque métal, le corps B don- nera des marques d'éledricicé aufli fortes que le corps À. Dans ces trois expériences , il eft inspoñlible que le corps B devienne électrique , à moins que le fluide électrique ne pale par cette com- munication établie entre les deux corps À & B. - Dans la première expérience, nous avons vu que le corps B ne de- venoit que très-peu électrique ; dans la feconde , ou la communica- tion fe faifoit par le bois , le corps B devenoit moins électrique que le corps A; mais plus qu'il ne l'éroit devenu dans l'expérience précé- dente; & enfin, dans la troifième expérience, où la communication fe failoit par le moyen du métal, le corps B avoit un degré d’élec- tricité aufli fort que le corps A. Donc le verre, le foufre, la poix, &c. oppofent une plus grande réfiftance au paflage de la matière électrique , que le bois ; & le bois en oppofe une plus grande que le métal, mais moindre que le verre, la poix, le foufre, &c. Le verre, la poix ,&c. poffédant la propriété d’être originairement éleétri- ques à un plus haut degré que le bois, & le bois furpaflant à cet égard le métal , qui ne left point du tout, il eft évident , que les corps originairement életriques oppofent beaucoup de réfiftance au fluide éleétrique , ou que ce fluide s'y meut avec beaucoup de difficulté; & que cette difficulté augmente ou diminue felon que Fe corps font plus ou moins ekériques par eux-mêmes. Cette propriété des corps électriques femble fuppofer des pores affez érroits. L'on m'objeétera peut-être , qu'un rayon de lumière ne fauroit 3780. FÉVRIER. Q 2 124 OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, pañler par les pores du bois, par lefquels, au moyen de la pompe pneumatique , on fait pafler de l’eau, du mercure & d’autres fluides; l'on en conclura que la grandeur des pores ne fait rien à la facilité ou difficulté du paflage ; autrement , les particules d’eau & de mercure devroient être bezucoup plus déliées que celles qui compofentun rayon fo- laire; ce quieft contraire à l'idée que lon fe fair des particules quiconfti- tuent la lumière: cette objection tombe d’abord, fi Pon fait attention ue pour que le paffage d’un rayon delumièrepar un corps devienne MEL E ,il faut qu'il y pale en ligne droite; condition qui ne dépend pas de la grandeur mais de l'arrangement des pores. Comme nous voyons que la matière éleétrique fe meut en tout fens , il eft clair que puifqu’elle trouve beaucoup de difficulté à fe mou- voir dans un corps électrique par foi, cela fuppofe une certaine peti- teffe de pores; & les pores de tous les corps font rendus plus petits par le froid ou par la diminution de la chaleur. Donc des corps qui avoient des pores trop grands pour pouvoir être originairement électriques , peuvent le devenir par le froid : de même les parties des corps éleütriques par eux-mêmes , étant éloignées par l’ac- tion du fluide ignée, laiffent entr'elles de plus grands interftices, & peuvent devenir corduéfeurs. Ces expériences font voir combien tout cela eft conforme aux phénomènes , puifque nous avons changé les propriétés du foufre , de la cire à cacherer, de la cire commune, &ec. &c., en leur faifant acquérir fucceflivement des dégrés différents de chaleur. Voyons maintenant quel peut être l’effer du mouvement des par- ticules ignées, pour produire ce changement dans les corps. Lorfqu'on rend un corps électrique par le frottement, on ne fair autre chofe que mettre en mouvement , d’abord le fluide électrique que le corps contient dans l’état naturel, & enfuite , lorfque celui-ci eft épuifé, le fluide afflue des corps voifins. Si l’on fuppofe le mouvement des particules ignées, rel que fa direc- tion foit la mème que celle du fluide électrique, il ne fauroit en réfulter un empèchement total du dernier. Tâchons de découvrir ce qui arriveroit, fi la direction du mouvement des particules ignées, éroit oppofée à celle du fluide électrique. V TTANDE OX BPÉGBMIENN CE Je me procurat deux cubes de fer, (on peut prendre un autre métal, auffi exactement égaux qu'il étoit poflble ; ils avoient chacun au milieu un trou rond allez grand pour y faire entrer les boules de deux ther- momètres. Ceux dont je me fuis fervi étoient de mercure , avec SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1215 cette forte d'échelle , qu'on appelle improprement de Réaumur , c'eft- à-dire, qui étoit divifée, depuis le terme de la glace pilée, jufqu'à l’eau bouillante, en 80 parties égales; je fs chauffer mes cubes uniformé- ment ; lorfqu'ils eurent acquis le plus grand dégré de chaleur , quiétoit de 40 dégrés, j'en éleétrifai un enle mettant fur une grande plaque de verre : l’autre , que je mis fur la même plaque à quelque diftance du premier, ne fur point éleétrifé. Ma chambre avoit une température de 6 dégrés au mème thermomètre; j'obfervai que les deux cubes perdirent toujours exactement en tems égaux, des dégrés égaux de chaleur, c’eft-à-dire, que pendant que le thermomètre , qui évoir dans le cube éleétrifé, baif- foit d’un dégré , celui qui étoit dans le cube non éle&rifé , baiffoit auf exactement d’un dégré. Jai répété plufieurs fois cette expérience, & changé les cubes, en forte que jai éleétrifé enfuite celui que je n’avois point éleérifé d’abord ; mais Le réfultat a toujours été le même. Cette expérience prouve que le mouvement du fluide ignée oppo- fé ou non au mouvement du fluide éleftrique , n'empêche point le mouvement de ce dernier; car fi le mouvement du fluide ignée, empêchoit celui du fluide éleétrique, il feroit aufii diminué par le mouvement de ce dernier fluide; donc le corps électrifé auroit dû fe réfroidir plutôt que le corps non éleétrifé , puifque le mouvement du fluide ignée dans le premier , éroit diminué par celui du fluide électrique. Concluons d’après cela que, quel que foir ce mouvement du fluide ignée , il n agit point fur-celui du fluide électrique ; par conféquenc ce n’eft pas le mouvement des particules ignées, qui fait perdre à un corps la pro- ricté d’être originairement- électrique , lorfqu'il acquiert un certain dégré de chaleur; & qu'il eft évident, qu’il faut chercher la caufe de ce chan- gement dans la plus grande capacité des pores. il en réfalre que la différence, qui exifte entre les corps conduëteurs & les corps originairement électriques, n'eft point effentielle , mais fim- plement accidentelle, & que cette différence confifle dans la grandeur, plus ou moins confidérable,des interflices que laiffententr'elles Les parties conflituantes d'un corps. L'on pourroit peut-être m’objeéter que par conféquent les corps les plus péfants, tel entr'autre que l'or, devroit être originairement éleëtrique : à quoi je répondrai. 1°. Qu'il peut y avoir un certain dégré de petitefe , au-delà duquel il n’eft pas permis d’aller fans faire de nouveau perdre aux corps originai- rement éle&riques , leur propriété. Car fans cette reftriétion, on pourroit en allant à l'infini, croire que les corps , quiauroient des pores infiniment petits, ou qui en manqueroient infiniment, feroient les plus parfaitement électriques , ce qui ne me paroît pas probable: en un mort, il y a ici comme dans tout ce que la Phyfque nous offre, un maximum & un minimum, qu'on ne peut pas paller fant tomber dans des abfurdités, 5:6 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 2°, Je dirai que les corps les plus pefants, peuvent avoir moins'de pores que les plus légers; il faut que les pores du corps qu'on m'ob- jeéte, foient ou plus grands ou plus petits, ou égaux à ceux d’un corps é/éfrique par ei. J'ai montré, premièrement que s'ils font plus euits, il ne s’en fuit rien qui foit contraire à ce que j'ai avancé; s'ils FR plus grands, il eft évident que l'objettion tombe d'elle-même ; & pour la troifième fuppoñirion, que les pores font d'une grandeur coale dans le corps qu'on m'obiecte , & dans un corps oripinatireinent életrique , j'atrends qu'on me prouve la réalité de cette fuppofition. Enfin, l'on m'objeétera peut-être que ce n’eft point Le corps éleétrique échauffé qui conduit le Auide éleétrique , mais l'air chaud qui l'entoure, ou les particules ignées qu'il contient. Pour ce qui eft de la première objection, il convient de remarquer que l'air mème étant origirairement éleitrique, S'il conduit quand il eft échauffé , c’eft un corps originairement éleëtrique qui devient conducteur par l'augmentation dela chaleur. Or, comme l'éloignement des particules conftituantes , caufé par l'introduction des particules ignces, eft plus fenfible dans l'air que dans tout autre corps, il s’en fuit que certe objection, bien loin de porter la moindre atteinte à ce que je viens d'avancer, ferc plutôt à en prouver la vérité. Pour ce qui eft de la feconde, comme je crois avoir, finon prouvé, du moins rendu très-vraifemblable, que ce que nous nommons l’aug- mentation de chaleur, n’eft pas une accumulation de particules ignées, mais fimplement un mouvement plus: rapide de celles que le corps contenoit auparavant, l’objeétion tombe d’abord. Car en Phyfique on doit être content de la vraifemblance ; les démonftrations n'étant encore que le partage des Mathématiques. De plus , tous les corps originairement éleétriques que nous connoiffons jufqu’à-préfent, ont des pores invifibles, à l’exception du bois fec, que quelques Phyficiens rangent dans la clafle des corps, qui par une température égale à celle de notre atmofphère , font originairement éleëriques, Cette obfervation eft plutôt favorable que contraire à ce que je viens d'avancer, d'autant plus que cette propriété du bois fec nef que très-imparfaire, & que même elle eft rejetrée par certains Phyficiens. Pour-moi , toutes les expériences que j'ai faites pour n’en convaincre, ne m'ont rien moins que fatisfair, On a peut-être été trompé par l'huile & par le vernis, dont l’on a enduit le bois pour le rendre moins perméable, & l’on a cherché dans le bois une caufe qu'il falloit chercher dans l'huile ou dans les vernis, Si la chaleur des rayons folaires diminue en raifon quelconque des diftances du Soleil, il doit faire beaucoup plus froid dans Saturne que fur notre globe; & fi ce que je viens de dire elt jufte , nos SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 127 métaux, qui font ici par une température qui ne furpaile pas dans ces différents dégrés , celle de notre athmofphère, nos plus parfaits conduéteurs , font peut-être aflez condenfés dans Saturne, & ont les pores aflez petits pour produire l'effet ne nos globes de verre. Nous pourrons rendre raïfon maintenant, pourquoi en été les expériences électriques réufiffent moins bien qu'en hiver; & pour- quoi nous ne faurions produire un déoré aufhi fort d'électricité dans un endroit fort chaud, que dans un plus froid, car les pores de l'air & du verre, étant agrandis par la chaleur, l'air devient plus conduëteur, & le verre moins originairement éléétrique ; & plus le verre approche de l'état de conduéeur, plus l'électricité qu’on y fait naître par le frottement eft foible: de plus, l'air étant plus conduëleur , il diflipe une partie du fluide électrique; & la concurrence de ces deux chofes produit l'effet obfervé. Nous pourrons auffi expliquer d’où vient qu’en hiver les orages font moins fréquents, & plus forts qu’en été; quoique les corduëteurs élsétriques , montrent que l'électricité eft égale dans ces deux faifons: en été, l'air étant plus conduéleur | permet plutôt aux nuages de fe décharger, & à l'éclair ou à l'érincelle éleétrique de le traverfer; au lieu qu'en hiver l'air étanc plus froid , la matière électrique ne peut fe décharger aufli facilement, par un corps qui oppofe plus de réfiftance à fon paffage. Par conféquent ,les orages doivent être plus fréquents en été qu'en hiver, mais en été une moindre quantité de matière électrique, fe fait pallage par l'air; elle ne peut donc pas beaucoup saccumuler ; au lieu qu’en hiver l'air réfiftant beaucoup plus, il faut que le fluide électrique foit plus abondant & fafle de plus grands efforts pour fe remettre en équilibre; car enfin la fomme de fes efforts doit furmonter la réfiftance de l'air, & voilà pourquoi les orages, quoique moins fréquents en hiver, font pourtant plus forts. L'on voit donc avec ‘quelles reftritions, il faut fe fervir des dénominations de corps originairement éleëlriques & de conduëteurs ; car puifque fous différentes circonftances , l’un peut acquérir la propriété de l'autre , on devroit ls parler exaétement , au lieu de corps oigi- nairement éleétriques & de conduëteurs, dire corps aëluellement éleëtrique par Joi, & corps a&luellement conduéeur, & remarquer en même-tems les dégrés actuels du thermomètre. at 1:28 OBSERVATIONS SUR 14 PHYSIQUE, PLAN D'un Traité fur l’Aurore Boréale, pour fervir de fuite à celui de M. DE MAIRAN. Par J.H. van Swinpen , Profeffeur de Philofophie, à Franeker, en Fri; Membre de l’Academie Eleülorale de Bavière ; des Sociétés de Haarlerm & d'Utreche , & Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris. Si eft un Ouvrage qui mérite à jufte titre, les plus grands éloges, & qu'on peut regarder comme un chef-d'œuvre de travail , de faga- cité & de génie, c’eft aflurément le Trasé de l'aurore boréale par M. pe MarRaAN. On y trouve un détail exaét des phénoinènes ; une expofition fimple & fatisfaifante des faits; une difcuffion fage des ditférens rapports que des phénomènes, au premier abord irréguliers , ont entreux, ainfi que des conféquences déduites de ces rapports : une théorie folide de ce qui étoit fufcepribl- d’être traité mathé- matiquement : enfin , un fyftème qui porte l'empreinte d’un profond génie, & qui, für-il erroné , auroit du moins produit un avantage con- fidérable, celui de fervir à trouver des rapports , qu'une méthode moins exacte & une route différente n’auroient jamais pù nous faire connoître. : Mais, quel que puifle être le mérite réel de cer Ouvrage, il ne feroit cependant pas étonnant que depuis quarante-cinq ans que M. pe MairAw, en a publié la premiere édition, & depuis vingt-cinq qu'il a Re la RUE , on eût fait beaucoup de découvertes , qui pourroient fervir à limiter ou à conhirmer ces rapports, trouvés par M: pe MaïrAN, ou à en faire connoître de nouveaux: & que les obfer- vations affidues de nombre de Phyficiens euflent fervi à étendre la fphère de nos connoïffances , fur un objet intéreffant par lui-même, & qui mérireroit d’être entièrement connu. C’eft en effet le ças où je crois que nous nous trouvons: & les obfervations exactes de plus de 200 aurores boréales que j'ai vuesen huit ans de tems : les defcriptions détaillées que j'en ai compofées; les comparaifons que j'en ai pe À foit avec les mouvements de l'aiguille aimantée , foit avec les diffé. rentes difpofitions de l’atmofphère , foitavec les aurores boréales obfer- yées en d'autres endroits, pendant le même tems , & que j'ai recueillies de SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 119 de différens écrits, m'ont engagé à raffembler en un feul traité tout ce que j'ai pu me procurer de nouvelles connoiflances fur l’Aurore boréale. 11 m'a femblé que la façon la plus avantageufe de faire ufage de mes matériaux feroit de les difpofer , de façon qu'ils pulfent fervir de fuite à l'Ouvrage de M. ps MaiRAN , qui contient toute la théo- rie, tous les principes, tous les rapports, & un $rand nombre de dé- tails qui doivent être la bafe de nos recherches , & qu’il nous feroit impollible d'expofer avec plus d'ordre & d’exactitude. Voici le plan que je me propofe de fuivre. L'Ouvrage de M. pe Maman, contient deux parties effentielles : la parie Phyfique & Hijtorique & la puriie S; flé natique. Nous nous étendrons principalement fur la première : ce ne fera que par occa- fion , ou par fupplément , que nous traiterons de la feconde : d’ail- leurs, M. De Mairan a propofé , à-peu-près, tout ce qu'on pourroit dire pour l'intelligence & la confirmation de fon fyftème, Le partie Phyfique contient deux objets également importans , /z Lumière Zoïiacale, & V' Aurore Boréale. M. Mairan a traité de la première , en Marhématicien , en Aftro- nome & en Phyfcien; foit dans le corps de l'Ouvrage (Seé. prem. Se TS char Se. IP \chNS 6,17. Sd. V, Quefl. 2,4,.12, 13,272) foit dans: fes éclairciflemens ( £c 3,4, 5$,6.). Nous tâcherons de nous arrêter principalement aux obfervations , & de compléter la lifte de celles qu'on a faites fur la /umière zodiacale. J'oferai même ,fi mon Onvrage ne paroït pas indigne de l'attention des Phyfciens , follicirer ceux qui peuvent avoir fair des obfervations fur ce fujer, de vouloir bien me les communiquer. Si nous jugeons d’un côté , qu'il feroit difcile de répondre folidement aux objeétions qu'un des plus illuftres Géomètres (1) de l'Académie & de l'Europe à faites contre la lumière zodiacale | en tant qu'atmofphère fcliire, nous ne faurions difconvenir , de l’autre , que la conftance de cette lumière a fuivre le - cours du foleïl , & à environner pour ainfi dire, cer aftre, nous fait croire qu'elle en eft une dépendance quelconque , & ce feul fait fuf- firoit à la rigueur , à ceux qui fuivent le fyftème de M. :Ee MaiRAN fur l’Aurore boréale. Notre travail fur l’Aurore boréale fera plus confidérable & plus étendu. Pour qu'on puifle s’en former une idée plus complète, il fera nécef- faire de dire un mot des parties eflentielles qui conftituent le traité de M. pe Maman. Nous croyons pouvoir les rapporter à ces fix claffes générales. {1) M. d'Alembert dans fes Opufcules, Tom. VI, P333: Tome XV, Part. I, 1780. FEVRIER. R 139 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, I. L’expofition des Phénomènes. IT. La lifte chronologique des Aurores borcales qui ont paru. TN. Les conféquences immédiates des faits, & les rapports que dif- férens phénomènes peuvent avoir entreux. IV. L'influence que l’Aurore boréale exerce fur certains phénomènes , ou qu'elle peut recevoir elle-même de certains agens. V. L'examen des caufes qu’on a aflionées à ce phénomène. VI. Enfin les doutes & les conjectures auxquelles la difcuffion de ce qui appartient à l’Aurore boréale peut donner lieu. Reprenons ces différens chefs. I. L'expofition des Phénomènes. Je crois pouvoir aflurer fans témérité qu'on ne trouve rien d’aufi complet, d’aufli lumineux en ce genre, chez les Auteurs qui me font connus. Ce font principalement les Chap. 3,4,ç,6,7,:8,9,10, de la première Seétion , & les Queftions 78,9, dela Ve, que nous rapportons à cette clafle. Nous ne fau- rions donner ici de précis exact des différentes additions que de nou- velles obfervations nous mettront en‘état de faire à chacun de ces arti- cles. Pour ne rien omettre, je ne m'en fuis pas tenu à mes propres obfervations , mais j'ai confulté les -defcriptions de toutes celles que j'ai pu tirer de différens Ouvrages Latins, Allemands, Anglois, Hol- landois , François. Je me bornerai feulement à dire à préfent , que les plus importantes de ces obfervarions rouleront fur les phénomènes de l’Aurore boréale, fur le filence qui règne, felon M. pe M arr AN, dans toutes les parties de l Aurore boréale, ou fur le bruit dont quelques Obfervateurs rapportent s'être apperçus. Enfin fur les Aurores boréales , ou plutôt auftrales aux environs du pole antarctique , defquelles nous démontre- rons l’exiftence par de nouvelles obfervations. Il. La lifle chronologique des Aurores boréales qui ont paru. Nous rapportons à cet objet les Chap. 3 & 4 de la Seéion IF, & le vingr-unième éclair- ciffement. C’eft fur-rout dans cet éclairciffement qu'on trouve la Table la plus complète qui ait été conftruire : elle s'étend jufqu'à l’année 1751 inclufivement, & comprend 1441 Aurores boréales. Nous nous pro- pofons quatre chofes fur ce fujer. 1%. D'étendre cette Table depuis 1751 jufqu'en 1778 ou plus tard mème. Je ferai pour cer effet ufage non-feulement des obfervations imprimées dans différens Ouvrages , mais d'un grand nombre d'obfer- vations manufcrites ; des miennes ; de celles de mon Frère, à La Haye; de M. EnGEzMAN, à Amlterdam , &c. 2°. De compléter la Table , en y inférant plufeurs Aurores boréales SUR L'’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 131 qui ont paru avant 1752, mais dont M.ne Maman n'a pas fait mention: nous les cirerons de plufeuts Ouvrages imprimés, mais particulière- ment de deux belles Collections manufcrites qui m'ont été données : la première de 170 Aurores boréales obfervées à Breda, par M.EcxnarD depuis 1719 jufqu'en 1740,& que je dois à la politeffe du fils de l'Obfer- vateur.(1) La feconde de 64 Aurores boréales obfervées en Nordhollinde depuis 1741 jufqu'en 1749, & que je dois à l'amitié dont M. Encer- Man , Docteur en Médecine, & Phyficien d’un mérite diftingué, dai- gne m'honorer. J'y ajouterai les obfervations faites en 1741 dans le cours d’un voyage maritime, & qui m'ont été communiquées en ma- nufcrit. Le troifième objet qui nous occupera fera de rectifier les erreurs qu'il nous paroït que M. De Mairan a commifes. Nous ne préren- dons pas rabaiffer par-là, le mérite de ce favant illuftre : il eft bien plus aifé Li rectifier quelques inadverrences, que de débrouiller un cahos de plus de deux mille obfervations. Ces erreurs proviennent toutes d’une feule fource: de la réduction de l’ancien ftyle au nouveau. La Table donnée par M. Frosès fert de bafe à celle de M. DE MaAIRAN. Or, M. ne Marnax a cru (p.468.) que M. Frosès s'elt fervi de l'ancien ftyle, tant avant qu'après la réformation du Calendrier : & en conféquence il a avancé routes les dates, qui fe trouvent dans la Table du Phyficien Allemand , de onze jaurs pour ce fiècle, & à pro- portion pour les fiècles précédens. Mais ont peur prouver, tant par toute la conrexture de la Table de M. Frorès, que par fes propres paroles (p.35, de fon Ouvrage) qu'il a employé le nouveau ftyle, au moins la plupart du tems, & pour les obfervations d'Allemagne, pays, dans les Etats Proreftans duquel on fait que le nouveau ftyle eft en ufage depuis le commencement de ce fiècle. Cette inadvertence dé M. De Mairan l'a conduit à deux erreurs eflentielles : la première que les dates des Aurores boréales mentionnées par M. Frosès , & tirées de fon ouvrage par M.pe Maian , fe trouvent, pour ce fiècle, trop avancées de onze jours. La feconde , qu'on trouve fouvent un double emploi de la mème Aurore boréale, fi elle fe trouve citée & par M.Froëès & par quelqu’autre Auteur. Par exemple, Aurore boréale du 16 d'Oétobre 1719 , fe trouve au 16 de ce mois, fuivant l’obfervation de M. Kircn ; & 8& l'on en trouve une autre au 27 du mème mois, qui eft celle que M. Frosès a rapportée au 16, & que M. DE MairANa placée au 27 par le changement de ftyle. Voilà donc une feule Aurore borcale réellement 0 #. (x) N, B. Sur ces 170 Aurores boréales, il y en a 64 qui ne fe trouvent pas dans Ja lifte d n : 7 y q P e M. pe MAIRAN. 1780. FÉVRIER. R 2 132 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, employée deux fois. Nous nous trouvons donc obligés de refondre entièrement la Table chronologique , & d'y meurtre toure l’exactirude dont nous ferons capables. ‘En quatrième lieu, enfin , je donnerai à la Table chronologique une forme que je crois plus exacte , plus commode, & plus inftruc- tive que celle qu'on trouve chez M. ne Marrax. Cet illuftre Phyfi- cien a conftruit fa Table , uniquement pour examiner un feul point, mais un point important, les rapports de fréquence qui fe trouvent en- tre les Aurores boréales obfervées en différentes faifons. En conféquence, ila fair un dépouillement des dates qu'on trouve chez MM. Frosès, Cesivs, Kincu , Zanozri, DE L’Isce-SnorT , & dans les Zranfaëlions Philofophiques ; il a enfin réuni toutes ces Tables en une feule, qui ne contient que les dates, fans citations , fans indications des Auteurs, ni des lieux où les obfervanions ont été faires. Nous creyons devoir rétablir ces omiflions : de cette façon, le lecteur trouvera tout d’un coup les autorités néceflaires , jugera en un moment des pays où l'Aurore boréale a été vue, & connoitra les différens Auteurs qu'il peut confulrer. Nous donnerons à la fuite de ce Fro/peëlus, une feule année de certe Table, & la mème, tirée de M. ne MuiRAN. J’aurois même defiré pouvoir faire davantage : c’eft d'ajouter à chaque obfervation un extrait de l’obfervation même : de certe ficon le lecteur auroic continuellement fous les yeux une comparaifon de phénomènes , qui feroit vrès-utile, comme on le verra dans un moment. Mais cette Table auroit alors formé un volume. Voïlà les améliorations que nous avons faires au fecond article des Recherches de M. De Maman. III, Les conféquences immédiates déduires des faits , 6 les rapports que. les différens phénomènes ont entreux. On peut les réduire aux quatre chefs fuivans , dont l’enfemble for- me un abrégé du fyftème de M. DE MaiRAN , er tant qu'il confifle en fuits. 1°. Que l'Aurore boréale qui exifte dans l'armofphère , eft placée à une très-grande hauteur. Se. 11, Chap.3,& Eclairciffement trergième. 29. Que les apparitions de l’Aurore boréale font fujettes à des repri- fes, & ne font nulle part perpétuelles, pas mème dans les pays Les plus: boréaux. Se. IL, Chap. 6. Set. IV, Chap. x & 2. 3°. Qu'il y a une correfpondance entre les apparitions de l’Aurore boréale & celles de la Lumière zodiacale. Seélion IV, Chap.8 , & Ecl, 19. 4°. Qu'il y a des rapports dérerminés entre les fréquences des appa- ritions de l’Aurore boréale, & les différentes fituations du globe ter- reftre par rapport au foleil, 8& à la Lumière zodiacale. Suit, IF. Chap... Eclairc, 21. SUR L'HIST. NATURELLE-ET LES ARTS. 13; Nous difcuterons foigneufement tous ces faits, d’après un grand nombre d’obfervations faites depuis que le Traité de M.v: Marman a paru. Nous nous érendrons beaucoup fur le premier article, où nous ferons grand ufage de la comparaïfon des phénomènes , vus en même- tems , en différens endroits : point de vue fous lequel on n’a guère confidéré jufqu'ici les obfervations d’Aurores boréales. Nous efpérons être à même de déterminer par ce moyen avec certitude, fi les Auro- res boréales, vues en même-tems en différens endroits , font en effet un feul & mème objet, placé par conféquent à une très grande hau- teur , ou des phénomènes différens , purement locaux, plus élevés, comme le penfent quelques Auteurs très-récens, & qui ont écrit de- puis M. ne Mairan. Nous tirerons de grands fecours de trois favan- tes differtations , publiées par M. BERGMANN , dans Les Mém, de l Acad. de Suède. Dans l’examen du fecond chef, nous rapporterons beaucoup d’ob- fervations tirées d’anciens Auteurs, que M. De MaiRaN n'a pas été à même de confulcer , & qui nous mettront en état d'apprécier plus particulièrement fon fyftème. Nous ferons enfin dans la difeuflion du troilième & quatrième articles , un très-yrand ufage de la Table chro- nologique corrigée, dont nous avons parlé ci-deflus. IV. Des influences que l'Aurore boréale exerce fur certains phénome- nes ; ou qu’elle peut recevoir elle-même de différens agens. Nous rapportons. à cetre claffe les trois articles fuivans. 1°. L'influence de l’Aurore boréale fur le magnértifme, Se. JT, Chap. 8 , p.77, & Eclairc. 18. Nous traiterons cette matière dansun très-orand détail, & les obfervations multipliées que nous avons fai- tes fur ce fujet depuis huit ans, nous fourniffent ample matière à dif- cuflion. 2°. L'influence de l’Aurore boréale fur l'atmofphère. Se&, ZII, Chap. 10. Se, V, Quefion 10. J'examinerai cet article avec beaucoup de- foin: & fur-tout, s'il eft vrai, comme quelques Phyficiens l’affurent, que l'Aurore boréale eft ordinairement fuivie de gros vents: obferva- tion qui a été faite, il y a quelques années, par le Capitaine Win, & dont M. FraxkziN a tâché de donner une explication. Nos connoif- fances fur ce fujer font encore fort imparfaites , parce qu'on n'a pas rapproché les obfervations faires en différens pays , comme nous nous propofons de le faire. 3°. L'influence de l’Aurore boréale fur l'éleétricité de l’atmofphère. Nous examinerons fi l'air fe trouve plus chargé d’éleétricité pendant l'apparition de l’Aurore boréale, ou à fes approches , qu’en d’autres tems, L 154 OSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, V. L'examen des .caufès qu’on a affisnées à l’Aurore boréale. On peut les réduire à cinq principales. 1°, Les vapeurs & les exhalaifons terreftres. Seë?. II, Chap. 4. Syftème à-peu-près abandonné aujourd’hui. 2°, Les glaces & les neiges de la zône polaire. Seë. IT, Chap. $ ,6. Syftème renouvellé depuis peu par le célèbre Abbé Her, dans fes Ephémérides de 1777, & fur lequel nous croyons par conféquent de- voir nous arrêter. e, Le fyftème de l’effluence des particules magnétiques, écabli par Harvey. Seël. 11, Chap. V. 4°. Le Syftème de la lumière zodiacale établi par M. DE MaRAN , & fur lequel nous ferons quelques réflexions, 5°. Enñn le fyftème de l'éleétricité, fur lequel M, DE Main 4x s’eft peu étendn, ( Eclaire. 17) mais qui, depuis ce tems, paroît avoir fur-tout attiré l’attention des Phyfciens. Nous en parlerons par cette raifon en détail, en difcurant ce qui eft parvenu à notre connoiïffance fur cette matière. VI. Doutes, conjeëlures auxquelles La difcuffion de ce qui appartient à L'Aurore boréale peut donner lieu. Je comprends fous cette claile les queftions de la cinquième fec- tion, & les Eclaircilemens 8, 9,12, 1$ , 20, ainfi que les Chap. 1 & 2 de la deuxième feétion. Nous nous propofons d’ajouter des remar- ques fur quelques-uns de ces articles , f l'étendue de l'ouvrage le peut permettre. Tel eft le plan que je me propofe de fuivre. S'il peut mériter le fuffrage des Phyficiens, nous follicitons le fecours de ceux d'entr'eux qui peuvent avoir travaillé fur la même matière, & fair des obferva- tions & des expériences qui pourroient entrer dans notre plan. Nous nous ferons un devoir de témoigner publiquement notre reconnoiflance à ceux qui voudront bien nous aider de leurs lumières, Table de M DE MAIRAN, Année 1719. 11,23 Février. 56, 23 30 Mars, 79,10 ,18 Avril. 22,24, 2$ Septembre. 16,22, 27, 30 Octobre. 6,13,14,17,20,21,22,24 Novembre. 1, 5»7»> 22,23, 30 Décembre, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ATRS. 135 Echantillon de la nouvelle Table. 1719. N. B. Une * marque que l’Aurore boréalé dont il eft queftion ne fe trouve pas chez M. ne Mairan. Une Ÿ indique qu'elle eft tirée d’obfervations manufcrites. La lettre D , donne à connoître que le phénomène pourroit bien être douteux ; & E, qu'il eft entièrement erroné, 11 Février. Obfervée par M. Kircu, à Berlin, & communiquée à M. DE Mara. 11 Février. Obfervée par M. HERMANN, à Maffel, en Silefre ; mentionnée dans les Mélanges de Breflau , année 1719,p.177 (1). D.22 Février. Vue à Wicence & à Bologne, en Lralie: citée au Me- moire de l'Académie , 173$ , p. 2. N. B. M. Frorès rapporte ici un phénomène vu en Suifle & en Allemagne; mais ce météore ne me paroît pas appartenir à l’Aurore boréale, à en ju- ger, foit PS ce que dit M. Froëès, foit d’a- près les nombreufes & bonnes relations qui s'en trouvent dans les Mélanges de Breflau, à l'endroit même cité par M.iFrogës ( p.165.) D'ailleurs , le météore vu à Wicence, me paroît également douteux. Voyez ci-deflous 30 Mars. 13 Février. Obfervée par M. Hermann, à Moffel en Siléfie , men- tionnée , Mel. de Breflau , 1719, p.177. N. B. L’Aurore boréale placée par M. De MaiRAn au 23, ft celle du 11 citée par M.Frorès. EE. $ & 6 Mars, Rapportées par M. pe MaïrAN d’après M. Frorès: ce font celles du 22 & 23 Février. E. 19 Mars, M. Frosëis cire le phénomène vu & décrit par Wnis: TON : mais 1°. ce 19 eft l’ancien fltyle & revient au 30: 2°, le phénomène a été un fimple méréore ignée comme il paroît par la defcription de Wuis- TON, & par celle de Harrey. PA. Tranf. n°, 360, vol. 30, p. 978. 13 Mars. Obfervée dans la province de Norfolk en Angleterre : décrite Phil. Tran. n°. 376, vol. 31,p.701. (1) C’eft un excellent Recueil Allemand , intitulé Breflauii [che Sammlunger : (Mélanges de Breflau.) M. FROBës le cite fous le vitre de Aëe Ürarislaverfa, 136 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, D. 25 Mars, Vue à Montauban , en Languedoc. N. B. Ce phénos inène me paroït un peu douteux. Voy:z ci deffous 30 Mars. D.29 Mars. Cirée par M. Frosès d'après les Mélanges d: Br'fl1u. Mais ce n’a sûrement été qu’un fimple phénomène lumineux; la lecture de l'endroit cité fufhit pour en convaincre. D. 30 Mars. 1°. Citée par M. trosès. Mais ce n’a sûrement été qu’un phénomène ignée. Ce jour eft le même que le 19, vieux ftyle. / oyez Seprembre. 2°. Il eft dit dans l’Æiffovre de lAcademie, 1719, p. 3; que la lumière feprentrionale parut ce jour-là : elle y eft décrite comme effaçant la lumière de la lune, & n'ayant duré que quelques fecondes. Je doute que ce phénomène foit une Aurore boréale: 1°. Parce qu'il a été vu au même moment que le globe ignée à Londres: 2°. Parce qu'il a laiffé une trace du chemin qu'ila fuivi: 3°.l'arce que M. Halley cite l'obfervation de Paris, par rapport au météore ignée : 4°. Parce que certe lumière a difparu fi promptement, &c. En fuppofant que cette Aurore boréale n'ait été qu'un méréore ignée , j'ai quelques doutes aufli fur la réalité de celles du 21 Février & 2$ Mars , parce qu'il eft dir qu’elles éroient pareilles D'ailleurs, je n'ai trouvé nulle part des Aurores boréales obfervées les mêmes jours dans des pays plus boréaux. 7 Avril. Obfervée : 1°. Dans la province de Morfo/k en Angle- terre: décrire Phi/, Tran. n°. ;76, vol. 32, p.302, lige 2°. À Paris, par M. MaRazni. Hifi. de l'Académie, 1719» pe 2e E.E. 9,10 Avril. Rapportées par M. 2e Mair ax d’après M. Frogesius : mais ce font celles du 29 & 30 Mars. E. 18 Avril. Rapportée par M. pe Ms1RAN d'après FRoBÈs : mais c'eft celle du 7 Avril. D. 14 Septembre. Vue en Lithuanie: décrite Mél. de Breflau, 1719, Part. 11, p. 333, & citée par Frosesrus: Mais je doute que ce foir une Aurore boréale ; car outre qu'il eft fimplement dit que c'étoit un fpectacle ignée femblable à une maifon qui brüle , ce qui ne caraétérife pas abfolument l'Aurore boréale, l’on ajoute , que le phénomène s'évanouir avec un bruit femblable SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. :37 22 Septembre. . 24 Septembre. E. 25 Septembre. 16 Oétobre. 19 Oëobre. 22 Oétobre. & 23 Oütobre, E. 27 Oëobre. E. 30 O&tobre. # 3 Novembre, € Novembre. femblable à celui de plufeurs canons, de façon que la terre en trembla. Citée par M. ne MarraAn d’après M. Snorr. Citée par M. ne Matra d’après M. Snorr. Citée par M. De MatRAN d'après M. Froëès, mais à tort: c’eft du 14 Seprembre. Vue, 1°. à Berlin, par M. Kincu, & communiquée à M. ne Mara. 2°. à Reichflatt en Bohëme ; décrite Mélang. de Breflau , 1719; Pe 477. Vue 1°. à Reichffart en Bohëme , par M. Rosr, à une heure du matin : Mélanges de Breflau, 1719, Part. IT, pag. 477. 2°. En Siéfie, par le peuple, fous le titre de Globe de feu : mais 1l eft évident que c’eft la même Au- rore boréale obfervée par M. Rosr, & de plus à la mème heure, ibid. Rapportée par M. ne Mairan d’après SHorr. Obfervée à Halle, par M. Tueses. Mélang. de Bref. 1719, Part. [1 , p.81. Rapportée par M. ne MaïraAn d'après M. Frorès: mais c’eft celle du 16 Octobre. Rapportée par M. DE MarraAn d’après Froëès; mais c'éft celle du 19 Oétobre. N. B. M. Frois ‘dit que vers la fin d'O&tobre ; on vit un phénomène nommé en Allemand wilde fonn, Émblable à une zône qui s'étend per- pendiculairement fur l'horifon , vers le lever du foleil, & colorée comme liris, mais un peu plus large. M.ne MArmAn met ce phénomène au mois de No- vembre, mais il eft clair que ce phénomène n’appar- tient pas à l’Aurore boréale. Vue, 1°. à Reichffar en Bohéme, par M. Rosr : dé- crite Mel. de Bref. $. 719. Part. II, p. $80. + 2°. à Breda , par M. Ecxnar», Obfervations ma- nufcrites. | Obfervée, 1°. à Maffel en Siléfie: Mél. de Bref. Ÿ 2°. à Breda , par M. Ecxnar» , qui marque qu'elle fat forte. Obferv. manufcrites, 3°. Dans la province de Norfolk en Angleterre. Pi. Tranf. vol. 32,p. 302, n°. 376. Tome XV, Part. 1. 1780. PÉPRIER QU °S 133 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, D. 11 Novembre. 13 Novembre, E. 14 Novembre. E. 17 Novembre, 2 Novembre. 2x Novembre, 4°. à Crufvys-Morchard dans la province de Devon ; par M. Maunper. Phil. Tranf. n°. 363, p. 1101. Vue près de Magdebourg , civée par M. Froëès , d'après les Mél. de Bref. p. 580. Mais je ne trouve cette date ni à l'endroit cité, ni aïlleurs. Obfervée, 1°. à Berlin, par M. Kircu , communi- uée à M. ne Mairan , & décrite aufli dans les Mél. de Bref. 1719, Part HI, p. 581. 2°. à Reichflau en Bohéme , par M. Rosr, ibid. 3°. à Halle, par M. Tusves, ibid. Al eft dit que le même phénomène a été vu trois nuits de fuice à Nordhaufen. 4°. à Limpach près de Drefde , par M. STRENBEL, ibid, 5°. à Maffel en Siléfie , par M. HARTMANN , ibid. P: 383: 6°. à Luzin ,par M. Sinarius, ibid. Citée par M. DE MaiRAN d’après M. Frosès, mais à tort: c’eft celle du 3. Cirée par M. ne Mairan d'après Frosès : mais c'eft celle du 6. C'eftà-dire , le 10 au foir, & le 21 au matin. Je mets ces deux obfervations fous un feul nom ; parce que l’Aurore boréale du 21 au matin n’eft sûre- ment qu'une continuation de celle qui à été vue en d’autres endroits le 20 au foir. Elle a été obfervée: 1°, Dans la province de Norfolk en Angleterre. Phil. Tranf. n°. 376, vol. 32, pe 302+ 29. à Londres, le 21 au matin, par M. Hazzev, dé- crite Phil. Tranf. n°. 363 ; p. 1009. 3°. à Crufvys-Morchard dans la Province de Devor, par M. Maunoer, le 21 au matin. {bid, p.1101. D. 4°. Vue près de Magdebours : citée par M. Fro- sès d’après les Mélanges de Breflau; mais je ne trouve pas cette date à l'endroit cité. Au foir, obfervée : 1°, à Utrecht , par M. Oné , décrite dans la Differr. Mang. de Armofpheri, p. 80, fig. + 2°. à Breda , par M. ÉcxnarD, qui la qualifie de forte. 3°. à Londres, par M. HALzeY, décrite Phil. Tranf. n°363 ,p. 1110, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 139 4°. à Crufvys-Morchard , dans la province de Devon, ar M. Maunoer ; décrite, &b. p. 1101. 5°. à Dublin, décrite, £b. p. 1104. E. 22 Novembre. Citée par M. De MarRAN d’après M. FroBès; mais à tort, c’eft celle du 11. E.24 Novembre. Citée par M. De Mairan d'après M. Fropès ; mais c'eft celle du 13. . *28 Novembre. Vue à Luyin en Süléfie, par M. Sinarivs ; décrite, Mél, de Breflau, 1719, Part. II, p. 583. E. 1 Décembre. Citée par M. De Maman d’après M. Fronès ; mais à tort, c'eft celle du 20 Novembre, 5 Décembre. Obfervée : : 1®.à Breda, par M. Ecknarp ; Obf. manufc. 2°. à Dublin, décrite, Phil. Tranf. n°. 363, p. 1106. 7 Décembre. Citée pat M. be MaAiIRAN d’après M. SHorr. 23 Décembre. Obfervée à Srreatham , dans la province de Surrey ; pat M. Hearxe, à une heure du matin: décrite, Phil, Tranf. n°, 363, p. 1107. E.23 Décembre. M. De MaïrAN cite cette Aurore boréale d’après les Tranfaëtions Philofophiques, & en fait une diftinéte de celle du 22: mais ce n’en eft qu’une feule, qui a lui la nuit du 22 au 33, & que M. Suorr aura placée au 22 , mais le Rédacteur de la Table tirée des Tranfaëlions au 23. 30 Décembre. Citée par M. De MaiRAN d’après M. Sxorr. CONCLUS T0 NN. Voilà donc dans le cours de cette année, vingrAurores boréales certaines, au lieu qu'on en trouve 32 chez M. ne Marman. Si l’on en ajoute à ce nombre cinq que nous croyons douteufes, on n’en aura encore que 28. De plus, on trouve 12 Aurores boréales erronées , que M. pe MairaN a placées à de faufles dares, & de huit defquelles il a fric un double emploi. Enfin, nous avons ajouté trois Aurores boréales, qui n’ont pas été mentionnées par M. ne Mairan. Telles fonc les corrections importantes que nous nous propofons de faireà la Table de cer illuftre Phyficien. Franeker 18 Novembre 1778. + Comme l'Ouvrage de M. ne MaiRAN a été publié fous le titre de Suite des Mémoires de l'Académie Royale des Sciences de Paris, & qu'il fait par conféquent partie du Recueil que cette favante Compagnie 1980. FÉVRIER. S 2 140 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, publie, l’Auteur de ce Profpeëlus a cru devoir le foumettre avant tour au jugement de l’Académie, à laquelle il a l'honneur d’appartenir à titre de Correfpondant. M. Le Roy, Académicien , ayant fait, au nom de lAuteur, lecture de ce Profpeétus à l'Académie, celle-ci a nommé des Commiffaires pour l’examiner , & en a porté , d'après leur rap- port , le jugement le plus favorable , en difant (ce font les propres / termes du rapport daté du 24 Juillet 1779:) » qu'on ne peut qu'ap- » plaudir à ce nouveau plan de Traité de L Aurore boréale, que M. VAN » SWiNpeN propofe, & qu'il eft fort à fouhaiter qu'il foit bientôt » exécuté pour que le Public jouiffe promptement d’un:-ouvrage fi pro- » pre à augmenter nos connoiflances fur ce curieux phénomène , & » fur les effets qui en dépendent «. Cette approbation de l’Académie encourage l'Auteur à pourfuivre fon entrepnife , & l’engage à metre le Profpeëtus fous les yeux du Public, añn d’exciter les Phyficiens à concourir à fon travail , en vou- lant bien lui envoyer les obfervations qu'ils pourroïent avoir faites, ou qu'ils poflédent. Ils peuvent être affurés que l'Auteur fera ufage avec reconnoiïffance, de tout ce dont on voudra bien lui faire part, & qu'il fera connoître ceux auxquels il en fera redevable. M ÉSMÉPONE EURE Sur les variations des Aiguilles aimantées , & fur les Boufloles ; Par M. le Comte DE LA CEPEDE , Colonel au Service de l'Empire, & Membre de plufieurs Académies. EURS Phyficiens ont parlé de la grande analogie que le fluide du magnétifme , & celui de l'élettricité ont l’un avec l'autre ; le fu- blime Peintre de la nature n'a vu dans le fluide magnétique qu'une manière d'être du dernier; & il n’eft d’ailleurs perfonne qui ne con- noifle les expériences qui démontrent l'influence de l'électricité fur le magnétifme, & le pouvoir qu’elle a de détruire, de modifier, ou de développer fa force. Le but de ce Mémoire ne me permet pas d'entrer dans la difcuflion des différentes opinions relatives à ce fujer, auquel je reviendrai dans mon ouvrage fur l'électricité. Je vais uni- quement parler d'une vérité qui leur eft étroitement liée , & qui me k. SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS, 141 paroît avoir échappé jufqu’à préfent aux Phyficiens ; du moins fi elle a déjà éré apperçue par eux, elle n’en prouvera que mieux la bonté de la manière que je vais propofer d'armer les Bouffoles , & d’en pré- ferver les aiguilles de toute variation irrégulière, ve Réfléchillant depuis long-tems fur la vertu magnétique, & fur fes différens effets, j'en remarquai fur-tout deux, qui ne Mme parurenc jamais pouvoir être attribués à la même caufe, L'un étoit la diteétion vers le nord de l'aiguille aimantée , fujerte à la vérité à des déclinai- fons, mais à des déclinaifons régulières; & l’autre étoit les variations confidérables & fubites de cette mème aiguille, dont on ne peut prévoir ni la force ni la durée , &-qu'on avoit cru pendant quelque- tems, devoir rapporter à la différence des climats. Le premier effet étant conftant , je crus devoir l’attribuer à une caufe conftante , & les irrégulatités du fecond me parurent au contraire exiger une caufe irré- gulière , & par conféquent différente. ( Obligé de rapporter le premier à la force magnétique, quelle que foic fa nature, je me crus forcé de chercher une autre caufe pour le fecond. Je re gardai l'aiguille aimantée comme obéilfant à deux forces ; l’une conftante, & par le moyen de laquelle elle fe dirigeroit roujours vers un certain point du globe, on ne s’en éloigneroit que par des déclinaifons régulières ; & l'autre, dont l’adtion variant prefque à chaque inftant, devoit la dé- tourner de fa direttion naturelle , & produire dans fes mouvemens , ces efpèces de bifarreries & d'irrégularités qu'il eft aifé d'y remarquer, & qui ont fi fouvent pu induire les Navigateurs dans des erreurs dan- gereufes. Cette caufe qui trouble la résularité des mouvemens de l'aiguille afmantée , me parut ne devoir être que le fluide électrique : ce fluide dont la quantité dans un efpace donné , varie fi confidéra- blement d'un inftant à l'autre, 8 dont par conféquent la force & l'influence doivent varier à chaque inftant auf, me parut on ne peur pas plus propre à produire dans la direction d’un corps foumis à fa puiflance, des changemens irréguliers; fon influence d’ailleurs fur la force magnétique qu'il modifie , détruit, ou fait naître, me fit trou- ver en lui, cette caufe étrangère à certains égards, mais cependant aflez voiline dans la chaîne des êtres de celle du magnétifme, pour pouvoit agir avec force fut elle. Les obfervations fuivantes, me con- firmèrent d’ailleurs dans mon opinion, M. le Chévalier de Vivens, Philofophe rempli de vertus & de connoïflances, & à qui la Phyfique doit une partie de fes progrès, avoit fait pendant plufieurs années , des obfervations aflidues fur la direction de trois aiguilles aimantées , dont l’une étoit renfermée dans une bouflole femblable à celles dont on fe fert fur nos vailleaux ; la feconde plus courte, fufpendue à l'air libre ; & la troifième beaucoup plus longue dans yne boite ouverte à fes deux pôles. Non-feulement il avoir 142 «OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, obfervé ces: variations bifarres, irrégulières & fubites, auxquelles lés Plyfciens avoient remarqué que les aiguilles des boufloles étoient fu- jettes, mais il avoit encore plufeurs fois apperçu de nouveaux phéno- mènes ; les trois aiguilles n'éprouvoient pas dans leur direction des changemens égaux : lorfque le rems devenoir orageux, la grande & la petite aiguille éroient agitées comme par des vibrations fingulières , & plus ou moins fortes en raïfon de la rendance du tems à lorage. Celle de la bouflole n’éprouvoit cependant que de très-foibles varia- tions, tandis que les deux autres expofées à l'air libre déclinoient quel- quefois vers l’eft, ou vers l’oueft, au point d’avoir celle de leurs extré- imités qui devoir être tournée vers le nord, fixée prefqu'entièrement au fud : on auroit pu croire leurs pôles changés, Î une nouvelle va- riation ne les eût rapprochées de leur direction naturelle. M. le Chevalier de Vivens eut la bonté de me communiquer ces obfervations, & M. Mangéant de Genève , Phyficien eftimable, qui eut Ja complaifance de m'en envoyer l'extrait, reconnut dans ces nouveaux & importans phénomènes , l’action du fluide éleétrique auquel j'avois imaginé qu'on devoit rapporter les variations irrégulières des aiguilles de nos boufloles. Ces obfervations, jointes à d'autres que j'avois re- cueillies en différens endroits , & à celles que j'avois pu fsiré moi- même, me portèrent à regarder comme vraie, cette dernière façon de penfer, & à en conclure qu'il feroit peut-être poflible de rendre les aiguilles aimantées , indépendantes de toute action éleétrique , & de les préferver par là de toute variation irrégulière. Pour m'affurer d'une vérité qui me parut pouvoir être d’une très-grande utilité dans la na- vigation , je fis faire plufieurs aiguilles d'acier de la mème grandeur, & auxquelles je tâchai de faire communiquer la vertu magnétique la lus égale poñible. Je les laïffai pendant quelques jours expofées à l'air | on & fufpendues fur les pivots les plus mobiles au milieu de cer- cles gradués de cuivre rouge, fur lefquels il étoit aifé de déterminer leur déclinaifon à un vingtième de degré près: elles éprouvèrent routes des variations égales. J'en renfermai alors trois avec leurs cercles , chacune entre deux capfules de verre affez épais, & que je lutrai en- femble avec de la poix. Je plaçai auprès d'elles, trois autres aiguilles, mais entièrement à l'air libre, & je les obfervai toutes avec le plus grand foin , trois fois par jour pendant fix mois. Je ne rapporterai as ici le journal dé mes obfervations ; il me fuffira de dire, que les aiguilles expofées à l'air libre, furent comme je l’avois prévu toujours fujerres à des variations irréoulières & très-confidérables , tandis que celles que j'avois préfervées de prefque route l'influence du fluide électrique , par le moyen du werre épais dans lequel elles éroient ren- fermées, me parurent n’en éprouver préfqu'aucune. J’eus le bonheur de les obferver fur-cour à l'approche d’un violent orage: les aiguilles SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 14; que rien ne préfervoit de fon action, eurent l'air de fe tourmenter même long-tems avant que le tonnerre ne fe fit entendre , s’'agirèrent en tout fens fur leurs pivots, s’arrétèrent à plufeurs degrés du point vers lequel elles avoient été à-peu-près fixées pendant quelques jours, s'en écartèrent de nouveau , par des ofcillations irrégulières , & don- nèrent enfin toutes les marques de l’action d’un fluide variable à cha- que inftant, & dont elles étoient obligées de fubir la loi. Les autres wanquilles & immobiles au-deffous de leur couverture de verre, fubf- tance qui à l’aide d’un peu d’épaifleur , ne livre prefque pas de pañlage au fluide éleétrique , ne donnèrent par leurs mouvemens, aucun figne de leur obéillance à fes loix , & parurent dans cet inftant, ainfi que dans les autres, n'être régies que par cette caufe conftante qui dirige les aiguilles aimantées vers le nord. Confirmé enfin dans une opinion , qu'avant toutes mes obfervations , je n’avois ofé regarder que comme un doute , je crus pouvoir rendre quelque fervice aux Navigateurs, en leur recommandant de tâcher de garantir les aiguilles de leurs boufloles, de l'influence de l'électricité , & de les enfermer, par exemple, de quelque manière qu’elles puflen: être conftruites , dans une caille dont les côtés de verre fuffent joints enfemble par des ais de bois frits à l'huile, & garnis même pour une plus grande précaution, de poix & de réfine. Telle eft la manière dont 1] me femble qu'on pourroit eflayer d’armer les bouffoles, & de les préferver de ces variations irréoulières qui doivent fi fort incommoder les marins. On pourroit lui fubftituer toutes celles qui apporteroient le mème avantage de renfermer l'aiguille aimantée dans une fubftance idio-éleétrique , mais il faudroit que celle dont on fe ferviroit à la place du verre, für de nature à être électrique par elle-même dans tous les tems, dans les plus grands chauds, comme dans les plus froids, & qu'on lui donnât toujours une affez grande épaifleur , pour qu’elle püc s’oppofer au paflage du Auide électrique ; ainfi, fi on vouloit fe con- tenter, par exemple, d’une couche de vernis, je crois qu’on ne fauroit employer trop paille ; encore mème craindrois-je , que les grandes chaleurs des climats que les Navigateurs font fouvent obligés de tra- verfer , ne le ramolliflent, où ne l’échauffaffent au point de lui faire: perdre fon pouvoir d’arrèter le fluide éleétrique. Ayant au mois d'Avril de cette année 1779, communiqué ce Mémoire à M. le Comte de Milly , ce Savant juftement célèbre par fon génie, fes connoïffances & fon zèle pour tout ce qui peut être utile à la fo- cicté , j'eus le bonheur de voir mes idées s'accorder parfaitement avec les fiennes. Le fuffrage de cer Académicien qui s’eft aufli occupé du magnétifme confidéré relativement aux boufloles, ne me confirma pas peu dans mon opinion. 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, LETTRE De M. BARBIER DE TINAN à M. NERET fils, au fujet de fon premier Mémoire fur une nouvelle efpèce de gas inflam. mable, A Strasbouro , le 8 Septembre 1779. }, 1 lu, M., avec bien de la fatisfaétion votre Mémoire fur l'air in- flammable, inféré dans le Journal d’Aoùût 1779 de M. l'Abbé Rozier; les expériences curieufes & intéreflantes qu’il renferme mènent à une connoiffance plus parfaite de cer ètre fingulier, & paroiflent auto- rifer à en diftinguer deux efpèces; l’une produite par les métaux , qui paroïît contenir le phlogiftique pur, & l’autre produite par les fubftan- ces végétales & animales décompofées par la combuftion ou la putré- faétion , & dans laquelle le phlogiftique paroît encore tenir de l'état hui- leux dans lequel il fe trouve dans ces fubftances : l’idée ingénieufe que vous ayez eue d'extraire cette dernière efpèce d'huile, & de l’ob- tenir par conféquent dégagée des airs ou gas avec lefquels elle fe trouve communément mêlée dans les autres procédés, met à mème de l’exa- miner dans fon plus grand degré de pureté, & d’en faire par conféquent une comparaifon plus exacte avec l’air des métaux: j'ai bien de limpa- tience de répéter & de fuivre ces expériences, & je profiterai pour cela des premiers momens de loifir que j'aurai : je veux en attendant vous faire part de quelques obfervations que j'ai faites en travaillant fur ces différens airs inflammables : je les dois à la manière dont j'ai opéré : j'ai fait ufage de l’inftrument décrit par M, Volta dans fa lettre au Doéteur Prieftley , inférée dans le Journal de Phyfique de Novembre 1778, & & qui y eft repréfenté PI. IT, fig. première : inftrument avec lequel j'avois déjà fait quelques expériences avec M. Volta lui-même lors de fon paflage ici vers la fin de 1777. Celui dont je me fuis fervi a environ 132 pouces de haut ; le tube a 7 lignes de diamètre intérieur ; chaque divifien ou mefure y occupe la longueur de 6 lignes : les pointes moufles des fils de cuivre font à environ une ligne & demie de diftance dans l’intérieur du tube, & j'y produis l’explofon en chargeant une petite bouteille de Leyde, en accrochant à une des boules une petite chaîne qui communique à fon ventre, & en rouchant l’autre boule de fon crochet ; vous jugez aïifémenr de rous les avantages de cerre Ù manière de SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 145 manière d'opérer : elle met à même de connoître les degrés d’inflam- mation & d'explofion. des différens airs inflammables mélés en toutes proportions avec d'autres airs; elle montre la diminution qui s’eft opé- rée dans le mélange par l'inflammation ; enfin, elle met à mème de recueillir Le réfidu & d'en examiner la nature. En opérant de cette manière avec l'air inflammable des métaux, j'ai reconnu qu'il fe #aifoit une explofñon lorfque le mélange étroit d'une mefure de cet air avec une mefure d’air commun : que l’'ex- plofion la plus forte avoit lieu lorfqu'il y avoit à-peu-près deux me- fures d'air commun contre une d’air inflammable: qu'à mefure que la RAR d'air commun augmentoit, l’explofion devenoit plus foi- le ; qu'enfin, elle n’avoic plus lieu dans le mélange d’entre 13 & 14 mefures d'air commun contre une d’air inammable : réfultats qui s’ac- cordent avec ceux que M. Volta rapporte dans fa lettre au Docteur Prieftley citée ci-deflus. Avec l'air inflammable des marais, je n'ai pas eu d’explofion ni d'infammation dans le mélange d'une mefure de cet air avec une jufqu’à fix mefures d'air commun : à 7 & 3 mefures, il y a eu une, explofion , & même beaucoup plus forte que celle que produit l'air inflammable des métaux à pareille dofe : car outre qu'on entendoit le choc aflez fort de la colonne d'eau contre le fond de la cuve où fe faifuient les expériences, une partie de l'air dilaté s’échappoit en- deflous du tuyau , & remontoit en-dehors par un nombre confidérable de petites bulles; ce qui n’arrivoit pofht avec l'air inflammable des métaux : à mefure qu'on ajoutoit de l'air commun, l’explofñon deve- noit moins forte, & cefloit abfolument à-peu-près au même point que celle de l'air inflammable des métaux , c'eft-à-dire , lors du mé- lange d’une partie d’air des marais & de 13 à 14 d'air commun. Cette explofon de l'air des marais incomparablement plus forte que celle de l'air des métaux, que j'ai conftamment obfervée & fair obfer- ver à plufeurs Phyficiens, comparée à l'efpèce de difficulté avec la- quelle cer air s’enflamme , & aux limites de fon mélange avec l'air commun favorable à l'infammation, beaucoup plus étroites que celles de celui-ci, offrent un phénomène très-fingulier, & bien propre à faire juger qu'il y a entre ces deux airs une différence réelle : une preuve de plus eft la différence de l'effet que produit fur l'air commun l'inflam- mation de l’un & l’autre de ces airs. Pour eftimer cette différence, je me fuis fervi d'un des eudiomè- tres inventés par M. Magellan, qui eft fort commode & fort exact. Sans entrer dans le détail de fa conftruction , il me fuffira de vous diré qu'une mefure d’air nitreux & une d'un autre air quelconque, y occuperoient 80 degrés sil n’y avoit pas de diminution, & qu'on Tome XW, Part, I.1780. FÉVRIER, Ir r46 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eftime par conféquent très-aifément celle qui a lieu dans le mélange de diférens airs. Pour établir la différence , j'ai fait l'explofion de huit parties d’air commun avec une d'air inflammable des métaux d’une part, & une d'air des marais de l'autre , de manière que le réfidu ne püt pas fe mêler avec l'air de l’atmofphère : j'ai effayé chacun de ces réfidus à l’eudiomètre avec le même air nitreux : dans splufeurs épreuves que jai faites la diminution du réfidu de l'air des métaux a toujours été d'environ 2 & celle du réfidu de différens airs des marais n’a jamais été que dd sàx. On doit conclure de ces expériences, qu'à dofe égale l'inflamma- tion de l'air des marais vicie plus l'air commun que celle de l'air des métaux : & fi l’on admet avec le Docteur Prieftley, pour caufe du vice que l'air contraéte dans de femblables procédés , le phlogiftique qui s’'unit à lui, il paroît que l'air des marais contient ou répand dans l'air par fon inflammation une quantité de phlogiftique plus confidérable que l'air des métaux. Ces différences entre ces deux aïrs doivent devenir plus confidéra- bles en foumettant aux mêmes expériences votre air inflammable hui- leux, 8 c'eft ce que je me propofe de faire inceffamment. Il y a toute apparence , ainfi que vous le préfumez , que celui des marais n'eft point pur, & ce qui me le fair juger , c'eft que je n'ai jamais obfervé que par fon inflammation avec l'air commun , il ait été totalement détruit , tandis que l'air desliméraux non-feulement difparoït en en- tier , mais même caufe dans l'air commun une diminution d’entre + & ;, lorfqu'ils font dans les proportions convenables. Je croirois , ainfi que vous , que l'air des marais eft toujours plus ou moins mélangé d'air méphitique. Je vous obferverai à ce fujet, que j'ai toujours été éronné que beau- coup de Chymiftes & de Phyficiens qui ont écrit depuis quelque- tems fur les airs ou gas, aient eu l'air de confondre l'air fixe propre- ment dit avec l'air méphitique ou vicié que le Doëéteur Prieftley ap- pelle air phlogiftiqué. Ces deux efpèces, quoiqu’elles fe reffemblent à quelques égards, & qu'elles fe produifent fimultanément dans quan- uté d'opérations , font réellement très-différentes entrelles. L'air fixe eft un véritable acide , jouiffant dans fon état de pureté de la forme élaftique permanente, fufceprible d'entrer en combinaifon avec les fubftances alkalines , abforbable par leau , faturant la chaux diffoute dans l’eau & la précipitant en terre calcaire indiffloluble à l’eau, &c. L'air phlogiftiqué dépouillé foit par le contaét avec l'eau, foit par Veau de chaux de l'air fixe qui lui eft fouvent mêlé, ne donne aucun indice d’acidité, n’eft point abforbé ni diminué par le contact de SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ::7 l'eau. L'un & l’autre dans leur état de pureté ont à la vérité le mème effer, foit fur les animaux qui y tombent à l'inftant en afphixie, foie fur la Aamme qui ne peut ni s’y former ni y fubffter, bc fut l'air nitreux avec lequel ils ne forment point de vapeurs rouges & n'éprouvenr point de diminution: mais il femble que cela provienne de deux caufes différentes. L'air fixe pur n'étant point de l'air commun , ne peut produire des effets qui appartiennent exclufivement à l'air. L'air phlogiftiqué eft à la vérité de l'air, mais qui faturé de phlogiftique ne peut pas pro- duire les effets que l'air ne produit que Er É propriété qu'il a de fe com- biner avec ce principe: telle eft fur ce point la théorie 4 Docteur Prieft- ley, qui jufqu'ici m'a paru rendre raifon d’une manière aflez farisfai- fante des phénomènes connus. Mais, théorie à part, j'entends par air phlogiftiqué, ou air vicié, fi vous préférez une expreflion qui n'ait rién de fyftématique, un air 1°, qui tue à l'inftant les animaux, éteint la flamme & ne fair point de diminution avec l'air nitreux ; ce qui Le diflingue de l'air commun : 2°, Qui ne diminue point l'air commun; ce qui le difiingue de l'air nitreux : 3°. Qui n’eft point inflammable; ce qui le diflingue de l'air inflammable : 4°. Qui n’eft point abforbé par l'eau avec laquelle il eft en contatt , ne trouble point l'eau de chaux & n’eft point abforbé par le lait ou ce que vous appellez le fro- mage de chaux en réformant de la pierre calcaire; ce qui Le diflingue de l'air fixe. C'eft cet air qui eft produit par l'effet de la calcination des métaux, & des émanations phlogiftiques de route efpèce, entr'au- tres de celles du foie de foufre ou ne pâte de foufre & de limaille de fer humeëtée fur l'air commun: c’eft lui qui eft le réfidu du mé- linge de l'air commun & de l'air nicreux au point de faturation, ainfi que celui de l'inflammation de l'air inflammable avec l'air commun : c'eft cet air que le Docteur Prieftley a rétabli par l'agitation avec l’eau, au point de pouvoir fervir quelque tems à la refpiration , quoiqu'il éteignit encore la flamme, & qui parvenu à ce point, fe rétablit par la végétation, fuivant fes expériences, au point qu'une chandelle y brûle comme dans l'air commun dont il ne paroît alors plus différer en rien. Ce qui a pu induire fur cela en erreur, c'eft que dans la plupart de ces procédés , il s’engendre une quantité plus où moins grande d'air fixe qui fe manifefte par fon abforption dans l'eau, & mieux encore dans l'eau de chaux: mais cet air fixe , qui fouvent y eft en quantité peu confidérable, féparé par un de ces moyens, le réfidu conferve les PE ci-delfus qui établiflent bien clairement fa différence d’avec air fixe, Il y a grande apparence que c’eft cette efpèce d'air vicié qui fe trouve mêlée à l'air inflammable des marais, & qui en Fou pu- reté: en effer, celui-ci étant en contaét avec l'eau , il eft probable que 1780 FÉVRIER. EZ 148 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'air fixe qui s’y trouveroit feroit bientôt abforbé, & je n’ai pas trouvé que de femblable air inflammable que j'ai gardé dans l’eau pendant plufieurs mois, ait diminué de volume ou augmenté en inflammabilité ? Tel eft aufli le fenciment de M. Volta à cet égard, & prévenu en faveur de l'identité des différens airs inflammables, il penfoit que ce n'étoit qu'à ce mélange que celui des marais devoit la différence de fes propriétés : mais 1l m'a marqué depuis qu'il les croyoit de nature différente, ayant obfervé la force fupérieure de l’explofion de l'air des marais , & le phlogiftiquement plus confidérable qu'il caufe à l'air com- mun , effets dont il me parloit en gros, & que j'ai vérifiés enfuite par les expériences ci-deflus. Leu DO RUE De M. Moranp, en réponfe a M. Le Roy, de l'Académie Royale des Sciences, touchant le chauffage économique préparé par le Sieur Line. Pi le billet que vous m'avez fait pafler dans notre dernière Séance de l'Académie, vous me demandez quels fonc ces nouveaux charbons dont on parle tant à Paris, &c. M. le Baron de Tschoudy, Miniftre du Prince de Liége , m'a fait l'honneur de m'écrire fur le même objer pour Madame la Comtefle de Narbonne Peler , ainfi que vous, pour répondre à Madame la Marquife de Coaflin. Tous ces jours-ci j'ai eu de la Province & de Paris nombre de lettres, de billers relativement à ces charbons préparés. Ce qui fait defirer des éclaircifflemens fur certe nouveauté intéreflante , n’eft autre chofe, à ce qu'il me femble, Mon- fieur & cher Confrère, que la mamière dont eft tournée l'annonce de ce chauffage économique fans fumée niv AreuRs NuisisLes, &c. le charbon de terre qui en fait la matière, eft préfenté comme apprêté, épuré , par une méthode nouvellement découverte après dix ans de recherches , com- me un combuflible dont les avantages font méconnus en Angleterre , vous en jugerez par le profpectus que je vous invite à lire. A la première lecture de ce profpectus, ces affertions paroiïflent ten- dre à faire abfolument évanouir l’idée de ce que nous favons avoir été écrit ou pratiqué depuis 1762, pour charbonner ou épurer en grand les char- bons de terre. M. de Genflane , a fait connoître la manière dont cette fabrication s’exécuroit à Sultzbach dans des vaifleaux diftillatoirs 1 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 149 (1). Nous devons en France, à feu M. Jars, notre Confrère, la première connoiffance générale des différens fourneaux employés en Angleterre pour cette réduction de charbon de terre en Coapxs , Cowxes ou C1in- pers (2): M. Jars ne s’en eft pas renu à publier ce procédé, il l'a introduit aux mines de Sainr-Pel dans le Lyonnois (3) : elle eft depuis du tems pratiquée en petit, par un Minéralogifte de la Ville de Bru- xelles ; qui dans le Mémoire nouvellement couronné par la Société Royale de Montpellier, a décrit l'appareil convenable à cer épurement de charbon en grand (4); M. de Génifane a tout récemment publié des vues intéreffantes relatives à cetre opération (5). Le Profpectus qui fe diftribue aujourd’hui, la Requête en demande d’un Privilége excluff pour l’approvifionnement de chauffage , l’'Arrèr (6) & l'enregiftrement des Lettres-patentes correfpondent enfemble pour faire penfer que les charbons préparés par J. P. Ling ont un caractère qui leur eft propre ; celui de furnager à l'eau ; on croiroit d'après ces pièces que j'ai vues , que ces charbons font le réfultat d’un procédé particulier, dif- férent de tous ceux dont on pourroit ne le regarder que comme une imitation ; on imagineroit que c’eft un procédé plus fimple, plus sûr, plus prompt , qu'il a l'avantage de s’exécuter indiftinétement fur le char- bon de terre en pouflier , qui dans les Méchodes connues antérieure- ment , n'entre que pour une petite quantité : enfin fuivant le fieur Ling , que fa Méthode eft un procédé perfectionné au moins dans plu- fieurs points eflentiels. C'eft dans cet état de fimilitude apparente ou foupçonnée entre des méthodes relatives à un même objet, que votre ancien ami, l'Hi£ toriographe des mines de charbon de terre & de leur exploitation , des ufages & du commerce de ce foflile en différens pays , eft inter- rogé de route part, & par vous, mon cher Confrère, pour favoir que penfer de ce nouveau combuftible, qui rappelle le fouvenir d’une tentative de ce genre faite en 1770 d’après fon travail {7). Je dois à un LR (x) Traité de la fonte des Mines avec le charbon deterre. Tome I. Ch. XII, p. 265, Voyez Art d'exploiter les Mines de charbon de terre, page 1181. «A (2) Voyages Métallurgiques ; in-49. 1774, PAGES 209, 236, 272. Supplément à l'Art du Charbonnier de bois, page 8. Woyez Arc d'exploiter les Mines de terre. Part. I, Set. 4, p. 1178, 1179. (3) Voyages Métallurgiques , page 325$, Voyez auf Art d'exploicer les Mines de charbon de terre, Part. II, Se. 4, p. 1183. (4) Affemblée publique de la Société Royale des Sciences de Montpellier, en pré- fence des Etats de Languedoc , le 25 Novembre 1778, p. 129. (5) Journal de Phyfique , de M. l'Abbé Rozier, mois de Novembre 1779. (6) En date du 7 Août 1778. (7) Art d'exploiter les Mines de charbon de terre. Part. II, Se@. 4, p. 1292. 150 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Phyficien des détails bien autres que ceux que j’ai eu occafion de donner de vive voix ou par écrit ; j'y entrerai volontiers, cela me fera facile, ayant fuivi avec attention la marche de tout ce qui s’eft paflé à ce fujet , & en ayant tenu note pour entrer dans l'édition i7-4°. de mon ouvrage, lorfqu’elle aura lieu. Afin de fatisfaire votre curiofité, mon cher Confrère , je crois né- celfaire de reprendre les chofes de l'inftant où elles étoient, lorfqw'a- rès 19 ans de travail, j'ai publié la fin de la defcriprion de l’Art d'exploiter les Mines de charbon de terre. Vous connoilfez le Supplé- ment que jy ai inféré page 1587 (1); l'approvifionnement du charbon de terre épuré pour Paris & pour les Provinces, par le fieur Ling , eft une fuite des opérations de M. le Comte de Stuard ; elles n'ont pas eu pour la fonte des mines de fer un fuccès bien avéré (2). La Compagnie qui avoit formé cette entreprife , en s’occupant de recti- fier les défauts reconnus dans ces opérations, a cherché à faire tour- ner cette fabrication au profit du public en appliquant ce charbon épuré , à tous les ufages pour lefquels on a befoin de feu , ainfi que cela fe pratique dans quelques Atreliers. Les procédés exécutés à Mont- cénis, fous la direétion de M. Stuard, pour Charbonner les houilles, ont été répétés en différens endroits , entrautres par un de nos Corref- pondans, M. Grignon. En 1778 , il m’eft tombé entre les mains un imprimé de 3 pages in-4°. François & Allemand , en 2 colonnes (3), fur cet approvifion- nement ( pour les pays qui font entre le Rhin, la Sarre & la Mofelle) avec des charbons de rerre de la Principauté de Naffau-Saarbruck & du Comté de Linange , les feuls de ce canton fufceptibles de cet épurement : il paroït qu'on avoit déjà commencé à en faire voir à Bordeaux & dans quelques-unes de nos grandes Villes. Au mois de Mai 1778 , il avoit été conduit à Lyon, des mines de Saint-Chaumont & de Saint-Etienne, du CHARBON ÉPURÉ, 07 en avoit été affèg content. C’eft ce que portoient quelques papiers pu- blics (4). À la fin de Décembre 1779, on defcendit à Lyon un autre bateau (x) Hiftoire & analyfe des opérations faites en Normandie & en Bourgogne dans les années 1775 & 1776, pour fondre & affiner le fer avec les braïfes de charbon de terre. (2) Idem. pag. 1593 & fuivantes. (3) Intitulé Avantages de la Méthode nouvellement découverte, d'épurer le char. bon de terre. Paris, chez Simon, Imprimeur du Parlement, (4) Gazette d'Agriculture & du Commerce, du 30 Mai, n°. 43 ,1pe #39: SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 151 de ce charbon préparé fuivant la Méthode de M. le Comte de Stuard (1); il paroît qu'alors , la Compagnie étoit embarraflée fur ce points favoir, la manière de parvenir à lallumer : elle follicita fur cela des éclairciffemens par la voie des feuilles périodiques ; on pro- pofoit la queftion fuivante aux Phyficiens & aux Architectes: Di/po/er les cheminées, les fourneaux de cuiffne & autres êtres & foyers domefti- ques , de manière.que ce charbon puiffe étre fubflivué au charbon de terre crud , € fur-tout au charbon de bois (2) : en mème-tems, au mois de Jan- vier 1779, on avoit defloufré au Port-à-l'Anglois près Paris , felon la Méchode du fieur Ling , des charbons de terre qui s'importent dans cette Capitale, & il s’en eft fair des expériences à Trianon: ce font ces charbons épurés par le fieur Ling, dont on à fait ufage en grand, dans béaucoup de Manufaétures de Rouen , à la fin de l'année der- nière , & dont il eft aujourd'hui queftion dans Paris. Mercredi dernier , plufeurs Liégeois conduits par le hafard chez M. de la Blancherie y virent avec plaifir ce chauffage de leur pays, & vinrent le lendemain me rendre vifite; je les reçus dans mon labora- toire , où il m'arrive fouvent de n’employer à mon chauffage que, ou des charbons de terre brut dont j'ai toujours provifion de différens endroits pour mes recherches particulières, on les BRA1sONS Éteints des charbons qui ont été foumis à mes expériences pyriques , princi- pal moyen que j'ai adopté pout examiner , connoître & juger la na- ture & la qualité de ce foflile; je chauffai mes Liégcois avec du charbon de verre ; ce fut pour eux un nouveau fujec de farisfaction, ils emportèrent des braifes éteintes de mon feu : c’eft ce qu'on nomme en patois de Rouergue , dans les forges & dans les fours, carral , & vul- gairement Æ/carbilles. Dans les foyers domeftiques en Provence, £fca- brilles | en Auvergne , E/carbilles , en Haynaut , Groueffis, dans le Lyon- nois, Grefillons, Recuits (3), à Liège , Krahays, employés à échauffer les fourneaux de cuifine; on les fépare foigneufement avec nn petit rateau, des cendres tombées dans la grille & on les fait entrer de nou- veau dans le feu (4). De fait, ces braifes provenantes des feux entretenus par du charbon (1) Voyez Sa Defcription , Art d'exploiter les Mines de charbon de terre ,p. 1574 & 1575. Explication de la Planche XXXV. (2) Annonces, Affiches & Avis divers , ou Journal général de la France, du Diman- che 3 Janvier 1779, n°. 3,p. 22. (3) Art d'exploiter les Mines de charbon de terre, Part, II, Sec. 4, p. 1190. (4) Art d'exploiter les Mines de charbon de terre , Partie I, page 78. Partie II, page 366. is OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de terre brut, ou dans des grands appartemens, ou dans des grandes cuifines , ou dans des Atreliers ; les Coaks fabriqués à la manière An- gloife, le charbon préparé par le fieur Ling , font la même chofe (1). La feule différence , eft que les premiers auxquels je donne le nom de BraAïses , réfultenc naturellement d'une combulftion fpontanée , c'eft-à dire, abandonnée à elle-même, & qui a déjà été utile dans fon premier tems d’inflammation ; que ces braifes, font en conféquence plus complètement réduites; que les feconds, au contraire, nommés en Angleterre, Coaks, Cowxes, Cinders, en France, CHARBONS ÉPURÉS, quelquefois CHARBOoNS pEssourrés , font moins épuifés, parce qu'ils ont été veillés dans le cursaG:; la différence, en un mor , eft que les Coaks ont été fabriqués en grande quamtité, foit tout uniment de la même manière que fe prépare le charbon de bois, foit dans des four- neaux de brique, formant à la meule de charbon qu’on y renferme , une chemife à demeure, pour fervir à d’autres fournées fucceflives. Toutes ces différentes braifes , quelles qu’elles foient, font dures, poreufes, légères , fonores , comme le charbon de bois ; & comme toute efpèce de charbon, furnagent à l’eau: vous jugerez , en conféquence , mon cher Confrère , que pour donner une idée jufle de la houille épurée, foit à la manière Angloife , qui eft celle de M. de Stuard, foit à la manière de M. Ling , même à celle qui a été uftée à Sultzbach, il eft tout fimple de comparer cette braife, à celle qui, dans un beau feu de bois, fuccède au rems que la Aamme ne peut plus avoir lieu, & qui fe maintient enfuite plus ou moins: ces charbons épurés, ces efcarbilles, ces krahays , lents à fe détruire au feu, à parvenir à l’état incinéré, font après avoir été éreints, toujours fufcepribles, (à l’aide de la ventilation ménagée par une conftruétion particulière des foyers ,) de reprendre au feu une incandefcence paifble & tranquille qui fe fou- tient tant qu'ils ne font pas détruits , qui eft accompagnée de grande chaleur (2), qui dans ce dernier cas-ci, eft fans flamme & ( lorfque le tems eft au fec,) fans odeur marquée (3). Par rapport à ces avan- tages , & à leurs propriétés éprouvées dans quantité de pays , ces Krahays où braifons ont été propofés ( dès 1770 ) pour chauffage, aux (a) Art d'exploiter les Mines de charbon de terre. Part. IL, Seét. 4. Obfervations générales fur les braifes reftantes d'un feu ordinaire de charbon de terre & fur les différens états par lefquels le charbon de terre pañle fucceflivement avant d'être con- fommé, p. 1190. ; (2) Art d'exploiter les Mines de charbon de terre. De la chaleur propre aux braifes de charbon de terre préparées convenablement, page 1200. (3) Voyez Art d'exploiter les'Mines de charbon de terre. Part. 11, Scét. 4, p. 1182, 1183, 1198, perfonnes SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 15; perfonnes qui habitent des appartemens dont les cheminées ont l'in- convénient de renvoyer la fumée , ou qui craignent l’ufage du charbon de terre brut (1). Feu M. Venel, dans fon Ouvrage publié en 1775, par ordre des Etats de Languedoc, a aufli adopré certe idée qui n’a rien que de très-fimple (2). De ce réfumé fommaire, Hn'y a pas à douter ge le chauffage avec des braifes de charbon de terre, quelle que foit la méthode employée à les obtenir , fera ( en le fuppofant toujours économique ) très-commode, très-utile, pour des Cabinets de toilette , pour des Dortoirs de Communauté, des grands Arteliers, &c. Mais je fuis d'avis, que l'utilité ou l’agrément de ce chauffage, doivent fe reftreindre aux feuls endroits de l’efpèce que je vous nomme & dans des cheminées ; les perfonnes en état de e procurer un grand feu de bois, qui de tems en tems, donne le fpec- tacle récréatif d’une flamme en mouvement , ne s’accommoderoienc certainement pas d'un brafier trife & uniforme, quelque volumi- neux , & quelque chaud qu'il püt être: c'eft une remarque que je crois très-raifonnable. Quant aux ufages particuliers auxquels ces brai- fes font applicables, comme combuftibles, le plus grand nombre & les plus démontrés, font pareillement indiqués mon Ouvrage 3), le Profpectus du fieur Ling en donne un état rapproché , mais fur lequel je croirois qu'il peut y avoir SROANE chofe à dire , lorfque ces braifes font données pour utiles aux forges des Serruriers, des Maréchaux , des Taillandiers & autres Ouvriers de ce genre; la propofition peut être vraie en elle-même, fur-tout en trempant cescharbons avec de l’eau, mais dans l'efpèce préfente, où il s'agit de ces charbons achetés préparés , c’eft-à- dire, qui ne font plus fufcepribles au feu que d’un rougiffage , ardent à la vérité, mais dénué de l'activité de la Aamme, il eft très-probable que leur ufage ne fera pas économique aux Ouvriers qui s’en ferviront, Je ne fais fi l'on doi non-plus regarder comme chofe bien certaine, la propriété des cendres de ces braifes pour le blanchiffage du linge : dans aucun pays, elles ne font employées à cet ufage; il eft à préfu- (x) Art d'exploiter les Mines de charbon de terre, à la fuite de la page 1356. Mé- moires {ur les feux de houille, ou de charbon de terre. Imprimés, én-12. 1770, chez Loutin , au Coq, rue Saint-Jacques , fous le titre Mémoires {ur la nature, les effets ; propriétés & avantages du feu de charbon de terre apprêté, pour étre employé con. Yenablement , économiquement & fans inconvéniens , au chauffage & a tous les ufages domeftiques , pag 9, de cette édition. (2) Part. 1, Chap. 4. Efpèces artificielles de Houille , p. 93. (3). Art d'exploiter les Mines de charbon de terre. Part. II , Scét, 4. Opérations Métallurgiques , pag. 1201. Grillage de Mines , Id. & p. 1203. Fonte, p.1204,122/, &c. &c. Chaufferic & perfeétionnement de l'acier, trempe des limes, p. 1211. Affi- nagcs , liquarions, p. 1227, 1228. Orfévierie, p. 12314 Tome XV, Parc. I. 1780. FÉVRIER. V 154 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mer, que ce n'eft pas faure de l'avoir tenté ; feu M. Venel dir expref- féinent avoir eflayé fans fuccès les cendres de ces 2raif?s. qu'il nom- me efpèces artificielles de houillé: & j'ai afflez de connoiffance fur tous les produits que l'on peut obtenir de ce foffile pour être sûr du contraire de ce qu'avance le fieur Ling. Je m'en fuis même afluré de nouveau. Au furplus , Monfeur & cher Confière, en s’en tenant fimplement à l'avantage, qui eft depuis long-tems inconteftable , de pouvoir fup- pléer utilement dans beaucoup d'occafions , avec ces braifes au bois & au charbon de bois, on ne peut qu'applaudir au renouvellement du projer de faire connoître dans la Capitale, une reflource pour les per- fonnes peu aifées , auxquelles elle devient de jour en jour de la plus grande conféquence. Je dois cependant , vous faire une obfervation importante , elle eft relative à la fanté publique; le profpeétus du fieur Ling , dans l'intitulé & dans le détail , avance que ce chauffage r'exhale aucune vapeur délétaire & n’expofe pas les confommateurs aux accidents de l'afphyxie : cet avantage eft aflez important pour y faire attention; toute erreur fur ce point étant trop dangereufe , le public doit être prévenu que l'évaporarion de ces braifes allumées, tant celles fabriquées par le fieur Ling que celles préparées par toute autre efpèce de mé- thode , n’eft pas abfolument fans inconvénient; feu M. Venel , n’éroit pas éloigné de cette opinion , fur laquelle il donne pour affertions rigou- reufes , ce qu'il avance dans les termes que voici: Les Coaks, dit ce Chy- mifte , répandent dès le commencement de leur combuflion , & Jur-tour quand leur feu expire, quelques bouffées ; rares à la vérité, maïs très- fenfibles de vapeur acide fulphureufe (\) ; enforte, ajoute-t-1l, que La pré- pararion deflinée à épurer les houilles, ne les corrige que pour le rems de leur combuflion , pendant lequel elles mexhalent aucun principe [ulphu- reux ; cette préparation y a laiffé fubfifler en entier les principes & la dif- pofition d’après laquelle toute houille brute ow préparée , exhale à La fin de la combuflion une légère vapeur fulphureufe (2}, qui fe manifefte même affez conflamment dans un lieu fermé, fe on fe Jèrt de ce feu hors d’une cheminée (3). I y auroit donc, Monfieur & cher Confrère, plus que de Pimprudence à prétendre & à aflirmer, que jamais il ne peut en ré- fulrer des effets incommodes ou dangereux, la propofirion contraire, eft feule dans la vérité ; lorfque j'ai averti & démontré dans différens endroits de mon Ouvrage, que le charbon de terre ne répand en brü- lant aucune exhalaifon nuifible, je ne fuis point ici en contradiétion, PTS (x) Inftructions fur l’ufage de la houille. Part. I, Chap. x4, Seét, 1, p. 57. (2) Idem. page 98. (3) Idem, Chap. 11,Se. r, page 30, note 4, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ss ni avec moi-même, ni avec les décifions authentiques, portées à ce fujet (1). Le feu de bois ne donne aucun foupçon fâcheux pour la fanté, mais perfonne s’ignore qu'il n’en eft pas de même de fon charbon, de fa bite employés indiferèrement au chauffage ; le charbon de terre brut & fa braife ne font Re plus exempts d'inconvéniens, fi on les emploie dans des endroits fermés. J'ai eu foin de prévenir , que la va- peur de ce foflile embrâfé , avoir quelquefois produit des accidents gra- ves dans les perfonnes qui y avoienc été expofées (2), j’en ai rapporté un exemple tiré de la relation du troifième Voyage des Hollandois, pour découvrir une nouvelle route en Chine : je pourrois en joindre ici un autre, qui s'eft pailé dans le pays de Liége, mais que je réferve pour l'édition :7-4°. de mon Ouvrage. En admettant le moindre doute fur cet objet, il feroit aifé de tenter quelques expériences fur des animaux , je vous les propoferai avec plait. Si l’on veut en attendant prendre un parti décidé relanf à la ueltion , c’eft-à-dire, fur l'innocence ou fur le danger des exhalaifons de matières combuftibles , réduites dans l'état charbonneux de quel- que nature qu’elles foient , ou végétale comme le charbon de bois , ou minérale comme les CoAKs, ou animale comme les fubftinces offeu- fes, il eft indifpenfable de remonter aux premiers principes ou plu- tôt à la première confidération des chofes. Toute fubitance combufti- ble contient des fluides en partie aqueux & en partie huileux ; c'eft la réduétion de ces fluides en vapeur, qui donne occafion à la flimme, lorfque fur-tout le Auide aqueux eft difipé en plus grande quantité : à mefure que ces fubftances huileufes perdent leur Auidiré, l'étar en- flammé diminue au point qu'il n'y a plus qu'une flamine légère vol- tigeante , fur la furface du corps allumé , qualifié alors kurde : fila déflagration fe fait dans un appareil fermé, tel que dans les fabriques de charbon, comme la flamme n'a pas d'illue, il ny a que l'état Auide qui fe diffips & la plus grande partie des fubftances qui fe feroient enflammées, demeure dans l'éca de ficcité qui conftitue le charbon , il eft inutile de vous dire ici, Monfieur & cher Contrèce, ce qui eft fu de rout Phyfcien & de rout Chi mifte ; favoir, que l'acide qui accompagne ces fortes de fluides , acquiert & pius de concentration , & un plus grand degré de combinaifon avec les autres fubftinces ; quelle que foit donc la fubftance charbonnée que l’on vient à allumer de nou- (1) Voyez Sur-tout le Décret de la Faculté de Médecine de Paris du 1 Décem- bre 1769. Modo liber vaporibus pateat exitus , p. 189 , de l'édition 2-12. (2) Art d'exploiter les Mines de charbon de terre. Part. IL, Seët. 4, page 1266. Des effets incommodes qui peuvent réfulter dans certains cas, de la vapeur dachar- bon de terre embräfé, 1780 FÉVRIER. l'E 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, veau , ces matières huileufes & acides très-concentrées font chaflées par l’érat incandefcent en vapeurs très-fubriles que lon appellera fi lon veut, Gas méphyrique, dont la préfence dans un endroit circonfcrit & clos, ne peut jamais être indifférente , avec des variétés dépendantes, de la nature du corps charbonné & de la manière dont on s’y eft pris pour le charbonner, comimne par exemple, fi on avoit de tems en tems éreint ces braifes avec de l’eau, car alors, ces braifes allumées dans un endroit clos feroient plus fujettes à inconvénient que d’autres qui fe feroient éreintes fpontanément. Quelques circonftances, donc il eft fair mention dans l'Arc d'exploiter les Mines de charbon de terre (1), donnent lieu de croire qu'il eft de ces charbons dont la leflive les rendroit plus avantageux , pour certaines opérations ; le moment où ces: charbons, parvenus à un état voifin de la calcination, font encore em- brâfés, eft-1l le moment favorable pour procéder à la diffolution des: fels dont on voudroit les dépouiller? C’eft la queftion à décider. *°? Quant au prix de ce chauffage & à fes avantages comparés avec ceux du bois, ces deux articles font indiqués dans le profpectus ; le fe- cond non moins effentiel que le premier , celui de l’économie, y eft auMfi développé: mais l'expérience facile à faire chez quelque per fonne dont le foyer fe trouvera propre à l'objet en décidera mieux que tout ; c’eft delà que dépendra particuliérement le fuccès d’une ten- tative déjà faite(2), & que tout bon citoyen doit non-feulement dé- firer de voir réuflir, mais mème doit favorifer dans tout ce qui peut dépendre de lui; il eft très-a-croire que c’eft ce qui arrivera, fi le prix de la chofe ne fe trouve pas (comme cela a déjà été pour l’entreprife dont je vous ai parlé plus haut, } (3) un obftacle à l’économie qu'on fe propofe dans l'introduétion de ce chauffage ; j'y apperçois fur-tout un avantage pour les Provinces , c'eft que la facilité qu’on reconnoïtroit À ranimer ce feu , à lui donner du brillant, en y jetant de fois à autre un morceau de charbon de terre brut , pourroit peut-être conduire; infenfiblement à l'ufage de la houille épurée. Jai l'honneur d'être, &c. 22 Janvier 1780. em (x) Part. I, p. 172. Part. Il, p. 1336. {2) Avec le charbon de terre préparé à la Liégeoife. Art d'exploiter les Mines de charbon de terre. Part. IL, Sec. 4 , p. 1292. (3) Art d'exploiter les Mines de charbon de-terre, Part, IL, Sect, 4, page 1292 note 3. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 157 EOXIP-EÉVRTENNCE.S Nouvelles pour cffayer les Cidres bons & mauvais & décou- vrir les préparations de plomb, de terres calcaires & la cen- dre qu'ils peuvent contenir ; Par M. Mrsaize , de l’Acadèmie des Sciences, Arts € Belles-Lersres de Rouen ; Aporhicaire de l'Hôtel-Dieu de cette Ville, | expériences & Îles effais de pluñeurs Chymiftes (1) , ont déjà démontré que les Marchands de Cidre , pour adoucir cette boilfon & la rendre d’un meilleur débit, y mêloient des préparations de plomb, comme de la cérufe , blanc de plomb , fel de Saturne , &c. Ce n'eft donc pas la répétition des mêmes effais que je viens offrir, mais con- duit par un travail fuivi fur cer objet, & fous les yeux de a Police, je crois avoir découvert une nouvelle & non moins dangereufe alté- ration de la part de ces mêmes Marchands. Frappés par la loi , ils n'ont pas voulu la violer publiquement, mais toujours animés par l'in- térèc & les circonftances , 1ls ont imaginé de rétablir leurs cidres pâtés & de les mertre en état de féduire & de plaire par le goût & la couleur, er fubitituant de nouvelles préparations à celles que la loi profcrivoir. Les funeftes accidens , les maladies dangereufes, les morts même & d'autant plus cruelles , qu’elles s’'approchoient à petit pas, occafionnées par ces boïllons affoiblies & déguifées, ont de nouveau excité le zèle & l'attention des généreux Magiltrats qui veillent fur le bien-être des Citoyens. On m'a appellé pour l'examen des différens cidres: foupçon- nés ; j'ai moi-même opéré , quelques-uns ont fourenu les différentes épreuves ; d’autres , au premier moment ont paru tels qu'ils étoient, c’eft-à-dire , empoifonnés. Mais , non content de ces légers efais , j'ai voulu travailler cet objet en grand, dévoiler à l'aide de la Chymie ces pernicieux mélanges , les analyfer, & trouver des procédés sûrs, exacts & faciles , qui puiflent mettre chaque Citoyen en état de dé couvrir par lui-mème fé poifon qu'il a à redouter. à (1) Obfervations fur les Cidres & expériences relatives , par M. de la Folie, Journal de Phyfique, 1775, Tome V, p. 452. 158 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce font ces réfulrars que je viens foumettre au jugement de l'Académie, pour engager les Savans & les Chymiftes qui la compo- fent à me feconder dans ce rravuil & à devenir les bienfaireurs de la patrie, en mettant au grand jour les dangereufes fourberies de l'in- térèt. Le cidre, comme tout le monde le fair, eft une liqueur virée par expreflion des fruits du pommier, à qui on a fait fabir la fermenta- tion fpiritueufe, & d'une couleur ambrce: entre les différens cidres que jai foumis à l'examen, je n'en cirerai que trois; ce nombre fufti- fa pour porter un jugement certain fur les différentes préparations. N°. premier. Monfieur le Lieutenant-Général de Police, m'a fair remettre de fon cidre, j'en ai mis dans deux verres à vin, j'ai verfé fur l'un de l'huile de rartre par défaillance jufqu'au point de fatura- tion; la couleur du cidre eft devenue d’un rouge brun , & le mélange eft refté trèsclair & fans précipitation. J'ai mis fur l’autre verre une goutte de liqueur famante de Boile , le mélange eft devenu laiteux, j'ai eu un magiftère de foufre blanc. Jai mis de ce cidre dans une cucurbire de verre placée fur un bain de fable, ajufté un chapiteau & un récipient lutés ; j'ai diftillé jufqu'à ce que le cidre fût en confütance d'extrait , ayant eu l'atren- tion de changer de récipient; le premier produit étoit fpiritueux . le fecond flegmatique & le dernier acide : l'extrait ou réfidu reftant dans la cucurbite, brûlé dans une cuiller de fer , a donné quatre gros de matière charbonneufe , incinérée, leflivée, filrrée ; certe leffive éva- porée, jufqu'à ficcité, m'a donné dix-huit grains de fel alkali fixe blanc, par pinte de liqueut. E N°. 2. Monfieur Reculé , Directeur des Aides, ma fait remettre du cidre, j'en ai mis dans deux verres à vin , verfé fur l'un de l'huile de tartre par défaillance jufqu'au point de faturation ; la couleur de la liqueur seft beaucoup rembrunie & le mélange et refté clair, rien ne s'eft précipiré. J'ai mis fur L'autre verre une goutte de liqueur fumante de Boile, le mélange eft devenu laiteux , le magiftère de foufre éroit de couleur blanche. J'ai mis de ce cidre dans une cucurbite de verre placée fur un bain de fable , ajufté un chapiteau & un récipient luté , diftillé jufqu'à ce que le cidre ait acquis une confiftance d’excrait ; en féparant mes produits , j'ai eu de l’efprit, du flegme, de l'acide ; il a refté dans la cucurbite deux onces deux gros, quarante-huir grains d'extrait pat pinte; cet extrait brülé dans une cuiller de fer , a donné cing gros trente grains de matière charbonneufe, invinérée ; elle a pefé cinquante-quatre grains ; cette cendre leflivée , la liqueur filrrée & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 159 évaporce à ficcité, a donné dix-huit grains de fel alkali fixe blanc pat pinte. J'ai mis fix onces d’extrait dans une capfale de verre, verfé deflus deux onces d’efprit de nitre foible , connu fous le nom d'eau-forte, remué le tout avec une fpatule de verre pendant trois heures; enfuire verfé deffus une livre d’eau diftillée, agité le mélange , l'ai laiflé en repos pendant douze heures, filtré avec du papier gris : la liqueur éva- porée en confiftance de miel, je l'ai verfée bouillante dans une capfulé de verre placée à la cave pendant deux jours , je n'ai point obtenu de fel de nitre. N°. 3. Monfeur Barbier , rue aux Ours » m'a remis du cidre par ordre de Monfieur le Lieurenant-Général de Police ; j'en ai mis dans deux verres à vin, verfé fur l’un de l'huile de tartre par défaillance juf- qu'au point de faturation; le cidre eft devenu d'une couleur rembru- nie, & le mélange eft devenu très - trouble, il s’eft fait un précipité abondant ; première différence avec les cidres N°. 1 & 2, que nous avons déjà vus. J'ai mis fur l'autre verre une goutte de liqueur fumante de Boile ; le mélange eft devenu d'un gtis brun. Dans le N°. 1 & 2, le mé- langé étoir devenu laiteux, celui-ci eft d’un gris brun qui indiqué déja une fubftance métallique: j'ai pris du cidre de bonne qualité & jy ai mêlé une très-petite quantité de blanc de cérufe, au point de lui donner la mème couleur qu'à celui qui étoit gâté. J'ai fait les mé- mes eflais & j'ai eu les mêmes réfultats. J'ai mis de ce cidre dans une cucurbite de verre placée fur un bain de fable, enfuice diftillé jufqu’à ce qu'il ait acquis la confiftance d’ex- trait ; il a pallé dans le récipient , de l'efprit ardent , du flegme & de l'acide ; il a refté dans la cucurbite une once un gros quarante- quatre grains d'extrait par pince, & brûlé dans une cuiller de fer, a donné un gros quarante-trois orains de matière charbonneufe , Inci- nérée ; a pefé cinquante grains leffivée ; filtré la liqueur & évaporée à ficcité, a donné 22 grains de fel alkali fixe blanc par pinte. J'ai mis fix onces d'extrait dans une capfule de verré, verfé deflus deux onces d’efprit de nitre foible, remué avec une fpatule de verre pendant trois heures , enfuite verfé une livre d’eau diltillée » agité le mélange & l'ai laiflé en repos pendant douze heures; fileré enfuite la liqueur au papier gris , évaporée en confiftance de nel, verfée bouil- Jante dans une capfule de verre, placée à la cave pendanr deux jours ; jai retiré un fel cryftallifé en aiguilles, qui a la propriété de fufer far les charbons ; point de fel de nitre dans le numéro deux. il s’eft formé dans celui-ci: en trouvant une bafe d'alkali fixe véoéral, qui ne peut être que de la cendre, J'ai pañlé du cidre à travérs un blañchet dans 160 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, une terrine de srès , verfé deffus de l'huile de tartre par défaillance jufqu'au point de faturation, le mélange eft devenu trouble ; la liqueur filrrée par Le papier ,il a refté fur le filtre un précipité de couleur brune, qui, lavé & defléché , a pefé cinquante-deux grains par pinre. Une once & demie de ce précipité ou de cette erre brune mife dans un creufet de grès couvert & placé dans un: fourneau de fufñon , le feu pouflé pen- dant huit heures , le creufet retiré du feu & refroidi , la terre eft devenue blanchâtre & a perdu les fept douzièmes de fon poids, par la çcalcination, J'ai mis un peu de cette terre fur une teinture de fyrop de violette, elle l’a changée en verd. Cette terre blanche mife dans un verre, & verfé deffus de l’acide, 1l s’eft fait une effervefcence. J'ai mis du précipité brun , du cidre en poudre dans une capfule de verre, verfé du vin aigre diftillé ; peu-à-peu, & laiffant finir l'effer- vefcence jufqu'à parfaire faturation, la liqueur filtrée & évaporée dans une capfule de verre, fur un bain de fable, j'ai obtenu de la terre folice , calcaire , cryftallifée. J'ai mèlé douze onces de matière charbonneufe avec douze onces de flux noir ; le mélange mis dans un creufer placé dans un fourneau de fufon, poulfé à la fonte, le creufet refroidi & caffé , j'ai eu un très- petit bouton de métal que jemontrois à plufieurs perfonnes , mais en paf- fant de main en main, il nous eft échappé fans pouvoir le retrouver (1). Il réfulre des opérations ci-deffus , que les cidres N°. 1 & 2, ne don- nent point de précipité par l'addition de l’alkali, que le foufre n'éprour ve aucun changement , que l'acide nitreux ne fe neutralife pas avec la partie extractive ; enfin, j'eftime ces deux cidres de bonne qualité. Le cidre numero 3, m'a donné un précipité par l'addition de l'al- kali, ce qui prouve que ce précipité eft de la rerre calcaire mife dans le cidre par les Marchands, pour en neutralifer l'acide furabondant. Le foufre éprouve un changement par la réduétion de la fubftance métallique qui fe colore en brun, le nitre à bafe d’alkali fixe, eft for- mé EE at des cendres mifes dans cette boiflon ; la cérufe & les cendres y font ajourées pour l’adoucir & Le clarifier : un cidre de cette nature , €ft pernicieux pour la fanté, ce qui a engagé Mefieurs du Parlement de Normandie, qui veillent à la confervation de la vie des Citoyens , à rendre plufieurs Arrêts par lefquels ils défendent l'addi- tion des rerres, préparations de plomb , & les cendres, dans cette liqueur qui fait la boiflon des habirans de cette Province; malgré les (1) Je me fouviens de l'avoir vu , en fuivant ces expériences avec M. Mefaize, (note d'un des Editeurs de ce Journal. } fages A % SUR: L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 16% fages précautions des Magiftrats, mes Concitoyens font encore jour- nellement expofés à faire leur boiffon de cette liqueur altérée. Je le répète en finillant, il feroit bien à defirer 2 Mellieurs les Chymiftes fiflent de plus amples recherches pour perfeétionner la préparation de cette boiflon. Que les Fabricans ne laiffaffent pas trop mürir leurs pommes en tas, ce qui occafionne une diflolution prefque entière SRE du fruit qui paffe à la prefle & qui empêche la parfaite fermentation & clarification de cette liqueur. a REEESSSSES————— — NOUVELLES LITTÉRAIRES. Hsrorr des Hommes ou Hifloire Nouvelle de tous les Peuples du Monde ; Ouvrage qui fe diftribue périodiquement & dont il a déjà paru trois volumes d’Aiffoire Ancienne , trois volumes d’Æiffoire Moderne & un volume de Gravures. Il n'entre point dans le plan du Journal de Phyfique de traiter de lhiftoire ; mais les trois premiers volumes de l'ouvrage que nous an- nonçons, étant fpécialemeut confacrés à la Phyfique & devant moins être confidérés comme l’hiftoire des Hommes que comme celle de la nature, nous avons cru devoir nous y arrêter. Nous nous fomimes d’autant plus volontiers déterminés à cette ana- lyfe, que l’Hifloire des Hommes eft écrite par des plumes diftinguées & jouit d’un grand fuccès en Europe. On fait que malgré les travaux d’un grand nombre de Savans & de beaux Efprits, foit en France , foit en Allemagne & fur-tout malgré le fafte avec lequel on a annoncé la compilation énorme & indigefte des Anglois, il n’exifte point encore de vraie hiftoire Univerfelle. C'eft fur-tout le commencement de tout, l'origine des Arts, des connoifflances , des Sociétés qui embarrafle trous Tes Ecrivains de, cé genre. Les Hiftoriens des hommes, au défaut de monumens hiftoriques, ont confulté ceux que la nature a femés fur le globe , & c’eft fur cette bafe qu’ils ont of€ écrire l'hiftoire du globe, avant qu'il eût des Hif- toriens. Nous allons examiner cette partie Philofophique , d'autant plus que la liberté n’y dégénère point en licence , que % religion n’y eft point compromife & que tout ce qui eft refpeétable aux yeux de l'homme de bien y eft refpeété. Cette partie Philofophique embraffe prefque les trois premiers volu- Tome XV, Part. I. 1780. FÉVRIER. X 156: OBSERVATIONS SUR LA PHPSIQUE, mes de l'ouvrage que nous analyfons , & a pour titre, Æifloire du Monde primitif ou des Arlantes. Ils ont pour bafe un principe général fur l’Architeéture du globe , qui ne fauroit être défavoué par les Ecrivains qui ont étudié la Géographie en Philofophes. » L'Océan , dit notre Hiftorien , a laiffé fur toute la terre des traces » ineffaçables de fon féjour primitif fur fa furface : aujourd’hui même » que fes limites femblent fixées d’une manière invariable , il fait effort » contre les continens qui réfiftent : fon feul mouvement d'Orient en » Occident lui a fait engloutir les cerres dans une profondeur de 500 » lieues foit en Afe, foit en Amérique, & le globe deffiné par les Strabon & les Prolémée femble étranger à celui que deflinent aujour- » d’hui les Buache & les Danville. » En mème-rems que l'Océan fubjugue cette partie du globe contre » laquelle il pèfe, les Méditerranées qu'il forme diminuent infenfble- » ment de volume , & il faut l’attribuer en partie à cette foule de » grands fleuves, qui charrient lentement le limon qu'ils rouloient dans » leur fein, le dépofent par couches horifontales & en élevant ainfi les » terres regagnent au centre du globe les domaines que l'Océan avoit » envahis à fes extrémités. » Ce double principe de l'Océan qui fubjugue les limites de la terre, » & qui ne pénètre dans fon fein que pour en être fubjugué , répand » le plus grand jour fur la nuit profonde qui femble couvrir l'hiftoire » phyfique de la nature «, L'Hiftorien du Monde primitif raffemble enfuite un grand nombre de faits pour prouver fes principes : le plus curieux eft le tableau des révolutions qu'a effuyées au fein de lAfie la mer Cafpienne. Originairement cette mer Cafpienne couvrit la plus grande partie de l'Afe, & fervit de communication entre la mer Septentrionale & la mer des Indes. Une pareille affertion ainfi expofée révolte d’abord : mais quand on voit dans l'ouvrage la multitude de preuves que four- nilfent à l’Auteur les textes des Strabon, des Pline, des Mela & des Ecrivains les moins fufpects de l'Antiquité, il eft difficile de fe refu- fer à l'évidence qui réfulre de la réunion de tant de fuffrages, Au refte, depuis 1600 ans la mer Cafpienne, ajoute-t-on, a dimi- nué fenfiblement de furface : du tems de Prolémée, c’eft-à-dire au milieu du fecond fiècle de l’'Ere vulgaire, cette Méditerranée avoir d'Occident en Orient 13 degrés & demi ou près de 600 lieues. Le Prince Arabe Abulféda qui règnoit à Hamah en 1320, a afligné les différences en longitude & en latitude des côtes de la mer Cafpienne, & on peut conclure de fes obfervations que ce lac, de fon tems , n’avoit lus d'Orient en Occident que 350 lieues. Enfin il eft démontré par la Carte du Czar Pierre le Grand , levée en M, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 16; 1720, que la mer Cafpienne eft bornée aujourd’hui dans fà largeur à une furface de $o lieues. ’ Pour rendre tout ces faits plus fenfibles aux yeux des lecteurs , il y a dans l’/ifloire des Hommes quatre Cartes de la mer Cafpienne , qui indiquent fes différentes révolutions : l’une préfente le tableau de ce qu'elle a dù être dans le monde primitif, lorfqu'elle communiquoit avec quatre mers : la feconde , eft la Carte de Ptolémée; la troifième, cellede d’Abulféda, & la dernière, celle du Czar Pierre le Grand, reéti- fiée par le célèbre Danville. L’Hiftorien s’'éleve ici contre l'impéritie des Géographes modernes ; qui ne pouvant concilier leurs Cartes avec les Plans des Anciens, ont ris le parti de rejetter le témoignage des Strabon , des Pline & des tolémée : » I éroit cependant, dit-il, bien facile d’être vrai, fans fe » faire le dérraéteur des Anciens; il fufffoit de voir en grand le Spec- » tacle de la Nature , de ne point donner à notre globe l’enfance de » notre raifon, & de fuppofer que la demeure mobile de quelques êtres ” nés pour mourir, pouvoit avoir éprouvé quelque viciflitude. » Oui, le fpectacle que nous préfente la terre n’eft plus le mème » qu'il éroit il y a cinquante fiècles; mais c’eft le théâtre feul qui a changé » de décorations: hier, il repréfentoit une mer agitée : aujourd’hui, c’eft # une campagne riante : demain ce fera un défert«, Cas nt allez que la mer en fe retirant dut laiffer d’abord à dé- couveït ie fommet des montagnes ; alors, il fe forma au milieu des caux une foule d’Ifles, qui dans la fuite fe réunirent entr'elles, & fini- rent par former un continent. C’eft lorfque l’ancien monde étoit di- vifé en Ifles, qu'il faut chercher le féjour du peuple primitif. » Certe divifion du globe en Jfles primitives eft un des plus grands » traits de lumière jettés fur l’Hiftoire. Au défaut des monumens lit- » téraires que le tems a fait difparoïtre, on pourroïit peut-être fixer à- » peu-près l’âge des peuples par l'examen philofophique des pays qu'ils » cultivent. Ceux qui font de tems immémorial au centre d’un conti- » nent, feroient les pères des hommes; après eux, il faudroit faire mar- » cher les habitans des plus anciennes péninfules ; & les hommes les » plus nouveaux feroient les infulaires. » Ce principe donne la clef de l’hiftoire Ancienne, on voit que » l'habitant du Caucafe à pu fe croire Autochtone , que celui des pref- » qu'ifles de l'Inde & de l'Arabie n’a dû céder qu'au peuple primitif » le privilége de lantériorité , & que les dernières Sociétés du globe » ont dû fe former aux Maldives, aux Ifles Auftrales & au Nouveau » Monde «. Parmi les contrées élevées de notre continent qui ont pu être le ber- ceau du Genre humain , il y en a trois qui frappent particulièrement 1780. FÉVRIER. X2 164. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nos régards.; l’une eft la chaîne célèbre du Caucafe dont la narure fem- ble avoir fait une barrière entre l’Europe & l’Afe. L'autre eft le Mont Atlas, qui traverfe le continent entier de l’Afri- que d'Occident en Orient, depuis le Royaume de Fez jufqu’à la mer Rouge. La dernière eft le vafte plateau de la Tartarie. Le Mont Caucafe a probablement été la Métropole, & les peuples des autres hauteurs du globe les Colonies. Ici notre analyfe doit finir; car quelqu'intérèr qu'il y ait dans les recherches profondes des Hiftoriens des hommes , ce n'eft plus au Phy- ficien à les fuivre. Nous obferverons feulement que le titre d’Aifloire des Arlantes que portent les trois premiers volumes de cet ouvrage, a induit en erreur la partie du public qui ne lit point : on s’eft imaginé qu'il ne s'agifloit que des Héros de l’Atlantide le Platon, rajeunis vainement depuis quel- ques années fous la plume d’un Poëte Philofophe. On fe trompe, c'eft l'Hiftoire du Monde primitif qui fait la bafe de l'ouvrage ; & fi on en détachoit la petite épifode qui a fait naître le Roman moderne fur l’Atlantide , on ne déracheroit peut-être du livre que trente pages. Si cette hiftoire porte le nom des Atlantes , c’eft qu'ignorant le nom de la Métropole on a été obligé de la faire connoître fous celui d’une de fes Colonies. Cependant, il eùt été plus à propos peut-être de lui donner uniquement le titre d’Hiftoire du Monde primitif. Il y a vers la fin de ces préliminaires à l’hiftoire des Hommes, un Chapitre infiniment piquant qui traite des progrès de l'efprit humain à Pépoque du Monde primitif : il s'agit encore ici de la Phyfique , des Arts & de la raifon : ces objets font de notre domaine, & nous nous propofons d'y revenir à caufe de l'importance de la matière & de la manière neuve dont elle eft traitée. Cette Hifloire des Hommes dirigée uniquement par des Gens de Let- tres, ne fe trouve chez aucun Libraire; on ne fe la procure que par la voie de la Soufcription , & il paroît qu'on veille beaucoup à l'intérêt des Soufcripteurs. L'Abonnement eft de 24 liv. à Paris, & de trente livres, franc de port, jufqu’aux frontières du Royaume. L'Ouvrage fe diftribue périodiquement ; il paroït que réuni à la fin de l’année en corps de volumes , il en forme fix & en outre un feprième uniquement compofe de Planches , de Cartes & de bonnes Gravures. Les livraifons de l’année 1779 font faites, il en refte encore un petit nombre de collections pour ceux qui s’abonneront en 1780. On s'adrefle uniquement pour la Soufcription, à Paris, à M. de la Chapelle, maifon de M. Buhot, rue Bafle ; Porte Saint-Denis; il faut affranchir l'argent & la lettre d'avis, RS 7 2 ” b 4 SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 165 L'Académie de Rouen , dans fa Séance publique du 4 Août dernier, propofa pour fujet du Prix des Sciences en 1780, D'Affigner , d'après une Théorie étayée d'expériences ; les différences entre la Craye, la Pierre à chaux, la Marne E la terre des Os, que La plépart des Chymifles, ont jufqu'a-préfent confondues dans la claffe des terres Cal- caires. On lui a demandé par une lettre anonyme , des éclairciffemens fur fes intentions en propofant ce Programme, l’Académie à jugé à propos d'y répondre. Maïs pour maintenir l'égalité entre les concurrens , elle eftime devoir publier la copie ci-après de fa réponfe. » Le vœu de l’Académie de Rouen, n'eft point de s’en tenir aux » formes des Naturaliftes. Il faut tâcher de me des principes qui éta- » bliflent fes différences entre les terres calcaires. IL elt certain que les » fubftances Gazeuzes ou le Gas, jouent un rôle important. Nous en » avons la preuve dans la formation des Cimens , où la même chaux » donne des combinaifons différemment folides , en raifon qu'elle eft » plus ou DOIRERUe de fon Gas. Nous en avons encore une autre » preuve , par l’effai fait , de monter une cuve à indigo avec la craie, » au lieu A chaux fraifée , laquelle cuve n’eft jamais parvenue en » travail. On fembleroit pouvoir en conclure, que la chaux , en repre- » nant fon Gas, donnoit dans la malle du fluide, les fecoufles nécef- » faires, pour la fermentation & la divifon de l'indigo. » Mais il feroit en outre important d'examiner , quels font les mélan- » ges d’autres terres, qui rendent les terres calcaires fi différentes lesunes » des autres? Si une terre calcaire , paflée À l’état félénireux & que l’on » ramène par le feu à l'état calcaire, eft exactement de même nature » qu’elle étoit auparavant ? Si traitée avec le phlogiftique , les matières » grafles & pouflée à grand feu, elle ne change pas? &c. &c. » Au refte, on n'exige pas l'impofible. Quelques expériences bien » faites, & des raifonnemens analogues , peuvent fuffire. Les progrès » des connoïffances ne font pas fi rapides. On-ne prétend pas toujours » à des décifions irrévocables ; & les Académies couronnent fouvent » les feuls efforts des hommes de mérite «, Dans la même Séance du 4 Août 1779, on annonça que l’Acceffe, au fujet du Rocher de Quillebeuf, avoit été décerné au Mémoire cotté N°. 2. On ne pouvoit alors en dire davantage , vu que l’Académie s'eft fait la loi de n'ouvrir uniquement que le bulletin joint au Mé- æ, LA moire couronné. Mais , d'après une lettre reçue de l'Auteur, la Compagnie s’eft faic repréfenter ce Mémoire cotté N°, 2. Le biller décacheté a montré la 16. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, répétition de l’épigraphe.... Redigerem cm pulvere, in pulverem , & la même fionature de M. Moror, demeurant au Chateau de Cliflon, 5 Q 1 \ Bo co » À paroifle de Boifmé , près Brefluire en Poitou. Elle s’emprefle donc à lui donner publiquement les éloges que le mérite de fon Ouvrage lui a procurés dans le particulier. Prix de Phyfique propofé par l’Académie Royale des Sciences. L'Académie , toujours empreflée de concourir au progrès des Scien= ces, & fe trouvant à portée de difpofer d’un fonds propre à donner un Prix tous les deux ans, a réfolu , en 1777 , de joindre un Prix de Phyfique aux Prix de Mathématique & de Phyfico-Mathémarique qu’elle eft dans l’ufage de propofer annuellement; elle a annoncé en confé- de , qu'elle propoloit , pour le premier Prix de ce genre, le fujet uivant : = L'Expofition du Sylléme des vaiffleaux lymphatiques, Aucun des Mémoires qui lui ont été envoyés, ne lui ayant paru remplir d'une manière fatisfaifante l’objet Fes s’étoit propofe, elle a cru devoir remettre le Prix, & propofer une feconde fois le mème fujer. F a-ril des vaifleaux lymphatiques de plufieurs efpèces , comme on l'avoit d'abord avance ? Quelle en eff l'origine € La terminaifon ? Toutes Les parties du corps en font-elles pourvues ? Comment ces vaiffèaux fè comportent-ils dans les glandes conglobces ? Enfin , quelle eft la route que fuivent ceux de leurs troncs qui peuvent être rendus fenfibles ? f#- Voilà les principaux points fur lefquels l'Académie attend des éclair- ciffemens. Elle déclare qu'elle ne veut & n’adoptera que des faits. L’Anatomie comparée pourra venir au fecours de Anatomie humaine ; mais il faudra fur-tout s'attacher à celle-ci, confidérée dans l’état de fanté, & non dans celui de maladie, parce que, dans cette dernière cir- conftance , l'organifation des parties n'eft pas toujours exaétement celle de la nature, Pour donner aux Savans Le tems de faire les recherches convenables à l'importance & à la difficulté de ce fujer, l'Académie ne proclamera le Prix qu’à fa Séance publique de Pâques 1782 ; mais les Mémoires lui feront remis avant le premier Janvier de la même année. Comme elle fe propofe de vérifier les obfervations qui paroïtront neuves, elle exige des Auteurs qu'ils rendent compte des procédés qu'ils auront fuivis , des inftrumens qu'ils auront employés, & des fubitances dont ils auront fait ufage en injection. L'Académie defire aufli qu'ils joignent à leurs Mémoires des deflins, ou, tout au moins , des efquifles , lorfqu'ls le jugeront néceflaire. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 167 Le Prix fera de 1500 livres. Les Savans de toutes les Nations font invités à travailler fur ce fujet ; mêmes les Aflociés étrangers de l’Académie : elle s’eft fait une loi d’en exclure les Académiciens regnicoles. Les Mémoires feront écrits en latin ou en françois. On prie les Auteurs de faire en forte que leurs écrits foient lifibles. Ils ne mettront point leur nom à leurs ouvrages, mais feulement une fentence ou devife. Ils pourront , s'ils veulent ; y attacher un billec cacheté , qui contiendra avec la même fentence, leur nom, leurs qualités & leur demeure ou leur adrefle. Ce biller ne fera ouvert par l'Acadé- mie, qu'au cas que la pièce ait remporté le Prix. Ceux qui travailleronct pour le Prix, adrefferont leurs ouvrages, francs de port, au Secrétaire de l’Académie , ou les lui feront remettre entre les mains. Dans ce fe- cond cas, le Secrétaire en donnera fon récépiflé à celui qui les lui aura remis , dans lequel fera marquée la fentence de l'ouvrage & fon nu- méro, felon l’ordre ou le tems dans lequel il aura été reçu. L'Académie proclamerà la pièce qui aura mérité ce Prix, à fon Aflem- blée publique Le Pâques 1782. S'il y a un récépiflé du Secrétaire pour la pièce qui aura remporté le Prix, le Tréforier de l'Académie délivrera la pre du Prix à celui qui lui rapportera le récépilfé : il n’y aura à cela nulle autre formalité. S'il n’y a pas de récépiflé du Secrétaire , le Tréforier ne délivrera le Prix qu’à l’Auteur mème, qui fe fera connoître , ou porteur d’une pro- curation de fa part. ————— TABLE DES CA RAR TACPE"E:S Contenus dans ce Cahier. Larrrs de M. de Morveau, à M. Monpez Le jeune, fur une pétrification fengulière , Page 89 Traduilion d'une Lettre de M. Wilfon , Membre de la Société Royale de Londres , adreffée à M. Euler, Profeffleur de Mathématique & Membre de l'Académie Impériale de Pétersbourg , de la Société Royale de Londres, de l’Académie Royale de Berlin, &c. Lue à la Société Royale , le... de Juin 1779 , 92 Mémoire fur l'Air inflammable; préfenté le 28 Février, € lu le 11 Mars 1779; a la Société Royale de Londres ; Par M. l'Abbé F. FELIX FONTANA, Phyficien de S. A. R. le Grand-Duc de Tofcane , & Direëleur de fon Cabiner d'Hifloire Naturelle, 99 56 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c: Deftription d'une Canule propre à fecourir les Afphyxiés ; par M. GopARD ; Doileur ex Médecine à Wervier , Membre des Académies Royales de Dijon & Bruxelles , 112 Extrait d'un Mémoire de M. l'Abbé Tessier, Doëleur-Régent de la Faculté de Médecine de Paris, de la Societé Royale de Médecine , de L'Académie des Sciences, &c. de Lyon ; fur les inconvéniens des Eta- bles, dont la confruëfion eff vicieufe , 114 Extrait d’une Lertre écrite de Manheim le 4 Oëlobre 1779, & M. Sigaud de la Fond , Profeffeur de Phyfique expérimentale à Paris ; par M. L'Abbé Hemmer , Garde & Démonfrateur du Cabinet de Phyfique de S. A.S. Monfcigneur l'Eleiteur Palatin , 116 Différtation fur La différence qu'on met entre les Corps originairement élecfri- ques & les Conduéteurs ; par M. AcHARD, de Berlin, 117 Plan d'un Traité fur l'Aurore Boréale, pour fervir de fuite à celui de M. De Mairaw; par J, H. Van Swinpex , Profeffeur de Philofophie , à Franeker , en Frife, Membre de l'Acadèmie Electorale de Bavière, des Socierés de Haarlem & d'Utrecht | & Correfpondant de l’Académie Royale des Sciences de Paris, 128 Mémoire fur les variations des Aiguill:s aïmantées, & fur Les Bouffoles ; par M. le Comte DE LA Cerepe, Colonel au Service de l'Empire, & Membre de plufieurs Académies , 140 Leurre de M. Barbier de Tinan à M. Neret fils, au fujet de fon premier Mémoire fur une nouvelle efpèce de gas inflammable , 144 Lertre de M. Morand , en réponfe à M. Le Roy, de l’Académie Royale des Sciences , touchant le chauffage économique préparé par le Sieur Lie, 148 Expériences nouvelles pour effayer les Cidres bons & mauvais, 6 découvrir les préparations de plomb, de terres calcaires & La cendre qu'ils peuvent contenir ; par M.MEsaA1ze , de l'Académie des Sciences, Arts 6 Belles- Lettres de Rouen, Apothicaire de l Hôrel-Dieu de cette Ville, 157 Annonces Littéraires , 161 1 A PIPURS, OL BVABESAL ON. T2: lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre : Obfervations fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts, &c.; par M. l'Abbé Rozrrr, &c. La Colle&tion de faits importans qu'il offre pério- diquement à fes Leéteurs, mérite l'accueil des Savans ; en conféquence, j'eftime qu'ou peut en permettre l'impreffion. A Paris, ce 25 Février 1780. YALMONT DE BOMARE. J'duation Asprrant | Lelir Seulp : GE a SA TE —— —————0 #7 — — [JOURNAL DE PHYSIQUE. | | | DA ARR SAR T6 0. ISERE; fi a SNEMES ONADABraNLETTARAE Sur la Vue, ou Differtation fur le Strabifme. Par M. P Abbé RoBINEAU (1). Ïr ne peut être ici, Monfèur, queftion du ftrabifme volontaire ; ce que nous avons dit , fufhit pour expliquer tous les phénomènes du regard louche. Je n2 parlerai donc que du ftrabifine involontaire confidéré comme défaut dans l’organifation de la vue. On conçoit qu'il peut exifter abfolument deux fortes de ftrabifme, Celui par lequel les deux yeux s’écarteroient de l'objet , foit dans une proportion égale, foit dans une proportion inégale ; & cefui par lequel un œil fe dirige vers l’objet , tandis que l’autre s’en écarte fenfiblement. Je ne crois pas qu'on ait obfervé des Strabites du premier genre (2). On ne peur donc appeller véritablement Strabites que ceux du fecond ; mais parmi ceux-ci, il en eft encore de plufeurs fortes : ceux dont le ftrabifme eft permanent , ceux dont le ftrabifme ne paroït que par intervalles, & ceux qui louchent tantôt d'un œil, tantôt de l’autre. Ceux dont le ftrabifme ne paroït que par intervalles ne fonr point (1) Voyez la première lettre du même Auteur fur cet objet , dans ce Journal 1778, Tome XII, p. 329. (2) Il y a des perfonnes qui paroïffent , en fixant un objet, rapprocher leurs yeux plus que le commun des hommes; d'autres, au contraire, qui paroillent les écarter un peu trop, & d'autres enfin dont le regard ne paroît pas varier en confidérant fuccefhve- meutun objet voifin & un objet éloigné. Mais toutes ces différences font trop peu fenfi- bles pou: qu'on puiffe en rien conclure de poftif; & c'eft ce qu'on appelle communé- ment faux trait dans les yeux. Les Peintres, plus accoutumés à faifir ces nuances dans le regard, difent qu'une perfonne a les yeux trop rapprochés ou trop écartés, ce qui ne doit pas fe confondre avec des yeux placés ou trop près ou:trop loin l’un de l'autre, & ne s'entendre que des deux premiers défauts dont nous venons de parler. Tome XF, Pare. I. i780, MARS. Y 130 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de véritables Strabires, & c'eft moins chez eux un défaut d’organifation qu’une mauvaife habitude contraétée dans l'enfance & dont ils peuvent aifément fe corriger. Ceux qui louchent tantôt d’un œil & ranvor de l'autre, on louchent conftamment, ou par intervalles. Si c’eft par intervalles, on peut leur appliquer ce que nous venons de dire des précédens; mais fi ce défaut eft conftant chez eux, & ne varie que d'un œil à l’autre , ce font de véritables Strabites, Nous aurons occafion d’en parler. On n'entend donc communément par Strabires que ceux dont un œil fe dirige vers l'objet & le fixe, randis que l’autre œil s'écarte fenfi- blement dans une autre direction que celle de l'objet. Je me bornerat ici à l'examen des deux queftions fuivantes. 1°, Les Strabites ne voient-ils que d'un «œil, ou voient-ils des deux yeux à la fois? 2°, Quelles font les principales caufes du ftrabifme ? PREMIÈRE QUESTION. Si Les Strabites ne voient que d'un œil ? Pour réfoudre cette queltion , rappellons ici ce qui a été dit plus haut (première lettre fur la vue, cahier de Novembre 1778 , pag. 329) en parlant du méchanifme de la vue. Nous avons obfervé que la façon la plus avantageufe de confidérer un objet eft de diriger vers lui Paxe optique de chaque œil ; que l’image d’un objet fitué dans une direction perpendiculaire au cryftallin, eft infiniment plus claire que toutes les images des objets placés hors de certe direétion ; que les mouvemens intérieurs de l'œil relatifs à la diftance des objets n'ont lieu que dans cette même direction ; d’où il réfulte, que l'image des objets non fixés eft très-foible, qu’elle n’excite ordinairement notre attention que dans le cas d'un mouvement imprévu de quelqu'un de ces objets, & qu'enfin pour diftinguer le degré d'impreflion que font fur nous les objets non fixés de celui que font fur nous les objets fixés , on doit fe fervir pour ceux-ci du mot voir & pour les autres du mot apper- ceyoir. D'après ces obfervations ne peut-on pas répondre à la queftion pro- pie que les Strabites ne voient les objets que du bon œil & qu'ils es apperçoivent du fecond , mais qu'ils ne font pas plus d'attention à certe image foible & confufe du mauvais œil , que n’en fait une perfonne qui à la vue droite aux images des objets non fixés. Quoique donc un Strabite ait réellement deux images des objets, images qu'il peut abfolument diftinguer lune de l'autre à caufe du défaut de réunion au même point , il jugera pourtant les objets fim- SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. x71 ples, parce qu'il ne fera ordinairement attention qu'à l'image claire & diétinète qu'il a par l'œil fain, & que ce ne feroit que par un effort, dont plufieurs ne fe trouveroient point capables, qu'il pourroit en même-rems partager fon attention fur l’image foible & Te de l'œil vicié. Er en effet, un Strabite à qui l’on ferme le bon œil, redrefle fur le champ l'œil vicié & le dirige vers les objets dans une direétion perpendiculaire. Dès-lors, il les voit avec cet œil, & s'il ne les diftin- gue pas aufli parfaitement qu'avec l’autre, cette différence naît prin- cipalement du défaut d'exercice dans cet œil. Mais en fixant ainfi les objets avec l'œil foible, il apperçoit confufément les objets qui for- ment avec celui qu'il fixe un angle égal à celui que formoit ce même œil avec l'objet lorfqu'il le confidéroit de l'œil fain. Pourquoi donc cet œil, capable dans le fecond cas de recevoir des images confufes des objets non fixés, n’en feroit-il pas capable dans le premier (1)? En vain répondra-t-on que cet œil en fixant les objets eft dans un état d'aétivité & d'attention qui peut lui faire appercevoir les objets non fixés, & qu'au contraire lorfque le bon œil agit, il eft dans un (1) Il cft aifé de fe convaincre, dit M. de Buffon, (Differtation fur le Strabifme, Mém. de l'Académie des Sciences, ann. 1743 , pag. 244. ) que les Strabites ne voient ue d'un œil & cela par une épreuve facile : Faites placer la perfoune louche à un Fe jour vis-à-vis une fenêtre , préfentez à [es yeux un petit objet comme une plume à écrire, & dites-lui de la regarder ; examinez fes yeux, vous reconnoë. trez aifément l'œil qui eff dirigé vers l'objet ; couvrez cer œil avec la main, & fur Le champ la perfonne qui croyoit voir des deux yeux, fera fort étonnée de ne plus voir la plume , & elle fera obligée de redreffer fon autre œil & de Le diriger vers l'objet pour l'appercevoir : cette obfervation eff générale pour tous Les lou- ches , ainff il eft sûr qu'ils ne voient que d'un œil. En convenant de Ja vérité & de l'exactitude de l'obfervation, ne peut-on pas héfiter fur la conclufion. La plupart des Strabites diront ne plus appercevoir l'objet, & je ne m'en étonne pas. Suivant ce que nous avons dit, l'image du mauvais œil doit araifon de fa foiblefle échapper à l'attention du Strabite , comme échappent à la nôtre les deux images confufes d'un objet fitué dans la même direction que celui que nous fixons. Voict comment je m'y fuis pris pour m'aflurer de l'exiftence de cette image foible & con- fufe dans le mauvais œil du Strabite. Au lieu de le placer à un beau jour vis-à-vis une fenêtre, & de lui préfenter un petit objet à fixer , je le menai dans un endroit obfcur & lui dis de fixer une bougie placée aflez près de lui. Puis ayant reconnu quel éroit fon bon œil , je Le lui fis fermer précipitamment avec la main. J'obfervai qu'au même inftant l'œil foible fe redrefla & fe dirigea avec affurance vers la bou- gie ; & lorfque je lui demandai s'il avoit ceflé un moment d'appercevoir la lumière, 11 me répondit que non; mais qu'à l'inftant où il avoit fermé le bon œil , elle lui avoit paru prefque éteinte & três-foible, jufqu'à ce qu'il l'eût fixée de l'œil refté ouverr. On he aifément les raifons qui m'ont fait changer du tout au tout cette expérience , comme aufli les conclufions qu'on en peut tirer. 1730. MARS. Y à 172 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, état de relâchement qui réduit prefque à rien la faculté qu'ila de tranf. mettre les images des objets. J'avoue que cette différence dans l'état de l’œil peut abfolument en produire une dans la clarté de l'image apperçue; mais jufques à ce que l'œil foit affoibli au point de ne pouvoir prefque plus difcer- ner même les. objets qu'il fixe, il peut abfolument appercevoir cette image quelque foible & confufe qu'on la veuille fuppofer. C’eft par cette fuite d’obfervations qu'on peut expliquer , comment cet homme dont parle Chéfeldéen , & qui devint louche par la vio- lence d’un coup à la tête, vit pendant long-tems les objets doubles, & comment il parvint dans la fuite à les juger fimples. L’œil dé- tourné étoit dans les premiers tems fain, & dans un état d'activité habituelle , l'image reçue par cet œil quoique confufe & plus foible que celle de l'autre œil, ( femblable à la double image que nous avons des objets lorfque nous détournons un œil avec le doigt) avoit encore affez de force pour exciter fon attention ; cer homme dut donc voir les objets doubles, jufqu'à ce que cet œil tombant peu-à-peu dans un état de relâchement par l'inaétion & le défaut des mouvemens relatifs à la diftance des objets, s’affoiblit au point de ne lui plus tranfmet- tre que des images crop foibles pour partager fon attention (1). (1) Il n'eft pas à beaucoup près auffi aifé d'expliquer ce fait dans le fyflêéme de M. de Buffon. Onne voit pas trop en effet pourquoi cet homme accoutumé dès l'en- fance à voir les objets doubles & à les juger fimples, les jugea doubles après le coup reçu. Le nombre des images fenties ou apperçues n'ayant pas changé fes jugemens fur l'unité ou la pluralité des objets fondés fur l'expérience du roucher, devoient étre abfolument les mêmes. M. de Buffon répond à cette difficulté, que l'image de l'œil détourné qui rom- boit avant le coup fur une partie de la rétine , correfpondante à la partie fur laquelle tomboit l’autre image dans l'œil refté fain , tomba depuis le coup fur une toute aurre partie; & que par conféquent, les parties de la rétine émues par les deux images n'ayant plus de correfpondance entr'elles , c'eft à-dire, (ainfi qu'il l'explique lui- mé- me) n'étant pas accoutumées d'être affeitées enfemble & en méme-tems, il lui faluc une autre habitude différenre de la première pour s'accoutumer à certe nouvelle fen- fation , & rectifier l'erreur dela vue. Et en effet, ajoute-t-il, f l’on demande pour- quoi il faut Ji peu de tems aux enfans pour apprendre à juger Les objets fimples, & qu'ilen faut tant à des perfornes avancées en âge lorfqu'il leur arrive par accident de Les voir doubles comme dans l'exemple que nous venons de citer, on peut répondre que les enfans n'ayant aucune habitude contraire à celle qu'ils acquièrent , il leur faut moins de tems pour reétifier leurs fenfations , mais que les perfonnes âgées ont le défavantage d'une habitude contraire à celle qu'ils veulent acquérir , & qu'il faut peut-être un exercice de 20, 30 ou 40 ans pour effacer Les traces de cette ancienne habitude de qe Quelque ingénieufe que foit cetre réponfe, j'ofe la croire infufifante & mal-fondée. Elle fuppofe, en effet, que telle combinaifon ou tel rapport des axes optiques entre SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 17; Il fuir de-touc ceci, & C’eft un des points les plus importans , que de quelque caufe que vienne le ftrabifme, il doit néceflairement pro- duire à la longue l'inégalité de force dans les yeux , parce qu'il met néceflairement l'œil détourné dans un état d'inaétion qui l’afoiblit tou- jours de plus en plus. M. de Buffon qui dans fes obfervations à eu occafion de remarquer conftamment certe ingalité dans les yeux des Strabites, l’a regardée non comme un effec du ftrabifime , mais au con- traire comme en étant une des caufes principales. Je crois en avoir allez dit pour conclure qu'elle en eft l'effet; nous allons examiner dans la queftion fuivante, fi elle peut en être la caufe. SEC 'O ND'E" QUE STI ON. Quelles font les principales caufes du Strabifine ? Prefque tous les Auteurs qui ont écrit fur cette matière ont embraflé des fentimens différens. 11 feroit trop long de les tous difcurer en partieulier, je ne m'arrèterai qu'aux principaux, Les uns ont afligné pour caufe du ftrabifme l'inclimaifon du cryf- tallin fur l'axe optique naturel ; d’autres le défaut de fenfibilité dans la partie de la rétine qui répond à cet axe. Dans ces deux fyftèmes l'induction eft la même. Le Strabite. détourne l'œil , difent les pre- miers, pour placer le cryftallin en direétion perpendiculaire des objets ; c'eft felon les feconds, pour faire tomber les images des objets fur une partie de la rétine plus fenfible que n’eft fuppofée être celle qui répond à l'axe optique. ; Ces deux fentimens fe réfutent également par l'expérience rappot- tée par M. de Buffon, (Voyez ci-delfus lanotep.171.) & qui prouve dr a ordinairement ni inclinaifon du cryftallin fur l'axe optique , ni défaut de fenfibilité dans la partie de rétine qui correfpond à cét axe, puifqu'au moment où le bon œil eft fermé, le mauvais eft forcé d'agir, RCE RER en eux n'eft pas plus favorable que tel autre pout nous préfenter les objets doubles ou fimples & nous faire prononcer fur leur unité, mais que l'habitude une fois con- tractée elle devient la règle de nos jugemens. D'où l’on peut conclure, que fi ce mé- me homme qui après avoir vu long-tems les objets doubles , parvint à les juger fim- ples , eût reçu un fecond coup à la tête qui lui eût redreffé l'axe optique détourné, il auroit encore vu une feconde fois les objets doubles, jufqu'à ce qu'il eût perdu Ja feconde habitude de voir pour reprendre la première. Ces conféquences que je: crois légitimement déduites des principes de M. de Buffon < ent été réfutées d'avance gâr tout ce que nous avons dit {ur l'utilité de la réunion des axcs optiques, 174 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, il fe redrefle , & fixe les objets dans une direction perpendiculaire. M. 1 Abbé Nollet & plufieurs autres, penfent que le ftrabifme eft : occafionné par un défaut de correfpondance ou d'équilibre (1) dans les mufcles moteurs de l'œil, foit que ce défaut vienne de naïffance, foit qu'on doive l’attribuer à une habitude vicieufe contractée dans la plus tendre enfance. Il exifte, en effet, une telle correfpondance entre les mufcles mo- teurs des yeux, qu'il eft prefqne impollible de mouvoir un œil fans mouvoir l’autre dans la mème proportion. Cette extrème difhculté n'eft-elle qu'une fuite de l'habitude contraétée dans l’enfance , ou tient- elle à la conftruétion intérieure de l'organe? IL paroït en confultant l'expérience, que ce n’eft pas-à la force de l'habitude qu’on doit l’at- tribuer. Dans les aveugles , quoique leurs yeux foient prefque toujours en repos, dans les borgnes, foit de naiflance, foit par accident, les deux yeux fe meuvent roujours dans la mème proportion. Or, dans ces cas on ne peut pas attribuer cette correfpondance à une fuite de l'habitude contraétée dès l'enfance : il eft donc beaucoup plus vraifem- blable de l’attribuer à la conformation intérieure de l'organe. L'exemple de l’aveugle de naiffance à qui Chefeldéen ft fucceflive- ment fur les deux yeux l'opération de la cararaéte, n’eft-il pas encore une preuve de l’exiftence de certe correfpondance de mouvement dans les mufcles moteurs des yeux indépendamment de tout ufage de la vue? Ce jeune homme à qui on ne fit d’abord l'opération que fur un œil, & qui ne fubit l’opération fur le fecond qu'un an après, ne put voir les objets fimples au moment de cette feconde opération, que parce que l'œil dont il ne voyoit pas ayant toujours fuivi par des mouve- mens correfpondans le bon œil, fe trouva dès-lors aufli exercé que le premier, & dut fe tourner naturellement & fans effort vers les objets dans la direction de l'axe optique (2). (1) Je confonds ici ces deux fentimens qui différent très-peu l'un de l'autre, parce ue je crois, avec M. de Buffon, que foit défaut de correfpondance , foit défaut ‘équilibre dans les mufcles moteurs des yeux , l'explication doi être la même, (2) Ce fair prouve bien poftivement que nous voyons naturellement les objets fimples, & que ce n'eft pas l'expérience du toucher qui nous apprend à les juger tels. Aulli M. de Buffon fentant apparemment tout l'avantage qu'on en peut tirer contre fon fyftême, préfente l'obfervation comme douteufe : Ce jeune homme, dit-il, ne vit pas les objets doubles , ou du moins on ne peut pas s'affurer qu'il eût vu d'abord Les objets doubles, Maïs n’eft-il pas à préfumer que ce même jeune homme , qui ren- dit fi bien compte de toutes les fenfations qu'il éprouva fucceffivement , & qui après la feconde opération dit qu'il voyoit les objets plus grands qu'auparavant; n'eft-il pas à préfamér, dis-je, que s'il eût vu les objets doubles , il eût parlé d'une appa- rence beaucoup plus frappante pour lui, que ne pouvoit être celle de la grandeur des. objets ? SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 174 Maïs cette même correfpondance dans les mufcles moteurs des yeux exilte-t-elle aufli dans les yeux des Strabites? M. Jurin convient qu'il cft des cas où cette correfpondance n’a plus lieu ; M. de Buflon paroïît fourenir qu’elle exifte toujours (1). Ne pourroit-on pas concilier ces deux opinions en diftinguant deux efpèces de défaut de correfpondance dans les yeux des Strabites? 1°. Dé- faut dans la correfpondance des mufcles ; 2°. Défaut de correfpondance entre ces mêmes mufcles. Jappellerai défaur dans la correfpondance des mufcles moteurs des yeux , la fauffe pofition d'un œil fur ces mêmes mufcles ; de façon qu'en admettant une correfpondance exacte dans leurs divers mouve- mens , ils fuivront néanmoins , mais toujours dans le même rapport, des direétions différentes (2). C’eft dans certe clafle que doivent fe ranger tous les Scrabites de naïffance, & ceux qui louchent conftam- nent, mais tantôt d’un œil & tantôt de l’autre, fecond défaut de leur vue qui paroît venir d'une inégalité de force dans leurs yeux, affez grande pour les obliger à fixer d'un œil les objets voilins, & à fe fervir de l’autre pour pouvoir diftineuer les objets éloignés (3): dans ce cas fi le ftrabifme n’eft pas incurable , il doit être extrèmement difh- cile à guérir. J'actribuerai au contraire au défaut de correfpondance entre les (1) Cet Auteur dans fa Differtation , page 238, cire comme une.obfervation conf- tante, qu'en fermant le bon œil à un Strabite, & appuyant légérement le doigt fur la paupière du bon œil fermé, il a reconnu qu'il fuivoit exaétement tous les mouvemers du mauvais œil fixant fucceilivement plufieurs objets. Ce qui felon lui prouve qu'il n'y a point de défaut de correfpondance entre les mufcles moteurs des deux yeux. Mais, il ne nous dit pas (ce qui étoit pourtant effentiel à obferver) fi au moment où il fermoit le bon œil & où le mauvais fe redreffoit pour fixer l'objet propofé à con- fidérer à ur beau jour, comme dans l'expérience rapportée ci deflus , fi, dis-je, au même moment, le bon œil, alors dirigé vers l'objet, ne s'en écartoit pas dans la même proportion qu'en. étoit écarté le mauvais avant que fermer le bon œil. (2) On voit aifément dans cette fuppofition que lorfqu'un Strabite fermera le bon œil pour fe fervir du mauvais, le bon s’écartera de l'objet dans la même proportion qu'en étoit écarté le mauvais avant que de fermer le bon œil. (3) En affignant l'inégalité de force dans les yeux pour caufe de cette variation dans le regard de cettains Strabites , je fuis bien éloigné de croire avec M. de Buffon que cette même inégalité de force puifle produire le ftrabifime , fur-tout chez cette efpèce de louches 3 puifque , comme nous le verrons bientôt , M. de Buffon convient que lorfque l'inégalité de force eft trop grande elle ne peut être caufe du ftrabifme, & qu'il eft plus que probable que cette variation dans le regard ne peut venir que d’une très-grande inégalité de force dans les yeux, foit que cette inégalité elle-même doive être attribuée à un différent degré de conyexité pour chaque œil, foit qu'elle pro- vienne du plus où moins d'aptitude d'un œil à fe prérer aux mouvemens relatifs à la diftance des objets, 176 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mufcles , le ftrabifme de ceux dont les yeux varieront dans leur divers mouvemens, de façon que la faulfe direction du mauvais œil fera pour plufieurs objets la même, & pour d’autres tantôt plus grande tantôt plus petite. Ce défaut de correfpondance entreles mufcles peut coalement venir de naïllance , & être produit par quelque vice dans l'organifa- tion intérieure de l'œil; mais plus ordinairement , il aura pour caufe le relâchement ou la contraction d’un ou de plufieurs des mufcles mo- teurs d'un œil, caufe qui dans différens cas s’oppofe plus ou moins fortement à la direétion de l'axe optique vers l'objet , & qui peut être la fuite de diverfes maladies , comme aufli provenir d’une habitude vicieufe contractée par l'enfant au berceau , & des efforts réitérés qu'il fait pour appercevoir un objet quelconque qu'il ne peut fixer des deux yeux. C’eft dans cette clafle que doivent fe ranger ceux qui font de- venus louches dans leur bas âge, & tous ceux qui le font devenus par accident, & c’eft aufli les feuls dont on puille fe flatter de guérir le ftrabifime. M. de Buffon regarde l'inégalité de force dans les yeux comme la plus commune, & une des principales caufes du ftrabifme. Tous les Strabites, dit-il, ont les yeux incgaux en force, donc il doit y avoir chez eux une des deux images plus claire que l’autre. Maïs dans ce cas, ajoute-ril , l'image de l'œil foible nuit à la clarté de l'image du bon œil; on gagne infiniment à ne confidérer les objets qu'avec cet œil, & c’eft pour cela que le Sirabite détourne le mauvais œil pour ne faire attention qu'à l'image du bon. Tel eft en deux mors le fyftème de cet Auteur. Rien de plus ingé- nieux que la façon dont il le détaille dans la differtation déjà citée. En la lifant on eft aifément féduit & par l'agrément d'un ftyle toujours noble & correct, & par une marche qui paroît toute fondée fur l’ex- périence. J'oferai pourtant propofer mes doutes contre ce fentiment; mais auparavant , ajoutons à ce que nous avons déjà dit, quel- ques obfervations qui tendent toujours plus à prouver que l'inégalité de force dans les yeux eft l'effet, & non la caufe du ftrabifme. M. de Buffon convient que l'inégalité de force dans les yeux ne peut produire le ftrabifme que lorfqu'elle eft pour ainf dire dans un terme moyen. Si elle eft en effet trop grande, l'image confufe du mauvais œil fera fi peu fenfble qu'elle ne nuira point à la clarté de l'image reçue par le bon œil ; fi elle eftrrop petite, l'intervalle de vue diftinéte qu'on gagneroit en écartant l'œil foible , eft de pen d'ufage & de peu de conféquence. Dans l'un & l’autre cas ce feroit à pure perte que le Strabite fe fatigueroit à détourner le mauvais œil (1). eme ee (x) Voyez dans la Differtation déja citée, ce qu'entend M, de Buffon , par intervalle de vue diflinéte, ; Voilà SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 177 Voilà déjà bien des circonftances où cette inégalité ne peut produire le ftrabifme. Mais en la prenant dans un terme moyen en eft-elle alors néceflairement caufe ? J'ai eu occafion d'obferver la vue de plufeurs perfonnes qui n’éroient rien moins que louches, & dont les yeux avoient pourtant ce degré précis d’inégalité, qui felon M. de Buffon, doit né- ceflairement produire le ftrabifime. Pour preuve de fon fyftème, M. de Buffon obferve, que cette iné- galité diminue de beaucoup & dans peu de tems lorfqu’on ferme à un Strabite le bon œil, & qu'on l'oblige par-là d'exercer le mauvais; il confeille mème cette méthode pour guérir le ftrabifme dans les per- fonnes qui ne font pas encore dans un âge trop avancé. Mais ce fait ne peut-il pas prouver également, que l'inégalité de force eft un effet du ftrabifme qui difparoït avec la caufe; & ne peut-on pas aufli raifon- pablement attribuer la guérifon du Strabite à l'exercice des mufcles de cer œil , exercice qui le rend fufceptible de fe prèter peu-à-peu aux mouvemens relatifs à ceux de l’autre œil, & aux mouvemens relatifs à la diftance des objers ? : Enfin , en obfervanr certe inégalité à différens âges, on trouve qu’elle augmente toujours chez les Strabites , au point que dans un âge avancé ils ne peuvent prefque plus faire ufage du mauvais œil. Tout concourt donc à prouver que chez eux cette inégalité eft l’effer du ftrabifme. Développons VUCE le fyftème contraire, & examinons fi elle peur en ètre la caufe. M. de Buffon fuppofe comme inconteftable , 1°. que l’image con- fufe de l'œil foible nuit à la clarté de l’image reçue par le bon œil, 2°. que le Strabite peut détourner l'œil foible pour ne faire attention qu'à l'image reçue par le bon œil. Examinons ces deux points fépa- rément. L'image confufe du mauvais œil nuit-elle à la clarté de l'image reçue parle bon ? Plufeurs Auteurs embarraflés d'expliquer comment l'organe de la vue étant double, nous voyons pourtant les objets fimples , ont pré- tendu qu’on ne voyoir réellement les objets que d'un œil ; que l'ame ne faifoit attention qu'à celle des deux images qu’elle appercevoit le plus diftinétement. Ce fentiment démontré faux dans la fuppofñtion de deux yeux égaux , feroit-il fi abfurde dans un certain degré d'inégalité de force dans les yeux , & M. de Buffon n'eft-il pas forcé de l'admertre comme vrai dans le cas d’une trop grande inégalité ? Mais ne fe peut-il pas, mème dans le cas d’une inégalité moyenne , que l'ame ne fafle attention qu’à l’image reçue par le bon œil? En effet, Tome XV, Parc, I. 1780. MARS: Z 178 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, l'autre image ne peut point partager l'attention que l'ame donne à l'image claire & diftiné&te du bon œil, parce que cette image quoique : confufe eft femblable à l’autre , qu’elle occupe exaétement le mème pas de l'étendue, qu’elle coïncide parfaitement avec elle; parce qu’enfin, attention fe porte naturellement vers ce qui nous affecte le plus. Cette image devient donc comme nulle & ne peur nuire à la per- ception de l'autre, De plus, l’image produit la fenfation dans le bon œil, indépendamment de la façon dont l'autre eft affe@té. Fermez ce dernier , ne le fermez pas, la fenfation reçue par le bon œil'n’en fera ni plus forte ni plus foible, & agira toujours dans le même degré. Mais, dira-ton , ce qui nuit à la clarté de la vue en confidérant un objet avec des yeux inégaux en force , ce qui peut partager l'attention de lame , c’eft cette pénombre qui fe forme autour de l'image reçue par l'œil foible, & qui préfentant quelque chofe d’étranger à l’objet, em- pêche encore cette image de coincider parfaitement avec l'autre. J'ai confulté à ce fujet nombre de perfonnes qui métoient point Strabites , & dont les vues étoient à différens degrés d’inégalité. Tou- res m'ont dit appercevoir cette pénombre , lorfque je leur préfentois à fixer de l'œil foible un petit caraétère mis hors de la portée de cet œil : mais au moment qu’elles le fixoient des deux yeux , ce mème caractère fe trouvant à la portée de l'œil fort, & en étant apperçu diftinétement , cette pénombre difparoifloit. Et cela doit être ainfi, parce que cette pénombre n’eft apparente qu’en proportion inverfe de l'apparence de l'image ; que plus elle défigure l’image , plus aufli devient foible la fenfation qu’elle produit. Il n’eft donc pas étonnant que l'ame ne faffe pas plus d'attention à cette pénombre, en la fuppo- fant apperçue, qu’elle n'en fait à la double image de certains objets qu'on ne fixe pas (1). Il eft aifé, objecte-t-on encore, de fe convaincre du défavantage qu'occafonne l'inégalité dans les deux images, en plaçant foi-mème ( fuppofé qu’on ait les yeux égaux) un verre convexe devant un œil feule- ment, & fixant alors un objet des deux yeux à la fois. J'avoue qu’en fixant ainfi les objets la vue devient pénible & moins diftinéte , & qu'il vaut mieux alors fermer un œil que de confidérer les objets avec une vue aufli inégale. Mais y a-t-il parité dans les (1) En vain fe rejetteroit-on fur ce que des images femblables quoiqu'inégales en clarté doivent partager l'attention, Séthnie l'image confufe ne peut fe diflinguer de l'autre en tant que femblable , parce qu'elle coïncide alors avec elle, & que fi la con- fufion ou pour mieux dire la pénombre la défigure au point de ne pouvoir plus coïnci- der avec l'autre, elle eft extrémement foible , & n’ef plus femblable comme le fuppole l'objeétion, SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 179 deux cas ? 1°. Le verre convexe , mis devant un œil, rend l’image qui y eft reçue beaucoup plus grande que celle de l'autre œil , différence de grandeur qui ne peut guère fe trouver au même degré entre deux yeux inégaux : 2°. Il place l’image de cet œil dans un autre plan, de façon qu’elle ne peut plus coïncider avec l’autre, ce qui doit nécef- fairement partager l'attention en préfentant deux images qui ne fe rapportent plus au même point de l'étendue : 3°. Et c’eft le point le plus effentiel , le verre convexe ne nuit point à la clarté de l'image reçue par l'œil devant lequel on l’a placé , de façon qu’on a deux ima- ges, toutes deux aflez diftinétes pour partager l'attention, & ne fe rapportant plus au même point. Enfin, l'exemple que cite M. de Buffon de fa propre vue ne prouve rien, parce qu'ainfi qu'il l'avoue lui-même , la confufon de fa vue en fixant-un petit caractère vient moins de l'inégalité de force dans fes yeux , que de l’extrème difficulté de réunir fes deux axes optiques fur un objet qu'il eft obligé de confidérer de trop près, & dans ce cas, les efforts qu'il fait pour parvenir à cette réunion, s'oppofent aux mouve- mens intérieurs d l'œil relatifs à la diffance des objets (1). 1 n’eft donc pas aufli démontré que le fuppofe M. de Buffon, que la confufon d’une image nuife à la clarté de la perception de l’autre. Refte à examiner fi le Strabite peut à volonté détourner un œil fans mouvoir l'autre pour ne s’occuper que de l'image la plus claire & la plus diftincte. Peut-on détourner un œil fans mouvoir l'autre ? Peut-être fufHroit-il pour réfoudre cette queftion de rappeller ici ce que nous avons dit plus haut, Sie ets de tout ufage de la vue, il exifte une telle correfpondance entre les mufcles moteurs des yeux, qu'il eft prefque impoflible de remuer lun fans mouvoir l'autre dans la même proportion. Ajoutons cependant quelques reflé- xions qui prouvent toujours plus cette vérité. Parmi les perfonnes qui ont la vue droite, il en eft peu qui fachent confidérer un objet en louchant des deux yeux à la fois, c’eft-à-dire, en rapprochant ou écartant trop leurs yeux relativement à cet objet, de façon qu’elles en aient deux images; mais il eft encore infiniment (:) L'organe de la vue eft fi délicat, que le moindre effort extraordinaire en trou- ble les fonétions. Ce n'eft donc pas fans fondement qu'on peut attribuer la confu- fion de l'image totale chez M. de Buffon, aux efforts qu'il eft obligé de faire pour réunir fes deux axes optiques. 1780. MARS. Z 2 13o OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, plus rare de trouver des perfonnes qui fachent véritablement loucher, c'eft- à-dire, fixer un objet d’un œil, & détourner l’autre dans une direction différente. Pour loucher de la première façon, il fuffit, fi on confidére. un objet de quelques pas, de rapprocher fes yeux comme sil n'éroit qu'à un pied où deux de diffance; ou sil n’eft qu'à un pied de dif- tance, de les écarter comume sil étoit beaucoup plus éloigné. On voit fouvent des enfans s'amufer, en louchant ainfi, à multiplier à leurs. yeux les lumières d’un appartement. Mais je n'ai jamais rencontré per- fonne qui für véritablement loucher. Une feule me parut avoir cette faculté, cependant de fon propre aveu , les deux images étoient con- fufes. Ce qui prouve que l'œil qui paroifloit refter dirigé vers l’objet en étroit réellement un peu écarté, ou bien, que l'effort fait pour dé- tourner un œil fans mouvoir l’autre, empèchoit dans celui qui reftoit immobile les mouvemens relatifs à la diftance des objers, Ce qui fe- roit une preuve de la vérité de l’obfervation faite plus haut fur la vue de M. de Buffon. Il eft également rare de trouver des Strabites qui puillent à volonté redrefler l'œil vicié. Leurs efforts n’aboutiffent ordinairement qu'à loucher un peu moins , ou à loucher tantôt d’un œil tantôt de l'autre, quelquefois même à ne plus rien voir , & perdre entièrement de vue l'objet. Mais, dit-on, cette faculté de détourner un œil fans mouvoir l’au- tre s'acquiert peu-à-peu & dans un âge où les yeux n'ayant point en- core contracté l'habitude d'agir toujours de concert, font plus fufcep- tibles de mouvemens indépendans les uns des autres. La réfléxion ny entre pour rien, c’eft l'inftinét de la nature qui guide & dérermine les yeux de l'enfant à prendre la direction la plus avantageufe pour voir. À cela je réponds, 1°. qu'on fuppofe toujours gratuitement que c'eft l'habitude de faire agir les yeux de concert qui établit la corref- pondance de mouvemens entre ces deux organes, tandis que nous avons vu que certe correfpondance exifte chez les borgnes, & même chez les aveugles de naïflance : 2°. Si c'eft l'intérèr de la nature qui déter- mine l'enfant à détourner un œil pour écaïfter l'image confufe & pren- dre la fituation la plus avantageufe pour bien voir un objet, ourquoi ce même inftinct ne redtelfe-t-1l pas l'œil foible de l'enfant, Ée l'objet qu'il confidére fe trouve dans l'intervalle de vue dif- tinéte commun aux deux yeux, puifqu’alors on gagne à les faire agir tous deux , ne fulle que pour embrafler une plus grande partie de l& furface de cet objet? Faut-il donc d’un côté reconnoître la force de cet inftinŒt , & de l’autre la borner ? ou prétendra-t-on que ce cas érant très-rare pour quelqu'un qui a les yeux fort inégaux, la force de Fhabitude doit alors l'emporter? Maïs ce cas eft moins rare qu'on ne. u SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 181 penfe ; la diftance des objets variant à l'infini, il y en aura toujours dans le nombre plufeurs qui fe trouveront dans l'intervalle fuppofé. Enfin, en fuppofant que l’image confufe nuife à la clarté de l’autre image , en fuppofant que le feul inftin& puifle apprendre à l'enfant à détourner un œil fans mouvoir l'autre , w'eft-il pas probable , ainf que nous l'avons obfervé plufieurs fois , que les efforts qu'il fera pour détourner cet œil s’oppoferont , lors de fes premiers effais, aux mouve- mens relatifs à la diftance des objets dans l'œil qui refte immobile, & alors ce que l'on fuppofe que l'enfant gagnera de clarté en écartant l'image confufe, ne le dédommagera pas à beaucoup près du degré de clarté qu'il perdra par le défaut de mouvemens dans l'œil dont 1l pa- roîtra fixer l’objet. Telles font les difficultés qu'on peut oppofer au fyflëme de M. de Buffon , & qui font encore defirer la folution de ce problème : Quelle eft la caufe la plus commune & principale du ftrabifme ? Ce ne fera que par une fuite d'obfervations fur plufieurs perfonnes fujettes à ce défaut , & combinées avec celles que donnera l'anatomie exacte de ces mêmes fujets après leur mort, qu'on pourra parvenir un jour à réfoudre cette difficulté. Mais ce moyen même eftil bien praticable , & en attendant que nous foyons mieux inftruits, auquel des fyftèmes expofés ci-deflus donnerons-nous la préférence ? Je ne crois pas qu'il y ait à balancer: s'il en eft un dewrai, ce me paroït être celui qui affigne en général pour caufe du ftrabifme le dé- faut de correfpondance entre les mufcles moteurs des yeux. Et en effet, fi l'on a combattu cette opinion avec quelque fuccès, c’eft faute chez les partifans de ce fyftème d’avoir fu diftinguer, défaut dans la cor- refpondance des mufcles, & défaut de correfpondan La Tourmaline ne doit donc point être confondue wavec la zéolite; je croirois qu'il feroit plus naturel de la placer à la fuite des > fchorls, ou mieux encore, fi l'on veut lui faire tenir un rang féparé, avant ou après > les cryftaux gemmes «, Le Leéteur pourra avoir recours à la page 122 de l'ouvrage que nous venons de cirer, More du Traduiteur, L maline SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 15; maline du Bréfil femble appartenir à un genre approchant de celui des fchorls: c’eft ce que confirme d'ailleurs la figure qui lui eft propre, & que M. Rinmann a défignée (1). Quant à la couleur de fumée, qu'on connoît à la véritable Tourmali- ne, & que n'a pas celle du Bréfil, c'eft encore une de fes qualités eflen- tielles, quoique d’ailleurs , ce ne foi pas la feulé qui la caraétérife. Dès qu'on fait jufqu'où les Æpin, les Wilfon , les Berzmann ont pouflé leurs expériences , on eft prefque tenté de croire qu'ils ont épui- {€ la matière : de mon côté, bien loin d’avoir pu entreprendre de nou- veaux eflais , je Rai pas encore eu le loifir de répéter ceux de ces-habiles Phyfciens ; à peine me fuis-je afluré que la Tourmaline du Tirol pof- féde comme celle de Ceylan, l'électricité tant pofitive que négative. Mais laiflant à part ce qui peut concerner les qualités éle&triques de notre pierre , voici une découverte que je dois encore vous communi- quer. Elle eft due à une expérience que je fis enfuite de l’idée que me donna une des obfervations de M. Rinmann. Ayant examiné certaines petites lames de Tourmaline , qui fe déta- chent ordinairement & en travets lorfqu'on veut dégager quelques prif- mes de leur matrice, j'obfervai que ces lames , toujours fort minces, n’étoient pas plus tranfparentes que les prifmes eux-mêmes. Je voulus voir quel feroir le deoré de finefle qu'exigeroit l’une de ces lames pour devenir , sil étoit pofible , parfaitement diaphane : je la taillai avec foin , & ne lui laiflai qu'environ un tiers de ligne d'épaifleur : la tenant alors contre la lumière d’une chandelle , j'apperçus au centre de | @G)1l y 2, comme on fait, des fchorls éle&riques : ils ne différent cependant de- autres fchorls, que par l'éleétricité qu'ils manifeftent , quoique dans un degré peu fenfible. Un caractère diftin@if entre les fchorls & la Tourmaline , c’eft que les pre- miers ne jettent pas , comme celle-ci, un éclat phofphorique au point de fufion. Au refte, malgré ce que dit l'Auteur touchant la Tourmaline du Bréfil, qu'il prend pour un fchorl électrique, ne fe pourroit-il pas, ainfi que le croit un bite Mi- réralogifte avec aui je fuis en liaifon, que cette Tourmaline fût plurôt une éime- raude ou un prafe un peu électrique, & ayant la configuration d’un fchorl cryftal. lifé? Car 1°. la Tourmaline du Bréfil eit verte & tranfparente. Wailetius la défigne ainfi , Turmalinus pellucidus , colore viridefcente , interdum fmaragdino. Syf. Min. 6. 64. N°, 6. (e) Si certaines Tourmalines du Bréfil tirent fur le bleu, ce n'eft qu'une variété qui s'obferve également parmi les émeraudes: & 2°.11 eft crès-poffible que la Tourmaline du Bréfil ait là configuration d'un fchorl cryftallifé, fans être pour cela une pierre de certe dernière efpèce, vu que Ja topaze du Bréfil a également la forme du {chorl cryftallifé. D'un autre côté, M. Valmont de Bomare a déjà dit qu’il foupçonneroït volontiers que la Tourmaline du Bréfil n'eft qu'un péridot, qui eft une efpèce d'émeraude peu eftimée & d’une verd-jaunâtre. Cet Auteur a le même foupçon à l'égard de la Tourmaline de Ceylan : mais quant à ce point , on s'apper- çoit bien qu'il s'eft trompé. Voyez fon Dictionnaire d'Hiftoire Naturelle, au mot Tourmaline. Note du Traduéteur, Tome XV, Part, I. 1780, MARS, Bb 194 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ma petite lame , un point d'un verd-foncé & tranfparent: je continuai à la tailler, & j'obfervai que plus elle devenoit mince, plus le point verd gagnoit en étendue & en tranfparence : enfin je parvins à réduire la petite lame à l’épaiffeur d’une feuille de papier, & alors je trouvai, à ma grande furprife, qu’elle éroit rout-à-fait diaphane & d'un beau verd d'émeraude ; de manière , cependant , que le milieu de la lame étoit vifblement plus tranfparent que le refte: Je répérai plufeurs fois mon expérience, & toujours je trouvai le même réfulrar. Je puis donc pofet ici, que notre Tourmaline n’eft d’une couleur brune-obfcure, que lorf- qu'on regarde les prifimes contre le jour, en plaçant l'œil vis-à-vis d’un de leurs côtés ; & que réduite en lame fort mince , la pierre fe montre non-feulement diaphane, mais encore qu’elle fait voir la couleur qui lui eft propre , & qui eft d'un beau verd. J'ai remarqué que la Tour- maline taillée en lame , quelque mince qu'elle foit, ne conferve pas moins fa qualité éleétrique , ainfi que. fes pôles. Voici un autre eflai qui me reftoit à faire. Je taillai un prifme de Tourmaline felon fa longueur, & je me procurai une lame très-mince ; mais celle-ci ne laïfla pas de demeurer brune &-couleur de fumée ; faut que l'inclinant un peu , j'obfervai une ‘teinte verdâtre , ou plutôt une forte de gris verd ; ce qui provenoit du mélange de la couleur propre à la Tourmaline quand elle eft réduite en lame mince & prife en travers du prifme , & de Ix couleur qu'ont les prifmes lorfqu'ils font vus de la manière que je l'ai dit plus haut. Je me perfuade que la couleur verte qu'offre la Tourmaline taillée en travers & en lame fort mince, & la couleur brune que retient une lame également mince , mais tail- lée fuivant la longueur de la pierre, je me perfuade, dis-je, que ce phénomène eft également propre à la Tourmaline de Ceylan comme à celle du Tirol. Au refte , aucune autre pierre , que je fache, ne préfente une fingularité de cette efpèce. Voilà, Monfieur , à quoi je borneraï à préfent mes obfervations fur la Tourmaline du Tirol. Mais avant de finir, je dois vous communi- quer quelques remarques fur le fchorl verd & fur la fchorl-blende ou horn-blende noire , dont je vous ai parlé ci - deflus, & que j'avois trouvés fur le Greiner, un pèu avant d'y avoir découvert notre Tour- maline. J'obferverai ici avant tout , quant aux fchorls en général , & que Wal- lerius range, non fans raïfon , fous un mème genre avec les zéoli- tes (1), que je ne faurois trouver d’autre différence effentielle entr'eux & les roches de cofne ; défignées par le même Minéralogifte (2) , finon (1) Syff: Min. $. 64, (A) (By. (2) Lapides corner. Syft, Minér. $. 7x M1 SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1:95 1°, Que celles-ci donnent toujours , étant écraféés , une poudre couleur de cendre, & une odeur de terre. 2°. Que par la calcination elles pren- nent une couleur brüne. 3“. Que mifes en fufon , elles produifent une fcurie noire & cellulaire, ou un verre noir & compacte ; tandis que les {chorls confervent leur couleur & leur tranfparence jufqu’au point de fu- fion , & qu'alors ils fe changent en une fcorie écumeufe. Si les propriétés diverfes que je viens de défigner , font des caractères fufhfans pour établir entre les fchorls & les roches de corne , une différence eflen- tielle , c'eft ce que j'ignore. Au refte , Wallerius avoue qu'il y a un très- grand rapport entre ces deux efpèces de pierre, Ceci polé, je viens à ce que j'ai à dire fur ces mèmes efpèces qui me paroiflent encore douteufes. Mon fchorl verd cryftallifé donna par la trituration, une poudre d’un gris-clair. Je le fis rôtir, & je lui trouvai un décher à raïfon de huit li- vres & demie par quintal : fa couleur étoic alors d’un brun clair, ce qui pouvoit provenir du mica qui eft mêlé en abondance avec le fchorl dont il s’agit. Je le laiffai expofé durant quatre jours & quatre nuits à un feu de réverbère, & cela Er un fourneau de laiton de la fabrique d’Achenrein en Tirol ; il ne fubit d'autre changement , fauf que les pièces que j'avois laïflé entières, prirent une couleur d'olive, & qu’elles devinrent un peu plus caflantes : pour le fchorl pulverifé qui avoit cgale- ment fubi le feu de réverbère pendant un efpace de foixante & douze heures , la poudre me donna une mafle qui fembloit pétrie , quoiqu’elle füc rès-friable, Maloré les réfultats que je viens d’expofer , je fuis renté de croire que le mème fchorl fe vitrifieroit enfin, fi on faifoit un effai à un fourneau de verrerie. Mes autres effais fur cette pierre me donnèrent des réfulrats femblables à ceux que m'eut fourni toute autre efpèce de fchorl. Celui dont j'ai fait l'analyfe, contenoit fept livres de fer par quintal (1). Je pafle à la fchorl-blende noire , qui doit encore m'occuper quelques inftans. J'ai déjà dit quelque chofe de cette fubitance , en parlant de cel- (x) La figure neuvième de la planche qui fe trouve à la fin de cette Lettre, re- préfente le fchorl dont M. Muller fait ici mention. Il eft en prifme quadrangu- laire , & il n'eft doué d'aucune vertu électrique. La qualité réfraétaire de ce fchorl, offre une circonftance bien remarquable. Selon Cronftedt, Wallerius & ceux qui ont écrit après eux , tout fchorl a la propriété d'être fufñble par lui-même & fans addi- tion. On pourra dire que la quantité du mica qui fe trouve mêlé avec le fchorl décrit par M. Muller, aura empêché la fufion de cette dernière fubftance. Mais voici bien un autre doute: le Minéralogifte dont j'ai cité l'opinion touchant la Tourmaline du Bréfil [page 193 , note 1. ] foupçonneroit volontiers que le fchotl dont il s'agit, n'eft qu'un mica verd & cryftallilé. Note du Traduéteur, 1780. MARS. Bb à “ 196 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, | | les que nravoit offert le Greizer (1). J'ai obfervé que cette pierté e trouvoit par ftries dans des mafles fiffiles ou fchifteufes , & mèlées de mica. Je vous ai parlé de la direction qu’avoient ces ftries ; & des grenats de fer dont elles éroient fouvent accompagnées. Voici maintenant € que m'apprirent les effais qui me reftoient à faire fur la fchorl-blende. Cette pierre , fouvent très-abondante dans fa matrice ; me donna ; étant écrafée , une poudre d’un gris-obfeur : rôtie, elle perdit us CHANT tième de fon poids , & elle devint brune. À un feu de réverbère con- tinu & violent, elle entra en fufon , & fe changea en une fcorie RE : couleur de fer ; cette fcorie étoit poreufe dans la caffure, elle donnoit des étincelles lorfqu’on la frappoit avec l'acier. La pierre mife en fafon avec du borax, me fournit un verre d’un brun-jaune & à demi-tranfparent. Ce verre dans l’eau-forte fe changea tout-à-fait en une fubftance gélati- neufe. La même pierre fondue avec du fpath fufible produifit un ee brun & tranfparent , un peu poreux dans la partie qui avoit VE fond du creufer. Elle contenoit du fer dans la proportion de neu ss vres & un quart par quintal. Je fis diffoudre ma fchorl-blende dans À l'huile de vitriol concentrée , que j'avois mis bouillir: lalkali fxe que j mêlai avec la diffolution affoiblie par l'eau commune , AE Dre précipité de couleur jaune-pâle & tirant fur le gris. Ces di Le conftances jointes à ce que la pierre étoit pour la plupart lamelleufe : ftriée , quoique par fois elle me parût un peu fpatheufe , me us SFA connoître cette même pierre pour une véritable {chorl-blende ou horn blende; le Corneus fpathofus , niger de Wallerius (2). Si J'ajouterois ici bien volontiers plufieurs obfervations que j'ai encore faites en litholifant dans nos cantons du Tirol: elles ne feroient pas deftituées d'intérêt, & cela d'autant plus , que l'hiftoire maturelle de certe contrée déjà célèbre par fes mines depuis plufieurs fiècles, ma encore été traitée que bien fuperficiellement : mais je réferve des ma- tériaux pour l'ouvrage que je vous ai promis ci-deflus. Au refte, j AR tends avec un plaifir égal à mon impatience, les réfultats des recherches. que nos Phyficiens feront fans doute far la Tourmaline, à préfent qu'on: peut leur fournir fans peine des échantillons de cette pierre fingulière | 3). Sa: (1) Pages 186 & 187. QG) Syf. Min. $. 72, N°4 3, [a]. (3) On peut voir à Bruxelles dans le Cabinet de: S.. A. R. le Duc Charles de Los raine, divers beaux échantillons. de la Fourmaline du Titol: ils ont été envoyés à: ce Sérénifime Prince par S. A, R. l'Archiducheffe Marie-Anne d'Autriche. On connoît de goût de cette Princefle pour les Sciences, &! l'accueil qu'elle fair à ceux qui-les cultivent. Elle a formé un trèe-beau Cabinet d'Hiftoire Naturelle |; & elle l'enrichit sous les jours. A la vue d'une telle: collection. toute raflemblée: des mains d'une SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 197 nature & fes propriétés feront toujours connues de mieux en mieux ,. à mefure que des gens habiles pourront multiplier leurs recherches & leurs expériences. Quel nouveau champ va s'ouvrir ! que de nou- veaux rapports n'appercevra-t-on pas entre les vertus électriques , ma- gnétiques & celle du feu élémentaire ! Je vois déjà une fource infinie de merveilles , un nouveau fujec d'admirer l'impénétrable Auveur de Læ Nature. Je vous prie, Monfieur , d’agréer quelques Tourmalines que je joins ici. Les unes font encore one méds dans leur matrice, les autres en font déjà détachées. Vous pourrez en diftribuer à vos amis, & leur donner par-là une nouvelle preuve , que les Etats de l’Augufte Maifon d'Autriche fourniffent à-peu-près tout ce que le Règne minéral renfer- me de plus rare & de plus précieux. Si quelques tréfors minéralogiques reftent encore à découvrir dans ces Etats fortunés, c’eft que par-touc on n'a pas des Peichner , des Delius, des Born , des Scopoli pour en faire la recherche. Mais dès qu'on connoît les écoles de Minéralogie qui fleuriffent à Schemnitz, écoles dont l'établiffemenc ainff que les pro- grès font dus au génie élevé du Miniftre (1) qui préfide au département des Mines de notre Monarchie , quelles découvertes ne peut-on pas fe promertre, fur-tout lorfque les fujets qui compofent certe pépinière de Minéralogiftes habiles, feront difperfés dans les différens endroits des Etats Autrichiens , où ils feront envoyés dans la fuite: C’eft-là où ils trouveront moyen d'exercer leurs-talens., quand ils ne: feroient que donner des notions’ exactes fur toutes. les efpèces de minéraux & de pierres propres à chaque canton. Jefuis, &c, Û “ 11 2) M ? J 2 214: EXPLICATION DES FIGÜRES: Figure 1. Petits prifmes de Tourmaline confufément entañlés les uns fur les autres , & de la manière qu'ils le font ordinairement dans une pierre ollaire, compofée de ftéarire verdâtre & de talc. Voyez quant à cette pierre qui fert de matrice à la Tourmaline, ce qui a été dir page 189. , Figure 2. Grands prifmes de Tourmaline pareillement entaflés dans une pierre ollaire , qui eft d’ailleurs la même qu'on vient de défigner. À EE Princefle au-deflus de nos éloges, quels fentimens ne doivent pas s'unir à ceux que fair naître Je tableau intéreffant des productions de la Nature! Remarque du Traduc. teur, (3) $, E, le Comte Novohradzky de Kollowran ‘58 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, . Figure 3. Tourmaline ayant la forme d’un'prifime à neuf pans d'inégale largeur , terminé à chaque extrémité par une pyramide trièdre, dont les plans font des pentagones: irréguliers. : Figure 4. Priêne de Tourmaline fans pyramide : les plans parallèles ou les bafes font des ennéagones. Parmi les neuf pans de ce prifime , ily en atrois plus grands & fix plus petits : & leur difpoficion ef telle, que deux des plus petits fe trouvent toujours oppofés à un des plus grandss Si l’on envifage dansice prifme les deux plans parallèles, on peut {e repréfenter un trianole:primitit, dont les côtés ont donné les trois plus grands pans du prifmé, & dont chaquerangle a été coupé par un angle faillant , ce qui a donné au prifme fes fix autres pans, qui font les plus petits. 23119 Figure $.'Tourmaline ayant la forme d’un prifme à neuf pans d'iné- gale largeuty & terntiné à chaque extrémité par une pyramidetrièdre , dont les plans font deux quadrilatères à côtés inégaux ; & un hepta- gone irrégulier. É Figure 6: Prifme de Tourmaline fans pyramide : il eft à neuf pans. Ce prifme en préfente un autre qui y eft incorporé en travers. Figure 7. Prifme de Tourmaline. Les plans oppofés font des ennéago- nes irréguliers, & par conféquent les neuf côtés font inégaux. Il eft fans pyramide, 1 ) Figure 8. Prifme de Tourmaline terminé en pyramide, On ne fauroit fixer le nombre des côtés de ce prifme , non plus que ceux de la pyra- mide , parce que le tout a été taillé & poli avec la pierre qui fert de matrice à ce cryftal de Tourmaline. La mème eryftallifation laifie apperce- voir diverfes fèlures qui fe trouvent en travers : delà on peut con- clure, qu'en général , la Tourmaline a des efpèces d’articulations qui rendent cette pierre naturellement fort fujette à fe rompre lorfqu'on la dégage de fa matrice. Figure 9. Schorl cryftallifé en prifme quadrangulaire, fans pyramide, Ce fchorl a été décrit pages 195 & 196, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 199 LA EX PR ERREE De M. WASELTON , aux Auteurs du Journal de Phyfique, ou fuite du Problème de la tranfmutation de l'eau en terre (r). Le 18 Oobre 1779. MM. Vous me demandez au nom des Phyficiens de leur communiquer mes procédés fur la tranfmutation de l'eau en terre ; ce feroit à ces Meflieurs que je m'adrefferois pour obtenir des lumières fufifantes fur cer objet: mais avant d’en venir à mes procédés , je crois nécef- faire de donner une idée-de ma chéorie , étayée par l'expérience , & fondée fur la Création du Monde, fi brièvement & fi fublimement décrite dans la Genèfe en ces termes: Terra autem erat inanis & vacua ; 6 cenebræ erant fuper faciem abiffi, 6 fpiritus Dei ferebatur fuper aquas. J'ai prefque lu tous les fyftèmes , aucun ne m'a pleinement fatis- fait ; la profondeur des génies fublimes qui les ont enfantés, m'ont toujours rempli d’admiration fans me convaincre : je les ai vus com- me de nouveaux Prométhées façonner l'univers, s’élancer fur les ailes de l'aigle, pour aller dérober le feu du ciel, animer & donner la forme ‘à la matière. Mais en comparant ces divers fyftèmes à celui de la Création, la Création du Monde à ce qui fe palle fournellement fous nos yeux , j'ai vu que toutes les Créations particulières fe font fur ce divin mo- dèle: & en effet , toutes les produétions de la Nature fe font dans l'eau & par l'eau; le premier Livre de la Nature que j'ai confulté a été la mer repréfentée dans l’Ecriture-fainte par l'abîime, fur lequel les ténébres étoient répandugs , & ces ténèbres étoient un brouillard épais & ténèbreux ; cet abime étroit fans mouvement, l'Efprit de Dieu étoic néanmoins porté fur les eaux , mais il ne les avoit point encore émues par fon foufle divin, les élémens étoient en plein repos, & PE (x) Nous avions engagé M. Wafelton, après (a première Lettre imprimée dans ce Journal 1779, Tom.XIV, p.133,a nous donner fon procédé pour convertir l'eau en terre ; voici la réponfe celle qu'il nous l'a faite. 3 300 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Dieu dit, fat lux & faëla eff lux. Cette divine lumière chaffa en un inftant les ténèbres qui couvroient la furface de l’abime , la matière fat pour-lors animée & échauffée par fon action , le principe des géné- rations étoit prochain; & la Nature que Dieu venoit de créer comme fon Miniftre, n’attendoit que fon commandement pour produire tou- ces chofes, ce qu'elle fr: 1°. Dans la mer en produifant une multi- tude innombrable d'animaux de toutes efpèces & de routes grandeurs ; 2°, fur la terre, dans la terre & dans l'air d’autres multirudes d’ani- maux, : J'ai obfervé fur les bords de la mer où fe font faites les premières générations , qu’elles n'ont été produites que par une eau falée, chaire & très-limpide qui change de forme en devenant muqueufe , vifqueufe & glutineufe, fuivant les différens degrés de fermentation qu’elle acquiert, & que c'eft dans cette eau que l'animal eft engendré. Les animaux cerreftres naïillent également dans une eau plus ou moins falée ; beaucoup d’infectes y prennent également naïflance, com- me les coufins, les mouches qui naiflent en partie fur des feuilles de faules, & qui ont pour matrice une écume. blanche comme la neige dans laquelle fe forme l’animal; certe écume eft fi abondante qu’elle verfe l’eau goutte à goutte , elle reflemble à du cocon & à du duvet. Jai vu d’autres infectes aux fonds des ruifleaux comme des brins de balais ; ces brins de balais apparens éroient des enveloppes parchemi- neufes en forme de chryfalides, qui contenoient des individus vivans reffemblans à la mouche appellée Demoifelle qui voltige fur les eaux. D'après ces faits, que l'on ne peut révoquer en doute, je crois que l'eau eft la matière & la matrice univerfelle ; que la lumière qui eft une portion de l'Efprit Divin eft la forme univerfelle, defquels l’uni- vers & routes les productions de la Nature ont été formés. Les végétaux font aufli engendrés dans l’eau ; tous les germes qui font jettés dans la terre, comme dans leur matrice (1) , fe réincru- dent & fe réduifent en une forte d’eau falée qui devient aufli mu- queufe, vifqueufe , glurineufe & quelquefois laireufe , dans laquelle l'embrion fe développe , fe nourrit & croît. Tous les fpermes des ani- maux font auf} une eau falée, blanchâtre & vifqueufe ; dans ces fper- mes font contenues les femences qui font des points invifbles qui leur donnent la forme & l'être ; ces femences font nourries de ces fper: mes dans leurs matrices dans les premiers momens de l’incubation, ————— ——__—_—æ (1) C'eft afez improprement que lon dir que la terre ft la matrice des végétaux, glle n'eft que le réceptacle des matrices, comme le! font les corps des animaux, jufqu'à té x SUR: L'HISTA NATURELLE ET LESYARTS, so jafqu'à ce que les matrices puillent donner une nourriture plus forte & plus abondante. De favoir comment toutes ces différentes productions s’opèrent , c’eft le fecret de la Nature, celui que fon Créateur s’eft réfervé : con- tentons-nous donc d'admirer en filence la profondeur de fa fagelle, de fa profufion & de fa munificence. Nous pouvons cependant obferver comment fe fait la nutrition de tous .ces individus, foic animaux foit végétaux , lorfqu'ils font en- endrés ; leurs rapports ont tant d’analogie les uns avec les autres que fon ne peut s’y méprendre, Dans l'animal , c’eft un fang & une lym- phe qui par leur mouvement d’afcenfion & de defcenfion nourriffent toutes les parties; ce fang & cette lymphe par leur mouvement per- pétuel , fe dépurent & portent aux parties folides comme celles des os, des chairs, les parties les plus groffières, & au cerveau les parties les plus pures ; les parties crafles & impures font rejettées par les fécrérions : tant que l'animal croît, la Nature n’eft occupée que de fon accroifflement; dès qu'il a atteint l’âge viril, la Nature ne s'occupe plus qu'à former dans l'animal les fpermes avec les femences pour qu'il puifle produire fon femblable, & ainfi fe perpétuer. Je vois le mème méchanifme dans les végétaux ; dès qu’une plante a pouffé fa radicule, fa plume, & qu’elle a acquis la forme qu’elle doit avoir , les racines pompent de la terre une sève groflière , tandis que les feuilles en tirent une autre encore plus épurée de l'air: je compare cette sève au fang des animaux, elle a de même que le fang un mouvement d'afcenfion par lequel elle fe dépure de fa partie craffe dont font formés l'écorce , le bois; les parties les plus épurces font deftinées à former les feuilles, les Aeurs, les fruits & enfin les femences: Je vois dans les animaux , comme dans les vécéraux , des vaiffeaux fans nombre pour la députation du fang & de la sève qui ont beau- coup de rapport les uns avec les autres. Je ne celle d'admirer la dé- penfe énorme & le tems que la Nature emploie pour former les fe- mences des animaux & des végétaux ; c’eft à la formation de ces femen- ces qui eft le rerme où elle tend pour fe renouveller, qu’elle emploie tout fon favoir : il faut plufieurs années pour qu'un grand animal foit en état de produire fon femblable , il faut encore plus de rems aux arbres pour donner leur germe: c’eft pour la perfection de ce germe que les excellents fruits que la Nature nous donne font formés; dans cette pulpe eft renfermé au centre ou un pépin ou un noyau qui con- tiennent ce germe : dans le noyau eft l'amande revêrue d'une écorce parchemineufe qui contient les lobes, & les lobes contiennent la fe- mence qui doit être nourrie par les lobes jufqu'à ce que l’eau, la terre & l'ai puiffent donner à la plante une nourriture plus forte & plus abondante. Tome XV, Part. L, 1790. MARS. € c » 202 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Voilà en abrégé les obfervations que j'ai faites pendant plufeurs années. J'ai voulu les appliquer aux minéraux qui font également en- gendrés par la Nature dans les entrailles de la terre, & dont le mécha- nifme nous eft inconnu , parce qu'on ne les trouve que parfaits dans leurs. efpèces, Mais comme la Nature n'a qu'une marche fimple , réolée & uniforme, jai jugé quelles minéraux n’étoient produits com- mme les deux autres Règnes , que d’une eau falée, vifqueufe & glutineu- fe ,congelée par le froid, puifqu'ils coulent dans le feu ; 1ls font encore plus particuliérement le produit d’une eau très-impute & très-sroflière, ce qui fair que la Nature met plus de tems à les former que les deux autres Règnes: voilà ma théorie. D'après ces principes , que je crois fondés fur la faine Phyfque , j'ai cherché à les conftarer par l'expé- rience; & voici mes procédés, J'ai mis dans des matras de différentes grandeurs de l’eau pure filrrée deux fois au papier gris, les uns étoient remplis à moitié, d'autres au tiers, d’autres au quatt, je les ai tenus en digeftion pendant dix mois, à une chaleur continuelle de 14 à 30 degrés du thermomètre de M. de Réaumur : chaque vafe étoit enve- loppé d’un autre vale de verre blanc, qui les recouvroit pour empè- cher le froid de l'air ambiant , & pour que la chaleur fût parfaitement égale autour des matras, ce qui n'empêchoit pas de voir rous les chan- gemens qui furvenoient à la matière, 1 s’eft d'abord formé fur la fuperficie de l'eau des petits points blancs comme du duvet , qui fe font difipés en partie ; d’autres fe font fablimés le long des parois des vaiffeaux & y ont refté. À l'un des grands matras , après une longue digeftion, 1l eft forti de mon petit océan, des nuages blancs très-épais qui s'élevoient le long des parois du vafe à la furface des eaux. À un très-petit matras, il seft formé dans le centre de l'eau & fur fa fuperficie une petite tache brune circulaire d'environ 9 lignes de diamètre; certe tache reflembloit à du foufre, car elle étoit colorée d’un jaune brun. À un autre des grands matras, les phépomènes ont été plus variés que dans tous les autres, car après l'apparition des petits points blancs qui étoient en petit nombre , il s'elt élevé fur la furface des eaux une pouflière grife qui la couvroit en entier; cette pouflière changeoït préfqué tous les jours de formes, tantôt céroient des demi-cercles blancs aux parois du vaifleau qui fe diffolvoient , qui fe rétablifloient enfuite ; tantôt la liqueur fe noirciffoir , enfuite elle devenoit claire; on y voyoit'des cicatricules qui difparoifloient, on y voyoit aufli des vapeurs violettes ; enfin, il s’eft élevé dans le vafe des vapeurs obfcu- res qui en occupoient tout le vuide; elles éroient fi noires, que l’on ne pouvoit appercevoir le fond du vafe , & difficilement le thermomèe- tre qui y étroit renferme comme direéteur ‘de la chaleur; ées noires vapeurs repréfentoient aflez bien Les ténèbres qui couvroient la furface SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 530; de l'abîme au moment de la Création de l'Univers. La Nature qui imitoit fon Créateur, avoir donc formé fur le petit abîme que j'avois préparé, des ténèbres épaifles qui couvrotent la furface des eaux ; cout étoit alors dans le calme & dans Le repos, & ces ténèbres ont duré fept mois : la lumière qui leur a fuccédé agiroit les pouflières grifes qui fe mou- voient en tour fens fur l'eau; enfuire mon océan eft devenu très-clair & crèslimpide , les pouflières grifes défignées dans l'Ecriture-fainte , comme une terre informe, toute nue & fans ation, fe font précipirées au fond des eaux où elles ont gardé leur couleur & leur légèreté, & cetre terre n'eft prefque rien, elle n’eft que comme un atome eu égard au volu- me de l’eau d’où elle eft fortie. : La reffemblance de ces phénomènes avec ceux que Moïfe nous a laiflés , en parlant de la Création du Monde, m'a donné beaucoup de fatisfaction ; dès ce moment-là , je ne me fuis occupé qu’à étudier la Nature avec plus d’attachement que je n’avois fait jufqu'alors ; pour cet effet, j'ai pris le parti d'abandonner le féjour de {la Ville pour me retirer à ma Campagne, où étant moins diftrait j'aurois plus d’occa- fions de l'interroger. J'ai démoli mon fourneau, j'ai mis dans de pe- tites bouteilles tout ce qui éroit dans les matras, en les numérotant comme j'avois fair les matras : j'ai goûté la liqueur qui étoit très-lim- pide , elle avoit un petit goût ftyprique fans odeur. J'ai mis le tout dans des caifles fermées, bien blu de continuer mes opérations à la Campagne; mais j'ai trouvé ma terre, qui avoit été négligée, en mauvais état; mon premier foin a été de réparer & mème de conf- truire un laboratoire , ce qui m'a pris trois années. Pendant tout cet efpace, mes premiers travaux ont été entièrement fufpendus , & ce n'a été que le premier Juiller 1778 que j'ouvris mes cailles : de quatre bouteilles que j'y avois renfermées , trois ont été caffées dans le tranf- port qui avoit €té long , il n’en refta qu'une entière de cryftal , de forme cylindrique à moitié pleine: c’étoir la liqueur qui avoir été tirée de l’un des grands matras dans lequel il a paru plus de mutations que dans les autres, & que je viens de détailler. J'ai mis ce vafe de cryftal fur ma fenêtre au foleil du midi & du ‘couchant, la liqueur étoit limpide, on voyoir dans le fond un fédi- ment gris-blanc très-léger en forme de cordon qui occupoit les : du pourtour du vafe; ce fédiment s’eft augmenté encore par la fublima- tion , car on voyoit de tems en tems qu'il fe précipitoic lentement de la fuperficie de la liqueur dans le fond du vafe, de petites lames blanches qui augmentoient ce fédiment , car elles fe rangeoient au ourtour du vafe, Je retirois tous les foirs ce vafe pour le mettre dans a chambre fans feu à couvert du froid de la nuit, je le remertois le lendemain au foleil, 1780. MARS, (Cez io4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce vafe qui a été changé de place deux fois par jour pendant quaï tre mois, & qui a été renverfé plufeurs fois par érourderie ,n'a point été interrompu dans fon travail, qui n'a commencé à être vifble que le premier Août fuivant: à cette époque , il s’eft amaflé dans le fond du vafe & au milieu, de petits filamens très-déliés | & rrès-brillans : vus de profil & examinés en vue d’oifeau, ces filamens éroient cou- verts d’une pouflière grife; ils augmentoient journellement, & le & Août on voyoit très-diftinétement que ces filamens avoient formé dans le milieu du vafe deux figures à côté l’une de l'autre, dans la forme que l’on voit, PI 2, fig. 1. L'une comme un croiffant de nou- velle lune, & l'autre comme une ligne; j'ai jugé par eftime que ce croiffant pouvoit avoir quatre lignes de longueur , & l’autre figure étoir plus courte & plus délice. Le :6 Octobre ces deux figures éroïent beaucoup augmentées , quoi- que ce vafe n'ait été mis au foleil que dans les tems convenables , ayant été renfermé dans les tems nébuleux & froids ; ( voyez fig. 2.) la principale figure avoit la forme de deux croiffans adoffés l’un contre l'autre , très-épais & pouvant avoir environ une ligne de largeur à la jonction des deux croiflans, & fix lignes de longueur : c’eft peut-être ici le cas d'appliquer le fouhait d'un Philofophe , f£dera veneris , & corniculatæ dianæ tibi propitia funto. L'autre Hhgure à côté des deux croiffans étroit affez épaifle; elle pouvoit avoir environ cinq lignes dé longueur , lune & l’autre toujours très-brillantes vues de côté, & cou- vertes d’une pouflière grife examinées en vue d’oifeau. Depuis le 26 Oétobre jufqu'’au 3 Janvier fuivant que mon labora- toire a été achevé, ce vafe a toujours été renfermé dans une armoire, il n’a fait aucun progrès , parce qu'il n’y faifoit pas affez chaud. Le 3 Janvier 1779, j'ai mis mon vafe cylindrique à la chaleur de 25 à 30 degrés, couvert de fon capuchon de verre , pour que la cha- leur fut parfaitement égale au pourtour du vafe; la liqueur étoit rou- jours très-limpide, & elle eft devenue encore plus tranfparente juf- qu'au 30 Septembre fuivant qu’elle à pris une très-lésère teinture citri- ne. À cette époque, les deux figures avoient encore beaucoup augmen- té , on.ne voyoit plus de croiflans, mais une figure irrégulière. (fig. 3 & 4.) On voyoit dans le milieu de la fig. 4, une petite pointe py- ramidale ronde tronquée par fa bafe, & deux petites cornes au pied de cette pointe ; cette figure eft très-épaille, elle peut avoir une bonne ligne d’épaiffeur , environ fix lignes 2 de longueur & deux lignes? de largeur dans fon plus grand diamètre: la fioure qui eft à côté eft auffi fort épaifle, mais pas tant que la principale figure; elle eft pourtant aflez épaifle pour former un reflet qui la repréfente au côté oppoié, elle peut avoir fept lignes de longueur fur une ligne + de largeur dans SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 105 le milieu ; l’une & l’autre font très-brillantes vues de côté, & toujours couvertes de pouflière grife en vue d'oifeau. Voilà le progrès que ce mixte nouveau a fait depuis le premier Juil- let 1778 eu 30 Septembre 1779. C’eft un embrion dans fa ma- trice dont il reçoit l'aliment & l’accroiflement, il augmente encore, je le laïfferai dans fon placenta jufqu'à ce qu'il ne prenne plus d’ac- croiffement. On vient de voir que cette liqueur a été tranfvafée, qu’elle a fouf- - fert un long tranfport, qu’elle a été enfermée pendant trois ans dans une caifle mife au grenier , qu’elle a été tourmentée tous les jours deux fois pendant quatre mois qu’elle a été expofée au foleil, qu’elle a enfuite été deux mois renfermée jufqu'à ce qu'elle ait été rétablie dans mon laboratoire, & malgré routes les vibrations , les ofcillations qu’elle a éprouvées, le froid qu'elle a fupporté, elle à toujours fer- menté, & elle a produit ce qu'elle devoir produire, peut-être un peu lus tard. Ne pourroit-on pas inférer de là, que rien ne peut déranger b. loix de l'attraction & de la gravitation. Toutes les molécules qui compofent cet embrion fe font attirées réciproquement , & fe font précipitées par leur propre poids à travers le fluide dans le fond du vafe , où elles paroiffent fixées, ce qui s’eft fait peu-à-peu & imper- - ceptiblement, tant ces molécules font déliées: peut-être pourroit-on aufli découvrir par-là les loix pofitives de l'attraction &c.de la gravita- tion. Je fuis entré, Meffieurs , dans des détails ennuyeux que j’aurois dû fupprimer , mais je les ai cru nécefaires pour faire connoître davantage les loix de l'attraction, celles des affinités & combien elles font im- muables ; cependaut, fi vous les croyez inutiles, je vous prie de les fupprimer. Fe J'ai l'honneur d’être, Meffieurs, &c. Li E " LA s ‘1 F fe 206 OSBERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, mm mme mmntmé-dl LE NRRLE ROURE ° A M.VALMONT DE BOMARE, en réponfe à celle qui eft inférée dans le N°. 328 du Journal de Paris, année 1779 (1), con- tenant, 1°. la preuve de la monftruofité du Raïfin décrit dans le Journal de Phyfique, &c. 2°. Des Remarques fur la caufe prochaine de la coloration des Fruits. 3°. Un procédé pour colorer les Fruits à volonté par la Greffe ; Par M. CHANGEUX. Monsieur; Lorsque je décrivis dans le Journal de Phyfique de M. l'Abbé Rozier , Tome VIL, page 293, le raifin monftrueux trouvé à Sandillon, rès d'Orléans, & dont vous avez fait mention dans votre Lettre in- férée il y a un an dans le N°. 328, du Journal de Paris, ( année 1778) (1) Lettre de M. Valmont de Bomare, aux Auteurs du Journal de Paris, Meffieurs, vous avez bien voulu inférer dans votre Journal (N°. 328, Novembre 24, année 1778) la lettre que je vous avoïs adreffée concernant une vigne en efpalier , dont le raifin éroir d'une couleur bizarre, & que cette vigne exiftoit dans l'un des bas potagers du Château de Chantilly ; je vous ai promis qu'en 1779 je rendrois compte au Public, & particuliérement à M. de Changeux, de la conftance ou de l'in- conftance de ces teintes fingulières. Il convient de rappeller ici que M. de Changeux , qui eft un excellent obfervateur , avoit dès 1776 configné dans le Journal de Phy- fique & d'Hiftoire Naturelle, par M. l'Abbé Rozier, » une obfervation fur un raïfin » cueilli en 1775, fur un cep de l'efpèce nommée auvergnat gris, à Sandillon près » Orléans. Cette grappe offroit trois efpèces de grains trés-diftinétes : dans une de fes # moitiés, les grains éroient très-blancs , dans l'autre, ils éroient abfolument noirs, » & les grains qui formoient le milieu de la grappe étoient noirs dans une de leur » moitié & blancs dans l'autre ; la faveur de ces différens grains éroit la même, ils » étoient parfaitement mürs & d'une grofleur ordinaire... .«, M. de Changeux, en difféquant avec foin les grains de raifn dont il eft queftion, a cru reconnoïtre que les vaifféaux qui devoient porter la sève colorante à la furface interne & à la peau des grains noirs , avoient été obftrués, & cetre obftruétion fuppofée entière ou paraille , dit cet Obfervateur , on conçoit comment certains grains devoient être SRE Che SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 1207 les Auteurs du Journal de Phyfique crurent devoir remarquer qu'il avoit quelques rapports avec l’efpèce de raifins appellés Sziffes ou panachés, Je répondis dans un petit Mémoire inféré pa de tems après dans le même Ouvrage (ibid. page 469.) & je fis voir les se qui devoient empêcher de confondre ces deux fortes de raifins. Je crois avoir démontré que celui qui avoit fait le fujer de mon obfervation , éroit réellement monftrueux. Quelques Perfonnes qui n'ont pas vu ce Mémoire , femblent encore douter que ce fruit différât des raifins pana- chés ou Suiffes, mais il eft aifé de les détromper. Un être eft monftrueux quand il n’a pas les caraétères de fon efpèce. La vigne qui a produit le raifin que j'ai décrit, eft de l'efpèce que l'on défigne fous le nom d’4uvernat gris. La couleur des fruits de cette vigne quand ils font mûrs, eft toujours d’un affez beau noir velouté; cette couleur eft un de fes caractères fpécifiques conftans, ce caraétère man- entièrement décolorés, & les autres feulement à moitié décolorés. Il me paroît que M. de Changeux a trouvé la caufe d'un tel effer, Dans ma lettre de l'année dernière (N°. 328) j'ai dit qu'il n'exiftoit dans l'un des potagers de Chantilly qu’une vigne, laquelle , dans le mois d'Oétobre ,; avoir été très-chargée de belles grappes de raiffn panaché ; il y en a trois cette année : les deux nouveaux plants, & qui ont deux ans, proviennent de Provins , du premier cep, Les grains de raïfin fur ces trois ceps m'ont offert, en Octobre dernier , les mêmes diverfités de reintes que j'avois obfervées il y a un an furle premier cep chargé de fruit; c'eft-a-dire, qu'une moitié de quelques grains étoit noire, l'autre moitié de ces mêmes grains éroit blanche; (un Jardinier du Château l'appelle raffn fuiffe ) la peau d'autres grains étoit de fix bandes , l’une noire , l'autre blanche alternative- ment, & du pédicule au fommet; (le même Jardinier appelle cette variété de rai- fin , raïfin culotte de Cent-Suiffe ) j'ai encore obfervé beaucoup de bizarreries pour la difpofition des teintes fur les grains à moitié noirs & à moitié blancs; tane tôt la teinte noire s'offroit par fon milieu au pédicule, tantôt c'étoit par le tiers ; d'autres préfentoient au pédicule, la partie blanche ; d'autres grains avoient la partie noire & hémifphérique du côté du mur, tantôt latéralement, foit 2 l'Orient , foit au Couchant ; d'autres au Midi : ainfi M. de Changeux a eu raifon de dire qu’on ne peut attribuer à l'infuence du foleil , ces diverfes couleurs, d'autant plus que le raifin mürit & fe colore fous l'ombre de la feuille. Je dois encore dire: que ces trois ceps portoient aufli & très-abondarsment des grappes à grains entièrement blancs , &.des grappes à grains entièrement noirs, & que l'un des ceps offroit à fa bafe les grappes a grains totalement noirs, & les grappes à grains blancs au fommet; fur un autre cep, c'étoit le contraire, les grappes à grains blancs étoient vers le pied, & celles à grains noirs vers le haut. Sur ces deux ceps, les grains panachés avoient affecté le milieu du cep; mais fur le troifième cep, & c'eft l'ancien, les œrappes a grains, tant noirs que blancs & panachés, éroient indiftinétement diftribuées {ur toute fon étendue. En enfonçant une épiugle dans la feule peau de ces grains détachés à J'inf- tant de la grappe, äl en a toujours forti une liqueur dans la même nuance de la peau piquée , foic blanche, foit rouge foncé , & d'une même faveur. J'ai l'honneur d'être, &c. 205 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quoit à notre raifin; il eft donc certain qu'en ce point , ce raifin méritoit le nom de montre que je lui ai donné. Car il faut bien remarquer que les fruits de la vigne qui produit les raifins Suifles, font conftimment teints irrégulièrement , & cette diverfité de couleur en conftitue une efpèce diftinéte de routes les autres. 1l y a dans certe efpèce de vignes, des variétés , les unes portent des grappes dont tous les grains font pana- chés irrégulièrement & à bandes ; les autres portent des grappes rou- ges, blanches & mixtes; telle eft celle que vous avez obfervée à Chan- ully, & l’on peut dire de cetre vigne que fi elle ne produifoir que des raifins (en une certaine quantité) d’une feule couleur , elle offriroit une vraie monftruofité. Remarquons qu'un Naturalifte qui vertoit une pareille vigne pour la première fois, & qui la caraétériferoit par fes fruits, feroit trompé , fans qu'il y eût de fa faute; il fuivroit en raifonnant , toutes Les règles que lui auroient fourni l'expérience la plus confommée, & l'étude la plus approfondie de la nature, & cependant il énonceroir le jugement le plus faux, pue rangeroit cette efpèce dans une des clafles de vignes qui ne pro uifent que des raifins noirs, ou des raifins blancs. Mais revenons. Pour que la vigne que vous avez obfervée l’année dernière & cette année, dans le potager de Chantilly, offritune fingularité remarquable , il faudroit qu'elle ne donnât que des fruits d'une mème couleur, comme l’a toujours fait la vigne que j'ai obfervée. Je crois être fondé à croire que la vôtre eft une variété “h l'efpèce fuiile; l'expérience de deux années faite fur le même cep, & celle qu'offrent les deux nou- veaux plants qui donnent les mêmes produits que l'ancien plant dont ils proviennent , fuffifent pour le prouver. Des expériences fubféquentes & faires par un favant tel que vous, ne laifferont aucun doute fur ce point. Quant à mon Auvernat gris , je le pee il navoit point, autant ie a pu sen affurer, donné d’autres fruits avant 177$, que des ruits noirs, & depuis cette époque, il continue à en offrir de la mème teinte. Je vous en dis peut-être trop fur cet objet particulier; mais les con- féquences qu'on en peut tirer , & les vües qu'il peut faire naître fur une matière aulh cutieufe qu’elle eft peu connue, m'ont entraîné: on peut d'abord en inférer quelques vérités fur la caufe prochaine de la colo- ration des fruits. Vos raifins faifles & mon raifin monflrueux , offrent un phénomène ui tient probablement à des caufes femblables ; mais leur découverte fond de plufieurs queftions fur la colorarion des fruits qui m'ont engagé dans des expériences que je me propofe de fuivre. Les conjec- tures que j'ai hafardées à ce fujer & que vous voulez bien adopter , peuvent être changées en certitude par des rentatives amufantes , faciles & nullement difpendieufes. L'air SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 309 L'air plus ou moins fec, plus ou moins humide, l'expoltion am foleil ou à l'ombre, & la nature des fucs de ia terre, femblent beau- coup influer fur la couleur des feuilles & des tiges des plantes. Ces chofes paroiflent aufli opérer de grands effets fur certains fruits; mais je fuis fa en Ctat de prouver que c’eft principalement fur la conftitu- tion des plantes qu’elles agiflent , & que les couleurs accidentelles des arties des plantes & de leurs fruits, fonc immédiatement dues à leur tat de fanté ou de maladie, La plante modifie par les tuyaux & les divers organes dont elle eft douce, les fucs qu’elle tire de la terre: les liqueurs qui viennent fe rendre dans le raifin, déjà préparées dans les racines, le tronc & les branches, y forment ce jus délicieux qui fe répand dans la pulpe, & qui eft incolore dans plufieurs efpèces de vignes, même dans celles qui portent des raifins noirs. La couleur qui teint ces raifins ne fe trouve pas non-plus dans la furpeau ou la peau des grains; fon vrai fiége eft dans un tiffu rériculaire caché fous certe peau, ou fi l'on veut fous la furpeau. Mais fi l’on cherche d’où ce tiffu tire fa couleur , on verra qu’elle lui arrive par des tuyaux qui y abou- tiffent , & qui partant de la queue de la grappe & de chaque pédicule des grains dé raifin, s’y diftribuent de tous côtés. Si ces tuyaux fouf- frent quelques altérations , s'ils s’obftruent en tout ou en partie, s'ils fe relâchent ou fouffrent une tenfion extrème, la teinte des fruits fera perdue dans l’endroit où lobftruction aura eu lieu, elle s'altérera plus ou moins par les autres caufes : ces obftructions, ces différens tons des fibres & des vaffeaux féveux , font ce que j'appelle les maladies des folides qu'éprouvent quelquefois les plantes, & auxquelles il paroît que l’on doit attribuer prefque tous les phénomènes que l’on remarque dans leurs couleurs : les caufes extérieures agifflent fur la conftitution de la plante, mais ces caufes font éloignées. C’eft à des caufes intérieures ; prochaines & immédiates qu'il faut avoir recours pour expliquer d’une manière faisfaifante, les changemens qui naïffent dans la teinte des feuilles , de l'écorce & des fruits. On à fait des expériences à l’aide defquelles on à cru prouver l’effi- cacité des caufes extérieures pour la produétion des effets dont je parle : on a prétendu qu'en arrofant certains arbres avec des eaux teintes ou colorées à volonté, on colore ou l’on teint les fruits qui en naiflene, (On fair que l'on rougit les os des animaux que lon nourrit avec la garance.) Les expériences que l’on peut faire à ce fujer ne font point à dédaigner; mais je puis vous aflurer que peu réuffiflent , & que d’ail- leurs on obtient quelquefois tout le contraire de ce que l’on cherche. La plante eft un corps organique qui modifie les fucs dont elle fe nourrit ; on peur altérer fa fanté en ne lui en fourniflant poinc qui lui foient convenables , & c’eft prefque toujours de êbtte feulé manière qu'on agit fur fes produits. C'eft encore ce qui arrive quand on place Tome XV. Part, I. 1780. MARS, D d iio OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, des plantes à différentes expofitions ; celles que l’on met à l'ombre ne deviennent blanchâtres que parce qu’elles languiffent , que leurs fibres fe relâchent. & que toutes leurs fonctions font gènées ou inrerverties. J'ai cherché s'il ne feroit pas pofible de modifier les couleurs des fruits, en agiffant feulement Êr leur queue, leur pédicule & leur peau. Il femble que des expériences de ce genre feroient plus inftructives que celles dont je viens de parler, & prouveroient que la diverfité des tuyaux féveux, & l’état de ces tuyaux, eft la feule caufe des couleurs, comme elle left de la faveur & des autres qualités des fruits, c'eft-à-dire, que le foleil & la nature du terrein, ne font qu'agir fur le tempérament des plantes, comme ils agiffent fur celui des hommes, & qu'enfin s'ils ont une influence générale & médiate , ils n'en ont refque point d'immédiate & de particulière. 11 me refte, Monfieur , à vous parler d’un procédé propre à colorer les fruits à volonté, & qui Mit les idées que je vous ai expofces fur le méchanifme de la coloration des fruits. Tout le monde connoïît le phénomène que préfente la greffe pratiquée à la manière ordinaire. Cette opération ne change point la nature des plantes que l’on aflocie. L’efpèce d’un ou plufieurs arbres nourris par un autre, refle la même ; ces arbres doivent donc donner des fruits de la même couleur, de la mème figure, de la même faveur , & enfin de la mème odeur , que s'ils étoient plantés en terre. Mais voici des effets tout contraires, dont un Auteur qui a écrit fur la culture de la vigne, vient de me faire part ; il les obtint par une efpèce de greffe , à l’aide de laquelle on peut , fuivant lui, bigarrer à volonté toutes fortes de fruits. Cette greffe, fi elle eft poffible, ( & c’eft ce dont je vous laiffe juge) préfente une manière de faire des méris dans le rèone végétal, qui ne fait que confirmer tout ce que je vous ai dir. Rien ne paroît moins étonnant, à cer Auteur, que des raifins dont les grains font mouchetés , panachés, ou à bandes noires & blanches. La greffe de la vigne lui donne ces variétés de couleurs. Pour faire cette greffe, il commence par demander, de la or de ie , une excel- lente vue, & une grande légèreté dans la main. On prend fur deux ceps de vigne différens , autant d’yeux qu'il en eft befoin; on les fend par le milieu du haut en bas avec un canif bien tranchant , divifanr le germe en deux parties égales ; on réunit les deux moitiés égales, on applique ces yeux entre l'écorce & le bois de la vigne, & l'on a foin de les contenir par une ligature convenable. L'expérience faite par l'Ob- fervareur, dont je vous rapporte fidèlement le procédé, lui a complet- tement réufli, & il cite des témoins oculaires. Il a eu des raifins dont les grains étoient noirs par une de leur moitié, & blancs par l'autre, Mais voici quelque chofe de plus merveilleux, & je dois ici copier mot pour mot mon Auteur. » Je tiens la connoiffance de cet art, dit-il, » de M. le Comte d'Ofembray, ci-devant Intendant-Général des Poftes A L ” LI SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 211 à Paris, que j’avois l'honneur de connoître, En 1745 , il m'invita d'aller à fa campagne entre Paris & Charenton, où il avoit un Cabinet d'Hi£ toire Narurelle, & un Jardin Botanique, où il me fit voir un petit oranger en caille, aufli méprifable par fa contournure, qu'admirable par fes fruits. Cet oranger étoit chargé d'environ une douzaine. de pommes , dont chacune étoit divifée en huit demi-quartiers d’efpèces différentes : une partie figuroit l'orange, une autre le limon, une autre la biga- rade, une autre le citron : chaque efpèce de ces demi-quartiers avoit une couleur différente, l'un avoit la figure longue, l'autre longue en tout fens, l’autre ronde, l'autre ronde écrafée, &c: chaque demi- quartier étoit d'un goût différenr. Qui auroit cru , avant l'expérience , qu'un fruit rompu en différens morceaux , püt contenir & répandre un jus compofc de huit différens goûts & odeurs. C’eft ce que vous n'imagineriez peut-être pas, & ce que je n’aurois pas imaginé moi- même , fi je n’en avois pas connu la caufe. » Lorfque M. d'Ofembray, ajoute l’Auteur , rompit cette pomme en différens quartiers, chacun de ces demi-quartiers étoit féparé l’un de l’autre en-dedans de la pomme, par une pellicule fort mince, mais cependant aflez folide , pour ne pas fe rompre , à moins qu'on ne la brifat avec effort, ou qu'on ne la coupât avec un couteau. M. d'Ofembray cueillit une feconde pomme dont il me fit préfent, en me recommandant de la porter chez moi, & de l'y divifer en huit demi-quartiers que je placerois en des gobelets particuliers, que j'y romprois pour y faire couler la liqueur. Cette liqueur fe trouva en effet différente en goût & en odeur «. Je n'ai pas befoin de vous dire, Monfieur , pourquoi la greffe pratiquée à la manière ordinaire , & celle que je vous annonce, quoique donnant des effets rout oppofés, concourent à prouver une même chofe, c’eft- à-dire, le fyftème qui place dans les plantes, la caufe immédiate des couleurs & des autres changemens qu’elles éprouvent quelquefois. Il eft clair que dans la première de ces greffes, les efpèces ne fe mêlent point ; mais puifque dans la feconde il y auroit mélange d'efpèce , les métis Participeroient néceffairement à la nature de chacune d'elles, J'ai l'honneur , &c. Ca E 1780, MARS. D d : 2 112 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, CE PE PES I PPT ESPN TETE D PEN AR PET PRE TS OMNT ON EEE BOX, SR AMEN D'une Lettre datée de Lima, de M. Dombey à M. ! Abbé Rozier fur le Sal- pêtre naturel du Pérou, & fur la Lumière phofphorique de la mer. Son les côtes de la mer pacifique près de Lima (r), on rencontre une grande quantité de falpètre que l’on pôurroit ramafler avec la pelle, & dont on ne fait aucun ufage. C’eft principalement fur les terres qui fervent de pâturages, & qui ne produifenr que des graminées , que l’on trouve le plus abondamment de ce fel (2). Les plantes grafles que l’on recueille dans ces lieux font toutes falées , c’eft un fel marin qu’elles contiennent. Sur les montagnes éloignées de trois à quatre lieues de la mer, ces mêmes plantes gralles, telles que les sesragonia & les portulaca , font également falées. On feroit tenté de croire que ce falpètre, dans les endroits où il eft abondant, y a été dépofé par les eaux qui s’en feroient chargées par la diffolution. J'obferverai qu'il ne pleut jamais à Lima. Les brouillards qui cachent le foleil aux habitans de cette Ville, pen- dant fix mois de l’année, fufhifent pour faire végérer les plantes parti- culières au pays. Les côtes de la mer Pacifique nouvellement abandonnées des eaux de la mer, (ainf que l'infpection le démontre , ) doivent être néceffai- rement chargées de fel marin. Il ne feroit pas déraifonnable de croire que par le laps de tems, le fel marin püt fe convertir en falpètre. La nature opère-t-elle ce changement en peu de tems ? ou lui faut-il beau- coup d'années? C’eft ce que l'expérience pourra démontrer. Pour parvenir à la connoïffance de ce fair, j'ai PAPANERNE du fel marin, je lai mélangé avec des terres alkalines & vifqueufes, & j'ai enfuite expofé le tout à un air libre. Dans quelques mois je ferai la leflive du mélange, pour m'aflurer fi quelque portion de fel marin s’eft convertie en falpèrre. (2) Je parle des lieux que j'ai parcourus. (2) La terre dont fe fervent les Potiers de Lima, malgré le vernis, fe fend avane l'expiration de l’année. C'eft que route la terre dont ils fe fervent eft chargée & de fel marin & de falpêtre. Cet inconvénient n'arriveroit pas, s'ils leffivoient leurs terres, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. air; Avant de publier mes conjectures , j'aurois dû faire des expériénces & nraffurer de la vérité. Mes travaux m'obligeant à changer de lieux très-fouvenc & expofant journellement mes jours , je me fuis hâté d’en faire part aux Savans de l’Europe, afin qu'ils tentaffent la même expé- rience, dans un tems fur-tout où le Gouvernement vient de donner les plus grands encouragemens pour travailler à l'augmentation d'une fubftance devenue très-néceflaire. Les flancs des vailleaux frappés par les vagues de la mer, occa- fionnent des étincelles vives , que l’on obferve pendant les nuits obfcu- res. Le choc des vagues entrelles occafionnent auffi des nappes lumi- neufes , aufli-bien que le mouvement des poiflons. Quelques Auteurs ont attribué ces étincelles à des infectes. Les expériences que je fis à bord du vaifleau Æ/ Peruano, ne me permi- rent pas d'obferver ces infeétes. Il eft vrai que les verres dont je me fervis ne groffifloient pas beaucoup les objets, & qu'il eft difficile de fe fervir en mer du microfcope , à caufe des jours qui ngç font pas favorables, & du mouvement continuel du bâtiment. : Dans une nuit obfcure, je pris de l'eau de la mer dans un vafe , je l'agitai fortement avec un morceau de bois. Dans les commencemens du mouvement, j'obrins beaucoup d’étincelles vives & lumineufes , dont le nombre alloit enfuite en diminuant. Je continuai d’aciter la même eau , les étincelles diminuèrent & cefsèrent enfin. ÿ Les mêmes expériences réirérées plufieurs fois en préfence de Mefieurs les Officiers de Marine Efpagnols, me donnèrent les mêmes réfultars. Je commençai à foupçonner que ces étincelles éroient dûes à une matière inflammable que l'agitation enflammoit, & que la continuation du mouvement épuifoit. J'obfervai que les étincelles que nous appercevions près de Cadix , étoient moins confidérables que celles qui fe laifloient appercevoir fous la ligne, de manière que malgré le calme, le moindre mouvement des eaux mettoit la mer tout en feu, & que chaque goutte de pluie occa- fionnoit une étoile vive & très-lumineufe. Dans ce tems les éclairs & le tonnerre étoient fréquens. J'obfervai près du gouvernail trois efpèces différentes de feux. Les uns étoient femblables aux étoiles , c’éroient les plus nombreux. Quel- ues autres refflembloient à des navettes. Leur éclat étoit femblable au fe de l'efprit-de-vin. À plufieurs pieds de profondeur l'eau de la mer , foulée par les mouvemens du gouvernail, laffoit appercevoir des globes de feu de la groffeur d’une barrique de Bourgogne. Ce dernier feu étoir femblable à celui du charbon bien éclairé, & il fe laifoit appercevoir pendant long-tems. Ces globes de feu ne s’obfervoient qu'en tems de calme, 214 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Lorfque le vaiffleau marchoit part un vent en poupe, l'eau moins agitée étoit feulement blanchâtre, & reffembloir à la voie laétée. C'eft ainf que la nommèrent les Dames qui étoient paflagères fur le vaifleau. Lorfque nous approchâmes du détroit de Magellan pour doubler le cap de Horn, le froid commencoir à fe faire fentit; les étincelles devin- rent très-rares, quoique la mer füt plus fortement agitée. Au cap de Horn, les étincelles cefsèrent. Nous les apperçümes de nouveau en nous approchant de la ligne équinoxiale. Lorfque les étincelles ne fe laifsèrent plus appercevoir , nous n'avions point d'éclairs ni de tonnerre, J'ai dir que lorfque les étincelles de la mer fe laifloient appercevoir en plus grande quantité, comme fous la ligne , alors les éclairs & le tonnerre étoient aufli plus fréquents , & lorfque ces étincelles ne paroif- foient pas, nous n'avions ni éclairs, ni tonnerre. L'eau de la mer fournit, par l’évaporation , les nuages qui fe réfol- vent en pluie & fécondent nos terres. En été , nous avons des éclairs & du tonnerre; quoique l’évaporation foit plus confidérable en hiver, cependant nous n'éprouvons ni éclairs, ni tonnerre. Cette analogie entre les feux de la mer & celui des nuages, pourroit faire foupçon- ner qu'ils tirent leur origine de la même fource. Le bitume fi étroitement lié avec l’eau de la mer que la diftilla- tion ne fépare pas, en s'évaporant avec l’eau , pourroit occafionner, dans les chaleurs de l'été, les éclairs & le tonnerre, comme il occa- fionne en mer les étincelles que l’on obferve ; & le froid qui fait cefler en mer les étincelles, pourroit aufli être la caufe de ce que nous n’éprou- vons pas en hiver des éclairs, ni du tonnerre. Mais je laïfe aux Phyficiens à chercher la caufe d’un phénomène aufñli curieux ; je me contente d’en rapporter fidèlement l'obfervation qui a été faire avant moi. QC à ORGUE RP A TI ONNS Barométriques fur la profondeur des Mines du Hartz ; Par JeaN-AnDré ou Luc, Membre de la Société Royale, &c. Ex partant pour un petit voyage d'Allemagne, j'avois l’efpérance de faire une excurfon dans le Hartz, pour y vifiter quelques-unes de fes mines. Je favois qu’elles étoient profondes ; & par conféquent j'avois grande envie d'y eflayer mes règles pour la mefure des hauteurs par SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 216 le baromètre; pour favoir fi dans ces puits , où les exhalaifons de tant d'efpèces fe répandent , les condenfations de l'air fuivroient les mêmes loix qu’au dehors. Je faillis à manquer cette intéreffante opération par un accident arrivé à mon baromètre, Je l’avois prêté ; & lorfque je l’examinai à la veille de mon départ, je trouvai qu'on, y avoit laiflé entrer de l'air. J'eus le tems heureufement de le démonter, & d'y faire bouillir le mercure : circonftance dont je ne fais mention que pour affurer que je réuffis fi bien dans cette opération , que dès ce moment pendant tout mon voyage, & jufqu’à ce jour , le mercure a toujours continué de s’atta- cher au fommet du tube, lorfque je l'y ramène ; comme il s’y attache au moment de l’ébullition, & il n'en defcend que par une fecoufle. Quelquefois la colonne fe rompt au-deflous du fommet , & il ne refte que quelques lignes de mercure fufpendu. C'eft pour les baromètres purgés d’air à ce point, que mes formules ont été dames : aufli ont-elles réuffi dans le Hartz, tout comme dans les montagnes des environs de Genève , où elles ont pris naif- fance, Voici encore, Monfeur , une circonftance remarquable qui regarde le baromètre même. Ayant eu befoin en quelques endroits de ma route, d’obfervations correfpondantes, je m'adreflai à des amateurs » Qui avoient de bons baromètres , j'en trouvai entr'autres de M. Dollend. Je com- arai ces baromètres au mien, étant bien affuré de trouver de la dif- Éénée dans la hauteur indiquée ; parce qu'ils avoient des réfervoirs en bas; ce qui fait que la colonne barométrique y eft toujours plus courte, que dans un tuyau fimple en forme de fiphon , comme je l'ai expliqué dans mon ouvrage fur les modifications de l’atmofphère. C’eft aufli tout ce que je trouvai dans tous ces baromètres: ils fe tenoient tous plus bas que le mien, mais diverfement, fuivant quelques cir- conftances particulières , dépendantes principalement du diamètre du tube , & de la figure du réfervoir. En allant de Hannovre au Hartz, je paffai par Gottingue où je ne m'arrétai point alors, parce de je voulois profiter du beau tems, J'en partis donc fans avoir rien déterminé pour des obfervations corref- pondantes du baromètre; M. le Profeffeur Lichtenberg ayant bien voulu fe charger du foin de m'en procurer , & renvoyant à mon tour la comparaifon des inftrumens , il s’adreffa, pour cer effer, à M. le Pro- feffeur Erxleben, parce qu'il avoit un baromètre fait d’un fimple tube recourbé, fur le principe du mien. M. Erxleben eut la bonté d’obferver très-fréquemment ce baromètre pendant mon voyage; & c'eft d’après fes obfervations, que j'ai déterminé les hauteurs de quelques endroits du Hartz, dont je ferai mention. À mon retour, j'apportai mon baromètre auprès de celui de M. Erxle- 116 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ben ; & quand ils furent réduits à la mème température , il ne fe trouva entr'eux aucune différence. Cet exemple fe joignant à tous ceux que mes propres expériences m'ont foumis depuis long-rems, me fait defirer toujours davantage que les Phyfciens veuillent bien fixer l'échelle de leurs bairomètres à réfer- voir, (ctrès-commode fans doute pour l’ufage ordinaire) en les com- parant à un, baromètre fait en forme de fiphon ; & non pas une me- fure immédiate qui Lune du niveau du mercure dans le réfervoir. C’eft le plus sûr moyen de rapporter avec exactitude les unes aux autres, des obfervations que l'on a pu comparer; en même-tems que la hau- teur barométrique exprimée par les baromètres de cette forme, eft la feule vraie; c’eftà-dire, la feule qui, après la correction pour la cha- leur, exprime le poids de l'air par la hauteur d’une colonne de mercure de denfité donnée, avec laquelle il eft réellement en équilibre, Je commencerai, Monfieur, le récit de mes obfervations du baro- mètre dans le Hartz, par celles que j'ai faites en des lieux dont la hauteur eft connue. Saçhant que l’on monte le minerai dans des feaux par les puits des mines, j'avois cru d’abord qu'il me feroit poflible de mefurer ces pro- fondeurs au cordeau, & je m'érois muni des chofes nécellaires à cer effer, Mais lorfque je fus atrivé à Claufthal, chef-lieu des mines du Roi, j'appris que les puits creufés dans la direction dès filons, font trop inclinés pour que cette efpèce de mefure foit pofible. J'y eus d'abord beaucoup de regret; parce que j'avois fort à cœur ces expe- riences : mais M. le Baron de Reden, Capitaine-Général des Mines , me tranquillifa biencôt: » Vous n'avez pas befoin de mefurer ,-me » dit-il, il nous importe bien plus qu’à vous de connoître exaétement » la profondeur de tous les points de ces mines. Sans cela , comment » nous dirigerions-nous, pour percer de l’une à l’autre >? « Cette con-. fidération, en effet , fit difparoître pleinement les fcrupules qui m'a- voient fait defirer de mefurer moi-même ces profondeurs ; ce qui me facilita un plus grand nombre d'obfervations. Les premières de ce genre furent dans trois mines contigués des environs de Claufthal, nommées la Dorothée, la Caroline, & la Béné- dicte. M. de Reden, & MM. Helzener & Friedrich, premiers Ofh- ciers des Mineurs, fe donnèrent la peine d'y defcendre ayec moi : & tandis que nous nons enfoncions dans le fein de la montagne. M. Leyfer, Syndic des Mines, & amateur des obfervations Méréorologiques , ob- ferva de quart-d'heure en quart-d’heure, au haut du puits par lequel nous étions defcendus , un baromètre & un thermomètre, qui furenc depuis comparés aux miens, Javois obfervé mon baromètre en entrant dans les mines à 112 h. du matin, au haut du puits de la Dororhée; je l’obfervai au fond de cé SUR L'HIST. NATURELLE-ET LES ARTS. 227 ce puits à n Th. au fond de celui de la Caroline à 3 £h ; dans la ga- lerie de recherche là plus balle de la Bénédicte à 6 heures, & enfin je l’obfervai-encore à 7 heures, écaht:de rerour:à l'entrée du puits de b: Dorothée. Pendant les7 = h. que nous étions reftés:dans les-mines, plus rande variation avoit été d’un quart, de Ligne, & les obfer- A M. Leu me marquoient les rems,où JFSREÉ 0 aarlation s'étoit aire. | Au retour, calculai les. obfervations , &. j'en-remis pe Le M. le Baron de Reden, pour les faire comparer par le Géomèrre fou terrain, avec les-resiftres renus de routes les profondeurs dans .es mines. Voici, Monfieur ; les réfalrats de ces calculs dont. j'ai l'honneur -de vous envoyer auf les dérails. Toi fes de PE pri profondeur du puits de la Dorothée € entre dx ét points fixes, gt : Ê 168, 96 5: A9 _ Celle du puits. de a Cine relativement AE At : même point d'en haut, A] [470 à 74 ‘Celle de la: galerie de recherche a plus profonde de la Bénédicte, de même, .,;. à ET Let: Ge fac! MsFriedrich! qui fur chargé. de‘me communiquer. les mefures : géométriques. Il avoirsété témoin des obfervations ; & al ex trouva les réfulrars fi, près de ces:mefures, pour Avoir été fparnis par une route! {1 ! ailée & fi Paeulièee à fes yeux qu'il m'expédiaunecertificat. en bonnes!" formes de ces hauteurs réelles : elles éroient'ainfi: res ) “LU srabrepue cisdlale Éachters où 10 fs du Hartz. “Le’puirs dé la Dorothée en partant des”: + | points d'ébfervation ;| CE Te Ch Div A UÉNEL TEEN SEL «Celui de I Caroline , Fa ré AS DANCE ess Ru “Éa giletie défi Bénédicte, . AE RIT Ad: U70 PLANETE Je ne pus pas juger d'abord: du rapport des deux mefures ; parce . qu'il falloit connoftre celui de la lachcer. avec la roife de. France. J'avois apporté avec moi une demi-toife fort exacte. Nous la.compa- rames‘ à la dérni - lachter ,, & nous trouvâmes. celle-ci phas courte, que. la demi toife dans le rapport de 61162... éof eusb ‘En réduifant donc faivant ce raPPOIL les imefures géomériques Cl déffas en roifes de France, nous AurONS :} ;) | à, ATOME LE Toifes de France. Le puits de ii Dorothée, e A) MP 1605 Celui de la Caroline, Ÿ SATA ND us Re 22 ) La galerie de la Bénédide FLE LHA LE 4 HSE Les, imefures géométriques s ‘approchent alors dé, bio près des sr barométriques ; ; paifque, celles-ci différent feuleineny desautres, favoir :v Tome XW, Part. I, 1780. MARS, Ee 218 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, nr Es Dans la, première obfervation de , .: : . o, 57 en défaut. Dans la feconde de, À SD . 0, 38 auflien défaut Dans la troifième de, : RTS . 04 Ten erces Je fus réellement furpris d'avoir approché de ff près des mefures géo- métriques ; qui, comme j'aurai occalion de le dire enfuite ». peuvent écre' révardées ‘coimine les hauteurs ‘réelles. Car j'avois imäginé, que les exhalaifons de toute efpèce qui fe répandent dans les mines, de- voiéiit y altérer les loix communes de l’élafticité de l'air en différens deurés ‘de chaleur ; & peur-êtré fon élafticité abfolue. Mais en réflé- chiffant enfuite fur cette fingulière conformité de l'air des mines, avec l'air extériéur, j'en apperçus la caufe dans le foin extrème qu'on prend d'y faire circuler l'air extérieur , pour empècher les mauvais effers des exhalaifons. Ainfi, les mêmes moyens qui confervent réélle-! ment la fanté des Mineurs dans leurs deineures fouterraines, donnent à l’air:qui y circule, & fur-tout dans les puits où font les princi- paux courans , les‘ propriérés de lair extérieur dans les mefures baromé- triques C'eft là fans doute la caufe de cet intéreflant phénomène , auffi tranquillifant fur le fort des Mineurs, que fur l'application des règles d'aéromérrie. Ce qui fe confirme encore ‘par d’autres obfervations que je fis quelques -jours après dans d’autres.mines , où je trouvai quelque #réoulatité , mais non point fuivant ce que les circonftances locales : fembloient devoir en produire. Ces. mines. font dans lé Ramelsberg, près de Goflad. Elles fournif- fént principälement du plomb , comme celle de Clauftral ;, mais. on les exploite d’une autre manière. Le filon qui a près de 18 roifes, de largeur, eftextrèmement pénétré de pyrite; Set qu'en l'échauffanc, les vapeurs du foufre qui fe dégage, font crévalfer la pierre , qui rombe d’elle-mème en grand lambeaux. On allume donc de grands feux contre le rocher ; & lorfquls font éreints, les Mineurs aident avec Zeurs inftrumens, la chûte des pierres Qui foñit eñcore fufpendués, IL fe détache donc ptefque conftainment du minerai échauffé , des vapeurs füifureufes, qui circulent dans les cavernes de la montagne & dans les puits & foupiraux par lefquels ces cavernes communiquent les unésPaux autres. Le jour que j'y ehtrai étant jour de repos pour les, Mineurs, il n’y eut de feu dans ’lès minés que celui que M. Roëder leur chef eut l'honnêteté de faire allumer pour me donner une idée de certe: exploïranon. Cependant, j'apperçus çà & là des vapeurs de foufre + 8x fouvent même elles étoient aflez fortes, pour m'occa- fionner: ur enciment de fuffocation très-pénible, Quelquefois auf J'éprouvois: les’ reftest de latchalèur communiquée aw rocher d'où ces . vapeurs! s’exhaloïent + & dans quelques cavernes où! le feu méroit SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 119 éteint que de la veille , le thermomètre de Farenheir mon“ juf- qu'à r10° : mais cette chaleur même eft un ventiliteur trés-puiflants pour faire circuler l'air extérieur dans ces mines. Aufi, les courans d'air y font-ils fi rapides , qu'on eft obligé d'avoir des portés à l'entrée de toutes les galeries; & quelquefois mème plufeurs de fuite, fans qioi il ne feroit pas pollible de tenir les lampes allumées dans ces fouter- rains. C’eft fans doute à ce renouvellement continuel de l'air, que les Mineurs du Romelsberg doivent la bonne fanté dont ils jouiffent , malgré la chaleur prodigieufe qu'ils éprouvent pendant le tems de leur travail, & la quantité de foufre qui s'exhale de toute part; & cet aufli probablement la caufe de ce que mes obfervations du baromè- tre, me donnèrent les hauteurs plus exaétement que je ne l’attendois d'après ces circonftances. Voici, Monfieur , les réfulrats de ces obfer- vations , dont vous avez aufli le détail ci-joint. Toïfes de France. Hauteur de la galerie de Breicling fur le fond du puits de Kaunkühr, . LE MR Ù . 44, 41 Hauteur de l'entrée des mines, fur la galerie de Breicling, . : : : : : ; 273504 Hauteur du haut du puits de Kaunküht fur l'entrée des mines, par des obfervations extérieures SG 41, 27 Profondeur du puits de Kaunküht, mefuré en trois portions, dont une à l'extérieur des mines, . ALERT © Profondeur du mème puits , déterminée par des obfervations immédiates , au fond & au haut, OU Je ne pus pas avoir d'abord les mefures géométriques , parce qu'il ne refta pas aflez de tems pour les chercher le mème jour. Mais dès le lende- main M. Roeder les envoya à M. Deufler, Contrôleur du Tréfor, qui avoit eu la bonté de me conduire au Romelsberg , & dans toute ma route fouterraine, M.-Roeder nous y avoit accompagnés ; 1l avoit pris note dés lieux où sétoient faires les obfervarions ; & il envoya les mefures ci-après, que j'ai feulement changées en toifes de France. Hauteur de la galerie de Breitling, fur le fond du : puits de Kaunküht, Le ; ‘ s 46, 86 Hauteur de l'entrée des mines fur la galerie de Breitling, in Wii : : : £ 25; 76 Hauteur du puits de Kaunküht fur l'entrée des mines , s ; ; ë ! : £ AT 32 113, 94 1780. MARS, Ee2 220 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : Il réfulte de là , que fur la hauteur totale du puits li mefure géomé- trique de o , 8 roifes, foir d'environ 35 en défaut ; que dans la mefare d'une partie de cette hauteur faite en-dehors des mines , elle n'a différé } que de o , 05, foit d'environ 4 aufli en défaut : mais que dans les deux autres portions Ja hauteur, prife fans l'inrérieur de la mine,elle a différé dans d'une d'en défaut, & dans l’autre d'en excès. Sur-quoi il faut remar- quer, que les erreurs abfolues ne font que de 2! toifes & d’14 toife; & que-ces petites différences peuvent téfulter de quelque défaut dans l'ob- fervation , aufli-bien fur de petites que fur de grandes hauteurs. Et -dans'ce cas-ci , où les erreurs font en excès & en défaut, il eft bien probable qu’elle riennent à cela, & que les vapeurs fulfureufes ny en- trent.pour rien dé fenfible. Après avoir fait ces expériences dans l'intérieur des mines, je defi- rois'beaucoup d'en faire aufli en plein air. L’ayant témoigné à M. de Reden, il m'en fournit un moyen très-agréable ; car lui-même & M. Raufch, Chef des Géomètres fouterrains, furent de la partie. Ce der- nier avoit eu befoin , à l’occafion d’un projet de galerie d'écoulement, de déterminer avec la plus grande exactitude la hauteur des deux points extérieurs au Hartz , relativement aux mines de Clauftal & de Zellerfeld, 11 ne s’agifloit donc que de faire l’obfervation du ba- romètre à l'entrée d’une certaine mine, qui étoit un point fixe ; & de l'aller faire enfuite à ces deux points extérieurs; dont l’un étoit à en- viroh 3000 toifes de diftance horifontale, au-delà d’une colline, & l'autre à ç000 toifes, entièrement au-dehors du Hartz. Nous exécutâmes ce projet le 30 d'O&tobre ; & je trouvai les hau- teurs fuivanies par les calculs, ,ci joints de mes obfervations. Et «3 C Toifès de France, Hauteur de lentrèée de la mine, nommée Alte- Séeven, au-deflus d’un certain point dans fa vallée de Bremeke , ; ï ; É à Hauteur de la même entrée de mine au-deflus d’un autre point, près l’Asfelde , dans la vallée d'Oftérode; 173, 8r 102, 18 Après qué j'eus calculé cés obfervations, M. Raufch eut la bonté de’ me donner uñ profil de‘la route ‘que nous venions de faire, où les: points ci-dellus éroient marqués. L'eur hauteur réduite: en roifes de France, eft comme il fuit: - : Le point de la vallée de Bremeke, au-deffoûs d’Alte- SEGA SEEN TES Etendre te 100, 8% Celui de la vallée d'Offérode! 74 s 173, 56 ee * 2 SA RCE «| “tie 1 : * ? Aïfñfr, Pune dé ces mefures barométriques faites en plein air, s'eft SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 331 trouvée prefqu’entièrement femblable à la mefure géométrique ; l’autre n'en diffère ue d’une toife & un tiers en excès. H ne Sato plus que d’examiner fi les mefures géométriques étoient vraiment dignes de confiance. Mais je vis bientôt, que je pouvois me repofer à cet égard fur l'importance dont il eft pour les Mineurs qu'elles le foient; & fur l'expérience qui les vérifie tous les jours. Ce- pendant, elles s’exécutent d’une manière fi fingulière , qu'il faut réelle- ment cette expérience, pour fe perfuader qu’elles font exactes. Un fil de laiton tordu de ÿ toifes, deux poinçons , un demi-cer- cle & une bouflole, font rous les inftrumens du Géomètre. Il étend fon fil, par le moyen de fes deux poinçons, dans la direction du trajet qu'il mefure; l'habitude fait qu'il le tend toujours au mème degré. Son demi- cercle, qui eft fort léger, étant fufpendu au milieu de ce fil, lui en montre l’inclinaifon ; il a par ce moyen un triangle rectangle, dont l’hypothénufe & l'angle fur la bafe lui font connus: il a donc la hauteur verticale & la diftance horifontale parcourues. Il fufpend enfuite la Fouffole au mème fil , pour en connoître la déclinaifon , & par conféquent la direction de fa ligne horifontale. C’eft ainfi quil tire le plan & la coupe de ces labyrinthes fouterrains : & c’eft ainfi entore qu'il va chercher au dehors à travers les vallées & les collines , des points correfpondans à fes galeries & à fes puits. Eft-ce donc-là une méthode dans laquelle on puifle vraiment pren- dre confiance ? le fait parle ici, & épargne les raifonnemens. Le Mi- neur , fur la foi de fon Géomètre , s’avanture à entreprendre , dans l'abfolue nuit des entrailles de la terre, un travail qui lui coûtera des années , en perçant journellement le rocher. On vient à fa rencontre de quelqu'autre mine, ou du dehors. Au bout de là mefure décermi- née nos gnomes viennent à s'entendre ; & enfin, ils fe trouvent. J'ai va plufeurs de ces points de rencontre dans les galeries; on à peine quelquefois à appercevoir le petit évafement qu'il 2 fallu faire, pour qu'elles fe joignent bout à bout. ; : Il me refte à vous communiquer, Monfieur, d’autres mefures ba- rométriques , non vérifiées , par lefquelles j'ai déterminé la hauteur dé quelques points du Hartz relativement à la plaine, & principale- ment le plus haut point. à Cerre:fommité la plus élevée , nommée le Bloeksberg ou Broeken ,! eft ficuée dans les terres de M. le Comte de Vernignerode, Ce fur ma première courfe lorfque j'arrivai au Hartz; & M. le Baron de Reden la fir-déjà avec mot. Nous partimes à ro heures du foir de Clauf- thaul , & nous arrivâmes à 24 h. du matin à Oder-brucké , Hameau fitué au pied du Broeken. Notre intention étoit de nous mettre er marche à Ja pointe du jour , pour arriver au dever du foleil au fom- 112 OSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, met de la montagne; parce que c’eft le moment le plus favorable pour voir limmenfe pays que l'on découvre de cette hauteur: les vapeurs qui peu-àpeu terniffent le tableau, n'étant pas élevées. Mais d’autres vapeurs rendirent inutile notre courfe de nuit : les nuages s’emparè- rent du haut des montagnes; & long-tems nous héfitâmes fi nous ne renverrions pas la partie à un autre jour ; mais enfin un rayon d’ef- pérance ayant lui à Oder-Brucke, nous nous déterminâmes à partit pour la montagne. 1l éroit 9 h. du matin, & une heure eût fufh pour nous rendre au fommet, fi nous avions eu beau tems. Mais les nua- ges s'étant épaiffis toujours davantage, nous nous égarâmes malgré nos guides; & fans une bouffole & une carte de ces montagnes dont M. de Reden avoit eu la précaution de fe munir, nous ne ferions peut- être pas arrivés de tout le jour au Broeken , autour duquel nous tour- nions , fans le trouver. Il étoit midi lorfqu'enfn nous l’atteignimes; étant nous-mêmes couverts de verglas, comme route la montagne. Il faifoit un vent aflez fort, le thermomètre étoit à ;7 de Farenheït; & les nuages chariés par le vent couvroient tout d'une croûte de glace, qui fe formoit à vue d'œil. J'avois porté avec moi un nouvel hygromètre, conftruit fur les principes de celui que j'ai eu l'honneur de préfenrer à la Société Royale, il y a quatre ans; mais où j'ai corrigé plufieurs des défauts que l'expé- rience m'a déjà fait découvrir dans ma première tentative. J'efpérois en le portant au Hartz , de répéter l'expérience de grande fécherelle des couches fupérieures de l'air, que j'avois faire ci-devant fur l'une des fommités des Alpes. Mais il en arriva tout autrement : & je ne fus pas fiché du contrafte. Arrivés donc enfin au fommer du Broeken, je fufpendis mon hygromètre au dehors d’une perite hutre, que M. de Verniguerode a eu l'humanité de faire bâtir pour fervir de refuge aux curieux dans le mauvais tems. En un inftant, l’ivoire dont ce nouvel inftrument eft fait comme le premier, fur couvert d’une couche de verglas; & ce qui mérite quelque attention dans la matière de l’humor, lhygromètre fut réduit. par-là à très-peu-près au point de l'humidité extrème. Je ne m'arrêterai pas ici fur quelques autres obfervations que j'ai faites avec cet inftrument pendant mon voyage. J'en ai éré plus con- tent que du premier, à divers égards. Cependant je ne fuis pas au bout des difficultés : mais heureufement non-plus, je ne fuis pas au bout des reffources. Je fis aufi l'obfervation du baromètre fur cette hauteur. Je l’avois faite en partant d'Oder-Brucke, & je la fis au retour. J'avois aufli des obfervations correfpondantes à Claufthal : j'en eus pendant tout mon voyage de Sache tièeet ; à Claufthal, à Gottingue & à Hanovre. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 21; De toutes ces obfervations j'ai conclu la hauteur du Broeken fur tous les lieux ci-defflus, par les calculs ci-joints, dont voici l'extrait. Toifes de France, La maifonnette au fommet du Broeken fur Oder- Brucke, (PE pb t ; ; = : 172, 93 Oder-Brucke fur Claufthal, . : Ë < . 91»: 39 Chufthal far Gottingue, par 17 obfervations cor- refpondantes pour le tems, entre M. le Profeffeur Erxleben & moi, s à 210, 21 Gottingue fur Hanovre, par 16 femblables obfer- vations entre M. Erxleben & M. de Hinuber, . 56; 45 Hauteur totale du Broeken fur Hanovre, : 530; 98 Il fera aifé de favoir la hauteur de Hanovre fur le niveau de la mer, pour completrer cette mefure. Des obfervations correfpondan- tes du baromètre ; fufliront pour cela. Maïs en attendant il eft aifé de juger, foit par le baromètre lui-même , dont la hautéur moyenne le matin, pendant le mois d'Oétobre fur 30,1 pouces Anglois à un fecond étage; foit parle peu de pente des rivières jufques à la mer, que l'élévation de Hanovre au-deflus de fon niveau n'eft pas bien grande, Voilà les obfervations les plus intéreffantes de ce genre que j'aie faites dans le Hartz. 1] me femble qu’elles font propres à donner le courage d'examiner de plus près, tous les principes phyfiques fur lef- quels elles fe fondent ; principes dont les conféquences très-éren- dues , nous promettent dé nouveaux pas dans l'étude de la nature, non-feulement fur! la terre, maïs dans ls ciel. OBSERVATIONS Sur les véritables parties métalliques de la Manganèfc; Par M MARGRAFF, è 1 La Manganèfe , qu'on nomme en latin Magnefia virriariorum, &c en Allemand: Braunftein , eft une efpèce de pierre d’un gris citant fur le noir, dures: pefante:, fouvent faliffante , rayée par intervalles, & 3:4 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ,° qui reflemble pour. l'ordinaire à l’antimoine. On la trouve en diverfes contrées de l’Allemagne , aufli-bien qu’en, Angleterre; dans Le Pié- mont, & en plufeurs autres endroits, tantôt dans des montagnes cal- çaires , tantôt dans des mines de fer. On s’en fert pour rendre le verre tranfparent & net , ainf que pour compofer le vernis des, potiers , tant noir que rougeitre. SuÉl La pefanteur de cètte pierre & fa ‘forme.extérieure, font; foupcon- ner qu'elle renferme effectivement des parties métalliques: mais juf- qu'à préfent il ne paroît pas qu'on fe foir bien afluré quelle efpèce de métal s'y trouve renfermée, quoique l'opinion la plus commune foit le fer. - IL Cramer, dans fa Docimafe, p. 239, eftime que la manganèfe contient du fer, mais que la quantité en eft fi petite, qu'il ne vaut pas la peine de l'en retirer. Gellerr, dans fes Elémens de Chymie Mé- tallurgique, p. 48, dit que la manganèfe donne un fer caflant. Bro- mel. dans fa Minéralogie ;:p1 168: jugelaufh-quil sy trouve du (fer. Cronfiædt | dans fa Minéralogief,!prérend y avoir trouve , non-feulement: du fer, mais encore de l’étain. #’aVlerius ;y fuppofe! auf du-fer, p. 345 ; de fa Minéralogie. Wefifeld , p. 14, de fes Differtations Minéraloai- ques, rapporte qu'en diffolyant de la manganèfe dans un acide de fel, & en jettant enfuire dans cette folution quelque ‘peu de zinc, il'en avoir retiré des molécules de fer. M, le Conferller des Mines Gerhard, dans fes fupplémens à l'Hiftoire du Règne Minéral , tient cette pierre pour une fubftance alkaline, alunineufé, mêlée de quelques particules de fer. M. Port, au Tome VI des Mifcellanea Berolinenfta, &:dansla continuation de fx Lithogéosnofie , rejette l’exiftence du fer dans la manganèfe. Je fuis jufqu'à-préfent du mème avis, vi que je n'ai pu y en trouver, ni par les ellais docimaftiques ; ni par, la voie propofée par Welifeld. Car l'aimant n'a-rien attiré, ni de ce qui fe: précipite de lai folution de la manganèfe dans l'acide du fel après y avoir jetté du zinc, ni de ces molécules noires qui fe précipitent de la folution de lasman-- ganèfe dans l'acide du vitriol après l'addition du zinc. Ill. Je conviens cependant fans difficulté que la manganèfe renferme quelques parties métalliques : car quoiqu'il ne s'en trouve que fort peu, elles fe manifeftenr cependant bien fenfiblement; mais j'efpère de démontrer par les expériences fuivantes , que ce qui. s’y trouve de, mé- tallique n'eft point du fer. Je me fuis fervi de la manganèfe qui fe trouve en abondance dans le Comté de Hohenffein, près d’Iepeld , qui eft caflante, & pour la plupart rayée; je la brifai en petits morceaux, où je ne crouvai ni pyrites , ni aucunes parties métalliques ; j'examinat le.tour à laide d’une forte loupe, &.je pris une Jiyre de feizé onces de ce qui me parur Je plus pur, & le moins fufpec. Je réduifis enfuite cette livre de manganèfe en plus petits morceaux, de la groffeur à- peu-près Ai) Re SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 332$ A d'un grain de chanvre, & la calcinai dans un creufet de Helle , pendant fepr à huir heures, à un feu aflez fort, ayant eu foin de remuer fouvenr le tout. Après que cette manganèfe calcinée fut"! réfroidie , je la pefai, & je trouvai un déchet d'une once & demie, le tout n'ayant bé que quatorze onces & demie; je pilai cette matière dans un mortier de verre, & la réduifis en une pouflière très-fine , qui avoit alors la couleur d’amérchyfte, IV. Je mis huit onces de cette manganèfe calcinée & pulvérifée dans une retorte de vérre bien nettoyée; je verfai deffus quatre onces d’une huile de vitriol blanche & pure, que j'avois délayée auparavant avec huit onces d’eau diftillée : je fecouai le tout, & en diftillai l'humide au bain de fable jufqu’à entier defsèchement. Après le refroidiffement , je leflivai au mieux avéc de l’eau bouillante ce qui éroit refté au fond dela retorte jufqu'a ce que l’eau n’eüc plus aucun goût. Je filtrai enfuite cette léfive , & je trouvai que ce qui étoit refté attaché au filtre pefa , après avoir Cté édulcoré & féché , cinq onces & demie:-ce réfidu étoit d'un noir brun. V. Je verfai cette folurion filtrée dans une retorte de verre, & j'en diftillai 1x partie aqueufe jufqu’à la moitié, ou un peu au-delà. Pendant cette diftillation ; 4 fe dépofa au fond de la rerorte une mafle faline d'un rouge pâle. Après avoir fait écouler le’ Hquide , couleur de fleurs dé pêcher , qui repofoit encore fur cètte mañle, je lavai cette malle avec de l’eau diftillée,. & elle fe laiffa diffoudre dans de l’eau bouil- lante, quoiqu'un peu difhcilement : je retirai de cette dernière folution, au moyen de la cryftallifarion , une vraie félénite. Cette expérience ne me permit pas de douter de l’exiftence d'une terre calcaire dans la manganèfe. NUE 9Ie VI. L’estradtion , couleur de pêcher, dont il eft queftion dans le $. précédent, difpofée par une douce évaporation à la cryftallifation , donna d’abord de beaux ctyftaux rougeitrés & tranfbarens, de deffus lefquels je fis de nouveau écouler la leflive qui y repofoit, & je con- tinuai la cryftallifation ; travail que je répétai aufli long-tems qu'il vou- lut fe former des cryftaux , qui devinrent toujours bleus , enfotte que la couleur des derniers approcha de celle du vitriol de Chypre, ce qui me mit fur la voie de foupconnet l’exiftence du cuivre dans la man- ganèfe. see e VII. Je fus confirmé dans ce foupcon , lorfqu'ayant détaché ces cryftaux du verre, je trouvai que le couteau dont je m'étois fervi avoit été impregné de cuivre, ce qui fut fur:tout très-fenfible à l'égard des’ derniers cryftaux , qui éroient les plus bleus. Cette expérience m'en- gagea à difloudre une partie de ces cryftaux dans de Peau diftillée : après avoir filtré certe diflolution , j'y jectai du fil d’archal net.& poli, & Tome XV, Part. I. 1780. MARS, Ef »16 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; ; le cuivre $y attacha comme on l’obferve,, par exemple , dans les four: . ces vitrioliques de Meu-fohl : je raclai ce cuivre à mefure qu'il fe dé- pofa, j'édulcorai ce que j'en avois ramallé, & le fis fécher. J'en mélat enfuite une partie avec du borax, & mis ce mélange fur un charbon pour le fondre au moyen d’une flamme poullée par un chalumeau : & je retirai enfuite un grain de cuivre. Je dois obferver ici, que fi l'on expofe les cryftaux, dont je viens de parler, à l'air chaud d'une chambre chauffée; 1ls s'affaiflent peu-à-peu , & fe réduifent enfin en une pouflière blanche & firineufe, qui tire un peu fur le rougeñre. VHI, M. le Directeur de la Grange, ayant eu la bonté de me procurer. un morceau de véritable manganèfe de Piémont, je m'en fuis fervi pour faire de nouveau les recherches rapportées ci-deflus. J'ai tiré de mème de cette manganèfe , au moyen de l'acide du vitriol . un fel rougeâtre. Ce fel diffous dans l’eau, dépofa fur une lamie d'acier quelque particule de cuivre , quoiqu'en moindre, quantité que la man- ganèfe de Hohenflein. On retire éselement du cuivre , tant de la man- ganèfe d'Allemagne, que de celle de Piémont, en la mêlant avec parties égales de foufre pulvérifé, en-calcinane ce mélange pendant quelques heures à un feu doux que l’on augmente enfuire, en le leffi- vant, & en le faifant cryftallifer, Voyez M. Porn, dans les: Mifcella- nea , & M. Wefifeld.) dans fes Differtations. Minéralogiques. IX, Je pris une once & demie de ce {el de la manganèfe préparée , avec l’acide du vitriol, que, quelques Chymiftes , entrautres M. #e/e- feld , prétendent être alumineufe : je le calcinai fous la moufle, à un feu. d’abord modéré, enfuice: plus fort; mais je n’obfervai point qu'il fe liquéfiât comme. le fait l’'alun, encore moins qu'il fe gonflàt à un, feu plus fort, comme cela arrive dans la préparation de l'alun brülé,., En continuant à le foutnetrre:à l'action. du feu. ce fel perdit fon acide , & après une incandefcence. de quatre heures, il fe changea en une poudre d’un. brun foncé, qui pefoic trois. dragmes & querante-cinq grains. J'achevai de réduire cette poudre en une pouflière très-fine, j'en leffivai foigneufement tout le fel qui pouvoir, y être demeuré,, avec de l’eau diftillée.& bouillante. Après, le defsèchement , je le, calcinaï encore pendant nne heure, fous. la mouffle, ce qui me donn: trois dragmes &,33 grains d'une pouflière- pefente & d’un brun,tirant fus le rouge. Au refte, je ne faurois me ranger à lopinion de M. Fefifeld,. qui, met ce fekau-rang des fels-alumineux, puifqu'il fe laifle diffoudre dans une fort. petite quantité. d’eau, au lieu que. l'alun en, demande uné beaucoup plus.grande : à quoi il faut. ajouter que la figure de ces cryftaux-diffère fenfiblement. de celle. des cryftaux de l'alun. X. Je mélai unë demi-dragme de, cette pouflière d'un brun tirane {ur le ronge, dont ila été fair! mention dans le Siprécédent ; avec-une Ca! * SÛR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 217 dragme & demie de flux noir, & trois grains de fuie de fapin calci- née dans un creufer fermé : je couvris ce mélangé d'un -peu de borax calciné, & le fis fondre dans un creufet bien luté pendant deux heu- res à un feu violent. Le vailleau ayanc été brifé après le. réfroidiffe- ment, j'y trouvai des fcofiés d'un brun noir, & au-defTous un peu de fubftance réguline, d’un brun rougeâtre, dont j'efpère pouvoir mieux + dérerminer la nature , lorfque j'aurai fait des expériences plus particu- lières : en attendant, je puis dire que cette matière me paroît cuivreufe. XI. Je:crois devoir rapporter encore une couple d'expériences de M. Wettfeld . par lefquelles il prérend prouver que la terre de la man- ganèfe rellemble à celle de l’alun. 11 a mêlé fix grains de terre d'alun bien élultoré, avec trente graïns de falpêtré , &’une dragme de verre commun ou verdâtre, & on a vicriñié le tout à un feu véhément: ce qui lui a donné un verre net & blanc. De plus, il a mêlé de ces molécules de fer qui fe précipitent de la, folution de la manganèfe, dans l'acide du fel après l'addition du zinc, dans la proportion d’un demi-grain , avec douze grains de la terre d'alun, une dragme de verre commun, & quarante-cinq grains de falpèrre.: le ‘out ayant été vitriffé, il en a réfulré un verre couleur d'amérliyite. Jai répété ces expériences , mais au lieu de ces molécules de fer en queftion , j'ai employé un Crocus Martis préparé du Caput mOrÉREUME de leau-forte, & au lieu d'un demi-grain jai pois un grain entier de ce Crocus Martis. Le réfulrat de ces expériences ne m'a point donné de verte blanc, mais en a produit un d'un verd agréable; & au lieu ‘du vêrre couleur d’amérhyfte , j'en ai eu un d’un vilain verd. Céla joint à d'autres circonftances , me fait conclure, qu'il n'eft rien moins que décidé, que la manganèfe foit, comme ce Chymifte le précend , un compofé de terre d’alun, de .par- cicules ferrugineufes , & de phlogiflon. | 1780. MARS. Ff2 28 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ALERTE REED QI AGENT SPIP EE D DOTE SSSR PER NO UN PSN ETIENNE Manière de graduer l'Aréomètre ; Par Dom Nicoras CAsBois , Principal du Collège Royal de Mu, de la Société Royale des Arts & Sciences de la même Ville, Affocié de l'Académie de Chélons-fur- Marne , de la Societé Patriotique de H:ffe-Hombourg. Gxraovrr l'aréomètre de manière à lui faire marquer de combien de millièmes une liqueur pèfe plus ou moins que l'eau pure ; voilà le problème que je me fuis propofé de réfoudre. Je ne veux rien changer à la forme de cet inffrument: mon pèfe- liqueur fera , comme les autres, une boule de verre ou d'argent fut- montée d’une tige mince & d’égale groffeur, leffée de façon que; plongée dans la liqueur , la ige foit toujours dans une direétion vet- ticale, Il n’eft queftion ici que de la graduation de cet inftrument. Pour la faire, cette graduation, je pars d'un terme connu, celui de l'eau naturelle prife à la température des caves, & dépouillée par la diftillarion de tout ce qui pourroit augmenter fon poids. J'y plonge mon aréomèrre , &. lorfqu'après quelques ofcillations il y a pris fon équilibre, je marque l'endroit où la tige eft coupée par la furface de Veau. C’eft mon premier terme. Je fais enfuite , par un mélange corr- venable d’eau & d’efprit-de-vin, une liqueur moins pefanre que l'eax: d'un dixième , ou, ce qui revient au même, de cent millièmes. J'y plonge mon aréomètre, & l'endroit où la tige eft coupée par la furface de cette liqueur eft mon fecond terme. L’efpace entre ces deux ter- mes, je le partage en cent parties égales, & j'ai des degrés dont cha- cun marque évidemment la-millième partie de la pefanteur de Feau. Je porte ces degrés au-deflus & au-deflous du terme de l’eau que je marque par un zéro, & je les compte depuis ce terme par 1,2,3,4; &c. Ceux qui font au-deflus du zéro marquent des millièmes à retran- cher du poids de l'eau; ceux qui font au-deflous du zéro, marquent des millièmes à ajouter à ce même poids. On fair que le pied cube d’eau, fous la température d'environ dix degrés , pefe foixante & douze livres ou 1152 onces. Ainfi rapportant les degrés de mon aréomètre au pied cube, chacun doit marquer s 4H rw + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ATRS. 219 once 1 gros + ou près de 11 grains à ajouter ou à retrancher, felon qu'il eft au-dellus ou au-deffous du zéro. Soit maintenant une eau de-vie dont on voudroit connoître la bonté par fa pefanreur fpécifique. J'y plonge l'aréomèrre, & je prends le degré où la tige eft coupée par la furface de la liqueur. Je fuppofe que ce degré foit 82° au-deflus du terme de l'eau: je dis, 82 deorés au-def- fus du terme de l’eau fignifient que la liqueur eft moins pefanre que l'eau de 82 millièmes, Par conféquent, le pied cube de certe liqueur pefe 82 fois 1 once, 1 gros, 11 grains, ou $ livres, 3 onces, 3 gros, 38 grains moins que le pied cube d’eau , dont le poids eft de 72 livres : donc le poids cube de certe liqueur pefe 66 livres, 2 onces , 1'gros, 34 grains. Pouflons encore plus loin la conféquence. L'eau diftillée eft à l'ef- prit-de-vin reétifié, comme 993 et à 963. Suivant ce rapport, on trouvéra que le pied cube d'efprit-de-vin rectifié pefe. 58 divres, 7 onces -. Voyons maintenant combien d’eau il y a dans l'eau-de- vie que nous venons de pefer. La règle ft aifée à faire, elle. fe réduit à cette queftion. Combien faut-il d'eau à 73 livres le pied cube, & d’efprit-de-vin à $8 livres, 7 gros la même mefure, pour faire un pied cube du poids de 66 livres, 2 onces? La règle faite , on trouve que le mélange contient 123 parties d’eau, fur 94 parties d’efprit-de- vin, & que le pied cube de ce mélange eft compofé)de 37 livres, 7 onces 151 d'eau, & de 28, livres, 10 onces, << d’efprit-de-vin. Cer 217 exemple fait voir qu’en fuppofant l’eau-de-vie compofée d'efprit & » - / A d’eau ; on peut par le moyen de mon aréomètre , trouver non-feule- -ment la pefanteur fpécifique, mais. encore, la quantité d’eau qu'elle contient. Je me propofe de donner une. table où l’on trouvera fans calcul, les poids & les mélanges qui répondent à chaque deoré de l’aréomètre. | | L'ufage de cetre efpèce de balance n’eft pas borné aux liqueurs plus Icoères que l'eau ; il s’érend avec le même avantage à, celles qui en font plus pefantes; mais alors il faut que la tige de l’aréomètre foic affez longue pour porter environ 150 degrés au-deflus & au-deflous du terme de l'eau. Cette longueur , à laquelle la boule doir être pro- portionnée , rend l'inftrument fort incommode ; pour parer à cer in- convénient , on fait deux aréomètres de. médiocre grandeur ; l’un pour les liqueurs fpiritueufes , l'autre pour les eaux falées. Le premier lefté de !manière que le terme de l’eau fe trouve près de la boule , le fecond de manière que le même terme fe trouve à l’extrémitéfupérieure de la tige. Celui-ci fe gradue comme le premier avec certe différence que lon prend pour fecond terme un mélange.de fel & d’eau plus pefant d’un dixième que l’eau diftillée. L’inrervalle partagé en cent parties donne des milliimes que l'on compte de haut én bas, & donc 230 .. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ! ‘chacun ‘marqué fa millième partie de la pefanteur de l’eau. Pour avoir le poids d'une eau falée parle moyen de l’aréomètre , ïl faut ajouter au poids de l'eau diftillée autant de inillièmes de ce poids, qu'il y a de dégrés depuis le terme de l'eau ,ljufqu'à la furface de la liqueur que Pon pèfe. J'ai fappofé jufqu'ici que la pefanteur fpécifique de: Peau ‘diftillée étoit un rerme fixe ; mais j'ai fuppofé en même-tems qu'on prendroit toujours ce terme au même devré ide chaleur ; & qu'elle augmente en «volume fans aügmenter en fier Gérte aupmentation eft à:peu-près Æ, depuis le degré de chaleur qu'on nomme tempéré, jufqu'à celui qui_ fait bouillir l'eau. Or 5 de'la dilatation , fait == de diminution dans la pefanteur fpécifique. Le degré de'ehaleur fous lequel on peut prendre le terme de l’eau reft arbitraire. Perfonne n'a droit dé le fixer. ‘Cependant fi lon veut faire des aréomètres comparables, il faut convenir du degré-d’où l’on partira. g Quant à moi, je prendrai toujours la température des caves, qui répond à-peu:près au dixième degré du thermomètre de Aésumur, parce rque je le‘trouve par-tout & dans ‘toures les failons de l’année, & que Von a ‘calculé fous ee degré prefque toutes les tables des -pefanreurs fpécitiques. ? IL ne me ‘refte plus qu'une difficulté à lever, celle de former par un mélange convenable une liqueur plus ou moins pefante d'un dixième ‘que Peau pure. Voici comme je m'y prends. Je pefe une bouteille vuide, peu im- porte quelle “en foit la capacité ; ‘je tiehs compte de fon {poids pour le déduire de celui de cetre mème bouteille pleine. Après cette prépa- ration’, j'emplis la boureille d'eau diftillée, & je pèfe certe eau avec la plus grande exaétirude. Je fuppofe que l’eau , tare défalquée , pèfe 40 onces ; fi je veux faire une liqueur qui pefe = de moins que cette eau , il faut que je mêle de Peau & de lefprit-de-vin en telle ‘propor: tion queice mélange rempliflant la bouteille ne pefe que 36'onces. Pour:y parvenir, je vuide la bouteille qui contenoit l'eawidiftillée ; je"la remplis d'efprit-de-vin commun; ‘puis je la ipefe. il arrive que l'efpric-desvin] ne pèfe pas 36 onces ; & qu'il faut en augmenter le poids :par ur mélange. ‘Je fais donc 'fortir un peu d’efprit-de vin de’ la bouteille , ‘& je mets de l’eau à la place, par ce mélange l'efprit-de- vin devient un peu-plas péfant, je lé remets für la balance, & sil n'a pas'encore'le poids ‘demandé, je continue à y'mettre un peu d’eau jufqu'à ee que la boureille pléine , rare défalquée, pèfe juftement 36 ocess Aloës j'ai une liqueur'qti, fous le même voluine , eft plus lévère que Peau d'ün 1dixième! Du Î Je Luis le même procédé pour faire ‘une liqueur ‘plus péfante que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 231 l'eau d’un dixième; c’eft-à-dire , qu'après avoir pefé l’eau dans une bou- teille comme ci-deflus, je remplis cette mème bouteille d'une eau dans laquelle j'ai fair difloudre autant de fel qu'il étoit poflible | & comme cette eau falée pèle plus que l’eau pure de plus d’un dixième ,: je: l'aimènes au poids qu'elle. doit avoir en faifant fortir de la bouteille un peu; d'eau falée & en la rempliffanc avec autant d’eau pure. Ces, liqueurs ainfi préparées peuvent fe conferver & fervir à régler une infinité d’Aréomètres. AA rs A UT M Eknetstié tous les Phyfciens conviennent aujourd’hui que la chaleur des corps efb l’effer de la matière du feu libre pour laquelle tous les Corps: font! perméables ; & qui tend , non pas à fe répandre unifor- Mément; mais à fe mettre en équilibre, de manière que les diver- fes affinités qu'elle a pour les différentes matières foienr pareillement farisfaices. Ainfi un corps eft chaud par rapport à un autre lorfqu'il eft Pénétré d’une aflez grande quantité de feu libre, pour que l’afiniré qu'il a pour le Auide foit plus près d'êtte fatisfaite que n'eft l’afiniré de l’autre. Je fais que quelques Phyficiens: du premier mérite ne font pas dans cette opinion ; mais elle cadre fi bien avec tous les phénomènes, qui: viennent prefque d'eux-mêmes fe prêter à l'explication , qu'il me femble impofhible de ne pas l’admettre. Dans tous les phénomènes où il ya de la chaleur excitée ; je vois que’certe chaleur eft générale ment due à l'une de’ ces deux caufes , ou à la décompofition d’une matière qui contenoic du phlogiftique comme principe , ou à la for- mation An nouveau compofé dont l’afhinité pour le feu libre eft moin- dre que n'étoient les afhinités pour le même fluide des compofans prifes enfemble: Je vais donner des exemples de ces deux cas. 21%, Toutle monde fair que le frottement eft prefque toujours ac- compagné de chaleur produite, & que cette chaleur eft , toutes chofes d’ailleurs égales’, d'autant plus grande & plutôt excitée, que le frot- tement eft plus rude, que les corps frottés contiennent plus de phlo- giftique, & qu'ils font de leur nature plus propres à être décompofés par le-frortement. Dans cette opération, les furfaces des corps frottés font entamées , quélquestunes de leurs parties font balvéritres , atté- nyfes &, pour ainfi dire, réduites à leurs principes : le phlogiftique qui entroit dans leur compoftion redevient feu libre. fe porte fur les corps environnans en proportion de affinité qu'il a pour eux, & ma- 232. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : nifefte fa préfence par une augmentation de chaleur. Lorfque la cha: leur eft ainfi produite par la décompofition du phlosiftique ; il y a toujours abforption d'air, comme dans les cas de la combuftion , de la refpiration, du frottement, du choc du briquer .... &c. 2°. La chaleur très-confidérable que l'on produit en éreignant de la chaux vive, ou en mêlant de l'acide vitriolique avee de l’eau n’eft pas excitée de la manière précédenre : elle vient de ce que l’afhinité du compofé , pour le feu libre, eft moindre que n'éroient. celles des deux compofans pris enfemble avant la compofñtion. Ainfi la chaux qui s'éteint actuellement n’eft chaude , & n'échauffe les corps circonvoi- fins, que parce que le réfultat de la combinaifon de chaux vive & de l'eau a beaucoup moins. d'afinité. pour le feu libre que n'en avoient enfemble la chaux vive & l'eau non combinées, & que pendant la combinaifon le feu libre que ne peut plus retenir le compofé eit aban- donné à lui-même, & fe porte fur les corps environnans en propor- tion de fes affinités avec eux. Dans les phénomènes de ce genre, il n'y a jamais d'air abforbé, & par confiquent point de décompofrion. Réciproquement , dans routes les combinaifons accompagnées de réfroidiflemens où, de diminution.de chaleur, comme lorfqu'on faic fondre de la glace par le moyen des fels, le réfroidiflèment n'a lieu que parce que le nouveau compofé a beaucoup plus d'afhinité pour le: feu libre que n’en avoient enfemble la glace & les fels ; que cette affinité eft beaucoup plus éloignée de la faturation que celle des:corps circonvoifins , & que la matière du feu libre répandue dans ces. corps fe porte fur le nouveau compofé pour être en équilibre, & manifefte fon abfence par le réfroidifflement. Dans les phénomènes de ce genre, il n'ya jamais d'air dégagé, _ Pafons maintenant à une autre propoftion, 5 Tout le monde fair que les phénomènes où il y a évaporarion, c'eft: à-dire, où il y a diflolution de l’eau dans l'air, font toujours accom- pagnés d'un réfroidiffement d'autant plus grand que la diflolution eft plus prompte & plus abondante; ainfi lorfqu'il fait beau , que l'air de l'atmofphère , eu égard à fa denfité & à fa rempérature, n'eft pas encore faturé d’eau, qu'il diflout par conféquent encore une partie de celle avec laquelle il eft en contaét, & que les corps humides qui lui font expofés fe sèchent, il fe produit un réfroidiffement proportionnel à la quantité & à la rapidité de l'évaporation , & qui , fi l'on admet la propofñrion ci-deflus, ne peut avoir lieu que parce que le’compofé d'air & d'eau, réfultar de la difloluion, à plus d’afiinité pour le feu libre que n’en avoient enfemble l'air & l’eau pris féparément, & que ce compofé en enlève aux, corps environnans qui par-là fe réfroidiffent, Cela pofé, lorfqu'il a fait beau pendant long-tems!, que l'air tient yue tès-grande quantité d'eau diffoute & tranfparente, qu'il contieng Pèr SUR L’'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 233 par conféquent au-dedans de lui la grande quantité de feu libre qui s'eft trouvée nécellaire à la diflolution, & que tout-à-coup, en vertu d’un léver changement dons la direction du vent , la denfité de l'air venant à diminuer confidérablement, il ne peut plus tenir route certe eau en diflolurion , & qu'il eft obligé d'en abandonner une grande partie; ce compofc , réduit en partie à fes principes , ne doit plus avoir pour le feu libre la mème afhnité qu'il avoit avant la précipitation. La quantité furabondante de cette matière doit donc encore être aban- donnée à elle-même & par conféquent fe manifefter par quelques phénomènes. j Quels font ces phénomènes ? Voilà ce que je demande aux Phyfi- ciens. Je fais que lorfque la précipitation fe fait lentement, l’effet de ce feu libre doit être foible & qu'il doit fimplement adoucir la température. Auf, coutes les fois que les vents du midi foufflènt & font baifler le baromètre, l'air cit feufiblement plus chaud , non pas que dans l'in- cervalle d'une heure ou deux il puiffe être cranfporté d’une région plus chaude, mais parce qu'en vertu de la légère précipitation d'ean qui a lieu, le feu hbre abandonné échauffe doucement l’armofphère. Mais lorfque cette précipitation fe fait brufquement , lorfque pendant l'été, après une quinzaine de beaux jours, en moins d'une heure, l'air abandonne fubitement une immenfe quantité d’eau; que rout l'horifon fe charge de nuages fort épais ; que l'orage fe forme & qu'il doit bientot tomber une pluie très-abondante , que devient la prodigieufe quantité de feu libre abandonné en vertu d'une fi grande précipiration? On me répondra peut-être, que l'effet de ce fluide ef d’affecter l'air qui alors elt à peine refpirable. Tout le monde fe plaint, nul animal n’eft à fon aife jufqu'à ce que la précipitation étant ache- vée, l'air recommence à difloudre de l'eau & à employer le même feu libre. Cette réponfe feroit déjà quelque chofe ; mais font-ce là les feuls effers que doive produire une fi grande quantité de feu, & doit- on-le-dire lorfqu'on fait que les mêmes circonftances font toujours accompagnées de phénomènes ignées_ très-éclatans ; lorfqu'on fait que l'air non combiné avec l'eau elt peut-être un des corps de la nature qui ait le moins d’aflinité avec le fer libre, puifqu’une barre de fer, ou tout autre conduéteur , expofé aux rayons du foleil , s’échaufie confidérablement fans que la chaleur de l'air environnant foit bien fen- fible ; lorfqu'on fait que pendant les orages la précipitation ne reçoit pas d’accroiflement rrès-confidérable ou que la pluie ne redouble pas fans un éclair ? Je ne me permettrai pas de faire moi-même à cette queftion une réponfe qui pourroit choquer quelques idées reçues , & que d’ailleurs Tome XV, Part. 1, 1780. MARS, G g è 234 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, on doit prévoir. Je prierai feulement les Phyficiens de s'occuper de cette matière qui me paroît mériter leur attention , & devoir , lorf- qu'elle fera approfondie, jetter un grand jour fur quelques points de Phyfique qui font encore très-obfcurs. EX Pa CREME ANMIC ENS Relatives à l'Adhéfon ; Par M DuTOoUR, Correfpondanr de l’Académie des Sciences PREMIÈRE PARTIE. AR RIRES GR EMILE LUN» morceau de glace qui s’eft rencontré avoir la forme d'un tra: pèze, & des plaques de cire d’Efpagne & de fuif , auxquelles on x donné les mêmes dimenfions, ont été tour-à-tour fufpendus avec des fils, & mis en équilibre à l’un des bras d’un trébuchet, ainfi qu'une lame de talc, dont on avoit enfuite doublé le trapèze de glace, dont elle couvroit la furface inférieure fans la déborder;, & ces diverfes fubftances ont ainfi été fucceflivement appliquées fur divers fluides énoncés dans la Table fuivante , pour éprouver les degrés de leurs réfif- tances refpectives à la féparation des fluides , par l'addition des poids dans le baflin oppofé du trébuchet, felon le procédé de M. Taylor. TABLE des réfiftances à la féparation. | Eau. Vin. Eau-de-vie. ‘Huile d'Olive.| Efprit-de-Vin, | Verre 31g1.| 29 grains. 22 grains. 22 grains. | 17 grains. Cire d'Efp.30 28 28 22 Suif 32 31 13 22 19 Talc 31 29 22 SI ÊTES D O0 EE SO D IREM + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 235 Il, Voilà divers folides dont ont fait que chacun d’eux adhére iné- galement à l'eau, à l’eau-de-vie, à l'huile d'olive , à l'efprit-de-vin, & ui cependant à égalité de plan de contact (1) foutiennent tous un égal effort avant de fe laïfler détacher du mème quelconque de ces fluides. Aucun d’eux n’a pu être enlevé à l’un des Auides que par un poids capable d'en enlever les autres. (2) Et de plus, chacun en s'en dérachant en a entraîné une couche ou des gouttes qui reftoient adhé- rentes à fa furface. Il en réfulce évidemment que ce n’eft point dans le plan de con- tac , & entre la furface du folide & la fuperficie du fluide , que la féparation s’eft exécutée. Les veftiges du Auide, reftés fur la furface du folide enlevé, atteftent que ce font les liens de la cohérence des mo- lécules du fluide qui ont été rompus, & que ceux de leur adhérence au folide ont fubfifté, & dès-lors chacun de ces fluides n’a pu oppofer que la mème réfiftance à la féparation de toutes ces diverfes fubitances indifféremment. HI. I n'en eft pas de mème à l'égard du mercure éprouvé avec les mêmes fubitances. Il n'en eft rien retenu fur leurs furfaces, lorfqu’a- rès y avoir été appliquées , elles s’en détachenr. Ce qui indique que a féparation s’opére dans le plan de contaét; & comme on éprouve que les poids ou efforts employés à cet effec font inégaux , malgré l'égalité des plans de contatt, on eft fondé à en juger qu'ils y font proportion- nés aux intenfités refpectives de l’adhérence. IV. Mais il n’eft pas douteux en même-tems , que dans toutes celles de mes épreuves, où le déplacement du folide s’opére par la divifion qu'efluye le fluide , dont une couche qu des goutes y reftent appli- quées, & dans toutes celles, qui auront le même caractère , la Mc- thode du Docteur Taylor n’eft nullement propre à déterminer les rap- ports de l’adhérence du fluide au folide, mais en revanche elle déter- mine dans ces circonftances les rapports de la cohérence des molécules a —_—_—_————Z (x) La furface inférieure de tous étoir de 72 lignes quarrées. (2) Les différences , que l'on remarque à cet égard dans la table, font , à l’excep- tion d'une feule , très-légères , & OR provenir de ce que les furfaces inférieures, ou les-plans de contaët n'ont pas une parfaite égalité d'étendue. Quant à l'exception à cette umiformité, qui confifte dans l'excès de $ à 6 grains dans le poids, exigé pour détacher la cire d'Efpagne de l'eau-de-vie, fur ceux employés pour en détacher le verre & le fuif, elle provient de, ce que la plaque de cire d'Efpagne , s'étant imbi- bée d'eau-de-vie , en étoit devenue plus pefante; car l'ayant incontinent effuyée & pefée, je lui trouvai cinq grains de plus qu'elle ne peoit auparavant. L'efprit-de-vin , qui auroit agi avec encore plus d'énergie fur la cire d'Efpagne , n'étoit pas propre non-plus à fournir fur ce point un réfultat qu'on püt comparer aux autres. 1780, MARS, Gg2 156 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de ces différens fluides comparés entr’eux, l’intenfité de laquelle dans chacun d'eux eft proportionnée à la furcharge des poids qu’on accumule pour la vaincre. Ainfi, l’ordre felon lequel on doit ranger ces fluides : à cer égard , eft bien défigné ici. Après l’eau , qui des cinq a le plus de cohérence, vient le vin & enfuite l’eau-de-view& l'huile d'olive, qui femblent aller affez de pair, & enfin l'efprit-de-vin, qui des cinq en a le moins, & cer ordre eft précifément celui de leurs pefanteurs fpéci- fiques. V. Dèslors, & conformément à ces nouveaux apperçus qui dans les circonftances précédentes reftreignent la méthode de M. Taylor à la feule indication de la cohérence des molécules de certains flui- des , il eft à préfumer que ce que M. de Morveau a obfervé, que 210 grains fuflfo'ent pour détacher fon verre de 30 lignes de diamè- tre , de la liqueur alkaline du tartte, (1) tandis qu'il en falloir 258 pour le détacher de l’eau, indique que la cohérence des molécules du premier de ces deux fluides eft moindre que celle des molécules du fecond, & non que le premier, qui eft le plus denfe , adhére moins fortement que le fecond au verre, comme M. de Morveau l'a penfé. Cela fait difparoître la difficulté bien apperçue par ce Savant Phyficien, qu'il y a à fuppofer une plus forte adhérence de la part de celui de ces fluides qui a le moins de denfité. Au refte, la couche de la liqueur alkaline que, comme on pourra l'éprouver, le verre détaché enlève, eft une marque bien fenfble , que c’eft entre fes molécules que la féparation s'effectue. VI. Je ne faurois concilier les réfultats des expériences précédentes , quant à l'égalité de la réfftance du même fluide à la féparation de divers folides d'égale & femblable furface , par exemple, de 31 ou 32 grains de la part de l’eau au fuif & au verre, & de 22 grains de la part de l'huile d'olive, tant à l'une qu'à l'autre dé ces deux fubf tances; je ne faurois les concilier , dis-je, avec des expériences ana- logues de M. de Morveau , felon lefquelles la réfiftance de la part de l'eau pour fon verre de 30 lignes de diamètre eft de 22 grains. Et pour un morceau de fuif d'égal diamètre de 334 Et de la part de l'huile d'olive pour le mème verre, de 192 Et pour le mème morceau de fuif, de . LE 180 VIL. Pour approcher davantage & me conformer à fon procédé ; j'ai fubititué aux morceaux de glace & de fuif, dont les furfaces n’éroient que de 72 lignes quarrées , un difque de glace EE, qui avoir (1) Elém, de Chymie, Tom. 1, p. 60. « SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 237 23 lignes de diamètre, & un difque de fuif dont le diamètre étoit de 23+ lignes. Dans mon épreuve fur l'eau la réfiftance du verre EE, dont le quarré du diamètre eft 529, fut de . Fe g . 156 grains. Er celle du fuif défr le quarré du diamètre eft 41, fut de 162 grains dont la réduétion pour 529, quarré de 23, donne ‘1. # noie : AP BNE 159 Car $29 :r69 114 01062. Ce qui ne laife différer que de les deux réfiftances our le verre & le fuif de la part de l'eau, réfulrantes de Vébfervationt Dans l’autre épreuve faite avec l'huile d'olive la réfif- tance du verre ÉE, fur de. . ; ; : 120 Et celle du morceau de fuif de 125 grains dont la ré- duétion pour 529, quarré de 23, donne L 2 122 Puifque $29 : 122 :: $41 ? 125. £ Ce qui détermine à la différence des réfftances pour le verre & le fuif, de la part de l'huile d'olive, déduites de l’obfervation. VI. Dans l’une & l’autre de ces épreuves les différences font trop légères pour ne pas être cenfées comme nulles , & pour ne pas regarder ces réfultats comme une indication, que tant l'huile d'olive que l’eau ne laiffent enlever certains corps qui y font appliqués qu’en vertu d'un effort toujours d’égale intenfité à égalité de plan de contact, & que c'eft la cohérence des molécules du fluide, alors divifé, qui eft furmontée, ARTE CREUE NAN, IX. Tandis que dans les expériences rapportées à l'Article premier ; eau & chacun des autres liquides , qui en étoient l’objet, n’ont op- pofé à la féparation de diverfes fubftances qu'une égale réfiftance à égalité de plan de contaét, le mercure, dans celle dont je vais expo- fer les réfultats, en a oppofé de bien différentes à leur féparation, quoiqu'aufli a égalité de contact. Un difque de glace de 11 lignes de diamètre appliqué fur ce fluide, n'a pu en être détaché par un effort de . . Ê 194 grains. Un difque de talc, dont on doubla celui de glace, en ‘a foutenu un de . à À à 119 Un difque de fuif, un de . . . ë 49 Un difque de papier, qui doubloit celui de glace, unde 27+ Un difque de cire blanche , un de : } ê 11 Un difque de bois de buis ne contraéta aucune adhéfion fenfible avec le mercure. Un grain au-delà de fon poids , ajouté dans le bañlin 138 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, oppofé du trébuchet, l'enleva. Comme, pour polir ce dernier difque, on l'avoir frotté avec de la cire, on auroit pu préfumer, qu'elle avoit contribué à fa non-difpolñtion à l’adhéfion avec le mercure, fi l'épreuve faite fur la cire n'avoit pas montré qu’eile en étoir fufceptible. Un pareil difque de buis a adhéré à l’eau dans unevautre de mes expé- riences. Tous ces difques de diverfes matières avoient leurs diamètres égaux à celui du difque de glace, ou qui n'en différoient au plus que de + de ligne. Le] . X. D'après ces réfultats il paroït que le mercure fe prète à l'appli- cation de la Méthode de M. Taylor, & qu’on peut en déduire les rap- ports des degrés d’adhéfion de divers folides, & de quelques fubitan- ces métalliques à ce fluide, mais non de toutes. Car par rapport à celles qui font diffolubles par le mercure , ou fufceptibles de s'amaloamer avec lui, le poids exigé pour les en détacher, ne repréfente rien moins que celui qui exprimeroit la réliftance ins fon adhéfion oppofe à la fparation, comme nous l'avons vu (Article premier ) dans l'expé- rience de la plaque de cire d'Efpagne appliquée fur l’eau-de-vie. XI. On pourroit cependant tirer peut-être parti, à l'égard de celle-ci ; du procédé de M. Taylor, pout fe procurer les rapports refpectifs de leur adhéfon , en ayant l'attention de pefer le difque métallique avant qu'il foit appliqué fur le mercure, & immédiatement après qu'on l'a retiré. L'excès de l’un de ces deux poids précédens fur l’autre, étant défalqué de celui qu'il a fallu employer pout opérer la féparation, le reftant don- neroit l’expreflion de la réfiftance oppofée à la féparation de la part de l’adhéfon. Encore ne dis-je que peut-être, parce que fi le mercure fe charge alors des particules métalliques diffoutes, fon changement d'état, fuf- ceptible de variation felon les différentes efpèces de ces particules étrangères, doit rendre bien équivoque l'exactitude des rapports des réfulrats comparés. Une plaque ronde d’étain, de 11 lignes de diamètre , fufpendue au trébuchet , y balançoït un poids de 252 + grains. Elle fut appliquée fur du mercure, & retirée au bout de deux minutes. Dans cet inter- valle de tems, elle avoit augmenté de poids. Il fallut ajouter cinq grains dans le baflin oppofé pour rétablir l'équilibre. La plaque avoir entraîné avec elle une goute de mercure ou d'amalgame adhérente à fa furface inférieure. J'en détachai cette goute; & dans ce dernier érar, 2 À grains fuflirent pour rétablir l'équilibre. Cette goute de mercure ou d’amalgame pefoir donc 22 grains. Elle fut enfuite remife fous la furface inférieure de la plaque d'étain qui la æetint. Moyennant cela, elle contrebalançoit 257; grains. On la replaça SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 239 fur la mème mafle de mercure , où elle refta encore deux minutes. La nouyelle acquifition de poids qu'elle y fit, ne fur que de } grain & :. Sa furface inférieure étoit chargée cependant d’une mince goute & d’un appendice pointu d’amalgame qui en ayant été détachés furent conclus pefer 24 grains. On les réunit à la mafle de mercure qui fut confervée à part. On n'en avoit employé dans cette épreuve que le moins poflble. Le vafe cylindrique , qui-le contenoit , éroit de bois de buis. Il avoit été creufé autour, & n'avoit que 3 lignes de profondeur & 12 lignes de diamètre en-dedans , c’eft-à-dire , une ligne au-delà de celui de la plaque d’érain, On n’y mit du mercure qu’à la hauteur de deux lignes. XII. La même épreuve a été faite fur une plaque de plomb, & fur une pièce d'argent, fort liffes (1) toutes deux, de 11 lignes de diamètre. Les réfultats font rapportés dans la table fuivante , où font rappellés ceux de l'épreuve fur l'érain. Plaques dc] Poids pour| Durée de) Augmentation JAugmentationde| Poids con- 11 lignes defl'équilibre. |l'application|de poids y com-|poïds lesgoutes,lclu des gou- diamètre. |(2) du mercure.lpris les goutes. [Étant détachées. |tes. les a Etain, |2525grains.| 2 minutes.| $ grains, | 22 grains. 23 grains. Li $ Plomb. 2947 2 55 35 14 Argent. |106 2 14 oi 15 A chacune de ces nouvelles épreuves on s’eft fervi de nouveau mer- cure bien ner. J'ai appliqué fur les deux mafles réunies du mercure altéré par mes épreuves fur l'étain & fur le plomb, un difque de glace , pour reconnoître quelle en feroit l’adhéfion. J'ai trouvé qu’elle éroit extrè- mement foible & comme nulle. É Il paroït par mon épreuve fur l’étain, que l’aétion du mercure s'eft exercée comme d’emblée , puifqu'elle a été très-foible dans les deux fecondes minutes , relativement à fon effet dans les deux premières. La difficulté de déracher bien complettement des plaques les gou- (1) Les plaques de plomb & d'étain avoient éré dreflées au tour, (2) Les fils de fufpenfion des plaques y compris, 240 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, tes d’amalgame , & de diftinguer nettement ce qui doit être cenfé faire partie des plaques , ne permet guère de comparer entreux les réfulrars de ces expériences. XHIL Quoi qu'il en foi, je demande fi, lorfqu’ici le difque de plomb eft retiré de deflus le mercure , on peut dire que la féparation s'eft exécutée au plan de contaët de ce difque avec la couche de la fuperficie de ce fluide, fur laquelle il avoit été appliqué? N'eft-il pas évident , au contraire, qu'elle s’eft exécutée ou entre deux couches de l’amalgame qui sévoit formé alors, ou entre la couche la plus balle de cet amalgame , & celle contiguë de mercure pur, & non encore amalgamé, puifqu'après la féparation , le difque a rerenu une couche & des goutes Paie adhérentes à fa furface ? Le procédé de M. Taylor ne fourniroit donc pas lexpreflion de l’adhéfion du mercure au plomb, mais celle de l’adhéfion d'une couche de mercure amalgamée avec du plomb à une autre pareille ou à une de mercure encore pur. L'in- tenfiré de ces dernières adhéfions de couche à couche doit varier felon le diverfité des fubftances métalliques amalgamées , & auffi felon que l'amalgame eft plus ou moins épais. Sous ce point de vue, il en feroit du mercure altéré à l'égard des métaux qu'il peut diffoudre , ce qu'il en eft de l’eau à l'égard des corps qu’elle mouille encore après la féparation ; & il femble que dans lune & l'autre de ces deux claffes de combinaifons de folide à fluide, on peut foupconner les liens de l'adhérence dé l’un à l'autre plus forts que reux de la cohérence des molécules du fluide. AR Tr dir E AL, XIV. J'ai mis en équilibre à l’un des bras du trébuchet une efpèce de vafe cylindrique T, (Fig. s, PL. 2 ) dont le fond eft enfoncé en-dedans comme celui de nos bouteilles communes , & percé au haut du cône que forme cet enfoncement. Le contour inférieur avoit été ufé, & forme une couronne plane d’environ 2 lignes de largeur, dont la circonfe- rence extérieure à à peu-près 23: lignes de diamètre, La réfiftance à la féparation d'avec l’eau ; où il fut appliqué, ne put ètre furmontée par 41 grains. Un grain de plus l'opéra. Le trou du fond de ce vafe fut enfuire bouché avec un morceau de cire, que traverfoit un petit tube capillaire C , pour entretenir en- core la communication entre l'air contenu fous le cône du fond, & la colonne d’air fupérieure. En cet état, le vafe T fut tenu en équilibre par un furcroît de poids dans le baflin du bras oppofé du trébuchet, & replacé fur l'eau. il en fut enlevé par un effort de 41 grains: 40 grains n'y avoient pas fufh, Le | | 1 1ttté et SUR L’'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 241 Le même vafe T (Fig. s. Pl. 2.) étant remis de nouveau fur l'eau, on inféra une goutte d'huile au haut du tube capillaire C , pour intet+ cepter la communication entre l'air logé fous le cône du fond & la ei d'air fupérieure. Le vafe T en ce dernier état n'a pu être déraché de l'eau que par un effort de $3 grains. La goutte d'huile n'effuya aucun déplacement fenfible. XV. Dans ces deux épreuves, dont les réfulrats diffèrent quant à l'intenfité des réfiftances , l’artraétion exercée entre l’eau & la couronne plane du vafe T,a dû toujours être la mème, l'érendue du plan de contaét n'ayant pas varié. Et en faifant attention, que dans le dernier cas la preflion exercée du haut vers le bas de la part de la colonne d'air fupérieure , & qui eft propre à tenir le vafe T appliqué fur l’eau, s'exerce fur lui dans toute l'étendue de l’efpace circulaire qu'il embrafle, au lieu que dans les deux autres cas , elle ne s’exerce efficacement que par rapport à la couronne plane de fa furface inférieure immé- diatement contiguë à l'eau , parce que, quand le trou du cône eft laiflé ouvert, la plus grande partie de la preffion de la colonne d'air fupérieuré eft fouftraite au vafe, & ne porte que fur la furface de l’eau que la couronne plane entoure ; & qu'on en peut dire autant de la preflion des autres colonnes d'air latérales, qui, par la média- : tion de la colonne d’eau qui eft au-deflous du vafe T, s’exerçant dans le fens oppofé, c’eftà-dire, de bas en-haut, concourt avec l’au- tre à favorifer l'adhéfion de l’eau à la furface inférieure du vafe; en faifant cette attention, dis-je, on eft amené à préfumer , que l'excès de la réfiftance dans la dernière des trois épreuves , peur être dû à cet excès de preflion de la patt de l’atmofphère, & à ne pas profcrire abfo- lument le fentiment de M. Cigna & de M. de la Grange, (1) qui la font intervenir dans de pareilles circonftances. XVI. Faifons attention aufli en paffant , que ce qui a été obfervé dans la dernière de ces épreuves , que la réfiftance à la féparation a été pouffée jufqu’à contrebalancer un res antagonifte de $3 grains , tandis que dans les deux autres, elle n’a contrebalancé qu’un effort de 41 grains, malgré l'égalité des plans de contaët , & en employant le même fluide & le même folide, eft une infraction bien marquée à la loi de la raifon directe des réfiftances & des plans de contact, regardée comme une conféquence de l'action unique de l'attraction. XVII. J'ai fufpendu fuccefivement, & mis en équilibre au trébu- chet un difque e bois de buis de 11+ lignes de diamètre O, & un (1) Elém. de Chym. Tom. I, pag. 55. Tome XV. Parc. I. 1780. MARS, Hh 242 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, anneau où couronne du même bois, P (Fig. 6.) dont la circonférence extérieure avoir le mème diamètre , & par -tout 1i lignes de lar- geur. Ses furfaces inférieure & fupérieure étoient planes, & bien polies. L'un & l’autre ont été éprouvés fur l’eau; le difque a réfifté à un effortide ,}#, APE : . ; 35 grains. La couronne feulemenr à un effort de . . . 24 grains. Jai enfuite attaché avec de la cire fur cet anneau ou couronne de buis un petit vafe de verre renverfé S , enforte que la preflion verti- cale de l’atmofphère, dont une portion auparavant s’exerçoit immé- diatement fur l'eau circonfcrite par cet anneau , & une autre portion fur le mème anneau, s’exerçoit alors toute fur la furface extérieure de ce vafe , & par conféquent toute aufhi fur l'anneau de buis, qui lui fervoit de bafe; & alors, il a contrebalancé , avant d’être féparé de l'eau, un effort de 33 grains au-delà de fon poids en cet état, c’eft- à-dire, de 9 grains de plus, que lorfqu'il n'étoit pas couvert de ce vafe S,& de 2 grains de moins que le difque du même bois d'un diamètre égal à celui de la circonférence extérieure de l'anneau. XVI. Ici comme dans l'expérience précédente , l’accroiflement de la réfiftance a lieu concurremment avec celui des furfaces en prife à la preflion de l’atmofphère , dans des circonftances où les plans de con- tact font égaux , & où par conféquent l'incenfité de l'attraétion ne peut être que la même. L'intervention de la preflion du fluide ambiant ne s’y manifefte-t-elle pas évidemment? Cela admis, il en réfulreroir que dans les Elémens de Chymie de l'Académie de Dijon, Tom. 1, pag. 55, on a trop accordé à l'artraétion, quand ona dit, d’après la fameufe expérience de M. de Morveau , qu'en plein air la compreflion de l'atmofphère n'entre pour rien dans l’adhéfion du morceau de glace au mercure. ARtrinlieuRte Male XIX. Il s’agic ici de reconnoître fi, pour le déplacement d’un folide appliqué fur un fluide donné , les poids à employer doivent toujours être en raifon de l'étendue du plan de contact du folide & du fluide; cela femble peut-être devoir avoir lieu dans les cas où la féparation s'opère , comme nous ayons je pe la divifion des molécules du fluide, quelques obfervations , qui fe font préfentées, ont donné lieu cepen- dant à des doutes fur ce point , & à une difcuflion qui va être expofce, Selon les réfulrats des épreuves faites fur l'eau avec le verre de 30 = A SUR L’HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 243 lignes de diamètre de M. de Morveau , & le mien EE, dont le dia- A , . 3 \ nl . . } mètre n'eft que de 23 lignes, la réfiftance à la féparation du premier a été de 258 grains, & celle à la féparation du fecond a été de 156 grains. En partant de la détermination donnée par l'épreuve de M. de Morveau, que je dois regarder comme très-exacte , la réfiftance pou le verre n’auroit dû ètre que de 1515 grains. Car 529 (a* de 23) : 1513 :: 900 (4° de 30):258. Le réfultat de mon épreuve m'a par conféquent donné 4: grains de plus que ne demande la loi de la raifon directe des réfiftances & des étendues des plans de contact, c'eft-à-dire, un peu plus de + de trop. XX. Cet écart de l’exacte précilion, quelque médiocre qu'il foit, me parut mériter quelque attention. Ne tiendroit-il pas à la même caufe qui occafñonne les inécalités de l’afcenfion de l’eau dans des tu- bes capillaires qui font d’égal diamètre? IL n’y a pas lieu de s'en pren- dre à un défaut de précifion dans l'évaluation ou du diamètre de mon verre, ou du poidssemployé pour en opérer la féparation. L'erreur fuppofée dans l'eftimation du diamètre donneroit à con: clure que le quatré en auroit été 544. Puifque 156: 544 :: 258 : 900. Et que dès-lors le diamètre auroit été d'environ 23, 33 lignes ; (racine quarrée de 544) c’eftà-dire, plus long d'un tiers de ligne que .je ne l’ai trouvé. Il feroit cependant très-peu probable que la ditfé- rence des mefures, fur lefquelles ont été déterminés les diamètres des deux verres , ait cté allez confidérable pour en occafonner une d'un tiers de ligne dans l'exacte proportion du diamètre du mien à celui du verre de M. de Morveau. L'erreur dans l'eftimation du poids feroic en plus ici, puifque , felon la loi, la réfiftance n'auroit pu aller au-delà de 151+ grains. Or, l’er- reur en ce fens n'eft aucunement vraifemblable; & je donnerai même ci-après à préfumer , qu'il y en auroit plurôt une-dans le fens oppoié , & que la réfiftance auroir bien plutôt dû être plus confidérable; il faut tant d’atténtions & de précautions pour que dans ces expériences on lui laifle exercer toute fon ation, qu'on peut aifément en négli- ger quelqu'une. Le moindre mouvement, un fouffle fuffic pour occa- lionner la féparation du verre , avant que le poids foit aflez fort pour l'enlever par lui-même. XXI. Quoi qu'il en foit ici, une obfervation unique, qu'on peut foupçonner de n'être pas exacte , ne fufhfant point pour donner atteinte à la loi en queftion, & ne me préfentant que des doutes fur ce point, 1780. MARS, Hh 2 144 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, je fentis la néceflité de les vérifier par d'autres obfervations qui puf- fent procurer des différences plus marquées & conftantes. Remarquons toutefois en paflant, que dans les deux obfervations comparées , la réfiftance à la féparation du verre ÉE du moindre dia- mètre a été plus grande que la loi ne le demandoit ,ou, ce qui eft réciproque , que pour le verre du plus grand diamètre la réfiftance donnée par l’obfervation s’eft trouvée moindre qu'elle n'eût dû ètre felon la loi. XXII. D'autres obfervations m'ont donné lieu de faire l'application de la même remarque. J'ai employé pour me les procurer trois difques de glace A, B,C, que j'avois fait tailler dans un même morceau, pour ne laiffer aucun foupçon que la diverfité des matières entrées dans la compoñition, ait pu influer fur les réfultats fpécifiés dans la table fuivante. PREMIÈRE TABLE. Verres. | Diamèrres.| Quarrés | Réfiftances| Réfiftances calculées d'après ë des diamè-[obfervées. [celle obfervée pour le verre C. tres. C. 9 lignes.| 81. 227 grains 1 Li .. . 7 B. 10 100, 27e 81/:/22; <: 100!:127;- A. II 121. 33 8x : 222 :: 121 : 335$ On y voit que les réfiftances calculées felon la loi pour les verres B & À, d’après celle obfervée du verre C, le moindre des trois, font plus grandes que leurs réfiftances obfervées. XXIII Je produis de plus dans une feconde table les réfulrats des comparaifons de ces trois verres EE avec le verre, & avec celui de M. de Morveau. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 245 DIEUX IÉIMIE À TA BL E. Verres. Réfiftance ob-| Réfiftance calculée du verre EE| Différences des fervée du verreld'après celles obfervées des ver-[réfiftances calcu- EE. res A,B, C. lées & obfervées. 156. S1:215g9r.:: $29: 147 gr. 9 grains. 156% 10027. °:529: 1467 102 156 122035 1: $29:1445 114 Réfiftance ob-| Réfiftances calculées du verre de fervée du verre|M. de Morveau, d'après celles des de M. de M. (verres A,B,C. 258. 81:227 ::900:2$0 8 258. 100: 27; ::900:247+ 10 258. 1211-2353 :: 900 : 245È 114 Dans ces comparaifons des verres A, B, C, avec le verre EE NE celui de M. de Morveau, les réfiftances calculées diffèrent auf, & mème plus, des réfiftances obfervées , que dans les comparaifons faites entre les trois premiers, & dans celles Bts entre les deux autres. Mais elles en diffèrent dans le fens oppofé. Dans celles de la table deuxième, la réfiftance calculée eft moindre que la réfiffance obfervée. Dans les autres, elle eft plus grande que la ré- fiftance obfervée. XXIV. Voici d’autres obfervations qui, analogues aux précédentes, ont le même objet. On y a fubftitué le mercure à l'eau, & on s'y eft fervi des mêmes verres. On trouvera dans les tables fuivantes les intenfités des réfiftances obfervées, & des réfiftances calculées felon la loi, d’après la réfiftance obfervée de chacun de ces verres, 246. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, TR O SIDE MP TABLE Verres. Diamètres. Quarrés des | Réfiftances - diamètres. |obfervées. C. 9e 81. 1417 grains. B. 10. 100. 164% A Ils I21e 194 EE. 23e 529. 629 Verrede M| 30. 900. 666 de Morveau. * ONU XF RCI EME L'O ABLE ER Verres. Réfift. cale. d'après celleobferv.| Réfiftances | Différences des, pour le verre C de 1414 grains. |obfervées. téfift. obf. & cal. B. 81 : 1412 : t 100 : 174591.) 164 10. A. 8x : r413 ©: 121 : 211 194 17° FE: 8x: 1A1S : 5: 5291): 924 629: 2964: de M. deM. | 8r : 1414 :: 900 : 15684 666. 902% Réfift. calc. d'après celle obferv. pour le verre B de 1 642 grains. A, 1001: 164 :: 121 10199 194. Si: EE. 100 : 1645 :: $29: 870 629. 241% de M. de M. 100 : 1642 :: 00 : 14807 | 666. 814 Réfift. cale. d'après celle obferv. pour Le verre À de 194 grains. EE. 121 : 194 :: $29 : 8487 629. 2192 de M. de M. 121 : 194 :: 900 : 1443 666. 777: Réfift. calc. d’après celle obferv. pour le verre EE de 629 grains. de M. de M. | 529 : 629 :: 900 : 1070 666. 404. TS SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2147 CINQUIÈME TABLE. Réfiftance du verre de M.de M. calçul. d'après celles obferv. pour les autres verres. 0 d'aprèsleverreC| 81 : 1413 ::| 900 :, 15684. 666. 901À d'après leverreB| 100 : 164% : :| 900 :, 14807. 666 8145. d'aprèsleverre A] 121 : 194 ::1900:: 1443. 666: 777- d'apr.leverreEE| 529 : 629 :: 900 : 1070. | 666. 404. XXV.. Dans la quatrième & la troifième table, la réfiftance de cha- cun des quatre verres , calculée felon la loi en queftion d’après les réfiftances obfervées pour ceux des autres verres , dont'le diamètre eft moindre que le fien , excède fa réfiftance obfervée, & l'excède d'autant plus que fon diamètre excède davantage celui du verre comparé. Ce qui eft conforme , au moins au premier égard , à ce que nous avons obfervé dans les épreuves faices fur l’eau avéc ces mêmes verres , par rapport aux comparaifons des verres B & À avec le verre C de moin- dre diamètre , & par rapport à celle du verre de M. de Morveau, (il fera auffi défigné par la lettre M) avec le verre EE, & fe trouvé éon- traire à ce que nous avons obfervé, dans ces épreuves fur Feau, par fapport dux comparaifons de chacun de ces deux derniers verres avec chacun des verres À, B& C. | XXVI. Mais le mercure m'a fourni comme l’eau des réfultats op- pofés fur ce point. Un fixième verre D , (1) qui n’avoit que 67 lignes de diamètre, m’x procuré des obfervations , où fa réfiftance réelle de 6$ grains, fervant de terme de comparaifon pour calculer celles des cinq autres, en donnoit pour quelques-uns de ceux-ci de moindres que celles qui éroienr déterminées par les épreuves, & pour les autres de plus grandes , comme il eft fpécifié dans la table fuivanre. om 3 (1) Ce difque D a été taillé dans le même morceau de glace; dont les trois difques A, B3, C ont été cirés, { 248 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ! SL MT ES ML ER ASR TUE: obferv. pour le verre D de 65 gr. |obfervées. obferv. & calcul. Verres. Réfiftances calculées d’après celle Réfiftances Diff, des réfift. GC; PR MECS CE FL cle 2 7 282 1413. AA B. 45 : 65 :: 100 : ‘144 L 1645. 207. A. 45 : 6ÿ :: rt : 174? L 194. 10$. E. PMOUTA NERONN LT-br Ra 0687 629: 13$e Verre de M.| 45: 65 :: 900 : 1300 7 666. 634. de Morveau. ee D à XXVII. On y remarque par rapport aux cinq verres felon l’ordre de l’accroïffement des diamètres , que les réfiftances calculées pour les trois premiers C, B, À, d’après celle obfervée du verre D , qui n’eft que de 65 grains, font refpettivement moindres que leurs réfiftances obfervées, tandis que pour les deux derniers elles font plus grandes que les réfiftances obfervées; on y remarque aufli que les différences entre les réfiftances calculées & les réfiftances obfervées, décroiffent à l'égard des trois premiers & vont au contraire en croiflant à l'égard des autres. XXVIIL Voici encore une table des comparaifons des réfiflances obfervées à la féparation de l’eau, de la part des cinq premiers verres , à leurs réfiftances calculées d’après celle du fixième verre D , le moin- dre de tous, qui a été obfervée de 13 grains. SEPT L:È ME 0 DAMB TE! Verres. Réfift: calc. d'après celle obferv.| Réfiftances Différences des du verre D de 13 grains. obfervées. réfift, obf. & cal. C. ASE NT MS TS R23 47 222 Eu B. ASTENTS TON I2E- 897 one 15. A. Ù PU AN LE MIRE 115 38. 7 33 £« EE: 45 2113 ::0529 © 152.82 2156. 3% V. Morveau. | 45 : 13 :: 900 : 260. 7 258. Ze Selon "1 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 249 Selon certe table 1°. les réfiftances calculées pour les trois premiers verres C,B, A, font plus grandes que leurs réfiftances obfervées. 2°, Les différences entre leurs réfiftances calculées & leurs réfiftances obfervées vont en croiflant. Ce qui, à l’un & l’autre égard, eft contraire à ce qui a lieu , relati- vement à ces trois verres comparés, dans les épreuves faites avec le mercure. Voyez la table 6. | 3°. La réfiftance ainfi calculée du verre EE, eft ici moindre que fa réfiftance obfervée ; au lieu qu’elle eft plus grande dans la fixième table, & la différence de la réfiftance calculée à la réfiftance obfervée décroiffante, qu’elle éroit auparavant , devient décroiflante , au lieu que dans la fixième table de décroiffante qu’elle étoit , elle devient croiffante. XXIX. J'attribue cette diverfité des rapports des réfiftances calcu- lées aux réfiftances obfervées qui ont lieu entre les comparaifons des quatre premiers verres entreux, & celles de ceux-ci avec les verres ÊÉE & M, tant à l'égard de l'eau, qu’à l'égard du mercure, & dont il a été fait mention aux numeros 23, 26, 27, 28; je Fattribue, dis-je , à la différente qualité des verres, à ce que les matières qui font entrées dans la compofition des verres EE & M, ne font pas les mè- mes que celles dont font formés les quatre autres verres, ou que la combinaifon en eft différente ; comme il arrive par cetre raifon que dans des tubes capillaires d’égal diamètre l’eau s'élève & fe foutienc à des hauteurs inégales. Dans les uns & les autres de ces phénomènes les modifications refpeétives de la cohérence des molécules du Auide, & de fon adhérence au verre jouent le principal rôle. D'autres obfer- vations qui feront rapportées aux articles $ & 6, nous procureront fur ce point des notions moins vagues. Et il y en fera indiqué une caufe particulière, à l'égard du verre M. XXX. Nous voyons au refte, que les réfultats de toutes ces épreu- ves fur les deux fluides s’acccordent à prononcer, 1°. qu'à l'égard du mercure les réfiftances ne font pas dans la raifon des quarrés Le dia- mètres; 2°. & que même à l'égard de l’eau elles ne font pas dans la raifon des plans de,contatt des deux tranches du fluide où s'opére la féparation , fi le rapport des quarrés des diamètres de ces plans de contaét eft le mème que celui des quarrés des diamètres des difques de verre. Quoique les indications qui en font données à ce dernier égard , foient moins marquées que celles que fournit le mercure, leur analogie avec celle-ci je rend aflez concluantes. XXXI. Les deux expériences précédentes nous fourniffent des points de comparaifon fur les réfiftances réelles oppofées à la féparation du verre d'avec l’eau & le mercure , quand il y eft appliqué, & dont les rapports varient relativement à l'érendue du plan de féparation, qui Tome XV, Part, I. 1780. MARS. li 1250 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, eft le même que celui du contact à l'égard du mercure; mais qui eft différent à l'égard de l'eau , où il réfide entre deux tranches de mole- cules de Auide. Ces rapports font fpécifiés dans la table fuivante. HUITIÈME TABLE., Verres. Quarrés des Réfiftances. Différences. diamètres. Eau. Mercure. D. | 45. T3 SE AM ARTS. 4. | €: | gr 22 UTAT ENT NIt NE (272 $+ 27e B. 100. 2722 IT OA si NS 00 19 82 A NO Be À. | 121« 3e NT NON DOTE Li 187 MIN ANS 7: ÉE° 529: ISO MEZO NME: TEA. 3e | V. de Morveau. 900. 258 1 MCCE Re: NINS 2.058. MTS 8e XXXII. La réliftance du mercure relativement à celle de l’eau dans ces rapports (le premier , favoir celui pour le verre D, excepté) va en décroilfant à mefure que les diamètres des verres s’'accroiflent, de forte qu'on pourroit préfumer qu'à un certain point d’accroiflement du diamètre du verre, la réfiftance du mercure fe trouveroit feulement égale à celle de l’eau. Et au-delà de ce point ne deviendroit-elle pas inférieure à celle de l’eau? C’eft à l'expérience à prononcer là-deflus. XXXIIT. Remarquons en paflant que fi pour l’un dé ces deux fluides les réfiftances étoient dans la raifon directe des quarrés des diamètres des verres , elles ne pourroient être dans cette raifon pour l'autre. XXXIV. Dans tous les cas rafflemblés dans la table précédente, la réfiftance de la part du mercure y eft fupérieure à celle qui a lieu de la part de l’eau. Le mercure , malgré fa difpofition éminente à affec- ter la forme convexe autant qu'il eft poñlible, & quoiqu'il ne mouille pas le verre, y tient donc plus dans tous ces cas par l'adhéfion, que les molécules d’eau, qui mouillent le verre, ne tiennent les unes aux autres par leur cohérence. (1) J'ai dir dans tous ces cas, parce qu'il (a) Ici & dans toutes les comparaifons précédentes faites fur l'eau avec celles faites fur le mercure , ce font ( felon les réfultats de celles des articles 1 & 2 ) la cohérence des molécules d’eau , & l’adhéfion du mercure au verre qui font comparées entr'elles. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 251 en eft peut-être d’autres, où, conformément à ce que nous venons de mettre en queflion, la réfiftance de l'eau excède celle du mercure. Les difpoñrions à l’adhéfion font donc bien diftinétes des caufes qui s'opèrent. XXXV. Dans ces cas de la fupériorité de la réfiftance du mercure à celle de l’eau, il l’a doit fans doute à fa denfiré quatorze fois aufli grande que celle de l'eau. Au moyen de quoi, il peut être appliqué à la furface du verre par un bien plus grand nombre de points que l'eau ne l’y fauroit être. XXXVI. Les réfiftances oppofces à la féparation des verres étant proportionnées aux intenfités de l'adhéfion , comme en ont jugé M. Taylor & M. de Morveau, & la denfité étant propre à rendre l’adhé- fion plus complette & plus forte , 1l y avoit lieu de préfumer que les rapports des réfiftances de l’eau & du mercure , à l'égard de tous mes différens verres pourroient être les mêmes , malgré l'inégalité de leurs diamètres. Voici une table où j'ai réuni les diverfes comparaifons que je pouvois faire fur ce point. NEUGYILE ME IT ABLE Verres. Réfiflances à la féparation de la part de l'eau , du mercure. D. EME 65 1 $s ® GC: 227 141 2 Axe B. 275 1647 1 6. A. 33 194 I Soie EE 156 629: x 4. M 258 666 1 : 2.4 XXXVII, À l'égard des quatre premiers D,C,B,A, tirés du même morceau de glace, le rapport des réfiftances de la parc des flui- des paroït être le même, ou prefque le même, celui de 1 36. Mais il, s'écarre beaucoup d’être. le même à l'égard de mon verre EE, & encore plus à l'égard de M. de Morveau. Cela riendroit-il à ce qu'ils feroient formés de pâtes bien différentes de celle dont font com- 1780 MARS, Ét2 1,2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pofés les quatre autres, ou dériveroit-il de quelques irrégularités’ dans les épreuves relatives aux deux derniers ? À l'épard de tous le rapport eft extrèmement éloigné d’être celui À : ? JUSE des denfités refpectives de l’eau & du mercure. Une circonftance indé- Ë ; À : pendante de la denfité fe combine donc avec elle pour difpofer plus ou moins les corps contigus à l'adhéfion. ( Voyezl Article s. ) A F Doc — & 0 ee mn re jan Len NOUVELLES LITTÉRAIRES. [, PPOCRATIS Aphorifmi, ad fidem veterum monimentorum caf- tivati, Latine verfi, à J. B. Lefebvre de Villebrune, 1779. in-12. à Paris, chez Cloufier, Ymprimeur-Libraire , rue Saint-Jacques, & chez Ségaud , Libraire. près les Fcoles de: hirurgie. Les Aphorifines d'Hippocrate tenant à l’hiftoire naturelle de l’hom- me, nous annonçons cette édition qui a déjà efluyé deux critiques, auxquelles l'Editeur a répondu. Il paroït que la voix publique a été pour lui. Cette édition deviendra d'autant plus précieufe à la poftériré qu'elle a été faire d’après le dépouillement d’un très-grand nombre de Manufcrits. L'Editeur m'a pas négligé les bonnes verfions que les Ara- bes & les Juifs en avoient frites. Comme il rend compte de fon tra- vail dans une préface très-érendue, nous y renvoyons le Lecteur. Du refte, c’eft au Public à juger entre M. de Villebrune &. fes Cri- tiques fur lefquelles nous ne prenons aucun parti. I] paroit ne que certe édition ayant mérité les fuffrages de plufieurs habiles Mé- decins , entr'autres de M. Sanchez, ce grand Difciple de Boërhaave , on peut croire que le travail de l'Editeur mérite certaine confidération. La Société des Amis Scrutateurs de la Nature, établie à Berlin, pro- met un Prix de la valeur de 20 ducats, à celui qui réfoudra le mieux les queftions fuivantes : » 1°. Combien de tems la Rage ou le virus » Hydrophobique réfide-t-il chez les animaux, & quel tems faut-il » pour qu'il fe communique? 2°. Combien de tems ce mème virus » peut-il exifter dans un corps fans fe manifefter? 3°. Du moment » que le mal s'eft communiqué , quels font les moyens les plus effica- » ces à employer jufqu’au moment où la rage fe déclare, pour la guérir » radicalemente. Les Mémoires écrits en françois ou en latin doivent êtré remis avant fa SE 1781, à M. Outo , Secrétaire perpétuel de la Société, à Berlin. s ro No SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 25; . L'Académie de Lyon, dans la Séance publique qu’elle a tenue, le 7 Décembre dernier, a proclamé les Prix de la fondation de M. Chrif- tin, qu'elle avoit propofés pour les années 1778 & 1779. En 1778 , elle devoit décerner celui de Mathématiques , dont le Sujet étroit : Trouver des moyens Jfimpies de faire une Fclufe fur un Canal qui charie du gravier, de manière qu'elle ait la propriété d'empécher Les dépôts qui en interrompent ordinairement lufage ; foir qu'elle tire cetre propriété de fa pofition & de fa confiruifion particulière ; foit qu'elle la tienne de quelques Ouvrages adjacens ; qui la rendent capable de produire cet effet , fans employer aucune Machine. On en excepte le cas d’un torrent qui entraëneroit des blocs de pierre. Sept Mémoites furent admis au concours ; mais l’Académie n'ayant as eu lieu d'en être fufhfamment fatisfaite , prorogea le l'rix , pour être diftribué en 1779 ; dans l’efpérance que les Aureurs profiteroient de ce délai, pour réformer ou développer leurs idées ; elle ajouta à l'énoncé du Problème , que Z’obje en géneral étoit de garantir les Canaux & Leurs Eclufes , de tout atterriflement de fable & gravier , capable de retar- der La navigation , en forte qu’elle für libre a leur prife d'eau € à leur em- bouchure. L'Académie a reçu neufs Mémoires nouveaux , dont cinq font des Supplémens aux précédens. Elle en a particuliérement diftingué trois: les Numéros 2 , 3 & 5 , fuivant la date de leur réception. Le N°. ; lui a paru remplir les vues du Problème , relativement aux principes & à la théorie ; le N°. ç , principalement en ce qui concerne la prati- que. Elle a partagé le prix , & l’a décerné à ces deux Mémoires. Le N°, 3, ayant pour devife: Res ardua. ... Plin., eft de M. J. Bernard, Directeur-Adjoint de Obfervatoire de la Marine de Marfeille, de l’Académie des Sciences de la même ville , & de la Société d’Agricul- ture d'Aix. 4 Marfeille (N. B. !’ Académie eut la fauisfaélion , l'année der- nière, de couronner ce même Savant dans le concours relatif aux Etangs. ) Le N°. 5 , avec cette devife, Felix qui poruit aggeribus , depellere arenam , eft de M. Catherin-François Boulard, Architecte de Lyon , Adjoint à l’infpeétion de la Voirie, 4 Lyon. À l'égard du N°. 2 : Qué fiant ratione & qu vi quæque gerantur. Lucr, lib.1. L'Académie a jugé que, quoiqu'il füt rempli d’excellens principes, elle devoit fe borner aux juftes éloges qu’il mérite, fans pouvoir l'ad- mettre à concourir , pe que lAuteur ( M. lADbÉ Frip , ) seft fait connoître , en y pe lant lés favans écrits qu'il a publiés fur des ma- tières analogues au fujet. L'Académie avoit précédemment propofé la queftion de favoir , Si V'Elettricité de l'Athmiofphère avoit quelque Rte Jur Le Corps humain , € quels éroient Les effèrs de cette influence ? Pour fuivre fon objet, l'ap- 154 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, profondir & le rendre vraiment utile , après la folution de ce Problème, en 1777 , elle demanda, pour le Prix qu'elle diftribueroït en 1779 : Quelles font les Maladies qui procèdent de la plus ou moins grande quantité de fluide éleëlrique du corps humain ? Quels font les moyens de remédier aux unes & aux autres? ‘ Sept Mémoires ont été reçus au concours. Tous les fuffrages fe font réunis pour partager le Prix , entre un Mémoire françois & un Mémoire latin , l'un & l’autre recommandables par de profondes recherches, une théorie lumineufe & plufeurs vues nouvelles. Le Mémoire françois a pour épigraphe : / ef} néceffaire d'exciter la Nature languiffante , & de la réprimer lorfqwelle s'emporte. Sydenham. L’Aureur eft M. l'Abbé Bertholon, de Saint-Lazare, des Académies des Sciences de Montpellier & de Beziers, Aflocié de celles de Lyon, Dijon, Marfeille , Nifmes, Touloufe & Bordeaux ; a Begiers. Le Mémoire latin a pour devife : Jgnis igitur penitiffimè ad intima obturatus plurimus ef} & maximum exitum facit. Hipp. b. 1. de Diæta. RL OS L'Aureur eft M. Franc. Jof. Gardini, Docteur en Médecine, de l'Uni- verfité de Turin , à Saint-Damien , près d'Afi, en Piémont. L'Académie a fair inviter les deux Auteurs à publier leurs Ouvrages. Elle à arrêté, en mème-tems, qu'il feroit fait menrion , avec éloge, d'un troifième Mémoire , dont le biller n'a pas été ouvert , & dont la devife eft un pallage de M. Hecquet , commençant par ces mots Exem- plaris enim aut Jpeculi loco, Medicus habebit naturam , Etc. Le Prix des Arts ayant été réfervé, l'Académie a propofé en 1778, pour Pannée 1780, un Prix double , confiftant en deux Médailles d’or, de la valeur chacune de 300 livres, qu'eile décernera au Mémoire qui aura le mieux rempli les vues du Problème fuivant : 4 Quelle feroit La manière la plus fimple , la plus folide, la plus commode & la moins coëteufe , de paver & de nettoyer les Rues , les Quais & Les Places de La Ville de Lyon ? G'O/N D 1 T7 0 NS: Toutes perfonnés pourront concourir pour ce Prix , excepté les Aca- démiciens vitulaires & les vétérans ; les Affociés y feront admis. Les Mémoires feront écrits en françois ou en latin. Les Aureurs ne fe feront connoître ni directement , ni indirectement ; ils mettront une de- yife à la cèce de l'Ouvrage , & y joindront un billet cacheté ; qui con- tiendra la même devife, leurs noms & le lieu de leur réfidence. Les paquets feront adreflés, francs de port, à Lyon, & M. de la Tourrette, 7 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 255 ancien Conféiller à la Cour des Monnoies , Secrétaire perpétuel | pour la claffe des Sciences, rue Boif[ac ; Ou à M. de Bory , ancien Commandant de Pierre-Scize | Secrétaire perpétuel pour La clafle des Belles-Lertres , rue Boiffac ; Ou chez Aimé de la Roche, Imprimeur-Libraire de l Académie | aux Halles de la Grenette. Aucun Ouvrage ne fera reçu au Concours , paflé le premier Avril 1780 ; le terme eft de rigueur. L'Académie décernera le Prix dans l’'Affemblée publique qu’elle tiendra après la Fête de S. Louis. Les Médailles feront remifes à l’Auteur couronné, ou à fon Fondé de procuration. L'Académie propofe, pour fujet du Prix de Mathématiques qu’elle diftribuera après la Fète de Saint-Louis, en 1781 , la Queftion fuivante: Quelle doit étre La largeur , la forme & La nature des Jantes pour les Roues des Voitures deflinées au tranfport des marchandifes , en confidérant , en méême-tems , l'intérét du Commerce, la confervation des grandes Routes & du Pavé des Villes ? | Les Auteurs détermineront les avantages & les inconvéniens des Roues à larges Jantes | employées & ordonnées en Angleterre ; & s'il eft des circonftances où il convienne qu’elles foient uniquement de bois, fans êrre armées de fer. L'Académie demande ellentiellement le calcul des frottemens ref- pectifs des différentes efpèces de Jantes , d’un plan horifontal & d’un - plan incliné. Les Conditions comme ci-deffus. Les Mémoires ne feront admis au Concours , que jufqu’au premier Avril 1781. Le Prix confifte en une Médaille d’or de la valeur de 300 livres. TABLE D'E SN CANRIANELC LA S Contenus dans ce Cahier. S ECONDE Lettre fur la Vue, ou Differcation fur le Strabifine ; par M. l'Abbé RoBiNEAU, Page 169 Lettre fur la Tourmaline du Tirol, à M. le Chevalier de Born; par M. Muirer , Confeller du Département des Mines & des Monnoies en Tranfilvanie, 182 i56 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c Lertre de M. WAS5LTON , aux Auteurs du Journal de Phyfique , ou fuite du Probléme de la tranfinutation de l'eau en terre, 19 Lettre à M. VALMONT DE BOMARE , en réponfe a celle qui eff inferée dans le N°. 328 du Journal de Paris, année 1779, contenant , 1°, La preuve de la monftruofité du Raïfin décrit dans le Journal de Phyfique , &c. 2°. Des Remarques [ur La caufe prochaine de la coloration des Fruits. 3°. Un procédé pour colorer les Fruits à volonté par la Greffe ; par M. CHANGEUX, 206 Extrait d'une lettre datée de Lima, de M. Dombey à M. !’ Abbé Rozier, Jar le Salpétre naturel du Pérou, & fur la lumière phofphorique de la mer ; 212 Obfervations barométriques fur la profondeur des Mines du Hartz ; par JeaAn-Anoré pu Luc, Membre de la Société Royale, Er. 214 Obférvations fur Les véritables parties métalliques de la Manganèfe ; par M. MARGRAFF, 223 Nouvelle manière de graduer lAréomètre ; par Dom Nicoras Cassors, Principal du Collège Royal de Merz , de La Socièté Royale des Arts & Sciences de la même Ville, Affocié de l'Académie de Chälons-fur-Marne, de La Société Patriotique de Heffe-Hombourg , 2218 Queflion relative à la chaleur , 231 Expériences relatives à l'Adhéfion ; par M. Durour, Correfpondant de l'Académie des Sciences, 234 “Annonces Lirtéraires , 254 A PP. R © B14:T\ 1 "ON. T2 lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre : Obfervations fur La Phyfique, fur l'Hiffoire Naturelle & fur Les Arts, &c. ; par M. l'Abbé Rozrer, &c. La Colleétion de faits importans qu'il offre pério- diquement à (es Leéteurs, mérite l'accueil des Savans:; en conféquence, j'eftime qu'ou peut en permettre l'umpreffion, À Paris, ce 25 Mars 1780. YALMONT DE BOMARE, 1 à ét sr RE + THE TS Mars 2780 ; Jedler Seulkp . D incite hr ES ee = 3 —— — ——— — — re JOURNAL DE PHYSIQUE. F | | A Ross Bo | LE ER A A nus De MARNE E PPT R IE RTE É Lt OtiGr E de M. BUCQUET, Doëéteur en Médecine, &c. Par M. ne Fourcroy, Médecin de la Faculté de Paris, Profeffeur d'Hifloire Naturelle & de Chymie. J EAN-Baptifte-Michel Bucquet, Doéteur-Résent de la Faculté de Mé- décine en l’'Univerfité de Paris, Profeffeur de Chymie aux Ecoles de Médecine , de l'Académie Royale des Sciences , de la Société Royale de Médecine, Cenfeur Royal, naquit à Paris le 18 Février 1746, de Antoine-Jofeph Bucquet, Avocat en Parlement, & de Marthe-Denife Marotin. Une conftitution naturellement délicate & une fanté chan- celante ne l’empèchèrent pas de fe livrer à l'étude avec beaucoup d’ar- deur, Il fut élevé chez les Jéfuites. Outre:le travail ordinaire, il don- uoit le tems des récréations à des occupations utiles. Son caractère fé- rieux & réfléchi lui faifoit préférer les livres à tous les amufemens! Avec de pareilles difpofitions , il fit en peu de tems’des progrès rapides qui en annonçant ce qu'il feroit un jour dans les fciences , prenoient beaucoup fur fa fanté. Ce goût pour l'étude ne fit que s’accrore avec l'âge. Au fortir du Collége, dès l'âge de 16 ans, il fe livra à l'étude de la Jurifprudence. Son père qui appercevoir déjà en lui cetre éloquence naturelle fi utile dans le Barreau, le ‘deftinoir à rendre les’ fervices les plus importans à fes Concioyens , en défendant leur vie & leur fortune contre les entreprifes du crime & de la cupidité. Bientôt il fe dégoûta de cette fcience , dont les premiers élémens font fecs & arides pour en embraler une autre également agréable dans tous les tems, & qui convenoit mieux à fon activité, La Médecine lui parut un champ plus vafte & qui lui promertoit une plus ample moiffon. Une mémoire sure , une facilité, prodigieufe, une avidiré de connoilfances que rien ne pouvoit raflafñer , le firent marcher à grands pas dans un Art où ces moyens font fi utiles. Toutes les branches de cette fcience fublime eurent pour lui un égal attrait. 1] s’y livra avec cet enthoufiafme & Tome XV, Part. I, 1780. AVRIL, K k 258 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cette ardeur qui peuvent feuls mener aux grandes chofes. Logé chez fon père, on ne le voyoit à la maifon qu'à l'heure du repos. Entière- ment occupé à fuivre les plus habiles Maîtres en tout genre , il pafloit fa vie dans les Hopitaux, dans les. Amphithéâtres, ou dans les Labo- ratoires. Arrivé un des premiers à l'Hôtel-Diéu , il couroit de-là à rou- tes les Ecoles; il fuivoit fur-tout la plupart des Cours de Chymie qui fe faifoient alors. Il apprit les premiers élémens de cette fcience au Jardin du Roi, à celui des Apothicaires & dans les Laboratoires de MM. Rouelle & de la Planche. Après avoir ainfi employé tout le jour , & très-fouvent fans avoir eu le tems de prendre de nourriture, il revenoit excédé de fatigue fe renfermer dans fa chambre, pour médi- ter fur ce qu'il avoit appris dans la journée & confulter les livres rela- tifs aux matières dont 1l s’occupoit. IL s’affocioit ceux des Etudians en Médecine qui lui convenoient le mieux par leur intelligence & fur- tout par leur amour pour l'étude, On saflembloit chez lui les jours où les Ecoles éroient vacantes, & fa chambre fervoir de Cabinec d'Hiftoire Naturelle , d’Amphithéâtre d'Anatomie & de Labo- toire de Chymie. 11 faifoit fur les trois fciences des conférences ou ous mieux dire des lecons dans léfquelles fes amis admiroient déjà pee &. la clarté qui l'ont placé dans la fuite au rang des Profeffeurs les plus habiles. Quoiqu'il patüt avoir une prédilection pour l'Anato- mie & la Chymie, il ne néglisea cependant point les autres parties de la Médecine, 11 fit une étude particulière de la Chirurgie qu'il a fue jufque dans les plus petits détails, & la Botanique l’occupa pen- dant plufieurs années; il avoitimème dans cette dernière partie dés connoiffances étendues que fon heireufe m“moire: lui fr conferver long-tems après qu'il en.eut abandonné entièrement l'étude. Muni de toutes ces connoiffances , il fe préfenta à la Faculté de Médecine en 1768, & fit fa licence-avec ranr de diftinétion qu'il obtint le premier lieu, Malgré les travaux multipliés auxquels les de- voirs de #achelier l'appelloient, il conçut & exécuta un projet vafte, celui, -d’enfeigner l'Hiftoire Naturelle & la Chymie & de lier intiméi ment ces deux fciences. Il ft d’après ce plan fon premier Cours quel: qués mois après: lé commencement de fa licence ; & ül l'a continué chaque année jufqu'en Avil 1779: Perfonne n'a jamais poflédé Je ta- lent d'enfeigner à un plus haut degré que M. Bucquet. Une élocution toujours aifée & fouvent brillante’, une netteté & une précifion rares, une méthode fimple & exacte que perfonne n'avoit mife avant lui dans la Chymie; lui ont bientôt acquis la première réputation en ce 5enre, els furent fes fuccès dès les premières années. Il donna en 1771 un Ouvrage intitulé: {zrroduifion à l'étude des Corps naswrels tirés du Rèsne Minéral , (en 2 vol, ëx-12.) dans lequel il préfenta les faits les plus importans d'Hiftoire Naturelle & de Chymie relarifs à ce Règne; 1l le 4 1. Pr : # 7 € à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 159 deftinoit principalement à ceux qui fuivoient fes Cours. Si cet Ouvrage ne contenoit pas des découvertes faillantes, il offroit au moins dans le tems où il a été écrit , l’enfemble de la Chymie Minéralogique le plus précis & le plus méthodique qu'on eût alors. En 1773 , il fit pa- roître fon /ntroduttion à l’érude des Corps naturels tirés du Règne Vegé tal, (en 2 vol.ir-12.) Cet Ouvrage qui n’a pas à Lars près autant vieilli que le premier, eft encore ce qu'il y a de plus complet & de plus méthodique fur l’analyfe Végérale. Perfonne n'étoir plus que M. Buc- quet au courant des connotlfances modernes. Il en a donné des preu: ves en expofant dans fes Cours la doctrine des gas à la uelle il a beaucoup ajouté lui-mêmé ; il eur pendant plufieurs annces la fage retenue d’enfeigner toujours à fes Eleves celle du phlosiftique , en leur préfentant celle de M. Lavoifier comme une opinion qui, quoique fondée fur de grands faits, demandoit cependant d’être examinée avant d'être rout-à-fair admife. Ce n’eft que depuis deux ans que les rechérches qu'il avoit faites fur les gas l’éngagèrént à jerrer quelques doutes fur l'exiftence du phlogiftique & à fubftiruer entièrement la théorie de M. Lavoilier à celle de Stahl , en modifiant cependant les expreflions & en convenant avec M. Macquer que la lumière pourroit bien être regardée comme jouant le rôle du phlosiftique, fi on lui trouvoit la propriété de fe combiner. Quelques perfonnes ont reproché à M. Bucquet de ne s'être livré qu'à la théorie & d’avoir NÉ Aige la pratique d’un Art qui ne peur exif ter fans l'expérience. On l’a accufe d'avoe peu d’exercice des manipu- lations Chymiques , parce que dans quelques-unes de fes lecons , il lui eft arrivé de ne pas réullir toujours au gré de fes delirs, Mais cette accu- fation paroîtra néceflairement injufté à tous ceux qui favent que fouvent le fuccès d’une opération ne-dépend que de l’enfemble de beaucoup de circonftances qui ne peuvent pas toujours fe rencontrer dans le rumulte d’une leçon. D'ailleurs, eftil pofible de juger un Chymifte Manipu+ lateur d’après quelques faits ifolés, & ne faut-il pas pour cela le voir dans un travail fuivi & recherché, où l'exactitude , l'ordre & la préci- fion doivent ouider l’'Artifte? Nous ofons l'aflurer , relativement à ces dernières qualités fi néceffaires pour le fuccès des expériences & des recherches Chymiques, M. Bucquet les poffédoir à un très-haur degré, & certe juftice lui a toujours été rendue par ceux qui ont été les coopé- rateurs ou les témoins de fes travaux. Outre l'Hiftoire Narurelle & la Chymie , M. Bucquet à fait pendant les premières années des Cours d’Anatomie, de Phyfologie , d'Hygiène & de matière Médicale. Son premier projet même, à ce qu'ilma dit plufieurs fois, éroit d’enfeigner toute la Médecine à la manière de Boer- haave adoprée depuis par MM. Aftrac, Ferrein & Anc. Petir, & per- fonne en efféc n'a plus approché que lui de ces hommes juftemenc 1780. AVRIL, Kk 2 260 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, célèbres. Mais l'opinion que l’on a à Paris fur la multiplicité des con- noiflances & qui nuit à la réputation ; le força de renoncer à ce projet: il quitta donc la plupart de fes Cours pour sadonner entièrement à l'enféignement de l’Hiftoire Naturelle & de la Chymie , & ce fur à cette époque que fa réputation commença à acquérir la confiftance que le préjugé lui avoir jufque-là refufée. En 775, il fut nommé Profefeur de Pharmacie aux Ecoles de Mé- decine; il s’acquitta de cet emploi avec un foin & une exactitude dont il fur bien récompenfé, par le nombre & les applaudiffemens de; fes Auditeurs. Il diéta en latin des Elémens, de Pharmacie qu'il avoit ré- digés pendant l'été, & 1l fit à la fin de l’année Académique, un Cours fur la théorie & la pratique de cet Art, dans lequel il eut fes fuccès ordinaires. Préfent par fon titre de Profeffeur de Pharmacie aux actes qui ont eu lieu pendant fes deux années de charge au Jardin des Apo- thicaires, il y a toujours porté cette améniré & cette déférence due à des Citoyens eftimables dont la profeflion a des rapports fi intimes avec la Médecine, & certe févériré dans l'examen des Pharmaciens reçus de fon tems, fi! néceflaire pour raflurer le public fur l'exactitude & la bonté des médicamens dont la préparation leur eft confiée. Plus d’une. fois fon éloquence douce & perfualive a éteint le feu de la difcorde que: quelques perfonnes avoient allumé entre les deux Compagnies. Vers la fin de, fa charge de Profeffeur, il a prononcé au Jardin des Apothi- caires un difcours fur la préparation & les vertus de la Thériaque, dont. l'expoñtion fut faite en public le 23 Septembre 1776. M. Roux, choïfi par la Faculté de Médecine pour faire un Cours public de Chymie dans PAmphithéâtre des Ecoles, étant mort le 28 Juin 1776, cette Compagnie nomma d'une voix unanime M. Bucquet pour lui fuccéder. 11 fur d'autant plus. fenfible à cer honneur quil le dut au..choix de Confrères juftes & éclairés. Ce fut alors que fes grands. talens concentrés jufque-là dans les Laboratoires particuliers furent con- nus, de tout le monde. Jamais on ne vit dans les Ecoles un plus grand concours d’Etudians & d'Amateurs; le premier Cours public qu'il ft en 1777, fut pour lui un nouveau travail. Connoiffant les abus que la Chymie peut occafonner dans la pratique de la Médecine, il crut, n'avoir rien de mieux à faire que de les combattre & d’expofer. les dangers qu'ils font capables de faire naître aux jeunes gens qui le fuivoient & dont la plupart fe deftinoient à l'exercice de cet Art. Il lue fur cet objet un difcours dans lequel il craça l'Hiftoire des Erreurs des Médecins Chymiftes , & il donna les moyens de les éviter. Il démontra que fi l'amour fauarique & fouvent peu éclairé que quelques Médecins ont eu pour la Chymie les a égarés dans la pratique , certe fcience. connue dans tous fes dérails & bien appréciée met en garde contre les erreurs auxquelles elle a donné naiffance dans un fiècie où elle n'étoix, Les UE 2 ÉRPES: ASS ; TUE a. A7 LUE … SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ATRS. 261 pas encore née. Ce premier Cours fut d'un genre tout-à-fait neuf & entièrement Médicinal, 11 y fit une application exaéte des connoilfan- ces Chymiques à la Pathologie & à la Thérapeutique , & il remplit le projet qu'il avoit formé de donner à fes Elèves les principes de Matière Médicale & de Pratique en leur enfeignant les Elémens de la Chymie. Malgré les occupations multipliées que lui donnoient les différens Cours qu'il faifoit tous les hivers, il trouvoit encore le tems de faire des recherches Chymiques foit dans fon Laboratoire, foit en commun avec M. le Duc de la Rochefoucault, M. Lavoifier & plufieurs autres Sa- vans. Ces recherches confignées dans un grand nombre de Mémoires lus à l’Académie Royale “ Sciences , lui donnèrent des droits pour entrer dans ce Corps illuftre. Il s’y étoit déjà préfente plufeurs fois, dès. 1773, lors de l'élection de M. Baumé; & il fur nommé Académicien le 17 Jenvier 1778, à la place de M. Bourdelin. Il ne vit dans ce nouvel honneur qu'un nouveau, motif d'encouragement au travail & il s'im- pofa une tâche encore plus pénible. Tant de travaux joints aux fatigues d’ne pratique qui commençoit à s'étendre, altérerent tout-à-fait fa fanté déjà très-foible. Telle eft la deftinée de la plupart de ceux qui fe livrent aux Sciences ou aux Leitres; leurs charmes & leurs douceurs attirent les hommes nés avec un efprit aétif, & jaloufes de les pofléder tout entiers elles les arrachent à route autre paflion. Depuis long-tems M. Bucquet étoir fujer à des migraines dont les accès qui le laïffoient fonvent fans connoïflauce, ont fait crain- dre plufieurs fois pour fa vie. Son eftomac, vifcère toujours affecté chez les Gens de Lettres, ne lui a jamais fait éprouver cet appétit vif qui accompa- gne & annonce la vigueur des organes. Un dégouùt général pour tous les alimens doux & noutriflans le forcoit d'adopter un régime qui Dortoit encore le trouble & l'agitation dans fes humeurs. Ses nerfs, fingulièrement mobiles & agaçables, jouoient le plus grand rôle dans fes moindres in- difpofitions. Tourmenté d'infomnies fatigantes, il fe levoit fouvent au. milieu de la nuit pour fe diftraire par l'étude. La douleur & le travail partageoïent fa vie depuis plus d'un an lorfqu'en Avril 1779, il fu attaqué plus vivement que jamais. Des douleurs horribles, des con- vulfions violentes & des foibleffes exceflives conftiruoient fa maladie. Après deux mois de foufrances , il parut reprendre un peu de force & entrer en convalefcence; ce ne fut cependant qu'un calme trompeur, il pafla l'été & une partie de l'automne dans un état de mal- aife qui lui faifoit toujours craindre une rechüte. Maloré cela il eut le courage d'entreprendre fon Cours de la Faculté dans un tems ou la plupart des Etudians font ordinairement hors de Paris. Il n'en eut pas our cela moins d’Audireurs. Ce travail forcé, auquel fes amis & fes marérêts les plus chers ne purent l'arracher , amena la rechüte à laquelle ; 262 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, il s’attendoir. Il ne put faire fes dernières leçons qu'à l’aide de l’éther & de l’opium , remèdes dans l’ufage defquels il trouvoit depuis long-tems un foulagement momentané. Je l'ai vu bien des fois fe le: ver à l'heure de fa leçon, rappeller le peu de forces qui lui reftoient pour aller enfeigner une fcience qu'il aimoiït avec une forte de fureur , & rentrer excédé de douleur & de fatigue pour fe remettre dans fon lit, & y refter jufqu'à ce que l'heure de fa leçon l’invität à en faire autant le lendemain. C’eft fans doute l'unique exemple qu’on ait d'un courage pareil. L'étude étoit le plus grand de fes befoins, & la Chy- mie fa plus violente pañlion , puifqu'il lui a facriié jufqu'à la vie. 11 s'alita le 27 Novembre, & mourut le lundi 24 Janvier à une heure après midi, âgé de 33 ans & 11 mois, après avoir fouffert les courmens d’une maladie longue & dont les premiers germes exiftoient depuis long- tems. Le canal inteftinal & fur-rour le colon étoit le foyer de fon mal. L'ufage de lécher & de l’opium qu'il avoit portés à des dofes très-con- fidérables , lui étoir devenu néceflaire en charmant pour l'inftant les douleurs effroyables qui lui déchiroient les entrailles. Si jamais la foi- bleffe humaine eft excufable*lans fes excès, c’eft fans doute dans le cas où une maladie incurable par elle-même porte avec elle les rourmens les plus affreux. Telle étoit la circonftance où fe trouvoit M. Bucquer. Il fen- voit bien que fon mal éroit fans reffource & 1l le difoit depuis long-tems à ceux qui l’entouroient Les calmans à grande dofe diminuoient l’hor- reur de fes fouffrances, & il n'eft perfonne qui à fa place ne fe fût Jaiffé entraînèr comme lui à leur excès. M. Bucquer a donné à l'Académie un grand nombre de Mémoires dont la plupart n'étant pas imprimés ont laïflé ignorer jufqu’à ce mo- ment {es travaux importans auxquels il s’eft livré & les découvertes qu'il a faites; c'eft un des premiers Chymiltes qui ait répété à Paris les expériences du Docteür Black, fur l'air fixe, qu'il a nommé depuis acide crayeux, & dont il a démontré l'identité, de quelque acide qu'on fe ferve pour lextraire. Il a déterminé l'action des acides fur l'arfenic & fait connoïcre les fels neutres qui réfultent de ces fubftances combinées. JI a donné un procédé particulier pour faire l'éther nitreux, & il a examiné les propriétés qui diftinguent les différens éthers. L'analyfe exaëte de la zéolite blanche lui a fait découvrir dans ce produit naturel une terre particulière cryftallifée par l'eau. 1 a fair l’analyfe des fchorls, du trapp, des macles, & il nous a appris que ces fubftances ne font que des combinaifons du fer avec la bafe de l'alun en différentes proportions. Ces analyfes ont été faires en commun avec M. le Duc de la Rochefoucauld. Il a examiné les propriétés des fels neutres formés par la combinai- fon de l'acide nitreux avec la bafe de l’alun, celle du fel d’epfom & SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 263 la chaux, & des fels formés par les mêmes bafes unies à l'acide matin, La décompoftion du fel ammoniac par les fubftances métalliques & par leurs chaux , fait l'objet de deux Mémoires, dans lefquels M, Bucquet a établi que ces fubftances agiflent fur ce fel en raifon de l'finité qu’elles ont avec l'acide marin. Le fer, le zinc & le cui- vre font celles qui le décompofent le mieux. En recevant fous une cloche pleine de mercure les gas qui fe dégagent dans ces décompo- fitions , il a obtenu du gas alkalin & du gas inflammable produit par l'action de l'acide marin fur les métaux. 11 a déterminé l’action de l'air fur la chaux vive & fur l’eau de chaux, & a prouvé que la chaux éteinte à l'air ou la crème faline de chaux, ne font point de la craie comme Black lavoir avancé ; mais de la chaux faturée d’eau. L'analyfe des fubftances animales à beaucoup avancé entre fes mains, Le fang, la lymphe lui ont fourni les matériaux de plufieurs Mémoi- res, & perfonne ne s’'eft jamais plus étendu fur la Chymie Animale, qu'il la fait dans fes Leçons. Les expériences nombreufes que fes Cours de Chymie lobligeoient de faire l'ont mis à portée de beaucoup obferver , & il difoit fouvene qu'il n'y avoit pas une feule leçon dans laquelle il n’ait eu occañon de voir quelque chofe de nouveau. Il a déterminé dans des recherches particulières & qui ne font point publiées, la quantité refpective d'acide marin, d’alkali volatil & d’eau qui couftituent le fel ammoniac & celle d’acide marin , d’eau & d'al- Kkali fixe minéral qui entrent dans la formation du fel marin. Il à fourni à la Pharmacie & aux Arts un procédé très-bon pour obtenir l'alkali volatil & l'acide marin les plus purs & les plus concentrés pof- fibles, en recevant dans une quantité donnée d’eau diftillée contenue dans les bouteilles de lappareil de Woulfe, les gas alkalin & acide marin qui fe dégagent dans la décompofition du fel ammoniac & du fel marin. Il avoit commencé fur les métaux parfaits & en particulier fur l'argent, un travail très-érendu ; que f1 mauvaife fanté l’a forcé d'interrompre. Il a fait, avec M. de Lavoifier , une fuite de recherches immenfes fur les progrès de la chaleur dans les différens fluides; fur la production du foufre artificiel de Stahl ; fur les foyes de foufre faits avec les alka- lis purs ou neutralifés par l'acide crayeux ; fur la décompofition réci- proque du nitre & des différens vitriols ; fur la combinaifon du cin- nabre avec plufieurs autres fubftances ; fur celle du fublimé corroff avec beaucoup de corps; fur l’analyfe du bleu de Prufle ; fur l'or ful- minant, &c. La plupart de ces travaux font entre les mains de M. le Marquis de Condorcet, Secrétaire perpétuel de l'Académie , & ils 64 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, paroitront fucceflivement dans les Volumes que cette Compagnie publie chaque année. Nous avions commencé enfemble des recherches fur les gas & en particulier fur le gas inflammable , fur la combuftion, fur la combi- naifon des acides & des méraux, fur les nitres métalliques, &c. Il a donné à la Société Royale de Médecine, à laquelle il a été recu en 1777, plufieurs Mémoires fur l’analyfe de l’opium; fur la ManiÈre dont les animaux font affectés par différens fluides aëriformes méphi- tiques: fur la meilleure manière de faire la pierre à cautère ; fur l’ana- lyfe Chymique de plufeurs remèdes importans, tels que le quinquina. IL avoit travaillé à perfectionner la préparation de beaucoup de mé- dicamens, & il fe propofoit d'offrir fes recherches fur cer objer à la Faculté pour fervir à une nouvelle édirion dy Codex qu'on projette depuis plufieurs années. Enfin, un des plus utiles & des plus beaux projets qu'il ait conçus eft celui d’un Ouvrage fur des Elémens de Chymie Minéralogique, à Ja rédaction duquel il avoit formé le deflein de fe livrer cer Eté; il avoir mème bien voulu m'admettre pour quelque chofe dans l'exécu- tion de ce projer. Le rems & les circonftances me permettront fans doute de faivre ce premier plan pour lequel j'ai déjà une partie des matériaux qu'il avoit commencé à raffembler. M. Bucquet avoit formé le projet de renoncer entièrement à l’enfei- gnement & de fe livrer tout-à-fait à la pratique de la Médecine. Les Sciences y auroient beaucoup perdu , mais les malades y auroient fans doute beaucoup gagné. Né avec un jugement droit , un coup-d’œil afluré, doué de tour ce qu'il faut pour conftituer un grand Obferva- teur, il ne pouvoit manquer d'avoir du fuccès dans ce genre de tra- vail fi utile à l'humanité. Malgré les bruits que l’on fe plaifoit à ré- pandre fur ce qu'occupé entièrement à fes Cours, M. Bucquet ne trouvoir pas le tems de voir des malades, il avoir cependant mérité la confiance de plufieurs grandes Maifons , & il auroit occupé un des premiers rangs en pratique , comme il l’occupoit déjà depuis long: ren: en théorie: 1l étoit un de ces hommes favorifés par la nature pour qui rien nef difficile, & qui femblent être nés pour tout entrer prendre. ; Ses Amis le pleurent encore & tout le monde l'a regretté, Le CU PRÉCIS PET SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 265. RS nr ninie d PRÉCIS ET ANALYSE De la Méthode inventée par le Doëtcur SCHŒFFER , pour abréger l'étude de la Botanique. Par M, ne SAINT A MANS Six ef quelquefois permis de fe féliciter’ d’un bienfait reçu, s'il ef des occafons où l'on doive céder au tranfport de faire éclater fa re- connoïfflance , c'eft fur-tout lorfqu'on peut fe flatter en acquittant la derte de fon cœur, de procurer aux autres les avantages dont on a joui foi-même. Tel elt, aujourd'hui, lé double intérèt que je trouve à publier le fervice important que m'a rendu l'illuitre Schæffer, en daignant me communiquer les tables qu'il a inventéés pour faciliter l'étude de la Botanique. Les fecours que j'ai puifés dans cet ouvrage, ne me permettant pas de douter, qu'il ne rémpliffe parfaitement les vœux de fon Auteur, j'ofe delirer, à mon tour, que le foible hom- mage de Ma ren D EG: puilfe fairé apprécier la valeur du préfent dont il a bien voulu m'enrichir, & que tous les Botaniftés , à la con: noiffance defquels ces tables’ ne font point parvenues , fe hâtent d'en recueillir les fruits. Quelle que foït. ma confiance , à cet égard , pour un ouvrage qui porte le nom célèbre du Profelleur Schæffer, j'efpère qu'on ne défapprouvera pas, Qqu'ifih de donner à mon témoignage tour le poids & toute l’authentiäté dont il a befoin , je produife ici la:tra- duction d’une lettre , que ce Philofophe adrefle aux Acadéimiciens dé Roveredo, & dans laquelle, il fait avec une fimplicité fublime, Pexpof- tion rapide de fon ouvrage. Cette lertre ,'qui contient le détail des motifs qui l’engagèrent à tenter la réduétion de la Botanique , & la manière dont il l’exécuta , mettra dans tout fon jour l’heureux génie qui dirige fes travaux , & préviéndra favorablement les Amateurs ‘fur lé mérite des tables qu'il a principalement compofées pour leur ufage, «°° Je venois d'abandonner un- état peu propre à l'étude, & dès-lors cédant au penchant que j'ai toujours eu pour la Botanique ; je me ropofai de diriger principalement mes travaux vers cette utile partie de l'Hiftoire Naturelle. Mais , dénué des inftructions que les habiles Botaniftes auroient pu me donner , je n’agois dans cette nouvelle carrière d'autre guide, d’aûtre appui que les méthodes ordinaires, On fait affez combien elles furchargent li mémoire , & quel tems il Tome XV, Part. I. 1780, AVRIL. LI # 266: OBSERVATIONS SURULA PHYSIQUE; j'en rerirerois infailliblement, fi je Fo reuflir à recueillir le fruit le certe idée, j’effayai d’abord de circonftance favorable fembloir devoir ienhardir à prendre cètte Hberté. Je venois, d'ètre admis, dans lnftitut patriotique! de Héffe-Honsbotrg J'avois vu le:nom du PDoéteur Schæffer! érner la lifte dés Membres de cetfe Compagnie, & je. crus pouvoir réclamer en ma faveur lès “Sraturs de la Société, lefquels, comme l'on fait, impofenc aux Affociés la loi de fe communiquer réciproquement leurs lumières. Mais en deiandant. les_fiennes à lilluftre Schæœffer fur la mere de dreffer fes Tables, f pPofé. qu'il ne les. eût ; point fait graves,» je me bornois à le prier de avindiquer le lieu où je pourrois, me Tes procurer, sl avoit jugé À Propos de les nendre publiques: ainf, je devois tout au plus m'arrene dre’a, çétte complaifance de fa part. En effet, pouvois-je mé flatter gue le digne Schæœffer me feroir le préfent du Recueil éntier de fes Ta bles? Quel ritre avois-je auprès de lui pour mériter cette faveur fingu- ère ? pendant, il daigna non-feulement me les adreffer péu de téms après; mais ençore il voulus bien Jes faire accompagner d'un autr ouvrage fetvanc d'introduétion à fa méthode & contenant lés prin- cipes -généraux, d > da Botanique. 'Foff , cer excellent hofnime, pour qu'il'hé, ime reflat rien à defirér fur\cetté imatiète, m'envoya fa Lettre £ ft 91 : srl ; Sa ) -æ | < I D 9 ! 33 12511 1:((1) Ces‘Fables n'éroient point encoregravées, & l'Auteur dés Mélanges les annonçoit: Alors, sorime, un cuyraëe dont, la publicatiou-devoir faire époque dans la Républi- que des Sciencés, ; ÿ i L ; \ k {RCE 2 À V2 SUR L'AIST!: NATURELLE ET LES ARTS. 267 aux Académiciens de Roveredo ; enforte que je fus, rout-à-coup, & fi j'ofe le dire, cofnme par eiéhantetent ; en état de faire des progrès rapides dans une fcience , dont l'étude m'avoir jufqu'alors paru longue, & femée de difficulrés. Je crois qu'il eft inutile de dire ici, combien je, fus fenfñble au procédé du Nahralifte de Ratisbonné. Son honnéteté , le defit même que j'avois de jouir de fon ouvrage, li donnotent tant de’ droits à ma reconnoïflance , qu'il n'eft pas Hefééri de rappéller les fenrimenis dohr je dûs être pénécéé. On pourra plus aifément feles peindre que je ne faurois les exprimer Quoi qu'il en foit, à peine ai-je‘été polfeffeur d:s Tables du Doc- teur Schæffer, que j'ai cherché à me les rendre familiètés , foit pat la fréquente lecture de leur introduétion , foit en. étudiant plus parti- culièrementque je n'avois fait jufqu'alors ‘le fyftème admirable de Lin- neus. Enfin , au bout d’un mois environ, graces à l’ufage de ces Ta- bles , je poffédois déjà l’efpric des méthodes les plus accrédirées , & j'étois au point de réfoudre la plupart des problèmes de Botañique qui Soffroient à moi dans mes promenades. Ce fut-alors, que com- meéhçant à gouter ces plailirs purs, connus des feuls Botaniftes , ces délices inexprimables que l’efprit puife dans l’obfervation de a nature, je fentis, pour la première he , qu'il éroit pollible de porter jufqu'à l'enthoufiafme , l'amour d’une féience auf tranquillé ‘en apparence , que celle de lherborifarion , & ceflai de m'éronner fi, comme la Phyfique & l’Aftronomie, la Botanique avoit eu fes martyrs. Je ne me flatte pas de faire paller dans l'ame de tous mes lecteurs, l’idée’de la farisfaction que je retirai de mes premiers fuccès. 11 faut pour la juger l'avoir éprouvée. J'éfpère feulerment qu'on réndra juftice à ma bonne foi. Et j'ajouterai qü'il doit m'être permis de l’efpérer avec con- fiancée lorfqu'on peut facilement apprécier l'ouvrage du célèbre Schæf- fer , par ce qu'il en dit lui-même , dans la lettre fuivante. Je n'appré- hende point qu'il y défavoue ce que j'ai cru dévoir hautement pu- blier. Ma feule crainte eft qu’on ne trouve pas, dans ma traduétion, cette fimplicité noble & philofophique qui rèvne dans tous les écrits du Profefeur de Ratisbonne: trop étranger à ce genre de tfavail pour me flattér d’un pareil fuccès , je vais borner mes efforts à rendre le fens de cet Auteur , le plus littéralement qu'il me fera poflible. Alors , fi l'oh fe décide à fairé l'épreuve de fa méthode, & s’il daigne approu- ver ce foible €flai , je croirai n'avoir plus de defirs à former pour acquittér ma reconnoillance. pre FEU | ! t 11800 PER L'ENC NET 268 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, DIE TT TRUE De Monfieur Curisrian Scnœrrer, Docteur en Théologie , Pafteur & Membre du Confiftoire Evangélique de Ratisbonne, Confeiller de Sa Majefté Danoife, Profeffeur extraordinaire, Membre des Aca- démies & Sociérés d'Upfal, de Pérersbourg, de Londres ; adreflée - à l’Académie Impériale & Royale de Roveredo , (1) contenant la manière de rendre l'étude de la Botanique plus facile & plus sûre. Confufis generibus, omnia confundi necef]e eft. Vous avez bien voulu , fans avoir égard à mon peu de mérite, m'ad- mettre dans votre favante Société vers le commencement de l’année dernière & me confirmer cette faveur par l'envoi d'un diplôme, Ces marqués précieufes de votre bienveillance font pour moi fi flatreufes que je vous prie non-feulement d’acceprer les témoignages de ma vive reconnoilfance , mais que j'aie l'honneur de vous aflurer encore qu'au- tant que les devoirs du facré miniftère que j'exerce pourront me le permettre, je ne ceflerai déformais de travailler à la recherche des {e- crets de la nature & à l'étude des fciences utiles pour me rendre digne d'occuper la place dont vous m'avez honoré. En attendant, je vous prie, Meflieurs , de recevoir avec bonté les différtations ci-jointés comme les foibles preuves du penchant qui m'emporte à la contemplation des chofes naturelles. Vous verrez par le catalogue dont j'accompagne ma lettre, que j'ai compofé plufeurs Opufcules de ce genre; mais comme ils font écrits dans la langue de mon pays, j'ai cru devoir vous épargner la peine de les lire & me fais contenté d’en faire mention en vous communiquant. les Tables que j'ai deffein de faire graver. Daignez , fur-tout, me permettre, Meflieurs , le détail des motifs qui me déterminent à publier ce dernier ouvrage pour lequel j'ofe réclamer votre approbation refpectable , & celle de rous les Botaniftes; {1) 11 eft à remarquer que cette Académie , célèbre dès fa naïffance , avoit alors pour Chef Madame Blanche - Laure Saïbanti, & qu’elle dut en grande partie {on établiflement aux foins de cette femme illuftre par fes talens & par fon zcle. Voyez ke Voyage de M. de Lalande , en Italie, Tome VII , page 56. Note du Traduéfeur, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 3269 il eft dédié à la fcience de l'Herborifation ou de la Botanique qu'il a pour objet de rendre moins obfcure & plus facile. La recherche affidue des infectes , qui depuis quelques années éroit le feul but de mes promenades , & qui confumoit tout mon loifir, m'a conduit infenfiblement à l'étude de la Médecine & de la Bora- nique. : La Campagne de Rarisbonne , très - abondante en infeétes , m’en ayant fourni plufeurs efpèces dont les Naturaliftes n’ont fait aucune mention , où dont ils ne nous ont laïflé que des notions imparfaites, je crus devoir commencer par les rapporter à leurs genres dans le deffein de publier enfuite leurs defcriprions & leurs figures ; mais je n'apperçus bientôt que mon travail n'offriroit qu'un bien frêle fecours à quiconque ne feroit pas verfé d'avance dans la Médecine. En effer, il n'eft guère pofhble d'expliquer , de décrire ; même de difcerner , les parties des infeétes qu'on nomme eflentielles; encore moins d’af- figner la différence qu'on obferve entre ces parties, & celles des autres animaux , fi l’on n’a, pour traiter convenablement cette matière, une connoiffance fuffifante de l’Anatomie , de l'Oftéologie , de la Splan- chonologie du corps humain. Comme 1l eft aufli très-conftant que l'étude des infectes doit intéreffer le public fous un point de vue rela- tif à la fanté des hommes & des animaux domeftiques, je penfai qu'il convenoir d'emprunter les fecours de la Chymie, de la Semiologie , de la Pathologie & de l'Hygienne. Ainfi, les infeétes m'ont engagé à étudier particulièrement la Médecine , & à lui facrifier une partie de mon terms. Il en eft à peu-près de même pour la Botanique. Perfonne n'ignore que la plupart des infeétes habitent fur les herbes, les arbriffeaux , les arbres, jufques fur les plantes aquatiques qui naillent, flottent ou vé- gèrent fous l’eau ;.& que tous ces végétaux fourniflent à leurs hôtes, le logement , la fubfiftance & les matériaux dont ils conftruifent les nids légers dans lefquels ils s’enveloppent. On a même remarqué, à cer égard , un inftinét fi décidé dans les infectes , que certains ne veulent s'arrêter, que fur telle herbe, tel arbriffeau, rel arbre qui doic lui offrir une nourriture convenable , ou la commodité de la transfor- mation, Or ,4f quelqu'un veut rechercher des infeétes , les faire éclore, Jes élever, pour acquérir une connoiffance parfaite de leur nature & de leurs différens érats , il doit favoir non-feulement quelle plante eft agréable ou propre à chaque infecte , mais il doit connoître les her- bes, les plantes en elles-mêmes; c'eft-à-dire, qu'il doit favoir la Bo- ranique. Inftruit par l'expérience , je cultivai donc à certaines heures réglées la Médecine théorique & la Botanique , pour avancer plus rapidement & avec plus de fruit dans l'Infectologie. 270 .OBSERVATIONS SUR' IA PHYSIQUE, Je donnai, pendant trois années confécutives, à certe double étude, tout le tems qui n’étoit pas déftiné pour le faint Miniftère , ou pour ma récréation. Si je réuflis fans peine à l'égard de la Médecine, & fi j'atteignis mon but beaucoup plus vire que je n'avois of l’efpérer, il n'en fut pas de mème dans l'étude de la Botanique qui me pré- fenta de a grandes difficultés. En effet, je n'avois pour m'imitier dans cetre fcience que des inftitureurs muets , des livresqui ne me difoient rien d'eux mêmes, & qu'il falloit toujours confulter. Ce fut envain que je réuflis à m'en procurer un grand nombre: pour ap- prendre ce que devois favoir , il me falloir , & plus de tems & plas de travail. J'avois pañlé tout un hiver à faire mes difpofitions , l'été fuivant étroit prefque à fa fin , & faute de connoître encore aflez les fyftèmes ou la diftribution des plantes en clafles , ordres , genres & efpaces, je ne favois pas rapporter les végétaux que je rencontrois journellement à ceux que j'avois vus pendant l'hiver dans mes livres de Botanique. Enfin, cependant, les fyftèmes de Tourneforr & de Ludwich alléoè- rent les premiers ma peine. Celui de Linneus, quoique obfcur au premier coup-d'œil. commença peu après à me devenir plus familier. Je diftinguai qu'il étoit fondé fur des raifonnemens folides, & dans bien des occafons , il me fut d’un très-grand fecours. Mais, après avoir employé beaucoup de tems , & mis beaucoup d'applicarion à la leéture des Auteurs, à l'examen , à l’afflemblage & à la deflication des plantes, il reftoit encore, dans mon travail ; béaucoup de lacunes , de défordre & d'obfcurité. Pourquoi ? parce que, quoique je fulle alors en état de rapporter aflez facilement quelques leurs à leurs clafles , à leurs ordres , plus j'allois en avant, plus aufli le nombre des genres & des efpèces paroifloient s’érendre; quelquefois même ils me fembloient: en fi grande quantité, & dans une telle confufon , que j'érois renté d'abandonner mon projet , en défefpérant d'acquérir une folide con- noïflance de la Botanique. A certe difliculté , que préfentoit la chofe en elle même ,.j’en ajou- tois une autre qui m'étoit propre. J'avois fouvent reconnu que ma mémoire étoit lourde & parelleufe ; mais jamais autant que dans l'étude de la Botanique. Je neiretenois qu'avec une extrème difficulré les caratères , & les noms des plantes ; fouvent ; prefque toujours ; j'oubliois dans l'inftant la figure de celles que je venois d’avoir fous les yeux; ce qui n'engageant à penfer que la Botanique éroit une fcience du reffort de la feule mémoire, peu s’en fallut ; que je nere- grettafle , mon tems & mon travail , & que dans la crainte de négliger les devoirs de mon étar, (je ne borniallé routes mes efpérances à celle d'oublier mes efforts impuiffans. :: | Enfin, au milieu de ces allarmés, 4 confolation viñt s'offrir à mon > 1 A (us SUR L'HIST. NATURELLE ‘ET LES ARTS. ‘151 æfprit. Je me rappellai fort heureufement le moyen dont je m'étois autrefois fervi pour érayer ma-mémoire dans mes cours de théologie, M. Sigifmond Jacob Baumgarten, Doëéteur jadis rrès-célèbre & mon Maître à jamais refpeétable , employoit ordinairement une méthode à planchés dans fes leçons fur toutes les fciences qu'il profefloir. J'avois plus d'une fois mis en pratique certe miérhode. Elle m'avoir été d'un très-prand fecours’ dans mes lectures journalières , & plus d’une fois fort utile dans les affaires de mon miénage. Les avantages qué j'avois retirés de ces Tables en toutes fortes d’oc- cafñons, me revinrent alors Er AE dans l’idée. Je me dis auffi- tôt, pourquoi n'en feroit-il pas dé même dans l'étude de la Borani- que? Et pattant de là, je rentai l'aventure. Je me dérériminat à drefler deux fortes de Tables, J'appellai Sexuelles les premières auxquelles je donnai pour bafe la Méthode de Linneus, & ÿs défignai les autres fous le nonr d'U/nivérfelles , parce qué je les avois tirées de rous les fyftèmes, & qu'on y voyoit les plantes arran- gées fuivant le calice, la corolle , &c. C'eft au fujet de ces dernières qu'il mé paroît à propos d'entrer ici dans un plus grand détail. Jai d'abord diftribué, dans ces Tables, les plantes en claffes qui fe préféntenc dans leur ordre ordinaire. ‘Enfuñre , j'ai tiré desilignes en travers, d’efpace en éfpace, & en tel nombre qué l'ont requis les divi- fions de chaque clafle. ? S Le calice fe trouve fut la première ligne à cet évard ; j'ai difpofé les Aeurs de manière, qu'on voit au premiér rang celles qui font fans calice; au fecond , celles qui en ont un monophylle; enfin , celles qui ont un poliphylle : parmi les calicés, j'aï noté pareillement ceux qui ont ‘une, deux, ou trois découpures , & fait remarquer ceux qui fonc compofés d'une , de deux, ‘de trois ou de 'plufièurs feuilles. A peine avois-jé terminé ce preiniér arrangement, que j'ai gouté la plus vive fatisfaétion , eh m'appercevant combien les genres d’une mème claîle, étoient déjà féparés, par la feule éonfidération du calice, & combien il devenoit aifé de les diftinguer. | Fe C'etoit déjà beaucoup , fans doute ; d’avoir réduit à une quantité bien moins cotifidéraible la trèsorande multirude«des fleurs d’une mè- me clafle , au moyen de l'infpeétion des calices; mais, comme cela ne pouvoit me fufhire, je plaçai fur une feconde ligne , les fleurs qui fe reflembloient, quant aux calices , mais dont la corolle -écoic: difc- zente.. Parce fecond arrangement je diminuois encore le nombre de celles ‘que je n'avois pu diftinguer pour le calice, Er le: plus fouvenr jé navois alors rien à faire pour en établir le cenre, | 4 Cependant , ce n'étoit pas toujours allez , certaines fleurs, me pa- xoifloient-avoir eïicore trop. de rapport par leur corolle. Je pouffai pius loin mes difpoftions progrefives. J'infcrivis lés éramines fur une trot- 272 OSERV ATIONS SUR LA PHYSIQUE, fième & quatrième ligne ; le piftil fur une cinquième , fixième & fep: tième ; le péricarpe fur la huitième, & fur la neuvième les femences, felon le nombre, les parties, la différence & la figure. Enfin j'ajoutai le nom du genre après ces defcriptions abrégées. Quel plaïfr n’ai-je pas éprouvé, quand le plus fouvent je jugeois à coup sûr aux éramines & au piftil de quel genre étroit telle plante, ou telle fleur, de façon, que les lignes fuivantes étoient moins utiles pour les diftinguer que pour en perfectionner l’hiftoire ? | Toutefois dans certaines claffes, il reftoit encore après avoir fait ces divifons , quelques refflemblances dans plufieurs genres; il falloit donc ajouter quelque chofe à leur defcriprion. C’eft à quoi m'a fervi mieux que les autres le fyftème de Linneus que j'ai tracé pour cette raifon fur une dixième ligne. Enfin , le jugement feul, quelquefois mè- me la difpofition des feuilles, ou le port de la plante, fufhfant pour diftinguer Les végétaux indigènes des exotiques, je n'ai fait mention de ces particularités que lorfqu’elles m'ont femblé néceffaires. (1) Par ces combinaifons , j'avois enfin réduit , quoiqu’avec peine, toute la fcience de la Botanique , à des Tables certaines & qui lui étoient ne) Il me reftoit d’en faire ufige & d’éprouver fi j'en retirerois utilité que javois cru pouvoir me flatter d'en attendre. Dans cette vue, j'ai tracé fur un cahier les divifions doncéj'ai parlé; j'ai diftribué les feuillets par colonnes , où j'ai foigneufement configné toutes les dif férences des calices, corolles, &c. Enfin, j'ai eu l'attention de coller au premier feuillet de chaque claffe une étiquette fur laquelle éroit écrit, par exemple , monopétale dipèra trip , Ec. Muni de ce cahier, j'ai parcouru dès le commencement du Printems & pendant l'Eté, les vallons , les montagnes, les forêts, les prairies , les champs, les jardins, les! marais, prenant d'autant plus É plaific dans mes courfes, que je ne pouvois faire un pas, ni fixer mes re- gards fans être par-tout invité à rendre hommage à la toute-puiflance du Créateur par la grande quantité d'animaux, d’infeétes & de plantes que j'avois l’occafion d'admirer. Je faififfois la première fleur qui me tomboit fous la main, je la parcourois des yeux, pour favoir fi elle étoit monopétale, dipétale , &c, 020000 (1) Un Botanifte exercé diflingue fouvent au premier coup-d'œil les plantes des différentes parties du monde, fans qu'il puifle dire précifément à quel figne il s’eft arrêté. Il y a, felon Linneus, quelque dofe de tortueux, de fec & d'obfcur, dans les plantes Africaines ; de fuperbe & d'élevé, dans celles de l'Afie ; de life & de gai , dans celles de l'Amérique ; de rétreci & de dur, dans celles des Alpes. C'eft ce je ne fais quoi, pris dans l'enfemble de l'individu végétal, qu'on nomme habitus plan- tarum , & qui mérite la plus grande attention dans la confidération extérieure des plantes, Note du Traduëfeur, Quand L SUR L'HISITi NATURELLE ET LES ARTS. 273 Quand je m'érois bien affuré fur ce point,, j'examinoïs, à la faveur des titres qui éroient en marge du cahier, la claffe indiquée , étant bien certain de rencontrer la fleur en queftion parmi les genres qu’elle contenoit & que Jj'avois notés. Pour y parvenir , je difcutois d’abord le calice. Si elle n’en avoit pas, j'en étois averti parle figne O, &. le plus fouvent je n'avois déjà plus fous les yeux que 3 ou 4 genres., à l’un defquels devoit néceflairement fe rapporter, la plante que je cherchoïs à connoître. Si elle avoit un calice , je le trouvois marqué fur ma Table avec le nombre de fes feuilles ,, & leurs découpures. Je pañois, dans le même ordre aux corolles , aux étamines, au piftil, &c. D'après cela, il eft facile de juger quelle dut être ma fauisfac- tion , quand par le moyen de mes planches & de mes notes, je me vis à portée de favoir , fans crainte de me tromper, de quelle forte étoit la plante que j’avois pour objet & quel étoit fon nom généri- que. Que dirai-je de plus ? mes Tables ont payé mes travaux d'Hiver, avec ufure, & j'ai vu ; par expérience , avec quelle facilité j'aurois ap- pris la Botanique , fi dans le commencement de mes études j'avois pratiqué cette méthode. Ces Tables font les mêmes que j'ai réfolu de faire graver pour les rendre publiques, je me flatte que le modèle dont je les fais précé- der parlera en leur faveur. (1) Je me fuis propofé trois motifs dans cet ouvrage. Le premier d'offrir à routes fortes de perfonnes un moyen facile de connoître les végé- taux fans être obligé de recourir aux fecours étrangers, qu’on n'eft pas même toujours affuré de trouver à fa portée. Le fecond, de préfenter au Botanifte une méthode pout retracer dans fa mémoire les plantes qu'il a rencontrées & dont il ignore le nom. Le troifième, enfin, d'in- venter une efpèce de pierre de touche, qui défigne clairement, & les genres déjà connus , & ceux dont le hafard peut procurer la décou- verre. Pour y réuflir , fans beaucoup d'application , j'ai jugé à propos de repréfenrer au naturel les caraétères des clafles. Cette connoïflance m'a femblé très-importante & j'en parlerai dans l'introduction de mon ouvrage en expliquant l’ufage des Tables & des figures, (x) L'Auteur avoir joint à fa lettre, un exemple ou deux, tirés de fes Tables, avec une courte inftruétion fur le moyen d'en faire ufage. N'ayant point crouvé les uns & les autres fufifans, je les ai fupprimés dans l'idée d'y fuppléer par une ana- lyfe plus raifonnée & plus étendue. jo J Tome XV, Part, I, 1780. APRIL, Mm 2734 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ces deffins enluminés m'ont paru d'autant plus néceflaires dans le fyftème de Linneus , que les figures dont les ouvrages de ce célèbre Naturalifte font accompagnés , me femblent , d’après ma propre expé- rience , très-obfcures pour ceux qui ne font point encore initiés dans fes principes. J'en appelle à témoin la feizième, la dix-neuvième , la vingrunième, la vingt-deuxième & la vingt-troifième clatfe , fur lef- quelles mes Gravures vont répandre un grand jour. (1) Mais pour conduire , autant qu'il eft poffible , mon travail à fa perfection, je vous prie, Meffieurs, vous & tous ceux qui s'intéreilent à l'avancement de la Botanique, d’avoir la complaifance de me faire connoître , pour le bien de la caufe commune , non-feulement les nouveaux genres des plantes dont le célèbre Linneus n'a point parlé, mais encore , de corriger tout ce qu'il y aura d’erroné ou de défectueux dans mon ouvrage. Daignez au moins, Meffieurs, accueillir favorablement mes foins & ma bonne volonté : veuillez aufi toujours m’honorer de votre ami- ié & de votre bienveillance. A Ratisbonne le 14 Avril 17... Quoiqu'ir foit fans doute facile de fe faire une idée jufte des Fables Sinophyques du Docteur Schæffer, d'après les notions qu'il veut bien en donner lui-même , je crois, cependant, qu'on ne regar- dera pas comme fuperflu que j'entre ici dans une difcuilion plus éten- due de cet ouvrage intérellant, & que j'achève d’en développer le méchanifme & le génie. Quelque aride que foit, en lui-même , ce genre de travail, j'aime à penfer qu'il ne fera point ftérile. L'intérêt qu'on n'a pu s'empêcher de prendre à l'invention ingénieufe du Pro- fefleur de Ratisbonne , m'eft un sûr garant du défir qu’on doit avoir, de connoître plus particulièrement fon ouvrage & de vérifier toute fon utilité. Traçons donc avec confiance l'efquiffe fidèle de ces Tables ; enfei- gnons la manière d’en faire ufage, & rappellons , en palfant, certains détails que l'illufte Schæffer n'avoit fans doute omis, que pour ne point excéder les bornes qu'il s'étoit prefcrires. à La Botanique facilitée (2) comprend les Tables Sexuelles, les Ta- oo (1) Ces Gravures, très-proprement enluminées , fe voyent à la fin de l'introduc- tion à la méthode de l’Auteur. (2) Botanica expediior. Le Doëteur Schæœffer a publié fous ce titre le Recueïl de fes Tables, Le SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS, 2795 bles Univerfelles & les Synonimes. Ces trois parties réunies en feul volume in-8*. très-portatif , devoient néceflairement fe trouver ain rapprochées , fi l'on confidére l'obligation où l’on fe voit fouvent de les confulter tour-à-tour. En effec, quelquefois le nombre des éra- mines & des piftils ef fi facile à déterminer dans certains genres , & le nombre de ces genres fe trouve fi petit dans certaines claffes, ( comme dans la Monandrie, l'Eprandrie & l’Ennéandrie,} que pour les reconnoître promprement , 1l n’eft pas de meilleur moyen que de s'adreffer aux Tables Sexuelles. 11 eft encore indifpenfable d’avoir re- cours à ces mêmes Tables , lorfqu'on rencontre hi. genres donc les calices & les corolles ne font pas toujours révulièrement compofés du même nombre de feuilles, ou chargés du mème nombre d’incifions , attendu que ces variétés embarraffantes , dans les Méthodes de Rivinus & de Tournefort, ne le font point dans celle de Linneus. Mais lorfque le peu de certitude qu'on remarque dans plufieurs genres, relativement au nombre des étamines, fait craindre , avec raifon, quelque méprife, il faut alors avoir recours aux Tables Univerfelles, parce qu'en ce dernier cas , quoiqu'on choififfe pour fondamental le nombre qui fe Préfente le plus fouvent, il en réfulte roujours un grand inconvé-. nient; celui de ne pouvoir trouver ce genre que dans une feule claffe , & de le chercher inutilement routes les fois qu'il fe préfente une excep- tion à la règle générale. S'il éroir befoin d’autorifer ceci par un exem- ple, nous pourrions citer le genre des Po/igrnum , dans lequel il règne une grande variété par rapport au nombre des étamines. Si l’on a deé- terminé le nombre de huit comme le plus fréquent, pour fixer ce genre , le voilà relégué dans la feule Oétandrie. Maintenant, je le de- mande, s'il s'offre à un commençant plus ou moins d’étamines dans un individu de ce genre , ne doit-il pas tomber dans l'erreur, ou s’épuifer en vaines recherches? Il eft donc indifpenfable alors, comme je l'ai déjà dit, de revenir aux Tables Univerfelles, par la raifon que ces fortes d'ambiguirés ne fe préfentent point dans la divifion de Rivinus. Outre ces confidérations , il en eft une autre qui rendoit au moins l'union des deux premières parties de cet Ouvrage , pref- que néceffaire. C’eft le choix exclufif que la plupart des Botaniftes ont fait d’un fyftème particulier, & l'ignorance où ils font de toutes les autres Mérhodes. Eten de leur procurer la facilité de con- fulter, à leur gré, le fyftème Sexuel ou celui des Coroliftes, & même de leur donner l’occafon de les comparer, pour l'avancement de leurs connoïffances. Ainfi , les deux premières parties de l'Ouvrage du Doc- teur Schæœffer , devant fe prêter un mutuel fecours , devoient auf, fuivant les vues de l’Auteur , fe trouver rapprochées dans le même 1780. AVRIL. Mm 2: 276 ‘OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, volume. J'en dis autant de la troifième partie, qu'il faut confulter fi l'on veut s'inftruire, & defcendre du genre à l'efpèce, comme nous le verrons bientôt. Des Tables Sexuelles, Quoique le Docteur Schæœffer ait entièrement fuivi la Méthode de Linneus pour la conftruétion de ces Tables, il a cependant jugé à propos d'établir dans les ordres de ce Naturalifte , des divifions quel- quéfois tirées du nombre des pétales, & quelquefois de la difpofi- uon ou de la forme des fleurs. Ces divifions , qui facilitent extrème- ment la recherche des genres , diftinguent dans chaque ordre les fleurs monopérales , les dipétales, tripérales, les régulières , les irrégulières, celles qui font difpofées en ombelles, les papillonacées , les flaminiées, les graminiées, celles enfin qui font dénuées de calice & de corolle, Mais ce qui mérite fur-tout d'être remarqué dans ces Tables , c'eft qu'on y trouve féparés & décrits, chacun fur ligne refpeétive , cer- tains genres que Linneus avoit cependant réunis dans fes Ouvrages: tels font dans la clafle Pentandrie, les 4/arerna , les Frañnoula , les Zizi- phus , les Paliurus , les Rhammus qu'il avoit tous compris fous le nom de ces derniers. Malgré l'attention de notre Auteur , de ne préfentec aux novices en Potanique, les objets que dans la plus grande clarté, fi l'on voir encore dans cette partie de fon Ouvrage, plufieurs autres genres qu'il n'a point féparés, quoiqu'ils paroïffent d’abord beaucoup différer entr'eux , c’eft que s'étant impofé la loi de fuivre les traces de Linneus, dans la conftruétion des Tables Sexuelles, il n’a voulu s'écarter de {es principes, que lorfqu'il l’a jugé abfolument néceflaire , & que la dificrence lui a paru trop confidérable pour être négligée. Il n'eu étoit pas de même à l'égard des Tables Univerfelles. Celles-ci , ui devoient offrir toutes les parties des plantes , & préfenter pour ainfi de tous les fyflèmes , exigeoient qu'on ifolät tous les genres, qui n'auroient été réunis .que par un feul Botanifte. Aufli, voit-on, dans ces Tables, le benjoin, le camphre fre du laurier; le mufcari de la jacinthe, &c. &c. Il faut cependant faire attention que par-rout où le Docteur Schæffer a fait quelque diftinétion de cette efpèce , il a toujours ajouté, au nom du genre, le numero des Tables Séxuelles , où l’on doit le rapporter felon Linneus. Au furplus , lorfque notre Auteur n'a trouvé que des différences dans la forme des feuilles ou dans celle des racines, fans qu'il s’en foit préfenté de trop confidéra- bles dans le nombre, ou la figure des parties eflentielles , il n’a fait, avec le plus grand nombre des Botaniftes, aucun changement & s’eft contenté d'expliquer, dans les Synonymes, tout ce qu'il pouvoit y de rt L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 277 avoir d’intéreflant à cet égard. Mais revenons à la defcription des Ta= bles Sexuelles. Ces Tables font compoftes de fix colonnes. La première contient le nom du genre ; dans la feconde, on trouve le calice; dans la troifième , la corolle ; la quatrième , renferme le ftigmate, & lorf- qu'il eft nécelfaire après le ftigmate la figure de l'ovaire, du ftile, ou des anthères; on voit dans la cinquième , le péricarpe, & dans la fixiè- me, les femences. Ces fix colonnes ne fufhifant pas pour les fleurs dif- pofées en ombelle, le Doéteur Schæffer en ajoute trois autres. Alors, confervant la première colonne pour le nom générique, la feconde & Ja troifième offrent les ombelles ; la quatrième & la cinquième, les /r- volucrum ; la fixième , le calice ; la feprième & la huitième, les corolles; & la neuvième les femences. L'Auteur a porté la mème attention fur les fleurs papillonacées : celles-ci occupent fept colonnes, dont la pre- mière eft roujours réfervée pour le nom du genre ; la feconde , pour le calice ; mais la troifième, quatrième & cinquième préfentent le pavillon , les ailes & la nacelle ; la fixième, le ftigmate ; & la feprième, "fes femences. D'après ce que je viens d’expofer, & fi l'on veut bien fe rappeller que le nombre des étamines, des piftils & même des pétales, eft exprimé par le vitre des claffes , des ordres & des fous- ordres , on verra que ces Tables renferment toutes les parties des fleurs & des fruits, nécelfaires pour caraétcrifer les plantes. Néanmoins, fi l'on veut prendre une ronnoïflance plus étendue des genres, on trouvera fur une dernière colonne les numéro des Tables Univerfelles, “auquel il faur avoir recours. Quant à l’arrangement des genres dans chaque Table , on à déjà va qu'ils devoient fe fuivre en raifon du nombre de leurs piftils & de leurs pétales, ce qui facilite beaucoup le moyen de les reconnoître ; mais la manière dont ils font infcrits dans leurs ordres refpectifs, achève de fimplifier tellement leur recherche, qu'il n'eft pas poflible d’errer dans cette opération. En effer, les premiers font toujours ceux qui n’ont point de calice, viennent enfuite , ceux qui en ont un mo- nophylle , & qui font rangés fuivant le nombre de fes incifions. Ce même ordre eft obfervé pour les calices diph;lles , triphylles, poli- phylles, & la férie finit par les genres dont le calice eft double , rri- ple, &c. Les fpatha & les fpadix , leur forme, leur couleur fe trou- vent fur le, même alignement; de forte qu'il ne refte rien d’efleniel à defirer, ni pour la clarté , ni pour la méthode. Au refte, chaque colonne expofe avec la mème exactitude les détails qu'elle renferme ; on voit, par exemple , dans la troifième, routes les différences qu'on peut obferver relativement aux corolles & aux neétaires ; la quatrième offre tous les ftigmates , foit entiers, fimples bifides, triñides, doubles, 217$ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, triples, avec les différences qui fe préfentent dans leur forme &c leur ficuation ; la cinquième qui contient les péricarpes enfeigne, s'ils fonc uniloculaires , biloculaires, triloculaires , univalves , bivalves, trival- ves, &c. enfin la fixième colonne , deftinée pour les femences, apprend quel eft leur nombre & afligne leur figure. Tel et, à-peu-près, l'ordre que l'ingénieux Schæffer a mis dans les Tables Sexuelles. On peut s’affurer, par lexcraît ci-joint, combien cet ordre eft fimple & facile à failir, pour quiconque a déjà les premiers élémens de la Botanique. J'ajouterai, que la conftruétion de ces Tables les rendant plus propres que les Univerfelles, à donner une connoif- fince prompte des genres , on doit par le confeil même du Naturalifte de Ratisbonne , étudier particulièrement cette première partie de fon Ouvrage. Tables Univerfelles. Ces Tables, dreffées fuivant un fyftème compofé de ceux de Rivi- nus & de Tournefort, renferment dix-huit clafles, tirées du nombre & de la figure des pétales. Chaque Table eft divifée en douze colon- nes, dont la première contient le nom générique; la feconde, le calice ; la troifième , la corolle ; la quatrième, les filamens; la cinquième, les anthères ; la fixième, l'ovaire ; la feprième , le ftile; la huitième, le ftig- mate ; la neuvième, le péricarpe; la dixième , les femences; la onziè- me , le fexe; & la douzième enfin, de courtes notes , fur les feuilles, les racines, les réceptacles, ou le climat naturel des plantes décrites. Je n’infifterai pas davantage fur la formation de ces Tables, après le compte que leur Auteur en a rendu lui-même. J'obferverai feulement qu'on trouve, à l'extrémité de la defcriprion de chaque plante , le nu- méro des fynonymes qu'il faut confulcer. Synonymes. Cette troifième partie, qui couronne , pour ainfi dire , lOuvrage de l'illuftre Schæffer , ne doit point être regardée comme la moins effentielle, puifqu’elle indique, & la page des Auteurs où l'on doit recourir pour s'inftruire à fonds fur l’efpèce de la plante qu'on a pour objet, & la planche des Ouvrages où lon doit la trouver repréfen- tée. On voit encore, dans cette troifième partie, la différence qu'on peut obferver entre les plantes que certains Botaniftes ont réunies. Enfin, après avoir parcouru le numéro des genres dont on veut pren- dre connoïflance, & confulté les renvois qu'on y trouve , il ne refte SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 2179 abfolument rien à defirer, ni fur les efpèces dont les genres font . compofés, ni fur les diverfes particularités de leur hiftoire. Si l'on a daigné prèrer quelque attention à ce que nous avons dit jufqu’ici , touchant l'ouvrage du Doéteur Schæffer, on a dû , fans doute, entrevoir toute fon utilité, & preflentir les avantages mulripliés qu'il promet aux Amateurs. En effet, dans cette méthode, point de perte de tems à feuillerer, lire , comparer des defcriprions éloignées , ou parcourir en entier, des ouvrages volumineux. Nulle étude, nulle peine pour acquérir la connoïflance des genres : rien d'omis , rien de trop , rien d'inutile; tout eft clair, facile & précis; enforte que pour con- noître une plante, il fuffit d'en confidérer trois ou quatre , lefquelles fe trouvent fi rapprochées, qu'il ne faut pour les diftinguer qu'une attention, même allez légère. Cet Ouvrage doit ètre fur-tout précieux aux Botaniftes, à caufe de la commodité d’en faire ufage dans leurs coutfes. Ils pourront, par fon moyen, fans embarras, fans inconvé- nient, obferver les végétaux fur le fol même où ils font attachés, & prévenir par conféquent Le defléchement des parties délicares des fleurs, Qui dans cer état, ne fe prêtent plus aufh-bien à l’obfervation, Tran- quilles , déformais, fur linfidélité de leur mémoire, ils trouveront dans la poffeflion de ces Tables, une efpèce de regiftre qui leur retracera fa- cilement toutes celles qu'ils ont connues. Enfin, ces Tables feront pour eux, fuivant l’exprefion de l'illuftre Auteur , une pierre de touche, avec laquelle ils pourront s'aflurer fi les plantes font bien décrites ; s'il faut ajouter quelque chofe à ce qu'on en a dit; s'il fe préfente dans l'individu qu’on analyfe quelque particularité remarquable; & sil eft déjà connu ou s'il doit conftituer un nouveau genre. Si nous ajoutons à tous ces avantages , celui de s’accoutumer inénfblement par l’ufage de ces Tables, à favoir s’en pafler , & de fe trouver bientôt en état d'afigner à chaque plante fa claffe , fon genre & fon efpèce dans quelle méthode que ce foit, en faut-il davantage pour nous flatrer de voir un jour, graces au travail du Profeffeur de Ratisbonne, la fcience de la Botanique auffi facile , auffi amufante, auf répandue, que fon étude a été jufqu'à préfent ftérile , ennuyeufe & négligée, Terminons l’efquifle que nous avons tracée des trois parties qui compofent la Botanique facilitée du Docteur Schœffer , par la manière d’en faire ufage. On ne peut foumettre une fleur à l'examen , fans porter fes pre- miers regards fur les étamines ou la corolle. Dans le premier cas, il faut confulter les Tables Sexuelles ; dans le fecond, on doit avoir recours aux Univerfelles. Suppofons qu'on arrête fon attention fur les étamines. Leur nombre eft la première chofe ( premièr exemple des Tables Sexuelles. ) qu’on doive confidérer. Soit la fleur que l’on obferve 280 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, à crois éramines ; il faut alors la chercher dans la troifième claffé des Tables Sexuelles; enfuite, on examinera fi le piftil eft unique, où sil y en a plufieurs. Soic encore la fleur à un feul piftil, vous favez déjà qu'elle doit fe trouver dans le premier ordre de la troifième claffe, & par conféquent dans la Monogynie. Ileft bon d'obferver ici, que toutes les plantes de la Triandrie Monogynie, fe trouvent dans une page, & qu'il n'y a rien de fi facile que de les comparer en- femble , prefque au premier coup-d'œil. Parvenu jufqu'ici je me tourne vers la corolle. Si j'apperçois trois pétales, par exemple, je reconnois qu'il faut négliger les huit premiers genres, parce qu'ils portent des fleurs monopétales: ceci me renvoie donc à la divifion , fur laquelle eft écrit le mor tripérales; & le nombre des genres compris dans cette claffe qui, par l'obfervation du piftil s'étoient réduits , par rapport à celui que je cherche, à 22, ne fe trouve maintenant plus compofé que de $ : que ferai-je alors ? J'examinerai le calice, s’il eft monophylle . j'au- rai 3 genres à étudier; sil ef poliphylle , je n'en aurai que deux: fappofons que le calice {oit monophylle , comptez le nombre de fes incifions. Si, par exemple, vous le trouvez trifide, la plante que vous voulez connoître , eft du genre des Rumpfia , ou des Creorum. Pour les diftinguer l'un de l'autre, il faut alors paffer à la quatrième colonne, & vous trouverez que le premier de ces genres porte un ftigmare à trois angles, tandis que le fecond a le fien fendu en trois; la cinquième colonne vous indiquera encore quelqu'autre différence ; quant au péri= carpe; la fixième , quelqu’autre encore, par rapport aux femences. Ainfi vous connoîtrez, de la manière la plus certaine , quel eft le nom gé- nérique de la fleur que vous avez pour objet. Si, cependant vous vou- lez entrer dans un plus grand détail , le numéro ajouté après la co- lonne des femences , vous indiquera celui des Tables Univerfelles où vous devez vous adreller. Si l'on veur faire ufage des Tables Univerfelles , 1l faut d’abord examiner la corolle pour s’aflurer fi elle eft monopérale ou polipéule, régulière on irrégulière , &c Eft-elle monopétale régulière ? j'ai recours à là première Table & je porte mes regards fur le calice, mais j'ap- perçois que ma fleur en ef dépourvue. Je ne dois donc la chercher que dans le nombre des genres qui n’ont point cette paitie, & qui font notés à la file avec le figne O. Ainf plus de mille genres de plantes fe trouvent par cette feule obfervation réduits à 33. Cependant, je pale à la corolle & je remarque le nombre de fes incifions. Je les trouve au nombre de fix , ce qui m'avertit de defcendre au n°. 14. Alors je dirige mon attention fur les filamens des étamines, ils font pareillement au nombre de fix, donc les n°. 14, 15, 16 doivent être reburés, attendu que le premier en a cinq de plus & les deux autres trois | SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 128% trois de moins. Je trouve enfin, que ma fleur n’a point de ftile; mais un ftigmate allongé , percé dans le fens de- fa longueur & creufé de trois fillons en forme de gouttières. Que faut-il de plus? je trouve feu- lement un genre à qui cette particularité convienne , j'en conclus aufli- tôt que celui que je cherche eft décrit fous le nom de Yucca. ( Voyez fe- cond exemple des Tables Univerfelles. ) Veut-on encore un autre exemple tiré des Tables Univerfelles ? Suppofons que la fleur que j'analyfe ait une corolle pentapétale ré- gulière, confultez la Table X, dans laquelle font confignées ces fortes de fleurs. J'avoue que certe clafle eft forr étendue , puifqu’elle com- prend 1$$ genres ; mais quel travail, quelle perte de tems faudroit-il pour en parcourir un aufli grand nombre, d’après Tournefort, Ludwig ou Linneus, & quelle facilité de s’en rendre maître par la Méthode du Profeileur de Ratisbonne? ( Voyez le troifième exemple des Tables Wniverfelles.) Soit, fi lon veut, le calice de la fleur en queftion monophylle , & découpé en dix: vous ne trouverez dans la clafle entière que deux genres avec un femblable calice & que le refte de leur defcriprion diftingue aifément l’un de l’autre. Le calice eft:1l diphylle? Vous par- viendrez encore plus aifément à ce que vous defirez, puifque le genre des phillis eft le feul qui porte un calice de cette forte. Enfin, fi le calice eft criphylle , il fe préfentera trois genres ; mais, leurs ftigmates, leurs péricarpes, leurs femences & leur fexe confignés dans la huitiè- me, neuvième, dixième & onzième colonne, expotent très-clairement leur différence à la première vue. Ainfi le ftile fimple , la capfule monoloculaire & contenant plufieurs femences, défigne le genre des Célofa : le ftile divifé en trois, la capfule trivalvulaire contenant fix femences, celui des Cupania, Enfin, ce fera celui des Anabafis, fi le file eft divifé en deux parties, & le fruit une baie arrondie contenant une femence. Il ne me refte plus qu'à prouver jufqu'à quel point les defcrip- tions des genres font étendues & combien il eft facile de prendre , par le moyen de ces Tables, une connoïffance très-parfaite de toutes les parties des plantes, Un feul exemple juftifiera tour ce que je puis avoir dit à cer égard. Je choifis l'Arum, plante bifarre & fingulière, par cela même plus difficile à décrire, dont Linneus à nommé la fleur merveilleule & fans pareille, laquelle, ajoute-t-il , a occafñonné de grandes difputes parmi les Botaniites, ( Voyez la troifième partie du quatrième exem- ple.) Nous trouvons à la première colonne des Tables Sexuelles de la Tome XV, Pare. I, 1780. AVRIL. Nn 182 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vingtième claffe , (Ginandria } que la fleur de cette plante n’a point de calice ; mais un fpatha coloré. La feconde colonne nous apprend qu'elle eft apétale & que les éramines n’ont point de filamens. La troifième nous enfeigne que le ftigmate eft velu, que le piftil a plu- fieurs ovaires & point de ftile. La quatrième nous indique que le fruit eft compofé de plufieurs baies à une loge ; & la cinquième nous inftruit qu'il renferme plufeurs femences. Voulons nous en favoir davantage? le numéro 875 nous conduira à la claffe quinzième des Tables Univerfelles qui renferme les fleurs apétales. Nous trouverons l’Arum dans la divifion de cette claffe, où l’on voit les plantes à fleur par- faite apétales. Nous y verrons que le fpatha n’eft compofé que d'une feuille ; qu'il eft large, fait en forme de corner, coloré, & quil tombe avant la maturité du fruit; que la partie fupérieure du fpadix eft nue, l'inférieure féminine & celle du milieu mafculine ; que les étamines n'ont point de filamens , mais des efpèces de nectaires ter- minés en tirebourre filiformes ; qu'on voit plufieurs anthères feflilices à quatre angles, naïffantes du fpadix entre les filets dont nous avons parlé; que les ovaires , fans ftile , enveloppent en grand nombre la bafe du fpadix ; que les ftigmates font velus & barbus ; que le fruit confifte en plufeurs baies globuleufes à une loge ; que les femences font nombreufes & arrondies; enfin, que les efpèces de ce genre font répandues en Europe & dans les autres parties du monde. Ici, l'on trouve encore le numéro 106, qui nous conduit à la dernière partie de l’Ouvrage où nous devons voir non-feulement quels font les genres que Linneus a incorporés avec celui-ci, mais encore quels font les Auteurs à qui nous devons nous adrefler pour defcendre de la connoiffance du genre à celle de l’efpèce. Parvenus au n°. 106 des Synonymes , nous achevonis de nous inf- truire à fond fur tout ce qui concerne l’Arum , en apprenant que Lin- neus a réuni fous le même genre les Arum , les Arifarum , les Dra- cunculus de Tournefort, & les Colocafia de Boerhaave. Qu'au furplus. lArum a les feuilles fagitées & entières; l’Arifarum, la partie fupé- rieure du fpatha colorée, & courbée en avant, ainfi que le fpadix ; le Colocafia les feuilles taillées en bouclier ; enfin, celles du Dracun- culus refendues en plufieurs lanières, & prefque palmées : ces notes font précédées de renvois aux Ouvrages de divers Boraniftes, en indi- quant la PE où ils en font mention & la planche où ils les ont fait repréfenter. Peut-on defirer une defcription plus méthodique, une hiftoire plus complette, mieux circonftanciée? Non fans doute. Il fera toujours étonnant qu'on ait raflemblé les matériaux d’une fcience aufli érendue dans un fi petit efpace , & que ces matériaux puiffent y exifter dans Ë , KA SUR l’'HIST. NATURELLE ETLES ARTS, 28; un tel ordre qu'ils femblent fe préfenter d'eux - mêmes à celui qui cherche à les employer pour l'avancement de fes connoïillances, Maintenant , fi je puis me flatter d'avoir répandu un jour favora- ble fur l'Ouvrage du Docteur Schæffer , & fi cetilluftre Philofophe daigne fourire à mes efforts , je n'ai plus qu'à continuer mes vœux pie voir recueillir le fruit de fes travaux par-tout où l'homme civi- if culrive les Sciences utiles, 17980. AVRIL. Nnz Je. EXEMPLE DES TABLES SEXUELLES. LS nn | CAL AS SE DIGYNIA. MonwopEeTaz|CALIx.|CoroLLa.| STiIGm. [PERICARP. SEM. REGULAR. 43. LYGEUM. o, Spath, 1|2nœsval.min.|1plex. nux 2loc, folit, phyll. l'2fid, 44 IRIS. — , Spath.léf.; liliac;s 3/3fd ; petalif 5\capf. 3/53 val.|plur. vagæ. ref. retc. 2f. 45. CROCUS. —,! 1 Phyll | fid;/œqu|3,ferratsguft. "7; |r 46. OLAX. Integer. 3/;nect. 4-ph.lcapitat. glans. CALMREMEC 47. MELOTHRIA|sdent. 5"; rotat, 3 bacc. interne|plur. IRREGULAR. fida, 48. VALERIANA. lo , Marg.|— / infundi-lcraff. [. ;fid. capf ; xloc.lpappof. f. germ. cor. | bulif. Cac tecta. 49. GLADIOLUS. |—, Spath.|6/; qf 2 lab;l3fid; g. cav. |—” 3” val, lplur. vagæ. liliac. 3gon. fo. ANTHOLYSAI— # —lyalab ,3fl—/reñlex.. | 7 7: 2 jangular. TRIPET. re. 3£ br. —", $r. XIRIS. 2glum. fpic, petal. crenar, 3plexe capf. 3loc 5”, fubrot, im- 3val. Sr E TRIANDRIA. MONOGYNIA. brics 52. RUMPHIA. fid. —! +qu — gon. drup-fulc. nux|nucl. triquet. 3loc. 53. CNEORUM. |—dent. —!! 9. cav ;—fid. ovar.lbacc-loc; 3lfolit. lanc 3lob. ih. $4. ComMELINA. |—phyll. —"2min,nec|1plex. cap£—"sval ne. 2 3 ulc. ÿÿ. TAMARINDUS 4phyll. ” fubulata. |” legum, 1 ;l;. PENTAPET. long. 56. HIRTELLA. |sfid. parv; rofac.|_/ ” villof.ibacc 3 gon. |r. $7. POLYCNEMUM 3phyll l’ealici fimi-lobtufa ftyllmenbr. te-|—, HEXAPET. lium, 2 fid. nuiff. 58. IXIA. © , Spath.|” oblong. |;;fimpl. capf.; 3loc; 3|folir. mullif, æœqu. val.triqu. so. SCH@NUS |iglumlocuft. lo niviinæq.— fid. ° 15 3gon, APETAL. 60. SCIRPUS. |o,Spic.imbri.|o 3capill. (9 15villis brev. GICrPeROS EE are EE =: — —;/' deftitut. QU i 2ftich. 62. CRIOPHORUM.— 3 3 |— — reflexa. |— —; pap. long. 63. ORTEGIA |$phyll = capit. capf.1loc apiclplur. GRAM. 3val. 64 N'ARDUS. o zval. fimplex. o 1;tecta. T A8. ‘l 230. Led. tbe AT9C PAU ve: “#3 al 1 PMnte rt ke CCR “Rive it “etant 40e SA INTAINE - Loniinett CÉRELE 5h AS TLC [:xTTaD De: 0 és ei ds nd eng À DCE: “Ho flesver As nêv Sliige} 20 à ++ a : id are Le br 18 1 2 ; mo gere‘ v TAC à ARE Fe tnt Le 98 ro MHoh 20 PE =: TLEMEE Coye TERRE £ D | el 143 TRES di Enen s Les *"- 6 maté ES rer suae 6er) AT de 2 pu A . ; fe | ’ st À Aie. 1 Het; ER Buse Les Dm ec Fa ri PE +1u 8 1 i6i is FL orne CRE HE Hel4 | ee Ed - | à LE Êr we RE #7} + Fe à L mnt. PINS + Lo RACE: HSE ce OPA 2 AR D DM SAR | | Te | «Un à RAS A L Ve: E : ; BRT que + dns e RQ ARTE: fee Cor DEL doute n: : | ARS: & RAT . 12 in das Er ques GLASS S 1:87 FT PLANTE -MIOMMORP'E TAC" OR "E GNU" LPARYENS: LANTGŒ@ FLORE PERFECTO SIMPLICI. RE GNU AMEL TI MO NI ONPSENT A" INO; | SIN A M TON A PISTILU M. Fran. 6-9 3l in ordin.|6-9 adnat filam. gland 2. Je EXEMPLE DES TABLES UNIVERSELLES, TT GENUS. CAzIx. CoRoOLLA. ANTHER. | OvaRIUM. | STILUS. [| STIGMA.|PERICARP.| SEM. SExUSs. VAItA. drup. 1loc. nucl. 2fid. int. éfid alt, exter nec. tuberc. 3; 2 fetos. 14. CAMPHORA. Boerh. adn°,7, Linn, gandr. 1gy. [Japonia folpyri, ner- vos. alt: 1. longit. ftam}r.obliqun. filiform. 15 fuberat. INp. Syx. 628, so 355- Inn. SYN. 844. 246 366. 58. 15. IRIS. — fpath vag. |6fid liliæ; 3 exter re-l3 pet. refexis in-| 3 reét; oblong, — oblong; infr.|— brevilf. — ;fid; lac. api-caps 3, 5 3 val,lplur, magn. |3/3—". Europ. & cor. flex ; 3 inter crect. cumlenr. recepr. ce 1fid, angul. 16. CRoOCUS. — ! sphilla. HN 3 ere. — cordla brevior ;|— fagitratæ, — fubror, — Jongit. ftam/;; convoluta fer: -"—""; 3lob.| ’’rotund, |—"; Alpes & hr. fubu! filiform. rata. fubror. 17. YUcca. o. 6fid; camp; unguib. co-/6; brevil; reflexa. |6; minim. £. longius ftamlo. 1 pervium; lac.lcaps. 3loc; 3val;lplur; 2na or-l6”; —". Exor. fol ipice acu-| 1168. hœrens-lac maxim. 3 querr, 2fd, 3{ulc. | afid. zangul. dine. lear. Ie EXEMPLE Tant us CBS S-IS EX UNIVERSELLES, CE SE PÉRPAUNER CD RP EN AMEN AS END MRNERGAUREPANREERS: PÉLIANNEMOMEMTMIONR EC PNE RS ESE CHNO; PEL NEARRERIN A Ie OMR IEN GUITAR T. SPAS MINE PRISSETMISEAURN GENUS. GATAX, CoRoOLLA, FrrzAm. ANTHER, [ OVARIUM. | STILUS. [| STIGMA.|PERICARP., SEM. |SEXUS. Varti. 693. PHILLIS. 2phill; vix ulg;lslanceol; obl. revol, 5;capill; cor brevior.| sfimplic;oblong. {15infra rec. o. 25 refleét. fubl;lo fruét. angulstur-|1paralle an-lsand. 2gyn. [Exor. À iteger. germ, infid, vix bafis gnex. patens. bin. oblong. gular, 2na. 92. fi: œ aliis fol inhurfun coll. 696. CELOSIA. 3—5 lac; persirofac; pf acum creét. s{ubl; longitud. co-|— verfatil. — 5 glob. 1; (ubl. rplex. caps loc; glob.nonll; fub.|—" 1". Exor. bicæ Aorum cor fimill, ovar img. rol. ncét. adnat. ciné; horriz, de-| emarg. denf É hifcens, 698. CUPANIA. |5—3 acut pBlpet. calic. minora; or-— longitud. - coroll;|— fubror, — ovar, — fid; min. 35 obtufa. —"—'; 3val. co-léfubr; arill.|—"1", AMERICA plan, biculata, parent. fubul. riac. turbin. camp. cre- 7 7 Il : 122 n ” 122 . pate | 699. ANABASIS. [—"‘obtusfubrot;—" / 3 perfifti— longiora fili-|—;/, — fubrot; acu-|2, 2 bacca fubrot. calice 1; cochleat. |—/2/. MARE (asrum. pat. ovar. form. min. cincta. IVe ExEMPLE ù DES TaAsres CMEBAUSES' I S XX X. SEXUELLES, DES TABLES CAN ANDRE PhOBLEIR AN DIR 17: UNIVERSELLES APET. SERRE ÿ PrRICARP. SEM. TAB. SYNONYMES. Caztx. CoroLLA. ÊTRE UNIV D ARUN. b fpath col, L AL) villos ovar plure bacca plur. 1loc, plur. 875. TON CTI REREUES De nERRNRETSc—, JL à RO C'OMRSESCE SOC PAL A NID IN DNS GO AN JU PLANTE FLORE PERFECTO PANPAELTL ANT VE: Suite du quatrième EXEMPLE. ‘ D . A GENUS. C'A LUI x: FILAM. ANTHER. | Ovanum. | STizus. | STiIGMA. [PERICARP.| SEM. |SExuUSs. VaAira. STAMINS&, ARUNM. 03 fpath. 1phyll; max; cucullat color;o; nedtaria def. in! plurs 4gon. cirris|plur;bafin fpad,|o. Europ. &Exor, cirros filifor, globos. polyadel- phia. decidans (pad, fupra nud inferne femin; med ftam, incerject, 15 villis barbar.lbacc. plur; 1loc;/plur; fubrot. |gynandria; vefticnii. | IN. SN. 106. Pag. 285. Suite du quatrième Exemple. SYNONYMA GENERA PLANTARUM, N°. 106. ARUM. Lin. Gen. N°, 915, p. 964 Sift. N°. 915. Hall. p, 260. Ludov. N°. 810. AruM. Turn. tab, 69. Blackw. tab. 228. Hall. p. 161. ARISARUM. Tourn, tab, 70. Miller, tom, I. p. 74. Corocas14. Bocrh. Dracuneurus. Tourn. tab. 70. Blackw. tab. 269. Miller. tom. Î, pag. 177: Weinm, tab, 472. OBSERVATIO. AruM. T. Folia fagitata , integra. ArisaRUM. T, Spatha cubulofa vencri- cofa ; fuperius cucullata vel galeata, colorata. Spadix incurvus. Antheræ filamentis infiftentes. Cozocasta. B. Folia pelrata. Dracuncuzus. T. Folia multifida, quaf palmata. SUR L'HIST. NATUREIIE ET LES ARTS. 28, nr N'O UV E-A US F ST É ME de Minéralogie; (1) Par M Monner. Fee SQUE tous ceux qui ont traité des fyftèmes de Minéralogie ont confidéré les différentes fubftances de la nature, plutôt par leurs for- mes extérieures , que par leurs qualités propres & par leur analyfe. Bromell & Cronftedt font prefque les feuls qui ; interrogeant de plus près la nature, ont cru qu'il ne fuffifoit pas pour la parfaite connoif- fance d’un corps, de bien diftinguer fon port, fon habillement & fon extérieur , mais qu'il falloit encore faire une attention férieufe à tout ce qui concouroit à leur compoftion. M. Monnet marchant fur leurs traces offre un nouveau fyftème dont la bafe eft l'analyfe chymique. Nous ne difcuterons pas ici la fameufe queftion , fi la Minéralo- gie ne confifte que dans la fcience des formes, ou Si aidant & pro- fitant de la Chymie & de fon flambeau, elle doit en être inféparable ? Perfonne ne peut héfiter. Ces deux études doivent marcher enfemble û elles fe perfeétionneront mutuellement ; & le vrai fyftème de Miné- ralogie fera celui qui fera fondé fur l’une & fur l’autre. S'il eft inté- ‘reflant aux Naturaliftes de pouvoir diftinguer un corps d’un autre, ar fa dureté, fon grain, fa caflure , fa manière de fe comporter avec (pe acides & avec le feu, & fa forme cryftalline | combien n'eft-il pas infiniment plus flatté de favoir que l’un ne différe de l’autre eflen- tiellement que par les principes qui le conftituent? La cryftallifation elle-même dont les formes varices à Pinfini, mais ayant toujours pour bafe l'octaëdre, le cube ou le rhombe > épandent fi fouvent de la con- fufñon entre les fubftances de même nature ; la cryftallifarion , dis-je, peut-elle conduire à des connoiffances certaines & invariables ? L’ana= lyfe chymique au contraire , le fambeau de l'expérience à la main, vous aflure démonftrativement que ces corps fi femblables , fi unifor- . mes ont différentes bafes, divers principes ; & que ceux-ci, qui pa- roiflent fi éloignés font effentiellemenr É mêmes. Ne féparons donc jamais l'étude des formes d'avec celle des compoftions : ce fera l’uni- ee CE (1) A Bouillon, à la Société Typographique, & fe trouve à Paris, chez Jombert, fils aîné, Libraire, rue Dauphine. 386 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que moyen d'avancer à grands pas dans la fcience de la nature, de énétrer dans fon laboratoire, & de lui arracher au moins une partie de fes fecrers. È Le meilleur extrait que nous puiflions faire de l'Ouvrage de M. Mon- net, c'eft de préfenter le Tableau rapproché de fon fyftème , en ajou- tant les caractères qu'il a alignés à chaque fubftance. C'eft aux Savans à l'apprécier. On y trouvéra une infinité d'excellentes obfervations , comme celle-ci fur la trempe du cuivre. ( page 306, Note.) » C'eft » une propriété remarquable de cette fubftance fingulière (l'arfenic) » de donner au cuivre une dureté très-grande , même malgré le mélange » du foufre. C’eft dans cette propriété que M. le Comte de Caylus » & M. de Paw devoient trouver la caufe de la dureté du cuivre & » non dans une trempe de ce métal, qu'il lui eft impoñlible de pren- » dre, & qu'il eft ridicule de fuppofer avoir été exécutée par des » peuples fans induftrie & dans l'état de barbarie. Tous les peuples qui » n'ont pas fu dépouiller entièrement le cuivre de fon arfenic, ont eu » l'avantage d’avoir du cuivre brur très-dur, & plus propre à faire des » inftrumens tranchans, qu’à être employé pour les as auxquels » il fert chez les peuples civilifés «. CLASSE PREMIÈRE GENRE ]J, Genres & Efpèces. Caraëlères, Terre calcaire. A HUE Diffoluble dans tous les acides , de. Efpèce 1 vient chaux aù feu, y perd fonair fixe. Seule & pure,ne fe fond pas. Se vitrifie avec le borax , & le fel mifcrocofmique, LE. Terre calcaire ou craie. »., » Se délaye dans l'eau, & y refte Tale 1. Craie blanche oufriable, farine pendue. Au feu devient brune & chaux, du Ciel. 2. Terre calcaire en malle. 2: II. Terre calcaire ordinaire ou grife, 1. — blanche. 2, — grife ou blanchâtte. 3.— jaune ou ocfacée, Pierre calcaire, £ . Ne fait point feu avec le briquet, fe 3 réduit en chaux facilement. Se diffout LP: ass) 2 aifément dans les acides nitreux & ma- RRISE SR ERIGAREE GES TONER QU rin, difficilement dans l'acide vitriolique 3 primitive, ; quand elles font dans leur état d'agréga- F.— à facettes fparhiques, tion , cryftallines & compaëtes. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 287 Genres & Efpèces. 2.— granuleufe. 3. — à chaux dure & compacte, 4. II, Pierre à chaux commune, & co quillière. 1. — grife & terne. d 2.— en lames plus ou moins min- ces. 3.— jaunâtre ou ocracée. $ So: ‘UL. Pierre calcaire grife ou cendrée, 6. IV. Pierre calcaire, terreufe, Marbres. : - : 7 J. Marbre blanc. 1.— très-blanc à pâte fine, de Carare, Paros, &c. 2.— grenu. 3:— à demi-tranfparent. 4.— d'un blanc mat. "1 HI. Marbres colorés ou compofes. , - Principaux. 1.— rouge-violet ou ocracé. 2. — verdâtre ou à zône verdatre antique. 3. — brun ou bleuñtre, 95 IT. Marbre coquillier. 10. IV. Marbre noir , 5 Ë F 11. V: Marbre de pièces rapportées ou poudingue calcaire, brèche. Pierres calcaires vranfparentes & cryflallifées régulièrement ; fpaths. 12. 1. Spath calcaire blanc. 1,—ftalactites tranfparentes »Opa ques ou très-blanches. 2,— cubique ou rhomboïdal, Caraëteres, Plus pefans que les pierres calcaires ; d’un grain très-fin, fufceptibles d'un beay pol. Leurs couleurs font dues à des ocres & des chaux métalliques, Coloré par la matière inflammable, qui chaffée par la calcination laïfle une pierre grisâtre ou jaunâtre. La moindre aétion du feu les ternit ; fe réduifent en chaux promptement, L'eau-forte les diffour & en dégage beau- coup, d'air fixe. L'acide virriolique le plus fort ne faitque ronger leur fur- face. Pèfen: moins que les autres fub£= tances calcaires, Leur furface eft coujours 188 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Genres & Efpèces. 3. Spath en ère de cloux. 4. — pyramidal. 5-— à crête de coq ou lenticulaire. 6.— à colonnes en pyramides oblongues & coupé en bifeau. 7.— opaque ou laiteux. 8 — grenu & opaque. 9.—cubique ou parallélogramme rhomboïdal , cryftal d’Iflande. 10. — cryftallifé comme l'alun. 11. — mêlé de rofe. 12.— roufsâtre en cryftaux équi< latéraux de Guadanal-Canal. 13e IL. concrétion & dépôt calcaire, oftéo- coles. GENRE Terre calcaire mêlee avec avec Par- gille , marne 6 chifle marneux. TAn I, Marne otife & tendre. GE II. Marne blanche. 16. HIT. Marne grafle ou à foulon. 1. — fine au toucher, grife, 2. — blanchätre. 3.— gris-fombre. 17. IV. Marne folide ou chifte marneux, 1.— grife à gros grains. 2.— fine & blanchâtre, 3: — jaunâtre, GENRE Terre calcaire folidifiée avec la terre quartzeufe ou le fable, Tuf ou pierre de taille. . - + + 18. L Tuf groflier & fablonnçux ; moc- Caraëtères. fpathique, c'eft-à-dire, quarrée ou rhom- boïdale ; fufñbles à un grand feu fuivant M, Darcet. II. S'exfolient à l'air libre , s’imbibent d'humidité , ont une odeur argilleufe. Se durciflent au feu & s'y fondent. Les acides les attaquent plus ou moins en rai- fon de leur terre calçaire. Compofée de lames. Peu d'effervel- cence avec’ les acides. Se gonfle à l'hu- midité. S'exfolie à l'air. Se fond au feu aflez vire en fe bourfouffiant, BAC D'un grain groflier & terreux. Plus ou moins ocracée. S'endurcit à l'air, &c s'y exfolie après. Humeétée répand une odeur argilleufe, L'eau-forte la diffout lons ; SUR L’HIST, NATURELLE ET LES ARTS. Genres & Efpèces. lons , pierres de taille. 19. Il. Pierre tuffacée fine en lames. . 20. IT. Pierre tuffacée grife. 21, IV. Tuf granuleux & uniforme. Pier- re LA Lierre ou de Liais. 21. V. Pierre tuffacée dure. Faux grès. GENRE Terre calcaire combinée avec Le Joufre. = ; : 22e I. Spath pefant blanc. 1.— très-blanc , un peu tranfpa- rent. 2.— opaque _ou laiteux. 3. — grisârre , ou d’un blanc fale. 4.— feuilleté, très-opaque, pierre de Bologne. 5$-— couleur de rofe. 24. IL. Spath pefant vitreux. : : : 26: II. Pierre de porc ou pierre puante. 26. IV. Pierre de foie. Cronfledr. : . GENRE Terres arpilleufes. Ê ; ; ge EL. Argille blanche & tenace ; bol blanc; terre à pipe. 28. IL Argille grife ou terre à Potier ; Tome XV, Part. I. 1780. 289 Caraëleres. en laiffant le fable. Se calcine aifément, tombe en pouflière fans faire de la chaux en male , elle fe détériore, Le tuf n°, r. eft compofé des} deterre calcaire, Le n°. 4. d'E de parties quart- zeufes. Le n°. $. contient tant de quartz qu'il fait quelquefois feu avec le briquet. NV Très-pefante, Les acides n'ont d'effet fur elle qu’à chaud. Calcinée , elle fait cffervelcence avec eux & répand une odeur de foie de foufre. Lefivée, elle donne un vrai foie de foufre , terreux. Phofphorique après une légère calcina- tion, Très-réfraétaire, Calciné , il fait effer. vefcence avec les acides. Contient du foufre & une portion de terre argilleufe. Suivant Cronftedr., c'eft une combinai- fon de l'acide vitriolique , de la terre cal. caire & de la matière inflammable. Elle contient encore une portion de terre argilleufe. Frottée, elle répandune odeur de poudre à canon. V. Tenaces & favonneufes ; reftent fufpen- dues dans l'eau. Diffolubles dans les aci- des, mais fans effervefcence. Se refferrent au’ feu. Ont une odeur propre. Empâtent la languc. AVRIL. Oo 290 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Genres & Efpèces. argille commune. 29: e NI. Terre graffe des mines ,ouargille des mines. Lerren ; Cluft des Allemands:01, 1er en 30. IV. Terre ou pierre favonneufe;fmec- MT RENTE L CARE 21° V. Argille noire & folide , crayon noir, pierre de Charpentier. . 32e 2 VI. Argille rouge, ou fanguine. + Caralères. Se Jaife paîtrir aifément ; contient beaucoup de parties martiales, quelque- fois du vitriol ou du foufre. Se trouve dans les montagnes à mines & les filons. Se diffout dans l'eau , fe tient égale- PE fufpendue par-rout & la fait moul- er. Une matière inflammable jointe à de la chaux de fer, eft le principe de fa couleur, Elle eft privée de matière inflammable & contient beaucoup plus de fer, GENRE VI. CArgille unie avec le fable & la chaux de fer, ou serre argilleufe sèche. 33 \ L. Terre argilleufe, blanche & fria- ble; Caolin , terre à porcelaine, deSaint-Vrier, en Limoufin. . 34. Ir. Terre bolaire, argille sèche, bol d'Arménie. 5 sé s À n UI. Terre jaune, ou terre à four. : 36% IV. Tripoli , ou terre A DOUES = ie 1.— en terre sèche grife. 2. — jaune. 3.— rougetre, GENRE Des terres & des pierres qui font le réfultat de l'union de la terre argilleufe avec la terre quart- zeufe Glefer. + + ‘ Contient plus de deux tiers de véritae ble terre quartzeufe & beaucoup de grains de feldt-fpath. Contient plus des trois quarts d'un fa- ble fin & une portion de terre martiale, \X Ne s’amollit pas dans l'eau; entreen fuñon avec le borax ; la terre quartzeu. fe y eft intimément unie à la terre ar- gilleufe. ( Entre en fufon fans addition ; Darcet. ) VAT: Plus ou moins fufbles ; forment des matières fcoriées , virreufes & noires, Les acides les atraquent, en diflolvene la terre propre au fel d'epfom & la bafe del'alun. Sc divifent en lames, Genres & Efpèces.t 37° L Chyte uni & à lames ; ardoife or- dinaire. : : > : 1. —ardoife noire. 2.— ardoife bleuâtre fine. 3.— grife & à grains grofliers, 4. — ardoife de carreaux. 33. IL. Chyte friable & groffier . : : 39. II. Chyte des mines, ou chyte des montagnes. . ë - . 4c. IV. Chyte dur & uni; cos Rite de touche, ou pierre à rafoir. . 1. — pierre de touche noire. 2.— pierre de touche rouge. 3. — cos gris & à grains fenfibles. 4. — pierre à rafoir verdätre. 5. — pierre à rafoir blanchatre ou jaunâtre. 41. V, Cos dur, bazalte, pierre d’ache ou d’enclume. | a 4 1.— bazalte noir. 2. — bazalte gris. $- — bazalte tacheté. 42. VI. Choerl des roches; bazalte verd deiCronftede im 4 1. — Choerl en mafñle , en lames d'un verd fombre. 2.— ftrié, aiguillé comme l’af- befte. > GENRE Terres & pierres qui font le réfultat de la combinaifon du foufre , avec la terre argilleufe & La terre du [el d'epfom. Chyte in- forme, Mine d'alun, 1780. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 297 Caraitères, Se divife en lamelles. Ne s'imbibe pas d'humidité quand elle eft bonne ; eft fonore, Contient plus de parties quartzeufes; fe gonfle à l'humidité, fe brie facile- ment & {€ réduit en pouflière. Contient plus de quartz que de terre argilleufe. Dur & ferré, febrife en malle, d’une couleur fombre, rougit au feu. Doux au toucher, mais ferme, coms pacte & renace. Reçoit l'empreinte des métaux, Contient plus de parties quartzeu- fes que l'efpèce précédente, Prend un très-beau poli, Verd , aiguillé, ftrié divergeant du centre à la circonférence. Très-tendre H coloré par du fer. Se fond au grand feu & donne une matière fcoriée noire, VAT, Friables , grifes ou blanches ; à l'air AVRIL, Oo2 192 Genrès & Efpèces. 43. J. Mine d'alun & 4 fel d’epfom. 44. 11. Mine d’alun blanche. GENRE Terres & pierres qui font le réfultat de la combinaifon de la matière pyriteufe , avec La terre aroilleufe 6 la bafe du fèl d’epfom; mines d'alun € de [el d’epfom. . . 4... I. Mine d’alun ordinaire. 46. NM. Chyte noir & pyriteux, ardoife friable. GENRE Pierres compofées d'arpille , de quartz , de la terre bafe du el d'epfom, avec très-peu de fer. 47- L Pierre ollaire ou pierre de lard ; ftéatires ou fpeckftein des Alle- mands. ë : : : 1.— pierre ollaire grife, tirant fur le verd de la Chine. 2.— noire & noirâtre. 3. — féatire ferme & dure, pierre de lard. 4. — pierre ollaire tendre ou ter- reute Wie ne g $:— rouge ou rougeâtre. 43. IT. Serpentine ou colubrine. . . 1.— friable grife. 49: III. Colubrine dure; ferpentine du- re; gabre ou trap des Pyrénées. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Carailères. elle s'efleuriffent. Au feu perdent leur foufre, (e reflerrent ; l’eau diffout leur fel, évaporée elle fournit des cryftaux d’aluñ & de fel d'epfom. IUXE Ne différent des précédentes que par la mâtière pyriteufe qui en fait la bafe. Xe Apparentes-favonneufes, fe refferrent au feu , s’y vicrifient plus ou moins, Con- tiennent de la chaux de Mars ; réduites en poudre & bouillies avec l'acide vi- triolique, cet acide diffout la terre du fel d'epfom & de l'argile. Douce & favonneufe au toucher; le grain infenfble , (e refferre au feu & de- vient rougeâtre,, & s’y durcit. Différe des précédentes par fon uiflu & fon apparence terreufe ; fe taille & fe tourne facilement. Toutes les qualités de la précédente , elle fe laiffe mieux tailler qu’elle, elle doit fon nom à fes mouchetures. Plus dure & plus folide que les pré- cédentes, d'un gris fombre, tacheté de gris & de noir; prend un beau poli. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS, Genres & Efpèces. GENRE Pierres compoftes d’une terre par- ticulière, de quartz € de La chaux de fer, combinées enfemble très- intimement. à ADS CINE $0. I. Talc , ou terre talqueufe. 1.— blanc, talc de Venife, 2.— verdâtre. . À . 3:— jaunâtre , de Briançon, 4.— des mines, Micas , ou talc vitreux. . ILE IT. Mica vitreux, verre de Rufle, . 1.— beau verre. 2.— couleur de nacre de perle, argent de chat des Allemands. 52. UT. Mica coloré. . Sax si 1. — jaune , ou or de chat. 2.— gris ou terreux. 3- — noir, 3. IV. Molybdene, fauffe galene, plom- bagine. À 6 ; : 1. — fine, crayon fin. 2. — groffère, 54: V. Asbefte, : ? 1. — fibreufe d’un beau blanc. 2.—en malle, grife ou jaunâtre, Ge VI. Amiante. “ 3 at 1. — à longues fibres pliantes, lin foffile, 2. — en roche. 3* — en malle feuilletée, féxible, Liége de montagne, 293 Caralères. X I Friables & réfractaires au feu. La terre quartzeufe eft tellement unie avec la chaux de fer, qu'elle y eft méconnoiffable, Blanc ou jaune, compolé de feuillets flexibles & très-peu adhérens entr'eux. L'acide nitreux chauffé deffas ÿ devient épais & oléagineux. Se fond à un très- grand feu. Plus ferrugineux que l’efpèce précé- dente. Les acides en diflolvent davanta- ge. Se fondent plus aifémenr. Le tou. cher plus rude & moins gras. Le plus beau & le plus pur de tous, Le plus commun, très - rude au tou cher, plus terne, plus terreux & plus caflant. Contient plus de chaux de fer, ŒE plus foluble dans l'eau-forte > & plus fufble au feu, Grife , quelquefois brillante , douce au toucher, contient des parties. mica- cées, teint les doigts, fe délaie & s'étend avec facilité dans l'eau & dans l'huile, ne contient point de plomb , imprime un fentimént de fraîcheur aux mains. Compofé de fibres roides, dures & caffantes , très-pefant, contient du fer uni à la terre quartzeufc, Indifloluble dans les acides, Compolé de fibres Aéxibles & très- fines. Contient moins de fer, Indifloluble dans les acides. 294 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Genres & Efpèces. GENRE Pierres compofes de beaucoup de quartz , de terre aroilleufe | de bafe du fel d'epfom, & d'une très- petite portion de terre calcaire. $C 1. Feldfpath des Allemands. Perunfé des François, ou pierre à por- celaine. t s ‘ . GENRE Pierres compofees de terre quartz- geufe, de la bafe du fel d'epfom, 6 dela chaux, rule 57e L. Pifolite ou pierre fpathique de Sainte-Marie aux Mines. GENRE Pierres compofées de quartz & de cerre bafe de l’alun. Zéolites ou pierres écumantes … (CE I. Zéolite blanche. $9: IL Zéolite opaque & terne, gaer/fen des Suédois, 60. HI. Zéolite bleue, lapis-lazuli , ou ierre bleue. 1. — beau bleu tirant fur le violet. 2.— groflière , bleu pâle , pierre d'Arménie. 3.— lapis terreux du Puy en Velay. GENRE Pierres compofces d'une terre parti- culière 6 colorées par le fer, :. Gr, L, Sparh fuñble verd ou fluor, Caraëleres, XII. Un peu de feu avec le briquet. Plus ou moins blanc, opaque , fe trouve dans les granits, fe divile rhomboïdalement. XIII Fait feu avec le briquet , effervefcence avec les acides , d’un tuffu dur & folide ; caflure fpathique , contient beaucoup de fer; au feu devient d’un brun fombre, s’y gerce, & fe fond en un verre opaque & brun. XIV, Forment une gelée avec les acides, ne font point feu avec le briquet. Se fon- dent facilement avec le borax , & méme feules à un feu violent, X V. Très-fufibles, d'un tiflu tendre demi- tranfparentes , colorées en bleu, verd ou violet, Avec l'acide vivriolique concens NT ÿ 4, 1% SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Genres & Efpèces. 1. — verdâtre à petits cryftaux tranfparens. 2.— d'un verd foncé , faufle émeraude. | 3+— verd-jaunâtre de Giromany. 62. IL. Spath fluor mat & friable ; fluor des roches, . . : 1.— violet, fauffe améchifte, 2. — verd fombre , faufle éme- râude. 3.— blanc. GENRE Manganif. , : < 3 3 . I. Manganèfe brune maflive. 1. — violette , ou brun tirant fur le violet. 2.— grife, pierre de Périgueux. G4. IT. Manganèfe blanche de N: orvège. GENRE Pierre de corne ou roche de corne. | Gs. I. Pierre de corne claire ou jaunâtre, 66. IT. Pierre de corne fombre, 67. j IL. Pierre de corne cryftallifée; ba- falte des roches. SARA 1.— cryftallifée ou belles aiguil- les prifmatiques ou pyramida- les. k 2.— verte ou verdâtre cryftalli- fée en aiguilles, 295 Caraëtères. tré, leur terre monte avec cet acide en forme de fel. Au feu elles jettent une lumière phofphorique paflagère, Un peu plus pefantes que certaines Pierres, moins que les fpaths pefans, Plus léger , plus tendre &plus fufi« ble que le précédent. XVI. Colore en cramoifi les fubftahces (a lines & le verre ; fe fond avec le borax & donne un verre tranfparent rougcâtre, avec le fel microcofmique un verré d'un . Touge cramoifi qui tombe en pouflière à l'air ; avec l'alkali fixe un verre violet ; avec les verres de plomb, an rouge brun. Avec les acides point d'éffervefcence, L'a- cide nitreux en diflout une terre qui lui eft propre, que l'alkali précipite. Elle clarifie la matière du verre ; & détonnée avec le nitre elle donne avec l’eau une leflive d'une belle couleur violetre, XVII, Très-dure, fait feu avec le briquet, fe divile em éclat comme le quartz, prend l'empreinte des métaux comme les pierres de touche , fe divife au feu, Contient fouvent du fer, Toujours crÿftallifée en aiguilles où en colonnes prifmatiques; unie & lui- fante , fait fu avec le briquet, 296 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Genres & Efpèces. Caraëlères. GENRE XVIII, Pierre & terre quartzeuf, . « + Dure, folide, fair feu avec lebriquer, entre facilement en fufion avec l’alkali fixe, y donne des matières vitriformes plus où moins tranfparentes, 1. Silex; pierre à fufil ; cailloux. 1.— jaunûtre, pierre à fufil ordi- naire. 2.— rougeatre de Nonancourt, 3. — noir, 4. — gris tirant fur l’agathe. 69° ; D’ À s fine que le filex , plus IL, Aarhess | 2 0 ie. sn te inde 1.— grifes, blanchâtres,ouäraies eux plus fin; prennent un plus beau blanches. poli. 2.— à veines rouges, noires & jaunes. 3.— jafpée. 4.— couleur d’ambre. s-— colorée comme la calcédoine. 6.— à demi-tranfparente avec des nuances d’un jaune de flamme. 7.— d’un fombre rouge ou violer, & à demi-tranfparente. 8. — cryftallifée criangulairement d'Orberftein. 70. III. Opale, pierre élémentaire, gira- ol. £ : 4 PP Plus légère & auffi dure que l'agathe ; 1.— couleur d'olive ; au foleil taillée, réféchit les raÿons de lumière rouge de cubis 2 fous diverfes couleurs. 2.— blanche. 3. — variée , opale orientale. 4.—couleur de lait , d'Ebenftock en Saxe, 5: — bleuâtre , demi-diaphane. G.— fombre & tranfparente. Œil dechat, 71. IV. Onix. : À È à Ne différe de l'agathe que par Les vei- 1.— couleur de gérofle , à bord, nes parallèles, droites ou courbes. couleur de chair pâle. 2. — noirâtre à raies blanches, É onix orientale, V. Calcédoine SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Genres & Efpèces. 2 7 . V,. Calcédoine ou cachelons, , :. 1. — blanche non tranfparente , vrais cachelons, 2.— gris-bleuâtre, 3. — gris-verdâtre. VI. Canniole ou cornaline. : 5 1.— d'un rouge un peu pâle & à demi-tranfparente. 2. — d'un rouge jaunâtre. 3.— d’une couleur fombre ou » LA d'un fang figé, 74. VIL Sarde ou fardoine,. 5 5 1. — fardoine grife, 2, — blanchôtre avec des figures arborifiques; Mochus ou pierre de Mocca. 75° VIIL Jade , ou pierre néphrétique. ; î 76. D 0 PTT NE An SERRE 1.— pur & feuri. 2.— jaune avec des taches bleues ou vertes, 3.— linpur ou terne. GENRE Quartz, Cailloux. . 77. L Quatrz vitreux & tranfparent ; cryftal de roche. - y J.— quartz vitreux ordinaire , quartz en roche , cryftal de Madagafcar. 2.— cryftal de roche. 3. — quartz roulé , cryftal de Cayenne. 4:77 d'Alençon & de Bohème. Tome XV, Pare, 1. 1730, 297, Caraitères. D'un blahc grisâtre , plus ou moins tranfparente, plus friable que l'onix &c plus dure que l'agathe; reffemble à un mélange de lait & d'eau. Ne différe de l'agathe que par fa cou, leux de chair ou de fang. Semble être compofée de calcédoine &c de cornaline , un fond de couleur fau- ve où d’ambre, entremêlée de raies ow de nuances d'un rouge brun. D'un verd d'olive, elle a un œil gras ‘& comme huileux, fait feu au briquet, &c. A un tiflu groflier comme on le voit dans fa caflure. É Gris, blanchâtre ou verdâtre, mêlé de différentes taches de rouge & de brun, qui n'eft que du quartz, fe vitrifie fans addition, contient beaucoup de chaux de fer, s XIX. Se fond très-facilement avec l'alkali fixe & forme avec lui ün verre tranfpa- rent. Inattaquable aux acides , fair feu avec le briquet , caflure vitreule. éclate dans l'eau après la calcination, ” :38 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : Genres @E fpèces. à] 78. M, Quättz Eucryfal colofér © 2, a L, — en violet, amechyfte. 2.— en bleu, faux faphir. 3. — en rouge, faux rubis. 4.— en verd - clair , fauffe éme- raude, sBoD 1 hoyo IL. Quartz. opaque: Gb: ë 1. — pris & jaunâtre. 2,— blanc un peu vitreux. So, IV. Quartz tendre. .a.— cryftallifé en pyramides ; “drufèr ‘des Allemands. : ‘2, —en quarrés longs, en Auver- gne près Langeac, 5, , 3.— grenu comme le fucre. 81. V. Quartz impur ou groflier. VI Quartz latteux. É 53. VII. Quartz des mines; filex des montagnes, de Cronftedr.Pierre dé corne, pécrofilex. = 84. VIIL Quartz huileux , gras au tou- cher , pierre de larda ste 2 $ $ 1 64 : IX: Quartz vermoulu ,-ou pierre Meulière. 86. “X Quartz en grains, OU gIès. + * 1. — grès blanchâtre à grains fer- rés. 2. — grès en ftalagmites. 3. — grès à Rémouleurs. 4.— grès groflier. 8 7 XI. grès dur ; grès primitif. Ecaille de mer des ouvriers.de Paris. . i + Caractères. A la chauxde fer pour bafe 8 non pas pour principe de fes couleurs, la ma- è Chauffé il fière colorahte lui eft unie. perd fes couleurs. . Fiotté contre un morceau de même nature , donne une odeur particulière avec une lumière phofphorique. Doux au toucher , imprime un fenti- x : A ment de fraîcheur , luifant & vieux: A demi-tranfparent, Gris, fouvent taché par deil'ochre ; caflure grenue , plus ou moins friable, | Très dur, fon grain infenfblé: Fe : à , SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Genres & Efpèces. GENRE Pierres précieufes, 88. I. Diamant. ; $ : 1g— Parfaitement blanc, 2.— un peufombre. 3- — jaune. 7 89. IL. Rubis ou diamant rouge, 1. — oriental, efcarboucle, 2. — balai. s : D: 3. — fpinelle. ; : - 4. — tubicel, : . q : 90. * AE Saphir. 2°”, 2 ANS É 1. — oriental. : = . 2. — pale, occidental, : . . 91 dVorlmeude. . snhleg Vtt : 2 1,— d’un beau verd de pré; orien- tale. } 2,— d’un verd un peu jaunâtre ; occidentale. 92. V.Topaze.. … À : 1. — d'un beau jaune citron. 2.— enfumée, d'un jaune fombre. 3:— nébuleufe ou opaque. … * 93 À VI. Chryfolite, . . 1.— d'un verd, ou d’un jaune ver-, dâtre. 2.— d’un verd de poireau. 3:— d’un fond jaune & fombre ;* Cryfopras. 94. VIT, Aigue marine, ou beril. . 1780. AVRIL, 299 Caraëtères. X X. Beaucoup plus pefantes que les piertes quartzeufes , beaucoup plus dures, ne fe combinent point avec l’alkali fixe pour former du verre. Leur partie terreufe n'eft pas li même que le principe quart- Zzeux. Elles doivent quelques-unes de leur couleur au fer. Se détruit au feu & brûle comme un phofphore enflammé. Rouge, réfifte au feu & y garde {a couleur. Rouge de pourpre. Rouge pale ou de chair. Rouge très‘pâle, mélé de‘blanc: Rouge jaunâtre, couleur de paille, Bleu, perd [a couleur au feu, Bleu d'indigo, ” Pâle, bleu célefte. “ Verte ; chauffée fortement -elle paroït bleue & lumineule , & reprend fa cou- leur en refroidiffant. Jaune , perd fa couleur jaune en feu ; devient blanche & tçanfparente, Celle du Bréfil devient rouge. "Jaune verdârre, plus tendre que la to- paze. ‘a Verd'dé mer, P'p'=z: A "300 Genres & Efpèces. Sie VHS Amechite 40 AS ; 1.— d’un beau violet tirant fur le pourpre. 2.— couleur de lilas. 96. IX, Grenat. : Ë ; Ë 1.— d'un rouge de fang & tranf- parent. 2.— d’un rouge fombre peutranf- parent. 3.— d'un rouge jeunâtre opaque. 97- X. Hyacinthe. . ; À 5 98. XI. Tourmaline. 2640, é GENRE Roches ou pierres fur-compofées. 99° E. Roche fableufe compofée. . : - 100. IT. Roche calcaire ou grès calcaire. . 101. IT. Roche calcaire , argilleufe & très- ferrugineufe, ophir de Cron- ftedt. . ait : $ 102. IV. Roche quartzeufe micacée. 103. V. Roche feuilletée & micacée. | 1.— grife ou noirâtre. 2.— gris-blanc , gneis des Alle- mands. 3.— grife & dont les parties font | irrégulièrement arrangées, 104. VI. Roche compofée de choerl & de quartz. OSBERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Carailères. Violette, plus pere & plus dure que Ja faufle améthifte. Rouge foncé, plus dur & plus pefane ue l'améthifte, fe fond & fe réduit en Robe ferrugineufe. Contient beaucoup de chaux de Mars. Li Jaune rougeître ocracée, inférieure am grenat en folidité & en dureté , fe fond au feu. Demi-tranfparente, d'un jaune obfeur tenant du verd & du noir. Chauffée elle devient électrique. X°X I. D'un gris-blanc ; partie quartzeufés & argilleufes plus ou moins fines , peu de feu avec le briquet. Mélange de parties quartzeufes & cal- caires, mêlé de mica. Point de feu avec le brique. Grain très-fin , fufceptible de poli, fe fond au feu. Mélange de quartz & de miça, jaune ou rouge , très-réfradtairé, — SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 301 Genres & Efpèces. x.toche avecdes aiguilles très-groffes de choerl verd , entremélé de quartz tendre. 2.— avec du choerl noir ou noi- râtre , rayonné & difpofé en. tout fens. 3. — avec du choerl jaunâtre. 10 $ . VII. Roche graniteufe , ou granit à grandes parties. 106. VIIL Granit à fines parties ou à pe- tits grains; chyte gramiteux. + 107. IX. Granit varié. 108, X. Granit avec de petites parties de choerl gris ou verdatre. 109. XI. Granit avec du feld-fpath, où pierre à porcelaine. 110. XII. Roche graniteufe avec du jafpe & de la roche de corne. Mae DIE Pürphires qu Pat EE 3 1.— granulé à points gris & rouge. 2. — uni, dont on ne diftingue pas les parties. 3. — gris à parties diftinétes & tacheté de noir. 112. XIV. Roche compofée de parties ufées, de cailloux, de filex & d’agathes ; poudingues. 113. XV. Roche compofée de fragmens de diverfes efpèces de pierres, x— fragmens de filex , quartz ferrugineux , grès dur. 2.— cailloux , ou gallets unis & confondus dans un fable gris & rougeâtre, Caraitères, Mélange de quartz & de mica à égale proportion, unis intimément par une matière argilleufe, Se délire à l'air, Tacheté de points de diverfes couleurs fur un fond rouge d'ocre, quelquefois du verd & du noir, 302 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, EL NE CL A.SISdE | S'EC'OMNNERE: Genres & Efpèces. Caraëères. Mines & Métaux. « + Ils fe préfentent fous trois formes a métallique ou métaux vierges 5 terreufe GENRE I. ou en chaux naturelle, minéralifée ou Mine Por combinée avec Le foufre ou Ll’arfenic. Efpèce x: I. Or vierge , or natif. 1. — en grains angulaires. 2.— enlozange quadrangulaire ; octogone, pyramidal, gros com- me des dés à jouer; des mines de Hongrie. 3. — en branches ou ramifié. 4. — en feuilles ou paillettes. 2 {L. Mine d’or grife, ou mine de Tran: fylvanie. . : k .. D'ungris plus ou moins fombre , en 3: Ro mafle informe, d'un : » : s tiflu tendre, fe laifle couper au couteau. UT. Mise QE ÉEenen à PPT Compofé de plomb, des d'argent, de aurifere, or combiné avec 16 fr, de foufre & d’arfenic. Chauffée lé- foufre & le fer, gèrement l'or fuinte en forme de glo- bules. Diffoluble dans les acides ; 18 à 20 lots d'or au quintal. à GENRE JIlI Mines d'argent, . S % [. Argent vierge. . Ans 5 D'un blanc jaunâtre. 1.—en malle. 2.—en grains difféminés dans de la gangue. 3. — fous forme d’écailles ou de feuillers appliqués, ou incruf- tés féparément dans de la gan- gue. 4. — en cheveux, ou en filets com: me tricottés. ÿ-— ramifés ou en branches, SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Genres & Efpèces. $+ 1. Argent arfenical ftrié, de Quada- nal-Canal. : 6. JT. Argent arfenical qui fe laifle couper au couteau. « À | 7. IV. Mine d'argent blanche , ou ar- gent combiné avec l’arfenic & TEST eu $ ; 1.— fombre, compofée de lames ou d’aiguilles ou en mafle in- forme. 2. — femblable à la corne de co- balt métallique. . . ; 3-— très-brillante. 8. V. Mine d'argent blanche fulphu- reufe. Weifoildenerz des Alle- mands. 2 : ; 9e VI. Mine d'argent rouge , ou argent combiné avec l'arfenic & le foufre. . À : 1. — en mafle informe, d'un rouge fombre. ; AE < 2.— cryftallifée régulièrement. 3. — en feuilles, ou enduits fu- perficiels fur de la ganguequart- zeufe. ‘ . 5 = » 10. VIT. Mine d’argent cornée, ou com- binaifon de l'argent avec l'acide marin. . : $ « 1.— demi-tranfparente couleur de perle. 2.— grife friable ou pulvéru- lente. : dns J 3«— noirâtre 303 Carailères. Contient quelques parties ferrugineu. Les. 95 livres au quintal. Ne différe du précédent que parce qu'il eft en lames. La plus riche tient 7 onces au quintal. Affez blanche , Juifante | l'eau-forte Ja diffout entièrement. La plus riche 20 marcs au quintal. Un peu fombre , friable , d'une tex- ture moins ferrée. Se fond avec facilité + donne depuis 18 jufqu'a 30 marcs au quintal. Tres-friable , fe fond facilement, fe ger- ce & décrépite au premier feu. De 60 à 70 livres d'argent au quintal. La plus fombre & la plus riche. La plus pauvre: Couleur de corne à l'extérieur &.blan: che à l'intérieur , fe fond facilement. Elle tient de $o à 60 livres au quintal. Elle tient, un peu de fer. Lorfqu'on pañle la lame d'un couteau deflus , elle prend un poli luifant, fe ternit aifémen à l'air & y devient d’un violet (ombre, 304 Genres & Efpèces. 11. VII. Mine d'argent vitreufe , glas- erz des Allemands, combinai- fon de l'argent avec le foufre. 1. — molle & flexible. 2. — d'un gris fombre. 3. — noire. 12. IX. Mine d'argent vitreufe arfeni- cale, ou combinaifon de l’ar- gent avec le foufre & l’arfenic. 13e X. Mine d'argent brune, ou com- binaifon de l'argent avec le foufre , l’arfenic, le fer & le cobalt. : : : 14 XI. Mine d'argent antimoniée , ou nt de l'argent avec le foufre , l'antimoine, l’arfenie & le fer, : . 5 15. Mine d'argent antimoniée cui- vreufe, de M. Cronftedt. 16. XIL.-Mine d'argent grife nommée par les Allemands Fahlerz, ou argent combiné avec le foufre, l'arfenic & le cuivre. : 3. — d'un gris très-fombre , de Giromany. 2.— d’un gris plus clair, deSainte- Marie-aux-Mines. 3. — couleur argentine & très-fle- xible. 17: XI. Mine d'argent grife antimo- nice, 3 Ê à ‘ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Caractères, La plus riche de toute, tient plus des trois quarts de fon poids d'argent; fle+ xible, fe laifle couper au couteau, £ fond très-facilement, contient une très- petite quantité de fer, . S'effleurit & fe ternit à l'air , moine riche que la! précédente. Ne différe de la précédente que par un peu de cobalt qu'elle tient. Moins riche encore. La plus légère & la plus friable des mines, grife ou grisètre, en aiguilles fort fines. La plus commune & la plus abon- dante. Très-dure. Grife, plus ou moins brillante, Mañive , dure, folide, d'un gris tirant fur le bleu, GENRE SUR L’'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. Genres 6 Efpèces. GENRE Mines de Cuivre. 18. 1. Cuivre natif ou vierge. : x 1. — en malle cpaille avec enve- loppe terreufe. 2.— en cheveux. 3. — en feuillets. 19. 11. Mine de cuivre jaune ou com-. mune. Pyrite cuivreufe , cuivre uni au foufre. : à ‘ 1.— jaune, dure & compacte. 2.— jaune-verdâtre. 3. — cryftallifée , rougeitre , gor- ge de pigeon , queue de paon. 10. HI. Mine de cuivre brune , wine de foie des Allemands , hépari- GHESNE : - Ê ; ; 21. 1V. Mine de cuivre brune, ou union fous la forme de chaux avec le foufre, le fer, le zinc & l’arfe- nic. 27e V. Mine de cuivre en chaux, ou chaux de cuivre naturelle. Ocre de cuivre . . y 23. VI. Mine de cuivre en chaux foli- de, cryftallifée , & unie quel- quefois avec la terre quartzeufe. 1.— friable , ou en chaux délice, verdâtre ou bleuâtre. 2. — d’un verd brunâtre , matte & fpongieufe. 3.— bleue tirant fur le bleu-de-roi. A.— Verte. Malachite. . Tome XV, Part. I. 1780. AVRIL, 305 Carailères. III. Affez malléable , mais plus dur que celui qu'on obrient des mines, Jaune plus ou moins clair ; brillafte, & quelquefois gorge de pigeon. Elle con- tient du fer. Depuis 8 livres jufqu'à 30 livres au quintal. Tantôt friable , tantôt folide, couleur de café brûlé. Le cuivre y eft fous for- me de chaux. Elle contient du fer en chaux, 15 à 20 livres au quintal. Couleur de cinabre ou plutôt de’ eui- vre rouge. Mélange de chaux , de cuivre & de chaux de fer ou d'ocre. Riche en cuivre ; depuis!60 jufqu'a 80 livres auquintal, ::: - .£ Dure ; folide , : fufceptible de poli, nuancée & veinée. j Q q Le Genres, @ Efpèces. 24. ; VII. Mine de cuivre vitreufe, ou union du cuivre avec le foufre. x.— couleur de foie. _ 2.— violette. 3. — touge ou couleur de cire d’Efpagne. 2e VII. Mine de cuivre vitreufe dure, ou cuivre combiné avec un peu de foufre & d’arfenic. . : 1.— couleur de marron. 2.-—grife fort dure. 3.-—couleur de bronze. Î 26. IX. Mine de cuivre chyteufe, chyte cuivreux , ou cuivre combiné avec le foufre, le fer & la terre argilleufe. 27. X. Mine de cuivre bitumineufe , ou mine de cuivre inflammable. Mine de poix. GENRE Mines de Fer. 28. 1. Fer vierge, ou fer naturel. 29. IH. Mine de fer minéralifée, Pyrites, ou fer combiné avec le foufre. 1. — pyrites des lieux primitifs ou des filons ; jaunâtres & cou- leur de bronze, >. — pyrites glaifières, d’un beau jaune. . — de craie. 4. — en ftalactites. o. Jil. Mine de fer arfenicale, ou fer combiné à l’arfenic , ifpikel des Allemands. … +. “OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Carailères. La plus riche de toute. En mafle in- forme, de couleur de foie, Contient un . peu de fer, x Dure & va , brillante. Contient beaucoup de fer. IV, Mélange de fer, de foufre, d'argile ou de craie, fait feu avec le briquet, s'efleurit à l'air ; y donne du vitriol. D'un beau blanc métallique cryftallifé SUR L’HIST. NATURELIE ET LES ARTS. Genres & E fpèces. : 31. IV. Pyrite arfenicale grife, ou fer uni au foufre & à l'arfenic, . 32. V. Mine de fer en chaux, ou mine de fer commune. 1.— grife, jaunatre ,ou rougei- tre & terne. 2.— compacte & folide. 3* — rouge, friable ou en grains. 4.— rouge cryftallifée ou héma-” tite. $-— quartzeufe ou fableufe. 6. — grife & brillante. 7. — limoneufe ou de marais. 8. — fpéculaire , galenè de fer des Allemands. 9.— micacée, eifenmann des Alle- mands. 10.— terreufe ou en ocre. 33. VI.Mine de fer blanche ou fpathique I1.— demi-tranfparente. 2. — d’un beau blanc laiteux, en crète de coq. 3: — blanche-orisâtre, tirant fur le brun. Æosférri, 34 VIT. Mine de fer attirable à l'aimant. 35. VIII. Mine de E magnétique ou aimant, A 3 $ ; 1.— compacte, à lames noirâtres ou orifes. 2.— à grains. Supplément aux Mines de Fer. 36. I. Mine de fer en blende, ou blende de fer. IFR : 37° IT, Emery, ou pierre à lime, . . 1780. 397 Caradères. en lames , ou enaiguilles jointes enfem= ble. Ne différe de la précédente que par le foufre qu'elle contient, Depuis le beau blanc jufqu'au gris clair, en général cryftallifée, luifante & de moyenne dureté, Elle doit à l'air fixe {a forme & fa couleur. Après le gril- lage elle devient noire , diffoluble dans les acides & attirable à l'aimant, Diffoluble jufqu'à un certain point dans les acides , point de cryftaux de viriol avec l'acide vitriolique. Terne, d'un grain inégal; diffoluble dans les acides , contient la terre quart- zeufe & argilleufe. Très-dure, grile, brillante, compofée dé petites James, inattaquable aux aci- des, infufible, SES Grisätre, dure, compacte , d'un grain AVRIL, Q q 2 ‘308 Genres & Efpèces. 33. I. Volfram , ou écume de loup. : 39+ AV. Pierre verdâtre ou choerl mé- tallique. à 40. V. Blende grife ou ferrugineufe. . are VI. Pierre de fer pefante, de Cron- ftedt. . . . . 1, — compacte. 2.— à petits grains rougeâtres. 3. — jaune des mines de Bafte- nels. 4.— fpathique à furface graffe. 42. VII. Mine de fer qui s’endurcit dans l’eau. 1. — brune ou rougeître, de facile fufñon. 2.— dure blanchatre. 43. VII. Mine de Fe blede , ou bleu de Prufle naturel. GENRE Mines d'Etain. 44: I. Mine d’étain ordinaire. . ë 1, — brune Vitreufe pefante. 2.— en genats. 3.— grisatre & terne. 45: II. Mine d’étain blanche, ou fpath d’étain. & ; ; : 1.— d'un beau blanc, vitreufe dans fà fracture , à demi-tranf- parente. 2.— matte & d’un blanc fale, 3. — grife ou à demi-brune. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Carattères. allongé , d’une dureté & d'une roïdeuf extrême. Très-réfradaire, d'une difficile fu- fon; pelant , dur &c compaéte, en la- mes crayonneufes & divergentes. D'un verd fombre, attaquable aux aci- des qui en diflolvent beaucoup de fer, elle contient la terre bafe de l’alun. Elle différe de l'efpèce 36 par l'arfenie qu'elle contient. Ne fe fond facilement qu'avec le fel mi- crocofmique , & très-difficilement avec le borax. V. D'un brun foncé où rougeâtre, d'un tiflu très-ferré , cryftallin , vitré, & fort pefante. Union de Ja chaux d'érain avec la chaux de fer. Combinaifon de l'air fixe avec lachaux d'érain , contient peu de fer. Blanche , demi-tranfparente , luifant gras, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Genres & Efpèces. GENRE Mines de Plomb, 46. I, Mine de plomb commune , ou plomb combiné avec le foufre. 1. — en cryftaux cubiques, Gale- ne. 2,— en grains ou facettes cubi- ques, riches en argent. 3:— fombre, peu riche. | 4.— molle , poreufe, #/eifthweif des Allemands. . IE 47: # IT. Mine de plomb antimoniée ; plomb uni au foufre & à l’antimoine. 48. IT. Mine de plomb pyriteufe. . . 49: IV. Mine de plomb en chaux rouge. Minium naturel. . . : o. V. Mine de Mr en chaux blan- che, cérufe naturelle. ÿ s1. VI. Mine de plomb en chaux folide & cryftallifée. L : : 1. — blanche & cryftallifée en octosone. 2.— divergées ou foyeufes d’un beau blanc. 3.— verte. 41 — rouge. Supplément, Patte; UNE s < Des demi-Métaux & de leurs Mines. GENRE Mercure. , . e - 309 Carailères. VI. Grife , brillante, métallique , plus où moins dure , la Proportion du quartz la rend plus ou moins facile à couper au couteau, Plus elle contient du foufre & moins de parties terreufes , plus elle eft flexible & molle au toucher. Elle tient toujours de l'argent, Plomb uni à une très-petite partie de Rose Un peu malléable , douce au tou- cher. Sous la forme d'aiguilles ou d'écailles allongées & ftriées. Union immédiate ‘du plomb & de fa pyrire. Friable , terne, noire, prefque tou- jours cryftallifée en aiguille fort allongée. Mélange de terre ferrugineule ocra- cée & rouge, de terre aroilleufe & de Ja chaux de plomb, Ne différe de la Précédente qu'en ce qu'elle ne tient point de terre argilleu- fe & de fer, c'eft une terre blanche de la nature du quartz. Blanche ou verte, Le fer eft le principe colorant. Gtis-blanc , foluble dans l'eau tégale ; eft précipitée en pourpre foncé par la noix de gale, en bleu par l'alkali phlos giftiqué. VII. Fluide, brillant de l'argent, 310 Genres & Efpeces. 52: I. Mercure vierge ou coulant. Lo) II. Mercure uni à l'argent. Amal- game naturel. : : : SE R j HI. Mercure uni auxiacides marin & vitriolique. Voulft. . . IV. Mercure uni au foufre , cinabre naturel. ; 3 : . 1.— friable, fleurs de cinabre. 2.— folide & mañlif. 3. — aiguille. 4.— cryftallifé en cube , beau rou- ge de rubis. SC. V. Mine de mercure cuivreufe, ci- nabre uni au cuivre, Cronfledr. . $ 7° VI. Mine de mercure tenant ar- gent. RARE à à . GENRE Bifansh raie à lent à 53. I. Bifmuth vierge. . : ‘ IL. Bifimurh à demi-minéralifé, ou combiné avec une petite por- tion de foufre. 60. Ji. Mine de bifmuth fulphureufe. GI, IV. Mine de bifmuth commune, ou bifmuth combiné avec le fou- fre & le cobalt. Cronfledr, 62. V. Mine de bifmuth ferrugineufe, OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Carailères. Grisâtre , mollaffe, reffemble à l'amal- game artificiel. D'un blanc brillant, de couleur jau- ne ou noire, Contient outre l'acide ma. tin, de l'acide vitriolique. Rouge , l'intenfité de la couleur an- nonce fa pureté ou fon impureté. Noirâtre, vitreufe dans fa fraêture, fragile, décrépite au feu. Grisâtre & friable. Une livre de mer- cure, 3 à 4 onces d'argent au quintal, Le refte du cobalt, du fer, du foufre & de l'arfenic. VII Blanchâtre tirant un peu fur le jaune. Quelquefois en mafles , quelquefois en écailles minces appliquées les unes fur les autres , ou incruftées fur une gan- gue ou fur d'autres mines. Grife , femblable à l'antimoine par fa forme. Trés-fuñble, diffoluble dans les acides, sl hd be -SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. Genres & Efpèces. ou bifmuth combiné avec le Fr Cronlee et el - 63. VI. Mine de DS ftite en chaux , ou chaux naturelle de bifmuth. . 311 Caraëtères. En écailles angulaires. Très-rare, jaune - verdâtre , plus ou moins friable, GENRE IX. Zinc. G4. I. Mine de zinc fulphureufe. . 1.— vitreufe d'un jaune de cire & à demi-tranfparente. 2.— grife. À 3.— rouge ou rougeâtre. 4. — noire. Cronfledt. 5. blanche. Cronftedr. 6s. II. Mine de zinc en chaux unie au fer. Calamine. . É ; 1.— calamine en chaux terne, ou terreufe. 2.— calamine pure ou grife. Jaune ou grife, plus ou moins foncée, cryftallifée en cube ou en lames, Jaune, ocracée, grife fuivant la quan. tité de fer. Plus légère que les mines de fer. Réduit le cuivre rouge en laiceux, GENRE X. Antimoine. 66, 1, Mine d’antimoine combiné avec le foufre. . 3 : é 1.— aiguillée & grife. 2.— rouge ou ocracce. GENRE Arfenic. 67. I. Arfenic naturel ou vierge. : 68. II. Chaux d’arfenic combiné avec le foufre; orpiment naturel. Real- gar. 1.— jaune couleur de citron, 2.— rouge comme du fang. En aiguilles cunéiformes , d'un gris de plomb, rude au toucher, très-fufi- ble. XI. Blanc, grisâtre dans fa fra@ure , fe ternit & devient noir. Très-pelant & très. dur. Brüle & s’enflamme, & fe convertit cn chaux blanche. En petits cryftaux foyeux & légers, 312 Genres & Efpèces. 6 9° III. Arfenic en chaux, ou arfenic blanc. à : : GENRE Cobalt, 70. I. Mine de cobalt ordinaire, ou cobalt uni avec l’arfenic, le fou- fre & le fer. 1.— d’un blanc orisatre. 2.— blanche. 71. II. Mine de cobalt fpéculaire , ou combinaifon du cobalt avec le foufre & lefer. . : 72. I. Mine de cobalt résulifée, ou cobalt uni avec le fer & l’arfe- nic fans foufre, 73° IV. Mine de cobalt uni fimplement au fer. Cronfledt. : Te Ë V. Mine de cobalt en chaux noire. 76. VI. Mine de le en chaux , cou- leur de rofe. 1. — fleurs de cobalt couleur de pêcher. 2. — d’un beau rofe. 3.— chaux de cobalt folide & cryftallifée. 76. VII. Mine de cobalt noire minéra- lifée, ou cobalt en chaux cam- binée avec le foufre , l'arfenic & le fer. Schlaken cobalt des Allemands, ; : ; OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; Caraileres. D'un blanc cryftallin à demi-tranfpa- rent. XII. D'un gris blanchâtre , fort pefante , dure, folide & cryftalline. Elle tient un uart de cobalt , le refte eft arfenic, er, foufre & terre. La plus brillante & la plus riche des mines de cobalt. D'un gris noir , légère, friable & mé- me pulvérulente, À l'air prend une cou- leur rofe, Plus pefante & plus dure que l'efpèce 74. Quelquefois luifante , quelquefois terne & rerreufc. GENRE UUR NT ’ 43e nl AETETT £- ' ‘ : 4 - P \ , , D À à 1, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 31; Genres G Efpèces. Caraëtères, GENRE XIIL Nickel. 77 I. Mine de nickel ordinaire , ou nic- kel uni au foufre. Kupfer nic- ! Ke! des Allemands. F 3 Rouge de cuivre, brillante, dure & 8 folide , quelquefois ftriée, 79° : I. Mine de nickel en chaux verte. : Friable, verd de pré. CALNARS IS EME RSI OPIMSEL FINE FE Des Sels. GENRE L Sels Alkalis. Efpèce 1. I. Sel alkali minéral. jeurig : Un goût falé, frais, un peu lixiviel, 1.— pur & cryftallifable. f cryftallife & tombe en eforefcence, 2.— terreux , reflemblant à du tartre. e . Ne cryflallife point, fe defsèche par Eros fe l'évaporarion. lixiviel & jaunâtre. . . Même caradère. > 3° Ze Il. Sel alkali £xe ou déliquefcent, dans les eaux. GENRE Il Sels Neutres à bafe alkaline. 35 I. Sel marin, fel commun. Combi- naïfon de l’alkali minéral & de acide marin. 3 : Goût piquant , cryftallife en cubes ou 4. trémies. j IL. Sel de Glauber. Combinaifon de l'acide vitriolique avec l’alkali minéral. 2 . - . Le goût frais & amer, cryftallife en s- colonnes prifmatiqués , s'effleurit à l'air. HT, Borax. Combinaifon de l’alkali minéral avec le fel fédarif. . Jaunâtre , ou bleuâtre , eu verdâtre - avant fa purification. Blanc & cryflallin après. Tome XF, Part. I. 1780. AVRIL, Rr 314 Genres & Efpéces. IV. Sel de nitre. Salpètre. Combi- naïifon de l'acide nitreux avec l’alkali fixe. Supplement. V. Sel ammoniac. Combinaifon de Facide marin avec l’alkali volatil. GENR Sels à bafe terreuft. 7. I. Sélénite , gyps, ou combinaifon de l'acide vitriolique avec la terre abforbante. . Le 4 8. IL, Sel d’epfom. Combinaifon d’une terre particulière avec l'acide vitriolique. . ‘ HN CE HI. Alun. Coimbinaifon de l'acide vitriolique avec la terre argil- leufe. 10. IV. Sel de nitre calcaire. Combinai- fon de l'acide nitreux avec la terre calcaire x ë £ 11. V. Sel marin calcaire. Combinaifon de l'acide marin avec la terre calcaire. 12. VI. Sel marin à bafe de fel d'epfom. GENRE Sels Métalliques. NE 1. Sel Martial, vitriol verd. Combi- maifon de lacide vitriolique avec lefer. . : 14. I, Vitriol bleu, vitriol de cuivre, OBSERVATIONS SUR LA # PHYSIQUE, Carañtères. AIME Diffoluble dans l'eau, cryftallife en aiguilles tranfparentes. Se trouve en blocs ou grandes mafles dont on fait le plâtre. Diffoluble: dans l'eau, cryftallife en aiguilles, a un goût très-amer, S'effleurit à l'air , mais lentement. A un petit goût d'amerturne & piquant: Attire l'humidité avec beaucoup de for- ce. Cryftallife en aiguilles par un refroi- diflement prompt , mais attire fortement l'humidité. EV. Se décompofe facilement à l'air & jaunit, SRE Re, 2] NÉ & < % r tn - L … SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. sis Genres & Efpèces. Caraëlères. ou combinaifon de l'acide vi- triolique avec le CUIVIE, + + Se décompofe facilement à l'air & 15. blanchit. III, Vicriol double, combinaifon du vitriol verd avec le vitriol bleu. Valkerius | Cronflede. :, . , D'un verdbleuâtre, C'LMANSISTE QUATRIEME. Des Subflances inflammables. GENRE L Des Subflances inflammables où l'acide virriolique entre comme partie corflicuarnte, ÆEfpèce 1. I. Soufre. Combinaifon de l'acide vi- tiolique avec le principe in- fammable. 1.— le foufre vierge. 2. — en aiguille ou foufre foyeux. 3. — en mafle d'Iflande. 4 — rougeatre. 2. IT. Bitume ou poix minérale. Com- binaifon de l’acide vitriolique avec une huile. JA; CNRS Odeur défagréable , tenace, a peu de 1.— liquide ou poix minérale difpofition à s'enflammer , plus pefant tenace. que l'huile, 2.— folide, bitume de Judée. 3:— poix minérale, sèche , grisä- tre, GENRE Il Huiles minérales ou pétrole. 3. ! , n y JL. Pétrole folide, ou réfine minérale, pas (ère que lé ME, our plus s . | agréable , d'une couleur grisâtre & bril- IT. Huile de montagne , ou huile Jante, fragile. minérale. . . HE Odeur peu défagréable & quelquefois Là . : , 1.— fixe de pétrole. fuave; plus où moins fluide ; ambrée , 2.— de pétrole groffière. volatile, s'enflamme aifément. \ 17930. AVRIL. Rr2 y16 (OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Genres & Efpèces. Caraëtères. GENRE IIl. Combinaifon de l'huile minérale avec de la:terre. Charbon minéral. Houille. $- {. Charbon minéral bitumineux, D'un beau noir, brillant en lames. 1.— mañif & friable. A 2. — vrès-dur & fans forme. 3e — terreux. 4 — à couleur , queue de paon. : Le meilleur de tous; doit fes couleurs 6. à une légère couche de chaux de fer. I. Charbon à pétrole, charbon fo- lide & uni . / Moins brillant & moins noir. Affe@e fa forme quarrée en fe brifaot. D'un tiflu ferme & uni. Brüle facilement. 1.— life & poli de Newcaftle. 2.— brillant, d’un tiflu fin. 3.— terne & grisâtre. 7. II. Jayet , ou bitume folide; WIrebe D'un beau noir, fufceptible d’un beau poli, fe brife facilement, fe fond au fer & s'enflimme, devient électrique par le frottement. GENRE IV. Bivume dont l'acide eff celui du fèl marin. ù 8. 4. Succin. Karabée, ou ambre jaune. Solide, jaunàtre, odeur pure qui lui 1.— opaque & lairenx très-odo- ‘ eft particulière, fe fond'au feu , s’'amoi- lit dans d'eau chaude, Eft électrique. rant. 3. — d’un jaune de fafran & tranf- parent. | 3.— jaune & opaque. 4.— d’un gris fombre , ou noirä- tre. NME k IL Ambre gris. Oo. : È £ Grisâtre ou blanchâtre, terne rabo= 1.— put, où tacheté ou marbré, ‘eux, d'une confiftance peu folide. S'en- res-odorant ? flamme en répandant de l'odeur. Diflo- ; luble en partie dans l'efprit-de-vin, 2.— brun ou gris 3.— noirâtre. | sidi sl (4 SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 317 Supplément général de Subffances accidentelles ou étrangères à la Terre. Genres & Efpèces. GENRE Des Subfances offeufes , coquillères & végétales , changées en quartz ou Miles. 1 7 Efpèce 1. I. Coquillage quartzeux & filexié. 1.— totalement changé en quartz. 2.— à demi. 3.—une partie encore calcaire. 4.— en pierre à fufil ou filex. 2: II. Subftamiges végétales, changées en quartz ou agathe. 1. — en agathe. 2.— en filex. 3:— en quartz. 4.— pétrifiées avec la chaux de fer. s:— demi-pétrifices. GENR Subflances changées en [path , ou en pierre calcaire, 3. I. Subftance coquillère , ou coquilles pétrifices calcairement. . 1.— cornes d'ammon , nautilles en marbre gris. 2. — polypiers , madrepores, co- raux en pierre calcaire blanche, grenue. 3.—Subftances coquillères fpathi- ques. 4. IT. Végétaux changés en fubftance calcaire, E Caraëtères, I. D'un blanc terne, fait feu au briquer, I IL Griles , blanchâtres , marbrées fe con- vertiffent en chaux. 318 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Genres & Efpèces. Carailères. GENRE Ill. À Subflanc. végétal, changées en charbon. 6 ab $* J. Charbon végétal , foflile, très-noir à uni. Q : ° C ° Plus léger que le minéral, flambe en 6. répandanc une odeur de pétrole. JL. Charbon végétal friable, ‘ 7° LIT. Subftances végétales charbonnées & pyriteufes. GENRE I V. Subflances provenant des Volcans. 8 L. Fonte ou fer fondu par les volcans. Je HI. Mica de fer , marcaflite ou métal fondu par les volcans. 10. HI. Roche de volcan ou lave. + . Réfultat de la fonte di granit, ou du 1.— laves vraies, cernes , quel- chyte graniteux, quefois terreufes. 2.— laves unies figurées , parfai- tement fondues; chauffée d’An- trim. 3 — laves inégales ou raboreufes. 4.—hves légères ou poreufes. Tite 1V. Terre de volcan, fcorie vitreufe. 1.—agathe d'Iflande. Noire , folide, très-vitreufe dans fa 2.—verre ordinaire;fcorie vitreufe, fradure, demi-diaphanc. 3.— fcorie perlée. NUS Y. Cendre de volcan , terre de vol- can folidifiée. 13. VI. Terre calcaire calcinée , chaux de volcan. 14. VAL. Terre blanche de volcan, de Bard en Auvergne. É Produit peut-être du talc calciné ou : de l'asbefte, $- YIIL. Colcotar des volcans, ou chaux . » = L: pl de fer calcinée. à k 3 D'un rouge plus ou moins foncé; plus ou moins fine ; ceint les doigts en rouge. LEE 42 1 hs. : ï s l'E Ra t k SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 319. RER TEL SENTEZ TENUE TEST ENST AREENTESEEE TENTE PETITE TRUITE VERT OBSERVATION (:) De PEclipfè de Soleil ; totale, avec demeure, & annulaire , du 14 Juin 1778, par Don Antonio pe Urron , Commandant de la Flotte de la Nouvelle Efpagne , avec la découverte d’un nouveau Phénomène dans la Lune. | A Connoifflance des Tems , l’'Almanach Nautical , & les autres di- verfes Ephémérides, avoient annoncé cette Eclipfe , mais elles n'avoient pu annoncer les Phénomènes finguliers qui l'ont accompagnée & ce fut un fpetacle auf brillant qu'inattendu , d’y découvrir, lorfque l'Eclipfe fut totale , un anneau admirablé, que j'appellerai réfraëtif, pour le dif- tinguer de l'anneau vrai, formé par le difque du Soleil. Mais un Phénomène bien plus rare que le premier , fut d’appercevoir diftinétement le difque du Soleil à travers le corps de la Lune , comme par un trou extrèémement petit , avant qu'il débordât le difque de celle-ci. | La longueur du voyage de cette flotte , que les vents contraires , & d’autres dccidens , ont prolongé bien au-delà du terme ordinaire , a donné lieu d’obferver en mer ( ce qui n’avoit pas été fait encore ) cette Eclipfe , & les Phénomènes dont je viens de parler. Il en a réfulté non-feulement des connoiffances propres à perfectionner la Phyfique célefte , mais de plus , à déterminer la longitude du Cap Saint-Vincent, qui n'étoit pas encore fuffifamment connue. Cette détermination eft d’aurant plus précieufe, que ce Cap eft un des points les plus importans de la terre , & les plus fréquentés par les Navigateurs; À termine le prolongement du continent de lAfie & de l'Europe , de l'Oueft au Sud , à l'Océan , & aux Parages que viennent (1) Dom Antonio de Ulloa m'envoya, dans le mois de Septembre dernier, un exemplaire de fon Obfervation , imprimée à Cadix ; l'intérêe piquant des Phénomènes rares & finguliers qu'elle préfente , m'engagea à la traduire. Quoique mon projer für alors de réferver pour moi feul cette traduétion , je crus devoir lui en faire hommage, & foumettre à fes avis ce foible travail, eu lui envoyant le Manufcrit; il a daïgné l'approuver bien au-delà de mes efpérances, & m'a même par fa réponfe , engagé a le publier : il ne me refte qu'a defirer que cetre tradu&tion, dont l'aveu de l’Auteur garantit la fidélité & l'exacticnde , feuls objets que je me fois propofé, intérefle les Aftronomes François, à qui la langue Efpagnole poutroit n'étre pas aflez familière, Nore du Traduëteur M. Darquier, jo OBSERVATIONS SUR-LA PHYSIQUE, reconnoître les Flottes à leur retour des Indes Occidentales, Septentrio-" nales & Méridionales. De cette incertitude naiïffent les différentes diftances que les Cartes aflignent de ce Cap aux Ifles Terceres. Quand on fait cetre traverfée , & qu'on a parcouru toute la diftance que l’on fuppofe entre ces lfles & celle de Sainte-Marie, ou celle de Corro , on ne rencontre pas la terre, comme on devroit s'y attendre, parce que la plupart des Hydrographes varient fur cette diftance qu'ils font les uns plus grande d'un aflez grand nombre de lieues que les autres, & rous avec une égale incertitude. I! eft fingulier que ce point étant effentiel par lui-même & par les fe- cours qu'il peut fournit pour conclure d’autres longitudes , on n'y ait fait aucune obfervation relative : on a d’autant plus lieu de s'en éton- ner , que la pointe de ce Cap eft habitée , qu'on y a conftruit un Fort, & qu'on y trouve un Couvent de Moines, & un Village où un Aftro- nome pourroit s'établir, & obferver commodément, Cette négligence & le hafard nous ont réfervé l'avantage de donner à certe partie de la Géo- graphie le degré de perfection qui lui manquoit. Cette bonne fortu- ne nous a confolé de l'ennui & des défagrémens que caufenc les Navi- gätions, dont la durée pale les limites ordinaires. « I ne fac pas aufi facile qu'il auroit été à defirer , d'obferver le com- mencement de l'incertitude du calcul & du mouvement du vaifleau; quoique ce mouvement füt alors bien peu confidérable , il l'éroit cepen- dant affez pour qu'il für difüicile de maintenir long-tems l'image de l'aftre dans le champ de la lunette; la fatigue de la vue fe joignoit à celle que le corps éprouvoit pour la tenir exactement en l'air, & corriger par un mouvement contraire , celui du vailleau qui tendoit à l’éloi- gner de l’aftre ; nous fümes aidés par l'habitude de manier les Lunet- tes, que nous avions acquife en vifant aux autres vaiffeaux, pendant notre navigation, Ceux qui n'ont point acquis cette habitude ne fau- roient s'en fervir pour obferver les aftres; de plus , comme c’étoir au Soleil qu'il falloit diriger la Lunette , il évoir nécellaire d'ajouter un verre fumé devant l'occulaire ; & cette addition , en compliquant l'opération, la rendoit plus pénible. En comparant l heure à laquelle nous vimes commencer lEclipfe, & celle indiquée par la Connoillance des Tems & l'Almanach Nautical , Al femble qu'il y ait dû avoir quelque erreur fenfble dans cette dé- termination , fur laquelle cependant , quoique en petite partie , peut avoir influé la différence de la pofñtion aétuelie du vailleau , à celle où nous le fuppofñons par l’eftime de la route Cette différence étoit de 24 lieues & demie, dont il éroit plus à | Oueft. En ceci mème il n’y a pas toute la certitude néceflaire ; la différence des Méridiens du Cap Saint-Vincent & du Pic de Ténériffe n'ayant pas été vérifiée par l'ob- fervation , il fe pourroit que cette différence de 24 lieues & demie ne fût SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 321 für pas due en entier à l’erreur de l’eftime de la route du vaifeau, & qu'une partie provint de l'erreur de la pofition donnée par les Cartes Marines, au Méridien du Cap Saint-Vincent, relativement au Méridien établi au Pic de Ténériffe; cette obfervation pourra éclaircir ce doute , Puifque par fon moyen on jugera avec plus de certitude de la vraie pofi- tion de ces Méridiens , & par conféquent des autres lieux de la verre où on aura fait des obfervarions correfpondantes. Je commençai l’obfervation de l'Éclipfe au moment de l'obfcurité totale du difque du Soleil, que j'ai noté à 3 heur. 44 minur. ; le com- mencement de l'émerfion le fur à ; heur. 48 minut., & la fin à 4 heur. 48 minut ; par conféquent le milieu à 3 heur. 46 minut. à très-peu- près, & la durée de l’obfcurité rotale de 4 minut., intervalle fufhfant pour pouvoir obferver l'anneau lumineux qui fe forma autour de la Lune , & dont voici le détail. Cinq ou fix fecondes après l'immerfion totale , nous commencä- mes à découvrir autour de la Lune un cercle très-brillant de lumière , qu'on pouvoit fixer fans fatiguer fa vue ; on y remarquoit un mouve- ment circulaire ou de tourbillon , pareil à celui que préfente une roue d'artifice, lorfqu’elle eft en mouvement; cette lumiere augmenta à me- fure que le centre du Soleil s'approchoit de celui de la Lune; elle de- vint de plus en plus vive & brillante , jufques au moment de la coïn- cidence des deux centres, ou du moins de leur plus grande proxi- mité : ce cercle de lumière parut alors dans fa plus grande force & fa plus grande beauté ; il avoit deux doigts de largeur , ou la fixième pattie du diamètre de la Lune. Cet anneau lumineux lançoit des rayons par tous les points de fa cir- conférence ; ces rayons , les uns beaucoup plus longs que les autres , étoient viñbles jufques à la diftance d’un diamètre de la Lune ; d’où j'inférai que c’étoient des particules de lumière plus tenues , qui traver- foient une atmofphère moins denfe que celle ‘qui formoit l'anneau lu- mineux. Dès que les centres des deux Planètes commencèrent à fe féparer , on s’apperçut de la diminution de l'anneau : elle fuivir les mèmes pro- grès que fon accroiffement , jufqu'à ce que les rayons lumineux qui partoient de fa circonférence difparurent tout-à-fait; enfin, cinq ou fix fecondes avant le commencement de l’émerfon , l'anneau lui-mème dif- parut totalement : on n’appercevoit plus après cette difparition qu’une lumière réfléchie & blanchâtre, pareille à celle que l'on voit après le coucher du Soleil ou au commencement du crépufcule du matin. La couleur de la lumiere de l'anneau n'éroit pas la même dans toute fa largeur. Près du difque de la Lune elle éroit d’un beau rofe, qui s’al- téroit infenfiblement à proportion qu’elle s’en écartoit ; elle devenoit tout-à-fait blanche , à prendre depuis la moitié de la largeur de l’anneau Tome XV, Parc. L 1780, AVRIL, SÉ 322 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, jufques à fon extrémité extérieure ; cependant, l'anneau n’en étoit pas moins brillant dans toute fa largeur; & c’étoit-là ce qui le diftinguoit des rayons lumineux, parce que ceux-ci n’étoient pas aufli brillans , & qu'on n'y remarquoit pas ce mouvement de rotation commun à toutes Les par- ties de l'anneau. Environ cinq ou fix fecondes avant que l'annçau lumineux eût paru, & cinqà fix fecondes après qu'il eut difparu , on voyoit, comme dans la nuit clofe, les étoiles de la première & de la feconde grandeur , mais à mefure qu'il fe montra, elles parurent plus petites, & quand il fut dans tout fon brillant , on perdit de vue celles is la feconde , mais on ne cela pas d’appercevoir celles de la première. Depuis le moment où le corps du Soleil fut éclipfé en entier , juf- ques à ce que l'anneau commença à briller , l'obfcurité fur telle, que quelques perfonnes qui fe réveillèrent dans cet inftant , crurent avoir dormi contre leur ordinaire , l'après-midi entière , jufques à l'entrée de la nuit ; ils éroiént d'autant cle fondés à le penfer , que , n'étant pas prévenus qu'il dût y avoir une Eclipfe de cette grandeur, ils voyoient a leur réveil briller Les étoiles. Les poules & les autres bipèdes domeftiques qui étoient dans les. volières fur le gaillard , les oifeaux dans leur cage , & les quadrupèdes qui éroient dans différens endroits du vaifleau , prenant fans doute cette obfcurité fubite pour celle de la nuit , fe plaçoient dans les mêmes fituations qu'ils ont accoutumé de prendre quand ils veulent fe livrer au fommeil : Les coqs agitèrent leurs aîles, & chantèrent comme.ils le font communément à nnnuir; de forte que les hommes & les animaux fe méprirent également à cette obfcurité pafagère de l'Eclipfe, Avant que le difque du Soleil commencçär à déborder celui de la Lune, on vit un point lumineux fur le difque de celle-ci , à la vérité fi petit , dues ne pouvoit le diftinguer , ni à la vue, ni avec une lunette de peétacle, mais feulement avec une lunette d’un pied & demi. Il n'y avoit pas de doute que ce point lumineux n’appartint au corps du Soleil ; fa couleur rouge étoit très-diftinéte du rofe qui caraétérifoit la partie de l’anneau voifine de la Lune , & d’une manière mème fi fenfble, qu'un fimple Obfervateur qui n’auroit eu aucune connoiffance de Phyfi- que , n’eût pu fe méprendre fur la différence fi marquée de ces deux rein tes , & s’empècher d'attribuer au corps du Soleil le rayon rouge qui jail- liloit par une petite ouverture à travers du difque de la Lune. J'expli- querai dans la fuite d’où provenoit la couleur rouge enflammée de ce rayon; jé ne veux pas interrompre ce qui concerne ce Phénomène, le plus rare & Le plus fingulier qu’on ait obfervé jufqu’à préfent. Entre le point lumineux & le limbe de la Lune, on voyoit un petit efpace obfcur du corps de cer Aftre , que l’on jugeoit , à la vue, de la largeur d’une ligne & demie, on deux lignes; de manière que le point lumineux pa- LA 7: Lai 4° SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 313 roilloit comme une étoile de la quatrième où cinquiéme grandeur , qu autoic été placée fur fon difque ; 1l parut augmenter enfuite jufques à égaler celles de la trioifième ou feconde; ce fut ainfi qu'on l’obferva pen- dant une minute & un quart au moins ; alors le difque du Soleil com- mença à déborder celui de la Lune , & parut aufi délié qu’un cheveu ; ce n'Ctoit que parce que l’Eclipfe a été totale, & avec demeure, qu'on à pu voir le point lumineux pendant quelque temps. Il n’a pu paroïtre qu'au moment où le bord du difque du Soleil, par le mouvement relatif des deux Aftres, eft parvenu à ce point. Si les diamètres apparens des deux Planètes avoient été exactement égaux, on ne l’auroit vu qu'un inftant c'eft-à-dire , au moment où l'Eclipfe devenant totale , l'émerfion auroit comimencé. L’atmofphère de la Lune eft fans doute la caufe de la différence de couleur du point lumineux & de l'anneau contiguë au difque lunaire. L'anneau , ainfi que je l’ai déjà rapporté , éroit d’un beau rofe, & le oint lumineux d’un rouge enflammié , pareil à celui de la partie du So- for , qui fe découvrit au moment de l'émerfion , & à celui dont il fe colore lorfqu'il eft prêt à fe cacher fous l'horifon ; de manière que l’on peut regarder ce Phénomène comme une preuve fans réplique de l’exif- tence de l’atmofphère de la Lune. On voyoit , comme je l'ai dit, un efpace obfcur entre le point lumi- neux & le difque de la Lune ; c’eft d’après ce fait pofé , qu'il faut raifon- ner, d'autant mieux que la matière eft entièrement neuve. On ne peut , je crois, l’expliquer que de deux manières ; ou c’eft un trou qui traverfe la Lune d’un hémifphère à l’autre, ou bien une échancrure en forme de coupure fur le bord de fon difque , à travers de laquelle, la pofition où fe trouvoient alors le Vaiffeau , la Lune & le Soleil , nous a permis de voir dans cet inftant la lumière de cet Aftre par la partie la plus profonde de cette coupure, fans qu’elle ait pu être apperçue par la partie reftante ; parce que , dira-t-on , refpectivement à notre polition , les éminences qui forment les bords de cette coupure , fe projettant obliquemenit l'une fur l’autre , devoient paroître contiguës , quoiqu'elles fuffent réellement féparées. Cerre explication ingénieufe renfernie de fi grandes difheulrés , qu'on ne peut que labandonner , pour s’en tenir à la première fuppofi- tion. La rareté de ce Phénomène , que je ne fache pas avoir été obfervé juf- ques à préfent aufli complettement , pourroit rendre fon exiftence dou- teufe , fi d’autres que moi ne l’avoïent vu en même-rems, & mème avant moi ; cé fait étant d’ailleurs très-difhicile à obferver & à vérifier de nou- veau , puifqu'il faudroit fe trouver dans les mêmes pofitions & circonf- tances ‘qui nous ont mis dans le cas de le découvrir , j'efpère qu'on me permettra de rapporter tout ce qui s’eft pailé lors de cette obfervation, & qu’on me pardonnera la longueur du détail où je fuis forcé d’entrer. 1780. AVRIL, Sf 2 324 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 2 Deux autres Obfervateurs étoient placés, ainfi que moi, fur la galerie du vaifleau, & nous fuivions à la fois, & de concert, les progrès de l'Eclipfe ; le premier éroit Dom Joachim d’Aranda , Pilote Major des routes , ayant le grade de Capitaine de Frégate, & le fecond , Dom Pedre Wintuifen, Lieutenant de Vaifleau & Major de l'Efcadre. Pendant que l'anneau formé autour de la Lune étoit dans fa plus grande force , nous avions ceflé de nous fervir des lunettes, parce que la vue fimple fufhfoit pour admirer fa beauté & le brillant de fes couleurs ; mais quand nous nous appercümes qu'il commençoit à décliner, nous jugeimes que lé merfion approchoit , & nous fimes à l'alternative nos efforts pour bierr faifir l'inftant de fon commencement ; Dom Joachim , qui regardoit avec fa lunette , me dit alors qu'il jugeoit l’émerfion prochaine , parce qu'il appercevoit une petite étoile fur le limbe de la Lune: je regarda de tous mes yeux, & n’appercevant pas à la vue fimple cette petite éroile , je tirai de ma poche une lunette de fpeétacle, pour râcher de la décou- vrir , mais ne la découvrant pas, je pris une lunette de trois pieds , & la dirigeant au lieu indiqué par Dom Joachim , j'apperçus très-diftincte- ment le point lumieux , qui véritablement me parut d'abord une petite étoile. Je reconnus bientôt la différence fenfible de fa lumière avec celle de l'anneau qui exiftoit encore, & dont la largeur avoit feulement un peu diminué; & pour n'affurer de la réalité de lexiftence de ce Phé- nomène & de la force de fa lumière, je quittai la lunette de trois pieds & je repris la petice lunette de fpeétacle ; elle ne me fervit pas mieux que la première fois , & je ne l’apperçus point du tout ; d'où j'au- He que dans cet intervalle elle n’avoit pas augmenté fenfiblement. Je a jugeai comme une étoile de la troifième grandeur , cependant elle n'a- voit paru que de la quatrième grandeur lorfque M. d'Aranda la décou- vrit. Je revins à la grande lunette, & continuant d’obferver ce point lumineux , je le jugeai enfin, lorfque le limbe du Soleil fut au moment de reparoître , comme une étoile de la feconde. Le tems qui s’écoula depuis la première apparition du point lumineux jufques au moment que le difque du Soleil reparut , fut , ainfi que je l'ait dit, de 1 heur. !, & à cer inftant , je cellai abfolument de le voir , quoique le difque entier de la Lune für très-vifible encore ; différence qui vient fans doute de ce que la clarté de l'tmofphère effaça dès-lors celle du point lumineux , ainfi que celles des étoiles qui cefsèrent aufli d'être vifibles. On peut déterminer la diftance du point lumineux au bord du difque de la Lune , en comparant l’efpace qui les féparoit à celui du diamètre entier de cette Planète ; j'ai dit qu'elle.me parut être d’une ligne & de- mie ou deux lignes du pied de la’ Vare Cafüullane , d’où l’on peut con- clure que cette diftance étoit la fixième partie d’un doigt, & conféquem- ment la foixante-douzième partie du diamètre, & l’évaluer à dix lieues & = delieue, 4 ht ve x 4 : + ! “ SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 325 : On pourroit auffi dérerminer la valeur de ce même efpace par le tems écoulé depuis la première apparition du corps du Soleil par le trou , juf- ques au moment de fon difque , qui fur d’une minute un quart, & un pe plus, & par le tems auli qui s'eft écoulé depuis l'immerfion tota- e jufques à la fin de l'Eclipfe , qui fut d’une heure & quatre minutes, la Lune ayant employé ce tems à parcourir le difque du Soleil. Con- noiffanc le mouvement des deux Planètes, on peut en cénclure le tems employé à parcourir un doigt , & conféquemment la valeur de ce petit cfpace. Ce calcul fera néceflairement moins exact que le premier, parce qu'il n’y à aucune certitude que l’inftant où Dom Joachim a apperçu ce point , foit précifément celui où il a commencé d’être vilible. Ce Phé- nomène n'étant pas attendu , on! n'a pu apporter à une obfervarion qu’on n'a dû qu'au hafard, route l'atcention qu'elle auroit exigée pour la ren- dre plus complette., & mefurer plus immédiatement les diamètres du Soleil & de la Lune , ainfi que la diftance du, point lumineux au bord du limbe; il auroit fallu s’ètre muni d’un bon Micromètre , ainfi que d'une bonné pendule à fecondés, pour mefurer le rems ; nous n'avions rien de tout cela ; ma Pendule éroit démontée ; nous n'avions pas prévu que l'Eclipfe préfenteroit les circonftances dont elle a été accompagnée, encore moins ,que l'Efcadre dût être en mer dans ce tems-là; ainf il n'avoit pas été pollible de prendre les précautions nécelfaires pour ren- dre certe obfervation parfaite; cependant malgré fes imperfections, c’eft toujours une nouvelle découverte qu'on peut placer fur la Sélénographie d'une manière aflez approchée. Cette découverte ayant été faite pour la première fois fur l'Efpagne , Vaiffeau Amiral de la Florte qui éroir fous mes ordres, il eft naturel & jufte que la poftérité la connoifle fous ce même nom , qui rappellera auf. le tems où elle a été faite | & les circonftances qui l'ont accompa- gnée ; ainf nous nommerons ce point lumineux, la Caverne Lumineufe Lunraire du Vaifleau l'Efpagne. On ne regardera pas comme impofible qu'il y aït un trou à la Lune qui la pénètre en cet endroit d’un hémifphère à l'autre , & par lequel la lumière du Soleil parvienne jufques à la terre , far-rout fi lon fait que Bianchini a vu quelque chofe d’à-peu-près pareil , ainfi qu'il le rapporte dans fon Ouvrage de Hefpheri & Phofphori Pheromen: , découverte dont on douta alors , parce que Bianchini n’avoit pas vu le point lumi- neux ,aufli diftinétement que nous l’avons vu cette fois-ci, & que d’ail- leurs la nouveauté d’un Phénomène fi fingulier le rendoit difficile à croire. L'obfervation actuelle n’eft fufceprible au contraire d’aucun doute ; ce Phénomène ayant été vu diftinétement , & en mème-tems , par trois Obfervateurs différens. Cet avantage lui donne le droit de première découverte , puifqu’elle: détermine la première l’opinion à la croyance, l'obfervation de Bianchini n'ayant pu fixer encore ni l’une ni l’autre, & , 316 OSBERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, que de plus , en la confirmant, elle y ajoute dés circonftances très-effen- tielles , qui détruifent & fonc difparoître tous les doutes qu'elle avoir pu faire naître. Si on voeloit prétendre que ce n’eft qu'une illufion de la vue , & que ce point lumineux n'étoit qu'une étoile très-voifine du limbe du Soleil , dont l’émerfion a précédé celle de cer Aftre, & qu’elle ne paroïfloit fur le difque de la L'une que par un effer de la réfraction caufée par l’armof- phère de cette Planère ; il auroit fallu pour lors qu'on l'eût vue fe mouvoir jufques fur le bord du difque lunaire , & fe féparer de lui ; car le tems de 1 heur. ?, qui s’eft écoulé depuis fon apparition juf- ques au moment de l’émerlon du Soleil , a été fuffifant pour que fi la Lune s’éloignoit réellement de l’évoile , l'image de celle-ci eût paru par- coutir l'efpace obfcur qui éroit entre le lieu de fa première apparition & le bord du difque. Les chofes ne fe font pas pallées ainfi ; la lumière de ce point a paru , il eft vrai, perdre de fon intenfité , mais fans changer de place, jufques à linftant où elle à difparu fubitement ; ce qui détruit abfolument cette fuppofition : de plus, ayant fair attention à la fingularité de cette lumière , au moment où je la découvris , j’employai tous mes foins à ne laifler échapper aucune des circonftances nouvelles qu’elle pourroit m'offrir , pour pouvoir former uñ jugement plus décidé fur la caufe qui pouvoit la produire. Un Phénomène de certe efpèce eft fait pour efluyer des doutes & des difficultés , fur-rouc ne pouvant que par hafard être vérifié par d’autres Obfervateurs ; il faut pour en obtenir de femblables , fe trouver dans les mêmes circonftances , & peut-être pour vérifier celle-ci, fe paflera-t-il beaucoup de fiècles, tour comme il s’en éft pailé beaucoup jufques à l’ob- fervation de Bianchini , fans que les Aftronomes anciens & modernes qui ont enrichi l’Aftronomie de tant de découvertes, aient rien vu de pareil ; combien de Phénomènes des Planètes , & de la Lune même, regardés comme incroyables lorfqu’on les a découverts ; ont été confr- més enfuite par l'obfervation de manière à diffiper tous les doutes ? Dans les recherches de la Phyfique , la nouveauté ne doit pas être un motif d’exclufion. Ce feroit donner pour limites à la’ nature les bornes de nos connoïffances. Si l'on confidère les circonftances qui ont précédé cette obfervation ; on verra qu'elle eft fingulière, même en cela : M. Dezoteur, qui s’'étoir rendu exprès à Salé, en terre ferme, pour obferver cette Eclipfe ; n'a pas eu le bonheur de voir , en l’obfervant , cé que nous , fur un Vaifleau , en pleine mer , fans projet formé , fans nous y attendre , nous avons vu très-diftinétement par le feul effet du hazard ; il fallut mème , pour que cela arrivât , une combinaifon fingulière d’accidens éxtraordmaires ; de vénts contraires qui ont forcé la Flotte d'aborder aux Canaries, ce qui a prolongé fa traverfée au-delà du terme ordinaire; de manière que nous SUR L'HIST. NATUREELE ET LES ARIS. 1327 2 avons employé cent huit jours à nous rendre de la Havane au parage précis où le Phénomène devoir être vilible pour nous , tandis qu'il ne l’a pas été ailleurs. I a fallu de plus qu'il fe trouvâc fur un des Vailleaux de l'Efcadre quelqu'un qui füc aflez familiarifé avec les Phénomènes que préfentent les Planères pour diftinguer ceux qui font ordinaires de ceux qui ne le font pas , pour pouvoir former, un jugement fur ce point lumineux , qui éroit de cette feconde claffe. M. d'Aranda , en le découvrant, ne s’en étonna pas. Il ne fit pas réflexion que le Soleil étant éclipfé , il ne pouvoit , dans ce moment , n1 dans aucun autre, paroître fur le corps de la Lune aucune lumière, de la force, aétivité & cou- leur de celle-là ; les autres perfonnes qui fe trouvoient fur le Vailleau n'en auroient pas fait plus à cas ; ils l’auroient resardée comme une fuice ordinaire de l’Eclipfe. IL n'eft pas inutile de remarquer que fi pendant les fiècles qui fe fonc écoulés depuis que l'Aftronomie eft connue, & qu’on obferve les Altres, on n'a pas vu le Phénomène dont il eft ici queftion, il. s’en écou- lera bien d'autres avant que les deux Aftres & l’Obfervateur fe trouvent dans la même potion refpective où ils fe font trouvés cette fois-ci ; quelque diftance que l’on fuppofe entre les deux extrémités de ce trou, ou de cette ouverture, elle ne peur qu'être fort longue, & il faut nécef. fairemenc dans ce cas, pour revoir ce Phénomène, que le rayon vifuel de l'Obfervareur puiffé le parcourir, direétement & fans obftacle, juf- ques fur le corps du Soleil quand il efl éclipfé ; pour fi peu qu'il en foit détourné, cela fufira pout rencontrer quelques-uns des contours de ce paflage, & par conféquent pour ne point appercevoir fa lumière. Nous devons pencher à croire que c'eft un trou & non une coupure , parce que fi c’étoit cette dernière , fa profondeur , depuis lebord du limbe, feroit de dix lieues un quart ; & afin que les fommets deces éminences puiflent fe foutenir, il faudroit qu'elles fuflent bien plus éloignées par leurs cimes que par leurs bafes, & par conféquent que la diftance fi plus grande vers les bords du limbe, & que lorfque cette partie eit illuminée, comme elle l'eft dans: la pleine lune, on. vit diftinc- tement l’intervalle-entre les. deux éminences tout-à-fair obfcur & privé de lumière, ce qui n'arrive pas. La mefure de cer intervalle ou de la profondeur de la caverne feroit, dans: cette fuppofition,, de 2.0! lieues ; & comparant le point lumineux avec l’efpace qui étoit, entre lui & le bord du difque , on les trouve-dans le-rapport-de-= ou d'un 3 ainf le diamètre de cette efpèce de puits fera de moins d’une lieue & de plus de + de lieue : refte à favoir fi une lumière de ce diamètre pourroit être apperçue de la terre avec une lunette. Tout ce que je, puis aflurer, c'eft que M. d’Aranda la vit avec une lunette d'un pied & demi de la grandeur d'un des fatellites de Jupiter ; & que vue avec un télef- \ cope ordinaire à deux lentilles de dix-huit pouces & avec celui : 4 \ e D Ab : , : Û de Le : Û a: * 328 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de trois pieds à fix verres, je {a vis plus grande; ce-qui me donna lieu d’eftimer l’efpace obfcur qui éroic entre le limbe de la Lune & lui. On doit paretllement conlidérer que la portion de lumière tranfmife par lé trou: devoit ètré plus grande que foh diamètre ; parce que les rayons divefgeoient en forrant, & occupoient ipat conféquent un plus grand: efpace ; ainfi le ‘diamètre de la lumière feroïic plus que double ) de celui du trou ou puits Je dois auf avertir que pendant tout le tems de fon apparition , je n'y reconnus d'autre changement que celui de s'être ün peu âgfandi ; ce qui pourroit provenir de ce que dans le com- mencement le corps du Soleil ne couvroit pas encore toute la circonfé- rence du trou, & qu'à mefure qu'il la couvrit davantage , 1l parut plus grand. 2 Si cette lumière avoit été d’une autre efpèce que la folaire , elle pour- roit fouffrir d’autres explications; mais dans ce cas-ci elle n'en permet pas d'autre ; parce que le fair lui-mème annonce ce qu’elle évoit. Ce'que' Dom d'Aranda , qui l’apperçut le premier , a vu , étoit un rayon du Soleil, faifant fur le difque de la Lune l'effer d’une étoile; je le vis de même, & après moi, Dom Winrhuifen; il n’y a aucun doute à former fur ce fait: ce ne pouvoir être ni une étoile ni une comète, car on:n'en a point obfervé d'auffi éloignée du Soleil, de fi voifine de la terré, & inférieure à la Lune. D'ailleurs, fi c'eur été une comète, étant oppofée au Soleil , & placée au-deflous de la Lune , qui lui déro- boit la lumière de cet Aftre, elle n’auroir pu être vifble, indépendam- ment de la Lune , puifqu’elle nous auroit préfenté fon côté privé de lu- mière. Joignez à cela la parfaite égalité de certe lumière avec celle qu'on apperçut au premier moment de l'émerfion du difque du Soleil , lorfque fes rayons pénétrèrent l'armofphère de la Lune , & il en réfulrera qu'on ne peur donner d'autre explication raifonnable de ce Phénomène. Je n'ai point apperçu pendant l'obfervation aucun inéoalité , ni rien qui en eût l'apparence, fur le limbe de la Lune ou autour de fon difque. 11 eft remarquable que M. Dezoteur ayant ;. comme je l'ai dir, fur cetre obfervation à Salé , l’a trouvé de mème, fans aucune différence dans l'anneau réfraétif, & cependant il n’a point apperçu le point lumi- néux , ce qui prouve que ce n'écoir pas l'image d’un autre corps lumineux à tranfporté par la. feule apparence , fur Le corps de la Lune, puifque dans . ce cas il auroit dû l’appercevoir, ce qui n’eft pas arrivé, parce que le lieu d’où il ébfervoic n'étant pas dans la direction du trou , le rayon du Soleil ne pouvoit pas , ainfi que je l'ai dit plus haut , parvenir jufques à Jui. 1: U Ce point lumineux étoit vers la partie du difque de la Lune , où de- voit.commenñcér l’émerfion , un peu plus au nord-oueft ; de manière que ; vu du vailleau , il répondoit à fon nord-nord-oueft. J'ai expliqué la nature de cette lumière extraordinaire , conformément aux ' SUR L'HIST NATURELLE ET LES ARTS, 1329 aux apparences qu'elle m'a préfentées ; j'ai dit ce que je penfois à cet égard , fans prérendre que mon avis foit décifif; c’'eft un nouveau champ également ouvert & aux Aftronomes , pour chercher à découvrir dans les Eclipfes où concourront les mêmes circonftances , le même point lu- mineux , & aux Phyficiens, pour tâcher de trouver d’autres explications plus vraifemblables. Les uns & les autres verront que cette Planète dont, les mouvemens irréguliers ont fi fort exercé les Aftronomes , offre de plus maintenant , une nouvelle lumière extraordinaire à difcuter, & qu'à péine on commence à trouver des motifs fufhfans pour la croire entourée d’une atmofphère fenfible , qu'il s’en préfente d’autres pour croire que fa malle eft percée par un-rrou ou une forte de puits difforme ; que ce trou n’eft peut-être pas le feul qui la traverfe, & qu’il en exifte d’autres dont les directions diverfes ne fe font pas encore préfentées à la vue comme celui-ci, que le rayon du Soleil , oppofé au trou & à la terre , a traverfé fans obftacle pour parvenir jufques à nous. Peut-être par- viendra-t-on à découvrir que les taches fombres répandues fur le difque de la Lune, ne font que des trous difformes, plus ou moins profonds , dont quelques-uns latraverfent en partie, d’autres en entier. Dans ce cas, il faudra former d’autres fuppoltions fur fa male, dont le poids doit diminuer à mefure que les creux feront plus profonds. Tout cela peut donner lieu à de nouvelles recherches , ainfi qu'à de nouvelles explica- tions de l'irrégularité de fes mouvemens. M. Darquier , de l’Académie Royale des Sciences, Infcriptions & Belles-Lertres de Touloufe, en difcutanc, dans fon Mémoire fur l'E- clipfe du Soleil du premier Avril 1764 , page 84 de fon Journal : Aftronomique , imprimé à Avignon en 1777, sil eft poflible, ainfi que Yavoit cru M. Delifle en 1743 , d’appercevoir le difque de la Lune immédiatement avant le moment du contaét , ou commencement de PEclipfe , s'exprime ainfi : » Je n'ai pas été plus heureux cette fois-ci , avant le commencement » de l’Eclipfe , que je ne le fus alors ; mais quatre ou cinq minutes » après, j'ai vu très diftinétement fur le bord du difque lunaire , voifin » & extérieur à la corne méridionale , une lumière rougeâtre qui m’en » faifoit diftinguer une partie environ fous-triple de celle qui étoit » fur le Soleil. Cette apparence à duré environ deux minutes , après » quoi je n'ai rien vu de pareil ; je ne fai fi quelqu'autre Obferva- » teur aura vu la même chofe; je n'exige pas que ce fait foit conftaté » par ma feule obfervation « (1), (x) Cette lumière pourroit bien être due à l'atmofphère de la Lune, dont je n'ofe nier ni affirmer l'exiftence ; je dirai feulement, qu'ayant obfervéune occulration de Sigma du Sagittaire, le 18 Septembre dernier, & qui n’avoit été annoncée que par les Tome XV, Pare. I. 3780, AVR IL, LE 359 OSERV ATIONS SUR LA PHYSIQUE, Quoique cette lumière foit extraordinaire, elle eft cependant diffé- rente de celle qui a été découverte du vaifleau l'Efpagne , parce qu’elle a été appercue fur la partie de la Lune , voifine & extérieure à fa corne méridionale ; quatre ou cinq minutes après le commencement de l’Ecli fe, & qu’alors le corps du Soleil n'étoit pas en oppofition avec Poœil le TObfervateur par la partie où il appercut certe lumière , comme il l'étoit lors de mon iranien Les fingularités remarquées dans l'anneau dela Lune femblentnepaslaiffer de doute fur lenifiehe de fon atmofphère;les couleurs de l’anneau réfrattif, leur déoradation fucceflive & les rayons qu'il lançoit au-delà, paroiflent ne pouvoir être attribués qu’à certe mème armofphère; & fi l'on vouloir préten- dre que ces différens Phénomènes n'étoient dus qu'à celle de le terre, on auroit de fortes & puiffantes raifons à combattre, une defquelles feroit que le Soleil éran entièrement caché par la Lune dont le diamètre apparent étoit plus grand que le fien , fes rayons ne pouvoient arriver jufques à la terre, & par conféquent ne pouvoient produire aucun effet relatif à fon atmofphère. Etant au contraire tangens à celle de la Lune , ils fubifloient une réfraction très-fenfible , dont l’effec étoit pareil à celui de l’Arc-en- Cie! fur la terre; avec cette différence, que le même ordre ne régnoit pas dans les couleurs, & qu'ils éprouvoient un mouvement rapide em tourbillon , qu'on ne voit pas dans celui-ci ; mouvement qu'on doit attribuer à ce que les rayons du Soleil frappoient également à la fois dans tous fes points, la circonférence du difque lunaire. On peut ajouter que le difque du Soleil, vu par le trou, & la partie de ce difque qui parut au premier moment de l’émerfon, étoient toutes deux d’un rouge enflammé, & d’une teinte égale à celle dont le Soleil fe colore à fon lever ou à fon coucher, ou qu'il paroît avoir lorfqu’on le regarde avec un verre fumé. On peut conclure de ce qui précède , que l'armofphère de la Lune occupe exaétement l’efpace déterminé par l'anneau réfra&tif, & qu'au-delà , eft une couche environnante, d’une matière plus délice, qui réfléchiffant la lumière produifoit les rayons blancs ; à l'extrémité de ceux-ci finifloit la clarté; & les étoiles ceflant d’être ofufquées, y pa- roiffoient afez brillantes, & à-peu-près comme au point du jour , avant que l’aurore n’étale fes vives couleurs. : On peut confidérer cet anneau pendant l’obfcurité totale, fous trois afpects différens ; le premier, lorfqu'il commença de paroître , à l’inftant de l'immerfion totale , & qu'il avoit un doigc de largeur; le fecond, Ephémérides de Berlin, je vis lors de l'émerfion, qui fe fit fur le bord éclairé, pen- dant deux ou trois fecondes, l'étoile tenir au difque lunaire, comme par une queue Jumineufe. M, de Lalande attribue ces effers à la diffraction des rayons. Nore du, Traduéteur, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 351 demi-minute après ; il en avoit alors un & demi; & le troifième , une minute après qu'il fut dans fa plus grande force & mr , où il refta pendant une minute avant le commencement de l’émerfion ; après quoi 1l diminua peu à-peu, comme il avoit commencé ; & au moment où l’on apperçut le point lumineux , 1l avoit à-peu-près deux- doigts : M. Dezoteur ne l'eftima que d’un doigt , ce qui prouve que le lieu d’où il l’obferva n'étoit pas aufli avantageufement fitué que lelieu où éroit le Vaifleau; la direction des centres des deux Planètes répondant à celui-ci & non à l’autre. Nous remarquâmes fur le Soleil fix taches aflez grandes , placées deux à deux ; il y en avoit deux dans la partie orientale du difque , deux vers le centre , & deux au nord, déclinant un peu au nord-oueft. On n'obferva pas la hauteur de cet Aftre , ni au moment de l’immer- fion totale, ni au moment de l'Eclipfe ; mais le Pilote Major , Dom Aranda , & les autres Pilotes que j’avois chargés de ce foin, me dirent qu’à 4 heur. 3 minut. il avoit 3$ degrés 43 minut. de hauteur , & à 4 heur. 48 minut., fin de lEclipfe, 26 degrés 42 minut. 20 fecondes. Au moment que l’immerfon totale alloit arriver , & à celui de la fin de l'Eclipfe , c’eft-à-dire , de l’émerfion totale , le difque du Soleil parut un peu allongé par fa partie contiguë à celui de la Lune’, fans qu'il parüt aucune altération dans le refte du difque : n’eft-ce pas une nou- velle preuve de la réalité de l’atmofphère lunaire ? Celle de la terre étoic fort nette, le vent étant médiocre à l’oueft- nord-oueft ; l’horifon ne préfentoit aucun nuage , ainfi qu’il arrive com- munément fur mer; ce ne fur que vers les fix heures du foir qu'il en parut quelqu'un. La beauté & le brillant dé l'anneau , & la découverte fi inté- reffante & fi inattendue du point lumineux , me faifirent & m’enchan- tèrent au point que je ne eu plus qu’à ces deux Phénomènes , & que je ne m'occupai que d'eux. de leurs progrès & deleurs altérations.Cette préoc- cupation me ft négliger d’autres circonftances de l’'Eclipfe , qu’il auroit été utile de recueillir , comme celle de défigner les étoiles qui devin- rent vifibles au moment que l’'Eclipfe fut totale , & celles que l’on continua de voir jufques à ce que le Soleil reparut, ainfi que la varia- tion des couleurs de l'anneau & celle des rayons lumineux pendant leur durée. Ces remarques auroient été utiles pour la plus grande in- relligence des effets de l’Eclipfe , mais on me trouvera pardonnable, fi on ‘confidère que je n'étois pas prévenu du fpeétacle qui s'offrit à mes yeux, & fi on fonge fur-tout qu'il n’eft pas aifé de pratiquer ces obfervations en mer, avec la même facilité & le mème détail que fur terre , à caufe du mouvement du vaifleau, qui, quoique médiocre, caufoit cependant beaucoup d’embarras ; par la difhculté qu'il ÿ a de maintenir long-tems les objets dans le champ de la lunette. Une des obfervations des plus importantes à faire , auroit été de 179$0. AVRI IL. Œt'z 332 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; mefurer exaétement la largeur de l'anneau dans plufeurs points , & en différens tems, pour voir s'il éroit égal dans tout le contour de la Lune , d’où on auroit pu connoître fi pour le lieu où fe trouvoit le Vaifleau. l'Eclipfe étoit exactement centrale. À la vue 1l me parut que cela éroit ainfi, mais je n'en fuis pas allez certain pour l’aflurer. Tout ce que je puis dire , c'eft que quelque-tems avant que l’'émerfion com- mençât l'anneau fe rétrecit par la partie où devoit paroître le Soleil , & qu'un moment avant que le premier rayon de lumière parut , l'anneau difparut entièrement, Ce jour , 24 Juin , à midi, le vaiffeau étoit à 37 degrés 14 minut. de latitude boréale; & depuis ce moment, jufques à l'heure de l'obfervation, il courut à l’eft fans changer de latitude. Depuis la fin de l’Eclipfe jufques à ce que nous fûmes nord &c fud du Cap Saint-Vincent , nous parcourûmes , en navigant à left, 305 milles marins, ce qui fait 100 + lieues ; avec cette diftance on peut déterminer la différence du méridien de ce Cap avec les différens Obfervatoires des principales Villes de l'Europe , parce que les obfervations correfpondan- tes à la mienne , donneront la vraie longitude du point où étoit le vai feau au moment de l'obfervation. Elle fervira à corriger les Cartes Géographiques & Hydrographiques dans un point fi elfentiel, & à la déterminer , ainfi que le fera enfin celle du Port de Salé. . Les tems ont été marqués à la montre de Dom Joachim Aranda, qui la régloit tous les jours avec grand foin à midi, & qui y obfervoit auffi très-exactement Le lever & le coucher du Soleil. On n’avoit que cemoyen: pour avoir l'heure, le vailleau changeant continuellement de latiude. On tint compte du chemin que le vaiflau avoir fair à l'eft , depuis midi jufques à ; heur. & ! , qui éroit de 3 2 lieues. On n'a pas marqué les fe- condes , parce qu'il n’étoit pas aifé de les diftinguer , avec le Sable à mi- nute , & qu'en s'occupant à les eftimer , les phafes de l'Eclipfe auroient pu paller fans être obfervées. Les rems marqués font des tems vrais. M. Dezoreur , qui fit fes obfervat'ons à terre, avec une Pendule Alftronomique , réglée par des hauteurs correfpondantes , marque la. durée de l’obfcurité totale de 3 minut. sr fecondes ; elle fut trouvée, fur le vaiffeau, de 4 minut.; la différence eft de 9 fecondes. Il: faut faire attention que d’après ce que j'ai dit, cetre durée, ainf-que celle de toute lEclipfe , doit avoir été plus longue , obfervée fur le vailleau , qu'à Sale ; ainf, les 9 fecondes , & peut-être quelqu'une de plus , répondent à-cette plas grande durée, Depuis le milieu de l'Echipfe jufques à la fin, M. Dezoteur compte 1 heur. 2 min. $o fecondes , & nous, fur le vaifleau.,; 1 heure 2 minur. Celle-ci, qui devroic être plus longue; eft cependant, plus courte de so fecondes; cette différence peut venir de ce qu'il dir: qu'il obferva le moment du milieu de l'Eclipfe à 4 heur. 23 minut. 40 . SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 355 fecondes , ce qu'il ne pouvoit pas affurer, puifque le corps du Soleil a refté caché derrière la Lune pendant les 3 minut. $2 fecondes , que dura Pobfcurité totale, fans avoir expliqué sil avoir obfervé le moment de limmerfion totale du Soleil ,qui différoit très-peu du milieu de l’Eclipfe. C'eft ce qui doit jetter de l'incertitude fur l'intervalle du milieu de l'E- clipfe à fa fin, felon que l'on entend par milieu, le moment où elle fut centrale , ou celui qui partageoïit l'intervalle du moment de l'immerfion totale, & du commencement de l’émerfion , qui , quoiqu'il ne fût pas le même , à la rigueur, en approchoit cependant , comme je l'ai dit , beaucoup. On doit cependant faire attention que pendant 1 heure 2 minut. qui s'écoulèrent entre le milieu de DA & fa fin ,le vaifleau changea de place & courut à left un peu plus d’une lieue , ce qui fait que la fin eft arrivée un peu plutôt qu'elle n'auroit fait, s’il n'avoir pas bougé du lieu où on avoit obfervé le commencement, La nouvelle découverte d’un trou ou ouverture fur le corps de la Lune, ft un des Phénomènes des plus finguliers dont les Aftronomes aient fait mention ; elle pourra fervir d'époque particulière aux évènemens aétuels de la terre , fur-tout à ceux de PEfpagne & des vaftes Domaines de fa Monarchie. Depuis qu’on fait qu'il y a dans la Lune des montagnes lus élevées que celles de la terre , dont les Aftronomes ont mefuré à hauteur ; des profondeurs qui y répondent; des vallons , des mers; perfonne , à l'exception de Bianchini , n’a parlé d’un Phénomène lu- mineux vu fur le corps de la Lune ; il en abandonne même l'expli- cation à qui ofera l’entreprendre, C’eft précifément de cette explicarion que jai lafardé de donner , que mon obfervation tire fon principal mérite ; les calculs, au refte, que j'ai préfentés fur la profondeur , & le diamètre du trou lumineux , ne font faits que par eftime, ces me- fures n'ayant pu ètre prifes , comme je lai dit plus haut , avec la précifion & l'exactitude que je défirois. Explication des Figures, La Planche première, Figuré- première, repréfente l'Eclipfe de Soleit depuis limmerfion, avec l'Anneau Lumineux de réfraction, les rayons blancs , & quelques Etoiles. (AB) ER le difque obfcur de la Lune. (B) La partie Boréale.( A) L'Auftrale. (ab) L’Annéaur. (bc) Ses Raÿons (C) Les Etoiles. (O) La partieOrientale. (ol L'Occidenrale. On doit fuppofer dans cette première Figure que le Point Lumineux n'y eft point. La Figure feconde , repréfente Te Contour du difque dé la Lune; avec FAnneau fenfiblement diminué , comme il paroïffoit au commen- cément de l’émerfion, & le Point Lumineux (P). (BD) L'Anneau plus étroit du côté où commencoit l’émerfion. L'Echpfe”eit repréfentée comme’on là voyoit de la terre. 334 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, , RCD PTE Us IN Simple de reduire le Werre en poudre par l’Etincelle élétrique, C eTTE Machine eft formée d’une petire planche aa, (Pl.2,fg. 1.) de 10 pouces de long fur 2 pouces & demi de large: À un demi-pouce de fes extrémités , elle eft furmontée de deux petites colonnes BC, BC, de 4 pouces & demi de haut fur un pouce de circonférence , lefquelles font percées horifontalement à un demi-pouce dd, de leur extrémité fupérieure. Ces ouvertures font deftinées à recevoir deux tiges de métal, ef, éf, terminées chacune par une boule & par une pointe; ces tiges font de groffeur à pouvoir pafler librement par les trous, qui ont 3 ou 4 lignes de diamètre. Au centre de la planche G, & par conféquent entre les deux colon- nés, on a fixé un petit guéridon G H de trois pouces & demi de haut, dont la Tablette zi, qui eft deftinée à recevoir le Verre qu'on veut réduire en poudre à un pouce & demi quarré : comme cet inftru- ment eft en bois , la Tablette doit être recouverte d’un morceau d'ivoire de mème grandeur, c'eft-à-dire d’un pouce & demi quarré; certe Tablette eft mobile, c’eft-à-dire, que l'on peut la defcendre ou la monter à volonté , au moyen de ce que la tige LLL, à laquelle elle eft adaptée , peut entrer plus ou moins dans la colonne qui ferr de pied au guéridon; ce qui produit l’effer d’une bougie que lon fait entrer dans un flambeau, dont le diamètre de l'ouverture eft propor- tionné à celui de la bougie. Pour faire cette expérience, on met une boule E quelconque, en contact avec la furface extérieure d’une Jarre ,revêtue à la Méthode de M. Bevis; on pofe fur la Tabletre un morceau de glace ou de verre, 1,2, d'environ un pouce quarré; on place les deux pointes des tiges EF, EF, de manière qu'elles touchent la glace fur les deux tranches oppofces ; & afin que certe glace en fe brifant ne jette aucun éclat, on la couvre d’une petite planche d’un pouce & demi quarré, 3 , 4, laquelle eft cerminée à fon centre d’un bouton ordinaire. L'appareil étant ainfi difpofé , on peut fans craindre établir la com-, munication entre les deux furfaces de la Jarre , ayant foin, cependant, de pofer un bout de l’excitateur fur la boule de la tige oppofce à celle, qui touche la furface extérieure de la Jarre ; l'étincelle étant obligée "a de traverfer la glace, pour arriver à la furface extérieure de cette Jarre, la réduit en poudre & la colore des iris de l’Arc-en-ciel, J'ai répété certe expérience dans ma féance publique le 10 Février , en préfence de MM. Sigaud de la Fond & Rouland, Deuxième Canne éleürique. La Canne électrique eft formée d'un tube de verre d’environ 36 pou- ces de long & d’un demi-pouce de diamètre ; elle eft revêtue à fa fur- face extérieure d’une feuille d’étain que l’on couvre d’une couleur & d'un vernis noir; on à foin de laïller deux ou trois points de la feuille d'étain à découvert , afin que le tube de verre puille fe dé- charger extérieurement, à proportion que Fintérieur fe charge. On fixe dans l'intérieur une chaîne de métal , qui communique aux deux éxtré- mutés; on intercepte la communication entre les deux furfaces, en fermant les deux bouts du tube avec de la réfine où de la cire d'Efpa- gne, que l'on couvre avec la pomme d’une canne ordinaire de métal quelconque. Pour charger cette canne, il fuffic de préfencer la pomme à un con- ducteur de machine électrique ; fi on la jfe ainfi chargée fur le pied d'une perfonne, fon premier mouvement fera de faifir la canne d’une main , elle éprouvera alors une commotion des plus fortes | fur-tour fi on a beaucoup chargé cette canne d’éle@ricité, à J'oubliois de dire que la partie inférieure de cette canne à une for- me conique, comme un entonnoir ordinaire, Ces. deux expériences feront dépofées au Cabinet de M. de k Blancherie. Les Amateurs qui en voudront de Jfemblables pourront S’adreffer au Sieur Cic:ry , rue Saint-Honoré, vis-d-vis L'Hôtel d'Aligre, 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &c. TABLE DE SV RME LES Contenus dans ce Cahier, E LOGE de M. Bucquer , Doéleuren Médecine, &e. par M. deFour- croy, Médecin de la Faculté de Paris, Profefleur d’Hifloire Naturelle G de Chymie, page 257 Précis & analyfe de la Méthode inventée , par le Doéleur SCH&FFeR, pour abréger l'étude de la Botanique ; par M. DE SAINT-AMANS , 216$ Nouveau Syfléme de Minéralogie ; par M. MonxET , 285 Obférvation de l'Eclipfe de Soleil, totale , avec demeure, & annulaire du 24 Juin 1778, par Don Antonio DE Urroa, Commandant de la Flotte de la Nouvelle Efpagne , avec la découverte d'une nouveau Phénomène dans la Lune; 319 Moyen fimple de réduire le Verre en poudre par l'étincelle électrique, 334 EEE RS nn A SP PR OV BAA TEL ON. S ; Fe lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre : Obfervations fur La Phyfique, fur l'Hifloire Naturelle & fur les Arts, &c.; par M. l'Abbé Rozirr, &c. La Colleétion de faits importans qu'il offre pério- diquement à fes Lecteurs, mérite l'accueil des Savans ; en conféquence, j'eftime qu'on peut cn permettre l'impreflion. A Paris, ce 27 Avril 1780. YALMONT DE BOMARE. Avril 1780, TS Éd Nr TRS re £ “Len ä .… der CA ddS rune den 7 000 1 ‘ Y'INTS: -æ 4 pe # c Seife (0 s {he * ‘ ) . - n 1 PL # delle Sup 1700 » ÊT au om NL AS DE or SL LE 2 © ——— PROC | JJOURNAL DE PHYSIQUE. | MAT 1780. | 1 en € MN OS) 120 Ou analyfe du Mémoire de M. Messie , Affronome de la Marine, de l’Acadèmie Royale des Sciences, &c. fur le Froid extraordinaire refferi à Paris & dans une partie de l’Europe au commencement de l'année 1776. Infëré dans le dernier Volume de l'Académie des Sciences , de la mêne année (1). Le Mémoire de M. Meier, eft le premier Mémoire de Phyfique qui contient 155$ pages d'impreflion , avec trois planches : ce Mémoire intére{lant , appuyé d’obfervations & de faits ; demanderoit à être im- primé féparément du Volume de l'Académie , pour être plus répandu, plus connu; pour que les Phyficiens & le public puiffent en jouir & 1e le procurer plus aifémenr. Nous allons en donner une analyfe aufñi étendue qu'il nous fera poffible. Le Mémoire de M. Mefler, eft divifé en treize Articles, Ariicle I. Contient, la conftruction & la divifion des échelles de fes thermomètres , qui ont été employés à connoître le froid de 1376, M. Meflier, fit conftruire, par Aflier Périca , quatre thermomètres, deux au mercure, les deux autres à l’efprit-de-vin ; au lieu de boule, il fit faire des fpirales, jugeant qu'ils avoient plus d'avantages fur ceux à boules, qui étoir de divifer la liqueur , & par ce moyen de rendre les chermomètres extrèmement fenfibles au moindre changement de l'atmofphère & du venr: M. Meflier prit un foin particulier de ces oo (x) Voyez Table des plus grands degrés de froid obfervés dans différens lieux pendant le mois de Janvier 1776; par M. Cotte. Journal de Phyfique 1776, T. VII, P. 32$e Obfervations Métréréologiques faites au Hâvre, & fur le grand froid de Janvier 1776, par M. Dicquemare, 1bid. 1776, T. VIIL ,p. 225. Tome XV, Par. I, 1780. M A I, V v 338 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quatre inftrumens , il calibra lui-même plufeurs tubes, & il en trouva dont le calibre étoit parfait, qui fonc les quatre thermomèrres en queftion ; il en fit remplir deux de mercure, révivifié du cinabre; les deux autres, il les fit remplir d’efprit-de-vin rectifié, de couleur rouge & de 38 degrés fuivant le pefe-liqueur de M. Baume: il mit à la glace fondante ( en Octobre 1775 ) ces quatre thermomètres enfemble , pour bien déterminer le point de zéro ou de la première congélation : après cette opération, M. Meffier mit les deux thermomètres au mercure à l'eau-bouillante , le Baromètre étant à 28 pouces: entre la glace & l'eau-bouillante , il divifa cet intervalle en 86 degrés , & 1l préféra cette divifion à celle de 80, qui eft celle de M. de Réaumur , comme s’accordant mieux avec la marche des rhermomètres à l'efprit-de-vin rectifié. Les deux points de la glace & de l'eau bouillante donnèrent à M. Meffier, la divifion des échelles de ces cthermomètrés au mercure, en degrés égaux, & leurs échelles , (rapporte M. Meflier) étoient fi égales entr'elles, que de zéro à 85 degrés il n’y avoit qu'un degré. de différence, de manière que la planche de l'échelle de l'un de ces ther- momètres pouvoit être remplacée par l'échelle de l’autre ou devenir commune aux deux ; l’un de ces thermomètres au mercure avoit pour échelle de chaque côté du tube , l'échelle de 8$ degrés, le fecond, our échelle d’un côté du tube la mème échelle, & de l’autre coté échelle de Fahrenheit : ces deux thermomètres au mercure bien gra- dués par M. Meñlier, lui fervirent d’éralon pour régler les deux autres thermomètres à l'efprit-de-vin rectifié, qui ne‘portoient ni l’un ni l'autre l’eau bouillante ; le point de zéro ou de la première congélation y fat détérminé, en les mettant à la glace pilée & fondante , avec les deux autres au mercure. Pour avoir d’autres points pour la divifion des échelles de ces deux thermomètres, M. Meflier prit un bain d’eau tiède, dans lequel il plongea les quatre thermomètres : ce bain ayant fait monter les deux thermomètres au mercure au-delà de 40 degrés de dilatation , il attendir que les colonnes defcendifflent à 40 degrés jufte , ce qui fe fit lentement par le refroidiffement du bain; & il mar- qua, par lemoyen d'un fl, fur les thermomètres à l’efprit-de-vin, le point de 40 degrés que donnoient alors ceux au mercure : il opéra de la même manière pout 20 degfés. Les trois points déterminés ; favoir, le zéro ou la congélation ; 20 &. 40 degrés de dilatation lui donnèrent la divifion des échelles de ces deux thermomètres en parties égales. “Ces quatre chermomètres , ainfi que quatre autres à l'efprit-de-vin, fervirent à M. Meflier , aux obfervations du froid de 1776 : 1l donne le détail .de ces huit thermomètres qu'il défigne dans fon Mémoire pit des numéros depuis 1 jufqu'à 8; les deux numéros 1 & 2 font les deux thermomètres au mercure. SUR L'HIST. NATUREILE ETLES ARTS. 339 Un de ces huit thermomèrres qui eft le n°.8, à l'efprit-de-vin; lorfqu'il fut conftruit, on le mit dans un cylindre de verre ; cette opé- sation produifit un fait aflez fingylier , que M. Meffier rapporte ainfi : lors de fa conftruction , ce thermomètre étant remis dans un cylindre de verre, pour le fceller par le bout, il falloit le mettre au feu de la lampë.; comme ée'cylindreéroir fort court , il s'échauffoir de ma- nière qu'on ne pouvoit le tenir à la main, l’Arrifte l’enveloppa d’un linge mouillé ; quand il füt foudé, le linge ôté , une humidité parut dans l'intérieur du tube contre les parois du verre; la même chofe eut lieu dans une feconde expérience. M. Meflier rapporte à cètte occafion un fait cité par M. l'Abbé Nollet: qu'on trouva au fond d’un puits la tige creufe d’un verre à boire, remplie d'une liqueur tranf- parente comme de l’eau qui paroïfoit ne pouvoir y être entrée que par les pores. M. Mellier , rapporte également des obfervations faites en mer avec des bouteilles de gros verre vuides & bien bouchées , qu'on avoit retirées pleines d’eau. Article II. du Mémoire ; contient:les obfetvations du froid de 1776, faites par M. Meñier, à l'Obfervaroire de la Marine, Hôtel de Clugny, à différens thermomètres expofés à différens endroits & à différentes . hauteurs. Une première table , contient les obfervations du froid faites au ther- momètre n°. |, au mercure expofé à une des croifées de fon appar- tement, depuis le 9 Janvier jufqu'au 19 du même mois. Une feconde table, contenant la fuite des obfervations faires à la même croifée, depuis le 20 Janvier jufqu'au 30, à trois thermomètres numéros IL,-HII & IV. Une troifième table |, contenant lés -obfervations du froid faites à lObfervatoire de la Marine, les’ thermomèrres élevés de 54 piedsau- deflus du pavé, & expofés au vent du nord-eft, depuis le 20 Jan- vier jufqu'au 28, à crois thermomètres numéros 1, IV & VIII. Une quatrième table , contenant les obférvations du froid au même Obfervatoire , depuis le 28 Janvier jufqu'au 2 de Février; à fepr cher- momètres numéros 1, {L, IL, IV, VI, VII & VIII. C'eft dans certe table où l’on voit que le :plus grand desré-de froid eft arrivé le 29 Jan- vier à 7 heures? du matin, les deux thermomètres au mercure , numc- ros I & IL defcendirent à 16 & à 16 degrés +; & à 2 degrés + de l'échelle de Fahrenheit , au-deflous du zéro du froid artificiel, &c. Une cinquième table, contient des obfervarions du froid faites au thermomètre n°:V, quiétoit placé au même Obfervatoire & au nord ; avec des obfervations faites à un fecond thermomètre n°. VII, placé dans la boîte qui renfermoit la pendule d’obfervation : ce thermo- mètre y défcendit à 13 degrés au-deflous de zéro, le 29 Janvier matin, 1780, M A I. Vv2z 340 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Cette table contient les obfervations faites depuis le 20 Janvier juf- qu'au 8 de Février. Les obfervations que contiennent ces tables y font rapportées dans le plus grand détail, Article III. Contient des obfervations fur la chaleur du foleil, com- parées à des obfervations du degré de froid faites à l'ombre. M. Meffier, rapporte qu’il plaça à l'ombre, un thermomètre n°. VI, à la croifée d’une de fes chambres, dirigée à left, & un fecond ther- momèrre n°. III, qu'il plaça au montant d’une croifée au fecond étage de l'Hôtel de Clugny, donnant fur une petite galerie en face du midi : le nord & le nord-eft marqué par la couverture du toït de l'Hôtel; le thermomètre élevé de 3$ pieds au-deflus du fol : ce thermomètre n°. III, fut dirigé aux rayons du foleil & donna là M. Mefier des obfervations intéreffantes qu'il rapporte en table , fai- tes les 29, 30 & 31 Janvier d'heure en heure. On y voit la différence de degré des deux thermomètres, l’un ce qu'il a donné à l'ombre, & ce que le fecond donnoit placé de manière à recevoir les rayons du foleil. Article IP. Contient des obfervations fur le refroïdiffement des appar- temens, avec le froid extérieur. M. Meflier plaça à une des fenêtres de fes chambres un thermo- mètre n°. VI, & dans un cabinet au même étage , donnant fur la rue des Mathurins , & le cabinet ne tenant à aucune chambre à feu , un thermomètre n°. IL : de la pofition de ces deux inftrumens, M. Meflier obtint des obfervations correfpondantes qu'il rapporte en table, faites les 2,3 ,4, 5,6 & 7 Février, jours où le dégel avoit com- - mencé! à fe faire: on voit par cette table qu'il dégeloit au-dehors, tandis que la gelée fe confervoit encore dans l'intérieur du cabiner. Le ç Février matin, le thermomètre du dehors marquoit $ degrés de dilatation , tandis que celui du cabinet , marquoit un demi-degré au- deflous de la glace. Article V. Contient des obfervations fur l'inégalité du froid à diffé- rentes hauteurs, M. Meflier ayant reconnu au dégel , que l’atmofphère fupérieure étoit plus chaude que l’atmofphère qui étoit à une moyenne diftance au deflus du fol , où le froid avoit pénétré & qui fe confervoit en terre par la gelée , les neiges & la glace : pour connoître cette diffé- rence de température , M. Meflier plaça à fon obfervatoire , au nord- eft, un thermomètre n°. IV, élevé de 54 pieds au-deflus du fol; un fecond thermomètre n°. VI, il le mic à une des croifées de fes cham- \Ya Et, Mon tiEUS x we &. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. ‘ya bres élevée.de 20 pieds. La différence de’hauteur. des deux inftruméns éroit de 34 pieds: les obfervations qui ont réfulté de la poficion de ces deux thermomètres font rappoëées en table & faices les 1, 2, 3. & 4 Février, jours où avoit commencé le dégel.- :’! M. Mefier! termine ici fes obfervations fur le froid ; qui font rap« portées dans le plus grand détail. 7 é Après les obfervations du froid, M. Meffier voulut voir fi les ther- momètres qui lui avoient fervi aux obfervations , donnoïent encore le même point de la glace fondante : il les remit tous, le $ Février 1776, à dix heures du matin , dans de la neige qui commençoit à fe fondre, il les y laïffa jufqu'au lendemain 6 heures du matin , & il reconnut qu'ils donnoient rous le même terme de la glace: cette véri- fiation l'aflura de plus en plus de la bonté de fes obfervations & de fes thermomèrres. | 13, 211348 Article WT. Contient le détail de quatre thermomètres numéros T, MI, I & IV rapportés ‘à une mefure connue ; au moyen de laquelle on pourra reconnoître & reconftruire ces quatre inftrumens, pour ne as perdre le degré de froid obfervé en 1776, comme celui de 1709 Fe été au thermomètre de M. de la Hire, À M. Meflier, rapporte un moyen fimplé: à pouvoir tranfmettre le froid de 176, de. manière à le reconnoiïtre en reconftruifant les m£- mes thermomètres qui lui ont fervi, qui peuvent fe cafler ou fe per- dre dans l'avenir. Il confidére fur ces inftrumens quatre points recon- nus & déterminés; favoir, le zéro ou le point de la première congé- lation , la température des caves de l'Obfervatoiré Royal, le point de l'eau-bouillante & celui du degré de froid obfervé en r776 , fur cha- cun de ces quatre thermomètres : ces quatre points qui donnent trois diftances, il les rapporte en pouces & lignes du pied-de-roi, mefure conftante & qui fe retrouvera en tout rems, moyen fimple & facile. Si ce moyen avoit été employé pour le thermomètre de M° de la Hire en 1709, on auroit été à même en 1775 de reconftruire , par tâton- nement, un femblable thermomètre, en choififfanc un! tube dont la liqueur suroit donné les quatre points connus de cet ancien Ainftru- ment qui n’exiftoic plus plufieurs années avant 1776. Article VIT, Contient des détails d'expériences & de comparaifon de plufieurs thermomètres, pour connoître leur bonté & ce qu’ils devoienc donner pour .le degré: de froid de 1776, avec des obfervations fur un Bo prématuré & extraordinaire reflenti dans les Vofoes au mois de Novembre 1774. | lg 910% vhs M. Meflier rapporte ; que l'Académie ayant reçu, tant de fes Meim- bres qu? de différens particuliers de Paris &-de la Province ; des obfer- .341 © OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vations du froid ;:que: la difparité dans! les obfervations dérermina l'Académie | à nommer quatre Commiflaires , pour recevoir les ther- momètres qui avoit fervi à connoître le froid de 1776; que les Commiffaires en. reçurent une quarantaine , chargés de les examiner à la glace fondante ; à la: température, des caves de l'Obfervatoire Royal & au degré du plus grand froid obferyé, obtenwpar un froïdartificiel, De :cés 'expérientces., 1l én 'eft réfulté. uh rapport: de tomparaifon entre tous les thermomèrres; dont les Commiffaires rendront compte. (ràp- poire M. Mefier) M., Meflier remit aux Commiflaires deux de fes ‘thermomètres numéros I & IL au mercure, qui: furent foumis avec les autres, aux expériences, de la glace fondante, à un froid artificiel. & -iaux-çaves: de l'Obfervatoire ; du réfulrat de ces trois expériences, M. - Mefier rapporte que lès Commiflaites reconnurent dans ces deux inftru- mens une marche très-réoulière. M. Mefier qui fut préfent aux expériences faites par les Commif- airés , en rapporte une table détaillée : certe table eft curieufe & inté- reflante, 1l en explique l’ufage. Les Commiflaires joignirent aux expé- riences des thermomètres , qui-avoient fervi à mefurer le froid , un gros thermomètre, à l’efprit-de-vin blanc, conflruir en 1732 par MM. de Réaumur & l’Abbé Noller. M.'Meflier donne des détails fur ec ancien-inftrument, qui appartient aujourd'hui à M. Briflon. Chez. M. Baumé, M. Meflier remit encore dans un bain de fel & de glace plufeurs de fes thermomètres, les numéros 11, IL &c VI, avec un thermomètre à l’efprit-de-vin qu'il avoit reçu de Picardie , auquel le froid avoir été obfervé de 20 degrés : les expérience: faites, font: détaillées-dans le Mémoire. : À la fuite de toutés! ces expériences, M. Méffier rapporte Les obfer- -vations d'un froid prématuré & bien extraordinaire. Deux -thermomètres en fpirales, que M. Meñier fit conftruire au mois de Juillet 1774, pour S. A. S. le Prince Louis régnant de Salm- Salm , l’un au mercure, l’autte à l’efprit:de-vin, furent portés: à Senones, Chef lieu de la Principauté de Salm, dans les Vofges. M. l'Abbé Chaligny, Aumônier du Prince & ancien Profefleur de Mathématiques à Metz, prit foin de ces deux :thermomètres, &au mois de Noyem- bre 1774 1l obferva-un froid extraordinaire ; qui fit:defcendre la liqueur du thermomètre au mercure à 15 degrés +, & celui à l’efprüt-de-vin à 16. dégrés au-deffons de la congélation : tandis qu'à Paris, le même jour & à la même heure, M. Meffier n'obferva le degré: de froid à fon. Obfervatoire que de 7 degrés. au-deflous de zéro. De: noüvélles 'obfervarions : faites à Senones au mois. de Janvier 1777, font encore plus extraordinaires: le froid firdefcendre le mer- curé duthermomètre à 16. dégrés 5/ le -9 Janvier à 7 heures : du ma- qinéæandis -qu'à Paris , Le-mêmé'jour-& à la mème heure, M. Mef SUR L'HIST NATURELLE ET LES ATRS. 545 fierwobferva le froid qu'à quatre degrés? au-deflous de la congélation 1 différence 11 degrés +. 7.) | 0 | 36 Ce qui eft remarquable encore , (rapporte M. Meflier) c’efe qu'au { mois de Janvier1776, le froid étroit à pêu de chofe près, lé mème à Séno- nes & à Paris , & il y avoit également de la neige fur terre dans l’un & l'autre endroir. L )l M. Meflier entre dans beaucoup de détails fur ces obfervations, & rapporte en table les obfervations fairés à Senones &les correfpon- dantes qu'il a faites à Paris à fon Obfervatoire. ts Article VIII. Contient des obfervations fur la température des caves de l'Obfervatoire Royal & fur celles de l'Hôtel de Clugny. M. Méflier rapporte, que quelques Aftronomes foupconnotent que la température des caves’ dé lObfervoire Royal avoir changé, & qu'elle varioit fuivant les différentes rempératures du chaud & du froid , qu'on s’en étoir affuré! par des obfervarions. M. Meflier cite différentes obfervations , qui ont été faites dans ces caves & ailleurs , à de plus grandés' profondeurs où la température a été trouvée la mème. M. Mellier rapporte dans fon Mémoire une obfervation faite ‘dans les caves dé l'Obfervatoire Royal, que nous avons rapportée dans notre Journal , Tome IV, Partie VI, page 480, mois de Décembre 1774, où on lit» qu'il vient de s'élever un doute fur un changement arrivé » dans la température des caves de l'Obfervatoire Royal; qu'on a » obfervé à 40 années de diftance, avec le mème thermomètre à l’ef- » prit-de-vin , qu’en 1733, la température de ces caves étoir de 10 de- » grési, & qu'en Mars 1773 elle n'éroit plus que de 8 degrés +.«. M. Meflier rapporte, qu'on a eu raifon de dire dans le Journal de Phyfique , que cette différence de rempérarure dès caves dé l'Obferva- toire, demandoit à ètre vérifiée de nouveau. Le thérmomètre qui avoit fervi à ces obfervations ayant paflé entre fes mains, il en prit un foin particulier, le mit à la glace fondante pour bien connoître le point de zéro ; il fut porté enfuite aux caves de l'Obfervatoire, par les Commifaires nommés par l’Académie , fur mis avec les autres thérmomètres qui avoient fervi à mefurer le froid dans un bäin d'eau, qui avoit pris la température ‘de ces caves; le thermomètre refta dans le bain pen- dant trois jours, & M. Meflier trouva ‘que cét inftrument dünnoit pour la température des caves 10 degrés -:; Æ de degré de moins qu'en 1733 & 1 degré = de plus qu’au mois de Mars 1773, & M. Méflier conclut qu'il y a lieu de préfumer que la différence de tem- pérature annoncée , a pù provenir du thermomètre qui auroit defcendu de fa planche, n'y ayant rien fous la boule pour le contenir. : M: Meflier parle des moyens & des précautions qu'il faut prendre 344 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pour dépofer, aux! caves de l'Obfervatoire Royal les thermomètres ; pour bien connoître leur température. Les thermomètres de M. Meffier portés aux caves de l'Obfervatoire en donnèrent la température, il rap- porte en table le degré de chacun de ces inftrumens ; 1l rapporte auffi dans la mémetable, ce que lui ont donné fes cthermomètres dépofés aux caves de l'Hôtel de Clugny , pendant le grand froïd des mois de Jan- vier &.de Février 1776. L'on voit fur cette table de combien le froid y avoir augmenté à 16 pieds de profondeur. Pour les caves de l'Ob- fervatoire Royal, M. Meflier eftime que la température de ces caves y eft toujours la même, ou très-peu s’en faut, l'hiver comme l’été. Ariicle IX. Contient des obfervations fur la difficulté qu'a eue la rivière de Seine de charier; fur la durée de fes glaces, les vapeurs & fumées qui fortoient: de fes eaux pendant la gelée. M. Méeflier entre dans quelques détails, fur les chaleurs de l'été de 1775; fur les brouillards fréquents qui fuccédèrent à ces grandes cha- leurs & qui occafñonnèrent des rhumes dans Paris, dans les Provinces du Royaume & dans une grande partie de l’Europe; que beaucoup de gens en périrent & que cetie efpèce de rhume fut nommée la Grippe. M. Mefiier parle auffi d’un tremblement de terre qu'on reffentit à Paris, dans les environs , dans le Maine & dans la Normandie: il ne parle de ce tremblement de terre qu'il avoit reffenti lui-même à Cor- beil , que parce que plufieurs perfonnes prétendoient quil pouvoit -avoir contribué en paffant par des fouterrains, à empêcher la rivière de Seine de fe geler pendant les grands froids du mois de Janvier 1776. À Depuis le 9 Janvier que la gelée commença & que le froid alla en augmentant, paflant 9 degrés de glace, la rivière de Seine ne charia des glaçons que le 19, continua de charier jufqu'au 24 & ne fur prife & gelée que la nuit du 24 au 25 au-delà des ponts, du Pont-Roÿal & du Pont de la Tournelle, après avoir eu des froids de 10 à 11 degrés , phénomène allez remarquable , & M. Meflier rapporte que l'Académie invita les Phyfciens à faire des recherches fur cet objer. Le froid de 1709, fe trouva dans la même circonftance; la rivière de Seine ne gela pas totalement; le milieu de fon courant refta tou- jours libre à Paris, entre le Pont-Neuf & le Pont-Royal; &'à cette occafon , M. l'Abbé Noller rapporte ( dans fes Lecons de Phyfique, Tome IV, page 127, ) après avoir parlé de la formation de la glace : » C’eft ainñ qu'on peut expliquer un fait qui parut fort fingulier dans » le tems qu'on lobferva , & qui le paroïr encore tellement aujour- » d'hui que bien des gens refufent de le, croire , quoiqu'il foit bien » atefté ; pendant l'hiver de 1709, la Seine ne fur point SERREaRE prie, : SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS»: 34 » ptife, il y eut un courant découvert entre lé Pont-Neuf & le Pont- » Royal;:& l'on fait cependant gs cetre rivière fe gèle tommuné- » ment par un froid de 8 ou 10 degrés, plus foible par conféquent » que celui de 1709, qui fur de 15 degrés +. Il eft fingulier de pou- » voir dire en pareil cas: La rivière ne fé glace point tout-à-fait, parce » quil fait trop froid, Ge. « 2 M. Mefier entre dans des détails fur la-neige, les brouillards, le: ciel couvert, & préfume que cet état du ciel a pu contribuer à empt- cher la rivière de Seine de geler totalement, quoiquele froid für très- grand, qu'un ciel ferein peut contribuer à accélérer la glace, à geler, la rivière : fur cet objet, il entre dans des détails. xp M. Meflier rapporte, que le 25 Janvier , l’eau couloit dans le milieu, des bañlins de la Seine entre les ponts, les bords étant feulement ge- lés;. que pañlé le 25 ; la glace augmenta fur les bords , que le 27 il vit plus de so ouvriers occupés à la rompre, entre le Pont-Neuf & le Pont-Royal: & que malgré le travail de ce grand nombre d'hommes, ce baflin fur totalement gelé.le ‘30. La glace de la rivière étoit unie. Le 31 Janvier vers les trois heures de Paprès-midi, M. Mefñier vie plus de deux inille perfonnes ‘qui éroient fur la glace, dont un grand’ nombre alloient en patinant, dépuis le ‘Pont-Royal jufqu’au Pont-de:! Seve, On paffoit la rivière fur la glace , fans crainte & fans danger , hommes & femmes, vis-à-vis le Bureau des Voitures pour Verfulles; le Palais Bourbon, les Invalides, l’Ecole-Miliraire , les Bons-hommes, & entre le Pont-Neuf & le Pont-Royal, vis-à-vis le premier Guichet du Louvre & le Guicher-Neuf. : ‘°° +"! j M. Mefier parcourut plufeurs fois la rivière, & il rapporte plufieurs détails fur l'état des glaces, la hauteur'des eaux’ de la rivière: rapportée à l'échelle tracée à une des arches du .Pont-Royal. 11 donne auili des détails fur les vapeurs & fumées qui fortoient des eaux pendant la gelée , & rapporte dans fon Mémoire de pareilles obfervations faites à la Baye de Hudfon. | M. Meflier donne des détails aufli fur la débacle des glaces , fur le hauffement & l’abaiflemenc des glaces rapportés à la même échelle du Pont-Royal. LA Article X, Contient les effets du froid de 1776, Cet Article qui contient les effets de ce grand froid eft intéreffant, & nous le rapportons en fon entier. Les froids du 9, du:15 & du 11 Janvier avoient gelé & raffermi Ja terre; la neige qui tomba depuis le 11 fe conferva en totalité juf- qu'au dégel,, foit à la Campagne, foit à Paris : elle. fe durcit par les gtands froids qui fuccédèrent. Dans les rues de Paris, où elle n'avoic pas été entièrement enlevée , elle fur foulée aux pieds, & durcit de Tome XV, Part. 1, 1780. M A I, >, 346 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, manière que la fuperfcie n'offroit qu'une glace unie, dans la plu- part des rues : les hommes & les chevaux ne pouvoient les parcourir fans danger, & il arriva un grand nombres d’accidens ; on ne ren- controit à chaque pas que des embarras de voitures arrêtées , des che- vaux par cerre & bleflés. Un grand nombre d'hommes & de femmes ne marchoient plus dans les rues qu'avec des chauffons de laine, de lifières, d’éroffe & de chapeau. Il ny avoit qe ce moyen pour pou- voir marcher en sûreté. Sur les Ponts qui éroient extrèmement fré- quentés comme le Pont-Neuf & le Pont-Royal, la neige qui y devint opaque & en glace, à la fuperficie, dans les commencemens , fe pul- vérifa les jours fuivans en devenant pouflière de glace, de manière que le vent l’entraïnoit , & qu'en y paflant les fouliers fe blanchif- foient comme de pouflière dans le for de l'été. Les Voitures bourgeoifes ne fortoient plus, ainfi qu'un grand nombre de celles qui étoient publiques. Les perfonnes qui furent obligées d’avoir du bois pendant les jours des plus grands froids, payoient les voitures fort cher : M. Meflier fe trouva dans cette circonftance ; le 30 Janvier 1l donna trois livres, prix convenu fur le Chantier, au lieu de vingt fols qu'il payoit dans les autres tems de l’année : c'étoit la grande difficulté du charroïs dans les rues de Paris, qui en avoit augmenté la différence du prix. La confommation du bois à Paris, en 1776, fat confidérable; elle alla à fx cens douze mille huit cens cinq voies pour l'année; plus forte de foixante-trois mille fept cens fept voies que l'année précé- dente 1775. Il y eut auñi pour la confommation du charbon , comme pour le bois une très-grande différence. Les Fruitiers ne pouvoient rien garantir du froid , tout geloir dans leurs caves & leurs boutiques ; on payoit le quarteron d'œufs un prix exorbitant. Un des amis de M. Meflier avoit laiffé de l’eau dans une terrine au fond de fa cave, dans laquelle on ne pouvoit parvenir que par plufeurs détours de l'efcalier, y ayant quarante marches pour ÿ def cendre; il la trouva entièrement gelée pendant les grands froids. A cetre cave répondoit un foupirail qui y defcendoit perpendiculaire- ment, & qui prenoit fon ouverture dans la rue des Francs-Pourgeois , prefque vis-à-vis la rue de Vaugirard; la rue des Francs- Bourgeois a fa direction prefque du nord-au fud & celle de Vaugirard , de l’eft à l'oueft. Plufieurs perfonnes de fa connoiflance eurent également du vin gelé dans leurs caves. On vir pendant plufeurs jours dans les rues de Paris & fur les Boulevarts , des Courfes en traîneaux ; c’étoit la Reine, les Princes de SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 347 la Maifon Royale qui prenoient ce divertiffement, & plufeurs parti- culiers. La violence du froid avoit gelé une partie des vins qui étoient expofés fur les quais Saint-Paul & Saint-Bernard , les tonneaux s'étoient entrouverts , & la perte en fut confidérable : la pavé ne préfentoit qu'un couleur rouge. On voyoit fur la glace de la rivière, vis-à-vis les Tuileries, entre le Pont-Neuf & le Pont-Royal, un grand nombre de corneilles , que le befoin de vivres y avoit attirées. Le froid étoic fi violent qu'il avoit pénétré vivement dans les ap- partemens , même ceux où 1l y avoit continuellement du feu : une pendule à fecondes , à roue de rencontre , placée dans le cabiner de M. Mefier qui étoit échauffé par un poële où 1l y avoit continuellement du feu, excepté quelques heures de la nuit, fut arrètée pendant plu- fieurs jours , quoiqu'il la remîc de rems en rems en mouvement. Dans les chambres où il n’y avoit pas de feu, une autre pendule à fecon- des de M. du Fay, fut également arrêtée par le froid , ainfi qu'une troi- fième à fonnerie ; fa montre à fecondes & à échappement de Graham ou à cylindre, s’arrêtoit la nuit au chevet de fon lir. Le 17 Janvier à onze heures du foir , le ciel ferein; le thermoimè- tre marquoit alors 9 degrés +: un quart-d'heure après le ciel fe couvrit fubitement & également , aufli-tôt le même thermomètre remonta à 8 degrés; différence 1 degré } d’un ciel ferein à un ciel couvert. La nuit du 27 au 28 Janvier le thermomètre n°. I, étant le 28 à 7 heures vingt minutes du matin, à 1$ degrés + au-deffous de zéro, un des amis de M. Meflier mit fur fa fenêtre, expofée à left & à l'air libre , de l’eau-de-vie dans une foucoupe & il la trouva gelée en forme de neige. Le 28, M. Mefier pris de la neige & il en forma une boule de trois pouces de diamètre , qu'il expofa à la flamme d’une bougie; elle fe diffipa fans fe réfoudre en gouttes d’eau. Le 29 au matin, l’eau que M. Meflier jeta (environ une pinte) de fon Obfervatoire , dans la Cour de l'Hôtel de Clugny , à la hauteur de 54 pieds, fe trouvoit gelée à fon arrivée fur le pave. Dans les latrines de l'Hôtel de Clugny , fermées d'un enclos de 4 pieds en quarré, & placées dans une petite cour au rez-de-chauflée , tenant au mur des bains de Julien & au nord, la gelée y avoit pé- nétré vivement ; la matière s’éroir gelée & gonflée de manière qu’elle fortoit de plus d’un pied au-deflus de l'ouverture de la lunette. Pendant les grands froids, plufieurs cloches fe cafsèrent en les fon- nant; celle du Collége de Clugny , place de Sorbonne , fur du nombre. Des arbres fe fendirent & des puits gelèrent. On manda à M. Metf- fier de Corbeil , le 29 Janvier, que des tilleuls de 3 pieds 10 pouces de 1780. MAT Xx 2 348 OBSERVATIONS SURILA PHYSIQUE, diamètre & d’autres de 2 pieds 10 pouces, s’éroient fendus pendant la forte gelée, à la hauteur de fix pieds ; que trous les figuiers étoient pé- ris; à Etiolle, des puits de 6 pieds de profondeur , la margelle de 2 pieds, gelèrent de 2 pouces ; chaque jour on avoit eu foin de caller la glace , fans cela elle feroit devenue très-épaiffe. Aux Bordes, dans le voifinage, un puits de 9 pieds de profondeur , la margelle de 3, fuc gelé; la glace avoir deux pouces & © d'épailfeur. La rivière d'Effone, qui entre dans la Seine à Corbeil, & dont les eaux font extrèmement limpides, & quine fe gele pas ordinairement, étoit gelée comme la Seine. Le grand froid occafionna beaucoup d’accidens à Paris & à la Campagne; les Couriers , les Voyageurs fouffrirent beaucoup , plufieurs d’entr'eux eurent une partie de leur corps gelée, & d’autres y perdirent la vie. On manda à M. Mefier, de Montdidier-en Picardie, le 11 Février: » nous avons eu quelques perfonnes mortes de froid , entr'autres le Cou- »rier de Paris, pour la Picardie; fa Cariole arriva à Clermont en Beau- » voifis, le Courier étant dedans abfolument gelé, le cheval abandonné » à luimème fur long-tems en chemin , & l’on eftima qu'il y avoit » deux heures au moins que ce Courrier étoit mort. Nous avons des » Vieillards de près de cent ans, qui conviennent que le froid évoit bien » plus grand qu'en 1709 «. A Monunorenci, le P. Cotte, correfpondant de l'Académie, manda à M. Meffier, le 31 Janvier, » le 26 on trouva dans la neige deux » hommes , dont l'un avoit les poignets gelés & couverts d'ampou- » les, .comme s'ils euffent été brülés ; l’autre homme fur trouvé mort » & entièrement gelé; mon encre gele dans ma plume, à mefure que » j'écris, quoiqu'à côté d'un bon feu. Des ormes, à une demi-lieue » d'ici, de ço à Go ans, fe font fendus par la gelée, dans une longueur :» de: douze pieds «. Un Boulanger de la rue Saint-Honoré , nommé Pierre Hennequir , âgé de 38 ans, partit de Paris à pied, le lundi 29 Janvier, jour du plus {grand froid, à 11 heures du matin, en bonne fanté pour fe rendre à. Pontoife , il dina à Neuilly, vers les trois heures, il continua fon chemin jufqu'à un quart de lieue au-delà de Herblay , & à deux de Pontoife ; il ne put aller plus loin, le froid le faifit, & le lendemain . matin 30, on le trouva gelé auprès d’une Croix. M. Meflier tient ces détails de fa veuve. Un Chaudronnier trouva à quelque diftance de Halberftadt , un Juif étendu fur le grand chemin, où le froid l'avoic furpris , & où il paroïfloit comme mort ; il le porta jufqu’au premier village, le lava d’eau-de-vie , le frotta par tout le corps pour le dégeler par degrés, après quelques heures de peine & de foins , le Juif donna des fignes de vie & fe rétablit, PARENT ML Sie SUROL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 49 -Des hommies &'des femmes pris de béiflon; re pouvâné! marcher aflez vite pour conferver leur chalègr naturelle; fürent ‘trouvés morts ; L Arte AE A x \ * Le dans les rues de Paris, plufeurs à Ra Campagne & fur les’ chemins. D La bonté! & l'humanité du Roï, portèrent Sa Majefte à fupprimer les Sentinelles à Verfailles , il n’y eut plus de parade; Elle permit que les pauvres entraflent dans les Cuifines du Château, où ils fe chaüf£- foient, où ils en emportoient de la braife , & on leur donnoir de la foupe. Dans les quartiers de la Ville ; lon’ voyoit allumés de grands feux, & Sa Mäjefté fe promenoit fouvent dans les rues, pour y faire donner des fecours aux malheureux: Sa’ Majefté ne perdit pas de vue fa Capitale, qui avoit befoin d’un fecours preflant ; elle y envoya dix mille écus , confacrés au foulagement des pauvres néceflireux, Le Pré- vôt des Marchands fit donner du bois aux Cochers de places, aux Broueteurs, Porteurs - de - Chaïfes & autres, Les Curés’' firent donner d’abondantes aumônes aux pauvres ; la feule Paroiffé de Saint-Euftache fic diftribuer plus de deux cens voies de bois; Monfeigneur le Duc d'Orléans en fit donner une très-orande quantité; le Prince de Tingry, nourrit & chauffa dans fon Hôtel , quarante indigens; & un riche particu- lier du fauxbourg Saint-Denis, ouvrit fa maiïlon aux pauvres, où par de grands poëles continuellement allumés, il en chauffoic alternative- ment cent cinquante ; plufieurs autres perfonnes charitables, exeirées par l'humanité , donnèrent également des: fecours à l'indigence , én argent, en bois ou en pain, & l'on voyoit de grands feux allumés pen- dant les plus grands froids , dans les Places & Carrefours de cerre Capitale. IL péric une grande quantité de gibier par le froid & far-tout par la faim ; ne trouvant nulle part de quoi fe nourrir, le gibier fuivoit les grands chemins. pour amaller ce que les paflans , qui portoient des vivres à la Capitale, pouvoient laïfler tomber; ces animaux fe réfh gioient dans les cours & ‘jardins, où ils fe laifloient prendre Ou ‘tuer ; ils entroïent jufque dans les extrémités des fauxbouros ide Paris :, on voyoit fréquemment des perdrix venir aux Tuilleries, M. Meéffier en a été témoin. Les Gardes-Chafles pour conferver leur gibier, avoient foin de leur porter de quoi fe nourrir; le gibier fembloitiérreapprivoifé, le befoin le faifoit accourir &'il fuivoir fouvent le: Garde. t el PA ‘Châtillon près de Paris } les 1 r°&. 12 Avril, M.:Meffiér vit'dans un jardin fruitier , fermé d’un côté d’une haie vive-donnawr far ün grand chemin ; les arbres attaqués par le gibier & Fétorcérmanoce à deux pieds de terré & même à quatre, lorfque: l'arbre éroir:allé de façon à leur donner la facilité de monter fur le tronc ;:aucun arbre ne fut épargné & plufieurs en moururent. :-Ee 2 Février, le dégel commença à fe mamifefter; le 3 au matin ; il fur bien décidé; maluré le dégel , la terre où le'pavé géloir encoré 350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fur le champ l’eau qu'on y jettoit; le 3 au matin , il y avoir du ver: glas, & les croifées de M. Meflier étoient couvertes de givre. Par le dégel , ce givre fur fes croifées fe convertit en eau & couloit le long "des fenêtres; il en ouvrit une pour échauffer la chambre par l'air exte- rieur qui étoit doux , le dégel du givre converti en eau couloit le long de la croifée , & tomboir enfuire fur les carreaux de la chambre à la hau- teur d’un pied , dans l’inftant elle fe trouvoit gelée par le grand froid que confervoit encore le carreau du plancher fur lequel elle tomboit. .. La fenêtre de fa cuifine qui donnoït au levant & qui avoit été fer- mée pendant le tems des grands froids , ayant été ouverte le 3 Fé- vrier vers midi, la communication de l’air' extérieur avec celui de fa cuifine où il y avoit toujours eu du feu, produifit au moment même une détente des parties de toute la vaiffelle de fayance , avec un bruit aflez fort pour craindre qu’elle ne fe cafsär. Deux gobelers de verre vuides & fans ètre couverts fe cafsèrent ; le bruit fut confidérable au moment de l’explofion. Le 3 & le 4, les bâtimens confidérables & fur-tout les anciens édifices , étoient couverts de givre qui blanchifloit les murs jufqu'à la hauteur de fept à huit pieds : il vit ces effets à la Sorbonne, à l'Hôtel de Clugny , au Collége de Clugny, aux bains de Julien; & généra- lement les murs de tous les bâtimens anciens, bâtis de pierre detaille, en étoient recouverts : malgré le foleil qui donnoit fur une partie de ces muts, l'effet n’en exiftoit pas moins: ces couches de givre avoient plus de deux lignes d’épailleur. she ; Le 4 Février après-midi , M. Meffier pañla aux Tuileries, le jardin ne préfentoit qu'une nappe d'eau fur la neige qui étoit devenue dure & compacte , ayant été foulée aux pieds & durcie pendant tout le tems de la gelée : c’éroit la furface qui fe dégeloit; la cerre encore trop froide confervoit la neige. î l Le désel avoit rendu les rues de Paris prefque impraticables, par les neiges & les glaces qui n'avoient pas été entièrement enlevées. Le premier jour du dégel M.Meffier vitzfficher une Ordonnance de la Police, qui ordonnoit de tenir Paris propre, & engageoit les Artifans & gens fans ouvrage, munis d'outils nécefaires, de venir travailler à déblayer les rues, moyennant vingt fous par jour : le 3 & le 4 Février on ren- controit dans les grandes rues, un grand nombre de ces ouvriers qui en éroient occupés. ; Le grand froid intérefloit généralement les habitans de la Capitale. Les matins un grand nombre de perfonnes fe rendoient chez M. Mef- fier pour avoir le degré de froid, & il fut obligé de mettre chez le Portier de l'Hôtel de Clugny, un bulletin qui conténoir le degré de froid obfervé; on y venoit en foule pour Le copier & le répandre en- fuite dans la Capitale, LA SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 34ù Au printems,, Avril & Mai 1776, des arbres commencèrent à pren- dre leurs feuilles , féchèrent enfuite , & plus de la moitié des feuilles tombèrent comme dans l'automne : ces effets étoient rrès-fenfibles. dans le jardin du Luxembourg ; aux Tuileries & fur les Boulevarts : ce qui ne pouvoit provenir que du grand froid du mois de Janvier, qui avoit influé fur eux. Il n'avoit pas encore vu ces effets : le prin- tèms de 1777, ne lui préfenta rien de femblable. Au mois de Mai 1776, un homme entra de grand matin dans l’em- placement de l'Hôtel de Condé, où l'on avoit commencé à bâtir pour la Comédie Françoife, 1l apperçut dans ce grand enclos un lièvre qui fe retiroit dans les mafures. On foupçonna qu'il y étoit venu de la Cam- pagne, au mois de Janvier, chaflé par le froid & par la faim: il fut tué le même jour qu'il fut apperçu. Voici encore un fait qui a été mandé à M. Mefier, depuis l'im- preflion de fon Mémoire & qu'il nous a communiqué. À la fin de Janvier 1776, dans un lieu nommé le Parc-d’enhaur , à deux lieues de Rambouillet, un Garde-chaffe de Monfeigneur le Duç de Penthiè- vre, vit une cinquantaine de fangliers, fi preflés &‘f ferrés les uns contre les autres, qu'il ne pur, foir avec des armes où barons, les faire déranger de leur place, quoique ces animaux le regardaffent fixement : le mème fair eut lieu en 1709. L 799 L Article XI. Contient des recherches fur les froids moins confidéra- bles que celui de 1776 ; pendant lefquels la rivière de Seine charia des glaçons .& fe gela; avec les hauteurs des eaux de la rivière qui devoir y influer beaucoup. | AU ; M. Mellier rapporte les degrés de froid obfervés de différens hivers, qu'il a extraits hi Mémoires de l’Académie & de fes Journaux d’ob- fervations Météorologiques. Il commença par l'hiver de 170), enfuite celui de 1733 à 1734, celui de 1740, de 1742 à 1743, de 1743. à 1744, celui de 1746, de 1738 ; de 1754 à 1755, de1756à17$7, de 1757 à 1758, de 1762 à 1763, de 126$ à 1766, de 1766 à 1767, de 1767 à 1768, de‘1570 à 1771, de 1772 à 1773, de 1773 à 1774, de 1774 à 177$ & de 177$ à 1776. L'examen de tous ces hivers 'eft rapporté dans le plus grand dérail , avec les tables d’obfervations faites chaque jour des plus grands froids ; contenant les hauteurs du baromètre , du thermomètre, de la hauteur des eaux de la : rivière, des vents & de Pérar du ciel':dé-toutes ces tables d'obferva- tions, M. Meflier en rapporte une à la fuite , qui. eft générale, qui contient le détail des: jours où l'rivière de Seine a charié des ela-, çons & qu'elle seft gelée, depuis 1733 jufqu'en 17-6, cetre table générale eft intéreflante & fait voir à quel degré de froid , la rivière de Seine à Paris a charié ; on voit qu’en 1733 le thermomètre à Paris 352. OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : n'éroir qu'à 2 degrés + au-deflous du zéro. En 1775 à 1 degré £ feu“ lement, & par ce.froid la Seine charioit des glaçons. sus En confultant cette table & les précédentes, on reconnoît aifément (rapporce M. Meffier) que ce n’eft pas toujours un grand froid qui fait charier les eaux de la rivière, ni la hauteur plus ou moius, grande,de fs eaux ; qu'il fembleroir, qu'il y a quelqu'intte caufe quiten foit indé- pendante ; qu'un ciel feréin.) par.des froids. moins grands que, ceux qui arrivent pendant un ciel couvert y contribue beaucoup , & M. Mef- 1er rapporte, que le froid de cette année ( 1776).en offre un exem- ple , ainfi que les tables d’obfervations ; il entre aufli dans des détails fur la formation de la glace fur les grandes rivières. | : Dans le mème Article ,. M. Melle rapporte une /table:des orands hivers , qui qnt eu lieu depuis 1392 jufquen 13:6, ileftentré dans des détails fur les hivers anciens jufqu'à celui-de 1709. 11 doit une partie de ces détails à M. l'Abbé de Rive, que M. Mefier auroit cité volontiers dans fon Mémoire s'il l'avoir defiré alers..… © Article XII, Contient lé Recueil des obfervations du froid de 1776, M, Meffer rapporte en .rable & avec beaucoup. de; détails routes les obfervations qu'il a pu recueillir. , de Paris de France & d’une partie de l'Europe : après ce Recueil d’obfervations , on-trouve une table détaillée & générale des plus grands froids obfervés dans chacun des lieux d’obfervations:, dont le nombre eft de 116. : M. Meñier parle enfuite de l'ouvrage qu'a publié M. Van-Swinden!, | Profelfeur, de Pilulofophie en l'Univerfité de Francker!en Frife, fur le: froid rigoareux du mois de Janvier 1776. Ouvrage imprimé à Anifter-, dam en 1778.,:Volum./#-8°: de)324 pages. ! ; Article XIII. Contient des recherches fur le froid de 1709: } M. Mefier entre dans beaucoup de détails fur le froid de 17009; il; parle du chermomèrre de M. de la: Hire qui avoit mefuré le grand foid de cet hiver mémorable, &. qui s’eft trouvé, caflé quelques an< nées avant 17795, fans avair,été mis à un froid, artificiel avec d’au- tres thermomètres pour en connoître exactement le fapport aux ther- momèrres, de M. de Réaumur. M. Meñlier rapporte dans cer article tout ce qui.a été publié de cer ancien thermomètre dans, les Mémoi- re de l’Académie, avec les rechetches que M, de Réaumur avoit fai- ces pour connoître le rapport du froid, de 1709 aux degrés. de fon : thermomètre: : Ll'k aa en üadér és ISMLM A l'occafon du thetmomètre de M. de Réaumur, M. Melier , rapporte ; des obfervations faites à un ancien thermomètre de la divifion de M. de Réaumur, conftruit en 1730, par, M. Pitor : ces obfervarions rap-: portées en table font voir que l'efpuit-de-vin, par fucceflion de tems, ne ' Pi PEN IMNT IMC Re, - 7 UT te ON EPP «“! » D A « > [A Li 2 v …” ñ se ” » $ L 7 + à . ” ne, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 355 ne perd pas de fa dilarabilité, comme Muflenbroëk l'avoir avancé: & les obfervarions de M. Meffier confirment celles de M. Abbé Noller, M. Mefñier a extrair des Mémoires de l’Académie, toutes les obfer- vations qui ont été faites au-deflous du terme de la première congé- lation , au thermomètre ancien de M. de la Hire depuis 1732 jufqu’en 1754; avec les obfervations correfpondantes faites à un thermomètre de M. de Réaumur, qu'on avoit placé dans la tour de l'Obfervatoire Royal à côté de l’ancien, avec des obfervations faites à un fecond thermomètre , aufli de M. de Réaumur , placé en-dehors de fa même tour à l'air libre. M. Meflier à également extrait des Mémoires de l’Académie, tout ce qui concernoit le thermomètre ancien , pour le rerme de la glace, & pour la température des caves de l'Obfervatoire Royal, depuis 1700 jufqu'en 1745. Toutes ces obfervations fonc rap- portées en table. D'après les obfervations de cette table, qui font les feules qui puif- fenc fervir à dérerminer & à faire connoître à-peu-près le degré de froid de 1709, au thermomètre de M. de Réaumur : M. M:ffier dir « é-peu-près, parce que l’on ne Ra Pas le calibre du tube du thermomètre ancien , ni larqualité de l’efprit-de-vin , donc il étroit compofé, De cette table d’obfervations corréfpondantes rapportée dans le Mé- moire de M. Mefier , il en recherche le degré de froid de 1709 au thermomètre de M. de Réaumur, qu'il détermine de 14 degrés 11 ‘douzièmes +, d’après des hypothèfes très-probables & par un milieu pris entre fept cenc-quatre-vingt-onze déterminations. Le calcul & les recherches de M. Mellier font rapportés dans le plus grand détail. M. Meflier a joint deux planches à fon Mémoire qui font inté- reflantes, la première repréfente la rivière de Seine , fes parties gelées, avec celles qui ne l'ont pas été. . La feconde planche repréfente le deffin des deux fhermomètres au mercure, n°. 1 & Il qui ont fervi à connoître le froid de 1776: ils y font gravés de grandeur naturelle , avec les échelles de divifions & une des boites qui les contenoit : ayec une échelle gravée entre les thermomètres, qui fait voir le rapport qu'il y a entre l'échelle de So degrés & celle de 85 : cette dernière elt celle à laquelle M. Mefier oblerva le plus grand froid, le 29 Janvier matin à 16 degrés : qui répondent à 15 degrés ? de l'échelle divifée de la glace à l'eau-bouil- lante en So degrés; qui eft ceile de M. de Réaumur. M. l'Abbé de Rive, ayant defiré qu'on imprimäârles recherches qu'il avoit faites fur les grands hivers communiquées à M. Meflier , M. Mef fier nous a remis fa lettre pour être imprimée à la fuite de cer extrait: la voici. Tome XV. Parr. I. 1780, M A I, Ÿ y 554 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Moxsieur, J'Ar l’honneur de vous envoyer les notes que je vous ai promifes fur les hivers de 1458, 1468, 1694 & 1608. Le premier fut très-rude à Paris. C’eft ce qu'on lit dans les Chro- niques de Saint-Denis (1). Mais il le fur bien plus en Allemagne, puifqu’Æneas Syivius, qui fut depuis Pape fous le nom de Pie fecond , rapporte que le Danube s'étant glacé de l’un à l’autre bord, une armée de 40,c00 hommes campa fur fa glace 2). Le fecond fur fi violent , qu’en Flandres on fut obligé de rompre à coups de hache le vin qu’on y diftribuoit aux Soldats. Philippe de Co- mines nous l’atrefte (3), & c’eft de lui que M. Duclos à emprunté ce fait dans fon Hiftoire de Louis XI (4. Le troifième caufa beaucoup de morts fubites à Paris. Elles attaquèrent principalement les petits-enfans & les femmes. Le grand froid de cette année commença le 25 Décembre (s). H reprit le 13 Avril dela fuivante, & il gela aufli fortement en ce jour , que le jour de Noël de 1594 (51 Le quatrième fur fi excefif, qu’on appelle l’année 1608, l'année du grand hiver (7). Il commença le premier Janvier. Henri IV dit en s'éveillant, à ceux qui étoient autour de fon lit, que le froid de ce jour , lui rappelloit celui du fiége de Landau, & celui de l'année de fon mariage (8) qui fit mourir plulieurs perfonnes au retour de Lyon (9). Le froid alla toujours en augmentant jufqu'au vingt-troifième du même mois: ce fur le vingtième que ce Prince dit , que fa mou/fache s’étoit gelée au lit, & aupres de la Reine. C'eit Pierre Matthieu qui nous a tranfmis cette anecdote. Elle a été omife par M. de Thou, par Sully, par l’Auteur du Mercure François & par celui du Journal de Henri IV ; il n'eft pas vraifemblable qu'ils l’aient ignorée ; mais ils l'ont regardée comme une facérie de ce Roi, & c'eft pour cela qu'ils lont pañlée fous filence. Pierre Matthieu de qui nous la tenons, n'en parle que fur la foi de ceux qui la lui ont racontée (10). 1 a cru que fon titre d'Hiftoriographe de France, lui permertoit d'être moins délicat fur le choix des faits qu'il expofoit. Ce qui eft sûr, c'eft que trois jours après, le pain qu'on fervit à Henri 1V fut gelé, & qu'il ne voulut pas qu'on le dégelät 11). La glace fut fi épaille en Flandres, que ceux d'Anvers voyant la rivière de l'Eféaut auffi glacée qu'elle l’avoie été en 1563, y drefièrent plufieurs tentes fous lefquelles ils allèrent banquerer (12). Le froid recommencça le premier Mars de la même année (13). 11 fut aufli rude, qu'il l'avoic” + LES #3 SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 355 été les deux mois précédens. Le gibier & le bétail périfloient dans les Campagnes. Il y eut aufli des hommes & des femmes qui en mouru- rent. Un grand nombre d’autres en reftèrent perclus pendant toure leur vie, & d’autres en eurent les pieds & les mains fi gelés, qu'on ne pouvoir par les sechauffer pour faciliter la circulation du fang dans ces parties (14). Je ferai crès-flatté , Monfieur, fi mes notes vous font de quelque utilité. Je vous prie de dire à M. le Baron de Mello , que nous n'a- vons pas dans notre exemplaire des Œuvres de Robert , les Tables qu'il m'a montrées dans le fien. J'ai vérifié les defcriprions que Lembecius (1 5), Engel (16) & Henri Scheurléer (17) nous ont données des mêmes Œuvres, & ces Tables n'y font pas mentionnées. M. le Baron me permettra d’examiner quelque jour de bien près, fi elles n'ont pas été ajoutées d’après coup à fon exemplaire. J'ai l'honneur d’être, Monfeur, avec la confidération la plus refpeétueufe, votre très-humble & crès- obéiffant fervireur l'Abbé Rive. Paris, Hôtel de la Vallière ce $ Juin 1778. DD I A (1) Tome III, de l'édition de Guillaume Euftace , in-fol. Patis 1514, col. 122, fol. recto cuxxxr. .. » Tant que les Ambailadeurs de Hongrie furent à Paris fift » grans gelées & verglas parmi la dite Ville des eaues que on geftoit devant les » maifons & telle que les Seigneurs n'ofoient aller parmi la ville a pie ni à cheval » & tant que aucuns d'iceulx [e faifoiet mener fur ung toncau carré de bois fans » roues & tirer par ung cheval ou deux eulx aflis dedans. (2) Marcel nous a appris le mème fait d'après Encas Sylvius. Voyez le Tomelll, de fon Hift. de l'Origine & des Progrès de la Monarchie Françoile , én-12. p. 624, mais fa citation n'eft pas exacte. Il renvoie à un Roman qu'Eneas Sylvius a fait fous le titre d'Hiffoire d'Euriale , nous avons lu ce Roman. Nous n'y avons trouvé rien de femblable. Eneas Sylvius doit avoir parlé de ce fait dans quelqu'autre de fes Ouvrages. Nous connoïflons deux éditions de la Colleétion de fes Œuvres. La première a été imprimée in-fo/. à Baîle, en 1571, & la feconde in-4. à Helmftad, in-4. en 1699 & 1700. Nous n'avons ni l’une ni l’autre dans la Bibliothèque de M. le Duc dela Vallière. C'eft pour cela que nous nous contentons de citer Marcel, fur ce fair. (3) Philippe de Comines dit qu'il vit en 1468, au Pays de Liége des chofes in- croyables du froid. » Il y eut, dit-il, un Gentilhomme qui perdit un pied dons » oncques puys ne s'ayde; & y eut un Page à qui il comba deux doigts de la main. 1780. M 4 I. yez -356 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » Je vis .uné femme motte, & fon enfant donc elle étoit accouchée de nouveas »>(c'eft-a dire, tout récemment). Par trois jours fut départy le vin, qu'on don- » noit chez le Duc pour les gens qui en demandoient à coups de coignée, car il » étoit gelé dedans jes pipes , & falloit rompre le glaçon qui étoit entier & en m faire des pièces, que les gens mettoient eu un chapeau, ou en un papier, ainfi # qu'ils vouloient. Tome I , de l'édition , 2-4. Paris (fous le nom de Londres ) # M. DCC. XLVII, page 130. - (4) Duclos, Hift. de Louis XI, Tome IL, page 158. (5) Journal de Henri IV, in-8. à la Haye. Vaillant, M. nec. xur. Tome I, pages 137 & 138. (6) Voyez le même Tome , page 201. Ù (7) Voyez l'Hiftoire de France, de Pierre Matthieu, depuis François I, jufqu'au fiégc de Montauban fous Louis XII. 27-fol. Tome H, Liv. III, p. 771. (3) En 1600. {9) Pierre Mathieu , fupra. (10) Ibid. (11) lbid. (12) » Ceux d'Anvers voyant la rivière de l’Efcant toute glacée comme elle avoit » été l'an 1563, drefsèrent deffus des tentes & allèrent banqueter {ur la glace. . .., »> Voyez le Mercuie François, Tome I, fol. 1229, année 1608. (13) Voyez le Tome LT, du Journal de Henri IV, pag. 451. (14) Ibid. ... »la rigueur du froid dans le commencement de ce mois (Mars), » eft aufli grande qu'elle l'a été les deux mois précédens ; enforte que le gibier, # les oifeaux , le bétail meurent de froid dans les Campagnes , plufieurs perfonnes, » hommes & femmes en fonc mortes, & un plus grand nombre font demeurés per- » clus, & d’autres ont les pieds & les mains fi gelés qu'on ne peur pas les rechauffer , » pour faciliter la circulation du fang dans les parties «, (15) Voyez Lambecius , Biblioth. Vindobon. Commen, #n-fo/. Tome VIII, p. 648. (16) Engel, Biblioth. Sele&tiff. z7-8, au mot Flud. (17) Scheurléer dans l’Appendix ou Caral. de la Biblioth, Martiniène 2-8. 1752, à la Haye, page 415. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS) 357 « En NÉ CESE TT TR RANE De M. FAUJAS DE SAINT-FOND, aux Auteurs de ce Journal; Sur léruprion du Véfuve de l'année dernière (1). L A Lettre de Dom Antoine de Gennaro, Duc de Belforte | écrite à M. PAbbC Jean Chriflophe Amaduzzi, n'ayant été communiquée par Madame la Comteffe de Carlille fœur de l'Amiral Byron, j'ai cru qu'elle feroit vue avec plaifir par les Phyficiens & les Amateurs de l’Hiftoire Naturelle : c’eft un témoin oculaire & un homme inftruit qui parle; la defcription qu'il donne, & les favants détails que M. le Chevalier Hamilton a envoyés à la Société Royale de Londres, & que je tâcherai de vous procurer, formeront l’Hiftoire complette de cette dernière & terrible éruption. 1 Jai traduit de l'Italien la Lettre du Duc de Belforte, & je joins l’ori- ginal à ma traduétion, afin que vous jugiez fi j'ai exaétement faili le fens de l’Auteur: j'ai feulement mitigé dans quelques endroits, certaines expreflions qu'il étoit impoflible de traduire littéralement; notre langue plus fage, ne fauroit s’'accommoder de cette foule Me & d’ef- clamations exaltées, qui deviennent néceffaires à une Nation qui fenc vivement : d’ailleurs, quoi de plus propre a échauffer l'imagination que la fcène effrayante d’un volcan en éruption qui ébranle & foulève la terre, qui vomit des rivières de feu, couvre l’horifon de flamme, ou de ténèbres, élance dans l'air des grèles de pierre, des nuages de cen- dres, difperfe de route part à la lueur des éclairs les carreaux de la foudre, & porte l'épouvante & la défolation au loin. Ne portons donc pas du fond de nos Cabinets & dans le calme du repos, des jugemens févères & précipités, contre des Auteurs qui pei- gnent d’après ce qu'ils ont vu eux-mèmes. Je ne connois point d'écrivain plus froid que Pockoke, mais lorfque cet exact & infatigable Voyageur eft arrivé, fur les ruines de Thèbes, . lorfqu'il contemple les obélifques étonnants, lorfqu'il mefure ces porti- (2) IL y avoit long-tems que nous artendions d'Italie même des détails circonf- tanciés de la dernière éruption du Véfuye ; mais le Savant qui s'en étoit chargé n'ayant pas encore rempli {a promefle, nous nous empreflons de communiquer au public Ja lettre que nôus a adreflée M. Faujas de Saint-Fond , fur le même objer, 358$ OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ques décorés de colonnes & de ftatues coloffales, lorfqu'il faïfit lenfemble des ruines de ces temples dont l'étendue & la magnificence font au- deffus de l'idée qu'on s'en étroit faire, il juftifie fur le champ Diodore de Sicile, injuftement & crop légèrement accufé d’exagération, & finit même par le blâmer de n’en avoir pas aflez dir : Pockoke, puiffamment ému par de grands objets, quitte alors un inftant le compas Géomé- trique, & écrit avec un intérét qui attache. Ceci prouve donc ce qui a été dit cent fois, mais ce qu'il ne faur pas fe laffer de répéter, que les connoiflances de fimple théorie ne fufifent jamais en Hiftoire Naturelle, ainfi que dans les Arts, & que füt-on par cœur une Bibliothèque entière, l'on eft bien peu avancé, & nullement en état de porter des décifions juftes fur des matières que lon connoit à peine : l'étude locale, l'examen réitéré des objets, peu- vent feuls nous acquérir ce tact heureux & für, qui fert non-feulement à diriger nos obfervations, mais qui nous met encore, fur la voie d’ap- précier juftement celles des autres. Ces réflexions ne font point étrangères & trouvent naturellement leut place ici, dans un moment où l’on a le malheur de voir, à la honte des lettres, quelques écrivains fe déchaïner fans ménagement contre des hommes célèbres qui font la gloire de leur fiècle. Lettre de Don Antoine de Gennaro , Duc de Belforte , écrite à M. l'Abbé Jean-Chriflophe Amaduzzi: en date de Naples à Mergellina, » Quel fpectacle, cher ami, quel coup de chéâtre que celui dont j'ai joui de cette côte de Mergellina, le foir du 8 de ce mois d'Avril : fpectacle digne de la préfence de tous les Philofophes qui étudient les merveilles de la nature. Je vous informai de l’éruption du Véfuve qui fe foutinc depuis le Jeudi 29 Juiller, jufqu'au Jeudi $ Août, fur un pied modéré : mais depuis cette époque l'incendie a été des plus violents. Le Père Bertola étoit ici avec moi Jeudi, jour où je me rendis fur mon habitation de Merseilina voifine de la mer, où j'ai une gallerie fpacieufe qui a vue fur le Véfuvé; nous vimes s'élever du fommet de la montagne des malles épaifles d’une fumée qui paroifloit mêlée de cendre; nous apprîimes enfuite qu'une bouche s’évoit formée dans la partie de la Montagne oppofée à nous, ce qui avoit produit cette grande obfcurité : la fumée aufli puante que celle d'une cheminée, étoit fi opaque qu'on ne difcernoit pas les objers à dix palmes de dif- tance. Ce phénomène extraordinaire dans le canton, força les Payfans de quitter le travail & de fe retirer dans leurs maifons, aufli bien que les femmes qui éroient forties pour puifer de l'eau; il plut du coté SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 359 feptentrional de la cendre , & vers Sogma une pouffière de la finelfe & de la couleur du tabac d'Efpagne (1). Le Vendredi 6, tout fur prefque calme à Ottajano , parce que les - jets de pierre furent vers Porrici. . Samedi 7, vers le foir, le cratère fupérieur prefqu'éteint pendant l'éruprion de la bouche latérale, jerta de nouvelles ammes , ce qui me fit naître, à moi infirme, des réexions fur les bons effets qu’oc- cafonnent la faignée & les veficaroires dans le corps humain, en dé- tournant les humeurs de la partie attaquée. Vers les quatre heures & demie de nuit, il plut dans les habitations du fable, mais en petite quantité; certe pluie fur précédée d’un grand bruit, & de beaucoup de fracas, il tomba fur la fommité de la montagne, de groffes pierres embrâfces qui mirent le feu dans les parties culavées. À huit heures, les pierres combèrent de nouveau, & celles qui furent lancées ça & là, fur Ovrajano, éroient de la grofleur de deux noix unies enfemble, quelques perfonnes en furent blefées. (1) Un Volcan , pendant le tems d'une violente éruption, élance fans cefle des laves plus ou moins compaétes, qui s'élevant verticalement & retombant dans le foyer embräfé , s'y calcinent de nouveau, en font rejetées, y reviennent, éprouvent alter. nativement l'action du feu & de l'air, éclacent, fe heurtent , fe froiflent , fe divifent, fe réduifent en gravier, en fable & forment, dans certaines circonftances , des entaf- femens , des monticules , qui comblent le cratère : le feu fe trouvant concentré n’en devient que plus formidable , il réunit toutes fes forces , & le débarraflant avec fra cas de ces monceaux de ruine ,les fait voler dans l'air, & produit ces gréles de pierres , ces pluies de gravier, de rapilli, de fable qui paroifloient autrefois fi merveil- leufes. : Dans d'autres circonftances, comme dans celle de l'éruption préfente, le Volcan abandonnant fon cratère ordinaire, porte {a fureur vers d'autres parties; mais trou- vant une trop forte réfiftance dans l'épaifleur des anciennes laves , les fumées acides fulphureules, refoulées fur elles-mêmes, viennent alors à fon fecours ; leur aétion cauftique, attaque, mine , ramollit les laves les plus dures , décruit leur gluten & les convertir en une cfpèce d'ocre , on de chaux bafaltique plus ou moins colorée en raïon de fes différens degrés d'altération, Le Volcan ébranlant alors la monta- gne, rompt fes barrières, fe développe en explofon & lance a1 loin des nuages de famée, mêlés d'une fubftance pulvérulente qui obfcurcit quelquefois la lumière & que les vents tran{portent à des diftances éloignées. Telle eft lathéorie de ces plaies de pouflière fine de couleur de brique, ou de tabac d'Efpagne, qui pourroient même affecter la couleur blanche, fi Les laves efluyoient la méine altération qu'a la Solfarerra. Enfin, l'on a vu quelquefois l'action foutenue des feux fouterrains, changer la lave en frite de la nature de l'émail en pierre de gallinace , la divifer enluite en poudre, & difperfer dans l'air une pouihère de verre, où convertir cette lave dénaturée en filamens jaunatres, fléxibles & brillans, femblables à ceux que le Volcan de l'Ifle- Bourbon produifit en 1766 , qui furent tran{portés à fix lieies du cratère dans un endroit nommé l'Etang [alé , où la terre en fut entièrement couverte, Nore de M, Faujas de Saint.Ford, = 350 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Le Dimanche, 8 du courant, tout paroiffoit calme & tranquille ; peu de fumée , nulle apparence de courroux , ce qui dura toute la journée. À une heure & demie de nuit, s'ouvrit la fuperbe fcène qui dura demi-heure & même un peu plus : en voici la defcription en peu de mots. L'on vit partir du fommet du Véfuve, un jet de feu qui s'éleva perpendiculairement à une hauteur furprenante, & qui inclina vers Ottajano : Il éroit compofé de pierres embrâfées, de rapilli , (1) qui alloient tomber à un grand éloignement, & empêchèrent aux Habirans des premières maifons de fuir. Figurez - vous les gerbes que l'on voit dans les feux d'artifice, mais celles-ci éroient d’une hau- teur & d'une largeur démefurées : le ciel étroit tout en feu, les mugif- fements fe faifoient entendre, le bruit éclaroit dans Pair; mais ce qui me furprit, ce furent les Aèches qui s’allumoient de çà & de là dans cette rivière de feu, & même dans l’horizen couvert de ténè- bres; leur jeu, femblable à celui des fufées volantes , déployoit les couleurs du fluide éleétrique, qui tranchoïent avec le feu de la mon- tagne ; phénomène rapporté dans les Livres , mais que je n'avois jamais vü : ces flèches fembloient produites par les pierres lancées, & don- noient comme un feu de braife, Le feu pleuvoit jufqu'à la diftance d'un mille & demi ; l’Hôtellerie du pañlage pouvoit être regardée, comme le milieu de la diftance : vers Somme, il ne plut prefque que des pierres, tandis que fur le côté oppofé il tomboit des pierrres, du fable, des rapilli; les pierres mirent le feu à prefque toutes les matières combuftibles qu’elles rencontrèrent, & le défaut du vent fauva les Maifons. Jugez ce qu’un femblable évène- ment auroit produit en Allemagne ? La chaleur étoit extrème, & la puanteur infupportable ; comme tout n’étoir que pierres & rapilli, il ne fe formoit point de laves ; cependant la feule pluie de ces pierres a caufé un très-grand dommage dans le fol d'Otrajano , qui a été dévafté & où des Maifons de campagne , des tas de paille , des forêts , des vignes & dés vergers, des châtaigniers , ont été détruits ou brülés. Le dommage qu'occafionna l’eau bouillie, ne fut pas moindre; c'eft ainfi que l’on nomme la pluie qui farvient pendant le tems des fumées & de la chûte des cendres ; elle dérruit & defsèche les plantes & les fruits : mais après une demi-heure environ, tout cefla, LE tranquille, & il ne refta d’autres fignes de l'incendie que les pierres ardentes tombées ca @e la. Mon cher Amaduzzi, fi vous vous fufliez trouvé ici, je le répète, LR (21) Les rapilli, où lapilli,ne font que de petits fragmens de laves noires, combien ‘#4 SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 36r combien de fois vous feriez-vous écri , à fpectacle magnifique &c - rerrible ! Figurez-vous la erreur des Peuples qui habitent au-deffous du Véfuve , polici , réfina , terre del Greco, à qui des éruptions de certe efpèce furent autrefois fi funeftes : l’un fuyoir d'un côté , celui-ci de l'autre ;. mais la plus grande rumeur fut à Naples, le vent porta la fumée jufque dans la Ville, & l'union de tant d'objets menaçants , jetta dans la plus grande épouvante la populace , qui fit fes extravagances ordi- naires , mêlées de tumulre & de dévotion, telles que vous pouvez vous les figurer. Lundi 9, à quatorze heures, la montagne commença de mupgir, de faire entendre fon artillerie, de vomir une quantité de fumée bi- tumineufe, & menaça fortement de renouveller la fcène précédente; mais les vents d'occident portèrent le tourbillon d'un autre côté , & vers les 22 heures l'orage fe diffipa: cependant tous les habitans d'Otta- jano prirent la fuite. Mardi 10 , la montagne fut calme & ne donna aucun figne de nou- velle éruption pendant la nuit faivante. Mercredi 11, fut le plus effrayant de tous les jours par le bruit & les fecouffes térribles qui menaçoient d’une ruine totale. Cependant le gros nuage qui occafionnoit le cracas s'éloigna & fe perdit , & tout cefla à 23 heures. Ce nuage vu de près étoit très noir, mais dans l'éloignement il étoit rouge ou prefque tout de feu, ce qui pourroit s'expliquer en difant que cela provenoit de la fituation du nuage eu égard au foleil, ou de l'approche de l’obfcurité de la nuit , ou enfin de l’éparpillement des cendres qui couvroient les fables & les rapilli enflammés : mais fi le mardi, Otrajano ne fubit pas la pluie de pierre, il éprouva celle de l'eau, qui occafionna dans fon terroir , ainfi que je vous l'ai déjà an- noncé , un dommage plus confidérable. Les rapilli , les fables & les cendres tombés dans le territoire d'Orrajano , Somma & autres lieux, font de la hauteur d’une palme, ainfi les terres font dévaftées pour plufeurs années. Dans une fi grande révolution de chofes, un feul petit enfant, nom- mé Louis, fils de Dom Charles Vifone a péri: fon père qui le por- toit dans fes bras , cherchant à garantir fa ère & celle de fon enfant de la grèle de pierres, ne put l'empècher d’en recevoir une fur l’épine du dos, dont-il mourut deux jours après: d’autres ont été bleflés, mais ils font affurés de leur guérifon : ceci m'a été rapporté par un de mes amis, qui a fait une tournée dans le Véfuve pour éclaircir la hs (7 2 vérité. Quelques perfonnes m'ont dit que de sroffes males de pierre, ont retenu l'impreflion des corps fur lefquels elles font tombées, Tome XV. Part. I, 1780. M A I. Z z 362 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, comme de feuilles d'arbres & autres, chofe facile à comprendre (1). Parlons maintenant un peu du méchanifme des cendres & des: y fables, qui alloient pleuvant çà & là dans des cantons éloignés : les gros nuages qui fortoient du Véfuve en font remplis, ils fe brifoient en nuages plus & étoient tranfportés en l'air par les vents. L'un d’eux pafla fur les côteaux voifins de Benevent, lançant des étin- celles & mugiffant ; il y déchargea une partie de fes cendres bitumi- neufes & s’approcha vers la Pouille ; il paroïfloit de loin s’arrèter fur la Ville d’Andria , diftante de quatre journées de Naples, de forte que file Dieu des vents l’eût ainfi déterminé , ce préfent pouvoit par- venir encore , jufqu'à vous Meflieurs les Romains, comme un eflai des prouelles du Véfuve. Cependant je fais réflexion , que fi cette extraordinaire & abon- dante éruption eft due à une communication fouterraine , Bologne pourroit concourir à la fecouffe : fi ’étoit un feu renfermé au-detfous d'elle , qui l’agitoit & la menaçoit, ce feu pourroit par lexhalaifon, du Véfuve avoir été facilement détourné de ce pays & attiré vers le nôtre; je defire que notre Volcan ait procuré ce bienfair à la Ville nourricière des Lettres & des Beaux-Arts , & fi elle demeure tranquille, mon raïfonnement prendra l'air de la vraifemblance (2). La montagne continue maintenant d’être en repos , elle jette feu- lement de tems en tems quelques bouffées de fumée ; je la compare à un malade & je fuppofe qu'elle éprouve une fermentation inté- rieure , mais nous ignorons ce qui fe paile dans fes entrailles : les Naturaliftes effayent de deviner , à l'exemple des Médecins ; mais ils mont trouvé jufqu'à ce jour aucun fpécifique pour remédier aux dé- fordres , & pour remettre en équilibre les humeurs dérangées du Véfuve. (x) Cela n'eft pas auffi facile à comprendre que le penfe M. le Duc de Belforte, fur-tout relativement à l'impreflion des feuilles d'arbres ; l'on conçoit à la vérité facilement, que des pelores de lave «en fuñon, tombant fur des corps durs peuvent en retenir l'empreinte, mais il eft difficile d'imaginer que la lave puiffe fe mouler fur des feuilles d'arbres, qui ne fauroient réfifter à un tel degré de chaleur, & qui font aufh-tôc détruites que touchées. (2) Il faut favoir qu'avant & après l'éruprion du Véfuve, la Ville de Bologne a efluié diverfes {ecoufles de tremblemens de verre : les habitans commençoient même à fe ralluter, lorfque pendant.la nuit du 24 Novembre dernier, une nouvelle fecoufle a fait renaître les allarmes : on lit dans les papiers publics du mois de Jan- vier de cette année , que certe fecouffe a renverfé prefque toutes les cheminées, & que la plupart des habitans ont fui à la Campagne; depuis ce tems-la les Théâtres ont écé fermés, dit le Mercure de Françe du premier Janvier 1780, page 19, Arti- cle, Jralie. SUR L'HIST. NATURELLE ÊT LES ARTS. 365 Telle eft Meñieurs la Lettre de Don Antoine Gennaro, Duc de Belforre, à M. l'Abbé Amaduzzi, je tâcherai de vous envoyer dans peu celle que M. le Chevalier Hamilton me fit l'honneur de m'écrire fous la date du 14 Janvier 1779, c'eft-à-dire , Environ fix mois avant cette dernière éruption : la Lertre de ce favant Phyfcien eft d'autant pus inftructive , qu’elle renferme ‘un fair unique bien propre à intéreller es Amateurs de l'Hiftoire Naturelle des Volcans ; on y lit, en effer, que le Véfuve rejetta vers l'Automne de 1778, plufieurs fragmens de gros prifmes de bafalte , &c, SERRE CD CRT RE EXPÉRIENCES Er OBSERVATIONS Sur les qualités Méphitiques des Emanations de plufcurs Subftances Végétales. PREMIER MÉMOIRE. Par M. Manicues, Affocié de l Académie Royale de Chiruroie, de celle des Sciences, Belles-Leures & Arts de Rouen, Chirurgien- Major de l'Hépital-Royal de Verfailles , & Lieutenant de M. le premier Chirur- gien du Roi. É: différentes expériences fur les fluides aëriformes , & fur quelques . Émanations méphitiques , dont je m’occupai dans le cours de Phyfi- que expérimentale que je fis à Verfailles en 1778 , me firent pen- fer que routes les fubftances odorantes , pouvoient bien exhaler une vapeur de la nature des moffetes qui, renfermées dans des lieux étroits & bien clos , tuent les animaux & éteignent les bougies allumées que l’on plonge dans leur mafle , comme le font auf l'air fixe & quelques autres fluides aëriformes. Je favois qu'aucun Phyficien n’avoit encore de ce côté dirigé fes recherches: j’avois même lu dans les ouvra- ges de M. Prieftley , Tome [ , page 113 , que les plantes vivent dans un air corrompu, lequel eft funefte aux animaux ; que les éma- nations de ces fubftances végctales , loin d’affecter l'air de la même manière que la refpiration animale qui le rend méphitique , produi- foient des effets ,qui ne rendoient qu'à conferver l’atmofphère douce & falubre lorfqu'’elle étoit devenue nuifble , & que des expériences faites à deffein de démontrer cette vérité phyfique,;avoient dû écarter tout 1750. M A I Zz 2 364 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, doute fur la qualité méphitique des émanations végérales. Une aütre affertion fembloit fortifier celle du Doéteur Prieftley ; elle fe trouve dans un Mémoire de M. Guillaume With , inféré dans le Volume 68 des Tranfactions Philofophiques pour l’année 1778. Les odeurs fimples, dit cet Auteur, n'altèrent point l'air. Cette décilion de deux Savans anffi célèbres , éroit bien capable de me détourner du deffein que j'avois formé de m'aflurer par des expériences décifives . fi effectivement les odeurs des végétaux vivans altéroient l'air ou ne l’altéroient point ; mais entraîné par le defir de me le confirmer d’une manière intuitive , je me fuis déterminé à faire à cer effet, toutes celles qui m'ont paru néceffaires : les fuccès que j'en ai obtenus, m'ont engagé de continuer un travail qui pourra peut-être jetrer quelque jour fur la nature de ces émanations, fur leur action & leurs effers dans l'économie animale. Je ne préfente aujourd'hui qu'un eflai d'expériences que j'efpère continuer & étendre par la fuite avec plus de méthode. Ainfi, avant d'aller plus avant dans la carrière que je me propofe de parcourir fur cet objet, j'ai voulu d'abord déterminer fi, contre les aflertions de MM. Prieftley & With, les émanations des fubftances végétales vi- vantes font d’une nature méphitique. J'ai commencé mes expériences le 23 Juin 17:8, je les ai conti- nuées pendane l'été, & j'en ai fait pluñeurs autres, l’année fuivante, foit en confirmation des premières, foir pour examiner les émanations d’autres plantes. que je n'y avoïs pas encore foumifes. $ Je me fuis plus attaché à examiner les émanarions des fleurs que des autres parties de la plante, quoique dans quelques cas j'aie em- ployé les feuilles & les tiges. J'ai préféré les Aeurs dans leur état d’épanouiflement , excepré dans la première & la neuvième expérience où je me fuis fervi des boutons : il na paru que la fleur épañouie donnoït plus d’émanarions que dans tout autre état, & je pourrois con- clure que ce n'eft qu'à raifon de la plus grande furface que les fleurs préfentent dans cer état à l'air environnant, mais j'ai encore quelque travail à faire pour bien conftater cet effet. Les Re des plantes qui ont fervi aux expériences ont ét déta- chées du corps de la plante à toutes fortes d'heures du jour, mon intention n'étant pour le moment que de reconnoître la qualité de leurs émanations. Je ne me fuis point attaché à obferver fi ces éma- nations étoient plus abondantes à certaines heures du jour qu'à d’au- tres heures, ni plus dans les tems chauds & fecs, que dans les tems chauds & humides; c’eft une recherche que j'ai renvoyée à un autre tems & dont je vais inceffamment m'occuper. © Ces parties ainfi dérachées ont été portées dans une chambre firuée au nord où la température en été n'a jamais pailé le vingr-troifième degré au-deflus du terme de la congélation , & 16 degrés en hiver SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 36 avec le feu de cheminée. Ces obfervations m'ont paru néceflaires pour eftimer la quantité des émanations qui , je crois , doit être en raifon du degré de chaleur qui régne dans le lieu où la partie de la plante a été mife en expérience, Pour routes les expériences confignées dans ce Mémoire , je me fuis férvi d'une afliette de fayance dont le fond eft bien droit : j'ai répandu dedans , une lame d’eau de deux lignes d'épailleur , & j'ai mis au milieu un petit fupport de plomb en manière de trépié , je l'ai percé dans fon milieu pour recevoir les pédicules des Aeurs, les foutenir & empè.her leur renverfement de côté & d'autre dans les cas où leur peutelle m'obliseoit d'en mettre plufieurs , & en même- tems pour que les extrémités de ces pédicules puflent plonger aifé- ment dans l’eau, afin que ces fleurs végéraflent encore quoique déta- chées des plantes qui les avoient produites. Les leurs, telles que la rofe rouge, la rofe d'outremer, &c. affez volumineufes pour occuper un efpace à peu-près d'un pouce de diamè- tre ont été mifes feules en expérience ; mais lorfquescomime h violette, la raiponce, la petite pervenche, &c. elles fe font trouvées trop pe- tites pour occuper cet efpace , j'en ai mis plufeurs enfemble à pro portion de leur volume jufqu’à ce que par leur affemblage elles aient formé un petit bouquet d'un pouce de diamètre environ.: our les faire tenir droites, j'ai pallé leurs pédicules par l'ouverture du fap- porc & les ai fait plonger dans l’eau : je me fuis gardé de les lier avec un fil, parce que je n'ai voulu en aucune manière en altérer l'intégrité. Dans cet état , j'ai couvert la fleur ou le petit bouquet de fleurs , d’une petite cloche de verre d'environ fept pouces de haut fur près de deux de diamètre: les bords de cette cloche remplie d'air atmofphé- rique , furent toujours plongés dans la lame d'eau; & pofant aiufi fur le fond de l’afliette , l'air retenu dans cette cloche ne pur avoir de communication avec l'air environnant. EXPÉRIENCES f. 1. Le 23 Juin 1778, deux boutons de rofe commençant à s'épa= nouir, placés fous la cloche de la manière que je viens de l'expofer, & demeurés en cet état vingt-quatre heures de fuite, ont fourni une émanation méphitique qui a gâté l'air de la cloche, au point qu'une AR allumée plongée dans fa malle s’y eft éteinte jufqu'a trois vis. IL. Les jours fuivans , une rofe d’un volume médiocre , mais bien 366 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, épanouie , placée dans le même lieu que les boutons ci-deflüs, a fourni plus d'émanations méphitiques que les boutons. L'air auquel cette émanation s'eft mélée s’en eft trouvé tellement altéré. que la bougie allumée , plongée dans fa mañle , a fubi l’extinétion neuf fois de fuite. HT. Une autre rofe épanouie , du volume de la première & placée de même , gâta fufifamment l'air au bout de douze heures, pour faire tomber dans l’afphixie une fouris que je jettai brufquement au fond du vafc. . IV. Une autre rofe placée comme dans les expériences précédentes , altéra aflez l'air de la cloche pour caufer deux fois, au bout de fix heures, l’extinétion de la bougie. V. La même rofe remife fous le vafe huit heures de fuite, rendit encore l’air méphitique , & la bougie allumée defcendue au fond s'érei- gnit trois fois de fuite. Ces expériences prouvent inconteftablement que la rofe qui affecte fi agréablement la vue & l'odorat, exhale pourtant une vapeur meur- trière , capable de-fuffoquer ceux qui refteroient trop long-tems dans fa fphère d'activité, fur-tout fi ces fleurs éroient en quantité dans un lieu étroit & fermé avec trop d’exactitude. Il y 1 donc du danger d'en raffembler une quantité dans un même endroit, à moins qu'on ne laifle les fenêtres ouvertes pour que la vapeur s'érende davantage & fe difipe dans la mafle de l'air atmofphérique. L'expérience a plu- fieurs démontré que l'odeur des rofes à fait tomber en fyncope des perfonnes mème aflez robuftes : j'ai connu un Chirurgien qui ne pouvoit les fairer fans éprouver dans le moment un érouffement fingulier qui fe diffipoit aufli-côr que les rofes éroient écartées de lui ; & une Demoifelle qui perdoit la voix lorfqu'on lui mettoir fous le nez un bouquet de fleurs odorantes : ces effets ne peuvent être pro- duits que par l’action des émanations dont je viens de parler fur les . nerfs : j'ai déjà donné une explication de ce phénomène dans un Mé- moire qui a obtenu l'acceffit en 1764, à l’Académie des Sciences & Belles-Lectres de Dijon, je reprendrai cette matière dans la fuite puif qu'elle eft étroitement liée avec les expériences dont je m'occupe pré- fentemenc. Je fis les jours fuivans fur d’autres fleurs odorantes , des expérien- ces qui donnèrent les mêmes réfultats , avec plus ou moins d’intenfité, & j'eus foin pour comparer leurs effets, de les laifler fous la cloche le même nombre d'heures : par cette attention, je fus enétat de ju- ger de la quantité d’émianations méphitiques qu’elles pouvoient exahler, & j'eftimai toujours cette quantité par le nombre d’extinétions de à bougie allumée ; car il ne me fut pas poflible d’avoir , comme le Doc- teur Prieftley , autant de fouris qu'il en auroit fallu pour, en les fuf- foquant , connoître la qualité meurtrière de ces vapeurs : d’ailleurs, Ar SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 367 j'eftimai que ce. moyen ne faifoit pas connoître aufMi clairement la quantité ou la qualité de ces mêmes vapeurs , que le pouvoit faire le nombre d’extinétions de la bougie plongée dans leur malle: je m’en tins donc à ce dernier moyen. VI. Le 26 Juin, une fommité d’auronne , vulgairement appelle citronnelle, ayant été placée fous la cloche , produifit des émanations qui au bout de douze heures avoient altéré l'air au point de caufer deux fois l’extinétion de la bougie. VII." Les jours fuivans une bonne pincée de fleurs de fureau frai- chement cueillies, placée comme dans l'expérience précédente, gâra en douze heures l'air de la cloche, de manière que la bougie plongée dans cet air s’éteignit onze fois de fuite. VIII. Deux feuilles de fareau intactes, mifes fous le même vafe , en gâtèrent l'air au bout de quinze heures , de manière que la bougie s'y eignit quatre fois. Il réfulre de ces deux dernières expériences, que le fureau exhale, tant par fes fleurs que par fes feuilles, mais plus par les premières que par les fecondes , une grande quantité d’émanations méphitiques , & que par conféquent , il pourroit y avoir du danger de refter long-tems à l'ombre de cet arbre ou de s'y endormir. IX. Huit boutons de fleurs d'oranger déjà un peu fanés, donnèrent une émanation qui , au bout de douze heures, altéra l'air du vafe fufh- famment pour lui faire éteindre deux fois la bougie. X. Les pétales de deux Reurs de lys cueillies fraîchement, alrérèrenc l'air de la cloche par leurs émanations, de manière qu'au bout de douze heures , la bougie allumée plongée dans cer air, s’y éteignic huit fois : je conviens que dans cette expérience le volume de ces pérales réunies fut un peu plas confidérable que celui des fleurs des autres. expériences ; l'effet , à raifon de cela, en fut fans doute auffiun peu plus grand qu'il ne l'eût été fi la proportion avoit été mieux obfervée. XI. La fraxinelle à fleur blanche m'a paru exhaler beaucoup de ma- tière méphirique ; cette vapeur eft même de la nature de l'air inflam- mable , fi l’on s’en rapporte à une expérience connue des Botaniftes & des Curieux. On fait que dans un beau jour d'été, lorfque le foleil a dardé long-tems fes rayons fur certe plante , qu'elle a en confé- quence beaucoup tranfpiré, & que la fraîcheur du foir en condenfant fes émanarions les a plus rapprochées d'elle, & leur a fait occuper un efpace moins grand ; fi l’on plonge une bougie allumée dans l'efpèce d'armofphère de cette plante, le feu y prend , toutes ces émanarions s'incendient , & l’on voit courir un feu autour de la plante & s'éren- dre même affez loin. Trois fleurs de cette fraxinelle dépofées pendant douze heures fous la cloche dont j'ai parlé, en ont gâté l'air par leurs Émawations au point d'éteindre neuf fois la bougie; mais je remar- 368 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, quai que ces émanations combinées à l'air de la cloche ne s’enflam- mèrent point comme elles le font quand elles entourent la plante. XII. Dix petits morceaux de tige de la même plante mis pendant douze heures fous un vafe beaucoup plus grand que celui qui fervoit aux expériences précédentes , parce que le volume de ces morceaux excédoir celui des fleurs, exhalèrent des émanations qui altérèrent l'air de ce vafe & éreignirent trois fois la boupgie : il réfulte de ces expc- riences que les fleurs de fraxinelle exhalent plus de vapeurs méphiti- ques que les tiges, & qu’elles font plus dangereufes à refpirer. XII. Quatre fommités de rhue en pleine fleur, fraîchement cueil- lies, mifes pendant douze heures fous la cloche de verre ordinaire, causèrenc une telle altération à l'air que la bougie plongée dedans s’y éreignit neuf fois de fuite. XIV. Une fommité de fleurs de millefeuille tenue douze heures fous le vafe ordinaire, en a gâté l'air au point que la bougie s’y eft éteinte huit fois de fuite, XV. La boupie ne s'eft éreinte que quatre fois dans l'air du vafe dans lequel j'avois tenu douze heures de fuite deux petites fommités de fleurs, bien épanouies , de girofle rouge. XVI. Le mème effet arriva à l'air de la mème cloche dans lequel je renfermai, le même efpace de rems, une fommité de fleurs d’œillet d'Efpagne. XVIL Deux petits œillets rouges à Aeurs doubles épanouis, tenus onze heures fous la cloche, ont fourni des émanations qui ont caufé fix fois l'extinction de la bougie. | XVIII. Un petit bouquet formé de cinq fominités de bétoine fleu- rie, mis fous la cloche de verre l’efpace d’onze heures, a produit une exhalaifon méphirique dans laquelle la bougie allumée s'eft éteinte douze fois de fuite : cette expérience prouve que les émanations de cette plante font bien abondantes ou bien fuffocantes , puifque les fleurs tenues moins de tems fous la cloche que les A néanmoins produit un effet plus confidérable. Je n'ai point effayé les feuilles de cette plante, mais je fuis perfuadé , à raifon de leur odeur, qu’elles doivent exhaler auffi beaucoup d’émanations méphitiques. Un pafñfage du Dictionnaire d’Hiftoire Naturelle de M. Valmont de Bo- rare (1) femble confirmer cette affertion; » les parties fubriles.& » odorantes qui s'élèvent de cette plante lorfquelle eft verte , font, » dit-il, fi vives , que l’on dit que les Jardiniers & autres gens arrachant » de la bétoine devinrent ivres & chancelans comme s'ils-avoient bu » du vin«, ‘ (x) Tome I, 7-89. page 552, XIX4 SUR L'HIST. NATUREILE ET LES ARTS. 369 KIX. La moitié d'une fommité deupatoire d'Avicenes ; placée fous la cloche l’efpace de vingt heures, a caufé à l'air une altération qui produifit neu fois de fuite l'extinction de la bougie. -: XX. Quarre fommirés Mleuries de menthe ou baume des jardins ; tenues le même-tems fous la cloche de verre, ont altéré l'air d’une telle manière que la bougie allumée plongée dedans s’y eft éteinte onze fois de fuite. XXI. Le rt Avril 1779, je plaçai fous la même cloche pendant 24 heures , un petit bouquet de fleurs de lilas ; l'air n’en fut pas auili altéré que dans les expériences précédentes puifque la bougie ne sy éreignic que deux fois. 44 XXII. Un petit bouquet de fleurs de ‘prime-vere des champs, teng 24 heures fous le mème vafe , alréra l'ait de manière que la bougie que j'y plongeai fut éreinte quatre fois de fuite. XX1II. La bougie s'éreignit fepr fois de fuite dans l'air du vafe, fous lequel j'avois tenu 24 heures de rems un petit bouquet de Aeurs d’aübépine. 2rÔrr (XXIV, Unefleur d'iris de Florence, malgré fon volume qui excé- doir de beaucoup les autres fleurs ou bouquets , tenue :4 heures fous Ja cloche , n’altéra l'air 2. foiblement : la bougie plongée dans fa mafle ne s'éreignit que trois fois. XXV.Un perit bouquet de fleurs de cerfeuil mufqué d'Efpagne, tenu Je mème:cems fous le vafe , fournit des émanations qui éteignirent cinq fois la bougie. [ XXVI, La bougie s’éreignit fix fois de fuite dans l’air du même vafe fous lequel j'avois laïflé 24 heures de fuite une fommité de giro- fée jaune épanouie. XXVH. Un perit bouquet de muguet à fleur fimple qui avoit été œueilli trois jours avant , ayanciété placé fous le-vafe 24 heures de fuite, alréra encore aflez l'air pour procurer trois fois de fuite l’extinction de a bougie, XXVHIL.: Une fommité de -fleur de jülienne-violette placée douze “heures fous la cloche , a procuré à l'air intérieur une altération qui a caufé fix "fois de fuite l'extinction dela bougie. 'XXIX, Un petit bouquet de fleurs de chevréfeuille, renu douze heures fous le vafe , en a gâté l'air au point d'éteindre quatre fois la thouvie, | SX. Les émanations d'un -petit ‘bouquer de‘Aeurs de châtaignier scoupéesien morceaux , tenu douze heures fous le vafe , ensont réllemenc gâté l'air, que la bougie s’y: eft ‘éteinte | fix fois de fuite. Onwoitipar ces expériences que les Aeurs odorantes ne donnent pas qoutes:par-la tranfpirationla mème. quantité de vapeurs méphiriques , ou fi l'on aime mieux, les émanations qui s'en a lent ne font pas Tome XV, Part, I. 1780, M A I, À aa 370 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, toutes également méphitiques ; ot sen élt trouvé qui dans le même efpace de tems ont caufé ‘beaucoup plus defois l’extinétion de la ‘bougie. Il réfulte encore dé ces expériences , que!les fleurs de bétoine & de fureau font celles dont les efférs méphitiques ont été les plus con- ‘fidérables : :les fleurs de fraxinelle , de rhue ; de menthe des jardins , de mille-feuille | d’eupatoire., de rofe, de:châtsignier, de chevre- feuille, de julienne, d’œiller rouge, &c. font enfuite celles qui ont le plus fourni de. vapeuts..cäpables de: fuffoquer les animaux! & d'é- teindre les bougies. Les! autres, fleurs odorantes en ont moins donné guoiqu'on puille. préfumer. qu'elles, ontitranfpiré autant que: ces pre- mières ; mais leurs tranfpirations apparemment n’ont pas eu un carac- tère de malignité aufli intenfe que celles des autres, puifque ces éma- nations ont montré des effets moindres. 1£ il ” € I L 316 u b ouod 34190 UN &iti91 3h 2571 ] ‘Une queftion fe préfente naturellement ici: de quelle nature fonr ces émanarions. qui. mêlées à, d'air alrèrent ce: Auide au point de lut ôter fa qualité refpirable? Eftice l’efprit recteur reconnu pour être la partie odorante dés fleurs ? du bien éft-ce une: vapeur particulière à laquelle l’efprit recteur ne fert que de véhicule ? Je:n'ai pas encore aflez varié: mes: expérietices pout le: dérérminer d'une manière à ne aifér aucun doute ; en, attendant, j'en :rapporterai plufeurs: qui pour- ront peut-être jeter déjà quelque jour fur l’objer de cette queftion. 4 _ On feit.que la mélille &, là tandifie font édorantes quoique leurs feuilles ne, foient point brifées ; mais l'expérience démontre que l'odeur de ces plantes augmente fingulièrement fi ,-froiffant leurs feuil- les entre:les doigts, on! déchire, leur -tiffure;: là partie odorante de ces plantes. comme. de rourés, celles qu'on; nomme aromatiques , confifle dans l’efprit necteur , que? l’on. fait. être très-fusace quand. ilneft point enchaîné par l'huile eflentielle , ainfi qu'on le croit communément: à J'égad, des fleurs’ des plantes diliacéés. Dans: es:planres ardmatiques, il eft uni à cette huile d’une telle manière qu'il faut pour le mani- fefter avec plus d’intenfté {rompre les; cellules qui le renferment, _& ceft ce quopère efficacement, le! froiffement des feuilles 8 des feurs de.ces plantes! entre les, doigts #-dansi:cer. érat | ces principes “n'étant plus retenus par leurs entraves s’évaporent l’un & l'autre: daris Lait: environnant r&ce s'y mêlent ;avec :la plus. grande facilité. Si les feuilles des plantes .donr, je parle font ddorantes, fans-que leur rextuse “foit brife, leur efprit reéteur peut dène ,s'én -émanér fans le fecours _de cette apération :,&. fi cer. efprit. n'altére point -Fair, il! faut donc “chercher dans la préfence d’une autré émänationi.les effets que nous avons obfervés juiqu'iis ivo enxonsneud el exuoien sie m6 110 tf À «ist . L SUR VHIST. NATURELLE ET LES ARPS. 35h L'Trois fommités de)mélillé Aeurié avec plüfieurs feuilles inradtes ? ayanc été tenues douze ‘heures fous le'vafe dont j'ai parlé; ”oht caufé aucune altération à l'air: ce fluidé a confervé fà pureté & la bougig allumée! plongée dedans, eft démeurée telle quefi telle eût ré Ms l'air de la chambre. Mais fix feuilles fraîches de là même plante, aprè avoir été froiflées entre les doigts, ayant été tenues douzé'heures 48 fuite. fous Le mèmevafe} l'airsen a été altéré) &la bougie plongée de2 dans sy eft éteinte plufeurs foisde fuite. 117427 1 II. Frois fragmens de feuilles de ranailie formant énfemblé une bonne pincée , mis inta@s fous le même vafe, il artiva la mêine chofe que dans l'expérience précédente ; l'air'ne fut point gâté, &‘ au bout de douze heures la bougie plongée ‘dedans: y éonferva fa lumière: La même quantité de feuilles de la mème plante froiffée entre ls doigts & mife en même-tems fous une autre’ cloche ‘de verre de même grandeur:, en a gâté l'air d’une telle”manière qu'au bout de douze heures ; la bougie s'y eft d’abord éreinre fort promptemenr deux fois de fuite; elle s'yiferoit éteinte beaucoup plus dé AE fi je n'avois voulu faire Pexpérience fuivante, 2 00 57 107 1 = I [J'ai tranfvafé lair gâté par l'émanation méphitique de la hais fie froiffée, j'ai enfuite plongé dans le nouveau vafe où je venoiside verfer cetre émanation , la bougie allumée ; elles y eft éteinte für-le” champ : enfuite , après l'avoir rallumée jé l'ai plongée dans l'air du pre- mier jvafe qui éroit atmofphérique «par le déplacement de l'air méphi- tique de la tanailie, & la lumière s’y ft confervée. SEE LL: 1 On doit conclure de cette dernière expérienée , que lémanation dont il s'agit croit plus pefante que l'air atmofphérique , puifqu'elle S'eft pré cipitée , comme l'air fixe, dans l'intérieur du fecond vafe} & qu'elle enia déplacé l'air atmofphériqué pour fe fubftituer à la place! 11 fem bleroit d’après ce fair , que ce n’eft pas l’efprit re@eur proprement dit qui‘altère d'air des vafes au point'de le rendre méphirique, puifque’ ce-principe ‘eft crès-volatil- & beaucoup plus léger que l'air ätmofphé- rique dans lequel’ il! fe répand : on x vu d'ailleurs , que Les émank- tions odoriférantes , de la méliffe & de la-tanaïfie intactes | n'ont point’ altéré l'air comme l'ont far les fujets des expériences précédentes & qu'au contraire, les feuilles de ces ‘plantes oies entre les doigts’ ont donné des vapeurs qui ont produir cer'effer très-copieufemenr. Cependant je ne me difimulerai point une’ objection que l’on peut faire fur la dernière expérience : les feuilles froïffées ne s'étanc plus trouvées dans le mème ‘état que les” autrés, ont dù donner des pro-\ duits différens : en effet, par le froiffemient, Pincégrité de ces fubitan- ces a icté détruite, leurs cellules déchirées & ‘leurs fucs 7 épan- chés : dans cet état contre nature, &-pendane les! douze heüres! qu'elles ont été dépofées fous la cloche, il a fort-bien pu fe faire 1780, M A I Aaaz 372 -OSERPATIONS SUR LA PHYSIQUE, dans ces fubftäinces an commencement de fermentation, comme il arrive à tous les, végéraux déchirés ou écrafés : dans ce cas, il auroit pu fe féparer de la malle fermentante , quoique d'un petit volume, un eu d'air fixe qui auroit été entraîné par la partie odorante plus vo- AT que lui, & cet air mêlé à celut du vafe dont [a capacité étroit petite , auroit pu le rendre méphitique au point de caufer Fe de la lumière que je plongeai dans fa malle, Cerre objéction, fans doute, peut être bien CSA ; & pour y répondre d’une manière fatif- faifante ; il faut faire de nouvelles expériences: ces expériences entrent: dans mon plan , fmais comme je l'ai dit au commencement de ce Mémoire, celles que je préfenté aujourd’hui ne font deftinées qu'à dé- montrer qu'en général les. émanations de beaucoup de fabftances végé- tales font méphiriques. : Cependant ; jen rapporterai une qui femble faire ME à ce que je viens d'établir ; ellé a le camphre pour objec : on fait que le camphre eft très 6dorant, que fes émanations parcourent un efpace dont les limites font fort éloignées de fa malle , puifqu'on le fent de fort loin : on fait encore qu'il eft fi volatil qu'il s'évapore entièremens à l'air fans laifler aucun réfidu; il imprégne donc nes Pair de 1 propre fubftance; mais il ne le rend point méphitique comme les émanations des fleurs odorantes dont j'ai parlé. Pour m'en affurer, j'ai tenu d’abord un morceau de camphre gros comme une groffe noïfetre fous la cloche ordinaire, laquelle fut conftamment pofée fur la lame d’eau : au bout de douze heures, la bougie plongée dans l'air: de la cloche rempli des émanations du camphre, pate allu- mée, comme dans l'air armofphérique. Enfuite je laiffai ce camphre 24 heures fous la même cloche, puis 36 heures , puis l'ayant écrafé afin qu'il préfentät à l’air plus de furface & produisit plus d’émana- tions , je le laiflai fous la cloche 48 heures, & après cela 70 heures:. dans tous ces cas , la bougie plongée dans l'air du vafe a toujours confervé fa lumière fans aucun affoibliffement. Depuis ces expériences. j'ai laillé ce camphre fous la cloche fans pourtant plonger les bords de celle-ci dans la lame d’eau, mais fur une planche bien dreffée ; j'ai Raïlfé cet appareil dans une armoire plus d’un mois de fuite; au bout de ce tems la bougie plongée jufqu'au fond du vafe , conferva conf- tamment fa lumière, quoique l’odeur de camphre de l’intérieur du vafe für d’une force confidérable , ce qui prouvoit bien que l'air in- clus dans ce vafe en étoit fortement imprégné : ce phénomène que: jexaminerai encore m'a donné lieu de former des conjectures fur læ nature de cette fubftance végétale & fur celles des parties odorantes des autres corps , & j'en dei compte Jorfque je AREA réaliées. par des expériences décifives. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 573 LINE Je vais préfentement rapporter les expériences que j'ai faires avec Les fleurs inodores de plufieurs autres plantes. [. Un petit bouquet de fleurs 1e » dépofé pendant douze heures fous le vafe, en a gâté l'air au point d'éteindre nenf fois la bougie, D. Six fleurs d’une petite efpèce de piflenlit dépofées de même l’ef- pace de douze heures fous le même vafe , ont gâté fufhfamment Vair pour éteindre deux fois la bougie. IH. Le même nombre d’extinétions a été procuré par les émana tions de quatre fominités fleuries de /edum vermiculare.à fleurs jaunes , tenues fous le vafe le même efpace de rems. : IV. Un petit bouquet de fleurs de ronce, refté douze heures fous le vafe, en a gâté l'air au point d’éteindre quarre fois la bougie. V. La bougie s’eft éreinre auf quatre fois de fuite dans l'air dy même vafe fous lequel j’avois renu douze heures de tems un petit bou- quer de fleurs de lotus des champs à fleur jaune, VI. Un petit bouquet de leurs de raiponce champètre, renu douze heures fous le vafe, en a gâté l'air de manière que la bougie s'y eff éreinre de même quatre fois de fuite, VII. La bougie ne s’eft éreinte que deux fois dans l'air de ce vafe, fous lequel je plaçai douze heures de fuire un petit bouquet de fleurs d’aigremoine. VIT. Une petite fommité de fleurs de troefne placée de même, altéra l'air, de manière qu’au bout de douze heures la bougie plongée dedans s'eft éreinte cinq fois de fuite. IX. Sept fleurs de chicorée fauvage épanouies , placées fous le même vafe l’efpace d'onze heures, ont gâté l'air au point d’éteindre quatre fois la bougie : ces fleurs qui étoient d’un bleu tendre quand je les at mifes en expérience, ont pendant ce tems perdu leur couleur & fe font blanchies affez rapidement. Ces fleurs font les feules à qui j'ai vu perdre ainfi leurs couleurs dans un air rendu méphitique par leurs émanations. : X. Dix fleurs de guimauve ont pendant onze heures, gi Pair du vafe fi confidérablement , qu'il a éreint de fuite fix fois la bougie. XI. Une petite fleur de Lt tremière double, renue douze heures fous le vafe, a produit des émanations beaucoup moins méphitiques que les fleurs de guimauve , quoique de la même famille, car au bout de ce tems la bougie plongée dans cer air ne s'y elt éreinte qu’une feule fois. XII. Une pareille fleur, rene en même-tems fous un autre yafe de même grandeur, l'efpace de vingr heures , en altéra l'air plus confdé- 374 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rablement; car la bougie plongée dedans séteignit quatre fois de fuite. : XIIT. La bougie s'éteignit deux fois dans l'air du vafe fous lequel j'avois tenu 24 heures de fuite un petit bouquet de fleurs de co- . chlearia. 3 XIV. Une tulipe de moyenne groffeur commençant à s'épanouir, ayant été tenue 24 heures fous le vafe , alréra l'air au point que la bougie plongée dans fa male séteignit fix fois de fuite. XV. Un petit bouquet d’une fleur de parterre appellée vulgairement bourbonnoife , gâta peu l'air du vafe où il fut renfermé treize heures de fuite, car la bougie ne s’y éteignit qu'une fois. - Quoique j'aie De génériquement fleurs inodores toutes celles dont je me fuis fervi dans les quinze expériences précédentes , il ne faut pas les croire telles à la rigueur ; il ef certain qu'en les flairanç on leur apperçoit une légère odeur : mais cette odeur eft bien foible en comparaifon de celle qu'exhalent les fleurs aromatiques dont jai parlé plus haut: celles dont il eft préfentement queftion ne peuvent donc être regardées comme inodores que relativement. Quoi qu'il en foit, il s'en eft trouvé parmi elles qui ont exhalé des émanations méphiriques très-abondantes ; celles se la fleur de verge d'or ont éremt plus de fois la bougie que celles qui fe font exhalées de la rofe, des giroflées , des œillets, &c. & il faut convenir que celles de guimauve qui fonr des plus inodores , ont beaucoup plus altéré l'air du vafe que celles de lilas, de prime-vère, de cerfeuil mufqué, &c. LV: Ces faits me font préfumer qu'il y a dans les émanations qui fe font des fleurs épanoutes, indépendamment de l’efprit recteur qui conf- titue leur partie odorante , une vapeur méphitique qui doit en différer & en être diftinguée; il femble même que cette vapeur foit plus * abondante dans certaines fleurs ou certaines plantes que dans d'autres: par exemple, l'auronne ou citronnelle , tenue douze heures fous le vafe n'a caufé que deux fois l'extinction de la bougie; les feuilles de mélile &de tanaifie ne l'ont point caulée du tout, tandis que la fleur de fureau , tenue le même tems dans le mème lieu, a procuré onze fois cette extinction, la mille-feuille huit fois, la verge d’or, neuf fois, la guimauve fix fois, &c. Certainement la citronnelle & les deux autres plantes dont je viens de parler, font très-odorantes & beaucoup plus, fi l'on en excepte la fleur de fureau, que ces dernières, néanmoins l'effet méphitique de la citronnelle a été beaucoup moins confidérable. Le camphre êft lui-même très-odorant , cependant l'on a vu qu'il na point rendu Vair méphitique. SUR L'HIST NATURELLE ET LES ARTS. 37, © Quoique ma préfomption paroifle fondée, je conviens que pour rononcer en connoiffance de caufe , il faut foumertre cette recherche à des expériences ultérieures, afin d’en tirer à cer égard les induc- tions les plus précifes : en attendant , je vais en propofer qui paroiflent encore favorifer la diftinétion que, je viens d'établir: plulieurs feurs odorantes foumifes au mème examen que les précédentes, n'ont rien changé à la conftitution de l'air & ne lui ont caufé aucune altération. I. Un bouquet de violette d'environ un pouce de diamètre, mis fous le même vafe, n’en gâta point l'air, quoiqu'il y demeura 23 heu- res le 28 Mars 1779, la chaleur dela chambre étant de dix degrés; ‘la bougie plongée dans cet air refta conftamment allumée, II. Le même bouquet remis fous le mème vafe & porté dans une chambre à feu où le thermomètre marquoit 16 degrés de chaleur, n'altéra point l'air du vafe , quoiqu'il y refta le même-tems ; la bougie plongée dedans conferva fa lumière. : IT. Un petit bouquet de fleurs de firinga, tenu douze heures fous le vafe, rendit l'air ff peu méphitique, que la lumière que j'y plon- geai ne fit que s’affoiblir mais ne s'éteignit pas. k IV, Un petit bouquet de fleurs de jacinche des bois , à la vérité peu odorantes , n'altéra point l'air du vafe dans lequel je le tins l’efpace de douze heurés ; la bougie plongée dans fa malle conferva conftamment l' lumière. ï * :V.' La bougie fe conferva allumée de même dans l'air du vafe, {ous lequel je plaçai treize heures de fuite quatre fleurs de l'œiller appellé mignardife. VI. Un petit bouquet de fleurs d’orchis des bois à fleur blanche ; tenu 24 heures fous le vafe, n’en altéra point l'air; la bougie s'y con- ferva allumée comme dans l'air atmofphérique. VII. La lumière ne séteignit pas non-plus dans Pair du vafe dù je rérins 13 heures de fuite, cinq fleurs d’une grande efpèce de geranium à Aeurs violettes. VIT Elle fe conferva de mème dans celui du même vafe fous lequel j'avois tenu le même efpace de rems fix fleurs de napel ou aconit. IX. Le même effer eut lieu encore, dans l'air du vafe fous lequel je laïiffai pendant 24 heures un rameau de fleurs d'oreille d’ours com- pofé de fix fleurs: je dois dire cependant que la lumière de la bougie y fut très-affoiblie, mais elle ne séteignit pas. E X: Quatre fleurs de balfamine bien épanouies mifes fous le vafe douze heures de fuite, n’altérèrent point l'air; la bougie allumée s’y con- ferva comme dans l’air.de la chambre. XI. Six fleurs de grande gefle peu odorante, dépofées fous le vafe douze heures durant , ne donnèrent aucunes émanations méphitiques ; la bougie allumée plongée dans cet air fe conferva trèsbien. 376 OSBERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, XII. Le même effet arriva dans l'air du vafe où j'avois tenu 25 feu: res de fuite un peric bouquet de fleurs d’ebenier. XIHL. Il en fut de même à l'égard d'un petit bouquet compofé de fept feuilles de renoncule des bois, connue aufli fous le nom de petite chélidoine, que je laiflai aufli 24 heures de fuite fous le vafe. XIV. Un petit bouquet compofé de huit Aeurs de petite pervenche très-épanouies , ne gâta point non-plus l'air du vafe dans lequel je le lailfai 25 heures de fuite. Les premières expériences de certe quatrième fection femblent démontrer que ce n'eft point l'efprit reéteur qui rend l'air méphitique, mais une autre émanation qui fe joint à lui; car on ne peut difcon- venir que les fleurs de violettes & de firinga ne foient très-odorantes; cepéndant elles n'ont donné que peu ou point de marques de méphi- tifme ; peut-être que fi ces Aeurs euflenc été plus long-tems reténues fous le vafe ou qu'elles euffent été en plus grande quantité , elles én euffent donné quelques-unes : mais pe comparer leurs effets à ceux des autres fleurs, je ne devois pas leur permettre de faire fous certe machine un plus long féjour, ni en mettre une plus grande quantité. J'ai déjà fait obferver que tous les bouquets compofés de plufieurs petites fleurs, devoient tous avoir environ un pouce de diamètre. Des groifes fleurs , je n'ai eflayé que Le gros pavot rouge à fleur double, j'en ai mis une fleur fous un récipient de machine -pneuma- tique de moyènne grandeur , difpofé comme le vafe dont. j'ai parlé rt g ic 115V91] £ l D'EiSa GC Riou ut O6 :N D'une Machine éleétrique à deux Plateaux ; Par M. le Comte DE BRILHAC. MM. AyaAnrT entendu parler qu'on avoit plufieurs fois effayé de conftruire des Machines éleétriques à plufeurs plateaux, & que la conftruction de celles qui avoient paru jufqu'à préfent, avoient toujours eu des inconvénients, foic par la difficulté de, les faire mouvoir, foit par le peu d’effer qu'elles produifoient, j'imaginai il y a trois ans d’en faire conftruire une:à ma fantailie, compofée de deux plateaux de trente pouces chacun, que l’on fair mouvoir ainfi que je vais le décrire ci- Tome XV, Part. I. 1780, M À I, Bbb 378. OBESRVATIONS SUR LA PHYSIQUE, : après. Je puis. dire avec vérité que je wai,jamaïs vû..de Machine. élec- rique qui produisit un auff grand effet. ABCDEFGH, fig. 1. PI. I. eft le chaflis fur lequel porte toute la Machine, Sa hauteur eft de deux pieds cinq pouces, fa longueur de fix pieds fix pouces , & fa largeur de dix-neuf pouces fix lignes. On peut donner aux traverfes du chaflis, les proportions que l'on jugera convenables pour leur épaif- feur. Ma Machine eft faite en bois des-ifles, & les traverfes ont trois pouces {ur un fens. & deux fur l’autre. Les traverfes 1 & 1, ont un peu moins d’épaifleur. En un mot, c’eft la qualité du bois que l'on emploie, & la propreté que l’on veut donner à l'ouvrage, qui doit décider de la force du chaflis. (J'ajouterai même en pañlant que je fuis perfuadé qu’un chaîlis fair proprement avec des barres de fer bien polies, ,& dont lés angles feroient bien émouflés, feroit un bon effet. Cela auroir l'avantage de paroïître plus léger, & feroit fürement plus folidei), Continuons l'explication de la Machine. K & K, font deux plateaux de glace, de trente pouces de diamètre, dont la circonférence doit pafler à quatre pouces de diftance des traverfes O & O, & tourner tous les deux dans le mème plan, & de gauche à droite, ainfi que. le:marque la cordé, paflée fur les poulies P & P; ces plateaux font portés. fur des arbres de fer, de treize pouces & demi de longueur fur treize lighes de diamètre. Ces arbres font ronds à l’exception de lendroir où doivent fe fixer les poulies P & P; qui ont trois pouces d’épaifleur, & qui font placées entre les traverfes L & M, en au milieu. Dans la place de ces poulies les afbré$ font à huit pans, afin d'empècher de tourner les poulies fur les arbres. L'autre partie des arbres qui eft entre les traverfes M & N, doit être faite de manière à contenir & porter les plateaux, à égale diftance des traverfes M & N; les arbres de ces plateaux pour tourner plus facilement ,! ne doivent porter que fur deux pointes à vis, ainfi qu'il eft marqué par la lettre R; cela fait quatre pointes à vis pour les deux plateaux. Lorfqu'on veut les netroyer, il fufhit de toutfnér les pointes & de les enlever, ce qui eft prompt & commode. Les arbres doivent être percés à leurs extrémités, bien au centre, de trous convenables pour recevoir les pointes à vis, afin que les plateaux puiflent tourner exactement dans un même plan. 11 faut remarquer que la traverfe M doit être échan- crée dans la partie où paflent les arbres, afin qu'ils ne portent que fur les pointes. La diftance entre les traverfes L & M, teft de cinq pouces & celle entre les traverfes M & N, eft de huit pouces. Mes couflins ont huit pouces de diamètre, & font de peau de bouc jaune, fort fouple. : Peu importe laimamièré dont on les fixe aux traverfes, pourvu qu'ils s'appliquent exaétement à la furface de la glace. Les miens font au nombre de quatre à chaque plateau, & font portés fur des agraftes en cuivre, qui font ténues par un écrou à vis, dans les traverfes M L PTT SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ATRS. 599 & N;.ces agraffes portent une plaque de cuivre, qui a deux tenons creux, pour que les deux branches des agraffes y puilient entrer ; & fur cette Aie. de cuivre, qui a un peu moins de diamètre que celle du couflinet, elt adaptée celle du couiliner qui porte trois petits morceaux de cuivre, lefquels fertent, par le moyen de petits cloux à vis, la plaque du coufliner fur celle dé,deffous, & qui lui donne la liberté de tourner quand on veut changer le fil de l'amalgame. IL eft difficile de pouvoir donner une explication nette de la chofe fans figure. Si l'on defiroit en avoir l'explication, M, Carochez, Ingénieur en inftru: ments de Phyfique, Place de Grève, près l'Hôtel de Ville, à Paris; feroit en état de la donner. C’eft lui qui a exécuté pour moi, il ya deux ans paflés, une partie des pièces dont j'ai eu befoin pour monter ladite Machine. ; Les poulies P'& P ;-ont, comine je l'ai dirci-deflus, trois pouces d’épaifleur fur huit pouces de diamètre: Ea roue Q, à deux pieds de diamèrre , c'eft-à-dire, le wiple de celui des-poulies, ce qui fait que pendant une révolution de cette roue, chacun des pla- teaux en fait trois. Cette même roue a vingt - une lignes d’épailleur. Elle doit ërre, ainfi que les poulies , un peu creufée au milieu, pour retenir la corde qui doit avoir deux lignes de grofleur, & être foudée avec de la petite hceile cirée. La meilleure corde eft celle qu’on appelle du feptain, compofé de fept petites ficelles-bien cordées. Une corde fimple ne vaut rien pour cela, elle s’allonge trop &s’ufe promptement. Pour empêcher d'ufer la roue & les poulies, je les ai fait garnir de cuivre dans les endroits où pañle la corde. La manivelle S, doit avoir treize pouces de longueur. Il ne s'agit plus maintenant qué de pouvoir tendre la corde pour faire mouvoir la Machine: En voici l'explication ; abcd, font quatre montans de bois de deux pieds deux: pouces de hauteur, fur deux pouces d’épaifleur, fur toutes les faces. Ces mon- tans font tenus par des mortaifes faites dans les traverfes L & M, de manière qu'il refte un pouce de diftance entre les montans a & b, & entre les montans c & 4, pour laifler paffage à l'arbre T de la roue Q, qui doit répondre au milieu de la Machine. Ces quatre montans doivent être creufés dans route leur longueur; dans leur partie inté- rieure, .abn,de pouvoir fervir de coulifle à laipièce de bois Z; & ils font rallemblés: à leur extrémité fupérieure: par un chapeau V qui les contient & les affermir, Z, eft une pièce-de bois dont la groffeur eft déterminée par l’efpace qui exifte entre les montans à & c di, dans lefquels elle doic glifler aifément , fans cependant y baloter. Gette pièce .de bois ;a dix-huit pouces de: hauteur ; & doit porter dans fa partie inférieure, l'arbre T, de la:roue Q ; ,cet arbre doit y être fixé par,des crapaudines de cuivré qui »puiffent’ fe ferrer ou fe lacher par des vis} ainft.que celui, d'un touren l'ait ; de forte que quand là piècé Z; monte ou déefcend, la roue Q ‘fait aufli les mêmes mou- 1780, MAIL. Bbb2 80 . OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, vements. ]l faut remarquer que la pièce Z' eft entaillée & faire en fourchette depuis fa partie inférieure, jufqu'à celle marquée Y , afin que la roue Q, Fa rournér dans ladite fourchette. La longueur de l'enfourchement eft de quatorze pouces. Le haut de la pièce Z, ou pour mieux dire la tête de la fourchette, doit être garnie dans fa partie fupérieure d’un écrou e , dans lequel doit entrer la vis de rappel f, qui fert à faire monter cu defcendre la pièce Z, fur laquelle eft portée la roue Q; il eft évident que cette roue en montant fait rendre la corde qui paile fur les poulies P &. P, & cela en proportion que l'on tourne plus où moins la vis de rappel f; cette même roue doit courner de droite à gauche, afin que les plateaux puiflent tourner de gauche à droite, fans quoi les platines qui contiennent la glace pourroient bien fe dévifler. Je m'étendrai peu fur l'explication du conducteur, fa formè étant peu: différente de celle des conducteurs ordinaires. Les branches de’ celui-ci, au lieu d’être placées horizontalement, le fonc verticalement. Les deux conduéteurs 1 & 2, répondent à chaque pla- reau, & fonc terminés chacun par une boule qui eft portée fur une colonne de verre. 3 4 & $, elt un conducteur qui fert à réunir le fluide éleique des deux plateaux: On voit dans la fig. 2 un de cés. conducteurs ifolé. Lawig. 3 repréfente le grand conduéteur général: dont les deux boules: 3-& 4 communiquent avec les deux boules:1 &.2 des petits conducteurs. La boule 6 dusgrand conduéteur touche àlla patte d'oye de ma baterie, lorfque je vèux produire de grands effets. Ce conducteur de ‘réunion éft aufli porté fur des colonnes de vêrre. Toutes ces pièces fonr'en cuivre bien poli. Ma grande batterie eft compofée de, quatre-grandes lampes. de: cryftal- qui ont deux pieds de diamètre-chécune.;qfuv: dix-huit pouces deshauteur. | Of | : 24 221 "29 23 15 € IH31IIES | 11 2 À edhowdoantages de certe Machine. ©h 1 354 V2 nensnota ?5l 877 n6) b 9207. fiu ; Un homme feub Ja fait mouvoir plus facilement que bien des Ma- chines à un feul plateau. Elle für un ieffer bien confidérable, puifque dans foixanrei due foixante + dixi tours -de ‘la :roue Q, je parviens à charget comiplenement|mes/quitre vafes , dont :fa décharge égale cer- tainement au .moins un fort:coup de piftoler. Avec certe décharge j'ai tré un kochan Écain moutons ruxquels' javois appliqué faccelliveniente les lorgillesres dercuivre, ‘après les avoir: bien razés.. Indépendamment de-là forceldé certe: Machine ; élle réunit encore plufieurs avantages , qui foht depouvoir füre des-expériences avec les deux plateaux réunis où féparés. J'ai biflé la diftancecemre les traverfes M8 :N, afflez confidérable pour pouvoir! y placer des plateaux de différentes compo- fitions ,) derdorreiqu'avec la MmèmerMachine ous pouvez faire des expériences fur l'Elé&ricié pofriver&inégarive. D'ailleurs; certe Machine | sf ’ s gel °1 5 SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 38x fé fixe à verre par fon propre poids, fans que le monvement de rotation la fafle fe déranger. Le conducteur ne doic point être attenanc à x Machine de rotation, ce qui lui donneroit toujours un peu d’ébranle- ment, mais feulement 1l doic être à la diftance convenable des pla- taux, Lorfqu’oy veut fubflituer un plateau différent de celui de glace, il faut lavoir un arbre particulier fait exprès pour ledit plateau, qui ait d’ailleurs-les mêmes proportions pour la longueur, & une poulie de même diamètre que celles des xD dés plateaux de olace. Si vous croyez, Meflieurs, que cette Machine puifle être de quelque utilité au Public , faites-en l’ufage que vous jugerez convenable. Je viens d’en donner le plan à M. l'Abbé de Fayoles, principal du Collége de Rennes, qui travaille à en faire monter une femblable. Je crois qu'il aura tout lieu d’en être fatisfair. Jai l'honneut d’être, &c. | ; O B S ER F A TT ON:S . Sur le Cuivre contenu naturellement dans les Mines d’Etain ; Par M. le Baron ve Dierrics. [ire s réflexions du fieur Salmon, inférées dans le Journal de Phyfique (Cahiér-d'Aoûc ;; page 158.) &:la réponfe qu'y a faire M. de la Folie, ( Cahier! d'Oétobre, page 307:): pouvant donner lieu à une erreur importante, jervais râcher de prévenir cet inconyénient par les Obfer-. vations fuivantés; ; Le fieur Salmon foutient contre M. de la Folie, page 162, que dans lérain qui vient des mines, il n'y, à pas la moindre partie de cuivre. I demande, qui l'y auroit mis ? ce mélange mème étant oppofé à d'imtérèe des Entrepreneurs ; ‘puifque le cuivre eft d’un plus haut prix dans le:commerce que l'étain. :: M. de la Folie répond aux Obfervations de fieur Salmon, (Cahier d'Otobre ,-page 309.) qu'il n'a pas voulu parler de l'érain tel qu'i fort des mines; & il fe reftreint à dire qu'il y a du cuivre dans la majeure partie de celui qui exifte dans le commerce. D'après cette réponfe on feroit porté à croire qu'il n’y a en effet du cuiviel que! dans J'étain du commerce, & non dans celui qu'on ure diréétément des mines; encore faut-il des expériences auffi concluantes que celles de M. de la Folie, pour détruire l'unpteflion du raifonne- 332 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, ment du fieur Salmon, & pour fe perfuader qu'on a mis à deflein du cuivre dans l'érain du commerce, lors mème qu'on ne veut pas en faire un ufage qui exigeroit un pareil mélange. J'ai été en Cornouaille pendant plufieurs mois, & d’après ce que j'y ai vu, je puis répondre d’un feul mot au fieur Salmon; que la nature qui n'a pas calculé l'intérêt des mineurs a mêlé le cuivre à Pétain, & même fi intimément, qu'il eft impolhble de l’en féparer toralement. 1] ny a guères que les mines d’érain roulées par les torrens (Ssréam-Or) & celles qui fe trouvent dans un quartz grumeleux qui renferme du fchorl (Grownflone) qui ne foient pas mèêlées avec de la mine de cuivre. Toutes les plus confidérables mines de la Cornouaille fourniffent dans lé même filon, & prefque dans chaque fragment de mine, ces deux minéraux réunis. J'en cite pour exemple les minières d'Hewas à deux milles au couchant de Sairr-Auflel; celles de Godolphinbal fituées à 8 milles de Helflon; celles de Ville Fortune Teres-Gommore, qui n’eft qu'à un demi-mille de la précédente; celles de Huelcock, Paroille de Sasrs- Jufle ; celles de Paldeys & de Huelwirgin à deux milles de Redrush &c. , je dis plus; il n'y a même prefque point de mines d’étain en Cornouaille qui ne renferme quelque peu de mine de cuivre. Voici la méthode dont on fe fert pour féparer autant qu’il eft poflible le cuivre d’avec l’érain. Lorfque le Minerais a été réduit en poudre (1) fur le boccard & lavé (de la manière décrire dans un de mes Mémoires lu à l'Académie Royale des Sciences, fur l'exploitation des mines d'étain de Cor- nouaille) & que cette poudre a fubi le grillage, on en fépare les parties cuivreufes d'avec celles d’étain par un nouveau lavage. La mine d’étain qui eft toujours minéralifée avec beaucoup d’arfenic , eft par cela mème plus pefante que la mine de cuivre qui n'eft miné- ralifée qu'avec une grande quantité de foufre (2) & un peu de fer. La poudre d'étain n’eft point entièrement privée de l'arfenic par le grillage, il s’en faut beaucoup; elle conferve donc une grande partie de la pefanreur qu'elle avoit avant d’être grillée, tandis que la poudre cuivreufe & celle de tous les autres métaux diminue confidérablement de poids dans cette opération; de manière que dans le lavage, l'étain fe dépofe toujours le premier au haut du Budale (3) & le cuivre plus (1) I porte alors le nom de ScAick, en Allemand , & de Slim , en Anglois. (2) C'et prefque toujours de la mine de cuivre pyriteufe jaune qui eftalliée à la mine d’étain. t I (3) Buddle eft une caïffe compofée de deux plans, l'un fupérieur qui n'a pas au- delà d'un, pied de longueur fur trois de largeur, [ur lequel on étend Le minerais , & l'autre inférieur dans lequel le minerais defcend & fe dépole au moyen d'une rigole qu'ont (fait entrer dans ke plan fupérieur, i SUR L'HIST: NATURELLE ET LES ARTS. 38; bas. On diflingue facilement ces deux poudres par la couleur, celle du cuivre étant toujours plus brune. On fe ferr du même expédient pour la féparation de l’érain d'avec le plomb, lorfque par hazard ces deux minéraux fon mélés enfemble, ce qui eft on ne peut plus rare en Cornouaille, On conçoit aifé- ment que cette féparation n'eft pas abfolument parfaite, & que les parties d’un minéral reftent toujours confondues avec celles de l’autre. Auf le Blacktin ,(1) ou étain noir qu’on en retire ne produit-il tout au plus que $o livres de métal fur 100 livres de fon poids, parce que la poudre cuivreufe avec laquelle il eft mêlé ne fournit pas autant de métal que l'érain noir, car celui-ci en produit 55, 6o, & jufqu'à 6$ pour 100, à mefure qu'il ef moins chargé de parties cuivreufes. De la vient que le Blackin provenant de la mine d'étain roulée ( dire Stréam-Or) qui n’eft prefque jamais alliée au cuivre, eft celui qui pro- duit jufqu'à 65, pour 100. Si on confidète. maintenant la facilité avec laquelle le cuivre & l'érain s'uniffent enfemble dans la fufñon, on ne fera plus embarraffé de démontrer comment le cuivre doit fe trouver dans l’érain qui nous vient des mines & par conféquent dans, celui du commerce. La théorie fur laquelle eft fondée la féparation de la poudre cui- vreufe d'avec l’étain noir, prouve encore que l'arfenic ne quitte pas auffi, facilement qu'on penfe le minerais d’écain auquel il eft allé ; car malgré le grillage, ce minéral en retient fuffifamment pour donner une plus grande pefanteur à l'étain noir que n’en conferve la mine de cuivre qui a éprouvé le mème degré de chaleur. Cependanc, le grillage auquel on expofe ce minerais eft violent. On l'étend dans un fourneau clos, dont la voûte eft fort plate, & on fait circuler le long de la voûte au-deflus du minerais, une flamme de charbon de pierre très-vive. Elle à tant d'ativité qu'il faut toujours placer’ à l’extrémité oppofée du foyer, un homme qui remue conftam- ment la matière avec un rateau, pour qu'elle ne puifle point entrer en fufon à la furface. L'arfenic & le fouffre s’évaporent par une cheminée que l’on pro- longe beaucoup, & dont on dirige l'ifue dans un endroit allez écarté pour que les vapeurs qe en fortent n'empoifonnent perfonne. Si un grillage aufli fort n’enlève pas la totalité de l’arfenic à la mine d’étain, n'a-t-on pas droit de préfumer que dans la fufion même ce imétal peut en retenir une petite partie ? —————————————————————— Ze (1) On nomme B/ackrin , la poudre du minerais d'étain, qui après avoir été bouardée & lavée, a encore fubi le grillage & qui eft par conféquent prête à entrer dans le fourneau de fañon. M ÉEN MO" CD'CRESE Sur l’'Hygromètre ; Par M. l Abbé CoPINEAU. L es Phyfciens ont fenti de tout tems la nécefité d’un bon Hygro- mètre; mais leurs efforts pour s'en procurer avoient été infruétueux. I étoit réfervé à la fagacité de M. de Luc, Citoyen de Genève , d’en- richir la Phyfique de ce précieux inftrument. Il a configné fa décou- verte dans un Mémoire préfenté à la Société Royale de Londres , en 1773. Ce Mémoire fe trouve dans le préfent JOURNAL, Année 1777, mois de Mai & de Juin (1). L'Hygromètre de M. de Luc confifte effentiellement dans un tuyau mince , ou cylindre creux d'ivoire de 2 pouces 8 lignes de long & de 2 lignes de diamètre , auquel il adapte un tube de verre femblable À ceux des thermomètres. Ce tube a À lig. de diamètre intérieur & 14 pouces de long. Il faut voir les détails de la conftruction de cet inftrument, dans le Mémoire mème de M. de Luc. Le plus grand inconvénient de cer Hygromètre , c'eft que la fabrica- tion en exige beaucoup de dextérité : ce qui le rend d’un ufage moins commun. M. de Luc a pourvu lui-même à cet inconvénient, en indi- quant de fubitituer des suyaux de plumes à écrire au cylindre d'ivoire : (Journal de Phyfique 1775, pag. 471.) C'eft ainfi que je conitruits(2) les Hygromètres dont je vais expofer dans ce Mémoire , la Fabrica- tion , les Principes & l’Ufage. M. de Luca laiflé peu de gloire à moiffonner dans cette carrière : ceux qui y paroiflent après lui, n'en ont guère d'autre à efpérer que celle de fimplifier la conftruction d’un inftrument aufñli utile, d’en rendre l'ufage commun , & tout au plus d'y faire quelques légères rectifications, a ——— (1) Voyez aufli Mémoire fur les Hygromètres , par M. Sencbier. Journal de Phy- fique 1778, Tome I, p. 421. (2) M. Retz, Médecin d'Arras , fait aufi des Hygromètres avec des tuyaux de plumes,:comme on peut le voir dans fon Traité d'un nouvel Hygromètre compa- rable , qui fe trouve à Paris, chez Méquignon l'aîné , à la fuite de la Meéréorologie appliquée à lu Médecine & à l'Agriculture , par le même Auteur, C'eft-là SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 385 Ceft-l le but que je me fuis propofé: of va voir les moyens que j'ai pris pour y parvenir. ARTICLE:PR'EMIER. è Conftration de mon Hygromètre. Je choifis chez un Marchand de plumes en gros, dans les paquets d'un fou, des plumes d’oie à écrire. Je prends celles qui me paroillént les plus faines & les plus égales , tant pour la hauteur que pour le diamètre du tuyau. Les plumes de’cetté efpèce"ont: communément 34 ou 36 lignes de haut, & environ 3 lig. de diamètre moyen: elles pèfent de 8 à 10 grains. » SI ST Je coupe le tuyau de la plume à fon origine fupérieure : je te vuide bien; & j'en racle avec un fragment de verre, toure là furface exté- tieure , à l'exception de 3 ou 4 li. par en haut. J’enlève à peu-près un grain du poids de la plume. Cette opération n'a d'autre but que d’amincir un peu le tuyau de la plume, & delai ôter le poli de fa furface extérieure : ce qui le rend plus /enfsbie. Quoique j'aie l'attention de choïfir des plumes bien: fermées par le petit bout e, ( PL 2. Fig. 1.) pour plus grande sûreté, je fais couler fur ce petit bout, de la cire d'Efpagne fondue ; afin que l'air ne puille . s’introduire par cette voie , dans l'intérieur de la plume. Quand le tuyau de plume Pe eft ainfi préparé, j'y adapte un tube de verre ST bien calibré, femblable ceux des Therniomèvres. Ce tube eft un peu évafé par le bas, dans fon épaiffeur. I] doit entrer affez jufte dans la plume, & y être inféré de 4 à $ lignes : avant de ly introduire, on en enduit les bords excérieurs avec un maftic qu'on prépare ainfi: On fait bouillir dans 4 gros d'huile de lin, 2 gros de litharge. On mêle enfuire 6 gros de cérufe & 12 gros de blanc d’Efpagne pañlés au tamis le plus fin, ainfi que la litharge. On jette peu -à - peu ce mélange dans l'huile bouillante , en remuant bien le tout. On fait chauffer ce maftic quand on veut l’employer. On pourroit aufli fe fervir du maftic des Marbriers en y mêlant un huitième de cire vierge & un peu de térébenthine. Outre la couche de maftic dont on enduit les bords du tube après Yavoir fait chauffer fur des charbons, on en met encore une efpèce de petit bourler de lig. d'épaifleur & de 3 ou 4 lig.-de hauteur ; à l'en- droit où le tube de verre:entre dans.la plume. Ce tube de verre ST peut avoir 10 à 12 pouces de longueur, & environ un quart de ligne de diamètre intérieur. Si le diamètre du tube étoic beaucoup plus perit , le:mercures'attacheroït par petits globules aux Tome XV, Part, I. 1780, MAT, Ccc an 336 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, parois, , du verre &. lä colonne de mercure ne feroïit pas continue : sil étoit beaucoup plus grand, la marche de l'inftrument pourroit ne pas paroître affez fenfible. L’extrémité fupérieuretdu tube eft rerminée par! un petit évafement, ou demi-olives. L'inftrument étant ainfi difpofé., on le remplit de mercure bien purifié, jufqu'à moitié à-peu-près du tube. On a grand! foin de-faire fortir les bulles d'air qui pourroient fe trouver dans, l'intérieur de. l’inftrument : pour y parvenir, on le tourne circulairement avec rapidité; & on le tient verticalement d’une main, pendant qu'on frappe à coups preflés, le bras avec l’autre, ou fur le genou. On frappe ainfi , jufqu'à ce qu'on n’apperçoive plus de bulles d'air à la furface intérieure de la plume. On introduit, comme pour les: thermomètres à mercure, un crin de cheval dans le tube, pour faciliter la deftente du mercure. L'Hygromèrre ainfi.chargé, fe met dans de la glace pilée & fondante : on l'y plonge jufqu'au maitic T, avec la précaution d'inférer les plu- mes dans de petitstuyaux de fer-blanc AC, (P2. 2. Fig. 2.) Ces tuyaux ont 30 à 32 lig. de haut, & environ 6 de diamètre. Leur fond C eft fermé ;-& lon:foude en-dedans fur la pièce qui lé forme , un petit cercle-de fer-blanc deftiné à recevoir le bout e de la plume: L’orifice fupérieur du tuyau fe ferme par le rapprochement de deux petites. piè- ces de fer-blanc mobiles BB, au centre défquelles la plume fe trouve engagée par lé haut. Ces tuyaux font percés latéralement de peuits trous #e qui hiffent-entrer l’eau, mais non les glaçons. : Le vafe où l'on met la glace pilée, doit avoir dans fa partie infé- rièure, un robinet par lequel on fait écouler l’eau, quand on veur re- nouveller la glace. On pourroit fouder au fond du même vafe, plu- fieurs tuyaux femblables à ceux que nous venons de décrire, On-marque fur le: mube de l’Hygromètre avec un fil gommé ou autrement, le point le plus bas où fe fixe le mercure : il feroit bon que ceipointtombât à 15 ou 18 lig. au-deflus de l'infertion du tube dans la plume” On ôtera où l'on ajoutera du mercure, jufqu'à ce qu'il foit à-peu-près parvenu à cette hauteur. IL faut . ètre: attentif à faifir le point de la plus baffle defcénte du mercure , laquelle fe manifefte communément au bout de:15 à 18 heures: car, pañlé ce tems, le mercure remonte à caufe de l’eau qui fouvent sintroduit dans l'intérieur de la plume, & qui repoufle le mercure, M:de Euc s'eft apperçu du mème effet fur fon Hygromètre d'ivoire. (ibid. p. 394.) Ainfi donc quand le mercure, commence à remonter au-deflus :du; point qu'on a marqué cômme le maximum de la defcente, on retire Les Hygromètres dela glace. f On abrège beaucoup l'opération dont je viens de parler, entenant deux ou troisjours les Hygromèrres à la cave, avant de les mettre à la glace, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS 387 >'Le point de la glace fondante étant déterminé ; ne: s'agit plus que de trouver uñ autre point fixe, commode , facile à vétifier.; pour erfaire le fupremum de l'échelle, comme: la place fondant en x déterminé l'ixf num, M, dé Luc n’a-pas indiqué de point femblable-, & l’on peut dire que c’eft à-peu-près la feule découverte importante qu'il ait larfée à faire: = Je mie! fuis occupé de-la recherche derce point : envain l’ai-je: voulu trouver en différens genres &états d'humidité;je n'ai fien découvert de fatisfaifant par cetre voie. Ces divers états d'humidité n’étoient pas alléz fixes; & tous me donnoient detrop petits intervalles; pour les prendre comme termes fondamentaux de mon échelle. En travaillant fur l’'Hygromètre, j'avois pour principal objet’ de le faire fervir à perfectionner ma fféthode de faire éclore les œufs des oifeaux de bafle-cour par une chaleur artificielle; (1)-j'ai conféquem- ment dirigé mes premières obfervarions Hygromérriques, fur les Pou- les couvantes : je leut dois ce point précieux qui éroit fi néceflaire pour donner une bafe folide à mon he Lors donc que j'ai fixé l'ivfimum de mon échelle à la glace fondante , comme je viens de l'expliquer ; je fais avec le tranchant d’anerpierre à fufñl, une petite marque fur le tube même à l'endroit où elt le fl, de crainte d'erreur : & quand la plume eft revenue dans fon état na- turel, c’eft-à-dire, au bout d'un ou de deux jours, où mème davan- tage; j'infinue mes Hygromètres fous des Poules couvantes. E a chofe devient facile , en faifant couver les Poules dans des paniers d’ofier à claire-voie.-On pafle horifontalement la plume & le tube , par une fente du panier; de manière que la plume foit au centre du nid, & couverte exactement par le corps de la Poule. Au bout de vingt-qua- tre heures environ, on retire l'inftrument : on l’obferve verticalement; & fans perdre un inftant, on marque fur le tube, le point. où l’on voit le mercure. On réitére trois où quatre fois l'obfervation, & juf- qu'à ce qu'on fe foit bien afluré du maximum de l'afcenfion du mer- cure dans le tube. On arrête un fil gommé ; où mème on fair un petit cran fur le tube, à ce point. 92.2 Quand on à déterminé ces deux points, on place l'Hygromètre fur fa monture+qui eft des plus fimples: ce n’eft autre chofe qu'une en planche de fapin évidée à jour, felon toute la hauteur de a plume P e, & qui a une petite rainûre cc où fe loge le tube. On pofe fur la planchetre le terme o , au point de la plus bañe (x) L'Ouvrage où je rends compte de mon travail fur cette matière eft intitulé, ORNITHOTROPHIE ARTIFICIELLE ou Art de faire éclorre & d'élever la Volaille, par lemoyen d'uñe chaleur artificielle : il fe vend chez Morin, rue Saint-Jacques, à la Vérité, On trouve auffi chez le même Libraire, des exemplaires du préfent Mé- moire, 1780. MP ART (rc ca ” 388 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, defcente du mercüre à la glace fondante; & Von divife en 33 parties égales ou degrés, l'efpace compris entre ce terme & celui dela Poule couvante , enforte que ce dernier terme réponde au trente-troifième degré fur l'échelle qu'on-prolonge à volonté au-dellus & au-deffous de ces deux termes fondamentaux. Je: mets le rerme fupérieur de mon échelle à 33 degrés; parce que je fuis porté à croire que ce degré eft aufli celui ou la Poule couvante , fait monter le thermomètre de Réaumur; & que ce degré, felon mes obfervations particulières, donne plus exaétement la chaleur de la Poule que le 32: qu'on lui afligne ordinairement. On bouche avec de la laine ou avec un petit morceau d’éponge fine , la petite olive S qui m'eft pas fcellée. On place à côté de l’'Hygromètre & fur la mème planchetre, um ‘Fhermomètre à mercure de Réaumur, par la raifon que ces deux inf trumens doivent prefque toujours être obfervés conjointement, & fe corriger l’un par l’autre, comme il fera bientôt expliqué. La boule du Thermamètre doit aufli être ifolée, afin que l'air agile librement fur route fa furface. Il n'y a pas, ainfi qu'on le voit, d'inftrument de Phyfque plus fimple que celui que je viens de décrire. Il fera facile à tous ceux qui en auront befoin , de sen procurer par eux-mêmes. Si cependant ox veut s’épargner la peine d’en conftruire , on trouvera de ces Hygromè- tres tout faits, chez les fieurs Sykes Opricien ; place du Palais-Royal;, Goubert ,rue Saint-André-des- Arcs, & Baftin, fauxbourg Saint-Antoine. # è ARE" MOULE ASTERCNONNMEE Raifons de mes procédès dans la conffruflion de mon Hygromètre.. Li La plupart de ces raifons fe voient d'elles-mêmes: je ne détaillerai ici que celles des procédés les plus importans. I. Je laiffe ouvert le haut du tube de mon Hygromètre , ainfi que le recommande expreflément M. de Luc. (ibid. p. 396.) Je n’ai pas encore allez de faits pour décider , fi on peut le fceller fans inconvé- aient. IL, Lorfque je.mets mes Hygromètres à la glace, j'en infére les plu- mes dans des tuyaux de fer-blanc À C percés latéralement de perits trous, pour les garantir du contact immédiat des glaçons ; parce que j'ai obfervé pluñeurs fois que les glaçons qui s'appliquent fur la furface de la plume, la mouillent moins que l'eau même; & que. par conféquens Ja defcente du mercure dans le tube, n’eft pas alors aufli grande qu'elle dlevroir Pêcre, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 38 … HE Je divife mon échelle en 33 parties ou degrés, depuis le térme de la glace fondante ; jufqu'à celui de la Poule couvante ; parce que cette divifion , comme je l'ai déjà infinué , aflimile les degrés dé PHygromètre à ceux du thermomètre ; & qu’elle rend très-facile la correction ou réduction des degrés du premier inftrument par ceux du fecond. Pour faire mieux comprendre les principes de cette réduétion , je dois entrer en quelques éclairciflemens fur la nature de l'Hygromètre dont il s’agit ici. Cet Hygromètre eft en même-tems Thermomètre & Hygromèrre : car tandis qu'il obéit aux variations du fec & de l’humide , il eft forcé d'obéir à celles du froid & du chaud qui règnent dans le lieu où il eft expofé, La marche de cet inftrument eft le réfultat de l’action combinée, & du froid ou:du chaud qui condenfe ou dilate le mer- cure contenu dans l’'Hygromètre, & de l'humidité ou de la fécherefle qui relâche ou rellerre les fibres de la plume. Ces deix caufes agiflent quelquefois de concert fur le mercure de PHygromètre , & quelquefois leur aétion refpective eft oppofce. Quand la chaleur raréñie le mercure de l’inftrument & que la {che relle contratte les fibres de la plume , les deux caufes confpirent à élever le mercure. De même , lorfque le froid condenfe le mercure & que l'humidité relâche les fibres, augmente le diamètre de la plu- me , les deux caufes concourent encore pour abaifler le mercure de PHygromètre. Mais elles agiflent en fens contraire, quandr, d’un côté le froid condenfe le mercure &-tend à le faire defcendre, & que de Jautre la fécherefle contraéte la plume & tend à le faire monter : ou quand la chaleur rarcñe le mercure & rend à l’élever, tandis que l'hu- midité relâche les fibres de la plume & rend à l’abaiffer. On conçoit que l'action refpective de ces deux forces , peut fe diverfifer à l'infini. De ces deux caufes ou principes d’aétion , proviennent deux effets très-diftinéts dans l'Hygromètre ; un effet purement zhermometrique dû à lation du froid & du chaud fur le mercure de l’inftrument; un effet purement Aygromérrique qui réfulte de deux forces ou actions très- réelles & qu'il faut encore diftinguer; favoir , la contraétion de laæ plume qui élève, ou qui tend toujours à élever le mercure, l'expan- fion de la plume qui abaïlfe ou qui tend toujours à abaiffer le mercure. Pour avoir avec une exactitude rigoureufe l'éffer de l'Hygromètre feule- ment comme Æygromèrre, il faudroit connoître le rapport des deux principales caufes agiflantes que nous venons d'établir; & favoir dif- tinguer dans tous les cas pofibles, leur influence réciproque : alors., om écarteroit de l'effet total, la portion qui en eft due à l'aétion shermo- métrique; & l'on auroit l'effet purement Aygromérique, 599 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE ,- 11 paroît comme impofñlible d'arriver à une telle précifion. Les actions de ces deux caufes font en toute circonftance, trop mélées, trop intimement unies, On n'aflignera jamais, ni un inftant, ni un terme, où elles agif- fent indépendamment l’une de l’autre, Mais fi on peut difficilement fe flatter de connoître la marche abfolue de l'Hygromètre, dans le point de vue où nous venons de la repréfenter ; il eft moins difhcile de juger de fa marche re/anive avec le Thermomètre, ce qui fufit pour l’ufage : il ne faut pour cela , que mettre les échelles des deux inftrumens dans un rappoit connu ;en les faifant partir de deux mêmes points pris par obfervation ; ce que j'at exécuté, comme on l’a vu par les détails de ma conftruction , dans l'Article précédent. Il réfulte de cette conftruétion, 1°. que les deprés des deux inftru- mens font proportionels, correfpondans , repréfentatifs les uns des autres , & que le rapport des degrés d'un de nos Hygromètres avec ceux d'un bon Themormètre quelconque de Réaumur , eft donné par le fait mème & par l'obfervarion : 2°, Que fi l'Hygromètre ne marchoit que comme Thermomètre, il feroit toujours par la conftruétion, parfaitement d’acord avec fon Thermomètre de comparaifon : 3°. Que comme, par une fuire de cette même conftruétion, les deux quantités de mercure, tant du Thermomètre que de l’'Hygro- mètre, éprouvent toujours le mème degré de chaleur; l'acord ne peut être rompu que par la marche hygrometrique, ce qui la décèle par là mème fur le champ & la rend fenfible : j 4°. Que nos Hygromètres feront toujours néceffairement comparables entr'eux; puifque leurs échelles, ainfi que celles des Thermomètres de Réaumur, partent de deux mêmes points d’obfervation. LA différence de la marche de l'Hygromètre comparée à celle du Thermomètre , fera toujours néceflairement ou ez plus ou en moins : fi elle eft er plus, ce fera la force de contraction qui aura rompu l'équilibre : fi elle eft ez moins, ce fera.la force d’expanfon. Ïl ne s'agira plus que d’évaluer ces deux forces, d'après les réfiftances qu'elles auront à vaincre : & ces réfiftances feront toujours indiquées par la différence des degrés du Thermomètre , comparés à ceux de l'Hygromètre au moment de l’obfervation, Des exemples vont rendre tout ceci plus intelligible; & faire voir comment, dans tous les cas poffibles , on doit corriger l'Hygromètre par le Thermomètre & eftimer la marche de ce premier inftrument. 1°, Je vois l'Hygromètre à 12 degrés + o, tandis que le thermo- mètre eft aufli à 12 degrés + o : il eft clair que la différence étant en ce cas — o, il n'y a nulle réduétion à faire, & qu'il faur eftimer l'Hygromètre à 12 degrés, ainfi que l'indique fon échelle. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS: 391 Comme la correction de l'Hygromètre dans mes principes, porte entièrement fur la marche relative & comparée du Thermomètre & dé l'Hygromètre ; routes les fois qu'il y aura égalité dans la marche des deux inftrumens , il n’y aura pas lieu à la réduction ou correc- tion. Les deux termes fondamentaux de la glace fondant & de la poule couvante, font , pour ainfi dire, des points d'équilibre où toutes les forces fe réuniflent & fe contre-balancent dans les deux inftrumens comparés : il n’y a donc pas de réduétion à faire pour ces deux termes. Il en fera ainfi toutes is fois que les deux inftrumens marqueront de part & d'autre, le mème degré. Ce degré indiquera néceflairement des parties aliquotes femblables fur les deux échelles : Or, il y a entre les parties aliquotes femblables, même raifon qu'entre les tous. 2°.Si l'Hygromètre reftant roujours à 12. degrés, le Thermomètre fe fixe fucceflivement à 15 & à 9 degrés, 1l eft conftant que, quoique l’'Hygromètre annonce le même degré dans les deux cas, l'effet hy- gromérrique eft différent, & qu'il y a 1ci des réduétions ou corrections à faire pour en bien juger. Dans le premier cas, la force expanfve de l’'Hygromètre fixe le mercure à 12 degrés; mais pour qu'elle le retienne à ce degré, il faut qu'elle vainque la tendance de ce même mercure à 15 degrés, felon l'hypothèfe & l'indication du Thermomètre de comparaifon: or elle ne peut le faire que par un effort égal à la réfiftance vaincue. La réfiftance et ici comme trois : donc l'effort doit être égal à trois : donc il faut ajouter 3 degrés à la force de l’'Hygromètre, & en eftimer l'effet total à 12 — 3 — 9 degrés. Dans Le fecond cas, la contraction de l'Hygromètre fixe pareille- ment le mercure à 12 degrés; mais pour que cette force le maintienne à ce degré, elle doic rendre nulle la tendance de ce mème mercure à 9 devrés, felon le Thermomètre de comparaifon: c’eft donc encore ici une réfftance comme trois, qui ne peut être vaincue que par un effort actuel comme trois : c’eft donc encore 3. degrés à ajouter à la force de contraétion de l’Hygromètre, dont l'effet total doit être eftimé à 124 3—15$ degrés. Comme l’addition à la. force expanfive eft toujours e7 moins, & l'addition à la force de contraétion toujours ez plus ; on peut établir cette loi générale fondée fur la chéorie qui vient d’être expofée : pour la correélion de l'Hygromètre, ajoutez la difference en moins , retranchez la idifférence en plus du Thermomètre. C'eft ce qui vient d’être exécuté dans Îles deux cas de ce même “exemple : dans l’un & dans l'autre, la différence du Thermomètre à l'Hygromètre étoit 3 degrés; elle étoir ez plus dans le premier cas, 392 OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, elle a été rerranchée fur l'Hygromètre : elle étroit ez moins dans le fe- cond, elle a été ajouree. 3°. Si au contraire le Thermomètre refte à 12 degrés, pendant que l'Hygromètre va fucceflivement à 15 & à 9 degrés : voici comme on en eftime la marche, d'après la loi qui vient d'être pofée. Dans le premier cas, la différence du Thermomètre à l'Hygromèrre eft 3 degrés : elle eft ez moins; on l’ajoute, & on juge l'Hygromètre à 18 degrés. Dans le fecond , la difference eft la même : mais elle eft ez plus; on la retranche & on juge l'Hygromètre à 6 degrés, Ainfi la différence de la marche de l’'Hygromètre en ces deux cas, n'eft pas feulement de 6 degrés : (différence de 25 à 9) elle eff réellement de 12 degrés. (dif férence de 18 à 6.) 4°. Si on voit le Thermomètre à 4 + degrés — 0, & l'Hygromètre à 6 o;on prend la différence qui eft 10 1; & parce qu'elle eft ez moins , on l’ejoute fur l'Hygromètre qu'on eftime à 16 1 degrés : & anfi de tous les cas femblables. Si donc on appelle H l'Hygromètre , N le nombre de degrés quel- conques qu'indique fon échelle, D la différence des degrés du Ther- momètre à ceux de l'Hygromètre ; on aura pour tous les cas pofli- bles, l'évaluation des degrés de l'Hygromètre par cette formule HEIN ED: De tout ce qui vient d’être dit, on doit conclure que la marche des Hygromètres comparés eft ex raifon direile de leurs échelles refpec- * tives, © en raifon inverfe de celles de leurs thermomètres de comparaifon : ce qui fupofe cependant qu'on tient l'Hygromètre dans les limites de fon activité naturelle; & qu'il ne fe trouve pas dans des circonftances qui peuvent dérruire ou altérer fon reflort, comme feroit par exemple, lation d’une trop forte chaleur fur la plume. Mais tant que l'inftru- ment n'aura à foutenir que des variations qui ne s'écarteront pas trop de celle de notre atmofphère, on peut être afluré que la loi qui vient d’être établie, aura fon application. La feule infpection de l’'Hygromètre & du Thermomètre fera con- noître à chaque inftant, par les diférentes élévations du mercure dans les deux inftrumens, ce qui domine le plus dans l’armofphère, ou du froid & du chaud, ou du fec & de lhumide; fi le Bei & le chaud font fecs ou humides, fi la féchereffe & l'humidité font chaudes ou froides, &c. &c. : Quand on aura un Hygromètre bien réglé ,. il pourra fervir d’éra/on pour en régler d’autres, en prenant fur l'inftrument à régler, deux points d'oblervation les plus éloignés qu’il fera pofible, & qu’on aura vus aflez longtems ffarionnaires. 1] fera cependant toujours plus sûr de prendre pat expérience, les deux points exrrémes de l'échelle, ainf qu'il a été expliqué, LA SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. .s95 + La route que M. de Luc a fuivie pour la graduation de fon Hygro- mètre eft, comme on fait, différente de celle que j'ai tenue. . Il commence (ibid, p. 389, 395.) par faire un Thermomètre au mercure, réglé felon les principes de Réaumur. Il cafe la boule de ce thermomètre, & pèfe foigneufement le mer- cure qu'elle contenoit. Le tube de ce même Thermomètre lui fert de tube pour l'Hygro- mètre qu'il veut former. 11 s’aflure du poids du mercure contenu dans fon Hygromètre. Puis enfin il fait cette proportion, comme le poids du mercure du Thermomètre primitif, eft au poids du mercure de l’'Hygromètre qui lui a fuccédé; ainfi l’etendue des devrés du Thermomètre pri- mitif, eft à l’écendue des degrés de l'Hygromètre à régler. Tel eft le principe de la graduation de M. de Luc. Il eft évident que ces procédés ne mènent qu’à reconftruire un fecond thermomètre, dont l'échelle eft véritablement proportionnelle à celle du premier. Cette échelle feroit donc très-propre à donner la marche de linftrument, s’il n’agifloit que comme hermomètre : mais elle n’a aucun rapport à la marche de l’inftrument comme Hygromètre, ceft- à-dire, en tant que le mercure contenu dans l’inftrument, eft foumis à l’action de la contraction & de l’expanfon du corps de l'Hygromèrre occafionnées par le fec & lhumide. ( J'apellerai toujours corps de l’Æygromètre ; la matière propre ivoire, plume, &c. dont il eft com- pofé.) Ces deux marches, comme nous l'avons déja remarqué plus haut, fe contrarient fort fouvent; puifqu'il n’y a rien de fi ordinaire que d’éprouver un froid fec, ou une chaleur humide. Il} pouroit donc arriver que des Hygromètres conftruits dans les PRARÇIRES de M. de Luc, c'eft-à-dire, dont les marches hermoméeri= gues feroient abitraétivement proportionneiles à celle de leurs Ther- momètres primitifs , ne fuffent cependant pas comparables entr'eux : il fuffiroit pour cela, qu'il y eût la plus légère différence dans le corps de ces inftrumens ; ce à quoi la graduation de ce Phyficien ne remé- dieroit en aucune façon. Si donc les Hygromètres de fon invéntion fe font trouvés à-peu-près comparables, la chofe ne vient nullement du principe qu'il a adopté pour conftruire fon échelle ; mais de ce que dans jé fabrication de {es inftrumens , il a fu réunir les mêmes conditions avec aflez de dextérité, pour qu'ils produiliflent à-peu-près les mêmes effets. Conftruifez deux Hygromètres dont les corps foient abfolument femblables pour le genre de matière, pour le poids & pour toutes les dimenfons ; donnez-leur des tubes parfaitement égaux ; & chargez- les d'une égale quantité de mercure également bien purifié : il eft cemain que ces Hygromètres feront comparables. Maïs la difficulté Tome AV. Pare, I. 1780. M 4 I, D dd 394 OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, extrème de réunir toutes ces conditions, fait qu'on ne pourra jamais fe flacer de réufir par de femblables moyens. On pourroit auffi abfolument conftruire des Thermomètres fur ce principe ; mais il n’y à pas d'apparence que l’envie en vienne à per- fonne. On s’en tiendra toujours avec raifon, à la voie de l’obfervation & de l'expérience. On ne doit pas fe conduire autrement à l'égard de l'Hygromètre; & M. de Luc auroit donné une perfection de plus à cet inftrument, sil eût cherché , pour déterminer fon échelle, un fecond point fixe, femblable à celui que la glace fondante lui avoit fi heureufement procuré (1). Au refte, ces réflexions ne peuvent diminuer en rien la gloire que M. de Luc mérite comme inventeur de l’'Hygromètre : elles prouvent (1) La graduation de M. Retz eft encore moins admifible que celle de M. de Luc. Ce Médecin prend aufli pour o, ou pour premier terme de fon échelle, l'effet de la glace fondante fur fon Hygromètre. Il le met enfüire dans de l'eau à 215 degrés+ o au Thermomètre de Réaumur. Il prétend que la chaleur dé l’eau fait monter le mer- cure de l'Hygromètre à une certaine élévation. 11 divile l'efpace parcouru en cinq parties égales qui lui donnent les degrés de fon échelle; & il croit que chacun des degrés de fon Hygromètre répond à cinq degrés du Thermomètre de Réaumur , &c. &c. Les faits avancés par M. Rerz & les induétions qu'il en tire, font peu d'accord avec l'expérience. 1°. J'ai toujours vu, ainfi que je le rapporte ci-deffous , ( Arr. 3, IV. Expérience.) le mércure de l'Hygromètre, ou defcendre au-deflous du terme de la glace fondante, ou fe tenir à très-peu près à ce point, quand on le met dans de l'eau qui a environ 25 degrés de chaleur. 2°. Si le mercure de l'Hygromètre monte, au premier inftant où , retiré de la glace, on le plonge dans de l'eau tiède à 25 degrés, cela vient de ce que le mercure con- tenu dans l'Hygromètre eft plus promptement dilaté par la chaleur fubite qu'il éprou- ve, que les fibres de la plume ne le font par l’eau tiède qui agit furelles. L'inftru- ment re marche alors, pour ainfi dire, que comme Thermomètre; & [a marche com- parée 2 celle d'un Thermomètre quelconque, eft toujours en raifon compofée direéte des quantités de mercure & inverfe du carré des diamètres intérieurs des tubes des deux inftrumens comparés. Que M. Retz conftruife un Hygromètre qui aït un tube égal à celui d'un Thermo- mètre quelconque ; & que les deux inftrumens aïent, à la glace, une même quantité de mercure. Dans le premier inftant dont il parle, il verra les deux inftrumens mar- cher prefque également : les degrés de l'Hygromètre ne feroïent donc pas alors dans le rapport de 1 à $, avec ceux du Thermomètre, M. Retz n’a pu voir ce rapport que fur des inftrumens qui fe font trouvés conftruits de manière à l’annoncer : mais il ne peut donner ce fait particulier, pour un principe général. J'ai fous les yeux une Lettre (/'Efprit des Journaux , Avril 1780.) où M. Buiflart de l’Académie d'Arras appuie fortement les droits qu'il reclame fur l'Hygromètre publié par M. Retz. M. Buiffart paroît s'être réfervé le fecret de fa graduation : il eft à fouhaiter qu'il la fafle bientôt connoître , afin que le Public jouifle de l'avan- tage de comparer nos deux Méthodes. Pour moi je due que, fi la graduation de M. Buiïflart eft plus sûre, plus commode & plus fimple que la mienne, je ferai le premier à l'adopter, SUR L'HIST. NATURELLE ETIES ARTS. 395 feulement que les forces de l’efprit humain font bien foibles, & que le plus habile peut à peine envifager fous toutes fes faces, l'objet le plus borné. Ces triftes vérités font beaucoup mieux connues des Savans, que du refte des hommes : ce font-là pour les premiers, comme des fecrers de famille, ARE CLIE NTUR OT STE" ME: Obférvations principales faites [ur mes Hygromèrres. Auffi-rôt que j'eus conftruit des Hygromètres, je les obfervai fans relâche & les mis à toutes les épreuves que je pus imaginer. Je vais raporter les expériences & les obfervations les plus intéreflantes que j'aye faites (1). I. J'ai remarqué que dans les dimenfions que j'ai confeillées, (ART. premier.) l'inftrument étroit fort /én/fble quant au premiers degrés de fa marche ; mais qu'il lui falloic plus de tems qu’au Thermomètre , pour acquérir fes derniers degrés: on ne doit donc pas faire les réduétions prefcrites dans l’Article précédent , avant que le thermomètre ne fe foit fixé aflez longtems pour que l’Hygromètre ait eu tout fon effer. J'ai encore remarqué que la marché totale de l'inftrument, par la feule imprefion de l'armofphère & indépendamment de toute réduc- tion, éroit de $ à G pouces; & que fes variations en plus & en moins, alloient quelquefois dans le même jour à 10 où 12 lignes. Pour que l'Hygromètre ait rout l'effet qu'il peut recevoir de l'atmof- phère, il faut l’expofer à l'air libre, en Le mettant feulement à l'abr£ de la pluie & du foleil. On pourroit le placer au Nord dans une petice boîte ouverte par le bas, & qui auroit un vitrage fur le côté oppofé à l'inftrument. L'Hygromètre en général a peu d'effet dans une chambre clofe. D'après les dimenfions que j'ai demandées , le degré eft de deux lignes environ. On conçoit que les degrés feroient plus ou moins grands, en augmentant ou en féduifant ces mêmes dimenfions. Il. Des Hygromètres conftruits fur les principes expofés dans ce Mémoire ,. n'ont guère différé entr'eux de plus d’un Are : le plus fouvent mème leur marche a été égale, Après avoir été dans l’eau & à différentes épreuves, je ne me fuis pas oo (4).M. Retz ouvre yn vafte champ d'expériences auffi uviles que curieufes par le moyen qu'il enfejgne p. 48 de fon Traité de l'Hygromèrre : ç'eft de placer le corps de l'Hygromètre fous une cloche de verre qu'on pofe fur les objets dont on veut examiner féparément les diverfes émanations, 1780, M AL, Ddd2 396 OBSERVATIONS SUR,LA PHYSIQUE, apperçu que, revenus dans leur état naturel, mes Hygromètres fuffent moins Jenfibles & moins fdèles qu'auparavant. J'en ai expofé quelques-uns pendant plufieurs jours, à un feu nud qui faifoit monter le Thermomètre à 6; & 7o degrés. J'ai obfervé que tant que l'action du feu eft modérée, & qu'elle ne s'élève, pas au-deflus de 25 à 30 degrés , l'Éygromètre chemine très-bien & s'écarte affez peu de la marche du Thermomètre. Mais quand le feu eft vif, il femble qu'il ergourdiffe, fi on peut parler ainfi, les reflorts de l'Hygromètre : il marche très-peu : on a beaucoup de peine à le faire monter au degré de la Poule couvante : retiré de ce grand feu & remis à l'air libre, il eft affez longtems fans donner de marques de fénfibilité , le mercure defcend fort peu ; mais enfin l'inftrument répreud fon aétivité & fa marche ordinaire, Je n'ai pas trouvé dans le cas dont il s'agit, de meilleur moyen pour rétablir promptement le reflort de l'Hygromètre, que de le tenir quelque rems à la cave. UT. Jy ai mis plufeurs Hygromètres : l'humidité de l'air les y a fait defcendre prefque aufi bas que le cérme de la glace fondante. Ces mêmes Hygromètres plongés dans de T’eau à la cave, fe font tenus à très-peu près au même degré : ce qui prouve évidemment qu'un air furchargé de vapeurs acqueufes , mouille, pour ainfi dire, autant & plus en certains cas que l'eau même, comme on le verra par la Ve. expérience ci-deflous. J'ai obfervé des différences de 1 & près de 2 degrés dans diverfes caves où j'ai fait mes expériences ; quoique la chaleur y füt abfolu- ment égale. L'humidité varie aufhi quelquefois d’un demi-degré dans li mème cave. ‘ | Il a fallu deux mois environ à l’'Hygromètre d'ivoire que M. de Luc (ibid. page 457.) avoit mis dans fa cave, pour arriver à-peu-près au terme de la glace fondante; mes Hygromètres fe fixent à ce point en moins de trois jours. . IV. Des jours d'Eté où la température de l'air étroit de 22 à 26 degrés au Thermomètre de Réaumur, j'ai mis plufeurs Hygromètres dans de-J’eau qui avoit mème température que l'air ; quelques Hy- gromèrres. ont defcendu prefque aufli bas que le terme de la ‘glace fondante, d’autres même ‘un peu. plus bas. Cet effet ainfi que le précédent fe conçoit aifément. De l’eau qui A .un certain degré de chaleur, doit pénétrer plus efficacement la fubftance de là plume & la dilater davantage. L’expanfion que la -plume reçoit alors, peut fe trouver aufli grande & même plus grande à proportion que la raréfaétion produite par la chaleur fur le volume ‘du mercure contenu dans l'Hygromètre ; & dans ce, cas le mercure doit, même indépendamment de toute rédu@tion, ou fe foutenir au terme zéro, ou tomber au-deflous de ce terme. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 399 _ V. J'ai mis un Hygromètre en expérience à ma propre chaleur s en tenant toute la furface de la plume dans un contaét exaét avec ma peau. Le mercure s’eft fixé à deux degrés au deflus de la g/ace fondante. TJ faut fix à fept heures au moins, pour bien faire certe expé: rience : on ne doit la juger terminée, qu'après avoir vu le mercure de l’'Hygromètre ffarionaire, pendant une heure environ, Il fuit de cetre Ge , que la tranfpiration infenfible agic plus puifamment fur la plume de l'Hygromètre, la molle , où du moins la dilate plus que l’eau même. Car tandis que la chaleur que je communiquois à l'inftrument , lauroit porté comme Thermomètre environ à 32 degrés; l’action de ma tranfpiration infenfible le rabaif- foit comme Hygromètre à 1° desrés ; je devois donc retrancher l'ex: cédent des degrés du Thermomètre à ma chaleur , c’eft-à- dire, 30 - degrés, de l'effet actuel obfervé fur l'Hygromètre, & l'eftimer , felon la ts établie ci-deflus, (page 391.) à 28 degrés d’abaiflement au-deflous du terme de la g/rce fondante, & à 18 degrés au-deffous de l'eau à hi température des caves. On voir qu'il s’en faut beaucoup que l’eau à la rempérature de la glace fondante , donne l'humidité extréme, V'humor ax plus haut devré d'ircenfité, comme l'actu M. de Luc : (ibid. page 385.) fi du moins on veut évaluer l'intenfité de la canfe humeëtante , par les degrés d’expanfion qu’elle produit dans le corps de l’'Hygromètre ; ce qui paroit aflez jufte. Mais pour bien graduer un Hygromètre , il n’eft pas plus néceffaire de connoïître le point de l’Awmidité extréme , que celui du froid extréme pour bien régler un Thermomètre. 11 fufir d’avoir pour les deux inftrumens, des points quelconques , fixes, faciles à trouver & aflez diftans les uns des autres, foit dans l’Awmide ou le fec, foit dans le froid ou le chaud. Ain le terme de la g/ace fondante eff très-bien choif, pour donner l'énffmum de l'échelle des deux inftrumens ; quoiqu'il y ait des déorés de froid & d’humide au-deffous de ce terme. © VI Je métois principalement occupé de l'Hygromètte , ainfi que je Vai dir ci-deffus, (page 387.) dans l'intention d'en appliquer l’ufage à ma méthode de faire éclorre les œufs par le moyéni d'ane chaleur artificielle; aufli un de mes premiers foins fut d'examiner le point où une Poule couvante porteroit le mercure dans l'Hysromètre, c'eit-à- dire , le degré de fécherefle ou d’hamidité que pouvoit avoir la “chaleur d’un Poule fur fes œufs. J'ai fait cette expérience de la mannière que j'ai expliquée; (p. 387.) & j'ai reconnu que la chaleur de la Poule’ élevoit le mercure de l'Hygromètre , toute réduction faite, environ à 61 degrés au-deflus 393 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, du terme de la tranfpiration infenfble de la peau humaine, & de lufieurs degrés au-deflus de celui où il monte dans les jours d'Eté hs plus chauds & les plus fecs que j'aye encore obfervés. C'eft cette grande élévation du degré de la Poule couvante ; qui m'a donné l'idée de le prendre pour le terme /upréme de mon échelle. La différence du degré de la Poule couvante à celui de la peau humaine, (degrés où la chaleur n’eft pas fort inégale) paroit d’abord furprenante : elle le paroir moins enfuite, quand on confidère que la tranfpiration infenfible de l'homme , agit immédiatement & avec coute fa force, fur toute la furface de la plume , fans qu'il fe perde rien de l'effet produit par la caufe humeélante, tant que dure l’expé- rience ; au lieu que la tranfpiration de la Poule n'arrive à la plume de l'Hygromètre qu’à travers le duvet & les plumes de l’oifeau, lef- quels doivent en abforber la plus grande partie. Je NE DissiMULERAI pas une objection qu'on peut faire contre nos Hygromètres : ceft de demander s'ils n'auront pas le fort de tant d'Hygroféopes qui ont joui d’une célébrité paffagère ; mais qui n’ont pu foutenir l'épreuve du tems : fi nos Hygromètres après avoir donné des marques d'une /énfibilité farisfaifante, ne la perdront pas graduellement jufqu’au point de devenir inutiles ? L'expérience feule & l’obfervation peuvent décider irrévocablement certe queftion : il y a cependant de fortes A pour juger que nos inftrumens conferveront long-tems leurs propriétés hygromé- tiques. Une plume fait le corps de ces Inftrumens : or il eft peu de matière qui jouifle d’une plus grande élafticité que la plume; & c’eit fans contredit à fon élafticite qu'elle eft principalement redevable de fa vertu hygrométrique. Outre cela, quoique la plume renferme peu de matière fous un très-grand volume , elle eft formée de fibres aflez dures & affez folides pour réfifter à une prompte altération. D'ailleurs, fi l'affoibliffement du reffort de la plume, n’étoit qu'ac- cidentel & occafionné par l’adhéfion de quelques corps étrangers fur fa furface; il feroic crès-facile d'y remédier, en lavant la plume avec de l’efprir de vin & avec de l’eau chaude, ou même en la raclant légère- ment avec un fragment de verre. J'ai éprouvé le bon effer de cette oppération fur des Hygromètres dont j'avois fali les plumes à deflein , & qui annonçoient un petit affoibliffement dans leur marche. La manière dont je fais monter mes Hygromètres, donne beaucoup de facilité à en laver les plumes : on fe fert pour cela d’un peu de coton, ou d’une petite éponge fine, Mes expériences ne datent pas encore tout-à-fair de deux ans, je SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 399 ne puis donc établir d’une manière bien concluante que mes Hygro- mètres ne s’affoibliront pas à la longue. Il eft du moins certain, dès ce moment-ci, que s'ils doivent fubir quelque altération, cet effet ne fera pas très-fubit. De plus, quoique be les Hygromè- tres depuis peu de rems, j'en at foumis quelques-uns à des épreuves (Voyez, p.395, 396.) qui doivent les avoir plus rourmentés , que n'auroient fair pluleurs années où il auroient feulement été expofés aux influences de l’armofphère : or je ne remarque pas plus d’affoiblif- fement dans ceux là, que dans ceux que j'ai moins fatigués. Mais enfin sil étoit conftaté qu'au bout d’un certains rems, les plumes perdent réellement de leur élafticité, de leur vertu hygromé- trique, faudroit-il pour cela rejetter nos Hygromètres ? Je penfe qu'il n’y auroit rien de plus déraifonnable, On aura toujours des moyens furs & faciles pour vérifier la bonté d’un Hygromitre, foit en comparant fa marche avec celle d’un Hygromètre récemment fait, foir en le foumettant à quelques-unes des épreuves qu'il a fubies autrefois, comme celle de la glace fondante, de la Poule couvante, de la chaleur humaine &c. : de il ne pourra jamais induire en erreur, à moins qu'on ne le veuille bien. Si l’'Hygromètre sécarte notablement des points où l'expérience devroit le ramener, on le fuprimera & l’on en fubftituera un autre à fa place. L'Obfervation nous apprendra bientôt la durée ordinaire de ces Inftrumens dans toute leur bonté : ils font fi fimples, ils feront fi peu chers qu'il y aura toujours beaucoup de facilité à les renou- veler. Le Tems feul, encore une fois, peut décider ce qu’on doit penfer de toutes ces conjectures, Je me propofe d'interroger avec foin cet infaillible Oracle ,* de continuer mes obfervations fur l'Hygromètre & de les dépofer dans le préfent Journal. SAME + % 7 wo OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUES PEU NAT A To ON, De l'Opinion de la tranfmutation des Animaux en Végétaux ; Par M. Ricuarp», petit-fils du Jardinier de la Reine. E Nv Ain le favant & laborieux Hill, a-til combattu, en Angleterre, l'opinion de la végétation de certains infectes de la Guadeloupe & de la Martinique ; envain le judicieux Needham, dont les ouvrages ref- pirene en grande partie la plus faine Phyfique , paroit-il avoir voulu ire rentrer dans les loix ordinaires de la nature, les prétendues tranf- mutations d'Animaux en Végétaux ; en rapportant les unes aux pro- priétés végéro-animales des zoophites ; les autres à la naïflance de certaines plantes fongueufes fur des infectes morts. Il fe crouve encore aujourd’hui des gens qui cherchent à étayer l'opinion ridicule de la tranfmutation de corps animés en végétaux; opinion réfultante des erreurs de quelques Obfervateurs, ou trop peu verfés dans l'Hiftoire Naturelle , ou trop enthoufiafimés d'une décou- verte. merveilleufe à leurs yeux, pour ne pas fe laiffer prendre à l'ap- arence. Un efprit aveuglé par les préjugés fait fouvent chercher bien fee les caufes très-prochaines des effets les plus ordinaires. Mais un Obfervareur fenfé doit chercher dans la’nature même la folution des roblèmes qu'elle lui préfente ; sil fair quelquefois intervenir les loix de Ja Phyfique, ceft pour donner encore plus d'authenticité à fes aflertions ; & sil ne peut trouver ni dans l’une ni dans les autres l’expli- cation d'un fait, il doit fe contenter de lexpofer, fans avoir la per- nicieufe manie d’enfanter des opinions abfurdes. Quoi de plus abfurde en effet que de croire qu'un être dont l’or- ganifation & la vie qui en eft le réfultar, fonc bornées dans un cer- tain efpace qu'on nomme corps, puilfe être permuté en un autre être, dont la vie & l’organifation font abfolument différentes; c’eit-à-dire, qu'un animal puiffe ètre changé en végétal. La tranfmutation d’un être ant- mé en un être végétal, fuppofe non-feulement une dégradation dans le principe vital , puifque la faculté locomotive , la fenfibilité, &c, doivent fe perdre; mais encore la tranfmigration de ce même prin- cipe : or comme cette tranfmigration eft abfolument impofñlible , puif- qu’elle ne différe point de la mort; donc la tranfmutation, qui ne peut avoir lieu fans cette dernière, eft également impoflible. Les fubltances animales peuvent bien en fe décompofant , donner naiflance SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 401 naiffance à certaines plantes; ou plutôt favorifer l'exrenfion , l'accrérion du principe réprodytif de certaines plantes douées d'une organifation fimple & privées de sève defcendante, tels que les 2yff#s , les cham- pignons , quelques algues; & contribuer au développement des grai- nes de plantes plus parfaices ; mais ces plantes ont une vie abfolument indépendante des fubftances animales , qui n'ont fait que donner l'im- pulfon au principe végéto-vital ; propriété qui me paroît devoir être atucibuée à la fermentation putride, qui, en défunillant leurs parties conftituantes , tend à les rapprocher des fubitances terreufes. Je ne puis adopter entièrement l'opinion de M. Needham , qui dit dans fes Notes fur les Recherches Microfcopiques de M. l'Abbé Spalan- tani: » VFoute matière organique animale ou végétale, qui fe décom- » pofe , vésète de nouveau fous de nouvelles formes organiques, plus » ou moins parfaites , plus ou moins vitales , felon les circonftances » où elle fe trouve «. Certainement une matière organique quelcon- que qui fe décompofe , ne peut plus végérer elle-même : mais feu- lement donner lieu à la naiflance d’autres corps organiques, qui n’em- pruntent d’elle que les principes néceffaires à leur vie, comme elle à fair elle-même. Les fubftances animales végétigères peuvent fe rencontrer dans trois états différens ; 1°. la fermentation putride n'ayant encore décompo- fé que les parties internes, l'animal ou la partie de l'animal a en- core fa forme; 2°. la forme peut avoir commencé à s’altérer plus ou moins; 3°. enfin , les parties étant rout-à-fait défunies, détruites, on ne voit plus de traces d’animalité ; & alors les opinionaires ne voient plus rien de merveilleux dans la végétation. Jai vu chez M. Thouin un infecte végériféré , (1) qui fe trouve être dans le premier cas. C’eft une Nymphe portant un2 clavaire & qui m'a pu abfolument femblable à celle dont M. Needham donne la figure à la fin de fes Notes, &c. Mais la clavaire de celle dont je parle , quoiqu'ayant à-peu-près la même forme, n’eft pas tuberculée dans toute fa longueur , comme le défigne la figure groflie au microf- cope que donne M. Needham ; mais feulement à fa partie fupérieure à qui eft plus renflée que le pédicule qui eft life. C’eft pourquoi je rap- porte certe clavaire à la clavaria milivaris : C. clavara , integerrima , capita fquamofo (potius tuberculofo) Lin , quoiqu’elle n’ait point la cou- leur jaune , propre aux individus de cette efpèce, qu'on trouve rare- ment dans lès environs de Paris. ( Je l'ai cependant trouvée à Mont- morency.) Û (1) Voyez la defcription de la Mouche végétale d'Europ:, par M. Muller. Journal de Phyfique, Introd. Tome I, page 150. Tome XV, Part. 1, 1780, - M AI Eee 402 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, - La prétendue Phalène radicante que le R. P. Engramelle annonce au public dans le Journal de M. de la Blancherie, & qui a donné lieu à cette differrarion , peut-être trop longue pour les Ph;ficiens qui n'ont jamais cru à cette tranfmutarion, fe trouve dans le fecond cas, ’ J'ai vu cette Phalène qui fait partie du Cabinet de M. d'Orcy : elle à fubi un degré de putréfaction, tel qu'il ne lui refte ni pattes, ni antennes, que fon corps eft un peu altéré & que fes ailes font en partie détruites. Des bords de toutes lesarticulations du corps s'élèvent des filets longs de 9 à 15 lignes environ, blancs, diftinéts , affez grofliers , laiffant voir dans quelques endroits de leur longueur les petits fila- mens dont ils font compofés: on en voit aufli quelques-uns fur les principales nervures des ailes. Ce font ces filets qu'on prétend être des racines , qui , quoiqu’elles n’en aïent nullement l'organifation , n’aurotent pas manqué de produire un végétal, fi on eùr Hifié l'infecte plus long- tems en terre. Cependant je n'ai vu dans ces filets qu’une efpèce de byffus , qu'on pourroit défigner par cette phrafe : Byfus flamenris ereliufeulis, diffin£tis , crafféufculis, albidis, infeéto putrefcenri innafceus : d'après cela , 1l eft facile de voir que ce prétendu infeéte radicant, n’a tien de fingulier , puifque les fubftances animales ou végétales, plus ou moins décompofées par la fermentation putride, offrent le mème phéno- imene. On pourroit demander au R. P. Engramelle , par quelle force attractive toutes ces prétendues racines, qui ont divers points d'infer- tion , fe feroient rapprochées & réunies, après l'entière putréfaction de l'infeéte, pour concourir à la nutrition d’un végétal, dont l’origine fe- roit aufi plaifante que celle de l’hyacinthe & du narcifle des Poètes. Je ne prétends point ici porter atteinte à la réputation du R. P. En- gramelle , Religieux des Perits-Auguftins , favorablement connu du public, par l'ouvrage intéreflant qui a pour titre : Colleëtion des Chi- ailles, Chryfalides & Papillons qui fe trouvent en Europe, dont il a fait & fait encore les defcriprions , & dont il continue de peindre les objets : mon deffein en publiant cette diflertation , n’a été que de détruire dans fon principe une erreur qui paroit s'être déjà gliffée dans les efprits de plufieuts perfonnes crédules: Principiis obfla , 6e. Ovid. 11 femble que ce Religieux ait voulu faire venir cette obfervation à Pappui de la merveilleufe tranfmutation de vers en arbriffeaux, qu'il éite dans l'ouvrage nommé ci-deflus, page o, du Diftours préliminaire, d'après ce qu’en dir M. le Boffu, dans fon Voyage aux Indes Occiden- tales. Et comme le R. P. doit inférer ce fair merveilleux, füivanc lui & fes coopinionaires , dans un cahier de fon ouvrage; il eft à propos que le public fache à quoi s’en tenir fur ce fair qui n’a rien que de très-ordinaire & de très-naturel. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 403 1 ONE 000 “An 9 US EN AT De M. MicHauD, Maître en Chirurgie à Aubervilliers ; à M. GARDANE (1). V, us m'accufez en public, Monfieur, de me tromper en attribuant à M. Portal la Méthode par laquelle j'ai fauvé en dernier lieu deux malheureux fuffoqués par les vapeurs méphitiques. Dans l’une de vos lettres, (2) vous vous attribuez à vous-même Fhonneur du traitement ; vous ne craignez pas d'avancer que l’Acadé- mie des Sciences s’eft trompée en l’accordant à M. Portal. Ou qu’au moins, il y a erreur deCopifte ou d’Imprimeur, & qu’au lieu de votre nom, on a infcrit celui de M. Portal. Cette erreur feroit bien grande én effer : mais raflurez-vous, l'avis de l’Académie a été fidèlemenc rendu. ; Dans une autre lettre , vous prérendez que le traitement que j'ai em- ployé avec tant de fuccès , étoit connu depuis long-tems: » Bien avant, » dires-vous, que M. Portal füt venu au monde «, Pardon, Monfieur , fi je n’avois point deviné l'origine un peu con- tradiétoire que vous donnez à la Méthode dont je me fuis fervi. Mais elle n’eft connue dans nos Campagnes, dans les Provinces & chez les Etrangers, que par le rapport & l'avis de M. Portal. C’eft à l’attention que j'ai eue de m'y conformer que l'on doit attribuer mes fuccès. Cependant, fi je remonte à l’époque où ces ouvrages ont été pu- bliés, fi je confulte ceux que vous indiquez , & jufqu’à vos anciennes Gazertes que je fuis enfin parvenu à me procurer, je ne puis héfiter entre votre réclamation & le fuffrage univerfel. En effer, ïl eft conftant qu'en 1774; l'on traitoit généralement en (1) Nous ne pouvons refufer à la juftice & à l'impartialité, d'imprimer dans notre Recueil la réponfe préfente, puifqu'elle a un rapport dire avec la lettre de M. Gar- dane, que nous avons imprimée dans le mois de Novembre 1779. Mais nous lerépé tons, nous ne devons publier des lettres contradiétoires que lorfqu'elles traïteront de faits & d'expériences urilés 8 avantagcufes à l'avancement des Sciences. Encore l'honnèteté exige-t-elle que toute perfonnalité en foit abfolument bannie. Ce Journal fera toujours une carrière des Sciences, mais jamais une arêne de Gladiareurs. (2) Journal de Phyfique , Novembre 1779. 1780. M A I. Ece 2 404 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Europe, (1) & principalement à Paris, (2) les perfonnes fuffoquées par les vapeurs méphitiques, comme celles qui s'éroient noyées : on leur poufloit de la fumée de tabac par le fondement, on tachoit de leur faire avaler des liqueurs fpiritueufes, & fouvent on couvroit les uns & les autres de cendres chäudes. C’eft ce traitement funefte qui fut adminiftré au Marchand & à la Marchande de Modes de la Cor- beille galante, rue Saint-Honoré. Tout: Paris étoit frappé de leur malheureux fort , lorfque l'Académie toujours attentive au progrès des Sciences , & fur-tour de celles qui ont pour objet la confervation de l’efpèce humaine , chargea M. Por- tal de lui rendre compte de ce trifte évènement & des caufes qui pouvoient l'avoir produit; mais la connoïflance des caufes ne pou- voit être utile qu'autant qu’elle conduifoit à celle des remèdes. Ce Médecin , après avoir recueilli rous les moyens falutaires , s’eft con- vaincu qu’il falloit abandonner le traitement adopté, & par un pro- cédé contraire , expofer les fuffoqués au grand air, leur faire des afper- fions d’eau froide, leur donner de lavemens coupés avec de l'eau & du vinaigre, &c. &c. Il fit des expériences fur les animaux: ceux qui farent foumis au traitement échauffant périrent: ceux qui furent traités d’une manière contraire furent tous fauvés. M. Portal fut déterminé par l'Académie à publier fa Méthode. Elle eut bientôt fur les hommes, les fuccès qu'elle avoit eu fur les ani- maux. Les Gazetres , les Journaux furent remplis des relations des cures les plus heureufes. Le Gouvernement même crut devoir accélé- rer la connoiffance de cette Méthode en l’envoyant à M M.les Inten- dans, qui s’emprefsèrent de la répandre dans les Provinces où elle fut imprimée plufeurs fois, malgré cinq éditions faites à Paris: M. Troja l'a traduite en Italien en 17763 M. Spielman fils , en Allemand en 1777. On en a fait des extraits dans d'autres langues étrangères. Malgré cette publicité, on crut que la Méthode indiquée par M. Portal n'étoit point encore aflez connue : il en donna un extrait en forme d’afliche fur la demande de M M. les Intendans. C'eft le fuffrage univerfel des Savans & du Public, qui ont appris à M. Portal, qu'il avoit des droits à la propriété de cette Méthode ; il avoit eu la modeftie d'annoncer dans fon Rapport (3) » qu'il n'avoie » fait que recueillir tous les moyens falutaires qui avoient été mis en oo (x) Voyez les Ouvrages publiés par les Hollandois. Celui de M, Jonfton , Médecin célèbre de Londres. : (2) Les Ouvrages de M. Pià , & les avis que la Ville de Paris a fait afficher plufeurs o1s, (3) Page 5, cinquième édition, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 40 » ufage , & les préfenter à l’Académie «. Il y avoir cité avec foin les Auteurs graves qui ont fait jetter de l’eau fur le corps des fuffoqués , ceux qui ont adminiftré le vinaigre, ceux qui ont confeillé d'introduire de l'air dans les poumons, &c. &c. Mais ces Auteurs n’avoient faic appercevoir qu'une partie des moyens utiles, ils y avoient joint des procédés dangereux ; perfonne n'avoit réuni fous un même Tableau tous les moyens que M. Portal à propofés, & préfenté trous les in- convéniens des traitemens ufités jufques-là. C’eit cette réunion , fondée far une théorie lumineufe, qui ne fe trouve que dans fes écrits , qui fair le caractère diftinétif de f1 Méthode. Le mérite n'en eft donc dû qu'à lui feul. C’eft le témoignage que lui ont toujours rendu les Savans les plus diftingués & le célèbre M. Harmant, dont on l’a accufé d’être le plagiaire. Mais quand mème lé public, les Savans , le Gouvernement & l'Académie ne lui auroient point rendu ce témoignage , comment euffent-ils fongé, Monfieur , à vous proclamer l’Auteur de a Mé- thode de traiter les perfonnes fuffoquées par des vapeurs méphiriques ! Vous êtes peut-être le dernier qui ayez luté en faveur de l'ancienne Méthode , quand tout retentifloit des fuccès de la nouvelle. Vous re- commandiez avec chaleur dans vos Gazettes (1), dans des affiches, dans des inftructions, l’ufage des fumigations par le fondement pour les per- fonnes étouffées par des vapeurs méphitiques , comme pour les noyés, Vous préconiliez pour les uns comme pour les autres, Pufage de votre machine fumigatoire. Vous vouliez même étendre les fumigations de tabac jufque dans la bouche (2). Il eft vrai qu'éclairé par l'expérience ; vous avez blâmé depais cette erreur (3), pour recommander les infüfflations d’un air pur; comme M. Portal l’avoit fait d’après des Auteurs célèbres qu'il n’a pas man- qué de cicer. Vous avez encore profcrit, d’après M. Portal, l'ufage où lon étoit de provoquer le vomiflement des fuffoqués avec de l'émé- tique qu’on leur faifoit prendre dès qu'ils pouvoient avaler ; mais vous ne pûtes vous empêcher de faire honneur de cette obfervation à M. Portal (4). Alors la Méthode de ce Médecin n’avoit pas été répandue par ordre du Gouvernement. Depuis certe époque vous n'avez plus cité cet Académicien que pour le critiquer. Cependant, dites-vous, M. Portal avoit commencé par annoncer (1) Voyez la plupart des Gazettes de Santé des années 1774 & 177$. (2) Voyez l'Inftruétion fur les Morts apparentes, page 55. G) Voyez la Gazette de Santé du mois de Février 1778 , pag. 98, &c. (4) Inftruétion, page 8. 408 OBSERVATIONS SUR LA-PHYSIQUE, l'utilité de la faignée dans fon rapport publié. en 1774, par ordre de l'Académie des Sciences , & l’Académie ne la prefcrit aujourd’hui qu'après l’adminiftration des autres moyens, encore avertit-elle d'y recourir feulement lorfque ces moyens auront manquée leur effet; ainfi, ajoutez-vous, c'eft ma Mérhode que l'Académie à adopté : car j'ai dit qu'il ne falloir jamais faigner & ne point faigner du tout, ou faigner à la fin du traitement, c'eft abfolument la même chofe. ‘ Je ne conviendrai point avec vous , Monfieur, que l’Académie ait eu tort d'annoncer la conformité de fon réfulrat, avec li Méthode de M. Portal, & pour vous convaincre de la vérité de cette décifion, confrontez ce réfultat avec l’Avis important (1) que M: Portal publia en 1776 par ordre du Gouvernement. Vous trouverez entr'eux la con- formité la plus littérale. M. Portal avoit terminé cet avis, en fecom- mandant, comme l’a fait l’Académie , de ne recourir à la faignée , qu'après avoir employé inutilement les autres moyens. Si dans fon Rapport , il avoit commencé par faire mention de la faignée, c’eft qu'il parloit à des gens de l'Art, capables de juger de l'ordre du trai- tement par les circonftances , les fymptômes , la gravité, la durée de l'afphixie. Mais dans l’Avis, comme dans le réfultat fait pour le pu- blic avec lequel on ne peut trop marquer la gradation des différens remèdes , on.a cru devoir appliquer les principes aux évènemens les plus fréquens, & on a terminé par la faignée , en recommandant mè- me de n’y recourir qu'aprèsavoir inutilement employé'les autres moyens , quoiqu'il y ait des cas où il faille y recourir promptement. Voyez à préfent, Monfeur, combien font fondés les reproches que vous ne cellez de faire à M. Portal, & appréciez vous-même les droits que vous pouvez avoir à la Méthode de traiter les perfonnes fuffoquées par des vapeurs méphitiques. J'ai l'honneur d’être refpetueufement, &c. (:) Il a été fi répandu, tant dans la Capitale que dans les Provinces , que nous ne croyons pas néceffaire de le rappotter ici. Lys 2673 \ SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 407 LR PEN ET EN EC RENE ETES RES JE ESS ET NP MON PINS PRET LT TAILLE LEE) TSI ESRI ONE. D'un Rapport fait à l’Académie des Sciences, le 22 Janvier 1780, fur la manière de faire artificiellement le Cryftal de roche, le Spath calcaire & les Pierres fines colorées. Par Meffieurs Brisson, De FoNTANIEU ET CADET. M. Magellan, de la Société Royale de Londres, a fait voir il y a quel- que-tems à l’Académie un cryftal d’une grande dureté, d’une belle eau, & qui reflembloit beaucoup au cryftal de roche ; il étoit d’une forme régulière , il avoit environ neuf à dix lignes de longueur fur deux ou trois de largeur; 1l nous aflura que ce cryftal étroit un produit de lexpé- rience de M. Achard , dont le procédé eft indiqué & détaillé dans le onzième Volume du Journal de Phyfique de M. l'Abbé Rozier, année 1778, page 12 , où l'on trouve un écrit intitulé, Copie d’une Lettre de M. Achard, Chymifte & de l’Académie de Berlin , au Prince de Galitzin, Ambaffideur de Ruflie à la Haye. 1] eft dit en note, que la copie de cette lettre à été adreffée à l’Auteur du Journal par M. Magellan. Une décou- verte auili extraordinaire ayant paru mériter toute l'attention de l’A- cadémie , on defira d’en faire répéter les expériences. L'Académie nous à nommés à cer effet MM. Briflon, de Fontanieu & moi (M. Cadet.) Pour répondre à fes vues , nous avons cru devoir nous conformer exactement aux différens procédés énoncés dans la copie de la lettre de M. Achard que nous ne garantiflons point être de lui. M. de Fontanieu, l’un de nous, a fait conftruire avec le plus grand foin, d’après la Plinche & les obfervations de M. Achard, plutieurs appareils; mais avant que de paller aux expériences , il eft néceffaire de faire part à l’Académie de l'objet des travaux qui ont conduit M. Achard à cette expérience d’après lanalyfe chymique. 11 prétend que le rubis, Fémeraude; en un mot, que toutes les pierres précieufes colorées ne font point compofées de terres virrifiables , ainfi que l'ont cru jufqu'à pré- fent les Naruraliftes ; il penfe , au contraire, qu’elles font compofces de térre calcaire , de terre alumineufe , mêlées en différentes proportions avec une périte quantité de verre vitrifiable, de terre métallique, & d’après ce fentiment M. Achard' s'exprime ainfi. » J'ai cru pouvoit expliquer par-l pourquoi of trouve: les pierres 408 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » cryftallifées : cette explication avoir paru jufqu'à ce jour très-difficile & » très-peu poffible, parce que toute cryftallifation fuppofe néceffairement » une diflolution préliminaire, & parce qu'on ne connoit pas dans la » nature un diflolvant de la terre vitrifiable, tandis qu'elle nous pré- » fente plufeurs menftrues capables de diflondre des terres alkalines', & il ajoute d’après cela » que de rous les diflolvans connus des terres »'alkalines , il n’y a que l'air fixe qui puifle fatisfaire à cette condition“. De forte qu'il paroït que tout le fuccès des opérations de M. Achard pour parvenir à former des fpaths calcaires, du cryftal de roche , & des cryftaux colorés , dépend entièrement de la combinaifon intime de l'air fixe avec les terres calcaires, la terre alumineufe & une petite quantité de cerre vitrifiable , & que la différence de couleur des cryf- taux qu'on obtient par ce procédé, qui tend à imiter les pierres fines colorées, ne dépend que de l'addition de la petite quantité des diffe- rentes chaux métalliques qu'on ajoute à la terre calcaire ou à la terre alumineufe. E D'après un expofé aufli clair , nous nous fommes rendus au labo- ratoire de M. de Fontanieu qui avoit plufeurs appareils , tous montés & exécutés erès-exactement d’après les principes de M. Achard : on a mis dans chacun des vailleaux deftinés à recevoir la craie deux onces de cerre terre calcaire, fur lefquelles on a verfé quatre onces d'acide vitriolique affoibli au deoré indiqué, ce que M. de Fontanieu a eu la patience de répérer avec le plus grand foin, toutes les 12 heures pen- dant treize mois : cette afliduité & cette patience étoient foutenues at fon zèle pour l'Académie, Dans les feconds vafes deftinés à la pue qui recoit l'air fixe,on a introduit du marbre concaflé, com- me étant de nature calcaire, on y a aufli employé la craie mème; dans un vafe pareil, on s’eft fervi de terre alumineufe précipitée par l’alkali fixe, que l'un de nous avoit donné à M. de Fontamieu; dans une autre opération femblable , on a ajouté un précipité d’or, ou le pourpre de Cafius à la terre alumineufe pour tâcher d'obtenir des cryftaux colo- rés en rubis. Ces liqueurs, qui pendant 13 mois ont eu un tems plus que fuflifant pour fe furcharger de la plus grande quantité d'air fixe pofible , puifque fuivant M. Achard l'opération n’exige que dix femai- nes, cependant nous ont paru avoir eu bien peu d'aétion, quoique la filtration fe foir faite lentement, ( ainfi que l'exige le procédé ) goutte par goutte , de demi-heure en demi-heure , à travers les terres alumineufes calcaires & fable, ainfi qu'à travers les pores des deux diaphragmes compofés d’une partie d'argille & de deux parties de fable. Les gouttes de liqueur ont été reçues à mefure dans des capfules de verre, & évaporées à l'air libre ; elles ont laïffé dans les capfules une petite portion de fel à bafe terreufe, infpide au goût & de nature féléniteufe. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 409 félénireufe. Ces fels fe font diffous dans l’eau bouillante, la diffolu- tion a ré précipitée par l'alkali fixe. & a fourni un peu de terre cal- caire. Après avoir bien examiné la partie qui termine les appareils faits fuivant la Méthode de M. Achard où doivent fe trouver ie cryftaux , nôus n'y avons remarqué aucune apparence de petits cryftaux de roche, ni de fparh calcaire , ni de rubis , ainfi que nous aurions dû les trouver. S'il eft vrai que le procédé indiqué par M. Achard foi de lui, le défaut de fuccès de nos expériences tient peut-être à quelque circonftance que nous ignorons & qui mériteroic d'être éclaircie par l'Auteur mème; mais à ce fujet M. le Marquis de Condorcet à pré- venu nos defirs, il vient d'écrire à Berlin pour avoir tous les renfei- gnemens néceffaires. Fait au Louvre ce 22 Janvier 1780, fignés Brisson, FonNTANIEU & Cape. AN. B. La fimplicité avec laquelle M. Achard a annoncé fa découverte dans le tems, la juitice qu’on lui rend à Berlin au fujet de la vérité de fes expériences nous font croire que fi M M. less Commiflaires de l'Académie des Sciences n'ont pas réufli d’après le procédé indiqué par M. Achard lui-mème , cela tient à certaines manipulations qui peut-èêrre n'auront pas été aflez bien détaillées. L’Auteur lui-même va répéter fes expériences comme 1l l'annonce dans la Lettre fuivante , à M. de la Grange, Directeur de l’Académie de Berlin. » 1°, Mes expériences (fur la formation des cryftaux par l'air fixe) » n'ont pas été faires en préfence des Chymiftes & des Phyficiens , parce » qu'il faut plufieurs mois pour former un fpath & plus de rems entore » pour former un cryftal plus dur. 2°, Ce feroit avec beaucoup de » plaifir que j'enverrois à l’Académie de Paris des cryftaux fi j'en avois » de faits; au mois de Mars je rerournerai à la Campagne , & alors » je mettrai ma machine en état pour en former; car en Ville je fuis » trop occupé pour fuivre cette expérience avec l'attention qu'il faut y » porter lorfqu’elle doit réuflir ; & dès que j'aurai des cryftaux de » faits je les enverrai à l’Académie. J'ai envoyé à M. Magellan un » cryftal que j'avois formé , qui avoit la dureté 46 cryftal de roche (1): » Si donc M. Magellan a envoyé ce cryftal à Paris , il eft très-sur que » c'eft celui que j'ai formé. 3°. J'ai beaucoup perfeétionné la machine » pour former les cryftaux, & en ai donné la defcription dans un petit (x) Ce cryftal a été apporté. dans notre Cabinet , & pour effayer fa dureté on a écrit fur la vitre avec une des pointes naturelles, Tome XV. Part. I, 1780. M À I. Fff 415 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » Ouvrage où je traite de la décompofition des pierres précieufes ; j'ai » l'honneur de vous adreffer cet ouvrage , afin que fi vous le jugez à » propos, vous puifliez l'envoyer à Paris«. ae L —— NOUVELLES LITTÉRAIRES. Ossrnv ATION fur la Combinaifon de quelques fubftances fou- mifes à l'Eleétricité & qui paroiflent produire l'effet que M. Mefmer appelle Magnétifme animal. Prenez la pouflière de l'or diffous par l'eau régale & defléchée par l'évaporation, un demi-gros..., un gros de borax.... quinze grains d’aimant en poudre... deux fcrupules de limaille de fer... une once de colophane. Pulvérifez, porphyrifez & mêlez exaétement ces diffé- rentes fubftances. Mettez cette poudre dans un flacon ou bocal, in- troduifez-y un fil-de laiton ou de verre qui pénètre dans la poudre; faites communiquer ce fil au conducteur d’une machine éleétrique , & éle@rifez pendant 6 à 7 minutes. Laiflez l'électricité fe difliper d’elle- même , renfermez la poudre dans un fachet & remertez de rems à autre le fachet fous le conducteur. Ce fachet placé dans la poche ou autrement, & manié fouvent par celui qui veut opérer, lui communi- que la faculté de faire éprouver différentes fenfarions à ceux que l'on touche pendant quelques minutes, comme une tranfpiration abon-. dante, une forte fueur dans la partie touchée. On aflure que M. Hill a communiqué certe recerre à M. Mefmer. Que le fait foit vrai ou fuppofé, l'expérience mérite d’être répétée avec foin. Elle confirmetoit les effers que M. Jallabert, de Genève, attribuoit à certains remèdes aidés par l'électricité. Prix de Phyfique, propofe par l'Académie Royale des Sciences, L'Académie, toujours empreflée de concourir au progrès des Scien- ces, & fe trouvant à portée de difpofer d’un fonds propre à donner un Prix tous les deux ans, a réfolu , en 1777 , de joindre un Prix de Phyfique aux Prix de Mathématique qu'elle eft dans l'ufage de décerner annuellement : elle propofe en conféquence, pour fujer du Prix, l'examen des Queftions RES dont la folution lui a paru devoir ètre utile aux Arts. 1°. Déterminer par des caraëlères conflans, faciles à faifir même par ceux qui n'ont pas fait une étude particulière de la Botanique, les dif- SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 41 férences qui exiflent entre les divers Cotoniers d’Afie , d'Afrique & d Amé- rique, 4 Irdiquer l'état naturel du Coton dans ja coque après la maturité, Jon adhérence à la graine, la manière dont [es brins enveloppent les grai- nes , afin d'en déduire le meilleur procédé pour les en féparer dans leur plus grande longueur. 3°. Etablir, d'après des épreuves fuffifantes les rapports des degrés de fineje , de blancheur , de longueur , & de ténacité qui font propres aux brins de chaque efpèce de Coronier, ainf£ que le rapport de ces qualités avec la perfeélion des filatures. Les Mémoires feront remis avant le premier Janvier 1782. Le Prix fera de 1500 liv. Les Sivans de routes les Nations font invirés à travailler fur ce fujer, même les Allociés étrangers de l’Académie : elle s’eft fait une loi d'en exclure les Académiciens regnicoles. Les Mémoires feront écrits en Latin ou en François, On prie les Auteurs de faire en forte que leurs écrits foient lifibles. Ils ne mettront point leurs noms à leurs Ouvrages , maïs feulement une fentence ou devife. Ils pourront, s'ils veulent, y attacher un billet cacheté , qui contiendra, avec la mème fenrence ; leur nom, leurs qualités, & leur demeure ou leur adrefle. Ce billec ne fera ouvert par l'Académie , qu'au. cas que la Pièce ait remporté le Prix. Ceux qui travailleront pour le Prix , adrefferont leurs Ouvrages, francs de port, au Secrétaire de l’Académie, ou les lui feront remettre entre les mains. Dans ce fecond cas , le Secrétaire en donnera fon récépiflé à celui qui les lui aura remis, dans lequel fera marquée la fenrence de l'Ouvrage & fon numéro, felon l’ordre ou le tems dans lequel il aura été reçu. L'Académie proclamer: la Pièce qui aura mérité ce Prix, à fon Affemblée publique de Pâques 1782. S'il y a un récépiilé du Secrétaire pour la Pièce qui aura remporté le Prix, le Tréforier de l’Académie délivrera la fomme du Prix à ce- Jui qui lui rapportera le récépillé : il n’y aura à cela nulle autre for- malité. S'il n’y à pas de récépiflé du Secrétaire , le Tréforier ne délivrera le Prix qu'à l’Auteur même , qui fe fera connoître , ou au porteur d’une procuration de fa part. Prix propafé par l’Académie Royale des Sciences , pour l’année 1380. Feu M. Rouillé de Meflay , Confeiller au Parlement de Paris , ayant conçu le noble deffein de contribuer au progrès des Sciences , & à l'utilité que le Public en pouvoit retirer , a légué à l’Académie Royale des Sciences un fonds pour deux Prix deftinis à ceux qui, au 1780. M A I PÉE 3 y2 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, jugement de certe Compagnie , auront le mieux réuñi far deux diffé- rentes fortes de fujets qu'il a indiqués dans fon teftament, & dont il a donné des exemples. Les fujets du premier Prix regardent le Syftème général du monde , & l’Aftronomie phylique. Ce Prix devroit , aux termes du teftament , fe diftribuer tous les ans : mais la diminution des rentes a obligé de ne le donner que tous les deux ans , afin de le rendre plus confidérable , & on l'avoit porté à 2500 liv. De nouveaux retranchemens dans les rentes ont forcé l’Acadé- mie de le réduire , à commencer de 1772, à la fomme de 2000 livres. Les fujets du fecond Prix regardent la Navigation & le Commerce. Il ne fe donnera que tous les deux ans, & fera aufli de 2000 livres. L'Académie avoit propofé pour le fujec du Prix de l'année 1780, Ja Théorie des perturbations que les Coméres peuvent éprouver par l’atlion des Planètes. Comme les Aftronomes attendent vers 1789 ou 1790 la Comète des années 1632 & 1661 , dont la période paroït être d'environ 120 à 130 ans , l'Académie exigeoit de plus , que les Concurrens appliquaffent leur Théorie à cette dernière Comère , non en faifant les calculs arithmc- tiques néceffaires pour fixer à-peu-près le cems de fon retour , mais en donnant la nt analytique la plus fimple à la fois & la plus exacte pour déterminer ce retour , & en expofant cette méthode avec tout le détail & route la clarté néceffaires , pour mettre les Savans en état d'y appliquer le calcul arithmétique. Le Prix éroir double, c’eft-à-dire , de 4000 liv. L'Académie a jugé que l'Auteur de la Pièce , n°, 1 , ayant pour devife: Conamur tenues grandia , avoir rempli les vues du Programme , puifque fa Pièce contient une méthode nouvelle & générale de l’action des Planè- tes fur les Comètes , & le développement des formules analytiques parti- culières où certe méthode conduit pour la Comète attendue vers 1790. En conféquence, elle a décerné le Prix double à cerre Pièce, donr l'Auteur eft M. de la Grange , Affocié étranger de l'Académie , & Direc- teur de la claffe de Mathématiques de l'Académie Royale des Scien- ces & Belles-Lertres de Pruffe. L'Acadénnie , perfuadce que la détermination des périodes des Comè- tes eft un des points les plus importans du Syftème du Monde , & voulant faciliter aux Savans les recherches fur la période de la Comète de 1532 & de1661,acru devoir propofer pour fujet du Prix de 1782, les. queftions fuivantes: 1°. Prrifier & reduire aux diflances véritables , les diflances apparentes de La Comète de 1661 aux Etoiles, en ne négligeant pas méme d'entrer dans la critique des pofitions de ces Etoiles données par les Catalogues. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 29. Vérifier € difcuter, autant qu'il fera poffible , Les différentes périodes anciennes des retours de cette Comète ; don les Hifioriens ont\ pu faire mention: 3°. Corriger par l'effèét connu des réfraélions & des parallaxes les obfer- vations relutives à cette Comète, faites par Appian à Ingolflad en 1532e 4°. Examiner l'influence que les mouvemens propres des Etoiles fixes & la préceffion des Equinoxes ont dé avoir fur ces différentes obfervations. Les Savans de toutes les Nations font invités à travailler fur ce fu- jet, & même les Aflociés étrangers de l'Académie. Elle s'eft fair Ja loi d’exclure les Académiciens regnicoles de prétendre au Prix. Ceux qui compoferont font invités à écrire en François ou en La- tin, mais fans aucune obligation. 1ls pourront écrire en telle Langue qu'ils voudront, & l'Académie fera traduire leurs Ouvrages. On les prie que leurs Ecrits foient fort lifiblés ; fur-tout quand il y aura des calculs d’Algébre. Ils ne mettront point leur nom à leurs Ouvrages, mais feulement une fentence ou devife. Ils pourront, s'ils veulent, attacher à leur Ecrit un billet féparé & cacheté par eux, où feront, avec cette même fentence, leur nom , leurs qualités , & leur adreffe ; & ce billet ne fera ouvert par, l'Académie, qu'en cas que la Pièce ait remporté le Prix. Ceux qui travailleront pour le Prix, adrefleront leurs Ouvrages à Paris, au Secrcraire perpétuel de l’Académie, ou les lui, feront remet- tre entre les mains. Dans ce fecond cas, le Secrétaire en donnera en même rems à celui qui les lui aura remis fon récépiié, où fera mar- quée la fentence de l'Ouvrage & fon numéro, felon l’ordre ou le tems dans lequel il aura été recu. Les Ouvrages ne feront reçus que jufqu’au premier Septembre 1785 exclufivement. L'Académie, à fon Affemblée publique d’après Pâques 1782, procla- mera la Pièce qui aura inérité ce Prix, S'il y a un récépiffé du Secrétaire pour la Pièce qui aura remporté le Prix, le Tréforier: de l’Académie délivrera la fomime du Prix à celui qui lui rapportera ce récépillé. IL n’y aura à cela nulle autre formalité. S'il n'a pas de récépiflé du. Secrétaire, le Tréforier ne délivréra le Prix qu'à l'Auteur mème, ou au porteur d'une procuration de fa part. L'Académie de Bordeaux propofe pour Prix pour 1782 la Queftion fuivante: Savoir sil exifle quelque indice fenftble, sui puifle-faire connoître aux Obfervateurs les moins exercés , le sems où Les Arbres, & principalement Les Chênes; ceffent de crottre 6 où ils vont commencer à dépérir ; fe ces indices (3 fuppofer qu'il y en ait), or généralement lieu, & s'ils affec- cent necefairement les Arères verus dans toutes fortes de terreins à 414 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, L'illuftre Réaumur. avoit fait obferver , il y a plus d’un demi-fiècle , la nécefliré de fixer à un certain âge , la coupe des Arbres qui s'élè- vent en haute-furaie; & M. Duhamel, dans fon Traité fur l'exploitation des Bois, a indiqué des marques qui, felon lui, annoncent que PAr- bre a commencé à dépérir. L'Académie à fenti le befoin qu'on auroit d’en connoître, qui indiquaffent précifément le tems où l’Arbre finit de croître, & qui ferviflenc comme de fignal pour le couper, avant qu'il ne tombe en dépériffement. Les Auteurs qui voudront travailler fur ce fujet, font prévenus que l'Académie en le propofant , s’impofe la loi de ne donner fon atrention, qu'aux Ouvrages qu'elle verra fondés fur des expériences sûres & des obfervations exactes , & {ur des raifonnemens déduits d'une bonne théorie. Pour le Prix fimple courant de 1781, elle demande : Quels font Les Infeëtes qui attaquent les différentes efpèces de Vignes , foit dans le tems de la durée totale de cette plante, foit dans les différentes époques de [a végéta- tion ? & quels font les moyens les plus fimples & Les plus efficaces de les détruire, & de remédier à leurs effets deftrutteurs ? Les Auteurs des Mémoires qui feront envoyés, voudront bien em- prunter leur nomenclature de Linnæus , ou de Geoffroi ; ou s'ils ont à parler de quelque efpèce de genre, dont ces Infectologiftes n’euf- fent fait aucune mention, ils font priés de joindre à leurs Mémoires une figure de l’Infeéte , accompagnée d’une defcription exacte. Les Prix fimples que cette Compagnie diftribue, fondés par M. le Duc de la Force, font une Médaille d'or, de la valeur de trois cens livres : les doubles font compofés d’une pareille Médaille , & d’une fomme de trois cens livres en argent. Les Auteurs qui voudront concourir pour les Prix, font avertis que, pañlé le premier Avril des années pour lefquelles ils font affignés , l'Aca- démie ne recevra point leurs Ouvrage ; qu’elle rejette les Pièces qui font écrites en d’autres langues qu’en François ou en Latin; & qu’elle n’admet point non-plus au concours celles qui fe trouvent fignées de leurs Auteurs. Elle les prie d’avoir lattention de ne point fe faire connoître ; & pour cela , de mettre feulement une Sentence au bas de leurs Ouvrages , en y joignant un billet cacheté fur lequel la même Sentence fera répétée , & qui contiendra leurs noms, leurs qualités & leurs adrefles. Les paquets feront affranchis de port , & adreflés à M. de Lamontaione, Confeiller au Parl:menr, & Secrétaire perpétuel de l'Académie. Table du Dictionnaire de Chymie de M, MACQUER. Un Ouvrage qui porte & qui mérite véritablement le titre de Dic- tionnaite, n'a aucun befoin d'une table des matières ; mais celui-ci, L SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 415 comme l'a expreflément déclaré M. Macquer, & comme on peut s’en convaincre facilement en fe donnant feulement la peine de le parcou- rir, n'eft réellement point un Dictionnaire : la longueur de beaucoup d'articles effentiels dans laquelle il a été entraîné par la connexion na- turelle & par les rapports évidens des chofes qui y font traitées, l'a fait rentrer en grande partie dans la clafle des traités dont les objets font fuivis & liés les uns aux autres. On a fenti en conféquence la néceflité ou du moins la grande com- modité d’une table, par le moyen de laquelle les Leéteurs pourroienc être. difpenfés des recherches longues & ennuyeufes, auxquelles il auroit fallu fans cela qu'ils fe livraflent pour trouver bien des matières qui ne font point indiquées dans l'Ouvrage par un titre particulier, à leur lettre de l'alphabet, mais dont il eft pourtant parlé, & fouvent mème avec aflez de dérail, dans des articles où ceux fur-tout qui ne font pas bien avancés dans la Chymie , n'imagineroïent pas de les aller chercher. Les circonftances n'ayant point permis à M. Macquer de fe livrer au travail beaucoup plus long & plus difficile qu'on ne pourroit le croire, mais néceflaire pour bien faire une table, M. Lefèvre de Willebrune ! Savant très-laborieux & très-diftingué dans plus d’un genre, l’a entrepris avec courage & exécuté avec fuccès. Ceux qui fe donneront la peine de confulrer cette table , qui eft entièrement l'ouvrage de M: Wie brune; feront bien convaincus de fon utilité, de fon exactitude, de la juftelle des renvois, de l'intelligence avec laquelle elle eft faite; ils verront, en un mot, qu'elle a route la perfection dont les ouvrages de cette nature font fufceptibles. Elle à même un mérite plus rare encore ; c'eft que fon favant Auteur la ornée , dans des notes aufli concifes qu'elles le devoient être , de plufieurs traits de cette érudition choifie , d'on trouve dans les Ouvrages de M. de V'illebrune , &. donc il a fair TAN ae s un ufage fi important pour la Médecine, dans l'excellente édition Grecque & Latine qu'il vient de publier des Aphorifines d'Hy- pocrate. Les Tables des Auteurs cités dans cet Ouvrage, avec l'indication des articles & des pages, & qui eft à la fuite de celle des matières, peut être regardée comme le complément de certe dernière, elle eft faire avec la même exactitude , & aura, dans fon genre, les mêmes avantages & la mème utilité, La Société Zélandoife des Sciences établie à Fleffigue propofe pour fujet du Prix qui fera diftribué en 1781, la Queftion fuivante : - Comme les Evats de Zélande ; non pour l'avantage dés Finances de La Province, mais pour prévenir la difecue des efpèces comprantes , ont Jugé 416 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, déjà depuis plus de cent ans devoir hauffer le ‘denier de Commerce ; connu fous le. nom! derducat d'argent ou rixdaie, avec les parties d'icelui de $o a si Jos , comme auffe depuis ce tems-la ils ont du faire encore deux fois ; pour La même raifon june pareille augmentation d'un fol, € ainfe mettre ce denier de commerce dans leur Province au cours de $3 fols : Quels fonc lés moyenside prévenir le dommage con/idérable qu'on effime en général-que les habitans de la Province de Zélande Jouffrent par le cours -défavanéageux du' change, en particulier depuis la dernière augmen- eacion fans expofer cette Province au danger d'avoir difeute d'efpèces comptantes, mais de manière qu'au contraire elle demeurät en état de mon- noser les rouvelles efpèces? Et par quel moyen pourroit-on réuffir à mettre des tefpèces fur le même pied , quant aw titre & à l'évaluation dans Lx Res publique.enrière ;\enforte que dans ous les. Hôvels des Monnoïes , on pär à Ja continue monnoyer lesefpèces, tant d’or que d'argent, felon Le titre &* l'évaluation établi.ou à établir ? Comme la Société des Arts & des Sciences établie à Batavia en l'an 1578, a fait l'honneur à la Société Zélandoife ; de lui remertreme certaine partie de fes revenus, la priant de propofer une on plufieurs queltions pour l'utilité de notre Patrie & de fes Colonies, & d'adju- ger_ le Prix ou les «Prix , foit en Médaille, foit en argent comptant fe- lon fon impattialité connue à la meilleure réponfe ; témoignant la So- ciéré de Batavia, qu'elle verroir avec plaifir qu'on fauisfir à fon inten- tion, qui n'a d'autre but que le bien être de fa Patrie : — C’eft pour- quoi la Société Zélandoife , pour fatisfaire à ce généreux -& obligeant defir a trouvé bon de promettre une Médaille d'or à celui qui avant le premier de Janvier 1782 aura envoyé : Le Mémoire le plus “court ; le plas, efénriel & le plus sûr, concernant la flrutlure des Navires G ce qui Y appürtient , pour autant que cela influe fur la anté\G. le bien des Gens de mer.— L'entretien de l'Equipage, foit à terre ou.en rade, Joit en pleine mer, eu évard à la bonté du logement ; de l'habillement & des ali- mens. — La meilleure manière de faler, conferver & appréter Les provifions de bouche für terre €: fur mer. — Les boiflons d'ur ufage Journalier , gui font les plus falutairès, pour, prévénir: le fcorbut & -ées autres mala- dies. qui règnent fur les Vaiffeaux , avec les. préceptes & Les mefures: d'icelles, — L'amélioration néceffaire, du bifcuit pour l'Equipage du Vaif- feau.-— La meilleure manière de tenir propres les Navires & les lits qu'on y emploie, — La féparation de ceux qui fe portent bien , d'avec les malades, tant fur les Navires à pont ouvert que fur ceux à' trois ponts. — Et ce qui peut ulrérieurement y étre relatif. , AS ; Les Auteurs obferveront de dreffer ce Mémoire de manière qu'il puille fervir de manuel à tous ceux qui ont quelque relation avec le foin de. la Compagnie des Indes Orientales ; eu de pareilles Socicrés , & fur-tour , à tous. ceux qui, fe trouvent en mer ; ant Officiers que, d Chirugiens, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 417 Chirurgiens, — La Socicté demande à tous ceux qui écriront là-def- fus , qu'ils faflent un ufage exact & judicieux de toutes fortes d'Au- teurs & d'écrits, ranc des Pays-Bas que d’ailleurs , fur-tout de ceux ui font fondés fur l'expérience, & qui fervent le plus à l'éclaircif- ue des divers points ci-deffus mentionnés, Les réponfes à toutes les fufdites queftions doivent étre lifiblement écrites en Flamand, Latin ou François munies d’un double & envoyées, francs de port, à Monfieur Juste T1EENx , Secrétaire de La Société Zé- landoife des, Sciences, à Fleffingue. Les Auteurs ne doivent pas joindre leurs noms aux Mémoires, mais les munir d’une devife , accompagnée d’un billec cacheté dont le deffus portera la même devife, & dans lequel fe trouvera mentionné le nom & le lieu de la réfidence des Auteurs. Chacun peut afpirer au Prix , excepté les feuls Membres de Ja So- ciété auxquels il eft cependant permis d'écrire fur les Queftions propo- fées, & d'envoyer leurs réponfes de la mème manière ; mais à con- dirion qu'ils mettent au-deflous de leur devife, dans le Mémoire & fur le billet cacheré ces mots ci: Membre de la Société Zélandoife, Il ne fera point permis à celui qui aura remporté le prix de faire imprimer l’Ouvrage couronné, en tout ou en partie, à part ou dans quelqu’autre Ouvrage , fans en avoir préalablement demandé & obtenu le confenrement de la Sociéré. La Société fe réferve le droit de faire tel ufage qu’elle trouvera à propos , de tous les Ouvrages, qui lui feront envoyés & de les faire im- primer, quoiqu'ils ne foient pas couronnés. La Société s'attend aufli que tous les Membres qui la compofent donneront des marques de leur zèle autant qu'il eft poffible par l'envoi de Mémoires qui contribuent à leur honneur , au luftre de la Société & à l'utilité du public. Des Comètes , in-8°. 140 pages , avec figures; par M. Ducarla. Genève. C'eft le fecond Cahier d'un Ouvrage périodique qui a pour objet l'Hifloire Naturelle du Monde ; & dont le premier traite du Déplacement des Mers. On recherche dans ce Cahier les caufes phyfiques des phénomènes que nous préfentent les Comères , leur apofpRée , leur queue. I pa- roïtra furprenant que quelqu'un ofe revenir fur une matière qui a été traitée par Newton. Mais l’Auteur a cru que ce laborieux confident de la nature qui avoit tant à créer , n'eut pas le tems de créer tout , & qu'il auroit été fort affligé d'apprendre, que fon nom pourroit bien être un jour un obftacle aux découvertes que la brièveré de la vie & les circonftances ne lui permirent pas même de prévoir. Il favoir que la carrière des Sciences eft infinie , & infinie dans toute la rigueur Tome XV, Part. I. 1780, M A I. Ggg 418 OSERV ATIONS SUR LA PHYSIQUE, du terme: qu'ainfi, les progrès quelconques de l'efprit humain étant néceffairement bornés, nous aurons toujours infiniment à faire. Ce qui fera éternellement vrai, quand chaque genre, chaqué état & chaque âge auroit fon Newton. Le principal avantage des découvertes les plus utiles n'eft pas tant d’inftruire les hommes que de les mettre à portée de s’inftruire. Et le plus bel hommage qu'ont puille rendre à Newton, c’eft d'avancer dans la carrière qu'il a ouverte à notre zèle. Ce grand homme a traité comme en palfant la matière que nous annonçons au public. Elle ne paroifloit pas tenir efentiellement à fa théorie des forces centrales, & aux autres combinaifons qui devoient fans doute l’occuper tout entier. Puis ,il a donné à la phyfique une activité &: des forces qui l'ont beaucoup perfectionnée. Sans génie , ans une grande fcience, un ,efprit appliqué peut faire aujourd’hui , ce que Newton même ne pouvoit faire. ; Après ce tribur de reconnoiffance & d’admiration que tous les honi- mes doivent'au Réoénérateur de l’Aftronomie , nous allons expofer fort en raccourci l'objet du nouveau traité fur les Comères, qui n'eft guères fufceprible d’analyfe, à caufe du foin qu'on a pris de le ref- ferrer autant que la nature du fujet pouvoit le permettre. Qu'on concoïive une ligne indéfinie, qui partant du centre du foleit pafle par lé centre de la Comète : rous les rayons du foleil qui ren contreront l’armofphère de la Comère ', feront réfraëtés vers la partie de cette ligne fituée derrière la Comete. T Si cette armofphère avoit une denfité uniforme, tous les rayons pa- rallèles réfraétés iroient. concourir près d’un même point de cetre ligne, & ce point pourroit être pris, pour leur foyer commun. Maïs fi cetce atmofphère eft claftique, les rayons inégalement réfraétés par les con- ches inégalément dénfes qu'ils ÿ rencontrent, iront concourir dans des points de cette ligne fort éloignés les uns des autres. L Prenant pour pofe le point de la furface antérieure de l'atmofphère qui ft dans certe ligne prife elle même pour aie, chaque cercle de Jatirudé recevra une certaine quantité de rayons, qui iront tous con- courir vers un même point de cetre ligne, qui fera le foyer de certe feule latitude. Car les-rayons réfraétés fur, les autres latitudes concour- ront plus près , ou plus loin de la Comète; felon qu'ils rencohtreront dans Fatmofphère un air plus ou moins denfe. PUS Chaque point. de la ligne des centres; prolongée au defd'de la Co- “mère, devient donc le foyer d'un fyflème de rayons qui s'y condenfent à l'excès. L'air atmofphériqué qui fe rrotve dans ces foyers réfléchir en tout fens une partie dé ces raÿons, & formé une trance de lumière qui fe tient canffamment derrière la Comète. L'atmofphère fe sonlle en raiféh inverfe du quurré de fa”diffance au foleil, püifque c'éft le rappoir de fa chaleur. Plufieurs dés ‘foyers EU TS + SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 419 qui étoient dans l'éther lorfque la Comète étroit fort éloignée ; fe trou- vent donc dans l'atmofphère. lorfque la Comète s'approche de cet aftre; & réfléchiffent la lumière qui s’y accumule , & que l'éther ne pouvoic manifefter ; &- la queue s’allonge d'autant, & à mefure que la Comète S'approche du foleil. t: L'atmefphère des, planètes réfracte aufli les rayons folaires , inais leurs foyers font hors de cette atmofphère, parce ,qu’elle eft très-peu profonde, & rien ne peut les rendre vifbles. Cette différence! dans la profondeur dés atmofphères cométaires & planétaires, tient aux états très-différens par lefquels pallent les Comères-&. les Planères , & fera traitce dans le fixième Cahier. L'axe, des foyers eft embrâfé par, cette quantité inconcevable, de rayons qui s'y accumulent ,.& y font. des millions de fois plus conden- fés que les rayens directs, L'air atmofphérique voifin de, cer axe eft incomparablement plus dilaté, raréñé que tout le refte de l'atmofphère, qui péfant davantage. y accourt pour. foulever la colonne aérienne qui entoure cet axe. Quelle que foit la denfité commune de l'air , il eft evi- dent que cette colonne mille & mille fois plus échauffée , doit être mille & mille fois, plus légère, & qu’elle .doir être fonlevée, avec une vielle, évile à celle d’une, colonne de notte air maritime qui occupe- roit toute la profondeur de l'Océan. , , j L'air qui arrive. dans la colonne des foyers fe raréfie dans l'inftanc au milieu de ces turrens de feu qui s’y précipitent, eft foulevé , pro- jeté, remplacé par l'air continuellement affluant qui y fubit les me- mes viciflitudes , & il en réfulte un courant afcendant , impétueux , continu. aus , ; Ty L'air qui arrive dans la colonne afcendante .fe, trouve chargé de toutes les exhalaifons qu'il a pompées à la furfice du globe, & qu'il entraîne avecilui dans « pur efpace par la violence de, fon afcenfon ; l'air n'érant plus comprimé dans l’éther , où rien ne pèfe fur lui, abandonne ces matières qui fe coagulent en forme de Érouillerd au- tour de l'axe des foyers, & les tayons réfra@és qui s’y.condenfent font réfléchis pas cé brouillard. qu'ils raréñent aflez, pour qu'il puifle laifler paller jufqu'à nous la lueur foible des étoiles, : On voit la Comite fe divifet en plufeurs! blocs qui fe difperfent, fe multiplient, s’atténuent fans cefle-au fonds de l’atmofphère , où ils fontentrainés dans toutes.les directions par la fureur des vents. Nous ne, voyons de ces blocs que les plus gros, qui nous en indiquent une infinité de routes les grandeurs-invifiblés. : Ceux de ces petits blocs qui s’engouffrent dans la colonne émergente font entraînés malgré leur poids par fa rapidité: expofés chemin fai- fant à toute l'ardeur des rayons, convergens , ils s’allument & fe con- fument dans ce moment, Ér comme le nombre de ces petits blocs eft 1750. M A L Ggga2 so OSBERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, iminenfe, & qu'ils fe renouvellent fans cefle, il réfulte’ de leur embra2 fement inftantané une fcintillation qu’on a obfervée dans la queue de plufieurs Comètes. La Comète en Fourniffant cette énorme quantité de matière, dimi- nue à mefure jufqu'à difparoître quelquefois. 11 n’en refte qu’une fubf- tance femblable à de la pouflière, qui n’eft que le réfidu de tous ces blocs qui fe font entre-choqués;pulvérifés , en bondiflant au hafard ; & le bas de l'atofphère devient louche, opaque. Les blocs que nous avons vu accourir dans la colonne émergente font quelquefois trop gros, pour qu'elle puifle les entraîmer avec elle ; ils y reftent fufpendus au milieu du courant, qu'ils divifent en plu- fieuts rameaux. Ceft ainfi qu'un’ rocher qui s’eft roulé dans un fleuve rapide ; l'oblige à fe féparer en plufieurs bras : de là ces traînées à fix & fept branches qu'on vit dans fa queue de 1744 & autres. : Les blôës ne vont point vers la colonne émergente dans un ordrè fymmétrique ; tantôt F s'y trouvent en grand fombre , tantôt il ÿ er a très-pêéu, ainfi des vapeurs. Or, lé moment où ces parties hétéro- gèmes fonc les plus abondanrés ; doit être celui du plus grand éclat das la queue; & lorfqu’elles ÿ font en wrès petit nombre ; il fe réfléchit peu dé rayons La queué doit dônc briller rantôr plus, tantôt moins. De là cette intermittence qu'on y -Fémarque fouvent. Le troifièmé Calmiér traitera de la Lumière Zodiacale. On peut foufcrire pour dix Cahiers, pour plus où moins à volonté, à 36 fous dé Fräncé par Cahier, On s’adreffera à M. Ducarla; à Genève, _Planétaire où Planifphère inventé par le fieur Flecheux , nouvelle édition rèvue'& augmentée. LUS “Le fieur Flecheux défiant donner’ au Planctairé ou Planifphère qu’il . rendit pablic en 1778, touté lx pétfcétion dont illeft fafceptible; à eru dévoir changer quelque chofe dans Les pièces que: porte l’Alidade où grand Méridien. Ce changement procure à fon Ouvrage beaucoup plus de propriérés, un méchanifie plus fimple & plus intelligent, & applanit lés difficultés d'opérations. Il ofé efpérer que le Pubhé qui a bien voulu accueillir fa première. prdduétion: ne lverra pas avec indif férencé ces changemens luminebx ;méthodiques & utiles. - Cé ‘nouveau trâvail l'ayant néceflité à refondre l'explication qu'il en à faite, 1 a orné cette nouvelle édition de notions fur!’ Aftronomier& derout ce qui peut fixer les idées novices fur cetre fcience. Il y à joint une figure cylindrique de”fon invention , qui repréfente le pa- ralklifine ‘dé l'axe de la rérte conibiné avec le’ parallélifme de l'axe apparent de l'éclyprique: L ‘Cette figure curicufe & nouvelle rend raifon du mouvement annuel & journalier de notre globe autour du foleil, & des phénomènes qui ‘ SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 411 opèrent les faifons & l'inégalité dés jours fur les différentes parties du bob terreftre. L'Ouvrage eft maintenant fous prefle , & paroïtra inceflaimment. Le fieut Æecheux , ne change rien au prix déjà annoncé , il fera tou- jours de 24 liv. gärni d'un cadre doré, S'il fournit la caifle pour les envoyer en Province, on joindra 3 liv. en-fus. La caïfle pour pluñeurs Planétaires ne coûtera pas plus. Ceux qui ont acquis le premier Planétaire pourront fe procurer la nouvelle Alidade ou sub Méridien garni de nouvelles pièces avec le Livre inftruétif & le parallélifme moyennant $ hiv. pour Paris & 6 liv. pour la Province; le fieur Fzecheux fe chargeant de la boîte & de remettre le tour à telle Voiture qu’on lui indiquera, fans néan- moins payer les frais de tranfport. Le Livre inftraétif avec fes Planches pourra auffi fe délivrer feul moyennant 3 liv., lefquelles feront déduites du prix total fi l’on acquiert le Planétaire. Ees perfonnes qui feront jaloufes des premières épreuves pourront fe faire infcrire fans rien déboutfer , avant qu'il n’en annonce la livrai- fon ; afin qu'on leur délivre les premiers Exemplaires. Son adrelle eft roujours , ue du Sentier, près le Boulevard , à l'Hôtel de Madame la Préfidente de Meflay. On prie d’affranchir les lettres. Traité des Péages , dans lequel après avoir démontré les avantages qui téfulterorent de la fuppreflion de ce droit, on donne un plan de liquidation & d’indemnité , avec un plan d’adminiftration de la Navi- gation intérieure, ainf que des moyens de rendre navigables routes les rivières” qui en font fufceptibles , & d'ouvrir entr'elles des communi- cations pour opérér une navigation circulaire dans tout le Royaume; précédé d’an diféours fur la Navigation intérieure des différentes Puif- fances des quatre parties du monde. Par M. Aemand, ancien Confervateut des Forêts de l'Île de Corfe, ën-4°: de 152 pages; à Paris chez Ce/los & Jombert ; rue Dauphine. La première partie de cer ouvrage n'eft en aucune manière de notre compétence, & elle n’eft annoncée que parce qu'elle fait partie du titre général ; cependant il nous fera permis d’unir nos vœux à ceux de M. Allemand : il réfulteroit de fon exé- cution le plus grand avantage pour le commerce. La feconde partie de cer ouvrage ne préfenre qu'une fimple indication des facilités offer- tes par la nature dans chaque Province de ce Royaumé pour oùvrir dés canaux , non-feulemént propres à l'irrigation ; mais encore à la Navigation , en faifant communiquer enfemble les grands fleuves & les grandes rivières. M. Allemand fait connoître par une fimple énu- mération les Plans , les Projets qui ont été préfentés fous différens Rè- 22 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, gnes. Les uns ont été fimplement accueillis, & beaucoup d’autres . ordonnés & commencés & tous délaiflés par la fuite. L’Auteur en parlant de la Corfe fair voir combien il feroit avantageux de rendre navigable en partie les rivières de Ravignano & de Fieumorb., afin de tirer de. Dogoynano , de Wivario , de Guifont, de Pidropiano , &c. les beaux pins dont la Corfe eft enrichie ; ils y font connus fous la déno- mination de pins Larriccio. On ne fauroit trop engager M. Allémand à continuer fes recherches qui tendent toutes à enrichir le Royaume par le tranfport facile & pe coûteux de fes denrées, fur-tout fi les née mulripliés ceflent d’être le plus grand des obitacles pour la cir- culation. Effai fur l'Art d'imiter les Eaux Minérales , pat M. Duchanoy ; Doc- teur de la Faculté de Médecine de Paris, de l'Académie de Dijon, &c. Paris, én-1 2. chez Mequignon V'aîné, Libraire ,rue des Cordeliers 1780. Parmi le petit nombre de bons Ouvrages de Sciences qui paroiffent depuis quelque-rems, on ne peut manquer de compter l'Ouvrage de M. Duchanoy. Plein de vues excellentes , des fairs & des expériences aufi curieufes que neuves les appuyent & les confirment. Par exemple’, ce Savant Auteur démontre que l'exiftence du fer dans les eaux , mè- me les plus fimples, eft due à l'air fixe qui n’y eft que dans la pro- portion convenable à maintenir le fer diflous; que fi les fels alkalis dans ces mêmes eaux ne décompofent pas toujours les fels neutres, c'eft que ces fels alkalis font comme faturés par ce gas: c'eft pourquoi on trouve aflez fouvent des fels neutres dans ces eaux, , en même-tems que des fels alkalis. On pourroit obferver à M. Duchanoy que mal- gré cela il n'a pas réfolu abfolument la difficulté. formée par M. Monnet dans fon Traité des Eaux Minérales ; qu'il y a des eaux qui indépendamment de cette faturation contiennent un fel alkali miné- ral, fi peu alkali (fi on peut fe fervir de certe expreflion) qu'il eft incapable de décompofer les fels neutres. M. Monnet s’en eft afluré en effayant ce fel retiré des eaux, après lui avoir fait perdre fon air fixe par l’action du feu. Nous fommes portés néanmoins à croire que l'air fixe dans ce fel eft une double caufe qui l’empèche d’avoir tout fon effet, Parmi les expériences incéreflantes dont cer ouvrage fourmille, on doit diftinguer celle par laquelle M. Duchanoy a découvert que le gas décompofe le fer, & que de cette décompolition réfulte un air inflammable ; & celle plus importante encore où il prétend avoir con- vetti la terre ou chaux de fer en alun au moyen de l'acide vitriolique. Comme cette expérience eft rrès-facile à faire, puifqu'il ne s'agit que de combiner la. terre précipitée du vitriol martial avec l'acide vitrioli- que , on ne fauroit crop-tôr la répéter ; de certe découverte réfulreroit * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 413 la confirmation de ce grand principe avancé par Beker, que la terre argilleufe étoit dans l'origine la bafe du fer, * Minéralogie Géographique. Troïfième livraifon des feuilles qui entrent - dans la fuite de celles qui compoferont l’Arlas Minéralopique. | Cet Ouvrage commence par ordre du Gouvernement & dont M. Monnet, Infpecteur-Général des Mines , eft aétuellement chargé de fui- vre lexécution totale, à foufferr quelque retardement dans Ja publica- tion ; parce qu'il a été néceflaire qu'il allät fur les lieux mêmes faire des découvertes & des obfervations pour perfectionner & augmenter les matériaux épars çà & là , qu'on avoit déjà. On efpère ne plus, par la fuite, mettre tant d'intervalle entre chaque livraifon des feuilles qu'on publiera. Celles qu'on annonce aujourd’hui font au nombre de VII. SAVOIR: 1°, Une de partie de la Champagne où fe trouvent Rechel, Rofoy & Mezières, n°. 17 fur le Tableau. 2°. Une de partie de la Champagne & de la Picardie où font la Fère, Saint-Gobin & Laon, n°. 16 furle Tableau. 3°. Une de partie de la Picardie où fe trouvent Noyon, Chauny , Montdidier , n°. 15 fur le Tableau. -4° Une de-partie de la-Picardie où-font Corbie, Perronne & Ba- paume, n°. 8 fur le Tableau. 5°. Une de partie de la Picardie où font Saint-Quentin, Guife, Landrecy, n°. 9 fur le Tableau. , : 6°. Une de partie de la Champagne & de la Lorraine où font Stenay , Montmedy & Longwy, n°. 18 fur le Tableau. 7°. Une de partié de la Tiérache où fe trouvent Rocroi, Charleroi , n°. 10 bis fur le Tableau. 8°, Une de partie du Heïnaulr où font Philippeville, Givet, Ma- riembourg , n°. 10 fur le Tableau. Ces feuilles continueront de fe vendre, comme les 25 précédentes , chez M. Dupain-Triel, père , Géographe du Roi & de Monsieur , Cloi- tre Notre-Dame: chez fon fils,rue des Noyers, près Saine-Yves , & chez M. Defnos, Géographe-Libraire, rue Saint-Jacques. A BD EN ASE RUE CG ULUE 81 Contenus dans ce Cahier. Hs TRAIT ou analyfe du Memoire de M.MEesster , Affronome de la Marine , de l'Acadèm Royale des Sciences , &c. fur le Froïd extraordi- 0 424 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, &. naire reffenti a Paris & dans une partie de l’Europe au commencement de L'année 1776, inféré dans le dernier Volume de l'Académie des Sciences , de la même année, page 337 Lettre de M. FAuyas DE SamT-FonD, aux Auteurs du Journal, 357 Expériences & Obfervations fur les qualités Méphitiques des Emanations de plufieurs fubffances Végérales , 363 Defiription d'une Machine éleétrique à deux Plateaux ; par A. le Comte DE BRILHAC, A7 Objérvations fur Le Cuivre contenu naturellement dans les Mines d'Erain ; par M. le Baron De Dierricx, 351 Mémoire fur l'Hygromètre ; par M. l'Abbé Corineau, 384 Réfutation de l'Opinion de la tranfmutation des Animaux en Végétaux ; par M. RicnaAn», petir-fils du Jardinier de la Reine, . 400 Réponfe de M. MicuAuD, Maître en Chirurgie , à Aubervilliers ; a M. GARDANNE, 403 Extrait d'un Rapport fait à l'Académie des Sciences, le 21 Janvier 1780, Jur la manière de faire artificiellement le Cryflal de roche, le Spath calcaire & Les Pierres fines colorées ; par Meffieurs Brisson , DE Fon- TANIEU ET CADET » x 407 Annonces Littéraires , 410 A PP ROME, AuTy LOL. 1 lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux, un Ouvrage qui a pour titre : Obfervations furla Phyfique, fur l’Hifloire Naturelle & fur les Arts, &c.; par M. l'Abbé Rozirr, &c. La Collection de faits importans qu’il offre pério- diquement à fes Leéteurs , mérite l'accueil des Savans ; en conféquence, j'eftime qu'on peur en permettre l'impreffion. A Paris , ce 27 Mai 1780. VALMONT DE BOMARE, PET: CE = = =" À = TN CE TE Jedlr Ja AJac 12780 + a. pe 22. II. go &E o os Thermom. igrometre Jelèer Jak Mas 1786. A TS dE TT ee Le L2 Ge es 6 D —— = En: TJOURNAL DE PHYSIQUE. lF | JUIN 7 7816. ] 3) => a || == = EE ren 0 Se — FABDANON CE DE M MACBRIDE;: Par M.VicQ D'Azir, Doëteur-Réoent de [a Faculté de Médecine de Paris, de l’Académie Royale des Sciences, &'c. Secrétaire perpétuel de La Société de Médecine. lp les routes différentes qui conduifent à l'immortalité , les unes font rapides mais efcarpées, les autres exigent une marche lon- gue & une fuite de recherches dont peu de perfonnes font capables ; quelques-unes font tracées par le hafard qui femble les offrir à ceux qu'il favorife; il en eft d’autres qu'un travail neuf & facile ouvre à quelques favans dont l’hiftoire fetrouve liée avec celle de leur fiècle , fans qu'ils fe foient donné la peine dont cette diftinction eft ordinairement le fruit. Tel a été le fort de M. Macbride, Docteur en Médecine & Chi- rurgien à Dublin. Doué d’un caractère paifble , il culriva les Lettres & les Sciences avec modération , parce qu’il les aima plutôt pour elles-mêmes que pour fes propres intérêts. Il devint célèbre fans en avoir formé le projet, & une époque brillante fixa fa réputation , fans troubler le bonheur de fa vie. Ce Phyficien naquit le 26 Avril 1726, à Ballymoni dans le Comté d’Antrim en Irlande, de Robert Macbride(1}, Miniftre d’une Con- régation de Presbytériens, & de la fille de M. Boyde d'Hillaghei, de à Province de Down. ————————— "TT, (1) La famille des Macbride eft originaire de la province de Galloway en Ecoffe, où elle eft ancienne & confdérée. Jean Macbride, ayeul de M. David Macbride , s'étoit acquis une grande réputation par fon favoir & par fa piété. Il fu appellé vers la fin du dernier fiècle à Bedfort, par une Congrégation de Presbytériens ; pour être leur Miniftre. Tome XV, Part. I, 1780, HULN: H bh \ 46 ORSERVATIONS, SUR LA PHYSIQUE, M. Macbride apprit les élémens des langues Grecque & Latine dans l’école publique de Ballymoni (1) & enfuice dans l'Univerfité de Glafcow. Ayant témoigné du goût pour la Chirurgie (2), M. Beere, Chirurgien en Chef d’un Hopital en Angleterre & fon parent , l'ap- pella auprès de lui; il y refta plufeurs années, & il y acquit la bafe des connoiffances dont il a fair depuis un fi bon ufage. Ce n'efl en effet que dans les afyles où une adminiftration fage rodioue des fecours à l'humanité pauvre & fouffrante, que les jeunes Médecins & les Chirurgiens trouvent des leçons utiles; ceft-là où parmi des moribonds, des malades & des convalefcens , ils apprennent à connoître les différentes nuances de la vie & les horreurs mème de la mort ; c’eft-là où la nature fe préfente avec tous les dérangemens que notre frèle conflitution peut permettre; c’eft-là où l'on recherche fans obftacle dans les différens organes, les caufes de leurs maladies , & où la main incertaine de l'élève peut s'eflayer fur des corps inani- més ; c’eft-là où le Chirurgien s'accoutume à facrifier une partie de certe fenfbilité qui, fi elle exifte toute entière, le rend tremblant & timide & qui, fielle efl tout-à-fair détruite, le change en un hom- me dur & même cruel; c'eft là enfin où l’on s'exerce à lire dans les yeux, dans les traits du vifage, dans les geltes , dans le maintien des malades, & à y dinftinguer ces fignes que l'Obfervareur apperçoir fans pouvoir les décrire, que lon cherche en vain dans les livres & fur lefquels il eft fi important de ne pas fe tromper. M. Macbride ne fortic de cette école que pour occuper pendant la guerre qui précéda la paix d’Aix-la-Chapelle, une place de Chirurgien à bord du Koyal Nary. Dirons-nous que pendant cette Campagne il donna des preuves fréquentes de fon courage & qu'il aimoit à fe mêler parmi les com- bartans ? Celui qui a le bonheur d'être dévoué par fon état à con- ferver les hommes, doit-il jamais fe permettre de contribuer à leur deftruétion ? Ce trait que plufieurs de fes compatriores nous ont com- muniqué avec enthouliafme , nous peint M. Macbride à cetre époque comme un jeune homme bouillant , intrépide & digne à cet égard plutôt de notre étonnement que de nos éloges. La Campagne étant finie, M. Macbride qui fe deftinoit fur-tout à la pratique des accouchemens , fuivit pendant quelque-tems les le- cons de l'illuftre Smellie , & il fe fixa à Dublin en 1749. Depuis ce moment jufqu’à l’année 1764 , fa vie n'a rien offert de remarquable. Le goût exquis qu'il avoit pour la Peinture & en général (:) Sous. la, direétion du. Docteur. Duffin. (2) M. Thompfon , Chirurgien à Ballymoni , lui en donna les premiers principes. SUR'LHIST. NATURELLE ET LES ARTS, 417 pour les Arts agréibles, ralentir même beaucoup fes progrès dans la confian‘e du publi: , qui, à Dublin comme par-tout ailleurs, ne fouf- fre pas que ceux qu'il charge du foin de fa fanté s'occupent d'autre cho- fe ; qui femble résardér comme impoñlible le mélange de leurs fonc- tions avec des plaifirs quelconques, & qui, après les avoir mis par cette opinion dans la nécefñité de paroïtre plus férieux & plus com- pofés , eft quelquefvis allez injufte pour leur en faire un reproche. M. Macbride n'eut aucun égard à we préjugé; il fe muntra peut- être un peu crop diftrait, & un oubli de plufieurs années le punit de certe faute. Il profita pour fe faire connoïre, de ces inftans dans lefquels l'ignorance & la routine fe trouvant en défaut, rendent au vrai mérite , fous quelque forme qu'il fe préfente, l'hommage qui lui eft dû, & le public ne pur enfin lui refufer la confidération la plus grande dans la pratique de la Médecine , & fur tout dans cerre partie de la Chirurgie qui, en préfidant à la naïffance des hommes mérité le premier tribut de leur réconnoiffan.e; Art d'autant plus avantageux à ceux qui le pratiquent , que prefque routes les circonftan.es les pla- cent comme des bienfriteurs auprès d’une mère inquiète & d'une famille attendrie, & que d’ailleurs des fuccès, le plus fouvent faciles & pré- parés par une heureufe conformation , font toujours attribués à l'art, tandis que les fautes de ce dernier font aïfement rejettées fur la nature, Outre les occupations de fon état, M. Macbride fe livroit encore à des travaux d’Anatomié & de hymie ; il afliftoit même fouvent aux leçons de MM. Cleghorn (1) & Hurt Kenfon 2). Cet excès dé modeftie lui fit trouver grace auprès de ceux qui étoient le plus dif- ofés à le cririquer , & au milieu même de fa célébrité, peu de voix s'élevèrent contre lui. Il fixa principalement fon attention fur les propriétés refpeétives des différentes fubftances qui peuvent accélérer ou retarder les progrès de la putr'faction, & fur la narure & la combinifon des vapeurs qui s'en élèvent. Efayons de donner une idée convenable des belles expé- riences qui ont afligné à M. Macbride une placé diftinguée parmi les Phyf.iens modernes. Paracelfe & Vanhelmont ont prefque entièrement ignoré l'influence de l'air fur la putréfaétion. Beccher eft un dés premiers qui en ait développé les mouvemens intérieurs. Il a fur-tout étibli qu’elle ne peut exifter Es le concours de l'air, de la chaleur & de la fluidité (3). (x) Célèbre Profeffeut d'Anatomie à Dublin, Affôcié étranger de la Société Royale de Médecine. (2) Profefleur de Chymie auf très-célèbres (3) Stahl n’a rien ajouté d'important aux obfetvations de Béccher fur 14 putréfaétion. 1780. JUIN. Hhh2 428 OBESRVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Boyle a prouvé qu’elle n’a pas lieu dans le vuide, & qu'il fe dégage beaucoup d’air des fubftances foumifes à fon action. Le Docteur Ha- lès a fur voir par une fuite de faits très-intéreffans , que ce fluide donne aux élémens des corps toute la cohéfion dont ils ont befoin (1); vérité que Newton avoit annoncée. En expofant divers mélanges dans des vaifleaux ouverts (2), M. Pringle a obfervé les différens états de la putréfaétion. Dans le mème-tems à-peu-près le Doéteur Black , Profefleur de Chynie à Glafcow, faifoit fur la magnéfie des travaux qui font de- venus depuis fi célèbres. Il a démontré que cette terre ne devoit fa caufticité qu'à la privation d'un principe aëriforme, & qu’en le lui rendant elle devenoit effervefcente & infoluble (3). M. Macbride réfolut d'appliquer ces découvertes à l'économie ani- male, & il publia en 1764 le réfultat de fes expériences , auxquelles il fit, trois années après, des additions importantes (4). On peut conclure de fes nombreux effais, que la digeftion eft une efpèce particulière de fermentation dont le chyle eft le produit ; que les vapeurs qui s'élèvent des différens mélanges alimentaires ou des effervefcences des acides avec les alkalis, dirigées vers le poumon d’un animal, le fuffoquent en peu de tems; que cependant des viandes putrides expofées à leur action, perdent leur mauvaife odeur & acquiè- rent de la fermeté; que’ routes les fubftances qui fe pourriffent, laif- fent échapper une plus ou moins grande quantité d'air fixé qui rend Valkali volatil cauftique effervefcent, & qui précipite la chaux fous la forme d’une terre calcaire, jouiffant de la mème propriété ; que tout ce Cr) Suivant le Docteur Halès, fes fubftances animales les plus dures font celles qui contiennent le plus d'air. Cet Auteur a même confeillé ,-pour le purifier, de Le faire pañler au travers d'un filtre imprégné d'huile de tartre. (2) Ces tentatives ont conduit M. Pringle à la recherche des meilleurs antifepti- ques, parmi lefquels il a rangé les aftringens en général, les gommo-réfineux , & fur- tout le camphre. Les expériences de M. Pringle ont été répétées à Montpellier par M. Coulas, & à Paris par Madame d’Arconville, avec les mêmes réfultats. Ce der- nier Auteur penfe que l'art de prévenir la putréfation confifte à éloigner le contact de l'air. Le Docteur Gaber a démontré à Turin que la putréfaétion des fubftances ani- males eft toujours accompagnée de la production de l'alkali volatil. (3) Cette doctrine a fur celle de Meyer, Chymifte à Ofnabruck, l'avantage de la démonftration phyfique, puifque l'exiftence du caufficum n'eft point établie fur des faits, tandis que l'air fixé eft une fubftance que l'on dégage, que l'on renferme, & que l'on foumer à diverfes épreuves. (4) Voyez Experimental effays on medical and philofophical fubjeës ; in-8°, London, 1764: correëled & enlarged , 1767: traduit en Allemand par M. Rahn à Zurich en 176$, & en François par M. Abbadie à Parisen 1766, L'Auteur a ajouté beaucoup d'obfervations dans l'édition Angl. de 1767. SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ATRS. 419 qui en favorife le dégagement accélère la putréfaétion, & que parmi les organes du corps humain , les uns abforbent ce fluide, & les au- tres au contraire le laïiflent échapper. De ces différens principes naif- fent les confidérations les plus utiles fur Les effets de l’humidité appliquée au corps humain , fur la nature des fucs qui fervent à la digeftion, fur l'afage des vapeurs aëriformes dégagées des alimens, & introdui- tes avec le chyle dans les vaifleaux lactés , fur la vertu des remèdes propres à rendre aux humeurs la confiftance qu’elles ont perdue , fur les propriétés médicales des alkalis 1) & de l’eau de chaux , & fur la nature & le traitement du calcul & des concrétions goutteufes (3. Le carac- rère acide de l’air fixé n’a point échappé à la fagacité de M. Macbri- de; ilaété fur le point d’en ee routes les preuves (4); enfin il femble qu'il ait preflenti les découvertes des modernes fur le mélange des différentes vapeurs aériformes , en avançant que cette efpèce de gas qui précipite la chaux & qui eft incapable de fervir à la refpiration, exifte cependant dans l'armofphère , puifque les alkalis deviennent doux à l'air. Une des plus heureufes applications de la théorie de M. Macbride a été l'emploi de la drèche pour prévenir ou guérir le fcorbut des gens de mer. IL a démontré que l'orge germée eft éminemment anti- purride, & on a attribué une grande partie des fuccès de M. Cook, dans le fameux Voyage donc il a donné la relation, à l’ufage que les marelots ont fait de cetre fubftance. « Ces effais, dont la lecture féduit & perfuade par l'enfemble & par l'unité des idées , reçurent le plus grand accueil de la part de tous les Phyfciens. La Faculté de Glafcow qui fe glorifoit d’avoir eu M. Mac- bride parmi fes Elèves, voulut auili le compter au nombre de fes Docteurs , & elle lui en conféra le titre. Depuis cette époque il joi- gnit à la qualité de Chirurgien, celle de Docteur en Médecine, d’au- tant plus honorable pour lui, qu'il ne lavoir point demandée. Cette (x) Ees alkalis agiffent en ramolliffant la chair, les acides Ia durciffent , les fels neutres ont peu d'effer, & le quinquina fournit, en fermentant, beaucoup d'air fixé, qui eft le moyen le plus sûr d'arrêter la putréfzétion. (2) La chaux ayant la propriété de rendre les réfines folubles dans l'eau, il con feille , pour le traitement de certaines maladies, de les faire prendre diffoutes dans l'eau de chaux, Cette dernière étant troublée par l'air fixé, il recommande de ne pas la boire aux repas; comme l'urine la précipite également, on doit, fuivant-lui, pré- férer, dans le traitement de la goutte ou du calcul, l'ufage des alkalis fixés caufti- ques étendus dans une liqueur adouciflante, (3) Suivant fes principes, la goutte n'eft que l'effet d’un gas aëriforme furabon- dant, qui précipite la terre des os dans les articulations. (4) Le feul motif qui rendit cette acidité douteufe pour M, Macbride étoit qu'il p’avoit pas vu l'air fixé faire eeryefcence, 430 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, circonftance le diftingue de la foule de ceux dans lefquels on ne feroit point étonné de voir ces qualités téunies, fi l'on trouvoit en eux les connoiffances dont la loi a voulu qu'elles foient les caractères. M. Macbride qui amoit & cultivoit un grand nombre d'Arts uti- les, tira de fes expériences chymiques un moyen de rendre les pro- cédis de la Tannerie plus courts & moins difpendieux. La méthode qu'il a fait connoître (1) eft principalement établie fur ce que l'eau de chaux appliquée d'une manière qu'il indique, extrait plus puifflam- ment & plus promprement que l'eau pure la partie de l'écorce de chène qui eft néceffaire à la préparation des cuirs Les eaux acides vé- érales ne pouvant point être employées lorfque l'on fuit ce procédé , il a confeillé d'y fubftituer l'acide vitriolique affoibli. Un Aruifte ha- bile de Dublin à eflayé en grand &c avec fuccès ce nouveau moyen, qui abrége au moins d’un an le travail dont un cuir fort eft fufcep- tible avant d'être livré au commerce. Les Sociétés des Arts d’Anpgle- terre & d’irlande ont afligné différentes Médailles à l’Auteur de cette découverte, que l’on ne connoît point encore en France. M. Macbride n’a publié que deux obfervations relatives à l'Art des Accouchemens (1,. Le plus confidérable de fes Ouvrages eft une EEE) (1) Account of a new method of tanning ; 1769. Infruétions to tanners ; for carring on the new of method tanning , c'eft-àdite : Infr.@ion adreffée aux Tanneurs, fur la nouvelle méthode de tanner Les cuirs, inventée par le Doët. Macbride, de Dublin ; du premier Mai 1777. Le principe fur lequel certe nouvelle méthode eft fondée , eft que l'eau de rhauæ extrait plus puiflamment que l'eau pure La partie de l'écorce de chêne qui ef} nécef- faire à la confervation des cuirs. L'Auteur de l’'inftruétion donne le détail d'une manière de préparer l'eau de chaux en grand. Il faut, dit-il, quelle foic claire comme de l'eau de roche pour être em- ployée: alors on en fait précifément le meme ufage qu'on faifoit de l'eau pure dans l'ancienne méthode. Pour les cuirs qu'on n'eft pas dans l'ufage d'artendrir par le moyen d'une eau acide avant de les ranner, il n'y a rien de plus à dire. Quant à ceux-ci, l'Auteur obferve que les eaux acides qu'on eft dans l'ufage d'employer , font tirées des grains , comme le riz, &c. & qu'elles ne conviennent plus dans la nouveile mérhode. Il faut y fubitituer de l’acide vitriolique a#oibli. Les proportions d'huile de vitriol & d’eau font d'une pinte d'huile de vicriol fur cinquante gallons d’eau pure ( le gallon contient environ quatre pintes de Paris ). L'Auteur s'efforce de détruire les préjugés des Tanneurs contre l'emploi de l'acide vitriolique. Il dit que dans les blauchifferies de toiles on a eu long tems le même préjugé, & que l'expérience en a défabulé. 11 prétend que les expériences deja faires far les cuirs prouvent que l’acide vitriolique leur donne une qualité fupérieure & n’a aucun inconvénient, tandis que les eaux acides tirées du riz , &c. en ont beaucoup. Cette préparation par l'acide vitriolique une fois faire , le refte du procédé eft le même que pour les cuirs qui n’en ont pas befoin. (2) An account of tew extraordinary cafés artes delivrey, Tom. V des Medical obferv. inquiries. L1 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 431 Zrurodu£ion (1) à la Médecine théorique € pratique, en deux volumes in-8°. elle eft écrite avec méthode & pureté. Après avoir divifé le corps humain en trois fyflèmes , les vaifleaux , les nerfs & le riflu cellulaire, l'Auteur donne une analyfe des fignes principaux qui carac- térifent les différentes maladies , qu'il décrir enfuite & il finir en expo- fant les moyens que fon peur employer pour les combattre : cerre dernière produétion prouve que M. Macbride poflédair tout ce qui étoit connu, en Médecine ; mais la première a fair voir qu'il évoit capable d'y ajouter & d'en reculer les limites, Quoiqu'il für très-confidéré à Dublin, avant qu'il eût publié ces différens Ouvrages, cependant on navoit pas pour fes talens le degré d’eftime qui leur étoit dü. La grande réputation que fes travaux & fes découvertes lui méritèrenc dans toute l'Europe, apprit à fes Concitoyens à l’apprécier: car la voix de la renommée à quelquefois befoin d’être réfléchie des extrémités du monde littéraire vers le lieu d'où elle eft partie, pour y produire tout l'effer que l’on doit en attendre. A l’état de Médecin, M. Macbride joignoit les fonétions pénibles d'Accoucheur; fa douceur & fon affabiliré lai gagnoient l'amitié de toutes les perfonnes qui avoient recours à fes avis. L'homme foutfranc a fouvent, autant befoin de confolation que de remèdes; & il y a des maux que l’on ne foulage que lorfque l’on fait les partager. M. Mac- bride employoit ces différens moyens d’une manière qui annonçoit en mème-tems la bonté de fon cœur & la profondeur de fes connoiffan- ces. 11 réunit bientôt la confiance générale, Son zèle auroit nf. à fes occupations, fi fes forces l'euflenc permis; mais il ne put réfifter à tant de farigues. Il fur artaqué dans le mois d'O&tobre , d’un rhume opiniâtre , qui ayant été négligé, dégénéra en une fièvre catharralé , dont il mourut le 28 Décembre 1778 , âgé de cinquante-trois ans 2). Sa perte dans un âge aufli peu avancé, fur fuivie d’une. confterna- tion. univerfelle, IL. étoit: devenu un de ces hommes dont une nation s’honore , & toute l'Irlande prenoit part à fa confervation. M. Macbride a auffi publié le Mémoire fuivant : Az account of the revivifcence of fome mails , preferved many years in M. Simons cabinet. Ce Mémoire fe trouve dans les Tranfaëions Philofophiques, Tom. LXIV en 1774: il eft adreflé au célèbre M. Walsh. (1) Methodical introduëfion to the theory and praëtice of the arte of Medecine , 1772; enlarged and correéted, 1777. Cet ouvrage a été traduit en Latin & en Hollan- dois en 1774 per M. Clofs. Trajeëti ad Rhenum. (2) Il s'étoit marié deux fois ; il avoit eu plufieurs enfans, dont aucun ne lui a farvécu. Il ne refte de fa famille que M. Jean Macbride fon frère, un des plus braves Officiers de la flotte Angloile, & Capitaine à bord du Bienfaifunt, vaifleau de 64 canons. 432 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Nées pour la peine autant que pour le plaifir , dévouées en quelque force à l'éducation & au bonheur des homines, deftinées à leur fournir le premier aliment & à leur prodiguer les premiers foins, expofées à un grand nombre d'infirmités & de maladies dont cette noble fonc- tion eft la fource, les femmes ont toujours eu l'intérêt le plus vif à s'occuper de leur fanté & à choïfir un Médecin habile. Celui donc elles ont jugé la fenfibilité & les connoiffances proportionnées à leur tempérament & à leur caraétère ; celui auquel elles ont révélé les fecrets d’une conftiturion foible & délicate ; celui qu'elles ont en mê- me-tems chargé de la confervation de leurs enfans, & des mains du- quel elles les ont reçus , eft devenu pour ainfi dire néceflaire à leur exiftence; le perdre eft un malheur qu’elles reflentent vivement; que Jon juge d’après cette réflexion des regrets que la mort de M. Mac- bride excita parmi les Dames les plus refpeétables de Dublin, dont il étroit le Médecin & l’Accoucheur. Les Mères de familles ont répandu des larmes fur fon tombeau, les Poëres y ont jetté des fleurs (1), fes Conciroyens lui ont confacré des éloges ; 1l manquoit à fa gluire d’être loué par fes Confrères au milieu des armes & au-delà des mers qui divifent les Empires, fans mettre d'autre éloignement entre les Savans que celui de la diftance dont leur génie & leur travaux franchiffent aifément l’incervalle, QG) Voyez 1°. An elegy on the death of Dr. Macbride. By Dr. Houlton, en 14 ftrophes. 2°. Ode on the death of duétor Macbride. Dame-ffreet. Jan. 4. Aurore Edw. Nolan, en 10 ftrophes. 3°. To dottor Houlton , on bis very elesant elegy on the death of doëtor Mac- bride. . .. Sappho. 4°. Doétor Houlton, to Sappho. 5°. On the death of David Macbride , Efq. M. D. By a Lady. Jan. 6, 1779. v# À 42 LU é LETTRE ’ “ha : Lu à nn SUR L'HIST. NATUREILÉ ET LES ARTS. 433 Less Erin E De M. BrequiN De DemeNce , Colonel-Ingénieur au Service de leurs Majeflès Impériales &, Royales, à M. l’Abheé MANN, de l'Académie Impériale & Royale des Sciences &! Belles-Lettres de, Bruxelles: J ’AuRO1S fort fouhaité, Monfieur, de m’acquitter moins tard de fa promefle de vous envoyer la-Defcription & les Plans de lAremomèrre de mon invention , donc feu Son Altefle Séréniflime Monfeigneur le Duc d'Aremberg vous a parlé. C’eft l'ouvrier chargé de faire le modèle de cet inftrument que vous a demandé Mylord Mulgrave , Commif- faire de 1 Amirauté Britannique, qui m'a arrèté jufqu'à ce moment. Il feroit heureux pour moi, ft cet Inftrument pouvoit vous procurer , Monfeur , & à cet illuftre Navigateur ,. autant de plaifir que j'en ref- fens én vous le communiquant, Je ne donne ‘pas mon ÂAnemomètre pour quelque chofe de parfait ; 1l eft cependant certain, que quand il eft bien conftruit, il;donne aflez bien la force & la vielle du vent; je ne dis pas avec la dernière précifon , car je doute foft que l’on puille y. parvenir. Sa dilatation par la’ chaleur , fa condenfation par le froid , le plus ou-moins.de vapeurs, & d’autres fubftances hétérogènes que l'air contient , feront toujours des obftacles dificiles à furmonter dans l’ufage journalier. Mais en obfervant toutes ces modifications de l'atmofphère par des inftrumens convenables, dans des cas remarqua- bles , & en combinant les unes avez les autres, peur-être approcheroit- on beaucoup de cette précifion fi .defirée. EN Cet Anemomètre eft une efpèce de moulin à vent avec fix aîles ren- fermées dans une efpèce de,cage compofte. de. douze volets fixes, comme on peut le voir dans les deflins (Planche 1, fig. 1 ;:) qui l'accompagnent. Son premier axe eft vertical , & 1l porte une Roue-de- champ qui s'engraine dans une feconde roue dont l’axe eft horizontal , précifément comme dans les Anemofcopes qui marquent les Rumbs de vents. à Celui-ci a un reflort fort élaftique fur le fecond axe , dont un bout eft attaché à l’axe , & l’autre à un piton-a-vis, ( Voyez Defliin del'Elé- vation g,h}). Le Reflort donne à cet axe , de même qu'à celui des ailes, la liberté de faire une tévolution , jamais plus ; & il doit érre d'une force que le vent le plus fort qui tourne les ailes, ne le fera Tome XV, Part. I. 1780. JUIN, Jii 434 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, pas affez pour lui faire achever la révolution entière. C’eft par le moyen de ce rellort , & avec une fuite de poids proportionnés à la force du reflort & à la grandeur de l’inftrument , que l’on marque les divifions fur le cadran. Ces poids doivent être fucceflivement fufpendus à un cordon (4,4,c,4d,) qui pale les dents de la feconde roue, & fait tourner l'index en raifon de la quantité de chaque poids, jufqu'à la révolution entière, où il eft arrêté par un Piton (e,f.); & lorfque toutes ces divifions font tracées fur le cadran dans une fuite régulière, ce cordon devient inutile. L'on peut voir dans les Œuvres de Hiygens, de Marorte, de Bélidor & de Bouguer ( Manœuvre de vaifleaux , p.184), des Tables où les degrés de force des vents qui frappent une furface d’une grandeur déterminée , font comparés avec une fuite ré- gulière de Poids d’égal: impulfton. Les divifions de mon Anemomètre expriment la force comparative du vent qui fait tourner les ailes & pe jafqu’à un certain point, avec la quantité du poids qui a fervi pour les faire tourner jufqu'au même point. Ceci eft le principe général fur lequel cet inftrument eft conftruit, puifqu’il mefure & compare les diverfes forces impullives du vent avec celles de différentes quancités de poids : or, il eft clair que les diverfes forces du vent, & les divers poids fufpendus , dont l’une & l’autre font tourner l'index jufqu'à la même divifion du cadran, ‘feront toujours en raifon l’une de l’autre. Par là, on eft à même de comparer les degrés ou les forces refpec- tives de divers vents entreux , ainfi que leurs vitelles , qui y fonc toujours proportionnées, ce qui eft fi eflentiel en Météorologie , & plus néceffaire que de connoître la force abfélue d'un vent quelcon- que en lui-même. Mais ces deux indications fe réuniffent par le moyen de cet Anemomètre; car, quoique le vent entre dans la cage fur une _plus grande bafe que celle des ailes qui font tourner les roues & l'in- dex, & que par là il femble que l’inftrument doit marquer plus de vitelle & de force que le vent n’en a réellement , cépendant, fi on confidère que les frotremens du vent, ainfi que fes réfleétions & fes -répercuMons réitérées contre les volets, doivent rallentir fa force & fa vitefle enforte de faire une compenfation , ou même de les rendre égales à celles d'un vent qui agiroit libremenc fur une furface égale à une des”ailes quand elle eft perpendiculaire au vent, on'verra que la force abfolue du vent doit être à-peu-près égale à la force im- pulfive du poids qui a fervi à marquer cette divifion fur le ca- dran. : J'ai dit'que les ailés de cer Inftrument (fig. 2), font logées dans une forte de cage compofte de douze volers fixes. Ces volets font inclinés de 30: degrés fur le rayon prolongé ; & c'éft l'inclinaifon qui ma paru la plus avantageufe , pour que de tel côté que le vent SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. %43$ fouffle, les ‘ailes puifflent fucceflivement recevoir tout celui qui fe dirige perpendiculairement fur elles, le corps de l'inftrument reftant fixe & immobile. On peut conftruire cet inftrument de telle grandeur que l’on vou- dra , ayant feulement attention que les ailes qui reçoivent l'impul- fion du vent, le reflort , ainfi que les poids qui fervent à marquer fa force , foient toujours en même raifon enfemble. J'en ai conftruit dont le cadran avoit jufqu'à quatre pieds de diamètre, & le refte en proportion , d'où l'on peut juger de la grandeur de la machine entière. Ce que je viens d'en dire ici, avec les Defins qui l'accompa- gnent, eft plus qu'il ne faut pour mettre un habile ouvrier fur les voies de conftruire cet inftrument dans toute fa perfection , & d’avoir fur ce principe , des Anemom'rres de comparaifon , chofe très-defirable dans la Météorologie ainfi que dans la Navigation , où il eft à-peu-près aufli néceflaire , pour connoïtre la vraie route que l’on fait, de pouvoir déterminer les diverfes forces & les vitefles du vent, qu'il left de déterminer les directions & les vitelles des courans, par le moyen du Locq. Or, un Anemomètre tel que je viens de décrire , étant placé fixe fur la poupe d'un navire, fon cadran, dont les divilions expriment la force impulfive & la vitefle abfolue du vent, étant tourné vers les mâts; fon index , qui fera continuellement en mouvement , mon- trera à tout inftant à l'équipage en fonétion, toutes les variations en force & en vitelle de chaque coup de vent , depuis le moindre fouffle, jufqu’à la plus violente bourafque. L'expérience m'a fait voir que pour divifer le cadran de mon Ane- momètre spi 4 jufqu'à vers 20 degrés de vicelle, le frottement produit par le poids de la roue à volet, de fon axe, & de la roue dentée qui y eft fixée, occafionneroit des différences , à la vérité peu confidérables & de peu d'importance , car les vents foibles n'inté- reflent guères : cependant, pour plus grande précifion , il eft bon de tracer ces premières divifions avec un ÆAnemomètre à reffore à Boudin , c'eft-à-dire , à-peu- près comme celui de M, Bouguer , le même que M. Van Swinden emploie; mais il doit être recñé ; l’u- fage que j'en ai fait m'a prouvé, qu'en le conftruifant comme M. Bouguer l'explique , il ne peut jamais marquer jufte. Il dir (à la Pig 186), que» pour graduer o1 pour divifer la verge (C D), ül faut que l’inftrument foit prefqu’entièrement conftruit. On le met dans une fituation verticale , & on place fucceflivement des poids plus où moins grands fur le Plan (AB) qui fe trouve alors horizontalement «....... J'ai re-. marqué qu'afin que le plan & la verge puiffent réfifter au choc d’un vent de 80 pieds de virefle par feconde, ces deux pièces doivent pefer au moins 25 onces de Paris, ce qui feul donne le choc d’un vent de plus 1780. JUIN, lii 2 436 ‘OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, de 10 pieds de ;vitefle. L'inftrument étant vertical , & voulant marquer un vent de 10 pieds de virefle, il faut pofer, fuivant M. Bouguer , 23 onces fur le plan , qui étant joint à fon propre poids & à celui de la verge, font 4% onces au moins , ce qui indique la force d’un vent d'un peu plus de 14 pieds de viteffe par feconde , tandis qu'on n’en marque que 10 , & ainfi des autres vitelles. (1) Lorfque les divifions font tractes, & qu’on veut fe fervir de cet inftrument , le tuyau qui étoit vertical , pour marquer les divifions, fe trouve horizontal : alors, la pefanteur du plan & de la verge n'agit plus que par le frottement, qui fans rouleaux, eft à-peu-près f. tiers du poids, & avec des rou- leaux, ce tiers eft dans le rapport du diamètre d’un axe de rouleau au diamètre d’un des rouleaux , ce qui eft réduit à fi peu de chofe, qu'au mien , ce frottement eft furmonté par 28 grains. Si donc en divifanc l'inftrument j'ai marqué 10 degrés là où il doit y en avoir 14, cela fait une différence fenfble qui influe plus ou moins fur toutes les divifions ; or , la Phyfique veut, comme la Géométrie, le plus de précifion qu'il eft poffible.. Vous favez, Monfieur , qu'en tenant cet inftrument à [à main; comme le dit M. Bououer , on n'eft jamais affuré de le tenir horifon- talement ; sil eft oblique , que l'extrémité où eft Le plan foit plus élevée que fon oppofée,, l’'inftrument marquera trop ; & s'il eft oblique du fens contraire , il ne marquera point aflez. Dans le premier cas, le poids du plan & de la verge agira fur le reflort, & dans le fecond , ce poids dilatera ce reflort; outre cela , plus une furfäce eft oblique dans un courant , moins elle recoit de choc. Donc en obfervant avec cet inftrument , il doit être horifontal. Il n’eft guères pofhble de le mettre dans le courant du vent fans une girouette ; n'y étant pas, le vent ne peut point agir avec toute fa force abfolue. Les divifions étant fort pres les unes des autres , & le vent agiffant par fecoufle, on ne fait, par un grand vent, quel degré prendre pour le plus approchant ; & enfin ,en tenant cet inftrument devant foi, l'obfervateur eft dansle courant du vent, ce qui produit une réfleétion qui empêche encore l'inftrument de marquer juite. Les changemens qui m'ont paru néceflaires à cet inftrument, font exprimés fur la Planche No. 2. A,B,C, D,(fig 1 & 2) Planche 2, eft un tuyau d’une forme (1) Le plan & la règle de mon Anemomètre à reffort à boudin , dont je vais faire voir la defcription , font aufli légers qu'il m'a été poffble ;: cependant quand il eft dans une fituation verticale, l'éguille du cadran marque 23+ degrés; ce qui prouve aux yeux combien il eft néceflaire de rectifier la méthode de conftruétion donnée par M. Bouguer. SURL'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 437 quarrée, préférable à un rond , à caufe que dans un quarré le reffort à boudin a moins de frottement. Ce tuyau eft compofé de quatre pièces qui s’emboîtent l’une dans l'autre. La première À , n’eft qu'accelloire ; elle fert à porter une pou- lie E, fur laquelle pafle un gros fl ciré dont une extrémité eft atta- chée au bout de la règle ou verge F; & à l’autre, on y fixe un baflin G de carton fufpendu avec du gros fl: c’eft fur ce baîlin qu'on pofe les différens poids dontona befoin pour marquer les degrés de virelles fur un cadran, & quand les divifions font tracées , la poulie devient inutile. La feconde pièce B eft pour le jeu d'une partie de la verge F; cette pièce de tuyau a fur deux de fes faces deux montans HI, fig. 1&2, qui fupportent une roue dentée K, qui s'engraine dans une cremaillère L fixée fur la verge F, qui eft de fapin , ou autre poids lé- ger, fendu & point fcié, pour qu'elle ne fe tourmente pas, & elle doit être très-fèche. Sur le montant H, fig. 3; , eft un cadran affermi par deux vis M, N; le centre de ce cadran eft traverfé par un des bouts de l'axe de la roue, & porte l'aiguille qui doit indiquer les degrés qu’on trace fur le cadran : on donne À ce cadran un diamètre de 8 à 9 pouces, il fuffit que ce diamètre donne une circonférence aféz grande pour que les divifions ne foient point trop près les unes des autres; la roue dentée demande plus d'attention, fa circonférence ne doit avoir qu'environ une ligne de plus que le jeu de la Règle F; c'eft pourquoi avant de faire conftruire cette roue, il fut choïfinun reflort à boudin dont tout au plus = d’once ou 18 grains, puille lui donner un mouvement de compreflion.. Après avoir ajufté le fil qui doit paflér fur la poulie, & y avoir fufpendu le petit baflin de carton, fi l'on veut, par exemple , que la plus grande vicelle qui doit être marquée fur le cadran foit de 8o pieds, & que le plan foit un quarré de 6 pouces de roi de côté, ayant une livre de Paris, on cherche dans la Table de M. Bouguer quel poids répond à la vireffe de 80 pieds , on trouve 9 liv. 3 onces, mais il ne doit y avoir que 9 liv. dont le quart eft z Liv. 4 onces : on. commence par marquer un trait de crayon fur la règle à l'entrée du tuyau; enfuite on pofe 2 liv. 4 onces fur le baffin : ce poids fair entrer la règle dans le tuyau plus ou moins fuivant la force du rellort , tandis que ces 2 liv. 4 onces font fufpendues, On marque encore à l'entrée du tuyau un fecond trait fur la règle , après quoi on ôte le poids & on mefure la diftance d'un trait à l’autre. Ayant, je fuppofe , trouvé s pouces 9 lignes, on dit: fi 22 donnent 7 combien donneront $ pouces 9 lignes ? on trouve 1 pouce 9 lignes +. Prenant À: pour un entier on aura 1 pouce 10 lignes pour le diamètre de la roue, mais il ne faut lui donner que 1 pouce 9 lignes afin que la der- nière divifion n'arrive point jufqu'à la première , & fur-tout qu’elle ne l'excède point , car l’aiguille doit tout au plus ne faire qu'une révolution. 438 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La troifième pièce C contient le reffort à boudin; elle a en o un fond percé d’un orifice quarré, au travers duquel pañle la règle fort aifément ; tout à côté de ce fond font deux petits rouleaux de cuivre a, b,avec un petit rebord à chaque bout, entre lefquels la règle pale facilement , mais fans pouvoir s’écarter n1 d’un côté ni d'autre. Ét la quatrième pièce D a aufli un fond en P & deux rouleaux c, d com- me les précédens. On fenc bien que la diftance d'un rouleau à l’autre doit être un peu plus grande que l’épaifleur de la règle , afin qu’elle puiffe pañler librement entre deux. À l'extrémité F de la règle, eft fixé le plan Q R, qui doit être expofé au vent. Ce plan eft formé d’un cadre de cuivre battu fort mince, ou de fer blanc, de 6 pouces de roi de côté, comme il eft dit ci-deflus; ce cadre eft foutenu par une croix S/, T + du mème métal , dont le profil doit ètre dans la direétion du vent afin qu'il puifle mieux rélifter fans plier; ce cadre eft couvert d’un fin rafetas ciré & coufu fur ce cadre qui doit être percé près à près pour y paller l'aiguille & le fil. Sous le tuyau eft une douille VX. Il y a en V, fig. 4, un petit cône de cuivre comme une chape d’aiguille de bouflole, &ilyaun petit cercle de cuivre foudé en X & percé dans le milieu pour y paf- fer une broche de fer emmanchée dans une hampe de bois ; c’eft fur cette broche que pofe tout l'inftrument , autour de laquelle il tourne à tout vent par le moyen d’une girouére de toile citée placée à l'extré- mité À , tendue fur un quart de cercle de baleine; le cadran fait auffi aflez bien l'effet d’une giroucte. Le Defin n°. 1 eft jufte la moitié de celui dont je me fers, l'échelle en donne les dimenfions. / Lorfque cet inftrument eft prefque achevé, & qu'il ne s’agit plus que de le divifer , on le pofe fur une table bien horifontale, on ajufte le fil qui doit pañler fur la poulie, on y attache le petit baflin de car- ton, comme il a déjà été dit, & on pofe fucceflivement fur ce baf- fin, les différens poids qui font indiqués dans la Table de M. Bou- guer, lorfqu'on a en mains la livre de Paris , & que le plan a un pied quarré de fuperficie, comme celui de M. le Profelleur Van Swinden; mais pour que l'infttument foit, comme dit M. Bouguer, le plus léger qu'il fera pofhble, je préfère, comme lui ,un demi pied quarré, alors c'eft le quart des poids marqués dans cette Table qu'il faut prendre. On doit pofer les poids légèrement , & à chaque pefée il eft bon de foulever auffi fort légèrement le baflin, & de le laifler baifer de mè- me ; enfuite on marque fur le cadran un point où l'aiguille s’eft arrètée le plus conftamment , on continue de même jufqu’à la dernière divi- fion ; cela fait, on tire du centre à ces points les lignes fur le champ du cadran, & on les écrir de $ en 5. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 439 Je crois qu'il n'eft point inutile de dire que j'ai remarqu£ qu’on peut fe difpenfer de divifer tous les degrés de virelle avec des poids, mais feulement de ; en $, & les intermédiaires de la manière fuivante. I faut conftruire un triangle rectangle ifofcèle A BC (fig.3, ) dont les côtés AB, BC foient chacun égaux au rayon de la circonférence fur lhquelle les divifions doivent être tracées fur le cadran. Du point À pour centre avec une ouverture de compas égale à l'hyporenufe AC, 41 faut d'écrire un arc CD ; après avoir prolongé indéfiniment le côté AB,on mène au point D une tangente DE; on porte de Den FE la plus grande des divifions , de s en 5, qui eft fur le cadran (1) & du point F on mène à AD la parallèle FG qui coupe l'arc DC en G. Cela fait, on divife l'arc DGen 5 parties égales aux points], K, L, M, & on mène les rayons AI, AK, AL & AM. Enfuite on porte fur DPF, fucceflivement & chaque fois du point D, toutes les divifions du cadran de $ en $ ; par exemple, on porte celle deo en s, de Den s; celle de $ en 10, de D en 10; celle de 10 en 15, de D en 1ISSIÈ ainfi des autres. Cela fait on mène des points $, 10, 15, 20, &c. à la ligne AD des parallèles $, $, 10, 10, 15, 15,20, 10 , &c. qui coupent le rayon AG aux points $, 10,15, 20,25, &c de ces points on mène à DE les paralllèles o, 5, $, 1c, 10, LM 20:20; 21: ÉCLLCES lignes-ci coupent les rayons AI, AK, AL & AM aux points1, 2, OASIS OR ILES 120 LA LOUP TO LNIO CECICCLIONC ces points qui donnent les divifions intermédiaires qu'on porte chacune là où certe figure l'indique. Lorfqu'on veut obferver avec ce cadran, on pofe la hampe bien perpendiculairement dans un endroit où le vent {oit libre, & l'inftru- ment doit être un peu plus élevé que la hauteur d’un homme; on s'éloigne de quelques pas & on obferve le degré que l'aiguille indique. J'obferve celui que je viens de finir quelquefois fur le milieu de nos ponts , en fixant fa hampe fur le garde-fou d’une forte palée, & d’autres fois j'obferve près de nos Chantiers, en fixant la hampe contre un poteau planté exprès pour cela. Le premier cadran que j'ai fait contenoit les vitelles par fecondes, par minutes & par heures ; comme cela faifoit une efpèce de confu- fion avec les chocs par pieds, & par toifes quarrés, c’eft pourquoi je n= marque maintenant que les vitefles, & jai une Table dans mon Cabinet où toutes ces autres divifions répondent, ce qui eft plus fimple & fuffir. (1) A mon Anemomètre la plus grande de ces divifions eft de 65 à 70 ; c'eft pour- quoi à certe figure le nombre 70 elt le plus éloigné du point D, ao OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Monfieur le Profeffeur Van Swinden a divifé le fien par des onces, mais il me femble que les virefles font préférables ; cependant cela revient au même pour un Obfervateur qui a une table dont les onces répondent aux vitelles du vent. Il m'eft venu en penfée que pour rendre cet Anemomètre plus fimple, on pouvoit au lieu de la roue dentée & de fa crémaillère , met- tre à la place de la roue une poulie Z (fig. 5 ,) de même diamètre, rouler un fil autour & qui fe croife en bas; les bouts de ce Hil étant attachés l’un en U, l'autre en Y, mais point trop ferré fur la poulie, afin que fon jeu foit fort libre : la règle ne peut pas fe mouvoir fans faire tourner la poulie , qui ayant une aiguille fur un des bouts de fon axe, marquera aufli jufte que la roue denrée : c'eft ce que je viens d’éprouver dans ce moment. Je crois qu'une fine chanterelle de violon, un peu ufée, feroit préférable à du fil. Pour en revenir à l’Anemomèrre à ailes verticales, dont je joins ici le modèle & les deflins, (r) & dont le cadran n’a pu être divifé qu'au hafard ; j'aurai l'honneur de vous dire, Monfieur , que le premier que j'ai fait conftruire avec des volets d’un demi-picd quarré, marquoit fort bien la vitelle du vent , excepté les degrés depuis 1 jufqu'à 12, le poids de la roue & de fon axe y faifoir obitacle. Je n'ai pas joui long-tems de cer inftrument; comme il n’étoit point enfermé , un mal- adtoit a café le reffort, & faute d’un endroit plus sür je ne l'ai point encore rétabli : aujourd'hui j'ai un pignon de mufon bien fitué & bien fermé: c'eft-là où je me propofe de le placer aufli-rôt que le rems me permettra de faire à neuf les divifions du cadran ; car les premiè- res ne peuvent point fe,rencontrer avec un nouveau refort: en faifant ces nouvelles divifions, je me propofe d'employer l’Anemamètre expli- qué ci-deffus n°. 1, en les expofant tous deux au mème vent. Pendant que je fuivrai des yeux l'aiguille de l’Anemomètre à voler avec un crayon en main , un aide obfervera l’autre qui dira Îles degrés de vitefles du vent que je marquerai d’abord ; je choifirai des jours de petits , de moyens & de grands vents ; & comme nous en avons fouvent ici de 60 pieds de vielle par feconde , je n'attendrai pas long tems. (2) Et pour marquer jufqu'à $o pieds qui eft la vireffe d'un vent furieux , & qui eft le dernier terme de la divifion que je me propofe de faire, oo (1) Voyez Planche I. (2) Le 22 Décembre à 9 heur. du matin le vent avoit 46 degrés de viteffe ; à midi $45-au foleil_couchant 65, & à 8 heur. du Loir 413; & aujourd'hui 30 du même mois, à 9 heur. du matin {ur un de nos ponts, le vent avoit 76 pieds de vireffe ; il eu même, mais par fecoufles , jufqu'a 80, à 10 heur, ; fur un autre pont 73: f j'employerai SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. «41 j'employerai les poids indiqués dans la table que je poferai fuccefñive- ment fur un petit baïlin de carton fufpendu à un gros fil, dont l’extré- mité oppolée à celle où le ballin eft fufpendu , fera attachée à une des dents de la roue qui elt fur le mème axe que l'aiguille qui mar- que les virefles, qui eft aufli le même qui porte le petit cylindre fur lequel un des bouts du reflort eft fixé : cette roue 2 dans ce cas, le mème effet qu'une poulie; & comme fon rayon eft égal à celui du centre de gravité des volets ou ailes, ces poids étant fufpendus à l'extrémité d'un rayon de cette roue, ils doivent faire le mème effee ue s'ils étoient appliqués au centre de gravité des ailes. Une manière ort fimple & jufte feroit de divifer entièrement le cadran avec un bon Anemomètre comme celui qui eft definé fur le n°. 1 ; on fenc- bien qu'il faut pour cela choilir des jours où les vents foient petits, moyens & grands. 7 CSA ANA EN € D DE 2 PE Sur diverfes combinaifons Savonneufes de Réfines & de Bau- mes, & procédé fimple pour faire du Phofphore du réfidu de la Corne de cerf; Par M. MesAize, Apothicaire de la Santé & d: l'Hôrel-Dieu de Rouen, Démonffrateur en Chymie ; de l Académie des Sciences , Belles- Lectres & Ares de Rouen; lu dans cette Académie en 1778. L:: combinaifons favonneufes des alkalis cauftiques aux matières huileufes , & celle de l’alkali végétal à l'huile effentielle de tércben- thine, font trop communes pour en donner le détail ; on ne connoît oint encore en Chymie celle de l’alkali végétal avec les baumes & fe réfines , & je ne vois aucun Auteur qui fe foit attaché à déve- lopper les réfultats que peut offrir cette nouvelle opération (1). La (1) MM. les Savans Académiciens de Dijon annoncèrent en 1778 dans leurs Elémens de Chymie, que la liqueur alkaline diffolvoit très-bien les gommes, les gommo-réfineux & même les réfines pures ; que la poix réfine, mife en digeftion dans la leffive cauftique, donne une liqueur favonneufe blanche qui paile par le filtre; que la gomme laque & la réfine de jalap traitées de même avec la diffolurion de fel de tartre, fourniffenc de belles teintures d'un rouge vineux, & crès limpides Tome XV, Parc, 1. 1780. JUIN, Kkk 44 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Chymie & la Médecine pourroient cependant en tirer un très-grand avantage. J'ai eflayé de combiner l'alkali végétal avec les réfines, les huiles effentielles & les baumes, & j'ai obtenu de vrais favons. Mais avant que d’expofer mon travail , il n’eft pas inutile de remarquer que l’on a confondu jufqu'ici les baumes & les réfines. Cependant, la Chymie y trouve une grande différence. L’analyfe donne dans les bau- mes des fel volatils; & les réfines n’en fourniffent jamais. Noire J'ai pris une livre d’efprit-de-vin que j'ai mife dans un bain-marie d’étain avec une once de térébenthine de Venife. Après avoir agité le mélange jufques à-peu-près parfaite difflolution, j'y ai ajouté une once de fel alkali fixe végétal , & placé le bain-marie dans une cucurbire de cuivre remplie d’eau bouillante; j'ai ajufté le chapiteau & un récipient, le tout luté exactement. ( Comme je me fuis toujours fervi du même procédé , je le paflerai fous filence dans les Expériences fuivantes. ) Il eft pañfé de l'efprit-de-vin rectifié & chargé d’une portion d'huile effentielle ; il eft refté dans le bain-marie , une once un gros d’une matière favonneufe de couleur brunâtre, prefque tranfparente lorf- qu'on lenlevof® avec une touche de verre, & une pareille quantité d'huile de tartre par défaillance. Mais dans le vafe où j’avois mis ce favon, & qui eft refté à la cave pendant fix femaines , il s’elt féparé encore un gros d'huile de tartre ; j'ai toujours laïffé cer efpace de tems les produits à la cave , afin que l'humidité fic comber en deliquium lalkali furabondant. Analyfe de ce Savon. Au bout de ce tems , ce favon s’eft épaifli en confftance de miel, la couleur s’eft rembrunie ; j'ai_pris de ce favon avec une touche, j'en ai mis dans un verre plein d’eau de fontaine ; il s’eft diffous com- plettement en peu de tems en le remuant um peu , l’eau eft devenue très-laiteufe & point matonnée , mais dans l’eau de puits, elle a ma- tonné au bout de quelque-tems; j'ai fait la comparaifon avec du favon ordinaire : celui-ci, comme on le fait , matonne tout de fuite dans Peau de puits féléniteufe ; la combinaifon favonneufe eft donc bien Jorfqu'elles ont été filrrées, & qu'enfin ces diffolutions font décompofables, comme les Savons, par les acides. Le travail & le but que paroît s'être propofés M.Mefaize ont un objet plus immédiat, celui de compofer de vrais favons avec les réfines & les baumes. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 44; plus parfaite dans ce nouveau favon de térébenthine que dans le favon blanc ordinaire , puifque l'acide vitriolique de la félénite l’artaque moins vite , & le décompofe plus difficilement. Au taét on fent faci- lement le gras & l’onétuofité favonneufe. Une goutte de cette eau mife fur la langue , n'a développé aucun goût défagréable , au con- taire , elle femble tenir un peu de l'odeur aromatique de la térében- chine ; ce favon diffoluble dans l'efprit-de-vin. J'ai pris de cette eau favon- neufe , & ayant verfé deflus quelques gouttes de vin aigre diftillé, 1l s'eft formé aulli-tôt un coagulum qui eft venu furnager. L'eau & la térébenthine fe font bientôt féparées en Aocons blanchâtres. N°72. J'ai pris une livre d’efprit-de-vin, deux onces de térébenthine, deux onces de fel alkali fixe , & ayant procédé comme dans la première expérience, il a paflé dans le récipient l’efprit-de-vin , chargé de la partie aromatique, & il eft refté dans le bain-marie, deux onces deux gros de matière favonneufe & deux onces fix gros d’huile de tartre ; la matière favonneufe avoit moins de confiftance que celle du numéro por La couleur étoit la même, l'huile de tartre dans l’une & dans J'autrg avoit une couleur brune foncée. L’analyfe de ce favon ne m'a offert aucune différente du premier. Ne. . J'ai pris une livre d'efprit-de-vin, quatre onces de térébenthine de Venife, quatre onces de fel alkali fixe; j'ai retiré fept onces de ma- tière favonneufe, épaille , d'une confiftance plus forte que les deux pre- miers numéros, Puel ne file point à la touche, & trois onces d'huile de tartre. Mème produit par l'anlyfe, excepté qu’en verfant quelque gouttes de vinaigre diftillé, il s’eft formé un coagulum qui s’eft raflemblé en maffe. La térébenthine s'eft féparée , a repris à-peu-près fon premier état, comme on peut s'en affurer en la touchant avec les doigts; certe réfine y refte attachée. N°4 Efprit-de-vin , une livre ; térébenthine, quatre onces; fel de tartre ; huit onces. J'ai obtenu dix onces & demie de matière favonneufe épaiffe ; placée à la cave, au bout de fix femaines il s'eft féparée une once d'huile de tartre. Pour m'aflurer que c’éroit de l'huile de vartre, j'ai verfé deffus de l’efprit-de-vin, qui ne s'eft point combiné avec 1780. JUIN. Kkk 2 444 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, elle; ce favon contenant un excès d’alkali, n’a point offert les mêmes réfulrats à l’analyfe; en le diffolvant dans l’eau, elle n’a point blanchi comme dans les numéros 1 , 2 & 3. Le vinaigre ne l'a point précipité , il n’a point matonné; enfin, il dot prefqu’aucun indice de bon favon comme les numéros pré- cédens. INR Efprit-de-vin , une livre; huile effentielle de térébenthine , trois onces ; alkali fixe , deux onces. J'ai obtenu trois gros de matière favonneufe qui avoit très-peu de confiftance. Dans l’analyfe , ayant verfé du vinaigre diftillé deffus la diffolution de cette matière favon- neufe dans l’eau de fontaine, elle eft devenue beaucoup plus blanche, ne s'eft matonnée que quelques momens après, différence qui ne vient que de l'huile effentielle de térébenthine très-divifce. N°, 6. J'ai répété cette expérience avec la même quantité d'huile effen- tielle de térébenthine & d’alkali fixe, le produit a été le même à la couleur & la confiftance près , qui approchoient de celles de l'huile d'olive ; l'efprit-de-vin qui éroic paffé dans le récipient éroir trèsChargé d'huile effentielle (1). De ces fix expériences & des analyfes que j'ai faites de ces divers favons , je crois pouvoir en conclure que le mélange à partie égale de térébenthine & d’alkali végétal donne le meilleur favon ; qu'au contraire quand l’alkali eft furabondant, le mélange ne fe fait pas f bien : l'huile effenrielle de térébenthine produit à-peu-près le mème effet. N°. 7. Savon de Benjoin. Jai pris une livre d’efprit - de-vin, trois onces de benjoin & une once de fel de tartre(2), j'ai obtenu rois onces de matière favon- neufe , d’une couleur plus brune que celle des favons faits avec la téré- benthine , d’une odeur un peu aromatique. Ce favon mis à la cave pen- dant fix femaines , il set formée une croûte deflus , folide, de l’épai£ feur d’environ deux lignes. En l'analyfant, le’favon & la croûte fe font crès-bien diffous dans (1) Jufqu’à préfent le favon de Starkey a été très-difficile & très-long à faire; ne pourroit-on pas fe fervir du procédé de M. Mefaize pour le faire en grand ? (z) Même appareil & même procédé que dans les Expériences précédentes. SURANIST NATURELLE) ETLES ARTS. 0445 Veau, & la couleur étoicun peu jaunâtre ; ayant jetté dans certe diffolution du vinaigre diftillé , le précipité s’eft fait fur-le-champ , le benjoin eft monté à la fuperficie en forme de grumeaux, fon odeur s’eft vivement développée. On voit que dans certe expérience, le benjoin qui ne peut fe ne naturellement dans l’eau & dont le fel feul y eft foluble, le devient très-facilement quand il eft dans cer étar favonneux. A la cave, il s'eft fait un peu d’huile de tartre. N°. 8. Savon de Baume du Pérou. Dans une livre d’efprit-de-vin, j'ai mis deux onces de baume du Pérou fec, & quatre onces de fel de tartre; j'ai obrenu un favon rou- geâtre de confitance de pillules ; l’analyfe de ce favon ne m'a rien offert de particulier, N°. 9. Sayon de Gayac, Jai mis trois onces de gomme de gayac en poudre dans un matras, avec trois livres d’efprit-de-vin, j'y ai luté un vaiffeau de rencontre. L'appareil placé au bain de fable à une douce chaleur , jufqu’à ce que toute la gomme für diffoute, J'ai laiflé enfuite refroidir les vaifleaux, & j'ai filrré la liqueur. La teinture étoic de couleur rouffe-brune, il a refté fur le filtre quatre gros de matière étrangère, indifloluble dans l'efprit- de- vin, j'ai mis cette teinture dans un bain- marie d’étain, avec trois onces de fel alkali fixe de tartre, j'ai procédé à la diftilla- tion, comme dans les premières expériences. Tour l’efprit-de-vin à pailé dans le récipient, il a refté dans le bain-marie deux fubftances, une liquide de couleur brune, pefant fept onces , c'étoit de l'huile de tartre par défaillance ; l’autre plus épaiffe, de même couleur, mais qui s'eft figée en refroidiflant, pefant trois onces quatre gros; c’eit le fa- von de gayac. Examen de ce Savon, La couleur brune de ce favon à paflé à la couleur verte à l'exté- rieur , la brune s’eft toujours confervée intérieurement. J'ai pris de ce favon, j'en ai mis dans un verre plein d’eau diftillée, il s’eft diffous completrement en peu de tems, & le remuant toujours, l’eau a pris une teinte uniforme verdâtre & point matonnée ; j'ai répété la mème opé- ration avec l’eau de fontaine, mème produit, mais dans l’eau de puits elle à matonné fur le champ ; au taét on fent facilement le gras & l’onctuofité favonneufe. Une goutte de cette eau mife fur la langue n’a développé aucun goût défagréable ; ce favon eft difloluble dans l’efprit-de- vin, la teinture eft de couleur verte. J'ai verfé du vinaigre diftillé fur l'eau 446 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, favonneufe ; elle eft devenue laiteufe, blanchätre , il s’eft formé aufi- tôt un coagulum en flocons blanchätres qui fe font précipités au fond de l’eau. A N°. 10. Savon de Scamonée. J'ai mis trois onces de fcamonée pulvérifée dans un matras, avec trois livres d’efprit-de-vin, luté en vaifleau de rencontre; l'appareil placé au bain de fable à une douce chaleur pendant deux heures, en- fuite filtré, la teinture qui étroit de couleur ambrée, il a refté fur le filtre une once fept gros de matière féchée à l'air, de couleur grife , comme mélangée de fable; j'ai verfé de la teinture fur de l’eau dif- tillée, le mélange eft devenu laireux , ce qui prouve que l’efprit-de- vin tient en diflolution de la réfine de fcamonée. J'ai mis cetre teinture dans le bain-marie , avec trois onces de fel alkali de tartre. L’efprit-de-vin à paflé dans le récipient, & il a refté dans le bain-marie, huit onces & demie d'huile de tartre de couleur brune & douze grains de matière favonneufe brune épaille, Noter J'ai pris la mème quantité de fcamonée, d’efprit-de-vin, & j'ai opéré comme au n°. 4. pour la teinture ; j'ai mis cette teinture avec une once de tartre; il eft refté dans le bain-marie deux onces & demie d'huile de tartre, & une once deux gros de matière brune épaifle : c'eft le favon de fcamonce, Examen de ce Savon, Il à toujours confervé la même couleur , j'en ai pris & mis dans une verre d’eau diftillée , froide, 1l s’eft diffous complettement & en peu de tems; l’eau eft devenue très-laiteufe, fale, uniforme & point matonnée ; j'ai eu le mème effer avec l’eau de fontaine & l’eau de puits féléniteufe. La combinaifon favonneufe, eft donc plus parfaite dans ce nouveau favon de fcamonée, que dans le favon blanc ordi- naire ; au tac on fent facilement le gras & l’onétuofité favonneufe; une goutte de cette eau mife fur la langue, n’a développé aucun goût défa- gréable ; il eft difloluble dans l'efprit-de-vin, la teinture eft de cou- Jeur ambrée foncée. J'ai pris de certe eau favonneufe , verfé deflus du vinaigre dif- tillé , la liqueur eft devenue laireufe , la partie réfineufe s'eft féparée en flocons qui fe font précipités ; ils ont furnagé. Ayant verfé de l’eau dans la diflolution, par lefprit-de-vin, elle eft devenue opale ; l'expérience prouve qu'il faut employer l'alkali fixe de SUR EL HIST. NATUREELE-ET LES ARTS. 447 tartre en partie égale avec la réfine de fcamonée , & non en raifon de la fcamonée qui eft un fuc extrato-réfineux, & que la partie extrac- tive eft indifloluble dans l’efprit-de-vin: 1l réfulre d’après ces expérien- ces , qu'il n'y a que la partie réfineufe fufceptible de fe combiner au fel alkali fixe pour former des matières favonneufes. D'après ces eflais, il eft conftant qu’on peut très bien combiner l’al- kali végétal avec les réfines, les huiles effentielles & les baumes, en former par le moyen de l’efprit-de-vin des matières favonneufes qui peuvent fournir de très-bons remèdes à la Médecine & fervir Me ment aux Arts. P. S. Nous croyons rendre fervice aux Chymiftes en faifant con- noître le procédé , aufli fimple que facile à exécuter, dont M. Mefaize fe ferc pour obtenir le phofphore du fel phofphorique d'urine, & de la corne de cerf; il vient de nous le communiquer dans une de fes Lettres. » Jar fini mon Cours & l'ai terminé 1°. par diftiller dans mon labo- » ratoire en préfence d'un très-nombreux auditoire , 8 onces de fel » phofphorique retiré de l'urine ; je les ai mêlées avec 8 onces de poudre » de charbon dans une cornue de grès de Savigni, de la contenance » d’à-peu-près une pinte non lutée ; je l'ai te dans un fourneau » de verre creux furmonté d’une cheminée. Un ballon tubulé rempli » au À d’eau étoit luré au col de la cornue , avec le lut gras affujerri » par une bande de linge enduite de chaux & de blanc d'œuf. J'avois élevé un petit mur de briques entre le fourneau & le ballon ; le feu donné par degrés pendant deux heures , enfuite pouflé au plus forc degré pendant cinq heures, il a paflé du phofphore, il s’en eft attaché à la voûte du ballon ; en débouchant le perforamen le phof- » phore brûloit aufli-tôt; mais il a refté à-peu-près 2 gros de phof- phore de couleur de café légèrement brülé : la cornue contenoic 8 » onces + de poudre de chatbon. » 2%, J'ai opéré fuivanr Scheel , mais avec la corne de cerf reftante » dans la cornue après en avoir rerité lhuile & le fel volatil ; 2 livres » de ce charbon en poudre avec::1 liv. 4 onces d'huile de vitriol dans » une terrine de grès, ont €té expofés douze heures au bain de fable, » enfuite étendus avec 4 liv. d’eau bouillante, Je les ai remis 12 heu- » res au bain de fable, j'y ai encore ajouté 4 liv. d’eau bouillance & » repofé 12 heures fur le bain de fable; après quoi j'ai filtré, lavé le » rélidu à plufieurs eaux bouillantes. Toutes les leffives évaporées au » bain de fable dans une terrine de grès, & la liqueur réduire à-peu- >» près à « liv. je l'ai filcrée pour en féparer route la félénite précipirée 2 ÿ > Ÿ » è > Ÿ 2: ÿ 448 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, » par l'évaporation. La liqueur avBic un peu la couleur d’ambre, mais »en continuant de l’évaporer, elle eft devenue d’un brun noir. Alors » je l'ai mife dans une petite cornue de grès placée au fourneau de » reverbère avec un récipient. J'ai diftillé jufqu’à ce qu'il ne pafsät plus » de vapeurs blanches. Il eft refté dans la cornue l'acide phofphorique » blanc tranfparent concret. J'en ai méëlé 1 once 2 gros avec mème » poids de poudre de charbon dans un mortier de cryftal & mis dans » une cornue de grès d’une pinte, J’ai procédé comme dans l'expérience » précédente , & j'ai retiré environ 2 gros de phofphore un peu plus » brun que celui d'urine, brûlant très-bien , &c. Il eft refté 3i 3ij. de » poudre de charbon dans la cornue «. donnent a be br led De fixer Le Paftel, inventé par M. LORIOT , & publié par l’Académie Royale de Péinture & Sculpture j'en 1780. Le peu d’adhérence des couleurs qu'on emploie dans la Peinture au Paftel , & les changemens rapides qu’elle éprouve par l'effet de l'humidité & des vapeurs dont l'air eft toujours plus ou moins chargé, ont engagé depuis long-tems plufeurs perfonnes, à recher- cher les moyens de la fixer. Mais leurs efforts avoient été fans fuc- cès jufqu'en 1753 ; que M. Loriot , connu par un grand nombre d’autres inventions , parvint à cette découverte. Il l'annonça à Monfieur le Marquis de Menars , alors Directeur & Ordonnateur-Général des Bâtimens de Sa Majefté, qui, guidé par fon goût & fon amour pour les Arts, fentit aufli-rôt l'importance d’un moyen deconferver des morceaux qui n’avoient pu avoir jufqu'à ce moment qu'une exiftence fugitive & , pour ainfi dire, éphémère. Il chargea l'Académie Royale de Pein- ture d'examiner diverles épreuves de ce Secret , qui lui furent mifes fous les yeux, par M. Lorior, le 6 Oétobre 1753 , & cetre Com- pagnie configna , dans fa délibération du même jour , la farisfaction qu'elle en avoit eue. Peu derems après, M. Loriot lui préfenta de nou- velles épreuves rendantes à prouver que ce Secret avoit aufli le mérite de détruire les taches de moififlures. Le morceau de réception de la célèbre Rofalba Corriera , fixé par M. Lorior & rendu prefque à fa premiere fraîcheur , le démontra aux yeux de l'Académie de Pein- ture. 1 D'après des fuccès aufli-bien conftatés | Monfieur le Marquis de Menars SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 345 Menars fit accorder, par le feu Roi, à M. Loriot une penfion de mille livres , à la charge néanmoins que fon Secret feroir dépofé dans un écrit cacheté , pour n'être donné au public qu'après le décès de fon Auteur. Monfieur le Comte d’Angiviller ayant été chargé par Sa Ma- jefté, de l’adminiftrarion de fes Bâtimens , a deliré qu'un fecrer fi utile füt rendu päblic , il l'a témoigné à M. Lorioc, qui , confulrant davantage le bien public que fon utilité perfonnelle , s'y eft prété avec un définrérellement digne d’éloges. En conféquence , il s’eft rendu, le 8 Janvier dernier , à l’Académie Royale de Peinture , que Monfeur le Comte d'Angiviller avoit chargé de prendre connoïflance de fon procédé , & en ‘préfence de la Compagnie , il a fixé divers Tableaux & Deflins, en lui développant en imême-tems tous les détails de l'opération , dont elle a été entièrement fatisfaite. C’eft pourquoi elle a penfé ne pouvoir mieux faire, pour contribuer à répandre ce Secret utile, que de faire imprimer à fes frais le Mémoire expoñtif qui en contient tous les détails , tel qu'il eft infcrir fur fes Regiftres. Détails du Secret. Pour fixer avec fuccès le Paftel , il eft à propos de fe précaution ner : 1°. d'une petite vergette de poche ordinaire, dont les crins foient un peu courts: 2°. d’une verge de fer de 6 à 7 pouces de long, de forme trois quarts ou triangulaire, & qui foit un peu recourbce par l’un des bouts en manière de bec de corbin : on pourroit égale- ment fuppléer à cet outil , par la branche d'un compas de Sculp- teur (1). Après s'être muni de ces deux objets, il s'agit de préparer une mixtion , qui doit être compofée d’une chopine d’eau bien éclair- cie & très- pure , dans laquelle on fait difloudre la valeur d’envi- son deux gros de bonne colle de poiflon , que l’on coupera dans le plus grand nombre de morceaux poflible, pour en hâter la diflo- Jution. On fait bouillir cette eau, dans le vafe où on l’a mife, au bain-marie jufqu'à la parfaite diffolution de la colle ; & afin qu'il ne refte aucun dépôt, on pafle enfuite cette eau dans un linge. Cela étant fait, on verfe une portion de cette eau collée encore chaude dans une foucoupe , à mefure qu'on en a befoin , en obfervant d’ajou- rer une quantité d’efprit-de-vin de la meilleure qualité, dont la propor- tion doit être le double de la portion d’eau collée mife ci-devant (x) M. Loriot a fait faire une verge de fer dont le modèle eft dépofé 2 l'Académie, & que l'on pourra confulter pour en faire de femblables. Tome XV, Part. I. 1780. JUIN. xl) 459 OBSERVATIONS SUR IA PHYSIQUE, dans la foucoupe, c'eft-à-dire, que pour une cuillerée , de certe eau collée , il faut environ deux cuillerées d’efprit-de-vin. On doit prévenir ceux qui voudront préparer à l'avance la colle de poifon , qui eft fujerte à putréfaction , que Jon obvie à cet incon- vénient en mettant dans la diffolution environ la huitième partie d’efprit-de vin , & au befoin on l’emploie en y ajoutant le refte de la ar de l’efprit-de-vin , & en faifant chauffer comme il eft dir. Quant à la diflolution de la colle faite au Kervafer dont nous par- lerons ci-après , elle n’eft fujette à aucune putréfaétion. Tout nu étant ainfi difpofé , on placera verticalement , ou avec un peu d'inclinaifon Le Tableau au Paftel qu'il s'agira de fixer, foit fur un chevalet , foit contre un mur , foit contre une chaife , table , &c. Puis l’on trempera les crins de la vergetre dans la foucoupe pour les imbiber de mixtion , en obfervant d'en ôter enfuite la plus grande partie qui sy fera attachée , afin que la vergette n’en foit en quelque forte qu'humeëtée ; & on Ôtera cette plus grande partie , en paflant deflus les crins de la vergerte , à diverfes reprifes, le bout recourbé de la verge de fer , de manière à preffer fes crins en tirant toujours à foi , c’eft-à-dire, dans le même fens fans aller d’un côté & revenir de l'autre. Pour commencer l'opération de fixer le Paftel , tout étant ainf préparé & la vergerte humectée de mixtion encore tiède , il s'agira de préfenter la face de la vergette à la diftance de huit à dix pouces du Tableau , en paffant la partie recourbée de la verge de fer, de manière à preffer légèrement fes crins par une des carnes de la verge de fer, toujours dans un même fens, en la tirant fans cefle à foi , comme on l’a dit ci-deflus; d’où il réfultera, vu la pofition de la vergette, une efpèce de vapeur ou de rofée prefqu’imperceprible , qui fera lancée par l'échap- pement de chaque crin d’aplomb fur le Tableau, & dont le mélange d’efprit-de-vin & d’eau collée , pénétrant à-la-fois le Paftel , viendra néceffairement à bout de le fixer. On continuera à promener fucceflivement la vergette humectée de mixtion avec les mêmes précautions , c’eft-à-dire , toujours en la com- primant , à l’aide de la verge de fer, fur route la fuperficie du Tableau , en obfervant de tremper la vergette dans la dire mixtion , à mefure que l’on s'appercevra qu'elle aura befoin d'être humeétée de nouveau. Quand toute la furface du Tableau aura été ainfi imprégnée de cette rofée , on la laïfera fécher , & on recommencera enfuite l'opération dans le mème ordre & de la même manière une feconde & même une troifième fois , car un plus grand nombre n’eft pas nécelfaire. H n’y a pas befoin d’un plus grand nombre de couches , quoiqu'il n’y auroit aucun rifque à multiplier certe afperfon jufqu'à cinq ou fix fois ; car cette opération n'exempre pas de couvrir de glace les Ta- SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 451 bleaux au Paftel , comme de coutume. Tout le but eft de lier toutes les particules , qui ne font que de la poudre, de manière qu’en tou- chant le Paftel avec les doists , il ne puille ni fe détacher , ni être altéré : d’ailleurs , qu'arriveroit-il en multipliant ces afperfions ? finon qu'on fe croiroit autorifé à pouvoir frotter enfuite avec sûreté ces Ta- bleaux , mais alors on altéreroit le velouté du Paftel, Ce feroit encore une erreur de croire qu'un Tableau au Paftel ; une fois fixé ; für enfuite fufceprible d’être verni par le même procédé que celui de fa fixation ; car autant la mixtion ci-deflus détaillée fait revivre les couleurs qui ont changé, autant le vernis pourroit altérer celles du Paftel. Au lieu d'eau filtrée ou bien épurée , on peut aufi faire diffoudre la colle de poiflon dans du Kervafer, & , à quelques égards, certe mixtion paroît plus avantageufe , en ce qu'elle eft plus fpiritueufe & qu'elle sèche plus promprement. Alors il fuffira , contre deux cuille- rées de Kervafer colles & mifes dans la foucoupe , d'ajouter feu- lement une cuillerée d’efprit-de-vin. On parvient également à fixer , par la même méthode, toutes for- tes de Deflins. Toute la différence eft qu’au lieu de les incliner comme les Tableaux, on peut les mettre à plat fur une table , à caufe de leur peu de confiftance, : Il y a pourtant des ouvrages de très-grands Maîtres qui ne peuvent être fixés par cette méthode , à caufe de l’amalgame qui a fervi à leur préparation , foit qu'ils aient été préparés avec la pierre de ponce & la colle , foit que l’ébauche ait été vernie & rerravaillée par-deffus, Voilà donc en quoi confifte toute l'opération de fixer le Paftel. Son fuccès doit être principalement attribué à la propriété des liquides qui fervent de bafe à l’efpèce de vapeur que Fos y injecte, à leur ra relative & à leur combinaifon qui eft le réfultat de nom- re d'épreuves ; car, fi on mettoit une moindre quantité d’eau ou moins de colle proportionnellement , les parties du Paftel, qui ne font qu'une efpèce de pouflière , ne fe trouveroient pas fuffifammenc conglutinées : & fi on mettoit moins d’efprit-de-vin & plus de colle que la quantité éprouvée , il fe formeroit une efpèce d'écume , qui, en s'attachant à la vergette, ne s'échapperoit que par grofles gouttes qui feroienc des taches fur le Paftel ; 1l en feroit de même fi l'on admettoit au contraire une plus grande partie d’efprit-de-vin , car cette furabondance feroit tourner la colle, qui, par ce moyen , ne pourroit fixer que très-imparfaitement le Paftel , attendu que la colle tournée dans l’efprit-de-vin , loin d'y tomber en rofée ; y feroit lan- cée par globules , ce qui feroit nuifble à fa fixité. Quant au tour de main néceflaire pour affurer l'opération , il eft effentiel de pafler la verge de fer fur la vergette , fans changer de 1780. JUIN, ENeS 452 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, direction , & en lui oppofant continuellement un des angles de la dite verge de fer; c'eft-là fur-tout ce qui occafñonnera à chaque crin une efpèce d'échappement , qui cinglera vers le Tableau une portioncule de mixtion. Ainfi , de toutes ces opérations , il réfulte que , comme il n’eft pas befoin de toucher le Paftel pour le fixer sul eft impofhble de pouvoir l'altérer , & que la vapeur que lon y injecte , à l'aide des précautions ci-deflus , ne fauroit manquer d’en faire un tout invariable, & cela fans lui ôter cependant le velouté qui eft un des agrémens du Paftel. Il y a plus , toutes les épreuves confirment que les couleurs capables d’être alrérées par l'air, font régénérées & recouvrent un nou- veau luftre de cette muxtion ; ajoutez à cela, qu'elles Orenr les raches de moifflure, ainfi qu'il eft conftaté par le certificat de l'Académie, du premier Décembre 1753. On finira par obferver , que, quoiqu'on ait dit qu'il fuffifoit d’humec- ter trois fois les Tableaux en Paftel & les Deffins, néanmoins il eft bo de donner un plus grand nombre de couches ou d’afperfions aux Def- fins faits au fulin ou avec des crayons tendres. Cependant, fi l'on vou- loit fe borner auffi à trois injeétions , il n’y auvoit qu'à augmenter la dofe de colle dans la mixtion ; mais alors , à l’effet de grantir lefdits Defins des gouttes trop fortes en colle, qui pourroient y produire des taches , 1l conviendroit de les placer verticalement, foit en les fufpendant à une corde , comme font les Marchands d'Eftampes pour l'étalage , foir en les attachant à un carton par le même moyen. IL n'eft pas befoin d'ajouter que lorfque l’on fe borne à ne fixer qu'à trois reprifes, c’eft afin de ne rien faire perdre au Paftel de fa eur, & c'eft roujours dans la fuppofition qu'il fera recouvert d’une glace toujours néceflaire contre les infectes , la fumée & la pouflière des appartemens ; mais , en répétant cette opération , on peut lui faire acquérir une fixité fufhfante pour pouvoir paller la main fans rien emporter Ce degré de fixité peur convenir à des Deflins ou à des Etudes au Paitel, qu'on voudroit hafarder fans glace , pour fervir d'originaux aux Elèves. Conforme au Mémoire fourni par M. Loriot & inferit fur les Repif- tres de l’Académie. Signé, Renouw, Secrétaire - Adjoint de PF Académie Royale de Peinture & Sculpture. SSkes SUR L’HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 453 OUB SVENRIF AT I OUN < Sur les Couches folides & terreufes de la terre ; Par M. le Chevalier ve Fenrussac, Capitaine au Corps Royal d'Artillerie. i RSQU'EN confidérant les couches du globe, on ne fait attention qu'a l’ordre général qui nous affecte le plus, on eft porté naturellement à croire, d'après l'effet apparent des eaux , que chaque couche eft due à un dépôt particulier fait en tems féparé. Dans le vrai, lorfqu’on voit des bancs de pierre, de terre, de fable, &c. interpofés alterna- tivement entreux; ou que l'on trouve les veines de charbon de pierre féparées aufli par des lits différens, il femble qu'on ne puille fe re- fufer à croire que cela fe foit fait ainfi. Cependant , les obfervations fuivantes offrent des faits qui femblenc incompatibles avec certe opi- nion, Perfuadé qu'il n'elt aucune loi, ni aucune caufe abfolue, je fuis très-éloigné de les donner comme univerfelles, mais bien pour être fi fréquentes & d'une telle prépondérance , qu'il paroïît en réfulter que la formation des dépôts felon l'opinion commune , loin d’être générale n'eft que particulière : on voudra donc bien ne pas oublier que je ne prétends point foutenir que tel banc ou telle couche n'ait été faire par dépôts fuccellifs, ni que telle veine ne foit pas due à des fractures ou à des retraits de la matière dans laquelle elle exifte, Première Obfervation (1). On voit des mafles de rocher ou de terre en forme de bancs, lefquelles ont 15, 20 & 30 pieds d’épailleur , & fouvent beaucoup plus , où l'on ne diftingue abfolument aucune couche : ainfi l'épaiffeur Re 2 RE RE PR ALP HP LE PE D ER LC TRE (1) Voyez les Ouvrages fuivans : Art d'Exploit. le Chaïb. de terre. (M. Morand, ) Partie première, P. 45 &pl. 2 & 3. Partie deuxième , pag. sos, 506, pl. 38, fig. 1 & 2. (M. Ac. R. S.) An. 1762, Mines de {el , de Wirliezka, p.499. Id. An. 1757, pag. 10, fur les Ardoifières d'Angers. Le fixième Vol. Suppl. de l'Encyclop. pl. 1, n°,3, 4 & $, fur les Ardoifières, Lehman , Traité de Phylique, T. 3, p. 298. 454 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, qu'un feul dépôt peut avoir n’eft pas déterminée, & on feroit mal fondé à objecter la grande épaifleur d’une malle contre la poflibilité d’être formée d'un feul dépôt non interrompu. Les rochers qui cou- ronnent les hauteurs d’une très-grande partie de l’Agénois, ont de 15 à 20 pieds d’épaifleur, tout d’un feul bloc horifontal. J'ai vu dans les mines de charbon du Hainaut François des bancs du rocher qui fé- pare les veines , qui ont de 18 à 20 toifes d'épaiffeur, tout d'une mè- me matière ou foiblement variée, fans aucun indice de lits particu- liers; ce qui m'a encore été confirmé par le rapport des ouvriers; & quoique le mafif de craie foit compolé de pluñeurs lits, cependant comme celui qu'on traverfe pour atteindre le charbon dans ce pays, ne fait qu'une mafle homogène & non interrompue ; qui a 20 toifes de profondeur à la fofle Dauberthicourt, à 2 lieues de Douay, je crois qu'il eft très à propos de la citer ici. Deuxième Obfervation. Quoiqu’une mafle de terre ou de rocher de même nature , ne foit d’un compofé d’un certain nombre de couches, la diftinction fenfi- ble des lits ne paroït pas une raifon fuffifante pour en conclure que chacun en particulier eft le réfultat d’un dépôt poftérieur à celui de deffous ; puifque , nombre de bancs de toutes Érts de fubftances , tels que les calcaires & les fchifteux, font eux-mêmes fouvent com- ofés d’une multitude de lits, lefquels fe fous-divifent encore en feuil- La minces quelquefois comme du parchemin , lorfque l’action de l'air ou du feu les décompofe; & perfonne jufqu'’ici n’a été tenté de croire , que chaque petit lit für formé l’un après l’autre ; encore moins la-t-on penfé des feuillets : d’ailleurs , on fait que les lirs de carrière ou de terre, augmentent aflez généralement d’épaiffeur à me- fure qu'ils font plus enfoncés ; & que nous voyons journellement que tel dépôt formé fans interruption par l’eau , n’en eft pas moins com- pofé de couches diftinétes, Troifième Obfervation. Un coup d'œil attentif à la nature des couches qui forment une même fuire, & mieux encore leur décompofition , nous prouve fré- quemment , que malgré leur différence de nature, de dureté, de cou- leur , elles contiennent toutefois une ou plufieurs mêmes fubftances , qui rapprochent celles qui différent le plus entr'elles, Dans ane car- nière confidérable ou dans une fraéture de montagne , on s’apperçoit, par exemple , que les lits inférieurs font prefque fchifteux , qu'en re- montant, ils deviennent de plus en plus calcaires & plus épais: qu'à SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 455 tel banc ils font déjà pierre à chaux pure , puifqw'ils diminuent bien- rôt d'épaiffeur & changent de qualité ou de couleur; enfin , que vers le haut, très-minces ou feuillerés & de la nature du boufin ; ils femblent contenir une grande portion de terre ou de fable ou d'ocre, analogue aux couches rerreufes qui les fuivent ou les entremélent. Bien plus, fi l'on examine la fuite des bancs dans une grande étendue , on s’ap- perçoit que leur nature varie; de forte qu'il n'eft pas rare de voir qu'à tel endroit ils différent & qu'à cel autre ils font femblables ; quelque- fois encore ils fe confondent. J'ai obfervé ces variations dans routes les contrées que j'ai parcou- rues; & j'ai cru m'appercevoir que c'éroit par ce moyen que s'opéroient les changemens dans les couches d'une contrée à l’autre. Voici deux exemples de ce que j'ai dir. La carrière de la Porte de France, à Grenoble , montre que les couches de deflous, très-minces & feuilletées, tiennent autant de la pature fchifteufe que de la calcaire, & que fucceflivement elles de- viennent plus calcaires & plus épaifles ; vers le milieu elles font d’un vrai marbre gris-bleuâtre fi compade , fi dur & fi épais, qu'on l’exploite par gros blocs fans le déliter; mais les couches fupérieures diminuent d'épailleur & de qualité ; paflent à l'état de pierre à chaux commune, & toujours de plus en plus terreufes, moins dures & moins cpaifles vers la couche Le terre qui les couvre. Si l’on fait attention à la qua- lité de la matière dans l'étendue de chaque banc , on voir que . 456 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Quatrième Obfervation. Si vous parcourez les lifières refpectives de deux contrées , cha- cune d’un fol différent, & que ne vous arrêtant pas à la diverfité extérieure, vous examiniez les matières qui compofent leurs couches, vous trouverez rarement un paflage brufque de l’une à l’autre. Les deux efpèces de fubftances fe manieront & s’entre-méleront dans leur jonétion, ou bien les bancs feront entrelacés. Ce que je dis eft très- aifé à vérifier dans les Provinces dont le fol eft formé par l’une des bandes de M. Guettard. Une feule réflexion fera fentir que cela doit être ainfi: c’eft qu'il exifte très-peu de couches formées d’une matière fimple ; que par conféquent, quoiqu'un Naturalifte rapporte que tel banc eft calcaire ou argilleux , il n'a cependant pas prétendu aflurer qu'il n'entre aucune autre matière dans fa compofition : prévenu de cela, il fera crès-facile de reconnoître ce que je dis dans leurs defcrip- tions ; voici ce que j'ai vu. La principauté de Clermont, & la partie de la Champagne dans laquelle fe trouvent les Villes de Sainte-Menchould & de Châlons, font comprifes dans la bande calcaire de M. Guet- tard ; mais le Clermontois eft en général purement calcaire , au lieu que cette portion de la Champagne, eft dans le canton crayeux. Ce- pendant dans le Clermontois , on trouve le long du ruiffeau de l’Agr une bande de couches de pierres calcaires gélilles très-blanches , fort approchantes de la craie pure; on trouve aufli fur toute la lifière, de la Marne graveleufe ou coquillère ; d'autre part , les hauteurs au pied defquelles Clermont eft firué font formées d’une forte de pierre nommée molaffe ou pierre morte, lefquelles s'étendent vers Chalons, Sainte-Menehould & autres lieux de la Champagne, Dans les environs de Clermont, cette molalle eft prefque toute compofée de fable, d’ar- gille & d'un peu d'ocre & de très-peu de terre calcaire. À Sainte- Menehould , les rochers qui font dans la Ville contiennent plus de fubftance calcaire & la pierre dont on bâtit encore davantage ; aufli elt-elle beaucoup plus blanche & affez femblable à celle dont on bätit en Flandre, laquelle eft une forte de craie fableufe & argilleufe, dont les bancs repofent fur la véritable craie; enfin, le crular dont M, Guet- tard parle en maints endroits de fa Defcription ,n’eft qu’une variété de cette pierte morte. À l'égard de la couche végétale il eft rrès-facile de s’appercevoir du changement fucceflif ou de l’entrelacement des veines du terrein, ; Cette affimilation de terreins différens m'a paru encore affez fré- quente entre les bandes d’un genre oppofé comme entre la calcaire & la fchifteufe ; mais parce qu'il n’entre dans le plan d’aucun Natu- galifte de conftater le fair que j’avance, les obfervarions qui le confir- ment SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 457 ment fe trouvent difperfées & confondues dans leurs Mémoires: car les diftinétions les plus frappantes fuffifoient pour établir la vérité qu'ils avoient en vue, Ainf, en rapprochant leurs récits comme j'en vais don- ner l’exemple, il fera facile de fe convaincre de ce que je dis. L'Abbé de Sauvages , dans la Defcription des dix chaînes de mon- tagnes du Languedoc , lefquelles prifes enfemble , n'occupent qu'une largeur de deux lieues & demie, dir: que la troifième contient beau- coup de matière bitumineufe; qu'auprès de-Servas , fur une colline d’une grande étendue, il règne un banc de roche de marbre blanc : bruni dans les premières couches & noirci dans les inférieures par l'afphalte dont 1l eft pénétré ; qu'à la quatrième, la pierre de taille de Mejane calcinable , mais rendre, eft pénétrée auffi d’un peu de bitume, & que dans la cinquième, les bancs aufli calcaires, font difpofés comme dans Ja quatrième, c’eft-a-dire , inclinés du même fens. Voilà tour à la fois des différences & des analogies bien décidées entre ces trois chaînes. Dans la fixième, fous /’Ameula fe trouve de la pierre morte ; laquelle , comme on fait, eft en partie compofée de terre calcaire ; & par fon récit à la page 736, on voit que les Ds des chaînes, qu'il donne en général pour calcaires, ont cependant une bafe aroil- leufe qui ne fe calcine point : on voit clairement par la defcription de la neuvième chaîne & par fon expofé, qu’elle n’eft qu'un terrein tran£ porté qui eft venu féparer la huitième de la dixième, car l’une & l’autre font calcaires & offrent plufeurs points de réunion entr'elles deux, & la dixième en particulier avec les autres ; au moyen des ma- tières birumineufes qu'elle pofsède comme la troifième , quatrième & cinquième. Cette dixième chaîne borde les Cevenes qui font fchif- reufes. Elle fe trouve avoir aufñli des couches de cette nature ou de vérita- ble ardoife; fur fa lifière, il y a des fontaines qui fortent d’un fchifte noir, tendre, feuilleté. Enfin, il s’y trouve des rochers de marbre, lequel ne donnant qu’une mauvaife chaux contient donc beaucoup de cette terre qui forme les fchiftes. S'il y a, dit-il, des rochers de dif. férentes natures, ils font par couches féparées & pofées l’une fur l’au- tre; il en exifte donc? Ainfi ces dix chaînes peuvent être confidérées comme /a lifière des deux bandes calcaire & fchifteufe , dans laquelle on voit que les deux genres fe nuancent & fe mêlent; en voici un exemple vu par moi- même. Les montagnes de la Chattreufe en Dauphiné font calcaires ; mais le long de la vallée du Graifivaudan , ce grouppe eft bordé de bafles montagnes , dont les couches inclinées du mème fens que celles des grandes, s’enfoncent fous elles & femblent leur fervir de bafe, Ces couches tiennent autant de la nature fchifteufe que de la nature cal- caire , 1l s'y rrouve des veines de quartz pur; en l’examinant dans Tome XV. Pare. I, 1780. JUIN. Mmm 453 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, fon étendue , on les voit varier ; tantôt être très-noires & très-feuille- tées ; tantôt verdâtres , être une véritable pierre morte ou molafle em- ployée à la bâtife. Si l’on pañle enfuite de l'autre côté de l'Isère, on voit que la chaîne de petites montagnes eft compofte en partie de couches femblables & qu’en remontant elles s’aflimilent de plus en plus avec le fchifte des montagnes du Graifivaudan ; en quelques endroits , elles font d’une forte de cos ferrugineux & d’autres pierres calcaires de mème nature que celle du grouppe de la Chartreufe. Si l’on continue à monter, comme elle tient avec la grande chaîne, le fchifte devient roche de corne parfemée de quartz, de feld-fparh , &c. Je pourrois aufli prou- ver qu'il exifte des nuances & des paflages d’un genre à l’autre, outre les montagnes de granite des Vofges & celles de pierre à chaux qui les bordent dans la plaine d’Alface. Mais je crois que ce que je viens de rapporter fufit pour m'autorifer à penfer que pour que ce mélange des lifières fe fit, il falloir que les dépôts des bandes fuflent fluides à la fois. Alors, ileft facile de concevoir que les courans de matière venant à fe rencontrer fe feront plus ou moins brouillés , ow bien dépofés l’un fur l’autre, ce que l’on ne fauroit concevoir dans la fuppoñtion des couches non-contemporaines. En allant de Maubeuge à Givet, & de Charleville à Landrecies , on rencontre les deux mêmes bandes fchifteufes qui font interpofées dans les calcaires, d’où fe virent les marbres dits de F/andres; & en cer- tains endroits , elles s’aflimilent avec la pierre calcaire & en d’autres avec Fardoife & avec la roche de corne: c’eft dans ces bandes que fe trou- vent les ardoifières de ces cantons. L Je viens d'apprendre aufli que pareille nuance exiftoit entre les fchiftes & les granits le long des cotes de Bretagne. Comme les obfervations qui vont fuivre portent fur les veines des pierres, fujet jufqu’ici peu difcuté, j'ai cru qu'il étoir néceflaire de don- ner des éclairciflemens préalables , afin que voyant nettement ce dont il s’agit, on en fente d'autant mieux la juftefle & le poids de l'ob- fervation. * Toutes les couches calcaires ou fchifteufes font affez généralement rompues dans le fens de leur épaiffeur , foit en particulier , foit en fomme quelconque ; & la direétion de la friture approche plus de la perpendiculaire au plan des couches, que de toute autre. On a fans doute remarqué que les blocs réfultans des ruptures , font prefque tous reftés depuis fans adhérence , malgré les dépôts ou les infiltrations, & de plus, que prefque tous ces vuides ne font occupés par aucune matière, excepté aflez fouvent par un dépôt terreux. Ces mêmes couches font fujertes à être traverfées un certain nombre à la fois, & dans le même fens, par des veines continues, ou qui l'ont été avant la fracture; mais SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 459 leur direétion eft aufi inclinée au plan des couches , que celle des fentes left peu ; quantité viennent à la fois fe croifer dans le mème banc, & femblent partir de là comme d’un autre centre commun, pour fe ramifier dans la mafle totale. Leur largeur eft extrèmement irrégulière & fans nulle correfpondance ( au moins très- fréquemment ) entre les deux bords; au lieu que les fractures, fi elles fe croifent , ce qui eft très-rare, confervent néceflairement une largeur égale dans toute leur étendue , à moins que les blocs ne foient inclinés en fens con- traire , mais toujours les deux parois fe correfpondent parfaitement, de forte que fi l'on pouvoit les rapprocher , ils fe joindroient exacte- ment , ce qui feroit impraticable à l'égard des veines, en les fuppo- fant vuidées. Les fentes commencent à la furface des couches, & les veines indifféremment dans leur épaifleur ; celles-ci ont leur origine & leur tn terminée en pointe, & les autres d’une largeur ovale. La continuité des plans des lits, ni leur fituation , ni leur ordre refpe&tif, ne font pas altérés dans l'interfeétion des veines, tandis que c'eft à l'endroit des fraétures que furviennent ces accidens. Ainf, en fuppofant que les veines foient vuidées & que les fentes foient remplies , il exifte toujours entr'elles des différences fi effentielles , qu’elles prouvent que ces veines capitales ne font point des dépôts faits dans les vuides des fraétures ; mais les veines capitales fe joignent avec les veines particu- lières de chaque banc , & communiquent direétement , ou par leur moyen , avec les portions de matière différente, de couleur & de fubftance qu’on remarque dans certains fchiftes & dans les marbres , & il fe trouve que la fubftance eft ia même que celle des veines; elle eft compacte , aufli folide que la partie qui femble conftituer la bafe des couches , prefque jamais caverneufe , ni interrompue , ni criftallifée avec tranfparence; en un mot, intimément unie & foudée avec les autres ma- tières conftiruantes; au lieu que les dépôts faits dans les gerçures & dans les fentes , font prefque tous cerreux ou bien criftallifés & ftallac- tiformes, caverneux, interrompus, beaucoup plus durs ou beaucoup plus tendres que leur pierre, de manière que leur couleur, leur con- figuration ou leur nature , font un contrafte difcordant avec les qua- lités des pierres dont ils occupent les fraétures : aufli ne pouvant jamais venir à bout de les fouder , elles fe brifent toujours dans l'étendue de ces fentes lorfqu'on les exploite, ce qui n'arrive point aux autres. Jerez les yeux fur une table de marbre à corps marins , ou fur les fchiftes , tels que ceux du Dauphiné dont j'ai parlé: vous verrez dans le premier , que les madrépores & autres produétions de la mer, ÿ abondent autant & plus que la partie plus colorée qui forme le fond ; dans le fecond , le quartz & le feld-fpath fe trouvent fouvent en aufli grande quantité que la fubftance noiratre ou verdâtre. H780 IUT IEN, Mmm 2 460 OSBERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Perfonne en voyant ces pierres , ne fera porté à croire que les efpaces que les veines & les portions des fubftances fufdites occupent , aient cté d’abord vuides , puis remplis poftérieurement au dépôt de la cou- che. Or, ces matières fpathiques & quartzeufes font prefque toujours blanches; dans les marbres , auñi irréculièrement conformées que les amas de corps marins ; & dans le fchifte, partie fous forme de bandes rubannces, de veines interrompues & irrégulières , ou de cubes , &c. fe prolongent en forme de veines , qui fe réuniffent dans l’épaiffeur de la même couche, & fe joignent , comme il a été dit, avec les veies ca- pitales. Nous avons aufli dit que tel banc confidéré comme le produit d'un feul dépôt , éroit cependant par fois compofé d’une quantité de feuillets, lefquels, pour lors , fe trouvent traverfés par les veines parti- culieres |, comme la fomme des couches left par la veine capitale. 11 paroït donc que les veines générales & particulières , ainfi que les por- tions grandes ou petites de la même fubftance difperfées dans ces fortes de pierres, font d’une formation contemporaine. S En effet, fi l’on fuppofe les couches toujours produires fous l'eau , en ce cas, il n’y a point de raifon connue pour qu’elles fe gercent ; f on les fuppofe expofées à l’aétion de l'air avant d’être confolidées, alors, 1°. les fentes ne fe correfpondront point d'un banc à Fautre , puifqu'ils font poftérieurs les uns aux autres; 2°. elles doivent ètre nom- breufes & à peu-près également diftribuées dans route l'étendue des bancs , ce qui n’eft pas, à beaucoup près ; 3°. elles doivent garder entr'elles une forte de correfpondance , ainfi que cela fe voit dans le mortier & dans les terres qui fe sèchent, laquelle eft aflez analogue aux mailles d’un réfeau , & c’eft ce qui ne fe voit point encore; 40. tous les bancs folides devroïent être veinés , & l’on fait bien que ceux de pierre calcaire commune le font très- peu ou point du tout. Si, pour évirer ces difficultés, vous fuppofez que la mafle entière s’eft gercée à la fois , outre que vous ne fauriez jamais prouver qu’elle puifle fe fèler à un point approchant de celui qu'il faudroit pour faire des vuides ca- pables de recevoir ces veines & ces portions , fi grandes & fi nombreu- fes, de matière que vous réputez étrangèrere. 1°. Les gerçures ne fau- roient tellement {e combiner qu’elles puflent produire ces bandes ru- bannées & ondées , dont les filets toujours fuivis , fouvent rapprochés à la diftance du diamètre d’un cheveu , quelquefois formées par une fuire de petits points ifolés par la matière du fonds. 2°. Puifque dans toutes les fentes d’une matière qui fe retire, les paroïs confervent une cor- refpondance, par quelle raifon cer effet feroit - il totalement détruic dans la plupart ? 3°. Dans cette fuppoñition , les fentes prendront, la lupart, depuis la furface fupérieure , &c toutes généralement, depuis 23 furfaces expofées au contact de l'air, par conféquent elles iront tou- jours en formant un angle, dont le fommet fera vers le centre du maf- SUR L'HIST, NATURELLE ET LES ARTS. 461 if ou vers la bafe ; cependant, nous avons vu que les veines avoient des caractères oppofés. 40. Les couches inférieures ne doivent être que très- peu veinces, & les veines beaucoup plus étroites que celles des cou- ches fupérieures, & c’eft ce qu'on n'a jamais remarqué. ço. Enfin , comment imaginer qu'il s’y produira des fentes dans une direétion un peu approchante de l'horizontale ? Quand bien même l’effort des Auides, dont la mafle eft pénétrée , la forceroient, en fe dilatant, de fe fendre en ce fens , le feul poids de la mañle la feroit affailler, & les fen- tes difparoîtroient. Tous ces éclairciffemens fuffifent, je crois, & au delà, pour paller aux obfervations fuivantes. Cinquième Obfervation. Il eft trèc-commun de voir les couches. de marbre & de fchifte, tra- verfées de veines qui fe croifent & ferpentent felon une ligne continue , & que cette continuité eft incompatible avec l'opinion des dépôts pof- térieurs l’un à l’autre. La carrière de Grenoble, dont j'ai déjà parlé , en eft un exemple bien frappant. On y voit dans fon centre de profes veines de fpath , qui fe croifenc & fe diftribuent de tous côtés ; les montagnes fchifteufes du Graifivaudan en offrent une multitude ; c’eft-là où fe voient ces veines rubannées , ondées , fouvent pliées en angle rettiligne , fans que la pierre fe foit fendue ni gercée , ni que les filets fe foienc confondus : voilà pourquoi elles imitent les tapifferies de Ber- game. Sixieme Obfervation. Les mafles de terre compofées de lits différens, font auff quelque- fois coupées par des veines d’un autre genre : telle eft la maffe fableufe qu'on a tranchée pour faire la chaullée de la Fere à Laon, près de Fourderin. Les veines y font d'une terre noire , extrèmement fine & gralle, elles font autant de couches minces , applaties, qui forment des efpèces d’encadremens rectilignes , dont un des côtés eft horizontal , & l’autre à-peu-près vertical ; dans tout le canton il ne fe trouve pas de terre femblable. Les carrières de pierre-à-chaux à Tournay m'ont offert le mème fair dans les premiers bancs , la plupart térreux ; on y voit des lames ver- ticales & horizontales de en blanc , comme celui des veines du marbre ; une des horizontales eft interpofée au milieu d’une couche mince de terre noire très-folide & argilleufe, laquelle eft comprife entre deux bancs de pierre. Si j'avois vu un banc de craie veiné comme celui des mines de char- 46: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, bon du Lyonnois , je pourrois peut-être citer celui-ci comme un exem- ple analogue, mais je préfume qu'une autre caufe pourroit peut-être les avoir produites, ainfi je ne le donne pas pour tel. 4h Septième Obfervation. Les couches de charbon de pierre , quoique généralement féparées par des bancs d’une nature très-différente , fe mélent & fe confondent fouvent avec eux , fur-rout à leur origine & à leur fin; là, on les voic fe ramiñer & fe divifer en filets quelquefois imperceptibles, qui pé- nètrent le banc qui fépare ailleurs fi nettement leurs couches. Si on analyfe leur fubftance, on la trouve toujours plus ou moins mélangée de parcelles de charbon tout pur; c'eft à ce mélange qu'elle doit la couleur grife & noirâtre qu'il a ; on y remarque des plaques, de pe- tites lames ou de veines ifolées de charbon, & réciproquement on trouve dans la couche du charbon, des rognons de petits lits ou filets fuivis ou interrompus , qu'on nomme nerfs , de la même nature que la pierre du rocher ; d’ailleurs, on fait fans doute que la partie folide, fchifteufe ou feuilletée, qui forme le toit & le mur des veines , parti- cipe à la fois des qualités de l’une & de l'autre, J'ai vérifié ces chofes par moi-même dans les murs de Valenciennes & à la nouvelle foffe d’Auberchicourt. Dans celle-ci , j'ai trouvé une de ces empreintes nommée grillage , repréfentée dans la fig. 3 de la PI.6 de l’ouvrage de M. Morand. C’eft une partie du voît de la veine ; elle eft d'argille vitrifiable, gris-bleuâtre. Il y avoit plufieurs empreintes ap- pliquées l'une fur l’autre par lames, mais féparées chacune par une couche mince de charbon très-pur. Le rocher, qui tantôt eft ce qu'on nomme quoirelle, tantôt d’une argille fableufe , En pareille à celle du grillage, contient aufli quantité d'empreintes parfaites de plan- tes à figure de rofeaux, de fougères & autres, toujours tractes & en- duites d’une couche de charbon, Je remarquerai, en pañfant, qu'il n'eft pas vrai, comme on l’a avancé, que les empreintes foient uniquement comprifes dans le toit & dans le mur de la veine, ni difpofces paral- lèlement au fens de la couche. Maintenant fi on veut réfléchir à ce que nous venons de rapporter, on avouera qu'il eft impoflible de concevoir comment toutes les couches d'argile, de quoirelle & de charbon ont pu fe pénétrer réciproquement , former des dépôts ifolés, à moins que de fuppofer que ces couches étoient liquides en mêèmé-tems. Telle eft une partie des obfervations que j'offre aux Naturaliftes & aux Phyfciens. Vu l'importance dont elles me paroïffent ètre pour dé- brouiller la phyfique du globe, mon deflein feroit de les exciter à prendre ce fujer en confidération; cat on ne fauroit nier, d’après ce SUR T’HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 463 que je viens d’expofer , qu'il mérite un mür examen , quand bien même la conclufion n’auroit pas toute l'étendue que j'ai pu lui don- ner. Je n'ai pas voulu propofer mon fentiment fur la maniere & fur la caufe dont ces phénomènes fe font produits , parce que mon but de- voit êtré , avant tout, de prouver qu'ils étoient incompatibles avec l'opinion commune , enfuite de connoïître le fentiment des Natura- liftes & des Phyficiens, de profier de leur lumière , étant toujours convaincu qu'on peut fe faire illufion ; en ce cas , il auroit été très- inutile d’effayer l'explication d’un fait fans fondement, ou de peu de conféquence. DT ESS EL RTE AT TION Sur la Caufe de l'élévation des Vapeurs; Par M. ACHARD , de Berlin. Ex caufe de l'élévation des vapeurs eft un fujet qui a été traité très-fouvent, & qui a donné lieu à bien des opinions différentes. Je n'en alléguerai que quatre, dont l’expofé fuffira pour en montrer l'in- fuffifance. Nieuventyt, dans fon PhilofopheReligieux, fuppofe que les particu- les ignées qui fe détachent des rayons folaires , s’attachent aux parti- cules du fluide, & forment avec elles des molécules qui font fpécifi- quement plus légères que l'air, comme tout corps fpécifiquement plus léger qu'un fluide, s'éleve dans ce fluide. Mais l’Auteur auroit dù dire quelle eft la force qui attache les particules ignées aux particules du fluide. Je l’ignore, & je ne crois pas être Le feul. De plus, cette explication fuppofe, que les particules ignées attachées à celle du fluide montent dans l'air, ce que l’on ne fauroit admettre par les raifons fuivantes. L'idée que fe font les Phyficiens de l'élafticité du fluide ignée , ne permet pas de douter qu’elle ne foit égale dans tous les corps; donc le fluide ignée contenu dans l'air qui couvre la furface de l’eau , n’eft pas plus élaftique que celui que contient l'eau même ; donc celui qui eft contenu dans l’eau, fait autant d'effort pour paller dans l'air, que celui que contient l'air, en fait pour entrer dans l'eau, & com- 464 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, me ces deux forces font égales & agiflent en fens contraire, elles doi- vent fe détruire totalement. L'on peut comparer ces efforts réciproques des parties d'un fluide également élaftique , à ceux que feroient deux reflorts également bandés, qui agiroient l’un contre l’autre; dans ce cas, l'effort de l’un détruifant celui de l’autre, ils refteroient tous les deux en repos. L'on ne fauroit donc admettre de tranflation du fluide ignée de l’eau dans l'air, à moins que fon élafticité dans l'air ne foit moindre que dans l'eau, ce que l'on ne peut pas fuppofer. - Donc les particules de l'eau ou des fluides évaporables en général , ne peuvent ètre enlevées dans l'air, par celles du fluide ignée. 11 en eft de même de l'air contenu dans l’eau ; tant qu'il a le mème degré d’élafticité que l'air ambiant, le premier , quoique plus léger que l'eau , ne fauroit s'élever ; mais fi l'on diminue l’élafticité de l'air ambiant, (ce qui peut fe faire au moyen de la pompe pneumatique) l'on verra aufli-tôt de petites bulles d'air monter du fond de l’eau à fa furface, avec une viteffe qui augmentera en raifon de la diminution de l'élaf- ticité de l'air ambiant. Le D. Nieuventyt paroît auffi ne pas avoir fait affez d'attention à la différence qui fe trouve entre un corps qui nage dans un fluide fpécifiquement plus pefant , & les parties de deux fluides qui fe pénè- trent , & dont l’un et fpécifiquement plus léger que l’autre Ceux qui attribuent les différens degrés de chaleur à la différence denfité du fluide ignée , ne feront pas fatisfaits de ce raifonnement , lequel eft fondé fur une fuppofition entièrement contraire à leur fentiment, qui eft que le fluide ignée peut être différemment denfe , & par conféquent aufi différemment élaftique dans deux corps qui fe rouchent, & qu'il left effectivement , lorfque ces corps ont des degrés différens de cha- leur. En adoptant cette opinion , il ne devroit pas fe faire d’évaporation lorfque l'air ambiant & l'eau ont un même degré de chaleur; car dans ce cas l'élafticité du fluide ignée, étant égale dans l'air & dans l'eau , on peut y appliquer tout ce que je viens de dire. La feconde opinion eft que les parties de l'eau, quoique fpécifique- iment plus pefantes que l'air, peuvent cependant augmenter de Hbc en diminuant de volume, de manière que lorfqu’elles font une fois élevées , elles ne peuvent plus tomber aifément; le poids de chaque molécule diminuant en raifon de la racine cubique de fon diamètre, pendanr que la furface, qui réfifte à l'air, ne diminue qu'en raifon de la racine quarrée de ce diamètre. La pouflière qui s’élève en été, lorf- qu'il n'a pas plu -de quelque-rems, nous en fournit un exemple, L'on voit aifément que ce raifonnement qui eft mot à mot Défa- guliers , ne fatisfait point à la queftion. L'énoncé de cette opinion n'eft SUR L'HIST. NATURELIE ET LES ARTS. 46$ n'eft pas fort clair, & ne paroît pas même tout-à-fair jufte , puifque : a Si les particules d'eau ont une figure différente de la fphcrique, je | ne fais ce que c’eft que leurs diamètres , à moins qu'on ne les tranf- forme idéalement en de petites fphères, d’un volume égal. b Le poids de deux corps, & la raifon de leur malle ou quantité, de matière propre , avec leur volume, font étrangers à la queftion. Le volume de deux fphères eft en raifon du tube de leurs diamètres , & non de la racine cubique de ces diamètres; & leurs furfaces font en raifon du quarré de leurs diamètres, & non de la racine quarrée de ces diamètres. Je me bornerai donc à confidérer ce qu'il y a d’intelligible dans l'expofé de cette opinion, & cela fufhira pour montrer que le raifon- nement ne fatisfait point à la queftion. 1. Quelle eft la caufe qui fait augmenter la furface des parties de l'eau & diminuer leur volume ? 2. Quand on la fuppoferoit cette caufe , les particules du fluide étant toujours fpécifiquement plus pefantes que l'air ne font pas éle- vées , de l’aveu même des Auteurs de cette hypothèfe , mais peuvent feulement fe foutenir dans l'air plus aifément, que quand elles éroient fpéciñiquement plus pefantes. L'on voit donc, que cette explication ne montre point comment les parties de l’eau s'élèvent , mais fimple- ment comment elles pourront être foutenues lorfqu’elles fe feront une fois élevées. La troilième explication fuppofe que les particules d’eau , ou d'un fluide évaporable quelconque , fe changent en de petites boules creu- fes , qui font remplies d'un air moins denfe que celui qui l’environne ; & que par conféquent elles fonc fpécifiquement plus légères, & cetre fuppo- fition étant faite, l'explication eft la même que celle du D. Nieuventyt. La quatrième explication, qui par la célébrité de fon Aureur mé- rite d’être rapportée , elt celle de l'illuftre D. Defaguliers. Dans fa Phyfique Expérimentale , cet Auteur donne auf > P- 345, Tomell, la réfutation des explications dont il a été fait mention ci-deflus. Voici le lemme fondamental qui ferc de bafe à tout fon raifon- nement. Les particules de tous les fluides ont une force de répulfon. Les fluides font ou élaftiques ou n'ont pas de rellort : les premiers ont leur denfité proportionnelle à leur compreflion , & Newton a démontré (Princip. lib. 2, fe& s,) qu'ils font compofés de parties qui fe repouflent mutuellement de leurs centres refpectifs. Les flui- des fans reflort, comme le mercure , l’eau & plufieurs autres liqueurs, font incomprefibles à en juger par l'expérience Car aucune force n’a été capable dans l'expérience de Florence de comprimer l'eau & de lui faire occuper un moindre efpace; mais elle fuintoit comme de la Tome XV, Part, I. 1780. TCTNOME Nnn 466 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, rofée à travers les pores d’un ballon d'argent où elle étoit renfermée; lorfqu'on y appliqua une force qui preffa le ballon pour lui faire perdre fa figure fphérique , & lui donner une figure de moindre ca- pacité. Or, cette propriété de l’eau & des autres liqueurs ne peut venir que de la force centrifuge de leurs parties, & nullement du défaut de vuide ; puifque leau peut simbiber de différens fels fans augmenter de volume, comme on le voit par l'augmentation de la pefanteur fpécifique. C’eft ainfi que les métaux qui ont chacun une certaine pefanteur fpécifique, au-delà de laquelle 11 n’eft pas poflible de les condenfer , ne laiflent pas d'entrer dans les interftices les uns des autres, de manière à former un corps plus pefant fpécifiquement que le plus pefant des deux , comme on l'a prouvé dans le mélange du cuivre & de l'érain. Examinons chaque partie de ce lemme, afin de voir fi elles font conformes à ce que l'expérience guidée de la raifon nous apprend. 1. Les parties des fluides élaftiques fe repoullent comme Newton le démontre ( Princip. lib. 2, {e&. 5.) L'on pourroit peut-être faire quelques obje&tions à Newton; mais comme cela n’a aucun rapport avec ce quil faut examiner ici, je n'en dirai pas davantage. 2. Les fluides fans reffort font incompreflibles à en juger par l'expé- rience de Florence. IL eft sûr que tout corps élaftique eft compreffible; mais cette com- preflion ne va pas à l'infini, & il y a des bornes au-delà defquelles un corps élaftique ne fauroit être comprimé davantage : il ne s'enfuit nullement de la compreffibilité des corps élaftiques , que tout corps in- compreflible, ne foit pas élaftique; car un reflort qui feroit bandé au- tant qu'il eft poflible, ne pourroit plus être comprimé, & cependant il fe débanderoit dès que l'obftacle celferoir. De même un reflort qui feroit bandé par une force P, ne fauroit être comprimé davantage par une force p , moindre que p. Donc lorfqu'un corps ne peur être comprimé par une force donnée, on ne peut pas en conclure que ce corps eft abfolument incompreflible , & non élaftique. Le verre eft fort élaftique & je doute qu'on faffle changer au moyen d’une prefle la figure ou le volume d'une boule folide de verre. L'expérience de Florence ne prouve donc rien quant à la compref- fibilité des corps. -On n'en fauroit tirer d'autre conféquence , fi ce n’eft que la force employée pour comprimer l'eau dans cette expérience, n'étoit pas fufhfante ; & que cette force devoit être plus grande que celle qui empèche le paflage de l'eau par les pores du métal ; on n’en peut nullement conclure qu'aucune force ne puifle comprimer l’eau, ou les fluides quelconques nommés improprement incomprefibles. Il convient encore de remarquer que de la compreflibilité de tout SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 467 corps élaftique, il ne s'enfuit pas que tout corps non élaftique eft in- compreflible, mais feulement que ce dernier ne repréndra pas fon volume primitif lorfque la compreffion ceflera. 3. Cette incompreflibilité de l’eau & des autres fluides , ne peut venir que de la force centrifuge de leurs parties, & nullement du défaut de vuide ; puifque l’eau peut s'imbiber de différens fels fans augmenter de volume. Qu'on remplifle un vafe d’une forme quelconque de petites boules ; qu'on les fuppofe parfaitement rondes & dures, & qu'on les arrange de manière qu'il refte le moins de vuide poflible : fi on preffe ces boules les unes contre les autres avec une Due quelconque , & mè- me infinie, elles n’occuperont pas un moindre efpace, quoiqu'il n’y ait aucune force centrifuge qui les empèche de fe rapprocher, & qu'il y ait du vuide entrelles. Les vuides pourront être remplis d'autres corps, comme par exemple de fluides, fans que le volume augmente le moins du monde. Maintenant, fi l'on fuppofe que la dureté de nos boules , foit à la dureté parfaite, en raifon de » à x (m repré- fentant la dureté des boules ), & les forces nécellaires pour conden- fer ou pour écrafer ces boules en raifon de pàg , en fuppofant les forces comprimantes proportionneiles à la dureté des boules ; nous aurons m: 7=—p:q. Pour cela il faudroit que cette proportion für jufte, & tant que cela n’eft pas, on UE rien conclure fur l’élafticité des fluides. Donc la démonftrarion ‘du lemme fondamental du D. Defaguliers eft fauffe. Il ne s'enfuit pas à la vérité que le lemme le foit aufli ; ce dernier pouvant être vrai, quoique la démonftration ne le foit Pas; mais toujours ne doit-on le regarder que comme un lemme fans dé- monftration, ce qui équivaut à une fuppolition gratuite, qu'il n’eft pas permis de pofer pour fondement d’une explication. Dans une feconde differtation du même Auteur fur ce fujer, qui fuit immédiatement la première , il s'exprime de cette manière. A cette force répulfve ( c’eft la même dont il à déjà fait mention ci-deflous, } dont la fphère d'activité ne s'étend que fort peu, fuccède une force atraétive , que nous appellerons une attraction de cohé- fion , laquelle commence lorfque l'autre finit, & qui borne fon étendue. Je n'ai rapporté cet endroit de la differtation que pour faire voir à combien de fuppoftions gratuites l’Auteur a recours, & par conféquent combien peu fon explication eft fondée. : Toutes ces hypothèfes étant fujettes à d’égales difficultés , voyons quelles pourroient être les véritables caufes de l'évaporation. Pour cet effet, il convient de remarquer quelles font les circonf- tances qui l’accélèrent & l’augmentent ; toutes chofes reftant d’ailleurs kes m èmes, je dis que ces circonftances font; 1780. JUIN. Nnn 2 468 OSERV ATIONS SUR LA PHYSIQUE, 1. La chaleur, tant de l'air que les Auides qui s'exhalent. 2. L’agitation de l'air de ces mêmes fluides. 3. La denfité de l'air & la moindre attraétion réciproque , ou ténacité des parties du fluide. Je vais maintenant prouver ces trois articles par des expériences. L' Æ CPE RIEN CE. Ayant également rempli d’eau deux vafes cylindriques de mème hau- teur & de même diamètre (chaque vafe contenoit 8 onces , ) j'en mis un dans un endroit dont la température éroit de 8 degrés & l’autre dans un endroit ou un Thermomètre également gradué marquoit 15 degrés ; chaque vafe étoit entouré de glace fondante , afin que la chaleur du fluide qu'il contenoir, fût la mème; après deux heures je les pefai, & je trouvai que celui qui avoit été dans l’endroit où l'air éroir le plus chaud , avoir perdu + de drachme moins que l'autre. ILE XPAELR I EN CÆ Ayant de mème rempli les deux vafes que je nommerai À &B, afin d'éviter les répétitions , je les mis dans une même chambre , mais fimplement à l'air, & l'autre dans un bain de fable. La rempérature du premier étoit égale à la température de la cham- bre, qui étoit 10 degrés, & celle du fecond étroit de 30 degrés; Les deux Thermomètres étoient pareïllement gradués. Après deux heures, je trouvai par les poids des fluides, que celui qui avoit été au bain de fable avoit perdu $ drachmes plus que l'autre. IIL EXPÉRIENCE. Les vafes À & B étant remplis comme dans Les expériences pré- cédentes, & dans un air également chaud , je fis paller fur la furface du Auide contenue dans le vafe À , un courant d'air produit par un grand fouflet ; l'air qui entouroit le vafe B étant en repos. Après deux heures je trouvai que l’eau contenue dans le vafe A , avoit perdu 2 drachmes de fon poids plus que l’eau du vafe B. LV: l'E X PE RULEINICE: Les deux vafes À & B, étant dans un endroit également chaud, je verfai l'eau contenue dans le vafe B, dans un autre vafe C , & de celui-ci de nouveau dans le vafe B : & je continuai pendant un heure la mème opération ; au bout de ce tems ayant pefé ces vafes À & B, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 469 je trouvai que l’eau contenue dans le vafe B, avoit perdu 3 drachmes de fon poids plus que l'eau du vafe A. Vo EXPÉRIENCE. “a Ayant mis le vafe À fur la platine de la pompe pneumatique , & l'ayant couvert d’un récipient de même que le vafe B, je raréfiai l'air qui entouroit le vafe À , & après deux heures ayant pefé les deux vafes À & B, je trouvai que l'eau contenue dans le vafe B, avoit perdu? de drachme de fon poids plus que celle qui étoit contenue dans le vafe A. Donc, puifque la chaleur dilate l'air, & que l'air plus rare neft pas aufli propre à l'évaporation que l'air plus denfe, il eft évident que la chaleur de l'air , toutes chofes d'ailleurs égales , diminue l’évaporation. Enfin lexpérience journalière apprend auffi que les fluides rénaces comme l'huile & les Auides favonneux , ne s'évaporent pas autant que les Auides moins renaces , tels que la plupart des efprits qui font très-volatils, & dans lefquels la renacité des parties eft beaucoup moins grande que celle des premiers fluides. Pour peu qu'on fafle attention à ces circonftances , qui accélèrent & augmentent l'évaporation, on verra qu'elles fonc les mêmes que celles qui favorifent la diffolution des corps dans les menftrues chy- miques. La chaleur ou le mouvement des particules ignées , contenues dans les inrerftices que laiffent entr'elles les parties qui conftituent un fluide, doit néceflairement fe communiquer à ces parties, puifque les molé- cules dont les fluides font compofés, eppofent une très-petite rélif- tance au mouvement, fans cela le corps feroit, non pas Auide, mais folide. Or, nous avons fait voir par des expériences , que le mouve- ment des fluides accélère leur évaporation, Donc, puifque la chaleur les met en mouvement elle doit auffi favorifer l’évaporation, ce qui eft conforme à l'expérience. La chaleur produit encore le même effet par une caufe différente ; car il eft fuf- fifamment connu, qu'elle dilare tous les corps & fur tout les fluides. La conftruétion du Therniomètre eft fondée fur cette propriété des fluides. Mais cette dilatation ne fauroit avoir lieu, à moins que les parties des fluides ne foient écartées les unes des autres. De cet éloi- gnement des parties, 1l réfulre une diminution dans leur attraction réci- proque , qui décroît en raifon d’une puiffance de la proximité , puiflance qui n'eft pas encore fer rs déterrainée , & qui diminue confi- dérablement au moindre éloignement, Donc , par la chaleur , les parties des fluides pourront plus facilement fe dei les unés des autres, & leur tenacité relative fera moindre ; donc auf, par cette raifon, la 470 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, chaleur accélérera l’évaporation , qui n'eft que la féparation des parties. Les expériences nous apprennent que la diflolution des corps dans les menftrues chymiques eft confidérablement accélérée par la chaleur, & que même certaines diflolutions ne fe font point du tout fans un desré de chaleur fenfble, tant du difflolvant que du corps diffous. Pour en concevoir la raifon , il convient de remarquer que la dif- folution n'eft autre chofe que la pénétration réciproque, à laquelle fuccéde l'union intime des parties tant du corps diffous que du dif- folvant ; & en répétant les mêmes raifonnemens qu'on a faits pour expliquer pourquoi la chaleur accélère l’évaporation , on verra qu'ils font parfairement applicables à la diffolurion.Car les parties, foit du diffolvant, foir du corps diffous, fe féparent plus vite lorfqu'eiles font en mouvement que lorfqu'elles n'y font pas. De mème , fi l’on fuppofe que l’évapo- ration neft qu'une diflolution réciproque de l'air & du fluide qui s'évapore, nous avons vu que Ja chaleur donnant du mouvement au fluide , accélère l'évaporation ; ce qui doit aufli avoir lieu fi l'on re- arde l'air comme un diffolvant. En difant que l'air eft un difflolvant des fluides qui s'évaporent , je n'avance pas une fuppofñition gratuite , puifque cetre propofition elt prouvée par l'expérience fuivante. V LIÉE, X'P'ÉVRHITENN QE. Qu'on fcelle hermétiquement à un bout un tube de verre d’un ied de long, & de quatre ou cinq lignes de diamètre; qu'on le chauffe bien ; qu'on le rempliffe d’eau purgée d’air par la pompe pneu- matique & par l'ébullition; & qu'on laifle feulement au haut du tube une petite bulle d'air, de la grandeur d'un pois; après cela, qu’on {celle auffi hermériquement le tube à l’autre extrémité ; l’on verra cette bulle d'air diminuer peu-à-peu , & enfin difparoître entièrement. Cette expérience , dont M. Amontons eft l’Auteur, prouve évidem- ment que l'eau diffour l'air, & cela ne peut fe faire fans une péné- tration réciproque; il s'enfuit donc que l'air diflout l'eau. Donc, la diflolution de l'eau par l'air eft prouvée par l'expérience, & n’eft pas une fuppoñition fans fondement. Examinons les autres analogies qui peuvent fe trouver entre l'élé. vation des vapeurs , & la diflolution des corps dans les menftrues chy- miques. i l 1. Plus les parties du corps à diffoudre font défunies, plus la diffo- jution fe fait facilement. La raifon en eft que la défunion des parties en procurant une plus grande furface au corps , permet au diffolvant d'agir en plus d’endroits à la fois fur le corps à difloudre, La diffolution des corps provient de l'aétion totale de chaque particule du difolvant fur Les SUR L'HIST. NATURELIE ET LES ARTS, 47à parties du corps à difloudre ; donc, plus il y aura de parties où cette action pourra avoir lieu, plus la diflolution fera prompte ; donc, la chaleur en défunifflant & éloignant les parties des corps, doit accélé- rer la diflolution; par la même raifon l’eau & les Auides chauffés doivent s’'évaporer plus que les fluides froids; ce qui eft très-confor- me à l’expérience. Ce que je viens de dire, eft encore conflaté par d'autres expérien- ces; car, il y a certains corps, tels que la craie & le foufre, qui ne font point diflolubes dans l’eau par eux-mêmes, mais qui le devien. nent dès qu’on les pénètre auparavant de quelques autres corps. Ainfi , la craie pénétrée de quelque efprit acide, fe bed dans l'eau; de mème que le foufre , fi on le fait avant bien rougir dans un creufer lutté, avec de la porafle ou de l’alkali végétal. 2. Un diflolvant ne diffout qu'une quantité déterminée du corps à difloudre. Lorfqu'il eft imprégné de cette quantité , on dit qu'il eft faturé; & alors, 1l ne diffour plus le même corps ; mais plus il fe charge des parties du corps à difloudre, plus la diffolution fe fait len- tement & imparfairement: Voyons maintenant fi cela n’a pas aufli lieu à l'égard des vapeurs & de l'air, en confidérant ce dernier com- me un difflolvant. L'expérience prouve que de l’eau renfermée dans un tube de verre fcellé hermétiquement aux deux bouts , & dont le refte eft rempli d'air ne s'évapore pas fenfiblement, même dans bien des années; ce qui vient uniquement de ce que cet air s'étant une fois faturé d’eau & l'eau d'air, il ne peut plus fe faire de diflolution. De plus , de l’eau contenue dans un matras qui a un col long & étroit, ne s'évapore que fort infenfiblemenr; ce qui vient de ce que l'air contenu dans le col de ce matras y refte : il s’en eft chaflé exprès , par conféquent il fe charge d'eau, & en étant faturé , il n'en diffout plus, Effectivement fi cet air n'avoir aucune communication avec l’atmofphère, il ne s’'éva- poreroit plus d’eau ; ce qui s’en évapore encore, ne vient que de ce que l'air contenu dans le col du matras tranfmet peu-à-peu au refte de l'air les parties aqueufes qu'il tient en diflolution , & fe rend par-là propre à en diffoudre de nouvelles. Enfin, l'expérience nous apprend que le vent facilite & accélère l'éva- poration , ce qui vient de deux caufes. 1°. La première eft l'agitation de l'air confidéré comme menftrue dont nous avons déjà parlé ci-deffus; É 2°. La feconde raifon fe trouve en ce que, par le vent, l'air qui re- pofe fur le fluide eft chaffé avec l'eau qu'il a diffoute ,& n’a pas le tems de s'imprégner de beaucoup de particules acqueufes , qui empè- cheroient plus ou moins , fuivant leur quantité , l'évaporation ou la diflolution. 472 OBESRVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Si par exemple, on verfe fur du fer de l’efprit de nitre , & qu’on le laifle deffus jufqu’à ce que le fer foit entièrement diflous, en mar- quant le rems qu'il a fallu pour que cette difolution s'acheväât, l'on verra qu'il en faut beaucoup moins pour difloudre une égale quantité de fer fi l’on ôre l’efprit de nitre dès qu'il commence à en être un peu imprégné, & qu'on en verfe du nouveau. Et voilà la feconde raifon pour laquelle le vent en donnant toujours à l’eau un air non faturé, favorife & accélère l’évaporation. 3°, Si l’on a deux tubes de verre fermés hermétiquement à un bout chacun , de la mème hauteur, mais dont le diamètre de l’un foit double de celui de lautre, & qu’on mette dans chaque tube une égale quantité de limaille de fer & d’efprit de nitre , l'on verra que la limaille contenue dans le tube dont le diamètre eft le plus grand, fera beaucoup plus vite diffoute, que celle qui eft contenue dans l’autre, De même, de l’eau ou un fluide quelconque, mais fuier à s'éva- porer, mis dans un vaifleau d'une figure velle , que la furface fupérieure de l'eau foit plus grande que celle qui eft contenue dans un autre vafe , s'évapore aufli plus vite; c’eft une chofe que l'expérience jour- nalière confirme fafhfamment. 4°. La pefanteur des corps ne les rend pas plus dificiles à difloudre ; cat le mercure qui eft beaucoup plus pefant que le fer, fe diflout de même que le fer, dans l’efprit de nitre. : De même l’eau, qui eft beaucoup plus pefante que l'huile d'olives, d'amande, de noix, &c. s’évapore pourtant bien plus facilement que les huiles ; ce qu'il feroit affez difficile d'expliquer par toutes les hypo- thèfes , où l’on fuppofe que l’eau & les Auides évaporables s'élèvent parce qu'ils deviennent fpécifiquement plus légers que l'air; car il fem- bleroit que dans ce cas, le changement pourroit bien plus facilement s'opérer fur lhuile & fur les corps plus légers, que fur les corps plus efans. Enfin, les diffolutions chymiques parfaites reftent tranfparentes , fi le diffolvant qu'on a employé étoit tranfparent. De même l'air qui eft originairement diaphane , garde fa tranfparence après qu'il s’efl chargé d’une aflez grande quantité. de vapeurs. De cette grande analogie entre l’évaporation & les diffolutions chymiques, on peut conclure que ces deux chofes font, quant à la ma- nière dont elles s’opèrent , parfaitement identiques, & que l'évapo- ration ne différe de la diflolution, que par la nature des menftrues ; l'évaporation étant une diffolution où l'air agit comme menftrue, & la een étant celle où le diflolvant eft un autre fluide quelconque. Après avoir examiné les vapeurs dans leur élévation, portons quelques regards fur leur chüte, & râchons d'en découvrir lg méchanifme & les reflorts fecrets, Pour que les vapeurs tombent , il faut néceffairemenc que SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 473 que les parties aqueufes qui étoient unies à l'air, s’en féparent & fe réuniflent entr’elles. 11 faut dont examiner quelles font les caufes qui produifent dans les diffolutions la féparation des parties du corps dif- fous d'avec le diflolvant. Ils s'en offre d’abord deux : 1. L'on fépare dans la Chymie les_ corps diffous du diffolvant, pat le moyen d'un troifième corps, avec lequel le diffolvant a plus d’aff- nité qu'avec le corps qu'il tient déjà en diflolution. Suppofons qu'un diflolgant tienne le corps À en diflolution, & qu'on y jete le corps B; ge l'afhinité du premier avec le diflolvant foit P,& p l'afhinité du fecond avec le même difloivant; il et évi- dent qu'il agira fur le corps A avec une force P-p, & fi p P, le diflolvant agira fur le corps À, avec une force négative ; donc il ne fera plus retenu, & le diffolvant agira fur le corps B, avec la force p-P ; dans ce cas, les parties du corps À n'étant plus retenues par le diffolvant , s'en fépareront & feront entraînées par leur pefanteur au fond du vafe qui contient la diflolution. L'on nomme précipitation ; cette forte de défunion produite, comme nous le difons, par le moyen d’un troifième corps. 2. Lorfqu'on diffout un fel quelconque , & fur-tout le fel marin, dans de l’eau bouillante , jufqu’à ce qu'elle en foit entièrement fatu_ rée , & qu'on la refroidit fubitement, l’on voit le fel tomber au fond du vafe en forme de poudre. Voici donc une feconde forte de féparation du corps diflous & du diflolvant, qui fe fait fans l’intermède Jners corps ; nous appelle- rons féparation, cette feconde forte de défunion , pour la diftinguer de la précipitation. Je n'examinerai que les caufes de la féparation , la précipitation n'étant pas applicable, ou du moins l’étant beaucoup moins que cette première , à la chûte des vapeurs. Lorfque l’eau fe refroidir, les parties de l’eau fe rapprochent , par la diminution de volume, & par la diminution du mouvement des particules du feu, par lequel les particules de l’eau étoient écar- tées les unes des autres. Or, les parties en fe rapprochant font diminuer la capacité des res ; & ces pores qui dans leur état de dilatation, ou lorfqu'ils avotent Lo grande capacité , ont été SU de fel marin , ne peuvent plus en contenir la même quantité, lorfqu'ils font devenus plus pe- tits, D'où il réfulte que les parties du fel marin feronc, pour ainfi dire, exprimées des pores du Auide, & dans cer état elles comberont au fond du vafe : cette féparatien peut être comparée à celle de l'eau qui fort d’une éponge lorfqu'on la comprime, Tome XV, Part. I. 1780. JUIN. O 00 474 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, La caufe de la féparation de l'eau d’avec l'éponge eft la même que celle du fel marin d'avec l’eau lorfqu'elle fe refroidir , puifque ces deux effets font produits par la diminution de la capacité des pores du cofps contenant. Lorfqu'en hiver il fait fort froid, & qu'on fait attention aux fenè- tres d’une chambre chaude, on les voit couvertes de petites gouttes d’eau, dont le nombre augmente comme le froid de l'air extérieur: en voici la raifon. Lorfqu'il fait plus froid dehors, l'air intérieur qui touche la fenêtre, eft condenfé par le froid extérieur qui y pafle faci- lement ; donc il exprime les parties aqueufes contenues dans fes po- res, & ces parties en fe réunifflant forment les gouttes d'eau qui s'at- tachent aux corps contigus à cet air; donc la fenêtre doit en être couverte. Un vafe bien fermé qui a été rempli d’air dans un endroit fort chaud, & qu'on porte dans un endioit plus froid , fe remplit à fa furface intérieure de petites gouttes d’eau ; car l'air extérieur en condenfant l'air qui touche la furface intérieure du vafe, fait que ce dernier ex- prime les parties acqueufes contenues dans fes pores, & ces parties en fe réuniffant & s'attachant à la furface du vale , forment les gouttes d'eau que nous y voyons. Donc, puifque la condenfation de l'air produit la chûte des va- peurs, la mème caufe produira aufli la pluie, la neige, le brouillard , &c. Cette condenfation peut être produire dans l’armofphère par les deux canfes fuivantes. 1°, Par la diminution de la chaleur. 2°. Par un feul vent, ou par deux qui foufflent en direétion con- traire , pourvu que leurs vitefles ne foient pas égales. Si l'on fait attention aux circonftances qui précèdent & fuivent la pluie, l’on verra que la plupart du tems le vent, & un changement dans la température de l'air, ou du moins une de ces deux chofes, ont lieu avant la pluie. Quand , par exemple , dans un jour fort chaud d'été , il vient tout à coup un orage , l’on fait qu'un vent frais en eft toujours l’avant- coureur, & lorfque l'orage eft paflé, l'air eft beaucoup plus froid qu’il ne l’étoit auparavant; ce qui ne peut venir que de la fraicheur du vent, & du froid des gouttes d’eau, qui en paffant par l’air le refroi- diflent aufñi. | Le tems où il tombe le plus de pluie, eft l'automne, & en même- tems l'automne eft la faifon dans laquelle il règne le plus de vents, dans toutes fortes de direftions, & où le froid & le chaud fe fuccè- dent crès-fubitement & fréquemment. Mais il y a une difficulté apparente qui s'offre d'abord. Si la pluie SUR L’HIST. NATURELLE ET LES ATRS. 47; eft produite par la plus grande denfité de l'air, le Baromètre doit monter peu de rems avant la pluie, & cependant cela eft contraire à l'expérience. Pour répondre à cette objection , 1l convient de remar- quer que fi le Baromètre defcend fouvent peu de rems avant la pluie, il monte aufli quelquefois dans les mêmes circonftances, Donc il faut qu'une des caufes de la condenfation de l'air le rende plus pefant & l'autre plus léger. Le froid en condenfant l'air doit néceflairement augmenter le poids de la colonne que cet air condenfé occupe; car rempliffant un moin- dre efpace, l'air ambiant fe jette dans l’efpace que l'air condenfé vient d'abandonner & de laifler vuide : donc la pefanteur de cette colonne d'air fera égale à la pefanteur de l'air qu’elle renfermoit auparavant, & de celui qui eft furvenu. Et par conféquent la pluie produite par le rapprochement des parties de l’air provenant du froid , doit être précé- dée de l'élévation du mercure dans le Baromètre. 11 n'en eft pas de même du vent lorfqu'il fouffle fuivant une feule direction , ou que deux courants d’air fe choquent en direétion con- traire : à moins que dans ce cas leurs vitefles ne foient égales, 1l s’en fuivra toujours néceflairement une condenfation de l'air. Un vent qui agit fuivant une feule direction condenfe fortement l'air qui fe trouve dans fon chemin; car d’où viendroit cette force prodigieufe du vent, par laquelle les plus gros arbres font quelquefois déracinés, fi ce n'eft de la forte compreflion de l'air fur la partie de l'arbre qui donne du côté d’où vient le vent ? On peut objeéter : 1°. que la force du vent vient uniquement de fa vitefle. 2°. Que fi l'air fe condenfe autour de l'arbre , c’eft par la réfiftance de l’arbre mème , & que par conféquent à quelque diflance de là, l'air n’eft pas condenfe, Mais l'air eft un corps: donc fon mou- vement fuivant une certaine direétion, ou le mouvement de chacune de fes parties , ( qu'on peut regarder comme de petits corps folides ; & l'on fait que ceux-ci étant müs avec une certaine vitelle, acquièrent une force qui eft égale au produit de leur maffe par leur viteffe); donc la force avec laquelle une particule d'air, mue avec une vireife dé- terminée, gic fur un corps qui fe trouve dans la direétion de fon mou- vement , eft égale à la mafle de cette particule , multipliée par fa viteffe : donc la force avec laquelle Pair agit fur l'arbre, n’eft pas uni- quement due à fa viteffe, mais encore à fa malle. Suppofons que 4 , &,c,d, &c. font des particules d'air qui for- ment une file ou ligne droite , qu’on leur communique à toutes dans le mème inftant une vicefle égale, & fuivant la direction de la parti- cule d, vers la particule a : fi elles éroient dans le vuide, il eft clair qu'elles conferveroient toutes la mème vitefle, & le même éloigne- ment refpectif. De plus, fuppofons une autre file de particulesa, @, 1780, JUIN. Ooo2 476 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, y d', &ec. qui foient en repos & que les particules 4,b,c,4d, &ec. a,B,7,d, &c. foient toutes dansune même ligne droite: fi la particule a rencontre la particule «, la première perdra une partie de fa virefle, & la communiquera à la particule 4 qui s’approchera de la partie 8, & 4 qui aura alors plus de vitelfe que «, fe rapprochera aufli de 4: donc les parties a, b, «, @ feront plus proches l’une de l’autre, que les parties y &d La partie, ayant atteint a, perdra auffi une partie de fa vi- telle, & celle de la partie a en fera augmentée ; donc celle-ci fera alors portée avec plus de viteile vers la partie a, & ayant atteint &, qui a moins de vitefle, elle lui en donnera ; de-là, il réfultera de nou- veau que la particule c, ayant plus de vitefle que la particule #, elle s'en rapprochera à la particule 8, s’approchera aufli de la particule > ; donc Fe particules a, b,c,d,&c.a, @,7,d, &c. doivent ètre plus proches l’une de l’autre , étant en mouvement, que lorfqu’elles font en UE en appliquant ce même raifonnement au mouvement pro- greffif des particules de l'air caufé par le vent, l’on conclura aifément , que l'air, qui fe trouve dans la direction du vent, doit être condenfé. J'ai fappofé dans certe explication que les particules de l'air ne fe rou- choient pas, & je crois qu'on ne me refufera pas cette fuppofition ; car l'air étant environ 16coo fois moins denfe que l'or, & l'or n'étant pas fans pores , nous pouvons bien admettre que les particules de l'air ne font pas en contact. Si l'on fuppofe les particules 4, b,c, d, &c. a, 8, y, d', &c. élaftiques , il faudra fe repréfenter la caufe de la condenfation d’un courant d’air d’une manière un peu différente; mais je ne m'y arrècerai pas davantage , me bornant à remarquer encore , que dés qu'on con- vient que la réfiftance de l'arbre occafionne une condenfarion , on accorde tacirement que le vent condenfe l'air, car il eft évident que la réfiflance de l'air en repos doit produire le même effer fur un cou- sant d'air, qu'il ne différera de l'effet produit par la réfiftance de l'arbre, que du plus au moins. Il eft donc évident que pour que l'air foir condenfé , il n’eft pas nécelfaire que deux courans d’air agiffent en direétion contraire , mais qu'un feul ou deux qui agiflent fuivant des direétions quelconques , peuvent produire cet effer, Je ne m'arrêterai pas ici à expliquer d’où vient que le vent fait la plupart du tems baiffer le Baromètre , ni à détailler les différens cas où il peut le faire monter, ou baifler plus ou moins; l'on trouve l'explication de ces effets dans prefque tous les Cours de Phyfique. Je me borne à remarquer encore que le vent dont la direction ef perpendiculairement de haut en bas, doit néceflairement faire monter le Baromètre, & qu'un ou plufieurs vents qui agiflent fuivant d'au- tres directions, produiront un effet oppofé & feront baifler le Baro- nn Ÿ d SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 477 mètre. Nous pouvons donc tirer de ce qui vient d’être dit, cette conclu- fion , que toures les fois que la pluie eft précédée de l'élévation du mercure dans le Baromètre . elle doit vraifemblablement être attribuée à la condenfation de l'air produite par le froid ou par un vent dont la direction eft de haut en bas. Et qu'au contraire , fon abaïffement avant la pluie, marque qu’elle eft produite par une condenfation de l'air caufée par le vent, foit qu’elle agifle fuivant une feule ou fuivant plufeurs directions , pourvu qu’elle ne foit pas de haut en bas. CAO PE STE D'une Lettre de M. de Flangergues, Confeiller à la Chambre des Comptes de Montpellier, à M. le Baron de Servières, contenant diverfes Expériences fur la Congélation (1). A Viviers le 3 Février 1379. Je m'emprefle, Monfieur, de vous faire part de quelques Obferva- tions que j'ai faites fur la Glace , pendant le froid du mois paflt ; com- me je connois votre goût décidé pour la Phyfique , j'ai penfé qu’elles pourroient vous faire plaifir. Voici le procédé que j'ai fuivi. 1°, Je me fuis fervi d’une machine de cuivre. Elle eft toute d’une pièce , fans aucune foudure. Elle eft de figure conique ou de cône tronqué. Elle a neuf pouces de diamètre à l’endroit le plus large, fur neuf pouces & demi de profondeur. J'ai obfervé que c'étoit la forme des vailleaux qui les Éitoie mieux réfifter aux efforts de la glace. L'expérience m'a appris que dans les vaiffeaux de figure , par exemple, cylindrique, les efforts de la glace fe faifant fouvent vers le fonds, ou les côtés, les ouvroient toujours, au lieu que dans ceux de figure conique, ils fe font portés vers la fuperficie. La raifon qu'on pourroit en donner c'eft que l’eau, dans une machine de figure coni- que , commençant à fe geler , comme dans les machines d’une autre fpure, à fa fuperñcie, enfuite aux côtés, & enfin à la bafe, la glace acquiert dans cette partie‘une épailleur affez confidérable pour produire le mème effer que la culafle d’un fufil , qui par fa réfiftance occafionnée par fon G) M. de Flangergues ayant chargé M. de Servières de la publication de ce Mé- moire , l'a autorifé en même-tems à y ajouter quelques remarques , que l'on trouvera au bas des pages. 473 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, cpailleur force la poudre à diriger fon effort vers l’autre bout ; de même la glace trouvant plus de réfiftance vers le fonds, fait conftam- ment ; fuivant les obfervations , fon effort vers la fuperficie ; aufli eft- elle toujours relevée en bofle & fouvent fendue en différens fens. < 2°. Tous les jours, vers les deux heures & demie de l'après-midi, on a tiré de l’eau d’un puits; on l’a mife dans une machine d’étain qui contenoit 100 pouces cubes d’eau. 3". De ces 100 pouces cubes d'eau on en a verfé 11 dans un pot de terre qu'on a mis au feu. - 4°. À trois heures, lorfque l’eau bouilloit à groffes ondes (1), on l'a verfée dans la machine d’érain , en y ajoutant la quantité d’eau qui sétoir évaporée par l’ébullition. Tout de fuite on a verfé l’eau dans la machine de cuivre qu'on avoit placée peu de tems auparavant fur une fenêtre expofée au nord. Elle eft traverfée par une barre de fer avec une ouverture au milieu, qui recoit la machine de cuivre, De cette façon elle fe trouve entièrement ifolée; & à côté du Thermomètre d’obfervation , vis-à-vis de cette fenêtre, il y en a une autre dans une autre chambre, & l’une & l’autre fenêtre ont refté ouvertes tout le tems qu'on a fait les obfervarions. Ainfi l'air circuloit librement. s°- Le lendemain, à neuf heures du matin, on a percé la glace avec une percerette aflez grofle. Elle faifoit une ouverture affez confi- dérable pour que l’eau s’écoulâr facilement ; autrement il auroic fallu faire deux ouvertures : l'eau étroit reçue dans une bouteille graduée par pouces cubiques d’eau. Il y auroit quelques changemens à faire à cette manière de procéder , 1°. Je penfe qu'il feroit eflentiel de fe fervir d’une machine de cuivre au moins le double plus grande. Il en réfulreroir deux avantages; le premier c’eft qu'en doublant le volume d’eau, c’eft-à-dire, en mettant 200 pouces d'eau , au lieu de 100, l'eau dans les grands froids, ne fe trouveroit pas comme toute gelée, on éviteroit par là la dificulté qu'on réncontre à percer la glace jufques près du centre, pour en extraire le peu d’eau qu'il ÿ a. Il arrive même fouvent qu'on manque ce point. Le fe- cond avantage , c’eft que la fuperficie de l’eau fe rrouveroit moins. expofée aux coups de vent. La difette d'ouvriers a fait qu'on n'a pas pu fe procurer une autre machine. 2°. Il paroït qu'il feroit néceflaire d'augmenter le nombre des pou- ces d’eau qu'on met à bouillir. La maffe votale en feroit plus également échaufée. (x) M. de Flangeroues confeille pour plus grande exactitude , à ceux qui voudront répéter fes Expériences , de fe fervir d'un Thermomètre pour mettre l'eau àla même empératuiCs SUR L’'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 479 3°. 11 me femble qu'il feroit à propos qu'on perçât la glace au mo- ment que le Thermomètre fe.rrouve le plus bas , c’eft-à-dire , un inf- tant avant que le foleil fe lève, & ne pas attendre à neuf heures, parce que le froid diminue dans cet intervalle; mais comme dans les obfervations qu'on a faites on a fuivi toujours la mème marche, rien n'empêche d’en tirer des conféquences , parce que les opérations ont été les mêmes chaque jour. La Table fuivante eft compofée de fix colonnes; la première fert à marquer le point où a été le Thermomètre à fept heures, la feconde, celui de neuf heures, & la troifième, celui de trois heures de laprès- midi. La ligne par-deflus le chiffre annonce que le Thermomètre à été au-deflous de la congélation, & celle par-deffous qu'il a été au- deflus du même point : la quatrième marque le nombre de pouces cubes d'eaa qu'il y a de gelés. La croix annonce -que l'opération a manqué. La cinquième eft pour l'élévation du mercure dans le Baromètre. La fixième, enfin, fert à faire connoître l'humidité qu’il pouvoit y avoir chaque jour dans l’atmofphère. Pour la mefure , je me fuis fervi d'une corde de chanvre longue de trente pieds, que j'ai fufpendue entre deux portes, dont l’une tourne vers le nord & l’autre vers le midi. Il y a au milieu une verge de fer qui en montant & en defcendant marque fur une échelle graduée par pouces l'humidité de l'air. A Jours du mois de Janvier 1979. Thermomètre, |Pouc.|Baro- Hy- d'eau | mètr. | gro- glac. * | mètr. 4. JANVIER. Le folcil a été beau tout le jour, le vent du nord a été extrémement fort; à 3 heures on a mis l'eau dans la machine de cuivre. La même opération ayant été faite tous les jours, on n'en parlera plus , le Thermomè- ED ROUE NON NOM OR RES LAS 16 glace ; autre opération qui a été faite exac- tement tous les jours & dont on ne parlera plus. Le vent du nord a éré extrémement fort toute la nuit. Il a tombé le matin quel- que peu de neige & du verglas. Le Ciel a été couvert toute l'après-midi. Il a fait une tempête de vent de nord , le Ther- MONET REE Ne ler Loaete ÿ* | A neuf heures du matin on a percé mn lé . -.|66p.|27P. | 450 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, 6« Thermomètre. |Pouc.|Baro-| Hy- = d'eau | métr. | gro- Vent du nord extrêmement fort la nuit &| 7h. | 9h. | 3h. glac. mètr. le matin. Ciel couvert. — — Le vent du nord a été extrêmement fort] 3. [2 |..- 83 p.|27p. 3. po- toute l'après-midi. Le ciel a été couvert; le 101. foleil a paru un peu le foir. Le Thermo- — MEcre Sans CT PAR UUE ares eee ciel teleall TM ea lere)ellinee 7° La nuit a été calme, le Ciel éroic décou-| 3. |24 |... {67 p.l27 p.| rpo. vert. Le matin le vent du nord a été extré- 10 Î. mement fort. Toute la matinée, il y avoit une Fe forte gelée. Beau foleil toute l'après-midi , vent du — nord extrêmement fort, le Thermomètre à : cl IE 8 Vent du nord extrémement fort toute la nait & la matinée. Ciel couvert. £ Ciel couvert, nord extrêmement fort, Ther- MONET CAL AN Ce Niels lee 9. Vent du nord par intervalle la nuit & la 93 p.128. mauinée. Ciel découvert. Beau foleil , vent du nord très-fort par in- cervalle. Le Thermomètre à , . . . 10. Le vent du nord n’a pas été fi fort la nuit, & dans la matinée, le Ciel étoit couvert. Le Rhône charioit beaucoup de glaces. Beau foleil , nord aflez fenfible, Thermo- _ \ 1e le | + 287 lo. “ ER . . el | . " . MCE 2 tee Rte aires etre V Eee le} Le Nuit calme, quelques nuages dans la ma-| 4 +. tinée , vent du nord peu fenñble , le Rhône charioit beaucoup. Beau foleil, nord peu fenfble , le Rhôre ne charioit plus. Il a fait le foir quelques coups de vent du Heu y dir Eda BIO 12, SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 12. Thermomètre. |Pouc. d’eau Nuit calme, Ciel découvert le matin. Nord | 3 h. peu fenfible, forte gelée, le Rhône charioit| — beaucoup. FE ED À 3 heures on à remis l'eau dans la ma- chine de c'ivre. Les Expériences avoient été interrompues à caufe d'un accident qui lui étroit arrivé. Beau (oleil l'après-midi. Nord peu fenfible , Thermomètre à . . . 13" Nuit calme, Cicl découvert, très-forte ee gelée, le Rhône charioit beaucoup. Autre accident arrivé à la machine de cuivre. Nota. Dans la matinée du 13 j'ai fait ou- vrir la terre dans le même endroit d'un jar- din qu'en 1766 , elle s'eft trouvée gelée à la profondeur de fix pouces & demi. L'après-midi du 13 il a fait beau folcil, le went du nord afez fort, le Thermomèt. a été à. |. 14. Nuit calme, Ciel découvert; la matinée] 5. nord affez fenfible , forte gelée, le Rhône charioit beaucoup. Beau foleil , nord affez fenfible, Therm. 2.1... 11e Nuit calme, Ciel découvert, la matinéc| $2. TN 28h vent du nord aflez fenfble. Le Rhône cha- 1 lig. rioit plus que les autres jours. Nota. J'ai obfervé que depuis 3 joursil y avoit un brouillard épais le long du Rhône. | L'après-midi, beau foleil, nord peu fenf- Dicndhermometre a. er: Meet 16. Nuit calme , Ciel découvert , tems fort| 61. fumeux, forte gelée. Le Rhône charioit de] Ja glace encore plus qu'hier. Nota. J'ai fait ouvrir la terre fur la mé- mc ligne que l'autre fois ; elle s’eft trouvée gelée a la profondeur de neuf pouces, L'après-midi , beau foleil , vent du nord peu fenfible , le Rhône charioit beaucoup moins , Thermomètre à. . . . è Tome XV, Parc. I. 1780, JUIN. P PP 2 po. br LIL] "9 LA 43: OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE; mom ue remaniement been ee geu 17: Nuit calme, Ciel découvert , nord peu fen.| 7 h. fible. Forte gelée , le Rhône charioic beau- coup de glace, Beau foleil , nord peu fenfble , Therm,. 2.|. . . 18. Nuit calme , Ciel découvert , nord peu fenfble, forte gelée. Le Rhône charioit plus qu'hier. L'après midi , beau foleil, nord peu fen- fible , le Rhône ne charioit pas. La machine de cuivre ayant été réparée, on a mis à crois heures l'eau. Le Thermomètre à 19. Nuit calme, Ciel découvert, nord aflez fenfible. Forte gelée. Le Rhône charioit beau- coup. J'ai faic creufer la terre toujours dans la même direction & fur la même ligne. Elle s'eft crouvée gelée à la profondeur de treize pouces. L'après-midi, beau foleil, vent du nord peu fenfble, le Rhône ne charioit point. Mhermometrelal.e eee ie 20. Nuit calme, Ciel découvert, rotd peu fen- fible point de gelée, ni d'effort de la glace dans la matinée, L’après-midi, beau foleil, le nord s'eft levé très-fort , le Rhône a charié de la glace tout le jour. Le Thermomètre à . 21. Le nord a ceffé le foir, la nuit a été calme, le Ciel découvert. Il n'y a pas eu de gelée. Le Rhône cherioit beaucoup. L'après-midi , beau foleil, nord peu fenfi- ble. Thermomètre à . EL 22. Nuit calme, Ciel découvert la matinée, nord peu fenfble, Forte gelée, le Rhône cha- rioit beaucoup. Thermomètre. nt . Z . . . . a | LS += à b OT = a» + + 3 h. | H à Pouc.|Baro-| Hy- d'eau | mètr. | gro- glac. mêtr. + er ro LD] © + j28p. 2 po. | | 73. |28p.|1 po. 3 1 SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS, 48; — L'après-midi, il y a eu quelques nuages] Thermomètre. |Pouc.| Baro-| Hy- pouifés par le vent du {ud ; le nord étoit ailez | d'eau | mèrr. | gro- fenfible , le Rhône ne charioit point. Le Ther-| 7 b.| 9h.]3b. glac. mètr. CIE MANU ee TE OEM] OGHEN HIGRE RER glace ; les côtés commençoient à fe geler. Il n'y avoit point de glace dans le fond de la machine. J'ai fait creufer la terre toujours dans la même direction, Elle s'eft trouvée gelée à la profondeur de treize pouces & demi. de gelée, il n'y a eu qu'une légère croûte de L’après-midi , il a fait beau foleil , le nord | “ HILL ie gi a été crès-fort, le Thermomètre à vert, le matin il n’y avoit point de gelée. On n’a pas fait l'obfervation de la glace. L'après-midi, beau foleil, nord peu fen- fible , Thermomètre à HE 21. Nuit calme , nord peu fenfible, forte ge- lée, Ciel découvert la matinée. L'aprèsmidi, beau foleil, nord peu fenfi- ble, Thermomètre à : 35e) 18 sfr 16. Nuit calme, forte gelée , nord peu fen- fible, Ciel couvert la matinée, fud par-def- fus. | Le vent du fud a foufflé l'après-midi, le tems s’eft fort adouci & on a ceflé de faire les Obfervations. 24. La nuit a été calme, le Ciel étroit décou-| 3. 23 Nord très fort toute la nuit, Ciel décou-| 1:.| 1. | — | + |28p.|r po. vert, nord très-fort toute la matinée, point 2 lig. Il paroît bien établi par ces obfervations & par celles faites en 1766, (elles font rapportées dans la Gazette du Commerce d’'Agricul- ture & des Finances de la même année n°. 25.) que la glace n eft pas toujours en proportion avec le froid marqué par le Thermomètre, 1780, JUIN, Ppp2 484 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Les Obfervations faites le 4, les, le 6 & le 7 en font une preuve bien complette & peut-être unidme , à caufe de la réunion des mêmes circonftances. En effer, le tems, ces quatre jours, 2 été à peu de chofe près le même la nuit & pendant la journée ; le Ciel a prefque toujours été couvert; le vent du nord a été extrèmement fort ; le desré du froid marqué par le Thermomètre pendant ces quatre jours a été le mème pour chaque jour à 7 heures du matin, à 9 & à 3 heures. Le Baro- mètre & l'Hygromètre font reftés au même point ; l'eau a été mife en obfervation à la même heure & avec les mêmes précautions , ce qui peut la faire fuppofer dans le mème état de température cha- que jour. Cependant le $ Janvier, il y a eu 66 & le 7, 67 pouces cubes d’eau gelée, & le 6 83. La différence, comme l’on voit, eft de: 17 & 16 pouces. D'où peut-elle provenir ? il n’eft pas douteux que ce ne foit du froid, qui a été fans doute plus confidérable la nuit du cinq au fix, que dans celle du quatre au cinq & du fix au fepr. Cette affertion ne doit pas paroître hafardée. Bien des circonftan- ces peuvent occafionner pendant la nuit des variations dans le froid, que le Thermomètre ne fauroit marquer. : La gelée, par exemple , peut faire une grande différence pour le froid de la nuit: on fair qu'elle n'eft bien fenfible, & qu'elle n'eft dans fa plus grande force que le matin avant le lever du foleil. Elle peut donc, dans,ce moment, occafionner une defcente confidé- rable dans le Thermomètre, qui ne fera point proportionnée au froid qu'il aura fait précédemment dans la nuir. L'obfervation faite le 13 feimble le prouver. Quoique le Thermomètre marquât $ au-deffous du o & le Baromètre 28, à 7 heures du matin, 1l n’y a eu que 69 pou- ces d’eau gelée. Le 9 le Thermomètre avoit été au même point de 5 à 7 heures, le Baromètre à 28 pouces, & il y avoit eu 93 pouces d’eau gelée. Ce jour-là il n'y eut point de gelée , au lies qu'il y en avoit eu une très-forte le 13. Les vents peuvent auffi occafonner des variations dans le froid, que le Thermomètre ne fauroit marquer. J'ai obfervé que le vent du nord, qui nous vient de l’Auvergne, c'eft-à-dire , en tirant vers l'Orient, refroidir pour l'ordinaire le rems , & fait baiffer le Thermomètre. Le même vent du nord tirant vers l’eft le fait monter. Quelle varia- tion ne peut pas caufer dans le froid le vent de fud , s'il vient à fouf- fler quelque-tems pendant la nuit ? le Thermomètre ne fauroit les indiquer, Il faudroit pour les connoître obferver le Thermomètre , toutes les demi-heures. Quel eft l’'Obfervateur qui voudroit s’en char- ger? IL femble que le nouveau Thermomètre de glace que je propofe en faifant les changemens que j'indique pourroit remplir ces objets. me te aa Dr ET | 4 [ ) SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 485 La glace fe formant en proportion du plus grand , ou du moindre froid indiqueroit celui qu'il auroit fait pendant la nuic (1). La terre ne pourroit-elle pas auffi devenir un Thermomètre, fi on louvroit rous les jours ou au moins tous les deux jours ? I] réfulre des Obfervations que j'ai faices : 1°. que depuis l'après-midi du 4 Janvier jufqu'à la matinée du 13, c’eft-à dire pendant l’efpace de 216 heures, le Thermomètre s’eft trouvé foutenû conftamment au-deffous du o & la rerre s'eft trouvée gelée à la profondeur de fix pouces & demi. 2°. Depuis la matince du 13 jufqu’à celle du 16 , c’eft-à-dire , dans l'intervalle de 72 heures, la terre seit trouvée gelée à la profondeur de 9 pouces. L'augmentation dans ces trois jours a été de deux pouces & demi, près &e la moitié de la précédente ; aufli le rems a-t-il été beaucoup plus froid. 3°. Depuis la matinée du 16 jufqu'à celle du 19, c'eft-i-dire, dans le même nombre d'heures, la gelée de la terre a augmenté de quatre pouces, C'eft dans cer intervalle que le froid a été plus fort & peur- être l’auroit-on trouvé plus confidérable, fi les obfervations fur la glace avoient pu fe faire. 4°. Depuis certe époque, la gelée de la terre n’a pas beaucoup aug- menté. Dans cet inrérvalle , le froid a diminué & le Thermomètre a été quelquefois au-deffus du o , ce qui doit faife une grande difiérence dans la gelée de la terre. L’obfervation la plus intéreffante , c’eft qu'il y a lieu d’efpérer que la gelée de la verre ayant été moindre cette année de trois pouces que celle de 1766, caufera moins de mal que celle-là, qui endomma- gea beaucoup les racines des oliviers & de la viage- (:) Il eft plus fimple & plus sûr pour comnoître le plus grand chaud , & le plus grand froid qu'il a fait pendant l'abfence de l'Obfervateur, de fe fervir des Thermomètres que Bernoulli, Kraft, Cavendish , Fitzgerald & Van-Swinden ont inventés à cer effer, On peut en voir la defcription & la figure dans l'excellent ouvrage de M. Vau-Swin- den fur la comparaïifon des Thermomètres. Amfterdam, 1778. in-8°. $. 275, 287 & 302; le Thermomètre de glace que propofe M. de Flangergues feroit fujer à mille inconvéniens , & auroit fur-tout le grand défaut de n'être point comparable. La con- gélation dépend d'une infinité de caufes peu connues jufqu'ici. Réaumur & d'autres ont trouvé que leau peut acquérir plufieurs degrés de froid au-deflous de la con- gélation , fans cependant geler. On fair d'ailleurs que certaines eaux font incongéla- bies, aux froids même les plus pres. Je me propofe d'examiner ce phénomène curieux dans un Mémoire defkiné à ce Receuil. Corcluons donc que le Thermomè- tre de glace ne doit être employé que lorfqu'on n’a point d'inftrumens. On doit, pour les mêmes raifons en dire autant du Thermomètre de terre, qui feroir encore plus inexaét & incomparable, 486 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, N. B. On croit devoir rapporter à la fuite de ce Mémoire une obfervation curieufe & intéreffante de M. de Flangergues touchant l'effet de la gelée fur la végétation des grains: (1) pour plus grande exactitude on fe fervira des propres paroles de ce favanc Phyficien. » Le 28 Janvier 1778, je fis, dit-il, arracher fix plantes , trois de » bled & trois de feigle, Elles avoient chacune trois ou quatre feuil- » les. Le même jour je les mis dans une machine conique de cuivre » pleine d’eau, que je plaçai à une fenêtre en face du nord & à côté » du Thermomètre Ron Ces plantes ont refté dans l'eau » jufqu'au 2 Mars, & dans cet efpace de tems les racines fe font » trouvées à différentes reprifes dans la glace pendant près de 72 heu- » res. De ces fix plantes quatre périrent , parce qu'un coup de vent » leur ft faire la culbute: les racines fe trouvèrent à découvert, fe ” » féchèrent & pourrirent. Les deux autres plantes, dont les racines » ont toujours été dans l’eau, furent ranfplantées le 2 Mars dans » un yafe. Chaque plante a donné fept tiges, les épis font longs & » bien nourris. Ils annoncent une bonne récolte. Cette expérience » prouve que le froid ne nuit point au bled , pourvu que le dégel » ne mette pas à découvert les racines «. Une expérience aufli importante mérite d'être répétée avec foin. Nous ne pouvons trop y inviter les Agriculteurs Naturaliftes, entre les mains defquels elle peut devenir fort utile. (x) Voyez dans le Journal de Phyfique 1773; Tome I,p. 1917, la defcription des effets de la neige fur les grains femés. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 487 RÉ IP NON NS UENLE De M, Nener fils, à M. BARBIER DE TINAN, fur l'Air des Marais & le Gas inflammable huileux. Û La lettre que vous m'avez fait, Monfieur, l'honneur de m'adrefer, & que MM. l'Abbé Rozier & Mongèz viennent d'imprimer dans leur Journal de Février 1780, m’a beaucoup inftruit, & je lui ai Pobligation d'avoir développé en moi quelques idées encore fur l'air des marais, comme auf d'en avoir rectifié plufeurs autres. Sans elle, je n’aurois point conftruit de nouveau l'appareil de M. Volta pour l'inflamma- tion des gas par l’érincelle électrique, parce qu'ayant autrefois voulu l'exécurer, je l'avois fait fans doute avec des dimenfons trop conf- dérables & que l’explofion avoit été affez forte pour brifer le verre en éclats, non fans “que danger : mais j'ai repris, Monfieur, d'autant plus courage , que j'ai été bien-aife d’éprouver quelle étoit la caufe d'une différence fi fingulière entre vos expériences conjointement avec le célèbre M. Volta, & des miennes fur l'air des marais; différence tellement confidérable , que vous attribuez à cet air la propriété de détonner avec l'air atmofphérique, tandis qu’au contraire je la lui refufe abfolument. C'et uniquement, Monfeur, de la manière de procéder que dé- pendent nos réfulrats difémblables ; je n'ai jamais employé dans les travaux que vous avez vu inférés dans les Journaux d: Phyfique des mois d’Août & d'Oétobre 1779 , que la fimple immerfion d'une bougie dans des vaifleaux ouverts, dont la capacité eft pareille au fond comme à l'orifice, & vous vous êtes fervi, ainf que M. Volta, de l'écincelle électrique dans les vaiffeaux fermés. Il en a dû , ce me fem- ble, Monfieur , réfulcer les effets différens que nous avons remarqués , & j'ajourerois mème volontiers, que l’efpèce de déronnation que vous avez obrenue eft une fuite néceflaire de toute inflammation dans les vaifleaux clos. L'air des marais, dites-vous, ne commence à détonner l'air com- mun que lorfqu'il eft mélangé avec fepr à huit parties de ce même air, & cette détonnation après avoir décru par degrés celle enñn lorf- que l’air atmofphérique, toujours angimenté dans le mélange, sy trouve dans la proportion de treize à quatorze parties environ contre une feule d'air des marais. £: ÿ? 4558 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, Ce que vous avez obfervé, Monfieur , à Strasbourg eft parfaite- ment d'accord avec ce qu'a remarqué M. Volta, en Italie, & encore à ce que m'a donné ici l'air des marais de la rivière de Somme; ainfi on peut en quelque forte conjecturer que le gas des marais formé fans doute par les fubftances animales & végétales que la putréfaétion a décompofées, eft affez analogue dans tous les pays, mais je ne puis con- clure de ces expériences que l'air des marais fulmine, fafle explofion ou détonne avec l'air atmofphérique. Je dis feulement, qu'aucune fubftance ne pouvant brüler fans le concours de l'air refpirable , il faut fept à huig parties de cet air pour donner à une feule d'air des marais la faculté de brûler dans les vaiffeaux clos, quel que foit l'agent qui l'y allume, & je dis que certe faculté cefle , lorfque cette feule mefure inflammable eft noyée dans une trop grande quantité d'air atmofphérique , comme dans treize à quatorze parties, Je ne regarde donc la répercuflion de la colonne d’eau contre le fond de la cuve, que comme l'effet néceflaire des airs mélangés qui fe dilarent en s’al- lumant & font effort contre toutes les parties de la machine qui les renferme. L'air inflammable des marais & celui que j'ai appellé principe de la combultibilité des corps, feront donc toujours reconnotilables d'avec l'air inflammable des métaux , en ce que celui-ci feul eft doué de la faculté de faire explofon avec l'air atmofphérique dans les vaiffeaux ouverts, & puifque MM. Bucquet & de Fourcroy font parvenus , difent-ils , à ramener l'air des marais à l’état d’air inflammable des méraux, cette épreuve mettra le fceau à l'authenticité d’une aufli belle découverte. L'air inflammable huileux jouit de la propriété commune aux deux autres gas inflammables , c'eft à-dire , qu'il peut s’allumer également dans les vaifleaux clos ; mais les proportions de fon mélange avec l'air atmofphérique lui font particulières puifque ; 1°, 1l ne s’enflamme guère que mêlé avec fix parties d'air commun, 2°. qu'un mélange de huit, neuf & dix parties d'air atmofphérique produit l'inflammation Ja plus vive, & 3°. qu'elle n'a plus lieu lorfqu’une feule partie de gas huileux fe trouve érendue de vingr-deux à vingt-quatre parties d'air commun. Vous obfervez, Monfieur, qu'il vous paroît mieux probable de re- garder plutôt l'air méphitique de M. Prieftley comme partie confti- guante de l'air des marais, que l'air fixe proprement dit; vous ajourez que vous êtes furpris que la plupart des Phyficiens aient confondu deux gas très-diftinéts , le méphytique & celui appellé air fixe, & vous déterminez de la manière la plus précife les différences qui les carackérifent; je ne puis mieux faire que de rapporter vos expreflions pour remettre ces différences fous les yeux des lecteurs. »” L'air * SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 485 » L'air méphytique, dires-vous, eft diftingué de l'air fixe , en ce » qu'iln’eft point abforbé par l’eau avec laquelle il eft en contatt , qu'il » né trouble point l'eau de chaux & n'eft point abforbé par Le lait ou » le fromage de chaux en reformant de la pierre calcaire«, Telles font , ileft vrai , les propriétés qui manquent eflentiellemence à l'air méphytique, tandis que l'air fixe les réunit routes; d’où il s’en- fuit qu'il y a réellement des différences frappantes entre l'un & l'au- tre; cependant , je ne fuis pas furpris que des Chymiftes & des Phy- ficiens célèbres les ayant toujours confondus, aient donné peu d’atten- tion à l'air méphytique & je crois en appercevoir deux motifs, 1°. Aucune fubftance , ce me femble , ne produit l'air méphytique totalement pur; il naît toujours accompagné foit d'air inflammable, foit d'air fixe; fouvent même le gas paroïît n'être qu’une décompoli- tion de ces deux airs, & quelquefois encore de celui de l'atmofphère. En effer, fi l'air fixe eft agité long-tems dans une grande mafñle d’eau, peu-à-peu il eft abforbé par ce Auide & fon réfidu eft l'air mé- phyrique. Ce qui refte après la combuftion des airs inflammables eft aufli de Pair méphytique. Enfin, lorfqu'on reflufcite l'acide nitreux de l'air nitreux en lui four- niffant de l'air atmofphérique , le réfidu de la régénération de l’eau- forte, eft encore de l'air méphytique. Voilà donc cette forte de gas qui réfulte également de la décom- pofition de l'air fixe, des airs inflammables & même de l'air com- mun. 2°. L'air méphytique ou phlogiftique eft défigné par deux expreflions qui ne me paroiflent pas le dénommer comme il faut : la première n'a aucune valeur puifqu'elle ne le fépare point de l'air fixe , des gas nitreux, inflammables , &c. qui font aufli méphytiques que lui , fi par ce mot on entend , nuifible , non refpirable : la feconde dénomina- tion n’eft peut-être pas exaéte & en voici la raifon : phlogiftique fans doute fionifie abondant en phlogiftique ; mais fi on regarde le phlo- giftique comme le principe de l’inammabilité, le gas phlogiltiqué mérite d'autant moins ce nom, que non-feulement il n’eft point in- flammable, mais mème qu'il s’oppofe à la combultion des corps en- flammés. L'air des métaux, & celui fur - tout que j'ai découvert réf- dant dans les fubftances huileufes , feroient donc par excellence les airs phlogiftiqués , à moins qu'on ne veuille dire qu'ils font eux-mêmes le phlogiftique, ce qui les rend inflammables , au lieu que celui dont nous nous occupons eft feulement vicié par un certain nombre de parties phlogiftiquées ; mais il faudroit alors expliquer avec quel air inab- forbable par le gas nitreux font unies ces vapeurs phlogiftiquées ; & l'air méphytique reconnu pour un gas compofé , ne formeroit plus une Tome XV, Part. 1. 1780. JUIN, Qqq 40 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, claffe à lui feul. I y a plus, fi on mêle quelques parties de lun des deux airs principes inflammables avec telle quantité que l'on voudra d'air commun , ces vapeurs vraiment phlooiftiquées ne rendront pas la malle totale femblable à ce que l’on appelle air méphyrique , elles celleront de s’enflammer parce qu’elles feronr noyées dans une trop grande quantité d’air refpirable, mais la bougie ne s'y éteindra jamais , & cer air factice fera abforbé par le gas nitreux fuivant la proportion des parties d’air atmofphérique. Il paroît au premier coup-d'æil que les airs inflammables font bien réellement le phlogiftique, car l'air inflammable que je regarde comme le principe de la combuftion de ous les corps , et retiré principale- ment des huiles , graifles & réfines qui revivifient parfaitement les chaux métalliques, & d’un autre côté lorfqu'un métal a perdu fon air inflammable par l’aétion d’un acide , il fe trouve réduit en chaux. IL a donc été naturel de conclure, fur-tout pour l'air des métaux, qu'il étoit le vrai phlogiftique des fubftances métalliques, puifqu’elles de- venoient chaux en le perdant, & encore d'après les belles Expériences de MM. Chauflier & Montigni qu'ont, avec le fecours de l’air in- flammable des méraux, reflufciré différentes chaux métalliques J1 ef cependant de fair que les charbons qui ne produifent point d'air in- flammable fi on les pouile au plus grand feu , revivifient auûli très- bien les chaux métalliques , & on pourroit, ce me femble, en préren- dre que le phlogiftique ne réfide pas feulement dans le gas aëriforme inflammable , mais qu'il exifte encore dans le réfidu fixe & charbon- neux. Sans les expériences des deux Savans que je viens de citer, on au- roit peur-être pu douter de l'exiftence du phlogiftique revivifiant dans les airs inflammables, & prétendre que les huiles, les graifles & les réfines ne pollèdent cette qualité éminemment que parce que fe fon- dant au milieu de la chaux à revivifier, elles mêlent avec la plus grande intimité leur charbon avec elle & que la matière charbonneufe eft la feule qui revivifie : enfin, peut-être encore pourroit-on penfer que MM. Chaufier & Montigni n'ont réufli à reflufciter des chaux mé- talliques avec l'air inflammable des métaux, que parce qu’en allumant celui-ci ils en ont réduit les arômes en molécules charbonneufes. Des expériences nombreufes fur les différens gas, m’en ont fair rencontrer un qui eft d’abord inflammable , puis dont le réfidu éteint la bougie qu'on y plonge. Cet air a la vraie propriété du phlopiftique, c'eft-à-dire qu'il revivihe les chaux métalliques par fon feul contact : mais cette qualité à quoi la doit il? eft ce à fon principe inflammable ou à l'air méphyrique qui le compofe également ? Ce gas extrait du foie de foufre concret , décompofé par l'acide vitriolique eft fort abondant ; dès fa naïflance, il paroît mélangé de xois gas particuliers, de l'air fixe puifqu'il eft abforbable par l’eau en SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. 491 affez grande quantité & qu'il précipite l'eau de chaux; d'un air in- flimmable puifqu'il brûle affez rapidement, quoiqu’on voye aifément que fa combuftion n’eft pas totale; enfin, de gas méphytique reftant après la deftruétion de la partie inflammable. L’aétion violente de l'acide en compofant un tartre vicriolé eft tellement confidérable , que le foufre eft fublimé en affez grande quantité , qu'une portion du foie de foufre eft enlevée & colore l’eau des facons & de la cuve, enfin qu'il femble que le gas lui-même contient encore quelque peu de foufre, car en le faifant paller à travers une nouvelle mafle d’eau, il en trouble la tranfparence , y dépofant une poudre grisätre qui raffem- blée fur le filtre, fe montre du véritable foufre; voilà le gas vraiment phlogiftiqué qui reflufcite les chaux métalliques en diffolution par fon feul contact, qui précipite , par exemple, le plomb de la diff tion du fel de Saturne, & qui colore en noir un D se trempé dans cette même liqueur : c’eft je crois , pofitivement le foie de foufre volatil de M. Sage. Si l'air inflammable des métaux eft un vrai phlogiftique , du moins n'a-t il pas cette propriété de l'air du foie de foufre, car les fubftances métalliques ne ternillent point expofées à fon aétion , & leurs chaux ne fe revivifient point quel que foit le tems qu’on les laiffe en expérience : il en eft de même de l'air inflammable huileux ; les vapeurs qui fe dégagent du phofphore en combuftion ne font pas plus pr Aire mais peut-être que pendant fon inflammation tout le phlogiftique du phof- phore fe détruir, qu'il eft confommé, & qu'il ne s'élève qu'une par- tie de l'acide : en effet , ces vapeurs tapiflent la cloche de verre fous laquelle le phofphore eftallumé , d’une poudre blanche comme Aocon- neufe qui attire l'humidité de l'air & devient bientôt acide phofpho- rique fluor. Au refte, l'air extrait du foie de foufre, lavé dans plufieurs eaux celle alors de pouvoir reffufciter les chaux métalliques en diffolution, ce n'eft plus que du gas inflammable mélangé d'air commun par décompofition de l'air méphyrique. Les deux expreflions, Monfieur, par lefquelles le gas phlogiftiqué ou méphytique eft défigné, me paroiflent donc avoir en quelque forte invité les Phyficiens à le confondre avec d’autres airs , mais vos excel- lentes obfervations le remettront à fa véritable place, & dorénavant l'épreuve de l'extinction de la bougie ne fera plus décider aufli à la hâte que le gas foumis à cer eflai eft de l'air fixe; on tentera encore d’autres moyens pour s’aflurer s'il n’eft point gas méphytique. Une des raifons, Monfieur , qui vous détermine à penfer préféra- blement que c'eft l'air méphytique qui eft joint dans l'air de marais au gas inflammable huileux, c’eft que l'air fixe, dites-vous, s'il éroir 1780. JUIN. Qqg 2 . 4392 OBSERVATIONS SUR LA PHYSIQUE, partie conftituante de l'air des maraïs feroit bientôt abforbé par l'eau: Je crois à cer égard que la pénétration de deux gas peut être tellement intime, fur-tout fi elle a été amenée par les opérations toujours len- tes que la nature exécute, je crois dis-je , que ces deux gas feront très difficiles à féparer, & quoique la force de l'objection foit plus con- fidérable à l'égard de l'air fixe mélangé dans l'air des marais qu'à l'égard du gas méphytique entrant dans la compofition du même air , cependant fi l'air des marais étoit formé comme vous le fuppofez de gas méphy- tique & d'air inflammable huileux , pourquoi le gas méphytique ne fe purifieroit-il pas dans l'eau des marais & des étangs , en redevenant air commun ainfi qu'ilen a la faculté, & pourquoi agite t-on en vain l'air des marais dans une grande quantité d’eau , fans régénérer le moins du monde l'air méphytique en air refpirable & fans que le gas nitreux abforbe plus de cet air que sil n’avoit point été lavé & agité dans l’eau? C’eft donc à une pénétration fort exacte que l’on doit, faivanc moi, les diflicultés que l’on éprouve à vouloir décompofer Fair des marais, quels que foient les fluides aëriformes qui le fornrents, mais votre fentiment, Monfeur, eft celui néanmoins que j embrafle’, & quoique MM. Bucquet & de Fourcroy aient penfé, aini que je l'avois fait d’abord, que l'air fixe ou l'acide crayeux eft une des par- ties conftituantes de l'air des marais , cependant, je me range plus vo- lontiers vers votre opinion, parce que je crois entrevoir plus d’ana- logie entre le gas méphyrique & le gas inflammable huileux qu'entre ce dernier & l'air fixe; que le mélange du gas méphytique avec l'air inflammable huileux , dans les proportions convenables. me paroît appro- cher davantage de la compolition de Fair des marais; enfin, que la terre calcaire de l’eau de chaux fera moins régénérée & précipitée par cec air faétice que par celui dans lequel l'air fixe feroir entré comme partie conftituante : mais c'eft au tems à fixer nos doutes fuc la nature des gas en général, car il refte, je crois , infiniment encore à découvrir fur cet objer. SUR L'HIST. NATURELLE ETLES ARTS. 493 DAS EN RE PANTIN ON: 8 Générales fur les Vallons ; Par M. Pazumor. 16 À formation des vallons eft, fans contredit, un des principaux ar- ticles de la théorie de la terre. On peut diftinguer en général trois efpèces de vallons. D'abord les fecs, c’eft-à-dire , ceux dans lefquels il ne coule ordinairement point d'eau, ou dans lefquels il ne coule qu’une eau torrentielle fournie par les pluies abondantes ou par les fontes des neiges. Ces vallons font or- dinairement les plus élevés. Ils deflinent les hautes plaines, celles des hautes montagnes , & en féparent les fommets. Ces vallons admettent une efpèce particulière , qui eft celle des vallons obftrués. La Ééoie efpèce eft celle des vallons dans lefquels coulent les ruif- feaux & les petires rivières. Tel eft, aux environs de Paris, le vallon de la rivière de Bièvre & celui de la rivière d’Hierres. La troifième efpèce font les grands & plus grands vallons qui fervent de lit aux grandes rivières. ÿ On trouve dans les vallons de toutes les efpèces , des accidens dont les uns font particuliers , & les autres tiennent à des caufes générales , & font par conféquent eux - mêmes généraux. Mais on trouve par-tout la même théorie de formation; elle fe réduir à ce que tous les val- lons ont été formés petit-à- petit, & excavés par les eaux. De quel- ques pouces de largeur & de profondeur qu'ils ont pu avoir dans leur première origine , ils fonc parvenus à un pied ; d’un pied à une toife , enfuite à plufieurs ; & ce neft que par la fucceflion des tems , & la continuité de l'écoulement des eaux , que les lar- geurs & les excavations ont augmenté au point où nous les voyons aujoard’hui., DeAà, il eft aifé de conclure que tel vallon, dans lequel il coule aujourd’hui un ruiffeau ou une rivière, a pu être fec pendant un long efpace de tems, jufqu'à ce qu'il ait été aflez approfondi pour fervic d'écoulement à une fontaine : que les fources n’ont pas toujours été les mêmes ; que le tems les à reculées & les recule encore aujourd’hui ; que les eaux des ruifleaux & des rivières ont été beaucoup plus hautes qu’elles ne le font à préfent, & qu'il n’y a point lieu d’être étonné 494 OBSERVATIONS SUR EA PHYSIQUE, qu'elles aient coulé fur des plateaux affez élevés aujourd’hui au - deffus de leur niveau actuel , & fur lefquels on trouve encore les preu- ves exiftantes que ces plateaux ont été véritablement le lit des ri- vières. Perfonne, à ce que je crois, ne conreftera ces vérirés. Les fables dépofés fur les hauteurs en font preuve d’une part ; mais d'un autre côté , les lits des rivières confervent encore aujourd’hui des témoins irréprochables & qui portent une démontftration évidente. Tels font en particulier pour la Seine les rochers qui bordent fon lit, tout du long de la forèt de Rougeaux , à une lieue au - deflus de Corbeil, avant d'arriver à Croix-Fontaine. Ces rochers occupent environ un quart de lieue de longueur ; leur bafe eft élevée d'au moins dix pieds au-deffus du niveau ordinaire de l’eau ; ils font les uns plus, & les autres moins élevés ; 1l y en a qui peuvent avoir environ cinquante pieds de hauteur. L'enfemble forme un rideau continu prefque perpendiculaire. Ces ro- chers, qui font de pierre calcaire grisätre de la même efpèce que celle des environs de Paris , portent tous des traces de l’action & du travail du cours de l’eau qui les a dégradés, fillonnés & excavés en lignes ho- sizontales plus ou moins profondes. Ces traces exiftent du haut en bas. Quelques-uns de ces rochers portent des avant - becs travaillés par l'eau, qui en coulant enfuite par un niveau plus abaiflé , les à excavés par-deflous. Quelques autres rochers ont été renverfés par une fuite du mème travail de l'eau. Mais c’eft une preuve de plus & d’une autre ef- pèce. Indépendamment des traces horizontales, ces rochers ont été renvetfés dans le fens du courant de la rivière ; il y en a qui font feulement inclinés & appuyés fur leurs voifins qui les portent. C'’eft, felon toute apparence, de ce rocher dont il eft fair mention dans Telliamed , tom. Il, pag, 48. édit. in-8, 1748. Comme cet objet d’hiftoire naturelle en grand eft affez intéreflant , qu'il eft allez rare & peu éloigné de cette capitale , j'ai cru devoir l'indi- quer pour la farisfaétion des curieux , & fur-rour des Naturaliftes. SUR L'HIST. NATURELLE ET LES ARTS. y me CAB Pr AR Ur AS PAR GUN LS Sur la Source phofphorique de Fontane- More. Par M. Gioanerri , Doëleur Collésié, Doyen & VWice-Prieur de la Faculté de Médecine de Turin, Médecin-Penfionnaire de S. M. É £s obfervations que j'ai faites fur cette fource appartiennent en- uérement à l’hiftoire naturelle, Je fus invité À y aller, par M. le Baron de Vigner, Inrendant du Duché d'Aofte ; dont le z le éclairé prend in- téréc à tout ce qui peut concerner fa province. L'opinion populaire la répréfentoit comme contenant du mercure qui rouloit avec fes Alors, La lumière qu'on prétendoit qu’elle donne dans l'obfeurité étroit un phénomène digne de fixer l'attention ; ces eaux paroïfloient en général être d’une nature différente des autres > & par conféquent pouvoient avoir des propriétés particulières. L’on verra bien-tôt le merveilleux difpa- roître , & qu’elles doivent ce qu'elles ont de phofphorique à une caufe qui leur eft étrangère; mais on n'étoit pas alors dans le cas de pouvoir en juger. Fontane-More eft une parole firnée dans la vallée de Ralaïze, la première qu'on rencontre à main droite en allant d’ivrée dans le Duché d'Aofte. On y parvient par un chemin affreux , qui devient toujours pire lorfque depuis le hameau de l'Eglife on veut aller à la fource dont 1l eft ici queftion. La lumière que l'on y apperçoit n'eft vifible que pendant la nuic : celle pendant laquelle je me mis en marche, étoir fort obfcure , & très-propre aux obfervarions phofphoriques. Arrivé fur le lieu , je n’ap- perçus cependant rien de lumineux, Je frappai l'eau , je la fis fauter en l'air, il ne fe montra rien de phofphorique ; cependant des perfonnes dignes de foi m'ayant alluré de la vérité du fair, je ne pou ois croire u'on voulüt m'en impofer. J'en goûtai, & j'y retrouvai l'odeur & la Free des eaux marécageufes. Les eaux de cette fource. étant ordinaire- ment remplies d'infectes, je foupçonnai dès - lors que la matière phof- phorique dont on m'avoit parlé, pourroit fort bien n'être autre chofe que quelques infeétes lumineux ; je demandai alors aux guides fi l’eau